lui 'rn = cr  ŒUVRES  DE  ^rSAINT FRANÇOIS DE SALES  HVÈaL'E ET PRINCE DE GENE\ F  DOCTEUR DE l'ÊGLISE  ÈDinON COMPLÈTE d'après les ALTOOSAPHES et les ÉDITIOSS ORIÔîNALtS EN'RICBIE »E XOMBRtrSES PIÈCES nîÈDITES DEDIEE A N. S. P. LE PAPE LEON XÎII ET HONOREE ULS BREF DE SA SAINTETE PUBLIÉE SUR l'invitation DE M" ISOARD, ÉVÊQUÈ d'aNNECY, PAR LES SOINS DES RELIGIEUSES DE LA VISITATION r^V 1*^ MONASTÈRE d'aNNECY  T031E XI LETTRES — I" VOLUME  AXXECY IMPRIMERIE J. NIÉRAT RLE DE LA REPUBLIQUE M C M  I  Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa  http://www.archive.org/details/oeuvresdesaintfr11fran  ŒUVRES  DE  SAINT FRANÇOIS DE SALES  EVEQUE ET PRINCE DE GENEVE  DOCTEUR DE L'ÉGLISE  TOME ONZIEME  LETTRES  !"■ VOLUME  585 - 1598  Propriété  Genève — Librairie TREMBLEY Frère et S>iur, rue Corraterie, 4 Dépositaire principal Annecy — ABRY, Libraire, rue de l'Evêché, 3 Paris — Victor LECOFFRE, rue Bonaparte, 90 Lyon — Emmanuel VITTE, Place Bellecour, 3 Bruxelles — SOCIÉTÉ BELGE DE LIBRAIRIE, rue Treurenberg, 16 Marseille — LIBRAIRIE SALÉSIENNE, rue des Princes, 78  ŒUVRES  DE SAINT FRANÇOIS DE SALES EVÈaUE ET PRINCE DE GENÈVE ET DOCTEUR DE l'ÉGLISE  ÉDITION COMPLÈTE d'après les autographes et les éditions originales enrichie de nombreuses pièces inedites DÉDIÉE A N. S. P. LE PAPE LÉON XIII ET HONORÉE D'UN BREF DE SA SAINTETÉ PUBLIÉE SUR l'invitation DE M^"* ISOARD, ÉVÊQUE d'aNNEGY, PAR LES SOINS DES RELIGIEUSES DE LA VISITATION DU I^"* MONASTÈRE d'aNNECY  TOME XI LETTRES — l'^^ VOLUME  ANNECY IMPRIMERIE J. NIÉRAT RUE DE LA RÉPUBLIdUE M G M Droits de traduction et de reproduction réservés  AVANT-PROPOS  Les Lettres de saint François de Sales peuvent se passer de préface ; elles s'expliquent d'elles-mêmes, et expliquent admirablement toutes les grandes œuvres qu'il plut à Dieu d'opérer par son Serviteur et l'influence considérable qu'il lui donna d'exercer sur ses contem- porains. Après avoir fait la part des réticences de son humilité , on peut affirmer que la correspondance de saint François de Sales est l'histoire de sa vie la plus complète qui existe et la plus fidèle. C'est là, et là seu- lement, qu'il se dévoile tout entier ; à son insu, il permet de contempler à l'aise, d'étudier sous tous ses aspects cette personnalité qui captive si puissamment. Ailleurs, il se montre moins qu'il ne se laisse aperce- voir ; ses divers ouvrages révèlent son caractère par quel- que côté, permettent d'entrevoir un trait spécial de sa physionomie morale et intellectuelle, mais non pas de la saisir par un coup-d'œil d'ensemble. On y verra tour à tour apparaître le polémiste, le théologien dogmatique, le moraliste, l'ascète, le prédicateur ; dans ses lettres, il est en même temps tout cela, il est plus que cela. C'est encore et toujours le Saint et le Docteur de l'Eglise, mais c'est aussi l'homme, et l'homme doué de la nature la plus exquise qu'on puisse imaginer. La tendresse de l'amitié et de la piété filiale, l'ardeur du patriotisme, le dévoue- ment au prince, l'attachement à l'Eglise, le culte de la Papauté, le zèle des âmes et un immense amour de Dieu : tous les sentiments les plus nobles, les plus purs, les plus élevés jaillissent de son cœur et coulent à flots dans ses  VI Lettres de saint François de Sales lettres. Et ce n'est pas seulement à une époque déter- minée qu'il se dévoile et se montre à découvert ; on le rencontre, on le suit à toutes les périodes de son exis- tence. On peut constater le progrès, les transformations successives que la grâce de Dieu d'abord , puis l'expé- rience, son travail personnel et celui des années opérèrent en lui. Nous le voyons développer toutes ses qualités naturelles, et supprimer dans son style sinon des défauts qui lui soient propres, du moins le tribut payé dans sa jeunesse aux défauts du siècle. Dans cette correspondance l'Auteur ne revit pas seul ; il anime, il ressuscite pour ainsi dire toute son époque : les personnages et les choses du temps, les grands évé- nements et les grands caractères qui l'ont illustré, les désastres qui l'ont assombri et les humbles vertus qui l'ont honoré reparaissent sous sa plume, contés ou jugés avec un charme infini, mais aussi avec une inépuisable indulgence. Tout est vu par le meilleur côté; les inten- tions semblent épurées, et les hommes, grandis dès qu'ils sont en contact avec cet aimable Saint. Cette réputation de bonté et de bienveillance univer- selle ne contribua pas peu à élargir le cercle de ses rela- tions, que sa situation et ses divers mérites eussent suffi à créer très étendu. Les rois et les princes se faisaient gloire d'avoir part à l'amitié de l'Evêque de Genève : tels Henri IV en France et Charles-Emmanuel I" en Savoie ; les membres les plus marquants de l'épiscopat le consultaient ; les Papes eux-mêmes recouraient à ses lumières. Et, après avoir satisfait avec une aisance par- faite tous ces illustres correspondants, il reprenait la plume pour consoler quelque douleur obscure ou diriger dans les voies de la perfection d'humbles religieuses, des chrétiennes ignorées. Notre Saint traite tous les sujets avec une attention égale, toutes les âmes a\'ec un égal respect ; il descend à tous les détails, adapte ses conseils à toutes les conditions, harmonise ses encouragements ou ses leçons avec tous les genres de caractères. Il sait trouver la note juste, le mot qui éclaire et qui fortifie lors- qu'il écrit aux gens de petite et de moj^enne condition  Avant-Propos vu tout aussi facilement que s'il s'adresse au gentilhomme ou à la dame du grand monde. Toujours semblable à lui- même, il domine de bien haut par l'intelligence et par le cœur la plupart de ses correspondants, et, loin de les intimider par cette supériorité incontestable, il a le rare talent de la leur faire oublier à force de grâce, d'indul- gence et de bonté. Mais c'est trop dire, puisque nous nous sommes pro- mis d'épargner au lecteur l'ennui de lire une préface, pour lui laisser le plaisir de passer plus tôt à la corres- pondance du saint Evèque. Ajoutons néanmoins qu'une Etude historique et critique sur cette correspondance est l'un des sujets les plus attrayants qui puisse tenter la plume d'un homme de talent et de loisir. Que si personne jusqu'ici n'a succombé à la tentation de l'entreprendre, c'est qu'on manquait de l'élément indispensable à un pa- reil travail, à savoir une édition authentique et complète des Lettres de saint François de Sales. Le public la réclamait depuis longtemps, et lui pro- mettait un accueil empressé. De toutes les Œuvres de notre Saint, il sentait que sa Correspondance était celle qui avait été publiée de la manière la moins conscien- cieuse, et celle pourtant qui offrait l'intérêt le plus uni- versel. Parmi ses autres écrits, plusieurs en effet ne peuvent avoir d'attrait que pour une classe spéciale de lecteurs. Qu'ont affaire communément les simples fidèles des traités de controverse ? Et les hommes du monde se soucieront-ils beaucoup des quatre volumes de Sermons? Mais les lettres possèdent un charme que tous peuvent apprécier. Pas n'est besoin pour les goûter et les com- prendre d'être théologien ou littérateur de profession. Il suffit d'une intelligence, d'un cœur ouvert à toutes les impressions du vrai, du simple, du limpide, en un mot, à tout ce qui est bienfaisant et beau, et, quelque mal que l'on se plaise à dire de notre siècle, les gens de cette trempe n'y sont pas clair-semés. Seulement, avant d'entreprendre la lecture de ce vo- lume et des cinq ou six qui doivent suivre, chacun est en droit de nous poser deux questions : quels défauts peut-on  vin Lettres de saint François de Sales reprocher aux précédentes éditions des Lettres de saint François de Sales, et de quelles ressources allez-vous disposer pour avoir la prétention de faire mieux ? A la première de ces questions nous répondrons par un coup- d'œil rapide sur les collections les plus remarquables des Lettres : l'édition princeps de 1626, celle de Hérissant au xviii'' siècle et, en celui-ci, celles de Biaise, de Vives et de Migne. Un exposé des nombreuses découvertes d Autographes et de documents authentiques faites en ces dernières années, avec un compte-rendu sommaire des méthodes adoptées et de la marche suivie pour la nou- velle Edition, sera notre réponse à la seconde question.  A Dieu ne plaise que nous imitions certains éditeurs qui, pour se faire valoir, ont la manie de dénigrer sans merci tous leurs devanciers ! Ce serait mal comprendre l'esprit du Saint dont nous reproduisons les Œuvres. Du reste, quel est l'éditeur qui n'ait besoin d'indulgence? Puis, la valeur d'une publication de ce genre peut rarement être appréciée d'une manière absolue ; il faut tenir compte, pour en juger équitablement, de l'époque et des circonstances dans lesquelles elle a paru, du but spécial que l'on s'est proposé, des méthodes qui avaient cours en ce temps-là. C'est en nous entourant de toutes ces réserves que nous dirons succinctement comment fut publiée l'édition princeps. Bien que le chanoine Louis de Sales, cousin germain du Saint et son collaborateur dans la mission du Cha- blais, soit éditeur en titre, c'est par les soins et sous la haute direction de sainte Jeanne-Françoise de Chantai que parut ce recueil. Il est juste d'ajouter qu'il avait été préparé de longue main. Les lettres sorties de la plume du saint Evoque étaient communément reçues et conser- vées comme des reliques. Aussi n'eut-on qu'un mot à  Avant-Propos ix dire, et ces feuilles qui un jour ou l'autre s'étaient pour la plupart envolées d'Annecy, s'y donnèrent rendez-vous. Originaux ou copies, il en revint de Paris et de Lyon, de la Bourgogne et du Dauphiné, de la Franche-Comté et de l'Auvergne ; il en revint des Flandres et de Rome. On n'eut que l'embarras du choix, car par malheur, on voulait choisir. D'une édition complète personne ne s'avisait, et les plus larges prétentions n'allaient qu'à donner au public ce qui alors se nommait Epistres spirituelles. Le titre explique le livre. Six mois après la mort du Saint un nombre assez considérable d'Autographes avaient déjà été rassemblés, ainsi que le donne à entendre sainte Jeanne-Françoise de Chantai (0. La collection continua à s'enrichir et c'est avec un air de triomphe que la Sainte écrit le 7 avril 1624 ( = ) : « Nous avons trouvé encore quantité de belles lettres qui font fort connaître l'esprit de notre Bienheu- reux Père. » Faire connaître de plus en plus et propager cet esprit était bien le but que se proposaient surtout les éditeurs ; nulle part il ne se révélait mieux que dans les nombreuses pages adressées à la Fondatrice de la Visi- tation. Ces pages devaient donc constituer le fonds le plus riche de la collection ; mais avant d'y figurer, que de retranchements n'eurent-elles pas à subir ! Et combien de regrettables et vigoureux traits de plume furent tirés à travers les Autographes par la main virile de la Sainte, pour indiquer les passages à omettre ! Le chanoine de Sales faisait également, de son côté, œuvre d'élimination. Les lettres d'affaires, si ce n'est qu'elles s'adressassent à des personnages de marque, les lettres de famille ou d'amitié furent généralement écar- tées. Restaient les lettres de direction. Quelque intimes, quelque spirituelles qu'on les suppose, ces sortes de cor- respondances ne sont pas condamnées inexorablement à rouler sur un même sujet. Le directeur doit être père et, comme tel, s'intéresser à tout ce qui concerne l'âme (i) Sainte Jeanne-Françoise Frémyot de Chantai, sa Vie et ses Œuvres (Paris, Pion, 1877), tome V, Lettre cdlx. (2) Lettre dxli.  X Lettres de saint François de Sales ouverte devant lui. De là, dans les lettres de saint François de Sales, qui se montra plus père que nul autre, bien des détails jugés banals ou trop caractéristiques : on les supprima. Ce qui survécut à ces suppressions était souvent d'une si minime étendue que Ton ne pouvait convena- blement le présenter comme une lettre. Que faire alors ? Le bon chanoine ne fut pas embarrassé. Sans scrupule, sans gène aucune, il entreprend de réunir, de coordonner ces fragments d'après l'analogie des sujets, de manière à en composer des lettres d'une raisonnable longueur. Nul souci, bien entendu, de la diversité des destinatai- res, des différentes époques auxquelles remontaient les extraits ainsi fusionnés. Quelquefois, à la fin de ces mo- saïques, on accolait la date de l'un des fragments dont elles étaient composées, on leur attribuait une adresse des plus vagues : A une Dame mariée; à un Gentilhomme; à une Religieuse ; pxxis, tout était dit. Les inconvénients d'une semblable méthode sont faciles à imaginer ; mais à cette époque, où l'on se préoccupait beaucoup moins de l'authenticité et de l'intégrité des textes que de l'édification du lecteur, le système était considéré comme excellent. Hâtons-nous d'ajouter toutefois, pour être équitables, que toutes les pièces ne passaient point par ce laboratoire. Celles qui composent le Livre premier de l'édition prin- ceps nous semblent être publiées assez intégralement, et si la plupart de celles que fournit sainte Jeanne-Françoise de Chantai ont subi bien des suppressions, elles n'accu- sent pas du moins des interpolations notables. Le travail de préparation marcha rapidement ; en au- tomne 1624, il s'agissait déjà de choisir l'imprimeur. Le bénéfice considérable que Rigaud avait réalisé dans l'im- pression de Ylntroduction à la Vie dévote, excitait à Lyon les prétentions de tous les gens du métier ; c'était à qui d'entre eux ferait des offres de service. La Sainte aurait voulu favoriser « le sieur Charvet, » un pauvre savoisien établi dans la grande ville; car à son avis, le livre des Epîtres était « capable de rendre un homme riche (•). » Néanmoins, à tout intérêt particulier, et même ( I ) Lettre ulxxxvi.  Avant-Propos xi à tout acte de charité, elle préféra, comme il se devait, la perfection de l'œuvre : « Considérez bien, » écrit-elle à la Mère Marie-Aimée de Blonay (0, « si c'est chose qu'il puisse bien faire, et s'il aura des bons caractères pour cela, et moyen d'imprimer tout ce qui sera de notre Insti- tut ; car j'entends que celui qui imprimera les Epîtres imprime tout le reste pour rien. » Ce n'était pas se montrer trop exigeante. Mais, si faciles que fussent les conditions, le pauvre homme ne dut pas être en mesure de les rem- plir, puisque l'impression fut confiée à un autre. Pendant que se discutait le côté matériel, les manus- crits de l'ouvrage étaient soumis à la révision des Pères Jésuites de Chambéry. Faute de loisir, ils firent traî- ner l'affaire en longueur. Enfin, au mois de mai 1625, M. Michel Favre, qui avait été longtemps le confesseur du Saint, et qui était encore celui de la Communauté d'An- necy, se rendit à Lyon pour surveiller l'impression (*). Néanmoins sainte Jeanne-Françoise de Chantai ne se reposait pas complètement sur sa vigilance. Le 7 juin, elle mandait à la Mère de Blonay (?> : « Vous ferez bien de retrancher les lettres de compliments, s'il y en a trop ; car il en faut laisser quelque peu, à ce que l'on dit, afin que l'on voie le bel esprit de ce Saint en tout. Je voudrais encore que vous prissiez garde s'il y en a d'autres où il n'y ait rien de remarquable, que l'on les retranchât. Il me semble que parmi les dernières que j'ai reçues, il s'en pourrait ôter quelques-unes. On les a laissées à cause de quelques points de l'Institut : elles sont au livre de l'Institut; voyez-le, et accommodez. C'a toujours été mon sentiment que l'on mît le Livre des Lettres des Papes le premier ; c'est un ornement au livre que [ce] beau ren- contre-là. » Ainsi fut-il fait. La sainte Fondatrice ne perdait pas de vue l'impression de ce recueil qui lui tenait si fort au cœur ; les feuilles (non pas les épreuves) lui en étaient envoyées au fur ( I ) Lettre dlxxxvi. (2) Le chanoine Louis de Sales semble ne s'en être aucunement occupé, car il n'est plus du tout question de lui. Peut-être était-il atteint déjà de la maladie qui l'enleva le i6 octobre de cette année 1625. ( 3) Lettre dcxxxi.  XII Lettres de saint François de Sales et à mesure du tirage, lui apportant souvent beaucoup de joie, parfois une déception, comme il advint entre autres le 25 juin, oii elle mande à la Mère de Blonay ( O : « J'ai grande peine à me résoudre à la mortification que j'ai de ce que l'imprimeur n'a pas mis au titre des Epîtres que notre Bienheureux Père était notre Fondateur et Instituteur... Je ne le puis souffrir, et vous prie qu'il refasse cette feuille. » Cet ordre fut exécuté, comme on le verra par la teneur du titre donné ci-après. Mais la Sainte crut avoir d'autres fois des protestations plus sé- rieuses à élever ; c'est ainsi qu'elle écrit encore à la 31ère de Blonay (= ) : « Oh ! mon Dieu, ma très chère fille, jamais je ne me fierai à personne pour ce qui regarde les écrits de notre Bienheureux Père. Certes, je les verrai moi-même ; car voyez-vous, je ressens fort de ce que l'on a trop laissé dans les Epîtres des paroles d'affection. Le monde n'est pas capable de l'incomparable pureté de la dilection de ce Saint... Mandez-moi si en les corrigeant j'en retran- cherai ; mais sachez cela de quelqu'un capable. » Des personnes très compétentes furent en effet consul- tées, et assurèrent qu'un tel retranchement eût été déplo- rable. C'est encore la Sainte qui nous l'apprend dans l'une de ses lettres (3) : « J'en parlai à M. le Président de cette ville (4), qui est homme de très bon jugement. Il me dit que si on retranchait les paroles affectives, l'on en ôterait l'esprit de notre Bienheureux Père... M*^' de Genève dit le même, et disait que s'il n'y avait point de paroles de compliments et recommandations elles ne ressemble- raient pas à des Epîtres. » L'ouvrage, grand in-4'' de 1012 pages, non compris les pièces préliminaires et les approbations, contient 519 Let- tres, Il fut « achevé d'imprimer le 10'"" jour de novem- bre 1625, » et parut sous ce titre : Les Epistres du Bien-Heureux Messire François de Sales, Evesque et Prince de Genève, Instituteur de l'Ordre de la Visitation de saincte { I ) Lettre dcxxxiv. ( 2 ) Lettre Dcr.xxxvi. (3) Lettre dccxiii. (4) René Favre de la Valbonne, tlls de l'illustre président Antoine, l'ami intime de notre Saint.  Avant-Propos xiii Marie. Divisées en sept Livres... (0 Recueillies par Messire Louys de Sales, Prévost de l'Esglise de Genève. A Lyon, par Vincent de Cœur- silly. Et se vendent a Paris, chez Sebastien Huré, rue S. Jacques, au Cœur-bon. m.dc.xxvi. Avec Privilège du Roy. Deux courtes épîtres dédicatoires, placées par l'éditeur au commencement du volume, sont adressées, Tune : « A Monseigneur Messire Jean François de Sales, Evesque et Prince de Genève, » et l'autre, « Aux dévotes Religieuses de la Visitation de Saincte Marie (2). » Le public accueillit avec faveur ce volume, tout en le trouvant (( d'un prix excessif, » (il coûtait cinq livres) ce qui pourtant ne nuisit pas à l'écoulement, car en février 1626, on s'occupait déjà d'une seconde édition. C'était un peu prématuré ; ainsi le jugeait sainte Jeanne- Françoise de Chantai, qui voulait avoir le loisir d'amé- liorer le premier travail. Il lui fallut plus d'une année, et le 25 juin 1627, elle écrit encore à la Supérieure de la Visitation de Lyon (3) : « Voilà les Epîtres rangées comme il faut. Je vous prie que l'on n'y touche point du tout, et que M. Cœursilly ait soin que l'on ne gâte point l'ordre, et qu'elles soient imprimées correctement, avec les observances que M. Michel marquera. » La seconde édition parut en 1628, augmentée de douze lettres; à la simple traduction des lettres latines et ita- liennes, qui forment presque en totalité le premier Livre, on joignit le texte original. De plus, une Table des ma- tières contenant le sommaire de chaque lettre, et une Table analytique des sujets qui y sont traités, ajoutent considérablement à l'intérêt de l'ouvrage et en facilitent l'usage. Cette seconde édition fut réimprimée en 1629 ; rien n'est changé dans le cours du volume, à la fin duquel est scrupuleusement reproduite la formule insérée dans ( I ) Suit un sommaire du contenu de chacun des sept Livres, de telle sorte que ce tilre a l'aspect d'une table des matières ; aussi bien en tient-il lieu. (2) Au-dessous de cette Lettre dédicatoire figure la note suivante, curieuse à recueillir: « Vingt-trois Epistres du Bien-Heureux Messire François de Sales Evesque et Prince de Genève, escrites en Latin et traduictes en François par Charles Louys (sic) de Sales, nepveu de l'Autheur. >< On excuse le traducteur de revendiquer ainsi sa part de mérite ; c'était un jeune homme de dix-neuf ans ! (3) Lettre dcclxxxix (tome VI).  XIV Lettres de saint François de Sales la première édition : » Achevé d'imprimer le lo""* jour de novembre 1625. » Il faut non moins se défier de l'indica- tion qui figure sur chaque réimpression, à partir de 1628 : « Revue, corrigée et augmentée. » Ce n'est ordinairement qu'une répétition servile de la phrase ajoutée au titre de cette seconde édition. Les réimpressions se succédèrent avec une telle rapidité qu'il serait fastidieux d'en donner ici la nomenclature. Parfois un éditeur publiait en même temps les Epistres spirituelles en deux formats différents ; c'est ce que fit Cœursilly en 1634. Souvent elles paraissaient la même année et dans la même ville chez trois imprimeurs, comme il advint à Paris en 1636 ; si bien que dans le courant du xvir siècle ce recueil fut réimprimé une quarantaine de fois. On l'inséra de plus dans toutes les collections à! Œuvres complètes du Bienheureux François de Sales, à partir de 1637. Celle de 1641 (tome II) con- tient en plus que cette dernière 53 lettres inédites. C'est vers le milieu du xviii" siècle que fut tenté pour la première fois un effort sérieux dans le but de donner une édition complète et fidèle des Lettres de saint Fran- çois de Sales. L'abbé Corru, avec un zèle et une persé- vérance dignes d'éloges, entreprit ce travail. Il voulut "remonter aux sources, et fit un appel aux divers 3Ionas- tères de la Visitation, qui s'empressèrent de lui commu- niquer les originaux qu'ils possédaient ou des copies certifiées conformes. L'éditeur parvint ainsi à réunir 831 pièces, qu'il essaya de classer non plus par ordre de matières, comme on l'avait fait jusqu'alors, mais par ordre de dates; il s'efforça de rétablir les adresses, fit précé- der chaque lettre d'un sommaire assez diffus, et les ac- compagna de notes historiques, qui pour la plupart ne sont pas dépourvues d'intérêt. L'ouvrage parut en 1758 sous ce titre : Ldtrei de S. François de Sales, Evesqiie et Prince de Genève, Instituteur de l'Ordre de la Visitation... Nouvelle édition, dans laquelle on a recueilli un très-grand nombre de ces Lettres qui ne se trompent point dans les édi- tions précédentes ; mettes sur les Originaux et enrichies de Sommaires, de  Avant-Propos xv Citations, de Notes et de Remarques. A Paris, chez Claude Hérissant, im- primeur de l'Ordre, rue neuve Notre Dame, à la Croix d'or, mdcclviii. La collection se compose de six volumes in- 12°, dont les deux derniers contiennent les lettres sans date. Cette édition marquait un progrès considérable sur toutes les précédentes ; mais combien il restait encore à faire pour atteindre une parfaite exactitude ! Par exem- ple, l'éditeur insère au milieu des lettres du Saint, un certain nombre de celles de ses correspondants , sans interrompre les numéros d'ordre, absolument comme si elles appartenaient à une seule et même série de pièces identiques. De plus, il se permet de broder les canevas conservés par divers historiens, et fabrique ainsi de pré- tendues lettres de saint François de Sales (O ! Un tel travail ne pouvait être considéré comme définitif, ^lais de longues années, des années troublées et orageuses, devaient s'écouler avant que personne songeât à le re- prendre et à le parfaire. En 181 7, un éditeur de Paris, Biaise, reproduisit l'édition de 1758, et l'inséra quatre ans plus tard dans la collec- tion des Œuvres complètes de saint François de Sales, qu'il publia en seize volumes in-8° et plusieurs tomes sup- plémentaires. On ne prit même pas la peine, pour expli- quer l'origine de ce recueil et les méthodes suivies par les éditeurs, de rédiger un simple Avant-Propos. Ce qui porte le titre pompeux de Préface (une page et demie d'étendue), n'est autre qu'un emprunt fait textuellement à celle de l'abbé Corru. Suivent, sans explication aucune, les deux Epîtres dédicatoires de l'édition de 1625, qui font assez étrange visage dans une publication postérieure de deux siècles. En 1833 cette collection fut réimprimée et suivie d'un nouveau supplément dans lequel paraissent 37 lettres inédites. Sur ces entrefaites, le comte Gloria, ayant découvert bon nombre de lettres autographes de notre Saint aux ( I ) Voir comme spécimen, la Lettre II de la collection Hérissant, que nous rejetons de notre Edition. On peut aussi, pour se rendre compte du procédé, comparer la Lettre IV de la susdite collection avec le texte authentique de la même pièce donnée ci-après, p. 117.  XVI Lettres de saint François de Sales Archives de la Cour de Sardaigne, dont il était Président chef, obtint du roi Charles-Albert, alors régnant, l'au- torisation de les publier. Non content de ces trésors, il fit pour les accroître de nouvelles perquisitions, auxquelles il intéressa spécialement ^L*^' Re}", alors Evêque d'An- necy. Ce Prélat envoya au comte Gloria des copies faites par lui-même sur les Autographes et le mit en relations avec un prêtre distingué de Genève, l'abbé de Baudry, qui, de son côté, préparait une nouvelle édition des Œuvres de notre Saint. Avec un désintéressement qui l'honore, cet ecclésiastique se dessaisit en faveur de l'édi- teur piémontais d'une centaine de lettres inédites, prêtes à être mises sous presse. Ses propres découvertes et le concours si actif qu'il avait rencontré permirent au comte de réunir 32g pièces (parmi lesquelles plusieurs ne sont pas des lettres), dont il confia la révision et le classement à l'un de ses subalternes, le chevalier Datta. On fit impri- mer cette riche collection chez Biaise, qui la donna comme un supplément de sa propre édition, sous ce titre : Nouvelles Lettres médites de saint François de Sales, Evêque et Prince de Genève, dédiées à Sa Majesté la Reine de Sardaigne, publiées par M. le Ch. P.-L. Datta, etc. Paris, Biaise, mdcccxxxv. Cette publication se ressent de la rapidité avec laquelle elle fut exécutée : les textes latins et italiens fourmillent d'inexactitudes (0 et les traductions, faites à l'insu du comte Gloria, laissent beaucoup à désirer. En 1 856-1 858 parut en douze volumes in-S" l'édition des Œuvres complètes de saint François de Sales, qui a été pendant quarante ans la plus connue et la plus appréciée : celle de Vives. Le classement des Lettres y est fait d'une manière assez singulière. On regrette l'an- cien recueil des Epistres spirituelles et on veut le re- constituer. Ces Lettres occupent trois volumes (X-XII) ; quant aux autres, elles sont disséminées dans les tomes VI-IX, dont les deux premiers portent pour sous-titre : Opuscules relatifs à la vie publique du Saint, à (i) Les noms propres surtout furent singulièrement maltraités; c'est ainsi qu'AvuUy se nomme Arcilias, le chevalier de Compois, CompèU, et lEvéque d'Albi devient l'Evêque à' Alerta !  AVANT-PR0r05 ^^" V administration de son diocèse et à la direction de diverses Communautés religieuses; et les deux der- niers • Pièces relatives à la conversion des hérétiques et aux matières théologiques. Les éditeurs ne durent pas aller loin avant de constater qu'un tel système de groupement ne pouvait s'appliquer sans amener des non- sens Il était bien difficile, en effet, d'établir exactement une ligne de démarcation entre les Epîtres spirituelles et les Lettres d'affaires, tant les Saints mêlent à toutes les choses de la terre la pensée du Ciel. Ltait-il bien rationnel surtout de ranger dans la dernière série celles adressées à des Supérieures de Communautés .-' Lnfin, par suite de ce procédé, l'ordre chronologique est sacrifie. Signalons encore, pour donner une idée complète de cette édition, que, tout en reproduisant pour le fond celle de Biaise, elle renchérit sur le tort qu'eut ce dernier d inter- caler parmi les Lettres bon nombre de pièces étrangères vO. Bien avant qu'il fût question de la collection Vives, un respectable ecclésiastique, l'abbé de Baudry, réunissait, comme nous l'avons dit, les éléments d'une publication identique. Il y consacra une partie de sa fortune et vingt années d'infatigables labeurs; surpris par la mort (2 avril i8s4) avant d'atteindre au terme de son entreprise, U légua tous ses manuscrits au i^ Monastère de la Visita- tion Un peu plus tard, par ordre de M- Rendu, alors Evêque d'Annecy, ils durent être envoyés à l'abbe Migne, l'auteur bien connu de la Bibliothèque universelle du clergé Celui-ci, sans prendra le temps de réviser un tra- vail auquel la dernière main n'avait pu être mise, se hâta d'éditer les Œuvres complètes de saint François de Sales (1861-1862), en six volumes grand in-8", à deux colonnes, avec un tome supplémentaire (1864). La Correspondance épistolaire est, quant au nombre des pièces, bien supérieure à tout ce qui avait paru jusque-la; car, outre les lettres livrées, en 1835, au comte Cxloria, (X) C'est ainsi que sur les 67 pièces cotées dans le tome VIII, comme étant des Lettres, 36 sont étrangères à la Correspondance ; telles, par exemple, divers Brefs du Pape, des Lettres patentes du duc de Savoie, et même un extrait de l'édit de Nantes !  Lettres !  XVIII LhTTRES DE SAINT FRANÇOIS DE SaLHS l'abbé de Baudry en avait recueilli plus de 150 autres, auxquelles il faut en ajouter une cinquantaine réunies par les soins d'un Religieux Capucin. Quelle fortune pour un éditeur! Mais à la condition de savoir l'exploiter. La pre- mière chose à faire eût été de fusionner toutes les diverses séries et de classer les Lettres qui les composaient, d'après Tordre chronologique. L'idée n'en vint même pas. Le tome V contient l'édition de Biaise, avec addition de quelques pièces, et dans le tome VI sont placées succes- sivement, comme formant des collections absolument indépendantes, quatre sections distinctes : i. — Lettres inédites de saint François de Sales... publiées eni8}^ par le chevalier Datta; 2. — Complément des Lettres inédites de saint François de Sales de Védition Biaise; 3. — Nouvelles Lettres inédites ^^\ réunies ici pour la première fois... recueillies par les soins de l'abbé de Baudry... (Cette section est précédée d'un Avant-Propos dans lequel l'édition de 1758 est sévère- ment appréciée) ; 4. — Nouvelles Lettres inédites, seconde série, recueillies par les soins du P. Camille de Thonon, prédicateur Capucin. Enfin, un dernier groupe de Lettres est inséré dans le tome supplémen- taire. Avec chaque série l'ordre chronologique recommence. Cette méthode, ou plutôt cette absence de toute méthode, diminue considérablement l'intérêt de l'ouvrage. Et encore ne parlons-nous pas de la falsification des textes, de la répétition double et parfois triple des mêmes lettres avec des adresses et des dates différentes, de l'intercalation de toutes sortes de pièces étrangères à la Correspondance. C'est au point que, si l'on défalque ces pièces et les lettres répétées, au lieu de dépasser 1600, résultat que donne une supputation faite à première vue, le chiffre des Lettres publiées par Migne s'abaisse à 1360  ( I ) Ce titre à' inédite ne doit pas être accepté sans quelque défiance. Ainsi, la Lettre présentée comme telle, tome VI, col. 926, n'est que la répétition de celle qui figure à la col. 619 du même volume. Sont encore données comme inédites des lettres extraites des Vies imprimées de la Mère de Blonay (col. 990,991), de la Mère Rosset (col. 10^0}, de la Mère de Chastellux (col. 1039), etc.  Avant-Propos xix environ. Et la conclusion qui s'impose à tout lecteur intelligent, après avoir parcouru ces volumineux et indi- gestes recueils, est celle-ci : La Correspondance de saint François de Sales reste encore à éditer.  II  Mais, avant tout, elle était à compléter. Ce qu'on pos- sède de lettres de notre Saint ne représente qu'une très minime partie de ce qu'il a écrit. « Il ne se passoit gueres de jours, » dépose le témoin habituel de sa vie (i), « qu'il ne fist vingt a vingt cinq lettres responsives a toutes sortes de personnes en France et en Savoye, et cecy je le sçay parce que c'estoit moy qui fermois toutes ses lettres et fesois ses paquets. » La plupart de ces lettres, considérées comme un pré- cieux héritage de famille, se transmirent de génération en génération ; mais d'autres furent morcelées et distribuées en guise de reliques; d'autres enfin furent détruites par l'action du temps ou l'ignorance des hommes. On en ren- contra dans des boutiques d'épiciers, employées aux plus vulgaires usages. Il importait de sauver de la destruction ce qui pouvait exister encore. La Providence y pourvut. L'exaltation de saint François de Sales au rang des Docteurs de l'Eglise attira plus que jamais l'attention générale sur sa personne et sur ses écrits. ^^lus par le senti- ment religieux ou par l'attrait littéraire, des hommes de conditions diverses poursuivirent une même fin : exhumer des archives où elles gisaient les lettres inédites de notre Saint, et les publier soit dans des Revues périodiques ( = ), (i) François VaiVre ( Process. reiniss. Gehenn. (I), ad art. 31). (2) 'Le.s Etudes Religieuses des RR. PP. Jésuites, qui avaient déjà donné des lettres de notre Saint en 1866, 1868, 1874 et 1877, en éditaient encore une en 1878, et depuis leur rétablissement, elles en ont publié en 1893, et quatre en igoo. Citons de plus la Revue Savoisienne, 1880; le Correspondant, 1881 ; les An- nales Salésiennes, 1889, 1891; la Revue du Monde Catholique, 1891, etc.  XX Lettres Dii saint François de Sales soit dans des plaquettes spéciales (0. Plusieurs ecclésias- tiques distingués par leur savoir et leur piété fondèrent dans ce but à Annecy même (1878) une Société qui prit le nom d'Académie Salésienne et qui, dans la collection de ses Mémoires et Documents, a donné déjà 35 lettres inédites, ou imprimées d'une manière inexacte dans les récentes éditions. Des écrivains savoisiens insérèrent des lettres de TEvêque de Genève jusque-là inconnues, dans des ouvrages destinés à populariser quelqu'un de ses contemporains ; tel 31. Jules Vu}", dans son intéressante histoire de la Philothée (^). En 1885, M. 31ugnier, conseiller doyen à la Cour d'appel de Chambér}", bien connu par sa patiente érudition et ses remarquables travaux, eut la bonne fortune de découvrir aux Archives de l'ancien Sénat de Savoie, douze lettres inédites de notre Saint. Il les inséra, en les accompagnant de documents historiques d'un haut intérêt, dans une brochure intitulée : Saint François de Sales, Docteur en droit, Avocat au Sénat et Sénateur, etc. Vers le même temps, M. Pératé, lui aussi archéologue infatigable et écrivain de mérite, au cours de recherches faites dans les Archives Vaticanes, mit la main sur une série de pièces concernant la conversion du Chablais ; parmi ces pièces se trouvaient vingt lettres italiennes de notre saint Docteur, dont dix entièrement inédites. Des dix autres, une traduction française seulement avait été donnée par aligne. Ces lettres parurent dans le tome VI des Mélanges d'archéologie et d'histoire publiés par l'Ecole française de Rome (1886). Nous aimons à rendre hommage à l'exactitude avec laquelle fut faite cette re- production qui n'était pas sans offrir bien des difficultés, vu les irrégularités de l'orthographe du Saint et les abré- viations dont il émaille ses manuscrits. Loin de satisfaire les pieuses ambitions des Filles de saint François de Sales, ces découvertes les excitèrent ( I ) Voir RimeJio aile dispute de' Cattolici in Fraïuia, proposto nel MDCXIt da S. Francesco di Sales e commetitato dal sacerdote Santé Pieralisi, Bibliote- cario délia B.irberiniana: a/rqiunte tre Lettere del medesimo Santo (Roma, 1878). ( â ) la Philothi-e de S. Fr. de Sales, Vie de M"" de Ckarmoisj/ (1879), vol. II.  XXI Avant-Propos  davantage. Après ces riches filons »<= ^^^^^^ "' Pf^^t^ mines plus riches encore à exploiter ? C est la question r les Sœurs d'Annecy se posaient à elles-mêmes et qu elles adressèrent aux différentes Communautés de leur îns' mt Presque toutes y répondirent en provoquant dan leur région des perquisitions o/dinairement couron- nées de succès inespérés. Des recherches aux Archives romaines mirent en lumière une vingtaine de pièces X es nsérées dans un des volumes du Procès de Ca- nonisation que personne n'avait jusque-là songe a consul- er Bien pl-. Son Eminence le Cardinal P-occhi avant de résigner la charge de Vicaire de "° ^« ^a^n -Père I éon XIII, a daigné, avec l'assentiment de Sa Sainteté, adresser u; appe'l à tous les Evêques d'Italie..., appel qui amena la découverte de plusieurs Autographes iné- dits D'autres admirateurs de notre grand Saint, des amis dévoués de la Visitation ont contribué avec un zèle et un désintéressement au-dessus de tout éloge a augmenter notre collection. Nous devons un témoignage de spéciale gratitude à bon nombre d'ecclésiastiques et de religieux, Notamment à plusieurs Pères de la Compag-e de Jésus et à la Congrégation des Missionnaires de saint François de Sales d'Annecy. Grâce à ce concours si bienveillant, près de 400 lettres inédites ont été réunies; en ajoutant à ce nombre celles qui sont extraites des divers livres et Revues mentionnes ci-dessus, c'est une augmentation de plus de 500 lettres que notre Edition compte sur celle de Migne, la plus complète qui ait paru jusqu'ici ; et l'on peut espérer en- core de nouvelles découvertes. Si la quantité des pièces constitue le premier mérite d une collection épistolaire, la manière de les utiliser peut, sinon ajouter à leur valeur intrinsèque, du moins en augmenter singulièrement le relief; c'est pourquoi, les édLurs de la présente publication se sont efforces de ne pas rester au-dessous des exigences de la critique contemporaine. Et d'abord, afin d'assurer l'intégrité des (I) La Lettre circulaire de Son Eminence est donnée ci-nprès. p. xxx.  XXII Lettres de saint François de Sales textes, ils ont voulu remonter aux sources toutes les fois qu'il a été possible de le faire. Cette précaution est d'au- tant plus indispensable pour arriver à une parfaite exac- titude, qu'il y a plus à se défier de l'édition de 1626, base de toutes les autres. C'est seulement en aj^ant sous les yeux les originaux ou des copies authentiques, qu'il est possible de reconstituer intégralement les lettres dont on a détaché tant d'extraits pour les agglomérer de la façon que nous avons décrite. Faute de ce soin, nos devanciers, après avoir donné les pièces de l'édition princeps, ont imprimé ensuite in extenso, en les présentant comme inédites, les lettres qui avaient servi à composer la pre- mière collection. L'ordre chronologique s'imposait de lui-même dans le classement des pièces, et il était d'autant plus facile à suivre que la plupart sont datées. Quant aux autres, elles contiennent ordinairement des détails, des allusions qui permettent de fixer presque à coup sûr l'époque à laquelle elles remontent ; souvent aussi le caractère de l'écriture, qui varie d'une manière assez sensible avec les années, autorise tout au moins des conjectures bien fondées. Les lettres pour lesquelles tout moyen d'information fait abso- lument défaut sont reléguées à la fin de la publication. Un travail non moins consciencieux préside à la restitution des adresses pour les lettres dont les Autographes n'en portent aucune, et pour celles qui sont empruntées aux anciennes éditions. C'est sur des preuves certaines, mais qu'il serait fastidieux d'exposer chaque fois, que nous avons basé l'attribution de ces adresses ; et, quand la cer- titude manque, on préfère s'abstenir de toute désignation plutôt que de hasarder quelque affirmation contestable. Restituer dates et adresses aux pièces d'une collection épistolaire, c'est faire revivre l'auteur ; à ce prix seule- ment sa correspondance devient ce que nous avons dit plus haut, une sorte d'autobiographie dans laquelle il se peint lui-même. Mais à cette vie il faut un terrain sur le- quel elle puisse évoluer. Scène, milieu sont créés par les notes biographiques et historiques qui groupent autour de l'écrivain tous les personnages auxquels il eut affaire.  Avant-Propos xxiii L'absence de ces données condamne le lecteur à errer dans un monde tellement impersonnel qu'il ne peut s'y intéresser ; en effet, lire les lettres de notre Saint dans la plupart des anciennes éditions, c'est se heurter à des tombes sans épitaphes. Notre prétention est de ressusciter ces morts, de transformer ce cimetière en une promenade publique où l'on ne rencontre que des visages connus. Pour atteindre ce but, quel surcroît de travail il faut s'imposer et à quelles erreurs ne s'expose-t-on pas, sur- tout lorsqu'on se trouve, et c'est le cas présent, en face de plusieurs milliers de noms à identifier ! Telles sont les objections très judicieuses qui nous ont été adressées. La majorité des lecteurs nous saura gré de passer outre. On allègue un surcroît de travail. C'est plus que cela (l'expé- rience faite au cours de ce premier volume nous permet de parler en connaissance de cause) : annoter le texte dans la mesure où nous l'avons entrepris, c'est quadrupler sa peine. Mais le résultat est proportionné à l'effort. On ajoute, et ceci est plus grave : Que d'erreurs possibles ! Ce serait témérité d'en disconvenir. Toutefois, il est des hardiesses que Dieu bénit, et du reste nous ne hasardons pas beaucoup, car les moyens d'information abondent ; telle est la sympathie qu'éveille le nom de saint François de Sales qu'il suffit de l'évoquer pour obtenir un concours bienveillant. Nous l'avons toujours trouvé, ce concours pour tout ce qui concerne notre pays, auprès du savant et regretté comte Amédée de Foras, qui se survit à lui- même dans son monumental ouvrage : Armoriai et Nobiliaire de Savoie, malheureusement inachevé. Le comte de Mareschal de Luciane, continuateur de cette publication, ne fait pas à nos fréquents recours un accueil moins engageant (i). Monseigneur notre Evêque a daigné mettre à notre disposition les Registres de l'Evéché, con- temporains de notre Saint. C'est une mine d'informations encore peu exploitée, où nous avons trouvé des documents utiles pour reconstituer la physionomie des membres les plus marquants du clergé à cette époque. Nombre ( I ) M. le docteur Favre, de Faverges, vient de nous communiquer les pré- cieux manuscrits Besson dont il est possesseur.  XXIV Lettres de saint François de Sales d'érudits, dont il serait trop long de refaire ici la liste, veulent bien nous permettre de puiser dans les trésors de leurs connaissances sûres et étendues. Les archives des anciennes familles en Savoie et ail- leurs nous sont aussi très obligeamment ouvertes, sans parler des Archives et des Bibliothèques publiques, où des perquisitions soigneuses ont été faites et se conti- nuent par nos correspondants. Les Archives Vaticanes, celles des diverses Congrégations romaines ; à Turin, celles de l'Etat et de la Chambre des Comptes ; à Paris, les Archives et la Bibliothèque Nationale ; celles de l'ancien Sénat de Savoie, à Chambéry, sont largement mises à contribution. Pour ce qui concerne l'établissement et le gouvernement de l'Ordre de la Visitation, sujet qui occupe une place considérable dans la correspondance du Fon- dateur, le 3lonastère d'Annecy possède des manuscrits d'une autorité incontestable, qui permettront de redres- ser bien des erreurs commises par nos devanciers. Il n'est pas moins riche relativement à l'histoire locale, grâce à la générosité de feu 3L Jules Vuy. Ce savant archéolo- gue a remis aux Archives de cette Communauté la pré- cieuse collection de documents, qui avait été la passion de sa vie. Ces documents sont fréquemment utilisés par les éditeurs. 31oyennant toutes ces ressources, ils sont en mesure de consacrer une note biographique non seulement à chacun des correspondants de notre Saint, mais encore à la plu- part des personnes simplement nommées, la première fois qu'il est question d'elles. Néanmoins, si ces personnes doivent ensuite compter parmi les correspondants, la note qui les concerne est renvo3'ée à la première lettre qui leur est adressée. Il nous a semblé trop encombrant d'indiquer chaque fois sur place nos sources d'information. Cette indication est donnée dans le cas seulement où nous avons puisé à des sources peu connues ou inaccessibles au public. Une Table générale de tous les auteurs qui nous ont fourni des éléments de notes historiques paraîtra à la fin du dernier volume de la Correspondance.  Avant-Propos xxv Après avoir exposé les soins pris pour assurer l'exac- titude du texte, la marche suivie pour le classement et l'annotation des lettres, il reste à édifier le lecteur sur quelques autres détails de notre méthode. Parmi les lettres du Saint se trouve un petit groupe de pièces spéciales qui ne peuvent être logiquement éparpillées dans la correspondance : ce sont des brouil- lons écrits pour diverses personnes, notamment pour M^' de Granier. Ces pièces seront renvo3'ées à la fin du volume auquel elles appartiennent par ordre de rédaction. Il est un certain nombre de lettres dont une double et même une triple leçon manuscrite nous a été conservée (0, Les divergences qui existent entre les minutes et le texte définitif sont ordinairement signalées au-dessous de ce dernier. Quelquefois cependant, pour éviter un encombre- ment au bas des pages, où se rencontraient déjà notes et traduction, la minute est donnée in extenso à la suite du texte définitif, mais sans numéro d'ordre distinct, puisque dans ce cas les deux pièces ne forment qu'un seul tout. Quelques lettres, dont les Autographes n'ont pu être recouvrés, sont insérées à la fois dans les deux Procès de Canonisation de notre Saint. Le texte du premier Procès, généralement le plus exact, est alors préféré, et mentionné seul dans l'indication de provenance. C'est seulement quand ce premier texte est complété et même, ce qui est rare, rectifié par l'autre, que nous les signa- lons tous deux. Les lettres latines et italiennes, qui composent en ma- jeure partie ce volume, ont été traduites avec soin, tra- vail qui n'a pas été sans offrir quelque difficulté. Dans les premières, la clarté ne va pas toujours de pair avec l'élégance du style, et les jeux de mots, les allusions (i) Faute de se rendre compte de Tidentité de ces pièces, les précédents éditeurs les ont pour l'ordinaire répétées, avec dates et numéros d'ordre diflférents. Telle est, par exemple, notre Lettre LXIII, dont le texte définitif est conservé à Turin, une autre leçon à Annecy et une troisième à Rennes. Celte dernière leçon est insérée dans la Vie du Saint, par Charles-Auguste. Hérissant donne la minute conservée à Annecy, avec addition entre crochets des variantes de la leçon de Rennes. Datta publie l'original de Turin, daté du 29 décembre 1595. Migne et Vives le donnent à cette date, et de plus, repro- duisent tous deux la leçon Hérissant à la date de septembre 1^96.  XXVI Lettres de saint François de Sales recherchées contribuent parfois à envelopper d'un certain nuage la pensée de l'Auteur. Plus simples et plus claires sont les lettres italiennes ; elles traitent pour la plupart d'affaires si sérieuses, qu'en les écrivant le Saint n'a garde de se préoccuper du style, et ne se donne même pas toujours le temps de songer aux règles de la grammaire. Personne ne lui en fera de re- proches, tant il met de bonne grâce à confesser que ses lettres sont écrites dans un (( italien francisé, ou un fran- « çais italianisé. » Les phrases sont souvent enchevêtrées et l'orthographe assez irrégulière, quelquefois bizarre. Elle sera maintenue néanmoins, sauf le cas de faute évi- dente (0 et avec les légères modifications que voici : Les accents graves seront suppléés dans le texte, partout où ils sont nécessaires, et régulièrement substitués aux accents aigus placés de loin en loin par l'Auteur. Ces derniers sont conservés dans les variantes, où même on a dû en ajouter quelquefois, quand l'absence d'accent change la signifi- cation des mots. Les apostrophes toujours omises dans les originaux pour l'article contracté de représentant dei, ont dû être suppléées afin de prévenir des équivoques. On a cru nécessaire aussi de substituer la lettre v à Vu fréquemment employé par le Saint dans le substantif vescovo et l'adverbe dove. Pour plus de clarté, la plu- part des abréviations ont été interprétées ; on les a con- servées néanmoins dans les adresses, les variantes, et la formule si souvent répétée : V. S. Ill*"'^ et R*"^^ . L'orthographe des originaux a été scrupuleusement reproduite dans le texte français. C'est bien cette ortho- graphe essentiellement progressive dont il est parlé dans notre Introduction générale ( = ). Nulle part, mieux que dans la correspondance, on en peut suivre les évolu- tions, ce qui, pour les linguistes, ajoutera un intérêt spécial à cette partie des Œuvres de notre Saint Docteur. Dans les lettres écrites par secrétaires, l'orthographe de ces derniers a été maintenue. ( I ) C'est ainsi que l'adverbe non est souvent représenté par no, forme que le Saint avait retenue de son séjour à Padoue et qui se retrouve encore dans le dialecte vénitien. (s) Tome I"" de cette Edition, p. xcv.  Avant-Propos  XXVI 1  L'orthographe ancienne des noms propres est conservée dans le texte avec toutes les variations permises a cette époque (^) ; seulement, pour éviter des équivoques, on a régularisé lusage des capitales. Souvent le Saint les emploie pour les particules nobiliaires, et les supprime aux noms patronymiques ; d'autres fois il les place aux deux mots. Nous n'avons respecté cette irrégularité que dans sa propre signature. Tout en réprouvant la liberté que se sont accordée nos devanciers, de mélanger aux lettres du Saint, celles de ses correspondants, nous n'avons garde de meconnai re le haut intérêt qu'offrent ces dernières. Loin donc de les reieter de notre publication, nous en avons recueilli bon nombre d'autres inédites jusqu'ici ; elles seront données sous forme d'Appendice à la fin du volume auquel elles se rattachent, par ordre de date. Une Table de correspondance permettra d embrasser d'un coup-d'œil la provenance de chaque pièce, de juger du nombre de celles qui sont inédites, de voir a quelle époque les autres ont été publiées une première fois e quelle place elles occupent dans les éditions Vives et Migne. Un mot maintenant sur le contenu de ce premier volume : il correspond aux années de la jeunesse de samt François de Sales, et, les dates fissent-elles défaut, on le devinerait au style, du moins pour les débuts. On y re- trouve l'enthousiasme et, osons le dire, 1 emphase par- donnable à cet âge, surtout à la fin du xvr s.ecle, ou^e goût littéraire était si peu sur. La langue vulga re ne fuifit pas au jeune Saint, spécialement pour ses relation avec le séna eur Favre. Les deux amis échangent dans un an recherché, les témoignages d'une affec.,on que le temps devait consacrer ; les jeux de mots abondent et, si ces deux grands hommes ne nous étaient connus, la temation viendrait de penser qu'ils visaient au be espnt. Le Prévôt rédige avec soin des ébauches dont les sur- charges et les ratures accusent le travail et le souci de „) I.o,.h«gr.ph= usuelle est adoptée d.« les uote, e. les traduction..  XXVIII Lettres de saint François de Sales bien dire. N'ayons garde cependant de nous en plaindre : nous devons à cette habitude de posséder les lettres du Saint à son ami, car les originaux ont disparu; il ne nous reste que ces minutes oubliées par l'Auteur, au milieu d'autres papiers. Cette période de jeunesse littéraire dura peu. Les tra- vaux de l'apostolat mûrissent vite, surtout un apostolat aussi laborieux que fut celui du Chablais. Bientôt le style du Missionnaire s'élève, tout en se montrant plus limpide et plus naturel. Ce n'est plus alors le temps de songer aux fleurs de rhétorique ; le Saint ne pense qu'à Dieu et aux âmes, et, s'affranchissant de toute influence étrangère, il devient grave et simple parce qu'il est enfin devenu lui-même. Ses espérances et ses tristesses prennent vie sous sa plume, les dernières surtout, qui furent longtemps les plus nombreuses. Pendant près de deux ans ses let- tres ne sont pour ainsi dire qu'un long gémissement sur la mauvaise foi des ministres et l'obstination des protes- tants qui refusent opiniâtrement de l'écouter. De loin en loin, quelques éclaircies dans ce ciel si noir, quelques conversions éclatantes, comme celles de l'avocat Poncet et du seigneur d'AvuUy ; puis de nouveaux déboires et de plus pénibles déceptions. Son voyage à Turin, dans l'automne de 1596, l'accueil empressé que lui font le duc de Savoie et le Nonce apostolique présagent un heureux revirement dans la marche des aff"aires; on y compte, on l'attend, mais en vain. Et voilà notre saint Missionnaire réduit de nouveau à jeter des cris de détresse à Charles- Emmanuel I", qui fait de magnifiques promesses, aux Chevaliers des saints JMaurice et Lazare qui en empêchent la réalisation, à JSV Riccardi lui-même, toujours prêt à lui compatir et souvent impuissant à le seconder. L'heure viendra cependant où il moissonnera dans la Joie ce qu'il a si péniblement semé dans les larmes; et les cérémonies triomphales des Quarante-Heures de Thonon seront le couronnement de son héroïque apostolat. C'est bien dans ces lettres qu'il faut chercher l'histoire la plus vraie qui ait été composée de la mission du Cha- blais, et la plus palpitante d'intérêt. Elles sont écrites  Avant-Propos ^^'^ avec une émotion tellement communicative que Ion croit assister à cette lutte admirable où la vérité reconquiert pied à pied un terrain qui lui est si chèrement disputé par l'erreur. Le Saint réfute d'avance les récits calomnieux de nos adversaires, et ferme la bouche à ceux qui veulent insinuer que la conversion de cette province a été obtenue par intimidation militaire ou à prix d'argent. Que de révélations ne contiendraient pas encore les lettres qui n'ont pu être recouvrées, et il en est un grand nombre ; car nous constatons avec peine que cette pre- mière période de la Correspondance offre des lacunes considérables. Et plût à Dieu qu'il n'y en eût pas d'autres! Malgré toutes les recherches faites depuis vingt ans, il reste assurément encore un grand nombre d'épis ignorés à faire entrer dans la gerbe si belle déjà qu'est la collec- tion des Lettres de saint François de Sales. Au nom de la Religion et de la littérature , nous adressons un pressant appel à tous les possesseurs de ces richesses, et nous pouvons promettre d'avance à ceux qui voudront bien y répondre, avec notre gratitude la plus profondé- ment sentie, celle des lecteurs de cette Edition, et, ce qui est infiniment préférable, la protection spéciale du plus aimable des Saints. DOM B. Mackey, O. s. B.  LETTRE-CIRCULAIRE DE S. EM. LE CARDINAL PAROCCHI, VICAIRE DE SA SAINTETÉ AUX ÉYÊÛUES D'ITALIE  Dal Vicariato, Roma, nella festa del S. Cuore, 9 Giugno 189g. Pubblicato appena il primo volume (1892) délia nuova edizione délie opère di S. Francesco di Sales, per cura délie religiose délia Visitazione del primo monastero di Annecy, con 1' intelligente con- corso del dotto benedettino P. Mackey, si guadagnô il plauso uni- versale degli eruditi. La solidità délia carta, la chiarezza ed eleganza de' tipi, la cor- rettezza del testo, superiori a quanto poteva aspettarsi dalla piccola gemma délia Savoia, furono giudicati pregi bene inferiori alla squisita diligenza, posta ad assicurare 1' autentica lezione dell' opéra, e la diligenza porto si generosi frutti, che dal primo volume al decimo (1898), e sperasi cosi fmo ail' ultimo, il pensiero di S. Francesco di Sales, quale egli medesimo affidô aile immortali sue pagine, v' è fedelmente riprodotto e in modo defmitivo. Ora, pubblicate omai le opère maggiori, fmo ai discorsi, e in essi se ne trovarono d' inediti non pochi, come si venne a stampare le  Du Vicariat, Rome, en la fête du Sacré-Cœur, 9 juin 1899. Dès que parut le premier volume (1892) de la nouvelle édition des œuvres de saint François de Sales, publiée par les soins des Religieuses de la Visita- tion du P"" Monastère d'Annecy, avec l'intelligent concours du docte Béné- dictin P. Mackey, il obtint l'applaudissement universel des érudits. La solidité du papier, la clarté et l'élégance des caractères, la parfaite cor- rection typographique, supérieures à tout ce que l'on pouvait attendre de ce petit bijou qu'on nomme la Savoie, furent considérées comme des avantages bien inférieurs à l'extrême diligence mise à assurer l'authenticité du texte. Cette diligence a obtenu des résultats si excellents que, du premier volume au dixième (1898) — et l'on espère qu'il en sera ainsi jusqu'au dernier — la pensée de saint François de Sales, celle qu'il confia lui-même à ses pages immortelles, s'y trouve fidèlement reproduite et d'une manière définitive. Or, les principaux ouvrages du Saint ayant été déjà édités jusqu'aux Ser- mons, parmi lesquels il ne s'en est pas peu trouvé d'inédits, l'impression des lettres allait être commencée, lorsque les éditeurs constatèrent qu'un grand  Lettre de S. Em. le Cardinal Parocchi xxxi lettere, notarono gli editori che moltissime ancora ne giacciono ascose nelle biblioteche e negli archivi di pubblici e privati institut!. Si rivolsero pertanto a me, corne a Superiore délie Salesiane di Roma, affinchè facessi appelle agli Ordinariati d' Italia, in aiuto air impresa. Il chc avendo io significato alla Santità di N. Signore, Egli nel tanto suo zelo per le sacre discipline e per le lettere, di buon grado aderiva. E perô non solamente in mio nome e délie Salesiane d'Annecy, ma in qualche modo anche da parte del Santo Padre, invito e prego gli Ordinariati d' Italia a procurare ricerche nelle biblioteche e negli archivi dipendenti dalla loro giurisdizione, se mai si trovassero let- tere od altri scritti inediti del Santo Vescovo di Ginevra. E trovati, li prego di trarne copia autentica, e spedirli o direttamente alla Superiora del primo monastero délie Salesiane d'Annecy, od a me. Anticipo i più vivi ringraziamenti, e affido alla gratitudine di S. Francesco di Sales, dell' opéra che presteranno in onore di lui, la débita ricompensa. Dev.mo afif. in G. G. LuciDO Maria Gard. Parocchi, Vicario générale di S. S., Superiore délie Salesiane di Roma.  nombre demeurent encore cachées dans les bibliothèques et dans les archives des institutions publiques et privées. En conséquence, ils s'adressèrent a moi. comme au Supérieur des Salésiennes de Rome, afin que, faisant appel aux Evêques d-Italie, j'obtinsse leur concours pour cette entreprise. Ce qu ayant moi-même exposé à Notre Saint-Père le Pape, si grand est son zèle pour la dis- cipline sacrée et pour les lettres qu'il acquiesça de grand cœur à cette pensée. C'est pourquoi, non seulement en mon nom et au nom des Salésiennes d'Annecv, mais aussi, en quelque sorte, de la part du Saint-Père j invite et je prie les Evéques d'Italie défaire faire des recherches dans les bibliothèques et les archives dépendantes de leur juridiction, pour savoir s'il s'y trouve des Lettres ou autres écrits inédits du saint Evéque de Genève. Et en ayant trouvé, je les prie d'en tirer une copie authentique et de l'expédier ou direc- tement à la Supérieure du I" Monastère des Salésiennes d'Annecy ou a moi. En leur offrant à l'avance mes plus vifs remerciements, je confie a la grati- tude de saint François de Sales le soin de rémunérer la peine qu'ils pren- dront pour procurer sa gloire. Très dévoué et affectionné en Jésus-Christ. Lucide-Marie Cardinal Parocchi, Vicaire général de Sa Sainteté, Supérieur des Salésiennes de Rome.  AVIS AU LECTEUR  La plupart des Lettres insérées dans ce volume ont été confrontées sur les originaux, comme l'atteste l'indication de provenance placée au bas de chacune. U absence de cette indication distingue les Lettres empruntées à des publications antérieures. Voir à la fin du volume la Table de corres- pondance, et V Avant-Propos, p. xxvij. Les éditeurs sont seuls responsables de V adresse et de la date qui précédent chaque pièce ; Vune et l'autre sont répétées à la fin quand elles figurent sur l'original. Il n'y a d'exception que pour les lettres envoyées au duc de Savoie par intermédiaire. Ces lettres ne portant pour toute adresse que ces deux mots : A Monseigneur, ce serait embarrasser le lecteur de les placer après la clausule et la signature. Qliand la date attribuée à chaque lettre n'est pas absolument sûre, elle est insérée entre [ ] . Ces signes sont également employés pour les mots qu'il a fallu suppléer dans le texte. Les divergences qui existent entre les minutes et le texte définitif sont données au bas des pages. Le commencement de la variante est indiqué par la répétition en italiques des mots qui la précédent immédiatement au texte, à moins que le point de départ ne corresponde à un alinéa, ou que la cor- rélation ne soit évidente. La fin est régulièrement marquée par la lettre de renvoi. Celle-ci signale le commencement de la variante alors seulement que cette variante embrasse plus d'une page. Les passages biffés dans l'Au- tographe sont enchâssés dans des V J. Dans les variantes des lettres latines et italiennes les seuls passages qui diffèrent considérablement du texte ou qui n'y figurent pas du tout ont été traduits. Il en est de même pour la minute de la Lettre LII^. Pour cette dernière, une f indique le commencement du passage à traduire. On trouvera à la suite de la Table de correspondance un Index des notes historiques et biographiques contenues dans ce volume. Pour l'ortho- graphe des noms propres, voir l'Avant- Propos, p. xxvij.  LETTRES  DE  SAINT FRANÇOIS DE SALES  ANNÉES ANTÉRIEURES A 1593  AU BARON d'hER.MANCE (0 Protestations de respect et de dévouement. Paris, 26 novembre 1585. Monsieur, Despuys vostre dernier voyage en ceste ville j'avois tousjours bien bonne dévotion de vous escrire, ce que toutefoys je n'avoys osé fayre. 31ays nri'ayant escript un de mes amis de l'honneur et faveur que vous aves faict aune mienne seur > ,je me suys persuadé que le treuveries bon de moy, auquel vous listes tant d'acueil dernière- ment en ceste ville ; joinct aussi que ne pouvant encores (Dieu m'en face la grâce pour Tadvenir) fayre paroistre { I ) François-Melchior de Saint-Jeoire, baron de Saint-Jeoire, de Féterne et d"Hermance, seigneur de la Chapelle, chambellan du duc de Savoie, Charles-Emmanuel P"". Dans le courant de septembre 15S4, ce seigneur fut envoyé à Paris pour notifier à la reine mère le mariage du duc son sou- verain avec Catherine d'Espagne. En qualité d'ami de M. de Boisy, il visita son fils, alors étudiant au collège de Clermont. Devenu plus tard gouverneur du fort de Sainte-Catherine et de celui des AUinges, gouverneur militaire des baillages de Chablais, Ternier et Gaillard, le baron d'Hermance protégea notre Saint dans les débuts de la mission du Chablais, et lui donna pendant six mois l'hospitalité au château des AUinges. Il mourut le 20 novembre 1395. (2) Gasparde, sixième enfant de M. de Boisy. Quoiqu'elle fût encore en bas âge, peut-être, selon les usages de l'époque, s'agissait-il déjà pour elle d'un projet d'alliance auquel le baron d'Hermance se serait intéressé. Lettres I I  â Lettres de saint François de Sales TafFection que j'a}^ de vous fayre humble service, j'ay volu (comme il s'accoustume) vous en donner souvenance par lettres. Et maintenant que je su3's au milieu et meil- leur âge de mes estudes, si je puys cognoistre seulement par presumption que prenies en bonne part mes lettres, ce me sera comme un aultre corage pour poursuyvre mon entreprise en Testude, laquelle j'oseroys bien me pro- mettre (sans me flatter) réussira au bien que je désire. Dieu aydant, qui est de le bien pouvoir servir ; puys après, vous fa3're service, a qui j'a}' tant de debvoir et obligation. J'auroys bien Bonne volonté de vous escrire des nou- velles de pardeça, mays les nostres ne sont que de collèges, outre ce qu'elles sont si incertaynes (on a faict le prince de Condé mille fo3^s mort) que pour ce seul respect il me semble que je suys asses excusé d'en escrire. Atant je vous bayse bien humblement les mains, et prie Dieu, Monsieur, qu'il vous tienne en santé et très heureuse vie, vous suppliant de vous resouvenir de moy comme de celluy qui est et sera a jamays Vostre plus humble serviteur François De Sales. Monsieur Deage(0 vous ba3^se bien humblement les [mains]. De Paris, ce 26 novembre 1585. A Monsieur Monsieur le baron d'Armence a la Chapelle. Revu sur l'Autographe conservé à Genève, Archives de l'Etat. Voir le fac-similé placé en tête de ce volume. ( i) Jean Déage, natif de Cornier en Genevois, précepteur de saint François de Sales dès sa tendre jeunesse, le suivit à Annecy, à Paris et à Padoue ; ce fut dans cette dernière ville qu'il prit le grade de docteur en théologie (il septembre 1591). Rentré en Savoie, il obtint un canonicat au Chapitre de Saint-Pierre de Genève, l'année même où son illustre disciple en était nommé Prévôt. Quand celui-ci fut élevé à la dignité épiscopale, le chanoine Déage, demeuré son conseiller, devint son commensal, et vécut dans l'intimité du saint Evéque jusqu'à sa mort. 'L'acte de son inhumation est daté du 8 juin 1610.)  Année 1590 i ^'^ I I *» \/ A UN ANCIEN PROFESSEUR ( l'I (minute inédite) (2) Succès des armes du roi de Navarre. — Epidémie parmi les étudiants. Padoue, 26 juillet 1390. lo tengo con Vostra Signoria un particular obligo di ringratiarla, poi que (sic) particularmente de i Savoyani suoi essa a (sic) fatta memoria nella sua cortesissima lettera messa a tutti i nostri concameranti. La ringratio dunque que la habbi quella memoria di noi et tanta cura del ben nostro, ch' essendo in messo [sic] d' una città que tanto (se io non m'inganno) si rallegra di quella nuova Navarrescha, lei non sene pigli altramente con- tentezza per amor nostro ; se ben anchora il zelo délia fede catholica nostra impedischa principalmente in V. S. allegrezza d'un fatto(») tanto compassionevole a chi lo  Je me tiens spécialement obligé de remercier Votre Seigneurie, puisqu'elle a fait une mention particulière de ses Savoisiens dans sa très aimable lettre adressée à tous nos condisciples. Je vous remercie donc d'avoir quelque souvenir de nous, et tant de sollicitude pour notre bien, que vous trouvant au milieu d'une ville où, si je ne me trompe, on se réjouit beaucoup de la nouvelle Navarraise qui s'y est répandue, par affection pour nous vous n'en éprouvez aucun con- tentement. 11 est bien vrai que le zèle de Votre Seigneurie pour notre foi catholique est la cause principale qui l'empêche de se réjouir d'un (a) d'unfatto — [\\ quai forse non riescira doue gl" huomini creddono.J  ( I ) Ce personnage paraît être Jacques Ménochius (1532-1607), qui professa le droit pendant plus de vingt ans à l'Université de Padoue. Il l'enseigna ensuite à Pavie, sa ville natale, durant l'année 1 589-1 590. Il n'est pas invrai- semblable qu'il se soit rendu de là à Venise, ville dévouée à Henri IV, pour surveiller l'impression du second volume de son traité De Prcesumptionibiis, Qonjecturis... Commentariorum Pars secunda. Venetiis, apud F. Ziletti 1590. ( 3 ) Cette lettre a été découverte et acquise par la Visitation d'Annecy après l'impression des premières feuilles de ce volume.  4 Lettres de saint François de Sales je me plains de celles que monsieur Cadel et autres amys ont porté, que j'eusse pensé devoir estre fidellement rendues. Et de vos nouvelles nous en avons tousjours eu nostre parc quand vous escrivies a monsieur Coppier (O, car de vostre grâce vous faysies tousjours mention et de moy et de tous ces autres messieurs ausquels je ne cède poinct en ce faict, et sans cérémonie je me nomme .... Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.  III  A UN INCONNU  (MINUTES INEDITES)  Remerciements pour une lettre reçue de lui. Padoue, [vers octobre 1590.] Monsieur, Je ne fis jamais chose qui méritasse que vous prissies la peine de m'escrire avec tant de caresses comme vous aves faict le 24 de septembre (3), dont je vous remercie d'autant plus humblement de ceste vostre faveur, pour laquelle je m'offriroys a vous humblement si je ne vous estoys desja tout obligé et dédié. Or, vostre lettre me servira au moins de tesmoignage que vous prenes a gré l'affection que je vous porte, et partant j"ay pris un très  (a) (/* septembre. — TBien que tousjours j'aye eu extrême affection a vostre service... J (i) Jean Coppier, alors étudiant en médecine à l'Université de Padoue; il exerça dans la suite sa profession à Chambéry, et continua d'entretenir avec le Saint des relations dont on trouve la preuve dans la correspondance de celui-ci.  Année 1590 5 grand contentement de voir que desires que je retourne bien tost par devers vous, tout plein de belles qualités...  Monsieur, Vous pouves bien tant quil vous playra accroistre le monde d'obligations que je vous ay, comme vous aves faict prenant la peyne de m'escrire le 24 septembre avec tant de caresses comme vous aves faict ; mays vous ne pouves plus accroistre l'affection que je vous porte, et a vostre service, icelle estant aussy grande qu'on la pourroit avoir Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Turin.  IV A UN INCONNU (minute inédite) Témoignages de respect et d'affection. Padoue, [octobre ou novembre 1590(1).] Monsieur, Je me fais accroyre que monsieur des Granges ( 2 ), présent porteur, m'ayme beaucoup, comme j'en ay eu de fort bons signes ; dont l'ayant prié fort instamment (i ) L'allusion que cette lettre fait à la vacance du Saint-Siège justifie la date que lui attribuent les éditeurs. Elle a dû être écrite dans l'intervalle qui s'est écoulé entre la mort d'Urbain VII (27 septembre 1390) et l'élection de Grégoire XIV (5 décembre de la même année). Il est vrai que le Siège aposto- lique fut vacant quatre fois pendant les années que saint François de Sales passa à Padoue ; mais des raisons qu'il serait trop long de détailler militent en faveur de l'époque indiquée ci-dessus. (2) Jacques des Granges, étudiant à l'Université de Padoue, appartenait, d'après Charles-Auguste de Sales, à une noble famille de la Val d'Aoste. Il  6 Lettres de saint François de Sales qu'estant de pardela il me recommandasse fort affection- nement a vostre bonne grâce, je ne doute poinct que sil vous peut trouver et se souvient, il ne face cela pour moy. Toutefoys , pour autant que peut estre ne vous trouvera il pas comme il désire, et aussy quil est fort aysé a oublier si peu de chose comme je suys, (a) affin d'as- seurer mon intention j'ay escrit ces deux mots que je vous addresse, par lesquels je vous salue très humblement et affectionnement, et vous remercie de la memo3^re que vous eustes de moy quand monsieur de la Chapelle (0 print congé de vous pour venir icy, lequel m"a encores dict que d'autrefoys vous luy avies parlé de moy ; 1^) ce que cognoissant ne venir de mes mérites, j'en honore d'autant vostre bonté, delaquelle je reconnoys toutes ces faveurs. On a dict que le duc de Florence ( = ) s'en alloit mourir et quil se traittoit de fayre Pape le Cardinal de Sens (3), ce que n'estant asseuré je m'en rapporte a l'événement. Je présuppose que deux de mes lettres vous auront estëes données Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Turin.  (a) comme je suys, — fje luy ballie ceste lettre. ..J (b) de moy ; — ffaveur laquelle bien que je ne mérite, si ne laysse je pas d'en estre très ayse...J fut l'un de ceux qui signèrent en qualité de témoins les lettres-patentes concédant à saint François de Sales le grade de docteur en droit. On lit en effet dans ces lettres : Datum et actum Paduœ... anno Domini MDXCI... die Jovis, V mensis Septembris... prcesentibits Rdo Domino Joanne de Agio et Nobi- libus Dominis Joanne Baptista Valentiano, Aniedeo de Bavo, Joanne Gulielmo Martineto... Jacobo de Granares, et Joanne Jacobo Andrerio, omnibus Sabaudis. ( I ) Jean-Baptiste de Valence, fils de Jean-Baptiste, seigneur de la Chapelle, dont le nom figure dans le document cité ci-dessus ; il fut toute sa vie l'ami de notre Saint. On le retrouve plus tard (1617) juge-mage à Ternier et Gaillard, conseiller du duc de Savoie, puis enfin sénateur (i^"" octobre 1632). (2) Ferdinand P"" de Médicis, qui régna de 1587 à 1609. C'étaient assuré- ment de faux bruits qui circulaient au sujet de sa santé; car non seulement l'histoire ne mentionne aucune maladie du duc à cette époque, mais elle témoigne au contraire de l'activité qu'il déploya pendant les diverses vacances du Saint-Siège qui se succédèrent alors à de si courts intervalles. (3) Nicolas de Pellevé (1^18-1^94), d'abord Evéque d'Amiens, avait été transféré à l'archevêché de Sens en 1361, et promu au cardinalat le i^ juin 1570.  Année 1591  V  A UN GENTILHOMME (MIXCTE inédite) Remerciements pour la bienveillance que lui témoigne ce gentilhomme et pour la lettre qu'il en a reçue. Padoue, l'59'-] Monsieur, Despuys Ihonnorable memoyre que vous fistes de moy par lettre a monsieur de Marry, il y a quelque tems, qui me fut comme un'arre de vos grâces, le grand désir que ja auparadvant j'avoys d'estre accepté pour vostre servi- teur très humble s'estoit extrêmement accreu. Et pourtant 3 avoys a plusieurs foys prié monsieur de la Tornette (0 et monsieur de la Porte .') de vous fayre présent, de ma part, et de moy mesme et de mon service, pensant par ce moyen, sans que je vous importunasse par lettres (que je craignoys fort), vous pouvoir fayre sçavoyr combien je me connoissois honnoré de vostre mention et combien humblement je vous en remercioys. D'autre part j'estimoys que sous Tadveu de ceux qui m'eussent pré- senté a vous, j'eusse esté beaucoup mieux receu que je ( I ) Louis de l'Alée ou de Lallée, seigneur, puis baron de la Tournette et Songy (ses terres furent érigées en baronnie par patentes du 5 février 1615), conseigneur de la Val des Clefs, chevalier grand-croix de l'Ordre des saints Maurice et Lazare, ambassadeur en Suisse. Son testament est daté du 10 dé- cembre 1623. (s) Il existait en Faucigny une famille de la Porte, dite de Vallon; on ne saurait toutefois affirmer que le personnage dont il est ici question appartînt à cette famille ; peut-être est-ce celui que nous retrouverons plus tard intendant de la duchesse de Mercœur, et auquel notre Saint adressa une lettre le 6 juin 1603.  8 Lettres de saint François de Sales n'eusse osé me promettre sans présomption. (^) Dont vous pourres asses connoistre, sans que je vous en die autre, avec combien de satisfaction j'ay receu vostre lettre, combien j'en fays d'estat et combien estroittement je m'en sens obligé, mays beaucoup plus de ce que par icelle vous me présentes. Dequoy je prendray et retien- dray bien chèrement tout ce dont je seray capable; car il ne messied pas a vostre grande humanité de beaucoup présenter, mays ce seroit grande insolence a moy de(b) n'en vouloir refuser. Et maintenant, puys quil vous a pieu me monstrer de si bons signes, ains de me fayre fayre de si bonnes asseurances de vostre amitié en mon endroit, je vous supplieray très humblement de me fayre ce bien que de continuer, et me mettre en conte comme vostre très humble et serviteur. Et bien que je n'a5"e autre (<=) mé- rite, si est que la grande et bonne affection que j'ay est suffisante pour me fayre avoyr un lieu de mortepaye en vostre service, affin que j'âye le contentement, par la continuation de ceste vostre faveur Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.  (a) sans présomption. — fVoyla, Monsieur, qui me garda de vous bayser les mains en escrit, que je vous ay baysees mille foys humblement en mon affection. Et de la, Monsieur, ny je ne vous diray plus avec quelle mesme satisfaction j'ay leue et releu vostre si courtoyse lettre. ..J (h) de — [-penser a les accepter.. .J (c) aufre — j-qualité qui me puysse pousser en ce lieu la...J  Année 1591  VI  A UN AiMI (minute inédite) Assurances d'amitié. — Désir d'être connu d'un personnage de grand mérite. — Nouvelles d'un condisciple. — Message de son précepteur. — Un mot sur son frère Gallois. Padoue, 25 mars 1591. Quas ad me 3 calend. Decembris 1590 et 10 calend. Februarii 1591 (^) perscripsisti simul accepi his diebus, ut copia litterarum tuarum momentanea paenuriam earumdem diuturnam compensaret. Cujusnam autem culpa factum sit ut priores illas tam tarde acceperim cogitare nolui, ne ab ea cogitatione in amicorum quem- piam quippiam iracundiae meae derivaretur. Ingenti te metu perculsum ais ne aliquam in te concepissem indi- gnationem, quod postremis meis litteris stomachari vide- rer, quasi tu vel in amando me pertinax non esses aut diligens in scribendo ; quo magis miror in te eum metum('^)extitisse, qui sane « in constantem virum cadere  J'ai reçu à la fois, ces jours-ci, les lettres que vous m'avez écrites le 29 novembre 1590 et le 23 janvier 1591. Cette abondance mo- mentanée compensait ainsi la pénurie dans laquelle vous m'aviez laissé. A qui la faute si j'ai reçu si tard la première lettre? Je n'ai pas voulu le rechercher, de peur que cette recherche ne fît retomber un peu de mon mécontentement sur quelqu'un de mes amis. Vous avez grandement craint, dites-vous, que je n'eusse conçu à votre égard quelque indignation, car dans mes dernières lettres je semblais fâché de ce que vous n'êtes pas ardent à m'aimer ou diligent à m'écrire. Je m'étonne d'autant plus qu'une telle crainte ait pu exister en vous, qu'elle ne peut assurément « s'emparer d'un homme fort et constant. » (a) Febfuarti lypi — fscripsisti Chamberii...J (b) timorem  u  !0 Lettres de saint François de Sales • Innocent. III, in non possit *. » Scd id ita solvis : « Cuncta timemus Décrétai., lib.I,tit. ^ * r. ^ • ^ -i • XL, c. IV. amantes'^, » bene est, si tamen mihi optio relicta est. •Ovidius Metam., Gratius accepi quod posterioribus scribis adduci non posse ut credas in me aliquam tui oblivionem cadere posse; id apud te firmissimum ac omni formidine remota constitutum velim. Profecto scripsi dedique ad te litteras non semel, (c) de quarum appulsu nihil audivi ; postea hinc inde ab amicis, modo hoc modo illo, de te exquisivi pœne importune. 31irum undique de te (in te etiam fere dixi) silentium. Te in Galliis esse audio ; ad te desino scribere, ab aliis de te sciscitari non desino. Quid mihi culpae est ? Hae mihi sunt omni actione majores excep- tiones. Ergo, quantumvis amantissimus, his timoribus locum deinceps ne dederis ; quamvis enim ii ab amore proficisci videantur initio, postea tamen saepe parvulis et brevissimis mutationibus temporisque processu genito- rem ipsummet suum interimunt. At ne me de timoré tuo  Si vous l'expliquez de la sorte : « Tout éveille les craintes de ceux qui aiment, » c'est bien, mais à la condition que vous me dispenserez de vous prouver mon affection en redoutant tout de votre part. Votre dernière lettre m'a été plus agréable. Vous m'écrivez, en effet, que rien ne vous persuadera que j'aie pu vous oublier le moins du monde. Je voudrais que cette conviction demeurât en vous le plus fermement possible et prévint toute ombre de défiance. Le fait est que je vous ai écrit, que je vous ai expédié plus d'une fois des lettres, sans savoir jamais si elles vous étaient parvenues, j'ai demandé ensuite de vos nouvelles d'ici, de là, tantôt à un ami, tantôt à un autre, jusqu'à me rendre presque importun ; mais partout, silence étonnant sur vous (peu s'en faut-il que je ne dise contre vous). J'apprends que vous êtes en France. Je cesse de vous écrire, je ne cesse pas de demander de vos nouvelles. Quelle faute ai-je commise ? Ces preuves de mon affection sont plus fortes que toutes vos accusations. Donc, quelle que soit votre affection, ne cédez plus désormais à ces craintes. En effet, bien qu'elles semblent au début engendrées par l'amour, souvent dans la suite, par de très petits, d'insensibles changements, elles tuent, avec le temps, celui-là même qui les a engendrées. Toutefois, ne croyez pas que votre crainte m'inspire une (c) non semel, — fseptimestre silentium non fuit...J  Année 1591 il timere reflectas ; ('^) mihi enim de eo mentio est, nuUus vero metus, Quos de me passim seris sermones apud tuos, maxime apud eum quem haerum tuum appellas, vide ne ita accipiantur quasi sementem agri tui colloces ac quod sentio sentiant alii : tua tibi in ore esse, tuoque te melle delectari. Hœc pro familiaritate. Alioquin quid mihi optabilius quam me ex nomine, te nominante, ab eo cognosci cujus nomini me, si annueret, consecratum facere omnibus bonis caeteris anteponerem (0 ? Quam in sententiam corde premo plurima quse nec paenitus dicere possum, nec si possem, spatium ad scribendum a latore praestitutum permitteret. Antonium, quem Franciscum vi simpathiae nominas, Merindulensem ( = ) suamet manu inter tuas (sic) adscri- bam, bonum, prudentem, ac supra aetatem philosophum  crainte équivalente. Je la mentionne simplement, je ne l'éprouve nullement. Quant aux paroles que vous semez sur mon compte, par ci par là, auprès de vos amis, surtout auprès de celui que vous appelez votre maître, prenez garde qu'on ne les interprète comme si vous semiez votre champ pour que les autres pensent ce que je pense moi-même, c'est-à-dire que vous proclamez vos vertus, que vous savourez votre propre miel. Ceci entre nous. Si cet homme consen- tait à m'accepter comme sien ce serait pour moi un bien préférable à tout autre bien ; rien donc ne me sera aussi avantageux que de lui être connu, au moins de nom, par votre entremise ( ' ). Sur ce sujet, je garde en mon cœur bien des choses que je ne puis entièrement révéler, et, le pourrais-je, que le temps laissé par le porteur ne me permettrait pas de les écrire. Antoine de Mérindol (2) que, par sympathie, vous appelez François, de sa propre main se consigne entièrement entre les vôtres. C'est un jeune homme bon, prudent et philosophe à un degré bien supérieur (d) timere reflectas ; — fin ejus enim suni mentione non timoré. ..J  { I ) En rapprochant ce passage de la Lettre IX, p. ao, lignes 2 et 3, on est amené à conclure qu'il s'agit ici du célèbre Antoine Favre, alors sénateur à Chambéry. Ce qui confirme encore cette hypothèse, c'est que (voir variante (a) le destinataire de la présente lettre parait habiter la même ville. (2) Antoine Mérindol (i 570-1624), qui devint dans la suite conseiller, médecin ordinaire de Louis XIII (1616) et premier professeur de médecine à l'Université d'Aix, avait fait de brillantes études à Paris et à Padoue. Il a  12 Lettkhs de saint François de Sales juvenem ; hoc solo nomine miserandum quod tanto ingenio genioque minime par sit nactus corpusculum, sed calculo generando pessime aptum (lapidem philoso- phicum a générante nominarim). Morbo sibi omnibusque amicis suis gravissimo decumbens ipse, ego assidens, de te plurima, quibus plane efFectum est ut tui desiderio non minus quam sanitatis langueret. Deageus praeceptor noster te plurimum salvere jubet. Fratrem meum non adeo mihi dissimilem credo quin semper inter tuos remaneat (O; quamdiu vero pro setate ex nobis pendet tanquam accessorium majori fratri cedit. Porro, ad omnes opéras jus in me tibi esse non patrinatus sed patronatus existimes quœso. Subinde scribam vale. Patavii, ipso annunciatae salutis salutatseque Virginis die. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Turin.  à son âge. Une seule chose est à regretter en lui, c'est qu'il ait un corps chétif, peu proportionné à ses grandes qualités, à sa belle na- ture. Il est fort porté à engendrer la pierre (que chez lui on pourrait appeler pierre philosophale). 11 a été retenu au lit par cette maladie très douloureuse pour lui et pour tous ses amis. Je l'assistai. Nous parlâmes beaucoup de vous, ce qui le fit soupirer après vous tout autant qu'après la santé. M. Déage notre précepteur m'ordonne de vous saluer mille fois. Mon frère me ressemble assez, je crois, pour demeurer toujours des vôtres ( I ). Pendant que son âge le tient en dépendance de nous, il suit comme un accessoire son frère aîné. Sachez que, pour n'importe quel service, vous avez droit d'user de moi, non il est vrai en qualité de parrain, mais à titre de maître. Et sur ce, je vous dis adieu. Padoue, jour de l'annonce de notre salut et de la salutation donnée à la Vierge. laissé des traités de médecine très estimés, qui ont été publiés en un volume in-folio (Aix, 1633), sous ce titre : Anionii Merindoli... Ars medica in ditas partes secta, in qua non solnm explicantur ea quœ ad medicinam discendam sitnt necessaria, sed multa qnœ Theologos et Philosophas recreare valeant continentur. ( I ) Gallois, frère puîné de saint François de Sales, avait été d'abord destiné à l'état ecclésiastique et pourvu même de la cure de Corsier et d'un canonicat au Chapitre de Saint-Pierre de Genève ; mais ses vues ne tardèrent pas à se tourner ailleurs. Il épousa (contrat dotal du 30 janvier IS97) Jeanne du Fresnoysde Chuyt, dont il eut plusieurs enfants, et mourut le 29 juillet 16 r 4.  ANNEE 1593  VII  A UN ANCIEN CONDISCIPLE  (minute inédite)  Remerciements pour l'atteution qu'a eue ce personnage de lui dédier ses thèses de théologie. — Espoir de le voir prochainement à Annecy. [Annecy, 1593.] Tuis equidem meritis ac virtutibus me totum jam pridem debebam, doctissime vir; nunc autem titulo sane omni exceptione majore, ob benevolentiam scilicet qua tam amice cultissimas illas de theologia conclusiones mihi nuncupare dignatus es, me totum sane tibi vindicas. Quid enim mihi gloriosius in humanis accidere potuit quam ignotum me quidem, tibi, doctissimo et absolutis- simo viro, pro amico provocari, cum in me nihil sit taie quod tuam mihi possit conciliare voluntatem ? Quamvis enim patrisR ac primi litterarii tirocinii mihi tecum inter- cesserit communio, tôt me tamen ingenii et doctrinae  Depuis longtemps déjà vos mérites et vos vertus, homme très savant, auraient suffi pour m'attacher à vous sans réserve ; mais aujourd'hui vous vous êtes acquis sur toute ma personne un droit sans égal par la bienveillance qui vous a porté à me dédier si amica- lement vos très savantes thèses théologiques. En effet, que pouvait-il humainement m'arriver de plus glorieux que de m'entendre donner le titre d'ami par un personnage si docte et si accompli ? Il n'est rien en moi, homme obscur, qui puisse ainsi me concilier vos bonnes grâces. Sans doute, nous sommes compatriotes et nous avons commencé ensemble nos études littéraires ; mais vous m'avez  14 Lettres de saint François de Sales gradibus inferiorem tibi fecisti, ut in tanta dissimilitu- dine mirum sit tantam amicitiam esse posse quantam tibi mecum esse vis. Verum quando de tuo ad nos reditu tam recte sperare jubet ducalis Patrimonii principalis procuratorl' ,consan- guineus tuus, vir de republica ac de me seorsim optime meritus, expecto in dies avidius laetam illam horam qua te videre, audire ac amicissimis complexibus excipere liceat. Interea et de tanta tua in me propensione gratias agere quantas maximas me [credas] tibique scias addic- tissimum, vir ornatissime, et Christum habeto [pro- pitium]. Revu sur l'Autographe appartenant à M™- Doroz, née d'Arcine, à Besançon.  tellement dépassé , votre génie et votre savoir ont établi une si grande distance entre nous, que je m'étonne de l'intime amitié que vous voulez contracter avec moi. Quoi qu'il en soit, le procureur principal du Patrimoine ducal ( i ), votre parent, qui a si bien mérité de l'Etat et de moi en particulier, nous fait justement espérer votre retour parmi nous. J'appelle donc chaque jour avec plus d'impatience cette heure de bonheur où il me sera permis de vous voir, de vous entendre, de vous serrer le plus affectueusement possible dans mes bras. En attendant , daignez agréer mes plus vifs remerciements pour la sympathie que vous me témoignez, et croyez-moi, très digne Monsieur, votre plus dévoué serviteur. Que Notre-Seigneur Jésus-Christ vous soit [propice]. (i) Noble Louis Bonier, dont les patentes de procureur furent entérinées par le Sénat le 15 janvier i5?7. Il mourut le 9 juin 1613.  Année 1593 15 VIII AU RÉGENT MÉNENC ( ^ ) (minute inédite) Excuses pour le retard mis à répondre à deux lettres. — Immunités assurées aux docteurs en droit et en médecine et aux maîtres d'école. [Eté de 1593.] Franciscus doctissimo Domino Menencho. Accepi jam bis litteras tuas omnino jucundas, sed maxime quod amari me abs te serio testentur. Prioribus cur non responderim id fuit causae quod sperarem, cum Episcopo meo Reverendissimo (-), istuc coram videndi te occasionem futuram. Posterioribus vero ita breviter res- pondeo. Minus credendum est tam pio patri qualis est  François au très docte Monsieur Ménenc. J'ai reçu vos deux lettres qui m'ont été très agréables, surtout par les assurances qu'elles me donnent de votre affection pour moi. La raison pour laquelle je n'ai pas répondu à la première est que j'espérais, avec mon Révérendissime Evêque(2), avoir une occasion prochaine de vous voir ici. Et voici ce que je réponds brièvement à votre seconde lettre. Il ne faut pas trop ajouter foi aux paroles (i) Jean Ménenc, qui se fit un nom parmi ses compatriotes comme moraliste et pédagogue , était natif de Cluses en Faucigny. Après avoir enseigné pendant neuf ans à Thônes, il alla perfectionner ses études à l'Université de Tournon ; rentré en Savoie, il exerça successivement ses fonc- tions à Rumilly, une seconde fois à Thônes et enfin à Cluses. On lui doit entre autres ouvrages un curieux traité de morale intitulé : Sauvegarde pour les disciples de Jean Ménenc, moderne régent à Cluses, et autres à qui plaira. L'épître dédicatoire de ce livre, datée du i^"" juillet 1600, est adressée : « A très noble et très vertueux François de Sales, fort fameux et vénérable Docteur Utriusque Juris, et Prévost de TEglise de Genève, très méritant. » Ménenc, dont les dispositions testamentaires remontent au 23 octobre 1395, mourut dans son pays natal vers 1610. (2) Claude de Granier qui occupa le siège épiscopal de Genève de 1579 à 1603.  i6 Lettres de saint François de Salhs i^mus Autistes meus de filio testificanti, quod sœpissime etiam prudentissimi parentes quod volunt in filiis inesse credunt id bonum. Verum qualis sum me tuum optimo modo scias esse. Quod tam amanter scribas gratias ago quantas possum maximas, ac ut etiam si et in me referre possum saltem testificationem aliquam referam. Quod audiverim plebem illam apud quam sementem ingenii tui facis adeo rudem esse ut te non immunem ab oneribus publiais existimet, ac ego uti immunem te mea non possum authoritate quae nulla est facere, authoritate sane Imperatoris Constantini efficio. Sic enim edixit, Lege 6, Tituli 52, cujus titulus est De Professoribus et Medicis, libro decimo Codicis : « Medicos, grammaticos et doctores legum, cum uxoribus et filiis et rébus (hoc te verbum omnino liberum facit) quas in civitatibus suis possident, ab omni functione et ab omnibus muneribus vel civilibus vel publiais immunes esse, et nec in pro- vinciis hospites recipere nec uUo fungi munere. » Hanc Imperatoris sententiam et sua Glossa, verho Muneribus,  d'un père aussi indulgent que l'est mon Evêque lorsqu'il rend témoignage de son fils ; car bien souvent les parents les plus prudents se persuadent trouver dans leurs enfants les qualités qu'ils désirent. Enfin vous savez du moins que tout ce que je suis est entièrement vôtre. Je vous remercie de tout mon cœur des paroles si aimables que vous m'écrivez, et je ferai tout ce qui dépendra de moi pour les mériter. Comme j'entends dire que les populations auxquelles vous consa- crez vos talents sont si grossières qu'elles ne veulent pas vous affranchir des charges publiques, et n'ayant nulle autorité pour le faire par moi-même, je le fais du moins par l'autorité de l'empereur Constantin, qui a édicté le décret suivant dans la vi<" Loi du Titre LU, intitulée : De Professoribus et Medicis, Livre X du Code : « Les médecins, les maîtres d'école et les docteurs en droit avec leurs femmes, leurs enfants et les biens qu'ils possèdent dans la ville (ce mot-là vous affranchit complètement) sont exempts de tout impôt et charge soit municipale, soit publique, de toute corvée et obliga- tion de logement. » C'est le sens qui est par la Glose attribué au décret de l'empereur (au mot Muneribus). La dernière Loi du même  Année 1593 17 et Lex ultima ejusdem Tituli, si recte principium cum fine conjungatur, et Lex ultima in fine fF. De Munerihus et Honoribus* '^^) in eum sensum confirmant (b), ut te *PaDdect.,i.L,etc. . • -.r • . • • -, Ut infra, annot. (a). imperatoria JMajestas immunem omnmo pronunciet. Haec raptim, neque plura scribere per occupationes licet. Vale ergo, et ab omni onere publico et ab omni malo immunis, meque pergas amare qui scilicet tuus sum totus. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.  Titre, si l'on compare exactement le commencement avec la fin, et les derniers mots de la dernière Loi du Titre des Pandectes, De Muneribiis et Honoribus, le confirment. Ainsi la Majesté impériale vous déclare absolument affranchi de tout impôt. Ceci à la hâte; car mes occupations ne me permettent pas d'écrire davantage. Portez-vous donc bien ; demeurez exempt de toute charge publique et de tout mal, et continuez à bien aimer celui qui est tout vôtre.  (a) [Le Saint a ajouté en tète de la lettre la note suivante :] Medicis irmiunitatem contulit Augustus gravi morbo liberatus ab Antonio Musa. Dion, [Hist. Rom.,] lib. 33. In annot. ad Legem finalem Tit. 4, lib. 50 ff. — (Auguste ayant été guéri d'une maladie grave parles soins d'Antoine Musa, accorda l'immunité aux médecins.) (b) deducunt  Lettres I  i8 Lettres de saint François de Sales IX AU SÉNATEUR ANTOINE FAVRE (0 (minute) (2) Réponse affectueuse aux avances du sénateur Favre. — Regret de n'avoir pu le rencontrer lors de deux voyages faits à Chambéry. — Protestations d'estime et d'attachement. [Août 1593.] Clarissimo viro, Senatori integerrimo Antonio Fabro. Accepi litteras tuas, vir clarissime et Senator inte- gerrime, tuœ in me benevolentise pignus suavissimum,  Au très illustre et très vertueux Sénateur Antoine Favre. J'ai reçu votre lettre, très illustre et vertueux Sénateur, et ce gage précieux et inattendu de votre bienveillance pour moi m'a tellement ( I ) Antoine Favre, qui a été proclamé par le Parlement de Paris « le plus grand magistrat du monde, » naquit à Bourg-en-Bresse le 5 octobre 1557. Les brillantes études qu'il fit à Paris, puis à l'Université de Turin, le préparèrent à remplir avec éclat les premières charges dans la magistrature savoisienne. D'abord juge-mage de la Bresse et du Bugey (1584), sénateur au souverain Sénat de Savoie (1587), président du Conseil de Genevois {24 décembre 1596), il fut nommé en 1610 premier président du Sénat de Savoie. Il exerça quelque temps les fonctions de gouverneur civil et militaire de tout le duché en l'absence du marquis de Lans et du prince Thomas de Savoie Carignan, qui furent successivement gouverneurs en titre, et fut envoyé à Paris (1618) en qualité d'ambassadeur extraordinaire. C'est pendant les quatorze années de son séjour à Annecy que cet illustre magistrat composa la plupart de ses ouvrages, entre autres son Codex Fabrianus qui lui acquit une célébrité européenne. Antoine Favre mourut à Chambéry le 28 février 1624. (2) Le chevalier Datta, qui le premier a publié cette lettre, en 1835, la présente à tort comme étant la reproduction d'un original conservé à la Visi- tation d'Annecy. Les Archives de ce Monastère ne possèdent que l'Autographe d'une minute plus incomplète, de laquelle sont extraites les variantes données au bas du texte principal. Ce dernier est tiré d'une copie déclarée authentique, qui se conserve aux Archives de l'Etat à Turin.  Année 1593 ï9 quae animum meum tanquam insperatœ adeo commove- runt ut permixta admiration! gratulatio mihi meummet ingenium eriperet. Ea videlicet tua humanitas qua juve- nem tirunculum vir gravissimus senatorii ordinis ad amicitiam provocas, [et] vêtus tuae in me pietatis prome- rendce desiderium, parem cum gratulatione admirationem concitarunt. (a) Si qualis in me fuit jam pridem observandi te et amandi propensio, ejus et fuisset aliqua significatio, non tam ad amandum te, ut modestissime loqueris, aliqua provocatione opus mihi fuisse cognovisses, quam conces- sione libère id agendi ac palam profitendi quod intimis haerebat sensibus.(b)  rempli de joie et d'admiration que mon esprit demeure impuissant à vous exprimer ces sentiments. La bonté qui vous porte, homme vénérable de l'ordre des sénateurs, à rechercher l'amitié d'un novice inexpérimenté, et mon désir déjà ancien de mériter votre affection excitent dans mon cœur un contentement égal à ma surprise. Si j'avais pu vous témoigner l'inclination que j'éprouve depuis longtemps à vous honorer et à vous aimer, vous auriez compris que j'avais moins besoin d'être excité à vous aimer, comme vous le dites avec tant de modestie, que d'obtenir la permission de vous exprimer ouvertement les sentiments intimes de mon âme. (a^ Si qualis jam pridem mea in te fuit observantia, ejus etiam fuisset aliqua significatio, nulla sane ad amandum te provocatione opus esse, quam observantia et amore fruendi permissione... concessione. [Au verso de l'Autographe, le Saint a écrit une seconde leçon de cette phrase. Nous la reproduisons ici :] Si meae erga te observantia tam veros habuissem testes quam virtutum mearum, ut id ex tua dicam opinione, profusos audivisti laudatores, cogno- visses sane me nulla ad amandum provocatione indiguisse, sed potius libère ac palam quod intimis hsrebat sensibus profitendi liberali abs te concessione. (b) [A la suite du mot concessione, on lit dans la minute autographe les deux passages suivants, qui se retrouvent sous une forme différente dans la seconde rédaction. Voir p. 20, (d), et p. 23, (g).] Tanto enim tuae amicitiee, si quo fieri posset modo, promerendae arctabar... captus eram desiderio, ut cum nihil amplius animus meus capere posset, omnis modestiae ruptis repaculis, nisi brevi per aliquam occasionem licentiam  20 Lettres de saint François de Sales Universo enim orbi litterario cum ex fructu arbor • Cf. Matt., VII, i6, optima et sis et habearis *, mihi unus perpétue propositus ^°' es quem noctes diesque respicerem (0, et ad cujus exem- plar quam maxime possem genuine animum meum efformarem, non tantum quod nuUibi superiorem, paucos etiam habeas pares, sed quod provincialia, civilia aut, ut ita dicam, domestica exempla nescio quid habeant acutioris energise ac efficacise (<=). (^) Cum vero non solum speciem, sed ne quidem spécimen tam expressae virtutis in me ullum post aliquot annos viderem, meae tenuitatis mihimet satis conscius, videndi  Puisque vous êtes un arbre excellent, et, par ses fruits, reconnu comme tel dans tout le monde savant, depuis longtemps je me propose votre exemple, et, jour et nuit, je tâche autant que faire se peut de me conformer à ce modèle (0- Je le fais non seulement parce qu'il est impossible de rencontrer ailleurs des talents supérieurs aux vôtres, et difficile d'en rencontrer de semblables, mais surtout parce que les exemples que nous trouvons dans nos provinces, dans nos villes, et pour ainsi dire à notre foyer, ont plus de force, d'énergie et d'efficace. Cependant, après plusieurs années ne voyant pas paraître en moi, je ne dis pas l'image, mais le moindre indice d'un tel mérite, impetrassem, opportune, importune, ipse, qualis qualis sum tirunculus, gra- vissinium et senatorii ordinis virum evocassem. At dubitandum fuerat ne non tam in senatore clarissimo integritatem ac eruditionem venerari quam in integerrimo viro senatoriam dignitatem, tute- lam... — (Mais il aurait semblé que [je cherchais] moins l'occasion de pro- tester de la vénération que m'inspirent votre vertu et votre savoir, que les avantages qui me reviendraient de la protection d'un homme aussi respectable que vous l'êtes.) (c) Non enim incerta aliqua fama, sed clarissima tui nominis celebritas, unguis leonem, vel potius, ut ex prasscripto Christi loquar, arborem fructus, apud omnes te adeo commendat ut et multos habeat amatores sui simul et admiratores. — (Ce n'est pas une renommée imméritée, mais la juste célébrité qui s'attache à votre nom (l'ongle révèle le lion, ou mieux, selon le mot de Jésus-Christ, le fruit révèle l'arbre), c'est cette célébrité qui vous rend si recommandable à tous, qu'elle vous acquiert quantité d'amis et d'admirateurs.) (d) [Pour cet alinéa, voir ci-dessus, p. 19, remarque (b), et les cinq lignes qui suivent.]  ( I ) Voir p. II, note ( i ).  Année 1593 21 te coram et audiendi manebat consilium ; ac tuas in me benevolentiae, si quo fieri posset modo, promerendae tanto tenebar desiderio, ut cum illud amplius animus meus capere non posset, omnis modestiae ruptis repacu- lis, nisi brevi per aliquam occasionem licentiam impe- trassem, opportune, importune, ipse qualis qualis sum tirunculus gravissimum senatorem in suavissimum aman- di certamen evocare non dubitassem. Quam occasionem cum(e) prsecipue spero, tum vero, nescio quo malo meo, factum est ut non utroque suo pede mihi constet opportunitas. Cum enim, ut in advo- catorum numerum adscriberer (O, Chamberium peto, cre- doque admissus purpuratos omnes Patres salutare, de more gratias agere ac per hanc occasionem inter tuos locum impetrare, meaque manu nomen meum scribere, quia coguntur ad militiam nobiles (-), hora intempestiva  tout en étant convaincu de mon impuissance, je n'en ai pas moins gardé le désir de vous voir et de vous entretenir. Ce désir de me concilier votre bienveillance, s'il était possible, était si ardent que mon âme ne pouvait plus se contenir ; et si l'occasion ne s'en était présentée, en dépit de toute modestie, je n'aurais pas hésité, moi faible jeune homme, à venir à temps ou à contre-temps vous provo- quer, vénérable Sénateur, à cette douce lutte d'amitié. Alors que j'aspirais avec ardeur à saisir cette occasion, je ne sais par quel contre-temps elle m'a échappé. Lorsque je suis allé à Cham- béry me faire inscrire au nombre des avocats (0, j'espérais qu'une fois admis, je pourrais saluer tous les Sénateurs, les remercier selon l'usage, et, à cette occasion, obtenir place parmi vos amis en vous laissant mon nom écrit de ma main ; mais voilà que la noblesse est appelée aux armes (2), et que je suis contraint de partir à une heure indue, sans vous avoir vu ; car j'aurais considéré comme un (e) Quod dum  (i) Le 24 novembre 1592. (2) Cet appel aux armes est sans doute celui que fit, en octobre 1592, le marquis de Treffort, lieutenant-général de la Savoie, alors que le duc Charles-Emmanuel P"", pressé par Lesdiguières, se voyait contraint de concen- trer en Piémont ses troupes régulières.  22 Lettres de saint François de Sales ipse cogor discedere insalutato te, quem obiter salutare, praesertim cui antea eram ignotus, nulla salutatione minus ducebam. Hisce vero Paschalibus festis praeteritis dum adessem tu aberas, cum, D. Coppier doctore medico ductore, tuas aedes frustra peterem. (^) Quare cum jam per litteras ac obsignato veluti rescripto ferventem jam et suapte natura pugnacissimum hoc in génère certandi militem provocaveris, videndum est utique tibi non tam quis prior in aleam descendent observes, quam quis posterior supersit. Neque tamen efficias velim te priorem amasse, quod existimas aut hinc minus me tibi debere aut te magis virtutibus meis. Ego enim tuarum illustrium virtutum et amator et admirator fui priusquam vel de nomine tibi notus esse possem, nec ante amavi quam in te essent eae quae connatae tibi sunt eximiae animi dotes, quae te non amari nullo unquam tempore permiserunt. Quod autem per summam humanitatem prior ipse scripseris, id nimi-  plus grand mal de vous saluer seulement à la hâte, surtout vous étant inconnu, que de ne pas vous saluer du tout. Aux dernières fêtes de Pâques, me trouvant à Chambéry, je me présentai chez vous, conduit par le médecin Coppier ; ce fut encore inutilement, car vous étiez absent. Maintenant que par votre lettre, comme par un cartel signé, vous avez provoqué un combattant qui par nature est très ardent dans ces sortes de luttes, prenez garde d'avoir bientôt à considérer moins lequel de nous deux est le premier descendu dans l'arène que celui qui y demeurera le dernier. Ne prétendez pas cependant, comme vous le faites, avoir été le premier à m'aimer, et ne croyez pas par suite que je vous doive moins ou que vous deviez davantage à mon mérite, j'ai admiré et aimé vos éclatantes qualités avant même que mon nom vous fût connu, mais non point avant que vous ne fussiez enrichi de ces dons éminents innés en votre âme, et qui, en tout temps, ont fait qu'il a été impossible de ne vous pas aimer. Si, par une bienveillance extrême, vous avez été le premier à m'écrire, cela prouve seulement que vous avez donné ( f ) [Ce qui suit, sauf le dernier alinéa, n'a pas de corrélatif dans la première rédaction.]  Année 1593 23 rum causœ fuit et te priorem dare, quod divinius est, et me priorem accipere, quod inferius decebat *. (g) Et ego * Act., xx, 35. ne potius in te senatoriam dignitatem, quam in senatore consummatissimam virtutem colère existimarer, absen- tem salutare minime consentaneum videbatur, cum pras- sertim me non ejusmodi juvenem crederem qui in ore vel aure cujusquam purpuratorum Patrum venissem, m intima videlicet juvenili umbra adhuc delitescens. Quod cum secus evenerit, et lœtandum mihi est me tam facile tuam benevolentiam consecutum , quae non tam super- biam (etsi non levis esset titillatio) excitât ullam quam in melius eundi animos addit. Et simul verendum ne cum minora, forsan etiam nulla, quse de me audivisti majora in recessu, persen- seris, et te amasse et amorem significasse pœniteat, ac is quem inde suavissimum gusto fructum praecoci maturitate perceptum repente etiam marcescat. Verum id tua moderabitur humanitas, quam ita cum summa  le premier, ce qui est plus divin, et que j'ai été le premier à recevoir, comme il sied à mon infériorité. Et pour ne pas paraître honorer en vous la dignité sénatoriale plutôt que la vertu consommée du séna- teur, je n'estimais pas convenable de vous adresser mes hommages à distance, car je ne me croyais pas un jeune homme assez important pour mériter que mon nom eût été prononcé ou entendu par quel- qu'un des membres de votre illustre corps. Mais puisqu'il en est autrement, je me réjouis d'avoir pu acquérir aussi facilement votre bienveillance, ce qui sera pour moi, non tant un sujet d'orgueil (bien que mon amour-propre ait droit d'en être flatté) qu'un stimulant à mieux faire. En même temps, j'ai toutefois à redouter que, lorsque je me présenterai à vous, constatant l'infériorité de mon mérite qu'à distance vous vous figurez si grand, vous ne regrettiez de m'avoir témoigné tant d'affection. J'ai à craindre que, cueilli prématurément, le fruit si doux que me faisait goûter cette affection ne vienne à se flétrir. Mais cette crainte sera modérée par la connaissance que j'ai de votre grande bonté, laquelle est unie à une prudence telle qu'aucune (g) [Voir ci-devant, p. 19, remarque (b), et la variante, p. 20, lignes 3-8.]  24 Lettres de saint François de Sales prudentia in te conjunctam esse non dubito, ut nullse bonae vel malae famae exaggeratio, additio, substractio, nulla etiam referentium ornamenta ac locupletationes te decipiant. Ouare sive mei ad virtutem studii promovendi causa, sive tuae in eos qui vel exiguum habent ingenii ac probitatis sementem (quorum in te sunt uberrimœ segetes) propensionis sedandœ, non amaveris tantum (quod fide non negata referentibus necesse habebas), sed etiam scripseris. nihil formido quin deinceps amare pergas. Ego quo minus me vel de nomine tibi notum esse divi- nabam ac adeo tuas expectabam litteras, eo magis tantam tuam humanitatem sum praster modum admiratus, quo factum est ut in immensum tui aspectus et collocutionis desiderium creverit. Admirationem enim cognoscendi desiderium parère philosophise in limine tutum est pro- •A^ristot.,Metaph., verbium *. Intérim, dum id expecto, et mihi quam maximae agendse gratiae quod prior scripseris, promitto .^)me in colendo te  1. I, c. II, ante med.  exagération, addition, diminution, aucun artifice et habileté de langage en ceux qui vous parleront de moi, soit en bien soit en mal, ne saurait vous tromper. Je ne m'informerai donc pas si c'est pour m'exciter à la vertu que, non content de m'aimer, vous daignez encore m'écrire, ou (comme vous vous y croyez obligé par ce qu'on vous a rapporté de moi) si c'est pour satisfaire votre propre inclina- tion envers ceux qui ont en eux-mêmes quelque faible semence de cette probité et de ces talents qui fructifient si abondamment en vous. Quoi qu'il en soit, je ne craindrai plus que vous ne cessiez désormais de m'aimer. Pour mon compte, moins j'attendais de vos lettres, ne croyant pas vous être connu même de nom, plus j'ai admiré votre extrême bonté, et plus a grandi le désir que j'éprouvais de vous voir et de vous parler. Que l'admiration excite le désir de connaître, c'est une maxime assurée qui s'apprend avec les rudiments de la philosophie. En attendant le bonheur de vous voir, je vous remercie de ce que vous avez bien voulu m'écrire le premier, et je vous promets de ne (h) prior scripseris, — sanctissime recipiens  Année 1593 25 et observando nullum unquam habiturum superiorem, ac tuae in me humanitati intima responsurum voluntate ('), quamvis meae minus tersae litterae jucundissimis et elegan- tissimis quas dedisti non respondeant. Quas dum capio, lego identidem ac relegendi finem facio nullum, tanta me capit voluptas ac tui observantia quantam animus meus capere potest ; adeo scilicet verum est captum esse qui caeperit * * Is-, xiv, 2.  me laisser surpasser par qui que ce soit dans le soin de vous honorer et de correspondre à votre amitié. Je le ferai de toute l'étendue de ma volonté, bien que cette si petite lettre ne puisse répondre à l'amabilité et à l'élégance de la vôtre. Toutes les fois que je la prends (je la lis et relis sans fin) je me sens pris de la volonté et de la joie de vous estimer davantage, à tel point que mon âme reste prise dans son impuissance. Ainsi est-il vrai que celui-là est pris qui croyait prendre. . . (i) humanitati — probe propensissima intima respoQsurum observantia  X AU MÊME (minute inédite) Remerciements pour lui avoir procuré l'amitié de François Girard. [Fin octobre 1593.] (a) Factum hoc quidem fabre est, amplissime vir, uti quos amas caeteris etiam summis quibusque viris  C'est bien l'œuvre d'un [habile] artisan, très digne Monsieur, de parvenir, grâce à votre éloquence, à faire aimer des personnages les (a) [Au commencement de la page sur laquelle est écrite cette minute, on lit les mots suivants, qui appartiennent au projet d'une lettre destinée à François Girard :] Ut ad me hominem ignotum scriberes, vir clarissime, D. Fabrum...  26 Lettres de saint François de Sales amabiles tua facias eloquentia. (^) Qua in re parem gra- tiam reddere nullo possum [modo] ; in amando namque, uti ne tecum quidem, quem tamen amantissimum im- mortali nota percipio, certare dubitaverim, sic alicujus amicitiam tibi conciliare nec meum fert ingenium nec clarissimum tuarum virtutum lumen. Non enim is sum apud aliquem cujus authoritate [hoc fieri posset]. Qua- mobrem tam majores ago gratias quanto minus reddere nullo possum modo. Amare namque omnes possunt ; amicos sibi conciliare permulti, ut ego quidem censeo, aliis vero, non nisi quorum authoritas prsecipua atque exundans omnino sit. Necesse (sic) est ea virtus cujus splendor non possessori suo tantum illustrando, sed caeteris etiam satis esse possit. Quo mihi majores habendse sunt tibi gratiae, qui mihi tantum fabricasti amicum quantum alioquin ne Nestorea quidem setate meis meritis consequi potuissem. Vere  plus illustres ceux que vous aimez vous-même. Je ne puis nullement à cet égard vous rendre pareille faveur ; car, bien qu'en affection je n'hésiterais pas à lutter même avec vous, que je reconnais par des signes indubitables être un homme des plus aimants, toutefois la prétention de vous concilier l'amitié de qui que ce soit n'est compa- tible ni avec la médiocrité de mon mérite, ni avec l'éclat de vos vertus. Auprès de personne, en effet, je n'ai l'autorité suffisante ; aussi vous dois-je une reconnaissance d'autant plus grande que je puis moins vous offrir de retour. Tout le monde peut aimer ; beau- coup à mon avis peuvent se faire aimer ; mais susciter aux autres des amis est au pouvoir de ceux-là seulement qui jouissent d'une autorité transcendante et reconnue. Il faut pour cela posséder une vertu dont la splendeur non seulement illustre celui qui en est doué, mais encore rejaillisse sur tous les autres. C'est pourquoi je vous rends des actions de grâces d'autant plus vives pour m'avoir procuré un ami tel que, dussé-je vivre toute la vie d'un Nestor, je n'eusse pu l'acquérir par mes propres mérites. Du reste, eussé-je l'autorité suffisante pour cela, n'espérez pas que je vous (b) eloquentia. — Pin amando namque, quamvis justa tecum lance contendo, amare namque etiam ego possum.. .J  Année 1593 27 nullam unquam tibi parem me gratiam daturum speran- dum est, propterea vel maxime quod, ut ea poUerem authoritate, qui te non colat, non amet, non suspiciat, si quis aliquem invenire velim doctum aut probum virum hemispherii hujus nostri limites deinceps egrediatur necesse est ; neque alioqui, si is non esses, Franciscum Girardum ( ' ■, quantum tua docet epistola, accurre foret... Et rursum ut (c) argumenti perspicuitate ac lumine res confici verius quam proferentis opéra diceretur. Quapropter, ut quod jam proximum est faciam, quo- niam nullus qui te non summopere suspiciat, nuUus Franciscus Girardus alius superest, quicquid hujus rei fuerit id tibi totum ac integrum me debere profitear. Ecquidenim in me sit juris uti virum longe gravissimum, annorum jam non exiguo cumulo venerandum, discipli- narum ac virtutum omnium ornamentis cumulatissimum, Franciscum Girardum, pro amico (ut ejus retineam verba) provocassem nihil omnino video, i^) In te tantum ille est  rende jamais pareil service ; car. à moins de sortir de notre hémi- sphère, il serait impossible de trouver un homme de science et de probité qui ne vous vénère, ne vous aime, et ne se propose vos exem- ples pour modèle. Et si vous n'aviez pas toutes les qualités qu'on vous attribue, c'est précisément à François Girard ( i ), d'après ce que vous me dites de lui dans votre lettre, que je devrais aller pour les rencontrer. . .Vous voyez donc que ma preuve ressort plus évidemment par sa propre force que par l'habileté de celui qui l'expose. Pour en venir à une conclusion déjà manifeste, comme il n'est plus personne qui ne vous honore grandement, comme il ne reste plus d'autre François Girard, je déclare que, dans cette affaire, je vous dois absolument tout. Je ne vois rien en moi qui puisse provoquer (pour me servir de la propre expression de François Girardj l'amitié de ce personnage si grave, déjà vénérable par l'âge, et si magnifiquement (c) ut — inveniretur (d) video. — f Video quidem in te mellitissimos mores, eloquentiam singu- larem ac apud bonos omnes virtutis comitem perpetuani authoritatem, quae demissima quéeque possit altissime coUocare ac exigua dicendo maxima facere ; sed me jam alio trahit ingenium.J  ( I ) Voir la note jointe à la Lettre XXXP.  28 Lettres de saint François de Sales amor erga me tuus singularis qui satis sit uti omnes me diligant, quem tam fortunatum (^) eo vident nomine ; adeo nimirum vel errantes summos viros facile quilibet sequitur. (f) Quare consentaneum uti eum socium appelles qui sua voluntate quidem sed tuo solo me diligat amore, quem tui non sui cognoverit opinione. (s) Ego sane rem ratam haberi [censeo].(0 Revu sur l'Autographe appartenant à M'"^ Doroz, née d'Arcine, à Besançon.  orné de toutes les sciences et de toutes les vertus. C'est en vous, c'est dans l'affection singulière que vous me témoignez qu'il faut chercher la cause de mon bonheur. Tous m'aiment pour cela seu- lement qu'ils me voient honoré de votre estime, tant il est vrai qu'on suit facilement les grands hommes, même quand ils se trompent. Il convient donc que vous appeliez compagnon celui qui veut bien m'aimer, il est vrai, mais seulement par amour pour vous, puisqu'il ne me connaît pas personnellement, mais seulement d'après l'opi- nion que vous avez conçue de moi. Certes, pour moi l'affaire est terminée, (0  ( e ) beatum (f) sequitur. — FAgnosco igitur pressissime tuum illud esse singulare beneficentiam uti me Franciscus Girardus minime antea cognitum diligat. J (g) quem — tuis non suis cognoverit oculis. fQua in re mirum est quam bene meus tuum sequatur genius. Vellem enim semper, vir amplissime, quos amo amarent omnes ; plurimumque cuperem id meo fieri ministerio que mihi magis...J  (i) Il peut se faire que les pièces X et XI ne soient que les ébauches d'une même lettre ; néanmoins, elles offrent assez de divergences de style et de pensées pour qu'on n'ose pas l'affirmer absolument.  Année 1593 ^9 XI AU MÊME (minute) Exposition des mêmes pensées. [Fin octobre, I593-] Amplissimo Senatori Antonio Fabro, Franciscus de Sales, Ecclesiae Gebennensis Praepositus, salutem dicit. Si tuis virtutibus jam pridem, aut tuae erga me huma- nitati me totum non deberem, deberem nunc profecto titulo omni exceptione majore, ob benevolentiam Fran- cisai Girardi, cujus tu mihi author extitisti, tua scilicet, uti litteris ad me suis mandavit, eloquentia et apud eum auctoritate. Quid enim tali amico optabilius in humanis esse potest ? Donum istud est ipsa raritate illustre, ac quod nullo possit sestimari pretio longe pretiosissimum, mihique eo suavius possidendum, quo certius agnosco nihil unquam taie meis meritis accedere potuisse. Neque vero propterea in te quicquam imprudentise  Au très illustre Sénateur Antoine Favre, François de Sales, Prévôt de l'Eglise de Genève, présente ses salutations. Si vos vertus et votre bienveillance pour moi ne vous assuraient depuis longtemps des droits à mon dévouement, il vous serait acquis aujourd'hui à juste titre en retour des agréables relations que vous m'avez procurées avec François Girard ; car, d'après sa lettre, c est à l'influence et à l'autorité que vous avez sur lui que j'en suis rede- vable, aue pouvait-il, en effet, m'arriver de plus heureux, humaine- ment parlant? La rareté de ce don suffirait seule à le rendre glorieux, tellement précieux qu'il ne saurait être estimé à sa juste valeur, et d'autant plus flatteur pour moi que j'étais loin de le mériter. Ne craignez pas toutefois d'être taxé d'imprudence pour avoir  30 Lettres de saint François de Sales esse dixerit quispiam, quod num donatarius cum dono sibi certa respondeat proportione parum prospexeris ; verum enim est quod Alexander Magnus credidit, satius fore si donatore dignum sit donum, licet alioquin impa- • Piutarch., Apo- rem sortiatur donatarium *, ut in eo non tam ad quem, phthegm. Regum, „ . . , , -^ t» etc., Alex. Mao-. quam a quo pronciscatur considerandum sit. Kern ergo fecisti meis longe superiorem meritis, Francisai Girardi humanitate dignam, ei quam tu mihi tecum esse voluisti amicitise consentaneam, qui mihi bonum illud animi tui singulare , hoc est , voluntatem eximii viri Francisci Girardi, mihi quoque fecisti commune, atque, quod con- sequens erat, me, jampridem in solidum tuum, Francisco quoque Girardo tuo in solidum adduxeris, ne vel minimse rei inter vos societas desideraretur. Qua in causa nullam plane sentio formidinem ne ali- quam inter vos concissionem dividendo experiri velitis, quandoquidem ambo si amici estis individui, estis et vestra utriusque erga me benevolentia ; uti et mea erga vos observantia, cum animae penitus haereat, ipsi cedat necesse est ejusque sequatur naturam, quae tota est in • s. Aug., de Trin., , . ,. ^ 1. VI, c. VI. toto, et tota, ut secundum artem loquar, m qualibet parte*.  oublié la disproportion qui existe entre le don et l'homme qui le reçoit ; car Alexandre le Grand pensait avec raison qu'un présent doit être plutôt digne de celui qui l'offre que de celui qui l'accepte. Vous avez donc fait une chose bien supérieure à mes mérites, mais bien digne de la bonté de François Girard et de l'amitié qui existe entre vous et moi, en me faisant participer à ce trésor singulier de votre âme, c'est-à-dire à l'intimité de votre ami. Par suite, me mettant en union de sentiments avec vous, vous m'y mettez aussi avec François Girard, de telle sorte que tout, jusqu'à la moindre bagatelle, vous devient commun. Certes, je ne crains pas qu'à ce sujet survienne entre vous la moindre division ; car si l'amitié que vous vous portez mutuellement vous rend indivisibles, il en sera de même de votre bienveillance pour moi. Pareillement l'estime que je vous porte à tous deux étant établie comme elle l'est dans mon âme, s'identifie avec elle, et participe à sa nature qui est, selon les termes de l'école, d'être tout entière dans le tout et tout entière dans chaque partie. D'où il suit que si, d'après  Année 1593 31 Quo fit ut si res ulla, ex Salomonio (O placito*, duplicem *m R^g-. "'. =5- admittat possessorem, ea maxime est amicitia. Vivat vero semper in pectore meo ardens quoddam desiderium omnes quidem amicitias, sed hanc maxime Francisci Girardi, et caeteras quse ex tua, Faber optime(*), prodibunt officina diligenter colendi ; quod ut praestare possem, utinam non verbis tantum (qualia solet Fran- ciscus Prsepositus, et id genus alia, in quibus nescio quid inter nos est similitudinis), sed re etiam et meritis, quod tu credis, conjungeremur, ut amore prsestantissimorum virorum vel eo nomine merito non indignus videar qui me indignum esse agnoscam libenter, et tenuitatem me- ritorum desiderii amplitudine resarciam. De caetero, quod parum promptus fuerim in respon- dendo, vel tuis vel Francisci Girardi litteris, causam profero, non meo quidem judicio minus honestam, nec  la sentence de Salomon (O, un même bien peut appartenir à deux personnes à la fois, c'est assurément une intimité de ce genre. Le désir qui, dans mon cœur, demeurera toujours très ardent est de conserver toutes mes amitiés, surtout celle de François Girard, et, excellent Artisan (2\ toutes celles qu'il vous plaira me fabriquer. Afin qu'il en soit ainsi, puissé-je vous ressembler non seulement dans la manière d'exprimer mes sentiments (comme a coutume de faire le Prévôt François, et en cela, ainsi qu'en plusieurs autres choses, il existe entre nous un certain air de famille), mais encore en réalité et par le mérite, comme vous vous persuadez que je le fais. Alors je serais moins indigne de l'amitié d'hommes aussi éminents que vous l'êtes. Que du moins cette indignité soit atténuée par l'aveu que j'en fais, et que je compense les qualités qui me manquent par le vif désir que j'éprouve de les acquérir. Du reste, si j'ai mis quelque retard à répondre soit à votre lettre soit à celle de François Girard, la raison de ce délai, qui vient de ma famille, est, je pense, également légitime en soi et agréable pour ( I ) La copie de Turin porte Salomonoriim, erreur qui provient sans doute de la fausse interprétation d'une abréviation mal comprise dans le texte original. (2) Dans cette lettre et dans bon nombre d'autres adressées au sénateur Antoine Favre, le Saint joue sur le nom latin de ce magistrat, qui peut se traduire par ouvrier, artisan.  ^2 Lettres de saint François de Sales tibi, ut arbitrer, minus jucundam, qui familiaritate delectaris, quod scilicet ex média familia deprompta sit. Accepi vestras utriusque litteras Sanctorum Simonis et Judas die, quas decies et iterum, uti soleo omnia tua, repetitas, dum demitto postridie scripturus, ut per occa- sionem etiam stati temporis quo togatae militiae sacra- mentum faciendi [gratia] ad vos plerique contendunt, ego quoque in prsecepta tua jurarem Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de lEtat.  VOUS qui aimez à remplir les devoirs de l'amitié. Vos deux lettres me sont parvenues le jour des saints Simon et Jude. Après les avoir relues plus de dix fois, comme j'ai coutume de faire pour toutes les vôtres, pendant que je remettais d'y répondre au lendemain, afin qu'en un jour où la plupart des avocats vont prêter serment entre vos mains, j'eusse aussi moi-même des protestations à vous faire  XII  AU MEME (mikute) Prières publiques ordonnées à l'occasion de la détention du duc de Nemours; sermon prononcé à cette occasion. — Naissance de Jeanne de Sales. — Affaire litigieuse d'un paysan de Thorens. — Témoignages d'affection. — Désir de le voir prochainement. Annecy, commencement de décembre 1593. Ecce ab Antistite nostro supplicationes obsecrationes- que pro captivo Gebenensi Duce (0 (quod Dux ipse per  Notre Evêque vient d'ordonner une neuvaine de prières publiques pour le duc de Genevois fait prisonnier (0. (Ce Prince a sollicité ( i) Charles-Emmanuel, fils de Jacques de Savoie-Nemours et d'Anne d'Esté, après s'être distingué dans les guerres de la Ligue, avait été arrêté par les  Année 1593 35 litteras postulaverat) per 9 dies publiée decretae ; ac uti populus Deo placando ardentius incumbat in sequentem Dominicam diem concionem indicunt, idque muneris tyroni tuo, qui extra scholas vix negare novit, imposi- tum. Ergo in sequentem hebdomadam scripturus, con- cioni parandae (nec enim insalutatis Doctoribus id facere noster ferre potest vel genius vel ingenium) mentem attribue. Qua absolutus cura , audio charissimam matrem , anno 42 setatis suae, decimum tertium propediem paritu- ram filium ( ^ ), acutioribus torsionibus ac adeo non levi  lui-même par lettres ces prières.) Afin que le peuple s'attachât avec plus d'ardeur à fléchir la justice de Dieu, un sermon a été annoncé pour le Dimanche suivant, et on a imposé le soin de le prononcer à votre apprenti qui, hors de l'école, ne sait guère refuser. J'ai donc été obligé, pour préparer ce sermon, de renvoyer ma lettre à la semaine suivante, car ni mon caractère ni mon talent ne me per- mettent de prêcher sans avoir consulté les Docteurs. Délivré de ce souci, j'apprends que ma très chère mère, étant déjà dans sa quarante-deuxième année, doit prochainement donner le jour à son treizième enfant ' ), et qu'elle est si fortement travaillée de douleurs aiguës qu'elle appréhende d'en mourir. Dès lors, remettant  Lyonnais, le 21 septembre 1593, et enfermé au château de Pierre-Cise. Il y demeura jusqu'au 26 juillet 1594 qu'il parvint à s'échapper. Ce prince mourut au château d'Annecy le 15 août 1595, étant âgé seulement de 28 ans. ( I ) Le Saint emploie évidemment le mot /il tu m dans un sens indéterminé. Le treizième et dernier enfant de M. et de M™^ de Boisy fut une fille, Jeanne, qui mourut en Bourgogne en octobre 1607. On pourrait objecter, à l'encontre de la date attribuée ici à cette lettre (date fixée d'après une lettre d'Antoine Favre), que dans celle qu'il adressa à sainte Jeanne-Françoise de Chantai au sujet de la mort de cette jeune sœur, le Saint dit de la défunte : « Ce fut la première créature sur laquelle j'exerçay mon sacerdoce. >- Or, il a seulement été ordonné le 18 décembre 1593 ; mais il est vraisemblable que, par considération pour la famille du nouveau prêtre, l'Evêque permit de différer les cérémonies du baptême jusqu'après l'ordination de celui-ci. Faudrait-il supposer que les précédents éditeurs ont mal lu en imprimant anno 4-] œtatis suce au lieu de anno 42, qui est très lisible dans l'Autographe, ou bien auraient-ils fait cette substitution pour ne pas contredire certains historiens d'après lesquels M.""^ de Boisy aurait été âgée de vingt-et-un ans à la naissance de son fils aine (1567 -? Quoi quil en soit, la présente lettre corro- bore le témoignage de plusieurs contemporains qui affirment que 'W^'^ de Boisy avait quatorze à quinze ans lorsqu'elle devint mère de notre Saint. Lettres I »  34 Lettres de saint François de Sales mortis suspicione vexari. Quare missis omnibus ad eam, mea enim praesentia plurimum recreari solet, propero, nec primum redii quin melius per Dei gratiam , licet propinquiore partu, haberet ; vixque consedi cum adest nuncius eam nuUo fere negotio peperisse, dolorum ni- mirum praecedentium ex imminentium summa substrac- tione. Quare iterum redivivam veluti visurus discedo, ac in itinere cum occurreret D. Porterius i^\ unus ex cano- nicis nostris, (^l ad te brevi profecturus rogavi uti te meo nomine salutaret, i^) quando scribendi nuUa dabatur opportunitas. Quare ea mihi nunc demum constat conditio quam pro tua humanitate ascripsisti : « cum tibi commodum erit. » Cujus ego eam vim quod ad rem attinet esse credo, •Videsupra p 10, ^^ i^^-^ demum obtineat cum nuUum officit impedimen- et Digest., 1. IV, . \^ tit. II, § 6. tum quod « in virum constantem cadere possit *. »  toute autre affaire, je me rends en grande hâte auprès d'elle, car ma présence lui donne toujours beaucoup de consolation. Je ne revins chez moi que lorsque je la vis beaucoup mieux, grâces à Dieu, quoi- qu'elle approchât de son terme. A peine avais-je eu le temps de m'asseoir à mon foyer que voilà venir un messager m'annonçant qu'elle était délivrée presque sans peine, comme si ce qu'elle avait enduré auparavant avait été pris en déduction de ce qu'elle aurait dû souffrir à ce moment. Je retournai donc visiter celle qui était pour ainsi dire revenue à la vie. En chemin, je rencontrai M. Portier ( i ), l'un de nos chanoines, que je priai de vous saluer en mon nom, puisque je n'avais aucune facilité pour vous écrire. Me voici maintenant dans la condition que vous aviez la bienveil- lance de me poser en disant : « Ecrivez-moi quand vous le pourrez. » C'était, ce me semble, me demander de vous écrire tant que je ne serais pas retenu par un empêchement qui arrêterait même « l'homme fort et constant. » (a) ex caiwiitcis nostris, — Tcum ad Senatum Chamberium se quamprimum petituruiu...J (b) salutaret, — Ptestareturque me in itinere occurrissc.J  (i) Jean Portier, prêtre du diocèse de Besançon, qui avait été institué chanoine de l'église cathédrale de Saint-Pierre de Genève le lo juin 1577.  Année 1593 ^5 Nescio vero fœliciusne an infœlicius mecum actum sit, ut nimirum tum acceperim ter a te litteras cum ne semel quidem dare potuerim. Etsi enim tanto viro, dicam suavius (quod per summam humanitatem tuam jam mihi licere existimo) etsi tanto amico, suavissime alloquenti non respondere durum fuerit, jucundissimum tamen fuit, interea, inter acerbas nonnullas animi occupationes, mellificium illud tuum degustare ac te ex litteris veluti loquentem subaudire. Rogor enim inter hœc uti in quadam agricole nostri Thorentiani causa adversus Soudanum ejusdem loci notarium apud te intercessorem agam, ac rogem ut rus- tici jus suum supersit. ^qua sane petitio rustici sed rustica, quam si facerem stultus merito judicarer. Quod enim tibi curœ ac cordi non est, jus non est; quod vero cuique juris est, id quoad per te potest integrum est ac tutum. Imo vero cum nescio quid crimmis m ea causa versari audirem. prope fuit ut clamavenm : Virt Te ne sais si je dois m'estimer heureux ou malheureux d'avoir dans cet intervalle reçu trois de vos lettres tandis que je n ai pas même pu vous en adresser une seule. Si d'une part .1 m a te tre pénible de ne pouvoir répondre a un homme tel que vous, j oser Lme dire (pour employer un terme plus doux ^^ -tor.e vo extrême obligeance) à un tel am,, qui m ecnt avec tant d afFec tion, d'un autre coté ce m'a été une immense jo.e au m.heu d préoccupations très pénibles de savourer le m,e qui decou e d votre plume, et de vous entendre en quelque sorte parler par ^os lettres On me sollicite en ce moment d'intercéder auprès de vous en faveur d'un de nos paysans de Thorens au sujet du différend qu il a avec Soudan, notaire dans la même localité, et de vous prier de faire prévaloir les droits du villageois. La requête de cet homme rustique L rustique elle-même, mais juste. Toutefois, si je vous la recomman- dais je passerais pour un sot ; car ce que vous ne prenez pas a cœur n' ipasjuste.toutecausejuste.quellequesoitlapersonneinteres^^^^ étant tou ours patronnée par vous. De plus, j'ai entendu dire qu il y a en cette affaire je ne sais quoi qui relevé de la justice criminelle, c'est pourquoi j'ai été près de m'exclamer : Eloignc^-vous de mot,  s6 Lettres de saint François de Sales » Ps. cxxxviii, 19. sanguiiium declinate a me*, (c) Xihil in iis causis clericis negotii esse débet. Accepi quidem ter a te litteras, quibus hac una sola satisfacere œquum minime duxerim; seorsum namque de senatoris dignitate recusanda vel desideranda huic tuo tironi, Faber clarissime, alio tempore scribam, nisi coram, uti spero, hac de re tractandi sese det occasio (ï). Subolfacio etenim mihi brevi te visendum, oui fœlicitati meae promovendae non deero. Ac si quid erit in ea trac- tatione difficultatis, opportunus omnino judex occurret Franciscus Girardus, utriusque nostrum licet in dispari causa amantissimus, juri pariter ac theologiae addictis- simus. Sed hac de re alias Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d"Annecy.  hommes de sang ; car en telles matières les ecclésiastiques ne doivent pas intervenir. Ayant reçu trois lettres de vous, je n'estime pas, seulement par celle-ci, m'acquitter à votre égard. Je compte vous en adresser, illustre Artisan, au sujet de la question que vous soulevez à votre apprenti, à savoir s'il doit désirer ou refuser la dignité sénatoriale; à moins que je n'aie, comme je l'espère, la possibilité de vous entre- tenir de vive voix ; car je pressens que j'aurai bientôt ce plaisir, et je ne manquerai pas d'en faire naître l'occasion (O. Si nous trouvons quelque difficulté dans cette négociation, nous aurons recours à un juge tout désigné pour cela, François Girard, qui est versé dans le droit aussi bien que dans la théologie et nous aime tous deux égale- ment, quoique à des titres divers. Mais nous parlerons de cela une autre fois (c) a me. — PXon enim causam promovere cujusquam mihi licere credo ex qua...J  (i) On a des preuves certaines que la dignité de sénateur fut offert" à saint François de Sales par le duc de Savoie. Un déposant au Procès de Béatification dit même positivement avoir été chargé de lui porter les lettres patentes de sa nomination. Un autre certifie à son tour avoir vu la lettre dans laquelle le Prévôt exposait au sénateur Favre les motifs de son refus. Cette pièce n'a pas été retrouvée; la prétendue lettre qui figure à ce sujet pour la première fois dans l'édition Hérissant (1758) est un composé des paroles que, d'après Charles-Auguste, le Saint aurait dites en cette circonstance.  I  Année 1593 37  XIII  AU MEME  (minute)  Sentiments qui se pressent dans l'âme du Saint à l'approche de son ordination sacerdotale. Annecy, vers le 15 décembre 1593. Appetente et imminente jam tremendo illo ac, uti Chrisostomi verbo loquar *, horrendo mihi tempore, quo • Hom. l (al. li) in ex Antistitis placito, id est, Deo volente tantum, non ^ "^ ^' enim alio ad Dei voluntatem explorandam utor inter- prète, postquam per omnium Ordinum gradus sacratis- simos iter hucusque feci, tandem ad augustissimum Sacer- dotii apicem evehendus sum(0, committendum non duxi quominus te de hac mea tanta (sic) tam excellentis honoris et boni expectatione admonerem, ne tanta te inscio in re tua fiât mutatio. (-')  A l'approche de ce jour terrible, de ce jour effroyable, comme l'appelle saint Chrysostome, où d'après la volonté de notre Evêque, c'est-à-dire d'après la volonté de Dieu (car je ne cherche pas d'autre interprète de cette divine volonté), à l'approche de ce jour, dis-je, où après avoir passé par tous les degrés des saints Ordres, je vais être promu à l'auguste dignité du sacerdoce ( ' ), je ne puis me dispenser de vous annoncer l'insigne honneur et le bien excellent qui m'attendent. 11 ne convient pas en effet qu'une telle transformation s'opère à votre insu dans un homme qui est tout vôtre. (a] fiai mutatio. — fUtinani vero, vir amplissinie... amantissime vir, fausta mihi ea sit accessio qua nemo unquam extitit dignus.J  (i) Saint François de Sales, ainsi que nous l'avons dit plus haut, reçut l'ordination sacerdotale le 18 décembre 1593,  38 Lettres de saint François de Sales Etsi namque etiam nescientis melior fieri conditio potest, et haec omnium quae in hac mortalitate expectari queunt mutationum sit maxime gloriosa, i^) multo tamen mihi jucunda erit [compassio tua]. Cum enim me omnium quas antea sensi maxima me torqueat solicitudo, timor- ' Ps. LTV, 6. que et tremor venerint super -ine *^ [tuae benevolentiae maxime indigeo.] Id enim moris est amantibus, si quid arduum ac periculosum aggredimur, soUicitudinem (c) ac formidinem nostram solari amicis i^communicatione] facta, ac formidinis motus sedantur si negotium ipsum mentemque nostram amicis exponere(!"•<= de Ville. — Eloge du P. Chérubin. Annecy, commencement de mars 1394. Xobilis vidua Villgei illius qui hsereticorum insidiis inter aedium suarum incendia ante aliquot annos peremptus est (3), cum te referente de causa quadam quae inter (b) Villaeos filios, et Dominum Bessonet agitatur ex Senatu  Une noble femme, M""* de Ville, veuve de celui qui par suite des embûches des hérétiques périt, il y a quelques années, dans l'incendie de son château, attendait ces jours derniers la sentence d'un procès qui se plaidait devant le Sénat entre ses fils et IVl. Bessonnet, procès (a) interiit (b) inter — forphanos suos...J  Année 1594 5^ proximis hisce diebus sententiam expectaret (0, nescio quanam ratione resciverit, mulier quam nunquam vidi, me prœcipuo quodam amore tibi charissimum esse, rem sibi admodum utilem et fructuosam facturam existimavit si me, matris optimae mese implorata authoritate, inter- cessorem apud te faceret, quo ei quod a candidissimo judice honestissimum amicum petere posse antea mo- nuisti, bonam exoptes causam. Idque fecit. Ego vero ne existimationi quam ex tuo in me amore optimam coUigo vel levi aliqua suspicione detraherem, scripturum me recepi. Quod vix postea faciendum duce- bam, cum non prœcedentibus tantum sed posterioribus quoque litteris animorum nostrorum vicissim tantam exprimamus unitatem, ut supervacaneum fere crederem te de cogitationibus meis deinceps aliter certiorem facere quam profunda quadam attentione. Unico tantum hac in  dans lequel vous êtes rapporteur (O. Cette dame, que je n'ai jamais vue, a été informée je ne sais comment de la très grande affection que vous me portez. Elle a jugé qu'il lui serait fort utile et avantageux d'implorer l'autorité de mon excellente mère, pour me décider à vous demander de faire en sa faveur ce que, de votre propre aveu, l'ami le plus loyal peut solliciter du juge le plus intègre : que vous patronniez sa cause. C'est ce qu'elle a fait. Quant à moi, je me suis déterminé à vous écrire pour qu'on ne puisse mettre en doute le crédit que me donne sur vous l'amitié que vous me portez. Il me semblait à peine nécessaire de le faire parce que nos dernières lettres, comme les précédentes, témoignent si bien de l'unité de nos esprits, que volontiers je croirais superflu de vous communiquer mes pensées autrement qu'en concentrant sur elles une profonde attention. Toutefois cette hypothèse est détruite (i) L'attentat dont il est ici question fut commis par les Genevois dans la nuit du 2 novembre 1582. S'étant emparés par surprise de Gaspard de Grailly, coseigneur de Ville4a-Grand, ils l'avaient mis à mort, avaient brûlé son châ- teau et enlevé sa femme, Guicharde Duret. Gaspard de Graillj' était tuteur d'Abel Bessonnet ; dans la suite celui-ci réclama de la veuve et des enfants du défunt la reddition des comptes de tutelle, lesquels avaient été détruits lors de l'incendie du château, De là le procès mentionné dans cette lettre. Par un arrêt, rendu à Turin le 31 octobre 1594, gain de cause fut donné à M"'= de Ville-la-Grand. (Dans les pièces du procès, aussi bien que dans les lettres de saint François de Sales, elle est souvent appelée, par abréviation, M"'= de Ville.)  52 Lettres de saint François de Sales re perculsus argumento, quod meis exhortatiunculis in- téresse tantopere desideres, quas tamen cum habeam summa quadam intensione simul et attentione, alioquin cogitatione subaudire posses. (^1 Sed praestat uni Fran- ciscano Cherubino(0 mentem auresque praebere, quem tanto spiritus fervore concionantem audio , ut (> (Histoire de lu réunion à la France des provinces de Bresse, Bticrey et Gex. Bourg, 1832.)  LU AU MÊME (minute) Visite à Sales.— Remercicmc?nts pour l'envoi de la Centurie première de Sonnets, Annecy, 16 mai 1595. En iterum paululum recedo, mi Frater, mox rediturus ; nam me pater advocat. Nolui tamen pedem movere te  Je vais de nouveau m'absenter, mon Frère, mais pour revenir bientôt. Mon pcrc m'appelle, et je n'ai pas voulu partir à votre insu,  Année 1595 133 inscio, ne si Possevinus veniat quonam loco sim ignorare possitis ; ubi monueris recurram. Ero igitur diebus aliquot apud Salesios nostros. Nescio vero debeamne nunc ex equo propemodum de l^) sacra tua poesi mihi tam amice nuncupata(0 gratias agere ; et sane opportunum fuerit, si ex temporis penuria mihi liceat brevius agere quod si semper agam nequidem semel satis egisse videar. Nulli magis pœnitentiam amo- remque divinum suadere [occurritj quam mihi. At hsec fusius cum integrum opus attentius paulo, iis quatuor aut quinque diebus, consideravero ; vix enim aliquot pagi- nas, partim concionibus, partim aliis negotiis abstractus, dégustasse licuit ; eramque in officio apud Dominum de Montrotier quod dixeras, cum libellum et litteras a te excepit. Accepisti nunc demum credo priores meas, quas uti- nam Porterius noster habuisset; retulisset reor responsum  de peur que si Possevin venait, vous ne sussiez où je suis. Aussitôt averti par vous, j'accourrai. Je passerai donc quelques jours chez nos parents de Sales. Je ne sais si je dois maintenant, ayant presque le pied à l'étrier, vous remercier de ces poésies sacrées que vous me dédiez si affectueuse- ment (0 ; certes, l'occasion est bonne, car la pénurie de temps m'autorise à faire plus courtement ce que je ne croirai pas avoir bien fait une seule fois, alors même que je le ferais toujours. Personne plus que moi n'a besoin d'être exhorté à la pénitence et à l'amour divin. Mais je vous dirai cela plus au long lorsque j'aurai considéré un peu plus attentivement l'ouvrage entier pendant ces quatre ou cinq jours. A peine ai-je pu jusqu'ici en savourer quelques pages, entraîné que j'étais, soit par les prédications, soit par d'autres affaires. Je m'acquittais de votre commission chez M. de Montrottier lorsqu'il reçut votre opuscule et votre lettre. Vous aurez reçu maintenant enfin, je pense, ma précédente lettre ; plut à Dieu que j'eusse pu la remettre à notre ami Portier! 11 m'aurait (a) de — ftanto tuo munere ac amicissimi aninii signifIcatione...J  (i ) Voir note ( J 1, p. 81,  134 Lettres de saint François de Sales de rébus nostris Chablasianis vel promovendis vel removendis ; •Ovid.,Met.,l.I,i9. « Frigida pugnabant calidis *. » Sane tandem exceptio locum habebit ; per me non stetit. Bene vale, mi Frater, Christumque habeto propitium. Clarissimam sororem , fabrosque nostros et fabritios impensissime salutatos velim. Necii, in ipso profectionis articulo, 16 Maii, 3 Pen- tecostes die, 95. Revu sur l'Autographe appartenant à M. l'abbé Chavaz, à Genève, église Notre-Dame.  sans doute rapporté la réponse au sujet de nos affaires du Chablais. Fallait-il les poursuivre ou les abandonner? « Le froid luttait contre la chaleur. » Certainement, tôt ou tard, quelque changement aura lieu ; la chose n'a pas dépendu de moi. Portez-vous bien, mon Frère, et que le Christ vous soit propice. Je salue avec effusion ma très illustre sœur et nos grands et petits artisans. Annecy, au moment même de partir, le 16 mai, troisième jour de Pentecôte 1595.  I  Année 1595 13,  LUI  AU MEME  (minute inédite) Emotion causée par le malheur d'un ami commun ; vif désir de défendre sa cause. — Eloge de l'ouvrage du Sénateur. — Pénible situation du Saint en Chablais. Annecy, fin mai 1595. De Guichardi nostri casu (a) cum primum audivi, atto- nito similis, oculis mens et vox faucibus haesit (i), nihilque vel laetum vel infaustum altius cordi insidere unquam mihi poterit quam quod [dicis] de tanto amico ; ut vix tuam ferre possim elegantiam, qua meam diligentiam tuse in hac causa vices gerere velis, cum nec si diligen- tissimus sim mortalium, meam erga ipsum clarissimum Guichardum observantiam et propensionem éxplere pos- sim. (^) Quamquam et tuam illam diligentiam quibus quaeso modis supplere poteram ?  Lorsque j'ai appris l'accident de notre Guichard j'ai été comme un homme frappé de la foudre, ma langue est restée sans paroles et mes yeux fixes ('). Aucune nouvelle triste ou joyeuse n'a jamais pu m'impressionner à l'égal de celle que vous me donnez d'un si grand ami. Je comprends donc à peine l'estime que vous faites de moi, lorsque vous voulez substituer mon zèle au vôtre en cette affaire. Mais serais-je le plus diligent des mortels, que je ne pourrais témoi- gner tout ce que je porte de respect et d'affection à ce très illustre Guichard. Et d'ailleurs, comment, je vous prie, suppléer à un zèle tel que le vôtre ? (a) easu — ftam alte sum corde. ..J (b) expUre possim. — fNulla me alia occasio aulicum reddere potuisset accuratum quain...J  (i) Une lettre du sénateur Favre, en date du ao juin, prouve que les deux correspondants s'étaient exagéré la gravité de l'accident arrivé à leur ami  136 Lettres de saint François de Sales Experiri tamen decreveram ecquidnam possit ex me vel ingenii vel solicitudinis elicere extremus conatus, nuUum unquam a meipso pensum industriae majus ac- curatiusque expressurus. NuUa par me, fœlicius dicamne an infœlicius, ex clerico aulicum fecisset occasio. Scio namque primum te esse Guichardum, et ordine naturae, quod aiunt, et temporis, me vero secundum ; qui si ordinem afFectionis spectes, neque primus sim neque secundus, ne forte vel numéro simus diversi. Gratias autem Deo omnipolienti quantas possum ago maximas(c), quod amicitiae nostrae vires hisce conatibus experiri nos non sit passus qui i^) ex amici communis miseria prodire debuerant. Sic enim animi quietem hac in causa tuo nomine indixit idem qui tuas attulit, hesterna die(^), urbis hujus praesbiter. Quamquam vix mihi temperare possim omnino nisi quidnam paulo pressius rem intelligam.  J'avais résolu cependant de tenter ce qu'un suprême effort de mes aptitudes et de mon dévouement pouvait tirer de moi. Jamais tâche plus haute ni plus délicate ne s'offrirait à mon activité ; aucune occasion comparable ne pourrait faire, diraije plus heureusement ou plus malheureusement, d'un clerc que je suis un courtisan. Je sais, en effet, que le premier à qui il appartient de venir en aide à Guichard, c'est vous, et par ordre de nature, comme on dit, et par ordre d'an- cienneté ; moi, je ne suis que le second ; mais au point de vue de l'affection, que je ne sois, je vous prie, ni le premier ni le second, et que rien n'altère l'unité qui existe entre vous et moi. Je rends les plus vives actions de grâces au Dieu tout-puissant qui n'a pas permis que notre amitié mesurât ses forces à des efforts suscités par le malheur d'un ami commun. C'est ainsi que le prêtre de cette ville qui m'apporta hier votre lettre, me tranquillisa l'esprit de votre part touchant cette affaire. Toutefois, je ne puis me calmer entièrement avant d'avoir compris d'une manière plus précise ce dont il s'agit. (c) plurimas (d) qui — rnoD sine aniici jactura prodire. ..J (e) hesterna die, — fvicarius Neciensis urbis... J  commun. Celui-ci, il est vrai, avait été dévalisé par les voleurs, mais il avait pu s'échapper sain et sauf de leurs mains, n'ayant à déplorer que des pertes matérielles peu considérables.  Année 1595 137 Montroterio vero, viro nobilissimo et tui amantissimo, [injuriam faciam] si quid in hanc rem verborum, quando rerum non potuit, et quam enixe contulerit, non refe- ram ; vel si tam elegantem et mellitissimam personam referre velim, injuriam insignem, ni fallor, fecero, et tu facilius apud te cogitaveris quam ego memoria repetam. Caeterum ita est ut scribis, mi Frater : ad priores illas tuas respondisse me, quibus opus tuum illud poeticum * 'Videsupra.p.ijj neque probandum neque improbandum sumpseram (f). Nec enim sigillatim adhuc singula inspexeram, et nostra laus deinceps, non minus quam mea, si quae mihi foret propria, in ore meo, verecundiam movet. Amo, ut uno dicam verbo, modestiam. Quid autem alii sentiant, id est. ^lirantur leporem verborum, rerum copiam digni- tatemque ; et tam egregium, nobile et fabrefactum opus obscuro meo nomine sordescere propemodum dicebant nisi fratrem me tuum appellasses. Dicam praeterea libenter, in tua ad me epistola, ut  Je ferai injure à ce très noble M. de Montrottier, qui vous est des plus attachés, si je ne vous dis combien il a dépensé d'énergie pour soutenir cette cause par son éloquence lorsqu'il ne pouvait le faire par l'action. Ou plutôt, si je ne me trompe, ce serait déjà une grande injure que de vouloir rendre la grâce, la douceur toute de miel de ce plaidoyer; vous vous le représenterez mieux par la pensée que je ne pourrais vous le redire de mémoire. Oui, comme vous l'écrivez d'ailleurs, mon Frère, il est vrai que j'ai répondu à votre précédente lettre sans entreprendre de louer ni de blâmer votre oeuvre poétique, car je n'en avais pas encore examiné chaque partie isolément. Du reste, notre louange, la mienne surtout, si j'en mérite quelque peu, est malséante dans ma propre bouche. Pour le dire en un mot, j'aime la modestie. Mais quelle est l'opinion du public? La voici : on admire le charme du style, la richesse et l'élé- vation des pensées ; on semblait même dire que si vous ne m'eussiez appelé votre frère, l'obscurité de mon nom aurait rabaissé un ouvrage si excellent et fait de main de maître. J'avouerai volontiers encore qu'autant la dédicace que vous m'en (f ) existimabam  138 Lettres de saint François de Sales venustate mirifice recreor, sic candorem desidero. Quis enim nesciat talia qualia sunt quae scribis ex paupercula officina mea non prodire, tamque grandes materias in- génia parva sustinere non posse ? Et quidem si nonnuUa quse tu procul dubio prius noveras, ego vel prius dixi vel ad memoriam revocavi, esto mea dicas ; sed tabulas sunt rasae et informes quas tam accuratae picturae cedere necesse est. Tu vero pro parte totam materiam dixisti, et ut omnibus numeris amoris arnica hiperboles consta- ret, formam etiam meam esse propemodum asseveras. Vel meum ergo tuumque pœnitus inter nos non audiatur, vel candidius tune proferatur cum me tuum teque meum dicere volueris. Expectabasne pro tanto munere tam gravem expostu- lationem ? Vêtus tamen mos est debitorum, cum non sunt solvendo, hac uti solemni diversionis arte. Ego vero iterum et iterum inter vernantes aves opus suavissimum ad amussim apud Salesios nostros contemplatus, ne tu hoc nescias, pulchrius nusquam carmen cantatum fuisse  faites m'a merveilleusement charmé par sa grâce, autant elle laisse à désirer pour la franchise. Qui ne sait, en effet, que des écrits tels que les vôtres ne sortent pas de mon pauvre atelier et que de petits esprits ne peuvent traiter de si grands sujets ? Et en vérité, si j'ai énoncé le premier ou rappelé à votre mémoire quelques idées que sans doute vous connaissiez déjà, soit, attribuez-le moi ; mais ce ne sont là que des tables rases et brutes qui doivent disparaître sous une peinture si achevée. Vous, au contraire, vous nommez fond ce qui n'est que partie, et, pour que l'hyperbole amicale corresponde en tout point à votre affection, vous semblez affirmer que la façon même est de moi. Eh bien ! qu'on n'entende plus entre nous ces mots mien et vôtre, ou qu'ils ne se profèrent en toute vérité que lorsque vous voudrez me dire vôtre, ou vous dire mien. Vous attendiez-vous, pour un si beau présent, à un si grave réqui- sitoire ? Mais c'est la vieille coutume des débiteurs insolvables de recourir à cette adresse ordinaire de la diversion. Pour moi, étant chez nos parents de Sales, au milieu des oiseaux qui chantent le printemps, j'ai admiré et admiré encore dans tous ses détails ce très suave poème, et il ne faut pas que vous ignoriez ceci : je ne crois pas  Année 1595 139 reor quam quo Alexandri Magni lachrimas tam belle et luculenter urges * ut nuUus 'Sonnet ui (i). « Talia fando temperet a lachrimis (g) *. » • ^neis, l.Il, 6, (2) Propero jam, mi Frater, Tononum versus, te pro- pemodum solo, quod satis est, probante ; sicque sum animatus ut C^) sequentes post menses quatuor, expleto nimirum anno, nisi suas quisque partes hoc in negotio fideliter obeat, nullis me deinceps aliis retineri in officio verbis quam tuis patiar. Dicam planius. Nos in ea pro- vincia credunt versari praeter Principis voluntatem omnes fere, quin et contra plerique, nec abs re. Magno namque est argumento silentium ubi vel levissimum sufficeret verbum, et homines videre, inter média Ecclesise praedia, sub principe Catholico, praecario propemodum et in dies  qu'on ait jamais chanté plus belle ode que celle où, avec autant d'esprit que d'élégance, vous rappelez les larmes d'Alexandre le Grand, au point « Qu'à tel récit nul ne retient ses pleurs. » Je me dispose, mon Frère, à regagner Thonon. Vous êtes à peu près le seul qui m'approuviez, mais c'est assez, et voici ma résolution : dans quatre mois, c'est-à-dire mon année achevée, si chacun ne remplit pas fidèlement son devoir en cette affaire, je ne souffrirai plus qu'aucun autre que vous me retienne dans cette charge. Parlons plus ouvertement. On croit communément que nous travaillons dans cette province en dehors du prince ; bon nombre même disent, non sans raison, contre sa volonté. Quand le moindre mot suffirait, son silence est en effet un grand argument. C'en est un aussi de voir des hommes au milieu des domaines de l'Eglise, sous un prince catholique, vivre d'une vie précaire et pour ainsi dire au jour le jour. (g) a lachrimis — falbo notandum capillo duxi...J (h) ut — fsi, appetente hieme, quatuor menses... quibus expletis...J  (i) Voir Plutarque , De Tranquiîl. Antmi, cap. iv. Cf. tome IX de la présente Edition, p. 350. (a) Bien que l'Autographe ne forme certainement qu'un seul tout, il paraîtrait, d'après une réponse du sénateur Favre, en date du 19 juin 1^95, que le Saint aurait puisé dans cette minute les éléments de deux lettres distinctes, dont la seconde commencerait avec cette phrase : « Propero jani, » etc.  140 Lettres de saint François de Sales vivere. Nolim tamen alii haec cuiquam dicas, nam, ut vides, suum possunt habere periculosum sensum. (0 Si quid de Possevino audies, doceas quaeso. Bene vale, et humillimum fratrem, quod facis, ama ; nostrisque omnibus salutem, meo si placet nomine, dicas, seorsim clarissimaB sorori meae, quae mihi non aliter .... Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Voiron.  Je ne voudrais cependant pas que vous en parlassiez à personne, car, vous le voyez, ces propos pourraient être mal interprétés. Si vous apprenez quelque chose de Possevin, ditesle-moi. Portez- vous bien ; aimez, comme vous le faites, votre très humble frère, et s'il vous plaît, saluez en mon nom tous les nôtres, en particulier ma très illustre sœur qui ne m'est pas autrement (i) periculosum sensum. — TMilii tamen ipsi plurinium quod te volente redibo ad opus.J  LIV  AU BIENHEUREUX PIERRE CANISIUS DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS 10 Vénération qu'inspire sa vertu. — Désir d'entrer en relations avec lui. — Nouvelles de la mission ; conversion de Pierre Poncet. — Question de controverse. Thonon, 21 juillet 1595. Virtutis is est splendor, quod tu omnium minime igno- ras, Pater observandissime, nuUis ut locorum intervallis  Tel est l'éclat de la vertu, vous le savez mieux que personne, très vénéré Père, qu'aucune distance ne peut l'empêcher d'être aperçue ( I ) Pierre Canisius, né à Nimègue en Hollande (3 mai i^ai), fit ses études à Cologne et à Louvain. Il entra dans la Compagnie de Jésus le 8 mai 1^43, à Mayence, et prononça ses quatre vœux le 4 septembre i S49, à Rome. Théologien profond et controversiste distingué, il parut avec éclat au Concile de Trente, fond.i uo collège de la Compagnie â Vienue en Autriche, alors qu'il était  Année 1595 141 impediri possit quominus et videatur ipsa, et eos a quibus possidetur suo lumine reddat omnibus qui vel virtutis nomen tantum honorant conspicuos et amabiles. Que minus excusatione indigere nunc me reor quod, ignotus et obscurus homuncio, litteras ad te dare non verear. Non enim tu ignotus es vicissim aut obscurus, qui tôt recte (ut modestissime dicam) factis, dictis, scriptis pro Christo universis Christi fidelibus innotuisti, ut miran- dum non sit eum qui omnibus toties scripsit Christianis, a multis hoc solum nomine quod Christiani sint, litteras item accipiat. Cum ergo non longo multum intervallo, et solo fere quod aiunt Lemano lacu a te cognovissem me abesse, rem quidem tibi non ingratam, mihi vero in posterum  et, par sa lumière, d'illustrer ceux qui la possèdent et les rendre aimables à quiconque honore au moins le nom de la vertu. C'est pourquoi je ne pense pas avoir besoin d'excuse quand j'ose vous écrire, moi, homme de rien, inconnu et obscur ; car vous n'êtes pas également un homme inconnu et obscur, vous qui vous êtes signalé auprès de tous les fidèles du Christ par tant de choses (j'em- ploie le terme le plus modéré) si bien faites, dites et écrites pour le Christ. Il n'est pas étonnant que celui qui a écrit si souvent à tous les Chrétiens reçoive aussi des lettres de plusieurs, pour cela seul qu'ils sont Chrétiens. Ayant donc su que je n'étais pas à une grande distance de vous, et que nous n'étions séparés, pour ainsi dire, que par le seul lac Léman, j'ai pensé ne point vous être désagréable et m'ètre extrêmement utile prédicateur de l'empereur Ferdinand P"". Sur le désir de ce prince, il composa sa Summa Doctrinœ Christiance per quœstiones tradita, qui, publiée en ISSS» avait déjà atteint, en 1597, la deux centième édition. Cet abrégé fut rédigé n avec tant d'exactitude, de clarté et de précision, qu'il n'en existe pas de plus propre à instruire et à confirmer les peuples dans la foi catholique. » (Bref de Béatification.) Canisius, qui avait été le premier Provincial de son Ordre en Allemagne, fut nommé Nonce apostolique par Pie IV dans le même pays, assista à la diète d'Augsbourg (i'j66), travailla à la fondation du Collège Germanique à Rome, et mit le comble à ses travaux par la fondation du collège de Fribourg en Suisse (1380). C'est là qu'il termina sa laborieuse carrière le 21 décembre 1597. Cet illustre Jésuite a été béatifié par Pie IX le a août 1864. On lui doit, outre son Catéchisme, plusieurs ouvrages très appréciés.  142 Lettres de saint François de Sales longe utilissimam facturum existimaverim si qui prœsens nequeo, absens per litteras, commodum aliquando de rébus et dubitationibus theologicis interrogarem, et do- centem te per litteras item interdum audirem. Scriptum Job, VIII, 8, 10. est enim * : Interroga generationem pristinam et dili- genter mvestiga patrum memoriam, et ipsi docebunt te; loquentur tibi, et de corde suo profèrent eloquia. En igitur nonum jam ago mensem inter hsereticos, et in tanta messe octo tantum spicas in arcam Dominicam inferre potui ; summo Dei bénéficie, quippe qui non tam sim operarius quam operariorum prodromus. In iis Petrus Poncetus, jurisconsultus eruditus sane, et quod ad hseresim spectat etiam Calviniano ministro loci longe doctior. Quem cum antiquitatis authoritate non nihil moveri viderem inter familiaria colloquia, porrexi tuum illud Opiis Cathechisticum , cum sententiis Patrum a Busseo fuse descriptis (0 ; cujus lectione abduci se ab  à moi-même, si, ne pouvant m'entretenir avec vous, je vous adressais par lettres, à l'occasion, des questions sur les matières théologiques et sur les difficultés qu'elles présentent, afin de recevoir aussi par lettres vos instructions. Il est écrit en effet : Interroge l'ancienne gêne- ration, recueille avec soin les souvenirs de nos pères, et ils t'enseigneront ; ils te parleront et te feront entendre le langage de leur cœur. Or, voici le neuvième mois que je suis au milieu des hérétiques, et si vaste que soit la moisson, je n'ai pu renfermer que huit épis dans le coffre du Seigneur ; encore est-ce un grand bienfait de Dieu en faveur d'un homme qui est moins un ouvrier qu'un avant-coureur d'ouvriers. Au nombre de ces convertis se trouve un certain Pierre Poncet, juris- consulte très érudit et, pour ce qui concerne l'hérésie, beaucoup plus savant que le ministre calviniste du lieu. Voyant dans des entretiens familiers, que le témoignage de l'antiquité faisait impression sur lui, je lui prêtai votre Catcchisiiic qui contient les enseignements des Pères rapportés au long par Busée (O. Cette lecture le tira de ( I ) Pierre Busée(i540-i587), Jésuite, concitoyen et parent du B. Pierre Cani- sius, professeur d'Ecriture Sainte et d'hébreu au collège de Vienne en Autriche. Optis Catechislicum, sive de Sumtiia Doclriiuv ChrisItiiiiiT D. Pétri Ciinisit, Scripiurce testimotiiis sanctoinmque Pdtnim senfenliis i/lits/ratiim , opéra D, Pétri BiiSiri, Noviomagi. Coloni;c, Gervinus Calenius, 1569, 1^70.  Année 1595 143 errore in tritam veteris Ecclesiae viam passus est, ac manus tandem dédit ; quo etiam tibi nomine plurimum plurimum uterque debemus. Cum vero nuper pro libero hominis arbitrio illud ur- gerem Gènes., 4* : Siib te erit appetitiis ejus, et tii 'Vers.;. dominaberis illius, objecit ex Calvino * voces (ej'îis et ' Comm. in Gen., illius) referri ad Abelem, nimirum ut dicatur domUia- Z7^r/5 fratris, non peccati. Rationemque reddebat eorum, Calvino authore, quod relativa illa apud Hebraeos sint masculina, vocem autem Hsebraicam qua peccatum expri- mitur esse fœmininam. Huic nimirum rationi refellendse, etiam adhibita Bellarmini opéra (i), satis esse non potui, libris autem in id necessariis hic careo, quod paucos tantum de controversiis hujus sseculi, ut fit, mecum attu- lerim. Hujus ergo phrasis Hsebraicae interpretationem, a peritissimo nimirum et humanissimo doctore, rudis et incultus tirunculus postulo, et tua in proximos omnes adjuvandos propensione fretus expecto.  l'erreur et le ramena dans la voie frayée qui conduit à l'Eglise. Enfin il s'est rendu , ce dont nous vous sommes l'un et l'autre très redevables. Comme dernièrement j'appliquais au libre arbitre de l'homme ce passage de la Genèse : Ton appétit sera sons ta puissance et tu le domi- neras, Poncet objecta, d'après Calvin, que les mots ejus et illius se rapportent à Abel, en sorte qu'on doit interpréter : tu domineras ton frère, et non le péché. Il en donnait cette raison, empruntée à Calvin, qu'en hébreu ces deux pronoms sont du masculin, tandis que le mot hébraïque qui désigne le péché est du féminin. Or, je ne pouvais suffisamment réfuter cette objection , même avec le secours des œuvres de Bellarmin ( i ; ; les livres nécessaires pour cela me manquent ici, car il est arrivé que je n'en ai apporté avec moi qu'un petit nombre traitant des controverses de notre temps. Je m'adresse donc à vous, qui êtes un docteur très habile et très obligeant, et je vous demande, moi pauvre débutant sans aucune science ni expérience, l'interprétation de cette phrase hébraïque ; je l'attends de l'inclination que vous avez d'aider tout le monde. ( I ) Dispntationes Roberti Bellarmini Politiani, de Controversiis Christianai fidei. Editio secunda, Ingolstadii, Sartorius, 1588-1393.  144 Lettres de saint François de Sales Quodque reliquum est, Deus optimus maximus vene- randam tuam canitiem quam diutissime reipublicse Christianae servet incolumem ; at tu me, quod e vestra Societate jampridem fecit Antonius Possevinus, in humil- limum, queeso, et addictissimum servum habeto et filium in Christo. Humillimus servus Fkanciscus De Sales, Ecclesiae Cathedralis S" Pétri Gebennen. Praepositus indignus. Tononi, 12 calend. Augusti, anno millesimo quingen- tesimo nonagesimo quinto. Observandissimo et plurimum Reverendo in Christo Patri, Patri Petro Canisio, Societatis Jesu Theologo meritissimo. Friburgi. Revu sur le texte inséré dans le P'' Procès de Canonisation.  Il me reste à souhaiter que notre bon et grand Dieu conserve longuement à la république chrétienne votre vénérable vieillesse exempte d'infirmités. Veuillez vous-même me tenir, comme l'a fait depuis longtemps Antoine Possevin, de votre Société, pour votre très humble et très dévoué serviteur et fils en Jésus-Christ. Votre très humble serviteur, François de Sales, indigne Prévôt de l'église cathédrale de Saint-Pierre de Genève. Thonon, le 21 juillet 1595. Au très vénéré et très Révérend Père en Jésus-Christ, Le Père Pierre Canisius^ très digne théologien de la Société de Jésus. A Fribourg.  / ÀNNéE 1595 145 MINUTE DE LA LETTRE PRÉcéOENTE (3) Virtutis quidem ea est praestantia, Pater observan- dissime, ut quod tu omnium minime ignoras, nuUis terrarum aut locorum intervallis impediri possit, quomi- nus et videatur et eos a quibus possidetur lis etiam reddat conspicuos et amabiles quK^), quamvis quid ipsa sit vir- tus ignorent, virtutis tamen nomen honorant. Que minus excusatione nunc indigere me reor quod, ignotus et obscurus homuncio, i^) litteras ad te dare non verear. Non enim tu vicissim ignotus es aut obscurus. sed tôt rébus bene (ut modestissime loquar) hactenus pro Christo ges- tis, dictis, scriptis, universis Christi fidelibus innotuisti, ut mirandum non sit eum qui universis toties scripsit Christianis, a multis hoc solum nomine quod Christian! sint, epistolas item accipiat. (^) Cum ergo non longo admodum intervalle, et solo pro- pemodum quod aiunt Lemanno lacu a te me abesse cognovissem, rem tibi quidem non ingratam. mihi vero in posterum longe utilissimam facturum existimavi, si qui praesens nequeo, familiarius per litteras absens interroga- rem, et docentem te per litteras item interdum audirem, pro tua in proximos charitate. Sic enim scriptum est* : *J°^> ^''". S, 10. Interroga generationein pristinam et diligenter in- vestiga patrtim memoriam, et ipsi docebunt te; loqiientur tibi, et de corde suo profèrent eloquia. -{■ En igitur nonus agitur hic mensis que sum inter haere- ticos hos Tononienses, jussu R"*' Antistitis Gebenensis,  f Voici donc le neuvième mois que je suis au milieu de ces hérétiques de Thonon, par ordre du Révérendissime Evêque de Genève, pour (a) TMiraberis forsitan I Hœsi aliquantulum dubius animo, consentaneumne esset modestiae legibus si litteras ad te, ignotus et obscurus homuncio... (b) qui — fvel ipsi a virtute possidentur, vel virtutis dcsiderio teneantur...J (c) obscurus homuncio, — Thisce litteris tuaui huni3nitateni...J (d) accipiat. — TAccedit quod peculiare jus mihi scribendi fuit...J Lettrvs I 10  146 Lettres de saint François de Sales ut quando nulla vi ad caulas Ecclesise eos reduci vult Serenissimus Allobrogum Princeps, pro pacto cum Ber- nensibus eam in sententiam facto, videam etiam atque etiam num iis ad Christum convertendis verbo et collo- quiis sit aliquis locus. Quem ubi nactus fuero, immittet in messem hanc idoneos plerosque, tum alios quidem, Matt., IX, uit. tum etiam ex vestra Societate, operarios *. Hœc vero rem omnino in multos hos dies protrahunt. Princeps cujus tamen authoritate res incaepta (e), quod aliis rébus sit impeditus, nullam huic rei dat operam. Inter rumores bellicos metuunt incolae ne si iterum Bernensium aut Gebenensium in nos explicentur arma, et non modo ad Ecclesiam redeat aliquis (quod se nunquam factures pollicentur omnes), sed tantum aures Catholicis theologis dederit, is pessime et crudelissime excipiatur. Non commisi tamen quin, pro mea tenuitate,concionem singulis Dominicis diebus bis saltem haberem et quidem in templo publiée, quo veluti prodromus aliis opère et  examiner et examiner encore s'il y a quelque moyen de les convertir au Christ par prédications et conférences, puisque le sérénissime prince de Savoie ne veut point qu'on les ramène par la force au bercail de l'Eglise, à cause du traité conclu à cet effet entre lui et les Bernois. Dés que j'aurai trouvé ce moyen, Dieu enverra dans cette moisson grand nombre d'ouvriers capables, ou de votre Société ou d'autres encore ; mais ces négociations traînent en longueur depuis plusieurs jours, et, bien que la mission ait été commencée par l'ordre du prince, il ne s'en occupe plus, absorbé qu'il est par d'autres affaires. Au milieu des bruits de guerre qui courent, les habitants de ce pays craignent que, si les armes des Bernois et des Genevois se tournent de nouveau contre nous, il suffise pour être cruellement maltraité, je ne dis pas seulement d'être revenu à l'Eglise (ce que tous promet- tent hautement de ne jamais faire), mais même d'avoir écouté les théologiens catholiques. Cela ne m'a point empêché de prêcher, aussi bien que me l'a permis mon incapacité, au moins deux fois chaque Dimanche, et publique- ment dans l'église, afin d'ouvrir la voie à des hommes plus puissants (e) Princeps — cum absit  Année 1595 147 verbo potentioribus * viam aperirem. Pauci tantum qui * Cf.LucDe, uit., 19. supersunt CathoHci ea re recreati [sunt] ; haereticorum nullus propemodum accessit unquam, ni si videndi me po- tius (est enim genus hominum curiosum) quam audiendi gratia. Dei intérim bénéficie factum est ut aliquot animée, octo nimirum, iis novem mensibus Christo nomen reddi- derint. In iis Petrus Poncetus, jurisconsultus eruditus sane, et quod ad hœresim spectat etiam ministre longe doctior. Quem cum antiquitatis authoritate nonnihil mo- veri viderem et saltem torqueri, explicavi Opus tuum illud Cathechisticiim, cum authoritatibus sententiisque Patrum a Busaeo descriptis ; cujus lectione sensim ab errore abduci se in tritam veteris Ecclesiae viam passus est manusque tandem dédit; quo etiam tibi nomine plurimum uterque tibi debemus, Is autem cum nuper pro libero hominis arbitrio urge- rem locum Gènes., 4* : Sub te erit appetitus ejus, et * Vers. 7. tu dominaberis illius, objecit referri voces (ejtis et illiiLs) ad Abelem ; nimirum, dominaberis fratris non peccati ; rationemque ex Calvino reddebat quod in Hebreo relativa illa sint masculina, peccatum vero apud He- brseos fœminina voce exprimatur. Ego vero interpreta- tionem Catholicam satis confirmavi, sed objectionem clare refellere non potui, quippe qui libris hic caream necessa- riis. Advexi namque pauca tantummodo, ut fit, prœcipua de hujus seculi controversiis volumina, inter caetera quidem Belarmini opus illud illustre Contf'oversianim quem dum hac in difficultate consulo, non satis loci nodum explicuisse comperio, dum de cohcerentia relativi fœmi- nini ad nomen masculinum nihil agit. Quare cum bonum hune virum et ex auditoribus meis Catholicum ad vos  que moi en œuvres et en paroles. Le peu de Catholiques qui restent ici sont les seuls que ces exhortations aient encouragés ; presque aucun hérétique n'y est encore venu, si ce n'est pour me voir, bien plutôt que pour m'entendre (car cette espèce de gens est portée à la curiosité). Néanmoins voici que, par la grâce de Dieu, plusieurs âmes, au nombre de huit, se sont soumises à Jésus-Christ.  148 Lettres de saint François de SaLës discedentem moxque rediturum cognovissem, hujus a te quaestionis solutionem, a peritissimo nimirum magistro et humanissimo doctore, rudis tirunculus petere constitui, tua in proximos omnes juvandos fretus propensione. Ouod reliquum est, Deus optimus maximus veneran- dam canitiem tuam quamdiutissime reipublicae Chris- tianse servet incolumem, et tu me, quod e vestra Societate Antonius Possevinus jam pridem fecit, in humillimum habeto servum in Christo et filium. Francis... Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.  LV  A MONSEIGNEUR JULES-CESAR RICCARDI ARCHEVÊQUE DE BARI, NONCE APOSTOLIQUE A TURIN (0 (minute) Violation des immunités ecclésiastiques; le Saint sollicite rintervention du Nonce auprès du duc de Savoie. Chambéry, [f\n juillet 1595.] Illustrissimo et Reverendissimo Monsignore, Comminciavano gli officiali de 1' Illustrissimo Duca de Nemours et de Genevois ( = ) a far recherca de' peccati deir usura commessi dalle personne ecclesiastiche nella  Illustrissime et Révérendissime Monseigneur, Les officiers de l'illustrissime duc de Nemours et de Genevois commençaient à faire la recherche des délits dusure commis par (i) Jules-César Riccardi, de la noble famille des marquis de Ripa, d'abord chanoine de Naples, avait été créé Archevêque de Bari le 13 octobre 1592, et envoyé quelques années plus tard (mai 1593) en qualité de nonce apostolique à la cour de Turin, où il demeura jusqu'en 1601. Ce Prélat s'acquit une grande considération auprès du duc de Savoie, du roi de France et surtout du Pape, qui lui offrit la nonciature de Vienne. Il refusa cet honneur et revint terminer ses jours à Naples, le 13 février i6oî, à l'âge de cinquante ans. ( a ) Voir ci-devant, note ( i ), p. 3».  Année 1595 149 diocsesi de Geneva, et anco délia contraventione fatta di un editto annuale di Sua Altezza Serenissima, quai prohibiva la vendita de' frumenti et altri grani fuor del mercato ; credendo essi ufficiali laici potere castigare in- differentemente per cotesti peccati et laici et ecclesiastici, et questo per privilégie spéciale di Sua Santità, concesso a' serenissimi praedecessori di Sua Altezza. 31onsignor R™" Vescovo de Geneva, vedendo esser contra 1" una et r altra ragione et contra la libertà ecclesiastica questo privilegio, m' ha mandato qui in Chiambery dal supremo Senato di Sua Altezza, acciô che se ce ne fosse lo potessi veder, per poi darne avviso a V. S. 111'"'' et R""^. Il Senato adunque no retrovando nell' archivi ducali alcun simile privilégie, et sapendo che in simile caso fa poco Sua Al- tezza haveva prohibito a' suoi ministri di por mano sopra TArcha di Dio*, anzi haveva commandato che lasciassero * Cf. Il Reg.,vi, 6. questo negotio a' praelati, ha scritto anchora sopra di ciô a Sua Altezza per saperne generalmente sua volontà. D' il che ho giudicato dover dar avviso prontamente a V. S. 111™^ et R'"% acciô si degni pigliar il fatto in  les ecclésiastiques dans le diocèse de Genève, et même de la contra- vention faite à un édit annuel de Son Altesse Sérénissime détendant la vente des blés et autres grains hors du marché. Ces officiers laïques croyaient pouvoir châtier indifféremment pour ces délits aussi bien les ecclésiastiques que les laïques, et cela en vertu d'un privilège spécial accordé par Sa Sainteté aux sérénissimes prédécesseurs de Son Altesse. M'"" l'Evêque de Genève, voyant que ce privilège serait contre l'un et l'autre droit et contre la liberté ecclésiastique, m'a envoyé ici à Chambéry auprès du souverain Sénat de Son Altesse afin que, si ce privilège existait, je pusse le voir, pour en avertir ensuite Votre Seigneurie. Or, le Sénat ne trouve aucun semblable privilège dans les archives ducales, et sachant que depuis peu en pareil cas Son Altesse avait interdit à ses ministres de porter la main sur l'Arche du Seigneur, et que même elle avait ordonné qu'on laissât cette affaire aux prélats, il a écrit encore sur ce sujet à Son Altesse pour connaître d'une manière générale sa volonté. J'ai jugé à propos de donner promptement connaissance de cela à Votre Seigneurie Illustrissime et Révérendissime afin qu'elle daigne  150 Lettres de saint François de Sales mano appresso di Sua Altezza, comm' essendo il refugio nostro et protettrice délia libertà ecclesiastica. Xè sarà cosa difficile che Sua Altezza prohibisca di nuovo tali atti a' ministri suoi et inferiori, poichè già una volta ne ha fatta la prohibitione et che ha havuto sempre in gran reverenza la santa Chiesa. L'Illustrissimo, poi, Duca de Xemours, non solo non darà impedimento nessuno, chè più tosto ci giovarà in ogni modo, essendo di coscienza delicatissima et persona molto timorata ; conciosiachè egli m' ha detto che se non si trovarà il privilegio délia Santissima Sede Apostolica chiarissimo et apertissimo, non ne vuol godere, ne prevalersene. Ho dubbio che ^lonsig" Vescovo di Geneva havendo avviso di quanto habbiam fatto qui col Senato, scriverà sopra di ciô amplissimamente a V. S. Ill""^ et R°'*(0 ; ne per questo ho volsuto lasciar di scriverne io, acciô no dia risposta Sua Altezza al suo Senato innanzi che lo sappia V. S, 111"°% a cui pregando dal nostro Signore  prendre le fait en main auprès de Son Altesse, puisque vous êtes notre refuge et le protecteur de la liberté ecclésiastique. Il ne sera pas difficile à Son Altesse d'interdire de nouveau de tels actes à ses ministres et subordonnés, puisqu'une fois déjà elle les a défendus et qu'elle a toujours porté un grand respect à la sainte Eglise. Quant à l'illustrissime duc de Nemours, il n'y mettra aucun empêchement ; au contraire, il nous aidera de toute manière, car il est fort timoré et doué d'une grande délicatesse de conscience: il m'a même dit que si le privilège du Saint-Siège Apostolique ne se trouve pas très clair et très positif, il n'en veut point jouir ni s'en prévaloir. Je présume que M^'' l'Evêque de Genève étant averti de ce que nous avons fait ici auprès du Sénat, écrira très amplement sur cela à Votre Seigneurie (O. Néanmoins je n'ai pas voulu laisser de vous en écrire, afin que Son Altesse ne donnât pas une réponse à son Sénat avant que Votre Seigneurie Illustrissime en fût informée. En (i) M»" de Granier donna effectivement suite à cette affaire, ainsi que le prouvent une lettre du Nonce au C.irdinal Aldobrandino, en date du 9 octobre, et une autre de l'Evêque de Genève lui-même, du 16 octobre is<)S. (Archives du Vatican, Nunj. di Savoùi, vol. ja.)  Année 1595 151 Iddio ogni vero contento, basciogli humilissimamente le reverendissime mani et resto, Di Sua Signoria 111"" et R'"% Divotissimo et infimo servitore Francesco De Sales, Prevosto indegnissimo délia Cathédrale de Geneva. Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.  implorant pour vous de Dieu notre Seigneur tout contentement, je baise humblement vos mains vénérées et je demeure, De Votre Seigneurie Illustrissime et Reverendissime, Le très dévoué et petit serviteur François de Sales, très indiofne Prévôt de la cathédrale de Genève.  LVI AU CHANOINE GALLOIS DE MONTHOUX (0 (inédite) Recommandation en faveur de l'abbé de Ronis. Annecy, 31 juillet 1595. Monsieur mon Cosin, Je voudrois bien vous salluer avec autre occasion que cellecy, mays les occasions ne sont pas en nostre pou- voir ; elles viennent, nous ne les allons pas quérir. Monsieur de Ronis m'est venu voir ce matin et m'a monstre une vostre lettre par laquelle il semble que (i) C'est d'après la teneur de cette lettre, y compris le post-scriptum, que l'adresse en est conjecturée. Tout en effet porte à croire qu'elle a été écrite à Gallois de Monthoux, qui résigna sa cure d'Argonnex vers la même époque. Le chanoine François de Ronis sollicita ce bénéfice pour son neveu, Jean de Ronis, jeune diacre attaché à la maison de M""" de Granier. De son côté, Etienne Martinod fit des poursuites afin d'en être nommé titulaire. La sentence définitive lui donna gain de cause. (Registres de V Evêché de Genève.)  152 Lettres de saint François de Sales vous aves desplaysir de le voir poursuyvre le droict que son neveu a sur la cure d'Argonnay. Et par ce que d'un costé il désire infiniment ne faire chose qui vous despleut, et de l'autre il est obligé au proufit de son neveu, tant qu'il se peut maintenir avec rayson, il m'a prié d'em- ployer mon crédit vers vous affin qu'il vous playse ne vous desplaire point s'il met a effect le droit de son neveu, quil a desja acheminé si avant et avec tant de frais quil demeureroit en grosse perte sil le quittoit ainsy tout court, sinon que sa partie voulut entendre a ce que .Mon- seigneur le Reverendissime et monsieur d'Angeville (0 en avo3'ent une fois ordonné a l'amiable. L'obligation que j'ay a monsieur de Ronis et a Monseigneur le Reve- rendissime, chez qui son neveu sert, m'a faict a3'sement vous prier, comme je fa5^s, que sil ny a point d'autre interest pour vous que pour l'affection que vous pourries avoir a celuy qui est leur compétiteur, il vous playse leur permettre la poursuitte de leur praetention ; quilz vous rendront autant de service que l'autre. Pour moy, je n'employé point autre mérite vers vous pour estre continué en vostre bonne grâce, que Ihonneur que j'ay de ma nature d'estre a jamays. Monsieur, Vostre plus humble cosin et serviteur François De Sales. A Necy, le dernier juillet 95, ou je baj'se bien hum- blement les mains de monsieur et madame de Monthou, mes cosin et cosine i-). Revu sur l'Autographe appartenant à M. le baron Ludovic de Viry, au château de Cohendier (Haute-Savoie). (i) Claude d'Angeville, chanoine de Saint-Pierre de Genève, priniicier de La Roche (1568), vicaire général et officiai (i 579-1 591), plébain de Thônes (6 octobre 1587), doyen de Vuillonex (i^ mars iy)o), prieur de Douvaine (6 décembre 1595), était à cette époque l'un des hommes les plus remarquables de la Savoie. Sa piété, sa prudence et son savoir lui méritèrent l'estime et la confiance de son prince qui le chargea (1598) de seconder saint François de Sales dans la réorganisation des paroisses du Chablais. Le priniicier d'Angeville mourut en 1627, âgé de quatre-vingt-neuf ans, après avoir été cinquante-neuf ans à la tcte de sa collégiale. ( 3 ) La famille de Monthoux était si nombreuse à cette époque qu'il est difficile d'indiquer auxquels de ses membres il est fait ici allusion.  /  Année 1595 153  LVII  AU SENATEUR ANTOINE FAVRE (minute) ( I ) Souffrances du saiut Apôtre ; il désire s'adjoindre d'autres missionnaires. — Remerciements pour un ouvrage de Sponde ; calomnies des hérétiques contre ce personnage et contre Pierre Poncet. — Sentiments de foi et de confiance. Annecy, 2 août 1595. Non .sum nescius, suavissime Frater, non mediocriter inter nos hinc inde pariter molestum esse silentium, ac propterea excusationem uUam non afFero. Peregrinatio- nibus partim, partim necessariis cursitationibus insumpsi totum mensem ; ac si quando pedem firmavi, defuit qui litteras perferendas susciperet. Onus messis Tononiensis , mais impar humeris , non nisi te volente, jubente, deponere constitui ; in eam tamen rem alios operarios iisdemque commeatum dum artibus modisque omnibus pergo parare, nuUum, inter infinitas hostis generis humani versutias, exitum, nullum finem facio. Id me non leviter torquebat, torquet autem  Je n'ignore pas, mon très doux Frère, que le silence entre nous vous est aussi pénible qu'à moi ; aussi je ne viens nullement m'excu- ser. J'ai passé tout le mois soit en pèlerinages soit en courses indis- pensables, et si je me suis arrêté quelquefois, je n'ai trouvé personne qui se chargeât de vous porter ma lettre. La moisson de Thonon est un fardeau qui dépasse mes forces, mais j'ai résolu de ne l'abandonner qu'avec votre agrément, par votre ordre. Cependant, je continue à préparer par toutes sortes d'expédients et d'industries de nouveaux ouvriers pour cette œuvre, et à leur chercher des moyens de subsistance. Je n'aperçois nul terme, nulle issue parmi ces ruses infinies de l'ennemi du genre humain. ( I ) Le premier, le troisième alinéa et les trois premières lignes du dernier sont inédits.  154 Lettres de saint François de Sales maxime, tôt clades capitibus nostris, mi Frater, imminere, ut interea vix uUus pietatis procurandae , cum ipsa maxime sit necessaria, superesse locus videatur. Animus tamen in meliorem spem, Christo propitio, attollendus est. Cum audiveritis bella ac seditiones, nolite ter- * Lucce, XXI, 9. rCKl *. Recreor autem plurimum Possevini nostri de me accu- rata recordatione (^). Accepi namque et ejus munusculum, ut ais, et Girardi nostri Spondaeum, utrumque te auctore, te meae scilicet apud eos observantiae commendatore. Ac Spondaeus quidem quam opportune cum sua recenti praefatione venerit, vel ex eo intelliges quod et Geben- nenses et Chablasiani ministelli nihil quod tante vire tonderent habebant quam eum, in pœnam fractae fidei, amentatum et furiosum in angulo quodam Galliae deli- tescere. Quin Gebennenses gloriabantur quemdam de sua schola Demosthenem tanta verborum ac rerum vi Spondsei rationes oppugnasse, ut susceptam religionem  J'ai été tourmenté et je le suis encore, mon Frère, en voyant que parmi tant de catastrophes qui menacent nos têtes, il nous reste à peine un moment pour cultiver la dévotion dont nous aurions un si pressant besoin. Il faut cependant, comptant sur la miséricorde de Notre-Seigneur, élever nos cœurs à de meilleures espérances. Lorsque vous entendre^ parler de guerres et de séditions, n'en soye:( point effrayes. Je suis extrêmement réjoui du fidèle souvenir que me conserve notre Possevin (0. J'ai reçu en eflfet son petit présent, comme vous le dites, et le Sponde envoyé par notre Girard, double hommage dont je vous suis redevable, à vous qui avez fait valoir auprès de tous deux le respect que je leur ai voué. Quant au Sponde avec sa nouvelle préface, vous pourrez juger par un seul fait combien il est arrivé à propos. Les prédicants de Genève et du Chablais, ne sachant comment tondre un personnage si important, disaient qu'en punition du serment violé, cet homme, devenu fou furieux, était caché dans quelque coin de la France. Bien plus, les Genevois allaient répétant avec orgueil qu'un certain Démosthène de leur école avait réfuté les arguments de Sponde avec tant d'éloquence et des raisons si ( I ) Voir ci-devant, note ( i), p. 129.  Année 1595 155 primum, mox mentem ipsam abjecerit(0. Ouod ego ne crederem faciebat, tum dicentium authoritas mentiendi, tum quod recenti et insigni petulantia Poncetum a de- mone crudelissime vexari dicerent iidem, et me nocturnis exorcismis abigendo spiritui immundo operam secretam navare. Quid enim [qui] in tanta vicinitate tam audacter mentiuntur non audeant de homine tôt intervallis dis- juncto comminisci ? Redeo crastina die ad Spartam meam (utinam si non ornandam saltem aliis praestantioribus conservandam), faciamque deinceps ne integro mense inter nos audiatur silentium. Intérim, mi Frater, inter hos patries nostrse  probantes que l'auteur avait d'abord renoncé à sa religion, puis, bientôt après, perdu la raison ('). Ce qui m'empêchait de m'en rappor- ter à leur témoignage, c'était d'une part leur supériorité dans l'art de mentir, et de l'autre, l'insigne impudence avec laquelle ces mêmes hommes affirmaient dernièrement que Poncet était affreusement tourmenté du démon, et que je passais les nuits à l'exorciser en secret pour chasser l'esprit immonde. Quand on calomnie si audacieusement ses proches voisins, que n'osera-t-on pas inventer contre un homme qui se trouve à une si grande distance ? Je retourne demain à ma Sparte (si ce n'est pour l'embellir, plaise au Ciel que ce soit du moins pour la conserver à de meilleurs ouvriers), et je ferai en sorte qu'il ne soit plus question entre nous de ces silences d'un mois entier. Cependant, mon Frère, parmi ces ( I ) Jean de Sponde {1559-1593), frère aîné de Henri, Evêque de Pamiers.né à Mauléon d'une famille calviniste, mort à Bordeaux, fut successivement lieu- tenant général de la chaussée de La Rochelle, puis maître des requêtes. Après avoir abjuré le protestantisme, il rendit compte de sa conversion dans un ouvrage intitulé : Déclaration des principaux motifs qui ont induit le sieur de Sponde, conseiller et maistre des Reqnestes du Roy, h s'unir à l'Eglise Catho- lique, Apostolique et Romaine, adressée à ceux qui se sont sépare^ et distinguée en trois Parties. Melun, 1593. C'est de la cinquième édition (Lyon, 1595) qu'il s'agit ici. On lit dans la préface de cette édition, qui parut après la mort de l'auteur, la déclaration suivante : « Et quelque fresle de corps et d'esprit que je sois, jusques à présent la mélancolie que quelques uns me reprochent entre leurs dents, ne m'a jamais tant gaigné le cerveau qu'on luy en aye veu produire des frenpsies. » (Voir la Défense de l'Estendart de la sainte Croix, tome II de cette Edition, p. 156.)  156 Lettres de saint François de Sales tumultus (dicamne, an tumulos?), dum circum circa ocu- lis nostris ingrata quaeque sese ofFerunt, in patriam illam cœlestem oculos intensissime figamus , cogitemusque perpétue Heliam illum Thesbitem non aliter quam per •IV Reg., II, II. ttirbinem ad cœliun ascendisse *. Bene vale. mi Frater. et Christum habeto propitiuni et Servatorem. Xecii, 4 non. Augusti, 95. Revu sur le texte inséré dans le P"" Procès de Canonisation.  désordres (dirai-je plutôt cette ruine de la patrie?), alors que nos yeux ne rencontrent que des sujets de tristesse, fixons plus attentivement nos regards sur notre patrie céleste, et souvenons- nous toujours qu'Hélie le Thesbite n'est monté au ciel que dans tin tourbillon. Portez-vous bien, mon Frère, et que le Christ vous protège et vous conserve ! Annecy, le 2 août 1595.  LVIII  A U M E M E (minute inédite) Troubles qui régnent à Annecy. Sales, commencement d'août 1595. Nonne bene dixeram, mi Frater, facturum me dein- ceps ne uUum inter nos audiretur silentium ? Cum inter nostros Tononenses vix semel in mense ad te possim scribere, scribo nunc ex paterna Salesiorum casa per  N'avais-je pas raison de vous dire, mon Frère, que je ferais en sorte désormais qu'il ne fût plus question de silence entre nous ? Comme au milieu de nos gens de Thonon, je puis à peine vous écrire une fois par mois, je vous écris maintenant de ma maison paternelle  Annéb 1595 15^ Coquinum (0, eo sane jucundius quod paulo meliora de rébus nostris jam audiverim. Hesterna namque die Necii omnia propemodum eversa ac inversa dicebantur (2) ; adeo nimirum, sive in bonam sive in malam, res quam longissime protrahere solet vulgus ; ac adeo incredibile est quanta amaro animo de te tuisque omnibus, quem in primis, ut fît, periclitari, importuna cogitatione (a) su- bibant. (^) Non tamen bona spe vacuus omnino, itaque cum rem levius transigi audiam, mihi tibique plurimum gratulor ; quando infœlix hoc nostrum sseculum C'^), pro faustis soient haberi quae non sunt infaustissima. Revu sur l'Autographe appartenant à M. le baron Ludovic de Viry, au château de Cohendier (Haute-Savoie).  de Sales, par Coquin (O, avec d'autant plus de plaisir que je viens de recevoir des nouvelles un peu meilleures de nos affaires. On disait hier à Annecy que tout était à peu près sens dessus dessous {2), tel- lement le vulgaire a coutume d'exagérer extrêmement soit en bien soit en mal. On ne saurait croire combien de pensées inquiétantes agitaient mon âme attristée, relativement à vous et à tous les vôtres, qui deviez, des premiers, comme il arrive, être mis en péril. Je ne suis pas cependant privé de tout espoir ; aussi, en apprenant que la chose se passe plus facilement, je m'en félicite beaucoup pour vous et pour moi. Puisque notre siècle est si infortuné, on s'accoutume à tenir pour heureux tout ce qui n'est pas absolument malheureux. (a) [On a dû suppléer les trois premières lettres de ce mot, lesquelles sont indéchiffrables dans l'Autographe.] (b) subibant. — FDomino ergo immortales gratias ago...J (c) sœculum — fnulla laeta, sed fausta...J  ( I ) Maître Jean Coquin était notaire ducal à Groisy, seigneurie qui appar- tenait à la famille de Sales. (2) Ces troubles venaient probablement des craintes qu'inspiraient les succès de l'armée française, maîtresse d'une partie de la Savoie, et les troupes hérétiques massées sur les frontières suisses. De plus, tandis que des soldats espagnols commettaient toutes sortes de déprédations dans les faubourgs d'Annecy, ofi pourtant ils étaient tenus pour alliés, on prenait, en prévision de la mort imminente du duc de Nemours, certaines mesures militaires qui surexcitaient la population au lieu de la rassurer. Quant au sénateur Favre, il savait ses possessions de Bresse dévastées par les troupes de Biron, qui continuaient à guerroyer dans cette province.  158 Lettres de saint François de Sales  LIX A U M Ê .-NI E ( MINUTE ) Ebranlement qui se produit parmi les hérétiques; ingénieuse tactique du Saint pour les provoquer à la discussion. Thonon, 18 septembre 1595. Et jam, mi Frater, latior simul et lœtior patet ad Christianorum messem aditus. Heri namque parum ab- fuit quin Avullaeus (i) cum urbis sindicis, uti vocant, ad concionem palam venirent, quod me de augustissimo •Videtom.viihuj. Eucharistiœ Sacramento disputaturum audivissent*. Quo Edit., Serm. XXXII. , . . . ^ , ,. "^ de m3^steno sententiam rationesque Latholicorum ex me audiendi tanto tenebantur desiderio, ut qui palam non- dum venire, ne legis suae immemores viderentur, ausi sunt, me ex diverticulo quodam secreto audiverint, si tamen per vocis meae tenuitatem licuit. Ego hac iterum egi venatione ut promitterem me, sequenti concione, de Scripturis luce meridiana clarius  Voici enfin, mon Frère, qu'une porte plus large et plus belle s'ouvre à nous pour entrer dans cette moisson de Chrétiens, car il s'en fallut peu hier que M. d'Avully ( i ) et les syndics de la ville, comme on les appelle, ne vinssent ouvertement à la prédication, parce qu'ils avaient ouï dire que je devais parler du très auguste Sacrement de l'autel. Ils avaient un si grand désir d'entendre de moi l'exposé de la croyance des Catholiques et leurs preuves touchant ce mystère, que n'ayant osé venir publiquement, crainte de paraître oublieux de la loi qu'ils se sont imposée, ils m'entendirent d'un certain endroit où ils ne pouvaient être vus, si toutefois la faiblesse de ma voix n'y a pas mis obstacle. De mon côté, j'ai fait encore ceci dans cette chasse : j'ai promis qu'à la prédication suivante je mettrais, par les Ecritures, ce dogme en plus grande lumière que le plein midi , et que je l'appuierais ( I ) Sur le seigneur d'Avully, voir la note jointe à la lettre du 10 mai IS96.  Année 1595 159 dogma commonstraturum, ac tantis rationum momentis propugnaturum, nullus ut futurus sit ex adversariis qui non cognoscat densissimis se tenebris excœcatum, nisi qui humanitati ac rationi nuntium remisent. His nimirum rodomonteis propositionibus se ingeniumque suum ad arenam vocari recte cognoscunt, ne videlicet si non veniant existimentur imbelles omnino, qui Catholicam vel homuncionis nescio cujus impressionem reformident. Res est in tuto ; jam enim ad colloquia descendunt, mox, ut ex proverbio dicam, ad deditionem venturi ; sic enim Crescanus advocatus i^) nos docuit Tononienses communi consilio confessionem, uti vocant, suae fidei scriptis pro- laturos, uti si quid a nobis difFerunt, ea de re familiari ac privato colloquio vel privatis scriptis agamus. Cum- que legationem hanc ministro suo quidam imponere vellent, alii tutius contra fuere, ne nobiscum palsestram  d'arguments si puissants que nos adversaires, sans aucune exception, à moins qu'ils n'aient renoncé au bon sens et à la raison, reconnaî- traient qu'ils sont aveuglés par les épaisses ténèbres dans lesquelles ils sont plongés. Us savent bien que ces espèces de rodomontades les invitent à descendre dans l'arène, en sorte que s'ils ne venaient pas ils seraient tenus pour gens tout à fait pusillanimes, qui redoute- raient de se mesurer avec la religion catholique, même quand elle est défendue par je ne sais quel homme de rien. C'est une chose assurée : puisqu'ils consentent déjà à parlementer, bientôt, suivant le proverbe, ils en viendront à capituler. En effet, ainsi que nous l'a appris l'avocat du Crest(0, les Thononais ont résolu d'un commun accord de nous présenter par écrit leur confes- sion de foi dans les points où elle diffère de la nôtre, afin que nous puissions les discuter en particulier ou dans des entretiens familiers ou par écrit. Quelques-uns voulaient charger le ministre de cette négociation, mais d'autres plus prudents furent d'avis contraire, ( I ) L'avocat Pierre du Crest de Cruseilles, seigneur de la Croix, bourgeois d'Evian, docteur ès-droits, fut conseiller de Charles-Emmanuel P"" et lieute- nant particulier de la judicature-mage du Chablais. Ce personnage, l'un des premiers convertis par les prédications de notre Saint, témoigna dans la suite d'un inaltérable dévouement envers lui. Il l'accompagna à Genève lors de sa célèbre conférence avec le ministre La Paye, et le seconda en diverses autres occasions. Pierre du Crest mourut avant 1629.  lôo Lettres de saint François de Sales ingrediatur, ne subtilîtatibus scholasticis vincatui*, curri philosophiae sit ignarus. Bene sane quando per vicarium pugnam suscipiunt, et tam exiguis copiis nostris anguntur, et de conditio- nibus proponendis cogitant. Hos vero, erectis per Dei gratiam animis, concertationem hanc bona spe proni gaudentes expectamus. Revu sur le texte inséré dans le I'^'' Procès de Canonisation.  craignant qu'il n'engageât la lutte avec nous et ne fût vaincu par les subtilités scholastiques, car il ne sait rien de la philosophie. Assurément nous sommes en bonne voie puisqu'ils acceptent le combat par leur lieutenant, que nos si petites forces les effraient et qu'ils pensent à nous proposer des conditions. Pour nous, ayant grand courage par la grâce de Dieu, nous attendons avec empressement et avec joie cette lutte qui donne bon espoir.  ^  LX V AU IM Ê M E (minute inédite) Attente de quelques lettres attardées. — Allusion à la bénédiction apostolique envoyée à Henri IV. — Suite du travail des Controverses. — Accueil fait par les hérétiques à la Centurie première. — L'avocat de Prez adresse des vers à l'auteur, Thonon^ commencement d'octobre 139$. Et ego quidem, mi Frater, tantum posteriores, ad 6 non. Octobris datas a te litteras, idque nuperrime recepi ; de prioribus illis de quibus admones, nec de aliis item P. Possevini, Porterio nostro commendatis, ne levi  Mon Frère, je n'ai reçu que votre dernière lettre du 2 octobre, et cela tout récemment. Quant à la première dont vous me parlez, et à celle du P. Possevin, qui avaient été confiées à notre Portier,  Année 1595 161 quidem susurro hactenus audivi quicquam. Tu vero quam me maie nunc haec tantarum litterarum tanta torqueat expectatio, si ad justam observantise amorisque mei erga te Possevinumque nostrum trutinam omnia uti par est expendas, facile cognosces. Recreor autem plurimum res tuas sequiori loco a te inventas quam credideras. Ea est propemodum tempo- ribus calamitas non minima, ut eminus rem spectantibus apud viros probos et, ut sacro dicam verbo*, quibus est 'Cf-Jerem., v, ai. cor, ipsa calamitate sit calamitosior opinio. Quod autem de Barone nostro scribis ('), maie apud malos qui religio- nem ferream sequuntur audit, eo vero me nomine angit quod spes quœ dijfertur affligit animam *. Audio *Prov., xm, u. equidem Henricum, felici nuntio, a Sanctissimo Pâtre nuperrime « Gallorum Regem, salutem et Apostolicam benedictionem » audivisse (') ; id si ita est, fiât pax in  je n'en ai pas entendu souffler le moindre mot jusqu'ici. Si vous pesez toutes choses, comme il convient, à la juste balance de l'estime et de l'affection que j'ai pour vous et pour notre Possevin, vous comprendrez combien je souffre maintenant dans la longue attente de lettres d'une telle importance. Je suis très heureux de savoir que vous avez trouvé vos affaires en meilleur état que vous ne pensiez. Voilà bien en effet un des grands malheurs de notre temps : la crainte est plus nuisible que le mal lui- même à ceux qui, entre les honnêtes gens, ou pour employer l'expres- sion du Texte sacré, les hommes de cœur, voient les choses de loin. Quant à ce que vous m'écrivez de notre baron (0, c'est une mauvaise nouvelle pour les méchants qui suivent une religion de fer; et moi je souffre parce que l'espérance différée afflige l'âme. J'apprends, il est vrai, que le très Saint-Père aurait tout dernièrement envoyé à Henri l'heureux message : « Salut et bénédiction apostolique au Roi de France (2). » (i) Le baroa d'Hermance et le président de Rochette avaient été envoyés par le duc de Savoie à Bourgoin afin de négocier avec les représentants du roi de France les conditions d'un traité de paix. ( 2 ) Cette phrase a trait d'une manière générale à la rentrée en grâce de Henri IV auprès du Saint-Siège et ne saurait s'entendre à la lettre. Il est vrai que la cérémonie solennelle de l'absolution du monarque avait eu lieu le 17 septembre 1595. Mais la Bulle d'absolution, bien qu'elle soit datée de ce même jour, ne partit de Rome que le 7 novembre suivant ; c'est dans cette Bulle que pour la première fois il est salué par la formule indiquée ci-dessus. Lettres I 1 1  i62 Lettres de saint François de Sales *Ps. cxxi, 7. virtute Domini *. Quam eo beatiorem ego suspicor fu- turam, quod videam haereticis omnibus Genevensibus maxime ingratam esse. Nunc paullo pressius rem cum iis Tononensibus ago, agamque brevi pressissime, ubi quod jampridem medi- »Vid.supra,not.(i), tabar opusculum * ad maturitatem qualem meum fert P' '° ■ ingenium perduxero , et tu negotium probaveris. Sic enim apud me statutum est nihil nisi te censore pro- ferre. Habent ii Tononienses meditationes tuas priores de •Idem, p. 137. Pœnitentia et Ainore divino *. 31irantur omnes operis elearantiam. Insanus tantum ministellus cum te fœlicem vocasse culpam <( quse talem ac tantum meruit habere »Prœcon.Pasciiale. Redemptorem * » legeret : « O blasphemiam, atheismum, Papismum I » inclamavit homo stultissimus et amentissi- mus. Ego vero quanta potui modestia per interlocutorem, quando ne quidem mecum manus conserere hactenus ausus est, hominis petulantiam ratione castigavi. Interirri advocatus de Près (0 ad me versus quosdam in  S'il en est ainsi, que la paix règne par la force du Seigneur ! J'augure que cette paix sera d'autant plus heureuse que je la vois être plus désagréable à tous les hérétiques de Genève. Je presse maintenant davantage ces messieurs de Thonon, et les presserai encore beaucoup plus lorsque j'aurai conduit à terme , suivant ma capacité, le petit ouvrage que je méditais depuis long- temps, et que vous aurez approuvé mon entreprise. En effet, j'ai résolu ainsi à part moi de ne rien publier sans le soumettre à votre censure. Ces messieurs de Thonon possèdent vos premières médita- tions sur la Pénitence et l'Amour de Dieu. Tous admirent la beauté de l'œuvre. Seul, un pauvre ministre insensé ayant lu que vous nommez « heureuse la faute qui nous a valu un tel et si grand Rédempteur, » s'est écrié comme un iiomme tout à fait stupide et extravagant : « O blasphème ! ô athéisme ! ô Papisme ! » Mais avec toute la modération possible, j'ai, par un tiers, remis à la raison cet effronté, car lui-même n'a pas encore osé en venir aux mains avec moi. Cependant l'avocat de Prez (O m'a envoyé quelques vers, à (i) Claude de Prez, docteur ès-droits, avocat au souverain Sénat de Savoie (157a), lieutenant de la judicature-maje du Chablais (1576)» syndic de  Année 1595 163 tuam, quod ipse dixit, laudem misit, ea quantum audivi mente uti ad te quoque, non suo quidem sed meo nomine gratulabundus scilicet, perferre curarem. Habebis ergo qualecumque id carminis, si placet, amanter; vir enim est admodum haereticus, quem tamen propter spem melioris mentis et multa virtutum semina non mediocriter dilexi. Tu si separatim, cum ad me scribes, nonnullam de illis versibus amicam facias significationem (ad idem uti fit litterarium), mihi rem tuo genio dignam fecisse videaris ; hoc enim argumento, quod saepius jam cum eo feci, ver- bum Dei admonebo. Vellem enim, si qua posset, eum a pertinaci illa mente dimovere. At ipse, quod conscien- tiam rationibus Catholicis concuti sentiat, insequentem fugit * Christum Dominum. "Cf.Prov.jXxvm,!. Bene vale. Revu sur le texte insérj dans le P"" Procès de Canonisation.  votre louange, dit-il. Son désir serait, si j'ai bien compris, que je vous les fisse parvenir pour vous féliciter non pas en son nom, mais au mien. Acceptez donc, s'il vous plaît, avec bienveillance cette poésie telle qu'elle est. Cet homme est enfoncé dans Thérésie ; tou- tefois je lui ai témoigné beaucoup d'alTection dans l'espoir de le ramener à de meilleurs sentiments, et parce qu'il y a en lui bien des germes de vertu. Si vous voulez me faire à part, lorsque vous m'écrirez, une aimable allusion à ses vers (dans le même style que lui), il me semble que vous ferez quelque chose digne de votre carac- tère. Je profiterai de cette occasion, comme je l'ai déjà fait plus d'une fois à son égard, pour lui prêcher la parole de Dieu. Je voudrais en effet, s'il était possible, le retirer de cette obstination d'esprit. Mais parce qu'il sent sa conscience ébranlée par les arguments des Catho- liques, il fuit le Christ Notre-Seigneur qui le poursuit. Portez- vous bien. Thonon (1598) et juge ordinaire d'Abondance, se signalait par son attachement obstiné à l'hérésie. Il fut en conséquence de cette obstination exilé de Savoie ; saint François de Sales obtint sa grâce, et, par la force de sa douceur, parvint à le convertir (1599). L'avocat de Prez fit son testament à Abondance (lo avril i6ia) et mourut en 1625.  164 Lettres de saint François de Sales  LXI AU MÊME (inédite) Prochain envoi d'une partie de son introduction au Code Fabrien. Question de droit. Thonon, 14 octobre 1595. Antonio Fabro, clarissimo Senatori, Franciscus De Sales salutem dicit. Accepi tandem breviores illas tuas cum Possevini nostri libro et litteris ; nihilo sane longiores redditurus, quod concionibus crastinis(0 texendis tempus instet. Ita quid singulis horis momentisque faciam scire te vellem. Habebis a me quam primum caput unum meorum adversus hsereticos Commentariorum ('), in quo quam veri non Ecclesise sed antiquarum hseresum sint refor- matores conabor ostendere. Ac, ne sine te quidquam  A Antoine Favre, très illustre Sénateur, François de Sales présente ses salutations. J'ai enfin reçu votre trop courte lettre avec le livre et la lettre de notre Possevin. Ma réponse ne sera pas beaucoup plus longue, parce que je dois composer mes sermons de demain (0, et le temps presse. Je désirerais vous tenir ainsi au courant de ce que je fais à chaque heure, à chaque instant. Je vous enverrai le plus tôt possible un chapitre de mes Commen- taires contre les hérétiques (a), dans lequel je m'efTorcerai de montrer que, loin d'être les vrais réformateurs de l'Eglise, ils font revivre les anciennes hérésies. Et afin que, même ici, rien ne se fasse sans vous, (i) Le 15 octobre coïncidait cette année avec le XXII' Dimanche après la Pentecôte. (a) Ces Commentaires constituent un véritable traité de théologie polé- mique : De Summa Trinitate et Fide Calholica, qui forme le premier Titre du Code Fabrien. (Voir notre Introduction générale, tome I" de cette publi- cation, p. I.XXXI.)  Année 1595 165 hic etiam agatur, peto a te, Frater suavissime, uti ad regulam illam, « aienti non neganti incumbit probatio, » sensum genuinum, rationem a priori et a posteriori adji- cias, idque Gallice ; nam habeo caput unum in Commen- tariis quo haereticos ex hac régula velim ad probationem cogère, quantumvis negativa potius quam afïirmativa sit eorum theologia(0. Quod tua limandum erit, si placet, opéra, ut me deinceps eo vehementius reformident mi- nistri quod me tuo pugnare Marte certius cognoscent. Bene vale, Frater suavissime, et me, quod facis, ama Christumque imprimis habeto, cum clarissima universa familia, propitium ac Servatorem. Tononi, pridie id. Octobris 1595. Revu sur le texte inséré dans le P'' Procès de Canonisation.  je vous demande, très doux Frère, de donner son vrai sens à cette règle : « La preuve incombe à celui qui affirme et non à celui qui nie. » Veuillez ajouter les preuves a priori et a posteriori, et cela en français. J'ai en effet, dans mes Commentaires, un chapitre où, d'après cette règle, je voudrais forcer les hérétiques à produire leurs preuves, bien que leur théologie soit plus négative qu'affirmative ( i ) . Mettez, s'il vous plaît, tous vos soins à le bien établir, afin que désor- mais les ministres me redoutent d'autant plus qu'ils verront plus clairement que je combats sous votre égide. Portez-vous bien, très doux Frère, aimez-moi comme vous le faites, et surtout que le Christ vous protège et vous conserve, vous et toute votre très noble famille. Thonon, le 14 octobre 1595.  (i) Voir dans la lettre de Favre en date du 35 octobre, l'explication demandée.  i66 Lettres de saint François de Sales  / LXII AU PÈRE ANTOINE POSSEVIN, DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS (inédite) Nécessité pour le Saint d'obtenir la permission de lire les livres hérétiques. — Remarques sur les Institutions de Calvin et sur un ouvrage de Théodore de Bèze. — Témoignages de respectueuse confiance. Thonon, 14 octobre 1595. 3Ionsieur mon Révérend Père, Je receu seulement avanthier vostre lettre et le livre. Je prie Dieu qu'il vous rende la peyne et le soin que vous prenes pour son honneur, et vous remercie très humble- ment de l'affection qu'il vous plaict prendre a ce dont je vous avois prié. Pour vray, mon Père, si mon insuffisance n'est point l'occasion que Sa Sainteté me refuse ces grâces, il n'y a point faute [de] très urgente nécessité. Je n'ose reprendre Calvin ni Beze en façon que ce soit, la ou ilz sont imposteurs et blasphémateurs , que chacun ne veuille sçavoir ou ce que je dis se trouve ; dequoy j'ay desja receu deux afifrontz que je n'eusse pas eu si ne me fusse pas fié aux citations des livres qui m'ont faict faute. Et quo)' que toutes ces gens ne disent ni escrivent rien de nou- veau, si escrivent ilz en nouvelle façon qui requiert quelque praelusion. En fin, en ce balliage chacun manie les Institutions ^^)\ je suis es lieux ou chacun sçait ses Institutions par cœur. Au reste, vostre livre me fera un très grand office, quoy que j'eusse desja vostre Musœum et alia opéra de statu hujus scuculU^). Quant a Beze, (i) Institution de ta Religion Chrestienne, par Jean Calvin. Basle, 1535. (2) Aucun des ouvrages du P. Possevin ne porte le titre de Musœum; on peut croire que le Saint désigne par ce mot la Bibliotheca Select.z, véritable encyclopédie, qui traite des sciences, des arts, etc. Par alia opéra de statu hujus sœculi il entend probablement le livre du P. Possevin Contra Chytrceum, déjà indiqué dans les Controverses (tome P' de cette Edition, p. 199). Ce livre, réfutation de celui de Chytrée intitulé De Statu lùclesiarum, se divise en quatre parties, dont Tune porte ce titre : Alheismi lutreticorum hujus sarculi.  Année 1595 ^"7 ray sceu despuis, que tant s'en faut qu'il escrive pour appoincter de religion, que son livre (0 monstre le diffé- rend estre inappoinctable et rejette l'opinion d un autre de mesme forme qui vouloit mesler les ténèbres avec la lumière ; mays comme je n'en sçavois rien que par ouy dire, aussy j'avois esté trompé de l'autre costé pour trois relaps, gens de simple condition et de peu d'importance. Te ne pense pas que Sa Sainteté refuse. Si mon espérance réussit, je ne doute point que Sa Sainteté mesme ne reçoive grand contentement de ceste besoigne. Mays il seroit requis pour la gloire de Dieu et le salut des âmes que, selon la malice du tems et la distance des lieux. Sa Sainteté nous ouvrist par deçà un peu libéralement la main de sa clémence in foro con- scicYittcc Je parle a vous comme a celuy duquel j attens toute correction, laquelle je subiray tousjours sans réplique. Si est il, a mon advis, nécessaire que les nécessites par- ticulières [soient] sceûes, et révélées par ceux qm les voyent Je vous entretiens comme celuy que je sçay se trouver en des grandes occasions d'y prester ayde et avoir sur tout en zèle le salut des âmes. Ce pendant je ne lairray pas de solliciter vers Monseigneur de Genève affin qu'il procure vers Monseigneur le Prince, de son coste, a ce qu'il soit prouveu a ces pauvres âmes tant désolées et affligées, avec toute la charité qu'il sera possible. _^ Excuses moy, Monsieur mon Révérend Père, si j use tant librement avec vous. Je ne laisse pas d'estre très humble en l'affection que j'ay de vivre et mourir Vostre serviteur et filz en Nostre Seigneur, François De Sales. De Thonon, le 14 octobre i595- Revu sur le texte iasérc dans le I" Procès de Canonisation. (0 II est probable que le Saint fait allusion à ^ -^-^^"^"^^ ^ll^^'^'^ZZl (ibid., p. 203).  î68 Lettres de saint François de Sales LXIII AU DUC DE SAVOIE, CHARLES-EMMANUEL I"(i) Exposé des mesures à prendre pour assurer la conversion du Chablais. Heureuse influence de M. d'Avully. Thonon, 29 décembre 1595. Monseigneur, Puysqu'il plaict a Vostr 'Altesse de sçavoir les moyens que je pense (a) estre plus pregnans pour faire sortir en efFect le saint désir qu'ell'a de voir ces peuples de Chablaix réunis (b) a l'Eglise Catholique, comme jay appris de monsieur d'Avully auquel il vous a pieu d'en escrire, je diray purement et fidellement ce que j'en crois. Il est du tout nécessaire qu'il y aye un revenu certain et infallible pour l'entretenement de quelque bon nombre de praedicateurs qui soyent debrigués de tout autre soucy que de porter la sainte parole au peuple. A faute dequoy voyci la second'annëe qui se passe des qu'on a commencé de prêcher icy a Thonon, sans jamais interrompre, avec fort peu de fruict , tant par ce que les habitans n'ont voulu croire qu'on prechast par commandement de Vostr'Altesse, ne nous voyans entretenir que du jour a  ( a ) [Les variantes qui suivent sont extraites d'une copie autographe conservés à la Visitation de Rennes.] cuyderoys (b) ces peuples — reiinis (I) Charles-Emmanuel I", dit le Grand (12 janvier 1561-26 juillet 1630), qui fut, malgré ses défauts, l'un des princes les plus remarquables de la maison de Savoie, était monté sur le trône à l'âge de dix-huit ans. Aussi magnanime que belliqueux, il se montra le père de son peuple, l'ami des lettres et le protecteur infatigable de la religion. Après avoir activement secondé notre Saint dans la grande œuvre de la conversion du Chablais, il resta jusqu'à la fin sou admi- rateur et son ami, et se plaisait, en parlant de lui, à le nommer le saint Charles de ses Etats. Il favorisa l'établissement de l'Ordre de la Visitation, et après la mort du saint Evêque de Genève, fit des démarches en Cour de Rome pour obtenir l'introduction de sa cause de Béatification.  Année 1595 169 la journée, qu'aussy par ce qu'on n'a peu attirer nombre suffisant d'ouvriers a ceste besoigne, pour n'avoir ou les retirer ni dequoy les nourrir, puysque les frais mesmes qui s'y sont faitz jusqu'à présent ne sont encor payés. Et a cecy pourroyent suffire les pensions qu'on em- ployoit avant la guerre a l'entretenement de passé vingt ministres huguenotz qui prechoyent en ces balliages, sil playsoit a Vostr'Altesse de commander qu'avec une prompt'execution elles y fussent appliquées. Encores seroit il nécessaire de faire redresser les églises et y establir revenu convenable ('^l pour les curés qui en auront la charge, ne pouvans les prêcheurs s'at- tacher a aucun lieu particulier, mays devans estre libres pour aller par tous ces balliages comme la nécessité portera. Et sur tout il est besoin («i) au plus tost de dresser et parer les églises de ceste ville de Thonon et de la parroisse des Alinges, et y loger des curés pour l'admi- nistration des (e) Sacremens, veu qu'en l'un et en l'autre lieu il y a ja bon nombre de Catholiques et plusieurs autres bien disposés qui, faute de commodités spirituelles, se vont perdans ; outre ce, que cela servira beaucoup pour appri\'oiser le peuple a l'exercice de la religion Catholique, principalement sil y a moyen (f) de faire les offices honnorablement, comm'avec orgues et semblables solemnités, au moins en ceste ville qui est le rapport de tout le duché. Mays l'on prêchera pour néant si les habitans fuyent la praedication et conversation des pasteurs, comm'ilz ont faict cy devant en ceste ville. Playse donques (g) a Vostr'Altesse fair'escrire une lettre aux scindiques de ceste ville, et commander a l'un des messieurs les  (c) y establir — revenuz competens (d) El sur tout — seroit nécessaire (e) pour — administrer les (f) commodité (g) Mays parce que l'on precheroit pour néant si les habitans fuyoyent la praedication et conversation des pasteurs, comm'ilz ont faict ci devant ea ceste ville, je crois, Monseigneur, que sil plaict  lyo Lettres de saint François de Sales Sénateurs de Savo}'e de venir ic)" convoquer générale- ment les bourgeois, et en pleyn'assemblëe, en habit de magistrat, les inviter de la part de Vostr 'Altesse a pres- ter l'oreille, entendre, sonder et considérer de près les raysons que les prêcheurs leur proposent pour l'Eglise Catholique, du giron de laquelle ilz furent arrachés sans ra5'son, par la pure y^) force des Bernois; et ce, en termes qui ressentent la charité et l'authorité d'un très bon prince, comm'est Vostr 'Altesse, vers un peuple desvoyé. Ce leur sera, 31onseigneur, une douce violence qui les contraindra, ce me semble, de subir le joug de vostre saint zèle, et fera (i) une grand'ouverture en leur obstina- tion. Et s'il plaict a Vostr' Altesse y emploj^er monsieur le sénateur Favre, je tiens que son affection et sa suffi- sance y seroit extrêmement sortable. iMonsieur d'AvuUy aussy, avec son exemple et la sol- licitation familière quil pourra faire vers les particuliers, aydera beaucoup a l'œuvre ; ce que je crois quil fera volontiers selon la bonne volonté et disposition quil a, en laquelle mesme je l'ay tous-jours veu des le commen- cement que je vins icy. Apres cela, dresser une compaignie de gens d'armes ou cavallerie pour engag'er la jeunesse, suyvant l'advis de feu monsieur le baron d'Hermance, pourveu qu'elle fut dressée religieusement, avec quelques institutions chrestiennes, ne seroit pas un moyen inutile d'attirer les courages a la religion ; ny auss)'', en cas d'obstination, de priver a forme des edictz de tous offices de justice et charges publiques (j) les persistans en l'erreur. En fin, qui adjousteroit a tout cecy un collège de Jésuites en ceste ville, feroit ressentir de ce bien tout le voysinage, qui, quand a la religion, est presque tout morfondu. Reste, Monseigneur, que je remercie Dieu qui vous présente de si signalées occasions, et allum'en vous de  (h) sans — autre raysoa ni persuasion, mais par la "seule (i) qui les contraindra — de subir librement le joug de vostre saint zèle, et fera, ce me semble, (j ) des edict^ de — toute sorte d'office de justice  Année 1595 171 si sains i^) désirs de luy faire le service pour lequel il vous a faict naistre prince et maistre des peuples. Il y a de la despence en ceste poursuite, mais c'est aussy le suprême grade de l'aumosne chrestienne que de procurer le salut des âmes. Le glorieux saint Maurice, auquel Vostr'Altesse porte tant d'honneur, sera nostr'advocat en ceste cause pour impetrer de son Maistre toute béné- diction a Vostr'Altesse, qui est(i) l'instrument principal et universel de l'establissement de la foy catholique en ces contrées, lesquelles il arrousa i'^^) de son sang' et de ses sueurs pour la confession de la mesme foy. Ainsy prie je sa divine Majesté pour la prospérité de Vostre Altesse, comme je dois, puysque je suis né et mourray, Monseigneur, de Vostr'Altesse, Très humble et très obéissant sujet et serviteur, François De Sales, indigne Praevost de l'Eglise de Genève (°). De Thonon, le 2g décembre 1595 (»). Revu sur l'Autographe conservé à Turin,. Archives de l'Etat.  (k) bons ( 1 ) auquel — vous portes tant d'honneur, sera nostr'advocat en ceste s"= cnuse au près de son Maistre pour impetrer toute bénédiction a V. Altesse, qui sera (m) a arrousëes in) je suis ne ei — nourri, vivray et mourray, Monseigneur, Vostre treshumble et tresobeissaut sujet et serviteur. (o) Le 39. 10. 95. a Thonon.  172 Lettres de saint François de Sales  MINUTE DE LA LETTRE PRECEDENTE  («) Monseigneur, Puysque il plaict a V. A. de sçavoir quelz moyens je cuyderoys estre plus preignans pour la réduction de ces peuples a la foy catholique, comme j'ay appris de monsieur d'Avully auquel il vous a pieu d'en escrire, je produyray purement et fidellement ce qu'il m'en semble. Voicy la second'annëe que, par vostre bon playsir et le commandement de Monseigneur le R™^ Evesque de Genève, quelques vertueux personnages et moy avons prêché icy a Thonon et es Alinges. Il est du tout néces- saire quil y ait un revenu certain et infallible pour l'en- tretenement de quelque bon nombre de prédicateurs, pu3^sque pour croire il faut ouïr et l'on ne peut ouyr sans •Cf. Rom., X, 14. prêcheur*, et que ceux qui viendront icy pour prêcher doivent estre debrigués de tout autre soucy que de porter la parole de Dieu. A faute dequoy voicy la second'annëe que Ton prêche icj^ a Thonon sans beaucoup de fruict, tant par ce que les habitans ne peuvent croire que ce soit par l'aveu ou bon playsir de V. A., (b) ne nous voyans entretenir que du jour a la journée, que par ce qu'on n'a peu attirer nombre suffisant d'ouvriers ('^) a ceste sainte besoigne, pour n'avoir ou les retirer ni moyen de les y nourrir, mesme que la despence qui s'y est faite jusqu'à présent n'a encor esté payée. A quoy pourroyent suffire les pensions qu'on employoit avant ces guerres a l'entre- tenement de vingt et tant de ministres huguenotz qui  (a) Monseig'', Je loue Dieu de voir par effect le zèle et «"= affection que je sçavois... croyois estre en V. A. pour l'advancement de la foy catholique en ce pais. Monsieur d'Avully m"a faict voir que V. Alt. desiroit sçavoir les moyens que je penserois estre plus propres pour ce dessain. Monseig'', ja que sous vostre bon playsir j'ose vous produyre mon avis... (b) de V. A., — fn'y voyant rien de ferme. ..J (c) d'oHvritrs — fa U vigne,. .J  Année 1595 173 prechoyent en ce duché, sil playsoit a V. A. de com- mander qu'avec une prompt'execution elles y fussent appliquées. Encores seroit il nécessaire de faire redresser quelques églises en quelques lieux qui seroyent jugés plus a propos, avec les autelz bien proprement parés, pour( ( 1 ) di— Dio  198 Lettres de saint François de Sales io stesso a V. S. 111™% allaquale priegho continuamente dal Signore Iddio ogni contento, essendo, Di Sua Paternità lU'"' et R™% Perpetuo et divotissimo servitore, Franc" De Sales, indegno Prsevosto délia Cathédrale di Geneva. Di Anessi, alli 6 di Majo 1596. A rill"'° et Rever"'*^ Sig'' mio osservandissimo, Monsig'' rArcivescoiio di Bari, Nuntio Apostolico appresso di Sua Altezza. Turino. Revu sur l'Autographe conservé à Rome, Archives du Vatican.  Je prie sans cesse le Seigneur notre Dieu de vous combler de toute sorte de contentement, demeurant, De Votre Paternité Illustrissime et Révérendissime, Le perpétuel et très dévoué serviteur, François de Sales, indigne Prévôt de la cathédrale de Genève. Annecy, le 6 mai 1:596.  LXXI A MONSIEUR d'aVULLY (O Envoi d'un commentaire de saint Jérôme. — Joie d'apprendre la conversion de M™' de Rovorée. — Attente de l'arrivée du duc à Thonon. Sales, 10 mai 1596. Monsieur, •lnEccies.,adcap. Je VOUS envoye le commentaire de saînt Hierosme* tout au long, duquel ont estes tirées les paroles qui (i) Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, Montfort , Vigny, la Chapelle, baron d'Hermance après la mort de son beau-frère, François- Melchior de Saint-Jeoire (1597), était un des personnages les plus marquants  IX.  Annéf. 1596 ^99 vous faysoyent difficulté (D. Il est clair et net, plein de doctrine catholique, puysque la parole de l'Apostre * de- * Gaiat., uit., 8. meure : Ouœ seminaverit Jiomo, hœc et metet. Et le secours que les âmes qui sont en Purgatoire reçoyvent, n'est autre qu'une recompense de la communion de l'Eglise en laquelle les personnes chrestiennes meurent, communion par laquelle elles ont mérité d'estr'aydëes par nos prières. Et c'est la ou se rapporte la première partie du commentaire, quand il dict : « Mortui vero nihil valent adjicere ; » c'est a dire, ilz ne peuvent plus acquérir de mérites ni de justice, mais ilz peuvent bien percevoir le fruict de celle quilz ont eu en ce monde, et en vertu de la communion des Saintz, en laquelle ilz sont decedés, peuvent estr'aydés par les prières, ausmones et satisfac- tions. Le dernier sens quil apporte du chie7i mort et lion vivant'^ est mistique ou allégorique ; mays vous • Eccies., ,x, 4. considereres mieux que moy tout cecy. J'ay eu ceste bonne nouvelle que madame de Ra- voyrëe ( = ) et sa fille de chambre avoyent abjuré l'heresie. du pays par rancienneté de sa maison, l'importance des fiefs qu'il possédait en Chablais, et par l'illustration qu'il s'était acquise dans les armes et dans les lettres II avait été longtemps le principal appui du protestantisme et de- meurait encore juge du consistoire de Tlionou. Son âme droite et loyale fut ébranlée en assistant au premier sermon de saint François de Sales{24 juin 1593); dès lors il chercha la vérité, et, non content de l'embrasser dès qu'elle lui fut connue, il seconda activement le courageux Apôtre entre les mains duquel, d'après plusieurs contemporains, il aurait abjuré l'hérésie à Thonon. Toutefois la cérémonie solennelle de son abjuration eut lieu à Turin, le 26 août 1396, en présence du Nonce apostolique et de l'Inquisiteur. Le seigneur d Avully épousa en premières noces (3 janvier 1573) Jeanne-Andrée de Saint-Jeoire, fervente catholique qui contribua beaucoup à sa conversion, et en secondes noces (contrat dotal du 10 octobre 1608), Florise de Boy vin, baronne du ViUars. Il mourut en 1610, âgé d'environ cinquante-neuf ans. On a de lui quelques ouvrages de peu d'étendue, entre autres : Copie de la lettre du Seigneur d' Avully touchant la dispute des ministres avec le R. P. Chérubin, prescheur de V Ordre des Capucins, mdcviii. Armes offensives et défensives contre les hérétiques calvinistes, par messire Antoine de Sainct Michel, gentilhomme savoy^ien, seigneur d' Avully. Tonon, Marc de la Rue, 1602. ( I ) Cet extrait de saint Jérôme, écrit de la main d'un secrétaire, est joint a l'Autographe de la présente lettre ; on a jugé à propos de le reproduire ci-après. (2) Madeleine de Saint-Michel, fille du seigneur d'AvuUy et de Jeanne- Andrée de Saint-Jeoire, avait épousé François de la Fléchère, seigneur de Rovorée ou Ravorée, en Faucigny. Elle était veuve en 1623.  Vers. 3.  200 Lettres de saint François de Sales Je ne sçai si elles auront esté instruittes a plein fons, et partant je vous supplie, ou par lettre ou autrement, les consoler. Que si loccasion se praesentoit, je voudrois bien sçavoir s'il leur sera point demeuré de scrupule, car il est mal aysé a personnes qui ne sçavent pas poiser la fermeté de la vraye Eglise de démordre ainsi tout a coup. Or, Monsieur, c'est chose vostre , que je ne vous dois pas recommander si je ne vous estois tant serviteur que je suis. Je languis en ceste si longu' attente de Son Altesse, laquelle ne venant pas ceste prochaine semayne, comme on praetend, je retourneray a Thonon pour l'attendre. Ce pendant j'y envoj'e mon cosin (0. Monseigneur le Nonce m'escrit que Son Altesse est très bien résolue pour le revenu des bénéfices et affectionnée a ceste besoigne. Je prie Dieu nostre Créateur quil nous face vivr'et mourir pour son service, et vous supplie croire que je suys, Monsieur, Vostre humble serviteur, France De Sales. A Sales, le lomay 96, ou je bayse les mains de madame i^ostre compaigne et de toute vostre honorable brigade. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy. ( r ) Le chanoine Louis de Sales, à qui une note biographique sera consacrée plus loin.  EXTRAIT DU COMMENTAIRE DE SAINT JÉRÔME (Voir la note (i) de U page précédente) Est confidentia quoniam canis vivens nwJior est leone mortuo; quia Eccies., IX, 4-6. viventes sciunt quod moriantur et ;w/7?,^ de Ter.i,r, et "«ritf po^rTn: graade par. a„ succès prodigieux des Q.ua,an.e-Heu,.s d-A.».n.a,se ("P"™""' 'J7,^, „„a„ à R„,„e pour assister au Chapitre L'a.nee P""^" "^."^Vv' ^'ppor.é un Bref de Clément VIII à l'adresse ,^t::::pt^;.rTd'':,?:re;^:;u:^,,^,LeP.B%ru mourut à Lyon eu i6oa à un âge très avance.  238 Lettres de saint François de Salbs È vero che il signor cavaglier Bergera, lator di queste, mi ha promesse, mediante l'authorità di V. S. 111'"% di far ogni sforzo appresso il Consiglio délia Religione de' Cavaglieri acciô ci sian lasciate afFatto tutte le cure di questo balliagio. per far poi il servitio compito, con questa conditione, che altro da loro non cercassero. Et sopra questa sua intentione mi ha sollecitato di scrivere a V. S. 111'"''; il che io faccio molto volontieri, per esser la cosa et giusta et molto a proposito per conto di questa impresa, acciô non habbiamo da esser cortegiani de' Ca- vaglieri et loro pensionarii, che è cosa, se m' è lecito di dirlo, molto disdicevole et di gran danno al frutto che si puô sperare. Esso ha ancora voluto che io ne scriva a Sua Altezza et al Consig-lio de' Cavaglieri , il che ho fatto per non pretermettere dal canto mio quel poco che da me si puô addimandare. A'oleva ancora che io ne scrivessi a Sua Santità; ma quanto a questo non me basta l'anima di far volare le lettere mie cosi alto immediatamente, massime che in questo particolar V. S. 111'"" puô et vuole tutto il necessario. Cosî ancora non ho dato altro ragua- giio a V. S. Ill'"'' delli trecento scudi ordinati per pagar  Il est vrai que M. le chevalier Bergera, porteur de ces lettres, m'a promis, moyennant l'autorité de Votre Seigneurie Illustrissime, de faire tous ses efforts auprès du Conseil de l'Ordre des Chevaliers, afin que toutes les cures de ce bailliage nous soient complètement abandonnées pour que le service divin puisse s'y faire entièrement ; mais cela, à la condition qu'on ne leur demanderait plus rien. Il m'a pressé de vous communiquer cette proposition, ce que je fais très volontiers, la jugeant juste et très utile à cette entreprise ; car il ne faut pas que nous ayons à devenir courtisans et pensionnaires des Chevaliers, ce qui, s'il m'est permis de le dire, serait inconvenant et préjudiciable au fruit qu'on peut espérer. 11 a encore voulu que j'en écrivisse à Son Altesse et au Conseil des Chevaliers, ce que j'ai fait pour ne pas négliger de mon côté le peu qui est en mon pouvoir. Il voulait aussi m'engager à écrire à Sa Sainteté ; mais quant à cela je ne me sens pas le courage de faire voler directement mes lettres si haut, d'autant plus que Votre Seigneurie peut et veut tout ce qui est nécessaire à cet égard. De même, je ne vous ai point encore parlé des  Année 1597 239 le spese fatle sin adesso, per non esser ancora finito il pagamento di essi ; et tuttavia, et quelle et ogni altra gratia venuta di là, la devo et ricognosco dalla bontà di V. S. iir-^ AU'Ill'"'' et R"^° Patron Sig''^ mio osservandissimo, Il Sig""^ Archivescovo di Bari, Noncio Apostolico appresso S. A. Seren"'*. Turino. Revu sur le texte inséré dans le P' Procès de Canonisation.  trois cents ëcus destinés à couvrir les dépenses faites jusqu'ici, vu que le paiement n'en est pas achevé. Toutefois, ce bienfait et tous les autres qui nous sont venus de Son Altesse, je reconnais les devoir à la bonté de Votre Seigneurie Illustrissime  LXXXVI A U M Ê M E ( MINUTE ) Lettres reçues du Nonce. — Remerciements pour la protection accordée à trois églises de Savoie. — Eloge du chevalier Bergera. — Difficultés qui retardent rétablissement des curés en Chablais. — Pauvreté des paroisses. — Prétentions injustes des Chevaliers des Saints Maurice et Lazare relati- vement à la nomination des curés. — Pension due au prédicateur d'Evian. Thonon, 2 mars 1597. Illustrissimo et Reverendissimo Signor mio osservandissimo, Da quindeci giorni in qua ho ricevuto tre lettre che si compiacque V. S. lU'"" et R™" di scrivermi : una alli  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, Depuisquinzejoursj'ai reçu lestrois lettresqu'il plut à Votre Seigneu- rie Illustrissime et Révérendissime m'écrire : l'une du 10 décembre  LXXVII  240 Lettres de saint François de Sales X di Décembre de l'anno passato, la seconda al 4 de Genaro et la terza alli 6, (0 et la quarta alli 4 de Febraro. Ma quanto alla prima, nella quale V. S. 111""' mi co- mandava di ritornar qui in Tonone, non ho da farglie altra risposta colla carta, poi che già Tho latta alla sua intentione col l'efFetto. Quanto alla seconda, ho da ringratiare quanto più posso humilissimamente V. S. Iir"^qual si degna pigliarsi cosi volontieri in protettione le nostre cose di questa diocaesi, et particolarmente nel procurar che quel legato lasciato in Roma ci sia riservato (»), non ostante la prse- Vide supra, Epist. tentione délia fabrica di San Pietro*; et già che per l'ultima sua V. S. 111™" mi commanda che se ne scriva a qualche savoyardo stante in Roma, acciô ne tratti con li deputati délia fabrica et habbia ricorso al signor Car- dinale Aldobrandino, cosi si farà. Vedo poi la gran fatica che V. S. 111""' havrà durata per haver la provisione per li sei curati, et no posso ch'io non ammiri il poco zelo de chi, in questo negotio, havrà  de l'année passée, la seconde du 4 janvier et la troisième du 6, ( i ) et la quatrième du 4 février. Quant à la première, par laquelle Votre Seigneurie m'ordonnait de revenir ici à Thonon, je n'ai pas à y répondre par écrit, puisque j'y ai répondu de fait en obéissant à votre intention. Pour la seconde, j'ai à vous remercier le plus humblement que je le puis d'avoir, avec tant de bienveillance, pris sous votre protection les intérêts de ce diocèse, surtout en procurant que le legs de Rome nous soit réservé, nonobstant les prétentions de la fabrique de Saint- Pierre. Puisque Votre Seigneurie me commande par sa dernière lettre d'écrire à quelque savoyard habitant Rome, afin qu'il traite de cette affaire avec les mandataires de la fabrique et qu'il recoure au Cardinal Aldobrandino, ainsi sera-t-il fait. Je vois les grands embarras que Votre Seigneurie Illustrissime aura eus pour obtenir la provision en faveur des six curés, et je ne puis que m'étonner du peu de zèle de ceux qui font des difficultés en (a ) lasciato  ( I ) La fin de cette phrase est ajoutée en surcliarge dans l'Autographe.  Année 1597 241 fatto le difficoltà. Et sia laudato Iddio seterno (^) délia patientia et zelo che ha dato a V. S. 111™'' per far infine spontar questa benedetta impresa con questo principio, del quai, per dar distinto raguaglio a V, S. lU'"'', dirô che ciè un pezzo che il signor cavagiier Bergera è giunto qui con quel ordine che mi scrisse V. S. 111'"" ; ( = ) et essendo allhora in Annessi per certo negotio (<^), ritornai quanto prima per non esser cagione délia retardatione di cosî importante servitio, quantumque io fossi certo che questo cavagiier saria qui un pezzo, per haver a ris- cuotere da sette millia ducati per la sua Religione, che è una summa laquale no si fa cosî presto fra questi trava- gli di guerra. Onde essendo venuto, ho trovato questo gentilhuomo tanto ben disposto, che io son ubligato di dar testimonio a V. S. 111'"^ che se tutti gli altri di quella Relligione fossero cosî fatti, V. S. 111'"" non fosse stata tanto travagliata. Et hieri si diede principio al  un pareil sujet. Loué soit le Dieu éternel de la patience et du zèle qu'il vous a départis pour faire, par un modeste commencement, éclore enfin cette bénite entreprise. Afin de vous donner pleine con- naissance des choses, je dirai que M. le chevalier Bergera est arrivé ici depuis longtemps, muni de l'ordre dont vous m'avez écrit. Je me trouvais alors à Annecy pour quelque affaire, mais je revins aussitôt afin de ne pas causer de retard dans un aussi important service. Ce- pendant j'étais sûr que le séjour de ce chevalier serait de longue durée, car il avait à percevoir pour son Ordre sept mille ducats, somme qui ne peut se toucher si vite parmi ces troubles de guerre. Or, à mon arrivée, ce gentilhomme me parut si bien disposé, que je dois lui rendre ce témoignage : si tous les membres du même Ordre lui ressemblaient, Votre Seigneurie Illustrissime n'aurait pas été si fort importunée. Hier on commença le paiement du blé : (b) Iddio œterno — fde questo poco principio che con tante fatighe di V. S. I11'"»...J (c) V. S. Ill'"" ; — fma perche haveva da riscuotsre qui per la sua Relli- gione da sette millia ducati, é stato... et ha ritrovato i suoi debitori senza denari. Et hieri si diede principio al pagamento de'frumenti che furono assegnati, et domani, per quanto egli pur hieri me disse, si dara principio al pagamento del denaro.J (d) in Annessi — fet con i miei parentij per certo negotio fd'importanzaj Lettres I '6  242 Lettres de saint François de Sales pagamento del frumento ; domani, per quanto mi ha detto, si comminciarà il pagamento de vino et denari. Et per dire del praetio di queste pensioni, seconde che me ne riferiscono questi habitatori di Thonone, no puô esser uno anno per Taltro più di ottanta scudi; et confes- se che questo potria bastar dove li sacerdoti havriano qualche commodità di casa et albergo et di star molti insieme. Et si dovriano pensare i signori Cavaglieri, che in questo paese mancaranno tutte le cose mondane alli sacerdoti, dalla discortesia in poi. 31a, come mi scrive V. S. 111'"^, l'istesso Signore che da piccoli semi, per mezzo del tempo, fa uscir grandissimi alberi, darà ancora col tempo et la fatica di V. S. 111"" un giusto augmente a questo debole principio. Ho buona provisione de sacerdoti, quali di subito si sbrigheranno per venire qui (e) alla patientia et mortifica- tione, et usarô ogni diligentia acciô siano ricchi di buona vita et almanco commodi di lettere. Questa Quadrage- sima spero di collocarne quattro in diversi luoghi, et si (sic) io potessi li collocaria tutti sei. 31a no si possono  demain, à ce qu'il m'a dit, on commencera les paiements en vin et en argent. Quant à la valeur de ces pensions, elle ne peut, au rapport de ces habitants de Thonon, dépasser en moyenne quatre-vingts écus. J'avoue que cela pourrait suffire là où hs desservants auraient la jouissance d'une maison et habitation et la facilité de demeurer plu- sieurs ensemble. Cependant messieurs les Chevaliers devraient penser que, dans ce pays, les prêtres souffriront disette de toutes choses, si ce n'est de procédés désobligeants. Mais, comme Votre Seigneurie me l'écrit, le même Dieu qui, avec le temps, fait sortir de très grands arbres des petites semences, donnera aussi, moyennant le temps et votre travail, un accroissement convenable à ce faible commencement. J'ai un bon nombre de prêtres qui se dégageront bientôt pour venir s'exercer ici à la patience et à la mortification ; je mettrai tous mes soins afin qu'ils soient riches de bonne vie et du moins, bien pourvus de savoir. Ce Carême, j'espère en placer quatre en (c) qui — fa patirc.J  Année 1597 243 ben introdurre sensa far un poco de prseparatione con il far qualche sermoni cathechistici ; il che si deve far da qualche predicatore prattico, et adesso non è possibile haverne per esser impediti tutti nelle quadregesimali prae- diche.(f) Egli m'è necessario di star qui la Ouaresima, ne posso io molto trascorrere adesso, poichè egli m' è necessario horamai, per mancamento d'altri, di attender aile confessioni per Pasqua. Non v'è poi ne chiesa ristaurata, ne altare drissato ; manco habbiam calici, messali et altre simili commodità necessarie per le sei parrochie. D'il che trattando col signor cavaglier Bergera et non havendo egli carico di lasciarci denari per questi servitii, si è contentato di spender da otto o dieci ducatoni per la chiesa di Tonone, dove ogni cosa era sotto sopra, sensa altra commodità se non d'un semplice et mal fatt' altare de legno che s' era fatto questo Natale*. Et per aiutarci al restante che si * Cf. supra, p. 228. conveniva haver si in Tonone corne nell' altre parrochie,  divers endroits, et si je le pouvais je les placerais tous six. Mais on ne saurait les introduire sans leur préparer d'abord les voies par quel- ques sermons catéchistiques faits par un prédicateur expérimenté ; et maintenant il est impossible d'en avoir parce qu'ils sont tous retenus par les prédications quadragésimales. Pour moi , je suis contraint de passer le Carême ici ; je ne puis non plus beaucoup me déplacer, étant désormais obligé, à défaut d'autres, d'entendre les confessions pascales. Au reste, il n'y a ni église restaurée ni autel dressé; nous n'avons pas même des calices, missels et tels autres objets indispensables aux six paroisses. J'en ai parlé au chevalier Bergera ; mais n'étant pas chargé de nous délivrer de l'argent à cet elTet, il s'est borné à dépenser huit ou dix ducatons pour l'église de Thonon où tout était sens dessus dessous, sans autre ameublement qu'un simple autel de bois, mal fait, qui a été construit pour Noël. Afin d'aider à nous pourvoir de ce qui est encore requis, soit à Thonon soit dans les autres paroisses, il a bien voulu alTectcr à cette dépense le montant (f) prcediche. — fSaro costretto a contentarme di collocarne 4; il che, oltra ch' io no posso esser molto tempo fuora di Tonone... absente in questo tempo. ..J  244 Lettres de saint François de Sales si [è] contentato di assegnar il principio délie sei pensioni dal 15 di Genaro sin al primo di 3Iarzo, che si è dato principio al pagamento ; et dal primo di Marzo sin tanto che sian coUocati li sei curati, correndo sempre le pen- sioni, potremo forse avanzare da 60 o 70 scudi per comperar le cose più necessarie et far il manco maie che fia possibile. Et accio li signori Cavaglieri no facciano compassione a Sua Santità col la loro povertà protestata, assicuro V. S. 111'"'' che Tintrata che cavano da questo balliagio de' béni ecclesiastici sarà d'un anno per l'altro di quattro millia ducati buoni. Quanto alla polizza del signor di Ruffia, nella quale desiderano li Cavaglieri che alcuni curati che prestano il nome a' laici che tengono cure ne'balliagi rimettessero esse cure alla Religione, come proprietaria, per conces- sione di Sua Santità, de' beneficii de'balliagi, quando tai curati non siano habili a far servitio, et essendo habili, che siano admessi al numéro delli sei, il signor cavaglier Bergera no m' ha proposto questo particolare ; ne posso intendere come vogliono questi clerici armati che un  des six pensions à partir du 15 janvier jusqu'au i'^'" mars, époque à laquelle on a commencé le paiement. Depuis le i^"" mars jusqu'à ce que les six curés soient installés, ces pensions courant toujours, nous pourrons peut-être réaliser une avance de soixante à soixante et dix écus pour acheter les choses les plus nécessaires et faire le moins mal possible. Mais afin que messieurs les Chevaliers n'exci- tent pas la compassion de Sa Sainteté par leur pauvreté prétendue, j'assure Votre Seigneurie Illustrissime que le revenu qu'ils tirent des biens ecclésiastiques de ce bailliage est en moyenne de quatre mille bons ducats. Par un billet de M. de Ruffia, les Chevaliers témoignent désirer que plusieurs curés qui prêtent leur nom à des laïques, possesseurs actuels de certaines cures en ces bailliages, remettent ces cures, s'ils ne sont pas aptes à les desservir, à l'Ordre qui est propriétaire, par concession de Sa Sainteté, des bénéfices des bailliages; et, s'ils ont les qualités requises, qu'ils soient compris au nombre des six curés pensionnés. Le chevalier Bergera ne m'a fait aucune proposition à ce sujet. A la vérité, je ne puis comprendre comment ces clercs armés prétendent  Année 1597 245 curato confidentiario possa esser habile per esser admesso nel numéro delli sei, che devono esser un poco più cos- tumati che non sogliono esser li confidentiari. Laudo Iddio benedetto che Sua Santità habbia qualche intentione di coUocare nell' abadia dell' Abondanza i riformati di San Bernardo, et priegho il Signore glie ne dia absolutissima volontà a beneficio dell' anime. Quanto poi al novo Abbate, vorrei ben preghar humilissima- mente V. S. 111™^ si degni commandarglie che faccia paghar essattamente et compitamente la pensione che si sud dar dall' Abbate (g) al P. Prœdicator ordinario di Evian, il quai adesso è un meritevole dottor, Provinciale delOrdinedi San Domenico(0; et T hanno fatto stentare già r anno passato, et tuttavia lo fanno più stentare questo. Et io ho in questo un poco de l'intéresse parti- colare, per esser Evian una terra vicina, catholica quanto si puô dire, et ha gran bisogno di buon praedicatore, quale non puo havere senza questa pensione.  qu'un curé confidentiaire puisse être capable de compter parmi les six, qui doivent avoir des mœurs un peu plus réglées que n'en ont d'ordinaire les confidentiaires. Je loue le Dieu béni de ce que Sa Sainteté a quelque intention de placer dans l'abbaye d'Abondance les réformés de Saint-Bernard, et je supplie le Seigneur lui en donner une volonté absolue pour le bien des âmes, auant au nouvel Abbé, je voudrais supplier Votre Seigneurie Illustrissime de lui ordonner de payer exactement et entièrement la pension que l'Abbé de ce monastère a coutume de délivrer au P. Pré- dicateur ordinaire d'Evian. Celui-ci est actuellement un très digne doc- teur de l'Ordre de Saint-Dominique (0 : on l'a déjà fait endurer l'année dernière, et on le fait encore plus endurer cette année. J'ai en ceci un certain intérêt particulier, parce qu'Evian est une ville de notre voisi- nage, catholique autant qu'on peut le dire; elle a donc grand besoin d'un bon prédicateur, qu'elle ne saurait avoir sans cette pension. (g) si suol — dair Abbate paghar  (i) Le P. Jean de Fossias ou de Foissia, religieux Dominicain du couvent de Montmélian, docteur de la Faculté de Nantes. Il avait été élu vicaire géné- ral de la province Gallicane de son Ordre au Chapitre de Blois {i6 mai 1^96), et fut absous de cette charge trois ans plus tard au Chapitre de Troycs.  246 Lettres de saint François de Sales Vedo poi il dispiacere che ha sentito Sua Altezza deir oppositione che fecero questi di Thonone ail" eret- tione deir altar. et ne ho ricevuto una lettera quai mi consola assai : non havendo perô lasciato di ériger T altar nonostante V oppositione fatta, perché no si faceva dal consenso publico délia terra, ma dalla sola passione de certi particolari Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.  Je vois de plus la peine que Son Altesse a éprouvée en apprenant l'opposition apportée par ces gens de Thonon à l'érection de l'autel ; j'en ai reçu une lettre qui m'a bien consolé. Nous ne laissâmes pas pour autant d'ériger l'autel, malgré cette opposition, car elle ne se taisait pas du consentement public de la ville, mais seulement par la passion de quelques particuliers  LXXXVII  AU MEME  .MINUTE INEDITE  Protestations d'obéissance et de dévouement. — Nouvel exposé des difficultés de la mission. — Promesse faite par les Religieux d'Ainay. — Prédication du Saint à Cervens. — Destination du chanoine Roget. — Les hérétiques prétendent retirer à M. d'Avully la dignité de juge de leur consistoire. Thonon, 12 mars 1597. lUustrissimo et Reverendissimo Signor mio osservandissimo. Hoggi ho ricevuta la lettera di Y. S. Ill~' del 25 de Febraio, con il triplicato délie praecedenti. laquale mi ha  Mon très honoré. Illustrissime et Révérendissime Seigneur, J'ai reçu aujourd'hui votre lettre en date du 2^ février, avec la triple copie des précédentes : elle m'a causé autant de douleur que  Année 1597  247  recato altretanto di dolore quanto V. S. lU ' m, mostra Thaver in ammiratione la tardità dalla m.a r.sposta a quelle prœcedenti. temendo che V. S. IIV" m habb.a per poco desideroso di esseguire li suoi commandament.. Et supplice humilissimamente la sua bonta d> creder p.u fosto ogni aura cosa d'un servuor tanto ubl.gato et d,- oto e? che me è mattcato la comntod.tà, no la volonta, mas ime perché io andavo aspettando di giorno m gtorno Tpartenza del signor cavaglier Bergera et ,1 pnncp.o dell-essecutione delVordine dato per 1. set curati, per dar poi risposta a V. S. lU- et più grata. et pu. stcura, '^Hora 3ratio humilissimamente V. S. lU" délia pro- Jriora nii-^ictLiv^ f^^pnpva * et * Vide supra, p.240. tettione che se presa da queste ch.ese d> (^ene^a et délia risposta havuta dal signor Cardinale Aldobrandmo. Dalla partenza del signor cavaglier Bergera m qua, non ho havuto né danari. ne altro che quelle tren a coppe ( ■ 1 di fromento che lasciô. Xè questo e mancamento de detto cavaglier. quai è buon et di buona intent.one; Votre Seigneurie Illustrissime me montre détonnement du retard de la rlponfe aux lettres précédentes, car elle minsp.re la cra.n d et^e Lu pour peu empresse a exécuter vos ordres. Je suppl.e tre. hum bCent votre bonté de croire plutôt toute autre chose d^- «.m eu oui vous a tant d'obligations et qui vous est s, attache, et d être per suadé que c'est l'occasion et non la volonté qui m'a manque. C e,t rtou que j'attendais de jour en jour le départ du chevaer Bergera et la mise à exécution de l'ordre donné pour les s,x cures, ^f" «^""^^ ensuite une réponse plus satisfaisante, plus sure et Pl"^.'»"^? f^' Maintenant je remercie très humblement Votre S-gne r = U'us- trissime de la protection accordée a ces egl.se, du d.ocese de Genève et de la réponse du Cardinal .\lJobrand.no. Depuis le départ de M. le chevalier Bergera je n a, plus reçu m argent ni autre chose, sinon les trente coupes!.^ de froment qu ,1 laissa. Ce n'est pas la faute dudit chevalier, qui est bon et b,en .nten- tionné, mais celle des gens qui ont affermé les b.ens de la Rel.g.on (,) „.„„ de capacité ,ui variai, .a Savoie selon les locali.es. La coupe de Thonou équivalait à ci!i) pourroit estre secourue avec une petite pièce des graines de  (a) [Les variantes qui suivent sont extraites d'une minute écrite sur le même feuillet que la lettre précédente.] pauvres — Catholiques, vieux, rinhabiles...J qui ont vescu icy un grand espace de tems avec un'admirable constance en la religion (b) nécessité  252 Lettres de saint François de Sales Ripaille et Fillr i qui sont destinées aux aumosnes, je suppliay très humblement Yostre Altesse, a leur nom, de leur en assigner quelque portion ; et selon la pieté dont Dieu Ta enrichie elle le trouva raysonnable. 31aintenant je sçai que ces aumosnes (c) se reduysent aux Alinges pour la munition de la garnison ; ma3's je ne laisseray pas pour cela d'oser supplier Vostre Altesse quil luy plais'ordonner '^^ que, d'une si grande quantité, quattre ou cinq muys (-; en soyent appliqués a ces pauvres gens vieux et a un autre qui, estant encores de bon aage, ne laisse pas d'estre pauvre 1^" et, moyennant cest'aumosne, pourra servir au clocher pour les Catholiques. Il y a aussy certains petitz vilages qui estoyent an- ciennement de la parroisse d'Alinges, et personne ne leur contredisoit d'en estre encores maintenant ; mays par ce que Vostre x\ltesse, selon son saint zèle, a gra- tiffié'^^ la parroisse d'Alinges d'un'immunité de toutes charges pour quattre ans a venir, en contemplation de  (c) Vostre Altesse — de leur en assigner une portion, et elle le jugea raysonnable. Mais parce que je n'eu pas le tems pour en solliciter le dé- pêche, la chose en demeura-la. Maintenant je sçai fque ces aumosnes la ont esté portées. ..J qu'elles {d) je ne — lairray pas pour cela de supplier encores V. A. de commander (e) <2 ces pauvres — fqui tous sont impuyssans, vieux, sinon un qui ne laysse pas d'estr'indigent et que je desirerois employer a un service public. ..J et impuyssans gens vieux, et a un autre qui, estant encores jeune, ne laysse pas d'estre indigent (f) a — voulu gratiffier  ( i) Les prieurés de Ripaille et de Filly, placés tous deux sous la Règle de Saint-Augustin, comptaient, l'un quinze religieux, l'autre, huit seulement. Le premier avait été fondé près de Thonon (1410), par le duc de Savoie Amédée VIII ; le second, situé entre Thonon et Douvaine, faisait remonter son origine au commencement du xi^ siècle. Ils avaient été pourvus de riches dotations, mais à la charge de faire d'abondantes largesses aux pauvres des paroisses environnantes. Lors de l'occupation bernoise, les envahisseurs chas- sèrent les moines et confisquèrent toutes leurs possessions. Néanmoins ces nouveaux maîtres continuèrent à Ripaille « une aumône solennelle qu'ils faisaient trois fois la semaine pour se faire aimer du peuple. » Les bâtiments de Filly furent convertis en hospice destiné à héberger les mendiants. ( 3 ) Mesure de capacité qui pour le froment équivalait à douze coupes (voir ci-devant, note (i), p. 247), et à vingt-quatre pour les céréales de moindre valeur.  Année 1597  -?p  leur retour a l'Eglise (g), on a opposé a ces petitz vilages que du tems de l'occupation des Bernois on leur com- manda d'aller ailleurs a la praeche. Je supplie donques très humblement Vostre Altesse d'eslargir plus tost sa libéralité sur ces vilages par une déclaration, que d'es- tressir(h) ceste première parroisse qu'on a dressé en ce pais a la foy catholique. Les gens du consistoire suprême de ce balliage taschent de lever a monsieur d'AvuUy la judicature qu'il ( i ) y tient de Vostre Altesse ; mays puysque ce consistoire n'est que pour la correction des meurs et qu'il n'en est faitte aucune mention au traitté de Nion, a ce que j'ay peu apprendre, comm'on ne perd pas le jugement pour se faire catho- lique, aussy n'en devroit on j ' pas perdre la judicature, spécialement quand elle dépend de la volonté (^) de Vostre Altesse, pour la santé de laquelle je ne cesseray de prier Dieu nostre Seigneur, comm'ayant ce bien [de] me pouvoir et devoir dire, Monseigneur, De Vostre Altesse, Très fidelle et très humble sujet et serviteur, François De Sales, indigne Prévost de S' Pierre de Genève ( ^ ). A Thonon, le 12 mars 97. Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.  (g) l'Eglise — Catholique (h) d'aller — a la prseche ailleurs qu'Alinges. Je supplieray très humblement V. A. d'eslargir plus tost sa libéralité sur ces petitz vilages que d'accourcir (i) de ce balliage — tascheroyent volontiers de lever la judicature que monsieur d'Avully (j ) devra-on (k) nomination {\) je — prie Dieu en tout'humilité, comm'ayant cest honneur d'estre , Monseig""...  254 Lettres de saint François de Sales LXXXIX A .■\10XSEIGXEUR JULES-CÉSAR RICCARDI ARCHEVÊQUE DE BARI. XONXE APOSTOLIQUE A TURIN ( INÉDITE ) Installation d'un curé à Cervens. — Eloge de M. de Blonay. Thonon, \6 mars 1597. Illustrissimo et Reverendissimo Signore mio osservandissimo, Credo che tutti quelli ai quali ho dato lettere per essere appresentate a V. S. 111''" fanno a gara per farmi parère negligentissimo, poichè il signor cavaglier Bergera non è ancora partito di Chamberi, per quanto mi vien detto, et a questo gentilhuomo , il quale doveva inviarsi la settimana passata, fu dato tempo di far questa giunta aile precedenti mie. Sono ritornato hoggi, quarta Domenica di Quaresima, nella parrochia di Cervens, dove quel popolo mi ha consolato con queU'avida et attenta audientia. In somma, quest' anime, da Tonone in poi, ci sonno date in preda, et mancano solo i cacciatori. Ho coUocato a Cervens un buon sacerdote il quale, al principio di queste guerre, fu già nominato per star in quella parrochia se le cose  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, Je crois que tous ceux à qui j'ai confié des lettres pour être présentées à Votre Seigneurie Illustrissime rivalisent entre eux pour me faire paraitre très négligent, puisque, d'après ce qu'on me dit, M. le che- valier Bergera n'est pas encore parti de Chambéry, et on laisse assez de temps à ce gentilhomme qui devait se mettre en route la semaine dernière, pour me permettre d'ajouter ceci à mes lettres précédentes. Je suis retourné aujourd'hui, quatrième Dimanche de Carême, dans la paroisse de Cervens où ce peuple m'a consolé en montrant tant d'avidité pour la parole de Dieu et tant d'attention à l'écouter. En somme, si l'on en excepte Thonon, les âmes nous sont partout offertes comme une proie; il ne manque que des chasseurs. J'ai placé à Cervens un bon prêtre qui, au commencement de ces guerres, avait  Année 1597 255 succedevano, et era cognosciuto da una gran parte degli habitantilO, Ho ricevuto cento fiorini délie pension! et non più, dei quali parte ne ho data per certe provision! necessarie, parte ne darù a quello sacerdote di Cervens postdomani, acciô cominci la sua residentia. Hieri si diede un cosî grande rumore di guerra, che questi poveri Ca- tholici ne sono restati tutti sbigottiti. Se per sorte il latore di queste, M. di Blonnay (-', havesse bisogno di ricorrere al favore di V. S. 111'"'', la supplico humilissimamente di fargliene gratia, perché egli è buon catholico et zelante. Priegho il Signor si degni conservare V. S. 111™^ ad honor di sua divina 31aestà et beneficio nostro, et io resto per sempre, di V. S. 111'"^ et R""", Devotissimo et humillissimo servidore, Franc" De Sales, indegno Prevosto di Geneva. Tonone, alli 16 di JMarzo 97. Revu sur une copie déclarée authentique de l'Autographe conservé à la cathédrale de Nardô (Italie, Fouille).  déjà été nommé pour desservir cette paroisse si les choses réussissaient et il était connu d'une grande partie des habitants ( i ). J'ai reçu cent florins des pensions et pas davantage. J'en ai donné une partie pour certaines provisions nécessaires ; je donnerai l'autre après-demain à ce prêtre de Cervens afin qu'il commence sa résidence. Hier on fit circuler de telles rumeurs de guerre que ces pauvres Catholiques en ont été tout effrayés. Si par hasard le porteur des présentes, M. de Blonay(2), avait besoin de recourir à votre protection, je vous supplie très humblement la lui accorder, car il est un bon et zélé catholique. Je prie le Seigneur de conserver Votre Seigneurie pour la gloire de sa divine Majesté et pour notre avantage, et je demeure à jamais, De Votre Seigneurie Illustrissime et Révérendissime, Le très dévoué et très humble serviteur, François de Sales, indigne Prévôt de Genève. Thonon, le 16 mars 1597. (1 ) Bernard Chevalier avait été nommé curé de Cervens le lo janvier 1590. (î) D'après une lettre du Nonce de Turin, en date du 2 juin 1^97 (voir à l'Appendice), il s'agit de Claude de Blonay, coseigaeur de Saint-Paul;  256 Lettres de saint François de Sales  XC  AU MEME (minute inédite) Mesures à prendre pour pourvoir à la subsistance des curés du Chablais. — Voyage du chanoine Louis de Sales à Genève. — Désignation des PP. Capu- cins et Jésuites dont le concours serait le plus utile à la mission ; frais que nécessiterait leur entretien. Thonon, 25 mats 1597. Illustrissimo et Reverendissimo Signor mio osservandissimo, Supplice humilissimamente V. S. 111'"^ per amor di Dio si degni perdonarme se cosî spesso non haverà rice- vute lettere da me (^), perché la poca commodità che havemo qui, et massime io, di inviare le lettere in Cham- beri, overo in Aousta, ne è stata la causa principale. Et credo che tutti quelli alli quali io do le mie lettere per farle appresentare a V. S. lU""' fanno a gara per farme parère negligentissimo ; poichè uno, tre giorni fa, me ne mandô una che già molti giorni sono haveva tolto per portar in Piemonte, dicendo che egli non poteva passar ;  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, Je supplie très humblement pour l'amour de Dieu Votre Seigneurie Illustrissime de daigner me pardonner si elle n'a pas reçu de mes lettres aussi souvent qu'EUe le souhaitait ; le peu de facilité que nous avons ici, moi surtout, d'en envoyer à Chambéry ou à Aoste en a été la cause principale. Je crois que tous ceux à qui je confie mes lettres pour être présentées à Votre Seigneurie Illustrissime s'efforcent à l'envi de me faire paraître très négligent ; car, il y a trois jours, l'un d'entre eux m'en renvoya une qu'il avait depuis quelque temps pour la porter en Piémont, assurant qu'il ne pouvait ( a ) ricevute — da me risposte  Année 1597 257 et il cavaglier Bergera, quale ne ha una altra, era ancora fa poco in Chamberi, par quanto mi vien detto. Hieri mi capitô nelle mani, per huomo mandate espresso da monsignor Vicario di Geneva (0, quella che V. S. Ill"* mi scrisse alli 1 2 di questo mese, insieme con l'altra alli- gata per monsieur d'AvuUi et la copia délia lettera del signor Cardinale di Santa Severina (-). Monsieur d'AvuUi ha ragione dicendo che saranno necessarii vintidue curati in questo Chiablais, poichè (per venir al particolar) vi sono da 45 parrochie (>). Ma perché io no so chi voglia dar tanta intrata necessaria a tante persone, ho sempre havuto opinione che basterebbero da 18 curati, li quali, per dire quanto io credo, devono havere honorata provisione per se et per un vicario che  passer outre, et, d'après ce qui m'a été dit, le chevalier Bergera, qui en a une autre, était encore naguère à Chambéry. Hier je reçus, par l'entremise d'un exprès que m'envo3^a M. le Vicaire de Genève (0, celle que Votre Seigneurie m'écrivit le 12 de ce mois, avec une autre pour M. d'Avully et la copie de la lettre de M. le Cardinal de Santa-Severina ( = ), M. d'Avully a raison de dire que vingt-deux curés seraient néces- saires en Chablais puisque, pour en venir à quelque particularité, cette province comprend environ quarante-cinq paroisses (3). Mais parce que je ne sais qui voudrait fournir les revenus nécessaires à tant de personnes, j'ai toujours été d'avis qu'environ dix-huit curés suffi- raient. Pour dire ce que je crois, les paroisses étant très étendues, ils doivent avoir une pension convenable, suffisant à leur entretien ( I ) Le vicaire général François de Chissé (voir note (i), p. 71). (2) Jules-Antoine Santorio, né à Caserte en 1533, avait été élevé au siège archiépiscopal de Santa-Severina en 1566, et, quatre ans plus tard, créé car- dinal du titre de Sainte-Barbe. Dans la suite, il résigna son archevêché et accepta celui de Palestrina, sans laisser néanmoins d'être toujours connu sous le nom de Cardinal de Santa-Severina. Ce Prélat, après avoir rempli avec beaucoup de zèle les fonctions de grand Inquisiteur, mourut à Rome en 1602. C'est à propos de la conférence projetée entre les missionnaires et les ministres que le Cardinal écrivit la lettre mentionnée ici. (Voir à l'Appendice celle de Mk"" Riccardi du 12 mars 1597.) ( 3 ) La lettre écrite à ce sujet par M. d'Avully au Nonce de Turin, en date du 8 février 1597, a paru dans le tome VI (p. 351) des Mélanges d'archéologie et d'histoire publiés par l'Ecole française de Rome, i886.  Lettres I  >7  258 Lettres de saint François de Sales potesse aiutarli , già che le parrochie sariano molto grandi, et acciô possano con decentia far l'officio loro et no pigiino le limosine per le confessioni, sépulture, Xesse et altre cose ; chè se ben questo sarà forse lecito, tutta- * Cf. I Cor., VI, II. via non è per nessun conto espediente *. Se vorranno i Cavaglieri lasciar le cure et beneficii curati, purchè li particolari che ne hanno qui facciano il medesimo et se ne faccia un grosso per esser diviso in parti eguali, da Tonone in poi dove deve esser un essercitio più décente, crederei che questo saria un buon ordine. 3Ia non vorria che i Cavaglieri havessero il jus patronatus sopra queste cure, chè questo sarebbe rovinar il concorso, et col tempo se vederiano nominationi da non dire ; et essi non sonno ne fondatori, ne restauratori de queste cure. Quanto poi aile considerationi fatte in Roma sopra la conferentia, sono veramente degnissime, et io ne ho scritte memorie amplissime di quanto me ne pare, et le ho mandate al signor Ludovico de Sales, canonico de Geneva, persona prattica, zelante, facunda nel predicare et accortissima nel servitio d" Iddio, il quale è cosi ben  et à celui d'un vicaire qui les seconde, en sorte qu'ils puissent rem- plir leur ministère avec bienséance, et qu'ils n'aient pas à exiger des aumônes pour les confessions, sépultures, Messes et autres choses ; car si cela est peut-être licite, toutefois il n'est en aucune manière expédient. Si les Chevaliers consentaient à céder les cures et les bénéfices-cures, et si les particuliers qui en détiennent ici faisaient de même, on pourrait les réunir en un lot qu'on diviserait en parties égales entre les paroisses rurales ; car à Thonon l'exercice du culte demande plus de solennité. Je crois que cet arrangement serait avan- tageux ; mais je ne voudrais pas que les Chevaliers eussent le droit de patronage sur ces cures : ce serait ruiner le concours, et, avec le temps, on verrait des nominations peu avouables. Du reste, ils ne sont ni fondateurs ni restaurateurs de ces cures. Quant aux considérations faites à Rome au sujet de la conférence, elles sont vraiment très sages ; j'ai écrit de très amples mémoires sur ce qu'il m'en semble, et je les ai envoyés à M. Louis de Sales, chanoine de Genève, homme expérimenté, zélé, éloquent dans la prédication, très prudent pour ce qui regarde le service de Dieu et  Année 1597 259 informato dei miei pensieri quanto io stesso ; et fu già mandato fa poco in Geneva, dal comune consenso di Monsignor R!"" et del Padre Cherubino, per scuoprir un poco meglio questo negotio, et vidde una gran porta aperta al santissimo Crocifisso in quella terra, purchè sia portato con secrète da persone pratiche di questi humori, humili et patienti. Bisogna far corne facciamo la Setti- mana Santa : scuoprir una corna délia Croce, poi Taltra piano piano, et cosî tutto, et gridar dolcemente : Ecce lignum Crucis, venite adoremus. Et io saria vqlentieri andato sin ad Annessi per esser un poco consolato con 3lonsignor R™" et quelli Padri benedetti, poichè io son qui solo corne leproso fuori deir armata ; ma un poco de ressentimento di febre che io hebbi questi giorni passati, le confession! aile quali per forza bisogna che io attenda et le altre nécessita di qua mi tengono alligato qui sin alla Pasqua. Dirô in- genuamente il mio parer : no potrà meglio far Sua Beatitudine che di lasciar in questo et simili negotii l'assoluta libertà et authorità fra V. S. 111"^ et 31onsi- gnor R"", perché questa guerra devesi fare con 1" occhio  qui connaît mes pensées aussi bien que moi-même. Ayant été naguère mandé à Genève, du commun consentement de M»"" notre Evèque et du P. Chérubin, pour approfondir un peu mieux cette affaire, il vit en cette ville une grande porte ouverte au très saint Crucifix, pourvu qu'il y soit porté secrètement par des personnes humbles, patientes et familiarisées avec les mœurs des hérétiques. 11 faut faire comme nous faisons pendant la Semaine Sainte : découvrir un bras de la Croix, puis l'autre, et ainsi peu à peu, la Croix tout entière, en chantant doucement : Ecce lignum Crucis, venite adoremus. Je serais allé volontiers jusqu'à Annecy pour me consoler un peu avec M'"" le Révérendissime et ces bons Pères, puisque je suis seul ici, comme un lépreux hors de l'armée ; mais un petit ressentiment de fièvre que j'eus ces jours passés, les confessions que je dois forcément entendre, et d'autres devoirs me tiennent lié ici jusqu'à Pâques. Je dirai ingénuement mon avis : Sa Sainteté ne pourrait faire mieux que de laisser toute autorité et liberté d'action en cette affaire et en d'autres semblables à Votre Seigneurie et à M*»' notre Evêque, puisque  200 Lettres de saint François de Sales et non colF orecchio, perché le occasioni si appresentano bene spesso, et passano senza ritornar più da quelli che non le pigliano. Questo sia detto da me con humillissima obedientia. È tanto ammalata questa provincia, che ogni minimo accidente che sopravenga impedisce un grande effetto. Ritornai la Domenica quarta a Cervens et hebbi magior audientia che la prima. lo vi lasciai un buon sacerdote che era già destinato per esser curato in quella parrochia al principio di queste guerre se le cose succe- devano, et era già conosciuto da molti de gl'habitatori. Heri (sic) mi mandarono [ad] invitare per ritornare, chè desideravano farsi Catholici ; ma parte la mia dappo- cagine, parte i negotii pure spirituali et paschalitii di questo Tonone [et] d'Alinges, mi diedero occasione di prorogar questo bene sino al dopo Pasqua che haveremo aiuto da altri predicatori. Li Padri Cappucini li quali io per adesso vorrei che fossero deputati a quest'opra, sono il Padre Cherubino et il Padre Spirito, dottissimi, santissimi, humilissimi, et  cette guerre doit se diriger par l'œil et non par l'oreille ; car bien souvent les occasions se présentent et passent sans retour pour ceux qui ne savent pas les saisir. Ceci soit dit de ma part avec une très humble obéissance. Cette province est tellement malade que le moindre accident qui surviendrait empêcherait un grand succès. Je suis retourné le quatrième Dimanche de Carême à Cervens, et j'ai eu un auditoire plus nombreux que le premier. J'y ai laissé un bon prêtre, qui déjà au commencement de ces guerres avait été désigné pour être curé de cette paroisse si les affaires réussissaient ; il était déjà connu d'un grand nombre d'habitants. Hier les parois- siens me firent inviter à y retourner parce qu'ils désirent se faire catholiques ; mais mon insuffisance d'une part , et de l'autre les affaires spirituelles et les confessions pascales de Thonon et des Al- linges m'ont contraint de différer ce bien jusqu'après Pâques, où nous serons aidés par d'autres prédicateurs. Les Pères Capucins que, pour le moment, je voudrais voir destinés à cette œuvre sont le P. Chérubin, le P, Esprit, l'un et l'autre très doctes, très saints, très humbles ; tous deux prêchent dans ce  Année 1597 261 ambiduoi predicano nella diocesilO; li Padri Giesuiti, ilPadre Giovan Saunerio( = ), dei primi che habbiano di qua, et un altro che ha predicato questa Quaresima in Rumilly, ma no me sovienne il nome (3). Priegharô Monsignor R'"° che lo nomini. Et pur no mi par che si debba restringer il numéro a questi soli, ma si estendere ad altri, se bisogno ne fosse a l'anime, chè in questo no vedo che vi possa esser abuso veruno. Et pertanto si potria observar quest'ordine, che commandi V. S. Iir" alli Provinciali [che] essi mandassero secondo le occur- rentie, chè faremo poi venir delli secolari quanti più potremo. V. S. Iir'' mi commanda che io le dica la spesa che ci potrebbe andar per mantener questi Padri. Dico in verità che cento scudi per huomo sonno necessarii, perché bisognerà che habbino un compagno per uno, et quelli  diocèse (i). Quant aux Pères Jésuites, je voudrais le P. Jean Saunier (=), un des premiers qu'ils aient envoyés ici, et un autre qui a prêché ce Carême à Rumilly, mais dont je ne me rappelle pas le nom (3). Je prierai M»' le Révérendissime de le demander. Cependant il me semble qu'on ne devrait pas se limiter à ce petit nombre, mais l'augmenter d'autres encore si les âmes en avaient besoin, car en ceci je ne vois pas qu'il puisse y avoir aucun abus. Partant, on pourrait procéder ainsi : Votre Seigneurie Illustrissime donnerait ordre aux Provinciaux d'envoyer des Religieux selon les occasions ; nous ferons ensuite venir autant de prêtres séculiers que nous pourrons. Votre Seigneurie m'ordonne de lui dire jusqu'où montera la dé- pense pour l'entretien de ces Pères. Je dis en vérité que cent écus par tête sont nécessaires, parce qu'il faudra à chacun un compagnon, et (i) Le P. Chérubin prêchait le Carême à Annecy (voir note ( i ), p. 236), et le P. Esprit le prêchait à La Roche. (a) Le P. Jean Saunier, né en 1543, entra dans la Compagnie de Jésus à la fin de l'année 1572. Il professa douze ans les basses classes avant d'être employé au ministère apostolique. Le zèle qu'il déployait depuis plus de deux ans dans l'évangélisation des b-nilliages de Ternier et de Gaillard inspira à saint François de Sales le désir de l'obtenir pour collaborateur dans la mission du Chablais. Le P. Saunier fut ensuite préfet des études au collège de Cham- béry ; il mourut à Paris le 9 octobre 1610. (3) Probablement le P. Alexandre Hume (voir ci-après, p. 304).  202 Lettres de saint François de Sales che non saranno Cappucini, ancora un cavallo per tras- correre di luogho in luogho ; ma le cure faranno questa spesa sin tanto che siano stabiliti i curati, purchè ci sian lasciate. No sapria dire circa questa riduttione più par- ticolarmente che io feci nelle memorie lasciate a V. S. lU"^ et al P. Giulio Coccapane '^s da presentarsi a Sua Altezza. Una sola cosa dirô di più : che la reformatione di queste badie di qua importa infinitamente per far un buon odor da per tutta la vicinantia Air 111™° et R"^'' Sig'' mio osservandissimo, Monsig''^ l'Arcivescovo di Bari, Nuntio Apostolico appresso S. A. S. Revu sur une copie déclarée authentique de l'Autographe conservé à la cathédrale de Nardô (Italie, Fouille).  à ceux qui ne sont pas Capucins il faut encore un cheval pour aller d'un lieu à un autre ; mais les cures fourniront à cette dépense, pourvu qu'elles nous soient cédées, jusqu'à l'établissement des curés. Je ne saurais sur cette réduction rien dire de plus spécial que le contenu des mémoires laissés à Votre Seigneurie Illustrissime et au P. Jules Coccapane (O pour être présentés à Son Altesse. Je n'ajouterai qu'une seule chose : c'est qu'il importe infiniment de réformer les abbayes de ce pays pour répandre dans tout le voisi- nage un parfum d'édification ( I ) Le Jésuite Jules Coccapane, né à Carpi en I756, d'une famille illustre, avait prononcé ses grands vœux à Milan le 19 avril 1387. Dix ans plus tard, le duc de Savoie le choisit pour confesseur, et lui conserva longtemps cette charge qui mettait le P. Coccapane en mesure de protéger à la cour les inté- rêts de la religion. Il mourut à Turin en 161 5.  Année 1597 363 XCI AU DUC DE SAVOIE, CHARLES-EMMANUEL 1^" (minute inédite) Instances pour obtenir quelques libéralités déjà sollicitées en faveur de nouveaux Catholiques. Sales, 1 1 avril 1597. Monseigneur, Je suppliay nagueres Vostre Altesse par une lettre* * Epist. Lxxxvm. qu'il luy pleust accorder une portion de cinq ou six muys de froment des aumosnes de Ripaille et de Filly pour le soulagement de sept ou huit vieux bons Catholi- ques, paiivres et indigens, et pour un qui servist a Thonon au clocher pour les Catholiques. Quand j'eus ce bonheur d'approcher Vostre Altesse l'année passée a Turin elle eut aggreable la proposition que je luy en fis, et main- tenant j'ay prié M. de Blonnay de la luy représenter. Plaise donq lautrefois a Vostre Altesse de faire ceste aumosne a ces pauvres gens, puisque c'est d'un bien qui est desja destiné aux pauvres. Je supplie encor Vostre Altesse pour certains petitz vilages qui estoyent anciennement de la parroisse des Alinges et en furent distraitz sous les Bernois, lesquelz désirent estre reunis a leur ancienne église et y faire l'exercice catholique ; a quoy personne ne contrediroit, si ce n'estoit que Vostre Altesse a, par sa libéralité, exempté la parroisse des Alinges des charges et subsides, a quoy ilz auroyent part par conséquent. Plaise donq a Vostre Altesse estendre plustost sa libéralité sur ces petitz vi- lages, qu'accourcir la première parroisse qui s'est faitte catholique par deçà. Ces huguenotz ont intention de priver monsieur d'Avul- ly de la judicature du suprême consistoire parce qu'il est catholique ; mais puysque cecy ne touche en rien au traitté de Nion et qu'il a esté institué en cest office par  264 Lettres de saint François de Sales Vostre Altesse, je cuyde que ce soit pour l'honneur de Dieu et de Vostre Altesse qu'il y soit expressément continué. Le ministre qui se veut catholiser et s'y dispose de plus en plus fut secouru de quelque peu de bled par monsieur de Lambert, et Vostre Altesse declaira l'avoir aggreable ; mais monsieur de Lambert n'a pas osé en tirer conséquence qu'il failloit continuer, qui me faict encor supplier Vostre Altesse de le luy faire entendre. Ainsy ne cessé-je de demander a Vostre x^ltesse, ma5^s je ne cesse aussi de demander a Dieu qu'il la conserve longuement en très parfaitte santé, puysquej'ay l'hon- neur d'estre. De Votre Altesse, Très humble sujet. Revu sur le texte inséré dans les deux Procès de Canonisation.  XCII  A MONSEIGNEUR JULES-CESAR RICCARDI ARCHEVÊQUE DE BARI, NONCE APOSTOLIQUE A TURIN Difficultés que présente la mission du Chablais. — Intérêt du Pape pour cette œuvre. — Il est urgent de réformer quelques abbayes de la contrée. Sales, 1 1 avril 1597. lUustrissimo et Reverendissimo Signor mio osservandissimo, Hebbi hieri quella di V. S. Iir^ scrittami alli 4 di Apri- le, et viddi nella alligata (3) copia del signor Cardinale  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, J'ai reçu hier votre lettre du 4 avril, et j'ai vu dans la copie de celle du Cardinal Aldobrandino qui s'y trouvait jointe combien (a) [Les variantes qui suivent sont extraites d'une minute insérée dans le I"" Procès de Canonisation.] di Aprile, — con infinita mia consolatione di vedermi concesso il perdono délia negligenza passata, o vero accettata la scusa délia retardatione. Vedo bene dair alligata  Année 1597 265 Aldobrandino quanto Sua Santità habbia a caro di haver avvisi (b) délie cose di qua. Et io vorrei poterne dar ogni giorno délie grate et vere nuove, ma sin adesso le cose sonno andate tanto lentamente et con tanta ma- linconia che faceano noya alli più sani et saldi stomachi. Ne sin adesso ho ricevuto altro per li curati se non (<=) cento fiorini et 30 coppe di fromento, corne scrissi a V. S. 111'"'', délie quali ne darô buon et fedel conto, acciô sap- piano i Cavaglieri che la nostra povertà no ricerca i loro béni per farsi ricca o gTassa. Laudo il Signor il quai ha dato buona intentione a Sua Santità di restituir le cure al servitio d'Iddio et dell' anime, come viiol il dovere. i^)  Sa Sainteté a pour agréable d'être tenue au courant de nos affaires. Je voudrais pouvoir lui en donner chaque jour de vraies et réjouis- santes nouvelles; mais jusqu'ici les choses sont allées si lentement . et si tristement qu'elles fatiguaient les estomacs les plus sains et les plus forts. Comme je l'écrivais à Votre Seigneurie Illustrissime, je n'ai encore reçu pour les curés que cent florins et trente coupes de froment, dont je rendrai bon et fidèle compte afin que les Cheva- liers sachent que notre pauvreté ne recherche pas leurs biens pour s'enrichir et devenir opulente. Je loue le Seigneur de ce qu'il a donné à Sa Sainteté l'intention de rendre au service de Dieu et des âmes les revenus des cures, ainsi que le demande la justice. (b) di — saper (c) alli più sani ei — ben disposti stomachi. Hora non ho ricevuto altro che (d) i Cavaglieri che — se bene io aJdomando li béni loro, non é per farmene ricco né grasso. Laudo il Sig'''^ Iddio che ha dato, per quanto vedo, buona intentione a S. A. di restituire le cure al servitio dalle anime, conie si conve- niva, accio si possa un poco piu liberamente, assolutameate et lietamente inviare questo negotio. Il sig"" cavaglier Bergera mi lascio certe assignation! appresso questo o quel altro délia terra di Tonone ; ma essi non paghando, non so corne sforzarli et farmeli nemici, poiche devo piuttosto tirarli a volerme bene per poterli far Catholici. — (... quoique je demande leurs biens, ce n'est pas pour m'enrichir et devenir opulent. Je loue le Seigneur notre Dieu de ce qu'il a donné à Son Altesse l'intention de rendre au service des âmes les reve- nus des cures, ainsi qu'il était convenable, afin que nous puissions un peu plus librement, absolument et joyeusement acheminer cette affaire. M. le chevalier Bergera me laissa certaines assignations auprès de tel et tel habitant de la ville de Thonon ; mais comme ils ne payent pas, je ne sais par quel moyen les y obliger, et je ne veux pas m'en faire des ennemis, puisque je dois plutôt leur inspirer de la bienveillance à mon égard pour pouvoir les rendre catholiques.)  266 Lettres de saint François de Sales » * Epist. Lxxxvii. Ho scritto * a V. S. 111"" délia giudicatura del consis- torio di Chiablais quai vogiiono 1^) levar a monsieur d'Avully, et non è ragionevole. Ne scrivo Taltra volta a Sua Altezza acciô si degni farne qualche dichiaratione. No voglio mancar di raccommandargli la prebenda so lita a pagharsi al P. Predicator di Evian sopra la badia deir Abondanza, con incolcar, anzi gridar nelle viscère * Philip., I, 8. di Christo *, che si faccia o la riformatione o la muta- tione délie badie d'Aux et Abondanza ( et délie altre ancora di qua che sonno seminarii de scandali (f). Monsieur di Blonnay, lator di questa, è gentilhuomo meritevole et puô fare buoni servitii di qua ; per tanto, s'havesse bisogno di ricorrer' al favor di V. S. 111'"'' in  J'ai écrit à Votre Seigneurie au sujet de la judicature du consistoire du Chablais que l'on veut ôter à M. d'Avully ; c'est déraisonnable. J'en écris de nouveau à Son Altesse afin qu'elle prononce un arrêt à cet égard. Je ne veux pas manquer de vous recommander l'affaire de la prébende d'Abondance que l'on a coutume d'appliquer au P. Pré- dicateur d'Evian. Jamais non plus je ne cesserai de presser, voire même de crier afin d'obtenir par les entrailles de Jésus-Christ, que l'on prenne des mesures pour la réforme ou le changement des Religieux des abbayes d'Aulps, d'Abondance ( r ), et d'autres encore qui sont en cette province des séminaires de scandales. M. de Blonay, porteur de cette lettre, est un gentilhomme de grand mérite, qui peut nous rendre bien des services. Par conséquent, s'il avait besoin de la protection de Votre Seigneurie Illustrissime, (e) del consistorio — la quale vogiiono quelli di Tonone (f) la mutaiione — di quelli Religiosi d'Aux et dell' Abondanza.  ( I ) Ces abbayes, tombées dans un si déplorable relâchement, avaient autre- fois répandu un admirable éclat de sainteté dans tout le pays. Celle d'Aulps devait son existence à des moines de Molesme, envoyés dans ces régions par saint Robert, vers la fin du xi'' siècle. Après la mort de Guy, son premier Abbé , elle avait été gouvernée par saint Guérin, l'ami de saint Bernard. Ce grand Saint lui-même avait visité l'abbaye d'Aulps, ou de Notre-Dame des Alpes, et adressé plusieurs lettres aux Religieux qui l'habitaient. L'abbaye d'Abondance se glorifiait d'avoir eu pour fondateur saint Colom- ban, qui aurait été contraint de fuir devant la fureur des barbares. Dans les dernières années du xi'^ siècle, des Chanoines réguliers venus d'Agaune repri- rent l'œuvre du moine irlandais, et placèrent sous la Règle de saint Augustin ce monastère, qui eut pour troisième Abbé le B. Ponce de Faucigny (1171).  Année 1597 267 qualche suo negotio, la vorrei ben preghar di farne gratia et a luy (sic) et a me. Son sforzato a far alta per certi giorni per venir al sinodo et altri negotii, et per prevenire una malatia délia quale sono minacciato ciè un pezzo. Ma questo sarà poco , et ritornarô poi alla tralasciata impresa con più impeto (s). Fra tanto priegho il Signor conservi ad utile délia sua Chiesa V. S. 111"'% alla quale bascio con ogni humiltà le mani reverendissime. Di V. S. 111'"^ et R'"% Humilissimo et divotissimo servitore, Franc" De Sales, indegno Prevosto di Geneva >). Di Sales, alli 11 di Aprile 97. Air 111'"° et Rever"^° Sig'" mio osservandissimo, Monsig'^ l'Arcivescovo di Bari, Nuntio Apostolico appresso S. A. Taurino. Revu sur l'Autographe conservé à Rome, Archives du Vatican.  en quelqu'une de ses affaires, je vous prierais de nous en accorder la grâce à lui et à moi. J'ai été contraint de m'absenter quelques jours afin d'assister au synode, mettre ordre à certaines choses, et préve- nir une maladie dont je suis menacé depuis longtemps. Mais cette absence sera courte et je retournerai ensuite reprendre avec plus d'ardeur mes travaux interrompus. En attendant, je prie le Seigneur de vous conserver pour l'utilité de son Eglise, et je baise en toute humilité vos mains vénérées. De Votre Seigneurie Illustrissime et Reverendissime, Le très humble et très dévoué serviteur, François de Sales, indigne Prévôt de Genève. De Sales, le 11 avril 1597. (g) Son sfor^^ato — di fare alta per certi giorni, si per venire al sinodo et veder di condurre i Padri Cappucini nel Chablais, si per prevenire con qualche rimedio una malatia délia quale son minacciato. Ma questo sara poco, et ritornarô poi piu gagliardamente alla tralasciata impresa. (h) il Signor — nostro dia a V. S., con buona sanita, lungho, vero et perfetto contento, et restaro per sempre, di V. S. 111""» et R"'»  268 Lettres de saint François de Sales  XCIII A SA SAINTETÉ CLEMENT VIII (0  Entrevue avec Théodore de Bèze; endurcissement de ce vieillard. — Tyrannie exercée par les Genevois sur les Catholiques. — Espoir d'obtenir la liberté de conscience à Genève movennant la médiation du roi de France.  Annecy, 21 avril 1597. Beatissime Pater, Cum anno préeterito de Bezse(2\ primarii inter Calvi- nianos haeretici , ad Ecclesiam Catholicam reditu ac conversione, tum Pater Spiritus Balmensis, ex Ordine Cappuccinorum concionator, tum ego ipse quoque, non  Très Saint Père, L'année dernière le P. Esprit de Beaume, prédicateur de l'Ordre des Capucins, et moi-même, persuadés par les sérieuses affirmations d'un grand nombre, avions commencé à bien espérer de la conver- sion de Bèze ( 2 ) et de son retour à l'Eglise Catholique. Pour contribuer  (i) Clément VIII ( Hippolyte Aldobrandino), né en 1535, à Fano, d'une illustre famille vénitienne, avait étudié d'abord la jurisprudence. Il devint auditeur consistorial à Rome, jdataire sous Sixte V (1383); bientôt après cardinal et légat en Pologne, et enfin il fut élu Pape par acclamation (30 jan- vier 1595). Clément VIII déploya toujours un grand zèle pour l'extirpation de l'hérésie, et encouragea par plusieurs Brefs les travaux de l'Apôtre du Chablais. En 1599 il le nomma coadjuteur de l'Evêque de Genève avec future succession, et voulut à cette occasion le soumettre à un examen public, moins pour s'assurer de son savoir que pour le faire briller devant le Sacré Collège. C'est à la suite de cet examen que Clément VIII, embrassant le jeune Saint, lui appliqua ces paroles du Livre des Proverbes : Bibe aquam de cisterna tua et fluenta putei fui ; deriventiir fontes tui foras, et in plateis aqitas tuas divide. Ce Pontife mourut le 3 mars 1605. (a) Théodore de Bèze, qui devait être une des colonnes du protestantisme, était né à Vézelay, en Bourgogne {1519). Les écarts d'une jeunesse orageuse l'ayant conduit à l'apostasie, il se rendit à Genève où il devint l'auxiliaire  Année 1597 269 levibus multorum permoti sermonibus , bene sperare cœpissemus, ne in re tam optata aut industria nostra aut adminicula caetera desiderarentur, ita inter nos convenit, uti nimirum ille quidam, qui ad Capitulum, quod vocant, générale sui Ordinis, Romse indictum, properabat, de re tota cum Beatitudinis Vestrse clementia coram dissereret, peteretque ne redeunti haeresiarchse (si videlicet rumo- rem sequatur eventus) Apostolica desit providentia. 3Iihi vero ea contigit cura ut, quam diligentissime et cautis- sime fieri queat, intimos Bezae sensus, aliqua ut fit accepta occasione, ipsiusmet ore detegerem et explicarem. Id autem ut facerem, varia prœtexens negotia, saepius Genevam ingressus, nullus unquam mihi ad hominis quem quaerebam privata ac sécréta colloquia patuit aditus, praeterquam hoc ultimo tertio Paschali die, cum et solum et satis primo quidem accessu facilem inveni ; sed tandem aliquando in recessu, postquam extorquendae  à un événement si désirable, nous ne pouvions épargner notre indus- trie ni négliger aucun autre moyen. Comme ce Religieux devait se rendre à ce qu'ils appellent le Chapitre général de leur Ordre, lequel se tenait à Rome, nous avions convenu que, pour lui, il traiterait de toute cette affaire en présence de Votre clémente Béatitude, et qu'il vous prierait de ne pas refuser (si toutefois ce bruit de conversion se réalisait) votre bienveillance apostolique à cet hérésiarque rentrant au bercail. Quant à moi, ma mission devait être de profiter, aussi prudemment et aussi soigneusement que possible, de la première occasion pour apprendre de la bouche même de Bèze ses sentiments intimes et m'expliquer avec lui. A cette fin, prétextant diverses affaires, je suis entré fort souvent à Genève ; mais je n'ai pu trouver ouverture à un entretien parti- culier et secret avec l'homme que je cherchais, jusqu'à la troisième fête de Pâques. J'ai rencontré Bèze seul et d'un accès d'abord assez facile. Quand enfin je me retirai après avoir tenté tous les moyens de infatigable, puis le successeur de Calvin (1564). Il figura au Colloque de Poissy à la tête des ministres protestants, souffla le feu de la révolte à Paris et dans plusieurs autres villes de France, et revint à Genève où il mourut le 13 octobre 1605. Théodore de Bèze contribua beaucoup au mouvement de renaissance littéraire en France : il a laissé un grand nombre d'ouvrages.  270 Lettres de saint François de Sales ab eo animi sententiae modos omnes tentassem, omnem- que, quoad per me fieri potuit, lapidem movissem, la- * Ezech., XI, 19 ; pidcimi deprehendi cor ejus * immotum hactenus, aut XXXVI, 20. . sane non omnmo probe commotum, inveteratum scilicet *Dan., xin, 55. dicrum inalorum *. 3Ieum vero de illo judicium, quan- tum quidem ex ejus verbis conjicere possum, hoc sane fuerit. Si paulo frequentior ac tutior ad ejus congressum accessus pateret, futurum forsitan ut reduci possit ad caulas Domini, sed in homine octogenario periculum est in mora. Qua de re tota Beatitudinem Suam monuisse debui. ne vel negligens videar vel minus obsequens au- ditor mandatorum quae mihi Clementiae Suae Litteris Apostolicis et Patris Spiritus voce exposita sunt. Verum, quando per tantam benignitatem licet, com- mittendum non existimo quin dicam passim finitimos undequaque Genevensium populos, hactenus haereticos, ballivagiorum ut loquuntur de Gex et Gaillara, restitu- tionem fidei reique Catholicœ infimis postulare precibus, quo deinceps Catholice vivere queant; atque plurimorum  lui arracher l'aveu de sa pensée, sans avoir laissé une pierre à remuer, je trouvai en lui un cœur de pierre, jusqu'ici immobile, ou, du moins, insuffisamment remué ; c'est-à-dire, un vieillard endurci, plein de jours mauvais. Autant que ses paroles me permettent de le juger, voici quelle serait mon appréciation : s'il était possible de l'aborder et plus fréquemment et avec plus de sécurité, peut-être pourrait-on le ramener au bercail du Seigneur ; mais pour un octogénaire, tout retard est périlleux. J'ai dû mettre Votre Béatitude au courant de toute cette affaire, car je ne voudrais pas passer pour négligent ou peu attentif à exécuter les ordres qui m'ont été transmis, soit par les Lettres Apostoliques de Votre Clémence, soit par la bouche du P. Esprit. Et puisque votre bonté si grande m'y autorise, je ne veux pas manquer l'occasion de vous dire que les populations hérétiques jusqu'ici, qui de tous côtés environnent Genève, celles des pays qu'on nomme bailliages de Gex et de Gaillard, demandent avec les plus humbles prières, le rétablissement de la foi et du culte catho- liques afin de pouvoir vivre en catholiques. J'ai entendu bon nom- bre d'hommes de ces pays se plaindre chaque jour de ce qu'étant  Année 1597 271 inter eos quotidianam audivi quserimoniam quod Catho- lici cum sint, ritu tamen Catholico vivere Reipublicse Genevensis tirannide prohibeantur, cum alioquin ea Respublica non suo, sed Francorum Régis Christianis- simi nomine in ejusmodi populos violentum illud exer- ceat imperium ; neque probabile sit ejus tyrannidis qua Catholicorum conscientise opprimantur conscium esse Regem , qui nuperrime tanta contentione Catholicam communionem expetivit. Quare libenter crediderim, fore ut si a Sede Apostolica iis de rébus Rex ipse moneatur, longe fœlicius res habeat (0, Quin etiam si paulo pres- sius idem ipse Rex a Genevensi Republica contenderet ut libertatem, quam vocant, conscientise in civitate ipsa admitteret, non omnino improbabile esset rei gerendae argumentum. Atque sane, Beatissime Pater, in rébus arduis et magni momenti etiam periculum fecisse operae pretium est. Haec ita fusius Beatitudini Suae exhibere suni ausus, quod non sim nescius quam fidei ac disciplinée  catholiques , ils sont empêchés par la tyrannie de la répubhque de Genève de rempHr leurs devoirs de catholiques, d'autant plus que cette répubhque opprime ces peuples non pas en son nom, mais au nom du très chrétien roi de France. Le roi connaît-il cette tyrannie que l'on fait peser sur les consciences catholiques? Ce n'est pas pro- bable, puisque tout récemment il a poursuivi avec tant d'ardeur sa réunion à l'Eglise Catholique. Je croirais volontiers que si le roi lui- même était averti par le Siège Apostolique, les choses se passeraient tout autrement (i). Et d'ailleurs, si le roi faisait quelques efforts plus pressants afin d'obtenir que la république de Genève accordât dans cette ville même ce qu'ils appellent liberté de conscience, il ne serait pas tout à fait improbable qu'il y réussit. Aussi bien, Très Saint Père, vaut-il déjà la peine d'avoir tenté un essai dans les choses difficiles et graves. Si j'ai osé présenter à Votre Béatitude ce trop long exposé, ( I ) En regard de cette phrase on lit dans l'Autographe la note suivante, écrite de la propre main de Clément VIII : Attendendum quia scribendum in Gaîliam. Il fut effectivement donné suite à cette affaire, car dans une lettre du 31 mai de la même année (Archives du Vatican, Nnn^. di Francia, vol. 44) le Cardinal Aldobrandino chargeait le Nonce de Paris de faire valoir auprès de Henri IV les réclamations du « Prévôt de Sales. »  272 Lettres de saint François de Sales Christianae instaurandae Clementia Sua libenter animum adjiciat, et absentia (quse hujus mortalitatis est conditio) non nisi per praesentes cognosci possint. Beatitudinem Tuam, Sanctissime Pater, Christus Op- timus Maximus Ecclesise suœ quam diutissime servet incolumem. Ad pedum oscula demississime provolutus, Sanctitatis Suae, Humillimus servus, Francs De Sales, Ecclesiae Gebennensis Praepositus indignus. Necii Gebennensium, 21 Aprilis, anno 1597. A Sua Santità. Sanctissimo Patri, Clementi octavo, Summo Christianorum Pontifici. Revu sur l'Autographe conservé à Rome, Archives du Vatican (i).  c'est que je n'ignore pas quel zèle Sa Clémence apporte à restaurer la discipline chrétienne, et que, dans les conditions de cette vie mortelle, on ne peut apprendre ce qui se passe au loin que par ceux qui sont présents. Très Saint Père, que le Christ très bon et très grand conserve longuement à Votre Béatitude une heureuse vie ! Prosterné très humblement à vos pieds que je baise, je suis, De Votre Sainteté, Le très humble serviteur, François de Sales, indigne Prévôt de l'Eglise de Genève. Annecy, diocèse de Genève, le 21 avril 1597- A Sa Sainteté. Au Très Saint Père Clément VIIF, Souverain Pontife des Chrétiens. (i) Au dos de la lettre, le Pape Clément VIII a écrit ces mots : A quesfo hisogna rispondere con un Brève. Ce Bref, donné le 29 mai 1597, fut reçu par le Saint le 23 juin suivant.  Année 1597 273  MINUTE DE LA LETTRE PRÉCÉDENTE Beatissime Pater, Cum anno praeterito de Theodori Bezae, primarii inter Calvinianos hseretici, ad Ecclesiam Catholicam reditu et conversione, tum Pater Spiritus Balmensis, ex Ordine Cappuccinorum, insignis et probitate et doctrina concio- nator, tum etiam ego ipse, multorum non levibus permoti sermonibus, bene sperare cœpissemus, ne in re tam desideranda aut industria nostra aut adminicula caetera desiderarentur, ita inter nos conventum fuit, uti scilicet ille quidem, qui per ea tempora ad Capitulum, quod vo- cant, générale sui Ordinis, Romse indictum, properabat, de re tota coram Beatitudine Tua dissereret, peteretque ne (si rumorem sequatur eventus) redeunti haeresiarchse Apostolica providentia desit. Mihi vero ea contigit cura uti, quam diligentissime et cautissime fieri queat, intimos Bezse sensus, aliqua accepta ut fit occasione commoda, ipsiusmet ore detegerem ac explicarem. Id autem ut facerem, varia praetexens negotia, saepius Genevam eam ob causam ingressus sum ; sed nullus mihi patuit aditus ad hominis quem quaerebam privata et sécréta colloquia, praeterquam hoc ultimo tertio Paschatis die, cum et solum et satis primo accessu facilem inveni ; sed tandem aliquando, postquam extorquendae illius ani- mi sententiae gratia, omnem, quoad per me fieri potuit, movissem lapidem, lapideum tamen ror ejus * immotum ' Ezech., xi, 19 ; adhuc, aut sane non omnino conversum deprehendi , ^'-• inveteratum scilicet dierum malorum *. Qua de re tota * Dan., xm, 53. BeatitudinemTuam monuissedebui,nevel minus diligens videar, vel minus obediens mandatis quae mihi Sanctitatis Tuae Litteris et Patris Spiritus sermone sunt exposita. Meum vero de homine illo judicium est, si paulo fre- quentior, tutior ac commodior ad ejus colloquia pateret accessus, forsitan fore ut reducatur ad caulas Domini ; sed praecipue si, quod speramus, Beatitudine Tua annuente, Lettres I i8  274 Lettres de saint François de Sales Genevse instituatur cum ministris disputatio. Atque qui- dem, Beatissime Pater, in rébus arduis et magni momenti etiam periculum fecisse opérée pretium est. Verum , quando per Beatitudinis Tuae clementiam licet, committendum non duxi quin eam certiorem fa- ciam, undequaque passim finitimos Genevensium popu- los, hactenus in haeresim abductos, ditionum Gexensis et Galliardensis, ritusque et rei Catholicse restitutionem demississime postulare, quo deinceps Catholicam vitam agere queant ; atque quotidianam plurimorum inter eos audiri querimoniam, qui, Catholici cum sint, Genevensis Reipublicae tyrannide prohibeantur ritu Catholico vi- vere : cum alioquin Genevenses, non suo sed Christia- nissimi Francorum Régis nomine, in ejusmodi populos imperium ac vim exerceant ; neque probabile sit ejus tyrannidis qua conscientiae Catholicorum opprimantur conscium esse Regem, qui tanta contentione Catholicam communionem nuper obtinuit. Quare credibile admodum est , si a Beatitudine Tua his de rébus Rex ipse admo- neatur, fore uti quamprimum longe certius res habeat. Quin etiam, si paulo pressius idem ipse Rex a Genevensi Republica contenderet ut libertas, quam vocant, con- scientiae intra civitatis ipsius Genevensis mœnia permit- tatur, sperandum esset rem eam, qua vix alia magis hisce temporibus optanda occurrit, fœlicem habituram even- tum, Hsec ita, Beatissime Pater, fusius explicare sum ausus , quod non sim nescius quam fidei ac disciplinas Christianae instaurandae Clementia Tua libenter incum- bat, et absentia nonnisi per prœsentes possit cognoscere. Sanctitatem Tuam, Pater Beatissime, Christus Optimus Maximus incolumem diutissime conservet. Ad pedum oscula démisse provolutus, Beatitudinis Suae, Humillimus servulus, Franciscus. Necii AUobrogum. Revu sur le texte inséré dans le P' Procès de Canonisation.  Année 1597 275  / XCIV A MONSEIGNEUR JULES-CÉSAR RICCARDI ARCHEVÊQUE DE BARI, NONCE APOSTOLIQUE A TURIN Heureux résultats que promet la cooférence projetée avec les hérétiques. — Lettre du Saint au Pape. — Pression qu'exercent les Genevois sur les Catholiques de Gex et de Gaillard. — Etat des affaires du Chablais. Annecy^ 23 avril 1597. lUustrissimo et Reverendissimo Signor mio osservandissimo, Essendoci ritrovati insieme questi giorni passati il Padre Cherubino, il Padre Spirito et io, et conferendo di quelle cose particolari che sonne seguite nei luoghi dove habbiam predicato questa Quaresima, (a) si vede che la conferentia per laquale si aspetta la licentia da Roma sarà, mediante la gratia del Signor, una cosa molto frut- tuosa, et la premevano molto questa Quaresima quelli di Geneva. Ma non patendo cavar da' nostri certa risposta, la quale non si poteva dar, mi par di vederli un poco riti- rati sopr' il freddo. Basta : che se si farà, sarà fruttuosa;  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, Nous étant retrouvés ensemble ces jours passés, le P. Chérubin, le P. Esprit et moi, et conférant des incidents particuliers qui sont arrivés dans les localités ou nous avons prêché le Carême, nous avons jugé que la conférence pour laquelle on attend l'autorisation de Rome sera, moyennant la grâce de Dieu, une chose très fruc- tueuse. Ceux de Genève poursuivaient fort pendant ce Carême pour qu'elle se fit ; mais ne pouvant tirer des nôtres une réponse précise, que nous n'étions pas à même de donner, il me semble qu'ils se sont un peu refroidis. N'importe : si elle a lieu, elle sera fructueuse, et (a) [Les variantes de cette lettre et des trois suivantes sont extraites de minutes insérées dans le P"" Procès de Canonisation.] si vede la conferentia con quelli di Geneva dover esser molto fruttuosa, se perô la licentia ne sara data da superiori. Et la premevano al principio; ma non havendone havuta certa risposta da nostri, che aspettavano l'ordine  276 Lettres de saint François de Sales se non si farà per mancamento loro, sarà cosa gloriosa per la causa catholica. Una cosa è successa che me ne rincresce i^) incredibilmente, et è che la cosa è stata divolgata con gran rumore dalla corte nostra, la quale è tanto sécréta che bastaria a rivelar li misteriosi secreti délia Apocalisse ; et habbiam a trattar con animali che ogni piccol rumore hanno in (•=) sospetto. Scrivo a Sua Santità per (d) quel particolar che vederà V. S. lU""^, poichè per questo le mando la lettera col sigillo volante ; et havendola letta, si degni di chiuderla acciô nessun'altro la veda, perché egli è cosa importan- tissima per me che no si sappia donde vengono questi avisi (s). 3la V. S. 111™* si farà un gran merito(^) se incolcarà molto bene a Sua Santità quel particolar di Gex et Gaillard, chè in vero la cosa è vituperosissima che  si c'est par leur faute qu'elle ne se fait pas, ce sera glorieux pour la cause catholique. Ce que je regrette incroyablement, c'est que cette affaire ait été divulguée à grand bruit par notre cour, qui est si discrète qu'elle suffirait à révéler les mystérieux secrets de l'Apoca- lypse; et nous avons à traiter avec des animaux auxquels le moindre bruit est suspect. J'écris à Sa Sainteté sur le sujet que Votre Seigneurie verra ; je vous envoie à cet effet la lettre sous cachet volant, en vous priant de la fermer aussitôt après l'avoir lue, afin que personne autre ne la voie, parce qu'il est très important pour moi que l'on ne sache pas d'où viennent les avis qu'elle contient. Mais Votre Seigneurie acquerra un grand mérite en sollicitant fortement auprès de Sa Sainteté l'affaire de Gex et de Gaillard ; car à la vérité c'est une chose honteuse que di Roiiia, rai pare che si siano un poco affreddati. Basta : che se la ricuseranno, in caso che si possa far, non sara piccolo argumente contra di loro. Una cosa [Reprendre au texte, lig. 2.] (b) che — mi dispiace (c) divolgata — dalla corte nostra, la quale é tanto sécréta; et adesso il rumor se ne fa tanto grande che bastaria a far serrar le porte a Genevrini che ogni cosa hanno per (d) a Sua — Beatitudine sopra (e) et — la pregho humilissimamente che havendola letta la chiuda et sigilli, accio nessun altro la veda che sua stessa Santità, perche se la cosa si sapesse non potria poi esser sicuro apprcsso [i] Genevrini. ( f ) merito — appresso Chrislo Signor nostro  Année 1597 277 [i] Genevrini occupando quelli luoghi a nome del Re di Francia, sforsino li Catholici a viver malamente ; et non è dubbio che il Re sapendolo, darà ordine che si usi (g) almanco libertà di conscientia o V Intérim ('', che vo- gliono dire. Cosî foss'inspirato detto Re di addomandare Tistessa libertà nella città medesima (^) di Geneva, che forse non saria cosa impossibile da ottenersi, purchè si trattasse(i) un poco vivamente. Anzi questi giorni passati essendosi dato questo rumor in Geneva, no so da che banda ne con quai fondamento, si sentivano già molti dispareri de'cittadini. Certo, in queste cose tanto grandi, egli è molto meglio il tentare et sperar molto (j ), in caso che il fallar no possa recar gran danno, che per troppa discre- tione perdere l'occasioni del bene(k).  les Genevois, occupant ces pays au nom du roi de France, contrai- gnent les Catholiques à mal vivre. Lorsque le roi le saura, il donnera sans doute ordre de les laisser jouir au moins de la liberté de conscience ou de Y Intérim (O, comme ils l'appellent. Plût à Dieu qu'il eût aussi l'inspiration de demander la même liberté pour la ville de Genève, ce que peut-être il ne serait pas im- possible d'obtenir en traitant l'affaire un peu énergiquement. Ces jours passés le bruit s'en étant répandu à Genève, je ne sais de quel côté ni sur quel fondement, on voyait déjà de nombreux dissenti- ments surgir entre les citoyens. Certes, dans ces choses si impor- tantes, il vaut mieux tenter et espérer beaucoup, lorsque l'échec ne peut apporter grand dommage, que de perdre par trop de discrétion les occasions de faire le bien. (g) a viver malamente — et prohibiscano 1' essercitio catholico ; et non è dubbio che se il Re lo sapesse, daria ordine che si usasse (h) Cosi piacesse [a] Dio che l'istesso Re domandasse che detta libertà fosse concessa dentro l'istessa città ( i ) purchè — la cosa si trattasse dal Re (j ) de'cittadini. — In somma, in queste cose tanto importanti, egli è molto meglio il sperar molto et tentare (k) Toccasioni — di ben fare.  (i) Vlntérim était un formulaire en vingt-six articles, rédigé par ordre de Charles-Quint (1541-1548), sur les matières controversées entre les Catholi- ques et les Luthériens. Il ne devait faire autorité qu'en attendant les décisions d'un Concile général.  278 Lettres de saint François de Sales Quanto poi al nostro Chiablais, vado un poco trattenuto sin tanto che sia saldata questa tregua laquale, per quanto mi vien detto, si traita, et (i) in questo principio di Maggio spero di condurvi et Padri Cappucini et altri i^'^) necessarii quanto più potrô ; et se si darà tranquillità et modo di poter continuare, credo che il Signore ne sarà servito. Queste feste i nuovi Cattholici mi hanno straccato col le loro confessioni generali , ma con incredibil mia consolatione di vederli molto divoti, con monsieur di Avulli in capo, il quai non ha tralasciato un sol punto di buon essempio. Laudato ne sia il Signor Iddio. Glie rimetterô di nuovo nella memoria, con confidentia nella bontà sua, le riforme délie badie di qua di monti, et particolarmente di Aux et Abondantia, et la provisione per il Padre Predicator di Eviano, acciô glie sia paghata essattamente la prsebenda solita. Priegho poi il Signor Iddio dia ogni vero contento a V. S. 111""' et R™^, conservandola lungamente a beneficio  Quant à notre Chablais, je suis un peu arrêté jusqu'à la conclu- sion de la trêve, qui, me dit-on, se négocie maintenant. J'espère y conduire, au commencement du mois de mai, les PP. Capucins et les autres prêtres nécessaires en plus grand nombre possible ; et si on nous procure la paix et le moyen de continuer, je crois que le Seigneur en sera bien servi. Ces fêtes , les nouveaux Catholiques m'ont lassé par leurs confessions générales; mais j'ai éprouvé une immense consolation de les voir si pieux, M. d'Avully à leur tête, lequel n'a pas manqué une seule occasion de donner le bon exemple. Que le Seigneur notre Dieu en soit loué ! Me confiant en votre bonté, je vous remémorierai la réforme des abbayes de cette contrée, particulièrement de celles d'Aulps et d'Abondance, ainsi que la provision pour le P. Prédicateur d'Evian, afin qu'on lui paie exactement la prébende accoutumée. Je prie le Seigneur notre Dieu de donner à Votre Seigneurie tout ( 1 ) poi (m) necessarii all'opra; et se si dara modo di poter continuar, et la pace, spero che il Signore ne sara servito, il qualc supplico dia ogni vero contento a V. S. 111'"", conservandola lungamente sana, a beneficio et consolatione di queste afflitte chiese. Et cosi sono, di V. S. 111'""  Année 1597 279 et consolatione di quest'afflitte chiesuole ; et cosî resto perpetuamente, Di V. S. 111'"^ et R'"% Humilissimo et devotissimo servitore, Franc De Sales, Prevosto indegno di Geneva. Air 111""" et R"^'^ Sig'" mio osservandissimo, Monsig"" l'Arcivescovo di Bari, Nuntio Apostolico appresso S. A. S. Turino. Revu sur l'Autographe conservé à Rome, Archives du Vatican.  vrai contentement et de la conserver longtemps pour le bien et la consolation de ces petites églises si affligées, et je demeure à jamais. De Votre Seigneurie Illustrissime et Révérendissime, Le très humble et très dévoué serviteur, François de Sales, indigne Prévôt de Genève.  xcv  AU DUC DE SAVOIE, CHARLES-EMMANUEL I^'' (inédite) Le curé de Saint-Julien est contraint de se retirer. — Requête des habitants de Bernex. — Incident survenu entre le P. Esprit et le ministre protestant. — Combien il est désirable que le duc signifie aux Thononais le désir qu'il a de leur conversion. Thonon, 27 mai 1597. Monseigneur, Ce pendant que j'attens plusieurs grâces de la libéra- lité (3) de Vostre Altesse, desquelles je l'ay suppliée ci devant, les occasions me naissent tous les jours de luy en demander des autres (^\ On avoit establi un curé a Saint  (a) bonté (b ) occasions — de luy en demander des nouvelles me naissent tous les jours.  28o Lettres de saint François de Sales Jullin près Genève (i), qui jusques a prœsent a fort bien fait son devoir, selon le tesmoignage de plusieurs gens de bien ; le peuple tout autour en estoit fort consolé. Maintenant, Monseigneur, le voyla (^) contraint d'abban- donner pour n'avoir dequoy vivre ; et néanmoins la cure, qui est en commande a messieurs de Saint Lazare, est de fort bon revenu. Cecy n'est pas un petit scandale. Ceux de Bernex, qui sont une liëue près de Genève, au balliage de Ternier, m'ont addressé une requeste pour avoir l'exercice catholique, comme si j'avois ou le moyen ou l'authorité de ce faire. Je représente volontiers (^) toutes ces nécessités a Vostre Altesse delaquelle seule en dépend (^) le remède. Aussy ne dois je pas oublier la nécessité du lieu ou je suis. Le P. Esprit, docte et signalé praedicateur Cappu- cin, estant icy ces festes (f), ou il a apporté très grande consolation a tous les gens de bien, et a luy mesme esté consolé d'y en voir plus qu'il ne pensoit, voyant que ceux de la ville s'opiniastroyent si fort a ne point ouyr les praedicateurs catholiques , voulut vendredy dernier remonstrer publiquement, mais gratieusement, au minis- tre (2) la fauseté de sa doctrine. Sur quoy les bourgeois dirent que Son Altesse ne vouloit pas quilz traittassent avec nous. Je repliquay qu'au contraire Son Altesse l'au- roit très aggreable. Hz respondirent que Vostre Altesse ne leur en avoit donné d'advis, et que quand il l'auroit fait ce seroit autre chose, et qu'au reste ilz ne m'en croyoient pas. Mays un bourgeois plus impatient vint  [c) Jusques a prctsent a — rendu fort bon devoir en sa charge, ainsy que j'ay appris de plusieurs personnes dignes de foy; le peuple d'autour en avoit receu un grand prouffit. Maintenant il est ( d) comme si — j'en avois ou le pouvoir ou l'authorité. Je représente (e) delaquelle — dépend tout (f) Le P. Esprit, — praedicateur Cappucin, estant venu icy  I  ( I ) Pierre Mugnier, natif de Talloires, avait été nommé curé de Saint-Julien le i"^ décembre 1589. II permuta cette cure contre celle de Copponex le 6 avril 1601. ( 2 ) Louis Viret.  Année 1597 281 tirer par force le ministre de la compaignie affin qu'on ne sceut ce qu'il sçavoit faire (g). La ou, Monseigneur, je me sens obligé en mon ame de supplier très humblement Vostre Altesse de faire meshuy sçavoir a ces gens qu'elle aura aggreable qu'ilz oyent et sondent les raysons catho- liques, sans plus alléguer de si impertinentes excuses (i^) comm'est cellecy, de mettr'en doute le bon désir que Vostre Altesse a de leur conversion. Le traitté avec les Bernois ne peut en estr'alteré puysque, sans forcer per- sonne au changement de religion, on les invite seulement a la considération de (i) Testât de leur conscience. (j ) Je ne lairray pas encores de remettr'en memoyre a Vostre Altesse la pauvreté du ministre qui se recatholise, duquel je luy ay ja si souvent escrit, qui ne peut estre secouru d'ailleurs, et celle de ces set ou huict personnes catholiques qui sont en extrême disette , pour lesquelz aussy j'ay ci devant supplié a Vostre Altesse, affin que quattr'ou cinq muis des aumosnes de Ripaille et Filly leur soyent appliqués en pension leur vie durant, qui ne peut plus guère durer puysque ce sont presque tout gens vieux ; et ces aumosnes ne touchent en aucune façon la Religion de Saint Lazare. Ce sera un'aumosne des plus fleuries qui puissent partir de la main de Vostre Altesse.  (g) de sa doctfine. — Pour quoy les bourgeois vindrent empoigner le ministre par le bras et le tirèrent par force hors du lieu, et dirent que Vostre Altesse ne vouloit pas quilz traittassent avec nous de la religion. Je repliquay que nous n'estions toutefois icy pour autre que pour traitter des choses de leur conscience. Hz me dirent que V. A. ne leur en avoit encores point donné d'advis, et que quand elle l'auroit fait ce seroit autre chose. (h) qtt'il^ oyent — les raysons catholiques sans plus trouver ces excuses tant impertinentes (\) le bon désir — de V. A. touchant leur salut. Le traitté avec les Bernois ne peut en estre altéré, puysqu'on ne force personne au changement de reli- gion, ains seulement on les invite a bien considérer (j ) Je ne lairray pas de représenter encores a V. A. la nécessité du ministre qui se recatholise, qui ne peut estre secouru que de la bonté de V. A., et celle de ces sept ou huict vielles personnes catholiques, qui sont en extrême pau- vreté, pour lesquelz j'ay desja souvent supplié V. A., affin que trois ou quattre muis des aumosnes de l'abbaye de Ripaille et Filly, qui ne touchent point en aucune façon les seigneurs Chevaliers de S' Lazare, leur fussent appliqués en pension leur vie durant, qui ne peut meshuy estre guère longue. Ce seroit  282 Lettres de saint François de Sales Je prie Nostre Seigneur Jésus Christ qu'il accroysse de plus en plus ses bénédictions sur elle, comm'estant et devant estr'a jamais, Monseigneur, De Vostre Altesse, Très humble et très obéissant sujet et serviteur, France De Sales, indigne Prsevost de Genève. A Thonon, le 27 may 97. Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Biblioteca Civica.  une des plus fleuries aumosnes qui puissent partir de la main de V.- A., pour la prospérité de laquelle et eux et moy prierons Dieu toute nostre vie, comme je fais des ores, suppliant Nostre [Reprendre au texte, lig. i.]  XCVI  A MONSEIGNEUR JULES-CESAR RICCARDI ARCHEVÊQUE DE BARI, NONCE APOSTOLIQUE A TURIN Mêmes sujets. — Installation d'un curé à Brens. Thonon, 27 mai 1507. Illustrissimo et Reverendissimo Signor mio osservandissimo, Duoi sospetti m'hanno sin hora trattenuto per un poco di scriver a V. S. 111"^^^ : uno délia guerra, i^) Taltrodel  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, Deux craintes m'ont empêché jusqu'ici d'écrire à Votre Seigneurie Illustrissime : l'une provenant des bruits de guerre, l'autre, de la (a) Duoi sospetti mi hanno sin adesso trattenuto alquanti giorni senza •crivér a V. S. 111"»» : uno délia guerra, mentre non ardiva di ritornar qui ;  Année 1597 283 contagio del quale ciè stato un poco di pericolo in queste bande. Dirô adesso a V. S. Iir^ che dalla parrochia di Bernex, del balliaggio di Ternier, discosta da Geneva tre millia, mi viene indrissata una richiesta 1^) per laquale mi addomandano l'essercitio catholico, con questa imper- tinente presuppositione, che da Sua Altezza habbia et modo et («=) authorità di far ogni progresso nelle cose délia religione i^). Da San Giuliano, poco più discosto di Geneva, mi furono indrissate '.^) lettere dal giudice maggiore di Gex (0 et altri, in favore del curato di detto luogho (il quale fu stabilito là fa poco(f) et haveva molto ben esseguito il suo carico sin adesso), che non havendo modo di viver, è costretto di lasciar il (g) luogho senza pastore. La cura  peste, dont on a été un peu menacé de nos côtés. Je vous dirai maintenant qu'on vient de m'adresser une requête de la paroisse de Bernex, au bailliage de Ternier, distante de Genève d'environ trois milles. Sur cette déraisonnable supposition que j'ai reçu de Son Al- tesse le moyen et l'autorité d'avancer les affaires de la religion, on me demande l'exercice du culte catholique. De Saint-Julien, qui n'est guère plus éloigné de Genève, me sont arrivées des lettres du juge-mage de Gex ( et autres en faveur du curé dudit lieu. 11 y fut installé depuis peu, et avait jusqu'à présent fort bien rempli sa charge ; mais, n'ayant pas de quoi vivre, il est (b) bande. — Adesso che dell' uno et deir altro siamo pero alquanto liberi, scrivero a V. S. 111"'^ sopra questi tre capi. Prima, essendo io nel nostro Genevois, mi fu indrissata una richiesta de molti délia parrochia di Bernex, discosta da Geneva tre miglia, cioe una lega, (c) c/te — S. A. Seren™'' mi havesse data plena (d) délia religione — in questa bande, et il modo di poter farlo. (e) Da San Giuliano ancora, discosto di tre miglia poco piu di Geneva, mi furono mandate ( f ) in favore — di un certo buon curato, quale fu stabilito in quel luogho di San Giuliano un pezzo [fa] (g) detto  ( I ) Antoine de Lescheraine, seigneur de la Compote, fut juge-mage de Gex depuis le 19 septembre 1 586 jusqu'au traité de Lyon (janvier i6or), qui annexa ce pays à la France. Il devint ensuite juge-mage de Ternier et Gaillard, puis •énateur (14 juillet 1610).  284 Lettres de saint François de Sales è délia Religione di San Lazaro, C^) et sin hora si dava certa pensione al curato, laquale adesso gli è stata tolta ; onde ne riesce questo scandalo che maggior non puô esser. ^li è stato riferito ch' il popolo, con le lachrime airocchio, in genocchione pregava il curato di (') restar ; ma esso vedendo che mentre li sacerdoti staranno da pecorelle il lupo li mangiarà, si risolse di lasciarli ad ogni modo, perô con questa intentione di ritornarvi le Domeniche(j) a consolarli. Queste cose travengono fuora del Chiablais, appresso di Geneva, et ne ricorro alla bontà di V. S. 111'""; et per questo glie mando la richiesta di quelli di Bernex et un'altra del curato di San Giulino, già un'altra volta appresentata a Sua Altezza senza risposta al principalei^). Glie mando ancora le lettere del signor giudice majore  contraint de laisser la paroisse sans pasteur. Cette cure appartient à l'Ordre de Saint-Lazare qui donnait une certaine pension au curé ; maintenant on vient de la lui ôter, d'où résulte ce scandale qui ne pourrait être plus grand. On m'a raconté que le peuple, les larmes aux yeux, priait à genoux le curé de rester ; mais, voyant bien que tant que les prêtres seront regardés comme des agneaux le loup les mangera, il résolut, malgré tout, de quitter ses paroissiens, avec l'in- tention néanmoins de retourner chaque Dimanche les consoler. Ces choses arrivent hors du Chablais, tout près de Genève. J'ai donc recours à la bonté de Votre Seigneurie Illustrissime, lui en- voyant à cet effet la requête des gens de Bernex et celle du curé de Saint-Julien qui, une fois déjà présentée à Son Altesse, est demeurée sans réponse sur son principal objet. Je vous adresse aussi les lettres (h) di San Lazaro, — possessa da un cavaglier particolar in commanda, ( i ) che maggior non puô — immaginarsi. Mi é stato riferito che volendo il curato partirsi, il popolo gia catholico, in genocchione, colle lagrime lo pre- gava di (j ) //' mangiarà, — ad ogni modo li lascio sospiranti; pero con intentione di ritornarci le Domeniche, non piu come curato, ma come fratello, (k) travengono — appresso di Geneva, una sola lega fuora del Chiablais, nel balliaggio di Ternier, et io in questo non ho né carico, né poter di aiutarli. Solo questo posso, cioe ricorrere alla bonta di V. S. Ill""" ; et per tanto glie mando si la richiesta di quelli di Bernex, si ancora un'altra richiesta di quelli di San Giuliano, presentata a S. A. senza esser decretato sopra il principale, con risposta a certi incidenti.  Année 1597 285 di Gex et del signor Barone di Viri (0, persona honorata et importante, acciô vedano i Cavaglieri ch'io no son parte, ma avvocato délia parte, et che la parte non è altro salvo che il ben publico. Sonno [in] francese, ma V. S. lU""* se le potrà far leggere o dal signor de Lulino (=) o da altri ; ma la priegho bene di non perder dette lettere, acciô mi servano contra quelli che potriano haver per maie ch'io di tante cose m'impacci. Scrivo sopra di ciô(M una parola a Sua Altezza;; si degni V. S. lU'"'',  du juge-mage de Gex et du baron de Viry ( 0, personnage distingué et influent, afin que les Chevaliers voient que je suis seulement avocat et non point partie, car la partie n'est autre que le bien public. Ces lettres sont en français, mais Votre Seigneurie pourra se les faire lire par M. de LuUin ( = ) ou par d'autres. Je vous prie instamment de ne pas les égarer, afin que je puisse m'en servir contre ceux qui trouveraient mauvais que je m'entremette en tant de choses. J'écris (1) del signor giudice — et pregho humilissiniamente V. S. Ill"i^ di farsele leggere et interpretare a monsieur de Lulino, o dal Barone de Chevron, o da qualche altro, perche sonno [in] francese, et di procurarne l'effetto appresso di S. A. Seren""^, senza lasciarle in arrière (sic), accio possa mostrare con quali titoli habbiamo da desiderar altri possessori de béni ecclesiastici che non siano Cavaglieri. Ne scrivo  ( I ) Marin, baron de Viry et seigneur de la Perrière, était non moins remarquable par son dévouement à l'Eglise que par l'éclat et l'illustration de sa maison, l'une des plus anciennes du pays, et par sa valeur guerrière. Au témoignage des protestants eux-mêmes, -< il se distinguait parmi les plus zélés convertisseurs, » sans toutefois négliger le service de son prince dont il gagna l'estime et la confiance. Charles-Emmanuel \" , après avoir mis le baron de Viry à la tête des troupes levées contre les Bernois (1582), le nomma cham- bellan et conseiller d'Etat (lettres patentes du 21 avril 1583), érigea la baronnie de Viry en comté le 12 mars 1598, et, le 24 mai de la même année, donna au nouveau comte le commandement général de la noblesse du Genevois et du Faucigny, appelée sous les armes pour la défense du pays. Ce seigneur fit son testament le 2 juillet 1605, et mourut peu de jours après. Il avait épousé Claudine de Lambert qui lui survécut. (s) Gaspard de Genève, premier marquis de LuUia (1597) et de Pancarlier (1616), chevalier de l'Annonciade (159S), chambellan, conseiller d'Etat, gou- verneur et lieutenant-général au duché d'Aoste et cité d'Ivrée, était l'ami le plus dévoué et le protecteur le plus influent que saint François de Sales eût à la cour de Turin. Rien ne put affaiblir cette constante amitié, ni la faveur croissante dont le marquis jouissait , ni les nombreuses ambassades qu'il remplit auprès des empereurs, des rois de France, d'Angleterre et d'Ecosse,  286 Lettres de saint François de Sales per carità, procurarne qualche brève et fruttuosa (™) risposta. Il buon, dotto P. Fra Spirito, Cappucino (ii), essendo venuto qui queste feste di Pentecoste et predicato qui nella terra et nella parrochia des Alinges, si è sentito molto consolato di questo nuovo popolo, et il popolo incredibilmente délie sue fruttuose prediche. lo fra tanto son andato a visitar la nuova parrochia di Cervens dove ancora ho havuto consolatione ; et tuttavia si vederà maggior frutto quando questi ed altri predicatori vene- ranno qui et si fermeranno alquanto, il che adesso dette Padre non ha potuto far, («) chiamato dal Padre Pro- vinciale (0.  à ce sujet un mot à Son Altesse, suppliant Votre Seigneurie de daigner, par charité, nous obtenir une courte mais efficace réponse. Le bon et docte P. Esprit, Capucin, étant venu ici ces fêtes de Pentecôte et ayant prêché soit en cette ville, soit dans la paroisse des AUinges, est demeuré fort consolé de ce nouveau peuple, et le peuple, à son tour, l'a été incroyablement de ses fructueuses prédications. Pendant ce temps je suis allé visiter la nouvelle paroisse de Cervens, où j'ai reçu aussi beaucoup de consolation. Toutefois, les fruits seront encore plus abondants lorsque ces prédicateurs et d'autres viendront ici pour y séjourner ; ce que le P. Esprit n'a pu faire, ayant été rappelé par le P. Provincial ( i ). (m) per — bontâ, di cavarne (n) Per il secondo, il P. Spirito Balmense, Cappuciao predicatore (o) molto consolato — dall" auditorio délie sue prediche ; et tuttavia si vedera maggior frutto quando questo Padre et altri veneranno a fermarsi alquanto in queste bande, il che per adesso non puo far per esser  des archiducs d'Autriche, des princes électeurs et des Ligues suisses. Il mourut à Thonon, âgé de soixante-dix ans (23 juin 1619), après avoir recommandé à son petit-fils, Albert de Genève, de se conduire en tout d'après les conseils du saint Evêque. ( I ) Le P. Abonde de Côme avait été, en 1^88, nommé une première fois à cette charge pour la province de Lyon, à laquelle appartenaient alors les couvents de Savoie. Pendant un second triennat (1594-1597), il envoya des missionnaires évangéliser les environs de Genève, et plus tard, il fut chargé lui-même par saint Laurent de Brindes, Ministre général des Frères Mineurs Capucins, de la direction des Religieux employés à la mission du Chablais.  Année 1597 287 Una cosa ciè travenuta : il Padre vedendo gli habita- tori di Tonone seguitar con tanta furia il loro ministro heretico senza voler intendere le nostre prediche, Venerdî passato volse mostrar al ministre la falsità délia sua dottrina, et questo in publico. Ma uno délia terra, dei più ostinati, vedendo che la cosa non poteva riuscir per il ministro, lo toise con violentia del luogho, con dire che Sua Altezza Serenissima non intendeva (p) che essi trat- tassero con noi délie cose délia religione. Onde, dicendo noi che pur in queste bande non eravamo venuti per altro(l), dissero molti fra gli altri ch' io questo non po- tevo provar, et non 'volevano sopra di ciô darmi fede, et che quando Sua Altezza gli dess' avviso délia sua inten- tione saria altra cosa. Questa è la scusa de certi pochi ostinati délia terra (che quanto alla campagna non ci sono queste difficoltà), li (0 quali poi, con diversi modi et prœtesti, impediscono  Sur ces entrefaites, un incident est survenu : le Père, voyant les habitants de Thonon suivre si opiniâtrement leur ministre hérétique sans vouloir écouter nos prédications, résolut vendredi passé de dé- montrer à celui-ci la fausseté de sa doctrine, et cela en pubHc. Mais un des plus obstinés de la ville, s' apercevant que l'issue de la dispute ne pouvait être à l'honneur du ministre, l'entraîna de force hors de la place, disant que Son Altesse n'entendait pas qu'ils traitassent avec nous des choses de la religion. Or, comme nous répliquions que néanmoins nous n'étions pas venus en ces oays dans un autre but, plusieurs entre autres repartirent que je ne saurais le prouver, et qu'au reste ils refusaient de me croire là-dessus, mais que si Son Altesse leur signifiait son intention, ce serait autre chose. Voilà l'excuse d'un petit nombre d'obstinés de la ville (dans la campagne nous n'avons pas ces difficultés), lesquels ensuite, par divers moyens et sous divers prétextes, empêchent les autres de se (p) seguitar con — tutto impeto il ministro heretico senza voler sentire le nostre prediche, Venerdi passato volse publicauiente mostrare al ministro la falsita délia sua dottrina. Et essendosi inviata la disputa, uno délia terra, ostinatOj vedendo che la causa non poteva riuscir per il ministro, lo toise con violentia dalla disputa, con questo pretesto, che S. A. Seren'"-^ non haveria per buono (q) per altro — effetto che per trattare con loro délia conscientia (r) ostinati — di questa terra,  288 Lettres de saint François de Sales gli altri di ridursi. A talchè, se Sua Altezza Serenissima con og'ni minima parola si lasciasse intendere del buon desiderio che tiene circa la loro salute , senza romperla con Bernesi, se ne vederia buon frutto (s). Di questo scrivo ancora a Sua Altezza. Egli è gran cosa, ma non miracolosa perché è ordinaria, che questi nefandi figli di ténèbre sono piii accorti et prudenti \^) nelle loro Lucae, XVI, 8. gcneratioui che non sono i figli di luce*. Per conto mio son restato consolatissimo di veder qui questo buon P. Spirito, il quai potrà testificar délie cose comme stanno. (") CoUocarô questa settimana un curato nella parrochia di Brens, et sarà la quarta in questo balliaggio (0. Il  convertir. De sorte que si Son Altesse donnait le moindre témoignage du désir qu'elle a de leur salut, sans rompre avec les Bernois, on en verrait d'heureux fruits. Je lui écris aussi à ce sujet. Chose étrange, mais non point miraculeuse, car elle est ordinaire : ces misérables enfants de ténèbres sont plus avisés çX prudents dans la conduite de leurs affaires que les enfants de lumière ! Pour mon compte, j'ai été très consolé de voir ici ce bon P. Esprit qui pourra certifier de l'état des choses. Cette semaine je placerai un curé dans la paroisse de Brens : c'est la quatrième de ce bailliage qui sera pourvue (O. M. Roget viendra (s) circa -^ questo negotio, senza romperla con Bernesi. spero che se ne vederebbe gran frutto, quale non possiamo sperare mentre non vorranno trattar con noi. ( t ) nta — ordinaria et vera, che questi figlioli di ténèbre sono assai piti prudenti et fer%-enti (u) consolatissimo — délia venuta di questo buon Padre, quale pue testifi- care del stato di queste cose, cioe : per conto délia campagna non cie difûcolta veruna, et per conto délia terra cie solamente questo da fare, che S. A. dia aviso del suo buon desiderio, o scrivendo, o per bocca di qualche magistrato d'importanza, comme saria di un présidente o senatore. — (... de la venue de ce bon Père qui peut certifier létat de ces affaires, savoir : pour ce qui regarde la campagne, il n'y a aucune difficulté ; quant à la ville, il y aurait seulement un moyen à prendre. Son Altesse devrait notifier son désir, soit en écrivant elle-même, soit par lintermédiaire de quelque magistrat haut place, tel qu'un président ou un sénateur.)  (i) C'est le chanoine Louis de Sales qui fut installé à Brens. Les autres paroisses pourvues de curés étaient Cervens, les Allinges-Mésinge et pro- bablement Bons.  Année 1597 289 signor Rogetio venerà qui fra pochi giorni, comme V. S. 111'"'' glie commando (O, et già saria venuto se non fossero certi negotii del clero che lo trattengono. lo dirô poi a V. S. 111'"" che le cose di queste pension! van maie ; io sin adesso non ho potuto cavarne'^) altro senon 160 fio- rini et trentacinque coppe di fromento. È vero che me ne sonno state appresentate da 75, ma tanto cattive che io non potevo accettarle. Starô a sollecitare, et havendo fatto quanto potrô, sarô scusato di far piùl^;. Mancano alberghi per curati, manca omnis ecclesiastica suppel- lex et tutto bisogna comprar : hora lascio a considerar a V. S. 111'"^ in che stato stiamo. Dubitavo molto che la con- ferentia di Geneva non fosse andata in fumo con queste  dans quelques jours, comme Votre Seigneurie Illustrissime le lui a commandé ( i ) ; il serait déjà venu sans certaines affaires du clergé qui le retiennent encore. Je vous dirai de plus que les choses vont mal au sujet de ces pensions ; jusqu'ici je n'ai pu en tirer que cent soixante florins et trente-cinq coupes de froment. Il est vrai qu'on m'en a offert environ soixante-quinze, mais de si mauvaise qualité que je n'ai pu les accepter. Je poursuivrai mes sollicitations; puis, ayant fait tout mon possible, je serai dispensé d'en faire davantage. Nous manquons de logements pour les curés, nous manquons de tout ameu- blement pour les églises et il faut tout acheter : je vous laisse à penser en quel état nous nous trouvons. Je craignais beaucoup qu'avec ces retards la conférence de Genève ne fût allée en fumée ; mais, d'après  (v) ^/ Siirà — il quarto ia questo paese. Ma io diro liberamente che le cose vanno maie, et non si puo peggio. Io sin adesso non ho potuto haver (w) di fromento — et tuttavia staro a sollecitare. Il Sig'' Rogetio venerà qui, comme glie commando V. S. Ill"'», fra pochi giorni, havendo esso esseguito certi negotii del clero. [La fin de la minute manque dans le Procès.]  ( I ) Le chanoine Roget, qui fut longtemps « auditeur des comptes du clergé, » avait fait récemment le voyage de Turin pour présenter des récla- mations au sujet des impôts extraordinaires levés sur les biens ecclésiastiques. (Le 15 mars 1597 il date de Turin et signe, avec le chanoine Floccard et les autres députés des diocèses de Savoie, une lettre au Cardinal Aldobrandino.) Cest alors sans doute qu'il avait reçu des ordres du Nonce relativement à la mission du Chablais. (Voir ci-devant, note ( i ), p. 177, et p. 249.) Lettres I 19  2Q0 Lettres de saint François de Sales ritardationi ; ma , per quanto vengo avvisato , si potrà haver, et in modo debito : la cosa sarà fruttuosissima. V. S. Ill™^ mi fa tanto animo di scrivergli spesso, ch'io etiamdio délie cose minutissime glie scriverô liberamente, corne a Padre amantissimo di questi popoli, quantumque nel servitio d'Iddio le cose minute siano importanti. Bascio con ogni humiltà le sue mani reverendissime, et prieghando il Signor la conservi, resto eternamente, Di V. S. Iir^ et R"'% Devotissimo servitore, Franc° De Sales, Prsevosto di Geneva. Da Tonone, alli 27 di Maggio 97. Airill""" et R"^° Sig"" mio osservandissimo, Monsig»" l'Arcivescovo di Bari, Nuntio Apostolico appresso S. A. S. Turino. Revu sur l'Autographe conservé à Rome, Archives du Vatican.  ce que j'apprends, elle pourra avoir lieu et d'une manière convenable : elle sera très fructueuse. Votre Seigneurie m'encourage si fort à lui écrire souvent, que je lui parlerai librement même des choses les plus minimes (bien que dans le service de Dieu les moindres choses soient importantes), comme au Père très affectionné de ces populations. Je baise en toute humilité vos mains vénérées et, priant le Seigneur de vous conserver longtemps, je demeure à jamais, De Votre Seigneurie Illustrissime et Reverendissime, Le très dévoué serviteur, François de Sales, Prévôt de Genève. Thonon, le 27 mai 1597.  Année 1597 291  XCVII A U M Ê M E Maladie de TEvéque de Genève. — Obligations de TAbbé d'Abondance envers le prédicateur d'Evian. — Indigence des Religieuses de Sainte-Claire. — Poursuites à faire pour obtenir la conférence avec les ministres. — Le Saint sollicite l'autorisation de concourir pour la cure du Petit-Bornand. — La permission de lire les livres hérétiques est nécessaire aux missionnaires. Annecy, 31 mai 1597. Illustrissimo et Reverendissimo Signor mio osservandissimo, Doppo haver scritto (a) a V. S. 111""^ et R""^ di ïonone al 2 7 di questo, (^) hebbi nuova che Monsignor R""" Vescovo stava molto ammalato et desiderava sopra modo di ve- dermi, essendo in pericolo délia vita. Ond'io venni di .subito, et giunto (c) trovai la lettera di V. S. 111"" del XII del praesente. Et per haver scritto nella précédente il stato délie cose del Chiablais, non occorre adesso di farglie altra risposta(<^), salvo .sopra il particolar del prœ- dicator di Eviano. (e)  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, Après avoir écrit de Thonon à Votre Seigneurie Illustrissime le 27 de ce mois, je reçus la nouvelle que M'"" notre Révérendissime Evèque était très malade, et que, se sentant en danger de mort, il désirait extrêmement me voir. Je partis aussitôt, et à peine arrivé ici j'y trouvai votre lettre du 12 courant. Vous ayant exposé dans la pré- cédente l'état des affaires du Chahlais, je n'ai maintenant aucune réponse à vous faire, si ce n'est au sujet du prédicateur d'Evian. (a) Scrissi (b) di questo, — et doppo haverglie scritto (c) et desiderava — incredibilmente di vedermi. Onde io di subito venni et giunsi hieri qui, et vi (d) Et — perche gli ho scritto délie cose nostre di Chiablais nella précé- dente, non mi pare di haver a scrivergli altro ( e ) Ho veduto la lettera di Monsig"" délia Novalesa, nella quale egli mostra veramente una grande abondanza di liberalita a dare via tre prébende délie sue.  292 LtTTRES DE SAINT FRANÇOIS DE SaLES Mando a V. S. lU'"'' una copia del Brève di Sua Santità in favor del P. Papardi, morto(i', nella quale vederà li motivi per li quali Sua Beatitudine giudicô ra- gionevolissimo che l'Abbate desse quella prsebenda, li quali sonno adesso piîi potenti che mai. Quella terra è in faucibus hcereticorum, non ha altro modo di haver praedicatore ; T Abbate ( = ) cava tutte le loro décime, et è ragionevole ch' egli (f ) pasca la pecorella délia quale egli si piglia la lana. Ouesto è 'g) il magior servitio che si faccia al Signor in tutta quella badia. L'Abbate d'Aux(3), il quai non v' è tanto ubligato, dà una pensione intera  J'envoie à Votre Seigneurie Illustrissime une copie du Bref de Sa Sainteté en faveur du feu P. Papard (O : vous v verrez les motifs pour lesquels le Pape jugea raisonnable que l'Abbé donnât cette pré- bende, motifs qui actuellement sont plus pressants que jamais. Ce pays est dans la gueule des hérétiques et n'a aucun autre moyen d'en- tretenir un prédicateur; l'Abbé (2) perçoit toutes les dimes, c'est donc justice qu'il paisse la brebis dont il tond la laine. C'est le plus grand service qui soit rendu au Seigneur en toute cette abbaye. L'Abbé d'Aulps 3 ', lequel n'y est pas si fort tenu, donne une pension (f) in favor del — prsedicator morto ; non perche si possa far conseguenza per un altro, ma per monstrar a V. S. Ill""^ che Sua S'^ giudico esser molto ragionevole che l'Abbate, il quale cava tutte le décime di quella banda, dia agli habitanti un poco di contraccambio spirituale et (g) /a lana. — Vedera che quella terra é in faucibus hcereiicoriim ; ma di questo poi l'assicuro, ch' io non so donde possano havere praedicatori soffi- cienti, se non col mezzo di questa praebenda, la quale cessando, cessara  (i) Le P. François Papard, de l'Ordre des Frères Prêcheurs, docteur en théologie, Inquisiteur général en Savoie, était prieur du couvent de son Ordre à Annecy, en 1556. 11 mourut en 1592. (2) Il s'agit de Philibert Provana, Abbé commendataire d'Abondance et de l'abbaye bénédictine de Novalèse, en Piémont. Au mois de juin suivant, il résigna ce dernier bénéfice en faveur du fils d'un autre Philibert Provana, premier Président de la Cour des Comptes de Turin. (Archives du Vatican, Nun^. di Savoia, vol. 34.) Quant à l'abbaye d'Abondance, elle était l'objet des prétentions de deux compétiteurs : Gaspard Provana, Prieur de Novalèse, qui s'attribue en 1597 et 1598 le titre d'Abbé d'Abondance, et Vespasien Aiazza (voir note ( r ), p. 223), qui obtint gain de cause le 27 novembre 1399. (Rome, Archives de l'Etat, Ubbliga^ioni.) (3) Philibert Milliet fut Abbé commendataire d'Aulps de 1591 à 1618.  Année i 597 293 alla scuola de'fanciulli. Ouesto praedicator moderno (0 è persona honoratissima ; et quantumque sia vicario géné- rale nella provincia Gallicana del suo Ordine, non ha lasciato quest'anno le praediche delFAdvento et Quare- sima, et essendo scaricato di quel ufficio farà ancora maggior beneficio. S' egli no sarà andato nell'Abondan- tia, sarà o vero '.^) che no sarà stato invitato, o vero che la cessatione délia prsebenda haverà preceduta la ces- satione délia prsedica. Quanto alTaltro praedicator ch'il signor Abbate dice di dover mantener nella sua badia, credo che si deve far, ma so et credo che non si fa ; ne saria troppo caricato l' Abbate havendo per lui duoi prae- dicatori, anzi mi par molto caricato non havendoli. Le religiose îMonache di Eviano (*) sonno non solo(») poverissime, anzi fameliche, et so ch'il signor Abbate  entière pour l'école des enfants. Le prédicateur actuel (0 est un homme de grand mérite ; quoiqu'il soit vicaire général de la province Gallicane de son Ordre, il n'a pas laissé néanmoins cette année de prêcher l'Avent et le Carême, et quand il sera déchargé de son office il fera encore plus de bien. S'il n'est pas allé à Abondance, ce sera sans doute ou parce qu'il n'aura pas été invité, ou parce que la cessa- tion de la prébende aura précédé la cessation des prédications. Quant à l'autre prédicateur que l'Abbé dit être obligé d'entretenir dans son abbaye, je crois que cela doit se faire, mais je sais et je crois que cela ne se fait pas. A la vérité, l'Abbé ne serait pas trop chargé d'avoir deux prédicateurs à son compte ; il me semble, au contraire, qu'il le serait bien davantage s'il ne les avait pas. Les Religieuses d'Evian ( = ) sont non seulement pauvres, mais elles (h) in tutta qiiella badia. — Et se questo prxJicatore moderno non sarâ andato nella Abondanza, sara forse o (1) Quanto aile signore Monache, so che sonno  ( I ) Le P. de Fossias (voir ci-devant, note ( i ), p. 243). ( 2) Les Religieuses Clarisses fondées à Orbe par sainte Colette (1427-1428), ayant été chassées de leur couvent par les hérétiques, s'étaient réfugiées à Evian le 24 mai 1555. Saint François de Sales témoigna toujours un profond intérêt à cette Communauté, qui se distingua constamment par sa ferveur et sa régularité. Dissoute à la révolution française, elle a été reconstituée au mois de septembre 1875 par une colonie sortie du monastère de Sainte-Claire de Versailles. (Les Clarisses d'Evi.ui-les-Bafus, pnr le P. Ladislas de Marlioz.)  294  Lettres de saint François de Sales  glie fa limosina ; ma quanto a darglie una praebenda, corne egli dice, credo che questo si debba intendere con distintione di praebende. Haverô ben presto vero et dis- tinto raguaglio di queste cose. Quanto a quella suasione ch' il signor Abbate, per gratia sua, desidera di far a V. S. 111'"% che non dia fede a Savoyardi in générale (J ), io Tho per una impertinentia taie che non mérita risposta. Ch'egli pur si sforsi di far queste suasioni , ch' io son certo di far con effetto contraria persuasione : cioè ch'io, in questo ne in altro, non uso ne bugia, ne tratto sinistro appresso V. S, 111"'*, ne domando un solo baggatino délia sua badia W.  endurent la faim, et je sais que l'Abbé leur fait l'aumône ; pour ce qui est de leur donner une prébende, comme il le prétend, je pense qu'il faut distinguer entre prébende et prébende. J'aurai bientôt des renseignements vrais et détaillés à ce sujet. Quant à l'opinion que M. l'Abbé prétend donner si gratuitement à Votre Seigneurie Illustrissime, qu'en général il ne faut pas se fier aux Savoyards, je la regarde comme une impertinence telle qu'elle ne mérite pas de réponse. Qu'il s'efforce tant qu'il voudra d'insinuer de semblables opinions ; pour moi je suis sûr de convaincre du con- traire par des effets : c'est-à-dire, qu'en cela ni en chose quelconque je n'use point de mensonge ou d'artifice auprès de Votre Seigneurie, et que je ne demande pas un seul denier des revenus de son abbaye. (j) ch' il signor Ahhate — desidera di far, per gratia sua, che V. S. 111"^* [non] creda a Savoyardi, soliti di usar questi et altri tiri (k) risposta — et mi pare che se non fosse mai per altro che per rispetto del fondatore dell' Abondanza, doveria trattar piu cortesemente gli Savoyardi. Basta; che egli puo suadere a V. S. 111'"-'' quel che gli pare et place, ma io son certo di persuadere sempre con effetto che io non uso in questo né in altro, di bugia o tiro. Et a che modo farei io altrimenti, poiche in questo non ho né poco, né assai, né voglio niente del suo ? Ma di questo basta appresso V. S. 111"^", che é giudice retto et non appassionato. — (Et il me semble que, quand ce ne serait que par respect pour le fondateur d'Abondance, il devrait traiter plus courtoisement les Savoyards. N'importe : il peut insinuer à Votre Seigneurie Illustrissime ce qu'il lui plaît et ce que bon lui semble, car je suis siir de convaincre toujours par des effets que je n'use en ceci ni en chose quelconque de mensonge ou de ruse. Et à quelle fin ferais-je autrement, puisque je n'ai en cela ni peu ni beaucoup, et que je n'ambitionne rien du sien ? Mais c'est assez sur ce sujet auprès de Votre Seigneurie Illustrissime, qui est un juge équitable et non point passionné.)  Année 1597 295 Hieri hebbi T altra lettera di V. S. Iir* et viddi la copia di quella del .signor Cardinale Santa Severina. Monsignor Reverendissimo chiamô subito il P. Provin- ciale de'Cappucini (O, quale era qui (U, acciô scrivesse al P. Cherubino, che era in Mommelliano, per farlo venire qui acciô dia assoluta risposta a quelli di Geneva, la quale sin adesso non si è potuta dare, et si pigli quanto prima, di banda et d'altra, qualche risoluta con- clusione("^). Quel Padre è diligentissimo (n) et sagace, et ben presto haverà trattato ; il che havendo fatto, subito sarà avvisata V. S. lU"" minutissimamente d' ogni nostro pensiero, acciô li moderi tutti ; et secondo il numéro che vorranno quelli de Geneva de conferenti, domandaremo  Hier je reçus l'autre lettre de Votre Seigneurie Illustrissime et je vis la copie de celle de M. le Cardinal de Santa-Severina. M^"" le Révérendissime manda aussitôt le P. Provincial des Capucins (0, qui était ici, pour le charger d'écrire au P. Chérubin, actuellement à Montmélian, et lui ordonner de venir rendre une réponse positive à ceux de Genève. Cette réponse n'a pu être donnée jusqu'à présent ; ce- pendant il faut au plus tôt prendre de part et d'autre une résolution définitive. Ce Père est très diligent et adroit, il traitera donc promp- tement l'affaire. Dès qu'il aura achevé, Votre Seigneurie sera informée par le menu de nos moindres projets afin qu'ils soient tous dirigés par vous. Nous vous demanderons plus ou moins de théologiens selon ( 1 ) Hieri pure hebbi ancora una lettera di V. S. 111™^ del 25 di Maggio, per la quale si riferiva ad una copia di lettera del Sig'' Cardinale S"* Severina ; et ho veduto attentamente tutto, con incredibil consolatione che si sia data tutta l'authorita per la conferentia a V. S. 111"* et a Monsig"" R™°, ché cosi si spediranno presto le cose, et fruttuosamente. Subito Monsig'' R"'° maudô a chiamare il Padre Provinciale de Cappucini (m) venire qui — affinche faccia horamai risposta a quelli di Geneva, con la quale si possa venire a qualche risolutione ; poiche sin adesso si é andato differendo, con arti varie, di fare assoluta risposta. (n) et sagace, et spero che ben presto haveremo da scrivergli i disegni nostri minutissimamente, accio li moderi; poiche sin tanto che si comminci a capitulare con quelli di Geneva del numéro de conferenti et del modo délia conferenza, non possiamo pigliare risolutione ; et questo tocca a detto Padre, quale é stato chiamato in questo campo. Ma sara avvertita V. S. 111""* di tutto  I ) Voir ci-devant, note ; i), p.  296 Lettres de saint François de Sales a V. S. lU""' o più o meno de theologi, et ad ogni modo cercaremo che vi siano duoi o tre Giesuiti. Non dormi- remo punto in questo negotio, et sarà et diligentissima- mente et minutissimamente avisata V. S. Ill'"\ Laudo che Sua Santità habbia lasciato questo carico a V. S. 111™* et a Monsignor Reverendissimo, perché veramente si farà et più speditamente et più fruttuosamente. Monsignor Reverendissimo è stato da vinti giorni in qua nel letto molto ammalato. et havendo ricevuto in questo mentre due lettere di V. S. 111™% una il 26 et l'altra hieri per le mani del signor Floccardo, canonico (0, glie rincrebbe infinitamente di non potergli far risposta per allhora perché il medico non lo volse permettere. Spera nientedimeno che fra pochi giorni, havendo ricuperato un poco più di vigore, egli darà piena et compita sodis- fattione si aile lettere di V. S. 111'"% si ancora a quelle  le nombre de conférenciers voulu par ceux de Genève, et nous tâche- rons de toute façon qu'il y ait deux ou trois Jésuites. Nous ne nous endormirons point en cette négociation , et vous en serez averti immédiatement, dans le plus grand détail. Je me félicite de ce que Sa Sainteté en a laissé le soin à Votre Seigneurie et à M^"" le Révé- rendissime, car ainsi tout se fera d'une manière plus expéditive et plus fructueuse. Depuis vingt jours Monseigneur est au lit très malade ; il a reçu pendant ce temps deux lettres de Votre Seigneurie, l'une le 26. l'autre hier par M. le chanoine Floccard (0, et regrette beaucoup de n'avoir pu vous répondre, parce que le médecin n'a pas voulu le lui permettre. Il espère néanmoins recouvrer un peu de force et vous donner, dans quelques jours, pleine et entière satisfaction au sujet de vos lettres distintamente et veramente, et de theologi che si faranno di bisogno; et ad ogni modo cercaremo per tutte le vie possibili di haver duoi Padri Giesuiti, se non fosse mai per altro che per far vedere a quelli heretici la concordia fra Catholici. [La suite de la minute ne se trouve pas dansle Procès. Reprendre au texte, lig. 8.]  (i) Barthélémy Floccard, chanoine de la Collégiale de Notre-Dame de Liesse d'Annecy dès 1577, P'^'* sacristain de cette même église. Il mourut en juin i6îi.  Année 1597 297 del signor Giustiniano, il quale non è certo ben informato délie cose di qua, ne de li cunti del R""* JMonsignor suo zio ('). Priegha adunque Monsignor R"'° Vescovo V. S. 111™' di haverglie un poco di patientia sin tanto che possa farglie risposta aile sue. È vacante adesso un bénéficie curato, cioè una cura ( = ), che puô valer di intrata dugento scudi, nelli buoni anni, et si darà, seconde l'ordinario, per concorso. lo son sollecitato da varii amici, etiamdio spirituali, di preva- lermi di questa occasione, che maggior non habbiamo di qua. lo, per non spregiar V aviso loro, lo farô, ma con questa conditione, di non riservare quel bénéficie se non con il beneplacito et giudicio di V. S. 111'"% poichè io non posso haver et ritener insieme con quella cura il praevostato délia chiesa Cathédrale. E ben vero ch'il pre- vostato non havendo neanche un quattrino d' intrata, et il canonicato che si dà al Praevosto non havendo un anno per l'altro sessanta scudi, io stimo più giovevole di esser  et de celles de M. Giustiniani, lequel n'est certainement pas bien informé des affaires de ce pays ni des comptes de Monseigneur son oncle (0. M»"" notre Révérendissime Evêque vous prie donc de patienter un peu jusqu'à ce qu'il puisse vous répondre. Un bénéfice-cure, c'est-à-dire une cure, est maintenant vacant (a) ; il peut rapporter environ deux cents écus de revenu les bonnes années, et doit, comme de coutume, se donner au concours. Plusieurs de mes amis, même spirituels, m'engagent à me prévaloir de cette occasion, car nous n'en avons pas de meilleure dans ce pays. Pour ne point mépriser leur avis, je le ferai, mais à la condition de ne jouir de ce bénéfice que sous le bon plaisir et avec l'assentiment de Votre Sei- gneurie Illustrissime, puisque je ne puis avoir et conserver avec cette cure la prévôté de l'église cathédrale. 11 est bien vrai que la prévôté n'a pas un liard de rente et le canonicat que l'on donne au Prévôt ne rapporte en moyenne que soixante écus par an ; j'estimerais donc plus ( I ) M8>' Ange Giustiniani , après avoir été dix ans Evèque de Genève (i 568-1 578), avait échangé avec Claude de Granier la crosse épiscopale contre les prieurés unis de Talloires et de Saint-Jorioz. Il était mort à Gènes, sa patrie, le 22 février 1596. { 2 ) La cure du Petit-Bornand, vacante par la mort de Jacques Bally.  298 Lettres de saint François de Sales commodo curato che povero Prsevosto, se non fosse la speranza del ritorno nostro in Geneva, laquale sin adesso pasce molti honorati dottori et nobili che sonno stati nella Chiesa nostra. 3Ia parlando poi assolutamente, io son poco meno costretto di lasciar questo praevostato ad altri che possano far mag"gior residentia di quella ch' io posso far mentre son in Chiablais, et habbiano modo di vivere senza quello. Io veramente ho vissuto sin adesso, et meglio di quello ch' io non merito, ma egli è stato prse- cario ; onde, ponderando bene ogni cosa, mi risolvo alla cura, che è il più ricco beneficio di questa diocesi. fra quelli ch'io posso et mi è lecito sperar. Desiderarei bene preghar humilissimamente V. S. 111'"'' che col beneplacito di Sua Santità mi fosse lecito rite- ner il canonicato semplice, acciô venendo qui io habbia luogo nel cuoro (sic) nostro, il quale è tanto ben ufficiato che è una délie più grandi consolationi ch'io ne habbia. Et cosî, havendo da vivere quanto basta per la mia con- ditione, io altro non cercarô senon, con quelle poche fatighe nelle quali sarô adoprato, servire al Signore et  avantageux d'être un curé rente, que d'être un pauvre Prévôt, n'était l'espoir de notre retour à Genève, lequel soutient encore maintenant plusieurs docteurs distingués et nobles qui ont appartenu à notre Eglise. Mais, pour parler clairement, je suis presque contraint de céder cette prévôté à quelqu'un qui puisse résider ici plus assiduement que je ne le fais moi-même pendant que je suis occupé en Chablais, et qui ait en même temps de quoi vivre sans ce revenu. J'ai à la vérité vécu jusqu'à présent, et mieux que je ne le mérite, mais d'une ma- nière précaire ; c'est pourquoi, toutes choses bien pesées, je me résous à demander la cure, qui est le plus riche bénéfice de ce diocèse parmi ceux qu'il m'est possible et permis d'espérer. Je désire aussi prier Votre Seigneurie Illustrissime d'obtenir qu'il me soit loisible, avec l'agrément de Sa Sainteté, de garder le cano- nicat simple, afin que, venant ici, j'aie une place dans notre chœur ; car les offices s'y célèbrent si dignement que c'est là une de mes plus grandes consolations. Ayant ainsi de quoi vivre selon ma con- dition, je ne chercherai plus autre chose sinon de servir le Seigneur et l'Eglise de ce diocèse par les petits travaux auxquels je serai  Année 1597 399 alla Chiesa di questa diocœsi. Mi perdoni per bontà sua V. S. 111"'' s'io, fra tanti pensieri d'importantia, la tra- tengo sopra questo mio particolar, perché in questi miei dubbii no so dove quietarme senon nel seno di Sua Pater- nità Iir^ et R"'\ Non so ancora se Sua Beatitudine si sarà compiaciuta di dar la licentia de' libri prohibiti alli signori Grandis (0 et Rogetio, dottori de theologia ; so bene che non bisogna impacciarsi di praedicar fra gl' haeretici sensa quella. La conferentia me vuol trattener un pezzo di qua, ma fra tanto il signor Rogetio passarà in Tonone acciô faccia quel che si conviene in quelF opra. Priegho il Signor conservi molti anni V. S. lU"''* ad  employé. Que votre bonté daigne me pardonner si, au milieu de tant de graves sollicitudes qui l'accablent, je l'entretiens d'une affaire qui m'est personnelle ; mais, dans mes doutes, je ne sais où me repo- ser si ce n'est dans le cœur de Votre Illustrissime et Révérendissime Paternité. Je ne sais pas encore s'il aura plu à Sa Sainteté d'accorder à MM. Grandis (i) et Roget, docteurs en théologie, la permission de lire les livres défendus ; mais je sais bien que, sans cette permission, il ne faut pas se mêler de prêcher parmi les hérétiques. La conférence me retiendra longtemps ici ; en attendant, M. Roget ira à Thonon pour remplir les devoirs du ministère. Je prie le Seigneur de vous conserver longues années pour l'utilité (i) Claude Grandis, docteur de Louvain, était uu ecclésiastique plus remarquable encore par ses éminentes vertus que par son savoir. Ordonné prêtre le 27 mai 1589, il avait été institué curé d'Arthaz le 3 novembre de la même année, et sept ans plus tard (i^'" octobre 1506), il permuta ce bénéfice contre un canonicat à la cathédrale. Il s'était acquis l'estime et l'affection de saint François de Sales, qui voulut l'avoir pour collaborateur dans la mission du Chablais, et, en 1608, le nomma préfet de la Sainte-Maison. La mort de ce chanoine, arrivée en juillet 1617, fut un deuil public, ainsi que l'écrit sainte Jeanne-Françoise de Chantai en rendant le témoignage suivant à ses vertus : M. Grandis est un « homme de parfaite sainteté que chacun pleure et regrette pour l'extrême perte que l'Eglise a faite. Les sei- gneurs de Genève même, forcés par sa rare vertu, le regrettent, et disent que c'était un ange du Ciel ; certes, cette mort me toucha jusqu'au fond du cœur. Monseigneur en a ressenti et ressent une douleur nonpareille. Encore ce matin les larmes lui en venaient aux yeux. " (Lettre du i'^'' août 1617.)  ^oo Lettres de saint François de Sales utiltà di queste provincie, et basciandoli humilissima- mente le mani reverendissime, resto eternamente, Di V. S. Iir^' et R'"% Humilissimo et devotissimo servitore, Franc° De Sales, indegno Prevosto di Geneva. In Annessy, alli 31 di Maggio 97. Doppo questa scritta et non mandata, il P. Spirito mi ha mandata una, quale io [ho] giunta qui, et credo che glie darà aviso délie cose di Tonone. Air 111'"° et R"^*' Sig'' mio osservandissimo, Monsig"" l'Archlvescovo di Bari, Nuntio Apostolico appresso S. A. Turino. Revu sur l'Autographe conservé à Rome, Archives du Vatican.  de ces provinces, et baisant très humblement vos mains vénérées, je demeure à jamais, De Votre Seigneurie Illustrissime et Reverendissime, Le très humble et très dévoué serviteur, François de Sales, indigne Prévôt de Genève. Annecy, le 31 mai 1597- Cette lettre était écrite et non encore expédiée, quand le P. Esprit m'en a fait remettre une que je joins à celle-ci ; je crois qu'il vous renseignera sur les affaires de Thonon.  Année 1597 301  XCVIII AU M Ê iVI E (minute) Affaires du Chablais : démêlés avec les Chevaliers des Saints Maurice et Lazare; encore la conférence de Genève. Sales, 29 juin 1597. Illustrissimo et Reverendissimo Signor mio osservandissimo, Mi furono mandate le lettere di V. S. 111"% insieme col Brève di Sua Santità''), dal signor praesidente Po- bello( = ) con grandissima diligentia, si che capitorono nelle mie mani in Tonone alli 23 di Giugno. Ringratio infinitamente V. S. Ill"" del zelo con il quale Ella si adopra per questi poveri popoli. Quanto ail' ordine il quale il signor Ripa (3) fa inten- dere essersi dato, si per la conservatione del luogho di monsieur di Avulli nel consistorio di Chiablais, si anche  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, Les lettres de Votre Seigneurie et le Bref de Sa Sainteté ( i ) me furent envoyés si promptement par M. le président PobeKa), qu'ils me parvinrent à Thonon le 23 juin. Je vous remercie infiniment du zèle avec lequel vous vous employez pour ces pauvres populations. Quant à l'ordre que M. Ripa ( 3 ) dit avoir été donné, soit pour le maintien de M. d'AvuUy dans la charge de chef du consistoire du ( I ) Voir ci-devant note ( i ), p. 272. (2) Raymond Pobel, seigneur d'Asnières et du MoUard, d'abord avocat au Sénat de Savoie (1566), juge-mage de Bresse (1569), puis sénateur (1571), avait été nommé troisième président du Sénat le 9 janvier 1581, et devint second président le 5 août 1585. Il mourut le 5 août 1597. (3) Augustin Ripa, premier secrétaire d'Etat, comte de Jaillon (1394), réunis- sait au titre de conseiller d'Etat, celui de « secrétaire des Commandements, des Finances, de l'Ordre de l'Annonciade et de la sacrée Religion et Milice des Saints Maurice et Lazare. ><  302 Lettres de saint François de Sales per la restitutione delFintrata al curato di San Giulino, non ne ho sin adesso sentito nuova veruna. Quanto poi a (») quello che è stato promesso dalli Cavaglieri, è vero che il signor cavaglier Bergera mi obligé gl'affitauoli, ma è vero ancora ch" io protestai di non voler litigar con essi, che eran tutti habitatori di Tonone ; et non fa bisogno che quelli i quali cercano di ridurli habbiano questi intrighi con loro, massime in questi calamitosissimi tempi et paesi dove ogn' uno è povero. Circa 1* accrescer li curati, persisto io a dire che è con- venientissimo che non solo li Cavaglieri , ma quanti sonno che si ritruovano haver beneficii in Chiablais, li lascino in mano di ^lonsignor Reverendissimo per darli a capaci. 31a non mi par che debbano li signori Cava- glieri, con questi prsetesti, ritardar l'opra et dire che quasi tutte le cure siano nelle mani de'prœti, perché non saranno cinque praeti che godano pacificamente detti beneficii .t'). Et io non ne so senon uno. de quelli cinque.  Chablais, soit encore pour la restitution du traitement dû au curé de Saint-Julien, je n'en ai jusqu'ici reçu aucune nouvelle. Au sujet de ce qui a été promis par les Chevaliers, il est vrai que le chevalier Bergera obligea les fermiers en ma faveur ; mais il est vrai aussi que j'ai protesté ne point vouloir plaider avec ces gens, qui sont tous habitants de Thonon ; et il ne faut pas que ceux qui tâchent de les convertir aient ces démêlés avec eux, surtout en des temps si calamiteux, et en des pays où tout le monde est pauvre. Pour ce qui est d'augmenter le nombre des curés, je persiste à dire qu'il est très convenable que non seulement les Chevaliers, mais encore tous ceux qui détiennent des bénéfices en Chablais les remet- tent à M'"" le Révérendissime afin qu'il les donne ensuite aux plus capables. Toutefois, il me semble que MM. les Chevaliers ne doivent pas, sous de vains prétextes, retarder cette œuvre et dire que presque toutes les cures sont entre les mains des ecclésiasti- ques ; car il n'y a pas cinq prêtres qui jouissent paisiblement de ces bénéfices. Sur les cinq je n'en connais qu'un qui ne soit pas molesté (a) d — Tqucl grauo et vino...J (b) delti beneficii — et non siano fquerelali dall' istessi...J  Année 1597 303 il quale non sia querelato dall'istessi Cavaglieri. et quello sin adesso non ne ha cavato un sol quattrino per esser stato impedito dalli Genevrini; et nel resto ha speso del suo et delli suoi amici, nell'opra di Chiablais, quanto basta per non essergli rimproverato quel beneficio (i). Ho ricevuto il Brève di Sua Santità con ogni humiltà, et vederô di essequire quanto in quello mi è comman- dato, con ogni diligentia. È vero che il tempo è molto cattivo di qua. 3Ionsignor R™" Vescovo mi ha mandate una lettera per esser mandata a V. S. 111™% nella quale glie dà raguaglio délia sanità ricuperata per gratia d' Iddio. Il P. Cherubino glie scrive circa la conferentia in che stato siamo. Temo che li movimenti délia Maurianna non ci diano gran disturbo ( = ), massime alla venuta del Padre Giesuito che V. S. 111"^ vuol far venire. Et già che mi  par les Chevaliers mêmes, et celui-ci n'en a pas tiré un seul liard parce qu'il en a été empêché par les Genevois. Du reste, il a suffisamment dépensé de son bien et de celui de ses amis dans la mission du Cha- blais, pour qu'on ne lui reproche pas ce bénéfice (i). J'ai reçu en toute humilité le Bref de Sa Sainteté ; je tâcherai d'exécuter avec grande diligence ce qu'il m'enjoint. Il est vrai que les temps sont bien mauvais pour ce pays. M""" notre Révéren- dissime Evêque m'a envoyé, pour faire parvenir à Votre Seigneurie, une lettre dans laquelle il vous annonce que, par la grâce de Dieu, il a recouvré la santé. Le P. Chérubin vous écrit où nous en sommes touchant la confé- rence. Je crains que les mouvements des troupes en Maurienne ne nous causent de grands embarras (= \ surtout pour la venue du P. Jésuite que Votre Seigneurie Illustrissime veut nous envoyer. Puisque vous me demandez lequel serait le plus utile, du Recteur de ( I ) Le Saint parle ici de lui-même ; car il avait obtenu au concours, le II mai 1595, ^^ ^^^^ ^^ Corsier-Asnières, dont les revenus étaient aliénés par les hérétiques. ( 2 ) Lesdiguières venait de faire une descente dans cette province ; le 23 juin il avait surpris Saint-Jean de Maurienne. Dom Sanche de Salinas, chargé de défendre le pays, au lieu d'opposer quelque résistance, avait replié ses troupes sur le Piémont. Lesdiguières le poursuivit jusqu'au pied du Mont- Cenis, et s'empara du château de Saint-Michel.  304 Lettres de saint François de Sales domanda quale ûa. più utile, o vero il Rettor de Turino (»), o vero il theologo francese che legge in ^Lilano (=), stimo ch'il francese tornarà più a commodo, si per il commercio délia lingua, si ancora per parer minor affettatione dalla banda nostra, g'ià che questa conferentia non ha da farsi se non sotto nome di 3Lonsignor Reverendissimo nostro. 3la saria bisogno di tenerlo avvertito acciô che venga al primo avviso senza dilatione, perché il differire non potrà esser senon nocivo. Habbiamo in Chiambery duoi Padri Giesuiti valenti : il Padre Saunerio et il Padre Alexandro, scossese (3); et in caso che fossero chiusi i passi et le strade per venire, mi pare che bastariano. È ben vero che questi Genevrini fanno gran difficoltà di ricevere Giesuiti in questa conferentia, con dire che sonno huomini di Stato et esploratori di Spagna ; ma noi, dal canto nostro, faremo oofni sorte di instantia.  Turin d ) ou du français, lecteur de théologie à Milan ( = ), je crois que le français nous conviendra mieux, soit à cause de la langue, soit aussi pour qu'il y ait moins d'affectation de notre côté ; car cette confé- rence ne doit se faire que sous le nom de M^"" notre Evêque. Mais il faudrait prévenir ce Père afin qu'il vint sans retard au premier appel : tout délai ne pourrait être que nuisible. Nous avons à Chambéry deux Pères Jésuites de grand mérite : le P. Saunier et le P. Alexandre, écossais ( 3 ) ; si les passages et les routes [d'Italie] étaient fermés, il me semble que ces Religieux suffiraient. Les Genevois, il est vrai, font grande difficulté d'admettre des Jésuites à cette conférence, disant qu'ils sont hommes d'Etat et explorateurs d'Espagne ; cepen- dant nous emploierons de notre côté toutes sortes d'instances. (i) Le P. Antoine Marchesi, milanais, qui exerça cette charge pendant les années 1 595-1598 et 1602, 1603. (2) Le P. Jean de Lorini (voir ci-devant, note ( i ), p. 105). {}) Le P. Alexandre Hume ou Humasus, né en Ecosse en 1560, appartenait probablement à la famille des barons Hume de PoUvarth ; il entra dans la Compagnie de Jésus en 1581. Un de ses contemporains fait de lui réloge suivant : Il se rendit recommandable « par son humilité et par le cou- rage qu'il témoigna en plusieurs rencontres où il s'agissait de la conquête des âmes... C'était un saint, tenu pour tel en Chablais et partout ailleurs. » Le P. Hume partagea avec beaucoup de zèle et de dévouement les travaux de saint François de Sales pour la conversion des hérétiques. H mourut à Cham- béry le 29 mars 1606.  Année 1597 305 Quanto alla parrochia per laquale desideravo di haver dispensa , il fratello del defunto curato prétende di esserne proviso (<=), per resignatione, da Roma ; il che se sarà vero, non vorrei esser importune con V. S. 111""* indarno. Aspettarô adunque di supplicarla, sin tanto che di Roma venga la resolutione per questo praetendente. Fra tanto mi fanno intendere che il signor Cantor délia metropolitana di Lione(i) indrizza certi avvisi a Mon- signor riU™" Cardinale Legato in Francia( = ) circa le cose di Genevra ; et perché è persona degna de fede, mi è parso di dover darne aviso a V. S. 111'"% acciô che se per sorte la scrivesse a detto signor Legato et venisse a proposito, lo favorischi Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.  Quant à la paroisse pour laquelle je désirais avoir une dispense, le frère du défunt prétend en être pourvu de Rome par résignation. S'il est vrai, je ne voudrais pas importuner inutilement Votre Seigneurie; j'attendrai donc pour vous supplier à ce sujet la décision de Rome à l'égard du prétendant. On m'avertit que M. le chantre de la métropole de Lyon ( i ) adresse à M""" l'Illustrissime Cardinal Légat de France (2) certains avis tou- chant les affaires de Genève ; comme il est un homme digne de foi, j'ai cru devoir vous en informer, afin que si par hasard Votre Seigneurie écrit audit Légat et qu'EUe en ait occasion, Elle daigne le favoriser (c) proviso — fcon derogatione...J  ( I ) Louis de Sacconay, qui appartenait à une famille savoisienne, était chanoine de la métropole de Lyon dès le 24 décembre 157». Il remplit suc- cessivement dans ce Chapitre les charges de maître de chœur (1377), chantre (i5|8a) et chamarier (1604); il mourut le ij juin 1613. (2) Alexandre de Médicis ; voir ci-devant, note ( i ), p. 221.  LïtTRES 1  3o6 Lettres de saint François de Sales XCIX AU DUC DE SAVOIE, CHARLES-EMMANUEL V^ (minute) Témoignages de reconnaissance. [Juillet] 1597. (a) Monseigneur, Je remercie très humblement Vostre Altesse du favo- rable jugement qu'elle fit de moy dernièrement (0, quand la nouvelle se donna que Monseigneur le R™" Evesque de Genève estoit en danger de mort(-). Et sachant que cest heur de comparoistre en vostre mémoire en une si honnorable occasion ne peut partir que de la bonté de Vostre Altesse, qui aura peut [être] esté persuadée qu'il y aye quelque suffisance en moy, proportionëe a ceste sienne faveur, je rougis d'honte d'en estre tant indigne (b), et loue Dieu néanmoins qui a donné a Vostre Altesse ceste resolution de vouloir procurer des bons pasteurs a vostre peuple ; car encores que je soys le plus indigne de tous ceux qu'elle pouvoit se reduyr'en souvenance, si  (a) Monseig'', Je remercie Vostre Ser'""^ Altesse du favorable souvenir qu'ell'eust de moy dernièrement quand ell'eut advis que Monseig"" le R""= Evesque de Genève estoit en danger de mort; lequel, bien quil partit du respect que V. A. porte a la vertu, du mérite delaquelle elle croyoit que je fusse prouveu, dont je suis bien esloigné, ne peut qu'il n'anime a se rendre vertueux tous ceux qui l'auront sceu, et ne me donne courage pour m'acquerir la suffisance en contemplation de laquelle V. A. s'advisa Ihors de me bienfaire. Et bien que je sois... Ell'animera néanmoins tous ceux qui le sçauront a se Prendre capables de semblablc.J procurer une vraye capacité qui puysse mériter un bien semblable... (b) [Un léger trait de plume a été passé, probablement par distraction, sur les sept mots qui précèdent.]  (i) Voir à l'Appendice la lettre du Nonce en date du i6 juin 1597. ( 2 ) Malgré le rétablissement de M'^'' de Granier, le duc de Savoie ne perdit pas de vue le projet de lui donner le Prévôt pour successeur; le 29 aoiit de cette même année, il signait les lettres patentes par lesquelles celui-ci était nommé coadjuteur de l'Evèque de Genève avec future succession.  Année 1597 307 est ce que l'intention droitte de Vostre Altesse ne laisse pas d'en estre très recommandable (<=). J"ay escrit pieça a Vostre Altesse des nécessités du Chablais, et i^) quoy que je ne doute point que le zèle dont Nostre Seigneur a eschauffé son cœur ne luy en tienne tousjours la memoyre fraiche, si ay je prié mon- sieur le baron de Chevron de la luy repraesenter. Je prie sa divine Majesté qu'elle (e) conserve et confère toute bénédiction a Vostre Altesse, delaquelle je suis, Monseigneur, (f) Très humble et très obéissant serviteur et sujet. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.  (c) très recommandahle. — rPuys, en un siècle si désespéré... infortuné. ..J (d) et — fay prié monsieur le baron de Chivron d'en resouvenir par fois V. A...J (e) qu'elle — fsoit la protection de V. A...J (f) a Vostre Altesse, — flaquelle je supplie de m'advoiierj Monseigneur, fpour sonj  A UN GENTILHOMME DE LA COUR DU DUC DE SAVOIE (minute inédite) Même sujet. "juillet] 1597. Monsieur, Je ne puys penser d'ou me vient la faveur [par la- quelle] il vous pleut embrasser dernièrement l'honno- rable souvenance que Son Altesse eut de moy sur la nouvelle qui courut de la maladie de 31onseigneur TEvesque de Genève, si ce n'est vostre bonté, qui vous sollicite a bienfaire jusques aux inconneuz. Mays je sçai bien que ceste vostre courtoisie ne se pouvoit adresser a  308 LETTRtS DE SAINT FrANÇoIS DE SaLKS sujet qui s'en tint plus indigne et plus obligé a vou.ê rendre humble service. Je prie Dieu quil vous conserve longuement en prospé- rité, et m'offre meshuy a vous pour demeurer a jamais, 3lonsieur, Vostre très humble serviteur. Revu sur TAutographe conservé à la Visitation d'Annecy.  CI  A MONSEIGNEUR JULES-CÉSAR RICCARDI ARCHEVÊQUE DE BARI, NONCE APOSTOLIQUE A TURIN  Assemblée faite à Annemasse pour traiter des intérêts de la religion en Chablais. — Le P. Chérubin député auprès du duc. — Succès prodigieux des Quarante-Heures d'Annemasse. [Thonon,] 14 septembre 1597. Illustrissimo et Reverendissimo Signor mio osservandissimo, 3lentre son stato dififerendo di giorno in giorno di scriver a V. S. IIP'* sin tanto che io potessi concorrere col P. Cherubino per scrivergii più compitamente, sonno occorse tante cose degne di esser scritte ch' io non so se le potrô ben tutte ridurre nella memoria. Essendosi ridotti in Annemasse li R"" Padri Giovanni Saunerio, Giesuito, Spirito et Cherubino, Cappucini,  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, Pendant que Je différais de jour en jour d'écrire à Votre Seigneurie Illustrissime en attendant que je pusse me concerter avec le P. Chéru- bin pour le faire plus amplement, il est arrivé tant de choses dignes de vous être communiquées, que je ne sais si je pourrai les rappeler toutes à mon souvenir. Comme je vous l'écrivais dans ma dernière lettre, les RR. PP. Jean Saunier, Jésuite, Esprit et Chérubin, Capucins, le chanoine de Sales,  Année 1597 309 insieme col signor canonico de Sales, il curato di Anne- masse (i), tutti prœdicalori, et il Barone di Viri, consi- gliere di Stato di Sua Altezza, per cercar li mezzi convenevoli di ridurre alla fede li popoli che sonno intorno a Geneva, si corne io scrissi a V. S. 111™^ per l'ultima mia, si fece questa conclusione. Che bisognava ad ogni modo che le cure fossero restituite dalli Cava- glieri di San Lazare et altri ; che fosse drissato un coUegio in Tonone de Padri Giesuiti, od al manco una residentia ad tempus, et per ciô fare, vi foss' applicata l'intrata di un priorato conventuale posseduto dalla communità di esso luogho. Et acciô che gl' habitatori non ne havessero ramarico verso detti Padri, il che impedirebbe assai il progresse délia loro conversione , fu avisato che saria preghata Sua Altezza di voler dar a detta communità, in vece del priorato, un datio o taglione che si cava di detta terra di Tonone. Questo fu il sommario délie conclusioni fatte unanimamente da detti Padri et altri da un canto.  le curé d'Annemasse (i), tous prédicateurs, et le baron de Viry, conseiller d'Etat de Son Altesse, se sont réunis à Annemasse afin d'aviser aux moyens les plus convenables pour ramener à la foi les populations des environs de Genève ; voici ce qui a été conclu. Il est absolument nécessaire que les Chevaliers de Saint-Lazare et autres cèdent les cures qu'ils possèdent ; qu'un collège de PP. Jésuites, ou du moins une résidence ad tempus soit établie à Thonon. 11 faudrait appliquer à cela le revenu d'un prieuré conventuel qui appartient à la commune dudit lieu. Mais afin d'empêcher les habitants de conser- ver quelque froideur à l'égard des Pères, ce qui entraverait beau- coup le progrès de leur conversion, on proposa de prier Son Altesse de vouloir bien, en dédommagement de ce prieuré, abandonner à la commune l'impôt ou taille qu'elle perçoit maintenant de la ville de Thonon. Tel est le résumé des propositions faites unanimement par les Pères et autres qui assistaient à l'assemblée. ( I ) Balthazar Maniglier, « personnage de beaucoup d'érudition et d'une grande piété, » lié d'amitié avec saint François de Sales depuis l'époque où ils faisaient ensemble leurs études à Paris, avait été nommé curé d'Annemassa le 29 octobre 1596. Honoré de la confiance de son Evéque et de celle du duc de Savoie, il fut chargé par ce dernier de plusieurs missions importantes. Il mourut curé de Serraval en 1636.  3IO Lettres de saint François de Sales Si trattô poi délia conferentia, a che modo la potres- simo inviare ; ma di questo lasciarô scriver al P. Cheru- bino al quale sonno state fatte le risposte. In summa, li ministri temono incredibilmente questa impresa. Et per- ché il P. Cherubino mi ha detto che V. S. IIP* proponeva di prieghar Sua Santità che ci facesse gratia di scriver al signor Cardinale Legato di Francia acciô procuri ch' il Re coramandi a' Genevrini di venir a conferentia ( ^ ), non posso tralasciar di dire che a questo modo si farebbe detta conferentia et più fruttuosamente et con conditioni più avantaggiose. Hora, di quanto fu proposto in Annemasse, si fece un scritto et memoriale da esser appraesentato a Sua Altezza Serenissima, et fu deputato il P. Spirito per andar in corte a trattarne ; ma poi Monsignor Reveren- dissimo nostro volse, et prudentissimamente, che il Padre Cherubino facesse questo viaggio. Et insieme fu trattato di far V oratione di Quarant' hore in detto luogho di Annemasse, per svegliar quelli ministri di Geneva ;  On traita ensuite des moyens à prendre pour acheminer le projet de la conférence ; mais je laisserai le P. Chérubin écrire sur ce sujet, puisque c'est à lui que les réponses ont été données. En somme, les ministres redoutent incroyablement cette entreprise. Le P. Chérubin m'a dit que Votre Seigneurie Illustrissime se proposait de prier Sa Sainteté de vouloir bien écrire à M. le Cardinal Légat de France, afin qu'il tâche d'obtenir que le roi ordonne aux Genevois de venir à la conférence ( i ) ; or, je ne puis omettre de vous prévenir que, de cette manière, elle se ferait avec beaucoup plus de fruit et dans des conditions plus avantageuses. De tout ce qui a été proposé à Annemasse, on a dressé un écrit ou mémoire pour être présenté à Son Altesse. Le P. Esprit avait d'abord été désigné pour aller en cour traiter de cette affaire ; mais ensuite Monseigneur voulut, et cela très prudemment, que le P. Chérubin entreprît ce voyage. 11 avait été aussi question de célébrer les prières des Quarante-Heures audit lieu d'Annemasse pour réveiller les mi- nistres de Genève. Le Père se trouvant donc à la cour, obtint sur ( I ) Il ne fut pas donné suite à ces projets, et les ministres protestants, après avoir fait traîner l'affaire en longueur, finirent par refuser la discussion.  Année 1597 311 onde detto Padre, essendo in corte, hebbe del tutto piissima et gratissima risposta. Ma le cose délie cure et del collegio furono lasciate nelle mani delli signori di Lulino et di Giacob per avisare del modo col quale si potessero essequire ; et adesso, per quanto mi vien detto, si aspetta la venuta del signor cavaglier di Ruffia per farne fine. Oueir oratione di 40 hore si fece in Annemasse la Domenica prima di Settembre et il giorno délia Natività délia ^ladonna, con un frutto molto più grande di quello che si sperava ; et ha un poco del miracolo. Annemasse è una parrochia nel contado, vicina a Geneva tre millia, dove non ciè commodità di allogiare quattro persone, Ivi, intorno alla chiesa che è tutta guasta da gl' hugue- notti, si fece un tentorio capacissimo con tele, legnami, tapisserie (sic) et altre cose simili acciô potessero li popoli star ail" or Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d"Annecy.  chaque proposition une très pieuse et très agréable réponse. Mais les projets relatifs aux cures et au collège ont été remis entre les mains de MM. de Lullin et de Jacob, qui doivent aviser comment on pourrait les mettre à exécution ; maintenant, à ce qui m'est dit, on attend pour en finir l'arrivée de xM. le chevalier de Ruffia. Cet exercice des Quarante-Heures se fit à Annemasse le premier Dimanche de septembre et le jour de la Nativité de Notre-Dame, avec un fruit beaucoup plus grand que celui que nous en espérions ( i ) ; il tient même un peu du miracle. Annemasse est une paroisse de la cam- pagne, à trois milles de Genève, où il n'y a pas moyen de loger quatre personnes. Là, autour de l'église, qui a été tout endommagée par les huguenots, on construisit avec des toiles, des boiseries, des tapisse- ries et autres choses semblables une tente très vaste, afin que tout le peuple pût demeurer (i) Au sujet des Quarante-Heures, voir tome II de cette Edition, Préface des éditeurs (F^ Partie) et Avant-Propos de l'Auteur, pp. 25, a6.  I  ANNEE 1598  Cil A MONSIEUR CLAUDE MARIN, PROCUREUR FISCAL EN CHABLAIS ( ' ) (inédite) Prochain retour du P. Chérubin à Thonon. — Promesse du président Farre. Annecy, 3 janvier 1598. Monsieur, L'ayse que j'attendois de vostre présence m'a fait moins gouster celluy que j'ay accoustumé de prendre quand je reçois de vos lettres, a la réception de vostre dernière, laquelle néanmoins, a faute de vous, a esté la très bien venue en une heure en laquelle j'estois en con- versation avec le Père Chérubin, vers lequel je me suis servi de vostre authorité pour luy persuader de retourner bien tost par delà, ce quil fera. Monsieur le président Favre est a Chambery, et m'asseure qu'il mettra au jour les calomnies de ceux qui n'ont point d'autre religion que le mensonge, et reformera les accusations de ces si mal formés reformateurs.  ( I ) Claude Marin, originaire de Bonneville, « procureur fiscal pour Son Altesse au duché de Chablais » (lettres patentes du 9 février 1594), était le chef de l'une des sept familles qui composaient toute la population catho- lique de Thonon lors de l'arrivée de saint François de Sales. C'est dans sa maison que le Saint réunit et évangélisa pour la première fois ce petit groupe de fidèles ; c'est là qu'il eut un pied-à-terre au commencement de son apostolat. Claude Marin, qui lui demeura toujours profondément dévoué, devint dans la suite conseiller et administrateur de la Sainte-Maison. Il mou- rut le 18 avril 1620.  Année 1598 313 Faites moy cest honneur de croire que la nouvelle santé que Dieu me donne vous est toute acquise, puisque je suis Vostre plus humble serviteur, Franc* De Sales, Praevost de Genève. Annec3% 3 janvier 1598. A Monsieur Marin, Procureur fiscal du Ciiablais. Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.  cm  A MONSEIGNEUR JULES-CESAR RICCARDI ARCHEVÊQUE DE BARI, NONCE APOSTOLIQUE A TURIN (isédite) Le voyage du Saint à Rome retardé par une maladie grave. — Envoi de trois lettres du duc. — Bonnes dispositions des habitants du Chablais. — Intervention en faveur de deux religieux qui ont encouru des censures ecclésiastiques. Annecy, 14 janvier 1598. <.^' Illustrissimo et Reverendissimo Signor mio osservandissimo, Visitato dalla bontà d'Iddio Signore nostro con una febre continua et una ricaduta tanto véhémente che sette giorni continui poco da me si sperava altro che la  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, Après avoir été visité de la bonté de Dieu notre Seigneur par une fièvre continue, j'ai fait récemment une rechute si dangereuse que (a) [La minute et l'original de cette lettre, dont les Autographes n'ont pas été retrouvés, sont insérés dans le P'' Procès de Canonisation. D'après une note qui y est jointe, la seconde de ces pièces était signée de la main du Saint; le post-scriptum non plus que la date ne figure pas dans la minute d'où sont tirées les variantes données ci-après.]  314 Lettres de saint François de Sales morte (0, adesso che per la medesima bontà sono conva- lescente, mi è restata una tanta debolezza, massime di gambe, che io non so se devo sperare di poter fare il viaggio di Roma avanti Pasqua, quantunque desiderarei infinitamente di ritrovarmi costî per li giorni santi, et farô ogni sforzo di farlo. Onde, essendo andato nell' armata nostra avanti ch' io mi ammalassi (=), per pigliar passaporto da Sua Altezza da un canto, et dall' altro per haver dichiaratione da lui del suo consenso quanto alla restitutione délie cure di Chiablais per li curati che subito fatta detta restitutione ivi si stabiliranno, Sua Altezza, con tutta quella dimo- stratione di pietà che si poteva sperare, commando tre lettere : una a Sua Santità et le altre a duoi Signori Cardinali, nelle quali ella pregha instantemente la Santa  pendant sept jours consécutifs on n'attendait guère autre que ma mort (i). Maintenant que, par la même divine bonté, je suis en convalescence, il m'est resté une telle faiblesse, surtout aux jambes, que je ne sais si je pourrai faire le voyage de Rome avant Pâques, quoique je désire infiniment de m'y trouver pour la Semaine Sainte; aussi ferai-je tous mes efforts à cette fin. C'est dans cette prévision que je m'étais rendu au camp avant de tomber malade (2) : d'abord pour avoir un passeport de Son Altesse, et ensuite pour obtenir la déclaration de son consentement à la restitution des cures du Chablais aux curés qui s'y établiront aus- sitôt que cette restitution sera faite. Son Altesse, avec toutes les démonstrations de piété que l'on pouvait espérer, donna ordre d'écrire trois lettres, l'une à Sa Sainteté et les autres à deux Cardinaux, afin de prier instamment le Saint-Siège de révoquer l'union de ces béné- fices avec ceux des Chevaliers. Or, parce que dans ces lettres je suis ( I ) Saint François de Sales avait été atteint de cette fièvre continue qui mit ses jours en péril, à la fin d'octobre 1597, ainsi que le prouvent deux pièces signées, l'une par les chanoines Déage et Grandis, en date du 9 novembre, et l'autre par Mf*"" de Granier, le 20 du même mois. C'est donc à tort, comme nous l'avons dit ailleurs (Préface de notre tome II, note ( 3 ), p. x), que Charles- Auguste de Sales et les historiens qui l'ont suivi placent cette maladie une année plus tard. (a) Le duc se trouvait alors à Barraux.^sur les frontières du Dauphiné et de la Savoie, pour surveiller la construction du fort qu'il y faisait élever, et qui fut pris par Lesdiguières l'année suivante.  Année 1598 315 Sede di rivocare la unione fatta alli Cavaglieri. Hora, perché dette lettere fanno mentione di me corne latore et instruttore délia nécessita délia desiderata revoca- tione, ho dififerito sin adesso d'inviarle, sperando di poter portarle fra poco. Ma già ch' io vedo le dette lettere invecchiarsi et dubito che vi sia pericolo nella retarda- tione, mi è parso bene di mandarle a V. S. 111"^ et R""", protettrice amorevolissima di tutto questo negotio, acciô che overo le trattenga se cosî glie parera, overo le mandi per accelerare il negotio, il quale non si terminarà gia- mai cosî presto quanto si ha da desiderare. Spero che Sua Santità non haverà in questo difficoltà ; ma Sua Altezza in particolare mi disse che questa opéra haveva da farsi senza communicarne una sola parola col signore Arconato (O, suo Imbasciatore appresso Sua Santità, perché egli Timpedirebbe per il proprio inte- resse. È vero che la nécessita é grande ; et si conosce da questo, che queste feste di Natale havendo Sua Altezza  mentionné comme devant en être le porteur, avec charge d'expliquer la nécessité de la révocation désirée, j'ai différé jusqu'à présent de les expédier, espérant pouvoir les remettre moi-même sous peu. Mais voyant que lesdites lettres vieillissent, je crains qu'il y ait quelque danger en ce retard, et il me semble devoir les envoyer à Votre Sei- gneurie Illustrissime et Révérendissime, protectrice très dévouée de toute cette affaire, afin qu'Elle les retienne si Elle le juge bon, ou qu'EUe les expédie pour hâter cette œuvre, laquelle ne se terminera jamais aussi promptement qu'on peut le désirer. J'espère que Sa Sainteté ne verra pas de difficulté en cela ; mais Son Altesse m'a dit en particulier que cette affaire doit être traitée sans en souffler mot à M. Arconato ( 0, son ambassadeur auprès de Sa Sainteté, parce qu'il s'y opposerait en vue de son intérêt person- nel. Il y a vraiment urgence : ce qui le prouve, c'est que pendant (i) François Arconato, d'origine milanaise, comte de Tronzano, en Piémont, s'était fait connaître dans les armées du duc de Savoie pendant les guerres de 1589; mais il servit encore plus utilement ce prince dans la carrière diplo- matique. D'abord ambassadeur à Rome (1593-1599), puis en Espagne, il fut l'un des plénipotentiaires qui négocièrent le traité de Lyon. Charles-Emma- nuel P"" le nomma conseiller d'Etat, chevalier des Saints Maurice et Lazare, puis de l'Annonciade en 1608.  I  3i6 Lettres de saint François de Sales mandato il signor Présidente Fabro , persona di sin- golarissima pietà et sufficentia, in Tonone per conoscer l'animo delli habitatori di Chiablais circa l'essercitio catholico, quasi tutti mostrorno di desiderarlo, et aspet- tano di hora in hora che si restituisca. Il Padre Cherubino ha predicato l' Advento in Tonone et deve giungere qua domani, dal quale V. S. Ill""* haverà più particolar avviso. ^li è stato detto che Sua Altezza ha tolto l'intrata de" Cavaglieri per servitio suo, et r ho fatta preghare che facesse dar la provisione necessaria per li ecclesiastici che sono nelle tre cure già stabilité. (*')Ma non posso finirla senza domandare a V. S. 111'"* qualche gratia seconde il solito. Sono duoi poveri reli- giosi, ma da bene, délia badia délia Madonna di Six(0,  les fêtes de Noël, Son Altesse ayant envoyé à Thonon M. le président Favre, homme d'une piété singulière et d'un grand mérite, pour connaître le sentiment des habitants du Chablais sur l'exercice du culte catholique, presque tous ont témoigné le désirer et ils attendent d'heure en heure qu'il soit rétabli. Le P. Chérubin a prêché l'Avent à Thonon, et il doit arriver ici demain ; il renseignera plus particulièrement Votre Seigneurie Illus- trissime. On m'a dit que Son Altesse a saisi à son profit le revenu des Chevaliers, et je l'ai fait prier de donner la provision nécessaire aux ecclésiastiques qui sont dans les trois cures déjà établies. Mais je ne puis finir sans demander, selon mon habitude, quel- que faveur à Votre Seigneurie. Deux pauvres et vertueux reli- gieux de l'abbaye de Notre-Dame de Sixt ( i ) ont célébré avant le (b) Ma io non posso finirla senza diiuandar qualche gratia a V. S. 111'"". Cié un monasterio di Canoaici regolari, sottoposto ail' abadia d'Âbondanza,  ( I ) Ce monastère, fondé dans une pittoresque vallée du Faucigay par des Chanoines réguliers venus d'Abondance, fut, en 1144, élevé au rang d'abbaye. Sous la conduite du bienheureux Ponce de Faucigny, son premier Abbé, il atteignit un haut degré de prospérité et de ferveur ; mais après plusieurs siècles la régularité s'altéra dans cette Communauté que saint François de Sales eut la gloire de réformer. Ce sont précisément les deux religieux dont il est ici question qui furent députés auprès de lui pour solliciter cette réforme. Ils survécurent tous deux à notre Saint, et déposèrent sur ses vertus lors des informations pour sa Béatification (1632).  Année 1598 317 (^ualî hanno celebrato avanti il tempo : cioè uno, chia- mato Francesco Biord, quale celebrô nelT anno 19"; Taltro, Nicolô Desfaiet, che celebrô nel 23% et questo dopo la Bulla di Sisto V (i), senza tuttavia haver notitia di detta Bulla ; délia quale, subito che sonno stati avvi- sati, mossi di grandissima penitenza, colle lag'rime nei occhi, sonno ricorsi da me per haver consolatione. Et io in questo non posso altro se non ricorrere alla bontà di V, S. 111™^, acciô possino impetrare la consolatione deir assolutione. Quel monasterio è di Canonici regolari, sottoposto all'Abondantia ; ma tiene de' monachi quali sono dabbene et timorati, si come mi ha riferito il signor canonico de Sales, quale ivi ha predicato queste feste.  temps : l'un, appelé François Biord, dans sa dix-neuvième année; l'autre, Nicolas Desfayet, dans sa vingt-troisième ; et cela après la Bulle de Sixte V d), dont ils n'avaient toutefois aucune connaissance. Aussitôt qu'ils ont connu l'existence de cette Bulle, touchés d'un grand sentiment de pénitence, les larmes aux yeux, ils ont eu recours à moi pour recevoir quelque consolation. Et moi je ne puis faire autre chose que de recourir à la bonté de Votre Seigneurie afin de leur obtenir l'absolution. Sixt est un monastère de Chanoines réguliers, sous la juridiction de l'abbaye d'Abondance ; mais les moines qui l'habitent sont des hommes de bien, vivant en la crainte de Dieu, ainsi que me l'a rapporté M. le chanoine de Sales qui a prêché là ces fêtes passées. nel quale sonno undici religiosi, quali tutti hanno celebrato avanti il tempo, et alcuni dopo la Bulla délia S"'' di Sisto V, senza tuttavia haver notitia di detta Bulla. Hora, sapendo la irregolarita che corre, desiderano d' havere assolutione, ma non sanno che strada pigliare. Onde supplico V. S. 111"'=' di consolarli in questo, avisandome del modo che si ha da tenere, poichè, per miracolo, questo solo monasterio, fra altri, desidera unanimaraente la sua refor- matione. Se non vivono da frati, per non haver chi li conduca et animaestri, vivono al meno da buoni sacerdoti, come testifica il Sig'' canonico de Sales, quale vi é stato [a] predicare queste feste passate, et ne ritornô raolto edificato délia loro conversatione, in comparatione degl' altri religiosi savoyani. Il monaste- rio si chiama Nostra Dama di Six. — (Mais je ne puis finir sans demander quel- que faveur à Votre Seigneurie Illustrissime. Il y a un monastère de Chanoines réguliers, sous la juridiction de l'abbaye d'Abondance, où se trouvent onze religieux, qui tous ont célébré avant le temps, et quelques-uns après la Bulle  ( I ) La Bulle Sanctiim et salut are, donnée le 5 janvier 15S  3i8 Lettres de saint François de Sales Et per fine, Iddio havendome dato questo pezzo di vita che mi resta, io ricognosco di tenerla per servitio di Sua divina Maestà, délia santa Chiesa et in particolare per essere, Di V. S. Iir^ et R'"% (c) Humilissimo ('!) et devotissimo servitore, Franc° De Sales, Prsevosto di Geneva. Di Annessy, alli 14 Genaro 1598. Li medici, quali non hanno per bene che io scriva, m'hanno fatta usare la man d'altri, il che V. S. Iir* me perdoni. Revu sur les deux textes insérés dans le P"" Procès de Canonisation.  Et finalement, Dieu m'ayant donné ce peu de vie qui me reste, je reconnais devoir l'employer au service de sa divine Majesté, de la sainte Eglise et tout particulièrement à me témoigner. De Votre Seigneurie Illustrissime et Révérendissime, Le très humble et très dévoué serviteur, François de Sales^ Prévôt de Genève. Annecy, le 14 janvier 1598. Les médecins, qui ne trouvent pas bon que j'écrive, m'ont obligé à me servir de la main d'autrui. Que Votre Seigneurie Illustrissime me le pardonne. de Sa Sainteté Sixte V, dont ils n'avaient aucune connaissance. Or, ayant été avertis de l'irrégularité qu'ils ont encourue, ils désirent en être absous, mais ne savent quel chemin prendre. C'est pourquoi je supplie Votre Seigneurie de les consoler sur ce point, en m'indiquant à quels moyens il faut recourir; car, par miracle, ce monastère, seul parmi les autres, désire unanimement la réforme. S'ils ne vivent pas en religieux parce qu'ils n'ont personne qui les conduise et les instruise, ils vivent du moins en bons prêtres, comme l'atteste M. le chanoine de Sales qui a prêché là ces fêtes passées, et qui s'en est retourné très édifié de leur conduite, si on la compare à celle des autres reli- gieux savoisiens. Le monastère est appelé Notre-Dame de Sixt.) [Reprendre au texte, lig. i.] (c) et R'»"— Paternita (d) affettionatissimo  Année 1598 319 CIV AU DUC DE SAVOIE, CHARLES-EMMANUEL l"  Instantes prières pour que les Chevaliers des Saints Maurice et Lazare soient contraints à payer les pensions dues aux curés du Chablais. — Députation des villageois de cette province pour obtenir du duc la restauration de leurs églises. — Maladie du Saint. Annecy, janvier 1598. (a) Je crois que Vostre Altesse se resouviendra que l'année passée, appres plusieurs déclarations de la bonne intention qu'elle avoit de prouvoir a l'entretenement des gens d'Eglise qui seroient emploies pour le service de Dieu au duché de Chablais, messieurs les Chevaliers de Saint Lazare promirent en fin finale a Monseigneur le Nonce de donner chasque année six pensions pour autant de gens d'Eglise ; mais pour ne se forcer pas de premier coup, ilz ne firent ceste première année la que la moytié de ce quilz avoient promis, qui fut cause de réduire les six a troys. Or pensois je que ceste année ilz envoie- roient les commandementz nécessaires a leurs fermiers pour faire délivrer tout entièrement les six pensions  (a) [Ce qui suit est écrit par saint François de Sales, d'une main ferme et appliquée, sur un feuillet dont la moitié est restée en blanc. Empêché peut-être par la rechute dont il parle ci-dessus de terminer cette lettre, il dicta à Georges Rolland, son valet de chambre, lequel écrivit au verso du même feuillet la minute qui constitue notre Pièce CIV.] Monseigneur, Il a pieu a Nostre Seigneur de retarder par une longue et grosse maladie le voyage de Rome, pour lequel j'avois receu les commandemens de Vostre Altesse Ihors qu'ell'estoit a Barraux, et par lequel j'esperois d'obtenir pleyne provision pour les gens d'Eglise qui se fussent employés a l'instruction du peuple de Chablaix qui auroit affection de se réduire a la sainte foy, selon le saint zèle avec lequel V. A. avoit fait une très ample déclaration a Sa Sainteté qu'elle consentoit que toutes les cures fussent employées a cest effect. Ce pendant, le tems qui va fuyant nous a portés en une nouvell'annee; et..»  330 Lettres de saint François de Sales promises , affin non seulement de conserver Texercice commencé en trois lieux par les trois ecclésiastiques dejaz establys Mais voiant quilz n'en tiennent aucun conte, je suis contraint de recourir a la bonté de Vostre Altesse pour la supplier très humblement que, comme par son authorité et zèle elle tira la promesse desditz seigneurs Chevaliers, il luy plaise aussy d'en faire sortir l'efFait, commandant a ses officiers et ministres de Chablais de faire saisir sur le revenu des cures ces six pensions, au prouffit des trois curés dejaz constitués et de trois autres qu'on y establira tout aussi tost que l'on aura le moien de les entretenir. Autrement, Monseigneur, le service cessera tout a coup la ou il est commencé, qui sera un grand scandale et perte d'ames, et ne se trouvera personne qui veuUie plus y aller pour 5^ estre a la mercy de la pro- vision de messieurs les Chevaliers. Ce pendant, voicy une preuve certaine de la nécessité que l'on a en ce pais la de beaucoup d'ouvriers spirituelz. Ces bons paisans, députés de plusieurs parroisses, vont supplier Vostre Altesse de leur doner moyen de refaire leurs églises et d'avoir des pasteurs catholiques. Je puis dire avec vérité que la pluspart des vilages du balliage de Thonon sont de mesme vollonté ; pour tous lesquelz je prie Dieu de tout mon cœur quil les fasse jouir des désirs quil a mis en eux, et supplie Vostre Altesse en toutte humilité qu'elle leur fasse voir la grandeur de l'affection qu'ell'a a l'honneur de Dieu, puisque l'acueil et faveur que leur simplicité recepvra de Vostre Altesse servira de mesure et de reigle a tout le reste de Chablais, et en fin mesme a ceux de la ville de Thonon, quoy quilz semblent maintenant revesches et rebelles a la lumière. Aussi est ce l'ordinaire que les pauvres et simples em- brassent plus vollontiers le Crucifix que les riches et I Cor., I, 23, 26. sages mondains *. Ce furent des bergers qui les premiers adorèrent Nostre Seigneur né. Je pensois bien obtenir de vSa Sainteté la restitution universelle des cures des balliages, suivant l'exprès con- sentement que Vostre Altesse en avoit donné par escrit,  Année 1598 321 si Dieu n'eust retardé par une longue maladie le voiage de Rome pour lequel j'avois prins a Barraux les comman- dementz et le congé de Vostre Altesse. Ce sera incon- tinant que je me verray asses fort pour l'entreprendre. Je prie très instamment Nostre Seigneur quil vous doint Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.  cv A MONSIEUR LOUIS DE PINGON, BARON DE CUSY ( i ) Requête présentée au duc de Savoie pour obtenir que l'usage de la cloche de l'église Saint-Hippolyte soit interdit aux hérétiques. Annecy, 12 février 1598. Monsieur, On avoit défendu aux huguenotz de Thonon de sonner la cloche qui est en Teglise des Catholiques. Hz sont sur le point de demander a Son Altesse qu'il leur soit permis de s'en servir autant qu'a nous, et sont si outre- cuydés qu'ilz pensent de l'obtenir. Certes, ilz ont gasté desja une autre plus grosse cloche, en haine de nous autres Catholiques qui la sonnions. Leur presche ne se fait pas en ceste église la ni en la ville, car il leur est défendu ; pourquoy leur permettra on de le sonner la ou ilz ne le disent ni peuvent dire ? Une cloche ne peut servir a Dieu et a Belial *. C'est ce que j'escris a Son *Cf. iiCor.,vi, 15. Altesse, et la supplie que si ceux de Thonon s'addres- sent a elle pour luy présenter requeste de ceste affaire, elle les renvoyé sans décret ou avec nouvelle défense de (i) Probablement Louis de Pingon, baron de Cusy, gentilhomme de la duchesse de Savoie, capitaine des ordonnances d'infanterie, seigneur de Pran- gin par son mariage avec Melchionne, fille unique de Pierre de Luyrieux, possesseur de cette seigneurie (1363). Il avait un fils et un neveu nommés l'un Louis-Antoine et l'autre Louis-Ange de Pingon, mais tous deux trop jeunes pour que le Saint prît à leur endroit la qualité de neveu, et par conséquent pour que l'un d'eux put être destinataire de cette lettre. Lettres I ai  322 Lettres de saint François de Sales sonner. La cloche n'est pas si légère qu'elle semble ; car ilz sçavent faire valoir la moindre chose qu'on leur ac- corde pour contrister les bons Catholiques. Désirant donq infiniment, pour l'honneur de Dieu, que Son Altesse daigne lire ou faire lire promptement ma lettre affin que je ne sois prévenu par les requestes de ces huguenotz, je n'ay sceu a qui mieux m'addresser qu'a vous, pour vous supplier très humblement de bailler ma lettre et prier Son Altesse la voir, et, s'il ne la veut voir, luy discourir du sujet. La grande confiance que j'ay en vostre bonté me fait ainsy vous importuner, ayant mesme ce bien et honneur d'estre et devoir estre a jamais. Monsieur, Vostre très humble neveu et serviteur, Franc^ De Sales, Indigne Prsevost de Saint Pierre de Genève. A Necy, le 12 février 98.  CVI  A MONSEIGNEUR JULES-CESAR RICCARDI ARCHEVÊQUE DE BARI, NONCE APOSTOLIQUE A TURIN (minute) Projet de célébrer les Quarante-Heures à Thonon, et de les faire suivre de disputes publiques sur les matières controversées. — Une conférence de ce genre vient d'avoir lieu entre le P. Chérubin et le professeur Lignarius. [Sales,] 17 mars 1598. Illustrissime et Reverendissimo Signor mio osservandissimo. Ho ricevuto lettere dal P. Cherubino et di monsieur di Avulli sopra un concetto che han fatto insieme di far  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, J'ai reçu des lettres du P. Chérubin et de M. d'Avully touchant le dessein qu'ils ont conçu ensemble de célébrer les prières des  Année 1598 323 le 40 hore di oratione in Tonone, con la maggior decentia che far si possa ; et passate le 40 hore, di proporre délie dispute theologique (sic) authenticamente, et invitarvi gl'hseretici d' ogni intorno, acciô che non si lascii cosa veruna da tentar per scuotere quest' anime apestate dair heresia. Mando adunque queste lettere loro a V. S. 111""' ; et insieme, per dire quanto me ne pare, priegho V. S. Ill""' di credere che quanto aile Quarant' hore egli non puô esser senon cosa fruttuosissima. Il che già per isperienza habbiam veduto nelle 40 [ore] fatte V anno passato in Annemasse, dove si fece un gran movimento nelle con- scientie de gli haeretici che le viddero, dei quali se ne ridussero alquanti, et fu una grande consolatione alli Catholici ; et spero che in Tonone la cosa sarà molto più a proposito et utile. Quanto poi aile dispute, spero certo che saranno di grandissima œdificatione, non ostante tutte le ragioni quali puotrebbono parer in contrario : perché o no ver- ranno, et la vittoria ci resta; o vero verranno, et in questo  Quarante-Heures à Thonon le plus dignement possible; puis, après les Q.uarante-Heures, de proposer officiellement des disputes théolo- giques. Tous les hérétiques des environs seraient invités à y assister, afin de ne négliger aucune tentative pour ébranler ces âmes infectées d'hérésie. J'envoie donc leurs lettres à Votre Seigneurie Illustrissime ; et, pour dire en même temps ce qu'il m'en semble, je vous prie de croire que, quant à l'exercice des Qiiarante-Heures, il ne peut être que très fructueux. Nous en avons déjà fait l'expérience l'année dernière à celles d'Annemasse. Un grand mouvement se produisit alors dans les consciences des hérétiques qui en furent témoins ; un certain nombre d'entre eux se convertirent, et les Catholiques en reçurent une grande consolation. J'espère qu'à Thonon, cette dévotion sera encore plus opportune et plus utile. Q.uant aux disputes, j'ai la ferme confiance qu'elles apporteront une très grande édification, malgré toutes les raisons qui semble- raient contraires ; car, ou les liérétiques ne viendront pas, et alors la victoire nous demeurera, ou bien ils viendront, et dans ce cas, nous  ^24 Lettres de saint François de Sales caso, oltra la ragione et verità, haveremo queste grandi prorogative, che staremo sopra la defensiva et si potranno fare, nelle risposte, délie piccole essortationi. Ne la cosa è nuova di invitare grheretici aile dispute, poichè dal coUegio di Turnone(0 spessissime volte sonno stati in- vitati li ministri di Vivares et Linguadocha ; et per haver trattato in particolar col Beza, Faïa (2), Perrotto (3), Belcastello (4) et altri principalissimi ministri, non vedo  prouverons que la raison et la vérité sont de notre côté ; nous aurons de plus le grand avantage de nous tenir sur la défensive et de pou- voir, en répondant, faire de petites exhortations. Du reste, ce n'est pas chose nouvelle d'inviter les hérétiques à des disputes, puisque les ministres du Vivarais et du Languedoc y ont été invités fort sou- vent par le collège de Tournon (0. Ayant traité en particulier avec Bèze, La Paye (2), Perrot(3), Beauchâteau ( 4 ) et autres principaux ministres, je ne vois pas qu'il y ait grand péril. Or, si Votre Seigneurie (i) Le fameux collège de Tournon avait été fondé et confié aux Jésuites (1560-1561) par le Cardinal du même nom, qui désirait l'opposer comme un boulevard aux envahissements du protestantisme dans la contrée. Vingt ans plus tard cet établissement atteignait l'apogée de sa gloire. Une foule consi- dérable d'étudiants, parmi lesquels beaucoup de calvinistes, y recevaient les leçons de maîtres distingués, dont le nombre s'éleva parfois jusqu'à quarante-cinq. Ces religieux se délassaient des fatigues de l'enseignement en évangélisant les hérétiques, et en provoquant les ministres à des conférences publiques dont plusieurs eurent un grand retentissement. (2) Antoine de La Paye (1540-1613), natif de Châteaudun en Berry, après avoir fait ses études à l'Université de Padoue, vint se fixer à Genève, où il obtint une place de régent (1561). Il fut ensuite pasteur, professeur de philo- sophie et de théologie, puis recteur de l'Académie, et acquit une si grande influence qu'après la mort de Théodore de Bèze il dirigea le mouvement religieux. C'est pour réfuter un pamphlet publié par ce ministre sous le voile de l'anonyme que saint François de Sales écrivit la Défense de PEstendart de la. sainte Croix (tome II de cette Edition). (3) Charles Perrot (i 341-1608), fils d'un conseiller au Parlement de Paris, était le quatrième de la compagnie des pasteurs de Genève, et fut deux fois recteur de l'Académie de cette ville. C'était un homme « courtois, doux et patient, et qui se » plaisait « à la lecture des Pères. » (Lettre d'un gentil-homme Savoysien, etc., 1598.) Il se fit parmi ses corréligionnaires l'apôtre de la tolé- rance, qu'il représentait comme étant « une branche nécessaire de la charité. » On lui doit l'abolition du serment de fidélité au calvinisme que l'on avait coutume d'exiger des étudiants. (4) Probablement Etienne Beauchâteau, qui fut ministre à Lutry dans le pays de Vaud. Il eut plusieurs fois occasion de conférer avec l'Apôtre du Chablais et se sentit tellement ébranlé dans ses croyances protestantes que, de  Année 1598 325 che vi sia gran pericolo. Perô, se cosî parera a V. S. lU'"", saria molto a proposito ch'il R. P. Giovanni Laurinio, quale intendo esser adesso in Milano, si ritruovasse in questo concerto. Hora commandi V. S. 111""' quel tanto che glie parera. Mentre scrivevo, ecco che è giunto qui il signor Pro- curator fiscale di Chiablais, persona catholicissima (0, il quale mi dà nuova che Sabbato, 14 del présente, vennero quattro persone di Geneva in Tonone, fra i quali era un certo Hermannus Lignarius, tedescho, celeberrimo pro- fessore di theologia in Geneva, il quale et Sabbato et Domenica , in praesentia di moltissime persone, venne argumentare et disputare col P. Cherubino, et si scrisse di banda et d'altra le risposte et argumenti (2) ; et mi ha  est de cet avis, il serait très à propos que le R. P.Jean de Lorini, qu'on dit être actuellement à Milan, se trouvât à cette assemblée. Veuillez maintenant en ordonner comme bon vous semblera. Pendant que j'écrivais, M. le procureur fiscal du Chablais, homme très catholique (0, est arrivé ici. 11 m'apprend que samedi, 14 courant, quatre personnes vinrent de Genève à Thonon, parmi lesquelles se trouvait un certain Herman Lignarius, allemand, très célèbre pro- fesseur de théologie à Genève. Samedi et Dimanche il se prit à argu- menter et disputer avec le P. Chérubin en présence d'un grand nombre d'assistants ; l'on écrivit de part et d'autre les réponses et les arguments (2). M. le procureur fiscal m'a communiqué le son propre aveu, il se serait converti, si des vues d'intérêt ne l'eussent retenu dans l'hérésie. (Process. remiss. Gebenn. (I), déposition de Jean-Gaspard de Prez, ad art. 24.) (i) Claude Marin; voir ci-devant, note ( i ), p. 31Î. (2) Herman Lignarius, ou Lignaridus, dont le vrai nom est Diirrholz, était originaire de Westphalie. Après avoir été précepteur des fils de l'électeur palatin, il fut appelé à Genève en 159'î, et nommé professeur de théologie au commencement de l'année suivante; mais ayant eu des démêlés avec La Faye et d'autres ministres, il se retira à Berne (1598). Lignarius mourut en 1628. (Voir Histoire de l'Université de Genève, par Ch. Bourgeaud.) Quant à la dispute publique qui eut lieu à Thonon entre le P. Chérubin et le professeur calviniste, elle ne se termina pas à l'avantage de ce dernier. Poussé à bout par son antagoniste, il feignit de vouloir remettre la discussion à plus tard, et, par acte signé devant notaire, il s'engagea à venir la reprendre après Pâques. Mais, malgré toutes les sommations du P. Chérubin qui l'atten- dait de pied ferme, Lignarius ne reparut plus.  326 Lettres de saint François de Sales communicato detto signor Procuratore fiscale il princi- pio di detta disputa, nella quale il P. Cherubino ha fatto valentissimamente et con grande desterità. Havendo, corne spero, ben presto rilatione et scritto più particolare di quanto si è fatto, ne darô subito raguaglio a V. S. 111"*. Detto Hermanno è in grandissimo concetto appresso grhaeretici, et è stato chiamato di Allemagna per esser stimato sottilissimo ; et tuttavia è stato impeditissimo col P. Cherubino, comme dice detto Procurator fiscale. Vado pian piano disponendomi al viaggio con gran desiderio di basciarli le sacre mani Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Turin.  commencement de cette dispute dans laquelle le P. Chérubin a fait preuve d'une science et d'une dextérité très grandes. J'aurai bientôt, je l'espère, une relation et un mémoire plus détaillés de tout ce qui s'est passé, et j'en donnerai de suite connaissance à Votre Seigneurie. Cet Herman, qui jouit d'une très grande réputation auprès des héréti- ques, a été appelé d'Allemagne parce qu'on le tient pour très subtil ; toutefois, au témoignage dudit procureur fiscal, il s'est trouvé fort embarrassé avec le P. Chérubin. Je me dispose tout doucement au voyage, avec un grand désir de baiser vos mains sacrées  CVII AU DUC DE SAVOIE, CHARLES-EMMANUEL I^" (minute inédite) Rumeurs inquiétantes qui circulent en Chablais ; alarmes des Catholiques. [Sales,] fin mars 1398. Monseigneur, (3) Ce pendant que je ne puis aller en Chablais, les bons Catholiques qui y sont me font part a toutes heures  (a) Il semble a ces bons Catholiques de Chablais qu'ilz sont a moitié allégés de leurs ennuis quand ilz les m'ont fait entendre. Hz m'escrivent de plusieurs  Année 1598 3^7 de leurs nouvelles, et sur tout de leurs ennuis, leur semblant bien qu'ilz en sont a moitié allégés quand ilz les ont declairés. 3Laintenant ilz m'escrivent de trois ou quattre endroitz que le bruit y est bien gros qu'a la sollicitation des Bernois, on 3' redoublera le nombre des ministres pour y accroistre l'exercice de la nouvelle reli- gion. Je les ay asseurés que Vostre Altesse a trop de fermeté et reconnoist trop bien les obligations qu'elle a a la faveur que Dieu luy a fait en ces dernières vic- toires (0, pour vouloir accorder aux Bernois chose qui apportast aucune incommodité au service de sa divine Majesté, et que je ne croyois pas qu'il y eust personne auprès de Vostre Altesse, si mal appris de son zèle et sa pieté, qui osast entreprendre d'en faire la proposition. Je supplie très humblement Vostre Altesse d'avoir aggreable ceste mienne responce, et ladvoùer pour la consolation de ces pauvres gens, lesquelz ne se laissent aller a ces craintes que par une grande jalousie qu'ilz ont de l'honneur de Dieu. Ainsy prie je Dieu tout puis- sant qu'il la conserve très longuement et luy face voir tous ses Estatz entièrement affermis et dédiés a son obéissance!^' Revu sur le texte inséré dans le I" Procès de Canonisation.  endroitz que les huguenotz se promettent qu'a la sollicitation des Bernois on leur redoublera le nombre de leurs ministres et l'exercice de leur religion. T'ay respondu que V. A. fait trop de profession de reconnoistre la bonté de Dieu et tenir de Dieu ces dernières victoires pour ne s'en promettre pas d'autres, plustost que d'accorder a qui que ce soit chose qui avançast tant soit peu l'impiété, et que je ne sçavois personne si mal apprise du zèle et dévotion de V A , qui osast luy en faire la proposition. [Reprendre au texte, lig. 15.] (h) de Dieu - Je supplie sa divine Bonté qu'il luy plaise estendre les victoires de V. A. sur tous ses ennemis, et luy faire voir tous ses Estatz establis en l'obéissance qu'ilz doivent a leur Dieu et a leur Prince. ( I ) En dix jours seulement le duc de Savoie avait repris le fort de Char- bonnières (7 mars), remporté une brillante victoire sur Créqui à Epierre, et reconquis toute la Maurienne (17 mars).  528 Lettres de saint François de Sales  CVIII A MONSEIGNEUR JULES-CÉSAR RICCARDI ARCHEVÊQUE DE BARI, NONCE APOSTOLIQUE A TURIN Affaire de la cure du Petit-Bornand. — Peste à Annecy. — Mauvais vouloir des Chevaliers. — Ebranlement produit par l'annonce des Quarante-Heures à Thonon. — Faveurs spirituelles qui sont à désirer pour cette occasion. — Zèle du duc de Savoie mal secondé par ses officiers. Sales, 10 avril 1598. Illustrissime et Reverendissimo Signor mio osservandissimo, Essendo avisato da Roma che le speditioni délia cura di Bornando in favor mio sonno nelle mani del Favretto ciè già un gran pezzo, et havendo mandato li dinari necessarii per due vie senza che per questo sin adesso habbia potuto ricuperare le dette speditioni, ne un solo avviso di detto Favretto, et che fra tanto il fratello del defunto curato sta nel beneficio, litigando per non lasciar- lo sin tanto che vengano dette speditioni (O, etiamdio  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, Ayant été averti de Rome que les expéditions de la cure du Petit- Bornand en ma faveur sont déjà depuis longtemps entre les mains de M. Favret, j'ai envoyé l'argent nécessaire par deux voies, sans que malgré cela j'aie pu jusqu'ici recevoir ces expéditions, ni un seul mot dudit Favret. En attendant, le frère du curé défunt jouit du bénéfice, plaidant pour ne pas l'abandonner jusqu'à ce que les expé- ditions soient arrivées (i). 11 administre même les Sacrements, (i) Jacques Bally, curé du Petit-Bornand, était décédé le 26 mai 1597, après avoir, disait-on, résigné ce bénéfice à son frère, Nicolas Bally, qui desservait la paroisse en qualité de vicaire ; mais toutes les conditions exigées par le droit canon n'ayant pas été remplies, cette résignation était nulle, et la cure devait se donner au concours, selon les prescriptions du Concile de Trente. Ce concours eut lieu le 30 juin : en voyant paraitre le Prévôt tous ses compétiteurs s'éclipsèrent, et il fut nommé par l'Evêque curé du Petit-Bornand, moyennant l'assentiment du Pape. Nicolas Bally, faisant valoir la résignation de son frère, s'était pourvu en Cour de Rome, et avait obtenu (4 juillet 1597)  Année 1598 329 administra n do li Sacramenti contra l'espressissima prohi- bitione del R'"" Ordinario, il che non si fa senza scandalo ; dubitando che detto Favretto trattenga dette provisioni per qualche summa dovutagli dal suo commettente o rispondente di qua, son costretto di ricorrere alla sua amorevolissima bontà, acciochè io non tenga detto bene- ficio ne in parte, ne in tutto senon dal suo favore ; prie- gando humilissimamente Sua Signoria lU'"^ et R""^ di commandar in Roma al suo agente che glie mandi dette speditioni, pigliandole dal Favretto. Et se bisognaranno dinari, saranno subito sborsati in Turino dal signor Lu- ciano Gilli (O dove piacerà a Sua Signoria lU""* et R""^ di commandare. No vorrei dar queste importunità a V. wS. 111""*, ma et la sua bontà et la nécessita me ne dà animo. Speravo di inviarmi ben presto costi et fare queste cose ; ma la peste travenuta in Annessi doppo mia partenza, poichè Monsignor Reverendissimo nostro non  nonobstant la défense très expresse du Révérendissime Ordinaire, ce qui ne se fait pas sans scandale. Craignant que M. Favret ne retienne ces provisions pour quelque somme que lui doit son commettant ou correspondant d'ici, je suis contraint de recourir à votre très bien- veillante bonté, afin que, soit en partie, soit en entier, je ne tienne ce bénéfice que de la faveur de Votre Seigneurie Illustrissime et Révé- rendissime. Je vous prie très humblement de commander à votre agent à Rome, de retirer lesdites expéditions des mains de Favret et de vous les envoyer. Et s'il faut de l'argent, il sera aussitôt délivré à Turin par M. Lucien Gilli (0 là où il plaira à Votre Seigneurie l'or- donner. Je ne voudrais pas vous occasionner cet embarras, mais votre bonté et la nécessité m'en donnent le courage. J'espérais pouvoir aller bientôt moi-même traiter ces affaires sur les lieux ; mais la peste ayant éclaté à Annecy après mon départ, une Bulle qui lui attribuait le même bénéfice. Le 13 septembre suivant, le Saint obtint à son tour des Bulles d'institution, que Bally traita de subrep- tices. Néanmoins, le 2 juillet 1598 M. de Chissé, vicaire général, alla au nom du Prévôt prendre possession de la cure; mais les portes de l'église lui furent fermées et il dut se retirer. Nous verrons plus loin la suite de ce débat. ( I ) Lucien Gilli ou Gilio, marchand de soieries, était l'un des fournisseurs de la cour de Turin. (Archives de la Chambre des Comptes du Piémont, Contro- rolo générale délie Finance di Piemonte, vol. xi,)  330 Lettres de saint François de Sales ha voluto uscirne (0, mi fa gran dubio che non potremo partire cosî presto, non havendo le carte necessarie dalla banda di detto Monsignore Reverendissimo. Ho nuova che egli sta benissimo et allegramente, ma non senza pericolo. Iddio ne sia protettore et conservatore. Per quanto vedo, non mancarà dalla banda de' signori Cavaglieri che le cose del Chiablais non vadano in ro- vina, poichè non tengono conto di far pagar le pensioni promesse, senza lequali non si puô continuare Y esser- citio comminciato nelle tre parochie, et molto manco augmentarlo. No si puô dire le grande (sic) dispositioni che sonno in quel paese alla fede catholica, lequali sonno vane per mancamento di essercitio, il quale no si puô fare senza persone, ne le persone ponno inviarsi senza spesa et intrata. Ho le lettere lequali Sua Altezza Se- renissima inviava a Sua Santità, nelle quali priegava la Santa Sede che si degnasse restituir le parrochie di Chiablais, cavandole délie mani profane ; ma per  M""" notre Révérendissime Evêque n'a pas voulu en sortir ( i ) ; ainsi je crains beaucoup que nous ne puissions partir de sitôt, faute d'obtenir de la part de Monseigneur les papiers nécessaires. J'ai su qu'il se porte très bien, sans éprouver aucune appréhension, mais non sans courir quelque danger. Dieu soit son protecteur et son conservateur ! A ce que je vois, rien ne manquera du côté de MM. les Chevaliers pour ruiner les affaires du Chablais, puisqu'ils ne se mettent aucune- ment en peine de faire payer les pensions promises, sans lesquelles on ne peut continuer l'exercice du culte commencé dans les trois paroisses, et bien moins encore l'augmenter. Il ne se peut dire quelles excellentes dispositions on trouve en ce pays pour la foi catholique ; mais elles demeurent infructueuses par le manque d'exercice du culte, lequel ne peut être rétabli sans des ecclésiastiques, et les ecclésiasti- ques ne peuvent être envoyés sans faire des dépenses et avoir besoin de revenus. J'ai les lettres que Son Altesse Sérénissime adressait à Sa Sainteté pour prier le Saint-Siège de daigner retirer les paroisses du Chablais des mains profanes et les remettre à la disposition de (i) On voit dans le Registre des délibérations municipales d"Annecy que le Conseil de ville était à cette époque contraint de tenir ses assemblées « dans l'enclos et murailles du prieuré du Saint-Sepulcre... à cause de la contagion arrivée en cette dite ville des le i'^' d'avril 1598. »  Année 1598 331 l'accidente délia mia malatia sonno restate qui. Se parera a V. S. 111""' et R"'^ di mandarle inanzi ch' io faccia il viaggio, per tanto più accelerare il negotio, il quale no si tarda una sola hora senza perdita di moltissime anime, io subito glie le mandarô. Il R. P. Cherubino è qui con noi da duoi giorni in qua, aspettando nuova del convento di Annessi ; et ciô ha fatto vedere il progresso délia conferentia fra luy (sic) et Hermanno Lignario, famoso lettore di theologia fra [gli] uguonotti, con molto mio gusto. Ne mandarà la relatione a V. S. 111""' et R"" et il successo che ne spera. Fra tanto egli si dispone di far la devotione délie Quarant' hore in Tonone con quella maggior soUemnità che si potrà fare. Et essendosene data la nuova nelli luoghi circonvicini, da ogni banda si dispongono le per- sone di concorrere a questa divotione, non solo dalla banda catholica, corne di Fribourgo, de Sguisseri et del Valeise, ma anco dalla banda haeretica, corne del Bernese et Genevrino ; il che ci fa una grandissima speranza di molto frutto et grande confusione per [i] ministri. Ma  l'Evêque; mais, par suite de ma maladie, elles sont restées ici. Si Votre Seigneurie juge bon de les envoyer avant que j'entreprenne le voyage [de Rome], afin d'accélérer cette affaire, qui ne peut être retardée d'une seule heure sans compromettre le salut de beaucoup d'âmes, je me ferai un devoir de les lui expédier aussitôt. Le R. P. Chérubin est ici avec nous depuis deux jours, attendant des nouvelles du couvent d'Annecy ; ce qui, à mon grand conten- tement, m'a donné lieu d'être renseigné sur la marche de sa confé- rence avec Herman Lignarius, fameux lecteur de théologie parmi les huguenots. Il en enverra la relation à Votre Seigneurie Illustris- sime et Révérendissime, et lui dira le résultat qu'il en espère. Cependant, il se prépare à célébrer les Quarante- Heures à Thonon avec la plus grande solennité possible. La nouvelle s'en étant répandue dans les environs, on se dispose de tous côtés à venir assister à cette dévotion, non seulement des régions catholiques, comme de Fri- bourg, de Schwitz et du Valais ; mais aussi des territoires hérétiques, comme de ceux de Berne et de Genève, ce qui nous donne une très grande espérance de recueillir beaucoup de fruits, à la grande confu- sion des ministres. Il serait très à propos que Sa Sainteté voulût bien  3^2 Lettres de saint François de Sales saria molto a proposito se Sua Beatudine per quel tempo concedesse qualche gratia spirituale, oltra la Indulgentia plenaria, corne deir assolutione de'casi riservati ; chè in vero in quelle bande ne sonno moltissimi che ne havranno portati li diece et vinti anni nella conscientia, liquali in questa occasione li deponeranno. Et perché mi pare che la facoltà di commettere huomini per T assolutione de Thaeresia, che era stata communicata a 31onsignor Re- verendissimo , no passa questo mese , saria sopra tutto bisogno di haverla di nuovo. Vado hoggi verso Tonone dove per un poco son neces- sario, et pigliarô il numéro de' Catholici fattisi in questi tre anni passati, per mandarne raguaglio a V. S. 111"% acciô con questo mezzo si dia animo a Sua Santità di farci quelle gratie che a queste imprese sonno necessarie. Non habbiamo quasi altro amico nella corte senon Sua Altezza Serenissima , laquale ci giova poco per mancamento di essecutione de' suoi commandamenti. In vero egli è zelantissimo, ma non puô esser ubedito. Che se fosse ubedito come vuole il dover, havressimo avanzato assai più di quel che habbiamo, et insieme no saria  pour la circonstance accorder, outre l'indulgence pléniére, quelque grâce spirituelle, comme l'absolution des cas réservés; car en vérité, de ces côtés il y a beaucoup de gens qui, en ayant sur la conscience depuis dix et vingt ans, s'en déchargeraient en cette occasion. Comme il me semble que la faculté communiquée à M''' le Révérendissime de déléguer des ecclésiastiques pour l'absolution de l'hérésie expire à la fin de ce mois, il serait surtout urgent de la renouveler. Je vais aujourd'hui à Thonon où, pendant quelque temps, je suis nécessaire. J'y dresserai la liste des personnes rentrées dans le sein de l'Eglise durant ces trois dernières années, pour en informer Votre Seigneurie, afin que par ce moyen Sa Sainteté soit encouragée à nous accorder les grâces qui sont nécessaires à cette entreprise. Nous n'avons presque pas d'autre ami à la cour que Son Altesse Sérénissime, ce qui ne nous sert pas beaucoup puisque ses ordres ne s'exécutent pas. Le duc est très zélé, il est vrai, mais ne peut se faire obéir. Si on lui obéissait comme on le devrait, nous serions bien plus avancés que nous ne le sommes et, de plus, nous n'aurions pas  Année 1598 3}} bisogno di dar noïa a V. S. Ill""* circa le pensioni, perché egli ha commandato spesse volte che si pigliassero, facen- dosi giustitia sopra la promessa fattaci da' Cavaglieri. Ma gl' inferiori fanno poi tante considération! di non offendere questo et quelFaltro, che fra tanto si ofFende gravemente il Signor. Il R. P. Cherubino mi ha dato parola di scriver a V. S. 111""' circa moltissime cose degnissime di esser considerate, délie quali habbiam trattato insieme. V. S. 111™'' et R""" è il nostro solo protettore et solatio in queste occasioni, onde preghiamo continuamente Sua divina 3laestà per la sua salute et conservatione. Et bascio humilissimamente le sue reverendissime mani. Di V. S. Iir^ et R™% Humilissimo et divotissimo servidore, Franc^ De Sales, indegno Prœvosto di Geneva. Di Sales, alli 10 di Aprile 98. Air 111""° et Rêver""*' Sig"" mio osservandissimo, Monsig"" l'Arcivescouo di Bari, Nuntio Apostolico nel Stato di Savoya. — Turino. Revu sur l'Autographe conservé à Rome, Archives du Vatican.  à causer tant d'ennui à Votre Seigneurie au sujet des pensions. 11 a déjà commandé plusieurs fois de les saisir, cette mesure étant justifiée par la promesse que nous avons reçue des Chevaliers ; mais les subor- donnés font tant de considérations pour ne pas offenser celui-ci et celui-là, qu'ils finissent par offenser grièvement le Seigneur. Le R. P. Chérubin m'a donné parole de vous écrire touchant plusieurs choses très dignes d'attention dont nous avons traité en- sem.ble. Votre Seigneurie est notre seul protecteur et consolateur en ces occasions ; aussi prions-nous continuellement la divine Ma- jesté pour votre santé et conservation. C'est en baisant très hum- blement vos mains vénérées, que je suis, De Votre Seigneurie Illustrissime et Reverendissime, Le très humble et très dévoué serviteur, François de Sales, indigne Prévôt de Genève. De Sales, le 10 avril 1598.  ;  ^^4 Lettres de saint François de Sales AU MÊME Voyage du président Favre à Turin et à Ferrare. — Nouvelles poursuites au sujet de la cession des cures du Chablais. — Mesures à prendre pour assurer le triomphe du catholicisme sur l'hérésie. Sales, i8 mai 1598. lUustrissimo et Reverendissimo Signor mio osservandissimo, Andando costî et quindi in Ferrara il signore Prsesi- dente Fabro(i), persona di pietà et sufïicientia singola- rissima, et per dirla (^) a modo mio, pbœnice délia nostra Savoïa, desideravo incredibilmente di far il viaggio con esso lui, (b) perché essendo egii solo fra laici consapevole di quanto si è fatto di qua et si deve fare per la santa fede, haverebbe certo dato un grande aiuto nel negocio che per questo l'^) habbiam da far appresso Sua Santità.  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, M. le président Favre, personnage d'une piété et d'un mérite sin- guliers, et, pour le dire à ma façon, le phénix de notre Savoie, se rend à Turin, puis à Ferrare ( ^ ) . Je désirais extrêmement entreprendre ce voyage avec lui, parce qu'étant le seul laïque bien au courant de ce qui s'est fait et de ce qui reste encore à faire pour la sainte foi dans ces pays, il nous aurait certainement été d'un grand secours dans les affaires que nous devrons traiter à ce sujet auprès de Sa Sainteté. (a) [Ces variantes sont tirées d'une minute autographe conservée à la Visi- tation d'Annecy.] di — dottrina et pietà singolarissima, et se io lo dico (b) con esso lui, — si per godere la sua suavissima presentia, che anco (c) saniii fede, — zelantissimo et prudentissimo, haverebbe grandemente aiutatici nella negociatione che  (i) Il était député par la duchesse de Nemours, Anne d'Esté, pour faire valoir les droits de cette princesse sur la succession d'Alphonse II, duc de Ferrare.  Année 1598 335 Ma Monsignor R'"" Vescovo non havendo fatta la quaran- tena che si usa per il contagio (0, non ha volsuto far li scritti necessarii al viaggio, ne addimandare i'^) licentia a Sua Altezza per il passagio, per non dar alcun sospetto ne a Sua Beatudine (e), ne a V. S. 111""'. Havendo adunque le lettere che Sua Altezza scrisse a Sua Santità et alli Signori Cardinali, nelle quali prie- ghava instantissimamente la Santa Sede di restituire le cure delli balliaggi ad uso delli sacerdoti che vi facciano il servitio santo, et non havendo voluto esponerle al pe- ricolo che sin adesso è stato nelle strade (f), massime credendo di esserne latore di giorno in giorno : hora ch' io vedo dette lettere invechiarsi, et che se la provisione di Sua Santità circa detta restitutione non viene inanzi la raccolta le cose saranno ritardate sin all'altr'anno (et Dio  Mais Ms'' notre Révérendissime Evêque n'ayant pas terminé la qua- rantaine usitée en temps de peste (O, n'a pas voulu préparer les écritures nécessaires à ce voyage, ni demander la permission de Son Altesse pour le passage, afin de ne donner aucune alarme au Saint- Père ni à Votre Seigneurie Illustrissime. J'ai entre les mains les lettres que Son Altesse a écrites à Sa Sainteté et à MM. les Cardinaux, pour prier instamment le Saint- Siège de rendre la jouissance des cures des bailliages aux prêtres qui doivent y faire le service divin. Je n'ai pas voulu les exposer au danger qui jusqu'ici a été sur les routes, d'autant plus que je croyais de jour en jour pouvoir en être le porteur. Mais maintenant je vois que ces lettres vieillissent ; en outre, si le décret de Sa Sainteté touchant la restitution des bénéfices ne nous parvient pas avant la récolte, cette (d) la quarantena, — non ha volsuto scriver le cose necessarie per far la sua ubedientia, né domandare (e) non dar — dal canto suo alcun sospetto né a S. S'^ (f) Havendo adunque riserbato le lettre che S. A. scrisse a S. S>^, alli 111™' Cardinali et a V. S. Ill'"^' et R""* sopra il desiderio buono che ella tiene che si restituiscano le cure delli balliaggi ad uso de gli ecclesiastici, accio si convertano l'anime dall' haeresia, et non havendo mai havuto Tardire di esponerle al pericolo délie strade fra tante difficolta che sin adesso vi sonno state  (i) L'Evêque faisait quarantaine à Vignères, hameau de la commune d'Annecy-le-Vieux.  336 Lettres de saint François de Sales solo sa se saremo vivi), per questo (g) ho dato dette lettere a questo mio signore Prœsidente, acciô le dia a V. S. Iir*, protettrice di tutto questo négocie, la quale accompa- gnandole di una strettissima et caldissima ricommanda- tione(^), potrà farne latore Tistesso signor Prœsidente, chè più fedele et zelante non si puô trovare(0. Che si (sic) con (j ) queste nuove di pace (0 si stabilisée da dovero Tessercitio catholico in quelli balliagi, si farà presto un efFetto taie che ritardandosi poi non seguirà W. Et per conto délie sei pensioni promesse T anno 1596 dalli Cavaglieri, non si è dato ordine (i) se non per tre r anno passato et questo per nuUa. È tempo horamai che da un canto sia soUecitata Geneva al ricever per il •Vide supra.p. 277. manco V Intérim * col mezo di questa pace, et dall' altro  affaire sera retardée jusqu'à l'année prochaine, et Dieu seul sait si nous serons en vie ! Pour toutes ces raisons, j'ai donné lesdites lettres à M. le Président afin qu'il les remette à Votre Seigneurie, protec- trice de l'entreprise. Vous pourrez ensuite, les accompagnant d'une très pressante et très chaude recommandation, en rendre porteur le même Président; car l'on ne saurait trouver quelqu'un de plus fidèle et de plus zélé. Si à la faveur de la paix qui nous est annoncée (0, l'exercice du culte catholique est rétabli définitivement dans ces bailliages,' on obtiendra bientôt un résultat que tout retard pourrait compro- mettre. Quant au payement des six pensions promises en 1596 par les Chevaliers, aucun ordre n'a été donné, sinon l'année dernière pour trois; et cette année, pour aucune. 11 est temps désormais de presser d'un côté Genève à recevoir au moins \' Intérim, grâce à cette (g) in giofno, (p. 335) — vedo che essendo tanto vicina la raccolta, se la provisione di S. S'" non ci vien presto, si perdera questo anno, non senza grandissimo danno dell' anime. Onde (h) a V.S. Ill""', — laquale accompagnandole di un.i sua stretta raccoman- datione a S. S'» (i) ehè più — zelante Tné capace, pio,J non si puo ritruovar. ( j ) Questa é vera verita, che se con (k) si — faranno ben presto efïetti che ritardandosi poi alquanto non si potranno cavare. ( 1 ) l'anno 1^96, — sino adesso non si é dato ordine da Cavaglieri ( i) On sait que, par la médiation du Saint-Siège, un traité de paix venait d'être conclu à Vervins, entre la France, l'Espagne et la Savoie.  Année 1598 337 che (ni) si faciano intorno intorno opère pie in gran quaii- tità : riformatione di badie, prsedicationi, dispute, libretti et altre cose simili ; chè cosî creparà la volpe nelle sua caverna. Et fra r altre cose necessarie, una è che si habbia in Annessi un stampatore. Griiœretici mandano fuora ogni hora libretti pestilentissimi, et restano moite oprette ca- tholiche (11) nelle mani de gl' authori per non poterie sicuramente inviare in Lione et non haver commodità di stampatore. (o) Se dalle badie et altri maggiori beneficii délia diocaesi si cavasse un certo che per anno, sino alla summa di scudi cento, non saria cosa grave ad alcuno et saria una sufficiente provisione per un stampatore. (P) Credo che ben presto passa il tempo prefisso aile facoltà concesse a ^lonsignor Reverendissimo circa  paix, et de l'autre, de faire aux alentours de cette ville des œuvres pies en grand nombre : réforme d'abbayes, prédications, disputes, publication d'opuscules et choses semblables ; car ainsi le renard crèvera dans sa tanière. Entre autres, il faudrait avoir un imprimeur à Annecy. Les héré- tiques publient à chaque instant des livres très pernicieux, tandis que plusieurs ouvrages catholiques demeurent entre les mains de leurs auteurs parce qu'on ne peut les envoyer sûrement à Lyon, et qu'ils n'ont pas d'imprimeur à leur disposition. Si l'on prélevait sur les abbayes et autres bénéfices les plus considérables du diocèse une certaine somme chaque année jusqu'à la concurrence de cent écus, cela ne chargerait personne et suffirait à l'entretien d'un imprimeur. Je crois que la durée des pouvoirs accordés à M^"" le Révérendissime touchant l'absolution des hérétiques est près d'expirer. Ces pouvoirs (m; E tempo (p. 336) — veramente horjiiiai che da ua canto si soUeciti Geneva a ricever almanco Y Intérim col mezzo di questa pace fra li Régi, et che daU'altra banda (n) che si — possa havers un stampatore qui ia Annsssi, il quale sia dili- gente et zolante, percha questi hiretici mandaao faora ogni hora libretti pesti- lenti, et non se gli fa risposta per mancaniento di stampa. So certo che restano gia alquante oprelte (o) in Lione — lequali se fossero divulgate, farebbono un buon friit'o. Flora (p) cento, — per darli di provisione ad un stampatore, non siria cosa grave a veruno et bastaria a fare un grande effetto. [L'avant-dernicr alinéa du texte ne se trouve pas dans la minute.] I.ETTRF.S I 2i  ^38 Lettres de saint François de Sales l'assolutione de grhaeretici. E necessario primo modo che non ci manchino, perché ogni hora cie n'è bisogno in questi paesi. Già tre volte ho inviato queste altre lettere, le quai adesso io glie mando, et non han potuto passare. Mi perdoni per bontà sua V. S. lU""' et R™^ se io glie sono importuno ; et rimettendomi a quanto potrà co- gnoscere di queste et simili altre cose dal Signor latore, priegho Iddio ognipotente che (1) la conservi fœlice et contenta moltissimi anni ad utile di santa Chiesa, et glie bascio humilissimamente le mani reverendissime. Di V. S. 111'"' et R'"% Divotissimo servidore, Franc° De Sales, Prsevosto di Gène va. Di Sales, alli 18 di 3lagio, 98. Air 111'"^ et R'"° Sig''^ mio osservandissimo, Monsig''^ r Arcivescovo di Bari, Nuntio Apostolico appresso S. A. S. Turino. Revu sur l'Autographe conservé à Rome, Archives du Vatican.  sont pour nous de première nécessité, car à toute heure on a besoin d'en user dans ces pays. J'ai déjà par trois fois envoyé les autres lettres ci-jointes, mais elles n'ont pu passer. Que votre bonté daigne me pardonner de lui être si importun. Je m'en remets au porteur des présentes pour vous donner une plus grande connaissance des affaires dont elles traitent et d'autres semblables ; et priant le Dieu tout-puissant de vous conserver heu- reux et content de très longues années pour l'utilité de la sainte Eglise, je baise très humblement vos mains vénérées. De Votre Seigneurie Illustrissime et Reverendissime, Le très dévoué serviteur, François de Sales, Prévôt de Genève. De Sales, le 18 mai 1598. (q) potra — dirne di queste et simili cose il Sig' latore, priegho il Sig'' Iddio  ANNÉE 1598 339 ex  AU MEME Espérance d'obtenir, moyennant la médiation du roi de France, le libre exercice du culte catholique à Genève. Sales, 13 juin 1598. Illustrissimo et Reverendissimo Signore mio osservandissimo, Fra grinfiniti béni spirituali che da questa benedetta pace (0 sperano molti servi d' Iddio, uno è ch'il Ré di Francia, invitato dalla Santa Sede Apostolica, procuri vivamente che la città di Geneva apra le sue porte a r essercitio catholico coW Intérim (-), acciô che in una tanta et tanto desiderata pace, sia fatto luogho al Si- gnore et Prencipe di pace *. Et questo sarà tagliar il * Is., ix, 6. calvinismo nella radice. So che Sua Altezza, dal canto suo, ne farà ogni instantia possibile, corne in opra di importantia incredibile. Il R. P. Cherubino ha sopra di questo molti buoni et particolari avisi, et son certo che  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, Entre les incalculables avantages spirituels que plusieurs serviteurs de Dieu espèrent de cette bénite paix ( i ), ils se promettent que le roi de France, sur l'invitation du Saint-Siège Apostolique, s'emploiera vigoureusement pour obtenir que la ville de Genève ouvre ses portes à l'exercice du culte catholique au moyen de V Intérim ( 2 ), afin que le Seigneur et Prince de paix ait sa place dans une pacification si im- portante et tant désirée. Ce serait couper le calvinisme par la racine. Je sais que, de son côté. Son Altesse fera toute sorte d'instances, comme pour une œuvre d'une importance incroyable. Le R. P. Ché- rubin a plusieurs vues spéciales et bonnes sur ce sujet ; je suis (i) Cette lettre fut écrite le jour même où la paix de Vervins était pro- mulguée à Annecy. (2) Le 17 juin. M»"" de Granier adressait dans le même sens une supplique au Pape Clément VIII et une lettre au Nonce. Au sujet de VInh'rim, voir note (i), p. 277.  ^^O LeTTRKS Dt SAINT FRANÇOIS DE SaLES ne darà raguaglio a V. S. IIP'' et R"" (O, la quale per tanto io supplice di haverli in grande consideratione. A me, il quale in taie occurrentie non hô altro valore se non nelli sospiri et desiderii, basta di aprirne il cuore inanzi di V. S. 111"" ; et mentre sto aspettando quel giorno nel quale io possa farglie in praesentia la débita riverentia, glie bascio humilissimamente le mani reve- rendissime, prieghando il Signore che la conservi mol- tissimi anni a servitio delF honor suo divino. Di V. S. 111'"'-^ et R'"% Humilissimo et divotissimo servitore. Franc" De Sales, Prsevosto di (reneva. Di Sales, alli 13 di C-riugnio 1598. Air 111"^'' et R"^° Sig'"« mio osservandissimo, Monsig""" l'Arcivescovo di Bari, Nuntio Apostolico appresso S. A. S. Turino. Revu sur l'Autographe conservé à Rome, Archives du Vatican.  sur qu'il les communiquera à Votre Seigneurie Illustrissime et Ré- vérendissime (i , partant je la supplie de les prendre en grande considération. Pour moi, qui n'ai en telles rencontres d'autre pouvoir que celui des soupirs et des désirs, il me suffit d'ouvrir mon cœur à Votre Seigneurie. En attendant le jour où je pourrai la voir et lui offrir les hommages qui lui sont dus, je baise très humblement ses mains vénérées, priant le Seigneur de la conserver de très longues années pour le service de sa divine gloire. De Votre Seigneurie Illustrissime et Révérendissime, Le très humble et très dévoué serviteur, François de Sales, Prévôt de Genève. De Sales, le 1 3 juin 1598. ( I ) Le P. Chérubin se proposait de l'aire un voyage à Rome, ainsi qu'il le dit dans une lettre adressée au Nonce de Turin le 23 juin de cette nic'nie année.  Année 1598 341  CXI  A MONSIEUR AMEDEE DE CIIEVROX SEIGNEUR DE VILLETTeI'Î (inédite) Témoignages de respect et de reconnaissance. — Annonce de sa visite. Sales, 7 juillet 1598. Monsieur, Je me garderay bien, Dieu a3'dant, d'attribuer a mes mérites, qui sont ou petitz ou nulz , la faveur avec laquelle il vous plait recueillir mes importunités. Je la dois du tout a vostre bonté, laquelle j'honnore d'autant plus que je me vois tous les jours obliger davantage a elle par tant d'effetz, qui me fait extrêmement désirer d'estre tel que je devrois estre pour estre digne sujet de ses bienfaitz ; la ou je n'ay rien de sortable a ce bon heur qu'une très humble affection d'estre et vouloir estre, et confesser devoir estre vostre très redevable. Je desirois bien fort de vous baiser les mains en prae- sence, mais je suis lié sur le banq pour ceste semaine. Que si je puys, a la prochaine je me rendray par delà, et sans honte ni autre appréhension je prendra}^ logis chez vous, comme vous me commandes ; car puysque je suis des-ja tant insolvable des obligations que je vous ay, il ne m'importe meshu}- de rien de l'estre tous-jours (i) Amédée III de Chevron, seigneur de Villette, Giez, Pontvoyre et autres lieux, conseiller et maître d'hôtel, chambellan et majordome de Son Altesse, fut ambassadeur en Suisse, surintendant général des mines de Savoie, chef des troupes en Tarentaise. C'est en sa faveur que la terre de Villette fut érigée en baronnie, le i"^"" avril 1604. Il avait épousé Marguerite de Pingon, dame d'honneur de Marguerite de France, mère du duc Charles- Emmanuel P"". Ce seigneur était cousin germain de Françoise de Sionnaz, mère de saint François de Sales; il fit son testament le 15 juillet 1621 et mourut peu de jours après.  ^42 Lettres de saint François de Sales plus ; et quoy qu'on me juge importun, je ne lairray d'estre bien glorieux si par la je me puys faire connois- tre tel que je suis, Monsieur, non seulement vostre très et très obligé, mais encores Votre domestique serviteur et neveu, France De Sales, A Sales, ou mes père et mère et toutes leurs gens vous saluent très humblement. Le 7 juUet 98. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Milan.  CXII  A MONSIEUR CLAUDE MARIN, PROCUREUR FISCAL EN CIIABLAIS Préparatifs à faire en vue des Quarante-Heures qui doivent se célébrer à Thonon. — Indications pour le logement de l'Evêque. — Audience du duc de Savoie. — Destination de deux ecclésiastiques. Sales, 6 aoîit 1 598. Monsieur (0, Puisque Son Altesse veut que les Quarente Heures se facent le quinziesme de ce moys, et qu'elle veut qu'elles .se facent le plus solemnellement que l'on pourra , baillant partant espérance de vouloir rembourser les frais qui s'y feront, ne voyant point d'argent prest, il m'a semblé que on ne pouvoit point avoir de meilleur moyen pour loger les musiciens et autres semblables personnes nécessaires et les nourrir, que de faire que (i) Cette lettre cSt écrite par Georges Rolland, sauf la signature, l'adresse et une partie du post-scriptum, qui sont de la main du Saint (voir ci-après, note (3), p. 31-1).  Année 1598 343 les fermiers qui sont reliquateurs de plus de mille florins vaillant pour les pensions de ceste année, res- pondent vers quelqu'un de la despence que lesditz musi- ciens pourront faire, a rate dequo^'^ je les dechargeray de ladite dette. Et a ces fins je fais trois mandatz : un a ]Me3'net, l'autre a Vernaz et l'autre a Castellani (O, affin quilz respondent vers quelqu'un [de] la despence qui se fera par lesditz musiciens, chacun jusques a la somme de cent florins. Restera qu'il vous plaise d'essaier si l'on pourra trouver qui veuille fournir aux frais a ceste condition, en advançant, et je tiendrois main a les faire bien paier dans le terme quilz prendroient ; et si vous le trouvies, il faudroit faire marcher (sic) a combien par jour ilz entretiendroient la personne honnestement et sans superfluité. Item, je vous prie de trouver un logis parmi les Catholiques pour 31onseigneur l'Evesque. On paiera le louage a tant par jour, en fournissant seulement le bois, linge et vaiselle, car quant au reste, Monseigneur le Re- verendissime fera sa despence luy mesme ; mais il faut que ce soit chez un Catholique et qu'on aye pour le moins trois chambres. Si ce n'estoit qu'il m'a tant recommandé que son hoste fut catholique, j'eusse nommé monsieur d'Alemand(2) ; touttefois, au pis aller, encor ne seroit il pas mal la, si autrement ne se peut faire. Jamais Ouarente ( I ) Il est difficile d'identifier ces personnages qui portent des noms très répandus en Chablais. Plusieurs Meynet, bourgeois de Thonon, figurent sur la liste des protestants convertis par notre Saint et ses collaborateurs. Le procès-verbal de rétablissement des greniers à sel à Thonon (mars 1597) mentionne « Thomas et François Meynet » parmi les marchands qui avaient précédemment débité du sel dans cette ville. Dans un accord passé en 1602 entre les seigneurs de Fribourg et les habi- tants de Thonon, on trouve parmi les signataires, bourgeois de cette dernière ville, Maurice et Pierre Vernaz. Celui-ci parait n'être pas différent d'un Pierre Vernaz qui est mentionné dans le procès-verbal précité comme étant curial de Thonon. (Voir ci-devant, note (i), p. 103.) (2) La famille des nobles du Nant dAUeman était représentée en Cha- blais à cette époque par Georgios, coseigneur d'AUeman, seigneur de la Place, de ThoUon, etc., et par ses deux neveux : François, seigneur de Saint-Paul, possesseur du château d'AUeman, et un autre Georgios, seigneur de Grilly, d'AUeman, etc. Il n'est pas possible de préciser quel est de ces trois per- sonnages celui qui est désigné dans cette lettre.  344 Lettres de saint François de Sales Heures n'eurent tant de difficultés que celles c}^ qui m'en fait tant mieux espérer. J'ay esté beaucoup déplaisant de ne m'estre pas trouvé icy quand vous y aves esté, pour jouir de vostre conver- sation et apprendre a sohait de voz nouvelles. Son Altesse, quo}' que très empêché, me bailla une audience de quattre motz lundi ( i ), et entre autres choses me promit de m'en bailler une plus grande aux Ouarente Heures de Thonon ou elle esperoit se trouver. Dieu le voulust, mais je crains fort quil n'en sera rien. Je vous salue de tout mon cœur avec toutte vostre compagnie, et suis, .Monsieur, Vos'.re plus humble serviteur, Francs De Sales. Je baise très humblement les mains a madame ma tante 2 \ a madamoyselle du ^laney et a toutte la con- versation, (3) a laquelle je me rendray dans quattre ou cinq jours. A Sales, le 6 d'aust g8. Il m'est advis quil seroit bon que monsieur Cheval- lier (4), qui a commencé a Bellevaux, poursuivit, et que  (i) Ce jour-là, 3 août, le duc se trouvait à Chambéry. ( 2 ) Le Saint avait coutume de donner ce titre à Jeanne du Maney, veuve de François du Foug, qui l'avait accueilli et assisté avec un grand dévouement dès son arrivée en Chablais. (Voir ci-devant, note (i), p. 114.) Quant à « madamoyselle du Maney, » ce pouvait être Claudine, fille de Marius du Maney et de Jeanne-Marie du Foug, parente de la précédente. (3) Ce qui suit, moins la date, est autographe. (4) Claude Gaspard Chevallier, natif d'Annecy, était un prêtre de mérite que '< le Serviteur de Dieu cherissoit fort. » Cette affection remontait à l'époque où M. Chevallier, récemment sorti d.; l'Université de Louvain, choisit le Prévôt pour présider la thèse publique de théologie qu'il soutint dans sa ville natale. Pendant cinq années, il desservit la paroisse de Bellevaux, sans laisser de suppléer le Saint chaque fois que celui-ci devait s'éloigner de Thonon. Le 21 août 1601, cet ecclésiastique fut pourvu de la cure de Fessy- Lully, puis il devint théologal de Belley et finit par entrer dans l'Ordre des Récollets où il est connu sous le nom de P. Antoine. On a de lui un court mais intéressant Mémoire encore inédit, sur la vie et les vertus de saint François de Sales.  Année 1598 345 monsieur Clerici (0 fut curé a Thonon ou il feroit rage a bien tenir l'église et instruire la jeunesse ; mais il faudroit que le P. Chérubin fit un peu de disposition a cela tout bellement. Encor aurons nous besoin d'un logis pour sept ou huit personnes ecclésiastiques qui iront la, en payant comme dessus ; sinon que celuy qui fournira pour les musiciens fournit encor a cela, comm'il se pourroit bien faire. A Monsieur Monsieur Marin, Procureur fiscal en Chablaix. Revu sur l'original conservé à la Visitation de Turin. ( I ) Nicolas Clerc ou Clerici, qui se trouvait à Padoue lorsque saint François de Sales y reçut le bonnet de docteur, fut curé de Chanay, puis de Saint- Félix (1587), et protonotaire apostolique. Il accompagna le P. Chérubin dans le voyage que ce religieux fit à Rome (1599) pour traiter des intérêts de la Sainte-Maison. M. Clerici mourut en septembre 1617.  CXIII  A MONSIEUR SEBASTIEN WERRO ADMINISTRATEUR APOSTOLIQUE DU DIOCÈSE DE LAUSANNE PRÉVÔT DE SAINT-NICOLAS DE FRIBOURG(0 Les exercices des Quarante-Heures à Thonon sont fixés aux 23 et 24 août. Thonon, 12 août 1598. Monsieur, La dévotion des Quarante Heures a esté retardée jus- ques au Dimanche e. jour de saint Bar^helemi, 23 et (i) Sébastien Werro, né à Fribourg en Suisse (i^ïîi, avait suivi les cours da l'Université de Fribourg en Brisgau, où il obtint le grade de ii:aître ès-arts (liV^). Etant entré dans les Ordres, il se vit. peu après son retour dans sa ville natale, nommé chanoine, puis chantre du Chapitre de Saint- Nicolas, et fut pendant dix ans ( i ^80-1 590) curé de Fribourg. A la dignité de Prévôt de la Collégiale (1596) il joignit, après la mort de l'Evêque de Lausanne, Antoine de Gorrevod (iS98\ celle d'administrateur  346 Lettres de saint François de Sales 24 de ce mo3^s. C'est pour un beaucoup plus grand bien. Je vous ay bien voulu faire ce mot d'advis, affin que si quelcun de delà desiroit honnorer cest'action de pieté de sa prsesence, il ne s'acheminast pas en vain ceste semayne. Mais aussi je voudrois que personne ne perdit courage de venir pour ceste retardation, puisque la tar- diveté sera récompensée d'une bien grande consolation si Dieu nous fait les grâces que nous espérons. Je bayse très humblement vos mains sacrées, et me dis a jamais, Monsieur, Vostre plus humble confrère et serviteur, France De Sales, Praevost de S' Pierre de Genève. Le R. P. Chérubin et toute la brigade des serviteurs de Dieu que nous avons icy vous salue très affection- nement. A Thonon, le 12 aoust 1598, A Monsieur le Prévost de S' Nicolas de Fribourg. Revu sur l'Autographe appartenant à M. le docteur Jean Schaller, à Fribourg. apostolique du diocèse, puis de vicaire général du nouvel Evêque, Jean Doroz. L'étude et la prière remplirent les treize dernières années de sa vie, qui se termina en novembre 1614. Il fut inhumé auprès du bienheureux Canisius, son ami, qu'il avait lui-même assisté à son lit de mort, et dont il avait composé répitaphe et prononcé l'oraison funèbre. Sébastien Werro a laissé plusieurs ouvrages estimés, entre autres la Chro- nica Ecclesiœ et Monarckiarum a condito niundo (1599), et un traité sur le Cantique des Cantiques, intitulé De Philotheïa, qui parut la même année (1609) que V Introduction à la Vie dévote. (Notice sur la Vie et les Œuvres de Sébastien Werro. Fribourg, 1841.)  Année 1598 347  CXIV A DON JUAN DE MENDOÇA COMMANDANT DES TROUPES ESPAGNOLES (O (minute) Supplications collectives des missionnaires du Chablais pour obtenir que les troupes espagnoles ne traversent pas cette province. Thonon, 16 août IS98. Eccellentissimo Signer osservandissimo, Siamo in procinto di celebrar la oratione délie Qua- rant'hore in questa terra Domenica, 23 di questo mese, secondo il beneplacito di Sua Santità et di Sua Altezza, havendo procurata la praeparatione necessaria a cotesta impresa non senza grandissima spesa, parte fatta dalla limosina concessa dalla Santa Sede, parte di quella di Sua Altezza (3). Et si inviaranno questa settimana mol- tissimi popoli, sî dalla banda de' Valesani che di quella  Excellentissime et très honoré Seigneur, Nous sommes sur le point de célébrer Dimanche, 23 de ce mois, les prières des Quarante-Heures en cette ville, avec l'agrément de Sa Sainteté et de Son Altesse, Les préparatifs nécessaires à cette solen- nité n'ont pas été faits sans de grandes dépenses, couvertes en partie par les aumônes du Saint-Siège, en partie par celles de Son Altesse. Des multitudes considérables, venues soit du côté du Valais, soit du (a) di Sua Alte^^a — fet altri.J  (i) Don Juan appartenait à la famille Hurtado de Mendoça , l'une des plus illustres de l'Espagne. Placé par son souverain à la tète d'un corps d'armée milanais mis au service de la Savoie, il fit preuve de grande bravoure, et fut créé par le duc, comte de Saint-Germain. Néanmoins il est surtout connu sous le titre de marquis de Hynojosa. Don Juan, rappelé à Milan, succéda plus tard (1612) à son oncle maternel, Juan Fernandez de Velasco, le fameux connétable de Castille, dans la charge de gouverneur de cette ville. Bon et conciliant, il s'acquit l'affection du peuple et l'estime de tous. C'est lui qui  3^8 Lettres de saint François de Sales di Fribourgo, et da ogni intorno ancora, per venir a questa solemnità, laquale si è prseparata per la conver- sione di questa gente hseretica ; et se ne spera un frutto grandissime a gloria d'Iddio et sainte delT anime. Hora ci vien detto che Vostra Eccellentia, con le sue forze, era per pigliar la strada del suo ritorno costî (0 ; il che se facesse, è cosa certissima che detta celebratione délie 40 hore non potrà farsi per nessun conto, poichè grhabitatori, carghi de soldati, non potran assi stère ; anzi, per quanto si risolvono, lasciaranno le case vode et passaranno il lagho, et li forestieri non verranno. Si che questa divotione, prseparata con tante spese et fatighe, con tanta speranza di buon frutto, con particolar licentia di Sua Santità et di Sua Altezza et cont^») tanta fama appresso li nemici délia santa fede, si resolverà in fumo ; non senza cattivissimo essempio et grandissimo scandalo  côté de Fribourg, comme aussi de tous les environs, se mettront en route cette semaine afin d'assister à une fête qui a été préparée pour la conversion de ces hérétiques. On en espère un très grand fruit, à la gloire de Dieu et au salut des âmes. Or, nous apprenons que Votre Excellence se dispose à prendre ce chemin pour s'en retourner avec ses troupes (O. S'il en est ainsi, très certainement la célébration des (Quarante -Heures ne pourra au- cunement se faire, car les habitants, chargés de soldats, ne sauront y assister ; au contraire, comme ils l'ont déjà résolu, ils laisseront les maisons vides et passeront de l'autre côté du lac. Q.uant aux étran- gers, ils ne viendront pas. Ainsi cette dévotion, préparée avec tant de frais et de fatigues, tant d'espoir de succès, avec une spéciale autorisation de Sa Sainteté et de Son Altesse et un si grand retentis- sement parmi les ennemis de notre sainte foi, s'en ira en fumée. Cela n'arrivera pas sans produire un très mauvais exemple et même sans occasionner un très grand scandale parmi les Catholiques et les (b) coH — rtanto rumorc.J  lit une réception solennelle à saint Fr.mçois de Sales, lorsqu'en 1613 il se rendit en pèlerinage au tombeau de saint Charles. Trois ans plus tard, le gouverneur fut disgracié. ( 1 ) La paix de Vervins permettait au duc de Savoie de congédier les troupes milanaises qui étaient à son service, lesquelles étaient alors campées à Bonne.  Année 1598 349 et alli Catholici et agli haeretici, et perdita di una occa- sione, quale forse non ci ritornarà mai nelle mani,-de fruttificar fra questa gente, con un disgusto grandissime di Sua Beatitudine et .^lonsignor Xuntio. Per il che supplichiamo con ogni humiltà possibiie Vostra Eccellentia, et la scongiuriamo per Je viscère di Christo * et per quanto sangue ha sparso per le anime. ' Philip., 1, s. la cui salute procuriamo col mezzo di queste divotioni, di degnarsi di pigliar altra strada per il suo viaggio et lasciar questa libéra al Salvatore ; il che se si degnarà di fare, sia poi certa ch' Iddio benedetto l' haverà per gran servitio de sua divina 3lajestà et ne terra buon conto nel giorno del giuditio. Faccia adunque Vostra Ec- cellentia («=>, da quel valoroso et zelante animo ch" Ellal'î tiene, questo servitio ail" honore d' Iddio. Diremo bene ancora che non sappiamo chi 1' habbia avvisata di questa .strada, ma che v' è un passo appresso il lagho, fra Evian et San 3lauritio, il più horribile et pericoloso, in questo tempo nel quale le acque di detto lagho crescono. che si possa imaginare.  hérétiques. Ce sera aussi, au très grand regret de Sa Sainteté et de M^"" le Nonce, perdre une occasion qui ne se retrouvera peut-être jamais de recueillir quelques fruits parmi ces gens. C'est pourquoi, nous supplions avec toute l'humilité possible Votre Excellence, et nous la conjurons par les entrailles de Jésus-Christ, par tout le sang qu'il a répandu pour ces âmes dont nous tâchons de procurer le salut au moyen de ces exercices, de daigner prendre un autre chemin pour son voyage et de laisser celui-ci libre au Sauveur. Soyez du reste assuré que, s'il vous plait en agir ainsi, Dieu le regardera comme un grand service rendu à sa divine Majesté et vous en tiendra bon compte au jour du jugement. Q.ue Votre Excellence, avec ce courage vaillant et zélé dont Elle est douée, rende donc ce service à l'honneur de Dieu. Nous dirons de plus que nous ne savons qui a pu lui indiquer cette route : car il y a prés du lac, entre Evian et Saint-Maurice, un passage le plus horrible et le plus dangereux qu'on puisse imaginer, en cette saison de la crue des eaux. (c) Vostra Eccellentia — fquesto favorc.J (d) ch' Ella — fpossedej  3^0 Lettres de saint François de Salés Confidatici dunque nella pietà, bontà et zelo di Sua Eccellentia, glie mandiamo questo nostro compagne et fratello sacerdote, il quai anco esso con parole potrà darglie avviso di quanta importantia saria il scandalo che verrebbe dalla cessatione délia solemnità praeparata. Et fra tanto staremo certi che, per honor d' Iddio et délia Corte cseleste, Vostra Eccelentia concédera quanto addi- mandiamo con tanto ardore et humiltà che maggior non si puô truovare, restando in aeterno, si per li sûoi meriti, si per questo beneficio et atto di zelo tanto segnalato, Di Vostra Eccellentia, Humilissimi et divotissimi servidori in Christo. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Turin.  Nous confiant donc dans la piété, la bonté et le zèle de Son Excel- lence, nous lui envoyons ce prêtre, notre compagnon et frère, qui pourra aussi lui exposer verbalement de quelle conséquence serait le scandale qui résulterait de la suppression de la solennité préparée. .^ En attendant, nous nous tiendrons assurés que, pour l'honneur de • Dieu et de la Cour céleste, Votre Excellence nous accordera ce que î nous lui demandons avec une ardeur et une liumilité qui n'ont point | d'égales. Nous demeurerons à jamais, soit en considération de son mérite, soit pour ce bienfait et cet acte si éclatant de zèle, De Votre Excellence, Les très humbles et très dévoués serviteurs en Jésus-Christ.  Année 1598 ^^i  CXV A MONSIEUR SÉBASTIEN WERRO ADMINISTRATEUR APOSTOLIQUE DU DIOCESE DE LAUSANNE PRÉVÔT DE SAINT-NICOLAS DE FRIBOURG Remerciements. — Retard des Quarante-Heures projetées à Thonon. Thonon, 20 août 1598. Révérende ac plurimum in Christo colende Domine, Accepi litteras, quas ad me postridie iVssumptionis Beatee Virginis dedisti, incredibili cum animi mei volup- tate, quod ex iis non mediocrem in te erga Deum pie- tatem et erga nos benevolentiam perspexerim, cum hanc precum nostrarum destinatam celebritatem, non tuis tantum sed etiam populi oui praees precibus cumulasse significas, eam utique, si res tulisset, tua prsesentia exornaturus. Facis sane tu quam liberaliter et Christiane, et nos quam maximam habemus gratiam. Caeterum, pro rerum humanarum inconstantia , hac ipsa hora qua scribo advolat ad nos qui, gravissimis de  Révérendissinie et très respectable Seigneur en Jésus-Christ, C'est avec une joie incroyable que j'ai reçu la lettre que vous m'avez adressée le lendemain de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie ; j'y ai reconnu clairement combien grande est votre piété envers Dieu et votre bienveillance à notre égard. D'après vos paroles, je vois que vous avez mis le comble à la solennité projetée de nos fêtes, non seulement par vos prières, mais encore par celles du peuple qui vous est confié. Vous les auriez même ornées de votre présence, si la chose eût été possible. C'est agir assurément de la façon la plus généreuse et la plus chrétienne, et nous vous en rendons les plus vives actions de grâces. Du reste, telle est l'inconstance des choses humaines, qu'à l'heure même où je vous écris, survient un ordre de nos supérieurs qui, pouf les motifs les plus graves, nous enjoignent de remettre à la fête de  353 Lettres de saint François de Sales causis, in festum Xativitatis Virginis, superiorum volun- tate, solemnem hanc quam instituebamus praecationem referre jubet ( I . Intempestive sane ; at obtemperandum, et quemadmodum par est existimandum moram uberiores fructus allaturam. Qua de re tecum primis monitum volui, ac tantam tibi salutem, tum meo tum P. Cherubini nomine, dico quantam non possim majorem. Révérendes tuœ Dominationis, Humilis in Christo servus, Franc* De Sales, Ecclesiae Gebennensis Prsepositus. Tononi. 20 Augusti 98. R'" in Christo Domino plurimuni colendo, D. Sebastiano Verronio. Sacrée Theologis Doctori clarissimo, et Friburgensis Ecclesis Prceposito meritissimo. Revu sur l'Autographe conservé au Musée cantonal de Fribourg.  la Nativité de la Sainte Vierge, les supplications solennelles que nous préparions (O. C'est certainement fâcheux : mais nous devons obéir et croire, comme il convient, que ce retard apportera des fruits plus abondants. J'ai voulu que vous en fussiez averti l'un des premiers, et, tant en mon nom qu'en celui du P. Chérubin, je \-ous offre nos meilleures salutations. De Votre Révérence, L'humble serviteur en Jésus-Christ, François de Sales, Prévôt de l'Eglise de Genève. Au Révérend et très respectable en Notre-Seigneur Jésus-Christ, Seigneur Sébastien Werro, très illustre docteur en théologie et très méritant Prévôt de l'Eglise de Fribourg. (i) Le duc de Savoie, qui avait promis de rehausser par sa présence l'éclat des Quarante-Heures, se trouvant obligé d'aller en Bresse, avait prié l'Evèque de retarder ces solennités jusqu'à ce qu'il put se rendre à Thonon.  Année 1598 353  CXVI A MONSIEUR AMÉDÉE DE CHEVRON SEIGNEUR DE VILLETTE (inédite) Prière de se rendre en Cbablais pour protéger les habitants si les troupes espagnoles traversent la province. — Recommander au duc les intérêts de la mission et l'engager à assister aux Quarante-Heures de Thonon. Thonon, 23 août 1598. Monsieur, Ceste infinité de peyne que vous aves pour l'affaire de Dieu vous sera récompensée par Celuy pour Ihonneur duquel vous le faittes. Ces gens de Thonon désirent quil vous plaise leur faire ce bien qu'au cas que le seigneur Dom Joan veuUie passer icy résolument *, il vous plaise * Vide supra, p. 347. d'assister a son passage, estimans que vostre praesence adoucira l'aigreur quilz en pourroyent sentir. Leur reli- gion ne mérite pas ceste faveur ; mais qui sçait si Dieu se veut servir de vostre courtoisie pour les faire penser a leur conscience ? Hz promettent bien quilz n'en seront pas ingratz. Si donq cela ne vous incommode pas beau- coup, je vous supplie très humblement de le faire. Nous solliciterons vivement l'exacteur pour la partie quil vous doit (i), comme pour celuy auquel nous avons de si grosses obligations. Mais pour Dieu, escrivant a Son Altesse, touchés vi- vement un mot affin quil vienne a ces 40 [heures]. Sil nous baille moyen de loger honnestement des curés par tout ce balliage après les 40 heures, tout est emporté pour la foy catholique. Il ne se fera jamais plus a propos, et sans offencer personne, car cela viendra au désir de presque tous. Il ne coste rien a Son Altesse, car ces bénéfices de ce pais ne peuvent avoir moindre emploite ( I ) Peut-être s'agit-il d'une pension qui, par patentes du 26 juillet 1 598, devait être prélevée sur les « ... condempnations et compositions des usures riere le Grand et Petit Bornand. » (Arch.de la Ch. des Comptes de Sav., Patenti, \ol.2ï.) Lettres I »j  XIX, 4-1.  354 Lettres de saint François de Sales que de demeurer aux Chevalliers de Saint Lazare; il sera bien emploj'é qu'on les reduyse a leur premier usage en une si belle occasion. Sa Sainteté approuvera tout in- dubitablement. Je pensois partir passé demain, aller vers vous et a Sales; mais j'attendra)^ jusques a mercredi, par ce que le P. Chérubin me vient de dire qu'a son advis il ne seroit que bon que vous donnies un coup d'esperon jusques icy pour voir tant plus briefvement ouverture a vostre paye- ment. Que Son Altesse ne perde pas cest'occasion de réduire ses peuples en unité de foy ; Nostre Seigneur » is., X, 3; Lues, mesprise ceux qui mesprisent le jour de sa Visitation*. Quand au bruit qui a couru que les Bernois avoyent des trouppes de reitres delà le lac, c'est une bride a veau : est spaventa velliacho. Hz ont bien fait leurs monstres de la milice ordinaire, que je metz en mesme conte que les monstres du papegai de Neci (O. Or sus, Monsieur, je prie Dieu pour vostre santé, et suis irrévocablement Vostre très humble et très asseuré serviteur et neveu, France De Sales. Thonon, 23 aoust 98. Je salue monsieur et madame de la Faverge, mes oncle et tante '.-). A Monsieur Monsieur de Vilette, Maistre d'hostel de S. A. Revu sur l'Autographe conservé à Gênes, Sanctuaire de la Madonneltj. ( I ) Par « monstre du papegai de Neci, » il faut entendre la parade que faisaient chaque année les chevaliers tireurs au jour du tir à l'oiseau. Ces compagnies, qui existaient dans la ville de date immémoriale, avaient obtenu plusieurs privilèges des ducs de Savoie. L'exercice du tir était une réjouissance publique, dans laquelle la religion avait une large place. Des institutions sem- blables furent créées non seulement à Chambéry, mais encore dans la plupart des villes de Savoie, telles que Thonon, La Roche. Cluses, Rumiliy, etc. Charles-Emmanuel P' alloua une prime de cent florins au vainqueur ou roi du tir, avec l'exemption des droits de gabelle durant une année. (2) Janus de la Faverge, seigneur de Cormand, avait épousé Remette de Chevron-Villette, cousine germaine de M'"' de Boisy, mère de saint François de Sales. Ils habitaient La Roche, et probablement le destinataire de cette lettre, qui était aussi leur cousin germain, se trouvait auprès d'eux.  Année 1598 355 CXVII A MONSIEUR JEAN SARASIN (O Invitation à exposer par écrit la mission dont il est chargé. Thonon, entre le 18 et le 24 septembre 1598. Monsieur, Puysque nous avons observé jusques a prsesent de mettre nos dires de part et d'autre par escrit, je vous prie d'escrire le vostre encores sur le particulier de l'in- tention des messieurs vos supérieurs touchant vostre venue, ce pendant qu'en responce (sachans que ce ne sera autre que ce que vous aves proposé a bouche) nous dressons les articles demandés. A tant, me vojda tous-jours, ^lonsieur, Vostre très affectionné et humble serviteur en Dieu, France De Sales. A Monsieur Monsieur Sarazin. Revu sur l'Autographe conservé à Genève, Bibliothèque publique. ( i) Noble Jean Sarasiu (137 4-1 63 2) qui déjà à cette époque était à Genève un personnage marquant, devait l'être plus encore dans la suite. Il devint membre, puis auditeur du Conseil des Deux-Cents (1600), secrétaire d'Etat (1603-1621), fut huit fois syndic et quatre fois lieutenant de la justice. Sarasin publia, de concert avec Jacques Lect, l'ouvrage intitulé : Le Citadin de Genève (1606). Pendant la longue période où il fut investi de fonctions publiques, il eut à remplir presque chaque année des missions importantes en Savoie, en France et auprès des divers cantons suisses. Mais avant de le charger de ces négociations, les magistrats de Genève le choisirent en 1598 pour traiter en leur nom des préliminaires de la conférence demandée par le P. Chérubin. C'est à ce sujet qu'il reçut du Saint le billet ci-dessus.  356 Lettres de saint François de Sales  CXVIII A MONSEIGNEUR JULES-CÉSAR RICCARDI ARCHEVÊQUE DE BARI, XON'CE APOSTOLIQUE A TURIN  Recours à la protection du Nonce. — Pouvoirs spéciaux nécessaires aux missionnaires. — Mesures à prendre contre les Chevaliers des Saints Maurice et Lazare. — Admirables résultats des Quarante-Heures de Thonon. — Zèle des Evêques de Genève et de Saint-Paul-Trois-Chàteaux. — Alarmes au sujet de Genève. Thonon, 13 octobre 1598. Illustrissimo et Reverendissimo Signore mio osservandissimo, La felice raccolta di moite migliaia d' anime quai si è fatta questi giorni passati in questo balliagio di Tonone, ci ha data una incredibile consolatione , et veramente compita, se la lettera di V. S. Iir" et R"'^ ricevuta hoggi dal P. Cherubino fosse capitata ail" hora. Ma è forza ch' io glie dica che Monsignor di Geneva et di San Paolo(0 et  Mon très honoré, Illustrissime et Révérendissime Seigneur, L'heureuse moisson de plusieurs milliers d'âmes qui s'est faite ces jours passés dans ce bailliage de Thonon, nous a donné une consolation incroyable ; consolation qui eût été vraiment à son comble, si la lettre de Votre Seigneurie Illustrissime et Révérendissime, reçue aujourd'hui par le P. Chérubin, nous fût arrivée en ce même temps. Mais je suis contraint de dire que Nosseigneurs de Genève et de Saint-Paul (O et ( I ) Thomas Pobel, fils de Catherin, qui fut le premier président du Sénat de Chambéry (15^9), avait été en 1378 nommé à l'évêché de Saint-Paul-Trois- âteaux en Dauphiné ; mais les hérétiques étant maîtres de cette ville, il ne put jamais prendre possession de son siège épiscopal qu'il résigna en 1585. Ce Prélat, après un long séjour à Rome, revint en Savoie (1595), où il cumula les dignités ecclésiastiques; c'est ainsi qu'il était simultanément doyen de Cey- serieu, prieur de Ripaille (1571), de Peillonnex (1585-1619) et Abbé d'Entremont (1596-160'j). Thomas Pobel fut en 1605 l'un des consécrateurs de saint François de Sales. Il mourut à Chambéry où il fut inhumé le 30 septe>mbre 1619,  Année 1598 557 quanti siamo qui de suoi divoti havevamo non poca ma- raviglia et altro tanto di ramarico in non haver nuova veruna délia sanità sua, laquale se mai ci è stata cara, adesso ci deve esser carissima, quando sonno le cose nostre venute in tal stato che più che mai han bisogno di un taie protettore et promotore quale si è sempre mostrata V. S. 111'"^ et R'"\ Poichè dal canto di Sua Al- tezza altro ne sperare, ne desiderare si puô ne deve, senon la perseveranza délie christianissime opre quali ha già fatte, et non ciè altro da domandare senon un favor fervente , pronto et libérale dalla Santa Sede Apostolica, acciô abbracci questa impresa con quelle favorevole (sic) braccia colle quali suole stringer le cose del Signore. Hora, se questo bene non ci viene per mezzo di V. S. lU™" et R"^, non vedo per quai strada possa venire. Habbiam bisogno di gratie spirituali per le assolutioni, acciô si possa no far con ogni libertà fra questi rozzi et novitii popoli, non solamente da 3lonsignor et R™" Ve- scovo et da me, ma da quanti sarà bisogno di commettere.  nous tous qui vous sommes dévoués ici, avions été fort étonnés et non moins affligés de ne recevoir aucune nouvelle de votre santé. Si toujours elle nous fut chère, elle doit maintenant nous être très chère, puisque nos affaires sont dans un tel état que nous avons besoin plus que jamais d'un protecteur et promoteur tel que Votre Seigneurie Illustrissime et Révérendissime l'a toujours été à notre égard ; car du côté de Son Altesse on ne peut, on ne doit même espérer ni dé- sirer que la continuation des œuvres très chrétiennes qu'elle a déjà accomplies. Il n'y a autre chose à demander sinon un concours actif, prompt et libéral du Saint-Siège Apostolique, afin qu'il embrasse cette entreprise du même bras favorable avec lequel il a coutume de soutenir les œuvres de Dieu. Or, si ce bien ne nous arrive par l'intermédiaire de Votre Seigneurie, je ne sais par quelle voie il peut nous venir. Nous avons besoin de grâces spirituelles relativement aux absolu- tions, afin qu'elles puissent être accordées en toute liberté à ces peuples grossiers et nouvellement convertis , non seulement par M»"" notre Révérendissime Evèque et par moi, mais aussi par tous  358 Lettres de saint François de Sales non bastando a tanta messe se non gran numéro di *Cf. Matt., IX, 37, messori *. Cosî anco habbiam bisogno di qualche autho- 3 , ucs, X, 2. ^^^^ ^^ communicarsi, secondo le particolari occurrentie, ad uno o più persone ; et se non fossimo cosî vicini del- r anno del Giubilaeo, io diria una parola, che per noi saria bisogno per un anno di un perfetto et gran Jubilaeo. Et non solamente per le gratie spirituali, ma per le temporali, habbiam bisogno di Giubilaeo; et questo non si puô difFerire senza un gran danno délia conscientia. Cioè, che Sua Santità, conforme alla buona mente di Sua Altezza , faccia restituir li beneficii tenuti da' si- gnori Cavaglieri alli pastori et ecclesiastici, li quali si stabiliranno adesso per modo di provisione in questo balliaggio. Ne è necessario di procedere in questo con quelle formalità ordinarie che richiedono un gran tratto di tempo, perché fra tanto si perdono le anime redente da Christo, et è pur vero che salus populi suprema * Inter leges perdi- lex esto *. Ne bisogna in questo usar rispetti, perché tas XII Tabularum , . , , . <,, , ^- r-u • <. (juxta piures). periculiim est in mora. Sonno le cose di Christo a tal segno in queste provintie adesso, che se habbiam  ceux qu'il sera nécessaire de déléguer à cet effet ; car pour recueillir une telle moisson un grand nombre de moissonneurs peut à peine suffire. De même encore, nous avons besoin de quelques pouvoirs qui puissent être communiqués, selon les occurrences particulières, à une ou plusieurs personnes ; et si nous n'étions pas aussi proches de l'année du Jubilé, je dirais qu'il serait nécessaire pour nous d'obtenir une année de parfait et grand Jubilé. C'est non seulement pour les grâces spirituelles, mais encore pour les temporelles que nous avons besoin d'un Jubilé, et ceci ne se peut différer qu'au grand détriment des consciences. Il faudrait que Sa Sainteté, conformément à la bonne intention de Son Altesse, fit res- tituer les bénéfices détenus par MM. les Chevaliers, aux pasteurs et ecclésiastiques qui s'établiront maintenant en ce bailliage par manière de provision. 11 n'est pas nécessaire de procéder en ceci selon les for- malités ordinaires qui exigent beaucoup de temps, puisque en atten- dant les âmes rachetées par Jésus-Christ se perdent, et il est très vrai que « le salut du peuple doit être la suprême loi. » En cela il ne faut point user de ménagements, car tout délai est un péril. Les intérêts de Jésus-Christ sont maintenant en tel état dans ces provinces, que  Année 1598 359 modo di farle splendidamente, il capo del serpente se ne va spezzato. Guai a chi darà impedimento a cosî santa opra. Le Bulle di Sua Santità, per le quali concède a quelli délia Relisfione li beneficii di questa provincia *, vogliono *Videsupra,p.253, ,. ,1 r , ■ ■ ■ 1- j • not.(i\ adfineru. che m caso che la santa lede si restituisca, diano ad ogni curato cinquanta ducati di provisione. Ecco restituita poco meno la santa fede per tutto generalmente ; ma le chiese sono rovinate, senza paramenti. senza calici, senza croci : dove ne pigliaremo ? Li curati da stabilire qui non devono esser persone di cinquanta ducati ; devono haver compagnia di un altro sacerdote. Vœ homini soli*, ^Eccies., iv, 10. massime nella vicinanza de' pardi, ursi et lupi. Bisogna, si (sic) fia necessario, vender i calici et altre gioie non necessarie dell' altre chiese, per fare queste spese et dar da mangiar a queste anime fameliche, lequali altrimente sonno hora per hora per morire, acciô non si possa dire di noi : Qiiem non pavisti occidisti*. Voglio dire che o.^t^Lxxxvr'c^xii' Sua Santità. havendo rispetto ail" importantia di questo ubi haec verba s. . . , . Ambrosio tribuun- negotio, darà ordine che li Cavaglieri si contentmo di tur.  si nous pouvons donner au culte la splendeur convenable, la tête du serpent sera brisée. Malheur à qui s'opposera à une œuvre aussi sainte ! Les Bulles par lesquelles Sa Sainteté concède aux Chevaliers de Saint-Lazare les bénéfices de cette province exigent que dans le cas où la sainte foi y serait rétablie, ils donnent à chaque curé une pro- vision de cinquante ducats. Voici que la sainte foi est rétablie à peu prés partout, mais les églises sont ruinées, sans ornements sacrés, sans calices, sans croix. Où en prendrons-nous? Les curés que l'on aura à placer ici ne doivent pas être des personnes à cinquante ducats ; ils doivent avoir un autre ecclésiastique avec eux. Malheur à l'homme seul, surtout dans le voisinage des léopards, des ours et des loups ! 11 faut même, au besoin, vendre les calices et objets précieux non nécessaires aux autres églises, pour faire ces dépenses et nourrir ces âmes affamées, qui autrement sont exposées d'heure en heure à périr, afin qu'on ne puisse pas nous appliquer ces paroles : « Vous avez tué ceux que vous n'avez pas nourris. » Je veux dire qu'il faut que Sa Sainteté, ayant égard à l'importance de cette affaire, intime des ordres pour que les Chevaliers permettent  560 Lettres de saint François de Sales permettere { che sia servito Christo Signore nostro dalle intrate delli béni che a questo effetto sonno dati dalli pii et religiosi padri et antichi nostri. Mi perdoni per bontà sua V. S. 111""' se io, rapito dal desiderio di veder questo principio glorioso capitar in un fine gloriosissimo, glie scrivo con questa gran libertà et forse importunità ; è avezza alli miei sconci et semplici concetti, et non li haverà per maie. Vorrei poter et saper dar rilatione a V. S. 111™* di quello che Iddio ha fatto qui nel tempo délie prime 40 hore celebrate il 20 et 2 i del mese passato, inanzi che fosse giunta Sua Altezza, et nelle seconde celebrate nel primo et 2 del présente ; son certo che io glie cavaria il fastidio che gli ho dato colli miei desiderati Jubilaei. Vorrei potergiie dire 1" allegrezza che ha ricevuto Monsi- gnor Vescovo nostro di Geneva , vedendosi ritornare nelle braccia tanti figlioli prodighi, et con quanta faticha si adopra in si felice impresa. Vorrei potergiie dar conto délia desterità, prudentia et buon animo col quale  que les revenus des biens donnés à cet effet par la piété et la religion de nos pères et de nos ancêtres soient employés au service de Notre- Seigneur Jésus-Christ. Que la bonté de Votre Seigneurie Illustrissime veuille bien me pardonner si, transporté du désir de voir ce glorieux commencement aboutir à une fin plus glorieuse encore, je lui écris avec une si grande liberté et peut-être même trop d'importunité ; mais Votre Seigneurie, habituée à recevoir la confidence de mes pen- sées souvent bien mal exprimées, ne le prendra pas en mauvaise part. Je voudrais pouvoir et savoir vous donner la relation de ce que Dieu a fait ici pendant les premières Quarante-Heures célébrées le 20 et 2 1 du mois dernier, avant l'arrivée de Son Altesse, et pendant les secondes célébrées le i" et le 2 courant ; je suis sûr que je vous dédommagerais de l'ennui que je vous ai causé par mes désirs de Jubilés. Je voudrais pouvoir vous dire la joie de M^"" de Genève, notre Evêque, en voyant revenir entre ses bras tant d'enfants prodigues, et avec quelle peine il se dévoue à cette heureuse entreprise. Je voudrais pouvoir vous rendre compte de la dextérité, de la prudence et du ( I ) C'est sans doute par distraction que le Saint a écrit promtttere. On a cru nécessaire de rétablir le mot exigé par le sens.  Année 1598 361 Monsignor R""" di San Paolo si è affaticato per incaminar queste conversioni et opre pie, il zelo col quale ne ha trattato et appresso Sua Altezza et in ogni occasione ; chè se crescer poteva Tamicitia che V. S. 111™" tiene verso di questo Prelato, son certo che d' altro tanto cre- scerebbe. Lascio il Padre Cherubino, il quale è tanto consolato sin adesso, che se non fossero le fatighe gran- dissime che sente, crederebbe che Tonone fosse Paradiso, vedendo tante conversioni et il frutto maturo delli suoi sudori. Direi ancora di me che sto consolatissimo, se un ru- more sparso di qua non mi desse noïa : cioè, che il Re Christianissimo vuole che nell' honorata pace fatta dalla Santa Sede fra li potentati catholici vi sia compresa la vituperosa Babilonia di Geneva. Non la posso creder, perché l' ho per troppo disdicevole che quella terra ma- ledetta habbia pace per mano délia Santa Sede ; senza altro, assolutamente non la posso capire. Iddio ci darà nuove più grate. Ad ogni modo glie faremo guerra colle prediche, et già che ci chiamano ad una conferentia, ci  courage avec lesquels M'" de Saint-Paul a travaillé pour avancer ces conversions et œuvres pies, le zèle avec lequel il a traité cette affaire auprès de Son Altesse et celui qu'il déploie en toute occasion. Si l'amitié de Votre Seigneurie pour ce Prélat pouvait s'accroître, je suis sûr qu'elle s'augmenterait d'autant. Je ne parle pas du P. Chérubin, tellement consolé jusqu'ici, que, n'étaient les fatigues très grandes qu'il ressent, il croirait que Thonon est un paradis, voyant tant de conversions et recueillant en pleine maturité le fruit de ses sueurs. Je dirais encore de moi-même que je suis très consolé, si un bruit qui se répand de nos côtés ne m'attristait beaucoup : c'est que le roi très chrétien veut que l'infâme Babylone de Genève soit comprise dans la paix honorable faite par la médiation du Saint-Siège entre les puissances catholiques. Je ne puis y croire, car il serait trop inconvenant que cette terre maudite reçût la paix par l'entremise du Saint-Siège ; je ne puis absolument pas le comprendre. Dieu nous donnera de plus réjouissantes nouvelles. Quoi qu'il en soit, nous lui ferons la guerre par la prédication, et puisqu'on nous appelle à une conférence nous nous préparons à faire tous nos efforts. Mais,  ^62 Lettres de saint Fkançois de Sai.es prepariamo a far ogni sforzo. Ma la preghiamo che il Padre Laurinio venga da Milano a concorrere con noi ogni volta che sarà chiamato; il che, con la sua authorità, puô procurare , corne Sua Altezza si propone di farlo dal canto suo. Supplico V. S. lU'"^ et R'"^ di perdonarmi Taltra volta et credere che la libertà col laquale ejfundo animam * I Reg., I, 15; Ps. ineam inansi di lei *, non nasce senon dal vivo et can- '^^"' ^' dido afifetto col quale io sono, Di V. S. 111'"^ et R'"% Divotissimo et humilissimo servitore, Franc° De Sales, Praevosto di Geneva. In Tonone, alli 13 di Ottobre 98. Air III"''' et Rf"" Sig'' mio osservandissimo, Monsig'' l'Archivescovo di Bari, Noncio Apostolico appresso Sua Altezza. Saluzzo. Revu sur l'Autographe conservé à Rome, Archives du Vatican.  de grâce, que le P. de Lorini vienne de Milan nous apporter sa coopération chaque fois qu'il sera appelé ; ce que Votre Seigneurie peut obtenir par son autorité, ainsi que Son Altesse se propose de faire de son côté. Je supplie Votre Seigneurie de me pardonner une fois encore et de croire que la liberté avec laquelle je répands mon âme en sa présence ne provient que de la vive et sincère affection avec laquelle je suis, De Votre Seigneurie Illustrissime et Révérendissime Le très dévoué et très humble serviteur, François de Sales, Prévôt de Genève. Thonon, le 13 octobre 1598.  MINUTES ÉCRITES PAR SAINT FRANÇOIS DE SALES POUR MONSEIGNEUR DE GRANIEr(')  CXIX  A SA SAINTETE CLEMENT VIII  Fruits merveilleux produits par les Quarante-Heures de Thonon. — Prière d'intervenir auprès du roi de France et du duc de Savoie pour que Genève ne soit pas comprise dans le traité de Vervins. Thonon, vers le 20 octobre 1598. (3) Quam lœtos atque uberes animarum fructus ex hac Gebennensis diœcaesis vinea hisce diebus perceperimus, Illustrissimi in Christo Patris Domini Cardinalis a Medi- ces, a latere Legati [narratione,] uti spero, cognoscet(^) Sanctitas Vestra. Cum enim hoc in oppido 40 horarum  Votre Sainteté aura appris, je l'espère, par le rapport de l'Illustris- sime Père et Seigneur en Jésus-Christ, le Cardinal de Médicis, son Légat a latere, quelle belle et abondante récolte d'âmes nous venons de faire ces jours passés dans la vigne de ce diocèse. En effet, Dieu a disposé si heureusement les choses, que ce grand Cardinal a pris (a) rHosce...J Quam laetos atque uberes animarum fructus, Deo propitio, fquosj hisce diebus perceperimus... (b) Legati, — fet hujus quem ad B. V. pedes supplicem destinavimus... mittimus, narratione fusius cognoscet...J  ( I ) Ces deux minutes, qui occupent le recto et le verso d'un même feuillet, ont été écrites par le Saint avant son départ pour Rome, bien que la seconde lettre paraisse n'avoir été envoyée qu'après son arrivée dans la ville éternelle.  364 Lettres de saint François de Sales oratio celebraretur, f'^) ejusdem Cardinalis Illustrissimi ex itinere et Serenissimi Ducis nostri praesentia, Deo procul dubio ita disponente, incidit, faustis admodum auspiciis, quando per idem tempus innumera hominum multitude haeresim abjurare fidemque Catholicam amplecti statue- rat, quorum pars id in ipsius Illustrissimi Legati, pars in meis manibus sancté praestitit , Serenissimo Duce quam impensissime rem totam promovente. Quse omnia hic, quem ad Beatitudinis Vestrae pedes supplicem des- tinamus, fusius facillime exponet, quod omnibus rerum harum successibus interfuerit. At vero, dum ita fœliciter coram Domino laetamur, sictit qui lœtantur in messe, siciit exultant victores Is., IX, 3. capta prœda quando dividunt spolia'^, hoc unum accidit intempestive et molestissime : nimirum Rex Chris- tianissimus per litteras Serenissimum Ducem serio admo- net, velle se ejus quam tam opportune Sanctitas Vestra, tanta totius orbis Catholici voluptate, perfecit pacis vin- culo comprehendi hseresis totius Calvinianae matricem et  la route de son retour par cette ville, où il s'est rencontré avec le duc au temps où l'on y célébrait les Quarante-Heures. Une multitude innombrable d'hommes, qui avaient résolu de renoncer à l'hérésie et d'embrasser la foi catholique, ont fait leur abjuration, partie entre les mains de l'Illustrissime Légat, partie entre les miennes. L'influence de notre sérénissime duc a beaucoup contribué à ce ré- sultat. Celui que nous députons aux pieds de Votre Sainteté, ayant été témoin de tout ce qui s'est passé, lui en fera un exposé plus complet et plus fidèle. Mais pendant que nous nous réjouissons heureusement devant le Seigneur comme ceux qui se réjouissent au temps de la moisson, comme se réjouissent les victorieux lorsqu'ils se partagent les dépouilles de l'ennemi, voici que nous arrive une nouvelle fort inopportune et affligeante : le roi très chrétien prévient sérieusement par lettres le duc de Savoie qu'il entend que Genève, mère et source de l'hérésie calviniste, soit comprise dans le traité de paix que Votre Sainteté a fait conclure à la grande satisfaction de l'univers catholique, bien (c) oratio — rper Patres CappucinosJ celebraretur, rfocUcibus omnino auspiciis. ..j  Année 1598 365 fontem, Genevensem videlicet civitatem, quamvis pacis articulis, ut par erat, nulla illius mentio habeatur (0. Quae res incredibilem haereticis omnibus audaciam addit, fidei Catholicae aditum prsecludit, novissime converses animos, si non abjicit omnino W, at sane perturbât quam maxime; mihi ac canonicis meis bonorum ecclesiasticorum recupe- randorum, quae per summam iniquitatem a Genevensi- bus detinentur, spem omnem funditus evellit. Quapropter istum Ecclesise mese Praepositum, quot- quot sumus hic ordinis ecclesiastici viri, quoad ejus fieri potuit celerrime misimus qui, nostro omnium nomine, ad démentis Beatitudinis Vestrse pedes provolutus , quantam res haec, si succédât, jacturam sit allatura rei- publicae Christianse, quamque atram tanto ac tam fœlici pacis exitui sit notam impressura, nostro omnium nomine.  que, comme il était raisonnable, nulle mention n'ait été faite de cette ville dans les articles du traité (O. Cette nouvelle inspire une in- croyable audace à tous les hérétiques et leur ferme l'entrée à la foi catholique ; si elle n'abat pas entièrement le courage des nouveaux convertis, du moins les trouble-t-elle grandement, et nous ôte, aussi bien à moi qu'à mes chanoines, tout espoir de recouvrer les biens ecclé- siastiques que les Genevois retiennent par une souveraine injustice. C'est pourquoi, tant que nous sommes ici d'ecclésiastiques, nous vous avons député le plus promptement qu'il a été possible, le Prévôt de mon Eglise cathédrale qui, en notre nom à tous, se prosternera aux pieds de Votre clémente Béatitude , et lui exposera combien grand serait le dommage qu'une telle paix, si elle vient à se conclure, causerait à la république chrétienne et la tache honteuse qu'elle imprimerait à un si grand et si heureux succès. Que, selon la clémence (d) sinon — TadimitJ omnino, Tquod minime futurum speramus, at de- mittit sanc.J  ( I ) Le traité de Vervins contenait la stipulation suivante : « De la part dudict sieur Roy Très Chrétien seront comprins au présent traité, si comprins y veulent estre... les treze cantons des ligues de Suisse, les sieurs des trois ligues Grises, l'Evesque et seigneurie du pais du Valais, l'Abbé et ville de Sainct-Gall... et attires allie^ desdicts sieurs des Ligues. » Or, par cette formule si vague, « autres alliez, » Henri IV avait entendu désigner Genève, comme il le déclare dans une pièce datée de Monceaux le ii novembre 1598.  ^66  Lettres de saint François de Sales  quam humillime explicabit, ut pro sua erga orbem Catho- licum, maxime vero erga hanc tôt malis exagitatam pro- vinciam, paterna clementia Sanctitas Vestra serio, tum apud Christianissimum Regem tum apud Ducem Sere- Is., xLviii, ult., nissimum agat ne tanta pax sit impiis *, nec ejus laetentur privilégie qui ecclesiasticam pacem tôt scissuris convellere (^) nituntur. Cui debent honorem, potius honorem , cui vectigal, vectigal compellantur red- dere*; ac tum demum veniat^^;sc super illos in virtute Domini * et authoritate Sanctse Sedis Apostolicae. Cui Sanctitatem Vestram clementissime et beatissime (^) in- sidentem, Deus optimus maximus quam diutissime ser- vet incolumem. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.  LVII, ult  * Rom., XIII, 7. * Ps. cxxi, 7.  paternelle qu'Elle témoigne à toute la Catholicité et surtout à cette province agitée par tant de maux, Votre Sainteté daigne intervenir sérieusement auprès du roi très chrétien et du sérénissime duc, afin qu'une telle paix ne soit pas accordée aux impies, et qu'ils n'en goûtent point les avantages ceux qui s'efforcent de bouleverser par tant de divisions la paix de l'Eglise; mais que plutôt ils soient contraints de rendre l'honneur èc qui ils doivent l'honneur, le tribut à qui ils doivent le tribut, et que, par ce moyen, la paix vienne sur eux en la vertu du Seigneur et par l'autorité du Siège Apostolique que Votre Sainteté occupe si heureusement et avec tant de clémence, et sur lequel nous supplions le Dieu très grand et très bon de vous conserver de longues années pour le bien de son Eglise.  (e) convellere — (omnibus quibus possunt modis,J ( f j beatissime — TpraesidentemJ  Année 1598 367  CXX AU MÊME Raisons qui ont contraint le Prévôt de différer le voyage de Rome. — Envoi des documents qui doivent être présentés à Sa Sainteté. Fin 1598. Jamdudum Apostolorum limina meo nomine visitasset Reverendus Franciscus De Sales, Ecclesiae meae Praepo- situs, nisi periculosissimo morbo quo per multos menses decubuisset [impeditus fuisset,] et propter pestem in plu- rimas hujus provinciae partes hactenus saevientem, aditus omnes nobis ad Italiam interclusi fuissent. Perrexit nihi- lominus tandem aliquando, ac superatis itinerum difficul- tatibus, uti spero, ad Sanctitatis Vestrae pedes accessit. Ac quidem, quando res propter quam abiit nullam sine summo periculo moram patiebatur, nec omnia tune haberem prae manibus quae visitationi sanctorum limi- num necessaria sunt, ea nunc duxi mittenda, quo vices meas hac in re apud Sanctitatem Vestram agat meo nomine ; ratus Clementiae suée id acceptum iri, tum ut  Il y a longtemps que Révérend François de Sales, Prévôt de ma Cathédrale, aurait visité en mon nom les tombeaux des Apôtres, s'il n'en avait été empêché par une très dangereuse maladie qui l'a tenu alité plusieurs mois, et si les voies d'Italie ne nous eussent été fermées par la peste qui a affligé et afflige encore presque toute cette province. Mais enfin il s'est mis en route, et ayant, comme je l'espère, surmonté les difficultés des chemins, il a dû se prosterner déjà aux pieds de Votre Sainteté. Or, parce que l'affaire pour laquelle il est allé à Rome ne pouvait être différée sans un très grand danger, et que je n'avais pas, lors de son départ, tous les documents nécessaires pour un voyage ad limina, j'ai jugé bon de les envoyer maintenant, afin qu'en mon nom il ren- dit ses devoirs à Votre Sainteté, espérant que Sa Clémence l'aura  368 Lettres de saint François de Sales difficillimo tempore '. ^ quae fieri possunt per pauciora, per plura nequaquam iiant. tum ut hic meus procurator, qui non inutilem omnino hoc in agro operam navare consuevit, variis peregrinationibus ab opère abstrahatur. Praecor autem Deum optimum maximum uti Sancti- tatem Vestram Beatissimam Ecclesiae suae quam diutis- sime servet incolumem. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.  pour agréable. C'est autant pour ne pas employer plusieurs moyens là où un seul suffit dans les temps si difficiles où nous vivons, que pour donner occasion à mon procureur, qui n'a pas travaillé inutile- ment dans le champ du Seigneur, de se délasser par divers pèlerinages des fatigues qu'il a soutenues. Je prie le Dieu très bon et très grand de conserver longuement Votre Sainteté à son Eglise. (a) difficillimo tempore — Texpensis una eademque via quam plurima fiant si possint...J  APPENDICE  Lettres I *4  Les notes marginales indiquent la corrélation des pièces de V Appendice avec le texte des Lettres de saint François de Sales.  LETTRES ADRESSÉES A SAINT FRANÇOIS DE SALES PAR QUELQUES CORRESPONDANTS  A  LETTRES D'ANTOINE FAVRE  I Chambéry, 30 juillet 1593. Viro clarissimo Francisco De Sales, Praeposito Cathedralis Ecclesiœ Sancti Pétri Gebenensis, Antonius Faber, Senator, salutem dicit. * Est omnino virtuti hoc insitum et peculiare, vir clarissime, ut ' vide Epist. ix. possessores suos non illis tantùm quos et ipsa possidet, sed iis quo- que omnibus quibus amabilem se exhibet, sola sui contemplatione et admiratione reddat amabiles. Sic enim pr^efari lubet, non quomodo plerique soient, qui cùm primùm eos quos numquam viderint aut coràm aut per literas salutant, ab excusationibus initium sumunt, ac si vel suspecta minusque laudabilis videri possit honesta illa ineundfe amicitiae provocatio, vel in eo quod per se honestum atque laudabile sit exequendo, aliam quàm debiti officii rationem exquiri constareve oporteat. Tu vixdum equidem mihi de facie notus. sed nominis tui fama pro singulari qua excellis virtute, probitate ac eruditione notissimus, tanta me fruendi tui cupiditate allectum devinctumque habes, ut jam inde à quo tempore milii ad cadem ista bonarum literarum et jurisprudenticc studia, licet minus féliciter, incumbere contigit, de amando te et observando non tantùm consilium cepisse videar, sed  j^2 Appendice etiam obligationis perpetuœ vinculum contraxisse. Neque tamen id à te sic accipi velim, quasi in me vel singula et mediocria esse putem quae in te universa sunt ac absolutissima, sed ut intelligas et morum et animorum similitudinem quae ad conciliandas inter igno- tos quoque amicitias plurimùm posse creditur, in eo etiam interdum elucere, in quo disparia sint omnia prœter unam eandemque similia consectandi voluntatem. Nam quod iis usu venire solet qui longiore absentis aut defuncti alicujus desiderio torquentur, ut ea demùm ratione recreari se sen- tiant, si non solum amici memoriam diligenter et religiosè, ut par est, colant, sed etiam exactissima naturœ imitatione, quantum arte effmgi potest, ejus quasi praesentis imaginem oculis suis intuendam objiciant, id ipsum nobis, quotquot ad virtutem contendimus, fa- ciendum existimo ; ut quoniam admirabilem ejus pulchritudinem, qualis quantaque est, ne animi quidem cogitatione assequi possu- mus, eos saltem nobis ad amandum et imitandum proponamus in quibus vivam illa sui effigiem. elegantioribus et aptioribus, ut ita dicam, coloribus depinxerit. Ita namque fit ut ad ejus cultum stu- diumque vehementiùs accendamur, quam oculis si cernere posse- mus, proculdubio longé vivaciores prorsùsque mirabiles sui amores in animis nostris excitaret. Nec enim malè quis, judicio meo, prs- clarum hoc encomium virtuti adscribat , jam olim à divino illo Platone soli attributum sapientia, quam utique sapiens nemo unquam à virtute sejunxit. Ego sanè, quamquam id miiii semper enitendum credidi, ut boni cujusque amicitiam quibus possem officiis et obsequiis promerêrer, nihil tamen facio libentiùs quàm ut totum me, quantulus sum, iis dedam ultroque voveam quos mihi persuadée sic natos et educatos esse ut ab iis consilii, doctrinœ et, quod in re ardua laboranti pras- cipuum est, boni exempli adjumenta comparare possim. In quibus si te unum esse dicam, qui hodie mihi instar omnium esse possis, in ista prœsertim vixdum virili œtate, in qua tôt tantaque virtutum ac scientiarum omnium, non argumenta modo sed claris- sima lumina proferas ut à quo superari in posterum queas alium quàm te habeas neminem, vereor ne adulatorem me potiùs quàm probum amicitias Fabrum suspicêre. Non quod non sis tu tibi ipsi mihique testis optimus, nisi tua te fallit modestia, majorem tibi laudem deberi quàm ex commendatione mea possit accedere ; sed quia minus fortassis credibile tibi futurum sit taie jam meum de te judicium esse quale esse deberet, si mihi tam perspecta probataque foret virtus tua quàm frequentissimis omnium quos de te loquentes audio sermonibus est commendata.  Lettres d'Antoine Favre 373 Itaque quod superest, ne longiori epistola fiât importuna salutatio, rogo te et, si pateris, etiam atque etiam peto, ut hanc perexiguam quidem, sed promptissimam et liberalem singularis mece erga te voluntatis significationem sic excipias, tanquam ab eo profectam à quo omnia devotissimi et amicissimi hominis officia, non tam expec- tare debeas quàm pro jure et arbitriotuo, quoties videbitur, vindicare. Esset quidem honorificentius milii, et optabilius, jam amari abs te, si merêrer ut hoc ipso merêri me intelligerem ; sed erit jucundius, fortassis etiam gloriosius, si ob eam causam amari me post hac intel- ligam, quôd prior ego te tuique animi dotes eximias amaverim. Nam et plus prsestat qui prior amat, et in prceclaro isto et laudabili con- tentionis génère ex quo suavissimam sibi quisque speret victoriam, priorem vinci vincere est. Sic fiet ut plus tu mihi debeas quàm ego tibi ; sed plus ego vicissim virtutibus tuis quàm tu meis, si tamen is ego sum qui meas possim uUas dicere. Benè vale, vir clarissime, et me ama. Ex urbe Chamberii, 3 calend. Augusti 1593. A Monsieur Monsieur De Sales, Prévost en l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. Revu sur l'original conservé à Annecy, Archives de la Société Florimontane.  Octobre 1593. * Ais velle te à theologia impetrare facultatem ad jurisprudentiœ ' videEpist.xn, p. 36. sacra, quae superiore biennio intermisisti, quodam postliminii jure repetenda. Quo nomine non solùm mirabiliter gaudeo, sed etiam, si tua causa id facis, ut facere debes, et tibi et jurisprudentiœ gratulor : tibi, cui amplissimam gloriae messem ex eo consilio paratam esse prospicio ; jurisprudentiœ, quam mira ingenii tui felicitate ornatam maxime et illustratam iri confido si, quod facturum te non dubito, ad eam sic voles incumbere ut qute te prior disciplinae sus alumnum habuit, ejus laudem cum tua putes esse conjunctam. Sin ut ais, et ego ut mihi magis placeam credere volo, mea potiùs causa et quo- niam ita suadeo idipsum facere voles, equidem perinde gratulabor jurisprudentiae, cùm jam sic affectus esse debeam ut in eo quôd mea causa faciès, non minorem quàm si tua diligentiam et industriam collaturum te persuasum habeam ; sed mihi potissimùm, cui tam  374 Appendice prœclara ista tamque facilis obtigerit benè de jurisprudentia merendi occasio, vel hoc solo quôd te induxerim uti de ea benè merereris. Utcumque verô sit, est quôd quantas possum tibi referam gratias, qui meis sive precibus sive consiliis tantùm indulgere te profitearis ut studiorum tuorum legem ex arbitrio meo non solùm instituere, quod esset facilius, sed etiam institutam et compositam immutare non récuses. Ego certè ad sancta mutuce necessitudinis nostrœ fœdera constringenda adeo pertinere arbitror uti studiis iisdem exerceamur, ut, ni tu mihi hac parte prior concessisses, fuerim fortassis, dum per Senatum et uxorem licuisset, theologiam pro jurisprudentia sequu • turus. Sed extra jocum, placere tibi imprimis theologiam nec miror nec doleo : est enim propria illa et peculiaris illorum scientia quos Deus optimus maximus, non tam ad amplissimas quasque Ecclesiae digni- tates, quas jam tibi sua spontè obvias video, quàm ad pietatem informaverit, cujus te gravissimum et sanctissimum, non nomen, sed numen praecipuo cultu habere certô scio. Atque utinam eadem mihi quae tibi in eam rem opportunitas adesset ! non voluntas, mihi crede, abesset, non animus. Neque tamen despero quin, si quando una nos vivere et securiore plenioreque otio frui Deus volet , et exemplo et auxilio tuo, theologias quoque degustandae desiderium non parvum subeat, quo jampridem titillari me sentio, in eaque, ut in Domino mori discam, qui Christianae vitœ scopus esse débet, tandem aliquando consenescam. At cùm neque Spartam quas mihi divinitùs data est deserere ultro debeam, neque à meipso tanto abesse intervallo ut, qui vel soli ju- risprudentia imparem me video, theologias etiam amplectendas teme- rarios spiritus sumere velim, plané conveniens est, ea mihi intérim studia praecipuè et in amoribus et curas esse sine quibus nec officii mei nec dignitatis ratio satis recta constare possit. Tu verô longé beatior, qui. in ista potissimùm cetatœ quas, ut ais, restitutionis be- neficium admittere adhuc posset, jam consecutus sis, ut et utramque scientiam, et tua et utriusque dignitate, capessere possis, si voles, et velle debeas, quia potes. At hic videor mihi videra haesitantem te, quasnam illa conditio sit quam admisi : « Si una nos vivere Deus volet. » An fortassis quôd eventurum sperem ut in sanctissimo illo vestro collegio canonicatum brevi ambiam, et libcralitate vestra tuaque praesertim authoritate adipiscar? Sed à dilectissima conjuge prius impetraverim ut mortem optet et oppetat, quàm ut id patiatur. Quid ergo? Ad nostrum ego te, ad nostrum, inquam (vereor enim ne non exaudieris), collegium voco, et quanta possum contentione  LETTRts d'Antoine Favre 375 hortor ut senatoriam dignitatem, non jam ambias , sed summis meritis tuis tam honorificè novoque exemplo oblatam alacriter susci- pias, praesentemque urgeas occasionem : non quôd verendum sit, si te respicis, ne invitum te unquam effugiat, sed ut tantô longiores dulcioresque dignitatis tuae fructus percipias, cujus nec minima pars illa futura sit quôd, in tanta rerum omnium perturbatione tamque perdita temporum conditione, tam citô vereque dignus habitus sis qui ad eam promovereris. Quid verô esse potest quôd te remorari aut ad cunctandum movere debeat? An non et Episcopos et Abbates habemus, et, ut de re ju- dicata prsescribam ne dubitationi locus relinquatur, nonne ipsum quoque Ecclesiie vestrae Prœpositum, decessorem tuum, virum cla- rissimum, miliique praî csteris omnibus, nçscio quo bono fato, familiarissimum, eumdemque Imparatorem (i) et theologiae deditissi- mum, senatorem habuimus ? An non et sacerdotes sumus, et sacro- sancta divinarum et Iiumanarum rerum mysteria tractamus? An non denique et breviarium (si inter séria jocari me pateris), quoties in secreto auditorio lites ex breviario, recitamus ? Quid autem vel tibi gloriosius, vel amplissimo ordini honorificentius, vel denique bonis omnibus optatius, quàm inter eos te sedere, quorum dignitas tibi communis, et illustriorem tuam reddere et ex tua accessione illustrior ipsa fieri possit ? At revocaret te, inquies, ea functio ab institutas vitte studiorum- que ratione. Imô admoneret potiùs, quamquam admonitione nulla eges, uti teipsum et tibi et nobis semper ad imitandum proponeres, et quibus studiis eam tibi pietatis et scientiae famam comparasses qu£e tantae dignitatis materiam peperisset ea perpetuô sectareris. Nec erit tibi difficiliùs à Principe et Senatu quàm ab ipsa jurisprudentia impetrare, ut et potiores et quantas voles theologiœ horas largiare. A me etiam, quem in eo pertinaciorem contradictorem vereri deberes, idipsum te facile impetraturum recipio; quippe qui nimis féliciter et cùm jurisprudentia et mecum actum putabo, si te aliquando senato- rem et, ut voluntatis ita dignitatis communione, fratrem dicere potero. Et verô, si tantùm mihi tribuis ut, quia sic volo, jurisprudentiam, cui repudium mittere cogitabas, in gratiam recipere paratus sis, quidni ea quoque tibi persuader! patiare, qucC sunt prorsus conse- quentia, et tibi longé magnificentiora, mihi jucundiora, ipsi quoque Reipublicae, cujus praecipuam rationem semper haberi œquum est, utiliora ? (i) François Empereur, à qui saint François de Sales avait succédé dans la dignité de Prévôt de l'Eglise cathédrale de Genève.  376 Appendice Non te hortor ad vanam illam gloriam, quam à te tantùm abesse scio quantum à Christiano pioque viro, ad veram gloriam nato, abesse debeat, quœque, etiamsi ex hominum existimatione aucupanda esset, sequi tamen, non appeti deberet : sed hoc unum contendo, nihil esse quod tu, vel tua vel mea vel denique publicae utilitatis causa, libentiùs concedere et prœstare debeas ; quo magis mihi spe- randum est, non commissurum te uti minorem dignitatis tuae quàm voluntatis rationem habuisse videaris  m  Chambéry, 30 novembre 1593.  Amplissimo viro Francisco De Sales, Prasposito Ecclesiae Gebenensis, Antonius Faber salutem dicit. Vide Epist. XII. "^Mihi verô jam longior ista cessatio videbatur ; neque tamen tam eo nomine molesta quôd nullas ad me literas mitteres (quamquam hoc ipsum esset molestissimum, nisi vel ex eo maxime cognoscerem quod malo, gravioribus te intentum studiis ocio minus abundare) quàm quia subvereri inciperem ne quid adversi vel tuae valetudini accidisset vel meis literis, quas Octobri superiore, cùm apud Sebu- sianos meos feriarer, binas ad te longissimasque exararam. Quas Vide p. 44. enim proximè dedi viro clarissimo D. Rogeto*, senatori nostro, et ut video gaudeoque, utriusque nostrum amantissimo, ut pro sua erga me benevolentia perferri ad te curaret, eas tibi redditas esse certô scio. Vide p. 54. Peropportunè autem anxio mihi obtigit adventus D. Porterii*, viri optimi mihique jam inde à multis annis cogniti ; qui primo statim congressu rogatus à me quàm benè haberes et num quid à te litera- rum, respondit valere te optimè, literasque pro salutatione missurum fuisse confirmavit, si non eodem fere instanti ab urbe fuisset tibi decedendum. Utrumque sane quàm fuit, ut esse debuit, jucundissi- mum, sed hoc mihi ad plenam defuit voluptatem quôd de prioribus meis literis intelligere nihil potui; qu^e si aut interceptas essent, aut, quod vix credo, deperditîe, ferrem equidem gravissimè, et eo penè animi affectu quo ferre soleo illa ipsa quae ad publicam jacturam pertinent. In quo si me tu minus verecundum putas, ne dicam impudentem, qui tantùm mihi arrogem ut magnum aliquod Reipublicae detrimen- tum illatum existimem si eas non acceperis, scito non tanti me nugas et ineptias meas facere, nisi quoniam et ad te scriptîe fuerunt et  Lettres d'Antoine Favre 377 de re ad publicam, ni fallor, utilitatem spectante. Priores illas intel- ligo, quibus ego te tam enixis multisque rationibus ad senatoriam dignitatem quîe tibi delata est capessendam cohortabar. Neque enim magis publicè referre arbitrer ut te senatorem omnes videant, quàm mea interesse ut qui videbunt sciant quantum mutuo amori nostro indulseris, qui meis potissimum, sive precibus sive consiliis, persua- sus sis , ut in hanc tam pr^eclaram de Republica benè merendi occasionem traduci te paterêre. Itaque mihi gratissimum erit si me ab hac suspicione et dubitatione liberaveris, sed longé gratius (non enim dimittam te donec benè dixeris mihi) si voluntatem tuam à judicio meo nihil discrepare testaberis, deque eo intérim, ut desideria mea spe aliqua sustentem, aliquid ad me, si lubet, rescribes. Igitur tuas literas expecto. Benè vale, mi amicissime, meque, ut facis, ama. Datum Chamberii, pridie calend. Decembris 1593. A Monsieur Monsieur De Sales^ Prévost en l'Esglise Cathédrale de S' Pierre de Genève. A Necy. Revu sur Toriginal conservé à la Visitation d'Annecy.  IV  Chambéry, ii décembre 159?.  Clarissimo viro Francisco De Sales, Ecclesi£e Gebenensis Praeposito, Antonius Faber salutem dicit. * Siccine igitur te mihi tamdiu sors nostra invidebit, me^que illu- ' vide Epistxn. det expectationi ? At, inquies, multùm distat à longissimo tempore mensis unus. Imô verô mensis hic, si mihi credis, annus est qui in sequentem annum incidat, aut potius anni plures, apud me quem incredibile videndi tui desiderium sic accendit ut ipsas etiam horas penè singulas pro mensibus numerem, et invita quoque natura, ne dicam astrologia cujus plané sum ignarus, toto hoc hyemali solstitio dies noctibus factas putem longiores. Quando tamen ita res fert, volo ego mihi quoque ipsi illudere, et in longioris augurium felicitatis accipere si te in anni principio quàm si in fine videbo ; quamquam si qu£e mihi, quod nondum despero, ad te citiùs convolandi nascetur occasio, non ero tam superstitiosus ut non malim incipere à fine : quod prudentiores, ex vulgari sapientiae prascepto, sois facere debere.  378 Appendice Intereà expecto avide literas illas quas brevi, bono, ut loqueris, argiimento, scripturum te fuisse insinuas. Nihil enim est quod com- modius facere possis, ut dulcissim£e consuetudinis tuas suavitatem, quam toto animo jam amplector et deosculor, etiam desiderando sentiam. prœsertim cùm excellens quoddam argumentum illud fore necesse sit, si tu minus bonum istud vocas quod posterioribus his tuis literis causam dédit, nisi forte ad id respicis quod litium odio et execratione, ut arbitror, inverecundus tibi et importunus videare, si pro inverecundo et importuno isto litigantiuni hominum génère me interpelles. Quod si ita est, patere, obsecro, me in hoc uno à te dissentire : non quoniam ea me ratio litigatoribus aequiorem faciat, quôd inter eos et in mediis litium anfractibus assidue versari me sit necesse (tantô magis enim odisse deberem, cùm vel pulcherrimarum rerum oblec- tatio satietate sordescat), sed quia multùm iis debere me sentiam qui, ut mihi per te commendentur, literas ad me tuas déferre volent. Q.uid enim jucundius habere possim, quàm si ex his veluti testa- tionibus intelligam perspectam esse quàm plurimis cunjunctionem nostram, nec minus exploratum quantum me âmes quàm illud etiam quanti ego vicissim te faciam ? Itaque agam iis gratias tùm maxime cùm importuni tibi videbun- tur, petoque à te ut mea saltem causa eos in posterum âmes, tan- quam peropportunos amiciti^ nostr^e nuncios et tabellarios. Faciam si potero ut ad te redeant testes animi erga te mei, easdemque tibi gratias référant quas à me acceperint, cùm sic habitos se videbunt ut negare non possint praecipuum apud me pondus commendatio- nem tuam habuisse. Jam verô de patruelis tui causa, quam mihi commendas verecun- diùs cùm pro tuo in me imperio jubere potiùs debuisses, jam audie- ram qute pérorantes in publico auditorio advocati in utramque Vide p. 42. partem disputaverant, et procurator Chappa*, ejusdem litis correus deque toto negotio adprimè instructus, mihi omnia diligenter expla- navit. Sic, obsecro, tibi persuade, in iis omnibus quœ tu me prœstare voles, id est, ut teipsum interpretari video, quae salvo pudore et officio praestari ab amicissimo viro possunt, non magis me tibi tuisque familiaribus quàm mihi defuturum. Amicissimus mihi est, quisquis amici mei se amicum probat. Nequc facile fero rigidos istos Catones, qui apud probum judicem nuUum amicitiae aut commen- dationi locum relictum volunt. Sunt enim nonnuUa quc'e vel à seve- rissimo judice amicus flagitare honestè ac pro suo jure possit, quale illud imprimis ut bonam amico causam judex optet ; quod ipsum non parvi momenti est ad impetrandum ut , si rêvera sit bona ,  Lettres d'Antoine Favre 379 defendatur pertinaciùs, nec tam facile per imperitiam aut timiditatem deseratur. Castera taceo quse quotidie experiuntur, qui inter amicos et cognitos litigatores judicandi munere sic funguntur, ut neque amicitiœ desertores videri velint, neque improbiores fieri ut amiciores videantur. Quid enim amicitiis tam contrarium quàm improbitas? Facis tamen tu injuriam, non probitati meae, sed necessitudini nostrœ et, si dicere audeam, existimationi , qui ad me ita scribis quasi existimes Salesios uUos, quicumque tandem illi sint, nedum patrueles tuos aliqua egere apud me commendatione. Sed me ab hac eo-o injuria non improbè vindicabo, et quibus ofificiis potero enitar ut se milii commendatissimum fuisse gloriari possit, non quia fuerit per te commendatus, sed quoniam is sit quem, cùm ex tuis esset, hoc ipso milii commendare non debueras quôd aliis minus tuis commendare illum pro officii necessitate debuisses. Benè vale, mi amicissime, et me, ut facis, ama. Datum Chamberii, 3 id. Decembris 1593. A Monsieur Monsieur de Sales, Prévost en l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Necy. Revu sur l'original conservé à la Visitation d'Annecy.  Chambéry, 20 décembre i=j()3. (i) Clarissimo viro Francisco De Sales, Ecclesiae Gebenensis Prœposito, Antonius Faber salutem dicit. * Eo-o verô non solùm non misereor, sed etiam plané mihi gaudeo * vide Epist. xm. tibique ex animo gratulor, de tam excellenti ista sacerdotalis digni- tatis accessione. Gratularer ipsi etiam dignitati si ad vulgare aliarum exemplum accomodari eam posse crederem. Nam in caeteris et am- plissima et propemodùm singularis verae gratulationis materies illa esse solet, si quantum ex dignitatis acquisitione novo possessori laudis tantùm vicissim ex possessoris laudibus commendationis di- gnitati possit accedere ; in ista verô nimis impudens sim adulator si te, prœsertim repugnantem, eum esse dicam ex cujus meritis possit illa dignior fieri et illustrior. Etsi enim quœcumque probitatis, pîe- tatis et eruditionis exempla ab homine uUo vel singula sperari ( I ) Le texte latin de cette lettre est inédit.  380 Appendice possunt ea scio expectari à te debere universa, quis tamen mortalium tantis misteriis pro dignitate exequendis par esse queat quibus ipsi quoque immortales, ut sanctè vereque profiteris, omnino sunt impares? Sed tamen non potest ea res facere quominùs tibi gratulandum putem, quamvis ita me affectum esse deceat ut in quo salutis tuae periculum versari dicis, période ego debeam ac tu ipse laborare. lUa enim me ratio consolatur qu^e tibi per modestiam tuam fortasse minus perspecta est : quôd ad functionem istam probe capessendam dignitatis tantùm adferas quantum humanae condicionis imbecillitas patiatur, nec quicquam causas sit cur in eo officio, quod tibi cum tôt sanctissimis viris commune esse voluit idem ille Deus optimus maximus quem tu ut debes suspicis et vereris, praecipua quadam so- licitudine angi velis ; nisi forte hominem te natum pudet, cui nec satis esset humanam condicionem cum angelica commutasse ut tanto muneri obeundo sufficere (quomodo theologos tuos loqui au- dio) ex condigno posses. Te tamen maxime commotum esse, ut scribis, non solùm patior libentissimè sed etiam laetor. Est enim id prasclarum eximiumque argumentum et amoris tui erga Deum maximi et observantiae , quando nec aliter Deum amare nobis concessum est quàm timendo tremendoque, nec sacrosanctœ religionis nostras arcana sublimiùs venerari quàm enitendo, quoad ejus facere liceat, ut quae ne animi quidem cogitatione assequi possumus, verecundo saltem silentio et admiratione prosequamur. Est omnino, ut scis, Divinae Majestatis hoc proprium, ut tum maxime amari se intelligat cùm timetur, agatque nobiscum tam liberaliter, ne dicam humaniter, ut timorem nostrum pro amore habeat et, quod est consequens, humilitatem pro dignitate. Longé aliter quàm seculi principes facere soleant, qui cùm amari sine timoré possint, timeri tamen quàm amari malunt ; unde illud etiam fit ut suorum metum pro odio nec abs re habendum existiment. Atque utinam plerosque in consimili causa tui simillimos habe- remus. Non essent in sanctissimo sacerdotum ordine tam multi qui, prôh indignissimum facinus lachrymisque sanguineis expiandum ! ad ambiendum sacerdotium tam inconsiderato ferrentur impetu, idque assecuti tam irreligiosè tractarent ut dici nihil possit indignius. Putes aut nescire eos quis Ille sit quem quotidie habent in manibus, aut non satis compertum habere nihil sacerdotio majus ac divinius à Deo optimo maximo mortalibus datum esse. Sed quamquam ita est, nolim tamen sic te commoveri ut perturberis, nisi ea fortasse perturbationis specie quae divinae gratiae nuntia esse solet, quamque  Lettres d'Antoine Favre 381 piorum animis tune prascipuè Deus inserit cùm cœlestes planeque divinas iis parât consolationes. Sic Beatissimam Virginem in Angeli sermone turbatam legimus cùm cogitaret qualis essct salutatio ; sic dilectissimos Apostolos in Transfigurationis fidem testes adscitos cecidisse in faciès suas, cùm ad cetern^e felicitatis prœmia gaudiaque jamjam delibanda essent invitati ; sic denique mulieres sanctissimas cùm ad sepulchrum Domini venissent expavisse, viso Angelo qui tam optatum gloriosissimœ Resurrectionis nuncium adferebat. Ac sanè quid esse potest quod te tantopere debeat conturbare ? An humanas naturœ infirmitas? An non verô et hominem te nasci Deus voluit et homines illos esse per quos juge illud tremendumque sacrificium offerretur? An ergo indignitas tua cum sacerdotii digni- tate collata? At hoc ipso dignum te facis quod indignum esse agnos- cis, nec tuas est pietatis tam inverecunda verecundia obsistere ne quô te Deus vocat trahitque ultrô evehi patiare. Gaude potiùs quôd non cum terrestri principe tibi res est, qui quos ad dignitatem aliquam immeritos provehit sic ornare nequeat ut ex imperitis eru- ditos faciat aut ex balbis oratores ; sed cum Deo illo cui non sit difficilius dignum te sacerdotali dignitate facere quàm dignitatem ipsam conferre. Idem enim ille est à quo evasit disertissimus qui legationem imperanti responderat : A, a, Domine^ nescio loqui. Idem ille per quem tam sanctus fortisque Rex factus est qui anteà non nisi belluis imperare didicerat. Is ipse denique, ne caetera congeram quîe mihi ex officina tua petenda essent, cui inculta piscatorum simpli- citas pro sapientia fuit ad profligandam philosophorum insaniam. Quare cùm ad istam omnium optimam vitœ rationem sis vocatus, tanquam Aaron, in eoque proprium habeas conscientice tu« testi- monium (taceoenim, quod sciunt omnes qui te norunt, quot quan- tisque difficultatibus impediri poteras ne tam sanctum institutum susciperes aut in suscepto eo perstares nisi te solus divini amoris ardor inflammasset), quid aliud optandum tibi aut faciendum res- tabat nisi ut vero nostro Aaroni sacerdotem te exhiberes secundum ordinem Melchisedech ? At ridiculus plané sum qui theologum ago, leviaque héec mitto ad te cui longé preciosiora domi nascuntur ; quamquam ut ineptire audeam cogis tu qui, in tanta celestium beneficiorum abundantia quantam tibi jam obtigisse credendum est, non solùm participem me habere vis consiliorum tuorum et, quod amicius est, intimiorum (sic) affectuum, verum etiam adjutore met quasi consolatorem. In quo etsi nihil me praestare posse sentio quod vel tua erga Deum pietate vel mea in te voluntate dignum videri debeat, putavi tamen faciendum uti quantum in me esset animum tibi declararem meum, ut intelligeres  382 Appendice si quantum tibi me hoc nomine pro tanta benevolentiœ significatione debere agnosco, tantundem referre possem non magis voluntatem mihi quàm facultatem defuturam. Igitur, quod facere et possum et debeo, non te hortabor ad istam dignitatem sic tuendam tractandam- que ut appareat dignitatis functionem tibi cum multis communem esse functionis verô dignitatem cum paucis (neque enim tu is es qui moneri aut excitari debeas), sed illum ipsum Christum qui sacrifi- cator tecum erit supplex orabo, ut qui tam sancti propositi autor fuit idem sit et adjutor perpetuus et remunerator, tantaeque pietatis fructus in dies tibi praestet uberiores et cumulatiores, in annos lon- gissimos sola œternitatis commutatione fmiendos. Videbo te, ut spero, propediem et, si me nihil fallet, tam oppor- tune fortassis ut primis sacrorum tuorum solennibus adesse possim. Q.uod si accidet, non tantùm in felicitatis tuœ partem venisse me putabo, verùm etiam pro animorum nostrorum conjunctione felici- tatem tuam quanta tota erit in me transfudisse si non invidebis. Invidendi verô causa non suberit si cogitabis eodem prorsus jure quaecumque mea erunt tibi etiam fore communia. Itaque me expecta, et benè vale. Datum Cliamberii, 13 calend. Januarii 1594. Vide p. 84. His jam scriptis accepi literas à Girardo nostro * quibus mirum in modum et gratulatur sibi et agit milii gratias de singulari tua erga se voluntate. Quantum autem tibi debere putet, etsi pluribus ad me scribit, malo tamen ex ipsius te literis quàm ex meis cognoscere Iterùm vale, mi amicissime, et me ama. A Monsieur Monsieur De Sales, Prévost en l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Necy, Revu sur l'original conservé à la Visitation d'Annecy.  VI  Chambéry, 31 mars 1594.  Fratri dulcissimo Francisco De Sales, EcclesicT Gebenensis Prc-eposito, Antonius Faber salutem dicit. Vide Epibi. XIX, XX. * Silentii mei votum, ut ego nunc quidem agnosco, improbum fregit lectio tuarum literarum, ex quibus cognovi in tanta ista taciturnitate  Lettres d'Antoine Favre 383 nihil minus quàm tacendi animum te in votis habuisse. Itaque re- scribo ad te, ut intelligas id unum mihi votum esse foreque perpe- tuum, ut voluntates et actiones meas omnes ad exemplum tuum accommodem. De Tullianorum negotio * quod habes, gratiam facis tu liberaliter, ' V''^^ pp- 53- 57 qui in beneficiorum loco ponis officia qucC à me sine scelere prœter- mitti non potuerunt. In Millierei * causa feci quod imprœsentiarum , vide p. :;8. fieri potuit, curaboque in caeteris omnibus ut commendationis tu£e memoriam sentiat apud me manere alta mente repostam. De mea ad vos profectione nihildum habeo constituti, sed si quid me morabitur, tuum erit quam mihi jam pridem dedisti fidem prœ- stare et ad nos venire ; liic enim videre te quàm Necii malo. Intereà benè vale et in Christo Jaetus sanusque vive. Ex urbe et ex tempore pridie calend. Aprilis 1594. A Monsieur et Frère, Monsieur De Sales, Prévost en l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Necy. Revu sur l'original conservé à la Visitation d'Annecy,  VII Chambéry, 2 septembre 1594. Fratri suavissimo Francisco Salesio, Ecclesice Gebenensis Episcopo et Principi designato, Antonius Faber salutem dicit. Benè vale, Frater dulcissime, suavissime, mellitissime, iterum atque iterum vale. jamjàm ad te advolo, quando terrestre iter in tanta imbrium abundantia nullum superest. Non possim ad te aut scribere breviùs, aut ire citius. Ego valeo ; benè" est si vales. Iterum ergo, tu, cum Salesiistuis Salesianisque omnibus, benè vale. Ex urbe, 4 non. Septembris94. Ad literas tuas quia non rescribo, quàm primùm ex ore respondebo. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Necy. Revu sur l'original inédit, conservé à la Visitation d'Annecy.  384 Appendice  VIII  Bonneville, 27 septembre 1594.  (i)Fratri dulcissimo Francisco De Sales, EcclesiaGebenensisPrœposito, Antonius Faber salutem dicit. Vide Epist. xxxiii. * Nihildum habebam quôd ad te scriberem, Frater dulcissime, cùm haec mihi tam prœclara sese obtulit scribend: occasio, nisi hoc ipsum quôd nihil habebam. Cur enim certiorem te faciam quan- tum ex absentia tua mœroris contraxerim ? Id ita futurum esse, et ego jam tibi praedixeram, et tu, etiam tacente me, credere non solùm potes sed etiam debes. Nebulones istos Deus malè perdat si diutius in tenebris versabun- tur, quarum fugandarum gratia lux mihi mea erepta est ! Quam- quam id ipsum est quod me maxime consolatur, quôd de praclaris tuis conatibus tam benè spero quàm qui optimè, nec dubito quin tuam et industriam et diligentiam, sed pr^cipué pietatem, Deus optimus maximus sit fortunaturus. Mitto ad te versiculos quibus ex itinere in hiereticos seriô jocatus Vide p. 91. sjjrn ; si e re videbitur ut eos Baroni nostro* legendos exhibeas, non recuso. Sed illud etiam à te peto, ut emendes quae putabis et elegan- tiùs scribi potuisse et argutiùs; vellem enim dignos fieri qui ubique gentium legerentur ac insculperentur. Prcetermittebam quôd scire te non nihil interest, quamquam nec erit novum : hodie, si Deus volet, senator noster D. Rogetus, qui te salvere et bono animo esse jubet, mecum ad parentes nostros Salesium versus proficiscitur. Rem faciemus, ut confido, parentibus gratissimam, mihi verô tanto jucundiorem quanto suaviorem apud vos experiar, non tantùm nomi- nis tui recordationem, sed ipsam quoque penè expressam in materna facie vultus tui imaginem. Benè vale, Frater dulcissime, et me, ut soles, ama. Ex Bonavillano oppido, 5 calend. Octobris 1594. Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Chablaix. Revu sur le texte inséré dans le I'^'' Procès de Canonisation, (i) Cette lettre est inédite, sauf le deuxième alinéa.  Lettres d'Antoine Favre 385  IX  Annecy, 10 octobre i5<)4.  (0 Fratri dulcissimo Francisco Salesio, Ecclesiae Gebenensis Prœposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem dicit. Nequedum habui, Frater charissime, cui poterim literas ad te dare neque occurrebat ferè quod scriberem. Nam qua2 de sacrosancti Epis- copi nostri* optimorumque omnium gratulatione scribi possunt, ea ' vide p. 94. tu et reputare tecum pro prudentia tua debes et ex consobrini tui fidelissimi relatione jam cognoscere potuisti ; quœ vero proprie mea sunt, id est, quàm ex absentia tua dolorem capio, etsi non ab alio quàm à meipso te intelligere œquum est , vereor tamen ne videar importunus si hanc amoris erga te mei significationem adferam, quae tam insigne pietatis tuse officium aut quam ex ofFicio percipis voluptatem incommodé interpellât. lUud scito in summa omnium expectatione esse quid praeclarus iste conatus enixurus sit ; non quôd quisquam verendum existimet ne tu ea omnia pr^estare non possis qu^e ab eximio et omni ex parte prccstantissimo viro expectari debeant, sed quoniam tibi cum eo génère hominum res est ut verendum sit potiùs ne, cùm omnia praestiteris, margan'tns ante porcos sparsisse videaris. Itaque, sic ple- rosque omnes affectos video : ut si féliciter res cedet , laudatores habiturus sis etiam improbos et perditos viros, non laudandi tui studio vel impetu elatos, quod esset infamias proximum, sed virtutis veritatisque viribus fractos; sin, quod abominor, aliter eveniet, boni sanè conatum laudabunt nec nisi hîereticorum insaniam accusabunt, pessimi temeritati tribuent quod industrice potiùs et charitati Chris- tiancc acceptum ferre deberent ; omnes plane fatebuntur, neque animum tibi defuisse ad audendam rem maximam neque ingenium ad agendam, sed seculi potiùs felicitatem ad peragendam. Nec uUos ferè puto tam iniquos bonarum rerum et alienae solertiœ aestimatores, ut non plus tibi laudis ex propria industria quàm opprobrii ex aliéna infamia accedere debere existiment. Me hoc unum malè habet quôd parentem nostrum optimum de tua salute adeo anxiè laborare animadverto, ut vix persuaderi à me ( I ) Les cinq premières lignes de cette lettre, ainsi que les lignes 6-9 et 13-33 de la page suivante sont inédites. Lettres I 35  386 Appendice possit nullo te ingeri periculo, ac ne quidem (sic enim existimo) uUa periculi suspicione. Confirmo tamen, quantum in me est, et bono animo esse jubeo, id saepissime adseverans, de quo te non puto dubitare, numquam me abs te discessurum fuisse si quam tibi vel minimam suspicandi periculi causam relictam existimassem. Ego te proxima ut spero hebdomade videbo, et ut patri tuisque omnibus restituam, dabo operam ut successorem habeas Spiritum • Vide p. 237. ■ Cappucinum "^j jamjam hune venturum, et si qui alii erunt (neque enim adhuc exploratum Iiabeo) quos Episcopus noster in locum tuum substituere volet. Te intérim valere et bono animo esse cupio ; nam si juberem, vereor ne tu me gallicè potiùs quàm latine locutum putares, quasi prudentiœ et Constantin tuœ diffiderem, quae mihi omnium maxime est explorata. Quid tamen hactenus profeceris, aut in posterum profici posse speres, vellem jam ex tuis literis intel- lexisse ; gratissimum erit si quod tuo commodo facere poteris non- nihil ad me de eo rescribes ; versor enim in maxima animi, non solùm anxietate sed etiam perturbatione, non tam quôd hinc absis, quàm quia tibi adesse non possim, tecumque et diligentiœ et periculi * Cf. Digest., 1. XVII, societatem inire, ne alioqui Jcoiiiiiain* contraxisse videar, si nulla 1 . II, ex 29. laboris et incommodi parte suscepta laudis tuœ particeps fieri velim. • Vide p. £1. Mitto ad te Locatelli nostri * literas, tui meique amantissimas, ut quando aliter non possum amicissimi fratris memoria te oblectem. * Vide p. 108. Baroni nostro, Domino Servetano * Cceterisque nobilissimis viris quos nunc in castris habes, plurimam, si placet, sed consobrino tuo meo- que Salesio potissimam salutem. Benè valc, Frater suavissime, et quo graviore urgeris hœreticorum numéro, eo magis crede me tibi et amicissimum esse et nil morante locorum intervallo conjunctissimum. Iterum vale. Ex tempore, Necii, 6 idib. Octobris 1594. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. Aux Allinges. Revu sur le texte inséré dans le P'" Procès de Canonisation.  Lettres d'Antoine Favre 587  X Annecy, 31 octobre 1594- ( I ) Fratri suavissimo Francisco De Sales, Ecclesi^ Gebenensis Prasposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem dicit. *Cùm hcec tibi epistola reddetur, mi Frater, cupio magnoperè ne 'Vid.Ep.xxxvi.xxxvn. ad risum paratus sis et solutus. Ego enim nudis ut aiunt lentibus video ; ita undique occurrunt lœta omnia quse scribam. Primum illud est quôd tuas accepi literas dulcissimas, suavissimas et, ut meis mala fide tametsi bona mente objicis, Ciceronianas plané, quando non pateris ut dicam Athenienses ; quid enim mihi potuit esse jucun- dius? Prsesertim exilla parte qua significas id, de quo non dubitabam, nec ullam te scribendi occasionem prastermissuram nec amandi mei finem umquam facturum esse ; nam caetera quœ tu tam faciliter et eleganter de vale nostro gallicè latineque rescribis, etsi demulcent mirum in modum, ne tamen tam jucunda esse possint illud facit quôd absentiae nostrae memoriam efficaciùs rénovant, nec patiuntur ut tam facile mihi possim imponere cùm te praesentem videri volo. Secundum est quod scire te mea refert. Natus est nobis felicis- simo partu filius, junior (dicamne an senior ?) mense uno quàm speraram, neque enim partum ante calend. Decembris expectabam. Quôd nobis non mihi natum dico, quamquam mirari non potes qui omnia mea tecum communia esse jampridem voluisti, minus tamen miraberis cùm pulcherrimum et suavissimum (sic enim adrelatum est) videbis ; patrem namque in eo ut te habeat necesse est qui me habere non potest. Optabam mirabiliter ut si pater videri nolles, ne multorum qui nostram illam mirificam unitatem minus norunt ani- mos oflfenderes, compater saltem esses, ne unum hoc vinculum con- junctioni nostras deesset, melioribus licet ac fortioribus coUigats ; sed occupavit Guichardus noster*, cogitque ut in annum proximum * Vide p. 96. necessitudinis hujus accessionem differri oporteat, quam tamen jam inde ab hac hora volo te pro petita habere, cùm habeam ego pro impetrata. Tertium est quod te scire volo. Egi cum pâtre nostro observantis- simo de canonicatu, et qua ille est in omnes humanitate et erga me propensione obtinui facillimè quae volebam, factus paulo impuden- tior in tam aperta tuisque literis tam mirificè expressa voluntatis erga (i) Cette lettre est inédite, snuflecinquicnie, le sixième et le septième alinéa.  388 Appendice • Vide p. 96. Rolandum*tuae significatione. Rei executio in Decembrem proximum dilata est, quôd eo mense ut audio canonicatuum vestrorum collatio ad vos pertineat. Faciam ut Rolandus noster intelligat non solùm peracta féliciter omnia, sed etiani quantum tibi hoc nomine debeat, quantum etiam patri, qui Domini de Sacconex precibus urgebatur • Cf. p. 305. ut fratrem suum Comitem Lugdunensem * honore isto dignaretur. Non te pœnitebit collati in amicissimum tuique amantissimum vi- rum beneficii ; qui sicut de tuo erga se studio numquam dubitavit, ita sibi facile persuasit neque alio quàm te apud patrem intercessore neque uUo sibi apud te adjutore opus esse; officium tamen meum imploravit ideo fortasse ne inviderem si tuus magis esse vellet quàm meus, aut potiùs ut socium obligationis sibi quaereret, nimis (minus ?) suis fidens facultatibus quàm ut tantum tibi solus debere vellet. Restât ut Necio tuo discedens salutem tibi plurimam impertiam. Vale enim non dicam, ut agendum aliquid supersit quod me hue proximo quoque tempore reducem faciat. Nec rursus îequum est ut absente me valere te jubeam qui absente te vix valere possim ; prcc- sertim mense proximo, quo neque tecum vivere licebit neque cum uxore dormire, nisi forte postremum hoc potiùs ad valetudinem meam conférât. Quo magis asquum erit, quantum otii et commodi uxoris accubitus afferet tantùm me conscribendis expediendisque Vide p. 180. Conjecturis nostris * impendere. Faciam te de omnibus certiorem, habeboque ut spero crebriores post hac tabellarios, qui meas ad te literas perferant, non in istam solitudinem in qua nunc degis, sed in urbem hanc, ad quam te brevi ut pr^video revocabit, non solùm parentis nostri observantissimi votum, sed etiam et Episcopi amantissimi jussus. Sic enim inter eos, me présente, multis sermonibus actum est de te revocando tibique dando successore. Miram animadverti patris impatientiam, dùm et saluti tuœ diffidit et se diutiùs tantis Baronis nostri erga te beneficiis, aut potiùs officiis, onerari premique molesté fert. Episcopus pro sua prudentia verebatur ne multùm de tuis laudibus detraheretur, si quo tempore magis enitendum esset ut pietatis industriœque tuae fructus aliquis constaret, eam de te homines opinionem conciperent ut pera- gendi animum tibi potiùs quàm facultatem defuisse suspicarentur. Ego verô, cujus maxime interest non tantùm te salvum esse, sed etiam sic de me sentire ut neque minus te amare videar quàm à pa- rente ipso ameris, neque minus prudens providensque quàm senato- rem deceat, id unum verebar : ne aut minus amare viderer parenti nostro si cum Episcopo sentirem, aut minus prudens Episcopo si parentis consilium adprobarem. Dixi tandem videri mihi totam rem istam tui esse debere consilii et judicii, ut si nihil istic profici posse  Lettres d'Antoine Favre 389 videres, majorem salutis tuae paternique desiderii quàm tuae laudis rationem haberes (neque enim dubito quin ex conatibus istis, tametsi, quod abominer, irriti forent, eo major tibi laudis materia paretur quo longiores erunt et, utita dicam, quando tibi cum obstinatissimis res est,°obstinatiores), sin verô benè sperares, non committeres ut ex pr^ecipuis laboribus et victoriis tuis successori tuo, quisquis ille futurus sit, triumphus qusreretur, sicut etiam quod te magis ut scio movebit, lît tanti momenti res prospéré inchoata successoris tui sive inscitia sive minus felici industria concideret. Vides quàm egerim ex bona fide et ut amicum decebat, qui adver- sus mea commoda pro tua dignitate etiam contra patrem laborarim. In quo tamen satis mihi fuit officio paruisse, succubuisse verô etiam perjucundum. Placuit enim communibus utriusque parentis votis, nec me valdé répugnante, ut jamjam redire et successorem accipere jubereris. Cupio ex tuis literis intelligere quid tu aut feceris aut facere constitueris ; mihi probabuntur omnia quas tu e re et dignitate tua esse putabis, si tamen primœ salutis tu3equae mihi meacharior est habueris ut par est rationem. Bené vale, mi suavissime, et me, ut facis, ama. Necii, pridie calend. Novembris 1594. Endo procinctu. Baronem nostrum, Servetanum cseterosque no- biles salutatos velim, sed praecipuo quodam studio nostrum conso- brinum. Iterum vale, sed ita ne vale tibi à me dictum putes. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. Aux Allinges. Revu sur le texte inséré dans le I" Procès de Canonisation.  XI Chambéry, 8 novembre 159^. Fratri dulcissimo Francisco De Sales. Ecclesi^ Gebenensis Praeposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem dicit. * Ovabam, môx, ut mihi videbar, triumphaturus de Thononiensi- • vide Epist. xxxv,. bus, Frater suavissime, cum primam literarum tuarum legerem, in qua scriptum erat magno te et prœcipuo quodam ab lis beneficio aflfectum esse : postea verô quàm ex reliqua lectione comperi quid sentires, in eo uno scilicet de te benè meritos Thononienses quod quidam ex iis meas tibi literas reddiderat, cognovi quàm parùm tibi  390 Appendice mihique de istorum animis studiisque sperare liceat, si tam levé, in re tam pusilla officium magni beneficii loco constituendum videatur. Facis tamen tu non solùm liberaliter, sed etiam Christianè, utrumque autem ex bona fide, qui et magna putes omnia quse à me ad te proficiscuntur, nec prius de perditissimorum hominum salute desperare velis quàm desperandi fmem perditio ipsa afferat. Est sané quôd ils habeam gratiam de meis literis tam fidellter tibi redditis ; nam cùm vix ignorare possint quanta sit inter nos animorum volun- tatumque consensio, credibile est non valdè tibi infestes esse qui erga me adeo fuerint officiosi. Scripsi ad te non ita dudùm quid de toto isto negotio parens noster suspicaretur, quid Episcopus speraret, denique quid ego sentirem. Non patiuntur temporis angustiîe quibus premor ut vel repetam vel pluribus me explicem, pr^sertim cùm nec sit necesse : neque enim dubito quin tibi literœ meas redditce sint, tuque pro singulari pru- dentia tua jam ex te constitueris quid me tibi consulere, hoc est, quid te facere opporteret, prius etiam quàm literas meas accepisses. Jam intelligere cupio quid feceris aut faciendum decreveris. Mitto ad te Patris Clierubini literas, mihi nudius tertius redditas, quas vir ille optimuset religiosissimus milii, ut videbis, tecum com- munes esse voluit, in hoc uno fortassis minus cautus, quôd universa- lem illam bonorum nostrorum omnium communionem quàm habet perspectissimam ignorasse videatur. Reddes, si placebit, cùm perle- geris, et mittes quas ad Guichardum nostrum dare te velle profiteris ; eas ut ille accipiat curabo majore quàm anteà, non fide, sed dili- gentia. Ut verô gratas habeat, facile impetrabit non tantùm summus erga te amor suus, sed etiam mellitissima illa eloquentia quœ Thono- niensium quoque barbaros licet animos alliceret et conciliaret, si tam faciles illi se auditores praeberent quàm te disertum et efficacem ora- torem experirentur. Uxor mea et filioli omnes benè valent, teque salutant quotquot loqui sciunt ; ego pro me meisque omnibus tantam tibi salutem dico quanta non possim mihi meisque omnibus majorem, conso- brino nostro, quando per te licet, nec minorem. Benè vale, mi sua- vissime, et Fabrum tuum, ut facis, ama. Ex urbe, 6 idib. Novembris 1594. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de PEsglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. Aux Allinges. Revu sur le texte inséré dans les deux Procès de Canonisation.  Lettkes d'Antoine Favre 39'  XII  Chambéry, 2 s novembre 1794- Fratri suavissimo Francisco De Sales, Ecclesis Gebenensis Pricposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem plurimam dicit. De tuo mi Frater, ad Necienses nostros reditu, etsi ex multorum sermonibûs audiebam, ne tamen facile possem credere illud fac.ebat quôd nullis à te literis de eo certior factus essem, quas cuni multis de causis avidissimè expectabam, tum ob hoc maxime "t sc.rem ve- nisses ne tantum an etiam rediisses. Occurrebat enim quod de Attilio Reaulo apud Pomponium nostrum quodam loco légère memmeram, cum à Carthaginensibus Romam missus esset, non visum eum post- liminio rediisse, quia dixerat se reversurum nec anmiam habuerat Romœ remanendi. Etsi namque subverebar ne qua tempons proro- gatio et desiderio meo et labori tuo accederet, malebamque te ubivis gentium quàm inter perditos et desperatos istos helluones vivere, tamen non dubitabam quin si quid aut jam proficeres, aut longiore molestia profici posse sperares, nihil tibi adeô durum aut diflFici e videretur quod non facile concoqueres, ne tam prseclan mstitut, te umquam pœniteret. Nunc verô mirificam capio voluptatem ex constantia consilu tui. cujus audio majores quotidie fructus tibi totique Reipubl.cœ Chns- tianœ constare, inclinata jam ad partes nostras Victoria, paratoque triumpho de Avullœo csterisque non minorum dumtaxat gentium, utsibi videntur, diis, sed melioris etiam notae adversarus ; quorum alios intelligo, argumentorum tuorum sola recitatione fractos, aspec- tum congressumque tuum fugere, (quid verô, Deus bone ! si dicen- tem et disserentem audissent ?) alios, oblat^ disputationi impares, scripto agere decrevisse, hoc ipso impudentes quôd chartam, quam- tumvis mendacem et impudentem, non putant erubescere posse. Sed h^c omnia, c^eteraque hujus generis quœ me singulari oblec- tatione afificiunt, essent multo jucundiora si mihi per te, non per alios, essent explorata. auamquàm enim te scio eum esse qui laudes tuas ne audire quidem libenter, narrare verô multo minus velis, tuam tamen modestiam hac in re illud frangere deberet quôd de 11s nihil possis detrahere quin tantumdem ferè ex Dei optimi maximi gloria, ad quam omnia ut debes refers, detrahatur. De me nihil est quod scire te putem oportere. auid enim publicas  392 Appendice privatasque de temporum injuria querelas ad te deferam, aut cur Vide p. 70, not. (1). velut in picta tabula ponam tibi ante oculos profugam ad me socrum * cum liberis, quos misera nostra tenebat Sebusia, amissos biennii ferè integri redditus et facultates penè omnes quae per lasciviam exercitus eripi diripique potuerunt, caeterarum, quarum amissio paulô difFici- lior est, jacturam nec dubiam ab hostibus imminentem ? Malo te ista vel omninô nescire, vel ex verbis quàm ex literis meis intelligere, ne tu pro singulari tua erga me voluntate, magis mea causa commoveare quàm ego ipse, qui fero, non dicam omninô cons- tanter et indolenter, sed tamen ita moderatè ut appareat « nihil me Vide p. 113. humani à me alienum* » putare ; nam prêter id quôd jam inde à multis annis omnimodo eventura ista praevideram, nisi Deus à nobis averteret quem ipsum nos à nobis avertimus, illa quoque me non parùm juvat consolatio, miserrima quidem sed tamen efficacissima, tôt tantisque nos infortuniis premi non posse ut non plura gravio- raque, et pati possimus et expectare debeamus. Magis me illud afficit et perturbât quôd nos omnes video in com- munibus maximisquepericulis versari, ipsamque rempublicam, cujus malis et incommodis non moveri tam sit insipientis quàm moveri propriis. Erit mihi adversùs ingruentia omnia praecipuum solatium, si tu me amare perges et votis tuis piisque ad Deum optimum maxi- mum precibus adjuvare, literis quoque et exhortationibus ad miserias istas publicas privatasque tolerandas, quanta poteris ope ac diligentia confirmare. Itaque tuas literas quàm primùm expecto. Bené vale, Frater suavissime, et consobrinum nostrum, itemque D. Servetanum, caeterosque nostri amantissimos, meo, si placet, no- mine salvere jubé. Ex urbe, 7 calend. Decembris 1594. Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Thonon. RcYU sur le texte inséré dans les deux Procès de Canonisation.  Lettres d'Antoine Favre 393  XIII  Chambéry, 5 décembre 159J. (I) Fratri suavissimo Francisco De Sales, Ecclesias Gebenensis Prœposito et Pontifie! designato, Antonius Faber salutem dicit. * Penè accidit, mi Frater, ut proficiscenti ad te Locatello nostro ' vide Epist. xxxvn. nullas dederim literas, non ob id solùm quôd earum usus minus ne- cessarius videretur prassente te, quem tu alterum me existimare hoc ipso debeas quôd alterum te esse scis, sed etiam ne amantissimi et disertissimi fratris aut voluntati aut eloquentias diffidere viderer. Sic enim dixerat et receperat facturum se, si nihil scriberem, ut nullas tibi antehac à me prjestantiores literas redditas faterere. Verùm placuit temperamentum ut neque nullas omninô neque prolixas darem, pr^sertim cùm exarandae longioris epistolas facul- tatem angustia temporis denegaret. Scribam igitur, quantum dum- taxat necesse erit, ne dulcissimum scribendi officium ultrô intermit- tere videar, rursùm ut significem redditas mihi tuas posteriores literas, in quibus cùm amantissima omnia fuerunt, tùm illud etiam honorificum, quôd petitioni meas de compaternitate tam liberaliter subscribis. Quae res me movet ut beneficii hujus amplissimi, licet tacitam conditionem habeat : si quis filius mihi nascitur, tamen non tam spem quàm praesentem fructum animi cogitatione hauriam. Id enim occurrit quod prudentibus nostris placere scis : pure promissum videri quod sub conditione omnimodè extitura promittitur. Tuas de h^ereticis pr^eclaras victorias plures majoresque in singu- los dies audio, tibique eo nomine ut et toti Christianas religioni mi- rificè gratulor, vel ob id maxime quôd ex ipsis Episcopi nostri literis intellexi conatus istos Serenissimo Principi nostro, non tantùm per- spectos esse, sed etiam probatos dignosque visos quos omni studio ac voluntate prosequi et adjuvare deberet. Qjuas sic me apud Senatum tui honoris causa curare oportuit jam perfecissein, nisi quorumdam superstitiosa religio, ne quid gravius dicam, obstitisset ; quibus visum est ante omnia faciendum ut tanta Episcopi erga te voluntas subscriptione aliqua constaret. Scripsi ea de re ad Episcopum itemque ad Deageum nostrum *, quibus scio * vide p 2. majori id quàm tibi cura futurum. Quare nec te rogatum volo ut ( I ) Cette lettre est inédite, sauf le troisième alinéa.  594 Appendice aliquam mihi tibique in hanc rem praïstes diligentiam. sed tantùm ut D. Deageum roges meo nomine ne quam in ea re quœ cito expediri possit moram fieri patiatur. Vide p. loo. Habebis epistolam Albiensis nostri Episcopi *, mox Guichardi quo- videp. 98. que, ut is ad me scripsit, habiturus à Pâtre Ciierubino^'' et Girardo; si quas ut spero accepero, brevi ad te perferandas curabo. Benè vale, Frater suavissime, et me, ut soles, amare perge, Salesiisque nostris et Salesianis omnibus, itemque confratribus, plurimam, si placet, salutem. Ex urbe et ex tempore, 3 non. Decembris 1594. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de S' Pierre de Genève. A Chablaix. Revu sur le texte inséré dans le P"" Procès de Canonisation.  XIV  Chambéry, i^'' janvier 1595. Fratri suavissimo Francisco De Sales, Ecclesiœ Gebenensis Prœposito et Pontifici désignât©, Antonius Faber salutem dicit. Cùm opportune omnia mihi abs te veniunt, mi Frater, tùm nihil umquàm opportunius, quàm quôd hoc ipso die qui dandis accipien- disque xeniis faustus creditur , reddidit mihi Filliardus tuas illas amantissimas literas, cteterarum, ut ais, obsignatorias quas anno superiore tam multas tamque élégantes, ut ad me scriberes incredi- bilis immensusque amor erga me tuus coegit. Itaque noli quaerere quanta me voluptate perfuderint ; nam cùm toto isto novendio mihi in mentem veniret illius (illud ?) temporis quod Necii, annus unus est, tam suaviter tecum transegeram, nec facile ferrem, auctis tantoperè amandi tui rationibus, prœreptum mihi usum dulcissimas consuetu- dinis tuae, commodissima fuit ea consolatio quam literae tuae attu- lerunt, in quibus utinam oris istius castissimi oculorumque quos semper in oculis fero vivam imaginem tam benè expressisses, quàm expressisti praeclarè magnitudinem animi studiique in te mei ! Unum illud facere poterat me Thononiensibus qui te fruuntur in- videre, unaque succensendi non minor quàm invidendi causa esset,  Lettres d'Antoine Favre 395 quôd te cùm habeant, frui tamen nesciunt, nisi scriberes incipere eos sapere, tuisque conatibus favere ; quo nomine, quantum tibi to- tique Reipublicœ Christianae gratulor, potes tu faciliùs ex gratulandi ratione et necessitate conjicere quàm ego verbisaut vultu explicare. Neque verô quotquot sumus tui in Christo confratres, aut potiùs filii, quoties convenimus, desistimus, quantum votis precibusque possu- mus, Deo supplicare, ut tam fortunata initia feliciore in dies progressu augeat, tandemque optatissimo fine compleat ; quod ita venturum sperant omnes, neque dubitare possunt, qui pietatem tuam et ad maxima quseque peragenda faciliùs quàm audenda prœstantem pro- clivemque industriam perspectam habent. Itaque, ut omnia complec- terer, poteram breviùs scribere id unum nos à Deo flagitare, ut te unum quàm diutissimè servet incolumem. Sed ad id redeundum est, unde potiùs epistolam ordiri debueram. Pudet incredibiliter quôd per Thovesium *, qui priores mihi à te * vide p. 107. literas attulerat, nullas à me acceperis, nec memini umquàm id con- tigisse ut binas à te haberem cùm tu à me nullas. Id qua ratione, aut ut veriùs dicam, cujus culpa factum sit, si ex eo cognovisti, non excuso tam improbabilem hominis negligentiam, sed ignosco culpae, satis enim mihi fuerit quôd culpa me vacare intelliges ; sin fuit ille in hoc ipso negligens ne se accusaret, neque excuso, neque ignosco, tametsi querelas omnes et injurias à me hodie, ut par fuit, remissas esse non nesciam; adeô mihi constitutum est perpétuas cum lis ini- micitias gerere si qui erunt quorum culpa fiet ut de mea, non dicam voluntate, (qui enim facere posset ?) sed diligentia malè suspicandi quaesita tibi occasio videatur. Eo nimirùm tempore scribae meo dixerat velle se equum conscen- dere, cùm mihi ad confraternitatis nostrce sacra jam inclinata hora proficiscendum erat. Quàm verô dolendum mihi est, tùm fuisse negligentem, cùm diligentior esse debueram, ut eodem quo tu animo tam féliciter transacti inter nos anni partem extremam singulari et mirifica quadam amoris erga te mei significatione, aut saltem nota concluderem. Sed quando id mihi denegatum est, contendam post- hac tantô vehementiùs, ut nihil à me de pristina voluntate et diligentia remissum neque vero remitti potuisse fateare. Nec tamen volo tecum agere tam familiariter ut hanc epistolam tam malè compositam , et, ut agnoscis, extemporariam, xeniorum loco tibi redditam velim. Habeo alia in promptu mutuœ nostrœ necessitudinis dignitati ap- tiora, quae etsi nunc dare non possim, brevi tamen hoc ipso die sibi à me data fuisse intelliges. Meditationes illae sunt meae poëticas *, ' vide p. 81. tibi, ut scis, inscriptœ, quas, cùm primùm per frigoris intemperiem licebit, typographus noster excusurus est ; addo et posteriores  396 Appendice Cf. p. 388. Conjecturarum mearum libros*, Gebenensi typographe jam traditos, ut te Gebenensis quoque civitas perinvita Ecclesite Gebenensis Prae- positum et Pontificem designatum agnoscere incipiat. Sic fiet ut gallicè latineque me tibi et fratrem et amicissimum, si non omnes, certè quamplures intelligant. Guichardus noster, qui adest, te salu- vide p. 47. tat, impeditus partim dubia valetudine, partim Marchionis nostri * assidua consuetudine, ne scribere potuerit. Scripsissem ad Baronem nostrum si otium fuisset. Singularem ejus erga me benevolentiam etsi perspectissimam habeo, per te ta- men non tantùm conservatam, sed etiam auctam iri, et spero et cu- pio. Plurimam illi, si placet, caeterisque nobilissimis viris nostris amantissimis à me salutem, sed prœcipuam consobrino nostro. Fa- bricelli tui omnes te salutant, et quae tôt Fabros fabricata est soror Vide p. 70. tua Benedicta Fabra*. Omnes benè valemus ; tu, Frater suavissime, quantum me amas, cura ut valeas. Ex urbe et ex tempore, calend. Januarii 1595. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. Aux Allinges. Revu sur le texte inséré dans les deux Procès de Canonisation.  XV  Chambéry, 26 janvier IS95. Fratri suavissime Francisco De Sales, Ecclesiœ Gebennensis Praeposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem plurimam dicit. Defuisse tibi ad scribendum chartam inter arma facile credo, qui propemodum déesse mihi video inter chartas. Itaque accipio, quam- quam illubenter et perinvitus, excusationem illam quam mihi Tho- vesius tuo nomine pro literis reddidit ; sed ea legc , ut si posthac chartae penurià ullius ex amicissimis meis literis mihi carendum sit, des operam et diligentiam aliorum ut omnium quotquot sunt, fuerunt et erunt, caream potius quàm tuis. An non antem tibi nescio quo fato factum videtur, quod eodem tempore typographe quoque nostro charta defuit, ne poëticas illas meas Meditationes adhuc excudere potuerit? Id tamen propediem facturum se pollicetur, et ut faciat quantum possum urgeo, non tam quôd meas sint, quàm quod tibi jam- pridem nuncupatae. lUa enim pr^ecipua laus mihi futura sit, si assequi  Lettres d'Antoine Favre 397 potero, ut hoc veluti nuncio singularis nostrae necessitudinis et, ut verè soles dicere, incomparabilis ad exteros quoque fama perferatur. Angustior sané est tota heec nostra Sabaudia quàm ut rem tantam suis finibus continere possit. Sed charta mihi quoque defuerit, si longioris epistolae argumentum petere velim ex magnitudine mutui amoris nostri, quae licet mihi œquè ac tibi perspectissima, non ahà tamen quàm tua eloquentia ex dignitate commendari se aut exprimi patiatur. Benè vale, mi Frater suavissime, et me, ut facis, ama ; consobrino nostro charissimo plurimam, si placet, ex me salutem. Ex urbe, 7 calend. Februarii 1595. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de S' Pierre de Genève. Revu sur l'original conservé à la Visitation d'Annecy.  XVI  Chambéry, 3 février 1395. Fratri suavissimo Francisco Salesio, Ecclesias Gebenensis Fr^eposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem dicit. *Jam dederam discedenti Thovesio literas ad te, mi Frater, perfe- ' vide Ep. xui, xuv. rendas cùm posteriores tuas Servetanus noster mihi reddidit. Ex quibus et ex Servetani sermonibus cognovi te et optimè valere, quod fuit praecipuum, et absentis mei pr^esentem memoriam, de quo du- bitare non poteram, constantissimé retinere. Fuisset aequè perjucun- dum tui in haireticos operis priores paginas videre ; aestuo enim desiderio incredibili legendi quas scribis, quôd ea scio futura ejusmodi qu£e et te digna videri debeant et toti Reipublicae Christianae mirabi- liter prodesse possint. Nec erat cur vereris ne minus grata forent si ea membratim exponeres; etsi enim multo jucundius rem totam quanta est et corporis et animi oculis subjicere, nihil tamen de jucunditatis magnitudine detrahet occupata per partes oblectatio. Cujus sola spe non possis credere quantoperè delector. Cum typographo nostro nondùm agere potui, nec agam prius- quàm à te aliquid accepero cujus exhibitione possim hominem, alio- quin minus liberalem, permovere ut impensam excudendo operi  398 Appendice necessariam prorogare non recuset. Vereor etiam ne illam excusatio- nem afferat qua uti solet cum urgeo ut poësim meam gallicam excudendam aggrediatur, quod chartam non hàbet ; quamquam jubet me sperare futurum ut brevi habeat. Moram hanc fero impatientis- simé, meo certè nomine potiùs quàm tuo, neque prius conquiescam quàm meo erga te officio studioque hac saltem parte satisfecero ; adeô mihi videor nihil non benè posse facere si te vel authorem habeam, vel motorem, vel adprobatorem. Sed parûm cautus sum qui, cùm nec gallicè scribere audeam nec latine possim in tanta temporis penuria, tam longa tamen te morer epistola. Eo namque tempore hic noster amicissimus mihi significavit paratum se discedere cùm salutandi tui potiùs quàm ad te scribendi otium fuit. Non potui tamen facere ut is sine literis ad te meis profi- cisceretur, prjesertim cùm haberem à Girardo nostro quas ad te perferendas curarem ; ut taceam quôd politior illa scribendi ratio quàm tu, vel invitis ha^reticis et barbaris, tam constanter rétines, mihi jam tecum familiarius et ut inter fratres par est agenti, sicuti non necessaria ita minus curanda videtur. Benè vale, et meo, si placet, nomine charissimum nostrum conso- brinum salvere jubé. Ex tempore, sine tempore, 5 non. Februarii 1595. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève, Aux Allinges. Revu sur le texte inédit, inséré dans le P"" Procès de Canonisation.  XVII  Chambéry, 18 mars 1595. Fratri suavissimo Francisco De Sales, EcclesitC Gebenensis Prœposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem plurimam dicit. Eram apudSebusianosmeos, et cum Guichardo nostro, viro (quod te scire arbitror) nunc prorsùs militari, ut tempori nihil nisi bcUa et classicum resonanti magis quàm genio meo inservirem, Ludebam efifigiem belli, similalaque veris Praelia^ buxo acies fictas et ludicra régna, cum reddita; nobis sunt amantissinice \\\x tux litera ad xi calendas  Lettres d'Antoine Favre  399  Martis date, sanè perquàm opportune, ut communi utriusque desi- derio satisfieret, cum mira amoris erga te nostri impatientia urgere- mur ne longiorem earum expectationem ferre possemus. Ego verô proprioquodam jure, in mediis publicarum etprivatarum miseriarum doloribus, hanc implorarem consolationem, quce mœrorem aliqua ex parte saltem levaret meum. Itaque noli quœrere quàm gratœ jucundaeque nobis fuerint, quales et quàm multi, quamque honorifici inter nos de te sermones, cùm, omisso statim ludo quasi ambo vicisse videremur, id unum agere cœpimus, ut suavissimis de mutui amoris nostri magnitudine, deque tuis et virtutibus et laudibus colloquiis reliquum diem transigeremus. 111e, ut est ingenii non minus q-uàm animi impetu potens, ex tem- pore conscripsit epistolam, si quid mei judicii est, non inelegantem, quam post dies aliquot discedenti mihi tradidit ut curarem ad te perferendam. Mihi, qui majorem et jucundiorem legendis tuis quàm conscribendis aut poliendis meis diligentiam adhibere soleo, melius visum est et commodius differre rescriptionem in id usque tempus quo in haec loca rediissem, pr^esertim cùm nec haberem ad manum per quos possem scribere; quamquàm non parum diligentiam meam illud expectabat, quod tardius quàm putaram ad Sebusianos meos profectus, videbam ex eo futurum ut longiorem quoque scribendo moram facerem quàm sperares. Post meum verô reditum (is fuit nudius tertiusi, posteriores tuas accepi ex Thononiensi Babylone conscriptas *, quarum repetita ' ^'^e Epist. xlv. sœpiùs lectione mirum in modum recreatus sum, ex ea potissimum parte qua tu me bono et forti animo esse jubés ad publicas istas ca- lamitates constanter moderateque perferendas. Est omninô , mi Frater, ut scribis : oculi augent dolorem, fitque luctus multô acerbior cùm ea videre cogimur qus nec audire sine gravissimo mœrore possemus. Teterrimum prorsùs et miserrimum spectaculum ! op- pressa prœcepsque in ruinam patria, cui opitulari non possis. Neque verô possuni negare, tametsi ad meos profecturus sic me comparas- sem ut quem misera quœque et videre et perferre oporteret, me tamen non leviter commotum esse, cùm multô graviora et deplora- toria vidi omnia quàm timueram. Nihil de privatis meis rébus conqueror, quarum perturbatio non mediocris animum meum longé graviùs perturbaret, si à meipso, ut eleganter ais, lœdi vellem. Fero licet ista minus aequo fortasse quàm deceret, tamen satis erecto animo : non quôd ad eum sapientiœ gradum pervenerim quem tu mihi ob oculos ponis (nimirum, ut astutè quidem sed bénévole mihi imponas, ne cunctari possem quin talem me prsestare debeam qualem me tibi videri fmgis), sed quia  400 Appendice nihiltam durum aut calamitosum accidere potuit quod non jam inde à multis annis eventurum praeviderim, quodque ridendus mihi ipsi videar magis quàm miserendus, si in tantis totius reipublicce cala- mitatibus, cùm in eadem sim navi in qua cfeteri, praecipua quadam immunitate viteque conditione gaudere velim. Et nihil me îequè ac illud confirmât, quod quoties de te cogito (facio autem ferè assidue), agnosco indignum fore me quem tu fraterno amore prosequi deberes, si ab ea desciscerem animi magnitudine quam in te admirabilem et propemodùm singularem, non modo vultu et oratione prs te fers, quod tibi cùm multis commune est, sed etiam, quod paucis contigit, facto ipso totaque institutae vitae ra- tione testaris. Quàm, putas. animo meo hxret h^rebitque semper, quod te nuper cùm una essemus dicere memini, cùm quidam ad te retulis- sent me , levissimo implicitum morbo, graviore quàm par fuerat mortis metu cruciatum fuisse, id te de eo qui se fratrem tuum dice- ret et gloriaretur non temerè credere potuisse .' Nam qui, te potis- simùm magistro, didicerit mortem non pertimescere , quam ego nunquam sanè pertimescendam existimavi, an non multo stultior sit, si iis rébus moveatur quse non aliam ob causam acerb séquestra » totque mensium firmatœ inducias facere deberent ut benè sperare liceret, vix quisquam est qui pr^eter te in hanc curam velit incumbere. Sed tamen si tibi mihique credis, perge ut cœpisti in id usque tempus quo desperatio non minus proba- tam omnibusque cognitam quàm justam habitura sit excusationem. Habebis tuae fortitudinis virtutisque, non modo testes sed etiam ad- miratores, eos ipsos quos fautores habere, ut decebat, non potuisti ; Deum vero optimum maximum retributorem, qui laborum tuorum îestimationem non ex perceptis fructibus, sed ex iis qui percipi po- tuerunt et debuerunt pro pietate sua initurus est : quamquam vix mihi in animum cadere potest ut de tam piis et, quod prjecipuum est, pie habitis conatibus desperandum putem. Inter haec scribendum, opportune advenit frater ille noster Hiero- solymitanus, scis quem intelligam, Locatellus, faustus lœtusque ; hoc uno minus, ut sibi mihique videtur, felix, quod superioribus diebus Necium profectus, videre te non potuit. Quo nomine mirum est quantis eum onerem ludibriis, quôd ille non ita dudum gloriaretur hanc sibi praecipuam fore oblectationem si , absente me , solus te frueretur ; ego verô tantam felicitatem, fateor enim libéré, etiam fratri inviderem. Soror tua, quam tu clarissimam vocas, quam charissimam dicere clariùs posses, te salutat, sed ut fratrem potiùs quam ut compatrem, adeo ineptit illa in hoc ipso quôd ineptire velle desinit, nisi sororis nostras Locatellae, quam adprimé gravidam esse scis, exemplo mo- vebitur ; nec enim ignoras hoc genus, penè adjeci dasmoniorum, exemplo magis quàm ratione vel authoritate moveri. Benè vale, mi suavissime, et consobrino primum nostro, tùm Baroni, caeterisque amicisnostris plurimam, si placet, ex me salutem. Iterum vale, et me, ut facis, ama. Ex urbe et ex tempore, 12 calend. Julii 1595. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Tonon. Revu sur le texte inséré dans les deux Procès de Canonisation.  4o6 Appendice  XX  Chambéry, 3 août 1595. Fratri suavissimo Francisco De Sales, Ecclesias Gebenensis Pr^eposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem plurimam dicit. Vide Epist. lvii. * Etsi tam longo inter nos, mi Frater, silentio non magis delector quàm tu, dicam tamen ingénue, me meœ pudet pœnitetque diligen- tias ; audio enim te, si posteriores meas literas paulô tardiùs acce- pisses, ad nos venturum fuisse ut clarissimum Patrem Possevinum videres, quem si videre non potuisses, ego sanè te vidissem. Sed quando ita res tulit, ut neque tu illum, neque ego te videre potuerim, utrumque nimia et illius in discedendo et mea in scribendo dili- gentia, erit quod meae posthac ignoscas negligentiœ, si quid à me hac in re peccabitur ; licet non ignorem vix fieri posse ut damnum contingens ex diligentia per negligentiam sarciatur, mihi praesertim, cui hoc unum restât absentias tuas solatium, si per literas tuas te videam, per meas te alloquar. Grata tibi fuisse et Patris Possevini et Girardi nostri munera ' Vide p. 155. gaudeo. Quôd vero tam opportune Spondœus* advenerit, non tantùm tibi, sed etiam mihi summoperè gratulor; nihil enim est quod feram molestiùs quàm, cùm nebulones istos audio de suis ineptiis tam magnificè sentire et gloriari, de nostris verô nostrorumque egregiis meritis tam audacter et impudenter mentiri. ' Vide p. 384. Baronem nostrum qui, ut scis, nunc adest*, iterum atque iterum conveni, primùm ut viro nobilissimo meique amantissimo grati animi testimonium exhiberem, deindè ut ex ejus potissimùm sermo- nibus intelligerem quid ille de tuis conatibus, non tam sentiret quàm speraret. Ille verô, quasi certa jam et explorata, nedùm in- clinata Victoria jam triumphum canere mihi visus est, et ea credere quae ad felicitatem satis mihi fuerit sperare posse. De Ponceto prae- cipuè tibi mirum in modum gratulatur, pr^edicatque tua illum opéra et eruditione ab inferis revocatum, sacra religionis nostr» tam serio amplexatum esse, ut tôt ministellis in posterum nullo negotio profligandis, pro ea qua fuit inter ipsos authoritate sibi unus suffi- cere posse videatur. De Avullaeo verô sic loquitur quasi nec dubitet quin ex nostris sit, totamque rem ex voto tuo confici ardentissimè desideret. Quôd si ita est, non video quid te malè jam habere debeat, nisi quôd in re tanti momenti vix est ut Christiana impatientia lon- gioris mora; incommoda concoquere possit.  Lettres d'Antoine Favre 407 De caeteris rébus, sivè publicis sivè privatis, nihil attinet in se- quentem paginam protrahere epistolam. Publier in eum statum de- ductœ sunt ut eas miseratione multo faciliùs quàm auxilio prosequi quilibet possit ; meae verô ejusmodi ut earum conditionem parùm curare debeat quisquis publicis ita uti par est afficiatur. Id unum nobis benè cedit, quod cùm nihil sit in tanta rerum omnium pertur- batione quod non ducat ad desperationem, de omnibus tamen benè et in dies meliùs ac meliùs sperare non desinimus ; sed cedet multo faciliùs si, quôd tecum precari faciliùs est quàm ominari, una cum Elia illo tuo * per turbinem in Cœlum rapimur. ' Vide p. 156, Literas tuas ad Girardum quàm cito perferri curabo diligenter. Benè vale, mi Frater suavissime, et me, ut facis, amare perge. Ex urbe, 3 non. Augusti 1595. Soror tua, itemque cœteri tui, quotquot ferè hic mei sunt, te sa- lutant ; ego nostrum quoque, si placet, consobrinum. Iterum vale. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost en l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Necy ou a Tonon. Revu sur le texte inséré dans le I" Procès de Canonisation.  XXI  Monsieur mon Frère, *Je ne suis plus marry que, pour faute de porteur, j'aye retardé * vide Epist. ix, lxi. plus que je ne voulois de respondre a voz premières lettres, qui me furent rendues ces jours passés avec les sonnetz de ma Seconde Centurie* par monsieur de Chavanes** ; car je me fusse plaint fort '^vide p.^80. aigrement de nostre monsieur Portier, auquel j'avois remis mes pré- cédentes lettres, avec celles du Père Possevin et le livre quil m'avoit adressé pour vous faire tenir. Maintenant je suis hors de ceste peine, voyant par les vostres dernières qu'en fm le tout vous a esté rendu. J'ay pris fort a mon avantage ce que vous m'escrivez, que noz messieurs de Tonon facent estât de ma Première Centurie *; car outre » vide p. 8t. ce, que malaisément peut il estre ainsy quilz ne facent sans compa- raison plus d'estat de vous a qui je la rapporte toute, comme je doy, il me semble que c'est un commencement de tesmoignage quilz don- nent de leur résipiscence, sil est vray ce que j'ay tousjours ouy dire,  4o8 Apphndice que les hérétiques ne veuUent point ouyr parler de pénitence, du moins en la façon que j'en parle. Vide p. 162. Les vers desquelz monsieur Després* m'a honoré m'ont esté fort aggreables, et vous remercie de la recommandation que vous y avez adjousté du vostre, et luy de la faveur. C'est un personnage duquel j'ay desja ouy souvent parler, et tousjours en bonne part, osté le poinct, qui est le principal, de la religion. Ce seul poinct a esté cause que je n'en ay peu faire Testât que j'eusse voulu ; car, comme il me souvient de vous avoir autrefois dit, je ne peux me commander de croire qu'un hérétique puisse rien avoir de bon, du moins que l'heresie ne gaste et corrompe. Non que j'estime quil y aye en tous de la malice (j'en ay congnu qui. hors le faict de la religion, pou- voient passer en monstre pour honestes hommes) ; mais je ne peux les excuser que je ne les accuse tous, et tant plus ceux qui sont les plus habiles entre eux, d'un grand deflFaut de jugement et de trop de présomption en ce quilz osent faire plus d'estat de leur jugement particulier que de celuy de l'Esglise universelle, fondés seulement sur l'opinion d'un homme, lequel sil eust esté de moins ilz seroient maintenant des nostres. Toutefois, je veux bien espérer de sa conversion puis que vous qui le voyez de plus près en concevez ceste espérance. Aussy me semble il bien difficile qu'un honeste et si habile homme comme il est puisse croupir longuement en telle misère, pour peu quil veuille ouyr parler de la religion a un vostre semblable. Je remetray a ce tems là de l'embrasser et de recueillir avec plus de démonstration l'amitié que sa poésie me présente, vous priant toutefois de l'en remercier de ma part. Si j'estois venu a bout de ma Seconde Cen- turie, je luy escrirois très volontiers pour le prier de l'avoir aggrea- ble. Si ainsy estoit nous aurions tout gaigné, puis qu'elle sera toute en l'honneur du Sainct Sacrement ; et non moins sil fait estât de la troisième, laquelle je pretens faire, Dieu aydant, en l'honneur de Nostre Dame. J'attens de bon cœur l'ornement que vous m'avez promis pour • Vide p. 164. mon Code Savovsien*, lequel je vay avançant de jour a autre le plus que je peux pendant le loisir que m'en donnent ces feries. Entre autres poinctz, n'oubliez pas, sil vous plait, celuy là, que noz hérétiques font mestier de nier tout et ne rien dire. Hz le font sans doubte par art et par finesse, affin quilz ne soyent tenus de rien preuver et quilz nous chargent tant plus de preuve, dautant quil est beaucoup plus aisé de nier la vérité que de preuver le mensonge. Hz se fondent sur la reigle qui dit que aienti , non neganti , mcumhit prohatio; mais vous sçavez mieux que moy comment telle reigle est  Lettres d'Antoine Favre 409 entendue en nostre jurisprudence, a laquelle proprement elle apper- tient. Noz loix dient que celuy qui dit et afferme quelque chose [est tenu de le prouver, mais que celui qui soutient la négative ;i )] n'est tenu de la preuver; la raison est parce que la preuve d'une négative semble estre impossible par la nature mesme, dautant que ce n'est qu'une pure privation qui en somme n'est rien selon les philosophes. Mais ceste raison mesme monstre que la reigle doit estre entendue d'une pure négative qui ne puisse estre circunstantiee de point de façon; car quand ell'est coarctee, comme parlent noz maistres, de la circonstance de quelque lieu ou de quelque tems, la preuve s'en peut faire, et faut qu'elle se face par celuy qui nie : comme si quelqu'un nioit d'avoir esté a Romme un tel jour, il pourroit et devroit preuver en quel autre lieu il fut ce jour là. Il y a de plus que la négative mesme qui est pure privation, et quœ nihil ponit, nec inchidit affirmativam contrariain. doit estre neant- moins preuvee par celuy qui l'avance, toutes et quantes fois que c'est le fondement de son intention ; et en ce poinct s'accordent tous noz docteurs, fondés sur ce que tousjours le demandeur doit estre chargé de preuver son intention et ce sur quoy il la fonde. Il y en a une infinité d'exemples ramassez par le premier Marian Socin en ses Commentaires sur le Droit canon, qui traite ceste matière plus amplement qu'autre docteur quelconque qui jamais en aye parlé. Il me souvient de l'y avoir veu autrefois a plein fonds, combien que je n'aye pas a pré- sent le livre. Je me suis fort appuyé autrefois sur ceste dernière considération pour conclurre que noz hérétiques, pour nieurs quilz soyent, sont tenus de preuver toutes leurs négatives ; car ilz ne peuvent nier quilz ne soyent demandeurs, puis qu'ilz viennent a nous troubler en nostre possession de sezecentz ans qui nous rend defifendeurs ; et vous sçavez que c'est la principale commodité de la possession, qu'elle décharge le possesseur de toute nécessité de preuve jusques a ce que le demandeur aye fondé et preuve son action : de là vient que adversus extraneos, id est, nihil juris habentes actores, etiam viciosa pos- sessio prodest. Mais c'est trop faire le docteur avec vous ; aussy me faites vous dottor in volgar. Escrivez moy si vous voulez que je le tire en conséquence, affm que je n'en abuse. Je feray tenir voz lettres a Père Possevin et a nostre frère mon- sieur de Locatel. J'ay esté presque botté pour vous aller voir affm de vous conduire au Baptesme de nostre neveu, lequel nous espérions  ( i) L"auteur, probablement par distraction, a omis ici un membre de phrase qu'il a semblé indispensable de suppléer.  410 Appendice devoir estre fait le jour de la Toussainctz; mais j'ay esté retenu par une infinité d'incommodités, et pour avoir sceu aussy que monsieur le Commandeur doit partir aujourdliuy pour Lyon, et qu'a ceste occasion la solemnité du Baptesme sera remise en autre tems. Vous me treuverez aussy long en françois qu'en latin, mais je ne sçaurois qu'y faire. Encor avois je a vous prier de m'ayder a me faire avoir responce des lettres que j'ay escrit a Genève et addressé a l'hoste du Lyon d'Or, pour sçavoir si ces imprimeurs mettront la main a imprimer mes derniers Livres de Conjectures suyvant les pro- messes qu'ilz m'en ont faites toute ceste année. Je ne peux attendre davantage pour le désir que j'ay de faire sçavoir en Allemagne et en l'Italie, aussy bien qu'en France, que nous sommes frères; et comme tel je vous baise les mains. Aussy font ma belle mère et ma mais- tresse ( I ), avec noz escoliers, qui prient tous Dieu avec moy quil vous conserve, Monsieur mon Frère, a longues années en sa grâce, et nous, en la vostre. Vostre plus humble et plus intime frère et serviteur, A. Favre. De Cliambery, en haste, ce 25 octobre 1595. Revu sur l'original consen'é à la Visitation d'Annecy. ( I ) Le Sénateur avait coutume de désigner ainsi M™® Favre.  XXII  Chambéry, 22 novembre 1S95. Fratri suavissimo Francisco De Sales, Ecclesiae Gebenensis Prœposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem dicit. Non est quod ex me nunc, mi Frater, aut longas aut suaves literas expectes, adeô me conturbat repentinus sic obitus Baronis nostri Vide p. I. Hermanciani *, sivè privatam jacturam meam considero sivè totius reipublicae nostras causam, qu^e tôt jam adversis casibus cladibus- que miserè conflictatam spes erat maxima, hujus potissimùm viri opéra vehementique pacis studio quo flagrabat, restitui posse et re- creari. Movet me etiam non parùm quôd, postremis qui mihi cum illo ante morbum intercesserunt sermonibus, videbatur in eam potis- simùm curam velle in posterum incumbere ut sacrosancta religio  Lettres d'Antoine Favre 411 nostra, tuis potissimùm prîeclaris conatibus adjuta, per totam istam provinciam quàm latissimè et vivissimè diflFunderetur. Quamquam si, ut plerique ominantur, provincice moderatio ad Baronem Petrœ differretur, sperandum est aequè féliciter, ne quid amplius dicam, cessura omnia, dummodô quantum ille animi et contentionis in eam rem collaturus est, tantum ad rem agendam habiturus sit authori- tatis ; quam ego in hujusmodi causis semper plus posse credidi quàm Ipsum etiam jus potestatis. Sed de hoc postea videbimus. Gaudeo intérim te in Salesianum venire, in quo ita futurus sis otiosus ut numquam minus otiosus. Etsi enim ea ingenii tui vis est, ut ubi voles esse gentium non possis aut tui similis non esse aut extrinsecis hujusmodi subsidiis indigere, conducet tamen non parùm ad edendum féliciter partum hune quem jampridem parturis, ut in eo loco sis in quo favorabilior tibi gratiorque Lucina adfutura sit. Ego Librum meum duodecimum, tibi inscriptum et proprio quodam jure tuum quôd in Salesiano tuo, ut meministi, inchoatus sit, dedi optimo et ornatissimo huic viro perferendum ad typographum qui saepiùs jam ad me scripsit facturum se ut quamprimum prœlo detur. Id ego incredibiliter fieri cupio ut ita saltèm publicum extet singu- laris meœ erga te voluntatis monumentum si facere posthac non potero ut majus quidpiam à me proficiscatur. Benè vale, mi Frater, et me, ut facis, ama. Meiomnes, aut tui po- tiùs, te salutant ; ego nominatim consobrinum nostrum. Iterum vale. Ex urbe, 10 calend. Decembris 1595. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Chablaix. Revu sur le texte inédit, inséré dans le P"" Procès de Canonisation.  XXIII  Chambéry, 2 janvier IS96. Fratri suavissimo Francisco De Sales, Ecclesise Gebenensis Praeposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem dicit. *Non minus ex Avultei**, tandem nostri, sermonibus quàm ex * vide Epist. lxiv. ,....„ . , . . . , , . "Vide p. 198. literis tuis, mi Frater, cognovi quod maxime cupiebam, prseclare illum de religione sentire nec magisquidquam in votis habere quàm  412  Appendice  ut publicè id testatum faciat. Sic enim mecum egit ut priecipuo quo- dam animi dolore angi videretur quod, tantopere urgentibus con- scientia; stimulis, rem tanti momenti tanidiù prociastinando in hune usque diem distulisset. Libris illis de politica, ut eleganter inscribis, auscultatione id prœscribentibus, hoc mihi quàm dulce optatumque fuerit, etsi facile aestimare potes qui optimus testis es nihil me umquam ardentiùs de- siderasse, vix tamen possis credere ni tibi persuadeas eum esse me qui factis laudibusque tuis magis délecter quàm tu ipse, in ea praeser- tim re in qua nominis tui laus cum Dei gloria non possit non esse conjuncta. Itaque noli quœrere quàm alacriter utroque ut jubebas amplexu hominem sim complexus, quamquam in eo mihi minus satisfecerit quod visus est publicam conversionis suse significationem nescio qua majoris boni spe in ultcriorem diem differre velle. Adjecit sibi tecum sic convenisse ut Principem rogaretis de me in provin- ciam istam mittendo, ut quae ad sacrosanctae religionis nostrae resti- tuendam dignitatem pertinere videbuntur à provincialibus impetrem aut potiùs extorqueam. Id verô quàm mihi honorificum si succédât ; etsi nec dubitandi causa est si Deum authorem habebimus Principem fautorem et adjutorem. Intereà expectationem nostram spe susten- temus. De Pâtre Cherubino facere non potui ut eum Avullfeus tam citô • Vide p. 179. conveniret. Expectabam ut ad me scriberes aliquid de prioratibus*; • Cf. p. 178. audio enim Baronem nostrum venisse*, ex cujus literis sperabam fore ut ea de re fausti aliquid lactique intelligerem. Ad eum enim, cum tuis literis, meas etiam dederam. Sed quando id hactenus fac- tum non est, cura si placet ut quamprimùm fiat. Non gratiora mihi aut melioris ominis xenia possis mittere ; ne (sic) si fragmentum illud quôd poUiceris, et quo tamen scito nihil mihi advenire posse optât iùs. Benè vale, Frater suavissime, et quod felix faustumque sit ad me scribe. Mei omnes, aut tui potiùs, valent optime et te salutant ami- cissimè. Iterum vale. Ex urbe et ex tempore, 4 non. Januarii 1396. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Tonon. Revu sur le texte inédit, inséré dans le I*"" Procès de Canonisation.  Lettres d'Antoine Favre 413  XXIV  Chambéry, 19 février 1396. Fratri suavissimo Francisco De Sales, Ecclesice Gebenensis Prœposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem dicit. *Acceptis uno die binis à te, mi Frater, literis, expertus sum, quod » vide Epist. lxiv. jam saspe anteà, numquam te minus negligentem esse quàm cùm negligens videris. Nam eo ipso aut prœcedenti die scripseram ad te epistolam, perbrevem quidem, sed plenam expostulationis quôd per tam longum tempus nuUas à te habuissem. Nunc mihi plané satisfactum est iis literis quibus ad omnia mea- rum capita tam diligenter et accuratè respondisti, nisi quod subti- cuisti (dolone bono an malo non ausim dicere), quod maxime signi- ficare debueras, quodque ex Chaventio* cùm ei tuas darem intellexi. • vide p. iSi. habere te nunc Principis nostri, non voluntatem solùm, quae tibi numquam defuit, sed eam qu^e tamdiu desiderata et expectata est subscriptionem. Q.uo nomine si tibi et mihi totique reipublicae nos- tras non gratuler, indignus sanè sim quem boni ament, nedum tu qui es optimus. Sed id mallem coram et in fraternis amplexibus quàm in literis, prœsertim quas aut longiores aut politiores facere ocium nunc non detur. De prioratu Talloriarum * rursum benè sperare cœperam, defuncto • Vide contra. Calcaneo, qui Principis voluntatem praecipiti ambitione meritis tuis prasripuerat. Sed, ut audio, Baronis de la Bastie, magistri hospitii, filio id indultum est. De Centuria mea faciam quod suades et scribis. De pacunia curavi quod petis ut humanissim^e creditrici meas satisfiat*, duplici in eam ' Vide p. 181. rem exquisita ratione, ut si una deesset, altéra succederet. Si, quod abominor, neutra succedet, curabo artibus omnibus ne illam collati in me beneficii, te vero praestiti amicissimè officii pœnitere possit. De eo scripsi ad Chiss^um nostrum * itemque ad Agiaeum **, à quo ' ^'^^^ p- 7'- . ° ' "Vide p. 3. etiam habui de ea re suavem et benevolam mterpellationem. Nos omnes valemus et te salvere jubemus. Tu vale, et nos, ut facis, ama. Ex urbe, 12 calend. Martii 1596. Post haec scripta, accepi posteriores tuas literas, et quas tu de hcc- reticis nostris tam argutè et copiosè scripta adjecisti ; habeo gratiam,  414 Appendice Vide p. 285. et de eo brevi ad te rescribam. Dominum de Lullin*, à quo tempore tuas accepi literas, non vidi ; faciam ut intelligat se mihi per te commendatum. A Monsieur et Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de S' Pierre de Genève. A Tenon. Revu sur l'original conservé à la Visitation d'Annecy.  XXV  Chambéry, 27 mars 1596. Fratri suavissimo Francisco De Sales, Ecclesi^ Gebennensis Praeposito et Pontifici designato, Antonius Faber salutem dicit. Vide Epist. lxix. * Scripsissem ad te, mi Frater, diligentiùs, si de Serenissimi Duels nostri adventu, de quo te scio potissimùm laborare, certi quid et explorati habuissem ; sed fuerunt omnia in hune usque diem adeô incerta et in utrumque eventum titubantia, ne dicam penè deplo- rata, ut nihil scribendum occurreret quod levandi et consolandi tui causa scirè te mea interesset. Nunc certioribus quàm anteà rerum argumentis erecta sunt spes nostrîe reditu Praesidis Rochetani, qui affirmât esse omnia non solùm in expedito, sed etiam in tuto, et ante festa Paschalia venturos à Rege in hanc urbem legatos, qui per- petuum inter Principes fœdus sanciant et jurejurando devinciant. Id si ita erit, non dubitamus quin ad nos Princeps quoque statim sit advolaturus. Tu, quod facturum te promittis, si et Principem et nos amas, fac ut venias ; multum tibi ex loci et temporis opportunitate auxilii prssidiique accesserit ad ista quae solo Deo optimo maximo auspice tam féliciter instituisti, et commode et honorificè peragenda. De Avullaeo nostro doleo mirum in modum quod longioribus eum sermonibus tenere, ut sperabam et cupiebam, non potuerim. Réces- sif enim postridie quàm Necio veni, cùm tamen non priùs reces- surum putarem quàm Principem vidissct. Literas à te nuUas mihi reddidit ; itaque quas Necii dixeras ad me scripsisse video intercep- tas, feroque, ut debeo, molestissimè ; etsi fuit illud multo jucundius te videre, tanta prassertim videndi mei cupiditate incitatum, ni pu- deret magis quod mea causa tam grave et noctis et itineris incom- ' Vide p. 177. modum suscepisses *.  Lettres d'Antoine Favre  415  Pater Cherubinus infinitam tibi salutem ; ardebat miro videndi amplectendique hominis desiderio, maxime cùm id tibi optatissimum esse ex me intellexisset. De demonomania ista Tononensi * aliquas * Vide p. 194. à te literas hiabere vellet. Si ocium erit, scribe ; at etiam si ocium non erit, quod tamen sine ocio facere potes, me ama; et vale, mi Frater, iterum atque iterum suavissime, iterùm atque iterum vale. Ex urbe Camberii, 6 calend. Aprilis 1596. Tui omnes, quos cùm aliis scribo soleo meos dicere, te salutant. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost en PEsglise Cathédrale de S» Pierre de Genève. A Tonon. Revu sur l'original conservé à la Visitation d'Annecy.  XXVI  Monsieur mon Frère, * Je me doubte fort que la lettre que je vous escrivis la semaine ' vide Epist. lxxiv. dernière par la voye de monsieur de Crans ne vous aye pas esté rendue, par les dangers de contagion continués et accreus, comme l'on nous dit, du costé de Necy *. Je porteray la perte fort patiem- * vide p. 215. ment, pourveu que vous croyez que je n'ay pas esté si paresseux d'attendre jusques a présent de me conjouir avec vous de vostre heureux retour (car aussy n'estoit elle pour autre), en attendant qu'avec plus de loisir je puisse vous escrire. Despuis, j'ay eu quel- ques heures de meilleur loisir, mais point de commodité de porteur qui s'en allast du costé de Sales ou de Tonon. Je m'asseure que vous n'aurez pas esté moins impatient en l'attente de recevoir de mes nouvelles que moy, en l'attente de pouvoir vous faire part des miennes et d'avoir des vostres, combien que pour ma consolation j'aye veu nostre bon frère*, qui m'a bien au long entre- • vide p. 209. tenu, et discouru plusieurs particularités de vostre voyage, toutes très aggreables, mesme celle du françois converti ; car elle vise a l'honneur de Dieu premièrement, puis au vostre, qui sont les deux plus grandes grandeurs que j'appréhende dans ce monde. Bref, il me semble que je vous ay veu et que je vous voy, et peut estre encor que je vous verray en brief.  4i6 Appendicb Au reste, j'ay a vous dire pour bonne nouvelle, et meilleure pour Vide p. aog. moy que pour vous, que monsieur de Jacob*, venant de France, m'a fait entendre que Madame de Nemours l'avoit prié fort afFectionne- ment de sçavoir de Son Altesse si elle auroit aggreable que je fusse Vide p. 6i. convié d'estre Président du Genevois*; a quoy s'accorde un billet escrit par monsieur de Charmoisy, nostre parent, a monsieur son Vide p. 57. père *, qui adjouste que Monsieur et Madame de Nemours estoyent sur le poinct de m'en prier. Je serois trop long a vous conter tout ce qui a esté dit sur ce propos entre luy et moy ; tant y a, que son advis a esté que je peux et doy entendre a ceste condition, et que Son Altesse l'aura très aggreable, et a résolu de faire l'office a ce voyage qu'il fait en nostre court, ou il s'est aclieminé despuis deux jours. Je m'asseure que le commandement ne tardera gueres de venir; il ne restera sinon que de l'autre costé on m'escrive. Et voyla ma cause gaignee. Apprestes vous seulement d'estre le président du Président, et de rabbattre trois ou quattre heures tous les jours de vostre plus sérieuse estude. Je fcrois tort a ceste lettre, pleine d'un sujet tant désiré, si je la cbargeois d'autre matière, sinon pour vous dire que j'ay fait tenir voz pacquetz a monsieur de LuUin par le secrétaire mesme de monsieur de Jacob, qui m'a promis de les deli- \rer en mains propres. Nostre santé est très bonne en gênerai, grâces a Dieu, lequel vueille qu'ainsy soit de celle de Necy bien tost. Quant a la vostre, je la tiens et désire toute telle que celle de l'autre vous mesme, sinon que de plus il est "Vostre serviteur, A. Favre. Ma maistresse avec toute la suite vous salue ; ainsy fait elle ■ Vide p. 344. madame du Foug *, et moy encores plus, sans oublier monsieur Vide p. 159. l'advocat du Crest *, et monsieur le Procureur fiscal **. 'Vide p. 312. De Chambery, en haste, ce 21 novembre 1596. Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de PEsglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Tonon. Revu sur le texte inédit, inséré dans le I'"'' Procès de Cnnonisation,  LbTTRts d'Antoine Favre 417  XXVII  Monsieur mon Frère, Combien que je vous aye escrit ny a que deux ou trois jours par l'homme de monsieur de Coudree bien amplement, et avec beau- coup de contentement pour la bonne nouvelle de laquelle je vous ay fait part de ma promotion a Testât que je desirois, tousjours plus pour m'approcher de vous, qui m'estes et serez in œternum instar om- nium, que pour m'esloigner du reste de mes amis, si est ce que j'ay recherché encores ceste commodité de vous pouvoir escrire par mon- sieur le Gouverneur*, pour me réintégrer en la possession de noz ' Cf. p. 127. premières diligences, autant que la commodité ou, pour mieux dire, l'incommodité et le malheur du tems le pourra permettre ; car Necy est maintenant plus décrié que jamais pour le mal qui est naguieres survenu près du pont de Nostre Dame. Nous sommes de par deçà assez asseurés, mais non pas entièrement, parce quil y a deux vil- lages ausquelz le mal va encores s'entretenant. Tout mon train se porte bien, grâces a Dieu, et sur toutz celuy que vous tenez et recognoissez pour L'autre vous mesme et rien moins qu'autre, A. Favre. Tous mes gens se recommandent, et moy particulièrement, mesmes a monsieur d'Avully, monsieur du Crest, a monsieur le Procureur fiscal et a madame du Foug. De Chambery, en haste, ce 25 novembre 1596. A Monsieur mon Frere^ Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Genève. A Tonon. Revu sur l'original inédit, conservé à la Visitation de Rennes.  Lettres I  4i8  Appendice  XXVIII  Monsieur mon Frère, Vide Epist. Lxxviii. * jg n'cusse pas laissé partir ces bons villageois sans les charger de mes lettres si j'eusse esté adverty de leur despart ; mais la faute n'en est qu'a leur procureur qui m'avoit promis de me les faire voir, ce qu'il n'a fait. Je sçay qu'ilz ont esté dépêchés a leur contentement, mais non pas sans beaucoup de despence : en quoy peut estre que j'eusse peu leur apporter quelque soulagement, si leur procureur m'en eust parlé avant que l'argent eust esté déboursé, s'estant aussy en cela comporté plus nonchalamment qu'il ne devoit; combien qu'a la vérité, en semblables matières d'argent, si peu de gens ont le cré- dit d'en faire rien rabbattre. Je feray voir au Conseil d'Estat la requeste du gentilhomme duquel Cf. Epist. Lxxvi. vous m'escrivez* a la première assemblée qui se fera, qui ne peut estre devant demain, 15^ de ce mois, et n'oublieray rien de ce que je pourray pour luy faire ressentir quelque bon effect de vostre re- commandation ; me resjouissant au reste des bonnes espérances que vous donne Monsieur le Nonce, ne pouvant croire qu'elles doivent plus longuement demeurer sans effect en chose de telle importance, et laquelle je ne doubte point que Son Altesse, aussy bien que luy, n'affectionne beaucoup plus qu'auparavant des qu'ilz vous ont veu : et me semble qu'icy l'autheur doit admirer leur tardiveté autant que son sçavoir. Je m'estois bien promis que je me treuverois a la première grand'Messe que vous diriez a Tonon pour ces festes de Noël, mais a ce que je voy, la chose sera remise a l'an qui vient. Bon Dieu, que le tems m'en dure, et de vous voir et en cest acte là ! l'un et l'autre sera quand il plaira a Dieu. Je suis retenu plus que jamais d'aller en Genevois jusques a ce que j'y aille pour une bonne fois, pour ne sembler vouloir courir au devant des honneurs ; sinon que les lettres de monsieur de Charmoisy, mon cousin, ou quelque sien commandement ou vostre m'en fist naistre l'occasion. Ce pendant, pour accroistre ce contentement qui n'est qu'un a vous et a moy, je vous diray que je viens de recevoir lettres de monsieur de Jacob, par lesquelles il m'asseure que Son Altesse a très aggreable que j'aille en Genevois et qu'elle m'en priera (voyez quelz termes) ; et qu'en tesmoignage de cela, mes gaiges de sénateur me demeureront.  Lettres d'Antoine Favre 419 Mais tenez, je vous prie, ce dernier poinct secret, car il m'importe affin qu'on ne me rabbatte rien dans cela des gaiges qu'avoit mon- sieur Poille*, qui est le plus haut degré d'ambition et d'avarice * videp. 6i,not. (i). auquel ma pauvreté aspire. Il ne reste sinon que je reçoive mes dé- pêches et d'une part et d'autre. J'espère que de nostre court mon- sieur de Jacob les apportera a son retour ; mais ce ne sera pas, comme je croy, avant Pasques, car il fait estât de se treuver a Paris seulement pour le quinziesme du mois prochain, a ce que dit mon- sieur de TroUioux qui est passé pour luy aller préparer son logis. Cela me fait très bien espérer de noz affaires, quoy qu'on veuille dire ou gazouiller au contraire. Autres advis n'en ay je desquelz je puisse vous faire part. Ma maistresse et tous voz neveux qui sçavent parler vous saluent, mais le père sur tous et plus que tous, comme celuy qui est et sera a jamais, Monsieur mon Frère, Vostre très humble frère et serviteur, Favre. Je resalue infiniment tous ces messieurs qui se resouviennent de moy, et outre les messieurs, madame du Foug, de laquelle je suis bien humble et obligé serviteur. De Chambery, ce 14 décembre 1596. Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Tonon. Revu sur le texte inédit, inséré dans le P'' Procès de Canonisation.  XXIX  Monsieur mon Frère, Estant au plus fort des Méditations poétiques que j'ay commen- cées despuis quelques jours sur les misteres du tressainct Rosaire *, * Cf. p. 408. pour faire quelque provision de dévotion pour ces bonnes festes, j'ay sceu par monsieur l'advocat Salteur *, lequel m'a remis voz der- ' vide p. 64 nieres lettres, quil y avoit commodité de vous faire responce par le  420 Appendice greffier de Thonon ; et a Tinstant, sans poser la plume, j'ay seulement changé de papier pour vous faire ce mot, non moins pour accroistre en moy cet esprit de dévotion par l'imagination que je conçoy de vostre conversation, que pour vous advertir comme du jour mesme que je receus vostre pacquet, ou, pour ne mentir, du lendemain, je le remis a la poste avec les autres que le Conseil d'Estat depechoit par courrier exprès a Son Altesse et soubs une mesme couverture, de sorte que je m'asseure quil aura esté bien et seurement rendu ; dequoy je n'eusse pas tant tardé de vous advertir si j'eusse heu la commodité d'un porteur. Car, quant au reste que vous vouliez sçavoir de moy, de la nego- tiation de monsieur de Jacob pour moy en nostre court, je vous ay ja escrit, et m'asseure qu'aurez receu la lettre, que Son Altesse treuve tout bon et me laisse, avec Testât de sénateur, mes gaiges. On m'en escrit en ces termes : « Vous irez, vous demeurerez et tirerez voz gaiges. » Toutefois, je n'ay encor point receu de lettres de Son Altesse, non plus que de Leurs Excellences, tellement que, non sans beaucoup de peine, je suis contraint de dissimuler et ne faire pas semblant que je désire de voir la chose exécutée, quand ce ne seroit que pour em- pêcher que noz confrères ne vous veullent mal, pour l'asseurance quilz ont que la force de nostre amitié mattire a ceste resolution autant qu'autre chose quelconque. J'espère que le retour de mon- sieur de Marclaz, mon cousin, m'apportera ce contentement avec les autres. • Cf. p. 222. Cependant, felix nohis de la lettre de nostre Sainct Père *. C'est maintenant, a ce que je voy, quil fera bon estre de voz amis a qui en voudra avoir a Romme et a Turin. Je ne pers point pour cela courage d'espérer que vous aymerez tousjours le Président, lequel vous avez bien aymé sénateur. Encor veux je que le Pape le sçache quelque jour, aussy bien que Son Altesse le sçait. Je ne pensois vous escrire qu'un mot, et vous voyez ou la passion me porte. Encor feroy je bien ceste plus longue, si le dernier coup de Matines ne me pressoit ; car je vous escris ceste en semblable tems auquel je jouissois de nostre première entreveuë a Necy en vostre estude, sont passés trois ans. La seule souvenance me recrée infi- niment ; Dieu veuille que dans un an je la puisse rafreschir par une nouvelle jouissance. Je n'escris rien a monsieur de Charmoisy, mon cousin, en responce de la sienne, tant pour n'en avoir a ceste heure le loisir, que pou^ avoir desja satisfait a tout ce quil attend de sçavoir de moy par celle quil aura receu de moy despuis la sienne escritte. Si je puis retirer de monsieur Chaven le dépêche du gentilhomme avant que ce  Lettres d'Antoine Favre  421  porteur soit party, je feray quil le portera ; si'n minw;, ce sera pour l'autre fois. Je vous baise bien liumblement les mains, et a monsieur nostre cousin, sans oublier tout ce quil y a de bon et d'honeste en vostre ville de Tonon. Ma maistresse et voz neveus vous en présentent au- tant, et du mesme cœur duquel nous prions Dieu, tous tant que nous sommes, monsieur mon Frère, pour vostre santé et prospérité. Vostre plus humble frère et serviteur, A. Favre. De Chambery, en haste, la veille de Noël, a 9 heures du soir, 1 596. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de S' Pierre de Genève. A Tonon. Revu sur l'original conservé à la Visitation d'Annecy.  XXX  Monsieur mon Frère, Je vous avois escrit en grande haste la veille de Noël, comme vous verrez par la cy jointe, pour ne perdre la commodité qu'on m'avoit enseigné du greffier de Tonon ; mais il se treuva au lende- main qu'il estoit parti le soir devant, fort tard, de peur, comme je croy, de se treuver a nostre Messe de minuit. Despuis, j'ay receu une des vostres datée du jour de Sainct Thomas, non toutefois l'autre laquelle vous dites m'avoir escrit par autre voye. Je ne treuve pas moins estrange que vous l'empêchement que vous font ces messieurs de Tonon *, et en ay conféré bien a plein * cf Ep. lxxx, lxxxi. avec monsieur le Gouverneur * lequel m'a dit les mesmes raisons * Cf. p. 417. lesquelles il a discouru avec vous sur ce sujet. Tout ce que je treuve de plus considérable, c'est qu'il dit que par les lettres mesmes de Monsieur le Nonce a vous *, il est fait mention des dépêches qu'en • videAppend.B.Ep.v. veut faire Son Altesse *, lesquelz ne sont encor venus ; car sans doute «vide Append.c, Ep.i. s'ilz estoient entre vos mains, la chose se pourroit faire avec beau- coup plus de réputation. L'autre raison qui m'esmeut beaucoup, c'est que la trefve estant sur le poinct de finir, il ne faut doubter que  422 Appendice si elle estoit finie ou rompue l'ennemy courroit quant et quant du costé de Tonon, quand ce ne seroit que pour abbattre l'autel lequel vous auriez fait construire. Nous sommes attendans monsieur de Jacob dans deux ou trois jours. Je ne fauldray, incontinent après qu'il sera arrivé, de luy en parler, tant pour sçavoir s'il apporte point de commandement de Son Altesse sur ce faict, que pour entendre ce qui luy en semblera ; et sera bon que vous luy en escriviez, affm qu'il s'en prenne quelque bonne resolution entre luy et monsieur de Lambert, lequel m'a dit que si la trefve est continuée il viendra le voir. Qu'y feriez vous, mon bon Frère ? Il faut joindre encor ceste patience a tant d'autres desquelles Dieu vous a donné et le sujet et le mérite en ceste vostre si saincte et digne negotiation. Ce pendant, il faut presser Monsieur le Nonce pour avoir, par son moyen, le commandement de Son Altesse. Je vous escriray dans peu de jours ce que j'en auray appris de monsieur de Jacob. Et en ceste attente, vous baisant bien humblement les mains, comm'aussy ma maistresse avec voz neveux, sans oublier madame du Foug, monsieur le Procureur fiscal et monsieur du Crest, je prie Dieu vous donner la santé longue et contente vie. Monsieur mon Frère, Vostre plus humble frère et, s'il se peut dire, quelque chose de plus, Favre. De Chambery, ce 28 décembre 1596. Monsieur mon Frere^ Monsieur De Sales, Prévost en l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Tenon. Revu sur le texte inédit, inséré dans le P'' Procès de Canonisation.  XXXI  Monsieur mon Frère, Je receus hier tant seulement voz deux lettres, l'une du jour de Sainct Estienne, l'autre de Sainct Thomas. Le subjet meritoit bien qu'elles me fussent plus tost rendues, affin que j'eusse peu faire plus diligemment et plus chaudement l'affaire duquel vous m'escrivez.  Lettres d'Antoine Favke 423 La faute est venue en partie des porteurs, en partie aussy de ce que j'ay esté absent de ceste ville pour certain appointement que je suis allé faire du costé de Belley. Mais, grâces a Dieu, tout va bien puis- que vous avez réintégré la Messe en sa possession en un jour si solemnel, quoy que non pas si solemnellement que vous et moy eussions désiré. , . Tant y a que voz scyndics de Tonon n'ont point este icy pour se plaindre de vous, mais seulement pour présenter requeste a la Chambre des Comptes a cause de la gabelle du sel *, a ce que leur * vide p. 343, not. (.)• Procureur mesme m'a asseuré. Je l'ay aussy sceu de monsieur le pré- sident Pobel *, qui a tousjours présidé au Conseil d'Estat en l'absence * Vide p. 30.. de monsieur de Jacob ; j'en ay encores parlé a monsieur de Jacob, qui me dit n'avoir ouy aucunes plaintes de vous, ny deçà ny delà les monts, au contraire toutes les voix du monde favorables a vostre réputation, et l'un et l'autre treuvent bon ce que vous avez fait et que vous continuiez, estant bien résolus, si quelqu'un de ces messieurs vient se plaindre a eux, de luy bien laver la teste sans sa- von Mais ilz sont bien d'advis que pour ce qui reste a faire de plus, vous attendiez quelque commandement plus exprès de Son Altesse, pour ne contraindre Son Altesse de venir aux remèdes violens qui seroient nécessaires si ces messieurs faisoient quelque insolence qui eust forme de mespris ou de rébellion ; car en somme, comme vous escrivez, ilz n'ont point capitulé avec Son Altesse. Monsieur de Jacob m'a asseuré que Son Altesse est très bien dis- posée a plaider vostre cause (si ainsy la faut appeller plustost que celle de Dieu) contre Messieurs de Sainct Lazare *, et que luy mesme ' vide p. .y.. s'y est aydé, s'asseurant qu'en brief vous l'emporterez, du moins pour l'entretenement de six curés. 11 dit que monsieur de Lullin fait merveilles, et m'asseure que si a son retour de France la chose n'est résolue il employera tout son crédit pour la faire réussir a l'honneur de Dieu et a vostre contentement. Nous avons résolu d'en conférer avec monsieur de Lambert, par lequel en après je vous en escnray plus a plein, car je suis maintenant merveilleusement presse. La trefve générale avec la France est continuée jusques au dernier d avril ; monsieur de Jacob s'y en retourne dans huict ou neuf jours^ l'ay de rechef recommandé a monsieur le président Pobel 1 affaire de ce bon gentilhomme de Tonon, et a monsieur Chaven encor qui m'avoit promis merveilles sans y avoir encor rien fait ; et l'un et l'autre m'ont promis de le favoriser pour amour de vous, et de la plus briefve expédition qu'il sera possible. Monsieur l'Evesque de Sainct Paul * se recommande a vos bonnes ' vide p. 356. grâces et m'a asseuré d'avoir fait tenir vostre pacquet a Monseigneur  424 Appendice le Nonce, qui doit l'avoir receu ja des samedy dernier. Excusez ma haste, et tenez moy in infinitum, extensivè et intensive, pour celuy qui est, Monsieur mon Frère, Vostre plus humble frère et serviteur, Favre. De Chambery, ce 9 janvier 1597. Ma maistresse et voz neveux vous baisent les mains ; aussy fay je moy a tous ceux de qui vous m'escrivez. Nostre troisième frère m'a escrit de France qu'il se porte très bien. Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Tonon. Revu sur le texte inséré dans le I" Procès de Canonisation.  XXXII  Monsieur mon Frère, En responce de celle que ce porteur m'a remis de vostre part, je vous diray qu'il n'y a que quattre ou cinq jours que je vous ay escrit bien a plein par le solliciteur de monsieur de Colombier, pour res- pondre aux deux dernières que j'avois eu de vous, dont la première estoit datée du jour de Sainct Estienne, l'autre, du jour de Sainct Thomas. Je m'asseure que ma lettre ne s'esgarera pas, car je l'ay recommandée fort estroittement ; toutefois, parce que peut estre elle ne vous sera pas si tost rendue, je vous en feray par ceste cy un épi- logue. Je vous escrivois qu'ayant conféré avec monsieur le président Pobel et autres seigneurs du Conseil d'Estat, j'avois sceu que le scyndic Vernaz, qui estoit venu en ceste ville, ne s'estoit aucunement plaint de vous, et que quand luy ou quelque autre viendroit a si mauvaise fm, on luy lavera bien la teste. 11 estoit venu seulement pour se plaindre de l'imposition qu'on leur veut mettre sus de la ga- belle du sel ; son procureur mesme me l'a ainsy confirmé. Tous ces messieurs treuvent bien fait ce que vous avez fait et monsieur de Jacob encor, avec lequel j'en ay conféré bien au long ; et est d'advis, puisque vous avez commencé de dire la Messe a Sainct Hippolite,  Lettres d'Antoine Favre 425 que vous continuiez ; mais il ne treuveroit pas bon que vous y fissiez construire aucuns autelz jusques a ce que vous ayez receu dépêches de Son Altesse, pour ne donner point de sujet ou d'occasion de nouveau remuement en un tems si chatouilleux comme est celuy cy. Qu'y feriez vous, mon Frère ? Il faut prendre ceste mortification et la joindre a tant d'autres qui ont esprouvé vostre patience. Dieu est bien le chef des Conseilz d'Estat, lesquelz se tiennent en ce tems par tout le monde ; mais quand on vient a parler de luy et de ses affaires, je croy qu'il faut qu'il sorte de l'assemblée, comme s'il en estoit seulement le président ou l'un des conseillers. Je me console en l'espérance que j'ay que vostre dépêche ne tardera plus gueres, et que vous n'avez pas peu fait par ceste boutée. Monsieur de Jacob m'a dit que monsieur de LuUin fait merveilles contre les Chevaliers de Sainct Lazare, et que Son Altesse la combat pour nous a spada traita. Il m'a dit de plus que s'y estant une fois treuvé et convié par Son Altesse d'en dire son advis, il le dit tel qu'il devoit pour la cause de la religion, et se promet qu'a son retour, s'il reste a faire quelque chose, il s'y employera si chaudement que nous en verrons les effects. Il tient desja pour fait qu'il y aura six curés entretenus, a six vingts escus pour curé. II y a plusieurs autres choses en ma dernière lettre, a laquelle je suis contraint de me remettre pour le peu de loisir que me donnent les occupations du Sénat, ou je me treuve en rapport et chargé d'ail- leurs d'une infinité d'affaires. Si faut il qu'encor je vous die que j'ay receu par monsieur de Jacob les patentes de Son Altesse, qui me permet d'aller en Genevois en retenant mon estât de sénateur avec mes gaiges. Mais je n'ay encores point receu des lettres de Leurs Excellences, et croy que monsieur de Jacob a son retour de France, ou il n'est pas encores allé, me les apportera, et que par conséquent la chose ira a la longue. Je le porte impatiemment pour le désir que j'ay de vous voir, et monsieur vostre père, avec tout ce qui est de la suite. Mais je me console en l'espérance qu'entre cy et la, Son Altesse fera lever ceste gendarmerie qui ruine tout le pauvre Genevois, ou du moins la ca- vallerie. Monsieur de Jacob m'a asseuré que Son Altesse est en ceste volonté, et que cela seroit ja fait, sans l'advis qui vint a nostre court de la contagion reprise a Necy, lors qu'on estoit sur le poinct d'en faire les dépêches. Il attend que monsieur TroUioux les luy apporte dans peu de jours, parce qu'il en a chargé ses mémoires et escrit a Son Altesse de bonne encre. Toutefois, j'ay escrit a messieurs du Conseil qu'il me sembleroit très expédient que toute la province deputast quelque gentilhomme pour aller représenter a Son Altesse ses plaintes  426 Appendice et le misérable estât auquel se treuve réduit tout le peuple. J'espère que monsieur de Beaumont, avec lequel j'en ay aussy parlé, prendra bien ceste peine, s'il en est prié un peu vivement. J'ay escrit bien au long a Monsieur nostre père par l'homme de Necy qui m'apporta la lettre de messieurs du Conseil ; je m'as- seure que îa lettre luy aura esté rendue. Ceste cy ne laissera, s'il luy plaist, d'estre pour vous deux, comme encores les très humbles re- commandations que ma maistresse et moy présentons a ses bonnes grâces et a celles de Madame nostre mère, Messieurs nos frères, et Mesdemoiselles nos sœurs, priant Dieu vous donner a tous, Monsieur mon Frère, une santé longue et contente vie. Vostre plus humble frère et serviteur in infinitum, Favre. De Chambery, en haste, ce quatorzième janvier mil cinq centz nouante sept. ^^- P- 4'5- J'ay remis au Père Chérubin vostre traitté* incontinent que je le vis a Necy après vous avoir laissé. Je m'asseure qu'il l'aura veu dili- gemment, car il me le promit, et je sçay qu'il desiroit extrêmement de le voir. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost en l'Esglise Cathédrale de S^ Pierre de Genève. A Sales. Revu sur le texte inséré dans le P"" Procès de Canonisation.  XXXIII  Monsieur mon Frère, Vous m'avez osté d'une extrême peine me faisant sçavoir de voz nouvelles et m'envoyant la requeste de ce bon gentilhomme qui languit des si long tems ; car ayant eu je ne sçay combien de fois la main a la plume pour vous escrire, j'ay tousjours esté retenu et em- pêché par honte que j'ay du tort que nous avons, monsieur Chaven et moy, de l'avoir abusé si longuement. 11 n'a pas tenu a moy que l'expédition ne s'en soit ensuyvie ; mais quoy que j'aye sceu faire, mesme despuis mon dernier retour de Necy, il ne m'a jamais esté possible ny par courtoisie ny par force d'avoir de ce petit homme autre que paroles et vaines promesses. Maintenant je me passeray  Lettres d'Antoine Favre 427 de luy, et au premier Conseil d'Estat, qui se tiendra demain comme j'espère, j'auray quelque bonne provision, a ce que me fait espérer monsieur le président Pobel, auquel j'en ay parlé ja des long tems et qui m'a promis toute la faveur qui luy sera possible. Vous serez ad- verty par la première commodité de ce que j'auray peu negotier. Ce pendant tenez vous joyeux, nonobstant les traverses ou non- chalances de ceux qui devroyent vous ayder en ceste vostre si saincte entreprise ; vostre patience a desja vaincu les plus grandes difficultés, j'estime que ce qui reste a faire ne vous peut estre que subjet d'hon- neur et de contentement. Je ne vous escris rien de ce malheureux acte qui s'est naguieres commis a Mussel, tant pour n'en avoir le loisir que pour n'interrompre voz dévotes pensées d'un si fascheux entretien. J'en ay escrit a monsieur vostre père ce qui m'en sembloit. J'ayme mieux vous parler de monsieur Locatel, nostre frère, qui m'a chargé par sa dernière lettre de vous baiser bien humblement les mains, et vous advertir qu'il est père d'une Marguerite. J'espère qu'avec vostre bonne ayde je pourray dans cinq mois estre père d'un François, si ma maistresse ne me trompe, laquelle en ceste appréhen- sion vous baise bien humblement les mains, comm'aussy je fay, et a madame du Foug et a tous ces messieurs nos communs amis, priant Dieu vous donner a tous une santé longue et contente vie. Monsieur mon Frère, Vostre plus humble et plus obligé, Favre. De Chambery, en haste, ce 14 mars 1597. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de l'Esglise Cathédrale de Sainct Pierre de Genève. A Tonon. Revu sur le texte inédit, inséré dans le P"' Procès de Canonisation.  XXXIV  Monsieur mon Frère, J'avoy différé quelques jours de vous escrire tout expressément pour donner loisir a mes dépêches de venir, affm de vous entretenir désormais de quelque subjet plus aggreable que ne sont ces espérances languissantes qui nous ont morfondus despuis tant de mois. Enfin  428 Appendice tout est arrivé avec monsieur de Jacob, horsmis la paix. Je ne pou- vois désirer lettres plus favorables que celles qui m'ont esté escrittes par Leurs Excellences, outre les patentes. Dieu soit loué que nous voilà tous deux a l'égal contens et en beau chemin de jouir, sil plait a Dieu, a longues années de ceste mutuelle et incomparable amitié, laquelle se fait desja paroistre es lieux mesmes ou nous n'avons jamais esté veus ny congnus. 11 ne reste sinon que ceste jouissance s'ensuyve de plus près. Et pour ceste cause, je ne refuse pas d'estre le premier a vous aller au devant, si messieurs du Sénat et du Conseil treuvent bon que j'aille prendre possession de mon presidentat, affm qu'a nostre première veuë je vous mette un président entre les bras. J'espère que si ce n'est pour les derniers jours de la semaine prochaine, ce sera pour la suy vante. Dieu sçait combien je desireroys de vous y treuver, et pour combien de raisons ; mais je prendray bien patience pour quelques jours, pourveu que je sois bien adverty de vostre bon portement, et que la conversation du Père Esprit vous console parmy tant de tra- vaux que vous continuez de prendre a cultiver ceste barbarie hugue- notte, si cultiver se peut dire pour déraciner; mais je parle du terroir, non pas de la semence. Vide pp. 236, 295. Quant a la conférence *, je ne désire rien tant que d'ouir dire le jour auquel elle se fera, et ne croy pas quil y aye presidentat que je ne quittasse pour aller en estre tesmoin ; mais je suis bien comme vous, je crains que ces longueurs n'en facent perdre et le goust et l'occasion. Sil se fait quelque chose, je m'asseure que j'en seray ad- verty des premiers et que j'auray ce crédit de m'y pouvoir treuver en quelque coin. Je vous envoyé une lettre que je viens de recevoir de JVlonsieur l'Evesque de Mauriane. Vostre commère vous salue pour elle et pour son petit François qui se fait tous les jours plus gros que grand ; nostre frère de mesme, avec toute la brigade ; mais moy plus que tous, qui suis, Monsieur mon Frère, Vostre vous mesme, frère et serviteur, A. Favke. De Chambery, en haste, ce 21 may 97. A Monsieur mon Frère, Monsieur De Sales, Prévost de TEsglise Cathédrale de S' Pierre de Genève. A Tonon. Revu sur l'original conservé à la Visitation d'Annecy.  LETTRES DE M^"^ JULES-CESAR RICCARDI AKCHEVÉaUE DE BARI, NONCE APOSTOLiaUE A TURIN (0  Molto Reverendo Signore, * Per il carico che io tengo di Nuntio appresso il Serenissimo Signor * vide Epist. lxvi. Duca di Savoia, son stato obligato d' informarmi de' prelati et mi- nistri che fanno bene Tofficio loro. Et tra questi, havendo havuto ottima relatione delzelo, délia sufficentia et bontà di V. S. per bocca medesima di Sua Altezza, ho voluto scriverle la présente acciô sappia la satisfattione che io sento di lei et il testimonio che son per renderne a Nostro Signore in ogni occasione di suo servitio. Et perché Sua Santità desidera di haver spesso raguaglio del frutto che se va facendo nella diocesi di Geneva, et dello stato in che si trovano le cose di quella Chiesa et dell' aiuto che se li potrebbe dare, io desidero che V. S. mi avvisi spesso di tutto quello che giu- dicarà degno délia notitia di Sua Beatitudine, cosi circa le cose délia diocesi di Geneva corne di ogni altra cosa che si potrebbe fare per beneficio spirituale délia provincia délia Savoia, chè me ne farà pia- cere accettissimo. Et offerendomele con tutto l' animo, le prego dal Signore Dio félicita continova. Di V. S. molto Reverenda, Come fratello afFettionatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a di 29 di Décembre 1595. Al Molto Reverendo Sig^", Mons''^ di Sales, Vicario di Geneva. ( I ) Ces lettres sont revues sur les textes insérés dans le I^"" Procès de Ca- nonisation. Elles sont inédites, sauf les lettres IV, V, X.  430  Appendice  Molto Reverendo Signore, Vide Epist. lxvi. * Ho presa molta consolatione délia lettera di V. S. di 19 di Febraro, conoscendo il zelo che tiene délia religione cattolica et quanto frut- tuosamente spenda il talento che Dio benedetto le ha dato. Et per non defraudarle del suo merito, io di novo ne ho fatto testimonio a Sua Santità, et le ho mandata la medesima sua lettera per ottener la licentia delli libri prohibiti et per poter assolvere quelli che ha trovato haver contratto matrimonio senza dispensa ; et dell' uno et delFaltro se ne haverà tra pochi giorni risposta. Et perché Nostro Signore desidera di haver particular raguaglio dello stato di quelle anime délia diocesi di Geneva, et del frutto che si va facendo et delli aiuti che si possono dare, io desidero che V. S. sia contenta di darmene spesso avviso. Nel resto, tenga per certo che io le sono affettionatissimo et che nessuna cosa desidero più che di havere occasione di procurarle servitio et accrescimento ; et me le raccommando con tutto l'animo. Di V. S. molto Reverenda, Come fratello affettionatissimo, G. Ces ARE, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a 7 di Marzo 1596. Al Molto Revdo Sig'"% 11 Sig""*^ Francesco di Sales, Prevosto di Geneva.  III  ' Vide Epist. ixxii. *Vide p. 198.  Molto Reverendo Signore, * Monsignore di AvuUy** mi ha presentata a 25 di Agosto la lettera di V. S. di 23 di Luglio, et l'impedimento del contagio haverà ritardato il cammino. In conformità di quel che V. S. mi ha scritto, ho cognosciuto in questo cavalliero ottima dispositione di venire alla fede cattolica. Et cosi hieri, che furono li 26, l'essegui con incredibile mio contento, havendo abiurato avanti di me et del P. Inquisitore le sue hérésie ; et reconciliatose con la santa Chiesa Cattolica, volse  Lettres de M''" Jules-César Riccardi 431 anco che io lo communicassi di mia mano, et in ogni attione mostrô gran segno di pentimento. Et spero che Dio benedetto se ne vorrà servire per instrumente da convertir quel ducato di Ciables, si corne mi ha promesso di fare con tutto lo spirito. Io ho dato conto délia sua conversione a Nostro Signore ( 1 ) che se ne rallegra incredibilmente, et gli ho mandato anco la lettera che V. S. mi ha scritta, acciô cognosca quanto fruttuosamente Ella s' impiega in servitio di Dio benedetto. Mando qui alligata la commissione al signor Vicario di Geneva * ' vide p. 257, not. (i). che assolva et dispensi sopra quelle persone che hanno contratto ma- trimonii in gradi prohibiti, et si potrà regolare conforme alla stessa commissione. Mi è stato gratissimo di haver inteso che V. S. sta per venire a Torino *, et venendo non ha da pensare ad altro hospitio che a questo ' vide p. 203. not. (i). mio, poichè questa casa è sua. Et me le offero et raccommando con tutto l'animo. Di V. S. molto Reverenda, Affettionatissimo per servirla, G. Arcivescovo di Bari. Di Torino, a 27 di Agosto 1596. Al Molto R^io Sig'-e, Il Sig''^ Francesco di Sales, Prevosto di Geneva. Ad Annessy. ( I ) Cette lettre, adressée au Cardinal de Saota-Severiaa, a été insérée dans le tome VI des Mélanges d'archéologie et d'histoire, publiés par l'Ecole fran- çaise de Rome, 1886. (Voir p. xxiii de notre Avant-Propos.^  IV  Molto Reverendo Signore, * La lettera di V. S. di 14 di Novembre, scrittami da Sales, non mi 'VideEp.Lxxiu.txxxvi. è capitata prima chea'vi di Décembre, et perô non si maraviglierà délia tardità délia risposta. Vedo che Ella sta con pensiero délia tarda spedittione che si fa qui circa li curati di Ciables, et con gran causa, per il zelo che Dio benedetto le ha dato délia conversione di quelle anime. Perô non ha da perdere la speranza, per l'ottima intentione di Sua Altezza et per il carico che io ho di sollecitarla.  432 Appendice Vide p. 232. Il contrasto dei Cavallieri di San Lazaro* è causa di questa dila- tione, perché pretendono di cavar tanto poca somma di denari da quelli béni ecclesiastici ciie non possono concorrere a questa spesa dei curati. Finalmente, dopo moite repliche che io ho fatto con Sua Al- tezza et lettere venutegli dal signor Cardinale Aldobrandino, si sta in disponerli a concorrere al meno alla spesa di sei curati, et spero con la gratia di Dio che si concluderà. Et almeno V. S. sia certa che io non pretermetto un punto di diligentia, corne le potrà far fede monsignor et. p. 413. délia Bastia *, il quale anchor si adopra gagliardamente per la sua parte, acciô quanto prima ne segua l'effetto. Io mandai a V. S. le lettere di Sua Altezza perché le fossero pagati li trecento scudi d' oro, et ne sto aspettando risposta; et desidero in ogni modo che Ella si disporiga di tornare in Ciables, perché la sua presentia sarà occasione di risolvere tanto più presto questo benedetto negotio, il quale creda V. S. che mi è più a cuore che qualsivoglia altro che io habbia in questa nuntiatura. Et con questo fine, assicurandola che la tengo sempre scolpita nella memoria, me le offero et raccommando di cuore. Di V. S. molto Reverenda, Corne fratello affettionatissimo per servirla, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a x di Décembre 1596. AI Molto Revdo Sig'% Il Sig'''= Francesco di Sales, Prevosto di Geneva. Ad Annessy.  LXXIX, LXXXI, LXXXVI.  V Molto Reverendo Signore, Vide Epist. Lxxvii, * In pochi giorni ho ricevuto tre lettere di V. S. : una di 12 et l'altra di 14 di Décembre, et questa ultima di 2 1 ( ' ), consegnatami questa sera con l'alligata per Sua Altezza. Rispondo alla prima, che trattava delli legati pii lasciati da quel gentilhuomo Savoiardo nelli quali prétende ( I ) Il doit y avoir ici quelque confusion dans les souvenirs du Nonce. C'est dans sa lettre du 29 novembre (voir ci-devant, p. 212) que saint Fran- çois de Sales traite du legs fait par le gentiliomme savoisien, et les pièces de rinformation secrète entreprise par ordre du Nonce accompagnaient la lettre adressée à celui-ci le 12 (voir p. 222) et non pas le 14 décembre. A celte dernière date, nous ne connaissons aucune lettre du Saint.  Lettres de Ms' Jules-César Riccardi 435 la fabrica di San Pietro *, che io ho mandata la lettera di V. S. a Sua ' vide p. 113. Santità et supplicatala instantissimamente a volerli rilasciare aile chiese délia diocesi di Geneva et Tarantasia, conforme alla disposi- tione del testatore, et rimettere qualsivoglia ragione che si potesse pretendere la fabrica; et spero che restaremo consolati, et V. S. sarà avvisata délia risposta. Quanto alla seconda, che tratta delli curati di Ciables, V. S. sappia che in tutte le audientie che ho havute da Sua Altezza ne ho trattato vivamente, et insieme con li signori Cavallieri di San Lazaro ; et fmalmente, dopo moite dispute, ho ottenuto che per adesso si stabiliscano sei curati aile spese délia Religione, la quale si obligarà di darli 18 coppe di frumento, duoi carra di vino et ducento fiorini di moneta di Savoia per ciascuno, corne V. S. vederà dalla copia alligata di [una] polizza che mi ha scritta monsignor di Ruffia *. lo * vide p. 244. non intendo la moneta ne le misure di Savoia, ma monsignor di LuUin, che è stato présente alla trattatione, mi ha assicurato che un anno per l'altro sarà di cento scudi et forse davantaggio. Partira di qua fra duoi giorni il cavallier Bergera *, mandato dalla Religione, il * vide p. 231. quale haverà carico di assignar subito il trattenimento per li suddetti curati. Perô V. S., al ricever di questa, provveda di sacerdoti lette- rati et di buona vita, et li dia animo, chè piacendo a Dio s'aumen- teranno l'entrate et anco il numéro delli altri sacerdoti ; et Ella sa che tutti li principj sono deboli. In questa medesima polizza mi ricercano li suddetti Cavallieri un altro particolare circa li curati che prestano nome ai laici ; et non intendendo bene questo negotio, lo rimetto a V. S. et le do la mia authorità acciô che in tutto quel che honestamente si puô, si dia satis- fattione alla Religione. Non voglio dire a V. S. la fatica che ho trovata in concludere questo negotio, con tutta la pietà di Sua Altezza che in cose di reli- gione non puô essere più ardente ; ma le dico bene, che se l' havessi durata cento volte più la fatica, devo reputarmi inutile in servitio d' Iddio benedetto. Sarà necessario che dopo la deputatione di questi sei curati V. S. mi scriva più spesso et distintamente di tutto quello bene che se andarà facendo, perché Sua Santità ne riceverà consola- tione grandissima et s' andarà animando a farli délie gratie. Con la lettera di V. S. di 14, hebbi anco l' informatione presa in quel negotio che le commisi, et è venuta cosî bene corne se V. S. fusse stato giudice un gran tempo. L'abbadia dell' Abondantia* non é • Vide p. 266. anco data per certi degni rispetti, et Sua Santità ha qualche intentione di levarne quelli monaci et mettervi in suo loco li riformati di San Bernardo, et al novo Abbate credo che sarà data questa commissione. Lettres t 38  434  Appendice  Da questa ultima di V. S. di 21 ho intesa l'oppositione che le hanno fatto quelli di Tonone ; et perché ero stato il giorno avanti aile audientie di Sua Altezza gli ho mandato subito la lettera di V. S. eon la mia, et supplicatala a farne risentimento et dar a lei risposta, la quale procurarô che le se mandi quanto prima. V. S. attenda a faticare allegramente et a scrivermi spesso, et sia sicura che la tengo scolpita nel cuore. Et me le offero et raccommando quanto più posso. Di V. S. molto Reverenda, Corne fratello affettionatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a 4 di Gennaro 1597- Al Molto Reverendo Sig""^ Francesco de Sales, Prevosto di G;neva.  VI Molto Reverendo Signore, » Vide Ep.ix>:x,Lxxxi. * Sua Altezza ha sentito gran dispiacere dell' oppositione che quelli heretici di Tonon hanno fatta a V. S., et mi ha mandato [a] dire che per il segretario Marchande ne ha fatto subito la provisione Vide Append.c, Ep.i. necessaria, la quai V. S. riceverà prima di questa con la sua risposta*. lo sarô domani a [audienza] et soggiungerô quel di più che sarà ne- cessario; et V. S. stia di buon animo, che Dio benedetto concorrerà con la sua santa gratia, et Sua Altezza non mancarà délia sua solita pietà et zelo, et io sarô diligentissimo procuratore. Et perché duoi giorni sono io ho scritto a pieno a V. S., avvisandola del stabilimento che sarà preso per sei curati, mi rimetto a quella lettera, et me le offero et raccommando di cuore. Di V. S. molto Reverenda, Come fratello affettionatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Turino, a di 6 de Gennaro 1597. Al Molto Rev*"» Sig''^, Il Sig"^ Prevosto di Geneva. A Tonone.  Lettres de M''' Jules-César Riccardi 435  VII  Molto Reverendo Signore, * Resto admiratissimo di non havere havuto risposta a due o tre ' vide Epist. lxxxvu. lettere che io ho scritte a V. S. sopra la risolutione che si prese delli sei curati di Ciables, et non è possibile che qualcuna non vi sia capi- tata, et massime con l'arrivo del signor cavaUiero Bergera, mandate dalla Religione per questo et per altro effetto. Per assicurarmi del mal recapito, a 4 di Febraro, sotto coperta di Monsignor di San Paolo*, rispondendo ail' ultima di V. S. di 27 di Gennaro sopra la * ^'^^^ p- 336- conferentia di Geneva, le mandai il duplicato di tutte le lettere ante- cedenti ; et perché da Monsignor di San Paolo in capo di vinti giorni non ho ne anco havuta risposta, mi sono risoluto di mandarli il tri- plicato, accio in un negotio tanto grave sappia tutto quello che si è trattato et stabilito in quel spatio passato. Mandai a V, S. una copia délia lettera del signor Cardinale Aldo- brandino sopra quelli legati pii lasciati dal signor Gioanni Vignodi *, * vide p. 433. et hora ne le mando un' altra ricevuta questa settimana, dalla quale intenderà la risolutione del negotio. Io spero di haver assai presto risposta da Sua Santità di quel che commandarà che si faccia circa la conferentia di Geneva, et subito V. S. ne sarà avvisata, la quale torno a pregare che settimana per settimana mi tenga avvisato di tutto quello che se va opérande in Ciables, cosi circa la religione cattolica, corn.' introdur li sei curati. Et potrà mandar le lettere a Ciam- beri, dirette al signor Présidente Pobel, perché mi verranno presto et a buon recapito ; et la medesima farô io in scriverle, perche non mi assicuro che JVIonsignor di San Paolo stia a Ciamberi. Sua Santità preme tanto in domandar i progressi di Ciables, che V. S. farebbe torto a se medesimo a non tenerme avvisato giorno per giorno, se fusse possibile, come spero che farà per l'avvenire, posponendo tutte le altre occupationi a quest' una. Et me le offero et raccommando di cuore. Di V. S. molto Reverenda, Come fratello affettionatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a 25 di Febraro 1597. Non incaricaro più V. S. di quel che fo a scrivermi continuamente  4}6 Appendice li progressi délie sue fatiche, et se Ella sapesse quanto Sua Santità preme nella conversione di Ciables, son certo che mi haverebbe scritto più spesso. Al Molto Rev''" Sig'''^ Francesco de Sales, Prevosto di Geneva.  VIII  Vide Epist. xc. * Resto il più admirato huomo del mondo di non haver lettere di V. S. et non so a che attribuirne causa. Monsieur de AvuIIy, con una sua di 8 di Febraro, mi ha scritta la gran conversione che si fa in Ciables, et Monsignore non discende alli particolari, rimettendosi a V. S., ma dice solamente che vi sarebbono necessarii vinti duoi curati. Et non sapendosi li particolari di quel paese, non vedo che Nostro Signore possa fare altra risolutione, se bene io gli Vide p. 257, not (3). habbia mandata la medesima lettera di monsieur d'Avully *, che è brevissima. Io mando a V. S. una copia di lettera che ho ricevuta dal signor ■ Vide p. 237. Cardinal di Santa Severina * circa la conferentia da farsi in Geneva, dalla quale vederà tutte le considération! che sonno state fatte da Sua Santità et da tutti quelli 111"^' Signori del Santo Officio in questa materia, et tutte le particularità che desiderano di sapere prima che si faccia altra risolutione. Perô io desidero che Ella vada subito a • Vide p. 98. trovar IVlonsignor di Geneva et il Padre Fra Cherubino*, et unita- mente mi rispondano subito capo per capo et punto per punto, et tutto quello che Sua Santità desidera di sapere, con tutte le altre cir- costanze che essi giudicaranno degne délia notitia di Sua Beatitudine. Li Generali di Gesuiti et Cappuccini hanno ordine di Sua Santità di proveder di quanti Padri saranno necessarii per il ducato di Ciables et la diocesi Sedunense, secundo l'avviso che sarà dato da me. Ma perô V. S., insieme con Monsignor di Geneva et il Padre Fra Cheru- bino, pensaranno a quelli Cappuccini che costi si potranno havere et mandarmi li nomi et cognomi di loro ; et l'istesso faranno circa li Gesuiti, li quali si potrebbono facilmente havere dal coUegio di Fri- borgo et di Ciamberi per haver la lingua francese ; et se anco ne vorranno di qua, si potrà mandar il Rettore del collegio di Torino, Vide p. 304. che è un valante theologo * ; et mi potrà anco avvisar della spesa che si potrebbe andare per mantener quelli Padri, per poterne dar conto a Sua Santità et a Sua Altezza.  Lettres de M'"" Jules-César Riccardi 437 Torno a ricordare a V. S. che leggano insieme attentamente la lettera del signor Cardinal di Santa Severina et rispondano pontual- mente ; et in caso che fussero invitati di andar a predicare a Geneva, mi pare che [sarà bene che] si trattengano finché Sua Santità veda quest' altra loro replica. Se V. S. per qualche impedimento non po- tesse andare a trovar Monsignor di Geneva, li mandarà questa mia istessa lettera ; et mi rispondino subito. Et me le offero et raccommando con tutto l'animo. Di V. S. molto Reverenda, Corne fratello affettionatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a 12 di Marzo 1597- Al Molto R''° Sig''« Francesco de Sales, Prevosto di Geneva.  XCII.  IX  Molto Reverendo Signore, *In un medesimo tempo ho ricevuto due lettere di V. S., di 12 • vide Ep. lxxxvu, xc, et 25 di Marzo, in risposta di moite mie, le quali quanto più tempo sono state desiderate, tanto più mi sono state care. L' altra che Ella mi dice di havermi scritta per il cavallier Bergera non l'ho ricevuta, non essendo esso mai comparso a Torino, né preso pensiero di man- darmela. Accetto la scusa di V. S. di non havermi scritto per il pas- sato ; ma, per penitentia, le impongo che per l'advenire mi scriva più spesso, poichè le occupationi saranno minori dopo laQuaresima et le giornate più lunghe ; et tanto più, quanto che Ella potrà vedere dair alligata copia di lettera del signor Cardinal Aldobrandino, quanta consolatione senta Nostro Signore del progresso di Ciables et quanto habbia gradito 1' opéra et diligentia di monsieur d'AvulIy. Ho mandato a Sua Santità queste ultime due lettere di V. S., le quali si leggeranno nella Congregatione del Santo Officio insieme con altre di Monsignor Vescovo di Geneva et Padre Fra Cherubino in materia délia conferentia di Geneva, et di tutto si haverà presto risolutione. Et quanto alli curati, credo ccrto che Sua Santità con- stringerà li Cavallieri a lasciare li béni liberi aile suddette cure. Non rispondo capo per capo aile lettere di V. S. per non esser  438  Appendice  troppo lungo, ma sappia solo che a tutto quello ch' Ella propone io darô la mano con ogni cura possibile. Con che me le offero con tutto r animo. Di V. S. molto lUustrissima, Come fratello affettionatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a 4 di Aprile 1597. Al Molto Revdo Sig'"", Il Sig'"'= Francesco de Sales, Prevosto di Geneva.  X  Molto Reverendo Signore, ■videEp. xciv, xcvii. " Non mi sono capitate le lettere di V. S. di 23 di Aprile se non alli otto di Maggio, et venendo ogni giorno corrieri di Savoia mi maraviglio che tardino tanto per cammino. Mi è piaciuta infmitamente la lettera che V. S. ha scritta a Sua ' Vide Epist. xcm. Santità *, la quai con questo ordinario gli ho mandata con l'altra del ' Vide p. 237. Padre Spirito* et tutto il resto délie scritture alligate; et non dubito punto che Sua Santità darà ordini efficaci al Signor Legato che tratti col Re di Francia per la restitutione délia Messa nelli balliagi di Gex et Gaillard, et spero anco che si habbia da ottener secondo il desi- derio di quelle povere anime. Sentira anco gran gusto Sua Santità délia devotione delli novi cattolizati, et in particolare che sia stato capo del buon essempio monsieur de Avully, come si poteva sperare da un cavalliero suo pari. • Vide p. 292, nof. (2). Io ho scritto efficacemente a monsignor délia Novalesa* che faccia proveder délia sua prebenda il predicatore di Eviano, et non lasciarô r instantia fmchè realmente sia satisfatto. Se succédera pace o tregua presto, presto V. S. sentira (sic) la provisione necessaria per la riforma délie badie di Savoia, et in particolare di quella d' Aux et dell'Abondantia. Aspetto con desiderio che V. S. mi avvisi spesso delli progressi di Ciables, et creda certo che io non manco di ricordare perpetuamente a Sua Santità che si trovi qualche modo d'accrescere li predicatori  Lettres de M^"* Jules-César Riccardi 439 et li curati. Et con questo fine, assicurandola délia singolare affettione che iole porto, me le offero et raccommando con tutto l'animo. Di V. S. molto Reverenda, Corne fratello affettionatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a xii di Maggio 1597. Avanti ch' io habbia mandata a V. S. questa mia lettera, ho rice- vuta r alligata risposta di monsignor délia Novalesa, dalla quale ve- derà quel che mi risponde intorno al predicatore di Eviano. Et perche io non sono informato di questo fatto, V. S. mi potrà rescrivere tutto quel che passa et quel che sarà conveniente che si dia di ele- mosina al predicatore. Al Molto Revilo Sig'% 11 Sig™ Francesco de Sales, Prevosto di Geneva.  XI  Molto Reverendo Signore, *Ho mandato a Monsignor Vescovo di Geneva la copia di una * lettera di dieci di Maggio che ho ricevuto dal signor Cardinal di Santa Severina, acci6 intenda la risolutione che Sua Santita ha fatta di rimettere a noi altri di qua il negotio délia conferent.adi Geneva. Et perché la mia lettera a Monsignor Vescovo, con la suddetta copia del signor Cardinale di Santa Severina, haverà da esser partecipata a V S et alli Padri Cappuccini, io non mi estendero in altro se non in dire a V. S. che vorrei ogni giorno, se fusse possibile, avv.so di tutto quel che pensano di fare in questo negotio et di ^^f'^^l^^^^^. n animo, con fondamento. Et insieme aspetto avviso delli theo logi che se havessero bisogno per questa conferentia. perche 10 ho autho- rità da Nostro Signore di avvalermi di tutti li Rehgiosi , t qu in Torino ci sono dei valentissimi Gesuiti, cioe un francese et un ita- liano il quale è Rettore del coUegio, et quando s havesse a venire a conferentia et che V. S. giudicasse la venuta loro utile, 10 h man- darei subito subito. Ma non sono per movermi senza haver raguagl.o minutissimo da V. S. et dalli Padri Cappuccini, perche cosi ncerca la qualità del negotio. Il Padre Cherubino ha havuto licentia da Nostro Signore d. poter  Vide Epist. xcvii.  440  Appendice  scrivere liberamente a quelli di Geneva, et sarà bene che Sua Pater- nità mi avvisi délie proposte et risposte per poterne dar conto a Nostro Signore. Accusai a V. S. la ricevuta délie ultime sue lettere delli 2 1 di Aprile ( i ), et a Sua Santità furono mandate tutte et presto ne haveremo risposta. V. S., di gratia, si sforzi di scrivermi il più spesso che sia possibile, per mostrare a Sua Santità che non si perde tempo in un negotio di tanto momento. Et me le offero et raccommando di cuore. Di V. S. molto Reverenda, Corne fratello afifettionatissimo, G. Cksarr. Arcivescovo di Bari. Di Torino, a 25 di Maggio 1597. Al Molto Rev'l'J Sig^^ Il Sig'' Prevosto di Geneva. (i) La lettre du 21 avril, adressée au Pape par l'intermédiaire du Nonce, était accompagnée d'une autre lettre, datée du 23, écrite au Nonce lui-même. (Voir la lettre précédente.)  XII  Molto Reverendo Signore, Vide p. 255. Monsignor di Blonay * mi ha mandato le lettere di V. S. delli Vide Epist. xcii. II di Aprile*, le quali son capitate ben tardi, poiché non le ho havute se non ail' ultimo di Maggio. Questo gentilhuomo non ho anchor veduto, et venendo da me non mancaro di fargli ogni sorte di servitio per le sue qualità et per amor di V. S. che le desidera. Circa la conferentia di Geneva io ho scritto a V. S. sei giorni sono ■ Vide p. 296. a lungo, con un canonico di Geneva che si parti di qua*, et me ri- metto a quelle lettere che haveranno havuto buon recapito. Circa r abbadia d' Aux et d' Abondantia è già deputato il Visitatore da Nostro Signore, [e] per il decanato di Ciamberi ; ma non si puô mettere in cammino per aspettare 1' esito délia guerra. Quanto ail' accrescere li curati nel balliagio di Ciables, li Cavallieri dicono che non ci è tanta conversione che sia necessario maggior numéro ; et perô io vorrei da V. S. un poco più distinto raguaglio per disponer Nostro Signore a concederci quel che si prétende.  Lettres de M=' Jules-César Riccardi 44 i Et con questo fine, ricordandomele affettionatissimo, me le oflfero et raccommando di cuore. Di V. S. molto Reverenda, Come fratello affettionatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a 2 di Giugno 1597. Al Molto Rev''» Sig'-% Il Sig"" Francesco di Sales, Prevosto di Geneva.  XIII  Molto Reverendo Signore, * Hebbi il plico di V. S., con tutte le lettere et scritture alligate, di • videEpist.xcv,xcvi. 27 di Maggio, et di mia mano présentai quella che era scritta a Sua Altezza, la quai la lesse con molto suo gusto et mi usô parole verso di le! di tanta amorevolezza che non si puô desiderare maggiore. Quanto a monsieur de Avully, mi assicurô che in ogni modo voleva che li fusse conservato il solito suo loco in quel Consiglio et che fusse restituita la entrata a quel curato che s' era partito ; et il signor Ripa * mi ha fatto intendere che dell'uno et dell'altro si è mandato * ^'^e p. 301. l'ordine. Et circa questo, rimando a V. S. le lettere et l'attestatione, acciô in ogni tempo, come Ella mi scrive, possa monstrare di mo- versi a quest'officio per puro zelo et ricercata da altri. Quanto al grano et al vino promessi dalli Cavallieri alli quattro curati et non accettato da lei per esser cattivo, io ne ho fatto gran risentimento con questi signori del Consiglio, li quali mi hanno rispostoche non è colpa loro. Et il cavallier Bergera dice in sua giu- stificatione che obligé a V. S. gli affitavoli per la suddetta somma, et che perô, se non le danno roba buona, Ella li astringa avanti il giu- dice governatore, chè con poca fatica haverà quanto l' è stato promesso. Circa l'accrescere li curati, persistono li medesimi Cavallieri a volerme dare ad intendere che dalle cure loro non ne cavano ducento scudi, et che quasi tutte sono in mano di preti cattolici li quali non vogliono resedere ; et che perô tocca a Monsignor di Geneva, per la sua authorità ordinaria et per quella che io gli communico per ogni bisogno, di constringere li suddetti curati a resedere, et non volendo,  442  Appendice  proveder d'altri in suo loco; perché usando questo rimedio, li bal- liaggi verranno provisti di curati a sufficentia. * Vide Append. D, il. Mando a V. S, un Brève di Nostro Signore* in risposta délia lettera che Ella gli scrisse, et per sua consolatione non lasciarô di dirle che Sua Santità l' ama assai et dalla lettere mie vedo che 1' ha in ottimo concetto. • Vide Ep.xcvii.xc VIII. Ho poi ricevuto l'ultime lettere di V. S. di 31 di Maggio * in risposta délie mie di 25, et mi son rallegrato infmitamente d' inten- dere che Monsignore R"'" di Geneva stia meglio délia sua indisposi- tione, la quale io havevo intesa con infinito dispiacere. V, S. gli basci le mani da mia parte, et gli dica che procuri di conservarsi sano per beneficio délia sua Chiesa et contento de' suoi amici et servitori, fra quali io non cedo a nissuno. Quanto alla conferentia, poichè hanno ricevuta la copia délia lettera del signor Cardinale di Santa Severina et chiamato il Padre Fra Cherubino per concertar del modo, io non replicarô altro se non che starô aspettando d' intender quando doverô mandar li Padri Ge- suiti, senza li quali in nissuna maniera desidero che si faccia questa disputa. Et perche il Rettore di questo coUegio di Torino, che è un valante theologo, è italiano et non ha la lingua francese, desidero d'intendere da V. S. se sarà a proposito d'inviarlo, o pur sarà più utile che sia francese ; perché nel collegio di Milano ve n'é uno che * Vide p. 30^, not.(2;. legge la Scrittura et è un valenthuomo*, et io Io farô venire quando farà di bisogno. Aspetto r informatione circa il predicatore di Eviano, la quale sia chiara et distinta, per poter constringere l'Abbate délia Novalesa, il quale fugge quanto puô di non (sic) far la spesa, non ostante che sia moribondo. Quanto al pensiero che V. S. mi ha communicato di voler con- • Vide p. 297, not. (2). correre a quella parocchia che rende 200 scudi *, io non posso se non rimettermi a quello che Ella deliberarà col consiglio di amici, sapendo che a lei non manca né bontà, né spirito, né prudentia. Assicuro ben V. S. che la tenerà per poco tempo, perché Sua Altezza 1' ha destinata a cose maggiori, et se io me trovarô qui nella vacanza sarô diligentissimo procuratore. Intanto io ho supplicato Nostro Si- gnore per la dispensa di poter tener anco il canonicato, et presto se ne haverà risposta et pero anco, senza fallo, la gratia. Circa la licentia di leggere libri prohibiti per il signor Grandis et Roget*, io ne scrissi già al signor Cardinale di Santa Severina, ma poi, a confessar la verità, per moite occupationi non ho havuto me- moria di soUecitarla. Con quest' ordinario ne ho scritto di nuovo a Sua Signoria 111'"" et dimandatola anco per il Padre Fra Cherubino.  • Vide p. 299, not. (i), et p. 249, not. (2).  Lettres de M^"" Jules-César Riccardi 443 Sua Santità a me ha conceduta facultà di poter dare questa licentia a quelli Padri che interveneranno alla conferentia, et per tempo limi- tato et per quello effetto solo ; et perô mi è parso bene di scriver per tutti al signor Cardinale di Santa Severina. Et con questo fine, salutandolaetabbracciandoladicuore, le prego dal Signore Dio la sua santa gratia. Di V. S. molto Reverenda, Corne fratello affettlonatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. DiTorino, a 16 di Giugno 1597. Al Molto Rev''° Sig''S Il Sig''^ Francesco de Sales, Prevosto di Geneva. Annessi.  XIV  Molto Reverendo Signore, * Ho inteso con incredibile mio contento da quest' ultima di V. S. * vide Epist. cm. [del] XIV di Gennaro la sua convalescenza. et se Ella sapesse la pena ch' io ho sentita del suo maie crederebbe che è infinito l'amore che io le porto. Spero che Dio benedetto la conservarà lungo tempo, et l'aspetto per dopo Pasqua con gran desiderio. 11 portator che mi ha consegnata la lettera di V. S. non mi dà tempo se non hoggi a rispondere, di maniera che non ho havuto commodità di trattare con questi signori délia Religione per conto di pagare Io stipendio promesso alli curati ; ma Io farô quanto prima et procuraro di mandare a V. S. le provisioni necessarie. Mando a V. S. la facultà di assolvere li duoi Religiosi délia Madonna di Six*, ' vide p. 316. li quali hanno celebrato innanzi il tempo, et insieme di dispensare coloro sopra l' irregolarità contratta. Con che fo fine, et me le offero et raccommando di tutto il cuore. Di V. S. molto Reverenda, Come fratello affettionatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a 10 di Febraro 1598. Spero che non farà bisogno che V. S. arrivi a Roma, perché la Sua Santità ha risoluto di venire a Ferrara dopo Pasqua. Io ho  444 Appendice facultà di assolvere dalle censure et dispensar per 1' irregolarità di questi duoi Religiosi dummodo non insorduerint per atnium, perché in questo caso bisognarebbe andare o mandare a Roma. Al Molto Rev''» Sigre Francesco de Sales, Prevosto di Geneva.  XV Molto Reverendo Signore, Vide Epist. cvi. * Insieme con quest' ultima di V. S. di 17 di Marzo ho ricevuta la lettera di monsieur d'Avully et del Padre Fra Cherubino, le quali mi hanno data infmita consolatione. Intendo il frutto che si va facendo nella religione cattolica, et poichè giovarebbe che s'introducesse in Tonone l'oratione délie Quarant'hore, corne giovô ad Annemasse, io laudo assai il parère di V. S. et perô desidero che si esseguisca ; et intanto starô aspettando di intendere quelle frutto che ne spero. Quanto poi aile conclusioni che Ella giudica che sarebbono utili proponere alli ministri heretici, bisogna che in questo caso si cam- mini con gran prudentia et con altrettanta sicurezza, et sopra tutto che si venga alla disputa non di commissione o authorità di Sua Santità et délia Sede Apostolica, ma di Monsignor Vescovo di Ge- neva, come pastore ; avvertendo perô che vi sia almeno un theologo Gesuita, chè a questo fine scrivo le alligate al Padre Rettore di Ciamberi et di Friborgo, acciô da un collegio o l'altro si mandi un Padre a richiesta di V. S. et del P. Fra Cherubino : et con la sua assi- stentia si potrà venire alla suddetta disputa, rimettendomi in tutto, di farla o non farla, alla prudentia sua et del suddetto P. FraCherubino. Ho havuto anco consolatione che il medesimo Padre impugnasse con tanto valore li errori di quel thedesco ministro heretico, quanto Vide p. 325. Ella mi dice *, et mi sarà caro di havere più particolarmente ragua- glio di tutto quello che passô fra loro. Con che finisco, et a V. S. mi offero et raccommando con tutto l'animo. Di V. S. molto Illustre, Come fratello affettionatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a 25 Aprile 1598. La lettera di V. S. mi è giunta tardi, et perô V. S. non si maravigli  Lettres de Ms' Jules-César Riccardi 445 delta tardità délia risposta. lo la sto aspettando con infinito desi- derio, et verra a pigliar il possesso di una casa che è sua. Al Molto Revilo Sig™ Francesco de Sales, Prevosto di Geneva.  XVI  Molto Reverendo Signore, Pochi giorni sono fu qui il signor Présidente Fabro, il quale io conobbi con grandissime mio contento per haver trovato in lui tutte quelle parti di pietà et di dottrina che V. S. mi haveva testificato con le sue di 25 d'Aprile et di 18 di Maggio *. Mi fu bene di gran ♦ vide Epist. cix. dispiacere che non li fosse permesso d'intrare nella cita, per non haverlo potuto honorare nel mio hospitio conforme al suo merito et al mio desiderio. Trattammo a lungo insieme di tutti li particolari che V. S. mi ha scritti in queste ultime sue, le quali io mandai a Sua Santità, suppli- candola instantissimamente a darmi risolutione sopra tutti quelli capi che si contengono in esse. Et per facilitarle con la viva voce del signor Présidente, io l'accompagnai con lettere caldissime al signor Cardinal Aldobrandino, onde io spero ben presto haveremo risolu- tione sopra tutti li capi ; et almeno io dal canto mio ho fatto tutto quello che dovevo, et sono per fare sempre mentre che starô in questo carico. Ho anco dato ordine al mio agente che ad ogni modo, senza risparmio di spesa, veda di ricuperare le BoUe di V. S. da quel Fa- vretto*, et presto haverà nova se sono spedite. * Vide p. 328. Mi occorre di dare avviso a V. S. che Nostro Signore mi ha desti- nato per suo Nuntio ordinario alla corte dell' Imperatore, etcommesso che io mi metta quanto prima ail' ordine [pel] viaggio. Io ho repli- cato a Sua Santità, rendendoli humilissime gratie del concetto che si degna haver di me senza nissun mio merito ; ma, con la maggior modestia che ho potuto, le ho rappresentato la mia poca sanità et un lungo catarro che mi ha occupato tutto il lato dritto, et l' évidente pericolo che portarei di stroppiarmi in pochi giorni in quelli freddi di Germania, con disservitio di Sua Beatitudine ; oltre che quel carico ricerca tanta gran spesa che sarebbe impossibile di sopportarla. Per le quali ragioni spero che Sua Santità se degnerà di liberarmene, et che la sua infmita benignità non permetterà che io perda questa poca  446 Appendice sanità che mi resta et mi renda per sempre inabile al suo servitio. Di quel che ne seguirà darô parte a V. S., la quale in ogni luogo dove sarô la terrô impressa nell' animo. Et me le offero et raccommando di cuore. Di V. S. molto Reverenda, Corne fratello aflfettionatissimo, G. Cesare, Arcivescovo di Bari. Di Torino, a 5 di Luglio 1598. Prima di haver mandata questa, ho ricevuto l' ultima di V. S. di 13 Vide Epist. ex. di Giugno *, che tratta ex professa di far restituire la Messa in Geneva. lo l'ho mandata subito a Sua Santità, con una di Monsignor Vescovo sopra r istesso proposito, et son certo che Sua Santità abbracciarà vivamente l' impresa. Con lettere ricevute hora hora dal signor Cardinale Aldobrandino sono assicurato che Nostro Signore mi ha liberato dal carico dell' Im- peratore, havendo havuta consideratione alla mia poca sanità, la quale havrei fmita di perdere in quelli freddi et in quella sorte di vita ; et il signor Duca mi avvisa in questo punto che Sua Santità li haveva fatta gratia che io potessi continuare con questo carico, et cosi haverô tempo di goder et riverir V. S., come farô sempre. Al Molto R<'° Sigr^ Francesco de Sales, Prevosto di Geneva.  LETTRES DE CHARLES-EMMANUEL P" DUC DE SAVOIE  A Révérend, cher, bien amé et féal Messire François de Sales, Prévost de Sainct Pierre de Genève. Révérend, cher, bien amé et féal, * En responce de celle que avez escript, vous disons que treuvons *videEp.Lxxx,Lxxxiii. bon qu'ayez faict dresser un autel en l'esglise de Sainct Hipolite, comme aussy les aultres bonnes œuvres qu'a la louange de Dieu et extirpation des hérésies vous y allez exercitant ; et Nous desplaict des oppositions que l'on vous y a faictes, que neantmoings avez sur- monté ainsy que vous Nous escrivez. A quoy vous continuerez avec la dextérité et prudence que vous sçavez convenir, ayant escript au sieur de Lambert qu'il a très bien faict de secourir le ministre qui se veult catholiser *, ainsy que vous et luy Nous escripvez. ' vide p. 227. A tant prions Dieu que vous aye en sa garde. De Thurin, ce 7 janvier 1597. Le Duc de Savoye, Charles Emanuel. Ripa. Au Prévost de Sainct Pierre de Genève. Revu sur le texte inséré dans le P'' Procès de Canonisation.  448 Appendice  LETTRES PATENTES DE NOMINATION DE SAINT FRANÇOIS DE SALES A LA COADJUTORERIE DE L'ÉVÊCHÉ DE GENÈVE Charles Emanuel, par la grâce de Dieu Duc de Savoye, Chablais, Aouste et Genevois, Prince de Piedmont, etc. A tous ceux qui ces présentes verront sçavoir faisons qu'estant deuement informé du sainct zèle que très Révérend Père en Dieu, nostre très cher, bien amé, féal Conseiller et dévot Orateur Messire Claude de Granier, Evesque de Genève, a de faire colloquer en son Evesché, par coadjutorie ou autrement, homme cappable de telle charge, conforme a nostre intention, qu'a tousjours esté qu'es béné- fices dependantz de nostre nomination les personnes méritantes soient préférez aux aultres. A ceste cause, ayant remarqué la doctrine, vie exemplaire et autres rares qualitez qui reluisent en nostre très cher et bien aymé Orateur Messire François de Sales, Prévost de Sainct Pierre de Genève, heu d'allieurs esgard aux travaux que cy devant il a supportez et a présent supporte a la conversion des dévoyés de nostre religion riesre nostre Duché du Chablais, de quoy nous sçavons aussy Sa Saincteté estre bien informée, avons par ces présentes, en vertu des concessions et indultz que Nous avons du Sainct Siège Apostolique, icelluy nommé et présenté, nommons et présentons audict Evesché de Genève, suppliant Très Sainct Père le Pape et le Sacré Collège des Cardinaulx quilz veuillent a nostre no- mination prouvoir ledict Messire François de Sales dudict Evesché, soit par coadjutorie ou autrement, luy octroyant les despeches sur ce nécessaires. Et pour meilleure asseurance de nostre volonté, avons signé les présentes de nostre main et y faict apposer nostre seel accoustumé. ♦ Cf. p. 314, not. (2), Donné au camp de Barreaux *, ce 29* jour d'Aoust 1597. C. Emanuel. Visa pour Monsieur le Grand Chancelier : Rochettb. L. + S. ■ RONCAS. Revu sur le texte inséré dans le II* Procès de Canonisation.  Lettres de Charles-Emmanuel I" 449  III  (i) A Révérend, cher, bien amé et féal Conseiller et dévot Orateur, le Prévost de l'Esglise de Sainct Pierre de Genève, Le Duc de Savoye. Révérend, cher, bien amé et féal Orateur, Nous avons receu un singulier contentement de l'asseurance que me donnez par vostre lettre du unziesme du présent, de différer les Quarente Heures pour le vingtiesme du présent mois*, auquel jour ' cf. p. 360. je ne faudray de me treuver a poinct nommé, sans aulcune aultre sorte de dilation ; ayant esté très aise de l'expédient qu'a treuvé le sieur de Lambert pour arrester le Père Chérubin, qu'indubitablement seroit tumbé mallade s'il heust voullu suivre sa délibération d'aller a Saluces pour rendre son obéissance, que je m'asseure sera excu- sable auprès de son General, auquel j'en escris la cy enclose pour le prier de le nous laisser pour achever l'œuvre qu'a esté si bien encom- mencee par luy. Je vous prie de tenir main a ceste délibération, et je prieray le Créateur vous conserver en sa saincte et digne garde. DeAutecombe, le 14 septembre 1598. Charles Emanuel. Boursier. Au Prévost de Sainct Pierre de Genève, (i) Les cinq lettres qui suivent sont revues sur le texte inséré dans le I" Pro- cès de Canonisation ; la Lettre VI a été seule publiée par Datta.  IV  A Révérend, cher, bien amé et féal Orateur, le Prévost de Sainct Pierre de Genève. Révérend, cher, bien amé et féal Orateur, Sur l'advis que Nous avons heu du passage du Légat * par nostre ' vide p. 22,. Estât et par le pays de Valley, nous depeschames hier un courrier au Père Chérubin pour le prier de différer les Quarente Heures jusques Lettres I *'  450 Appendice • Vide infra, Ep. V, VI. au [28] du présent''', qui sera justement le jour de son arrivée a Thonon. De quoy je reçois un très grand contentement, attendu que nostre attente nous a appourté ce bon heur que d'y avoir un tant principal Prélat, lequel Nous attendrons audict lieu, ou Nous nous acheminerons a l'advantaige ; vous en ayant bien voullu donner [advis] a celle fin, que ce pendant vous vous disposiez a une bonne patience qui se terminera a ladicte venue, sans aultre dilation. A tant je prie Dieu qu'il vous aye en sa garde. De Villeneufve[-les-ChambéryJ, ce 17 septembre 1598. Le Duc de Savoye, Chakles Emanuel. Boursier. Au Prévost de Sales.  A Révérend Pei'e en Dieu, le Prévost de Sainct Pierre de Genève. Révérend, cher, bien amé et féal Orateur, Par mes antécédentes lettres, vous aurez sceu de la venue du Légat et le désir qu'avons qu'il se treuve aux Quarente Heures, qui les soUempnisera beaucoup plus; et seroit bien marry si pour un peu de temps luy et moy en perdions la commodité. 11 sera mardy pro- chain a Bourg, et de la, il sera dans six jours a Thonon ou Nous nous treuverons un peu advantaige pour l'y reçoipvre. Je vous prie qu'un peu de temps ne nous soit vendu si cher, comme il seroit si icelle (sic) se faisoit sans Nous, qui Nous causeroit un regret inévita- ble. Et si bien je crois que, mes lettres receues, vous aurez changé de délibération, si n'ay je pourtant voullu laisser de vous en donner advis, priant Dieu qu'il vous aye en sa garde. De Villeneufve, le 19 septembre 1598. Le duc de Savoye, Charles Emanuel* Au Prévost de Sainct Pierre.  Lettres de Charles-Emmanuel I" 451  VI  A Rcverend, cher, bien amé et féal dévot Orateur, le Prévost de Sainct Pierre de Genève. Révérend, cher, bien amé et féal Orateur, Peu appres la lettre que vous avons escript du jourd'huy est arri- vée la vostre du dix huictiesme, qui Nous appourte un très grand contentement et ensemble remplit de toutte consolation, voyant tant d'ames bien disposées pour se remettre au vray chemin. A quoy Nous sommes tout disposé pour les y assister de nostre présence et y appourter tout ce que Nous pourrons, soit en luminaires que pour fournir a la despense, ainsy qu'escripvons au sieur de Lambert de faire. Si aultre ne retarde le Légat, il s'y treuvera des mardy pro- chain en six jours, non compris le mardy, et Nous un peu auparavant, ne le désirant pas moingtz que vous. A tant prions Dieu qu'il vous aye en sa garde. De Villeneufve, ce 19 septembre 98. Le Duc de Savoy e,  Boursier.  Charles Emanuel. Au Prévost de Sales.  VII  A Révérend, cher, bien amé et féal, le Prévost de Sainct Pierre de Genève, Le Duc de Savoye. Révérend, cher, bien amé et féal. Nous ayant, appres vostre despart, le Révérend Monsieur Louys Perrucard faict apparoir de la nomination faicte en sa personne, des l'année 1 589, Ihors que nous estions a Gex, du prieuré de Sainct Jean soubz le vocable de Sainct Jean hors les murs de Genève, riesre le- dict pays, et supplié de ne luy prejudicier en son anterieurité par l'aultre nomination qu'en avons faict au Baron de Viry* : ce que ' vide p. 283  452 Appendice Nous semblant raysonnable, et estant d'ailleurs bien memoratif des causes que Nous meurent de le faire, Nous a semblé par ce de vous dire qu'ayez a vous desporter de la charge et sollicitation qu'en pourriez faire pour l'union dudict prieuré a la Collégiale de Viry, ains faire instance pour en obtenir les provisions nécessaires en faveur dudict Perrucard, docteur es droictz et esleu de Seseri, en es- Vide p. 315. cripvant en ceste conformité a monsieur l'Ambassadeur Arconat * et au Cardinal Aldobrandin. De quoy avons voullu vous donner advis, priant Dieu qu'il vous aye en sa garde. De Thonon, ce vingtiesme novembre 1598. Charles Emanuel. Boursier, Au Prévost de Sales.  I  BREFS DE SA SAINTETE CLÉMENT VIII  Dilecto filio Francisco de Sales, Prasposito Cathedralis Ecclesiœ Genevensis, Clemens Papa Octavus. Dilecte Fili, salutem et Apostolicam benedictionem. * Narravit Nobis vir religiosus Frater Spiritus, ex Ordine Capuci- norum, verbi Dei concionator, de tua pietate et zelo divini honoris, quod pergratum Nobis accidit. Idem autem qusdam nostro nomine exponit, quae ad Dei gloriam pertinent quœque Nobis cordi sunt maxime. Tu fidem illi cumulatam habebis, perinde ac Nobis ipsis ; eamque diligentiam adhibebis quam a tua prudfintia et erga Nos atque hanc Sanctam Sedem devotione expectamus ; tibique paterne benedicimus. Datum Romœ, apud Sanctum Marcum, sub annulo Piscatoris, die prima Octobris, anno millesimo quingentesimo nonagesimo sexto, Pontificatus nostri anno quinto. Sylvius Antonianus. Revu sur le texte inséré dans le P'" Procès de Canonisation.  Vide Epist. xcin.  Dilecto filio Francisco de Sales, Ecclesiae Genevensis Praeposito, Clemens Papa Octavus. Dilecte Fili, salutem et Apostolicam benedictionem. * Fidei Catholicae studium et zelum salutis animarum servo Dei et • vide Epist. xcm. in sortem Domini vocato plane dignum, in tuis litteris perspeximus ;  454  Appendice  et quid hactenus egeris in negotio illo de perdita ove ad Christi ovile reducenda, cognovimus. Tuam, Fili, diligentiam et sedulitatem in Domino commendamus, etquamvis ea res, cujus felicem exitum valde optavimus, non medio- crem, ut scribis, difficultatem habeat, quia tamen Dei opus est, cujus gloriam qu^erimus et cujus misericordia atque auxilio nitimur, te propterea magnopere hortamur ne eam curam deseras, neve cesses quod semel inchoasti, Dei adjutrice gratia, urgere. Speramus enim quod labor tuus non erit inanis in Domino. Quod ad populos illos attinet, quos Catliolicas religionis restitutio- Vide p. 270. nem avide expetere significas*, id quidem perjucundum Nobis accidit ut ea de re scribamus in eam sententiam quam res postulat et tu videp. 27i,not.(i). admones*. Tu interea quod potes prœsta, Deo juvante; et Nos tibi paterne benedicimus. Datum Romae, apud Sanctum Petrum, sub annulo Piscatoris, die vigesima nona Maii, anno millesimo quingentesimo nonagesimo septimo, Pontificatus nostri anno sexto. Sylvius Antonianus. Revu sur le texte inséré dans le P"" Procès de Canonisation.  1  TABLE DE CORRESPONDANCE DE CETTE NOUVELLE ÉDITION AVEC LES PRÉCÉDENTES ET INDICATION DE LA PROVENANCE DES MANUSCRITS  NOUVELLE ÉDITION PROVENANCE DES MSS. PREMIERE PUBLICATION (l) j GESEVE.Arch.de l'Etat Revue Sav., mzvs iS6-j l i,is AxxECY. Visitation Ij Idem jj j Turin. Visitation XV Idem V Annecy. Visitation VX Turin. Visitation VXX Besançon. M"^ Dorez VIXI Annecy. Visitation /minute incomplète Idem IX . , iTuRiN.Archiv.delEtat/ ^^^^^^ ^^ g __ jautre minute ^ (Copie) ) X Besançon. M-n-^ Dorez ^\ iTL-R.N. Archiv.de l'Etat j ^^^^^_ ^^ ^^^ XI I (Copie) ) ■^Ij Annecy. Visitation Ibid., p. 36  ÉDITIONS MODERNES  XIII XIV  Idem Ibid., p. 31. TuRiN.Archiv.delEtat| j^.^^p^,_ (Copie) )  XV Annecy. Visitation Ibid., p. 50 XVI Besançon. M'"^ Doroz XVII Naples. Visitation (i^"" Monastère) Datta, I, p. 74.  XVIII Annecy. Visitation. XIX Idem Ibid., p. 71. XX  Idem Ibid., p. 54.  Inédite Inédite . Inédite Inédite Inédite Inédite Inédite Inédite Vives , VII, p. 12 Mign e, VI, col. 416 Inédite t Viv. vu, p. 20 ! Mi^. VI, col. 421 ■^ Viv. VII, p. 47 \ Mig. VI, col. 436 ^ Viv. VII, p. 43 \ ^ig VI, col 433 ( Viv VII, p. 54 \ ^ig- VI, col 444 t Viv VII, p. 58 iMig VI, col Inédite Inédite 445 t Viv VII, p. 76 XMig VI, col 464 ( Viv VII, p. 74 [Mig VI, col. 461 ^ Viv. vu, p. ( 32 ( Mig. VI, col. 449  ( I ) C'est sous toutes réserves que nous indiquons les publications dans lesquelles les lettres ont paru pour la première fois. (2) Voir r Avant-Propos de ce volume, p. xvi.  456  NOUVELLE ÉDITION PROVENANCE DES MSS. XXI AsxECY. Visit. (Copie) XXII Idem  XXIII  XXIV Annecy. Visitation . XXV Idem XXVI Idem  XXVII Idem.  XXVIII Idem XXIX TcRiN'. Visitation. XXX Idem ( pp. 84-86 (II. ) . „. ., ,. ,,,,„ \ « 5 Annecy. Visitatioi XXXI < i-ii) \ ( suite Turin. Visitation.  XXXII Annecy. Visitation . . .  XXXIII Idem.  XXXIV (fragment) . . . Annecy. Dom Mackey, O. S. B f Annecy. Visitation(An- XXXV I cien Ms. de l'Année \ Sainte XXXVI I" Procès de Canonis. XXXVII XXXVIII ( Annecy. Visitation (An- XXXIX ;fragment). . . ] cien Ms. de l'Année { Sainte) XL Chambéry. Chanoine CoUonges variante (a). . . Idem XLI '  texte Idem.  XLII PoLiGNY. Abbé P.Waille XLIII I^"" Procès de Canonis. XLIV Idem XLV Idem  XLVI  r l Annecy. Visitation An- ' cien Ms. de l'Année Sainte)  (i) Voir notre Avant-Propos, note ( i ), p.  PREStlERE PUBLICATION ÉDITIONS MODERNES Inédite Datta, I, p. 42 ] ^ / ( Mig. VI, col. 441 [ Viv. VII, p. 65 (tra- Vie du Saint par Char- \ duction) les-Auguste, liv. II j A/^^.v,col.îI^(t^a- ( duction) Datta, I, p. 37 ] ^. , l Mig. VI, col. 452 , l Viv. vu, p. 69 Ibid., p. 59 ' ' " ( Mig. VI, col. 453 Ibid., p. 61 ] ,.. ^ .' ( Mig. VI, col. 453 .... i Viv. VII, p. 18 Ibid., p. 15 ' '^ ( Mig. VI, col. 421 Inédite Inédite Inédite ^ . l Viv. VIII, p. 19 Datta, I, p. 65 K, . ' ^. ^ ( Mtg. VI, col. 457 Inédite Datt.i, I, p. 97 ,,. ' ^ . ^ l Mig. VI, col. 479 Vie du Saint par Char- J Viv. viii, p. 10 les-Auguste, liv. II ( Mig. v, col. 313 Inédit Vie du Saint par Char- ^ Viv. viii, p. 3 les-Auguste, liv. II { Mig. v, col. 307 Inédite Mig. VI, col. 1067 Ibid., col. 1066 Année Sainte de la Visi- /a/to«,t.XII,i^''déc. Mig. VI, col. 1065 Ibid. \ Viv. VII, p. 5 D^i'^,h P- 41 \ Mig. vi, col. A39 Inédite Inédite Inédite Inédite ( ,^-. ,, . ,. f ^«f- vin, p. 28 (cf. l £)j//j,i,p.99 Cf. l'édi-l .,., '^, ^ \ > ' r / /\ \ ibid., p. 2) tïoa Hérissant (ï),i. < ,y • 10 j Mtg. VI, col. 481 ^' P- '7) ( (cf. V, col. 306) XVi  457  NOUVELLE EDITION PROVENANCE DES MSS. PREMIERE PUBLICATION EDITIONS MODERNES XLVII XLVIII Tltiin. Visitation . .  Vie du Saint par Char- v Viv. vin, p. 91 les-Auguste, liv. II [ Mig. v, col. 334 Œuvres 1641, t. II (i), t Viv. viii, p. as Ep. IX ( Mig. V, col. 317  XLIX  l Turin. Archiv.de l'Etat ) { Viv. viii, p. 82 minute j ,/^ ■ \ i Datta, i, p. iso i i^ • 1 / (Copie) \ ' ' ^ ' { Mtg. VI, col. 334 ÎEnghien iBelffiaue). i RR. PP. Jésuites ... 5 t j \ 1  \ RR. PP. Jésuites . , L Idem Ibid.  Viv. vu, p. 77 Mig. VI, col. 46g  LI Ankecy. Visitation . , . Datta, 1, p. 83 / La Philothée de S. Fr. LU Genève. Abbé Chavaz ] de S., par J. Vuy, II ( (1879), p. 273 LUI VoiROK. Visitation Inédite ( texte définitif P'" Procès de Canonis Inédit LIV \ . ,r. ■ . ^ , ^ ^"'- VI". P- 72 / minute Annecy. Visitation . . . Datta, i, p. 106 ] ,,. , <, [ > ' jr- ^ ^iig- VI, col. 405 ( Turin. Archiv.de l'Etat ) t Viv. vi, p. 173 LV ,n ■^ Ibid., p. 270 ,.. ' f '^ ( (Copie) ) ' ^ ' i Mig. VI, col. 597 LVI CoHEMDiER{H'<^-Savoie) Baron Lud. de Viry Inédite i^"" et 3"= alinéas; 1 r ■ i-, ■^ „ i Inédits dernier, 11. 1-3 ) Lvil l ^'^'^ Procès de Canonis. 2*alinéaetsuite ^ I Fî> du Saint par Char- l F/r. viii, p. 5 du dernier ... \ / les-Auguste, liv. II r Mig. v, col. 308 LVIII CoHENDiER(H'^-Savoie) Baron Lud. de Viry Inédite _ _ _ î Vie du Saint par Char- v Viv. viii, p. 62 LIX I*"" Procès de Canonis. \ , . ^ ,. tt ) j/f • ^1 ,-- ( les-Auguste, liv. II ( Mig. v, col. 325 LX Idem Inédite LXI Idem Inédite LXII Idem Inédite i\ Viv. viii, p. 45 texte définitif Turin. Archiv.de 1 Etat Ddtta, i, p. 124 ) ir- 1 ' ' t- 1 ( Mtg. VI, col. 499 ( F/tf du Saint par Char- ] autre leçon.. Rennes. Visitation. ... 5 , . * i- tt / rr- ^ ( les-Auguste, liv. 11 r Viv. viii, p. loi ( Œmcz-^s 1641 , tome II, ( Mig. v, col. 341 minute Annecy. Visitation ■ • • j pj, jre ) LXIV I" Procès de Canonis Inédite LX V Idem Inédite l Viv. VIII, p. 136 { Hérissant, t. I, p. 83 ) (traduction) LXVI I- Procès de Canonis. j (^^^duction) )Mig.^, col. 349 [ (traduction) ( I ) Voir notre Avant-Propos, p. xiv. (2) Quelques Manuscrits autographes de Saint François de Sales, par le R, P. E. Griselle, S. J. (Lille 1899). (3) Voir notre Avant-Propos, note (i), p. xxv.  458  NOUVELLE EDITION PROVENANCE DES MSS, LXVII Turin. Archiv.de l'Etat  LXVIII  [ Rome. Archives Vatica- \ ( nés {Savoia, ^^) / LXIX I'^'" Procès de Canonis. (texte définitif Rome. Archives Vatica- LXX..] nés (5ap., 33) (minute P"" Procès de Canonis. LXXI Annecy. Visitation , . . LXXII Rennes. Visitation .... \ Roue. Archives Vatica- / nés [Sav., 34)  LXXI II  LXXIV Annecy. Visitation . . . LXXV Turin. Archiv. de l'Etat (Copie) LXXVI ï" Procès de Canonis. S texte définitif Rome. Archives Vatica- nes (Sav., ^3] minute P'' Procès de Canonis. LXXVIII Amiens. Visitation / C Rome. Archives Vatica- LXXIXp'^*^^^^^"^! nés (S..., 34) (minute I'"' Procès de Canonis. Itexte définitif Turin. Archiv.de l'Etat jiQute Procès de Canonis.. . .  LXXX  LXXXI  ; Rome. Archives Vatica- ( nés {S.tv., 33) LXXXII I, fragment) . . P'' Procès de Canonis. LXXXIII Idem LXXXI V Idem LXXXV Idem  LXXXVI Annecy. Visitation . . . LXXXVII Besançon. M"'« Doroz f texte défi- ) _ . . • j uc^ .. \ . ., > Turin. Archiv.de l'Etat LXXXVIII j nitif . . . ) (rpinute... Besançon. M™"^ Doroz LXXXIX Nardo (Italie), Po;u7/?. Cathédrale XC..." Idem XCI Procès de Canonis. . . .  PREMIERE PUBLICATION EDITIONS .MODERNES i Viv. VIII, p. 58 Oatta,i,^. 136 ) 3f,;^. VI, col. 507 Pératé, La mission de F. de S. dans le Cha- blais (i) Inédite Pératé Inédite ( Viv. VIII, p. 78 Datta, I, p. 148 j 3^,-^_ ^,^ ^^^ .^^ Inédite Pératé \ ^^^' ^'' '^°^' *'°" \ (traduction) î Viv. VIII, p. 170 Datta, I, p. 20g \ -K/r- 1 ' ' ^ ' I ^^g- ■''ij col. 557 Inédite Inédite Pératé Inédite Inédite Pératé i^'f; 7' "^- 9°^ ( (traduction) Inédite Datta, I, p. 169. (Cf. ) K/.duSaintparCh.- ^'''- vui, p. 117 Aug., liv. III) J A%. V, col. 346 Inédite Pératé. (Cf. Datta, i, y Cf. Fir. viir, p. 119 p. 167) ( Cf.Af/]§'.vi,col.529 Inédit Inédite Inédite Inédite C Viv. VIII, p. 140 Datta, I, p. 105 i \A- 1 ' ' ^ ' ( Mtg. VI, col. 541 Inédite ( Viv. VIII, p. 151 Datta, I, p. 197 \ \ji- 1 ' ' ^ '^' ( Mtg. VI, col. 550 Inédite Inédite Inédite Inédite  ( I ) Documents inédits tirés des Archives du Vaticin. Extrait du tome VI des Mélanges d'archéologie et d'histoire publiés par l'Ecole française de Rome, 1886. (Voir l'Avant-Propos du présent volume, p. xx.)  459  NOUVELLE EDITION  PROVENANCE DES MSS.  PREMIERE PUBLICATION EDITIONS MODERNES  i texte définitif Rome. Archives Vatica- nes (5^-^!., 34) Pératé minute I'^'' Procès de Canonis /texte définitif Rome. Archives Vatica- ^ nés [Sav., 29) Pératé  Inédite  XCIII  nnin  T T> , „ i VzV du Saint par Char- ( F/f . viii, p. 15? ute I" Procès de Canonis. , . / ,. .tt ) ;w 1 ( les-Auguste, liv. III l. Mig. v, col. 333  ' ^ .,c .,.„ \ Rome. Archives Vatica- Uexte définitif, ,„ XCIV j f nés (5«î)., 34) (minute P''Procès de Canonis. rtexte définitif Turin. Bibliot. Civica. xcv..] . -,^„ . ^ ^ /minute 1'-'^ rroces de Canonis.  , C Ibid., VI, col. 905 ( (traduction)  Dafta, II, p. 225.  ^texte définitif Rome. Archives Vatica- XCVI j nés (Sav., ^4) Pératé (minute P' Procès de Canonis f texte définitif, pp. 291-297 (11-1-5) jpp. 297-299(11. 1-5) [p. 299, 11. 6-14 [fin , minute P' Procès de Canonis.  XCVII<  Rome. Archives Vatica- nes [Sav., 34) \ Pératé  XCVIII Annecy. Visitation  Datt.  r, I, p. 212  XCIX. c CI ...  Idem Ibid., p. 256. . . Idem Idem Datta, i, p. 204  Inédite Inédit Viv. IX, p. 503 Mig. VI, col. 761 Ibid., col. 9o6(trad.) Inédite Mig. VI, col. 909 (traduction)  Ibid., col. 911 Inédite Viv. VIII, p. 172 Mig. VI, col. 560 Viv. VII, p. 92 Mig. VI, col. 591 Inédite Viv. vni, p. 166 Mig. VI, col. 536  CII TuRiN.Archiv.de l'Etat (Copie) cm I"^'" Procès de Canonis.  CIV CV . CVI  Annecy. Visitation. .. . Datta, \, p. 258.  Inédite Inédite Viv. IX, p. 300 Mig. VI, col. 577 ( 5/i2w, Lettres inédites \ Viv. vm, p. 183 } de 1833, p. 7 ( Mig. VI, col. 855 i) Viv. viii, p. 176 Turin. Visitation Datta, i, p. 217 ( ^^.^^ ^^^ ^^^_ ^^^ Inédite  CVII I*-'"" Procès de Canonis , i i*-''' alinéa. ■ ■ ■ ( \ 1 Rome. Archives Vatica- / p,';-^/^.' ) nés {Sav., 35) (  CVIII  CIX... ex...  fsuite Itexte définitif Idem.  (minute Annecy. Visitation . . . [ Rome. Archives Vatica- ( nés (Sav., 35) CXI Milan. Visitation  ^ Mig. VI, col. 911 l (traduction) Pératé Ibid., col. 9i3(trad.) Inédite Mig. VI, col. 915 (traduction) Inédite  Pératé  460 NOUVELLE ÉDITION PROVENANCE DES MSS. PREMIERE PUBLICATION EDITIONS MODERNES CXII Turin. Visitation Notes histor. sur S. Fr. de S., Bouchage, 1880 CXIII Fribourg. D'' Schaller Notice sur Séb. Werro, (Fribourg, 1841). . . . Mig. vi, col. 916 CXIV Turin. Visitation Datta, \, p. 221 iw-' ' ^,' ^o ' ' ^ ( Mtg. VI, col. 568 CXV Fribourg. Musée Can- tonal Notice sur Séb. Werro Ibid.,col.9i7(trad.) CXVI Gènes. Sanctuaire de la Madonnetta Inédite CXVII Genève. Bibliothèque publique Mig. vi, col. 1343 ex VIII Rome. Archives Vatica- nes [Sav., 35) Pératê r\'T\r A ir- •* *■ i Fi> du Saint par Char- t F/c. ix, p. 280 CXIX Annecy. Visitation ] , . ^ ,. t-,, W f les-Auguste, liv. IV ( Mtg. v, col. 360 CXX Idem Ibid i ,^'''- '''' P/9' Mig. V, col. 361  APPENDICE  [ Annecy. Archives de la 1 ^ ( Viv vu p 6 1 i c • '4- tri . i Datta, I, p. I i w , ( Société Flonmontane \ ' ' ^ ( Mig. vi, col. 409 Ij \ FzV du Saint par Char- ^ Viv. \iï, -p. 24 ( les-Auguste, liv. II ( Mig. v, col. 296 TTT . Tr- ■■ . r^ \ Viv. VII, p. 34 111 Annecy. Visitation . , . Datta, i, p. 21 , , . , { Mig. VI, col. 425 TTr T, .... { F/p. VII, p. 38 IV Idem Ibid., p. 25 , . . "^.-^ „ ' ^ -^ ( Mig. VI, col. 428 V Idem Ibid.,col.897(trad.) T , r^ i ^^^- VII, p. 60 VI Idem Datta, i, v. 1)2 j ,^. 10 ' ' ^ -^ / ^f^- VI, col. 448 VII Idem Inédite [ i'^'' alinéa . . . . ^ Inédit \ , , 1 , ^ . ^ FzV du Saint par Char- ^ F/v. viii, p. 27 VIII .. \a<' alinéa > P'' Procès de Canonis. i , . ^ ,. tt) i^- 1 I r ( les-Auguste, liv. II ' Mig. v, col. 321 (.suite ; Inédite ( T ^ i ^^'^'- viii| P- 24 TV Trr r> • j /^ • > F/V du Sai ut par Cha T- \ ,^ . , , . IX P"^ Procès de Canonis. 1 * < AZ;^.v,col.3ao(voir V les-Auffuste. liv. II / . . , o .  les-Auguste, liv. II / * , \ o > ° \ note (i), p. 305) ! alinéas 1-4. . . > Inédits ( \ Vie du Saint parChar- { Viv. viii, p. 7 alinéas 5-7. ..) pi" Procès de Canonis. > 1 . x i- tt) »-/• i i ( les-Auguste, liv. II '. Mtg. v, col. 309 fin ) Inédite I Viv. VIII, p. 15 XI Procès de Canonis... . Datta, i, p. 67 | ^.^ ^^^ ^^^ ^^  461 NOUVELLE ÉDITION PROVENANCE DES MSS. PREMIERE PUBLICATION ÉDITIONS MODERNES = ''et2'=alinéas F/V du Saint par Char- les-Auguste, liv. II XII . . .1 ( Viv. viii, p. 40 ^texte complet Procès de Canonis.... Datfa, i, p. 118 ] Af/V. v, col. 328,et '' VI, col. 496 ('"■ets^alinéas^ Inédits VTTT 'or- ( Tcrn > j /" • ^ FiV du Saint par Char- [ F/u. viii, p. 5: XIII . .3" alinéa > I" Procès de Canonis. J , , , ,. tt 1 w ' *- ^ j ( ! les-Auguste, liv. II ( Mig. v, col. 324 (suite ) Inédite XIV Procès de Canonis.. . . Datta, i, p. 76 i ,* • ' . f Mtg. VI, col. 464 XV Annecy. Visitation.... Ibid., p. 86 \ X'.'"' ^"' P" ^° ( Mig. VI, col. 472 XVI P'' Procès de Canonis Inédite XVII Idem Z).//., I, p. 88 S Viv.vi^,^.Zz  XVIII Idem Ibid., p. 140 ! JT" "'''"' ''i' ^^ f M.ig. VI, col. 512  ( Mig. VI, col. 473 i^'^et 6"^ alinéas Fi> du Saint par Char- les-Auguste, liv. II Mig. V, col. 324 texte complet Procès de Canonis.... Uatta, i, p. 100 \ -y. ■ , ' ^ ( -Mî^. VI, col. 481 •^r^r TptT^ • J /- • T1.-J ^ ^'^- "^'"I; P' ^7 XX 1 Procès de Canonis. Ibid., p. is? i w , ( Mig. VI, col. 520 XXI Annecy. Visitation. . . . Ibid.. p. 113 ,.!"' '^'"' ^' ^^ ( ■'^'^- vi, col. 491 XXII P'' Procès de Canonis Inédite XXIII Idem Inédite XXIV Annecy. Visitation. . . . Dalta, i, p. 152 \ Z'^' '^"'' \ ^^ ^ ( Mig. VI, col. 505 XXV Idem Ibid., p. 137 1 J-"'^"''^; '\ ' '^ -" [ Mtg. VI, col. 508 XXVI I'"' Procès de Canonis Inédite XXVII Rennes. Visitation Inédite XXVIII I" Procès de Canonis Inédite -r. . . ^ \ V'iv. VIII, p. 121 XXIX .. Annecy. Visitation. .. . Datta, i, p. 171 1 ,,. . ■'^■^'^-^ > t t I t Mtg. VI, col. 331 XXX I'^'^ Procès de Canonis Inédite Viv. VIII, p. 12S 4ig. VI, col. 537 \ Viv. vni, p. 131  XXXI Idem Datta, i, p. 179 I Mig. vi, col. ^y^  XXXII Idem Ibid., p. 181 , ,.. . ^■^■^^'^ iucm , t- ^ 24ig. VI, col. 539 XXXIII Idem Inédite ..... T^ S ^''"'- '^'"'> P- 160 XXXIV Annecy. Visitation. . . . Datta, i, p. 202 | ^.^^ ^^^ ^^j_ ^^^ B I-III I'^' Procès de Canonis Inédites ^ Viv. viii, p. 115  tV Idem Datta, 1, p. H  i Mig. VI, col. 528  4^2  NOUVELLE EDITION  PROVENANCE DES MSS.  PREMIERE PUBLICATION EDITIONS MODERNES  V 1^"^ Procès de Canonis. Datta, i, p. 174 1 , - . , ' ' > t- /1 I Mtg. VI, col. 533 VI-IX . . Idem Inédiies ^ Vi'v. vin, p. 157 } Mig. VI, col. 552 Inédites  X Idem Datta, i, p. 199 , XI-XVI Idem  T Ter T> ■ 4 ^ • \ F«^ du Saint par Char- k Fir. viii, p. 12c I I^"^ Procès de Canonis. , . ,. ^^x w , k ' les- Auguste, liv. III ' Mtg. \, col. 348 TTj D ■ 4 /- • n ^^ ^ ^'^- '^°'' p- ^98 11"- Procès de Canonis. Datta, i, p. 227 1 i^- ' ^ ' { Mtg. VI, col. 571 III-V I'"' Procès de Canonis  II  VI Idem Datta, ï, p. 22S VII Idem  ^ T7c. VIII, p. 199 I Mig. vr, col. 57a  D  T T,^r r> • j /- ■ i F^V du Saint par Char- ^ 17c. vin, p. 104 1 P"^ Procès de Canonis. 1 , , ^ ,• tt y w f ( les-Auguste. Iiv. II f M/g. v, col. 345  II.  Idem Ibid.. liv. III  \ Viv. vni, p. 162 ( Mig. V, col, 357  INDEX DES PRINCIPALES NOTES HISTORIQUES ET BIOGRAPHIQUES CONTENUES DANS CE VOLUME ' i )  Abondance (abbaye d') Pages • 266 Abonde de Côme, Provincial des Capucins » 286 AiAZZA Vespasien » 223 AiNAY (abbaye d') » 248 Alleman (nobles du Nant, seigneurs d') » 343 Angeville Claude d' » 152 Arconato François » 315 AuLPs (abbaye d') » 266 AvuLLY Antoine de Saint-Michel (seigneur d').. . » 198 Bally Jacques, curé du Petit-Bornand » 328 Bally Nicolas, son frère » 328 Beauchateau Etienne » 324 Beaumont Jacques de Menthon (baron de) » 57 Bercera Thomas » 23 1 BÈZE Théodore de » 268 BocHUT François » 230 Boisy François de Sales (seigneur de) » 117 BusÉE Pierre, Jésuite » 143 Canisius Pierre (Bienheureux), Jésuite » 140 Chapelle Jean-Baptiste de Valence (seigneur de la). Voir Valence » 6, 49 I } Les personnages qui figurent dans cet Index sont désignés de la même manière que dans le texte des Lettres. Saint François de Sales emploie le nom sous lequel ils sont le plus connus ; c"est tantôt le nom patronymique, tantôt celui de quelque seigneurie. D'autres fois, il ne les désigne que par leur charge; nous donnons alors cette indication à la suite du nom. Si, au cours de la publication, nous pouvons découvrir des renseignements supplémentaires d"un haut intérêt sur les personnages auxquels des notes auront été consacrées, ces renseignements seront réunis à la fin du dernier volume de la Correspondance.  464 Lettres de saint François de Sales Chappaz Jean Pages 42 Charles-Emmanuel I^'', duc de Savoie > 168 Charmoisy Charles Vidomne de Chaumont (sei- gneur de) » 57 Chavanes Claude de » 52 Chavent Théodule » 182 Chérubin de Maurienne (Alexandre Fournier), Capucin » 52, 98 Chesnex ou Chesney Etienne , juge-mage du Faucigny » 44 Chevalier Bernard, curé de Cervens » 255 Chevallier Claude-Gaspard » 344 Chevron Hector, baron de » 45 Chissé François de » 71 Chosal ou du Chosal Jean-François » 83 Clarisses d'Evian » 293 Clément VllI (Hippolyte Aldobrandino) » 268 Clerc ou Clerici Nicolas » 345 Coccapane Jules, Jésuite » 262 Compois-Féterne Etienne de » 127 CoppiERjean » 4 Coquin Jean » 157 Coursinge ou Cursinge Annibal de Genève (sei- gneur de) » 211 Crest Pierre du » 159 DÉAGE Jean » 3 Delbene ou Del Bene Alphonse, E\êque d'Albi. . » 100 Esprit de Heaume, Capucin » 237 Faverge Janus de la » 354 Faverge Pernette de Chevron-Villette (dame de la) * 354 Favre Antoine » 18 Favre Benoite, sa femme » 70 Favre René, Claude, Antoine, Pierre, Philibert, Jean-Claude, fils du Sénateur » 79 Faye Antoine de la » 324 FiLLY (prieuré de) » 252 Fléchère François de la » 3 Floccard Barthélémy » 296  Index des notes 465 FossiAS ou FoissiA Jean (de), Provincial des Do- minicains Pages 245 FouGou Faug Jeanne Barbier du Maney (dame du) » 114, 344 Genand (P. François de Chambéry), Capucin.. » 179 GiLLi ou GiLio Lucien » 3^9 Girard François » 84 GiUSTiNiANi Ange, Evêque de Genève » 297 Grandis Claude » 299 Granier Claude (de), Evèque de Genève » 94 Guichard Claude » 9^ Hautecombe (abbaye d') » 7^ Hermance François -Melchior de Saint-Jeoire (baron d') » ï Hume ou Hum>€US Alexandre, Jésuite » 304 Jacob Guillaume-François deChabod (seigneur de) » 209 Lescheraine Antoine (de), juge-mage de Gex. . . » 283 Lignarius ou Lignaridus (Diirrbol^) Herman . . » 325 Locatel Jacques de » 81 LoRiNi ou Lorigny Jean (de), Jésuite » 105 Lullin Gaspard de Genève (marquis de) » 285 Maniguer Balthazar, curé d'Annemasse » 309 Marchesi Antoine, Jésuite, Recteur du collège de Turin » 3^4 Marin Claude » 3^2 Martinengo François » 176 Médicis Ferdinand I" (de), duc de Florence » 6 Mendoça Don Juan Hurtado de » 347 MÉNENC Jean » 15 MÉNOCHius (Menocchio) Jacques » ^ his MÉRiNDOL Antoine » 1 ï MiLUET Philibert, Abbé d'Aulps » 292 MoNOD Georges » 60 MoNTHOux Gallois de » 1 > 1 MoNTROTTiER Charles de Menthon (baron de). . . » 44 MuGNiER Pierre, curé de Saint-Julien » 280 Nemours Charles-Emmanuel de Savoie (duc de Genevois et de) » 3^ Lettres I 3°  3M 227  466 Lettres de saint François de Sales Nemours Henri de Savoie (duc de). Voir Saint- SoRLiN Pages 47 NovERY Amblard-Philibert Vidomne de Chau- mont (seigneur de) » 71 Papard François, Dominicain » 292 Passier Antoine de » 4^ Pellevé Nicolas (de), Cardinal- Archevêque de Sens » 6 Perrot Cliarles » Petit Pierre » PiNGON Louis (de), baron de Cusy » 321 Planaz Donade-Pernette de Baillans (dame de). . » 181 PoBEL Raymond » 301 PoBEL Tliomas, Evêque de Saint-Paul-Trois- Cliàteaux » 356 PoNCET Pierre » 124 Portier Jean » 34 PossEviN Antoine, Jésuite » 104 Prez Claude de » 162 Provana Gaspard » 292 Provana Philibert » 292 Riccardi Jules-César, Archevêque de Bari, Nonce à Turin » 148 Ripa Augustin » 301 Ripaille (prieuré de) » 252 RoGET Jean » 44 RoGET Philibert » 249 Rolland Denis de » 96 Rolland Georges » 117 Rovorée ou Ravorée JVladeleine de Saint-Michel (dame de) » I99 Sacconay Louis (de), chantre de la métropole de Lyon » 305 Saints Maurice ET Lazare (Ordre des) » 232 Saint-Sorlin Henri de Savoie-Nemours (marquis de). Voir Nemours » 47 Sales Gallois de » ï2 Salteur Jacques » 64 Santorio Jules-Antoine, Cardinal de Santa- Severina * 257  Index des notes 467 Sarasin Jean Pages 355 Saunier Jean, Jésuite » 261 Servette Pierre d'Arloz (seigneur de la) » 108 SixT (abbaye de) » 316 Sponde Jean de » 155 TissoT Jean » 87 ToRSELLiNi Horace, Jésuite » 126 TouRNETTE Louis de l'Alée ou de Lallée (baron de la) » 7 TouRNON (collège de) » 324 Valence (de) Jean-Baptiste. Voir Chapelle » 6, 49 ViGNOD Jean de » 213 VjLLEGuichardeDuret,veuvedeGrailly(damede) » 51 Villette Amédée de Chevron (seigneur de) » 341 ViRY Marin, baron de '> 285 Werro Sébastien » 345  GLOSSAIRE  DES LOCUTIONS ET DES MOTS SURANNÉS ou PRIS DANS UNE ACCEPTION INUSITEE AUJOURD'HUI QUI SE TROUVENT DANS LES LETTRES DE SAINT FRANÇOIS DE SALES CONTENUES EN CE VOLUME  (Les mots distingués par une* ont paru dans le Glossaire des tomes précédents.)  ACCOURCIR — pour diminuer (voir p. 253, var. (h), et p. 263). *ADVEU — pour protection, appro- bation, agrément 'v. p. 7, et var. (i), p. 226). ANCRE — pour encre (v. p. 211). 'APPOINCTER — pour accorder, concilier (v. p. 167". APPRIVOISER — pour accoutumer, familiariser (voir pp. 169, 173). * ASSORTI — pour pourvu, fourni (voir p. 182). ATANT, A TANT — là-dessus (voir PP- 2, 355)- AUTOUR (d') — pour des alentours (v. var. ( c), p. 380). AVANCER — pour favoriser [v. var. (a), p. 327). • AYSE — COUT joie, consolation. ' BAILLER — donner. BIENFAIRE — faire du bien (voir p. 306, var. (a), et p. 307). BRIDE A VEAU — nouvelle absurde, conte ridicule (v. p. 354). BRIGADE — pour assemblée, société d'amis (v, pp, 300, 346).  CACHETES (a) — en cachette, en se- cret (v. p. 120). CATHOLIZER (se) — se convertir au catholicisme [v. pp. 231, 264). * CE — pour ceci, cela. * CE FE'SDA'ST — pendant, pendant ce temps. * COLLOQUER— du lat. collocare, mettre, placer (v. p. 173). COMMANDE — pour commende (voir p. 280). * CONTE — pour compte. CONTE (mettre en) — pour consi- dérer (v. p. 8). * CONTEMPLATION (en) — pour en considération (v. p. 252, et var. ;a), p. 306.) * CONVERSATION — pour compa- gnie (v. p. 344). CORAGE — encouragement ^v. p. 2). * COSTER — coûter. * CREANCE — pour croyance reli- gieuse (v. p. 94;. * CUYDER — du lat. coQ\i\s.t, penser , juger, croire. CY APRES — pour plus tard, dans la. suite (v, p. i8a).  470  Lettres de saint François de Sales  DE (sa bonté) — pour dans, par voir p. 182). DEBRIGUÉ — de l'ital. disbrigato, dégagé, débarrassé [v. pp. 168, 172). DELA (de) — de là (v. p. 346). DEPECHE (le) - expédition (voir var. (c), p. 252). DEPLAISANT — pour contristé, fâ- ché (v. p. 344). * DES ORES — dès maintenant. DESPUYS NE FUT ELLE — depuis qu'elle fitt (v. p. 226). * DESSUS — pour ci-dessus (voir F- 34S). * DEVANT — pour avant. * DISCOURIR — du lat. discurrere, courir ça et là (v. p. 173). * DOINT — ancienne forme de la 3'^ personne du subjonctif présent du verbe donner (v. pp. 103, 321). DONT — pour c'est pourquoi, d'oii (v. pp. 3, 8, etc.) DOUTER — pour craindre (v. p. iSq^i. * DU TOUT — tout à fait, absolument. * EMPLOITE — emploi (v. p. 353). * EMPORTER — pour gagner (voir P- 353)- EN ÇA — jusquici (v. p. 105). Cf. l'ital. IN QUA. *ENTRETENEMENT — entretien. * ESCHOIT (sïl y) — au cas échéant, s'il est nécessaire (v. p. 173). ESTOUFFE — pour étoffe (v. p. 121). ESTRESSIR — pour diminuer (voir P- 253)- FERME — pour stable (v. p. 173). FORCER (se) — pour s'imposer un effort excessif [v. p. 319). FORME (a) — par forme, sous forme? (v. p. 1701. FORTUNE (par) — par hasard (voir p. 121). * GRADE — du lat. gradus, degré. * HEUR — bonne fortune, bonheur (v. p. 306). •IMPERTINENT — hors de propos, déplacé (v. p. 281). Négatif de per- tinent (lat. PBRTiNENs), à propos.  * IMPETRER — du lat. impetrare, obtenir par supplications (v.p. 171). INAPPOINCTABLE - inconciliable (v. p. 167). INCOMMODITÉ — du lat. incom- UODITAS, préjudice (v. p. 327). » JA — dijà. JOINDRE — pour suffire (v. p. 231). JOUR (mettre au) — pour exposer, révéler (v. p. 312). JOURNEE (tenir une) — tenir un conseil pour délibérer sur quelque affaire publique (v. p. 88^. Cf. le Diction'''^ de Littré. * LAIRRAY — ancienne forme de laisserai. LA OU — pour c'est pourquoi (voir p. 281). * LAUTREFOIS — de nouveau (voir p. 263). * LE VER — du bas-latin levare, ôter, enlever (v. pp. 226, 230, etc.) LHORS — pour alors, en ce temps-là (v. var. (a), p. 306). MARCHER — pour marché, prix fait (v. p. 343). * MESHUY — désormais. MESSIED (il) — il sied mal (v. p. 8) ; présent de l'indicatif de l'ancien verbe messeoir. Cf. le Diction'"'^ de Hatzfeld et Darmesteter, au mot messéanf. * MONSTRE — revue, inspection, pa- rade (v. p. 354). MORTEPAYE — vieux domestique qu'on garde sans le faire travailler (v. p. 8). Cf. le Diction'''^ de Hatz- feld et Darmesteter. MUNIER — meunier (v. p. 121.) * NOURRIR — pour entretenir, éle- ver, conserver (v. pp. 104, 121, etc.) * ONQUES — du latinuNQUAM,y<7wa/j. *OR SUS — parole d'encouragement. Cf. l'ital. ORSÙ. •OUTRECUYDÉ — arrogant, pré- somptueux.  Glossaire  47»  * PAPEGAI — ancien nom du per- roquet (v. p. 354'. PAR DEÇA — de ce côté-ci (v. p. 263). Cf. le Diction""^ de Littré, au mot deçà. PARDELA (de) — de Vautre côté (voir p. 6, et var. (a), p. 104). Cf. le Dic- tion''^ de Littré, au mot delà. * PAR DEVERS — auprès de. PASSÉ — pour plus de (v. p. 169). *PIEÇA — il y a quelque temps, ja- dis, autrefois ; étym. pièce et a, il y a une pièce de temps (v. pp. 189, 307 ;>. Cf. le Diction"'^ de Littré. POINT — pour quelques (v. p. 121). * POISER — peser (v. p. 200). * POUR QUOY — a cause de quoi (v. var. (g), p. 281). PRtïLUSION — du lat. pr.œlusio, prélude, préparation [v. p. 166). ♦PRECHEUR — prédicateur. »PREGNANT, PREIGNANT— /^w- sant (v. pp. 168, 172). Adj. parti- cip. de l'ancien verbe preindre (lat. premere). Cf. le Diction"^"^ de Hatz- feld et Darmesteter. PRESUMPTION — du lat. prjesump- Tio, supposition (v. p. 2). PRINS — participe passé du verbe prendre. PRIS — pour /^-/x (v. p. 121). * PRIS (au) — en comparaison de. PROPREMENT — pour convenable- ment (v. p. 173). * PROUVOIR — du lat. providere, pourvoir. QUAND — pour quant. * QUE — pour ce que, puisque (voir pp. 7, 167). RAGE (faire) —faire des efforts vio- lents (v. p. 345). RAPPORT — pour rendez-vous (voir p. 169).  RATE (a) — a proportion (v. p. 343). Cf. l'ital. rata. RÉALITÉ — pour loyauté (v. p. 189). RECATHOLISER (se) — entrer de nouveau dans le sein de l'Eglise. * RECUEILLIR — pour accueillir (v. p. 341;. REDUIRE — du lat. reducere, ra- mener (v. pp. 189, 232, etc.) RELIQUATEUR — du lat. rbliqua- TOR, reliquataire, redevable (voir P- 343'- REMETTRE SUS — rétablir, remet- tre en vigueur (v. p. 173)- RENGREGÉ — aggravé, augmenté (v. p. 89\ Cf. le bas-lat. ingreviare. * RETARDATION — du lat. retar- DATio, retard (v. p. 346). ROOLE (recevoir en) — mettre au rang, enrôler (v. p. 104). * SCRUPULE —petite difficulté {woÏT p. 200). Du lat. SCRUPULXJM. * SI — pour toutefois. * SI QUE — de sorte que, si bien que. SORTIR EN EFFECT — se réaliser, s'effectuer (v. pp. 89, 168). * SUBVERSION — du lat. subversio, renversement, action de renverser dans les esprits toute loi, toute rè- gle (v. p. 88). ♦SUFFISANCE— dulat.suFFicENTiA, capacité intellectuelle, mérite (voir pp. 170, 306, etc.) * TARDIVETÉ - retard (v. p. 346). TOUTES FORTUNES (a) — en tout cas, quoi qu'il en soit (v. p. 21 1). * VERS — pour auprès de, envers (voir pp. 167; 226, var. (i), etc.) VENIR — pour être conforme (voir p. 353)- VISITATION — du lat. visitatio, visite (v. p. 334). * VISTEMENT — vite (v. p. 120).  ERRATA  Page 2, note (i) : obtint un canonicat... l'année même où son illustre disciple en était nommé Prévôt — lire : fut institué chanoine le 2^ mars i^gi . Philiberte de Jase — lire : de Juge. Noble Louis Bonier — lire : Humhert de Ville était procureur patrimonial. (Bonier n'était qu'avocat patrimonial.) 19 juin 1595 — lire : 20 Juin. Pierre Petit... pasteur à Armoy et à Choulex — lire : fut proposé pour la cure d' Armoy, et devint pasteur à Choulex. Pancarlier — lire : Pancalier.  71. note (2) 14, note (1) 139. note (2) 227, note (i) 285. note (2)  TABLE DES MATIERES  Avant-Propos v Lettre-circulaire de S. Em. le Cardinal Parocchi, Vicaire de Sa Sainteté, aux Evêques d'Italie xxx Avis au Lecteur xxxii  ANNEES ANTERIEURES A 1593 Lettre I — Au baron d'HermanCE. — Protestations de respect et de dévouement I I bis — A UN ANCIEN PROFESSEUR (Inédite). — Succès des armes du roi de Navarre. — Epidémie parmi les étudiants I t>is II — A DOM François de la Fléchère (Inédite). — Regret de n'avoir pas reçu de réponse à ses lettres ^ III — A UN INCONNU (Inédite). — Remerciements pour une lettre reçue de lui 4 IV — A UN INCONNU (Inédite). — Témoignages de respect et d'affection 5 V — A UN GENTILHOMME (Inédite). — Remerciements pour la bienveillance que lui témoigne ce gentilhomme et pour la lettre qu'il en a reçue 7 VI — A UN AMI (Inédite). — Assurances d'amitié. — Désir d'être connu d'un personnage de grand mérite. — Nouvelles d'un condisciple. — Message de son précepteur. — Un mot sur son frère Gallois 9 ANNÉE 1593 VII — A UN ANCIEN CONDISCIPLE (Inédite). — Remerciements pour l'attention qu"a eue ce personnage de lui dédier ses thèses de théologie. — Espoir de le voir prochainement à Annecy. ... 13 VIII — Au RÉGENT MÉNENC (Inédite). — Excuses pour le retard mis à répondre à deux lettres. — Immunités assurées aux doc- teurs en droit et en médecine et aux maîtres d'école 1 5  474 Lettres de saint François de Sales IX — Au SÉNATEUR Favre. — Réponse affectueuse aux avances du sénateur Favre. — Regret de n'avoir pu le rencontrer lors de deux voyages faits à Chambéry. — Protestations d'estime et d'attachement l8 X — Au MÊME (Inédite). — Remerciements pour lui avoir pro- curé l'amitié de François Girard 25 XI — Au MÊME. — Exposition des mêmes pensées 29 XII — Au MÊME. — Prières publiques ordonnées à l'occasion de la détention du duc de Nemours ; sermon prononcé à cette occasion. — Naissance de Jeanne de Sales. — Affaire litigieuse d'un paysan de Thorens. — Témoignages d'affection. — Désir de le voir prochainement 52 XIII — Au MEME. — Sentiments qui se pressent dans l'âme du Saint à l'approche de son ordination sacerdotale 37 ANNÉE 1594 XIV — Au MÊME. — Espoir d'une prochaine réunion à Sales. — M. et M"'^ de Boisy contraints de s'absenter à cette époque. — Envoi d'une lettre de M. de Montrottier. — Le Saint part pour Seyssel où il doit prêcher le Dimanche suivant 41 XV — Au MÊME. — Rendez-vous à Faverges. — Salutations faites à M. de Montrottier de la part du sénateur Favre 46 XVI — Au MÊME (Inédite). — Excuses au sujet d'une lettre écrite à la hâte. — Remerciements pour celle que le Saint a reçue du Sénateur 48 XVII — Au MÊME (Inédite). — Recommandation en faveur de Mme de Ville. — Eloge du P. Chérubin 50 XVIII — Au MÊME. — Envoi d'une lettre de Ms"' de Granier 53 XIX — Au MÊME. — La brièveté de cette lettre est occasionnée par le départ précipité du porteur. — Témoignages d'affection.. 54 XX — Au MÊME. — Remerciements pour la protection accordée à diverses personnes. — Attente de la prochaine visite du Sénateur. 56 XXI — Au MÊME (Inédite). — Désir de profiter des nombreuses occasions que procurera la belle saison pour se voir plus fré- quemment. — Nouvelles de plusieurs amis communs 59 XXII — Au MÊME. — Prochaine réunion du synode diocésain. — Obstacle imprévu qui a empêché le Saint de se rendre à Cham- béry. — Ses regrets en apprenant que le Sénateur est allé inuti- lement à sa rencontre 62 XXIII — Au MÊME. — Projet d'un pèlerinage à l'église de la Sainte-Croix d'Aix. — Ordre que doivent suivre pendant le trajet les pèlerins d'Annecy et de Chambéry 65  Table des matières 475 XXIV — Au MÊME. — Le Sénateur est attendu à Annecy ; plu- sieurs maisons lui sont offertes. — Il est instamment prié d'ame- ner sa femme 69 XXV — Au MÊiME. — Déception du Saint et de ses amis en ne voyant pas arriver le Sénateur. — Le Prévôt va prêcher à La Roche "7 1 XXVI — Au Prévôt Girard. — Gracieuses excuses de n'avoir pas écrit plus tôt. — Le Saint est à Hautecombe avec le sénateur Favre 74 XXVII — Au SÉNATEUR Favre. — Compliments affectueux 77 XXVIII — Aux FILS DU SÉNATEUR Favre (Inédite). — Remercie- ments pour une lettre reçue d'eux. — Encouragements à suivre les exemples de leur père. — Message pour leur mère no XXIX — Au SÉNATEUR Favre (Inédite). — Explications amicales. — Remerciements pour l'envoi de Méditations sur la pénitence. 80 XXX — Au MÊME (Inédite). — Les prévenances d'un ami commun attribuées à la recommandation du Sénateur. — Désir de se pro- curer quelques formules de prières 82 XXXI — Au Prévôt Girard. — Congratulations pour le zèle qu'il déploie au service de Jésus crucifié, et pour son agrégation à la Confrérie de la Sainte Croix 84 XXXII — A UN GENTILHOMME. — Prière d'intervenir auprès du duc de Savoie en faveur du Chapitre de Genève 88 XXXIII — Au SÉNATEUR Favre. — Nouvelles de la mission du Chablais. — Premières difficultés suscitées par les ministres protestants. — Energique résolution du Saint QO XXXIV — A UN RELIGIEUX (Fragment inédit) 93 XXXV — A Ms"" DE GrANIER. — Endurcissement des hérétiques. — Aveu des ministres en faveur des missionnaires 94 XXXVI — Au SÉNATEUR Favre (Inédite). — Heureux présages pour le succès de la mission du Chablais 95 XXXVII — Au MÊME. — Témoignages d'estime et de reconnaissance pour le P. Chérubin. — Envoi de plusieurs lettres. — Premiers fruits des prédications 97 XXXVIII — A M''' DelbENE. — Protestations de respect et de dé- vouement 1 00 XXXIX — Au SÉNATEUR Favre. — Prédications de l'Avent 102 XL — A UN CURIAL. — Réponse obligeante à la demande de quel- que service 1 03 XLI — Au PÈRE POSSEVIN. — Assurance de respectueux attache- ment. — Le Saint parle de son ordination et de ses débuts dans le ministère 1 04  476 Lettres de saint François de Sales ANNÉE 1595 XLII — Au Sénateur Favre (Inédite). — Commencement de la rédaction des Con: reverses IO7 XLIII — Au MÊME (Inédite). — Ingénieuses excuses pour un silence trop prolongé 1 09 XLIV — Au MÊME (Inédite). — Difficultés qu'offre la rédaction des Controverses 110 XLV — Au h\Êy\E (Inédite). — Détermination de lutter intrépide- ment contre l'hérésie. — Avis du P. Chérubin pour assurer le succès de la mission 112 XLVI — A M. DE BoiSY. — Courage invincible en face des dangers que présente la mission du Chablais II7 XLVII — A M»"" DE GraNIER. — Difficulté et lenteur des conversions. I 18 XLVIII — Au PÈRE P0SSEVIN. — Témoignages de reconnaissance et désir d'une prochaine entrevue. — Etat des affaires religieuses en Chablais. — Nouvelles intimes 1 19 XLIX — Au sénateur Favre. — Eloge d'un ouvrage du P. Possevin. — Motifs qui retardent la conversion de Pierre Poncet. — Présents des PP. Possevin et Chérubin. — Encoura- gements reçus d'un ami au sujet de la mission 1 22 L — Au MÊME. — L'avocat Poncet promet d'abjurer prochainement le protestantisme 1 2o LI — Au MÊME. — Arbitrage du Sénateur réclamé par le Chapitre de Genève et un ecclésiastique qui demande à en faire partie. . 130 LU — Au MÊME, — Visite à Sales. — Remerciements pour l'envoi de la Centurie première de Sonnets IJ2 LUI — Au MÊME (Inédite). — Emotion causée par le malheur d'un ami commun; vif désir de défendre sa cause. — Eloge de l'ou- vrage du Sénateur. — Pénible situation du Saint en Chablais.. 135 LIV — Au Bienheureux CaNISIUS. — "Vénération qu'inspire sa vertu. — Désir d'entrer en relations avec lui. — Nouvelles de la mission ; conversion de Pierre Poncet. — Question de controverse. 1 40 Minute de la lettre précédente 145 LV A M'"' RiCCARDI. — Violation des immunités ecclésiasti- ques ; le Saint sollicite l'intervention du Nonce auprès du duc de Savoie 1 4° LVl — Au Chanoine de M0NTH0UX('/«^i//^^. — Recommandation en faveur de l'abbé de Ronis 1 5 1 LVII — Au sénateur Favre. — Souffrances du saint Apôtre; il désire s'adjoindre d'autres missionnaires, — Remerciements pour  Table des matières 477 un ouvrage de Sponde ; calomnies des hérétiques contre ce per- sonnage et contre Pierre Poncet. — Sentiments de foi et de confiance 153 LVIII — Av MÊ^\E (Inédite). — Troubles qui régnent à Annecy 156 LIX — Au MEME. — Ebranlement qui se produit parmi les hérétiques; ingénieuse tactique du Saint pour les provoquer à la discussion. 158 LX — Au MÊME (Inédite). — Attente de quelques lettres attar- dées. — Allusion à la bénédiction apostolique envoyée à Henri IV. — Suite du travail des Controverses. — Accueil fait par les héré- tiques à la Centurie première. — L'avocat de Prez adresse des vers à l'auteur 1 60 LXI — Au MÊME (Inédite). — Prochain envoi d'une partie de son introduction au Code Fahrien. — Qjuestion de droit 164 ■^LXII — Au PÈRE POSSEVIN {Inédite). — Nécessité pour le Saint d'obtenir la permission de lire les livres hérétiques. — Remar- ques sur les Institutions de Calvin et sur un ouvrage de Théodore de Bèze. — Témoignages de respectueuse confiance 166 LXIII — Au Duc DE Savoie. — Exposé des mesures à prendre pour assurer la conversion du Chablais. — Heureuse influence de M. d'Avully 1 68 Minute de la lettre précédente 172 ANNÉE 1596 LXIV — Au SÉNATEUR Favre (Inédite). — Rencontre avec Mar- tinengo. — Visite du Saint à sa famille et au baron de Chevron. — Bienveillance que manifestent à son égard le duc de Savoie et le Nonce apostolique. — Désir de recevoir le douzième Livre des Conjectures. — Encouragement à dédier à l'Evêque la Cen- turie seconde de Sonnets 1 76 LXV — A M. ChAVENT (Inédite). — Témoignages de reconnaissance et d'affection. — Eloignement du Saint pour les dignités ecclé- siastiques 182 LXVl — A M»"" R1CCARDI. — Joie qu'éprouvent les Savoisiens de la nomination du Nonce. — Récit de l'apostasie du Chablais et des tentatives faites pour la conversion de cette province. — Mesures à prendre pour en assurer le succès 183 LXVII — Au Duc DE Savoie. — Nécessité de rendre une des églises de Thonon au culte catholique. — Ebranlement général parmi les hérétiques du Chablais 189 LXVIII A M"'' R1CCARDI. — Instances pour obtenir l'intervention du Nonce auprès du duc de Savoie. — Opposition à redouter  478 Lettres de saint François de Sales de la part des Chevaliers de Saint-Lazare. — On découvre eil Chablais quantité de personnes possédées du démon igO LXIX — Au SÉNATEUR FaVRE (Inédite). — Ardent désir de voir le duc de Savoie effectuer un voyage projeté en Chablais. — Envoi d'une lettre pour le P. Chérubin 1 03 LXX — A Ms"" RlCCARDI. — Séjour à Annecy à l'occasion du synode. — Remerciements pour trois lettres reçues du Nonce. — Conversions qui s'opèrent en Chablais. — Nécessité d'y en- voyer un nombre suffisant de prédicateurs, et de nommer aux cures des prêtres dignes de les occuper me LXXI — A M. d'AvullY. — Envoi d'un commentaire de saint Jérôme. — Joie d'apprendre la conversion de M'"^ de Rovorée. — Attente de l'arrivée du duc à Thonon 198 Extrait du commentaire de saint Jérôme 200 LXXII — A M°'' RlCCARDI (Inédite). — Calomnies répandues à la cour de Savoie contre M. d'Avully et l'Apôtre du Chablais. — Abandon dans lequel on laisse ce dernier. — Désir de faire un voyage à Turin 202 LXXIII — Au MÊME. — Instances pour obtenir le rétablissement du culte catholique dans quelques paroisses du Chablais 205 LXXIV — Au SÉNATEUR Favre, — Désir de lui voir accepter la charge de Président du Conseil de Genevois. — Délais apportés aux affaires du Chablais. — Projet d'un pèlerinage au tombeau de saint Claude 2o8 LXXV — A UN COUSIN (Inédite). — Témoignages d'affection. — Annecy est menacé de la peste. — Message pour le P. de Lorini. 210 LXXVI — Au SÉNATEUR Favre (Inédite). — Recommandation en faveur de M. de Coursinge 211 LXXVII — A M""" RlCCARDI — Réclamations au sujet d'un legs fait à trois églises de Savoie 2 12 LXXVIII — Au SÉNATEUR Favre [Inédite). — Espoir de solenniser à Thonon les fêtes de Noël. — Recommandation en faveur des nouveaux convertis de la paroisse de Mésinge 2 1 7 LXXIX — A M^"" RlCCARDI. — Remerciements pour l'autorisation d'absoudre des cas réservés. — Conversions opérées en Chablais; état des esprits dans cette province. — Calomnies répanduescontre M. d'Avully. — Nomination du nouvel Abbé d'Abondance.... 2IQ LXXX — Au Duc DE Savoie. — Opposition apportée par les syndics de Thonon à l'érection d'un autel. — Combien la protection du duc est nécessaire aux nouveaux Catholiques. — Conversion d'un ministre protestant 225 LXXXI — A M""" RlCCARDI. — Instances pour obtenir la protec- tion du Nonce auprès du duc de Savoie 228  Table des matières 479 ANNÉE 1597 LXXXII — A M. BOCHUT (Fragment inédit). — Invitation à venir desservir la paroisse de Thonon 23O LXXXIII — Au Duc DE Savoie ^ Inédite). — Erection d'un autel dans l'église Saint-Hippolyte. — Recommandation en faveur du ministre Petit. — Combien il importe que les Chevaliers de Saint-Lazare cèdent les revenus ecclésiastiques qu'ils détiennent en Chablais 23 I LXXXIV — Au Conseil des Chevaliers des Saints Maurice ET Lazare (Inédite). — Instances afin d'obtenir que les revenus ecclésiastiques dont les Chevaliers jouissent en Chablais soient affectés au rétablissement du culte catholique 232 LXXXV — A M'"" RiCCARDI (Inédite). — Excuses pour le délai mis à répondre aux lettres du Nonce. — Proposition d'une confé- rence publique avec les ministres. — Instante prière de lui obtenir la collaboration du P. Chérubin, du P. Esprit et de plusieurs autres missionnaires. — Moyens à prendre pour fournir aux frais de la mission 235 LXXXVI — Au MÊME. — Lettres reçues du Nonce. — Remer- ciements pour la protection accordée à trois églises de Savoie. — Eloge du chevalier Bergera. — Difficultés qui retardent l'éta- blissement des curés en Chablais. — Pauvreté des paroisses. — Prétentions injustes des Chevaliers des Saints Maurice et Lazare relativement à la nomination des curés. — Pension due au pré- dicateur d'Evian 239 LXXXVII — Au MÊME (Inédite). — Protestations d'obéissance et de dévouement. — Nouvel exposé des difficultés de la mission. — Promesse faite par les Religieux d'Ainay. — Prédication du Saint à Cervens. — Destination du chanoine Roget. — Les hérétiques prétendent retirer à M. d'Avully la dignité de juge de leur consistoire 246 LXXXVIII — Au Duc DE Savoie. — Demande de secours pour des indigents. — Requête en faveur de quelques hameaux des AUinges. — Menées des protestants contre M. d'Avully . . 25 I LXXXIX — A M''' RiCCARDI (Inédite). — Installation d'un curé à Cervens. — Eloge de M. de Blonay 254 XC — Au MÊME (Inédite). — Mesures à prendre pour pourvoir à la subsistance des curés du Chablais. — Voyage du chanoine Louis de Sales à Genève. — Désignation des PP. Capucins et Jésuites dont le concours serait le plus utile à la mission ; frais que nécessiterait leur entretien 256 ^  480 Lettres de saint François de Sales XCI — Au Duc de Savoie (Inédite). — Instances pour obtenir quelques libéralités déjà sollicitées en faveur de nouveaux Catholiques 263 XCII — A M°'' RiCCARDI. — Difficultés que présente la mission du Chablais. — Intérêt du Pape pour cette œuvre. — Il est urgent de réformer quelques abbayes de la contrée 264 XCIII — A S. S. Clément VIII. — Entrevue avec Théodore de Bèze; endurcissement de ce vieillard. — Tyrannie exercée par les Genevois sur les Catholiques. — Espoir d'obtenir la liberté de conscience à Genève moyennant la médiation du roi de France. 268 Minute de la lettre précédente 273 XCIV — A MS"" RiCCARDI. — Heureux résultats que promet la conférence projetée avec les hérétiques. — Lettre du Saint au Pape. — Pression qu'exercent les Genevois sur les Catholiques de Gex et de Gaillard. — Etat des affaires du Chablais 275 XCV — Au Duc DE Savoie (Inédite). — Le curé de Saint-Julien est contraint de se retirer. — Requête des habitants de Bernex. — Incident survenu entre le P. Esprit et le ministre protestant. — Combien il est désirable que le duc signifie aux Thononais le désir qu'il a de leur conversion 279 XCVI — A M°'' RiCCARDI. — Mêmes sujets. — Installation d'un curé à Brens 2o2 XCVII — Au MÊME. — Maladie de l'Evêque de Genève. — Obliga- tions de l'Abbé d'Abondance envers le prédicateur d'Evian. — In- digence des Religieuses de Sainte-Claire. — Poursuites à faire pour obtenir la conférence avec les ministres. — Le Saint sollicite l'au- torisation de concourir pour la cure du Petit-Bornand. — La permis- sion de lire les livres hérétiques est nécessaire aux missionnaires. 29 1 XCVill — Au MEME. — Affaires du Chablais : démêlés avec les Chevaliers des Saints Maurice et Lazare ; encore la conférence de Genève ^OI XCIX — Au Duc DE Savoie. — Témoignages de reconnaissance. 306 C — A UN GENTILHOMME (Inédite). — Même sujet 307 CI — A M""" RiCCARDI. — Assemblée faite à Annemasse pour traiter des intérêts de la religion en Chablais. — Le P. Chérubin député auprès du duc. — Succès prodigieux des Quarante- Heures d'Annemasse 308 ANNÉE 1598 Cil — A M. Marin (Inédite). — Prochain retour du P. Chérubin à Thonon. — Promesse du président Favre 312  Table des matières 481 cm — A M"'"" RiCCARDI (Inédite). — Le voyage du Saint à Rome retardé par une maladie grave. — Envoi de trois lettres du duc. — Bonnes dispositions des habitants du Chablais. — Interven- tion en faveur de deux religieux qui ont encouru des censures ecclésiastiques '^^'^ CIV — Au Duc DE Savoie. — Instantes prières pour que les Chevaliers des Saints Maurice et Lazare soient contraints à payer les pensions dues aux curés du Chablais. — Députation des villa- geois de cette province pour obtenir du duc la restauration de leurs églises. — Maladie du Saint 3^9 CV — A M. DE PiNGON. — Requête présentée au duc de Savoie pour obtenir que l'usage de la cloche de l'église Saint Hippolyte soit interdit aux hérétiques. .' 3- ' CVI — A M'"" RiCCARDI. — Projet de célébrer les Quarante- Heures à Thonon, et de les faire suivre de disputes publiques sur les matières controversées. — Une conférence de ce genre vient d'avoir lieu entre le P. Chérubin et le professeur Lignarius. 322 CVII — Au Duc DE Savoie (Inédite). — Rumeurs inquiétantes qui circulent en Chablais ; alarmes des Catholiques 326 CVUl — A IV1='' RiCCARDI. — Affaire de la cure du Petit-Bornand. Peste à Anuecy. — Mauvais vouloir des Chevaliers. — Ebran- lement produit par l'annonce des Quarante-Heures à Thonon. — Faveurs spirituelles qui sont à désirer pour cette occasion. — Zèle du duc de Savoie mal secondé par ses officiers 328 CIX — Au MÊME. — Voyage du président Favre à Turin et à Fer- lare. Nouvelles poursuites au sujet de la cession des cures du Chablais. — Mesures à prendre pour assurer le triomphe du catholicisme sur l'hérésie 334 ex Au MÊME. — Espérance d'obtenir, moyennant la médiation du roi de France, le libre exercice du culte catholique à Genève. 339 CXI — A M. DE Chevron VillhTTE (Inédite). — Témoignages de respect et de reconnaissance. — Annonce de sa visite 34 1 CXII — A M. Marin. — Préparatifs à faire en vue des Quarante- Heures qui doivent se célébrer à Thonon. — Indications pour le logement de l'Evéque.— Audience du duc de Savoie.— Desti- nation de deux ecclésiastiques 34^ CXIII Au Prévôt WerrO. — Les exercices des Quarante-Heures à Thonon sont fixés aux 23 et 24 août 345 CXIV A DON Juan de MenDOÇA. — Supplications collectives des missionnaires du Chablais pour obtenir que les troupes espagnoles ne traversent pas cette province 347 (2)(Y /^u Prévôt WerkO. — Remerciements.— Retard des Qua- rante-Heures projetées à Thonon 351 Lettres I ■''  483 Lettres de saint François de Sales CXVI — A M. de Chevron Villette (Inêd'te). — Prière de se rendre en Chablais pour protéger les habitants si les troupes espagnoles traversent la province. — Recommander au duc les intérêts de la mission et l'engager à assister aux Quarante-Heures de Thonon 353 CXVII — A M. SaRASIN. — Invitation à exposer par écrit la mis- sion dont il est chargé 3C5 CXVIII — A M'"" RiCCARDI. — Recours à la protection du Nonce. — Pouvoirs spéciaux nécessaires aux missionnaires. — Mesures à prendre contre les Chevaliers des Saints Maurice et Lazare. — Admirables résultats des Quarante-Heures de Thonon. — Zèle des Evêques de Genève et de Saint-Paul-Trois-Chàteaux. — Alarmes au sujet de Genève ^56 MINUTES ÉCRITES PAR SAINT FRANÇOIS DE SALES POUR MONSEIGNEUR DE GRANIER CXIX — A S. S. Clément VIIL — Fruits merveilleux produits par les Quarante-Heures de Thonon.— Prière d'intervenir auprès du roi de France et du duc de Savoie pour que Genève ne soit pas comprise dans le traité de Vervins 263 CXX — Au même. — Raisons qui ont contraint le Prévôt de diffé- rer le voyage de Rome. — Envoi des documents qui doivent être présentés à Sa Sainteté 367  APPENDICE LETTRES ADRESSÉES A SAINT FRANÇOIS DE SALES PAR QUELQUES CORRESPONDANTS A LETTRES D'ANTOINE FAVRE 1 371 II 373 III 376 IV 377 V 379 VI 382 Vil 383 VIII 384  Table des matières 483 IX 385 X 387 XI 389 XII 391 XIll 393 XIV 394 XV 306 XVI 397 XVII 398 XVIII 401 XIX 404 XX ^06 XXI 407 XXII 410 XXIII 4,, XXIV 4,3 XXV 4,4 XXVI 415 XXVIi 417 XXVIII 4,8 XXIX 419 XXX 42 1 XXXI 422 XXXII 424 XXXIII 426 XXXIV 427  B LETTRES DE M'^'' JULES-CESAR RICCARDI ARCHF.VÈQL-E DE BARI, KO.VCE APOSTOLIQUE A TURIN I 429 H 430 m 430 IV 43' V 432 VI 434 VII 435 VIII 436 IX 437 X 438 XI 439 XII 440 XIII 441  ! 8501 i  484 Lettres de saint François de Sales XIV 443 XV 444 XVI 445 C LETTRES DE CHARLES-EMMANUEL 1^'', DUC DE SAVOIE ï 447 II — Lettres patentes de nomination de saint François de Sales à la coadjutorerie de l'évêché de Genève 448 III 449 IV 449 V 450 VI 451 VU 451 D BREFS DE SA SAINTETÉ CLÉMENT VUI !••• 453 » 453  Table de correspondance de cette nouvelle Edition avec les précédentes, et indication de la provenance des Manuscrits 455 Index des principales Notes historiques et biographiques .... 463 Glossaire des locutions et des mots surannés 469 Errata 472  Annecy, imprimé par J. Niérat, 1900.-5862  BX 1750 ,n 1892 v.ll SMC Francis, Oeuvres de saint François de Sale$, eveque de Genève et d Edition complète d'après les autographes et les éditions oriainalRfî p.nrinhip dp nnmhr