■ ru = Ln Im :_D  ŒUYPvES  DE  ■^ SAINT FRANÇOIS DE SALES  ÉVÈaUE ET PRINCE DE GENÈVE  DOCTEUR DE E ÉGLISE  ÉDITION COMPLÈTE d'après les autographes et les éd;tions originales ENRICHIE DE NOMBREUSES PIECES INÉDITES DEDIEE A N. S. P. LE PAPE LÉON XIII ET HONORÉE d'UN BREF DE SA SAINTETE PUBLIÉE SUR L'INVITATION DE M- ISOARD, ÉVÊQUE d'aNNECV, PAR LES SOINS DES RELIGIEUSES DE LA VISITATION DU I^^ MONASTÈRE d'aNNECY TOME VU SERMONS — 1^" VOLUME  ANNECY IMPRIMERIE J. NIÉRAT RUE DE l-A RÉPUBLIQUE MDCCCXCVI  Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa  http://www.archive.org/details/oeuvresdesaintfr07fran  ŒUVRES  DE  SAINT FRANÇOIS DE SALES  EVEQUE ET PRINCE DE GENEVE  DOCTEUR DE L'ÉGLISE  TOME SEPTIEME  SERMONS  1" VOLUME  Propriété  Genève — H. TREMBLE Y, Libraire, rue Corraterie, 4 Dépositaire principal Annecy — ABRY, Libraire, rue de l'Evêché, 3 Paris — Victor LECOFFRE, rue Bonaparte, 90 Lyon — Emmanuel VITTE, Place Bellecour, 3 Bruxelles — SOCIÉTÉ BELGE DE LIBRAIRIE, rue Treurenberg, 16 Marseille — LIBRAIRIE SALÉSIENNE, rue des Princes, 78   ÎaJ^- t'-un-. ^ •   Ire    yfl^""^  cfac-d'unllc Je Jeux pagcô du ( J^'S^utogxaplic côi con^e^vê  h^tU AS- 9>- Sac- ^^ ^ITX tx^*^ Uf hf&'Uf- y^^'l j. b S -xi '2.1- 7^t^f\} uZxu^Kul-e^ 4- cc utero ante liiciferum geniii te^^)\ Ps.109*. * Vers. ^. Adam, ainsy qu'il est escrit au commencement de la Genèse*, fut doué d'une telle sagesse, que donnant les * Cap. n, 19, 20. noms a chaque chose il exprimoit fort vivement sa pro- priété. 31ays Dieu le Père voulant exprimer et dire ce qu'il entendoit, consideroit et pensoit de soy mesme, comme s'il se fust voulu donner un nom propre et se nommer soy mesme, il dict un mot, une parolle, un Verbe qui le représenta si naïfvement et exprima si vivement ce qui estoit en luy, que ce Verbe fut un autre luy mesme, et fut « vray Dieu de vray Dieu ; » non  (a) An nom du Seigneur, je jetterai le filet. [h] Je vous ai enge,tdré de mon sein avant VJ toile du jour.  4 Sermons autographes pas qu'il y eust deux dieux, mais parce qu'il y eut deux Personnes participantes d'une seule, et simple, et indi- visible, et totale divine essence. Or, le Père voyant l'unique et souverain bien de son essence tant en soy qu^en son Filz, et le Filz voyant le mesme unique et souverain bien tant en soy qu'en son Père, ne pouvant estre un souverain bien sans un sou- verain amour, saysis en ceste éternité d'une pure et souveraine amitié, d'une seule et mesme volonté, ilz pro- duirent un amour tellement parfaict, qu'en cest amour ilz communiquèrent la divinité et essence mesme laquelle estoit commune au Père et au Filz. O saint amour, o amour éternel et infini ! Donques, mes Frères, des Ihors, c'est a dire des l'éternité, avant les siècles, en l'infinité, en l'abisme de la perpétuité, ce Père et ce Filz eternelz, jettans a force d'une mesme et seule volonté, d'une mesme et seule amitié, d'un mesme et seul cou- rage, jettans dis je, par une mesme et seule bouche, un souspir, une respiration, un esprit d'amour, ilz produi- rent, ilz expirèrent un souffle d'où procéda le Saint Esprit, tierce Personne de la Trinité, « Dieu de Dieu, lumière de lumière, Dieu vray de Dieu vray. » Dieu le Père, Dieu le Filz, Dieu le Saint Esprit, trois Personnes qui ne sont qu'un seul Dieu, une seule tressainte et très adorable Trinité. Grand a la vérité, et parfaict fut l'amour que l'Espouse Vers. 6. portoit a l'Espoux au Cantique des Cantiques (chap. 5*), puysqu'a sa parolle son ame sembloit se fondre et dis- soudre comme faict la cire aux rayons du soleil : Aniîna mea liquefacta est, ciun dilectus meus loquutus est (a). Mays tout autre est cest amour infini par lequel le Père et le Filz s'entr'ayment, car en cest amour ilz ne se fondent pas, ilz ne se dissolvent pas, ce qui seroit imperfection ; mays sans altération de leur nature, ilz produisent un Saint Esprit, Dieu parfaict de Dieu par- faict, possédant pleinierement une mesme divine essence  (a) Mon âme s'est liquéfiée quand mon Bien-aimé « parlé.  I. Pour la fête de la Pentecôte 5 avec eux ; et sans se desfaire de l'essence divine, ilz la communiquent toute entièrement et parfaittement a ce Saint Esprit et Amour. Dequoy si je voulois parler davan- tage, on pourroit bien dire a bon droit de moy ce qu'au- jourd'huy les Juifz disoyent sans rayson des Apostres : MiLsto plenus est iste *, c'est a dire : il faut bien que * Vide supra, p. s. cestuy ci soit enyvré d'une grande présomption de vou- loir expliquer les intérieures opérations de Dieu, qui sont voylëes de leur infinité en telle façon que l'œil de l'homme n'y peut approcher que de bien loin. Je m'ar- reste donques, mes Frères, et ce que j'en ay voulu dire c'a esté pour monstrer en quelque façon qui est Celuy duquel nous célébrons la feste, qui est le Saint Esprit et Amour, procédant éternellement du Père et du Filz, vray Dieu avec le Père et le Filz ; et encores pour vous donner a entendre que de toute éternité ce Saint Esprit venoit, par ceste incompréhensible procession et respi- ration, du cœur du Père et du Filz, combien qu'il ne soit pas venu, ou par manière de dire arrivé, et que ceste mission n'aye esté bien accomplie qu'a tel jour qu'au- jourd'huy, il y a environ 1559 ans. Maintenant je parle des choses claires et fort intelligibles aux fidelles. Que si l'obscurité de ce que j'ay dict avoit destourné vostre attention, revenes et escoutes dévotement. Tout ce que la sainte Trinité opère et fait hors d'elle mesme, en realité, toutes les troys Personnes y communiquent et opèrent sans division ou distinction quelconque. Ce que nous voulant enseigner Ihors qu'elle parle de la création des choses en leur estre naturel, parlant de celle de l'homme, elle introduit la JMajesté divine en ses troys Personnes, disant : Faisons l'homme a nostre sem- blance * ,* car si une seule Personne eust créé l'homme, * Gen., i, 26. elle eust dict : Je fais, et non pas : Faisons, comme nous trouvons escrit : Faciamiis hominem ad imaginem et similitudinem nostram. Et David chante* : Benedi- * Ps. lxvi, uit. cat nos Deus , Detis noster, benedicat nos Deus ; Dieu nous bénie, Dieu nostre, Dieu nous bénie; ne reprenant par troys fois ce nom de Dieu sinon pour nous monstrer que non seulement le Père bénit, non  6 Sermons autographes seulement le Filz bénit, mais encores le Saint Esprit, et tous trois ensemble sont ceux qui bénissent. Ainsy faut il conclure de tout le reste, qu'une Personne ne faict rien sans les autres quant a ce qui se produit hors la Divinité. Neantmoins, par une certaine appropriation et commo- dité de langage, les œuvres qui ressentent plus le pou- voir ont accoustumé d'estre accommodées au Père, comme la création et semblables, parce qu'il est source et origine de toute puyssance et divinité ; les œuvres qui ont plus d'apparence de sagesse, au Filz, digne généra- tion de l'entendement paternel ; celles de bonté, au Saint Esprit, amour et charité unique du Père et du Filz. Donq, encores que l'opération merveilleuse et puyssante qui a esté faitte es cœurs de l'Eglise naissante a tel jour qu'aujourd'huy, aye esté faitte également par le Père, le Filz et le Saint Esprit, neantmoins, parce qu'en icelle reluit une principale bonté, miséricorde et magnifique libéralité, on ne dict pas que toute la Trinité soit venue sur les Apostres, mays on dict et on célèbre la descente du glorieux Saint Esprit : a la charge que vous ne vous imagineres pas que pour cela il aye changé de lieu pour descendre ; car estant Dieu, il est tellement par tout par (( essence, présence et puj^ssance, » que est in mundo * Summa, Pars 1% uou inclusus, cxtra mundum non exclusus*(3). Cœliim Mer^m "^xxin' 24! ^^ terruiu cgo impleo*'^^)\ Spiritus Domini replevit orbem terrarum, et hoc qiiod continet omnia scien- * Sap., I, 7. tiajn habet vocis *('=). * Virg., Eclog. III, « ... Jovis omnia plena * (d). » *yÉneis, 1. VI 726 "^ Splritus intus alit, totamque infusa per artus 7-7- Mens agitât molem, et magno se corpore miscet* (e). »  (a) Il est dans le monde sans y être renfermé, il est hors du monde sans en être exclu. {h) Je remplis le ciel et la terre. ( c ) L'esprit du Seigneur a rempli runivers ; et ce qui contient tout a la connaissance de sa voix. (d) « Tout est plein de Dieu. » (e) (. L'esprit anime l'univers; répandue dans les membres de cette masse, une âme lui imprime le mouvement et se môle à ce grand corps. »  I. Pour la fête de la Pentecôte 7 Vous sçaves bien que nostre ame est par tout le cors et toute en toutes les parties d'iceluy ; autrement elle ne seroit pas spirituelle, ou nostre cors seroit mort en la partie en laquelle l'ame ne seroit pas. Tout de mesme donques, Dieu est par tout le monde, vivifiant tout ; et comme nous disons l'ame estre en la teste pour les prin- cipales opérations qu'elle y faict, aussi disons nous que nostre Dieu est au Ciel pour les principales opérations qu'il y faict, monstrant sa gloire ouvertement. Et comme des gourmans, nous disons qu'ilz ont l'ame en la panse, et de certaine nation, qu'elle a l'ame au bout des doigtz, pour ce que ne monstrant d'ailleurs guère de bon enten- dement, elle en faict plus paroistre es ouvrages manuelz, ainsy (et vaille la comparayson tant qu'elle pourra) nous disons le Saint Esprit descend la ou il faict quelque par- ticulière opération et participation de ses grâces, ou pour le moins quelque nouvelle démonstration, comme quand il descendit sur Nostre Seigneur en son Baptesme * ; * Matt., m, 16. car la il ne communiqua pas nouvelle grâce, Jésus en ayant la plénitude des sa conception *, mais il donna *Joan., i, 14, 16. seulement l'attestation de sa grandeur. Vous sçaves maintenant ce que c'est a dire quand on dict que le Saint Esprit est descendu sur les x^postres, et que cela n'est autre sinon qu'il y a faict quelques signalées et grandes opérations. Or, ces opérations sont de deux sortes : les unes extérieures, comme les signes qui apparurent ce saint jour, \e feu et le son veheinent* ; ' Act., n, 2, 3. les autres intérieures, a sçavoir, l'onction de la grâce et l'illumination invisible es cœurs et espritz apostoliques : et celles cy estans signifiées, figurées et représentées par celles la, en considérant les premières nous appren- drons aysement les secondes ; c'est a dire, par les signes extérieurs nous apprendrons les effectz intérieurs qui sont comme le principal de ce mistere, le reste n'estant qu'accessoire, puysque omnis gloria filice régis ab intus * (^'>. * Ps. xLiv, 14.  (a) Toute la gloire de la fille du roi est au dedans.  8 Sermons autographes Or sus, je trouve donq, pour ne m'arrester pas, comme je pourrois, sur chaque paroUe, je trouve dis je, deux signes s'estre faitz : l'un, qu'il se fit soudainement un grand son, un bruit, un tonnerre du ciel, porté par un vent véhément, qui remplit toute la mayson ou estoit * Act., II, 2. la beniste brigade de ces pères du Christianisme*. C'est la coustume de Dieu d'imprimer sa sainte crainte es courages de ceux esquelz il veut communiquer ses grâces, affin qu'après la crainte vienne l'amour. Ceste cy est * Ps. ex, 10. le commencement de sagesse*, ceste cy est comme l'esguille par le moyen de laquelle on couvre avec la soye cramoysie de charité le vil reseuil de nos cons- ciences. Ne sçaves vous pas que le plus souvent, l'esté principalement, avant que pleuvoir il tonne et fait vent? Ainsy aujourd'huy il tonne et fait vent, pour monstrer qu'il veut pleuvoir les douces pluj'-es des consolations * Ps. cxLvii, 7. du Saint Esprit, ainsy qu'il est escrit* : Flabit spiritus ej'us, et fiuent aquœi^). Quand nostre misérable pre- * Gen., m, 8. mier père eut péché, il est escrit * : Cum audissent vocem Domini deambulantis in paradiso ad auram. post m.eridiem., abscondit se Ada?n et uxor ej'usi^). Mays maintenant Dieu se faisant ouyr par le bruit d'un grand vent, il remet la force es courages apostoliques et la constance que le péché leur avoit osté. Hé ne vous est il jamais advenu en une sèche et alté- rée sayson d'esté de voir vos jardins a gueule bëe, ouvrant par manière de dire la gorge pour recevoir la pluye, et ne venant point de secours du ciel a leur soif, en fin les herbes paslir et sécher, les fleurs se ternir et faner, et les arbrisseaux sembler plustost un bois mort qu'une plante ? Les païsans alhors s'assemblent, font des prières et processions pour impetrer ramollissement du ciel et la désirée liqueur pour les champs. Mais voicy un vent impétueux et chaud, lequel ramassant toutes  (a) So)t esprit soufflera, et les eaux couleront. (b) Comme ils eurent entendu la voix du Seigneur qui se promenait dans le paradis à la brise du soir, Adam et sa femme se cachèrent.  I. Pour la fête de la Pentecôte 9 les exhalaisons ja relevées, trame une grosse et noire nuëe qui semble voyler tout le ciel, dedans laquelle s'engendrant le tonnerre et brillant les esclairs, semble que bien tost, au lieu d'apporter soulagement aux fruictz de la terre, elle fracassera par le foudre, la gresle et la tempeste ce peu de biens que la sécheresse a laissé sur la terre, et semble menacer les hommes d'une totale ruine. Alhors ces pauvres laboureurs en plus grand soucy, avec plus de souspirs et affligées affections, esten- dans leurs mains noyres au ciel, empoignans la chan- delle beniste, prient le Créateur de destourner son ire, representans la misère de la pauvre famille, si ceste nuëe vient a l'effect dont elle menace ; quand voicy que goutte a goutte ceste nuëe descend toute en pure eau, et abbreuve ces si altérées campaignes a souhait, res- semblant plustost a une grosse rosëe qu'a une impé- tueuse plu5^e. Lhors le laboureur a bien dequoy loiier Dieu de voir son jardin et campaignes reverdoyer plus que jamais, les fleurs se redresser, et tous les fruictz, par manière de dire, reprendre l'haleyne que la chaleur leur avoit ostëe, et représenter aux pauvres semeurs le banquet praetendu d'une abondante cueillette. O qu'il me semble maintenant vous avoir bien donné a entendre le mistere de ceste grande journée. Le jardin de l'Eglise naissante estoit demeuré desja quelque tems privé de l'eau vive, quae est veluti fontis salientis in vitam œternam * f^), c'est a dire de la douce praesence Joan.,iv, 14. de son bon et aymable Seigneur ; la peur et la crainte de la persécution judaïque avoit terni les saintes fleurs, fané et mis en friche toutes ces pauvres plantes, et pouvoit bien dire : Expandi maniLS meas ad te; anima inea sicut terra sine aqua tibi*i^); excepté le lys • Ps. cxui, 6. beny de la sacrée Vierge, sur laquelle, par une particu- lière influence du divin amour, la rosëe céleste tomboit  (a) Qui est comme celle d'une {ontAine jaillissant à la vie éternelle. (b) fat étendu mes mains vers vous ; mon âme est en votre présence comme une terre sans eau.  lo Sermons autographes tousjours surabondamment. Tous ensemble faisoyent prières pour impetrer la sainte rosëe de l'Esprit conso- lateur, quand voyci ce vent impétueux et ce bruit du ciel remplir de frayeur leurs craintifz courages, et leur faire jetter de plus en plus des souspirs de prières a la divine 31ajesté. 31ais ce bruit, ce vent, ceste impétuosité, au lieu de frayeur se changea en une douce pluve des grâces célestes, qui abbreuva si a souhait leurs coura- ges, que des Ihors il ne se parla plus de sécheresse, ni d'aridité, ni de fletrisseure ; car il leur arriva ce qui est dict de l'homme de bien par le saint roy David, lequel *Ps. 1, 5. dict*: Tanquam lignum quod plantatum est secus decursus aquarum, quod fructum suiun dahit in tempore suo ; et folium ejus non defluet, et omnia quœcumque faciet prosperahuntur (3). 3ïais c'est asses parlé de ce premier signe pour le peu de tems que nous avons ; venons a parler du second, •Act.,ii, 3. qui fut des langues de feu ou comfne de feu*. Si ces langues furent de vray feu ou non, je n'en diray rien ; il suffit qu'elles avo3"ent repraesentation et figure de feu et estoyent comme feu. O saint feu, feu qui consume toutes superfluités, feu qui chasse toute froideur, feu qui consume parfaittement l'holocauste de nos âmes sur l'autel sacré de robe3^ssance ! • Gen., 1, 2. Au commencement * je trouve que Spiritus Domini ferebatur super aquas (^', en la première formation du monde. C'est a dire le chaos ou monde élémentaire, ou bien le globe des eaux qui couvroit toute la face de la terre, estant créé, le saint Esprit de Dieu estait porté par dessus, pour donner a ce chaos informe, a cest élément infécond telle fécondité que, sans l'eau désor- mais, ni plante ni animal ne peust estre engendré : de manière qu'il veut quasi dire qu'il couvoit et fecondoit les eaux, affin qu'elles produisent les animaux aquatiques  (a ) Comme un arbre qui est planté proche le courant des eaux, lequel donnera son fruit en son temps, et dont la feuille ne tombera point ; et toutes les choses qu'il fera prospéreront. (b) L" Esprit du Seigneur était porté au-dessus des eaux,  I. Pour la fête de la Pentecôte ii et servent a la production de toute chose animée. Ainsy ce mesme Esprit aujourd'huy est porté par dessus le feu, non ja pour créer et former le monde, mais pour le recréer et reformer : Et apparuerimt illis dispertitœ linguœ tanqiiain ignis , seditque supra singulos eorum* (^). Et comme pour le créer il fecondoit les *Act.,ii, 3. eaux, aussi pour le recréer et renouveller il semble qu'il fecondast le feu : Emitte Spiriturn tuum, et creahun- tur, et renovabis faciem terrœ'^'^^). Et d'autant que * Ps. cm. 30. le feu est plus noble que l'eau, d'autant est ceste refor- mation plus grande que la formation ; et d'autant que le feu est plus actif que l'eau et plus puyssant, réduisant en feu quasi tout ce qui luy est praesenté en un moment, ce que l'eau ne fait pas, aussi y a il plus de puyssance et de majesté a reformer le monde qu'a le former, a le renouveller qu'a le créer. Pour le former, vous trou- vères par tout simplement : Fiat lux, apparcat arida, faciamus * i'^) ; mais a le reformer, Verbum caro * Gen., i, 3, 9, 26. factum est *. Et devant que l'œuvre de la réparation * Joan., i, 14. aye esté faitte, combien a il cousté de sang a Jésus Christ mesme, vray Dieu et vray homme? Devant qu'oser dire et s'asseurer de ceste grande paroUe : Consumma- tum est*, combien de peynes a il enduré? ains quelles *lbid.,xix, 30. peynes n'a il pas enduré et souffert ? Or les théologiens, non contens de sçavoir résolument que plus admirable a esté la Majesté divine en la refor- mation qu'en la formation du monde, ains que plus est admirable la justification du simple et seul pécheur, laquelle neantmoins se faict tous les jours en cent mille lieux du Christianisme, non contens, dis je, de le sçavoir, ilz demandent entr'eux le pourquoy, affi.n par après de pouvoir rendre conte aux curieux de leur dire, et de faire mieux connoistre aux hommes la grâce que Dieu leur  ( a ) Ils virent paraître comme des langues de feu, qui se partagi'rent et s arrê- tèrent sur chacun d'eux. (b) Vous etiverre:[ votre Esprit, et ils seront créés, et vous renouvellerez la face de la terre. ( c ) Q;ue la lumière soit faite, que l'élément aride paraisse, faisons.  12 Sermons autographes faict quand il les appelle a pœnitence. Et respondent tous qu'en la formation du monde les choses furent faites du rien, et ne falloit faire autre que destruire le rien pour donner estre aux choses, lequel rien ne faisoit point de résistance a la volonté de Dieu, ma^'s luy obeissoit, se changeant en estre a la simple parolle du Créateur : Ipse dixit, et facta sunt ; mandavit, et creata • Ps. cxLvm, 5. sunt*'^^). Et quoy que le rien fust infiniment ennemy de Dieu, estant tout a fait de party contraire le néant et le sauverain Estre, si est ce neantmoins que n'ayant aucune puyssance, et le rien ne pouvant rien faire avec sa nulle puyssance, le tout qui estoit Dieu, au simple projet de sa volonté, mettoit en fuite le rien, changeant sa neantise en un bon estre, Ihors qu'il faisoit les créatures. Ainsy donques Dieu en la création n'avoit point de résistance, mais bien tout au contraire en la récréation et reformation du monde, en la justification du pécheur. O combien de résistance trouve Dieu en ceste besoigne ! Que si vous me demandes : Hé, qui est si osé et si témé- raire que de faire résistance a Dieu, et qui le peut faire? Saint Pol ne dict il pas en ce chapitre scabreux et qui * Vers. 19. ne devroit estre leu que des doctes (c'est aux Rom., g *) : •Vers. II. Voluntati ejus quis resistit "^ 'i et au Psalm. 113* : DeiLS autem noster in cœlo ; omnia qiiœcumque voluit, feciti'^). Je sçay bien, o doctes, la vraye et recevable distinction des Pères let théologiens, de saint MnEpist.adHebr., Chrisostome* et de saint Bonaventure**, de la volonté de Hom. XII, § 3. T^. . - . . 1 , 1 • • "In Lib. I Sent,, Dicu, in u voluntatcm signi et voluntatem beneplaciti, » au!^i ^^' '' " antecedentem et consequentem, » « efficacem et ineffi- cacemi^i); „ mais je veux estre entendu de tous mes frères. Des choses que Dieu veut estre faites, il veut les unes  (a) Il a dit, et toutes choses ont été faites ; commandé, et elles ont été créées. ( b ) Qui est-ce qui résiste à sa volonté ? (c) Mais notre Dieu est dans le ciel; tout ce qu'il a voulu, il Ta fait. (d) En volonté signifiée et volonté de bon plaisir, en volonté antécédente et conséquente, efficace et inefficace.  qu  I. Pour la fête de la Pentecôte 13 estre faites sans nostre consentement, et en celles cy tousjours il est obéi : telle est la production des choses, la pluye, neige, tempeste, les maladies et afflictions. Les autres, il ne veut qu'elles soyent faites sans nostre consentement et sans nostre concours. Et quant a celles cy, il est tousjours obéi au Ciel, et partant Deus autem noster in cœlo ; omnia quœciimque voluit fecit. Mays en terre, il n'y est pas tousjours obéi ; autrement, dites moy, qu'aurions nous besoin de demander Fiat volun- tas tua sicut in cœlo et in terra*? Et d'où vient, me 'Matt., vi, lo. dires vous, ceste différence entre les volontés qui sont au Ciel et celles qui sont en la terre ? En peu de parolles je vous le diray : c'est que les volontés célestes et heu- reuses sont tellement appuyées sur la volonté de Dieu, que l'une ne se peut mouvoir sans l'autre, et n'ont pas la liberté de contrariété, c'est a dire de mal faire, ains seulement de bien faire : grâce et gloire tout ensemble. C'est la perfection du franc arbitre que, ne pouvant mal faire, il aille et suive volontairement le bien, et d'estre tellement appuyé qu'il ne puisse jamais descheoir. Mays nous autres, pendant que nous sommes en ce malotru monde, nous ne sommes pas ainsy appu)^és ; mays affin que nous puissions mieux mériter selon la suavité de la divine disposition, nous sommes tellement appuyés de la grâce de Dieu, que nous puissions des- cheoir : la grâce nous fait vaincre nostre infirmité et nous fortifie dans l'amour et la prattique du bien, nous laissant neantmoins tousjours en danger de tomber. Que si quelques uns en ce monde, comme la Sainte Vierge, ont esté tousjours sans cheoir par spéciale grâce de Dieu, encores ne sont ilz pas semblables aux Bienheureux, n'estant nécessités a bien faire tousjours et en toutes façons comme les Bienheureux. Et pour nous conduire en Paradis, il se sert des remèdes telz qu'ilz ne puissent pas lever la liberté qu'il a donné. «■^Un seigneur a juré que si vous prenes la peyne de ramer sur un batteau jusques a un certain lieu, de la, il vous conduira en un autre lieu plein de toute aménité, pour, le reste de vostre vie, y jouyr de tous playsirs.  '4  Sermons autogkai-'Hes  Il désire infiniment que vous le fassies, il vous le com- mande, il vous excite, il vous menace, il faict tout effort pour vous faire prendre l'aviron en main et voguer ; cependant, pour ce qu'il a juré de ne vous pas faire ce bien que vous ne ramies, si vous ne rames, quoy qu'il le désire, il ne fera rien pour vous./Ains}^ Dieu en la cons- titution et reformation des choses jura, par manière de dire, sur son immutabilité, que si nous voulons voguer sur la nacelle de l'Eglise parmi l'eau amere de ce monde, il nous conduiroit en Paradis. Il le désire, il le com- mande, il nous exhorte, il nous menace ; mays de nous y conduire sans que nous nous aydions, il ne le peut pas faire, puj^squ'il a juré le contraire. Dieu pourroit bien nous créer en Paradis, nous y mettre des l'enfance, en tout tems ; mais nostre nature requiert qu'il nous fasse ses cooperateurs, et que (( Celuy qui nous fit sans nous, • s. Aug., Sernio ne nous sauve pas sans nous*. » C'est icy ou je respon- cLxix, c. XI. dray a vostre demande : Oiii peut résister, qui veut résister a Dieu ? Je le veux demander a mon ame, luy proposant les doutes que j'ay en cecy, et si vous faites mes demandes chacun a la vostre, vous ouj-res de belles responses en vous mesme. O mon ame, ma chère moitié, n'as tu jamais ou}^ en toy mesme le Seigneur ton Dieu te commander : Am- * Gen., XVII, i. bula coram me, et esto perfectus*'^^)} Ouy sans doute; et luy as tu jamais respondu : Recède a nobis, viam •Job, XXI, 14. mandatorum tuorum nolumus* i^}} O combien de fois, avec tant de péchés, as tu rejette les inspirations de Dieu ; combien de fois luy as tu fait résistance ! Ah, la lamentable voix que Dieu rend par Isaye, se plaignant de nous autres : Tota die expandi manus meas ad •is.,Lxv, 2; Rom., hobulum non credentem, et contradicentem mihi*i^). X, ult. ri- J ' Gen., VI, 6, 7. Et ceste autre voix * : Pœnitet me fecisse hominem i'^),  ( a) Marche devant moi, et sois parfait, (b) Retirez-vous de nous, nous ne voulons point marcher dans la voie de vos commandements. (c) Tout le jour /ai tendu mes mains ii ce peuple incrédule et contredisant, [à) Je me repens d'avoir fait Thomme.  1. Pour la fête de la Pentecôte 15 ah, bon Dieu, elle seroit suffisante de nous fendre les cœurs, s'ilz estoyent de chair ; car nostre Dieu ne se plaint pas d'avoir faict l'homme pour la création, car quand il l'eut créé, vidit cuncta quœ fecerat, et erant valde bona* {^) ; mais pour la peyne que devoit avoir ' Gen., i, uit. son Filz faict homme a le reformer, dont il dict* : Tac- 'Ibid.,vi, 6. tus dolore cordis intrinsecus (^). Ce n'est donq pas merveille si le Saint Esprit ayant fécondé les eaux pour l'institution du monde, il a voulu féconder le feu pour la restitution d'iceluy ; car besoin estoit de plus d'effi- cace pour le r'habiller que pour le faire. J'eusse peu aller recherchant ce que ce son faict au ciel, porté par le vent, et ce feu signifie par tous les coins de l'Escriture ; mais je l'ay trouvé tout en un Psalme si gravement descrit, que ce seroit peyne de le chercher ailleurs : c'est le Psalme 28. Et premièrement, le tiltre d'iceluy est : Psalmtis David in consummatione Tabernaculi l'^). Qu'est ce que la consommation du Tabernacle, sinon la mission du Saint Esprit qui consomma et perfectionna le taber- nacle de l'Eglise Chrestienne ? Donques est il dict en ce Psalme : Vox Do mi ni super aquas ; Deus majestatis intonuit ; vox Domini super aquas multas i^). Il appelle icy les nuëes eaux, a cause que des nuëes se faict la pluye et les eaux, comme s'il vouloit dire : Factus est repente de cœlo sonus tanquam adve- nientis spiritus vehementis* (^) ; car le tonnerre ne se * Act., n, 2. faict pas sans nuages. Il dict donques que le Dieu de majesté, le mesme Dieu qui se monstra tant terrible sur la montaigne de Sinaï, a faict un son véhément sur les eaux et nuages en l'air.  {^) Il vit toutes les choses qu'il avait faites, et elles étaient très bonnes. ( b ) Etant touché de douleur jusqu'au fond du cœur. ( c ) Psaume de David à la consommation du Tabernacle. [à) La voix du Seigneur a retenti sur des eaux ; le Dieu de majesté a tonné ; la VOIX du Seigneur s^ est fait entendre sur des eaux abondantes. (e ) On entendit tout d'un coup le son comme d'un vent impétueux, qui venait du ciel.  i6 Sermons autographes Vox Doinint, dict il, in virtiite ; vox Domini in magnificentia (^l. Ce son, ceste voix du Seigneur, elle * Act., IV, 33. fut m virtute, en grande vertu * et puyssance, et véhé- mente et magnifique, pour monstrer qu'elle revigora, elle donna force et vertu, elle communiqua une grande cons- tance et magnanimité aux Apostres. Si que les Apostres *s. Gregor. Mag., estans comme les cieux de l'Eglise*, on peut bien dire Hom.xxxinEvang. tt-t t-v •• i ■ ^ §7. deux: Verbo Domini cœli firmati sunî,et spiritu oris •Ps. xxxn, 6. ejus ojnnis virtus eorum* i^) ; les cieux apostoliques, par l'influence desquelz Jésus Christ, comme premier mouvant, nous communique sa foy et ses grâces, ont esté confirmés par la paroUe de ce Verbe de Dieu, Ihors qu'il les laissa pour monter au Ciel , leur faisant ses beaux advertissemens. Bt spiritu oris ejus ; et par le Saint Esprit, qui est respiré par la bouche et sapience du Père comme un souspir d'amour, toute leur vertu a esté perfectionnée et tellement establie, que des Ihors, selon la plus probable opinion, non seulement quant a la foy, qui est chose certaine, mais mesme quant aux mœurs, les Apostres ne firent onques faute. Donques, pour monstrer ceste force, il dict : Vox Domini in virtute. Et pour monstrer combien de dons célestes il départit Ihors a ses Apostres, et par conséquent a son Eglise, il adjouste : Vox Domini in magnificentia. Et puys, pour monstrer l'opération de ce son n'estre seulement pour ses Apostres mays aussi pour l'extirpa- tion de toute la puyssance mondaine, il dict : Vox Domini confringentis cedros, confringet Deus ce- dros Libani'^'^). Il va poursuyvant, que les Apostres fortifiés par cest Esprit desracineront la gloire et vanité mondaine : Et comminuet eas tanquam vitulum Libani i^)\ c'est a  {a) La voix du Seigneur est pleine de force, la voix du Seigneur est pleine de magnificence. (h) La parole du Seigneur a affermi les cieux, et le souffle de sa bouc/te, toute leur vertu. {c) La voix du Seigneur brise les cèdres, et le Seigneur brisera les cèdres du Liban. (à) Et les mettra en pièces comme un Jeune taureau du Liban,  I. Pour la fête de la Pentecôte 17 dire, le Seigneur ayant consolé, conforté, corroboré avec ce son, ce vent et ce feu les cœurs des Apostres, par leur ministère il fracassera, il fera sauter, il dissipera cedros Libani, c'est a dire les plus haut eslevés mes- creans et infidelles : et ainsy est il advenu, mes Frères. Ou sont ces glorieux Césars, ou sont tant de grans per- sonnages en guerre*- o^\ estoyent du tems des Apostres? * Bar., m, 26. Ou eux, ou leur postérité ne se sont ilz pas mis a genoux aux piedz des Apostres ou de leurs successeurs ? Dites moy un peu, ou est la mémoire de Néron ? il ne s'en parle plus qu'en mal. O quelle est la mémoire du glo- rieux Apostre saint Pierre, pauvre pescheur, deschaussé, desnué et simple ! Grand est le palais, la basilique, le monument de saint Pierre ; celle de Néron n'est plus rien. Ainsy les petitz pescheurs ont surmonté les grans pécheurs. Donq ceste voix, ce son, estoit signe que par la parolle de Dieu portée par la voix des Apostres, l'idolâtrie avec ses adhaerans seroit bouleversée comme les veaux qui paissent au Liban et que in omnem ter- rain exibit sonus eoriim, et in fines orbis terrce verba eorum.*-^^^; et que portée inferi non prœvalebunt * Ps. xvm, 5. adversus eain^'yr, et que reges erunt nutritii Ecclesiae '■Matt.,xvi, 18 et principes pu Iverem ejus lingent^i^). •Is..xlix, 23. Il s'ensuit au mesme Psalme : Vox Domini interci- dentis fiammam ignis; c'est a dire, ce son qui reple- vit totam domum Dei, est intercidentis Jlammam ignisi'^); ce son, dis je, dispersa une flamme de feu en plusieurs parties, selon qu'il est dict* : Sedit supra sin- * Act., n, 3. gulos eorum, pour demonstrer que la parolle evangeli- que portée par les Apostres, devoit faire part a chacun du saint feu duquel Nostre Seigneur disoit * : Ignem * Lucae, xn, 49,  (a) Leur bruit sera répandu dans toute la terre, et leurs paroles jusqu'aux confins du globe de la terre. (b) Les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. (c) Les rois seront les nourriciers de l'Eglise, et les princes lécheront sa poussière. (d) La voix du Seigneur fend une flamme de feu ; c'est à dire, ce son qui remplit toute la maison de Dieu, est un son qui fend une flamme de feu. Sbrm. I 2  i8  Sermons autographes  • Ps. cxviii, 140.  *In Prosa Pentec.  • Ps. LXII, 3.  * Genebr., Comm. in Psalm., in Ps. XXVIII, 9. • Plin., Hist. nat., 1. VIII, c.xxxii [al. L).  veni mittere in terram i^) , c'est a dire de charité ou de foy vive. O que ce n'est pas sans cause que le Prophète royal dict * : Ignitum eloquium tuum, Domine, et servus tuiis dilexit illîid^^)\ car par la parole de Dieu nos âmes sont du tout enflammées en son amour et a l'extirpation de toutes nos imperfec- tions. Vox Domini concutientis desertiun ; cotnino- vebit Dominus desertiim Cades^'^). Il appelle désert le lieu ou estoyent les Apostres, ou les Apostres mesmes, pour ce que l'Eglise dict* : « Sine tuo Numine, nihil est in homine, nihil est innoxium(d) ; » et le Psalmiste *, parlant peut estre du Saint Esprit : In terra déserta, invia et inaquosa (e). C'estoit un grand désert, pu3^squ'il n'y avoit aucune herbe verte de resolution, ni aucun chemin pour aller a la praedication innocente, ni aucune eau de consolation ; et partant il l'appelle desertum Cades, qui estoit une grande vas- teté et solitude vers l'Arabie. Apres, poursuit le Prophète : Vox Domini pr cep a- rantis cervos ; et revelabit condensa, et in templo ejiis omnes dicent gloriarn 1^). Mes Frères, les biches ont tellement grande difficulté de faonner ou faire leurs petitz, que jamais elles n'en viendro3'ent a bout si les tonnerres ne leur faisoyent poser de frayeur* ou qu'elles n'usassent d'une herbe appellee siselle * ; et ainsy en l'hebrieu, au lieu que nous avons : prœparantis cervos, il y a : parturire facientis. Ainsy semble il que par ce son véhément Nostre Seigneur aye voulu faire en- fanter les saintes prasdications a ses Apostres, et par le  (a.) Je suis venu jeter le feu sur la terre. ( b ) Votre parole. Seigneur, est aussi pure que l'argent éprouvé par le feu ; et votre serviteur l'aime uniquernent. {c) La voix du Seigneur ébranlant le désert ; le Seigneur agitera le désert de Cadès. (d) « Sans vous, il n'y a rien dans l'homme, il n'y a rien d'innocent. » (e) Dans une terre déserte, sans chemin et sans eau. {{) La voix du Seigneur préparant les cerfs ; et il découvrira les bois som- bres et touffus, et dans son temple tous diront gloire.  I. Pour la fête de la Pentecôte 19 moyen de ses Apostres a tout le monde, lesquelz estoyent comme engrossés de la connoissance d'un vray Dieu et Sauveur par plusieurs conjectures naturelles et du paga- nisme ; dequoy je me rapporte a Eusebe, De Prœpa- ratione Evangelica*. Mais de nous mesmes, nous ne * Lib. xi et alibi, pouvions enfanter qu'après ceste sainte venue du Saint Esprit, qu'après ce feu, ce vent, ce tonnerre, quand la promulgation de l'Evangile commença. Ce n'est pas sans cause que vous voyes les Apostres comparés aux biches, car les biches ne sont point armées de branches et cornes comme les cerfz ; aussi les Apos- tres estoyent nudz d'armes corporelles , ne combat- tant le monde qu'avec la faim, soif et tribiilation'^. Et *l Cor., iv, n; il d'ailleurs, ces animaux sont d'une extrême vistesse ; et «r., vu, 4, xi, 27. telz sont les Apostres desquelz la voix a couru tout le inonde : In omnem terrain exivit sonus eorum, et in fines orbis terrœ verba eorum^; et a rayson d'eux * vide supra, p. 17. fut dict * : Spiritus Doinini replevit orbein terrarum, * Vide supra, p. 6. et hoc quod continet omnia scientiain habet vocis. Aussi estoyent ilz ambassadeurs vers tout le monde, et portoyent la paroUe pour un Monarque qui est extrême- ment viste et courant, duquel l'Eglise chante*: « Nescit *s.Amb., in Luc, tarda molimina Spiritus Sancti gratia(=i). » Et David* : *'ps'xliv " Lingua mea calainus scribœ velociter scribentisi'^). Et de cest enfantement des Apostres que s'ensuit il ? Deus revelabit condensa; il s'ensuit que le sombre et touffu bois et forest de l'ignorance et aveuglement du monde a esté esclairci et descouvert, les arbres en ont esté abattus et rués par terre, si qu'après ceste descou- verte il n'y a personne qui puisse plus dire : Qiiis ostendit nobis bona* ('^''? car par tout le son de la *Ps. iv, 6. trompette evangelique a esté ouy *, pour nous advertir de » is., xl, 9, lvhi, i. quel costé nous nous devons jetter a la retraitte, et par  (a) « La grâce du Saint-Esprit ne souffre pas de retard dans les œuvres qu'elle inspire. » (b) Ma langue est comme la plume de l'écrivain qui écrit rapidement^ ( c ) QjLii nous montre le bien ?  20 Sermons autographes tout il y a des autelz dressés a sa Majesté et des temples, si que in templo cjiis omnes dicent gloriam. Et quelle gloire, quelle loiiange pourront ilz dire ? Hz diront : Deus diluviutn inhabitare facit, et sedebit Dominus rex in œternum'^^)\ c'est a dire : autrefois il fit un déluge pour repurger le monde avec l'eau, mays maintenant il se faict un déluge qui durera tousjours, avec la parolle de Dieu laquelle purifie et illumine les *i Petri, 1, 23. âmes : Verbum Dei manet in œternum'^ ^^). Si que, comme ce premier déluge nettoya, reforma et renouvella la terre, aussi cestuy [cy] la remet, la reforme et la renouvelle, dont nous chantons : Emitte Spiritum * Vide supra, p. ir. tuum et cveabuntur, et renovabis faciem terrœ'^ ; et désormais sedebit rex Dominus in œternum, c'est a dire Jésus Christ, qui regnabit in domo Jacob, et • Lucae, 1, 32, 33. regni ejus non erit fi.nis'^^^'). Dominus virtutem populo suo dabit, Dominus be- nedicet populo suo in pace. O Seigneur Dieu, o doux Jésus, que dis je? Dominus virtutem, etc. Le Seigneur Dieu donnera vertu et force a son peuple, le Seigneur bénira son peuple en paix. En paix, mon Dieu, et que feres vous de nous. Seigneur, qui sommes en guerre ? Mes Frères, ores que vous aves ouy quelque chose de l'infinité des grâces que le Saint Esprit communiqua a sa venue, et quoy que ce que j'ay dict soit peu en comparayson de ce qui en est, si est ce que je ne crois pas que vous ne desirassies extrêmement une venue du Saint Esprit sur vous autres ; eu si vous estes si durs que de ne la pas désirer, je vous oseray bien dire a l'imitation de saint Pol, pour la première fois que j'ay eu cest honneur que de vous parler de la part de Dieu : Gaiat., III, I ; Ps. O iusensati Allobroges, usquequo gravi corde*'^^)? Mais je ne le dis pas, ne pouvant croire tant de mal de  (a) Dieu fait demeurer le déluge, et le Seigneur siégera comme roi éter- nellement. (b) La parole de Dieu demeure éternellement. (c) Qiii régnera sur la maison de Jacoh, et son régne n aura point de fin. (d) O insensés Allobroges, jusquà quand aure^-vous le cœur appesanti ?  ^,3  I. Pour la fête de la Pentecôte 21 ceux auxquelz je désire tant de bien. Je ne m'amuseray donq pas a vous persuader de désirer le Saint Esprit, mays plustost je vous mettray en avant ce qu'il faut faire de nostre costé, comme il se faut disposer a le recevoir ; car, disposés que nous serons, infalliblement selon sa sainte bonté, il arrivera en nous avec toutes ses bénédictions. Regardons un peu comme les Apostres estoyent dis- posés quand ilz le receurent ; ilz estoyent tout de mesme que quand ilz revindrent de l'Ascension. Et comme estoyent ilz alhors ? Au chapitre l des Actes*, rapporté * Vers. 14, 15. acestuycy: Erant persévérantes unanimiter in ora- tione, cum mulieribus et Maria Matre Jesu, et fra- tribus ej'us; un peu après : Erat autem turba centum et viginti (3). Je trouve ces conditions. La première : Erat turba centum et viginti ; la seconde : Erant omnes unanimiter ; la troisiesme : Persévérantes in oratione ; la quatriesme : Cum Maria Matre Jesu, et mulieribus, et fratribus ej'us. Revenons : 11^ estoyent cent et vingt, c'est a dire six vingtz. C'est un mistere, mes Frères : douze estoyent les Apostres au commencement, et maintenant ce nom- bre de douze a esté multiplié par dix. Il faut apprendre que si nous voulons recevoir le Saint Esprit, il nous faut multiplier et enrichir les douze articles de la foy par l'observation et exécution des dix commandemens de la loy. Nous croyons tous, mays fort peu font ce que la foy et créance leur apprend. Ne sçaves vous pas le dire de l'Apostre * : Justus ex fide vivit ^^) 7 * Heb., x, 38. Peut estre ne l'entendes vous pas. Je vous diray un sens aysé a nostre propos, et que peut estre ne sçaves vous pas encores, et neantmoins saint et véritable. Justus ex fide vivit, c'est a dire le juste vit a forme de sa foy, il vit a la règle de sa foy. Ne dict on pas : « ^ger  (a) Ils persévéraient unanimement dans la prière, avec les femmes et Marie Mère de Jésus et ses frères... Ils étaient cent vingt, {h) Le juste vit de la foi.  22 Sermons autographes ex dieta vivit, et régula medici ; » le malade vit de la diète, il vit de la règle, il vit de la manière que le médecin lu}^ a baillée? Certainement ce ne sont pas bons restaurans que la diète, la règle, la manière escritte; les apoticaires n'y gaigneront gueres. Ne dict on pas que les advocatz vivent de leurs livres, de leur estude? Leurs livres et l'estude sont viandes de Caresme, après Pasques on n'en mange pas ; il n'y a si bon secrétaire qui ne laissast son maistre a telle condition de viande. Mays non ; nous voulons dire que le malade, il vit selon la diète ordonnée par le médecin, selon la règle, selon la manière; et l'advocat, qu'il vit du gain (ou juste ou injuste, selon que l'advocat a l'ame bonne ou mauvaise), du gain qu'il faict par le moj^en de ses livres. Ainsy voulons nous dire que le juste vit selon la foy, selon qu'elle enseigne, ex pj'œscripto fidei; et aussi, qu'il vit du gain qu'il faict en la foy, c'est a dire des œuvres bonnes et qui sont selon la foy. La seconde : Erant omîtes îinanimiter ; estoyent tous d'un bon accord. Que ferons nous, mes Frères, nous qui sommes, comme j'avois commencé a vous dire, en guerre ? Mes Frères, la guerre est un fléau de Dieu, et pendant que nous en sommes chastiés, il nous faut croire que c'est pour nos péchés ; car si in terra pax * Lucaj, II, 14. est hominibus boncB voluntatis *, donques, bellum hominibîis malae voluntatis^^); car, comme inter bonœ voluntatis et malae voluntatis, il n'y a point d'entre- deux, il n'}"- en a point aussi entre bellum et pax. Pen- dant que la guerre dure, il ne faut pas attendre le Saint Esprit, car pendant que la guerre dure c'est signe que nos péchés durent : Et factus est in pace locus * Ps. txxv, 2. ejus*^^). Mais quel péché peut estre cause d'un si grand •Thren., i, 8. désastre? Toute sorte de péché. Hieremie dict* : Pecca- tum peccavit Hierusalem (•=). Je ne veux pas m'amuser  (a) Suf la terre la paix est pour les hommes de bonne ■colonie', donc la guerre est pour les hommes de mauvaise volonté. (b) Et sa demeure est faite dans la paix. ( c ) Jérusalem a excessivement péché.  1. Pour la fête de la Pentecôte 23 beaucoup icy, car s'il plaist a Dieu de se servir de moy en ce ministère, je vous en parleray plus d'une fois. Je vous diray seulement : le péché fondamental qui nous entretient en guerre, c'est l'impœnitence. Jamais Dieu ne cessera de nous chastier, jusques a ce que nous cessions de pécher, dict l'Apostre saint Pol* : Tti autem * Rom., n, 5 secundum impœnitens cor tuiim, etc. (^1 Et ceste impœnitence vient d'une certaine courtoysie que chacun a envers soy mesme ; que chacun se flatte, chacun est prest ad exciisandas excusationes in peccatis*W, * Ps. cxl, 4. chacun rejette la cause de nos maux sur le péché d'au- truy, et non sur les siens, comme l'on devroit; et me semble, a ouyr les discours que l'on va faisant en Savoye, que je vois jouer au change. Et me soit permis de me servir de cest exemple, comme fraischement venu de la conversation ou il se joue. Il se rencontre quelquefois une trouppe de damoy- selles vertueuses, lesquelles après avoir long tems parlé et devisé ensemble, estant au bout de leur roolle, ne le voulant dilater aux despens de celle cy et de ceste la, se mettent a joiier quelque honneste jeu, comme au change des couleurs. Chacune prend sa couleur, et est obligée de la garder du change, si que, si le jeu estant commencé on dict que le vert change, celle qui a pris le vert, dira : ce n'est pas le vert qui change, c'est le gris; celle qui a le gris : ce n'est pas le gris qui change, c'est le bleu ; celle qui a le bleu semblablement s'en descharge et dict : ce n^est pas le bleu qui change, c'est le blanc ; et passent ainsy le tems a rejetter l'une sur l'autre le change, tant qu'il se faut retirer et que la conversation est rompue. Il me semble, mes Frères, qu'en Savoj-e nous nous entretenons tous au jeu du change : car si vous parles au peuple, la noblesse aura le change, laquelle avec sa lascheté n'ose rien remonstrer; si l'on parle a la noblesse,  (a) Mais toi, selon V impénitence de ton cœur, etc. (b) A prétexter des excuses a ses péchés.  24 Sermons autographes les ministres de justice auront le change, qui se meslent de l'autruy ; si l'on parle aux justiciers, les soldatz auront le change, qui sont trop desbordés; si l'on parle aux soldatz, les cappitaines auront le change, qui les conduisent et retiennent leurs payes, ou sont si avaricieux que pour desrobber eux mesmes ilz permettent a leurs sqldatz de desrobber. Parles aux cappitaines, les princes auront le change, qui ont tort de vouloir faire la guerre sans argent, ou qui n'advisent pas d'y mettre l'ordre au moins mal ; et aucuns crient que tout le mal vient des peuples qui ne sont pas asses reformés. Ceux cy sont les plus advisés, car il n'est permis de mesdire sans danger, en ce tems ou nous sommes, de personne sinon de l'Eglise, de laquelle chacun est censeur, chacun la sindique. En fin, nous joiierons tant a ce jeu si nous n'y advisons, qu'il nous faudra rompre ceste conversation ; et comme nous avons veu courir des autres nations ça et la pour vivre, ainsy nous faudra il faire si nous ne prenons garde a nous mesme. Et que faut il faire? Il faut bannir le péché de nous ; il nous faut faire la paix avec Dieu, Supra. et nous aurons bien tost après la paix en la terre *. Et quel péché faut il chasser? Ah, que je me garderay bien de me contredire ; vous ne me prendres pas en ma parole. Je n'ay garde de dire qu'il faille chasser le péché des autres, affin de ne pas jouer au change aussi bien que les autres ; mais je vous prieray que chacun die comme moy, et que chacun parle a sa conscience propre et non pas a celle des autres. O mon ame, n'est ce pas toy qui es cause de ce mal, qui as faict tant de péchés sur péchés, tant d'offenses, tant de laschetés que juste- ment l'ire de Dieu est tombée sur tout un peuple ? Ne sçais tu pas qu'autrefois, s'ilz se fussent trouvé dix hommes de bien, le bon Dieu, pour leur respect, eust Vers. 32. gardé toute une ville de ruine (au Gen., 18*)? Ah, que peut estre manquoit il le dixiesme en ce païs ; que si tu te fusses reformé, peut estre eusses tu accompli le nom- bre : o quel grand bien ! Et ne me respons pas : Pourquoy les autres n'y ont ilz advisé? car ilz en ont plus affaire que toy. Disons donques tous, et que chacun parle pour soy,  I. Pour la fête de la Pentecôte 25 faisons chacun pour nous en nous eslevant a Dieu : Pater, peccavi in cœlum et coram te^; Tibi soli * Lucae, xv, ar. Peccavi, et inalum coram te feci * (3). Confessons nos * Ps. l, 6. fautes propres, et laissons les autres confesser les leurs ; sçachons qu'il n'est pas tems de dire : Patres nostri comederunt uvam acerham, et dentés nostri obstu- ptiertait * i^), car Nostre Seigneur nous respondra : * Jerem., xxxi, 29. Anima qtiœ peccaverit, ipsa morietur'^^'^). Donques, ' Ezech., xvm, 20. omnes declinaverunt* i^) ; que personne ne s'excuse ' Ps. xm, 3. d'estre cause des malheurs de nostre aage : nous avons tous part a la peyne et fascherie, nous avons tous part a la coulpe. Jonas estant commandé d'aller a Ninive prescher, fut desobeyssant et s'en alloit ailleurs par mer ; la tempeste s'esleva tellement, que le maistre et patron du navire résolut d'en jetter un en mer : le sort tomba sur Jonas, et quoy que ce fust sort, si est ce qu'il fut a pro- pos; car après, stetit mare a fervore siio *(e). Je ne *Jonae, i, 15. parleray qu'a moy mesme, de peur qu'il ne semble que je veuille jouer au change. Je suis comme un petit Jonas, commandé de Dieu de le louer par bonne conver- sation ; j'ay esté desobeyssant, allant et marchant a rebours du commandement de Dieu. La tempeste, la bourrasque de ce tems calamiteux est grande, et semble qu'il faille jetter quelqu'un dans la mer : Domine, si propter me tempestas orta est, projicite m,e in mare *. * ibid., y. 12. O grand Patron de la navire ecclésiastique, Jésus Christ, si c'est faute de ma pœnitence que cest orage s'est eslevé, que la nef se va rompant, jettes moy, Seigneur, dans la mer ; la mer est la pœnitence amere, dans la- quelle estant jette, faites que je sois receu dans le ventre de la baleyne, c'est a dire de l'espérance, sans laquelle  ( a) Mon Père, J'ai péché contre le ciel et devant vous. J'' ai péché contre vous seul, et f ai fait le mal devant vous. (b) Nos pères ont mangé des raisins verts, et nos dents en ont été agacées. (c) L'âme qui aura péché, mourra elle-même. ( d) Tous se sont détournés. (e) Za mer apaisa sa furie.  26  Sermons autographes  * Ps. L, 12. * Act., IV, 52. * Matt., VIII, 26.  * Act., I, 14. * Ps. CXIX, I. * Ps. IV, 2. * Lucœ, XXIV, 36. * Vers, penult.  *IPII*,qu.Lxxxiii, art. XVII.  le repentir n'est qu'une bourrasque de desespoir ; en ceste espérance j'y demeureray trois jours, de contrition, confession et satisfaction, et alhors, Seigneur, cessabit mare a fervore siio. Que si non seulement propter me tempestas hœc orta est, sed propter hune totum populum (a), changes nos volontés mauvayses en bonnes, et nos courages mauvais en bons : Cor inundum créa in me, Deiis*(^). Seigneur Jésus Christ, faites encor que de nous, sit cor unurn et anima una* ; car alhors erit tranquillitas magna*('^'i. xMessieurs, je vous exhorte a l'amitié et a la bienveuillance entre vous, et a la paix entre tous ; car si nous avions la charité entre nous, nous aurions la paix, nous aurions le Saint Esprit. Il faut se rendre dévot et prier Dieu, et c'est la troi- siesme disposition ; car les x\postres estoyent perseve- rans en orayson *. Nostre nécessité nous y invite, et la libéralité de Dieu : Ad Dominum cum trihularer clamavi, et exaudivit îne* ; Miserere inei, et exaudi orationem meam* i'^). Si nous nous mettons a faire des oraysons, le Saint Esprit viendra en nous et dira : Fax vobis; ego snn7, nolite timere'^ ^^). C'est le vray tems de demander, maintenant que tout le monde est a la besace ; car il est escrit au Psalme 9 * : Desiderium paupertun exaudivit Dorninus (f). L'orayson parfaitte doit avoir troys parties * : la i . une demande ; la 2. l'obsecration, et par manière de dire l'adjuration, qui est comme la rayson de nostre demande; la 3. l'action de grâces. Que devons nous demander a Dieu, mes Frères ? Tout ce qui est pour son honneur et le salut de nos âmes, et en un mot l'assistance du Saint  ( a ) Cette tempête s'est élevée a cause de moi, mais aussi à cause de tout ce peuple. ( b) Crée:[ en moi, ô Dieu, un cœur pur. (c) Ne soit fait qu'un cœur et qu'une âme ; car alors il se fera un grand calme. (d) J'ai crié vers le Seigneur lorsque J'étais dans la tribulation, et il m'a exaucé. Aye^ pitié de moi et exauce:^ ma prière. (e) La paix soit avec vous ; c'est moi, ne craigne^ point. {{) Le Seigneur a exaucé le désir des pauvres.  I. Pour la fête de la Pentecôte 27 Esprit : Emitte Spiritum tuum et creahunUir* ; et *videsupra,p. n. en ce tems icy, la paix et la tranquillité : Fiat pax in virtute tua ; Rogate quœ ad pacem sunt Hierusa- îem*i^). Mays gardes bien de faire comme plusieurs, • Ps. cxxi, 7, 6. lesquelz ont accoustumé de dire : O s'il plaisoit a Dieu nous donner la paix, nous triompherions, nous ferions aussi bonne chère. Gardes, mes Frères, car c'est offencer Dieu de demander la paix pour faire des superfluités, pour des passetems ; il la faut demander pour plus commodément le servir, comme fa3''soit ce Prophète * : * Lucae, i, 74. Ut sine timoré, de manu inimicorum nostrorunt liberati, serviamus illi (^) ; et comme fait l'Eglise * : * Orat. pro pace. « Ut et corda nostra mandatis tuis dedita, et, hostium sublata formidine, tempora sint tua protectione tran- quilla ('^). » Il faut demander la paix, ut Spiritus pacis veniat super nos ( 11 i> •j_ Rust., Serm. m de Et qu est ce qu elle receut icy, puysqu elle lavait lymb. desja receu en l'Annonciation? Mensuram confertam., et coagitatam, et supereffluentem*. Qui jtistus est, *Luca, vi, 38. j'ustificetur adhiic * ('^). O qu'il faut bien croire qu'elle * Apoc, ult., n.  (a) Aussitôt quElisabetk eut entendu la salutation de Marie, V enfant tressaillit dans son sein, et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit. (b) Toutes les générations me diront bienheureuse. « Nul n'aura Jésus-Christ pour frère, qui n'aura voulu avoir Marie pour mère ; et celui qui ne sera pas frère de Jésus-Christ, ne sera non plus son cohéritier. » (c) Une mesure pressée et entassée et débordante. Que celui qui est juste, se justifie encore,  30  Sermons autographes  meditoit en la Passion et es angoisses d'icelle, attendant fermement le Saint Esprit, et en prioit son Filz, duquel si l'absence de troys jours la rendit si triste autrefois, qu'est ce qu'aura faict l'absence de dix jours ? En fin je crois qu'elle disoit dévotement a son Filz : Fili, quid fecisti nobis sic'^? Tu praecepisti nobis ab Hieroso- lymis ne discederemus * (a) : quant a mon cors, o mon Filz, ce qu'il te plaira ; mais quant a mon cœur, ubi thésaurus meus, ibi et cor meum*(b). Et si l'autre a dict*: In dimidio dierurn rneorum vadain ad portas inferik^), je diray quant a moy Paradisi, et en ceste méditation s'allumera le feu du Saint Esprit : In meditatione mea exardescet ignis *. Donques, qui veut avoir le Saint Esprit, qu'il se joigne avec Marie, quia qui ctun ea non colligit, spar- git * («î). Mais de cec}^ une autre fois; il faudra que vous me faciès ce bien que de m'assister pour ouyr des lou- anges de ceste Vierge un peu plus amplement ; et ce pendant je la prieray qu'elle me rende capable. Serves la, honnores la, affin que Celuy qui vient a nous par elle, nous reçoive par elle : Per te nos (( suscipiat, qui per te » ' Cf. Acta S. Andr. ad nos venit *. C'est Jésus Christ, beny, très glorieux, qui vit et règne avec le Père et le Saint Esprit, duquel la bénédiction tombe sur nous. Amen.  * Lucae, ii, 48. • Act., I, 4. * Matt., VI, 21. • Is., XXXVIII, 10.  Ps. xxxviii, 4.  * Matt., XII, 30 Lucse, XI, 23.  (a) Mon Fils, pourquoi a-oe^-vous agi ainsi avec nous? Vous nous avez commandé de ne point nous éloigner de J.'riisalem. (b ) Oit est mon trésor, là est aussi mon cœur. (c) Au milieu de mes Jours f irai aux portes de r enfer. (d) Car celui qui n amasse point avec elle, dissipe.  II ser:mon pour la fête de saint pierre 29 juin 1593 (i ) Tu es Petriis, et super hanc petram œdificaho Ecclesiam nteam (a). Matth., 16, y. 18. Il pourroit sembler estrange a quelqu'un, mes chers auditeurs, que vous ayant apporté du pain la semaine passée en ceste chaire, vous disant : Hic est panis qui de cœlo descendit^^) Qoan., 6*), maintenant je ne vous » Vers. 59. y apporte (lu'une pierre"^, disant : Tii es Petrus, et • Cf. Matt., vu, 9. super hanc petram œdificaho Ecclesiam meam ; et neantmoins, quand je vous invitay a ceste exhortation, je vous promis une semblable réfection spirituelle que celle que je vous presentay alhors. Non, je ne m'abuse point, car je vous apporte ceste pierre sur la parole toute puyssante de Nostre Seigneur, laquelle nous asseure que ceste pierre nous doit tous repaistre : Petre, amas me ? Tu scis, Domine, quia amo te. Pasce oves meas '■'^) ; Joan., 21 *. * Vers. 17. Addressons nous a nostre très glorieuse Dame la Sainte Vierge, et la prions qu'elle dise a son divin Filz, non pour le tenter mays pour le glorifier : Die ut petra  (a) Tu es Pierre, et sur cette pierre j'édifierai mon Eglise. ( b ) C'est ici le pain qui est descendu du ciel. (c) Pierre, m'aimes-tu ? Vous save^, Seigneur, que je vous aime. Pais mes brebis. { I ) La date de ce sermon est indiquée dans VAnne'e Sainte des Religieuses de la Visitation Sainte-Marie ; il y est dit, de plus, que saint François de Sales le prêcha sur un ordre exprès de son Evêque, et que les fruits en « furent grands pour le bien des âmes. » Le mode d'exposition des matières, les allusions contenues dans Texorde, et celle que notre Saint fait plus loin à son « enfance » dans le ministère évangélique suffiraient au besoin à prouver que ce discours est bien du 29 juin 1593.  32 Sermons autographes •Matt.,iv,3;Lucs, hcièc paiits fiaf^^^) \ et soyes asseurés que si la semaine '^' ^' passée Nostre Seigneur cibavit vos ex adipe frumenti * Vers. uit. (Psal. 8o*), maintenant, dépêtra melle saturabit vos (b). Et pour cela, implorons l'assistance de ceste Sainte Vierge en disant Ave, Maria, etc. Amen, amen, dico tihi : cum esses junior, cingebas te et ambulabas ubi volebas ; cum autem senueris, extendes manus tuas et alius te cinget, et ducet quo * joan., uit., i8. non vis^i'^). Omnia tempus habent : tempus nascendi, * Eccies., III, 1,2. et tempus moriendii^), dict l'Escriture Sainte* : dont je prens occasion d'admirer que l'Eglise Catholique nostre Mère, aye commandé, et non sans rayson, que dedans l'octave d'une si grande resjouyssance comme est celle de la nativité de saint Jan, on celebrast la glorieuse memoyre du martire de saint Pierre, grand gouverneur de TEglise militante; car si, comme dict » Eccii., XXII, 6. l'Escriture*, musica in luctu importuna narratio est(e), s'il y a tems de mourir et tems de naistre, pourquoy donques a on meslé en une mesme octave la mort de saint Pierre avec la naissance de saint Jan ? Certes, mes chers auditeurs, il sera bien aysé de trouver responce a ce doute et satisfaire a ceste admiration. Mais peut estre me dires vous que l'Eglise ne tient pas que ceux qui meurent martirs soyent mortz, mays vivans, et estime que, passans a une meilleure vie, on a grande occasion de se resjouyr en leur mort; et pour ce que leur nativité estant accompaignëe de péché elle les amené aux misères, et leur mort les mené a la gloire, on célè- bre leur nativité le jour qu'ilz meurent. Mais si la nativité des Saintz est misérable, et leur  ( a ) Dites que cette pierre devienne du pain. (b) Vous a nourris de la fleur de froment, maintenant il vous rassasiera du miel sorti de la pierre, (c) En vérité, en vérité, Je te le dis : quand tu étais jeune, tu te ceignais et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas. ( d) Toutes choses ont leur temps : il y a temps de naître, et temps de mourir. (e) Un récit inopportun est comme une musique pendant le deuil.  II. Pour la fête de saint Pierre 33 mort glorieuse, pourquoy, a une chose glorieuse comme est la mort, donne on le nom misérable de nativité ? Je trouve qu'il 3^ a tant de similitude entre la nativité de saint Jan et la mort de saint Pierre, que toutes deux se doivent appeller mort ou toutes deux nativité ; car il n'y a nulle apparence que deux choses si semblables doivent avoir diversité de noms. Quand je regarde la ressem- blance et belle convenance qu'il y a entre la création du monde et la récréation et reformation d'iceluy, j'admire extrêmement ce grand Créateur, lequel a si bien sceu, par un si beau moyen et divin artifice, en la création et reformation, monstrer l'unité du Créateur et Reforma- teur. Mays aujourd'huy je ne veux pas m'arrester sur ces choses pour vous les prouver ; je ne prendray que ce qui fait a mon propos pour la solemnité de ce jour. Quand je considère que l'Eglise nostre Mère nous propose en la jo3^euse octave de la nativité de saint Jan la solemnité de la mort douloureuse de saint Pierre, sçachant qu'elle est conduitte du Saint Esprit, je crois qu'elle le faict pour quelque similitude et rapport qu'il y a entre la mort de l'un et la nativité de l'autre ; pensée en laquelle je suys d'autant plus confirmé, que je vois que la mesme Eglise appelle aussi bien naissance la mort de saint Pierre que la nativité de saint Jan, voyant que non seulement en la mort, mays encores en leur vie mesme, j'y trouve certaine alliance et grande ressem.- blance, quoy qu'en certains pointz il y aye de la dissi- militude, comme il y en a tousjours entre les choses du Viel et du Nouveau Testament. Certes, quand j'ay leu au Genèse * que Dieu fit deux 'Cap. i, 16. grans luminaires au ciel, l'un pour prœsider et / >• esclairer le jour et l'autre ^oz^r la nuict, incontinent \^'J^^^J^ '^-^-^ j'ay pensé que c'est03'ent ces deux grans Saintz, saint ' ^7 - '^ ^'^ '^'-■*«^ Jan et saint Pierre ; car ne vous semble il pas que '^^^''^ saint Jan soit le grand luminaire de la Loy mosaïque, laquelle n'estoit qu'une ombre ou comme une nuict au; regard de la clairté de la L03' de grâce, pU3^squ'il estoit plus que prophète*? Encores qu'il ne fust^^^ lumière, * Matt., xi, 9. toutesfois il portoit tesmoignage de la lumière, par Sbrm. I ,  ^4 Sermons autographes quelque participation de la lumière laquelle in tenebris • Vers. 5, 8. lucet i^) ', Joan., I*. Et vous semble il pas que saint Pierre soit Evangelii himinare majus, pu3^sque c'est luy qui prseest diei Evangelii (^1 ? lesquelz deux lumi- naires ont esté mis au ciel ecclésiastique par Celuy qui l'a faict et formé, qui est Jésus Christ Nostre Seigneur. »Exod.,xxv,i8-3o. Nous lisons * qu'il y avoit autour du propitiatoire deux chérubins lesquelz s'entreregardo3^ent. Le pro- pitiatoire, mes chers auditeurs, c'est Nostre Seigneur, lequel le Père éternel nous a donné pour estre propi- * I Joan., II, 2. tiatio pro peccatis nostris* : et ipsum proposait Deus ♦ Rom., III, 25. propitiationem* ^^'^). Ces deux chérubins sont, comme j'estime, saint Jan et saint Pierre, lesquelz s'entreregar- doyent, l'un comme Prophète et l'autre comme Apostre. Hé, penses vous pas qu'ilz s'entreregardoyent quand • Joan., 1, 29, 36. l'un disoit : Ecce agnus Dei^, et que l'autre disoit : * Matt., XVI, 16. Tu es Christus Filius Dei vivi * ? Il est vray que la confession de saint Jan ressent encores quelque chose de la nuict de l'ancienne Loy, quand il appelle Nostre Seigneur aigneau, car il parle de la figure ; mais celle de saint Pierre ne ressent rien que le jour, quia Joan- nes prœerat nocti, et Petrus diei . Ce que je ne dis pas pour vous faire entendre que saint Jan ne sceust bien la vérité, mais affin que vous sçachies que comme saint Pierre, qui estoit le luminaire qui prsesidoit au jour, parle ouvertement, aussi saint Jan, pour s'accommoder au tems auquel il praesidoit, qui estoit le tems des ombres et des figures, il parle plus couvertement. Au commencement du monde, on trouve que Spiritus • Vers. 2. £)gi fcrebatiu' super aquas ('■^) ; Gen., i *. La naïfveté du texte en sa source, veut dire fecundabat, vegetabati^).  (a) Laquelle luit dans les ténèbres. (b) Le grand luminaire de l'Evangile, puisque c'est lui qui préside au Jour de l'Evangile. (c) Propitiation pour nos pi'chés : et c'est lui que Dieu a présenté pour être propitiation. ( d) L'Esprit de Dieu était porté sur les eaux. (e) Fécondait, vivifiait.  II. Pour la fête de saint Pierre 35 Ainsy me semble il qu'en la reformation du monde, Nostre Seigneur fecondoit les eaux, Ihors que ambulabat /w:x:^a mare Galilœœ'\^); et avec la parolle qu'il dict a saint Pierre et a saint André : Venite post me, il fit esclorre parmy les coquilles maritimes saint Pierre et saint André; Matth., 4*. En quo)^ saint Jan a encores quelque * Vers. 18, 19. similitude avec saint Pierre, puysque ce fut au bord de l'eau* ou saint Jan eut la première fois l'honneur de voir * Joan., i, 28. Celuy qu'il annonçoit, comme saint Pierre, auprès de l'eau, reconneut son divin Maistre et le suyvit. Mais puysque nous sommes sur le mistere de la vocation de saint Pierre, je vous veux descouvrir a ce propos une considération plus profonde. Pharao avoit commandé aux sages-femmes des He- brieux qu'elles tuassent tous les enfans masles d'Israël ; la mère de Moyse, l'ayant enfanté et gardé troys moys, en fin ne le pouvant plus cacher, elle le mit en un panier de joncs qu'elle accommoda le inieux qu'elle peut, puys l'exposa parmi certaines herbes aquatiques au bord de l'eau ; et la fille de Pharao y venant pour se baigner, l'appercevant, le fit prendre, et voyant que ce petit enfant estoit fort beau, par bonheur elle le fit nourrir par sa mère propre ; et parce qu'elle l'avoit retiré des eaux, elle Vappella Moyse, c'est a dire retiré; Exod., i et 2. Vous apperceves vous point du mistere que contient ceste histoire ? Mo)^se estoit chef de la Synagogue, et fut a cest effect sauvé et retiré des eaux par la providence de Dieu. Et voicy que Nostre Seigneur, l'unique Sapience du Père éternel*, retire le * Prov.,viii, 12, 22, grand chef de l'Eglise militante, saint Pierre, des eaux '^' auprès de la mer de Cesarëe ; lequel on pourroit bien appeller Mo5^se, pu3'squ'il a esté retiré des eaux comme Moyse. Et de vra}', Simon, l'un des noms de saint Pierre, veut quasi signifier cela, car Simon veut dire obediens, et Moyse signifie extractus, c'est a dire retiré simplement, d'autant qu'il n'avoit pas encores  {^) Il marchail le lo>tnr de Li mer de Galilée,  ^6 Sermons autographes l'usage de rayson quand on le retira. Saint Pierre est appelle obeyssant, pource qu'ayant esté retiré dans l'usage de rayson, il fut retiré par obe3"ssance : Venite * Matt., IV, iq, 20. post me; et continuo seciiti siint eîim*(^). Saint Pierre donques fut semblable et a Moyse et a saint Jan. Mais considérons maintenant la ressemblance de ces deux nativités de saint Jan et de saint Pierre, a condi- tion toutesfois que nous ne ferons que toucher ce qui sera de saint Jan, pour nous arrester davantage en ce qui est de saint Pierre, puysque c'est en ce jour que nous célébrons sa feste. Je trouve premièrement que la nativité de saint Jan a esté praedicte par l'Ange : Itt 7niilti in * Vers. M. nativitcite ejus gaudebunt ^^^\ Luc, i *. Celle de saint Pierre a esté pareillement prsedicte ; mais il y a ceste grande différence, que l'Ange praedict celle de saint Jan, * Joan., XXI, iS, 19. et cellc de saint Pierre fut prsedicte par Nostre Seigneur*. Saint Jan nasquit pour finir la Loy mosaïque, saint Pierre mourut pour commencer l'Eglise Catholique; non que saint Pierre fust le commencement fondamental de l'Eglise, ny saint Jan la fin de la Synagogue, car c'est Nostre Seigneur, lequel mit fin a la Loy de Moyse, * Vers. 30. disant sur la croix : Consummatum est (Joan., 19*), et resuscitant, il commença l'Eglise nouvelle ; car comme il se renouvella luy mesme, aussi renouvella il son Eglise : il se renouvella, dis je, resuscitant revestu d'im- mortalité, luy qui s'estoit auparavant revestu de nostre mortalité : Et habitu inventus ut homo (c), etc. ; •Vers. 7. Philip., 2*. Le rabbin Saadias dict que l'aigle voletant parmy le feu, et puys se jettant dans la mer, renouvelle * ApudGenebr.,in scs aislcs et sa jcuncsse*. Ainsy Nostre Seigneur, se locum ubi infra. -, , j i -j. - ^ bruslant au feu de sa très grande chante et puys se jettant dans les eaux de la mer Rouge de sa Passion, renouvella sa jeunesse, et comparut, sortant d'icelle en resuscitant, glorieux, renouvelle comme l'aigle,  (a) Vene^ après moi; et aussitôt ils le suivirent, (b) Et plusieurs se réjouiront à sa naissance. (c) £"/ reconnu pour homme par les dehors.  II. Pour la fête de saint Pierre 37 suivant ce qui est es Psalmes : Renovahitur ut aquilce juventus tua ; Psalm. 102 *. * Vers. 5. La nativité de saint Jan fut prsedicte a Zacharie, comme il ofFroit de l'encens au Seigneur, ainsy qu'il est dict en saint Luc * : Cum Zacharias poneret incen- * Cap. i, 9. sutn Domino. 31ais quel encens penses vous que saint Pierre ofFroit au Seigneur quand il luy respondit : Domine, tu scis quia amo te*? odeur qui seule est 'Vide supra, p. 31. aggreable a sa divine Majesté. Saint Jan fut sanctifié au ventre de sa mère en la présence de la Sainte Vierge ; et de mesme, saint Pierre fut sanctifié au ventre de l'Eglise militante. Mais sçaches que les Saintz sont sanctifiés en cinq manières. La i. par nécessité de conséquence : c'est ainsy que fut sanctifié Nostre Seigneur, lequel estant Filz naturel de Dieu, ne pouvoit qu'il ne fust saint ; et parce qu'il estoit saint par nature, il .s'appelle saint par excellence : Sanctus vocabitiir Filius Dei^^) (Luc, i *) ; * Vers. 35. estant l'un des trois Sanctus, Sanctus, Sanctus (Isa., 6 *), que les Séraphins que vit Isaye répètent sans * Vers. 3. cesse dans le Ciel en l'honneur de la tressainte Trinité. La 2. est de ceux qui ne sont pas saintz sinon contin- gemment, et sans aucune nécessité que par la volonté de Dieu ; neantmoins ilz le sont tousjours. Et de ceste seconde sorte, nous n'avons que la Vierge sacrée, de laquelle David dict, Psal. 84 * : Benedixisti, Domine, * Vers. i. terram tuam, avertisti captivitatem Jacob (^). La 3. sorte de sanctification est de ceux qui ne sont pas tous- jours saintz, mais seulement sont sanctifiés au ventre de leur mère : telz furent saint Jan, Hieremie, et, selon l'opinion de quelques uns, saint Joseph, auxquelz on attribue ces paroUes * : Antequam progredereris ex *Jerem., i, 5. utero, sanctificavi tei'^). La 4. sorte est de ceux qui sont sanctifiés d'une sanctification commune a tous les  (a) Celui qui est saint sera appelé le Fils de Dieu. (b) Seigneur, vous ave^ béni votre terre, vous ave^ détourné la captivité de Jacob. ( c) Avant que tu fusses sorti des entrailles de ta mère, je t'ai sanctifié.  ^8 Sermons autographes * Vers. I. justes avant que de mourir, desquelz il est dict, Sap., 3* : Justorum animœ in manu Dei stinti^). Mais les der- niers sont sanctifiés, non seulement d'une sanctification commune qu'on appelle justification, ains d'une sancti- fication singulière de laquelle ilz ne peuvent plus des- cheoir. Ainsy furent sanctifiés les Apostres au jour de la Pentecoste ; de quoy nous avons tesmoignage en saint Pol, qui dict qu'il est asseiiré qu'aucune chose, non pas mesme la mort, ne le pourra séparer de la charité de Jésus Christ : Scio quia neqiie mors nos separabit *Vers. 38, 39. a charitate Christi ; Rom.,. 8*. Or, pour vous monstrer le rapport qu'il y a entre saint Jan et saint Pierre, je trouve que la Sainte Vierge fut présente a leur sanctification. Quant a celle de saint Jan, * Vers. 44. il est dict (Luc, I *) qu'a son arrivée chez sainte Eli- zabeth exultavit in fans in gaudio (b). Le mesme peut on dire de la sanctification de saint Pierre, qui se fit dans le cénacle, ou la Sainte Vierge estoit aussi présente, a la descente du Saint Esprit ; tellement que l'on peut dire de luy comme de saint Jan : Exultavit infans, puysque saint Pierre auparavant, comme enfant, n'avoit quasi jamais parlé, et tout aussi tost, aperiens os suum * Act., II, 14, X, 34. Petrus^i'^), il commença a prescher et convertir les âmes a milliers. Saint Jan fut le dernier prédicateur de la Loy mosaï- que ; saint Pierre fut le premier de l'Evangile. O deux luminaires ardens de prédication, favorises de vos saintes intercessions mon enfance, affin qu'il plaise a Dieu se servir de moy en ce ministère, ad dandam scientiam salutis plebi ejus, in remissionem pec- *Vers. 77. catorum eorum i^) (Luc, i *), et que je puisse tellement avoir les lèvres ouvertes de la part de Nostre Seigneur, * Ps. L, 17. que os meum annuntiet laudem ejus*; recte docere, et  ( a ) Les âmes des justes sont dans la tnaiii de Dieu. (b) L enfant tressaillit de joie. ( c ) Pierre, ouvrant sa bouche. (d) Afin de donner la science du salut à son peuple, pour la rémission de leurs péchrs.  II. Pour la fête de saint Pierre 39 quae doceo opère complere, ne ciim aliis prœdicaverim ipse reprobns efficiar * (a). * i Cor., ix, uit. Vous aves veu jusques icy quelle convenance il y a entre la nativité de saint Jan et la mort de saint Pierre. Maintenant vous voudries peut estre sçavoir quis major est in Regno cœloriim'^ (b). C'est une chose a quoy je *Matt.,xviii, i. ne puys bonnement respondre ; seulement je vous diray que vous imities la sainteté de l'un et de l'autre, et puys vous le sçaures quand vous seres dans le Ciel. Les phi- losophes ayant recherché, il y a plus de deux mille ans, les causes du flux et reflux de la mer, ne l'ont jamais sceu comprendre ; mais je ne vous donne pas ce terme pour sçavoir la solution de ceste question : estudies seu- lement par imitation la sainteté de ces deux grans Saintz, et la pluspart de ceux qui sont icy le sçauront dans peu de tems. Au reste, l'Eglise appelle nativité la mort de saint Pierre, pource que dans la mort il a trouvé la vie ; mays la mort de saint Jan ne se pourroit pas appeller nativité, d'autant qu'il luy fallut aller aux Limbes, le Ciel n'estant pas encores ouvert pour Ihors. Or, despu3's l'Ascension de Nostre Seigneur, ceux qui ont mesprisé ceste morta- lité se sont faict par la mort une nativité. Mais je ferois tort au passage de la Sainte Escriture que j'ay cité au commencement de ce sermon, si je m'arrestois davan- tage a poursuyvre les ressemblances qui sont entre la nativité de saint Jan et la mort de saint Pierre, puysque j'ay tant d'occasion de faire une comparayson plus haute, c'est a sçavoir entre la mort de saint Pierre et celle de nostre divin Sauveur. Et que personne ne vienne dire que toutes comparay- sons sont odieuses et qu'il n'y a point de rapport entre le Maistre et le serviteur, puysque Nostre Seigneur ne fait point de difficulté de se mettre en comparayson avec  (a) Que ma bouche annonce sa louange; enseigner la vérité, accomplir moi- même ce que j'enseigne, de peur qu'après avoir prêché aux autres je ne sois moi-même réprouvé. (b) Lequel est le plus grand dans le Royaume des deux.  40 Sermons autographes les bergers, avec les moutons, avec les vignes, avec les •Vers. 59. pierres. Saint Pol dict, Rom., 8*: Qiios prœscivit, et prœdestinavit conformes fieri imaginis Filii sui'^^). •joan.,xx, 17. Il s'appelle nostre frère*, il nous appelle ses amis** et "Romï vuI,^^7.^^" ^es cohéritiers *; et d'abondant, il nous communique un nom duquel la chose est proprement incommunicable : • Ps. Lxxxi, 6. Ego dixi : DU estis, et filii Excelsi omnes * (^1. Mais remarques cecy : car Dieu nous appelle dieux ; le diable nous appelle dieux, quoy que non pas absolument, * Gen., III, ■■). disant : Eritis sicut dii, scientes bontim et malum*i^). C'est que Dieu nous attribue ces noms pour nous humi- lier et nous monstrer sa charité ; le diable nous les attribue pour nous faire tomber dans la superbe, et par ce moyen nous séparer de la charité. En fin ces noms donnés aux hommes monstrent plustost la gloire de Dieu que celle des hommes : il a tant de bonté que de nous vouloir rendre semblables a luy, autant que nostre bassesse le peut porter. Il ne faut donq pas, mes chers auditeurs, avec nostre petit entendement contreroUer et sindiquer quand nous voyons que l'Eglise donne a certains grans Saintz, notamment a nostre glorieuse iMaistresse, des tiltres excellens. Car il y a plusieurs noms qu'elle n'a pas seu- lement en apparence et similitude mays en vérité, comme Mère de grâce, Mère de Dieu, et par conséquent Reyne des Anges et Impératrice du Ciel et de la terre, Advocate des pécheurs. Mère de miséricorde ; car celle qui est vrayement JMere de Dieu a tous ces tiltres avec plus de rayson, ce semble, qu'un ro}^ ne porte le nom de son ro3^aume. Les autres noms de ceste sainte Vierge s'entendent par proportion et participation, comme quand nous l'appelions nostre refuge, nostre espérance, parce qu'elle l'est en effect, bien que ce ne soit que par parti- cipation et par le moyen de son crédit.  (a) Ceux qu'il a connus par sa prescience, il les a aussi prédestinés pour être conformes à Vimage de son Fils. (b) J'ai dii : Vous êtes tous des dieux, et les fils du Très-Haut. (c) Vous sere^ comme des dieux, sachant le bien et le mal.  II. Pour la fête de saint Pierre 41 Nostre Seigneur ayant dict a saint Pierre que quand il seroit viel il estendroit ses mains et seroit lié et mené la ou il ne voudroit pas, il luy dict : Seqiiere me *. * Joan., uit., 18, 19. Saint Augustin demande * pourquoy Nostre Seigneur * Tract, cxxiv ia dict a saint Pierre : Sequere me ; il respond que c'est ■^°^'''' ^ '" comme s'il luy eust voulu dire : Quant a toy, Pierre, tu me suyvras non seulement a la mort, mais encor quant a la façon de la mort; en quoy Euthymius s'accorde*, • In joan.,uit., 21. quoy que Theophylacte entende par ces parolles *, que 'Enarrat.in joan., Nostre Seigneur luy vouloit dire : Sis vicarius meus (a). "^'•' P°^^- "^'''^• L'une et l'autre exposition est bonne, car Nostre Sei- gneur luy dict : Sequere me, en suite de ce qu'il luy avoit dict auparavant. Or, il luy avoit dict deux choses. Premièrement : Pasce oves meas, secondement : Cum autem. senueris, extendes manus tuas, etc. ; et par- tant il dict après, par deux fois : Sequere me. La pre- mière, après qu'il luy eut prsedict sa mort : Cum hoc dixisset, dicit ei : Sequere mei^), Joan., 21 *; comme "Vers. 19. s'il eust voulu dire : Tu seras crucifié, pour te monstrer que tu ne repaistras pas seulement mes brebis de ma parolle, mais encores de mon exemple ; sois donq pas- teur, mon vicaire et mon lieutenant. Lautrefoys il luy dict : Sequere me, quand il se fut informé que devien- droit saint Jan* : saint Jan demeurera comme il me • Vers. 22. plaira ; quant a toy, il faut que tu me suives, non seule- ment au vicariat et gouvernement de mon Eglise, mays encores en mourant sur une croix comme moy. Le lieu ou saint Pierre a esté crucifié, c'est Rome sans doute, car ainsy le rapporte toute l'antiquité ; de quoy nos adversaires sont bien marris, et veulent non seulement nier qu'il soit mort a Rome, mais encores qu'il y aye résidé, avec des raysons les plus imperti- nentes et frivoles qu'on se puisse imaginer. Et neant- moins Papias (au récit d'Eusebe*), disciple des Apostres, * Lib. 11, c. xv. nous en asseure, apportant pour tesmoignage que saint  (a) Sois mon vicaire. ( b) Lorsqu'il eut ainsi parlé, il lui dit : Suis-moi.  42 Sermons autographes Pierre date sa première Epistre de Babylone, c'est a dire de Rome, interprétation laquelle est suyvie du grand saint Hierosme, au traitté qu'il a faict Des 'CA-p.\m,Marcns. hommes illusti'es '^ . Mays quelque esprit peu versé et mal affectionné aux choses de la foy me dira : Donques Rome s'appelle Bab3'lone ; Salutat vos, inquit, Eccle- ' Vers. 13. sia in Babylone coelectai^); i Pétri, cap. 5*. Ouy vrayement, car l'idolâtrie régnant en ce tems la a Rome qui estoit baignée du sang des Martirs par la tyrannie de Néron, ceste ville devoit estre appellëe neronienne ou Bab3ione, et non pas chrestienne. Et pour cela, remarques que saint Pierre ne dict pas : L'Eglise de Babylone vous salue, mays : Salutat vos Ecclesia in Babylone coelecta. L'Eglise romaine estoit in Baby- lone, sed non de Babylone, comme antichristi miilti ex nobis prodierunt, sed non erant ex nobis (^1 ; Vers. 18, 19. I Joan., 2 *. Ainsy se doit entendre cest autre passage** : *Apoc., XVII, 9. -o 1 1 1 , Babjaon sedebat supra septem montes (<^). Saint Pierre donq estant a Rome et disputant contre Simon magicien, après avoir gouverné l'Eglise environ vingt cinq ans, Néron le voulut faire mourir, ^iays estant prié par les Chrestiens qu'il se conservast, comme très nécessaire a l'Eglise, laquelle ne peut perdre son chef sans recevoir quelque desarro}', il s'en alloit hors de Rome ; et comme il fut hors de la porte, Nostre Sei- gneur lu}^ apparut. Lhors ce grand Saint, avec son ordi- naire simplicité, luy demanda ou il alloit : « Domine, quo vadis i^)7 » auquel Nostre Seigneur respondant : (( Vado Romam, iterum crucifigi (^), » saint Pierre par ces paroles conneut que Nostre Seigneur vouloit estre crucifié en sa personne, puysqu'il a dict : Quod iLiii ex Vers. 40. minimis meis fecistis, mihi fecistis y^) \ Matth., 25*.  (a) L'Eo-lise, dit-il, qui est dans Babylone, élue comme vous, vous salue. (b) Dans Babylone, mais non de Babylone, comme beaucoup d'antechrists sont sortis d'entre nous, mais ils ti étaient pas des nôtres. (c) Babylone était assise sur sept montagnes. (d) « Seigneur, où allez-vous? » (e) « Je m'en vais à Rome pour y être de nouveau crucifié. » [i } Ce que vous ave^fait au plus petit des miens, cest à moi que vous rave^fatt.  tom.  II. Pour la fête de saint Pierre 43 Il rentra soudain dans la ville, et fut incontinent saysi et condamné a estre crucifié ; mays par humilité, il demanda d'estre crucifié la teste en bas et les pieds en haut, ne voulant pas, par respect, estre du tout semblable a son divin Maistre. Ainsy le grand saint Pierre estant viel glorifia Dieu estendant ses mains, comme il luy avoit esté prœdict. Or, tout ce que je vous ay dict est rapporté par des autheurs irréprochables, a l'opinion desquelz il n'y a homme de bon jugement qui ose s'opposer. C'est saint Ambroyse en son oraison Contre Auxence*, saint J§ ^^fOp^^^^j Athanase en son Apologie pour safuitte*, saint Hie- *§ is. rosme sur saint Pierre *, outre les memoyres qui sont ^^ De Viris liiust. encores a présent a Rome (0. Ainsy donq le glorieux saint Pierre alla après et suyvit Nostre Seigneur, non seulement en ce qu'il fut son lieutenant en ce monde, mais encores en ce qu'il mourut en croix comme luy. Quand Dieu créa cest univers, voulant faire l'homme il dict : Faciamus hominem ad imaginem et simili- tudinem nostram, ut prœsit piscibus maris, volati- libus cœli et bestiis terrœ '^^) \ Gen., i *. Ainsy me • Vers. 26. semble-il qu'il aye fait en sa reformation ; car voulant que saint Pierre fust le praesident et gouverneur uni- versel de son Eglise, qu'il commandast tant a ceux qui sont dans les eaux de ce monde comme a ceux qui se retirent en la Religion pour voler en l'air de la perfec- tion, il le voulut rendre semblable a luy, et me semble qu'il dict : Faciamus eum ad imaginem nostram, c'est a dire, semblable a Jésus crucifié ; c'est pourquoy il luy dict : Sequere me. Narcisse, disent les prophanes, estoit un enfant si  (a) Faisons V homme a noire image et ressemblance, afin qu il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur les bêtes de la terre. ( I ) Il faut sans doute entendre par ces « memoyres » les vestiges que Notre-Seigneur, apparaissant à saint Pierre, laissa, de ses pieds sacrés, au lieu qui, de cette rencontre, a pris le nom de Domitie quo vadis. Le marbre qui conserve cette empreinte miraculeuse a été transporté, depuis des siècles, à la basilique de Saint-Sébastien, où saint François de Sales avait dû le vénérer lors de son pèlerinage à Rome en 1592.  44 Sermons autographes desdaigneux qu'il ne voulut jamais donner son amour a personne ; mays en fin se regardant dans une claire fon- tayne, il fut extrêmement espris de sa beauté. Quand nous nous regardons dans une fontayne, nous semblons y estre représentés antipodalement, la teste en bas et les piedz en haut. Ne penses vous pas que Nostre Sei- gneur regardast saint Pierre en son martire, puysque * Ps. X, 32. oculi ejus in pauperem respicïunt* i^)} Il le voyoit comme dans les eaux d'amertume et de tribulation, crucifié les piedz en haut, en sorte qu'il estoit comme son vray pourtrait. Et si Narcisse qui n'ayma jamais aucune personne, fut si espris voyant sa propre ressem- blance, combien plus Nostre Seigneur qui ne fit jamais qu'aymer ? Aussi son cher Disciple disoit de luy : Cuin * Vers. I. dilexisset siios, in finem. dilexit eos i^), Joan., 13*; et en un autre lieu, il est dit : In charitate perpétua * Vers. 3. dilexî te(^); Hierem., 31 *. Combien plus, dis je, pen- ses vous que ce divin Sauveur fust espris de l'amour de saint Pierre, qui estoit comme son image, plongé dans les eaux de la tribulation du martire? Nonne oportuit, dict il aux disciples d'Emaiis, Christum pati, et ita * Vers. 26. intrare in gloriam suami^)? Luc, 24*; de mesme je diray : Nonne oportuit Petrum pati, et ita intrare in gloriam Domini sui ? Ouy sans doute, car Nostre Seigneur luy avoit dict : Sequere me; viens a la gloire, mays comme moy. Regardes en la Passion : vous trouvères que Nostre Seigneur ne pouvant porter sa croix, tant il estoit acca- blé de tourmens, on fit venir un certain homme pour luy ayder, lequel l'alloit suyv^ant, portant la croix sur ses espaules. L'Evangeliste ne nomme pas la pluspart des personnes qui se trouvèrent a la Passion ; mais cestuy ci, il le nomme, non sans mistere, et l'appelle * Matt., xxvn, 32. Simon*. Simon porte la croix après Nostre Seigneur;  ( a ) Ses yeux regardent les pauvres. (b) Comme il avait aimé les siens, il les aima jusqua la fin. ( c ) _/f (ai aimée d'une charité éternelle. ( d) Ne fallait-il pas que le Christ souffrît et quil entrât ainsi dans sa gloire ?  II. Pour la fête de saint Pierre 45 la Croix est le sceptre royal de Nostre Seigneur : Et principatus ejus super htimerum ej'iis (^) (Is., 9*), * Vers. 6. comme saint Hierosme l'interprète *. Ce signe estoit * in locum. comme un praesage pour saint Pierre, qu'il porteroit un jour la Croix et le sceptre de Nostre Seigneur, non solum patiendo, sed etiam regendo (b). Simon C^reneen porte la croix pour monstrer que nostre Simon auroit en main la Croix de Xostre Seigneur, comme un sceptre, pour commander en l'Eglise militante et pour endurer. D'icy je vous puys conduire a l'intelligence d'une autre difficulté, que je vous veux esclaircir : c'est que Xostre Seigneur voulant donner le gouvernement de sa bergerie a saint Pierre, il l'appelle tousjours Simon Joannis"^, non pas Pierre, encores que luy mesme luy • Joan., ult., 15-17. eust changé de nom. D'où vient cela? Un excellent docteur de nostre tems ( iJ croit que c'estoit a fin que saint Pierre fust adverti de ne point s'enorgueillir, et qu'il se souvinst de ce qu'il estoit devant que Nostre Seigneur l'appellast Pierre; mays il y a, comme j'estime, un plus profond mystère. Quand Nostre Seigneur voulut mons- trer a saint Pierre qu'il le vouloit faire chef de l'Eglise, il luy dict* : Tu es Petrus, et super hanc petram œdi- * ubi supra, p. 31. ficabo Ecclesiam meam ; en quoy, comme il luy com- muniquoit la charge de son troupeau, aussi lu}' donnoit il l'un de ses noms qui signifie puyssance ; car le nom de Pierre est un des noms que l'Escriture attribue a Nostre Seigneur : Petra autem erat Christus, i Cor., 10*; Lapis quem reprobaverunt œdificantes, hic * Vers. 4. factus est in caput anguli (c), Epist. i. B. Pétri, cap. 2*; • Vers. 7. donq, luy promettant sa lieutenance au gouvernement de son Eglise, il luy donne encores un de ses noms qui signifie puyssance.  {z) Et sa principauté est sur son épaule. (b) Non seulement en souffrant, mais encore en gourernant. (c) Cette pierre était le Christ. La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient, est devenue la tête de l'angle. ( I ) Le Cardinal Tolet. (In Joannis Evangelii Commentarius, in locum.)  46  Sermons autographes  Vers. 8.  Vers.  3V  *Matt.,xxvi,6Q-7s. * Cf. Baronius, ad ann. 69, § xxxi.  * Ps. L, <). •Cent. 1,1. II, ex, De Simone Petro.  Mays d'autant qu'il ne le vouloit pas .seulement faire son lieutenant, ains encores lu}' prsedire qu'il endureroit la mort de la croix, il luy donne encores un nom de passion, de croix et de martyre, nom lequel e.stoit propre a Nostre Seigneur. Et quel nom de martyre, de passion et de souffrance avoit Nostre Seigneur ? Le nom que nous devrions tous avoir au cœur pour nous encourager a l'observation des commandemens divins : c'est le nom à'obeyssant. Escoutes ce que dict l'Apostre : Factus obediens usquc ad inortem, mortem atitem crucis (^l; Philip., 2 *. Le nom de Simon en hebrieu veut dire obeyssant ; donques Nostre Seigneur qui luy communi- qua le nom de puyssance quand il luy promit la puys- sance, lu}^ communique maintenant son nom de passion et de souffrance quand il luy praedit sa mort : si bien que Ton peut dire que Petrus factus est Simon usque ad mortem. Saint Pierre une fois fit le courageux, disant a Nostre Seigneur : Etiam si oportiierit me mori tecum, non te negabo (^) (Matt., 26*) ; pu3's, a la voix d'une cham- brière, il le renia troys foys, et ayant reconneu son péché, tout incontinent il se retira pour le pleurer amè- rement*; et non seulement alhors, mays il le pleura toute sa vie, ains}" que dict saint Clément *, de sorte qu'il pouvoit bien dire : Seigneur, vous m'arrouseres de l'hyssope de la contrition, et je seray nettoyé de mon péché ; vous me laver es dans l'eau de mes larmes, et je seray plus blanc que la neige *. Maj^s neantmoins les Centuriateurs de Magdebourg * ne laissent pas de reprocher ce péché a saint Pierre, et l'appeller horrible et exécrable. De vray, c'estoit un péché que la crainte de la mort luy fit commettre ; mays ilz feroyent mieux de se garder de pécher que d'exagérer ainsy la faute de saint Pierre. Or, il me semble que ce grand Saint estant sur la croix, disoit a telles gens ces parolles que saint  (a) 7/ s'est fait obéissant Jusqu'à la mort, et à la mort de la croix. (b) Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai point.  II. Pour la fête de saint Pierre 47 Pol disoit aux Galates * : De cœtero nemo mihi moles- * Cap- v'. ^i- tus sit; ego enim stigmata Domini mei in corpore meo porto (3) ; comme s'il vouloit dire : Qtie personne ne me vienne plus reprocher mon péché ; car, outre que je m'en suis lavé dans mes larmes, maintenant je fais preuve de ma fidélité, reparant par ma mort la faute que j'avois commise par la crainte de la mort. iVvant que de finir, je veux satisfaire a la curiosité de ceux qui pourroyent demander pourquo}' saint Pierre voulut mourir la teste en bas. La première cause fut par humilité. La seconde, pource que Nostre Seigneur avoit les piedz contre la terre, pour monstrer qu'il estoit venu du Ciel en terre; saint Pierre a les piedz contre le ciel, pour monstrer qu'il alloit de la terre au CieL De plus, Nostre Seigneur, quand il mourut, avoit tousjours la face et les j^eux tournés contre la terre, pour monstrer qu'il n'auroit pas moins de soin de son Eglise après sa mort qu'avant icelle, et qu'il vouloit tousjours en estre le Pasteur; saint Pierre renversa la teste contre la terre, et les yeux contre le ciel, pour monstrer qu'en mourant il quittoit sa charge a son successeur. Ainsy Nostre Seigneur est tousjours chef de l'Eglise, mays non pas saint Pierre ; Nostre Seigneur a son vicaire, et saint Pierre a son successeur. Saint Pierre en outre renversa la teste contre terre pour monstrer que, s'en allant au Ciel, il laissoit neant- moins sa succession en terre, de laquelle Nostre Sei- gneur luy dict : Tu es Pet rus, et super ha ne petram œdificabo Ecclesiam meani. Imagines vous que saint Pierre est le premier fondement après Jésus Christ ; pu3^s ses successeurs se sont fondés successivement sur lu}^, comme pierres angulaires qui tiennent ensemble le bas- timent de TEglise. C'est la pierre de touche avec laquelle l'on connoist tousjours le faux or de l'hseresie ; c'est la pierre quarrëe du temple de Salomon. Il est dict* que ce *ni Reg., v, 17.  ( a ) Au reste, que personne ne m'importune plus ; car je porte en mon corps les stigmates de mon Seigneur.  48 Sermons autographes Roy fit chercher des pierres pour fonder son temple, et qu'on les fit esquarrer ; Nostre Seigneur ayant choysi nostre saint Apostre pour estre après luy la première pierre du fondement de son Eglise, il la fit esquarrer en croix. Et de mesme que dessus une pierre fut escritte la loy mosaïque, aussi sur ceste pierre vivante fut escritte la loy evangelique. Si vous estes en doute comme il faut entendre ceste loy evangelique, ailes a ceste pierre pour apprendre comme il faut croyre : sur quoy je ne m'arresteray pas beaucoup, pour le prouver amplement, ne m'estant proposé pour sujet de ceste exhortation que la mort de saint Pierre, me contentant de vous apporter pour le présent une seule rayson, mais qui est fondamentale. L'Eglise est une monarchie, et partant il luy faut un chef visible qui la gouverne comme le sauverain lieute- nant de Nostre Seigneur ; car autrement, quand Nostre • Matt., xvni, 17. Seigneur dict * : Die EcclesicB^^\ a qui parlerions nous, ou comment conserverions nous l'unité de la foy ? Et quand une personne se voudroit émanciper, qui la pour- roit réduire au bercail ? Comment pourroit on empescher qu'il nV eust de la division dans l'Eglise? Autrement, * Dialog. adv. Lu- Ihors quc, commc dict saint Hierosme *, « totus orbis ^'■'^^'^' se Arianum esse miratus est(b), » comment se fust il convert}^? Omne regnum in se divisiim desolabituri^); ' Vers. 17. Luc, I I *. C'est donq chose certaine que l'Eglise doit avoir un lieutenant gênerai ; or voyons maintenant quel il peut estre. Non autre, certes, que saint Pierre et ses succes- seurs. Et laissant a part le consentement universel de tous les siècles, notamment des huict premiers, ainsy qu'il se voit clairement dans la Visible Monarchie de ♦ Lib. III, c. VII. Sander*, voyci une rayson puyssante : pource que jamais il n'y a eu Evesque qui ait pensé d'estre sauverain et  (a) Dis-le à l'Eglise. (b) « Tout l'univers s'étonna de se voir devenu arien. » (c) Tout royaume divisé contre lui-même sera désolé.  II. Pour la fête de saint Pierre  49  commun pasteur de toute l'Eglise, que les successeurs de saint Pierre, et jamais on n'a mis en doute ni pro- posé qu'aucun autre le fust; sur tout maintenant il n'y a Evesque en tout le Christianisme qui s'attribue ceste qualité, et duquel on propose qu'il soit pasteur gênerai, sinon le Pape. Les haeretiques ne veulent point de chef, et partant ilz ont esté divisés en tant de sectes ; les Catholiques reconnoissent le Pape pour le père commun et le chef unique visible de toute l'Eglise; les schisma- tiques n'en reconnoissent point. Que dirons nous donq ? Il n'y en a point qui ayent jamais prétendu de l'estre que les successeurs de saint Pierre ; il n'y en a point qui le prétendent, il n'y en a point de qui on a3^e jamais eu ceste pensée que du Pape ; c'est une des vérités que l'Eglise a tousjours creu : et d'autre part il faut qu'il y en aye un ; donques c'est luy sans doute. C'est luy du- quel parle saint Hierosme en l'Epistre a saint Damase *, * Ep. xv, § 2. ou il dict : « Non novi Vitalem, Meletium respuo, ignoro Paulinum. Qtiicumque tecum non colligit, spargW; *Matt.,xir,3o;Lu- hoc est, qui Christi non est, antichristi est (a). » cœ, xi, 23. jMays l'on me demandera pourquoy saint Pierre met le siège de la lieutenance de Nostre Seigneur a Romme, puysque Nostre Seigneur estoit mort en Hierusalem. La rayson en est bien aysëe a donner : c'est que Dieu avoit dessein de prendre les Gentilz pour son peuple, aban- donnant l'ingrate nation des Juifz, non en la destituant des secours nécessaires pour son salut, mays luy ostant les privilèges qu'il luy avoit concédés, desquelz elle s'estoit rendue indigne. Ne sçaves vous pas ce que les Apostres saint Pol et saint Barnabe disent es Actes *, * Cap. xm, 46. parlant aux Juifz : Vobis primiim oportehat loqui verbnm Dei, sed quia repellitis illiid, ecce converti- mur ad Gentes (b)? Et ne sçaves vous pas ce que disoit  (a) « Je ne connais pas Vital, je rejette Mélèce, j'ignore Paulin. Celui qui n'amasse pas avec vous, dissipe ; c'est-à-dire : Ceux qui ne sont pas au Christ sont à Fantechrist. « (b) C'était à vous qu'il fallait premièrement annoncer la parole de Dieu, mais puisque vous la rejeté^, voilà que nous nous tournons vers les Gentils.  50 Sermons autographes * Vers. uit. Osée en son second chapitre* : Et dicam non populo meo : Populus 7neus es tu; et ipse dicet : Deiis meus es tui^)? C'est dequo}^ parle saint Pol en son g. chap. de l'Epistre aux Romains. Comme donques Nostre Sei- gneur mourut en Hierusalem, ut de Sion exiret lex et " Vers. 2. verhuîYi Doinini de Hierusalem^'") (iMich., 4*), pource qu'elle estoit le chef de la Judëe, ainsy voulut il trans- férer le sieg'e de son Eglise a Romme, chef du Gentilisme, affin de dire populo non suo : Populus meus es tu. A Romme donques est mort saint Pierre, vra3^e pierre, non pas fondamentale première, mais deuxiesme ; car Nostre Seigneur est ceste grande première et angu- * Is., XXVIII, 16; laire pierre fondamentale*, non seulement de l'Eglise I Pétri, II, 4, 7. .,. , , . , o • -r^r militante, mays encores de la triomphante, baint Pierre est pierre fondamentale fondée sur la première, et seu- lement pour l'Eglise militante ; pierre ferme, rocher asseuré au milieu de la mer de ce monde, et lequel, plus il est battu, moins change-il de place. C'est asses parlé sur la mort de saint Pierre ; que vous laisseray je pour prattique? La première chose a quoy je vous exhorte est de remercier Dieu de ce qu'il nous a donné une telle pierre, sur laquelle nous appuyant, nous ne tomberons jamais. Et la seconde, pour la reformation de nostre entendement, je desirerois que nous fu.ssions simples et fermes en la foy que la sainte Eglise nous enseigne, croyant fermement tout ce qui est escrit en ceste pierre, car je vous ay dict que la lo}^ evangelique y estoit escritte. Croyons donques simplement, sous- mettons nostre entendement a la foy que Nostre Sei- gneur a fondé sur ceste pierre, car portœ inferi non • Vers. 18. prcevalebunt adversus eam ^'^) ] Matt., 16*; Christus rogavit pro Petro ut non deficeret fides ejus {^) \ • Vers. 32. Luc, 22*. C'est le chef de V Eglise qui est la colomne  ( a ) Et Je dirai à celui qui nèt.iit pas mon peuple : Tu es /non peuple ; et il me dira : Votis êtes mon Dieu. (b) Afin que de Sion sortît la loi, et la parole du Seigneur, de Jérusalem, (c ) Les portes de Venfer ne prévaudront point contre elle. (d) Le Christ di prié pour Pierre, afin que sa foi ne défaillît point.  II. Pour la fête de saint Pierre 51 et le firmament de vérité, comme dict saint Pol a son Timothee *. Beatus qui allidet parvulos suos ad * Ep. i, c. m, 15. petrami^), dict le Psalmiste*. Quand il survient quel- * Ps. cxxxvi, uit. quefois des fantasies es choses de la foy, certaynes ïs^ïel^ra^Il^xg;" petites suffisances, imaginations et pensées d'infidélité, que feres vous ? Si vous les laisses entrer dans vostre esprit, elles vous troubleront et osteront la paix ; rompes et venes fracasser ces pensées et imaginations contre ceste pierre de l'Eglise, et dites a vostre entendement : Ah, mon entendement, Dieu ne vous a pas commandé de vous repaistre vous mesme ; c'est a ceste pierre et a ses successeurs a qui cela appartient, donq : Beatus vir qui allidet parvulos suos ad petram. Les autheurs qui ont traitté de la nature des animaux disent que l'aigle a le bec si vif et luy croist tellement, que souvent il l'empesche de prendre sa nourriture, et asseurent qu'elle ne meurt jamais sinon pour avoir le bec trop long et trop crochu *. Ainsy me semble il que * Arist., De Hist. font plusieurs, lesquelz n'ayans que trop de vivacité en plï'/HÏt'.'n™: l'entendement, et pas asses de jugement, veulent néant- ^' '^•''" ('^^^ i^)-' moins tout sçavoir, tout contreroller, et sur tout les matières theologiques ; car la seule théologie, dict saint Hierosme*, est celle dont un chacun se veut mesler. Hz * Ep. un, ad Pau- ont la pointe de l'esprit trop longue, et partant ilz ne ^'°'' ^ '^^ peuvent prendre la viande de la foy en la manière qu'il faut. Mais quel remède a cela? Il faut qu'ilz fassent ce que dict saint Augustin que faict l'aigle*, laquelle rompt *Eaarrat.inPs.cii, et casse la pointe de son bec en le frappant contre la ^ '^• pierre ; après quoy, estant délivrée de cest empesche- ment, elle commence a mieux manger. Ainsy voudrois-je que ceux qui pensent sçavoir quelque chose, et, appuyés sur ceste imagination, laissent croistre la pointe et viva- cité de leur esprit, par un certain raysonnement humain, si longue, que, par une certaine présomption d'eux mesmes, ilz ne veulent plus recevoir la saine doctrine de l'Eglise, qu'ilz viennent briser leur raysonnement  [a) Bienheureux celui qui brisera ses petits contre la pierre.  52  Sermons autographes  * Vers. 5.  * Matt., XVI, ig.  * Ps. XXXI, 3.  • Ps. cxxi, 6.  contre ceste pierre : Beatiis qui allidet parvulos suos ad petram. Et notes que le Psalmiste ne dict pas simple- ment ^izrt^wZo^, mays parvulos suos. Pourquoy? parce que les pensées d'infidélité sont nostres, et les pensées de fidélité sont de Dieu : Non sumus sufficientes cogi- tare aliquid ex no bis tanquam ex nobis, sed omnis sufficientia nostra ex Deo est i^) ; 2. Cor., 3*. Ne regardons jamais les cogitations de la foy qui ne sont pas de Dieu ny fondées sur la pierre de l'Eglise Catho- lique; mays brisons les, et rompons leurs pointes contre ceste pierre, c'est a dire avec l'authorité apostolique de l'Eglise. Mays outre ces pensées qui sont les petit\ de l'en- tendement dont parle le Psalmiste, il y a d'autres ^^//^jj- de la volonté, qui sont nos péchés, desquelz encores je dis : Beatus qui allidet parvulos suos ad petram. ; car Dieu a donné a ceste pierre la force et le pouvoir de remettre et oster les péchés*. Et quand on vient aux pieds du prestre pour les confesser, qu'est ce autre chose sinon apporter les petit\ de sa volonté a la pierre ? Et notes encores, mes chers auditeurs, qu'il dict parvulos suos, pour nous monstrer qu'il ne faut pas attendre que nos péchés so3'ent invétérés pour les confesser; car quand ilz sont invétérés, il est très difficile de les bien declairer et encores plus de s'en amender : Ouoniam tacui , dict David *, inveteraverunt ossa inea (^). Confessons nous donques souvent, puysque nous péchons souvent ; brisons nos péchés des leur commen- cement, contre ceste pierre. Je sçay que vous desires tous extrêmement la paix, c'est pourquoy je vous diray avec le Prophète royal * : Si vous la voules obtenir, addresses vous a Dieu par prières et oraysons : Rogate quce ad pacem sunt Hie- rusalem ('^). Aymes le de tout vostre cœur, serves le  ( a) Nous ne sommes /as capables de former une bonne pensée de nous-mêmes, comme de nous; mais toute notre capacité vient de Dieu. (b) Parce que je me suis tû, mes os ont vieilli. (c ) Demande:^ ce qui peut contribuer à la paix de Jérusalem.  II. Pour la fête de saint Pierre 53 fidellement, évites soigneusement tout ce qui le peut offenser, et par ce moyen vous obtiendres la paix-, car il dict * : Pax milita diligentibus legem Dei, et non * Ps. cxvm, i6s. est illis scandalum (=»). Or, pu3^squ'il n'y a personne si saint qui ne contrevienne quelquefois a la loy de Dieu, au moins tesmoignons que nous aymons ceste loy, en demandant pardon a Dieu, et venant briser nos péchés par la confession et pœnitence aux pieds du prestre, comme a une pierre fondée sur la pierre de la foy : Beatus vir qui allidet parvulos suos ad petram. En fin je desirerois que nous fussions tous crucifiés a l'exemple de saint Pierre. La guerre, la pauvreté et les autres misères nous crucifient, il est vray, mais elles nous crucifient comme le mauvais larron et non comme saint Pierre ; c'est a dire qu'au lieu de prouffiter de ces maux, nous en empirons. Ha, saint Pierre est crucifié de la Croix de Jésus Christ. Il ne suffit pas de prendre sa croix, mays il faut encores suivre Nostre Seigneur, car après qu'il a dict : Tollat crucem suam, il adjouste : Et seqiiatur w^*(^); alhors la croix nous seroit douce, *Matt., xvi, 24. alhors nous trouverions la vie en la mort, et les conso- lations es adversités. Quand Helie fuyant la persécution de Jezabel, eut fait une journée de chemin, se trouvant sous un gené- vrier, il est dict* que petivit animce suce ut morere- * ni Reg., xix, a- tur, et ait : Sufficit mihi, Domine; toile animam meam t'^). Ainsy j'estime que saint Pierre se trouvant sous la croix, o qu'il fut content Ihors qu'il vid le com- mandement que Nostre Seigneur luy avoit fait de le suivre, accomply ; Ihors il vid ses désirs satisfaitz. Aussi, si tost que Nostre Seigneur le rencontrant luy eut dict qu'il seroit crucifié, il retourna tout incontinent dedans ceste ville, a cause du grand désir qu'il avoit d'estre a  (a) Ceux qui aiment la loi de T>'\evL jouissent d'une grande paix, et il ny a pas pour eux de scandale. (b) Qfi il prenne sa croix, il ajoute : Et me suive. (c) Il demanda pour son âme de mourir, et il dit : C'est asse^, Seigneur; prene^ mon âme.  54 Sermons autographes l'ombre de ce saint arbre de la croix ; il ne dict rien a son divin Maistre et ne s'arresta point a s'entretenir da- vantage avec luy, ains s'en retourna au mesme instant. jMa3's ne penses vous pas qu'il dict alhors comme Cap. II, 3. l'Espouse du Cantique* : Sub uriibra illius qiiem desideraveram, sedi, et friictus ejiis diiJcis (^) ? Et quel est ce friiict ? C'est la vie seternelle. Donques, assouvi de tous ses désirs, je crois qu'il répéta encores comme Helie : Sufjîcit inihi, Domine; toile animant In Actis s. Andr. meam. On trouve* que saint André son frère vesquit deux jours sur la croix, enseignant le peuple, monstrant bien que cest arbre estoit l'arbre de vie et que sur cest arbre la mort avoit esté vaincue ; de manière que je pense qu'a l'exemple d'Helie, saint Pierre demanda a Nostre Seigneur qu'il retirast son ame : Petivit animœ suce ut moreretur. Ains}^ puissions nous tous mourir, mes chers auditeurs , crucifiés en la Croix de Nostre Seigneur, affin de suivre en la vie aeternelle Celuy que nous suivrons en la mort. Qiiis dahit nobis pennas Ps. Liv, 7. velut columbœ * (^) ? O glorieux Apostre, impetres nous la grâce d'appuyer tousjours nostre fo}^ sur l'Eglise, laquelle estant fondée sur vous après Nostre Seigneur, comme sur une pierre ■ Vide supra, p. 51. ferme, est la vraye colomne et le firmament de vérité"^. Je sousmetz tousjours a vos pieds ce que jamais je diray en la chaire et hors d'icelle ; car vous estes ceste pierre sur laquelle a esté fondée V Eglise de Jésus Christ, au- quel soit honneur et g'ioire par tous les siècles des siècles. Amen.  [3.) Je 7ne suis assis à l'ombre de Celui que J'avais désiré, et son fruit est doux. (b) Qui nous donnera des ailes comme à la colombe?  III SERMON POUR LE JOUR DE SAINT PIERRE AD VINCULA i^"" août 1593 (0 In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen. Jésus, Maria O Domine, quia ego servus tuus ; ego servHs tuus, et filius ancillce tux. Dirupisti vincula mea : tibi sacrificaho host-iam tandis, et nomen Domini invocaho (a ). PsAL. 11% ^f. 6, 7. Si l'ancienne Sinagogue, par le commandement de Dieu *, celebroit si solemnellement le premier jour de ' Nui chasque mois, qu'on appelloit neomenie'', en reconnois- * Vida pag. seq. sance du gouvernement et solicitude que Dieu a des hommes*, il me semble, ( = ) que nous avons tout'occasion ^Summaj-n^qu. a ce premier jour du mois d'aoust de solemniser la feste que nostre Mère l'Eglise nous y présente, puysque elle se faict en contemplation d'un miracle auquel reluit très  iin., xxviii, II.  (a) O Seigneur, parce que je suis votre serviteur ; Je suis votre serviteur et le fils de votre servante. Vous ave^ rompu mes liens : Je vous sacrifierai une hostie de louange, et J'invoquerai le nom du Seigneur. ( I ) Le titre et tout ce qui s'y rattache, la date exceptée, sont, aussi bien que le discours même, une reproduction exacte de l'Autographe. Quant à la date, elle est prouvée, et par les analogies de style que ce sermon offre avec les deux précédents, et surtout par l'allusion qui y est faite (p. 57) à celui de la fête de saint Pierre. (2) On remarque ici dans l'Autographe un espace libre entre deux ( ). Peut-être tiendrait-il la place du titre que le Saint voulait donner, selon les circonstances, à ses auditeurs : « Mes Frères, Messieurs, auditoire dévot. »  56 Sermons autographes clairement la faveur et assistance de Dieu aux prieras de son Eglise, sa providence sur le chef gênerai d'icalla, et la miséricorde que sa Majesté a usée vers le paga- nisme (duquel nous sommes la race) en [la] translation de son Eglise d'entre las Hébreux aux Gentilz. Et si les Romains anciens solemnisoyent ce premier jour a Ihonneur de leur Empereur x\uguste, duquel le nom mesme fut donné a ce mois, ne vous semble il pas raisonnable que changeant le corporel au spirituel et la mondain au Christianisme, au lieu de la feste de l'Em- pereur paien, nous faisions feste a Ihonneur de Dieu, sous le nom de son lieutenant gênerai, vray Empereur de l'Eglise militante, très auguste, tressainct et très grand Prince des Apostres, et par la grâce de Dieu protecteur et patron de ceste nostre Eglise pastorale ? Et puisque entre toutes les festes qu'on célèbre de cest arch'x^postre , nos pères ont choisy pour leur particu- lière célébrité ceste journée neomenie et calende, je vous veux dire et vous dira}^ ce qu'en cas pareil dict • Ps. Lxxx, 4. Cf. le Psalmiste roial * : Buccinate in neomenia tuba, Levitic, xxiii, 24; , , . . , . ^ ■± ± • ± c^ Num.,x,io,xxix,i! ^n instgni aie soLemnitatts vestrœ ; Cionnes en ce premier Jour du mois, de la trompe en grand liesse, puisque c'est le Jour signalé que vous aves choisi pour honnorer vostre Patron solemnellement. Buccinate donques, etc. Mais affin que je ne vous invite pas au son de la trompe sans trombe, me voie}" tout tel que je suys, que je m'offre a vous très affectionnement pour vous servir de trombe. Et a cest'intention ay je esté dédié par la bénédiction episcopale que je viens de recevoir, par la- quelle, quand je l'ay ouj'e, il me sembloit entendre que • is., Lviii, I. Dieu me dict: Oiiasi tuba exalta vocem tuam* i^). Serves vous donques de moy aujourdhuy comme d'une trombe, et quoy qu'elle soit rauque et foible et car- cassëe, ne laisses pourtant de vous en servir, attendant mieux, pour sonner au moins en ceste vostre solemnité.  (a) Elève ta voix comme la trompette.  m. Pour la fête de saint Pierre es liens 57 Buccinate in neomenia tuba, car pour cest'heure icy je suys commandé de cela, et vous aussy, qtiia prœceptum in Israël est*^^). Je suys tout prest, mais fournisses • Ps. lxxx, 5. moy de souffle et d'haleyne, car ce n'est pas l'office de la trombe mays du sonneur. Soustenes moy, et inspires et soufles puyssamment, par les souspirs et dévotions que vous jetteres aux pieds de la glorieuse Vierge pour impetrer la faveur du Saint Esprit, saluant ceste Dame, Mère de Dieu, du salut que le mesme Dieu luy fit fayre; et par ainsy, non seulement, comme je vous disois, vous sonneres de la trombe en ce renouveau du mois, mays ce que vous dict le mesme Psalmiste * : Laudate * Ps. cl, ;. Deum in sono tubœ ^^\ Dites donques dévotement Ave Maria. Despuys n'ay je eu cest honneur de vous parler de la part de Dieu, que je vous rapportay ces paroles de nostre Maistre a son disciple saint Pierre : Cum esses junior, cingebas te et currebas ubi volebas ; cum autem sentieris, alius cinget te, et ducet quo non t;/5*(c); et vous dis que ces dernières paroles furent ' vuesupra.p. accomplies en la mort de ce glorieux Prince, Ihors quil fut lié pour estre crucifié. Mays les parolles prsecedentes, je ne vous dis poinct quand elles furent vérifiées ; ce que je fis affin de laisser toutes choses en leurs places. Je sçay bien que cela se peut entendre de la jeunesse et premières années de saint Pierre, esquelles il se ceignoit et se promenoit ou il vouloit ; si est ce neantmoins que les dernières paroles estant misterieuses et s'entendant de la mort de saint Pierre, je crois encores que ces praecedentes couvrent quelque mistere. Et pour parler clairement, je crois que si les dernières paroles, alius cinget te, s'entendent de la mort de saint Pierre, comm'il  (a) Parce que cest un précepte dans Israël. (b) Loue^ Dieu au son de la trompette. (c) Quand tu étais jeune, tu te ceignais et tu courais oii tu voulais; mais quand tu seras vieux, un autre te ceindra, et te mènera oii tu ne voudras pas.  çS Sermons autographes n'en faut pas douter, les prsecedentes s'entendent de l'emprisonnement du mesme, que l'Eglise célèbre au- jourdhuy. Ni vous ne deves pas vous arrester pour voir quil parle de cecy comme de chose passée, car cela est coustumier en l'Escriture, notamment en paro- les prophétiques, d'exprimer le futur par le praesent, a cause de l'égalité de la certitude, comme : Et super *Ps. XXI, 19. vestetn meam miserunt sortem * ; In omnem terram *Ps. xvin, 5. exivW^; Puer natus est**; Tu es sacerdos in œter- *Ps.'cix. 4. nutn*i^), et infinis autres. Mesmes qu'icy il y a bien de la considération, car il met l'un au passé, l'autre au futur, quoy que et l'un et l'autre fusse futur, pour monstrer la notable distance quil y devoit avoir entre l'un et l'autre accident. Nostre Seigneur donques ayant praedict a ses Apos- tres quilz devoyent estre persécutés pour son nom , •Vers. 16. Math. 10* : Bcce ego initto vos in inedio luporum l^), * Vers. 2. et en saint Jan , 16* : Venit hora ut omnis qui interficit vos arbitretur se obsequium prœstare Deo (*=), il veut encores en particulier [prédire] a saint Pierre les assaultz quil devoit recevoir pour son nom, par un particulier privilège quil faict au Prince des Apostres. ' Vers. 4. En saint Jan, 16 *, Nostre Seigneur ayant praedict aux Apostres les persécutions quilz devoyent endurer, il leur donne la ra3"son pour laquelle il le leur praedict, laquelle servira a présent a ceux qui me demanderont pourquoy j'apelle privilège du Prince des Apostres qu'on luy a}^e praedict sa mort et son emprisonnement : Ut, cum venerit hora eoriim, reminiscamini quia ego dixi vobis i*^). Ce n'est pas peu de consolation quand on endure  {a) Et ils ont Jeté le sort sur ma robe. Dans toute la terre est répandu... Un enfant est né. Vous êtes prêtre pour V éternité. ( b ) Voici que je vous envoie au milieu des loups. (c ) L'heure vient oii quiconque vous fera mourir croira rendre service a Dieu. (d) Afin que, lorsque leur heure sera venue, vous vous souvenie:^ que je vous les ai dites.  III. Pour la fête de saint Pierre es liens 59 quelque chose, de se resouvenir que celuy pour lequel on endure en sçait gré. Et partant, ut reminiscamini quia ego dixi vobis. Le courage croit extrêmement a celuy qui endure, quand celuy pour lequel il endure a soufert beaucoup au préalable pour soy. Donques, ut reminiscamini quia ego, qui ay tant enduré pour vous, dixi vobis. De plus, quand les Apostres voyoient estre advenu le tems de la tribulation praedicte par Xostre Seigneur ainsy infalliblement, ce leur estoit un'arre que le tems de la recompence praedict, Et gaudium vestrum nemo tollet a vabis"", Gaudete et exultate, quoniam * Joan., xvi, 22. merces * (^>, viendroit aussy infalliblement. Et hœc * Matt., v, 12. locutus sum vobis, ut, cum venerit Jiora eorum, reminiscamini quia ego dixi vobis l'^). Mays outre tout cela, qui est pour monstrer que la praediction de Xostre Seigneur apportoit grande conso- lation a l'heure de la tribulation, ell'apportoit encores consolation tout le tems de la vie. Car n'est ce pas une grande consolation de sçavoir qu'on doit estre si grand auprès de son 3laistre que de boire dedans sa couppe mesme? La couppe de Nostre Seigneur c'est la tribula- tion : Potestis bibere calicem quem ego bibiturus sum * ^^) ? Calice qui est si praetieux que le Père aeter- ' Ibid., xx, 22. nel ne voulut jamais le changer pour son Filz, lequel, comme sil eut esté trop puyssant et fumeux pour la bouche de la partie inférieure de son humanité, il s'excusoit de le boire, se sousmettant neantmoins a la volonté du Père*. Calice et couppe ple3-ne de si prae- * Ibid., xxvi, 39. tieuse liqueur que Nostre Seigneur aillieurs, parlant non selon le goust de la partie inférieure, mays selon le goust de la partie supérieure, il prend a poinct d'honneur  (a; Et personne ne vous ravira voire joie. Réjouissez-vous et tressaille^ de joie, parce que votre récompense... (b) Or je vous ai dit ces choses, afin que, lorsque leur heure sera, venue, vous vous souveniez que je vous les ai dites. (c) Pouve^-vous boire le calice que je dois botre .''  6o Sermons autographes qu'on le veuille empescher de le boire : Calicem quem *joan.,xvni, ii. dédît miM Pater, non vis ut bibain ïllum*^^) ? Ce n'est donq pas peu de faveur que Nostre Seigneur faict a saint Pierre de luy prœdire ainsy particuliè- rement et sa mort et sa prison. Sa mort : Extendes manus tuas, et alius te cinget ; sa prison : Cum esses junior, cingehas te et ambulabas ubi voîebas. Car si vous regardes l'histoire du mistere du jourdhuy, vous verres que saint Pierre estant commandé de l'Ange •Act.,xii, 8. de se ceindre, prœcingere, fecit sic'^\'^), il se ceignit. N'est ce pas ce que Nostre Seigneur luy avoit praedict : Cum esses junior, cingebas te ? Et, ambulabas ubi volebas, Ihors que les liens de saint Pierre estans • ibid., j!^. 9. rompus par l'Ange, exiens sequebatur* (^) ; et pouvoit • Ubi supra, p. ^5. bien dire partant de la prison : Dirupisti vincula, etc.* Les liens donques de saint Pierre, aussi bien que sa mort, furent praedicts. Mays non seulement ilz furent prsedicts, mays encores sont tracés au modelle de la Passion de Nostre Seigneur, aussi bien que sa mort ; si que, encores quand aux liens, il semble que Nostre • joan., uit., 19. Seigneur dict a saint Pierre : Sequere me*^^). Vous vous resouvenes bien du mistere de la Passion, duquel l'imagination ne doit jamais partir de vostre memoyre. Vous sçaves bien que Nostre Seigneur fut envoyé lié et garrouté par devant Herodes, et puys fut renvoyé a Pilate ; ainsy, affin que saint Pierre verifiast le sequere me de Nostre Seigneur, il fut prisonnier par devant Herodes, et puis de la, renvoyé a Pilate, c'est a dire au maistre de Pilate, l'Empereur romain. Mes Frères, l'Eglise ne devoit pas demeurer en Judëe, et partant Nostre Seigneur ne meurt pas par les mains des Juifz ni des Rois de Judëe ; mays elle devoit venir entre les Gentilz, a Romme, et partant il meurt entre  ( a ) Z* calice que mon Père m'a donné, ne veux-tu pas que je le boive ? (b) Ceins-toi, il le fit. (c) Sortant, il le suivait. (d) Suis-tnoi.  m. Pour la fête de saint Pierre es liens 6i les mains de Pilate et des Romains. Ce que saint Hie- rosme * remarque avoir esté figuré en la mort de saint 'inMatt.,ubimfra. Jan, duquel on trancha la teste; car il estoit figure de la Sinagogue, de laquelle le chef, Nostre Seigneur, a esté séparé. La teste de saint Jan fut donnée a ceste fille de la belle seur d'Herodes ; ainsy le chef de l'Eglise a esté donné a la Gentilité. La fille donna la teste de saint Jan a sa mère* ; ainsy, avant la consom- •Matt.,xiv, lo, n; ,, r- -1 . Marc, VI, 28. mation, 1 Evangile sera rapporte par nous autres aux Juifz *. Ceste c}^ est l'occasion pour laquelle Nostre Sei- * Rom., xi, 25, 26. gneur délivra saint Pierre des liens, par un si grand miracle , affin quil ne mourut pas en Judëe mais a Romme, pour y fonder l'Eglise. Saint Jaques meurt en Judëe*, mays saint Pierre est délivré; pour ce que * Act., xir, 2. saint Jaques n'est pas la pierre sur laquelle Xostre Seigneur a fondé son Eglise *. Et c'est ce qu'a la fin de * Matt., xvi, 18. l'histoire, note saint Luc* : Et egresstis abiit in aliiun 'Act., xn, 17. locurn (2). Mays l'histoire me semble trop belle et pleyne d'excel- lens misteres pour ne pas, au moins de gros en gros, selon le tems, l'expliquer. Dict donques l'historiogra- phe*, qn'Herodes se prit a persécuter quelques uns ' ibid., ^y. i-n. de l'Eglise, et entr'autres, il fit mourir par l'espëe le glorieux saint Jaques, duquel nous célébrions la feste il 3^ a huict jours. Voyant que cela plaisoit aux Juifî, il voulut mesmes prendre saint Pierre, lequel estant pris fut mis en prison. Or, toute l'Eglise prioit Dieu sans intermission pour iceluy. Et la nuict estant venue, après laquelle Herodes le devoit livrer a mort, saint Pierre dormant entre deux soldat^, lié de deux chaînes, voicy l'Ange qui luy assista et une grande lueur se fit en la prison ; lequel frappant saint Pierre au costé, l'esveilla disant : Levé toy vistement. Lhors, les cheynes luy tumbant des mains, l'Ange luy dict : Ceins toy et te chausse, mets tes vestèmens et me suys. Saint Pierre suit, ne sachant  [z) Et étant sorti, il s'en aUa dans un autre lieu.  63 Sermons autographes bonnement si c estait un songe ; et passans jiisques a la porte de fer, elle s' ouvrit d'elle mesme, et ayant faict quelque chemin, l'Ange disparut, et saint Pierre, retourné a soy mesme, il dict : C'est maintenant que je sçay que Nostre Seigneur a envoyé son Ange, et m'a délivré de la main d'Herodes et de toute l'attente du peuple des Juif ^. Herodes eut une fois peur que Nostre Seigneur ne fut Roy pour le déposséder de son royaume, et ceste peur luy a tousjours duré et dure jusques a hu}^. Hero- des (0 prit en hayne la discipline ecclésiastique, tuant saint Jan. Herodes emprisonna une fois saint Pierre, et persécuta l'Eglise, et tua saint Jaques, etc. Le grand philosophe chrestien, Justin le Martir, en • Apoi., 1, § 17. l'Apologie a Antonin *, rejette l'erreur d'aucuns qui se faisoient acroire que l'Eglise vouloit lever le magistrat séculier, et sous ce prétexte, la persecutoient. C'est ce qui la faict encor persécuter maintenant : certaine rayson d'Estat. Je m'en rapporte a la France : personne ne veut la grandeur [de] l'Eglise maintenant, on la mettroit * Matt., V, iv volontier sub modio'^i^); mais Nostre Seigneur ne le per- mettra jamais. Ah, ja Dieu ne playse que jamais ce mal- heur arrive en Savoye ; non, non. Qui 7ne contemnunt » I Reg., H. 30. erunt ignobiles* i^) : ja Dieu ne plaise que nous nous procurions les malheurs pour la mauvaise affection qu'on a a l'Eglise, que nos praedecesseurs ont fuis et évités, et surmontés et chassés par leur dévotion. Il faut fayre ceste resolution, que non inveniet Deum in die judicii Patrem, qui in terra Ecclesiam non reveretur ut ma- *S.Cypr.,DeUnit. trem*(c). Chascuu veut fayre a sa fantasie ; et la disci- ■' '^''^' ^ • pline ecclésiastique, chascun la mesprise, personne ne  (a) Sous le boisseau. ( b) Ceux qui me méprisent seront avilis. (c) Celui qui ne révère l'Eglise comme mère ici-bas, n'aura pas Dieu pour père au jour du jugement. (i) On lit ici dans l'Autographe les mots suivants, biffés par le Saint : (< tua saint Jan qui le reprenoit. On ne voulut pas endurer... »  III. Pour la fête de saint Pierre es liens 63 la veut souffrir. Croyes que si en quelques uns est vérifié : Erunt reges nutritii tui'^(^), en plusieurs il est veri- ' is., xlix, 23. fié : Principes perseciiti sunt me gratis^ (^). Saint * Ps. cxvm, 161. Pierre est tousjours persécuté en ses successeurs. Regardes un peu le premier Psalme, et vous y verres naifvement descrit saint Pierre ou le Pape. C'est ce vir* * Vers. i. qui doit confirmer et corroborer ses frères*; c'est ce * Lues, xxn, 32. beatiis, car on l'appelle saint. C'est celuy qui non ahiit in consilio impiorum, quia rogavit pro te ut non deficiat fides sua*. C'est luy qui in via peccato- ' ibid. rum non stetit ('^J, car il demeure en sa bergerie : Pasce oves meas*. C'est luy qui in cathedra pesti- * Joan., uit., 17. lenticB non sedit, pu3'sque in cathedra seniortun laudant eum l'^). C'est luy qui est planté seciis decur- * Ps. cvi, 32. sus aqtiarum (^), puysquil a la perpétuelle influence de la foy. C'est luy qui ne sèche jamais et rend bon fruict en son tems*, puysque de son fruict se repais- * Vers. 3. sent les ouailles du Seigneur, et a l'abril de ses feuilles, elles sont gardées et du chaud et du froid ; car c'est d'elles que parle le Psalmiste * : Sol non uret te per ' Ps. cxx, 6. diem, neqiie luna per noctem (f). Mais oyes comme incontinent après avoir descrit ce grand Pasteur, il descrit les traverses qui luy doivent arriver. Quare fremuerunt gentes et populi meditati sunt? Astiterunt reges terrœ*(ë). Abel fut le pre- *Ps. 11,1,2. mier pasteur et agréable .sacrificateur, et Cain maistre de la terre, qui le tue, et puis respond : Nunquid custos sum fratris mei*\^^ ? David incontinent est persécuté * Gen., iv, 2-9. de Saul ; Joseph de ses frères, et Jacob d'Esau.  ( a ) Les rois seront tes nourriciers. (b) Les princes m'ont persécuté sans sujet. (c ) Qui n est pas allé au conseil des impies, parce qu'il a prié pour toi afin que sa/ot ne défaille point. C'est lui qui ne s'est pas arrêté dans la voie des pécheurs. { d) Pais mes brebis. C'est lui qui tie s'est pas assis dans la chaire de pestilence, puisque on le loue dans la chaire des anciens. ( e ) Proche le courant des eaux. {i) Le soleil ne te brûlera point durant le Jour, ni la lune pendant la nuit. (g) Pourquoi les nations ont-elles frémi et les peuples ont-ils médité...? Les rois de la terre se sont levés. (h) Suis-j'e le gardien de mon frère ?  64 Sermons autographes Mays regardes un peu l'occasion pour laquelle Hero- des emprisonne saint Pierre : Videns autem quia pla- ' AcL, XII, 5. ceret Judœis, apposuit apprehendere et Petrum *(3). Le désir de régner faict fayre tout : Herodes n'estoit pas de la race roiale, mays estranger ; pour establir son ro3'aulme, il veut complaire aux Juifz en chose mesme meschante. Saint Pierre donques estant emprisonné et gardé a bon escient, l'Ange de Dieu vint avec une grande lumière et le trouva dormant, et le frappant sur le costé, il Vesveilla et luy dict : Surge velociter, 'ibid.,>'. 7. levé toy vistement '^. Grand cas, qu'estant venu le jour auquel saint Pierre devoit estre exécuté , il dort. Quand on a quelque crainte on ne peut pas dormir, sinon qu'elle soit du tout grande, comme celle de Jonas lequel au milieu des tem- jonae, i, ^ pestes s'cH alla dormir *. Ce sommeil estoit un sommeil Ps. cxviii, 28. de détresse, duquel parlant David, il dict * : Dormi- tavit anima meaprœ tœdio (b). Mays je crois que saint Pierre a esté trop hardi ci devant pour dormir mainte- nant; je crois quil dormoit d'asseurance, comme quand ^ Vers. I. le mesme, Psalme 3 *, après avoir dict : Domine, quid multiplicati sunt qui tribulant me^^)l monstrant ' Vers, s- que pour tout cela il ne perdoit poinct courage, il dict* : Ego dormivi et soporatus sum, et exurrexi (^). Et d'abondant, il y a un autre mistere. Ne sçaves vous pas que Nostre Seigneur voulant former Eve de * Gen., II, 21. la coste d'Adam, il l'endormit et tira une de ses costes*? Ainsy Dieu voulant (O ce jourdhuy envoyer saint Pierre  ( a ) Voyant que cela plaisait aux Juifs, il fit aussi prendre Pierre. ( b) Mon âme s'est assoupie d'ennui. ( c ) Seigneur, pourquoi ceux qui me persécutent se sont-ils multipliés? (d) J'ai dormi et je me suis assoupi, et Je me suis levé. ( I ) Les dix lignes finales occupent le haut d'une page détachée dont notre Saint a utilisé le surplus pour un brouillon de lettre, ce qui prouverait qu'il n'a pas écrit la suite de ce sermon. Les lignes que nous signalons sont absolument inédites. Tout le sermon pourrait même être donné comme tel, tant le texte original a été défiguré dans l'édition Migne, tome VI, col. 34^.  m. Pour la fête de saint Pierre es liens 65 a Romme fonder son Eglise, il le faict dormir et frapper au costé, comme sil vouloit dire : Levé toy vistement, et sache que comme sur la coste d'Adam je luy fonday son espouse, ainsy sur toy je fonderay et œdifieray mon Eglise'^ a Romme. Ou bien, par un plus haut * Mau., xvi, 18. mistere, Nostre Seigneur dormant en croix entre deux larrons, fut frappé sur le costé, dont sortit saiic et eau, et forma son Eglise*; ainsy saint Pierre, affin quil * Joan., xix, 34. suyvit Celuy qui luy avoit commandé : Sequere me.  Serm. 1  IV SERMON POUR LE DOUZIÈME DHIANCHE APRÈS .LA PENTECÔTE 28 août 1593 (0 Beati ocitli qui -rident qnœ vos videtis (a). Luc, 10, f. 23. En ce délectable séjour que Dieu prépara pour nos premiers parens, et puys pour tous nous autres si le péché ne nous en eust chassés, il y avoit un fleuve pour arrouser ceste beniste contrée, lequel sortant de la, se *Gen., II, 10. départait en quattre diverses courses"^. Ainsy il me semble, Messieurs, que l'Evang-ile du jourd'huy soit un \r?ij fleuve, arrousant en ceste journée toute l'Eglise, vray paradis terrestre, de célestes pensées, de considé- rations dévotes et divines consolations ; duquel fleuve nous pouvons bien dire : Fluminis impetus lœtificat * Ps. xLv, 5. civitatem Dei'^i^). Les quattre bras esquelz il se sépare, sont quattre principaux documens qu'il contient : de bien croire : Beati oculi qui vident, etc. ; de bien * Vers. 25. espérer et désirer : Domine, quid faciendo («^l ? etc. * ; de bien aymer, et garder les commandemens : In lege quid ♦Vers. 26, 27. scriptum est? Diliges Dominum Deum tuurn*^^); et finalement, de l'usage des Sacremens : Samaritanus  ( a ) Bienheitreu)* les yeux qui voient ce que vous voye^. ( b) Le Jleuve par son impétuosité, réjouit la cité de Dieu. ( c ) Seigneur, que ferai-je ? (d) Qn est-il écrit dans la loi? Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. ( i) L'invitation adressée aux auditeurs (p. 78) de se « ranger a une dévote « Confraternité, » qui n'était autre que la Confrérie des Pénitents de la Sainte- Croix, fixe la date de ce sermon à une époque très rapprochée de l'érection de cette Confrérie (i^"" septembre 1593). La mention qui y est faite de saint Augustin, dont la fête coïncidait cette année avec le douzième Dimanche après In Pentecôte, n'est pas pour contredire cette assertion.  IV. Pour le xii^ Dimanche après la Pentecôte 67 misericordia motus, alligavit vulnera ejus, infun- dens oleum et vinum^i^). C'est de ces quattre fleuves * Vers. 33, 54. que je voudrois bien vous faire boire maintenant ; mais ni je ne le puis faire, ni il ne vous proufifiteroit de rien, si Nostre Seigneur n'3^ apporte sa bénédiction, pour laquelle impetrer employons la faveur de la glorieuse Vierge, disant Ave Maria. C'est une chose bien certaine et qui nous devroit bien consoler, que Jésus Christ Nostre Seigneur et Maistre, en toute rigueur de justice, avec un juste prix, a payé et satisfait a Dieu son Père ce que nous avions mérité de peyne pour tous nos péchés, et non seulement pour tous les nostres, mays pour tous ceux de tout le monde. C'est ce que le grand Docteur de nostre Gentilisme, aux Romains, 5 *, proteste, disant : Ubi abiindavit delictum, * Vers. 20. super abundavit etgratia. Il y avait, veut il dire, des péchés en abondance, mais de grâce, il y en a eu en surabondance, prenant la grâce pour ceste satisfaction. Le gentilhomme saysi de l'amour d'une damoyselle, voyant qu'elle désire extrêmement une bague rare, ou seule en toute la province, surpris d'affection, ne deman- dera pas de quel prix est ceste bague, mais de prime abord en présentera prodiguement plus qu'elle vaut, ne regardant aucunement au prix, pourveu qu'il aye ce dont il pense contenter sa chère dame. Ains}?^ nostre Sauveur voyant que la divine Majesté de son Père avoit extrê- mement a cœur ceste bague ou dragme *^ la nature * Lucae, xv, 8. humaine, sans s'informer ni du prix ni d'autre chose, de premier abord pour nous racheter, il présente, d'une très pure et très libérale affection, un prix que ni nous ni les Anges ne valons pas, une satisfaction beaucoup plus grande que tous les péchés du monde n'avoyent peu mériter; d'où saint Pol, en la i. aux Cor., ch. 6*, * Vers. ult. dict : Empti estis pretio magno ; Vous aves esté  (a) Un Sainarilaiii, c'mu de tompassion, handu sca plaies, y versant de riiaile et du vin.  68 Sermons autographes rachetés avec un grand prix. Le prix certes est grand, au respect de la valeur de la chose. Ou bien disons que Nostre Seigneur a faict comme le bon mar}', lequel voyant sa chère moitié atteinte de peste, sçachant quelque expert médecin qui en sceust guérir avec des tablettes, il va, et poussé d'une extrême aiFection de voir sa compaigne guérie, il offre cent beaux escuz de ces tablettes, sans s'amuser a considérer que les ingrediens d'icelles ne valent pas trois solz. Àinsy Nostre Seigneur voj-ant la nature humaine empestée du péché, pour la délivrer, il débourse l'inestimable thresor de ses bontés, sans regarder que toute la nature humaine ne vaut pas la moindre pièce d'iceluy. Mays en ceste similitude se rencontre une grande dissimilitude : c'est qu'encores que la tablette ne vaille pas les cent escuz, Tespouse neantmoins vaut cent mille fois et infiniment plus, au lieu que la nature humaine, laquelle doit estre guérie, ne vaut rien au prix du sang de Nostre Seigneur. Disons donques plustost que Nostre Seigneur a faict comme le cavalier lequel ayant un cheval faict a sa façon et qu'il ayme fort, l'appellant son favori, ce cheval estant piqué ou foulé, ou bien ayant quelque aposteme, ce cavalier pour le guérir, sans regarder a la valeur du cheval, employé en drogues plus que le cheval ne valut jamais. N'aves vous jamais ouy dire : Je vou- drois avoir racheté ce cheval de troys fois autant qu'il valoit ? N'aves vous jamais veu des dames tuer des moutons pour nourrir un petit chien coiiard et caignard, qui ne valoit pas l'un des pieds du pauvre mouton ? Qui faict cela ? l'affection, non la valeur et juste estimation. Ains}'', Nostre Seigneur avoit un cheval, qui estoit Ps. xLviii, 13, 11. l'homme : Comparatus est jiimentis insipientihus^^^\ Ps. Lxxii, 23. et ailleurs * : Ut jumentum factus sum apud te, et ego semper teciim (*'). Ce cheval estoit affollé par son  (a) Il a îté comparé aux stupides bi'tes de somme. [h) Je suis devenu comme une hêle de somme devant vous, et je suis fou/ours avec vous.  IV. Pour le xii" Dimanche après la Pentecôte 69 péché : que faict nostre Sauveur ? Sans regarder a la valeur de ce cheval, il donne un prix qui vaut infini- ment plus, et pour nourrir ce chien caignardier, il tue Vat'gneau qui est luy mesme*. ' joan., i, 29, 36: Ou bien disons que Nostre Seigneur ressemble au ' ' '^' père qui ayant son filz saysi pour crime, sans regarder a autre chose, donne au prince pour délivrer son filz plus que toutes les amendes a toute rigueur ne pouvoyent monter. Ou bien plustost disons que le cavalier voit son cheval saysi par les mains de justice ; c'est son bon cheval , c'est son sauve-l'amy : il va, il consigne tout incontinent trois et quatre foys autant que le cheval vaut, affin qu'il n'amaigrisse. Grande consignation fut celle par laquelle Nostre Seigneur consigna es mains de la justice paternelle tout son praetieux sang, duquel la moindre goutte valoit plus que tous les mondes que tu te pourrois imaginer, o mon Frère, ne sçauroyent valoir. Ce n'est pas donques merveille si Nostre Seigneur ayant fait un tel payement, il a rompu le décret par lequel nous estions livrés es mains du diable : Delens, dict le grand vase d'élection *, Col., 2 **, quod adversus nos * Act., ix, 15. -^ Vers. 14. erat chirographum decreti (a). Mais, s'il vous plaist, oyes un peu la rayson theolo- gique de cecy. La satisfaction est d'autant plus grande et plus valable que la personne qui la faict est grande, signalée et de plus de mérite. Exemple : si j'ay receu une injure d'un prince, et il m'envoye un laquais pour se reconcilier a moy et me faire satisfaction, ce n'est pas un grand honneur. Mays s'il m'envoye son filz propre, lequel me faict satisfaction et me prie ne me plus tenir pour offencé, c'est un grand honneur; ceste satisfaction est plus grande que l'injure ne pouvoit estre. Aristote, en ses Ethic, liv. 5, chap. 5, dict que « si quelque grand personnage frappe, il ne le faut pas frapper ; si on le frappe, il faut estre non seulement refrappé, mays encor griefvement chastié. » Pourquoy? d'autant qu'injurier  ( a ) Effaçant la cédule du décret porté contre nous.  7© Sermons autographes un grand est plus de péché qu'injurier un petit, et la moindre satisfaction que faict un grand vaut mieux que 'toutes les injures qu'il peut faire : ainsy quand on auroit receu un soufflet d'un grand, s'il monstre d'en estre fasché, c'est asses. Et de vray, qu'est ce faire satisfaction d'honneur, sinon faire et exhiber honneur? Or est-il que l'honneur est plus grand a proportion de celuy qui le rend ; car le moindre honneur que faict un prince vaut plus sans comparayson que tous les honneurs que sçau- roit rendre un homme de basse condition, d'autant que « honor est in honorante » (i Ethic, chap. 3), l'honneur est dans celuy qui le rend. Disons donques : si l'honneur est d'autant plus grand que celuy qui le faict est grand, si la satisfaction est d'autant plus grande que celuy qui la faict est grand, quelle devra estre la satisfaction, quel l'honneur de celuy qui est infiniment grand ? L'honneur rendu, la satisfac- tion faitte par un personnage infini ne peut estre sinon infinie. Voyons maintenant ou nous en sommes. Nostre Seigneur estoit une personne infinie, il a satisfait pour nous; sa satisfaction donques estoit et est infinie. Et ne me dites pas que le Filz de Dieu a satisfait selon la nature humaine, car je vous l'accorde, pour parler a la scholas- tique, si vous dites ut quo ; si vous dites ut quod (^l je vous le nie, « quia actiones, » dit le philosophe, « sunt suppositorum (b). » Ce n'est pas la nature qui a enduré, c'a esté la personne en la nature ; ce n'est pas l'ame qui discourt, c'est la personne par l'ame. Je sçay bien que l'ofFence avoit quelque infinité a rayson de la per- sonne offencëe, qui estoit infinie ; mais c'est une infinité qui n'est pas tant aprincipio intrinseco (c) comme celle qui se prend de l'agent. Ps. cxxix, 7. O donques que David pouvoit bien dire * : Qiiia apud Dominum tnisericordia et copiosa apud eum  (a) Par laquelle... laquelle. (b) « Parce que les actions appartiennent à la personne. » (c) D'un principe intrinsèque.  IV. Pour le xiie Dimanche après la Pentecôte 71 redemptio ; vers nostre Seigneur, il y a une grande miséricorde et une satisfaction ample et excellente. Dieu, bien infiny, avoit esté offensé ; Jésus Christ, bien infiny, a satisfait : l'homme s'estoit eslevé par superbe contre Dieu mesme; Nostre Seigneur s'est humilié sous toute créature. Philip., 2* : Non rapinam arbitratus * Vers. 6, 7. est, esse se cequalem Deo ; sed semetipsurn exinanivit, formam servi accipiens. Et puys * : Humiliavit se- * Vers. 8-10. fnetipsum, factus obediens usque ad mortem, mor- tem. autem. crucis ; pr opter quod et Deus exaltavit illum, et dédit illi nomen quod est super omne nomen, ut in nomine Jesu omne genu flectatur (^). Entendes bien ceci : estant esgal a son Père, il s'abbaissa et anéantit jusques a la mort, qui est la moindre de toutes les créatures, n'estant que privation ; et partant, Dieu son Père luy donne un nom qui est au dessus de tout nom, a sçavoir le nom de Jésus, qui signifie Sauveur, comme s'il disoit : Il est justement Sauveur, puysqu'estant infini, avec son infinie satisfaction, il a payé en toute rigueur. Jamais vous ne vous trouvastes plus esbahis que si vous lises deux passages qui sont en Job. L'un est au chap. 6*, ou il dict : Utinam appenderentur pec- * Vers. 2, 3. cata mea quibus iram merui, et calamitas quam patior, in statera ; quasi arena maris hœc gravior appareret (^1. Quelle hardiesse ! L'autre passage est au 9. chap. *, ou Job dict : Vere scio quod non justifl- * Vers. 2. cetur homo compositus Deo (c). Accordes l'un avec l'autre. Mais au dernier chapitre * c'est bien chose plus * Vers. 7, 8. admirable de voir que Nostre Seigneur dict que Job a  ( a ) Il 71 a pas cru que ce fût pour lui une usurpation de se faire égal h Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, prenant la forme d'esclave... Il s'est humilié lui-même, s'é tant fait obéissant Jusqu'à la mort, et à la mort de la croix ; cest pourquoi Dieu Va exalté, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin quau 7tom de Jésus tout genou fléchisse. ( b ) Plût à Dieu que mes péchés par lesquels j'ai mérité sa colère, et les maux que je souffre, fussent pesés dans une balance'. Ceux-ci surpasseraient les autres en pesanteur , comme le sable de la mer. (c) Je sais assurément que l'homme, s'il est comparé îx Dieu n'est pas justifiai  72 Sermons autographes parlé droittement et justement devant luy, et commande a ses amis qu'ilz le prennent pour intercesseur. Je ne sçaurois que vous dire, sinon que ces paroUes sont dites en la personne de Nostre Seigneur (ainsy qu'estime saint Grégoire, au septiesme de ses Morales, chap. 2), lequel a rayson de son infinie dignité, pouvoit bien dire que la moindre de ses peynes estoit sans comparayson plus considérable que tous les péchés de ses membres, qu'il **Ca ^ xxiii'T'^'^' '^PP^ll^ siens*. C'est ce qui faict dire a Hieremie ** que Nostre Seigneur sera appelle Dominus jiistus noster : il l'est bien justement, puysqu'il a payé si chèrement nostre rançon. Voicy la belle et preignante rayson pour laquelle Nostre Seigneur dict : Beati oculi qui vident quœ vos videtis ; comme s'il disoit : Quel bonheur est ce a vous de voir le trésor duquel on doit prendre la rançon de tout le monde. Huguenotz , que dites vous de nous autres ? vous semble il pas que nous reconnoissons comme il faut la grâce de Nostre Seigneur, sa rédemption et médiation ? A vostre advis, ceste façon de discourir de la rédemption ressent elle pas de la vraye Espouse de Jésus Christ ? Nous parlons bien plus magnifiquement de ce mystère que vous, et vous faites les bons valetz. C'est ainsy que parlent les deux luminaires de la théologie, saint Tho- ^IIPPars.qu.xLviii, j^^g^ Docteur angelique *, et mon fervent et seraphique ' In Lib. III Sent., Père saint Bonaventure *, desquelz le premier (0 dict Dist. XX, art.i, qq. i j • , tvt o • m,v, Dist.xxxii, quc la rédemption de Nostre Seigneur (( a este mesme Pars'uVqtf "vi^'x! Surabondante et plus que suffisante. » La 2. rayson pour laquelle Nostre Seigneur a dict : Beati oculi, etc., est prise encores de ce mesme Docteur *Sermonesv-viide seraphiquc * : pource que la gloire principale des yeux Apostolis. , , . T r^t • 1 -i, 1 corporelz sera de voir Jésus Christ, et de 1 ouye, de l'ouA^r ; en l'autre monde sera parfaitte pour Ihors ceste • Cap. XIX, 2s, =7. gloire qui n'a esté ici que commencée, dont Job a dict * : Credo quod Redemptor meus vivit, et in carne mea videho Deum Salvatorem meum : quem. oculi mei ( I ) C'est par suite d'une faute de copiste, ou d'une bévue d'imprimeur que l'édition de 1641 porte ici dernier, car le texte qui est ainsi abusivement attribué à saint Bonaventure, se trouve littéralement dans saint Thomas.  IV. Pour le xii^ Dimanche après la Pentecôte 73 conspecturi sunt i^). Mais sur tout, c'est de la foy que se doit entendre Beati oculi, comme s'il vouloit dire : Bienheureux estes vous, car vous aves en présence le désiré et attendu Rédempteur*; bienheureux de ce que * Agg., n, 8. vous aves l'object de vostre béatitude ou vous commen- ces de regarder ; mais vous n'aures pas ceste béatitude si vous ne croyes ce que vous voyes. Qui void et ne croid n'est bienheureux que comme les Juifz ; qui croid et ne void est bienheureux comme il fut dit a saint Thomas * : Beati qui non viderunt et crediderunt (t») ; • Joan., xx, 29. qui void et croid est bienheureux encores comme saint Thomas, qui vid premièrement, et puys creut ; mais qui croid et void : Beati oculi, etc. Donq le fondement de toute béatitude c'est la satisfaction de Nostre Seigneur surabondante ; la veuë du cors de Nostre Seigneur est la béatitude de nos yeux corporelz prseparëe ; mais ny l'un ny l'autre ne nous proffitera de rien, si nous ne l'appliquons a nous mesmes par la foy, espérance, cha- rité et par les Sacremens. Donques, pour venir au poinct Beati oculi qui vi- dent quœ vos videtis, il y a quatre endroitz par lesquelz Dieu peut venir en nous : l'entendement, la memoyre, la volonté et les sens extérieurs. Dieu vient dans l'entende- ment par la foy, et voyci la première application du sang de Dieu a nos âmes. Saint Jan dict bien * que Nostre * Cap. i, 12. Seigneur dédit eis potestatem filios Dei fieri^'^)] mais qu'adjouste-il ? His qui credunt in nomine ejus^^)\ et ailleurs* : Sic Deus dilexit inundum, ut Filiufn • Cap. m. 16. suum, etc., ut omnis qui crédit in eum non pereat, sed habeat vitam ceternam (^). Il ne faut donques pas dire : Ah, Nostre Seigneur est mort, il suffit. Il suffit  [a.) Je crois que mon Rédempteur est vivant, et que dans ma chair je verrai Dieu mon Sauveur, et mes yeux le contempleront. (b) Bienheureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru. (c) Notre-Seigneur leur a donn.' le pouvoir de devenir enfants de Dieu. (d) A ceux qui croient en son nom. (e) Dieu a tellement aimé le monde quil a donné son Fils, etc., afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.  74 Sermons autographes vrayement, mais ceste mort n'effectue ny n'opère rien si on ne l'applique. Comparayson du bain pour le ladre, etc. Il y faut nostre coopération, de laquelle le premier * Heb., XI, 6. fondement est la foy, suivant le dire apostolique * : Accedentem ad Denm oportet credere quia est (^). Donques, quoy que le sang immaculé soit prest, nous ne serons jamais heureux si nous ne croyons : c'est le commencement de nostre bonheur. Dicite invitatis quia * Matt, XXII, 4; parata sitnt omnia*{^) ; mais pour cela, ny plus ny Lucas, XIV, 17. . . ' moins, SI on n y va, etc. Vous me dires : Si ceste paroUe s'entend de la foy, * Lucae, x, 24. commc vicut a propos ce qui s'ensuit * : Dico enim vobis, quod miilti prophètes et reges voluerunt vi- der e quœ vos videtis («=) ? car il n'y a point eu de Prophètes qui n'ayent creu. Je vous ay desja dit que ceste béatitude s'entend principalement de la foy favorisée de la prsesence et confirmée par expérience, et je vous dis davantage qu'il s'entend d'une foy distincte et bien expliquée. Et partant il ne dict pas omnes, mais multi, d'autant que quelques Prophètes ont eu si particulière révélation des mystères evangeliques, qu'ilz semblent plustost Evangelistes que Prophètes : David, Hieremie, Esaye, Moyse. Abraham exultavit ut vider et diem •joan.,viii, 56. meum, vidit et gavisus esf^^^). Les autres ont veu en gênerai ; entre lesquelz et les Apostres il y a autant de différence qu'entre ceux qui voyent de bien loin et confusément, et ceux qui voyent de près et distinctement. O que c'est une grande bénédiction que de bien croire. Beati ociili, etc., dict Nostre Seigneur. Je vous en diray tout autant. Messieurs : Beati oculi qui vident. Combien penses vous qu'il y a de peuples qui voudroyent voir ce que vous voyes ? Combien de Catholiques es  (a) Il faut que celui qui s'approche de Dieu croie qu^il est. (b) Dites aux invités que tout est prêt. (c) Car je vous dis que beaucoup de propliHcs et de rois ont désiré voir ce que vous voyc^. (d) Abraham a été transporté du désir de voir mon jour ; il Va vu et il s'est réjoui,  IV. Pour le xii« dimanche après la Pentecôte 75 AUemaignes et en Angleterre, qui voudroyent avoir les commodités de leur salut, voir et ouyr ce que vous oyes les Caresmes ? Combien es Indes y a il de peuples lesquelz, ayans seulement senti quelque petite fumée de l'Evangile, par le bon exemple des Chrestiens qui trafi- quent avec eux, se sont convertis? Hz n'ont pas encores eu ce bien d'avoir ceste bonne nouvelle que Jésus Christ est nay et mort pour nostre salut et resuscité pour nostre glorification * ; ilz n'ont point de Praelat qui aye • Rom., iv, uit. soin d'eux, ilz n'ont personne qui les conduise au bien croire ni au bien faire, monstrant bien leur affection en ce qu'ilz se convertissent a milliers avec grande pœnitence. Qui pourroit jamais lire sans larmes ce qu'on escrit * ♦ Maffeius, Hisi. du bon capitaine Anthoyne de Paive, qui convertit si ' ' tost les roys des Mazacariens, des Sianiens et Supa- niens? Et qui ne se trouvera le cœur saysi, considérant la première conversion si soudaine et si grande que firent trois Pères de l'Ordre de saint Dominique en Congé*? *lbid.,i. I.cc.vm- XI. Qui ne dira avoir esté bienheureux les travaux de tant de prestres et Religieux qui sont allés prescher es Indes, puysqu'ilz ont trouvé la terre des cœurs humains si fertile et traittable, que, a une seule rosëe de la paroUe de Dieu, elle germe * et bourgeonne toutes sortes » is.. xlv, 8. de fleurs chrestiennes ? Cela nous doit faire pleurer de consolation d'un costé, de voir Dieu receu en ces contrées, et pleurer de détresse de l'autre costé, de nous voir recevoir si abondamment ses grâces sans rendre aucun fruict. Gardons que ces gens ne s'eslevent contre nous au jour du jugement*. Beati oculi qui vident, etc.; • Matt.,xii, 41, 42; Multi reges voluerunt, etc. uc», xi, 31,32. Je diray encores que c'est une grande honte d'avoir veu les Indiens si catholiques qu'ilz croyent tout sans douter a la simple parole des prestres, et nous, qui sommes nourris et nays en l'Eglise, voulons tout contre- roUer. Si nous voulons que pour nostre foy il nous soit dict : Beati oculi, il faut croire tout Jésus Christ, tout son Evangile. Nous sommes d'accord, dires vous ; aussi suis je, car en l'Evangile tout y est radicalement. Quant aux traditions ecclésiastiques, n'y a il pas en l'Evangile :  Sermons autographes  * Lucae, • Matt.,  • I Tini, **Liicœ,  X, i6. xviii, 17.  , ni, It. xxii, 32.  Ibid.,  * Gen., IV, 13.  * Lucae, vu, 37.  Qiii vos audit me atidit*? Si quis Ecclesiam non aiidi- erit^, etc.? Ut scias quomodo oporteat te conversari in domo Dei , quœ est columna et firmameyitum veritatis'^f Rogavi pro te, Petre**(3)? Jamais je ne cesseray de vous prier, Messieurs, pour l'afFection que j'ay au service de vos âmes, que vous taschies a vous acquérir une grande simplicité en la foy, croyant et voulant inviolablement croire ce que l'Eglise croit ; ce sera vostre consolation en la mort. Or, ce pendant que Xostre Seigneur dict ces paroles, tout a propos arriva un docteur de la loy, qui, pour le tenter, demanda : Maistre, qu'est ce qu'il faut faire pour avoir la vie éternelle'^} Je dis tout a pro- pos, non pour l'intention de cestuy cy, qui estoit mau- vaise, mays pour les paroles qu'il dict : Domine, quid faciendo? etc., lesquelles de so}'' estoyent très bonnes et a propos ; car Nostre Seigneur ayant loué le bien croire des Apostres, cestu}^ c}^ l'interroge du bien faire : Domine, quid faciendo ? Laissons a part l'intention ; ces paroles sont pleines d'espérance. Si Caïn, quand il eut offencé , eust dict : Domine , quid faciendo ? au lieu de dire : Major est iniquitas inea quain ut veniam merear"^ '^), il eust mieux fait. Si Judas, etc. C'est le deuxiesme grade de la justification, de bien espérer, après le bien croire. Xotes que je dis bien espérer, pour ce qu'il y en a qui pensent que sans rien faire, on les portera en Paradis. Non, non, il ne le faut pas penser sans rien faire, mays en fa3^sant : Domine, quid faciendo ? Et de vray, qui croit bien ce dont nous avons discouru au commencement, comme n'espérera il de Dieu toute sorte de biens ? Qui connoist combien Dieu a faict pour nous, et qui croit aux peynes que Nostre Seigneur a endurées pour nous, il ne peut qu'il ne soit en bonne espérance : ainsy la Magdeleyne*,  (a) Qui vous écoute m'écoute. Si quelqu'un n'écoute pas l'Eglise, etc. Afin que tu saches comment tu dois te conduire dans la maison de Dieu, qui est la colonne et le firmament de la vérité. J ai prié pour foi, Pierre. (b) Mon iniquité est trop grande pour que f en obtienne le pardon.  IV. Pour le xw Dimanche après la Pentecôte 77 ut cognovit quod Jésus accubuisset, attulit alaba- strum 'a). Pourquoy s'appelle il Jésus, sinon affin que in nomine ejus levemus manus nostras * (b) ? » Ps. lxh, 5. Ceste espérance est mère du désir, troisiesme grade de la justification, car ce qu'on espère, on le désire. Ainsy faict cestuy ci ; car espérant que Nostre Seigneur luy donneroit la vie éternelle, et la désirant, il dict : Domine, qiiid faciendo ? etc., ou au moins il dict une parolle laquelle de soy monstre l'un et l'autre. Et de vray, de quoy devrions nous avoir plus de désir que de la vie éternelle ? S'il se trouvoit un médecin si fortuné qui trouvast quelque herbe qui peust asseurer cinquante ans de vie, mon Dieu, comme chacun y courroit, on n'y espargneroit rien. Que si cinquante ans de vie seroyent tant recherchés et désirés, o combien devrions nous désirer la vie éternelle, vie sans mort, vie vrayement vie ! Combien de fois irions nous trouver ce médecin, luy demandant : Domine, quid faciendo, vitam quinqua- genariam possidebo l'^) ? O que n'allons nous souvent a Nostre Seigneur, disant: Domine, pellem pro pelle, et omnia quœ habet homo dabit pro anima Sîia*i^). *job. n, 4. Nous ne sommes donques pas hommes, de n'aymer pas la vie éternelle. Que veut dire que nous n'y pensons point ? Nous devrions tousjours avoir dies œternos devant nous*, et il n'y a rien, qu'en contemplation * Ps. lxxvi, 6. d'iceux nous ne deus.sions faire. David, Psal. 16*, dict il * Vers. 4. pas : Propter verba labiorum tuortim, ego custodivi vias duras (^) ? Et qui sont ces parolles des lèvres de Nostre Seigneur ? Saint Pierre : Domine, ad quem ibimus ? verba vitœ œternœ habes"^^^). • joan., vi, 69. C'est ceste vie éternelle de laquelle Nostre Seigneur  (a) Ayant su que Jésus était a table, apporta un vase d'albâtre. (b) Nous élevions nos mains en son nom. (c) Seigneur, que ferai-je pour posséder cinquante ans de vie? (d) Seigneur, peau pour peau, et tout ce que r homme a, il le donnera pour son âme. (a) A cause des paroles de vos lèvres, J'ai gardé des voies dures. (f ) Seigneur, a qui irons-nous? vous ave^ les paroles de la vie éternelle.  yS Sermons autographes * Cap. IV, 7. en la Genèse* vouloit esmouvoir Caïn quand il luy dict : Nonne, si bene egeris, recipiesi^)'^ C'est ceste vie éternelle, pour le désir de laquelle le bon homme * Vers. 9. Jacob s'appelle pèlerin en la Genèse, 47 * : Les jours, respond-il au Roy, du pèlerinage de ma vie, que bons que mauvais, sont de cent trente ans, qui n'appro- chent encores pas de ceux de mes prœdecesseurs, ' Psaimi cxLii, =,, esquel^ il^ ont vescu sur la terre ; dont David dict* : Memor fui dierum antiquorum, et annos œternos in mente habui 1^). La vie éternelle, qui la considère bien, est suffisante pour esmouvoir les cœurs les plus endurcis. Au commencement, en la ferveur de l'Ordre de saint Dominique, il 5' avoit un praedicateur nommé Reginal- dus(i), qui preschoit a Bologne avec un fruict indicible. En ceste ville, il y avoit un homme docte et riche, qui, de peur d'estre converti par iceluy, ne le vouloit pas aller ouyr, comme plusieurs font ; il arriva neantmoins que l'ayant ou}- une fois sur ces paroUes : Video cœlos * Act., vu, ss. apertos *(«=), le jour de saint Estienne, il se convertit et se fit Religieux. Pour ceste vie éternelle, David incli- noit sa volonté et son cœur a garder les commande- * Ps. cxviii, 112. mens de Dieu*; saint Augustin a esté incliné a se retirer avec ses Religieux avant qu'il fust Evesque ; saint Jan Baptiste a se retirer es desers. C'est avec ceste vie éternelle que je voudrois incliner vos courages, pour l'affection que j'ay et le service que je dois a vos âmes, de vous rang'er a une dévote et vertueuse Confraternité, dressée par plusieurs ecclésias- tiques et personnes d'honneur, pour vostre édification et  (a) Si tu fais bien, n'en recevi-As-tu pjs la récompense ? (h) Je me suis souvenu des Jours anciens, et J'ai eu les années éternelles dans Fesprit. (c) Je vois les deux ouverts. { I ) Réginald ou Reynaud de Saint-Gilles, appelé communément le bien- heureux Réginald d'Orléans, depuis la reconnaissance de son culte par Pie IX en 1875. Ce trait est probablement cite ici d'après Frachetus, Vitœ Fratrum. Voir V Année Dominicaine (Lyon, Jevain, 18841, 12 février.  IV. Pour le xii" Dimanche après la Pentecôte 79 reformation de vos consciences. C'est une Confraternité ou il n^ a rien a redire, car tous les articles d'icelle sont tressaintz, veuz et reveuz par Monseigneur nostre Reverendissime Pasteur ; il n'y a rien qui soit malaysé a faire. Elle vient le mieux a propos du monde au tems ou nous sommes, ou tant de misères demandent bien un peu plus de fréquentation de pieté. Que si d'adventure quelqu'un de ces sçavans rafroidis au vent de la bise venoit en vostre ville, et en murmu- roit ou la vouloit calomnier, gardes de luy prester con- sentement, Messieurs d'Annessy ; car nul n'en peut mesdire, personne n'en peut murmurer qu'il ne pèche, pour ce que, quand bien ce seroit invention nouvelle, si est-ce qu'après que vostre Praelat l'a authorizëe, vous la deves honnorer, non pas la mespriser pour cela. Ceste invention n'est pas nouvelle, mais ancienne ; ce n'est pas une fantasie de quelques cerveaux bigearres, c'est une dévotion de tout un Christianisme. Respondes, âmes dévotes et courageuses, a ceux qui en gausseront : Patres nostri annuntiaverunt nobis*i»), non seule- * Ps. xun, i. ment parce que 31onseigneur le Reverendissime et ceux qui l'ont dressée sont pères qui ayment autant vos âmes que vous le pouves souhaitter, mays pour ce que l'insti- tution est ancienne, et y en a de toutes semblables a Paris, Lyon, Tholose, Avignon, par toute la France et l'Italie. Et comment ce que Paris, avec son œil clair- voyant de Sorbonne, a receu avec tant de contentement, une petite cervelle le voudra contreroller? Mays pour coupper chemin a toutes murmurations, ce que son Altesse et nos Princes honnorent tant a Turin et par tout, le voudrions nous censurer? Et s'il faut conclure en termes plus fortz, ce que le Saint Siège apostolique, règle infallible de bien faire, a confirmé de son authorité...  (a) Nos pi'res nous ont annoncé...  V  PLAN DE SERMON POUR LA FÊTE DE L'EXALTATION DE LA SAINTE CROIX 1593. 14 septembre, a Anessy(i) Mihi aiitem absit gloriari nisi in ci-ttce Domini nostri Jesu Christi , per quem niundns mihi crucifixus est, et ego mundo (a ). Gal. ult. f. 14. Si après que ce grand Judas Maccabeus eut reeedifié le Temple de cest'ancienne Sinagogue, comm'on trouve •Vers. 53. I. Mac. 4*, le peuple hébreu sentit tant de consolation Encœnia. (Vide jo- que tout Ic pcuplô tumbdut suK SU fuce loiia et bénit cap'.cit!*^'. -9.)^'^ ' I^i®^ Q.'^^^ l^^ avoit dixnsy prospéré, quelle joy^e, quelle consolation devrons nous recevoir aujourdhuy en la memoyre de l'Exaltation de la tressainte [Croix,] la- quelle, ayant esté terrassée et abbatue par les infidelles,  (a) Mais pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie, si ce tiest dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde m'est crucifié, et moi, au monde. ( I ) A la suite de la date, écrite en marge de l'Autographe par l'un des notaires apostoliques employés au Procès de Béatification de notre Saint, on lit la note suivante : Fragment du projet de la prédication faite par François de Safes, donnant commencement à la Confrérie des Penilents de la S. Croix. Cette note n'est nullement en contradiction avec les documents authentiques d'après lesquels l'érection de la Confrérie remonte au i^"" septembre; car les Statuts rédigés en latin par saint François de Sales contiennent cet article : « Nous ordonnons que ladite Confrérie commence le jour de la fête de « l'Exaltation de la Sainte Croix, du présent mois de septembre; à quel jour « les Statuts d'icelle commenceront à être d'obligation. » (Process. remiss. Gehenn. (I). Script. Compitls.)  V. Pour la fête de l'Exaltation de la S'« Croix 8i fut en semblable jour, par ce grand cappitayne Hsera- clius, relevée et redressée ? D'autant plus grande pour vray, mes Frères, doit estre nostre consolation qu'en cest ancien Temple ne furent onques offerts que veaux, boucqs, aigneaux ; mays sur la Croix, le Filz aeternel de Dieu. Cest ancien Temple ne fut onques taint d'autre sanc que de bestes brutes, mays ceste Croix fut arrosée du sanc de l'Autheiir et Consommateur* de tous Mi^b., xu, sacrifices. O ceste Croix devance d'une grande traitte toute la magnificence de l'ancien Temple, d'autant que le sacrifice qui a esté offert sur icelle surpasse tous ceux qui furent faicts dans ce Temple. C'est pourquoy, comme l'ancien [peuple] fit feste en commémoration de ce bénéfice, aussy l'Eglise la faict en commémoration de cestuy ci, ayant bien plus d'occasion de priser l'abjection de ceste Croix, que l'ancien, la magnificence de son Temple. Que si nous voulons con- sidérer la convenance quil y a eu entre l'sedification du Temple de Salomon et l'Exaltation de ceste sainte Croix, je suys asseuré que les devotz y en trouveront plus de deux; mays je me contenteray d'en dire une. Le Temple fut édifié troys [fois] : une foys sous Salomon, lautre- foys sous Darius, en Esd. 6, et la troisiesme , sous Maccabeus. Ainsy a esté exaltée la Croix troj's foys : 1°' sous Nostre Seigneur, puys sous Constantin, par la dévote Heleyne, 3. sous Heraclius. Que si, comme les bons Juifz ont tousjours tasché a rebastir, ainsy les bons Chrestiens ont tousjours eu a cœur l'Exaltation. Absit mihi gloriari. (0 Et qui n'honorera la Croix que Nostre Seigneur a tant honorée ? Multifariam inultisqtte modis ; (i) A partir d'ici, ce sermon est complètement inédit; il pourrait même être donné en entier comme tel, si les pensées exprimées dans les deux premiers alinéas ne se retrouvaient en grande partie dans un autre sermon pour la fête de l'Exaltation de la sainte Croix. Ce dernier discours, plusieurs fois édité à la suite des Vrays Entretiens spirituels, a été, à partir de 1857, imprimé parmi les Sermons ; nous le donnerons en son lieu. Serm. I 6  82  Sermons autographes  *Ibid., I, I. **Esther, vi, ii. ♦ Vers. 22, 2:;.  * Cap. IX, 6; juxta Septuag. et Vulga- tani antiquam. * Ps. XCVIII, S- ' PsaL 131. [f. 7.]  ' Gen., xxii, 13.  * S. Thom., ubi su- pra, p. 35. Nicepkore, 12 [cap. xxxix] , miracles : Theodose, Eugène. *ICor., I, 23.  novissime'^\^). Aman près de Mardochëe**: Hoc honore condignus quem rex voliierit honorare (b). Ce qui estoit praedit, Ez. 17* : Hœc dicit DominiLS : Stimain de medulla cedri suhlimis, et ponam ; de vertice ra- nioriun ejiis tenerum distringam, et plant abo super montent excelsnm. In monte siiblimi Israël plantabo illud, et erumpet germen et faciet friictiim, et erit in cedrum magnain ; et habitabunt sub ea omnes volucres , et îiniversum volatile sub timbra fronditim ej'iLS nidijîcabit. Et scient omnia ligna regionis, quia ego Dominus liiimiliavi lignum sublime et exaltavi lignum liumile , et siccavi lignum viride et fron- der e feci lignum aridum (c). Nostre Seigneur en a faict son sceptre; Is. * : Principatus ejus super Jiumerum ejus. Adorate scabellum pedum ejus^. Adorabimus in loco ubi steterunt [pedes]*; quanto majus ubi caput, ubi latus (d). Mihi autem absit gloriari. Les Hébreux fayso3'ent feste au renouveau de la lune pour la délivrance d'Isaac, et pour ce que on trouva le mouton arresté es espines*; les trombes estoient de corne, et les Juifz de prsesent l'apellent la feste des cornes*. Appliques : Absit mihi gloriari nisi in cruce. Facent les huguenotz ce quilz voudront, comme les chiens qui s'attaquent a la pierre, que quand a nous, tousjours nous prœdicamus Christum («), etc. * Nous ne sçavons autre : Absit mihi.  { a ) Eli diverses occasions et en bien des manières ; dernièrement. (b) // est digne de cet honneur celui que le roi veut honorer. ( c ) Voici ce que dit le Seigneur : Je prendrai de la moelle du plus grand cèdre, et je la poserai; je couperai du sommet de ses rameaux une greffe tendre, et je la planterai sur une montagne élevée. C'est sur la haute înontagne d'Israël que je la planterai ; elle poussera un rejeton, et produira du fruit, et deviendra un grand cèdre : tous les oiseaux habiteront sous ce cèdre, et tout ce qui vole fera son nid a Vombre de ses branches. Et tous les arbres de la contrée sauront que c'est moi le Seigneur qui ai humilié le plus gr.ind arbre et élevé l'arbre humble ; et qui ai séché F arbre vert et fait reverdir l'arbre sec. {d.) Sa principauté est sur son ép.iule. Adore^ l'escabeau de ses pieds. Nous adorerons d.ins le lieu oit se sont arrêtés ses pieds ; combien plus là où sa tète, là où son côté. (e) Nous prêchons Jésus-Christ.  V. Pour la fête de l'Exaltation de la S*« Croix 83 Mays avises bien la condition comme on se peut glo- rifier : per quam mihi mundus crucifixus ; hoc est, mundus mihi mortuus est, et ego mundo ; ou bien, per quam mundus ;;z//z/ ignominia est, et ego mundo"^. *Gj/.<5.[t. i4.]!Ex Qui autem Dei sunt , carnem suam crucifixerunt ^^^^'^ cum vitiis et concupiscentiis"^' ; hoc est, ad normam * ibid., v, 24. crucis aptarunt (a), ici est le point : estre de vrays Simons. Je vis jamais chose qui se rapportât mieux a un'autre que le therebinthe qui estoit auprès de la ville de Si- chem, rencontré par Jacob quand il alloit en Bethel, au pied duquel il enterra tous les idoles des siens *. ^les * Gen., xxxv, 4. Frères, nous allons en Bethel : Bethel veut dire mayson de Dieu ; nostre Jacob sera pour ceste heure saint Pol, qui crie* : Hoc sentite in vobis, quod et in Christo C'); * Philip., n, 5. comme s'il disoit : Abjicite deos aliefios* ('^). Faysons, * Gen., xxxv, 2. de grâce, pœnitence et remettons a nos pères spirituelz le fardeau de nos péchés, affin qu'on les ensevelisse subter therebinthum, quce est post Sichem, id est, liumerum, Christi (^j. Ainsi nous exalterons la Croix. (i) En la méditation de la mort de la croix'^^ : Ambr., ' Philip., n, 8. 5 Exham. *, « de thure et mirrha ; » dont Tertullien, * Cap. xxm.  (a) Par laquelle le monde m'est cnicifiî ; c'est-à-dire, le monde est mort pour moi, et moi au monde ; ou bien, par laquelle le monde m'est ignominie, et moi au monde. Or, ceux qui sont à Dieu ont crucifié leur chair avec ses vices et ses convoitises ; c'est-à-dire, ils l'ont ajustée à la règle de la croix. (b) Aye^ en vous les mêmes sentiments qu'a eus le Christ. ( c ) Rejeté^ les dieux étrangers. (d) Sous le téréhinthe qui est derrière Sichem, c'est-à-dire, V épaule du Christ. ( I ) Qiielques explications paraissent nécessaires pour aider le lecteur à saisir l'idée d'après laquelle sont réunies ici des indications, qui, à première vue, semblent dépourvues de toute liaison. C'est d'abord une allusion au récit légendaire de saint Ambroise relativement au phénix. Cet oiseau, dit ce Père, étant arrivé à la décrépitude, construit « avec de l'encens, de la myrrhe » et des bois aromatiques, une sorte de cofifret dans lequel il se retire et meurt; puis bientôt après, il puise dans ce tombeau une nouvelle vie, et en sort plein de jeunesse. On devine le parti que saint François de Sales devait tirer de cette légende. Pour lui, ces bois aromatiques étaient sans doute la figure de la croix, entre les bras de laquelle le Chrétien doit mourir au  84 Sermons autographes » Cap. XIII. au livre De la Résurrection^, interprète le Psal. qi ** : •*Vers. 13. J r ^ Jiistus ut palma florebit : thamar. Qtiam dilecta tabernacula ; cor ineum ; Etenim passer invertit sibi * Ps. Lxxxiii, 1-3. domum : altaria tua 1^)^ etc. *  (a) Q,ne vos tabernacles sotit aimables'. Mon cœur... Car le passereau trouve pour lui une maison : vos autels, etc. péché et ressusciter à la vie de la grâce. De là, sa pensée se reporte sur une citation de Tertullien qui, attribuant au mot çoîv.:, employé par les Septante, sa signification la moins usitée (il peut signifier également phénix ou palmier), écrit : Le juste fleurira comme le phénix. C'est probablement pour réfuter cette interprétation, que notre Saint donne l'hébreu original thamar, palmier, qui dans cette langue n'a pas d'homonyme. On retrouvera le développement des idées indiquées ici dans des notes inédites préparées pour un sermon du jour de Pâques 1601 , et dans un sermon inédit, prêché le 19 mars i6ai.  Il  VI  SERMON POUR LE DIX-HUITIEME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 10 octobre 1593 (0 Dixtt Jésus paralytico : Confide, fili, remittuntur iihi peccaia tua (a). Matth., g, y. 2. Puysque par l'absence juste, comme je crois, de celuy qui vous devoit présenter la collation spirituelle de la part du maistre de céans qui est Jésus Christ, j'ay encores eu ceste charge de vous entretenir de quelque discours spirituel, j'ay choysi celuy que l'Evangile me met en main de prime face, c'est a dire de la paralysie spirituelle et de la guerison d'icelle. Car encores que l'Evangile semble avancer son histoire d'une paralysie corporelle, neantmoins Nostre Seigneur parle et guérit principale- ment la spirituelle, disant au paralytique : Confide, fili ; et semble que sa première visëe estoit sur la paralysie spirituelle, mays que, a l'occasion des mur- mures que faisoyent les Juifz, il aye jette l'oeil sur la corporelle. Or, ce discours de la paralysie spirituelle est bien l'un des plus nécessaires que vous puissies ouyr.  (a) Jésus dit au paralytique : Mon fils, aie confiance, tes péchés te sont remis. (i) L'éditeur de 1641 donne comme appartenant à la jeunesse ecclésiastique de saint François de Sales, les vingt-cinq sermons autographes qu'il publie. Ils se divisent en deux groupes : ceux de morale, prêches pour la plupart à Annecy, avant et après la mission du Chablais, et dans les rares intervalles qu'au cours de cette mission le Saint passa dans la ville épiscopale, et ceux de controverse, qui, à une seule exception près (voir Sermon X, p. 119), furent prononcés en Chablais. Or, notre Saint se trouva dans cette province, le dix- huitième Dimanche après la Pentecôte, les six années qui suivirent son ordination ; et le style de ce sermon accusant l'époque de ses débuts dans la chaire, il remonte vraisemblablement à l'année de son diaconat.  'Ezech., XXXVII, ^.  86  Sermons autographes  Plaise a Dieu que je le puysse aussi bien faire comme il est utile et prouffitable, quoy que peut estre il ne soit pas des plus aggreables qu'on puysse faire ; car il y a en cest aage une infinité de paralytiques spirituelz les- quelz ne pensent pas l'estre, et ne cherchent point la guerison d'une si estrange maladie, auxquelz je puys bien dire ce qui est porté par un Prophète * : Ossa arida, audite verbum Domini i^) \ oyes un peu que c'est de vostre mal.  Ps. Lxxxin, 8.  La paralysie corporelle est une maladie causée d'une humeur peccante qui saysit les nerfz et muscles, empes- chant la communication des espritz vitaux et animaux, et par conséquent privant les parties occupées, de mou- vement et sentiment; et ceste humeur est ordinairement froide. Or, la paralysie spirituelle, parlant avec propor- tion, est une maladie causée par la saysie et occupation que le péché faict des nerfz spirituelz, c'est a dire des désirs de nostre ame, empeschant la communication et influence des inspirations divines en nos consciences, et par conséquent le mouvement naturel de nostre ame et le sentiment des choses célestes. J'a}'^ dict le mouvement naturel , parce que comme la paralysie corporelle n'empesche pas le mouvement extérieur du cors, ma3's seulement l'intérieur et propre, ainsy la spirituelle n'empesche pas le mouvement de nostre ame a la créature; maj's il ne luy est pas naturel, car son mouvement est a Dieu : Ibunt de virtute in virtutem, donec videatur Deus deoriim in Sion*i^). Et de fait, nos théologiens disent que le péché est contre nature et contre rayson. Le péché qui cause ceste paralysie est une certaine froidure et nonchalance spirituelle. En somme nous appelions, pour le dire en un mot, estre paralytiques  ( a ) Ossements arides, écoute^ la parole du Seigneur. (b) Ils iront de vertu en vertu, jusqu'à ce qu'ils voient le Dieu des dieux en S ion.  IV. Pour le xvine Dimanche après la Pentecôte 87 ceux lesquelz demeurent en leurs péchés ; car ilz ne sçauroyent garder en eux ce catharre, qu'ilz ne devien- nent comme percluz, impotens et comme transis de ce froid, engourdis de tous leurs membres spirituelz, dont parlant le Prov. , au 20 chap. *, il dict : Pr opter frigiis, * Vers. 4. piger arare nohiit ; comme s'il vouloit dire : Le paresseux estant engourdi du froid du péché, faute d'estre revestu des vertus et eschauffé du feu de charité, il n'a point voulu travailler. C'est le propre effect de ceste paralysie d'empescher de travailler ceux qu'elle a saysis, pour la sayson a venir ; dont tous nos maux arrivent, si que nous pouvons bien dire avec le Pro- phète* : Ah aquilone omne malum panditur(a); car *jerem., i, 14, ne nous pouvans mouvoir, nous ne pouvons chercher le bien ny fuir le mal. Vrayement nous sommes tous pécheurs ; nous pouvons dire que aquœ intraverunt usque ad animam meam*i^K Mays c^uelques uns s'en * Ps. Lxvm, r. remuent, taschant a se dépêtrer des eaux et se lever du péché, desquelz on peut dire : Benedicite omnia quœ inoventur in aquis Doînino^^^'^) ; mays ceux qui ne se " Dan., m, 7g. remuent point ne peuvent pas tenir ce langage. Et puys, ceste maladie a une très mauvaise condition, c'est qu'elle est presque incurable, aussi bien que la paralysie corporelle ; non pas que le sauverain Médecin ne le sçache et ne le puisse faire, mais parce que ceux qui en sont atteintz ne sentant pas leur mal, pour la pluspart, ilz n'ont point de recours au médecin si quel- qu'un ne les y porte, comme vous vo5^es aujourd'huy ; car, comme dict le Prov.^ 2b, f. 16 : Sapientior sibi videtur piger , septem viris loquentibus sententiasi^). Hz ont les yeux ouvertz pour voir des vanités monday- nes, ilz ont la langue bien desployëe, mais c'est pour se repaistre d'un grand parler sans vouloir rien faire ; ilz  (a) Tout mal vient du côté de V aquilon. (b) Les eaux sont entrées jusque dans mon âme. (c ) Bénisse^ le Seigneur, vous tous qui vous mouve^ dans les eaux. (d) Le paresseux se croit plus sage que sept hommes qui prononcent des sentences.  88 Sermons autographes ne veulent recevoir correction de personne, ains c'est eux qui censurent tout le monde. Maintenant, pour nous garder de ceste maladie et purger ceste humeur, si elle estoit par adventure en nous, il faut un peu voir ses causes particulières ; et combien qu'elles soyent en grand nombre, si est-ce que celles qui sont mieux assaysonnëes au lieu et a l'aage ou nous sommes, sont ces deux icy : une flatteuse et trom- peuse excuse qu'on se forge en ses péchés, et une grande lascheté de courage. Car les uns se font accroire de n'estre point malades, encores qu'ilz se sentent bien détraqués ; les autres ayment mieux demeurer malades que de gouster l'amertume de la médecine. Que penses vous que faict l'artisan qui survend sa marchandise, et lequel a tout propos jure, se maudit, etc. , afïin de vendre troys foys autant, et dict que c'est un gain honneste qu'il faict en homme de bien ? Il cherche des excuses ad excusandas excusationes in pecca- * Ps. cxL, 4. //5*(^), et c'est pour luy que David** a adjousté : Qui ' Exod., XX, 15. jurât proximo suo, etc. (b); et Dieu* : Non furtum facies^'^). Neantmoins, sous prétexte d'une juste vaca- tion, il se pense estre homme de bien. Et le chicaneur qui sur un pied de mouche entretient un procès qui ruine l'ame, le cors et la mayson de deux misérables parties, il se flatte et s'excuse sur une petite et malotrue loy toute escorchëe, et par des tergiversations, faict perdre le droit a son prochain ; et neantmoins c'est bien • Ps. Lvii, I. a luy auquel Nostre Seigneur a faict dire * : Si utique justitiam loquimini, recta judicate, filii hominum. Vœ vobis qui dicitis bonum malum, et malum bo- ***AmoCc'5 yt -1 ^um*, et convertitis in absynthium j'udicium**^^), car ce qui est establi pour le soulagement, il le rend la  ( a ) Poin- excuser ses péchés. [h) Qui jure à son prochain, etc. ( c ) Tu ne feras point de vol. (d) Si vous parîe^ justice, j'iige^ selon l'équité, ô fils des hommes. Malheur à vous qui appelé^ le bien mal, et le mal bien, et qui change\ en absinthe le jugement.  VI. Pour le xviii^ Dimanche après la Pentecôte  89  ruine du païs. Ce juge qui la fait si longue, s'excuse sur dix mille raysons de coustume, de stile, de théorie, de prattique et de cautele ; c'est a luy auquel s'addresse la loy « Properandum, » De Judiciis'^. Beati qui faciunt '^Co^d.,!. m, tit.i, justitiam in omni tempore * (a). * Ps. cv, 3. L'usurier va il pas se trompant luy mesme, avec dix mille excuses pour faire mentir l'Escriture qui dict* que * Ps- xiv, i, 5. telles sortes de gens n'iront point in tabernaculum Do- mini? Les prestres se flattent ilz pas avec des dispenses, quoy que le nemo potest duobus dominis inservire (^) soit escrit en grosse lettre*? Les dames se flattent elles *Matt.,vi,24;Lucaî, pas, n'aymant point leurs maris, se playsant d'estre courtisées, s'excusant qu'elles ne font point d'actes con- traires a leur honneur ? Se plaisent elles point de pas- sionner cestuy ci et celuy la, s'excusant que nonobstant, elles ne voudroyent pour rien violer la loy de leur mariage ? C'est pour cela que Nostre Seigneur dict * : Non concupisces'^'^y C'est pour cela que David a laissé par escrit* : Exitîis aquarum dediixerunt oculi mei, quia non custodierunt legem tuam W. Et toutes ces sortes de gens sont paralytiques ; ne sentant point leur mal, ilz ne s'en confessent jamais. Bibunt sicut aquam. iniquitatem*^^)\ ilz sont comme Esa.ù**, parvipendens quod primogenita perdidisset (f) ; se flattant, ilz sont semblables au Pharisien *. Mays mon intention est de vous descouvrir principa- lement l'autre cause de ceste paralysie, sçavoir la coiiar- dise et lascheté de courage. C'est le vice auquel vous voyes tant de gens qui ne se veulent mouvoir au bien ny retirer du mal, pource que cela leur semble malaysé. Prov. 22* : Dicit piger : Léo est foras, in wiedio 'Vers. 13.  * Exod. Matt., V  XX, 28.  Ps. cxviii, 136.  Job, XV, 16. 'Gen., XXV, ult.  'Luca, XVIII, II, 12.  (a) Bienheureux, ceux qui font justice en tout temps. ( b) Nul ne peut servir deux maîtres. (c) Tu ne convoiteras point. (d) Mes yeux ont répandu des torrents de larmes parce qu'ils n'ont pas gardé votre loi. (e) Ils boivent T iniquité comme Veau. (f) Se souciant peu d'avoir perdu ses droits d'aînesse.  90 Sermons autographes platearum occidendiis siiin (^K Ce sont ceux qui avant esté pécheurs, sont du tout lasches a bien faire. S'il faut se confesser : O que cela est fascheux, o que c'est une chose mal savoureuse ! et ne considèrent pas qu'il n'est pas des péchés comme des fruictz qui meurissent sur l'arbre et puys tombent d'eux mesmes, mais qu'au con- traire, plus ilz demeurent en l'ame, tant plus malaysé est * Ecdi. c. 21. ^. I. il de les arracher. Oyes l'Ecclesiast. * : Fili, peccasti ? non adjicias iteriim, sed de pristinis deprecare Do- minum (^ . Qui ne pleureroit lisant le chap. 5 du livre 8 des Confessions de saint Augustin, ou il se lamente d'avoir procrastiné sa conversion? O Seigneur, comme te respondois je? « Modo, ecce modo, sine paululum ; sed modo et modo non habebant modum, et sine paululum * Rom., XIII, II. ibat in longum. » Tempus est nos de somno surgere^. Ne dicas amico tiio Christo stanti ad ostinm et pul- * Prov., III, 28 ; santi : Vade et cras revertere, cnm statim possis*i^''<. poc, III, 20. ç^i ^^ sçavois, aussi bien que tu ne penses pas, combien Nostre Seigneur t'attend en grande affection ! Tobie * Tob. c. ç. j. 4. envoyant en Rages l'Ange a Gabel *, luy dict : Scis qiioniam numerat pater meus dies, et si tardavero una die plus, contristabitur anima ejusk^). * Lucae, xv, 13. C'est faire comme l'enfant prodigue*, ire in regionem longinquam (s). Il faut beaucoup pour en revenir, quand une fo3'"s on est allé jusques la. Hé, quelle diiïiculté y a il tant a se convertir aussi tost qu'on se void en péché? * Esa.c. ^2.y. I. Induere fortitudine tua, Sion'^; Qtiœrite Dominum * ibid., Lv, 6. dum inveniri potest'^i^i. Ne faites pas comme l'Espouse  (a) Le paresseux dit : Le lion est dehors, je serai tué au milieu des rues. (b) Mon fils, as-tu péché? ne recommence pas de nouveau, mais prie le Seigneur pour tes fautes passées. (c) « Tout à l'heure, à tout à l'heure, attends encore un peu ; mais cette heure ne venait point, et cet attends encore un peu tirait en grande longueur. » // est temps de nous lever du sommeil. Ne dis donc pas h ton ami Jésus-Christ qui se tient à la porte et qui frappe : Alle^, et revene^ demain, quand tu peux lui ouvrir aussitôt. (d) Vous save^ que mon père compte les jours, et si Je tarde un jour de plus son âme sera contristJe. ( e) Aller dans une région lointaine. ( f ) Revêts-toi de ta force, S ion. Cherche^ le Seigneur pendant qii' on peut le trouver.  VI. Pour le xviii" Dimanche après la Pentecôte 91 es Cantiques *, qui trouva des excuses quand son amy * Cap. v, 3, 6. vint, disant qu'elle estoit au lict; elle le voulut par après chercher et elle ne le retrouva plus. Ne faites pas de vostre ame comme Jonas faysoit de Xinive, qu'il ne pensoit pas devoir venir que malaysement a pœnitence ; et cependant, incontinent qu'elle ou3't : Adhuc qua- draginta aies, et Ninive siibvertetur * ^^), elle se ^jon.c.^.y.4. convertit. Que diray je? Si on parle de fréquenter les Sacremens, ilz confessent que cela est bon ; mays je ne sçaurois prendre la peyne, il faut cecy, il faut cela. Hé, mon frère, je te diray ce qu'il faut : il faut purger l'habitation du cœur, oster ce qui deplaist a Dieu, qui est le péché mortel, puys se préparer avec bonnes intentions et avoir ferme propos de s'amender. Cela te semble il chose si difficile qu'il ne la faille faire pour un si grand bien ? C'est chose toute arrestëe que nisi mandiicaveritis carnem Filii hominis , non habebitis vitam in vobis * i^^!. Mais je mesnage ; au nom de Dieu, je ne "Joan., vi, 54. sçaurois bonnement me tenir sans crier, sans me dis- traire. Je suys homme de conversation, et ne puys que je ne me trouve en des lieux ou il me faut faire le bon compaignon. Mon bon frère, prens peyne a ne point offencer Dieu, et du reste, vis joyeusement. Ouy, mays il y a de la peyne a se confesser, a se préparer. Certai- nement la peyne est légère ; mais si tu ne veux prendre peyne aucune, je te diray : Si quis non vult operari, non înandiicef^ ' '^' , ny le pain du cors n}- le pain de •llThess.,uit., 10. Tame, comme indigne de vivre ; mais asseure toy que anima effeminata esuriet * 'i ; ainsy que dict David ** : * P*'0'^- ^^- f- *• , 7 . , , **Ps. CI, 5. Et aruit cor meum, quia obLitus sum comedere panem menm (^). Tellement, que de ces paralytiques  (a) Encore quarante Jours, et Ninive sera renversée. (b) Si vous ne mange; la chair du Fils de Vhomme, vous n'aure^ point la vie en vous. (c) Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange point. (d) L'âme efféminée aura faim. [t) Et mon cœur s'est desséché, parce que j'ai oublié de manger mon pain.  92  Sermons autographes  spirituelz on peut bien dire que trepidaverunt timoré • Ps. LU, 6. ubi non erat timor'^ (^) ; et avec ceste reprehension : Dereliquerunt me fontem aqtiœ vivœ, et foderunt sibi cîsternas dissipatas, quœ continere non valent Jerem., ii, 13. uqUUS * 1^). Voyes vous les maux que faict ceste paralysie, qui nous garde de cheminer a Dieu ? vous aves veu ce que c'est. Maintenant mettons tous la main a la conscience, *■ et demandons a nous mesmes si nous n'en sommes point détenus. Si nous ne voulons pas nous amender, si nous cheminons froidement en la voye spirituelle, il y a danger pour nous. Que si quelqu'un se doute d'y tomber, comme nous avons tous occasion de la craindre, je vous veux donner un remède, duquel pourront encores user ceux qui sont desja tombés paral3"tiques, pour se guérir. Ne sçaves vous pas que le froid est guéri et chassé par le chaud ? Or, toute sorte de chaleur ne guérit pas ce mal. Le feu de genevre est sain au catharre, non pas celuy de chesne. Le feu excité par la méditation de la Mort et Passion guérit, mays guérit ceux qui sont d'une nature souple ; c'est une médecine lenitive. Le feu des tribulations guérit, mays il n'est pas propre a tout le monde. Le feu de l'Eucharistie y sert pour consolider et conforter, mays il faut desja avoir évacué les mauvaises humeurs. Quel feu donques nous guérira de ceste paralysie ? Le feu d'enfer, mes bons Frères, lequel je vous ordonne et a mon ame, propre pour nous guérir si nous nous en sçavons servir. Il faut descendre en enfer vivans, ' Ps. Liv, 16. dict un Prophète * ; et le bon roy Ezechias **, converti *Is., XXXVIII 10. et guéri, nous apprend comme il le faut appliquer : £go dixi : In medio dierum meoriim, vadam ad portas inferi (<^). Il y a en ces parolles troys condi- tions. Ego dixi, car quand Jésus le dira, comme juge,  (a) Ils ont tremblé de frayeur la où il n'y avait aucun sujet de crainte. (b) Ils mont abandonné, moi, source d'eau vive, et ils se sont creusé des citernes crevassées, qui ne peuvent retenir les eaux. ( c ) J'ai dit : Au milieu de mes Jours, J'irai aux portes de l'enfer.  VI. Pour le xviii® Dimanche après la Pentecôte 93 il ne sera plus médecine. In dimidio dierum meorum, au milieu de ma vie, en mon printems ; meorum, car veniet aies Domtni* (^K Ad portas, pour voir ce q^ai *is.,xiii,9;iThess., s'y faict; et voyant les grandes peynes qu'on y endure, ' "" qui ne s'efforcera de les éviter, qui ne s'évertuera de n'estre point du nombre ? O donques, considères ce que vous faites, et vous achemines au bien : Contendite intrare per angustam portam* (^). Ne vous imagines pas tant de peynes, car *Lucae, xm, 24. Nostre Seigneur dict* : Bgo cogito cogitationes pacis, * Jerem., xxix, n. et non afflictionisi'^). Amen.  (a) Le Jour du Seigneur viendra. (b) Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite. (c) Je pense des pensées de paix, et non d'affliction.  VII  HARANGUE POUR LA PRISE DE POSSESSION DE LA PRÉVÔTÉ DE SAINT-PIERRE DE GENÈVE  Première rédaction ( i  Jaui antea, prseteritis Xatalibus fastis, Patres Vene- randi, cum ipsa dierum solemnitas animum ad sui ipsius solicitudinem revocaret, de reliquo mortalis hujus vitse tempore Christiane ac béate transigendo cogitabundus, inter alia quse mare istud navigant! difficilia occurrebant, illud fuit omnium et gravitate et vicinitate primum, me Pr£epositum Sancti Pétri (xebennensis ex placito Summi Pontifiais fuisse renunciatum.  Naguère, en ces fêtes de Noël qui viennent de passer, vénérables Pères, la solennité même de ces jours me rappelait à la sollicitude que je dois avoir pour mon âme, et me faisait penser à la meilleure manière de passer chré- tiennement et saintement ce qui me reste de cette vie mortelle. Entre plusieurs difficultés qu'offrait ma traversée sur cette mer, la première, par son importance comme par sa proximité, fut ma nomination, par le bon plaisir du Souverain Pontife, à la Prévôté de Saint-Pierre de Genève. (i) Cette harangue, qui n'a jamais été prononcée dans sa première forme, avait été composée par saint François de Sales pour le jour de sa prise de possession de la Prévôté (fin décembre 1593). Il paraît qu'après l'avoir rédigée, le Saint la trouva insuffisante, et qu'il composa le discours plus étendu que nous donnons ci-après. Charles-Auguste de Sales a inséré cette ébauche, légèrement modifiée, dans la Vie de son saint Oncle {Livre I); mais confondant le jour de prise de possession de la Prévôté avec celui de la reconnaissance des Bulles par l'Official du diocèse, il a commis la méprise d'assigner à cette pièce la date du 12 mai. Et pour ne pas être démenti par le texte il a, sans scrupule, retranché de la première phrase le mot Nalalibits, qui l'aurait mis en contradiction avec lui-même.  VII. Harangue pour la Prévôté 95 (i) {"Timendum enim summopere veniebat...J Novum ac immaturum ac periculosum videbatur, me rudem, inexpertum, ac nuUius antea notes militem Christianum, in ipso tirocinii limine Praepositura donatum ; ut antea fere sim prsepositus quam positus, prsefectus quam factus, et in magna indignitate, veluti carbunculus in cœno, magna dignitas illucescat. Quo loco subibat illud Ber- nardi mellitissimi Clarevallensis Praepositi : Vse juveni qui antea fit peritus quam novitius ; illudque simile, sed majoris momenti régis Davidis * : Vanum est vobis * Ps. cxxvi, 3. ante lucem surgere ; surgite postquam sederitis, qui inanducatis panem doloris. Quod licet ex littera aliter intelligatur, ex spiritu tamen qui vivificat *, ad eos * II Cor., m, 6. qui quœrunt antea praesidere quam sedere traducendum relinquitur; atque sane fructus prsecoces et vernales non diu asservari possunt quin putrescant. Ergo non immerito ea urgebat mentem meam increpa- tio : Siccine, o Francisée, qui omnibus, meritis, ingenio ac moribus postponendus eras, primoribus prœponendum ducis ? An nescis honores periculis ac oneribus esse  I Ce qui me donnait grandement à craindre I II me semblait que c'était une chose bien nouvelle, hardie et périlleuse pour moi, soldat ignorant, inexpérimenté et inconnu dans la milice chrétienne, d'être honoré de la Prévôté à l'entrée même du noviciat ecclésiastique, de sorte que l'on peut presque dire que je suis préposé avant d'être posé, parfait avant d'être fait, et qu'une haute dignité reluit dans une grande indignité, comme une escarboucle dans la boue. Ce mot de saint Bernard, le melliflueux Prévôt de Clairvaux, me venait à l'esprit : Malheur au jeune homme qui devient profès avant d'être novice, et cette parole encore plus grave du roi David : C^est en vaut que vous vous leve^ avant le jour ; leve^-vous après vous être reposes, vous qui mange^ le pain de la douleur. Bien que le sens littéral soit différent, ne pourrait-on pas facilement, grâce à l'esprit (^ui vivifie, appliquer ces paroles à ceux qui cherchent à présider avant d'avoir siégé? Les fruits précoces et printaniers ne peuvent être conservés longtemps sans se corrompre. Ce n'est donc pas sans raison que je m'adressais ce reproche : Est-ce ainsi, ô François, que toi, le dernier de tous, par le mérite, le talent et la vertu tu prétends être préposé aux premiers? Ne sais-tu pas que les honneurs sont extrêmement périlleux et onéreux? Longtemps j'ai été effrayé par ces voix ( I ) L'Autographe de cette pièce et celui de la suivante présentent parfois deux leçons du même passage : celle qui parait avoir été rejetée à la révision définitive est insérée entre f J •  g6 Sermons autographes plenissimos? Hisce vocibus interius diu perterritus, illud Davidicum (sic) volvebam : Deus audivi auditiones tuas, • Habac, m, 2. et Umui *. Cum intérim ea mihi hodie illuxit dies in qua et terrori multum detrahit et recte in Deum fiducise multum addit mihi vestra omnium, Patres Venerandi,tam jucunda ac suavis prsesentia, quae me adeo reficit ac recréât ut si terrorem [sic] jam antea perceptum cum ea voluptate quam sentio conferatur, quid me magis afficiat difficile sit ad judicandum, ut in me etiam illud sentiam : Ser- *Ps. Il, II. vias Domino cum timoré, exultes ei cum tremore* ; sic enim exultatio est ad Isetitiam, timor autem ad anxietatem. Anxietatem faciebant quae jam jam desino recensere. At vero nunc video me trépidasse timoré ubi non erat •Pss. XIII, 5, ui, 6. tinaor*. Timendum enim erat illi Praeposito qui iis prae- positus est qui difficile intra caulas honestatis et in officio contineri possunt. Mihi vero qui iis sum praepositus qui ea pollent modestia, fortitudine, prudentia ac charitate quae in quolibet Praelato desiderari potest, ut eorum quilibet Praepositus esse mereatur ; quid in hac causa metuendum est? Quid enim me moretur infantia, imperitia ac mentis  intérieures, je méditais ces mots du Prophète: O Dieu, j'ai entendu vos paroles et j'ai craint. Cependant, ce jour a lui; ma terreur s'est presque dissipée, et ma confiance en Dieu s'est grandement accrue. Oui, votre aimable et douce présence, Pères vénérables, me ranime et me réconforte à tel point qu'il serait difficile de dire ce qui m'a le plus vivement impressionné, de la terreur que j'éprouvais ou du bonheur que je ressens. De sorte que se réalise en moi cette parole ". Sers le Seigneur avec crainte et réjouis-toi en lui avec tremblement. C'est ainsi que mes transports proviennent de ma joie comme mes craintes venaient de mon anxiété. Cette anxiété était causée par ce que j'achève maintenant de vous mani- fester ; mais je vois que j'ai tremblé où il n''y avait aucun sujet de crainte. Il aurait eu à craindre, le Prévôt qui eût été préposé à des hommes difficiles à contenir dans les bornes de l'honneur et du devoir. Mais moi qui suis préposé à ceux dont la modestie, la force, la prudence, la charité l'emportent sur celles qu'on pourrait désirer dans le Prélat le plus accompli, en sorte que chacun d'eux mériterait d'être Prévôt, quelle crainte puis-je avoir en cette occasion? Pourquoi m'arrêter à mon jeune âge, à mon inexpérience, à mon manque de talents, puisque dans mes fonctions je n'aurai jamais à user d'admonitions, de  vil. Harangue pour la Prévoie 97 imbecillitas, cum nec monitis, nec disciplina, nec cor- rectione uUo in hoc munere mihi futurum sit opus? Nisi quis velit, quod dixerunt veteres, « Minervam docere, » aut, ut more nostrorum dicam, « Sanctum Bernardum hortari, » vel inter Cordigeros, ut jam sumus (i), concep- tum tegere latinitate. Non opus est prseceptore cui nihil addiscendum est; facile, flantibus ventis secundis, gubernacula a quolibet nauclero tenentur. lUud quidem satis adverto, vos, Prsepositis doctissimis, gravissimis, fœlicissimis hactenus assuetos, in tanta ejus quae hujus consessus prima est dignitatis mutatione ac declinatione, non posse quin aliquod sentiatis fastidium ; illudque animo subibit quod dixit quispiam : « Quis novus hic nostris successit sedibus hospes*? » * ^aeis, 1. IV, 10. Inclyta quis Pétri tecta superbus adit ? ( = ) Totique sodalitati illud merito quispiam objiciet : Pro patribiis tiiis nati sunt tibi filii^^ ; id est : pro • Ps. xuv, 17.  mesures de discipline ou de correction ? A moins que, comme disaient les anciens, on ne veuille « instruire Minerve, » ou, selon notre proverbe, -y. i-i- 17- resurrexit, inanis est fides no.stra*(f). [2.] De la qualité des cors, qui suivront les mouvemens de l'ame comme * Sap., IX, 15. les vestemens. Le cors aggrave Vame"^, l'ame rendra le cors (0 léger. Le bon David ne savoit se remuer dans  (a) Ce récit \e.ViX parut un vain songe, et ils ne les crurent point. (b) Nous espérions. (c) Je ne croirai point. ( d) Dans ma chair, je verrai Dieu mon Sauveur ; je serai de nouveau envi- ronné de ma peau. Car cest bien' moi. (e) En un clin d'oeil, au son de la dernière trompette nous ressusciterons. ( f ) Si le Christ n'est pas ressuscité, notre foi est vaine. ( I ) Il a été jugé nécessaire de corriger ici la leçon de l'édition de 164 1, dans laquelle on lit l'esprit.  XVII. Pour le Mardi de PAauES 169 les armes de Saûl*; pendant que nostre ame est chargée * I Reg-, xvn, 39. du cors mondain, elle ne se peut bien mouvoir. Vo3^es : Extstimabant se spiritum videre'^i^). Avec la Mag- * Lucœ, uit., 37. deleine, jardinier*; avec les pèlerins, pèlerin**; avec ^lT^"^' uit.'V5. les pescheurs, pescheur *. Tantost il est veu, tantost il * Joan.,uit., 4-7. entre les portes fermées'^. Seminatur corpus animale, * ibid., xx, 19, 26. resurget spiritale^'^) ; i. Cor., 15*. Comme l'aigle quae '^ Vers. 44. volare non potest, sed ubi renovavit juventutem suam ; les rabbins, Genebrard, ad eum locum*. Quid facient qui * Ps. en, s ; vide su- hapti^antur pro mortuis? ut quid hapti\aniur pro illis? Ut quid et nos péri dit amur omni hora? Quo- tidie morior propter gloriam vestram, quam habeo in Christo Jesu Doynino nostro.Si ad bestias pugnavi Epliesi, quid mihi prodest, si inortui non resur- gunt? Manducemus, bibamus, cras moriemur'^ i'^^. * i Cor., xv, 29-32. 2. L'espérance. Helas, leur espérance estoit foible : Sperabamus*. Hz craignoyent; l'espérance est contraire * Vide supra, p. 168. a la crainte : Lugentibus et flentibus^^\ dict saint Marc *. C'est grand cas que d'estre séparé de Dieu ; on " Cap. uit., 10. est timide, on perd la force : telz estoyent les Apostres, telle la Magdeleine. Comme un navire emmi l'orage et la tempeste, sans nocher ni pilote, s'en va au bris ou le vent le porte, telle estoit ceste pauvre barque sans espé- rance : Factus est Ephraim veliit coluniba seducta non habens cor*^^^.. O je ne voudrois pas que nous * Osée, vu, n. fussions sans espérance, mays je voudrois bien que nous pleurassions quand nous perdons Dieu. Le cerf*, etc. * Ps. xu, i, 3. Mays Nostre Seigneur vient apporter le secours en ceste  (a) Ils croyaient voir un esprit. (b) // est mis en terre comme un corps animal, il ressuscitera spirituel. (c) Qiai ne peut pas voler, mais quand il a renouvelé sa jeunesse;... sur ce lieu. Qtie feront ceux qui sont baptisés pour les morts? pourqtioi sont-ils baptisés pour eux? Et nous, pourquoi nous exposons-nous à toute heure à tant de périls? Chaque jour Je meurs pour votre gloire que f ai dans le Christ Jésus, Notre-Seigneur . Que me sert d'avoir combattu contre les bêtes a Ephèse, si les morts ne ressuscitent point ? Mangeons, buvons, demain nous mourrons. (d) S' affligeant et pleurant. (e) Ephratm est devenu comme une colombe séduite n'ayant pas de coeur. ,  170  Sermons autographes  place assiégée de crainte : Videte mamis meas et latus * Lucae, uit., 39; ^^^;^* ( a) Aves VOUS besoin de forcc, voicy mes Hiains**; Joan., XX, 20, 27. . , . **Habac., m, A- aves VOUS bcsoin de cœur, voïc}- le mien ; estes vous »Cant., Il, 14. colomhelle, voicy des trous^ ; estes vous des malades, voicy la médecine : Et absorpta est mors in victo- * I Cor., XV, 54. 7'ia*(^). Estis captivi, en redemptio**; estes vous captifz, '*Is.,i.xi, i; Lucae, . , , ,, • • j -^ IV, 19. voicy le rachapt. Ah, comme poumons nous craindre ? Ecce iste venit, prospiciens per cancellos, respiciens •Cant., II, 8. 9. per fenestras * l*^). [3.] La charité. Si millier oblivisci potest filii ventris sui ; sed etsi oblita fuerit, non obliviscar tiii : ecce enim in luanibus meis descripsi te ; Is., 49, y. 15, [16]. Fert nostras miserias et eas nobilitat ; apponit miseriam 'Cf. Job. VII, 17. nostram cordi suo* : ostendit latus'^'^. Sed eum reda- ""Joan., XX, 20. ,. . . , !• 1 1 memus ; alioquin qui prae amore ostendit vulnera, sem^el ostendet prae ira et indignatione : ut imagines quae ad dextram fœminam , ad laevam mortem , ad dextram agnum, ad laevam leonem ; ut apes quae mel faciunt, et acriter pungunt ('i). En videte, illusores, moqueurs, gausseurs, impudens, videte manus, etc. Videbunt in *Zach., XII, 10; qiiem transfixeriint'^, et plangent super se tribus ^^)\ Joau., XIX, 37. ^ M * Vers. 7. Apocal., I ^. Fac, o bone Jesu, ut pacem quam offers, accipiamus, •Vide supra, p. 167. videamusque vulnera tua ; ut quandoquidem manent Co1oss!!"îi "-.' ^'' ' fid(^^, spes, charitas^, fide radicati*'^, spe gaudentes, ' Rom., xn, 10-12. et churitate fervent e S '^, expectemus beatam spem et  (a) Voye^ mes mains et mon côté. { b ) Et la mort a cté ahsorhJe dans la -oictoire. (c) Le voici qui vient, observant au travers des barreaux, regardant par les fenêtres. (d) Si la femme peut oublier le fils quelle a porté dans son sein; si même elle Foubliait, tnoi Je ne t'oublierai point ; car voici que je t'ai écrit dans mes mains... Il prend nos misères et les ennoblit; il applique notre misère sur son cœur : il montra son côté. Mais rendons-lui amour pour amour. Autrement, Celui qui nous montre ses plaies par amour, les montrera un jour dans sa colère et son indignation : comme les images qui ont une femme à droite, la mort à gauche, à droite un agneau, à gauche un lion ; comme les abeilles qui font le miel et qui piquent douloureusement. (e) Ils verront Celui qu'ils ont transperce , et les tribus pleureront leur malheur.  XVII. Pour le Mardi de Pâques 171 adventum tuum * ; ita ut in illo te agnum ad dextram, 'Tit.,ii, 13. non leonem ad sinistram videamus, ac pro fide visionem, pro spe possessionem, et pro charitate imperfecta per- fectam habeamus, in qua gaudebimus in saecula sœculo- rum. Amen (''>).  (a) Faites, ô bon Jésus, que nous recevions la paix que vous nous offrez et que nous voyions vos plaies. Et comme la foi, F espérance et la charité demeu- rent, faites que, enracinés dans la foi, joyeux dans Vespérance et fervents dans la charité, nous attendions votre avènement, bienheureux objet de notre espé- rance. Faites qu'en ce grand jour, placés à votre droite, nous voyions en vous un agneau et non pas un lion, comme ceux qui seront placés à votre gauche; Que la claire vue remplace pour nous la foi, que la possession remplace l'espérance, et qu'à notre charité imparfaite succède une charité parfaite, en laquelle nous nous réjouissions dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.  XVIII SERMON POUR LA FÊTE DE L'INVEXTIOX DE LA SAINTE CROIX 3 mai 1594 (i ) Absit mihi gîoriari, nisi in cruce Domini nostri Jesu Christi, per quem mihi mundus crucifixus est, et ego mundo (a). Ad Gal., 6, f. 14. Si le prophète Jonas se consola tant au lierre que Nostre Seigneur luy avoit praeparé, que l'Escriture ' jon. 4. [y. 6.] dict * : Et lœtatiLS est Jouas super hedera lœtitia magna 'y^), quelle doit estre l'allégresse des Chrestiens en la tressainte Croix de Nostre Seigneur, sous laquelle ilz sont bien plus a l'ombre que Jonas n'estoit sous le lierre ; ilz sont mieux défendus et contregardés que Jonas ne fut par le lierre : Absit mihi, etc. Or, disons donques : Que Jonas se resjouisse au lierre ; qu'Abraham Vers. 4-8. fasse festin aux Anges sous l'arbre (Gen., 18 *) ; qu'Is- Vers. 15-17. maël soit exaucé sous V arbre au désert (Gen., 21 *) ; qu'Helie soit nourry sous le genevre en la solitude Vers. 4, 5. (3. Rsg., I Q *) : quant a nous, nous ne voulons autre om.br e que celle de la Croix, autre festin que celuy qui nous y est praeparé. Nous y voulons addresser nos pleurs et nos cris, nous ne voulons autre nourriture que les Cant., 11,3. fruictz de la Croix* : Absit que nous nous glorifiions en aucune autre chose.  (a) A Dieu ne plaise que Je tne glorifie, si ce nest dans la croix de Notre- Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde m'est crucifié, et moi, au monde. (b) Et Jonas se réjouit d'une Joie très grande au sujet du lierre. ( i) Pour la date de ce sermon, voir les dernières lignes de note (i), p. 166.  XVllI. Pour la fête de l'Invention de la S'* Croix 173 Et de vray, qu'est ce se glorifier en une chose ? C'est se priser, estimer, tenir heureux et grand en icelle : In iis, dict doctement le docteur angelique saint Thomas*, 'iPll'^.qu.cxxxn, 1 . . ., . . , > art. II, IV. unusquisque gloriatur, m quibus se magnum existimat l^). Or, les biens esquelz nous nous estimons grans sont de trois sortes : de l'ame, du cors, de fortune. Qui se glo- rifie en son sçavoir ; qui en sa santé, force et beauté ; qui en sa qualité, degré, richesse. Mais quoy ? Vanitas vanitatiun et omnia vanitas, Eccles., i*; In imagine 'Vers. 2. pertransit homo ^ ^^). Quant au sçavoir, comparatiis * Ps. xxxvm, 7. est jumentis insipientibiis^i^) \ quant au cors, pnlvis *Ps. xLvm, 13, uit. est*!*^); quant aux richesses et aux biens de fortune, *Gen.,iii, 19. inundus transit, et concupiscentia ejiis '^ (^). Ja * i joan., n, 17. n advienne donq qu'on s'y glorifie, et qu'on s'estime grand pour si peu de chose. Mais en la Croix de Nostre Seigneur, o quelle gloire ! Si Celuy la qui e.stoit si grand qu'il estoit Dieu, y constitue son exaltation *, sa 'Joan., 111,14, xii,32. clarification*, s'il l'appelle la porte de sa gloire'^'^, que 'Jbid.,xii,23,xvii,r. vous reste il a faire et que me reste il a dire, sinon : Hoc sentite in vohis quod et in Christo Jesu, qui cum in forma Dei esset, non rapinam arbitratus est se esse œqualem Deo, sed semetipsum exinanivit; propter quod*, etc. (f)? ' Philip. 2. ^. >. Mais voyons un peu quelle sorte de gloire Nostre Seigneur a pris par la Croix. Lises de grâce en ceste Croix, et vous y apprendres la gloire que Nostre Sei- gneur a pris en icelle. Et ne trouves pas estrange que je vous renvoj-e a ce livre pour y apprendre vostre leçon, car c'est le plus excellent livre de tous ceux qui jamais furent composés : et partant, qui désire la gloire de la  (a) Chacun se glorifie dans les choses pour lesquelles il s'estime grand. (b) Vanité des vanités, et tout est vanité... L homme passe comme une ombre. (c) // a été comparé aux stupides bétes de somme. (d) Il est poussière. (e) Le monde passe et sa concupiscence avec lut. (f) Aye^ en vous les mêmes sentiments qu'a eus le Christ Jésus, qui ayant la forme et la nature de Dieu, n'a pas cru que ce fût pour lui une usurpation de se faire égal ci Dieu, mais il s'est anéanti lui-même ; cest pourquoi, etc.  •74  Sermons autographes  science, qu'il s'approche avec la sainte pensée et qu'il lise ce saint livre ; il y apprendra la plus profonde doc- trine qui fut onques. Car, que dira3^-je jamais de plus admirable que ce que je vay dire? que Nostre Seigneur mesme a appris en ce livre une chose qu'il n'avoit jamais sceu, une leçon qu'il n'avoit jamais appris en toute son œternité. Et c'est ceste leçon dont parle l'apostre saint » Vers. 8. Pol aux Hebricux, 5 * : Didicit ex Us qucB passus est, ohedientiam l^). Si donq on se veut glorifier en sçavoir, que ce soit en ce livre du Nouveau Testament. "Vers. 19. Saint Pol, racontant aux Hebrieux, 9 *, comme l'An- cien Testament fut dédié, il dict que Moyse ayant leu tous les commandemens de la Loy, prenant le sang des veaux et boucs, avec Veau et la laine pourprine, et l'hyssope, ipsum qiioque libruin et omnem popu- lum aspersit. Mais omnia in figura contingebant ' I Cor., X, II. illis*i^)', et ou est le livre que Nostre Seigneur a aspersé de son sang, au Nouveau Testament, sinon la Croix, en laquelle No.stre Seigneur ayant leu tous les commandemens de la Loy, qui n'est autre sinon : *Deut.,vi,7;Matt., DiUges Dominuîn^', etc., Mandatum novum do vobis, •^joan^, XIII, 3^. ut diligatis vos invicem * (c), crie a haute voix : *Lucœ,xxiii.3^,46. Pater, ignosce illis; In maniis tuas*, etc.i'^)? Il asperse tout le monde de son sang par l'institution des saintz Sacremens, particulièrement de celuy de l'Autel. La Croix est le vray livre du Chrestien, et je vous prens a tesmoin, o Bernard, très doux et dévot Docteur; car ou aves vous repeu vostre entendement de la très douce et très souëfve doctrine dont vous nous aves laissé ^ Sermo xlui in jgg saintcs instructions, sinon en ce livre, quand vous *'Cant., 1, 12. disies*: Fasciculus myrrhœ dilectus meus miht^*\^)}  ( a ) Il a appris V obéissance par ce qu'il a souffert. (b) Il aspergea le livre et tout le peuple. Mais foutes choses leur arrivaient en figure. (c) Tu aimeras le Seigneur, etc. Je vous donne un commandement nouveau, c'est que vous vous aimie:^ les uns les autres. (d) Père, pardonnez-leur. Entre vos mains, etc. (e) Mon Bien-aimè m'est un faisceau de myrrhe.  XVIII. Pour la fête de l'Invention de la S'^ Croix 175 Je vous appelle a garant, o grand saint Augustin, qui, constitué entre les deux misteres de la Nativité et de la Passion, pouves dire : Hinc lactor ab ubere, hinc pascor a vulnere i^). Je vous prens a g-arant, o seraphique saint François, si jamais vous aves appris les saintz et admi- rables traitz de vos sermons et conversations, sinon en ce saint livre. Je m'en remetz a vostre tesmoignage, o angelique saint Thomas, qui n'escrivistes jamais avant qu'avoir eu recours au Crucifix. Et vous, o mon tressaint ' et seraphique docteur Bonaventure, qui me semblés n'avoir eu autre papier que la Croix, autre plume que la lance, autre encre que le sang de mon vSauveur, quand vous aves escrit vos divins Opuscules. O quel trait est le vostre quand vous vous escries* : « O qu'il faict bon * stimulus Amoris, T- J- ■' c. I, circa med. avec le Crucifix ! J'y veux faire troys tabernacles'^^ : l'un 'Matt., xvn, 4. en ses mains, l'autre en ses piedz, et le troysiesme en la playe de son costé ; la je veux reposer, je veux veiller, je veux lire, je veux parler. » La a appris ses saintes leçons la dévote Magdeleine, qui, -puys après, les annonça aux Provençaux ; la , la dévote Catherine Siennoise , qui, puys après, nous a laissé ses devotz memoyres. Mais que nous sert il de produire tant de tesmoins en une chose si claire ? Nostre Seigneur ne veut que nous apprenions autre chose plus particulièrement que la debonnaireté et l'humilité*. Ou voules vous donques * ibid., xi, 29. aller sinon a la Croix pour l'apprendre ? dont saint Pol, le plus savant des hommes qui furent onques, s'escrie* : ' l Cor., u, 2. Arbitratus sum me nihil scire nisi Jesurn Chn'stuin, et hune crucifixum (t-). Je me suis estendu sur ceste première glorification que nous devons avoir en la Croix, pour vous conjurer d'y  (a) [Dans le Traitté de V Amour de Dieu (Livre V, chap. 11), ce texte est traduit par les vers suivants :] <( D'un costé le sein de la Mère « M'offre son lait pour en manger ; « De l'autre, la play' salutaire « Jette son sang pour m'abbreuver. » (b) J'ai estimé ne rien savoir que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.  lyô Sermons autographes penser et repenser tous les jours le plus souvent que pourres, et parmi la nuict toutes les fois que vous vous esveilleres. Lises donques ce livre divin qui vous enseigne la science de salut, et ou Jésus Christ luy mesme a appris 'ViJesnprn.p.!;^. l'obeyssance* qui est deuë a Dieu. C'est la le premier sujet que nous avons de nous glorifier en la Croix. Voicy maintenant la seconde glorification : c'est que nostre salut y est, c'est la ou Nostre Seigneur nous a sauvés ; car combien que toutes les actions de sa vie, jusques aux plus petites, ayent esté infiniment suffisantes pour opérer nostre salut^ neantmoins la volonté de Dieu son Père et la sienne a esté de ne l'accomplir qu'en la Croix. O quel sujet a nous de nous y glorifier ; Absit mihi gloriari, etc. La encores nous avons esté renduz grans en la santé, force et beauté de Tame et du cors, car nostre immortalité et résurrection en dépend. Derechef donques lises ce livre, et vous y trouvères le • Joan., XIX, 19. nom &e Jcsus*, qui veut dire Sauveur, et Sauveur qui • Matt., I, 21. sddvsit popiilum suum a peccatis eorum'^^)'^. Continues *joan., ibid. a y lire, et vous y trouvères Na^arenus'^, qui signifie floridiis, qui est encores un autre très grand sujet de glorification ; car par la Croix, nostre ame a esté parëe des belles et saintes fleurs de tant de vertuz, de tant d'auréoles si odoriférantes. C'est la ou Nostre Seigneur s'est rendu rose de martire, violette de mortification, lys de pureté ; estant non seulement pur luy mesme, mays •Cant., I, 13. encores purifiant : Lectulus noster floridus * C^). O bel aubespin, sur vos branches se perchent les oy seaux du • Ezech., XVII. 23; ciel^ ecclesiastique, par méditation, et la, gazouillent Matt., XIII, 32. , . , .. j 7 •! -7 • , doucement en samtes louanges. Absit milii, etc. ; car si on se peut glorifier en beauté, o quelle beauté m'est acquise par la Croix ! O comme j'ay trouvé une eau qui me .,,.,.,. ^ rend non seulement blanc et net, mais encores qui m'es- Introit.Missœ nu- ^ jus Festi. claire : « In quo est vita, salus et resurrectio nostra*(<^).»  (a) Qui sauve son peuple de ses péchés. (b) Notre lit est couvert de /leurs. (c) « En laquelle est notre vie, notre salut et notre résurrection.  XVIII. Pour la fête de l'Invention de la S'^ Croix 177 En fin vous y lires Rex Judœorum *, Roy des Juif\. *Joan., ubi supra. Tous les Chrestiens sont Juifz et en fans d'Abraham selon l'esprit: Qiii filii siint promissionis,œstimantiir in semine^^^\ Rom., g*. Or, ce royaume luy est acquis ' Vers. 8; Gaiat., naturellement et par mérite sur l'arbre de la Croix : "'' '" Propter quod et Deus exaltavit illum, etc. ; ut in nomine Jesti omne genu flectatiir ^'°\ etc. * A cause * PhiUp., n, 9. 10. de quoy, a sa mort tout l'univers se revest de deuil * et *Matt.,xxvii,45,5i; T-:> . r^ • r -, • Lucae, xxiii, 44, 45. proteste que son Koy est mort, etc. Oui tut preedict par David, Psal. 95* : Commoveatur a facie ejiis uni- * Vers. 9, 10; juxta , j- -L ■ .-i ■ 7-A • PP.Lat.et quaedam versa terra; dtcite in gentibus qiiia Dominus rc- exempia Septuag. gnavit a ligno (*=). O saint royaume ! Ego si exaltât us '^^^ Défense, 1. 1, fuero a terra, omnia traham ad meipsum ; nunc pr inceps miindi hujus ejicietiir foras* ; Ecclesiam * Joan., xu, 32, 31. quant acquisivit sanguine suo(^)] Act., 20*. * Vers. 28. Quelle gloire pour nous, auditoire chrestien, que par la Croix et en la Croix nous ayons esté transférés du royaume d'enfer en celuy du Ciel, que Xostre Seigneur, le meilleur Roy du monde, nous ayt esté donné ; mais quelle gloire que nous mesmes y soyons faitz roys et hae- ritiers du Royaume céleste. Luy est le Christ, mays nous sommes les Chrestiens : Hœredes quidem Dei, cohcB- redes autem Christi*'.^ . O Chrestiens, si je vous avois *Rom.,Tin, 17. jamais défendu de vous glorifier, je m'en desdis ; soyes désormais glorieux d'estre appelles a cest héritage. Vous sentes vous point adoucir le cœur quand on vous dict que vous estes roys ? S'il vous plaist, dites donques : O toutes les richesses du monde ne sont en rien compara- bles a ceste royauté, car elles périssent, on n'en peut jouir ; mais celles la sont purement nostres.y^a n'advienne donq que je me glorifie, etc.  (a) C« sont les enfants de la promesse qui sont réputés la postérité. (b) C'est pourquoi Dieu Ta exalté, etc.; afin qu'au nom de Jésus fout genou fléchisse. (c) Que toute la terre soit ébranlée devant sa face ; dites parmi les nations que le Seigneur a régné par le bois. (d) Si je suis élevé de terre, j'attirerai tout à moi. Maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. L'Eglise qu'il a acquise par son sang. ( e ) Héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ. Serm. I 12  178 Sermons autographes Ceste grande gloire de la Croix l'a rendue honnorable a un chacun; et partant, Dieu la fit chercher par Hélène, mère du grand Constantin, qui alla exprès en Hierusa- lem pour la trouver, et Tayant trouvée, elle fut inconti- nent mise en grand honneur parmi toute l'Eglise. Et de fait, qui n'honnoreroit un si grand reliquaire, une si signalée marque de la charité du Filz de Dieu? Je vous proposerois volontier une belle doctrine de saint Bona- venture touchant ceste vénération de la Croix ; mais je veux finir. Il suffit que nous n'adorons pas la Croix pour l'amour d'elle, mais pour l'amour de Celu}'- a qui elle appartient. Ceste estime qu'on faict de la Croix plaist infiniment au Crucifix ; et jamais nous ne l'honnorons qu'en intention d'honnorer le Crucifix, et vous conseille, pour vostre consolation, que quand vous verres la Croix, vous regardies tousjours le Crucifix en icelle. Ainsy cest arbre vous sera bien plus vénérable quand vous y consi- dereres son excellent fruict pendu ; ainsy ces espines, quand avec la rose; ainsy cest aubespin, quand avec ce rossignol qui y habite. Au reste, laisses dire les adversaires : Multi ambu- lant , qtios sœpe dicebam vobis, inimicos Crucis * Philip., m, 18. Chrtstt * i^). Tout ce qui me met en mémoire Nostre Seigneur, je l'honnore ; tout signe de Croix se doit tenir en révérence. Disons donques que ce saint bois de la Croix est singulièrement vénérable ; car s'il est escrit, •Vers.7;Ps.xcviii, Psal. 131 * : Adorabo l'n loco ubi steteriint pedes ej'usi^), comme n'honnorerons nous pas ubi stetit totum • Vers. 8. corpus ('^l ? Et partant, il s'ensuit* : Surge, Domine, •Cf.Breviar.inPs. {n fequiem^^), etc. Et si on fa3'soit, dict saint Hierosme*, (m Append.), inlo- ,,, ,1 -, • ^ %. • cum Ps. xcviiK su- tant d honneur au tabernacle, etc., combien plus au bois sposltio*er^onla^°' <^^ ^^ Croix, sur lequel a esté estendu le cors de Dieu incarné, qui a esté arrousé, teint et pénétré de son sang  (a) Il y en a beaucoup, dont je vous ai souvent parlé, qui marchent en ennemis de la Croix du Christ. (b) J'adorerai dans le lieu oii se sont arrêtes ses pieds. (c) Là où tout le corps s'est reposé, (d) Leve:j-vaus, Seiçrneur, pour entrer dans votre repos.  XVIII. Pour la fête de l'Invention de la S'* Croix 179 praetieux. Sainte donq est la coustume des Chrestiens : « Tanta veneratione lignum illud habetur, » dict saint Chrysostome, Homil. Qiiod Christiis sit Deus'^, « ut qui partem ex illo habere possunt, auro includant et cervicibus imponant (a). » Je reviens a Hélène, l'honneur des princesses, qui a cherché et trouvé ce saint bois, avec tant de soin, de travaux et de pe3'ne. Elle vint au mont Calvaire, ou les Gentilz avo)'ent mis la statue de Venus. Regardes la contrariété : au lieu de la crèche, ilz y avoyent mis Adonis ; au sepulchre, Jupiter ; mais Hélène renversa tout cela et remit en honneur ces saintz memoyres. Regardons si en nostre mont Calvaire, c'est a dire en nostre cerveau et entendement, nous y avons laissé la foy fervente de la Croix qui nous y fut mise au Bap- tesme, ou si nous n'avons point eslevé une idole de Venus en nostre imagination; si en nostre memoyre, ou la sainte espérance fut mise, nous n'y avons point remis Adonis ; en nostre volonté, ou Dieu avoit mis la cha- rité, etc. Et a l'imitation d'Helene, ostons, ostons ces figures maudites du monde, ces impressions vaines, et y relevons la Croix, disant : Absit rnihi gloriari, etc., car c'est la nostre secours. Quand Constantin alla a la guerre, il ouyt de [Dieu] la voix : « In hoc signo vinceslt»); » ainsy veut il que nous vainquions : « Filii tui armis triumphare jussisti*(0. » Le jour nous invite, ^Postcomm. hujus le lieu nous appelle ; la sayson nous y porte, nos afflic- tions ne sont pas encores finies.  Festi.  (a) « Ce bois est tenu en si grande vénération, que ceux qui peuvent s'en procurer quelque parcelle l'enchâssent dans l'or et la suspendent à leur cou. >> (b) « Par ce signe tu vaincras. » (c) « Vous nous avez ordonné, pour triompher, d'employer les armes de votre Fils. >>  XIX SOMMAIRE D'ex SERMON POUR LA FÊTE DE LA PENTECÔTE 29 mai 1 594 '0 (Inédit)  A SAINTE CLAIRE. PENTECOSTE  Le tems : ce fut après l'Ascension de Nostre Seigneur, pour vray tesmoignage de sa gloire ; car, comme les roys font largesse, etc. Mays non tout incontinent, affin de donner tems a la prseparation : Ego sto ad ostium * Apoc, m, 20. cl pîLÎso * ; FiU , prcvbe mihi cor tuum ** (3). Comme * Prov., XXIII, 26. SI on doit recevoir un roy. Itûiu, veut venir en ceux qui sont privés d'autres consolations. Le man ne vient point aux enfans d'Israël *Exod., XVI, 3. pendant quilz avoyent de la farine d'Egipte*. Ecce in •Is., XXXVIII, 17. pace amaritîido }nea aniarissima'^. Seciindiim intil- titudinem dolortim meorum in corde meo, consola- * Ps. xciii, 19. tiones tuœ lœtificaverunt animant meam*A^) Cadent a latere tua mille, et decem millia a dextris tuis ; *Ps. xc, 7. ad te autem non appropinqiiabif^ : tempore tribula- tionis, mille tantum tentationes ; tempore laetitiae, decem millia (^). Dieu en l'Ancien Testament, comparut parmi  (a) Je me tiens à la porte et je frappe. Mon fils, donne-moi ton cœur. (b) Voici que ma très amère amertume est en paix. A proportion de la ( I ) C'est par l'écriture et l'orthographe qu'est justifiée la date de ce sermon, et celle du suivant. (s) Il a semblé intéressant de donner ici cette phrase avec les abréviations qu'elle présente dans l'Autographe : « Cadent a latere tuo mille, et loooo a « dextris tuis; ad te autë non appropinquabit : tpë tribul. mille tïïi tent. « temp. laet. loooo. «  XIX. Pour la fête de la Pentecôte i8i les desertz, et a Moise, en feu, au buysson et ronciers*; *Exod.,iii, 1,2. au Nouveau Testament, sur la croix, a la colomne, en la crèche. Ne penses pas que le Saint Esprit soit d'autre nature. Nostre Seigneur n'a esté servi des Anges que deux fois, que je me souvienne, immédiatement : au jardin d'Olivet *, et au désert après le jeusne**. Le «m'^s'iT' ^v"'i?^' Saint Esprit ne vient pas es délices et consolations mondaines ou charnelles : Non permanebit Spiritus meus in homine, quia caro est*(^). Es lieux bien *Gen.. vi, 3. ordonnés, les femmes obéissent et prennent le nom du mari ; ainsy faut il que la chair soit spirituelle, non l'esprit charnel. Le lieu : ce fut en Hierusalem, vision de paix'^. Le * Ezech., xm, 16. Saint Esprit est amour ; il ne se trouve qu'en lieu de concorde *, il fuit les noyses et se plaict es âmes simples • Ps. lxxv, 2. et débonnaires ; et c'est pourquoy il comparut une foys en forme de colombelle*. L'Esprit de sapience ejfugiet *Matt.,in, 16. fictum^ (^). Ce fut encores en Sion, selon l'ancienne *Sap., i, 16. prophétie* : De Sion exibit lexi<^). Or, Sion veut dire 'is., n, 3; Mich., sentinelle en nostre language, ou guarittes. Veiller, estre '^' '' a l'aguet, prendre garde aux objectz; l'ennemy surprent bien souvent ceste ville. Les Anges apparoyssent aux pasteurs qui veilloyent*. Fratres, sobrii estote et vi- * Lucae, n, 8,9. gilate, quia adversarius non dormit, sed circuit, etc.* ' iPetri, uit.,8. Vigilate et orate, ne intretis in tentationem *('!). Marc, xivf^S-^' '  multitude des douleurs de moti cœur, vos consolations ont réjoui mon âme. Mille tomberont h ton côté et dix mille à ta droite ; mais nul n'apfirocliera de toi : au temps de la tribulation, mille tentations seulement ; au temps de la joie, dix mille. (a) Mon Esprit ne demeurera pas en l'homme, parce quil est chair. ( b) Fuira le déguisement. (c) La loi sortira de Sion. (d) Mes frères, soye^ sobres et veille^ ; car votre adversaire ne dort pas, mais rôde, etc. Veille^ et prie^, afin que vous n'entrie^ point eu tentafiou.  XX SOMMAIRE d'un sermon SUR LE SAINT-SACREMENT 9-16 juin 1594 (i) ( Inédit )  bien tost comm'un grand ver et serpent : Ego Ps. XXI, 7. atitetn vermis sum, et non homo"^^^). Que si un si grand Seigneur nous eut invité sans autre, encores devrions nous y aller le prenant a hon- neur, nous devant sentir honnorer. Je sçay bien ce que Vers. II. dict le bon homme Urie, chap. XI*, 2 Reg., a David (2). Ainsy trouve je que le pauvre Miphiboseth, au 2. des Vers. 28. Rois, iQ*, se confesse recevoir un grand honneur de David d'estr'en sa table : Tii aiitem posuisti mé ser- vum tiium inter convivas mensœ tuœ^^). Mays outre ce, le banquet est excellent ; car la viande ' Joan., VI, 56. est la plus praetieuse : Caro mea vere est cïbus*('^).  (sl) Je suis un ver, et non un homme. (b) Cependant -0011$ m'avez placé, moi votre serviteur, parmi les convives de votre table. (c) Ma chair est vraiinent nourriture. ( i) Pour la date de l'année, voir la note précédente; celle du jour est moins facile à déterminer ; il paraît néanmoins très vraisemblable que ce sermon a été prononcé pendant l'octave du Saint-Sacrement. Peut-être même serait-ce celui que, d'après une de ses lettres, le Saint aurait prêché dans la petite ville de La Roche, le jour même de l'octave. (Voir Vives, VII, p. 69, Migne, VI, col. 454-) (s) A la suite de cette phrase, le Saint a écrit, puis biffé la suivante : « Mais outre ce, le banquet est le plus magnifique qui fut onques. »  XX. Sur le Saint-Sacrement 183 Le bon Abraham estant en la v allée de Mamhré, a V entrée de sa tente ou pavillion, an gros du jour, vit troys personnes qui estoyent Anges; il les invita sous un arbre et leur dict : Ponam huccellam panis, ut confortetur cor vestriim; postea transibitis^^). Ainsy leur dona il du pain cuit sous la cendre"^. Ainsy Nostre ' Gen., xvm, 1-6. Seigneur voyant les hommes, il leur donne le pain confortatif. Patres vestri manducaverunt marina, et mortui sunt ; qui manducat ex hoc pane vivet in œter- num*(^K Le man tumbe au désert**, non en la terre «Num'Jxi'.V^'^'^ de promission ; mais ce pain est par tout, et repaist par tout : in œternum. Mays voyons un peu les propriétés singulières de ce pain céleste, [i.] Le pain matériel entretient la vie, mays il y a bien a sçavoir comment ; car comment, estant une chose morte, il peut donner la vie ? L'homme l'altère peu a peu et le change en chair, alaquelle il donne la vie ; et ainsy le pain continue la vie quil a receu, comme matière mieux disposée. O le grand mis- tere, car ce céleste pain ne reçoit la vie de celuy qui le mange, mays la luy donne absolument et le change en luy. Ce pain icy, donques, donne la vie, conserve la vie de l'ame, laquelle perdant peu a peu sa chaleur vitale qui est la charité, et l'humide radical de sa vie qui est la grâce, a besoin de restauration, qui se faict par ce céleste banquet. 2. Ce pain, et voyci un seul motif, nous transforme en luy, non ja quand a la substance mais quand aux qualités. Ce qui ne doit estre merveilles ; n'a on pas veu les gens vivans d'herbes, verds ? Vivo ego, jam non ego, vivit vero in ?ne Christus* i'^). * Gaiat., n, 20. 3. Le pain renforce, si que en l'Escriture, il s'appelle  (a) Je vous servirai un peu de pain, afin que vous repreninj vos forces, puis vous poursuivre^ votre route. { b) Vos pères ont mangé Li manne, et ils sont morts ; celui qui mange de ce pain vivra éternellement. (c) Je vis non plus moi, mais le Christ vit en moi.  i84  Sermons autographes  • Vers. i6.  * Ps. cm, 13. * III Reg., XIX, 6. **Ps. LXXI, 16. * Apud Genebr., Comment, in hune locum.  firmajnentum ; au Psal. 104* : Et vocavit famem su- per terrain, et omne firmamentum partis contrivtt^^)\ et ailleurs* : Et panis cor hominis confirmât (b). Ainsy cestuyci corrobore extrêmement; en figure dequoy res- pexit Helias*(c). Dont parlant le Psalmiste**: Erit, dict il, firmamentum in terra, in snmmis montium (^). Rabbi Jonathas, au rapport de Burgensis* : Erit pla- centa tritici in capite sacerdotum (e).  2. Dissimilitudes, i. Le pain jamais ne nous renforce, que par la reaction nous ne perdions. Mays cestuyci nous renforce et eschauffe, car c'est le Sacrement d'union. 2. Le pain nous corrobore intérieurement, mais il ne nous rend formidable extérieurement ; il nous praeserve dedans, mais dehors non. Ce pain nous corrobore mesmes contre les ennemis ; si que de ce pain, nous pouvons dire : Parasti in conspectu meo mensam, adversus eos qui tribulant me* (f) ; comme l'interprète Cyp., ad Caecilium *. Dont il est dict au paravant ** : Virga tua et baculus tuus, ipsa me consolata sunt (g). Il apelle virgam et baculum l'appuy, scipionem ; c'est a dire, ce céleste pain : ainsy au Levit. 26*, Nostre Seigneur apelle le pain baculum panis '^^). C'est ce que dict • Homii. xLvi, in gaint Chrisostome *, au rapport de saint Thomas**, que Joan., § 3. * ' _ « nous sommes terribles au diable, sortans de ceste caeleste Table. »  • Ps. XXII, 6. * Epist. Lxiii, § II. *»Ps. citât., >'. 5.  • Vers. 26.  nia Pars, Lxxix, art. VI.  qu.  (z) Et il appela la famine sur la terre, et il brisa toute la force du pain. (b) Et que le pain fortifie le cœur de l'homme. (c) Elie regarda... (d) Il y aura de la force sur la terre, sur les sommets des montagnes. (e) Il y aura un pain de froment sur la tête des prêtres. ( f ) Vous ave^ préparé une table devant moi contre ceux qui me tourmentent. (g) Votre verge et votre bâton ni ont consolé. (h) Bâton de pain.  XXI SERMON POUR LE TROISIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 19 juin 1594 (i) Erant appropinquantes ad Jesum pu- hlicani et peccatores ut audirent illutn ; et murmurahant Scribx et Pharisxi dicentes, quia hic peccato- res recipit et manducat cum illis (a). Luc, 15, ^. I, 2. On void souventesfois es bonnes et grosses villes, et peut estre Taures vous bien remarqué, qu'arrivant quel- que signalé operateur, il faict incontinent publier son arrivée, et les maladies desquelles il faict profession de guérir plus particulièrement, affin que ceux qui en sont travaillés viennent au secours vers luy. Nostre Seigneur, grand et excellent Médecin de toutes nos infirmités, avant qu'arriver en ce monde, faict entendre par tout et son arrivée et les maladies desquelles il guérit. Tantost par ses Prophètes : Quod confractum fuerit, alli- gabo, et quod infirmutn fuerit, consolidabo (Ezech., 34*) ; Spîritus Domini super me, propter quod * Vers. 16. unxit me, ad annuntiandum pauperibus m.isit m.e, ut m.ederer contritis corde (Isa., 61 *) ; Mundabit eos *Vers.i;Luc.,iv,i8.  (a) Les publicains et les pécheurs s'' approchaient de Jésus pour l'entendre, et les Scribes et les Pharisiens murmuraient, disant : Celui-ci reçoit les pécheurs et mange avec eux. ( I ) La date attribuée à ce sermon est justifiée par la ressemblance de style qu'il présente avec la plupart de ceux qui remontent à cette première année du ministère évangélique de notre Saint.  i86 Sermons autographes •Vers. 25. ah omnibus inquinamentis suis (Ezech., 36*); Tu • Vers. 28. populum humilem salvum faciès ^^) (Psal. 17*). Tantost par sa propre bouche : Venite ad me, omnes "Ve^rs' ^'' '^' ^^'^ lahoratis{^\ etc.*; Joan., 7**. Mais sur tout Ihors *Matt.,i, 2i;Lucx, qu'il se faict appeller y^^w^ *;, car les médecins ne ffue- II, 21. rissent pas tousjours, et partant il ne le faut pas qualifier médecin, maj^s Sauveur, d'autant que ses receptes sont infallibles. Quelle merveille donques si en l'Evangile du jourdhuy nous le voyons environné de malades : pécheurs et puhlicains ? O vayne et sotte murmuration des Juifz : Hic peccatores recipit. Hé, qui voudries vous donques qui les receust ? N'est ce pas l'honneur au médecin d'estre recherché des malades, et d'autant plus que leurs maladies sont incurables ? Nostre Seigneur, non tant pour repousser la témérité de ces Pharisiens, que pour nous donner courage de nous approcher de luy, rejette bien loin par similitudes ceste considération pharisaïque. Concluons donques pertinemment par tout son dis- cours, que son playsir est de ramener les pécheurs a sa " Lucse, V, 32. miséricorde *. Les pécheurs sont donques esloignés de Nostre Sei- gneur? Ouy, infiniment. Mays pensons y premièrement un peu de près, affin que le désir de nous approcher de Nostre Seigneur nous vienne d'autant plus grand ; et puys nous verrons les moyens de nous en approcher, et les consolations que nous aurons en ce saint approche- ment, affin que reconnoissant le bannissement auquel les péchés constituent l'ame, nous nous ostions au plus tost de péché si nous y sommes, nous nous gardions de jamais y retourner, et nous approchions tousjours de plus près de Nostre Seigneur. Mais ces grâces sont les  (a) C^ qui avait été brisé je le lierai; et ce qui avait éié faible, je le forti- fierai... L esprit du Seigneur est sur moi, c est pourquoi il ma consacre par son onction, il m'a envoyé pour annoncer sa parole aux pauvres, pour guérir ceuK qui ont le cœur brisé... Il les purifiera de toutes leurs souillures... Vous sauvere^ le peuple humble. (b) Vene\ a moi vous fous qui êtes fatigués.  XXI. Pour le ni° Dimanche après la Pentecôte 187 effectz propres et particuliers du Saint Esprit ; il nous faut donques demander sa bénite assistance, et pour aysement l'obtenir, employons y la faveur de sa très glorieuse Espouse, la saluant : Ave Maria. Je trouve admirable et profonde la description que le saint personnage et langoureux prophète Job faict des pécheurs, quand il les qualifie en ceste façon : Qiii dixerunt Deo : Recède a nohis, scientiam viarum tuarutn noliimus (cap. 21 *j : Retire toy, va t'en, * Vers. 14. destourne toy de nous, nous ne voulons point sçavoir tes chemins. O belle façon de parler, o description pleine de doctrine 1 Pour dire les pécheurs, il dict ceux qui ont dict a Dieu : Retire toy de nous. C'est vrayement la propriété des pécheurs que de s'esloigner de Dieu tant qu'il est possible. Psalm. 72 * : Qiii " Vers. 27. elongant se a te peribtinti^) \ comme la brebiette qui s'esgare parmi les halliers, es montaignes et forestz, court fortune : qui elofiga?it. Hier., 2* : Qiiid invene- * Vers. 5. runt in me patres vestri iniquitatis, quia elongave- runt a me} et ambulaverunt post vanitatem suam, et vani facti siint ^ . Et le Prophète qui avoit dict, Ps. 26* : Dominus illuminatio mea et salus mea (<=), * Vers. i. parlant du mesme salut : Longe, dict il, a peccatoribus salus; Ps. 118*. Mitto ego te ad filios Israël, ad • v- ers. 15s. gentes apostatas quce recesserunt a me; Ezech., 2 *. ♦ Vers. 3. Longe est Dominus ab impiis ^^) ; Proverb., 15 *. • Vers. 29. Obstupescite, cœli, super hoc, et portœ ejus deso- lam.ini vehementer, dicit Dominus. Duo mala fecit populus meus: dereliquerunt me fontem aquœ vivœ, et foderunt sibi cisternas dissipatas, quœ continere non valent aquas (^); Hier., 2*. Ce sont les deux maux • Vers. 12, i  (a) Ceun qui s'éloignent de vous périront. (b) Quelle iniquité vos pères ont-ils trouvée en moi, pour s'être éloignés de moi? et ils ont marché après leur vanité, et sont devenus vains eux-mêmes. (c) Le Seigneur est ma lumière et mon salut. {â.) Le salut est loin des pécheurs... Je t'envoie aux enfants d'Israël, h ces nations apostates qui se sont retirées de moi... Le Seigneur est loin des impies. (e) deux, soye^ frappés de stupeur sur cela; et vous, portes du ciel, soye^  i88 Sermons autographes du péché, que disent les théologiens : Aversio a Deo, et conversio ad creaturam ; se séparer, se retirer, s'esga- rer, s'esloigner et fourvoyer de Dieu, et se joindre, accointer, s'allier et unir a la créature. Ne voyes vous pas le prodigue comme il s'en va in regionem longin- * Vers. 13. quam^^)} Luc, 15*. C'est en cest esloignement que consiste le mal principal du péché, c'est a dire qu'il nous sépare de Dieu; de manière qu'en l'escole l'on est • Matt., XXV, 41; d'accord que Ite*i^\ est le mot principal de la sentence juxta GrEec.etanti- ■> -kj . c • rj t-\ quam lect. Lat. de JNIostre heigueur : lie. De manière qu'en saint * Vers. 27, 28. Luc, 1 3 *, parlant des pécheurs obstinés, il dict qu'il leur sera dict : Disc édite a me, omnes operarii ini- qiiitatisi^), et tesmoigne que ibi erit fletus et stridor dentium (d). Mais voicy le gros de la difficulté : comme se peut il faire que nous soyons esloignés de Dieu luy mesme qui est par tout, et ne sçaurions trouver un recoin, pour caché qu'il soit, que sa Majesté n'y soit? Saint Pol aux •Vers. 27, 28. Athéniens, Act., 17* : Non longe abest ab unoquoque nostrum; in ipso enim. vivimus, movemur et sumusi^). L'ame se peut retirer et esloigner de Dieu en deux façons : Premièrement, par affection et désir; « non loco •Expos, in Ps. IX, sed affectu, » dict saint Chrisostgme *. Anima enim non § 6. passibus, sed passionibus ambulat (f). Hz voudroyent que jamais Dieu ne les vist, qu'il ne pensast point a eux, • Vers. I, qu'il ne fust point parmi eux. Psal. 13*: Dixit insipiens in corde suo : Non est Deus (g) ; et si cela n'est, il ne tient pas a eux. Et en ceste façon ilz disent a Dieu :  dans la plus grande désolation, dit le Seigneur. Mon peuple a fait deux maux : ils m'ont abandonné , moi, source d'eau vive, et ils se sont creusé des citernes crevassées, qui ne peuvent retenir les eaux. ( a ) Dans une région lointaine . (b) Alle^. ( c ) Retire:{-vous de moi, vous tous, ouvriers d'iniquité, {d) Là il y aura des pleurs et des grincements de dents. (e) Il n'est pas loin de chacun de nous; car en lui nous vivons, nous nous mouvons et nous sommes. (f ) « Non pas localement, mais par affection »... Car les pas de l'âme sont les mouvements de ses passions. (g ) L'insensé a dit dans son cœur : Il ny a point de Dieu.  XXI. Pour le m® Dimanche après la Pentecôte 189 Recède a nohis, viam mandatorum tuorum nolumus^^^). *Vide supra, p.187. La ou, remarques la façon, l'immobilité est propre a Dieu et la mobilité aux pécheurs, et ilz la veulent ren- verser : Recède a nobis, etc. Secondement, l'ame s'es- loigne de Dieu fuyant ses grâces et les moyens qu'il nous propose pour nostre salut ; comme l'on dict qu'un tel fuit les médecins, non pas pource qu'il laisse la personne des médecins, mays les remèdes : Scientiam viarum tuariun nolumiis*. • ibid. Ainsy sont loin de Dieu les pécheurs ; ainsy sont-ilz esloignés de ses miséricordes. Quelles douleurs, quelz regretz ! Car ce que dict le grand saint Augustin* est *Confess.,i. I, ci. très vray : « Fecisti nos, Domine, ad te, et inquietum est cor nostrum donec requiescat in te (^). » O quelle division de l'homme, au regard de son Dieu, au regard de luy mesme! Ma3^s il y a ceste seule consolation parmy ceste grande désolation ; c'est qu'encores que le pécheur soit loin de Dieu, il peut revenir a luy et estre bien receu. Isa., 55* : Derelinqiiat imphis viam suam et * Vers. 7. vil' iniquus cogitationes suas, et revertatur ad Do- ininum, et miserebitur ejus, et ad Detun nostrum, quoniam multus est ad ignoscendum (<=). Ainsy le chetif prodigue * et l'infortuné Absalon [2. Reg., 14**), t.y"'^^' ^^' ^°'^''" comme sont ilz receus de leurs pères ? Et sans cela, que deviendrions nous? car omnes declinaverunt* ; * Ps. xm, 3. Omnis homo mendax* ; Si dixerimus quoniam * Ps. cxv, 2. peccatum *, etc. Eccli., 17** : Revertere ad Dominum, «verT°2' ''J' et avertere ab injustitia tua; Qiiam magna miseri- cordia Domini, et propitiatio illius convertentibus ad se^^). Pourquoy s'appelle il Sauveur, sinon pour  (a) Retirez-vous de nous, nous 7ie voulons point marcher dans la voie de vos commandements. (b) « Vous nous avez faits pour vous, Seigneur, et notre cœur est inquiet jusqu'à ce qu'il se repose en vous. » ( c,) Que Vimpie abandonne sa voie et l'homme inique ses pens'es, et qu'il retourne au Seigneur, et il aura pitié de lui, et à notre Dieu, parce qu'il est libéral et pardonner. ( d) Tous se sont détournés. Tout homme est menteur. Si nous disons que nous n'avons pas de péché, etc.. Reviens au Seigneur, et détourne-toi de Finjustice,  190  SERiMONS AUTOGRAPHES  sauver? Erant appropinqiiantes peccatores et piibli- cani ad Jesum, ut audirent illum. * Vers. I, 2. Il est raconté de David, au chap. 22 du i. des Roys *, qu'estant dans la caverne de Odolla, les souffreteux et affligés s'en vindrent a luy, et il se rendit leur roy. C'estoit pour figurer que ce second et véritable David devoit laisser approcher de luy les pauvres et nécessi- teux, les affligés et les misérables, ceux qui gémissent sous le pesant fardeau des infirmités corporelles, et beaucoup plus ceux qui sont accablés sous l'espouvanta- ble fardeau du péché. Les Pharisiens murmurent quia hic peccatores reci- pit ; mais voyons un peu le progrès, comme il les reçoit, et nous verrons grandes choses. Le pécheur se peut bien esloigner de Dieu, et de soy mesme, c'est chose * Vers. 39. certaine. Spiritiis vadens et non rediens; Ps. 77 *. •Vers. 9. Perditio tua ex te, Israël (Os., 13*), mais tantutn ex * II Cor., III, 5. me auxilium tuum. Et saint Pol* : ]-. 5. vouloit dire : La mer est a luy pource qu'/7 Va faite. Et non seulement nous sommes a luy et il est nostre Seigneur pource qu'il nous a produitz, ma3'S encores pource qu'il nous a achetés bien chèrement et cent mille fois davantage que nous ne valons. Le diable nous avoit osté a nostre naturel Seigneur, et encores qu'il n'eust nul droit, si est ce que Nostre Seigneur nous acheta, et acheta ce qui estoit sien affin de nous faire plus siens, si plus siens nous pouvions estre. Saint Pol dict* : Empti " I Cor., vi, uit. enini estis pretio magno^'°). Et quel prix? Redemit nos in sanguine Agni*; Proprio Filio non pepercit, *Apoc.,v,9,vii,H. sed pro omnibus tradidit illum^. « Datus ero-o et ' Rom., vm, 32. redditus, me pro me debeo et bis debeo*(<^). » La moin- *S.Bein.,Dediiig. dre goutte du sang de Nostre Seigneur valoit plus que ^°' '^^ ^• nous; et neantmoins, affin de nous rendre plus siens, il le voulut tout donner : Copiosa apud eum redemptio*^^). ' Ps. cxxix, 7. Dont, par la bouche d'Isaïe *, Nostre Seigneur dict : ' Cap. xun, i.  {a.) La mer est a lui, et cest lui qui Va faite. (b) Car vous ave^ été acketJs d'un grand prix. (c ) Il nous a rachetés par le sang de V Agneau. Il n'a pas épargné son propre Fils, mais il l'a livré pour fous. « Donné donc et redonné, je me dois pour moi-même et je me dois deux fois. » (d) On trouve en lui une abondante rédemption.  1^6 Sermons autographes Redemi te, et vocavi te nomine ttio, meus es tui^). Et ♦Serni.xx in Cant., Saint Bernard va confessant*: « Seigneur, tu as tout fait » ^ '■ et refait « pour toy, et qui ne veut estre a toy et pour tov, il commence d'estre un rien parmi toutes choses. » Adjoustes que vous vous estes donnés a Xostre Sei- gneur au Baptesme, si qu'on peut bien dire que vous estes a luv : 5/c://^ jurastis Domino, votiim vovistis Deo *Ps. cxxx!, 2. Jacob^ ^^). Ceste cy soit la première considération et fondamentale que je propose. De celle cv, faut faire deux conclusions. Premièrement, que si vous estes devant vostre Seigneur par tant de ra3^sons, vous deves estre en toute révérence et humilité, considérant que tout ce que vous aves vous le tenes de luv, et pensant que vous luy deves autant d'honneur comme il y a de distance du rien a l'infinité. Et d'autant plus deves vous estre humbles, qu'estans ses taillables a miséricorde, vous l'aves si souvent offencé; dont vous deves avoir si grande confusion, que d'humilité et de honte, vous retournies au néant auquel vous esties, en un nul estre, nulle vertu, nulle qualité, avant que Dieu vous tirast du misérable estât ou vous esties parmi le néant pour vous faire ses serviteurs. Si donques estant devant Xostre Seigneur, en reconnoissance que vous estes ses sujetz et serviteurs, vous vous baisses et inclines le cors jusques a la terre de laquelle vous aves esté * Gsn., m, i'-. pris*, baisses vos âmes par humilité devant vo.stre Dieu, jusques au rien duquel vous estes la race. L'autre conclusion qu'il faut tirer, c'est qu'estant des- cendus au rien, remontant a l'estre que Dieu nous a baillé, et considérant de poinct en poinct combien nous sommes dependans de Dieu et combien nous sommes obligés a le servir, il nous faut faire une exclamation a •Ps. Lxi, I. nostre ame : Konne Deo suhjecta erit anima mea*('^)?  [&) Je t'ai racheté et je t'ai appelé par ton nom, tu es mien. (b) Comme vous avez juré au Seigneur, et fait vœu au Dieu de Jacoh, (c) Est-ce que mon âme ne sera fas soumise à Dieu?  ^S. LXX.I, 2--  XXII. Exhortation au service de Dieu 197 Comment, si Dieu m'a creëe, et non seulement creëe, ma3^s rachetée d'entre les mains d'un si cruel et barbare tyran, avec tant de sang, si je luy ay voué et preste fidélité, qui me lèvera jamais de son service ? Escoutes comme David estoit en ceste resolution* : Qua.si j'umen- tum factus stim apiid te, et ego semper tecum l^). Il veut dire : Je le sers si humblement que je ressemble un cheval mené par la bride après vous, o mon Dieu. Et de vray, comme dict saint Pol* : Qiiis plantai *lCor.,ix,7. vineam et de friictu ejus non edit^'^)'^ Si Jésus Christ nous a planté, n'est ce pas la rayson que nous luy rapportions tout le service que nous pourrons ? Mays outre tout cela, il y a une autre rayson : c'est que nous nous servons de toutes les créatures, et icelles nous servent volontier, en intention que nous servions Dieu pour elles; car elles, ne pouvant pas servir Dieu, lequel estant esprit ne peut estre servi que par esprit *, » joau., iv, 2.1. elles nous servent a celle fin que nous servions Dieu tant en leur nom qu'au nostre. De manière qu'encores a rayson de cecy, nous sommes obligés a servir Dieu, et ceux qui ne le serviront pas en recevront un terrible reproche au jour du jugement ; car c'est pour cela qu'il est dict* que totus orbis pugnabit contra insensa- *Sap., v, 2r. tos^'^h Pour toutes ces raysons, il se faut résoudre de servir Dieu fidellement. De ceste resolution, il nous faut passer a l'exécution d'icelle, c'est a dire de servir Dieu le mieux qu'il nous sera possible. Or est-il qu'entre toutes les façons de servir Dieu, [la meilleure] c'est de le servir en la façon qu'il est servi en Paradis ; car c'est luy qui nous enseigne a demander que son service soit fait en la terre comme au Ciel*; car il n'y a pas différence entre servir Dieu »Matt.,vi, 10. et faire sa volonté. Que si nous voulons sçavoir comme  (a) Je suis devenu comme une bcte de somme dev.inl vous, et Je suis toujours avec vous. (b) Qiii est-ce qui plante une vigne et ne tnange p.is de son Jruil? (c) Tout l'univers combattra contre les insensés.  198 Sermons autographes * Ps. Lxxxiii, 5. Dieu est servi au Ciel, escoutes David* : Beati qui habitant in domo ttia, Domine ; in sœcula sœculo- rum laudaJjtint te (^K La on ne sert plus Dieu visitant les malades, la on ne visite point les prisonniers, la on ne jeusne plus, la on ne faict plus l'aumosne, la on ne reschauffe plus les refroidis, la on ne vestit plus les •Cant., Il, II. nudz, pource que hyems transiit et recessit* (^). On • Apoc, XIX, 1, 5-6. n'entend autre chose au Ciel que A lleluia *. A lleltiia est le langage de ce païs la, car on n'y dict autre ; et avec une seule parole, ilz disent tout ce qu'ilz veulent dire. O sainte parole, laquelle seule exprime tant de grandes conceptions ! C'est ce service auquel le Prophète vous invite maintenant : Ecce nuîic benedicite Dominum. Mais oyes comme cela va, car vous me pourries dire : Hé quoy, n'ayment-ilz pas Dieu? Aymer, mes Frères, c'est vouloir et désirer du bien, et ne sçauroit-on dire quelle différence il y a entre la bienveuillance et l'amitié, ne plus ne moins qu'on ne sçauroit dire quelle différence il y a entre haïr et vouloir du mal a une personne. Dequoy j'entre en admiration comme il se peut faire que l'homme ou l'Ange ayment Dieu, et comme Dieu s'ayme soy mesme ; car si aymer est désirer du bien a une per- sonne, comme voules vous qu'on ayme Dieu a qui on ne sçauroit désirer aucun bien? Car, puysque Dieu est toute sorte de bien, on ne lu}- sçauroit désirer aucun bien qu'il ne ra3'e plus parfaittement qu'on ne sçauroit désirer : et si il l'a, pourquoy le desirera-on ? Et puys, au bout de tout cela, le bien en Dieu est essentiel ; de manière que comme ce seroit chose hors de propos de s'amuser a désirer qu'un Ange soit Ange, pu\'-sque c'est sa nature d'estre Ange, et de désirer que les 3laures so^^ent noirs, puysque c'est leur nature, aussi semble il hors de propos de désirer que Dieu ayt quelque bien, pu3-squ'il a tout bien par nature. Quelqu'un me dira qu'on peut bien désirer a un Ange  ( a) Bienheureux ceux qui habitent dans votre maison, Seigneur ; ils vous loueront dans les siècles des siècles. (b) L'hiver est passé et s'est retire'.  XXII. Exhortation au service de Dieu 199 qu'il soit Ange, c'est a dire la continuation en son estre : ainsy en Dieu, dites vous. La conséquence n'en vaut rien ; la rayson est pource que la continuation de l'estre a l'Ange n'est pas naturelle et essentielle, et partant on la luy peut désirer, non celle qu'il a, ains celle qui est a venir; mays a Dieu, son aeternité luy est autant essentielle que sa bonté. Comment donq est ce qu'on peut aymer Dieu? L'ame regardant en Dieu l'infiny mérite de sa bonté, et que d'ailleurs en ce sauverain Estre rien ne manque, mays y est plus parfaittement quod facttim est (in ipSQ vita erat*i^}), elle ne désire pas qu'autre bien luy *Joan., 1,5,4. arrive, pource qu'il est impossible. Mays quoy, elle s'avise d'un autre moyen pour aymer Dieu. Un amy desireroit que son amy fust roy. Quand il l'est, encores qu'il cesse de désirer, il n'est pas moins amy ; mais au lieu du désir, il faict un acte de contentement, d'ayse et de resjouyssance du grade que l'amy possède, Ainsy, au lieu de désirer du bien a Dieu, on se complaist et on se resjouyt au bien qu'il possède et qu'il est luy mesme. Amor benevolentise, se change en complacentiae (^). De cest amour parle David : Quant magna multitudo dtilcedinis tuœ^; Omnia ossa mea dicent : Domine, * Ps. xxx, 20. quis similis tibi * («=) ? Isaye ** : Lœtificabo eos in l^^ ^^^^i' ^°' monte orationis meœi^)} C'est a quoy nous invite David : Ecce ntinc benedicite Dominiim, etc. Il dict nunc ; comme vous voudries estre de ces beati qui habitant*, commences donques maintenant, nunc. *ViJe supra, p.198. L'homme qui est arrivé a ce signe, voyant que sa loiiange est petite, il va cherchant par tout : Benedicite omnia opéra Domini * i^) \ et ne trouvant asses , * Dan., m, 57. Renuntiate quia amore langueo* i^). Il se voudroit * Cant., v, 8.  ( a) C;n., 1, 21-28. tion * : si que des Ihors on ne trouvera pas que jamais aucune sorte d'animaux aye manqué de race ; et quant a nous autres, chacun sçait bien que par la ligne droitte et continuation perpétuelle, nous sommes tous descen- dus, de père en filz sans interruption, de ce premier père auquel Dieu donna la force et le commandement de multiplication. Et de vray, cela appartenoit a la Sagesse divine, de conserver le monde qu'il avoit une fois si solemnellement fondé. Or, en cas pareil, mes Frères, quand il pleut a Dieu recréer le monde et fonder son Eglise, il la bénit telle- ment que jamais ceste génération sienne ne devoit manquer ou faillir en aucune façon : de manière que la vraj^e Eglise qui est maintenant, doit estre descendue de père en filz par ceste génération spirituelle de ce second Adam, Nostre Seigneur et 31aistre. Et qui diroit autrement, il feroit tort au sang de Jésus Christ, lequel n'a pas eu moins d'efficace pour fonder son Eglise a perpétuité, que le sang d'Adam a entretenir les généra- tions des hommes ; car ne sçaves vous pas que comme Adam a laissé une génération perpétuelle en son sang, aussi Jésus Christ a laissé une génération au sien ? Que si le monde dure encores au sang d'Adam, pourquoy ne  XXV. Sur la perpétuité de l'Eglise 217 durera aussi l'Eglise au sang de Jésus Christ ? C'est ce que vouloit dire le grand David : Deus fundavit eam in œiernum (Pseau. 47 *) ; Magniis Dominus et lau- * Vers. 9, i. dabilis nimis, in civitate Dei nostri^^). Et de vray, ce seroit bien chose indigne d'un tel fon- dateur, de fonder pour un peu de tems une Eglise, laquelle a esté fondée avec tant de resjouyssance et un si grand appareil ; qu'en sa fondation Jésus Christ a3'e tant enduré, tant respandu de sang, et puys qu'elle fust corruptible. Fundatur exultatione universœ terrœ 7nons Sion * (^). Mays, je vous prie, seroit il bien séant * Ibid., y. 2, que Nostre Seigneur eust respandu son sang pour re- concilier son Eglise a Dieu son Père*, et puys qu'en fin * Coioss., i, 20. ceste Eglise fust tellement abandonnée qu'elle vinst a estre du tout perdue? Certes, un tel Médiateur^ mérite 'lTim.,ii, 3. une paix perpétuelle, une alliance très estroitte, dont Isaye dict * : Et fœdus perpetiium ferfam eis ^^), par- * Cap. lxi, 8. lant du Christianisme. Non, non, il ne faut pas dire que l'Eglise soit jamais morte ; son Espoux est mort pour elle affin qu'elle ne mourust point. C'est ce que veut dire saint Pol, Ephes., ^* : Et ipse dédit quosdam qiiidem apostolos, alios *Vers. 11-13. prophetas , alios evangelistas , alios pastores et doctores ; ad consummationem sanctoriiin, in opus ministerii, in œdificationem corporis Christi, donec occiirramus omnes in unitatem fidei et agnitionis Filii Dei{^). A quoy est conforme ce qu'il dict 1. Cor., 15 * : Primitice Christns, deinde ii qui sunt Christi, * Vers. 23-26. deinde finis. Oportet illum regnare donec ponat inimicos snos sub pedibus ejus, novissima autem  (a) Dieu Va fondée pour Têternité... Le Seigneur est grand et très digne de louange, dans la cite de notre Dieu. (b) La montagne de Sion est fondée à la j'oie de toute la terre. (c) Et Je ferai avec eux une alliance perpétuelle. (d) Et lui-même a donné quelques-uns pour être apôtres, d'autres prophètes, d'autres cvangélisies, d'autres pasteurs et docteurs ; afin quils travaillent a la perfection des saints, à l'œuvre du ministère, à l'édification du corps du Christ, jusqu'il ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu.  2i8 Sermons autographes inimica destruetur mors('^). Voyes vous? il n'y a rien entre Christ et les siens, ny entre les siens et la fin : l'Eglise donques durera tousjours jusques a la fin, car aussi bien n'aura il jamais vaincu tons ses ennemis jusques a la fin. Et ce pendant Nostre Seigneur régnera et se dilatera en son Eglise, parmi et en despit de tous ses plus grans ennemis, suyvant ce qu'a ce propos atteste * Vers. 1, 2. le Psalmiste au Ps. 109* : Dixit Dominus Domino meo : Sede a dextris meis, etc. ; Virgam virtutis tuœ emittet Dominus ex Sion; dominare in medio, etc.(b) Ceste verge, c'est la Loy evangelique, de laquelle il est * Vers. 7. dict au Ps. 44* : Sedes tua, Deiis, in sœculnm sœculi; virga directionis, virga regni tut (<=). Elle sort de •Vers.3;Mich.,iv,2. Sion, suyvant ce qui fut prophétisé en Isaye, 2 * : Et ^^ Sion exibit lex, et verbiim Domini de Hierusalem ( •' "Vers. 20. ment pour me laisser entendre. A plus proprement parler, il faudroit appeller Eucharistie, Sacrement de bénédiction, Calix benedictionis ; i Cor. 10*. • Vers. 16. Or, tout cela dict par manière de prœparatoire, je vous diray les très preignans et inévitables motifz que nous devons avoir pour nous arrester fermement en ladicte créance de la realité. Premièrement, les très expresses, très pures et très claires paroUes de Nostre Seigneur, en saint Jan, 6, ou sont les promesses : Ego sum panis viviis* ; Qui man- *X''"'^- 5^' ducat me* ; Panis quem ego dabo, caro mea est** ; "Vers. 52. Caro mea vere est cibus*; Nisi manducaveritis**^'^). "Vers. 54* Et saint Marc, 14*, Math. 26**, Luc, 22***, saint Pol, * Y"''" T'i" ' ^ ' ' ' ' ' * Vers. 26-20. I Corinth. 11 *, recitent les paroUes de l'institution. '"Vers. 19, 20. * Vers. 34 2 s» Secondement , que s'il estoit loysible d'interpréter ainsy les passages de l'Escriture, elle seroit comme une giroëtte.  (a) De même le calice, après quil eut soupe, [h) Je suis le pain vivant. Celui qui me mange, etc. Le pain que Je donnerai c'est ma chair. Ma chair est vraiment nourriture. Si vous ne mange^, etc. Serm. I is  226  Sermons autographes  * Joan., VI, 6^.  Matt., IX, 20-23.  * Joan., VI, 64.  Ibid.  Vers. 2-1- Gen.. 11,7. Joan. , I, M  * Ps. cxiii, ir. "I Cor., XI, 26-28. * Vers. 15. * Vers. 12.  Troisiesmement, que nos adversaires n'ont pas une seule négation pour eux. Hz allèguent : Caro non pro- dest quidqtiaîn'^i^), mais la conséquence n'en vaut rien. Caro Christi in sepulchro quid proderat in triduo ? et tamen erat C') ; et puj's la matière en est fause, si on l'entend de la chair de Nostre Seigneur : car, si sa robbe guerissoit*, que devoit faire sa chair? En fin, il n'y a pas Caro mea non prodest, comme en l'aifirma- tive : Caro mea est pro mundi vita(^). Quatriesmement, ilz n'ont pas un seul passage affir- matif, car Spiritiis est qui vivificaf^ (^), donq la chair n'y est pas ; comme qui diroit : c'est mon entendement qui discourt ce sermon, donq mon cors n'y est pas. Verba qiiœ ego loqnor*i^). Mais notés qu'il dict : Bgo stiin panis vivtis ; qui manducat me; or, en Nostre Seigneur y est l'esprit, la vie, la chair. L'esprit de la Divinité : Spiritîis est Deus i^) ; Joannis, 4*. La vie, pour l'ame : Factus est in animam viventem * (g). Estant homme, la chair : Verbum caro factum est*(^). « Ascendit ad cœlos » n'est point contraire, car sup- posé la toute puissance, il ne laisse pas d'estre au Ciel : Dominus noster est in cœlo ; omnia quœciimque voltiit fecitC^]"^. (0 Saint Pol l'apelle/j^m**, mais c'est a dire viande ; Ex. 16* : Panis isteij), et il est vraye- ment viande. Ex. 7 * : Sed devoravit virga Aaron  (a) La chair ne sert de rien. (b) La chair du Christ dans le sépulcre, à quoi servait-elle pendant les trois jours? toutefois, elle était là. ( c ) C'est ma chair pour la vie du monde. (d) C'est l'esprit qui vivi/îe. (e) Les paroles que je vous dis, etc. (f) Dieu est esprit. (g) Il fut /ait âme vivante, (h) Le Verbe s'est fait chair. (i ) Notre Seigneur est dans le ciel ; tout ce qu'il a voulu, il ta fait. {']) Ce pain.  (i) L'Autographe de ce sermon, dont la première moitié ne nous est pas parvenue, est intégralement reproduit à partir d'ici. En le confrontant avec la leçon donnée par le Procès, on peut constater l'exactitude de celle-ci.  XXVI. Sur la Transsubstantiation et la S'« Messe 227 virgas eoriun, id est, serpens qui fuerat virga. Sic nominantur conversa (3). 5"*°'. Puys l'adversaire n'a rien. Certaines circons- tances racontées par les Evangelistes sont un grand motif. 1°'. Deux calices, desquelz saint Luc*, et de * Cap.xxn, 15--0. l'aigneau : Desiderio desideravi hoc, etc. ; dico enim vobis quia ex hoc non inanducabo illud donec im- pleatur in Regno Dei ; Et accepto calice, gratias egit et dixit : Accipite et dividite inter vos; dico enim vobis quod non bibam de generatione vitis donec Regnum Dei veniat(^). Saint Luc racont'au long et faict clairement distinction de deux calices. 2. Quod pro vobis tradetur * ('^). 3. Comparayson avec la * i Cor., xi, 2.^. manne * .• Et mortui sunt («^l ; ouy, quand a la force • joan.,vi, 49, 59. de la manne, qui ne servoit a autre qu'a la corporelle, de son estouffe. Il praefere ceste viande a la manne : or, la manne de soy estoit eccellente et signifioit; que si ce pain n'a autre que signiiier il est moins que la manne, car de soy il n'est si excellent. O mays en ce pain on mange par foy. Si faysoit on en la manne : Omnes eiundem cibum spiritalem, etc.; petra autem erat Christus*{^). * i Cor., x, 3, 4. 4. Les saintes cérémonies et paroles des Evangelistes : Sciens Jésus quia venit hora ej'us ut transeat ad Patrem, cum dilexisset suos qui erant in mundo, in fineni dilexit eos; cœna facta, etc., surgit a cœna et posuit vestimenta sua, et cum accepisset linteum prœcinxit se; deinde misit aquam in pelvitn*, etc.(f) * Joan., xm, 1-5.  (a) Mais la verge d'Aayon dévora leurs verges, c'est-à-dire, le serpent qui avait été verge. Ainsi sont nommées les choses changées. ( b) J'ai désiré d'ttn grand désir cette, etc. Car je vous le dis, Je ne la mangerai plus désormais, jusqu'à ce quelle soit accomplie dans le Royaume de Dieu. Et ayant pris le calice, il rendit grâces et dit : Prene^ et partage:^ entre vous ; car je vous le dis, je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu'à ce que le Royaume de Dieu vienne. ( c ) Qui sera livré pour vous. (d) Et ils sont morts. (e) Ils ont tous [mangé] de la même nourriture spirituelle. Or, cette pierre était le Christ. ( f ) Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la  228 Sermons autographes •Matt., XXVI, 26,27; La bénédiction, etc.; action de grâces*; la menace de Marc, XIV, 22, 23; • , -r> i •% -kt j • • j • /^ •. -rs • ■ 1 \ Lucae, xxii, 17, 19. saint Pol * : No7t dijîiatcans Corpus Domini (a). • I Cor., XI, 29. 6"'°'. La ra5^son : Un amy laisse son image le plus au vif, et sil pouvoit encores plus, etc. Sic Deus dilexit mun- • joan., m, 16. dum^^^K Scïeiis Jcsiis quia venit hora ejus ut transeat * ibid., XIII, I. ex hoc mundo*', etc. Hoc facile in meam commemora- * Lucœ, xxn, 19. ttonem (c;*. (i) (Col. i.t. 15 : Qiii est imago Dei. Philip. • Vers. 7. 2* : lu simiUtudiiiem hominum facttis, et habitu in- •lnstit..i.ii,c.xiii, venins ut homoi^). Calvin* tourne, « et trouvé de figure •Vers.'-', comm'homme. » Heb. i* : Figura substantiœ ej'usi^). Figure, similitude, image, signe, commémoration sont noms de mesme ligne, et importent repreesentation ; mais ilz n'excluent point la realité de ce quilz représentent, comme on peut voir en ces exemples. Hz n'importent point diversité de substance, mais seulement quelque diversité quelle qu'elle soit, ou d'accident ou de substance.) 7°'. La convenance. Si Adam par la communication * Rom., V, 12. reale de sa chair nous faict mourir*, etc. Et c'est la plus grande gloire de Dieu. 8. Tant de miracles. 9. L'authorité de tous les Pères ; car il ni en a pas un. Il s'en trouve bien qui parlent de l'esprit, ma3's on ne le nie pas. 10. Le consentement de l'Eglis'universelle ; et la dis- sention de partie adverse. Le 2'^, de la Messe 'Vers. 10. Et p°', le mot est hébreu, Deut. 16* : Missah nedaha; oblationem spontaneam, et qui estoit de froment. Les  fin. Le souper étant fait, etc., il se leva de table, posa ses vêtements, et ayant pris un linge, il s'en ceignit; ensuite il versa de l'eau dans un bassin, etc. (a) A^^ discernant pas le Corps du Seigneur. (b) Dieu a tellement aime' le monde. ( c ) Faites ceci en mémoire de moi. (d) Qui est T image de Dieu... Ayant été fait semblable aux hommes, et reconnu pour homme par les dehors. (e) Figure de sa substance. (i) Le passage inséré entre ( ) est écrit parle Saint en marge de l'Autographe.  XXVI. Sur la Transsubstantiation et la S'« Messe 229 Grecz : liturgie, litourgonton, Act., 13* : Ministran- "Vers. 2. tibiis illis Domino et jejiinantihus, dixit Spiritus Sanctus : Segregate inihi Saulum et Barnabam (^); sacrifice, dont Erasme a mis sacrificantibus*^^). * Annotât, in Nov. „nt rr„ i„ A,T„ « •! j.- • ' Test., in locum. 2 . nn la Messe il y a 5 parties : prières, cérémonies, et consécration, oblation et communication. Les deux premières sont pour révérence, et dont nous n'avons pas exprès commandement en particulier. 3. Quand on demande si Nostre Seigneur et les Apos- tres ont dict Messe, il ne faut pas chercher le mot, non plus que celuy de Sacrement, de Trinité, de Cène, mais la chose. 4. Ni la cérémonie et forme ; nom plus que celle des adversaires, qui font le matin, ou on dict TEpistre aux Chorinth., ou on ne lave point les pieds ; mays a sçavoir si en la Cène Nostre Seigneur fit le sacrifice. Et c'est cela que je maintiens : I. Par les paroles : datur, Luc. 22* \ et ejfunditur * Vers. 19. L 7 • X M. ij.' ±f^\ *Matt.,xxvi,38: Lu- pro VObtS et pro multtS*K<^). cœ,xxii,2o;Màrc., 2°'. In mei commemoratïonem* ; mortem Domini xiv,24;juxtaGraec. •' Lucae, xxii, 19; annunciabitïs ^ (^). C'est un mémorial de sacrifice, et iCor.,xi, 24. , . .^ ^ ^ ^ • -n •Ibid.,^26. comme les anciens qui nguro3^ent estoyent vrais sacrifices. 3°'. Actes des Apostres, 13* : sacrificantibiis. *Vers.2;juxt.Grxc. 4. Psal. 109 * : Prestre selon l'ordre de Melchise- l^ve"'^ dech ; or Melchisedech panem et vinum obtulit; Gen. 14*. Heb. 5** : De quo grandis nobis est sermo (^1, * Vers. 18. **Vers. II. 5. Malachiae, i*: oblatio mundai^). «Versin! 6. Ratione ; nam in omni lege est sacrificium, etiam in simplicissima lege naturae (g). 7. Parce que cela est plus a la gloire de Dieu.  (a) Pendant qu'ils offraient au Seigneur les saints mystères et qu'ils jeûnaient, l'Esprit-Saint leur dit : Séparez-moi Saul et Barnabe. (b) Pendant qu'ils sacrifiaient. (c ) Qui est donné... qui est répandu pour vous et pour un grand nombre. ( d ) Vous annoncerez la mort du Seigneur. (e) Melchisedech offrit du pain et du vin... De qui nous avons beaucoup de choses à dire. (f) Oblation pure. (g) La raison; car en toute loi il y a le sacrifice, même dans la loi de nature sous sa forme la plus simple.  230  Sermons autographes  8. Par les figures. 9. Le consentement de l'Eglise, comme Luther le ♦DeCapt.Bab.,c.i; COUfeSSe *. Pjjio^''"^" ^'^^^' 10. Le beau commencement de ceste reformation, apris du diable, comme Luther confesse ; De Missa privât a. II. N'est contrair'a la Croix, ains son application; ni les prestres au sacerdoce de Nostre Seigneur, ains ministres, serviteurs, applicateurs. • Vers. 10, ir. Malachiae, i * : Non est inihi voluntas in vobis, dicit Dominus exercituum, et munus non suscipiam de manu vestra ; ab ortu enim solis usqtie ad occasiim magnum est nomen meum in gentibus, et in ornni loco sacrificatur , et offertur nomini m.eo oblatio munda, quia magniun est nomen meum, etc. Heb. •Vers. 10. 13* : Habemus altare de qiio edere non valuerunt qui tabernaculo deserviunt l^). * Vers. 6. Os. 6* : Misericovdiam. volui et non sacrificium. ♦Vers. 22. I Reg. 15* : Melior est obedientia quam victimce (^).  (a) Mon affection n'est point en vous, dit le Seigneur des armées, et je ne recevrai point de présent de votre main; car depuis le lever du soleil jusqu'à son couchant, mon nom est grand parmi les nations et en tout lieu 07i sacrifie, et une ablation pure est offerte à mon nom, parce que mon nom est grand... Nous avons un autel dont ceux qui servent dans le tabernacle n'ont pas eu le droit de manger. (b) Je veux la miséricorde et non le sacrifice... L'obéissance est meilleure que les victimes.  XXVII SERMON POUR LE DIMANCHE DE LA QUINQUAGÉSIME 5 février 1595 (0 Ecce ascendimus Hierosolymam , et consummabuntur omnia quœ dicta sunt per Prophetas de Filio hominis : tradetin-enim Gentibiis, et iUudetur, et flacreUahitur, et conspuetiir ; et postquam flagellaxierint , occident eitni, et tertia die resurget ( a ). Luc, 18, ^y. 31-33. Quand un prince tient la prise de quelque ville ou quelque notable victoire asseurëe, vous le voyes a tous propos parler de la bataille, et ne cessons jamais de parler de ce que nous attendons et desirons ; ce que sçauroyent bien dire les voyageurs qui, desirans leur arrivée en quelque ville, ne trouvent personne a qui ilz ne deman- dent combien le chemin est loin. Ainsy Nostre Seigneur désirant extrêmement de parachever l'œuvre de nostre rédemption, s'avoisinant le tems de sa Passion, il en faict des discours et praedictions a ses Apostres en plusieurs lieux, et particulièrement en la portion evangelique que  ( a ) Voici que nous montons a Jérusalem, et que s'accomplira tout ce qui a été dit par les Prophètes touchant le Fils de l'homme : il sera livré aux Gentils, on se moquera de lui, il sera flagellé et couvert de crachats; et après qu'ils l'auront flagellé, ils le feront mourir, et le troisième jour il ressuscitera. ( I ) L'étendue de ce sermon et les matières qu'il traite permettent de croire qu'il appartient à la première année de la mission du Chablais. Il est inté- ressant de remarquer ici plusieurs idées qui devaient être développées par notre Saint trois ans plus tard, dans la Défense de l'Estendart de la sainte Croix, (tome II de cette Edition). Voir surtout Livre I, chap. v; Livre II, ce. II, IV, VIII ; Livre III, chap. x, et l'Appendice, pp. 405-418.  232 Sermons autographes l'Eglise nostre Mère nous propose aujourd'hu}^ pour l'entretien de nos âmes, ou Xostre Seigneur, comme grand Cappitaine, traitte avec ses Apostres de la victoire qu'il devoit remporter sur le péché et ses complices ; mays auparavant il discourt de l'aspre bataille de sa Passion, ce que les Apostres ne comprirent pas pour Lucœ, xYiii, 3^. l'heure *. Affin donques que nous le puyssions entendre, invoquons l'assistance du Saint Esprit, etc. Ave Maria. Vers. 12. L'Espouse céleste au Cantique, i *, parlant de son bien aymé Sauveur, disoit : Fasciculus myrrhœ dilec- tus meus milii, inter ubera mea commorabitnr (3). Ceste Espouse , âmes chrestiennes , ou c'est l'Eglise, ou c'est l'ame dévote qui est en l'Eglise ; et comment que ce soit, par ces paroles qu'elle dict par le sage Salomon, elle monstre que Xostre Seigneur, vray Espoux et de l'ame et de l'Eglise, luy estoit perpétuellement en memo3're, comme le plus aymé de tous les aj'^més et le plus aymable de tous les aymables. Vous sçaves que l'amitié est ennemie mortelle de l'oubly, dont les Anciens quand ilz la peignoj-ent, luy mettoyent pour devise sur ses habitz : « -^stas et hyems, procul et prope, mors et vita ; » comme si elle n'oublioit ni en prospérité ni en adversité, ni près ni loin, ni en la vie ni en la mort. Maj^s ceste Espouse ne dict pas seulement qu'elle l'aura tousjours en sa memoA'^re, entre ses mammelles, en son sein, en son cœur, ains comme un bouquet odoriférant, pour monstrer qu'elle prendroit une grande consolation en ceste souvenance : et non seulement comme un bouquet, mais comme îin bouquet de myrrhe. La m^-rrhe est très soùefve a l'odeur, mais son suc est très amer. La chère Espouse donques dict que son Amy lu}- sera comme un faisceau de myrrhe sur son cœur, pour monstrer qu'elle se resouviendroit  (a) Mon lien-aimê m'est un faisceau de myrrhe, il demeurera entre mes mamelles.  XXVII. Pour le Dimanche de la QuiNauAGÉsiME 233 a jamais des amertumes de sa Passion douloureuse : Fasciculus myrrhœ, etc. Ce qui est encores dict avec extrême élégance par le prophète royal David, Psal. 44* : * Vers. 9, 10. Myrrha et gtitta, et cassia a vestimentis tuis ; ex quibus delectaverunt te filiœ regum in honore tuo ; car le Prophète parlant au Messie, il luy dict : La myrrhe et la goutte d'icelle, et la casse, c'est a dire l'odeur de ces praetieuses liqueurs, vient de tes veste- mens. f^) Qui sont les vestemens du Sauveur, sinon son cors et son ame, comme dict l'Apostre, Philipp., 2* : * Vers. 7. Formain servi accipiens, in similitiidinem hominum factiis, et habitu inventus ut homo(^)? Et ce cors icy et l'ame mesme ne respirent que l'odeur de myrrhe, c'est a dire de grandes consolations provenantes d'un fondement douloureux, qui est la Passion, lesquelz vestejnejîs viennent des maysons d'ivoire * très pures * Ps. xuv, 9. du Ciel et de la glorieuse Vierge. C'est donq la continuelle odeur que sentent les Saintz et l'Eglise, que la consolation de la Passion. Et c'est ce qu'enseigne saint Pol, Heb., 12*: Recogitate eum qui * Vers. 3. talem sustinuit a peccatoribus adversus semetipsum contradictionem, ut ne fatigemini, animis vestris déficientes l'^) ; et a quoy luy mesme nous excite : O vos omnes qui transitis per viam, attendite et videte si est dolor sicut dolor me7is*(^) ; ce qui a esmeu *Thren., i, 13. l'Eglise, vray^e Espouse de Nostre Seigneur, a tascher par tous moyens de maintenir en la memoyre de ses enfans et disciples la Passion de nostre Sauveur et Maistre ; et partant, entr'autres, aujourd'huy elle met cest Evangile en avant. Elle dédie a ceste commémora- tion tout le Caresme, elle la représente au Sacrifice de  ( a) (C'est pourquoi les filles des rois ont trouvé leurs délices h vous honorer.) (b) Prenant la forme d'esclave, ayant été fait semblable aux hommes, et reconnu pour homme par les dehors. (c) Réfléchisse:^ à Celui qui a supporté une telle contradiction de U part des pécheurs soulevés contre lui, afin que vous ne vous lassie^ point, manquant de courage. (d) O vous tous qui passe:( par la voie, considére-i et voye^ s il est une douleur comparable a ma douleur.  334 Sermons autographes la Messe, a tous coups elle en parle, et pour briefvement a toutes les heures rafraischir ceste souvenance, elle enseigne a chacun de faire le signe de la Croix a tous propos. En ses églises elle propose incontinent le Cru- cifix, en ses processions, le Crucifix, sur les églises, aux chemins ; et en tous ses exercices elle met tousjours le signe de la Croix. Et de vray, comment pourroit elle plus proprement et briefvement représenter a nostre entendement la Passion de Nostre Seigneur ? Mays parce que sur ce fait on a voulu censurer l'Eglise, et nos adversaires ont voulu dire qu'il y avoit de la superstition, il nous faut un peu arrester pour voir leurs raysons, et ne penser pas que ce soit hors de propos ; car les raysons que les adversaires tiennent estre les principales contre l'usage du signe de la Croix sont sans aucune force. Allons par ordre en ce fait, car il y a plusieurs difficultés entre l'Eglise et l'adversaire. La première est que l'adversaire soustient qu'il n'en faut point faire, et s'il y en a de faites, les rompre et les gaster. L'Eglise dict le contraire ; et voicy nos raysons. 1. La memoyre de la Passion est utile, comme j'ay dict et diray. Dites moy, au nom de Dieu, pourquoy ne sera elle aussi utile en signe comme en parole ? Et qui ne voit que s'il est utile aux fidelles de leur ramentevoir la Passion de Jésus Christ par paroles, il le sera aussi de la leur représenter par signes ? 2. Nostre Seigneur mesme honnorera sa Croix; pour- quoy non nous ? Or, qu'il soit vray, en saint Matthieu, • Vers. 30. 24*, il est dict entre les autres signes et prodiges qui arriveront au jour du jugement, que signum apparebit Filii hominis in cœlo i^). Quel signe? La Croix sans doute, mes Frères ; car quel autre signe, je vous prie ? L'estendart de ce Prince paroistra, mays il n'en faut pas •NoviTest.Cathoi. ^^o^^er, car tous les Pères interprètent ainsy l'Escriture. Expos., in locuin. Je sçay bien que Calvin et les autres cités chez Marlorat*  {a) Le signe du Fils de r homme apparaîtra au ciel.  XXVII. Pour le Dimanche de la QumauAGÉsiME 235  interprètent : « Signiim, id est, Filius ipse hominis, » qui tam manifeste parebit ac si edito signo omnium in se oculos convertisset (a). Voyes un peu comme on manie l'Escriture : quand il y a signum, ilz interprètent rem ipsam ; quand il y a corpus'^, ilz interprètent signum (b). Mais outre ceste apparition, nous en avons d'autres, lesquelles, quoy que non si authentiques, sont neant- moins dignes de foy. Car Eusebe raconte que Constantin le Grand la vit, comme luy mesme recite, avec ces motz : « In hoc signo vinces ( = ) ; » Euseb., 1. i. Vitœ Const* Puys, du tems de Constance, sur le mont d'Oli- vet ; Cyrill. Hier., Epist. hac de re. Au tems de Julien l'Apostat, voulant iceluy faire redresser le temple judaï- que en desdain des Catholiques, il apparut un cercle argentin au ciel, avec la Croix; Nazian., Orat.2 injul* Au tems d'Arcadius, quand il alloit contre les Persans; Prosp. in lib. De Promiss, divînis*. Du tems d'Alfonce Albuquerque de Bargua, en l'une des contrées des Indes il en apparut une *. 3. Par ce que l'Eglise en a prattiqué des les premiers siècles : tesmoin saint Denis, 4, 5, 6 de sa Hier, ecclé- siastique, ou il dict qu'en toutes choses on usoit du signe de la Croix. Justinus ad Gentiles respondet *, cur ad orientem orent Christiani, cur dextera se signent et aliis benedicant cum signo Crucis : Quia, ait, meliora sunt danda Deo (^i). Tertul. , lib. De Cor. inil.'^, dict, que les fidelles faisoyent le signe de la Croix « a chaque pas, » « ad omnem progressum, » etc. Vous semble il pas que nous avons rayson de suivre  *Matt.,xxvi,26;etc.  Cap. XXVIII.  § 4-  *Cap.xxxi-v.(Hodie in Appendice.) * Osorius, De Reb. Emmanuelis, 1. IX; MaffeiuSjHist.Ind., 1. V, c. V.  * Q.U2est. cxviii ad Orthod. (Hodie in Append.)  * Cap. m.  (a) « Le sigtie, c'est-à-dire le Fils de l'homme lui-même, » qui paraîtra avec autant d'éclat que s'il avait, par un signe donné, fait tourner tous les yeux vers lui. (b) Quand il y a signe, ils interprètent Li chose même ; quand il y a corps, ils interprètent signe. (c) « Par ce signe tu vaincras. » (d) Justin, donnant aux Gentils la raison pour laquelle les Chrétiens prient tournés vers l'orient, se signent et bénissent les autres du signe de la Croix avec la main droite : Parce que, dit-il, le meilleur doit être donné à Dieu.  236 Sermons autographes plustost la prattique de l'ancienne Eglise que les diffi- cultés de ces nouveaux venuz ? Or, quelles raysons, je vous prie, proposent ilz ? 1. Que la Croix fut dommageable a Nostre Seigneur, donques elle est détestable. Mais si le signe et l'instru- ment de la douleur que Nostre Seigneur souffrit est détestable, la douleur mesme et la Passion de Nostre Seigneur le seroit bien davantage. La croix n'avoit point de mal en soy, et fut embrassée volontairement de Nostre Seigneur, et par icelle il est arrivé a sa gloire ♦Vers. 8,9. et exaltation, comme dict saint Pol, aux Philipp., 2 * : Hiimiliavit semetipsum ; propter quod, etc. (a) 2. Parce que l'enfant seroit fol, qui se plairoit a voir le gibet ou son père auroit esté pendu ; ne pensons donques plus a la Passion. Response : Mays si la Passion de Jésus Christ n'est pas seulement un supplice mays un sacrifice, certainement la Croix est non seulement un gibet, mays un autel sur lequel a esté consommé l'œuvre de nostre rédemption ; et en ceste qualité elle doit estre en vénération a tous les fidelles, sa memoyre leur doit estre recommandable et son signe praetieux. Et misé- rables sont ceux qui le rejettent avec tant de mespris et d'horreur, car par cela ilz donnent a connoistre qu'ilz n'ont point part a ce qui a esté opéré en la Croix, etc. Et comment peut on accorder ceux qui estiment se rendre • Galat., uit., 14. ignominieux par la Croix, avec saint Pol qui dict* : Absit mihi gloriari nisi in Criice Domini nostri, etc. ? ♦Vers. 23, 24. I Cor.,i*: Prœdicamus Christum crucifixum,Judœis quidem scandalum , Gentibus autem stultitiam ; ipsis autem vocatis Judceis atque Grœcis Christum, Dei virtutem et Dei sapientiam. Arbitratus sum me •I Cor., II, 3. nihil scire nisi Jesum, et hune crucifixum* '<^). Ad  (a) Il s'est humilié lui-même ; c est pourquoi, etc. (b) A Dieu ne plaise que je me glorifie, si ce n est dans la Croix de Notre- Seigneur, etc.. Nous prêchons Jésus Christ crucifié, qui est scandale aux Juifs et folie aux Gentils, mais qui est la force de Dieu et la sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Grecs. J'ai estimé ne rien savoir que Jésus, et Jésus crucifié.  XXVII. Pour le Dimanche de la QuiNauAcÉsiME 237 Philip., c. 3 * : Multi ambulant, qtios sœpe dicebam *Vers. i8. vobis, inimicos Crticis Christi (3). De plus, nos adversaires disent qu'il ne faut pas luy porter l'honneur qu'on luy porte ; l'Eglise, au contraire. Voyci le pourquoy. Premièrement, tout ce qui est consacré a Dieu est digne d'estre honnoré. Or, ceste sainte figure est dediëe a Dieu, donques, etc. [2.] Que tout ce qui est dédié a Dieu soit digne d'estre honnoré, on le prouve parce que l'Escriture l'appelle quasi par tout saint. Pourquoy appelle on le Dimanche saint*? Pourquoy l'escabeau des pieds"^*} Exod., 3*** : ^*ubi1nf^a'^' ^* Solve calceamenta pedum, locus enim in quo stas, ***Vers. 5. terra sancta est (^). Le Psalmiste* : In noctibus extol- * Ps. cxxxm, 2. lite manus vestras in sancta, id est, Deo dicata(c); et au Psalme 98* : Adorate scabelliim pedum ejus, • Vers. 3. quoniam sanctum esti^). Cest escabeau est le Temple, comme disent les Chaldeens ; c'est l'Arche de l'alliance, comme disent les Hebrieux : et comme que ce soit, c'est tousjours pour nous, et on infère de la efficacement, que ceste sainte figure est digne d'estre honnorëe, puysqu'elle est consacrée a Dieu. 3. A rayson de tout ce qui est dict cy devant ; car si Nostre Seigneur l'a colloquee au ciel, s'il l'a monstree avec de si signalés effectz, n'est ce pas nous la rendre honnorable ? 4. Parce que la Croix nous a esté comme le sceptre et siège royal de Nostre Seigneur. Is., 9* : Et principa- *Vers.6.(Vid.supra tus ejus super humerum ej'us^^). Au Psalm. 95*: *Vers. 9, 10. Commoveatur a facie ejus universa terra; dicite in  (a) Il y en a beaucoup, dont Je vous ai souvent parle, qui marchent en ennemis de la Croix du Christ. ( b ) Ote la chaussure de tes pieds, car le lieu dans lequel tu es, est une terre sainte. (c) Durant les nuits éleve^ vos mains vers les choses saintes, c'est-à-dire dédiées à Dieu. ( d) Adorei F escabeau de ses pieds, parce quil est saint. ( e ) Sa principauté est sur son épaule.  238 Sermons autographes gentihiis quia Dominus regnavit (a). Selon la version ♦Vide supra, p. 177. des septante interprètes, il y avoit a lîgno'^, mais, au *§73- récit de Justin, in Dialogo cum Tryphone*, les Juifz osterent ce mot. Si donq la Croix est le signe du pou- voir et royaume de Nostre Seigneur, pourquoy, etc. Que si le buysson ou Dieu comparut meritoit ce res- pect, etc. Si l'Arche d'alliance, comme il est dict Psalm. •Vers. 7, 8. j^j * . introibo in tabeiiiaculum ejiis, adorabo in loco ubi steterunt pedes ejiis (^), etc. (il se peut propre- ment tourner : Adorabo locum vel scabelliim pedum * Cf. Psalm. xcviir, ejus*^'^'^), pourquoy non ce siège ro3'al? Jo., 12**: Ego "Vers.%*^^ si exaltatîis fuero a terra, omnia trahajn ad meip- siun, tanquam omnium Princeps et Dominus (d). 5. Pour les grans efFectz qu'il plaist a Dieu de faire par ce cérémonial, et particulièrement contre les démons qui le haïssent ; dequoy Lactance rend tesmoignage, *§§33. 56. [Divin. Instit.,] lib. 4, c. 27, et Greg. Naz., Orat. 7* et 2 in Jul. : Il vit parmy les sacrifices et augures les diables, comme il desiroit ; il se signe, ilz disparoissent. A quoy tendent toutes ces visions? 6. Parce qu'en sa figure, qui estoit le serpent d'airain * Vers. 8, 9. (Nu., 2 1*), elle fut honnorëe avant que d'estre; pourquoy * Vers. 14. non en sa memoyre après avoir esté? Jo., t,* : Et sicut exaltavit Moyses serpentem , ita exaltari oportet Filiiun liominis (^1. 7. Parce que ceste vénération est très ancienne en l'Eglise. Tertullien respond aux Gentilz qui tançoyent •Apoioget., c. XVI. l'honneur de la Croix*. Constantin défendit qu'on n'y * Soz., Hist. EccL, , ^ A 1. I, c. VIII. pendist plus"" : Ut honori esset, non horrori (f); Aug.,  (a) Qiie toute la terre soit ébranlée devant sa face ; dites parmi les nations que le Seigneur a régné. (b) J'entrerai dans son tabernacle, j'adorerai dans le lien où se sont arrêtés ses pieds. (c) J'adorerai le lieu ou l'escabeau de ses pieds. ( d) Si Je suis élevé de terre, j'attirerai tout à moi, comme Prince et Seigneur de toutes choses. [e) Et comme Moïse a élevé le serpent, ainsi faut-il que le Fils de F homme soit élevé. (f) Afin qu'elle fût en honneur et non pas en horreun  XXVII. Pour le Dimanche de la duiNauAGÉSLME 239 Sermo 18 De Verbis *. Theodose défend qu'on ne la 'i/o^.Ser.Lxxxviii, ce. vin, IX. peigne en terre*. Tibère (Paul Diacre, lib. 18 Reriim *Codicisi.i,tit.viii. Rom."^), cum vidisset humi crucem, erisfi iussit, dicens : * ^°^'^ ^J[^X\'^i^.- ' o. j cella, 1. XVII, Ti- « Cruce Domini frontem et pectus munire debemus, et bcrius II. pedibus eam terimus 1^) ! » 8. Nos Anciens portoyent la Croix au col, comme tesmoicfne saint Grégoire Nissene de sa sœur Macrine *. * in Vita ejus, sub ° ° nnem. Amen.  (a) Lorsque Tibère vit la croix à terre il commanda de la relever, disant : « Nous devons munir notre front et notre poitrine de la Croix du Seigneur, et nous la foulons aux pieds ! »  XXVIII SERMON SUR LA SALUTATION ANGÉLIQUE 1595 (I) A'ce, gratici plena. [Luc^, I, 28.] Toute l'ancienne Eglise, par tous les lieux du monde, en un parfait consentement d'espritz, avoit tousjours salué la Mère de Dieu de ceste façon angelique : Ave Maria, gratia plena. Et nos plus proches devanciers, suyvant le sacré ton de leurs ayeulz en une devotieuse harmonie, chantoyent a tous coups, en tous lieux Ave Maria, pensans se rendre très aggreables au Roy céleste, honnorans reveremment sa Mère, et ne sçachans ou rencontrer manière plus propre pour l'honnorer qu'en imitant les honneurs et respectz que Dieu mesme luy avoit décrété et accommodé selon son bon playsir, pour l'en faire honnorer, le jour que sa divine Majesté voulut tant honnorer en ceste Vierge tout le reste des hommes, qu e de se faire homme luy mesme. O sainte Salutation, o loiianges bien authentiques, o riches et discretz honneurs ! Le grand Dieu les a dictés, un grand Ange les a prononcés, un grand Evangeliste les a enre- gistrés, toute l'antiquité les a prattiqués, nos ayeulz nous les ont enseignés. Mays voicy un cas estrange. Vous resouvenes vous pas que quand David sonnoit de sa harpe, le malin esprit se retirait de Saul, comme vaincu de la douce (i) Ce sermon, à en juger d'après le style, doit remonter à la première année de la mission du Chablais. Il n'est pas hors de vraisemblance qu'il ait été prononcé le jour de l'Annonciation, 25 mars ISQS-  XXVIII. Sur la Salutation ANGÉLiauE 241 mélodie*? Ainsy ce malin esprit, ennemy conjuré de *I Reg., xvi, uit. tout accord et union, estant entré en possession de certains cerveaux légers, discordans et sans harmonie, parlant par leurs bouches, il dict mille injures et blas- phèmes contre l'usage de ceste sainte Salutation. Calvin, en son Harmonie Evangelique, nous appelle superstitieux, tant pour saluer une absente que pour nous mesler du mestier d'autruy ; nous accusant au surplus en cest endroit d'enchantement, disant que nous sommes mal appris, nous servans de ceste Salutation comme de prière, ores que ce ne soit qu'une simple congratulation. En fin, toute leur reprehension contient trois poinctz : premièrement, que c'est un attentat du ministère des Anges de dire la Salutation angelique, puysque nous n'en avons pas charge ; secondement, que c'est superstition de saluer une absente ; tiercement, que c'est une lourdise de penser prier avec ceste sainte vSalutation. O les terribles gens que voyla! ilz gaigne- royent mieux de dire tout en un mot que c'est mal faict pource que l'Eglise le commande, laquelle ne faict rien a leur gré. Or, je dis avec l'Eglise que c'est saintement faict d'honnorer et saluer ceste sainte Vierge, de la saluer du Salut angelique, et que le Salut angelique contient une très belle et dévote ora3^son. Je ne m'amuseray pas a vous dire que c'est que salutation, ni moins a vous dire que c'est un office chrestien que de s'entresaluer l'un l'autre. Toute l'Escriture est pleyne de beaux exemples et salutations des Patriarches aux Anges et entr'eux ; et par tout, a tous rencontres, la salutation y est cottëe. Mays je vous diray bien que ne pas saluer une personne quand on la connoist, est une protestation de mespris, d'indignation et abomination. Je laisse a part Aman qui prit a mespris ce que Mardochee ne le saluoit pas ; car encores qu'au commencement il voulut estre adoré, si est ce qu'après il ne se plaint que de ce qu'il ne le saluoit. Voyes le chap. 3* et 5** d'Esther. Mais oyes I^y*""^" "'; le bien aymé saint Jan, [Ep.] 2, c. i * : Si quis venit * Vers. 10. ad vos et doctrinam hanc non adfevt, nolite eiun Serm. I 16  242 Sermons autographes recipere in domum, nec Ave ei dixeritis (a). Il met pour exécration de ne point saluer et ne point dire Ave; la ou que dirons nous de ceux qui ne veulent point saluer Marie, sinon qu'ilz l'haïssent ? De mesme saint • Vers. 21. Pol a ses Philip., 4* : Salutate omnem sanctum in Christ o Jesu ('^) ; comme s'il vouloit que cela fust deu aux saintz et vertueux, que d'estre salués. Si donques Marie n'apporte point que de bonne doc- trine, n'ayant jamais rien dict en l'Evangile que sainte- ment, pourquoy nous défendra on de la saluer ? Si elle est sainte et la plus sainte, pourquoy ne la saluerons nous ? Est ce la doctrine que Nostre Seigneur nous a • Lucœ, uit., 36; appris, disant tant de fois : Fax vobis, pax vobis*^'^)} • Vers.^9!' '^' ' Et en saint Matthieu, 28*, rencontrant les Maries : Avete ('^), leur dict il. Mavs, disent les hseretiques, vous salues les absens. Response : Quel danger y a il ? Saint Pol, en toutes ses Epistres, salue il pas ores cestuy ci, ores cestuy la, quoy • Vers. 22. qu'absent? Et aux Philip., 4*: Saliitant vos omnes sancti; salutant vos omnes qui mecujn sunt fratres{^)\ • Ed. I, c. uit., 13. et nostre saint Pierre en son Epist.* : Salutat vos Eccle- sia in Babylone coelecta i^)? Hz diront qu'ilz estO)'^ent prsesens par lettre et par messager; mays î^ogtre Dame ^est jpraese nte aux Chrestiens, principalement par l'at ten- • Vers. 3. ..îiSP- Comme saint Pol, i. Corint., 5*, parlant de cest inceste : Ego quidem absens corpore, prœsens spi- • Vers. 26. ritu, jam judicavi ut, etc. (g) 4. Reg., 5*, Giezi dixit Heliseus : Nonne cor ineiun in prœsenti crat quando rêver sus est homo de curru suo in occursum tuiW}  (a) Si quclquun vient à vous et n'apporte point cette doctrine, ne le recere^ pas dans votre maison, ne lui dites pas même : Je te salue. (b) Salue;[ tous les saints dans le Christ Jésus. (c) La paix soit avec vous, la paix soit avec vous, (d) Je vous salue. ( e ) Tous les saints vous saluent; tous les frères qui sont avec mot vous saluent. { f ) L'Eglise qui est dans Babylone, élue comme vous, vous salue. (g) Quant à moi, absent de corps mais présent d'csprit,f ai déjà jugé comme... (h) Elisée dit à Giési : Mon esprit n\taii-il pas présent lorsque l'homme est revenu de son char h ta rencontre ?  XXVIII. Sur la Salutation ANCÉLiauE 243 Et y a du playsir au chap. suivant, de voir comme Helisee dict au roy d'Israël tout ce que le roy de Syrie arrestoit en son cabinet secret. Que dites vous du Psal- miste quand il dict * : Me expectant sancti, donec * Ps- cxu, uit. rétribuas mihi? Ouomodo expectant retributionem nisi sciant opéra '^J ? Or, estant ainsy arresté que c'est chose sainte de saluer la Vierge, je vous demande quelle salutation pourroit on trouver plus sainte que celle cy ? l'Autheur saint, les paroUes saintes. Aves vous donques désir de l'honnorer, dites Ave. Estes vous en doute de la manière particu- lière avec laquelle il la faut honnorer, dites Ave. Mais qui diroit jamais les saintz mouvemens que reçoit le cœur dévot en ceste sainte Salutation? Geste Salutation reprœsente le tressaint mistere de l'incarna- tion, et partant l'Eglise adjouste aux paroles de l'Ange, qui portent desja ce mistere gravé, celles de sainte Elizabeth* : Benedictus friictus ventris tui^'°), pour 'Lucae, i, 42. le reprœsenter encores plus expressément.  (a) Les saints m attendent Jusqu'à ce que vous me re'competisiej. Comment attendent-ils la récompense s'ils ne connaissent pas les œuvres r (b) Le fruit de xos entrailles est bnii.  XXIX SERMON POUR LE QUATRIÈME DIMANCHE APRÈS PÂQUES 23 avril 1595 (i) Adhuc milita Jiabeo vohis dicere, sed non pofestis portare modo ; cum aiitem venerit Spiritus ilîeveritatis, docebit vos omnem veritatem ; non eniin loquetiir a senietipso, sed qu), » Cyp., 1, 2, Epist. 3* : « Admonitos nos scias, ut in *AdCœciiium,§ 2 calice ofFerendo Dominica Traditio servetur, nec aliud ^^°'^^^ ^P' ''^'"'"^ fiât a nobis quam quod pro nobis Dominus prior fecerit ; ut calix qui in ejus commemorationem ofifertur, mixtus vino offeratur(c). » Saint Augustin ne dispute quasi autrement, De Baptismo, contra Donatistas. Que diray je des adversaires ? Combien ont ilz de Traditions ? Le Dimanche, par tout l'observation d'iceluy ; Pasques, l'Ascension en quelques lieux ; le Baptesme des petitz enfans, les parrains, Timposition des noms, donner la cène le matin, se marier devant le ministre. Voyla quant au premier poinct. Quant au ir, je dis les Traditions estre nécessaires : [i.] pour authentiquer l'Escriture ; car qui nous a dict qu'il y a des Livres canoniques? L'Alcoran dict bien qu'il a esté envoyé du ciel, mais qui le croit ? Qui nous a dict l'Evangile de saint Marc, etc., plustost que celuy de  (a) « Afin que quiconque le veut, y puise l'eau de la vie. Elle est la porte de la vie; tous les autres sont voleurs et larrons : [il faut les éviter,] mais ce qui appartient à l'Eglise, il faut le chérir d'une grande affection. » Et plus bas : « Et même si les Apôtres n'avaient rien laissé par écrit, n'aurait-il pas fallu suivre l'ordre de la Tradition qu'ils confièrent à ceux auxquels ils commirent la direction des Eglises ? » (b) « Si vous demandez la règle des Ecritures, vous n'en trouverez pas ; la Tradition vous sera offerte comme source ; la coutume, comme confirmatrice ; la foi, comme accomplissement. » (c) « Sache que nous sommes avertis que la Tradition du Seigneur doit être observée dans l'offrande du calice, et que rien ne doit être fait par nous qui n'ait été auparavant fait pour nous par le Seigneur; c'est-à-dire, que ce soit un calice rempli de ■vin qui soit offert en sa mémoire. »  250 Sermons autographes saint Thomas et de saint Bartholomé ? Pourquoy ne reçoit on l'Epistre qui porte le tiltre ad Laodicenses, * Vers. 16. puj^sque saint Pol aux Coloss., c. ult.*, atteste leur avoir escrit, plustost que celle aux Hebrieux ? Pourquoy croi- ray je que l'Evangile de saint Marc est celuy de saint Marc qu'on monstre maintenant ? Calvin, livre premier de son Institution, chap. sep- tiesme, dict que « le Saint Esprit [rend un témoignage secret ; »] mais quelle folie ! C'est pourquoy saint Basile a eu rayson de dire, lib. De Spiritu Sancto, cap. 27 : Si Traditiones negligantur, fore ut Evangelium detri- mentum patiatur (a) ; et saint Augustin, Contra epis- * Cap. V. tolam Fundamenti *, se Evangelio non crediturum nisi Ecclesia praeciperet (b). 2. Pour le sens de l'Escriture : Putasne inteUigis * Vers. 30. qîice legis ('=) ? Act., 8 *. On peut s'opiniastrer par tout. 3. Pour le nombre des Sacremens ; car qui m'a dict *joan., XIII, 5. que le lavement des piedz que fit Nostre Seigneur* ne fut pas Sacrement et le Baptesme le fut ? et qui m'a dict qu'il falloit mettre du vin au calice ? etc. 4. Nous avons plusieurs articles de foy par la, comme : [i.] que le Baptesme des haeretiques est bon ; 2. la descente de Nostre Seigneur aux enfers ; 3. la virginité de Nostre Dame. Ce n'est donques pas merveille si Irenee a dict : « Qui successionem habent ab Apostolis, cum Episcopatus suc- cessione charisma veritatis certum secundum placitum *A//7^/-,c.xxvi,§2. Patris acceperunt(d) », [lib.] 4, c. 43*; et Nostre Seigneur : CiLm aiLtcm venerit Spiritus Sanctus, docebit vos omneni veritatem, dequoy l'Eglise a besoin, contra novas haereses exorientes. In Grseco, il y a deducet in omnem («).  (a) Si les Traditions sont négligées, l'Evangile en souffrira du détriment. (b) Il ne croirait pas l'Evangile si l'Eglise ne l'ordonnait pas. ( c ) Penses-tu comprendre ce que tu lis ? ( d) a Ceux qui ont la succession des Apôtres ont assurément reçu, avec cette succession épiscopale, le don de la vérité, selon la volonté du Père. » (e) Contre les nouvelles hérésies qui s'élèvent. Dans le Grec, il y a conduira en toute [véritè\.  XXIX. Pour le iv^ Dimanche après Paqijes 251 III. Auctoritatem habent a Christo et ab Ecclesia(^), bon gré mal gré tous les adversaires. (In omni scripto ut recipiatur, débet constare de veritate testificantis et testificationis.) A Christo immédiate, ut Sacramentorum forma, et quod vino aqua sit admiscenda, ut Justinus testatur, Apol. i *, médiate, per Spiritum Sanctum in * § 65. Ecclesia praesidentem ; per Apostolos, ut jejunium Qua- dragesimae et alia multa, vel per Ecclesiam i^), comme il y en a beaucoup, et ont la mesme authorité que les loix escrittes. Lex « Diuturna consuetudo pro jure in his quœ non ex scripto ('=), » etc. ; [Corpus Juris Civ.,] Digest., 1, I *. * Tit. m, lex ^). IV. Modus cognoscendi petendus est ab Ecclesia gene- raliter ; quae quoniam decrevit aliqua quae in Scripturis explicite non sunt, signum est esse tradita : 2 ad Tim., 3*; * Vers. 19. Matt., 16*. Sic Mariae virginitas, numerus Librorum * Vers. m. canonicorum i'^). 1. Quando Ecclesia universa aliquid agit quod non posset agere nisi mandato Christi, ut baptizare parvulos, et non rebaptizare hœreticos (e). Dont saint Augustin a bien dict, Epist. 118*: Non recte fieri quod universa * HodùE^.-Liv, ad Ecclesia facit, « insolentissimae est insanise [disputare](f).)) 2. Quando Ecclesia aliquid semper egit, et si ipsa  (a) Ils ont autorité de Jésus-Christ et de l'Eglise. (b) (Pour que nous recevions un écrit, il faut qu'il conste de la véracité du témoin et de son témoignage.) De Jésus-Christ, soit immédiatement, comme la forme des Sacrements, le mélange de l'eau avec le vin, comme Justin atteste... soit médiatement, par le Saint-Esprit qui préside dans l'Eglise ; par les Apôtres, comme le jeune quadragésimal et beaucoup d'autres choses, ou par l'Eglise. (c) « Une ancienne coutume a force de loi pour les choses qui ne sont pas écrites. » (d) La manière de connaître doit être demandée à l'Eglise en général; comme elle a décrété certaines choses qui ne sont pas explicitement contenues dans les Ecritures, c'est une preuve que ces choses sont conte- nues dans la Tradition... Ainsi la virginité de Marie, le nombre des Livres canoniques. (e) Quand l'Eglise universelle fait une chose qu'elle ne pourrait faire sans le commandement du Christ, comme de baptiser les petits enfants et de ne pas rebaptiser les hérétiques. (f) « C'est une folie des plus extravagantes de discuter » si ce que fait l'Eglise universelle est bien.  Januar, c. v.  252 Sermons autographes potuerit instituere, ut Quadragesima, quae usque ad '% i^. (Ho:iie inter tempus Ignatii (ad Philipp.^), producitur. Sic minores *§^i2°(TnterSupp.) Ordines, in Epistola ad Antiochenses* i^). 3. Quando in Concilio, vel seorsim, omnes doctores idem dicunt; ut in Concil. Nicœn. 2, Act. ultima, ima- *DeBapt.,cc.vi,vii. gines venerari. Sic ceremoniae in Baptismo (ti), Basil,*, ni!^v,?v; ""'■' "• Tert. *, Dionys. ** **DeEccies. Hier., y. Pour résoudre briefvement tous les argumens, voicy les règles. Premièrement, se souvenir que les Traditions sont paroles de Dieu comme l'Evangile, etc. ; non jamais contraires a l'Escriture. Et par ce moyen s'en vont a néant tous ces passages que nos adversaires ont accoustumé de nous objecter : Non addetis ad ver- "Vers uit bum qiiod ego prœcipio vobis, Deut. , 4* et 12**; ♦Vers. 8. Gai., I * : Sed licet nos, aut Angélus de cœlo evan- geli\et vobis prceter quam quod evangeli:{avimus vobis (<=), etc. 2. Que tout ce qui est nécessaire a l'Eglise, est contenu en l'Escriture, non explicite, mays bien radicaliter. Ce qui est explicite est suffisant pour sauver les parti- culiers, mays non pour l'instruction de tout le cors ; *Joan., XX, uit. ainsy est refuté ce passage qu'on objecte* : Hœc scripta sunt ut credatis, etc., et ut credentes vitatn habeatis («i). 3. Que nos Traditions ne sont pas humaines, mais •Vers. 13; Matt., divines. Ainsy est refuté ce passage, Isa., 29* : In ,9, arc, VII, 7. y^^j^^jyj^ colunt me, docentes mandata et doctrinas  (a) Quand l'Eglise a toujours fait une chose, fût-ce même par sa propre institution, comme le jeûne quadragésimal, dont on trouve des traces dès le temps de saint Ignace (aux Pki/ippi eus). Ainsi les Ordres mineurs, dans l'Epître aux Antiochiens. (b) Quand, dans un Concile, ou en particulier, tous les docteurs disent la même chose; comme au second Concile de Nicée, dernière Session, que les images doivent être honorées. Ainsi les cérémonies du Baptême. (c) N'ajoute^ point aux paroles de mes commandements... Mais si nous- mêmes ou un Ange du ciel vous évangclisait autrement que nous vous avons évangélisés, etc. (d) Ces choses ont été écrites afin que vous croyte:^, etc., et afin que croyant vous ayei la vie.  XXIX. Pour le iv« Dimanche après Paûues 255 hominutni^), et tous les livres qu'on a faict adversus humanas Traditiones*. * et Défense, \.i, r\ . -rt •^ -, 11. » c iii,p.39 huj. Edit. Quant aux Pères, il y a deux règles : lune, qu on se garde de la fallace, a particulari affirmativa ad negati- vam simpliciter (b), et qu'on se souvienne de la règle : Ex puris particularibus nihil sequitur. Comme Irenseus ait* : « Evangelium praedicaverunt, postea scripserunt ; » 'Contra Haer.,iib. ergo nihil de Evangelio praedicaverunt, quod non scrip- ' serint. Ainsy : Scriptura est fundamentum et columna fidei *(<=); donques, etc. * lTira.,in, 15. La 2, c'est de les lire.  (a) Ztf culte quils me rendent est vain, enseignant des ordonnances et doctrines humaines. (b) D'une particulière affirmation à une simple négation. (c) Des propositions absolument particulières, il ne s'ensuit rien. Comme dit Irénée : « Ils ont prêché l'Evangile, ensuite ils l'ont écrit ; » donc ils n'ont rien prêché de l'Evangile qu'ils n'aient écrit. Ainsi : l'Ecriture est le fondement et la colonne de la foi.  I  XXX SERMON POUR LA FÊTE DE LA SAINTE TRINITÉ 21 mai 1595 (i) Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto ; sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in sœcula sœculo- rum. Amen. Entre les signalées faveurs que la bonté de Dieu fit a son bon serviteur Abraham nostre grand père, l'une fut a mon advis, des plus grandes, Ihors qn'eii la vallée de Mambré, sa divine 31ajesté le vint visiter en son tahernacle visiblement, ainsy que raconte le Genèse, * Vers. I, :. chap. 18 *; Car quel homme estoit ce quMbraham, affin * Ps. viii, 5. que vous le visities "^ ? Apparuit ei Domhius in * Dan., IV, 24. convalle Mambre^^). Ce fut le Saint des saint^*, ce fut Dieu mesme qui luy apparut, mays en quelle forme? Clinique levasset ociilos, apparuerunt ei très viri(^); sous l'apparence de troys, Celuy qui est unique Seigneur vint visiter son serviteur. O mistere des misteres ! Le Seigneur unique apparoist en troys personnes a Abra- * Cap. 1, 26. ham. Il est bien dict au commencement du Genèse*, que Dieu dict : Fa ci amas hominem ad imaginent et  (a.) Le Seigneur lui apparut dans la vallée de Mamhi-è. (b) Comme il levait les yeux, trois hommes lui apparurent. ( I ) La manière plus précise et plus vigoureuse dont les questions de controverse sont touchées dans ce sermon ne permet pas de supposer qu'il soit antérieur à la mission du Chablais ; d'autre part, l'ensemble du discours prouve qu'il a été adressé à un auditoire catholique, et le style, qu'il appar- tient à la jeunesse de notre Saint. On est donc fondé à croire qu'il l'a prononcé à Annecy, où, d'après ses lettres, il a dû passer, en 1395, la fête de la sainte Trinité.  XXX. Pour la fête de la sainte Trinité 255 similitiidinejn nostram (=^1, par lesquelles paroles la Trinité de ce Facteur estoit monstrëe ; mays jamais l'apparition n'en avoit esté faitte devant Abraham, dont avec mérite on a appelle justement Abraham père des croyans*, comme ayant eu une si signalée révélation *Rom., iv, n. de ce mistere fondamental de nostre foy : Apparuit Dominus ; « très vidit, et unum adoravit(^), » Et affin que nous n'ignorions pas que ce fut une apparition d'un Dieu en Trinité, après qu'Abraham eut veu ces troys, il en adore l'unité : « Très vidit, et unum adoravit, » dict la Glose; et Abraham leur parlant*: Domine, si inveni * Vers. 5, 4; juxta , - Septuag. et Vulga- gratiam in ociilis tins, ne transeas servtim tiiiim, sea tam antiquam. ajferam pauxillum aquœ, ut laventur pedes vesti'i, et reqiiiescite suh arbore^"^). Tantost a tous trois il parle en singulier et tantost en plurier, pour monstrer l'unité en trinité. C'est ainsy que va et l'histoire et le m3^stere. Et main- tenant, auditoire dévot, le mesme Seigneur se présente a nous pour nous visiter, un par essence en trinité de personnes, non plus par une extérieure apparition, mais [par] une interne illumination de la foy, en ceste bonne vallëe de l'Eglise, puysqu'aujourd'huy l'Eglise célèbre une grande solemnité a la gloire de la toute puyssante, toute bonne et infinie Trinité, Père, Filz et Saint Esprit, afïin de graver en nostre courage l'honneur et l'hommage suprême que nous luy devons. Gloria Patri, etc. Nous luy rendons la gloire si nous croyons, espérons et aymons ceste suprême essence en sa très glorieuse Trinité, si nous prions les troys Personnes de demeurer avec nous, si nous lavons leurs pieds, si nous les invi- tons sous l'arbre, ce que comme on le doive faire, je prsetens vous le monstrer briefvement. .Alays pour cest effect il nous faut faire tous ensemble comme Abraham,  ( a ) Faisons Vhomme à notre image et ressemblance. (b) Le Seigneur apparut ; « il en vit trois et adora un. >> (c) Seigneur, si j'ai irouvJ grâce devant tes yeux, ne poursuis pas ta route sans f arrêter auprès de ton serviteur ; j'apporterai un peu d'eau, pour laver vos pieds, et vous vous reposerez sous l'arbre.  256 Sermons autographes * Supra. lequel leva les yeux en hauf^, et autrement n'eust pas eu cest honneur, Ainsy levons les yeux vers ceste lumière seternelle, a celle fin qu'elle daigne nous illu- miner de son Esprit, et qu'en sa clairté nous puissions voir de ce saint mistere ce que nous en devons connois- tre et ce qu'il lu}^ plaira nous en faire voir, affin de le croire, le croyant y espérer, y espérant l'aymer, et qu' ainsy vrayement « gloire soit au Père et au Filz et au Saint Esprit. » Ce que pour obtenir avec plus d'abon- dance, emplo3^ons 3^ le crédit de la Fille du Père, de la Mère du Filz et de l'Espouse du Saint Esprit. Ave Maria. C'est l'article fondamental de toute nostre foy chres- tienne, que celuy pour la célébration duquel l'Eglise solemnise ceste journée, a sçavoir la sainte Trinité des Personnes divines. Car encores qu'il semble que ceste sainte Trinité se doive réduire a l'unité de l'essence, d'autant que selon nostre façon d'entendre l'un soit premier que l'autre, si est ce que l'article de l'unité d'un Dieu n'est pas si propre aux Chrestiens que celuy de la Trinité, d'autant que plusieurs ont conneu Dieu et son unité, qui n'estoyent pas Chrestiens. Sur quoy se fondant Vers. 20, 21. saint Pol, il atteste aux Romains, i * : Invisibilia Dei per ea qiiœ facta siint a creatura tntindi intellecta conspiciiintur ; ita ut sint inexcusahiles, quia cum Deum cognovissent, non tanquam Deiun glorificave- runt (^). Mays quant a l'article de la tressainte Trinité, il est tellement particulier aux Chrestiens, que mesme le peuple Hebrieu n'en avoit pas pour la pluspart connois- sance expresse, [et] que jamais les payens n'y estoyent arrivés : qui occasionne saint Hierosme a s'escrier en Ep. LUI, § 4. l'epistre ad Patdinum* : « Hoc doctus Plato nescivit,  (a) Les perfections invisibles de Dieu sont rendues compréhensibles depuis la création du monde par les choses qui ont été faites; de sorte qu ils sont inexcu- sables, parce qu'ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu.  XXX. Pour la fête de la sainte Trinité 257 hoc eloquens Demosthenes ignoravit (^). » Sur cest article de la Trinité est fondée l'Incarnation, et sur l'Incarnation toute nostre salvation ; sur cest article est fondée la mission du Saint Esprit, et sur icelle toute nostre justification. Voicy donques l'article des articles : « Fides ergo Catholica haec est, ut unum Deum*(b), » etc. » Symb. s. Athan. A ceste occasion, Nostre Seigneur premièrement*, • Mntt., uit., iq. puys son Eglise, en l'administration du Sacrement fon- damental qui est le Baptesme, nous met en avant ce saint mystère : In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. C'est pourquoy l'Eglise, sous le Pape Damase, par l'exhortation de saint Hierosme *, institua qu'a la * Concilia, ad ann. fin de chaque Pseaume on chantast : Gloria Patri et attributa. Filio et Spiritui Sancto, etc. C'est pourquoy du tems de Charlemagne, s'eslevant plusieurs haeresies contre la sainte Trinité, on dressa ceste sainte feste particulière pour la protestation de nostre foy. O comme nous devrions donques encores en ce tems misérable célébrer ceste sainte feste et dire : Gloria Patri, etc. Penses vous pas que nos adversaires se soyent contentés de renverser l'Eglise ? Superbia eorum qui te oderunt ascendit semper ; Psalm. 73*. « Sunt gradus ad impie- ♦ Vers. nit. tatem, et nemo repente fit pessimus(<=). » Les Trinitaires, sortis de l'escole calvinienne, sont ilz pas encores en la Transylvanie? n'ont ilz pas escrit, les uns avec Arrius, les autres avec Sabellius ? Superbia eorum qui te oderunt, etc. Un Valentin Gentil, un Servet, un Farel, un Viret ont du tout infecté ceste sainte doctrine, la ou Calvin et Beze, faysans les fins, s'entremettent parmi. Si donques ceste feste a esté instituée pour tant et de si justes ra3'sons, avec combien de dévotion la devons nous  (a) « Le docte Platon n'a point connu ceci, l'éloquent Démosthènes l'a ignoré. » (b) « La foi catholique est celle-ci, que [nous vénérions] un Dieu, » etc. (c) L'orgueil de ceux qui vous haïssent monte toujours... « Il y a des degrés dans le mal, et personne n'arrive tout d'un coup au comble de l'impiété. » Serm. I 17  258 Sermons autographes célébrer, maintenant que les causes de son institution sont renouvellees, Gloria Patri, etc. Je trouve que nous pouvons sou- haitter la gloire au Père, au Filz et au Saint Esprit en deux façons : ou la gloire qui leur est naturelle et essen- tielle, ou l'extérieure et denominative. Premièrement, Dieu le Père, en l'abisme inexcogitable de toute son seternité, plein de son infinie essence, bonté, beauté et perfection, se regardant soy mesme avec son entende- ment très fécond, entendit et comprit si bien sa nature, qu'en une seule conception et appréhension il exprima toute sa grandeur; et ceste conception, ceste paroUe, ce Verbe, ceste diction de son cœur fut un autre luy mesme. Desja de soy il estoit glorieux, c'estoit toute la perfection divine ; mais quoy ? Voyci sa gloire : c'est qu'il se voit, il prend connoissance de soy mesme, et s'entendant, engendre son Filz tout esgal a luy mesme : Vers. 4. Ex utero ante liiciferum genui te (Psalm. 109 *) ; Hebraice : Ex utero ante auroram tibi ros adole- Vers. 9. scentice tuœ. Isa., ult. * : Niimquid ego, qui fa ci o parère alios, non pariam ? et qui generationem cœteris tribuo, sterilis ero (a) ? Ce Filz est la gloire du Heb.. I, 3. Père, dont il est appelle par saint Vo\^' splendor gloriœ et figura substantiœ ejus (b). O quelle gloire au Père d'avoir un tel Filz, o quelle Q-loire au Filz d'avoir un tel Père ! Le Filz a toute la mesme substance du Père ; le Père luy communique toutes ses perfections. Penses quelle gloire a un très bon père d'avoir un filz qui luy ressemble parfaittement; mais s'il le ressembloit tant que ce fust un autre luy mesme, ah quelle consolation ! J'ay veu des pères qui avoyent quelque vertu, o combien ilz esto3^ent consolés d'avoir des enfans vertueux, etc. C'est ceste gloire qui  [z) Je vous ai engendré de mon sein avant Fctoile du jour ; Hébreu : La rosée de votre adolescence est sortie de mon sein avant Yaurore... Est-ce que moi qui fais enfanter les autres je n'enfanterai pas? et est-ce que moi qui donne la. génération aux autres Je demeurerai stérile? (b) La splendeur de sa gloire et la figure de sa substance.  XXX. Pour la fête de la sainte Trinité 259 mérite d'estre célébrée a jamais : Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto, etc. JMays, outre cela, le Père voyant son Filz, et le Filz voyant par soy mesme son Père, quelle exubérance de joye ! Le Père et le Filz voyent qu'ilz sont réciproquement dignes d'un amour infini ; ilz voyent qu'ilz ont la volonté proportionnée a l'object, ilz s'a3^ment l'un l'autre autant qu'ilz le méritent, ilz s'ayment sauverainement, infiniment et divinement. Et cest amour suprême qui les lie ainsy l'un a l'autre, procédant du regard qu'ilz ont l'un a l'autre, est une troysiesme Personne divine esgale a eux, consubstan- tielle a eux, infinie, œternelle et indépendante comme eux, qui est le Saint Esprit, l'amour et l'unité du Père et du Filz, et le terme sans terme de leur mutuelle complaysance et des émanations œternelles. Chantons donques : Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto, etc. Je sçay bien que vous n'entendes pas ce mistere, ni moy aussi, mays il me suffit que nous le croyions tant mieux ; et ce que j^en ay dict n'est pour autre fin que pour vous le représenter davantage, et vous ayder a le croire plus distinctement. Il y a certains exemples qui nous pourroyent ayder a en concevoir quelque chose ; mais il y a tant a redire, que, sans nous amuser a autre, nous nous contenterons de sçavoir que c'est la foy catholique « ut unum Deum in Trinitate, et Trinitatem in unitate veneremur * (a). » • Symb. s. Athan. Nous chanterons tousjours Gloria Patri, d'autant plus encores que Calvin et Beze et leurs haeresies, veu- lent que toutes les trois Personnes ayent leur divinité de soy et non par communication ; qui est un blasphème estrange, car ainsy il n'y auroit ni Filz ni Saint Esprit. Superbia eoriim qui te oderiint ascendit semper'^. -Vide supra, p. 237. Au contraire, les Catholiques persistent a dire : « Deum de Deo, lumen de lumine *(•'), » et Gloria Patri et • Symb. Nkaenum. Filio et Spiritui Sancto. Gloria, en singulier, en  (a) '( Que nous vénérions un Dieu en Trinité, et la Trinité en unité. » (b) « Dieu de Dieu, lumière de lumière. »  «6o Sermons autographes parlant des troys, pource que ces troys Personnes ont la mesme gloire ; Patri et Filio, pource que, combien que ces deux Personnes soyent un seul et mesme Dieu, et que le Père regarde son Filz comme un autre luy mesme, il y a neantmoins ceste distinction, que le Père a la divinité par luy mesme, et le Filz, par la com- munication du Père : et sans cela, ni l'un ne seroit Père, ni l'autre ne seroit Filz, ains ces deux noms seroyent des noms faintz et sans fondement. Et tout de mesme, Spiritui Sancto, qui signifie un respir d'amour réciproque et mutuel, pour signifier que le Père et le Filz se regardans et s'aymans mutuellement, produisent ceste troisiesme Personne par ce regard et cest amour réciproque. L'autre blasphème, c'est qu'ilz ne veulent recevoir le nom de Trinité ; et leur ra3"son est, d'autant que Trinité ne veut dire que les Personnes ; la personne ne veut dire que résidence et propriété ; résidence et propriété n'est pas Dieu. Outre plus, disent ilz, ce n'est pas bien parler latin. O malheur de nostre aage, o vanité, o arro- gance de l'esprit humain, qui entreprend de disputer des vérités si eslevees par de si foibles raysons ! Ce mot de personne, o Calvinistes, signifie bien plus que vous ne dites, et les docteurs sçavent que personne est le suppost d'une nature intelligente, que c'en est le propriétaire et le possesseur ; tellement qu'une Personne divine, c'est celuy qui possède et a en propre la nature divine. Et quant a ceste belle objection que ce mot n'est pas latin, ignores vous encores que quand il a pieu a Dieu, en l'excès de son amour, nous descouvrir de nouvelles vérités, il a fallu chercher de nouveaux motz pour les exprimer? Ignores vous que les motz sont faictz pour les choses, et non les choses pour les motz, et qu'il se faut bien garder d'assujettir les choses aux paroUes, et beaucoup plus de renoncer aux choses les plus saintes et les plus divines pour ne pas rencontrer dans le langage usité parmi les Romains des dictions qui les signifient ? Suyvant ceste maxime de vostre eschole, il faudroit encores rejetter le mistere fondamental de nostre salut,  XXX. Pour la fête de la sainte Trinité 261 l'Incarnation du Verbe seternel , pource que ce mot d'incarnation ne se trouve point dans la pure latinité. O malheureux et infortunés docteurs, qui ayment mieux estre latins que chrestiens! C'est une des ruses du diable, qui, sous couleur de quelque plus grande pureté de latin, tend a nous enlever la créance des premiers et plus importans misteres de nostre sainte religion. Les Arriens firent semblable trait, au rapport d'Epiphane*, en leurs ' Hser. Lxxm (al. haeresies, dont les uns ne demandoyent qu'un iota, les "''''^'" autres, comme l'evesque Ancyritin, demandoyent qu'on rayast tous les motz qui n'estoyent de l'Escriture. C'est chose digne de deploration de voir leurs blasphèmes : Vana loqiiiiti sunt unusquisque ad proximum suum*; Linguis suis dolose agebant, judica illos 'Ps. xi, 3. Deus* (a). * Ps. V, II. Saint Jan Damascene, livre troisième de la théologie*, * De Fide orthod., 1 III C X raconte une histoire pour authonser l'invocation de la ' ' ' ' sainte Trinité. Il dict qu'a Constantinople, « sous Proclus Archevesque, advindrent plusieurs signes de la juste colère de Dieu ; et comme le peuple estoit en prière, un enfant fut ravi, et dans son ravissement, les Anges luy enseignèrent ce cantique : Sanctus Deus, sanctus fortis, sanctus immortalis, miserere nobis i^). Cest enfant revenu a soy, et ayant raconté ce qu'il venoit d'ap- prendre, tout le peuple se print a chanter ce mesme cantique, et par ce moyen appaisa l'ire de Dieu et destourna les malheurs dont il estoit menacé. » Ne lais- sons pas donques de chanter : « Pater de cœlis Deus, miserere nobis ; » ne laissons pas de dire que les trois Personnes sont adorables et suradorables, pour la gloire essentielle et intérieure, et pour la gloire extérieure et attribuée. On appelle la gloire appropriée celle qui vient a Dieu, non de ses ouvrages intérieurs mays extérieurs, ainsy  (a) Chacun a dit des choses vaines à son prochain. Avec leurs langues ils agissaient astucieusement, juge:[-les, ô Dieu. (b) « Dieu saint, saint fort, saint immortel, ayez pitié de nous. »  202  Sermons autographes  * Ps. XVITI, I. * Vers. 31.  * Matt., V, 16. * Exod., III, 14. * IS., XLII, 8.  *Cf. supra, pp.iç 199.  • Vers, ult.  * Matt., VI, 10.  *Pss.xxviii, 2,XCV, 7-9- * Vers. 21-23.  que David dict* : Cœli enarrant gloriam Dei i^), etc.; et comme dict saint Pol, i.Cor., 10* : Omnia in gloriam Dei facile 1^). C'est Ihors que nous procurons que Dieu soit glorifié : Ut videant opéra vestra bona et glori- ficent Patrem vestrwin * (<=). Quant a la gloire essentielle, il n'y a personne qui la puisse altérer, pource que Ego sum qui sum"^ ; gloriam nieam alteri non dabo"^^^). Et c'est principalement de ceste gloire que nous entendons Gloria Patri, etc., non la luy desirans comme chose absente, mays nous resjouyssans en icelle*. Mays quant a l'extérieure, elle peut estre augmentée par nos bonnes actions. Glorifi- cate et portât e Deiim. in corpore vestro 1^), dict saint Pol, I. Cor., 6 *; et en ceste façon, Ihors que nous disons Gloria Patri, etc., nous disons tout autant comme : Fiat voluntas tua sicut in cœlo et in terra*. Ajferte Domino gloriam et honorem, ajferte Domino glo- riam nomini ejus ; adorate Dominum in atrio sancto ejns*(^). Saint Pol se plaint des philosophes gentilz, Rom., i *, quia cum Deum cognovissent, non ta.nqua.m Deum glorifcaverunt, aut gratias egerunt ; sed evanuerunt in cogitationibus suis, et obscuratum est insipiens cor eorum. Dicentes se esse sapientes, stulti facti sunt ; et mutaverunt gloriam incorrup- tibilis Dei in similitudinem imaginis corruptibilis hominis (g). Helas, il y en a plusieurs parmi les Chres- tiens, qui ressemblent a ces philosophes, sont froidz,  ( a ) Les deux racontent la gloire de Dieu. (o) Faites tout pour la gloire de Dieu. (c) Afin quils voient vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre Père. [à.) Je suis Celui qui suis. Je ne donnerai point ma gloire à un autre. (e) Glorifie!^ et porte^ Dieu en votre corps. ( f ) Rendes au Seigneur gloire et honneur, rende^ au Seigneur la gloire due à son nom; adore^ le Seigneur dans son saint temple. (g) Parce que ayant connu Dieu, ils ne Vont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces ; mais ils se sont évanouis dans leurs pensées, et leur cœur insensé a été rempli de ténèbres. Se disant sages, ils sont deve>tus fous ; et ils ont transféré la gloire due au Dieu incorruptible à la représentation de Pimage de rhomme corruptible.  XXX. Pour la fête de la sainte Trinité 263 lasches, n'affectionnent l'honneur deu a Dieu et a ses amis. Or, qui est ainsy disposé ne peut dire Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto, etc. Ceste gloire est extérieure et se peut entendre de deux sortes ; car pour tous les biens nous devons rendre gloire au Père, au Filz et au Saint Esprit, mays particu- lièrement pour la mort de Nostre Seigneur et le bénéfice de la Rédemption, pource que Deus sic dilexit miin- dum, ut Filium siium iinigenitum daret*i^). Sic * Joan., m, 16. Deus, voyla le Père ; dilexit, voyla le Saint Esprit ; ut Filium suiim unigenitum, voyla le Filz. Donques Gloria Patri qui dédit, et Filio qui datus est, et Spiritui Sancto per quem datus est (^). Nous devons glorifier toutes les trois Personnes, et nous les devons glorifier par la Personne du Verbe incarné, et particulièrement par sa Passion, laquelle il appelle sa gloire en saint Jan , 7* : Nondum enim * Vers. 39. erat Spiritus datus, quia nondum erat Jésus glori- ficatus («=). Car ainsy l'interprètent saint Jan Chrisos- tome * et Euthvmius**, et formellement saint Hierosme *Hom. li (al. l) m -' ' Joan., g 2. in epist. ad Hedibiam *, qusest. g, la ou il monstre ** Commentar. in ._ . ^ Joan., in locum. pourquoy il 1 appelle sa glorification, et en fin conclud : «Ep. cxx. « Gloria Salvatoris est patibulum triumphantis. » Qtii gloriatur, in Domino glorietur ^'^)] i. Cor., i *. Il * Vers. uit. l'explique ad Gai., 6* : Absit mihi gloriari, nisi in * Vers. 14. cruce Domini Jesu Christii^^. Maintenant, permettes moy que j'use familièrement de vostre auditoire. Nous devons glorifier Dieu par la Passion de son Filz ; or, ceste Passion n'est plus prae- sente pour rendre gloire a Dieu par icelle, il faut donq  (a) Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. (b) Gloire soit an Père qui a donné, et au Fils qui a été donné, et au Saint-Esprit par l'intermédiaire duquel il a été donné. (c) Car le Saint-Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'était pas encore glorifié. (d) « La gloire du Sauveur c'est le gibet sur lequel il a triomphé. » Q,ue celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur. (e) A Dieu ne plaise que Je me glorifie, si ce n'est dans la croix du Seigneur Jésus-Christ.  304 Sermons autographes recourir a sa mémoire. Nous trouvons deux sortes de mémoire de la Passion de Jésus Christ en l'Eglise : l'une vivante, l'autre morte. La mémoire vivante de la Passion de Jésus Christ est l'Eucharistie : Glorificate, ♦Vide supra, p. 262. et portutô Dcum in corpore vestro*; Manducave- •Ps. XXI, 30. riint et adoraverunt* i^). La mémoire morte est le saint signe de la Croix ; ce sont les praetieuses reliques des Saintz qui ont souffert en leurs cors, comme dict • Cûioss., 1, 24. l'Apostre saint Pol *, ce qui reste des soujfrances de Jésus Christ.  ( a ) Ils ont mangé et ils ont adoré.  XXXI PLAN d'un sermon POUR LA FÊTE DE SAINT PIERRE ES LIENS 1" août 1595 (i) (Inédit) Danielis lapis, deprimens statuant *, Christus est et * Dan., n, 34, 35. Petrus. Gamaliel : Si ex hominibus est hoc opiis, dis- solvetur*. Quos Deus conjunxit, homo non separet**. «M^tt/xix' 6- Capiit tuum ut Carmelus, in Cant. * Applica ad Marc, x, 9. ' C3" "" ' montem ex quo excisus est lapis : mons enim Christus est, caput Ecclesiœ ; lapis, Petrus. Rationes monarchise in Ecclesia ; Friderici Nauseae Cent. I. Homil., homil. 89 : 1. Ut lites de iide facilius compesci possint. 2. Ut Concilium convocari possit. 3. Ad episcopos dissidentes et contumaces puniendos.  ap. VIT, 5.  La pierre de Daniel qui renverse la statue, c'est le Christ et Pierre. Gama- liel ; Si cette œuvre est des hommes, elle se dissipera. Ceux que Dieu a unis, qtie Vhomme ne les sépare point. Ta tête est comme le Carmel. L'appliquer à la montagne d'où fut détachée la pierre : la montagne est le Christ, chef de l'Eglise ; la pierre, saint Pierre. Raisons pour une monarchie dans l'Eglise ; Ire Centurie d'Homélies de Frédéric Nausea, hom. lxxxix : I. Pour apaiser plus facilement les conflits sur la foi. 3. Pour faciliter la convocation d'un Concile. 3. Pour punir les évéques dissidents et contumaces. ( i) La date du jour est précisée par cette note, écrite de la main du notaire apostolique sur l'Autographe : Bréviaire d'un sermon à l'honneur de sainct Pierre, Apostre. i. d'aoust. Quant à la date de l'année, elle se conjecture par l'écriture d'abord, et secondairement par le témoignage que fournit une lettre inédite de notre Saint. D'après cette lettre, datée du 2 août 1595, il dut  266  Sermons autographes  •§6. Aug-., in Psal. 132 * : « Merito displicet nomen mo- nachorum , quia illi nolunt habitare in unum cum fratribus. » Rupella imitatio est diaboli, rupis nimirum Petrinse ; » De Visib. Mon., SanderUS *. Portœ inferi non prœvalebiint* ; idcirco, non ob- stante clausura, egressus evasit Petrus *. Confirma fratres tuos (non est merum preeceptum, sed institutio confirmatoris ; ut, Crescite et miiltipli- camini piscibus*, etc.); ne diffiderent et pastor et oves, rogavi ut non deficeret *. Historia de Claudio, anno 1559, Jacobus navarchus Endiscotanus. Proprium hsereticorum est quse Sedes Romana acquisivit perdere, quae congregavit dissipare : exempla in Germania. Ecclesia se ad Petrum convertere débet ut uxor ad virum. Pro Petro enim rogavit Dominus propter Eccle- siam, cujus virum eum constituebat ; vir enim caput miilieris esf^. Propter hoc relinquet homo patrem. xix,5;iEphe's.,v,3i; et matrem, et adhœrebit uxori suœ*.  1. III. • Matt., XVI, I * Act., XII, 10.  * Gen., I, 22. * Lucae, xxii, 32.  * I Cor., XI, Ephes., V, 23. •Gen.,11, 24;Matt  Saint Augustin, sur le Ps. cxxxii : « Le nom de moines leur déplaît avec raison, parce qu'ils ne veulent pas habiter en union avec leurs frères. » La Rochelle est une contrefaçon faite par le diable, du rocher de Pierre ; Sanders. Les portes de V enfer ne prévaudront point ; c'est pourquoi, malgré la porte fermée, Pierre sortit et se sauva. Confirme tes frères (ce n'est pas un simple précepte, c'est l'institution d'un confirmateur, comme le : Croisse!^ et multiplie :^-vous dit aux poissons, etc.) ; pour enlever toute défiance aux pasteurs et aux brebis, j'ai prié afin que ta foi ne défaille pas. Histoire de Claude, en 1559, Jacques, capitaine de vaisseau, endiscotanus. Le propre des hérétiques est de perdre ce que le Siège Romain avait acquis, de dissiper ce qu'il avait amassé : exemples en Allemagne. L'Eglise doit se retourner vers Pierre, comme l'épouse vers l'époux; car le Seigneur a prié pour Pierre en faveur de l'Eglise dont il le constituait l'époux; or, l'époux est le chef de l'épouse. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera a sa femme.  passer à Annecy les premiers jours du mois, et il est très vraisemblable que, pour la fête patronale de la cathédrale, il prêcha ce sermon, qui, tout en démontrant l'habitude de la controverse, n'en traite pourtant pas directement.  XXXI. Pour la fête de saint Pierre es liens 267 Capite nobis vulpes parvulas quœ demoliuntur vineas'^. * Cant., n, 15. Deus Abrahse : In semine tuo henedicentur omnes gentes* ; fidèles fuere certi expectandum Messiam ex * Gen., xxn, 18. semine Abrahae. Item postea, tempore Mosis * ; domum * Deut., xvm, 15. David*, imo Bethléem**, etc. Sic domum Pétri tempore ! îî.^f^''"^"',,^:. '^ *'Mich.,v, 2; Matt., Evangelii, in qua expectandus est Christus glorificator, 11,5,6; Joan., 711,42. in qua Christus percipiendus. Achaz, Amon, etc., impies, non turbarunt fidèles ; sed firmi in promissione, non respexerunt in prœsentem impietatem. Joannis Hesselz*: * Tract, de cuit. Pe- differentia inter sedem Mosis et Pétri ; haec auferenda, " Project. illa non. Dormitavit; [Ps.] 118*. Percutiam, et ego sanabo; * Vers. 28. Deut. 32 *. * Vers. 39.  Prenez-nous les petits renards qui ravagent les vignes. Dieu dit à Abraham : En ta postérité seront bénies toutes les nations. Les fidèles furent donc certains que le Messie devait naître d'Abraham. De même plus tard, au temps de Moïse; la maison de David, Bethléem même, etc. Ainsi, au tems de l'Evangile, c'est de la maison de Pierre que l'on doit attendre le Christ glorificateur ; c'est en elle qu'on recevra le Christ. Achaz, Amon, etc., impies, ne troublèrent pas les fidèles; comptant sur la promesse, ceux-ci ne regardèrent même pas l'impiété présente. Jean Hesselz : différence entre le siège de Moïse et celui de Pierre; le premier doit disparaître, le second demeure. [Mon âme] s'est assoupie. Je frapperai et je guérirai.  XXXII SOREMAIRE D'UN SERMON SUR LA SAINTE EUCHARISTIE FIGURÉE ET PRÉDITE DANS l'ancien TESTAMENT 17 septembre 1595 (i) { Inédit )  DOMINICA iS POST PENTECOSTEN  Calix benedictionis citi benedicimus, nonne commitnicatio sanguinis Chrtsti est? et punis quem frangimus, nonne partici- patio corporis Domini est (a)} I. Cor., 10, f. 16.  Sur ceste quaestion prise et faite en tout autre sens et façon qu'elle ne fut faicte par ce bienheureux Apostre, s'est fondée ceste grande Babilone que nous voyons en ce misérable siècle. Pendant que tantost l'un tantost l'autre a respondu selon son propre sens et advis, quoy  [3.) Le calice de bénédiction que nous bénissons, n est-il pas la communication du sang du Christ? et le pain que nous rompons, n'est-il pas la participation au corps du Seigneur ? ( I ) Sur l'Autographe de ce sermon est écrite, de la main du notaire apos- tolique, la note suivante : 1^9^. Dimanche 18. après Penfecoste, à Tonon, Project de sermon de François de Sales Prévost de VEglise de Genève, sur le Sainct Sacrement, au subject de l'Epistre Calix benedictionis, etc. i. Cor. lo. Le prologue est fort beau quand il parle partie aux Catholiques, et partie aux Huguenots qui etoient présents. Ce sermon eut un grand retentissement parmi les hérétiques et prépara la conversion de bon nombre d'entre eux. On peut lire dans la Préface des  XXXII. Sur la sainte Eucharistie 269 que saint Pol aye faict ceste quaestion comm'un'exclama- tion d'une vérité indubitable, bonté de Dieu ! quelle dissipation s'est ensuyvie, quelle grande confusion de langages s'est faite parmi le monde. JMa3^s en tout on trouve deux responses générales, toutes contra3"res l'un'a l'autre, en la contrariété desquelles consiste le principal point du différent qui est entre l'Eglise Catholique et ceux qui s'en sont séparés. Car si on demande : Panis quem frangimus? les séparés respondent : Non est, sed figura (3 K Et l'Eglise Catholique, par advis tout contraire, respond : Est; Ego enim accepi a Domino* [^). Et pour autant que la principale rayson que les adversaires prsetendent avoir pour abandonner l'Eglise gist en ce différent, je me suys proposé de vous remonstrer le mieux quil me sera possible les raysons de l'Eglise ; ce que je feray avec tel ordre que vostre esprit ne sera pas beaucoup empesché a les retenir, et la probation en demeurera très manifeste et très claire. Car, I. je le preuveray par les figures et par les prae- dictions ; 2. par la promesse qu'en a faict Nostre Sei- gneur en saint Jan, 6; 3. par l'institution du Saint Sacrement; 4. par des autres passages, par l'antiquité et les miracles et les raysons, et toute sorte de tesmoins. Cinquiesmement, je monstreray que ce Sacrement est non seulement Sacrement, mays Sacrifice ; sixiesme- ment, je monstreray la convenance, et respondray aux raysons contrayres, et iray poursuyvant selon que Dieu me donnera les moyens. Mays je ne voudroys pas que vous pensassies qu'en ces sermons je veuille alléguer ce que j'en pourrois dire ; non, je ne diray que ce qui me semblera de plus singulier  (a) Il ne l'est pas, mais c'est une figure. (b) Il l'est ; Car J'ai reçu moi-même du Seigneur, Controverses (tome I de cette Edition, pp. ex, cxi), ce qu'en écrivit saint François de Sales à son ami Antoine Favre. De toute cette série de discours sur la sainte Eucharistie annoncés dans l'exorde, aucun autre ne nous est parvenu.  I Cor., XI, 2:  270 Sermons autographes et pregnant. Que qui voudra me demander des doutes, soit par escrit ou autrement, il m'obligera infiniment a luy, et le prendray a singulière faveur, et tascheray a luy fayre en contrechange toute bonne satisfaction avec toute charité et respect. Au reste, je vous adjure, Catho- liques, par Celuy auquel vous espères, que vous oj^es attentivement et dévotement ces miens sermons, pour rendre tesmoignage a la foy en laquelle vos ayeulz et devanciers sont morts. Et vous autres. Messieurs, qui suyves le parti contraire, je vous adjure par vostre salut et le sang du Sauveur, que vous venies ouir les raysons de l'Eglise Catholique, afiin qu'on ne puj^sse dire de vous que vous l'aves condamnée sans l'avoir ouye. Et laysses en arrière toute sorte de passion humayne en cecy; ne regardes a la familiarité que vous aves en l'un parti ou en l'autre, mays seulement ou l'Escriture, la rayson et la vraye théologie battra. Et selon que vous verres, resoulves vous, toutes choses layssees, a vous declairer pour le bon parti. Ah Seigneur, je suys icy pour vostre service, da ' Ps. cxviii, 125. mihi intellectum ut sciant testimonia tua*(^). Je trouve la différence de la Loy ancienne et de la Rom.ij.[^f.io-i^.] nouvelle faite par saint Pol, Ro. 13, belle et très élégante pus'éiT. ^'"^ ^^"'' sur toutes les autres, quand ayant dict que la perfection et plénitude de la loy est la dilection, il rend ceste rayson de son [dire] : Et hoc scientes tempus, quia hora est j'am nos de somno surgere ; propior est enim mtnc saltLS , quam cum credidimus. Nox prcecessit, dies autem appropinquavit : abj'iciamus ergo opéra tenebrarum, et induamur arma lucls ; sicut in die honeste ambulemus (b). Car je trouve en  (a) Donnez-moi rintelltgence afin que je connaisse vos témoignages, (b) Nous savons que le temps presse, et que l'heure est venue de nous lever du sommeil; car notre salut est maintenant plus proche que lorsque nous avons cru, La nuit passe, et le jour approche. Rejetons donc les œuvres de ténèbres, et revêtons-nous des armes de lumière ; marchons dignement comme durant le jour.  XXXII. Sur la sainte Eucharistie 271 cecy 3 comparaysons, par lesquelles saint Pol exprime très proprement ceste grande différence. La I. il compare les Juifz a des hommes dormans et les autres aux veillans : Il est tems, dict il, que nous levions du sommeil. On se levé, pour ce que la Loy ancienne estoit toute couchée sur la terre, et le peuple y estoit merveilleusement attaché a terre ; dont les pro- messes sont : Bona terrœ comedetis * (a). EU'estoit, en 'is., i, 19. comparayson de l'Eglise, comm'un homme endormi, qui ne voit point sinon quelque songe et idée ; signifiée par Lia toute chassieuse*. 2. Entr'un qui croit, et qui tient: 'Gen., xxix, 17. Multifariaîn(^)\ i. ad Hebrseos. 3. Entre la nuict et le Muitif. Heb.i.[f. jour. Ainsy ailleur : Umbram enim habens lexi"^)] Heb.io.[f.i.]Um- TT-L /~>i ^i'i • • bram enim habens Heb. 10. Col. 2, ayant parle des cérémonies anciennes, jg^. il les apelle qnœ sunt timbra futurorum. Et i. Cor. Coi. 2.\f.T.i.'\ 10 : Omnia in figura contingebant illisi^), ayant i. Cor. 10. [f. n.] parlé du pain quil donna aux Hébreux, et de l'eau. De tout cecy je tire conséquence que les figures de l'Ancien Testament ne doyvent rien approcher de l'excel- lence de ce qui nous est donné en leur lieu au Nouveau, nomplus que l'homme dormant au pris du veillant, croire et jouir, la nuict et le jour, l'ombre et le cors, la figure et la chose figurée. Considérons donques main- tenant qu'est ce que doit estre le Sacrement de l'Eucha- ristie, la Cène, en l'Eglise de Jesuchrist. Regardons un peu les figures d'icelle ; et si elles ont eu quelque chose d'excellent, considérons que doit avoir ce qu'elles reprae- sentoyent. (i) Il y en a certes a milliasses, mays allons en choysissant quelques unes. La I. c'est l'aigneau paschal ; xMat. 26, Luc. 22 : Ubi f;=-/^-j^,t- '""-^ ° -^ Mat. 36. [f. 17.] vis paremtLS tibi Pascha ? Post Pascha fîgurativum, Zhc. :?5. [jî-. 9.]  (a) Vous vous nourrirez des biens de la terre. (b) En diverses occasions... (c) Car la loi n'ayant que Yombre... (d) Qjni sont l'ombre des choses futures... Toutes choses leur arrivaient en figure. (i) Voir le fac-similé placé en tète de ce volume.  272  Sermons autographes  Paul. I. Cor. 5. [y. fecit Pascha verum. Paul, i. Cor. 5 : Eteniin Pascha  '■^ nostnun immolatus est Christus. Paschalis non modo immolabatur, sed etiam manducabatur (^) ; Ex, 12. Et • Cap. I, 29, 36, saint Jan * l'apelle Agniis Dei. Maintenant voyons son excellence avec celle du pain, si le pain seul y est, I. Substantia ; ut clarum est. 2. Significatione ; caro carne melius reprœsentatur quam pane, mors morte • I Pétri, 1, 19. quam fractione, Christi innocentia agno immaculato * (^). Mays je demande : l'appareil si grand observé en la manducation de l'aigneau, ou sera il reprœsenté chez Calvin ? Se ceindre les reins, tenir le haston, chaussés, le reste donné au feu. Sans doute que l'aigneau en ceste façon repraesentoit je ne sçay quoy mieux que le pain. Et quoy donq, feres vous les misteres plus grans de l'Ancien que du Nouveau ? Si la Cène n'est qu'une signification, ell'est beaucoup moindre que ceste figure. Non, il faut la realité. On mangeoit \e pain sans levain, avec des lettnes sauvages, pour monstrer qu'au lieu de l'aigneau succederoit le banquet Eucharistique du saint Pain avec contrition. Ex. 16. [f. 14, 15.] La 2. figure est celle du inan ou de la manne; Ex. 16. /o. (5. [^ 49, 59.] EU'est figure de l'Eucharistie; Jo, 6 : Patres vestri iCor.io.[y.iG.] manducuveriint nianna i^). Et saint Pol, i Cor. 10, après quil a parlé de la mer, de l'eau sortie, etc., il dict : Panis quem frangimus. Manna fiebat manibus Ange- Psai. 77. [V. 25.] loriim; Psal. 77 : panis Caenae, pistorum, Manna e ccelo, Sj/. j6. [^. 20.] hic e furno ; Sap. 16. Ibidem : Sine lahore, ut corpus Christi. Omnem dulcedinem et saporem habebat('i). Ou  (a) Oh -conlei-vons que nous vous préparions la Pàque? Après la Pàque figurative, il fit la vraie Pâque... Car le Christ, notre Pàque, a été immolé. L'agneau pascal n'était pas seulement immolé, mais aussi mangé. (b) I. Quant à la substance; c'est évident. 2. Quant à la signification : la chair est mieux représentée par de la chair que par du pain; la mort l'est mieux par la mort que par la fraction; l'innocence du Christ, par un agneau immaculé. ( c ) Vos pères ont mangé la manne. (d) La manne était préparée par les mains des Anges; le pain de la Cène, par les boulangers. La manne vint du ciel, ce pain-ci vient du four... Sans travail, comme le corps du Christ. Elle avait toute douceur et toute saveur.  XXXII. Sur la sainte Eucharistie 273 l'Eucharistie donq est plus qu'une reprsesentation, etc. Mays regardons un peu de plus près. La manne estoit si admirable, que le peuple demandoit : Manhu ? manhu'^'\^)} mays quelle merveille seroit ce en ce pain? *Exod., xvi, 15. etc. Calvin mesme, 1. 4, c. 17, § 7 : « Nihil restât nisi [Instit.,] z. ^, c 77, ut ejus misterii admiratione prorumpam (b). » 3lays outre cela, ne sçaves vous pas que le man fut mis sur l'autel, au tabernacle ? ad Heb. g, ou il faict deux tabernacles : Heb. p. [j^. 2-4; ..,,.,, ^ ., Exod., XXV, 30.1 l'un, de mensa proposttionis {<") , 1 autre ou estoit V Arche et le man. Or, monstres moy quand ce pain a esté sur la croix sil n'est que figure. La 3. sera pour ceste fois celle de laquelle Levit. 8; Lcvit.8.[yy.i^-ï-].] ou il est dict que Dieu ordonna deux sortes de sacrifices : l'un, veau, se bruloit hors la ville, hors les tentes, et Heb.uit.[x.ti,i2.] cestuy ci est accompli en la Passion ; l'autre, aigneau, se mangeoit en la ville. Ou est il accompli sinon en l'Eucharistie? Il se mangeoit avec le pain sans levain'^\ ' Levit., vm, 26,31. Il faut conclure par la similitude de l'hiver et de l'sesté, celle du printens et de l'autumne, celle du petit enfant et de l'homme grand. Mays si les figures avo3^ent si magnifiquement parlé de ce Sacrement, 03'es un peu les Profetes. Psal. 21 : Psal. 21. [yy. ^0,1.] Mandiicaverunt et adoraverunt omnes pingues ter- rœ; Deiis, Dcus meus, respice in mei'^). Saint Remy, St Rony. il y a plus de 700 ans(0, l'a interprété : « Id quod man- ducabunt adorabunt (e). »  (a) Qu'est ceci? qu'es f ceci? (b) '< Il ne me reste autre chose que d'éclater en transports d'admiration pour ce mystère. » {c) La table de proposition. (d) Tous les riches de la terre ont mangé et ont adorJ. O Dieu, mon Dieu, regardez-moi. (e) « Ils adoreront ce qu'ils mangeront. «  ( I ) On peut avec raison considérer le 7. qui se lit dans l'Autographe (voir le fac-similé placé en tète de ce volume), comme une abréviation de 700. Sept siècles, en effet, séparaient saint François de Sales du Bénédictin Serm. I 18  274  Sermons autographes  Psai.yi.[j.i(,.] Psal. 71 : Ei'it firmamentum in terris in summis inontium, super extolletiir super Libanum fructus ejus. Rabbi Salomon de Chuscaoth. Rabbi Jonathan, e Burgensi, vertit : Erit placenta tritici in capitihus •Vide supra, p. 184. sacerdotum *. Prover.9.[y^.i,i.] Proverb. 9 : Sapientia œdificavit sihi do muni ; 9P'j-^-r^^' '^- ^; immolavit victimas suas, miscuit vinum et tosuit [/ioffî^Ep. Lxni, ad ^ Caecii.] mensam Sîiami^i. Cyp. 1. 2. epistola 3.  Rahhi Sal. Citsca Oth. Rabbi Jonat.  (a) Il y aura de la force sur la terre, sur les sommets des montagnes ; son fruit s''élèvera au-dessus du Liban... Le rabbin Jonathan, d'après Paul de Burgos, traduit : Il y aura un pain de froment sur les têtes des prêtres... La sagesse s'est bâti une maison ; elle a immole ses victimes, mêlé son vin et dressé sa table.  Renii d'Auxerre, qui, dans son Enarrationcs in Psalmos, donne sur les derniers versets du Psaume xxi l'interprétation indiquée ici. A la fin du xvi"= siècle, les ouvrages de ce moine, mort en odeur de sainteté, étaient souvent encore attribués à saint Rémi, Archevêque de Reims.  XXXIII NOTES POUR UN SERMON SUR LES RELIQUES DES SAINTS 1595 (I) (Inédites) Les saintes reliques des Martirs, que Nostre Seigneur a voulu estre recommandables et honnorables par beau- coup de tesmoignages. 1°*, Nostre Seigneur a tesmoigné en l'Escriture Sainte combien il veut que les reliques soyent honnorables : Ex. 13 * : Ossa Joseph transferuntur per Moysen (a), * Vers. 19. comm'il avoit prié luy mesme, mourant : Asportate ossa mea vobiscum de loco isto (t'y ; Gènes, ult. * Et Jacob * Vers. i\. encores ne voulut que son cors demeurast en Egipte (la mesme *) ; dont Joseph le porta ensevelir avec honneur. *Vers. 5; xlvh, 2g, Et les os de Joseph, transférés par Moise, furent ense- ^°" velis par les enfans d'Israël en Sichem ; Josue, ult. * • Vers. 32. Item, Moise monté sur le inoiit Nebo au coupeau de Phasga, ayant veu la terre, mourut par le com- mandement de Dieu, lequel mesme daigna le sevelir, dict l'Escriture, Deut. ult.*; que saint Hierosme pro- 'Vers. 1-6. duict contre Vigilance ad Riparium *. * Epist. ax, § i. Item, 4 Reg. 13*, les larrons de Moab courans, 'Vers. 20, 21. des gens qui portoyent un mort les virent et lej'etterent au sépulcre d'Helisëe ; ayant touché il resuscita. Cap. 23*, Josias renversant les idoles et les sépulcres, * Vers. 16-18.  ( a ) Les os de Joseph sont transférés par Moïse, (b) Emporte^ avec vous mes os de ce lieu-ci, (i) On voit par récriture que ces notes doivent appartenir à l'année 15951  276 Sermons autograi-hes en Bethel, voyant un sépulcre, il demanda que c'estoit ; auquel estant respondu que c'esto3'^t un sepulchre d'un prophète, il dict : Nemo commoveat. Et intacta man- seriint, cum ossibus alterins prophetœ qui venerat a Samaria t^). Sil eut eu quelque reformateur on les eut levé et bruslé. * Vers. 10. Is., 1 1* : In etim génies sperabunt, et erit sepnlcnun •Vers. 12. ejus gloriosum (^1. Aux Rom. 15 *, est cité une partie de ce passage, comme appartenant a Nostre Seigneur. Il ne tient pas aux reformeurs que ceste prophétie ne soit rendue menteuse. Saint Hierosme, epistola ad Mar- cellam ut commigret Bethléem (c), au nom de Paula et * Epist. xLvi, § 3. Eustochium *, interprète ce passage pour ce tems mesme. * Vers. II. Mat. 3*: Non snm digniis portare calceamenta ejusl'^). * Vers. 15. Act. 5 * : La ^qmV ombre de saint Pierre guerisoit, * Vers. 12. car on y venoit pour estre guéris. Act. 19* : Les mouchoirs et ceintures de saint Pol. •Actiovii. Au Concile de Nicëe 2 *, il y a 800; au Concile Gan- grense, il y en [a] plus de 1200, canone ult., qui com- mence : « Si quis, superbise usus afFectu > . » Au Concile de Cartage, il y en a iioo, can. penult. Au grand * Décréta, c. Lxii. Concile de Latran * sous Innocent, il y a environ 350 ; ou on prouvoit aux abus qui pourroyent survenir. Le grand saint Antho3'ne port'a Pasques et Pente- coste la roubbe de feuilles de palmes de saint Pol * § 16. premier hermite ; saint Hierosme, in Vita Failli *. * §92; ex versione Saint Athanase, in Vita Anthonii '^, idem de pallio Evagrii. „ . . , .. . . * , • . • Sancti Anthonn, cujus « legatanus ; Anthonmm in An- thonii muneribus amplexatus f). » Saint Hierosme ad  (a) Qiie personne ne les remue. Et ils demeurèrent intacts, avec les os d'un autre prophcte qui était venu de Samarie. (b) Les nations espéreront en lui, et son sépulcre sera glorieux. (c) Epître à Marcella pour l'inviter à venir demeurer à Bethléem. (d) Je ne suis pas digne de porter sa chaussure. (e) « Si quelqu'un, suivant un mouvement d'orgueil. » (f ) En fait autant du manteau de saint Antoine, dont « il était légataire ; ayant embrassé Antoine dans les dons d'Antoine. »  XXXIII. Sur les Reliques des Saints 277 Marcellam ut commigret Bethléem*, l'invite d'aller en *Ep.quasuprn,?;i2. Samarie parce quil dict y astre les cendres de saint Jan Baptiste, d'Helisëe et d'Abdias. Miracles. Basil., oratione in Sanctam Julittam*'. "l-^- Greg"., in Cyt>-*' •' « Omnia potest pulvis Cvpriani cum • s. Greg. N;izian., ^ -^^ . r--, • ^ 4. Orat. XXIV, § 18. fide, ut sciunt qui experti sunt. » Chrisost., 1. contra Gentiles*, de reliquiis Sancti Babilae martiris. Ambros., * § n seqq. sermone de Sanctis Gervasio et Protasio'^, de casco *HoJie^^.x\n(^d Sororem), § 17. Severo (^l. Miracles en la conservation. Le cors de saint Hilarion, ex Hieronimo *, après dix mois, « illsesa cucuUa, tunica *in Vitaejus,§§.)6, et palliolo, et toto corpore quasi adhuc viveret integro, tantisque fragrante odoribus, ut delibutum unguentis putaretur. » « In utrisque locis quotidie magna signa fiunt, sed magis in hortulo Cypri » qu'en Palestine i^), ou on l'avoit transporté de Cypre. Sancto Gervasio et Protasio; Aug., 1. 9 Conf., c. 7. Tousjours mauva)'s Chrestiens : Eunomius ; postea Vigilantius (Hieron., in Vigilantium) ; Constantinus Copronimus (Suidas, in ejus Vita) ; Wiclef. L'an mil cinq cens 62 , corpora Sanctorum Irentei , Martini , Hilarii, cremata. Ethnici ante annos 1400 : in Rodanum Martirum corpora projecta sunt a Gentilibus (c) ; Euseb., *Ho:iiec.\ ad fi- 5. Hist., c. 3 *. ne"!-  (a) Miracles. Saint Basile, oraison sur sainte Julitte. Saint Grégoire [de Nazianze] sur saint Cyprien : « Les cendres de Cyprien peuvent tout avec la foi, comme le savent ceux qui l'ont expérimenté. » Saint Chrysostôme, au livre contre les Gentils, où il parle des reliques de saint Babylas, martyr. Saint Ambroise, sermon sur les saints Gcrvais et Protais, où il traite de l'aveugle Sévère. (b) [Fut trouvé] « avec sa coule, sa tunique et son manteau intacts, et tout le corps aussi entier que s'il vivait encore, répandant des odeurs si délicieuses qu'on aurait pu penser qu'il avait été oint de parfums. » « Aux deux endroits, de grands miracles se font chaque jour, mais il s'en fait davantage dans le jardin de Chypre » qu'en Palestine. (c) Eunome ; ensuite Vigilance (S. Jérôme, contre Vigilance) ; Constantin  278 Sermons autographes • Vide p. 277, ad Ambrosius, supra *, sermone de Sanctis Gervas. et margine . Protas., epistola ad Sororem, ait Arrianos negare au- • Vers. 29. SOS miracula quae coram toto populo fiebantl^). Mat. 23* : Vœ vobis, Scribœ et Pharisœi hîpocritœ, qui œdifi- catis sepulcra Prophetarum et ornatis monutnenta justorum^^)\ ilz le disoyent par hipochrisie. Ruffin, 1. i. c. 35, en la translation de saint Babilas. Miitaverunt gloriam incorruptihilis Dei in similitudinem itna- ginis corruptibilis hominis ; et servierunt creaturœ *i?o.j.[jt^jî^. 23,25.] potius quam C?'eatori ^ (^). *Hodie c.xvm. Euseb. , 1. 7. C. 24*, in civitate Phœnicse. Hist. tripart., 1. 6. c. 41, de statua ab Hemorroissa erecta, et a Juliano dejecta('i).  Copronyme (Suidas, dans sa Vie); Wiclef. L'an 1562, les corps des saints Irénée, Martin, Hilaire, brûlés. Les payens, il y a 1400 ans : les corps des Martj'^rs sont jetés dans le Rhône par les Gentils. (a) Saint Ambroise... dans l'épître à sa Sœur, dit que les Ariens avaient osé nier les miracles qui se faisaient devant tout le peuple. (b) Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui bâtisse:^ les tom- beaux des Prophètes et orne^ les monuments des justes. (c) Ils ont transféré la gloire due au Dieu incorruptible à la représentation de l'image de l'homme corruptible ; et ils ont servi la créature plutôt que le Créateur. ( d) Dans une ville de Phénicie... de la statue élevée par rhémoroïsse, et renversée par Julien.  XXXIV NOTES POUR DES SERMONS SL'R DIVERS SUJETS 1595 (I) I. — SUR LE JUGEMENT DERNIER 31at. 24 * : Tune parehit signtim Filii hominis * Vers. 30. in cœlo, et tune plangent omnes tribus terrœ ; et videbunt Filitim hominis venientem ctim virtiite magna et potestate. Tonitru prius quam fulmen. Gènes. 6 *, Noë praedicavit pœnitentiam et irridebant * Vers. uit. eum, comedentes et bibentes (Matt. 24*), ainsy que *Vers. 38, 39. siefnifie saint Pierre en 2 can. * *Epist. canonka i, ° C. III, 20, il, C. II, 5. Gènes. 45* : Ego sum Joseph ; neque respondere * Vers. 3.  Alors le signe du Fils de Vhomme apparaîtra, dans le ciel, et alors toutes les tribus de la terre pleureront ; et ils verront le Fils de T homme venant avec une grande puissance et une grande majesté. Le tonnerre précède la foudre. Noé prêcha la pénitence, et ils se moquaient de lui, mangeant et buvant... Je suis Joseph; et ils ne pouvaient lui repondre, étant frappés d'une grande  ( I ) Les notes autographes de ces trois sermons sont réunies sur un même feuillet, et, d'après l'écriture, doivent remonter à l'année 1595. Il est assez probable que le Jugement dernier aura été prêché à la fin de novembre ou au commencement de décembre, l'un des Dimanches où se lit l'Evangile qui en traite. Cette pièce a été publiée par Migne, tome VI, col. 371, mais de manière à devenir absolument méconnaissable, l'éditeur s'étant permis de noyer dans un texte qui est entièrement de sa composition, les notes si brèves laissées par notre Saint. Celles qui concernent la Sainte Vierge et la Primauté de saint Pierre n'ont jamais été éditées. Il est difficile de préciser le jour auquel ces deux derniers sermons ont été prêches ; car de tels sujets devaient revenir souvent dans les prédications du Chablais.  28o Sermons autographes •Vers. 7. poterant, nimio terrore perterriti. Apoc. i*: Ecce venit in nubibiis, et videbit eum omnis ociiliis^ et qui etim piipugerunt. Et plangent se super eiun * Vers. \\. omnes tribus terrœ. Es. 42 * : Tacui semper, silui, •Vers. 26. paiiens fui ; sicut parturiens loquar. Lucae, 21* : Arescent homines prœ timoré. * Vers. 2, 6, 9. Ezec. 7* : Finis venit, venit finis ; evigilavit ad- versum te; ecce venit ; vias tuas ponam super te et scies quia ego Dominiis percutiens. Dies illa, dies •Vers. I s. irœ, dies tribulationis et angustiœ ; Soph. i *. Is. • Vers. 9. 13 * : Ecce dies Domini veniet, crudelis, et indigna- * Vers. I, 2; juxta tione plcniis. Mal. 3 * : Ecce venit; et quis sustinebit Hebr. et Septung. j j. ■ -^ -kx ^ *^-v t j. • • Vers. 56. aaventum ejusf Mat. 12* : Omne verbuni otio- • Juxta divisionem sum, etc. Psal. lo* : Inquinatcu sunt viœ illius ; au- antiquam; vers. 5. /- , .-,... ^ • jeruntur juaicia tua a facie ejus. Je ne crois pas que jamais plus chaud'alarme fut donnée que celle que les Prophètes donnent aux hommes •Vide loca supra, pour le jour du jugement, ce pendant que l'un crie*, Is. 13 : Ecce dies Domini veniet, crudelis et indi- qnatione plenus. Ezec. 7 : Finis venit, venit finis ; evigilavit adversum te ; vias tuas ponam super te, et scies quia ego Dominus percutiens. Soph. i : Dies illa, dies irœ, tribulationis et miseriœ. 31al. 3 : Ecce venit ; et quis sustinebit adventum ejus ?  frayeur. Le voici qu'il vient sur les nuées, et tout œil le verra, et même ceux qui Tant percé. Et toutes les tribus de la terre pleureront sur lui. Je me suis toujours tu, j'ai gardé le silence, j'ai été patient ; je parlerai comme la femme qui enfante. Les hommes sécheront de frayeur. La fin vient, elle vient la fin ; elle s''est avancée contre toi ; voici qu'elle vient; je te châtierai selon Piniquité de tes voies, et tu sauras que je suis le Seigneur qui frappe. Ce jour, jour de colère , jour de trihulation et d'angoisse. Voici que le jour du Seigneur viendra, cruel et plein d'indignation. Voici qu'il vient, et qui soutiendra son avènement ? Toute parole oiseuse, etc. Ses voies sont souillées ; vos jugements sont étés de devant sa face.  XXXIV. Sur divers sujets 281  II. — SUR LA TRES SAINTE VIERGE Nunc ei'go, filii, audite me : Beati qui vigilant ad fores meas*; Sapientia, de xMaria, quae est porta *Prov., vu., 52,34. clausa*. Nos fratres uterini sumus Christi, veri Benja- * Ezech., xuv, 2. mini, qui prias Benoni *. *Gen.,xxxv, 18. Deut. 5* : Mémento qitod servieris in Egipto, et *Vers. i^ eduxerit te Dominus in manu forti et brachio extento (-'').  III. — SUR LA PRIMAUTE DE SAINT PIERRE Mat. 16 *, Nostre Seigneur declaire sa future Passion ; * Vers. 21-23. saint Pierre respond : Absit, Domine, non erit tihi hoc (b). Nostre Seigneur dict a Pierre : Vade post me, Satana; non sapis ea quœ Dei sunti'^). Et puys saint Pierre couppe l'oreille * et renie son Maistre **. Au ^j"^?" 'ô^^-'' ^^ premier, il y a une indiscrète affection, provenante de ce quil avoit confessé, et en ce mesme quil couppe l'oreille; au reniment un très grand péché, mays non infidélité. Leur argument prouve que saint Pierre n'estoit pas Apostre. Ce n'est l'exhibition*, Mat. 16. Saint *C{,LesConfrover- T^ - -, • T^ TT -i-L ± -b s«, Partie II, c. VI, Dorothée, doctrina 2, De Humilitate* : au commence- art. v. ment un seul, Zozimas, puys Macharius, puys Basile et Grégoire Nazianzene, puys Pierre et Pol, puys la seule Trinité, puys le Père (0.  IV.  (a) Maintenant donc, mes fils, écoHte;-mot : Bienheureux ceux <^i £: .^ j J. •Lucae, V, II. RcUctis omnîbus secuti sunt eum*i^). Antoyne, saint François.  (a) Comment prêcheront-ils, s'ils ite sont pas envoyés? Nous faisons les fonctions d'ambassadeurs pour le Christ, comme si Dieu exhortait par notre bouche. Pour vos pères. Nul n'assume de lui-même cet honneur, sinon celui qui est appelé de Dieu comme Aaron. (b) « Qui êtes-vous, et d'où êtes-vous venus? »... Si Je Ji'avais pas fait des œuvres que nul autre, etc. Ils quittèrent tout et le suivirent.  XXXVI NOTES POUR UN SERMON SUR LA PRÉSENCE RÉELLE DE NOTRE-SEIGNEUR DANS L'EUCHARISTIE 13 avril 1596 (i) ( Inédites ) Calix benedictionis cui benedicimus, nonne com- municatio sanguinis Christi est ? et panis quem frangimus, nonne participatio corporis Christi est ? I. Cor. 10*. Non dicit nos fide participare, cum panis * Vers. 16. nihil sit ex se, sed dicit panem id esse. Huic quaestioni ex adverso respondent Ubiquiditae et Calvinitae ; unus enim esnrit, aliiis aiitem ebriiis est *. * l Cor., xi, 21. Ecclesia autem, ut Christus, per médium illoriirn ibat*. Illius ratio una est, quia Christus ita dixit. *Luc3e, iv, 30. Ubiquiditae similes sunt rebelli populo Israël , qui dicebat : Anima nostra arida est, nihil aliud respi- ciiint oculi nos tri nisi man;'^n. 11*. Ita isti nihil * Vers. 6. aliud sibi videre videntur nisi Christum Ebrii sunt, atque adeo omnia sibi videntur in magno numéro. Calvinitae. Michol, i, Reg. 19*, erat illudens omnibus : *Vers. 17.  Le calice de hJnédiclion que nous bénissons, ff est-il pas la cotnmunication du sang du Christ? et le pain que nous rompons, n'est-il pas la participation au corps du Christ ? Saint Paul ne parle pas de participation par la foi, car en soi le pain n'est rien, mais il dit que le pain est la participation, A cette question les Ubiquitaires et les Calvinistes répondent d'une manière opposée; car l'un a faim, et Vautre est ivre. Mais, comme Jésus-Christ, l'Eglise passe au milieu d'eux. Elle donne une seule raison : Jésus-Christ l'a dit. Les Ubiquitaires ressemblent au peuple d'Israël révolté qui disait : Notre âme est languissante, nos yeux ne voient plus que la manne. De même, les Ubiquitaires semblent ne plus voir autre chose que le Christ. Ils sont ivres, aussi leurs yeux multiplient-ils tous les objets. Les Calvinistes. Michol se ( I ) On voit par les mots : « Sic crastina die egredietur sepulchrum » que ce sermon a été prêché le Samedi-Saint.  288 Sermons autographes Oiiare, inquit Saul, illusisti mihi ? Similes arboribus quœ vicinae sunt Mari Mortuo, quas poma proferunt quse ubi tangas pereunt. At Catholici omnino Christum prsesentem ; non ubique, ut homo, sed in Sacramento hic, et in Caelo, et sicubi esse velit. Et in Sacramento quidem re vera, sed modo spiritali. Sic crastina die egredietur sepulchrum re vera, sed invisibiliter ; ut e contra Angélus erit ïji albis et • Marc, uit., 5 ; visibiliter *. Mira mutatio : spiritus videbitur, corpus joan., XX, 12. ^^^ videbitur. Sic die lunse, videbitis Christum peregri- ♦Lucc-E, uit., 13-31. num, per totum iter non cognitum *. Ergo caro est in Eucharistia ; sed non sola, sed cum *Jo:in., VI, ^8,^1,64. sanguine, cum anima viva et vivifica *, et cum Divini- *Ant. ad Magnificat tate. O qualc « convivium, in quo Christus sumitur *. » ChnttF. " ^ °^^' Dixit Deus Evse et Adamo : Non comedas"^", diabolus •Gen., Il, 17. dicit : Comede. Hic, Deus dicit : Comede * ; dicit diabo- * Matt., XXVI, 26. ' ' lus : Ne comedas. Commendatur porro hoc Sacramento fides, spes, cha- ritas ; et omnia Sacramenta. 'Joan., VI, 64. Caro non prodest quicqnam-^^, non sane ; ita nec ferrum adurit, sed candens adurit.  moquait de tout : Pourquoi, lui dit Saiil, te moques-tu de moi? Semblables à ces arbres qui avoisinent la mer Morte, dont les fruits tombent en poussière au simple toucher. Pour les Catholiques, le Christ comme homme est réellement présent, non pas partout, mais dans son Sacrement, dans le Ciel et où il lui plaît. Et d'abord, il est réellement présent dans TEucharistie, mais d'une manière spiri- tuelle. Ainsi, il sortira demain du sépulcre, réellement, mais d'une manière invisible ; comme l'Ange, au contraire, sera vêtu de blanc visiblement. Mer- veilleux échange! On verra un esprit, on ne pourra voir un corps. De même, lundi, vous verrez le Christ pèlerin, faire tout un voyage sans être connu. Le corps de Jésus-Christ est donc dans l'Eucharistie, et non seulement son corps, mais encore son sang, son âme vivante et vivifiante et sa divinité. Oh quel « festin, dans lequel on reçoit Jésus-Christ ! » Dieu dit à Eve et à Adam : Tu ne mangeras pas; le démon dit : Mange. Ici, Dieu dit : Mange ; le démon dit : Garde-toi de manger. De plus, la foi, l'espérance, la charité et tous les Sacrements sont glorifiés par l'Eucharistie. La chair ne sert de rien, c'est vrai ; le fer non plus ne brûle pas, néanmoins quand il est incandescent, il brûle.  XXXVII SERMON POUR LA FÊTE DU SAINT-SACREMENT 13 juin 1596 (0 ( Inédit 3°. Expeto sententiam clare proponi ; mos enim diaboli est uti ambagibus. Belle Rupertus, 1. 3. De Trinii.^, c. 7 'AW^rDeTrin.et - _- . , 1 . -i Oper. ejus, Com- et 8 : « Densor est serpens et dubia respondet, ut cum ment, in Gènes. Dei Veritas impleta fuerit nihilominus ipse veracem se esse confirmet. » Nequaquam moriemini *, vel ad 'Gen., m, 4. subitam mortem, vel ad necessariam refertur. Aperien- tur oculi vestri*, vel ad rerum omnium cognitionem, Mbid.,^. 5. vel ad dedecus et pudorem. Eritis sicut dii, scilicet, vel boni vel mali. Scientes bonum et malum, scilicet, aut per notitiam aut per experientiam. Qjii autem  3. Je réclame [de nos adversaires] un exposé net de leur opinion; c'est la coutume du démon de se servir d'ambages. Rupert dit très bien (liv. III de la Trinité, chap. vu et vin) : « Le serpent est moqueur : ses réponses sont vagues, ce qui lui permet de soutenir qu'il a dit vrai alors même que la parole de Dieu s'est accomplie. » Vous ne mourre{ point, peut se rapporter ou à la mort subite ou à la mort inévitable. Vos yeux, seront ouverts, c'est-à- dire : vous connaîtrez toutes choses, ou simplement votre honte et la pudeur. Vous sere^ comme des dieux, ou bons ou mauvais. Sachant le bien et le mal, par science infuse ou par expérience. Or, Dieu hait celui qui parle d'une manière ( I ) L'Autographe de ce sermon et des deux suivants forme un cahier qui, dans son entier, se composait probablement de six feuillets, dont le premier et le dernier ont malheureusement été distraits; c'est ce qui explique que nous ne puissions donner la fin du troisième sermon ni le commencement du premier. Mais quoique nous n'ayons pas le titre de celui-ci, sa teneur prouve qu'il a été prêché le jour de la fête du Saint-Sacrement. Serm. I  290  Sermons autographes  • Eccii., XXXVII, 23. sophistice loquitur, odibilis est Deo *. Addit Ruper- »DeTrin.{utsup.), tus * notabile dictum : « Voluit daemon similis esse Deo, » id ei non successit ; « nunc vult Deum sibi similem fieri, id est, mendacem. » Sic haeretici volunt tantum nosse quantum Deus : id non succedit ; volunt Deum non plura posse quam norint. Porro adversarii sophistice omnino et semper loquun- tur de hoc misterio. Est praesens per fidem, per figu- ram, etc. : et cum urgeas praesentem esse, illorum opinione non prœsentem esse comperies. Nos candide corpus Dominicum ipsissimum quod fuit in ara Crucis, in hoc Sacramento esse profitemur. De modo nunc non ago. Hoc ergo ego probo : 1°. disertis Scripturse verbis : • Lucae, XXII, 19; Hoc cst coTpus meiun quod pro vohis traditur*. I Cor., XI, 24: iuxta ^-, •. -i /^ • j j. -u Grsec. CaTo mca vere est cibus. Qui manducat me, ipse • joan., VI, 56, 58. vtvet propter*. Quibus omnibus affirmationibus sensum aljum affingere nemo débet, nisi contrariis Scripturse locis urgeatur. At nullibi negari invenient. Nam illud Caro •ibid., ^. 64. non prodest quicquam* nihil urget, ut neque haec, • I Cor., XV, 50. Caro et sanguis regnum Dei non possidebunt *. Haec autem , Spii'itus est qui vivificat , verba quœ ego  sophistique. Rupert ajoute ces remarquables paroles : « Le démon a voulu être semblable à Dieu, » il n'y a pas réussi; « maintenant, il veut rendre Dieu semblable à lui, c'est-à-dire menteur. » Ainsi les hérétiques veulent en savoir autant que Dieu : ' ils n'y réussissent pas, et ils prétendent que la puissance divine ne saurait dépasser leur intelligence. Or, c'est toujours par de purs sophismes que nos adversaires traitent de ce mystère. Il est présent par la foi, en figure, etc. : et pendant que vous insistez sur sa présence, vous vous apercevez qu'ils nient positivement cette présence. Quant à nous, voici notre foi sans détour : l'Eucharistie contient le corps du Seigneur, le même absolument qui reposa sur l'autel de la Croix. De quelle manière il y réside, je n'en dis rien maintenant. Je prouve donc ainsi cette vérité : i. par les paroles expresses de l'Ecriture : Ceci est mon corps qui est livré pour vous. Ma chair est vraiment nourriture. Celui qui me mange vit lui-même par [mot]. Nul ne peut s'écarter du sens propre de toutes ces affirmations, à moins que l'Ecriture ne l'y force par des textes contraires. Mais on n'en trouvera aucun qui infirme ceux-ci. Ce passage : La chair ne sert de rien, ne prouve rien, pas plus que cet autre : Ni la chair, ni le sang ne posséderont le royaume de Dieu. Quant à ces mots : C'est l'esprit qui vivifie, les paroles que Je dis, etc., ils ne répugnent pas au  XXXVII. Pour la fête du Saint-Sacrement 291 loquor*, etc., non répugnant; nam non sunt contradicto- • Joan., vi, 64. ria nec contraria. Et si contraria essent, non sequeretur unam propositionem aliam destruere ; nam intelligi posset utraque realiter secundum diversas partes. Sed spiritus, spirituale , vita , vitale , Sacramentum , sacramentale realitati corporum non répugnant, imo cohœrent : ex quo vita erat lux hominum, et spiritus, qui est Deus Verhum, caro factiun est*. Mirum ergo homines qui •lbid.,1,4,14, 17,54. Scripturas semper urgent, errare, nescientes Scripturas neque virtutem Dei *. • Matt., xxn, 29. Coniirmatur hic sensus noster [i°], quia a quatuor Evan- gelistis ita explicatur, nihil addito quo aliter intelligere compellamur ; et tamen id soient : Solvite templicm hoc ; hoc autem dicebat de templo corporis sui ; Jo. 2*. Si exaltatus fuero a terra; significans qua • Vers. 19, 21. morte esset moriturus ; Jo. 12*. Mat. 16** : Cavete !,X^"- 5^' ^l* ' •' "Vers. II ; Lucaî, a fermento Pharisœorum, quod est hipochrisis. Jo. xn, r. 15 * : Ego stim vitis vera; si eut palmes, etc. Col. i ** : "Vers! 34.''' Adimpleo qiiœ desunt passionum Christi pro cor- pore ejus, quod est Ecclesia : quod est Ecclesia déterminât hic ; non aliter déterminât quam quod pro VohiS datUr *. • Lucae, XXII, 19.  sens des textes cités, car ils ne leur sont ni contradictoires ni contraires. Leur fussent-ils même contraires, il ne s'en suivrait pas qu'une proposition détruisît l'autre, car chacune d'elles pourrait être comprise littéralement, à des points de vue divers. Ainsi les mots : esprit, spirituel, vie, vital, Sacrement, sacramentel, ne nient point la réalité des corps, ils la supposent au contraire. Ainsi : La vie était la lumière des hommes, et cet esprit, qui est Dieu le Verbe, s est fait chair. Il est étrange de voir des hommes qui en appellent constamment aux Ecritures se tromper parce qu'ils ne connaissent ni les Ecritures ni la puissance de Dieu. Notre interprétation est confirmée : [i.] par le fait que les quatre Evangélistes exposent ce dogme de la même manière, sans rien ajouter qui nous oblige à le comprendre autrement, ce qu'ils ne manquent pas de faire lorsqu'il y a lieu : Détruise^ ce temple; mais il disait cela du temple de son corps. Si je suis élevé de terre ; pour marquer de quelle mort il devait mourir. Gardez-vous du levain des Pharisiens, qui est l'hypocrisie. Je suis la vraie vigne ; comme le sarment, etc. J'accomplis ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est l'Eglise ; qui est l'Eglise est une incidente déterminative employée dans un sens identique à : qui est donné pour vous.  292  Sermons autographes  Confirmatur 2", quia ter Christus hac de re locutus legitur : promittendo disertis verbis (sed ea verba expen- demus die Dominico) ; dando in ultima Caena ; cathe- chizando Paulum : Novissime autem et mihi tanquam ■ I Cor., XV, 8. abortivo *; non tamen id temporis eum Dominus docuit, II Cor., XII, 2, 4. sed cum raptus est usque ad tertîum ccelum *. Unde et emphatica est illa propositio Pauli : Ego enim accepi ■ I Cor., XI, 23. a Domino *. Confirmatur 3°, quia ita semper credidit Ecclesia, quod ■ Can. xviii. ex Concilio Niceno patet *, ex commotione Ecclesiae contra Berengar., et ex confessione adversariorum. Confirmatur 4°, quia magnificat potentiam, sapientiam et bonitatem Christi, et nos beatiores efficit. Sed multa melius videbitis ex verbis contextus et ex argumentis ex ipsis depromptis. Solet Christus pedetentim ire. In Virgine prasmittit exemplum sterilis, quo ostendat non esse impossibile Lucae, 1, 36,37. upud Deufti omiie verbum *; ut peccatorum remissio- Matt., IX, 6. nem se facere posse ostendat, solvit morbos corporales*; sic de caeteris. Volebat Eucharistiae fidem praedicare : Joan., VI, 9-13. praemittit miraculum multiplicationis panum * ; postea urget fidem : Amen, amen dico vobis, qui crédit in  2. Par le fait que Jésus-Christ a parlé trois fois de ce Sacrement : quand il l'a promis en termes précis (nous exposerons ces paroles Dimanche); quand il l'a donné à la dernière Cène ; quand il en a instruit Paul : En dernier lieu, il m'a parlé à moi, qui ne suis quitn avorton; ce ne fut pourtant pas alors que le Seigneur l'instruisit, ce fut lors de son ravissement au troisième ciel. De là vient ce ton solennel de Paul : Car J'ai reçu moi-même du Seigneur. 3. Par le fait que l'Eglise l'a toujours cru ainsi, comme le prouvent le Concile de Nicée, le soulèvement de l'Eglise contre Bérenger et l'aveu même des adversaires. 4. Par le fait que cette interprétation exalte la puissance, la sagesse, la bonté de Jésus-Christ, et augmente notre bonheur. Mais les paroles mêmes du texte et les arguments que nous en tirerons vous feront mieux saisir beaucoup de points. Jésus-Christ marche habituellement pas à pas. Pour montrer à la Vierge que rien n'est impossible a Dieu, il lui donne l'exemple de la femme stérile ; pour prouver son pouvoir de remettre les péchés, il guérit les maladies da corps; et ainsi des autres. Il voulait prêcher la foi à l'Eucharistie; il commence par multiplier miraculeusement les pains. Il réveille ensuite la foi : En vérité, en vérité. Je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie  XXXVII. Pour la fête du Saint-Sacrement 293 me habet vitam œternam ; ego sum panis vitce'^. * joan., vi, 47, 48. Rem difficilem propositurus, prius facto, deinde exhor- tatione, fidem eorum sibi conciliare vult. Que facto, optimum sermonem instituit, ex quo haec sumo argu- menta : Primum. Ex comparatione quam facit inter manna et carnem suam : Patres vestri manducaverunt manna in deserto, et mortui sunt ; hic est panis de ccelo descendens , ut si qiiis ex ipso manducaverit , non m.oriatur*. Quis est hic panis ? Ego sum panis vivus, * Vers. 49, 50, 59. qui de cœlo descendi. Si quis*, etc. Sed, quis hic • Vers. 51, 52. panis? Panis quem ego dabo, caro mea est*, etc. Bis «Vers. 52. hanc comparationem repetit. In hac autem comparatione ostendit diversitatem in similitudine. Similitudo, quod utrumque cibus erat. Dissimilitudo : 1°. Quia Hic panis est de cœlo descen- dens* ; non autem Moises dédit vobis panem de cœlo * Vers. 50, 59. verum* : panem cœli dédit eis, sed non de cœlo verum, * Vers. 32. apparenter tantum de cselo ; hic de cœlo verum. 2°. Manna cibus mortuus, non vitalis; unde et morie- bantur ; hic vitalis, vivus. Porro, si manna consideretur ut apparet, multo excel- lentior erit Sacramento Eucharistiae nisi in Eucharistia  éternelle ; je suis le pain de vie. Il va leur proposer une vérité difficile à accepter, il veut se concilier leur foi d'abord par un miracle, ensuite par une exhortation. Cela fait, il aborde cet admirable discours, dont je tirerai les preuves suivantes : Premièrement. De la comparaison qu'il établit entre la manne et sa chair : Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts ; voici le pain qui descend du ciel, afin que si quelqu'un en mange il ne meure point. Quel est ce pain ? Je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel. Si quelqu'un, etc. Mais quel est ce pain? Le pain que je donnerai c'est ma chair, etc. Deux fois il revient à cette comparaison. Or, dans cette comparaison, il part d'une similitude pour montrer la différence. Similitude : la manne et l'Eucharistie sont une nourriture. Différence : i. Ce pain dont je parle descend du ciel. Quant à Moïse, il ne vous a pas donné le vrai pain du ciel : c'était un pain céleste, mais non le vrai pain du ciel ; il semblait venir du ciel, celui-ci seul vient vraiment du ciel. 2. La manne était une nourriture sans vie, elle ne la donnait donc pas ; aussi mouraient-ils; cette nourriture-ci est vivante et donne la vie. Ensuite, à considérer la manne selon les apparences, elle serait bien  294 Sermons autographes sit corpus Domini. In Eucharistia enim duo sunt : forma, et quod sub forma. Forma longe inferior ; substantia nihilo major, nisi sit verum corpus Christi. Nam corpus Christi in figura et fide, et quoad effectum, sumebant antiqui, quantum satis erat ad vitam seternam compa- randam : Omnes eandem escam spiritalem mandu- • I Cor., X, 3, 4. cabant, etc.; bibebant aiitem de conséquente, etc. * 2". Ex alia comparatione : Sicut misit me vtvens Pater, et ego vivo propter Patrem, et qui manducat • joan., VI, ç8. me, et ipse vivet propter*. Ego vivo propter Patrem quia ejus substantiam habeo ; ergo, eodem modo, etc. Comparatio est inter misterium Trinitatis, et Incarna- tionis et Eucharistise. • Vers. 47. 3". Ex jurejurando : Amen, amen dico vobis*. Omnis •Vers. 16. controversiœ finis est juramentum ; Heb. 6 *. Idem Deus qui juravit Abrahae, David, etc. Porro, clara esse debent verba jurantis, et ad mentem ejus qui interrogat, si jus habet interrogandi ; jus autem habebant interro- • Joan., VI, 41. gandi discipuli. Murmurabant Judœi, etc. *; non aliter Tob. 12. [t- 19] : scandalum tollit quam jurejurando. Videbar vobiscum , manducare. 4*. Caro mea vere est cibus, et sanguts meus vere  supérieure au Sacrement de l'Eucharistie, si celui-ci ne contenait pas le corps du Seigneur. L'Eucharistie en effet renferme deux éléments : la forme et ce qu'elle voile. Or la forme est bien inférieure; quant à la substance, elle n'est en rien supérieure si elle n'est pas le vrai corps de Jésus-Christ ; car le corps du Christ en figure, par la foi et dans ses effets, les anciens le rece- vaient autant qu'il était nécessaire pour obtenir la vie éternelle : Tous mangeaient la même nourriture spirituelle, etc. Or, ils buvaient l'eau [de la pierre] qui les suivait, etc. a. D'une autre comparaison : Comme le Père qui m'a envoya vit et que je vis par mon Père, ainsi celui qui me mange vivra lui-même par moi. Je vis par mon Père, parce que j'ai sa substance ; donc, de la même manière, etc. C'est une comparaison entre les mystères de la Trinité, de l'Incarnation et de l'Eucharistie. 3. Du serment : En vérité, en vérité, je vous le dis. Le serment est la conclusion de toute la discussion. C'est le même Dieu qui fit serment à Abraham, à David, etc. Or, les paroles que l'on confirme par un serment doivent être claires et conformes au sens qu'y attachent ceux qui interrogent, s'ils ont le droit d'interroger; et les disciples avaient ce droit. Les Juifs murmuraient, etc.; pour lever tout scandale, Jésus ne fait autre chose que de prononcer un TU I l; • serment. Tob., XII : Je semblan , ■ ^ i manger avec vous. 4. Ma chair est vraiment nourriture et mon sang est vraiment breuvage.  XXXVII. Pour la fête du Saint-Sacrement  295  est potus*. Surrexit Dominus vere^'^. Hic est vere propheta*. Vere hic homo Filius Dei erat**. Vere languores nostros*. Quare risit Sara, dicens : Num vere paritura sum anus ? Gen. 18*. Vere autem non esset cibus, et caetera. Haec omnia argumenta, si jungas simul, quadratam turrim inexpugnabilem efficient. Sed objiciunt : Spiritus, etc. * Huic objectioni ut respondeamus, breviter declarandus modus quo Christus est in Eucharistia et sumitur. Scio me jam alias dixisse*; nunc tamen quae dixi brevius dicam, et alia addam scitu digna. Tripliciter corpus unum esse in aliquo loco potest : [1°.] spiritaliter, ut Is. 29*; Cant. ** : Dilectus meus inter ubera mea commorabitur ; et id per actionem intellectus et memoriam ; nam amor facit extasim et egreditur, fertur; anima magis est ubi amat*, etc.; et hoc modo Christus adest omnibus credentibus, ubicumque credant et quicquid comedant. 2°. Realiter tantum et carnaliter ; ita Jonas in ventre ceti. 3°. Realiter spirita- liter ; sic Christus saepe. Ecclesia semper médium iter tenet in iis misteriis.  * Joan., VI, 56. **LucaB, ult., 34. * Joan., VI, 14. *'Marc., XV, 39. * Is., LUI, 4. * Vers. 13.  * Joan., VI, 64.  * Vide supra, pp. 223-225.  * Vers. 13. **Cap. I, 12. Calvinita; sitam cce- nam habent simi- letn pomis Maris Mortui Asphalti- tis. *S.Bern.,De Praec. et Dispens., c. xx. Videntur volare, ut papilioites ; si com- primas, rémanent vermiculi.  Le Seigneur est vraiment ressuscité. Celui-ci est vraiment prophète. Cet homme était vraiment le Fils de Dieu . Il a vraiment [porté] nos langueurs. Pourquoi Sara a-t-elle ri, disant : Enfanterais-je vraiment malgré ma vieillesse ? Et ce ne serait pas vraiment nourriture, etc. Tous ces arguments réunis formeront une tour carrée inexpugnable. Mais on objecte : L'esprit, etc. Pour répondre à cette objection nous devons, en peu de mots, déclarer de quelle manière le Christ est présent dans l'Eucharistie et se donne à nous. J'en ai parlé ailleurs, je le sais; je résumerai cependant ici ce que j'ai dit, et j'y ajouterai quelques points dignes d'être connus. Un corps peut se trouver en un lieu de trois manières : [i.] spiriluellenient, comme on lit en Isaie, chap. xxix; Cant. : Mon bien-aimé demeurera entre mes mamelles. Cette présence est produite par l'action de l'intellect et de la mémoire ; car l'amour fait l'extase, il sort de soi-même, il est transporté : l'âme est plutôt où elle aime, etc. Et c'est le mode de présence de Jésus- Christ chez tous les croyants, en quelque lieu qu'ils croient, quelle que soit leur nourriture. 2. Par sa présence seulement réelle et corporelle, comme Jonas dans le ventre de la baleine. 3. Par sa présence à la fois réelle et spirituelle, comme le Christ souvent. L'Eglise, dans ces mystères, tient toujours le milieu. Voyez plus haut la  La cène des Calvinistes ressemble aux fruits de la mer Morte As- phaltite. Les Calvinistes sem- blent voler comme des papillons ; si vous les serrez, il ne vous reste que de petits vers.  296  Sermons autographes  • In Symbole.  • Matt., XXII,  • De rébus Eucha- Vide supra ex Sanctesio (0. Sanctesius*, Repetit. 2. Repetit.°seu°^Libri c. lo : SaboUius etiam personaliter unum in Trinitate ; ^s'^^^- Arius, consensione; Ecclesia, média via. In Incarnatione, Verbum in carnem versum quidam existimarunt ; contra quos Athanasius * : « Non confusione substantiae, sed unitate personse. » Alii non nisi similitudine, ut Valen- tiniani. In Resurrectione, Sadducaei intelligebant carna- liter, et irridebant*; Marcionitae nimis spiritaliter, etc. Hinc modus. Veritatem dico in Christo Jesii , non mentior, testimonium mihi perhibente conscientia mea in Spiritu Sancto, quoniam iristitia mihi magna est, et continuus dolor cordi meo. Optabam. enim, etc., pro fratribus meis, qui sunt cognati secundum carnem ; qui sunt Israelitœ, quorum adoptio est filiorum, et gloria, [et] testamentum *.  * Rom., IX, 1-4.  citation de Claude de Saintes. De Saintes, Répétition II, chap. x. : Sabellius soutenait l'unité de personne dans la Trinité ; Arius, qu'il n'y avait d'unité que par l'accord mutuel des trois Personnes. L'Eglise a gardé le milieu. Dans l'Incarnation, quelques-uns prétendaient que le Verbe s'était changé en chair; Athanase les condamna par ces mots : « [Le Christ] est un, non par une confusion de substances, mais par une unité de personne. » D'autres, comme les Valentiniens, soutenaient que le Verbe n'avait pris que l'apparence de notre chair. Quant à la Résurrection, les Sadducéens ne l'entendaient que d'une manière charnelle, et s'en moquaient. Les Marcionites la concevaient d'une façon trop spirituelle. De là, une mesure [est nécessaire]. Je dis la vérité dans le Christ Jésus, je ne mens point, ma conscience me rendant ce témoignage dans V Esprit-Saint, que je ressens une grande tristesse et une continuelle douleur dans mon cœur. Car je désirais, etc., pour mes frères qui sont mes proches selon la chair; qui sont les Israélites, auxquels appar- tiennent V adoption des etifants, et la gloire, \eï\ V alliance.  (i) Ce renvoi, placé à la quatrième page de l'Autographe, se rapporte peut-être à un passage inséré dans le feuillet qui n'a pas été recouvré. Peut- être aussi serait-ce une allusion à la citation de Claude de Saintes qui suit, car cette citation figure au commencement de la page faisant face à celle au bas de laquelle est écrit le renvoi.  XXXVIII SOMMAIRE d'un SERMON POUR LE DIMANCHE DANS l'octave DU SAINT-SACREMENT i6 juin 1596 ( Inédit )  DOM.INICA INFRA OCTAYAM  Exordium sumetur ex Evangelio *. Invitantur ad * Lucas, xiv, 16-24. Caenam Christianam, quia parafa siint omnia, et quia cibus exquisitus. Ego sum unus ex servis quibus invi- tandî onus commissum, etc. Non possumus in Eucharistiae Sacramento quicquam scire, nisi ex verbo Dei. Nulla difficultate absterreri debemus a sententia Domini ; neque ambages quaerendae sunt. Quaestio nostra erat, utrum in Eucharistia sit verum ac naturale corpus Christi, vera et reali prsesentia. Res- pondimus esse ; quia Christus id expresse dicit, nullam- que affirmationi negationem opponere queunt adversarii.  DDIAKCHB DANS L OCTAVE Tirer l'exorde de l'Evangile. On est invité à la Cène chrétienne parce que tout est prêt et que la nourriture est exquise. Je suis un des serviteurs auxquels a été confiée la charge d'inviter, etc. Nous ne pouvons rien apprendre au sujet du Sacrement de l'Eucharistie, si ce n'est de la parole de Dieu. Aucune difficulté ne doit nous faire repousser l'oracle du Seigneur; ne recherchons aucune ambiguité. Notre question était : l'Eucharistie contient-elle le corps vrai, naturel de Jésus-Christ, vraiment et réellement présent r Nous avons répondu : oui, parce que Jésus-Christ l'a dit expressément, et que nos adversaires ne peuvent rien opposer à notre  298 Sermons autographes » Vide p. 292. Porro dixeramus * tripliciter Christum de suo Sacra- mento locutum : promissione, exhibitione, cathechismo. Videamus de promissione. [1°.] Memini Isaac cum esset in Gerare regno Abime- lech, inter Philistaeos. Eo in loco habitaverat Abraham, puteosque fecerat, quibus dum uti vult Isaac, Philistini • Vers. 15. eos opplent terra ; Gen. 26 *. Christus puteos doctrinaB nobis fodit in Scriptura , sed eos terrenis sensibus opplent Philistiim. Usquequo peccatores, Domine, • Ps. xciii, 3. usquequo peccatores gloriabuntur* ? Disertissimis • Vers. 52. verbis Christus promiserat, Jo. 6 *, se in Eucharistia carnem suam dandum. Inimici nostri replent terra ; et quia capere nequeunt, dicunt hic non agi de Eucharistia, sed de manducatione per fidem. Ubinam Christum Quos tribus obiter convinco rationibus. [1°.] Nonne in manducamus ttt -j-, , . . ,• • -, i panem? etc. Eucharistia peculiari quodam modo manducatur corpus Christi, caro Christi? Omnes dicunt. Qua ergo melius de re intelligi possunt verba Jo. 6? Dicant mihi. Si Christus promittere voluisset esum carnis in Eucharistia, quo- modo appellasset, quomodo dixisset ? Non aliter sane, Deinde,dumdefide Bona ergo fide. 2°. Si hic non agitur de manducatione loquitur, non lo- quitur in futuro Sacramentali, maie Christus de fide; nam nec ejus caro  affirmation. De plus, nous avions dit que le Christ avait parlé trois fois de son Sacrement : lorsqu'il le promit, lorsqu'il l'institua, lorsqu'il en instruisit saint Paul. Voyons la promesse. [i.] Je me rappelle Isaac, quand il était à Gérare, dans le royaume d'Abimé- lech, parmi les Philistins. Abraham avait habité ce lieu et y avait creusé des puits. Isaac voulut s'en servir, mais les Philistins les remplirent de terre. Jésus- Christ nous a creusé des puits de doctrine dans l'Ecriture, mais les Philistins les remplissent de leurs interprétations iexTe-k-Xerie. Jiisquà quand, Seigneur, jusqu'à quand les pécheurs se glorifieront-ils? En termes très précis, le Christ avait promis qu'il donnerait sa chair dans l'Eucharistie. Nos ennemis remplis- sent [ce puits] de terre; et parce qu'ils ne peuvent y puiser, ils disent qu'il ne s'agit pas ici de l'Eucharistie, mais de la manducation par la foi. Où donc mangeons- Je les confonds, en passant, par trois preuves, [i.] N'est-ce pas d'une manière du"pahi?*Vtc* '^°'"'"* toute spéciale que, dans l'Eucharistie, nous mangeons le corps du Christ, la chair du Christ ? Tous l'avouent. Comment donc peut-on mieux interpréter les paroles de saint Jean, chap. vi ? Qu'ils me répondent. Si le Christ avait voulu promettre sa chair en nourriture, dans l'Eucharistie, comment l'aurait-il appelée, comment se serait-il exprimé? Pas autrement, à coup sur; soyons j P"'/'. S."'"'^ '' P*""'^ donc de bonne foi. 2. S'il ne s'agit pas ici d'une manducation sacramentelle, de la toi. Il ne parle pas ° ^ au futur, mais lorsqu'il le Christ a mal expliqué la manducation par la foi ; car ceux qui le voyaient  XXXVIII. Pour le Dimanche du Saint-Sacrement 299 nec sanguis illis qui eum videbant erat non cognita. ^'^c, sed dum de r«TAi- I. T- ., . , . , /-..■, r~> •• . manducatione , in [3°.J Alius et alius. Insiliet in te Spiritus Domini, et futuro loquitur -. mutaberis in virum alium ; i. Reg. 10*. Rex Gallo- ï,t°VX^,^t,« rum non ulciscitur iniurias illatas Duci Aurelianensi. Eucharistiam. ■' * Vers. 6. Ergo prima dubitatio ex rei difficultate, alia ex modi perversa cogitatione. Cogitabant carnaliter. Ferrum candens, ferrum motum, non bombix. Anima neque flet, neque net, tamen anima, etc. Spiritus est qui vivificat*, sed non vivificat nisi carne. Mirum ex omni- * Joan., vi, 64. bus interpraetationibus plenam blasphemiis invenerunt. Confirmatur expositio dum dicit : Sed sunt ex vobis qui non credunf^ ; nimirum carnem hanc plenam spiritu. * ibid., ^. 65. 2°. Objiciunt vocari panem, et maxime a Paulo*, etc. *Videsupra,p.226. Respondeo : [1°.] Paulum appellare panem quia ita Chri- stus appellaverat panem. Qua ergo ratione appellaverat panem ? Respondeo panem significare res specie difFe- ^^ "V^'^ nomen ge- nericum est, nam rentes et substantia omnino, itaque nomen est genericum est rosacea, eufra- apud omnes ; et potius significare res convenientes forma "'"''*' ^^'^' et fine, quam materia. Unde : hic vere est panis, quia in pane duo sunt, materia et forma ; materia nihil est necesse esse eadem, ut qui dicit sirop, coUire, potage,  connaissaient très bien et sa chair et son sang. [3.] Le mot autre ne s'emploie parle de la manduca- . . j , . 7-1 I- , -j 7 f- • , , , . ■ tion il emploie le futur: pas toujours dans le même sens. Lhsprtt du Seigneur s emparera de tôt je donnerai; c'est crae, et tu seras changé en un autre homme. Le roi de France ne venge pas les dans le premier cas, il • • r -j. j ji^-v 1 ' T-> 1 ■ j . -1 j n 1 •■ . donnait la foi, il ne injures laites au duc d Orléans. Donc, le premier doute venait de 1 obscurité donnait pas l'Eucha- du mystère, le second, de l'idée fausse qu'ils se formaient de la manière ristie. dont il s'opère. Ils pensaient selon la chair. Fer incandescent, fer agité, non ver à soie. L'âme ne pleure pas, ne file pas, c'est pourtant l'âme, etc. Cest l'esprit qui vivifie, mais il ne vivifie que par la chair. Il est étonnant que de toutes les interprétations, ils n'aient trouvé que celle qui est un tissu de blasphèmes. Jésus confirme son assertion lorsqu'il dit : Mais il y en a parmi vous qui ne croient point, c'est-à-dire qui ne croient pas que cette chair est pleine d'esprit. 2. Nos adversaires objectent que l'Eucharistie est appelée pain, et surtout par saint Paul, etc. Je réponds, i. que Paul emploie ce terme de pain, parce que Jésus-Christ l'avait aussi employé. Mais pourquoi Jésus l'avait-il employé ? Je réponds que le mot pain peut signifier des aliments d'espèces et de Ainsi eau est un terme substances absolument différentes. C'est donc, d'après l'usage universel, un ^neTèaud ""^''j"'" mot générique; il indique des choses qui se ressemblent par leur forme et leur fraise, etc. destination plutôt que par la matière. De là : ceci est vraiment du pain. Dans le pain, en effet, il y a deux éléments : la matière et la forme; il n'est nullement nécessaire que la matière soit toujours la même ; c'est comme  300 Sermons autographes médecine. Hebreis vero nomen générale est, ut : Non *Matt., IV, 4. in solo pane vivit homo, etc.* Sic rm.nndi. pani s dici- * Exod., XVI, 15. tur*. 2°. Res dicitur id quod fuit : Pulvis es, et in terram * Vers. 19. reverteris ; Gen. 3*. Sic aquam vinum factam**' * Joan., II, 9. ' ^ j. j * Gen., II, 23. Hoc nunc os ex ossibus *. Cœci vident **. 3°. Ut vu, 22." ' Angeli vocantur homines saepissime. Itaque omnibus de causis verissime panis est. Cervis sunt similes Christiani, si comedant vetera. " I Cor., V, 7, 8. Expurgate vêtus fermentum; epulemur*. Nam cervi dum comedunt dura abjiciunt cornua, et coacti sunt de se receler.  si on disait : sirop, collyre, potage, médecine. Chez les Hébreux, d'ailleurs, pain est un terme générique; ainsi : Lhomme ne vit pas seulement de pain, etc. De même, la manne est appelée />;!««. 2. Une chose transformée garde souvent son premier nom : Tu es poussière et tu retourneras en terre. Ainsi Feau changée en vin. Voici maintenant l'os de mes os. Les aveugles voient. 3. De même, très souvent, les Anges sont appelés hommes. Donc, pour toutes ces causes, le mot pain est très exact. Les Chrétiens sont semblables aux cerfs, quand leur nourriture n'est pas fraîche. Purifie^ le vieux levain ; mangeons. Car les cerfs qui se nourrissent d'aliments trop durs perdent leurs bois et sont forcés de se receler.  XXXIX FRAGMENT D'UN SERMON POUR LE JOUR DE L'OCTAVE DU SAINT-SACREMENT 20 juin 1596 (Inédit)  IN OCTAYA CORPORIS DOM.1NI  Exordium sumetur ab Abraham qui excipit Deum sub persona Angelorum, dicens in valle Mambre * : Do- •Gen.,xvin, 1-8. mine, si inveni gratiam, etc. ne transeas servum tiium ; sed ajferam pauxilliirn aqiiœ, et laventur pedes vestri, et requiescite sub arbore ; ponamque buccellam panis, et confortetur cor vestrtun, postea transibitis ; idcirco enim declinastis ad servum. vestrum. Qiii dixerunt : Fac ut locutus es. Accéléra; tria sata similœ corninisce , et fac subcineritios panes. Ipse tulit vitulum tenerrimum. et optimum, butirum et lac, etc. Quam mire hoc convivium exprimat Eucharistiae, in qua, viceversa, Dominus hominibus dat, etc. Sed quo- modo nos dicemus ?  OCTAVE DU CORPS DU SEIGNEUR Tirer l'exorde de la réception faite à Dieu en la personne des Anges, par Abraham qui lui dit dans la vallée de Mambré : Seigneur, si fai trouvé grâce, etc. ne poursuis pas ta rouie sans f arrêter auprès de ton serviteur ; j'apporterai un peu d'eau pour laver vos pieds, et vous vous reposerez sous l arbre ; je vous servirai aussi un peu de pain, et vous reprendre:^ vos forces, puis vous poursuivre^ votre route; car c'est pour cela que tous êtes venus vers votre serviteur. Ils lui dirent : Fais ce que tu as dit. Pétris vite trois mesures de fleur de farine, et fais des pains cuits sous la cendre. Lui-même prit un veau tendre et excellent, du beurre et du lait, etc. Cette scène est une admirable figure du banquet Eucharistique. Ici, les rôles sont changés, et c'est le Seigneur qui sert les hommes, etc. Mais comment nous exprimerons-nous?  302  Sermons autographes  •Esther, 1, 4. Assuerus, ut ostenderet divitias gloriœ suas*, sed Christus, ut ostenderet divitias bonitatis. Ciim dilexis- * joan., XIII, r. sct suos, îti fifiem dtlexit eos *. Jam in cruce ostendit amorem suum, duoque fecit ; nam Patri spiritum seque totum obtulit, nobis prœcipue corpus suum seque totum. Recordamini Helise in curru illo igneo : et ascendit ad Deum, et pallium cum duplici spiritu relinquit disci- •IVReg.,ii, 11-15. pulo*. Sed proprius ad rem agnus paschalis Deo immo- latur, et a patrefamilias et aliis comeditur ; sic et in Eucharistia verus Agnus paschalis , verusque Helias idemque crucifixus, Patri sese offert et nobis sese profert. Hinc Sacramentum, illinc Sacrificium. Atque ut ordine procedamus, confirmemus iterum verum esse Christum qui continetur sub speciebus panis et vini. Probavimus ultima concione ex promissis ; cîa- rissime, ni fallor. Nunc ex institutionis verbis, ut nobis proponuntur. Bis Christus docuit institutionis ritum, ut ego observare soleo : primo, instituendo, quod Evange- listae narrant; 2°, instruendo Paulum postquam assumptus * I Cor., XI, 23. est in Cselum : Ego enim accepi a Domino*.  Assuerus voulait montrer les richesses de sa gloire, le Christ, lui, veut montrer celles de sa bonté. Comme il avait aimé les siens, il les aima Jusqu'à la fin. Déjà sur la croix, il a montré son amour par deux actes: à son Père, il offre son esprit et s'offre tout entier ; à nous, il offre surtout son corps et s'offre tout entier. Souvenez-vous d'Elie sur son char de feu : il monte vers Dieu et en même temps abandonne à son disciple, avec son double esprit, son manteau. Mais la figure la plus exacte est l'agneau pascal : immolé à Dieu, il est mangé par le père de famille et les autres convives. De même, dans l'Eucharistie, le véritable Agneau pascal, le vrai Elie, le même Crucifié s'offre à son Père et se donne à nous. Ici, le Sacrement ; là, le Sacrifice. Et pour procéder avec ordre, nous établirons de nouveau que Jésus-Christ est bien réellement présent sous les espèces du pain et du vin. Dans là dernière instruction, nous l'avons prouvé par les paroles de la promesse; et cela très clairement, si je ne me trompe. Nous le prouverons aujourd'hui par les paroles mêmes de l'institution, telles qu'elles nous sont proposées. Je fais habituellement observer que Jésus-Christ a par deux fois enseigné sa doctrine sur ce point : d'abord en instituant le Sacrement, comme le rapportent les Evangélistes ; 2. après son Ascension, en instruisant saint Paul : Car j ai reçu moi-même du Seigneur.  XL NOTES POUR DES SERMONS SUR LA SAINTE EUCHARISTIE 1596(1) (Inédites)  ... Hoc est *. Exempli sfratia : ae-nus est Phase **. •Matt..xxvi,26;etc. * , 4./ *'Exod., XII, II. petra est Chrtstus'^, septem boves sunt septem anm**; • i Cor., x, 4. non autem dicitur : Panis est corpus meum , sed : en., xli, 2 . Hoc est corpus meum. Rich. c. 20. Illa autem propo- sitio : Panis qiiem ego dabo, caro mea esf^, resolvitur * Joan., vi, 52. in hanc : Caro mea est panis ille qiiem ego dabo; id enim exigit verbum est, praesentis temporis, coUatum cum verbo dabo, futuri. Hoc quid significabat ? Xon corpus, nondum enim erat in Sacramento ; ergo panem, ergo panis est corpus Christi. Verba non significant nisi compléta propositione, maxime vaga et indeterminata, et etiam generalia prae- , , -Luca! cise sumpta. Cœci vident* : cœci quid significat ? non vu, 22.  ... Ceci est. Par exemple : l'agneau est le passage ; la pierre est le Christ; les sept bœufs ce sont les sept années ; il n'est pas dit : le pain est mon corps, mais : Ceci est mon corps. Or, cette proposition : Le pain que je donnerai c'est ma chair, peut se retourner en celle-ci : Ma chair est ce pain que je donnerai. le présent est, rapproché du futur /« dotinerai, réclame ce sens. Que signifiait ceci? Non pas le corps, il n'était pas encore dans le Sacrement, il indiquait donc le pain ; donc, le pain est le corps du Christ. Les termes n'ont un sens que lorsque la proposition est achevée, surtout s'ils sont vagues et indéterminés; de même, lorsqu'ils sont généraux, si on leur attribue une signification particulière. Les aveugles voient : que signifie le mot aveugles ? ( I ) Ces notes sont écrites sur deux feuillets qui ne font pas suite l'un à l'autre, ce qui donne à penser qu'elles n'ont pas été développées dans le même sermon. On s'en convaincra plus encore en les lisant attentivement.  304 Sermons autographes caecos, nam non vident ; non videntes, nam non sunt caeci. Ergo expecta finem, et noveris eos qui caeci fue- rant videre. Hoc est corpus ; hoc demonstrat corpus. Atque ut Christus non quievit in dicendo ad verbum (hoc), ita nec nos quiescere debemus in intelligendo ; c. 22. Vulpes Samsonis caudas colligatas capita divisa habe- • Judic, XV, 4. bant *, Sic haeretici iine coeunt, nimirum ut regnum Garnis statuant, dogmatibus sunt divisi ; c. 24. ♦§§ XIII, XX. Ignat., ad Eph. * ; « Festinate fréquenter accedere ad Eucharistiam et gloriam Dei. Frangite panem qui est medicamentum immortalitatis, antidotum non moriendi sed Vivendi per Jesum Christum in Deo. » Cyp., De Cœna (0 : « Panem Angelorum sub Sacra- mento manducamus in terra, eumdem sine Sacramento manifestius edemus in Caelis, non ministerio corporis. » Amb., 1, I. OJf., c. 48 : « Umbra in Lege, imago in Evangelio, veritas in caelestibus. »  Non pas les aveugles, car eux ne voient pas ; non pas ceux qui voient, car ils ne sont pas aveugles. Attendez donc la fin et vous comprendrez que ceux qui étaient aveugles ont recouvré la vue. Ceci est le corps ; ceci indique le corps. De même que Jésus-Christ en parlant, ne s'est pas arrêté au mot ceci, ainsi, pour comprendre, nous ne devons pas nous arrêter à ce mot. Les renards de Samson avaient les queues liées ensemble et les têtes séparées; ainsi les hérétiques convergent tous au même but, l'établissement du règne de la chair, mais ils sont divisés dans leurs dogmes. Saint Ignace, aux Ephésiens : u Approchez-vous souvent avec empressement de l'Eucharistie, cette gloire de Dieu. Rompez ce pain, vrai gage d'immortalité, antidote qui, préservant de la mort, fait vivre par Jésus-Christ en Dieu. » Saint Cyprien, De Li Cène : « Ce même pain des Anges que nous mangeons ici-bas sous les voiles sacramentels, au Ciel, nous nous en nourrirons plus véritablement, sans l'entremise du corps, sans Sacrement. » Saint Ambroise, liv. I des Devoirs, chap. xlviii : « Ombre dans la Loi, vérité voilée dans l'Evangile, vérité sans voile au Ciel. » ( I ) De Cœna Domini el prima Institiitione Consitmm.tntis omnia Sacramenta. Cet opuscule, qu'il ne faut pas confondre avec celui qui porte le titre de Cœna ou Disposifio Cœnœ falso Cypriano ascripta, ne figure plus parmi les Œuvres de saint Cyprien. Bellarmin, tout en admettant qu'on ne doit pas l'attribuer au grand Evêque de Carthage, avoue néanmoins qu'il a pour auteur « quelque Père tout à fait ancien, très docte et très saint, comme les adversaires confessent. >> (Con/rov. de Eiich. Sacr., lib. II, cap. ix.)  XL. Sur i.a sainte Eucharistie 305 Bern., iti Cœna Domiiii'^', ser. i : « Gloriosa et ama- 'A/.DeExceii.ss. j^ Sacr. ; inter op. S. bilis sponsa, in terra Sponsum habes in Sacramento, Bern., sed incerti in Caelis habitura es sine velamento. Et hic et ibi veritas, La^tlToni.cL^™; sed hic palliata, ibi manifesta. » ^°^- 98''-) Chrisost., hom. 83* in Mat. et 60 ad Pop. Anti'o- * A/, lxxxit, § 4. chemim (^l : « Si incorporeus esses, » etc. Cvpr.*: Fidem inde nutriri. Idem** : « Xec carnalis ^nopusc.quosup. sensus ad intellectum tantae profunditatis pénétrât nisi fides accédât. » Ne esset horrori ; Amb., 1. 6. de Sacr., c. i. Mat. ii"^' : Erunt sicut Angeli, etc. « In solemnibus * Vers. 30. Angeli et carnis ; » Tert., De Resiir.'^ *Cap. lxh.  Saiut Bernard, 1'='" sermon pour le Jeudi-Saint : « O glorieuse et aimable épouse, sur la terre vous possédez l'Epoux sous les espèces sacramentelles, au Ciel vous le posséderez sans voile ! La réalité dans les deux cas, mais voilée ici-bas, à découvert aux Cieux. » Saint Chrysostôme, hom. lxxxiii sur saint Matthieu et lx au Peuple d'An- tioche : « Si vous n'aviez pas de corps, » etc. Saint Cyprien : C'est un aliment pour la foi. Idem : » Notre esprit tout charnel ne peut arriver à la connaissance d'un si haut mystère, qu'avec le secours de la foi. » Afin que nous n'ayons pas horreur; saint Ambroise, liv. VI des Sacrements, chap. I. Matt., XXII : Ils seront comme les Anges, etc. « Dans les choses qui sont propres aux Anges, dans celles qui sont propres à la chair ; » TertuUien, De la Résurrection. ( I ) Cette LXXXIII® homélie sur saint Matthieu n'est pas différente de la LX* au Peuple d'Antioche, intitulée : De Sumentibus indigne Divina Sacra- menta. Cette dernière série se composait autrefois de quatre-vingts homélies; mais, à partir du xvii<^ siècle, les éditeurs ayant éliminé les pièces répétées, et en ayant classé d'autres sous différents chefs, les éditions modernes des Œuvres de saint Jean Chrysostôme ne comptent plus que vingt homélies au Peuple d'Antioche.  XLI SERMON POUR LE DIAfANCHE DE LA SEXAGÉSIME 9 février 1 597 (0 Semen est verbum Dei ( a ). [Luc^, VIII, II.] O rare et admirable semence, semence tirée du Ciel, jettëe en terre, montant au Ciel ; semence laquelle d'elle mesme produit le fruict œternel, ma3^s semence délicate, • Lucœ, VIII, 8. laquelle si elle n'est receuë en une bonne terre*, ne fructifie en aucune façon, mays [laisse] d'autant plus • I Cor., XI, 29. abominable le terroir, qu'elle est admirable et praetieuse*. Semen est verbum Dei. Comme le mesme soleil faict voir au printems la beauté des jardins, des champs, des prés, des boscages et riantes campaignes, et descouvre la laideur des esgoustz et cloaques, ainsy la mesme semence qui met en prix la fertilité d'un bon champ, faict coQfnoistre la stérilité de l'autre et le met en mespris. Combien donques est il important que la terre soit bien disposée a recevoir ceste sainte semence. La semence est la parole de Dieu ; le fruict c'est la foy, l'espérance, la charité et le salut ; la terre c'est nostre cœur. O comment est ce que se disposeroit ce cœur, ceste terre, s'il consideroit qui est celuy qui semé, • Luca, vni, 5. exit qui seminaf^. Il verroit que c'est Nostre Seigneur :  \3i) La semence est Li parole de Dieu. ( i ) Ce sermon traitant surtout de controverse a dû être prêché en Chablais; mais comme il suppose un auditoire mixte, on est fondé à croire qu'il a été prononcé alors qu'un nombre assez considérable de conversions avait déjà été opéré, ce qui ne permettrait guère de le placer avant l'année 1597. Il ne peut être ni de l'année 1598 ni de la suivante, car le Saint ne se trouvait pas alors en Ch.iblais le Dimanche de la Sexagésime.  =7-  XLI. Pour le Dimanche de la Sexagésime 307 Exit qui seminat scminare semen siitun f^). S'il consi- deroit a quelle intention, il verroit que c'est affin que friictiim afferamus in patiantia'^ \^). S'il consideroit * Vers. 15. qui est celuy qui reçoit ceste semence, il verroit que c'est un cœur qui n'est que terra, pulvis, cinis^ ^^) \ *Gen.,iii, i9;xviii, car le semeur le mettroit en attention, la terre en humi- lité, l'intention du semeur en action. Je m'efforceray de traitter de cecy ; mays il faut que ce soit Dieu, parce que c'est semen siitun, etc. Semen est verbum Dei. Ainsy donques la terre ne va pas prendre la semence en la grange ou miCtairie, ma3's le laboureur la porte au champ, et de sa main l'espand a certaine proportion et mesure. Ains}' vous diray-je au commencement, que semen est verbum Dei. La parole de Dieu, selon sa nature, doit estre preschee, semée et annoncée. Que si elle est escritte, ce n'a pas esté pour abolir la praedication, mais plustost pour l'accommoder et enrichir ; contre ceste sotte façon de parler de plusieurs qui disent qu'il ne faut rien croire qui ne soit escrit, et que l'Escriture suffit sans autre parole de Dieu ; que chacun la peut entendre et y doit chercher la resolution de sa foy. Car si cela estoit, semen non esset verbum Dei^^), puj'sque quand Nostre Seigneur disoit ceste parole, l'Evangile n'estoit pas encor escrit, et neantmoins le semeur estoit desja sort}^ seminare semen suum. Ce n'estoit donques pas de l'Escriture de laquelle il dict Semen est verbum Dei. Si donques ce n'estoit pas de l'Escriture, et il n'y a point d'autre parole de Dieu que l'Escriture, semen non esset verbum Dei. Outre ce, ne confesseront ilz pas que le semeur en ceste parabole est Nostre Seigneur? Mays ou trouveront ilz que Nostre Seigneur ave jamais escrit  (a) Celui qui seine soxi pour semer son grjin, (b) Nous portions du fruit par la patience. ( c ) Terre, poussière, cendre. (d) La semence ne serait pas la parole de Dieu,  3o8 Sermons autographes l'Evangile? Quand donques il dict Semen est verbum Dci, il entend de la parole non escritte, mais preschëe. Que si vous voules voir plus clairement, voyes pre- mièrement en quelle façon se reçoit ceste semence : Ht ' Lucœ, vni, is. suiit, clict il*, qiii in corde bono audientes verbiini, retiiienti^). Si ceux sur lesquelz on semé sont audientes, ceux qui sèment sont loquentes (^). L'ouye ne reçoit la parole sinon dite ; l'œil, escritte. Aussi verres vous en ■Rom.,x, 17. saint Pol* : Fi des ex auditu, auditus aiitem per ver- ' Vers. 23. bum Dei. Ad Cor. i, c. i* : Prœdicamus Christum Vers. 13. crucifixiim. I ad Thess., 2 * : Verbum auditus Dei. "^''^'"s- 5-7- I ad Tim., 2 * : Unus Deus, et unus Mediator Dei et hominum, homo Christus Jésus, qui dédit redemp- tioneni semetipsum pro omnibus, etc. In quo positus Vers. 2. sum ego prœdicator et Apostolus, etc. 2 ad Tim., 4*: Vers. 15. Prœdica verbum, insta opportune, etc. Marc, 16* : Prœdicate Evangelium omni creatiirœ ('=). Saint Phi- lippe s'en va par l'inspiration de l'Ange sur le chemin qui descendoit de Hiericho en Gaza ; et ecce vir jEthiops,potens, etc. Dixit autem Philippo : Accède, Vers. 27, 29. et adjunge te ad currum istuiii (d), etc.; Act., 8*. Et de fait, pourquoy auroit laissé Nostre Seigneur Vei-s- II- (ad Ephes., 4*) alios, pastores et doctores^^), si nous n'avions besoin que sa parole fut annoncée par ceux qui parlent de sa part et en son esprit ? Attention Que si on ne peut entendre sans ouj'^r, et que cest ou}'^r soit nécessaire au salut, avec combien d'attention  {a.) Ce sont ceux qui, écoiiLint Li parole, la retiennent dans nu cœur bon. (b) Des auditeurs... des prédicateurs. (c) La foi vient par l'ouïe, et V ouïe par la parole de Dieu... Nous prêchons Jésus Christ crucifié... La parole de Dieu que vous ave^ ouïe... Il n'y a quttn Dieu, et qu'un Médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme, qui s'est livré lui-même pour la rédemption de fous, etc. C'est pour cela que j'ai été établi moi-même prédicateur et Apôtre... Annonce la parole, insiste h temps, etc.. Prêche^ l'Evangile à toute créature. [û) Et voilà qu'un Ethiopien, homme puissant, etc. Et [l'Esprit] dit à Philippe : Avance et approche-toi de ce chariot. ( e ) D'autres, pasteurs et docteurs.  XLI. Pour le Dimanche de la Sexagésime 309 faut il escouter la parole qui n'est pas parole humaine, mais parole de Dieu. Car Celuy qui parle aux hommes pécheurs leur dict : Non estis vos qui loquimini, sed Spiritus Patris vestri qui loquitur in vobis ; Matt., 10*. Oiii vos audit me audit, qui vos spernit * Vers. 20. me spernit; Luc., 10*. Sic nos existimet hoino, ut * Vers. 16. ministros Christi, et dispcnsatores mysteriorum Dei ^^) \ I Cor., 4*. Et partant, Nostre Seigneur, après * Vers. r. la similitude, clamahat : Oiii habet aures audiendi, audiat^^) ; Luc, 8 *. * Vers. 8. Je trouve dans l'Evangile que Nostre Seigneur a crié six fois. I. Clamabat in templo, dicens : Et me scitis, et unde sim scitis^. 2. Si qui s sitit, veniat ad me * Joan., vu, 28. et bibat'^. 3. Lazare, veni foras*^. 4. Oui crédit in * ibid., y. 37. 7 . , . "j . .... .fc •*Ibid.,xi, 43. me non crédit tn me, sed in euni qui misit me^. *ibid., xn, 4^. ^.Eli, Eli, laniasabacthani? Deus meus'^', etc. 6. Cla- *Matt., xxvn, 46. mans voce magna emisit spiritum''^^^). Et maintenant, * ibid., y. 50. pour la septiesme fois, clamabat, âiicens : Qtii habet aures audiendi , audiat, pour rendre ses auditeurs attentifz a la comparayson de la parole de Dieu a la semence. Semen est verbum Dei ; et comme la semence entre en la terre et ne demeure pas sur terre, ainsy faut il que la parole de Dieu, etc. Audiam quid loquatur in me Dominus Deus ; Ps. 84*. Ori tuo facito ostia, * Vers. 9. et seras auribus tuis ; Eccli., 28*. Heli ad Samuelem : * Vers. 2S. Loquere, Domine, quia audit servus tuus^'^)\ i Reg., 3*. * Vers. 10. Telle doit estre l'attention et la révérence.  {a.) Ce )i est pas vous qui parle:;, tuais l'Esprit de votre Père qui parle en vous... Qui vous écoute tn écoute, qui vous tnéprise me tnéprise... Que les homtnes nous regardent comtne ministres du Christ, et dispensateurs des mystères de Dieu. (h) Il criait : Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. (c) I. Il criait dans le temple, disant : Et vous tne connaisse^, et nous save^ d'oiije suis. 2. 5/ quelqu'un a soif, qn il vienne a moi et quil boive. 3. Lazare, sors. 4. Celui qui croit en moi tie croit pas en tnoi , mais en Celui qui m'a envoyé. 5. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'ave^-vous abandonné ? 6. Criant d'une voix forte, il rendit l'esprit. (d) J'écouterai ce que le Seigneur Dieu me dira intérieurement... Place des portes à ta bouche et des serrures à tes oreilles... Héli à Samuel : Parle^, Seigneur, parce que votre serviteur écoute.  3IO Sermons autographes Humilité Humilité et révérence laquelle croistra infiniment quand nous considérerons a qui ceste parole s'addresse. • Ps. cxLiii, 3. A l'homme. Qiiid est homo quia repittas eum*? etc. • Baruch, III, uit. Et cuiiî homiiiibus conversatns est*. Multifariam 7mdtisque modis olim Dans loquens patribus in Proplietis, novissime diebiis istis loqinitus est nobis *Heb., I, 1, 2. hominibus peccatoribus in Filio * (3). ♦Vers. 39. Luc, lo* : Maria etiam sedens seciis pedes Domini audiebat vej'bum. illins i^), parce que semen est ver- bum Dei. La semence fructifie plus es vallées qu'es montaignes; ainsy est elle comparée a la pluye, laquelle •Vers. 1, 2. se ramasse et descend es vallées. Moyse, Deut., 32 *, en ce dernier cantique : Audite cœli quœ loquor, aiidiat terra verba oris niei. Concrescat lit pluvia doctrina 7nea, fliiat ut ros eloquium meuni ('=). ♦Vers. 5. Eccl., I * : Fons sapientiœ verbum Dei; at qui de fonte vult haurire, inclinet se necesse est i^).  (a) Qu est-ce que l'homme pour que vous en fassie:^ tant d'estime? etc. Et il a demeuré avec les hommes. Dieu qui a parlé autrefois h nos pères par les Prophètes, en diverses occasions et en bien des manières, dernièrement, en ces jours, nous a parlé par son Fils, à nous, hommes pécheurs. ( b) Marie, assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. (c) Entende^, ô deux, ce que je dis, que la terre entende les paroles de ma louche. Que ma doctrine croisse comme la pluie, que ma parole se répande comme la rosée. (d) La source de la sagesse est la parole de Dieu; mais celui qui veut puiser à la source, doit nécessairement s'incliner.  XLII SERMON POUR UNE DÉDICACE Mars-mai 1597 (i)  Zachœe, festinans descende, quia liodie in domo tua oportet me tnanere ; et festinans descendit, et excepit illiim gaudens (a). Luc, 19, y^. 5, 6. Comme le soleil environnant toute la terre vivifie tout ce qui se descouvre et présente a ses rayons, ainsy Nostre Seigneur se promenant au travers la ville de Hiericho, se présentant a ses yeux lumineux Zachee mort de la mort de plusieurs péchés, il le revivifie, et faict en luy l'une des admirables conversions qui fut onques faite ; de laquelle conversion je ne puys rien dire qui soit utile et proufiitable a vos âmes, si Nostre Seigneur ne m'esclaire encores et remplit ma bouche des parolles de vie'^. Et afïin qu'il nous en fasse la * Joan., vi, 69.  (a) Zachée, hâte-toi de descendre, parce qu' aujourd'hui il faut que je loge dans ta maison. Et il descendit aussitôt, et le reçut avec joie.  ( I ) Bien que l'oii ne puisse prouver d'une manière certaine la date de ce sermon, il est probable qu'il a été prononcé au printemps de 1597 ; car à cette époque, le saint Missionnaire réorganisait plusieurs paroisses dans le Chablais, ce qui suppose la réconciliation des églises profanées par les pro- testants, et rend assez vraisemblable la consécration de pierres d'autel ou autels portatifs. Or, en cette dernière cérémonie, on célèbre la Messe de la Dédi- cace, ce qui expliquerait le titre de l'édition de 1641 : Sermon pour le jour de la Dédicace de l'église. Notre conjecture est encore appuyée par Tallusion contenue dans le Ser- mon XLIV, p. 330, à la citation du Ps. cxxxviii faite dans celui-ci. De plus, l'histoire de la conversion du Chablais ne conserve nulle trace d'une consécration d'église faite à cette époque.  3 12 Sermons auiographes grâce, présentons nous a la Sainte Vierge, et pour impe- trer son regard sur nous, disons Ave Maria. Encores que tant au ciel qu'en la terre Dieu soit tousjours par une parfaitte praesence en tous lieux, • Vers. 24. comme il dict par Hierem., 23 * : Cœliim et terrain ego ♦Vers. 27, 28. impleo (2), et ce que saint Pol dict, xlct., 17* : Non longe abest ah unoquoqiie nostrum; in ipso enim vivimus, movemur et stimiLS ^^), si est-ce neantmoins qu'il y a certains lieux lesquelz luy estant consacrés, sont appelles mayson de Dieu, habitation, lieu, temple, tabernacle, non pas pour ce qu'il soit plus la qu'ailleurs (parlant de Dieu en sa divinité), mays pour ce que la il confère particu- lièrement ses grâces et bénédictions, et la il faict plus de démonstration de sa gloire. Ce que nos adversaires ne voulant entendre, pour trouver occasion de se séparer d'avec l'Eglise leur douce Mère et faire mesnage a part, affin de mieux seconder les impressions de leurs cervelles, ilz ont dict a ceux qui leur ont voulu prester l'oreille, que nous disions Dieu n'estre pas par tout et n'ouyr pas nos oraj'sons par tout, ains qu'en l'église il avoit « l'oreille plus près *Caiv.,lDstit.,i.llI, de nous, » pour user des termes de leur maistre*. iMays c. XX, V, 30. ^^ sont pures impostures, et en cest endroit comme par tout, ilz voudroyent faire accroire que leur Mère est folle, afîin de se soustraire de son obeyssance. C'est * Hymn. Ambros. l'Eglise qui chante tous les jours * : « Pleni sunt cœli et terra majestatis glorise tuse (^). » C'est l'Eglise qui nous * Orat. ad Miss, in faict dire * : « Dcus qui invisibiliter omnia contines (  IV Reg., xviii, 25. ' Ibid., II, 23, 24.  Ibid.  26-  car ilz le mangèrent réellement et de fait, et charnelle- ment aussi, car ilz le deschirerent comme estant corrup- tible, ilz le traisnerent ça et la comme estant pesant, ilz le mordirent comme estant espais, et en fin, ne plus ne moins qu'une chair de cheval ou de bœuf. Ainsy furent mangés par les lyons réellement et charnelle- ment les gens que le Roy d'Assyrie avoit amené pour peupler la Samarie*, et les enfans qui injurièrent Heli- sëe, par les ours *. Ainsy les antropophages des Indes s'entremangent les uns les autres réellement et de fait, et quant et quant charnellement, comme s'ilz mangeoyent la chair des moutons et des veaux. Et de mesme, les deux femmes samaritaines *, pressées de la famine par le siège, mangèrent réellement et charnellement l'un de leurs enfans, le deschirans a belles dens, et rem- plissans leur estomach et leur ventre de la chair c[ui en estoit sortie. C'est bien asses pour ce point ; je crois que vous m'aves entendu, puysque je ne vous parle que d'une façon de présence et de manducation ordinaire, naturelle et charnelle. Maintenant, mes Frères, il faut que je vous dise que les Capharnaïtes ayans ouy que nostre Rédempteur VoyesS.Cypf..Be ... .L • 1 ' . 1 • . »•! Cœna [vide siip., avoit SI souvent inculque et réplique en un sermon qu il not. (i). p. ^04], et leur faisoit, qu'il failloit manger sa chair et boire son sang, que sa chair estoit vrayement viande, que le pain qu'il donneroit estoit sa chair ponr la vie du monde'^', ilz creurent qu'il voulust donner sa chair en ceste première sorte, c'est a dire réellement (car ses parolles est03^ent si preignantes qu'ilz n'en pouvoyent douter), mays charnellement ; car ilz pensoyent qu'il la voulust donner morte, par pièces et morceaux, grossière, obscure, espaisse, corruptible, pesante, palpable, visible, et que par conséquent il failloit qu'ilz la deschirassent et maschassent comme les antropophages ou mange- gens, cannibales et margajas, qui s'entremangent les uns les autres comme l'on mange la chair des moutons et brebis. Et partant, tout estonnés de ceste promesse, ilz disoyent entre eux : Comme peut celuy cy nous donner sa chair a manger^ ? Et voyans qu'il persistoit  5. AugHst., tract. 2y in Jo., et lib. lo de Ciz'., c. 2^.  Jonn., VI, 52-56.  Vers. 53.  324 Sermons autographes a les en asseurer, mesme avec son plus grand serment, ilz adjousterent : Ce propos est bien dur, et qui le » Vers. 34, 61. peut ouJ)r*? Hz appellent les parolles de Nostre Seigneur dures, c'est a dire aspres , rudes, estranges , crues, par ce qu'entendans que Nostre Seigneur leur voulust faire manger sa chair et boire son sang charnellement et selon l'estre naturel et ordinaire de la chair et du sang, a la vérité cela leur sembloit fort crud, barbare et extravagant. Et a qui est ce que les cheveux ne dresseroyent d'horreur et que la chair ne frissonneroit, s'il luy failloit manger un cors humain et boire le sang d'un homme ? Mais d'autant plus cela pouvoit sembler fort cruel aux auditeurs de Nostre Seigneur, que et luy et eux aussi estoyent Juifz de nation et de religion. Or, entre les Juifz, la chair humaine estoit tellement hors d'usage, que mesme en touchant un cors mort on estoit contaminé et souillé devant le monde ; et quant au sang il estoit tellement prohibé, que mesme il n'estoit pas loysible, selon la Loy, de manger de celuy des • Deut., XII, 23. bestes *. Quelle merveille donques si ces pauvres gens, oyans que Nostre Seigneur vouloit donner sa chair et son sang pour viande et breuvage, s'en estonnerent si fort, estimans qu'il la voulust donner toute morte, et en sa propre forme et condition naturelle et charnelle ? Intelligence trop grossière a la vérité, et qui procedoit d'une grande lourdise. De ceste mesme sorte de manducation grossière et charnelle furent accusés les anciens Chrestiens par les payens atheïstes ; et je vous supplie, mes chers Frères, de remarquer cecy. La primitive Eglise esparse sur toute la face de la terre, faisoit une profession si ouverte parmy ses enfans de manger réellement le cors du Filz de Dieu et de boire son sang, que les parolles avec lesquelles elle le declairoit estans venues aux oreil- les des payens et autres ennemis du Sauveur, ilz en prenoyent occasion de calomnier les Chrestiens et les accuser de Tantropophagie, c'est a dire de manger les petitz enfans, les esgorger et deschirer a belles dens, et  XLIII. Sur la sainte Eucharistie 325 disoyent qu'en leur Sacrement et mistere ilz faisoyent leur festin de chair humaine a la cyclopique : « Dicimur, » dict TertuUien en son Apologet.*, « sceleratissimi de * Cap. vu. sacramento infanticidii, et pabulo inde; On nous appelle très criminelz, » dict il, « du sacrement de l'homicide des enfans et du repas qui s'en faict. » Et de fait, Pline second, en l'epistre qu'il escrit a Trajan et qui est citée par TertuUien*, monstre bien que les Chrestiens avoyent 'Ibid., c. n. esté accusés de ce crime ; car il les en descharge, s'il est bien considéré. Geste calomnie dura jusques au tems de ^linutius Fœlix, qui recite* les paroles d'un certain Cecilius, •Diaiog.,c. lequel en accusoit encor les Chrestiens : accusation fort vilaine a la vérité, mays de laquelle la fauseté est au- cunement excusable en ces anciens ennemis de l'Eglise; car nos anciens pères confessoyent ouvertement qu'ilz mangeoyent le cors de Nostre Seigneur, et les sacrées Escritures le declairent si ouvertement, que les payens, ou entr'escoutans les Chrestiens parler, ou entrevoyans les Escritures, ne pouvoyent ignorer que l'Eglise n'eust ceste croyance. Mais d'ailleurs, d'atteindre a la connois- sance de ceste manducation réelle, cela estoit hors de leur pouvoir, car c'est la seule foy qui l'enseigne. Et, outre cela, nos Chrestiens se tenoyent si serrés et cou- vertz en la célébration de ce mistere, que mesme ilz ne permettoyent pas aux catéchumènes de le voir ; si que les payens oyans dire absolument que les Chrestiens mangeoyent la chair du Filz de Dieu, et ne sçachans ni pouvans deviner que ce fust autrement qu'avec une façon charnelle, ilz accusoyent les Chrestiens d'un crime d'antropophagie. Mais qui peut trouver [excusable] ceste accusation en ce tems, auquel l'impudence a bien osé passer si avant que de reprendre ceste mesme calomnie pour en deshonno- rer les Catholiques ? Et qui ont esté ces impudens ? me dires vous. O peuple, des personnes baptizëes, nourries et instruites en l'Eglise de Dieu, qui ont mille fois ouy et veu la célébration de la sainte Eucharistie et cent fois peut estre y ont participé ; et après tout cela, s'estant  326 Sermons autographes séparés de la sainte compaignie des fidelles pour faire des sectes a part, ne laissent pas de nous faire des argumens sur ceste calomnie aussi asseurement comme s'ilz estoyent tout a fait ignorans de nostre créance. Combien de fois nous objectent ilz que si nous mangeons réellement le cors de Nostre Seigneur, donques il faut que nous le deschirions, maschions et rongions; et de la, ilz passent a des argumens si insolens et extravagans, qu'il n'est pas possible de plus. Mais y a il jamais eu en l'hseresie effronterie plus arrogante que celle la ? Or en fin, tout cela n'est que calomnie, vous le sçaves bien, mes très chers Frères. Non, jamais cela ne fut dict ni pensé par Nostre Seigneur, que Ton mangeroit sa chair charnellement, grossièrement et comme l'on mange les chairs mortes et périssables. Et les Capharnaïtes, qui l'entendirent comme cela, estoj^ent des pauvres gens et qui n'avo3^ent pas bien considéré les parolles de Nostre Seigneur, lesquelles ne peuvent nullement estre tirées * Joan., VI, 56, 55. a ce sens. Car oyes Nostre Seigneur. Il dict* : Ma chair est vrayement viande, mays qui mange ma chair il a la vie éternelle ; que s'il n'avoit dict que cela, l'interprétation des Capharnaïtes eust eu quelque appa- rence, puysqu'il ne parloit que de la chair simplement. iMais quo}^ n'exprime il pas asses son intention quand il * Vers. 51. dict en ce mesme discours * : Je suys le pain vivant qui suys descendu du ciel ? Voyes vous pas qu'il ne parle pas d'une viande morte, mays vivante? Or, elle ne seroit pas vivante, si elle estoit deschirëe, rompue et * Vers. 58. mise en morceaux. Oiii me mange, dict il*, vivra pour l'amour de moy ; il ne veut donq pas donner sa chair morte ni seule, maj^s se veut donner tout entièrement. Or il ne se donneroit pas soy mesme tout entièrement, s'il ne donnoit que sa chair seule et morte. Mays sur tout Nostre Seigneur avoit rejette diserte- ment ceste intelligence grossière et toute charnelle par * Vers. 6^. ccs paroUes * : Spiritus est qui vivificat, caro non prodest quidquam ; verba qtiœ locutus sum vohis spiritus et vita sunt ; C'est l'esprit qui vi9ifie, la chair ne prouffite de rien; les paroles que je vous  XLIII. Sur la sainte Eucharistie 327 ay dites sont esprit et vie. Paroles saintes, paroles divines, paroles infiniment excellentes et propres a des- raciner ceste lourde et grossière intelligence de la manducation charnelle du cors de Xostre Seigneur, et ce, par deux beaux moyens que nos anciens Pères en ont doctement tiré et déduit. « Et comment donques, » dict saint Chrisostome *, « la chair ne prouffite de * Hom. xlvh (al. rien ? ne parle il pas de sa chair mesme ? Ja n'advienne, ^ m Joan., § 2. mays il parle des personnes qui entendent charnelle- ment. » <( En ces pensées, » dict saint C3'prien *, « la *Ubisupra, p. 305. chair et le sang ne prouffitent de rien, ni le sens charnel ne peut pénétrer l'intelligence d'une si grande profondité, si la foy n'}" survient : Nec carnalis sensus ad intellectum tantse profunditatis pénétrât nisi fides accédât, » etc. (0 (i) De la double allusion faite dans le sermon suivant (pp. 528 et y}i), on est obligé de conclure ou que celui-ci n'a pas été écrit en entier, ou qu'une partie de l'Autographe a été perdue.  XLIV SECOND SERMON SUR LE MÊME SUJET Juillet 1597 Je vous disois Dimanche, mes très chers auditeurs, que toutes les difficultés que nos adversaires mettent en la créance de la realité du cors et sang de Nostre Sei- gneur au tressaint Sacrement se peuvent réduire a ces deux doutes que firent les Juifz et les Disciples a Jésus Christ Nostre Seigneur, quand il leur enseignoit la vérité Vers. 53. de cest article (en saint Jan, 6). L'un estoit*: Qiiomodo potest hic nobis carnem suam dare ad manducan- Vers. 6r. dum l^) ? L'autre estoit* : Durus est hic sermo, et quis potest eiim audire (^)? Car toutes les oppositions qu'on nous faict tendent la, ou que ceste realité n'a peu estre instituée et faitte, ou qu'il n'a pas esté convenable ; et semble que tous les lieux qu'ilz sont allés recherchans en l'Escriture ne leur servent que d'une confirmation pour ces deux doutes. Or, je commençay a prouver que Dieu le pouvoit, tant par la commune règle de sa toute puyssance, que par des preuves particulières touchant la pluralité des lieux d'un mesme cors. Puys je commençay a vous monstrer que la façon en laquelle Nostre Seigneur estoit en ce Sacrement, n'estoit aucunement dure ni horrible, ains très suave et gratieuse. Maintenant, en la poursuite de ce mesme discours, je monstreray : [i.] qu'il n'y a nulle impossibilité en ce saint Sacrement, qu'un cors soit en un lieu sans y occuper place et garder ceste extension extérieure que nous vo3^ons estre naturellement es autres cors ; 2. que  (a) Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair h manger? (b) Cette parole est dure, et qui la peut entendre ?  XLIV. Sur la sainte Eucharistie 329 la transsubstantiation n'est aucunement impossible, ains très véritable en ce Sacrement ; 3. je deduiray de tout ce que j'ay dict l'adoration de ce saint Sacrement. O Seigneur, je loiieray de tout mon cœur vostre toute puyssance, pourveu que vous ouvries mes lèvres a vos louanges* \ j'adoreray vostre Majesté au saint Sacre- * Ps. l, 17. ment, pourveu que vous tenies tousjours vos paroles en mon cœur : car vos paroles m'instruiront que vous y estes Homme Dieu, réellement et véritablement, et que ceste vostre praesence n'est non plus impossible a vostre volonté, quoy qu'incompréhensible a nos foibles enten- demens, que le reste de vos œuvres admirables. Affin que ceste prière soit receuë de sa divine Bonté, joignons y l'intercession de Nostre Dame. Ave. [i.] Nous demeurasmes donques bien asseurés qu'un cors peut estre en plusieurs lieux par l'obéissance qu'il faict au commandement de son Dieu tout puyssant, auquel il n'y a rien d'impossible. Je dis maintenant qu'un cors peut estre en un lieu sans y occuper aucune place, sans y estre veu, sans y estre touché ni apperceu. Vous aves peut estre besoin d'entendre pour la pluspart le fonds de ceste difficulté ; escoutes un peu attentive- ment, et je me declaireray bien ouvertement. Quand une chose est en un lieu nous avons accoustumé de concevoir en icelle deux choses, deux qualités, deux appartenances. L'une c'est la praesence, que la chose estant en un lieu y soit praesente, et ceste qualité n'est autre qu'estre en un lieu : de façon qu'estre praesent en un lieu n'est autre sinon y estre ; estre absent, c'est n'y estre pas. L'autre qualité que nous concevons estre en la chose qui est en quelque lieu, c'est qu'elle y occupe une place, c'est a dire qu'elle y soit tellement, que la ou elle est nulle autre chose y puisse estre avec elle ; elle remplit tellement le lieu ou elle est, qu'autre chose n'y puisse avoir lieu. Ces deux conditions, a nostre grossière façon de pen- ser, nous semblent estre tellement liées l'une avec l'autre, qu'elles ne peuvent estre aucunement séparées ; et nous  330 Sermons autographes est bien advis que quand une chose est en un lieu, elle y occupe place, et partant qu'une autre chose n'}' peut estre avec elle. Or neantmoins la chose n'est pas ainsy, car il y a grande différence entre estre pressent et occuper, de façon que l'un peut bien estre sans l'autre. Je veux dire, une chose peut estre très parfaittement praesente en un lieu sans y occuper lieu ; ains les choses, d'autant que plus parfaittement elles sont présentes a quelque lieu, moins elles y occupent de place : dequoy les exemples vous feront fo}'. La majesté de Dieu est tellement par tout, que saint Pol a dict : Non longe est ab unoquoque nostriun; in * Vers. 27, 28. ipso cnini vivimus, movemur et sumus (a) ; Act. ,17*. Ce * Vers. 23. qu'il disoit aux Athéniens au propos du Dieu inconneu*. 'Vide p. 312. Et comme je vous disois dernièrement* de David : Si ascendero in cœlum, tu illic es ; si desceyidero in * Ps. cxxxvui, 8. in/ernutn, ades*i^). Or, quo}' qu'il soit prsesent a toutes choses, si est ce qu'il n'occupe aucun lieu ou place : ainsy les Anges n'occupent aucune place en eux [mêmes], de façon que des légions entières de diables se sont trouvées * Marc, V, 9. en un cors *. La prsesence donques peut estre sans l'occupation de lieu, et l'est ordinairement es espritz ; mays es choses corporelles, ordinairement la praesence d'une chose n'est pas sans occupation de place. Et voie)" maintenant la difficulté ouverte entre nous et nos adversaires ; car nous disons que comme la pne- sence est ordinairement séparée de l'occupation de lieu es choses spirituelles, aussi le peut elle estre es choses corporelles par la toute puyssance de Dieu. Hz le nient, et nous le prouvons ; et nostre première preuve se prend de ce que nous disions Dimanche, comme réciproque- ment ce que nous prouvions Dimanche se peut prouver par ce que nous dirons maintenant, estant la nature des vérités de s'entr'ayder l'une l'autre.  (a) // «"est pjs loin de c/i.icun de nous; car en lui nous vivons, nous nous mouvons et )ious sommes. (b) Si je monte au ciel, vous y êtes ; si je descends dans P enfer, vous y êtes présent.  XLIV. Sur la sainte Eucharistie 331 Nous disions Dimanche, et le prouvasmes suffisam- ment, qu'un seul cors peut estre en deux lieux ; donques deux cors peuvent estre en un lieu, n'y a3"ant non plus de difficulté que deux cors n'ayent cju'un lieu, que de dire que deux lieux n'ayent qu'un mesme cors. Matt., 19*; Marc, 10**; Lucse, 18*** : Facilhis est «vers.' 25-27.' camelum per foramen acus transira, qtiam divitem "*Vers. 25-27. intrare in Regniim cœlorum. His auditis, discipuli mirabantur valde, dicentes : Qtiis ergo poterit saïvus esse? Et eos respiciens /é'^z^^^, dixit eis : Hoc apud homines impossihile est, apiid Deiim omnia possihilia 5^/72^ (3). Comment se pourroit il faire o^iin chameau entrast par le trou d'une eguille, sinon qu'il n'y occupast point de place? Un si grand animal, estre compris en un si petit lieu, n'est ce pas un bel exemple a nostre propos? Je sçay bien qu'il }'■ en a eu qui l'ont entendu d'une corde de chanvre, qu'on appelle cable ; mays tous les Pères l'entendent de cest animal. Voyes vous, il dict que tout cela est impossible aux hommes; mays ni cela ni autre chose n'est impossible a Dieu. Et s'il n'est impossible de mettre un si grand cors en un si petit lieu, pourquoy sera il impossible qu'il mette un cors humain glorifié en l'hostie et en la moindre partie d'icelle ? En saint Jan, 20 *, Nostre Seigneur, le jour de sa resur- * Vers. 19-26. rection, vint les portes fermées au milieu des disciples, et fut la au milieu d'eux et leur dict : Fax vobis(^). Œcolampade dict qu'il entra par les fenestres* ; Calvin, * De genuina ver- ^ . borum Hoc est, etc. qu'il ouvrit et resserra, ou qu'il anéantit les portes et "-Admon.adWestp.; 1 -u -r^- AT^ j"j. '•i_i ConiiH.inConcord., tout a coup les recréa'-; Pierre Martyr dict qu il entra !□ luc.,xxiv, 36. par quelque ouverture, ou qu'il rendit rares les portes, •Defensicvide m- ou qu'il les fit céder*. Je proteste, mes Frères, que ces objectum xi.  ( a ) 7/ est plus facile a un ch.imeau de passer par le trou d'une aiguille, qu'a un riche d'entrer dans le Royaume des deux. Or les disciples, entendant ces choses, s'étonnaient grandement, disant : Qui donc pourra être sauvé ? Et Jésus les regardant leur dit : Cela est impossible aux hommes, mais à Dieu* tout est possible. (b) La paix soit avec vous.  332 Sermons autographes gloses et interprétations ne sont point en l'Escriture. Ah mon Dieu, que ce que l'esprit humain hait est bien haï! qu'est ce qu'il ne va rechercher pour s'excuser? •Vers. 36, 37. Voyes en saint Luc, 24*, comme ses disciples s'esmer- veillerent de ceste soudaine apparition , et voyant les portes bien fermées, îl\ pensoyent voir un esprit ; comme nos adversaires, lesquelz quand on leur dict que Nostre Seigneur n'occupe point de lieu, ilz pensent que ce ne soit pas son cors. Non, non, c'est son cors ; ce n'est pas une contenance spirituelle, c'est son vray cors, mais spiritualisé. Si les bons anciens eussent pensé que ces eschappa- toires eussent esté solides, ilz s'en fussent servis contre les Marcionites qui objectoyent le passage de saint Jan pour prouver que le cors de Nostre Seigneur estoit fan- • s. Cyriii. Alex., tastique, comme le tesmoigne saint Cirille sur ce lieu *. Comm. in Toan., in ,, . . . ,, i r, i j> c.xx,25;in Lucam, Mais jamais aucuue attaque ne leur nt reculer d un pas ; in c. XXIV, 38. 1J2 voulurent maintenir en tout et par tout le sens naïf et simple de l'Escriture. Mais quoy, o mon Dieu, o mon Sauveur, o mon Maistre , permettes moy que je parle* de la première entrée que vous fistes en ce monde, en laquelle non vous, mais les Anges pour vous, vous voyant parmi les hommes, petit enfant, pauvret, nud et pleurant, chantèrent : Gloria in altissimis Deo , et in terra * Lucje, II, 14. pax hominibus bonœ voltcntatis* i^\ En ceste entrée icy. Seigneur, comme comparustes vous au milieu des hommes? Sans doute que vous y entrastes, la porte virginale de Nostre Dame vostre sainte jMere estant •Ezech.,xuv, 2. tres h'ien fermée "^ , car elle fut Vierge en l'enfantement et après ; jamais il n'y eut aucune corruption ny en sa tressainte ame ny en son cors. Voyes vous, mes Frères, Nostre Seigneur avec son vray cors sort hors du ventre de sa Mère sans aucune fraction ni ruption de sa virgi- nité ; ne failloit il pas donques que ce fut sans occuper  ( a ) Gloire a Dieu au plus haut des deux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.  XLIV. Sur la sainte Eucharistie 333 place, et qu'il passast par ce cors virginal par pénétra- tion de dimension ? A Dieu ne playse que je die ce que nos adversaires respondent en cest endroit ; c'est chose hors de respect. A quelque prix que ce soit, ilz veulent que ce qu'ilz ont dict une fois soit vray ; ilz aj^ment mieux blesser la virginité de la Mère de Dieu que confesser leur faute. Certes, Jovinien a esté tenu pour hœretique, entr'autres pour avoir dict que Nostre Dame avoit perdu sa virginité enfantant son Filz. Isaïe, au 7. chapitre*, dict et proteste que la Mère de Dieu seroit * Vers. m. Vierge, non seulement concevant, mays enfantant : Ecce Virgo concipiet et pariet{^)\ et en nostre Symbole : « Natus ex Maria Virgine. » Quoy, Nostre Seigneur ne sort il pas du sepulchre fermé? Sans doute. Saint Matthieu, 28*, saint Marc, 16**: !»vers' 4' l'Ange leva la pierre après que Nostre Seigneur fut resuscité; donques, il sortit a travers la pierre sans y occuper aucune place. Voudries vous bien, Messieurs, que je me servisse du tesmoignage de saint Augustin au 22. livre de la Cité de Dieu, chap. 8 * ? La il est dict que Petronie eut * § 21. un anneau d'un certain Juif, ou il y avoit une pierre pour la guérir de certaine maladie qu'elle avoit; l'anneau estoit très bien lié et attaché a un lien, bien fort et ferme ; elle s'en va au sepulchre de saint Estienne. Afïin que la guerison ne fust attribuée a l'anneau du Juif, incontinent l'anneau tombe aux piedz de ceste femme sans estre rompu, ni le lien desnoûé ou rompu, ainsy, dict saint Augustin , qu'on doit croire Nostre Seigneur estre sorti du ventre virginal sans aucune rupture. Vous voyes donques comme un cors peut estre en un lieu sans y occuper place. Nos adversaires ne sçavent que dire ; ilz voyent nos raysons bien establies sur l'Escriture, dans laquelle ilz sont allés recherchant s'il y avoit rien qui peust servir a leur négation ; et voyans qu'il n'y avoit rien,  (a) Voici qu'une Vierge concevra et enfantera.  334 Sermons autographes ilz se sont jettes sur la philosophie, et ont voulu mons- trer que cela estoit impossible. Si je voulois rapporter les raysons qu'allèguent Pierre Martyr et Calvin, je n'aurois jamais faict, quoy qu'il me seroit très aysé de leur respondre en philosophie et a la scholastique ; mays je n'ay que faire de me mettre sur la philosophie, quand j'ay la parole de Dieu pour moy. Nostre Sei- gneur respond asses a tous ces argumens quand il dict * Vers. 26; vide su- en saiut Matthieu, 19* : Hoc apiid homines impossibile pra, p. 33^- ^^^ . ^p^^ Dôiun omiiia possihilia sunt. Vous n'en- tendes pas ? O, il ne faut pas laisser de croire pour cela. Mais puj^sque vous voules laisser l'Escriture pour la philosophie, je vous prie, dites moy comme vous pouves voir ; car, ou c'est par mission ou par immis- sion. Si c'est le premier, comme vostre œil peut il contenir tant de choses, estant si petit ? comme peut il avoir tant de rayons qu'il en faut pour couvrir toute une montaigne qu'il voit tout a coup, et occuper l'espace de cinquante lieues de loin? le fil le plus deslié du monde, en si grand espace, feroit un très gros peloton. Si c'est le second, comme peut recevoir vostre œil, qui est si petit, une représentation de si grandes choses et si diverses ? Ou'ilz me disent comme la lumière corpo- relle pénètre ainsy en un instant les cieux, l'air et l'eau; car encores qu'elle n'aye pas de substance, si est ce qu'elle est corporelle. Vojda, mes Frères, la vérité du fait : Nostre Seigneur est en l'Eucharistie sans y occuper place. Il y est les parties bien proportionnées ensemble, mays sans aucune proportion de place parce qu'elles n'en occupent point. On me dira : Comme se peut il faire qu'il y soit invi- sible et impalpable? Cela est aysé; car quand on voulut jetter Nostre Seigneur du sommet de la montaigne, il passa a travers d'eux sans y estre ni veu ni apper- *Luc.-e, IV, 29, 30. ceu*; quand, après la résurrection, il laissa ses disci- ples en Emaûs, il disparut devant eux et ne le virent plus, encor qu'auparavant ilz le vissent et que leurs ' Ibid., u!t., 31. yeux fussent ouverti^'. Il n'y a donq plus de difficulté de tous ces costés la.  XLIV. Sur la sainte Eucharistie 335 Un cors peut estre en deux lieux, ainsy qu'il appert par l'histoire de la conversion de saint Pol *. Un cors peut *Act.,ix, 3-7, xxn, estre en un lieu sans y occuper place, ainsy qu'il appert '^' par l'entrée de Nostre Seigneur les portes fermées'^ 'Vide supra, p.331. et par sa Xativité. Un cors peut estre en un lieu sans qu'on le puisse voir et connoistre qu'il y soit, comme il appert par les exemples que je viens d'apporter, [2,] Mays il y a encor une difficulté; car nos adversai- res ne voulans abandonner leur quomodo *, demandent : * Joan., vi, ^2, 53. Comme se peut il faire qu'une chose qui estoit n'a gueres pain, soit maintenant la chair de Nostre Sei- gneur ? Il se peut faire par un changement total de substance en substance, que l'on appelle fort proprement du mot de transsubstantiation. Ceux qui ont suivi le parti de Luther pour combattre l'Eglise ont opinion qu'en ce Sacrement il n'y aye point de changement au pain, ains que le pain y demeure; et neantmoins confes- sent que le vray cors de Nostre Seigneur y est. Ceux qui suivent Calvin nient le changement au pain, et c|uant et quant la realité du cors. Or, l'Eglise confessant la realité, dict le cors de Nostre Seigneur y estre réelle- ment sans aucune substance du pain, laquelle a esté changée en la chair, etc. Pierre Martj^r, au livre contre Gardinerus*, dispute fort et ferme contre ceste transsub- *Defensiodoct.Vet. stantiation, comme contre chose impossible. Sac^Td'v.^stïph! Mais je ne sçay en quoy ilz trouvent ceste impossibi- Gardia., per totam •''--' f pnmam Partem. lité ; car n'a on pas veu la substance de l'eau changée en la substance du vin es noces de Cana en Galilée (elle î\xt faicte vin, Jan, 2 *), et la femme de Loth en 'Vers. 9. une statue de sel (Genèse, 19*]? Mays vo3-es comme le • Vers. 26. diable mesme reconnoist la transsubstantiation estre possible : Si Filins Dei es, die ut lapides isti panes flant*(^K Mays quelle difficulté : Qui convertit petram »Matt., iv, 3. in stagna aquarum, et rupem in fontes aquarumi'^)] ,y^^^ g Psal. 11.3*. Et en Exod., 7**, la verge d'Aaron n'est "Vers. 10, n.  (a) S/ vous êtes le Fils de Dieu, dites que ces pierres deziennent des pains. (b) Qtii convertit la pierre en étangs d'eaux, et le rocher en fontaines d'eaux.  ^^6 Sermons autographes elle pas véritablement convertie en couleuvre ? car l'Escriture dict que ce que les autres ^r^;^^ fut^^r sor- cellerie, mays que ce que fit Aaron fut véritable. Nostre Sauveur n'a il pas converti le rien en tout? Gènes., i. Ne convertira il pas nostre pourriture en un beau cors, * Vers. 42-44. en la résurrection ? i. Cor., 15*. Ne convertit il pas la ♦Vers. 19, 23. poudre en chair? Gen., 3 *. Il n'y a donq plus de doute qu'elle se puisse faire. Or, je prouve maintenant qu'elle s'est faite en l'institution du tressaint Sacrement. Nostre Seigneur prit du pain et dict : Cecy est 7non •Matt., XXVI, 26. cors *. Donq ce n'est plus pain si c'est le cors de Nostre Seigneur ; car si ce qu'il prit en ses benistes mains n'estoit pas changé, il ne failloit pas dire que ce fut autre chose que ce qui estoit auparavant. Auparavant c'estoit pain, maintenant c'est son cors ; donques il est changé de pain en cors. Il ne faut pas dire que son cors y soit et le pain aussi ; car qui vendroit un sac, moitié froment, moitié avoine, et diroit : Achetés cecy, car c'est froment, sans doute qu'il tromperoit le monde et seroit réputé pour avoir dict mensonge. Ainsy qui diroit d'un tonneau plein d'eau et d'huyle : Cecy est huyle, on le tien- droit pour menteur. Il ne faut pas donq dire que Nostre Seigneur disant : Cecy est nton cors, le pain y soit encores. Quand donques il dict : Hoc est corpus ineum, il monstre clairement que le pain avoit esté changé. Secondement, en saint Jan, 6, quand Nostre Seigneur •Vers. 52. dict* : Punis quem ego dabo, caro mea est pro mundi vita 1^), si ce qu'il disoit n'eust deu estre faict par changement, il eust esté faux ; car le pain, s'il demeure pain, ne peut estre chair. Il faut donques qu'il ♦Vers. 51. entendit d'un pain changé et tel qu'il descrit, la mesme*: Ego sum panis vivus, qui de cœlo descendi i^). Mais voudries vous bien. Messieurs, qu'en ce Sacre- ment on repeust le ventre et l'esprit tout ensemble ? Non, cela n'estoit pas convenable. Je sçay bien qu'il y a  (a) Le pain que je donnerai, cest ma chair pour la vie du monde, [h) Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel.  XLIV. Sur la sainte Eucharistie 337 de la difficulté en cecy, mais il y en auroit encores ] davantage autrement. Et quant a l'Escriture, tout ce ' qu'ilz nous sçavent objecter, c'est premièrement que ce 1 nom de transsubstantiation n'est point en l'Escriture; a quoy je respons que ni le mot de Trinité, ni Omoousios, ni Theotocos. Il suffit que la chose est en l'Escriture, encores que le mot n'y soit pas. Secondement, ilz disent que ce Sacrement est appelle pain ; mais je respons que ce n'est pas parce qu'il y ayt du pain, mais parce qu'il y a apparence de pain extérieure, ou bien parce qu'il a esté faict du pain, ou , parce qu'il a les effectz et propriétés du pain, ou parce que, selon la coustume des Hebrieux, toute sorte de viande a esté appellëe pain (comme on voit de la manne qui a esté appellëe pain, Exode, 16*, dont Nostre * Vers, i-,, 32. Seigneur n'a pas dict : Caro mea vere est panis, mays vere est cibus*i^), qui est le mesme que quand il dict : * joan., vi, 56. ! Ego sum panis vivus*), et que l'Escriture ayt accous- * ibid., f. 31. : tumé d'appeller les choses du nom de celles la desquelles elles ont esté faites, ainsy qu'il est aysé a voir Exod., 7 *, * Vers. 12. ou la verge d'Aaron estant convertie en serpent ne laisse d'estre appellëe verge; au Gènes., 3*, ou l'homme » Vers. 19. faict et tiré de poudre, ne laisse d'estre ^.'^^e.\\è poudre. Tiercement, ilz disent que ceste opinion de transsub- stantiation est nouvelle, mais ilz ont très grand tort; car, a la vérité, elle a de tout tems esté en l'Eglise. Il seroit aysé de recueillir ce qu'en ont dict les Anciens. Oyes en quelques uns. Saint Cyprien, qui vivoit il y a plus de treize cens ans, in sermone De Cœna Doniini* : * Vide supra, not. « Panis iste quem Dominus Discipulis porrigebat, non ' ' P' ^ " ^ effigie sed natura mutatus, omnipotentia Verbi factus l est caro (b). » Saint Cirille Hierosolimitain, Cathec. 4* : •A/.Cat.xxu (Mys- , « Aquam aliquando mutavit in vinum, et non erit tag. iv), § h. ,  (a) Ma chair- est vraiinoit pain, mais est vraiment nourriture. (b) Saint Cyprien... dans le sermon De la Cène du Seigneur : « Ce pain que le Seigneur présentait aux Disciples a été changé non pas en apparence mais substantiellement; par la toute-puissance du Verbe, il a été fait chair. « Serm. I 22  338 Sermons autographes dignus cui credamus quod vinum in sanguinem transmu- •A/.Orat.Cateche- tarit? » Nyssenus, in Oratione Magna*, c. 37 : « Recte agna. -j-^^. ^.g^.^^ sanctificatum panem in Dei Verbi corpus •Sernio çcxxvii. credimus immutari. » Saint Augustin*, ut citât Beda**, •*Expos.in B.Pauh ^. '. . . ' Epist. ('//o.i'îV inter cap. lo, I. ad Cor. : Non omnis panis, sed accipiens Patroiog.Lat!,tom! Christi bencdictionem, fit corpus Christi(a). En fin, il y cxix, col. 279.) ^ cinq cens ans passés qu'en un Concile gênerai célébré sous le Pape Nicolas II, qui estoit de ce païs de Sa- voye, et d'une très noble mayson 'O, Berengarius fut contrainct d'abjurer cest erreur. Voulons nous aban- donner toute l'antiquité si bien fondée en l'Escriture, pour esviter un peu de difficulté et flatter les consé- quences de nostre entendement propre ? Concluons donques qu'après la consécration, le vray cors de Nostre Seigneur 5^ est, et n'y a point d'autre substance quelle qu'elle soit ; il y est, dis je, réellement et très véritablement. [3.] D'où s'ensuit la troysiesme proposition que j'avois avancée : que ce Sacrement, entant qu'il contient Nostre Seigneur, est adorable, que l'on le doit adorer. Car a la vérité, puysque c'est Jésus Christ et que Jésus Christ est Dieu, qui ne l'adorera je vous prie, aussi bien la qu'au •Vers. 10. Ciel, puysqu'il est escrit en saint Matthieu, 4* : Domi- nuni Deujn tuum adorahis, et illi soli servies (^) ? car Nostre Seigneur, ou qu'il soit, il y veut estre  (a) « Il a changé autrefois l'eau en vin, et il ne mériterait pas d'être cru quand il change le vin en sang ! » Saint Grégoire de Nj'sse, dans la Grande oraison : « Nous devons croire avec raison que le pain sanctifié par la parole de Dieu a été changé au corps du Verbe. » Saint Augustin cité par Bède, sur le chap. X de la V- Epître aux Corinthiens : Ce n'est pas toute espèce de pain qui devient le corps du Christ, mais seulement celui qui a reçu la bénédiction du Christ. (b) Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul. (i) Gérard ou Gérold de Chevron, né aux environs de Chambéry, fut d'abord Evèque de Florence, puis Pape, sous le nom de Nicolas II (1058-1061). C'est un demi-siècle plus tard que les seigneurs de Chevron ajoutèrent à leur nom celui de Villette. (Voir le Dictionnaire historique de Savoie, par Grillet, article Chevron.) On sait que l'aïeule maternelle de notre Saint ■appartenait à cette famille.  XLIV. Sur la sainte Eucharistie  339  adoré. Ainsy fut il adoré en croix par le larron *, marchant parmy Hierusalem, par les troupes qui crioyent Hosanna'^, en la crèche, par les Roys**. Il est voylé en l'Eucharistie, maj^s cela ne doit pas empescher qu'il n'y soit adoré ; car ainsy fut il adoré des Roys, voylé des langes et emmailloté. Or, afiin que tout d'un coup je prouve que Nostre Seigneur est réellement selon sa chair en ce tressaint Sacrement, et tout ensemble qu'il l'y faut adorer, l'un ne pouvant estre sans l'autre, ni qu'il y soit adoré s'il n'y est pas, ni qu'il y soit sans y estre adoré par l'Eglise, qui est jalouse de rendre a son Espoux tout honneur, je vous prie de regarder combien ceste affaire est conve- nable, puysque ceste adoration ayant esté preveiie par David, il en tressaute de consolation au Pseaume 2 i *, et chante : Mandiicaveruiit et adoraveriint omnes pingues ter r ce. Manducaverunt , ait Augustinus *, corpus humilitatis Domini sui divites terrœ ; nec sicut pauperes saturati sunt usque ad imitationem, sed tamen adoraverunt. Arnobius (i), Basilius *, Theodor. ** Sic explicatur locus Psal. 98 * : Adorât e scabellum pedum ejus, quoniam sanctiim est, ab Augustino. * (3) iMays saint Pol, i. aux Cor., 11 *, qu'est ce qu'il dict? Qui mandiicat et bibit indigne, judicimn sibi manducat et bibit, non dijudicans corpus Domini^^). Ponenda est ergo differentia quam par est adhibere,  * Lucae, xxiii, 42.  * Matt., XXI, 9. **Ibid., II, II.  * Vers. 30.  • Epist. cxL, seu de Grat.NoviTest., ad Honor.cathechum., c. xxvii. • Schol. in Ps. xxi, 30. (In App.S.Bas.) **Interpret. in Ps., in eund. loc. • Vers, s- 'Enarr. in hune Ps. • Vers. 29.  ( a) Tous les riches de la terre ont mangé et ont adoré. Les riches de la terre ont mangé, dit saint Augustin, le corps de leur Seigneur dans son humilité ; il est vrai qu'ils n'en ont pas été, comme les pauvres, rassasiés jusqu'à l'imita- tion ; mais cependant ils ont adoré. Arnobe, Basile, Théodoret. Ainsi est expliqué par saint Augustin le passage du Ps. xcviii : Adore:^ l'escabeau de ses pieds parce quil est saint. (b) Quiconque mange et boit indignement, mange et boit son jugement, ne discernant pas le corps du Seigneur.  ( I ) Commentarii super Psalmos Davidis, in Ps. xxi, 30. Notre Saint, comme on l'a vu dans la Défense de VEstendart de la sainte Croix, (tome II de cette Edition), Livre II, chap. xii, p. 191, suivait l'opinion de ceux qui attribuaient cet ouvrage au grand Arnobe. Aujourd'hui, il est reconnu qu'Arnobe le jeune en est l'auteur.  340 Sermons autographes et venerari corpus Domini (a). Et affin qu'il ne semble pas que ce soit une nouveauté, ains qu'on connoisse que l'adoration de l'Eucharistie a tousjours esté en l'Eglise, et par conséquent qu'on a tousjours creu fermement qu'en icelle est le vray cors de Nostre Seigneur, 03^es un peu le tesmoignage de quelques grans Pères. Et premièrement, je produiray saint Chrisostome qui vivoit il y a plus de douze cens ans, et lequel pour son excellence a esté loiié et appelle « Bouche d'or », homil.ôi * A/, homii. m in ad Populiim Aut/ocheiium * : « Considéra, quœso, Epist.adEphes.,§ V ,■ • ,. . . • t-> i (Cf. supra, not. (i), meusa regalis est, Angeli ministrantes, ipse Kex adest, ^'' ^°^"' et tu adstas oscitans ? Igitur adora, et communica. Cum vêla videris retrahi, tune superne Cœlum aperiri cogita, *§4- et Angelos descendere(b). » Idem, lib. 6 de Sacerdotïo*, il raconte une vision d'un viellard qu'il appelle «. admi- rable, lequel pendant la Messe avoit tout incontinent veu une trouppe d'Anges resplendissans entourer l'autel, inclinés comme soldatz devant leur roy. » Notes ceste comparaison, notes le mot d'autel. Puys, la mesme, il raconte d'un autre qui avoit appris par vision que ceux qui prenoyent ce saint Sacrement deuëment a la fin de leur vie, avoyent des Anges autour de leurs cors qui les accompaigno3'ent jusques au Ciel. C'est chose belle * Al. De Incom- de voir ce qu'il dict, homil. 3 et 4 contra Anomœos*. ^A?^pÏÏcltio ri- Saint Ambroyse, en son Orayson prœparatoire *,  p ma prœ Missam t. XVI  sparans ad invoquc ce Saint Sacrement, et l'appelle « pain saint, i) col. 75^!j vivant, pur, beau, très doux, » et luy demande [la] grâce de pouvoir aller a son Royaume. Saint Grégoire Nazianzene, oratione in laudem so- § XVIII. roris sulB Gorgoniœ*i^), raconte que sa seur « estant malade d'une maladie prodigieuse, vint de nuict a l'autel  (a) Il faut donc faire la distinction convenable, et révérer le corps du Seigneur. (b) Homélie lxi^ au Peuple d'Antioche : « Considère, de grâce, que c'est une table royale ; les Anges y servent, le Roi lui-même est présent, et tu assistes indifférent! Adore donc, et participe à ce banquet. Lorsque tu vois tirer les voiles, pense que le Ciel s'ouvre sur ta tète, et que les Anges en descendent. » (c) Dans l'oraison à la louange de sa sœur Gorgonie.  XLIV. Sur la sainte Eucharistie 341 se prosternant, et priant Celuy qui est adoré sur iceluy ; omnibusque nominibus appellans, atque omnium rerum quas fecerat commonefaciens, » quid fecerit audite : (( caput cum clamore et lacrymis [altari] admovens, se non nisi reddita sanitate discessuram minitans (3), » etc. Ainsy elle fut guérie. Et Origene, plus ancien encores, homil. 5 in diversa'^, *iadiversaEvang. dict qu'en ce Sacrement nous recevons en nous comme ^°'^plnter Suppo- en nostre mayson, le cors de Nostre Seigneur : « Dis donques, » dict il, « Domine, non siun digniis^, » etc. • Matt., vm, 8. Cyprian., sermone De Lapsis^ : « 31ulier quaedam * § xxvi. cum arcam suam in qua sanctum Domini corpus posuerat indignis manibus tentasset aperire, igné inde surgente deterrita est (^1. »  (a) i< L'invoquant sous tous ses titres, et lui rappelant toutes ses œuvres, » écoutez ce qu'elle fit : « plaçant sa tête [contre l'autel], avec des supplications et des larmes, elle protesta qu'elle ne se retirerait pas avant que la santé lui fût rendue. » (b) Saint Cyprien, sermon Sur ceux qui ont renié la foi : « Une certaine femme qui essayait d'ouvrir avec des mains indignes le coffret dans lequel elle avait déposé le saint corps du Seigneur, fut repoussée par un feu qui en sortit. »  XLV TROISIÈME SERMON SUR LE MÊME SUJET Juillet 1597  Partis que m frangimus, nonne p.irti- cipatio corporis Domini est? Le pain que nous rompons, n'est-ce pas la participation du cors de Jésus Christ? I. Cor., 10, )-. 16. Les adversaires de l'Eglise Catholique respondent a ceste interrogation que non, parce que Jésus Christ leur ' joan., Ti, 64. a dict * : Caro non prodest quicquam ; La chair ne prouffite de rien. Les Catholiques respondent qu'ouy, parce, disent ilz, que accepimus a Domino, qtioniam Dominus Jésus, in qua nocte tradebatur, accepit panem, et gratias agens, f régit et dixit : Accipite et • I Cor., XI, 23, 24. manducate, hoc est corpus meuni'^ ; Nous avons appris du Seigneur que le Seigneur Jésus, la nuict en laquelle il Jut livré, prit du pain, et rendant grâces, il le rompit et dict : Prenes et manges, cecy est ?non cors. C'est en cest article, auditeurs, ou je vous désire attentifz, si jamais vous le fustes, pour entendre nos raysons, vous conjurant de laisser toute passion pour bien juger en une cause si importante ; et je suis asseuré que, le tout meurement considéré, vous feres jugement en faveur des Catholiques, tant leurs raysons devancent en fermeté, en sainteté, en solidité et en bonté celles des adversaires. Je prie, si jamais je priay humblement et d'affection, • Ps. VIII, 3 ; Sap., que Celu}^ qui faict la bouche des en fans diserte*, daigne par sa bonté me donner Ventendement de bien • Ps. cxviii, r-s. sonder ses tesmoignages * ; Da mihi intellectum , et  XLV. Sur la sainte Eucharistie 343 scrutabor legem tuam, et ciistodiam illam in toto corde ;;z^o*(3) ; et a vous, mes très chers auditeurs, * Ps. cxvm, 34. qu'il incline vos cœurs es tesmoignages de sa parolle *; 'ibid., j. ^6. car en ceste difficulté je vois les ennemys qui m'atten- dent avec une trouppe de doutes et questions humaines : Me expectaverunt peccatores lit perderent me, testi- monia tua intcllexi'^ i'^) \ ma3^s l'intelligence de vos * ibid., >\ 95. commandemens m'en délivre. Pendant que l'un me veut tirer par la voye des figures, l'autre de l'ubiquité, l'autre des efFectz, faites. Seigneur, que j'aS'e pour ma guide vostre seule parolle, et qu'elle me soit phare en ceste navigation : Lucénia pedibus meis verbum tuum, et lumen semitis meis*'<^). A celle fin qu'ainsy soit, * Ibid., ^. 105. invoquons l'ayde du Saint Esprit, disant Ave Maria. De peur que par un praejugé et supposition fause vos entendemens ne soyent atteintz de quelque passion contre nous, chers auditeurs, pendant qu'on vous pour- roit avoir faict accroire que le différend qui est entre nous et nos adversaires ne gist en autre, sinon en ce qu^'ilz ne veulent rien croire que ce qui est es Escritures, et [que] nous voulions fonder nostre doctrine ailleurs que sur icelles, je vous supplie de croire qu'en ce parti- culier différend (ni en pas un autre aussi, non plus qu'eux) nous ne voulons céder a eux en l'honneur que nous avons juré aux Saintes Escritures ; ma3's que tout au contraire nous protestons ne vouloir le demesler que par la seule, pure et expresse parolle de Dieu, ainsy que nous fismes Dimanche. Si donques on vous a dict que l'Eglise n'alleguoit que l'authorité des hommes, si on vous a dict qu'elle laissoit en arrière l'Escriture, je vous prie de vous en desabuser, et croire que l'Escriture  (a) Donnez-moi l'intelligence, et /étudierai votre loi, et Je la garderai de tout mon cœur. (b) Les pécheurs m'ont attendu afin de me perdre, mais f ai compris vos témoignages. (c) Votre parole est une lampe qui éclaire mes pieds, et une lumière dans mes sentiers.  344 Sermons autographes a tousjours esté en nos mains, et que ce riche thresor n'a esté gardé que par l'Eglise, et que nos adversaires ne l'ont eu que de nous. Nous ne voulons icy que l'Escriture. Nous sommes donq desja d'accord en ce poinct, qui est que ce différend ne se décide que par l'Escriture ; mais c'est en l'interprétation que gist nostre controverse et dispute ; car nous apportons de beaux et bons passa- ges de l'Escriture, et eux en apportent de ceux qu'ilz peuvent penser estre telz. Tout est de l'Escriture; mays quoy ? ilz veulent interpréter les nostres et les leurs contre nous ; et nous, quasi comme estans sur la défen- sive, sans interpréter les nostres, car ilz sont clairs, voulons seulement rejetter leurs interprétations affin qu'elles ne nous offencent. Entrons, je vous prie, en matière, et vous verres clairement la vérité de ce que je dis. Quand Berengarius comparut, l'Eglise tenoit qu'au saint Sacrement de l'Eucharistie estoit réellement, sub- stantiellement et véritablement le cors et sang de Jésus Christ. Depuys, elle le soustint paisiblement jusques au tems de Jan Hus, Wiclef ; pu3^s vindrent Œcolampadius, Carolostadius, Zuingle, Calvin, lesquelz dirent qu'elle se trompoit et parloit sans fondement. Mais, au contraire, voicy ses défenses. Premièrement, le sixiesme chapitre de saint Jan, sur lequel j'ay discouru Dimanche. Secondement, elle ap- Vers. 25. porte les paroles de l'institution : Matthieu, 26 *, Marc, •Vers.' 19.' ^4*' I-uc, 22**, I. Cor., j i *** ; en tous lesquelz lieux "Vers. 24. Nostre Seigneur parlant de la viande qu'il donnoit instituant la manducation de la Cène, ilz rapportent qu'il dict que c'estoit son cors, par des paroles si expresses qu'elles ne le sçauroyent estre davantage, dont elle tire ceste claire rayson : Dieu l'a dict. Dieu ne peut mentir, donques il y est. L'adversaire respond que Dieu ne l'a pas dict; nous monstrons ses propres motz. Il dict qu'ilz ne se doivent ains}^ entendre comme nous pensons ; nous disons que si. Voyla nostre différend : qui entend mieux les Escritures? Si je puys monstrer clairement que nous  Vers. 19. Vers. 3-5 Vers. 28. Vers. 20.  XLV. Sur la sainte Eucharistie 345 sommes bien fondés, il s'ensuivra que les adversaires le seront d'autant moins, qu'ilz viennent combattre le possesseur de bonne foy. Raysons des Catholiques Rayson première. Icy Nostre Seigneur institue un Sacrement. Or, les Sacremens doivent estre institués en paroUes claires; donques, etc. La mineure se prouve par rayson : parce que l'usage du Sacrement nous doit estre aysé et commun a tous ; donq chacun doit entendre ce qui en est. Voyes en saint Matt., dernier*, et en saint Jan, 3 *, comme Nostre Seigneur se declaire instituant le Baptesme. Deuxiesme rayson. C'est un testament. Matthieu, 26* : Hic est sanguis novi testament/ ; Luc, 22 * : Hic est calix novum testamentum in sanguine mco, qui pro vobis fundetur (-''). Or les testamens doivent estre en termes clairs. Heb., 9*: Lecto omni mandato Legis a * Vers. 19, 20. Moyse universo populo, accipiens sanguinem vitu- lorum et hircorum, cum aqua et lana coccinea et hissopo, ipsum quoque librum et omnem populum aspersit, dicens : Hic est sanguis testamenti quod mandavit ad vos Deus. Ad Gai., 3* : Hominis con- * Vers, rs, 16. finnatum testamentum nemo spernit, aut superor- dinat. Ahrahœ factœ siint promissiones , et semini ejus*. Non dicit et seminibus [^). Pourquoy voules * Gen., xxn, 18. vous, o Messieurs, adjouster vos interprétations sur le testament de Nostre Seigneur? Si saint Pol faict consi- dération sur un singulier et pluriel, tant il veut prendre rigoureusement la propriété des paroUes , pourquoy  (a) Ceci est le sang du nouveau testament... Ceci est le calice, le nouveau testament en mon sang, qui sera répandu pour vous. (b) Moïse ayant lu au peuple tous les commandements de la Loi, prenant du sang des veaux et des boucs, avec de l'eau, de la laine écarlate et de l'hysope, il aspergea le livre et tout le peuple, disant : Ceci est le sang du testament que Dieu a fait en votre faveur... Quand le testament d'un homme est ratifié, personne ne le rejette ou n'y ajoute. Les promesses ont été faites à Abraham et à Celui qui naîtra de lui. Il ne dit pas : h ceux qui naîtront.  346 Sermons autographes voulons nous prendre la licence de renoncer a la pro- priété des paroles du Filz de Dieu en ce sien testament? De plus, l'intention de Nostre Seigneur en sa sainte Cène, faysant son testament, estoit de laisser un gage a son Espouse de l'amour qu'il luy portoit, amour si grand que de vouloir mourir pour elle. Voudries vous bien, chers auditeurs, qu'un morceau de pain, un legs si petit, fut le gage d'un tel et si grand amour? Non, c'estoit luy mesme en une autre forme, impassible, qu'il donnoit comme un juste et asseuré tesmoignage de l'excès de son amour. En outre, Nostre Seigneur n'avoit que son cors et son sang; cdiV Filius liominis non habet ubi caputsMxivn. •Matt.,vni,2o; Lu- l'eclinet* ^^)\ douqucs faisant son testament et laissant cae, IX, 58. j 1 ., . , . des legs a ses amys, il ne pouvoit laisser que son cors et son sang. En fin, vous semble il qu'un morceau de pain soit un présent digne d'un tel Seigneur ? et voules •Gaiat., IV, 1-7. vous que nous soyons tousjours serviteurs*, n'ayant pour haeritage qu'une figure, comme les Mosaïques? Troisiesme ra3^son. Est lex et dogma; atqui leges et dogmata numquam tradi debent obscure, ainsy que dict saint Augustin, lib. 2, de Do et. Christ., cap. 6 et 9 : Nihil est dictum obscure nec scriptum quod spectet ad fidem et mores, quod non planissime dictum sit in aliis locis (^). 4. rayson. Il n'y a aucune marque de figure comme es autres lieux ou il parle figurativement. 5. rayson. Tous les escri vains s'accordent. 6. Tous les expositeurs anciens s'accordent. 7. Numquam dimittendus sensus litteralis, alioquin omnia exposita sunt interpretationibus spontaneis ('^l. Voyla les raysons générales par lesquelles il appert  {z) Le Fils de Phomme n'a pas où reposer sa iêie. (b) C'est une loi, un dogme ; or, les lois et les dogmes ne doivent jamais être exprimés d'une manière obscure, ainsi que dit saint Augustin, liv. II de la Doctrine Chrétienne, chap. vi et ix : Rien n'est dit ni écrit obscurément de ce qui concerne la foi et les mœurs, qui ne soit expliqué ailleurs très clairement. (c) Jamais on ne doit abandonner le sens littéral, autrement tout serait exposé à des interprétations arbitraires.  XLV. Sur la sainte Eucharistie  547  que nous sommes bien fondés a les interpréter en leur sens exprès et formel, non figuré et métamorphosé.  Maintenant monstrons le un peu plus particulièrement contre les argumens de nos adversaires. Première interprétation, d'André Carlostade * : « Hoc, id est, hic (3), » et dict que le Père cseleste le luy a révélé ; dont Luther a intitulé un livre : Contra cœles- tes Prophetas. J'ay veu une Bible imprimée en françois, despuys que je suis en ce païs, ou il y a* : C'est cy mon corsi^). Mays le grec y répugne tout ouvertement, TOJTo, et le sens : car, quelle rayson ? Manges, car c'est cy mon cors. Une autre est de Zuingle *, qui allègue une vision d'un je ne sçay qui, blanc ou noir, qui luy dict que est vouloit dire significat. Œcolampade dict* : Corpus, id est, signum corporis(b). Et tout de mesme Calvin*, horsmis qu'il adj ouste l'appréhension par la foy. Mays Luther, pour monstrer qu'il avoit autant d'esprit que les autres pour se mocquer des Sacremens, en son livre Quod verba Domini firmiter stent, dict : « Meum, quia omnia mea sunt (<=). » Par ou il appert que l'institution de ce grand mistere consistant en quattre paroles, il n'y en a aucune qui n'aye esté attaquée avec grande audace et sacrilège par les superbes ennemis de la foy, trop attachés a leur sens et propre rayson.  * In lih. De abusu antichr.  *Matt., XXVI, 26.  • Coronis vel Sub- sidium de Euch. *Ubisupra,p.33i. * Instit., 1. IV, c. XVII ; alibi.  (a) « Ceci, c'est-à-dire ici. » (b) Corps, c'est-à-dire signe du corps. (c) Qtte les paroles du Seigneur demeurent inébranlables, dit : « Mon, parce que toutes choses sont à moi. »  (i) L'édition de 1641 porte « Cy est mon cors », ce qui est une erreur facile à constater, en rapprochant cette leçon de celle donnée dans Les Controverses (tome I^"" de notre Edition), Partie II, chap. i, art. vi, p. 177, seconde leçon.  XLVI FRAGMENTS ET NOTES DE SERMONS SUR DIVERS SUJETS (0 Années 1 595-1 597 I. — SUR SAIXT PIERRE  Et ego dico tibi\^)\ pour contrechange. (Les huguenotz gastent et avilissent la parole de Dieu, celle des Sacre- Cf. Ps. L, 2. mens et celle cy. Sil dict delere *, ilz disent non imputare (^1.) O quelle grâce de Nostre Seigneur : Tii es Petrus, Cepha, Petros, et super hanc petram Matt.,xvi, 18. œdi/icabo*i'^). Les portes ; cela s'entend la puyssance. O quel honneur. On bayse les pieds a ses successeurs. Vers. 23. Es. 49 * : Erunt reges nutritii tui, et reginœ nutrices tuœ ; vultu in terra demisso adorabunt te, et pul- vereni pediim tuorurn lingent. Non mihi sed Christo(d). Dan., Il, 38. Teste * ; Caldeens anciens. Persicum : duo régna Medorum et Persarum ; 3. Alexandri et Grecorum ; 4. Romanorum.  [a] Et moi Je te dis. {h) Effacer... ne p.7S imputer. (c) Tu es Pierre (Ceph.i, Petros), et sur cette pierre j'édifierai. ( d) Les rois seront tes nourriciers, et les reines tes nourrices ; ils se proster- neront devant toi la face contre terre, et ils lécheront la poussière de tes pieds. Non pas à moi, mais au Christ. ( I ) Il a semblé bon de réunir à la fin des prédications du Chablais les fragments et les notes de sermons qui remontent certainement à cette période, mais dont rien ne permet d'affirmer la date précisa. La date approximative pouvant être conjecturée par l'écriture, c'est d'après une étude attentive des Autographes qu'ont été faits la répartition et le classement des pièces groupées sous les numéros XLVI et XLVII. Ces pièces sont publiées ici pour la preuiière fois, sauf la dernière du n" XLVII, éditée par M igné, t.VI, col. 1099.  XLVI. Sur divers sujets 349 Lapis Jacob vocabitur domus Dei{^)\ [Gen.,] 28 *. * Vers. uit. Neantmoins, il le laysse persécuter.  II. — SUR LE DESIR QUE DIEU A DE NOTRE SALUT (O Sap. II * (b) : Nihil odisti eoriim quœ fecisti. Sap. * Vers. 35. 14* : Odio est Deo impius et imbietas eiiis. Psal. s** : IX^''^- '^- '^ ■' ^ Vers. s. Non Deus volens iniquitatern tu es. Omnia qnœ- cumqiie voluit fecif^. Ezech. 18** : Nolo mortem *Ps. cxin, u. • -n • -rx Vers. ult. peccatons. 2. JPet. 3 "^ : Deus neminem vult perire. * Vers. 9. I. ad Cor. c. 10* ; Fidelis Deus, qui non sinet vos * Vers. 13. tentari supra id quod potestis. Jac. i * : Nemo cum * Vers. 13. tentatur dicat qtioniatn a Deo tentatur. Ipse autem neminem tentât. Gen. 21'^ : Tentavit Deus Abraham »Vers. i. ad probandum, non ad seducendum, Oz. 13*: Perditio tua ex te, Israël, tantiimmodo * Vers. 9. in m.e auxilium tuum. i. Jo. 3*: Oui facit peccatum «Vers. s. ex diabolo est. Apoc. 3 * : Ego sto ad ostium et * Vers. 20. pulso ; si qiiis aperuerit intrabo ad eum. Deus est summum bonum ; ergo est contrarium summo malo. Est communicativum ; non communicat quod non  (a) Persique : deux royaumes, des Mèdes et des Persans; 3. d'Alexandre et des Grecs; 4. des Romains. La pierre de Jacob sera appelée maison de Dieu. (b) Vous ne haïsse^ rien de ce que vous ave^ fait. Dieu hait F impie et son impiété. Vous n êtes pas un Dieu qui veut V iniquité . Tout ce qu' il a voulu , il l'a fait. Je ne veux point la mort du pécheur. Dieu ne veut pas que personne /^V/is^. Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soye^ tentés au-dessus de vos forces. Que nul, lorsqu'il est tenté, ne dise que c'est Dieu qui le tente. Or il ne tente lui-même personne. Dieu tenta Abraham pour l'éprouver et non pour le séduire. Ta perte vient de toi, Israël, c'est seulement en moi qu'est ton secours. Celui qui commet le péché est du diable. Je me tiens à la porte et je frappe ; SI quelqu'un ouvre J'entrerai che^ lui. Dieu est le souverain bien ; donc, il est opposé au souverain mal. Il est communicatif ; il ne communique pas ce qu'il n'a pas. Toutes les voies dit ( I ) Ces notes sont écrites au revers d'un projet de lettre destinée au B.Pierre Canisius. D'après son contenu, cette lettre doit remonter à l'été de 1595.  ;>>  =;o  Sermons autographes  • Vers. 10. • Vers. 4.  * Vers. 37.  * Vers. 136. "Vers. 9.  * Vers. 24, 26. • Vers. 16.  * Vers. 34. •*Vers. 38. * Vers. 23,  * Vers. 13. **Vers. 19 seqq. * Joseph., De Belle Jud., 1. VI, c. III (al. xxi). **Ejusdem Operis, c. XII (al. xxxii). * Ibid., c. xiii (al. xxxin.) ' Vers. ult.  habet. Universœ viœ Domini misericordia et veritas; Psal. 24*. Deus viilt omnes homines salvos fieri, et ad agnitionem veritatis venire; i. Tim. 2*. Hieru- salem, Hierusalem, quœ occidis Prophetas, quoties volui congregare filios tiios, sicut gallina, etc., et noluisti ; Mat. 23*. Exitiis aquarum deduxerunt oculi mei, quia non ciistodierunt legeni tuam. [Ps.] 118*. Thren. i ** : Sordes ejiis in pedihus ejus, nec est recordata finis sui. Vocavi et renuistis ; ego qtioqne in interitu vestro ridebo ; Prov. i *. Jamais Agar ne fut si faschëe ; Gen. 21 * : (a) Non videbo morienttm pnerum; et sedens contra, levavit vocein suant et flevit. Scissis vestibus, indutus est cilicio, lugens filiuni suum miilto tempore ; [Ibid.,] 37*. Cumque ejulatu magno fleret \ [Ibid.,] 27**. Michas pleure ses dieux; Jud. 18* : (^iQuid clamas} quid tibi vis? Qui rcspondit : Deos meos quos mihi feci tulistis, et dicitis quid est mihi ? Millier, quid ploras ? Tulerunt Dominum meum, et nescio ubi posuerunt eum ; Jo. 20*. Lib, 2. Machab. c. i **. « Une femme de celles qui demeuroyent près le fleuve Jourdain*. » Titus levé les yeux au ciel, etc.; 1. 5**. Hz furent eventrés par les x^rabes *. i'^) Tota die expandi manus meas ad populum non credentem et contradicentem mihi; Ro. 10*.  Seigneur sont miséricorde et -céritJ. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, et qu'ils viennent à la connaissance de la vérité. Jérusalem, Jérusalem, qui tues les Prophètes, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule, etc., et tu ne Tas pas voulu. Mes yeux ont répandu des torrents de larmes parce qu'on n^a pas gardé votre loi. Ses souillures ont paru sur ses pieds, et elle ne s'est pas souvenue de sa fin. J'ai appelé et vous avej refusé; moi aussi Je rirai à votre mort. (Si) Je ne verrai pas mourir F enfant ; et, assise en face, elle éleva sa voix et pleura. Ayant déchiré ses vêtements, il se couvrit d'un cilice, pleurant son fis pendant longtemps. Comme il pleurait en jetant de grands cris. (b) Pourquoi cries-tu? que veux-tu ? Il répondit : Vous m'ave^ enlevé mes dieux que je me suis faits, et vous dites que m'importe ? Femme, pourquoi pleures-tu? Ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis. (c) Tout le jour j'ai tendu mes mains a ce peuple incrédule et contredisante  XLVI. Sur divers sujets 351  III. — SUR LE SOUVENIR DE LA PASSION  Interea, [Gen.,] c. 35*, c'est a dire après le sac de * Vers, i, 2, 4. (Cf. o'i i---i-.li t 1 • • • , 1 7- • supra p. 85.) bicnem, ascendit in J3ethel : Abjtcite deos alienos qui in medio vestri sunt. Dederunt ergo ei omnes deos alienos, et inaures quœ erant in auribus eorum; at ille infodit eà siibter therebintum, quœ est post urbern Sichem, id est, humerum. Afferam pauxillum aquœ, et laventur pedes vestri, et requiescite stib arbore; Gen. 18*. Mambre, rebellis, amarus, commu- *Vers.4;juxtaSep- tans ; Hebron, societas. Cant. i*: Fasciciilus myrrhœ antiquam. ^ ^^ ^"^ dilectus meus mihi, inter ubera mea commorabi- ^"' "• tiir. 3 Reg. 19* : Subter unani juniperum. Adhœsit * Vers. 4. anima mea post te*. Anima Jonathce conglutinata *Ps. 1x11,9. est animœ David, et dilexit eum Jonathas quasi animam suam ; i Reg. 18*. Abimelech ; 9 Jud. ** «vers! 2 5 '^éh.w 2i6. Jonadab filium Rechab ; 4 Reg. 10*. Qtiia * Vers. 13. fortis est ut mors dilectio ; [Cant.,] 8 *. * Vers. 6.  IV. — SUR L OFFICE DES PASTEURS Abel pastor fuit ovium ; Gènes. 4*. Facta est * Vers. 2. rixa inter pastores Abram et Loti^) ] Gènes. 13*. * Vers. 7.  Cependant... il monta en Béthel : Rejeie:^ les dieux étrangers qui sont ait milieu de vous. Ils lui donnèrent donc tous les dieux étrangers qu'ils avaient, et les pendants qui étaient à leurs oreilles ; et il les enfouit sous le théré- binfhe qui est derrière la ville de Sichem, c'est-à-dire, ép^nle. J'apporterai un peu d'eau pour laver vos pieds, et vous vous reposerc:^ sous l'arbre. Mantbré, rebelle, amer, qui change; Hebron, société. Mon bien-aimé m'est un faisceau de myrrhe, il demeurera entre mes mamelles. Sous un genièvre. Mon âme s'est attachée a vous. L'âme de Jonathas s'était collée a l'âme de David, et Jonathas l'aima comme son âme. Abimelech. Jéhu à Jonadah, fils de Réchah. Parce que r amour est fort comme la mort. (a) Abel fut pasteur de brebis... Il s'éleva une querelle entre les pasteurs d' Abram et de Lot h.  353 Sermons autographes Isaac en Gerara de Palaestine, du roy Abimelec. Fode- riintque in torrente et repereritnt aqiiam vivant. Jurgium pastorum Gerarœ dicentium : Nostra est * Vers, r, 19, 20. aqua ; [Ibid.,] 26*. Jacob in plaga orientali (a), trouve des pasteurs qui assemblent leurs troupeaux, et unani- mement lèvent la pierre de la bouche du puy, et una- nimement les abbreuvent. La, Rachel estoit avec son troupeau : Nam gregem ipsa pascebati^). La, Jacob •Vers. 1-3, 9, 10. ouvre le puy a Rachel; [Ibid.,] 29*. Voy la responce de "Vers. 3 3^ ^3"-}. Jacob a Laban ; [Ibid.,] 31*. Gènes. 46**, voyes l'excuse que Joseph praspare pour ses gens. Cum dixerit : Quod est opiis vestrum ? respondebitis : Viri pasto- res sumtis , et nos et patres nostri. Hœc autem dicetis, quia detestantiir JEgiptii omnes pastores oviiim l'^).  V. — SUR LA NATURE DE l'aDORATION* (i) Species adorationis quœ dicitur de Deo et hominibus, dicitur analogice ; Bellarminus, 1. i. de Sanctorwn Beatitudine, c. 12. Sacrificandum Deo soli ; Aug., 1. 10. de Civit., c. 4. Eodem modo se incurvât Abraham Deo,  (a) Ils creusèrent dans le torrent et ils trouvèrent de l'eau vive. Les pasteurs de Gerara firent une querelle, disant : L'eau est à nous... Jacob, dans la contrée orientale. (b) Car elle paissait elle-même le troupeau. { c ) Lorsqu'il vous demandera : Quelle est votre occupation ? vous rJpondrej^ : Nous sommes des pasteurs, et nous et nos pères. Vous dire^ cela, car les Egyp- tiens détestent tous les pasteurs de brebis. C'est seulement par analogie qu'on donne le même nom à l'adoration qui se rend à Dieu et à celle qu'on rend aux hommes; Bellarmin, liv. I de la Béatitude des Saints. Il faut sacrifier à Dieu seul ; saint Augustin, liv. X de la Cité, chap. iv. Abraham se prosterne de la même manière devant Dieu, ( I ) Bien que la plupart des textes réunis dans cette pièce semblent ne traiter de l'adoration que d'une manière générale, il y a lieu de croire qu'ils se rapportent à l'adoration de la Croix si on les rapproche des matières déve- loppées dans la Défense de l'Estendart de la Croix (tome II de cette Edition), Livre IV, chap. v, vi, x et xii.  XLVI. Sur divers sujets 353 Gen. 17*, Ançelis, 18**, hominibus, 23***. Gènes. * Vers. 3. **Vers. 2. 27*, Isaac Jacobo : Serviant tihi popiili, et adorent «"Vers. 7. te filii matris tiice. Ro. 2 * : Gloria et honor omni \ \^J^^ ^j^; operanti bonum. Distinctio de latria habituai! et actuali *. Exodi, 20** : Non facietis mecum deos au- «vers.™3.'" '^"^' reos et deos argenteos. Levit. 26* : Non facietis *Vers. i. sculptile et idolum lit adoretis. Is. 42 * : Ego Domi- * Vers. 8. nus; gloriam meam alteri non dabo, et laudeni meani sciilptilibus. Author Sextus Aurelius Victor : Romse Trajanum mortuum triumphasse, et ejus statuam pro eo repo- • De vita et mori- *A'.. 1 1 1 r • ± -n ■ • ±- bus Imper. Roman. sitam *. Aristot., 1. de Memorta et Remtniscentta , Trajanus. c. 2. Prudentius, Hymniis ante somnum*. Paulinus, eju^ ^0^41^7^"^"^ Natali 8 *. * A.l. Poema XXVI.  VI. — SUR LE CULTE DES SAINTS  Tran-slatio ossium Joseph, Ex. 13*; prophetarunt, • Vers. 19. Eccli. 40*. Act. 7** : Translati siint cineres duode- • Vers. 17, lî Vers. 16. cim Patrum(a); chap. 2. du 6. livre des Confessions. Angelis suis Deus mandavit de te'^, etc. Psal. 33 ** : ^Ps. xc, h. hnmittet Angélus Domini in circuitu iimentium eum , et eripiet eos^^). Agar consolée par l'Ange; Gen. 16*. Immittet, auxilium et praesidium, per eclipsim; 'Vers. 7-13.  devant les Anges, devant les hommes. Isaac à Jacob : Que les peuples te servent, et que les fils de ta mère f adorent. Gloire et honneur à quiconque fait le bien. Distinction entre le culte de latrie habituel et actuel. Vous n'aure:^ point avec moi de dieux d'or et de dieux d'argent. Vous ne ferej point d'idole ni d'image sculptée pour l'adorer. Je suis le Seigneur ; je ne donnerai point ma gloire 'a un autre, et la louange qui tu appartient, aux images sculptées. D"après l'auteur Sextus Aurèle Victor, on fit un triomphe à Rome à Trajan mort, et sa statue fut mise à la place qu'il aurait dû occuper. Aristote, liv. de la Mémoire et du Souvenir. Prudence, Hymne avant le sommeil. Saint Paulin, poème vin pour la fête [de saint Félix]. (a) Translation des os de Joseph; ils prophétisèrent. Les cendres des douze Patriarches furent transportées. (b) Dieu a commandé à ses Anges de te, etc. L'Ange du Seigneur enverra [le secours] autour de ceux qui le craignent et les délivrera. Serm. I 23  354  Sermons autographes  Eccli.  * Ex Genebr., in Castramctûbitur , Septuaginta et Hebraice*. Iste paii- ♦°Ps."xxxni, 7. P^t' clamavit ad Dominum (a)*. Mihi aiitem nimis lionorificati sunt amici tut, * Ps. cxxxvm, 17. Deus ; nUnis confortatus est principatus eorum'^. In inemoria œtenia erit justus ; ah aiiditione mala non timebit'^. Prover. 10** : Memoria justi erit in benedictione. Ecclesiastici, c. 44* : Laudemus viros gloriosos, et parentes nostros in generatione sua. Jo. 12 * : Ubi ego snm, illic sit et minister meus. Si quis mihi ministraverit, honorificabit eum Pater meus. Protegamque urbem hanc , propter me et propter David serviim meum ; 4 Reg. 19*. Recordare Abraham, Isaac et Jacob, servorum tuorum; Ex. 32*.  • Ps. CXI, 7 ••Vers. 7 ; XLV, I. • Vers. I. • Vers. 26.  * Vers. ■^\. * Vers, i^  (a) Enverra, sous-entendu le secours et la protection; disposera le camp (Septante et Hébreu). Ce pauvre a crié au Seigneur. O Dieu, vos amis me so)tt devenus extrêmement honorables ; leur empire s'est extraordinairement affermi. La mémoire du Juste sera éternelle; il Jie craindra pas d'entendre mal parler de lui. La mémoire du Juste sera en bénédiction. Louons des hommes pleins de gloire, qui sont nos pères, et dont nous sommes la race. Là oiije suis, que mon serviteur soit aussi. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera. Et Je protégerai cette ville à cause de moi et à cause de mon serviteur David. Souvene;-vons d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, vos serviteurs.  XLVII NOTES POUR DES SERMONS SUR DIVERS SUJETS (0 1598- 1 60 1 I. — SUR LA CORRESPONDANCE A LA GRACE ( = ) Assuerus fecii convivhim ut ostenderet divitias gloriœ regni sut ; invitavit omnem populum ; Hest. I*. In charitate perpétua dilexi te; ideo attraxi te * Vers. 3-5. miser ans ; Hier. 3i *. Bonus es tu, et in bonitate tua * Vers. 5. doce me justificationes tuas *. * Ps. cxvm, 68. Greg., hom. 38, in Evangelia* : « Amice, per fidem, •§ 12. non per operationem. » Jac. 2 * : Fides sine operibus » Vers. 20. mortiia est. Habacuch, 2 * : Justus ex fide vivit. 'Vers.4; Rom., 1,17. Mat. 23*: Hierusaleni, Hierusalem, quœ occidis * Vers. 37. Prophetas. Is. 5*: Qiiid est quod ultra debui facere 'Vers. 4. vineœ meœ et non feci ? Hier.* Oiiare moriemini, * Cap. m, 22, n-, i. domus Israël ? quia nolo mortein morientis, dicit Dominus : revertimini et vivite ; [Ezech.,] 18*. *Vers. 31, 32. Act. 7*: Vos semper Spiritui Sancto restitistis. » Vers. 51.  Assuérus^^ un festin pour montrer les richesses de la gloire de son royaume ; il invita tout le peuple. Je fai aimé d'une charité éternelle ; c'est pourquoi, ému de pitié, je t'ai attiré. Vous êtes bon, et dans votre bonté enseignez-moi ■oos justifications. Saint Grégoire, hom. xxxviii sur les Evangiles : » Ami, par la foi, non par les œuvres. » La foi sans les œuvres est morte. Le juste vit de la foi. Jérusalem, Jérusalem qui tues les Prophètes. Qiiai-je dû faire de plus pour ma vigne que je n aie fait / Pourquoi mourrej^-vous, maison d'Israël? car je ne veux point la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur : revene;^ et vive:;. Vous avei toujours résisté à VEsprit-Saint. Méprises-tu les richesses de sa (i) Voir note (i), p. 348. (2) Ces notes occupent le recto et une partie du verso d'un feuillet dont le surplus est rempli par l'adresse de l'Archevêque de Bari, nonce apostolique à Turin, écrite de la main de Mgr de Granier, et par le sceau de ce même Prélat.  356  Sermons autographes  • Vers. 4. • Vers. 20. **Vers. 21. • Vers. 31. • Vers. II. • Vers. 24.  * Vers. 21-25. **Cap. XXXVII. *Vers.i2; cap. x, 17. •A/.ep.cLXxxv,c.ix. •♦Vers. 6. *Sermo 11, ad finem. * Vers. 30. ( ? ) * Vers. I, 2. *Cont.Ha2r.,c.xxvi. *'Vers. 18. 19. * Vers. 46. *A/. deunit.Eccles. **Vers. 10. * Vers. 21. •*Ibid., XIV, 30.  Rom. 2 * : An divitias bonitatis contemnis ? Ignoras quia benignitas Dei ad pœnitentiam te adducit ? Apoc. 3* : Ego sto ad ostium. Mat. 1 1 ** : Vce tibi, Coro^ain. Ezech. i8* : Qiiare moriemini, domns Israël? et 33* : Convertimini. convertimini, quare moriemini, domus Israël ? Proverb. i * : Vocavi et renuistis ; extendi maniis meas et non fuit qui aspiceret. Gen, 7*, extra arcam ; Fulg., 1. De Fide, ad Petr.^* I. Cor. 12* : Multi unum corpus sumus in Christo. Aug., ep. 50*. Prima ad Cor., 5 ** : Nescitis quia modicum fermentum totam ? August., in Psal. 88 * : « Si haberes patronum, » etc. Eph. 5*. Nadab et Abiu ; Levit. 10*. Dathan, Core et Abiron; Nu. 16. Iren., 1. 4*. Josue, 2**, extra domum Raab. Ex. 12 * : Comedetis in domo una. Cyp., de Simpl. prœl. * Gen. 21 ** : Ej'ice ancillam et filium ej'us. Sixcens mille ; Nu. 11 *. Josué seul et Caleb **.  II.  SUR LA MORTIFICATION PRODUITE PAR l'aMOUR (  * Vers. 6. **Vers. 2.  Lex zelotipiœ; Nu. 5. Serpens in arbore] pulchrum, Gen. 3*. Deus in rubo ; Ex. 3**. Regmcm cœlorum ;  honte? Ignores-tu que la bénignité de Dieu t'attire a pénitence? Je me tiens à la porte. Malheur a toi, Coro^aïn. Pourquoi mourre^-vous, maison d'Israël? Convertissez-vous, convertissez-vous ; pourquoi mourre^-vous, maison d'Israël? J'ai appelé et vous ave^ refusé ; J'ai tendu mes mains et il n'y a eu personne qui ait regardé. Hors de l'arche; saint Fulgence, livre 'a Pierre, Sur la Foi. Bien que nous soyons plusieurs, nous ne sommes qu'un seul corps dans le Christ. I^e savg^" vous pas qu'un peu de ferment [corrompt] toute, etc. Saint Augustin, sur le Ps. Lxxxviii : « Si vous aviez un maître, » etc. Hors de la maison de Rahab. Vous mangerez dans une seule maison. Saint Cyprien, De l'unité de gouvernement dans l'Eglise. Chasse la servante et son fis. La loi de jalousie. Le serpent sur l'arbre ; beau. Dieu dans le buisson. Royaume  ( I ) Ces notes sont écrites au revers d'une lettre adressée à saint François de Sales par l'imprimeur lyonnais Roussin, en date du 25 septembre 1599. Voir tome II de cette Edition, Appendice II.  XL VII. Sur divers sujets 357 Eph. 2*. Mat. 23** : Omnes vos fratres estis. Ro. 8 * : Primogenitus in miiltis fratrihiis. i Cor. 12 ** : Membra de inemhro. Philipp. i * : Qiiid eligam ignora. Ad Gai. 4* : Filioli, qiios iterum partiirio, donec formetur in vobis Christus. Is. 60* : Qiti sunt isti qui ut nubes volant, quasi columbœ ad fenestras suas ? Qiioniam propter te mortificamur tota die, œstimati sumus sicut oves occisionis ; [Ps.] 43*. 2 Reg. 23**, de cisterna Bethléem, "Vers. 13-17.  Vers. 6, r6. Vers. 8. Vers. 29. Vers. 27- Vers. 22. Vers. 19. Vers. 8.  Vers. 22  III. — SUR LA PÉNITENCE (0 Aug., 1. 22 Contra Faustum, c. 2-] : <.<. Dictum, factum vel concupitum contra legem aeternam. » De Vera Rel., c. 14 : « Peccatum voluntarium est malum. » Ex. 19* : * Vers. 15. Estote parati in diem tertium. Ro. 8* : Qiiis nos * Vers. 35. separabit ? Justus périt ; Is. 57 *. * Vers. i. Jo. 7 * : Nolite secundum carnem judicare, sed * Vers. 24. rectum judicium facite. Eccli. 10*: Qiiid superbis, * Vers. 9. terra et cinis ? Job, 9 * : Verebar omnia peccata mea. * Vers. 28. Prophetœ tui viderunt tibi falsa et stîilta, nec  des deux. Vous êtes tous frères. Le premier-né entre beaucoup de frères. Membres de membre. Je ne sais que choisir. Mes petits enfants, pour qui je ressens de tiouveau les douleurs de l'enfantement, jusqu'il ce que le Christ soit formé en vous. Qui sont ceux-ci qui volent comme des nuées, comme des colombes vers les ouvertures de leurs colombiers ? Puisque il cause de vous nous sommes mis à mort tout le jour, nous sommes reg.irdés comme des brebis d'immolation. Sur la citerne de Bethléem. Saint Augustin, liv. XXII Contre Fauste, chap. xxvii : « Une parole, une action ou un désir contre la loi éternelle. » De la Vraie Religion, chap. xiv : i< Le péché est un mal volontaire. » Soye^ prêts au troisième jour. Qui nous séparera /" Le juste meurt. Ne juge:{ pas selon la chair, mais juge^ selon la droiture. Pourquoi t'enor- gueillir, terre et cendre? Je redoutais tous mes péchés. Tes prophètes ont eu pour toi des visions fausses et insensées, et ils ne te (i) Ces notes sont écrites au revers du projet d'une attestation dressée à Thonon par saint François de Sales, agissant au nom de Mgr de Granier,  • Vers. 14. * Vers. 12. **Vers. 13.  358  Sermons autographes  aperiebant tibi iniquitatem tiiam ut te ad pœniten- tiam provocarent ; Thren., 2 *. Convertiinini ad me; Joël, 2 *. Luc 10** : Si in Tiro et Sidone, etc.  IV. — SUR LE MEME SUJET  Prima conditio verce pœnitentiœ * Vers. 12. Ut sit ex toto corde. Joël, 2 * : Convertimini ad me * Ps. cxviii, 10. in toto corde vestro. In toto corde ineo exqtiisivi te*. •Vers. 5. Soph. I * : Jurant in Deo et jurant in Melchon. Elias, •Vers. 21. 3. Reg. 18* : Si Dominus est Deus, etc. Manna non descendit donec farina ^gipti, etc. ; Ex. 16. Aquila * Albert. Mag. De aquatica, pcdcm unum anseris, alium aquilae*. A corvo Animal., 1. XXllI. -^ ^ ^ •Hist. iiatur.,i.x, superatur ; Plinius *. Clamavi in toto corde meo ; Pss. cxviii, M5, miserere mei et exaudi me"^. Lahia dolosa, in corde et corde locuti sunt *. Hier. 2 ** : Duo inala fecit populus meus. Tactus dolore cordis intrinsecus*. Oculus dividi nequit ; unum cor. Totae sunt addictae Domino. Per vota. Sacrificium Deo spiritus contrihulatus, cor contritum et humi- liât um Deus non despicies'^. Erat in templo Salomonis mare seneum. quo lavabantur victimse *.  XXVI, 7. • Ps. XI, 2. **Vers. 13. * Gen., VI, 6  * Ps. L, 19. • III Reg., VII, 23; II Par., IV, 2, 6.  découvraient pas ton iniquité pour te provoquer a la pénitence. Convertissez-vous à moi. Si dans Tyr et Sidon, etc. Première condition de la vraie pénitence Qu'elle soit de tout cœur. Convertissez-vous h moi de tout votre cœur. Je vous ai cherché de tout mon cœur. Ils Jurent par Dieu et jurent par Melchom, Elie : Si le Seigneur est Dieu, etc. La manne ne descendit pas jusqu'à ce que la farine d'Egypte, etc. L'aigle aquatique a une patte d'oie et l'autre d'aigle. Il se laisse vaincre par le corbeau (Pline). J'ai crié de tout mon cœur ; aye^ pitié de moi et exaucez-moi. Les lèvres trompeuses ont parlé avec un cœur et un cœur. Mon peuple a fait deux maux. Touché de douleur Jusqu'au fond du cœur. L'œil ne peut être divisé; le cœur est un. Le Seigneur a droit à toute pénitence. Par les vœux. Le sacrifice que Dieu désire est un esprit affligé ; vous ne dédaignerez pas, ô Dieu, un cœur contrit et humilié. Il y avait dans le temple de Salomon une mer d'airain où étaient lavées les victimes.  XLVII. Sur divers sujets 359  V. — SUR L AMOUR DE DIEU ET DU PROCHAIN  Ignis autem in altari mec semper ardehit, quem nutriet sacerdos subjiciens ligna per singiilos dies ; Levit. 6 *. Tit. 3 ** : Apparuit hiunanitas et béni- I.yeîî" T' gnitas Salvatoris, etc. Psal. 7 * : Exurge, Domine * Vers. 7. Deus, in prœcepto qiiod mandasti, etc. 4 Reg. 4* : Inciibuit Helisaeus. Utinam disrum- * Vers. 34. pères cœlos, et descenderes. A facie tua montes diffliierent ; siciit exustio ignis tabescerent, aqiiœ ardèrent igni, nt notum fieret nomen tuum in Gen- tibus ; Is. 64 *. Psal. 24** : Diilcis et rectiis Dominus; * Y^"- 1' =• ' **Vers. 8-10. propter hoc legem dabit delinquentibus in via. Diriget mansuetos in judicio ; docebit mites vias suas. Universce viœ Domini. Psal. 7* : Exurge * Vers. 7. Domine in ira tua, et exaltare in finibus inimico- rum tuorum ; et exurge Domine Deus meus in prœ- cepto quod mandasti. Jo. 12 * : Nunc judicium est * Vers. 31. mundi. Sicut febris hectica non desinit donec separet, etc., ab omni humido. Tune anima ascendit. Renunciate dilecto meo quia amore langueo ; Cant. 5 *. Si dederit * Vers. 8.  Mais le feu brûlera toujours sur mon autel, et le prêtre l'entretiendra, y mettant du bois chaque jour. La bénignité et Vhumanité de notre Sauveur est apparue, etc. Leve^-vous, Seigneur mon Dieu, selon le précepte que vous ave^ établi, etc. Elisée se coucha. Oh si vous ouvrie^ les deux, si vous descendiez ! Les mon- tagnes s'écouleraient devant votre face ; elles fondraient comme si elles étaient consumées par le feu, les eaux s'embraseraient, afin que votre nom fût connu parmi les Gentils. Le Seigneur est doux et juste ; c'est pour cela qu il donnera aux pécheurs la loi à suivre dans la voie. Ll conduira les hommes dociles dans la justice ; il enseignera ses voies à ceux qui sont doux. Toutes les voies du Seigneur. Leve^-vous, Seigneur, dans votre colère, et domine:;^ au milieu de vos ennemis; et leve^-vous, Seigneur mon Dieu, selon le précepte que vous ave-i établi. C'est maintenant le jugement du monde. Comme une fièvre hectique ne cesse jusqu'à ce qu'elle sépare, etc., de toute humeur. Alors Tàme s'élève. Annonce* à mon Bien-Aimé que je languis  360 Sermons autographes hoino omnem substantiam domus suce pro dilectione, • Cant., uit., 7. quasi iiihil despiciet eam*. 2 ad Cor. 12**. Omni- **Vers. 15. 7 • jr j. ^ • I Cor., IX, 22. bus omnia factiis *. *Vers. 8. Gen. 13 * : Ne, quœso, sit jurginm inter me et te. •Vers. 12. Jo. 15* : Hoc est preceptiun meum, ut diligatis. • Vers. 3. Hier. 31* : Charitate perpétua dilexi te, ideo attraxi. Concaluit cor meum intra me, et in meditatione 'Vers. 4. mea exardescit ignis ; [Ps.l 38*.  VI. — SUR LE SOUVENIR DE LA CROIX ET DE LA PASSION •Vers. I, 6, 9. Exod. 17 * : In deserto Sin, in Rapliidim, percussit Petram, et fluxerunt aquae larg-issimse, Elige viros, et egressus pugna contra Amalec ; crus ego stabo in vertice collis, liabens virgam Dei in manu mea. •Vers. 21, 27, 28. Exod. 14* : ^loises virga percutit mare et dividitur ; •Vers. 2-4. iterum, et revertitur. Exod. 4* : Dixit Dominus : Quid est quod tenes in manu tua ? Virga. Projice. Pro- jecit, et versa est in colubrum , ita ut fugeret Moïses, etc. Extende manum tuam et appréhende caudam ej'us. Ver saque est in virgam. • Vers. 24. Hebr. 12 * : Sanguis Christi melius Xoo^xtMT quam • Vers. 20. sanguis Abel. Coloss. i * : Pacificans per san^uinem • Vers. ult. ^ . , „ , . . 51.] fermento veteri *. Amb., De Pœnit., 1. 2. Gai. 2 ** : *j-Cor.5.[f.i.^ J ' "Vers. 20. Vivo ego, j'am. non ego. 2 Timot. 2*: Non corona- *Vers. 5, 7. tur nisi qui. Intellige quœ dico : Non coronabitur nisi qui légitime certaverit. Barthol. Diazii, Bonae Spei promontorii cum Toanne „ „ . „■ , t ^ -^ -^ 'Maffeius,Hist.In- nominatio* (^). die, 1. I, c xvn.  combattu. » « La tempête ballotte les navigateurs, » etc. « Ils se réjouissent grandement parce qu'ils craignaient » de mourir. << Le malade est cher, » etc. Saint Paul : Comme vous êtes associes aux souffrances, vous le sei-e^ aussi à la consolât 1071. (a) Joseph ton Jils vit encore, et c'est lui qui commande dans toute la terre d'Egypte. Ce que Jacob ayant entendu, il s'éveilla comme d'un profond sommeil, cependant il ne les croyait pas ; eux, au contraire, lui rapportaient toute la suite de la chose. Et quand il vit les chariots et tout ce que Joseph avait envoyé, son esprit se ranima, et il dit : Il me suffit si mon fils vit encore. ( b) A la vérité, nous ressusciterons tous, mais nous ne serons pas tous changés. Mangeons, non avec le vieux levain... Je vis, non plus moi. Nul n'est couronné sinon celui qui, etc. Entends ce que Je dis : Nul ne sera couronné sinon celui qui aura l.'gifimement combattu. Barthélemi Diaz, de concert avec [le roi] Jean, nomme le cap de Bonne Espérance.  LUI NOTES d'un sermon POUR LE JEUDI DE PÂQUES 26 a^•ril 1601 (i) Cucurrit ergo ad Simoneni Petrum et ad alium discipuliim qiiem am abat Jésus, et dixit illis : Tule- rtint Dominiim de monumento, et nescimus ubi posîterunt eum. Maria autem stabat ad momimen- tîim foris, plorans. Diun ergo fleret, inclinavit se, et prospexit ; et vidit duos Angelos in albis, seden- tcs. Dicunt ei illi : Mulier, qiiid ploras ? Dicit eis : Qiiia tulertint Dominiim meum, et nescio ubi posue- * Vers. 2, 1Î-13. runt eum ; Jo. 20 *. De tribu Dan 600, in montent Ephraim. Quid Ubi vis ? quid clamas ? Qui respondit : Deos meos, quos * judic. xvm, II, mihi feci, tulistis, et dicitis : Quid tibi est* ? Gen, 37 : Scissisque vestibus, indutus est cilicio, lugens filium suiim multo tempore. Congregatisque multis  Elle courut donc a Simon Pierre et à Vautre disciple que Jésus aimait, et leur dit : Ils ont enleze' le Seigneur du sépulcre, et nous ne savons oii ils Pont mis. Mais Marie se tenait debout hors du sépulcre, pleurant. Or, comme elle pleurait, elle se pencha et regarda.; et elle vit deux Anges vêtus de blanc, assis. Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur répondit : Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où, ils Vont mis. Six cents hommes de la tribu de Dan [passèrent] à la montagne d'Ephraïm. Que veux-fu? pourquoi cries-tu? Il répondit : Vous m'ave^ enlevé mes dieux que je me suis faits, et vous dites : que t'importe?... Et ayant déchiré ses vête- ments, il se couvrit d'un cilice, pleurant son fils pendant longtemps. Alors ses nombreux enfants s'étant assemblés, il ne voulut point recevoir de consolation. ( I ) La date du jour auquel a été prononcé ce sermon est précisée par la note suivante, écrite de la main du notaire apostolique, au revers de l'Auto- graphe : Feria [quinta] Paschœ, de Magdalenœ sollicitudine.  i;, 23. i\.  LUI. Pour le jeudi de Paûues 381 liberis, noliiit consolationem accipere, sed ait : Descendant ad filium ineiim lugens in inferniim^. * Vers. 3^, 35, Puer non comparet , et ego quo ibo"^? 2 des Rois, * Vers. 30. dix huict * : Fili mi Absalojn, Absalom flli mi, quis * Vers. uit. mihi tribtiat ut ego moriar pro te, Absalom fili mi, fili tni Absalom ? A Gabeliis en Rages. Ragucl. Scis quod numéral pater meus dies; Tob. ix *. Heu me, heu me, fili mi, 'Vers. 5-5. ut quid te n\\s\ peregrinari? {Voïà.,] 10*. Quœretis * Vers. 4. me, et invenietis cum quœsieritis in toto corde vestro ; Jer. 29 *. » Vers. 13.  mais il dit : Je descendrai en pleurant vers mon fils dans l'enfer... L'enfant ne paraît pas, et moi, où irai-je?... Mon fils Absalom, Absalom mon fils, qui me donnera que je meure moi-même pour toi? Absalom mon fils, mon fils Absalom. Tu sais que mon pln-e compte les jours. Hélas, hélas, mon fils, pourquoi f avons-nous envoyé en pays étranger ? Vous me cherchere;, et vous me trouvère^ lorsque vous m'aure^ cherché de tout votre cœur.  LIV  FRAGMENT D'UN PLAN DE SERMON POUR LE SIXIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 22 juillet 1601 (Ixédit)  [Uiide illcs qiils poterit hic saturare paiiibns {71 soUtiidine (a.)}] [Makc, viii, 4.]  En tous deux il y a de la murmuration, et presque semblable. Et maie lociiti sîint de Deo ; dixerunt : •■ Ps. Lxxvii, 19. Nunqtiid poterit parare mensam in deserto * ? * joan., VI, 33. Ains}' : Oiiomodo potest hic nobis carnem suam *(b)? JNlais, o comme ces deux induisent, etc. ; car qu'est ce quil y a de plus difficile? Que la substance soit sans ses accidens ? Pourquoy plus tost? etc. Que les accidens sans substance? Et en la manne, giistus erat quasi * Ex. i6.[^.-^i.] similcu cum inelle'^ K'^) \ bien plus : tout goiist ; Sap. * Vers. 20. 16*. Icy la substance sans ses accidens; car n'est ce pas le propre des cors de diminuer, et qu'en levant il en reste moins ? Et icy au contraire. Ainsy : Nec qui *ExoJ., XVI, 18. plus collegerat habuit amplius * ^^). Qu'un cors soit sans dimensions ? Nec qui plus, etc. Quoy en plusieurs lieux? Voyes exactement ce texte.  ( a ) Comment poiirrait-on les rassasier de pain ici dans le désert? (h) Et ils parlèrent mal de Dieu; ils dirent : Est-ce qit il pourra préparer une table dans le désert?... Comment celui-ci peut-il nous [donner] sa chair? (c) Le goût était celui de la /leur de farine mêlée avec du miel. ( d) Celui qui en avait plus amassé n'en eut pas davantii^e.  LIV. Pour le vi<^ Dimanche après la Pentecôte 383 .Alonte sur la nasselle, vint en Dahnaniitlia. Les Pharisiens luy demandent signe; il les tance, repasse a l'autre bord. Les Disciples oublient le pain. Levain des Phariseens et d'Herodes; pensent que ce soit pour avoir oublié le pain. Non recordamini, etc., in qnin- que, in quatuor ^ i^). *Marc.,viii, 10-20. Luc. 9*, 3lat. 14"*: Respexit in cœlum (^) ; il bénit. 'Vers. 16. **Vers, 10. Nos adversaires, ne l'un ne l'autre. Saint Pol * : Calix • i Cor., x, 16, benedictionis cui benedicinius ('^.'. Vertu de ceste bénédiction. Amb., De iis qui initiantnr '^, c. 9 : * a/. De Mj-steriis. « 3lajor est vis benedictionis quam naturœ ; nam bene- dictione etiam natura mutatur. » Et benedicens fregit; Mar. 14*. Benedictio : Crescite et multiblicamini'^^, 'Vers. 25.  etc. Chrisost., hom. de proditore Juda'^' ^'^\ »iDter Supposit.  (a) Ne vous rJppele;-vous pas. etc., aux cinq \mille\, aux quatre. (h) Il regarda le ciel. ( c ) Z^ calice de bénédiction que nous bénissons. (d) Saint Ainbroise, De ceux qu'on baptise, chap. ix : « La vertu de la béné- diction est plus grande que celle de la nature ; car par la bénédiction la nature même est changée. » Et V ayant béni, il le rompit... Bénédiction : Croisse^ et multiplie^, etc. Saint Chrysostôme, homélie sur le traître Judas.  LV PLAN d'un sermon POUR LA FÊTE DE SAINT JACQUES LE MAJEUR 25 juillet 1601 (Inédit)  IN DIE SANCTI JACOBI, AD CAPUCINOS ; 160I  * Vers. M- 17. Marc. 3 * : Et fecit ut essent duodecim cum illo, et mit fer et eos prœdicare. Et dédit illis potcsi.ttem curandi infii-mitates et ejiciendi dœmonia. Et imposnit Simoni nomen Petnis ; et Jacobiim Zehedei , et Joannem fratrem Jacobi , et imposuit eis nomina Boanerges , qnod est, /îlii tonitrui (a). Trois sont les principaux Patriarches en la loy de nature : Abraham, Isaac et Jacob ; et trois en la loy escritte : Moyse, Aaron, Josué ; et en voicy trois en l'evangelique : Pierre, Jan et Jaques. Mays combien il y ait de convenance entre ces trois triades, il faudroit un long discours pour le déduire. Il me revient seule- ment de vous dire que saint Jaques, duquel nous faysons aujourdhu}^ la feste, a mille similitudes avec Jacob et  (a) LE JOUR DE SAINT JACQUES, AUX CAPUCINS ; 160I. // en établit doit^e pour être avec lui et pour les envoyer prêcher. Et il leur donna le pouvoir de guérir les maladies et de chasser les démons. Et il donna à Simon le nom de Pierre ; et à Jacques, fils de Zébédée, h Jean, frère de Jacques, il donna le 7iom de Boanerges, c' est-a-dire, fils du tonnerre.  LV. Pour la fête de saint Jacques le Majeur 385 Josué, desquelles je diray quelques unes, si elles se rencontrent sur les chemins de mon discours. Mays au moins y a il celle cy, que Jacob porta deux noms, car il fut encor appelle Israël ; Josué en eut deux, car il fut nommé Osée. Ains}'' nostre saint Jaques non seulement fut ^.T^eWè Jacobus, mays encor Boanerges, nom lequel ayant esté imposé par Nostre Seigneur, ne peut estre sans mistere. Parcet pauperi et inopi, etc., et hono- rabile nomen eorum coram tpso(^); [Ps.] 71 *. C'est * Vers. 13, 14. pourquo}', sur ce nom, etc. (b) Is. 60* : Oui sitnt isti qui ut nubes volant? * Vers. 8. Psal. 67*: Virtus ejus in nubibus. Exod. 16** : Gloria * Vers. y-,. **V6rs. 10. Domini apparuit in nube. Psal. 103* : Ponis nubem * Vers. 3. ascensum tuum. Contrario sensu, Judas* falsos doc- 'Vers. 12. tores appellat nubes sine aqua. Psal. 77* : Deduxit * Vers. i.(. eos in nube diei. 1* similitudo. Ex generatione ; nam nubes est vapor vi solis attractus. Apostoli sunt homines. Jacobi, 4* : Qiiœ * Vers. 13. est vita vestra ? vapor ad modicum apparens. Igitur Apostoli sunt vapores ut cœteri hominum * ,' ita isti * Lucas, xvm, n. Apostoli petitionem hominum faciunt in Evangelio * ; * Matt., xx, 21 ; sed vi solis attracti sunt ut fiant nubes : Venite post me, faciam vos fleri piscatores ; at illi continuo, relictis retibus et pâtre, secuti sunt eum *. »xMait.,iv,i9,:o,;3 2" similitudo. x^lajor pars vapori ex mari ; ita Petrus  (a) // épargnera le p.xuvrc et V indigent, etc., et leur nom sera honorable devant lui. ( b ) Qiii sont ceux-ci qui volent comme des nuées ? Sa puissance éclate dans les nues. La gloire du Seigneur apparut dans la nuée. Vous monte^ sur un nuage. Dans un sens contraire, Jude appelle les faux docteurs nuées sans eau. Il les conduisit le jour au moyen d'une nuée. i'^ ressemblance. Par Torigine. La nuée est une vapeur soulevée par rattraclion du soleil. Les Apôtres sont des hommes. Qu'est-ce que votre vie? une vapeur qui apparaît pour peu de tems. Les Apôtres sont donc des vapeurs comme le reste des hommes ; c'est pour cela que ces Apôtres, dans l'Evangile, font une demande tout humaine; mais la force du soleil les attire pour en faire des nuées : Vene^ après moi, et je vous ferai devenir pécheurs ; et aussitôt, ayant laissé leurs filets et leur père, ils le suivirent. S""* ressemblance. Les vapeurs atmosphériques s'élèvent en grande partie Serm. I 2S  386 Sermons autographes et Andréas, Joannes et ]a.cobus, j'tixt a mare Galîleœ ; * Vers. 18. Mat. 4 *. O fœlices qui trahuntur a mari ad portum ! Inveni ; sors et fortuna, valete. Relinquunt retia ; mun- • Vers. 20. dus laqueis plenus. Eccli. 9* : In meâio laqueorum pertransis. Relinquunt patrem, ut verius dicant : Patei' »Matt.,vi, 9. Il os te r"^'. 3. Nubes réfrigérant tempore caloris, calefaciunt tem- pore frigoris, et radios, ut dulcius ad nos deferantur, attemperant. Sic Apostoli medii sunt inter Deum (sic) : '""pf^xx^ih^ioan ^^^ ^^^^ existiiuet hoiuo'^ ; DU est/s ^*; radii Redemp- X, 34- toris ad nos illorum ministerio perveniunt. At in nube jam elevata generantur tonitrua ; cum exhalationes intercluduntur nubibus et quseritur exitus. In Apostolico coUegio facta sunt tonitrua, et quidem de * Ps. xvm, 5. omnibus verum est ; quia ex/vit sonits eorum *. Job, "Vers. 3. 37*: Tonahit, inquit Eliud, Dciis in voce sua mira- •Act.,11, 2. hiliter. Et factiis est repente^\ etc. Sed praecipue a Domino Joannes et Jacobus dicuntur_^Z/7 tonitrni ; quod intelligi débet ex altero duorum hebraismorum. Priraus ♦ joan., xvir, 12. est : fiUiis pcrditiouis ^' dicitur filius perditus ; filins iniquitatis, filius pacis; ita filii tonantes. Rêvera *ibij., 1, I. tonantes : In principio erat Verbun?^ ; alius, ut magis  de la mer; ainsi Pierre et André, Jean et Jacques sont appelés le long de la mer de G.ililre. Oh ! bienheureux ceux qui sont attirés de la mer au port 1 J'ai trouvé; hasard et fortune, adieu. Ils abandonnent leurs filets; le monde est rempli de pièges. Tu passes au milieu des pirges. Ils quittent leur père, pour dire avec plus de vérité : Notre Père. 3. Les nuées rafraîchissent en temps de chaleur, réchauffent en temps froid, et tempèrent les rayons pour qu'ils nous arrivent plus doux. Ainsi les Apôtres s'interposent entre Dieu i^et nous] : Que les hommes nous regardent comme, etc.; Vous êtes des dieux ; les rayons du Rédempteur arrivent jusqu'à nous par leur entremise. Mais dans la nue une fois élevée, s'engendrent les tonnerres, alors que les exhalaisons qui y sont renfermées cherchent une issue. Dans le collège apostolique les tonnerres retentissent, et cela est vrai de tous les Apôtres; car leur bruit s'est rJpandu. Dieu, dit Eliud, tonnera merveilleusement par sa voix. Et il se fit soudain, etc. Mais, ce sont surtout Jean et Jacques que le Seigneur appelle yi/s du tonnerre. Il existe deux hébraïsmes dont l'un doit donner la clef de ce passage. Selon le premier, le fils perdu est appeléyi/s de perdition; on dit de mèmeyî/s de l' iniquité, fils de la paix ; ainsi y/.'i tonnants. Tonnants çn effet : An commencement était le FfrJf; l'autre [frère], comme plus retentissant  LV. Pour la fête de saint jAcauEs le iMajeur 387 tonans, ab Hcerode primus occiditur. Secundus : filiiis tonitrui, hoc est, qui a tonitru procedit, Thren. 3, 12 : Tetendit arcnm siiiim, et posait me quasi signiim ad sagittam ; misit in renibus meis filias pharetrœ suce'*; filia Sion, filia populi mei. Tirum, urbem 'Vei-s. 13. maritimam, Isaias, z^^, v. 10, filiain maris apellat ; et hoc modo filii tonitrui. Porro ex tonitru tria procedit [sic< : fulgur, fulmen et pluvia. Fulgur : AUuxerunt fulgura ej'us orbi terrœ'^. ' Ps. xcvi, ^. Mat. 24* : Sicut fulgur exit ab oriente, ita Jacobus 'Vers. 27. a Judsea in Hispaniam. Ouam involvens* ! Oui facit • Ezech., i, 4. Angelos suos spiritus, et ministros suos , ignem ; [Ps.] 103*. Dispertitœ [linguœ] sunt ignis ''^'*. Ita 'Vers. 4- columna erat nubis in die, ignis in nocte*. Secutus »Êxod."xiii,2i, 12. Dominum ubique : cum filiam archisinagogi Jairi, 3lar. 5*: Talitha cumi. Ab oriente, montis Thabor, ad 'Vers. 37-^1. occidentenî"^, montem Olivarum. Fulmen : Fulgura * Matt., ubi supra coruscationem ; emitte sagittas tuas; [Ps.l 143*. * Vers. 6. [Ps.] 44* : Specie tua et pulcliritudine, etc. Propter ' Vers. ?, 6, veritatem. Sagittœ tuœ acutœ, populi sub te cadent. Es. 18 * : Sicut imber roris. 'Vers. 4.  encore, est le premier immolé par Hérode. Le second hébraisme e%i fils du tonnerre, c'est-à-dire qui vient du tonnerre. // a tendu son arc, il m'a rendu comme le but de sa flèche ; il a lancé dans mes reins les filles de son carquois ; fille de Sion , fille de mon peuple. Isaïe appelle Tyr, ville maritime, la fille de la mer ; et dans ce sens on peut dire fils du tonnerre. Or, trois choses procèdent du tonnerre : l'éclair, la foudre et la pluie. L'éclair : Ses éclairs ont illuminé le globe de la ferre. Comme F éclair part de l'orient, ainsi Jacques de la Judée en Espagne. Comme il était un feu tour- noyant I Qui fait des esprits ses messagers, et des feux ardents, ses minisires. [Les langues] divisées sont de feu. Ainsi la colonne était de nuée pendant le jour, de feu pendant la. nuit. Il suivit le Seigneur partout : lorsqu'il adjura la fille de Jaïre, chef de la synagogue : Jeune fille, lève-toi. De forient, du mont Thabor, h l'occident, au mont des Olives. La foudre : Faites briller vos éclairs ; lance^ vos flèches. Dans votre dignité et votre beauté, etc. Pour la vérité. Vos fièches sont acérées, les peuples tomberont ii vos pieds. Comme une pluie de rosée.  LVI  SOINIMAIRE d'un SERMON POUR LE HUITIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE  5 août 1601 (Inédit)  DOMINICA 8- POST PENTECOSTEN * Lucx, XVI, 1-9. Je trouv'en ce granger*, metaj ou fermier plusieurs actes de grande prudence, i. En ce quil croit a la pre- mière dénonciation qui luy est faite : Jam enim non poteris amplius villicare^^). 2. Ce quil y prouvoit tout incontinent: Qiiid faciam, quia Dominus meiisi^)?etc. 3. L'artifice avec lequel il y prouvoit, etc. Thren. i, f. g : i^) Sordes ejus in pedibus ej'us, nec recordata est finis siii ; deposita est vehementer, non hahens consolatorern. Vide, Domine, afflictionem meam, qtioniam erectus est inimiciis. Cogitavi annos * Vers. 6. autiçuos, ctc. ; Ps. 76 *. Is. 38 ** : Recogitabo tibi annos meos in amaritudine animœ meœ. Hier., ad  (a) Car désormais tu ne pourras plus administrer mon bien. (b) Que ferai-je, puisque mon maître, etc. (c) 5^5 souillures ont paru sur ses pieds et elle ne s'est pas souvenue de sa fin; elle a été prodigieusement abaissée, n'ayant pas de consolateur. Voyej, Sei- gneur, mon affliction, parce que Vennemi s'est élevé. J'ai pensé aux années anciennes. Je repasserai devant vous foutes mes ann 'es dans l'amertume de mon  LVI. Pour le vm^ Dimanche après la Pentecôte 389 [Heltod., de] Nepotiano * ; Facile contemnit omnia qui *Epist. lx, § 14. semper se cogitât esse moriturum. Eccli. 7*: Memorare * Vers. uit. novissima. Dormierunt somnum suiim omnes viri divitiarum, et nihil inveneriint in manibus suis ; Ps. 75*. Ex. 14**: Fiioriamus Israelem ; Dominiis * 7,^"- *"• "^ ' * Vers. ic r^ 7 j *Vers. 36. Conciones (0, 3. 29. Luc. 20'' : Erunt œqiiales An- • Vers. 3,6. gelts Dci. I Timot. 2 * : Umis Deus, etc., qui dédit redemptionem W.  (a) Dans la vallée de Senniiu. ( b) Joignant le sommeil à la mort... Ils seront égaux aux Anges de Dieu... Il n'y a qu'un Dieu, etc., qui s'est livré pour la rédemption. ( I ) Les éditeurs se croient autorisés à ouvrir ainsi l'abréviation Conc. qui se voit dans l'Autographe. Il est assez probable qu'une allusion est faite ici aux Conciones quadruplices ou Sermons du Franciscain Diez, édition de I788, tome III, p. 29, où se trouve, dans un sermon sur saint André, le dévelop- pement de plusieurs des pensées indiquées dans ce sommaire. Saint François de Sales, dans son Epistre sur la Prédication (3 octobre 1604), donne de grandes louanges à cet auteur.  LVII PLAN D'UN SERMON POUR LA FÊTE DE L'ASSOMPTION 15 août 1601 (Inédit) Prov. 1 1 * : Millier gratiosa. Maria gratia plena **, ,\^'>-'i"s. 16. inveniet gloriam. Si Isaiae, 11*, Erit sepiilchrum *Vers.'iô. ' ejiis gloriosum, quanto magis corpus Mariœ, vivum Dei habitaculum. [i.] Philip. 2 * : Humiliavit semetipsum , etc.; * Vers. 8, 9. propter qiiod... et dédit illi nomen, etc. Humili- avit semetipsam , facta obediens usque ad mortem. Respexit humilitatem*. Ecce ancilla Domini**. Qui l};?^f'\^^o jr >c ''Ibid., ^. 38. se humiliât exaltabitur *. Deposuit patentes de sede, * ibid., xiv, n. et exaltavit liumiles'^. Ascendam, et ero similis *ibid., i, 52. Altisstm.0. Quomodo cecidisti , Lucifer, qui mane oriebaris } Isaise, 14*. Mays la glorieuse Vierge : • Vers, i^, 12. Descendam, et ero similis minimae. Ecce ancilla Do mi ni, etc. 2. Incorruptio facit esse proximum. Deo ; Sap. 6*. * Vers. 20. Mathei, 5*: Beati mundo corde, quoniam ipsi Deum * Vers. 8.  La femme douée de grâces, Marie pleine de grâce, trouvera la gloire. Si Isaïe [a dit] : Son sépulcre sera glorieux, combien plus le corps de Marie, la vivante demeure de Dieu. [i.] // s'est humilié lui-même, etc. ; c est pourquoi... et il lui a donné un nom, etc. Elle s est humiliée elle-même, s étant faite obéissante jusqii h la mort. Il a regardé l'humilité. Voici la servante du Seigneur. Quiconque s'humilie sera exalté. Il a renversé les puissants de leur trône, et il a exalté les humbles. Je monterai, et 7V serai semblable au Très-Haut. Comment es-tu tombé, Lucifer, toi qui te levais dès le mâtiné Mais la glorieuse Vierge : Je descendrai etyV serai semblable à la plus humble. Voici la servante du Seigneur, etc. 2. L' incorruption approche de Dieu. Bienheureux ceux qui ont le cœur pur  392  Sermons autographes  «Vers. I. videhunt. Psal. 14* : Domine, qiiis habitabit in taber- naculo iiio ? ^larie : Tota pidchra es arnica me a, et •Vers. 7. macula non est in te ; Cant. c. 4*. Virgo ante partum, ' Vers. =8, 59. virgo in partii, virgo post partum. Judith, 8*, Op'as et les prestres de Bethulie a Judith : -''' Ora pro nobis, qnoniam millier sancta es et timens Deiim. Job, ♦Vers. 10. ult. * : Conversns est Dominus ad pœnitentiam Job, cum oraret pro amicis suis. * Vers. 38-42. Luc. lo*; Evangelium , Dominus intravit in quod- dam castellum, etc., applicatur Assumptioni et laudi Beatse Yirginis per similitudinem. Sicut enim exceptus est in domum 31arthae et .Mariée sororum, sic exceptus in domum 31ariae Virginis. Sed notatur Martha agens circa ministerium exterius, quia Christus receptus est in corpore Beatae Virginis, quod ministravit illi corpus beatissimum. In Virgine pars est corporalis, pars spi- ritalis. ?ilinistravit illi corpore : Beatîis venter qui te Portavit ; ministravit mente : Qiiinimo , beati qui • Lucœ, XI, 27, 28. aiidinnt, etc.* Secus pedes Domini. Conferens con- ' ibid., n, 19. 51. servabat omnia verba hœc in corde suo *. Magnificat 'lbid..i. 46. anima mea Domimim *. Combien a elle gardé la charité active, servant en tout et par tout a Nostre Seigneur ; combien la contemplative ! etc. (^) Eadcm die reddes ei prœtinm laboris sui ante  parce qu'ils ■cerrout Dieu. Seigneur, qui hahiiera dans votre tabernacle? Marie : Tu es toute belle, mon amie, et il n'y a point de tache en toi. Vierge avant l'enfantement, vierge pendant lenfautemeut, vierge après l'enfantement. (a) Prie pour nous parce que tu es une femme sainte et craignant Dieu. Le Seigneur fut fl'chi par la pénitence de Job lorsqu'il priait pour ses amis. Appliquer par comparaison TEvangile du jour : Le Seigneur entra dans un village, etc., à l'Assomption et à la louange de la Bienheureuse Vierge. Comme il fut reçu dans la maison des sœurs Marthe et Marie, il le fut dans celle de la Vierge Marie. Faire remarquer que Marthe s'occupait du service extérieur, et le Christ fut reçu dans le corps de la Bienheureuse Vierge lequel lui fournit son très heureux corps. Dans cette Vierge, en effet, se trouvent deux éléments : l'un corporel, l'autre spirituel. Elle le servit par son corps : Heureuses les entrailles qui vous ont porté ; elle le servit par son esprit : Heureux plutôt ceux qui entendent, etc. Aux pieds du Seigneur. Elle conservait toutes ces choses, les repassant dans son cœur. Mon âme glorifie le Seigneur. (b) Tu lui rendras le prix de son tr.rvail le jour même, avant le coucher  LVII. Pour la fête de l'Assomption 393 solis occasum, quia paiiper est, et ex eo sustentât animam suam ; Deut. 24*. Sic Marise corpori reddes * Vers. 15. g-loriam, quam meruit tibi dando corpus tuum, ante mundi occasum ; quia corpus pauperculum alioquin foret, et ex eo corpore anima ejus expectabunda, tan- quatn pars aliquo modo inquiéta, sustentationis. Multœ filiœ congregaverunt divitias. Surrexenint filii ejus, et beatissimam prœdicaveriint ; vir ejus, et laudavit eam. Fallax gratia, et vana est pulchri- tudo ; inulier timens Dominum , ipsa laudabitur. Date ei de friictu manuum su arum, et laudent eam in partis opéra ejus; Prov. 31*. Luc. 15** : Majus • Vers. 28-31. est gaudiîim in Cœlo super uno peccatore pœniten- ' '' tiam agente, quam super nonaginta novem justis qui non indigent pœnitentia. Quale gaudium super omnes habebit Maria, non secus expectans ac Anna! Tob. 11*. * Vers. s. « Suscipe sancte Pater, omnipotens seterne Deus, hanc immaculatam hostiam quam ego indignus famulus tuus oiFero tibi, Deo meo vivo et vero, pro innumerabi- libus peccatis et offensionibus meis, et pro omnibus circumstantibus, quorum tibi nota est fides et devotio, ut mihi et illis proficiat in salutem et vitam aeternam. ,_ , u . ^ Preces ad offert. Amen*. » etincanoneMissae.  dit soleil, parce qu'il est pauvre et que cest par là quHl sustente sa vie. Ainsi vous rendrez au corps de Marie cette gloire qu'il a méritée en vous donnant votre corps, avant le coucher du monde ; sans cela, son corps serait trop pauvre, et son âme, attendant quelque chose de son corps, comme partie d'un tout, serait pour ainsi dire inquiète au sujet de sa sustentation. Beaucoup de filles ont amassé des richesses. Ses fils se sont levés et l'ont pro- clamée bienheureuse ; son tn^ri s'est levé et Pa louée. Trompeuse est la grâce et vaine est la beauté ; la femme qui craint le Seigneur est celle qui sera louée. Do»ne:^-lui du fruit de ses mains et que ses œuvres la louent aux fortes de la ville. Plus grande est la joie dans le Ciel pour un pécheur faisant pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence. Quelle sera la joie de Marie sur tous les sauvés, après les avoir attendus comme Anne ! « Recevez ô Père saint, Dieu tout-puissant et éternel, cette hostie imma- culée, que moi, votre indigne serviteur, je vous offre comme à mon Dieu vivant et véritable, pour mes innombrables péchés et offenses, et pour tous les assistants, dont la foi et la dévotion vous sont connues, afin qu'elle serve à moi et à eux pour le salut et la vie éternelle. ><  394  Sermons autographes  u In spiritu humilitatis et animo contrito suscipiamur a te Domine, et sic fiât sacrificium nostrum in conspectu *Precesadoffertor. tuo hodie ut placeat [tibi\ Domine Deus *. » Non accipies loco pignoris inferiorem et superi- 'Vers. 6. oi'em moldju ; Deut. 24*. Non coges subditos tuos et filios aut servos servire tibi superiori et inferiori parte, secundum tuam religionem malam et secundum politi- cam. Deut. 24. Xotabilis similitudo : les baies pesantes du plomb descendent, mays le feu les faict monter es artilleries ; ainsy nos oeuvres ne monteroyent, sans l'assistence de ce feu de charité que Xostre Seigneur est venu mettre • Lucae, xn, 49. aU IHOnde*. • Ibid., xxii, 61. Pro Pétri lachrimis respexit in eum Christus *, ut Anna, mater Tobiae, respiciebat e monte filium num veniret(3). O pécheurs, il me semble que je vois mon Seigneur sur la montaigne de Calvaire, qui regarde si •Vers. 5, 6. nous retoumons point a luy. Tob. 11*. Luc. 15**: **Versu quo supra. ,,. .. ,. , "^r^^ ^\.di]\is erit gaiidiiim super, [etc.j • Vers. 11-14. Mac. 2, c. 15*. (^) Scribitur Machabeum contra Xicano- rem bellaturum retulisse somnium. Vidit Oniam orantem pro populo, et Onias ostendebat Hieremiam, dicens : Hic est f rat r uni amator. • Vers. 26. Jo. 12* : Uhi ego sum, illic sit et minister meus. • Vers. 17. Psal. 138* : Nimis honorificati sunt amici tui, Deus.  « Nous nous présentons devant vous. Seigneur, avec un esprit humilié et un cœur contrit ; recevez-nous, et faites que notre sacrifice s'accomplisse aujour- d'hui devant vous d"une manière qui [vous] le rende agréable, ô Seigneur notre Dieu. » Tu ne recevras point pour g-i^e la meule de dessous et celle de dessus. Tu ne contraindras pas tes subordonnés, tes fils ou tes serviteurs, à te servir avec la partie supérieure et la partie inférieure de leur àme, par une religion mal entendue et par politique. Comparaison à noter. (a) Le Christ regarda Pierre pour voir si ses larmes couleraient, comme Anne, mère de Tobie, regardait sur la montagne si son fils venait. { b) Il est écrit que Machabée avant de combattre Nicanor rapporta un songe. Il avait vu Onias priant pour le peuple, et Onias montrait Jérémie en disant : Voilà celui qui aime ses frères. Là oii je suis, que mon serviteur soit aussi. Vos amis sont devenus extrême- ment honorables. Si nous souffrons avec lui, nous serons glorifiés avec lui.  LVII. Pour la fête de l'Assomption 395 Si compatimur, et conglorificabimur ; Ro. 8*. Simeon, 'Vers. 17. Luc. 2 * : Tuam ipsius animam doloris gladius per- ' Vers. 35. transivit. Luc. 14*: Omnis qui se humiliât exaltabi- *Vers. n. tu?-, etc. Damasc, in ser. [11] de Donnitione Deiparœ'^ : « In *§ 18. Getsemane, quo loco Ang-elorum himnodia et psalmodia post très dies cessavit, cum Thomas absens quod Deum susceperat corpus adorare voluisset, » « hoc solum cogi- tare potuerunt. » Et Dionisius, epistola ad Thiynotli.'^ • /i ?s/, De Divin. x\ug., \. de Assumptione Maricu*, varie probat. Chri- i sermô ccvin, in sost. et Jacob, in Liturgiis. Appendice. Levavi oculos meos in montes tindeveniat auxilium mihi (PsaL 120*); Aug,, in Sanctos**. Rubus Mosis, «y^^unc Ps. §4. Ex. ^*; Aaron virga, Num. 17**; Gedeon vellus, * Vers. 2. . ° . **Vers. 8. Jud. 6*. Nazianz., orat. in laud. Cyp.*'^: Dei beata «Vers. 37-40. Justina testatur, sollicitata artibus magis a Cypriano. '^^ ' ^^'^' Sic Damasceni amputata manus restituitur prœcibus * yj^jj g. joannis Virginis ; Toan., Patriarcha Constantinop.* Metaphrastes Dam., |xviii. ,^ . . . . ^ ^ * Vide Sunum, die récitât historiam Theophili Cilicise œconomi *. 4 Febr.  Siméon : Un glaive de douleur transpercera Ion dîne. Qniconjue s'humilie sera exalté, etc. Saint Jean Damascène, dans le sermon sur le Sommeil de l.i Mère de Dieu : << A Gethsémani, au lieu même où cessèrent, après trois jours, les hymnes et la psalmodie des Anges, quand Thomas absent voulut vénérer le corps qui avait reçu un Dieu [et qu'ils ne le trouvèrent plus], ils ne purent penser qu'à une assomplion. » Et saint Denis, épître à Timoihee. Saint Augustin, liv. de V Assomption de Marie, le prouve de différentes manières. Saint Chrysostôme et saint Jacques dans leurs Liturgies. J'ai levé mes yeux vers les montagnes d'où peut me venir le secours ; saint Augustin, vers les Saints. Buisson de Moïse, verge d'Aaron , toison de Gédéon. Saint Grégoire de Nazianze, oraison à la louange de saint Cyprien : La bienheureuse servante de Dieu Justine témoigne de cette croyance lorsque Cyprien la sollicite par ses arts magiques. De même, la main amputée de saint Damascène lui est rendue aux prières de la Vierge. (Voir sa Vie, par Jean^ Patriarche de Constantinople.) Mctaphrastc rapporte l'histoire de l'économe Théophile do Cilicie.  LVIII FRAG^rENTS SUR DIVERS SL7ETS Mars-avril 1602 ( (Inédits)  I. — DE L OBLIGATIOX DE SERVIR DIEU Tarn multa sunt in nos Dei bénéficia, ut si infinitam vitam duceremus et infinitis modis ei serviremus, tamen ejus beneficentiam non sequaremus, et post haec omnia • Lucae, xvn, 10. dicere deberemus quia servi inutiles essemus *. Prop- terea hac prœfatione utitur : Ego Sîim Dominiis Deus tuus, qui eduxi te de terra uEgipti et de domo servi- •Exod.,xx,2;Deut., tutis*. Scîtote quoiiiam Dominus ipse est Deus ; ipse •Ps'. xcix, 3. fecît nos, et non ipsi nos'^. Itaque, quicquid sumus, ipsius sumus. Si tuus sum qui me creasti, quam tuus supra, p. 195!' quia recreasti * ! Sed ob vitandum infernum quid non  Les bienfaits de Dieu à notre égard sont si nombreux, que, pussions-nous vivre sans fin et le servir de toutes manières, nous n'égalerions pas sa libéralité ; et après tout cela, nous devrions dire : Nous sommes des serviteurs inutiles. Aussi, le Seigneur débute-t-il par ces paroles : Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai retiré de la terre d'Egypte et de la maison de servitude. Sache^ que le Seigneur est Dieu; cest lui qui nous a faits, et non pas nous-mêmes. Donc, tout ce que nous sommes, nous le tenons de lui. Si je vous appartiens parce que vous m'avez créé, combien plus parce que vous m'avez créé une seconde ( i) C'est d'après l'écriture qu'est conjecturée la date de ces fragments. Ils appartiennent à un cahier qui contenait apparemment une partie des sermons prêches à Paris pendant le Carême de 1602, car sur le feuillet qui tenait lieu de couverture, les titres suivants sont écrits sous forme de table des matières : De Religiosis pro Sancto Bénédicte. De Transfigurât ione. Correct ione fraterna, et Traditionibus, et de puero viduœ Naim, et de Sancto Ludovico et regno.  LVlll. Sur divers sljets 397 deberemus facere ? Diixit et reduxit *. Deberemus esse * Tob., xn, 3. tam soUiciti quam fuit Tobias *. Sed ob gloriam quid ? * Ibid., vy. 1-6. Non sitnt condigiiœ *. *Rom.,viir, 18.  L AMOUR PUR EXCLUT TOUT PARTAGE  3. Ut vestis nuptialis fiât. In vestitu deaiirato, cir- cumamicta varietatibiis*. Sed quaenam est ista vestis? *Ps. xliv, 10, 13. Verus amor. Sed quisnam verus amor ? Amor purus quo Deus diligitur propter se et illi totum cor datur. Prœbe mihi cor tiiuni'^\ Cor, oculus, etc., non patitur *Prov.,xxiii, 26. divisionem *. Gènes. 15**. Sacrificium Abrahae quoad 'Cf. supra, p. 358. volucres non dividitur. Sine hac charitate parum fit. Abraham solum Isaac facit haeredem ; filiis ancillarum largitur iminera *. * Gen., xxv, ■-,, 6.  Esau quia peccavit tempore cecidit jure*; nos, et * Ibid., xxvn, 33. tempore et rebellione. Sancti, tacti conscientia, nolunt tam vili emere Paradisum ; et nos omnino contemnimus.  fois 1 Mais que ne devrions-nous pas faire pour éviter l'enfer .' Il m'a mené et ramené. Nous devrions avoir autant de sollicitude que Tobie. Mais, que ne devrions-nous pas faire pour la gloire du Ciel ? [Les souffrances] ne sont pas dignes d'être comparées... 3. Afin que ce soit un vêtement nuptial. Dans un vêtement d'or, couverte d'ornements variés. Mais quel est ce vêtement .- Le véritable amour. Mais quel est le véritable amour r L'amour pur par lequel Dieu est aimé pour lui-même, le cœur lui étant totalement donné. Donne-moi ton cœur. Le cœur, l'oeil, etc., ne peuvent souffrir la division. Les oiseaux offerts en sacrifice par Abraham n'étaient pas divisés. Sans cette charité on fait peu. Abraham constitue Isaac son seul héritier; aux fils des servantes, il distribue des présents. ... Esaii pèche par son retard et perd son droit; nous péchons par retard et révolte. Les Saints, touchés dans leur conscience, ne veulent pas acheter le Paradis à vil prix ; et nous, nous le dédaignons absolument.  LIX ORAISON FUNÈBRE DU DUC DE MERCŒUR (0  EPITRE DEDICATOIRE A TRES ILLUSTRE ET TRES VERTUEUSE PRINCESSE, MADEMOYSELLE FRANÇOISE DE LORRAINE, FILLE UNIC^E DE FEU MONSEIGNEUR LE DUC DE MERCCEUR. A4ADEMOYSELLE, f attendais de voir imprimée l'ora y son funèbre prononcée aux superbes funérailles faittes en Lorraine avec tant de magnificence pour honnorer la sépulture de Monseigneur vostre père, espérant que par ce moyen je serais facilement excusé de mettre celle cy sous la presse ; mais cest espoir ne 7n' estant rcusci, et ne pouvant plus différer d'obeyr a qui a pouvoir de me commander, au moins esperé-Je d'estre beaucoup plus aysement excusé si je laisse sortir ceste orayson si mal polie et avec tant de défaut^, quand on considérera que c'est par une humble obeyssance. Elle fut favorablement accueillie Ihors que je la prononçay devant plusieurs grans princes et princesses, et en la présence de ceste file aisnee de l'Astree française, je veux dire de ce grand oracle de la France, de ce Parlement de Paris, Cour des pairs, et premier des Parlcmens de France, lequel y assista en cors, comme aussi les autres chambres et cours souveraines, a celle fn que Paris, mais toute la France conneust l'estime quelle fait des mérites du prince deccdc, et que Von sceust qu'elle advoiioit l'obligation que toute la Chrestienté a a sa mémoire. Je sçay bien que ce bonheur m' arriva pour le sujet que je traittois, auquel je ne pouvais contribuer que de l'affection, de laquelle aussi je ne pouvais pas manquer puisqu'elle nfcst héréditaire, mon père, mon ayeul et mon bisayeul ayans eu l'honneur d'avoir esté nourris ( I ) Cette oraison funèbre est reproduite d'après le texte publié par saint François de Sales lui-même en 1602 (Paris, Rolin Thierry et Eustache Foucault). L'Auteur la fit précéder d'une épitre dédicatoire, que l'on ne saurait scparer de la pièce à laquelle elle sert d'introduction.  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 399 pages et presque Je reste de leur vie, en la uiayson des très illustres princes de MarVgiies, les père, ayeul et hisayeul de Madame vostre mère, au service desquels leur fidélité a tous-jours rencontré beaucojip défaveur. Connue donq Je fis ce discours pour oheyr a Madame vostre mère, aussi le la'ssé-je maintenant sortir en public pour satisfaire a vostre desir, vous suppliant très humblement devons en servir pour respondre a toutes les raysons que vostre perte vous pourrait suggérer contre la consolation, car il est dressé a ceste intention. Vous y verres que la vie de Monseigneur vostre père a esté l'une des plus belles et accomplies entre celles des princes des derniers siècles, et comparable a celle des plus excellens de V antiquité. Il vous fera resouvenir que vous estes fille d'un si grand prince, sa fille unique, sa chère fille ; mays il adjoustera que vous estes fille de son esprit et de sa foy plus que de son cors, puysqu'il vous a receuë de Dieu par les prières du grand saint François, duquel aussi vous portes le nom, et que par ce vous estes plus obligée de vous resjouyr en la vie et gloire de son esprit, que de regretter la mort de son cors. Vous y verres qu'encores que Dieu le nous eust laissé davantage, vous n eussies pourtant gueres jouy du bien de sa présence ; car il avait tant de charité, qu'il eut tous-jours privé de ce contentement son espouse et sa fille, pour ne point frustrer de son secours l'Eglise sa mère et V espouse de son Dieu. Bref ce discours ne vous représentera les belles actions de Monseigneur vostre père que pour vous consoler. Loi'ies donq la bonté de Dieu, je vous supplie, de ce qu'il vous a fait naistre d'un si bon père, et qu'il vous a laissé pour vostre conduitte une si vertueuse grand' mère et une si grande mère ; et moy, je supplieray sa divine Majesté qu'elle vous donne les bénédictions que Monseigneur vostre père vous a désirées, pour le voir la haut en Paradis après avoir heureusement fini la course de ceste vie, en laquelle je vous supplie très humblement de m'advoi'ier, Mademoyselle, Votre très humble et très obeyssant serviteur, François de Sales.  ORAYSON FUNEBRE SUR LE TRESrAS DE TRES HAUT ET TRES ILLU.'sTRE PRINCE PPIILIPPE EMMANUEL DE LORRAINE DUC DE MERCŒUR ET DE PEXTIIEVRE, PAIR DE FRANCE PRIXCE DU SAINT EMPIRE ET DE .AlARTIGUES, ETC. LIEUTENANT GENERAL DE l'e.MPEREUR EN SES ARMEES d'hONGRIE FAITTE ET PRONONCEE E>! LA GRANDE EGL!SE DE NOSTRE DAME DE PARIS LE 27 AVRIL 1602 PAR MESSiRE FRANÇOIS DE SALES, COADJUTLUR ET LSLEU tVESQUE DE GENEVE  Si Dieu me donnoit autant d'esprit pour discourir et force a bien dire que j'en desirerois maintenant, pour le service de ceste action publique que nous célébrons pour honnorer la mémoire du grand Philippe Emmanuel de Lorraine duc de JMercœur, lieutenant gênerai de l'Empereur en ses armées d'Hongrie, je ne pourrois pas pourtant ni ne devrois vous représenter, très illustre et chrestienne assemblée, la justice du regret que nous avons pour son trespas. Je ne le pourrois pas, parce que la perte que nous avons faitte avec toute l'Eglise est si grande, qu'estant extremicment sensible elle en est d'au- tant plus indicible ; aussi est il très difficile de trouver asses de passion pour exprimer un grand dueil. Les petites douleurs crient, se plaignent, se lamentent ; mays les grandes estonnent, estourdissent, perdent et esgarent la paroUe, la voix et le discours. Je ne le devrois pas aussi ; car si je devois exprimer la grandeur de la perte c[u'en reçoit tout le Christianisme, ce seroit sur vostre face. Messieurs, que je tirerois, comme un  LIX. Oraison funèbre du duc de Mhrcœur 401 autre Timanthe ('), le voyle du silence, puisque je ne vois en toute ceste triste compaignie que ses plus chers et ficlelles amis, ou ses plus intimes et affectionnés ser- viteurs. Et certes, je serois bien honteux si, en la considération d'un sujet si lamentable, je me trouvois seul avec l'asseurance de pouvoir parler autrement que par larmes et sanglotz. Il ne m'est donques pas nécessaire de vous esmouvoir a regretter ce prince, puisque c'est vous qui y aves le principal interest, et qui, plus sensibles aux affections du public, connoisses trop bien la perte que nous avons faite. Il n'est, ce me semble, besoin de vous attendrir le cœur, puisque vous en ressentes la plus grande passion. Ne vaut il pas beaucoup mieux cesser d'affliger ceux qui sont affligés, et mettre peyne d'essuyer vos pleurs, que de les exciter? Aussi, quand je vois devant et tout autour de moy le feu de tant de flambeaux allumés, signe ordinaire de l'immortalité, et que je me trouve revestu de blanc, couleur et marque de gloire, je connois bien que mon office n'est pas maintenant (et je vous supplie, ^Lessieurs, de ne le pas désirer de moy), de vous représenter les raysons que nous avons eu de regretter et plaindre, mays plustost celles que nous avons de finir nos regretz par le commencement de la considération du bien dont jouyt ce grand prince par son trespas, affin que le sujet que nous avons de nous resjou5^r attrempe et modère la violence du ressentiment que nous avons de ceste grande perte, quoy que je sçache que l'on doit permettre quelque chose a la pieté, mesme contre le devoir, et qu'en une douleur extrême c'est une partie du mal que d'ouyr des consolations. Permettes mo}^ je vous supplie, puysqu'aussi bien les larmes que nous espandons pour nos amis nous mèneront plustost a eux qu'elles ne nous les ramèneront, et que les pleurs après la mort sont de tardives preuves d'amitié, permettes moy, dis je, ^Messieurs, que je révoque vos (i) Peintre grec, qui s"est illustré par le s.icrijlcc d'Iphiginie. L artiste désespé- rant de pouvoir rendre la consternation répandue sur le visage d"Agamemnon, s'était avisé de lui voiler la tète. (Voir Pline, Hisi. n.it., 1. XXXV, c. xxxvi.) SeRM. I ;Ct  402 Sermons autographes espritz a la consolation, plustost que de les provoquer a une plus grande affliction. En quoy néanmoins je ne feray rien contre la juste appréhension que j'ay du défaut que je reconnois en moy et de discours et d'éloquence ; car la consolation que je vous puis donner dépend du mesme principe duquel procède la cause de nostre afflic- tion. N'est ce pas l'excellente bonté, la valeur, la vertu du prince trespassé qui rend nostre perte incomparable? Et n'est ce pas la mesme bonté, valeur et vertu qui nous obligent de recevoir la consolation ? Soit donq que je jette les j^eux sur son bien pour nous consoler ou sur nostre mal pour nous affliger, je ne puys eschapper de l'abisme de ses vertus infinies, dont la grandeur et l'esclat est insupportable a la foiblesse de mes 3'eux, Aussi, s'il ne failloit plustost recevoir avec humilité les commandemens des grans que d'en esplucher les motifz, j'aurois a mon advis ra5^son de m'estonner du choix que l'on a fait de moy pour parler en ceste occa- sion, en ceste assemblée et en ce lieu. En ceste occasion, que j'estime aussi digne d'une grande éloquence qu'au- cune autre qui se soit présentée en ce siècle ; en ceste assemblée, qui est presque toute la fleur de ce grand royaume ; et en ce lieu , auquel mille beaux espritz eussent ambitieusement recherché de faire paroistre tout leur art et science de bien dire, et de respandre mille belles fleurs d'éloquence sur Testoffe d'un si riche sujet. 3Iais que sçay je si a l'adventure j'aura}" rencontré la rayson de ce choix ? Les couleurs de l'éloquence, les fleurs des paroles, l'esmail des sentences n'est peut estre pas convenable ni au dueil ni aux funérailles : *Ovid.,Trist., 1. 1, « Mon est conveniens luctibus iste color''' (3). » Eleg. I, 6. Les harangues et discours si polis, les paroles harmo- nieusement concertées n'y sont pas , a mon advis , • Eccii., XXII, 6. sortables : Musica in hictn importuna narratio*(^).  (a) n Cette couleur ne convient pas à une cérémonie lugubre. " (b) Un n'clt inopportun est comme une musique pendant le deuil.  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 403 Que s'il est ainsy, me voicy riche d'affection, de sim- plicité et de fidélité pour entreprendre le discours des vertus du prince decedé, lequel j'envoj^e de bon cœur a son ame, c'est a dire a cest esprit que j'espère, mays que je crois estre au Ciel, et a celuy lequel estant en terre n'est pourtant qu'une mesme ame avec luy, non plus que par le mariage ilz ne furent qu'un mesme cors icy bas. Que si ce discours est pauvrement paré, c'est pour rendre plus d'honneur et de révérence au prince qu'il célèbre , comme quelques peuples du Nouveau Monde envoyent leurs députés a leur roy au moindre équipage qu'il leur est possible, pour rendre de tant plus remarquable leur bassesse et humilité en compa- rayson de la gloire et majesté de leur roy. Au surplus je vous désire, Messieurs, autant de bien- veuillance en mon endroit que j'ay de confiance en vostre bonté ; pour ce peu que j'ay a parler d'une si belle vie comme fut icelle de ce prince, vous seres bien tost consolés en sa mort. Prendre playsir a ouyr les louanges des bons, c'est participer a leur gloire. O si nous pouvions comprendre les vérités que nous recevons par la foy, combien nous serions aysement con- solés en la mort de ceux auxquelz nous avons quelque devoir d'amitié ou d'honneur I Sapientiam loqitiimir intcr pcrfectos^ ^^). Nous nous imaginons qu'ilz sont ♦ I Cor., n. 0. mortz et en la mort, et ilz ne le sont plus; ilz le furent seulement au dernier instant de ceste vie mortelle. Telles pensées ne sont pas dignes de nous, si nous ne voulons estre de ceux auxquelz le Sage * donne tiltre de * Sap., m, 2. folz : Visi siint oculis insipientiiim mori (^1. Nous ressemblons a ceux qui vont sur mer le long de la rade et terre a terre : il leur est advis que les arbres les laissent et se reculent d'eux, et que le navire dans lequel ilz sont portés est du tout immobile et sans changer de place ; car il nous semble que ceux qui sont  ( a ) Nous parlons la sagesse entre les parfaits. (b) Ils ont paru mourir aux yeux des insensés.  404 Sermons autographes decedés de ce monde sont tous-jours en la mort, et que nous sommes en la vie. Mays, helas, que nous sommes *Eodem cap.,y. 3. trompés ! 11^ sout €11 la patx'^ et au repos de la vraye et constante vie, et nous sommes bien avant dans la mort, en laquelle nous nous enfonçons tous-jours de plus en plus jusques a tant que nous l'ayons passée. •II Reg., XIV, i^. Oinnes inoriuiur ^^^, disoit une sage dame*; mais elle pouvoit bien dire : Semper morimur t^), comme dit *l Cor-, XV, 31. despuis l'Apostre* : QiLotîdie luorior ^'^\ Nous mou- rons tous les jours, et nostre vie s'en va par pièces et morceaux, comme cest animal des Indes, lequel estant de sa nature terrestre, petit a petit et pièce a pièce perd du tout son estre naturel et devient entièrement * Aimeyda, S. j., poisson * ; Car ainsy, pièce a pièce, nous chang-eons ceste epist. ex Japonia, . n • . ^ , anno 1566. Vie mortelle, jusques a tant que par une entière et nnale mutation, que nous appelions mort, nous ayons du tout acquise une vie immortelle. Et certes, comme les ratz du Nil se forment petit a petit, et ne reçoivent la vie en tous leurs membres ensem- *Majoii,DiesCani- blcmeut*, aussi Ics philosophcs sont bien d'accord que culares, Pars ult., . . 1. VII, circa med. Hous ne vivous pas tout a coup ni ne mourons pas en un moment, puysqu'ilz disent que le cœur est le premier • Vide Aristot-, De membre qui vit en nous et le dernier qui meurt*. Mais, Partib. Animal., 1. . . III, c. IV. je vous supplie, nostre Dieu ne dit-il pas au premier homme qu'au /o/zr qu'il mangeroit du fruit défendu il *Gen.,ii, 17. mourroit de mort'^'^ Et néanmoins, si nous parlons selon le vulgaire, il ne mourut qu'après plusieurs cen- taines d'années despuis qu'il eut prevariqué; toutefois la vérité est qu'il commença a mourir des le jour qu'il eut ofFencé, et continua jusques a son dernier jour. Ah que nous sommes donq bien trompés quand nous appelions mortz ceux qui ont passé ceste vie mortelle, et vivans ceux qui la passent encor ! Nous nommons vivans ceux qui meurent, parce qu'ilz n'ont pas achevé  (a) Nous mourons tous, (b) Nous mourons continuellement. (c) Je meurs fous fes jours,  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 405 de mourir, et ceux qui ont achevé de mourir, nous les appelions mortz. Nous imitons les peintres qui ne sçavent représenter les Anges qu'avec des cors, parce que jamais ilz ne furent veuz autrement ; car ainsy nous nommons les deffunctz mortz, parce que nous ne les avons jamais veuz sinon en la mort de ceste vie ou en la vie de ceste mort. Mais si nous les voyions maintenant qu'ilz en sont délivrés, mon Dieu, que nous serions honteux de les avoir appelles mortz, et que nous serions en pe3me de trouver des belles parolles pour exprimer l'excellence de la vie en laquelle ilz sont arrivés ! Aussi nostre langue françoise ne les appelle pas mortz, mais trespassés, protestant asses que la mort n'est qu'un passage et trait, au delà duquel est le séjour de la gloire. Ce grand duc de i\Iercœur n'est donques pas mort, il est seulement trespassé. Que si nous n'avions la veuë si débile, nous le verrions bien loin au delà de la mort, en ce jardin céleste ou il jouît des consolations éternelles. Il n'est pas si loin de nous que nous pensons ; il y est allé, selon le vulgaire des hommes, en un moment, car la mort, a leur advis, ne dure pas davantage; mais selon les sages, il a mis quarante trois ans en ce voN^age. Helas, que ce terme est court ! La pluspart de nous a desja beaucoup plus employé d'années ; les uns n'y vont pas si viste que les autres, mais presque tous néanmoins y vont tousjours plus viste qu'ilz ne voudroj'ent. Nous avons mille peynes et travaux pour parvenir ou il est ; pourquo}' serons nous faschés qu'il y soit arrivé? Pour- quoy pleurerons nous tant le trespas de ce prince, lequel pleureroit, s'il estoit en lieu de larmes, avec beaucoup plus de ra3^son le retardement du nostre, que nous n'avons pas pleuré l'avancement du sien? Nolo vos ignorare de dormientibits, ut non contristeniiui, sicut et cœteri qui spein non habenf^ (3). 'i Thess., n-, 12.  (a) Je ne veux pas que vous soye^ dans l igitoraïue touch.int ceux qui dorment, afin que vous ne vous attristiez pas, comme font les autres qui n'ont point d'espérance.  4o6 Sermons autographes (a) Mays par ce que ceste consolation que je vous présente est fondée sur la certayne espérance que nous avons que nostre trespassé est receu en la main droitte de son Dieu avec tous les ]\istes, Justorum animœ in •Sap., m, I. manu Dei siint*^'^), vo5^ons je vous supplie, le sujet que nous avons d'une confiance tant asseuree. Les astrologues et théologiens ont cela de commun qu'ilz prsedisent les choses a venir, ceux ci tous-jours avec la vérité, ceux-là souvent avec de la vanité. Mays leurs phœnomenes et inspections sont du tout opposées et contraires ; car les astrologues prédisent ce qui doit arriver en terre, par l'inspection des rencontres et divers mouvemens qui se font au ciel ; nos théologiens au contraire ne praedisent sinon ce qui se fait au Ciel, par la considération des œuvres que l'on fait en terre. Si vous faittes miséricorde en terre, disent ilz, on vous fera miséricorde au Ciel ; si vous consoles les affligés icy bas, vous seres consolés la haut; si vous esclaires les ignorans en la nuict de ce monde, vous aures la clarté  (a) [Le texte suivant est la reproduction de quatre pages autographes d'une première rédaction de cette oraison funèbre. Les mots placés entre fj sont biffés dans l'original. ] Mays par ce que ceste consolation que je vous présente (i) est fondée sur la certayne espérance que nous avons quil est receu en la main droitte de son Dieu avec tous \qs )\xsies, Justorum animœ in manu Dei stint, festablissonsj voyons je vous supplie, le sujet que nous avons d'une tant asseuree confiance. Les théologiens et les astrologiens ont cela de commun quilz praedisent les choses a venir, ceux-là tous-jours avec la vérité, ceux ci bien souvent avec beaucoup de vanité. Mays leurs phœnomenes et inspections sont du tout opposées et contraires; car la profession des astrologiens est de prédire ce qui se fera en terre, par l'inspection des rencontres et divers mouvemens qui se font au ciel, ou au contraire, nos théologiens ne praedisent sinon ce qui se fera au Ciel, par la considération des actions et opérations qui se font en la terre. Si vous faittes miséricorde en terre, disent ilz, on vous fera miséricorde au Ciel; si vous donnes consolation aux désolés, vous seres consolés au Ciel; si vous esclaires les ignorans en terre, vous aures au Ciel la clarté de la (b) Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu,  (i) On voit ici dans l'Au'.ographe un petit espace en blanc resserré entre ( ). Il représente probablement le titre dont le Saint voulait user envers son auditoire, selon la qualité des personnes qui le composeraient. Le même signe se retrouve p. 409, lig. 1. Cf. p. 55. note (2).  *;  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 407 de la vision de Dieu au plein midy de l'autre ; si vous combattes pour Dieu en terre, vous seres couronnés au Ciel. Bref, par la hauteur et latitude des actions que nous faysons ça bas, ilz mesurent les distances et estendues de la gloire que nous aurons en ce grand mont céleste : Proiit gessit uniisquisque in corpore suo, sive honum, sive malum* i^). * 11 Cor., v, 10. Si donques nous sçavons quelles ont esté les actions de l'ame de ce grand prince pendant qu'elle estoit en ce monde, et que, jointe a son cors, elle nous donnoit le bonheur de sa conversation, nous aurons asseurance par ceste inspection de ce qu'elle est au Ciel ; que s'il nous reste aucun désir d'aspirer a ce siège de gloire, nous aurons un riche exemplaire et beau sujet d'imi- tation. Mays ne penses pas, je vous supplie, que je veuille entreprendre de vous représenter fleur a fleur et pièce a pièce, l'esmail d'une si belle vie : les perfec- tions de ce prince se peuvent plustost admirer qu'imiter, désirer qu'espérer, envier qu'acquérir ; c'est pourquoy j'ay peur d'offencer sa mémoire, disant trop peu de ce qui ne se peut asses louer. Que si je raconte quelques unes de ses vertus, ce ne sera pas pour donner lumière  vision de Dieu ; si vous combattes bien en terre, vous seres couronnés au Ciel. Bref, par la hauteur et latitude des actions que nous faysons en terre, ilz mesurent les distances et estendues de la gloire et du Paradis que nous aurons au Ciel : Prout gessit unusquisqiie in corpore, sive boriuin, sive maliim. O que je voudrois bien estre ravi jusqu'au troysieme Ciel pour voir la beauté et Testât bienheureux de ces âmes immortelles, et particulièrement du bon duc de Mercure, et vous en faire un fidelle rapport. Mays quand je pense a moy, dequoy me serviroit il pour cest effect, puisque celuy lequel y fut une foys transporté n'y vit sinon certaines choses si grandes et secrettes quil n'est loysible ni possible a l'homme de les dire ? Contentons nous de sçavoir que l'ame de ce prince fque nous avons tant en honneur, J est devenue, par cest autre moyen, lequel aussi doit bien suffire, puisquil est indubitable. Voyons quelles ont esté ses actions pendant qu'elle fut en ce monde, et que, jointe a son cors, elle nous donnoit le bonheur de sa conversation ; car par ceste inspection nous aurons asseurance de ce qu'ell'est au Ciel, et sil nous reste aucun désir d'aspirer a ce mesme Ciel, nous aurons un beau et digne sujet dimitation. Mays ne penses pas que je veuille entreprendre de vous repré- senter pièce a pièce et fleur a fleur, fbague a bague, J l'esmail d'une vie si (a) Selon ce qu'a fait chacun en son corps, soit bien, soit mal.  4o8 Sermons autographes au soleil, comme l'on dit, ni que je présume de le pouvoir dignement loiier, mais seulement pour faire reconnoistre a tout le monde que ce n'est pas sans grande rayson que l'on l'a regretté avec des pleurs si extraordinaires, que l'on honnore tant sa mémoire, et que l'on a une si grande espérance qu'il est maintenant en la gloire de son Dieu. J'imiteray donq les cosmographes, qui en leurs mappe- mondes ne marquent que des pointz pour des villes, des lignes pour des montaignes, et layssent a l'imagi- nation son office pour se représenter le reste. Je ne diray des généreuses actions et belles qualités de ce prince, sinon celles que le tems par lequel mon discours doit estre limité me permettra de dire. Mais sur tout je vous supplie de croire qu'en ceste chaire et en cest habit je parle tous-jours avec beaucoup de sincérité et de religion ; aussi, puisque la vérité est nue et simple, je penserois faire tort a ma véritable narration si je la desguisois avec des artifices. O saint et céleste Esprit, o bel Ange de lumière et de paix, qui fustes assigné a ce prince pour protecteur de son ame, et qui aves esté fidelle tesmoin des bonnes actions que Dieu luy a inspirées et que vous aves sollicitées, je suis vostre humble serviteur et dévot ;  pleyne de perfections. Je feray seulement comme ceux qui font les cartes et descriptions des royaumes entiers ; ilz ne marquent que des pointz pour des villes, des lignes pour des montaignes, et layssent a l'imagination de faire son office pour représenter le reste. Je ne diray que quelque chose des actions et belles qualités de ce prince, et non toutes celles que je jugerois dignes d'estre dittes, mays celles seulement que le tems fauquel ma liberté de dire et discourir. ..J par lequel mon discours doit estre limité me permettra de dire et desquelles je seray bien asseuré ; car sur tout je vous supplie de croire qu'en ceste chaire et en cest habit je parle tous-jours avec beaucoup de sincérité et de religion. O bon Ange, o saint Génie, o céleste Esprit, qui fustes assigné a ce prince pour l'assister et défendre, et qui aves esté fidelle tesmoin des bonnes actions rque vous luy aves suggérées etJ que Dieu luy a inspirées et que vous aves sollicitées, hé, je suis vostre humble serviteur et dévot; suggères maintenant a rceste pauvrej ma foible mémoire celles que vous jugerés plus dignes de l'honneur que nous devons a l'ame que vous aves rendue a Celuy qui vous l'avoit confiée, et sortables pour servir d'exemplaire a ces auditeurs. J'ay  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 409 suggères maintenant a ma foible mémoire ce que vous en jugerés de plus digne d'honneur et d'imitation. C'est tous-jours Dieu qui fait en nous tout nostre salut, il en est le grand architecte ; mays il procède différemment en ses miséricordes, car il nous donne certains biens sans nous, et d'autres avec l'entremise de nos désirs, travaux et volontés. Le prince Philippe Emmanuel duc de iMercœur receut abondamment des biens de la première façon, sur lesquelz il bastit un excellent ediffice de perfection de ceux de la seconde sorte ; car quant au premier, Dieu le fit naistre de deux maysons des plus illustres, anciennes et catholiques qui soyent entre les princes de l'Europe. C'est beaucoup d'estre fruit d'un bon arbre, metail d'une bonne minière, ruisseau d'une bonne source. Du costé paternel, qui tient le premier lieu en la considération civile, il estoit de ceste royale mayson de Lorraine, dont l'origine est si très ancienne, que, comme  maintenant bien envie de dire; (i) Dieu vous doint la bienveùillance requise pour me bien escouter. rC'est tous-jours Dieu et sa miséricorde qui nous fournit l'estoffe et la force pour tout nostre bonheur, et qui nous donne, sans que nou? y contribuons rien du nostre, les fondemens de toutes les actions quil veut que nous faysions. En sorte que Dieu nous donne les fondemens sans nous, mays il veut qu'au surplus nous apportions nostre petite action pour servir a la sienne ; mays différemment, car il nous donne. ..J C'est tous-jours Dieu qui fait en nous tout nostre salut, il est le grand architecte de nostre bonheur ; mays il procède en ses miséricordes avecque différence, car iL nous donne certains biens sans nous, et fne nous en donne pasj certains autres Tsans que nous les desirions et que nous employons nostre volonté a les...J avec l'entremise de nos désirs, travaux et volontés. Ce grand prince que nous célébrons receut en grand 'abondance des biens de la première façon, sur lesquelz il bastit un excellent ediffice des perfections de la 2' sorte. Dieu le fit naistre de deux maysons des plus illustres, anciennes et catholiques que l'on puisse nommer entre les princes chrestiens. C'est beaucoup d'estre fruit d'un bon arbre, metail d'une bonne minière, ruisseau d'une bonne fontaine. Du costé paternel, qui est celuy qui tient le premier lieu en la considération civile, il estoit de ceste très illustre mayson de Lorraine, l'origine de laquelle est si très ancienne, que, comme estant de tems immemorable, les escrivains (1) Voir p. 406, note (i).  41 o Sermons autographes estant de tems immemorable, les escrivains n'ont pas encor sceu demeurer d'accord de son commencement, comme les habitans d'^gipte ne sçavent se résoudre de l'origine du Nil. 31ays tous s'accordent bien que c'a esté une pépinière plantureuse et féconde d'une grande quantité d'empereurs et de roys, et des plus généreux princes de toute la Chrestienté, et qu'il n'y a contrée en laquelle elle n'aS^e heureusement planté les lauriers et les palmes de sa valeur et pieté. Je ne vous diray rien de ce qu'elle a fait en France et en Allemagne; aussi vous est-ce chose trop connue. Ma3''s si nous passons en Espagne, vous y verres Henri, frère de Guillaume duc de Lorraine, lequel ayant fidellement et vaillamment combattu pour la religion sous Alphonse roy de Castille, en la guerre qu'il avoit Ihors contre les Maures et Sarrasins, espousa en recom- pense sa fille, qui luy porta en dote la province laquelle despuis érigée en roj^aume est appellee Portugal, ou la race de ce premier Henri a fort chrestiennement et géné- reusement régné jusques au dernier Henri, Cardinal, trespassé de nostre tems. Allons en Italie, et nous y verrons le riche et fertile  n'ont pas sceu jusques a présent en demeurer d'accord, comme les yEgiptiens ne se sçavent résoudre de l'origine du Nil. Mays tous s'accordent bien que ça esté une pépinière des plus grans cappitaines et plus généreux princes de la Chrestienté, et quil ny a contrée en laquelle elle n'aye heureusement planté les lauriers et les palmes de fses armes et religieuses actions.. .J sa valeur et religion. Je ne vous diray rien de ce qui s'est fait en France au service de la religion et des roys par ceste très illustre mayson, c'est chose qui vous est trop connue et commune ; ni de ce qui s'est fait en Allemagne, les marques en sont trop récentes. Mavs vous plait il que nous passions en Espagne } Nous y trouverons Henri de Lorraine, frère plus jeune du grand Godefroy de Bouillon et de Guillaume duc de Lorraine, lequel ayant extrêmement bien servi a la religion sous Alphonse roy de Castille, en la guerre quil avoit Ihors contre les Maures et Sarrasins, espousa la fille du roy, qui luy porta en dote ceste province d'Espagne laquelle a despuis esté érigée en royaume que nous appelions Portugal, ou la race de ce premier Henri a fort chrestiennement et vaillam- ment régné jusques au dernier Henri, Cardinal, trespassé de nostre mémoire. Voules vous que nous passions un petit trajet de mer et que nous voyons le riche et fertile royaume de Sicile ? Vous y rencontreres René premier de ce nom. et le second, ducz de Lorraine et rois de Sicile  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 411 royaume de Sicile. 3Iais qui ne sçait que les deux ducz de Lorraine, René premier et second, en furent rois ? Et par ce, passons outre mer, et voyons l'heureuse Palestine en laquelle nostre rédemption fut faitte ; nous y contem- plerons ce trois fois grand Godefroy de Bouillon, lequel ayant quitté son païs et ses biens, et mesme vendu son duché de Bouillon, pour chasser les infidelles de la Terre Sainte, y alla armé de zèle et de religion, brave et conquérant, et comme un autre Josué il establit la foy au péril de son sang au lieu ou le Sauveur avoit respandu le sien pour la planter et faire le salut des hommes. Considères cest admirable roy de Hierusalem, lequel refuse la couronne d'or en un roj^aume ou son Sauveur fut couronné d'espines. C'est un roy d'or cou- ronné de bois, beaucoup meilleur que les rois de bois couronnés d'or, lequel règne comme un autre David sur la montaigne de Sion"^, preschant et annonçant la • Ps. u, 6. foy de son Dieu. Voyla l'origine paternelle du grand duc de Mercœur. Mays quelle mère pouvoit on rencontrer pour le filz de telz pères? Digne et belle rencontre, affin que de tous costés son origine fust pleine de splendeur. La mayson de Saxe, l'une des plus puissantes et anciennes de toute rx\llemagne, ayant fourni a l'empire plusieurs grans empereurs, électeurs, défenseurs et conducteurs d'armes, produisit, il y a plusieurs centaines d'années, le prince Berard , très vaillant et très catholique , lequel donna heureux commencement a la serenissime mayson de Savo}^e, laquelle, d'aage en aage sans inter- ruption, a continué jusques a présent autant magna- nime que constante en la religion. D'elle sont sortis plusieurs Ames, Louys, Humbertz, Pierres, Philibertz et autres grans princes, entre lesquelz l'un des Ames, par sa force et valeur, délivra l'isle de Rhodes de la servitude des infidelles, et l'asseura pour le Christia- nisme entre les mains des chevaliers de saint Jean de Hierusalem, lesquelz desirans que la postérité de leur protecteur receust des Ihors quelques marques de l'obli- gation qu'ilz luy avoyent, communiquèrent les armes  412 Sermons autographes de leur milice, qui sont de gueules en une croix d'argent, a toute la ma3-son de Savoj'e, laquelle les a chèrement retenues, non tant en mémoire de la valeur de ce grand ancestre, que comme un signe sacré qui peust servir de protestation perpétuelle que ceste race est toute dediee a la défense de l'honneur de la Croix, comme elle a fait voir en la ^loree, en Cypre et en plusieurs autres lieux ou elle a porté les armes avec non moins de pieté que de valeur. De ceste claire source, laquelle outre infinies alliances réciproques qu'elle a eu avec tous les potentatz du monde, mesmement avec ceste couronne très chres- tienne, avoit donné n'a gueres une mère au grand roy François, de ceste serenissime mayson, dis-je, sortit une très vertueuse princesse, Jeanne de Savoye, fille de Philippe et seur de Jacques, ducz de Genevois et de Nemours, deux aussi vaillans et vertueux princes que nostre siècle en aye veu. Ceste princesse estant mariée au très illustre prince Nicolas de Lorraine, comte de Vaudemont, eut de luy plusieurs enfans, l'aisné desquelz fut le duc de ^ïercœur, qui nasquit au marquisat de Nomeny, tenu Ihors, et despuis a lu}^ laissé par son père en tiltre de souveraineté ; nasquit, dis je, pour la gloire des armes et l'honneur de l'Eglise, ce prince decedé, digne surgeon de deux si grandes races, des- quelles comme il receut le sang, aussi herita-il de leurs vertus. Et comme deux rivières se joignant font un grand et noble fleuve, ainsy ces deux maysons des ayeulz paternelz et maternelz de ce prince, ayant mis ensemble leurs belles qualités en son ame, le rendirent accompli en tous les dons de la nature ; pour quoy il •Sap.,vm, 19. pouvoit bien dire avec le divin Sage* : Puer aiitem erani ingeniosus, et sortitus sum animam bonam (a). Ce fut un bon rencontre a sa vertu d'estre en un sujet si capable ; ce fut un grand bien a sa capacité de s'estre rencontré en une telle vertu.  (a) Or, j'étais un eitfant bien ne, et j'avais reçu en partage une honne âme.  LIX. Oraison funèbre du duc de Muucœur 413 Et pour l'extrême désir qu'il avoit de continuer en sa postérité caste sienne naturelle valeur, il choisit en mariage la princesse Marie, fille unique du grand et courageux prince de 3Iartig-ues, lequel pour le service de la religion et du roy, combattant a Saint Jean d'An- geli les ennemis de l'Eglise, scella de son sang et trespas le progrès d'une vie très chrestienne, digne de la grande ma3^son de Luxembourg dont il estoit, de laquelle sont sortis tant de grans et magnanimes empereurs. Mais a la vérité, je ne me fusse pas arresté a vous ramentevoir la gloire de ses prédécesseurs, laquelle a mon advis est la moindre partie de la sienne, si luy mesme n'en eust fait un grand cas pour s'animer a la vertu; car en la resolution qu'il print d'aller en Hongrie, il alleguoit entre ses autres raysons, que ses prédéces- seurs paternelz et maternelz luy avoyent laissé comme en héritage ceste sainte volonté, et qu'ilz le conduiso3^ent par leur exemple^ comme par la main, au chemin de ce saint voyage. Tellement qu'il m'a esté bien-seant de parler de son extraction, quoy qu'il semble a plusieurs que la noblesse estant chose hors de nous, nos seules actions soyent nostres. Et a la vérité, l'extraction sert de beaucoup et a un grand pouvoir sur nos desseins, voire sur nos actions mesmes, soit pour la S3'mpathie des passions que nous empruntons souvent de nos prédécesseurs, soit pour la mémoire que nous conservons de leur prouesse, soit aussi pour la bonne et plus curieuse nourriture que nous en recevons. Donques le duc de Mercœur considérant qu'il y a autant de différence entre la vertu et la noblesse qu'entre la lumière et la splendeur, l'une esclairante de soy et l'autre d'emprunt, loiiant Dieu d'avoir moyen de rendre ses actions plus exemplaires, il a tous-jours eu soin de ne rien faire qui peust obscurcir ou amoindrir la grande splendeur que la générosité de ses ancestres luy avoit acquis ; et entant qu'il lu}'- a esté possible, il l'a non seulement conservée, mais de beaucoup augmentée. Saint Paul partage le devoir d'un Chrestien en trois  414 Sermons autographes vertus : en la sobriété que nous appelions tempérance, en la justice et en la pieté : Ut sobrie, juste et pie Tit., II, 12. v/vamus i^), dit-il*; la tempérance au regard de nous mesmes, la justice quant au prochain, et la pieté pour ce qui concerne le service de Dieu. Quant a la tempérance, qui n'est autre chose qu'un retranchement des playsirs et délices de ce monde, elle se trouve en ce prince au plus haut degré. Aussi n'ignoroit il pas que les voluptés ne nous embrassent que pour nous estrangler, et que pour cela nostre ame ne doit point autrement regarder nostre cors que comme les fers de sa captivité. Il estoit donq des plus tempe- rans en son vivre, attendu qu'il ne mangeoit que comme par force et ne beuvoit presque que de l'eau. Il ne fut pas moins tempérant aux autres voluptés corporelles, dont il avoit borné l'usage dans les loix d'un chaste mariage et par le devoir que les princes ont de laisser ça bas de la postérité ; vertu rare en un siècle si dépravé, en un aage si vigoureux, en un cors si beau et tant accompli, et en la commodité que la cour et ses appas luy offroit. Pour moy, je tiens qu'il n'est pas plus difficile qu'un fleuve passe par la mer sans se saler, que de demeurer en la cour sans y apprendre et prattiquer des mœurs corrompues. Il a pourtant vescu parmi le tumulte en repos, et au milieu des vices, avec des très grandes vertus. Ce prince s'est tous-jours monstre sobre en la posses- sion des grandeurs et faveurs immenses dont le Ciel l'avoit comblé et n'en abusa jamais ; car sa grande réputation, ni l'estre beau-frere de roy, ni la rareté des grâces qui estoj^ent en luy, ni les heureux succès de ses armes et desseins ne le firent jamais sortir des bornes de la modestie ni abandonner la bien-seance d'une humble gravité, par laquelle il donnoit un accès esgalement facile et gratieux aux petitz et aux grans. Il estoit sobre en ses récréations et passetems qu'il  [a) Afin que nous vivions sobrement, justement et pieusement.  LIX. Oraison funèbke du duc de Mercœur 415 rendoit compatibles et accommodoit aux devoirs de sa charge, les autres inutiles assemblées luy estans en extrême mespris. Bref, il ne touchoit la terre que des piedz, comme la mère perle se conserve pure et nette au fond de la mer, ne sortant jamais de sa coquille que pour recevoir sa nourriture de la rosée du ciel*. Tellement que le tems *^iàelnfrod.a u . , . ,..,,,,. . Ki(? ^fu., p.6 hujus qui luy restoit pour son playsir, il 1 employoït partie a Edit. l'orayson et partie a la lecture des bons livres, au moyen dequoy il s'estoit acquis la connoissance de trois sciences non seulement bien -séantes, mays presque nécessaires a la perfection d'un prince chrestien. Car il avoit une exacte connoissance et prattique des mathéma- tiques, que le fameux Bressius(0 luy avoit enseignées; il avoit aussi l'usage de l'éloquence et la grâce de bien exprimer ses belles conceptions, non seulement en ceste nostre langue françoise, mays mesme en allemande, italienne et espagnole, esquelles il estoit beaucoup plus que médiocrement disert ; et néanmoins il n'employa jamais son bien dire en choses vaines, ou pour mieux dire, il ne voulut abuser de ce beau talent que Dieu luy avoit si libéralement départi, ains il l'employa a la persuasion des choses utiles, louables et vertueuses. Et ce que je prise le plus, il estoit fort instruit en ceste partie de la théologie morale qui nous enseigne les règles de bien establir la conscience. Telles occupations estoyent ses menus playsirs. Ah, menus pla)^sirs, que vous estes devenus grans, ayant fait naistre en ce prince le pla3^sir de l'immortalité ! Or, que pouvoit-on attendre d'une telle modération et tempérance qui luy estoit naturelle, sinon <( une perpé- tuelle volonté de n'offencer personne et de rendre a chacun ce qui luy appartient, » qui est ce que nous  (i) Maurice Bressius ou Bressieu, natif du Dauphiné, occupa au Collège Royal, dès 1576, la chaire de mathématiques, fondée par le célèbre Ramus. Par une méprise qu'on a peine à s'expliquer, les éditeurs, à partir de 1637, ont substitué au nom de Bressius celui de Bertius qui florissait un peu plus tard. Biaise, sans s'apercevoir de l'erreur qu'il commet, donne sur Bertius une longue note qui a été reproduite par Vives et par Migne.  4i6 Sekmons autographes 'Digest.,1. 1,tit.i, appelions justice*? Quand l'a-on jamais veu maltraitter ^ ^' ou offencer personne ? Ses domestiques tesmoignent que c'estoit la douceur et patience mesme. Ouicomque est doux a l'endroit de ses domestiques, l'est beaucoup plus envers les autres. Et de fait, il n'employa jamais sa cholere qu'en la guerre, ou pour maintenir le respect et l'honneur qui luy estoyent nécessaires pour faire les grans services que le Christianisme attendoit de luy; en quoy il imitoit les abeilles qui font le miel pour les amis et piquent très vivement leurs ennemis. Il ne craignoit rien tant que de voir entrer en ses coffres ou des exactions indeuës ou des deniers mal acquis ou l'or du sanctuaire; au contraire, il en faysoit sortir beaucoup de bonnes et de belles aumosnes pour les pauvres et de grandes libéralités pour les autres. Il ne s'attribuoit rien de ses richesses que la puissance de les dispenser, sçachant bien que la lueur de l'or et celle de l'espee ne nous doivent non plus esblouir l'une que l'autre. Quant a l'honneur et le respect, il en rendoit soigneu- sement a un chacun ce qu'il sçavoit luy en appartenir, et n'en fa3'Soit perdre a aucun, pour peu que ce fust, ni par mesdisance ni par outrage. Bref, il rendoit a l'Eglise beaucoup de révérence, au roy beaucoup d'honneur et d'obeyssance, a son mariage beaucoup de fidélité et d'amitié, aux princes une ouverte et aggreable conver- sation, aux moindres une grande douceur et debonnai- reté, a sa famille une grande affection, avec une paix et tranquillité admirable. Quant a la pieté envers nostre bon Dieu, qui est le souverain bien de nostre ame, c'estoit le rendes-vous de toutes ses pensées et le centre de toutes ses imagi- nations. A ce saint autel de la religion il avoit consacré son ame, voué son cors, dédié toute sa fortune, et pouvoit bien dire avec ce grand Roy : Detis, docuisti me a • Ps LXX 17. O ./ -' •*Ps. xxi', II". juvénilité mea'^ ; In te projectus siun ex utero **i^);  (a) O Dieu, vous m'iive:^ instruit dis ma Jeunesse. J'ai et J Jeté en vous dès le sein de ma mère.  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 417 car si nous considérons les désirs de la jeunesse, ce n'ont esté que les fleurs des fruitz qu'il a fait paroistre en son plein aage. La loiiange d'avoir esté des Ihors très chrestienne- ment eslevé ne luy est point particulière, mais commune a tous les princes et princesses ses frères et seurs : tesmoins les années de virginité, de mariage et viduité de Louise de Lorraine, très chrestienne et très pieuse reyne de France et de Pologne, d'heureuse mémoire, miroûer de la pieté et idée des princesses de nostre aage, de laquelle je vous ay veu, o Paris, unanimement admirer la religion, humilité et charité. Tesmoin encor le très vertueux Cardinal de Vaudemont, la vie duquel n'a esté qu'un recueil de toutes les vertus qu'on peut désirer en un grand prélat, auprès duquel je pourrois mettre Monsieur de Verdun, si la louange des vivans, pour juste qu'elle puisse estre, n'estoit sujette au soup- çon de l'interest et de la flatterie. Tesmoin aussi le comte de Chaligny, lequel aj^ant consacré le printems de ses plus belles années a la pieté, a peu après rendu le fruit d'une tressainte mort au retour de plusieurs braves exploitz par lu}" exécutés en la sainte guerre de Hongrie, sous la conduitte et a l'imitation de ce sien frère. Mais la loiiange d'avoir si bien nourri ses premières inclinations a la vertu parmi tant de rencontres et d'occasions doit estre fort considérée en ce prince, veu que, comme nous avons ja dit, ni la cour ni la guerre, ennemies jurées de la dévotion, quoy qu'aydees des secrettes amorces de la jeunesse, beauté et commodités de cest excellent prince, ne peurent jamais rien gaigner dessus son ame, laquelle il maintenoit tous-jours pure parmi tant d'infections. Chose a la vérité admirable, que l'on ne luy voyoit passer une journée sans ouyr la sainte Messe, si une nécessité extrême ne l'en empes- choit, sans dire l'Oflice de Nostre Dame et son chapelet, sans faire l'examen de sa conscience et le soir et le matin, mettant ordre, comme grand cappitaine qu'il estoit, aux sentinelles de son ame pour la garder de la surprise de ses ennemis. SeRM. I 21  4i8 Sermons autographes Mays je l'eusse bien voulu voir après ceste action, quand se représentant la nécessité de la mort, il baysoit plusieurs fois la terre, comme rendant hommage a celle laquelle par après es occasions de la guerre il bravoit, mesprisoit et fouloit a ses piedz. Ces exercices ordinaires luy servans comme d'une continuelle préparation a la Communion, il n'oublioit pas aux festes solemnelles de faire une entière reveuë de toutes ses actions pour * I Cor., XI, 28. s'esprouver soy mesme * avec une sévérité extrême, a celle fin de recevoir plus dignement le tressaint Sacre- ment de l'Eucharistie auquel il avoit une dévotion ines- timable, se croyant beaucoup plus asseuré de la victoire en guerre quand il rencontroit ou attaquoit les ennemis de l'Eglise le jeudy, pour estre l'institution de ce saint Sacrifice, ou bien le samedy, jour que nos pères ont destiné a l'honneur de Nostre Dame. Je laisse a part les confessions et communions qu'il faysoit allant a la guerre, puisque ceux qui s'exposent ordinairement au danger du trespas sont obligés de se confesser et mettre en bon estât, s'ilz ne veulent que la mort temporelle soit suivie de l'éternelle. Au surplus, il vouloit que les choses sacrées, et particulièrement les paroles de la Sainte Escriture, fussent tenues en respect et dévotion, et ne s'offensoit jamais tant que quand il oyoit tirer en sens profane les motz que le Saint Esprit a donnés pour nostre sanctification, Ouyr jurer et blas- phémer le saint nom de Dieu luy estoit un mal insup- portable. Bref, il pouvoit bien dire avec cest autre •Ps. XXI, 31. prince : Et anima mea illi vivet^ ; Adhcesit anima ♦ Ps. Lxii, 9. mea post te'^ (^). Mais ou vay je ? Ne sçay je pas en quel danger de naufrage je me précipite, me hazardant a de telles loiianges ? Je cours bien encor une plus grande fortune, si je single en ceste mer sans fond et sans fin des vertus et généreux exploitz de ce prince. Si je voguois, par  (n) Et mon âme vivra pour lui. Mon âme s'est attachée à vous.  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 419 manière de dire, sur l'infinité de vos louanges, o grand duc, j'aurois beau naviger a voile françoise, je cherche- rois terre en vain ; aussi suis je si jaloux de vostre gloire que je serois bien marry qu'on peust trouver quelque fin au los de vos mérites. Puysque vous attendes. Messieurs, que je continue, et qu'il le faut, je dira}^ que quant a ses biens temporelz, ilz estoj^ent tous dédiés au service de la religion Catho- lique : tesmoins les bastimens d'églises, monastères, chapelles et services bastis et fondés, ores en l'honneur du Saint Sacrement, ores en l'honneur de la Vierge, de laquelle il estoit si dévot qu'il ne sçavoit jamais près de luy aucune église ou chapelle dediee a ceste thresoriere de grâces, qu'il ne la visitast et n'y eslargist quelque aumosne. Il a basti a ses despens les monastères des Pères Capucins et Minimes de Nantes, comme très dévot aux bienheureux saintz François, desquelz il avoit receu plusieurs faveurs signalées, et nommément Mademoyselle sa fille, qu'il obtint par l'intercession de saint François d'Assise. Il n'a pas peu obligé la Bretagne d'y avoir planté ces deux pépinières de sainteté et pieté. Mais cecy estant a la veuë d'un chacun, comme aussi les aumosnes publiques que les grans font pour le bon exemple qu'ilz doivent aux moindres, il fa) soit plusieurs autres aumosnes secrettes, de l'argent qu'il reservoit pour ses menus playsirs. Ce fut avec ceste mesme dévo- tion d'employer tous ses biens au service de Dieu, qu'il mena bon nombre de cavalerie a ses despens au premier voyage qu'il fit en Hongrie. Je dis donq que, quelque jeune qu'il ait esté, estant accompaigné et doué des vertus susdites, il a tous-jours fait reconnoistre et remarquer en luy de grandes arrhes de sa pieté et prudence a venir : prudence tant requise en un chef de guerre que chacun sçait, attendu qu'elle est la mémoire des choses passées, le jugement des futures et la disposition des présentes. Que restoit il donq a ce prince pour dédier a Dieu, sinon son cors et sa vie ? Ce qu'il fit par le désir continuel qu'il eut des sa plus tendre jeunesse de faire la guerre  4^0 Sermons autographes contre les infidelles, désir que Dieu luy a donné la grâce d'assovir avec la gloire que la Hongrie et tout le Christianisme sçait et tesmoigne. Mais cependant, si tost que l'aage le luy permit, il ne laissa passer aucune occa- sion de s'employer aux armes qu'il n'aye embrassé avec beaucoup d'honneur et de mérite, comme a la charge faitte a Dormans contre les re3^stres, en Brouage, a la Fere et par tout ailleurs, mesme au siège d'Issoire, ou, commandant a l'une des batteries, il donna un signe très certain de sa grandeur future en la profession des armes. Despuis lequel tems jusques a ce qu'il alla chercher des nouveaux lauriers jusques a l'un des coins du septen- trion, il s'est trouvé, selon la diversité des occurrences, en plusieurs sièges, assaillant et défendant en diverses armées, rencontres et batailles, ou Dieu l'a tellement favorisé que jamais il n'a eu conduitte qu'elle n'ayt esté suivie d'une heureuse victoire ; dont j'aurois a dire de luy beaucoup plus de choses que le tems qui m'est prefix, voire que la vie d'un homme ne pourroit suffire a reciter ; mais je ne puis sinon esbaucher et desseigner grossièrement l'idée d'un généreux prince chrestien, que le grand duc de Mercœur a exprimé en soy mesme par tant de vertus et de braves exploitz d'armes qu'il a produit. Et combien que je peusse dire icy en termes généraux et d'une haleyne, qu'en toutes les parties de sa vie il a fait paroistre en luy toutes les qualités qui se peuvent désirer en un grand prince pour le rendre parfait, tou- tesfois, pour parler plus distinctement, il me sera plus a propos de ne vous faire plus attendre la monstre de la pièce, laquelle, comme elle a esté la dernière de sa vie, a aussi esté la plus glorieuse pour luy, la plus aggreable pour sa mémoire et la plus utile a la repu- blique chrestienne, et en laquelle, comme en une riche tapisserie, vous verres la tisseure d'autant de faitz d'armes et de vertus que l'œil de vos entendemens en sçauroit désirer. Le croissant de Mahomet grossissoit si fort en Hongrie qu'il sembloit se vouloir rendre pleine lune, et sous sa  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 421 maligne influence faysoit descheoir nos forces et presque nos courages. On ne parloit plus que des progrès de l'armée turquesque et de son cimeterre, quand le vray Soleil de justice'^ suscita ce vaillant et généreux prince, * Malac, iv, 2, qui volontairement et librement, je ne diray pas seule- ment de gayeté mais encores de pieté de cœur, part de son païs, et, comme un autre Machabee, se rend en l'armée chrestienne au commencement du mois d'octo- bre, l'année 1599. Et sçachant que l'ennemy s'approchoit avec une armée de cent cinquante mille hommes pour assiéger Strigonie, ville très importante, il l'alla incon- tinent visiter, et l'asseura si bien de sa présence, par TofFre qu'il fit de s'y enfermer et l'ordre qu'il donna pour la conservation des fortz qu'on estoit sur le point d'abandonner, que les ennemis estant advertis de son arrivée et resolution, changèrent de dessein et tirèrent droit contre nostre armée , a la teste de laquelle ilz trouvèrent tout aussi tost ce grand prince, qui leur eut fait des Ihors ressentir les effectz de sa présence, s'il eut eu autant de pouvoir et de commandement en l'armée chrestienne qu'il y en a eu despuys, ainsy qu'il fut reconneu par la perte des occasions qui, selon son advis, devoyent estre embrassées. Dequoy TEmpereur bien adverti il désira le voir, si qu'il luy fit prendre le chemin de son retour par Prague, ou il le receut avec fort grand accueil ; et ayant reconneu par ce premier essay l'excellente valeur et prudence de ce prince, il le fit son lieutenant gênerai, et luy en' envoya les patentes jusques en ceste ville de Paris ou il estoit de retour de son premier voyage. Avant que de les accepter, il les présenta au Roy, a l'obéissance duquel il avoit tant voué d'affection et de service qu'il n'estimoit rien d'honnorable que ce qui seroit authorisé de ses commandemens. Sa Majesté, comme très chres- tienne, luy permit d'accepter ceste charge si belle et si digne du nom françois. Nostre nouveau gênerai va donques en Hongrie pour la seconde fois, et tira droit a Vienne, et de la, a Javarin ou estoit l'armée chrestienne, composée seulement  422 Sermons autographes d'environ treize mille hommes, ou il fut receu et reconneu lieutenant gênerai de l'Empereur, et mis en possession de sa charge par l'archiduc Xathias, frère de l'Empereur. O journée bienheureuse pour la Hongrie et pour toute la Chrestienté ! A peyne estoit-il arrivé, que vo3-ant Canise assiégea de six ou sept vingt mille Turcz, après avoir soigneuse- ment mis ordre a tout ce qu'il jugeoit a propos pour son dessein, et sur tout a3'ant tiré promesse des princes et seigneurs du païs qu'il auroit la commodité des vivres nécessaires pour l'entretenement de son armée, la teste eslevee en la confiance qu'il avoit en son Dieu, il la baissa par après contre l'ennemy, s'achemine contre ceste pu3'ssante armée, et de son premier effort en emporte une partie, qui l'attendoit avec force canons sur les avenues et passages, en un lieu fort avantageux pour l'ennemy et ou il s'estoit fort bien retranché. Le champ de bataille, les canons, les drapeaux demeurent néan- moins aux nostres pour la bienvenue de ce grand gênerai ; dont le Turc estonné de se voir battu d'un si petit nombre de Chrestiens, eust indubitablement levé des l'heure le siège, si la nuict avec son obscurité n'eust empesché le progrès des armes de ce grand conducteur. Le jour suivant, le Turc voulant reconquérir ce qu'il avoit perdu, ne fit qu'augmenter sa honte par la perte qu'il fit de sept mille autres Turcz, et d'un fort ou l'on trouva treize autres pièces de canon qui servirent despuis contre l'ennem}^, pendant sept jours entiers que nostre gênerai garda le champ de bataille qu'il avoit gaigné, lequel il eut conservé davantage, si la nécessité des vivres qui survint par la faute de ceux du païs qui manquèrent a leur promesse n'eut donné sujet aux gens du conseil de l'Empereur et a toute l'armée de le presser, voire contraindre par leur importunité de se retirer, ce que néanmoins il ne voulut faire qu'ilz ne luy eussent donné leurs advis signés. Si que l'on peut bien dire que si ce grand gênerai eust esté secouru de vivres par ceux qui le devoyent faire, comme il secouroit  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 423 la ville par ses armes, elle eust indubitablement esté conservée : « Et nunc, Troïa, stares, Priamique arx alta, maneres*(a) ; » * JEneis., l. II, 56. puysque pendant tout le tems que nostre armée demeura en ce champ de bataille (qui n'estoit esloigné de la ville que d'une portée de canon et que d'une mousquetade du camp et retranchement de l'ennemy), il ne fut fait aucun effort ni tiré un seul coup de canon contre la ville. Mais, mon Dieu, qu'il faisoit bon voir ce grand gênerai demeurer a la queue de son armée, qui estoit presque destituée de tous ses autres chefz et reduitte a six ou sept mille hommes, la faim ayant fait retirer le reste, et amuser le Turc par escarmouches pendant qu'elle faisoit sa retraitte l'espace de cinq a six lieues, et jus- ques a ce qu'il l'eut entièrement dégagée d'une grande quantité de mauvais passages; combattant tantost a pied, tantost a cheval, se trouvant ores en teste de l'avant garde , ores a la queue de l'arriére garde , faysant l'office non seulement de gênerai, mais de mareschal de camp, de gênerai de l'artillerie, de sergent majeur, de colonnel, et bref ayant luy seul sur les bras le faix et la charge de ceste si périlleuse et tant admirable retraitte, en laquelle il se trouva plusieurs fois aux mains et meslee, donnant secours aux siens, signamment en une assistance fort remarquable qu'il donna a son arrière- garde laquelle s'en alloit desconfite par la furieuse charge de cinquante mille chevaux turcz , quoy que courageusement combattuz par le vaillant comte de Chaligny sous les heureux auspices de son frère et gêne- rai, qui le secourut en fin si a propos, que les Turcz, battuz et repoussés, firent les premiers une autant hon- teuse retraitte que celle de nostre armée fut glorieuse, pour avoir esté faitte avec une poignée de gens que nostre gênerai sauva et garantit heureusement des efifortz  (a) « Et maintenant, ô Troie, tu subsisterais; et toi, haute forteresse de Priani, tu ne serais pas encore détruite. »  424 Sermons autographes d'une si effroyable multitude, avec le butin de plusieurs pièces de canon. Au retour de cest exploit, estant arrivé a Vienne au mois de novembre, l'Empereur le retint tout l'hiver et rompit le dessein qu'il avoit de venir visiter les siens en France, affin de s'en servir et prendre avec luy les resolutions de ce qu'il failloit faire pour l'année suivante, en laquelle, environ la fin d'aoust, ce prince mit aux champs son armée, qui pouvoit estre de dix sept a dix huict mille hommes, et tira droit a Comor. Et peu après, fa3'sant courir le bruit d'aller assiéger Bude, après avoir usé de plusieurs beaux stratagèmes, en fin il se logea devant la ville neuve et a la portée du canon d'Albe- Royale , ville principale de la basse Hongrie , saisit toutes les avenues, s'y retranche et dresse sa batterie, et l'attaque si furieusement de tous costés, se mettant lu}' mesme avec cinquante chevaux-legers françois a la teste d'un régiment d'infanterie, si a propos et si vail- lamment, faj-sant office de cappitaine et soldat tout ensemble, que les ennemis, après [avoirl long tems rendu combat, perdent en fin autant de leur courage que nostre gênerai en donnoit aux siens, qui le voyans a leur teste, forcent l'ennemy et le mènent battant jusques a la porte de la vielle ville, les murailles de laquelle ayant lu}'- mesme reconneu, et despuis fait battre jusques a ce qu'il y eust brèche raysonnable, il présente l'assaut qui fut bravement soustenu par les assiégés, jusques a ce que ce grand prince se présentant avec ses gentilz- hommes armés de toute pièce, anima tellement les assaillans, que l'ennemy fut contraint d'abandonner la brèche et se trouva si fort pressé, qu'une grande quan- tité de Turcz se précipita dans les fossés, et l'autre partie se retira dans les maysons ou estoyent leurs poudres, auxquelles aj^ans mis le feu par desespoir, ilz firent mourir plusieurs des nostres avec eux. Le bascha qui y commandoit s'estant retiré dans le palais avec mesme dessein, ayant demandé et obtenu la vie pour luy et les siens, demeura prisonnier, et par mesme mo3''en grande quantité de Chrestiens qui estoyent prisonniers dans la  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 425 ville receurent liberté par la main de ce brave vainqueur, lequel ayant asseuré les affaires de ceste grande ville, y laissa Steremberg, colonnel allemand, et s'en esloigna d'une ou deux lieues pour rafraischir son armée, et attendre celle de l'ennemy qui s'approchoit pour l'atta- quer ou reprendre la ville. C'est ains)^ ^lessieurs, que ce grand guerrier, autant digne d'estre surnommé ^lars que Mercure (0, n'entre- prenoit pas ce qui estoit facile, mays facilitoit ce qu'il entreprenoit. Ce que je dis pour l'importance et force d'Albe-Royale, en laquelle autrefois les rois d'Hongrie estoyent couronnés et ensepulturés ; place si forte, que le grand Soliman amena en personne deux cent mille hommes pour la prendre, et si, ne s'en peut rendre maistre qu'après un siège de trois mois, et par composi- tion, il y a environ soixante ans, durant lesquelz elle a tellement esté fortifiée, que trois divers sièges d'armées chrestiennes y ayant esté long tems n'en ont rapporté que de la perte et du dommage, jusques a ce que nostre trespassé, qui estoit de la race de ceux par lesquels si souvent saUts fada est in Israel'~^\ comme il est dict des Machabees *, y porta son espee, son courage et ' l Mach., v, 62. sa prudence pour s'en rendre heureusement le maistre en moins de douze jours. Dieu luy ayant réservé ceste conqueste et la délivrance des os et sépultures des anciens rois de Hongrie, avec lesquelz il avoit l'extrac- tion commune de la grande mayson de Saxe. Or l'ennemy s'approchoit, faysant démonstration de tirer droit a Albe-Royale pour la reprendre comme il en avoit l'ordre, et pensoit le pouvoir aysement faire d'autant que les munitions de guerre et les vivres  {z) Le salut a été fait en Israël. ' ( I ) Comme on le voit par l'Autographe de la seconde leçon, p. 407, le Saint écrivait ordinairement Mercure pour Mercœur, selon que la prononciation de l'époque le permettait. Cette orthographe, abandonnée dans notre texte principal, comme dans l'édition princeps, est maintenue ici par exception en { faveur du jeu de mots auquel elle donne lieu.  426 Sermons autographes avo3^ent esté presque consumés par le feu, et une grande partie des murailles ruinées tant par la batterie des nostres que par les mines des siens. Mais nostre gênerai le sçachant fit aussi de son costé rapprocher son armée, et ayant prins avec soy environ six vingtz chevaux françois s'avança jusques dans la ville, de laquelle il ne pouvoit abandonner le soin, pour la visiter et asseurer ; mais il n'y fut pas plus tost, qu'elle fut investie de huict mille chevaux, suyvis d'un gros de six vingtz mille hommes, Nostre gênerai fit bien faire plusieurs sorties par lesquelles plusieurs Turcz furent prisonniers ; mais ce pendant ceste effroyable armée se loge entre la ville et nostre armée, laquelle n'estoit presque plus qu'un cors sans ame, estant privée de la présence de son gênerai, lequel néanmoins ne la laissa gueres en cest estât ; car ayant donné bon ordre aux affaires de la ville, voilé et favorisé de la nuict, il sort et se vint rendre parmi sa chère trouppe, de laquelle il fut receu, et notamment de l'archiduc Mathias, avec une joye inestimable qui fut aussi suivie de braves et signalés exploitz. Il me seroit, a la vérité, du tout impossible de vous représenter par parolles la valeur et prudence avec la- quelle ce prince attaquoit les escarmouches avec l'armée des ennemis (^), desengageant ceux qui parfois s'enga- geoyent témérairement, regaignant les logis et petitz fortz occupés par les Turcz, faysant paroistre pendant dix sept jours entiers que les deux armées furent presque en continuel combat, un parfait assemblage de toutes les parties requises en un grand chef d'armées, et prin- cipalement en trois grandes journées esquelles il com- battit si heureusement, qu'il y gaigna plusieurs canons et fit un carnage de Turcz des plus signalés qui se soit fait en nostre aage ; auquel, entre plusieurs autres chefz, Mechmet Kiaïa bascha de Bude et le bascha de Caiaie demeurèrent mortz, desquelz les testes furent envoyées ( I ) Les précédents éditeurs se sont mis en devoir de modifier cette phrase, faute de remarquer que attaquer ou attacher l'escarmouche est un ancien terme de stratégie qui signifie offrir la bataille, commencer le combat. Cf. les Diction- naires de Littré et de Hatzfeld et Darmesteter, aux mots attaquer, escarmouche.  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 427 pour estre baillées en eschange de plusieurs Chrestiens. Apres lequel exploit nostre armée demeura six jours a la campaigne ; et le grand duc de Mercœur ne voyant plus aucun ennemy autour de luy, vint avec le mérite de mille palmes et d'autant de lauriers en la ville de Vienne, ou il fut receu avec la joye^ les acclamations et bénédic- tions que l'on peut penser, et avec autant d'appareil que l'on eust sceu faire pour l'Empereur en cas pareil. Mais après la victoire de tant d'ennemis, ce grand prince ne fut pas pourtant vaincu de la vanité, laquelle bien souvent est victorieuse des autres vainqueurs. Il sçavoit que le fruit des belles et saintes actions c'est de les avoir faittes, et que hors de la vertu il n'y a point de loyer digne d'elle ; c'est pourquoy il n'en desiroit point d'autre que la gloire de nostre Dieu. Ce qu'il monstroit bien clairement es lettres qu'il escrivoit a Madame sa femme ; car il mettoit tant de soin de rap- porter a la seule gloire de Dieu les heureux succès de ses armes, qu'il sembloit mesme n'en vouloir pas estre estimé l'instrument : signe certain d'une vra5^e humilité, et non point affectée, puysqu'il la prattiquoit a Tendroit de celle qui n'estoit qu'un autre luy mesme. Voyla donq quelque chose que ce grand gênerai a fait en Hongrie ; car de vouloir dire tout, ni le tems, ni ma voix, ni le lieu ne le permettent pas. Ce sera le sujet de quelque grand maistre, lequel tout glorieux de l'heureuse rencontre d'un si riche sujet, pourra, comme un autre Maron, dire au commencement de son œuvre : « Arma virumque cano*(a). » *^neis, 1. 1, i. Mais ce pendant, imagines vous avec moy, je vous supplie, un prince estranger en un païs lointain, en une armée composée d'une si grande diversité de nations et de laquelle la moindre partie estoit françoise. Considères aussi le crédit qu'il s'estoit acquis : voyes l'archiduc  (a) « Je chante les armes et le héros. »  428 Sermons autographes frère de l'Empereur, sous sa conduitte, penses aux grans faitz d'armes qu'il a exécutés en si peu de tems, resou- venes vous de la puissance de l'ennemy qu'il a deffait, l'inégalité de ses forces avec la monstrueuse multitude des Turcz, et vous admireres l'immensité des mérites de ce prince, mays plustost de ce grand miracle, duquel nous devons bien tous remercier le grand Dieu des armées, qui a voulu deffaire ses ennemis par le bras de ce prince, prenant en main la justice de la cause. Considères comment avec treize mille hommes il atta- que et surmonte cent cinquante mille Turcz, renouvellant les miracles des anciens cappitaines Josué, Gedeon, David, les Machabees, Godefroy, saint Louis, Scan- derbeg et du bon comte de Montfort. Aussi ce prince renouvelloit la façon chrestienne de venir aux combatz ; car il n'y entra jamais qu'après avoir demandé le secours a Celuy duquel il conduisoit les armées et auquel il faysoit tousjours des saintz vœux, qu'après le succès il rendoit fort religieusement. Il avoit tousjours en son armée des Pères Capucins, lesquelz portans une grande croix, non seulement animoyent les soldatz, mais aussi après la confession générale que tous Catholiques fai- soyent en signe de contrition , ilz leur donnoyent la sainte bénédiction. Mays sur tout c'estoit une chose belle de voir ce gênerai exhorter ses cappitaines a la constance, leur remonstrer que s'ilz mouroyent ce seroit avec le mérite du martyre, et parler a un chacun en sa propre langue, françois, allemand, italien. Quelles merveilles si telles armées sont suivies de si grans effectz ? A la * Historia Rerum verité , Guillaume Tyrien dict * que les exploitz de CXI seqq'. " ' Godefroy estoyent entièrement semblables et qu'ilz pro- cedoyent d'une pareille conduitte. Dieu avoit donné a ce grand prince un cœur plein de valeur, un courage invincible. De peur que ce courage se relaschast par le repos, il l'a exercé despuis son enfance jusques a la fin par des labeurs et dangers continuelz, avec tel heur néanmoins, que tant de hazardeuses secous- ses ne luy ont esté qu'une escole de vertu et une occasion de gloire. Et semble certainement, a voir le progrès de  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 429 sa vie, que Dieu luy ayt excité exprès ces exercices, et qu'en fin il y eut appelle tant de sortes de nations pour tesmoins, a celle fin qu'elles y remarquassent le spectacle d'une extrême valeur et d'un extrême bonheur. Ah, que les François sont braves quand ilz ont Dieu de leur costé ! qu'ilz sont vaillans quand ilz sont devotz ! qu'ilz sont heureux a combattre les infidelles ! Léo qui omnibus insultât animalibus, solos pertimescit gallos (=*), disent les naturalistes*. C'est grand cas que la présence *S.Amb.,Hexaem., j . . f. . ^ , ,1. VI, c. IV, S 26: de ce cappitame irançois ayt peu arrester la course des pun., Hist. nat., 1. armées turquesques, et qu'a son aspect leur lune se soit viii,c.xixfrt/.xvi). éclipsée. Je m'en resjouys avec vous, o belle France, et loiié soit nostre Dieu que de vostre arsenal soit sortie une espee si vaillante, et que l'Empire soit venu a la queste d'un lieutenant gênerai a la cour de vostre grand Roy, auquel c'est une grande gloire d'estre le plus grand guerrier d'un royaume duquel sortent des princes qui au reste du monde sont estimés et tenuz les premiers. Aussi plusieurs estiment que ce sera un de vos rois, o France, qui donnera le dernier coup de la ruyne a la secte de ce grand imposteur Mahomet. En fin donques ce grand prince, après avoir tant sous- tenu de travaux pour la foy et fait tant de dommage a l'ennemy d'icelle, passa de Vienne a Prague ou il print congé de l'Empereur, désirant revenir en France visiter les chères arrhes qu'il avoit laissées. Mais estant a Noremberg il fut saysi d'une fièvre pestilente, laquelle jettant le pourpre luy fit connoistre des le troysiesme jour qu'elle devoit finir ses peynes et labeurs et qu'elle luy serviroit de barque pour passer le trait de ceste mortalité. Mais parce que la vie doit estre comme une image dont toutes les parties doivent estre belles, et que la conclusion est la plus remarquable partie de l'œuvre, voyons un peu, je vous supplie, quelle fin eut une si belle vie.  ( a ) Le lion qui insulte à tous les animaux ne redoute que les coqs. [L'orateur joue sur le substantif ,^j//o5 qui signifie à la fois coqs et Français.]  4J0 Sermons autographes A la vérité, c'est une tromperie par trop affectée qu'une oubliance volontaire de ce passage, puysque la nature ne fait grâce a personne de sa nécessité. C'est pourquo}^ l'homme prudent ordonne chaque journée comme devant estre la dernière de sa vie, laquelle ne doit estre qu'une continuelle disposition a faciliter ce passage, duquel ce grand prince se voyant proche, après l'avoir tant et tant attendu, il n'eut pas beaucoup de peyne a s'y résoudre et a se resigner entièrement ; car ne sçachant ou ceste heure l'attendoit, il l'attendoit par tout. Et par ce, la vo3^ant proche : Or sus, dit il, loué soit éternellement en la terre comme au Ciel mon Dieu, mon Créateur. Me voie}" arrivé par sa grande miséri- corde a la fin de ceste vie mortelle ; sa toute bonté ne veut pas que j'arreste plus longuement parmi tant de misères. Je lu}^ avois fait vœu d'aller a sa sainte mayson de Lorette pour 3^ honnorer la grandeur de sa Mère ; mais puisqu'il luy plaist, je changeray le dessein de mon voyage pour honnorer au Ciel celle que je desirois honnorer sur la terre. Et sur ce sujet il dit un monde de belles et pieuses paroUes. Puys se resouvenant qu'il laissoit a 31adame sa femme une jeune princesse son unique fille, pleine de bonté naturelle et de tous les signes qui peuvent prœsager une excellente vertu, il s'en consola, et se resjouyt en soy mesme de luy laisser ce gage de leur saint mariage, et réciproquement de laisser a sa fille une dame et mère, sous la douce et vertueuse conduitte de laquelle elle ne pouvoit qu'espérer de surgir au port qu'il desiroit. Apres lesquelz ou semblables discours il demanda de pouvoir ouyr la tressainte Messe. Mais parce qu'il n'}'' a aucun exercice de la foy catholique a Noremberg, l'on luy dénia ce dernier bien qu'il desiroit plus que tout autre, toutesfois avec mille protestations et excuses, et entr'autres que le mesme avoit esté refusé a la re3"ne Elizabeth quand elle vint en France. Néanmoins, pour tesmoigner le respect que son mérite avoit acquis sur tous ceux qui se disent Chrestiens, il fut permis a son aumosnier d'aller prendre le tressaint Sacrement et  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 43 1 ! j Viatique en quelque église catholique pour le lu}^ appor- i ter ; et particulièrement d'autant qu'il avoit résolu de se ' faire porter hors de la ville pour l'aller recevoir, quand mesme il eust deu avancer son trespas, tant il desiroit estre refectionné de ceste viande céleste et divine. L'au- ' mosnier ayant donq pris ce gage sacré de nostre rédemp- tion au lieu le plus voysin qu'il peut, l'apporta a ce prince malade, lequel l'attendoit avec une dévotion et avec des souspirs ineffables. Il ne l'eut pas plus tost veu, ; que tout languissant et foible de cors, mays fort et ferme : d'esprit, ayant « plus de foy que de vie*, » il se jetta *Videinfra, p. 433. I hors de son lict, et se prosternant en terre il adora son Sauveur, plein de larmes, de paroUes dévotes et de 1 mouvemens religieux, luy présente son ame et luy dédie ; son cœur, puys le reçoit avec toute l'humilité et la ferveur que sa grande foy luy peut suggérer en ce der- i nier passage. Et comme l'on void que le mouvement naturel est tous-jours plus fort en la fin qu'au commen- cement, aussi sa dévotion et pieté en ceste dernière action 1 fit tout l'effort de ses saintz mouvemens. Il vescut jusques i au treiziesme jour, auquel il rendit en paix et envoya ' son esprit a son Dieu, immédiatement après avoir pro- noncé ces divines paroUes : In inanus tuas, Domine, commendo spiritiun meiun ; redemisti me, Domine Deiis veritatis * (^). * Ps. xxx, 6. Quand je dis que le duc de Mercœur est decedé, je dis aussi un grand duc et grand prince ; mais ce qui est ' plus que tout cela et ou le monde ne peut atteindre, je dis ensemble un grand selon Dieu, grand en foy et religion, grand en vertu et preudhommie, grand en douceur et debonnaireté, grand en mérites et bienfaitz, grand en prudence et en conseil, grand en réputation et honneur devant Dieu et devant les hommes, grand en toutes sortes et manières. Je dis le duc de Mercœur, un 1 des rempartz de la Chrestienté, un des boulevertz de  (a) Seigneur, _/V remets mon esprit entre vos mains ; vous m'ave^ racheté^ Seiorneur Dieu de véritJ,  432 Sermons autographes l'Eglise, un des protecteurs de la foy, guidon du Crucifix, terreur des Musulmans et Mahometans , support des affligés, exemplaire de charité, bref, la bénédiction de son siècle. O trespas, que tu nous prives de grandes choses I Si nous cro3"ons le désir des siens, voire de tous les gens de bien, ce grand prince a fort peu vescu ; si nous mesurons la grandeur de ses actions, il a asses vescu; si nous mesurons la misère du tems, il a trop vescu ; si nous regardons la mémoire de ses beaux exploitz, il vivra aeternellement. Heureuse fin pour le concours de toutes les vertus susdites, qui comme vrays amis, quand les forces de nature, quand les grandeurs et toutes les choses l'ont quitté, ne luy ont pas failli au besoin, se rencontrant toutes ensemble pour luy faire ce dernier office. Et comme il advient en un grand fleuve dont l'embouchure est estroitte, qu'avec plus d'impétuosité il se desgorge en la mer, ou [à] l'arbre qui veut mourir, que pour la dernière fois il porte du fruit plus que l'ordinaire, les vertus qui auparavant faisoj^ent en luy leurs fonctions a part, tant qu'il a vescu en ce monde, se sont icy jointes II Cor., XII, 10. ensemble pour luy faire dire avec saint Paul * : Cum infinnor, tune potens sum (^), pour marcher au devant de luy, servir de fanal dans les ténèbres du trespas, et pour faire que cest arbre, sur les rameaux duquel Matt., XIII, 32. tant ô!oyseaux ont reposé * et a l'abri duquel tant d'ani- maux ont repeu, tombant du costé du inidy, c'est a dire Eccies., XI, 3. en estât de grâce et de gloire, _>; demeure éternellement*. Heureux eschange, de gaigner l'éternité par la perte de si peu d'années ! Que vous semble il maintenant, Messieurs, de la vie et du deces de ce prince ? Sa vie mérite elle pas d'estre célébrée par des louanges immortelles ? Vous est il advis qu'il faille regretter le trespas de celuy qui a si bien vescu ? Il a receu la mort de bon cœur, et vous en voules détester la nouvelle? Xon, non; quicomque vous a  (a) Lorsque je suis infirme, c'est alors que je suis fort.  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 433 dict qu'il estoit mort vous a trompés, ceux qui ont si bien vescu ne meurent jamais. Laisses pleurer David sur la mort de son Absalon lequel est mort reprouvé; mais con- soles vous sur le trespas de ce prince qui n'est pas mort, mais sauvé de la mort. Ne penses plus a sa vie pour re- gretter sa mort, mais penses plustost a sa mort pour imiter sa vie, de laquelle si vous voules avoir une perpétuelle idée devant les yeux et en conserver un brief mémorial, resouvenes vous de sa devise : « Plus fidei quam vitae. » Il eut a la vérité tous-jours <( plus de foy que de vie ; » car sa foy fut tous-jours maistresse de sa vie. Il ne vivoit que de foy'^ ; son ame estoit la vie de son cors, 'HabscjUj^iRom., sa foy la vie de son ame. Voyes qu'il ne vit qu'a mesure '' ^^' que sa foy le luy permettoit, sobre, juste et dévot*. *Videsupra,p.4M. Voyes qu'il ne fait la guerre que selon que la foy le luy suggère, pour la religion et l'Eglise, en vœux et dévotions. 31ays il nous a laissé ceste sainte devise qu'il a tant chéri en ce monde, montant en l'autre ; car le mot est bon pour avoir le passage au Ciel, mais il ne se peut dire des qu'on y est entré. Vous resouvient-il pas du bon Helie ? Le chariot ardent l'enlevé, et le trans- porte au ciel, mais il laisse tomber son manteau pour son disciple Helisee *. Quicomque est entré dans les »iVReg., n, 11-15. saintz domiciles de la félicité, ne peut avoir le manteau de la foy, car tout y est descouvert * : la clarté y est • l Cor., xm, iï. si grande qu'on n'y peut rien croire, d'autant qu'on y voit tout. Au lieu donques que ce prince disoit estant icy : « Plus de foy que de vie, » maintenant il chante pour cantique : Tout de vie et point de foy. Voyla donques la devise de ce vaillant et généreux prince qu'il nous laisse ici bas. Hé, qui sera ce courageux Helisee qui la recueillira ? Oui sera ce brave prince qui, marchant sur les pas de ce grand conducteur d'armées, avec « plus de foy que de vie, » poursuivra les victoires qu'il a si bien commencées contre les ennemis du Cru- cifix ? Permettes moy que je vous expose une mienne pensée. Si l'esprit de ce prince a quelque soin de nous, comme il n'en faut pas douter, je crois que c'est princi- palement pour le désir qu'il a que quelqu'un luy succède Serm. I 28  434 Sermons autographes qui puisse comme luy porter pour sa devise : « Plus de foy que de vie. » Car au reste, quel soin peut-il avoir pour ce qui est au monde ? De Madame sa femme ? Hé quoy, ne sçait-il pas qu'estant vertueuse et dévote, elle se sçaura bien consoler en Dieu? De Mademoyselle sa fille ? Hé quoy, ignore il qu'elle a une dame et mère qui suppléera le manquement du père ? De l'honneur de sa maysonPMais il a laissé tant de grans princes qui le sçau- ront bien maintenir, voire accroistre mesme, a la faveur de ce grand Roy qui luy a rendu tant de tesmoignages de ses mérites pendant sa vie, et tant d'honneur a sa mémoire après sa mort. Non, croj^es-moy, je vous supplie, qu'il n'a point de plus grand soucy que celuy que je dis. Il me semble que je le voy nous arraisonnant avec une grâce céleste presque en ces termes : Qiiis consur- get mihi adversus inalignantes ? aut quis stabit •Ps. xciii, 16. mecum adversus opérantes miquitatem *(a)? Je suis maintenant en ceste vie heureuse ou la foy n'arrive point, ou il n'y a plus d'espérance, car la clarté a chassé la foy, et la jouissance a banni l'espérance. Je voy ce que j'ay creu, je tiens ce que j'ay espéré ; mais la charité m'accompaigne, laquelle me fait tous-jours désirer l'exal- tation de l'Eglise et l'extermination de ses ennemis. Hé, ne se trouvera-il personne qui veuille entreprendre de combattre pour la gloire de mon Dieu, et qui d'une ame courageuse reprenne mes brisées a la poursuitte d'une si sainte entreprise ? Mais encores me semble-il qu'il vous parle, Madame sa très chère vefve, et a vous. Messieurs ses parens, et qu'il vous dit ces paroles : Regardes ou je suis, je vous supplie : je suis au lieu que j'ay tant désiré, auquel je me console en mes travaux passés qui m'ont acquis ceste gloire présente ; pourquoy ne vous consoles vous avec moy? Quand j'estois avec vous, vous faisies profession de vous resjouïr avec moy de toutes mes consolations,  (a) Qui s'élèvera pour- moi contre les méchants? ou qui se tiendra près de moi contre les ouvriers d'iniquité ?  LIX. Oraison funèbre du duc de Mercœur 435 mesmement des caduques et illusoires : hé, ne suis-je pas tous-jours celuy-la ? Pourquoy vous affliges vous donques de mon trespas, puysqu'il m'a donné tant de gloire ? Non, je désire de vous tout autre chose que ces regretz ; si vous aves des larmes, gardes les pour pleurer vos péchés et les malheurs de vostre siècle. Pour moy, je le considère en cest estât ; car encor que je m'imagine que ce grand prince a esté pécheur, au moins comme le sont ceux qui tombent sept fois le jour*, *Prov.,xxiv, 16. et qu'a l'adventure il a eu besoin de quelque purgation selon la sévérité du juste jugement divin, si est ce que d'ailleurs, considérant sa belle vie : helas, dis je, est il possible que celuy duquel Dieu s'est servi pour délivrer tant d'ames de la captivité des infidelles, soit encor privé de la jouissance de la pleine et triomphante liberté ? Que si néanmoins le secret inscrutable de nostre Dieu vous avoit encores confiné, o dévot et généreux esprit, pour quelque tems au séjour de purgation, voicy que nous vous donnons nos prières et oraysons, nos jeusnes et nos veilles et tout ce que nous pouvons, et sur tout ces saintz Sacrifices, affin qu'ilz vous soyent appliqués. Nous vous donnons tous nos vœux et souhaitz. Dieu vous reçoive en son saint domicile, o belle ame. Dieu exauce les prières de tout le Christianisme, lequel, joignant ses vœux aux nostres, conspire en ceste voix pour vous : Dieu donne sa paix a celuy qui a tant combattu pour défendre la nostre ; Dieu donne son Paradis a celuy qui a conservé les maysons de tant de Chrestiens ; Dieu donne son temple céleste a celuy qui a tant préservé d'églises en terre ; Dieu reçoive en la cité de Hierusa- lem triomphante celuy qui a tant combattu pour la mili- tante. Et Dieu donne a tous ceux qui font de telles prières pour l'ame de ce grand prince la grâce de sa sainte paix et de son éternelle consolation ! Ainsy soit il.  LX PLANS DE DEUX SERMONS POUR LA NATIVITÉ DE SAINT JEAN-BAPTISTE 23, 24 juin 1602 (i) (Inédits)  Multi in nativitate ejus gaiidebunt , erit enim magnus coram Domino. Luc, I, yf. 14, 15.  Ut aves venuste garriunt tempore veris, sic hoc in nativitatis Joannis Baptistae tempore Maria, Elizabeth, Zacharia, omnes vicini, et quotquot sancti postea exti- tere. Sed audiamus philomelam Angelum, vel potius unum versum cantici ejus : Multi in nativitate ejus gaiidehunt ; erit enim magnus. En Praecursoris prae- cursor. Magnus porro fuit Joannes ante nativitatem, in nativitate, post nativitatem ; in vita, in morte, post mor- tem. Sed his duabus concionibus : quam magmis îmqxxX ante nativitatem, et quam magnus in vita. Magnus  Plusieurs se réjouiront à sa naissance ; car il sera grand devant le Seigneur. Comme au printemps les oiseaux gazouillent avec grâce, ainsi en fut-il au jour de la naissance de Jean-Baptiste, pour Marie, Elisabeth, Zacharie, tous les voisins et chacun des saints qui vinrent ensuite. Mais écoutons l'Ange, cette philomèle, ou plutôt un seul verset de son cantique : Plusieurs se réjouiront à sa naissance ; car il sera grand. Voilà le précurseur du Précur- seur. Or, Jean fut grand avant sa naissance, en sa naissance, après sa naissance; dans la vie, dans la mort, après la mort. Ces deux instructions nous montreront combien il fut grand avant sa naissance, combien durant sa vie. Il fut grand ( I ) La date de ces sermons est conjecturée d'après l'écriture. Comme en 1602 le 24 juin se rencontrait un lundi, il est à présumer que ce premier discours a été prêché le Dimanche, veille de la Nativité de saint Jean-Baptiste, et le second, le jour même de la fête.  LX. Pour la Nativité de saint Jean-Baptiste 437 fuit in utero, in mundo et in Ceelo ; hodie quam magnus in utero, cras quam magnus in mundo. Tria in utero habuit Joannes quse magnum illum effe- cerunt. Generationem ex sterili et sene matre et pâtre : Eo quod esset Elisabeth sterilis, et ambo processis- sent in diebus suis*. Ex sterili propemodum magni : 'Lues, 1,7, Isaac, Joseph, Samuel, Samson. Manna in deserto. Aqua e petra. Rosa inter spinas. Ex nobilissimis, de Aaron. Pater quia sacerdos, mater quia expresse habet Evangelista de filiabus Aaron*. * Ibid., ^. 5. Elisabeth, juramentum Dei ; Zacharias, memoria Dei. Missio Joannis ordinaria hinc fuit, neque eguit mira- culis ; approbata deinde ab ordinariis. Deinde miraculis nativitatis probatur, et Christi, Ex ambobus justis ante Deum*. Boni corvi, bonum * Ibid., >-. 6. ovum, Propter inclinationem, educationem, imitationem, impetrationem. Incedentes in omnibus mandatis et justificationibns Domini sine quœrela*. Mandata, ad ' ibid. mores; justificationes, ad caeremonias et cultum ; judicia, ad politiam et leges civiles Moisi ; testimonia, ad promis- siones.  dans le sein de sa mère, dans le monde, au Ciel. Montrons aujourd'hui sa gran- deur dans le sein de sa mère, nous dirons demain sa grandeur dans le monde. Trois causes contribuèrent à la grandeur de Jean dans le sein de sa mère. Il naquit d'une mère stérile et de parents âgés : Car Elisabeth était stérile et tous deux étaient avancés en âge. Plusieurs grands hommes sont, comme lui, nés de stériles : Isaac, Joseph, Samuel, Samson. Manne dans le désert. Eau tirée de la pierre. Rose entre les épines. Il naquit de parents très nobles, de la race d'Aaron. Son père en effet était prêtre, et l'Evangéliste dit expressément de sa mère qu'elle était d'entre les filles d'Aaron. Elisabeth signifie serment de Dieu; Zacharie, mémoire de Dieu. De là, Jean tenait sa mission ordinaire, il n'était pas besoin de miracles ; ses supérieurs réguliers l'approuvèrent ensuite. Puis, sa mission, comme celle du Christ, a été prouvée par les miracles de sa nativité. Il naquit de deux personnes yHs/le a mon advis. Nostre Dame mourut de la mort de son Filz ; mais son Filz, de quelle mort mourut il ? Voicy des nouvelles flammes, o Chrestiens. Nostre Seigneur souff"rit infiniment en son ame et en son cors; ses dou- leurs ne reçoivent point de compara)'son en ce monde. Voyes les afflictions de son cœur, vo3'es les passions de son cors, considères, je vous supplie, et voyes qu'il *Thren., I, 12. ii'y u point de douleurs esgales aux siennes*; mais néanmoins toutes ces douleurs, toutes ces afflictions, tous ces coups de main, de roseau, d'espines, de foiiet, de marteaux, de lance ne pouvoyent le faire mourir; la mort n'avoit pas asses de force pour se rendre victorieuse sur une telle vie, elle n'y avoit point d'accès. Comme mourut-il donq ? O Chrestiens, V amour est aussi fort que la mort : * Cant., uit.j 6. Fortis ut ifiors dilectio *. L'amour desiroit que la mort entrast en Nostre Seigneur, a fin j^ue jpa r sa m ort il peust se respandre en tous les hommes; la mort desiroit d'y entrer, mais elle ne pouvoit d'elle mesme. Elle atten- dit l'heure, heure bienheureuse pour nous, a laquelle l'amour \\iy fit l'entrée et luy livra Nostre Seigneur piedz et mains cloué ; si que ce que la mort n'eut peu faire, l'amour, aussi fort qu'elle, l'entreprit et le fit. Il est mort d'amour, ce Sauveur de mon ame ; la mort n'y pou- voit rien que par le moj'-en de l'amour : Oblatus est » is., LUI, 7. quia ipse vohiit* (^). Ce fut par élection qu'il mourut, et non par la force du mal : Bgo pono animam meam ; nemo tollit eam * Joan., X, 17, 18. a -nie, sed ego pono eam*(^). Tout autre homme fut mort de tant de douleurs, mais Nostre Seigneur, qui •Apoc, I, 18. tenoit en ses mains les clefs de la 7nort* et de la vie, pouvoit tous-jours empescher les effortz de la mort et les  ( a ) Il a étc offert parce qu'il l'a voulu. [h) Je quitte ma vie ; nul ne me la ravit, mais je la quitte moi-même.  LXI. Pour la fête de l'Assomption  449  efFectz des douleurs. Mais non, il ne voulut pas ; l'amour qu'il nous portoit comme une Dalila luy osta toute sa force*, et se laissa volontairement mourir; et partant il n'est pas dit que son esprit sortit de luy, mais qu'il le rendit : Emisit spirituîn^. Et saint Athanase note** qu'il baissa la teste avant que de mourir : Inclinato capite, emisit spiritiim^, pour appeller la mort, laquelle autrement n'eust osé s'approcher. C'est cela qui le fait crier a pleine voix en mourant*, pour monstrer qu'il avoit asses de force pour ne mourir pas, s'il luy eust pieu. C'est la resolution qu'il donne luy mesme* : Ma- jorent charitatem nemo Jiabet, quam nt animam siiam ponat quis pro amicis suis (a). Il est donq mort d'amour, et c'est ce qui fait que son sacrifice de la croix fut un holocauste, parce qu'il y fut consumé par ce feu, invisible mais d'autant plus ardent, de sa divine charité qui le rend sacrificateur en ce sacri- fice, et non les Juifz ou Gentilz qui le crucifièrent, d'au- tant qu'ilz n'eussent sceu luy donner la mort par leurs actions, si son amour, par le plus excellent acte de cha- rité qui fut onques, n'en eust permis et commandé le dernier effect, puysque tous les tourmens qu'ilz luy firent fussent demeurés sans effect, s'il n'eust voulu leur per- mettre la prise sur sa vie et leur donner force sur luy : Non haberes potestatem adverstun me, nisi datum tibi esset desuper *(''). Or, puysqu'il est certain que le Filz est mort d'amour et que la Mère est morte de la mort du Filz, il ne faut pas douter que la Mère ne soit morte d'amour. Mays comment cela ? Vous aves veu qu'elle fut blessée d'une playe d'amour sur le mont de Calvaire voyant mourir son Filz ; des Ihors cest amour luy donna tant d'assautz, elle ressentit tant d'eslancemens, ceste playe receut tant d'inflammation, qu'en fin il fut impossible qu'elle n'en  * Judic, XVI, 19.  * Matt., XXVII, 50 ; Joan., XIX, 30. **In Parab. Evan- gelii,qu.xi.i.fi7ort'/^ inter spuria.) * Matt., Joan., ubi supra. * Matt., ubi supra; Lucae, xxiii, 46. * Joan., XV, 13.  * Ibid., XIX, II. VI. Et par conséquent Nostre Dame.  (a) Personne na une plus grande charité que celui qui donne sj. vie pour ses amis. (b) T'i n'aurais aucun pouvoir sur moi s'il ne t'était donné d' en-haut, Serm. I  29  45^ Sermons autographes mourust. Elle ne faisoit que languir, sa vie n'estoit plus qu'en défaillances et ravissemens, elle se fondoit en elle mesme par tant de chaleurs, si que elle pouvoit bien dire ordinairement : Stipate me floribus, fulcite me malts, *Cant., II, 5, quia amore langiieo'^ ; Appuyés moy de fleurs, envi- ronnes inoy de pommes, car je languis d'amour. Amnon espris de l'amour infâme de Thamar, en devint si * Il Reg., xin. malade qu'on le voyoit mourir et dessécher *. O que l'amour divin est bien plus actif et puyssant! Son object, son principe est bien plus grand ; c'est pourquoy ce n'est pas chose estrange si je dis que Nostre Dame en mou- rut. Elle portoit tous-jours en son cœur les playes de son Filz ; pour quelque tems elle les souffrit sans mourir, mais en fin elle en mourut sans souffrir. O amor vulne- ris, o vulnus amoris ! O passion d'amour, o amour de la Passion ! Helas, son thresor estoit au Ciel, c'est a dire son Filz, •Matt., VI, 21, son cœur n'estoit donq plus en elle* ; la estoit le cors * Gen., II, 23. qu'elle aymoit tant, os de ses os, chair de sa chair* ; la voloit ceste sainte aigle : Ubicumque fuerit corpus, * Matt., XXIV, 28. ihi congregahuntur et aquilœ*'^^). Bref, son cœur, son ame, sa vie estoit au Ciel ; comme eut elle peu demeurer en terre? Donques en fin, après tant de volz spirituelz, après tant de suspensions et d'extases, ce saint chasteau de pudicité, ce fort d'humilité ayant sous- tenu miraculeusement mille et mille assautz d'amour, fut emporté et pris par un dernier et gênerai assaut ; et l'amour qui en fut le vainqueur, emmenant ceste belle ame comme sa prisonnière, laissa dans le cors sacré la pasle et froide mort. O mort, que fais tu dans ce cors ? estimes tu de le pouvoir garder? Ne te souvient il point que le Filz de ceste Dame dont tu possèdes le cors, t'a vaincu, t'a battu, t'a rendu son esclave? Ah, ja n'advienne *lCor., XV, 55. qu'il te laisse en la gloire de ceste tienne victoire* ; tu sortiras tantost autant honteusement comme tu y es superbement, et l'amour qui t'a logé en ceste sainte place  (a) Partout on sera le corps les aigles s'y assembleront.  LXI. Pour la fête de l'Assomption 451 par un certain excès, revenant a soy mesme dans bien peu, t'en estera la possession. Le phœnix meurt par le feu, et ceste sainte Dame mourut d'amour. Le phœnix assemble des busches de bois aromatiques, et les posant sur la cime d'un mont, fait sur ce buscher un si grand mouvement de ses aisles, que le feu s'en allume aux ra5^ons du soleil*. Ceste Vierge * Piin., Hist. nat., assemblant en son cœur la croix, la couronne, la lance ' ' '^' "' de Nostre Seigneur, les posa au plus haut de ses pen- sées, et faisant sur ce buscher un grand mouvement de continuelle méditation, le feu en sortit aux rayons des lumières de son Filz. Le phœnix meurt en ce feu la ; la Vierge mourut en celuy ci, et ne faut pas douter qu'elle n'eust en son cœur gravées les armes de la Passion. Ah, si tant de vierges, comme sainte Catherine de Sienne, sainte Claire de Montefalco, ont bien eu ceste grâce, pourquoy non Nostre Dame, laquelle ayma son Filz et sa mort et sa croix incomparablement plus que ne firent onques tous les Saintz et les Saintes ? Aussi n'estoit elle plus qu'amour, et en nostre langage, l'anagramme de Marie n'est autre chose que aimer : aimer c'est Marie, Marie c'est aimer. Ailes, ailes heureux, o beau phœnix, ardent et mourant d'amour, dormes en paix sur le lict de charité ! Ainsy donq mourut la iMere de la vie. Mais comme le vil. phœnix resuscite bien tost après sa mort et reprend une ^^^J^ ^tost*'apre"/^ nouvelle et plus heureuse vie, ainsy ceste bienheureuse Vierge ne demeura gueres (ce ne fut au plus que trois jours) sans resusciter ; son cors ne fut point sujet a la corruption après la mort, cors qui n'en receut jamais pendant sa sainte vie. La corruption n'avoit point de prise sur une telle intégrité, ceste Arche estoit du bois incor- ruptible de sethim, comme l'autre ancienne*. Ah, cela 'Exod., xxv, 10. se croit des cors d'Helie et Enoch lesquelz, comme il est dit en l'Apocalypse*, mourront, mais pour trois jours * Cap. xi, 7-11. seulement et sans corruption ; combien plus de la Vierge, de laquelle la chair immaculée a une si estroitte alliance avec celle du Sauveur, qu'on ne sçauroit imaginer aucune imperfection en l'une que le deshonneur ne rejaillisse  452  Sermons autographes  sur l'autre. Tu es poudre et tu retourneras en pou- dre ; cela fut dit au premier Adam et a la première •Gea.,iii, 19. Eve*, le second et la seconde n'y ont point eu de part : et c'est une règle certes bien générale, mais non pas sans exception, comme j'ay monstre d'Helie et d'Enoch. La ville de Hiericho fut généralement pillée et saccagée, mais la mayson de Raab fut privilégiée et exempte du sac, parce qu'elle avoit logé une nuict les espies du grand * Josue, VI, 24, 25. duc Josué*. Le monde et tous ses habitans sont sujetz au sac et pillage et au feu gênerai ; mais ne vous semble il pas qu'il y a3^e rayson d'excepter Nostre Dame et son cors ? cors qui receut et logea non les espies, mais le vray Josué, le vray Jésus, et non pour une nuict, mays •Lues, xr, 27, bien pour plusieurs : Beatus venter, beata ubera*. Les vers butineront nos cors, mays ilz ont révéré celuy qui a produit le cors de leur Créateur. Le pontife Abiathar s'estoit rangé a la sédition d'Ado- nias, ou estant descouvert et surpris : Tu devois mourir, dit Salomon, mais parce que tu as porté l'Arche de • III Reg., II, 26. l'alliance devant mon père, tu ne mourras pas*. Certes, selon les lois générales, la Vierge ne devoit pas resusciter avant le jour de la générale résurrection, ni mesme estre exempte de la corruption ; mais l'honneur qu'elle a eu de porter devant le Père éternel, non l'Arche d'alliance, mais le Filz unique, le Sauveur, le Rédempteur, la rend exempte de toutes ces règles. N'est il pas vray que nonobstant ces règles, plusieurs resusciter ent au jour de la résurrection, Multa corpora sanctorum qui *Matt., XXVII, 52. dormierant resurrexerunf^i^) ? Et pourquoy non la *Coiiige ex hom. ix Vierge, a laquelle, dit le grand Anselme *, nous ne devons ora.Lii, ai 1. J.gf^gg^ aucun privilège ni honneur qui soit accordé a aucune créature simple ? Mais en fin, si Ton me presse pour sçavoir quelle certitude nous avons de la résurrection de la Vierge, je respondray que nous en avons tout autant que de son trespas. L'Escriture, laquelle ne contredit ni a l'une de  (a) Plusieurs corps des saints qui dormaient ressuscitèfent.  Et monta au Ciel.  LXI. Pour la fête de l'Assomption 453 ces deux vérités ni a l'autre, n'en establit aussi ni l'une ni l'autre par paroles bien expresses ; mays la sainte tradition qui nous enseigne qu'elle est decedee, nous apprend avec esgale asseurance qu'elle est resuscitee, et si quelqu'un refuse crédit a la tradition pour la résurrec- tion, il ne sçauroit convaincre celuy qui en fera de mesme pour la mort et trespas. Mays nous qui sommes Chres- tiens, croyons, asseurons et preschons qu'elle est morte, et bien tost resuscitee, parce que la tradition le porte, parce que l'Eglise le tesmoigne. Et si quelqu'un veut contredire, nous avons a luy respondre, comme fit en cas pareil l'Apostre* : Si quis videtur contentiosus esse, • i Cor., xi, 16. nos talem consuetudinem non habemiis, neque Eccle- sia Dei ; Que s'il y a quelqu'un qui setnble estre con- tentieux, nous n'avons point telle coustume, ni aussi V Eglise de Dieu. Or, ce n'est pas asses de croire qu'elle est resuscitee, viii. car il faut encor establir en nostre ame qu'elle n'est pas resuscitee pour mourir lautre fois comme fit le Lazare, mais pour suivre son Filz au Ciel, comme firent ceux qui resusciterent au jour que Nostre Seigneur resuscita ; Math., 27 *. Le Filz qui receut son cors et sa chair de sa * Vers. 52. Mère venant en ce monde, ne permit pas que sa Mère demeurast ici bas, ni selon le cors ni selon l'ame ; mais bien tost après qu'elle eut payé le tribut gênerai de la mort, il la tira après soy au ro3^aume de son saint Para- dis. C'est ce que tesmoigne l'Eglise, appellant ceste feste Assumption, fondée sur la mesme tradition par laquelle elle est asseuree de la mort et résurrection. Et certes, les cigoignes ont ceste naturelle pieté envers leurs pères et mères desja caduques et vieux, que Ihors que l'aspreté de la sa3^son et du tems les contraint a faire passage et retraitte en lieu plus chaud, elles les saisis- sent, s'en chargent et les portent sur leurs aysles, pour en quelque façon contrechanger le bénéfice qu'elles ont reçeu en leur éducation. Nostre Seigneur avoit reçeu son cors de celuy de sa Mère, et avoit esté porté longuement en son sacré ventre, entre ses chastes bras, et mesme ihors que^par Taspreté de la persécution il fallut faire  454 Sermons autographes passage et retraitte en Egypte. Hé, Seigneur, dit la cour céleste après la mort de la Vierge, exurge in prce- * Ps. VII, 7. cepto quod mandasti*. Vous aves commandé l'assis- tance des enfans a l'endroit de leurs pères vieux, et l'aves gravé si avant en la nature que les cigoignes mesmes en prattiquent la loy. Levés vous en ce com- mandement que vous aves fait, et ne permettes pas que ce cors qui vous a engendré sans corruption en reçoive maintenant par la mort ; mais resuscites le et le saisisses sur les a3^sles de vostre puissance et bonté, pour le transporter du désert de ce monde bas en ce lieu de félicité immortelle. Il ne faut pas douter que le Sauveur n'aye voulu observer ce commandement qu'il a fait a tous les enfans, au plus haut point de perfection que l'on peut imaginer. Mays qui est l'enfant qui ne resus- citast sa bonne mère, s'il pouvoit, et ne la mist en Para- dis après qu'elle seroit decedee ? Ceste Mère de Dieu mourut d'amour, et l'amour de son Filz la resuscita ; et en ceste considération laquelle, comme vous voyes, est toute raysonnable, nous disons aujourd'huy: Oiice est ista quœ ascendit de deserto, deliciis affluens, innixa * Ubisupra,p.439. super DUectum Sîiiun*? C'est le sujet de nostre feste, c'est l'occasion de ceste grande allégresse que tous les saintz célèbrent en l'Eglise militante et triomphante. Quand le patriarche Joseph receut son bon père Jacob * Gen., xLvii, 7. au royaume d'Egypte en la cour de Pharao *, outre le favorable accueil que le roy mesme luy fit, ne doutes pas que les principaux courtisans ne luy allassent au devant et ne fissent toutes sortes de démonstrations d'une grande resjouyssance. Et comme douterons nous qu'a l'Assumption de la tressainte Mère du Sauveur tous les Anges n'ayent fait feste et célébré sa venue par toutes sortes de cantiques de joye, auxquelz joignans nos vœux et affections, nous devons faire une solemnelle feste avec des voix et chans de triomphe : Qui est celle ci qui monte du désert, abondante en délices ? IX. Aussi fut-ce la plus belle et magnifique entrée qui fut Pleine de mérites et . . .. r^. , ni t— 1 n grâces. jamais veue au Ciel après celle de son rilz ; car quelle ame y fut jamais receuë si plej^ne de perfections, si  LXI. Pour la fête de l'Assomption 455 richement parée en vertus et privilèges? Elle monte du désert du monde inférieur, mais néanmoins tant parfumée de dons spirituelz que le Ciel, hors la per- sonne de son Filz, n'a rien de comparable. Elle mo7ite sicut virgula fumi ex aromatibus myrrhœ et thuris: Qui est celle, est il dit au Cantique des Cantiques*, "Cap. m, 6. qui monte du désert comme une colomne de fumée, parfumée de ynirrhe et d'encens, et de toutes les poudres d'un parfumeur ? La reyne de Saba vint, comme vous sçaves, visiter le roy Salomon pour consi- dérer sa sagesse et le bel ordre de sa cour, et a son arrivée elle luy donna une grande quantité d'or, de parfums et de pierres pretieuses : Non sunt allata ultra tam multa aromata, quam ea quœ dédit regina Saba régi Salomoni''. Mais la Vierge montant au Ciel •IllReg.,x,i,2,io. en la cour de son Filz, y porta tant d'or de charité, tant de parfums de dévotion et vertus, tant de pierres pretieuses de patience et souffrances qu'elle avoit sup- portées pour son nom, que tout cela réduit en mérites, on peut bien dire que jamais on n'en porta tant au Ciel, jamais on n'en présenta tant a son Filz comme fit ceste sainte Dame. Voules vous voir clair en ceste doctrine? Sçaches qu'en matière de bonnes œuvres, il n'y a personne qui commence si tost a en faire ni qui continue si diligem- ment comme fit Nostre Dame ; car quant a nous autres, nous commençons bien tard a en faire, et si nous en faysons, bien souvent nous les perdons par le péché et ne continuons pas; si que l'amas ne s'en trouve pas fort grand, car bien qu'a l'adventure nous assemblons quelques deniers de mérite, ce n'est que quelquefois, et bien souvent nous jouons et dissipons nostre argent en un coup de péché. Et si bien par la pénitence nous sommes restablis, si voyes vous qu'il y a bien du mau- vais mesnage en nos affaires, car nous perdons beaucoup de tems ; et si, nos forces demeurent affoiblies après le péché, et mesme après la pénitence, si que nostre amas ne peut estre grand. Mays parlons des plus par- faitz. Saint Jean Baptiste mesme, vostre grand Patron,  456 Sermons autographes o peuple, n'a pas esté exempt du péché véniel ; or, le péché véniel allentit nos œuvres, retarde nos progrès, empesche nostre advancement. Mais nostre sainte Dame ayant esté comblée de grâce en sa conception, des qu'elle eut l'usage de sa rayson n'a jamais cessé de prouffiter et croistre de plus en plus en toutes sortes de vertus et de grâces , si que l'amas d'icelles en fut incomparable : Multce filice congregaverunt divitias, sed tu super- *Prov., uit, 29. gressa es universas'^ ; Plusieurs âmes ont assemblé des richesses, mais vous les aves toutes surpassées. O qu'elle fut abondante en délices, puisqu'elle avoit esté si abondante en bonnes œuvres et travaux en ce X. monde ! Aussi fut-elle establie au plus haut lieu de la biie au plus haut gloire des Saintz. Pharao défera tant a Joseph, que son heu de Paradis, pgj-e estant arrivé en Egipte, il luy dit : Ton père et tes frères sont venus vers toy ; le pals d' Egipte est a ton commandement, fais habiter ton père et tes frères *Vers. 5, 6. en la yneilleure terre; Gen., 47*. ALays en ceste sainte journée en laquelle Nostre Dame arriva au royaume de son Filz, penses comme le Père éternel luy aura dit : • joan., XVII, 10. Toute ma gloire est tienne *, o mon bienaymé Filz ; ta Mère est venue vers toy, fais la habiter au plus haut grade, en la meilleure et eminente place de ce royaume. Il ne faut pas douter de cela, Chrestiens. Nostre Sei- gneur venant en ce monde chercha la plus basse place * Ephes., IV, 9. qui y fut* et n'en trouva point de plus basse par humilité que la Vierge; maintenant il la remonte en la plus haute du Ciel par gloire. Elle luy donna place selon son désir, il la luy donne maintenant selon son amour, l'exaltant sur les Chérubins et Séraphins. XI. Mais vo3''ons le reste de la sentence que nous avons Et tout revient a la • -r-v gloire du Fili. choisie pour sujet. Elle dit en fin que ceste sainte Dame montant du désert, abondante en délices, est appuyée sur son Bienaymé. C'est la conclusion de toutes les loiianges que l'Eglise donne saintement aux Saintz, et sur tout a la Vierge ; car nous les rapportons tous-jours a l'honneur de son Filz, par la force et vertu duquel elle monte et a receu la plénitude des délices. Aves-vous pas remarqué que la reyne de Saba portant tant de  LXI. Pour la fête de l'Assomption 457 choses pretieuses en Hierusalem, les offrit toutes a Salo- mon ? Ah, tous les Saintz en font de mesme, et parti- culièrement la Vierge ; toutes ses perfections, toutes ses vertus, toutes ses félicités sont rapportées, consacrées et dédiées a la gloire de son Filz qui en est la source, Vautheur et le consommateur^ : Soli Deo honor et *Heb., xn, 2. gïoria* (^) \ tout revient a ce point. Si elle est sainte, *ITim.,i, 17. qui l'a sanctifiée sinon son Filz ? Si elle est sauvée, qui en est Sauveur sinon son Filz ? Innixa super Dilectum. suum. Tout son bonheur est fondé sur la miséricorde de son Filz. Voules-vous que Nostre Dame soit un lys de pureté et d'innocence ? Ouy, elle l'est a la vérité ; mais ce lys a sa blancheur du sang de V Aigneau au- quel elle a esté blanchie, comme les estolles de ceux qui dealbaverunt eas in sanguine Agni*, qui les ont * Apoc.,vn, 14. lavées au sang de V Aigneau. Si vous l'appelles rose pour son extrême charité, son vermeil ne sera que le sang de son Filz. Si vous dites qu'elle est tuie colomne de fumée souëfve et gratieuse*, dites tout aussi tost que * Cant., m, 6. le feu de ceste fumée c'est la charité de son Filz ; le bois c'est la Croix d'iceluy. Bref, en tout et par tout elle est appuyée sur son Bienaymé. C'est ainsy, o Chres- tiens, qu'il faut estre jaloux de l'honneur de Jésus Christ, non pas comme les adversaires de TEglise. qui pensent bien honnorer le Filz refusant l'honneur deu a la Mère ; ou au contraire, l'honneur porté a la Mère estant rap- porté au Filz, rend magnifique et illustre la gloire de sa miséricorde. Et pour tesmoigner la pureté de l'intention de l'Eglise en l'honneur qu'elle rend a la Vierge, je vous représente deux hérésies contraires, qui ont esté contre le juste honneur de Nostre Dame : l'une par l'excès, qui nommoit Nostre Dame déesse du Ciel et luy offroit sacrifice, et celle-ci fut maintenue par les CoUyridiens ; l'autre par le défaut, qui rejettoit l'honneur que les Catholiques font * S. Epiph., Haeres. a la Vierge, et celle-ci fut des Antidicomarites *. Les lxxix).  ( a ) A Dieu seul honneur et gloire.  458 Sermons autographes folz tiennent tous-jours les extrémités et sont contraires ensemble. L'Eglise qui va tous-jours par le chemin royal et se tient dans le milieu de la vertu, ne combattit pas moins les uns que les autres , mais déterminant contre les uns que la Vierge n'estoit que créature et que partant on ne devoit luy faire aucun sacrifice, elle establit contre les autres que néanmoins ceste sainte Dame, pour avoir esté Mère du Filz de Dieu, devoit estre reconneuë d'un honneur spécial, infiniment moindre que celuy de son Filz, mays infiniment plus grand que celuy de tous les autres Saintz. Aux uns elle remonstre que la Vierge est créature, mais si sainte, mais si parfaitte, mais si parfaittement alliée, jointe et unie a son Filz, mais tant aymee et chérie de Dieu, qu'on ne peut bien aymer le Filz que pour l'amour de luy on n'ayme extrê- mement la Mère, et que pour l'honneur du Filz on n'hon- nore excellemment la Mère. Mais aux autres elle dit : le sacrifice est le suprême honneur de latrie qui ne doit estre porté qu'au Créateur ; et ne voyes-vous pas que la Vierge n'est pas la créatrice, mais une pure créature, quoy que très excellente ? Et pour moy, j'ay accoustumé de dire qu'en certaine façon la Vierge est plus créature de Dieu et de son Filz que le reste du monde ; pour autant que Dieu a créé en elle beaucoup plus de perfections qu'en tout le reste des créatures, qu'elle est plus rachetée que tout le reste des hommes, parce qu'elle a esté rachetée non seulement du péché, mays du pouvoir et de l'inclination mesme du péché, et que racheter la liberté d'une personne qui \ devroit estre esclave, avant qu'elle le soit, est une grâce plus grande que de la racheter après qu'elle est captive. Tant s'en faut que nous voulions mettre en comparayson absolue le Filz avec la Mère, comme nos adversaires croyent ou font semblant de croire pour le persuader au peuple. Bref, nous la nommons belle, et belle plus que tout le •Cant.,vi, 9. reste des créatures, mais belle comme la lune* qui reçoit sa clarté de celle du soleil, car elle reçoit sa gloire de celle de son Filz, L'espine appellee aspalatus, dit  LXI. Pour la fête de l'Assomption  459  * Antiph. in festis Circumc.et Purifie.  Gen., IX, 13-17.  Pline*, n'est pas de soy odoriférante; mais si l'arc en • Hist. nat., 1. xii, ciel vient fondre sur elle, il luy laisse une odeur de sua- vité incomparable. La Vierge fut l'espine de ce buysson ardent mais non bruslé, que vit le grand Moyse* : « Ru- *Eïod., m, 2. bum quem viderat Moyses, conservatam agnoviraus tuam sanctam virginitatem (»), » dit l'Eglise*. Et certes, de soy elle n'estoit pas digne d'aucun honneur, elle estoit sans odeur ; mais puysque ce grand arc du ciel, ce grand signe de la reconciliation de Dieu avec les hommes*, vint petit a petit a fondre sur ceste sainte espine, première- ment par grâce des sa conception, puys par filiation, se rendant entièrement son Filz et reposant en son pretieux ventre, la suavité en a esté si grande que nulle autre plante n'en a jamais tant eu, suavité qui est tant aggrea- ble a Dieu, que les prières qui en sont parfumées ne sont jamais debouttees ni inutiles ; mais tous-jours l'honneur en revient a son Filz duquel elle a receu son odeur. Son Filz est nostre advocat* ; elle, nostre advocate, mais bien diversement, je l'ay dit cent fois. Le Sauveur est advocat de justice, car il plaide pour nous, alléguant le droit et ra3'son de nostre cause ; il produit nos pièces justificatives, qui ne sont autres que sa rédemption, que son sang, que sa croix ; il confesse a son Père que nous sommes débiteurs, mais il fait voir qu'il a pa3'é pour nous. Mais la Vierge et les Saintz sont advocatz de grâce : ilz supplient pour nous qu'on nous pardonne, et le tout par la Passion du Sauveur ; ilz n'ont pas pour monstrer dequoy nous justifier, mais s'en confient au Sauveur ; bref, ilz ne joignent pas leurs prières a l'intercession du Sauveur, car elles ne sont pas de mesme qualité, mais aux nostres. Si Jésus Christ prie au Ciel, il prie en sa vertu ; mais la Vierge ne prie que comme nous en la vertu de son Filz, mais avec plus de crédit et de faveur. Voyes-vous pas que tout cela revient a l'honneur de son Filz et en magnifie la gloire ?  I Joan., Il, I.  (a) « Dans le buisson que vit Moïse, nous reconnaissons la figure de votre sainte virginité. »  460 Sermons autographes C'est pourquoy toute l'antiquité, pour honnorer Nostre Seigneur, a tant honnoré sa Mère. Regardes le Christia- nisme : de trois églises, les deux sont sous l'invocation de la Vierge, ou ont des marques signalées de la dévotion •Cant., VI, 8. du peuple en son endroit. Viderunt eam filice Sion * : Les filles de Sion, les âmes des fidelles, les peuples l'ont considérée, et l'ont louée pour très heureuse. • ibid. Et regince laudaverunt eam * ; et non seulement le peuple, mais les âmes plus relevées, les prelatz, les docteurs, les princes et monarques Tont loiiee et magni- fiée ; et comme les oyseaux commencent a gazouiller chacun en son ramage a la pointe du jour, ainsy tous se sont évertués a célébrer ses honneurs, comme elle •Lucae, I, 48. mesme l'avoit praeveu, disant * : Beatam me dicent T> , ^^^" „■ omnes gêner ationes (^1, a la suitte desquelz tous les Exhortation a l m- _ vocation et hon- fidelles doivcut, et VOUS le deves plus particulièrement, %Tme. ' ^^^''^ o Parisiens, l'invoquer et luy obeyr, qui sont les deux premiers honneurs que nous luy pouvons rendre et qu'elle nous a invité a luy rendre. Je trouve que Nostre Dame ne parla que deux fois aux hommes pour ce qui en est recité en l'Evangile : l'une, »Lucse, 1, 40. quand elle salua Elisabeth*, et Ihors c'est sans doute qu'elle pria pour elle, car le salut des fidelles se fait par prières. La seconde fut quand elle parla aux serviteurs des noces, en Cana de Galilée, et Ihors elle ne dit sinon : *joan.,ii, 5. Faites tout ce que mon Filz vous dira*. En ces deux actes est comprins l'exercice de la charité et volonté de la Vierge a l'endroit des hommes ; c'est de prier pour eux, et partant nous la devons invoquer avec grande confiance. En tous dangers, en tous orages, o Parisiens, •s. Bern., Hom. II « regardes ceste estoille de mer, invoques-la*; » a sa fiiuîm. '""'^"''^ faveur, vostre navire arrivera au port sans bris et sans naufrage. Mais si vous voules qu'elle prie pour vous, oyes sa seconde parolle, obeysses a ses commandemens. Or, ses commandemens sont en un mot, que vous faciès la volonté  (a) Toutes les générations m'appelleront bienheureuse.  LXI. Pour la fête de l'Assomption 461 ] de son Filz : Omnia qusecumque dixerit vobis, facile. O Chrestiens, voulons nous que la Vierge nous exauce? exauçons la. Voules vous qu'elle vous escoute? escoutes j la ; elle vous demande de tout son cœur et pour tout \ contrechange de ses affections, que vous soyes obeyssans | serviteurs de son Filz. Un jour Bethsabee vint a David ? avec beaucoup d'humilité et de révérence, pour luy faire une requeste et supplication ; mais en fin elle ne deman- \ doit pour tout, sinon que son filz Salomon fust roy après son père, et successeur de la couronne*. Ceste *llIReg.,i, 16, 17. Vierge, o peuple, vous demande sur tout pour la plus asseuree démonstration de vostre dévotion en son endroit, que vous ayes son Filz pour Roy de vostre cœur et de ! vostre ame, qu'il règne en vous et que ses commande- mens soyent mis en exécution. Faites le, o peuple, pour vostre devoir, pour vostre salut et pour l'amour de Nostre 1 Dame, laquelle, comme vous aves veu, après l'Ascension ; de son Filz, demeura encores pour quelques années en terre, et mourut néanmoins après quelque tems, et de la mort de son Filz, c'est a dire d'amour. Mais elle ne I demeura gueres morte, mais fut resuscitee, et monta î du désert de ce monde la haut en Paradis, ou elle est au ' suprême degré de toutes les créatures ; et tout cela pour la plus grande gloire de son Filz, pour laquelle elle prie pour nous et nous demande que nous luy soyons fidelles serviteurs. I O très sacrée et très heureuse Dame, qui estes au plus haut du Paradis de félicité, helas, ayes pitié de nous qui sommes au désert de misère ; vous estes en V abondance des délices, et nous sommes en l'abisme des désolations; impetres nous la force de bien porter toutes afflictions, ^ et que nous soyons tous-jours appuyés sur vostre Bien- aymé, seul appuy de nos espérances, seule recompense de nos travaux, seule médecine de nos maux. Hé, Vierge glorieuse, pries pour l'Eglise de vostre Filz ; assistes de vos faveurs tous les supérieurs, le Saint Père, les pre- latz et evesques, et particulièrement celuy de vostre , ville de Paris. Soyes propice au Roy : vostre grand père  462 Sermons autographes David fit du bien au filz de Jonathas pour la mémoire • II Reg., IX, 7. des services et offices receuz de Jonathas*, et ce Roy est petit filz d'un de vos plus fidelles et devotz servi- teurs, le bienheureux saint Louys ; nous vous prions de luy donner vostre protection au nom de ce saint Roy. La reyne, qui a l'honneur de porter vostre nom, soit tous-jours a l'abril de vos saintes faveurs. O lys céleste, arrouses les lys de vostre France de vos saintes béné- dictions, affin qu'ilz soyent blancz et purs en unité de la vraye foy et religion. Vous estes une mer, prestes les ondes de vos grâces a ce jeune dauphin ; vous estes estoille de mer, hé, soyes favorable au navire de Paris, affin qu'il puysse surgir au saint havre de gloire, pour y loiier le Père, le Filz et le Saint Esprit es siècles des siècles. Amen.  LXII PLAN d'un panégyrique DE SAINT LOUIS, ROI DE FRANCE 25 août 1602 (0  Prœvenisti 'eiim [Jn benedictionihiis dulcedinis ; posuisti in capite ej'its coronam de lapide prcetioso. Et Jiunc reges, intelligite ; erudiinini, qui judicatis terram. Servite Do- mino in timoré, et exultate ei ciim tremore. [Pss. XX, -1, II, 10, II.]  Triplex regnwii, triplex corona Domini Liidovici Primum sui ipsius. Non regnet peccatum ; Rom. 6*. * Vers, 12, Per tria movettir terra : per servum cum regnare  Vous l'avez prévenu des bénédictions de doncetir ; vous ave^ posé sur sa tête Une couronne de pierres précieuses. Et maintenant, ô rois, comprenez ; instruise^-vons, vous qui jnge\ la terre, Serve^ le Seigneur dans la crainte et réjouisse;-vous en lui avec tremblement. Triple règne, triple couronne du seigneur Louis Premier règne, sur lui-même. Que le péché ne règne point. La terre est troublée par trois choses : par l'esclave lorsqu'il commence à régner. Un ( I ) La date de ce sermon est justifiée par la note suivante écrite suf l'Autographe de la main du Notaire apostolique : i6o3. 2^. d'aoust, à Paris^ Projet de prédication de François de Sales, élu Evesque de Nicopoll et coadju- teur de Genève. La distribution en est fort belle. Les deux premières pages sont inédites; quant aux trois suivantes, il suffit de les confronter avec le texte donné par Migne, tome VI, col. 362-366, pour juger du procédé de cet éditeur.  464 Sermons autographes •Vers. 21, 22. cœperit ; Prov. 3o*. Pharao quidam Joseph cognoscit, tempore justitiae originalis ; sed alius non cognoscit •Exod.,i, 8. Joseph*, id est, rationem. Gènes. 39. Reges quinque * josue, X, 5, 6. contra Gabaonitas * ; sensus externi contra potentias rationales. Rex senex et stultus ; fomes peccati, vêtus Adam. •Vers. 13. Eccles. 4* : Melior est puer pauper et sapiens, rege sene et stulto qui nescit prœvidere in posterum. Regnans Saul duohus annis ; id est, innocenter vivit ; * Vers. r. I Reg. I 3 *. Dominus Ludovicus mire sui ipsius regnum adminis- travit. Exi^(?5^ vestigia gregum tuorum : exi ad sen- sus, quasi in regni limitibus ; Pasce hœdos tuos ; id est, motus pravos, et in servitutem rédige, Juxta taberna- •Cant.,i, 7. cula pastoruni'^, id est, leges Ecclesiae. •Vide supra, p. 132. Homo microcosmus* ; hujus rex ratio, tempore justi- tiae originalis, nam omnes passiones illi subjectae : boni futuri desiderium, spes : adepti gaudium, laetitia ; indifFe- rentis amor; mali impendentis timor; praesentis tristitia, dolor. * Vers. 20, 24, 25. Ro. 7*: Non ego operor illud, sed qiiod habitat in 7ne peccatum. Infelix. Gratia, etc.  Pharaon connaît Joseph, temps de la justice originelle ; mais un autre ne connaît pas Joseph, c'est-à-dire la raison. Les cinq rois qui marchent contre les Gabaonites sont les sens extérieurs qui s'érigent contre les puissances de l'àme raisonnable. Le roi vieux et insensé; ferment de péché, le viel Adam. Un enfant pauvre et sage vaut mieux qu'un roi vieux et insensé qui ne sait pas prévoir pour Vavenir. Saûl qui règne deux ans, c'est-à-dire, qui vit dans l'innocence. Le seigneur Louis a admirablement régné sur lui-même. Sors et suis les traces de tes troupeaux : sors jusqu'aux sens, jusqu'aux confins du royaume, pour ainsi dire. Pais tes chevreaux, c'est-à-dire les mouvements dépravés, réduis-les en servitude, /ri?s des tentes des pasteurs, c'est-à-dire, selon les lois de l'Eglise. L'homme est un petit monde ; au temps de la justice originelle la raison en était le roi, toutes les passions lui étaient soumises : le désir, l'espérance du bien futur ; la joie, l'allégresse pour le bien obtenu ; l'amour des choses indifférentes de leur nature; la crainte du mal à venir; la tristesse, la douleur pour le mal présent. Ce n'est pas moi qui le fais, mais le péché qui habite en moi. Malheureux.,. La grâce, etc.  LXII. Pour la fête di; saint Louis  465  Ita Dominus Ludovicus : Castigo corpus mettm* ; * l Cor., ix, 27. nam quod sine pugna tune, nunc cum pugna. Haire, discipline : Ego atitein cum inihl molesti essent, in- duebar cilicio ; humiliaham in jejunio animam meam^, et factum est in opprobrium mihi**. Nun- cius comitis Geldrise : (( papilardum*. » Humilité. Lilia Plinio* semper incurvantur ; lilium convalliîim*, ut Christus. Libéralité in pauperes. Pr/^r^5 *cant 'n cum lachrimis*. Lilia etiam multiplicantur lachrimis *Heb., v, 7. et guttis manantibus. Bgo autem orabam, dit le Psal- miste*; et eae, non modo interiori gustui sed exteriori, miram habebant suavitatem. O quam magnus Rex ! Bonum est viro cum porta- ver it jugum ah adolescentia*. Non coronabitur nisi qui légitime certaverit* ; ut Ludovicum, qui pugnavit •lixim., n, 5- contra eos usque ad internecionem. Sic paratus debuit rex esse ; ut David argumentatur ab iis quœ fecerat pri- vatus ad ea quœ facturus erat publiée*. 'iReg.jXvn, 34-37  * Ps. XXXIV, 15. •*PS. LXVIII, TI. *Surius, ad diem 25 Aug., circa fmeni. »Hist.nat.,l.XXI,  Ps. cviii, 4.  Tliren., ni, 27  O Gallia, adeptus e.st regnum anno 12, unctus Remis ab Episcopo Suessionensi. Et verum est reges malos moribus et perditissimos, reges esse, quos Deus dat in furore suo *, sed longe beatior re.spublica cujus rex * Osée, xm, n.  Ainsi le seigneur Louis : Je châtie mon corps ; car ce dont on jouissait sans lutte au temps de l'innocence originelle, s'obtient aujourd'hui en combattant. Haire, discipline : Mais pour moi, pendant qu'ils me tourmentaient, je revêtais le ciliée ; /humiliais mon âme dans le jeûne, et on m'en a fait un sujet d'opprobre. Le messager du comte de Geldrie : « papilard. » Humilité. Pline dit que les lis sont toujours inclinés ; le lis des vallc'es comme le Christ. Libéralité envers les pauvres. Prières avec larmes. Les lis aussi se multiplient par les larmes et les gouttes qui les arrosent. Mais moi, je priais, dit le Psalmiste; et ces prières étaient d'une admirable suavité non seulement au goût intérieur, mais même à l'extérieur. Oh ! quel grand Roi L // est bon à l'homme d'avoir porte' le joug drs sa jeunesse. Nul ne sera couronné sinon celui qui cura légitimement combattu ; comme Louis qui lutta contre ses ennemis jusqu'à l'extermination. Ainsi pré- paré, il devait être roi; comme David qui de ses actions privées concluait à ce que devaient être ses actes publics. O France, il occupa le trône dès l'âge de douze ans, et fut sacré à Reims par l'Evêque de Soissons. Il est vrai que les rois aux mœurs dépravées et corrompues sont des rois, que Dieu donne dans %z fureur ; mais combien plus Serm. I ;o  466 Sermons autographes sapiens. Lilia tua similitudine declarabunt , quae, ex Ambrosio, etiam caule sicco, et foliis, florescunt et reti- nent nitorem, longe tamen felicius vernantibus foliis ; ' Vers. 27. Amb., [in] Luc. 12*. Ac primo rem habuit cum proceribus regni, qui rem- publicam turbabant ; eos dejecit vel redegit, ac brevi Cant., Il, 2. pacavit : Sicîit liliuin inter spinas*. Ac ubi res mili- taris peracta est, tanquam Melchisedech, rex Salem Heb., vu, I, 2. (Justitiœ etpacis'^j.-suscipiant montes pacem populo, •Ps.Lxxxivi II. ^i colles justitiam^ ; Justifia et pax osculatœ sunt^*. Lilium spinis facillime agnascitur; sic pax justitiae. Porro justitia triplex : commutativa, distributiva, vindicativa. Commutativam exacte observavit. Heu quanta fides cum Sultano ; et subditis, quam exacte. Ipsemet, veritus ne subditi pauperes relinquerentur, bis in hebdomada causas eorum audiebat, de bello loco, etiam interdum sub arbore, quo facilius rustici accédèrent : Omnibus I Cor., IX, 22. omnia factus *. Distributivam ; nam officia omnia dignis. Et id in elee- mosinis etiam observabat; ut dignioribus digna. Vindicativam exacte. Beati qui faciunt j'ustitiam in  heureux est Tétat gouverné par un roi sage ! Vos lis parleront par analogie, ces lis qui, d'après saint Ambroise, fleurissent et conservent leur éclat même quand la tige et les feuilles sont desséchées ; leur épanouissement toutefois est bien plus beau quand ils sont entourés de feuilles printanières. Et d'abord, il eut affaire avec les grands du royaume qui troublaient l'état; il les terrassa ou les soumit, et bientôt les apaisa : Comme le lis entre les épines. Dès que la question militaire eut été réglée, semblable à Melchisedech, roi de Salem (de Li Justice et de la paix) : que les montagnes reçoivent la paix pour le peuple, et les collines, la justice. La justice et la paix se sont donné un baiser- Le lis croît très facilement parmi les épines ; de même la paix avec la justice. Or la justice est triple : commutative, distributive, punitive. Commutative. Saint Louis l'a strictement observée. O Dieu ! quelle loyauté avec le Sultan ; quelle équité avec ses sujets. Craignant que ses sujets pauvres fussent délaissés, il entendait leurs causes en personne deux fois la semaine, en un lieu convenable, quelquefois sous un arbre, pour se rendre plus accessible aux paysans : il s'est fait tout a tous. Distributive : il conférait tous les emplois à ceux qui en étaient dignes. Ce qu'il observait aussi pour les aumônes, afin que les plus dignes fussent récom- pensés selon leur mérite. Saint Louis n'a pas moins exactement observé la justice punitive. Bienheureux  LXII. Pour la fête de saint Louis 467 omni tempore *. In blasphèmes quam maxime ; nam * Ps- cv, 3. blasphemia est laesse majestatis Divinae, non tamen omnia peccata. Ipse vero cum urgeretur ut promitteret se talia facturum aut Deum negaturum, numquam ad- duci potuit. Heu quam degenerem habet populum ; nec ipsis mercatoribus fides, nec nobilibus religio. Sed si de fortudine, quam invictis animis ! bis ultra mare profectus, ac primo per quinque annos aut sex stetit. Cum posset evadere, noluit. Jud. 20, contra Benjamin in Maspha. Les evenemens des Machabees. Redeo ad pietatem. Nec sertis filios ornari die Veneris, sanctam Crucem veneratus ; ejus partem vobis, o Pari- sienses, coronam spineam , iiiter cujus spinas esset liliiun. Sacramentum Eucharistise. Religiosos. Ut cedrus Libani*. Pauperes, leprosos ; in quibus agnoscens Chris- * Ps. xci, 13. tum, seipsum nihil œstimabat ; ut stellse juxta solem. Sic Magi dicuntur *, non reges, quia présente Christo *Matt.,n, i. non reges. Omnia spernebat, et se potius moriturum quam peccatum lœtale perpetraturum asserebat. O felix Gallia, quam multo tempore inter lilia tua  ««X qui font justice en tout temps. Il la pratiqua avant tout à l'égard des blasphémateurs, car le blasphème est un crime de lèse-majesté divine; il n'en va pas de même de tout péché. Les plus vives sollicitations ne purent jamais l'amener à promettre de cette sorte : Je m'engage à faire telle chose ou à renier Dieu. Hélas ! que son peuple a dégénéré ! Les commerçants n'ont plus de conscience, les nobles, plus de religion. S'agit-il de sa force ? Quelle âme indomptable ! Il traverse deux fois la mer ; la première fois pour cinq ou six ans. Il pourrait s'enfuir, il s'y refuse. Contre Benjamin à Maspha... Je reviens à sa piété. Il ne permet pas, par vénération pour la sainte Croix, que ses enfants soient parés de fleurs le vendredi; et à vous, ô Parisiens, il légua une partie de cette sainte Croix, il vous légua la couronne d'épines, afin que le lis fût entre les opines. Sacrement de l'Eucharistie. Les Religieux. Comme le cèdre du Liban. Les pauvres, les lépreux ; reconnaissant en eux le Christ, il s'estime lui-même néant, comme les étoiles devant le soleil. De même les Mages ne sont pas appelés rois, parce qu'en pré- sence du Christ ils ne sont pas rois. Louis méprisait tous les biens de ce monde ; il affirmait qu'il préférait mourir plutôt que de commettre un péché mortel. O heureuse France, combien longtemps l'Epoux s'est nourri /.z/vh/ tes lisl  I  468 Sermons autographes Cant., II, 16. Sponsus pascititr'^. Quam multa régna, provincise, etc. Non marcescent lilia tua, Deo dante, sed vide tu ne illa destruas. Otd vicerit, et custodiverit usqiie in finem opéra mea, dabo tlli potestatem super gentes, et regeteas in virga ferrea, et tanquam vas figiili confringentur, Vers. 26-28. sicut et ego accepi a Pâtre meo ; Apoc. 2 *. Mat. 24 ** : ^"' ^ ' Beat us ille servus, etc. m  Combien de royaumes, de provinces, etc. Dieu fasse que tes lis ne se flétrissent jamais, mais toi veille à ne les jamais perdre. Celui qui aura vaincu, et aura gardé mes œuvres Jusqu'à la /ut, Je lui don- nerai puissance sur les nations ; il les gouvernera avec une verge de fer et elles seront brisées comme le vase d'un potier, comme je l'ai obtenu moi-même de mon Père. Heureux ce serviteur, etc.  LXIII NOTES POUR UN SERMON SUR SAINT LOUIS, ROI DE FRANCE Fin août 1602 (O (Inédites) I Reg. 9* : Ab humero et sursiim eminebat omnem * Vers. 2. populiim. Caius se Deum insigniis deorum fieri existi- mavit*; at non ita, sed virtutibus. Saturabiuitur ligna *Suet.,i.iv.c.xxii; campi et cedri Libani quas plantavit ; illic passeres ]nd^X'^i'^^c!'i?' nidificabunt ; [Ps.] 103 *. 'Vers. 16, 17. Sanctus Ludovicus similis Jacob ; indutus vestibus primogeniti*, intus vero simplex. Ego autern ciim mihi *Gen.,xxvir, 15. molesti esseiit, indiiebar cilicio ; humiliabam in jejtinio animani meam *. * Ps. xxxiv, 13. Per medios leones *, etc., Dominus Ludovicus ingredi- "Ps. lvi, 5. tur regnum. Oseas 11* : Sicut mane transiit rex 'Vers. i. Israël. Aurora seipsam destruit, veniens et crescens. Similitudines : Jacobi, 4 *, vapori ad modicum parenti ; * Vers. 15.  // dépassait tout le peuple de l'épaule et de la tête. Caius se figurait qu'il deviendrait Dieu en revêtant les insignes de la divinité ; toutefois, ce n'est pas ainsi qu'on le devient, mais par les vertus. Les arbres de la campagne et les cèdres du Liban qu'il a plantés seront rassasiés ; les passereaux y feront leurs nids. Saint Louis était semblable à Jacob; il était revêtu des vêtements de l'aîné, mais au dedans il était simple. Mais pour moi, pendant qu'ils me tourmentaient je revêtais le cilice, J'humiliais mon âme dans le jeûne. Le seigneur Louis est entré dans le royaume en passant au milieu des lions. Le roi d'Israël passe comme le matin. L'aurore se détruit elle-même en naissant et croissant. Similitudes : d'après saint Jacques, la vapeur qui parait ( I ) L'identité de l'écriture de ces notes avec la pièce qui précède et avec celle qui suit permet de croire qu'elles remontent à la même époque.  470 Sermons autographes arc au ciel ; hinc régna Bab3doniorum, Persarum, Grae- • Dan., Il, 31-40. corum, Romanorum in somnis visa*. • Vers. 6. GloTta et houore coronasti eum ; [Ps.] 8 *. Qui coronat te in misericordia et miser ationihus ; [Ps.] "Vers! 9.' ^°2 *• Eccli. 45 **, de Aaron : Coronavit eum in vasis • ibid., I, II. virtutis. Timor Domini, corona exultationis*. Vinaigre contraire aux champignons estant prins après iceus ; [Plin., Hist. nat.,] 1. 22. c. 23. Serpent environné de betoine se débat et meurt; 1. 25. [c. viii.] Serpent acharné ne s'arrache qu'avec la main gauche ; [1.] 28. c. 3. Serpent pose sa peau et rajeunit, a recours au fenouil, et pour esclarcir sa vëue, ilz (sic) despouillent • Cf. Arist., Hist. premièrement leur teste*; item, se sentant amorty et que c. xvn. ' ' ses escailles se tiennent l'un'a l'autre, il se frotte au genévrier ; [1.] 8. c. 27. Roiteletz curent les dens des crocodiles et leur font ouvrir la bouche en dormant ; ce pendant le rat d'Inde se lance dedans, et luy ronge les entrailles et le fait mourir; [1. VIII,] c. 25. Grecz tiennent que la pasture du fresne est poison aux bestes qui ne ruminent. Pline a veu un serpent choisir le feu plustost que le fresne ; 1. 16. c. xiii. Le long du fleuve Euphrates serpens ne nuisent aux habitans mais estrangers ; les scorpions de Latmos en Carie au contraire ; [1.] 8. c. 59. Le pescheteau, diable de mer, trouble le limon pour y faire venir les petitz poissons et les attire et prend ; 1. 9. 42. Admirable nature du nacre et du cancre ou scuade ; ibidem.  pour un peu de temps... pour cela les royaumes des Babyloniens, des Persans, des Grecs, des Romains sont vus en songe. Vous l'ave\ couronné de gloire et d'honneur. C'est lui qui te couronne dans sa miséricorde et dans sa bonté. Dans l'Ecclésiastique, il est dit d'Aaron : // l'a couronné d'ornements de majesté. La crainte du Seigneur est une couronne de Joie.  LXIV NOTES POUR UN SERMON SUR l'humilité et la chasteté Fin août 1602 (0 (Inédites) Custodiens parviilos Domintis ; hiimiliatus sum, et liberavit^. Fasianas pediculi interficiunt nisi pulve- 'Ps. cxiv, 6. rantes sese. Greg. Turon., De Gloria Confess., c. 32 : « Sile, vir Dei, quia non est necesse proloqui virum nemine interrogante secretum. » Gen. 40* : Videbam ' Vers. 9. vitem, etc. Psal. 68 * : Eripe me de luto, ut non infi- * Vers. 15, 16. gar ; libéra me ab iis qui oderunt me, et de profun- dis aqîiarum. Non ine demergat tempestas aquœ, neque absorbeat me profimdum, neque tirgeat super meputeus os suum. Vir obediens loquetur victorias^. * Pro^., xxi, 28. Emitte -manum tiiam de alto ; eripe me, libéra me de aquis m.ultis et de manu filiorum alienorum,; [Ps.] 143*. Lot, Gen. 19. 'Vers.;.  Le Seigneur garde les petits ; J'ai été humilié, et il m'a délivré. La vermine tue les faisans s'ils ne se couvrent de poussière. Saint Grégoire de Tours, De la gloire des Confesseurs : « Garde le silence, ô homme de Dieu ; c'est inutile de publier le nom d'un inconnu quand personne ne le demande. » Je voyais un cep, etc. Retire:[-moi de la fange afin que je n'enfonce point; délivre\-moi de ceux qui me haïssent et du profond des eaux. Que la tempête ne me submerge pas, que l'abîme ne 7n engloutisse pas, que le puits tte referme pas sa bouche sur moi. L'homme obéissant parlera de ses victoires. Envoyé^ d' en-haut le secours de votre main ; délivrei-moi, sauvez-moi des grandes eaux et de la main des fils des étrangers... (i) Ce fragment de sermon est écrit au revers d'une lettre qui, d'après son contenu, est du mois d'août 1602, ce qui autorise à penser qu'il a été rédigé dans le courant de ce même mois.  472  Sermons autographes  Quis magis nos privât rébus nostris amore? Sol suis radiis efficit ut vestimenta abjiciamus ; sed idem vestit Cant., uit., 6. arbores floribus et frondibus. Fortis ut mors dilectio *. Sarai castissima in matrimonio : Postquajn consenui et dominus meus vetulus est, voluptati operam dabo? Gen. i8 *. Et tamen adhuc erat pulcherrima, Gen, 20 : Abimelech. Pro nihilo salvos faciès illos ; in ira populus confringes; [Ps.] 55*. Es. 50** : Do- tniniis Deus aperit mihi aurem ; ego autem non contradico, retrorsum non abii. Sagitta Saul non est reversa inanis *. Jael , Judicum 5", Sisaram. Esther omnia observabat ac eo tempore solita erat cum nutriebat eam parvulam in domo sua ; Est. 2 *. Pœ- nitet me fecisse hominem quia caro sunt*. Eph. 5**: Fornicatio nec nominetur.  Quelle force plus que celle de l'amour nous prive de nos biens r La chaleur des rayons du soleil nous oblige à rejeter nos vêtements; mais cet astre même revêt les arbres de fleurs et de feuilles. L'amour est fort comme la mort. Saraï très chaste dans le mariage : Après que Je suis devenue vieille et que mon seigneur est aussi vieux, penserai-je au plaisir ? Et cependant, elle était encore très belle : Abimelech. Vous ne les sauvere^ a aucun prix ; vous hrisere^ les peuples dans votre colère. Le Seigneur Dieu ma ouvert Voreille ; pour moi, je ne contredis point, je ne me suis pas retiré en arrière. La flèche de Saiil n est pas retournée sans effet... Esther observait toutes choses comme elle avait coutume lorsqu'il V élevait petite enfant dans sa maison. Je me repcns d'avoir fait l'homme, parce qu"\\s sont chair. Qtie la fornication ne soit pas même ?iomme'e.  * Vers. 12. * Vers. 8. **Vers. 5- •IIReg.,1 22 » Vers. 20. • Gen. , VI, 7' ^ •*Vers 3-  LXV so:m.\iaire d'un sermon sur le jugement dernier 1602 (l)  Et congregahuntnr anie eunt omnes génies et separahit eos ah invicem. [Matt., XXV, 32.] 2. Thimot. 4* : Testificor coram Deo. Joël, 3** : 'Vers. i. **V6rs. I, ?. Ecce in diebus illis et in tempore illo, ciini conver- tero captivitatem Juda et Hierusaleni , congregabo omnes gentes, et ediicam eas in vallcm Josaphat, et disceptabo cum eis ibi ; et Jtidicabor cum eis, Heb. Quid admiramini * ? etc. Ergo congrcgabuntur 'Act.,!, n. omnes. Et tune fiet separatio. iVgar et Ismael *. Duo • Gen., xxi, 10. ernnt ; Mat. 24 *. * Vers. 40. Mat. [xxv,] 12 : Amen dico vobis. i Cor. 4* : Mihi * Vers. ^, s. autem pro minimo est, etc. ; itaque nolite ante tempiis judicare. Dan. 7* : Judicium sedit et libri *Vers. 10.  Et toutes les n.xtions seront rassembL'es devant lui et il les séparera les uns d'avec les autres. Je t'en conjure devant Dieu. Voilà qu'en ces jours-là et en ce temps-là, lors- que f aurai ramené les captifs de Juda et de Jérusalem, je rassemblerai tous les peuples et je les conduirai dans la vallée de Josaphat, et là j'entrerai en jugement avec eux ; selon l'hébreu : et je serai jugé avec eux. Pourquoi regar- dez-vous r etc. Donc, tous seront rassembles. Et alors se fera la séparation... Deux seront, etc. En vérité, je vous le dis. Pour moi. je me mets fort peu eu peine, etc. ; c'est pourquoi ne juge^ pas avant le temps. Le ju:^ement se tint et les livres furent (i) La date de ce sommaire est conjecturée par la conformité d'écriture qu'il offre avec les précédents.  474  Sermons autographes  •Vers. II, lî. aperti sunt. Apoc. 20*: Vidi throniun candidum, et sedentem super euin , a cuj'us conspectu fugit terra et cœhim, et locus non est inventus eis ; et vidi mortiios, etc., et libri aperti sunt, et alius liber qui est vitœ ; et judicati sunt mortiti ex iis quce scripta erant in libris secundum opéra eorum. Liber ♦Enarrat.iQ Apoc, vitœ, praedestinatorum ; Anselmus*: vitae Christi. 'Vers. 10, 12. Soph. 1 ^ : £t erit in die illa ; scrutabor in lucer- nis Hierusalem, et visitabo super viros defixos in fœcibus suis, qui dicunt in cordibus suis : Non faciet Dominus bene, non faciet maie. [In die illa;] *Comm. in Soph., I, De captivitate Babilonis ; 2. Hier.* (et Joseph.), de excidio Hierusalem; 3. de die judicii. In lucernis ; *Serm.Lv inCant. verbi Dei et Sanctis. Hierusalem; Bern. *, etiam Sanctos. Cum accepero tempus, ego justitias jiidi- * Vers. 3. cabo ; [Ps.] 74*. Misericordiœ Domini quia non •Thren.,111, 22. sumus consumpti'^. Historia Joseph. *Gen.,i, 14. Ouarta die : Fiant luminaria in firmament o*, etc. •Vers. ^. Isaiae 34* : Tabescet omnis militia cœli et com- plicabuntur sicut liber cœli. Cœli qui, ut libri, '"Vers^^ij'' ^ enarraverunt gloriam Dei *. Apocal. 6 ** : Cœlum recedet quasi liber involutus. Sol, luna, etc. Dueil, •Vers. 3. honte. [Psalm.] 96 * : Igtiis ante ipsum prœcedet.  ouverts. Je vis un trône blanc, et quelquiiti assis dessus, en présence duquel la terre et le ciel s'enfuirent, et leur place ne se trouva plus ; et je vis les morts, etc.; et les livres furent ouverts, et un autre livre qui est le livre de vie; et Us morts furent Jugés sur ce qui était écrit dans les livres selon leurs œuvres. Le livre de vie, c'est-à-dire des prédestinés ; d'après Anselme, c'est la vie du Christ. En ce Jour-là Je scruterai Jérusalem avec des lampes et je visiterai les hommes enfoncés dans leur lie, qui disent en leurs cœurs : Le Seigneur ne fera pas de bien, il ne fera pas de mal. [Eii ce jour-là ;] i. De la captivité de Babylone ; 2. saint Jérôme (qui renvoie à Josèphe) : de la destruction de Jérusalem; 3. du jour du jugement. Avec des lampes ; de la parole de Dieu et de l'exemple des Saints. Jérusalem ; saint Bernard : même les Saints. Lorsque j'aurai pris mon heure, je jugerai les justices. C'est grâce aux miséricordes du Seigneur que nous n'avons pas été consumés. Histoire de Joseph. Le quatrième jour : Qu'il soit fait des luminaires dans le firmament, etc. Toute la milice des deux s'anéantira, et les deux se rouleront comme un livre. Les deux qui, comme des livres, ont annoncé la gloire de Dieu. Le ciel se  LXV. Sur le Jugement dernier 475 [Psalm.] 49*: Ignis in conspectu ejus exardescet. * Vers. 3. 2. Thess. I *. 2. Pet. 3 **. **Vers'. 7'. Tune omnes morientur. Heb. 9 * : Statutum est, etc. * Vers. 27. [Ps.] 88* : Quis est homo qui vivet et non videbit "Vers. 49, mortem ? Ro. 5 * : In omnes homines mors per- * Vers. 12. transiit. I Cor. 15* : Omîtes resurgemiis. Tuba : Mittet * Vers. 31. Angelos suos cum tuba et voce magna *. i . Thess. 4** : "Ve^rs.'i^^^'"'' ^'' Ipse Dominus in jussu, in voce Archangeli, in tuba Dei descendet de ccelo, et m.ortui qui in Christo sunt résurgent primi. i. Cor. 15* : Ecce mysterium * Vers. 51, 52. dico vobis : Omnes quidem resurgemus, sed non omnes immutabimur. In momento, in ictu oculi, in novissima tuba; canet enim tuba. Haec tuba ad bellum malos, ad festum bonos, omnes ad judicium. Ut enim caecinit buccina in monte Sinai cum daretur lex*, sic et *Exod.,xix, lé, 19; canet cum Legislator examinabit utrum lex servata sit. ^^' Surgite, mortui, et venite, etc. Jo. 5* : Nolite mirari * Vers. 28, 29. hoc, quia venit hora in qua omnes qui in monu- mentis sunt audient vocem Filii Dei; et procèdent qui bona, etc. O vox terribilis ! Sonet haec vox in auribus nostris *, • Caut., n, 14.  retirera comme un livre roulé. Le soleil, la lune, etc.. Le feu marchera devant lui. Le feu s'allumera en sa présence. Alors tous mourront. Il est statué, etc. Quel est l'homme qui vivra et qui ne verra pas la mort ? La tnort a passé dans tous les hommes. Nous ressusciterons tous. La trompette : // etiverra ses Anges avec une trompette et une voix éclatante. Aussitôt que le signal aura été donné par la voix de r Archange et au son de la trompette de Dieu, le Seigneur même descendra du ciel, et ceux qui seront morts dans le Christ ressusciteront les premiers. Voici que je vais vous dire un mystère : A la vérité, nous ressusciterons tous, mais nous ne serons pas tous changés. En un moment, en un clin d'oeil, au son de la dernière trompette ; car la trompette sonnera. Cette trompette appellera les méchants à la guerre, les bons à la fête, tous au jugement. Car ainsi que la trompette sonna sur le mont Sinai lorsque la loi fut donnée, de même sonnera-t-elle lorsque le Législateur examinera si la loi a été gardée. Levez- vous, morts, et venez, etc. A^^ vous en étonne:^ pas, car l'heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu ; et ceux qui auront fait le bien en sortiront, etc. O voix terrible ! Que cette voix retentisse à nos oreilles, comme dit saint  Reg. Monach. ex :riptis S. Hieron. jllecta, c. xxui. Jerem., xxiv, 3. Plin., Hist. nat, ll,c.cvi(al.cni). Matt., XXIV, 30. 'Hymn. Vexilla :e.a:is.  476  Sermons autographes  ut Hieronimus *. O vox omnipotens, quam mirabiles effectus! transsubstantiatio. Job in lege naturae conformis articule resurrectionis nostrse, etsi a solo Deo fieri pos- sit. Judicium, resurrectio. Quïd tu vides, Hïeremia*? Jacob, Esau, Carbones, aurum. Mêlas et Cyphissus *. Tune parebit signum'^. « O Crux, ave**, » etc.  Jérôme. O voix toute-puissante, quels merveilleux effets I transsubstantiation. Job, dans la loi de nature, témoigne, en conformité avec nous, de sa foi à l'article de notre résurrection ; bien que celle-ci se puisse faire par Dieu seul. Jugement, résurrection. Que xois-tu, Jérêmie?... Charbon, or. Mêlas et Céphisse. Alors app-iraitra le signe. « O Croix, je te salue 1 » etc.   TABLE DE CORRESPONDANCE  DE CETTE NOUVELLE ICDITIOX AVEC LES PRECEDENTES  ET INDICATION DE LA PROVENANCE DES MANUSCRITS  NOUVELLE EDITION  PROVENANCE DES MSS.  II.  III  IV  pp. 55-64 Annecy. Visitation p. 65 Idem  pp. 80, 81 (U. 1-29) Annecy. Visitation. . suite Idem  VI  ii"^ rédaction. . . Turin. Visitation.  j Rédaction défi- i Genève. Bibliothèque ( nitive ' publique VIII, IX Turin. Visitation X  XI.  XII, XIII Turin. Visitation . XIV  XV  XVI . . XVII . XVIII  ANCIENNES EDITIONS EDITIONS MODERNES Ed. de 164T, I [ Vives, v, p. i Ed. de 1643, Partie I, j XXII ' Migne, iv, col. 1172 •CA A r f S ^"'- "^'' P- '°4 Ed. de 1645, I, XXV.. j ... , ^ ( M.ig. IV, col. 1257 Mig. VI, col. 34s Inédit Ed. de 1641, xiii \ Viv. v, p. 183 Ed. de 1645, II, XVII.. ( Mig. iv, col. 1324 Voir note (i), p. 81 Inédit Ed. de 1641, XV ( Viv. v, p. 296 Ed. de 1643, II, XVIII \ Mig. iv, col. 1419 Vie du Saint par Char- les-Auguste, livre I \ \ ^^/c'/;?. de l'Acadéni. \ ( Salésienne, t. XIV In 'dits ( Ed. de 1641, III \ Viv. iv, p. 161 [ Ed. de 1643, II, !■ • • • ^ ^^S- i^'' «^o^- ^=9 ( Ed. de 1641, IV \ Viv. iv, p. 170 \ Ed. de 1643, II. n . . . ( Mig. iv, col. 857 Inédits ( Ed. de 1641, XVII t Viv. iv, p. 327 I Ed. de 1643, II» VI . . . \ Mig. iv, col. 967 Ed. de 1641, xviii.... t Viv. iv, p. 333 Ed. de 1643, II, ■^'^î'- • • ' ^i?- '^' '^ol- 971 Ed. de 1641, IX { Viv. iv, p. 407 Ed. de 1643, II, IX... ( Mig. iv, col. 1032 Ed. de 1641, XVI t Viv. iv, p. 479 Ed. de 1643, II, X. . . . I Mig. iv, col. 1092 Ed. de 164 1, XIX ( Viv. iv, p. 518 Ed. de 1643, I, XX. . . . ( Mig. iv, col. 1124  478  Sermons autographes  NOUVELLE EDITION  XIX XX.  PROVENANCE DES MSS. Annecy. Visitation. . . Turin. Visitation ....  ANCIENNES EDITIONS  XXI  XXII. XXIII XXIV. XXV..  Annecy. Visitation. (An- cienne copie)  ^ Ed. t Ed. \ Ed. / Ed.  de 1641, XII de 1643, II> XVI. de 1641, XXVI. . . de 1643, II, XXII.  XXVI XX Vil.. XXVIII. XXIX. . .  pp. 223-2! (11. 1-23) . suite  \ Ed. t Ed. ; Ed. ( Ed.  de 1641, XXV. . . . de 1643, II> ''X'- de 1641, XXIV . . . de 1643, II) XX •  Annecy. Visitation. (II Procès de Canonis.) Annecy. Visitation. (Fac-similé et Procès)  XXX.  XXXI XXXII, XXXIII  XXXIV |„„, XXXV-XL  Annecy. Visitation TuHiN. Visitation.. Annecy. Visitation Idem Turin. Visitation..  XLL. XLII.  XLIIl.  XLIV  XLV,  XL VI, i-vi. . . i-ni XLVII l IV.. V. .  XLVIII.XLIX. L  Annecy. Visitation .  ^ Ed. / Ed. ( Ed. il Ed. [ Ed. l Ed. Ed. Ed.  de 1641, VI de 1643, IIj IV . . . de 1641, XIV de 1643, II, XXIII. de 1641, X de 1643, II» XI. . . de 1641, XI de 1643, II, XII. . .  EDITIONS MODERNES Inédit Inédit Viv. V, p. 95 Mi^r. IV, col. 124g Viv. V, p. 452 Mig. IV, col. 1546 Mi£r, VI, col. 366 \ Viv. V, p. 370 / Mig-. IV, col. 1480 ^ Viv. V, p. 36a / Mig. IV, col. 1473 3//^. VI, col. 20 1-203 207-209, 217-219  Viv  Annecy. Visitation.. . . Annecy. Visitation. . . . Genève. M. l'abbé Chavaz Annecy. Visitation . . .  I Ed. t Ed. \ Ed. ( Ed. Ed. Ed.  de 1641, V de 1643, II» "!• • • de 1641, XXIII. . . , de 1643, II, XIX.. de 1641, XX de 1643, II, xin. .  ( Mig. l Mig. \ Viv. i Mig.  Migr.  \ Viv.  Ed. de 1641, XXI . . . . Ed. de 1643, II, XIV.  Ed. de 1641, XXII. . . Ed. de 1643, II» XV.  Ed. de 1641, vu. . . Ed. de 1643, II, V.  \ Viv. IV, p. 184 \ Mig. IV, col. 848 . V, p. 415 . IV. col. 1518 . IV, p. 510 , IV, col. 1181 V, p. 57 IV, col. 1219 Inédit Inédits VI, col. 371 Inédits Inédits IV, p. 179 '• Mig. IV, col. 845 \ Viv. V, p. 353 ' Mig. IV, col. 1465 ( Viv. V, p. 68 ) Mig. IV, col. 1228; ^ VI, col. 204-307 ( Viv. V, p. 76 5 Mig. IV, col. 1234; VI, col. 213-217 Viv. V, p. 89 Mig. IV, col. 1245; VI, col. 207-211 Inédits Inédits  Inédit Inédit Mig. VI, col. 1099 Inédits ( Viv. IV, p. 307 \ Mig. IV, col. 867  Table de correspondance  479  NOUVELLE EDITION  LI  LU LUI, LV. .  PP- 377. 1-21) . . suite . . . LIV....  (11.  LVI-LVIII LIX  PROVENANCE DkS MSS.  Anxecy. Visitation.. . . Turin. Visitation Akvecy. Visitation . . . Thorexs-Sales. m. le comte de Roussy de Sales AxsECY. Visitation . , .  ANCIENNES EDITIONS Ed, de 1641, vm . . . . Ed. de 1643, II) ■^'"'•  EDITIONS MODERNES  Ed. princeps , Rolin, 1602.  Paris ,  LX.. LXI.  LXII  pp. 463, 464.. pp. 465-468 (11.  Annecy. Visitation Metz par Annecy. M"'« J la comtesse d'Asniè- f Ed. de 1641, n. res de Sales. (An- \ Ed. de 1643. I> xxix. . cienne copie) . . Turin. Visitation .  Viv. IV, p. 370 Mig. IV, col. looi Inédit Inédits Inédit Inédits Viv. V, p. 463 Mig. IV, col. 1555 Inédit  '°-.\  1, 2). ( fin.... LXIII, LXIV. LXV  Annecy. Visitation . . Turin. Visitation .... Annecy. Visitation . . Paris. Visitation (1^ Monastère)  Viv. V, p. 198 Mig. IV, col. 1336 Inédit Mig. VI, col, 362 Inédit Inédits Inédit  GLOSSAIRE  DES LOCUTIONS ET DES MOTS SURANNÉS ou PRIS DANS UNE ACCEPTION INUSITEE AUJOURD'HUI QUI SE TROUVENT DANS LE PREMIER VOLUME DES SERMONS DE SAINT FRANÇOIS DE SALES  (Les tnots distingués par une * ont paru dans les Glossaires des tomes précédents de plus.  * ABONDANT (d ABRIL — abri. ACCIDENT — pour événement, cir- constance (voir p. 58). ACCOINTER (s") — 5^ lier fami- lièrement. ACCOMMODER — attribuer, ap- proprier (v. pp. 6, 240). ADDRESSER — pour faire aller droit (v. p. 158). ADJUGER — du lat. adjudicare, décider (v. p. 15^). ♦ADMIRABLE — r7ow«rt«/(v.p. 71). ADMIRATION — étonnement (voir p. 198). * ADMIRER — s'étonner (v. p. 32). ADVANCER (s') — pour se mettre en saillie (v. p. 246). * ADVENTURE (a 1', d', par) — peut-être. ADVEU — pour approbation, agré- ment (v. p. 203). ADVOUER — pour reconnaître (v. pp. 204, 398, 399). AFFERMER — pour affirmer. * AIN S — mais, mais plutôt, mais encore. Serm. I  ALLEGUER — du lat. allegare, exposer en détail (v. p. 269). A L'HEURE — sur-le-champ (voir p. 447)- * AMUSER (s') — pour s'occuper, se plaire. ANNI VERSEL — anniversaire (voir p. 249). * APPERT (il) — // est évident. * APPREHENSION — action de saisir par l'esprit (v. pp. 224, 258, etc.) * APPROCHEMENT — approche. * ARRAISONNER — interpeller, apostropher (v. p. 434). * A SÇAVOIR MON — locution interrogative (v. p. 223). ASPERSER — asperger. ASSAYSONNÉ — pour approprié, accommodé (v. p. 88). ASSISTER — du latin assistere, être, se rendre présent (v. pp. 30, 61, 313)- ASTROLOGIEN — astrologue. ATHEISTE — athée. ATTAQUER (rescarniouche) — (v. note ( I ), p. 426). ATTOUCHER — toucher à. 3«  482  Sermons autographes  * ATTREMPER — tempérer, modé- rer, adoucir. • AUCUN, AUCUNE — pour un, une, quelqu'un , quelqu'une , quelque (v. pp. 24, 62, 313, etc.) • AUCUNEMENT — nullement, quelque peu (v. pp. 67, 325). AUDITOIRE — du lat. auditorium, lieu ou l'on se réunit pour écouter (v. p. 246). AU REGARD DE — à l'égard de. AVECQUE — avec (v. p. 409, 2« leçon). • AVIVER — rendre plus vif. AVOISINER (s")— s'approcher (voir p. 331). • BAILLER — donner. BEE — béatite (v. p. 8). • BENEFICE — pour bienfait (voir pp. 314, 453). • BIGEARRE — bigarre. * BOULEVERT — boulevard (voir p. 431). * ÇA BAS — ici-bas. CAIGNARDIER — pour indolent, fainéant. CALENDE — première (v. p. 56). Du lat. CALEND.œ. CARCASSE — ca5i/,/^7^'(.-)(v.p. 56]. 'CARESME PRENANT— /« trois jours qui précèdent le mercredi des Cendres (v. p. 127). CAUTELE — du lat. cautela, dé- fiance prudente. * CE —ceci, cela (v. pp. 155, 182, etc.) * CEANS — ici, ce lieu. CYL^^^EU^^l — solennellement. * CELLE — pour cette (v. pp. 120, 197, etc.) CE PENDANT— /^«^^«/ ce temps. CHEUTE — ancienne forme du participe passé féminin du verbe cheoir (v. p. 221). CLARIFICATION — du lat. cla- RiFiCATio, glorification. * COMBIEN QUE — bien que. COMMANDÉ (être) — chargé de faire (v. p. 57). • COMME — pour que, comment (v. pp. 70, 90, 149, etc.)  COMMENT — pour comme (voir p. 232). COMMODITÉ — du lat. commo- DITAS, avantage (v. p. 417). COMPAROISTRE — pour appa- raître (v. pp. 180, 181). COMPRENDRE — du lat. compre- HENDERE, renfermer (v. p. 247). CONFERER — du lat. conferre, réunir (v. p. 248). CONFORTATIF — propre à con- forter (v. p. 183). CONJURÉ — ■poMTJuré{\. p. 241). • CONSPIRER — du lat. conspi- RARE, se réunir (v. p. 435). CONTAMINER — du lat. contami- NARE, souiller, polluer. • CONTE — pour compte. CONTEMPLATION (en) — en vue (v. p. 55). CONTINGEMMENT — d'une ma- nière contingente. • CONTREGARDER — sauvegar- der, garder avec soin. " CONTREROLLER— co«fro7*r. CONVERSATION — pour société (v. p. 23). • COTTER — décrire, noter. • COUPEAU — cime. • COURAGE — pour cœur, ardeur (v. pp. 4, 10, 255, etc.) COURS (donner le) — lâcher (v. p. 147). COURSE — pour cours (v. p. 66). COUSTUMIER — ordinaire, habi- tuel. • CURIEUX — pour soigné (voir p. 413). Du lat. cuRiosus. • CY — ici. • DAVANTAGE — bien plus. • DE — pour sur, dès (v. pp. 51, 153)- • DEBOUTTER — repousser, re- jetter (v. p. 459). • DEFAILLIR — manquer, faire défaut (v. pp. 135, 206). • DEPARTIR (se) — se séparer (v. p. 206). • DEPLORATION — du latin db- PLORATio, action de déplorer, lamen- tation.  Glossaire  483  •DEPORTER (se) — désister, se retirer (v. p. 318). Du lat. deportare. DEPOSITAIRE — pour dépositaire (v. p. 248). Du bas-latin depositorium, dépôt. * DESENGAGER — dégager, reti- rer, déli-orer. DESPLAYSANCE — du lat. dis- PLICENTIA, déplaisir, regret, douleur. * DESSEIGXER — former un des- sein, * DESSUS — sur. * DEVANT — pour avant (v. pp. 3, II, etc.) * DEVISER — du bas-lat. divisare, s'entretenir, converser. DICTAMON — du grec diktamon, dictante (v. p. 447). DILATER — du lat. dratare , élargir, étendre (v. p. 23). DOINT — ancienne forme de la 3* personne du subjonctif présent du verbe donner (voir pp. 194, 409, 3* leçon). DOMMAGEABLE —/rry«i/ ^A^-^   K^W  484  Sermons autographes  " ]X— déjà, jamais. JOURDHUY — aujourd'hui. •JUSQUES A TANT QUE— y»5- qu'att temps, au moment où. * LAIRRA — ancienne forme de laissera. * LAUTREFOYS — une autre fois, la prochaine fois (v. pp. 41. ^i, etc.) * LEVER — du lat. levare, ôter, enlever [v. pp. 13, 62, etc.) » LOS — du lat. LACS, louange (voir p. 419)- , . * LOYER — pour récompense (voir pp. 142, 427I. MALOTRU — misérable (v. pp. 13, 88). MAN — manne (v. pp. 180, 183, etc.) MANOUVRIER — ouvrier, manœu- vre (v. p. 19s). MANQUEMENT — pour absence, privation, perte (v. p. 434). MARGAJAS — sauvages grossiers (v. p. 32 3\ » MARRI —fâché. MEMOIRE (de notre)— récemment, de notre temps (v. p. 410, 2^ leçon). * MERCI — pour miséricorde (voir p. 14s'. • MESMEMENT — surtout, même. MESNAGER — pour être à la tête d'un ménage (v. p. 91). — - METAY — métayer (v. p. 388). MILLIASSE —fort grand nombre. MISSION — pour émission (voir P- 334)- ' NAVIGER — naviguer. NEANTISE — nullité, néant (voir p. 12). • NOURRIR — pour élever (voir pp. 2,7s, etc.) • NOURRITURE — pour entretien, éducation (v. p. 413). NOYSE — querelle. OBSERVER — du lat. observare, honorer (v. p. 117). OFFENCER — du lat. offenderb, commettre une faute (v. p. 404).  * ONQUES — du lat. unqvam, jamais. * ORES, ORES QUE— maintenant, bien que (v. pp. 20, 241, etc.) * OR SUS — parole d'encourage- ment. Cf. Tital. ORSÛ. * OU — pour tandis que (v. pp. 406, 2^ leçon, 4S7)- » OUBLIANCE — oubli. OUTRE PLUS — bien plus. ' PARACHEVER — /.ir/a/W, ache- ver. * PAR APRES — dans la suite. * PARMI, PARMY — pour avec, pendant (v. pp. 131, 176, etc.) PARSUS (au) — au dessus, par dessus {-v. p. 245). PASTURE— manducation [}) (voir p. 470). * PERDURABLE — du lat. perdu- RABiLis, qui dure toujours, éternel. PIETÉ — du lat. piETAS, amour naturel des parents, affection (v. pp. 401, 4'i3)- PLEINIEREMENT — pleinement (v. p. 4). POUDRE — pour poussière (voir pp. 336, 337' etc.) » POUR AUTANT — d'autant. * POUR CE, POURCE — pour/ar ce. POUR L" AMOUR DE — à cause de (v. p. 326I POURPRIN — pourpre [v. p. 174)- POUR QUOY — à cause de quoi (v. p. 412)- PRATTIQUER — agir sur (voir p. 160). PREPARATOIRE — préparation (v. p. 22=,^. PREIGNANT — pressant. * PREMIER — ^onr premièrement, avant . PRESCHEMENTERIE — terme de mépris, -çonr prêche (v. p. 121). PRESCHEUR — prédicateur. PRIME FACE — du lat. prima FACiE, à la première vue (v. p. 85). • PRIS (au) — en comparaison. PROBATION.— du lat. probatio, démonstration (v. p. 269).  Glossaire  PROCRASTINER — du lat. pro- CRASTINARE, ajourner, remettre au lendemain (v. p. 90). * PROFONDITÉ — du lat. profcx- DiTAS, profondeur. PRONOSTIQUEUR — pronostica- ieur (v. p. 245). * PROUVOIR— dulat. PROviDERE, pourvoir. PURGER — du lat. purgare , purifier (v. p. 91). PUYSSAMMEXT — fortement (v. pp. 57. 130- PUYSSANT - pour fort (v. p. 39). ♦QUAND ET QUAND, QUANT ET QUANT — avec, simultanément. QXJE — pour et, ce que, comme (v. pp. 141, 211 ; 407, 2= leçon; 419). QUE... QUE — soit... soit (voir p. 78}. * RAMASSER — pour réunir, con- centrer [v. pp. 9, 310;. * RAMENTEVOIR — se souvenir. * RAPPORTER — pour remporter (v. p. r=,7). REALLEMENT — de l'ital. real- MENTE, réellement. * RECREU — fatigué, lassé. REFECTIONNER — nourrir, re- paître. REFORMEUR — réformateur. RELEVÉ (d'ouvrages) — orné d'ou- vrages en relief {v. p. 245). **REMONSTRER — pour démon- trer, montrer (v. pp. 269, 442)- RENOUVEAU — renouvellement (v. p. 57). RESERVER — du lat. reservare, conserver (v. p. 317;- RESEUIL — réseau. RESPECT (au) — en comparaison. * RESSENTIMENT — pour senti- ment, souvenir. RESSENTIR— porter le caractère de (v. p. 6). RESUSCITATION — du lat. re- susciTATio, action de ressusciter. REVERDOYER — reverdir. * REVIGORER — rendre force et vigueur à.  * REVOQUER — du lat. revocare, rappeler, convoquer. * ROOLLE — rôle. ROUBBE — robe. RUER — pour renverser (v. p. 19). * SAGETTE — du lat. sagitta, flèche. * SALVATION — du lat. salvatio, salut. * SAPIENCE — du lat. sapientia, sagesse. \ iV^^ SCUADE — du lat. sqtatus, raie ■ (v. p. 470;- * SEELLER — sceller. SEMBLANCE — ressemblance. * SERRER — pour enclore, cacher (v. p. y-s). SEVELIR — du lat. sepelire, ense- velir (v. p. 27 t). * SI — pour oui, mais, toutefois. SIGNAMMENT — de l'ital. segna- TAJ>1ENTE, notamment (v. p. 423}. * SIGNE (a ce) — de l'ital. a tal SEGNO, à /^//o"'^(v. p. 199 • * SI QUE — de sorte que, si bien que. SOL — pour son. * SOUEFVE — suave. SOUVENANCE — souvenir. * SOUVENTESFOIS — maintefois. SUFFUxMIGATION — du lat. suFFUMiGATio, fumigation (v. p. 439)- SUPPEDITER — du lat. suppedi- TARE, fouler aux pieds, terrasser (v. p.i6i;.Voirle Glossaire de Du Cange. SUPPORT — pour soutien (voir P- 452)- _, , . SUR — pour de, au dessus de (voir pp. 147, "3). SURPRIS — pour pris (v. p. 67). SURVENDRE — surfaire. J\_ » SUS — parole d'encouragement. Cf. l'ital. su. TABERNACLE — du lat. taberna- CULUM, lente (v. p. 254). TANCER — pour attaquer (voir p. 238). TANT -PUJS — d autant plus. TENIR — pour garder, suivre (v. pp. 153. 203).  y  .,<2t  486  Sermons autographes  v'^^)  V   .'f  TIERCEMENT — troisièmement. TIRASSER — tirailler (v. p. 146). TRAIT — pour trajet (v. pp. 405, 429^ TRAITTE — pour distance, étendue (y. p. 81). TRANSMARCHER — passer (voir p. 154). TREMPER — pour détremper (voir p. 166). TROMBE, TROMPE —pour trom- pette (v. pp. 56, 57). TUERIE — massacre, carnage.  TURQUESQUE — turque. * VASTETÉ — du lat. vastitas, vaste étendue, immensité {v. p. 18). VESTIT (il) — ancienne forme de vêt (V. p. 19S). * VIANDE — pour nourriture, ali- ment (v. pp. 149, 164, etc.) VIF — du lat. vivus, vivace, vi- goureux (v. p. 51). VISTE — pour agile, prompt (voir p. 19^. VISTEMENT — promptement.  TABLE DES MATIERES  Avant-P ropos v Avis au Lecteur xvi  PREMIERE SERIE SERMONS REPRODUITS D'APRÈS LES AUTOGRAPHES I — Sermon pour la fête de la Pentecôte, 6 juin 1593 r II — Sermon pour la fête de saint Pierre, 29 juin 1593 31 III — Sermon pour le jour de saint Pierre ad vincula, i" août 1 593 57 IV — Sermon pour le douzième Dimanche après la Pentecôte, 28 août 1593 66 V — Plan de sermon pour la fête de l'Exaltation de la sainte Croix, 14 septembre 1 593 80 VI — Sermon pour le dix-huitième Dimanche après la Pentecôte, 10 octobre i 593 85 VII — Harangue pour la prise de possession de la Prévôté de Saint-Pierre de Genève. Première rédaction 94 Harangue pour la Prévôté. Rédaction définitive, fin décembre 1593 99 VIII — Plan d'un sermon pour la fête de la Circoncision, I" janvier 1 594 114 IX — Autre plan de sermon pour la fête de la Cir- concision 117 X — Sermon pour le Dimanche de la Septuagésime, 6 février 1594 119  488 Sermons autographes XI — Sermon pour le Dimanche de la Sexagésime, 13 février 1594 130 XII — Exorde d'un sermon pour le commencement du Carême, fin février 1594 139 XIII — Fragment d'un sermon pour le jeudi après le premier Dimanche de Carême, 3 mars 1594. . 142 XIV — Sermon pour le vendredi après le troisième Dimanche de Carême, 18 mars 1594 146 XV — Fragment d'un sermon pour le quatrième Diman- che de Carême, 20 mars 1594 153 XVI — Sermon pour le Dimanche des Rameaux, 3 avril 1594 157 XVII — Sermon pour le mardi de Pâques, 12 avril 1594 166 XVIII — Sermon pour la fête de l'Invention de la sainte Croix, 3 mai 1594 172 XIX — Sommaire d'un sermon pour la fête de la Pente- côte, 29 mai 1594 180 XX — Sommaire d'un sermon sur le Saint-Sacrement, 9-16 juin 1594 182 XXI — Sermon pour le troisième Dimanche après la Pentecôte, 19 juin 1 594 185 XXII — Exhortation au service de Dieu, 1594 194 XXIII — Sommaire d'un sermon sur la mission des Pas- teurs de l'Eglise, 18 septembre 1594 201 *XXIV — Sermon sur la visibilité de l'Eglise, fin septembre 1 594 206 XXV — Sermon sur la perpétuité de l'Eglise, octobre 1594 215 XXVI — Sommaire d'un sermon sur la transsubstantiation et le Sacrifice de la Messe, fin octobre 1594. . 223 XXVII — Sermon pour le Dimanche de la Quinquagésime, 5 février 1595 231 XXVIII — Sermon sur la Salutation Angélique, 1595 240 XXIX — Sermon pour le quatrième Dimanche après Pâques, 23 avril 1595 244 XXX — Sermon pour la fête de la Sainte Trinité, 21 mai 1595 • 254 XXXI — Plan d'un sermon pour la fête de saint Pierre es liens, 1" août 1595 265 XXXII — Sommaire d'un sermon sur la sainte Eucharistie figurée et prédite dans l'Ancien Testament, 1 7 septembre 1595 268 XXXIII — Notes pour un sermon sur les reliques des Saints, 1595 275   Table des Matières- 489 XXXIV — Notes pour des sermons sur divers sujets, 1595 279 I — Sur le jugement dernier 279 II — Sur la très sainte Vierge 281 m — Sur la primauté de saint Pierre 281 XXXV — Plan d'un sermon sur la parole de Dieu, 1596.. 284 XXXVI — Notes pour un sermon sur la présence réelle de Notre-Seigneur dans l'Eucharistie, 13 avril 1596 287 XXXVII — Sermon pour la fête du Saint-Sacrement, 13 juin 1 596 289 XXXVIII — Sommaire d'un sermon pour le Dimanche dans l'octave du Saint-Sacrement, 16 juin 1596... 297 XXXIX — Fragment d'un sermon pour le jour de l'octave du Saint-Sacrement, 20 juin 1596 301 XL — Notes pour des sermons sur la sainte Eucharistie, 1596 303 XLI — Sermon pour le Dimanche de la Sexagésime, 9 février 1 597 306 XLll — Sermon pour une Dédicace, mars-mai 1597. ... 311 XLlll — Sermon dogmatique sur la sainte Eucharistie, juillet 1 597 320 XLIV — Second sermon sur le même sujet, juillet 1597. . 328 XLV — Troisième sermon sur le même sujet, juillet 1597 342 XLVI — Fragments et notes de sermons sur divers sujets, 1 595-1 597 348 I — Sur saint Pierre 348 II — Sur le désir que Dieu a de notre salut. . 349 III — Sur le souvenir de la Passion 351 IV — Sur l'office des Pasteurs 351 v — Sur la nature de l'adoration 352 VI — Sur le culte des Saints 353 XLVll — Notes pour des sermons sur divers sujets, 1598- 1 60 1 355 I — Sur la correspondance à la grâce 355 II — Sur la mortification produite par l'amour ^^6 III — Sur la pénitence 357 IV — Sur le même sujet 358 v — Sur l'amour de Dieu et du prochain. . . . 359 VI — Sur le souvenir de laCroix et de la Passion 360 XLVIII — Sommaire d'un sermon pour le Dimanche dans l'octave de l'Epiphanie, 7 janvier 1601 362 XLIX — Notes d'un sermon pour le Dimanche de la Sexa- gésime, 25 février 1601 364  490 Sermons autographes L — Plan d'un sermon pour le premier Dimanche de Carême, 1 1 mars 1601 367 LI — Plan d'un sermon pour le vendredi après le quatrième Dimanche de Carême, 6 avril 1601 373 LU — Notes d'un sermon pour la fête de Pâques, 22 avril 1601 377 LUI — Notes d'un sermon pour le jeudi de Pâques, 26 avril 1601 380 LIV — Fragment d'un plan de sermon pour le sixième Dimanche après la Pentecôte, 22 juillet 1601 382 LV — Plan d'un sermon pour la fête de saint Jacques le Majeur, 25 juillet 1601 384 LVI — Sommaire d'un sermon pour le huitième Diman- che après la Pentecôte, 5 août 1601 388 LVll — Plan d'un sermon pour la fête de l'Assomption, 1 5 août 16Ô1 391 LVIII — Fragments sur divers sujets, mars-avril 1602. . . 396 I — De l'obligation de servir Dieu 396 II — L'amour pur exclut tout partage 397 LIX — Oraison funèbre du duc de Mercœur. Epitre dédicatoire 398 Oraison funèbre, prononcée le 27 avril 1602 . . . 400 LX — Plans de deux sermons pour la Nativité de saint Jean-Baptiste, 23, 24 juin 1602 436 LXI — Sermon pour la fête de l'Assomption, 15 août 1602 439 LXll — Plan d'un panégyrique de saint Louis, roi de France, 25 août 1602 463 LXIII — Notes pour un sermon sur saint Louis, roi de France, fm août 1602 469 LXIV — Notes pour un sermon sur l'humilité et la chas- teté, fm août 1602 47 1 LXV — Sommaire d'un sermon sur le jugement dernier, 1 602 473 Table de correspondance de cette nouvelle Edition avec les précédentes, et indication de la provenance des Manuscrits 477 Glossaire des locutions et des mots surannés 481  Annecy, Imprimé par J. Nimat, 1896.  185017  èl  i  BX 1750 ,vl 1892 v.7 SMC Francis, Oeuvres de saint François de Sale$, eveque de Genève et d Edition complète d'après les autographes et les éditions originales enrichie de nnmhr