r- -  ;tr la  ŒUVR-ES  DE  ■: SAINT FRANÇOIS DE SALES  ÉVÊaUE ET PRINCE DE GENEVE  DOCTEUR DE L EGLISE  ÉDITION COiMPLÈTE d'après les autographes et les éditions originales enrichie de nombreuses pièces inedites DÉDIÉE A N. S. P. LE PAPE LÉON XIII ET HONORÉE d'uN BREF DE SA SAINTETE PUBLIÉE SUR l"iXVITATION DE M°'' ISOARD, ÊVtQUE D ANNECY, PAR LES SOINS DES RELIGIEUSES DE LA VISITATION DU I^" MONASTÈRE d'aNNECY  TO.ME vni SERMONS — VOLUME II  ANNECY IMPRIMERIE J. NIÉRAT RUE DE LA RÉPUBLIQ.UE MDCCCXCVII  Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa  http://www.archive.org/details/oeuvresdesaintfr08fran  ŒUVRES  DE  SAINT FRANÇOIS DE SALES  EVEQUE ET PRTXCE DE GENEVE  DOCTEUR DE L'ÉGLISE  TOME HUITIÈME  SERMONS  II' VOLUME   Propriété  Genève — H. TREMBLEY, Libraire, rue Corraterie, 4 Dépositaire principal Annecy — ABRY, Libraire, rue de l'Evêché, 3 Paris — Victor LECOFFRE, rue Bonaparte, 90 Lyon — Emmanuel VITTE^ Place Bellecour, 3 Bruxelles — SOCIÉTÉ BELGE DE LIBRAIRIE, rue Treurenberg, 16 Marseille — LIBRAIRIE SALÉSIENNE, rue des Princes, 78  3    V  3 ç^i^ îi.^ M 1^1 It '^ 1 1 1^^   1  ^ 4 1     ^ "^ ^iA  jî i^^    '^  <.    1,^î  «-^ v/>  4.1  I        i^ilu^S^ilHl  1 ^t'^^ ^"^ il ;-^ T^"^ 4 ï"4 ^4^^^-^^''-^^   •^i?'^'*  (n  1 vj ^  «.CjcT"  H  1   ŒUVRES  DE  SAINT FRANÇOIS DE SALES ÉVÊaUE ET PRINCE DE GENÈVE ET DOCTEUR DE l'ÉGLISE  ÉDITION COMPLÈTE d'après les autographes et les éditions originales ENRICHIE DE NOMBREUSES PIÈCES INEDITES DÉDIÉE A N. S. P. LE PAPE LÉON XIII ET HONORÉE d'uN BREF DE SA SAINTETÉ PUBLIÉE SUR l'invitation DE M'^'' ISOARD, ÉVÊQUE d'aNNECY, PAR LES SOINS DES RELIGIEUSES DE LA VISITATION DU I" MONASTÈRE d'aNNEGY  TOME VIII SERMONS — VOLUME  ANNECY IMPRIMERIE J. NIÉRAT RUE DE LA RÉPUBLIQUE MDCCCXCVII Droits de traduction et de reproduction réservés  AVANT-PROPOS  Ce second volume des Sermons est le plus remarquable de toute la collection des Œuvres de saint François de Sales au point de vue des matières inédites dont il est enrichi. On pourrait même dire que le volume entier est inédit, puisque sur les quatre-vingt-quinze pièces qu'il contient, neuf seulement ont été précédemment publiées. Mais, à l'importance des matières, ce volume joint un autre mérite ; car nous pouvons affirmer qu'il n'est au- cune partie de la publication dont les éditeurs soient en mesure de garantir l'authenticité d'une manière aussi absolue. Pour les ouvrages précédents, il leur a fallu sou- vent se contenter de fixer le texte d'après les éditions princeps ; quant à celui-ci, ils ont eu les Autographes entre les mains durant plusieurs années, ce qui leur a permis d'en contrôler avec un soin minutieux toutes les spécialités, d'étudier et de reproduire les abréviations, les renvois, les notes marginales, etc. L'ordre chronologique suivi dans le tome VII pour la répartition des pièces, est conservé en celui-ci ; les con- jectures qui en justifient le classement sont même beau- coup mieux fondées ; mais il n'a- pas été ordinairement besoin de recourir à des conjectures, car la majeure partie des sermons sont datés par le saint Orateur lui-même. Se-RM. II A  VI Sermons Dans le cas contraire, la date attribuée à chaque pièce est justifiée par une note spéciale. Cependant, nous ne nous le dissimulons pas, après la lecture du volume précédent, celui-ci réserve peut-être quelque déception à une certaine classe de lecteurs. Ils se persuadent que saint François de Sales, fidèle à la coutume prise en sa jeunesse d'écrire ses sermons in extenso, allait, pendant la brillante période de son épiscopat, composer des discours encore plus étendus et rédigés avec plus de perfection. Ainsi devaient pro- céder un peu plus tard les maîtres de l'éloquence sacrée en France; mais, pour l'Evêque de Genève, il n'en alla pas de la sorte. Libre de ses loisirs et défiant de ses propres ressources, il avait pu, durant les premières années de son apostolat, donner beaucoup de temps et de soin à la préparation de ses sermons ; dans la suite l'Orateur est plus sûr de son talent, ou plutôt le Saint se confie davantage en V Esprit du Père céleste qui parle par sa bouche. Il n'écrit plus de discours suivis : ce sont des sommaires, des plans, parfois des notes fort brèves, une simple réunion d'extraits de la Sainte Ecriture. Mais à travers ces ébauches, apparaissent fréquemment des divisions claires et méthodiques , des rapprochements inattendus, des applications aussi neuves qu'ingénieuses des textes sacrés ; toujours une profondeur de doctrine, une richesse de pensées, une fraîcheur d'imagination qui étonne autant qu'elle ravit. Qu'on nous permette de le dire , nulle part notre Saint n'est plus lui-même que dans ces canevas tracés souvent à la hâte, et toujours sans prétention aucune de réputation et de gloire humaine. Ordinairement il compose en latin, au courant de la plume, dans l'impé- tuosité de l'inspiration ; s'il arrive que l'expression propre lui échappe , sans s'interrompre , il l'écrit en français , réunit parfois plusieurs synonymes, et passe outre avec autant d'aisance et de rapidité que s'il n'eût rencontré aucune hésitation. D'autres fois, craignant de ne pas trouver dans la langue de Virgile des nuances assez douces pour refléter toute la tendresse de ses sentiments,  Avant-Propos vu c'est une ou même plusieurs phrases françaises qu'il intercale dans sa rédaction latine (voir, par exemple, p. 119). On goûte un charme secret à le surprendre dans ce travail ; et, pour peu que l'esprit soit accoutumé à vivre dans l'intimité de notre Saint, il n'a pas de peine à saisir la pensée qu'il laisse inachevée, les déve- loppements qu'il indique à peine, les comparaisons qu'il énonce à demi. C'est quelque chose de la noble jouis- sance que ressent un amateur des beaux-arts lorsqu'il se trouve en présence de l'œuvre à peine ébauchée d'un grand maître : la pureté des lignes lui laisse deviner ce que seront la majesté de l'ensemble, la grâce des détails, le fini de l'ornementation, et ce qu'il pressent le ravit plus encore que ce qu'il aperçoit. Telle est, nous n'en doutons pas, l'impression qu'éprouveront les lecteurs de ce second volume des Sermons de saint François de Sales. Cependant, des jouissances d'un ordre plus élevé les attendent. Assurément on est accoutumé à trouver dans TEvêque de Genève l'homme supérieur, aussi remarqua- ble par la fécondité de son génie que par l'étendue de son érudition. Mais ici c'est le Docteur de l'Eglise qui nous apparaît dans le plein exercice de sa mission ; il enseigne avec une précision, une fermeté qui subjuguent et ne laissent place ni au doute ni à la moindre ter- giversation. A ses accents, on reconnaît bien l'Apôtre du Chablais , prêchant avec autant de feu et plus d'éloquence encore que dans sa jeunesse les dogmes fondamentaux de notre croyance : la vertu des Sacre- ments, l'autorité de la Tradition, la divinité de l'Eglise, l'infaillibilité du Pontife romain. Ses discours, aussi bien que le Traité des Controverses, contiennent des sen- tences qui, réfutant d'avance les hérésies modernes, préviennent de trois siècles les décisions du Concile du Vatican. Il en est qui mériteraient d'être écrites en lettres d'or, celle-ci par exemple (p. 286) : PAPA ERRARE NON POTEST EX CATHEDRA DOCENS.  Sermons  II  Dans l'Avant-Propos du tome précédent, nous avons jeté un coup d'œil rapide sur la première période de la' carrière oratoire de saint François de Sales, période qui correspond à sa. prévôté (1593-1602). La seconde époque peut encore se subdiviser en deux parties très marquées : l'une qui embrasse les six années comprises entre le sacre du saint Evêque et la composition de Vlntroduction à la Vie dévote (1602-1608) ; l'autre, de moitié plus longue et aussi de beaucoup la plus brillante, qui se prolonge jusqu'à la mort de notre Saint (1608-1622). Quelque belles que fussent les années de sa jeunesse, elles n'étaient, comparées à celles de son épiscopat, qu'une aurore auprès du plein midi. L'expérience acquise dans la mission du Chablais, un séjour assez prolongé à Paris, pendant lequel il s'était mis en rapport avec les meilleurs esprits de son temps, avaient développé en lui toutes les qualités qui constituent l'orateur : justesse d'appréciation, élévation de pensées, onction pénétrante, sûreté et étendue de doctrine, connaissance approfondie des besoins et des misères de ses contemporains. Que l'on joigne à ces dons une diction toujours claire et soignée, la noblesse du geste, la grâce de l'élocution et par dessus tout, le prestige de la sainteté, et l'on ne s'étonnera pas que l'Evêque de Genève ait possédé au plus haut degré le don de convaincre les esprits et de toucher les cœurs. On peut se figurer quelles sympathies lui étaient acquises, quand, à trente-cinq ans, il prit possession de son siège épiscopal. Se souvenant que, d'après le Concile de Trente, « la prédication est le principal devoir d'un Evêque, » notre Saint se prodigua sans mesure à son peuple. Sa parole avait une puissance irrésistible et un  Avant-Propos ix charme nouveau. Il ne paraissait plus seulement dans la chaire comme un maître instruisant ses disciples, mais comme un père s'adressant à ses enfants ; il ne parlait plus seulement le langage de la persuasion, mais celui de l'autorité et de la tendresse paternelles : aussi emportait-il d'assaut toutes les résistances. Ceux qui l'avaient une fois entendu voulaient l'entendre encore, l'entendre toujours; et, conformément à la résolution qu'il avait prise de ne jamais se refuser à personne, le saint Prélat prodiguait son zèle et son dévouement. Malgré le surcroît de travail que lui imposait en ces débuts l'obligation d'étudier les besoins de son diocèse et de prendre une foule de mesures administratives, il parvint à se ménager des loisirs pour la prédication. Nous le voyons annoncer assidûment la parole de Dieu à Annecy et aux environs pendant toute l'année 1603. Sa réputation se répandit au loin, et plusieurs villes de France se disputèrent le bonheur de l'entendre ; ce fut Dijon qui l'emporta en 1604. Et l'année suivante, comme pour faire oublier les ovations reçues dans cette capitale de la Bourgogne, notre Saint voulut prêcher la station quadragésimale dans la petite ville de La Roche. Son humilité se délecte dans ces contrastes, si bien qu'après avoir excité pendant le Carême de 1600 l'admiration de la noblesse et du Sénat de Chambéry, il veut se dédom- mager de ses succès en évangélisant ensuite Rumilly, modeste localité de son diocèse. Pendant cette période, outre qu'il réservait ses pré- dications de l'Avent à son cher peuple d'Annecy, il lui rompait ordinairement le pain de la divine parole les jours de Dimanche et de fête, si l'on en excepte le temps de ses visites pastorales. L'infatigable Prélat consacrait chaque année à ces courses apostoliques trois mois entiers, pendant lesquels, selon le témoignage d'un déposant au Procès de sa Béatification, il prêchait une ou même plusieurs fois le jour, sans se répéter jamais. Un petit nombre de pièces remontant à cette époque ont été conservées; elles sont écrites le plus souvent sur des feuilles détachées, et d'autres fois semblent appartenir  X Sermons à des cahiers de petit format qu'il ne serait pas possible de reconstituer. Sur ces entrefaites, des circonstances providentielles amenèrent notre Saint à publier V Introduction à la Vie dévote. Il fut tout étonné de l'estime que des apprécia- teurs compétents, et notamment le R. P. Fourier, Jésuite, faisaient de simples mémoires écrits d'abord pour l'utilité privée d'une seule âme pieuse. Commençant dès lors à soupçonner tout le parti qu'il pourrait tirer de ses ser- mons pour la composition d'autres ouvrages, il résolut de faire valoir avec plus de soin encore la plénitude des talents que lui avait confiés le divin Père de famille. Déjà il avait eu la pensée, comme il le mandait à l'Archevêque devienne, d'utiliser, pour la publication de divers traités, ce qui lui restait de ses prédications du Chablais(i). En conséquence de ces projets, on le voit, avant de reprendre la plume pour rédiger son immortel Traitté de l'Amour de Dieu, apporter beaucoup plus de soin et de travail à la préparation de ses sermons. L'Orateur ne se contente plus de notes rapides jetées à la hâte sur la première feuille volante qui se rencontre ; il trace des sommaires étendus et bien divisés, écrits d'une main ferme et posée, sur de grands in-folio ( = ), dont le fac-similé de ce volume (i) Plus tard, il s'exprimait en ces termes dans une lettre italienne au P. Antoniotti, S. J. : « lo havrei moite cose da scrivere delVamor del pros%imo « et délie cose che io \h6\ prœdicato in tre o quatre mille sermoni che io {h6\ « fatto de 28 anni in qua, che a molti pare che sarebbono cose iitili al hen « puhlico ; et l'anno passato che io fui in Parigi col Serenissimo Principe « Cardinale, moite persone di gran qualita ne fecero instan^a. Ma e impossihile « sotto a questo peso pastorale il scrivere per far stampare. Se sua Divina « Maesta lo vuole, mené dara la commodita, et se jion vuole, ne anche io devo « voler lo. » « J'aurais beaucoup de choses à écrire de l'amour du prochain et de ce que « j'ai prêché en trois ou quatre mille sermons prononcés depuis vingt-huit « ans, qui, de l'avis de plusieurs, seraient utiles au bien public ; et l'année « dernière, étant à Paris avec le Sérénissime Prince Cardinal, nombre de « personnes de grande qualité m'en firent de vives instances. Mais, sous cette « charge pastorale, il est impossible d'écrire pour faire imprimer. Si sa divine .. Majesté le veut, elle m'en donnera le loisir, et si elle ne le veut pas, je ne « dois pas le vouloir non plus. .. (Lettre inédite, en date du 16 août 1620, conservée à Turin, chez M. le Comte délia Chiesa.) (3) Voir ce que nous avons dit à ce sujet dans notre Introduction générale, p. LUI.  Avant-Propos xi représente exactement la dimension. Diverses observa- tions nous obligent à conclure que ces cahiers ont été commencés environ le mois d'août 1608 (0. Les stations quadragésimales étaient entre toutes l'objet d'une soigneuse préparation de la part du Saint, si l'on en juge par ce qui nous reste des Carêmes d'An- necy (1609), de Grenoble et de celui de 16 12 prêché à Chambéry.Non content de tracer les principales lignes du discours composé pour le Mercredi des Cendres de cette dernière année, le saint Orateur écrit l'exorde en entier; puis il revient sur ce travail et se propose quatre différen- tes entrées en matière, parmi lesquelles il choisira selon rinspiration du moment et la composition de son audi- toire. Bien plus, ce ne sont pas seulement ses grands sermons qu'il prépare de la sorte ; quelquefois même, les instructions familières destinées à ses Filles de la Visitation deviennent l'objet d'une élaboration non moins sérieuse, et sont écrites sur l'un ou l'autre des grands cahiers dont nous parlons. Et alors, quelle fraîcheur, quelle grâce dans les pensées, quelle ingénuité dans les applications de la Sainte Ecriture ! Pour s'en faire une idée, il suffit de lire les Sermons de la Vigile de Noël i6i3et 1614. Ces discours sont doublement intéressants à étudier et à confronter avec les résumés qu'en faisaient les Religieuses aussitôt après les avoir entendus. Dès les premières années de leur institution, elles rédigeaient en effet par écrit les instructions reçues de leur Fondateur, et en composaient un volumineux recueil, qui fournira la matière de nos tomes IX et X. Le saint Orateur réserva plus spécialement les années 16 13-16 16 à l'évangélisation de son peuple d'Annecy. En 16 15, la pénitence fut le thème de ses prédications (i) Toutefois, notre Saint devait avoir ces in-folio en réserve depuis plusieurs années ; car on remarque au haut des premières pages, quelques notes ayant trait à des sujets de controverse. Elles sont d'une écriture fine, absolument identique à celle des Autographes qui remontent à l'époque de la mission du Chablais. Ces notes n'ayant aucun rapport avec les sermons qui occupent le surplus de la page où elles sont insérées, sont renvoyées aux Opuscules.  XII Sermons  de Carême, les malheurs de la Savoie, alors en guerre avec l'Espagne, donnant beaucoup d'opportunité à ces austères enseignements. De nouvelles alarmes provo- quèrent de nouveaux encouragements du bon Pasteur à ses ouailles , et nous valurent la Paraphrase du Psaume cxxiv. Si riches étaient les ressources de son érudition et les inspirations de sa piété, que l'histoire du Patriarche Jacob lui fournit matière suffisante pour ses prédications dominicales de l'année 1616. Les rares loisirs que lui laissèrent ses autres travaux furent consa- crés, pendant l'automne, à préparer la station de l'Avent qu'il devait prêcher à Grenoble. Par ce qui nous en reste, on peut admirer le soin et le travail qu'il mit à cette préparation. Ce n'est pas qu'il donne à sa rédaction une forme oratoire défini- tive; ce sont toujours des notes; mais elles démontrent une immense érudition et laissent percer une tendre sollicitude pour la conversion des hérétiques, nombreux alors dans la capitale du Dauphiné. Afin de prévenir leurs objections et de les attaquer dans leurs derniers retranchements, l'Orateur s'arme de toutes pièces et puise largement dans l'arsenal de l'Ecriture et des saints Pères. Ces prédications eurent un succès prodigieux, au point que des hommes distingués, tels que des conseil- lers au Parlement, se pressaient au pied de la chaire pour les écrire à mesure que l'Evêque de Genève les prononçait. On lui fit de si pressantes instances qu'il ne put se refuser à prêcher dans cette ville la station qua- dragesimale des deux années suivantes, au milieu d'un concours toujours croissant et d'applaudissements non moins mérités. C'est alors que, dans leur reconnais- sance, ses auditeurs lui décernèrent le titre d'Apôtre de Grenoble. Ces diverses stations représentent à notre avis l'apogée de l'éloquence du saint Docteur. Du moins ne voyons- nous pas que pour nulle autre série de prédications il ait fait un travail préparatoire aussi soigné. La Provi- dence devait, à la vérité, l'appeler peu après à paraître sur un théâtre beaucoup plus éclatant, et nous savons  Avant-Propos xiii comment, durant un séjour prolongé à Paris (novembre i6i8-septembre 1619), il s'acquit les suffrages des esprits les plus cultivés. Mais ce qu'ils admiraient surtout dans l'Evêque de Genève, c'était, avec l'onction de sa parole, la noble simplicité par laquelle il protestait contre les extravagances d'une éloquence toute mondaine, alors fort en vogue. Certains épisodes porteraient même à penser que le Saint s'étudiait à faire oublier à Paris l'immense réputation qu'il s'était acquise par ses stations de Grenoble. Les grands Manuscrits qu'il aurait pu exploiter si avantageusement ne paraissent pas l'avoir accompagné dans la capitale ; ce qui nous reste des sermons de cette année est écrit rapidement sur des feuilles volantes, comme au début de son épiscopat. Puis, comme si son humilité n'avait plus de péril à courir, le saint Prélat, rendu à son modeste auditoire d'Annec3^ revient à son précédent mode de préparation ; il reprend quelquefois encore ses volumineux in-folio et leur confie des trésors de doctrine, de piété et de tendresse, comme on peut le voir par le Sermon sur l'Oraison (i*' mai 1622). Le saint Orateur touchait alors au terme de sa laborieuse carrière ; quelques mois seu- lement lui restaient à vivre, et ces quelques mois, il les employa à former au ministère de la prédication son frère Jean-François de Sales, qui lui avait été donné pour Coadjuteur.  III  Les Manuscrits dont nous avons parlé demeurèrent après la mort de notre Saint entre les mains de M*^"" Jean- François de Sales. Ce Prélat dut à son tour les léguer à son neveu Charles-Auguste, qui devint un peu plus tard Evèque de Genève. Sous l'épiscopat de ce dernier (1645- 1660), les démarches pour la Béatification de son saint Oncle furent poussées avec vigueur par la Mère  XIV Sermons Françoise-Madeleine de Chaugy, Supérieure du i" Monas- tère de la Visitation d'Annecy. Une quantité considérable d'Autographes furent distribués aux cardinaux et autres dignitaires qui s'occupaient de cette poursuite. C'est probablement alors que les Manuscrits des Sermons durent être divisés, et une partie de ce trésor resta entre les mains de la Mère de Chaugy. De grandes tribulations devinrent ici-bas la première récompense des grands travaux qu'elle avait soutenus pour la gloire de son bienheureux Père. Exilée d'Annecy par ordre du Duc de Savoie, Charles-Emmanuel II, elle emporta, comme suprême consolation , entre autres Autogra- phes, les Sermons du saint Evêque : ils la suivirent dans ses diverses pérégrinations aux Monastères de Seyssel, Montferrand, Crest et Carpentras. Enfin sonna pour cette illustre proscrite l'heure de la réhabilitation. Appelée à Turin par la Duchesse régente Jeanne-Baptiste de Nem.ours, elle fut élue bientôt après. Supérieure du Monastère de la Visitation de cette ville. C'est là qu'elle mourut le 7 septembre 1680, laissant comme un précieux héritage à cette Communauté hospitalière les Autogra- phes qui l'avaient accompagnée dans toutes les étapes de son exil. On les conserva dans ce couvent avec un respect que nous pourrions nommer excessif, car les Religieuses n'osèrent même pas ouvrir l'enveloppe qui les renfermait, si bien qu'elles en vinrent à ignorer la nature de ces Manuscrits ; la tradition s'établit que c'étaient seulement des feuillets du Traitté de V Amour de Dieu. Cette tradition se maintint jusqu'au 22 juillet 1867, où la recon- naissance et l'inventaire en furent faits par M*"^ Riccardi di Netro, Archevêque de Turin; le Prélat découvrit cin- quante-huit feuillets de Sermons latins (0. Au mois de janvier 1883, ils furent communiqués au i" Monastère de la Visitation d'Annecy. L'examen de  (i) Trois autres feuillets du même Manuscrit ont été découverts ailleurs, comme on peut le voir par la Table de provenance des Autographes, placée i la fin de ce volume.  Avant-Propos xv ces Autographes y excita une admiration telle, que si la publication d'une Edition complète et définitive des Œuvres de saint François de Sales n'eût été projetée depuis longtemps, cette découverte aurait suffi pour la déterminer. Mais à l'admiration, que de regrets se joi- gnirent quand on constata, par la pagination, que ce recueil devait renfermer au moins trois cent cinquante feuillets, et les cinq sixièmes sont introuvables ! De plus, il a existé un autre Manuscrit certainement aussi volu- mineux, dont il est impossible de saisir la trace ! Chaque feuillet, paginé de la main de l'Auteur au recto seulement , est encadré par un petit filet rouge ; les vingt-quatre premiers, outre le chiffre de pagination, portent un caractère alphabétique. L'écriture est régu- lière et généralement très soignée ; rien dans ces pages ne ressent la précipitation. On se convainc en les étu- diant, que tout, avant d'être écrit, a été médité et pesé ; par suite, il n'y a presque pas de ratures. Les signes de ponctuation figurent même assez ordinairement ; toutefois, c'est d'après des règles trop différentes de celles que l'usage actuel a consacrées, pour que nous ayons pu les reproduire exactement. Les abréviations constituent la difficulté la plus sérieuse pour la lecture du Manuscrit ; car, sûr de sa mémoire, le Saint se contente de représenter par deux ou trois lettres, des mots de quatre ou cinq syllabes ; c'est ainsi qu'il écrit Cor. pour Cornélius a Lapide, Ros. pour Rossignolius, Per. pour Pereira, etc. Ces abréviations ont été interprétées toutes les fois qu'elles auraient compro- mis la clarté du texte. Quelquefois l'Orateur place des accents sur certains mots latins, comme pour mettre da- vantage en relief l'idée qu'ils expriment ; d'autres fois, il intercale entre crochets quelque membre de phrase, ainsi qu'on peut le voir dans le fac-similé. Comme ces signes sont employés d'une manière assez irrégulière, et qu'il n'est pas possible par conséquent de préciser la portée que leur donne notre Saint, on n'a pas cru devoir les représenter dans le texte imprimé, dont ils auraient embarrassé la lecture.  XVI Sermons Il est intéressant d'étudier la distribution que l'Auteur a faite de son 3Ianuscrit. Au lieu d'écrire tous ses plans à la suite l'un de l'autre, dans l'ordre du temps où ils ont été prononcés, il suit le c^'cle de l'année liturgique. Et afin de mieux grouper et d'exploiter plus facilement tous les matériaux traitant du même sujet ou de la même solennité, il laisse entre chacun des sermons écrits la première année un certain nombre de feuillets en blanc, sur lesquels il insérera les années suivantes le discours composé pour la même occasion. C'est ainsi que se sui- vent immédiatement les prédications préparées pour cha- que fête ou chaque Dimanche. Quand l'espace laissé en blanc devient insuffisant, le Saint recourt à la première page restée libre, dans n'importe quelle partie de son volume; c'est ce qui explique comment le Sermon pour la Vigile de Xoël 1613 occupe le folio 2, et que le Carême de 1Ô18 est inséré sur les folios log et suivants, au lieu de se trouver après celui de 161 7, qui occupe les folios 228 et suivants'^'. Certains feuillets sont, du haut en bas, partagés en deux colonnes; d'autres fois, c'est seulement après l'exorde, écrit sur toute la largeur de la page, qu'est établie cette division. Ce qui reste du 3Ianuscrit, à partir du feuillet 300, paraît avoir été réservé pour des notes diverses, qui devaient être utilisées selon l'occasion dans la prépara- tion immédiate des discours ; l'Auteur y renvoie effecti- vement plusieurs fois. Les plus importantes de ces notes sont un recueil de Similitudes assez semblable à celui que nous avons mentionné dans notre Préface de V Intro- duction à la Vie dévote, p. xxxiv, note (i). C'est aussi dans cette partie du Manuscrit, attribuée aux matériaux qui n'ont pas encore reçu leur destination définitive, qu'est insérée la Sylva pro Quadragesima 16 ij. L'inter\-alle laissé libre à la fin de certaines pièces, et quelquefois aussi les interlignes, sont occupés par des additions écrites de la main de 3L^' Jean-François de  (i) La Table qui figure à la fin de ce volume, p. 436, aidera le lecteur i se rendre compte de cette distribution.  Avant-Propos xvii Sales. Ce sont, ordinairement, des extraits des Pères de l'Eglise, parfaitement adaptés au sujet traité dans la même page. Les plus intéressantes ont été reproduites en leur lieu sous forme de notes (O. Mais il eut été fastidieux de donner également toute une série de textes de saint Augustin transcrits par M*' Jean-François sur les feuil- lets i8o et i8r, laissés en blanc dans le recueil de son Frère. Il a paru suffisant de les indiquer dans une Table placée à la fin de ce volume (voir p. 437). En terminant la description du Manuscrit, une der- " nière remarque nous reste à faire. Alors que le saint Evèque emploie le plus assidûment ce recueil, ce n'est jamais d'une manière exclusive ; souvent encore, il revient au procédé de sa jeunesse, et recourt à ces pages de dimensions variées dont nous avons parlé plus haut. Parfois il arrive qu'une même série de discours est écrite partie sur le grand volume et partie sur des feuilles volantes, comme par exemple les homélies sur l'histoire du Patriarche Jacob, dont, malheureusement, il ne nous reste que des fragments. Nous rappelons à nos lecteurs que, pour les citations des saints Pères, c'est toujours à la Patrologie de aligne qu'ont trait nos indications. Parmi la multitude d'allu- sions faites aux Anciens et les nombreux adages cités par saint François de Sales, il en est dont on ne saurait exactement préciser la source ; car ils se retrouvent si- multanément dans divers auteurs, tantôt littéralement, tantôt avec des variantes insignifiantes. Telle est cette proposition : Sunt gradus ad impietatem, qui revient plusieurs fois. Et cette autre, Simia semper simia (p. 294), qui pourrait décider si elle est empruntée à saint Grégoire de Nysse {De Profess. Christ.), plutôt qu'à Lucien ou à Erasme ? Dans le doute, il a semblé mieux de ne pas hasarder un renvoi dont on ne peut garantir l'exactitude. L'orthographe du saint Auteur est soigneusement (i; Voir pp. 133, :S3, 18.1, 1S7, 2(7, 3.}8, 330.  XVIII Sermons maintenue ; et, comme dans le premier volume des Ser- mons (i), on a cru devoir représenter ici toutes les latitudes qu'il s'accorde dans l'emploi du latin. Ses indications des auteurs sacrés et profanes sont reproduites de la même manière qu'elles figurent dans les originaux, c'est-à-dire, ordinairement insérées dans le texte, et quelquefois ren- voyées en marge. Elles sont, dans ce dernier cas, impri- mées en caractères italiques, ainsi que les annotations marginales de l'Autographe. Quant aux autres indica- tions, les éditeurs seuls en sont responsables. Les traductions ont été faites avec le même soin et pour les mêmes raisons que dans le tome précédent, bien qu'elles puissent être superflues pour bon nombre de nos lecteurs ; mais les érudits nous pardonneront, si nous inspirant des sentiments de notre Saint, qui s'esti- mait redevable aux ignorants comme anx savants, nous avons voulu mettre ses Sermons à la portée de tous. Il faut avouer néanmoins que ce travail n'a pas été sans offrir bien des difficultés. L'Orateur n'écrivait que pour lui seul ; en conséquence, un mot, le plus souvent, résume toute une pensée, représente toute une argumentation ; on est donc obligé de compléter ce qu'il énonce à peine, de deviner ce qu'il sous-entend. iMais dans toutes les occasions où, pour la clarté de la traduction, il a fallu ajouter des mots qui ne se trouvent pas dans le texte latin, ces mots sont insérés entre crochets. Quant aux mots français intercalés par le Saint dans ses phrases latines, toutes les fois que le sens permet de les isoler facilement du contexte, au lieu de les répéter dans la traduction, on les y a remplacés par des points de sus- pension. Lorsque, au contraire, ils font partie intégrante de la phrase, ils ont été maintenus dans la traduction. Nous résumerons ce qui pourrait être dit sur ce second volume des Sermons de saint François de Sales en affir- mant qu'il est la mise en action des grandes règles de la prédication évangélique, tracées par l'Apôtre à son { I ) Voir l'Avant-Propos, p. xiv.  Avant-Propos xix disciple Timothée : Prœdica verbum; însta opportune, importune ; argue, obsecra, increpa, in omni patien- tia et doctrina. Notre Docteur prêche en tous temps et en tous lieux; mais sa prédication n'est jamais inoppor- tune parce qu'elle est assaisonnée de sagesse, de charité, de douceur. Ses auditeurs seront gagnés par l'onction de sa parole, parce que, d'avance, ils ont été subjugués par le charme de sa vertu. Soit que le saint Evêque reprenne avec force, qu'il épouvante le pécheur par la menace des jugements de Dieu, soit qu'il s'abaisse au ton de la prière et emprunte les accents touchants et persuasifs d'une tendre mère s'adressant à ses enfants, il gagne les cœurs et triomphe de toutes les résistances. Toujours il enseigne avec toute patience et toute science ', il ne se lasse pas de redire les mêmes vérités, mais, pour les rendre plus attrayantes, il a soin de les présenter sous des formes variées. Eniin, selon qu'il le recommandait lui-même après saint Bernard, son zèle est « enflammé de charité, embelli de science, affermi « de constance. » Heureux les fidèles qui sauront goûter les enseignements d'un tel Maître , et plus heureux encore les orateurs sacrés qui sauront se former sur un aussi parfait Modèle ! DoM B. MACKEY, O. S. B.  AVIS AU LECTEUR  Les quatre-vingt-quîn:(e pièces contenues dans ce volume, neuf excep- tées, sont inédites. Toutes sont reproduites d'après les originaux, sauf les numéros CL, CLVHI-CLX. (Voir la Table de provenance, p. ^^5, et les notes placées au commencement de ces quatre Sermons.) Les Auto- graphes peuvent se diviser en deux groupes : ceux qui occupent des feuilles détachées (voir ci-devant, pp. ix, x, xiij, xvij) et ceux qui appartiennent au grand Manuscrit de Turin. Ces derniers se distinguent dans la présente Edition par l'indication de la pagination du Manuscrit, qui figure toujours en caractères italiques et entre ( ), en regard de la première ligne du texte ou du titre pris sur V Autographe (voir p. 26). Le Saint désignant ordi- nairement les folios de son Manuscrit sous le nom de page, les éditeurs se sont conformés dans leurs renvois à cette dénomination. Le texte étant le plus souvent entièrement latin, les traductions, dont les éditeurs sont seuls responsables, sont données au bas des pages sans indication de correspondance. Mais quand dans le latin sont intercalées des phrases françaises, on a dît recourir à une lettre de renvoi ; elle est placée à la fin du texte latin, et quelquefois au commencement, mais dans le cas seulement où ce texte s'étendrait sur deux pages différentes. Malgré les titres que, pour la régularité de l'ensemble, les éditeurs ont du attribuer à chaque Sermon, ils ont encore soigneusement reproduit, mais en autres caractères, ceux qui sont écrits par le Saint (voir p. 4). Quelques mots et certains chiffres suppléés par les éditeurs sont insérés entre [ ]. On a cru pouvoir, sans recourir à ce procédé, ajouter, lors- qu'elle avait été omise par V Ardeur, l'indication du verset pour le texte placé en épigraphe ; mais quand l'indication du chapitre même manquait, le tout a été suppléé entre crochets.  PREMIÈRE SÉRIE  SERMONS REPRODUITS D'APRÈS LES AUTOGRAPHES  LXVI  SOMMAIRE d'un SERMON POUR LE MERCREDI APRÈS LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME 10 mars 1604 (i) (Inédit) Magister,voluinus a ie signum videre. Generafio prava et adultéra, etc. [MaTT., XII, 38, 39, XVI, 4.] Nunquam solidiori cibo usi sunt Israelitae quam dum manna uterentur ; et tamen murmurant, et alium expe- tunt* : mille miraculis fulg'ebat, et tamen adhuc expe- 'Nuqi., xi, 4-6. tunt. Videtur Christus reprehendere istos quod signa pétant?  Maître, nous voulons voir un miracle de vous. Une génération méchante et adultère, etc. Les Israélites n'usèrent jamais d'aliment plus solide que lorsqu'ils Se nour- rissaient de la manne ; ils murmurent cependant et en demandent un autre : Jésus s'était illustré par mille miracles, et cependant ils en exigent encore. Le Christ ne semble-t-il pas leur reprocher de demander des miracles r Et ( I ) La simple confrontation des lettres autographes de saint François de Sales datées de 1604 avec l'original des quatre sermons suivants suffirait à démontrer que ces derniers remontent au célèbre Carême de Dijon. Cette Serm. U i  2 Sermons autographes Tantum , quomodo ? An non merito a Christo signa petunt et expetunt ? Ut res intelligatur, notate Deum verbis suis fidem conciliare solitum miraculis , et maxime ubi aliquid *Exod., IV. novi pronunciat. Videte in Moyse *. Sic Christus tam necessaria illi fuisse miracula, ut Si opéra non fecis- sem qtiœ nemo aliiis fecit, peccatuni non haberent ; * Vers. 2.1. Tq I r *• Is, kt. **. Deinde, miracula sunt Ecclesiae dos : •*Vers. 12. J ) JO * T-r *Marc.,uit., 17. Signa eos qui crediderint^. ut autem haec intelli- gantur, sanctitatem Ecclesiae divido : Omnis gloria * Ps. xLiv, 14. filiœ régis ah intiis, in fimbriis aurais^, etc.; verum •Cant.iv, II. odor vcstiuientorum'^ , etc. Sic Isaac, odore filii**, etc. Gen., XXVII, 27. Antichristits. Vide jNIanuscriptum ( 0.  comment cela? N'ont-ils pas raison de demander, de réclamer des miracles du Christ ': Afin de comprendre ce point, notez que Dieu a coutume de faire des mira- cles pour accréditer ses paroles, surtout lorsqu'il annonce quelque chose de nouveau. Voyez Moïse. Il en est de même du Christ, qui déclare ses miracles si nécessaires que si Je navals pas fait, [dit-il,] parmi eux des œuvres que nul autre n'a faites, ils ti auraient point de péché. Ensuite, les miracles sont une prérogative de l'Eglise : Des prodiges [accompagneront] ceux qui auront cru. Pour faire saisir cette vérité, je considère la sainteté de l'Eglise sous deux aspects : Toute la gloire de la fille du roi est au dedans, avec des franges d'or, etc.; mais le parfum des vêlements, etc. De même Isaac, au parfum de son fils, etc. Voir le Manuscrit.  conjecture devient une certitude si l'on se souvient que dans son Epistre sur la Prédication (§ 5), notre Saint lui-même dit avoir prêché pendant ce Carême un discours dans lequel il est impossible de ne pas reconnaître notre n° LXIX. Or, si ce sermon a été prêché pendant la station de Dijon, les précédents remontent certainement à la même époque ; car les Autographes de ces quatre discours sont de format et d'écriture absolument identiques, bien qu'ils constituent deux cahiers différents, qui ne nous sont pas intégralement parvenus. Une liste de textes, écrite sous forme de table des matières, sur le verso du dernier feuillet de ces cahiers, permet de juger de leur contenu. Dans la première liste on lit : Magister volumus a te signum videre — De piscina et œgroto — De Quis ex vobis arguet me de peccato — De Ductus est Jésus in desertum ut tentaretur — Hypocrita: henc prophetavit de vobis Isaias — De Samarilana. Sur la seconde : i. Quarrefis me — 2. Super calhcdram Mnjsi — j. Sedere autem ad dexteram meam, etc. ( I ) Selon toute vraisemblance, le Manuscrit ici mentionné serait celui des Controverses. 'Voir tome I-'' de la présente Edition, pp. 9S. <)f), ici, 10.4.)  I  LXVI. Mercredi après le i<"'' Dimanche de Carême 3 Quare ergo improperat? Quia hipocritœ erant. Magis- ter, volumiis videre. Sic c. 4. Jo.* : Nisi signa, etc. "Vers. 48. Sic Thomas : Nisi videro *. Credendum Ecclesiae, et * Joan., xx, 25. nimia sollicitudo ex pertinacia est. Articulas est sapien- tiae. Generatio prava, atque perversa, adultéra"^. *in loco, et Deut, Videntes non vident* : excœcatio, ut Pharao, ut Saûl, ^Matt-^xin, 13. ut Judas. Odio habuerunt me gratis'^. Esclaire ou *joan., xv, 25. chelidoyne aux ictericz*. Prœoccupés. Unde : Generatio »Mattioii,inDios., prava et adultéra. Oculi ttii columhariim *. Nous icanti^^'^iv, ^■^ cherchons l'eau en la mer. Seneca et sa chambrière*. *Cf.Dio,Histor.,i. Multi dicunt : Qtiis ostendit nobis bona* f ^Ps.^'iv 6. Verum difficillima est interpretatio. Et signum non dabitur ei nisi signiun Jonœ- Prophœtœ. i°-, multo- rum : id est, Christi resurrectio, etc. Verum multse hic sunt difficultates ; quia non eis magis resurrectio quam ascensio, aut mortuorum *, etc. 2". Nisi signum Jonœ • Lucae, xvr, 31. Prophœtœ : id est, nisi signum condemnationis, quia -Comm.Tn Mktt. viri Ninivitœ surgent*; Hilnrius*'-^' et Ka\dona.tus***. i°.l°'^^'"- ° ^ "In locum Matt. 3*. Id est, nuUum : minse, ruinas: adhuc quadraginta •Jonœ, m, 4. dies'^y etc. Adhuc quadraginta anni. Pauson **, Au- deDieu',x.i\,^^.i\\ gustus* : O quam vellem ! ^fë^sl'nec'n, De Brev. Vit.-e, § v.  Pourquoi donc Jésus les blânie-t-il? Parce qu'ils étaient hypocrites. Islaitre, MOUS voulons voir. Ainsi, en saint Jean, chap. iv : Si [vous ne voye\] des miracles, etc. Ainsi Thomas : Si je ne vois. Il faut croire à l'Eglise, et une trop grande inquiétude provient d'opiniâtreté. C'est une maxime de la sagesse. Une gênerai ion nicchante , perverse, adultère. Voyant, ils ne voient pas : aveuglement, comme Pharaon, comme Saiil, comme Judas. Ils m'ont liai sans sujet... De là : Une génération méchante et adultère. Tes yeux sont ceux des colombes... Beaucoup disent : Qui nous montre le bien ? Mais l'interprétation est très difficile. Et il ne lui sera donne d'autre signe que celui du Prophète Jonas. V^ interprétation, celle d'un grand nombre : c'est-à-dire la résurrection du Christ, etc. Mais il y a là de nombreuses diffi- cultés ; car la résurrection [du Christ] n'était pas plus un signe pour eux que son ascension ou [la résurrection] des morts, etc. 2"'<=. Si ce n'est le signe du Prophète Jonas; c'est-à-dire, 5/ ce n'est le signe de la condamnation, car les hommes de Ninive se lèveront. 3"". C'est-à-dire, aucun : menaces, ruines; encore quarante jours, etc. Encore quarante ans. Pauson. Auguste: Oh que je voudrais!  LXVII FRAGMENT D'L'N SERMON POUR LE VENDREDI APRÈS LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME 12 mars 1604 (Inédit)  DE PISCINA ET ^GROTO { I )  *Joan., V, 1-14. Qui sunt languentes, cseci, claudi, aridi*? Caeci : non vident infidèles ; claudi, vel irascibili vel concupiscibili; aridi : tepidi, vel originale peccatum. Omnia peccata Baptismo lavantur. Qitinqtie porticus : quinque libros Pentateuchi, vel quinque sensus. Vel quia Judei et Gentiles cseci, claudi in altero pede, aridi.  LA PISCINE ET LE MALADE Quels sont les malades, les aveugles, les boiteux, les infirmes dont les membres sont desséchés ? Aveugles : les infidèles ne voient pas ; boiteux, dans l'appétit irascible ou dans l'appétit concupiscible ; desséchés : les tièdes, ou encore ceux qui demeurent dans le péché originel. Le Baptême lave tous les péchés. Lesc/w(7 portiques : les cinq livres du Pentateuque ou les cinq sens. Ou bien parce que les Juifs et les Gentils sont aveugles, boiteux d'un pied, desséchés spirituellement. (i) Pour tous les titres de sermons imprimés en ce caractère, voir l'Avis au lecteur. Bien que le commencement de ce sommaire ne leur soit pas parvenu, les éditeurs ont pu en toute assurance suppléer le titre latin, moyennant la liste BJgnalée ci-dessus, p. a, note.  LXVII. Vendredi après le i" Dimanche de Carême 5 Et qui prior descendebat, sanus fiebat a quacum- que infirmitate. In remissiotiem peccatorwn *. Unde * Act., n, 58. Christiani pisces, et Christus lydj;, piscis *. Faciam vos •s.Aug.,DeCivit., /-,..•. 7'±'' !• XVIII, c. XXIII. ftert piscatores homtnum *. • Matt., îv, 19. lh\ Sîimtis fili L Deî*. Perles. Jam homo ille triginta *Joan.,i,i2; Rom., et octo. Inveteratum morbum, potentiam morbi, etc. '' ''*' ' Hune ciim vidisset. Respice in me, et miserere mei*. Prœvenisti eum in benedictionibiis'^*. Non «Ps' xx'^' '^' snrciMs su ffici entes*. Confessio : Et cognovisset quia * ii Cor., m, 5. jâm multum tempiis haberet. Unde plerique, Chris- tum eum interrogasse de sua segritudine, imo de causa, unde dicit : Noli amplius peccare*. Propositum. Vis * Vers. 14, sanus fieri ? Examen. Toile grabatum tuum, etc. ^jouje ,„ Ninivitae*. Pauson **. "Vide supra, p. 3.  Et celui qui descendait le premier était gii'ri de toute infirmité. Pour la rémission des péchés. Aussi les Chrétiens sont-ils appelés poissons, et le Christ ty6û;, poisson, y? vous ferai devenir pécheurs d'hommes. Là, nous sommes enfants de Dieu... Cet homme souffre depuis trente-huit ans. Mal invétéré, puissance de la maladie, etc. Lorsque [Jésus] l'eut vu. Regardez-moi et aye^ pitié de moi. Vous l'ave^ prévenu de bénédictions. Nous ne sommes pas capables. Confession : Et qu'il connut quil était malade depuis longtemps. Plusieurs donc pensent que le Christ l'avait interrogé sur sa maladie et même sur les causes de son mal, voilà pourquoi Jésus dit : Ne pèche plus désormais. Bon propos. Veux-tu être guéri? Examen. Prends ton grabat, etc. Ninivites. Pauson.  LXVIII PLAN D'UN SERMON POUR LE LUNDI APRÈS LE DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME It mars 1604 Quœretis me et non invenietis ; et in peccato vestro moriemini. [JoAN., vu, 34, vin, 21.] Severe menace, horrible propos ! Sed quomodo potest a tam benigno Pâtre proficisci ? Sensum litteralem hune esse credo : verum Messiam negligitis, me in aliis quœretis, etc. Verum quia etiam intelligitur de eorum morte in peccato, videamus: 1°. Quale malum mori in peccato. • Vers. 23, 30-32. Ezech. 18 * : Nunquid voluntatis meœ est mors impa, et non ut convertatur et vivat? Convertimini, et agite pœnitentiam ab omnibus iniquitatibus ves- tris, et non erit in ruinam iniquitas. Quare morie- mini, domus Israël? Quia nolo mortem morientis, dicit Dominus Deus ; convertimini et vivite.  Vous tue chercherez et vous ne me trouvère^ pas ; et vous mourrez dans votre péché. Sévère menace, horrible propos ! Mais comment peut-il venir d'un si bon Père ? Je crois que le sens littéral est celui-ci : vous laissez de côté le vrai Messie, vous me chercherez dans d'autres, etc. Mais comme on entend aussi ce passage de leur mort dans le péché, voyons : I. Quel mal de mourir dans le péché. Est-ce que je veux la mort de T impie, et non qu il se convertisse et qu'il vive? Convertissez-vous et faites pénitence de toutes vos iniquités, et l'iniquité ne causera pas votre ruine. Pourquoi mourre^-vous. maison d'Israël? Car je ne veux point la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur Dieu ; convertissez-vous et vive:.  LXVIII. Lundi après le W Dimanche de Carême 7 Non continebit in ira sua misericordias suas; [Ps.l 76*. In ira sua; ut in die judicii. Nunquid * Vers. 10. obliviscetur miser eri Deus''? Et rémunérât ultra con- * ibid. dignum : Miser ationes ejus super omnia opéra ejus; [Ps.] 144*. Misericordiam et judicium''*'. Tamen '.pJ^'^-^^J,,^ ^^ seterna erit pœna. i"^ ratio : Quia Deus offensus est. Dereliqtiisti Do- minum Dewn tuum *. Dereliquerunt me fontem ' ]^rem.,n, i-j. aquce vivœ^. Tibi soli peccavi, etc., ut justifiée- • ibid., y. 13. ris *, etc. 2" : Quia peccator in eo statu se ponit in quo ex * Ps. l, 6. natura actus débet esse in seternum. Ibi ergo maneat. 3'' : Quia peccator habet voluntatem aeternam peccandi ; nam si sciens se moriturum peccat, quid faceret si sciret se non moriturum ? Dimisit eos secundum desideria cordis eorum *, etc. ' ^'- '■''''''' '^^ [2°.] QusB faciant nos mori in peccatis. [i^ causa est] falsitas pœnitentice. Similis est falsa verœ; ciguë et persil. Ut autem hanc evitetis, dabo duo signa. Sit intégra : Co7ivertimini ad me in toto corde*; In toto corde meo exquisivi te** ; Clamavi • joei, n, 12. . . j "W ' J^s, CXVIII, 10. in toto corde*. Contra hanc conditionem, etc. : i. J>li- » ibid., ji-. 145- chol, I Reg. 19. 2. Item, qui retinent. Sophoniœ * : » Cap. i, 5.  Datts sa colère, il ne contiendra pas ses miséricordes. Dans sa colère; comme au jour du jugement. Dieu oubliera-t-il d'avoir pitié ? Et il récompense au delà du mérite : Ses commisérations surpassent toutes ses œuvres. La miséri- corde et le jugement. Cependant la peine sera éternelle. i« raison : Parce que c'est Dieu qui a été offensé. Tu as al.indonnè le Seigneur ton Dieu. Ils m'ont abandonné, moi, source d'eau vive. J'ai p.'ché contre vous seul, etc., afin que vous soye^ reconnu juste, etc. 2™= : Parce que le pécheur se constitue en un état dans lequel parla nature même de son acte il doit éternellement demeurer. Qu'il y reste donc. 3'"« : Parce que le pécheur a une volonté éternelle de pécher ; car sil pèche sachant qu'il est mortel, que ne ferait-il pas s'il se savait immortel? Il les a abandonnés aux désirs de leur cœur, etc. [2.] Ce qui nous fait mourir dans le péché. [La première cause est] que la pénitence est fausse. La fausse ressemble a a vraie... Pour vous faire éviter la fausse, je vous donnerai deux signes de la vraie. Qu'elle soit entière : Convertissez-vous à moi de tout votre cœur; Je vous ai cherché de tout mon cœur; J'ai crié de tout mon cœur. Contre cette condition, etc. : i. Michol. 2. De même, ceux qui retiennent. Qui  8  Sermons autographes  * I Reg., V, 2. Qui Jurant in Dec et jurant î7i Melchon. Dag-on et "Plin., Hist. nat., . a a -i x- ** /-> • . T-. 1. X, c. m. Laure- Arca ' . Aquila aquatica**. Continuatio, non récidiva; SSÏ^"^^^'^"'"' ^"^^^ •• Juravi et statui* ; Benedicam in omni tem- » Ps. cxviii, io6. pore*. (O Peccatum meiun contra me est semper ; Amplius lava me*. 3Iulier Loth **.  * Ps. XXXIII • Ps. L, 5, 4. *'Gen., XIX, 26.  • Ibid., XXV, 32.  • Ps. xciii, 19. • Ps. XXIV, 8. *'Ps. LXXII, I. • Ps. cxviii, 103.  2^ causa est falsus timor de pœnitentiœ asperitate ; falsus, nam peccator gaudet et dolet, ut simia nucem. Apes mel excellentius ex thimo. En morior, quid mihi proderunt primogenita * ? Secundiim multitudinem dolorum meorutn in corde meo, consolationes tuce lœtificaverunt animani *. Dulcis et rectus Domi- nus*. Ouam bonus Israël**. Ouam dulcia faucihus meis * 1  jurent par Dieu et jurent par Melchom. Dagon et l'Arche. Aigle aquatique. Qu'elle soit continue, sans rechute ; elle dure : J'ai juré et établi; Je bénirai en tout temps. Mon péché est toujours devant moi. Purifier-moi encore plus. La femme de Loth. La deuxième cause est une fausse crainte des rigueurs de la pénitence ; fausse, car le pécheur se réjouit et s'attriste, comme le singe qui mange une noix. Les abeilles tirent du thym le meilleur miel. Voici que je meurs, à quoi me servira mon droit d'aînesse ? A proportion de la multitude des douleurs de mon cœur, vos consolations ont réjoui mon âme. Le Seigneur est doux et juste. Que Dieu est bon a Israël! Que vos paroles sont douces a mon palais !  (r) Une troisième condition de la pénitence avait été indiquée ici par les mots Recta intentio, que le saint Auteur a biffés ensuite dans l'Autographe.  LXIX PLAX d'un sermon POUR LE MERCREDI APRÈS LE DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME 17 mars 1604 ( Inédit ) Sedere atiiem cid dexteram nieam, etc. [Matt., XX, 23.] Mira ambitionis rusticitas ! Loquitur de Passione Do- minus, ista accurrit *. Musica in Inctu impoî'tuna • Matt., xx, 18-20. narratio *. * Eccii., xxii, 6. Incipiendum a fine. Non est ineiim dare vohis, ut hominis, nam id Dei est; Aug. * Xunc nam veni •DeTrin.,i.l,c.xn. invitare ad pugnam ; Ambros.* Vobis, cognatis, peten- •DeFide,i.v,c.vi!. tibus qui nondum meruistis (Remigius*; « superbis »), •Remig.Antissiod., , ., , , .1,1 •.• -VT -j . hom. XI, post med. sed quitus par atîim, id est, bene mentis, rsam videtur alludere ad id quod dicturus erat * : Possidete para- *Matt.,xxv,34,35. Uim vobis regnum; esurivi enim, etc. Psal. 61* : Tu 'Vers. uit. reddes unicuique secundum opéra sua. Mat. 16*: • Vers. 27. Filius hominis venturus est in gloria Patris, et tune reddet unicuique. Ro. 2 * : Thésaurisas tibi iram in "Vers. 5, 6.  Mais d'être assis à ma droite, etc. Etrange rusticité de l'ambition'. Le Seigneur parle de sa Passion, cette mère accourt. Un r:cit inopportun est comme une musique pendant le deuil. Il faut commencer par la fin. Ce n'est pas a moi, comme homme, de vous raccorder, car ceci relève de Dieu ; saint Augustin. Pour le moment, en effet, je suis venu appeler au combat; saint Ambroise. A vous, parents, qui demandez et n'avez pas encore mérité (Rémi, « orgueilleux ••), mais à ceux pour qui il a été préparé, cest-à-dire, qui ont bien mérité. En effet, il semble faire allusion à ce qu'il allait dire : Possède^ le royaume qui vous a été préparé ; car f ai eu faim, etc. Vous rendre^ à chacun selon ses œuvres. Le Fils de r homme viendra dans la gloire de son Père, et alors il rendra à chacun.  lO  Sermons autographes  * Vers. 12.  * Vers. 17.  * Vers. 10, ' In locum Lucse.  •Cf. Tr. de V Am.de Dieu, 1. XI, c. VI. • Cf. ibid. **Vers. 15-17. •**In locum Lucae. * Ps. XV, 2. • Quasst. Evang., 1. II, c. XXXIX ; Sermo cCLXviii, in Appen. * Serm. de Pœn. et Confess. (in antiq. edit.); cf. hom. m, in Vidi Domimim. * Matt.,xxv, 21, 23. "In locum Lucae. • Ex Horat., Epist. XVI, 46, 48. •IIIReg., I.  die irœ, et... j'iisti... qui reddet, etc. Apoc. ult. * : Ecce venio cito, et merces mea mecum est, reddere unicuique. 2. Cor. 4* : Levé hoc et momentaneiun tribulationis nostrœ, supra modum in sublimitate œternutn gloriœ pondus operatur in nobis. (OLuc. 17 * : Cum feceritis haec oninia, dicite : Servi inutiles sumus. Amb.* : Ex natura. Nostro nam quicquid habemus ex Deo est ; utilitas ergo ex Deo. Purpura *. Et qui loquebatur mecum, habebat men- su.ram arundineam auream; mensura liominis, quce est mensura Angeli* ; [Apoc.,] 21**. Beda***: Deo, non nobis, quoniam bonorum nostrorum non eget *. Aug'. * : Quia per se mancipia sumus, meremur quia ita vult Deus. Chrisost. * : Dicite ; dit ego non dicam, sed euge, serve bone et fidelis*. Beda** : Minus meruimus quam accipiemus ; ultra condignum. Bern., divinement, 1. de Prœcepto et Dispens., c. 19 : « Non feci furtum. Non pasces in cruce corvos*. » Bersab., Adonias, Abisag. *  Tu t'amasses un trésor de colère pour le jour de la colère, et... du juste... qui rendra, etc. Voilà que je viens bientôt, et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun. Notre trihulation présente, légère et momentanée, opère en nous sans mesure dans la sublimité un poids éternel de gloire. Quand vous aure^fait tout cela, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles." Saint Ambroise : Par la nature. Car tout ce que nous avons vient de notre Dieu ; c'est donc par Dieu que nous sommes utiles. La pourpre. Et celui qui me parlait avait jin roseau d'or pour mesurer ; mesure d'homme, qui est la mesure de VAnge. Saint Bède : Pour Dieu, non pour nous, parce quil n'a pas besoin de nos biens. Saint Augustin : Parce que nous sommes esclaves par nature, nous ne méritons que par la volonté de Dieu. Saint Chrysostôme : Dites; pour moi, je ne le dirai pas, mais courage, bon et fidèle serviteur. Saint Bède : Nous avons moins mérité que nous ne recevrons ; au delà de notre mérite. Saint Bernard, divinement, liv. du Précepte et de la Dispense, chap. xix : « Je n'ai pas fait de larcin. Tu ne seras pas, sur le gibet, la pâture des corbeaux. « Bersabée, Adonias, Abisag.  ( I ) Il est facile de reconnaître dans ce paragraphe les « six interprétations » qui, mentionnées par notre Saint dans son Epistre sur la Prédication, ont permis de constater que ce sermon a été prêché à Dijon pendant le Carême de 1604. Voir note ( i ), p. i.  LXIX. Mercredi après le n« Dimanche de Carême  (0 Simia humilitatis ambitio. Taurus, avis minima, bovem imitatur **. Daemocrates **. Accius poeta, sta- tuam *^. Anthistenes cynicus**. Crocodilus *5. Arbores folia invertentes *^. Caméléon *^. Agrippina *®.  L'ambition est le singe de l'humilité. Le taurus, très petit oiseau, veut ressembler au bœuf. Démocrate. Le poète Accius et sa statue. Le cynique Antisthène. Le crocodile. Les arbres qui renversent leurs feuilles. Le caméléon. Agrippine. ( r ) Ces indications si brèves qu'elles paraissent incohérentes, indiquent des termes de comparaison dont le Saint aimait à tirer des conclusions pratiques. On les retrouvera avec quelque développement dans un sermon prêché à Grenoble pour la même férié pendant le Carême de 1617.  •iPlin.,Hist.,nat., l.X, c.xLii^a/. Lvn). ** ^lianus, Variae Hist., 1. IV. •5Plin.,l. XXXIV, c. V (al. x). ** Diog. Laert., De Vit. et Dogm. Phi- los., Antisthenes. •=^Plin., 1. VIII, c. XXV (al. xxxvii). *« Ibid.,1. XVIII, c. XXVIII (al. Lxviii). '7 Ibid., 1. VIII, c. XXXIII (al. Li). *' Taciti Annal., 1. XIV, c. IX.  LXX PLAN d'un sermon SUR LA SAINTE COMMUNION 1604 (i) (Inédit) Praeparation, L'intention : obéir, s'unir a Dieu et au prochain. Le désir : [pour] obéir, pour l'amour, pour Ihonneur, pour le besoin. Attention au mistere, a ce quil représente, a ses effectz. Exercice : amour, valeur, prières. Naaman : Si dixisset tibi rem grandem^^) \ c. 5. • Vers. 13. 4 Reg. * •joan.,vi, 57. Pour s'unir a Dieu, (b) In me inanet et ego in eo *. » Gen., Il, 2^. Nulla major unio quam cibi. Eruiit duo in carne una *. Unde beatitudo csenae et manducationi comparatur. Job : * Cap, XXXI, 31. Quis det de carnibus ej'iis tit saturemur*? Sponsa :  (a) Naaman : Quand même il f aurait dit une chose difficile. [h] Il demeure en tnoi et moi en lui. Nulle union plus grande que celle de la nourriture. Ils seront deux en une seule chair. C'est pourquoi la béatitude est comparée à un souper et à une manducation. Qiii nous donnera de nous ( I ) L'écriture, le mode de développement des pensées et diverses autres spécialités donnent à croire que ce sermon remonte à l'année 1604. Peut-être ne serait-il pas téméraire de supposer qu'il a été prêché à Dijon devant ce groupe d'âmes choisies qui, en dehors des prédications quadragésimales, réclamaient avec tant d'avidité les enseignements du saint Evêque de Genève. Une partie de l'Autographe a été coupée. Cette lacune est signalée par des ...  LXX. Sur la sainte Communion 13 Fasciculus mirrhœ Dilectus meus inihi, inter ubera mea commorabitur *. Quam hoc belle dicere possumus ! * Cant., i, 12. Pauper habebat tantum unam oviculam ; emerat, nutriverat : de ejus pane manducans et bibens de calice, dor miens in sinn suo *. Similitudo cerae ; • 11 Reg., xn, 3. Cyril. * Fermentum ; Cyrill, ** Cyp. *** : malagma. in)oan.^1n -vi^^y]'. Cum proximo. Omnes uniim corpus sumus, qui de IIi!^"^>, ,t . ^ ^ ' rL ***De Cœna. (Inter uno pane participamus* et de uno calice participa- dubias. Cyp. Vide mus. Hic de ovicula David ; 2. Reg. 12 *. Ut flores uni *"Rom° xîi^ ^"''l arbori adhaerentes, ut gemmae uni coronae. Hinc omnes ?vers'^\7supra) sumus consanguinei, quia uno corpore et uno sanguine vegetamur ad vitam seternam.  Baltazar, vasa sacra ; Dan. 5 *. * Vers. 2-4. Ad Passionem : Quotiescumqne feceritis, niortem Domini annunciabitis donec veniat *. Cecidit in * i Cor., xi, 26. deserto manna, et idem manna servatum est in vase aureo ; Heb. g *. Cum eo erat virga Aaron (crux) et * Vers. 4. tabulœ, etc.* Hinc Helias sub iunipero**. Hinc Ex. * ^^i'^- * o. • -A • "III Reg., XIX, 4-8. 12.* prsecipitur : Si dicant vobis ; Agnus paschalis. * Vers. 26, 27. Miscui mirrham cum lacté meo *. 'Cant-jV, i.  rassasier de sa chair? L'Epouse : Mon Bien- Aimé m'est un faisceau de myrrhe, il demeurera entre mes mamelles. Avec quel à propos pouvons-nous dire ceci! Un pauvre avait seulement une petite brebis ; il l'avait achetée, nourrie : elle mangeait de son pain et buvait de sa coupe, dormait sur son sein. Similitude delà cire; saint Cyrille. Levain; saint Cyrille. Saint Cyprien : épithème. Avec le prochain. Nous sommes tous un seul corps, nous qui participons à un seul pain et à un seul calice. Introduire ici cette histoire de la petite brebis de David. Comme les fleurs adhérentes au même arbre, comme les pierreries d'une même couronne. C'est pour cela que nous sommes tous frères, parce que par le même corps et le même sang nous sommes nourris pour la vie éternelle. Balthasar, vases sacrés. A la Passion : Toutes les fois que vous le ferez, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu'il ce quil vienne. La manne tomba dans le désert, et la même manne fut gardée dans un vase d'or. Avec elle il y avait la verge d' Aaron (la croix) et les tables, etc. Pour cela, Elie [se trouve] sous le genièvre. Pour cela, il est ordonné dans l'Exode, xii : S'ils vous demandent, etc ; Agneau pascal. J\u môle la myrrhe avec mon lait.  14 Sermons autographes Ad Cselum : Lœtattis sum in ils quœ dicta sunt * Ps. cxxi, I. mihi* : Vivet in œternum **. Qui se nobis dat in manna joan.,vi, 52. abscondite, etc., caetera dabit postea in aperto. Jonathas •I Reg.,xn', 27. comedens mel apertos habuit oculos *. Cognovenint * Lues, uit., 35. eum in fractione panis *. •Cant., uit., 6. Pone me ut signaculnm , etc.* Dilectus meus •ibid., Il, 16. mihi'^, etc. Maintenant mon mari m'aimera ; Lia, •Vers. 32. Gen. 29 *. Valeur. (=1) Elephas viso sanguine sumit animos. Et * III Reg., XIX, 7. Helise : Grandis tibi restât via *. Panis cor Jiominis ♦Ps. cm, 15. confirmet *. Non timebo mala quoniam tu mecum •Ps. xxii, .1. eas *. 5/ tu viens avec moi, firay; Barac a Debora, * Vers. 8. Jud. 4 *. * Post médium. Pricres : Molossiens; Plut., in Theniist.^'\^) Respice in ' Ps. Lxxxm, 10. faciem Christ i tui *. Moly, dodecatheon, in aqua epota, omnibus medetur morbis ; difficulter eruitur ; [Plin., Hist. nat.,] 1. 25. c. 4.  Au Ciel : Je me suis réjoui des paroles qui m'ont ctî dites : Il vivra éter- nellement. Celui qui se donne à nous dans la manne d'une manière cachée, nous donnera ensuite le reste à découvert. Jonathas mangeant le miel, eut les yeu.x ouverts. Ils le reconnurent à la fraction du pain. Pose-moi comme un sceau, etc. Mon Bien-Aimé est à moi, etc. (a) L'éléphant voyant le sang reprend ses esprits. Et à Elie : // te reste un long chemin. Que le pain fortifie le cœur de Phomme. Je ne craindrai point les maux parce que vous allez avec moi. (b) Regarde^ en la face de votre Christ. Le moly, dodécathéon, bu dans l'eau, guérit toutes les maladies ; difficile à extirper.  LXXI PLAN D'UN SERMON POUR LE DLMANCHE DE LA PASSION 12 mars 1606 (i)  Qiiis ex vobi's argiiet me de peccaio ? Si veritafettt dico vobis, qtiare non creditis mihi? Qui ex Deo est, verba Dei audit ; propterea t:os non audi- tis quia ex Deo non estis. [JoAN., viii, 46, 47.]  Initio proponitur historia Josue, VI, de civitate Hieri- cho expugnata per sacerdotes portantes Arcam fœderis et buccinis concrepantes *. Arcam fœderis portaré est * Cf. supra, vol. I, legem implere, juxta illud : Jtigum enim meiim suave p^' ^ ' ^ et omis meum levé*. Digito autem siio nolunt ea * Matt., xi, uit. movere *. Buccina est verbum Dei. Nunc Christus expu- * Ibid., xxm, 4. gnaturus Hierico, lunaticam hanc civitatem mundi *, » Vide interprétât. ,. , . , T \ r j • nomJericho('/K«jJ ostendit se veluti alterum Josue portasse Arcam tœderis 3^ cale. Bibl. et legem implesse, Qiiis ex vobis arguet me depcccato ?  Qui d'entre vous me convaincra de pêche? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croye;-vous point? Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu ; et si vous ne les écoute; point, c'est parce que vous nétes point de Dieu. Exposer au début l'histoire de Josué, vi, au sujet de Jéricho enlevée par les prêtres qui portaient l'Arche d'alliance, au son des trompettes. Porter l'Arche d'alliance, c'est accomplir la loi, d'après ce texte : Car mon Joug est doux et mon fardeau léger. Mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. La trompette est la parole de Dieu. Et maintenant le Christ, qui vient s'emparer de Jéricho, la ville de la lune, la cité du monde, s'annonce comme un autre Josué qui a porté l'Arche d'alliance et accompli la loi, Qui d'entre vous me (i) On ne peut supposer que ce sermon soit celui qui est indiqué dans la série du Carême de Dijon (voir p. 2, note). L'Autographe est d'un format différent, et, à en juger d'après l'écriture, il doit appartenir au Carême prêché A Chambcry en 1606,  i6 Sermons autographes ac etiam praedicasse et buccina verbum Dei prsedicasse : Si veritdtein dico vobis, quare non crédit is inihi ? Nihil obstat quo minus credatis, nam et veritatem dico et nihil in vita mea contrarium reperietis. In musica erratur quando magister, etsi recte cantet, tamen maie raensuram manu indicat. At ego, ait Dominus, recte canto et melius pulso : Qiiare ergo non credunt cum veritatem dico ? Imo, Domine, quia veritatem dicis non potest suscipi doctrina tua. Prophetce tiii viderunt tihi falsa et stulta, nec aperiebant iniquitateni tuam lit te ad •Vers. M. pœnitentium provocarent ; Thren. 2 *. Id tamen œquum. Et tu, flli hominis, sume tihi laterem, et pones eum coram te, et describes in eo civitatem Hierusalem ; et ordinabis adversus eam obsidionem, et œdificabis mnnitiones, et comportabis aggerem, •Ezech., IV, 1, 2. et dabis contra eam castra, et pones arietes in gyro*. * Cf. Sap., XV, 10. Later est cor hominis, nam terra est * ; Hierusalem est décor et dignitas animée et imaginis Dei, fidei et donorum Dei ; cognitio Christi, esse Christianum. Et ordinabis obsidionem ; id fit dum ostenditur homini quot vitiis, peccatis et criminibus obsideatur. Sed quid tandem  convaincra de p.'chè ? et aussi qui a prêché et fait retentir comme une trom- pette la parole de Dieu : Si je vous dis la vérité', pourquoi ne me croye\-vous point? Rien ne vous empêche de croire, puisque yV vous dis la vérité et que vous ne trouverez rien dans ma vie qui n'y soit conforme. Il y a faute en musique, quand le maître, bon chanteur d'ailleurs, bat mal la mesure. Mais moi, dit le Seigneur, je chante juste et bats mieux encore : Pourquoi donc ne croient-ils pas quand _/V dis la vérité ? Eh! Seigneur, c'est parce que vous dites la vérité qu'on ne peut accepter votre doctrine. Tes prophètes ont en pour toi des visions fausses et insensées, et ils ne découvraient pas ton iniquité pour te provoquer à la pénitence. Pourtant, ils auraient dû le faire. Et toi, /ils de l'homme, prends une brique, mets-la devant toi et tu y décriras la cité de Jérusalem ; et tu disposeras contre elle un siège, et tu bâtiras des fortifications, tu formeras un rempart, tu établiras contre elle des camps, et tu mettras des béliers autour. La brique, c'est le cœur de l'homme, car il est terre ; Jérusalem, c'est l'ornement et la dignité de l'àme et de l'image de Dieu, de la foi et des dons de Dieu ; connaître le Christ, être Chrétien. Et tu disposeras un siège ; ce qui a lieu lorsqu'on montre à l'homme par combien de vices, de péchés, de crimes il est assiégé. Mais quel en a été l'effet? Ils s'endurcirent. Ils s'endurcirent de même ici eK prirent des pierres.  LXXI Pou:; Lh Di.MANCHh Uk LA pASSlON  •7  effectum ? Obduruerunt. Sic hic obduruerunt et lapides sustulerunt *. Insignis historia, 2. Par. 24**, de Zacha- *Joan., vm, uit. n,. -^ , , . . ^ **Vers.20-22;Matt., ria, tilio Joyadse sacerdotis, occiso a Joas et populo, xxm, 35. Historiam vide de veritate victrice, 3. Esd. 3 et 4 ; Zorobabel : « Vincit » et vincet « veritas. » Postquam amovit omnem excusationem, rationem red- dit cur non audiant. Oui ex Deo est, verba Dei audit. Signum prœdestinationis et quod sumus filii Dei est audire ejus verba. Pueri ludentes [sic) si pater unius tussi tantum sonet levi , filius intelligit, caeteris non advertentibus. Act. 2*: Et quomodo nos audiviinus • Vers. 8. îinusquisque linguam nostram in qua nati sunnis? Unusquisque linguam suam audit : audit mundanus linguam mundi, superbiam ; audit carnalis linguam Gar- nis, concupiscentiam ; audit diabolicus linguam diaboli, rixas. Oves matres ab agnis balantes audiuntur, et perdices perdices. Sed dicetis : Nos audimus. At et hic isti maledicti audiebant ; audire non dicitur qui non obedit. Estote factures verbi, et non auditores tantum, fallentes vosmetipsos, etc.; Jacobi i°*. Venite, descendamus ♦ Vers. 22. et confundamus linguam eorum, ut non audiat unusquisque vocem proximi sui ; iien. 11*; /// non * Vers. 7.  Remarquable histoire de Zacharie, fils du prêtre Joïada, tué par Joas et le peuple. Voir l'histoire de la vérité victorieuse, III Esdr., m et iv; Zorobabel : « La vérité triomphe » et triomphera. Après avoir écarté toute excuse, le Christ donne la raison pour laquelle ils ne veulent pas écouter. Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu. Entendre la parole de Dieu est un signe de prédestination et de filiation divine. Quand les enfants jouent, si seulement le père de l'un d'entre eux tousse légèrement, lors même que tous les autres n'y prendraient pas garde, son fils l'entend. Et comment avons-uous entendu chacun notre Lingue dans laquelle nous sommes nés ? Chacun entend sa langue : le mondain e^ntend la langue du monde, l'orgueil; le charnel entend la langue de la chair, la concupiscence; le fils du diable entend la langue du diable, les querelles. Les agneaux entendent leurs mères bêlant, et les perdrix entendent les perdrix. Mais vous direz : Nous avons entendu. Ces maudits aussi entendaient à ce moment ; on dit que celui qui n'obéit pas n'entend pas. Pratique:^ la parole et ne l-ccoute:i pas seulement, vous trompant lous-mêmes, etc. Venc^, descendons et conjondons leur langue, afin que l'un n entende pas la parole de l'autre; afin Serm. II  i8 Sermons autographes aiidiat, id est, intelligat. Quomodo cognoscitis aliquem esse surdum ? quando scilicet non movetur verbis. Re- beccse prope fontem dantur ab Eliezer inaiires pondo syclorum duo, et armillae pondo siclorum decem ; * Vers. 22. Gen. 24 *. Prsecipua autem causa cur non audiant sunt odia, malevolentiae, ut hic videmus. Impedit ira animum. * Ps. Lvii, 5. Fiiror illis sicut aspidis suvdœ '^. Conthitierunt aures suas, et impetnin fecertiiit unanimiter in * Act., vu, 56. eum *. Respondenint Judœi et dixerunt : Nonne bene dicimns nos quia Samaritanus es tu, et dœmonium » joan., VIII, .(8 hûbes"^? Isti sunt sermones diaboli, nimirum blasphe- miœ , sermones inferni. Rcspondit fesus : Ego (de Samaritano nihil dicit quia constabat) dœmonium non liabeo, sed honorifico Patrem nieum, et vos in- lionoraslis me. Ego non qiiœro gloriam meam ; est qui quœvat et judicet. Amen amen dico vobis : Si quis sennonem metun servaverit, mortem non vide- *»Luc£e' X? "S*^'^ ^^^ ^'^ œternum *. Servare ut Virgo **, ut David custo- ♦Ps. cxvm, etc. dire". Dixerunt ergo Judœi : Nunc cognovimus quia da^monium iiabes ; Abraham mortuus est, et Pro- phetœ mortui sunt, qucm teipsum facis? Respondit  qu'il n'entende pas, c'est-à-dire, qu'il ne comprenne pas. Comment connaissez- vous que quelqu'un est sourd, sinon quand les paroles ne l'atteignent pas ? Près de la fontaine, Eliezer donne à Rébecca des pendants d'oreilles du poids de deux sicles, et des bracelets du poids de dix sicles. Mais la cause principale pour laquelle ils n'entendent pas est la haine, la malveillance dont nous les voyons animés. La colère embarrasse l'esprit. Leur fureur est semblable à celle d'un aspic sourd. Ils se bouchèrent les oreilles et se précipitèrent tons ensemble sur lui. Les Juifs répondirent et lui dirent : Ne disons-nous pas avec raison que vous êtes un Samaritain et quun démon est en vous? Ces paroles-ci sont bien les propos du diable, c'est-à-dire, des blasphèmes, des paroles infernales. Jésus répondit : Je nai pas de démon en moi (il ne parle pas de Samaritain; il est évident qu'il ne l'était pas), mais j' honore mon Père, et vous, vous me déshono- re^. Je ne cherche point ma gloire ; il est quelqu'un qui la cherchera et qui jugera. En vérité, en vérité, je vous le dis : Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. L'observer comme la Sainte Vierge, la garder comme David. Les Juifs dirent donc : Maintenant nous connaissons qu'il y a un démon en  LXXI. Pour le DiiMANcnn: de la Passion 19 Jésus : Si ego glorifico mcipsum , gloria mea niliil est; est Pater meus*, etc. •joan.,viii, 52-54. Deut. 4* : Cum quœsieris Douiinum inventes, si * Vers. 29. tamen quœsieris in toto corde et tota tribulatione animœ tuœ. Joël * : Scindite corda. Sacrificium Deo * Cap. n, 13. spiritus contribulatus, cor contritiim*, etc. Et in *Ps. l, 19. cubilibus vestris compungimini'^. Peccatum tneum 'Ps. iv, 5. contra me est semper*. Convertatur vir a via sua *Ps. l, 5. inala *. Averte faciem tuant a peccatis meis **. ^p^^^'j"'^' 2. Reg. 24 : Percussit aute/n cor David eum, et dixit : Peccavi valde in hoc facto*; vertatur, obsecro, * Vers. 10. nianus tua contra me*. Verterunt ad me tergum, et * Vers. 17. non faciem*. Egrcssus est a facie Domini**. Déni- * Jerem., n, 27. -' ° , ■' "Gen., IV, 16. grata est super carbones'"^'. * Thren., iv, 8.  vous; Abraham est mort, et les Proplu'tcs aussi, qui prciende{-vous être? Jcsns répondit : Si Je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien ; cest mon Père, etc. Lorsque tu chercheras le Seigneur, tu le trouveras, si toutefois tu le cherches de tout ton cœur et dans toute l'affiiction de ton âme. Déchire^ vos cœurs. Le sacrifice que Dieu désire est un esprit affligé, un cœur contrit, etc. Excitez-vous à la componction dans vos lits. Mon péché est toujours devant moi. Que l'homme se détourne de sa mauvaise voie. Détourne^ votre face de mes p'chés. Mais le cœur de David fut frappé de remords et il dit : J\ii beaucoup péché en cette action ; que votre main, je vous en prie, se tourne contre moi. Lis ont tourné vers moi le dos et non la face. Il se retira de devant la face du Seigneur. [Leur face] est devenue plus noire que le charbon.  LXXII PLAN d'un SERMÛX POUR LA FÊTE DE L'ASCEXSION 24 mai 1607 (i) Et Dominus qiiidem Jésus, posfqitam locntus est eis, assumpiiis est in Cœhim, et sedet a dextris Dei. [Marc, ult., 19.] Quand Helie fut ravi, Helisee lu}- demanda son esprit au double ; cui Hselias : Rem grandem postulasti, verumtamen si videris me ascendentem ita fiet ; si non •iVReg., 11,9, 10. videris, noji fiet*. Sic sane, auditores, si Christum ascendentem viderimus, in nobis fiet cumulatissimus donorum ejus thésaurus. Eia ergo, oculis mentis intuea- mur ascendentem ; ac ne oculi caligent, s'esblouissent, petamus a Deo gratiam ut se permittat videri, per eam per quam nobis visibilis factus est.  Et le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut élevé dans le Ciel, et il est assis à la droite de Dieu. Quand Elie fui ravi, Elisée lui diimanda son esprit au double ; Elie répondit : Tu as demandé une grande chose, cependant, si tu me vois monter, cela se fera ; si tu ne me vois pas monter, cela ne se fera pas. Il en sera de même assurément, auditeurs : si nous voyons l'Ascension du Christ, le trésor le plus abondant de ses dons nous sera communiqué. Courage donc! Des yeux de l'âme, contemplons son Ascension ; et, de crainte que nos yeux soient éblouis, demandons à Dieu la grâce qui nous permettra de le voir, par l'entremise de Celle dont il s'est servi pour se rendre visible aux hommes. ( i) Les matières de controverse traitées dans ce sermon donnent à penser qu'il a été prêché devant un auditoire récemment converti à la foi catholique. Or comme en 1607, le saint Evèque se trouvait à Thonon pour la fête de l'Ascension, il est très probable que ce sermon remonte à la même date. L'écriture et les spécialités de l'Autographe appuient cette conjecture.  ce. III, XXX.  LXXIl. Pour la fête de l'Ascension 21 Jam olim , cum Christus suam carnem , se ipsum , Panem vivum et celestem , suis daturum discipulis promitteret, durum illud discipulis visum est. Ouare et dixerunt: O^iioînodo potest? et: Duriis est hic sermo'^. *Joan.,vi, 53, 61. Et ainsy murmuroyent-ilz ; Christus autem sciens, etc. : Hoc vos scandali:{at} Si ergo vider itis Filiiun homi- nis ascendentem ubi erat prius*? Praevidit nimirum 'Ibid., >->-. 62, 63. futurum ut ex Christi Ascensione plerique Sacramentum Eucharistiae destruere conarentur, ut faciunt omnes hujus temporis Sacramentarii. Ego ergo ante omnia eorum spinas evellam, mox flosculos plantabo. Soient haeretici extrema semper appetere. In omni- bus Ecclesia, inquit Tertullianus *, ut et Christus, in «Cf. de Prœscript., medio latronum semper crucifixa est. Verbi gratia, si de Scriptura agatur, Swenckfeldius, Quintinus, Cho- pinus nullum verbum volunt, sed omnia inspiratione ; alii plerique omnes nihil Ecclesiae, inspirante Spiritu Sancto, credunt. Si de Trinitate, Servetus cum Samo- sateno nullam distinctionem personalem , Valentinus Gentilis, trinitatem essentiae. Si de Christo, Nestorius duas personas esse vult, Eutiches unam naturam. Si de honore Virginis, CoUyridiani adorandam sacrificio ,  Autrefois déjà, le Christ avait promis à ses disciples qu'il leur donnerait sa propre chair, lui-même, le /«/;/ ■visant et céleste, et ceux-ci avaient trouvé cette parole dure. Ils dirent donc : Comment peut-il? et : Cette parole est dure... Or, le Christ sachant, etc. : Cela vous scandalise? Et si vous voyie^ le Fils de r homme montant oit il était auparavant? Il prévoyait sans doute qu'un grand nombre tireraient de TAscension du Christ un argument pour s'efforcer d'anéantir le Sacrement de l'Eucharistie. C'est ce que font tous les Sacramen- taires de notre époque. Avant tout, j'arracherai donc leurs épines, pour planter ensuite quelques fleurs. Les hérétiques ont l'habitude de rechercher toujours les extrêmes. En tout et toujours, l'Eglise, dit Tertullien, est comme le Christ, crucifiée entre deux larrons. Par exemple, s'agil-il de l'Ecriture, Swenckfeld, Quintinus, Chopin, ne veulent pas de parole, tout vient par inspiration ; et presque tous les autres refusent absolument de croire à l'Eglise, inspirée par l'Esprit-Saint. S'agit-il de la Trinité, Servet et Paul de Samosate n'admettent aucune distinction de personnes, 'Valentin Gentilis affirme une triple essence. Dans le Christ, Nestorius veut voir deux personnes, Eutychès, une seule nature. Pour l'honneur dû à la Sainte Vierge, les Collyridiens la veulent adorer par des sacrifices, Copronyme ne la juge digne d'aucun culte. S'agit-il  32 Sermons autographes Copronymus nulle honore dignam. Si de pœnitentia, Novatus(0 nuUam sufficere, Pelagiani omnem. Ac ut ad •Cf. supra, vol. I, rem veniamus *, nostro tempore, circa misterium Eucha- Serm. XXXVI. j-istise, Ubiquidistse ubique, alii nullibi in hoc mundo sed tantum extra mundum in Cselo reperiri. Illi non ascendisse, isti non remansisse. At Ecclesia Catholica transiens per médium illorum •Lucx, lY, 30. ibat'^, neque ubique nec nullibi in mundo, sed in Sacramento Eucharistise, ubi Christus voluit. Quare ? Quia utrumque dixit qui utrumque potuit; neque dixit et noluit. Soient fere semper haeretici hujus temporis, ubi duo in Scriptura repererint quae non intelligunt quomodo simul stare possint, unum altero expellere, quamvis •Rom.,iv,v;Gaiat., Contraria non sint. Verbi gratia : ûdes j'usttjicat'*', ergo '"■ opéra non justificant, cum utrumque dicat clarissime •Cap. II. Scriptura ; Ecclesia et /ides et opéra, ex Jacobo*. Ver- bum Dei scriptum tenendum, ergo Traditiones abji- ciendsB ; Ecclesia : Tenete Traditiones quas accepistis, sive per sermonem, sive per Epîstolam nostram ; 2. Thess. 2. f. 14. Confitendum Deo, ergo non Christi  de la pénitence, Novat enseigne qu'aucune n'est suffisante. Pelage, que la plus légère suffit. Et pour en venir à notre sujet, de notre temps, relativement au mystère de l'Eucharistie, les Ubiquitaires déclarent que Jésus est partout, d'autres, qu'il n'est nulle part en ce ir.onde, mais seulement hors de ce monde, au Ciel ; ceux-là nient qu'il soit monté, ceux-ci qu'il soit demeuré. Mais l'Eglise Catholique, passant au milieu d'eux, s'en allait, et dit : Le Christ n'est ni partout, ni nulle part en ce monde, mais il est où il a voulu, dans le Sacrement de l'Eucharistie. Pourquoi } Parce que Celui qui pouvait faire l'un et l'autre a affirmé l'un et l'autre ; et il n'a pas promis et refusé. Presque toujours les hérétiques contemporains, lorsqu'ils trouvent deux vérités de l'Ecriture dont ils ne peuvent comprendre l'existence simultanée, ont coutume d'en détruire l'une par l'autre, bien qu'elles ne soient pas contraires. Ainsi : la {oi justifie, donc les oeuvres ne justifient pas; et pourtant l'Ecriture enseigne très clairement ces deux points. L'Eglise, d'après saint Jacques, admet lafbi et les œuvres. Il faut s'en tenir à la parole de Dieu écrite, donc rejeter les Traditions; l'Eglise dit : Garde^ les Traditions que vous a-ce;^ reçues, soit par nos discours, soit par notre Epilre. Il faut se confesser à Dieu, donc pas aux ministres du Ciirist ; mais l'Eglise dit : à Dieu et à ses  ( I ) Le Saint avait d'abord, au courant de la plume, écrit Donatus; Novatus est placé dans l'interligne.  LXXII. Pour la fête de l'Ascension 23 ministris ; at Ecclesia, et Deo et ministris. Et sic pro- pemodum semper, ut hic : articulus est fîdei « ascendit ad caelos, » ergo non est in Eucharistia; at Ecclesia : et est hic et est in Eucharistia. Tota ratio facti est omni- potentia facientis. Solet humana ratio saepissime impingere in hune scopulum. Abraham, cum audiret senex se filium hsere- dem habiturum, interpretatus est de Eliezer *. Gen. * Gen.,xv, 2, 3. enim, 13. f. 16, Deus promisit semen ; Gen. 15, 2, 3, interpretatur Abraham de Eliezer. Gen. 17. y. 16 et 17, Dieu annonce un enfant de Sara, Abraham rit : Putasne centenario ? etc.; iitinam Ismael vivat*. Gen. xviii**, ***yl[l' ]l' idem Sara. Major est Deus corde nostro*. Abraham * i joan., m, 20. postea crédit contra spem *^ immolando Isaac, de cujus *Rom., iv, 18. proie tanta illi promissio facta fuerat. Jam vero quia Christum Ascensionem suam testatam fecisse nemini dubium ; ejus in Eucharistia presentiam breviter probemus ex Scriptura. Promittit, dat, docet. Docet Paulo, i Cor. xi * : Ego enim accepi, etc., in * Vers. 23. qua nocte tradehatur, etc., accepit panem. Sed fecit corpus suum, quod prius panis fuit ; ut aquam in vinum *, pulverem terrée in corpus hominis et carnem **, \}^^^-> "' 9- ^ ^ Gen., II, 7. os Adami in Evam *. Manhu ? quid est hoc ? Iste est * Ibid., yjî^. 21, 22.  ministres. Et il en est ainsi presque toujours, comme dans ce cas : c'est un article de foi que Jésus « est monté aux cieux, » il n'est donc pas dans l'Eucharistie ; mais l'Eglise dit : oui, il est là-haut, et il est dans l'Eucharistie. Toute la raison de l'acte est dans la toute-puissance de Celui qui agit. La raison humaine butte très souvent à cet écueil. Abraham, déjà vieux, apprend qu'il aura un héritier, il l'interprète d'Eliézer. Car, Gen., xni, i6. Dieu lui promet une postérité; Gen., xv, 2, 3, Abraham l'interprète d'Eliézer. Gen., XVII, 16, 17, Dieu annonce un enfant de Sara, Abraham rit: Pensez-vous qu'à un centenaire? etc.; plaise à Dieu qu'Isniacl vive'. Gen., xv^iii, Sara de même. Dieu est plus grand que notre cœur. Abraham, dans la suite, croit contre l'espérance en immolant Isaac, pour la postérité duquel de si belles promesses lui avaient été faites. Mais le Christ a prouvé son Ascension par témoins, nul n'en doute. Prouvons en peu de mots, par l'Ecriture, sa présence dans l'Eucharistie. Il la promet, la donne, l'enseigne. Il l'enseigne à saint Paul : Car j'ai reçu moi-même, etc., la nuit cil il fut livré, etc., il prit le pain. Mais il fit son corps de ce qui auparavant était pain ; comme feau changée en vin, la poussière de la terre en corps humain et en chair, l'os d'Adam en Eve. Manku ? qu'est ceci? C'est le  24 Sermons autographes •Exod., xvr, T'.. panis qtiem dédit Domintis ad vesccndum^. Credi- derunt Israelitae, nec dixerunt : Non habet effigiem • ibid., ^ 31 panis, sed coriandi'i ^, aut brumae et verglas; sed omnes collegerunt. At Christus nunc ait : Hoc est cor- * I Cor., XI, 24. pus meiim * ,* quid haesitas ? Corpus Christi est sine dubio. Noctu cadebat man, ne vidèrent Israelitae quomodo fit, sed factam crederent : factum crede, modum faciendi ne inquire. Porro et Chrisost., ante annos 13. '0 ad miraculum *§ 4- ipsum refert ; 1. 3. De Sacerdotio *. « O miraculum, » inquit, « o Dei benignitatem 1 Qui cum Pâtre sursum sedet, in illo ipso temporis articule omnium manibus pertracta- tur, ac seipsum tradit omnibus volentibus eum excipere * § 9- et amplecti. » Et hom. 2. ad Antioch.* : « Elias meloten • IV Reg., II, 13. discipulo reliquit *, Filius Dei ascendens suam carnem dimisit ; sed Helias quidem exutus, Christus autem et nobis reliquit et ipsam habens » abscondit. At tandem non solum Ascensio [non] obest articulo de Eucharistia, sed prodest; nam videte quœso quale corpus, non amplius carnale sed spiritalc , pénétrât caelos ; I. Cor. XV, V. 44.  pain que le Seigneur a donné à minorer. Les Israélites crurent, ils ne dirent pas : Cela ressemble non pas au pain, mais à la coriandre, à la gelée blanche, au verglas; non, tous en recueillirent. Or, le Christ dit maintenant : Ceci est mon corps ; pourquoi hésites-tu ? Assurément, c'est le corps du Christ. La manne tombait la nuit, pour que les Israélites ne vissent pas son mode de production, mais qu'une fois produite ils y crussent : crois au fait sans rechercher comment il s'est produit. Or, il y a treize cents ans que saint Chrysostôme s'en rapportait à ce miracle ; Dit Sacerdoce, liv. III. « O miracle, » s'écriait-il, « ô bonté de Dieu ! Celui qui siège là-haut avec le Père, en ce moment même, se livre à toutes les mains, se donne lui-màme à tous ceux qui veulent le recevoir et l'embrasser. » Et hom. Il aux Antiochiens : « Elie laisse à son disciple son manteau; le Fils de Dieu, montant au Ciel, nous laisse sa chair ; mais Elie s'était dépouillé, le Christ, lui, nous laisse sa chair sans la quitter lui-même, » bien qu'il la cache. Mais enfin il y a plus. Loin de contredire l'Eucharistie, l'Ascension lui sert d'appui. Voyez en effet, je vous prie, ce corps, non plus charnel, mais spirituel, qui pjnètre les cieux. (i) Il s'agit évidemment de treiz; siècles et non de treize ans. Cf. tome VII de notre Edition, p. 273, note ( 1 ).  I.XXII. Pour la fête de l'Ascension 25 Or sus, c'est chose extrêmement douce que de bien croire et l'un et l'autre. Mais puisque c'en est la feste, méditons un peu le second, l'Ascension, Il estoit certes bien raysonnable que ce Sauveur exalté en croix fut exalté en gloire. C'est icy le dernier et le complément des misteres de la Rédemption.! ») Osculetur me osciilo oris sui*; Ftige, Dilecte, assimilare capreœ Jiinmi- * Cant., t, i. loque cervorum super montes aromatnm'^. Sed quare * ibid., vm, uit. nos non trahit ? Magnes trahit ferrum , nisi obstet adamas intermedius, pinguedo et allium. Ad Philip, i. f. 23 : Coarctor enim a duobus, etc.  (a) Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche. Fuye^, mon Bien-Aimé, et soyez semblable au chevreuil et au faon des biches, sur les montaqnes des aromates. Mais pourquoi ne nous entraîne-t-il pas? L'aimant attire le fer, pourvu que n'y mettent obstacle ni un diamant interposé, ni une substance graisseuse, ni l'ail. Car je me sens pressé des deux côtés, etc.  LXXIII FRAGMENT D'UN SERMON POUR LE PREMIER DIMANCHE DE L'AVENT 30 novembre 1608 (0 (Inédit) (Ms.p.16, recto, P) * Lucae, xxi, 25. Bt stclUs *, id est, afFectionibus : heu, invertentur omnia ; afFectus pravi cadent, amor temporalium, etc. Et in terris pressura gentium ; in carne pressura •ibid. sensuum. Prœ altitudine sonitus maris*; maris, id est, mortis, mare enim dolorum est. Arescentibus hominibus, interiore et exteriore, prœ timoré eorum * Vers. 26. quœ supervenient universo orbi'*, id est, homini integro. Tune vos, qui Christum primo venientem exce- * Vers. 28. pistis, levate capita vestra'^.  Et dans les étoiles, c'est-à-dire dans les affections : ô Dieu ! tout changera ; les affections dépravées tomberont, ainsi que l'amour des biens passagers, etc. Et sur la terre la détresse des nations : dans la chair, détresse des sens. A cause du mugissement retentissant de la mer ; de la tner, c'est-à-dire de la mort, car la mort est une mer de douleurs. Les hommes séchant, l'homme intérieur et l'homme extérieur, de frayeur, épouvantés qu'ils seront par ce qui surviendra dans tout l'univers, c'est-à-dire, dans l'homme tout entier. Alors, vous, qui avez reçu Jésus-Christ dans son premier avènement, leve^ la tête. (r) Avec ce sermon commence la reproduction des feuilles du grand Ms. de Turin. (La pagination de ces feuilles sera toujours indiquée en marge ; voir l'Avis au lecteur.) Bien que le commencement de ce fragment ne nous soit pas parvenu, d'après le procédé du Saint expliqué dans l'Avant-Propos, la date est facile à conjecturer d'une manière presque indubitable ; car ce fragment fait partie de la série des sermons pour le premier Dimanche de l'Avent, et comme il est suivi immédiatement de celui qui porte la date 1609, il doit remonter au même Dimanche de l'année précédente.  LXXIII. Pour le i" Dimanche de l'Avent 27 Oratio fiât recapitulando. Erigo me ad te, nam tu es qui rigas aqua montes, ut saturentur ligna campi et cedri Libani ; illic passeres nidificabiint. Herodii domns dtix est eorum, id est, herodius primum nidifi- cabit, alios ad nidificandum ducendo et inducendo. Montes excelsi cervis, ad pascendum cum arcentur a venatore. Petra reftighun erinaceis *;, sive marinis * Ps. cm, 13, 16-18. sive terrestribus, licet diversimode.  Récapituler sous forme de prière. Je m'élève vers vous, car c'est vous qui arrosez d'eau les montagnes, afin que les arbres de la campagne et les cèdres du Liban soient rassasiés ; les passereaux y feront leurs nids. La demeure du héron est leur chef, c'est-à-dire, le héron est le premier à faire son nid, afin de conduire et d'induire les autres à faire les leurs. Les montagnes élevées four- nissent des pâturages aux cerfs quand ils sont repoussés par le veneur. Le rocher sert de refuge aux hérissons, soit maritimes, soit terrestres, mais de diverses manières.  LXXIV PLAN D'un sermon POUR LA FÊTE DE L'IMMACULÉE CONCEPTION DE LA SAINTE VIERGE 8 décembre 1608 ( Inédit)  (Ms. p. iç, verso) ad festum conceptionis beatissim^ virginis ET ANNIVERSARIUM MEyC CONSECR ATIONIS, I 6o8  Dilecfits meus nillii et ego illi ; qui p.iscitur inter lilia, donec aspiret dies et inclinentur umhrcv {3i). [Gant., ii, 16, 17.] Le grand amour que Nostre Seigneur porte a Nostre Dame et par lequel il se rend tout sien, est cause que Nostre Dame réciproquement est toute sienne, et par conséquent qu'elle n'a peu contracter aucun péché. Sa divine Majesté nous veuille rendre tout siens. Vous voyes que je vay faire un discours tout d'amour, mais que je ne puis faire si le Saint Esprit, amour céleste, ne m'inspire, et que Celle qui par luy a receu plus d'amour que nulle créature ne m'en impetre la grâce.  ( a ) POUR I.A FÊTE DE LA CONCEPTION DE LA niENHEURErSE VIERGE ET l'anniversaire de ma consécration, 160S Mon lilfii-Aimc e'it h moi et moi Je suis ii lui; il se rep.itt parmi h-s lis, j'ii'iqHh ce que le jour paraisse et que les omhres s inclinent .  LXXIV. FoUK LA FHÏt DE L'iMMACULEt CONChPTION' 29 Omnes Patres iis verbis immensum mutuum amorem Sponsi et Sponsœ demonstrari tradunt. Neque in hoc est difficultas ; amor quidem Sponsi ad Sponsam : Dilectus meus mihi ; Sponsœ ad Sponsum : et ego illL. Quia autem Christus est Sponsus, quamquam nihil sit dubium de ejus amore, consolationis ergo videamus signa amoris Christi erga Matrem. Primum signum amoris est unio affectiva sive volun- tatis; unde Christus* : Si qiiis diligit me, sermonem * Joan., x.v, =3. meum servahit ; Oui dicit se diligere Deum et man- data ejus non servat, mendax est"" ; Erat illis cor m joan., n. 4. iiniim et anima una^; Anima Jonatœ conglutinata »Act., iv,32. est cum anima David"". Unde Aug., 4. Confess., c. 6, *i Reg., xvm, i. laudat dicentem de amico « dimidium animse meœ, » quia amicus affective est alter ego. Sed non possum continere quin dicam duo : et historiam illam de amicitia Augus- tini, et retractationem quam fecit * illorum verborum •Retract,i.II,c.vi. quae sunt in fine cap. 6 : « Ille autem qui dixit dimi- dium, » etc. Horatius est*, de Virgilio navigante : -Carm,!. i, carm. « Et serves anims dimidium meîe. » Jam vero quam Christus univerit se Matri : Et erat  III, 8.  Tous les Pères trouvent dans ces paroles une preuve de l'immense et mutuel amour de l'Epoux et de l'Epouse. Nulle difficulté sur ce point. En effet, amour de l'Epoux pour l'Epouse : Mon Bien-Aimé est à moi ; et de l'Epouse pour l'Epoux : Et moi je suis h lui. Comme le Christ est l'Epoux, bien que nous ne puissions douter de son amour, cependant, pour notre consolation, voyons les témoignages d'amour de Jésus envers sa Mère. Le premier signe de l'amour est une union affective, soit de volonté ; c'est pourquoi le Christ dit : Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole. Celui qui dit qu'il aime Dieu et ne garde pas ses commandements est un menteur. Ils n'étaient quun cœur et qtiune âme. Lame de Jonathas s'était collée à l'âme de David. Voilà pourquoi saint Augustin, liv. IV de ses Confessions, chap. vi, loue celui qui nommait son ami « la moitié de mon âme, » car par l'union mutuelle qui nait de l'affection, un ami est un autre soi-même. Mais je ne puis m'empécher de citer deux faits : cette histoire de l'amitié de saint Augustin et la rétractation qu'il fit de ces mots qui se trouvent à la fin du chap. VI : « Mais celui qui a appelé la moitié, » etc. C'est Horace parlant de Virgile qui voyageait sur mer : (I Et que tu gardes la moitié de mon âme. » Or, combien Jésus était uni à sa Mère : Et il leur était soumis, faisant toujours  Sermons autograpi-ibs  * Lues, II, 51. * Cant., ult., 6. »Ibid., V, 2. * LUC3B, II, 35. * In locum Lucae. * Cant., VIT, 5. * Ibid., Il, 2. * Vers. 7.  * Vide pag. prœced. * Ps. LXII, 9. **Ps. LXXII, ult. * Ruth, I, 14-18.  * Cant., II, 16. * Ibid., ui, 2. * Rom., VIII, 55. **Galat., Il, 19. * § XIII.  * Eccli., XXIV, 5.  subditus illis *, ut semper voluntatem ejus fecerit sicut gratissimse sponsse, et illa vicis.sim conjunctissima Christo : Pone me ut signaciilum supra cor tuum *. Et illud : Ego dormio et cor mciim vigilat *, de corde Virginis Christo. Et illud : Ttiam ipsitis ani- mam àolovis gladius pertransibif^. Hugo de anima Christi, quse anima est 31ariae, interpretatur * ; unde ad Crucem stat vincta canalibus *^ slciit liliuni inter spiiias *. Secundum signum amoris, ad Philip, i * : Eo quod habeam vos in corde meo, est adhaesio intima. Agglu- tinata est anima Jonatliœ'^ ; Adhœsit anima mea post te*; Mihi autem adhœrere Deo bonum esi"^*. Talis fuit amor Noemi et Ruth *. Jam maxima adhaesio Christi ad Virginem ubique, et rursus Virginis ad Chris- tum, unde : Dilectus meus mihi* ; Qiiœram quem diligit anima mea* ; Qjuis nos separabit a charitate Christi*? Christo confixus sum cruci**. Tertium signum, exstasis sive raptus. Dionj'-sius Areo- pagita, [1.] 4. de Divinis Noiuinibus*, ait Christum exstasim passum cum venit ad uterum Virginis : Ego ex ore Altissimi prodivi, primogenita ante omnem creaturam *. At Virgo vicissim extra se fuit : Mihi  sa volonté comme celle d'une épouse très aimée. Elle, à son tour, était très intimement liée au Christ : Pose-moi comme un sceau sur ton cœur. Et cet autre texte : Je dors et mon cœur veille, s'entend du cœur de la Vierge pour le Christ. Et celui-ci : Un glaive de douleur transpercera ton âme, Hugues l'interprète de l'âme du Christ qui est l'àme de Marie; aussi, près de la Croix, elle se tient debout liée dans des canaux, comme le lis entre les épines. Deuxième signe d'amour ; aux Philippiens, i : Parce que Je vous ai dans mon cœur ; c'est l'union intime. L'âme de Jonuthas se colla étroitement. Mon âme s'est attachée h vous. Pour moi, il m'est bon d'adhérer à Dieu. Tel fut l'amour de Noémi et de Ruth. Partant, l'union du Christ à la Vierge fut très grande partout, de même aussi celle de la Vierge au Christ: yion Bien-Aimé est à moi. Je chercherai celui que chérit mon âme. Qui nous séparera de la charité du Christ ? Je suis cloué à la croix avec le Christ. Troisième signe, l'extase ou le ravissement. Denis l'Aréopagite, liv. IV des Noms Divins, dit que le Christ subit une extase en entrant dans le sein de la Vierge : C'est moi qui suis sortie de la bouche du Trts-Haut, engendrée la première avant toute créature. A son tour, la Vierge fut hors d'elle-même ;  LXXIV. Pour la fèie de l'Immaculée Conception 31 vivere Christiis est et niori liicrum'^; Vivo ego, j'am *Phiiip., i, 21. non ego*. Hugonis sententia ** hue refertur. "vfdfpLg'priced. Quartum est zelus, qui duplex : concupiscentise, ut praetendentium dignitates, quia ad bonum limitatum, et hic est invidia ; amicitise , et avertit mala ab amico. Hic zelus fuit in Virgine maximus. Pro domo Dei : Qiiis scandali^atur et ego non uror'^? Zelus Christi * 11 Cor., xi, 29. de Virgine : Pone me ut sîgnaciilum supra cor tiium'^; * Cant., uit., 6. Hortus conclusus* ; Capite nobis vulpes parvulas * ibid., iv, 12. qticv demoliuntur vineas, nam vinea mea floriiit ; Dilectus meus mihi'^. *ibid., n, 15, 16.  Pour moi, vivre, c'est le Christ, et mourir ni est un gain ; Je vis, no>i plus moi. La parole de Hugues se rapporte ici. Le quatrième est le zèle. Il est double : celui de concupiscence, comme le zèle de qui prétend aux dignités; parce que ce bien est limité, ce zèle s'appelle envie. Celui d'amitié est le zèle qui protège l'ami contre les maux. Ce zèle atteignit son plus haut degré en Marie. Pour la maison de Dieu : Q,ui est scandalisé sans que je brûle? Zèle du Christ pour la Vierge : Pose-mot comme un sceau sur ton cœur. Jardin ferme. Prenez-nous les petits renards qui ravagent les vignes, car ma vigne a fleuri. Mon Bien-Aimé est li moi.  LXXV FRAGMENT D'CX SERMuX POUR LA FETE DE SAINT JEAN L'ÉVANGÉLISTE 27 décembre 1608 i i) (Inédit) (Sis. p. 2p, recfo) 'DeConsum.Sac. l'orro sententia contraria est H^vppoh-ti '•', et D. Amb. • In cap. IX, 27. in Lucam *. Quatuor argumentis probatur. • Vers. ult. ; Lucas, [i.] Mat. 16* : Suilt dc llîc stclIltibuS qUL llOll gUS- tabunt inortcm donec videant Filittin hominis in regno suo ; et ibi loquebatur de regni caelesti. • Matt., XX, 23. 2. Calicem quidem meuin bibetis'^^ •Vers. 5, II. 3. Apoc. X* : Aiigclus qui stabat super mare et super terrain : Opportet te iterum prophetare gen- tibus et populis et linguis et regibus multis. 4. Hoc loco : [Sic eum volo manere douce veniam, *io.in., uit., 22. quid ad te* i^) ?] Verum si mortuus est, qua morte ? ^Morte amoris.  J'ajoute que Topinion contraire est soutenue par saint Hyppolite, et par saint Ambroise [dans son Commentaire] sur saint Luc, et qu'elle se prouve par quatre argua.ents. [i.] Il y en a de ceux qui sont ici présents qui ne goûteront pas l.i mort jusqu'il ce qu'ils voient le Fils de l'homme dans son royaume; et là il parlait du royaume céleste. 2. Vous boirei en effet mon calice. 3. L Ange qui se tenait debout sur l.i mer et sur la terre : Il faut encore que tu prophétises à un grand nombre de nations, de peuples, d'hommes de diverses langues et de rois. 4. Par ce texte : [Si Je veux qu'il demeure Jusqu'à es que Je vienne, que t'importe ?] Mais si vraiment il est mort, de quelle mort .- De la mort d'amour. ( I ) La date de ce fragment est conjecturée d'après la pagination du Ms. ( 2) Les trois premières citations données par saint François de Sales, et le renvoi qu'il fait par ces mots : Hoc loco à l'Evangile du jour, permettent de suppléer sans hésitation le texte qui a du lui fournir son quatrième argument.  LXXVI PLAN d'un sermon POUR l'octave des saints innocents (O 4 janvier 1609 (Inédit)  AD DOMINICAM I. JANUARII, C^JE ERAT OCTAVA INNOCENTIUM. (Ms. p. JO, recto) 1609, NECII Quemadmodum in tabulis et picturis in quibus sunt multœ personae en petit volume, semper aliquid superest videndum et notandum, umbrae, pourfilz, raccourcisse- mens, entorses ; sic in Evangelio Innocentium *, in quibus * Matt., n, 13-18. sunt tôt personae parvse, et prœsertim parvulus ille Puer qui quseritur et non invenitur. Ouare idem retractare animus est, addito tamen reditu ex -^gipto.  POUR LE PREMIER DIMAN'CHE DE JANVIER Q^U'I SE TROUVAIT ÊTRE l'oCTAVE DES SAINTS INNOCENTS. 1609, ANNECY Dans les tableaux et peintures qui représentent un grand nombre de personnages en petit volume, il reste toujours quelque chose à voir et à noter, ombres, profils, raccourcissements, entorses ; il en est de même pour l'Evan- gile des saints Innocents, qui représente tant de petits personnages, et surtout ce petit Enfant qu'on cherche sans le trouver. Aussi voulons-nous traiter de nouveau ce sujet, en y joignant toutefois le retour d'Egypte. (i) 11 est intéressant de remarquer que plusieurs des pensées indiquées dans ce plan de sermon ont été, neuf ans plus tard, reprises et développées par le Saint devant les Religieuses de la Visitation, dans l'Entretien De la Fermeté. Voir tome VI de cette Edition, pp. 3a (variante), 41 et 53. Sf.rm. Il 3  34  Sermons autographes  Ecce Angélus Domini apparuit in somnis Joseph, dicens. Quis Angélus ? Non sane Christi si commodi genitivum faciamus, sed Christi si possessive ; non enim indig'uit custode Angelo, sed ministro : ergo Gabriel fuit. Dicam pauca de Angelorum custodia. Habent omnes homines, habent diocseses, habent urbes, habent eccle- siae et monasteria. D. Hyeronimi luculentum est testi- * Ep. cxLTii, § 6. monium, epistola ad Sabinianum *, sigillatim de Angelo custode prsesepis et cubiculi Virginis. Hoc notavit D. *§iv. Dionys., De Cœlesti Hierarcliia, c. 4*. Accipe Pueruin et Matrem ejus, et fuge in ^gip- tiim usqueduni dicam tibi. Recens natus Christus (sic) qui vult custodire débet fugere Hœrodem. Quis est iste Herodes qui quserit Puerum. ut perdat eum? Satan est, qui dum videt Christum adhuc puerum vult eum perdere, immissis suis satellitibus variis. Ecce in hoc festo Nativitatis Christum suscepistis. Luxuriosus ille confessus est et Christum suscepit, et ecce Haerodes immittit cogitationem turpem vel blanditias ; ecce Angé- lus : Fuge, fuge. Alius confessus est se blasphémasse,  Voda que l'Ange du Seigneur apparut a Joseph peridant son sommeil et dit. Quel est cet Ange? Ce ne fut pas certes celui du Christ si nous l'entendons du génitif d'intérêt, mais ce fut bien celui du Christ s'il s'agit du génitif de possession ; car il lui fallait un Ange, non comme gardien mais comme serviteur. Cet Ange fut donc Gabriel. Je dirai quelques mots des Anges gardiens. Tous les hommes en ont, les diocèses, les villes, les églises, les monastères ont le leur. Saint Jérôme, dans son épître à Sabinien, en donne un éclatant témoignage, particulièrement au sujet de l'Ange préposé à la garde de la crèche et de la chambre de la Sainte Vierge. Saint Denis a signalé ce point dans son livre De la Hiérarchie céleste, chap. IV. Prends l'Enfant et sa Mère et fuis en Egypte, et restes-y jusqu'à ce que je te parle. Jésus est né récemment dans une âme; si elle veut le garder, elle doit fuir Hérode. Quel est cet Hérode qui cherche l'Enfant pour le perdre ? C'est Satan ; quand il voit Jésus encore enfant, il veut le perdre et envoie ses divers satellites. En cette fête de Noël, vous avez reçu Jésus-Christ. Tel luxurieux s'est confessé et a reçu le Christ, et voici qu'Hérode lui envoie une pensée honteuse ou des séductions; et voilà que l'Ange accourt et dit : Fuis, fuis. Un autre s'est accusé d"avoir blasphénié, et il a reçu l'Enfant; Ilcrodo lui fait  LXXVI. Pour l'octave des saints Innocents 35 et suscepit Puerum ; immittit Haerodes : I.ude, etc. Videtc, dum Christus adhuc teiier est ; cavete, sitis astuti. « Nescio quis teneros oculus mihi fascinât agnos*. » * Virg., Eclog. m, 103. Cum vero mortuus vobis fuerit mundus, tune poteritis paulo liberius uti. Cum vos mundo et mundus vobis crucifixus fuerit *, Deus immortalis. De elephantero * Gaiat., uit., 14. timente vestisfia hominis *. Et cum etiam tibi crucifixus * Piin., Hist. nat., . , , . . £ •. •/ l.VIII,c.ivf«/.v). mundus videbitur, time; nam saepe nngit se crucmxum, ut polipus apud Granatensem *. Sed dices, ubi fut^iam ? *introd.adSymb., T^ , , . Pars Is c. XIV, § 11. ruge non loca sed occasiones. Accipc Puerum et Matrem ejus. Puer Jésus, Sal- vator, Maria, mare amarum. Vis tibi Christum conser- vare? conserva pœnitentiam. Eum lacta ; sis paululum soUicitior initio. Futurum est enim ut Hœrodes quce- rat Puerum ad perdendum eum.. Aliqui quaerunt Jesum sicut Sponsa* : Inveni queîn diligit anima -mea, * Cant., m, 4. tenui, nec dimittam. Quis nos separabit* ? Mihi * Rom., vm, 35. autem adhœrere Deo bonum est *. Alii quaerunt ad * Ps. lxxh, uit. perdendum. Quaerit lupus, quserit pastor. Sic Judas quserit Jesum. Ut quid ^Z^^/^zVa//5 in utramque partem*? *llIReg.,xvin, 21. Tamen Deus vult nos ab hominibus doceri, non ab  dire : Joue, etc. Veillez pendant que le Christ est encore faible ; prenez garde, soyez prudents. « Je ne sais quel œil fascine mes tendres agneaux, n Quand le monde sera mort en vous, vous pourrez être un peu plus libresj Quand vous serez crucifiés au inonde et que le monde sera crucifié en vous, Dieu sera immortel en votre âme. Exemple de l'éléphant qui craint la trace de l'homme. Et lors même que le monde paraîtrait crucifié en toi, crains ; car souvent il feint d'être crucifié, comme le polype dont parle Grenade. Mais tu dis : Où fuirai-je ? Il faut fuir non les lieux, mais les occasions. Prends l" Enfant et sa Mère. L'Eafant Jésus, Sauveur, Marie, mer amère. Veux-tu conserver en toi le Christ, conserve l'esprit de pénitence. Allaite cet Enfant ; sois plus vigilant dans les commencements. Car il arrivera quHérode cherchera l'Enfant pour le perdre. Les uns cherchent Jésus comme l'Epouse : fai trouvé Celui que chérit mon âme, je le tiens et je ne le laisserai point aller. Qui nous séparera? Pour moi, il m^est bon d'adhérer à Dieu. D'autres le cherchent pour le perdre. Le loup cherche, le berger cherche. Ainsi Judas cherche Jésus. Pourquoi hoite\-vous de part et d'autre? Toutefois, Dieu veut que nous soyons ordinairement instruits par les hommes  36  Sermons autographes  Angelis regulariter ; ipsi tamen juvant ac fovent inspi- •joan.Lorini.S.J., rationibus, illuminationibus. Vide To. Lor., 4^*. Histo- inPs. xun, 22(}). . D /•>.••/ 7- * • Vitœ Patr., 1. X, riam Ffati sptrittialis^. C. CXCIX. In ^gipto fuit circa sex annos, plus minusve. Nihil eorum dixit Evangelista quse ibi gessit Christus. P'abrum contemplamini, et ego quidem existimo quod quemad- modum Joseph parvulus somniabat *, qui tam egregius postea fuit somniorum interpres *, et David pascebat gregem patris * qui tam belle pavit Israelem, ita Christus faciebat cruces, unde postea tam egregius fuit crucifixus et crucifixor. Intérim moritur Herodes. Quid fecisti ut regnares ? Occidisti pueros. Heu miser! Peccatum tuum manet*, regnum tuum non manet : ita plerique hominum. Ut pueri in equis ligneis ambulantes, appellant equos, hinniunt eorum nomine, currunt, saltant, et pascuntur illa pueritia, sic regnum appellant timeri, cum tamen regnare sit amari ; exaltant se et credunt divitias eos exaltare, cum déprimant. Et Angélus iterum redit : Revertere in terram Israël *. Non dicit ubi , sed pedetentim ite. Omnes volunt scire quid ipsis futurum sit. David : Dies diei  * Gen., XXXVII, 5-9. * Ibid., XL, XLi. * I Reg., XVI, II.  * Joan., IX, ult.  Matt., II, 20.  et non par les Anges. Quant à ceux-ci, ils nous aident, nous stimulent par leurs inspirations, leurs lumières. Voir Jean Lorini, xun. Histoire tirée du Pré spirituel. Jésus demeura en Egypte environ six ans, plus ou moins. LEvangéliste ne dit rien de ce qu'il y fit. Contemplez-le comme artisan, car, voici mon opinion. Joseph qui plus tard devait si bien interpréter les songes, en faisait dans son enfance ; David, avant d'être l'admirable pasteur d'Israël, paissait les troupeaux de son père : ainsi, le Christ fabriquait des croix, lui qui, plus tard, devait être si excellemment crucifié et crucifiant. Cependant, Hérode meurt. Qu'as-tu fait pour régner? Tu as mis à mort des enfants. Eh ! misérable, ton péché demeure et ton règne ne demeure pas : ainsi en est-il pour un grand nombre d'hommes. Les enfants caracolent sur des chevaux de bois, ils les appellent chevaux, hennissent pour eux, courent, sautent, et se délectent dans ce puéril divertissement; de même, les hommes disent qu'ils régnent quand ils se font craindre ; régner pourtant c'est être aimé. Ils s'élèvent et croient que les richesses exaltent; les richesses les dépriment. L'Ange apparaît de nouveau : Retourne dans la terre d'Israël. Il ne dit pas où ; mais allez tranquillement. Tous veulent savoir ce qui leur arrivera.  LXXVI. Pour l'octave des saints Innocents 37 éructât verbum, et nox nocti indicat scientiam'" ; • Ps. xvm, 3. ut reddam vota mea de die in dicm *. Beatus Fran- * Ps. lx, uit. ciscus odio habuit formicas, quae congregant sibi tantum * * Prov., vi, s, xxx, et mittunt in terram ; non apes , quœ mellificant pro '' tempore hiberno, sed non mittunt in terram nec sibi. Beata Catharina Senensis * : c( Cogita de me et eo-o "B.Raym.deCap., . , , Vita s. Cath. Sen., COgltabO de te. » Pars I», c. X. Revertitur in NaiaretW^', in parva casa, quae omni- *Matt., n, uit. modam paupertatem redolet. Deus bone 1 et nos volumus omnia prospéra, omnia laeta.  David dit : Le jour p.irîe au Jour, et la nuit instruit la nuit ; afin que je rende mes vœux chaque jour. Saint François haïssait les fourmis qui amassent uni- quement pour elles et enfouissent leur butin en terre ; il aimait au contraire les abeilles, qui font du miel pour l'hiver, mais qui ne le mettent pas en terre et qui ne travaillent pas pour elles seules. Sainte Catherine de Sienne : « Pense en moy, et je penseray pour toy ( i ). » Jésus revient à Nazareth, dans une petite maison où tout respire la pauvreté. Bon Dieu ! et nous, nous voulons que tout prospère, que tout nous sourie 1 (i) Nous suivons pour cette phrase la version donnée par saint François de Sales dans le Traitié de l'Amour de Dieu. liv. IX, chap. xv.  LXXVII PLAN d'un sermon POUR LA FÊTE DE L'EPIPHANIE 6 janvier 1609 (Inédit)  (Ms.p. }o, verso) AD festum. Epiphanie, 1609 Magna festivitas, in qua Ecclesia Gentilium recepta est a Christo et Christum recepit. Si Abraham convi- *Gen.,xxi, 8. viuiu fccit ïu die quando ablactatus est Isaac *, hodie magnum festum quando ablactati sunt Gentiles ab idololatria , et venerunt ad Christum et ad Domum "ViJeadcaic.Bibi., panis*. Id ut consideremus, nolumus aliam stellam quam JMariam.  Hodie dies est donorum, nec unquam Christo donum tam magnificum factum est. Et quia etiam muneribus placatur Deus, et instinctu naturali placamus, teste Abele *,  • Gen., IV, 4. * Ovid., De Arte Amat., 1. Ill, 653; juxta vet. lection. ' Vers. 15.  « Munera, crede mihi, plaçant hominesque deosque * » (unde Ex. 23* : Non apparebis coram me vacuus ;  POUR LA FÊTE DE l'ÉPIPHANIE, 1609 Grande fête que celle où l'Eglise des Gentils est acceptée par le Christ et reçoit le Christ. Si Abraham fit nn festin le jour où Isaac fut sevré, c'est aujourd'hui une grande fête parx;e que les Gentils sont sevrés de l'idolâtrie et viennent au Christ et à la Maison de pain. Pour contempler ce mystère nous ne voulons d'autre étoile que Marie. C'est aujourd'hui le jour des dons. Jamais le Christ n'a reçu de don plus magnifique. Les présents apaisent Dieu, et nous l'apaisons ainsi par instinct naturel, témoin Abel. c seculi; dies aiitem futuras vitae appropin- Rom., § I. quavit, -oox'j-toj (sic). Sic Paulus * : Hœc aiitem * I Cor., X, II. .^^ j j . Saïus ineffectiiab- ^^''^P^^ sujit ad correptioueni nostram, in quos fines soiuto, animœ et seciiloriim devcneriint. i Jo. 2 * : Filioli, novissima corporis. . -i-> i ' r ■ •Vers r8 hora cst . Psal. 10 "^ : Inquinatœ sunt vice ejus in * juxta divisionem omni tcmpore: anferuntur judicia tua a facie ejus. antiquam; vers. 5. ^ ^ , . , " .,..., L^onfige timoré ttio carnes meas, a judicns enim *»r'!„^''^'"' "°" i^^^s tiniui*. Hieronymus, in Reg. Monach.^* : Sive v^aU. XXIII. ^ comedam, etc. Hora est. *^^?osAn^.Vzn\x 2. Anselm.* et Orig. ** : Vita prsesens nox: dies, tp. f^o^/^ mter op. ^ ^ ^ ' HervEei Burdig., tempus post mortem cuJLisque. Non respicit judicium Patrol. Lat.. tom. , , ^. , , , , 1 /^ • , . * CLXXXi), in loc. générale sed particulare. Apostolus, ad Connthios * : »*Ccmim. m Rom., Xcmpus brcvc cst, etc. Quid conférât memoria judicii *Ep. I, VII. 29. particularis, vide apud Canis., De Morte*. Joannes Elee- *In Cat. B.Canisii, . . 1,1 r ri- ■^ opéra Bussei, c. V. mosinanus solebat de morte fréquenter [dissererej, ut  approche ; donc l'heure est venue de nous lever de notre sommeil. Et l'Apôtre développe cette conséquence : Marchons dignement comme durant le jour, etc.; rejetons les œuvres de ténèbres, et revêtons-nous des armes de lumière, etc. Quel est ce salut? Le jour qui approche; or ce jour est l'opposé de la nuit qui passe. Les Pères l'ont admirablement expliqué : 1. Saint Athanase, saint Basile, saint Chrysostôme : La nuit passe ; la nuit de ce siècle s'avance; et le jour de la vie future approche (se pencher). Ainsi Le salut complètement saint Paul : Or ces choses ont été écrites pour notre instruction, pour nous qui effectué q,mnt à l'àme ^^^^ trouvons à la fin des temps... Mes petits en fants, cette heure est la dernière... et quant au corps. ■' r r . ^ Ses voies sont souillées en tout temps; vos jugements sont ôtés de devant sa face. Perce:; ma chair de votre crainte ; j'ai craint à la vue de vos jugements. Saint Jérôme, dans les Règles des Moines : Soit que je mange, etc. L'heure est venue. 2. Anselme et Origène : La nuit est la vie présente; le jour, le temps qui suit la mort de chacun, non pas après le jugement général, mais après le particulier. L'Apôtre dit aux Corinthiens : Le temps est court, etc. Pour les avantages que procure la pensée du jugement particulier, voir dans Canisius : De la Mort. Saint Jean l'Aumônier avait la coutume de discourir  LXXIX. Pour le i^-- Dimanche de l'Avent 6i immutaret venientes ad se ; et referebat quid Simeon Stilites dicebat sibi revelatum de diabolis infestantibus rmoribundos], etc.* Hora est. Salus quoad animam * vu» Patr., i. i, \. . ^. ^ Vita S.Joan. Elee- dicitur aies. mos., c. xl. [3.1 Greg. * : Nox, tempus Mosaicum, aurora, Evange- * s. Greg. Mag., ,. ,. . ^■ ^ 1 • Moral., 1. XXIX, licum, aies, resurrectio ; médium tempus umbra sine re, c. a. in Cselo res sine umbra, etc. Hora est ; surge qui dormis, Eph. 5*. Salus Evangelii. * D^Zeioet Liv., U-l Cyp. *, Amb.**, Aug. *** : Nox ante Christum, §,^- . ■ r, , Lt j J t^ > ' & ' »*Enarrat.mPsalm. dies Christi, salus Christus. En venit, ipsemet Dux xlv, § 14. ***Expos.etc.Ep.ad noster *. Hora est. Rom., § lxxvi. Abj'iciatnus opéra tenebrarum.TenebrsBiexcsècatio, * ^tt., n, . infidelitas, ignorantia. Ahjiciamus. Jam abjecimus, iterum abjiciamus. Dixi : Confitehor, etc. , et tu remisisti impietatem peccati înei*. Qiioniam iniqui- *Ps. xxxi, 5. tatem meam ego cognosco, et peccatum meum contra me est semper *. * ^^- '-> 4-  fréquemment sur la mort, pour convertir ceux qui venaient à lui, et rapportait les paroles de saint Siméon Stylite au sujet d'une révélation que celui-ci avait eue sur les assauts que les démons livrent aux mourants, etc. L'heure est venue. Le salut, pour l'âme, est appelé yoMr. [3.] Saint Grégoire : La nuit est le temps de la Loi mosaïque; l'aurore, celui de la Loi évangélique ; le jour, la résurrection; le temps intermédiaire nous offre l'ombre sans la réalité, au Ciel nous aurons la réalité sans ombre, etc. Vheure est venue ; lève-toi, toi qui dors. Le salut de l'Evangile. [4.] Saint Cyprien, saint Ambroise, saint Augustin : La nuit, avant le Chrift ; le Jour, celui du Christ; le salut, le Christ. Voilà que notre CAf/' vient lui- même. Vheure est venue. Rejetons les œuvres de ténèbres. Ténèbres : aveuglement, infidélité, ignorance. Rejetons. Nous les avons déjà rejetées, rejetons-les de nouveau. J'ai dit : Je confesserai, etc., et vous niave:^ remis l'impiété de mon péché. Parce que je connais mon iniquité, et mon péché est toujours devant moi.  LXXX SOMMAIRE d'un SERMON POUR LE PREMIER DIMANCHE DE L'AVENT 28 novembre i6io (Inédit)  (Ms. p. 16, verso)  AD DOMINICAM. I. ADVENTUS. 161O  Si filii Jacob scivissent Joseph futurum proregem » Gen., XXXVII, 17. ^gipti et eos judicaturum cum venit ad eos in Dothaim*, eum sane amenissime excepissent. Et ecce venit ad nos quserens nos, Christus ; ut ergo eum bene excipiamus, movet nos Ecclesia : Erunt signa, etc. Quam utilis sit timor Dei ; quam justus sit timor judicii. •ProEccies., uit., H'wnor Y)Q\.VrovQ,rh.\2^ \ Deuin time ct mandata ej'us ^' observa, hoc est enim omnis homo. Initium sapien- * Ps. ex, 10. tiœ timor Domini*. Beatus vir qui timet Dominum; *Ps. CXI, I. in mandatis*. Beati omnes qui timent Dominum, *Ps. cxxvii, I. qui ambulant'*. Qui timent Dominum speraverunt *Ps.cxiii,ii(<î/.i9). ifi Domino; adiutor*. Is. ii**: Requiescet super vers. 25, ^ j XX eum, etc., et replebit eum Spiritus timoris Do mini.  POUR LE PREMIER DIMANCHE DE l'aVENT. i6iO Si les fils de Jacob avaient su qu'un jour Joseph serait vice- roi d'Egypte et leur juge, ils l'auraient assurément reçu avec la plus grande affabilité lorsqu'il vint les visiter en Dothaïn. Or, voici que le Christ vient à notre recherche et l'Eglise nous invite à bien le recevoir : Il y aura, des signes, etc. Combien est utile la crainte de Dieu; combien juste la crainte du jugement. La crainte de Dieu. Crains Dieu et observe ses commandements, car c'est là tout Vhomme. La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse. Bienheureux l'homme qui craint le Seigneur ; dans [ses] commandements, etc. Bienheureux tous ceux qui craignent le Seigneur, qui marchent, etc. Ceux qui craignent le Seigneur ont espéré dans le Seigneur ; [il est leur] secours. [VEsprit du Seigneur] reposera sur lui, etc., et l'Esprit de la crainte du  LXXX. Pour le f'' Dimanche de l'Avent  ^^  Hieronymus petit * quare de solo timoré dictum sit replehit eum Dominus. Quia, inquit, timor omnibus necessarius est, et debebat fonte pleno esse in eo qui omnibus eum communicare debebat; nam timor praeparat animam caritati, et, ut inquit Augustinus *, timor est servus caritatis qui illi cubile praeparat. Hinc Beata Virgo * : Et misericordia ej'iis a progenie in proge- nies timentibus etim. Sed ut rem tam necessariam intelligatis, scitote dupli- cem esse timorem , humanum et divinum ; humanum autem duplicem, civilem seu moralem, et mundanum. Morali timemus judices, qui non sine causa, inquit Paulus *, gladiiim portant. 31undanus : Pilati **, Haero- dis*, Divi Pétri**; e contrario, 31artires, et Susanna***, et Joseph*. Nolite timere eos qui occidunt corpus'^'^. Divinus, quadruplex*: servorum, des esclaves. Confige timoré tuo carnes ineas, a judiciis enim tais tiniiii'^\ Augustinus*, explicans ea verba : Ad alligandos reges eorum in compedibus et nobiles eoriun in manicis ferreis, distinguit inter eos qui clavis aureis, id est, charitatis. In funiculis Adam traham eos, in vinculis caritatis ; Os. 1 1 *.  * In locum Isaise.  * In I Ep. Joan., in IV, i8. * Lucae, i, 50.  * Rom., XIII, 4. **Joan., XIX, 8. * Matt., II, 3. *'Ibid., XXVI, 69-75. ***Dan., XIII, 22, 23. * Gen., XXXIX, g. •»Matt., X, 28. * Vide infra, p. 70. * Ps. cxvui, 120. * Enarrat. in Ps. cxLix, § 15.  Vers. 4.  Seigneur- le remplira. Saint Jérôme demande pour quelle cause il est dit de la crainte seule que le Seigneur l'en remplira, et il répond : Parce que la crainte est nécessaire à tous, et que sa pleine source devait être en Celui qui devait la dispenser à tous. La crainte, en effet, dispose l'âme à la charité ; elle est, comme dit saint Augustin, la servante de la charité, à qui elle prépare la chambre. Aussi, la Bienheureuse Vierge dit-elle : Et sa miséricorde s'étend de génération en génération sur ceux qui le craignent. Mais pour mieux comprendre une chose si nécessaire, sachez qu'il y a deux sortes de craintes, Tune humaine, l'autre divine. La crainte humaine se divise en civile ou morale et en mondaine. La morale nous fait craindre les juges, qui, comme le dit saint Paul, ne portent pas le glaive sans raison. La mon- daine est celle de Pilate, d'Hérode, de saint Pierre; les Martyrs, Suzanne, Joseph avaient une crainte tout opposée. Ne craigne^ pas ceux qui tuent le corps. La crainte divine est quadruple : celle des esclaves. Percej ma chair de votre crainte ; j ai craint à la vue de vos jugements. Saint Augustin expliquant ces mots : Pour mettre aux pieds de leurs rois des chaînes, et ci leurs princes des menottes de fer, distingue parmi eux ceux qui sont liés avec des nœuds d'or, c'est-à-dire avec les liens de la charité. Je les attirerai p.ir les liens d'Adam, par les liens de la charité.  LXXXI FRAGMENT D'UX SERMON POUR LE DEUXIÈME DIMANCHE DE L'AVENT 5 décembre 1610 (i ) (Inédit) (Ms.p.i8,recfo,R) *Matt.,xi, 7. Qiiid existis in desertam videre* ? Audierant esse prsedicatorem in deserto ; accesserant. Heu ! in medio populi sunt concionatores, et piget venire. Quid faciebat Baptista in deserto? Baptisabat umbratice et sanabantur populi ; annunciabat pœnitentiam et remissionernpecca- *Marc., 1, 4; Lucce, toi'um % praedicabat venturum. Nos remittimus peccata, ' ^' prsedicamus venisse, ipsummet Christum non tantum 'joan.,i, 29, -yG. digito ostendimus ut Agnum *, sed manibus porrigimus ut sacrificium consummatum et cibum, et nemo venit. •Matt., XII, 41, 42. Surget gens illa*. * Ibid., XI, 7. Arundinem vento agitatam *? Vento agitatur « quis- quis ex favore attoUitur et detractione dejicitur, » ait  Qiiétes-vous allés voir au désert ? Ils avaient appris qu'on prêchait au désert, ils s'y étaient rendus. Hélas! il y a des prédicateurs au milieu du peuple, et on ne prend pas la peine de venir les entendre. Que faisait Jean- Baptiste au désert? Il baptisait en figure et les peuples étaient purifiés; il prêchait la pénitence et la rémission des péchés, il annonçait Celui qui devait venir. Nous, nous remettons les péchés, nous déclarons que ce même Christ est venu, nous ne le montrons pas seulement du doigt comme l'Agneau du sacrifice, mais nos mains le présentent comme victime consommée et comme nourriture, et personne ne vient! Cette nation se lèvera. Un roseau agité par le vent. Ceux-là sont agités du vent « qui sont élevés (i) Cette date et celle du Sermon LXXXIII seul Jctcrminccs d'après la pagination du Ms.  LXXXI. Pour le ii« Dimanche de l'Avent 65 Greg. * Hoc maxime concionatoribus competit. Quem * s. Gregor. Mag., • * •% TT • A1 hom. VI in Ev., § 2, dicunt hommes * ? Hoc omnes petimus. An, quaeso, * Matt., xvi, 13. quare ventiis est vita tua*? Chrisost., pulcherrime ** : *Jux)m!^-Llyiv\i(ai. « Aliqui sunt iracundi natura, alii per infirmitatem xxxviii)mMat.,§i. longam, ilz deviennent chagrins ; ita alii natura sunt mobiles, alii lascivise serviendo mobiles fiunt. » Ut ple- raque omnia injecta in aquam tepidam mollescunt, ita anima si lasciviae dedita sit, etc. Peccaturn peccavit Hierusalem , propterea instabilis *. Sic Salomon *Thren., i, 8. mulieribus addictus, instable, Aug'., De Doct. Chris- ttana*, apud D. Thom.**: « Quisquis rébus utitur * Lib. m, c. xn. T **In Catena, in lo- restnctius quam mores bonorum inter quos versatur se cum Matt. habent, aut intemperans aut superstitiosus est ; si excé- dât , aut aliquid significat (more histrionum scilicet , qui vestibus regum utuntur cum ipsi sunt miselli), aut flagitiosus est. » Caetera de Evangelio * patent. Pltis quam Propheta, *Matt.,xi, 9, 10. quia non solum prsedixit sed ostendit*; angélus munere, * Joan., i, 29, 36. non natura. En ergo, ne vos amplius retineam, mitto vos ad Christum*. Ite, dilectissimi auditores, ite, popule meus, «Matt., xi, 2, 3.  par la faveur ou précipités par la disgrâce, » dit saint Grégoire. Cela est vrai surtout des prédicateurs. Que disent les /tommes? Voilà ce que nous demandons tous. Ah! de grâce, pourquoi ta vie ^s^-elle du vent? Saint Chrysostôme dit très bien : « Il en est qui sont irascibles par tempérament, d'autres par suite d'une longue infirmité deviennent chagrins ; de même, quelques-uns sont changeants par nature, d'autres le deviennent en suivant leurs mauvais penchants. » Presque tout ce que vous jetez dans l'eau tiède s'amollit, ainsi l'âme qui s'abandonne à la mollesse, etc. Jérusalem a excessivement péché, c'est pourquoi elle a perdu sa stabilité. Ainsi Salomon s'abandonne aux femmes et devient instable. Saint Augustin, dans son livre De la Doctrine Chrétienne, cité par saint Thomas, dit : « User des choses de cette vie avec plus de rigueur que les honnêtes gens qui vous entourent dénote la crainte de l'intempérance ou la tendance au scrupule ; en user avec excès est preuve de prétention (comme ces histrions qui, tout misérables qu'ils sont, se couvrent d'habits royaux) ou de corruption. » Les autres passages de l'Evangile sont clairs. Plus qu'un Prophète, parce que Jean n'a pas seulement prédit, il a encore montré ; ange par son office, non par nature. Mais pour ne pas vous retenir davantage, je vous envoie à Jésus-Christ. Allez, bien-aimés auditeurs, allez, mon peuple, au Christ, et demandez-lui en Serm. Il e  66 Sermons autographes ad Christum, et dicite illi meo nomine : Tu es qui vent ur us es, an alium expectamus ? Videtis eum venientem, utero ^latris inclusum, ipse tamen est qui *llTim., IV, i; I venturus est judicare vivos et mortuos * nec alium Pétri. IV, ^. , , T- ■ • ■ expectare debemus. lirgo, si cœci estis, aperite oculos * Matt., XVIII, 10. et videte. Ne contemnatis Pusillum istum*, nam Angeli * Ps. cxLix, 7. ejus sunt coram Pâtre ad faciendam vindictam *. Audite eum voces pœnitentiae inclamantem, ambulate in viis ejus, resurgite. Sic fiet ut in die judicii, quem- admodum hodie dixit de Joanne : Qiiid existis in mundum videre ? Ouibus providere et servire ? x\run- dines ? moUibus ? prophetas ? Etiam plus quam pro- phetas, quia praeviderunt ventura et sibi providerunt. *Mai.,iii, kLuc», Sunt angeli missi ante faciem meani^, quam videbunt gaudentes in secula seculorum. * Lucx, VII, 19. Amb., loco .«^upra citato *, affert primo suam expositio- nem misticam ut solvat nodum , dicens Joannem in carcere esse Sinagogam in tenebris ignorantise, habens * II Cor., m, 15. - [sic] velamen prae oculis * ; unde mittit ad Christum a quo lumen accipit. Sic in Glissa diaconus et subdiaconus hoc tempore ante complicatas gerunt planetas seu casu- las, quia représentant misteria non fuisse explicata ante  mon nom : Etes-vous Celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? Vous le voyez venir enfermé dans le sein de sa Mère, et c'est lui-même cependant qtti viendra juger les vivants et les morts; nous ne devons pas en attendre un autre. Donc, si vous êtes aveugles, ouvrez les yeux et voyez. G.irde^-vous de mépriser ce petit Enfant, car ses Anges sont devant le Père pour exécuter ses vengeances. Entendez ses cris d'appel à la pénitence, marchez dans ses voies, relevez-vous. Ainsi au jour du jugement, il redira comme il dit aujourd'hui de saint Jean ; Qu'étes-vous allés voir dans le monde .- Pour qui furent vos prévoyances et vos soins? Pour des roseaux, pour des hommes mollement vêtus, pour des prophètes? Oui, plus que des prophètes, car ils annoncèrent l'avenir et s'y préparèrent. Ce sont des anges envoyés devant ma face ; ils la verront un jour pleins de joie, dans les siècles des siècles. Saint Ambroise, dans le passage cité, produit d'abord un sens mystique pour résoudre cette difficulté. Il dit que Jean dans sa prison, c'est la Syna- gogue dans les ténèbres de l'ignorance et les yeux voilés; aussi envoie-t-il un message au Christ pour en recevoir la lumière. En ce temps-ci, le diacre et le sous-diacre portent à la Messe des planètes ou chasubles dont la partie antérieure est repliée, pour signifier qu'avant la venue [du Messie] les mystères  LXXXI. Pour le ir Dimanche de l'Avent  67  adventum, et veteres diminutum habuisse sacerdotium. Dum tamen officio funguntur exuunt illas vestes, quia velamen auferendum fuit Joanni, et illis ex Sinagoga qui proxime Christi adventum annunciarunt. 1^ opinio, Tertul. *, dat ansam dicendi quod Joannes *Advers. Marcion., . . . . . J • -w. 1- 1^1 ^- XVIII. non solum fuisset pnvatus spiritu prophéties sed spiritu fidei. Quomodo autem fidem amisisset, quae nunquam est primum peccatum ? 2^ opinio, Ambr. , mistica, dat ansam dicendi quod supra, hac columna, dixi*(J). • Videpag.prœced. 3% Bedœ*, Hieron.**, Greg. ***, dat ansam dicendi «î^ e^J^dVm U!' de impœnitentia infernali. 4% eorum quos refert Amb. *, dat ansam loquendi de amore praepostero carnali, etiam hominum qui nolunt filios fieri sacerdotes, religiosos, homines dare operam rébus devotionis. 5*, ut supra dixi.  *Hom. XX in Ev, § 14. * Ubi supra.  3. Que nous prenons et qui nous prennent.  n'avaient pas encore été révélés et que les anciens n'avaient qu'un sacerdoce incomplet ; mais lorsqu'ils exercent leurs fonctions, ils dépouillent ce vêtement, parce que le voile fut ôté des yeux de Jean et des membres de la Synagogue contemporains du Christ qui annoncèrent sa venue. !'■* opinion, celle de Tertullien qui porterait à croire que saint Jean fut privé non seulement de l'esprit prophétique, mais encore de l'esprit de foi. Or, comment aurait-il perdu la foi, quand cette perte n'est jamais le premier péché qu'on commet ? 2' opinion, celle de saint Ambroise, toute mystique, laisse à penser ce que je viens de dire plus haut, dans cette colonne. 5^, celle de Bède, de saint Jérôme, de saint Grégoire, pourrait s'appliquer à l'impénitence des damnés. 4^, celle des auteurs que cite saint Ambroise, peut s'entendre de l'amour désordonné et charnel de ces hommes qui empêchent leurs fils de se faire prêtres ou religieux, ou les autres de s'adonner aux pratiques de dévotion. 5^, comme je l'ai dit plus haut.  ( I ) L'Autographe de cette pièce est écrit en deux colonnes. La dernière phrase est séparée de ce qui précède par un trait ; elle se rapporte probable- ment à la première partie de ce plan qui ne nous est pas parvenue.  LXXXII FRAGMENT D'UN SERMON POUR LE PREMIER DIMANCHE DE L'AVENT 27 novembre 161 1 (Inédit) (Ms. p. 16, verso) (i) Natura varias temporis differentias instituit, et quibuslibet sive singulis varias affectiones tribuit ; ut frigus hiemi, calorem sestati, teporem autumno et veri. Sic Ecclesia varia festa, etc. Quarto die creationis dixit Deus : Fiant luminaria in firmament cœli, et dividant diem ac noctem, et sint in signa et tempora et dies et annos, ut luceant * Gen., I, M, 15. in fif'mamento cœli et illuminent terram*(^). Comm'en un'assemblee publique et solemnelle, après que chacun s'est retiré, tous les serviteurs qui portoyent les flambeaux les esteignent, et par tout l'hostel on va commandant qu'on ammortisse les torches, ains}^, Ihors que le monde finira et que les habitans seront mors,  (a) La nature diversifie les saisons, et à chacune elle attribue un caractère spécial : le froid à l'hiver, la chaleur à Tété, une température modérée au printemps et à Tautomne. Ainsi l'Eglise varie ses fêtes, etc. Le quatrième jour de la création Dieu dit : Qu'il soit fait des luminaires dans le firmament du ciel, et qu'ils séparent le Jour de l.i nuit, et soient des signes pour les temps, les jours et les années, afin quils brillent dans le firmament du ciel et qu'ils éclairent la terre. (1) Bien que les quatre premières lignes soient biffées dans l'Autographe, elles offrent tant d'intérêt qu'on s'est cru en droit de les réintégrer ici dans le texte.  LXXXII. Pour le i^'" Dimanche de l'Avent 69 Dieu fera esteindre les flambeaux du ciel : Sol ohscti- rabitur et luna non dabit lumen suum*'^^). Il ne 'Matt., xxiv, =9. sera plus besoin de diviser le jour de la nuit, car au Ciel le jour sera éternel pour les Saintz, et pour les autres, la nuit éternelle ; non plus les signes mais les effectz, non plus les jours mais les éternités. Le Ciel n'a plus besoin de ces astres, car les cors des Bienheu- reux tiendront leur place : Fulgebunt justi sicut sol, et sicut stellce splendentes in perpétuas œternita- tes * (^) ; ni la terre d'estre éclairée, car il ny aura plus * Matt., xiu, 43 ; d'yeux pour voir. C'est cela que dit l'Evangile* : «Lucae, xx^ 25. Erunt signa, etc., et in terris pressura gentium^'^). O Dieu, que le commencement du monde est admirable, et comme Dieu prent la pe3me de ranger toutes choses ! Mays, o Dieu, que sa fin est espouventable, Ihors que Dieu troublera et renversera tout ! Comme quand un roy veut habiter un palais, on tend les tapisseries, on estale les meubles, ainsy quand Dieu mit l'homme au monde. Et comme quand le roy part, etc., tout renverse. (d) Sed quare Christus tam saepe de judicio et mundi fine loquitur? Ad timorem incutiendum. Sed quare vult nos timere ? Ut amemus, quia initium sapientiœ est timor"". Is. 26** : A facie tua (70 apud Sa***, a 1%'^,^%'!',^. timoré tuo, pr opter timorem tuum) concepimus et ""Annotât., in loc. quasi peperimus spiritum, id est, amorem. A facie tua, id est, a facie irœ indignationis tuœ*. Sic Con- *Ps. ci, n. cilium Tridentinum * definivit contra Lutherum et a * Sess. vi, c vi.  {3l) Le soleil s'obscurcira et la lune ne donnera plus sa lumière. (b) Les justes brilleront comme le soleil et comme des étoiles resplendis- santes dans les perpétuelles éternités. (c) Il y aura des signes, etc., et sur la terre la détresse des nations. (d) Mais pourquoi Jésus-Christ parle-t-il si souvent du jugement et de la fin du monde ? C'est pour nous remplir de crainte. Mais pourquoi veut-il que nous craignions? Afin que nous aimions, parce que la crainte est le commen- cement de la sagesse. Devant votre face (version des Septante, d'après Sa, dans votre crainte, parce que nous vous craignons) nous avons conçu et comme enfanté l'esprit, c'est-à-dire l'amour. Devant votre face , c'est-à-dire, devant votre colère et votre indignation. Ainsi le Concile de Trente a-t-il défini contre  yo Sermons autogrtaphes timoré incipere interdum nostram justificationem , id est, dispositionem nostrse justificationis. ♦Vide supra, p. 63. Sed quia rem hanc anno superiori incepimus tractare*, jam pergamus. Duplex timor, humanus et divinus. Humanus iterum duplex : naturalis moralis, mundanus ; divinus, quadruplex : servilis , mercenarius, filialis, sponsarum. Servorum, des esclaves, serfz, forsatz, quia timent pœnam. Verum iste duplex est, bonus et malus. Malus, cum voluntatem peccandi non excludit, imo includit desiderium. Ut qui dicit : Si Deus praeciperet rem talem et prsecepto non adhiberet pœnae comminationem, etc., ego peccarem; verum quia, etc., est peccator affectu. Imo iste timor est peccatum ; quia existimat pœnam esse magis timendam quam culpam et Deum, et amat suum com- *Vers. 18. modum super omnia et super Deum. i Jo. 4* : Charitas foras mittit timor em; neque differt iste timor a tristitia damnatorum. Bonus : 1°. ut quando, sine illa reflexione, *jonœ, III, 5,9. T)recise timetur infernus. Sic Ninivitse*. Sic Christus**, »*Matt., X, 28. *^ * Philip., II, 12. Apostoli *. Quia licet inclmare cor pr opter retribu- • Ps. cxviii, 112. tïones *, ergo etiam propter pœnam vitare peccata.  Luther que notre justification même, c'est-à-dire notre disposition à être justifiés, commence quelquefois par la crainte. Nous avons commencé Tannée dernière à traiter ce sujet, nous allons donc continuer. La crainte est double, la divine et Thumaine. La crainte humaine à son tour est double : naturelle ou morale et mondaine ; la crainte de Dieu, quadruple : servile, mercenaire, filiale, crainte des épouses. Celle des serviteurs... qui agissent par crainte du châtiment; elle se subdivise encore en bonne et mauvaise. Elle est mauvaise lorsqu'elle n'exclut pas la volonté de pécher et qu'elle en contient même le désir. Ainsi, qui dirait : Si Dieu prescrivait telle chose et ne sanctionnait pas ce précepte par la menace d'un châtiment, etc., je pécherais; mais comme, etc., celui-là serait pécheur d'affection. Bien plus, cette crainte même serait péché, parce qu'il jugerait le châtiment plus à craindre que la faute et que Dieu, et qu'il esti- merait son avantage au-dessus de tout et de Dieu même. La charité chasse la crainte. La crainte dont nous parlons ne diffère en rien du stérile regret des damnés. [La crainte des esclaves peut être] bonne : i. quand, sans faire la réflexion indiquée plus haut, on redoute simplement l'enfer; ce fut la crainte des Ninivites. Cette crainte est inculquée par Jésus-Christ, les Apôtres. Il est permis de porter son cœur au bien en vue de la récompense, donc de l'éloigner du péché par crainte du châtiment. 2. Quand la crainte excite et entraîne au  LXXXIl. Pour le i^'' Dimanche de l'Avent 71 2. Ut qui desiderans servire Deo et vitare ofFensam Dei, excitatur et movetur a timoré, etc. Hic est actus spei, nam eadem virtus quse inclinât ad prosequendum bonum inclinât etiam ad fugiendum malum. Exempla ut intel- ligamus, vide pag. 28 (0,  désir de servir Dieu et d'éviter le péché, etc. Cette crainte est un acte d'espérance, car la même vertu qui pousse au bien détourne aussi du mal. Voir page 28 des exemples pour nous faire saisir.  (i) Cette page 28 ne nous est pas parvenue, non plus que la page 17 qui devait contenir la fin de ce sermon.  LXXXIII FRAGMENT D'UX SERMOX POUR LE DEUXIÈME DIMA^XHE DE L'AVENT 4 décembre i6i i ( IXBDIT ) Tu es qui ze/iiurus es, an alium expectamus ? Math., ii, f. 3. (Ms. p. 18, verso) Paucis verbis Joannes duos maximos Christi titulos explicat in hac legatione : Oui venturiis es, et, quem expectamus. lis expositis, pergemus totam Evangelii seriem explicare. I. Venturus est Christi solemne nomen et elogium. ♦ Vers. 10. I. Gen. 49* : Non aiiferetur sceptrum dejuda et dux de femore ejus, donec veniat qui mittendus est, Siloh. Quod verbum significat varia pro varietate radicum, Filius ejus,pacificum, mîssum; Sept. : Donec veniat oui reposittun est, scilicet sceptrum. {Veniat notan- • Vers. 7, dum.) Veniat mittendus, id est, venturus. Aggei, 2 * : Adhuc unum modicum, et veniet desideratus cunctis •Vers. I. gentibus. Psal. 39* : Expectans expectavi Domimim,  Etes-vons Celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? En ce peu de mots, saint Jean exprime les deux plus beaux titres du Christ : qui doit venir et que nous attendons. Nous les développerons d'abord, et nous expli- querons ensuite l'Evangile dans toute sa teneur. I. Celui qui doit venir est un nom célèbre et un éloge du Christ, i. Le sceptre ne sera pas été de Juda ni le chef de sa postérité, Jusqu'à ce que vienne Celui qui doit être envoyé, Siloh. Ce mot a différentes significations, selon la diversité des racines : son fils, pacifique, envoyé ; les Septante : jusqu'à ce que vienne Celui pour lequel il a été gard', c'est-à-dire le sceptre. (Qu'il vienne est à noter.) Que Celui qui doit être envoyé vienne, c'est-à-dire, Celui qui doit venir. Encore un peu de temps, et le Désiré de toutes les nations viendra. En attendant j'ai attendu le Seigneur, et il m'a écouté ; ensuite : Vous n'ave^ pas voulu de sacrifice  LXXXIII. Pour le ii-* Dimanche de l'Avent 73 et intendit mihi ; deinde* : Sacrificium et oblationem * Vers. 7. noluisti, aures autem perfecisti mihi ; holocaustum pro peccato non postulasti, tune dixi : Ecce venio. Abacuc, 2 * : Adhuc visus procul, id est, visio, et appa- * Vers. ?. rebit in finem et non mentietur ; si moram fecerit, expecta eum, quia veniens veniet et non tardabit. 2. Quem expectamus. Et ipse erit expectatio gen- tium''. In prœdictione Dan**: Dan judicabit populum *Gen.,xLix 10. ^ . -1 , **Ibid., yy. 16, 17. suum sicut et alia tribus in Israël. Fiat Dan colii- ber in via, cérastes (coluber quadricornius) in semita, mordens ungulas equi ut cadat ascensor ejus rétro. Vide Per. * de interpretatione loci ex antiquis Patribus *Pereira,Comm.m G-en., ad cap. xlix, de Antichristo. § 131. Sed cur venturus, cur expectatio ? i. Venturus Pater, venturus Filius, venturus Spiritus Sanctus ; at Christus specialiter, non tanquam operator tantum, sed tanquam opus, in nova substantia veniet in mundum. 2. Quia bonitas difFusiva est sui, unde illud : Beatius est magis dare quant accipere *. Prima ratio fuit excel- * Act., xx. 35. lentia misterii. Cur expectatio ? Quia illo egebamus, ob multa. Redde mihi lœtitiam salutaris tui*. O 'Ps. l, 14.  ni d'offrande, mais vous tnave^ rendu parfaitement attentif à vos paroles ; vous n'ave{ pas demandé d'holocauste pour le péché, alors j'ai dit : Me voici... La vue est encore éloignée, c'est-à-dire la vision, mais il apparaîtra à la fin et il ne trompera pas ; s'il tarde, attends-le, car il viendra et il ne tardera pas. 2. Celui que nous attendons. Et lui-même sera l'attente des 7iations. Dans la prédiction de Dan : Dan jugera son peuple aussi bien qu'une autre tribu en Israël. Que Dan devienne une couleuvre sur le chemin, un céraste {couleuvre à quatre cornes) dans le sentier, mordant la corne du pied du cheval, afin que le cavalier tombe à la renverse. Voyez Péréira pour l'interprétation de ce passage, d'après les anciens Pères qui l'entendent de l'Antéchrist. Mais pourquoi ces mots : qui doit venir? Pourquoi cette attente? i. Le Père aoit venir, le Fils doit venir, l'Esprit-Saint doit venir. Toutefois, le Christ doit spécialement venir, non seulement comme agissant, mais comme oeuvre; il viendra dans le monde en une nouvelle substance. 2. Parce que la bonté est de soi communicative ; de là cette maxime : // est plus heureux de donner que de recevoir. La première raison de l'Incarnation a été l'excellence de ce mystère. Pourquoi cette attente? Parce que nous avions besoin du Sauveur, pour de nombreux motifs. Rendez-moi la joie de votre salut  LXXXIV SERMON POUR LE MERCREDI DES CENDRES 7 mars 1612 (0 (Inédit) (Ms. p. 70, verso) Mémento, horao, etc. T/iesauri^aie vobis, etc. (a) [M ATT., VI, 20.] Quand Gedeon entreprit la célèbre bataille qui est ♦Vers. 16-22. descritte au Livre des Juges, chap. 7*, il commanda aux troys cens soldatz d'eslite qu'il avoit pris pour compaignons d'une si dign'entreprise, de ne point em- ployer d'autres armes que le son des trompettes et de la clarté des lampes ardantes qu'un chacun d'eux portoit en sa main. Armes, a la vérité dire, peu sortables au dessein , si nous les regardons selon leur première trempe et le sens extérieur; mays armes en eifect excel- lentes, par lesquelles toute l'armée des Madianites fut mise en desordre, en route, et en fin au fil de l'espee. Car le son des trompettes ayant donné une effroyable alarme aux oreilles, le feu qui paroissoit de toutes pars autour de l'ost et en pleyne minuit, donna un'apprehen- sion comme de quelque spectre espouvantable, aux [troupes] de l'ennemi. Le son de la trompette reveilla  (a) Souviens-toi, ô homme, etc. Thésatirtse:^, etc. ( I ) L'Autographe de ce sermon n'est pas daté ; mais une allusion (v. p. 78) prouve qu'il a été prononcé à Chambéry. On sait que notre Saint a prêché deux Carêmes en cette ville, celui de 1606 et celui de 1612. Or, quand les spécialités de l'écriture ne fourniraient pas la preuve certaine que ce sermon est postérieur à la première de ces deux stations, il suffit de remarquer qu'il est inséré dans le Manuscrit commencé en 1608 pour être convaincu qu'il ne peut remonter à 1606.  LXXXIV. Pour le Mercredi des Cendres 75 les Madianites, qui, regardans la part d'où venoyt le son, virent de tous costés paroistre en un moment 300 lampes ardentes qui sortoyent d'entre les morceaux brisés d'autant de potz cassés. Le son des trompettes les effraya, par ce quil se fit au cœur de la nuit, Ihors quilz estoyent au plus profond de leur sommeil ; la lumière des lampes les espouvanta, par ce qu'a l'improuveue ilz la virent paroistre entre les potz cassés. Aussi, ces lampes ardentes qui sortoyent des potz cassés estoyent un signe mistique que bien tost la gloire d'Israël et le triomphe de la victoire sortiroit d'entre les cors mortz et abbatuz des Madianites, dequoy la trompette les advertissoit. Or sus, mes chers auditeurs, si vous ne le sçaves pas, les Madianites représentent les mondains, Gedeon est la figure de Jesuschrist, et les troys cens soldatz sont un portrait des praedicateurs. O Madianites, mondains, pécheurs desbauchés, le Sauveur vous dénonce la guerre, et nous sommes ses soldatz d'eslite. Vous dormes, non pas, au milieu de vos grossières et terrestres affections? et voyci que ce divin Capitaine nous commande que nous sonnions haut et cler de nos trompettes, et que nous facions tout par tout retentir nos clerons : (a) Vox dicentis mihi , clama*; quasi tuba exalta vocem • 7s. ^o. [y. 6]. tuam*. Et dixi : Quid clainaho**} Oiiy, Seigneur, !i!''.'î' ^^"1' ^• ^^ . -, 7 **Ibid., XL, 6. je veux crier ; mays que crieray-je r Clama, clama, ne cesses"* ; Crie, crie, ne cesse point : Omnis caro * ibid., lvih, i. fœniim (« Mémento homo ; » confringite lagenas), et omnis gloria ej'us sicut flos agri ; exsiccatum est fœniLm, etc., et cecidit Jlos*' (et in pnlverem reverte- Mbid-.xL, 6, 7. ris *j. Sed ex hac lagena confracta exit lampas : Ascende * Gen., m, 19. in montem excelsum, tu qui evangeliias Sion; die  (a) Voici la voix de quelqu'un qui me dit : Crie ; élève ta voix comme la trompette. Et j'ai dit : Que crierai-je? Oui, Seigneur, je veux crier; mais que crierai-je? Crie, crie, ne cesse point : Toute chair est de l'herbe (« Souviens- toi, ô homme; » brisez les cruches), et toute sa gloire est comme la fleur du champ; Vherhe s'est desséchJe, etc., et la fleur est tombée (et tu retourneras en poussière). Mais de ces cruches sortent des lampes : Monte sur une haute montacrne, toi qui évangélises Sion ; dis aux cités de Juda : Voici votre Dieu,  ^6 Sermons autographes civitatibus Judce : Ecce Deus vester, ecce Dominus Deus in fortitudine veniet, ecce merces ejus cum *is.,xL, 9, 10. eo'^. The^aurisate. Tu autem cum jejunas, unge caput tuiim et faciem tuam lava; et Pater tuus qui * Matt., VI, 17, 18. videt in abscondito reddet tibi'^. C'est le sujet gênerai des prasdicateurs, la mort et la vie ; mais c'est le sujet particulier que je doys traitter en cette journée. Mes chers auditeurs, si j'apporte en cette chaire autre désir de gloire que le désir de la gloire de Dieu, si j'y viens pour autre passion que pour la Passion du Sauveur, si j'ay prsetention d'autre issue que de celle de vostre salut, que ma langue se replie ' Ps. cxxxvi, 6. en derrière, et demeur' attachée a mon gosier^, que ma bouche soit desséchée et comm'une fontaine tarie qui ne peut point respandre ses eaux. Mays, o Seigneur et Sauveur de nos âmes, si mon ame vient icy animée du désir de sanctifier vostre nom sur ce peuple, si le courage de mon cœur tend a glorifier vostre grâce, et si (0 je suis passionné du désir de bien annoncer le fruit de vostre Passion a ces âmes qui sont le sujet pour lequel vous la soufifristes, hé, doux Jésus, soyes moy propice, et puisque j'ay volonté de parler, donnes moy le moyen et m'inspires de quoy dire. Mes auditeurs, escoutes avec révérence les paroles que je vous porte ; car c'est en qualité d'ambassadeur extraordinaire de • II Cor., V, 20. Dieu * que je vous parle. Mays prions affin que je parle des paroles célestes, et que vous oyes avec un'attention convenable, et employons les prières de la tressainte Vierge. Ave. (a) Opportet ista tantisper restringere, hoc modo. Hoc  voici que le Seigneur Dieu viendra dans sa puissance, voici que sa récompense est avec lui. Thcsaurise{. Mais loi, lorsque tu jeûnes, oins ta tête et lave ton visage; et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. [Reprendre au texte, lig. 6.] (a) Il faut un peu abréger cela, de cette façon. Me voyant appelé à occuper ( I ) On voit ici dans le Ms. les mots suivants que l'Auteur a biffés ensuite : '< la passion qui me fait entreprendre de parler a ces âmes n'est autre chose... »  Vers. 1-3.  LXXXIV. Pour le Mercredi des Cendres 77 loco constitutus, dilectissimi auditores, videor mihi au- dire vocem, veluti alter Isayas, dicentem mihi : Clama. Vel hoc modo. Quod Isaise aliquando accidit, id omnibus Christi servis preedicatoribus usuvenit : [1°.] Vox dicentis mihi, inquit ille, vox quoque dicentis mihi : Clama. Nam et illi et mihi nécessitas evangelizandi incumbit *. At ille : Qiiid clamaho ? Paratus sum • l Cor., ix, 16. clamare, sed quid? Clama : Omnis caro fœnum. Et Ecclesia, Mater mea : Qiiid clamaho 1 a Mémento homo. » 2°. Vox dicentis mihi : Ascende in montem excelsum, tu qui evangeli^as ; exalta in fortitudine vocem tuam*. Sed quid clamabo ? Die civitatibus * Is., xl, 9. Judce : Ecce Deus vester, et merces ejus cum eo, etc. Vel exordium erit hoc modo; Hier. 24*: Ostendit (Ms. p. yi, recto) mihi Dominus, et ecce duo calathi pleni ficis positi ante Templum Domini ; et dixit Dominus ad me : Quid tu vides, Hieremia ? Et dixi : Ficus, etc. Sic et mihi, auditores, in officio hujus celeberrimœ diei, videbatur Dominus ostendere duos calathos, unum pro- pheticum, alium evangelicum, et dicere videbatur mihi Dominus : Qiiid tu vides, Hieremia ? Et duo ficus quibus pascantur populi. Ouas ficus? Malas , malas  cette chaire, bien-aimés auditeurs, il me semble entendre, comme un autre Isaie, une voix qui me dit : Crie. Ou bien de cette manière. Ce qui arriva une fois à Isaïe, arrive habituelle- ment à tous les prédicateurs, serviteurs du Christ : [i.] Voici la voix de quelqu'un qui me dit, affirme le Prophète. Et moi aussi : Voici la voix de quelqu'un qui me dit : Crie ; car, et à lui et h moi, incombe le devoir d'évangéliser. Mais dit-il, que crierai-Je ? Je suis prêt à crier, mais quoi? Crie : Toute chair est de l'herbe. Et moi, je demande à l'Eglise ma Mère : Qjiie crierai-Je? « Souviens-toi, ô homme. » 2. Voici la voix de quelqu'un qui me dit : Monte sur une haute tnontagiie, toi qui cvangélises ; élève avec force ta voix. Mais que crierai-Je ? Dis aux cites de Juda : Voici votre Dieu, et sa récompense est avec lui, etc. Ou bien Texorde sera ainsi qu'il suit : Le Seigneur me fit voir, et voici deux paniers pleins de figues, places devant le Temple dit Seigneur, et le Seicrneur me dit : Que vois-tu, Jérémie? Et je dis : Des figues, etc. De même, mes audi- teurs, dans l'office de ce jour très solennel, je croyais voir le Seigneur me montrer deux paniers, celui des Prophéties et celui de l'Evangile; et il sem- blait me dire : Que vois-tu, Jérémie ? Je vois les deux espèces de figues dont doivent se nourrir les peuples. Quelles figues ? Les amères, très amères :  ^8 Sermons autographes vaJde : « Mémento homo quia piilvis es ; » Conver- timini ad me in toto corde vestro, in jejunio, et * Joël, II, 12. fletu et planctu*. Ficus vero bonas, bonas valde : Tu autem cum jejunas, unge caput tuum ; Pater tuus qui videt in abscondito reddet tibi ; Thesau- ♦Ubi supra. ri\ate vobis thesauros*, etc. Ecce jam et bonas et malas ficus quas ostendit Dominiis degustemus, in nomine Domini ; prsecemur autem Virginem ut et bonas nobis optimas, malas vero etiam bonas sua intercessione faciat. '¥615.38-41. Vel sic : 4. Reg. 4 *, jussit Heliseus uni de pueris suis : Pone ollam grandetn et coque pulmentum filiis prophetarum. Et egressus est unus, etc. En mihi videtur Christus sicut uni de pueris et indignis servis suis dixisse : Pone ollam grandem , prœpare beaucoup de viandes spirituelles pour le peuple de Chamberi. Et je suis sorti au champ de l'Escriture qui est proposée en l'Evangile d'aujourdhuy, et avois cueilly a la bonne foy des collochintes : « Mémento homo ; » Convertimini in jejunio, fletu et planctu, etc. Mays si vous en goustes de la sorte, o Dieu, dires vous, cette prœdication est toute de mort : (a) Mors in olla, vir Dei. C'est pourquoy, ecce Heliseus noster : Affer, inquit, mihi, farinam ; produc Evangelium, quod nihil aliud • joan., XII, 24. est quam granum frumenti * (id est, Christus ipse,  <( Souviens-toi, ô homme, que tu es poussière ; » convertissez-vous h moi de tout ■notre cœur, dans le jeûne , les pleurs et les gémissements. Les douces, très douces : Mais toi, lorsque tu jeûnes, oins ta tête; ton Père qui voit dans le secret te le rendra; thésaurise^ des trésors, etc. Allons donc, et au nom du Seigneur, goûtons les figues douces et les figues amères qu'il nous montre, mais prions la Vierge de nous rendre, par son intercession, celles qui sont amères, douces, et les douces excellentes. Ou [commencer le sermon] de cette manière : Elisée donna cet ordre h l'un de ses serviteurs : Prends la grande marmite et fais cuire un mets pour les fils des prophètes. Et l'un d'eux sortit, etc. Or, il me semble que le Christ m'a dit comme à un de ses domestiques et indignes serviteurs : Prends la grande marmite. [Reprendre au texte, lig. 15.] (a) Z-. 28. iiitrabuiit, appones.) Sed jam duplex est nostri igno- rantia ; ut dupliciter apud philosophos illa sententia : (( Nosce teipsum *. » Xam Socrates, apud Platonem, in *Inscrip.Deiphica. Alcibiade^, cognitionem sui in cognitione excellentiae * Circa finem Dia- animae nostrœ consistere ait ; alii in cognitione vilitatis °^' ^'^'" '" suae secundum corpus ; pusillanimitas et superbia. Et quidem, quoad secundum ; Deus ab initio nobis nomen x\dae imposuit : Masculum et fœminam creavit eos, et vocavit nomen eorum, Adam*, id est, terres- * Gen., v, 2. très, luteos ; ut ait Gregorius Niss., De Créât, hominis, G. 22. De limo terrœ* ; ut in nomine nostro humum *ibid.,n, 7. praeferente, mortis admoneremur : <( 31emento homo. » Sed satis recordamur, ais. Heu me ! satis cogitamus, sed non recoQ-itamus : Desolatione*, etc. Die mihi, * Jerem., xn, n.  l'iaterprétation de saint Ambroise, de saint Grégoire, de saint Bernard. Pour moi, je ne vois pas ici un reproche, mais un conseil bienveillant qui nous apprend de quelle manière nous devons débuter dans la recherche de Dieu. Si tu t'ignores, sors, c'est-à-dire, tu sortiras. (Ainsi : Mon Dieu, rendez-les comme une roue, c'est-à-dire, vous les rendre^. Que leur habitation devienne dJserte, c'est-à-dire, deviendra. Ajoute^ iniquité sur iniquité, et qu'ils n'entrent point ; c'est-à-dire, «75 n'entreront point, vous ajoutere^.) Or, nous vivons à l'égard de nous-mème dans une double ignorance, ainsi que les philosophes ont donné une double signification à cet axiome : « Connais-toi toi-même. » Socrate, en effet, dans r Alcihiade de Platon, dit que la connaissance de nous-même consiste dans la connaissance de l'excellence de notre âme ; d'autres disent que c'est la connaissance de notre bassesse quant au corps; pusillanimité et orgueil. Pour expliquer le second sens, rappelons que Dieu dès l'origine nous a donné le nom d'Adam : // les créa mâle et femelle, et leur donna le nom d'Adam, qui signifie terrestres, formés de boue, comme le dit saint Grégoire de Nysse, De la Création de l'homme, chap. xxii. Du limon de la terre ; afin qu'à notre nom qui rappelle la terre, nous nous souvenions de la mort : » Souviens-toi, ô homme. » Mais nous nous en souvenons assez, dis-tu. Hélas ! nous y pensons assez, mais nous n'y réfléchissons pas : D'une grande désolation, etc. Dis moi, orgueilleux, dis-moi, avare, gourmand, quêteur de Serm. Il 6  82 Sermons autographes superbe, die, avare, gulose, nominis quaesitor, etc. Fun- damentum omnium tentationum fuit in memoria mortis extirpanda. Audite historiam satis vulgarem, sed non satis consi- deratam ; nam ad eam Ecclesia nos provocat. Formato homine, ttilit eum Deus et posuit eiun in paradiso voluptatis. Prœcepitqiie ei, dicens : De omni ligno paradisi comede, id est, comedere potes ; de ligno autem scientiœ boni et mali ne comedas ; in qua- • Gen., II, 15-17. cumque enim hora *, etc. Adam mansit aliquamdiu solus sub praecepto ; nam dédit nomina rébus et ani- ♦ Ibid., ^^. 19, 20. mantibus * : sed non eum tentare tune voluit serpens ; expectavit donec haberet instrumentum tentationis suœ idoneum, fœminam. Jam ergo, creata fœmina, venit, dicens : Quare prœcepit vobis Deus ut non comede- * Ibid., III, I. retis de omni ligno paradisi^? Videte astutiam : Cur prœcepit? Quia Doininus est; ipse fecit nos, et non • Ps. xcix, 3. ipsi nos*. Ut non comederetis de omni ligno, id ' '* est, de uUo ; videte fraudem. Sic hoc tempore, sugge- rit : O ! isti prœdicatores nolunt vos uUum gaudium excipere, nolunt vos vesci, nolunt vos ridere, nolunt vos uUam curam rerum habere ; volunt vos tota die esse in ecclesiis, volunt vos semper jejunare. Ah ! proditor  renommée, etc. Le fondement de toutes les tentations fut de bannir l'idée de la mort. Ecoutez ce récit bien connu, mais trop peu médité ; l'Eglise nous invite à l'étudier. L'homme étant créé. Dieu le prit et le plaça dans le paradis de délices. Et il lui commanda, disant : Mange du fruit de tous les arbres du para- dis, c'est-à-dire, tu peux manger; mais quant aux fruits de l'arbre de la science du bien et du mal, nen mange pas; car, a qiielque heure, etc. Durant le peu de temps qu'Adam demeura seul, il obéit; il donna des noms aux choses et aux animaux : le serpent ne voulait pas le tenter alors ; il attendit pour cela d'avoir un puissant instrument de tentation, la femme. Donc, dès que la femme est créée, il vient et dit : Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé de ne pas manger du fruit de tous les arbres du paradis ? Voyez la ruse : Pourquoi a-t-il commandé ? Parce qu'il est le Seigneur; c'est lui qui nous a faits, et nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes. De ne pas manger du fruit de tous les arbres, c'est-à-dire, de n'en manger aucun ; voyez la tromperie. Ses suggestions d'aujourd'hui sont semblables : Oh ces prédicateurs 1 ils vous interdisent toute joie, toute nourriture, tout sourire, tout soin des biens temporels; ils vous veulent tout le jour à l'église, toujours dans le jeûne,  LXXXIV. Pour le Mercredi des Cendres 83 generis humani, non hoc dicimus, sed : De omni gaudio comede, sed de gaudio peccatorum ne comedas, etc. De friictu, ait, lignorum... prœcepit nohis Deiis ne comederemus et ne tangeremus illud'', id est, • Gen., m, 2, 3. lignum. Dupliciter consideratur illud ne tangeremus : nam forsan verum erat implicite contineri prohibitionem ne tangeremiLS, ob periculum, nam post tactum arboris ad tactum fructus, post tactum ad esum ; vel ipsa mentie- batur, exaggerans et fingens laborem et rigorem in pi-cecepto"^. Ne forte moriamur**. Heu! hinc prima ' P^. xcm, 20. i- 1 1 1 , . Gen., III, 3. mail labes, dubitat de morte. Morte morieris*, redu- * Ibid., n, 17. plicatio inculcans ; at, ipsa oblita, emollit per dubitatio- nem. Heu ! heu ! dubitas ; aperis tantisper januam diabolo. Ecce irruit diabolus : Nequaquam moriemini*. * Ibid., m, 4. Ceux qui chassent au chevreul se joignent aux rochers, car silz voyent tant soit peu d'ouverture, ilz se fourrent ; il faut ainsi adhaerer aux commandemens, ne latum quidem unguem discedere. Dœmon est instar serpentis cujus figuram praeferebat ; ubi caput inserit totum cor- pus infert. Nescitis quod daemones a sagis et magis non petunt plerumque res magnas, sed pilum barbse vel  Ah ! traître à rhumanité ! nous ne disons pas cela, mais : Nourris-toi de toute joie, mais de la joie du péché n'en use pas, etc. La femme dit : \Nous mangeons] au fruit des arbres... Dieu nous a commandé de n'en point manger et de n''y point toucher, c'est-à-dire, à l'arbre. Ces mots : ny point toucher, peuvent s'expliquer de deux manières : peut- être étaient-ils vraiment quoique implicitement contenus dans la défense, à cause du péril, car après avoir touché à l'arbre, on toucherait au fruit, et après avoir touché au fruit on en mangerait ensuite ; ou bien, Eve mentait-elle en exagérant à dessein la pénible rigueur du précepte. De peur que nous ne mourions. O Dieu ! c'est la première porte ouverte au mal : Eve doute de la mort. Dieu avait insisté par une double menace : Tu mourras de mort ; Eve, oubliant cette menace, l'atténue par le doute. Hélas ! hélas ! tu doutes ; tu entr'ouvres la porte au diable. Voici le diable qui s'y précipite : Vous ne mourre^ point. Ceux qui chassent au chevreuil se joignent aux rochers, car s'ils voient tant soit peu d'ouverture ils se fourrent; il faut ainsi adhérer aux commandements et ne pas même s'en écarter de la largeur d'un ongle. Le démon est comme le serpent dont il avait pris la figure : où il passe la tête, il passe tout le corps. Ne savez-vous pas que le plus souvent les démons ne demandent pas de grandes choses aux devins et aux magiciens, mais un  84 Sermons autographes rasuram unguium ? Si des , captus es. Parum petit initio, progressu temporis omnia aufert. Sic hseretici petunt sibi concedi unum iota : omioiision (sic) ; si des, captus es. Nolo malum cogites, sed audi ejus verba ; nolo credas, sed audi quam dulciter cantat juvenis ; nolo attendas ad obscena, sed vide, animi gratia, quam eleganter scribat. •Virg.,Eclog.in,93. « Frigidus, pueri, fugite hinc, latet anguis in herba *. » Ergo Deus, ubi vidit hominem peccasse ex oblivione mortis, inculcat : In sudore vultus tut vesceris pane tuo, donec revertaris in terrain de qua snmptus es; * Gen., III, 19. quia pnlvis es et in pulverem'^. O homo, mémento *iCor.,iv,7;Eccii., mori. Qiiid gloriaris, pulvis et cinis"^? Quam belle • joi) XVII, 14. pœnitens * : Putredini dixi, pater meus, frater meus et soror mea, vermibus. Nos plerumque gloriamur in corpore, de anima nihil soUiciti. Pulvis, pulvis, pulvis, quid gloriaris ? On se mire avant que de sortir ; nul ne fait l'examen de sa conscience. De vestitu corporis cogitamus, de vestitu animse nihil. *Videsupra,p.8o. Atqui, 5/ ignoras te, o pulcherrima inter creaturas*;  poil de barbe, une rognure d'ongle ? Si tu les donnes, tu es pris. D'abord, il demande peu; avec le temps, il emporte tout. Ainsi les hérétiques demandent qu'on leur accorde un seul iota : omoioitsion ; si tu le leur donnes, tu es pris. Je ne veux pas, [dit le tentateur,] que tu penses le mal, mais écoute ses paroles ; ne t'y fie pas, mais écoute comme il chante bien ce jeune homme; ferme les yeux sur ces obscénités, je le veux, mais vois, pour le charme littéraire, comme il écrit élégamment. « Fuyez d'ici, jeunes gens, un froid serpent est caché sous l'herbe. » Or, Dieu voyant que l'homme avait péché par oubli de la mort, lui intime cette sentence : Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre d'où tu as été tiré ; car tu es poussière et [tu retourneras] en poussière. O homme, souviens-toi de la mort. Pourquoi te glorifies-tu, poussière et cendre? Job pénitent avait raison de dire : J'ai dit à la pourriture, tu es mon père, et aux vers, mon frère et ma sœur. Ordinai- rement, nous tirons gloire de notre corps, et nous n'avons nulle sollicitude pour notre âme. Poussière, poussière, poussière, pourquoi te glorifies-tu ? On se mire avant que de sortir; nul ne fait l'examen de sa conscience. Nous nous préoccupons du vêtement du corps, nullement de celui de l'âme. Pour revenir à notre sujet : 5» tu f ignores, ô la plus belle d'entre les créatures;  LXXXIV. Pour le Mercredi des Cendres 85 sed hoc breviter, [i.] Quam nobilis est anima, quae  *Arist., De Mundo  est Dei imago et similitudo. Ut Phidias, pingens .Miner- sub finen^ cf. r" vam, in medio scuti *, [etc.] : Faciamus hominem ad f'"/'^'"- '^^ ^''"^ 1. IV, c. IV. imagineui '^ (ad verbum, cum imagine et similitu- *Gen.,i, 26. dine). 2. Formavit, et inspiravit spiraculum vitœ*, *ibid., n, 7. vitarum mortalis et immortalis, temporalis et eeternae ; trium vitarum, sensitivae, vegetalis, rationalis ; naturalis et gratuitae. Ecce ergo, quandoquidem capaces estis vitae aeternae, ctim jejiinatis, nolite fieri sicut hipocritœ, tristes'^. Quid tristes estis qui tantam mercedem expec- 'Matt.vi, 16 tatis ? Quid, siciit hipocritœ, vos qui gloriam habere potestis seternam, quomodo temporalem sectamini ?  mais cela brièvement, [i.] Qu'elle est noble l'âme, puisqu'elle est l'image et la ressemblance de Dieu ! Comme Phidias, représentant Minerve, au centre du bouclier, [etc.] : Faisons l'homme à notre image (littéralement, avec notre image et notre ressemblance). 2. Dieu le forma et lui inspira un souffle de -cie, de la vie mortelle et de l'immortelle, de la temporelle et de l'éternelle ; des trois vies sensitive, végétative, raisonnable ; de la nature et de la grâce. Donc, étant capables de la vie éternelle, lorsque vousj'eûnej, ne soye-{ pas tristes comme les hypocrites. Pourquoi êtes-vous tristes, vous qui attendez une telle récompense } Pourquoi, comme les hypocrites, poursuivez-vous une gloire éphémère, vous qui pouvez aspirer à une gloire éternelle ?  LXXXV PLAN d'un sermon POUR LA FÊTE DE SAINT JOSEPH 19 mars 1612 (Inédit)  (Ms. p. S8, recto) de sancto Joseph. 1612 *Vers. 43. Praeco coram Joseph, Gen. 41 *, ut omnes coram eo genuflecterent. Ego vero etiam coram hoc nostro Joseph prsBConem agere vellem ; quem multo majorem alio * Homiiia 11 super Joseph fuissc nemini dubium, ex Bernardo *. Missus est, § 16. Hsec privilégia antiqui Joseph : 1°. Tu eris super domum. meam et ad oris imperium universus pop ulus *Gen.,xu, 40. obedtet ,' uno tantum regni solio te prœcedam *. Fuit nimirum Sanctus Joseph vicarius et locumtenens Dei Patris, ejus familiam curans ac Filium Dei Matremque Dei regens. Quamvis autem iste populus fuit parvus *Cf.s.Aug.,Tr.Lxi numéro, tamen fuit maximus merito *. Joseph autem in joan., § 2. fuisse prsBpositum huic domui clare constat ; nam Ange- * Matt., n, 13, 20. lus semper ad eum missa afFert de fugiendo et redeundo*.  SUR SAINT JOSEPH. l6l2 Le héraut devant Joseph, afin que tous fléchissent le genou devant lui. Et moi aussi devant notre Joseph, je voudrais m'attribuer l'office de héraut. Personne ne doute, d'après saint Bernard, qu'il ne soit beaucoup plus grand que le premier Joseph. Voici les privilèges de l'ancien Joseph : i. Tu seras préposé à ma maison, et quand tu ouvriras la bouche pour commander, tout le peuple obéira; c est par le trône royal seulement que j'aurai sur toi la préséance. Or, saint Joseph fut le vicaire et le lieutenant de Dieu le Père, chargé de sa famille et gouvernant le Fils de Dieu et la Mère de Dieu. Quoique ce peuple fût bien petit en nombre, nul ne l'égala pourtant en mérite. Que Joseph ait été préposé à cette maison, c'est de toute évidence ; c'est à lui seul, en eflfet, que l'Ange  LXXXV. Pour la fête de saint Joseph 87 Et palam Lucas de Christo : Erat, inquit*, subditiis *Cap. 11,51. mis. Salvator mundi dictus Joseph*, sed noster, • Gen., xu, 45. salvator Salvatoris mundi. 2. Ttilit annulum de manu sua et dédit eum in manu ejus"". Annulum signatorium, quasi secretorum Mbid.,^4=. omnium conscium ut negotia faceret, etc. Sic in Evan- gelio nostro * secretum secretorum illi manifestât. Fuit * Matt., i, 20. velamen ante tabernaculum, ex hiacintho, purpura et cocco, opère plumario'', ne quis illa mysteria torvis *Exod., xxvi, i. intueretur oculis. Dédit etiam annulum quia matrimo- nium fecit, dando \\\x filiam Putipharis sacerdotis"". •Gen.,xu,45. Matrimonium hoc plane céleste et divinum. Matrimonia quee fiunt a Deo, semper sunt similium. Adamo : Facia- mus adjutorium simile sibi* ; Abrahamo, Saram, » ibid., n, 18. quamvis non expresse ; Isaac, Rebeccam ; Jacob, Liam et Rachel; Tobie et Sara. Vide Tob. 3. % 17, egregiam confessionem hujus filiae. Mulieris honce beatus vir ; Eccr. 26*. Proverb. 19** : Domus et divitice dantur Veî. m. a parentibus, a Domino autem proprie iixor pru- dens. 18 Proverb. [f.] 22 : Qui invenit mulierem honam, invenit bonum et hauriet jucunditatem a Domino. De Gorgonia, de Monica, de Nonna. Vide in  apporte le message de la fuite et du retour. Et saint Luc dit explicitement du Christ qu'/7 leur était soumis. L'ancien Joseph fut appelé sauveur du monde; le nôtre fut le sauveur du Sauveur du monde. 2 // ôta l'anneau de sa main et le mit à la main de Joseph. Lanneau qui porte le sceau, comme à un homme initié à tous les secrets pour l'expédition des affaires, etc. Ainsi dans notre Evangile, l'Ange révèle à Joseph le secret des secrets. Le voile placé devant le tabernacle était dliyacmthe, de pourpre^ et d'écarlate et orné d'ouvrages de broderie, afin de mettre les mystères a couvert de tout regard profane. Pharaon donna aussi un amteau à Joseph parce qu'il conclut un mariage en lui faisant épouser la fille du prêtre Putiphare. Ce mariage [de saint Joseph] était absolument céleste et divin. Les mariages selon Dieu unissent toujours des êtres semblables. Pour Adam : Faisons-lut une aide semblable a lui; à Abraham, Sara, bien qu'il ne soit pas dit explicitement ; à Isaac, Rébecca ; à Jacob, Lia et Rachel ; Tobie et Sara. Voir dans le livre de Tobie, ch m, f. 17, la belle déclaration de cette fille. Bienheureux le mari d'une femme vertueuse. La maison et les richesses sont données par les parents, mais c'est proprement le Seigneur qui donne une femme prudente. Celui qui a trouvé une femme vertueuse a trouvé le bien, et il puisera la joie dans le Seigneur. Sur Gorgonie, Monique, Nonna. Voir dans l'Exode, fol. 249- Greffe un poirier sur  88 Sermons autographes Exodum, fol. 249. Junge pyrum quaercui, non producet; si alterius speciei malse {sic), producet, etc. •Gen., xLi, 42. 3. Induit eum stola hissina * .• castitate virginitatis. Qiiid faciemus sorori nostrœ, in die quando allo- -îbid!;'n/^i"6.^' (iu(^nda est*? etc. Pascitur inter lilia-*-^. Scordium ■' ' ■ impedit corruptionem. Ociili Virginis sicnt piscinœ in •/bid" v"' ^' Hesehon, quœ sunt in porta *. Oculi tui coliimha- "PiW.', Hist. nat., run^*. Ut basiliscus inficit **, sic oculi Virginis perfi- xx^n)^' ^' ^^^ '"^' ^^^^^- Virgo virginum. * Gen., xLi, 42. 4. Collo toi'quem aiireani circiimposuit* : chsivi- tatem flammeam super pectus ejus. Epitheme. ' ibid., f. 43. 5. Ascendere fecit super currum suiim secundum *. Primus currus Christi, Virgo; hic illi servatus. Secundus, corpus Joseph : dédit illi omnem potestatem in cor- pus, etc. Haec addenda sunt virginitati.  un chêne, il ne produira pas; si tu le greffes sur un autre arbre de la même famille, il produira, etc. 3. // le revêtit d'une robe de fin lin : la chaste robe de la virginité. Que ferons-7ious à notre sœur au jour oii il lui faudra parler? etc. Il se repaît entre les lis. Le scordium empêche la corruption. Les jyenx de la Vierge sont comme les piscines en Héschon, qui sont à la porte. Tes yeux sont ceux des colombes. Comme le basilic donne la mort, ainsi les yeux de la Vierge donnent la vie. Vierge des vierges. 4. // lui mit autour du cou un collier d'or : la charité ardente dans sa poitrine. Epitheme. 5. // le fit monter sur son second chariot. Le premier chariot du Christ c'est la Vierge ; celui-ci lui est réservé. Le second c'est le corps de Joseph : il lui a donné tout pouvoir sur son corps, etc. Ce privilège doit être ajouté à la virginité.  LXXXVI PLAN D'L^N sermon POUR LE LUNDI APRÈS LE QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME 2 avril 1612 (Inédit)  FERIA 2. POST DOMINICAM L^CTARE (Ms. p. g2 , recto) CAMBERII, 1612 DE EVANGELIO HODIERNO, ET DE SAMARITANA, MIXTIM (l) Job, cap. 26. i'. 13, respondens Baldad Subites, de Dei potentia et providentia, inter alia summopere laudat Deum, ex eo quod : Spiritus ej'iis ornavit cœlos, et obstetricante manu ejus eductus est coluber tortu- osus. Cujus sententise très sunt celeberrimi sensus : Primus. Non majora tantum, qualia sunt caelorum ornamenta, id est, sphaerarum dispositio, cursuum mo- tuumque varietas, stellarum ac planetarum coUocatio.etc. ,  LUKDI APRÈS LE DIMANCHE L^TARE. CHAMBERY, l6l2 SUR l'Évangile du jour et, en même temps, sur la samaritaine Job, répondant à Baldad le Subite, parle de la puissance et de la provi- dence divines, et entre autres choses il loue souverainement Dieu de ce que son esprit a orne les deux, et que, de sa main créatrice, il a mis ait Jour Vartificieuse couleuvre. Trois sens célèbres ont été donnés à ces paroles : Voici le premier. La Providence ne s'occupe pas seulement des plus grandes choses, comme du décor des cieux, c'est-à-dire de la disposition des sphères célestes, de la variété de leur cours et de leurs mouvements, de la place et de l'ordre des étoiles et des planètes, etc. ; mais aussi des moindres, comme ( I ) Il n'est fait nulle mention de la Samaritaine dans ce sermon, ce qui donnerait à penser que l'Autographe est incomplet.  90  Sermons autographes  • Pss. xxxii, 6, CXLVUI, 5.  * Ps. XXXII, 6, 9.  • Vincent, Bellov., Spéculum Naturas, 1. XX, ce. v-vii.  sed etiam minima, ut generatio serpentis et colubri, quod omnium animalium quae per se et non per accidens nascuntur infimum et minimi prsetii est, curât. Et qui- dem ornât cœlos spiritii, quia dixit semel et factum est * semper, neque uUa ibi est alteratio vel vicissitudo generationis et productionis. Vidistisne quomodo vitrarii faciant vitros {sic) ? Acci- piunt materiam extremitate baculi perforati , deinde insufflant et fit vitrum, quo modo facto non corrumpitur. Hinc Cœlum tnare vitreum appellatur, Apoc. 4. y. 6, et clarius, c. 21. f. 18 : Ipsa vero civitas aurum miin- dum, simile vitro mundo ; f. 21 : Et platea civitatis aurum mundum, tanquatri vitrum perlucidum. Factum est caelum unico Dei verbo *, et inspirante spiritu ornavit cœlos, ex nihilo; sufflavit et fecit solem, lunam, Orionas, Mercurium, etc., cinxit zona zodiaci, etc. At cum terrestribus utitur velut manu, quia successive, succedentibus generationibus, corruptionibus et incre- mentis, omnia facit, ut mulier obstetrix^ quae infantem excipit pedetentim, educit, lavât, fovet, complicat, etc. Manus ergo providentiae Dei obstetrix est totius mundi. Heu, miram providentiam erga serpentes * ! Fœniculo  de la génération du serpent, de celle de la couleuvre^ animal bien petit et le moindre de tous ceux qui se communiquent la vie sans génération spontanée. Et c'est, en effet, par son esprit qu'il orne les deux, car il a parlé une fois et le monde est fait pour toujours ; aucune altération, nul changement ne survient dans la génération ou la production. Avez-vous vu comment les verriers font les verres r Ils prennent à l'extrémité d'un bâton percé la matière préparée, soufflent ensuite dans ce tube, et le verre étant fait de la sorte n'est pas sujet à la dissolution. C'est ainsi que le Ciel est appelé mer de verre, et plus explicitement : Mais la cité elle-même était en or pur, semblable au verre très clair. Et la place de la cité est en or pur, comme le verre transparent. Par sa seule parole, Dieu créa le ciel, et, au souffle de son esprit, les deux, tirés du néant, furent ornés; par son souffle, il créa le soleil, la lune, les étoiles, Orion, Mercure, etc., et les ceignit du zodiaque comme d'une cein- ture, etc. Mais pour les choses terrestres. Dieu se sert comme d'une main pareille à celle qui donnant les premiers soins à un nouveau-né, le lave, le réchauffe, l'enveloppe, etc. Ainsi Dieu opère tout par des actes successifs : la génération, la corruption, l'accroissement. La main créatrice de la providence de Dieu amène donc au jour le monde entier. O Dieu ! que cette providence est admirable à l'égard des serpents ! Ils se   LXXXVI. Lundi après le iv« Dimanche de Carême 91 purgant optalmiam, rénovant pelle abjecta juventutem, serpillo, ut plerique existimant, curant vulnera. Et nobis deerit qui serpentibus non deest ? Terram comedit serpens, et cibo non caret; Cselum comedit cor hominis, et Cselo carebit ? Relinquit venenum cum bibit, et homo non relinquet venenum passionum cum recreatur caeles- tibus ? Qui non deserit desertorem serpentem, quomodo relinquet hominem fideliter sequentem ? Evangelium hesternum de providentia Dei *. * Joan., vi, 1-12. Secundus sensus est isagogicus, secundum versionem Septuaginta, apud Sa* : Prœcepto ejus interfectus est 'Annotât., in loc. draco apostata. Eductus ; scilicet e mundo, vel creatus e nihilo. Tortuosus, versutus, Hebraice, fugax. Et secundum hune sensum ita explicari débet. 1°. Spiritus Domini ornavit cœlos Angelorum turmis ; verum cum unus, et per unum plures ex illis, id est, antiquus draco, rebelles essent, eos extra caelum prœcepto suo duxit, ejecit et prsecipitavit *. [2.] Secundum autem ver- * Apoc, xn, 9. sionem nostram, manus ejus potentissima veluti monstra ejecit daemonia, et cum videret Hierusalem cselestem gravidam his monstris, ac veluti dolores parturientis habentem, manu sua obstetricis vices egit, et eduxit hoc  purifient les yeux avec du fenouil, renouvellent leur jeunesse en se dépouillant de leur vieille peau, guérissent leurs blessures, comme plusieurs le croient, avec duserpolet.Et Celui qui pourvoit aux serpents nous abandonnerait! Le serpent se nourrit de terre et ne manque pas de nourriture ; le cœur de l'homme se nourrit du Ciel et le Ciel lui manquerait ! Lorsque le serpent boit, il perd son venin, et l'homme restauré d'aliments célestes ne déposerait pas le venin des passions! Celui qui n'abandonne pas le serpent perfide qui fuit, pourrait-il abandonner l'homme qui le suit fidèlement? Evangile d'hier sur 1^ Providence de Dieu. Le deuxième est le sens isagogique. D'après la version des Septante, dans Sa, c'est par Tordre de Dieu que fut tué le dragon apostat. Mis au Jour, c'est-à-dire tiré du néant, ou mis dehors, c'est-à-dire hors du monde. Tortueux, artificieux, en hébreu : fuyant. Et d'après ce sens on doit expliquer ainsi notre texte : i. V esprit du Seigneur a orné les deux de phalanges angéliques ; cependant, comme sous l'influence de l'un d'entre eux, de T antique dragon, plu- sieurs étaient devenus rebelles, par l'ordre de Dieu ils furent expulsés, chassés et précipités du Ciel. [2.] Mais, d'après notre version, sa main toute-puissante rejeta les démons comme des monstres. Voyant la Jérusalem céleste, qui portait ces monstres en son sein, endurer comme les douleurs de l'enfantement,  92  Sermons autographes  monstrum. Xam hic fit allusio ad partum, non propter fœtum sed propter dolorem ; quasi dicat : Ornavit cœlos Angelis, verum cum ex illis apostatse fuerint aliqui, ibi •Ps. xLvn, 7. facti sunt dolores ut parturientis '^. Unde ejectio dsemonum eductioni partus comparatur. Vel etiam planius, eductus ex nihilo : Ornavit cœlos Angelis , et ipsemet cacodaemon ejus obstetricatione creatus est et eductus ex nihilo, ut sit repetitio empha- tica; etiam ipse daemon ejus creatura est, et fuit conditus ad ornamentum ut alii, quamvis sua malitia perierit. Vis autem est in verbo obstetricandi, quasi diceret : sedulo, sollicite, creavit ; et rectum creavit, non distortum, quamvis nunc distortus et tortuosus sit. Ex hoc sensu fiât egregia comparatio Cseli et templi, templum enim imago est Caeli : hinc Majores imaginibus * Exod., XXV, 18; Ceelitum templa ornaverunt, ut Deus cherubinis * ; ut III Reg., VI, 25-20. . . ^1. .. ./".TT 1 imagines Lœlitum essent in imagine Laeli. in templo, •Matt., XXI, 13. ut in Caelo, est curia Dei ; et utrumque locus orationis*, •Cap.v,8-i^,vni, 3. tcste Apocalvpsi *, ubi aromata sunt orationes Sanc- torum et viginti quatuor citharis aureis canunt oran- • Matt., XXI, 12. tes. Unde utrimque Deus ejecit émeutes et vendentes * :  Dieu, de sa main, mit dehors ce monstre. Ici, en effet, il est fait allusion à l'enfantement, à raison non de son fruit, mais de la douleur; c'est comme s'il était dit : Il a orné d'Anges les deux, mais quelques-uns d'entre eux ayant apostasie , les cieux ont ressenti comme les douleurs de V enfantement. Voilà pourquoi l'expulsion du démon est présentée sous la figure d'un enfantement. Ou plus simplement encore, il fut tiré du néant : Dieu a orné les cieux d'Anges, et par sa main toute-puissante le mauvais esprit lui-même fut créé et tiré du néant, ce qui est une répétition emphatique. Le démon lui-même est créature de Dieu ; il fut formé comme les autres pour orner les cieux. bien que sa malice ait causé sa perte. La force de la pensée est tout entière dans la figure employée par l'Ecrivain sacré ; c'est comme s'il était dit : Dieu le créa attentivement, avec soin; et il le créa esprit droit, non perv-ers, quoique main- tenant il soit déformé et tortueux. De ce sens on peut tirer une excellente comparaison entre le Ciel et un temple. Un temple est l'image du Ciel : aussi nos ancêtres ornèrent-ils les temples'des images des Saints, comme Dieu avait orné l'ancien temple de chérubins, afin que l'image des habitants du Ciel fût dans l'image du Ciel. Dans le temple comme dans le Ciel se trouve la cour de Dieu; l'un et l'autre sont un lieu de prière, témoin l'Apocalypse, d'après laquelle les aromates sont les prières des Saints, et les vingt-quatre [vieillards] prient par la mélodie de leurs harpes d'or. Du Ciel et du temple Dieu chasse les acheteurs et les  LXXXVI. Lundi après le iv« Dimanche de Carême 93 démon emere volebat et furari independentiam , et se aliis veluti rex superbiae venditabat ; hinc spelimca latronum *. Nam latrones erant, ut plurimum vendentes * Matt., xxi, 13. et émeutes , nisi magnam sui cordis habeant curam (Ms. p. 92, verso) et sint timorati. Negotiabatur Satan, ut Deo auferret authoritatem, cseteris obedientiam ; induxerat in animum creaturis prseesse, ovibus, bobus, columbis * : ovibus, * Joaa., n, 14. fidelibus subditis ; bobus, prselatis laborantibus ; colum- bis, religiosis volantibus per contemplationem ; Angelis minoribus, majoribus et etiam Seraphinis. Omnes autem quotquot Deus invenit alligatos rebellioni ejecit *. 'Ibid.,y. 15. Invenit in diabolo avaritiam , qua rex Caeli voluit esse, et eum ejecit. Y ecitqvie flagellii m de funiculis'^ ; nam ob excellen- * ibid. tiam suae naturse elatus est, et per istam excellentiam maxime cruciatur. Quare immobilis in sua malitia? Quia excellentissimse est naturse. Quare maxime cruciatur ? Quia habet ingenium capacissimum, et cognoscit magnam quam fecit jacturam perfectissime. Puer parum curât si pater haereditate eum privet, at ubi pedetentim crescit, quo majore acumine intellectus viget eo majore tangitur dolore. Quo majus est desiderium dominandi, eo major  vendeurs. Là, le démon voulait acheter et dérober Tindépendance, et, prince de l'orgueil, se faire valoir au-dessus des autres ; ici, c'est une caverne de voleurs. Les acheteurs et les vendeurs sont ordinairement voleurs, s'ils ne sont pas timorés et n'ont pas grand soin de veiller sur leur coeur. Satan trafiquait pour ravir à Dieu l'autorité, aux autres l'obéissance ; il s'était mis dans l'esprit de gouverner les créatures, brebis, bœufs, colombes : les brebis, les fidèles soumis ; les bœufs, les prélats chargés de soins; les colombes, les religieux portés sur les ailes de la contemplation, les Anges inférieurs, les supérieurs et même les Séraphins. Or, Dieu chassa tous et chacun de ceux qui s'engagèrent dans la révolte. En Satan, il rencontra l'avarice par suite de laquelle il voulait être roi du Ciel, et il le chassa. Et le Seigneur fit un fouet de cordes; car le démon s'était enorgueilli de l'excellence de sa nature, et cette excellence devint la plus grande cause de ses tourments. Pourquoi demeure-t-il dans sa malice r Parce que sa nature surpasse toutes les autres. Pourquoi ses tourments sont-ils sans pareils? Parce qu'il a une plus haute intelligence, et qu'il comprend à fond la grandeur de la perte qu'il a faite. L'enfant se met peu en peine d'être déshérité de son père, mais laissez-le grandir; plus son esprit deviendra pénétrant, plus grande sera sa douleur. Plus le désir de dominer est puissant, plus douloureuse est la servitude.  94  Sermons autographes  * Ps. LXXIII, Ult.  Enchiridion.  • S Joan.Chrysost., hom. sub hoc tit.  * II Pétri, II, 4.  est dolor serviendi ; at ille maxima urgebatur ambi- tione, quam ambitionem illi reliquit Deus , et eamet ambitione veluti flagello torquetur ; nam remanet am- bitio, imo superbia eoriim ascendit semper *^ et que magis ascendant voluntate per ambitionem, eo magis descendant re per abjectionem. Mihi maxime placet doctrina Epicteti * : Quomodo pu- niemus ambitiosum ? Sit ambitiosior. Meretur avarus puniri ? Vade, ut puniaris sis magis semper avarus, sis magis luxuriosus ita ut quietem perdas, etc. Nam pecca- tores suismet peccatis punientur. Videte patres et matres ; peccant ridendo cum filios suos malis verbis, pessimis vanitatis initiis, addictos vident : faciet Dominus funiculos et istimet filii tôt doloribus afficient paren- tes, etc. (( Nemo laeditur nisi a seipso *. » Paupertas non laedit Job, non Isedit D.Franciscum ; te etiam non laedit, sed tua impatientia. Calumnise non laeserunt Apostolos et reliquos humiles ; te etiam non lœdunt, sed tua superbia et arrogantia qui te magis senti re facit injuriam tuam. Sed jam o expergiscimini, Fratres ! Qui Angelis non pepercit * propter unam malam cogitationem factam in  Or, Satan se sentait pressé par l'ambition la plus forte : Dieu lui laissa cette ambition et s'en servit comme d'un fouet pour le tourmenter. L'ambition, en effet, demeure ; bien plus, leur orgueil monte toujours, et plus leur volonté s'exalte par l'ambition, plus ils s'abaissent en réalité dans leur abjection. La doctrine d'Epictète me plaît extrêmement : Comment punirons-nous l'ambitieux: Qu'il soit plus ambitieux encore. L'avare mérite-t-il une punition? Va, pour te punir sois toujours plus avare ; sois toujours plus luxurieux, au point de perdre tout repos, etc. Les pécheurs seront punis par leurs propres péchés. Voyez les pères et les mères; ils pèchent s'ils rient en voyant leurs enfants s'abandonner à de mauvais propos, aux pires débuts de la vanité ; le Seigneur tressera des cordes, et ces mêmes enfants accableront leurs parents d'autant de douleurs, etc. « On n'est blessé que par soi-même. » La pauvreté ne blessa pas Job, ne blessa pas saint François; ce n'est pas elle non plus qui te blesse, c'est ton impatience. La calomnie ne blessa pas les Apôtres ni les autres amants de l'humilité; ce n'est pas elle non plus qui te blesse, c'est ton orgueil, ton arrogance qui te fait plus vivement sentir l'injure qui t'est faite. Que dis-je, mes Frères? Soyez dans l'épouvante ! Celui qui n épargna pas les Anges pour une seule mauvaise pensée conçue dans le temple, comment vous pardonnera-t-il, à vous qui y poussez des éclats de rire? Pour moi, je  LXXXVI. Lundi après le iv« Dimanche de Carême 95 templo, quomodo vobis parcet, facientes cachinnos ? Ego quidem vellem etiam dato sanguine , ut omnia peccata in seternum relinqueretis, verum ego specialiter adjuro vos, ut templis reverentiam habeatis; vos nobiles civitate, vos mulieres , etc. Camberium est exemplar totius Sabaudiae. Nihil Deo gratius, nihil vobis utilius. Aurum Tholosanum, Quintus Caepio*. « Brennus, Uelphis 'Vide Valer.Max., . 1 VI c IX Apollinis templum, etc.; in se manus vertit » et seipsum ' ' • • occidit; Val., 1. i. c. i. Vultis domos vestras honoratas, honorate domum Dei. i. Reg. 5 *, Philistaei capiunt * Vers. 2, 6. Arcam armis et inducunt in templum Dagon, et percussit eos Deus in secretiori parte natium. Vos ssepe Dagon infertis in templum Domini ; et idem pec- catum est, sive inferre Dagon in templum Domini, sive Arcam Domini in templo Dagon. Omnia sane nobis prospéra forent, etc. Dagon, frumentum, avaritiae idolon. Exemplum Sanctae Mariée -^giptiacse non potentis intrare templum Hierosolymse in quo Crux asservabatur, quia perditissima meretrix, donec compuncta est aspectu 'VitœPatrum,!. I. imaginis Virginis*. Sic Christus crucifixi imago objicitur ^c'^xv-xv!"" ^^'' oculis intrantium ut statim reverentiam iniciat ; apud * ^'^^^ auctorem . j. ' x- Carm. de Cruce., Lactantium *. initie  voudrais donner jusqu'à mon sang pour que vous abandonnassiez tout péché, mais je vous conjure surtout de respecter les temples; vous, nobles de la cité, vous, femmes, etc. Chambéry est le modèle de toute la Savoie. Rien de plus agréable à Dieu, de plus utile pour vous. Or de Toulouse, Quintus Cépion. « Brennus, à Delphes, temple d'Apollon, etc.; il tourne vers lui sa main » et se tue (Valère Maxime, liv. I, chap. i). Vous voulez voir vos maisons honorées, honorez la maison de Dieu. Les Philistins s'emparent de V Arche à mains armées */ l'introduisent (fiiwi le temple de Dagon, et Dieu les frappa dans les parties secrètes. Vous introduisez souvent Dagon dans le temple du Seigneur; et c'est le même péché d'introduire Dagon dans le temple du Seigneur ou l'Arche du Seigneur dans le temple de Dagon. Tout assurément nous serait prospère, etc. Dagon, froment, idole de l'avarice. Exemple de sainte Marie Eg>'ptienne. Comme elle était la pire des péche- resses publiques, elle ne put entrer dans le temple de Jérusalem où la Croix était conservée, jusqu'à ce qu'elle eût été touchée de componction à la vue d'une image de la Vierge. Aussi, le Christ, l'image du Crucifix, est-elle offerte aux regards de ceux qui entrent, pour leur inspirer aussitôt le respect; telle est la remarque faite par Lactance.  LXXXVII PLAN D'un sermon pour le vendredi APRÈS le quatrième DIMANCHE DE CARÊME 6 avril 1612 (Inédit) (Ms. p. 44, recto) Domine, ecce quein amas infirmatur. [JOAN., XI, 3.] 1612 Brevis oratio. Demosthenes, audiens loquaculum : Si * Cf. Plut., in vita multum sapercs non multa loquereris *. Angfeli, quo Dem., ante med. . ^ ^ ^ * s.Thom., pPars, supenores , eo universaliores species habent *. Deus * Ps.^xxxii, é'^o. unico verbo omnia facit *. Optimus modus orandi est •Vers. is. orare paucis, sed non parum. Exodi 14* : Oiiid clamas * Vers, penuit. ad mc ? et tamen silebat. Psal. g * : Desideriiim pau- perum exaiidivit Domimis ; prœparationem cordis eorum aiidivit auris tua. Si non es exauditus, vol id est quia pauper non es, vel quia prœparationem •A/. ^.8. cordis non habes. Psal. 26. v. 13 * : Tibi dixit cor metim, exquisivit te faciès mea ; faciem tuam. Do- mine, reqiiiram. Si eut oculi servorum in inanibus  Seigneur, voila que celui que vous aime^ est malade. Courte prière. Démosthène entendant un homme loquace, lui dit : Si tu savais beaucoup tu parlerais peu. Plus les Anges sont élevés en gloire, plus leurs idées sont universelles. Dieu d'un seul mot crée tout. La meilleure manière de prier c'est de le faire en peu de mots, mais avec ardeur. Pourquoi cries-tu vers moi? Et pourtant Moïse se taisait. Le Seigneur a exaucé le dcsir des pauvres ; votre oreille a entendu la préparation de leur cœur. Si tu n'es pas exaucé, c'est ou que tu n'es pas pauvre, ou que tu n'as pas préparé ton cœur. Mon cœur vous a parle, ma face vous a recherché ; Seigneur, je rechercherai votre face. Comme les yeux des esclaves sont fixés sur les mains de leurs maîtres, etc.  LXXXVII. Vendredi après le iv* Dimanche de Carême 97 dominorum suorum, etc. Ad te levavi oculos meos, qui habitas in cœlis *. Defecerunt oculi in eloquium * Ps. cxxn, s, t. tuum, dicentes : Qjiando consolaberis me*? Solo ' Ps. cxvm, 82. aspectu loquimur. Multum ergo orandum, sed non multis. Patres afFerunt exemplum de Anna : Factum est cum illa multipli- caret preces coram Domino, nt Heli observaret os ej'us ; I. Reg. i *, etc. Sic istse mulieres paucis expan- * Vers. 12. dunt nécessitâtes. Insignis est historia , 4. Reg. ig. f. 14, [15] : Rapsaces mittit, vel rex Assyriorum, litteras ad Ezechiam ; ille ascendit in domum Domini et expandit eas coram Domino, et oravit ; 185000 occisi Assyriorum*. Tu fac similiter**. Dédit nobis Spiri- 'J^id., ^. 35. -^ ^ "Lucas, X, 37. tum Filii sui, clamantem in cordibus nostris : Abba, Pater; Gai. 4*. Ro. 8 ** : Ipse Spiritus postulat pro I.^j;'^- ^;^ nobis gemitibus inenarrabilibus. Sed nota quia, diligebat autem Jésus Martham, et sororem ejus Mariam, et La^arum. Unde : La^arus amicus noster dormit, sed vado *. Sane cœcus noster • joan., xi, 5, n. dicebat nudiustertius : Scimus quia peccatores non exaudit Detis*. Qua de sententia, très sunt responsio- • Ibid., ix, 31. nés : i. caecum istum ceeca opinione hoc dixisse ; 2. in- tellexisse de impetratione miraculorum in testimonium  J'ai levé mes yeJtx vers vous qui habite^ dans les deux. Mes yeux ont défailli dans r attente de votre parole, disant : Quand me consolere^-vous ? Nous parlons par le seul regard. Il faut donc beaucoup prier, mais en peu de mots. Les Pères citent l'exemple d'Anne : // arriva que, comme elle multipliait ses prières devant le Seigneur, Héli observait le mouvement de ses lèvres, etc. Ainsi ces femmes, [Marthe et Marie,] exposent eu peu de mots leurs nécessités. "Voici une histoire remar^ quable : Rabsacès, ou le roi des Assyriens, expédie des lettres à Ezéchias ; celui-ci monta dans la maison du Seigneur, les ouvrit devant le Seigneur et il pria; 185000 Assyriens furent tués. Toi, fais de même. Dieu nous a donné l'Esprit de son Fils qui crie dans nos cœurs : Abba, Père! L'Esprit lui-même demande pour nous avec des gémissements inénarrables. Bien remarquer que Jésus aimait Marthe et sa sœur Marie, et Lazare. Aussi dit-il : La:[are notre ami dort, mais Je vais. Avant-hier, il est vrai, notre aveugle disait : Nous savons que Dieu n'exauce pas les pécheurs. On peut expliquer cette proposition de trois manières : i. l'opinion qu'émettait cet aveugle était aveugle comme lui ; 2. il entendait parler de l'obtention d'un miracle comme témoignage de la sainteté de celui qui le sollicite ; la Serm, II 7  98  Sermons autographes  • Ps. VI, 2.  * Ps. LXXXIII, 6. * Act., XX, 35. •*Cf. Tr. de VAm. de Dieu, 1. I, c. xv. •S.Aug.,Soliloq. I. * Oratio S. August. et S. Franc. Assis. * Ps. LVI, I. * Joan., IX, 6.  • Vers. 18.  *Joan.,xi,35; Rom. XII, 15. • Cant., VIT, 4.  propriae sanctitatis ; 3"* distinguit : sunt justi, sunt pec- catores, sunt pœnitentes ; pœnitentes exaudit. Atqui hic et pœnitens erat, et justa. Sed videte pulcherrimam orationem : Ecce qiieni amas infirmatur. Par duo Christum adjuramus : per miseriam nostram et per Dei amorem sive misericordiam. Sane Deus indiget nostra miseria : Miserere mei qiio- niam infirmiis siun^ ; et nostra miseria indiget Dei misericordia : Beatus vir cujus est auxilium abs te ; ascensiones in corde siio disposuit'-'. iMays, Beatiiis est dare magis quam accipere'^. Puer et nutrix **. « Noverim te, noverim me*. » « Quis es, et quid sum ego * ? )) Miserere mei, miserere mei, quoniam in te confidit anima rnea *. Ambros., 3. de Sac. c. 2 : lutum imponi super oculos caeci * ut recordetur se pulverem esse ; caecitas enim mentis plerumque superbia est. Idem représentât Lazarus nobis obvius. Hinc, Apoc. 3 *, illi Laodiceno dicitur : Collyrio iniinge oculos tuos. Christus venit, et lachrimattis est cum lachrimanti- bus *. Heu praetiosse lacrimae ! Oculi tui sicut piscinœ in Hesebon *. Oculi sunt in porta sive fenestra, et per illos videmus interius in domo ; unde et dixerunt :  ^mc réponse distingue entre les justes, les pécheurs et les pénitents : Dieu exauce les pénitents; or, ici nous avons une pénitente et une àme juste. Mais voyez cette admirable prière : Voilà que celui que tous aime^ est Malade. Nous supplions le Christ par deux motifs : par notre misère et par l'amour ou la miséricorde de Dieu. Dieu a vraiment besoin de notre misère : ■Aye^ pitié' de moi parce que Je suis infirme ; et notre misère a besoin de la miséricorde de Dieu : Biettheureux l'homme dont le secours vient de vous ; il a dispose' des ascensions dans son cœur. Mais, // est plus heureux de donner que de recevoir. L'enfant et la nourrice. « Que je vous connaisse et que je me connaisse. » « Qui étes-vous, et qui suis-je ? » Aye\ pitié de moi, aye^ pitié de moi, parce que mon âme s'est confiée en vous. Saint Ambroise, Des Sacrements, liv. III, chap. II : Jésus applique de la boue sur lesyeux de l'aveugle, pour lui rappeler qu'il est poussière ; car l'aveuglement de l'esprit provient ordinai- rement de l'orgueil. La mort de Lazare que nous considérons présentement symbolise la même vérité. De même, Apoc, m, il est dit à l'Ange de Laodicée : Applique du collyre sur tes yeux. Le Christ vint, et il pleura avec ceux qui pleuraient. Oh 1 précieuses larmes ! Vos yeux sont comme les piscines en Hésébon. Lesyeux sont semblables à la porte ou à la fenêtre par laquelle nous voyons dans l'intérieur de la  LXXXVll. Vendredi après le iv« Dimanche de Carême 99 Ecce quomodo diligebat euni* ; viderunt amorem. Ut ' Joan., xi, 36. qui videt stillantem rosarium (stillans rosaceum?), ignis est, dicimus. Sunt in porta, id est, in Christo, porta filiœ multitiidinis*, id est, Ecclesise. Hesebon, cin- *[Czni.,]c.-j.v. 4. gulum doloris, zona doloris, cum Deus cinxit se dolore. In Heiehon sunt ocull plorantes, quoniam Deus dolo- rem asciscit et preecingit se considerationibus ad lacrimas excitandas. 1°. Puer, videns mundum * ; 2". videns Hierusalem * Cf. Sap., vu, 3. perituram*; 3°. nunc ob amorem ; 4". emittens spiritum, ' Lucae, xix, ^r. ctim clamore valido et Lachrimis^. Heb., v, 7.  maison ; aussi les Juifs dirent-ils : Voilà comme il l' aimait ; ils virent l'amour. Ainsi quand nous voyons distiller l'eau de rose de l'alambic, nous disons : Il y a là du feu. Qui sont à la porte, c'est-à-dire, dans le Christ, la porte de la fille du peuple, c'est-à-dire, de l'Eglise. Hésèboii, cingule de douleur, ceinture de douleur, lorsque Dieu se ceignit de douleur. En Hésébon sont àes yeux en pleurs, parce que Dieu prend sur lui la douleur et se livre à des considérations qui excitent les larmes. [Le Rédempteur pleure,] i. étant enfant, à la vue du monde ; 2. à la vue de Jérusalem qui va périr; 3. maintenant, par amour; 4. en rendant V esprit, avec un grand cri et avec des larmes.  LXXXVIII SOMMAIRE D'UX SERMON SUR LA SAINTE CROIX 20 avril 1612 (O ( Inédit )  (Ms. p. 102, recto) P^° OSTENSIONE SANCTISSIM^ CRUCIS • Vide Piin., Hist. Postquam de pisce callion3'mo * dixero, et de felle rw^/'Sf%^"' asservato in memoriam, Tob. 6*: Heu, Christiani, hinc •Vers. 2-6. ^de\ asservatur memoriale et oculis quoque vestris fidei augustissimum sacramentum, oculis tôt imagines. Et ego quidem vellein quod contigit Macrinse ; nam Ves- tiana eam ornans ut moris est virgines, « Ecce, » aiebat, •ExS.Greg.Nyss., « quale a collo SanctsB monilis ornamentum dependet, » finem. ' etc. ( = ); [Gretserus, De Cruce,\ lib. i, fol. 198*. Tum  POUR L EXPOSITION DE LA TRES SAINTE CROIX Après avoir parlé du poisson callionyme et du fiel conservé en souvenir : O Dieu ! Chrétiens, ici est conservé le mémorial de la foi ; le plus auguste sacrement de la foi est exposé à vos yeux. Que d'images sofTrent à vos regards ! Je souhaiterais qu"il nous arrivât ce qui advint à sainte Macrine. Comme Vestiana parait sa dépouille mortelle des ornements que la coutume a réservés aux vierges : « Voilà quel joyau, » dit-elle, « est suspendu au collier qui entoure le cou de la Sainte, » etc. [Gretser, De la Croix,\ liv. I, (i) D'après la place que ce sommaire occupe dans le Ms. il est probable qu'il fait partie du Carême de 1612, et le titre qui lui est attribué autoriserait à penser qu'il a été prononcé le Vendredi-Saint à la cérémouie de l'adoration de la Croix. (2) Pour comprendre ce récit qui peut sembler obscur, il faut se souvenir que sainte Macrine avait coutume de porter suspendues à son cou une relique de la vraie Croix enfermée dans une sorte d'anneau, et une petite croix de fer. Vestiana, sa confidente, découvrit ces objets en lui rendant les derniers devoirs, et les montrant ensuite à saint Grégoire de Nysse, frère de la défunte, elle dit les paroles citées ci-dessus par saint François de Sales.  LXXXVIIl. Sur la sainte Croix ioi de Abrahamo, Gregorii Nisseni*, [Ibid.,] 1. 2. fol. 274 : 'De Deitate FiUi, y,, . ^ .^ . . . . , • n -V ciTcaûnem.Cf. De- ht quis, quseso, Crucinxi imaginem videat quin neat ? /■^«5f.etc.,i.i.c.viii. Ecce enim videmus in Christo pendente corpus unde- quaque lacerum, oculos lacrimis onustos, labia felle et absinthio plena, caput corona redimitum, stillantes hinc inde omnes corporis artus. Quis non compatiatur ! O Jesu, tuo lumine Si^natos *, emptos sanguine**, '.ft; 'J- "■ „ '^ ' ^ o ' **I Petri, I, iS, 19; Purga, refove, perfice, Apoc, v, 9. Tibi conformes effice *. • Cf. Epist. S. Fr. Sal., l.VII.ep.Lxn, Hinc, quicquid te nobis menti ingerit diligimus. Cîij'us est hœc imago et siiperscriptio"^? Estne tiinica Do- * Matt., xxn, 20. mini nostri an non*? O Domine, si teipsum intuere- * Gen., xxxvn, 32, mur, etc. Qiiare ergo rithrum est vestimentum tuum? ' Torcular'*, etc. In swntim cui contradicetiir **. * is., Lxm, 2, 3, •' "^ Lucse, II, 34. Pro Virgine juxta Crucem : Tuam ipsUis animam*. * ibid., y. 35. Post autem ultimum verbum, reginae Saba comparanda est, quae ultra non habebat spiritum, id est flatum, spiritum, vim intelligendi, prae admiratione ; non habe- bat spiritum, sed totum in Filio habebat. Non siint ,„ ^ Vers. ■;, lo. allata tam multa aromata ; x. Reg. 10*. 'Vers. 12. Gen. 28*: F/'^/Y 5^<îZ«m. Hieron.jin Psal. 98**, Aug\, inter Supposit. "'  folio 198. Citer alors ce que saint Grégoire de Xysse dit d'Abraham, [Ibid.,] liv. II, folio 274 : Mais qui, je vous prie, pourrait sans pleurer voir l'image du Crucifié? Voici que nous voyons le corps du Christ suspendu, déchiré de toutes parts, ses yeux chargés de larmes, ses lèvres pleines de fiel et d'absinthe, sa tête ceinte d'une couronne, et le sang coulant en abondance de tous les membres de son corps. Qui ne compatirait! O Jésus, purifiez, réchauffez, perfectionnez, rendez conformes à vous ceux que vous avez marqués de votre lumière, rachetés par votre sang. Oui, tout ce qui vous implante en notre âme, nous l'aimons. De qui est cette image et cette inscription ? Est-ce la tunique de Notre-Seigneur, ou non? O Seigneur, si nous vous voyions vous-même, etc. Pourquoi donc votre vêtement est-il rouge ? Le pressoir, etc. Comme un signe auquel on contredira. Pour la Vierge au pied de la Croix : Et ton âme. Et après la dernière parole, la comparer à la reine de Saba qui n'av.iit plus son esprit, c'est-à-dire la respiration, son esprit, la force de comprendre, tant elle était saisie d'admi- ration ; elle n'avait pas son esprit, mais il était tout en son Fils. On n'apporta jamais autant de parfums. Il vif une échelle. Saint Jérôme, sur le Psaume xcvin, saint Augustin.  103  Sermons autographes  Ps. cxxix, 7.  • Hodie Serm. xï in serm. dû Temporc, 79*, aiunt figuram Crucis esse. Si Append., § 3. fuerit Dominus Deus inecum et custodierit me in via *Gen.,xxvin,2o,2i. pev qtiam amhulo, erit mihi Dominus in Deum *. Rationes Christi crucifixi : ut medicina morbo respon- deat, ut humilitas, ut copiosa esset redemptio *, ut omnibus esset nota. Charitas enim Christi urget nos, œstimantes hoc, quoniam si unus pro omnibus mortuus est, ergo et omnes mortui sunt. Et pro omnibus mortutis est Christus, ut et qui vivunt jam non sibi vivant, sed ei qui pro ipsis mortuus est ; 2. Cor., 5 *. Virgo insulse Sestos *. Zach. Il, f. 6 : Quid sunt plagœ istœ in medio m-anuum tuarum ? Et dicet : His plagatus sum in domo eorum qui diligebant me.  * Vers. 14, 15. •Plin., Hist., nat., 1. X, c. V (al. VI). Cf. Tr. de l'Am. de Dieu, l. VU, c.viii.  Sermons dit Temps, serm. lxxix, disent que c'était la figure de la Croix. Si le Seigneur Dieu est avec moi et s'il me garde dans la voie par laquelle je marche, le Seigneur sera mon Dieu. Raisons pour lesquelles Jésus a été crucifié : pour que le remède répondît au mal; pour que l'humilité, etc., pour que la rédemption fût abondante, pour qu'elle fût connue de tous. Car la charité du Christ nous presse, considérant ceci, que si un seul est mort pour tous, donc tous sont morts. Et le Christ est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort pour eux. La vierge de l'ile de Sestos. Qjie sont ces plaies au milieu de vos mains? Et il dira : J'ai reçu ces plaies dans la maison de ceux qui m'aimaient.  LXXXIX PLAN D'UN SERMON POUR LA FÊTE DE L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE 15 août 16 12 (i) (Inédit)  Quœ est ista quœ ascendit per deser- (Ms. p. ^6, recto) tum, sicut virgula fumi ex aronta- iibus mirrhœ et thuris et omnis puheris pigmentarii ? [Gant., m, 6.]  Ecce mirantur omnes ascendentem Virginem. Et quemadmodum mirati sunt Sponsum (Egredtminï,/tlia^ Sion, et videte regem Salomonem cum diademate *, et apud Is. * : Guis est iste qui venit de Edom, tinctis vestibtis de Bosra? tste formosus in stola sua), sic nunc mirantur Sponsam. Sic Psal. * : Mirrha et gutta et casia a vestimentis tuis ; tum* : Astitit regina a dextris tuis. Et nos quoque miremur et imitemur.  Gant., III, ir. Gap. Lxui, I. Ps. XLiv, q. Vers. 10.  Quelle est celle-ci qui monte du désert, comme une colonne de fumée de parfums de myrrhe et d'encens et de toutes les poudres du parfumeur ? Voilà que tous admirent la Vierge qui monte. Et comme ils ont admiré l'Epoux (Sortej, files de Sion, et voye\ le roi Salomon avec le diadème, et en Isaie : Q.'*el est celui-ci qui vient d'Edom, de Bosra, avec les vêtements teints ? il est beau dans sa robe), de même admirent-ils maintenant l'Epouse. Ainsi dans le Psaume : La myrrhe, Valoès et la cannelle s'exhalent de vos vêtements ; puis : La reine s'est tenue debout à votre droite. Nous aussi, admirons et imitons.  ( I ) La pagination aussi bien que l'écriture du Ms. indiquent approximati- vement la date de ce sermon.  I04 Sermons autographes Tribus virtutibus universa Christiana doctrina absol- vitur : mortificatione, oratione et actione. (0 Hortus prius vomere scinditur, deinde seminatur, tertio rore vel pluvia irrigatur : anima mortificatione excolitur, virtutibus seminatur et oratione rigatur. Mortificatio ad carnem prsecipue ; oratio ad spiritum ; exercitium virtutum ad totum hominem, Nisi granum frumenti mortuum joan., xn, 24. fuerit *. Si spiritu facta carnis mortificaveritis, Rom., vm, 13. -oivetis^. Mortificate inemhra vestra, super terram**. Loloss., III, 5. -^ ^ r- Jam vero, ecce mirantur homines in Ecclesia trium- phante mortificationem Virginis, quae est veluti virgula fiimi ex aromatïbus mirrhœ , en mortificatio, et thîiris, en oratio, et omnis pulveris pigmentarii. i"" verbum : Ascendit. Sola in hoc mundo ascendît ; nam alii omnes modo ascendunt modo descendunt : Ascendîint iisqiie ad cœlos et descendunt usque ad Ps. cvi, 26. abissos *, quia modo bene operantur, modo peccant mortaliter. Alii si non descendunt certe moram trahunt, ut Joannes Baptista, et Apostoli, etiam post Pentecosten. Unde, ille : Infelix ego homo, quis me liberabit a  Toute la doctrine chrétienne se résume en ces trois exercices : la mortifica- tion, la prière et l'action. Un jardin est d'abord labouré avec le soc, puis ensemencé, et en troisième lieu, fertilisé par la rosée ou la pluie. L'âme est cultivée par la mortification, ensemencée des vertus et arrosée par la prière. La mortification concerne surtout la chair; la prière, l'esprit; la pratique des vertus, tout l'homme. Si le grain de froment ne meurt. Si par l'esprit vous morti/îe^ les oeuvres de la chair, vous vivre^. Mortifie^ vos membres qui sont sur la terre. Eh bien ! voici que l'humanité admire dans l'Eglise triomphante la mortification de cette Vierge, qui est comme une colojine de fumée de parfums de myrrhe d'abord, et c'est la mortification, d'encens, et c'est la prière, et enfin de taules les poudres du parfumeur. I''- parole : Elle monte. Seule dans ce monde Marie monte. Les autres, sans exception, tantôt montent, tantôt descendent. Ils montent jusqu'aux deux et descendent jusqu'aux abîmes, parce que tantôt ils font le bien, tantôt ils pèchent mortellement. Quelques-uns ne descendent pas, il est vrai, mais du moins ralentissent-ils leur marche, comme saint Jean-Baptiste, et les Apôtres, même après la Pentecôte. Aussi saint Paul s'écrie-t-il : Malheureux (i) On voit ici dans l'Autographe les mots suivants qui ont été ensuite biffés par le Saint : « Mortificatio est veluti extirp.ntione et putatione. >» « La mortification procède par manière d'extirpation et de taille. »  LXXXIX. Pour la fête de l'Assomption 105 corpore mortis hiijus * ? At Beata Virgo semper * Rom., vu, 24. ascendit ; nunquam quievit , similis animalibus illis Ezechielis * quorum unumquodque dinte faciem siiam *Cap.i,i2.Cf.Vuig. gradiebatur, nec revertebatur ciim ambularet. Elle avoit son cœur dilaté en sorte que viam tnandatorurn Domini currebat *. " Ps. cxvm, 32. 2. Per desertum. Omnia illi erant déserta ubi Christus non apparebat. Hei mihi, quia incolatus meus pro- longatus est ; habitavi cum habitantibus Cedar *. * Ps. cxix, 5. Dans les desers, il y a bien des arbres mais sauvages, des bestes mais farouches ; in hoc mundo sunt arbores et homines, sed agrestes. Recordamini, quseso, Annae matris Thobiae quomodo computabat dies quibus aberat filius * ; sic et ista Mater computabat dies donec videret * Tob., x, 9. Filium : Queinadmodum desiderat cervus ad fontes aquarum*. Et propterea mortua est ex amore. [i.] Opti- * Ps. xu, i. mam vitam decebat optima mors ; vixit amore, moritur amore. Renunciate dilecto meo quia amore langueo*. *Cant.,v, 8. [2.] Imitatrix fuit Christi et in vita et in morte. « Gloriosi principes terrae, quomodo in vita dilexerunt se, ita et in morte non sunt separati *. » Sicut Saul et Jonathas**. *„ peïsïp'etp: Ita gloriosus Filius et gloriosa Mater. 3. Plerisque "ilReg.,!, 23. Sanctorum concessum est : Mariae Magdalenae, Sanctae  homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort? Mais la Bienheureuse Vierge monte toujours; elle ne s'arrêta jamais, semblable à ces animaux d'Ezéchiel, dont chacun marchait devant sa face, et ne se retournait point lorsqu'il marchait. Elle avait son cœur dilate' en sorte qu'elle courait dans la voie des commandements du Seigneur. 3* parole : Du déserf. Tout lieu où le Christ ne paraissait pas lui était un désert. Malheur à moi parce que mon exil a été prolongé ! J'ai habité avec les habitants de Cédar. Dans les déserts, il y a bien des arbres, mais sauvages; des bêtes, mais farouches ; en ce monde, il y a des hommes et des arbres, mais ils sont sauvages. Rappelez-vous, je vous prie, comme Anne, mère de Tobie, comptait les jours écoulés depuis le départ de son fils; ainsi cette Mère comptait ceux qui devaient s'écouler jusqu'au retour du sien : Comme le cerf soupire après les sources des eaux. C'est pourquoi elle mourut d'amour, [i.] La meilleure vie appelait la meilleure mort ; elle a vécu d'amour, elle meurt d'amour. Annoncez à mon Bien-Aimé que je languis d^ amour. [2.] Elle fut l'imitatrice de Jésus dans sa vie et dans sa mort. « Glorieux princes de la terre, comme ils s'étaient aimés durant la vie, ainsi la mort ne les a point séparés. » Comme Saiil et Jonathas. Ainsi le glorieux Fils et sa glorieuse Mère. 3. Ce privilège fut octroyé à plusieurs Saints : à Marie-Madeleine, aux saintes  io6  Sermons autographes  Ps. cxv, 6.  * Cf. Tr. de l'Am. de Dieu, 1. VII, ce. IX-XI.  •Ex Epicteto ; apud Aulus Gell., Noct. Att.,l.XVII,c.xix. * Ps. XLIII, 22. • Ps. XLII, 4.  * Ps. CXL, 2. * II Cor., XII, 2.  (Ms. p. 56, verso)  Catharinse Senensi et Genuensi, Sancto Francisco, et nostro tempore Beato Philippo. Quidni Virgini ? 4. Pre- Uosa mors sanctorum. *. Multi moriuntur ex charitate, propter fidem ; alii ex charitate, propter charitatem ; at praBtiosissima quse ex charitate, propter charitatem, et per charitatem *. O Deus immortalis ! Qualis vita hujus Virginis et qualis mors ! Sed sensitne dolores? Sensit, sed dolores amoris. Dolor amabilis et amor dolorosus. Qui charitate dolet, dolere eadem charitate gaudet. jum verbum : Ex arotnatibus mirrce. « Abstine, » ecce mortificatio concupiscibilis; (( Sustine*, » ecce mortificatio irascibilis. Propter te mortificamur tota die *. Coniî- tebor tihi in cithara *. O qualem mortifîcationem : ex paupertate, ex virginitate, ex Christi Passione. ^um verbum : Thiiris. Dirigatur oratio inea sicut incensum in conspectu tuo *. O quales preces ! Rapta usque ad tertium Cœlum*.Tota fuit oratio et exhalatio. S""". Omnis pulveris pigînentarii. Praxis omnium virtutum : modestia, prudentia, fortitudo, justitia, religio, temperantia. 5um verbum : Ftimi. Nam preesupponit ignem, chari- tatem, sine qua nihil erat actum.  Catherine de Sienne et de Gênes, à saint François, et, de notre temps, au bienheureux Philippe. Pourquoi pas à la Sainte Vierge? 4. La mort des saints est précieuse. Plusieurs meurent pour la foi, par amour ; d'autres par amour, pour l'amour; mais la mort la plus précieuse est celle qui vient de l'amour, pour l'amour et par amour. O Dieu immortel ! quelle vie que celle de cette Vierge et quelle mort ! Mais éprouva-t-elle des douleurs ? Oui, des douleurs d'amour. Douleur aimable et amour douloureux. Qui souffre d'amour, par le • même amour se réjouit de sa souffrance. 3^ parole : De parfums de myrrhe. « Abstiens-toi, » c'est la mortification de la partie concupiscible ; « soutiens, » c'est la mortification de la partie irascible. A cause de vous, nous sommes mis h mort tout le Jour. Je vous louerai sur la harpe. Oh quelle mortification est celle qui provenait de sa pauvreté, de sa virginité, de la Passion du Christ ! 4« parole : D'encens. Que ma prière monte comme V encens en votre présence. Oh ! quelles prières ! Ravie Jusqu'au troisième Ciel. Marie exhalait toute son âme en prière et soupirs. 5« parole : De toutes les poudres du parfumeur. La pratique de toutes les vertus : modestie, prudence, force, justice, religion, tempérance. 6' parole : De fumée. Car elle présuppose le feu, la charité sans laquelle rien n'avait été fait.  LXXXIX. Pour la fête de l'Assomption 107 [i.] Jam in Caelo ascendit absolute, quia ascendit supra de lege ordinaria. Nemo potest*. Nihil altius. Exaltata. * Cf. Joan., m, 13. 2. Per desertiim Angelorum : gç oves in deserto*; * Lucas, xv, 4. nam transcendit omnia. 3. Ex aromatibus viirrœ. Ibi mirrha prima ; non mortificatio, sed mortificationis meri- \.um. Levé hoc et fnomentaneiim* ; Secundtim multi- * 11 Cor.,iv, 17. tudinem *. Et hsec mérita nobis prosunt per commu- • Ps. xcm, 19. nionem. 4. Thuris. Ibi ardentissime orat : « Sentiunt omnes tuum juvamen *. » ^. Et omnis pidveris pigmen- -inSuffrag.B.M.v. tarii ; id est, habet gloriam omnibus virtutibus respon- dentem. Sed est 6. Fumus. Charitas immensa quœ illi est gloria essentialîs ; ibi fumus est sine obscuritate, nubes lucida *. • Matt., xvn, 5.  [i.] Maintenant dans le Ciel elle monte librement, parce que par la loi naturelle elle tend en haut. Personne ne peut, [etc.] Rien de plus élevé. Exaltée. 2. Du désert des Anges : les quatre-vingt-dix-neuf brebis dans le désert, car elle s'élève au-dessus de tout. 3. De parfums de myrrhe. Il s'agit ici de la myrrhe la plus exquise ; non celle de la mortification, mais celle du mérite de la mortification. [Notre tribulation] présente, légère et momentanée. Selo7i la multitude, etc. Et ces mérites nous sont appliqués en vertu de la communion [des Saints]. 4. De [encens. Elle fait au Ciel les prières les plus ardentes : « Tous ressentent votre secours. » 5. Et de toutes les poudres du parfumeur ; c'est-à-dire, elle jouit d'une gloire proportionnée à toutes ses vertus. 6. Enfin elle est une /«»««. Sa charité immense qui constitue sa gloire essentielle ; au Ciel, la fumée n'est pas obscure, c'est une nuée lumineuse.  xc  PLAN d'un sermon POUR LE DIX-NEUVIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 2 1 octobre 1612 (Inédit)  (Ms. p. 50, recto) AD DOMINICAM XIX POST PENTECOSTEN. l6l2 Amice , qnomodo hue intrasii? etc. [MaTT., XXII, 12.] Parabolis utitur Dominus quo vehementius infigat doctrinam ; ut acu utuntur ac seta ut filum inducant. Hsec autem parabola mira est. Nos primam partem breviter explicabimus; secundam paulo pressius, ut mini- tante hieme vobis vestem faciamus. Salus hominum nuptise sunt Filii Dei. Voluit autem •I Tim.,ii, 4 ; II salutem omnium Deus *, et invitavit maxime Judeos, et ^ "' "'' ^' noluerunt ventre ; misit apostolos, et noluerunt sed  POUR LE XIX® DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE. l6l2 Mon ami, comment es-tu entré ici? etc. Le Seigneur use de paraboles pour graver plus profondément sa doctrine; comme on se sert d'aiguille et de soies pour introduire le fil. Mais cette parabole-ci est admirable. Nous expliquerons brièvement la première partie; quant à la seconde, nous en presserons davantage l'exposition et nous vous en ferons un vêtement pour l'hiver qui vous menace. Le salut des hommes, telles sont les noces du Fils de Dieu. Dieu a voulu le salut de tous, il invita surtout les Juifs et ils ne voulurent /.is venir; il leur envoya des apôtres, ils ne voulurent pas les recevoir et même îes mirent à  XX, i6.  Comment., in loc. Catena,in locum.  XC. Pour le xix° Dimanche après la Pentecôte 109 occiderunt. Videns Judeos non venturos , invitavit bonos et malos, Judeorum reliquias et ethnicos. Et impletce sunt nuptiœ : facta est Ecclesia Catholica. Ecce ergo plerique sunt in Ecclesia, in loco salutis ; sed nunquid omnes salvabuntur ? Heu ! veniet dies illa magna* et tremenda judicii, in qua intrabit Rex ad * Jerem.. xxx, 7 videndos convivantes. Inventum est unus. Auget hoc factum. Si plures inventi essent, mirum non esset si expellerentur, sed uno tantum invento expellitur, et mittitur in tenebras exteriores. Multi sunt vocati, pauci vero electi *. *Matt., xxn, 3-14, Omnes vocati ; maxime qui sunt in Ecclesia, nam vocatione efficaci vocati siint. Cur non electi ? Quia vestem nuptialem non habent. Sed quaenam est ista vestis nuptialis ? Indubie charitas, ut omnes, apud Mal- donatum * et D. Thomam **, fatentur. Ista vestis operit niultitudinem peccatoruni. i. Pet. 4* : Ante omnia * Vers. 8. in vobismetipsis, etc. Sic in Epistola Eph. 4* : Reno- * Vers. 23, 24. vamini spiritu mentis vestrce : id est, Spiritu Sancto qui est in mente vestra ; vel spiritu qui est mens vestra, quia interdum non possumus renovare animse partem inferiorem, in qua rebellio urget. Et induimini novum  mort. Voyant que les Juifs refusaient, il invita les bons et les méchants, le reste des Juifs et les païens. Et la salle des noces fut remplie : l'Eglise Catholique était fondée. Voilà donc qu'un grand nombre sont dans l'Eglise, dans l'asile du salut; mais tous seront-ils sauvés? Hélas! viendra ce grand et terrible Jour du jugement où le Roi entrera pour examiner ses convives. Il s'en trouva un. Ce fait augmente la terreur. Si on en eût trouvé plusieurs, quoi d'étornant qu'on les eût chassés? mais on en trouve seulement un et il est expulsé, et il est jeté dans les ténèbres extérieures. Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. Tous sont appelés, ceux surtout qui sont dans l'Eglise, car ils ont reçu la grâce efficace de la vocation. Pourquoi donc tous ne sont-ils pas élus? Parce qu'ils n'ont pas le vêtement nuptial. Mais quel est ce vêtement nuptial? C'est évidemment la charité, tous en conviennent, d'après Maldonat et saint Thomas. Ce vêtement couvre la multitude des péchés. Avant tout, aye{ les uns pour les autres, etc. De même dans l'Epître aux Ephésiens : Renouvelez-vous dans r esprit de votre âme; c'est-à-dire dans l'Esprit-Saint qui est en votre âme, ou bien dans l'esprit qui est votre âme ; parfois, en effet, nous ne pouvons renouveler la partie inférieure de notre âme dans laquelle s'élève la révolte. Et revêtez-vous de l'homme nouveau, c'est-à-dire du Christ. Celui-là  no Sermons autographes hominem ; ici est, Christum. Induit noviun hominem qui moribus invenitur ut Christus, Qiù secundum Deum creatns est, id est, ad perfectissimam imaginem Dei ; sanctitate veritatis, id est, sanctitate vera. * Gen., m, 7. x\dam nudus, fecit sibi perizoma ex foliis ficus *. "Cap. xiii. B. Amb., in lib. de Paradiso'^ : excusatio in peccatis. »Gen., III, 21. At Deus fecit vestes pelliceas ^, mortificationis, aliqui, pœnitentias ; die charitatis et meritorum Christi , ut * Vers. 14. mortui Agni veste ac lana operiamur. Job, 29 * : Jtistitia indutus sum, et vestivi me quasi vestimento. D. Gre- * s. Gregor. Mag., • a -xr .• . i- • -ct- r n ** hom.xxxviuinEv., gorius ' : Vestimentum undique operit. v leg., [pag.J 70**. "vte<îas Comm.in -^poc. 3 * : Angelo Laodiciae : Suadeo tibi emere a Apoc.,ed. i6o6;ad j^j^ auviiiu ïûnitum, probatum, ut locuples fias et c. I, i;. -^ "Vers. i8. vesti uioitis albis vestiaris, ut non appareat confusio nuditatis tuœ. Jam vero triplex est charitatis vestis. i'' Joseph pol}'- * Gen., XXXVII, 3. mita, qua induit eum pater suus * : gratia sufficiens, infantum baptizatorum ; unde damus illis chrismale : * In Caerem. Bapt. (( Accipe vestem candidam *. » Pulcra visu ; fide enim scimus eos cum charitate omnes virtutes accipere. * Gen., XXVII, 15. 2* Jacob, qui vestibiis Esaii valde bonis vestitus est* : communis omnium Sanctorum. 3* Hester, qusB caudam  revêt riiomme nouveau, qui, dans ses mœurs, est trouvé conforme au Christ. Q,ui a été créé selon Dieu, c'est-à-dire à la plus parfaite image de Dieu ; dans la sainteté de la vérité, c'est-à-dire dans la vraie sainteté. Adam nu se fit une ceinture de feuilles de figuier. Selon le bienheureux Ambroise, dans son livre Du Paradis, c"est une excuse dans le péché. Mais Dieu lui y?/ des vêtements de peau, ce que quelques-uns entendent de la mortification et de la pénitence, et que nous entendons de la charité et des mérites du Christ, afin que nous fussions couverts du vêtement fait de la laine de l'Agneau immolé. _/? me suis environné de la justice, et m'en suis servi comme d'un vêtement. Saint Grégoire : Le vêtement couvre tout le corps. Viegas, [page] 70. Dans l'Apocalypse, à l'Ange de Laodicée : Je te conseille d'acheter de moi de for éprouvé au /eu, afin de t' enrichir et de te revêtir d'habits blancs, pour que la confusion de ta nudité ne paraisse. Or, la charité a trois vêtements : i. Un de couleurs variées, celui dont Joseph fut revêtu par son père. C'est la grâce suffisante des enfants baptisés; aussi leur donnons-nous le chrémeau : « Reçois ce vêtement blanc. » Il est beau à voir, car nous savons par la foi qu'avec la charité, ces enfants reçoivent toutes les vertus. 2. Celui de Jacob, qui revêtit les plus beaux vêtements d'Esail. Celui-ci est commun à tous les Saints. 3. Celui d'Esther, à queue, et qui  XC. Pour le xix^ Dimanche après la Pentecôte i i i habebat*, et est Sanctorum communicantium. Talaris est * Esther, xv, 7. ut caeterorum ; nam quid proderit vestem habere et non talarem , quando insidiatur maxime calcaneo nostro diabolus, serpens* ? Sed non modo talarem, sed etiam * Gen., m, 13,15. plus quam talarem, ita ut ad posteros quoque perveniat, ut Hesteris vestimentum. Sic Beatus Hilarion (i)primam vestem serv^avit, nam ante 15 annum jam incepit servira Deo. Fuit talaris, ut cooperiat talum ejus oui insidiabatur daemon : « Egredere anima mea, quid times * ? » Fuit *S.Hieron.,in Vita , , , . . - . . . ejus, § XLv. odorata, unde multi ejus exemplo ad monasticam vitam perducti *. Sic Beati Crispinus et Crispinianus 31artires. 'Cf. Cant., i, 3.  appartient aux Saints en tant que [par leurs exemples] ils communiquent leurs vertus [à ceux qui viennent après eux.] Il descend jusqu'aux pieds, comme les deux autres ; car à quoi bon porter une robe qui ne descendrait pas jusqu'au talon, quand c'est surtout à notre talon que le démon, vrai serpent, tend ses embûches.- Mais cette robe fait plus que de couvrir les pieds, elle se prolonge encore vers ceux qui suivent, comme celle d'Esther. Ainsi le bien- heureux Hilarion conserva toujours sa première robe, car il commença à servir Dieu dès l'âge de quinze ans. C'était une robe longue qui descendait jusqu'à terre pour préserver son talon, [la fin de sa vie.] auquel le démon tendait des embûches : <^ Sors, mon âme, que crains-tu? » Elle était parfumée, c'est-à-dire que les exemples du Saint en attirèrent un grand nombre à la vie monastique. Tels les bienheureux Crépin et Crépinien, Martyrs. (i) La fête de saint Hilarion, qui se célèbre le 21 octobre, coïncidait, en cette année 1612, avec le xix« Dimanche après la Pentecôte. C'est ce qui explique comment il est ici fait mention de ce célèbre Solitaire.  XCI FRAGMENT D'UN SERMON POUR LA FÊTE DE LA PURIFICATION 2 février 1613 (Inédit)  (Ms. p. J4, recfo) AD FESTUM SACRATISSIM^ PURIFICATIONIS. 1613 JMira naturse ars qua veluti per antiperistasin contraria » Lucœ, II, 22-29. contrariis elucescunt. Mira in hoc Evangelio * Beatse Virginis humilitas, mira et dignitas. Venit veluti vulgaris mulier purificanda, venit tanquam mater oblatura munus omnium gratissimum Altissimo, et in Symeone timor versus est in Isetitiam summam. Superbia diaboli et hominis mira fuit, ut nimirum * Gen., III, 5. essent sicut dii'^. Esaias, 14** : Conscendam in **Vers. 13, 14. cœluin, super astra Dei ponam solium meum, ero similis Altissimo. De homine pulchre Augustinus, 1. 14 * Vers, 18. de Civitate, c. 13, citans Proverb. 16* : Ante ruinam exaltatur cor et ante gloriam humiliatur. Initium  POUR LA FÊTE DE LA PURIFICATION. 1613 Admirable est cet art de la nature qui, par une sorte d'opposition, fait ressortir les contraires par les contraires. Merveilleuse est dans cet Evangile l'humilité de la Bienheureuse Vierge ; merveilleuse aussi est sa dignité. Elle vient comme une femme vulgaire pour être purifiée ; elle vient comme mère pour offrir au Très-Haut le don qui pouvait lui être le plus agréable. Aussi dans le cœur de Siméon, la crainte fait place à une suprême joie. Etonnant fut l'orgueil du démon et de l'homme, quand ils se persuadèrent qu^ils deviendraient comme des dieux. Je monterai au ciel, je placerai mon trône sur les astres de Dieu, je serai semblable au Très-Haut. Saint Augustin, liv. XIII de la Cité [de Dieu], chap. xiv, citant les Proverbes, dit très bien de l'homme : Le cœur s'exalte avant la ruine et il s'humilie avant la gloire.  XCI. Pour la fête de la Purification 113 omnis peccati superbia; Ecclesiastici, 10 *. Tob. 4**, * Vers. 15. ad filium : Siiperbiam nunquam in Uto sensu aut in ^^^' ^'^' tuo verbo dominari permittas, in illa enim initium sumpsit omnis perditio. Ro. 5* : Siciit per inobe- * Vers. 19. dientiam unius hominis peccatores constitua sunt multi, ita per obedientiam unius hominis Justi con- stituuntur naulti. Verum etiam Patrum pulcherrimae sententise expen- dendae sunt circa peccatum primi hominis primae mulieris, et inde concio inchoanda. Anthithesim esse inter Mariam et Evam omnis antiquitas credidit ; videamus ergo quo- modo peccavit Eva. Die historiam *. Creati erant Adam * Gen., m, 1-5. et Eva in gratia, et summa fœlicitate potiebantur; et ecce diabolus, serpens antiquus'^, voluit eos exturbare. * Apoc, xn, 9. Aggressusque mulierem tanquam infirmiorem : Cur prœcepit, inquit, vobis Deus ut non conaederetis ex omni ligno paradisi ? De omni, id est, prœcepit ut de nullo, est communis opinio; vel non comederetis ex omni, id est, non de omnibus et singulis, sed excepit lignum scientiœ boni et mali"^? Egregie Rupertus, * Gen., n, 16, 17. 1. 2 de Trinité', c. 4 : Diabolus se « rem ut erat nescire *^/"'^'- DeTrin.et 1 j • •j_ j . r> • , . Oper. ejiis, Coiii- simulans, » dixit de omni. Sic hseretici : Cur prœcipit ment.in Gmes.  L orgueil est le commencement de tout péché. Tobie à son fils : A^^ laisse jamais l'orgueil dominer dans ton esprit ou dans ta parole, car cest par lui que toute perdition a pris commencement. De même que par la désobéissance d'un seul homme beaucoup ont été constitués pécheurs, de même aussi par l'obéissance d'un seul homme beaucoup sont justifiés. Les Pères donnent, relativement au péché du premier homme et de la première femme, de très beaux enseignements que nous devons considérer. En conséquence, je puis commencer mon discours par les contrastes que toute l'antiquité a remarqués entre Marie et Eve. Voyons donc comment Eve a péché. Dire l'histoire. Adam et Eve avaient été créés en grâce et jouissaient d'une félicité parfaite ; et voilà que le démon, Vantique serpent, voulut les ruiner. S'attaquant donc à la femme, comme étant la plus faible : Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé, dit-il, de ne pas manger du fruit de tous les arbres du paradis? De tous, cest-à-dire, pourquoi vous a-t-il commandé de n'en manger aucun; c'est l'opinion commune. Ou bien, de ne pas manger de tous, c'est-à-dire non pas de tous et de chacun; mais en a-t-il excepté les fruits de l'arbre de la science du bien et du mal? Rupert dit excellemment, liv. Il de la Trinité, chap.iv : Le diable, « feignant d'ignorer la vérité, « dit de tous. Ainsi les hérétiques : Pourquoi l'Eglise vous ordonne-t-elle de ne pas lire toute l'Ecriture.- Pourquoi Serm. II Q  114 Sermons autographes Ecclesia ut de omni Scriptura non legatis? cur prohibet nubere ? cur vesci cibis creatis a Deo ? etc. Cui res- pondit mulier : De fructu lignorum quœ surit in paradiso vescimnr ; de fructu vero ligni quod est in medio paradisi, prœcepit nobis Deus ne comede- remus et ne tangeremus illud, ne forte moriamur. Dixit autem serpens ad mulierem : Nequaquam moriemini ; scit enini Deus quod in quacumque die comederitis ex eo, aperientur oculi vestri, et eritis sicut dii, scientes bonum et malum. Ambros. : Displi- * Al. De Paradiso, cent [verba] praecepti, lib. de Adam et Evd^, unde exag- qur'ex^Comment! gerat. Si vir vel pater dicat : Nolo cum hoc colloquaris ; Pereirœ in Gen. j^eus ! ait, uou vult me cum ullo colloqui. Aggravant confuse citatur. "^^ prseceptum ut gravent prsecipientem : ne tangerent. *§ 3. Idem est Chrisostomi, hom. 16, in Genesina*. Quod Eva cum diabolo colloqui cseperit, nunquam coUoquendam est cum hoste reipublicae, aut cum hœretico, aut cum * Vers. 3. impudicis. Cap. 1 1. ad Cor. 2 * : Timeo ne sicut serpens sediixit Evam astutia sua, ita corrumpantur sensus vestri, et excidatis a simplicitate quœ est in Christo.  défend-elle de se marier r Pourquoi, de manger des aliments créés par Dieu? etc. La femme lui répondit : Nous mangeons du fruit des arbres qui sont dans le paradis ; mais pour le fruit de Varbre^ui est au milieu du paradis, Dieu nous a commandé de iien point manger et de n'y point toucher, de peur que nous ne mourions. Et le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point ; car Dieu sait qu'en quelque jour que ce soit que vous en mangie^, vos yeux seront ouverts, et vous sere^ comme des dieux, sachant le bien et le mal. Le commandement déplaît à la femme, dit saint Ambroise, dans son livre d'Adam et Eve, c'est pourquoi elle en exagère la rigueur. Si le mari ou le père dit : Je ne veux pas que tu parles à un tel ; hélas, dit-on, il veut que je ne parle à personne. On exagère ainsi le précepte, afin de taxer de sévérité outrée ceux qui le donnent : qu'ils ne touchent pas. Saint Chrysostôme s'exprime de la même manière dans sa XVI* homélie sur la Genèse. Du péril auquel s'exposa Eve en entrant en conversation avec le serpent, il faut tirer la conséquence qu'on ne doit jamais s'entretenir avec un ennemi de l'Etat, ou avec un hérétique, ou avec des hommes aux mœurs corrompues. Je crains que de même que le serpent séduisit Eve par ses artifices, ainsi vos esprits se corrompent et que vous dégénériez de la simplicité qui est dans le Christ.  XCII PLAN D'UN SERMON POUR LE QUATRIÈME DLMANCHE APRÈS PAQUES 5 mai 1613 (i) (Inédit)  DOMINICA 4 POST PASCHA, APUD S. PAULUM  Vado ad eitm qui misit me, et iteiiio ex vobis interrogat me : Quo vadis ? Jo. 16. f. 5.  ^gris ob morbum sine appetitu viventibus, solemus etiam invitis cibum dare ; sic hodie Apostolis mœstitia affectis, et ideo non petentibus a Domino : Quo vadis?  QUATRIEME DIMANCHE APRÈS PAQUES, A SAINT-PAUL Je vats à Celui qui m'a envoyé, et nul d'entre vous ne me demande : Oii allej-vous ? Souvent nous obligeons les personnes à qui la maladie ôte tout appétit à prendre de la nourriture. Quelque chose d'analogue se passe aujourd'hui • les Apôtres sont accablés de tristesse, et partant ne demandent pas au Sei- gneur : Ou alle^-vous? mais lui, les contraint à se nourrir et leur annonc  nce son  ( I ) On voit d après le format, que l'Autographe de ce sermon n'appartient pas au grand Manuscrit décrit dans l'Avant-Propos; mais, bien qu'il ne soit pas date, ,1 suffit de le rapprocher des pages écrites par le Saint en 1615 pour juger qu II doit remonter à la même époque. Le titre du sermon appuie cette conjecture II a ete prononcé le quatrième Dimanche après Pâques à l'église ou chapelle de Saint-Paul ; or, la chapelle des Pères Jésuites de Turin cans laquelle l'Evêque de Genève se plaisait à prêcher quand il éta t de' passage en cette ville, était précisément dédiée sous le .Lable d g and Apôtre Comme on le sait, notre Saint fit au printemps de 1613 un pèlerfZe au tombeau de saint Charles Borromée; ce serait donc au retour qu 1 aurai prononce ce discours à Turin. L'invocation adressée â saint Charl (vo p. 117) est encore a l'appui de cette conjecture.  ii6 Sermons autographes ipsemet cibum ingerit, et iter suum, causasque ac utili- tates sui itineris, déclarât. Interdum interrogare nolumus, ne sciamus quod scire nobis triste est. Dicit ergo se ire ad Patrem ut Spiritum Sanctum mittat , Spiritum Sanctum aiitem, cuin venerit, argumentis demonstra- turum, ac potius magno interiori lumine, mundum reum * Vers. 5-13. esse peccati, justitiœ et judicii *. Quae quomodo intelligi debeant eodem aspirante Spiritu dicemus, sed antea, ut in nobis superveniat, Beatam Virginem salutemus. Difficilia quse pulcra. Lex antiqua in monte data est, et *Ephes., 1, 10. nova quoque, abrégé, anacephaleosis, in Cruce * ; inter 'Exod.jXix, 16. clavos et spinas, ut Leges inter tonitrua et lampades *. Hoc omnes hactenus senserunt, et miror ignorantissi- mos rerum theologicarum aliter sentire. Hieronymus, • AI. Ep. LUI, ad in Proloffo Galeato * / « Sola Scripturarum ars est Paulin., §7. Cf. Z)^- ^ . T-x ^ • />«5^,tom.iihujus quam sibi passim omnes vendicant, » Dimcilem esse • Ver's^ 12.^^^° Dominus indicat in fine Evangelii nostri * : Multa alia habeo vobis dicere, sed non potestis portare modo. * La Bible... de Ge- Gebenn. in margine * : « Ces choses-la sont comprinses ^^^^' '' ■ en la doctrine des Apostres, hors laquelle il ne nous faut rien chercher. » Finesse. Hors la doctrine ou escritte ou non escritte.  départ, les causes et les avantages de ce départ. Parfois nous ne voulons pas interroger, pour ne pas apprendre une nouvelle qu'il nous serait pénible de connaître. Jésus déclare donc qu'il retourne à son Père pour envoyer l'Esprit- Saint, et que l'Esprit-Saint étant venu, par des preuves, ou plutôt par une grande lumière intérieure, il convaincra le monde du péché, de la justice et du Jugement. Comment comprendre ces paroles, nous Talions dire sous l'inspiration du même Esprit; mais auparavant, pour qu'il descende sur nous, saluons la Bienheureuse Vierge. Les choses belles sont difficiles à saisir. La Loi ancienne a été donnée sur la montagne, la nouvelle également; abrégé (anacephaleosis) sur la Croix; entre les clous et les épines, comme la Loi mosaïque [avait été promulguée] parmi les tonnerres et les éclairs. Jusqu'ici tous l'avaient entendu ainsi, et je m'étonne que ceu.x-là même qui ignorent le plus les questions théologiques prétendent l'expliquer autrement. Saint Jérôme, dans son Prologue casqué, dit : << La science de l'Ecriture est la seule dont, en tous lieux, chacun se fait fort. » Le Seigneur à la fin de notre Evangile la déclare difficile : J'ai beaucoup d'autres choses à vous dire, mais vous ne pouve\ les porter maintenant. Les pasteurs de Genève disent, en marge : [Reprendre au texte, lig. 19.]  XCII. Pour le iV^ Dimanche après Pâques i 17 At in Epistolis et scriptis Apostolicis etiam multa difficilia; ut Pétri 2. c. 3*, de Epistolis Pauli et rébus in "Vers. 16. eis propositis : In quitus, ait, qiiœdam siint difficilia intellectu, quœ indocti et instabiles dépravant ad suam ipsorum perditionem, siciit et cœteras Scrip- turas. Et Christus : Scrutamini Scripturas*. Et Paulus * Joan., v, 39. non omnia scripsit ; Heb. 5*, de Melchisedech : de 'Vers. n. quo, inquit, grandis (hoc est, multus) nobis est sermo, ininterpretahilis ad dicendum, quia imhecilles facti estis ad audiendum. i. Cor. 3. f. i et 2 : Tanquam parvulis in Christo, lac potum dedi vobis, non escam, nondum enim poteratis ; sed 7iec adhuc potes- tis, adhuc enim carnales estis. Cœtera cum venero disponam ; i. Cor. xi *. De illo grandi sermone et de "Vers. uit. ista dispositione, ubi quseso mentio ? Non potestis por- tare modo. Unde Psalm. : Révéla oculos meos, et considerabo mirabilia de lege tua; [Ps.] 118*. O * Vers. 18. SanCtUS CaroluS * ! *Cï.LesControver- -»T . . . 1 r 1 • -^^-^i tom. I huius JNon omnia scnpta necessana sunt ad ndem, quamvis Edit., p. 194. sint de fide ; ut Tobise canem caudam habuisse, c. xi. f. 9, aut Paulum habuisse penulam, 2. ad Timot. 4*, * Vers. 13. quam reliquerat Troade apud Carpum. Nec omnia  Les Epîtres et les écrits des Apôtres renferment aussi bien des points diffi- ciles; et saint Pierre parlant des Epîtres de saint Paul et des enseignements qui y sont proposés : Dans lesquelles, dit-il, il y a quelques passages difficiles à entendre, que des hommes ignorants et légers détournent pour leur propre perte à de mauvais sens, ainsi que les autres Ecritures. Et le Christ : Vous scrute:; les Ecritures. Et saint Paul n"a pas tout écrit. Dans l'Epître aux Hébreux, au sujet de Melchisédech : de qui, dit-il, nous avons de grandes choses à dire (c'est-à-dire en grand nombre), et difficiles à expliquer, parce que vous êtes devenus incapables de les entendre. Comme de petits enfants dans le Christ, je vous ai nourris de lait et non d'aliments solides, parce que vous n'en étiej pas capables, et h présent même vous ne l'êtes pas encore, parce que vous êtes encore charnels. Quant aux autres choses, lorsque je serai venu je les réglerai. De ces grandes choses et de ce règlement, où, je vous prie, en est-il fait mention .- Vous ne pouve:^ les porter maintenant. Pour le même sujet, il est dit dans le Psaume : Dessille^ mes yeux et je considérerai les merveilles de votre loi. O saint Charles ! Toute l'Ecriture n'est pas nécessaire pour la foi, bien qu'elle soit toute de foi. Il n'est pas nécessaire, par exemple, de savoir que le chien de Tobie avait une queue, ou que saint Paul avait un manteau qu'il laissa h Troade, che^  ii8 Sermons autographes necessaria scripta sunt aperte, maxime numerus Libro- rum et sensus, et « descendit ad inferos, » Nos similes sumus formicis. Quaedam ascendunt spicas et dimittunt, aliae spoliant grana spicis et thecis aliae inferunt. Sic Apostoli verbum Dei miserunt, doctores exuunt difficultatibus, prœdicatores trahunt et inferunt cordibus. Nemo ex vobis interrogat me : Qiio vadis? quia • Cf. I Cor., II, 2. nemo vult scire Crucem *, aut privari consolatione.  Carpus. De même, tout ce qu'il est nécessaire de croire n'est pas explicite- ment écrit, en particulier le nombre et le vrai sens des Livres canoniques, et les mots : « est descendu aux enfers. » Nous ressemblons aux fourmis. Les unes montent sur l'épi et l'abattent, les autres dépouillent le grain de son enveloppe et d'autres le transportent au grenier. Ainsi les Apôtres nous ont transmis la parole de Dieu, les doc- teurs la dégagent de toute ambiguité et les prédicateurs l'emportent pour la déposer dans les cœurs. Nul d'entre vous ne me demande : Où alle^-vous ? parce que nul ne veut savoir la science de la Croix ou se priver de consolation.  XCIII PLAN D'un sermon pour la fête de la PENTECÔTE 26 mai 1613 (Inédit)  AD FESTUM PENTECOSTES, 26 MAII 1613 (Ms. p. IIJ, recto) CUM REDIREM MEDIOLANO Aves cum parvulos in nido non habent, excurrunt per arbores in eisque morantur, et mirifice hue illucque canunt ; at cum nidum habent pullosque in eo, vix cantant alibi quam in arbore in qua nidos pullosque habent. Si enim aliquando excurrunt, cito redeunt, et memores relictorum pullorum vix alibi cantant. Il fault dire vray, mirus est amor filiorum, et quidem spiritualium major quam carnalium (a). Un père qui a des enfans, va, vient, court, mais son cœur ne bouge, il est tous-jours avec son trésor : Gaudium meum, corona mea vos estis*!^). * phiiip., uit., i.  (a) POUR LA FÊTE DE LA PENTECÔTE, 26 MAI 1613 A MON RETOUR DE MILAN Lorsque les oiseaux n"ont pas de petits dans leur nid, ils voltigent d'arbre en arbre, s'y arrêtent et chantent merveilleusement tantôt ici, tantôt là; mais ont-ils nid et couvée, c'est à peine s'ils chantent ailleurs que sur l'arbre où reposent ce nid et cette couvée. Si parfois ils s'en éloignent, c'est pour revenir aussitôt, le souvenir des petits qu'ils ont quittés leur permettant à peine de chanter ailleurs. Il faut dire vrai, l'amour [du père] pour les enfants est admirable, encore plus pour les fils selon la grâce que pour les fils selon la nature. (b) Vous êtes ma joie et ma couronne.  • I Cor., XII, 3.  120  Sermons autographes  Or sus, je ne veux point vous expliquer maintenant davantage mon sentiment ni ma consolation de me revoir auprès de vous, mon cher peuple ; il me suffit que j'y sois, et que me voyci en cette si célèbre feste pour vous en expliquer le mistere briefvement. Mays, nemo potest dicere, Dominus Jésus, nisi in Spiritu Sancto *, nemo Spiritus Sanctus nisi in Spiritu. Veni (a), en faveur de vostre chère Espouse Nostre Dame. Ave.  {^) Canticum Canticorum epitalamium est Ecclesise et Christi.Orditur autem Salomon instinctu Spiritus Sancti *Cant.,i, I. ab unione : Osculetur me* (quid est osculetur, nisi veniat et mecum jungatur per Incarnationem , in qua * Eccii., XXIV, I, 5. quae ex ore Altissimi prodit Sapientia* unitur carni * Apocai.,uit.,2o; nostrse ? Unde : Veni, Domine, et noli tardare*; Veniat *Cant!^'v, ^i. Dilectus meus in hortum suum*; Descendat sicut * Ps. Lxxi, 6. pluvia in vellus'^, etc.), et finit Ascensione : Fuge, * Cant.,uit.,y.uit. inquit *, Dilecte mi, et assimilare caprece hinnuloque cervorum super montes aromatum. Quae verba Beatus Bernardus et communior [sententia] explicant de Ascen- sione Domini : Veni, fuge; unum verbum est in prin- '§9. cipio, aliud in fine; Bernardus, ser. 9. in Oiii habitat*. * Ibid. « Non enim ut Petrus, » ait Bernardus*, <( vult in monte * Matt., XVII, 4. terreno habitaculum *, » sed in Cœlo ; <( aut cum Maria,  (a) Nul ne peut dire Seigneur Jésus, si ce n est par r Esprit-Saint ; nul ne peut dire Esprit-Saint, si ce n est par l'Esprit. Venez... (b) Le Cantique des Cantiques est l'épithalame de l'Eglise et du Christ. Sous l'inspiration de l'Esprit-Saint, Salomon débute par un souhait d'union : Quil me baise (qu'est-ce à dire : qu'il me baise, sinon qu'il vienne et s'unisse à moi par l'Incarnation, ce mystère où la Sagesse sortant de la bouche du Très-Haut, s'unit à notre chair r De là ces mots : Veneji, Seigneur, et ne tardez plus. Que >non Bien-Aimé vienne en son Jardin. Qu^ il descende comme la pluie sur la toison, etc.), et il finit par l'Ascension : Fiiye^, dit-il, mon Bien-Aimé, et soye^ semblable au chevreuil et au faon des biches sur les montagnes des aromates. Le bienheureux Bernard, d'accord en cela avec la plupart des commentateurs, applique ces paroles à l'Ascension du Seigneur : Vene^, Juyei; un mot se trouve au début, l'autre à la fin. (Saint Bernard, sermon ix sur le Psaume Qui habitat.) " L'âme, » dit saint Bernard, « ne veut pas comme saint Pierre habiter un tabernacle bâti sur une montagne terrestre ; » elle veut  XCIII. Pour la fête de la Pentecôte  eum deinceps vult tangere in terra *, sed plane clamât : Fuge. » Sed assimilare capreœ. Caprea summos montes petit, ut clarius omnia despiciat suspiciatque vicinius solem. Fuge, sed assimilare capreœ, quse ea quse deorsum sunt respicit (mitte nobis alium Paraclitiim'^), hinnuloque cervomm, qui etsi scandât, tamen in ima, ubi matrem reliquit, respicit omni momento ; sic natu- ram humanam Christus respicit, et ei munus Spiritus Sancti mittit. Recita historiam Joseph. Antequam Ben- jamin iret in regnum fratris Joseph, mittebat quidem ciharia aliqua; verum ubi vidit Benjamin, rox^xt plau- stra, stolas, omniaque quae necessaria erant*. Sic Pater cœlestis ante Ascensionem misit per Angelos Legem et caetera necessaria, at viso Benjamin misit omnia munera. Viderant Apostoli ascendentem, at timidi erant donec venit Spiritus Sanctus ; tune revixit spiritus * eorum, etc. Sed quomodo Spiritus Sanctus venit ? Non mutans locum sed actum *. Descendam **. Descenditque cum illo in foveam *. Veni , Domine, et noli tardare **. Vere locus iste sanctus est *, etc.  * Joan., XX, 17.  * Ibid., XIV, 16.  *Gen., XLii, 25, 33, XLv, 21-23.  Ibid.  27.  * Cf. S. Chrysost., Expos, in Ps.ix, 16. **Genes., xviii, 21, XLVI, 4. * Sap., X, 13. **Vide pag.prœced. *Gen.,xxvin, 16,17; Exod., III, 3.  le Ciel, (i Elle ne veut pas comme Marie-Madeleine toucher Notre-Seigneur sur la terre ; au contraire, elle s'écrie : Fuye\. » Soye^ semblable au chevreuil. Le chevreuil gagne le sommet des monts pour voir plus distinctement à ses pieds toutes choses et contempler de plus près le soleil. Fuye\, mais soye\ semblable au chevreuil^ qui regarde ce qu'il laisse derrière lui (envoyez-nous un autre Paraclet), et au faon de biche, lequel, bien qu'il monte en sautant, regarde cependant à chaque instant le fond de la vallée où il a laissé sa mère. Ainsi le Christ regarde en arrière la nature humaine, et lui envoie le don de FEsprit-Saint. Raconter l'histoire de Joseph. Avant que Benjamin fût venu dans le royaume de son frère Joseph, celui-ci envoyait bien aux siens quelques provisions alimentaires ; mais dès qu'il eut vu Benjamin, il envoya des chariots, des robes et tout ce qui était nécessaire. Ainsi le Père céleste, avant l'Ascension, envoya par ses Anges la Loi et tout ce qui était nécessaire, mais après avoir vu Benjamin il envoya tous les dons. Les Apôtres l'avaient vu monter au Ciel, mais ils demeurèrent timides jusqu'à la venue de l'Esprit-Saint ; alors leur esprit se ranima, etc. Mais comment vint l'Esprit-Saint ? En changeant non pas de lieu, mais d'opération. Je descendrai. Et elle descendit avec lui dans la fosse. Venez, Seigneur, et ne tardez plus. Vraiment ce lieu est saint, etc.  122 Sermons autographes Quid autem novi fecit in Apostolis ? prius quidem acceperant Spiritum Sanctum : Accipite Spiritum joan., XX, ï2. Sanctuiiî*. Acceperant jurisdictionem, sed non posses- sionem, actum secundum ; vêla pandunt ventis. Act., II, 2. Sed velletis recipere Spiritum Sanctum? Sedentes* ; iVReg.,iv, 3. humiliter, vasa vactia non pauca'^ ; unanimiter, amor Act., 1, 14. proximi; in oratione*.  Qu'opéra-t-il de nouveau dans les Apôtres, car ceux-ci avaient déjà reçu l'Esprit-Saint : Recevez le Sai)it-Esprit. Ils avaient déjà reçu la juridiction, mais ils n'avaient pas été établis dans la possession actuelle; ils ouvrent la voile aux vents. Vous voudriez recevoir l'Esprit-Saint.- Soyez assis; humblement, vases vides, nombreux; utianimetnent, amour du prochain; dans la prière.  XCIV EXORDE d'un sermon POUR LE TROISIÈME DIMANCHE DE L'AVENT 15 décembre 1613 (Inédit)  AD DOMINICAM 3 ADYENTUS. ANNESSII, 1615 ( Ms.p. 21, recfo,V) Pro exordio dicatur Evangelium * ; cum autem per- 'joan.,!, 19-28; cf. veneris ad locum : Non sum dignus corrigiam cal- "*^*' "'' ' ceamenti solvere, affer interpretationem Cyrilli * et »Cyr.Aiex.,Comm. Hylarii *, folio sequenti (0, pagina versa, positam : •'comm.^fn Ma«!, Corrigiam. calceamenti solvere est Evangelium Lege '^^p- "> § 4- contentum enucleare. Et ego dico, ad istorum Patrum imitationem, corrigiam calceam.enti solvere est sen- sum Scripturae reserare. Ergo non sum dignus, nescio lo qui* ; dit in, Mater Verbi, per quam nobis Verbum • jerem., i, 6. apparuit, solve, vel solvere me fac, per tuas preces. Ave Maria.  POUR LE TROISIÈME DIMANCHE DE l'aVENT. ANNECY, 1613 Comme exorde, faire le récit de l'Evangile ; puis, arrivé au passage : Je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure, donner l'interprétation de saint Cyrille et de saint Hilaire, insérée au verso de la page suivante : Délier la courroie de la chaussure, c'est éclaircir le sens de l'Evangile contenu dans la Loi. Et moi, à l'imitation de ces Pères, je dis : Délier la courroie de la chaussure, c'est ouvrir le sens de l'Ecriture. Je ne suis donc pas digne, je ne sais parler ; mais vous, Mère du Verbe, par laquelle le Verbe nous est apparu, par vos prières, ouvrez ce sens, ou faites-le moi ouvrir. Ave Maria.  ( I ) Le folio mentionné ici ne nous est pas parvenu.  xcv PLAN d'un sermon POUR LA VEILLE DE NOËL 24 décembre 1613 (Inédit)  (Ms. p. 2, recto, B) 1613. IN VIGILIA NATIYITATIS AD SORORES VISITATIONIS Ecclesia omnia movet ut magnitudinem festi futuri praedicet ; ut constat ex officio Adventus. Sed inter alia, in Missae introitu, utitur verbis paululum inflexis quibus •Vers. 6, 7. Moyses nuntiavit mannse pluviam Israelitis ; Ex. 16*. « Hodie, » inquit, « scietis quia veniet Dominus, et mane videhitis gloriam ejus. » Die historiam usque ad * Vers. 2, 3. verba Moysi (et nota obiter ranr vaux fili or um Israël*, qui libenter egressi sunt de -^gipto, ut plerique reli- giosi ex mundo, sed ubi tantisper sunt in deserto, id est, deseruntur, murmurant et recordantur carnium mundi) : Vespere scietis quia Dominus eduxit vos de  • 1613. LA VEILLE DE NOËL, AUX SŒURS DE LA VISITATION L'Eglise met tout en œuvre pour annoncer la grandeur de la fête prochaine, comme on le voit par l'office de TAvent, et surtout par l'introït de la Messe de ce jour. On y lit à peu près les paroles dont se servit Moïse pour annoncer aux Israélites la pluie de la manne : << Aujourd'hui, » dit-il, « vous saure^ que le Seigneur viendra, et, au matin, vous verre^ sa. gloire. » Rappeler l'historique du fait jusqu'aux paroles de Moïse. (Signaler, en passant, les murmures des enfants d'Israël : librement sortis de l'Egypte, comme sortent du monde la plupart des religieux, ils sont à peine au désert, c'est-à-dire dans l'abandon, qu'ils murmurent et se ressouviennent des plaisirs du monde.) Ce soir vous saure^ que le Seigneur vous a conduits hors de la terre d'Egypte, et, au  XCV. Pour la veille de Noël 125 terra ^gipti, et mane videbitis gloriam. Domini. Quibus verbis Ecclesia significat Christum similem esse mannse ; et ita est : 1°. quoad generationem, 2". quoad saporem. Unde duo dicam : explicabo breviter misterium Incarnationis ; secundo , quomodo gustare debeamus omnes hoc misterium, maxime autem vos Sorores. Quoad primum, tria tantum observo. 1°. Num. 11*, * Vers. 9. manna invisibiliter, nocte, descendebat de caelo. Sic Christus hodie nascetur nocte, invisibiliter, modo huma- nis mentibus incomprehensibili ; totus e Caelo, etiam corpus, nam etsi materia ex Virgine sumpta est, tamen virtute Altissimi obumbrante et Spiritu Sancto superve- niente * formata est, et modo caelesti nascitur, eo modo * Lucas, i, 35. quo lux de caelo, quo etiam Verbum a Pâtre. Istudque misterium ut manna lumini solis liquefit *, ignis obdu- *Exod., xvi, 21. ratur : qui lumine caelesti vult penetrari, liquidus est, qui naturali curiositate, obdurescit. 2°. Manna duplicem substantiam. habere videbatur : panis oleati*. qui é terra, et mellis **, quod e caelo. •Nuai.,xi, 8. -, \ , T "Exod., XVI, 31. Rorate cceli desuper et nubes pluant Justiim. ; ape- riatur terra et germinet Salvatorem*. Et divinitate •Is.,xlv, 8.  matin, vous verre^ la gloire du Seigneur. L'Eglise, par ces paroles, nous donne à entendre que le Christ est semblable à la manne ; et il en est ainsi au double point de vue, i. de la génération, 2. de la saveur. Je traiterai donc ces deux points : j'exposerai brièvement le mystère de rincarnation ; en second lieu, je dirai comment nous devons tous, mais vous surtout, mes Sœurs, goûter ce mystère. Quant au premier point, je remarque seulement trois choses, i. La manne descendait du ciel d'une manière invisible, pendant la nuit. Ainsi le Christ naîtra aujourd'hui, pendant la nuit, d'une manière incompréhensible aux esprits humains; il descendra du Ciel tout entier, y compris son corps, car, s'il en a pris la substance dans le sein de la Vierge, c'est par la vertu du Très-Haut couvrant Marie de son ombre, et par l'intervention du Saint-Esprit que cette substance a été formée et qu'elle paraît au jour d'une manière toute céleste, comme la lumière vient du ciel et le Verbe émane du Père. La manne se liqué- fiait aux rayons du soleil et se durcissait au feu. Il en est de même de ce mystère : il devient transparent pour qui veut l'approfondir à la lumière céleste, mais il est impénétrable à qui veut l'étudier avec une curiosité toute naturelle. 3. La manne paraissait être composée d'une double substance : de pain fait à Vhuile, produit de la terre, et de miel, produit du ciel, deux, verse^ votre rosée d'en-haut et que les nuées pleuvent le Juste ; que la terre s'ouvre et quelle  126 Sermons autographes et humanitate componitur, ita ut sit unus Christus, unum manna. 3°. Manna venit in cibum hominum , ita Christus ; unde, in Bethléem, Domo panis. Cibus est in Eucharistia, et cibus etiam mysticus cordis omnium hominum, Hinc Agnus, hinc mel. Verum ut ad secundum punctum veniamus : ista Christi nativitas, vel Christus puellulus, omnibus sapit qui velint : sapit pastoribus quia Pastor, sapit regibus quia Rex, sapit Symeoni quia Sacerdos, sapit Année prophetissae quia Propheta, sapit sane omnibus. Verum maxime sapit devotis, religiosis, oblatis, quia ipse devo- tissimus, religiosus, oblatus. Unde très potissimum reli- giosorum omnium Patres huic misterio devotissimi : • Vide t. VII hujus Augustinus : (( Hinc lactor ab ubere * ; » Bernardus, • Vide^fr^de TAm. ^^i hauc Nativitatcm vidit * ; Franciscus , ut omnes deDieu,\.in,c.xn. norunt. Videamus qualis sit iste religiosus Parvulus. i°. De • Cant., II, i6. castitate nuUa dubitatio : Pascitur inter lilia*. Et vero , quamvis votum non fecerit , tamen oblationes *Is.,Lin, 7; Ephes., v,2;Heb.,x, 10,14. iGClt *.  germe le Sauveur. Composé de divinité et d'humanité, le Christ est un, comme une est la manne. 3. La manne devait servir de nourriture aux hommes; ainsi en est-il du Christ, c'est pourquoi il naît à Bethléem, la Maison de pain. Il est nourriture dans lEucharistie , il est de plus l'aliment mystique des cœurs de tous les hommes. Aussi il est appelé Agneau, il est appelé miel. Mais venons-en au second point. La naissance de Jésus-Christ, ou plutôt le tout petit Jésus a une saveur spéciale pour tous ceux qui le veulent goûter : pour les pasteurs, parce qu'il est Pasteur; pour les rois, parce qu'il est Roi; pour Siméon, parce qu'il est Prêtre ; pour Anne la prophétesse, parce qu'il est Prophète ; pour tous enfin, mais surtout pour les âmes dévotes, pour les religieux et pour les oblats, parce que lui-même est excellemment dévot, reli- gieux et oblat. Aussi, parmi les Pères les plus pieux, trois surtout professèrent envers ce mystère un culte spécial : saint Augustin : « Ce mystère est le sein qui m'allaite; » saint Bernard, qui dans une vision contempla cette naissance; saint François, comme chacun le sait. Voyons dans cet Enfant les qualités du religieux, i . Sa chasteté est évidente : // se repait parmi les lis ; et bien qu'il n'ait pas émis de vœu, il a néanmoins fait ses oblations.  XCV. Pour la veille de Noël 127 2°. De paupertate. En videte, quseso, quam pauper. Paupertas hospitii, paupertas vestium, paupertas cibi : « Parvoque lacté pastus est, per quem nec aies esurit * ; » *Hymn. ad Laudes festi Nativit. hihil habet prorsus suum. Paupertas abjectissima. Urge diligentissime hanc meditationem : en nudus super ter- rain natus est, ut ait Beata Brigitta *. * Revei., 1. vil, c. 3°. De obedientia. En ipse habet usum rationis et sapientiam infinitam; tamen permittit se fasciis obstringi, circumligari, ponique ubicumque vult Mater Paterve. Posset ire ipse, manet in presepio *. * Lucae, n, 7, 16. 4. Silentium mirum ; nam alii infantes non loquuntur quia nesciunt, iste quia non est tempus loquendi sed silentii. 5. Abjectionis amor. Est inter animalia, et ipse sua- vissime excipit eorum flatum et etiam stupiditatem. Caeterum sunt animalia quse amat ; quia unum jugale est*, aliud onerosum ; unum laboriosum, aliud oneratum. • Cf. Matt., xxi, 5. Unde : Venite ad me qui laboratis et onerati estis, et ego reficiam vos *. 'Matt., xi, 28. 6. Videte dulcedinem hujus Pueri : fortior Samsone,  a. Sa pauvreté. Mais voyez, je vous prie, comme il est pauvre ! Pauvreté d'asile, pauvreté de langes, pauvreté de nourriture : (I Celui qui donne aux oiseaux leur pâture, est nourri d'un peu de lait; » il ne possède absolument rien. Pauvreté la plus abjecte. Presser avec beau- coup d'insistance cette considération : le voilà nu sur la terre à sa naissance, comme le raconte sainte Brigitte. 3. Son obéissance. Il a l'usage de la raison et une sagesse infinie ; il se laisse pourtant emmaillotter, entourer de bandes, poser partout où le veulent sa Mère ou son Père. Il pourrait marcher seul, et cependant il reste dans Li crèche. 4. Son silence est admirable ; car les autres enfants se taisent parce qu'ils ne savent pas parler; lui, parce que ce n'est pas le temps de parler mais de se taire. 5. Son amour de l'abjection. Placé entre des animaux, il accueille avec douceur leur haleine et même leur stupidité. Du reste, ce sont des animaux qu'il aime, parce que l'un porte le joug, l'autre le fardeau ; l'un est labo- rieux, l'autre chargé ; et Jésus dira : Vene^ h moi vous tous qui travaille^ et êtes chargés, et je vous soulagerai. 6. Voyez la douceur de cet Enfant : plus fort que Samson, il veut pourtant  128 Sermons autographes tamen circumligari vult ; manet suavissime cum insua- vissimis animalibus ; mihique videre videor benignis oculis Matrem charissimam , Patremque ac pastores aspicientem, bascia (sic) et suavia Matri dantem, juxta • Cant., I, I. illud : Osciiletur me'^, et lac capientem. 7. Videte ejus mortificationem : quam frigide excipitur, in fœno jacet, etc., in antro, etc. 8. Plangit : Similem omnibus vocem emisi plo- *Sap., VII, 3. rans *. Cur pueri plorent, naturalis ratio est quia primo senti unt frigus, lumen, et inusitatum aerem post teporem et somnum in utero materno ; mystica, quia veniunt morituri et multa passuri. Unde observatum est a pie- risque, masculos a, fœminas he primas voces edere, quse litterae sunt initiales Adami et Evse, per quos tôt *DeHist. Animal., miseriis afficimur. Caeterum, apud Aristotelem*. infantes 1. VII, ex. . . . . * Piin'., Hist. nat., ante 40 diem non rident ; nisi portentose, ut Zoroaster *, xv^^^^' '^' ^^' ^ " infœlix homo qui nascens risit. » Sic religiosi inci- piunt a purgatione per pœnitentiam ; 40 autem numerus complétée pœnitentiae est, quo exacto rident, id est, consolantur. •Cap. IV, II. Porro, in Canticis *, Sponsus ait : Favus distillans labia tua. Ergo Sponsa apicula est quae mel ore facit,  être emmaillotté ; il se montre aimable au milieu d'animaux qui le sont si peu. Il me semble le voir fixer son doux regard sur sa très chère Mère, son Père, les bergers ; donner à sa Mère de suaves baisers, selon qu'il est écrit : Quil me baise, et puis, se nourrir de son lait. 7. Voyez sa mortification : il fait bien froid à sa naissance ; il repose sur la paille, etc., dans une grotte, etc. 8. Il pleure : J'ai élevé la voix en pleuranf, comme tous les autres. La cause des pleurs des enfants, c'est premièrement une raison naturelle : ils sentent pour la première fois le froid, la lumière, un air nouveau après l'air tiède et le sommeil dans le sein maternel. La raison mystique est qu'ils naissent pour mourir et pour souffrir beaucoup ; aussi plusieurs ont observé que le premier vagissement des garçons est a, celui des filles hé, premières lettres des noms d'Adam et d'Eve, auteurs de tant de misères qui nous accablent. Aussi bien, d'après Aristote, les enfants ne rient-ils avant le quarantième jour que par prodige, comme il est arrivé pour Zoroastre, « le malheureux qui rit en naissant. » De même les religieux commencent à se purifier par la pénitence; or, quarante est le nombre de la pénitence parfaite; cette durée atteinte, ils rient, c'est-à-dire sont consolés. Il y a plus. Dans les Cantiques, l'Epoux dit : Tes lèvres sont un rayon qui distille le miel. L'Epouse est donc une petite abeille qui de sa bouclie fait le  XCV. Four la veille de Noël  129  * Cf. Ps. CXXXVII, 3 ; I Thess., m, 12.  et ita est. Apes autem Oblatae ( sunt. Egrediuntur et regrediuntur in domo Visitationis ; nihil habent pro- prium. Sunt virgines , neque pariunt, sed advehunt fœtum e Caelo, ut nos per inspirationes multiplicamur *. Obediunt, nam et canit una ut veniant; mane surgunt ad sonitum campanae, omnes eadem hora; habent praefectas. En, ergo, carissimas apes estis ; sed habetisne regem ? Ecce parvulum Dominum, verum apum Regem ; illum circumstate, illum considerate, illum imitamini, et estote probatissimai Oblatse. Videte Matrem, apiculum (sic), (^is. p. 2, verso) videte Patrem. Novum hune Regem sequimini. Ipse sit manna vestrum, ipse mel vestrum, ipse Rex qui regat corda et corpora vestra donec inducat vos in alveria Caeli, in quibus aliud mel longe suavius efficiatis, etc. Posset fieri pulcherrima imago totius habitus religiosi in Parvulo ; nam infantes vestiti sunt, ut monachi, caputio, etc., pedibus nudis, etc.  miel, et il en est ainsi. Les Oblates sont des abeilles. Elles sortent de la maison de la Visitation et y rentrent ; elles n'ont rien en propre. Elles sont vierges, n'enfantent point, mais tirent leur fruit du Ciel, comme nos vertus sont multipliées par notre correspondance aux inspirations divines. Elles obéissent, car à l'appel de l'une d'entre elles, toutes accourent ; le matin, toutes à la même heure, se lèvent au son de la cloche ; elles ont des supérieures. Ainsi donc vous êtes des abeilles bien-aimées ; mais, n'avez-vous pas un roi? Voici votre petit Souverain, vrai Roi des abeilles; entourez-le, considérez-le, imitez-le et soyez des Oblates de probation parfaite. Contemplez la Mère, contemplez le petit Roi des abeilles, contemplez le Père. Suivez ce nouveau Roi. Qu'il soit votre manne, votre miel, ce Roi, et qu'il régisse vos cœurs et vos corps jusqu'à ce rucher des cieux, où vous ferez un miel bien plus savoureux, etc. Cet Enfant pourrait nous offrir une très belle image de tout le vêtement religieux ; les enfants, en effet, sont revêtus comme les moines, du capuchon, etc., ils ont les pieds nus, etc. ( : ) C'est sous cette dénomination que les Filles de la Visitation étaient connues dans les premières années de leur établissement.  Sekm. II  XCVI PLAN d'un sermon POUR LA FÊTE DE SAINT JOSEPH 19 mars 1614 (Inédit)  (Ms. p. 88, verso) 1614. AD FESTUM SANCTI JOSEPH  Dilectus Deo et hominibiis , cujiis memoria in lenedictione est. [ECCLI., XLV, I.]  Ecce inter multa Beati Joseph memoria occurrit ; vestra enim devotio et mea. Sed antequam ordiamur (a), prions la plus aymable, la plus aymee et la plus aymante Espouse, affin que nous puissions parler du plus ayma- ble, du plus a3^mé et du plus aymant Espoux. (b) Tria nomina dantur Sancto Joseph in Evangelio ; Matt., I, 16, 19. nam vocatur, Vir Mariœ *, Pater Christi a Beata Lucx, II, 48. Virgine : Pater tiius et ego dolentes quœrebamus te*,  (a) 16 14. POUR LA FÊTE DE SAINT JOSEPH Il fut chéri de Dieu et des /tommes, et sa mémoire est en bénédiction. Voici que parmi bien des sujets se présente la mémoire du bienheureux Joseph, objet de dévotion pour vous et pour moi. Mais avant de commencer... (b) Trois noms sont donnés à saint Joseph dans l'Evangile, car il est appelé Epoux de Marie, Père du Christ (c'est le nom que lui donne la Bien- heureuse Vierge : Votre père et moi vous cherchions tout affligés), et homme  XCVI. Pour la fête de saint Joseph 131 et Vir jtistiis'^. Secundum oritur a primo, et tertium a *Matt., i, 19. primo et secundo nomine. De primo. Faciamus ei adjutorium simile sibi^. * Gen., n, 18. Ut matrimonium honoraret, et Virginis pudicitice sive pudori consuleret, dum de maritata nascitur, et virgini- tatem sub foliis matrimonii absconderet vera alioqui uxor conjugata. Ut palma fœmina sub palmae umbra(0; ut ovum struthionis. Similis (sic) Plutarchi * : Ut spéculum * /« o/m5c. De Legi- c • 01^ bus matrim., circa gemmis ornatum si non laciem representet, etc. bol et ^ed. luna. Vide locum de uxore *. Oui ministrant elephantis * Ibid. non lucidam vestem accipiunt; nam igné provocatur, ut taurus purpura. Tygrides tympana fugiunt. 3Iulier absti- neat ab iis quee maritum lacessere possunt. 2. Pater Christi. Habeo, inqiiit, Balam servam meam; ingredere ad eam ut pariât super g enua mea, et habeam ex illa filios *. Christus ex sanguine Joseph. * Gen., xxx, 3. Hoc nunc os ex ossibus mets et caro de carne mea *. * iwd n, 23. I. Cor. 7* : Millier sui corporis potestatem non * Vers. 4. habet, sed vir ; similiter autem. et vir sui corporis  Juste. Le deuxième rom vient du premier ; le troisième, du premier et du deuxième. Premier nom. Faisons-lui une aide semblable à lui. Pour honorer le mariage et sauvegarder la modestie ou la pudeur de la Vierge en naissant d'une per- sonne mariée, et pour que, tout en étant vraiment épouse, elle cachât sa virginité sous les feuilles du mariage. Elle était comme une palme femelle à l'ombre d'un palmier; comme l'œuf de l'autruche. Comparaison de Plu- tarque : Comme un miroir orné de pierreries, s'il ne réfléchit le visage, etc. Soleil et lune. Voir le passage touchant l'épouse. Ceux qui soignent les éléphants ne mettent jamais d'habits de couleur éclatante, parce que ces animaux sont excités par le feu, comme le taureau par la pourpre. Les cymbales mettent les tigres en fuite. Que l'épouse s'abstienne de ce qui peut irriter l'époux. I. Père du Christ. J'ai, dit Rachel, ma servante Bala; prends-la, afin quelle enfante sur mes genoux, et que J'aie par elle des fils. Le Christ était de la même lignée que saint Joseph. Voilà maintenant l'os de mes os et la chair de ( I ) La comparaison indiquée ici est développée dans l'Entretien XIX=, Des Vertus de saint Joseph (voir tome VI de notre Edition, pp. }S}-y-,^]. Elle se retrouve encore dans un sermon inédit prêché à Lyon dans l'église du Noviciat des Pères Jésuites, le 19 mars i6ai. Ce sermon sera donné plus loin.  13a Sermons autographes ■Vers. ïS, îf), 31. potestatem non habet, sed mulier. Ephes. 5* : Qui suam uxorem diligit, seipsum diligit ; nemo enim carnem suam odio habiiit. Relinquet homo patrem suum et inatrein suam et adhœrebit uxori suœ , et erunt duo in carne una. Pater tuus et ego do- *Videsupra. p.150. îentes quœrebamus *. Filius naturali jure, non naturali via. [3.] Justus ; id est, omni virtutum génère illustris, ut antiquus Joseph. Hinc vidit lunani et solem et stellas ' Gen., xxxvir, 9. eum adorantes * : universam multitudinem hominum (numéro denario comprehensam) et angelicam naturam unius nomine, et Beatam Virginem et Dominum. Ut ' ibid., Î-. 3. Joseph vestitus veste polymita *. Justus ut palma ' Ps. xci, 13. florebit *. Una virtus fuit summus Dei timor, quod videre est 'Vers. 19. Mat. I*. Adultéra et adulter Mosis lege morti adjudi- ► Vers. 22. cabantur, Deut. 22"^, Levit. 20**, non lapidationis. Et quidem sponsa quae virum decepisset, vel quae sponsa in civitate ab alio quam a viro corrupta esset. At lapi- • Dan., xiii. 62. dabatur ex traditione, sic enim senes *. Quare ? Quia peccatum est in rempublicam, et Deus peccata carnis, ♦Vers. 17. etc. Gen. 12 * : Pharao cum omni curia castigatur, teste  fna chair. La femme n'a pas puissance sur son corps, c'est h mari ; de même, le mari n'a pas puissance sur son corps, c'est la femme. Celui qui aime sa femme s'aime lui-même ; car personne n a jamais haï sa chair. L'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et ils seront deux dans une même chair. Votre père et moi tous cherchions fout affligés. Fils de droit naturel, non par voie naturelle. \'i\ Juste, c'est-à-dire, orné de toutes sortes de vertus, comme l'ancien Joseph. Aussi vit-il la lune, le soleil et les étoiles l'adorer : l'immense multitude des hommes (comprise dans le nombre dix) et la nature angélique sous un seul nom, la très sainte Vierge et le Seigneur. Comme Joseph, il fut revêtu d'une robe de couleurs variées. Le juste fleurira comme le palmier. Sa vertu dominante fut une crainte souveraine de Dieu, comme on peut le voir en saint Matthieu, chap. i. L'homme et la femme adultères étaient, par la loi de Moïse, condamnés à mourir, non explicitement à être lapidés. Il en était ainsi pour l'épouse qui avait trompé son mari, ou celle qui, dans la ville, s'était laissée surprendre par un autre que par son mari. Mais c'est par tradition qu'on les lapidait, comme on fit les vieillards. Pourquoi? Parce que c'était un péché contre la chose publique; et Dieu punit les péchés de la chair, etc. Pharaon et toute sa cour sont punis par la peste, au témoignage de  XCVI. Pour la fête de saint Joseph 133 Josepho *, pestilentia, et c. 20. in Geraris, Abimelech. * Antiq. jud., 1. i, Thaïes 31ilesius juveni sciscitanti an abjuraturus esset y-j^ j,-^^ ^.^ adulterium : «. Non est, » inquit, " periurium adulterio ' Diogen. Laertius, ^ ^ ■' De Vu. et Dogm. pejUS*. » (0 Vhû., Thaïes.  Josèphe, et en Gérara. Abimelech. Un jeune homme accusé d'adultère, demanda à Thaïes de Milet s'il lui était permis de se disculper au moyen d'un parjure : « Il n'y a pas, » répondit le philosophe, « de parjure pire que l'adultère. »  ( I ) Le folio mentionné en marge ne nous est pas parvenu. Au bas de l'Autographe, les citations suivantes sont ajoutées de la main de Mgr Jean- François de Sales, frère de notre Saint : '< Chrysost. : Idée fabro lignario Maria desponsata erat, quoniam Christus. Ecclesiae Sponsus, omnium salutem hominum operaturus erat per Crucis lignum. Chrysost. : Aniequam convenirent , ut non ex passione carnis et sanguinis nasceretur, qui ideo natus est ut carnis et sanguinis solveret passio- nem. August. : Regnum tenuit virginitatis quse Regem genuit castitatis. Qui scripsit lapideas tabulas sine stilo ferreo, ipse gravidavit Mariam Spiritu Sancto; unde inventa. » ce Saint Chrysostôme : Marie a été donnée en mariage à un menuisier, parce que le Christ, l'Epoux de l'Eglise, devait opérer le salut de tous les hommes par le bois de la Croix. Saint Chrysostôme : Avant quils eussent été ensemble, afin qu'il ne naquît pas de la passion de la chair et du sang. Celui qui devait détruire la passion de la chair et du sang. Saint Augustin : Elle conquit le royaume de la virginité, Celle qui enfanta le Roi de chasteté. Celui qui écrivit sur les tables de pierre sans le secours d'un stylet de fer, remplit Marie du Saint-Esprit : c'est pourquoi elle fut trouv 'e, etc. >.  XCVII PLAN D'uy: SERMOX POUR LA FÊTE DE L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE (0 15 août 16 14 (Inédit)  (Ms. p. 12), verso) ANNESSii, ad festum assumptionis. 1614 Qiiiv est ista qnœ ascendit de deserto, deliciis affluens, innixa super Di- lectiim suum (a ) ? [Can'T., ult., 5.] Que de ra5^sons d'allégresse entre les Juifs quand la belle et chaste Hester fut receue au palais, a la chambre, au lit et en la société royale d'Assuerus ; quell'asseu- rance pour leur nation, quel honneur, et quelz contente- mens. Et tout cela fut monstre premièrement en songe au bon Mardochee, car il vid parviis fons, qui crevit in fluvium, et in luccm solemque conversus est, et in aquas plurimas redundavit C') ; Esth. x. ^. 6. Ce fut un songe, mais, o mon cher peuple, ce n'est pas en songe, c'est en la sainte veille de ma considération,  (a) ANNECY, POUR LA FETE DE l'aSSOMPTION. 1614 Quelle est celle-ci qui monte du désert comblée de délices, appuyée sur son Bien-Aimé ? (b) Une petite source qui devint grande comme un fleuve, puis se changea en lumière et en soleil, et se répandit en eaux très abondantes. ( i) Voir le fac-similé placé en tète de ce volume.  XCVII. Pour la fête de l'Assomption 135 que contemplant l'histoire de la vie et de TAssomption de la Vierge, (») video fontem parvum, Virginem humi- lem, qui crevit in fluvium (Fhiminis impetus lœii- ficat civitatem Dei* ; Aqiiœ multœ**; Si qiiis sitit, *^Ps. xlv, 5. veniat ad me et bibat*), in fluvium passionum et * jo^an'.'vu, ^t''. afflictionum , et in lucem solemque conversus est, hodie in Assumptione : Qtiœ est ista quœ progreditur quasi aurora consurgens, pulcra ut luna, electa ut sol*? Et quod mirabilius, lux ista et iste sol in aquas • Cant., vi, 9. plurimas redundavit ; quia ubi Virgo ascendit, plu- rimae per ejus praeces gratiae nobis factae sunt. Et hsec quidem hujus sermonis materia. Ex se et sui opinione fons paTV us : Ecce ancilla Domini* ; Quia * Luc», i, 38. respexit humilitatem ancillœ suce*. Vidi fontem par- * ibid., y. 48, vum. Crevit tamen in fluvium ; quia gratiam gratiarum protulit « Maria, Mater gratiae *. » Mox in lucejn et * Hymn. in Offic. solem conversus est, hodie quando lucidissima in Caelo ^^'^^^ constituta : Fulgebunt justi sicut sol*. Deinde versa * Matt., xm, 43. est in aquas plurimas. Sed primo dicam de ejus transitu, sive dormitione, sive Assumptione. iVntidicomarianitae et Nestorius Bea- tam Virginem carne corruptam nihilque in ea peculiare  (a) Je vois une petite source, une humble Vierge, qui devint grande comme un fleuve (Le fleuve, par son impétuosité, réjouit la cité de Dieu. Les grandes eaux. Si quelqu'un a soif, qiiil vienne a moi et quil boive), comme un fleuve de souÉfrances et d'afflictions, puis se changea en lumière et en soleil au jour de son Assomption : Quelle est celle-ci qui s'avance comme l'aurore lorsqu'elle se lève, belle comme la lune, choisie comme le soleil? Et, chose plus admirable encore, cette lumière, ce soleil se répandit en eaux très abondantes ; c'est-à-dire que depuis son Assomption, la Vierge, par ses prières, nous a obtenu de très nombreuses grâces. Et c'est précisément le sujet de ce sermon. Par elle-même et dans sa pensée, la Sainte Vierge était une petite source : Voici la servante du Seigneur. Parce qu'il a regardé l'humilité de sa servante. J'ai vu une petite source. Elle devint pourtant grande comme un fleuve, car « Marie, Mère de grâce, » produisit la grâce des grâces. Bientôt ce fleuve se changea en lumière et en soleil ; ce fut en ce jour où toute resplendissante, elle fut intronisée dans le Ciel : Les justes brilleront comme le soleil. Puis elle laissa déborder des eaux très abondantes. Mais je parlerai d'abord de son trépas, c'est-à-dire de son sommeil ou Assomp- tion. Les Antidiconiarianites et Nestorius affirmaient que la chair de la Bienheureuse Vierge avait subi la décomposition du tombeau, et qu'elle  lîô Sermons autographes asserebant ; Collyridiani autem eam ut deam immortalem faciebant. Ecclesia medio et regio itinere, nec immorta- lem fuisse sed mortuam, et tamen peculiare privilegium * Vide Piin., Hist. habuisse confitetur. Cynamologue entre les haeretiques*, nat., 1. X, c. XXXIII , ^ , , ■ ^ -yr- (ai.j.). C est la tressainte Vierge. Ergo mortua est, sed quo tempore non constat omnino ut nec certo de Christi morte. Pfobabile 63, probabilius * § II. 72, ob ea quse dicit Dionysius, De Div. Nom., c. 3*; nam ipse conversus est anno tantum 52 Domini, ut notât * Ad hune annum. Baronius*. Sed quo génère mortis? Amore sane mortuam esse nemo negaverit; nobilissima vita vixit et nobilissima morte mortua est. Adjiiro vos per capreas cervosqiie camporuin, si inveneritis Dilectum meiim renunciate "Cant., II, 7, V, 8. et QUia amore langueo'^. Sed sine dolore, ut Moyses, ' Vers. 7. Deut. 34* : Non caligavit ocuhis ejiis, nec dentés ejus moti sunt. Hebraice : Non fiigit vigor ej'us ; Septuaginta : Non siint corrupta labia ejus ; Chal- daica : Nec mutatus est splendor viiltus ejus. Geben- "AnS^iS'ioc: nenses* ita etiam interpretantur. Vide Sa**. Sic Paulus hseremita primus, Sanctus Homo Bonus, Beda, Basilius, •Cf-^Vv//'"''' Eusebia hospita *. Dieu, 1. V II, ce. IX, ^ XI. Corpus ejus in Caelo etiam : Non dabis Sanctum  n'avait été l'objet d'aueun privilège ; les Collydiriens au contraire, faisaient de Marie une déesse immortelle. L'Eglise tient le chemin royal du milieu ; elle professe que Marie ne fut pas immortelle, mais qu'elle mourut, et pourtant qu'elle jouit d'un privilège spécial... Elle est donc morte ; mais à quel âge? on ne le sait pas au juste ; il en est ainsi de la mort du Christ. Probablement à 6^ ans, plus probablement à 72, d'après ce que dit saint Dsnis, Des Noms Divins, chap. m; car saint Denis ne se convertit qu'en l'an 52 du Seigneur, comme le remarque Baronius. Mais de quel genre de mort mourut la Sainte Vierge? Personne ne saurait nier qu'elle ne mourût d'amour. Elle vécut de la plus noble vie, et mourut de la plus noble mort. Je vous adjure par les chevreuils et les cerfs des champs, si vous trouve^ mon Bien-Aimé, annoncez-lui que Je languis d'amour. Mais elle mourut sans douleur, comme Moïse : Son œil ne se voila pas et ses dents ne furent pas ébranlr'es. En hébreu : Sa force ne le quitta pas. D'après les Septante : Ses lèvres ne se décomposèrent pas. En chaldaïque : La splendeur de son visage ne fut point obscurcie. Les pasteurs de Genève l'interprètent de la même manière. Voir Sa. De même, saint Paul premier ermite, saint Hom- mebon, saint Bède, saint Basile, sainte Eusèbe l'étrangère. Son corps est aussi au Ciel : Vous ne pernieltre:^ point que votre Saint voie  XCVII. Pour la fête de l'Assomption  137  tiiurn videre corrupttonein *. Halcions **. David : Qiiid dabitur ? Divitiis multis ditabit eum rex, et filiarn siiarn dabit ci et domum patn's ejiis faciet absque tributo in Israël; i. Reg. I7'^ Et quidem statiitum est hominibus semel mori*. Nusquam reli- quiae. Cygoignes rendent la pareille. Aymant tire le fer, sil n'est point rouillé, sil n'est point gras, sil ny a point de diamant entre deux, sil n'est frotté d'aux *. Sic Joseph va au devant de son père, le va prendre *, envoyé ses cliariotz *. O Dieu quelle gloire, (a) Pharao : Pater tiius et fratres tiii veneriint ad te. Terra ^gipti in conspectii tuo est, in optimo loco fac eos habitare; Gen. 47 *. Gen. 45. f. 15** : Tollite patrem vestrum et venite ad me, et ego dabo vobis omnia bona jEgipti et tnedullam terrœ comedatis. (Jacob videns filium : Jam lœtus moriar, quia vidi faciem tuam et superstitem te relinqno'^.) Et osculatus est. Osculetur me osculo oris sui *. Et il est vray. Dédit illis omnia bona Aigipti'^. Quse devotio. Tune, supra quam dici potest gaudens, (0 fecit primo ut Jacob qui benedixit régi : Et benedicto rege, etc. ; c. 47, ''ji. 10 ; ut Hester, videns regem Assuerum *. Nam  * Ps. XV, 10. ** Plut., in opusc. Qusenam animant, sunt magis solertia, etc. ; Plin., Histor. nat., 1. X, c. xxxiii (al. xLix). * Vers. 26, 25. * Heb., IX, 27.  *Vide supra, p. 25. * Gen., XLVi, 29. * Ibid., XLv, 19.  * Vers, s, 6. **Et vers. 18  * Gen.. xi.vi, ;o. * Gant.. I, I. * Gènes., xlv, i XLvn, II.  Esther, xv, 16, 17.  la corruption... David : Que lui sera-t-il donné? Le roi V enrichira de grandes richesses, il lui donnera sa fille et il rendra la maison de son père exempte du tribut en Israël. Et il est vrai qu'// est statué que les hommes doivent mourir une fois. Nulle part on ne trouve de ses reliques. [Reprendre au texte, lig. 6.] (a) Pharaon : Ton père et tes frères sont venus a toi; la terre d'Egypte est devant toi, fais-les habiter d.ins la meilleure région. Amene^ votre père et vene\ a moi, et je vous donnerai tous les biens de F Egypte, afin que vous vous nourrissiez de la moelle de la terre. (Jacob voyant son fils : Maintenant je mourrai joyeux, puisque j' ai vu ta face et que je te laisse vivant après moi.) Et il baisa, etc. Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche... Il leur donna fous les biens de l'Egypte. Quel dévoùment ! Alors, se réjouissant au delà de tout ce qui se peut dire, [la Sainte Vierge] fit en premier lieu comme Jacob qui bénit le roi : Et ayant béni le roi, etc. ; comme Esther voyant le roi Assuérus. Entendant tous les Anges chanter :  (i) Ici sont insérés dans l'Autographe les mots suivants, que le Saint a biffés ensuite : « incaepit iterum Magnificat, fecit ut regina Saba... » « elle r?commença le Maanificat, elle fit comme la reine de Saba... »  138  Sermons autographes  * Lucœ, n, 15. * Ibid., I, 38. * Gen., xxxvir, 9. * Lucae, xvi, 22.  sentiens omnes Angeles cantantes Ave Maria (nam cum Gahrielefacta est multitudo militiœ cœlestis*), ipsa : Ecce , inquit, ancilla Domini *_, et adoravit Regem Filium, ut Jacob (nam somnia Joseph hoc asse- verant : Vidi soient adorare me^). Nec haec de Angelis fictio est, nam et Christus animam Lazari comitatam Angelis ait* ; quanto magis anima corpusque Virginis? Deinde cantavit suum Magnificat. (Ms. p. 124, recto) Et ita constituta est ad intercedendum pro nobis, ut omnes omnino Sancti aiunt (non sane eo modo que Filius, qui intercedit seipso) ; et multa in ejus favorem conceduntur, ut testatur universa Ecclesia. Ecce enim ex hoc beatam me dicent omîtes generationes *. Si « Angeli gaudent *, » cur non ista Regina Angelorum ? Hinc tôt templa. Sed videte, Christiani, quam fœlices simus dummodo vere devoti. Sed dicunt quidam : Ipsa est refugium pec- catorum. Ita est ; sed refugium est ad eam confugien- tium, non confugit autem peccator obstinatus et pervicax. Amabat Sara Ismaelem ut suum donec vidit ludentem, id est, irridentem, ait Sa*, cum filio Sîco^* ; tune noluit eum amplius amare. Vous vous moques de Nostre  " Lucas, I, 48. * Antiph. festi As sumpt.  *Annotat., in loc. Gen., XXI, 9.  Je vous salue, Marie (car une multitude de la milice céleste se joignit a Gabriel), Voici, dit-elle, la servante du Seigneur, et elle adora le Roi son Fils comme Jacob (les songes de Joseph en font foi : J'ai vu le soleil m adorer). Et ce cortège d'Anges n'est point une fiction, car le Christ dit lui-même que l'âme de Lazare fut escortée par les Anges; à combien plus forte raison l'âme et le corps de la Vierge ! Ensuite elle chanta son Magnificat. C'est ainsi qu'elle fut établie pour intercéder en notre faveur ; tous les Saints, sans exception, l'affirment (non pas assurément qu'elle demande de la même manière que son Fils qui intercède par lui-même) ; et beaucoup de grâces nous sont accordées par sa faveur, comme l'atteste l'Eglise entière. Et voici que désormais toutes les générations tn appelleront bienheureuse. Si « les Anges se réjouissent, » pourquoi cette Reine des Anges ne se réjouirait-elle pas? Voilà pourquoi tant d'églises en son honneur. Voyez donc, Chrétiens, combien nous sommes heureux si nous lui sommes vraiment dévots. Quelques-uns disent : Elle est le refuge des pécheurs. C'est la vérité ; mais elle est refuge pour ceux qui se réfugient en elle ; or le pécheur obstiné, opiniâtre, ne cherche pas ce refuge. Sara aima Ismaël comme son enfant, jusqu'au jour où elle le vit jouer avec son fils, c'est-à-dire, d'après Sa, se moquer de lui ; dès lors, elle ne voulut plus l'aimer. [Reprendre au texte, lig. 22.]  XCVII. Pour la fête de l'Assomption 139 Seigneur, et de son nom et de ses volontés ; et puis vous dites que vous estes devotz de la Mère. O Dieu, Agrippine! (a) « Occidat dum imperet *. » Xostre Dame *Videiocum supra, voudroit mourir pour la gloire de son Filz. Vide insigne exemplum Anatolii, apud Evagrium, 1. 5.0. xvii et xviii, de imagine eum aversante. O, est 3Iater misericordiae, id est, Salvatoris, a quo misericordia omnis promanat. Et ita est, sed audite eam : Et misericordia, inquit *, ejiis a progenie in proge- ' Lucae, i, 50. nies. Ita sane, sed vide quid sequatur : Timentibus * s. Gregor. Mag., ,T- • 1 1 -NT 11 1 r- -A Dial.,1. IV, c. XVII. eu7n. Histona pulcra de 3iusa puella, apud (jrregonum •. *Catech.B.Canisii, 'KTiAr^ n^-^ic * f^^ T,^-, opéra Busaei, c. m, Vide CaniS. , fol. 103. de Imag. SS., edit! 1777-  (a) « Qu'il me tue, pourvu qu'il règne! » Notre-Dame voudrait mourir pour la gloire de son Fils. Voir dans Evagrius, liv. V, chap. xvn, xvni, le remar- quable exemple d'Anatole à qui la statue [de la Sainte Vierge] tourna le dos. Oh, elle est Mère de la miséricorde, c'est-à-dire du Sauveur, dont émane toute miséricorde. C'est vrai; mais écoutez-la : Sa miséricorde, dit-elle, s'étend de génération en génération. Assurément, mais voyez ce qui suit : Sur ceux qui le craignent. Belle histoire de la jeune Musa, dans saint Grégoire. Voir Canisius, folio 103.  XCVIII PLAN d'un sermon POUR LA FÊTE DE LA NATIVITÉ DE LA SAINTE VIERGE 8 septembre 1614 (Inédit)  (Ms. p. 124, verso) 1614 Liher generationis Jesn Chrisfi. Jacob autem genuit Joseph, virum Marier, de qiia natiis est Jésus, qui vocatur Christ us. [Matt., I, I, 16.] I. De miseria nativitatis hominum : Homo natus de * Vers. r. muUere, brevi vivens tempore, etc.; c. 14*, Job. Et ipse : Pereat, inquit, dies m qua natus siim, et nox in qua dictum est : Natus est homo ; c. 3. f. 2. Male- "A^nnotat in loc dixif^, id est, malum diem et miserum esse dixit; Sa**. *Morai.,i.iv,initio. Gregorius * : Job peccatoris sustinere personam. Vide *Bibi.cum Glossis, Lyranum *. Exprimit miserias huius vitse ex hipothesi ; ut in locum. -^ ^ ■' '■ * Matt., XXVI, 39. Christus : Si possibile est, transeat a me calix iste*. * Vers. 2. EccP. 7* : Melior est dies mortis die nativitatis. Solum j. j^^^' °^*' ^" ^^^' planctum novit homo natura ; ex Plinio *. Primam ■'Sap.,vii, 3. similem omnibus vocem emisi plorans*. Ante4odiem  Livre de la généalogie de Jésus-Christ. Et Jacob engendra Joseph, époux de Marie, de laquelle est né Jésus qui est appelé Christ. I. Misère de la naissance des hommes : L'homme né de Ij femme vit peu de temps, etc. ; Job, chap. xiv. Job dit de lui-même chap. m : Périssent le jour oii je suis né et la nuit oit l'on a dit : Un homme est né. Il maudit, c'est-à-dire il affirme que ce jour a été mauvais et plein de misères; Sa. Selon saint Grégoire, Job personnifie le pécheur. Voir Lyranus. Il exprime les misères de cette vie d'après une certaine hypothèse ; comme le Christ : S'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi... Le jour de la mort est préférable au jour de la naissance. L'homme, d'après Pline, ne connaît par nature que les gémissements. y<7«V/«'e'  XCVIII. Pour la Nativité de la Sainte Vierge 141 non soient ridere *, et tune solum incipiunt matrem ''Videsupra,p.i28. cognoscere : (S Incipe, parve puer, risu cognoscere matrem*. » * Virgil., Eclog. iv, 60. Augustinus ait pueros flendo prophetas esse suas futurœ miserise *. * De Civit. Dei, 1. -r->, r' Jf r ■ • • • i- ... XXI, c. XIV. r^harao, (jren. 40 , lecit convivtum in die nativitatis, * Vers. 20-22. et Herodes*; uterque crudelitate convivium maculans : ' Marc, vi, 21, 27. nam ille magistrum pistorum suspendi jussit, gratia data magistro pincernarum ; hic caput amputât Joannis Baptistse. Hierem. 20 * : Hieremias maudit le jour de * Vers. 14. sa naissance, id est, il dit mal, il blasme le jour de sa naissance pour la multitude des maux quil devoit voir. (a) Primus et solus omnium mortalium, statim natus risit Zoroaster, insignis magus et magiae author, apud Plinium *. Risusque ille fuit portentum, et presagium *Hist.,nat.,i.xxx, malitiae hominis et infortunii ; ipse enim Zoroastres p. "28^. " ^ ^^P"» Bactrianorum rex post multas clades a rege Assiriorum, Nino, fractus, captus et occisus est, quamvis ab astrologia judiciaria et magia praesidium habere se existimaret *. "S.Aug.jubi supra. At Antipater, poeta Sidonius, apud eumdem Plinium*, * Hist. nat., 1. vu, quotannis anniversario nativitatis die febre laborabat, et tandem eodem die, eadem febre, mortuus est. Sic nos  d'abord la voix en pleurant comme tous les autres. Les enfants ne rient pas avant quarante jours, et alors seulement ils commencent à connaître leur mère : (I Par un sourire, petit enfant, commence à connaître ta mère. » Saint Augustin dit que par leurs pleurs, les enfants prophétisent les misères qui les attendent. Pharaon fit un festin à l'anniversaire de sa naissance, Hérode aussi ; tous deux avilissent ce festin par leur cruauté : car celui-là ordonne de pendre le grand pannetier après avoir gracié le grand échanson ; celui-ci fait décapiter Jean-Baptiste. [Reprendre au texte, lig. lo.] (a) Le premier et le seul de tous les mortels qui se prit à rire aussitôt après sa naissance fut, dit Pline, Zoroastre, grand magicien et auteur de la magie. Ce rire fut un prodige qui présageait la méchanceté de cet homme et ses infortunes. En effet , Zoroastre , roi des Bactriens , après avoir été plusieurs fois vaincu par Ninus, roi d'Assyrie, fut détrôné, fait captif et tué, malgré la protection qu'il attendait de l'astrologie judiciaire et de la magie. Par contre, Antipater, poète de Sidon, nous dit le même Pline, était atteint de la fièvre à chaque anniversaire de sa naissance, et il mourut enfin le même jour, de la même fièvre. Nous devrions certes, nous aussi, avoir la fièvre à chaque anniversaire de notre naissance : une fièvre causée par la crainte que notre  142  Sermons autographes  * Orat. XL. initio.  * Vers. 5. * Bibl. cum Gloss., in locum. * Annotât., in loc. *Galat.,i,i5;Roni., I, I. * Comni. in Gen. * Gen., XXV, 23. * Rom., IX, 13.  * Vide serni. de As- sumpt. B. M. V., ccviii in Append.  sane febrem quotannis habere deberemus in die nativi- tatis : febrem timoris, ne haec vita sit nobis prœludium ad mortem seternam ob abusum dierum. Itaque Christian! non nativitatis, sed Baptismi diem celebrabant, teste Gregorio Nazianzeno*. Et Sanctus Ludovicus se Ludo- vicum de Poissy appellabat. Hinc nomen imponitur in Baptismate, quia antea homo nihil et nullus est. 2. At très nativitates célébrât : Christi, cujus nativitas aeterna gaudium est seternum Beatorum, et temporalis, gaudium hominum et Angelorum ; Joannis Baptistae, et Beatae Virginis Marise. Et quidem Hierem. i *, videtur sanctificatus in utero ; quod Lyranus crédit * at Sa de sanctificatione praedestinationis intelligit *, ut conforme sit Paulo * : QiU segregavit fne ab utero matris in Evangelium, etc. De Jacob autem vide Pereira *, ad illa verba : Major serviet minori *. Sane, infirma est collectio ex verbis Pauli * : Jacob dilexi, etc. ; nam ibi Jacob patronimice, et etiam de temporali benedictione, non de spiritali. Verum de Beatissima Deipara sequum omnino est ita sentire ; itaque sentit Ecclesia, ex régula Augustini* : Quicquid de aliis Sanctis honorificum, etc. Sed et ista est ratio.  vie ne soit le prélude de la mort éternelle, à cause de l'abus que nous avons fait du temps. Aussi, les Chrétiens, au témoignage de saint Grégoire de Nazianze, célébraient-ils non pas le jour de leur naissance, mais celui de leur Baptême. Et saint Louis se nommait Louis de Poissy. On impose un nom au Baptême, parce qu'auparavant l'homme n'est rien; il est comme s'il n'était pas. 2. Toutefois, l'Eglise célèbre trois naissances : celle du Christ, dont la naissance éternelle est l'éternelle joie des Bienheureux et dont la naissance temporelle fait la joie des hommes et des Anges ; celle de Jean-Baptiste et celle de la Bienheureuse Vierge Marie. En vérité, Jérémie (chap. i) paraît avoir été sanctifié dans le sein de sa mère; Lyranus le croit, mais Sa explique ce passage de la sanctification de prédestination, l'assimilant ainsi à saint Paul, lequel parlant de lui-même : [Celui] qui m'a choisi, dit-il, dès le sein de ma mère, pour prêcher l'Evangile, etc. Qiiant à Jacob, voir Pereira sur ces mots : L'aîné servira le plus jeune. Assurément, la conclusion tirée de ces mots de saint Paul : J'ai aimé Jacob, etc., est faible, car ici Jacob est un nom patrony- mique, et de plus il est question de la bénédiction temporelle, non de la spirituelle. Néanmoins, dès qu'il s'agit de la Bienheureuse Mère de Dieu, il est absolument juste de croire à ce privilège. Aussi l'Eglise y croit-elle, d'après la règle posée par saint Augustin : Quelque privilège qui puisse s'attribuer aux autres Saints, etc. Et c'est la vraie raison [de célébrer sa Nativité.]  XCVIII. Pour la Nativité de la Sainte Vierge  143  Prov., VIII, 22. *Eccli.,xxiv,i5,i6.  Liber generationis Jésus Christi. Ista est scala Jacob inversa ; nam ille vidit Deum in summitate scalae*, *Gen.,xxvm,i2,i3. nos in imo. Et vide : Ab initio et ante secula creata sum * (id est, destinata ad assumendam humanam natu- Eccii.,xxiv, 14. ram creatam : Do minus possedit me in initio viarum suarum*]; et après plusieurs paroles** : £t sic in Syon firmata sum, et in civitate sancta similiter requievi, et in Hierusalem potestas m.ea; et in parte Dei mei hcereditas illius, et in plenitudine sanctorum. deten- tio mea. Ut apes, etc. Et Canticorum, 3. f. 9, [10] : Ferculum fecit sibi rex Salomon de lignis Libani ; columnas ejus fecit argenteas, reclinatoriuin ejus aureum, ascensum ejus purpureum. Media, id est, partes médias reclinatorii (est enim plurale substanti- vum), charitate, seipso, qui amor et deliciae Sponsae et animarum, constravit propter filias Hierusalem.. Ferculum a ferendo; thronus portabilis, currus trium- phalis et pompaticus. Hic est Beata Virgo. Unde, ipse- met, Cant. i * : Equitatui meo assimilavi te, arnica mea, in curribus Pharaonis. Qiii ascendes super equos tuos, et quadrigœ tuœ salvatio ; Abacuch, 3, [f.] 8. Or, en ce char triomphal, i. tout estoit de cèdre, de cyprès, de sethim, du Liban, car il ny avoit guère  Vers. 8.  Livre de la généalogie de Jésus-Christ. Cette généalogie est l'inverse de réchelle de Jacob. Jacob vit Dieu au sommet de l'échelle, nous le voyons au bas. Et remarquez : Dès le commencement et avant les siècles je fus créée (c'est-à-dire de stinée à prendre la naturehumaine créée : Le Seigneur m'a possédée au commencement de ses voies); et après plusieurs paroles : Et j'ai été ainsi affermie dans Sion, et je me suis reposée dans la cité sainte, et ma puissance a été dans Jérusalem, part de l'héritage de mon Dieu, et j'ai demeuré dans l'assemblée des Saints. Comme les abeilles, etc. Et ce passage du Cantique : Le roi Salomon s'est fait une litière en bois du Liban ; il en a fait les colonnes d'argent, le dossier d'or, le dôme de pourpre. Le milieu, c'est-à-dire lej parties moyennes du dossier (car c'est un substantif pluriel), il l'a orné de la charité, de lui-même, qui est l'amour et les délices de l'Epouse et des âmes, et cela en faveur des files de Jérusalem. Le moi ferculum (litière) employé par Salomon, vient de ferendo, porter ; trône portatif, char pompeux et triomphal. C'est la Bienheureuse Vierge. Aussi dit-il lui-même : Je t'ai comparée, mon amie, à l'attelage des chars de Pharaon. Vous qui monte^ sur vos chevaux et tronve^i votre salut dans vos quadriges. [Reprendre au texte, lig. 22.]  144 Sermons autographes d'autres bois, bois aromatiques et incorruptibles. Tout est saint en cette Vierge, et ni a rien que d'admirable, de pur, de net, de blanc, que >! Libanus, id est, albus ; •Eccii., XXIV, i6. et etiam tota haec genealogia iii populo Jioiiorificato *. •Matt., 1, 3, ■-,, 6. Verum occurrit, quia Thamar, Raab, Riitli, Betsabee*; sed expresse nominantur istœ quatuor, ait Hieron}— I(fcT'':!'° ''^^''"■' mus*, Chrisostomus** et alii, ut Christus, u qui venerat " Houiiiia m in pro peccatoribus *, » etc. Quae pœnitentes fuerunt. At, e * xMatt., IX, 13. contra, Ucnoziam, Joam et Amasiam praetermisit, quia idolâtras et impœnitentes et pessime mortui. Notate, charissimi peccatores, si pœnitentes estis, quam- vis peccatores fueritis, poteritis esse filii Virginis quae et matres etiam habuit peccatrices. At si impœnites, eritis quidem filii nativitate spiritali, sed in libro filiorum non eritis in Caelo, non eritis de libro generationis ejus. 2. Reclinatorium aureiim, id est, corpus, ob miram et amore dignam virginitatem. Ascensum , animam , piirpiireuni, omnino tinctam amore Crucis ; nam pur- * Vide supra, p. 5. pura ex sanguine piscis, at Christus piscis, icthus *, est. Columnae argentese, dona Spiritu Sancti, quibus corpus adhaeret animse non per afFectus naturalcs. In medio Christus, quia et anima et corpore portât : Beatus ven- * Lucae, XI, 27. 28. tcf ; quiiiimo, beati qui audiunt^.  (a) Liban, c'est-à-dire blanc; et même toute cette généalogie est dans un peuple honorable. Toutefois, voici quatre femmes qui font exception : Thamar, Raab, Rulh, Bethsabée ; mais ces femmes sont expressément nommées, disent saint Jérôme, saint Chrj'sostôme et autres, parce que le Christ, « qui venait pour les pécheurs,» etc. Elles furent pénitentes. Au contraire, Ochosias,Joas,Amasias sont omis, parce que, idolâtres et impénitents, ils firent la pire des morts. Remarquez, très chers pécheurs, que si vous vous repentez, quels qu'aient été vos péchés, vous pourrez être fils de la Vierge qui dans sa généalogie compte plusieurs pécheresses. Mais si vous ne vous repentez, vous serez à la vérité ses fils par votre naissance spirituelle, mais vous ne figurerez pas dans sa postérité pour le Ciel, vous ne serez pas dans le livre de sa génération. 2. Le dossier d'or, c'est-à-dire son corps, à cause de son admirable virginité si digne d'amour. Le dôme, son àme, de pourpre, toute teinte de l'amour de la Croix ; la pourpre, en effet, est le sang du poisson : or, le Christ est appelé poisson, icthus. Les colonnes d'argent, les dons de l'Esprit-Saint par lesquels le corps adhère à son âme sans atïections naturelles. Au milieu est le Christ, parce qu'elle le porte en corps et en âme : Heureuses les entrailles [qui vous ont porte] ; heureux plutôt ceux qui entendent, [etc.]  XCVIII. Pour la Nativité de la Sainte Vierge 145 Vel , si velis , currus iste Beata Virgo , ex lignis (^h. p. 12^, recto) candoris et incorruptionis ; virginitas insignis, virginitas virginitatum. Reclinatorium inferius, humilitas amans : Quia respexit hiimilitatem ancillœ suœ *. Ascensus, * Lucae, i, 48. le dais, le ciel, le pavillon : amor humilis, totus tinctus sanguine Christi. Columnse argenteae, septem dona Spi- ritus Sancti : sapientiae, qua gustavit divina et nausea sprevit terrena ; intellectus, quo penetravit misteria ; consilium {sic) , quo omnes vias perfectionis secuta ; fortitudinis, in tantis adversitatibus ; scientiae, ad direc- tionem cum proximo de virtutibus omnibus moralibus ; pietatis, ob ingentem amorem in Filium, et timoris et reverentiae Domini. Ista autem omnia dona innituntur humilitati amanti et aureae (aurum omnibus metallis ponderosius et prsetiosius) , et illis sustinetur vera chari- X3.S, purpura regis'^ vestisque nuptialis. In niedio ergo *Cant., vu, 5. vide Christum, amorem nostrum. Sic à\^n\xvc\. fercidiun deferendo Salomoni. Sed qui sunt equi, trahentes hune currum ? Quatuor gênera hominum : Patriarchae , ut Abraham , Isaac , Jacob , Juda ; Reges , Prophetae et Sacerdotes. Quis auriga ? Heu ! noster Joseph. Sed jam recens natam honoremus ejusque cunas  Ou, si vous voulez, ce char est la Bienheureuse Vierge; il est composé du bois de la blancheur et de l'incorruptibilité ; virginité insigne, virginité des virginités. La partie inférieure du dossier, humilité amoureuse : Parce qu'il a regardé Vhtimilité de sa servante. Le dôme, le dais, le ciel, le pavillon : amour humble, tout teint du sang du Christ. Les colonnes d'argent, les sept dons du Saint-Esprit: la sagesse, qui lui a fait savourer les choses divines et rejeter avec dégoiît les biens de la terre ; l'intelligence, par laquelle elle a pénétré les mystères; le conseil, grâce auquel elle a suivi toutes les voies de la perfection; la force, au milieu de tant d'adversités ; la science, pour régler ses rapports avec le prochain dans la pratique de toutes les vertus morales; la piété, dans son immense amour envers son Fils, et la crainte et révérence pour le Seigneur. Tous ces dons reposent sur l'or d'une humilité amoureuse (l'or est de tous les métaux le plus lourd et le plus précieux), et sur eux est fondée la vraie charité, pourpre du roi et robe nuptiale. Au milieu, considérez donc le Christ, notre amour. Ainsi cette litière est digne de porter Salomon. Mais quels sont les chevaux qui traînent ce char? Ils sont représentés par quatre classes d'hommes: les Patriarches, comme Abraham, Isaac, Jacob, Juda ; les Rois, les Prophètes et les Prêtres. Quel est le conducteur? Eh! n'est-ce pas notre Joseph? Mais maintenant honorons donc Celle qui vient de naître, fêtons son Serm. Il 10  146 Sermons autographes celebremus, ut soient celebrari cunse magnorum, quœ consperguntur floribus pour souhait et présage d'une vie fleurissante. Sic et nos qui praesumus aiferamus rosas, quas simbolum sunt authoritatis et dignitatis, quae nunquam est sine spinis curarum ; et rosae quae nihil aliud sunt quam multitudo foliorum rubicundorum quae cordis figuram habent, in uno caule unitorum eique aflixorum, et praeterea quae excelsiores sunt caeteris flo- ribus, mère floribus, quae in arbusto crescunt ; car qui void une rose, void une multitude de feuilles rouges atachees a un bouton, toutes faites en guise de cœur, et cet un arbre fait pour la plus belle fleur, la ou les autres simples fleurs croissent en des tiges herbeux. Et représentent le prince ou praelat, auquel tous les cœurs doivent estre attachés ; et un prince ou praelat sans les cœurs des sujetz n'est autre chose qu'un bouton de rose despouillé, qui n'a rien qu'un peu d'odeur de dignité, mais non pas la grâce. (^) Virginitati et castitati dicatae mentes, afiferte lilia ; maritati, afferte le souci ; viduae, afferte violas. Et omnes simul, afferte ou des œilletz, ou plus tost des œillades intérieures de la méditation ; afferte des pensées sans nombre, et vo3'es que cette fille est née pour nostre bonheur, voyes qu^ell'est l'amante de nos cœurs, nostre chère Dame, les délices des Anges, et la dilection du Père, du Filz et du Saint Esprit.  berceau, comme on a coutume de fêter le berceau des grands ; on le couvre de fleurs pour souhait et présage d'une vie florissante. De même, nous qui sommes préposés à la direction d'autrui, apportons les roses, symbole de l'autorité et de la dignité, roses qui ne sont jamais sans les épines des solli- citudes. Les roses ne sont autre chose qu'une multitude de feuilles rouges ayant la forms de cœur, unies et fixées sur une même tige; elles surpassent, de plus, toutes les autres fleurs, les simples fleurs qui croissent sur des arbustes. [Reprendre au texte, lig. 9.] (a) Ames vouées à la virginité et à la chasteté, apportez les lis; mariés, apportez le souci; veuves, apportez les violettes. Et tous ensemble apportez... [Reprendre au texte, lig. 20.]  XCIX PLAN d'un SERMOX POUR LE VIXGT-ET-UXIÈ:NrE DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 12 octobre 1614 (Inédit)  DOMINICA 21 POST PENTECOSTEN. ANNESSII, 1614 /y/5, p, 12^ zerso) Decem millia c'est six millions, car le talent valoit six cens escus. Centiim denarios (^ c'est environ huit escus ; car le denier valoit environ cinq solz fran- çois. (b) Quamvis Calepinus * et Maldonatus ** tantisper "1^^^,^^^°^' ^'^^^"^'' invicem dissentiant, et alii etiam authores aliter ; parum **Comm. in Matt., . ... ad cap. xviii, 24, 28. tamen refert, quia utraque summa pro maxima et minima posita est. Sujfocabat ^, strangulahsit. •Matt.,xviii,24,28. In proemio dicatur summa Evangelii *. Pro principio *ibid.,xvui, 23-35,  (a) XXI* DIMAXCHE APRÈS LA PENTECÔTE. AXNECY, 1614 Dix mille talents... Cent deniers. (b) Bien que Calepin et Maldonat diffèrent un peu d'opinion entre eux et avec d'autres auteurs, il n'importe, car la différence des deux expressions ne porte que sur le plus et sur le moins. // l'étoiiffait, il l'étranglait. En premier lieu, rappeler sommairement l'Evangile. Et au commencement  148 Sermons autographes * Heb., I, I. concionis : Multifariam multisqiie wiodis'^, commen- * Vers. 39. davit nobis Deus charitatem proximi. Matth. 22 * : Secundum autem simile huic. Homo creatus est ad *Gen., I, 26. similitudinem Dei * ; eo ergo dilectio proximi tendit ut diligamus in eo similitudinem et imaginem Dei, ut ista scilicet imago et similitudo magis ac magis perficiatur. Plinius, [Histor. natiir.,] 1. 7. c. 12, des deux jumeaux. Toranius, maquignon d'esclaves, deux beaux a Marc Anthoine , deux cens sesterces, a 25 escus le sesterce ; c'estoyent cinq mille escus ; et la réplique de Toranius. C'est merveilles de treuver deux amours jumeaux, l'un regardant le Créateur et l'autre la créature. Ceux ci sont jumeaux, mais toutefois nais bien loin l'un de l'autre quant a leur object immé- diat. Il faut user de cet 'histoire tout au rebours : car ces deux commandemens sont jumeaux, ce n'est pas merveille silz se ressemblent. L'amour de Dieu engendre l'amour du prochain. Et comme quand les vignes fleurissent les vins fleurissent, ainsy par tout ou l'amour de Dieu fleurit, l'amour du prochain fleurit. * Vers. 34. (a) Maiidatum appellavit novum, Jo. 13* : Manda- tum. novum; novum, id est, egregium, redintegratum »ls.,uit.,22;Apoc., (novi cœli, nova terra*); nam exemplo suo Christus XXI I. ' ' mirum in modum urget. Renovabitur ut aquilœ ju- * Ps. en, V ventus tua *. Sic suiim **; ut Tacob filium suum Joseph "Joan., XV, 12. ? j j r »Gen.,xxxvii,33. appcllabat, id est, Tunica filii mei est*. Suum, quem  du sermon : Dieu nous a recommandé en diverses occasions et en bien des manières la charité envers le prochain. Et le second est semblable à celui-ci. L'homme a été créé h la ressemblance de Dieu ; donc, Tamour du prochain tend à ce que nous aimions en lui la ressemblance et limage de Dieu, c'est-à- dire [que nous contribuions] à rendre cette image et cette ressemblance de plus en plus parfaite. [Reprendre au texte, lig. 7.] ( a) Jésus l'appela commandement nouveau, en saint Jean, xiii : Un commande- ment nouveau; nouveau, c'est-à-dire excellent, réintégré (nouveaux deux, nouvelle terre); car par son exemple, le Christ nous presse d'une manière admirable. Ta jeunesse sera renouvelée comme celle de l'aigle. C'est ainsi qu'il le nomme sien, comme Jacob appelait Joseph son fils, disant : C'est la tunique de mon fils. Le sien, celui que lui-même avait souverainement observé. La  XCIX. Pour le xxi° Dimanche après la Pentecôte 149 ipse omnium maxime servaverat. Plerique omnes inter- prètes novum et suum, quia in antiqua Lege dictum : Diliges proximum tuiim sicut teipsiun'^, at in nova : * Levit., xix, 18 ; siciit dilexi vos *^ id est, supra seipsum. Toletus **, 'joan!,iôc.quosup. suum, id est, amorem precipuum inter Christianos qua ad eu nd. /oc Christiani. Ut Joseph dilexit sufficienter alios fratres, at Benjamin unice ; sic debemus omnes diligere, at Chris- tianos unice, sicut Christus eos diligit. Quia ergo tanti momenti est haec dilectio, nihil non facit ut eam urgeat et omnia impedimenta toUat. Maximum autem impedimentum est injuria et odium. Ergo istud omnino aufert parabola nostri Evangelii. i^ consideratio. Debitores sumus Deo in immensum, propter peccata nostra. Qiiid habes quod non acce- pisti*? Sed jam, qiiid habes quod non furatus es? ♦ i Cor., iv. 7. Debemus Christo gratias et Sacramenta et sanguinem ejus, quse omnia nobis donavit. 2. Quam parvse sunt injurise acceptas ! sunt ut pluri- mum somnia. « Nemo Iseditur nisi a seipso *. » Si equus * Vide supra, p.94. te calce percussisset, rationabiliterne ageres volens eum resarcire ? Tamen in efFectu magis nocuit quam qui alapam impegit. Item utiles sunt inimici , ut ficus  plupart des interprètes unissent les deux mots nouveau et sien, parce qu'il était dit dans l'ancienne Loi : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, mais dans la nouvelle : comme je vous ai aimés, c'est-à-dire, plus que soi-même. Tolet entend par le mot sien cet amour spécial qui doit régner entre les Chrétiens en tant que Chrétiens. Comme Joseph, tout en aimant suffisamment ses autres frères, était particulièrement uni à Benjamin, de même, nous devons aimer tout le monde, mais être spécialement unis aux Chrétiens, les aimant comme Jésus les aime. Cet amour donc ayant tant de prix, Jésus ne néglige rien pour l'enflammer en nous et détruire ce qui s'y oppose. Or, le principal obstacle c'est le défaut d'équité et la haine. Voilà pourquoi la parabole de notre Evangile l'anéantit. !■■« considération. A cause de nos péchés, notre dette envers Dieu est immense. Qu'as-tu que tu n'aies reçu? Il y a plus : Qu as-tu que tu n'aies dérobé •• Nous sommes redevables au Christ de ses grâces, de ses Sacrements, de son sang : il nous a tout donné. 2. Combien les injustices qui nous sont faites sont légères! Ce sont des songes pour la plupart. « On n'est blessé que par soi-même. » Si un cheval t'avait donné un coup de pied, serais-tu raisonnable de vouloir le lui rendre } En fait, cependant, il ta plus nui que l'homme qui t'aurait donné un soufflet.  I50  Sermons autographes  * Plin., Hist. nat., 1. XV, c. XIX (al. xxi). * Ibid., 1. XXXV, c. •s.(al. xxxvi). Ci- tatur tamen juxta text. corrupt. Cf. Plut. (Vitae, Z)^;h^'- trius) et alios. *Plut.,Vitas,5o/o«,, post med. * Herodot., Hist, 1. I, ante med.  agrestes et cultœ *, ut allia rosis. Nealces, avec son cheval, ou Protogenes avec son chien de Datylus *. 3. Boni illi sunt servi qui indignati sunt. Solon. Quam minimum injuriarum existeret « si qui injuriam non patiuntur aeque doleant atque ii qui afFecti sunt *. » At hi : « O homo, ne Crœsum occidas *. »  p-ailleurs les ennemis sont utiles, comme les figuiers sauvages le sont aux figuiers cultivés, et les aulx aux roses... 3. Les bons serviteurs sont ceux qui s'indignèrent. Solon. Comme les injures seraient bientôt réduites à rien ,. si ceux qu'elles ne touchent pas s'en plai- gnaient autant que ceux à qui elles s'attaquent! .. Et ceux-ci : « O homme ne tue pas Crésus. » '  c PLAN d'un sermon POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 26 octobre 1614 (Inédit)  DOMINtCA. 23. 1614, ANNESSII (Ms. p. 120, recto) DE TALITHA ARCHISINAGOGI, ET MULIERE HEMORROISSA VEL SANGUINIS PROFLUVIO LABORANTE [i.] Princeps sinagogœ , archisinagogus , Jaïrus nomine *. Cum loqueretur Dominas ad turbas in Ca- ;^/^tt..ix,^8^^arc^^^ pharnaum, post conversionem Mathei et responsa facta Judeis, Scribis et Pharisaeis ; et videtur prope domum, vel ante domum Mathœi iste archisinagogus venisse. O quam bona est afflictio ; nam ad Christum adducit et divites et pauperes. Si sinagogus iste filiam sanam habuisset, erat autem iinica (Luc. 8*), il l'eut dorlotté * Vers. 42. avec sa mère. Ad Dominum ciim trihiilarer clarnavi"^. * Ps. cxix, i.  XXIII'^ DIMANCHE, 1614, ANNECY SUR TALITHE FILLE DU CHEF DE LA SYNAGOGUE, ET SUR l'hÉMORROISSE OU LA FEMME QUI SOUFFRAIT DU FLUX DE SANG [i.] Un prince, un chef de la synagogue, nommé Jaïre. Le Seigneur parlait alors aux foules. Ce fut à Capharnaùm, après la conversion de Matthieu et la réponse faite aux Juifs, aux Scribes et aux Pharisiens ; et il paraît qu'il était tout proche ou même devant la maison de Matthieu, quand ce chef de la synagogue se présenta. Oh ! que l'affliction est bonne, puisqu'elle amène au Christ et les riches et les pauvres ! Si ce chef de la synagogue avait eu sa fille en pleine santé, comme c'était sa fille unique, il l'eût dorlottée avec sa mère. J'ai crié vers le Seigneur lorsque j'étais dans la tribulation. Lorsque je  152  Sermons autographes  • Ps. lY, I. Cîim invocarem ; in tribulatione *. Trihulationem • Ps. cxiv, 3. ^i dolorem inveni*. Plinius **, de ino-ratitudine Ara- **Hist. nat.,1. XU, _ .... c. XVIII (al. xLi). bum : « Caelo gratias habent de iis quse ab inferis acci- piunt. » Vide hoc Manuscript., fol. 324 (i). Sic homines bona accepta a Deo hominibus, naturae, referunt, neque de acceptis gratias agunt ; unde affliguntur. Les ^thio- • Piin., Hist. nat., piens allument le fœu a leurs rubis par le vinaigre*. 1. XXXVII, c. VII ^ ^ , , , 7. * ^7 . ■ (ai.yixxi). 2. Et deprecabatui' etim multum^. Clamavi in • Ps!'^cxviii,'i45. ^^^^ corde'^. Desiderium, expositio desiderii, petitio. L'orayson impetre. Idem ac si dicas : labor ditat, ergo labor unius horae ; panis satiat, ergo mica; vininn lœii- •Judic.,ix, 13; Ps. ficat*, ergo gutta. Scio esse des quintessences des- '^"'' ^'' quelles fort peu fait grand'operation ; sed rarae, sed *Lucœ,xxni,42,43. prœtiosae : sic latro in cruce *. Sed via ordinaria multum orandum est. Item orandum vere ; nam nostrae orationes sunt potius imagines orationis, quam orationes. Si quis princeps dicat : Qui mihi adamantem attulerit, etc., et tu pro adamante cristallum simplex, non dabit pecuniam princeps, nam neque tu adamantem. 3. Qiioniam, Domine, filia mea in extremis est ;  Finvoquais ; dans la tribulation. J'ai trouvé la tribiilation et la douleur. Pline dit au sujet de l'ingratitude des Arabes : « Ils rendent grâces au Ciel de ce qu'ils reçoivent des enfers. » Voir ce Manuscrit, folio 324. Ainsi les hommes attribuent aux hommes et à la nature les biens qu'ils ont reçus de Dieu, et ils ne lui en rendent pas grâces; voilà pourquoi ils sont affligés... 2. Et il le suppliait instamment. J'ai crié de tout mon cœur. Mais il faut distinguer le désir, l'expression du désir, la demande. L'oraison impètre. C'est comme si l'on disait : le travail enrichit, donc une heure de travail enrichit ; le pain rassasie, donc une miette rassasie ; le vin réjouit, donc une goutte réjouit. Il y a, je sais, des quintessences desquelles fort peu fait grande opération ; mais elles sont rares, précieuses : c'est le cas du larron en croix. Mais d'ordinaire, il faut beaucoup prier. Il faut de plus véritablement prier; or, nos prières sont plutôt des simulacres de prières que des prières. Un prince te dit : Celui qui m'apportera un diamant, etc., et pour un diamant tu lui apportes du simple cristal ; le prince ne donnera pas d'argent, parce que tu n'as pas apporté de diamant. 3. Parce que. Seigneur, ma fille est à l'extrémité ; saint Marc. Saint Luc : ( I ) Ce renvoi a trait à un recueil de comparaisons, réunies à la fin du grand Manuscrit des sermons. La page mentionnée ici ser.i publiée parmi les Opuscules, avec tout ce qui a pu être recouvré de ce recueil.  C. Pour le xxiii^ Dimanche après la Pentecôte  •53  Marcus *. Lucas** : Moriehatur. Matheus*** : Modo defuncta est. Concordantia triplex. Chrisostom.*: Auget miseriam et exaggerat ; <( qui enim petunt soient amplifi- care, » qui dolent dolor verba ministrat. Amor proprius auget bona pariter et mala ; comme le vin auget humores et inclinationes , acuit venenum cicutae , acuit et vim nutriendi cibo. Aug** : Intentionem exprimit Matheus ; nam mortuam existimans quam morientem reliquerat, ejus vitam poscit. Voluntas in verbis semper inspicienda. Tertio, utrumque dixisse : primo quod ponit ^larcus, tandem, post nuncium acceptum, quod dicit ^lathaeus. 4. Et surgens seqiiebatiir eum *. Quelle douce con- descendence ! L'aymant tire le fer, mais l'amphitane, alias chrisocolla, tire l'or ; [Plin., Hist. nat.,] 1. 37. c. X. post nu. 30. Christus trahit corda hominum bene- factis , homines cor Christi humilitate. Remigius * : Inferiores pariter et superiores docentur ; illi quidem obedire, isti juvare animo prompto. 5. Et ecce millier quœ fluxum sanguinis patie- batur annis duodecim, omnem siibstantiam eroga- verat *, et fuerat, ait Marcus **, multa perpessa a compluribus tnedicis.  • Cap. V, 23. **Cap. VIII, 42. ***Cap. IX, 18. ' Homil. XXXI (al. xxxii) in Matt., § i.  ' De consensu Ev- ang., 1. II, c. xxviii.  Matt.  19.  ' Catena, in locum.  * Matt., IX, 20; Lu- cae, VIII, 43. "Cap. V, 26.  5^ mourait. Saint Matthieu : Vient de mourir. Trois explications pour la concordance de ces textes. Saint Chrysostôme : Il augmente, exagère son malheur ; « car celui qui demande a coutume d'amplifier, « et la douleur suggère des paroles à ceux qui souffrent. L'amour-propre augmente également les biens et les maux, comme le vin fortifie les humeurs et les inclinations, rend plus violent le poison de la ciguë et donne aux mets plus de force nutri- tive. Saint Augustin : Saint Matthieu exprime le sentiment du père , qui croyant morte celle qu'il avait laissée mourante, demande qu'elle vive. Il faut toujours dans les paroles, regarder l'intention. En troisième lieu, ce chef a pu employer ces deux expressions : d'abord, celle que donne saint Marc; ensuite, après l'arrivée d'un nouveau messager, celle de saint Matthieu. 4. Et se levant, il le suivit. Quelle douce condescendance ! L'aimant tire le fer, mais l'amphitane ou chrysocolle tire l'or. Le Christ attire le cœur des hommes par des bienfaits, les hommes attirent le coeur du Christ par l'humilité. Rémi : Inférieurs et supérieurs reçoivent une égale leçon : ceux-là d'obéissance, ceux-ci de promptitude à porter secours. 5. Et voilà qu'une femme affligée depuis dou^e ans d'un flux de sang, laquelle avait dépensé tout son bien et, ajoute saint Marc, avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins.  CI SOMMAIRE D'UN PANÉGYRIQUE DE SAINT CHARLES BORROMÉE 4 novembre 1614 (0 (Inédit) Qui fecerit et docuerit , hic magnus vocabitur. Vos estis lux mnndi. Mat. 5, ff. 19, 14. Prœparatio * Orat. II, § Lxxvii. Greg. Naz., Apol. / * : « A juvenili œtate accersitus * Ps. XXI, II. fui, atque in Deum a x\A\-àprojectiis sum'^, maternaque poUicitatione in munus oblatus. » Lumen supra cubiculum duobus horis ante ejus nati- vitatem, vel circa ejus nativitatem ; signum eum debere * joan., I, 5. esse lumen in nocte : Lux in tenebris liicet *. Mun- dus mille erroribus in fide et in moribus. Candelabra.  Celui qui fera et enseignera, celui-là sera appelé grand. Vous êtes la lumière du monde. Préparation Saint Grégoire de Nazianze, ire Apologie : « J'ai été appelé dès ma jeunesse, et dès le sein de ma vaère j'ai été jeté en Dieu, et je lui ai été offert d'après la promesse maternelle. » Une lumière brilla pendant deux heures au-dessus de la chambre, avant sa naissance, ou vers le moment de sa naissance, comme signe qu'il devait être une lumière dans la nuit: La lumière luit dans les ténèbres. Il y avait dans le monde mille erreurs touchant la foi et les mœurs. Chandeliers. Lanterne de  ( I ) A partir de l'installation des Barnabites à Annecy (5 juillet 1614), notre Saint, affirment des témoignages contemporains, prêchait chaque année dans leur église le panégyrique de saint Charles. Si l'on en juge d'après l'écriture, celui-ci est le premier qu'il dut prononcer.  CI. POL'R LA FETE DE SAINT CHARLES BoRROMÉE I55 Lucerna maris *. Nemo accendit lucernatn et ponit * Piin-. Hist. nat., 5?^^? moaio, sea super canaelabriun *. Simon : Oiiasi xxvn). vide r»-. »um 56. sufficiat? Non sufficit. Clinique ejulatu; supra. Baculus Helisaei *. Judas. ♦IVReg.,iv,29,3r.  2™^ condition ; qu'elle procède d'un motif chrétien : J'ai craint parce que j'étais Hit. Dieu : Qui t'a appris que, etc. La verge de Moïse saisie par l'extréniité. L'effet du péché est la mort ; la délectation produit une peine éternelle. Mais, demanderas-tu, suffit-il que le motif de l'attrition soit chré- tien } Cela ne suffit pas. £11 Jetant des cris; voir plus haut. Bâton d'Elisée. Judas.  cv FRAGMENT D'UN SERMON POUR LE TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME 22 mars 1615 (Inédit)  (Ms. p. I^J, recto) DE ORATIONE. AD SORORES VISITATIONIS DOMINtCA 5 qUADRAGESIM^e, 1615. LECT. 1 *Hist.,l.II,c. x\ni. Philo Judseus, ut scribit Eusebius*, scripsit librum de Vita contemplativa seu de Vit a suppliciim, quos et therapeutas (id est, medicos , curatores) seu cultores *§i. 3- interpraetatur.Vide Divum Dionisium, c. 6*. 77z^r. j^c:^/^- siast. ; cultores ibi appellat etiam monachos. Itaque monachi, cultores et supplices idem, oratores, oratio. Hujus necessitatem non dicam. Opportet semper **Vers '?6 ofare et nunquam deficere ; Luc. i8 *. Luc. 21** : Vigilate itaque, omni tempore orantes. 1. ad Thess. • Vers. 17. 5 * : Sine intermissione orate, etc. Dominus docuit  SUR LA PRIERE. AUX SŒURS DE LA VISITATION IIl^ DIMANCHE DE CARÊME, 1615. l'"'^ LEÇON Le juif Philon, au rapport d'Eusèbe, écrivit un livre sur la Vie contempla- tive ou Vie des suppliants, qu'il appelle thérapeutes (c'est-à-dire médecins, guérisseurs), ou adorateurs. Voir saint Denis qui, dans sa Hiérarchie Ecclésias- tique, chap. VI, appelle aussi ces adorateurs, moines. Donc ces termes : moines, adorateurs, suppliants ont la même signification : ils éveillent l'idée de prieurs, de prière. Je ne parlerai pas de la nécessité de la prière. Il faut toujours prier et ne jamais se lasser. Veille^ donc et prie^ en tout temps. Priej sans interrup- tion, etc. Le Seigneur a enseigné à prier. Deux sortes d'hérétiques : les  CV. Pour le iii« Dimanche de Carême 167 orare *. Duo haeretici : Euchitae, iMessaliani, qui omnia *Matt.,vi,9; Lucae, oratione confici nihilque aliud necessarium ; Pelagiani ' auferebant necessitatem orationis. Wiclef Joannes. Quid est oratio? Dupliciter accipitur : [i.] stricte pro petitione, et est petitio facta Deo eorum quae ab ipso cupimus ; et petimus tripliciter, ut in Inventario virtu- tum (O. 2. Communiter : unde Sanctus Bonaventura * : xv ^Pars^n* àrt'n' « Oratio comprehendit omnes actus contemplativœ. » Et 5,"- i^; Centiioq., r- r-vT n * T- t-x Pars iii, sectio xlvi. Sic Gregorius |N3"SsenusJ* : (( Est conversatio cum Deo. » * Orat. i de Orat. S, /— 1 -, * TT i. 11 ■ ^-^ Domin., circa init. anctus Lhnsostomus • : « Est colloquium cum Deo. » * Oratiônes i et n Damascenus* : (( Ascensio mentis in Deum. » Auefusti- P^ ^J^'^^V^°°f • , * De Fide Orthod., nus* : Ascensio mentis de terrestribus ad caelestia. Hiero- i- ni, c. xxiv. ,T^.i. 4; r\ 1 -ir^i * Liber de Spiritu nymus ad Eustochium • : « Oras, loqueris ad Sponsum ; et Anima (hodie in legis, ille tibi loquitur ; » De custodia Virginitatis. ^Ep^xxn, §'2^. Bernardus*: « Verbum, exemplum, oratio; major autem *^p- '^^'' adBaid., horum est oratio *. » Ista oratio est theologia m3'stica**. 'Cf. iCor.,xin, 13. Notate hos actus : cogitatio , studium , meditatio , zJ/Vh, 1. vi cc"i u!  Euchites et Messaliens qui prétendaient que la prière est tout, et qu'elle seule est nécessaire, et les Pélagiens qui, au contraire, en niaient la nécessité. Jean Wiclef. Qu'est-ce que la prière r Ce mot a deux acceptions : [i.] il est emploj'é dans le sens strict et signifie alors demande ; c'est la demande faite à Dieu de tout ce que nous désirons de lui ; or, nous demandons de trois manières (voir l'Inventaire des vertus^ 2. On l'emploie dans un sens général, et c'est l'accep- tion que lui attribue saint Bonaventure quand il dit : « L'oraison comprend tous les actes de la vie contemplative. » D'après saint Grégoire de Nysse, « c'est une conversation avec Dieu. » D'après saint Chrysostôme, « c'est un colloque avec Dieu. >< Saint Damascène : « Une ascension de l'âme en Dieu. » Saint Augustin : Une ascension de l'âme qui monte des choses terrestres aux choses célestes. Saint Jérôme à Eustochium : '< Quand tu pries, tu parles à l'Epoux; quand tu lis, c'est lui qui te parle. » (De la garde de la Virginité'.) Saint Bernard : « La parole, l'exemple, la prière, mais la plus grande de ces trois choses c'est la prière. » Cette prière est la théologie mystique. Remarquez ces actes : pensée, étude, méditation, contemplation. La pensée ( I ) Il est fait allusion ici à une dissertation sur les Vertus cardinales, qui déjà a été mentionnée dans le Trait té de F Amour de Dieu (voir tome V de notre Edition, note ( i ), p. 483). Le Saint s'exprime ainsi : « Nous pouvons « demander une chose diversement, car nous la pouvons demander par droit « de justice, comm'une debte ; ou par droit d'authorité, comm'un devoir; ou « comm'une grâce et faveur, par le seul droit de libéralité, de courtoysie et « de bienveuillance. «  i68 Sermons autographes contemplatio. Cogitatio similis muscis , studium aux hanethons, meditatio apibus, contemplatio, régi apum. Duo primi nihil ad nos, tertius et quartus ad orationem spectant, sed médium est inter hos duos, petitio. Finis orationis est unio cum Deo, nam alioqui Deus non eget oratione ; transfiguratio , nam est ea quae remanet in Caelo. (^  est une opération de l'intelligence qui ressemble aux évolutions des mouches; rétude aux travail des hannetons ; la méditation à celui des abeilles ; la contemplation au vol du roi des abeilles. Les deux premiers actes nous importent peu, le troisième et le quatrième concernent l'oraison. Or, l'impé- tration se trouve entre ces deux derniers. La fin de l'oraison est l'union avec Dieu, car du reste, Dieu n'a pas besoin de nos prières; c'est la transfiguration de l'âme, car cet acte persévérera au Ciel. (i) A la fin de ce fragment on lit : u Ita reliqui sermonem imperfectum; >> « J'ai laissé ainsi ce sermon incomplet. >> Ces mots semblent avoir été ajoutés plus tard, probablement en 1622, si on en juge par la manière dont ils se rattachent à cette note placée en tête du sermon qui suit sans nul inter- valle : « Anno vero 1622, die prima uiaii... ita sermonem scripsi. » Il sera donné en son lieu.  CVI  PLAN D'UX sermon POUR LE VENDREDI APRÈS LE DIMANCHE DE LA PASSION  lo avril i6i 5 (Inédit)  DE PCENITENTIA. PRO 6 DIE YENERIS, 1615  (Ms. /-. 201, verso)  Baruch, 4. f. 28 : Sicut fuit sensus vester ut erra- retis a Deo, decies tantiim iterum reqiiiretis eum. I. Superest ut aliquid dicamus de confessione géné- ral!. Ea tribus casibus necessaria : cum nulla fuit ex defectu contritionis, ex defectu confessionis, ex defectu satisfactionis, id est, voluntatis satisfaciendi. Duobus temporibus : in articule mortis, et cum renovare volu- mus vitam (O. Recogitaho tihi omnes annos meos  DE LA PhixiTENCE. POUR LE VI« VENDREDI, 1615 Comme votre esprit vous a portés à errer loin de Dieu, vous le rechercherez de nouveau avec dix fois plus d'ardeur. 1. Il nous reste à dire quelque chose de la confession générale. Elle est nécessaire dans trois cas : quand les confessions précédentes ont été nulles par défaut de contrition, par défaut [d'intégrité] dans l'accusation, par défaut de satisfaction, c'est-à-dire de volonté de satisfaire. Elle est nécessaire en deux circonstances : à l'article de la mort, et quand nous voulons renouveler notre vie. Je repasserai devant vous toutes mes années dans l'amertume de mon (i) En ces deux circonstances, la confession générale est, d'après notre Saint, d'une nécessité de convenance et non pas d'une nécessité absolue. Pour saisir sa pensée à ce sujet, il suffit de consulter Ylntrodiution à la Vie dévote, !'■'= Partie, chap. vi, et une lettre qu'il écrivit à sainte Jeanne-Françoise de Chantai, en date du 14 octobre 1604.  Sermons autographes  * Is., XXXYIII, 15.  *Scala Parad.jGra- dus IV, initio.  * Respons. xii.  • Vers. 163. • Ps. c, 3. **Ps. cxviii, 138. • II Cor., XI, 29. **Cf. Serm. cvi de Divers. ; De Hum. Condit., c. IV. • Matt., IX, 5, 6 ; Lucae, v, 23, 24.  •m Reg.,xv, 4, 5.  in amaritudine animœ ineœ *. Exemplum de confes- sione, apud Bus., verbo Confessio , ex Sancto Jeanne Climaco *. 2. Satisfactio est punitio criminum sponte suscepta. Duplex satisfactio : ad rigorem, hanc non facimus ; ad congruum, ut cessio bonorum, se addicere, etc. 3. Num cognoscere possumus nos rite pœnitentiam obiisse ? Non possumus esse certi , sed confidentes. I. Signum ex Sancto Basilio, Régal, brevioribiis^ : si ex animo possimus dicere cum regio pœnitente : Iniqui- tateni odio habiii et ahominatus sum, legem autem tuam dilexi ; [Ps.] 1 18*. 2. Non adhœsit mihi cor pra- vum*. 3. Vidi prœvaricantes et tabescebam"^*. Qiiis infirmatur et ego non inflrmor'^ ? D. Bernardus **. Surge, toile lectiim tuum et ambula'^ : i. Desiderium .supernorum ; 2. dominari carni et sensibus; 3. ambulare, desiderium proficiendi. 4. Unicum certissimum est emendatio vitae. Magda- lena, David. Pr opter David'^, etc., Abiam dédit filium Asa, eo quod fecisset rectum David in ociilis Do- mini, et non declinavit ab omnibus quœ prœceperat  âme. Exemple de la confession, d'après Bus., sous le titre Confession, tiré de saint Jean Climaque. 2. La satisfaction est le châtiment du péché, volontairement accepté. Il y a deux sortes de satisfaction : Tune stricte, et celle-là nous ne la faisons pas ; l'autre qui a un certain rapport avec la faute commise, comme abandonner ses biens ou se livrer soi-même, etc. 3. Pouvons-nous savoir si nous avons fait une véritable pénitence ? Nous ne pouvons en avoir la certitude, mais bien la confiance. Un premier signe, d'après saint Basile, Règles abrégées, est si nous pouvons de tout notre cœur dire avec le Roi pénitent : J'ai haï V iniquité et je l'ai eue en abomination, et j'ai aimé votre loi. 2. Le cœur pervers ne s'est pas attaché a moi. 3. J'ai vu les prévaricateurs et j'ai séché de douleur. Qui est infirme s.tns que Je sois infirme ? Saint Bernard. Lève-toi, prends ton lit et marche : i. Excite en toi le désir des biens célestes; 2. soumets ta chair et tes sens; 3. aie le désir d'avancer [dans la vertu]. 4. Mais le signe le meilleur et le plus certain, c'est l'amendement de la vie. Madeleine, David. A cause de David, etc., Dieu donna à Abiam un fils, Asa, parce que David avait fait ce qui était droit aux yeux du Seigneur et qu'il ne s'était point détourné de tout ce qu'il lui avait commandé, excepté en ce qui concernait Urie l'Hcthéen. Mais remarquez que je ne dis pas que le vrai  CVl. Vendredi après le Dimanche de la Passion 171 ei, excepta sermone Uriœ Hetœi. Sed attendite, non dico non posse vere pœnitentes non (sic) iterum cadere, sed signum optimum esse non cadere. 5. Haec praecepta ad vitandam recidivam. Bonam pœ- nitentiam facere ; omnis autem veram facit qui vere facit. Ab omni via inala prohibai pedes meos, ut custodiam mandata tua. A inandatis tuis intellexi : propterea odivi omnem. viam. iniquitatis'^. E contra- "Ps.cxvm, 101,104. rio Job, 21 * : Dixerunt Deo : Recède a nobis, scien- " Vers. 14. tiam viarum. tuariun nolumus. 4 Reg. 10*; Jehu ad 'Vers. 15, 16. Jonadab, filium Recab : Da mihi manum, veni mecum. Avoir une resolution absolue. Malade veut il santé ? Omnes volunt, sed viilt et non viilt piger *. • Prov., xm, 4. Trop peu de tems on prend ; on n'examine pas bien son mal. Il y a différence entre faire la confession pour changer sa conscience, et pour changer toute sa vie.  pénitent ne puisse pas retomber ; je dis seulement que ne pas retomber est un signe excellent de conversion. 5. Voici des règles pour éviter la rechute. Il faut faire une bonne pénitence. Or, tous ceux-là font une vraie pénitence qui font véritablement pénitence. J'ai détourné mes pieds de toute voie mauvaise, afin de garder vos commande- ments. Par vos commandements j" ai acquis l'intelligence; c est pourquoi j'ai haï toute voie d'iniquité. Au contraire, selon Job, [les pécheurs] ont dit à Dieu : Retirej^-vous de nous, nous ne voulons point de la science de vos voies. Jéhu à Jonadab, fils de Réchab : Donne-moi la main, viens avec moi. Avoir une résolution absolue. Malade veut-il santé ? Tous veulent, mais le paresseux veut et ne veut pas. [Reprendre au texte, lig. 14.]  CVII FRAGAIENT D'UN SERMON A l'occasion de prières publiques Mai 1615 (i) (Inédit)  (Ms. p. 10^, recto) 1615. CUM. NOSTRI CUM HISPANIS CONSERERENT MANUS IN SUPPLICATIONE PUBLICA * Vers. 12-16. I. Historia de somnio Judse Macabaei , 2 Mac. 15 *, cui Hieremias dédit aiireum gladium dicens : Accipe sanctum gladium, miiniis a Deo, in quo dejicies adversarios popiili mei. Nicanor, dux Demetrii. Erat ^Mtera pro uxoribus, etc.; maximus vero pro sancti- tate erat timor Templi. Nicanor cum canticis et  161 5. PENDANT QUE NOS SOLDATS LIVRAIENT BATAILLE AUX ESPAGNOLS POUR UNE SUPPLICATION PUBLIQUE I. Histoire du songe de Judas Machabée, à qui Jérémie donna un glaive (Tor, lui disant : Prends ce saint glaive, don de Dieu, avec lequel tu extermi- neras les adversaires de mon peuple. Nicanor, chef [de l'armée] de Démétrius. Or, [leur moindre sollicitude] était pour leurs femmes, etc.; mais leur plus grande crainte était pour la sainteté du Temple. Nicanor au milieu du bruit des (i) D'après Guichenon (Histoire généalogique de la Savoie, chap. xxxvii), bien que la déclaration de guerre entre l'Espagne et la Savoie eût été faite dès le mois de septembre 1614, les hostilités ne commencèrent sérieusement qu'au printemps suivant. 'V^ers le milieu de mai, les armées belligérantes étaient en présence devant la ville d'Asti. Ces données permettent de supposer que ce fragment remonte à la même époque. Il est écrit au haut d'une page, dont le reste est demeuré en blanc.  CVII. A l'occasion de Prif.kes puBi.iauHS 175 tubis ; Judas vero et Judaei, manu pugnantes, sed Dominum cordibus orantes* ; f.ig: Sed et eos qui * Vers. 18, 2s, 26. in civitate remanserunt non minima sollicitudo, etc. 2. De Heliseo moribundo et Joas rege I.sraël. Manus Helisei super manibus régis : Sagitta salutis, sagitta Domini; 4. Reg. xiii *. Iste Joas malus erat et haereticus. * Vers. 1^-17.  voix et des trompettes ; mais Judas et les Juifs combattant des mains, et priant le Seigneur dans leurs cœurs... Or ceux-là même qui étaient restés dans la cité n'avaient pas une moindre sollicitude, etc. 2. Elisée mourant et Joas roi d'Israël. Les mains d'Elisée sur les mains du roi : Flèche du salut, flèche du Seigneur. Ce Joas était méchant et hérétique.  CVIII SOMMAIRE d'un SERMON SUR LA PÉNITENCE 5 juillet 1615 (i)  Sermonem hune generalem de qua re melius instituam quam de hac pœnitentia, a qua, per quam et ad quam omne Evangelium ? Nam, et ad hoc me movet Sanctus Joannis in cujus ecclesia, Evangelium secundum Eccle- siam Lugdunensem, Evangelium secundum Romanam Luca?, V, 10. Ecclesiam : Nam ex hoc cris homines capiens"^, et altaris majoris consecratio. Nam et ipsum altare mistice reprsesentat cor: Sacrificium autem spiritus co/ntribu- Ps. L, 19. lattis*. Eia, audite me, Lugdunenses, dicentem alacriter.  Dans celte prédication générale, de quoi parlerai-je avec plus de conve- nance que de la pénitence, sujet par lequel commence, duquel traite et auquel aboutit tout l'Evangile? Saint Jean, dans l'église duquel je suis, m'y invite, ainsi que l'Evangile [qui se lit aujourd'hui,] selon le rite lyonnais et selon le romain: on y trouve ces mots : Désormais iit prendras les hommes; et j'y suis encore invité par la consécration de ce maitre-autel, car l'autel lui-même, au sens mystique, représente le cœur : Or, le vrai sacrifice est un esprit afflige. Sus donc, Lyonnais, entendez celui qui vous parle avec bonheur. Mais ( I ) Ce sermon est écrit sur un feuillet indépendant du grand Manuscrit de Turin, et ne porte aucune date. Celle-ci est d'autant plus difficile à déter- miner que des recherches très actives ont eu pour seul résultat de prouver que la consécration du maître-autel de l'église Saint-Jean à Lyon a eu lieu le 9 juillet 1582; mais on sait que cette cérémonie doit être renouvelée toutes les fois que l'autel consacré a subi des restaurations considérables. Il est donc assez vraisemblable que ce cas s'est présenté en 161 5 pour le grand autel de la Primatiale; car c'est la seule année de sa vie apostolique où notre Saint se soit trouvé à Lyon le quatrième Dimanche après la Pentecôte, jour auquel ce sermon a été prêché, comme on peut en juger par les allusions faites à l'Evangile de ce Dimanche.  CVIII. Sur la Pénitence  175  Sed in hoc sermone generali de materia tam generali, areneralem Advocatam Christianorum invocemus.  Nonne quos odisti, Domine, oderam* ? Iniquos odio *; Tabescere me fecit*'^ ; Declinate a me mali- gni *. Heu ! quot mala peccatum inducit ! Obstupes- cite*, etc. Lacus Asphaltites, Mare Mortuum. Peccatum omnia mortua reddit aut mortificata. Unde Sancti : Tabescere me fecit ^eliis meus *. Sanctus Franciscus, Christus [ipse], Sancta Catharina Genuensis. Quare si Angeli essent capaces tristitiae, imo ipse Deus, more- rentur, ut cum esset mortalis ipse sane mortuus est. Sed si ita est, quomodo Christus ciun peccatoribus et public anis'^^ Ut medicus ; non amore morborum, sed odio potius morborum et amore infirmorum. Sic Psaltes*: Accingere gladio tuo , sagittœ tuœ acutce, populi sub te cadent. Christus ut leo in medio viarum, nemi- nem timens * ; ut Marses et Psilliens ** ; id ita ipse significat. Ut Isetificet Angelos *. Sed quomodo tam laeta esse possit pœnitentia ? Virga Aaronis *. Folia ficus*. Ut simise nuces aut castaneas relinquunt, peccator dolet et de dolore gaudet. Clytus ; Alcibiades *.  Ps. CXXXVIII, 21. Ps. CXVITI, 113. *Ibid., f. 13g. Ibid., f. 115. Jerem., 11, 12.  Supra.  * Matt., IX, II. • Ps. XLIV, 4, 6.  * Prov., XXVIII, X. **Plin., Hist. nat., 1. II,C. II. * Lucse, XV, 7. * Num., XVII, 8. * Plutarch.,Colloq. mensal., 1. VI, c. x. * Cf. Tr. de l'Ain, de Dieu, 1. II, c. xviii. Vide supra, p. 163.  pour un entretien général qui doit être d'une générale utilité, invoquons l'Avocate universelle des Chrétiens. Ceux que vous avez haïs. Seigneur, ne les haïssais-je pas ? J'ai haï les hommes iniques. [Mon ^èle] m'a fait sécher. Eloigne\-vous de moi, méchants. Hélas 1 que de maux a attirés le péché ! Soye^ frappés de stupeur, etc. Le lac Asphaltite, mer Morte. Par le péché, tout meurt ou est près de mourir. Aussi les Saints disent-ils : Mon \èle m'a fait sécher. Saint François, le Christ lui-même, sainte Catherine de Gênes. C'est pourquoi si les Anges, si Dieu lui-même pouvait s'attrister, il mourrait; Dieu, du reste, quand il était mortel, en mourut. Mais s'il en est ainsi, comment le Christ fréquentait-il les p.'cheurs et les puhlicains ? Comme médecin ; non par amour du mal, mais plutôt par haine du mal et par amour pour les malades. C'est ainsi que chante le Psalmiste : Ceignei votre glaive ; vos flèches sont acérées, les peuples tomberont à vos pieds. Le Christ est comme le lion sur la route, il ne craint personne ; comme les Marses et les Psylliens. Lui-même nous le donne à entendre. Pour réjouir les Anges. Mais comment la pénitence peut-elle être si réjouissante } Verge d'Aaron. Feuilles de figuier. Comme les singes qui abandonnent des noix ou des châtaignes, le pécheur s'attriste et se réjouit de sa tristesse. Clitus ; Alcibiade.  ij6 Sermons autographes Consécration de l'autel par eau, huile, feu, reliques, ' Vers. 10. croix, euceusA^) Hubemus altarc ; Heh. 13*. Mat. 5**: "Vers. 33. ^^ offers miinus tiium ad altare, et ibi recordatiis *ll, cap. I, 20-22. fiieris quia. Macc. *, ignis Nehemias. Fixa manet sen- tentia : aut pœnitendum aut urendum. Stellœ non lucent •Vers. II. présente sole. Esd. i. 3. Mal. i* : In omiii loco sacri- ficatiLV, et offertiir iioDiini ineo oblatio luiinda, quia magnum est nomen meum in gentihus, dicit Domi- • Vers. ^7-57. ^^^^^_ ^ ^lac. 4* : ^Edificaverunt altare novum et Vers. i>. ' -^ "Vers. 22. dedtcaveriint. 2. Mac. 1* : Diem ionJs. Joan. 10**. ' Vide s. Hier., ia ,,.,,-. o J VitaS.PauliErem., AnthOUlUS 31agnus *. sub finem.  (a) Nous avons un autel. Si tu prcsenfes ton offrande à l'autel et que là tu te souviennes que, etc. Feu de Néhémie. La sentence est irrévocable : ou se repentir ou brûler. Les étoiles ne brillent pas en présence du soleil. En tout lieu on sacrifie, et une ablation pure est offerte à mon nom, parce que mon nom est grand parmi les natiotis, dit le Seigneur. Ils bâtirent un autel nouveau et le consacrèrent. La fête du feu. Saint Antoine le grand.  CIX SOMMAIRE D'UX SERMON POUR LA FÊTE DE LA PURIFICATION 2 février i6i6 ( Inédit)  1616. IN EODEM DIE ( I ), ANNESSU (Ms. p. J4, verSO) OBLATIONIS CHRISTI ET PURIFIC ATIONIS FESTUM COLIMUS Historia Josephi nolentis videre fratres nisi adduce- rent Benjamin*. Sane, Deus iratus nunquam placari * Gen., xlhi, 5. poterat nisi ob Christum venturum. Psal. 3g* : Sacri- * Vers. 7, 8. ficium et oblationem noluisti, aures auiem perfe- cisti niilii. Heb. 10. y. 5 : Corpus aptasti. Holocaustum et pro peccato non postulasti ; tune dixi : Ecce venio. Sane Caim obtulit de fru"-ibus terrae *, tacet I^^°-'.''^' 5- , ^ . De Gain et Abel., Scriptura fuisse primitias. Ambrosius negat*, nam impius l. I, c. ult.  161 6. LE MÊME JOUR, ANNECY NOUS CÉLÉBRONS LA FETE DE l'obLATION DU CHRIST ET DE LA PURIFICATION Histoire de Joseph refusant de voir ses frères à moins qu'ils ne lui ame- nassent Benjamin. Assurément, un Dieu irrité ne pouvait être apaisé que par le Christ à venir. Vous n'ave^ pas voulu de sacrifice ni d'offrande, mais vous rnave:[ rendu parfaitement attentif à vos paroles. Vous m'ave^ adapté un corps. Vous n'avez pas demandé d'holocauste pour le péché ; alors f ai dit : Me voici. Il est hors de doute que Caïn offrit au Seigneur les fruits de la terre ; mais l'Ecriture ne dit pas que ce fussent les prémices. Saint Ambroise le nis ; car ( I ) Les mots In eodem die ont trait au sermon pour la fête de la Purification 1613 (voir p. 112), le fragment donné ici étant écrit au verso du même feuillet. Serm. Il 12  lyS Sermons autographes * Vers. 4. pejora offerebat. At Abel, Heb. 11* : Fide plnrimam hostiam ohtulit Abel quam Cain Deo, id est, de * Gen., IV, 4. primogenitis et adipibus. Respexit ad Abel *. Obtulit agnum, Christum representantem, obtulit fide in Christum venturum, obtulit primogenitum. Sic si eum nobiscum ducamus, omnia in isto holocausto impetramus ; unde, cum indiicerent Puerum parentes : Ntinc dimittis * Lucae, ii, 27, 29- sei'vum tuuw , Do mille *. Sed quomodo ofFerri débet ? Postquam impleti sunt * Ibid., ^. 22. (^ies piirgationis*. Heliseus iussit lavari septies **. **IV Reg., V, 10. . . . Septenarius hanc vitam includit. Laventiir pedes ves- *Gen.,xviii,4;juxta ^^.j^ * . i^vate etiam Ansreli si in carne vivant; unde Chris- Septuag. et Vulga- ^ * tam antiquam. tus : Qiii lotus est, uoii Uidiget iitsi lit pedes lavet*. * Toan., XIII, 10. „..,.,, ., , , . . , . ^~ . . bimilitudo de caracteribus herbis in nortis emgiatis quos * Deut., XXI, 12. opportet tondere. Alienigena unguibus pilisque *, etc. Eva excusât peccatum quod fecit, Maria purgat quod *VidePiato.,Ph2ed., non fecit. SimeoH, ut cygnus* 103 annorum, cum timoré ante med. ; Cicer., ... ,. . r ■ Tuscui. 1. i,c. XXX. antea siluisset, nunc cordis suavitate tactus vocem facit. Simeon, obediens ; Anna, gratia. Simeon obedit et portât Christum a quo in feternitate portatur.  cet impie offrait [au Seigneur] des dons de moindre valeur. Et d'Abel il est écrit dans l'Epître aux Hébreux : C est par la foi qti Abel offrit à Dieu une hostie meilleure que celle de Caïn, c'est-à-dire des premiers-nés et de ce qu'il y avait de plus gras [dans son troupeau]. Dieu regarda Abel. Il offrit un agneau représentant le Christ, il l'offrit avec la foi au Christ à venir, il offrit uu premier-né. Si nous portons ainsi le Christ avec nous, il n'est rien que nous n'obtenions par un tel holocauste. C'est pourquoi, comme les parents de l'Enfant le portaient [au Temple] : C'est maintenant. Seigneur, que vous laisserez aller votre serviteur. Mais comment doit- il être offert? Après que les jours de la purification sont accomplis. Elisée ordonna [à Naaman] de se laver sept fois. Le nombre sept représente le terme de cette vie. Que vos pieds soient lavés. Aux Anges mêmes, s'ils vivaient dans la chair, on devrait dire : lavez vos pieds. C'est pourquoi le Christ dit : Celui qui est pur n'a besoin que de se laver les pieds. Similitude tirée des caractères imprimés aux plantes dans les jardins, caractères qu'il faut extirper. [On devait couper] les ongles et les cheveux de l'étran- gère. Eve excuse le péché qu'elle a commis; Marie se purifie de celui qu'elle n'a pas commis. Simeon est semblable au cygne : il s'était tu par crainte jusqu'à l'âge de cent trois ans, maintenant son coeur étant doucement touché, il fait entendre sa voix. Simeon signifie obéissant ; Annr, grâce. Simeon obéit et porte le Christ par lequel il est éternellement porté.  ex PARAPHRASE DU PSAUME CXXIV Juillet 1616 (i) (Inédite)  Vers. 3 : Qida non relinquet Dominus virgam peccatoruni super sortent (Ms. p. soo, recto) justorum, ut non extendant justi ad iniquitatem manus suas. Post paraphrasim prsecedentium versuum. 1°. Nota virgam peccatorum tripliciterintelHgi posse. I. Virga peccatorum, id est, vtj'ga qua peccatores affliguntur; juxta illud* : Multa flagella peccatoris, •Ps.xxxi, 10.  Car le Seigneur ne laissera pas la verge des pécheurs sur Vhéritage des justes, de peur que les justes n'étendent leurs mains vers r iniquité. Après la paraphrase des versets précédents. I. Notons qu'on peut entendre de trois manières cette verge des pécheurs. l. Verge des pécheurs, c'est-à-dire verge qui les châtie, d'après cette parole : Des (I ) Nous lisons dans le Procès de Canonisation de saint François de Sales : "En 1 année mil six centz et seize, et environ le moys de julliet, les habitantz d Annessy, espouventés de la nouvelle qu'on leur donnoit que les ennemis de 1 Estât y vouloyent aborder du cousté de la Bourgongne, estoyent comme a demy mortz et esperdus; sur quoy ledict Bienheureux, revenant de dehors, ayant fa.ct appeller le peuple en l'esglise de Sainct François, il fit la prédica- tion commençant par le Pseaulme : Qui conjidunt in Domino, et remettant et disposant le peuple a la providence de Dieu, il le rendit tellement consollé que tous unanimement estant reduicts hors de crainte et d'apprehention disoyent • Nous avions peur en ceste ville parce que Monseigneur de Genève n'y estoit pas. Apres que l'exhortation fut faicte, il fit luy mesme la station et la bénédiction du saint Sacrement. « (Extrait de la déposition de Claude de la Frasse, Process. remiss. Gebenn. (I), ad art. 33.) Le Saint ordonna probablement en cette circonstance les prières des Quarante-Heures, pendant lesquelles il aurait prêché plusieurs fois ; car 1 étendue de cette paraphrase, dont le commencement ne nous est pas parvenu ne permet pas de croire qu'elle ait été développée en an seul discours.  i8o Sermons autographes sperantem autem in Domino niisericordia circuin- » Sermo xii super dahit. Quo loco vide Toletum *, de difFerentia flagellorum peccatorum et justorum. Hanc interpretationem habet *Eiucid. in Ps.,ad Titelmann *. 2. Virga, id est, sceptrum, dominatio ; ita Pss. cxxiv, 3, XXXI, . ^y. ■ ^ j. ^- n n 10. communiter. 3. \ irga, id est, persecutio, tlagellum quo peccator afficit justum. 2°. Jam quaeritur quomodo hoc verum sit. Nam ple- rumque videmus impios et scelestos regnare, et obtinere potestatem in justos. Yerbi gratia : Joseph Putiphari, Jacob Labano, Israelitae Pharaoni quadringentis annis, •Vers. 2, 3,5, 6, II- Achab vineam Xaboth obtinuit. Unde David, [Ps.] 72*: '^* Mei autem pêne moti siint pedes, quia :^elavi su- per iniquos, pacem peccatorum videns. In labore hominum non sunt, et cum hominibus non flagella- buntur. Ideo tenuit eos superbia ; operti sunt ini- quitate et impietate sua, et dixerunt : Qiiomodo scit Deus, et si est scientia in excelso ? Ecce ipsi peccatores et abundantes in seculo obtinuerunt divi- tias. Et dixi : Ergo sine causa justificavi cor meum. •Vers. I. Hierem. 12*: Oiiare via impiorum prosperatur ? • Psaimi cxxrv. i^ respoDsio est Augustini in hune locum *, expen- dentis non relinquet. Quia in judicio, tune dominantes  fléaux nombreux attendent le pêcheur, mais la miséricorde environne celui qui espère dans le Seigneur. Voir sur ce point la différence qu'établit Tolet entre les maux qui frappent les pécheurs et ceux qui atteignent les justes. Cette interprétation est celle de Titelmann. 2. Verge, c'est-à-dire sceptre, domination; et c'est l'interprétation commune. 3. Verge, c'est-à-dire persé- cution, mauvais traitement infligé au juste par le pécheur. 2. Cherchons maintenant comment cette parole se vérifie. Souvent nous voyons les impies, les criminels régner et prévaloir sur les justes. Par exemple, Joseph est soumis à Putiphar, Jacob à Laban, et, pendant quatre cents ans, les Israélites sont opprimés par Pharaon ; Achab s'empare de la vigne de Xaboth. Aussi David dit-il : Mes pieds ont presque chancelé parce que f ai été ému de ji-le contre les méchants, voyant la paix des pécheurs. Ils ne participent point aux travaux des hommes, et ils ne sont pas frappés avec les autres hommes. C'est pourquoi ils sont devenus superbes ; ils se sont couverts de leur iniquité et de leur impiété, et ils ont dit : Comment Dieu le sait-il, et le Très-Haut en a-t-il connaissance ? Voila que ces pécheurs eux-mêmes vivant dans fabondance, ont acquis des richesses. Et j'ai dit : C'est donc inutilement que fai purifié mon cœur... Pourquoi la voie des impies est-elle prospère? La première réponse est Je saint Augustin qui, traitant de ce passage,  ex. Paraphrase du Psaume cxxiv  injuriose privabuntur, et commutabit manus Dominus (secernet oves ab hœdis *), et Ephrahim praeferetur Manasse, licet Manasses sit senior*. Tune Joseph prae- feretur fratribus. Gregorius *. Quomodo major esset ** si malis maie, et bonis bene ? 2'"" responsio. Non relinquet : permittit quidem impios regnare, sed expectans expectavi et intendit inihi *. Vidi impium exaltatum siciit cedros Libani *. Sic Israelitae exeunt ; sic Job, sic Jacob, sic Joseph. Sic Jesabel * et omnes. 3^ responsio est. Interdum existimamus esse virgam peccatoriun et est virga Dei Patris, Virga tua et baculus tuus, ipsa me consolata siint ; [Ps.] 22 *. Sic virga Aaron floruit* ; sic virga Mosis accepta**. Itaque non est virga peccatoriun, sed justorum, quia coluber vertitur in virgam *.  * Matt., XXV, 32. *Gen.,XLviii, 13-20. * S. Gregor. Mag., Epist.,l.XI,ep.xLv, et ubi infra, p. 184. **Gen., XXV, 23. * Ps. XXXTX, I. * Ps. XXXVI, 35.  IV Reg., IX, 36.  • Vers. 5. • Num., XVII, 8. **Exod., IV, 2-4. • Ibid., >\ 4.  Benefac, Domine, bonis et rectis corde. Oratio haec non videtur exaudita ; nam malis interdum, imo ut plurimum, bene, bonis maie cedit. Videte Job bonum et justum, vide amicos ejus malos et injustos ; ille putrescit in sterquilinio, isti rident et irrident coram  explique les mots : ne laissera pas. Au jugement, dit-il, ceux dont la domina- tion est injuste seront déchus, et le Seigneur changera de main (il distinguera les hrehis des boucs), il préférera Ephraim à Manasses, bien que celui-ci soit l'aîné. Alors, Joseph sera préféré à ses frères. Saint Grégoire. S'il arrivait du mal aux mauvais, du bien aux bons, où serait le pins grand .^ Deuxième réponse. Ne laissera pas : il permet, il est vrai, que les impies régnent, mais en attendant j'ai attendu, et il m'a écouté. J'ai vu l'impie élevé comme les cèdres du Liban. Ainsi les Israélites sortent [de l'Egj'pte] ; ainsi Job, Jacob, Joseph [sont délivrés]. Ainsi Jézabel et tous les autres [sont enfin punis]. Troisième réponse. Nous appelons quelquefois verge des pécheurs ce qui est la verge de Dieu notre Père. Votre verge et votre bâton m'ont consolé. Ainsi la verge d'Aaron a fleuri, et celle de Moïse a été agréée de Dieu. Elle n'est donc pas la verge des pécheurs, mais celle des justes, car le serpent s'est changé en verge. Faites du bien, Seigneur, aux bons et à ceux qui ont le cœur droit. Cette prière paraît n'être pas exaucée; car quelquefois, et même le plus souvent, les méchants sont heureux et les bons malheureux. Voyez Job, bon et juste; ses amis, méchants et injustes : celui-là tombe en putréfaction sur  i82 Sermons autographes eo. Videte Abel et Caim. Ille justus occiditur, iste vivit et dominatur. Videte Apostolos et tirannos. Vide hsere- ticos et Catholicos ; isti videntur florere, occupant bona ecclesiastica, sunt potentes, etc. In labore hominum non sunt et ciim liominihns non flagellahuntur . Ideo tenuit eos superbia ; operti sunt iniquitate et impie- tate sua, et dixerunt : Qiioinodo scit Deus, et si est scientia in excelso ? Ecce ipsi abundantes in seculo, obtinuerunt divitias. Et dixi : Ergo sine causa justificavi cor meum et lavi inter innocentes inanus meas , et fui flagellatus iota die et castigatio mea in matutinis. Si dicebam : Narrabo sic, ecce natio- nem filiorum tuorum reprobavi. Existimavi ut cognoscerem hoc ; labor est ante me, donec intrem in sanctuarium Dei et intelligam in novissimis ♦Vers. 5, 6, 11-17. eoî'uni / Psal. 72 *. Vide Ps. 36. Videte Sanctissimum Joseph et Beatissimam Virgi- nem, lilia puritatis, innocentiae spécula; quomodo ab Haerode torquentur, in profectione -^giptiaca laborant, etc. Videte Justum justorum, Christum Dominum. (Ms. p. 200, verso) Responsum. Beatus vir qui timet Dominum, etc.; • Ps. CXI, 1-3. potens ; gloria et divitiœ *, etc. Cum bono bonus eris,  un fumier, ceux-ci rient et se moquent de lui en sa présence. Voyez Abel et Caïn. Celui-là, juste, est tué, celui-ci vit et prévaut. Voyez les Apôtres et les tyrans. Voyez les hérétiques et les Catholiques ; les premiers sont florissants, s'emparent des biens ecclésiastiques, sont puissants, etc. Ils ne pariicipent point aux travaux des hommes, et ils ne sont pas frappes avec les autres hommes. C'est pourquoi ils sont devenus superbes ; ils se couvrent de leur iniquité et de leur impiété, et ils ont dit : Comment Dieu le sait-il, et le Très-Haut en a-t-il connaissance ? Voilà que [ces pécheurs] eux-mêmes vivant dans l'abondance, ont obtenu des richesses. Et J'ai dit : C'est donc inutilement que /ai purifié mon cœur et que j'ai lavé mes mains parmi les innocents, puisque j'ai été affligé tout le jour et châtié dès le matin. Si je disais : Je parlerai ainsi, voilà que je réprouverais la race de vos enfants. J'ai pensé pénétrer ce mystère, mais un grand travail s'offre à moi, jusqu'à ce que j'entre dans le sanctuaire de Dieu et que je comprenne leur fin dernière... Voir le Psaume xxxvi. Voyez le très saint Joseph et la Bienheureuse Vierge, ces lis de pureté, ces miroirs d'innocence : Hérode les persécute, ils souffrent dans la fuite en Egypte, etc. Voyez le Juste des justes, le Christ Notre-Seigneur. Réponse. Bienheureux l'homme qui craint le Seigneur, etc.; [sa postérité sera] puissante ; la gloire et les richesses, etc. Vous serez bon avec celui qui est  ex. Paraphrase du Psaume cxxiv 183 cîim sancto sanctus eris, ciim innocente innocens eris^. Gloriamini omnes recti corde^*. lis qui recto 'P^. xvh, 26 -^ * Ps. XXXI, ult. sunt corde *. * Ps. lxxh, i. Ad argumentum. i. Ex Augustino , passim super Psal.* ubi de redis corde aofit. Rectum cor est quod *Cf.Serm.xin Ap- ^ . pend., §S 3, 4. concordat cum Deo qui ipse rectitudo est et aequitas ; itaque quaecumque Deus vult illi grata sunt, etiam tri- bulationes et afflictiones, et loco beneficii ea accipit. Justus es, Domine, ait, et rectum judicium tuu7n*. *Ps. cxvm, 137. Major serviet minori'^; persequendo non obediendo. * Gen., xxv, 23, Sic medici et chirurgi benefaciunt segrotis illis maie faciendo. Non tam ad voluptatem quam ad utilitatem respiciendum. (') 2. Vere tribulationes bonae sunt, eas propterea dilexit Dominus. Si tempestates fièrent ex margaritis, plerique eas desiderarent in campis suis. At tribulatio patien- tiam operatur, patientia probationem. , prohatio  bon, ■oous sere^ saint avec le saint, vous sere^ innocent avec Vinnocent. Glort- fie^-vous, vous tous qui ave^ le cœur droit. A ceux qui ont le cœur droit. Considérons la raison alléguée, i. Je répète ce que dit saint Augustin dans tous les endroits de son Commentaire sur les Psaumes où il parle des cœurs droits. Le cœur droit est celui qui est en harmonie avec Dieu, droiture et justice même; c'est pourquoi tout ce que Dieu veut est agréable à ce cœur, seraient-ce des tribulations et des afflictions, et il les reçoit comme des bienfaits. Vous êtes juste, Seigneur, dit-il, et votre jugement est droit. Le plus grand servira le plus petit ; en l'éprouvant, non en lui obéissant. Ainsi, en faisant souffrir les malades, les chirurgiens et les médecins leur font du bien. Il faut moins regarder au plaisir qu'à l'avantage. 2. Les tribulations sont vraiment un bien, et c'est pour cela que le Seigneur les a aimées. Si la tempête faisait pleuvoir des perles, la plupart la désireraient pour leurs champs. Or, la tribulation produit la patience, la patience l'épreuve, ( I ) On remarque en plusieurs endroits de l'Autographe divers passages des saints Pères intercalés dans les interlignes par Mgr Jean-François de Sales. Les plus intéressants seront donnés sous forme de notes ; tel le suivant : « Chrysost. : Munus majus est pro Christo pati quam mortuos suscitare et miracula facere ; nam illic debitor sum ; hic vero debitorem habeo Christum. Hom. 6. De Cruce. » « C'est une plus grande grâce de souffrir pour le Christ que de ressusciter les morts et de faire des miracles; car dans le premier cas je suis le débiteur du Christ, mais dans le second, le Christ lui-même devient mon débiteur. >»  184 Sermons autographes * Rom., V, 3-5. vero spem, spes autein non confundit*. Fasciculus » Cant., I, 12. niirrhœ dilectus nieus mihi'^. Omnia cooperantur * Rom., vm. 28. {ji toiiiim'^. Dicite jiisto qiioniain bene*'^. Appre- **Is., m, 10. , , . ... * *Exod., IV, 4. hende caudam ejus ; et vertebatur ui virgam^. * Enarrat. in Ps., 3. Augustinus solvit * : Extstimabam nt cognoscc- iniocumseq. ^^^^^^ ^^^^ , laboi' cst Ointe me, donec intrem in sanc- * Ps. Lxxii, 16, 17. tuariiun Dei*. Videbimus tune quare malis bona et bonis mala. Cum bonis mala, ideo fit ut si quid delique- rint hie puniantur, non in seternum ; cum malis bona, ut hic mercedem accipiant qui seterna digni non sunt. Vide quaestionem apud Gregorium, 1. 5. Moral., c. i, et Gretserum, 1. [V, c] 4. De Cruce. Nunc autem non est cur quasramus cur bonis mala. Ideo Psaltes recte ait : Benefac, Domine, bonis et rectis corde ; non eo modo quo judicamus nos, sed fac bene secundum tuam voluntatem et secundum ea quae apud te bona sunt etiam in hoc seculo, ut cruces, tribu- lationes, etc., et in futuro in quo vere est bonum : Ingredere in requiem tuam, quia Dominus benefecit »Ps. cxiv, 7. tibi *. (i)  et V épreuve l'espérance ; or l'esp'rance ne confond point. Mon Bien-Aimé m'est itn faisceau de myrrhe. Tout coopère au bien. Dites au juste que tout est bien. Prends-le par la queue; et il se changeait en verge. 3. Saint Augustin résout ainsi la difficulté : fai pensé pénétrer ce mystère; mais un grand travail s offre a moi, jusqu'à ce que j'entre dans le sanctuaire de Dieu. Nous verrons alors pourquoi les méchants ont été heureux et les bons malheureux. Les bons souffrent pour expier en ce monde et non dans réternité les fautes qu'ils auraient commises ; les mauvais sont heureux et reçoivent ainsi une récompense temporelle, eux qui ne sont pas dignes de réternelle. Voir cette question dans saint Grégoire, liv. V de ses Morales, chap. I, et Gretser, liv. V, chap. iv De la Croix. Il est donc désormais inutile de demander pourquoi des malheurs arrivent aux bons. Aussi c'est avec raison que le Psalmiste dit : Faites du bien, Seigneur, aux bons et h ceux qui ont le cœur droit ; faites ce bien non pas de la manière que nous jugeons, mais selon votre volonté et selon qu'il sera trouvé bon à vos yeux, même en ce monde, fût-ce en nous donnant des croix, des tribulations, etc., et dans la vie future où se trouve le bien absolu : Entre dans ton repos, parce que le Seigneur t'a comblé de bienfaits. ( I ) Addition de Mgr Jean-François de Sales. — « Sanctus Franciscus : Accausc des biens que j'attens, les travauls me sont passetems ; mes piedz, vous fouUeres les estoylles. Momenlaneum hoc et levé tribulationis nostnc, aeternae  ex. Paraphrase du Psaume cxxiv 185 Caeterum boni sunt ii quos Deus bonus facit bonos. Sed nonne idem est bonus et rectus corde ? Sane bonitas est quaedam naturalis : Sortitus sum aniniam. bonam. Sap. 8, d *, et cum ina^is essem bonus, * 5<;/7ï«/, antiqua .... -.T . . divis. quarta capit. vent ad corpus tncoinqiiinatum. Neque memini me (Vers. 19, 20.) legisse in Scripturis quemquam hominum bonum vocari ea bonitate quae supernaturalis est, quaravis bonce vo- luntatis^ invenerim. Nemo bonus nisi solus Detis'^*, ^Lua,ii,M;Ephes., quia scilicet bonitas est proprietas enti intrinseca et **Marc., x, 18; Lu- cas, xvin, 19. absoluta. Ergo addidit et redis corde, explicationis gratia. Déclinantes autem in ohligationes addticet Dominus cum operantihus iniquitatein : pax super Israël. Déclinant qui non sunt recti corde ; déclinant a via, .g^ ^ 6-Baruch errant a semita veritatis *. i. In obliffationes. Sa **, z;z 1^,12,13. ^ Annotât., in loc. vinctila ; Geneb. *, in colligationes ; ilz s'entortillent. * Comm. in Psaim.  Du reste, ceux-là sont bons que le Dieu bon fait bons. Mais n'est-ce pas une même chose être bon et avoir le cœur droit ? Il existe certes une bonté naturelle : J'avais reçu en partage une bonne âme, et devenant hon de plus en plus, je suis parvenu a conserver un corps sans souillure. Et je ne me souviens pas d'avoir lu dans l'Ecriture qu'un homme soit appelé bon de la bonté surnaturelle, bien que j'aie trouvé le mot de bonne volonté. Nul nest bon si ce nest Dieu seul, c'est-à-dire que la bonté est une propriété absolue et intrinsèque à l'être. Aussi le Psalmiste ajoute-t-il comme explication : et à ceux qui ont le cœur droit. Mais pour ceux qui se détournent dans les voies obliques, le Seigneur les joindra à ceux qui commettent V iniquité : que la paix soit sur Israël. Ceux-là se détournent qui n'ont pas le cœur droit; ils se détournent de la voie, ils errent loin du sentier de la vérité, i. Dans les voies obliques. Sa, dans les chaînes; Génébrard, dans les liens ; ils s'entortillent. Ils tombent dans les pondus glorice operatur in nobis. D. Hieron. de Sancto Ignatio : Ignis, crux, bestiae, contritio ossium, separatio membrorum, totius corporis confractio, etiam omnia tormenta diaboli in me veniant, tantum Christo fruar. Ibant Apostoli. » « Notre tribulation présente, momentanée et légère opère en nous le poids d'une éternelle gloire. Saint Ignace s'écriait, au témoignage de saint Jérôme : Que le feu, la croix, les bétes féroces, la fracture des os, la séparation des membres, le brisement de tout le corps, et même les tourments provenant de la rage du démon m'accablent à l'envi, pourvu que je jouisse du Christ. Les Apôtres s'en allaient. »  i86 Sermons autographes In laqueos incidunt, telas aranearum texuerunt. Ut ver- micum bombices qui se suis operibus irretire non cessant, cor pravis affectibus irretitur. Hz s'embarassent en leurs • Di\-ina Bibiioth., chemins comm'en des labvrintes. 2. Hieronimus * : in Liber Psalm. , ■, , ,. " ,, • -, ■ , ^ * is., XI, 4 ; Lucse, pi'avitates, chemins tortus ; erunt prava in airecta*. ™' 5' Primus peccator, diabolus, similitudinem serpentis as- • Gen., m, i. sumpsit * : quia peccatores more serpentum inflectunt sese nec recte procedunt, modo caput in dextram modo in sinistram obliquant. 3. Caldaica : obliquitates. Idem •Deut., V, 32. est. Non declinabitis ad dextram et sinistram*, *IIIReg.,x^^^, 21. claudicare in utramque partem*: ad dextram opérande, nam dextra est operatoria, ad sinistram omittendo, nam ipsa est iners et inefficax. Vel obliquant, modo bene modo maie ; ut illi qui jurabant in Domino et jurant • Soph., 1, 5. îji Melchon *. (Ms. p. 201, recto) Adducet cum operantibus iniquitatem. i. Cum iis qui ex professo peccatricem vitam agunt ; vel, 2. cum •Matt., XXV, 41. diabolis qui paratus est diabolo '^ . Diabolus enim artifex est et operarius architectonicus iniquitatis. 'Vers. 24-28. Pax super Israël. Historia Gènes, xxxii * : luctatur cum Deo, inde nomen accepit prœvalentis ad Deum, vel principis cum Deo ; quod idem est, nam qui cum Deo agit ut princeps, ipse pugnat faciendo Deum sibi  filets, ils ont tissé des toiles d"araignées. Comme les vers à soie qui ne cessent de s'enlacer dans leur propre travail , le cœur s'enlace dans les mauvaises affections. .. 2. Saint Jérôme : dans la perversité , chemins tortus; les voies détournées deviendront droites. Le premier pécheur, le diable, prit la forme d'un serpent, parce que les pécheurs, comme les serpents, se replient sur eux-mêmes, ne s'avancent pas directement, et détournent leur tète tantôt à droite, tantôt à gauche. 3. Chaldaique : les voies obliques. Même sens. Vous ne vous détournerez pas à droite et a gauche ; boiter de part et d'autre ; à droite, par l'action, car c'est la droite qui agit ; à gauche par l'omission, car la gauche est inerte et ne fait rien. Ou bien, on marche d'une manière oblique en faisant tantôt bien, tantôt mal ; comme ceux qui juraient par Dieu et jurent par Mehhont. Les joindra à ceux qui commettent liniquité. i. A ceux qui ouvertement mènent une vie de péché ; ou bien, 2. avec les démons (qui est prépari pour le diable }. Le diable est l'artisan, l'architecte de l'iniquité. Que la paix soit sur Israël. Voir l'histoire rapportée dans la Genèse : Jacob lutta avec Dieu, d'où son nom de puissant contre Dieu, ou de prince avec Dieu, ce qui revient an même ; car celui qui agit en prince avec Dieu, dans  ex. Paraphrase du Psaume cxxiv 187 subditum. Hinc Pereira *, Viegas **, Cornélius *** aiunt * Comm. in Gen., cum Hieronymo * Israël idem esse cinoà princeps cum -Comrin Apoc, Deo vel Dei. Versio vero verborum ad finem omnium ^il^^P- "'- 9- "D'-Li- , T -TN , , Coram. in Gen., Bibhorum : prcevalens Deo. (0 ad locum supra.  le combat le rend son sujet. C'est pour cela que Péreira, Viegas, Corneille disent avec saint Jérôme qu'Israël signifie prince avec Dieu ou de Dieu. Mais à la fin de toutes les Bibles, ces mots sont traduits par : puissant contre Dieu. ( r ) Addition de Mgr Jean-François de Sales.— « Aug., lib. de Prœdestinatione Sanctorum, cap. 15 : Prœdestinata est ista naturœ humana tanta et tam excelsa et summa subvectio, in quo attolleretur altius non habens ; sicut pro nobis ipsa Divinitas quousque se deponeret humilius non habuit quam suscepta natura hominis, cum infirmitate carnis usque ad mortem crucis. Aug., lib. 15 de Trinitate, cap. 28 : Multa dicimus et non pervenimus, et consummatio sermonum umversa tu es ipse. Cum pervenerimus ad te cessabunt multa illa quae dicimus et non peri^eniraus ; et manebis unus otnnia in omnibus, et sine fine dicemus unum laudantes te in unum, et in te facti etiam nos in unum. » « Saint Augustin, livre de la Prédestination des Saints, chap. xv : Dieu avait prédestiné la nature humaine à une élévation si grande, si magnifique si sublime qu'il n'eût pu l'élever plus haut; comme la Divinité elle-même ne pouvait, en notre faveur, s'humilier plus qu'elle n'a fait en prenant la nature humaine avec la faiblesse de la chair, et jusqu'à la mort de la croix Saint Augustin, liv. XV de la Trinité, chap. xxviii : Nous disons beaucoup de choses, et nous ne parvenons pas [à exprimer la réalité], et vous êtes vous- même la conclusion de tous nos discours. Lorsque nous serons arrivés à vous qui êtes notre fin, alors cesseront ces discours interminables. Vous seul resterez tout en toutes choses, et sans fin nous vous proclamerons l'unique, et nous vous louerons dans l'unité, car vous nous aurez faits nous aussi un avec vous. »  Hebraic. Quaest. in Gen., ad locum.  CXI FRAGMENT D'UNE HOMÉLIE SUR L'HISTOIRE DE JACOB l6l6 (i) (Inédit)  LECT. lO AD VITAM PATRIARCH^C JACOB Benedicens ergo illi, ait : Tu es filins meus Esaii ? Respondit : Ego sum. At ille : Ajfer mihi, inquit, cibos de venatione tua, fili mi, ut benedicat tibi anima mea. Qiios cum oblatos comedisset, attulit ei etiam. vinu7n ; quo hausto, dixit ad euin : Accède ad m.e, et da milii osculum, fili mi. Accessit, et osculatus est eum.. Statifnque ut seiisit vestimentornm illius  LEÇON X SUR LA VIE DU PATRIARCHE JACOB Cest pourquoi le bénissant, il dit : Es-tu mon fils Esaii? Il répondit : Je le suis. Alors Isaac lui dit : Apporte-moi de ta chasse, ô mon fils, afin que mon âme te bénisse. Lorsqu'il en eut mangé, Jacob lui offrit aussi du vin; l'ayant bu, Isaac lui dit : Approche-toi de moi, et donne-moi un baiser, mon fils. Il s'approcha et le baisa. Dès qii Isaac eut senti le parfum de ses vêtements, ( I ) Nous lisons dans le Procès de Canonisation de saint François de Sales : « Il prescha une année entière les festes et Dimenches sans intervalle ; et tous ses sermons estoient sur le subject de Jacob, recognoissant que cette matière estoit nécessaire pour l'instruction de son peuple et pour leur enseigner ce qui estoit de la foy. » (Déposition de François Favre, Process. remiss. Gebenn. (I), ad art. 35.) Bien qu'il soit difficile de préciser d'une manière absolument certaine quelle est l'année de son épiscopat que notre Saint a consacrée à traiter ce sujet, on peut indiquer avec assez de vraisemblance l'année 1616 qu'il passa presque tout entière à Annecy ; car, en dehors des deux sermons qui précèdent, rien ne nous a été conservé de cette période. D'autre part, dans un discours prêché à Grenoble le premier vendredi de Carême 1617, le Saint fait allusion à ses prédications sur Jacob, et d'après l'écriture et la pagination du Ms. elles ne peuvent être de beaucoup antérieures à cette station. La plupart des discours de cette série ne nous sont pas parvenus.  CXI. Sur l'histoire de Jacob 189 fragrantiam, benedicens illi, ait : Ecce odor filii -mei sicut odor agri pleni cui benedixit Domimts^. *Gen.,xxvn, 23-27. Explicatum est in aliis lectionibus, [i.] cur venationem expetiverit Isaac, nempe quia non inerti filio danda benedictio sed servienti. 2. Quid significet cibus ille et potus, nempe Eucharistiam et bona opéra, maxime eleemosinam . 3 . Quomodo non sit mentitus Jacob dicendo se esse Esau. Haec enim in superioribus jam obviam habuimus ; quae autem hujus textus propria sunt dicenda juxta quadruplicem sensum. 1. Benedicens, id est, benedicere volens. 2. Ut bene- dicat tibi anima mea. Hebraismus, Pereira*: ex animo, * Comm. in Gen., 1 • 1 • -i 1 • T-. 1 ^^ locum. val anima pro homme, ut ego benedicam. Kebecca referens eam sententiam ait : ut benedicam tibi coram Z)om/;zo*; Pereira**: idest,annuente et favente Domino. * Gen.,xxvii, 7. Gen. 6* : Corrupta est terra coram Domino. [Ibid.,] *Yels^^iu 13 * : Sodomitœ pessimi erant coram Domino niniis. * Vers. 13. {Coram Domino in bonis, id est, de la part de Dieu et in ejus nomine; in malam partem, id est, contra Domi- num. Ut Num.*, coram sole esse est illuminari; et si *Cap.xxv, ^.juxta peccaverit in te* (id est, coram te), contra vos; id est, *Ma«.,xvm, 15. in aspectum, et vicissim in aspectu, id est, contra. Sic  il dit en le bénissant : Voici que l'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ fertile que le Seigneur a béni. Il a été expliqué dans les autres leçons, [i.] pourquoi Isaac demanda de la venaison; c'est qu"il voulait donner sa bénédiction à un fils dévoué et non à un paresseux. 2. Ce que signifient cette nourriture et ce breuvage, c'est-à- dire l'Eucharistie et les bonnes œuvres, surtout l'aumône. 3. Comment Jacob n'a pas menti en déclarant qu'il était Esaii. Nous avons déjà touché ces points plus haut ; mais ce qui concerne proprement ce texte, nous l'expliquerons selon les quatre sens qu'il peut présenter. I. Bénissant, c'est-à-dire, voulant bénir. 2. Afin que mon âme te bénisse. D'après Péreira ce serait un hébraïsme qui signifie de tout cœur, ou bien l'âme est prise pour l'homme : afin que je te bénisse. Rébecca rapportant cette parole dit : afin que Je te bénisse devant le Seigneur; c'est-à-dire, selon Péreira, du consentement et par la grâce du Seigneur. La terre fut corrompue devant le Seigneur. Les habitants de Sodome étaient extrêmement méchants devant le Seigneur. (Devant le Seigneur étant pris en bonne part, signifie de la part de Dieu et en son nom ; en mauvaise part, il signifie contre le Seigneur. De même, être devant le soleil, c'est être éclairé; et s'il pèche envers toi, devant toi, a le même sens que contre vous ; en votre présence équivaut à devant  190 Sermons autographes namque dicendum in iis quae contraria sunt ut in iis quae consona : coram esse, id est, excipere.) [3.] Ecce ; Hebraice, vide odorem ; Gallice propriis- *Comm.inPentat., sime, voyct. Oleaster * : videre ad omnes sensus spectat, ad locum. , /s • • ^• ,• , • .... ,^ ^. ut : yuia vidisti me, caetera itaque vide, id est, olfac. Sic Gallice : Il faut voir sil est chaud. 4. Agri pleni (pleni additum a Septuaginta). Notan- dum debere populos alimenta iis qui eos alunt spiritali cibo. Id tam apertum est ut in lege naturae observatum * Vers. 20. sit. Abraham, Gen., xiiii * : Dédit ei (Melchisedech) 2.] décimas omnium; et apud Gentiles, ut testatur Plinius, [Hist. nat.f] 1. 12. c, 14, de thuris décima data Sabin Deo. * Vers. uit. Et Jacob noster, [Gen. ,] c. 2 8 * : Decimasque omnium qua^ * Quastio Lxxxvii, dederis mihi ojferam. tibi. Divus vero Thomas, 2^ 2^*, id clarissime ostendit ; dicens in lege naturae fuisse primogenitos sacerdotes, illisque ob id duplo majorem portionem datam, ut videre est in Joseph et Jacob. In Lege veteri clarum est : Décimas do om.nium quœ "Ver^' 2^3!"'' ^'' possideo'^. Mat. 23 ** : Vce vobis, hipocritœ, qui deci- maiis mentham et anethum et cymimim, et gravier a legis reliquistis , misericordiam et judicium et fidem ; hcec opportuit facere, et illa non omittere.  vous, et pareillement signifie [quelquefois] contre vous. Car on peut employer cette locution pour les choses contraires comme pour les choses favorables : être devant, c'est-à-dire [être prêt] à recevoir.) [^■"[Voici ; enhèhren '.vois T odeur ; eu français, très correctement, roîci. Oleas- ter dit que voir se rapporte à tous les sens, comme : Tu m'as vu, vois aussi le reste, c'est-à-dire, sens-le. C'est ainsi qu'on dit en français : Il faut voir s'il est chaud. 4. D'un champ fertile (fertile a été ajouté par les Septante). Faire remar- quer que les peuples doivent nourrir ceux qui leur donnent la nourriture spirituelle. Ce devoir est si évident qu'il a été observé dans la loi naturelle : Abraham, Gen., xiv : // lui donna (à Melchisedech) la dîme de tout. Il en était de même des Gentils, comme le témoigne Pline, parlant de la dîme de l'encens donnée au dieu Sabin. Et notre Jacob dit au chap. xxviii : La dîme de tout ce que vous me donnerez, Je vous l'offrirai. Saint Thomas démontre très clairement ce fait en disant que dans la loi de nature les prêtres étaient les aînés, et que par suite, ils recevaient une part d'héritage deux fois plus grande, comme on peut le constater pour Joseph et Jacob. L'existence de ce précepte dans l'ancienne Loi est évidente : Je donne la dîme de tout ce que Je possède. Malheur à vous, hypocrites, qui paye^ la dîme de la menthe, de l'aneth et du cumin, et qui néglige^ les choses les plus graves de la loi^ la miséricorde, la Justice et la foi ; il fallait faire ceci et ne pas omettre cela.  CXI. Sur l'histoire de Jacob 191 In Lege nova centum locis Apostolicis, sed unicus sufficit, I. Cor. 9*, inter alia illud : Non alligabis os * Vers. 9-14. bovi trituranti , Deut. 25*, non ut detur illi triticum * Vers. 4. sed fenum. Sic enim plerique vellent dare sacerdotibus Evangelium (Non in solo pane vivit hojno*), at non, *Matt., iv, 4. sed paleas, sed fenum, id est, temporalia. Sic terra caslo dat nubes, a quo accipit vim generandi. Quota quidem sumptuum non est juris divini, sed propemodum est, ut videtur ex iis qui in lege naturali jam dabant *. Ratio * Vide supra. est quia, ut ait Sanctus Thomas *, decimus numerus * Loco quo supra, perfectio numeri est, sin velis progredi iterum incipien- dum. Exaggerandum furtum decimarum, nam valde est frequens in Sabaudia. 2. Da niihi oscnliim. Osculum signum benevolentise et perfecti amoris. Salutatc fratres in osculo sancto ; I. Cor. 16*, 2. Cor. 13** *4Zl\l A peyne Isaac avoit achevé son propos et Jacob estant sorti, voyci Esau arrive, et apporte des viandes de sa chasse apprestees a son père, disant : Levés vous, mon père, et mangés de la chasse de vostre fil^, affln que vostr'ame me bénisse*. . . .... *Gen.,xxvii,3o,3i.  Dans la Loi nouvelle les Apôtres en parlent dans cent endroits de leurs écrits, mais un seul témoignage suffit, entre autres celui-ci : Tu ne lieras pas la bouche au bœuf qui broie, afin qu'il puisse manger non pas le grain, mais le foin. Ainsi plusieurs veulent bien abandonner au prêtre l'Evangile (L'homme ne vit pas seulement de pain), mais cela ne suffit pas, il faut lui don- ner aussi la paille et le foin, c'est-à-dire les ressources matérielles. Ainsi la terre donne les nuées au ciel qui lui communique la force de la génération. Il est vrai que le droit divin n'indique pas dans quelle proportion on doit sub- venir aux besoins du prêtre, mais l'exemple de ceux qui suivaient la loi naturelle le détermine à peu près. La raison en est, comme dit saint Thomas, que le nombre dix est un nombre parfait, et qu'aller au-delà c'est recommen- cer. Exagérer le vol des dimes, car il est très commun en Savoie. 2. Donne-moi un baiser. Le baiser est le signe de la bienveillance et de l'amour parfait. Saluei les frères dans le saint baiser [Reprendre au texte, lig. 17.]  CXII SECONDE HOMÉLIE SUR LE MÊME SUJET l6i6 (Lnédite)  (Ms. p. 212, recto) ad vers. 9. 10. 12. Adituc loqiiebantur, et ecce Rachel, etc. [GeN., XXIX, 9.] Ad litteram. Nota i. quae in alia lectione relicta sunt, pro explicatione eorum quae ad veri pastoris imaginem spectant. i. Rachel veniebat cum ovihus patris sut ; nam et gregem ipsa pascebat. Consideremus, fratres et coadjutores mei, oves nostras esse oves Patris ; hoc nobis inculcat Christus in persona Principis pastorum : Dili- *joan.,uit., 13-17. gis me? Pasce oves meas*. Meas dixit, non tuas; nam meo nomine, mihi, de meo corpore et sanguine pascis. 2. Consideremus Rachelem esse cum ovibus patris ; ,^ ^ ^ „ debemus et nos esse cum ovibus, amore, benevolentia, *S.Bern., De Praec. _ _ ' et Dispens., c. xx. animo et corde : Anima est ubi amat *. Ecce quam  POUR LES VEUSETS 9, 10, 12. Ils parlaient encore, quand Rachel, etc. Sens littéral. Noter d'abord ce que j'ai omis dans une autre leçon pour tracer le portrait du vrai pasteur, i. Rachel venait avec les brebis de son père ; car elle-même paissait le troupeau. Considérons, mes frères et mes coopéra- teurs, que nos brebis sont celles de notre Père. Le Christ nous l'enseigne en s'adressant au Prince des pasteurs : M'aimes-tu .<* Pais mes brebis. Il dit les miennes, non les tiennes ; car tu les pais en mon nom, pour moi, de mon corps et de mon sang. 2. Remarquons que Rachel est avec les brebis de son père ; nous aussi nous devons être avec les brebis, par amour et bienveillance, d'esprit et de cœur : L'àme est là où elle aime. Voye^ combien il est bon  CXII. Homélie sur l'histoire de Jacob 193 bonum hahitare in unum *, id est, concorditer. Ciim * Ps. cxxxn, i. ovibus, etiam prsesentia corporali, ob residentiam ; secundum quam Episcopi sunt omnibus présentes dum in diocaesi, curati dum in parrochia. 3. Non satis est presentem esse ovibus ni pascas ; nam gregem ipsa ipsa pascebat. Quam multi sunt similes Nabalo, qui intererat tondendis pecoribus, non autem pascendis *. *I Reg., xxv, 2, 4. Ovis est Rachel Hebraice : qui recte vult pascere ovis esse débet, non lupus, non haereticus, non capra ; non débet dissimilis esse ovibus ; nec sibi sapere , sed Christo. At haeretici non sunt similes ovibus cseteris, sed alterius opinionis : solus erat Luther, solus Calvi- nus, etc. Débet esse ovis, e-^ forma factus gréais (non dominantes in cleris^j; et quando ovis pascit oves, *l Pétri, uit., 3. ipsa quoque inter oves pascit. Nota 2. Jacob primam dédisse significationem futuri matrimonii cum Rachele dum ipsa suis pascendis ovibus insistit, et prope fontem ad quem ipsa venire solebat. Origenes, hom. 10*, citatus a Glossa ad c. 24 Gènes. : * lo Genesim, § 2. (( Rebecca quotidie veniebat ad puteum, quotidie hau- riebat aquam, » et caetera, ibi ab Eliezer eligitur. Haec hic transferri possunt ; nam credendum cum ex puteo  d'habiter ensemble, c'est-à-dire, en toute concorde. Avec les brebis, même par la présence corporelle, par la résidence. Ainsi les Evèques sont présents à tous lorsqu'ils sont dans leur diocèse, les curés, lorsqu'ils sont dans leur paroisse. 3. Il ne suffit pas d'être auprès des brebis, si on ne les nourrit. Rachel elle-même paissait son troupeau. Qu'ils sont nombreux ceux qui, semblables à Nabal, sont présents au milieu de leur troupeau seulement pour le tondre et non pour le paître ! 4. En hébreu, le nom de Rachel signifie brebis : celui qui veut être bon pasteur doit être brebis, et non loup, hérétique, chèvre; il doit ressembler aux brebis; suivre non son propre sens, mais celui du Christ. Or, les hérétiques ne ressemblent pas aux autres brebis, ils pensent différem- ment : Luther était seul, Calvin seul, etc. Le bon pasteur doit être brebis, fait sur le modèle du troupeau (ne dominant pas le clergé); quand une brebis pait des brebis, elle-même paît parmi ces brebis. Noter en second lieu que Jacob nous donne la première signification du mariage qu'il devait contracter avec Rachel, en la choisissant pendant qu'elle s'attachait à paître ses troupeaux, et auprès de la fontaine où elle avait coutume de venir. Origène dit dans sa x"^ homélie sur la Genèse, citée par la Glose sur le chap. xxiv du même livre : « Rébecca venait chaque jour au puits, chaque jour elle en tirait de l'eau, » etc., et c'est là qu'Eliézer la choisit. Ces Serm. II 1»  Ps. XXXIX, 18.  194 Sermons autographes adaquarentur grèges, etiam haustu id factitatum, cum maxime non modo in eadem regione, in eodem solo, et forsan in eodem puteo in quo Rebecca desponsata est hoc factum sit. Ergo quotidie pascit oves, quotidie haurit aquam Rachel, et ibi a Domino desponsatur. Vis Deo placere ? Si non elegisti modum vivendi, elige; elegisti, insiste operi : Deum ibi invenies , Deus tui sollicitus erit *. Sed pulchre Origenes ad tropologiam. * Gen., XXIV, 20. o_ Xota discrimen inter occursum Rebeccae * et Ra- chelis ; nam Rebecca adaquat camelos servi, e contrario Rachel oves adaquantur a Jacob. Eliezer erat servus, at Jacob ipsemet sponsus. Xos confessarii et pastores servi non ante vobis damus inaurcs verborum absolutionis, nec ablutionis (quse sunt aiiditiii nostro gaudiiim et *Ps. L, 10. lœtitia, unde : exultant ossa liiimiliata'^'), quam vos nobis exhibeatis signa compunctionis, et adaquetis nos sensusque nostros testimonio contritionis. At Christus, qui est Dominus ipse, dat antequam petamus, non enim peteremus nisi petere doceret interius : Prœvenisti eiim * Ps. XX, 4. jji henedictionibus dulcedinis *.  circonstances peuvent être appliquées ici. Comme, en effet, Rachel abreuvait ses troupeaux au puits, on peut croire qu'elle tirait elle-même l'eau qui leur était nécessaire, parce, surtout, que ce fait eut lieu non seulement dans le même pays, sur le même sol, mais aussi peut-être au puits même auprès duquel Rebecca fut promise. Rachel donc pait chaque jour ses brebis, elle tire de l'eau du puits chaque jour, et auprès de ce puits, elle est promise en mariage par le Seigneur. Veux-tu plaire à Dieu ? Si tu n'as pas choisi un genre de vie, choisis-le ; si tu l'as choisi, applique-toi au devoir de ton état : tu y trouveras Dieu, Dieu prendra soin de toi. Voir le beau passage d'Origène pour le sens tropologique. Noter en troisième lieu qu'il y a une différence entre la rencontre de Rebecca et celle de Rachel. Rebecca abreuve les chameaux du serviteur, et c'est Jacob au contraire qui abreuve les brebis de Rachel. Eliezer était un serviteur, Jacob était lui-même l'époux. Nous, confesseurs et pasteurs, qui sommes serviteurs, nous ne vous donnons les pendants d'oreilles des paroles de l'absolution ou de la purification (source de j'oie et d'allégresse pour les oreilles de notre cœur, d'où le texte : les os humiliés tressaillent) que lorsque vous nous avez donné des signes de componction, que vous nous avez sen- siblement abreuvés du témoignage de votre contrition. Mais le Christ, qui est le Seigneur lui-même, donne avant que nous ne demandions, car nous ne demanderions pas s'il ne nous enseignait intérieurement à demander : "Vous Vave^ prévenu des bénrdictions de douceur.  CXII. Homélie sur l'histoire de Jacob 195 4. Nota benevolentiam et beneficentiam Jacob, prompte exhibitam pecoribus ; quia nimirum , ait Scriptura *, * In loco, f. 10. sctret esse oves Laban avunciili siii. Qui recipit prophetam in nomineprophetœ, mercedem prophetœ accipit. Vide locum *. Hinc amor analogicus, honor ana- * Matt., x, 41. logicus, pro rébus quae ad Deum spectant. Rebecca idem fecit etiam camelis ; nihil spernit charitas. Exemplum mirabile de D. Hieronimo, lavante pedes peregrinorum et etiam camelorum et equorum in domo Bethleemitica*. •Apoi. m contra Tantus vir, mundo tam celebris, aetate provectus. Scioli, Je"n'°vi|a's'HiS'' id est, doctores hujus temporis et prelati, dixissent eum circamed. maie tempus trivisse et non servasse décorum. At non terit tempus qui humilitati acquirendae insumit. Nota 5. Dubium esse, apud D. Augustinum et pos- (Ms. p. 212, verso) teriores, quomodo Jacob osculatus sit Rachelem, vel potius quomodo Rachel permiserit se osculo peti a Jacob. Dupliciter respondet Augustinus * : i . Jacob antequam *Q.uœst.in Heptat., oscularetur Rachel indicasse ei se consobrinum suum i- l- 1>^- ^xxxvn. esse, licet id per recapitulationem postea tantum dictum sit; 2. Jacob, conscium Rachelem sibi consobrinam, in ejus osculum, non expectato ejus consensu, irruisse. At vero, ut dicam libère quid mihi videatur, et quando ibi  Noter en quatrième lieu l'intérêt et le dévouement que Jacob témoigne aussi- tôt pour le troupeau ; c'est que, dit l'Ecriture, il savait que ces hrehis étaient celles de son oncle Laban. Qui reçoit un prophète au nom d'un prophète, reçoit la récompense du prophète. 'Voir ce passage. Nous devons porter à tout ce qui concerne Dieu un amour et un honneur analogues à celui que nous avons pour Dieu lui-même. Rébecca agit d'après ce principe même envers des chameaux; la charité ne méprise rien. Admirable exemple de saint Jérôme qui lavait les pieds des pèlerins, et même ceux des chameaux et des chevaux dans sa mai- son de Bethléem. Un si grand homme, si célèbre dans le monde, avancé en âge! Les demi-savants, c'est-à-dire les docteurs et les prélats de notre époque, eussent dit qu'il employait mal son temps, qu'il ne conservait pas sa dignité. Ah ! celui-là ne perd pas son temps qui l'emploie à acquérir l'humilité. Noter en cinquième lieu. Saint Augustin et ceux qui l'ont suivi se deman- dent comment Jacob a osé baiser Rachel, ou plutôt comment Rachel a per- mis à Jacob de la baiser. Saint Augustin donne deux réponses : i. Avant d'embrasser Rachel, Jacob lui avait déclaré qu'il était son cousin, bien que cela ne soit dit qu'ensuite, par récapitulation; 2. Jacob, sachant que Rachel était sa cousine, se précipita pour l'embrasser sans attendre son consentement. Toutefois, pour dire librement mon opinion, et puisque l'occasion et le temps  196 Sermons autographes datur occasio nec tempus est dissonum , facio duas difFerentias osculorum ; nam osculum aliud malum est, aliud bonum. Malum contingit esse tripliciter. A fine ; •Matt., XXVI, 49. ut osculum Judœ *, et illius meretricis, Proverb. 7. *Ps. xiir, 3. (Venenum aspidum siib labiis earum *.) Ab eventu : ut sunt oscula frequentia inter juvenes ; nam etsi initio fiant sine omnino malo fine, tamen propter imbecillita- tem hominum in detrimentum vergunt pudicitiae ; nam mirum quomodo velociter ignis accendatur. Duplex similitude : trahis funem alligatum portae monasterii exterius, et campana puisât interius ; tangis os exterius, concupiscentia puisât interius ; nam est quaedam colliga- tio inter sensus internos et externos. Item admoves ignem catapultas exterius, et statim accenditur interius. Mittis piper inter labia, non urit ; paulo post uret. A circumstantiis : nam meretricias mulieres osculari viris, lenones mulieribus, semper fuit et erit scandale. Bonum osculum item tripliciter esse contingit. Urbani- tatis ; ut est mos etiam inter gnotos in Gallia, et fuit olim *Luc£e, VII, 45. inter Romanos, et Hebrseos teste Domino * : Osculum fnihi non dedisti. Amicitiae, sive sanctae sive moralis, ut hic et inter primos Christianos. Et reverentiae ; at hoc  le permettent, je distinguerai deux sortes de baisers : l'un est mauvais, l'autre bon. Un baiser peut être mauvais de trois manières. Par la fin qu'on se propose, comme celui de Judas et celui de cette pécheresse dont il est parlé dans les Proverbes. (Le venin de V aspic est sous leurs lèvres.) Par ses conséquences : tels sont les baisers fréquents entre jeunes gens; parce que, bien qu'au début ils se donnent sans dessein tout à fait mauvais, toutefois, par suite de la fra- gilité humaine, ils tournent au détriment de la pudeur; car il est étonnant combien ce feu s'allume vite. Voici deux comparaisons : vous tirez le cordon fixé extérieurement à la porte d'un monastère, et la clochette sonne à l'inté- rieur ; vous touchez la bouche à l'extérieur, et la concupiscence frappe à l'intérieur, car il existe un certain lien entre les sens intérieurs et les extérieurs. Ainsi, vous approchez le feu à l'extérieur d'un canon, et il s'allume instantanément à l'intérieur. Vous vous mettez du poivre sur les lèvres, il ne brûle pas, mais peu après il brûlera. Par les circonstances... De même, un baiser peut être bon de trois manières. Quand il est donné par politesse, et c'est en France la coutume, même entre de simples connaissances, comme autrefois chez les Romains, et pareillement chez les Hébreux, témoin le Seigneur: Tu ne m'as pas donné de baiser. Quand c'est un témoignage d'amitié ou sainte ou purement morale, comme dans le cas dont nous traitons et comme  CXII. Homélie sur l'histoire de Jacob 197 fiebat etiam ad pedes, sed et ad gênas quoque aut os. Osculaniini Filiiim'^. Amicitiae autem ideo est simbo- *Psaim.ir,i2;juxta TT U lum quia os est aquseductus totius animae et cordis. At jam dices : Si inter antiquos Christianos oscula erant adeo crebra, cur nunc non sunt? Peto a vobis : Cur tempore sanitatis omnes tangant invicem, halitum alte- rius, sive vestes, nemo fugiat ; tempore pestis omnes invicem fugiant? Quia, inquies, tempore pestis periculum est ex contactu. Vere Deus ! olim omnes Christiani erant sancti et sani, propterea nemo contactum labiorum, nemo halitum incorruptum fugiebat ; at nunc : « Frigidus, o pueri, fugite hinc, latet anguis in herba *. » *Videsupra,p.84. Tune erant oves, nunc haedi halitu fœtido : Sepulchrum patens guttiir eorum*. Sic antiquitus vigiliae, quia *Ps. v, n, xm, 3. Christiani erant hix in Domino'^ ; nunc minime, ne *Ephes., v, 8. tenebrœ nos comprehendant*. * joan., xn, 35.  « Quantum mutatus ab illo qui redit 1 Sed de iis satis  Hectore qui redit induvias indutus Achillis *. » *^neis, 1. II, 27^, 275-  on en usait entre les premiers Chrétiens. Quand c'est un signe de respect ; mais ce baiser se donnait aussi sur les pieds comme sur les joues ou sur la bouche. Baise^ le Fils. Le baiser est un symbole d'amitié parce que la bouche esi le canal par lequel se déversent toute l'âme et tout le cœur. Mais vous direz peut-être : Si les baisers étaient si fréquents entre les anciens Chrétiens, pourquoi ne le sont-ils plus aujourd'hui? Je vous demande moi : Pourquoi en temps de salubrité, tous se touchent-ils réciproquement, personne ne fuit l'haleine ou le vêtement d'autrui; et en temps de peste, pourquoi tous se fuient-ils les uns les autres ; Vous me direz : C'est qu'en temps de peste tout contact est dangereux. Vrai Dieu 1 jadis tous les Chrétiens étaient saints et sains, nul donc ne craignait le contact des lèvres, personne n'évitait une haleine pure; mais aujourd'hui : (1 Fuyez d'ici, jeunes gens, un froid serpent est caché sous l'herbe. » Il n'y avait alors que des brebis, il y a aujourd'hui des boucs à l'haleine fétide : Leur gorge est un sépulcre ouvert. De même, anciennement avaient lieu des veilles parce que les Chrétiens étaient lumière dans le Seigneur ; on les a supprimées aujourd'hui de peur que les ténèbres ne nous surprennent. (I Qu'il différait de cet Hector dui revenait couvert des dépouilles d'Achille I » Mais c'est assez sur ce point.  198 Sermons autographes Noster ergo Jacob innocentissime suam Rachelem osculatur ; Rachel urbane et amice ab homine bonae indolis et vultus ingenui osculum excipit. O date mihi innocentiam Jacob et Rachel, et per me liceat osculentur. Qui vellet posset hic afferre quae de Sancto Lupo refert * In lib. de reiigio- Marulus *, in cap. de vitando temerario judicio. insutut.'^perexTm- Nota 6. Ouare flevit Jacob? Hebrsei, apud Lyra- * R-bf^ ' ^'c\ ^ '^' ^^^ *' °^ inopiam et mauvais equippage, ut supra de in locum. historia Eliphaz. At minime probabile, quamvis historia probabilis. Ergo ex teneritudine, videns se impegisse féliciter in eam quam sibi uxorem fore tacito instinctu sperabat, et se jam iter propemodum confecisse, recte appulisse. Virginem gratam sibi amœnitate vultus suavi- tatem ingerentem videre. Nota 7. Rachelem statim cucurrisse et nunciasse * In loco, ^. 12. Labam *. Prudens puella, utinam sic facerent omnes. Vobis blanditur aliquis , statim renunciate patri aut matri ne decipiamini. Hoc modo, ut libère dicam, non tôt deciperentur ; sed non renunciant donec intumescens venter denunciet.  Notre Jacob embrasse donc très innocemment sa Rachel ; Rachel accepte ce baiser de courtoisie et d'amitié de la part de cet homme au caractère bon et au franc visage. Oh! donnez-moi des personnes qui aient l'innocence de Jacob et de Rachel et je leur permets de se baiser. Si on le voulait, on pourrait rapporter ici le trait que Marulus cite de saint Loup, dans le chapitre de la fuite du jugement téméraire. Noter en sixième lieu : Pourquoi Jacob pleura-t-il? Les Hébreux, d'après Lyranus, disent que ce fiit à cause de sa pauvreté et de son mauvais équipage, comme il est dit plus haut dans l'histoire d'EIiphaz. Mais il est peu proba- ble que ce fût pour cette raison, quoique le récit de Lyranus soit probable. Il pleura donc de tendresse, en voyant qu'il avait heureusement rencontré cette personne qu'un secret instinct lui faisait espérer d'obtenir pour épouse, et parce qu'il avait à peu près achevé son voyage et arrivait au terme. Il pleurait d'attendrissement en voyant une vierge qui lui plaisait et qui le charmait par les grâces de son visage. Noter en septième lieu que Rachel courut aussitôt annoncer cette rencontre à Laban. O prudente jeune fille, plût à Dieu que toutes vous imitassent! Quelqu'un vous caresse, pour ne pas être déçues allez aussitôt le dire à votre père ou à votre mère. S'il en était ainsi, pour parler franchement, il n'y aurait pas tant de filles trompées; mais voilà, elles ne parlent que lorsqu'il n'en est plus temps.  CXII. Homélie sur l'histoire de Jacob  AUegoria  (Ms. p. 21}, recto)  Ex Aug-ustino * et Ruperto **. Ouare Rebecca, Rachel, * Contra Faust., i. ""^ XXII ce. XLVII-LVIII. Sephora, trium insignum Patriarcharum uxores, ad aquas *»Dè Trin. et Opel reperiuntur ? Quia ad aquas Baptismi Ecclesia Christo c^.^J^'î.'vïr'cc'! desponsanda ; nam Rachel Ecclesiam Catholicam per- xxyi-xxx;2nM^«., petuo signât allegorice, Jacob Christum. Sed osculum pacis ubi datur a Christo fideli animae? Flens in cruce, nam ibi puteus aquarum meritorum. Divus Ambrosius mirifice* : Mezopotamia Ecclesia, Rachel Christianus. Ecclesia inter duos fluvios, Tigrim et Euphraten : Pœni- tentia pro peccatis actualibus, Baptismum (sic) pro originali. Puteus est doctrina Christiana, quse inter hœc duo Sacramenta nos conducit ad vitam aeternam ; nam semper pœnitendum baptisatis. Baptismo desponsamur, non nuptias facimus ; quia nuptiae fiunt tantum in Caelo, ubi inseparabiliter inhaeremus.  1. II, ante med.  *Ep. XIX, ad Vigil., §2.  Tropologice Deinceps Jacob erit homo per pœnitentiam jus-  tificatus de terra Canaam egressus  Rachel, vita * Gen., xxvm, i.  Sens allégorique D"après saint Augustin et Rupert. Pourquoi Rébecca, Rachel, Séphora, épouses de trois illustres Patriarches, ont-elles été rencontrées au bord de l'eau } Parce que l'Eglise doit épouser le Christ dans les eaux du Baptême. Rachel, en effet, représente toujours allégoriquement l'Eglise Catholique, et Jacob, le Christ. Mais où donc le Christ donne-t-il le baiser de paix à l'âme fidèle ? En pleurant sur la croix, car là est le puits des eaux de ses mérites. Saint Ambroise dit admirablement : La Mésopotamie, c'est l'Eglise, et Rachel, le Chrétien. L'Eglise est entre deux fleuves, le Tigre et l'Euphrate : la Péni- tence pour les péchés actuels, le Baptême pour le péché originel. Le puits est la doctrine chrétienne qui, entre ces deux Sacrements, nous conduit à la vie éternelle ; car un baptisé doit toujours faire pénitence. Par le Baptême nous sommes fiancés et non encore épousés, les noces ne se font qu'au Ciel où nous serons inséparablement unis [au Christ]. Setts tropologique Ensuite Jacob sera l'homme justifié par la pénitence, sorti de la terre de Chanaan; Rachel, d'après saint Grégoire, représentera la vie contemplative.  20O Sermons autographes * Moral., 1. VI, sub contcmplativa, juxta D. Gregorium *. Qui vult progredi post pœnitentiam, contempletur seterna. Osculari con- templativam est meditari ; meditamur autem adaquato grege Rachelis, ob desiderium virtutum quas comitantur contemplationem. At Rachel continuo renunciat matri, quia meditatio continuo nos promovet erga charitatem. AnaffOffice Jacob, spiritus in gloria, osculatur carnem per resur- rectionem , ejusque adaquat gregem sensuum summa » Apoc, XXI, 4. voluptate, et flet prae gaudio. Non est luctiis *, sed fletus gaudentium ; ut Joseph, cum vidit suum Benja- * Gen., xLiii, 30. min * ; nam tune corpus videt suum fratrem uterinum Christum. Et caro renunciat matri, id est, misericordise Dei, vel Hierusalem caelesti.  Après la pénitence, celui qui veut progresser doit contempler les choses éternelles. Embrasser la vie contemplative, c'est méditer ; or nous médi- tons en ahreuviint le troupeau de Rachel, c'est-à-dire en désirant les vertus qui accompagnent la contemplation. Rachel annonce aussitôt la nouvelle à sa mère : la méditation nous porte aussitôt vers la charité. Sens anagogique Jacob, c'est l'esprit dans la gloire, qui baise la chair au jour de la résur- rection, abreuve le troupeau de ses sens d'une souveraine volupté et pleure de joie. Les larmes de deuil feront place aux larmes de joie. Tel Joseph lorsqu'il vit son Benjamin; car alors le corps verra son propre frère, le Christ, et notre chair l'annoncera à sa mère, c'est-à-dire à la miséricorde divine ou à la Jéru- salem céleste.  CXIII FRAGMENT D'UNE AUTRE HOMÉLIE SUR LE MÊME SUJET 1616 ( Inédit )  AD VERS. 30 (^s- P- ^17, recto) Jam septem annis servierat Jacob pro Rachel, ante- quam eam haberet *. Postea item aliis septem annis servit. * Gen., xxix, 20,27. Et quia Rachel unionem cum Deo, perfectam charita- tem, et vitam contemplativam désignât, mihi videor observare mistice septem gradibus nos ad perfectionem evehi, septemque virtutibus nos perfectioni servire ; et hi septem gradus sunt septem dona Spiritus Sancti.(i)  sus LE VERSET 30 Sept ans déjà Jacob avait servi pour Rachel qu'il n'avait pas encore obtenue. Après cela, il servit encore sept autres années. Comme Rachel représente l'union avec Dieu, la charité parfaite et la vie contemplative, il me semble voir en ce fait un sens mystique : sept degrés nous élèvent à la perfection et nous nous maintenons dans la perfection par sept vertus; ces sept degrés sont les sept dons du Saint-Esprit.  (i ) Ces lignes sont écrites au haut d'une page dont le surplus est demeuré en blanc.  CXIV SERMON PRÉLIMINAIRE SUR LE BENEDICTUS POUR LE PRE:MIER dimanche DE l'avent 27 novembre 1616(1) (Inédit)  (Ms. p. 1^2, recto) SERMONUM. IN CANTICUM ZACHARI^E AD GRATIANOPOLITANOS MATERIES. 1616. IN ADVENTU Canticum Zachariae Et Zacharias repletus est Spiritu Sancto, et prophetavit, dicens : * Lucas, I, 67, 68. Benedictus * * Exod., XXXIX, 23, Exordium faciendum ex granatis et tintinnabulis *, ut "*■ extat fol. 15(2); hoc tantum addito, quod, quamvis unicuique granato suum tintinnabulum additum est,  SUJETS DES SERMONS SUR LE CANTIQUE DE ZACHAKIE ADRESSES AUX GRENOBLOIS PENDANT l'avent DE 1616 Cantique de Zacharie Et Zacharie fut rempli de T Esprit-Saint, et prophétisa, disant : Béni soit. Tirer l'exorde des greaades et des sonnettes, comme il est dit folio 15, en ajoutant simplement ceci : quoique chaque grenade fût accompagnée de sa sonnette, toutefois, de temps à autre, par suite du mouvement imprimé par la ( I ) La mention qui est faite de l'office du jour, à la fin de ce sermon, prouve qu'il a été prononcé le premier Dimanche de l'Avent. (2) Ce feuillet doit contenir en majeure partie le sermon pour le premier Dimanche de l'Avent 1608 (voir ci-devant, note ( i ), page 26). Il ne nous est malheureusement pas parvenu, non plus que les autres feuillets auxquels il est fait allusion dans ces discours.  CXIV. Pour le i*"" Dimanche de l'Avent 203 tamen interdum cum ob motum gressus, complicaretur ora vestis vel fimbriae, tintinnabulum adjacens uni gra- nato aliud tangebat, et juxta illud sonabat. Et charitas, quse motus est summi nostri Pontificis, interdum com- plicat nos, et nunc me, tintinnabulum alterius granati, vobis applicat pro tempore, quamvis aliud excellentius habeatis ; et ecce tinnitus et sonus vocis meae in auribus vestris, etc. Ayant donques a traitter avec vous, mes treschers auditeurs, des choses divines qui regardent le salut seternel de vos âmes, j'ay choisi pour sujet le divin cantique de Zacharie, parce qu'a mon advis, il vous sera extrêmement aggreable, estant un cantique de louange, un cantique de joye et cantique d'encouragement a bien recevoir le Filz éternel du Père céleste, qui vient visiter et faire la rédemption de son peuple *. Et que pou- vois-je rencontrer de plus désirable ? Car premièrement, aves vous jamais pensé, voyant cet univers, pourquoy il avoit esté créé ? (a) Deus, ante- quam quicquam faceret, ab aeternitate omnium bonorum aggregatione fruebatur, neque aliquo indigebat. Cur ergo mundum creavit? Audite sapientissimum hominum respondentem, Prov, 16. f. 4 : Omnia. propter semetip- sum fecit Dominus ; impiiim quoque ad diem malam; id est, adeo omnia fecit Deus propter gloriam suam ut impiuin quoque, de quo minime videbatur, quia ad  marche, le bord du vêtement ou de la frange se repliait, et une sonnette voisine d'une grenade en touchait une autre et sonnait près d'elle. Or la charité, qui est le mouvement de notre souverain Pontife, replie parfois notre vie, et présentement m'applique à vous pour un temps, moi sonnette d'une autre grenade, quoique vous ayez une sonnette bien supérieure ; et voici donc que retentit à vos oreilles ma sonnerie et le son de ma voix, etc. [Reprendre au texte, lig. 9.] (a) Avant de rien créer, Dieu, de toute éternité, jouissait de tous les biens réunis et ne manquait de rien. Pourquoi donc a-t-il créé le monde? Ecoutez la réponse du plus sage des hommes : Le Seigneur a tout fait pour lui, et r impie même [qui doit servir à sa gloire] au jour mauvais. C'est-à-dire : Dieu a tellement tout fait pour sa gloire, qu'il fait servir à cette gloire l'impie  204 Sermons autographes diem malam, id est, calamitosam et perditionis, ruit, ad gloriam suam trahat. Cum enim gloria Dei constet misericordia et justitia, vel uno vel alio modo omnia in ejus gloriam referuntur. Verum gloria Dei duplex est : essentialis una, et propter hanc nihil fecit ; sed tantum Pater genuit Filium et cum eo spiravit Spiritum Sanctum , ut suam perfec- tionem unico illo Verbo exprimeret et unico illo suspirio amaret. Dixi Domino, Deus meus es tu, quoniam. * Ps. XV, I. honorum meoriim non eges * ; non ex indigentia creavit, ut homo générât, sed ex abundantia bonitatis suae quse communicabilis est. Ergo gloria alia est extrin- seca ; et propter hanc omnia fecit : Ut ostenderet di- vitias glorice regni sut, ac magnittidinem potentiœ Vers. 4. siLŒ, ut dicitur de convivio Assueri, Est. i *. Psal. 49** : "Vers. 12-14, ult. ' ^^ Nunquid manducabo carnes taurorwtn ? etc. St esu- riero non dicam tibi. Immola Deo sacrificium laudis, etc. Sacrificium laudis honorificabit me, et illic in laude iter per quod pervenitur ad videndum *Comin.in Psaim., salutare Dei. Genebrardus *. i. Cor. 3. y. ult. : Omnia ocum s. enim vestra sunt, sive Paulus, sive Cephas ; videndus locus mirabilis, et tandem : Vos autem Christi, Chris- tus autem Dei. Omnia in Deum referenda, id est, in  lui-même, ce qu'on n'aurait pas même soupçonné, car celui-ci se précipite vers le jour mauvais, le jour de calamité et de perdition. La gloire de Dieu, en effet, consiste dans sa miséricorde et sa justice ; tout donc, par l'un ou l'autre de ces attributs, contribue à sa gloire. Mais il y a en Dieu deux sortes de gloire : Tune essentielle, et pour cette gloire, il n'a rien créé ; le Père a seulement engendré le Fils et avec lui exhalé l'Esprit-Saint, afin d'exprimer sa perfection par ce seul Verbe et de l'aimer par ce seul soupir. J'ai dit au Seigneur, vous êtes mon Dieu, parce que vous n'ave^ pas besoin de mes biens; l'homme engendre par indigence. Dieu n'a pas créé par ce motif, mais par l'abondance de sa bonté qui est com- municative. Dieu a donc une autre gloire qui lui est extrinsèque; et c'est pour celle-ci qu'il a tout créé : Afin de montrer les richesses de la gloire de son royaume et la grandeur de sa puissance, comme il est dit du festin d'Assuérus. Mangerai-je la chair des taureaux? etc. Si f ai faim, je ne te le dirai pas. Immole a Dieu un sacrifice de louange, etc. Le sacrifice de louange m'honorera, et c'est la, dans cette louange, que se trouve le chemin qui conduit à la vue du salut de Dieu. Génébrard. Tout est a vous, soit Paul, soit Céphas ; voir ce merveilleux passage, et enfin : Mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ à  CXIV. Pour le i" Dimanche de l'Avent 205 gloriam Dei, quem universus mundus laudat per homi- nem tanquam per procuratorem, homo per Christum tanquam per mediatorem, Christus autem per Deum laudat Deum, tanquam per supremum motorem et inspi- ratorem. Sic Apoc. I * et 22 ** : Ego siun Alpha et Oméga. \}^^^^- §• Deus, ex Valentiano, in primam Partem Sancti Thomse*, *Disput. Iii, qu.i, non est finis sui ipsius, unde non fecit iiniversa propter P"^'^^- "i- sejnetipsum* quasi ipse sibi ipsi sit finis agendi, sed * Vide supra. fecit universa propter semetipsum quia finis est universorum ; universa ergo propter laudem Dei facta sunt, ergo laus Dei finis est totius universi. Unde David*: Laudate Dominum de cœlis, etc., et Pueri ** : *^- cxt-vm. ' "Dan., III, 37-90. Benedicite, Cotifitemini, omnia excitant ad Dei lau- dem. Homo est in mundo ut philomela in domo quae alitur, ut cantu suo recreet Dominum mundi. Pline, [Hist. 7îat.,] 1. 10. c. 29, dit qu'un rossignol blanc fut acheté 6 sesterces, c'est a dire 600 escus, pour estre présenté a Aggripina, femme de l'empereur Claudius. Et Cant. VII. f. i : Quid videbitis in Sulamite, (Ms. p. 1^2, verso) nisi choros castrorum ? Bellum istud pacificum ; pace vincit : in pace animae Victoria pugnse cum daemone, et inquietudo animae Victoria dsemonis. Sulamitis, pacifica.  Dieu. Il faut tout rapporter à Dieu, c'est-à-dire à la gloire de Dieu : le monde entier le loue par Torgane de l'homme qui lui sert de procureur; l'homme, par le Christ qui lui sert de médiateur, et le Christ loue Dieu par Dieu lui-même comme par Celui qui donne le mouvement et l'inspiration suprêmes. De même dans l'Apocalypse : Je suis V Alpha et l'Oméga. Dieu, d'après de Valentia, sur la première Partie de saint Thomas, n'est pas sa propre fin. Il n'a donc pas tout fait pour lui-même en ce sens qu'il soit la fin de son action, mais il a fait toutes choses pour lui-même parce qu'il est la fin de tout ce qui existe ; tout donc a été fait pour la louange de Dieu, la louange de Dieu est donc la fin de tout l'univers. C'est pourquoi, invitant toute créature à la louange de Dieu, David dit : Loue^ le Seigneur du haut des cieux, etc., et les trois Enfants [dans la fournaise] : Bénissez-le, rende\-lui grâces. Comme une philomèle qui serait nourrie dans une maison, ainsi l'homme est dans le monde pour récréer par son chant le Maître du monde... Et au Cantique : Qiie verre\-vous dans la Sulamite, sinon les chœurs des camps? Mais cette guerre est pacifique, la paix triomphe : c'est dans la paix de l'âme qu'on remporte la victoire sur le démon, et dans le trouble de l'âme  2o6 Sermons autographes habet castra, et ista castra pugnant choris ; chorus autem multitudo est canentium : Facta est multitudo militice cœlestis cantantium et dicentium : Gloria in excel- * Lucœ, II, 13, 14. sis'^, etc. Sic David vincebat et vinciebat dsemonem * I Reg., XVI, uit. cantu *. Ista militia cantat. Hinc Ecclesia habet suos cantores et laudatores continues. Nolite quserere quare tôt Ecclesise collegiatœ, tôt monachi et monachse : chori sunt castrortim. Id agunt propter quod omnia fecit Dominus. O quam deliciosum ergo canere et psallere * Ps. xci, I. nomini Dei Altissimi *. At vero, sunt cantica omnino aliis suaviora ; cantica enim alia sunt vetera , alia nova. Ut David videtur *Ps. cxLix, I. sensisse cum : Cantate Domino canticum novum'^. Vêtus est illud Mosaicum pro liberatione temporali : * Exod., XV, 1-19. Cantemus Domino, glori ose enim magnificatus est*, *judic., V. et omnia cantica eo tendentia, ut Deborse*, Annœ **, **I Reg., Il, i-io. . r> 1 . ^-^ / • 1 -n matris Samuelis. Canticum novum est quod pro Ke- demptione. Ut Testamentum Antiquum quo terra pro- missionis dabatur, et virtute cujus possidebatur ; Novum Testamentum quo gratia et Ecclesia possidetur, et corpus ipsum Christi quod terra est promissionis. Sic nomen  le démon triomphe. La Sulamite, la pacifique, possède des camps, et ces camps combattent rangés en chœurs ; or le chœur est composé d'une multitude de chanteurs : Une multitude de la milice céleste se réunit, chantant et disant : Gloire au plus haut des deux, etc. Ainsi David triomphait du démon et l'enchaînait par son chant. Cette milice chante. Aussi l'Eglise a-t-elle ses chantres qui continuellement donnent des louanges à Dieu. Oh ! ne demandez pas pourquoi tant de collégiales, de moines, de moniales ! Ce sont les chœurs des camps. Ils réalisent l'intention dans laquelle le Seigneur a tout créé. Qu'il est donc délicieux de chanter et d'entonner des cantiques au nom du Dieu Très-Haut ! Mais il y a des cantiques qui surpassent les autres en suavité; il y en a d'anciens, il y en a de nouveaux. David semble l'avoir en vue lorsqu'il dit : Chante^ au Seigneur un cantique nouveau. Ancien est ce cantique qu'entonnait Moïse pour une délivrance temporelle : Chantons le Seigneur, car il s'est glorieusement signalé. Il en est ainsi de tous les cantiques qui ont le même but, comme ceux de Débora et d'Anne, mère de Samuel. Le cantique iiouveait est celui qui a pour objet la Rédemption. L'Ancien Testament était celui qui donnait la terre promise, et en vertu duquel on la possédait; le Nouveau est celui en vertu duquel nous possédons la grâce, l'Eglise et le corps même  CXIV. Pour le i" Dimanche de l'Avent 207 noviim qiiod os Domini locutum est ; Isa. 62, initio. Vide supra, fol. 60, verso *. * V'ide not. (2), p. X • • . • 11 -°2. Jam mter cantica nova quinque reperiuntur excellen- tissima. Primum fuit Virgineum, Magnificat*; 2*", Ange- * Lues, i, 46-55. licum, Gloria in exceïsis'^ ; 3"", Nunc dim.ittis*^'^ ; **ibld'' '^V'ij -52 4™, Benedictus ; 5", hymno dicto'* (et Grsece hymno *Matt., xxvi, 30. cantato). Hymnus est pro rébus gestis prolixior lau- datio, cantata tamen, unde species est cantici. Quemnam autem hymnum dixerit nescitur. Aliqui existimant dixisse : Confitebor tibi in toto corde meo, in con- cilio Justoriim et congregatione'^^ qui Psalmus de * Ps. ex. Eucharistia et Redemptione ; alii : Laudate Dominiim omnes génies* ; alii, novum. Inter istos ergo prsefe- * Ps. cxvi. rendus iste, ob Authorem ; deinde. Magnificat ; tertio, Gloria in excelsis ; quarto, Nunc dimittis, ob pré- sentera Christum ; quinto, Zachariae. Verum se habent ut excedentia et excessa ; nam quatuor gênera canticorum : [1°.] Phrigium et bellico- sum, ut tubarum in obsidione Hiericho * et contra *Josue,vi, 13-16. Madian * ; et talis videtur fuisse canticum sive hymnus *Judic., vu, 19-22. dictus a Christo post cœnam. 2°. Lydium, ad pacandos ^ V * Vide not. (2), p. animos (pagina sequenti*), et talis fuit : Lœtatiis suin 202.  du Christ qui est la [véritable] terre de promission. Ainsi en est-il de ce nom nouveau prononcé par la bouche du Seigneur. Voir plus haut, folio 60, verso. Or, parmi les cantiques nouveaux il s'en trouve cinq qui surpassent tous les autres en excellence. Le premier est celui de la Sainte Vierge, Magnificat ; le deuxième, celui des Anges, Gloria in excelsis ;\e troisième, Nunc dimitiis; le quatrième, Benedictus ; le cinquième, l'hymne dite (au grec, l'hymne chantée). On appelle hymne l'éloge prolongé des hauts faits accomplis ; comme elle est chantée, c'est une espèce de cantique. Mais quelle hymne a dite le Christ? On ne sait. Quelques-uns pensent qu'il a dit : Confitebor tibi in toto corde meo, in concilia justorum, etc., car c'est le Psaume de l'Eucharistie et de la Rédemp- tion ; d'autres : Laudate Dominum omnes gentes ; d'autres enfin, un cantique nouveau. Parmi ces cantiques donc, il faut préférer le dernier à cause de son Auteur ; ensuite, le Magnificat ; en troisième lieu, le Gloria in excelsis ; quatrièmement, le Nunc dimittis, parce que le Christ était présent ; cinquiè- mement, le cantique de Zacharie. Cependant, l'objet de ces cantiques a plus ou moins d'étendue ; car il y a quatre espèces de chants : [i.] le Phrygien, belliqueux; semblable au son des trompettes qui retentirent au siège de Jéricho et contre Madian : de cette sorte paraît avoir été le cantique ou l'hymne dite par le Christ après la cène. 2. Le  208  Sermons autographes  Ps. cxxi. in his quce dicta siint mihi* ; et Niinc dimittis, ad animum suum, diuturna expectatione fatigatum, recre- andum ; et canticum Puerorum in fornace ad seipsos solandos ; et canticum Annse matris Samuelis ; et hoc etiam utebantur post victorias, ut Cantemus Domino, Vide pag. 206. gloi'iose* , etc. 3°. Doricn, quod ad animes ligandos, con- ciliandos et persuadendos tendit ; taies Psalmi morales, ut Beatus vir qui timet Dominum *, Beati immacu- lati^, etc., Nisi Dominus œdificaverit domum**; talis fuit Magnificat, et Gloria in excelsis. Quartum Myssolydium, lugubre; taie fuit Hieremiae, in Threnis, et forsitan Christi, dum diceret : Deus, Deus meus, ut ; Matt., quid dereliquisti me'^ 7 At canticum Zacharise omnia complectitur. Nam adhortatur ad victoriam spe auxilii salutaris; mulcet: Benedictus, et : Tu, puer, Propheta; ligat : In justitia et sanctitate. Non tamen plangit. Item, sunt cantica prophetica, ut canticum Deus, Deus, respice in iTie'^ ; sunt cantica didascalica, ut Nisi Dominus œdificaverit domum ; sunt cantica laudis, ut Magnificat et Gloria in excelsis ; et sunt cantica adhortatoria , ut Beati. Istud canticum omnia complectitur.  * Ps. CXI. * Ps. CXVllI **Ps. CXXVI,  * Ps. XXI, I XXVII, 46.  * Ps. XXI.  Lydien, pour apaiser les esprits (voir à la page suivante) ; tel est le Psaume : Lœtatus sitm in his quce dicta sunt mihi ; le Nunc dimittis, chanté par Siniéon pour reposer son esprit, fatigué par une longue attente ; le cantique que les Enfants chantaient dans la fournaise pour se réconforter, et celui d'Anne, mère de Samuel. On chantait aussi, après les victoires, des cantiques de ce genre, comme le Cantemus Domino, gloriose, etc. 3. Le Dorien, dont le but est de captiver, de concilier, de persuader les esprits; tels sont les Psaumes moraux, comme ceux-ci : Beatus vir qui timet Dominum, Beati immacuLiti, etc., Nisi Dominus œdificaverit domum; tels furent le Magnificat et le Gloria in excelsis. 4. Le Myssolydien, au ton lugubre; c'est le genre de Jérémie dans les Thrènes, et peut-être aussi du Christ quand il disait : O Dieu, mon Dieu, pourquoi m'ave^l-vous abandonné? Or le cantique de Zacharie comprend tous ces genres. Il excite à la victoire par l'espérance d'un secours libérateur; il apaise : Béni soit, et : Toi, enfant, Prophète ; il captive : Dans la justice et la sainteté. Toutefois, il ne gémit pas. De plus, il y a des cantiques prophétiques, comme celui-ci : Deus, Deus, respice in me ; des cantiques didactiques : Nisi Dominus œdificaverit domum ; des cantiques laudatifs : Magnificat, Qloria in excelsis ; des cantiques d'exhor- tation : Beati. Celui de Zacharie les embrasse tous.  CXIV. Pour le i«'" Dimanche de l'Avent 209 Propter hœc ego illud selegi, sed maxime quia de adventu, id est, Christi, ad quem ut paremus viam * nos * Lucœ, i, 76. adhortatur. Nam praeparatio necessaria est ; et quia nos Ecclesia vult paratos esse agit tripliciter. Primo , in introitu Missœ : Ad te levavi animam meam, Deus meus, in te conjïdo^, cantico Lydio ; mox ** : Nox LF'-t?''.''''/' =• . . In Epistola. prœcessit *, cantu Phrigio ; deinde ** : Erunt signa ***, *^Roni., xm, 12. cantu Myssolydio. Et demum : ecce dies veniunt *, etc., ***Lu^I^x^xt'25. cantu Dorico. Levate animas vestras ad Deum ; dies * •^^''^•' '''''' ^^• appropinquavit*, nam ecce dies veniunt. Et tandem, * Rom., xm, 12. erunt signa; tune Myssolydius cantus, in cœlis qui cum enarraverunt gloriam et misericordiam * enarrabunt * Ps. xvni, i. justitiam et iram : invertentur. Vide conciones super .c El- * ^upra, pp. 26, so. vangelio *. 62,68. ^  la venue  C'est ce motif qui me l'a fait choisir, surtout parce qu'il parle de la du Christ dont il nous exhorte à préparer les voies.. Une préparation est en effet nécessaire ; et comme l'Eglise veut que nous soyons prêts, elle exerce sur nous une triple action. Premièrement, à l'Introït de la Messe : Cest vers vous que j'ai élevé tnon âme, mon Dieu, je me confie en vous, c'est le cantique Lydien; bientôt après : La nuit passe, cantique Phrygien; ensuite : Il y aura des signes, chaut Myssolydien. Puis : Voici venir les jours, etc., chant Dorien. Levez vos âmes vers Dieu; le Jour approche, car voici venir les jours. Et enfin : Il y aura des signes. Le chant Myssolydien s'exécutera dans les deux, qui, après avoir raconté la gloire et la miséricorde, raconteront la justice et la colère : leur rôle sera interverti. Voir les sermons sur cet Evangile.  Serm. II 1^  cxv sommaire d'un sermon sur le premier verset du benedictus POUR LE DEUXIÈME DIMANCHE DE L'AVENT 4 décembre i6i6 (Inédit)  fMs. b. 163 recto) SERM.O 7. DOMINICA SECONDA ADYENTUS Plehis suœ Ad illa verba Deiis Israël, dixi Deum esse Deum Israelis religione. At quare hic fecisse redemptionem plehis suce ? An quia Deus est plebis, an quia plebs Israël est Dei ? Israël est plebs peculiaris Dei, quia Deus selegerat et redemerat ex -^gipto Israelem : sed secundo, ob causam ♦Vide not. (2), p. fol. 154 vcrso allatam *. Cui addendum : Deum, tertio, esse Israelis quia illi toties promissus fuerat, et arrabo- »Geii.,xLix, 10. nem sui adventus dédisse cum Jacob benedixit*; unde •Matt.,xi,2-io.(Cf. venturus a.Tp-pe\\a.tur. Percurrendum Evangelium* : Tu supra, pp. 64, 72.) . , T . , , -^ f , tf -i' j I ^^ qj^^ venturus es, au aUum expectamus f  SEPTIEME SERMON. DEUXIEME DIMANCHE DE L AVENT De son peuple A ces mots : Dieu d'Israël, j"ai montré que le vrai Dieu était l'objet du culte d'Israël. Mais pourquoi est-il dit ici qu'il a opéré la rédemption de son peuple? Est-ce parce qu'il était Dieu du peuple d'Israël, ou parce qu'Israël était le peuple de Dieu ? Israël était le peuple spécial de Dieu parce que Dieu avait choisi Israël et l'avait racheté de la servitude d'Egypte; secondement, pour la cause relatée au verso du folio 134. Il faut ajouter en troisième lieu qu'il était le Dieu d'Israël parce qu'il avait été très souvent promis à ce peuple et qu'il lui avait donné des gages de son arrivée dans la bénédiction de Jacob; aussi l'appelait- on Celui qui doit venir. Parcourir l'Evangile : Efes-vous Celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?   CXVI SERMON SUR LE DEUXIÈME VERSET DU BENEDICTUS 5 décembre 1616 (0 (Inédit)  SERMO 8 (^^- P- 1^4' recto)  Et erexit cornu sahitis nohis  Non est dubium cornu istud salutis esse potentiam regiam, salutarem, Christi Domini, de qua Psal. 131 * : 'Vers. 17. Illuc producam cornu David, paravi lucernam Christo meo. Verum cur Christi regnum, sive régla majestas, sive imperium, vocetur cornu, varia dicunt  HUITIÈME SERMON" Et nous a suscité une corne de salut Nul doute que cette corne de salut ne soit la puissance royale et rédemp- trice du Christ Notre-Seigneur, dont il est parlé au Psaume cxxxi : C'est la que je ferai paraître la corne de David, f ai préparé une lampe à mon Christ. Mais pourquoi le royaume du Christ ou sa majesté royale ou son empire ( I ) Le classement des sermons et la pagination du Ms. autorisent à croire que le saint Evêque prêcha six fois la semaine pendant cette station. Le sermon précédent étant du second Dimanche de l'Avent, celui-ci doit être du lundi ; il est vrai qu'il contient une allusion à l'Evangile de la veille (voir p. 219), mais il faut remarquer que, pendant l'Avent, on doit dans les églises cathédrales et collégiales dire la Messe du Dimanche chacun des jours de la semaine suivante. Par distraction probablement, l'Auteur a répété au titre de cette pièce le numéro 7 déjà attribué au sommaire précédent, qui, dans sa brièveté, doit être complet, puisqu'il occupe le haut d'une page dont tout le surplus est resté en blanc. Les éditeurs se sont cru permis de restituer à ce Sermon le numéro 8 qui lui appartient.  2\2  Sermons autographes  antiqui et moderni, ex quibus multa sane optima eliciun- Aiii aliter. tur. Et quidem, inter veteres ethnicos *, dicunt capram, nomine Amalthaeam, cornu terram fodisse et thesaurum ingentem detexisse quo ditatus fuit caprarius, ut in cornu Amaltheae proverbium de felicitate rerum tempo- ralium. (Est quidem alia fabula, de cornu caprae quae nutrivit Jovem ; sed fabula.) At hoc cornu de quo Propheta, erexit cornu, si recte eo utamur, inveniemus ingentes thesauros documentorum. I . Excipiendum pro initio quod et , comparatione • Vide not. {2), p. rerum, dicitur initio sermonis de Rosario, fol. 12 *. Deinde subjungendum : ita cornu in malam et in bonam partem accipi, ut est bona et mala gloria. Hinc : Dixi iniquis : Nolite inique agere, et delinquentihus : Nolite exal- tare cornu ; nolite tollere in altum cornu vestrum, Ps. Lxxiv, 5, 6. nolite loqui adversus Deum iniquitatem '^. Quod perinde est ac dicat : Quid gloriaris in malitia, qui potens es in iniquitate ? Tota die injustitiam cogi- Ps. Li, 1, 2. tavit lingua tua, sicut novacula acuta fecisti dolum'^. Sed satis erit locus hic : Et omnia cornua peccatorum Ps. Lxxiv, uit. confringam et exaltabuntur cornua j'usti*.  est-il appelé corne ? Les auteurs anciens et modernes en donnent diverses raisons dont plusieurs sont utiles à considérer. On disait parmi les anciens payens qu'une chèvre appelée Amalthée, ayant creusé la terre avec sa corne, découvrit un immense trésor dont fut enrichi le chevrier, si bien que la corne d'Amalthée devint proverbiale pour désigner l'abondance des biens temporels. (Il existe bien un autre récit sur la corne de la chèvre qui nourrit Jupiter, mais c'est une fable.) Si nous usons bien de cette corne dont parle le Prophète lorsqu'il dit : // a suscité une corne, nous y trouverons une mine inépuisable d'enseignements. I. Prendre pour le commencement, en y introduisant les variantes néces- saires, ce qui est dit dans l'exorde du sermon sur le Rosaire, folio 12. Ajou- ter ensuite : le mot corne se prend en bonne et en mauvaise part, comme il y a une bonne et une mauvaise gloire. De là : J'ai dit aux hommes iniques : Ne commette:^ plus riniquitJ, et aux pécheurs : N'exalte^ pas votre corne, néleve^ pas votre corne, ne parle:^ pas iniquement contre Dieu. C'est comme s'il disait : Pourquoi te glorifies-tu dans ta malice, toi qui es puissant en iniquité? Tout le jour ta langue a médité l'injustice, tu as fait ton oeuvre de séduction comme un rasoir affilé. Mais ce passage suffira : Et je briserai toutes les cornes des pécheurs et les cornes des justes seront exaltées.  CXVI. Sur le deuxième verset du Benedictus 213 2. Hic vero in optimam partem accipitur. Et quidem 1°. in mentem venit Samuelem, i. Reg. 16. y. 13, tulisse cornu olei, et unxisse Davidem in medio fratnim suorum. Et initio capitis, f. i et 2, Dominas dixerat : Impie cornu tuum oleo, et veni. Et 3. Reg. c. i. y. 39 : Sumpsitque Sadoc sacerdos cornu olei de taberna- culo. Utrum autem cornu nativum esset, an cornu aureum argenteumve, non convenit inter authores ; et -I-.- 1 -1 T j. A , •■ . 4. . *Bibl.cuni Glossis, Pineda quidem aureum, cum Lyrano * et Abulensi *'^, in i Reg., x, i. fuisse existimat; c. 6. 1. 2, Salomonis Prcevii'^. At mihi ad eund.'locunf.^' sane verius videtur fuisse nativum ; quia coniectura illa * ^^- De Rébus Sa- ^ •* lomonis. qua utitur, asservatum esse oleum sanctum in cornu aureo, nuUo nititur fundamento pro Davidis inaugura- tione, ubi expresse Scriptura Samueli Dominum prece- * j^ qj^^j ^^ j pisse ait : Toile cornu tuum et impie oleo. Neque ^.^g-- ^^ '• . , Comm., m eund. vero aspernanda est observatio Rabani *, Hugonis *'^, locum. r^ ,•*!-> , • ** 01 a_ 1 j- 1 AA* * Hist. Scholast., î;z Comestoris *, Ruperti ** : baul unctum ex lenticula ***, i Rea., cap. xi. vase fragili, David autem cornu, vase firmissimo, quod "DeTnn., etc., m * ' ' ' T- / Neg^., cap. xxiii. regnum Saul fragile , David stabile , futurum ; nam ***l Reg., x, i. quamquam Abulensis et Pineda * existiment lenticulam I.^'^^ !"?'^^^"td ^ ^ _ Annotat.,mIReg., fuisse ex auro, tamen Sa*, et si adducere licet pessimos x, i. ^ , * 1 • 1 . . * La Bible... de Ge- authores , (jrebennenses *, pnialam esse existimant , et neve, in eund. loc  2. Ici, le mot corne est pris en très bonne part. En effet, i. il me revient en mémoire que Samuel apporta une corne pleine d'huile et oignit David au milieu de ses frères. Et au commencement du chapitre, le Seigneur avait dit : Remplis d'huile ta corne et viens... Et Sadoc le prêtre prit la corne d'huile du tabernacle. Cette corne était-elle naturelle, ou était-elle d'or ou d'argent? Les auteurs ne sont pas d'accord sur ce point. Pineda, par exemple, ainsi que Lyranus et Abulensis, estime qu'elle était d'or (chap. vi, liv. II, Prélimi- naires de rHistoire de Salomon). Mais il me paraît plus vraisemblable qu'il s'agissait d'une corne naturelle. Aussi l'opinion de Pineda, d'après laquelle l'huile sainte aurait été conservée dans une corne d'or, n'a aucune valeur quant au sacre de David. L'Ecriture, en effet, enseigne expressément que le Seigneur dit à Samuel : Prends ta corne et remplis-la d'huile. Néanmoins, la remarque faite par Raban, Hugues, Rupert, Comestor, n'est pas à dédaigner : Saùl a été oint de l'huile conservée dans un petit vase fragile, et David, de l'huile conservée dans une corne, vase très solide, ce qui augurait pour Saiil un règne éphémère et pour David un règne durable. Quoique Abulensis et Pineda pensent que le petit vase était d'or. Sa toutefois, et, s'il m'est permis d'alléguer les pires auteurs, les pasteurs de Genève, déclarent qu'il s'agit d'une fiole, que Lyranus prétend avoir été carrée. Et rien n'y contredit dans ce  214 Sermons autographes Ubi pag. prœced. Lyra *, quadratsB figurae. Neque obstat quod dicatur de David : Inveni David servum meum, oleo sancto meo Vers. 21. unxi cum, [Ps.] 88*; nam et forsan oleum sanctum de tabernaculo sumpsit Samuel pro Davide, ut Sadoc pro Vide supra. Salomone *, tamen non in cornu aliquo tabernaculi, sed in cornu suo, quod habebat pênes se ; et forsan etiam, non tulit de tabernaculo, sed sanctificatum et sanctum factum dicitur oleum quod Dei jussu fusum est, vel ab IV Reg., XI, 12. ipso Propheta benedictum. At Salomon et Joas * uncti sunt oleo sancto tabernaculi. Utut sit, oleum sanctum unctionis regum ostendit reges sanctos esse debere, et addictissimos, sive conju- gales et sodales, sacerdotum ; quippe qui eodem oleo unguntur, ut ipsius sacerdotis appendices et cooperato- res. Sane opus erat dispensatione ut oleum sacerdotale Comm. inPsaim. rcgibus uugeudis adhibcretur, ut ait Genebrardus* dicto Vers. 32. loco Psalmi. Nam Exod. 30 *, praeceptum erat ne unge- retur caro hominis oleo sancto sacerdotibus ungendis destinato. Verum ut sacerdotes sunt angeli ad regimen spirituale missi, ita et reges non mère homines, sed etiam angeli ad regimen temporale deputati. Et cons- pirare debent reges et sacerdotes, qui eodem oleo  qui est dit de David : J'ai trouvé David, mon serviteur, je Vai oint de mon huile sainte; il se peut en effet que Samuel, pour sacrer David, ait pris l'huile sainte du Tabernacle, comme Sadoc le fit pour Salomon, sans cependant qu'il ait employé une corne du tabernacle, car il a pu se servir d'une corne qui était à son usage. Peut-être aussi n'a-t-il pas pris de l'huile du tabernacle, mais on appelait sanctifiée et sainte l'huile que Dieu avait ordonné de répandre ou que le Prophète avait bénite. Il est certain toutefois que Salomon et Joas ont été oints de l'huile sainte du tabernacle. Quoi qu'il en soit, l'huile sainte employée pour le sacre des rois démontre que les rois doivent être saints et qu'ils sont adjoints aux prêtres, qu'ils sont leurs collaborateurs et leurs associés. Ils sont, en effet, oints de la même huile, comme auxiliaires du prêtre et ses coopérateurs. Evidemment, il fallait une dispense, comme dit Génébrard sur ce passage du Psaume, pour faire servir l'huile sacerdotale à l'onction des rois, car il était défendu d'oindre toute chair d'homme de cette huile sainte destinée au sacre des prêtres. Mais tout ainsi que les prêtres sont des anges préposés au gouvernement spirituel, ainsi les rois sont moins des hommes que des anges délégués au gouvernement temporel. Oints de la même huile, rois et prêtres doivent marcher de concert, de telle sorte néanmoins que les prêtres gardent toujours le premier rang.  CXVI. Sur le deuxième verset du Benedictus 215 unguntur; ita tamen ut sacerdotes semper primarii, quibus oleum primo et per se deputatur, reges vero coadjutores, quibus per dipensationem et extensionem oleum applicatur. Cornu autem Samuelis quale fuerit non facile dixerim ; sane cornibus utebantur antiqui et ad potum (hinc crater, quasi xipaç) et ad sonum, et ad salem et oleum utebantur. Qua de re vide Viegas in Apocalipsim*. Pastoritium autem est vas * Ad cap. v, 6. quo unguntur reges , ut ipsi pastores sint non vel- licatores. Neque vero legimus aliquem regum in cornu olei unctum prseter David et Salomonem, quod observatione dignius existimo. 4. Reg. 9*, ungitur Jehu, sed oleo *Vers. 3, 6. lenticulae. Et 3. Reg. 19 *, precipitur Relise ut ungat * Vers. 15, 16. Ha^ael roy de Syrie et Jehu sur Israël, mais il n'est point dit qu'accipiat cornu. Et David fuit unctus ter : semel in Betleem a Samuele *; secundo in Hebron, *Videsupra,p.2i3. 2. Reg. 2 *, a tribu Juda ; et, 2. Reg. 5**, iterum in '^y^""^- '<• Hebron, ab universo Israël. Prima unctione, jus ad regnum; secunda, possessionem Juda; tertia, Israël. Pri- ma, cor tnundum; secunda, spiritum rectum; tertia, spiritum principalem *. Et Joas, 4. Reg. XI **. ♦*Vers.' 12!  car l'huile leur a été d'abord immédiatement destinée, et que les rois soient leurs auxiliaires, puisque l'huile ne leur est appliquée que par dispense et par extension. Quant à la corne de Samuel, il me serait difficile de dire de quelle nature elle était. Les anciens se servaient certainement de cornes pour boire (de là le mot crater, coupe, comme xspaç, corne) et pour contenir le sel et l'huile; ils en usaient aussi à guise d'instruments de musique. Voir sur ce point Viégas, Commentaires de l'Apocalypse. On emploie un vase pastoral pour oindre les rois, afin [de leur signifier qu'ils doivent être] de vrais pasteurs et non des tondeurs. Au reste, nous ne lisons pas qu'aucun roi, sauf David et Salomon, ait été oint avec la corne d'huile, ce que je crois fort digne d'être observé. Jéhu est oint, mais avec l'huile du petit vase. Elie reçoit Tordre d'oindre Ha\aël roi de Syrie et Jéhu sur Israël, mais il n'est point dit qu'il doive se servir de la corne. David fut oint trois fois : une première fois à Bethléem par Samuel; une seconde fois à Hebron par la tribu de Juda, et de nouveau à Hebron par tout Israël. La première onction lui conféra le droit au royaume; la seconde, la possession de Juda ; la troisième, celle d'Israël. La première lui donna un cœur pur ; la deuxième, un esprit droit; la troisième, un esprit par/ait. Et joas.  2i6 Sermons autographes Hinc primus sensus consurgit. Et erexit cornu salutis nobis, id est, regnum salutis ; nam quia rex David unctus oleo cornu, rite regnum per cornu exprimitur, regnum salutis : quod vero ad id alludat Propheta, facile est existimare, cum addit : m domo David pueri sui. Cum enim in domo David regnum cornu stabilitum sit, in ejus et Salomonis unctione, per cornu salutis in ejus domo regnum salutis expri- »Ubisupra,p..ii. mit. Hinc illic producam cornu David*; et forsan idem est sensus. Isaiae, 5. ^. i et 2 : Vinea facta est dilecto mec in (Msp..6,,.erso) comufilio oUi , id est, regnum Israël stabilitum est Ubisupra,p..i3. (n comu oleo pleno : Impie cornu tuum oleo''. Et sensu prophetico, Ecclesia vinea Y^qx facta est in regno Christi, vel in Christo, qui per cornu quod continebat oleum representabatur. Illic producam cornu David; ■'Cant.,!,^. fiiio olei, unguento pleno : Oleum efftisum nomen*- »Ps.xuv,8;Heb., et, Unxit te Deus prœ participibus tuis *, ut a te , j ^. tanquam a cornu primario omnes reges ungerentur, ut Apocl^x^x^iV. '^' dicereris Rex regum et Dominus dominantium *, 'Joan.,!, 16. et de tu3, plenitudine omnes reges acciperent *, ut  De ce qui précède ressort un premier sens. Et nous a suscité une corne de salut, c'est-à-dire, le royaume du salut; car puisque le roi David a été oint de 1 huile de la corne, c'est avec raison que le royaume est désigné par la corne royaume de salut. "Et que le Prophète fasse allusion à ce règne, il est facile de lé conclure de ce qu'il ajoute : dans la maison de David son serviteur Comme dans l'onction de David et de Salomon, c'est par la corne que le royaume a été fondé dans la maison de David, ainsi, par le mot corne de salut, le Prophète indique que c'est dans la maison de David qu'a été fondé le royaume du salut De là viennent ces mots : Cest là que je ferai paraître la corne de David mots qui ont peut-être le même sens. ' Isaïe : Mon bien-aim- a acquis une vigne dans la corne du fils de Vhuile ■ c_est-à-dire, le royaume d'Israël a été fondé sur une corne pleine d'/ntile • ^emplts dltutle ta corne. Au sens prophétique, Dieu a planté sa vl^nè, 1 tglise, dans le royaume du Christ, ou dans le Christ représenté par la corne qui contenait l'huile. C'est la que je ferai paraître la corne de David ■ fils de l huile ou riche en parfums: Votre nom est une huile répandue; et Dieu vous a oint d'une manière plus excellente que ceux qui participeront a votre gloire, afin que tous les rois puisent l'huile de leur onction en vous, comme en une corne première, que vous soyez appelé Roi des rois et Seigneur des seigneurs, et que tous les rois reçoivent de votre plénitude, selon votre  CXVI. Sur le deuxième verset du Benedictus 217 praedixeras : Per me reges régnant *, etc. Cornu autem dicitur Christus filius olei, id est repletus oleo, ut filius iniquitatis, filius peccati, id est, plenus ini- quitate. Hinc : Protector meus et cornu salutis mece *, cornu plénum salute, salutare, protegens. Maldonatus hic * ait regem dici cornu, quia gloria et protectio est reipublicas, sicut cornu vis, robur ac gloria animalium cornutorum; vide eum in Psalm. 88,]?^. 21. Porro locum Isaiœ, 5, de Christo intelligunt Origenes *, cujus vide testimonium in Catena aurea*, Rupertus**, Aymo***, Theophilactus *, Eusebius, 1. 4. Demonstr., c. 15, apud Rio*, Adag. 691, i* Partis. Dicunt autem cornu esse Christum, et esse s\m\i\ filium olei, quia unxit eum Deus oleo lœtitiœ*, et quia Christus unctus, et unguen- tum effusum nomen ejus *. 2. Notandum cornu arietino jubileum olim solere intimari, ut plerique doctissimi viri existimant, quam- vis Ribera, 1. 5. de Templo, c. xxiiii. num. 9. et seq., existimet esse bubulinas. Arietinas tamen fuisse eas quibus clangebant in festo tuharum nemo negat (et vide eumdem, eodem [libro,] ce. 9. et 10); quod  * Prov., VIII, 15. • Ps. XVII, 3, * Scil. in Luc, i, 69.  * Hom. X in Lucam. * Ad Lucse i, 69. *''De Trin., etc. In Isaiam, 1. I, c. xvi. **'Comm. in Is., 1. I, c. V. * Comm. in Luc, ad cap. i, 6g. * Adagialia sacra Vet. et Novi Test. * Ps. XLIV, 8. * Cant., i, 2.  prophétie : Par moi régnent les rois, etc. Mais cette corne qui est le Christ, est appelée fils de Thuile, c'est-à-dire qu'elle est remplie d'huile ; comme fils d'iniquité, fils de péché, signifie plein d'iniquité. De même : Mon pro- tecteur et la corne de mon salut équivaut à corne pleine de salut, salutaire, protectrice. A ce passage, Maldonat dit que le roi est appelé corne parce qu'il est la gloire et le défenseur de l'Etat, comme la corne est la force, la puissance, l'ornement des animaux qui la portent. Voir cet auteur, sur le Psaume lxxxviii, 21. Origène (voir son témoignage dans la Chaîne d'or), Rupert, Haimon, Théophylacte, Eusèbe (liv. IV des Démonstrations, chap. xv)^ diaprés Rio (Adage dcxci de la P- Partie), appliquent au Christ ce passage d'Isaïe, et disent que le Christ est à la fois la corne et le fils de l'huile, parce que Dieu l'a oint de V huile de la Joie, que le Christ est oint et que son nom est un parfum répandu. 2. Il faut remarquer que les trompettes au son desquelles on annonçait le jubilé étaient de cornes de bélier; c'est l'opinion de la plupart des hommes savants, bien que Ribéra (liv. V sur le Temple, chap. xxiv, n» 9 et suivants) pense qu'elles étaient de cornes de taureau. C'étaient des cornes de bélier qu'on faisait résonner à Uféte des trompettes, nul ne le nie (et voir le même auteur, au même [livre,] chap. ix et x). Cette fête se célébrait le premier jour du  2i8 Sermons autographes celebrabatur prima die mensis septimi , ut habetur * Vers. 10. Num. lo*, Levit. 23**, et Num. 29***. Solemnitas Vers 2/1 ***Vers. I.' enim illa celebrabatur in memoriam liberati Isaac a morte per visionem arietis, sive vices ejus in subeunda * Gen., XXII, 13. morte gerente ariete, haerente coniibus inter vêpres*. Jubileum autem ab obel derivari, id est, cornu arietino. Vide Toletus, in cap. 7. Joannis, ubi de festis Judeorum ; ubi tanquam probabilem récitât causam eam liberati Isaac, quamvis probabiliorem existimet esse quod clan- *Exod., XIX, 16,19. gor audiretur dum Lex daretur in monte Synaï *. Sed idem Toletus ait, lib. 6. Siimmœ suse, c. 24. in jubileo sonitum tubae arietinae fieri consuevisse , et inde jobi- leum ab obel dictum. Toletus item, eodem loco, et * Vers. 4. Belarminus, in Psal. 80, existimant versiculum illum * : Buccinate in neomenia tuba, restringi ad festum tiibarum, quia alise neomeniae non erant insignes, neque sabbatizabatur, sed tantum in neomenia Septembri, in qua occurrebat festum tubarum. Mihi videntur rationes * Ubipag.prœced., Riberas Icves quas contra cornu arietinum affert *. linea i8. Jam secundus aperitur sensus. Quid enim est erigere cornu salutis, quam tubam, id est, prsedicationem, salutis extollere ; juxta illud : Qiiasi tuba exalta vocem  septième mois, comme il est dit Num., x, Levit., xxiii, et Num., xxix. La solen- nité des trompettes se célébrait en mémoire de la délivrance d'Isaac, sauvé de la mort à Tapparition du bélier qui, embarrassé par les cornes dans un buisson, fut immolé à la place d'Isaac. Le mot de jubilé dérive à'obel qui signifie corne de bélier. Voir Tolet sur le chap. vu de saint Jean, où il traite des fêtes en usage chez les Juifs; il regarde la délivrance d'Isaac comme cause probable de l'institution de cette fête, quoiqu'il admette comme une cause plus pro- bable encore le son des trompettes qui retentissaient lorsque la Loi fut donnée sur le mont Sinai. Mais le même Tolet dit, liv. VI de sa Somme, chap. xxiv, qu'on avait coutume au jubilé de faire résonner les cornes de bélier et que d'obel on fit le mot jubilé. De plus, Tolet, au même endroit, et Bellarmin, sur le Psaume lxxx, pensent que ce verset : Sontie^ de la trompette en ce premier jour du mois, ne s'applique qu'à la fête des trompettes, parce que les autre néoménies n'avaient rien de très solennel et que l'on n'observait le repos sabbatique qu'à la seule néoménie de septembre où se rencontrait la fête des trompettes. Les raisons qu'apporte Ribéra contre les cornes de bélier me paraissent faibles. Mais voici un second sens. Qu'est-ce que susciter la corne du salut, sinon faire retentir la trompette ou la prédication du salut, suivant cette parole : Elève ta  CXVI. Sur le deuxième verset du Benedictus 219 tuam *? Ecce enim verus jubileus, tempus remissionis, * is., Lvm, i. per redemptionem omnium*: Bcce nunc tempus acce- * Levit., xxv, 10. ptabile, ecce nunc dies salutis *. Clangimus autem *iiCor., vi, 2. tuba cornea, et arietina, id est, in virtute Christi nunc cantamus, ut Psalm. 97 * dicitur : Psallite Domino in «Vers. 5, 6. citara, in citara et voce psalmi, in tubis ductilibtis et argenteis, et voce tubœ corneœ. Quo loco Belarmi- nus * per quatuor instrumenta quatuor virtutes cardinales * Explan. in Psalm. intelligit : cithara , prudentiam ; psalterium decem chordariim'^, justitiam mandatorum ; tubae, ductiles * Ps. xxxn, 2. ictibus malleatorum effectae, fortitudinem ; tuba cornea, temperantiam. Dici posset cytaram esse fidem ; psalte- rium, spem ; tubas ductiles, pœnitentiam ; cornea porro, charitatem, in qua jubileum et quia cornu vis, robur, gloria animalis. Sic autem Evangelicae tubae, Apostoli, muros Hieri- chuntinos destruunt * : In omnem terram exivit sonus * Josue, vi, 13-17. eorum *. At ante omnes tubas ecce Joannes prœcurrit * Ps. xvm, 5. omnes, missus a Pâtre ante Filium , vel coram Filio, »is.,xl, 3-Matt., et vox clamantis in deserto'^, etc. Tam veniendum xi,io;joan., 1,6,23. -' *Matt.,xi,2-io.(Vi- est ad Evangelium Dominicse *, hoc modo : Verum ut denot. (i), p. 211.)  voix comme la trompette? Voici, en effet, le vrai jubilé, le temps de la rémis- sion par la rédemption universelle : Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant les jours de salut. Maintenant nous faisons résonner notre trompette de corne et de corne de bélier, c'est-à-dire, nous chantons mainte- nant dans la puissance du Christ, comme il est dit au Psaume xcvii : Chante^ sur la harpe des cantiques au Seigneur, sur la harpe et sur rinstrument à dix cordes, au son des trompettes de métal battu au marteau, et des trompettes d'argent, au son de la trompette de corne. En cet endroit, Bellarmin reconnaît dans les quatre instruments [le symbole] des quatre vertus cardinales : la harpe représente la prudence ; le psaltérion a dix cordes, la justice des com- mandements ; les trompettes battues au marteau, la force ; la trompette de corne, la tempérance. On pourrait dire que la harpe est la foi; le psaltérion, l'espérance; la trompette battue au marteau, la pénitence; celle de corne, la charité, qui contient la jubilation, et aussi parce que la corne est la force, la défense, la gloire de l'animal. C'est ainsi que les trompettes évangéliques, les Apôtres, renversent les murs de Jéricho : Leur bruit s'est répandu dans toute la terre. Cependant, avant toutes les trompettes, voici Jean qui devance tous les autres, envoyé par le Père au-devant du Fils ou en face du Fils : c'est la voix de celui qui crie dans le désert, etc. Arriver par cette parole à l'Evangile du Dimanche et  220 Sermons autographes etiam aliquid de Evangelio, et hac insigni tuba, dicamus, mirum est eum ignorare videri Christum esse cornu illud quod erexit, etc. (Ms. p. 165, recto) 3. Job, 16. ;^. 16 : Saccum consul super cutem meam, et operui cinere carnem meam. Hebraice : abjeci * Aliter W\h\ïzcMm. in pulvere cornu meiim.; vide Biblia magna*, in mar- Glossa ordinaria. . ,. ,,, tt. -r-- »i gme, ad signum stellae, et Hebrseam. Ezech. 2g. f. ult. : In die illo pullulabit cornu domui Israël, et tibi dabo apertum os in medio eorum, et scient quia ego *Videsupra,p.2ii. Dominus. In Psalm. *, ubi habemus : Illic producam cornu David, Hebraice : germinare faciam ; vide * In loc. Ps. cxxxi. Genebrardum et Belarminum *. Et ecce tertius sensus ; similitudine ducta a cervo qui quotannis menso Februario et Martio cornua abjicit quae reciperat ; mense Martio desinente et Aprile incipiente, ilz commencent a jetter leurs bosses. iVbjectis cornibus abscondunt se ; ilz se recèlent dans leurs fortz et buis- *Gen., in, 8. sons, etc. Heu ! abscondit se Adam *, quia gratiam et *Jonœ, 1, 3. cornua perdiderat ; fugit Jonas * ; et David** : Averte faciem. tuam a peccatis mets , etc. ; donec venir et »*Ve°s' 2"^' ^^' desiderium collium œternorum *. Et Job, 7 ** : Sicut cervus desiderat umbram, et sicut mercenarius  commencer de cette manière : Pour dire aussi un mot de l'Evangile et de cette illustre trompette, il est étonnant que Jean ne semble pas reconnaître dans le Christ cette corne que Dieu a suscitée, etc. ^■J'ai étendu un sac sur ma peau etfai couvert ma chair de cendres.En hébreu : J'ai humilié ma corne dans la poussière ; voir la grande Bible, en marge, à l'astérisque, et l'hébreu : En ce jour-la, je ferai repousser la corne de la maison d'Israël, et je t'ouvrirai la bouche au milieu d'eux, et ils sauront que c'est moi qui suis le Seigneur. Au Psaume où nous avons : C'est là que je ferai paraître la corne de David, l'hébreu porte : Je ferai pousser. Voir Génébrard et Bellarmin. Voici le troisième sens. C'est une comparaison tirée du cerf qui chaque année, au mois de février ou de mars, dépose les bois qui lui avaient poussé [l'année précédente] ; à la fin de mars et au commencement d'avril, ils commencent à jeter leurs bosses. Après avoir déposé leurs bois, les cerfs se cachent; ils se recèlent dans leurs forts et buissons, etc. Hélas ! Adam se cacha parce qu'il avait perdu la grâce et sa dignité ; Jonas s'enfuit, et David s'écrie : Détourne^ voire face de mes péchés, etc. ; jusqu'à ce que vienne le Désiré des collines éternelles. Et Job : Comme le cerf souhaite l'ombre, et comme le mercenaire  CXVI. Sur le deuxième verset du Benedictus 221 prœstolatiir finem operis suis, sic ego habui menses vacuos, et noctes laboriosas enumeravi rnihi : sed jam aliter legendum, serviis. Psal. 21 in titulo, plerique, pro eo quod habet Editio nostra : Pro susceptione matutina, legunt cum Hieronimo * : Pko cervo rnatii- * Comm. in Osée, tino, vel, Pro cerva matutina. Et hoc corroboraret ' '^ cap.vi, 3. similitudinem nostram ; nam ibi Christus, sicut cervus cujus incipiunt cornua erumpere , habet ea sanguine madida et tenera ut non audeat in publicum venire, sic Christus tempore Passionis habebat gloriam sanguine tinctam et teneram. Cornu est gloria ac potentia. Dixi iniquis : Nolite inique agere , et delinquentihus : Nolite exaltare [cornu] ; nolite extollere in altum cornu vestrum, nolite loqui adversus Deutn iniquitatem. Omnia cornua peccatorum confringam, et exaltahuntur cornua justi'^. Confringam, retundam. Sic Mosis *Ps.lxxiv, 5,6,uit. cornuta erat faciès, ita ut non possent intendere filii Israël infaciem ejus ; Exod. 34*. Cornuta, Hebraice, 'Vers. 29, 30; 11 radians; Septuaginta, glorificata. [Psalm.] 91 * : ^/ • Vers!"î/-i3^ exaltabitur sicut unicornis cornu meum, et senectus mea in misericordia uberi. Et despexit oculus ineus super inimicos meos, et in insurgentibus in me  attend la fin de son travail, ainsi j" ai eu des mois vides et des 7tuits laborieuses. Mais au lieu de cerf, on peut lire serviteur. Psaume xxi, au lieu du texte de notre Edition : Pour Faccueil du matin, plusieurs lisent au titre avec saint Jérôme : Pour le cerf matinal, ou bien : Pour la biche matinale, ce qui confirmerait notre comparaison; car, dans ce passage, le Christ, comme un cerf dont les bois commencent à poindre, a les siens tout tendres et humides de sang au point qu'il n'ose paraître en public. Tel était le Christ au temps de sa Passion : sa gloire était encore toute teinte de sang et paraissait à peine. La corne est gloire et puissance. J^ai dit aux hommes iniques : Ne cotnmette:^ plus l'iniquité, et aux pécheurs : N'exalte:^ pas votre corne, néleve^ pas votre corne, ne parle^ pas iniquement contre Dieu. Je briserai toutes les cornes des pécheurs, et les cornes des justes seront exaltées. Je briserai, j'émousserai. Ainsi le visage de Moïse était entouré de rayons de lumière semblables à des cornes, afin que les enfants d'Israël ne pussent regarder sur sa face. Cornuta, selon l'hébreu, radieuse; d'après les Septante, glorifiée. Et ma corne sera élevée comme celle d'une licorne, et ma vieillesse, comblée d'une miséricorde abondante. Mon œil a regardé avec mépris mes ennemis, et ton  222 Sermons autographes inalignaniihiis audiet auris tua, Jastus ut palma Jlorebit, etc. Vox Dilecti meî ; ecce iste venit saliens in mon- tibus, transiliens colles. Siinilis est Dilectus meus capreœ Jiinniiloque cervorum ; en ipse stat post parietem nostrum, respicietis per cancellos, prospi- ciens per fenestras. Adjuro vos per capreas cer- vosque camporiim (caprese, dorcas, chevreul, acutissimi *Hom.yin Cant., visus i ut notat Nissenus * apud Rio **, et cervus acutis- circa initmm. , •* t *»Comm. et Cate- simi auditus) ; Cant. 2 '^. Et eodem cap.** : Dilectus meus nainCant., in loca. ,■, , , 'ii • c • •? • j. r\ -j ^ ■ l 'Vers. 8, 9, 7. miht, ct cgo tlli. Simtlts esto, Dilecte 7ni, capreœ "Vers. 16, 17. Jiinniiloque cervorum super montes Bether, prserup- *Vers. uit. tos, cavitatibus prsefractos. Et cap. 8 * : Fuge, Dilecte mi, et assimilare capreœ hinnulo que cervorum super montes aromatiun. Adjuro vos, filiœ Hierusalem, per capreas hinnulosque cervorum, ne suscitetis neque * Cant., 11, 7. evigilare faciatis dilectam quoadusqiie ipsa velit* . *Vers. 13, 14. Job, ultimo * : Fuerunt ei septem filii, dona Spiritus Sancti, et très filiœ ,• unam vocavit Diem, secundam Cassiam, tertiam Corniistibii (Septuaginta : Cornu Amaltheœ). Mistice : fidem Catholicam, quse dies res- pectu fidei Patrum : Nox prœcessit, dies autem appro-  oreille entendra avec complaisance [l'annonce de] la ruine des méchants qui s'élèvent contre moi. Le juste fleurira comme le palmier. J'entends la voix de mon Bien-Aimé ; le voici qui vient sautant sur les mon- tagnes, franchissant les collines. Mon Bien-Aimé est semblable au chevreuil et au faon des biches; le voici qui se tient derrière notre muraille, regardant a travers les barreaux, observant par les fenêtres. Je vous adjure par les chevreuils et les cerfs des champs. (La biche et le chevreuil ont la vue très perçante, comme le remarque saint Grégoire de Nysse, d'après Rio, et le cerf a l'ouïe très fine.) Et dans le même chapitre : Mon Bien-Aimé est à moi ei moi je suis à lui. Soye^ semblable, mon Bien-Aimé, au chevreuil et au faon des biches sur les 7nontagnes de Béther, taillées à pic, sillonnées de cavernes profondes. Et chap. viii : Fuye^, mon Bien-Aimé, et soye^ semblable au che- vreuil et au faon des biches, sur les montagnes des aromates. Je vous adjure, files de Jérusalem, par les chevreuils et le faon des biches, ne trouble^ pas et ne réveille^ pas ma bien-aimée jusqua ce qu elle-même le veuille. Il est dit de Job au dernier chapitre de son livre qu';7 eut sept fils, qui représentent les sept dons du Saint-Esprit, et trois filles : il nomma la première Jour, la seconde, Cassie, la troisième, Cornustibie (selon les Septante : Corne d'Amalthcc). Au sens mystique, [la première représente] la foi catholique,  CXVI. Sur le deuxième verset du Benedictus 223 pinquavit *. Spem odoratissimam ; ut canes venatici * Rom., xm. 12. odorantur ; ut Alexander Magnus, navigans in Arabiam fœlicem, e Sinu Persico, odore*. Cornustihii, vel cornu * Pii°-' Hist. nat. Amaltneœ, stibio fucare : abondance d embelhssemens xui). ou de grâce, ou abondance de richesses et de biens. Canticum Habacuc, 3*: Domine, audivi auditio- * Vers. 1-6. mm tuam et timui. Obstupui, ut Angeli tremunt, non metu mali sed reverentia et religione ; horrendum sacri- ficium. Domine, opus tuam., in medio annorum vivi- fica illiid. Opus tuum, genus humanum, nam opus videtur Dei : Formavit ex limo terrce et vivificavit, inspiravit spiraculum vitce *, in initio annorum, jam * Gen., u, 7. vero in medio annorum, vivifica illud, nam mortuum erat. In medio annorum notum faciès ; cum iratus fiieris }nisericordice recordaberis. Deus ab anstro veniet, et Sanctus de monte Pharan ; en Seir et jnonte Pharan'^, montaignes esquelles passèrent les enfans * Deut., xxxm, 2. d'Israël, et vindrent en la terre de promission. Id est : Dominus qui in monte Seir et Pharan afFuit, veniet ; operuit cœlos gloria ejiis et laudis ejus plena est terra. Splendor ejus ut lux erit, cornua in manibus ej'us : magno consensu de Cruce. Ibi abscondita est  qui est le plein jour, si on la compare à la foi des Patriarches : La nut't passe, et le jour approche. [La seconde,] l'espérance avec son parfum exquis. Ainsi les chiens de chasse sentent le gibier ; ainsi Alexandre le Grand voguant vers l'Arabie heureuse en sentit les parfums, étant dans le golfe Persique. Cornusfibte ou corne d'Amalthêe ; se farder avec de l'antimoine : abondance d'embellissements ou de grâce, ou abondance de richesses et de biens. Cantique d'Habacuc : Seto-neur, j'ai entendu votre parole et J'ai craint. J'ai été stupéfait en voyant comme les Anges tremblent, non de crainte, mais de respect et de religion (redoutable sacrifice). Seigneur, c'est votre œuvre, vtvtfie^- la au milieu des années. Votre œuvre, le genre humain, qui^semble avoir coûté un travail à Dieu : Il forma [l'homme] du limon de la terre et le vivifia, il lui inspira un souffle de vie au commencement des années ; mais maintenant, au milieu des années, vivifiez-le, car il était mort. Au milieu des années vous fere^ connaître votre œuvre ; lorsque vous sere^ irrité, vous vous souviendrez de la miséricorde. Dieu viendra du midi, et le Saint, de la montagne de Pharan; de Siïr et de la montagne de Pharan, montagnes par lesquelles passèrent les enfants d'Israël pour arriver en la terre de promission. C'est-à-dire : Le Seigneur qui a été présent sur la montagne de Séir et de Pharan, viendra; sa gloire a couvert les deux et la terre est remplie de sa louange. Sa splendeur brillera comme la  224 Sermons autographes fortitudo ejus. Ante faciem ej'us ihit mors, id est, abibit, et egredietur diabolus ante pedes ejus. Stetit et menstis est terram. Vers. 14, 17, i8. Ad Gai. 6* : Mïhi autem absit gloriari nisi in Criice Domini nostri Jesii Christi, per qiiein inihi mundus crucifixus est, et ego inundo. De ccetero, nemo mihi molestus stt, ego enim stïgmata Domini Jesii in corpore meo porto. Gratia Domini nostri Jesii Christi cuin spiritu vestro. Amen. De Martiribus, vide fol. 67 *.  lumière, les cornes sont dans ses mains. C'est avec beaucoup d'unanimité que les commentateurs appliquent ce passage à la Croix. Là, sa force a été cachée. La mort ira devant sa face, c'est-à-dire s'en ira, et le diable sortira devant ses pieds. Il s'est arrêté, et il a mesuré la terre. Pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie si ce liest dans la Croix de J^otre-Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde ni' est crucifié, et moi, au monde. Au reste, que personne ne m'importune plus, car je porte en mon corps les stigmates du Seigneur Jésus. Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit. Amen. Sur les Martyrs, voir folio 67.  Vide not. (2), p.  CXVII PLAN D'un autre sermon SUR LE DEUXIÈME VERSET DU BENEDICTUS Avent 1616 (Inédit)  In domo David pueri sui  (Ms. p. 16^, verso)  Quaestio est cur potius domus David quam Salomonis, vel Roboam, vel Ezechiae, vel Josaphat, vel Josiœ. Respondetur quia regnum David fuit illustrissimum. 1°. In Davide origo regni ; fuit enim ipse primus regum in ejus familia, et gratis electus de post fœtantes^, et fuit Propheta ; et fuit ter unctus *, qua in re Christum * Vide supra, p.21 5. expressit. In prima unctione accepit cor mundum et spiritum rectum * {Dilexisti jiistitiam et odisti ini- quitatem*); in secunda, spiritum sanctum prophetiœ ; in tertia, spiritum principalem *, et, quemadmodum * Ps. l, 13, 14. Christus , fuit unctus prœ participibus suis *. Sic *Ps.xLiv,8;Heb., humanitas Christi accepit cor mundum et rectum in '' *^' unione, gratia unionis ; Spiritum Sanctum, ob gratiam  Ps. LXXVII, 70.  •Ps. L, 12. * Ps. XLIV, 8.  Dans la maison de David son serviteur La question est : pourquoi plutôt la maison de David que celle de Salomon, ou de Roboam, d'Ezéchias, de Josaphat, de Josias ? Nous répondons que le règne de David fut le plus illustre. I. Le royaume prit commencement en David, qui fut le premier roi de sa famille, choisi sans mérite de sa part quand il conduisait ses troupeaux. David fut Prophète et fut trois fois oint ; il devint en cela la figure du Christ. Dans la première onction il reçut un cœur pur et un esprit droit (Vous ave^ aimé la justice et haï l'iniquité); dans la seconde, le saint esprit de prophétie ; dans la troisième, l'esprit parfait ; et comme le Christ, il a été oint d'une manière plus excellente que ceux qui devaient participer à sa gloire. Ainsi l'humanité du Christ en s'unissant à la Divinité, a reçu en vertu de cette union un cœur pur et droit ; r Esprit-Saint, par la grâce du sacerdoce et le don de prophétie (à son Serm. II  220  Sermons autographes  • Matt., m, i6, 17; Lucje, III, 22. • Is., LXi, I ; Lucje. IV, 18. • Cant., I, 2. • Ps. Lxxxviii, 21. • I Reg., XVI, i).  * Ps. XLIV, 3. * Eccli., XXIV, 19.  * Pierius, Hiero- glyph. LUI, c. XVI. Cf. Corn, a Lap., in Eccli., XXIV, 19. * Paulin., in Vita S. Ambr., § 3. *I Reg., XVII, 26,49- Si; Eccli. ,xLvii, 4-6. * Joan., XII, 31.  * I Reg., XVII, 39. • Ibid., y. 43. * Prœfat. de Cruce. • I Cor., I. 27. **Habacuc, m, 4. * Moral., in Job, 1. XXXIII, in cap. XL, 19 seq. **Coinm. in Job, in eundeni locum. • Plin., Hist. nat., 1. VIII, c. XXIV fa/, xxxvi).  sacerdotalem et propheticam (in baptismo Spii'itus Sanctus visus e.st : Hic est Filins meus dilectus *J ; et spiritum principalem, seu regium. Spii'itus Domini super me, eo quod unxerit me *. Unde : Unguentum ejfusum nomen tuum *. Inveni David servum meum, oleo saiicto meo unxi eum *. Prima unctio David facta est in domo patris* ; sic prima Christi in utero Matris. Oleum ejfusum ; Diffusa est gratia in labiis tuis, propterea benedixit te Deus in œternum *; oleum effusum doctrinœ. Sicut oliva speciosa in campis*'; et mira virtus olivae, quae plantata a virginibus crescit cumulatius*. Diffusa est gratia ; allusio ad Beati Am- brosii examen apum mellificium *. 2". David abstulit opprobrium ex Israël et vicit Goliath * ; ut Christus : Nunc judicium est mundi, nunc princeps hujus mundi ejicietur foras *. Sed etiam in modo ; nam non indutus regiis armis sed pastoritiis : Non enim habco consuetudinem'^. Venit cum baculo, ut cum cane * ; sic Christus, « ut qui in ligno vincebat*. » Solet Deus per infirma confundere fortia* ; ibi abscondita est fortitudo ejus**. Sic hamus apud Gregor. *, Rupert. ** Sic icneumon contra crocodilum *, Libéra me de ore leonis, et a cornibus  baptême on vit l'Esprit-Saint : Voici mon Fils bicn-aimé) ; et l'esprit parfait ou royal. L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint. De là ces textes : Votre nom est un parfum répandu. J'ai trouvé David mon serviteur, et je Vai oint de mon huile sainte. David reçut la première onction dans la maison de son père ; ainsi le Christ reçut-il la première dans le sein de sa Mère. Huile répandue. La grâce a été répandue sur vos lèvres, c'est pourquoi Dieu vous a béni pour Féternité ; Vhuile répandue de la doctrine. Comme un bel olivier dans la camp.igne ; l'olivier a une admirable propriété : planté par des vierges, il croît plus touffu. La grâce a été répandue ; faire allusion à l'essaim de mouches à miel [qui se plaça sur les lèvres] de saint Ambroise. 2. David effaça l'opprobre d'Israël en terrassant Goliath ; il en fut de même du Christ : C'est maintenant le jugement du monde, maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. Autre figure dans le mode d'action. David était armé non en roi mais en berger : Je ne suis pas accoutumé. Il vint avec un bâton, comme s'il avait à se défendre à' un chien; ainsi vint le Christ, « comme étant Celui qui devait vaincre par le bois. » Dieu a coutume de confondre ce qui est fort parce qu'il y a de plus faible ; là, sa force a été cachée. Ainsi l'hameçon, dans saint Grégoire et Rupert. Ainsi l'ichneumon contre le crocodile. Délivrez-woj  CXVII. Sur le deuxième verset du Benedictus 227 unicornium humilitatem meam (Psal. 21 *); Christus *Vers. 22. in cruce. Hieron.* : Pro cervo matutino, pro suscep- *Videsupra,p.22i. tione matutina, pro cerva matutina. (Rinocerotem.) 3°. David mitissimus, et rex afflictorum et œre alieno oppressorum *. Quia ciun inimici essemus **. Bernar- I»R^nj^\î'''îo '' dus* : Majorem charitatem qui et pro inimicis. *De Diiig. Deo.ci. 4°. David pœnitens, et parans omnia quae ad Templi sedificationem. Et peccavit, sed pœnitentiam celeberri- mam egit; unde, soliiun David, domus David. Ambro- sius ad Theodosium *. Et exaltabitiir sicut iinicornis * Paulin., in Vita cornu meum, et senectus mea in misericordia uberi. ' "^ '^■' ^ ''^' Bt despexit ocuUls meus super inimicos meos, et in insurgentihus in 7ne malignantibiis aiidiet atiris mea. Justus ut palma florebit ; sicut cedrus Libani agitatus a vento multiplicabitur ; [Ps.] 91 *. Non veni *Vers. 11-13. vocare j'ustos*. Fidelis sermo et omni acceptione *Matt.,ix, 13. dignus ; quia venit *. » i limot., i, 15. Rectum, mundum"^ : Dilexisti justitiam et odisti * Ps. l, 12. iniquitatem , pr opter ea unxit te Deus, Deus tuus, oleo lœtitiœ *. Petrus, Act. 10**, Petrus prœdicans : *Ps. xuv 8. **Vers ^7 58. Vos scitis quomodo unxit eum Deus Spiritu Sancto ' ^ ' et virtute.  de Li gueule du lion et de la corne des licornes dans Vctat d'humiliation oit je suis (Psaume xxi) ; le Christ en croix. Saint Jérôme : Pour le cerf matinal, pour l'accueil matinal, pour la biche matinale. (Rhinocéros.) 3. David était très doux, le roi des affligés et des gens accablés de dettes. Car lorsque nous étions ennemis, [etc.] Saint Bernard : [Le Christ a eu] une charité plus grande, puisqu'il est mort même pour ses ennemis. 4. David fut pénitent et prépara tout ce qui était nécessaire pour la construc- tion du Temple. Il pécha, mais fit ensuite la plus célèbre pénitence ; voilà pourquoi ou parle du trône de David, de la maison de David. Saint Ambroise à Théodose. Et ma corne sera élevée comme celle d'une licorne, et ma vieillesse, comblée d'une miséricorde abondante. Mon œil a regardé avec mépris mes ennemis, et mon oreille entendra avec complaisance [l'annonce de] la ruine des méchants qui s'élèvent contre moi. Le juste fleurira comme le palmier ; il sera multiplié comme le cèdre du Liban agité par le vent. Je ne suis pas venu appeler les justes. C'est une vérité certaine et digne d'être entièrement teçue, qu'il est venu, [etc.] Droit, pur : Vous ave^ aimé la justice et haï l'iniquité, c'est pourquoi Dieu, votre Dieu, vous a oint d'une huile d'allégresse. Saint Pierre préchant : Vous savei comment Dieu l'a oint de l' Esprit-Saint et de la puissance.  CXVIII PLAN D'UN SERMON SUR LE QUATRIÈME ET LE CINQUIÈME VERSET DU BENEDICTUS A vent 1616 (Inédit) (Ms. p. ijo, recto) Salutem ex inimicis. Ad faciendam miser icordiam Antiquis etiam Christus fecit redemptionem : Erexit *Vers. 69, 72. cornu salutis ; salutem ex inimicis*. Tamen Chris- tianis majores vires contulit et majora auxilia. Unde, vae nobis si non recte pugnaverimus. Ssepe exaggero vobis, nec unquam satis possum, hsere- ticorum antiquorum acrisiam et spiritum contentionis, bigearre. Pelagiani Christum non salvasse antiquos * Vide not. {2), p. Patres dicebant, quia non eos docuit. Vide supra, ser. 4*. At contra noster Propheta : Venit, visitavit, redemp- * Lucse, 1, 68. tionem *, etc., ad faciendam miser icordiatn cum •Vers. 15. àatribus nostris. Paulus, Heb. g*, Rom. 3**: Ideo **Vers. 23, 24. novi testamenti mediator est, in redemptionem.  Pour nous sauver de nos ennemis. Pour accomplir ses miséricordes Le Christ a également racheté ceux qui l'ont précédé : // a suscité une corne de salut ; pour nous sauver de nos ennemis. Toutefois, il a apporté aux Chrétiens de plus grandes forces, de plus puissants secours. Aussi, malheur à nous si nous ne combattons pas bien. Je vous dénonce souvent, et je ne le puis trop faire, ce manque de rectitude, cet esprit de contention, bizarre, qui caractérisent les anciens hérétiques. Le Christ, disaient les Pélagiens, n'a pas sauvé les Patriarches, parce qu'il ne les a pas instruits. Voir plus haut, sermon iv. Notre Prophète dit au contraire : Il est venu, il a visité, racheté, eXc, pour accomplir ses miséricordes envers nos pères. Et saint Paul : C'est pourquoi il est le médiateur du nouveau testament, pour la rédemption des prévarications qui existaient sous le testament  CXVIII, Sur le 4^ et le 5^ verset du Benedictus 229 earum prœvaricationiun quœ erant in precedenti testamento. Redemptio enim operata est antequam facta esset, per praevisionem. Gallus sentit solem. Job, 38 *, Deus alloquitur : Qtiis dédit gallo intelligentiam ? * Vers. ^6. Praeparantur monilia et vestes pro sponsa Isaac ante- quam cognoscatur *. Sic Agnus dicitur occisus ab ori- •Gen.,xxiv,22,53. eine mundi ; Apoc. ix*. Hinc Paulus, i. Cor. x**: * X^"- ^• o ' f o **Vers. 4. Omnes eumdem potum spiritalem biberunt ; bibe- bant autem de spiritali conséquente eos petra ; petra autem erat Christus. Attamen nobis Christianis salus ista ex inimicis nostris amplior est ; nam non frustra Ecclesia dicitur Sponsa Agni *, et plenitudo temporis *'^, tempus x^ri'y.' '''''' ^' '°' Evangelicum. Et non frustra Paulus clamât : Ecce mine "Gai-,iv,4;Ephes., ° I, 10. tempus acceptabile, ecce nunc dies salut/s*; et : • 11 Cor., vi, 2. Apparuit benignitas et humanitas Salvatoris nostri Dei* ; et ad Heb. 13** : Habemiis altare de quo *.'^^^-> "'- 4- edere non valent qui tabernaculo deserviiint. Hinc arma spiritalia ex Sacramentis longe potiora antiquis. Psal. 88* : Si eut inrdiWi David in veritate * Vers. 36-38, 50. mea : semen ejus in ceternum. tnanebit, et thronus ej'us sicut sol, et sicut luna perfecta in ceternum, et testis in cœlo fidelis. Antiquus thronus erat sicut Stella  précédent. La rédemption s'opérait par prévision avant qu'elle fût accomplie. Le coq pressent le lever du soleil. Dieu dit à Job : Qui a donné Vintelligence au coq? On prépare des bijoux et des vêtements pour l'épouse d'Isaac avant qu'elle soit connue. Aussi est-il écrit que l'Agneau a été immolé dès F origine du monde. Et saint Paul : Tous ont bu le même breuvage spirituel; or, ils buvaient l'eau de la pierre spirituelle qui les suivait ; et cette pierre était le Christ. Toutefois, pour nous Chrétiens, c'est d'une manière beaucoup plus absolue que nous sommes délivrés de nos ennemis. Ce n'est pas en vain que l'Eglise est appelée Epouse de l'Agneau , et le temps évangélique , la plénitude des temps. Ce n'est pas en vain que saint Paul s'écrie : Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant les jours de salut ; et encore : La bonté et F huma- nité de Dieu notre Sauveur est apparue ; et aux Hébreux : Nous avons un autel dont ceux qui servent dans le tabernacle n'ont pas le droit de man 1 *«x *^'Hom. XXII. Angelis, servis scihcet tuis et militibus; idem ait Beda^'*. *iiExpos. inMatt., Chrisostomus *'^ : Die verbo Angelis qui verba tua in ^f,^?P' "^''"' ^' , , ® ^ 'i^Hom. XXVI (al. xxvii),in Matt., §4.  comme y? ne suis pas digne d'aller à lui, j'y enverrai mes amis, et entre autres la Bienheureuse Vierge. Nota. Capharnaiim est souvent appelée cité du Christ : Il traversa la mer et vint dans sa ville, c'est-à-dire à Capharnaiim, le champ de pénitence, comme le mont Moria, [dont le nom signifie amertume,'] était l'antique demeure de Dieu. Celui qui sème la pénitence et vient appeler les pécheurs h la pénitence, nomme sa ville le champ de pénitence. Il est vrai que « saint Augustin, Strabus, Lyranus, Hugues, Bède estiment que Capharnaiim est appelée cité du Christ parce qu'elle était la capitale de la Galilée, comme on appelle romain celui qui est soumis au pouvoir de Rome ou qui est né dans cette ville. » Saint Chrysostome, Euthymius, Théophylacte disent qu'elle est ainsi appelée parce que le Christ y habitait fréquemment; c'est aussi l'opinion des pasteurs de Genève. C'est la vraie raison, mais le mystère est que le Christ ait fréquem- ment habité le champ de pénitence. Haimon, d'après saint Thomas, dit que Capharnaum signifie campagne de graisse ou champ de consolation ; mais il faut croire aux plus autorisés. Dites seulement une parole. Le commentaire intitulé L'Œuvre Imparfaite explique ainsi ce texte : Dites au3i Anges, c'est-à-dire à vos serviteurs et aux soldats ; c'est aussi la version de Bède. Saint Chrysostome : Dites une parole aux Anges qui réduisent en actes vos paroles ; et quand même les Anges feraient  240 Sermons autographes opus vertunt ; et si Angeli cessent, tamen infirmitates preceptis ejus vivacibus expelluntur. Hsec est vera sen- tentia. Nec milites vocat Angeles, sed infirmitates; unde de potentia verbi potest fieri digressio. Non solum verba, sed cogitationes Dei operantur. Gen. 50. y. 20 : Vos cogitastis de me inalum, sed * In Threnos, ad Deus vef'tit Uliid in bomuii ; Hebraice, apud Rio*, locuinseq. ^^^ antithesis : sed Deus cogitavit ut verteret in bonum. Vos cogitastis et non successit, Deus cogi- • Vers. 8. tavit et factum est. Thren. 2 * : Cogitavit Dominus dissipare murum, etc. Hierem. 51. y. 12 : Quia cogitavit Dominus, et fecit quœcumque locutus est. Tamen dicit Deus verbo illico facienda, cogitât autem facere quee tandem et non illico facturus, sed per pro- gressus quosdam suae Providentiae notos. *Ephes., uit., 6. Servi omnes sumus Christi'^, et servos nostros dili- gere debemus. Saepe servi domino praeferuntur : Vitalis et Agricolae ; Ecclesia dominum post servum. Servus fuit Epictetus, serva fuit quae Xaaman Syrum misit ad •IVReg.,v, 1-5. lepram curandam *. Vide i. Reg. cap. 30**, de serve **Vers ii-iî Amalecitae qui relictus fuerat a domino suo, quia aegro- tabat. Sed vide maxime Onesimum,magni Pauli viscera,  défaut, les infirmités disparaîtraient par son ordre exprès. Voilà le véritable sens. Ce ne sont pas les Anges, ce sont les infirmités qu'il appelle ses soldats; aussi peut-on faire ici une digression sur la puissance de la parole de Dieu. Ce ne sont pas seulement les paroles, ce sont les pensées mêmes de Dieu qui opèrent. Vous ave^ formé un mauvais dessein contre moi, mais Dieu Va changé en bien. L'hébreu, d'après Rio, présente une antithèse : mais Dieu a pensé le changer en bien. Vous ave^ pensé et vous n'avez pas réussi, Dieu a pensé et sa pensée est devenue acte. Le Seigneur a pensé de détruire le mur, etc. Parce que le Seigneur pensa, et il accomplit tout ce qu'il avait dit. Toutefois, Dieu parle pour ce qui doit être fait sur-le-champ, mais il pense pour ce qu'il ne fera que plus tard et en quelque sorte progressivement selon les vues de sa Providence. Nous sommes tous les serviteurs du Christ, et nous devons aimer nos serviteurs. Souvent les serviteurs sont préférés au maître : saint Vital et saint Agricole ; l'Eglise place le maître après le serviteur. Epictète était serviteur ; ce fut une servante qui envoya Naaman le Syrien chercher la gucrison de sa lèpre. Voir au l" Livre des Rois, chap. xxx, ce serviteur d'un Amalécite qui, pour cause de maladie, avait été abandonné de son maître. Voir surtout dans l'Epitre à Philémon, Onésime, entrailles du grand Paul, que l'Apotre veut  CXX. Pour le Carême 241 in Epistola ad Philemonem*, ubi vult haberi ut fratrem, * Vers, n, 20. quia crediderat Domino*. Lex servum, religio fratrem * Vers. 16. fecerat. Philemon autem fuit nobilis Rhodius , sive CoUocensis *, cui (nescio qua de causa, furtine an negli- * Vide 7;-.^^/'Aw. gentiae) Onesimus servus detrimentum attulerat (vel j^us^du.,%"''^.^''' forte quia cum fugeret ei operam suam abstulerat) ; unde Paulus * : Si quid nociiit, mihi imputa. Quic- *AdPhii.,vers. 18. quid sit, fugiens Romam venit, et a Paulo captivo .sus- ceptus est et Philemoni commendatus, et postea factus est Episcopus Ephesinus, succedens Thimoteo, et deinde lapidibus obrutus Romae, ubi se eum vidisse Ignatius ad Ephesios scribit *. Vide Annales [Baronii], anno 62, *Ep. ad Ephes.,§i. num. XVII*, et anno iio, num. i!°**. • Vide ad ann. 60, "^ §S XL, XLI. Paulus se stigmaticum servum Christi ait *. Plinius, **a/. num. x. rTT 4. j 7 1 o -> • d -^ , * Galat., ult., 17. [Htst. nat.,J 1. 18. c. 3. circa linem, ait suo tempore, Romse, per servos stigmaticos solere terram colère ; stigmata porro in fronte aut facie habebant. Constanti- nus vero Magnus in facie stigmata imprimi vetuit, quia faciès hominis imago Dei videtur. Vide Annales, anni 315. Valentinianus legem tulit * ne théâtrales servi * Vide Baron. An- baptizarentur nisi in extremo vitse, quia nimirum Chris- § cxxvni. ' tianis theatra erant prohibita , et isti théâtrales , sive scenici servi ad populi Isetitiam tanquam publici servi  être considéré comme frère parce qu'il avait cru dans le Seigneur. La loi en avait fait un esclave, la religion en fit un frère. Philemon était un noble Rhodien ou Colossien, à qui son esclave, Onésime, avait causé quelque dom- mage (je ne sais de quelle manière; était-ce par vol, par négligence ou bien parce que en s'évadant, il l'avait privé de ses services?) car saint Paul dit : S'il fa fait tort, impute-le-moi. Quoi qu'il en soit, dans sa fuite, Onésime vint à Rome, fut reçu par Paul captif, recommandé à Philemon, succéda plus tard à Timothée comme Evéque d'Ephèse, et fut ensuite lapidé à Rome, où saint Ignace, dans sa lettre aux Ephésiens, déclare l'avoir vu. Voir les Annales de Baronius, an 62, numéro xvii, et an iio, numéro m. Saint Paul se nomme lui-même l'esclave stigmatisé du Christ. Pline dit que de son temps, à Rome, la culture des champs était ordinairement réservée à des esclaves stigmatisés ; ces caractères étaient empreints sur le front ou sur le visage. Constantin le Grand défendit de marquer le front d'un stigmate, parce que le visage de l'homme est considéré comme représentant l'image de Dieu. Voir les Annales, an 315. Valentinien rendit une loi par laquelle il défendait de baptiser les histrions, sinon à leur dernière heure, parce que le théâtre était interdit aux Chrétiens, et que ces esclaves du théâtre ou de la scène amusaient Serm. n 16  242 Sermons autographes theatralibus ineptiis incumbebant. Et nunc, proh pudor ! les balladins et balladines sont en honneur. (Ms. f>.jj^, recto) Servus pars est domini, sed sejuncta, Arist., Polît.*, ' ' i(j est, quasi instrumente disjuncto utitur. Pro dilectione inimicorum. Isaise, 59. f. 5 : Ova aspi- dum ruperunt. Qui existimant se damnum aspidi afFerre ejus ova rumpendo, sibi ipsis injuriam faciunt ; nam ovo rupto prodit aspicula, quse iterum mordet : vindicta vindicanti noxia. * Circa finem. Pro judicio. Bemardus, epistola 292 *, ad quemdam qui ausus est novitium dehortari a proposito Religionis : « O utinam saperes et intelligeres et novissima provi- deres : saperes quse Dei, intelligeres quae mundi sunt, provideres quae inferni sunt ; inferna horreres, superna appeteres, quœ sunt ad malum (mundi) contemneres. » * Vers. 29. Ex Deut. 32 *. * Serniones Festo- Dilectio fratrum , apud Franciscum Fernandes Galvan *, feria 5 post Cineres. Constittiite in porta judiciiim ; * Vers. 15. Amos, 5*. Ut urbem in qua opportet concorditer vivere discordes minime intrarent ; ut in porta hujus vitae  le peuple, et comme des esclaves publics, s'appliquaient aux inepties du théâtre. Et aujourd'hui, ô honte! les baladins et baladines sont en honneur. L'esclave fait en quelque sorte partie du maître, bien qu'il ne lui soit pas uni (Aristote, Politiques), c'est-à-dire que le maître s'en sert comme d'un instrument distinct de sa personne. Pour l'amour des ennemis. Voir Isaie : Ils brisèrent les œufs de Vaspic. Ceux qui croient nuire à l'aspic en brisant ses oeufs, se portent préjudice à eux-mêmes, car de l'œuf brisé sort un petit aspic qui à son tour mordra : la vengeance nuit à celui qui l'exerce. Pour le jugement. Saint Bernard écrit, épître ccxcn*, à un homme qui avait osé détourner un novice de la vie religieuse : « Plût a Dieu que tu eusses la sagesse et l'intelligence et que tu prévisses tes fins dernirres I Tn goùteT^is les choses de Dieu, tu comprendrais les choses du monde, tu prévoirais les supplices de l'enfer ; tu aurais horreur de l'enfer, tu aspirerais aux choses d'en-haut, et tout ce qui regarde le mal du monde, tu le mépriserais. » Au sujet de la charité fraternelle, voir François Fernandes Galvan, jeudi après les Cendres. Etablisse^ le tribunal sur la porte. Pour écarter absolument les hommes de discorde de la ville où l'on doit vivre en parfaite union; pour  CXX. Pour le Carême 343 judicium particulare futurum presignarent ; ut lites civi- bus indignae declararentur. Hierem. 4*: Quousque inorahuntuv in te cogita- * Vers. 14. tiones noxiœ ? Interdum diabolus non vult opus peccati, ne peccator deprehensus pœnitentiam agat ; sed vult cogitationes, desideria morosa, verba, murmurationes. Chrisostomus* : Odium est daemon voluntarius, insania * Homii. xvm in optata, ludibrium diaboli. Matt., § 4. Audistis quia dictum est antiquis *. Error iste 'Matt., v, 21. affectatus in intellectu periculosior est errore voluntatis. Non parcere hominis est, dicere autem parcere esse vilis animi haereticum est. Tertullianus* : « Ovis illa, Luc. i s**, *DePudicitia,c.vii. • j 1 , , ' ' "Vers. 4, 8. non monendo, sed errando, dragma non pereundo, sed latendo perierunt. » Intellectus errando, voluntas latendo périt; non entium et non apparentium eadem est ratio*. * Cf. Aristot, Phy- Ro. 6* : Non regnet peccatum in mortali corpore *'vèrs. 12'.'^ "'' vestro ; cum régnât cudit monetam et dat praetium nummis, et vitiis dat praetium. Annoblit des vilains et canailles : comme la haine, du tiltre de courage, et la vengeance; la vanité, du tiltre de bienséance, etc. (a) Vidi servos ambulantes in equis, et dominos eorum ambu- lantes super ^^/T^m *. Tertullianus, Apol., c. 37**: -Etadtc'apui.'.c.u.  signifier le jugement particulier qui aura lieu au sortir de cette vie; pour déclarer que les disputes sont indignes des citoyens. Jusqu'à quand les pensées nuisibles demeureront-elles en toi ? Parfois le démon ne veut pas l'acte du péché, de peur que le pécheur surpris en faute ne fasse pénitence; mais il veut des pensées, des désirs longuement entretenus, des omissions, des paroles, des murmures. Saint Chrysostôme : La haine est un démon volontaire, une manie voulue, un jouet du diable. Vous ave^ entendu qu'il a été dit aux anciens. Cette erreur affectée de l'intelligence est plus dangereuse que celle de la volonté. Ne pas pardonner c'est faiblesse humaine ; mais dire que le pardon est pusillanimité, c'est être hérétique. Tertullien : « Cette brebis dont parle saint Luc, a péri non en mourant, mais en s'égarant, comme la dragme a été perdue non en cessant d'exister, mais en restant cachée. ., L'intelligence périt en errant, la volonté en demeurant inactive : ne pas être et ne pas paraître revient au même. Que le péché ne règne point dans votre corps mortel; lorsque le péc/ié règne, il bat monnaie et donne leur prix aux pièces d'argent; il donne du prix aux vices. [Reprendre au texte, lig. i8.] {n) J'ai vu des esclaves aller à cheval, et leurs maîtres aller h pied.  244 Sermons autographes • Matt.,v, 45. « Christianus nullius est hostis. » Ut sitis filii Patris*. O qualis honor ! Dat potum utcumque amarum, sed cra- terem melle linit. Inclinavi cor meum ad faciendas » Ps. cxviii, 112. justificationes in ceternum, propter retributionem *. Veriimtamen Deo subjecta esto anima mea, quoniam • Ps. Lxi, 6. ab ipso patientia mea'^ ; vult te pati injuriam, et tibi ad patiendum paratus est dare patientiam. *Opus Imp. (inter Chrisostomus hic * : Prsecipit amari inimicum ne amor Op.S.Chrvs.),hom. . . ^ . . ^ . xiii, inMatt.,v, 21. esset ociosus, nam tam pauci sunt amici ut si non ame- mus nisi amicos, paucissimos simus amaturi. Marc. 3. ^'. I et 2, et 5 : Et circumspiciens eos cum ira, contristatiis super cœcitate eorum. Evangelista prudenter notât iram non in homines, sed in caecitatem culpabilem fuisse : ira repellit malum si possit, si non possit, tune ira vertitur in tristitiam. Injuria recens vix ferri potest ; at Christus recentissi- mum et flagrantissimum odium tulit, et pro inimicis qui ejus fundebant sanguinem orationem misericordisD » Lucae, xxni, 34. fudit *.  TertuUien, Apologétique : « Le Chrétien n'est l'ennemi de personne. » Afin que vous soye{ les fils de votre Père. Quel honneur ! Il donne une boisson un peu amère, mais il enduit de miel les bords de la coupe. J'ai porté mon cœur à accomplir éternellement vos ordonnances pleines de justice, à cause de la récompense. Cependant, ô mon âme, sois soumise à Dieu, puisque cest de lui que vient ma patience; il veut que tu souffres l'injure, mais, pour la supporter, il est prêt à te donner la patience. Saint Chrysostôme dit à ce sujet : Dieu nous ordonne d'aimer nos ennemis pour que l'amour ne reste pas oisif, car les amis sont si peu nombreux que si nous n'aimions que les amis, nous aimerions un très petit nombre de personnes. Et Jésus les regardant avec indignation, contristé qu'il était de leur aveugle- ment. L'Evangéliste avertit prudemment que cette colère tombe non sur les hommes, mais sur leur coupable aveuglement ; si elle le peut, la colère repousse le mal, sinon, elle se change en tristesse. On peut à peine supporter une injure récente; mais le Christ a supporté la haine la plus actuelle et la plus violente ; et pour les ennemis qui répandaient son sang, il a répandu la prière de la miséricorde.  CXXI SOMMAIRE d'un SERMON POUR LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME 12 février 1617 (i) (Ikédit)  DOMINICA PRIMA (Ms. p. 228, recto) Ductus est Jésus in desertum a Spiritu (a). Mat., 4. y. I. Zeuxis fit une luite ou il print grand playsir, et escrivit dessous « qu'elle seroit plus tost enviée qu'imitée*. » Et * Piin., iiist. nat., ecce Evangelistse nobis pugnam tanquam in tabula pin- xxxvi). ' *^' ^ ''' ' gunt, quae [^) ne doit point estre enviée ains aymee, parce que son issue est heureuse pour nous ; et non seulement elle doit estre aymee, mais imitée. (c) Ante omnia distinguendse tentationes : [i.] alia interior, ut Adami et Evse, et multorum qui sibi ipsis  (a) PREMIER DIMANCHE Jésus fut conduit par V Esprit dans le désert. (b) Or voici que les Evangélistes nous peignent, comme dans un tableau, une lutte qui ( c ) Avant tout, distinguons les tentations : [i.] il y en a qui sont intérieures, comme le fut celle d'Adam et d'Eve, et comme le sont celles de beaucoup (i) Bien qu'aucun des vingt sermons qui composent la série suivante ne soit daté, on ne peut douter qu'ils remontent au Carême prêché à Grenoble en 1617. En outre des preuves que fournirait la pagination du Manuscrit, la coïncidence de la fête de saint Mathias avec le troisième vendredi de Carême (voir ci-après, Sermon CXXXII) suffirait à appuyer notre assertion.  246 Sermons autographes concupiscentiam movent. Nemo ciun tentatiir dicat quia a Domino tentatur : Deus enim intentator malo- rum est, ipse autem neminem tentât; unusquisque vero tentatur a propria concupiscentia abstractus et illectus. Deinde concupiscentia cum conceperit parit peccatum, peccattun vero ctan consutrimatum fuerit générât mortem ; ]sic. i. y. 13, [14, 15.] 2, Exterior tantum, ut Christi et Beatae Virginis et multorum Sanctorum; quo loco doctrina Augustini, 1. de •Sect.Lxxni.r^orfjV Qiiœst. Vet. et Novi Testamenti* afferenda est, tomo 4; MncTtena" ^t citatur a D. Thoma *, in illa verba : Tuam ipsius * Lucae, ii, 35. animam gladius pertransibit *, ubi per gladium intel- ligit tentationem et dubitationem de Christi Divinitate tempore Passionis ; quam dubitationem ait fuisse trans- euntem, non inhserentem : « Sicut, » inquit, « gladius pertransiens juxta hominem timorem facit, non percutit, sic dubitatio non sedit in animo Virginis, sed pertransiit velut per umbram. » Exornanda similitudo : si homo impenetrabili chalibe vel adamante armatus impetatur ense, ictus in cassum fertur, non enim pénétrât sed ela- bitur circa thoracem , il coule, il glisse. Sic magnus Antonius, etc., irridebat diabolum illum de luxuria, etc., s. Ànt., §9.' tentantem * ; sic Martinus : « Discede a me, cruenta  d"autres qui excitent en eux-mêmes la concupiscence. Que nul, lorsqu'il est tenté, ne dise que cest le Seigneur qui le tente, car Dieu ne tente point pour le mal. Or, il ne tente lui-même personne ; mais chacun est tenté par sa propre concupiscence qui Ventraîne et le séduit. Ensuite, quand la concupiscence a conçu, elle enfante le péché, et le péché étant consommé engendre la mort. 2. D'autres tentations sont seulement extérieures ; telles sont celles du Christ, de la Bienheureuse Vierge et d'un grand nombre de Saints. Alléguer sur ce point la doctrine de saint Augustin, livre des Questions sur l'Ancien et le Nouveau Testament, tome IV ; saint Thomas le cite à propos de ces paroles : Un glaive transpercera ton âme. Par ce glaive, l'auteur de ce livre entend une tentation de doute au sujet de la divinité du Christ, au temps de la Passion. Il dit que ce doute passa sans se fixer : « Tel un glaive qu'on brandit devant un homme le fait trembler sans le blesser, ainsi le doute effleura seulement l'âme de la Vierge, et passa comme une ombre. » Embellir cette comparaison : attaquez à l'épée un homme revêtu d'une cuirasse d'impénétrable acier ou dure comme du diamant, le coup porte à faux, ne pénètre pas, mais tourne la poitrine, il coule, il glisse. Ainsi, saint Antoine se moquait des tentations de luxure, etc., que le diable lui suggérait ; saint Martin s'écriait : u Arrière,  CXXI. Pour le i" Dimanche de Carême 247 bestia *. » Sic Tentyritae solo halitu crocodylos domant * s. Suip. Sev ad •' 7 TU o Bassulam, m fine. et eis utuntur sicut equis ; Plin., [Hist. nat.J lib. 8. c. 25. 3. Mixta, quœ partim extrinseca est partim intrinseca. Ut Pauli * : Datus est mihi stimulus carnis meœ, ' " Cor., xn, 7. angélus Satanœ, qui me colaphi^et ; et scio varie intelligi, sed assentior Patribus. Hinc Psaltes * : Iras ci- 'Ps. iv, 5. mini, (Hebraice, contremiscite) et nolite peccare ; Trémousses par la saillie de Vire, si vous sentes les eslans de l'ire. Sic Hieronimus fatetur* se sensisse carnis [^^l^^'lj\ ^^ ^''" illecebras in mediis desertis. Sic Catharina Senensis * et ^b Raym.deCap., in Vita ejus, c. xi. Beata Angela *. * Arnaldus, in Vita ejus, c. XIX. Ergo Christus tentatione tantum externa , habebat enim non passiones aut perturbationes, sed propassiones ; unde victoriam intactus reportavit. (0 Et cum nihil  bête cruelle ! » Ainsi, les Tentyrites domptent par leur seule haleine les crocodiles dont ils se servent comme de chevaux. 3. D'autres tentations sont mixtes, partie extérieures, partie intérieures. Telle celle de saint Paul : // ma été donné un aiguillon dans ma chair, un ange de Satan pour me souffleter. Ce texte, je le sais, s'interprète de diverses manières, mais je m'en tiens aux Pères. Le Psalmiste dit aussi : Mettez-vous en colère (en hébreu : Tressaille^ de crainte) et ne péche^ pas. Trémousse^ par la saillie de Vire, si vous sentez les élans de l'ire. C'est ainsi que saint Jérôme déclare avoir ressenti les révoltes de la chair au milieu du désert. Il en fut de même de sainte Catherine de Sienne, de la bienheureuse Angèle. La tentation du Christ fut donc purement extérieure, car il avait non pas des passions ou des troubles intérieurs, mais des propassions ; aussi remporta-t-il une victoire complète. Quoiqu'il n'eût rien à craindre, toutefois, pour nous ( r ) Addition de Mgr Jean-François de Sales (voir ci-devant, note (i), p. 183). — « Hos motus suscepit humano animo, sicut cum voluit factus est homo ; Aug., lib. 14 de Civil. Dei, cap. 9, et contra Faustum. Infirmitas Christi fuit ex potes'tate. Et S. Damascen., lib. 3, cap. 20 : Naturalia in Christo non praecede- bant voluntatem, sed doluit, timuit, quando, quomodo, quantum et ubi voluit.» « Comme il s'est fait homme quand il l'a voulu, ainsi en prenant une âme humaine, il a voulu ressentir toutes les impressions de l'humanité; saint Augustin, liv. XIV de la Cité de Dieu, chap. ix, et contre Fanste. La faiblesse du Christ était un effet de sa puissance. Et saint Jean Damascène, liv. III, chap. XX : Les mouvements naturels ne prévenaient pas dans le Christ l'action de la volonté ; mais il s'attristait, il craignait quand, comment, autant et où il voulait. »  348  Sermons autographes  * Homil. XLVi in Joan., § 3. **Ps. XXII, 6. * Vide Hist. natur., l.XXVIII,c.xix(a/. Lxxviii); cf. Plut., Colloq. Conviv.,1. II, qu. viii. * Matt., xxviii, I ; Joan., XX, I.  timeret, tamen, ut nobis prseiret et nos quomodo contra tentationes pugnare deberemus, ac, ante omnia, non suo nutu sed ductu Spiritus Sancti, vadit in desertum. i""". Locum sibi delegit aptissimum, nimirum eremum. Nam in civitatibus diabolus multos habet coadjutores, in eremo ipse solus. In Paradiso habuit Evam coad- jutricem, hic Christus nihil prseter bestias ferasque. Tamen, ibi impetitur, ut sciamus omnia loca patere ten- tationibus. (0 2°. Tempus. Postquam baptizatus est; nam per Bap- tisma non quidem Christus, sed nos, vires roburque acquirimus et per Sacramenta. Hinc ut athletse ungimur et contra diabolum exorcismi fiunt ; et ab Eucharistia fortes eximus « tanquam leones ignem spirantes, » ait Chrisostomus *, unde, et cum Psalte ** : Par asti in con- spectu nieo inensain. Post Pœnitentiam fortiores sumus, ut equi a lupi morsu Isesi, ait Plinius * : hinc Magda- lena omnium fortissima, Christum sepultum quserit*; et  montrer le chemin, pour nous apprendre à combattre les tentations et, avant tout, agissant non par son propre mouvement, mais par celui de l'Esprit-Saint, il se retira dans le désert. 1. Il choisit le lieu le plus convenable, c'est-à-dire le désert. Dans les villes, en effet, le diable a beaucoup d'auxiliaires ; au désert, il est seul. Au paradis terrestre, Eve fut sa collaboratrice ; ici le Christ est seul, au milieu des bêtes sauvages. Pourtant, il y est tenté pour nous apprendre qu'on peut l'être partout. 2. Le temps. Après son baptême ; par le Baptême, en effet, nous acquérons (ceci néanmoins ne s'applique pas au Christ) des forces et de la constance, comme par les autres Sacrements. C'est pourquoi nous sommes oints comme des athlètes et on fait sur nous des exorcismes contre le démon ; nous sortons de la sainte Table forts « comme des lions au souffle enflammé ; » ce sont les expressions de saint Chrysostôme ; aussi disons-nous avec le Psalmiste : Vous ave^ préparé une table devant moi. La Pénitence nous rend plus forts, comme des chevaux blessés par la dent du loup; voir Pline. C'est pour cela  (i) Autre addition de Mgr Jean-François de Sales. — « Tentationes in omnibus hominibus veniunt prœter rationem : in malis contra rationem, in bonis moderantur a ratione; in Christo a ratione et secundum rationem. » « Les tentations assaillent tous les hommes en dehors de la raison : les mauvais sont attaqués contre la raison, les bons modèrent la tentation parla raison ; mais tous les mouvements du Christ provenaient de la raison, étaient conformes à la raison. »  CXXI. Pour le i" Dimanche de Carême 249 Petrus post pœnitentiam, et Paulus, et Augustinus. Ut belette iuxta serpillum nihil timet *, sic nec nos iuxta *Cf.Piin.,Hist.nat., c^ ' 1. VIII, c. XXVII fa/. bacramenta. xli). 3°. Armât se. Vigilate et orate * ; Sobrii estote et *î^petri^uït' ¥' vîffilate*. Teiunium armavit Judith**, et Joannem Bap- "Judith, vm, 6. • * -r^ 1 . 4.* T^ .... 7 . . *Matt., m, 4. tistam*; et Paulus ait** : Per arma justitiœ a dextrts **ii Cor., vi, 7. et a sinistris ; et David, Psal. 68. y. 1 1, [12, 13] : Zelus domus tuœ comeditme et opprobria exprobrantium tibi venerunt super me. Et operui in jejunio animam meam et factum est in opprobrium. mihi ; et posui vestimentum meum ciliciiim et factus sum illis in parabolam. Adversum me loqiiebantur qui sedebant in porta, et in me psallebant qui bibebant vinum. Critiques, juges, reformateurs et ivrognes. Ergo videamus nunc pugnam. Accessit hostis forma visibili , in speciem hominis gravis vel eremitae ; nam nihil obest eum in similitudinem Helise venisse. Neque urget quod ait Barradas de tertia tentatione*; nam quia * Comm. in Con- T-x . . cord. Evang., tom. assumpserat et portaverat Dominum, etsi eo esset habitu, n, 1. 11, c m. tamen praesumebat Dominum sibi forte crediturum ; deinde desperati hostis vices gerebat. Primo vero loco agit philosophum , chimistam et  que Madeleine, forte entre toutes, recherche le Christ sépulture ; et saint Pierre après sa pénitence, et saint Paul, et saint Augustin. La belette ne craint rien auprès du serpolet; il en est ainsi de nous en présence des Sacrements. 3. Le Christ s'arme. Veille^ et prie^. Soye\ sobres et veillei. Judith et Jean- Baptiste s'armèrent du jeûne. Saint Paul dit : Par les armes de justice, h. droite et h gauche ; et David : Le :^èle de votre maison m'a dévoré et les outrages de ceux qui vous insultaient sont tombés sur moi. Et fai abrité mon âme dans le jeûne, et on m'en a fait un sujet d opprobre ; j'ai pris pour vêtement un cilice et je suis devenu le sujet de leurs railleries. Ceux qui étaient assis à la porte parlaient contre moi, et ceux qui buvaient du vin me prenaient pour le sujet de leurs chansons... Voyons donc maintenant la lutte. L'ennemi s'approcha sous une forme visible, sous l'extérieur d'un homme grave, d'un ermite ; car il n'est pas impossible qu'il se soit présenté sous la figure d'Elie. Et ce que dit Barradas de la troisième tentation ne s'y oppose pas ; car Satan avait pris et porté le Seigneur, et bien qu'il eût emprunté cette forme, il espérait que le Seigneur pourrait croire en lui ; de plus, il jouait le rôle d'un ennemi désespéré. Et en premier lieu, il simule le philosophe, le chimiste, le médecin. Tertullien  250  Sermons autographes  * Apolog.,c. xLvii; De Prasscr., c. vu. "Matt., IV, 3.  *Instit.,l.IV, cc.x, § 14, XII, §21. • Sermo vi in Ps.xc, §1- "Ps. xc, 5.  * Matt., TV, 4. * Commonit. I, c. XXV. •*De Przescr., pas- sim ; De Resur. Gar- nis, c. XL. * S. Hieron., Contra Lucif.. § 28. •S. Hilar.Pict.,De Trin., 1. II, § 3. *'Ps. xc, II. •Ibid., y. 13. **Sermo xn' in Ps. xc, § 8. * Cf. Les Controver- ses, tom. I hujus Edit., pp. 190, 207. * Matt., n-, 9; Lu- cas, IV, 6. •Instit.,l.IV, c.xii, §20.  medicum. Philosophes haereticorum patronos et magistros appellatTertullianus*.Z)/Ve/^ lapides isti panes fiant**. Incipit leniter, ut philosophi nostri temporis : Ne jeju- nes. Tirannis est, ait Calvinus*: Ne confitearis peccata, ne obedias pastoribus, ne ineas pœnitentiam. Verum, ait Bernardus *, non timebis a timoré 7ioctîirno **. Craintes des petitz enfans : il ny a rien de si grande consolation que l'observance de la discipline ecclésiasti- que. Si une souris fait du bruit, un'ombre, une clarté. Ne soyes pas devotz, car, etc. (3) Non in solo pane *, etc. 2°, Agit haereticum. Scripturas afifert. Omnes Patres observant haereticorum esse malo sensu bona verba pro- ferre. Lyrinensis *, TertuUianus ** et passim. « Non in legendo sed in intelligendo consistunt*. » « Sensus, non sermo, fit crimen*. » « In omnibus viis**, non praeci- pitiis; )) deinde truncat : Snper ^^^zJ^m*; Bernardus**. Sic hasretici semper sensum pervertunt, aut reticendo aut secando, etc.* 3°. Agit atheum. Hœc oinnia ; mihi enim omnia tradita sunt, et do illa eut vola *. Nota Calvinum * irridere Catholicos quod imitari velint  appelle les philosophes défenseurs et maîtres des hérétiques. Dites à ces pierres quelles deviennent des pains. Satan s'y prend avec douceur, comme les philosophes de notre temps : Ne jeûne pas. C'est une tyrannie, dit Calvin : Ne confesse pas tes péchés, n'obéis pas à tes pasteurs, n'entreprends pas de faire pénitence. Mais, dit saint Bernard, tu ne seras pas épouvanté par les craintes nocturnes. [Reprendre au texte, lig. 7.] (a) L'homme ne vit pas seulement de pain, etc. 2. Le tentateur se conduit à la façon des hérétiques. Il cite l'Ecriture. Tous les Pères observent que c'est le propre des hérétiques de citer les bonnes paroles dans un mauvais sens. Voir Vincent de Lérins, TertuUien et tous les autres. « La science des Ecritures consiste non pas à les lire mais à les comprendre. » « La faute est dans l'intention [de celui qui entend mal], non dans le texte. « « Dans toutes tes voies, non dans les précipices ; » Satan en outre tronque le texte : Sur l'aspic (voir saint Bernard^. Ainsi font toujours les hérétiques, ils détournent le sens par des réticences ou des suppressions de mots, etc. 3. Satan parle comme un athée. Toutes ces choses ; car toutes choses m'ont été livrées et je les donne 'a qui je veux. Noter que Calvin se moque des Catholiques parce que, dans un zèle qu'il appelle outré, ils veulent imiter le Christ. Mais [la prétention qu'ont] les  CXXI. Pour le i*'' Dimanche de Carême 251 Christum cacozelia. At imitatio puerorum non est irri- denda : alioqui, si quod non possint assequi matrum linguam, nunquam incipiant loqui ; si quia non possunt passus sequales patri facere, nunquam gradiantur. Sic infans quatuor passus facit ubi pater unum ; et Christia- nus quadraginta passus ubi Christus unum. O convivium Angelorum * ! Benedictus Dominiis ' Matt., iv, u. Deus meus, qui docet manus meas ad prœlium et digitos meos ad hélium *. * Ps. cxlih, i.  enfants d'imiter leurs parents n'a rien de ridicule ; sans quoi ils ne devraient jamais commencer à parler parce qu'ils ne peuvent d'abord parler aussi vite que leur mère ; ni à marcher, parce qu'ils ne peuvent faire des pas égaux à ceux de leur père. Comme l'enfant fait quatre pas là où son père n'en fait qu'un, de même le Chrétien en fait quarante où le Christ n'en fait qu'un. O festin des Anges ! Qjue le Seigneur mon Dieu soit béni, lui qui dresse mes mains au combat et mes doigts à la guerre.  CXXII PLAN d'un sermon POUR LE LUNDI APRÈS LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME 13 février 16 17 ( Inédit )  (Ms. p. 229, recto) feria secunda post dominicam primam DE DIE JUDICII (l) * Job, XXXI, 35, O si qiiis mihi tribuat auditorem*! Ancienne leçon, mais mal entendue. Quis crédit auditui nostro, et *is.,Liii, I. brachium Doinini cui revelatum est*? Quis novit "Ps. cv, 2. potentias Doinini* 1 Silete, auditores, attendite ; et ante omnia, mecum orate. Deus creavit mundum ordine pulcherrimo ; unde et mundus dicitur, et cosmos, et universuin (unidiver- sum). Quarta die creationis : Fiant luminaria in fir- matriento cceli, et dividant diem ac noctem, et sint  LUNDI APRES LE PREMIER DIMANCHE. SUR LE JOUR DU JUGEMENT Oh! qui me donnera, un auditeur! Ancienne leçon, mais mal entendue. Qui croit à notre parole, et h qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? Qui a connu les puissances du Seigneur ? Silence, mes auditeurs, prêtez l'oreille; et avant tout, priez avec moi. Dieu créa le monde dans le plus bel ordre ; de là son nom de mundus qui signifie pur, et de cosmos, ordre, et d'univers (à la fois un et divers). Au qua- trième jour de la création [Dieu dit] : Qu'il soit fait des luminaires dans le firmament du ciel, et qu'ils séparent le jour de la nuit, et soient des signes pour (i) Il sera intéressant pour le lecteur de constater la ressemblance que ce sermon et le suivant présentent avec la dernière pièce du volume précédent.  CXXII. Lundi après le i»"" Dimanche de Carême  253  in signa et in tempora et dies et annos, et illuminent terram*. Terram : Etenim finnavit orbem terrce qui non commovebitîir *. At in extremo die, in fine tem- porum, tune, ait Isaïas, 34*, tabescet omnis militia cœli et complicabuntur sicut liber cœli et desinet omnis militia eorum ; et Apoc. 6 * : Cœlnm recedet quasi liber involutus ; sol factus est niger sicut saccus ciliciniis , et luna versa est in sanguinem. Deuil, honte, confusion. Et en fin tous ces signes seront suivis de l'embrasement gênerai, duquel il est dit, [Pss.] 96 *, 49 ** : (3) Ignis ante ipsurn prœcedet ; Ignis in conspectu ejns exardescet. 2. Thess. i *; 2. Pet. 3**. « Venturus est judicare vivos et mortuos, et seculum per ignem *. » His autem omnibus peractis, omnes omnino morientur, partim timoré arescentibus hominibiis *, partim ignis vi. Ut ait Barradas *, quem malo sequi cum communi ; nam Heb. 9* : Statutum est hominibus semel mori. Quis est homo qui vivet et non videbit mortem ? [Ps.] 88 *. In omnes homines mors pertransiit ; Ro. 5 **. Omnes resurgemus, i. Cor. 15*; ergo omnes moriemur. Postea canet tuba, sic enim Christus ipse * : Et mittet Angelos suos cum tuba et voce magna, i. Thes- sal. 4* : ipse Dominus in jussu, in voce Archangeli,  * Gen., I, 14, 15. * Ps. XCIT, 2. ' Vers. 4. * Vers. 14, 12.  * Vers. 3. **Vers. 3. * Vers. 8. "Vers. 7.  * Responsor, s"" in Matut. Defunct.  * Lucae, xxi, 26. * Comm. in Con- cord. Evang., tom. m. 1. IX, c. XI. * Vers. 27. * Vers. 49. "Vers. 12, ' Vers. 51. * Matt., XXIV, 31.  Vers. 15.  les temps, les jours et les années, et qu'ils éclairent la terre. La terre : Car il a affermi le globe de la terre, de sorte qu'il ne sera point ébranlé. Mais au dernier jour, à la fin des temps, alors, dit Isaie, toute la milice des deux s' anéantira, et les deux se rouleront comme un livre et toute leur milice périra. Et dans l'Apocalypse : Le ciel se retirera comme un livre roulé ; le soleil deviendra noir comme un sac de poils, et la lune se changera en sang. [Reprendre au texte, lig. g.] (a) Ze feu marchera devant lui; le feu s'allumera en sa présence. « Il doit venir juger les vivants et les morts, et le siècle par le feu. » Toutes ces choses étant accomplies, tous les hommes sans exception mour- ront, les uns desséchés de frayeur, les autres dévorés par le feu. C'est l'opinion de Barradas que je préfère suivre parce que c'est la plus commune. // est statué que les hommes doivent mourir une fois. Quel est l'homme qui vivra et qui ne verra pas la mort ? La mort a passé dans tous les hommes. Nous ressusciterons tous ; donc, nous mourrons tous. Après, la trompette satinera, car ainsi le déclare le Christ lui-même : Et il enverra ses Anges avec une trompette et une voix éclatante. Aussitôt que le  254  Sermons autographes  in tuba Dei descendet de cœlo, et inortui qui in •Vers. 52. Christo sunt résurgent primi. i. Cor. 15* : In novis- sima tuba; canet enim tuba, et mortui résurgent (verba pensanda). Ecce inisterium dico vobis : Omnes •Vers. 51. quidem resurgemus, sed non omnes immutabimur*. In momento , in ictu oculi , in novissima tuba; canet enim tuba, etc. Id autem fiet congruenter ; nam * josue, VI. in antiqua Lege tubse fréquentes : in bello, ut Hiericho*, in congregatione, ad festa ; in clangore tubae data sunt * Exod., XIX, 16; prsecepta *. Ergo tuba haec convocabit malos ad bellum, e ., XII, 19. bonos ad festum. Erunt enim plures, erunt sane: Ange- los mittet cum tuba, id est, singulos cum tuba ; at novissima tuba est quam sequitur vox Archangeli. Ouse vox ? •Verba s. Hieron. Vox .' « Surgite mortui, et venite ad judicium*. » Que munUer^amibuta' ^oco ponderanda sunt verba Domini, Jo. 5*, postquam Cf.Corn.aLap , m locutus fuisset de sua potestate l'udiciaria. et resurrectio- loca Joan.etl Ihes. -^ -^ •Vers. 25-29. nem faciendi : Nolite mirari hoc, ait, quia venit hora in qua omnes qui in monumentis sunt audient vocem Filii Dei ; et procèdent qui bona egerunt in resurrectionem vitœ, qui vero mala, in resurrectio- nem judicii. Vox « Surgite mortui » audietur mistice,  signal aura été donné par la voix de V Archange et au son de la trompette de Dieu, le Seigneur même descendra du ciel, et ceux qui seront morts dans le Christ ressusciteront les premiers. Au son de la dernière trompette ; car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront (peser les paroles). Voici que je vais vous dire un mystère : A la vérité', nous ressusciterons tous, mais nous tie serons pas tous changés. En un motnent, en un clin d^œil, au son de la dernière trompette ; car la trompette sonnera, etc. Et ce sera juste ; dans l'ancienne Loi, en effet, on faisait un usage fréquent de la trompette : pour la guerre, comme à Jéricho, pour convoquer le peuple, pour les fêtes; c'est au son de la trompette que furent promulgués les commandements. Cette trompette appellera donc les méchants à la guerre, les bons à la fête. Les trompettes seront nombreuses assurément : // enverra ses Anges avec une trompette, c'est-à-dire, chacun avec la sienne ; et la dernière trompette sera suivie de la voix de l'Archange. Quelle est cette voix ? La voix : « Levez-vous, morts, et venez au jugement. » Bien peser ici les paroles du Seigneur, qui, après avoir parlé de son pouvoir de juger et de ressusciter les morts, ajoute : Ne vous en étonne:^ pas, car l'heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu; et ceux qui auront fait le bien en sortiront pour ressusciter à la vie, ceux qui auront fait le mal, pour ressusciter à leur condamnation. C'est d'une manière mystérieuse  CXXII. Lundi après le i" Dimanche de^Carême  255  quia corpora illico résurgent; vox « Venite ad judicium » audietur realiter, nam jam resurrectio facta erit. O vox terribilis ! Sonet vox ista in auribus 7neis * ; ut de Hieronymo dicitur, et ut ipse dicit ad suos monachos *, apud Suaresium *. O vox omnipotens, quse tôt trans- substantiationes faciet, ïn momento, in ictu ociili, et reperit ossa, cutem, sanguinem. Articulus iste resurrectionis omnium visus est difficil- limus philosophis : a privatione ad habitum ; at Patres pro eo strenue dimicarunt. Et Job, in lege naturae * : Credo qiLod Redemptor meus vivit, et in carne mea, etc. Martha crédit *. Et conformis est lumini naturae ; nam anima sola non est operata, et desiderat formam. Supererat ut inveniretur quis hoc faceret ; et ecce, Deus est. Et ecce primus articulus judicii ; nam in resurrectione prima erit difFerentia bonorum et malorum. Qjiid tn vides? ^lereva. i*: Virgam vigilantem^ocu\atam,a.mig- dalinam, floridam, prœcocem ; ollam siiccensam. Cor- pora Beatorum florida ; damnatorum accensa ut olla, spirantia ignem et tormenta, horrida, hispida, teterrima ; quse illis palatia, nunc carceres, ut Beatis, quse illis  *Cant.,ii, 14. * Regulse Monach., C. XXIII. ' In Illam Partem S. Thomse, qu. lvi, Disput. L, sect. IV ; De Virt. et Statu Relig., Tractât. IX, 1. II, c. V.  Cap. XIX, 25, 26.  Joan., XI, 27.  * Vers. II, 13.  qu'on entendra ces paroles : « Levez-vous, morts, » parce que les corps ressusciteront sur-le-champ; mais ces autres : « Venez au jugement, » seront entendues réellement, parce que déjà la résurrection aura eu lieu. O voix terrible ! Qiie cette voix retentisse à mes oreilles comme elle résonnait à celles de saint Jérôme, ainsi qu'il le dit lui-même à ses moines, d'après Suarez. O voix toute-puissante qui transforme tant de substances, en un moment, en un clin d'œil, et fait reparaître les os, la peau, le sang ! Cet article de la résurrection a paru aux philosophes le plus difficile à admettre : passer du néant à Têtre ! Mais les Pères l'ont énergiquement défendu. Déjà, dans la loi de nature, Job disait -.Je crois que mon Rédempteur est vivant, et que dans ma chair, etc. Marthe affirme la même foi, conforme d'ailleurs aux lumières naturelles, car l'âme, n'ayant pas travaillé seule, a droit de réclamer son complément. Restait à trouver qui le lui donnerait, et voici que c'est Dieu. Et ce sera la première partie du jugement; car la distinction qui doit s'opé- rer entre les bons et les méchants commencera avec la résurrection. Qw^oots-ZM.? Une verge qui veille, pleine d'yeux, comme celle de l'amandier, fleurie, précoce; une chaudière bouillante. Les corps des Bienheureux fleuriront ; ceux des damnés seront comme une chaudière bouillante, animés par le feu et les tourments,  * Plin., Hist. nat., 1. II, c. cvifal.cui). Etvideinfra,p.264. * Matt., XXIV, 30. * Hymnus Vexilla Régis.  256 Sermons autographes carceres, nunc palatia. Jacob et Esau. Ex eadem fornace, aura limpidius, lignum nigrum et carbones. Mêlas et Cyphissus *. Quis pudor ! Heu, heu ! Hoc facto, parebit signiim Filii hominis^. Image a double rapport : ut mal! oderunt justitiam, boni amant. « O Crux, ave, spes unica* ! » O Estendart ami ! o terreur des ennemis !  horribles, affreusement hérissés; à leurs palais d'autrefois sont maintenant substituées des prisons, comme les prisons des Bienheureux font place à des palais. Jacob et Esaù. De la même fournaise sortent une matière plus pure que la brise, et des bois noirs et des charbons. Mêlas et Céphisse. Quelle honte ! Hélas ! hélas ! La séparation faite, le signe dit Fils de l'homme apparaîtra... Les mauvais ont eu en haine la justice, les bons l'aiment. (I Je te salue, ô Croix, notre unique espérance ! »...  CXXIII PLAN D'UN SERMON POUR LE MARDI APRÈS LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME 14 février 16 17 (Inédit)  FERIA TERTIA (Ms. page 229 his, recto) DE JUDICIO SEPARATIONIS ET DISCUSSIONIS CoUocato in aéra signo Filii hominis, congregahun- tur circa eum omnes gantes'^ ; mox separabuntur, et * Matt., xxiv, 30, deinde omnes lihri aperientur *, et examen ac discussio, ^ Xpoc.', xx, 12. recherche, fiet. Joël, 3* : Ecce in diehus illis, etc., congregaho *Vers. i, 2. omnes gentes et educam eus in vallem Josaphat (vide Riberam*, qui ad litteram ait de judicio intelligi), * Comm., in Lib. et disceptabo cum eis. Vallis Josaphat, ex communi ^ol\,în7t^^'' '° sententia, est inter Olivetum et Hierusalem. Magister Sententiarum irridet *, quia /o^a^/î^^ judicium Domini xLvni,''§'4- '  MARDI APRÈS LE PREMIER DIMANCHE SUR LE JUGEMENT : SEPARATION ET EXAMEN Le signe du Fils de l'homme fixé dans les airs, toutes les nations seront rassemblées autour de lui; elles seront bientôt séparées, et ensuite tous /« livres seront ouverts, et l'examen, la discussion, la recherche commencera. Voilà qu'en ces Jours-là, etc.,je rassemblerai tous les peuples, et Je les conduirai dans la vallée de Josaphat (voir Ribéra qui applique littéralement ce passage au jugement), et là J'entrerai en Jugement avec eux. La vallée de Josaphat, d'après l'opinion commune, serait l'espace situé entre Jérusalem et le mont des Oliviers. Le Maître des Sentences se moque de cette interprétation parce que le nom même de Josaphat signifie jugement de Dieu ; mais l'opinion Serm. II  258 Sermons autographes significat ; at certa est sententia. Angeli : Qiiid hic statis ? etc. ; hic Jésus qui assumptus est a vobis in *Act., I, II. cœlum'^, etc. Ubi Redemptionem, ibi judicium. Deinde Judaei prius judicandi. Ergo congregahuntur ante eum omnes génies ; omnes omnino : ubi autem congregati fuerint, veniet Filins hominis in niibibus, et omnes * Matt., XXV, 51 ; Aiigeli ejus curn eo *. Et tune fiet separatio : Separa- * Ma«'./xni, 49. bunt, iuquit *, malos a bonis. Duo, ait Dominus **, "ibid., XXIV, 40,41; Qfimi îji aPTO, duo in lecto, duce ad inolam ; unus Lucae, xvii, 34, }'>■ ^ ' assumetur et alter relinquetur. O separatio aeterna ! * Gen., XXI, 10, 14. Agar et Ismael *. Deinde judicium fiet discussionis ; de qua discussione ♦Vers. 36. Dominus, 31ath. 12 * : Amen dico vobis, quoniam de * Vers. 3-5. omni verbo otioso. Et Apostolus, i. Cor. 4* : Mihi autem pro minimo est ut a vobis judicer, etc. ; itaque nolite ante ternpus judicare, quoadusque veniat Dominus, qui et illuminabit abscondita tene- * Vers. II. 12. brarum et manifestabit consilia cordium. Apoc. 20*: Et vidi thronum magnum candidum., et sedentem. super eum, a cujus conspectu ftigit terra et cœlum, et locus non est inventus eis ; et vidi mortuos, magnos et pusillos, stantes in- conspectu throni ; et libri aperti sunt, et alius liber apertus est qui est  énoncée ci-dessus n'en est pas moins certaine. Les Anges dirent [aux disciples] : Pourquoi vous arrête^-voiis ici? etc.; ce Jtsus qui du miUeu de vous s'est élevé au ciel, etc. Où s'est opérée la Rédemption, là se fera le jugement. D'ailleurs, il faut que les Juifs soient jugés les premiers. Toutes les nations seront donc rassemblées devant lui ; toutes, sans exception. Dès qu'elles seront rassemblées, le Fils de l'homme viendra sur les nuées et tous les Anges avec lui. Alors se fera la séparation. Les Anges, d'après l'Ecriture, sépareront les méchants des bons. Sur deux qui seront dans un champ, dit le Seigneur, deux dans un lit, deux à la meule, fun sera pris, Vautre laissé. O éternelle séparation ! Agar et Ismaël. Ensuite aura lieu l'examen pour le jugement. De cet examen le Seigneur affirme : En vérité, y^ vous le dis, il portera sur toute parole oiseuse. Et l'Apôtre : Pour moi, je me mets fort peu en peine d'être jugé par vous, etc.; c'est pourquoi ne jugei pas avant le temps, jusqu'à ce que vienne le Seigneur qui éclairera ce qui est caché dans les ténèbres et qui manifestera les secrètes pensées des cœurs... Et je vis un grand trône blanc, et quelqu'un assis dessus, en présence duquel la terre et le ciel s'enfuirent, et leur place ne se trouva plus ; et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône; et les livres furent ouverts, et un autre livre fut encore ouvert, qui est le livre de vie (c'est-à-dire, qui est  CXXIII. Mardi après le i" Dimanche de Carême 259  * Vers. 9, 10.  * In Prosa Missse Defunct. • Vers. 10, 12. *Sermo LvinCant.,  vitœ (id est, vita) ; et judicati sunt fnortiii ex Us quœ scripta erant in libris, secundum opéra ipsorum. [Liber vitœ, in Apoc. 20, est vita Christi.) Danielis, 7 * : Aspiciebain donec throni positi sunt, et Antiquus dierum sedit , etc. ; judiciiim sedit et libri aperti sunt : « Liber scriptus proferetur *. » Soph. i* : Et erit in die illa ; scrutabor in lucernis Hierusalem (Bernardus * : Si sic in Hierusalem, quis finis in 'BB.hiXone':! Hierusalem, Sancti : videbuntur etiam ^ ^' peccata Sanctorum, sed cum magna eorum consolatione; et dicent : Misericordiœ Domini quia non sumus consutnpti*); et visitabo super viros defixos in /ceci- •Thren., m, 22. bus suis, qui dicunt in cordibus suis : Non faciet bene Dominus, non faciet maie. Très interpretationes, vide Riberam *, et fol. nostro 78 (0 : i", litteralis, de captivitate Caldaica ; 2% Josephi, applicatoria * ; 3^, de die judicii. Lucerna pedibus meis verbum tuum *, 4*, homines sancti. Et ita fiet judicium comparationis : Surget regina austri, et viri Ninivitœ *. Historia Joseph, [Gen.,] 42 * : Invicem : Merito hœc  *Comm.quo supra, p. 2^7, in loc. Soph. * Vide S. Hieron., Comm.in Soph., ad locum. * Ps. cxviii, 105. * Matt., XII, 42, 41. * Vers. 21, 22.  la vie); et les morts furent Jugés sur ce qui était écrit dans les livres selon leurs œuvres. (Le livre de vie, dans l'Apocalypse, xx, c'est la vie du Christ.) Je regardais Jusqu'à ce que des trônes fussent placés, et T Ancien des Jours s'assit, etc.; le Jugement se tint et les livres furent ouverts : << Le livre écrit sera présenté. >; En ce Jour-là Je scruterai Jérusalem avec des lampes (Saint Bernard : S'il en est ainsi pour Jérusalem, quelle sera la fin de Babylone ! Jérusalem, c'est-à- dire les Saints : les péchés mêmes des Saints seront découverts, mais à leur grande consolation ; et ils diront : C'est grâce aux jniséricordes du Seigneur que nous n'avons pas été consumés); et Je visiterai les hommes enfoncés dans leur lie, qui disent en leurs cœurs : Le Seigneur ne fera pas de bien, il ne fera pas de mal. Trois interprétations (voir Ribéra et notre folio 78) : La première est littérale, et s'entend de la captivité de Chaldée; la seconde, celle de Josèphe qui l'applique [à la destruction de Jérusalem] ; la troisième a trait au jour du jugement. Votre parole est une lampe qui éclaire mes pieds ; texte qui amène une quatrième interprétation : des hommes saints. Ainsi se fera le jugement par comparaison : La reine du midi et les hommes de Ninive se lèveront. Histoire de Joseph : [Ils se dirent] les uns aux autres : C'est Justement que  ( I ) Ce feuillet ne nous est pas parvenu. Cf. tome VII de cette Edition, P- AlA-  200 Sermons autographes patimur, quia peccavimus in fratrem nostrum, vi- dentes angustias animée illius dum, deprœcaretur nos et non audivimus ; idcirco venit super nos ista tribulatio. Et Ruben : NunqiUd non dixi vobis : Nolite peccare in puerum ? et non audistis ine ; en sanguis ejus exquiritur. Vers. I. Initium, 2. Timoth. 4* : Testificor coram Deo et Christo.  nous souffrons tout ceci, parce que nous avons péché contre notre frère ; voyant les angoisses de son âme quand il nous suppliait, nous ne l'avons pas écouté ; cest pour cela que cette trihulation a fondu sur not(s. Et Ruben de répondre : Ne vous ai-j'e pas dit : Ne péclie^ pas contre cet enfant ? et vous ne m'ave^ pas écouté ; voilà que son sang nous est redemandé. Pour le comaieacement [du sermon] : Je t'en conjure devant Dieu et devant le Christ.  CXXIV PLAN d'un sermon POUR LE MERCREDI APRÈS LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME 15 février 16 17 (Inédit)  FERIA qUARTA  (Ms. page 22g bis, verso)  Post resurrectionem, convocationem, separationem et discussionem, nihil superest nisi ut feratur sententia; de qua nunc mixtim cum Evangelio hodierno *, in quo ♦ Matt., xn, 38-50. adhuc nonnulla de judicio comparationis.  Loquebatur Dominus, Mat. 12*, de rigore discussio- nis, dicens : Dico autem vobis quoniam de omni verbo otioso, etc. Tîinc responderunt ci quidam de Scrihis et Phariseis , dicentes : Magister, volumus a te signum videre. Generatio prava et adultéra'^. Nihil magis incredibile quam quod credere nolumus ; judicii rigor omnibus perversis odio est. Vel obliviscimur sponte, vel in curiosa deducimus istius diei historiam.  Vers. i().  *Matt., XII, 38, 39, XVI, 4;Deut.,xxxii, 5-  MERCREDI APRES LE PREMIER DIMANCHE Après la résurrection, l'appel, la séparation et la discussion, il ne restera plus qu'à porter la sentence. Nous allons en parler en expliquant l'Evangile du jour, où nous trouverons encore quelques enseignements sur le jugement par comparaison. Le Seigneur parlait des rigueurs de l'examen, lorsqu'il ajouta : Or, je vous le dis qu'il portera sur toute parole oiseuse, etc. Alors quelques-uns d'entre les Scribes et les Pharisiens lui répondirent : Maître, tious voulons voir un miracle de vous. Une génération méchante et adultère. Rien de plus incroyable que ce que nous ne voulons pas croire ; la rigueur du jugement excite la haine de tout homme pervers. Nous l'oublions volontairement, ou bien nous nous  202 Sermons autographes Generatio prava et adultéra, quœ relicto vero cultu amoribus alienis incumbit, signuin quœrat, et signum non dahitur ei, nisi signiun Jonœ Prophœtœ. Quodnam signuin? Existimant plerique signum fonce esse resurrectionem. Maldonatus, post Hilarium , nisi *Videsupra,p.3. fallor *, interpretatur signum Jonœ, id est, nullum ; nam Jonas nullum dédit, sed tantum dixit : Adhuc 40 *jonae, III, 4. dies et Niuive suhvertetur *. Et signum condemnatio- nis : judicium comparationis Ninivitarum. Trium dierum praedicatione conversi sunt, et nos, etc. ; quorum tamen praedicatio major est ob Christi authoritatem, qui loqui- •Matt., X, 20; II tur in nobis*. Regina austri, sapientiam Salomonis : Cor. xiii ^. o X 7 * s.Âthan.,inVita Sanctus Anthouius audiens unum verbum Evangelii *, * VitœPatrun/,l.I, Simeon Stilites *, cœteri. Homines fuerunt amicti pelle VitaS.Sim.st.,c.i. g^ carne ut nos. Pelagia ; Pacomius. Quare, jure merito condemnabuntur mali, neque quid objiciant habebunt sententise justissimae ; sed antequam ipsam audiamus... Ego in ejus meditatione mihi esse videor in illo monte Cassio, Seleucise vicino, de que *Hist. natur., 1. V, Plinius ait* videri utrumque hemispherium, unde dua- c. XXII (al. xvni). , , . , . bus horis post mediam noctem videtur ex una parte  bornons à de vaines et subtiles conjectures sur ce qui doit arriver en ce jour. Une génération méchante et adultère qui abandonne le vrai culte pour vouer son amour à l'étranger ; elle peut demander un miracle, mais il ne lui sera point donné d^autre signe que celui du Prophète Jonas. Quel est ce signe? La plupart pensent que le signe de Jonas est la résurrec- tion. Maldonat, après saint Hilaire, si je ne me trompe, dit que ces mots signe de Jonas, signifient absence de signe, car Jonas n'a fait aucun prodige ; il a seulement dit : Encore quarante jours et Ninive sera détruite. Et le signe de la condamnation : jugement par comparaison avec les Ninivites. Trois jours de prédication les ont convertis, et nous, etc.; notre prédication pourtant est bien supérieure à cause de l'autorité du Christ qui parle en nous. La reine du midi devant la sagesse de Salomon ; saint Antoine entendant une seule parole de l'Evangile, saint Siméon Stylite, d'autres encore. Ces hommes pourtant étaient comme nous composés de chair et d'os. Sainte Pélagie, saint Pacônie. C'est donc à bon droit que seront condamnés les méchants, et ils n'auront rien à objecter à une aussi juste sentence; mais avant que nous l'entendions [je veux vous confier une pensée qui m'est familière]. Quand je médite sur le jugement, je me figure être sur le mont Cassius voisin de Séleucie. De son sommet, dit Pline, on peut contempler les deux hémisphères, si bien qu'à  CXXIV. Mercredi après le i" Dimanche de Carême 263  nox obscurissima, ex alia dies lucidissimus. Nam ex una parte , post discussionem , audio videoque Christum , radiis benedictionis illucescentem : Venite, benedicti ; ex alia, noctem densissimam immittentem : Ite, maledicti*. Vel potius, videra mihi videor in hoc judicio quod visum est in Jordane cum exiret Israël de ^gipto, Jos. 3 * : intumescebant aqiiœ superiores instar inontis (unde in Psal.*: Montes exiiltastis siciit arietes, nimi- rum montes undarum et fluctuum videbantur saltare) : inferiores aquae descendebant in Mare Solitudinis, id est, MortiLum, Asphaltites (et belle, nam Jordanis est fluvius judicii*), etidin conspectu Arcae : A facie Domini inota est terra *. Sic in judicio dividet aquas ab aquis, (( aqiiCB miûtse popiili multi, » Apoc. ly.y. 15*: superiores ascendunt obviam Christo in aéra *, Christo, inquam, qui eos veluti deducturus descendit *, et exultabunt ut arietes *; inferiores descendent in Mare, mare Mortuuîfi, etc. Joannes, Apoc. i *, vidit Dominum in majestate, ves- titiim podere et cinctum ^ona' a^irea ad inammil- las, etc. Audivi vocem ejus tanqiiam vocem aqiiarum  *Matt., XXV, 34,41; juxta Graec. et anti- quam lect. Lat.  * Vers. 14-17. * Ps. cxiii, I, 6.  * Vide ad cale. Bibl. * Ps. cxin, 7. * VideS. Bern., ser- mo I in Oct. Pas- chas, § 5. * I Thess., IV, 16. * Ephes., IV, 9, 10. ' Ps. cxiii, 4, 6.  * Vers. 13-17.  deux heures du matin on y voit d'une part l'obscurité de la nuit la plus profonde, de l'autre, le plein jour dans tout son éclat. Ainsi, après la discussion, j'entends, d'une part, et je vois le Christ étincelant des rayons de bénédiction : Vene^, bénis; et faisant descendre de l'autre côté la nuit la plus sombre, [je l'entends prononcer cette sentence] : Alle^, maudits. Ou plutôt je me figure voir à ce jugement ce qu'on vit au Jourdain quand Israël sortait de VEgypte : Les eaux supérieures grossissaient et s'élevaient semblables à une montagne {d'où le mot du Psaume : Montagnes , vous ave^ bondi comme des béliers ; ce qui signifie que des montagnes de flots s'agitaient et semblaient danser), tandis que les eaux inférieures descendaient h la mer du Désert, c'est-à-dire a la mer Morte, au lac Asphaltite (belle comparaison, car le Jourdain est précisément le fleuve du jugement). Et ceci se passait en présence de l'Arche : Devant la face du Seigneur, la terre a été ébranlée. Ainsi, au jugement, le Seigneur séparera les eaux des eaux; « les grandes eaux sont des peuples nombreux : » les eaux supérieures montent au-devant du Christ, dans les airs, au-devant du Christ, dis-je, descendu vers eux comme pour les ramener, et ils bondiront comme des béliers ; les eaux inférieures descendent à la mer, à la mer Morte, etc. Saint Jean vit le Seigneur dans sa majesté, vêtu d'une longue robe et ceint, au-dessous des mamelles, d'une ceinture d'or, etc. J'entendis sa voix comttie la  264 Sermons autographes multarum, oculi ejus siciit flamma ignis, et ex ore ejiis gladius ex utraque parte acutus, et faciès ejus siciit sol in virtute sua. Et cum vidissem, cecidi ad pedes ejus tanquam mortuus : septem tamen Episco- pos tantum judicaturus erat. Vox aquarum vitee et mortis, Mare Mortuum. Mêlas et Cephissus, en Bœocie, sortent d'un mesme lac : celuy la noircit les moutons, * PHn., ubi supra, celuy ci les blanchit*. Oculi flamma ignis, pénétrant vfdet'peccatajusto- tout : Probastt cor meum et visitasti nocte, igné col!lc^l!a/Z^^ ^^^^ examinasti et non est inventa in me iniquités*. jorian memoria. Ex orc gladius, tranchant a gauche, ut perdat et occidat morte œterna ; a dextris, ut amputet omnia mala a Beatis. Tempus putationis advenit ; jam hiems abiit, imber ahiit et recessit ; vox turturis. Tempus ' Cant., II, II, 12. putationis advenit *, circumcisio mistica, quœ fit octavo *Gen.,xvn,r2;Lu- die*. Et facies ejus sicut sol, pro Beatis. cae, II, 21. o j 1 • bed audiamus tandem. Venite in portum, venite in regnum, venite in sinum misericordiae meae, venite ad •Matt., XXII, 4. caenam, venite ad nuptias *, venite ad solemnitatem ; henedicti , dilectissimi filii benedictionis ; possidete * ibid., XXV, 34. paratum vobis regnum a constitutione iniindi*. O * Vide pag. 276. quale regnum ! Sed de hoc dicemus die Dominica *. 'Matt., XXV, 35. Esurivi enim*. (Quid dicitis malevoli ? Ecce operibus  voix des grandes eaux, ses yeux étaient comme une flamme de feu, et de sa bouche sortait un glaive a deux tranchants, et sa face était comme le soleil dans sa force. Et lorsque je Feus vu, Je tombai h ses pieds comme mort : cependant, il ne devait juger que les sept Evêques. La voix des eaux de la vie et de la Il voit les péchés des mort, mer Morte... Ses yeux comme une flamme de feu, pénétrant tout : Vous ionsdence" m^als dans ^'"^^ sondé mon cœur et vous l'ave^ visité pendant la nuit, vous m'ave^ éprouvé leur mémoire. par le feu et il ne s'est point trouvé d'iniquité en moi. De sa bouche sortait un glaive, tranchant à gauche, afin de perdre et de tuer par la mort éternelle • à droite, pour supprimer tous les maux qui auraient pu menacer les Bien- heureux. Le temps de tailler est venu; déjà l'hiver est passé, la pluie a cessé et s'est retirée ; la voix de la tourterelle. Le temps de tailler est venu, circoncision mystique qui doit se faire le huitième jour. Et sa face comme le soleil, pour les Bienheureux. Ecoutons enfin la sentence. Vene^ au port, vene:^ dans le royaume, vene:^ dans le sein de ma miséricorde, vene^ au festin, vene:[ aux noces, vene^ à la solennité; bénis, fils bien-aimés de bénédiction j/iOiSfVe^ le royaume qui vous a été préparé dés l'origine du monde. Quel beau royaume ! Mais nous en parlerons Dimanche. Car j'ai eu faim. (Que dites-vous, hommes pervers ■* Voici qu'on récompense  CXXIV. Mercredi après le i^"" Dimanche de Carême 265 misericordiae redditur merces : Lihri aperti sunt, et judicati sunt ex lihris secundum opéra eorum'^.) Hz *Apoc., xx, 12. fondront de douceur a ces paroles. Anima naea lique- facta ut Dilectus meus locutus esf^, per amorem * Cant., v, 6. gratiae, quanto magis per amorem gloriae. Discedite a me, maledicti^';vo:^ abdicationis œternse, *Matt., xxv, 41. exhaeredationis, abjectionis et mortis aeternse. O Agar, exiens e domo Abraham *. Maledicti , maledictione *Gen., xvi, 6, xxi, seterna. In ignem, aeterno. A quo discedunt? ad quem ^°' '^'^' recedunt ? Irrugient, dicentes *, etc. Et ihunt Jii in * Sap., v, 3seq. supplicium œternum, justi autem in vitani œter- nani *. -Sternum, aeternum. * Matt., xxv, ult. Ecce utraque œternitas patet nobis. Heu, quam vultis eligere ? Rectam electionem facite ; ex hoc forsan mo- mento pendet vestra seternitas. Et forsan nunquam vobis amplius proponetur. O seternitas, aeternitas !  les œuvres de miséricorde : Les livres furent ouverts et les morts furent j'u^és, d après ces livres, selon leurs œuvres.) Ils fondront de douceur à ces paroles. Mon âme s'est liquéfiée par l'amour de grâce, quand mon Bieri-Aimé a parlé ; combien plus se liquéfiera-t-elle par l'amour de gloire ! Retirez-vous de moi, maudits ; parole d'éternelle déchéance, d'exhérédation, de répulsion et de mort éternelle. O Agar, sortant de la maison d'Abraham ! Maudits, d'une éternelle malédiction. Au feu, pour l'éternité. De qui s'éloi- gnent-ils ? où vont-ils } Ils rugiront en disant, etc. Et ceux-là iront au supplice éternel, et les justes, à la vie éternelle. Eternel, éternel ! L'une et l'autre éternité s'ouvrent ainsi devant nous. O Dieu ! laquelle voulez-vous choisir ? Faites un bon choix. De ce moment peut-être dépend votre éternité. Et peut-être ce choix ne vous sera plus jamais proposé ! O éternité, éternité !  cxxv PLAN d'un sermon POUR LE JEUDI APRÈS LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME i6 février 1617 (Inédit)  (Ms. p. 2^0, recto) FERIA qUINTA. DE CANANEA ET ORATIONE *Matt., XV, 2t-28. Ecce mulierem Cananeam*, magnam omnino fide, spe et charitate. Fide : O millier, etc. ; spe, nam repuisa magis sperat; charitate, nam pro fîlia, et adhœret Christo immobiliter. Verum quia fidem, spem et charitatem oratione demonstrat , nos de omnipotentia orationis dicemus. Cum versum primum Cantici Zacharise interpretare- *Cf. supra, p. 210. mur *, diximus quare Deus diceretur Deus Israël,  JEUDI APRES LE PREMIER DIMANCHE SUR LA CHANANÉENNE ET LA PRIÈRE Voici une femme chanaaéenne vraiment grande par la foi, l'espérance et la charité. La foi : O femme, etc.; l'espérance : on la repousse, elle espère davantage ; la charité : elle parle pour sa fille et s'attache immuablement au Christ. Mais puisque c'est par la prière qu'elle nous montre sa foi, son espérance et sa charité, nous choisirons pour sujet de notre discours la toute- puissance de la prière. Quand nous avons interprété le premier verset du cantique de Zacharie, nous avons dit pourquoi Dieu est appelé le Dieu d'Israël ; c'est à cause de la  CXXV. Jeudi après le i*"- Dimanche de Carême 267 nimirum, religione. Verum nunc aliam causam adduci- mus, quse extat fol. i54, verso (0. Et hic sane Christus vincitur a Cananea et ejus oratione, ut navis rémora* * Pim., Hist. nat., l.IX,c.xxvfa/.XLi). tenetur, ut Samson a Dalila *. *judic., xvi. O omnipotentia orationis ! Circa hanc autem fuerunt duse hsereses : Euchitarum et Messalianorum, quia ora- tionem sufficere aiebant ; et Pelagianorum, quia nos ea non indigere ut plurimum existimabant. At Ecclesia, et orationem necessariam, et eam solam non sufficere. Sed videamus progressum. Hsec mulier erat Cananea, et egressa a finibus illis. Oratio quidam egressus est a finihus nostris, nam est « elevatio mentis in Deum, » ut ait Damascenus *. "DeFideOrthod., Miserere met, Domine, quoniain ad te clamavi tota die ; lœtifica animain servi lui, quoniam ad te. Domine, animam meam, levavi'^. Item** : Ad «Ps! xx^v^i.^L'^' te levavi animam meam; Deus meus, in te confido,  religion de ce peuple. Mais maintenant nous en donnons une autre cause consignée folio 154, verso. Ici, en effet, le Christ est vraiment enchaîné par la prière de la Chananéenne, comme le navire est retenu par le rémora, comme Samson fut lié par Dalila. O toute-puissance de la prière ! Deux hérésies pourtant se sont élevées à ce sujet : celle des Euchites et des Messaliens qui disaient que la prière suffit; et celle des Pélagiens, dont la plupart prétendaient que nous n'avons pas besoin de prier. L'Eglise nous enseigne que la prière est nécessaire et que, seule, elle ne suffit pas. Mais voyons la suite. Celte femme était chananéenne, elle était sortie des confins de son pays. La prière est en quelque sorte une sortie de nos confins, car elle est « une élévation de l'âme vers Dieu, » comme la définit saint Jean Damascène. Aye^ pitié de moi, Seigneur, parce que f ai crié tout le Jour vers vous; réjouisse^ l'âme de votre serviteur, parce que c'est vers vous, Seigneur, que j'ai élevé mon âme. De même : C'est vers vous que j'ai élevé mon âme ; mon Dieu, je me confie en vous, je ne ( I ) Ce folio 154 ne nous est pas parvenu; mais la manière dont il est mentionné p. 210 prouve qu'il contenait au verso l'exposé de la seconde cause pour laquelle le Seigneur a voulu être appelé Dieu d'Israël. La suite de ce Sermon CXXV laisse deviner quelque chose des explications que saint François de Sales dut donner à ce sujet. D'après lui, le Dieu d'Israël est ainsi nommé parce qu'il s'était en quelque sorte livré à la merci de son peuple, en s'engageant à exaucer toutes les prières qu'il lui adresserait avec humilité et confiance.  268  Sermons autographes  • Cap. III, 6. non erubescam. Et Cant.* : Qtiœ est ista quœ ascen- dit de deserto, sicut virgula fumi , ex aromatibus mirrœ et thuris? Ista tamen elevatio est mentalis, non * Ante Prœfat. in localis, ratione objecti non loci ; unde : (( Sursum corda*. » Mira vel stupiditas, vel malignitas Calvinistarum obji- cientium (( Sursum corda, » quasi (( sursum » localiter intelligatur. Et illud prier devant un'image localiter, confundunt cum illud prier devant moraliter : ante imaginem localiter orat qui habet imaginem ante se, at moraliter qui imaginem ipsam oraret. Ante Propitiato- rium localiter, ante Deum Propitiatorio representatum ;^^:f-'^f'^'/o°5 moraliter*. Levit., XVI, 17, 10.  * Ps. cxviii, 145. * Ps. CXXIX, I. * Ps. VI, 2. * Ps. IX, penult.  Clamavit dicens (In toto corde meo *) : Miserere inei, Domine, fili David ; filia mea maie a dœmonio vexatur. Miseriam primo ostendit, nam miseria attrahit misericordiam. De profundis clamavi*. Miserere mei, Domine, quoniam infirmiis suna *. Desideriiun paii- peruin exaudivit Dominus ; prœparationem cordis eoruin audivit aiiris tua*. Filia mea maie a dœmo- nio vexatur. Bene aliquando a dsemonio vexamur (maie, tamen, ad litteram, id est, vehementer), ut Job, Sanctus Anthonius, Sancta Catharina Senensis, Sanctus  rougirai point. Et dans le Cantique : Quelle est celle-ci qui monte du désert comme une colonne de fumée de parfums de myrrhe et d'encens ? Toutefois, cette élévation est mentale, non matérielle, elle est relative à son objet, non au lieu ; c'est également ce que signifient ces mots : « En haut les cœurs ! » Quelle étonnante sottise ou méchanceté de la part des Calvinistes quand ils nous objectent ces paroles : « En haut les cœurs, » comme si « en haut » s'entendait au sens littéral ! Ils ne veulent pas distinguer entre prier maté- riellement devant une image çX prier moralement devant cette image. On prie matériellement devant une image quand on a cette image devant soi, mais on prierait moralement devant cette image si on invoquait l'image même. [Le grand Prêtre priait] localement devant le Propitiatoire, réellement et mora- lement devant Dieu représenté par le Propitiatoire. Elle s'écria, disant (De tout mon cœur) : Aye^ pitié de moi, Seigneur, fils de David ; ma fille est misérablement tourmentée par le démon. Elle montre premiè- rement sa misère, parce que la misère attire la miséricorde. Du profond de Tabîme j'ai crié. Aye\ pitié de moi. Seigneur, parce que je suis infirme. Le Seigneur a exaucé le désir des pauvres ; votre oreille a entendu la préparation de leur cœur. Ma fille est misérablement tourmentée par le démon. Nous sommes parfois utilement tentés par le démon (misérablement est pris ici à la lettre, pour violemment), comme Job, saint Antoine, sainte Catherine de Sienne,  CXXV. Jeudi après le i" Dimanche de Carême 269 Paulus, quia faciunt cum tentatione proventum* ; at "iCor., x,i3. alii maie vexantur. Bene pungeris si compungeris. Qiii non respondit ei verbiim. Heu, qui plantavit aurem non audiet ? atit qui finxit ocidum non considérât*'^ O Verbum, non respondes verbum ? * Ps. xcm, 9. Interdum amor fingit se surdum (Petre, amas me ? Petre, amas me*?) ut fortius clamemus. *Joan.,uit., 15-17. Haec autem facta sunt in domo in qua latebat * : « et *Marc., vu, 24. fugit ad salices *. » Latere volebat et nolebat ; latere * Virgii.,Eciog.iii, volebat, id est, facere quod latentes faciunt. Trahe me, ^' post te curremus in odorem n ng lient or um tuornm *. * Cant, i, 3. Canis etiam latentem cervum invenit, et statim il clabaude. Deinde ubi cervum e suo loco, de son fort, de son buisson, emisit : Clamât post nos ; id est, invocat nos ; id est, te per nos. Non sum missus. O Domine, reminiscere miserationiun tuarum*. O dura béni- * Ps. xxiv, 6. gnitas, o misericors duritia, amans severitas ! Est un horvaris. At ista semper sequitur : At illa venit et adoravit ; orabat inter discipulos ; audiens venit ad ipsum : Domine, adjuva. At ille, saltu se proripiens : Non est, inquit, boniim sumere panem filiorum et  saint Paul, car ces Saints tiraient profit de la tentation ; mais d'autres sont tentés pour leur malheur. Vous serez utilement tourmenté, si c'est le repentir qui vous tourmente. Jésus ne lui répondit pas une parole. Hélas ! Celui qui a créé l'oreille n'entendra pas? Celui qui a façonné l'œil ne considère pas? O Verbe de Dieu, vous ne répondez /^i une parole? Parfois, l'amour fait la sourde oreille (Pierre, m'aimes-tu ? Pierre, m'aimes-tu ?) afin que nous criions plus fort. Or ceci se passait dans la maison où se cachait Jésus, qui « s'enfuit aux saules. » Il voulait et ne voulait pas se cacher ; il voulait se cacher, c'est-à- dire [se faire chercher, comme] font ceux qui se cachent. Tirei-moi ; nous courrons après vous a l'odeur de vos parfums. Le chien trouve le cerf même quand il se cache, et aussitôt il clabaude. Dès que [la Chananéenne] a levé le cerf de son fort, de son buisson : Elle crie après nous, [disent les Apôtres] ; elle nous invoque, c'est-à-dire, elle vous prie par notre entremise. Je ne suis pas envoyé. O Seigneur, souvenez-vous de vos miséricordes. O dure bénignité, ô miséricordieuse dureté, aimante sévérité ! C'est un hourvari. Mais la Chananéenne les suit toujours : Cependant, elle vint et adora; elle priait parmi les disciples; elle entendit Jésus et vint à lui : Seigneur, aide^-moi. Et Jésus, s'avançant semblable au cerf qui bondit : Ce nest pas bien, dit-il, de prendre le pain des enfants pour le jeter aux chiens.  270 Sermons autographes mittere canibus. (Clamant pauperes post nos : « Nos- trum est quod consumitis, nobis crudeliter eripitur quic- » s. Bern., De Mo- quid inaniter expenditur *. ») At mulier audiens : Etiam, c! iif§ 7. '^ ^^^'^ ' n<^J>^ ^i catelli. Rubis d'-^tiopie *, chiens recreuz. • Phn., ubi supra, q j^^nHg^ ^ Ecce victus cst Anafclus *. Ecce ex Ca- p. 152. * •Gen.,xxxii,26,28. nanea filia Israël facta est, et Christus factus est praeda * Cap. vu, 29. ejus. Marc* : Pr opter hune sermonem vade ; fiât tibi *Matt., XV, :8. sieut VIS * .* il rend les abbois.  (Les pauvres crient après nous : « Ce que vous dévorez nous appartient ; toutes vos dépenses inutiles sont un vol cruel que vous nous faites. ») Mais la femme répond : Oui, car les petits chiens, etc. O femme ! Voici que l'Ange est vaincu. De Chananéenne la voici fille d'Israël, et le Christ est sa proie. A cause de cette parole, va, qu'il te soit fait selon ce que tu veux : il rend les abois.   CXXVI PLAX d'un sermon POUR LE VENDREDI APRÈS LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME 17 février 1617 (Inédit)  FERIA SEXTA. DE PROBATICA PISCINA (Ms. p. 2JO, verso) Commun! Patrum consensu, piscina hœc * Baptismum *joan.,v, 1-8. significat; paraliticus, humanum genus, quod nisi Christo veniente non sanabatur. Piscina hase probatica est, pecualis, ovilis -.probaton, ovis ; probatichi, ovilis, pecuaria ; cur autem ita dica- tur varie censent. Communis sententia est antiquorum, quia ibi oves offerendse in Templo lavarentur, saltem intestina ; et propterea Hieronimus, in libro De Locis Hebr.^, ait suo etiam tempore piscinam illam rubentem * Sub voce 5^/A« - quasi sanguine tinctam. « Betliesda, domus efFusionis,  VEHDSEDI APRES LE PREMIER DIMAKCHE SUR LA PISCINE PROBATIQUE Du consentement commun des Pères, cette piscine figure le Baptême; le paralytique représente le genre humain qui n'aurait pas été guéri si le Christ ne fût venu. Cette piscine est probatique, destinée aux troupeaux, aux brebis : le sens du grec probaton est brebis ; probatichi, qui concerne les brebis, les troupeaux ; mais pourquoi cette appellation ? Les réponses varient. D'après l'opinion commune des anciens, cette appellation vient de ce que les brebis offertes au Temple y étaient lavées, ou du moins on y lavait leurs intestins; aussi, saint Jérôme, au livre Des Lieux hébraïques, dit-il que de son temps cette piscine était encore rougie et comme teinte de sang. '< Bethesda, selon l'exemplaire grec,  272 Sermons autographes secundum exemplaria Grseca; secundum exemplar Sy- * Annotât., io loc. riacum, Bctchesda, domus misericordiae ; » apud Sa*. *°Comm. in Coa- Secundum quosdam, ait Barradas *, si Bethsaida scri- cordiani Evangei., 13^1-^. pgj. ^/;, siofnat domum effusionis, si per sade, tom. 11, 1. 11, c. XIX, x- 7 & ' r- ^ 1- VI, c. I. domum venatorum. Bcthsaïda, simpliciter, domus fru- g'um. Omnia satis congruunt. [i.] Piscina autem ovium, id est, omnium Christiano- rum, est Baptismus, propter necessitatem ; nam pueris est necessaria necessitate medii : Nisi qitis renatiis ♦Vers. 5. fuerit ex aqua et Spiritus Sancto ; Jo. 3 *. Neque alio modo inseri possunt pueri Christo. Hinc Baptismus puerorum ; nam traditio illa de puerorum Baptismate in hac necessitate fundata est, neque ad Ecclesiam aliter spectare possunt, qui natiira nascuntur ^//z irœ ; ad Eph. 2*. Ecce eniin in iniqiiitatibus conceptus sîim**. Adultis autem etiam : in voto, necessitate medii; in re, necessitate praecepti. Unde : Q^ui crediderit et bapti- ^atus fuerit '^. Nota, si crediderit et hapti^atus non fuerit, etc. Euntes docete omnes gentes *. Petrus, Act. 2 * : Pœnitentiarn agite et baptiietur unusquis- que vestrum. 2. Erat aqua ; est materia necessaria. Ex aqua, inquit*, et Spiritu Sancto. Act. 8**: Ecce aquam ;  signifie maison d'effusion; Betchesda, dans le texte syriaque, maison de miséricorde » (voir Sa). D'autres, d'après Barradas, disent que si Bethsatd.i s'écrit par un sin, il signifie maison d'effusion; si par un sade, maison des chasseurs. Bethsaida ainsi écrit signifie maison des fruits. Tous ces sens conviennent assez bien. [i.] Or la piscine commune aux brebis, c'est-à-dire à tous les Chrétiens, est le Baptême à cause de sa nécessité; car il est nécessaire aux enfants de nécessité de moyen : 5/ quelqu'un ne renaît de l'e^iu et de l'Esprit-Saint. Il n'y a pas d'autre moyen de greffer les enfants sur le Christ. C'est pour cela qu'on baptise les enfants. La tradition de baptiser les enfants repose sur cette nécessité, car ils ne peuvent autrement faire partie de l'Eglise, ceux qui par nature nais- sent enfants de colère. Voici que j'ai été conçu dans l'iniquité. Le Baptême est encore nécessaire aux adultes : en désir, il l'est de nécessité de moyen ; en fait, de nécessité de précepte. De là ces mots : Celui qui croira et sera baptisé, etc. Noter : Celui qui croira et ne sera pas baptisé, etc. Alle^, enseigne^ toutes les nations. Et saint Pierre : Faites pénitence, et que chacun de vous soit baptisé. 2. Il y avait l'eau; c'est la matière nécessaire. De Feau, dit Jésus-Christ, et de l'Esprit-Saint. Voilà de l'eau ; qui empêche que je ne sois baptisé ? Argument  • Vers. **PS. L, 3- 7- * Marc , ult., i6 * Matt. , ult., 19. * Vers. 38. • Joan. "Vers. III, 5. 36.  CXXVI. Vendredi après le i" Dimanche^de Carême 273 quis me prohibet bapti^ari ? Contra Seleucianos qui ignem, et Flagellantes qui sanguinem, materiam Bap- tismi esse dicebant, 3. Angélus Christus est. Unde Joannes : Ipse bap- tisât. « Baptizet Petrus, baptizet Paulus, ipse est qui baptisât*; » Joan. i **. Et Ephes. 5*** : Christus L^faT/g^?"'*' ""' dilexit Ecclesiam et tradidit semetipsum bro ea, ut "Vers. 33 ; Matt., ^ ^ ' m, II. sanctificaret eam, mundans eam lavacro aquœ in '"Vers. 25, 26. verbo vitœ. 4. Minister qui mittat. Sacerdos est ordinarius mi- nister; ut autem fatentur haeretici (nam nos idololatras existimant et antichristianos, et tamen a nobis baptizatos non rebaptizant) , extraordinarius est quicumque homo, etiam infidelis, ut contra Cyprianum et Cecilianum dixit Ecclesia in Concilio Florentine*. Et est mera traditio. * Décret, projaco- Hsereticus impellit, non attrahit. Ut enim Sara ex Agar suscipit filios, etc., Gen. 16*. * Vers. 2. 5. Quinque porticus sunt in piscina*; quinque Libri *Cf. supra, pp. 4, 5. Mosis : Genesis, Exodus, Leviticus, Numeri, Deuterono- mium. Vel quinque aetates ante Christum : i. ab Adam ad Noë, diluvium ; 2. a Noë ad Abraham, circumcisio; 3. ab Abraham ad Moysem, Mare Rubrum ; 4. a Moyse ad Josue (nam egressio et iter continet), fluvius Jordanis;  contre les Séleuciens, d'après lesquels la matière du Baptême était le feu, et contre les Flagellants, selon lesquels cette matière était le sang. 3. L'Ange, c'est le Christ. Aussi saint Jean dit-il : Cest lui qui baptise, u Que Pierre baptise, que Paul baptise, cest le Christ lui-même qui baptise. » Et [saint Paul] aux Ephésiens : Le Christ a aimé V Eglise et s'est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier, la purifiant par le baptême d'eau dans la parole de vie. 4. Le serviteur qui plonge [dans l'eau régénératrice], c'est le prêtre, ministre ordinaire du Baptême ; mais, ainsi que les hérétiques eux-mêmes le recon- naissent (car tout en nous regardant comme idolâtres et antichrétiens, ils ne rebaptisent cependant pas ceux que nous avons baptisés), tout homme, fût-il infidèle, peut en être le ministre extraordinaire, comme l'Eglise l'a défini au Concile de Florence, contre saint Cyprien et Cécilien. C'est la pure tradition. L'hérétique n'attire pas, il pousse. Comme Sara reçoit des enfants d'Agar, etc. 5. La piscine a cinq portiques ; ce sont les cinq Livres de Moïse : la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome ; ou encore, les cinq âges qui ont précédé le Christ, [en chacun desquels on trouve une figure du Baptême] : i. d'Adam à Noé, le déluge ; 2. de Noc à Abraham, la circoncision ; Serm. II 18  274 Sermons autographes [5.] a Josue ad Christum, baptismus Joannis et haec pro- batica piscina. 6. Languentes : cœci quoad intellectum, claudi quoad •Cf. II Cor., m, 14. voluntatem, aridi quoad appetitum sensibilem*. 7. Oiii prior descendebat, sanus fiebat : u In re- *Act., II, 58. missionem peccatorum *, » ex Concilie Nyceno. Unum sanat Christus, quia solum Christianum Catholicum. *joan., 1,12; Rom., g_ JI3J sumiis ûlH Dei^. Perles. Icthis Christus ex VIII, !■), 16. _ _ ■' ^ * VideS. Aug., ubi acrosticis Sjbillae *. Piscatores Jiominum Apostoli **. "Matt.f IV, 19. Hinc Spiritus Sanctus velut columba et Christus decla- * ibid.,111, 16, 17. ratus Filius Dei : Hic est Filius meus *. Sed homo ille inveteratum morbum habebat : Inveteraverunt omnia * Ps. XXXI, 3. ossa mea *. Quantum temporis habes infirmitatis tuse ? Ego 20, ille 10, hic annum, usurae, luxuriae, odii, etc. Hune cum vidisset, et cognovisset. Plerique exis- timant interrogasse de causis et tempore infirmitatis, et segrotum confessum peccata ; unde ait : Noli amplius •Jean., V, 14. peccare'^. Vis sanus fier il Plerique enim nolunt, vel ita volunt ut nolint : vellem, sed nolo ; vellem, sed non possum.  3. d'Abraham à Moïse, la mer Rouge ; 4. de Moïse à Josué (car à la sortie d'Egypte se rattache aussi le voyage), le fleuve Jourdain ; [5.] de Josué au Christ, le baptême de Jean et la piscine probatique. 6. Les infirmes : ce sont les aveugles d'esprit, les boiteux de volonté, les hommes dépourvus de sens spirituel. 7. Celui qui descendait le premier était guéri ; d'après le Concile de Nicée, rie Baptême est] '< pour la rémission des péchés. » Le Christ n'en guérit qu'un, il ne sauve que le seul Chrétien Catholique. 8. Là, nous sommes enfants de Dieu... Le Christ est appelé ictJiys, poisson, d'après les vers de la Sybille. Les Apôtres sont des pêcheurs d'hommes. C'est pourquoi l'Esprit-Saint apparaît sous forme de colombe et le Christ est déclaré Fils de Dieu : Celui-ci est mon Fils. Mais l'homme immergé souffrait d'un mal invétéré. Tous mes os ont vieilli. De quelle époque date ton infirmité ? Moi je compte vingt ans, celui-là dix ans, celui-ci une année, d'usure, de luxure, de haine, etc. Lorsque Jésus l'eut vu, et qu'il connut. Plusieurs des commentateurs pensent que le Christ interrogea le malade sur les causes et la durée de son infirmité, et que le malade confessa ses péchés; c'est pour cela que Jésus lui dit : Ne pioche plus désormais. Veux-tu être guéri? Car beaucoup de gens ne le veulent pas, ou veulent comme s'ils ne voulaient pas : je voudrais bien, mais je ne veux pas; je voudrais bien, mais je ne puis pas.  CXXVI. Vendredi après le i" Dimanche de Carême 273 Toile gr ah atum *. Spiridion et Triphilius**. Bernar- •Joan.,v,8;Matt., dus; très notae vitae spiritalis et sanitatis : Stirge, ad "Àpud'surium. die Caelum intende qui terrena non sat>iunt*): toile sra- p Deçembris. ' -^ ^ / ^ e> • Fnilip., m, 19. h atum tuum, dominari corpori ; et ambulare in lege Domini*. •Sermoxxv-,deDi- versis, § ^.Cf. serm. Piscina mixta sang-uine Christi. Hinc exivit sansuis \° ^^îj^ ^^ ^^^- ° dom. Sanctae. et aqua* ex latere Christi. Vide egregium locum in * joan., xix, 34. notis ad vitam Jacob *, ubi de osculo Jacob dato Racheli * Supra, p. 199. ad puteum *. *Gen., xxix, n.  Prends ton grabat. Saint Spiridion et Triphyllius. D'après saint Bernard, ces paroles expriment les trois degrés de la vie et de la santé spirituelle : Lèse-toi, regarder vers le Ciel (ceux qui ne goûtent plus les choses de la terre); prettds ton grabat, c'est asservir le corps ; marcher dans la loi du Seigneur. L'eau de la piscine est mêlée avec le sang du Christ. C'est pourquoi il sortit du sang et de Veau du côté du Christ. Voir un excellent passage dans les notes sur la vie de Jacob, où il est question du baiser que Jacob donna à Rachel, auprès du puits.  CXXVII PLAN d'un sermon POUR LE DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME 19 février 1617 (Inédit)  (Ms. p. 2JI, recto) DOMINICA SECUNDA DE TRANSFIGURATIONE ET BEATITUDINE O si possem graphice de hac gloriosa Transfiguratione loqui ! Sane, vos cum Petro velletis semper hic manere ; at vero delibabimus paucula quaedam, eo maxime fine * Matt., XVII, 5 ; II ut Filium audiatis *, id est, illius praecepta servetis. Pétri, I, 17. * Vers. 7. Gloria nobis praeparata inenarrabilis est. i. Cor. 2 * : •Vers. 8, 9. Loquimur sapientiam in mysterio, etc. Deinde *, lo- quens de gloria quse per hanc sapientiam acquiritur, quam, inquit, nerno principum hujus seculi cognovit;  DEUXIEME DIMANCHE SUR LA TRANSFIGURATION ET LA BEATITUDE Oh! que ne puis-je vous dépeindre au vif par mes paroles cette glorieuse Transfiguration ! Assurément, vous voudriez avec Pierre, établir votre demeure [sur le Thabor] ; mais du moins nous en esquisserons quelque chose, afin surtout que vous entendiez le Fils, c'est-à-dire, afin que vous observiez ses préceptes. La gloire qui nous est préparée est ineffable. Saint Paul aux Corinthiens : Nous parlons de Li sagesse dans le mystère, etc. Ensuite, il traite de la gloire qui s'acquiert par cette sagesse, laquelle, dit-il, aucun prince de ce siècle n'a connue; car s'ils l'avaient coitniif, jamais ils n'auraient crucifié le  CXXVII. Pour le ii^ Dimamche de Carême 277 si enim cognovissent, niinqiiam Dominum gloriœ crucifixissent. Sed sicut scriptum est : Qiiod ociilus non vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit , quœ prœparavit Deus iis qui diligunt eum. Is. 64. f. 4 : Oculus non vidit, Deus, absque te, quce prœparasti expectantibus te. Sic Moysis faciem non poterant respicere fllii Israël *. Sic ree-ina * Exod., xxxiv, 30, Vi 7 7 , , 3^ ; II Cor., m, 7. Saba ultra non habebat spiritum *. Unde, Apoc. 2 **, * m Reg., x, 3. Angelo Pergami : Qtii habet aurem audiendi audiat ^^^' ^'' quid Spiritus dicat Ecclesiis : Vincenti dabo manna absconditum, et dabo illi calculum candidum, et in calculo nomen novum scriptum, quod nemo scit nisi qui accipit. Tamen aliquid ut sciremus expediebat unde spem haberemus ; unde in Evangelio gustus quidam, essay, eschantillon, monstre. Damascenus * : Per rimam osten- * Homil. in Trans- dit luminis magnitudinera. Et Evangelium nostrum * est *^Matt.%vii, 1-9. veluti mappamundi, in qua punctis et lineis quibusdam ostenditur Regnum caelorum, vel alter mundus. Et quem- admodum tantisper intelligimus situm et ea quae Ame- ricae sunt per descriptiones factas ab iis qui viderunt, sic et gloriam descriptam hic a Domino glorise.  Seigneur de la gloire. Mais comme il est écrit : Qjie Vœil n'a point vu, que Voreille n'a point entendu, que le cœur de l'homme n'a point conçu ce que Dieu a préparé à ceux qui l'aiment. Et Isaïe : L'œil n'a point vu, hors vous seul, à Dieu, ce que vous ave^ préparé à ceux qui vous attendent. Ainsi les enfants d'Israël ne pouvaient regarder le visage de Moïse. Ainsi la reine de Saba n'avait plus son esprit. De là, ces paroles à l'Ange de Pergame : Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ce que l'Esprit dit aux Eglises : Je donnerai au vainqueur une manne cachée, et je lui donnerai une pierre blanche, et un nom nouveau écrit sur la pierre, lequel nul ne connaît que celui qui le reçoit. Toutefois, pour avoir l'espérance [du Ciel], il fallait que nous en connussions quelque chose, que nous en eussions dans l'Evangile un avant-goiit... Saint Jean Damascène dit : Par cette ouverture, le Christ nous montre la splendeur de la lumière. Notre Evangile est comme une mappemonde où le Royaume des cieux ou l'autre monde nous est indiqué par certains points et certaines lignes. Et de même que nous connaissons quelque peu la configuration de l'Amérique et ce qui concerne ce pays par les descriptions que nous en ont faites ceux qui l'ont visité, ainsi connaissons-nous cette gloire que nous révèle ici le Seigneur de la gloire.  locum.  278 Sermons autographes I. Faciès siciit sol. Faciem Dei videre fundamentum totius beatitudinis est. Béatitude est « status omnium * De Consoi. Phi- bonorum aggregatione perfectus, » ex Boetio *. Augus- *Dèfrin.', 1. xillj tlnus autem * : « Beatus est qui habet quicquid vult et '^^ ^- nihil mali vult. » Essentialis béatitude est in intellectu qui fruitur pulchro et voluntate quae fruitur bono. Definitio Boetii non competit nisi Deo, si absolute consideretur. Verum nobis secundum modum nostrum competit ; est enim « status omnium bonorum » nobis competentium « aggregatione perfectus ; » unde termina- tur ista béatitude nostra per termines capacitatis subjecti. Vel dicendum est : status que possidemus Deum, in que est « omnium bonorum aggregatio. » * Vers. uit. Psal. 16* : Satiabor cum apparuerit gloria tua; * Comm. in Ps., in Hcbr. , apud Genebr. *, in evigilare similitudinem tuam, id est, cum emerserit gloria tua, quae hedie sopita est et ebscura ; similitudinem autem dixit, quia non plene comprehenditur gloria ob ejus infinitatem. Ego ita intellige : similitude Dei nunc dormit, cum videmus per spéculum, in œnigniate ; at cum evigilaverit et ad vivum, facie ad faciem, videbimus, tune erimus beati. Heminis dermientis faciem non videmus ; nam faciei  I. Son visage devint comme Je soleil. Voir la face de Dieu est le fondement de toute béatitude. Selon Boèce, la béatitude « est cet état que rend parfait la réunion de tous les biens. » Mais d'après saint Augustin, « l'homme heureux est celui qui possède tout ce qu'il veut et qui ne veut rien de mauvais. » La béatitude essentielle est dans lintelligence qui jouit du beau et dans la volonté qui jouit du bien. La définition de Boèce prise dans un sens absolu ne s'applique qu'à Dieu. Mais, prise d'une manière relative, elle s'applique aussi à nous ; la béatitude est alors « l'état que rend .parfait la réunion de tous les biens » qui nous conviennent. Cette béatitude est donc bornée par les limites de la capacité de celui qui en jouit. Ou bien on pourrait la définir : l'état par lequel nous possédons Dieu, « assemblage de tous les biens. » Je serai rassasié lorsque votre gloire m'aura apparu; l'hébreu, d'après Géné- brard, porte : à réveil de votre image, c'est-à-dire, lorsque brillera votre gloire qui aujourd'hui est assoupie, cachée. Cette gloire est appelée imaore, parce qu'elle ne peut être pleinement comprise à cause de son infinité. J'entends ainsi ce passage : l'image de Dieu dort, maintenant que nous la voyons comme par un miroir, en énigme ; mais lorsqu'elle s'éveillera, que nous la verrons vivante, /acf à face, alors nous serons bienheureux. Nous ne voyons pas le visage de l'homme qui dort, parce que nous ne voyons pas le visage de ce  CXXVII. Pour le ii^ Dimanche de Carême 279 faciem, id est, ociilos, non videmus. i. Cor. 13 * : Pacte 'Vers. 12. ad faciem ; videmus nunc per spéculum, etc.; vide- bimus eum sicuti est; i. Jo. 3*. Gen. 15** : Ego ero * Jers. 2. ^ " . * vers. I. inerces tua ynagna niînis. Animam Deo capacem quic- quid minus Deo est implere non potest. 2. Tune dicemus : Quam pulcher es, Dilecte mi, quam pulcher es'^\ hinc amor. Faciès, siciit sol, illu- * Cant., i, 15,1V, i. minât et calefacit, amore intractivo et extractivo. Unde factum est dum oraref^, in contemplatione compla- * Lucx, ix, 29. centise et benevolentiae, de quibus in libro de Amore JD^i *, * Libri V, ce. i-iii, X, c. XVII. 3. Memoria : Loquebantur de excessu *, * Luc», ix, 30, 31. 4. Varise mansiones *. * joan.,xiv, 2.  visage, c'est-à-dire les yeux. Face a face ; nous voyons maintenant comme par un miroir, etc.; nous le verrons tel qu'il est. Je serai ta très grande récompense. Rien de ce qui est moins que Dieu ne peut remplir une âme capable de pos- séder Dieu. 2. Alors nous dirons : Que vous êtes beau, mon Bien-Aim:, que vous êtes beau ! de là provient l'amour. Cette face semblable au soleil illumine et réchauffe, par l'amour qui attire au dedans et celui qui se répand au dehors. C'est pourquoi Jésus fut transfiguré pendant qu'il priait, en cette contempla- tion de complaisance et de bienveillance dont nous avons parlé dans le livre de l'Amour de Dieu. 3. La mémoire : Ils parlaient de l'excès. 4. Diverses demeures.  CXXVIII PLAN d'un sermon POUR LE LUNDI APRÈS LE DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME 20 février 1617 (Inédit)  (Ms. p. 2JI, verso) FERIA SECUNDA POST SECUNDAM DOMINICAM Quœretis me, et in peccato vestro morietnini. [JoAN., vm, 21.] • Cf. Serm. lxviii, * Horrenda et tremenda comminatio ! Sed quomodo supra. -n, j • • JJeus, adeo misencors, non se prsebebit quaerentibus ? Huic quaestioni respondebimus si Deus animât. Ave. Sensus litteralis Evangelii est : me, verum Messiam, negligitis ; ego vado ad Patrem per mortem, et tune, id est, post mortem, quœretis alium Messiam et non 'laTn.'ir "''''''' ^'^^^^^'^^^-^ "^®' ^^ ^^eO' in peccato vestro moriemini*. * l'bid.', VIII, 25. Ad verba illa, Principium qui et loquor vobis *,  LUNDI APRÈS LE DEUXIÈME DIMANCHE Vous me chercherez, et vous mourre^ dans votre péché. Terrible et redoutable menace ! Mais comment Dieu, si plein de miséricorde, ne se présentera-t-il pas à ceux qui le cherchent ? Nous répondrons à cette question si Dieu veut bien nous inspirer. Ave. Le sens littéral de l'Evangile est celui-ci : vous me laissez de côté, moi qui suis le vrai Messie. Par la mort, je vais à mon Pè-re; et alors, c'est-à-dire après ma mort, vous chercherez un autre Messie et vous ne me trouverez pas ; et partant, vous mourre^ dans votre péché. Dans ce texte : Le principe, c'est moi qui vous l'annonce, la version grecque met le mot principe à l'accusatif ;  CXXVIII. Lundi après le ii* Dimanche de Carême 281 Grèce principium est in accusativo : rÀ.v h-z-j);^*, tin archin; Ego siun qui loqiior vohis principium, id est, Deum et Creatorem vestrum. Vide Maldonatum * et *Comm.inEvang., Barradam *, alios duos sensus probabiles proferentes. «^Comm.' in Con- Nunquid voluntatis meœ est mors impii , dicit ni'^i^i^c^xv*""' Dominus, et non magis ut convertatur et vivat ? Convertimini , et agite pœnitentiam. ah omnibus iniquitatibus vestris, et non erit vobis in ruinam iniquitas. Qiiare moriemini, domus Israël ? Qiiia nolo mortem morientis, dicit Dominus Deus ; rever- timini et vivite ; Ezech. 18*. Nunquid obliviscetur " Vers. 23, 30-32. m.isereri Deus, aut continebit in ira sua misericor- dias suas ? Psal. 76 *. Semper in diluvio viret oliva. * Vers. 8, 10. [Ps.] 144*: Miserationes ejus super omnia opéra 'Vers. 9. ejus. Tripliciter intelligitur : [i.] superexcellunt omnia opéra; nam opus misericordiae Incarnatio, quae cum om- nibus inde sequentibus est superexcellens omnibus operi- bus ejus. 2. Super, id est, in omnibus; etiam in inferno, ubi punit citra condignum. 3. Super omnia opéra ejus, non tua ; at peccatum opus est tuum, non suum, prop- terea illud irremissibiliter vult deleri. Baruch, 3* : Quid 'Vers. 10-13. est, Israël, quodin terra inimicorum es? Inveterasti in terra aliéna, coinquinatus es cum mortuis, id est,  TT.v àpy;f,v, tin archin : C'est moi qui vous annonce le principe, c'est-à-dire Dieu votre Créateur. Voir Maldonat et Barradas qui donnent deux autres sens probables. Est-ce que je veux la mort de l'impie, dit le Seigneur, et non plutôt qiiil se convertisse et qu'il vive ? Convertissez-vous et faites pénitence de toutes vos iniquités, et finiquité ne causera pas votre ruine. Pourquoi mourre\-vous, maison d'Israël? Car je ne veux point la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur Dieu ; revenej et vive^. Dieu oubliera-t-il d'avoir pitié, ou contiendra-t-il dans sa colère ses miséricordes? L'olivier est toujours verdoyant au milieu du déluge. Ses commisérations surpassent toutes ses œuvres. On peut entendre ces paro- les de trois manières : [i.] elles surpassent en excellence toutes ses œuvres; car l'Incarnation est une œuvre de cette miséricorde, or ce mystère et ses résultats surpassent toutes les autres œuvres de Dieu. 2. Elles sont sur, c'est-à- dire en toutes ses œuvres, même dans les tourments de l'enfer qui n'égalent pas la malice du péché. 3. Sur toutes ses œuvres, non sur les vôtres; et comme le péché est votre œuvre et non la sienne, Dieu en réclame sans merci l'expiation. D'où vient, Israël, que tu habites dans la terre de tes ennemis? Tu as vieilli dans une terre étrangère, tu t'es souillé avec les morts, c'est-à-dire tu  282 Sermons autographes inter mortuos vixisti ; depiitatus es cum descendenti- hiis in infernum. Gradatio : es, inveterasti, coinqui- natus es cum mortuis, depiitatus es cum descenden- tibus in infernum ; mortuus et sepultus, obstinatio. Dereliquisti fontem sapientiœ, natn si in via Dei ambulasses, habitasses utique in pace sempiterna.  * Joan., vm, 21. * Ps. LXVIII, 5. * Vers. 23. *Vide supra, p. 264. * Plin., Hist. nat., 1. XXI, c. XIII (al. XLiv) ; Mattioli, in Diosc, l.VI,c. VIII. * Joël, II, 12. * Ps. cxviii, 10. * Vers. 13. "Vers. 5. ' I Reg., V, 2, * Vers. 12.  Causae autem cur in peccato nostro moriamur. Qiio ego vado vos non potestis venire *^ id est : Ego vado ad Patrem par viam asperam et pœnitentiam redempti- vam (quœ non rapui tune exolvebam *) ; et vos non potestis venire, id est, vos non vultis, quia de deorsum estis et de mundo *. Porro, cur homines mundani mo- riantur in peccatis suis multae sunt causse; très dicam. i^ est falsa pœnitentia, similis enim est falsa verae : Mêlas et Cyphissus * ; Stix undas habet similes reliquis ; cometa et planeta ; ciguë et persil ; miel d'Hseraclee et autre miel, l'aconit*. Non est ex toto corde : Converti- mini ad me in toto corde *. In toto corde meo exqui- sivi te, ne repellas me a mandatis tuis *. Statuam interdum efficit Michol ; i. Reg. 19*. Soph. i ** : Qui jurant in Deo et jurant in Melchon. Dagon et Arca*. Isaiae, 2 1 * : 5/ quœritis, quœrite; convertimini, venite.  as vécu parmi les morts ; tu es devenu semblable à ceux qui descendent en enfer. Gradation : tu es, tu as vieilli, tu fes souillé avec les morts, tu es devenu semblable à ceux qui descendent en enfer : mort et enseveli, obstination. Tu as abandonné la source de la sagesse, car si tu avais marché dans la voie de Dieu, tu aurais assurément habité dans une paix éternelle. Mais venons aux causes pour lesquelles nous mourons dans notre péché. Là où je vais, vous ne pouve:^ venir, c'est-à-dire : Je vais à mon Père par une voie dure et par une pénitence rédemptrice (ce que je n'ai pas pris, je l'ai pourtant payé); et vous ne pouvej venir, c'est-à-dire vous ne voulez pas, parce que vous êtes d'en-bas et du monde. Or, nombreuses sont les causes pour lesquelles les hommes mondains meurent dans leurs péchés ; j'en exposerai trois. La première est la fausse pénitence, car la fausse pénitence ressemble à la vraie : Mêlas et Céphisse ; les eaux du Styx sont semblables à celles des autres fleuves; comète et planète... Cette pénitence n'est pas de tout cœur : Convertissez-vous à moi de tout votre cœur. Je vous ai cherché de tout mon cœur, ne me rej'efe^ pas de la voie de vos commandements. Cependant Michol fait une statue. Qui jurent par Dieu et jurent par Melchom. Dagon et l'Arche. St vous cherche^, cherche^ bien ; convertissez-vous, vene^- [Il faut la] continuité :  CXXVIII. Lundi après le ii« Dimanche de Carême 283 Continuatio : Ad tempiis credunt, et in tempore ten- tationis recedunt *. Jiiravi et statut ciistodire jtidicia * Luc», vm, 13. justitiœ tuœ *. Nolunt praescindi membrum gangrena ' Ps. cxvm, 106. infectum. 2* causa : falsus timor de pœnitentiae asperitate. Simia nucem vel castaneas. Pueri medicamenta refugiunt, Esau : E71 morior, quid mihi proderunt primoge- nita*? Remedium : Giistate et videte'^'^. Qu'en sçaves «Ps^°xxxni?9^'' vous ? Quare de loco vobis incognito maie loquimini ? 3'' causa : falsa spes vivendi et faciendi pœnitentiam in extremis. Hystoires d'Arion*. « Vivite bene, ne moria- * Pim., Hist. nat., .. , . ,. JC^ T\ ■ • -M ^- I-*^' C. VIII. mini maie; » x'iugustinus, 24 de biermone JJomini '. 'Sic.proserm.xxiv Ut plurimum, sicuti viximus ita et morimur : sic enim ^yi^oX"ermxn™cc! videmus mori in mari qui mare incolunt, et in montibus i, m)- qui montes.  Ih croient pour un temps, et au temps de la tentation, ils se retirent, f ai juré et établi de garder les jugements de votre justice. Ils ne veulent pas se laisser amputer un membre dévoré par la gangrène. La deuxième cause est une fausse crainte des rigueurs de la pénitence. Le singe avec une noix ou des châtaignes. Les enfants repoussent les remèdes. Esaii : Voici que je meurs, a quoi me servira mon droit d'aînesse ? Remède : Goûte^ et voye^. Qu'en savez-vous ? Pourquoi parler mal d'un lieu qui vous est inconnu ? La troisième cause est une trompeuse espérance de vivre et de faire péni- tence à la fin de sa vie... « Vivez bien, afin de ne pas mourir mal; » saint Augustin, sermon xxiv sur les Paroles du Seigneur. Le plus souvent, on meurt comme on a vécu : ainsi voit-on mourir sur mer ceux qui vivent sur mer, et sur les montagnes ceux qui habitent les montagnes.  CXXIX PLAN d'un sermon POUR LE MARDI APRÈS LE DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME 21 février 1617 (Inédit)  (Ms. p. 2J3, recto^ FERIA TERTIA POST DOMINICAM SECUNDAM. Super cathedram Moysi sederunt Scribœ et Pharisœi. { i ) [Matt., xxiii, 2.] Cathedram hic authoritatem docendi significare cla- rum est, et super cathedram sedere est munus docendi •iiiReg.,1,24, 27; habere. Ut super cathedram aut thronum David* ; XIII, 13. se(jere est authoritatem regiam habere ; tn cathedra • Ps. I, I. pestilentiœ *, id est, irrisionis, est haeresim et falsam  MARDI APRES LE DEUXIEME DIMANCHE Les Scribes et les Pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. II est évident que le mot chaire signifie ici l'autorité d'enseigner, et s'asseoir dans la chaire, avoir mission d'enseigner. De même, être assis sur le siège ou le trône de David, c'est exercer le pouvoir royal ; s'asseoir dans la chaire de pestilence, c'est-à-dire de moquerie, c'est s'arroger la mission de (i) Entre le texte et le commencement du sermon, le Saint a écrit puis biffé les mots suivants, dont probablement il prétendait tirer une comparaison relative au gouvernement de l'Eglise et aux deux parties dont elle est composée : « Superiora inferioribus influunt ; et partitur Dominus, divisitquf « aquas ah aquis. » « Les choses supérieures influent sur les inférieures ; le « Seigneur partage, comme il divisa les eaux des eaux. »  CXXIX. Mardi après le ii« Dimanche de Carême 285 doctrinam promulgandi sibi munus arrogare. Pharisaei et Scribse munus non quidem gubernandi, sed docendi habebant ; ut nostri monachi. Unde Cyprianus, 1. 4. epist. y *, notât nunquam sacerdotes reprehendi sub iis * A.I. lxix, ad Fio- . ., ^ • ^- • • • • rent., § 3. nominibus , quantumvis etiam ipsi pessimi essent et ambitiosissimi. Moysi autem dicitur cathedra, quia doctrina Legis, sive potius Lex ipsa, data est in manu Moysi, in Monte Sinai, et ipse sacerdos sacerdotium in Aarone instituit jussu Domini *. At nunc cathedra est Apostolica; in qua *Exod., iv, 15, 16, quoad munus docendi ordinarium sedent Episcopi, quoad munus extraordinarium omnes concionatores. Et haec cathedra dicitur Apostolica quia doctrina et authoritas Apostolis data est in Monte Sj^on die Pentecostes. Et dicitur etiam Cathedra Pétri, quia Petrus Apostolorum caput, ut ejus successores Episcoporum, « ut capite con- stituto schismatis toUatur occasio * ; » quemadmodum in * s. Hieron., Contra antiqua Lege erat unus Pontifex, et omnia in Jîguris °^'"'' ' ' ^ * ' contingebant illis *. * i Cor., x, n. Omnia ergo qnœcumque dixerint vobis *. Augusti- * Matt., xxm, 3. nus, 1. 4. de Do et. Christiana, c. 27, et lib. 16. contra Faustuîn, c. 29, ait, cogente cathedra, eos in ea sedentes  promulguer une hérésie et une fausse doctrine. Les Scribes et les Pharisiens avaient mission non pas de gouverner, mais d'enseigner, comme nos moines. Aussi, saint Cyprien, liv. IV, épître ix^, fait-il remarquer que les prêtres ne sont jamais réprimandés sous ces noms de Scribes et de Pharisiens, pour pervers et ambitieux qu'ils aient été. Cette chaire est appelée chaire de Moïse, parce que la doctrine contenue dans la Loi ou plutôt la Loi elle-même a été donnée à Moïse sur le Sinaï, et, prêtre lui-même, il a, par l'ordre du Seigneur, institué le sacerdoce lévitique dans la personne d'Aaron. Mais aujourd'hui cette chaire est la chaire Aposto- lique, dans laquelle les Evêques ont mission ordinaire de s'asseoir, et les prédicateurs, mission extraordinaire. Et cette chaire est appelée Apostolique parce que la doctrine et l'autorité ont été conférées aux Apôtres sur le mont Sion, au jour de la Pentecôte. Elle est nommée aussi Chaire de Pierre, parce que Pierre était chef des Apôtres, comme ses successeurs le sont des Evêques, « afin qu'un chef étant établi, toute occasion de schisme fût ôtée. » Ainsi la Loi ancienne n'avait qu'un seul grand Prêtre, et aux Israélites, toutes choses arrivaient en figures. Donc, tout ce quils vous diront. Saint Augustin enseigne (liv. IV de Li Doctrine Chrétienne, chap. xxvii, et liv. XVI contre Fauste, chap. xxix) que par  286 Sermons autographes et ex ea docentes falsum proferre non potuisse ; unde particula illa ergo dénotât causam, ac si diceret, quia in ea sedent. Et ita est, quicquid aliter interpretetur doc- * Comm. in Con- tissimus et utilissimus Barradas *. îll l.Vlllfc.'xxîv. Hinc infallibilitas Ecclesiae, in qua Papa errare non potest ex cathedra docens. Quando autem ex cathedra docere dicatur, utrum in Concilio tantum Generali an vero etiam aliter, quaestionis est quam enodare neque possum ob temporis brevitatem, neque volo quia inutilis est (0 ; cum et nos Catholici satis audiamus Papam, etiam sine Concilio, et hseretici neque Papam neque Concilium audire velint. Infallibilitas autem Ecclesise tribus argumentis eviden- tissimis ostenditur : i". ex Sinagogœ infallibilitate, in qua nunquam erratum ; et cum corruptissimi essent mores, intégra perseveravit doctrina. In loco nativita- * Matt., I, 4-6. tis exquirendo *, et in morte Christi decernenda ; nam Caiphas, mortalium nequissimus, protulit sententiam  la puissance même de cette chaire, aucun de ceux qui venaient s'y asseoir pour y enseigner ne pouvait prêcher l'erreur. Le mot donc désigne par conséquent une cause, c'est comme si le Christ avait dit, parce qu'ils siègent dans cette chaire. Et c'est le vrai sens, quelqu'autre interprétation qu'en donne le très docte Barradas, si utile à consulter. Telle est la cause de l'infaillibilité de l'Eglise : le Pape, lorsqu'il enseigne ex cathedra, ne peut pas se tromper. Mais quand peut-on dire qu'il enseigne ex cathedra? Est-ce lorsqu'il parle dans un Concile général seulement, ou encore en d'autres cas r C'est une question que je ne puis résoudre faute de temps, et que je ne veux pas résoudre parce qu'elle est hors de propos. Nous Catholiques, en effet, nous écoutons bien le Pape, même quand il décrète par sa seule autorité et en dehors d'un Concile, au lieu que les hérétiques ne veulent entendre ni Pape ni Concile. Quant à l'infaillibilité de l'Eglise, trois arguments de toute évidence la démontrent : i. l'infaillibilité de la Synagogue qui ne tomba jamais dans l'erreur ; bien que les mœurs fussent extrêmement corrompues, la doctrine demeura toujours intacte. On le constate dans la recherche du lieu où naîtrait le Christ, et dans la sentence de mort prononcée contre lui. Caiphe, en effet, ( I ) Bien que notre Saint n'ait pas jugé à propos de traiter ici cette importante question, ce n'est pas qu'il n'eût une opinion bien arrêtée sur l'infaillibilité pontificale ; car il l'avait exposée déjà de la manière la plus catégorique dans Les Controverses (tome I"-'"" de cette Edition), Partie II, chap. VI, art. xiv, xv.  Vers. 17- Vers. i8. Vers. l'v Vers. M, 15  CXXIX. Mardi après le m^ Di.manche de Cakè.me 287 sacratissimam : Expedit ut untis inoriatur homo pro populo, et non tota gens pereat. Hoc autem a seipso non dixit, sed ciim esset Pontifex anni illius, pro- plietavit ; Jo. 11 *. Unde ScribcD et Pharisei in cathe- * Vers. 30, 51. cira Moysi, id est, authoritate Moysis cathedrae, docentes, non errant. Ut nec Lutherus et cœteri errassent si in cathedra et authoritate Pétri docuissent, sed cum ea authoritate relicta docere caeperunt , errarunt pessime. 2°. Math. 18 * : Die Ecclesîœ ; si quis Ecclesiani non audiverit. [Cap.] 16* : Portée inferi non prœvalebunt adversus eam ; portarum porro inferi pessima est apos- tasia. I Timot. 3* : Columna et firmamentum verita- tis. Vide locum * : Hœc tibi seribo, sperans me ad te venire cito ; si autem tardavero, ut scias quomodo opporteat te in domo Dei conversari, quœ est Eccle- sia Dei vivi, columna et firmamentum veritatis. Nota antea * dixisse : Episcopum domui suœ bene 'Vers. 2, prœpositum, at hic domum Dei Ecclesiam dicit ; ergo illi bene praepositus est Deus , ut eam recte regat. Unde, Act. 15* : Visum Spiritui Sancto et nobis ; • Vers. aS. quasi Spiritus Sanctus esset invisibilis Concilii totius Pontifex.  le plus méchant des hommes, porta un jugement très sacré : Il est avantageux qu'un seul homme meure pour le peuple, afin que toute la nation ne périsse pas. Or, il ne dit pas cela de lui-même, mais comme il était Pontife cette année-là, il prophétisa. Ainsi donc les Scribes et les Pharisiens ne se trompent pas quand ils enseignent dans la chaire de Moïse, c'est-à-dire par son autorité. De même que ni Luther ni les autres n'eussent erré s'ils avaient enseigné dans la chaire et par l'autorité de Pierre ; mais dès qu'ils commencèrent à enseigner en dehors de cette autorité, ils tombèrent dans les plus graves erreurs. 2. Dis- le à l'Eglise ; si quelqu'un n'écoute pas l'Eglise. Les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle ; or, par les portes de l'enfer est signifiée la pire des apostasies. Colonne et firmament de la vérité. Voir ce passage : Je t'écris ces choses, quoique j'espère aller bientôt te voir, afin que si Je tarde, tu saches comment tu dois te conduire dans la maison de Dieu, qui est l'Eglise du Dieu vivant, la colonne et le firmament de la vérité. Notons que saint Paul avait dit auparavant : Q,ue VEvéque gouverne bien sa maison; or ici, il appelle l'Eglise, maison de Dieu; Dieu est donc préposé sur sa propre maison qui est l'Eglise, afin de la bien gouverner. Aussi est-il dit dans les Actes : Il a paru bon à l'Esprit-Saint et a nous ; ce qui indique que l'Esprit-Saint était le Chef invisible de tout le Concile.  288 Sermons autographes 3°. Nécessitas ; nam quale regnum in quo nuUus litium finis, in quo nuUum parlamentum , in quo nullum judicium? Grandis dignitas ergo sacerdotium. Quem dicunt *Matt., XVI, 13. homines esse Filium hominis* (« Vos qui homines non inMatMn io°c™m'. ^^^^^ sed dii * ») ? OiLt VOS audit me audit**. In quo "Lues, X, 16. vos posuit Spiritus Sanctus Episcopos regere Eccle- " Vers. 12'. ' sicun DbI*. Deut. 17 ** : Si quis superhierit, nolens •Vers. 7. ohedire, etc. 31al. 2* : Angélus enim Domini exerci- tuum est. Sic nos existimet homo ut ministros •I Cor., IV, I. Christi *, etc. »ibid., t. 2. Mays : hic jam quœritur inter dispensatores*, etc. Quatuor gradus. i. Neque faciunt, neque dicunt : igno- rantissimi et stupidi. Ouales heu, quam multos viderunt patres nostri, et utinam non aliqui essent ! 2. Dicunt et * Matt., xxin, 3. Hon faciiint* , et scandalo vitae doctrinam vitae destruunt. 3. Faciunt, sed non dicunt ; et hi utcumque tolerabiles sunt, nam etsi non tantum sedificant, tamen aedificant et nihil destruunt. 4. Dicunt et faciunt, et hi optimi sunt ; dicunt autem non tantum prœdicando, sed praecipiendo et recte coUoquendo.  3. L'infaillibilité est nécessaire ; car quel est le royaume où les procès n'aient jamais de fin, où il n'y ait aucun parlement, où nul jugement ne se rende .- Grande donc est la dignité du sacerdoce ! Qm^ disent les hommes du Fils de r homme (« Vous qui n'êtes pas des hommes, mais des dieux ») ? Qui vous écoute m'écoute. Sur lequel V Esprit-Saint vous a établis Evêques pour gouverner l'Eglise de Dieu. Si quelqu'un s'enorgueillit, ne voulant pas obéir, etc. Car c^est T Ange du Seigneur des armées. Que les hommes nous regardent comme minis- tres du Christ, etc. Mais ce qu'on demande ici des dispensateurs, etc. On en distingue quatre classes, i. Il y en a qui n'agissent ni ne parlent : ils sont très ignorants et dépourvus d'intelligence. Hélas ! combien nos pères ont connu de ces hommes, et plût au Ciel qu'il n'en existât plus ! 2. D'autres disent et ne font pas ; ils détruisent par le scandale de leur vie la doctrine de vie. 3. D'autres font, mais ne parlent pas; ceux-ci sont encore supportables, car s'ils n'édifient pas beaucoup, ils édifient pourtant et ne détruisent rien. 4. D'autres enfin parlent et agissent ; voilà les meilleurs : toutefois, ils parlent non seulement par la prédication, mais encore par les commandements qu'ils donnent et par des entretiens utiles.  CXXIX. Mardi après le ii^ Dimanche de Carême 289 Vanitas vero fugienda. Audiamus Dominum : Amant primos reciibitns et cathedras, et vocari rahhi'^. * Matt., xxm, 6, 7. Amant honorem, non onus. Heu! amandae oves propter Christum, non propter vanitatem; non ut ab illis hono- remur, sed ut ab illis honoretur Christus. Amas me? Pasce oves meas^. Sed qualis amor? Ad mortem, et • joan.,uit., 17. mortem criicis'^. Optavi anathema esse pro fra- * Philip., n, 8. tribus'^. Cupio dissolvi et esse cum Christo*^, etc. *Rom.,ix, 3. , . <-. "Philip., I, 23. Filioli quos iterum partiwio '^. Similes Nabal et Absa- * Gaiat., iv, 19. Ion sunt plerique * ; tantum festum agunt cum lanam * I Reg., xxv, 2, 4; accipiuntet cum tonduntur oves. Nam etsi decem millia «ë-''""'=3.24- pedagogorum *^ etc. Nihil deest amantibus pastoribus : •! Cor., iv, 15. amor ipse docet, sedificat ; omnia suffert, omnia docet, non agit perperam *. Duo verba amore perfusa satis * ibid., xm, 7, 4. sunt. Duplex amor : afFectivus, unde Sacerdos in pectore habebat nomina filiorum Israël* ; effectivus, et por- *Exod., xxvm, 21, tans etiam malos et oves perditas, unde in superhume- ^^' rali in duobus onichinis erant etiam nomina filiorum Israël *. * ibid., jîy. 9, 12. Oves vicissim diligunt pastorem ut patrem. Aigiptii oderunt past ores oviiim*. Qiii bene prœsunt prœs- *Gen.,xLTi, uit. biteri diiplici honore digni sunt'* ; si maie se gérant *iTim.,v, 17.  Mais il faut se garder de la vanité. Ecoutons le Seigneur : Ils aiment les premiers sièges et les premières chaires, ils se plaisent h être appelés maîtres. Ils aiment l'honneur et non le fardeau. O Dieu ! il faut aimer les brebis pour le Christ et non pour la vanité ; non pour en être honoré, mais pour que le Christ soit honoré par elles. M'aimes-tu ? Pais mes brebis. Mais de quel amour ? Jusqu à la mort, et à la mort de la croix. J'ai désiré d'être anathème pour mes frères. Je désire ardemment d'être délivré et d'être avec le Christ, etc. Mes petits enfants, pour qui je ressens de nouveau les douleurs de l'enfantement. Plusieurs ressemblent à Nabal et à Absalon ; ils ne célèbrent de fête qu'à la tonte des brebis et lorsqu'ils en reçoivent la laine. Car eussie^-vous dix mille précepteurs, etc. Rien ne manque aux pasteurs qui aiment : l'amour même instruit, édifie; il souffre tout, enseigne tout, n'agit pas inconsidérément. Deux mots animés par l'amour sont suffisants. Double amour : l'un affectif, en signe duquel le grand Prêtre portait sur la poitrine les noms des enfants d'Israël ; l'autre effectif, et qui porte même les méchants et les brebis perdues; de là vient que les noms des enfants d'Israël étaient aussi gravés sur deux onyx fixés à l'huméral. En retour, les brebis aiment leur pasteur comme leur père. Les Egyptiens haïssent les pasteurs de brebis. Les prêtres qui gouvernent bien sont dignes Serm. II iQ  290  Sermons autographes  non ideo illis detrahendum : Nolite tangere christ os 'Ps. civ, 15. meos, et in prophetis meis'^. Ut Sem et Japhet **. "Gen.,ix,23,26,27. j^^^j^^ minus doctdna deserenda. Helias in torrente '-Vers. yd. Carith, 3 Reg. 17 *, a corvis pascitur, ut cap. 19** ab -Vers. 5-7- Angelo, ctc.  d'un double honneur : se conduiraient-ils mal, qu'il ne faudrait pas médire d'eux : Ne touche^ pas h mes oints, et à mes prophètes. Comme Sem et Japhet. A plus forte raison ne faut-il pas rejeter leur enseignement. Sur le torrent de Carith (III Reg., xvii), Elle était nourri par les corbeaux, comme au chap. XIX, par un Ange, etc.  cxxx PLAN d'un sermon POUR LE MERCREDI APRÈS LE DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME 22 février 1617 (Inédit)  FERIA C^ARTA POST DOMINICAM SECUNDAM (Ms. p. 2}2, serso) Ecce ascenditnus Hierosolymam, et Filius hominis tradetur. Tiinc ac- cessit mater filiorum Zehedei. [Matt., XX, 18, 20.] Mira ambitionis rusticitas et importunitas ! Meditaba- tur Dominus crucem et mortem, et ecce accurrit ista de gloria et honoribus sollicita : Musica in luctu impor- tuna narratio *. * EccU., xxn, 6. Inter praecipua desideria Christi et cordis ejus pressu- ras, illa maxima fuit quam ipse exprimit, Luc. 12 * : ' Vers. 49, 50. Ignem. veni mit t ère in mundum, et quid volo nisi  MERCREDI APRES LE DEUXIEME DIMANCHE Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré. Alors la mère des fils de Zébédée s'approcha. Etrange rusticité et importunité de l'ambition ! Le Seigneur méditait sa croix et sa mort, et voici que cette femme accourt, préoccupée de l'idée de la gloire et des honneurs : Un récit inopportun est comme une musique pendant le deuil. Parmi les véhéments désirs du Christ, entre tous ceux qui pressèrent son cœur, le plus ardent fut celui qu'il exprimait ainsi : Je suis venu jeter le feu  292 Sermons autographes ut accendatur ? Baptismo aiitem habeo bapti^ari , et quomodo coarctor iisque diim perficiatiir ? Ignis charitatis per baptismum Passionis accenditur, et baptis- mus Passionis igné charitatis perficitur. Quia autem quae maxime cupimus, semper in ore habemus, manus enira dolorem lingua amorem ostendit , propterea Christus ♦Vers. 21, 22. saepissime de Passione loquitur. Math. 16* : Exinde cœpit JesiLS ostendere discipulis suis, etc. Et Petrus : • Vers. 21, 22. Absit a te, Domine, non erit tibi hoc. Mat. 17 * : Conversantibiis in Galilea dixit illis Jésus : Filius hominis tradendus est in inanus hoîninum, etc. ; et •Vers. 14. contristati sunt vehementer. Jo. 3 * : Sicut exaltavit *Lucae, IX, 31. Moyses serpentem, etc. Item in Transfiguratione *. Et post Resurrectionem voluit memoriam celeberrimam fieri hujus Passionis in Ecclesia militante et triumphante : • I Cor., XI, 26. hic in Eucharistia : Mortein Domini annunciabitis *,' * Joan., XX, 27 ; ibi in stigmatibus quse servat *. '' '' '^' Horum conscia, Ecclesia frequentissimam Domini Pas- sionis memoriam excitât quotidie, in templis, in viis, ubique ; hinc gestamus in coUo cruces (Macrina et Ves- * s. Greg. Nissen., tiana *); unumquemquc diem Veneris. Sicut vitta cocci- vide supra, p. 100. 77., ,7 • , 77 r^ nea labia tua, et eloquiiim tuiim duLce ; Lant. 4. y. 3.  dans le monde, et que -ceux-je sinon qu'il s'allume? Je dois être baptisé d'un baptême, et comme je me sens pressé jusquà ce qu'il s'accomplisse ! Le feu de la charité s'allume au baptême de la Passion, et le baptême de la Passion se consomme dans le feu de la charité. Et comme nous parlons sans cesse de ce que nous désirons le plus, car la main indique la partie qui souffre, la langue indique l'amour [dont on est animé], ainsi le Christ parle continuelle- ment de sa Passion. Dî's lors, Jésus commença à découvrir à ses disciples, etc. Et Pierre : A Dieu ne plaise, Seigneur, cela ne vous arrivera point. Tandis qu'ils se trouvaient en Galilée, Jésus leur dit : Le Fils de l'homme doit être livré entre les mains des hommes ; et ils furent extrêmement contristés. Comme Moïse a élevé le serpent, etc. De même à la Transfiguration. Et après la Résurrection, il voulut garder de cette Passion le plus éclatant souvenir, tant dans l'Eglise militante que dans l'Eglise triomphante : ici-bas, dans l'Eucharistie : Vous annoncerez la mort du Seigneur ; au Ciel, dans les stigmates qu'il conserve. Convaincue de ces vérités, l'Eglise réveille très fréquemment chaque jour le souvenir de la Passion du Seigneur, dans les temples, sur les routes, partout; et c'est pour cela que nous portons des croix au cou (Macrine et Vestiane), que nous honorons chaque vendredi, les Irvrcs sont comme une bandelette  CXXX. Mercredi après le ii* Dimanche de Carême 293 O miseri , quibus passiones nostrae et perturbationes semper in ore sunt, non Passio Christi ! Recogitate euin qui talem a peccatorihus adversus semetipsiim sus- ttîiuït contradicttonem * ; hinc Christus crucifixus * Heb., xu, 3. semper dicitur, nos autem praedicatores : Arbitratus sum me nihil scïre nisï Jesn7?2*. Jesum qiiœritis Na\are- *i Cor., 11,2. num *. At nos nihil horum. intellisfimus**; intellie-imus * Marc, xvi, 6. . . Lucje, xviii, 34. in superficie cordis, non in intimo cordis, more eorum qui intelligentes non intelligunt. Quae nolumus non intelli- gimus ; quaerimus diverticula et excusamus. (0 Tune accessit mater filioriim Zebedœi. Marcus ait* etiam filios accessisse. Importune sane, at ambitio *Cap. x, 35. cseca est. Adorans et petens aliquid. Audierant Christum Dominum paulo ante dicentem : Sedebitis et vos super sedes *, et nunc : tertia die resurget ** ; occasionem «^bid* 'x '^' ^^' aucupant faciendi quod forsan jam diu cogitaverant.  d'écarlate, et ta parole est douce. O malheureux ! nous avons sans cesse à la bouche le récit de nos souÉfrances et de nos agitations, au lieu de nous entretenir de la Passion du Christ ! Réfléchisse^ a Celui qui a supporté une telle contra- diction de la part des pécheurs soulevés contre lui. Aussi, d'une part, le Christ est-il toujours appelé crucifié, et de l'autre, nous, prédicateurs, répétons constamment : J'ai estimé ne rien savoir que Jésus. C'est Jésus de Nazareth que vous cherche^. Mais nous ne comprenons rien à ces choses, ou si nous en avons quelque intelligence, c'est seulement à la surface et non pas dans rintime du cœur : nous sommes comme ceux qui comprennent sans com- prendre. Nous ne comprenons pas ce que nous ne voulons pas comprendre; nous cherchons des divertissements et nous les excusons. Alors la mère des fils de Zébédée s'approcha. Saint Marc dit que les fils s'approchèrent aussi. Le moment était certainement inopportun, mais l'ambi- tion est aveugle. L'adorant et lui demandant quelque chose. Ils avaient entendu le Christ Seigneur dire peu auparavant : Vous siégere^ vous aussi sur des trônes, et tout à l'heure : le troisième jour il ressuscitera ; ils saisissent l'occasion d'exposer une demande à laquelle peut-être ils songeaient depuis longtemps. ( I ) Le lecteur aura remarqué que le commencement de ce discours est identique à celui du n° LXIX. De plus, notre Saint reprend ici et développe les mêmes idées et les principales comparaisons sommairement énoncées dans le plan du susdit sermon, qu'il avait prononcé pour la même férié à Dijon en 1604. Voir surtout p. 11, note (i).  294  Sermons autographes  *Vide supra, p. 282. * Vide supra, p. ir. "'Apud Diez, ubi infra. ( r ) * Marc, X, 35. * Matt., XX, 21.  * Apud Diez, Suni- ma Prœdicantium. * Plin., Hist. nat., l.VIII,c.xxxiii (al. * Vide pro hoc et seq. locis auctores supra citatos, p. 11.  * Matt., XX, 22. * Ibid., t. 23. * Ubi supra, p. 9.  Adorans. Simia humilitatis est ambitio; at simia semper simia, l'humilité est sans praetention. Miel d'Heraclee et l'autre*. Adorans et pet eus. Taurus, avis minima, bovem imitatur *. Verbo ambitio **. Aliquid : Magister, volumiis ut qiiodcumque petieriinus facias nobis*. Semper quod petimus nihil est. Qiii dixit ei : Quid vis ? Die ut sedeant^. O magna et ambitiosa petitio ! Démocrates jam senex. Vide verbo superbia* : chamaeleon, semper hianti est ore, quia vento pascitur *, Accius poeta cum brevis esset , maximam sibi statuam fieri curavit*. Quidam Anthistenes cynicus, habens vestem pertusam et ostentans : « Video per rimam illam inanitatem, » ait Socrates. Crocodilus, ter- restre et aquaticum animal, ova ponit in terra, in aquis autem prsedatur ; ut ecclesiastici aulici. Arbores post solstitium invertunt folia : ulmus, tilea, populus, olea, salix ; sic isti ecclesiastici. Nescitis quid petatis ; potestis *^ etc. Praesumptio. Calicem quidem, etc. Non est meiirn dare vobis *. Non est meiun ut homo, est meum ut Deus ; Augus- tinus *. Est meum, sed non nunc cum pugnandum potius  L'adorant. L'ambition est le singe de l'humilité ; mais le singe est toujours singe, l'humilité est sans prétention... L'adorant et lui demandant. Le taurus, très petit oiseau, veut ressembler au bœuf. Voir au mot ambition. Quelque chose : Maître, nous voulons que vous nous accordiez; tout ce que nous vous demanderons. Toujours à notre avis, ce que nous sollicitons doit être compté pour rien. Jésus lui dit : Que veux-tu ? Ordonne^ que [mes deux fils] soient assis, etc. Oh, grande et ambitieuse demande! Démocrate, déjà vieux. Voir au mot orgueil : le caméléon a toujours la gueule ouverte, parce qu'il se repaît de vent. Le poète Accius étant de petite taille, eut soin de se faire faire une très grande statue. Un certain cynique nommé Antisthène, portait un habit déchiré dont il faisait ostentation : « Je vois bien de la vanité par ce trou, » lui dit Socrate. Le crocodile est un animal à la fois terrestre et aquatique, il pond sur la terre et chasse dans les eaux ; tels sont les courtisans d'Eglise. Les arbres après le solstice retournent leurs feuilles : l'orme, le tilleul, le peuplier, l'olivier, le saule ; il en va de même de ces ecclésiastiques. Vous ne save^ ce que vous demande^ ; pouve^-vous, etc. Présomption. [Vous boire^] en effet mon calice, etc. Ce nest pas à moi de vous l'accorder. Ce n'est pas à moi comme homme, c'est a moi comme Dieu ; saint Augustin. Je le puis, mais il n'en est pas temps maintenant où il s'agit plutôt de combattre ;  CXXX. Mercredi après le ii« Dimanche de Carême 295 est; Ambrosius *. Est metun dare sed non vohis : * Ubi supra, p. 9. I. cognatis, 2. petentibus, 3. ambitiosis ; sed quitus paratum est. O nostra tempora ! Malae vocationes, at faciendae bonse. Mala vocatio Liae, at tamen fidelis fuit magis quam Rachel; Sancti Caroli, Sancti Gregorii Nazianzeni.  saint Ambroise. Je puis le donner, mais il ne convient pas de le donner a vous qui êtes i. parents, 2. solliciteurs, 3. ambitieux ; je le donnerai a ceux pour qui il a été préparé. Quels temps que les nôtres ! Il y a de mauvaises vocations, rendons-les bonnes. La vocation de Lia fut mauvaise, Lia toutefois fut plus fidèle que Rachel. Telle la vocation de saint Charles, de saint Grégoire de Nazianze.  CXXXI PLAN D'ex SERMON POUR LE JEUDI APRÈS LE DEUXIÈME DIMAXCHE DE CARÊME 33 février 1617 (Inédit)  (Ms. p. 2j}, recto) feria quiNTA post dominicam secundam DE DIVITE EPULONE. DE DIVITIIS ET DIYITIBUS Terra operta nemo facile judicaverit de amenitate aut obscenitate locorum ; nemo ubi hortus, nemo ubi fimus. Viventibus hominibus nemo facile judicaret divites infœ- lices, pauperes fœlices, etc. •Vers. 21-27. Dominus videns juvenem tristem, 3Iarc. 10* (omnino videnda est historia), circumspiciens Jésus, ait disci- pulis suis : Qttam difficile qui pecunias habent in Regnum Dei introibunt ! Discipuïi autem obstupes-. cebant in verbis ejus ; at Jésus rursus respondens, ait illis : Filioli, quant difficile est confidentes in  JEUDI APRES LE DEUXIEME DIMANCHE SUR LE RICHE ADONNE A LA BONNE CHERE. SUR LES RICHESSES ET LES RICHES Lorsque la terre est couverte de brouillards, il est difficile de distinguer les agréments ou la laideur d'un site, de dire : là est le jardin, là est le fuoiier. De même, du vivant des hommes, personne n'estime facilement les riches malheureux et les pauvres heureux, etc. Le Seigneur voyant un jeune homme triste (il faut revoir toute cette histoire), Jésus regardant autour de lui, dit a ses disciples : Qu'il est difficile a ceux qui ont des richesses d'entrer dans le Royaume de Dieu! Or, ses disciples étaient tout étonnés de ses paroles ; mais Jésus répondant de nou-ceau leur dit : Mes petits enfants, qu'il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses  CXXXI. Jeudi après le ii^ Dimanche de Carême 297 pecuniis in Regntim Dei introire ! Facilius est per foramen, etc. Qiii magis admirabanttir, dicentes ad semetipsos : Qilïs potest salvus Jîerï? Et intuens illos Jésus, ait : Apiid homines, etc. Sic ego hodie videns Evangelium * : O qnam difficile est, etc. Verum ut * i-ucas, xvi, 19-31. ordine procedam, quatuor sunt gênera divitum bonorum et malorum. Et hseresis est Pauperum de Lugduno, Apostolicorum, Manicheorum et Juliani Apostatae. I. In acquirendo. Non fiirtum faciès *. Ipsi régna- * Exod., xx, 15. verunt et non ex me ; Osée, 8 *. Si quid aliquem * Vers. 4. defraudavi, reddo qiiadriipluin *. Domine, quis habi- * Lucas, xix, 8. tahit in tabernaculo tiio ? Otii pecuniam siiam non dédit ad iisuram et mimera super innocentem non accepit *. Mammon iniquitatis **. Similes Achab, *,f^- ^^^' ^' 5- ^ ■'- ' I.ucae, XVI, 9. vineam quse juxta eum erat volens*. Et sunt quemad- *lll Reg., xxi, 2. modum asinae dum nutriunt puUos ; car alhors, dit Pline, elles ayment leurs petitz extrêmement. Que si toutefois il y a un petit ruisseau entr'elles et leurs petitz, elles ne passeront qu'avec extrême difficulté, et mesme n'y veu- lent elles pas mettre le pied. Vide Plinium, [Hist. nat.,] 1. 8. c. 43. Mais elles ne craindront point de passer par le feu. ('"') Sic plerique patres in ignem inferni pergunt ob filiorum amorem ; pro quibus tamen ne quidem aquam  d'entrer dans le Royaume de Dieu ! Il est plus facile \h un chameau de passer\ par le trou d^une aiguille, etc. Ils demeuraient encore plus étonnés, se disant l'un à l'autre : Qui donc peut être sauvé ? Et Jésus les regardant, dit : Aux hommes, etc. De même, aujourd'hui en lisant l'Evangile [je m'écrie] : Oh! qu'il est difficile, etc. Mais procédons par ordre : il y a quatre sortes de bons et de mauvais riches. Il y a l'hérésie des Pauvres de Lyon, des Apostoliques, des Manichéens et de Julien l'Apostat. I. Dans l'acquisition des biens. Tu ne feras point de vol. Ils ont régné, mais non par moi. Si f ai fait tort à quelqu'un. Je lui rends quatre fois autant. Seigneur, qui habitera dans votre tabernacle ? Celui qui ti'a point donné son argent à usure et qui n'a point reçu de présents contre l'innocent. Richesse d'iniquité. Ces gens ressemblent à Achab qui désira la vigne attenante à la sienne. Ils sont comme les ânesses pendant qu'elles nourrissent leurs pou- lains. [Reprendre au texte, lig. i6.] (a) Ainsi en est-il de bon nombre de pères qui vont au feu de l'enfer par suite d'un amour mal entendu envers leurs fils, pour lesquels néanmoins ils ne voudraient pas toucher à l'eau de la pauvreté ou des dépenses ; ils ne  298 Sermons autographes paupertatis aiit expensarum tangere relient, nihil expen- dere ut eos bonis moribus et litteris instruant. Similes aux conilz, qui se pèlent la poitrine pour faire le nid ou la couche de leurs petitz, ceux ci se pèlent la conscience. Aussi leur faut-il une grande place pour [se coucher] (j'entens aux saumes), car il leur vient mille fantasies en dormant, et ruent deçà et delà : (^) sic isti viri divitia- *Ps. Lxxv, 6. rum dormierunt somnum suum*; hune bonis spo- liant, illum comedunt, etc. Ruades. Et : Vœ vôbis qui conjungitis domiim ad domiim, et agrum agro copulatis usque ad termintun loci ; nunquid soli *is.,v, 8. habitabitis in medio terrœ* ? Quae secundum Deum acquiruntur bonse sunt. Unde * Gen., XXVII, 28. Isaac, beuediccns Jacob * : Det tibi Dominus de rore cœli et de pinguedine terrœ, abundantiarn frumenti *Cap. I, 21. et vini, etc. Sic Job* : Dominus dédit, etc. 2. In retinendo ; ut filii et hseredes maie pacta, quae ipsi norunt talia esse. Item, legata pia, etc. (Halietus, * Et supra, p. 8. aquila marina; vide infra, pag. 342 (O*,) Alienum reti- nere ; contrectatio rei alienae.  dépenseraient rien pour les élever dans les lettres et les bonnes mœurs. Sem- blables [Reprendre au texte, lig. 3.] (a) Ainsi ces hommes de richesses ont dormi leur sommeil; ils dépouillent celui-ci de ses biens, ils dévorent celui-là, etc.. Et : Malheur à vous qui joigne^ tnaison à maison et qui ajoute:^ champ à ch.imp jusqu'à ce que le lieu vous manque ; est-ce que vous habiterez seuls au milieu de la terre ? Les richesses acquises selon Dieu sont bonnes. C'est pourquoi Isaac bénissant Jacob lui dit : Que le Seigneur te donne la rosée du ciel et la graisse de la terre, l'abondance de froment et de vin, etc. Ainsi Job : Le Seigneur m'a donné, etc. 2. En retenant les biens, comme font les fils et les héritiers quand ils s'autorisent de contrats qu'ils reconnaissent avoir été mal faits. Ils pèchent de même au sujet des legs pieux, etc. (Haliète, aigle marin; voir plus bas, page 3.)2. Retenir le bien d'autrui ; en disposer. ( I ) Ce renvoi a trait aux feuillets autographes mentionnés ci-dessus, p. 152, note ( i). Entre autres comparaisons, saint François de Sales a inséré dans ces pages l'extrait suivant, emprunté à l'espagnol Laurétus, auteur de la Sylva allegoriarum, qu'il recommande si instamment à l'Archevêque de Bourges, dans X'Epistre sur la Prédication, § 6. '< Halietus, aquila marina, qua» pisces capit ; et si piscem majorem quam  CXXXI. Jeudi après le ii<" Dimanche de Carême 299 3 Oui juste quidem acquirunt, sed nimis avide. Appian Alexandrin recite * que les Parthes, mis en fuite, etc. * De Beiiis civil., (vide Similitudines (O), pressés de faim, mangèrent une cus,'circa finem. herbe qui leur faysoit oublier tout'autre chose, etc., et perdans le sens ilz vomissoyent et mouroyent. (a) Heu, heu, quid facitis? 31agnum periculum. Ojii volunt divi- tes fieri , incidunt in tentationein et in laqiieuin diaholi, et desideria milita et nociva quœ mergunt homines in interitiim et perditionem ; i Timot. 6*. * Vers. 9. 4. In possidendo avare. Idolorum servitus ; ad Col. 3*. * Vers. 5 ; Ephes., Viri divitiarnm *. Beatus vir dives qui inventas est «'pr. lxxv, 6. sine macida et qui post auriim non ahiit, nec spera- vit in pecuniœ thesauris. Quis est hic et laudabimus eutn*? Avaro tam deest quod habet quam quod non ' Eccii., xxxi, 8, 9. habet. 5. Qui in distribuendo, ut dives noster, qui habebat  3. Ceux qui acquièrent justement, il est vrai, mais avec trop de cupidité. [Reprendre au texte, lig. i.] (a) Hélas, hélas ! que faites-vous? [Vous vous exposez] à un grand péril. Cfux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation, dans les filets du diable et dans des désirs nombreux et nuisibles qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. 4. En possédant avec avarice. Servitude des idoles. Les hommes de richesses. Bienheureux l'homme riche qui a été trouvé sans tache et qui na point couru après l'or, ni espéré dans V argent et dans les trésors. Qui est celui-ci et nous le louerons? L'avare est aussi pauvre de ce qu'il a que de ce qu'il n'a pas. 5. Dans la mauvaise répartition de ses biens : tel notre riche qui n'avait « ferre possit accipiat, potins seipsam cum onere in profundum demergi « patitur quam prasdam relinquat (sic). Fures restituere nolentes, et societates, « conversationes et artes malas relinquere nolentes. Lauretus. » « L'haliète, aigle marin, fait la chasse aux poissons, et s'il en prend un si « gros qu'il ne puisse l'enlever, plutôt que de lâcher prise, il se laisse « entraîner par sa proie jusqu'au fond de la mer. Tels sont les voleurs qui « ne veulent pas restituer, et ceux qui refusent de quitter les mauvaises « compagnies, les conversations dangereuses ou une profession défendue. « Lauretus. » (i) Il s'agit ici d'un recueil de comparaisons conservé au Monastère de la Visitation de Turin. Ce recueil ne doit pas être confondu avec celui dont nous venons de parler, non plus qu'avec le Manuscrit, également intitulé Similitudines, appartenant à la Communauté de la Visitation de Westbury on Trym, récemment transférée à Harrow (Londres). Voir la Préface du tome III de cette Edition, p. xxxiv, note ( i ).  !5  300  Sermons autographes  divitias tantum sibi, voluptati et vanse glorise. Similitudo *Cf.Piin.,Hist.nat, canum ^gipti *, cervorum, navium, vestium. i.vill,c.xL(a/.Lxi). ^ Crudelitas in pauperes. Ouam pauperes sint digni et honorandi, unde visitandi vice Domini. • Dan., V. Historia Baltassar * recitanda graphice, et inculcanda : Mane, mimer avit ; teckel, appensus es ; phares , divisit. Hérissons.  de fortune que pour lui, pour ses plaisirs et la vaine gloire. Comparaisons : chiens d'Egypte, cerfs, navires, vêtements. 6. Cruauté envers les pauvres. Dignité des pauvres; combien nous devons les honorer, et partant les visiter comme représentant Notre-Seigneur. Histoire de Balthazar ; décrire [cette scène] au vif, la graver : Mane, il a compté; teckel, tu es pesé ; phares, il a divisé...  CXXXII PLAN d'un sermon POUR LE VENDREDI APRÈS LE DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME 24 février 1617 (Inédit)  FERIA SEXTA. IN DIE SANCTI MATHI^ (Ms. p. 2JJ, verso) DE PARABOLA YINE. at r ^ • siam vinitoribus suis? JNon auteret, quia nunquam occi- * Rom., VI, 9. dent, jam non moritur"^ ; nunquam auferet, sed vinea ista et sepem et torcular, exercitia religionis, et turrim. habebit donec veniat Dominus. Numquam Ecclesia occi- dit prophetas, imo excepit mitissime : Basilios,x\nthonios, Pacomios, Franciscos, Benedictos, [2°.] Notate agricolas quibus locata est vinea non mutari, sed eosdem usque ad finem perseverare ; nimirum, non sunt iidem persona , sed successione : successio Ecclesiastica. En périt Iscariotes, ex tribu Isachar (vel a sechar, quod est, Syriace, marsupium), et ecce Petriis * Act., I, 13, 20. exurgens in média fr air um. : Episcopatum*. (Nostri  les Prophètes que le Seigneur leur envoyait (coniiiie on peut le voir dans Barradas [Commentaire sur la Concordance des Evangiles,] liv. V, chap. xxin du premier tome); ils furent sciés, lapidés, tués par le tranchant du glaive : Isaie fut scié, Jérémie lapidé, Ezechiel massacré à Babylone par le juge du peuple d'Israël, Amos le fut par le prêtre Amasias, etc. Mais notez : i. Bien que ces vignerons fussent très méchants, jamais Dieu ne leur enleva la haie, le pressoir, la tour et la vigne, sinon lorsqu'apparut Vhéritier qu'ils mirent a mort. Eh ! malheureux hérétiques, comment donc enlèverait-il l'Eglise à ses vignerons ? Il ne la leur enlèvera pas, parce qu'ils ne le mettront jamais à mort, car il ne meurt plus ; non, il ne la leur enlèvera jamais, et cette vigne gardera la haie, le pressoir, les exercices religieux, et la tour jusqu'à l'arrivée du Seigneur. L'Eglise n'a jamais mis à mort ses prophètes, elle leur a fait, au contraire, le plus bienveillant accueil : voyez les Basile, les Antoine, les Pacôme, les François, les Benoit. [2.] Remarquez que les agriculteurs auxquels est louée la vigne ne changent pas, mais demeurent les mêmes jusqu'à la fin ; ils sont les mêmes, non en personne sans doute, mais par la succession : succession ecclésiastique. Iscariote périt : il est de la tribu d'Issachar (ou bien son nom dériverait de sechar, mot qui signifie en syriaque, bourse), et voilà que Pierre se levant au  CXXXII. Vendredi après le ii°^Dimanche de Carême 305 hseretici nolunt nomen episcopatus, sed in marginem rejiciunt, et vertunt : Qii'un autre prenne son admi- nistration, encor qu'en l'annotation quilz confessent quil y a au grec son episcopat, ou surintendence *.j * Voir Bible... de ,^\n^^ • • ^ -1 • T^ Genève, in locum. (a) Cette mission et succession dure, « quamvis, » dit saint Léon*, « in indignis successoribus, » et durera * Sermo m (al. n), jusques au jour du jugement. Ephes. 4 * : Alios quidem *"vers. n, 12. dédit apostolos, alios prophetas, alios evangelistas, alios doctores et pastores, in opns ininisterii, in œdificationem corporis Christi. Et sic sors cecidit super Mathiam *. • Act., i, uit. Non auferet regnum, sed auferet nos de regno, quia fructum nullum facimus. Et vos palmites ; oinnem palmitem *, etc. * joan., xv, 5, 2. Sic célébrât Ecclesia festa horum.  milieu des frères : [Q^ti'un autre reçoive^ son episcopat. (Nos hérétiques ne veulent pas de ce mot episcopat, mais ils le rejettent en marge [de leur bible], et traduisent ainsi : [Reprendre au texte, lig. 2.] (a) Cette mission et succession dure, dit saint Léon, « même en des successeurs indignes, » et durera jusqu'au jour du jugement. En effet, il en ci donné quelques-uns ^or serm.Lxxi, vero multum refert illum intelligere, nos eum explica- bimus. Theologi peccata qusedam in Patrem, alia in Filium, alia in Spiritum Sanctum esse dicunt ; id autem dicitur ratione appropriationis, idque dupliciter, nimirum, per similitudinem et per dissimilitudinem. [i.] Potentia quae habet vim principii attribuitur Patri; hinc peccatum infirmitatis contra Patrem dicitur esse. Sapientia, quae exprimitur verbo, attribuitur Filio ; ideo peccatum ex ignorantia dicitur esse contra Filium. Cha- ritas et bonitas, quae exprimitur per modum amoris, attribuitur Spiritui Sancto ; et propterea peccatum mali- tiae est contra Spiritum Sanctum. 2. Per dissimilitudinem eorum quae accidunt in huma- nis. Soient enim patres esse filiis debiliores, filii patribus indoctiores, spiritus vero violentiam ac vehementiam signât. Ouare, ut ita rem non se habere in Divinis demonstrarent theologi, attribuunt Patri potentiam, Filio sapientiam, Spiritui Sancto bonitatem. Et hinc peccata in Patrem et Filium et Spiritum Sanctum.  Paroles du Seigneur, o il n'y en a pas de plus difficile dans toute l'Ecriture. « Puis donc qu'il importe beaucoup de le comprendre, nous allons l'expliquer. Les théologiens enseignent que certains péchés sont contre le Père, d'autres, contre le Fils, d'autres, contre le Saint-Esprit; ils s'exprituent ainsi en vue des perfections attribuées spécialement à chacune des divines Personnes, et cela d'après le double rapport de ressemblance et d'opposition avec ce qui arrive dans l'ordre naturel. [i. Par ressemblance.] La puissance, en tant que vertu de principe, s'attribue au Père ; c'est pour cela qu'un péché de faiblesse est appelé péché contre le Père. La sagesse, dont la parole est l'expression, est attribuée au Fils; aussi nomme-t-on le péché d'ignorance péché contre le Fils. La charité et la bonté, qui s'expriment par voie d'amour, sont attribuées à l'Esp rit-Saint, et pour ce motif le péché de malice est un péché contre le Saint-Esprit. 3. Par opposition à ce qui arrive dans la condition humaine. D'ordinaire, les pères sont moins forts que les fils, les fils moins instruits que les pères, et le souffle indique la violence, la véhémence. Aussi, pour démontrer qu'il n'eu est pas de même en Dieu, les théologiens attribuent au Père la puissance, au Fils la sagesse, à l'Esprit-Saint la bonté. D'après ces principes, sont distingués les péchés contre le Père, contre le Fils, contre le Saint-Esprit.  5o8 Sermons autographes Exempla horum peccatorum, in tribus primis homini- • Vers. 14. bus : Adam, Eva, Caim. Eva seducta est; i. ad Tim. 2 * : Vir non est seductus ; mulier seducta in prœvarica- tione fuit. Paulus, 2. Cor. 11. >'. 3 : Timeo autem, ne sicut serpens seduxit Evam astutia sua, ita corrum- pantur sensiis vestri, et excidant a simplicitate quœ * Vers. 13. est in Christo. Gen. 3 * : Serpens decepit me et comedi. Qusenam fuerit ista seductio , vide Belarm. , 1. 3. de Amiss. gratiœ, c. 5. 6. et 7. Adam non est seductus. Qiiia audisti vocem uxoris tuœ, etc. Mulier quam ♦Gen., m, 17, 12. dcdisti miM^ . Sic sane plerique haeretici. Mulieris lapsus ita se habuit. Complacuit sibi in verbo *Ibid., j^. 5. illo : Eritis sicut dii*, per superbiam ; deinde, credidit se non morituram, neque verba Dei ad litteram intelli- genda secundum sensum quem primo habuerat ; hinc manducare constituit. Adami incœpit a complacentia in illo verbo : Eritis sicut dit ; deinde, ad amorem inordinatum processit ; tertio, ad consensum in comes- tionem. Caim autem peccato malitiae ; nam admonitus a Deo, Gen. 4. y. 5. et 6, non destitit, sed, 1°. praesumpsit ; 2°. invidens fraternse gratise, et cum Dominus qusereret :  Nous avons des exemples de ces péchés dans les trois premiers individus de la race humaine : Adam, Eve, Caïn. Eve fut séduite : L'homme ne fut point séduit ; la femme séduite tomba dans la prévarication. Saint Paul aux Corinthiens : Mais je crains que de même que le serpent séduisit Eve par ses artifices, ainsi vos esprits se corrompent, et dégénèrent de la simplicité qui est dans le Christ... Le serpent m'a trompée, et fai mangé. Pour la nature de cette séduction, voir Bellarmin, liv. III de la Perte de la grâce. Adam ne fut point séduit. Parce que tu as entendu la voix de ta femme, etc. La femme que vous m'ave^ donnée. C'est précisément ce qui arrive à la plupart des hérétiques. Voici comment tomba la femme. Par orgueil, elle se complut en cette parole : Vous sere^ comme des dieux ; ensuite, elle crut quelle ne mourrait pas, et que la menace de Dieu ne devait pas être entendue à la lettre, comme elle l'avait tout d'abord comprise, et alors elle se décida à manger du fruit. La chute d'Adam commença par une vaine complaisance en cette promesse : Vous sere^ comme des dieux; puis, de ce sentiment procéda un amour déréglé; en troisième lieu, il consentit à manger. Cain commit un péché de malice. Averti par Dieu, il ne tint nul compte de l'avertissement, mais i. tomba en présomption; 2. fut jaloux de la bienveil- lance dont jouissait son frère, et quand le Seigneur lui demanda : Oit est ton  CXXXIII. Pour le in« Dimanche de Carême 309 Ubi est frater tiiiis ? 3°. agnitam veritatem impugna- vit, obstinatusque pœnitentiam respuit; 4°. ac desperans, ostendit se Dei misericordise renunciasse : Ejicis me a facie terrœ, et a facie tua abscondar* ; nimirum ut * Vers. 9-14. qui absconduntur a facie solis et manent in nocte , omnino tabescunt. David peccavit 1°. ignorantia, numerans populum ; fuitque, meo judicio, tantum peccatum veniale, juxta illud quod habetur, 3. Reg. c. 15* : No7i declinavit ab * Vers. 5. omnibus quœ praecepit ei Deus , excepta sennone Uriœ HetcBt. 2°. Infirmitate, concupiscens Bersabëe. [3°.] Malitia autem, volens inebriare Uriam et occidere faciens ; 2 Reg. 11*. ' Vers. 13-17. Ignorantia Paulus : Ideo misericordiam consecutus quia ignorans feci'^ ; infirmitate Petrus ; Judas malitia. ' l Tim., r, 13. Samaritana ignorantia ; Magdalena infirmitate ; Saphira et adultéra, malitia. Dicuntur autem peccata alia ex infirmitate, alia ex ma- litia, alia ex ignorantia, non quia in omnibus peccatis non intercédât ignorantia aliqua, id est, inconsideratio (juxta illud Aristotelis * : « Omnis peccator ignorans ») , et etiam • Ethic. ad Nicom. malitia, alioquin non esset peccatum (nam est de essentia " ' ^'^'  frère ? 3. il combattit la vérité connue, s'obstina et repoussa toute idée de pénitence; 4. en se livrant au désespoir il montra qu'il renonçait à la misé- ricorde divine : Vous me rejeté^ de la face de la terre, et je serai cachJ à votre face ; de même, ceux qui fuient la lumière du soleil et demeurent dans la nuit, perdent toute vigueur. David pécha i. par ignorance, dans le dénombrement de son peuple. Ce ne fut, à mon avis, qu"un péché véniel, d'après ce passage du IIP Livre des Rois : // ne s^ était point détourné de tout ce que Dieu lui avait commandé, excepté en ce qui concernait Urie l'Héthéen. 2. Par faiblesse, étant agité par la concupiscence relativement à Bersabée. 3. Par malice enfin, en voulant enivrer Urie et le faisant tuer. Saint Paul pécha par ignorance : C'est pourquoi fai obtenu miséricorde parce que J'ai agi par ignorance ; saint Pierre pécha par faiblesse; Judas, par malice. La Samaritaine, par ignorance; Madeleine, par faiblesse; Saphira et la femme adultère, par malice. Quoiqu'on distingue les péchés de faiblesse de ceux de malice ou d'ignorance, ce n'est pas qu'il n'y ait en tout péché quelque ignorance, c'est-à-dire quelque inconsidération (d'après ce mot d'Aristote : « Tout pécheur est ignorant »), et aussi quelque malice, sinon il n'y aurait pas de péché (car  310 Sermons autographes peccati ut intercédât aliqua malitia, saltem in causa, et débet esse culpa in ignorantia, seu ignorantia culpabilis), et etiam infirmitas passionis alicujus, vel prseteritae vel prsesentis. Sed dicuntur peccata talia ab origine et prse- dominio ; ut dicuntur homines melancolici in quibus praedominatur melancolia, cholerici in quibus choiera, quamvis semper habeant omnes humores. Sed inter omnia peccata in Spiritum Sanctum illud est de quo Salvator in Evangelio, quo videlicet opéra Spiritus Sancti per blasphemiam tribuuntur diabolo. Ut faciunt hseretici nostri temporis ; cum enim non possint negare miracula, saltem ea quae a probatissimis autho- * De Civit. Dei, ribus narrantur, ut ab Augustino *, dicunt esse strata- 1. XXII, c. viii. . j- , 1- gemata diaboli. Hoc autem peccatum dicitur irremissibile quia non nisi per miraculum remittitur. Conversio peccatoris est semper opus magnum, sed non dicitur miraculum nisi quando fit modo raro et exquisito. Hinc, dicere possumus : • Matt XIX 26 • 'if^po^s^i^^^ ^si inter homines, etiam ratione gratiae Marc, X, 27. ordinariœ, 7ion apîid Deum^.  il est de l'essence même du péché que la malice intervienne au moins dans la cause, et il doit y avoir quelque culpabilité dans l'ignorance pour qu'elle soit imputée à péché). Il s'y trouve aussi la faiblesse provenant de quelque passion, soit passée, soit présente; mais les péchés sont ainsi désignés d'après leur origine et leur caractère dominant. Ainsi, on appelle mélancoliques les caractères où domine la mélancolie; colères, ceux où domine la colère, bien qu'ils aient aussi toutes les autres humeurs. Mais entre tous les péchés contre l'Esprit-Saint, le Sauveur, dans l'Evangile, désigne particulièrement le péché de blasphème, par lequel on attribue au diable les œuvres de l'Esprit-Saint. Tel est celui des hérétiques de notre temps. Ne pouvant nier les miracles, ceux du moins qui nous sont racontés par les plus sérieux auteurs, comme serait saint Augustin, ils prétendent que ces prodiges sont des stratagèmes du démon. Or, le Christ appelle ce péché irrémissible parce qu'il ne peut être remis que par un miracle. La conversion du pécheur est toujours une grande oeuvre, mais on ne l'appelle miracle que si elle est opérée d'une manière merveil- leuse et non commune. C'est ainsi que nous pouvons la déclarer impossible aux hommes, même au moyen de la grâce ordinaire, mais non pas impossible à Dieu.  CXXXIV PLAN d'un sermon POUR LE LUNDI APRÈS LE TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME 27 février 161 7 (Inédit)  FERIA SECUNDA POST DOMINICAM TERTIAM (^^- P- ^34i verso) Dicetis utique mihiper similitudinem : Medice, cura teipsum. Quanta audi- vimus. [LuciE, IV, 23.] Christus cum esset in Nazareth, intravit in sinago- gam, et lecto Libro Isaiœ docebat eos, ita lit oinnes mirarentiir et darent illi testimoniiun; sed tamen sine utilitate, dicebant enim : Nonne hic est filius fabri? nonne hic est faber ? Unde huic sapientia^ ? etc. *Matt.,xiii, 34-56; T- • • 1 11 • -11- Marc, VI, 2, 3; Lu- JtLt ipse videns eos colloquentes, sciensque quid dicerent, cae, iv, 16-23. ait : Utique dicetis mihi, etc. Et concludit Marcus * : * Cap. vi, 5, 6. Et non poterat ibi virtutem ullam facere, nisi quod  LUNDI APRES LE TROISIEME DIMANCHE Vous tn appliquerez sans doute le proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même. [Faites ici] d'aussi grandes choses que nous avons entendu dire, etc. Un jour que le Christ était à Nazareth, il entra dans la synagogue et, après la lecture du Livre d'Isaie, il instruisit le peuple, de sorte que tous étaient dans Vadmiration et lui rendaient témoignage ; inutilement toutefois, car ils disaient: N'est-ce pas là le fils du charpentier? n'est-ce pas là le charpentier ? D'oii lui vient cette sagesse ? etc. Lui, qui les voyait s'entretenir ensemble, savait ce qu'ils disaient et leur répondit : Vous ni appliquerez sans doute, etc. Et saint Marc conclut : // ne pouvait faire là aucun miracle, si ce n'est qu il guérit quelques  312  Sermons autographes  paucos inflrmos impositis manibus curavit ; et • Cap. XIII, uit. mirabatiir propter incredulitatem eorum. Mathaeus*: Et non fecit ihi virtutes multas, propter increduli- tatem eorum. Duo maxime in Scriptura inculcat Deus, et semper docuit in Ecclesia : primum est, perditionem nostram ex nobis esse ; secundum, salutem nostram ex Deo tantum esse. Contra duas pestilentissimas hsereses : Pelagiano- rum et Lutheranorum. Hsec autem propositio totidem ♦Vers. 9. verbis habetur Osée, 13 * : Perditio tua ex te, Israël, tantum in me auxilium tuum. iVc quidem auxilium suum Deus semper Israeli porrexit ; at Israël neglexit, et illud est quod ait : Perditio tua ex te, Israël; nam ideo perditio tua ex te, quia neglexisti auxilium quod est ex me. ' Cap. XIII, 7, 8. Minatur Deus per Osée * Israelitis, quia idola secta- bantur se eos castigaturum : Ero quasi leœna, quasi pardus in via Assiriorum ; occurram eis quasi ursa raptis catulis et disrumpam interiora jecoris eorum, et consumam eos quasi leo. Tum addit : Perditio tua, quasi dicat : Castigabo te, quia noluisti converti. * Vers. 10. Baruc, 3 * : Qiiid est tibi, Israël, quia in terra inimi- corum es? Hierem. 8. f. 22 : NunqtLid non est résina  malades en leur imposant les mains ; et il s'étonnait de leur incrédulité. Saint Matthieu : // ne fit pas là beaucoup de miracles, a cause de leur incrédulité. Il est dans l'Ecriture deux vérités que Dieu veut surtout nous inculquer et qu'il nous enseigna toujours dans l'Eglise : la première est que si nous nous perdons, c'est par notre faute; la seconde, que nous ne devons notre salut qu'à Dieu. Ces deux dogmes sont opposés à deux hérésies très pernicieuses : celle des Pélagiens et celle des Luthériens. Osée expose cette double vérité en ces termes mêmes : Ta perte vient de toi, Israël, c'est en moi seul quest ton secours. En effet, Dieu offrit toujours son secours à Israël, mais Israël ne s'en prévalut pas, et c'est pourquoi Dieu dit : Ta perte vient de toi, Israël, tu es cause de ta perte parce que tu négliges le secours que je te présente. Dieu, par la bouche d'Osée, menaça les Israélites de châtiment parce qu'ils suivaient le culte des faux dieux : Je serai comme une lionne, comme un léopard sur la voie des Assyriens ; je courrai a eux comme une ourse à qui on a ravi ses petits, et je déchirerai leurs entrailles, je les dévorerai comme un lion. Puis il ajoute : Ta perte, [etc.,] comme s'il disait: Je te châtierai parce que tu n'as pas voulu te convertir. D'où vient, Isr.iel,que lu habites la terre de tes ennemis.^ N'y  CXXXIV. Lundi après le iii« Dimanche de Carême 313 in Galaad, atit medicus non est ibi? Qiiare ergo non est obducta cicatrix popiili met? Ezech. 18*: * Vers. 31. Quare moriemini, domus Israël ? Apoc. 3 * : Ego ' Vers. 20. sto ad ostium. Venite ad ine^. Eccl^'. 15** ; Ne dicas : •*vers.'n,''i2.' Per Deum abest, quœ enim odit ne feceris. Ne dicas : nie me implanavit ; non enim necessarii sunt illi homines impii. Act. 13 * : Vobis quidem primum * Vers. 46. opportuit praedicari verbum Dei ; sed quoniam repel- litis illud et indignos vos judicatis vitœ œternœ, ecce convertimur ad Gentes. Deus ergo neminem repellit nisi repulsus, neminem relinquit nisi relictus, neminem abjicit nisi abjectus. Obstupescite cceli super hoc, et port ce ejus deso- lamini vehewienter ; duo niala fecit populus meus; Hier. 2. ^. 12, [13.] Mirabatur porro Dominus *, id est, * Pag. praeced. mirandam rem nobis ostendebat : homines tôt virtutibus visis, qui ei maxime benigni esse deberent, quos ipse multis auxiliis cumulasset, non converti. Obstupescite. O rem mirandam, quam miratur Dominus ! Tamen ait Marcus * : Non poterat ullam virtutem *Supra, p. 311. facere,propter incredulitatem, id est, resistente eorum incredulitate non poterat ; aequum justumque non erat,  a-t-il point de baume en Galaad, ou n'y a-t-il pas là de médecin? Pourquoi donc la blessure de mon peuple tia-t-elle pas été fermée? Pourquoi mourre^-vous, maison d'Israël? Je me tiens a. la porte. Vene^ à moi. Ne dis pas : Dieu est cause que [la sagesse] est loin de moi, car il dépend de toi de ne pas faire ce qu'il hait. Ne dis pas : C'est lui qui m'a trompé ; car les hommes impies ?te lui sont pas nécessaires. C'est à vous qu'il a fallu premièrement annoncer la parole de Dieu, il est vrai; mais puisque vous la rejeté^ et que vous vous juge\ indignes de la vie éternelle, voilà que nous nous tournons vers les Gentils. Dieu donc ne repousse personne s'il n'en est repoussé, il n'abandonne personne s'il n'en est abandonné, il ne rejette personne s'il n'en est rejeté. deux, soyei frappés de stupeur sur cela, et vous, portes du ciel, soye^ dans la plus grande désolatioti ; mon peuple a fait deux maux. Or, le Seigneur s'étonnait, ou plutôt il nous montrait une chose étonnante, à savoir qu'à la vue de tant de prodiges, les hommes qui lui devaient la plus grande reconnaissance, auxquels il avait porté le plus de secours, ne se convertis- saient pas. Soye^ frappés de stupeur ! Oh ! quelle chose étonnante, puisqu'elle étonne le Seigneur même ! Saint Marc dit cependant : // ne pouvait faire aucun miracle à cause de leur incrédulité, c'est-à-dire qu'/7 ne le pouvait pas parce que leur incrédulité y  314 Sermons autographes secundum legem ordinariam, nam homini liberum arbi- trium relinquit : qui fecit te sine te, non salvabit te *s.Bern.,DeGrat. sine te ; fecit nescientem, non salvabit nisi volentem *. uit. ' Ergo : Dicetis titique, etc. Tum de duabus historiis* : •nTRer'xTO^Q "^iduce illœ Israël non excepissent Heliam * ; nec le- •iVReg.,v, 3, 9. ^r6>5z obedissent, aut venissent ad Heliseum *.  mettait obstacle; ce n'eût été ni équitable, ni juste, dans les conditions ordi- naires. Dieu laisse, en effet, à l'homme sa liberté : celui qui vous a créé sans vous, ne vous sauvera pas sans vous ; il vous a fait sans que vous le sachiez, il ne vous sauvera pas sans que vous le vouliez. Donc : Vous m appliquerez sans doute, etc. Parler ensuite des deux histoires [mentionnées par Jésus] : ces veuves dlsrael n'auraient pas reçu Elie ; ces lépreux n'auraient pas obéi, ne seraient pas venus vers Elisée.  cxxxv PLAN d'un sermon POUR LE MARDI APRÈS LE TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME 28 février 1617 (Inédit)  FERIA TERTIA POST DOMINICAM TERTIAM (Ms. p. 3J^, recto) Si peccaverit in ie frater titus, etc. [MaTT., XVIII, 15.] In te, coram te*; ut : Tibi soli peccavi et maliun * Cf. supra, p. 189. coram te feci *. T.ihi et coram te idem, et unum expli- • Ps. l, 6. catio est alterius. In te, contra te : vel unde scandalum patiaris, vel unde laedaris. Totius correctionis fraternse praeceptum regitur ab hac clausula : Si te audierit , lucratus eris fratrem tiiiim*. C'est la maistresse roue de cet horologe, le * Matt., xvm, 15. gouvernail de ce vaisseau, le nord de cette navigation ;  MARDI APRÈS LE TROISIÈME DIMANCHE Si ton frère a péché envers toi, etc. Envers toi, devant toi ; comme : J'ai pJcké contre vous seul et j'ai fait h mal devant vous. Contre vous et devant vous ont le même sens, un mot explique l'autre. Envers toi, contre toi : ou de manière à te scandaliser, ou de manière à te blesser. Le précepte de toute correction fraternelle est résumé dans ces derniers mots : S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. [Reprendre au texte, lig. 7.]  3i6 Sermons autographes (3) quia causa finalis est correctionis, a fine autem artifex omnes sumit mensuras. Hinc sequitur causa efficiens : omnes enim omnino homines tenentur corrigere, etiam inferiores respectu superiorum. Sic enim Paulus correxit Petrum, ad Gai. • Vers. II. 2 * : Cum venisset Cephas Antiochiam, in facion ejus restai, quia reprehensibilis erat. Etsi enim Petrus vix etiam venialiter in eo peccavit , tamen reprehen- sus fuit a Paulo, propter gravitatem consequentiae ; « ut qui primus erat in dignitate, primus esset in humi- » s. Gregor. Mag., litate *. » (( Non sentire bonos eadem de rébus iisdem Homil. in Ezech., . . . 1. II, hom. VI, § 9. incolumi licuit semper amicitia *. » Qui autem corngit Iia;,qu.xxix,art.iii. débet esse justus, id est, irreprehensibilis ; ne dicatur » Lucae, IV, 23. ilH : Medicc, cura teipsiLm'^. Corripiet ine jiistus ; * Vers. 5. rps .] 140*. Si sal evanuerit**, etc. 3. Reg. 7 *** : les "Matt., V, 13. '- -' / , j o & / •♦•Vers. 49. moiichettes a or. Causa materialis sunt peccata mortalia, nam per haec tantum frater perditur : medicus non pro omni levissimo dolore dat medicinam, nec pro culicis morsu. Quo loco reprehenduntur quidam importuni correctores, ut Pha- risaei : Qiiare discipuli tui, etc., non enim lavant •Matt.,xv, 2. tnanus cum panem manducant ^. Neque vero satis est esse peccata mortalia, sed debent esse corrigibilia,  (a) Car la cause finale de la correction est de gagner son frère; or, c'est d'après la fin qu'il se propose que l'ouvrier prend toutes ses mesures. De cette cause finale dérive la cause efficiente : tout homme sans exception est tenu à faire la correction, même l'inférieur à l'égard de son supérieur. C'est ainsi que saint Paul a repris saint Pierre : Cephas étant venu a Antioche, je lui résistai en face, parce qiiil était répréhensible ; car bien que saint Pierre eût à peine commis un péché véniel en cette occasion, néanmoins saint Paul le reprit à cause des graves conséquences que pouvait avoir sa faute, « et pour que le premier en dignité fût aussi le premier en humilité. » n La différence d'opinions sur une même chose n'a jamais nui à l'amitié entre honnêtes gens. » Mais celui qui corrige doit être juste, c'est-à-dire irrépré- hensible ; sinon, on pourrait lui répondre : Médecin, guéris-toi toi-même. Que le juste me reprenne. Si le sel perd sa force, etc.. La cause matérielle, [ou la matière de la correction fraternelle,] c'est le péché mortel, car c'est par ce péché seulement que notre frère se perd : le médecin ne donne pas de remède pour le moindre malaise, pour la piqûre d'un moucheron. Ce passage condamne les censeurs importuns, tels que les Pharisiens : Pourquoi vos disciples, etc., car ils ne se lavent pas les mains pour  CXXXV. Mardi après le iu"^ Dimanche de Carême 317 id est, sperare debemus ea posse per reprehensionem corrigi ; nam, si frater adeo perditus est ut nolit corrigi, relinquendus est. Ut Christus Dominas Nazarenos heri reliquit *, et dimittit caecos et duces ccvcorum **, et * Lucae, iv, 30. T j **Matt., XV, 14. Judam. Cum autem peccata venialia sunt valde periculosa vel nimis frequentia, illisque nimis addictus est frater, pos- sumus eum corripere, non tamen tenemur. Abraham, Gen. 15*, aves abigebat a sacrificio ; et etiam muscas *Vers. n. abigunt a mensa regum et principum : sic inter religiosos et eos qui ad perfectionem tendunt, etiam muscae abi- gendae, perdunt enim suavitatein itngucnti*\ *Eccies.,x, i. Formalis, id est, forma corrigendi, est : i". ut obser- ventur gradus, neque statim caustica et flammea remédia adhibeas ; sed, si sufficiunt lenia et levia, non adhibeas majora. 2". Res débet fieri cum compassione : Qjiis infirma- tiir et ego non infirmor ? qiiis scandali^atur et ego non uror? 2. Cor. 1 1 *. Omnibus omnia factus sum **, ^J^"' '^^' ■' •'X v-or., IX, 22. materno aflfectu. Corripiet me j'ustus in misericordia et increpabit me, oleum autem peccatoris non im- pinguei caput meum ; [Fs.] 140*. Oleum peccatoris, • Vers. 5.  manger du pain. Et il ne suffit pas que les péchés soient mortels, il faut qu'il soit possible de les corriger, c'est-à-dire que nous puissions espérer que notre correction produira l'amendement [de celui que nous reprenons]. Si, en effet, ce frère est tellement corrompu qu'il ne veuille se corriger, il mérite d'être abandonné, comme le Christ Notre-Seigneur abandonna hier les habitants de Nazareth, comme il abandonne les aveugles et les conducteurs d'aveugles, et Judas. Si les péchés sont véniels, mais très dangereux ou très fréquents, et que notre frère y soit fortement attaché, nous pouvons le reprendre, mais nous n'y sommes pas tenus. Abraham éloignait les oiseaux de la victime ; on chasse même les mouches de la table des rois et des princes : ainsi entre les religieux et ceux qui tendent à la perfection, on doit chasser même les mouches, car elles gâtent la suavité du parfum. Quant à la cause formelle, c'est-à-dire la correction en elle-même, i. il faut procéder graduellement, ne pas appliquer d'abord les caustiques et le feu, et si les remèdes doux et légers suffisent, ne pas en employer de violents. 2. Faire la réprimande avec compassion : Qui est infirme sans que je sois infirme? qui est scandalisé sans que je brûle? Je me suis fait tout à tous, avec une affection maternelle. Que le juste me reprenne dans sa bonté, et il me corrigera, mais que l'huile du pécheur ne parfume pas ma tête. L'huile du  3i8 Sermons autographes semen, ros, id est, oleum veneni, Hebraice. Qu'on ne "Cf. supra, p. 282. me donne point du miel d'Heraclee *. Oleum et vinum • Lucae, X, 3.1. infundenda in vulnus*. Rom. 14** : Infirmum in ûde **Vers. r. . . ^ , -^ ^ Vers. I. suscipite. Gai. 6 '^ : Fratres, et si prœoccupatus fuerit hoino in aliquo delicto, vos qui spirituales estis, hujusmodi instruite in spiritu lenitatis, considerans teipsum ne et tu tenteris. In Arca, tabulœ, virga, • Heb., IX, 4. manna *; in corrigente débet esse Lex, débet enim esse justus, manna mellitum et virga correctionis. Virga *Num.,xvii, 8. Aaron florida, virens, fructuosa * ; correctionis virga amœna débet esse et fructuosa, utilis ; mel et lac sub • Caat.,iv, ir. Ungua, favus distillans'^. 3°. Prudenter, discrétion. In tempore : sic, ait Grego- • Homil.inEzech., rius *, cxpectavit Abigail , donec deferbuerit vinum » Vers. 37. ' Nabal ; i. Reg. 25 *. Qui hominem corripit dum est iratus , c'est vouloir mettre un'escluse a un torrent débordé; il faut attendre que les eaux soyent basses. • Eccies., m, I. Un cheval en rage. Omnia tempus habent*. •Vers.i8,2i;etubi j^ persona ; Gregorius, [in Job, c] 36 *, régulas afFert. Nazianz.,orat.xxxn Superior aut scnior, humiliter. i. Tim. 5* : Seniorem te (o//wXXVI),§§ 20,30. . . . -, , , I T-x • , ♦Vers. I. 11^ increpaverts, sed obsecra ut patrem. David C3^tara *IReg.,xvi, uit. spiritum Saulis temperabat *. Inferior paulo districtius,  pécheur, semence, rosée, c'est-à-dire huile empoisonnée, selon l'hébreu... Il faut verser de l'huile et du vin sur la plaie. Recevez celui qui est faible dans la foi. Mes frères, si un homme est tombé par surprise en quelque faute, vous qui êtes spirituels, instruisez-le en esprit de douceur, chacun de vous se consi- dérant soi-même, de peur qu'il ne soit aussi tenté. Dans l'Arche se trouvaient les tables de la Loi, la verge, la manne; en reprenant le prochain on doit avoir la Loi, c'est-à-dire être juste, la manne douce comme le miel, et la verge de la correction. La verge d'Aaron était couverte de fleurs, de feuilles et de fruits ; la verge de la correction doit être douce, fructueuse, utile ; miel et lait sous la langue, un rayon qui distille le miel. 3. Avec prudence, discrétion. Quant au temps : saint Grégoire fait remarquer qu'Abigaïl attendit que l'ivresse de Nabal fût passée. Corriger un homme en colère, c'est vouloir mettre une écluse à un torrent débordé ; il faut attendre que les eaux soient basses... Toutes choses ont leur temps. Quant à la personne [qui a besoin de correction], saint Grégoire donne des règles à ce sujet. Reprendre avec humilité un supérieur ou quelqu'un de plus âgé que soi. Ne reprends point durement un homme plus âgé que toi, mais supplie-le comme s'il était tofi père. David apaisait l'esprit de Saiil par le son de la harpe. Reprendre un inférieur avec plus de fermeté, afin d'en être à la  CXXXV. Mardi après le iii« Dimanche de Carême 319  ut partim amet et partim timeat. Sapientes seculi corri- gendi ut discant nescire quae sciunt, alii ut discant scire quœ nesciunt. Arrogantes, fortiter ; timidi, humanissime. In modo. Nathan* brachium mulcet, ligat, alibi visum sui aegroti distorquet ; tum, apostema secat. Ut ille chi- rurgus, de quo Seneca, 1. 3. de Ira *^ qui filiam régis (Dominus Bellicensis ait * fuisse filiam Augusti) mam- milla laborantem, scalpello percussit abdito intra spon- giam qua apostema mollire videbatur : fomenter pour l'amolir. Sic mulier Thecuitis *. Beatus ^gidius et alter concionator*. Subter te sternetiir tinea, et operimen- tum tuum eriint vermes *. O mira charitatis ars ! Benigna est, patiens est *. Archelaus, vel Agesilaus, tonsori garrulo petenti : « Quomodo radam » vel ton- debo ? « Silendo *. » Optimus et facilis modus corri- gendi. Sanctus Franciscus prsedicavit tacens *, etc. De Simeone Stilite, cujus imagines videbantur corrigere videntes *.  * II Reg., XII, 1-13.  * Cap. XXXIX. *Homil. Quadrag., hom. XVIII.  * II Reg., XIV, 4-21. * Dicta B. ^gid., c. IV. (Acta Sanct., die 23 Aprilis.) * Is., XIV, II. (Vide infra, Serm. cxliv, circa med.) * I Cor., XIII, 4. * Plut.,zH opiisc. De niaiis loquendo , circa médium ; de Archelao. *Cf. Les Entretiens, tom. VI huj. Edit., p. 133. * Cf. Acta Conc. Gen. Nie. II, actio IV, ante med.  fois aimé et craint. Il faut corriger les sages du siècle de telle sorte qu'ils apprennent à ignorer ce qu'ils savent; les autres, de manière à leur apprendre ce qu'ils ignorent. Il faut corriger les arrogants avec force, les timides avec le plus de bonté possible. Pour la manière. Nathan amollit le bras, le lie, en détourne les regards du malade et alors ouvre l'abcès. Tel le médecin dont parle Sénèque au liv. III de la Colère, lequel traitant la fille d'un roi, cacha son scalpel dans une éponge dont il feignit de frictionner le mal, et lui ouvrit ainsi l'abcès qu'elle portait au sein. (Monseigneur de Belley dit qu'il s'agit ici de la fille d'Auguste.)... La femme de Técua en fit de même. Le bienheureux Frère Gilles et l'autre prédicateur. La pourriture sera ta couche et les vers seront ta couverture. Industrie admirable de la charité ! Elle est douce, elle est patiente. Archélaiis ou Agésilas répondant à son coiffeur qui jasait trop et lui demandait : « Com- ment vous raserai-je » ou vous tondrai-je ? « En te taisant, » dit-il. Excellent et facile moyen de corriger. Saint François prêchait en gardant le silence, etc. Citer saint Simcon Stylite dont les images seules semblaient corriger ceux qui les voyaient.  CXXXVI PLAN d'un sermon POUR LE MERCREDI APRÈS LE TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME 1" mars 1617 (Inédit)  (Ms. p. 555, verso) FERIA mJARTA POST DOMINICAM TERTIAM Qitare discipuîi tiii transgrediuntur traditiones seniorum ? Math. 13. ^. 2. Dominus arguit hic istos hipocritas quod traditiones quasdam urgerent superstitiose, et quasdam etiam dédis- sent contrarias Verbo Dei. Bonas ergo esse traditiones, a contrario sensu, quae non répugnant, imo conformes sunt Verbo Dei, indicat. Qua occasione brevem vobis tractatum de Traditionibus faciam. Tota doctrina Christiana primo et per se Traditio est. Nam Christianse doctrinse Christus Dominus author fuit : at [i.] ipse nihil omnino scripsit, nisi pauca quaedam cum  MERCREDI APRES LE TROISIEME DIMANCHE Pourquoi vos disciples transgressent-ils les traditions des anciens ? Dans ce passage, le Seigneur reproche à ces hypocrites d'exagérer supersti- tieusement certaines traditions et d'en avoir établi d'autres qui étaient contraires à la Parole de Dieu. Il montre donc par là qu'il est des traditions qui sont bonnes et ne sont nullement contraires à la Parole de Dieu. A cette occasion, je vous ferai brièvement un discours sur les Traditions. D'abord et en elle-même toute la doctrine chrétienne est Tradition. C'est, en effet, le Christ Notre-Seigneur qui est l'auteur de la doctrine chrétienne : or, [i.] lui-même n'a rien écrit, si ce n'est quelques caractères lorsqu'il absolvait  CXXXVI. Mercredi après le m» Dimanche de Carême 321 mulierem adulteram absolveret ; quœ quidem nos nescire voluit. et ideo scripsit in terra (Jo. 8 *). 2. Sed neque * Vers. 8. praecepit quicquam scribi, nisi quœ volebat scire Epis- copos Asiœ (Apoc. i *). 3. Unde doctrinam suam non »Vers.ii. EugrapUum sed Evangelium nominavit *, et prœdi- * Citatur ex Posse- catione potissimum tradi mandavit ; non enim unquam ;;t°;;2ttom.fhu: dixit : Scribite Evangelium omni creatiirœ, sed : j^s Edit.,' p. 199. Prœdicate *. . ,, Marc, ult., 15. 4. Hinc fidem non ex lectione sed ex auditu generari ait, tum ipse, dicens : Oui vos audit, me audit, Luc. 10*, * Vers. 16. et en cent lieux (Qui habet aures audiendi audiat\ •Matt.,xi, 15, xm, Hinc Pater : Ipsum audite*), tum Apostolus, Rom 10** • *'ibid., xvn, 5. Fides ex auditu, auditus autem per verbum Dei ; Zi".''' '^' ^'' In omnem terram exivit soniis eorum. 5. Sic etiam Paulus, 2. Thess. 2 * : Tenete Traditiones quas didicis- * Vers. m. tis, stve per sermonem sive per Epistolam nostram I. ad Tim. ult.* : O Thimothee, depositum custodi, « Vers. =0. devitans prophanas vocum novitates et oppositiones falsi nominis scientiœ. Hœretici depositum gratiam Dei interpretantur, quam Timoteus accepit ut recte officium suum exequeretur ; at quam insipienter et maie, verba sequentia indicant. Opponit enim depositum prophanis voçum novitatibus et oppositionibus falsi  la femme adultère; caractères qu'il n'a pas même voulu que nous connussions et que, pour ce motif, il traça sur la terre. 2. Bien plus, il n'a pas ordonné d écrire, si ce n'est ce qu'il voulait apprendre aux Evêques d'Asie 3 C'est pour cela qu'il a appelé sa doctrine non Eugraphie mais Evangile, et qu'il a commandé de la transmettre surtout par la prédication; car il n'a jamais dit : Ecrivez l Evangile à toute créature, mais il a dit : Prêche^. 4- Par conséquent Lifoi provient non de la lecture, mais de l'audition Jésus- Christ nous l'enseigne lorsqu'il dit : Qui vous écoute m écoute, et en cent lieux (Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. De là cet ordre du Père • Ecoutei-le);e\. aussi son Apôtre : La foi vient par l'ouïe, et V ouïe par la parole de Dieu. Leur bruit s'est répandu dans toute la terre. 5. Ainsi encore saint Paul : Garde^i ^" Traditions que vous ave:^ apprises soit par nos discours, soit par notre Epître. O Timothèe, garde le dépôt, évitant les profanes nouveautés de paroles et les contradictions de la fausse science. Si l'on en croyait les hérétiques ce dépôt serait la grâce de Dieu que Timothée reçut pour bien remplir ses fonctions ; mais les mots suivants montrent toute la sottise, toute la fausseté de cette interprétation. Saint Paul en effet oppose ce dépôt aux profanes nouveautés de paroles et aux contradictions de la fausse science. Ecouter les Sfrm. II  322 Sermons autographes nominis scientiœ. Audiendi Patres, inter quos belle Vin- • Commonitor. I, centius Lirinensis *. Judas in Epistola ** : Charissimi, **Vers.'3, 4- omiicm sollicitudinem faciens scribendi vobis de commiini vestra sainte, necesse habtii scribere vobis, deprecans supercertari semel traditce sanctis fidei; subintroierunt enim quidam homines. Omnia verba emphasim habent : supercertari, esvertuer, non solum certari, sed graviter et vaillamment, plus quam certari ; semel, non bis ; eidem omnino semper, traditce, tra- ditce. Jam vero, tota doctrina in duas partes dividitur, secun- » Ubi pag. prsced. dum verba Pauli * : Sive per sermonem sive per Epistolam. Nam pars rêvera optima et maxime neces- saria doctrinse pars scripta tandem esse, nemini dubium ; pars autem non scripta, sed tantum per manus tradita * Vers. 16-28. est. Et nunc mihi occurrit historia 3. Reg. 3 * : mulier cujus est infans, id est, doctrina Christiana, non vult dividi. Totum vult Verbum Dei Ecclesia Catholica : et Scripturas et Traditiones. At sectae semper volunt di- vidi : ut nostro tempore Gaspar Svenfeldius et Liber- tini nolebant Scripturas; Calvinistae nolunt Traditiones. Haec nota propemodum in omnibus ; partem volunt et  Pères, et entre tous Vincent de Lérins qui traite si bien ce point. Saint Jude dit dans son Epître : Mes bien-aimés, me sentant pressé de vous écrire touchant votre salut commun, fai dû vous écrire afin de vous supplier de combattre vigoureusement pour la foi qui a été une fois transmise aux saints; car quelques hommes impies se sont introduits parmi vous. Tous les mots sont énergiques : combattre vigoureusement, s'évertuer, non seulement combattre, mais combat- tre avec vigueur et vaillamment, faire plus que combattre ; [transmise] une fois, pas deux; pour la foi toujours absolument la même, transmise par la Tradition, par la Tradition. Ainsi donc, d'après les paroles de saint Paul, toute la doctrine se divise en deux parties : Soit par nos discours, soit par notre Epître ; car la partie de la doctrine la meilleure et la plus nécessaire, est après tout la partie écrite, personne n'en doute. Néanmoins [nous devons ajouter foi] à l'autre partie, qui n'est pas écrite, mais qui seulement a été transmise comme de main en m3in. L'histoire racontée au III' Livre des Rois, chap. m, me vient présentement en mémoire : la femme à qui appartient l'enfant, c'est-à-dire la doctrine chré- tienne, ne veut pas de partage. L'Eglise, Catholique veut toute la Parole de Dieu, Ecritures et Traditions. Les sectes, au contraire, veulent toujours diviser; il en est ainsi de notre temps : Gaspard Swenfeld et les Libertins ne voulaient pas des Ecritures; k-s Calvinistes ne veulent pas de la Tradition. Et ce caractère  c. v: alii.  CXXXVI. Mercredi après le iii« Dimanche de Carême 323 partem abjiciunt : figuram, signum, non rem ; imputa- tionem, non gratiam ; fidem, non opéra; remissionem, non absolutionem ; administrationem, non episcopatum ; orationem immediatam, non mediatam. Sed aiunt : Nonne sufficiunt Scripturse ? nonne sunt satis superque ? Sane nollem, cum illustrissimis et doc- tissimis quibusdam viris (0, dicere non sufficere. Suffi- ciunt ipsse, sed nos non sumus sufficientes doctrinam Catholicam ex solis Scripturis, per se sumptis, haurire. Nam, nonne omnes haeretici habuerunt Scripturas, imo et Hebrei et alii ? et tamen non crediderunt, imo errave- runt. Ergo Traditiones necessarise sunt ; nam velle jam Spiritu dictante haurire doctrinam, omnino insanum est et « tôt sensusquot capita*» haberemus. Ergo depositum *Cic.,DeFin.,i.l, videndum, semel tradita sanctis fides sequenda, Eccle- sia quae est depositaria audienda. Ipsa vero non inven- tione, sed fideli conservatione doctrinae utitur. Sufficit Ecclesia quia Scripturas dat ; sufficit Traditio quia  se retrouve, pour ainsi dire, en tout; les hérétiques admettent certains points et en rejettent d'autres : ils voudraient la figure, le signe, et non la réalité ; l'attribution, non la grâce; la foi, mais non les œuvres; la rémission, et non l'absolution des péchés; l'administration, mais non l'épiscopat ; la prière adressée directement à Dieu, mais non la médiation des Saints. Mais, disent-ils, les Ecritures ne suffisent-elles pas ? ne sont-elles pas suffi- santes et surabondantes? Assurément, je ne voudrais pas dire avec de très illustres et très doctes personnages qu'elles ne suffisent pas. Oui, elles suffisent ; c'est nous qui ne suffisons pas à puiser la doctrine catholique dans les seules Ecritures, prises isolément. Voyez tous les hérétiques, les Hébreux eux-mêmes et d'autres, n'ont-ils pas eu l'Ecriture? Et pourtant, ils n'ont pas cru ; bien plus, ils sont tombés dans l'erreur. La Tradition est donc nécessaire; et l'idée de vouloir puiser la doctrine au souffle de l'Esprit-Saint est tout-à-fait insensée ; on attribuerait [aux Ecritures] « autant de significations qu'il y a de têtes. » Il faut donc étudier ce dépôt, suivre les enseignements de la foi transmise une fois pour toutes aux saints, écouter l'Eglise qui en est la déposi- taire. Elle n'invente pas la doctrine, elle la conserve fidèlement. L'Eglise suffit, parce qu'elle nous donne l'Ecriture ; la Tradition suffit, parce qu'elle ( I ) Le Saint semble faire allusion à la fameuse controverse entre Du Perron et Tilénus. L'Evêque d'Evreux ayant parlé de « l'insuffisance des Ecritures, » les Calvinistes se prévalurent de ces mots qui avaient besoin d'explication, et voulurent en tirer avantage sur les Catholiques. Voir dans la Préface des Controverses (tome I de cette Edition, note ( i ), p. cxxv) la manière dont saint François de Sales envisageait cette question.  324  Sermons autographes  Scripturas commendat ; sufficiunt Scripturse quia Eccle- siam et Traditionem commendant. Ecclesia est veluti columba, habens duas alas : Scripturam et Traditionem. Traditione autem indiget Ecclesia : i°. ut Scripturas aliquas esse doceret ; nam, unde constat nisi Ecclesiae testimonio, quae hanc traditionem accepit ? Aut ergo Scriptura non facit fidem, aut Traditio facit fidem. 2°. Ut numerum Librorum canonicorum sciamus. Nam, verbi gratia, Apostolus scripsit Epistolam ad Laodicen- •Vers. i6. ses (Coloss. ult.*), et circumfertur ; aiunt autem et eum •Cf.s.Hieron.,De scripsisse ad Senecam *. Deinde, in Epistola Tudse ** fit Viris illustr.jC. xn. ^ >^ * -Vers. 14, is. mentio prophetiae Enoch, ubi Gebennenses notant ■ : ^Biblc.deGene- ^^ Qq^^q prophétie d'Henoc n'est point en la Bible, ains a esté baillée de main a main par les pères aux enfans, comme plusieurs autres choses. » (^) Et sic Apostolus, ♦Vers. II. Hebr. 5 * : Dj quo grandis nobis est sermo, ininter- prœtabilis ad dicendiim, qiiia imbecilles facti estis ad audiendum. Hermetis sive Pastoris ; Nazareorum ; Thomae. (Ms. p. 3j6, recto) 3°. Ad sensum Scripturse eliciendum ; nam hœretici xvi'u^i^^joan^^'^î' ^^"^^ « '^^^ Scripturae bonae intelliguntur non bene *. » Cf. supra, p. 250.  recommande l'Ecriture; TEcriture suffit, parce qu'elle recommande et l'Eglise et la Tradition. L'Eglise est comme la colombe : elle a deux ailes, l'Ecriture et la Tradition. Mais l'Eglise a besoin de la Tradition : i. pour savoir qu'il existe des Ecritures ; car, comment le saurions-nous sans le témoignage de l'Eglise qui a reçu cette tradition ? Ainsi donc, ou l'Ecriture ne fait pas foi, ou la Tradition fait foi. 2. Pour nous apprendre le nombre des Livres canoniques. Ainsi, par exemple, lApôtre a écrit une Epître aux Laodicéens (il le dit aux Colos- siens), et on la fait circuler. On prétend aussi qu'il a écrit à Sénèque. De plus, lEpitre de saint Jude mentionne la prophétie d'Hénoch. A ce sujet les pasteurs de Genève donnent la note suivante : [Reprendre au texte, lig. 13.] (a ) Voir en outre ce passage de l'Apôtre aux Hébreux, [touchant Melchisé- dech] : De qui nous axions de grandes choses a dire, et difficiles à expliquer, parce que vous êtes devenus incapables de les entendre. Que penser du livre d'Hermès ou du Pasteur, de l'Evangile des Nazaréens, de celui de saint Thomas r 3. Pour expliquer le sens des Ecritures ; car ce qui fait les hérétiques c'est » la mauvaise interprétation des bonnes Ecritures. •>  CXXXVII PLAN d'un sermon POUR LE JEUDI APRÈS LE TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME 2 mars 1617 (Inédit)  FERIA qUTNTA POST DOMINICAM TERTIAM (Ms. p. 2)6, recio) Surgens Jésus de sinagoga, intravit in domum Simonis : socrus aufem Simonis tenebatur magnts febribus. [Luc^, IV, 38.] Heri relicta de Traditionibus nunc breviter tradenda sunt ; neque extra propositum erunt, nam inter Tradi- tiones Ecclesiasticas illustrissima est illa de cœlibatu sacerdotum, de qua omnino in introïtu Evangelii trac- tandum etiam fuerat. Sed Deum praecemur. Notastis, opinor, me non extendisse sermonem ad traditiones quibus omnino innixa fuit religio usque ad  JEUDI APRES LE TROISIEME DIMANCHE Jésus étant sorti de la synagogue, entra dans la maison de Simon, dont la belle-mère avait une grosse fièvre. Nous traiterons brièvement aujourd'hui les points que nous avons omis hier concernant la Tradition, et nous ne sortirons pas de notre plan, car le célibat des prêtres est Tune des plus importantes Traditions de l'Eglise, et il nous fallait nécessairement en parler au début de notre Evangile. Mais prions Dieu. Vous aurez remarqué, je pense, que je ne suis pas remonté jusqu'aux traditions qui nécessairement étayaient la religion jusqu'à Moïse, le premier  ^26 Sermons autographes Moj^sen, qui primus scriptorum fuit, neque ad traditio- nes quae erant inter Hebrseos, nam id nimis longum fuisset. Restrinxi itaque sermonem ad doctrinam Chris- tianam, quam initio dixi non scriptam sed traditam ; et quamvis postea scripta fuerit, non tamen tota scripta fuit. Id enim fateri cogit [i°.] quod Scripturas habeamus; nam nos habere non nisi per Traditionem scimus. 2°. Quod tali numéro habeamus; nam quomodo scimus Epistolam ad Laodicenses et Epistolas ad Senecam non esse veras Pauli Epistolas, nisi Traditione ? Deinde, •Vers. II Apostolus ipse, Heb. 5 * : De qiio grandis nobis est senno, ininterprœtahilis ad dicendum.Qw'est devenue cette grande parole, ce propos si long ? Nos Catholici satis scimus ; nimirum de figura Christi in Sacramento altaris, de qua figura tota pêne antiquitas loquitur. 3°. Ad sensus Scripturse eruendos. Nam nunquam per- tinaciam haereticorum convincere possemus, nisi per Traditionem ; unde et ipsi oderunt Traditiones. Sane Arriani mille annis in suo illo consensu perstitissent nisi accessisset authoritas Patrum et Apostolorum per Tradi- tionem. Sane pauca sunt admodum quae non ex Scrip- turis eruantur supposita Traditione; non supposita, nihil  écrivain sacré, ni aux traditions qui régnaient parmi les Hébreux, c'eût été trop long. J'ai limité mon sujet à la doctrine chrétienne et j'ai montré qu'au début elle avait été transmise par la Tradition, non par l'Ecriture ; et bien que dans la suite elle ait été écrite, elle ne l'a pas été en entier. Nous sommes contraints à faire cet aveu par le fait même, [i.] que nous possédons les Ecri- tures ; car sans la Tradition, nous ne saurions pas que nous avons les Ecritures. 2. Que nous en avons tel nombre ; car comment savons-nous que l'Epître aux Laodicéens et les Epîtres à Sénèque ne sont pas de vraies Epîtres de saint Paul, sinon par la Tradition? Et puis, ces mots de l'Apôtre lui-même [au sujet de Melchisédech] ; De qui nous avons de grandes choses à dire, et difficiles h expliquer. Qu'est devenue cette grande parole , ce propos si long .-' Nous Catholiques, en sommes suffisamment instruits : Melchisédech était la figure du Christ instituant le Sacrement de l'autel, figure dont parle toute l'antiquité. 3. [La Tradition est encore nécessaire] pour éclaircir le sens des Ecritures. Sans la Tradition , nous ne pourrions jamais confondre l'opiniâtreté des hérétiques; aussi haïssent-ils la Tradition. Si, par la Tradition, on n'eût allégué l'autorité des Pères et des Apôtres, sans doute les Ariens fussent restés mille ans dans leur erreur obstinée. Evidemment, si l'on admet la Tradition, il y a très peu de vérités que l'on ne puisse tirer de l'Ecriture; mais sans la  CXXXVII. Jeudi après le iii« Dimanche de Carême 327 propemodum erui potest certo. Vide doctrinam Epi- phanii*, supra, fol. 157 (^)- IxifaUbL^^ ^''^" 4°. Ad Sacramentorum formam, numerum, materiam, ritus. Nam Apostolus ait, i . Cor. 11*: Cœtera ciim * Vers. uit. venero disponam; ubi tamen multa disposuerat scriptis. 5°. Leges. Verbi gratia, de Sabatho in diem Dominicum transferendo, de die Paschatis, de Quadragesima, de san- guine et suffocato post aliquot (sic) tempus manducando, Act. 15*. Gebennenses** : Quant a l'estouffé et au sang *,^fb'i;.'.°de Gene- ce n'estoit chose illicite d'elle mesme , et pourtant c'a ve, in locum. esté un commandement temporel, (a) At viguit etiam tem- poreTertulliani, ut videre est apud eum in Apologetico*- * Cap. ix. (ubi pulcra observatio de infanticidio). De cœlibatu sacerdotum antiquissimo, propter mille causas. 6°. Differentia Ecclesiasticarum Traditionum. Et quidem omnes eo honore habendae sunt quo docet Ecclesia. 7°. Notandum nuUas unquam esse contrarias Scrip- turis, nam ab eodem Deo proficiscuntur ; imo conformes.  Tradition, on n'en peut presque rien tirer de certain. Voir plus haut, folio 157, l'enseignement de saint Epiphane. 4. Pour la forme, le nombre, la matière, le rite des Sacrements. TApôtre ne dit-il pas, en effet : Quant aux autres choses, lorsque je serai venu je les réglerai.'' Il avait pourtant réglé bien des choses par écrit. 5. Pour les lois. Par exemple, la translation du Sabbat au Dimanche, le jour de la Pàque, le Carême, la permission après un cercain temps, d'user du sang des animaux et des chairs de l'animal étouffé. Les pasteurs de Genève disent dans leur bible : [Reprendre au texte, lig. 9.] (a) La prohibition de ces aliments était encore en vigueur au temps de TertuUien , comme on peut le voir dans son Apologétique (où l'on trouve le beau passage sur l'infanticide). La loi très ancienne sur le célibat des prêtres motivée par mille causes. 6. Pour établir la différence entre les diverses traditions ecclésiastiques que nous devons néanmoins toutes respecter, mais dans la mesure indiquée par l'Eglise. 7. Nous devons remarquer que nulle tradition ne contredit à l'Ecriture (car l'une et l'autre viennent du même Dieu) ; toutes les traditions au contraire sont 1 1 ) Le folio mentionné ici appartenait à la série des sermons sur le Bene- dictus, prêches à Grenoble pendant l'Avent de 1616, et devait remonter à la première semaine de cette station. Pour s'en assurer, on remarquera que notre pièce CXIV reproduit la page 152 du Ms. de Turin, et que tous les feuillets intermédiaires jusqu'à la page 163 exclusivement (voir n° CXV) ne nous sont pas parvenus.  32^ Sermons autographes Unde et de Traditionibus dici potest : Scrutamini •joan., V, 39. Scriptiiras; illœ testimonùim perhibent"^ de Tradi- tionibus et de Ecclesiae infallibili authoritate. Hinc nihil addunt, sed explicant ; et ut de mirra et balsamo extra- hunt liquorem non cultro ferreo, sed vitro, lapide, osse, ebore, alio ligno. Ut apes e floribus extrahunt mel ; at haeretici extrahunt fel et venenum, ut araneœ. Non quod ibi sit venenum, sed quod ipsse (sic) sensum in venenum convertant. Habent Moysem et Prophetas, * Luc«, XVI, 29. tpsos audiant * ; audire est quidem obedire, sed obedire loquenti ; audire Moj^sen est audire doctores Moysis Libros interprétantes. Ergo cum Christo maneamus in domo Simonis et Andreae ; ibi Christus curât febricitantes. Est calor extraneus et contra naturam. O quot febricitantes video ostendere mihi pulsum, oculos, linguam ! Traditiones et Scripturse se habent ut excedentia et excessa. Nam Scripturae superant in eo quod omnia in eis sint canonica, etiam puncta ; ut constat ex eo quod Arriani transponere volebant punctum : In principio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus  conformes à l'Ecriture. Aussi peut-on appliquer à la Tradition ce texte : Scrute^ les Ecritures; ce sont elles qui rendent témoignage à la Tradition et à l'auto- rité infaillible de l'Eglise. La Tradition n'ajoute donc rien, elle procède à la manière de ceux qui extraient la liqueur de la myrrhe et du baume, non pas avec un couteau de fer, mais avec du verre, de la pierre, de l'os, de l'ivoire ou un autre bois; de même que les abeilles tirent le miel de la fleur; mais les hérétiques, semblables à des araignées, tirent de l'Ecriture fiel et poison, non pas que l'Ecriture contienne du poison, mais parce qu'ils en convertissent le sens en poison. Ils ont Moïse et les Prophètes, qu'ils les écoutent : écouter, c'est en réalité obéir, mais obéir à une personne qui parle; écouter Moïse, c'est écouter les docteurs qui interprètent les Livres de Moïse. Demeurons donc avec le Christ dans la maison de Simon et d'André; là, le Christ guérit ceux qui ont la fièvre. Il existe une chaleur étrangère et contre nature. Combien je vois de fébricitants qui me présentent le pouls, les yeux, la langue ! La Tradition et l'Ecriture ont, sous certains rapports, avantage et désavan- tage l'une à l'égard de l'autre. L'Ecriture l'emporte en ce que tout en elle est canonique, même la ponctuation. L'erreur des Ariens en est la preuve ; ils voulaient changer de place le point en ce texte : Au commencement était le  CXXXVII. Jeudi après le iii^ Dimanche de Carême 529 erat. Verhum hoc'^, etc. Super hoc puncto moriendum. ' Joan., i, i. (Cf. Sic de fide est canem Tobise habuisse caudam *. At tom. i hujus Edit.[ Traditiones dum sensus et conclusio sint idem, nihil F^V-' ' loDiae, XI, g. refert de verbis. Traditiones autem superant in eo quod ab haereticis non possint falsificari.  Verhe, et le Verbe était en Dieu, et Dieu était. Ce Verbe, etc. Nous devons être prêts à mourir pour maintenir ce point là oii il doit être. Ainsi, c'est de foi que le chien de Tobie avait une queue. Quant à la Tradition, pourvu que le sens et la conclusion soient les mêmes, peu importent les mots. La Tradition l'emporte [sur l'Ecriture] en ce qu'elle ne peut être falsifiée par les hérétiques.  CXXXVIII PLAN D'UN SERMON POUR LE LUNDI APRÈS LE QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME (^l 6 mars 1617 ( Inédit)  (Ms. p. 2j8, verso) FERIA SECONDA POST DOMINICAM. qUARTAM.  Auferte ista hinc, et nolite facere dontum Patris met domiim nego- ciationis. [JOAN., II, 16.]  Num. 15. y. [32-J35 ; coUigens ligna in die Sabathi jubente Domino lapidibus obruitur. Et quidem, Ex. 31. f. 14, praecipiebatur ut deleretur de populo qui Sabathum violaret, tamen Moyses et Aaron nesciebant quid facere  LUNDI APRES LE QUATRIEME DIMA>"CHE Emporte^ cela d'ici, et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. II est raconté dans le Livre des Nombres qvCun homme ramassait du bois le jour du Sabbat ; sur l'ordre du Seigneur, il fut lapidé. En effet, il était déjà ordonné dans l'Exode de retrancher du peuple tout violateur du Sabbat ; Moïse et Aaron ne savaient toutefois quelle peine infliger à cet homme qui (i) Le sermon du quatrième Dimanche de Carême, qui devait occuper le feuillet 237, ne nous est pas parvenu; mais on peut en deviner le sujet par des notes écrites de la main de Mgr Jean-François de Sales au recto du feuillet 238. On a dû observer, en effet, que ce prélat avait coutume d'ajouter à la suite des sermons de son frère des extraits se rapportant aux matières développées par le Saint. C'est ce qui donne un réel intérêt à l'addition suivante : n Visio Joannis, Apocal., i : Vidit Angelum similem Filio hominis, id est,  CXXXVIII. Lundi après le iv« Dimanche de Carême 331 de hoc colligente ligna ; sive quia parva videbatur transgressio, sive quia nesciebant quo génère mortis puniri deberet. Dominus autem lapidandum jussit. Ter- ribilis sententia ! 2. Reg. 6 *, terribilius factum videmus. • Vers. 4-7. Arca Dei e Gabaa transfertur ; boves calcitrahant et la faysoyent pancher (et declinaverunt eain). Et percussit illico Dominus O^am super temeritate, et mortuus est ibi juxta Arcam. Terribilior adhuc , 4. Reg. 2 *, cum iret Helizeus ex Hiericho in Bethel ; * Vers. 23, 2^. de 42 pueris devoratis ab ursis quia calvum per injuriam appellaverant Prophetam. Terribilissimum autem, Act. 5*, quod contigit Ananiae et Saphirae. Sed nimirum pec- * Vers. i-io. cata sunt in religionem, quae est regina omnium virtutum  ramassait du bois, soit que cette violation de la Loi leur parût légère, soit qu'ils ne sussent de quel genre de mort la punir. Mais le Seigneur ordonne de lapider cet homme. Terrible sentence ! Dans le 11= Livre des Rois, nous voyons un fait bien plus terrible. On transportait de Gabaa TArche de Dieu; les bœufs regimbaient et la faisaient pencher. A l'instant, le Seigneur frappa O^a à cause de sa témérité, et il mourut la auprès de l'Arche. Plus terrible encore est le châtiment relaté au chap. ii= du IV= Livre des Rois : Elisée se rendait de Jéricho à Béthel ; quarante-deux enfants furent dévorés par les ours, en punition de ce qu'ils s'étaient moqués du Prophète en l'appelant chauve. Le plus terrible de tout est ce qui arriva à Ananie et à Saphire. Mais il faut se rappeler que tous ces péchés étaient opposés à la vertu de religion, cette Filio Dei incarnato. Inter septem candelabra, id est, qui praesidet Ecclesiae universjE, sed specialiter et prsecipue Ecclesiis Asise de quibus fit mentio in Apocalipsi. Gestantem et vestittim podere, id est, tunica talari; alba, id est, humanitate omnino pura,quas puritas designatur per amplitudinem et descensum usque ad talos. Prœcinctum ^ona aurea circa mammillas : \ona, id est, Sancti qui adhèrent Christo ; circa mammillas, ad denotandum puritatem cogitatio- num necessariam in nova Lege, nam in veteri, secundum Danielem, erat prascinctus Filius hominis circa renes,2.à demonstrandum puritatem actionum.» « Vision de saint Jean, Apocalypse, i : Il vit un Ange semblable au Fils de Vhomme, c'est-à-dire, au Fils de Dieu incarné. Entre les sept candélabres, c'est-à-dire qui préside à toutes les Eglises, mais spécialement et principale- ment aux Eglises d'Asie, mentionnées dans l'Apocalypse. Vêtu d'une longue robe, c'est-à-dire d'une tunique qui descendait jusqu'aux talons ; blanch-, c'est-à-dire que son humanité est entièrement pure, de cette pureté désignée par l'ampleur du vêtement qui descendait jusqu'aux talons. Ceint d'une ceinture d'or, près des mamelles : la ceinture représente les Saints qui sont unis au Christ; près des mamelles, pour signifier la pureté de pensée nécessaire dans la nouvelle Loi, car dans l'ancienne, le Fils de l'homme, au témoignage de Daniel, était ceint autour des reins, pour montrer la pureté d'action. »  332  Sermons autographes  •Cf. s. Thom.,IP II*, qu. Lxxxi, art. n, ^^II. * Vide Catenam, in Matt., XXI, 12. *Joan., 11,15 ; Matt., XXI, 12.  •Joan., XVIII, 10,11.  * Ibid., II, 14, 15.  * Matt., XXIV, 15.  * Thren., i, 10. * Job, I, 14.  *Bp.LX.Potius ep. Ln, ad Nepot. (r)  *Vide supra, p. 289.  moralium ; et est constans et perpétua voluntas Deo honorem debitum, quoad fieri potest, reddendi *. 31iratur Sanctus Hieronymus* Dominum bis e Templo ejicientem et percutientem vendentes et ementes *. Xunquam Dominus percussit quemquam, imo cum ca- peretur neminem percuti voluit, et Petrum percutientem repressit * ; at nunc, magno zelo, etc. Heu, sed nunc non venduntur in templis oves , hoves'^, etc., sed ipsa templa venduntur: on en traitte ; confidentiae. Un tel porte le bénéfice, et l'autre l'emporte ; l'un est caresme, et l'autre prenant. (^) O abominatio desolationis'^ ! Manum siiam misit hostis ad omnia desiderabilia ejus, quia vi dit g entes ingressas sanc- tiLariiim suiim, de quibus prseceperat ne intrarent in sanctuarium Dei *. Boves arabant, et asince pasce- bantiir jiixta illos *. Heu , quam irreverenter, nos ipsi ecclesiastici , in eccle.sia ! Hieronimus de Xepotiano ad Heliodorum *. Vestitus noster ; mores prophani ; officia maie persoluta. Similes muribus et hirundinibus, nunquam cicurari pos- sumus cum domino domus in qua vivimus. Similes Na- balo et Absalon, qui tantum gaudemus tonsura ovium *.  reine de toutes les vertus morales, qui consiste dans la constante et perpétuelle volonté de rendre à Dieu, autant qu'il se peut, l'honneur qui lui est dû. Saint Jérôme s'étonne de voir le Seigneur frapper et chasser deux fois du Temple les vendeurs et les acheteurs. Jamais le Seigneur n'avait frappé qui que ce fût, et même lorsqu'on s'empara de lui, il ne voulut pas qu'on frappât personne, et reprit Pierre lorsqu'il frappait; mais ici, enflammé de zèle, etc. Hélas ! aujourd'hui on ne vend plus dans les temples les brebis, les bœufs, etc., mais ces temples mêmes sont vendus : on en traite ; ecclésiastiques confi- dentiaires. [Reprendre au texte, lig. 10.] (a) O abomination de la désolation ! L'ennemi a porté la main sur tout ce qu'elle avait de plus désirable, car elle a vu les nations entrer dans son sanc- tuaire, nations au sujet desquelles il était ordonné qu elles n'entreraient point dans le sanctuaire de Dieu. Les bœufs labouraient et les ânesses paissaient auprès d'eux. Hélas ! que nous sommes peu révérencieux dans l'église, nous-mêmes ecclésiastiques! Voir l'épître de saint Jérôme h Héliodore au sujet de Népo- tien. Notre habit; mœurs profanes; devoirs ecclésiastiques mal remplis. Sem- blables aux rats et aux hirondelles, nous ne pouvons jamais nous apprivoiser avec le maître de la maison où nous vivons. Nous ressemblons à Nabal et à Absalon, qui ne se réjouissaient qu'à la tonte des brebis. Nous ne cherchon»  CXXXVIII. Lundi après le iv« Dimanche de Carême 333 2. Cor. 12 * : Non quaerimus vestra, sed vos. O quam 'Vers. 14. vellem videre Ambrosios Theodosiis imperantes, Chri- sostomos Eudoxias reprimentes , Hilarios Constantios corrigentes ! Hinc : QiLomodo obscuratum est aurum, mutatus est color ejus optimus, dispersi sunt lapides sanc- tuarii in capite omnium platearum ? Filii Syon incliti, amicti auro primo, qtiomodo repiitati sunt inter vasa testea, opiis manuiun figuli*? Heu, quam *Thren., iv, i, 2. irreverenter et vos in templis affertis boves, et oves, et columbas : cogitationes immundissimas, terrestres, ut boves et oves ; et volages, ut columbas. Zelus do mus Domini * ubi est? Moritur nunc famé, 'Joan.,!!, 17; Ps. quia comederunt Jacob, et locum ejus desolaverunt*. » ps. Ixxvin, 7.  point ce qui est a vous, mais vous-mêmes. Oh ! que je voudrais voir des Ambroise commandant aux Théodose, des Chrysostôme réprimandant des Eudoxie, des Hilaire corrigeant des Constance ! [On ne s'étonne plus des plaintes de Jérémie :] Comment l'or s'est-il obscurci et sa couleur éclatante a-t-elle été ternie? comment les pierres du sanctuaire ont- elles été dispersées aux coins de toutes les places? Comment les fils de Sion, qui étaient si illustres et revêtus de l'or le plus pur, ont-ils été traités comme des vases d'argile, ouvrage des mains du potier ? Hélas ! avec quelle irrévérence vous-mêmes apportez dans les temples des bœufs, des brebis, des colombes : des pensées immondes, terrestres, comme les bœufs et les brebis; et volages, comme les colombes. Où est le ^èle pour la maison du Seigneur ? Voici qu'il meurt de faim, parce qu'ils ont dévoré Jacob et désolé sa demeure.  CXXXIX PLAN d'un sermon POUR LE MERCREDI APRÈS LE QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME 8 mars 1617 (Inédit)  (Ms. p. 240, recto) FERIA qUARTA POST DOMINICAM qUARTAM DE CCECO NATO Accipienda prima pars sermonis qui habetur fol. 40 (i). *joan.,ix, 2. Tum addendum de quœstione discipulorum * ; merito a » Hom. Lvi ('a/. Lv) Chrisostomo * vocari (sic) rudem et curiosam. Plures injoan. enim causse tribulationum sunt. Ob peccata nostra propria : Peccatiun peccavit  MERCREDI APRES LE QUATRIEME DIMANCHE SUR l'aveugle-né Prendre la première partie du sermon qui se trouve folio 40. Parler ensuite de la question posée par les disciples et que saint Chrysostôme appelle avec raison, grossière et indiscrète. Nombreuses sont les causes de tribulation. Nos propres péchés en sont une : Jérusalem a excessivement péché , c'est ( I ) Ce feuillet ne nous est pas parvenu ; mais en se reportant au contenu des pages 37, 38 du même Manuscrit de Turin (voir ci-devant, pp. 43-54), on peut supposer que les feuillets suivants étaient occupés par des plans de sermons pour les différentes fériés du Carême ; l'Evangile de l'aveugle-né se trouvait probablement au nombre des sujets préparcs. Trois fois encore, à la fin du présent sermon (voir pp. 337, 338), le Saint paraît faire allusion à ces matériaux ainsi mis en réserve, en disant notavi, dixi.  CXXXIX. Mercredi après le iv<" Dimanche de Carême 335 Hierusalem, propterea instahilis facta esf^. Sic 'Thren., i, 8. David in numeratione populi *. Ecce jatn saniis factus * n Reg., xxiv. es, jain noli amplius peccare ; Jo. 5 *. * Vers. 14. Aliquando pro peccato futuro vitando ; 2. Cor. 12* : * Vers. 7. Ne magnitudo revelationum extollat me. Item, ad probationem et virtutis exercitium, ut Job et Tobias ; vide Tob. 2*. Grandine margaritarum inter- * Vers. 11-18. dum percutit segetes nostras. Ut enim Plinius ait* de *Hist.nat.,l.XVII, rustico Siracusano omnes lapides e campo auferente, '^^ i'^ ( '^ • ™'- coactum fuisse ut referret, alioquin sterilis erat, sic et interdum tribulationes immittet Deus ut fertiles faciat animas. Item , ut puniat peccata patrum in filios ; visitans iniquitatem patrum in filios, usque ad tertiam et quartam generationem'^. Item filiorum in patres, ut *Exod.,xx, 5. Heli *. *IReg.,ii,34,ni,i3. Et tandem, ut manifestentur opéra Dei^. O suavis- *joan., ix, 3. sima Dei providentia ! Cum percutimur, tune facere debemus quod fecerunt nautae, Jonse, i * : Venite, mittamus sortes, et sciamus * Vers. 7. quare hoc maliun sit nobis. Tune ergo pœnitentia agenda ; postea faciendum quod David, [Psalm.] 38,  pourquoi elle a perdu sa stabilité'. Il en a été de même de David en punition du recensement de son peuple. Te voilà gtieri, mais ne pèche plus désormais. Quelquefois les afflictions sont envoyées pour prémunir contre le péché : De peur que la grandeur des révélations ne m élevât. D'autres fois, pour l'épreuve et l'exercice de la vertu, comme il est arrivé à Job et à Tobie ; voir Tobie, ii. Dieu frappe parfois nos moissons d'une grêle de perles. Pline raconte qu'un paysan de Syracuse, après avoir enlevé toutes les pierres de son champ, fut obligé de les y reporter, sans quoi il devenait stérile. Ainsi Dieu envoie parfois les tribulations pour fertiliser les âmes. Il les envoie aussi pour punir dans les enfants les péchés de leurs pères, visitant V iniquité des pères dans les enfant s, jnsqu''à la troisième et a la quatrième génération. Ou encore afin de venger sur les pères les péchés des enfants, comme il arriva pour Héli. Et enfin , pour manifester les œuvres de Dieu. O toute suave providence de Dieu ! Lorsque nous sommes frappés, nous devons faire ce que firent les matelots dont il est parlé au Livre de Jonas : Vene^, dirent-ils, jetons le sort, pour s.ivoir d'oii ce malheur a pu nous venir. Il faut donc alors faire pénitence ;  3}^  Sermons autographes  Vers. 2.  • Cap. IV, etc. **Tobiae, ii, 22, * Vers. 4.  • Plut. , in opusc. De Curiositate , circa init. * Ludov. Granat., Philosoph. Moral., 1. III, classis I, § I.  *Ci.Les Entretiens, tom. VI huj. Edit., pp. 172-176.  Vers. 'Vers.  y. 10, [11] : Obmuttii, et non aperui os meutn, quo- ntam tu fecisti ; amove a me plagas tuas. Job, 17* : Noti peccavi, et in amar itudinibus moratur oculus meus. Sed cum alii percutiuntur non judicandum est id ob peccatum evenire ; ut amici Job *, et uxor Tobiae **, et barbari, Act. 2S '^. Servus ^thiops ferens rem velo reconditam^ interrogatus quid ferret : « Non velarem si te scire vellem *. » Euclj^des interrogatus qualis esset Deus quaque re delectaretur : « Caetera nescio, at odisse curiosos non iafnoro *. » Tantisper de cseremoniis Baptismi. Deinde, de obedien- tia cœci et cœca *, nam Christianorum obedientia débet esse cœca, quia fides non videt sed crédit, et quo res est obscurior eo illis (sic' gratior, difficilibus delectatur. Naaman : Niinquid non sunt meliores Pharphar et Abana, fluvii Damasci ? 4. Reg. 5*. Gen. xxvii ** : In me sit maledictio ista , fili mi, tantum audi vocem meam et ajfer quœ dixi. Obediendum Ecclesiae clausis oculis. Iste omnia fecit ad recuperandam faculta- tem visivam, cœcus et modo cœco. Imo Christus, si non  ensuite imiter David : Je me suis tu et n'ai pas ouvert la bouche, parce que c'est vous qui l'ave^ fait ; détourne^ de moi vos coups. Je nai point péché, et cependant mon œil ne voit que des sujets d'amertume. Mais quand les autres sont frappés, il ne faut pas juger qu'ils le sont pour leurs péchés, comme le faisaient les amis de Job, la femme de Tobie et les barbares [dont il est question] dans les Actes, chap.xxviii. Un esclave éthiopien portait un objet recouvert d'un voile ; interrogé sur ce qu'il portait : « Je ne l'aurais pas voilé, » dit-il, « si j'avais voulu vous le faire connaître. » Euclide, questionné sur la nature de Dieu et sur ce qui lui est le plus agréable, répondit : « J'ignore le reste, mais ce que je n'ignore pas, c'est qu'il hait les curieux. » Dire quelques mots des cérémonies du Baptême. Parler ensuite de l'obéis- sance de l'aveugle et de l'aveugle obéissance. L'obéissance des Chrétiens doit être aveugle parce que la foi ne voit pas, mais elle croit, et plus son objet est obscur, plus elle s'y complaît ; elle se délecte dans les vérités difficiles à comprendre. Naaman : Abana et Pharph.ir, fleuves de Damas, ne sont-ils pas meilleurs ?... Que cette malédiction tombe sur moi, mon fils, écoute seulement ma voix et apporte ce que f ai dit. Il faut obéir à l'Eglise les yeux fermés. Cet aveugle employa tous les moyens pour recouvrer la vue; aveugle,  CXXXIX. Mercredi après le iv^ Dimanche de Carême 337 fuisset cœcus, eum suis remediis ad tempus cœcum fecis- set ; car la salive est mordicante et la boue aussi , et mettes un brin de boue dans un œil sain, on ne le peut souffrir, (a) Christus obduxit oculos luto *. Consideremus » Joan., ix, 6. istum cœcum ambulantem per vias publicas, oculis luto conspersis ; nonne aliquis dixisset : Quo vadis, miser ? nonne vides istum medicum tibi illudere velle ? Ambu- labat tamen, et ibat, et lavit et vidit *. Obediendum * Ibid., î^. 7. simpliciter Christo, dicenti : Confitearis peccata tua. Notavi obiter illum paraliticum qui ad probaticam sanatus est , propter peccata contraxisse infirmitatem suam*; unde Christus eum sanavit eo modo quo sanantur * Cf. supra, pp. 5, peccatores, petens scilicet ejus consensum : Vis saniis '''^' fieri'^7 At huic minime ita loquitur, quia non ob pec- *Joan., v, 6. cata infirmus erat. Notavi item Christum hune progressum fecisse : sci- licet vidisse, ut sol videt terram, operando ; lutum obduxisse, id est, cognitionem suae miseriae ingessisse ; Vade ad natatoriam Siloë, id est, ad natatoriam mis- sionis*. Quse autem natatoria missionis, nisi Sacramentum * Ibid., ix, i, 6, 7. Pœnitentiee ? de quo eum institueretur dixit Christus* : * Ibid., xx, 21, 23. Sicut misit me Pater, et ego mitto vos ; quorum remiser itis peccata, etc.  il agit en aveugle. Bien plus, n'eût-il pas été aveugle, que le Christ, par ses remèdes, Teùt rendu aveugle pour le moment. [Reprendre au texte, lig. 2.] (a) Le Christ couvrit ses yeux de boue. Regardons cet aveugle circu- lant sur les chemins publics, les yeux souillés de boue; ne lui dirait-on pas : Où vas-tu, malheureux ? ne vois-tu pas que ce médecin veut se jouer de toi •• Il poursuivit quand même sa route, il alla, il se lava, il vit. Nous devons obéir simplement au Christ lorsqu'il nous dit : Accuse tes péchés. J'ai noté en passant, que le paralytique guéri à la piscine probatique avait contracté son infirmité en punition de ses péchés ; aussi le Christ le guérit-il comme il guérit les pécheurs, c'est-à-dire en lui demandant son consentement : Veux-tu être gu/'ri? Mais il ne parle pas de la même manière à celui-ci, parce que son infirmité n'était pas la suite de ses péchés. J'ai noté de plus la gradation suivie par le Christ : il vit d'abord l'aveugle, comme le soleil voit la terre en agissant sur elle ; lui couvrit les yeux de boue, c'est-à-dire, lui fit connaître sa misère ; [puis lui adressa ces paroles :] Va à la piscine de Siloé, nom qui signifie mission. Or, quelle est la piscine de la mission sinon le Sacrement de Pénitence.'' En l'instituant, le Christ ne dit-il pas : Comme mon Père m\i envoyé, ainsi Je vous envoie ; ceux à qui vous remettre^ les péchés, etc. Serm. II 22  338  Sermons autographes  Mendicum autem istum ideo sanatum a medico, quia mendicos medicus dilig'it ; nos, quia non sumus mendici, quamvis cœci, non curamur a Medico caelesti, qui esu- *Lucae, I, 53. rfentcs replet bonis et divites dimisit inanes^. Dixi * Plin., Hist. nat., cœcum istum fuisse ad portam comme un tableau d'at- 1. XXXV, c. X r«/. , ,,-.," . , , -T. xxxvi). tente ; ut Appelles tecit hneam in tabula Protogenis '^, etc.  Ce mendiant est guéri par le médecin, parce que le médecin aime les mendiants ; pour nous, bien que nous soyons aveugles, comme nous ne mendions pas, nous ne sommes pas guéris par le Médecin céleste qui comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides. J'ai dit que cet aveugle se tenait à la porte comme un tableau d'attente ; ainsi Apelles traça une ligne sur le tableau de Protogène, etc.  CXL PLAN d'un SERMOX POUR LE JEUDI APRÈS LE QUATRIÈME DEMANCHE DE CARÊME 9 mars 1617 (Inédit)  FERIA qUlNTA POST DOMINICAM C^ARTAM (Ms. p. 24O, Serso) DE FILIO VIDU^e NAIM Millier, noli flere. AdoJescens, tibi dico, surge. [LuCiï, VII, 13, 14.] Naim civitas ad radiées montis Hermon, duabus leucis a Nazareth distans, et plus una a monte Thabor, ex Borchardo *. Xaim autem, lingua Hebrea, idem est ac * Descriptio Terrae , . Sanctae. pulcra *. ' Cf. Ruth, I, 20. Audistis heri discipulos quserentes : Rabbi , quis peccavit, hic, aiit parentes ejiis'^7 Rustica sane, et * Joan., ix, 2. insipiens quaestio ; nam quomodo infans antequam  JEUDI APRES LE QUATRIEME DIMANXHE SCR LE FILS DE LA VEUVE DE NAIM Femme, ne pleure pas. Jeune homme, je te le dis, lève-toi. Naïm est une ville sise, d'après Borchard, au pied de l'Hermon, à deux lieues de Nazareth et à plus d'une lieue du mont Thabor. Or Naïm, en hébreu, signifie belle. Vous avez entendu hier les disciples demander : Maître, qui a péché, celui-ci ou ses parents ? Question qui est évidemment grossière et imper- tinente, car comment un enfant aurait-il pu, avant de naître, commettre un  34© Sermons autographes nascatur potest peccare, ut cœcus nascatur ? At de hoc puero poterat moveri qusestio : Qiiis peccavit, hic, an mater ejiLS, ut tam cito moreretur ? Et haec est commu- • Tobiîe, II, 22. nis opinio hominum : ut mulieris Tobiae *, et Job, qui •Cap. XVII, 2. tamen dixit * : Xon peccavi ; et Marthse : Domine, si • Joan., XI, 21. fuisses hic'^. Cum tamen interdum etiam ex benignitate Deus auferat homines, Sap. 4. f. [10,] 11 : Placens Deo factus est dilectus, et vivens inter peccatores trans- latiis est. Raptus est ne malitia mutaret intellectiim ejus, aut ne fictio deciperet animam illiiis. Au con- • Vers. 4. traire, Rom, 2* : An nescis quia henignitas Dei 'ad pœnitentiam te expectat ? Verum très régulas dabo secundum quas debemus procedere in hoc negocio. 1°. In istis operibus Dei debemus abstinere a curiosi- *Videsupra,p.336. tate ; et hic afFerenda quse versa pagina* habentur de servo -i:Ethiope, de Euclyde. 2°. Cum percutitur proximus, si sit vir fidelis et timens Deum, nunquam dicere debe- mus id evenire ob peccata. Si alius, nisi charitas ipsa id pronunciet, nunquam id dicere debemus. De Aman • Esther, VI, 4, 6. qui suspendere volebat 31ardocheum *, etc. Ratio est, •Vers. 4. quia plerumque fallimur ; ut barbari, Act. zd, *. 3°. Cum  péché en punition duquel il naîtrait aveugle r Mais au sujet du jeune homme de Naim, on pouvait soulever la question : Qui a péchJ, celui-ci ou sa mère, pour qu'il soit mort si prématurément? C'est une opinion commune parmi les hommes [que la mort prématurée est une punition du péché] : ainsi le croyaient, par exemple, la femme de Tobie ; Job, qui dit pourtant : Je ti ai point péché ; Marthe : Seigneur, si vous eussie^ été ici, [etc.] Néanmoins, c'est quelquefois même par bonté que Dieu retire les hommes de ce monde : Ayant plu à Dieu, il est devenu son bien-aimé, et Dieu la transféré d'entre les pécheurs parmi lesquels il vivait. Il a été enlevé, de peur que son esprit ne fût corrompu par la malice, ou que l illusion ne déçût son âme. Au contraire : Ne sais-tu pas que la bénignité de Dieu t'attend à pénitence .^ Mais je donnerai trois règles d'après lesquelles nous devons procéder dans ces conjonctures. I. Sur cette conduite de Dieu, nous devons nous abstenir de toute recherche curieuse. Rapporter ici ce qu'à la page précédente nous avons dit de l'esclave éthiopien, d'Euclide. 2. Quand notre prochain est frappé, s'il s'agit d'un homme fidèle et craignant Dieu, nous ne devons jamais dire qu'il est puni pour ses péchés. Même silence s'il s'agit d'un autre homme, à moins que la charité ne nous oblige à parler. Rappeler l'histoire d'Aman, qui voulait faire pendre Mardochée, etc. Ce qui nous oblige à cette réserve c'est que très souvent nous nous trompons; il en fut ainsi des barbares, Actes, xxviii.  CXL. Jeudi après le iv« Dimanche de Carême 341 percutimur , facere debemus quod fecerunt nautae ; Jonae, I *. 'Vers.j.lCf.supra, Hanc viduani non peccasse. Etsi plerique dicunt (ex communiter accidentibus quod soleant matres unigenitos perderei, tamen minime credibile. Nam non est temere in malam partem judicandum : Char it as non cogitât fnalum *. Et lachrimae ejus gratae fuerunt Christo ; nec • l Cor., xnt. 5. fuisset misericordia motus super eam *, imo potius • Lucae, vu, 13. gaudio, si filium malum et idolum suum perdidisset. Sed « Mors œquo puisât [pede] pauperum tabernas *, « • Horat., Carmina, 1. I, carm. iv, 13. bonos malosque ; ut faix bonas raalasque herbas : justa est. Atque ex hac occasione, memoriae vestrae commendo memoriam mortis vobis esse valde necessariam. « Lupi Mœrin videre priores*; » * Virgil.,Eclog. ix, H- antiquum proverbium. Sordes ejus in pedibus ejus, nec est recordata finis sui'^. Ideo daemon semper *Thren., 1, 9. ait : Nequaquajn morietnini* ; non absolute, quis * Gen., m, 4. enim credat ? sed de die in diem. Ut litigantes, ut qui  3. Quand nous sommes frappés, nous devons agir comme les matelots dont il est parlé dans le Livre de Jonas, i. Cette veuve n'avait pas péché. Et bien que plusieurs prétendent qu'elle était coupable, néanmoins cela est peu croyable ; car il arrive assez souvent que les mères perdent leur fils unique. Or il ne faut pas juger en mauvaise part sans raison : La charité ne pense pas le mal. D'ailleurs, les larmes de cette mère furent agréables au Christ; et il n'aurait pas été touché de compassion pour elle, il se serait plutôt réjoui de la mort de cet enfant, si celui-ci eût été méchant et l'idole de sa raère. Mais • Sans distinction la mort va frapper chez le pauvre, • chez les bons et chez les méchants, comme la faulx tranche les bonnes et les mauvaises herbes : la mort est impartiale. A cette occasion, je vous rappelle que le souvenir de la mort vous est tout-à-fait nécessaire. [Il ne faut pas être comme] « Mceris, vu du loup avant de le voir, » ainsi que dit le vieux proverbe. Ses souillures ont paru sur ses pieds, et elle ne s'est pas souvenue de sa fin. C'est pourquoi le démon répète toujours : Vous ne mourrez point. Il ne l'affirme pas d'une manière absolue; par qui serait-il  342  Sermons autographes  inebriantur, ut qui fabulantur in itinere et progrediuntur ; ut ludentes, quibus si dicas : Perdes hanc summam, non luderent, sed ubi perdiderunt primum nummum facile perdunt et secundum. Dncunt in bonis dies * Job, XXI, 13. suos *_, [etc.] Ut venatores palumbarum sil vestrium , [etc. ,] * Vers. 13. Isaiae, 28*. Audite verbum Domini, viri illiisores ; dixistis : Percussimus fœdiis nostrum cum morte et cum inferno fecimiis pactum, etc.; [Ibid.,] ^. [14.] 1=; et 18. (i)  cru } aiais il assure que ce ne sera pas d'un jour à l'autre. On ressemble à ceux qui plaident, à ceux qui s'enivrent, à ceux qui marchent tout en parlant, à ceux qui jouent. Si vous disiez à ces derniers : Vous perdrez telle somme, ils ne joueraient pas; mais s'ils perdent un écu, ils en perdront facilement un second. Ils passent leurs jours dans Li jouissance, etc. Comme les chasseurs qui poursuivent les ramiers des bois, [les maltraitent après les avoir saisis, ainsi, etc.] Ecoute^ la parole du Seigneur, hommes railleurs; vous ave^ dit : Nous avons contracté une alliance avec la mort et 7ious avons fait un pacte avec l'enfer, etc. (i) La suite de cette station et tous les discours intermédiaires jusqu'au Carême de 1618, n'ont pu être recouvrés par les éditeurs.  CXLI SERMON POUR LE JEUDI APRÈS LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME 8 mars 1618 (O (Inédit)  SERMO SECUNDUS (Ms. p. lOp, recto) DE VIA ET PROGRESSU IN PECCATUM BEATI PETRI Grave sane fuit hoc peccatum, ex multis circumstan- tiis. I. Repetitio ejusdem peccati ; 2. ipso die Commu- nionis et mundationis absolutse per pedum lotionem : Vos mundi estis, sed non omnes (vide Jo. 13*. ad illa * Vers. 10.  DEUXIEME SERMON COMMENT SAINT PIERRE s'eNGAGEA ET s'eNFONÇA DANS LA VOIE DU PÉCHÉ Certes, ce péché fut grave à raison de diverses circonstances, i. Répétition de la même faute ; 2. le jour même de la Communion et de la complète purification par le lavement des pieds : Vous êtes purs, mais non pas tous ( i) Aucun des cinq sermons suivants n'est daté par le Saint ; c'est donc d'après de simples conjectures, qui toutefois paraissent assez bien fondées, qu'il est possible d'indiquer l'époque à laquelle ils doivent remonter. L'allusion faite ci-après, p. 356, à la veille de la fête des quarante Martyrs de Sébaste, prouve que le second de ces discours a été prononcé le 9 mars, ce qui autorise à croire que toute la série appartient à une station de Carême. Or, cette station est postérieure à l'année 1616, puisque deux fois (pp. 359, 368) il y est question du Traitté de V Amour de Dieu, qui parut au mois d'août de cette année. En 1617, l'Evangile des fériés servit de thème aux prédications faites à Grenoble par le saint Evêque de Genève; et comme il est tout naturel qu'il tint à ne pas traiter deux fois les mêmes sujets devant un même auditoire, on peut conclure  344  Sermons autographes  verba) ; 3. in nocte abolitionis peccati ; 4. in ipsa domo in qua Christus ; 5. ob levissimam causam ; 6. aggravatio per juramenta ; 7. ab eo qui omnium minime : ob innu- mera bénéficia accepta quœ ingratitudinem pejorem faciunt, et qui spoponderat nominatim se constanter 'Matt., XXVI, 33,55. facturum *. Dicerem libenter Petro quod Isaias, 14**, ■•Vers. 10, 12-14. . _,. . . . -r . r ad litteram regi Tin, et mistice Lucifero, improperat : Univers/ respondebunt, et dicent tibi. Quid dicent ? Oiiomodo cecidisti , Lucifer, qui mane oriebaris ? oui dictum erat : lu cœluiu Ecclesise ascendes, super astra Dei exaltabo solium tuum, sedebis in lïîonte testamenti , ascendes super altitudiiiem nubium , similis eris Altissimo, id est, ejus vicarius. Oiiomodo obscuratum est aurum , mutatus est color ejus • Thren., iv, i. OptimUS * ? Sane, Fratres, hoc mirabile est ; sed ut rem sciatis,  (voir saint Jean, xiii, à ces paroles); 3. la nuit où le péché allait être détruit: 4. dans la maison même où se trouvait Jésus; v pour la cause la plus futile; 6. aggravation par serments; 7. commis par celui qui devait le moins le commettre : qui avait reçu d'innombrables bienfaits (sujet d'une plus noire ingratitude), et qui avait promis nominativement de demeurer constam- ment fidèle. J'appliquerais volontiers à saint Pierre ce reproche qu'Isaïe adresse directement au roi de Tyr et, au sens mystique, à Lucifer : Tous te rèpotidront et te diront. Que diront-ils r Comment es-tu tombé, Lucifer, toi qui te levais dès le matin ? Celui auquel il avait été dit : Tu monteras au ciel de \"Eg\\ss, j'élèverai ton trône sur les astres de Dieu, tu t'assiéras sur la mon- tagne du testament, tu monteras sur l.i hauteur des nues, tu seras semblable au Très-Haut, c'est-à-dire tu seras son vicaire. Comment l'or s'est-il obscurci et sa couleur éclatante a-t-elle été ternie ? Assurément, mes Frères, ce fait étonne ; mais pour le comprendre, remarquez que les sermons sur la chute et le repentir de saint Pierre font partie du second Carême prêché à Grenoble en 1618 (cf. note ( i ), p. 236). Les spécia- lités d'écriture et de format des Autographes appuient cette conclusion, en ne permettant guère d'attribuer à ces discours une date postérieure. La coutume qu'avait le saint Auteur de monter en chaire tous les jours du Carême, le samedi excepté, met à même de préciser davantage encore. Puisque le premier des sermons qui nous sont parvenus est du jeudi après le premier Dimanche de Carême, les quatre autres doivent appartenir aux jours suivants. On peut donc sans témérité avancor la date probable de chacun des discours qui composent cette série.  CXLI. Jeudi après le i^'' Dimanche de CARÊisiE 345 notate dupliciter homines in peccata labi, ut et in œgri- tudines. Nam sunt quaedam aegritudines quse ex tempore corripiunt, ut epilepsia, apoplexia, sincope, vermes circa cor ; aliae sunt quse pedetentim, et hae sunt ordinariae. Ita in peccata labuntur homines diversimode. Repentino casu : ut ira correpti, ut videtur accidisse Mosi cum interfecit ^giptium (si tamen peccavit). Dicenda histo- ria, Ex. 2. y. 12, et locupletanda ex iis quse ait Liranus*, *Bibi.cumGlossis. Act. 7. y. 24. Item repentina concupiscentia, ut accidit Judse, Gen. 38. y. 15, erga Thamar; Divus enim Augus- tinus, 1. 22. contra Faustum, c. 64, existimat peccasse Judam et Thamar, et, c. 70, peccasse Moysen. Sic ple- rumque repentina commotione passionum fit peccatum ; id autem peccatum vix durât, sanabilius est. Fere quidem accidit ut pedetentim peccent. Sic enim [filius] Syrac, [Eccli.,] c. 27. y. 12 : Homo sanctus i^) in sapieiitia inaiiet siciit sol ; nam et stultus ut luna inutatur ; quod dupliciter intelligi potest. Stultus in- constans est : Arundinem vento agitatam'^ ; unde in *Matt., xi, 7. Hebraica, pro stultus, inconstans est (vide Pined., 1. 7,  que les hommes tombent dans le péché, comme dans la maladie, de deux manières. Certaines maladies atteignent spontanément, comme l'épilepsie, l'apoplexie, la syncope, les vers dans la région du coeur ; d'autres viennent pas à pas, ce sont les maladies ordinaires. De même, les hommes tombent de diverses manières dans le péché. Par une chute subite : sous le coup de la colère, par exemple, comme il est arrivé peut-être à Moïse lorsqu'il tua l'Egyptien (si toutefois il a péché). Raconter l'histoire et l'enrichir des expli- cations de Lyranus. Ou bien par un mouvement soudain de concupiscence ; c'est le cas de Judas à l'égard de Thamar, car saint Augustin, liv. XXII contre Fauste, chap. lxiv, croit que Judas et Thamar ont péché, aussi bien que Moïse (voir chap. lxx). C'est ainsi que, en bien des circonstances, le péché provient du choc subit des passions; mais ce péché dure peu et se guérit plus facilement. Pour l'ordinaire, l'homme descend par degrés dans le péché. C'est ce que dit [le fils de] Sirach : L'homme saint demeure dans la sagesse, comme le soleil ; mais l'insensé est changeant comme la lune ; ce qui peut s'expliquer de deux manières. Vinsensé est inconstant : Un roseau agité par le vent ; aussi dans l'hébreu, au lieu d'insensé on trouve inconstant (voir Pinéda, liv. VII, chap. 1 des ( I ) Au-dessus du mot sanctus, l'Auteur a écrit sensains, conformément au textii grec et à l'ancienne Vulgate.  346 Sermons autographes c. I. Salomonis Prcevii) ; modo vult modo non vult : * Prov., xni. 4. Vult et 71011 viilt pigev *. Vel, stulttis inutatur pede- tentim ut Itina ; per gradus descendit, non uno lapsu ; ut sanitas interdum, dum spernuntur minora pericula. Videamus aliquot exempla. Quod ad primum angelum, uno ictu cecidit ; nam non potuit peccare venialiter (ut in minori causa de Adamo in Paradiso existante dicunt '/^'/Jj^'l^-'-''^^'^' D. Thomas*, D. Bonaventura ** et Alensis ***), nam "In II Sent., Dist. nulla surreptio, nullus inordinatus motus. XXI, art. III, qu. I. . -^ ' ***Summa TheoL, Adami et EvsB pcccati scalam alibi descripsi, sermone Pars II, quœst. cm, • ~r, •£• .• * membr! 6. ^ Punficatione *. * Vide supra, p. 113. Caim pedetcutim in teterrimum peccatum lapsus est. co quo mfra!^ ' ° ^ • ^^-sle divisit *, offercus Deo pejora **; 2. invidit; 3. ira- •*Cf. supra, pp. 177, ^^^^ ^^f i)ehementer et contabuit vultu, unde : Qiiare * Gen., IV, 5-8. concidit vultiis tuus ? 4. occidit *. David. I. Otium : Factum est, vertente anno, eo tempore quo soient reges ad bella procédera (Chri- sost., in Psal. ii) ; 2. accidit ut surgeret David de strato suo post meridiein, de cubili ubi otiose dormi- erat ; 3. vidit mulierem se lavantem, et diutius vidit ita ut pulcritudinem ejus notare posset, alioquin si  Préliminaires de VHistoire de Salomon); tantôt il veut, tantôt il ne veut pas : Le paresseux veut et ne veut pas. Ou bien, riiisense' change peu à peu comme la lune ; il descend graduellement, et non par une chute soudaine ; il en est ainsi souvent de la santé lorsqu'on méprise les moindres périls. Voyons quelques exemples. Le premier ange tomba d'un seul coup ; car il ne pouvait pécher véniellement, étant incapable d'être surpris ou d'avoir un mouvement indépendant de sa volonté. Il en fut de même, dans une cause moindre, d'Adam au Paradis : c'est l'opinion de saint Thomas, de saint Bona- venture et d'Alexandre de Halès. J'ai décrit ailleurs (sermon pour la Purification) la marche du péché dans Adam et Eve. Gain tomba peu à peu dans le plus noir péché, i. Il partagea mal, offrant à Dieu ce qu'il avait de moins bon; 2. il fut envieux ; 3. il fut violemment irrité et son visage fut abattu, de là vient la question que Dieu lui adressa : Pourquoi ton visage est-il abattu ? 4. il tua. David. I. Oisiveté : Il arriva qu'au retour de l'année, au temps où les rois ont coutume d'aller a la guerre (voir saint Ghrysostôme, sur le Psaume xi) ; j. il advint que David se leva de son lit après midi, de son lit où il dormait par paresse ; 3. il vit une femme qui se baignait, et il arrêta sur elle un regard assez prolongé pour remarquer sa beauté ; s'il ne l'eût vue qu'en passant, il  CXLI. Jeudi après le i^"" Dimanche de Carême 347 obiter vidisset non notasset (nec tune dixit : Avei'te oculos meos ne videant vanitatem *); 4. inisit: qualis * Ps. cxvm, 37. esset ista ? curiositas periculosa, nam si nescisset non petivisset ; 5. ubi scivit, habuit; 6. ebrium facere studuit Uriam ; 7. occidit; 8. per annum in peccato permansit*. *ll Reg.,xi, i-t.i^, Salomon. i. Sibi complacuit in magnificis suis operi- '" '''' bus, Eccl". 2. ;^. 4 : Magnificavi opéra mea, cedificavi mihi domos, etc. Omnia qiiœ desideraveriint oculi mei non negavi eis, nec prohibut cor meum quin omni voluptate frueretur*. Clem. Alex., 1. 3. Peda- * ibid., ^. 10. gogice *, exemplum insigne affert de -«^gyptiorum tem- * Cap. n. plis extrinsecus ornatissimis, sed in adj'tis, summam felem crocodylumve habentibus. 2. Divinorum oblivio, 3. Reg. II * : Iratus est Dominus Salomoni, quod * Vers. 9. aversa esset mens ejus a Domino Deo Israël. 3. Ab- usus spiritalium deliciarum *. En fin, il fit tant par ses * vide Pinedam, c journées, quil se perdit, si Dieu n'eut pitié de luy ; " ' " qu» s'ip". dequo}' on est incertain. (3) Sunt ergo « gradus ad impietatem. » Peccata ve- nialia disponunt ad mortale, en affoiblissant et ostant l'ayde et secours spécial. Petrus autem quomodo ceciderit ? Primo, nimia sui  ne l'aurait pas remarquée (et il ne dit pas alors : Détourne^ mes yeux afin qu'ils ne voient pas la vanité); 4. il envoya demander quelle était cette femme? curiosité dangereuse : s'il n'avait pas su qui elle était, il ne l'aurait pas mandée ; 5. dès qu'il l'eut su, il la prit ; 6. il fit enivrer Urie ; 7. il le fit tuer ; 8. il demeura un an dans son péché. Salomon. r. Il se complut dans ses œuvres magnifiques : y ai fait des choses magnifiques, je me suis bâti des maisons, etc. Tout ce quont désiré mes yeux, je ne le leur ai pas refusé, et je n'ai pas défendu a mon cœur de goûter toutes sortes de voluptés. Clément d'Alexandrie, liv. III de la Pédagogie, tire un remarquable exemple des temples d'Egypte. A l'extérieur, ils sont très ornés, mais dans leur sanctuaire, c'est un chat ou un crocodile qui est proposé à l'adoration. 2. Oubli des choses célestes : Le Seigneur s'irrita contre Salomon parce que son âme s'était détournée du Seigtieur Dieu d'Israël. 3. Abus des consolations spirituelles. [Reprendre au texte, lig. 16.] (a) 11 y a donc « des degrés dans l'impiété. » Les péchés véniels disposent au péché mortel, en affaiblissant et ôtant l'aide et secours spécial. Or, comment tomba Pierre ? Premièrement, par une trop grande confiance  348  Sermons autographes  fiducia. [i.] Dixerat Dominas : O//0 ego vado, vos non potestis ventre. Dicit Petrus : Qiiare non possumus te sequi modo ? animam meam pro te ponain. Res- • joan., xm, 33,37, poudit Dominus : Animam tiiam pro me pones* ? ' Lucce, XXII, 31. Simon, Simon, expetivit Satanas *, etc. Omnes vos scandalnm patiemini in 'tne hac nocte. [2.] Respondit Petrus : Etsi omnes scandali^ati ; paratus siim in carcerem et in mortem et crucem »Matt.,xxvi,3i,33; teciim ire* ; nimia securitas. Beatus vir qui timet Dominum *. Et misericordia ejus a progenie timen- tibîis etim'^. Heu, nos nimium de nobis existimamus ; non sufficit agnoscere se a Deo habere, opportet non existimare se multa habere. Qiii confidunt in Domino si eut nions Syon *. 3. Timor est custos gratiae. Yïr justus et timoratus*. Beatus vir qui semper est pavidus*. Filii Ephrem intendentes et mittentes arcum, conversi sunt in die belli; [Ps.] 77*. Psal. 29** : Ego dixi in abundantia mea : Non movebor in œternum. Domine, in virtute tua prœstitisti decori meo virtutein ; avertisti faciem „ , tuam a me, et factus sum conturbatus (vide Bel- Comm. in Psalm. . . . - ..... (Ms. p. 109, verso) larminum"^). Videatur similis historia de praesumente  Lucae, xxii, 33 * Ps. CXI, I. * Lucœ, I, 50.  * Ps. cxxiv, I. * Lues, II, 25. * Prov., xxviH, i.^  • Vers. 9 "Vers. ~j,  en lui-même, [i.] Le Seigneur avait dit : Où Je vais, vous ne pouve^ venir. Pierre dit : Pourquoi ne pouvons-nous /as vous suivre à présent? je donnerai ma vie pour vous. Le Seigneur répondit : Tu donneras ta vie pour moi ? Simon, Simon, Satan a demandé, etc. Vous sere; tous scandalises à mon sujet cette nuit. [2.] Pierre répondit : Quand même tous seraient scandalisés, [etc.]; je suis prêt à aller avec vous en prison et à la mort et à la croix ; trop grande sécurité. Bienheureux Thomme qui craint le Seigneur. Et sa miséricorde s'étend sur la génération de ceux qui le craignent. Hélas ! nous présumons trop de nous- mêmes ; il ne suffit pas de reconnaitre que nous tenons tout de Dieu, il faut encore ne pas croire que nous ayons beaucoup. Ceux qui se confient dans le Seigneur sont comme la montagne de Sion. 3. La crainte est la gardienne de la grâce. L'homme juste et craignant Dieu. Bienheureux l'homme qui est toujours craintif. Les fils d'Ephrem, habiles à tendre Varc et à en tirer, ont tourné le dos au jour du combat. J'ai dit dans mon abondance : Je ne serai jamais ébranlé. Seigneur, par votre puissance vous ave^ affermi mon état florissant. Vous ave^ détourné votre face de moi, et j'ai été troublé (voir Bellarmin). Citer aussi l'histoire du moine présomptueux  CXLI. Jeudi après le i'^'' Dimanche de Carême 349 monacho in Vita Pachomii, pag". 170*. Proverb. 18**. *Cï. Les Entretiens, Bern., ser. 54* in Cant. : « Beattis lioiuo qui semper pp. 182-185,450. est pavidiis'^. Time cum arriserit gratia, time cum » c q"' "' abierit, time cum revertetur ; cum adest, time ne non * ^'^^^ supra. digne opereris ex ea, ne in vacuum *_, » etc. Noli altum *iiCor.,vi, i. sapere, sed time *. " Rom., xi, 20. Secundus gradus est negligentia orandi. Orate ne intretis in tentationem*. Perseverantia non est unius •Lucœ,x.xii, 40, 46. diei. Antiqui monachi , apud Cassianum *, semper orabant : * Collât, x, c. x. Deus in adjutorium meiun intende'^. Sine me nihil * Ps. lxix, r. potestis facere *. At ipsi dormiebant : Symon, dormis ? * Joan., xv, 5. sic non potuisti una hora vigilare meciim'^? Sponsa * Marc, xiv, 37; innixa super Dilectum siiiim^. Sine me nihil potes- • cant.f uît.', 5° tis facere. Tertius est vana strenuitas, quse consistit in commo- tione irae. Crocodylus fugientes persequitur. Petierant Discipuli : Domine, si percutimus in gladio ? non expectata responsione, percutit indiscrète*. • Lucae, xxn, 49, 50. Quartus. Ingreditur domum et stat cum servis confabu- lans, etc. Hoc ordine : Ciim sederet in atrio deorsuyn, accessit ad eiim tina ancilla ostiaria siimmi Pontifi- cis ; et cum vidisset Petrum calefacientem se et  racontée dans la Vie de Saint Pacôme, page 170. Saint Bernard, sermon liv sur le Cantique : « Bienheureux l'homme qui est toujours craintif. Crains lorsque la grâce te sourit, crains lorsqu'elle s'éloigne, crains lorsqu'elle revient ; lorsqu'elle est présente, crains de ne pas l'employer dignement et de la recevoir en vain. » Ne cherche pas à t'élever, mais crains. Le deuxième degré c'est de négliger la prière. Prie^ afin que vous n'entrie^ point en tentation. La persévérance n'est pas l'affaire d'un seul jour. Les anciens moines, d'après Cassien, priaient constamment : O Dieu, vene^ à mon aide. Sans moi vous ne pouve^ rien faire. Mais les Apôtres dormaient : Simon, tu dors? ainsi tu nas pu veiller une heure avec moi? L'Epouse appuyée sur son Bien- Aimé. Sans moi vous ne pouve^ rien faire. Le troisième degré c'est une bravoure factice, produite par un mouvement de colère. Le crocodile poursuit ceux qui le fuient. Les Disciples avaient demandé : Seigneur, si nous frappions du glaive? Sans attendre la réponse, Pierre frappe indiscrètement. Quatrième degré. Il entre dans la maison et s'arrête à parler avec les serviteurs, etc. Voici comment les choses se passèrent : Pendant quil était assis dehors dans la cour, une servante, la portière du grand Pontife, sapproch.z de lui : et lorsqu'elle eut aperçu Pierre qui se chauffait assis devant le feu,  350 Sermons autographes sedentem ad lumen, et eum fuisset intuita, dixit ad circumstantes : Et hic cum illo erat. Tum Petro ipsi : Nunqtiid et tu ex discipulis es ho mini s istius? Et tu cum Jesu Na^areno eras. At ille negavit coram omnibus, dicens : Non sum; mulier, non novi illum, neque scia yieque novi quid dicas. Et exiit et gallus cantavit. Exeunte autem illo, alia ancilla dixit circumstantihus quia hic erat ciun Jesu Na^areno. Et reversas Petrus, cum aliis ad calefaciendum [se], alius videns eum dixit ad Petrum : Et tu de illis es. Dixerunt ergo reliqui : Nunquid et tu ex discipulis ej'us es ? Jurât : Non novi hominem ; o homo, non sum. Post horam alius affirmabat : Vere et hic cum illo erat, nam et Galilœus est ; et accesserunt qui astabant et dixerunt Petro : Vere et tu ex illis es, nam et Galilœus es; nam loquela tua manifestum te facit. Tum cognatus ejus cujus abscidit [aiiriculam] : Nonne ego te vidi in horto cum illo ? Iterum nega- Mlr""îïv''66--Î- ^^^ •* ^ homo, uescio quid dicis ; cœpit detestari et Lues, XXII, 5s-6o; jurarc quia nescio hominem istum quem dicitis*. Joan., xviii, 16-18, ..,...,,., 23-27. Notate, popule meus, una ancilla incipit dubitando :  l'ayant regardé, elle dit à ceux qui t'taietit présents : Celui-ci aussi était avec cet homme. Alors ils dirent à Pierre : Et toi, n es-tu pas aussi des disciples de cet homme ? Tu étais aussi avec Jésus le Nazaréen. Mais il le nia devant tous, disant : Je ne le suis pas ; femme, je ne le connais pas, je ne sais ni ne connais ce que tu veux dire. Et il sortit, et le coq chanta. Or comme il sortait, une autre servante dit à ceux qui étaient présents : Celui-ci était avec Jésus le Nayiréen. Et Pierre revenant avec quelques-uns afin de se chauffer, un autre le -coyani lui dit : Toi aussi tu es de ces gens-là. Les autres dirent donc : N'es-tu pas aussi de ses disciples ? Il jure : Je ne connais point cet homme ; ô homme, je ne suis pas [de ses disciples]. Une heure après, un autre affirmait : Vraiment, celui-ci aussi était avec lui, car il est également Galiléen ; et ceux qui se trouvaient là s'' approchèrent et dirent h Pierre : Certainement, tu es aussi de ces gens, car tu es Galiléen et ton langage te fait assc^ connaître. Enfin un parent de celui h qui il avait coupé l'oreille [lui dit] : A^^ fai-je pas vu dans le jardin avec lui/ Il le nia de nouveau : O homme, je ne sais ce que tu dis ; il commença à faire des imprécations et à jurer : Je ne connais point cet homme dont vous parlej. Remarquez, mon peuple : une servante commence d'une manière dubi- tative : Celui-ci aussi était avec cet homme : car elle n'ose pas l'aftiriuer en  CXLI. Jeudi après le i" Dimanche de Carême 351 Et hic cum illo erat; nam non audet Petro asseveran- ter dicere, sed : Sed et tu ex discipults es ? Mox affir- mât. O lingua procax, dicis quae nescis, et dicendo incipis credere, et credendo asseverare, viresque acquirit eun- do. Exemplum Basilii * de cane oblatrante cui omnes * Homii. in Lacizis , l'hodie in Append., respondent. tom. m Op.), § 3.  parlant à Pierre, mais : Et toi, dit-elle, n es-tu pas aussi de ses disciples? Bientôt elle affirme. O langue impudente, tu dis ce que tu ne sais pas, et en le disant, tu commences à le croire, et en le croyant, tu l'affirmes, et en l'affirmant, ta conviction s'affermit. Comparaison donnée par saint Basile, du chien qui aboie et auquel tous les autres répondent.  CXLII SERMON POUR LE VENDREDI APRÈS LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME 9 mars 1618 (Inédit)  (Ms. p. iio, recto) Sermo tertius IN PRIMA PARTE PROSEqUIMUR GRADUS AD LAPSUM ; IN SECUNDA DICIM.US CAUSAS OB qUAS CHRISTUS PERMISIT HUJUSMODI LAPSUM. Passiones, etiam contrariae, sese miituo alliciunt. Fuit •Matt., XXVI, 51. extrema audacia Pétri percutientis auriculam * ; ab ista tam ingenti audacia facile lapsus est in contrariam pas- sionem timiditatis : ut unda quse orientem versus ele- vatur facillime in occidentem relabitur ; ut noctes Romae, tempore aestivo frigidissimae sunt. Dicamne unum aut alterum exemplum ? Amnon et •Vers. 15. Thamar, 2. Reg. 13 * : Et exosani habuit odio magno  TROISIEME SERMON DANS LA PREMIÈRE PARTIE, NOUS CONTINUERONS A EXAMINER LES DEGRES DE LA CHUTE ; DANS LA SECONDE, NOUS EXPOSERONS LES CAUSES POUR LESQUELLES LE CHRIST A PERMIS UNE TELLE CHUTE. Les passions, même contraires, s'excitent mutuellement. Pierre, en frappant l'oreille, montra une extrême audace ; de cette audace extraordinaire, il est facile de tomber dans la passion contraire, la timidité. Ainsi le flot qui s'élève vers l'orient, retombe très facilement vers l'occident. Ainsi à Rome, les nuits d'été sont très froides. Citerai-je un ou deux exemples ? Amnon et Thamar : Aussitôt il la prit en très grande haine, etc. Saiil aima d'abord souverainement David, mais  CXLII. Vendredi après le i" Dimanche de Carême 353 nimis, etc. Saul dilexit summopere David initio, i. Reg. 18 *, sed dilectio in iram et invidiam summam versa est 'Vers. 2, 5. ex cantu puellarum Solimitarum *. Elephas mitissimum * Ibid., 6-9. animal, et item crudelissimum. En ergo Petrus, omnium ut existimabat strenuissimus, statim, unico ancillae verbo perculsus, abnegat et timet. Miraremur elephantum rino- ceroti resistentem, mox murem timentem ; ut crocody- lum, icneumonem *. Filii Ephrem **, etc.; ut supra, *y''desupra.p.226. . , i' ' "Ps. Lxxvii, g. concio 2, num. 3 ■. Dispersit superbos mente cordis *Videpag. 348. sui^. Reprehensibilis fuit Apostolorum et Pétri audacia ; * Lucœ, i, 51. nam vel existimarunt Christum facturum miracula, et tune vanitas fuit dicere : Si percutimns ingladio^? * ibid., xxn, 49. vel non existimarunt, et tune inopportuna temeritas. Dicendum de iis qui passionibus perturbantur, ut de navigantibus ait Psal. 106. f. 23 et seq. ; et historia Barach et Sisarae, nam Sysara a magno timoré in maxi- mam securitatem obdormivit ; Jud. 5. Ergo temere ingressus est armis destitutus atrium et curiam, nam loca hujusmodi periculosa sunt et pestifera. O curia, quot Petros occidis ! Omnes in curia conspirant contra Petros. Oui equus vestigia luporum terit, vix * Piin-> Hist. nat., r' 1. XXVIII, ex ('«z. incedere potest *. xuv).  cet amour se changea en colère et extrême jalousie au chant des filles de Jérusalem. L'éléphant qui est le plus doux des animaux est aussi le plus cruel. Voilà donc Pierre, s'estimant le plus intrépide de tous, immédiatement ébranlé par la seule parole d'une servante ; il renie, il craint. Nous nous étonnerions de voir un éléphant qui résisterait à un rhinocéros et aussitôt après redouterait un rat ; il en est de même du crocodile qui fuit l'ichneu- nion. Les fils cT Ephrem, etc.; voir ci-devant le sermon deuxième, n° 3. // a dispersé ceux qui s'enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur. L'audace des Apôtres et de Pierre fut répréhensible ; car, ou ils pensèrent que le Christ ferait des miracles, et alors ce fut de la vanité de dire : Si nous frappions du glaive? ou ils ne le pensèrent pas, et alors leur témérité fut inopportune. On peut appliquer à ceux que troublent les passions, les paroles du Psaume cvi au sujet des navigateurs ; de même l'histoire de Barach et de Sisara, car Sisara, après une grande crainte, s'endormit dans la plus profonde sécurité. Ce fut donc par témérité que Pierre entra sans armes dans le vestibule et dans la cour ; car ces lieux sont dangereux et pestilentiels. O cour, que de Pierres tu immoles ! Dans la cour, tous conspirent contre Pierre. Le cheval qui a rencontré la trace des loups s'avance avec peine.  354 Sermons autographes Deinde csepit timere, nam timoré perculsus negavit. Timiditas ergo successit audaciae. Nolite timere eos ; » Vers. 28. Mat. 10*. Timor Pilati, omnium malorum. Trepidave- •Ps. xiii, 5. rtint timoré ubi non erat timor^. Turbati sunt et •Ps. cvi, 27. moti sunt sicut ebriiis'^. Hinc hebetantur oculi. Pastor * Piin., Hist. nat., Gctulianus , immisso pallio , cepit leonem *. Sic apes 1. VIII, c. XVI (al. . V--1 ^ XXI). nunquam tempore nubilo, at araneae semper tempore nubilo telas suas conficiunt. Implicatus : Fîmes peccatorutn circumplexi sunt •Ps. cxvm, 61. me'^. 31ira humani ingenii ubi turbatus est ignavna. Vide exemplum Loth, Gen. 19. y. 14 : generi Loth audientes, visas est eis quasi ludens loqui. Ma ne facto cogebaiit : *Vers. 15, 16. Surge, etc. Dissimulante illo^, etc.; nisi appréhendas manu niliil faciès. 31irum tanto timoré adactum ut bis terve negaverit * Vide pag. 350. cum juvamento et anathemate * : hoc facit appetitus et •Vers. i-^. passio depravata. Vide historiam Naboth, 3. Reg. 21*; nam ibi videbis immane facinus, ex parva sed immode- rata quamvis non injusta passione habendi vineam ortum. •Bibi.cumGiossis. Vide Glossam or dinar iam et Lyranum *. Cur dixerit Naboth : Propitius sit mihi Deus ? Quia scilicet non licebat Judaeis sua vendere, nisi usque ad jubilaeum.  Ensuite il se prit à craindre, car ce fut sous le coup de la crainte qu'il renia. La timidité a donc succédé à l'audace. Ne craigne^pas ceux, [etc.] C'est la crainte de Pilate et celle de tous les méchants. Ils ont tremblé de frayeur où il ny avait aucun sujet de crainte. Ils ont été troublés, ils ont chancelé comme un homme ivre. Alors les yeux sont obscurcis par la frayeur. Le pasteur de Gétulie, jetant son manteau sur le lion, s'en empara. Les abeilles ne travaillent jamais en temps nuageux, les araignées au contraire tendent toujours leurs toiles en ce temps-là. [Pierre est] enlacé : Les liens des pécheurs m'ont enlacé. Etrange torpeur de l'esprit humain lorsqu'il se trouble. Voir l'exemple de Loth : ses gendres l'entendant parler, crurent qu'il plaisantait. Le matin venu, [les Anges] le pressaient : Lève-toi, etc. Comme il différait, etc.; si vous ne prenez les gens par la main, vous ne ferez rien. Ce qui étonne c'est que la crainte ait été assez forte pour pousser Pierre à un double ou à un triple reniement avec serment et anathème : c'est l'effet de la convoitise et du dérèglement des passions. Lisez l'histoire de Naboth : vous y verrez un grand crime résultant du léger désir de posséder une vigne, désir qui, sans être injuste, était pourtant immodéré. Voir la Glose ordinaire et Lyranus. Pourquoi Naboth dit-il : Que Dieu me soit propice? C'est parce qu'il n'était permis aux Juifs de vendre leurs biens que jusqu'au temps du  CXLII. Vendredi après le i" Dimanche de Carême 355 Videte Achab segrotantem et similem Alexandre flenti*, *Piutarc.,DeTran- A • HT 1 1 n . • n quill. Animi, c. iv. Aman unico Mardocheo non flectenti genua mfenso ; Esther, 5. f. ir. 12. 13. Talis ergo progressas peccatorum est. Sed cur Christus permisit Petrum cadere? 1°. Relictis causis generalibus propter quas Deus permittit peccata, [Bellarm.,]lib. 3.0. 2 De Amiss.gratiœ et statu peccati, dico ut Apathistas refelleret : Euthimium, Palladium, Evagrium Ponticum, asserentes Sanctos et justos exper- tes omnis perturbationis. Vide Ros.*, 1. 2. c. 27. Refellit * Rossignolius Ber- Hieronymus, epistola ad Ctesiphontetn'^, et Augusti- ci|!^i1nTchrL'ti?nœ nus, 1. i^ de Civit., c. 9, exemplo Christi, qui videtur Perfectionis. ^ ^ ' ^ * Ep. cxxxm. habuisse passiones. Verum non passiones habuit, sed propassiones ; ergo convenientius refelluntur ex viris sanctissimis, maxime ex Petro, qui justus, post Eucha- ristiam, lotionem pedum, etc., tamen perturbatur timoré. Ergo non in carentia passionum , sed in iis regendis consistit perfectio ; nam passiones sunt in corde ut chordae in cythara, quae ad concentum reducuntur ut possimus dicere : Confitebor tibl in cytara'^. * Ps. xui, ^. 2°. Ut refelleret dicentes fidèles non posse peccare et  jubilé. Voyez Achab malade, ressemblant à Alexandre en pleurs et à Aman, irrité de ce que le seul Mardochée ne fléchissait pas les genoux. Tel est donc le progrès du péché. Mais pourquoi le Christ a-t-il permis la chute de Pierre ? i. Je laisse de côté les causes générales pour lesquelles Dieu permet le péché (voir [Bellar- min], liv. III, chap. ii T>e la perte de ht grâce et de Vétat du péché), et je dis que le Christ voulait réfuter d'avance les Apathistes : Euthiniius, Palladius, Evagrius de Pont, qui affirmaient que les Saints et les justes étaient exempts de toute perturbation. Voir Rossignoli, liv. II, chap. xxvii. Saint Jérôme, dans son épitre a Ctcsiphon, et saint Augustin (liv. XIV de la Cité [de Dieu], chap. ix) lîs réfutent par l'exemple du Christ qui semble avoir eu des passions. Néan- moins il n'a pas eu des passions, mais.seulement des propassions; il est donc plus convenable de les réfuter par l'exemple des hommes les plus saints, de Pierre surtout qui était juste, et qui cependant, après la Communion, le lavement des pieds, etc., est troublé par la crainte. Ce n'est donc pas dans l'absence mais dans le règlement des passions que consiste la perfection ; les passions sont au cœur ce que les cordes sont à une harpe : il faut qu'elles soient ajustées afin que nous puissions dire : Je vous louerai sur la harpe. 2. Il voulait confondre ceux qui disent que les fidèles ne peuvent pécher et  356 Sermons autographes esse securos de sua salute ; nam quis magis stabat quam Petrus, Eucharistia fulcitus et tôt Christi monitis ? et *lCor., X, 12. tamen cecidit. Qiii stat, videat ne cadat*. Angelo PhiladelphicB : Tene qiiod habes, ne alius accipiat • Apoc, m, 7, II. coronam tiiam *. Gregorius ad Gregoriam cubiculariam •Epist.,1. VII, ep. Augustae * : « Rem inutilem pariter et difficilem postu- ^^^' lasti. » Historia recitanda 40 ÎMartirum, in quorum vigilia »Videsup.,not.(i), incidit hœc concio *. Ciim timoré et tremore*"^. Vigi- •*Ps. II, 11; Philip., landum, orandum ^. "'Matt XXVI, Al. 3°- Quia gloria Dei magis elucet ex peccatoribus pœni- • Lucae, XV, 7, 10. tentibus : Majus est gaudïujn* ; atqui, non gaudent Sancti nisi de majori gloria Dei. Praevidens ergo Chris- tus pœnitentiam, facillime permisit peccatum. Historia *joan., XX, 25-29. de Beato Thoma* et Augustino. Peccata lutum et fimus sunt, sed in pœnitentia et confessione convertuntur in rosas et lilia. rMs. p. iio, verso) 4°. Apud Sanctum Chrisostomum, in Catena *, ad et ''Sam 7/'^^" verba illa, c. 22 Lucœ * : Petrus vero sequebatur. Erat inter dubia), § I. Petrus paulo (i) durior et severior; ut igitur disceret ex • Vers. 34. ^  sont sûrs de leur salut. Qui, en effet, était plus affermi que Pierre, soutenu par l'Eucharistie et par tant d'avertissements du Christ? Néanmoins il tomba. Qite celui qui est debout prenne garde de tomber. A l'Ange de Philadelphie : Garde ce que tu as, de peur qu'un autre ne reçoive ta couronne. Saint Grégoire à Grégoria, camériste de l'Impératrice : « Tu as demandé une chose aussi inutile que difficile. » Rappeler l'histoire des quarante Martyrs, à la vigile desquels je prononce ce sermon. Avec crainte et tremblement. Il faut veiller et prier. 3. Parce que la gloire de Dieu éclate davantage par le repentir des pécheurs : Plus grande est la joie, etc. ; or, les Saints ne se réjouissent que de la plus grande gloire de Dieu. Le Christ donc, prévoyant la pénitence, permit très facilement le péché. Histoire des saints Thomas et Augustin. Les péchés sont boue et fumier, mais par le repentir et la confession ils se transforment en roses et en lis. 4. Voir saint Chrysostome, dans la Chaîne [des Pères], sur ces paroles : Or, Pierre suivait. Pierre, dit-il, était un peu dur et sévère ; le Christ a donc permis sa faute afin qu'il apprît l'obéiss.ince par ce qu'il souffrirait et pour ( I ) L'Autographe donne Panlo avec lettre capitale, comme s'il s'agissait du grand Apôtre. Peut-être saint François de Sales a-t-il été trompé par le texte de la Chaîne des Pères où Ton constate cette faute ; peut-être aussi a-t-il cédé à l'habitude qu'il avait lui-même de substituer assez souvent une lettre majuscule à une minuscule, et vice-versa.  CXLII. Vendredi après le i" Dimanche de Carême 357 Us qiiœ passus erat obedientiam* et dulcedinem erga * Heb., v, 8. peccatores. Pastor circumdatum se débet existimare in- firmttate* ; et qui pœnitentia eguit, pœnitentiam aliis * Ibid., jt-. 2. facilius impertit. Terror vester ac tremor sit super cuncta animantia terrce, Gen. 9* : super animantia, • Vers. 2. non super pœnitentes. Ezech, 34 * : Qiiod confractiim * Vers. 4. est non alligastis. Hinc Paulus humiliât se : Fidelis sermo et omni acceptione dignus ; quia venit Christiis peccatores salvos facere, quorum primus ego siim ; I. Thimot. I *. Ad Gai. 6** : Fratres, et si prœoccu- «y^"" J'" patus fuerit homo in aliqiio delicto, vos qui spiri- tiiales estis, hujusmodi instruite in spiritu lenitatis, considerans teipsum ne et tu tenteris. Magna virtus humilitas, quae interdum ex peccatis nascitur. Prius- quam humiliarer ego deliqui ; propterea eloquium tuiDn custodivi. Bonus es tu, et in bonitate tua doce me justificationes tuas; [Ps.] 118 * : habebat cseteras * Vers. 67,68. virtutes, sed non humilitatem ; unde deliquit. Hinc Petrus deinceps humillimus : non dominans in cleris*: fiu.'^tineX. lî^^,^^"' ^^*'' ^" ■t^ _ •' Galat., II, II. reprehendentem Paulum *. « Ut qui primus erat digni- * s. Gregor. Mag. , ... ^ Homil. im Ezech. tate, primus esset humilitate *. » 1. 11, hom. vi, § 9.  qu'il devînt indulgent envers les pécheurs. Le pasteur doit se considérer comme entouré d' infirmités ; et celui qui a eu besoin de pénitence accorde plus facilement aux autres le pardon. Soye\ la terreur et l'épouvante de tous les animaux de la terre : des animaux, mais non des pénitents. Vous n'ave^ pas bandé ce qui a été brisé. Saint Paul aussi s'humilie : C'est une vérité certaine et digne d'être entièrement reçue, que le Christ est venu pour sauver les pécheurs, entre lesquels je suis le premier. Mes frères, si un homme est tombé par surprise dans quelque faute, vous qui êtes spirituels, instruisez-le en esprit de douceur, chacun de vous se considérant soi-même, de peur quil ne soit aussi tenté. Grande est la vertu d'humilité qui naît parfois du souvenir de nos péchés. Avant d'être humilié j'ai péché ; c est pour cela que j^ai gardé votre parole. Vous êtes bon, et dans votre bonté enseignez-moi vos justifications : David avait les autres vertus, mais non pas l'humilité, c'est pourquoi il pèche. Ainsi Pierre est désormais le plus humble : ne dominant point sur le clergé ; il supporte les répréhensions de saint Paul. « Afin que celui qui était le premier en dignité, fût le premier en humilité. »  CXLIII SOilMAIRE d'un sermon POUR LE DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME II mars 1618 (Inédit)  (Ms. />. 110, verso)  SERMO 4 DE GRATIA EXCITANTE PETRUM.  • Matt., XXVI, ult.; Marc, XIV, ult.; Lucae, xxii, 60, 6r. • Gen., I, ult. "Vers. 23.  • Vers. 9. • Vers. 13. **Vers. 9.  Ad illa verba : Et statiin adhuc illo loquente gallus cantavit iteriun, et conversus Dominus respexit Petrum ; et recordatus est Petrus verbi Domini Jesu quod dixerat *. Nota I. Ivit Petrus in peccatum per se. Vidit Deus cuncta quce fecerat, et erant valde bona*. Ezech. 18**: Nunquid voluntatis mece est mors impii? dicit Do- minus. 2. Pétri, 3* : Deus neminem vult perire. Jac. I * : Nemo cum tentatur, dicat, etc. Oseae, 13** : Perditio tua ex te, Israël, tantummodo in me bonum  QUATRIEME SERMON DE LA GRACE QUI PREVINT SAINT PIERRE A ces paroles : El aussitôt, comme il parlait encore, le coq chanta de nouveau ; et le Seigneur se retournant regarda Pierre, et Pierre se ressouvint de la parole que le Seigneur Jésus lui avait dite. Remarquer i. Saint Pierre tomba de lui-même dans le péché. Dieu vit toutes les choses quil avait faites, et elles étaient très bonnes... Est-ce que je veux la mort de l'impie ? dit le Seigneur... Dieu ne veut pas que personne périsse... Que nul lorsqu'il est tenté, ne dise, etc. Ta perte vient de toi, Israël; c'est seulement en moi qu'est ton bien. De là ces paroles : Adam, où  CXLIIl. Pour le ii« Dimanche de Carême 359 tuum. Hinc : Adam, ubi es*? Et Caim irato : Nonne si * Gen., m, 9. bene feceris *, etc. Baruch, 3 ** : Qiiid est, Israël, quod ^''j^t'/JV,; in terra alienorum es ? Inveterasti in terra aliéna, coinquinatus es ctun mortuis , depntatiis es cum descendentibus in infernuni ; dereliquisti fontetn sapientiœ. Hinc : Duo inala fecit populus meus : dereliquerunt me *^ etc. * Jerem., n, 13. 2. Perditio tua, Israël, tantummodo in me auxi- lium tuum. Jo. 6* : Nemo potest venire ad me nisi * Vers. 44. Pater meus traxerit eum. Trahe me, post te curre- mus*. Similes apodibus **, et avi paradisi ***. Coin- «Arïtôt , De Hist. auinatus cum mortuis. Ut homo passus deliquium. Animai., 1. I, c. i. ■'■ . *** Gomara, Hist. Hinc miseria peccatorum et justa condemnatio. Haec generai.lnd.,1. IV, gratia praeveniens : non amatur nisi amet. Videte Da- videm, videte Paulum, videte Petrum. Ezech. 33 * : Vivo * Vers. n. ego. Vide in lib. Divini Amoris *. * Lib. ii, ce vm, 3. Dieu envoyé sa grâce suffisante : Ne dicas, per ^^^^' Deum abesf^. i Timot. 2**. 2 Pet. 3***. ^A^Sl:^'" 4. Cette grâce est prsevenante , [elle] est de trois ""Vers. 9. espèces : la grâce prœvenante pour la conversion, prae- venante a l'action et praevenante au genre de vie.  ei-tu ? Et à Gain irrité : Si tu fais bien, ne [recevras-tu pis la récompense] r... D'oïl vient, Israël, que tu habites la terre des étrangers ■■ Tu as vieilli dans une terre étrangère, tu t'es souillé avec les morts, tu es devenu semblable h ceux qui descendent en enfer ; tu as abandonné la source de la sagesse. De là : Mon peuple a fait deux maux : ils m'ont abandonné, etc. 2. Ta perte vient de-toi, Israël; c'est seulement en moi qu'est ion secours... Nul ne peut venir à moi si mon Père ne l'attire... Tire^-moi, nous courrons après vous. Nous ressemblons aux apodes, et à l'oiseau de paradis. Tu t'es souillé avec les morts. Comme un homme qui est tombé en défaillance. C'est la cause de la misère des pécheurs et de leur juste condamnation. Voilà la grâce prévenante : Dieu n'est aimé que s'il aime [le premier]. Voyez David, voyez saint Paul, voyez saint Pierre. Je vis. Voir dans le livre de l'Amour de Dieu. 3. Dieu envoie sa grâce suffisante : Ne dis pas : Dieu est cause que [la grâce] est loin de moi. [Reprendre au texte, lig. 19.]  CXLIV PLAN d'un sermon POUR LE LUNDI APRÈS LE DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME 12 mars 1618 ( Inédit )  (Ms. p. 110, verso) SERMO 5 DE GRATIA ADJUVANTE • Vide ad finem 5 *. HaBC gratia praeveniens innumeris nominibus in Serm. prasced. Scripturis designatur. Nam vocatur tractus : Trahe me •Cant., I, 3. post te*; vocatio : Multi vocati**; vox : Vox Dilecti •*Matt.,xx,i6, XXII, .. .,,. . ,. .. ., ** 14. met *; praeventio : Misencordia ejiis prœveniet me**; '•Ps^lVui' ' fi. illuminatio : Exurge, qui dormis, et illuminabit te • Ephes., V, 14. Christtis *. Et sic mille modis. Pulsatio : Ego sto ad •Apoc, m, 20. ostiiim et pulso *. Sed tribus maxime quae ad rem faciunt. 1°. Vocatur • Vers. 5, 6. sagitta, Psalm. 44* : Specie tua et pulchritudine ; propter veritatem et mansuetudinein, etc.; sagittce  CINQUIEME SERMON DE LA GRACE CONCOMITANTE 5. Cette grâce prévenante est désignée par d'innombrables noms dans les Ecritures. Elle est appelée attraction : Tire^-moi après vous ; vocation : Beaucoup sont appelés; voix : Z.i voix de mon Bien-Aimé ; prévenance : Sa miséricorde me préviendra ; illumination : Lève-toi, toi qui dors, et le Christ t'illuminera. Et ainsi en mille manières diverses. C'est un coup : Je me tiens à la porte et Je frappe. Trois dénominations cependant se rapportent surtout à notre sujet, i. La grâce est appelée flèche : Dans votre dignité et votre beauté ; pour la vérité et la mansuétude, etc., vos /lèches sont acérées, etc. Le Seigneur m'a appelé dès le sein  CXLIV. Lundi après le n« Dimanche de Carême 361 tuœ acutœ, etc. Is. 49 * : Dominus ab utero vocavit 'Vers. 1,2. me, de ventre matris meœ recordatus est nominis mei. Adamus de Christo ad verbum explicat *, qui : Et • Expositio in Is., ... • 7 j • ± i t -i ad locum. posiiit OS meuin quasi gLadium acutum, et posuit me quasi sagittam. electam ; in pharetra sua abscon- dit me. Diu abscondit Christum ; sed <\Md\\% pharetra ? Pectus Patris, sinus Patris. Qualis sagitta? Christus ipse, dum ingreditur cor per amorem. I. Quare sagitta gratia prseveniens ? quia non cogi- tantes percellit. Ut faciunt e contrario mali : In Domino confldo, quoniam ecce peccatores intenderunt arcum, Paraverunt sagittas suas in pharetra ut sagittent in obscur rectos corde'^. 2. A longe, quia peccatores 'Ps. x, i, 2. elongaverunt se. Rara similitudo de percutiente amore, ut de eo qui capreas Candiae. Vide ad primum sermonem Quadragesimae *. ' Cf. supra, p. 56. 2°. Vocatur inspiratio : Inspiravit in faciem ejus (Ms. p. m, recto) spiraculum vitœ*; nam peccator mortuus est, vivit * Gen., n, 7. autem gratia illum prseveniente. 3°. Vocatur invitatio, semonce, ut libertas arbitrii videatur. Jam mirum est quam multis modis et viis  de ma mère, et dès les entrailles maternelles, il s'est souvenu de mon nom. Adamus place ces paroles sur les lèvres du Christ : Et il a rendu mu bouche semblable à un glaive perçant, et il m'a mis en réserve comme une flèche choisie ; il m'a cach ' dans son carquois. Longtemps il cacha le Christ ; mais quel est \e carquois f* La poitrine du Père, le sein du Père. Quelle est la flèche ? Le Christ lui-même, lorsqu'il entre dans le coeur par l'amour. 1. Pourquoi appeler flèche la grâce prévenante? Parce qu'elle atteint ceux qui n'y pensent pas. C'est ainsi que , dans un but opposé , agissent les méchants : Je me confie au Seigneur, car voici que les pécheurs ont tendu Tare, ils ont disposé leurs flèches dans le carquois, pour frapper dans T obscurité ceux qui ont le cœur droit. i. [Elle part] de loin, parce que les pécheurs se sont éloignés. Belle comparaison entre l'amour qui frappe, et les chas- seurs qui poursuivent les chèvres de Candie. Voir le premier sermon de Carême. 2. Elle est appelée inspiration : // inspira sur son visage un souffle de vie ; car le pécheur est mort, mais il revit par la grâce qui le prévient. 3. Elle est appelée invitation, semonce, pour montrer la liberté laissée au franc-arbitre. Il est admirable de voir combien sont multipliés les moyens par lesquels [Dieu] blesse les cœurs, combien sont nombreux les sentiers dans lesquels il décoche ses flèches! Marie Egyptienne vit l'image de la Vierge, et  362 Sermons autographes vulneret et sagittet corda. Maria ^giptiaca vidit ima- ginem Virginis, et ista imago, ut concio muta, eam *Vide supra, p.9v vulncravlt *. Gregorius Nazianzenus ** : quamdam im- »»Carm.,l.I,sect.ii, 1 • , n ■ • poema x, 802-807. pudicam mulierem ad ilagitium evocatam, visa imagine Polemonis, viri continentissimi, pœnituisse et abiisse. Sic •Vide supra, p. loi. Gregorius Nissenus visa historia Abrahami * ; Beatus ViTà^^pîc^mfi' Pachomius viso exemplo charitatis * ' ; x^ugustinus ** lecto c.ix. Ci.Tr. de l'Am. Iqco illo : Noii iu cubilibus*^\ Pelaeia, quse margfarita, deDieu,\.U,c.xm. .. ^r */^.-, *= &'^ S ' •»Confess.,i.viii, audito Nonuo **. Quidam *^ ex verbis illis : Subter ster- •àRom., XIII, 13. netur tinea et operimentum tuum eriint vennes *^. •*VitaePatrum,i.l, Alius *'" cum audiret : Vidit cœlos abej'tos **. Hinc Vita S. Pelagise. ... ,. . ^^ »n'ide Piatum, De inspirationes dicuntur sagittae, quia mfligunt passiones. L Tiî, c^'^uit!^^^'^'' Franciscus Borgia videns mortuam Imperatricem, etc. '«is., XIV, II. Se(i tnodus communis est verbum Dei. •'Vide tom. prxc, . . . _ , -r-^ , . p. 78. -tiac gratia praeveniente igitur nmus volentes : Dabit •' Rom.7 vii,^' 18 • ^^^^^ 6t perficere; operatur in nobis velle*. Jam ergo Philip., II, 13. egemus gratia coopérante, subséquente et adjuvante. Nam, velle converti in génère satis magnum est ; velle converti cito, majus ; velle converti nunc, maximum. At pleraque arrident in confuso, quae cum particulariter sunt facienda displicent. Videte, Tobiae, c. 8. 9. et 10, quomodo Raguel cunctatur remittere Tobiam ; et Annam.  cette image la frappa comme une prédication muette. Saint Grégoire de Nazianze raconte qu'une femme impudique sollicitée au crime, se repentit à la vue du portrait de Poléiiion, homme très chaste, et prit la fuite. De même saint Grégoire de Nysse fut touché voyant une peinture qui représentait le sacrifice d'Abraham ; le bienheureux Pacôme, voyant un exemple de charité ; Augustin, à la lecture de ce passage : Non dans les dissolutions ; Pélagie, dont le nom signifie perle, à la parole de Nonnus. Un certain personnage fut converti par ces paroles : La pourriture sera ta couche et les vers seront ta couverture. Un autre, par ces mots : // vit les deux ouverts. Ainsi les inspira- tions sont appelées flèches parce qu'elles causent des souffrances. François de Borgia, voyant l'Impératrice défunte, etc. Toutefois, le moyen ordinaire est la parole de Dieu. Par cette grâce prévenante, la volonté est donc mise en action : Il donnera le vouloir et le faire ; il opère en nous le vouloir. Nous avons donc besoin de la grâce qui coopère avec nous, de celle qui suit notre acte et de celle qui nous aide. Vouloir en général se convertir est une bien grande chose, vouloir se convertir au plus tôt est plus grand encore, mais le vouloir à l'heure même est ce qu'il y a de plus grand. Le plus souvent, hélas ! ce qui sourit vu de loin, déplaît lorsqu'il faut en venir à l'exécution. Voyez comme Raguel tarde à renvoyer Tobie ; voyez la conduite d'Anne. De même, Bathuel et Labac  CXLIV. Lundi après le u* Dimanche de Carême ^6^ Sic etiam Bathuel et Laban, Rebeccam *. En conver- " Gen., xxiv, 55. sionis difficultas : Egressus flevit *. Quitter tout. Ejice ' Matt., xxvi, uit. puerum et matrem ejus *. Lazarus egreditur, ligaUis * Gen., xxi, 10. manus et pedes institis *. En Helias tribus vicibiis *Joan., xi, 44. expansus est super puerum ; 3. Reg. 17 *. 4. Reg. 4** : I.y®''^- *'• Oscitavit puer septies. Sic Paulus, Act. 9*. • Videinfra,p.367. I. Egredi ad meditandum *, ad excitandum contritio- "'Cf.Gen.,xxiv,63. nem ; 2. flere, contritionem ; 3. confiteri : nam Petrus non est confessus, quia vidente Summo Sacerdote.  retiennent Rébecca. Voilà la difficulté de la conversion : Etant sorti, il pleura. Quitter tout. Chasse l'enfant et sa mère. Lazare sort [du tombeau], les mains et les pieds liés de bandelettes. Voilà Elie qui s étevià. par trois fois sur l'enfant, Lenfant bâilla sept fois. Ainsi saint Paul, Actes, ix, 9. I. Il faut sortir pour méditer, pour s'exciter à la contrition ; 2. il faut pleurer par la contrition ; 3. il faut se confesser : quant à Pierre, il ne se confessa pas parce qu'il était en présence du souverain Prêtre.  CXLV SERMON POUR LE MARDI APRÈS LE DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME 13 mars 1618 (Ixédit)  (Ms. p. m, recto) SERMO 6 DE GRATIA PERFICIENTE •//o^/> serai. Lxxvi B. Bern., Ser. Parvi, 39 * : « Triplex nobis necessaria iversis. gg^ benedictio : preveniens, adjuvans, consummans. Prima misericordiae, 2. gratiae, 3. glorise. » Ego paulisper immuto divisionem, nam consummantem in perficientem rejicio. [1°.] Praeveniens misericordia operatur in nobis velle • Philip., II, 13. converti * ; at hoc satis non est, quoties enim dicimus : Volo converti, et tamen non convertimur 1 Sic enim •Vers. II, 12. increpat Idumaeos Isaias, c. 21 * : Omis Duma, id est,  SERMON SIXIEME DB LA GRACE QUI ACHÈVE LE SALtTT Saint Bernard, dit dans le xxxix* de ses Petits Sermons : « Une triple béné- diction nous est nécessaire : celle qui prévient l'acte, celle qui y coopère, celle qui le couronne. La première est celle de la miséricorde, la seconde celle de la grâce, la troisième celle de la gloire. » Je modifierai quelque peu cette division, car je comprends la grâce qui couronne dans celle qui perfectionne. [i.] Pour la conversion, la miséricorde prévenante opère en nous le vouloir ; mais cela ne suffit pas. Que de fois, en effet, nous disons : Je veux me convertir, et cependant nous ne nous convertissons pas ! C'est le reproche qu'adresse Isaïe aux Iduméens : Malheur accablant de Duma, c'est-à-dire, de  CXLV. Mardi après le ii' Dimanche de Carême 365 regionis Idumeorum, quae vergit ad austrum ; clamât ad me ex Seir. Seir regio est Idumaeae ; ab Esau, qui et Edom, rufus, et Seir, id est, hispidus*. Populus ergo *Gen., xxv, 25. Sei?' clamât : Custos, qiiid de nocte ? quota est hora noctis ? Dixit ctistos : Venit mane ; ecce aurora est, et nox tamen sequitur. Est similitudo peccatorum, his- pidorum, brutalium hominum ut Nabuchodonozor. Quid de nocte ? Cupio converti ad diem. Ecce gratia praeve- niens illuxit, et nox recidit, ut pigri qui aperiunt oculos (Usquequo, piger, dormies et dormitabis *?) deinde * Prov., vi, 9, 10. claudunt, et in medio die faciunt sibi noctem. Quare dies et nox ? (Si quœritis, qiiœrite *.) Quia non serio * Is., xxi, 12. quaeritis ; vultis et non vultis *. Convertimini in toto * Prov.,xiii, 4. corde*; aliqui sunt qui quidem convertunt aliquatenus * Is., xxi, 12; Jer., XXIX, 13. oculos, sed non corpus erga postclamantes. Vide supra* : » Pag. 362, 363. Tobiam, Bathuelem; Lazarum egredientem ligatis mani- bus et pedibus. 2°. Ergo, ad salutem peccatoris requiritur gratia adju- vans, de qua ultimo loco diximus* ; quae in eo consistit * Ibid. ut ex animo quseramus omnia média ad veram pœniten- tiam. Pulchra allata Gen. 24*. Nihil cogitante Rebecca, 'Vers. 15-53. ecce Eliezer ad fontem, petit ab ea, etc. Ecce prima  la partie de l'Idumée qui est située au sud ; il me crie de Séir. Séir est une région de l'Idumée; ce nom vient d'Esaii, appelé aussi Edom, rouge, et Séir, c'est-à-dire velu. Le peuple de Séir crie donc : Sentinelle, qu annonces-tu de la nuit? quelle heure est-il de la nuit? La sentinelle dit : Le matin est venu, voici l'aurore, et cependant la nuit succède. C'est une figure du pécheur, tout velu, homme animal comme Nabuchodonosor. Qu annonces-tu de la nuit? Je désire me retourner vers la lumière. C'est la grâce prévenante qui a brillé, mais la nuit retombe ; il est semblable aux paresseux qui ouvrent les yeux (Jusqu'à quand, paresseux, dormiras-tu et sommeilleras-tu?) puis les referment, et au milieu du jour se font une nuit. Pourquoi ce mélange de jour et de nuit? (Si vous cherche^, cherche^ bien.) Parce que vous ne cherchez pas sérieu- sement; vous voulez et vous ne voulez pas. Convertissez-vous de tout cœur; il y en a qui, à la vérité, tournent bien les yeux, mais non pas leur corps vers ceux qui crient derrière eux. Voir plus haut : Tobie, Bathuel ; Lazare sortant du tombeau mains et pieds liés. 2. Donc, pour le salut du pécheur, cette grâce qui aide et dont nous avons parlé précédemment est nécessaire. C'est cette grâce qui nous fait rechercher de tout cœur tous les moyens d'une vraie pénitence. Beaux exemples cités dans la Genèse, chap. xxiv. Rébecca ne soupçonnait rien, et voici qu'Eliézer, auprès  366 Sermons autographes introductio, audit nuntium, audit verbum ; deinde dat inaiires aiireas, dat suavitatem et dulcedinem audiendi, et armillas (brasselet^}, facultatem aggrediendi, et invite la grâce a demeurer, ce bon mouvement ; nam est opus gratiae prevenientis, ita mulcere auditum, id est, intellectum , et voluntatem movens (sic), ut velint gratiam hanc manere et istam delectationem. Deinde ingressa gratia, petit consensum ; quo habito dat vasa argentea, id est, timorem, et aurea, id est, amorem ; mox vestit firmissimo proposito, id est, ab amore inchoato perducit ad amorem fortem, qui proponit etiam usque ad mortem perseverare. Filius prodigus in se reversus per gratiam excitantem : Oiianti mercenarii in domo patris met * Lucae, XV, 17, 18. ubundant panibus ; ego! Stirgam *. Mox vadit. Sic Lazarus solvitur. O fœlix pœnitentia in ^lagdalena ! *lbid., VII, 37. Ut cognovit quod Jésus accubuit *, etc. : ecce gratia praeveniens ; mox attulit, etc. : ecce gratia cooperans. (Ms.p. m, verso) Gratia autem hsec cooperans, in tribus consistit, quae Raphaël prestitit Tobiae : in directione vel mediata vel immediata, interiori et exteriori (et nota, si negligas exteriorem, id est, hominem dirigentem, vix habebis  de la fontaine, lui demande, etc. C'est la première ouverture, elle entend le messager, écoute sa proposition; Eliézer lui donne ensuite des pendants d'oreil- les en or, qui signifient la suavité et la douceur à l'audition de ses paroles, et des bracelets , c'est-à-dire le moyen de les mettre en exécution. [L'âme] invite la grâce, ce bon mouvement, à demeurer ; car c'est le rôle de 1« grâce prévenante de charmer l'oreille, c'est-à-dire l'esprit et la volonté de celui qu'elle touche, de telle sorte qu'il veuille conserver la jouissance de cette grâce. Une fois entrée, la grâce appelle le consentement, et dès qu'il s'est présenté, elle offre à son hôte des -cases d'argent, cest-à-dire la crainte, et d''or, c'est-à-dire l'amour; bientôt elle le revêt d'un très ferme propos, c'est-à-dire que, de l'amour ébauché, elle le conduit à cet amour puissant qui se propose de persévérer même jusqu'à la mort. L'enfant prodigue, rentrant en lui-même par la grâce excitante, se dit : Combien de mercenaires, dans la maison de mon père, ont du pain en abondance, et moi ! [etc.] Je me Ic-verai. Il part immédiate- ment. Ainsi Lazare est délié. Oh ! quelle heureuse pénitence en Madeleine ! Ayant su que Jésus était à table, etc. : voilà la grâce prévenante ; elle apporta aussitôt, etc. : voilà la grâce coopérante. Cette grâce coopérante comprend les trois services rendus à Tobie par Raphaël : elle dirige directement ou indirectement, au dedans et au dehors (et remarquez, si vous négligez la direction extérieure, c'est-à-dire celle qui provient de l'homme, vous obtiendrez difficilement l'intérieure ; écoutez le  CXLV. Mardi après le ii* Dimanche de Carême 367 interiorem ; audi gallum et respiciet te Dominus *) ; in * Lucse, xxn, 61. protectione et defensione adversus mala, contra piscem * ; * Tobia, vi, 2-6. et in juvamine, ut Raphaël qui etiam victum prœstitit. Sic Eliezer narrât se missum ut deducat uxorem domino suo,eccedirectionem; deinde ut protegat, ecce dat vestes quae protegunt ab aeris intempérie; tertio, ut adjuvet, attulit camelos *. Sic Paulo : Vade ad Ananiam, ecce 'Gen.,xxiv, 34-38, directionem, qui dédit spiritum dirigentem et squamas ^^' ^'' dejicientem ; deinde, expulit peccatum Baptismo ; tertio, comedit *. * Act., ix, 7, 17-19. 3^ Ergo necessaria est ad salutem peccatorum perseve- rantia : Qtii perseveraverit iisqite in finem, hic salviis erit*. Origenes, Tertullianus, Hosius, Salomon, Judas • Matt., x, 22. non perseverarunt. Voluntas hominis ambulatoria usque ad mortem. Bene ciirrehatis, qiiis vos impedivit"^? » Gaiat., v, 7. Concilium Tridentinum * : Altissimum et profundum * Sess. vi, cap. xm absconditum perseverantiae donum. Qjii s\.2it videat ne ^^ '^^^^ '^'^''• cadat^. Omnes quidem currimt, sed iiniis accipit * i Cor., x, 12. hravium'^. Duplex perseverantia : una propria, alia * ibid., ix, 24. sequivalens. Qui convertuntur in morte ut latro, et pau- cissimi alii, habent sequivalentem perseverantiam ; nam proprie non persévérant, sed eorum conversio aequivalet  coq et le Seigneur vous regardera) ; elle protège et défend contre le mal, contre le poisson ; elle soutient, comme Raphaël qui fournit encore des aliments. Ainsi Eliézer raconte qu'il est envoyé pour ramener une épouse à son maître, c'est la direction; ensuite, pour la protéger, il lui donne des vêtements qui la défendent contre l'intempérie de l'air ; troisièmement, pour la soutenir, il lui amène des chameaux. De même pour saint Paul : Va trouver Ananie, c'est la direction ; celui-ci lui donne l'esprit qui le dirige et fait tomber les écailles de ses yeux ; ensuite, il chasse le péché par le Baptême ; troisièmement, Paul mange. 3. La persévérance est donc néc2ssaire au salut des pécheurs : Ceint qui aura persévéré jusqiia la. fin, celui-là sera sauvé. Origène, TertuUien, Hosius, Salomon, Judas ne persévérèrent pas. La volonté de l'homme doit être toujours en marche jusqu'à la mort. Vous courie:^ si bien ; qui vous a arrêtés ? Le Concile de Trente dit : Le don mystérieux de la persévérance est très haut et très profond. Qite celui qui est debout prenne garde de tomber. Tous, h la vérité, courent, mais un seul remporte le prix. Il y a deux sortes de persévérance : l'une proprement dite, l'autre équivalente. Ceux qui se convertissent à la mort, comme le larron et d'autres fort peu nombreux, ont eu la persévérance équivalente ; car, à parler exactement, ils ne persévèrent  368 Sermons autographes perseverantise, et nihil est aliud quam conversio. Alia propria, per quam diu perseveramus ; et tune donum perseverantise nihil aliud est quam séries quaedam gra- * Cf.Tr.de TAm. de tiarum dirigentium, protegentium et adjuvantium *. Dieu, 1. III, c. IV. Verum duplex occurrit scrupulus circa preedicta. Primus est : Si ex nobis nihil possumus, qui damnatur damnatur *judic., XV, 18. quia Deus illum non adjuvit; en siti morior *. Verum hoc argumentum adeo est futile ut nihil supra. Nam, quamvis gratia Dei sit nobis necessaria, tamen non deest ; •Vers. 13. Job, 24* : Ipsi rebelles fuerunt lumini. Non magis tibi deest gratia quam natura. Exemplum de claudente • Lib. IV, c. V. oculos, in lib. Divini Amoris'^. Exemplum de Israe- litis, in deserto : non defuit manna, sed ipsi mannas 'Exod., XVI, 13-29; defuerunt*, fuit illis cohimna nuhis per diem, et ignis Num., XI, 6-9. , . -fc T- 1 TVT .. r -1 • •Exod., XIII, 21. P&1' noctem *. Exemplum arcae Noe : tam facile intrare •Gen.,vii, 7;i Pe- potuerunt quam extra manere, at illi noluerunt *. tri, m, 20. 01 1 TT ... becundus scrupulus. Utrum actus pœnitentiae sint sensibiles ? Dupliciter potest excitari sensus : ab intrin- seco et parte rationali, vel a parte inferiori. Filiae Hie- rusalem flebant a parte inferiori, unde Dominus : Nolite * Lucae, xxiii, 28. flere super me *^ a parte inferiori ; et hinc bonus fletus,  pas, mais leur conversion équivaut à la persévérance qui n'est rien autre que la conversion. La persévérance proprement dite est celle par laquelle nous persévérons longtemps, et dans ce cas, le don de la persévérance n'est autre chose qu'une série de grâces qui dirigent, protègent et portent secours. Mais deux objections se présentent contre ce qui vient d'être avancé. Voici la première : Si par nous-mêmes nous ne pouvons rien, celui qui est condamné l'est parce que Dieu ne l'a pas aidé ? Voici que je meurs de soif. Rien n'est plus futile que ce raisonnement. 11 est vrai que la grâce de Dieu nous est nécessaire, mais aussi jamais elle ne nous manque : Ils ont été rebelles à la lumière. La grâce ne te fait pas plus défaut que la nature. Voir dans le livre de V Amour de Dieu l'exemple de celui qui ferme les yeux. Exemple des Israélites dans le désert : la manne ne manqua pas, mais ils manquèrent à la manne; ils eurent la colonne de nuée le jour, et de feu la nuit. Exemple de l'arche de Noé : il était aussi facile d'y entrer que de rester dehors, mais ils ne voulu- rent pas entrer. Seconde objection. Les actes de repentir sont-ils sensibles .' Une double cause peut exciter le sentiment intérieur : l'une provenant de la raison, l'autre de la partie inférieure de l'âme. C'est la partie inférieure de l'âme qui faisait pleurer les filles de Jérusalem, aussi le Seigneur leur dit-il : Ne pleure^ pas sur moi, par la partie inférieure. Les larmes sont donc bonnes, car elles sont  CXLV. Mardi après le ii° Dimanche de Carême 369 est enim effectus contritionis ; verum quia sensus non obedit rationi semper, non est opus fletu exteriori, sed interiori tantum. Jam vero, quae quantitas fuit pœnitentiœ Pétri ? Fuit 1°. extensa per totum hominem ; nam iste fletus processit ab intellectu ad cor et a corde ad oculos , ut et Mag- dalense ; hic explica secundum scrupulum. 2°. Extensa per omnes animae passiones sive afFectiones ; unde, I. Reg. X* : Insiliet in te Spiritus Doniini, et muta- * Vers. 6. beris in virum alteriim. 3°. Extensa ad omnem vitam, quam iinivit ob conversionem duarum faeminarum , ut , . ^_ ^ Aptid Baron., An- duae feminae illum abjurare fecerant. Vide historiam *. nai., anno 69, § v.  un effet de la contrition ; mais parce que ce sentiment n'obéit pas toujours à la raison, la tristesse extérieure n'est pas nécessaire, l'intérieure suffit. Et maintenant, jusqu'où alla le repentir de Pierre.^ i. Il s'étendit à tout l'homme, car sa tristesse passa de l'intelligence au cœur et du cœur aux yeux, comme chez Madeleine ; développer ici la seconde objection. 2. Il s'étendit à toutes les passions ou affections de son âme ; c'est ainsi qu'il est dit : L'Esprit du Seigneur s'emparera de toi, et tu seras changé en un autre homme. 3. Il s'étendit à toute sa vie, qu'il sacrifia pour la conversion de deux femmes, comme deux femmes avaient été l'occasion de son parjure. Voir l'histoire.  Sf.rm. Il 24  CXLVI SERMON POUR LA NATIVITÉ DE SAINT JEAN-BAPTISTE 24 juin 1618 ( Inédit )  (Ms. p. lyp, recto) ad festum sanctissimi pr^cursoris, 1618 CUM CIVITAS VERCELLENSIS, DECIMO ANTE DIE, SERENISSIMO DUCI ESSET AB HISPANIS RESTITUTA AC PROINDE PACIS SANCITA EXECUTIONI MANDATA, ET PAX STABILITA DE JOANNE SANCTISSIMO ET PAGE PACISC^E BONO CONSERVANDO Thema : Et tu, puer, PropJteta Altis- siiiii vocaberis, etc. [LuCiE, I, 76.] Ultimo meo sermone, hic habito, feria secunda Pen- tecostes , dicebam tempus mihi loquendi esse, quia *Act.,ii, 3. h'nguœ igneœ * nobis Apostolorum successoribus datse erant ; sed et nunc quoque tempus clamandi, nam tune  POUR LA FÊTE DU TRÈS SAINT PRECURSEUR, 1618 DIX JOURS APRÈS LA RESTITUTION DE LA VILLE DE VERCEIL AU SÉRÉNISSIME DUC DE SAVOIP PAR LES ESPAGNOLS ET LA RATIFICATION DU TRAITÉ DE PAIX, AINSI AFFERMI PAR L'EXÉCUTION DES ARTICLES  SUR LE GRAND SAINT JEAN ET LA NÉCESSITÉ DE CONSERVER LA PAIX ET SES AVANTAGES Texte : Et toi, enfant, tu seras appelé le Prophète du Très-Haut, etc. Dans mon dernier sermon que je fis ici le lundi de la Pentecôte, c'était pour moi, disais-je, le temps de parler, parce que des langues de feu nous avaient été données, à nous, successeurs des Apôtres ; mais c'est  CXLVI. Pour la Nativité de saint Jean-Baptiste 371 festum linguarum, at nunc tempus vocis est, eum enim celebramus qui vox est clamantis*. Vocalem ergo esse *Joan.,i, 23. opportet hodie, cum Zacharias, vocis paralisi mutus, loquitur *, ad laudandum vocem quse Domini voce lau- * Lucae, i, 64. data est ; sed vereor ne quemadmodum Alexander non alio penicillo pingi volebat quam Apellis *, ita et Joannes * PUn., Hist. nat., alia se voce laudari nolit quam Christi. At vero inter xxxvi). ''^■^''^' laudes ipsius , illa una fuit quod non vento super- bise moveatur : Arundinem vento agitatam'^. Ergo, *Matt.,xi,7;Luc£e, hac mea debili voce vocem istam laudabo, et vocem "^"' -4- quae data est ad dirigendos pedes nostros in viam pacis *. * Lucae, i, 79. Et jam videtis, charissimi mei, de gaudio pacis nostrse etiamnum velle verba miscere ; quomodo enim tacerem in tanta gaudii causa ? Et sane opportune ; ecce enim jam anniversarium diem ago primas meae ad vos con- cionis (i), nec pauciores sunt 25 annis expletis ; et quidem mihi ipsi gratulor qui semper exinde vos expertus sum benevolos auditores , qui nimirum ut multos [prasdica- tores] peritiores at nunquam habituri estis amantiores.  aujourd'hui le temps de parler bien plus haut, car si c'était alors la fête des langues, c'est maintenant le temps de la voix, parce que nous célébrons le Saint qui est la voix de Celui qui crie. Il faut donc parler aujourd'hui, puisque, tout muet qu'il est, Zacharie parle, de sa langue paralysée, pour louer cette voix que la voix du Seigneur a louée. Mais de même qu'Alexandre ne voulait être peint que par le pinceau d'Apelles, je crains bien que Jean ne veuille être loué que par la voix du Christ. Cependant, entre tous ses mérites, celui-ci est principalement remarquable : jamais il ne fut agité par le vent de l'orgueil. Un roseau agité par le vent. Eh bien ! de ma faible voix, je louerai cette voix, et encore la voix de Celui qui doit diriger nos pas dans la voie de la paix. Vous voyez déjà, mes très chers Frères, que je veux mêler à mes paroles quelque chose de la joie de notre paix. Comment me tairais-je en présence d'une si grande cause de joie? La circonstance d'ailleurs est opportune, car c'est l'anniversaire du premier sermon que je vous adressai, il y a vingt-cinq ans complets. Et je m'en félicite, car vous avez toujours été pour moi un auditoire bienveillant; si, à la vérité, vous avez eu bon nombre d'orateurs plus habiles, vous n'en avez pas eu de plus affectionné. Et puisque je vous ai toujours (i) Ces paroles confirment ce que nous avons avancé tome VII de cette Edition, p. i, note ( i ), au sujet de la date du premier sermon de saint François de Sales.  372 Sermons autographes •Ephes., uit., 15. Et quia Evangelium pacis"^ semper vobis nunciavi, nunc, récurrente anniversario die, a pace etiam 26^ prae- dicationis meae annum incipio. G faxit Deus, ut vobis proficientibus ! etc. Joanne nato, omnes mirabantur ob miraculum nativi- tatis ejus, ob matris sterilitatem et setatem efFoetam, ob patris interclusam vocem et iterum restitutam, di- ' Lucaî, I, 66. centes invicem : Qiiis piitas puer iste erif^ ? At Zacharias prophetans : Et tu, inquit, Propheta Altis- sirni vocaberis, etc.; prœibis enim, id est, Propheta, Prsecursor. Quasi diceret : Cum Christus sol oriens ex alto, vel solis ortus ex alto visitare nos ex alto, tu aurora et hesper gratissimus, et tanquam pronubus et héraut, parare vias ejus. Sed quomodo paravit?yl '-'■ 4°. et 5°. Ex Beato Amedeo *. Facile judicium et jus- ^S" B.\med. "^ titiam'' (Juslilia et pax osculatœ sunl*''), et diligite : >/^^";;'^^^";/; pauperes : Qui habet duas tunicas, det non habenti.  pourquoi notre Jean [reçoit les soldats] ; le centurion et tant de rois sont saints. La guerre est un effet de la justice divine. Mais combien nous sommes heureux ! Voici que la paix nous arrive contre toute attente, et pour la plus grande gloire de notre Prince qui a mesure son épée avec celle du plus puissant Roi. Puisse-t-elle durer ! C'est mon désir, il se réalisera, i. si nous rendons à Dieu les actions de grâce qui lui sont dues ; les sources se dessèchent si personne n'y puise. L'Ange adressa ces paroles à Gédéon : Q^ue la paix soit avec toi, tu ne mourras pas ; il batit un autel au Seigneur et il l'appela : Paix du Seigneur. 2 Pline dit : « Ne comprimez ni ne gaulez l'olivier. » Ceux qui aiment votre loi jouissent d'une grande paix, et il n'y a pas pour eux de scandale. On donnera à celui qui a, et on ôtera à celui qui na pas. La paix ne doit pas être oisive, mais tranquille. 3. Qu'il n'y ait pas de querelles ni de contestations. Que celui qui a deux tuniques en donne une à celui qui nen a point. Tous cherchent leurs intérêts et non les intérêts de Jésus-Christ. 4. et V Leçons à tirer de l'exemple du bienheureux Amédée. Rende^ le jugement et la justice (La justice et la paix se sont embrassées), et aimez les pauvres : (^e celui qui a deux tuniques en donne une à celui qui n'en a point,  CXLVII SOMMAIRE d'un SERMON POUR LA FÊTE DE L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE 15 août 1618 (Inédit)  (Ms. p. 124, recto) ANNO 1618. ANNESSII Q,uoe est ista quœ progreditur quasi aurofa consurgens, pulchra ut luna, electa ut sol, terribilis ut castrorum actes ordinata ? [Cant., VI, 9.] Zeuxis imaginem pinxit mirabilem, quam dixit « potius *Videsupra,p.245. admiratam iri quam imitatam*. » Et ecce Ecclesia vobis ob oculos ponit Assumptionem, quam et vos admirari vult et imitari. Sanctus Bernardus, serm. 2 in Vigilia Nativitatis * § 8. Domini* : « Proficere est quoddam proficisci. » Psal. * Vers. 6-8. 83* : Beutus vir cujus est auxilium abs te; ascen- siones in corde suo disposuit, in valle lacrymarum,  ANNÉE 1618. ANNECY Quelle est celle-ci qui s'avance comme l'aurore lorsqu'elle se lève, belle comme la lune, éclatante comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille ? Zeuxis peignit une image admirable, de laquelle il déclara qu'elle serait 'c plutôt admirée qu'imitée. » Et voici que l'Eglise vous met sous les yeux l'Assomption [de la Sainte Vierge], voulant que vous l'admiriez et l'imitiez. Saint Bernard, dans son sermon 11'' pour la veille de la Nativité du Seigneur, dit que « l'avancement dans la vie spirituelle est semblable à un voyage. » Bienheureux V homme dont le secours vient de vous; il a disposé des ascensions  CXLVII. Pour la fête de l'Assomption 377 in loco quem posuit. Etenim benedictionem dabit legislator, ibunt de virtute, etc. Bernardus ad Gari- num* : << Inclinavi cor ineiim ad faciendas justifi- * Ep. ccliv, § 2. cationes tuas in œternum, pr opter retributionem *. » * Ps- cxvm, 112, Quam mire Sanctus Bernardus exagitat eos qui proficere nolunt, epistola 341 *: « Qiii se dicit in Christo manere, *Hod.eip. ccclxxxv, débet sicut et ille ambnlavit et ipse ambulare *; Jésus » l'joan., n, 6. autem crescebat et proficiebat, sapientia et œtate et gratia *. » * Luc», n, 40, 52. Ergo Beata Domina crevit, ut aurora, a conceptione ad maternitatem ; unde Angélus ^ra^za plenam invenit *, * ibid., i, 28. et Spiritus Sanctus qui venerat, supervenit*. Invenisti * ibid., f. 33. gratiam*. Noë, Abraham, Joseph. Vide pag. 135 (^). * Ibid., ^. 30.  dans son cœur, dans la vallée de larmes, dans le lieu qu'il a fixé. Car le législateur donnera sa bénédiction, ils iront de vertu, etc. Saint Bernard h Guérin : « J'ai incliné mon cœur à accomplir éternellement vos justifications en vue de la récompense. » Combien admirablement saint Bernard, dans son épître cccXLi^, presse-t-il ceux qui ne veulent pas avancer : « Celui qui dit demeurer dans le Christ, doit marcher lui-même comme il a marché ; or Jésus croissait et avançait en sagesse, en âge et en grâce. » Donc notre bienheureuse Souveraine grandit comme l'aurore depuis sa conception jusqu'à sa maternité ; c'est pourquoi l'Ange la trouva pleine de grâce, et VEsprit-Saiiit qui était déjà venu, vint en elle avec plénitude. Tu as trouvé grâce. Noé, Abraham, Joseph. Voir page 135. ( I ) Si l'on rapproche les textes cités ici de la pagination du Manuscrit, on est amené à conclure que la page 133 qui ne nous est pas parvenue était occupée par un sermon pour la fête de l'Annonciation 161 5. Cf. le feuillet du Ms. indiqué au commencement de notre n» CV.  CXLVIII RECUEIL DE NOTES POUR L'AVENT Décembre 1618 ( i )  Job, 15. f. 35 : Hypocrita concepit dolorem et peperit iniqiiitatem, et utérus ejus prœparat dolos. Job, 4. V. 2 : Si cœperimiis loqui, forsitan moleste accipies; sed conceptum sermonem quis tenere pote- rit ? Verba sunt Elipha^ Theinanites. Vers. 24, 25. Proverb. 8 * : Nondtim erant abissi, et ego jam concepta eram; ante omnes colles ego parturiehar. Is. 26. 17, [18] : Sicut qucB concipit, cum appropinqua- verit ad partum, dolens clamât in doloribus suis, sic facti sumus a facie tua, Domine. Concepimus, et quasi parturivimus, et peperimus spiritum ; saintes non fecimus in terra, ideo non ceciderunt habita- tores terrœ. Saintes non fecimus, id est, spem  L'hypocrite a conçu la douleur et il a enfanté l'iniquité, et son cœur prépare des fourberies. Si nous commençons à parler, peut-être le supporteras-tu avec peine ; mais qui pourrait retenir le discours qu'il a conçu ? Ce sont les paroles d'Elipha^ le Thémanite. Les abîmes n étaient pas encore, et moi j'étais déjà conçue ; avant toutes les collines j'étais enfantée.. . Comme celle qui a conçu, lorsqu'elle approche de l'enfantement, souffre et crie dans ses douleurs, ainsi sommes-nous devenus devant votre face. Seigneur. Nous avons conçu , nous avons été comme en travail, et nous avons enfanté T esprit ; nous n avons pas nïis notre salut dans la terre, c'est pour cela que les habitants de la terre ne sont pas tombés. Nous n'avons pas mis notre salut, c'est-à-dire, nous 71' avons pas mis l'espérance ( I ) Ces notes étant écrites au dos d'une lettre datée du 13 octobre 1618, on a toute raison de supposer qu'elles ont été préparées en vue des prédications que saint François de Sales fit à Paris pendant l'Avent de cette même anaée, Elles n'ont jamais figuré dans les précédentes éditions de ses Œuvres,  CXLVIII. Pour l'Avent 379 salutis nostrae non posuimus, in terra; quasi partiiri- ifimus, quia peccator dolet et de dolore gaudet. Pacifica est ista amaritudo *. * is., xxxvm, 17. Is. 33. f. Il : Concipietis ardorem, parietis stipu- lam ; spiritus vester ut ignis vorabit vos. Is. 59. f. 4 : Non est qui invocet justitiam neque est qui judicet vere, sed confidunt in nihilo et loquuntur vanitates ; conceperunt dolorem et pepe- rerunt iniquitatem. Vide locum egregium , j. 13 : Concepimus, et locuti sumus de corde verba men- dacii. Jac. i *: Concupiscentia cum conceperit, parit * Vers. 15. peccatum. Psal. 7* : Ecce parturiit injustitiam, *Vers. 15, 16. concepit dolorem et peperit iniquitatem ; lacum aperuit et ejfodit eum, incidit in foveam quam fecit. Ro. 8. f. 28 : Scimus autem qiioniam, etc. Nam quos prescivit, et prœdestinavit conform.es fieri imaginis Filii sui, ut sit ipse primogenitus in multis fra- tribus *. Stigmata; ad Gai. 6 **. O insensati Galatœ, Ly^J!^' j*^' quis vos fascinavit noîi obedire veritati, ante quo- rum oculos Christus prœscriptus est in vobis cru- ci fixus ? Gai. 3 *. * Vers. r. Is. 37 * : Venerunt filii usque ad partum, et virtus 'Vers. 3. non erat pariendi. Is. 66* : Antequam parturiret *Vers. 7, 8.  de notre salut dans la, terre ; nous avons été comme en travail, parce que le pécheur s'attriste et se réjouit de sa douleur. Cette amertume est paisible. Vous concevrez de la flamme et vous enfantere^ de la paille ; votre esprit vous dévorera comme le feu. Il n'est personne qui invoque la justice ni qui juge dans la vérité, mais ils se confient dans le néant et parlent de vanités; ils ont conçu la douleur et ils ont enfanté l'iniquité. Voir le remarquable passage : Nous avons conçu et proféré de notre cœur des paroles de mensonge... Lorsque la concupiscence a conçu, elle enfante le péché... Voilà qu'il a enfanté V injustice, il a conçu la douleur et mis au monde V iniquité ; il a ouvert un abîme et il l'a creusé, il est tombé dans la fosse qu'il avait faite. Or nous savons que, etc. Car ceux quil a connus par sa prescience, il les a aussi prédestinés pour être conformes a V image de son Fils, afin qu'il fût lui-même le premier-né entre beaucoup de frères. Les stigmates. O Galates insensés, qui vous a fascinés pour ne pas obéir à la vérité, vous aux yeux de qui a été dépeint Jésus-Christ crucifié au milieu de vous? Les enfants ont été prêts h sortir du sein de leur mère, et elle n'a pas eu la force de les enfanter,,. Avant qu'elle fût en travail elle a enfanté, avant que  380  Sermons autographes  peperit, antequarn veniret partus ejus peperit inas- culum ; quts audivit unquam taie, aut quis videbit * Hodie c.xiv. huîc sîmile ? Damasc, 1. 4 de Fide orth., c. 15*, de Virgine interpretatur. Filioli, quos iteriim parturio, donec fornietur in vohis Christus ; Gai. 4. y. 19. Job, 39, y. i. et 3 : Nun- quid parturientes cervas observasti ? Incurvantur ad fœtum et pariunt, et rugitum emittunt. Greg., * Hodie c. XIII. [1.] 30. Moral., c. II*, id ad Paulum accommodât, par- turientem iterum Galatas. •Vers. 20. Galat., supra* : Velletn autem esse apud vos modo, et miitare vocem ineam ; variis nimirum inflexionibus, nunc blandiens, nunc irascens, nunc plangens. Bernar- * Sermo m de Ad- dus ait nos matres esse debere *. Ephes. 4. ^. 23. [24] : Reiiovamini spiritu mentis vestrœ, et induite novum homiiiem qui secundum Deum creatus in jiistitia et sanctitate veritatis. Jo. c. 16. ;^, 21 : Mulier cîim parit, etc. Parvulum Christum esse est Ruperti sententia *, et plerique Graeci ; vide Maldonatum *. Ro. i3 ** : Induimini Dominum nos- trum Jesum Christum , dupliciter : pro merito, pro expressione habituum.  ventu, § 5.  * Comm. in Joan. c. xii, circa med. * Comm. in Joan. ad locum. ♦•Vers. ult.  vînt le temps de son enfantement elle a mis au monde un enfant mâle ; qui a jamais ouï une telle chose, et qui a vu rien de semblable? Saint Jean Damascène, De la. Foi orthodoxe, liv. IV, chap. xv, interprète ce passage de la Sainte Vierge. Mes petits enfants, pour qui je ressens de nouveau les douleurs de Venfante- tnent, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous... As-tu observé les biches lorsqu'elles enfantent? Elles se courbent pour produire leur fruit et elles le mettent au jour, et elles poussent des rugissements. Saint Grégoire, dans ses Morales, liv. XXX, chap. xi, applique ce texte à saint Paul, enfantant de nouveau les Galates. Mais je voudrais être maintenant près de vous, et changer mon langage ; c'est-à-dire, varier les inflexions de ma voix, tantôt caressant, tantôt me cour- rouçant, tantôt pleurant. Saint Bernard dit que nous devons être des mères. Renouvele{-vous dans F esprit de votre âme, et revêtez-vous de l'homme nouveau qui a été créé selon Dieu dans la justice et la sainteté de la vérité... La femme lorsquelle enfante, etc. D'après Rupert et plusieurs Grecs, l'enfant doit être le Christ ; voir Maldonat. Revêtez-vous de notre Seigneur Jésus- Christ, d'une double façon : pour participer i ses mérites, pour reproduira •es vertus.  CXLVIII. Pour l'Avent 381 Luc. 8 * : Mater mea et fratres mei M sunt qui * Vers. 21. audiunt verhiun Dei ; audiiint et faciunt. Mat. 12 * : * Vers. uit. Qui fecerit voluntatem Patris mei, ille meus f rater, et soror, et mater est : frater, quia ego facio ; et soror similiter, ut includat utrumque sexum ; et mater, quia me in corde suo concepit et deinde parit. iVugusti- nus, 1. De Sancta Virginitate, c. 5, consolatur virgines quia matres Christi esse possunt. Psal. 21* : Oiioniam tu es qui extraxisti me de * Vers. 10. ventre. Aug' *, epistola 81 **, ad Siricium. Tob eductus ^J^^^^^^^"^^^^"^^- <=> ' r j '*Hodie epist. xlii, est de vulva * ut caeteri ; at Christus de ventre. §§ 3-7- Gai. 2* : Christo confixus sum cruci ; vivo ego, • vers. 19, 20. jam non, [etc.]  Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent ïa parole de Dieu, qui F écoutent et qui l'accomplissent. Celui qui fait la volonté de mon Père, celui-là est mon frère et ma sœur et ma mère : mon frère, parce que moi-même je le rends tel; et également ma sœur, pour comprendre les deux sexes ; et ma mère, parce qu'il m'a conçu dans son cœur et ensuite il m'enfante. Saint Augustin, livre De la sainte Virginité, chap. v, console les vierges, puisqu'elles peuvent être mères de Jésus-Christ. Parce que c'est vous qui m'ave^ tiré du sein de ma mère... Je suis cloué a la croix avec le Christ ; je vis, non plus, [etc.]  CXLIX SOMMAIRE D'UX sermon POUR LE TROISIÈME DIMANCHE DE l'AVEXT 15 décembre 1618 (i) (Inédit) I. Suppono salutem Christum aeternam attulisse, ideo • Lucje, I, 71. non nisi ab inimicis salutis libérasse*; 2. très inimicos ; 3. arma esse luctationes eorum. •Vers. 10-12. Eph. 6* : De cœtero, fratres, confortamini in Do- mino et in potentia virtutis ejiis; induite vos arma- turam Dei , ut possitis stare adversus insidias diaboli ; non enim est, [etc.,] sed adversus principes et potestates, adversus tnundi rectores tenebrarum harum, contra spiritualia nequitiœ in celestibus. •II Cor XII - Diabolus caput inimicorum, utitur enim caeteris ; unde : »Matt.,iv,9. angélus Satanœ, carnis stimulus* ; hœc omnia tibi c. XXXII. ' ' ^^^o*. Utuntur malitiis, ut oyseau de pro3'^e; Cassianus**.  I. Je présuppose que le Christ nous a apporté le salut éternel, et, partant, ne nous a délivrés que des ennemis du salut; 2. qu'il y a trois ennemis; 3. qu'ils nous livrent bataille. Du reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa vertu : revéte^-vous de Farmure de Dieu, afin de pouvoir tenir contre les embûches du diable; car ce n'est pas, etc., mais c'est contre les princes et les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits de malice répandus dans l'air. Le diable est le chef des ennemis, car il met en action tous les autres; de là ces expressions : ange de Satan, aiguillon de la chair ; je vous donnerai toutes ces choses. Ils se servent de ruses, comme l'oiseau de proie ; Cassien. (i) D'après les textes réunis dans ce sommaire, on ne peut douter qu'il n'appartienne au troisième Dimanche de l'Avent. L'identité d'écriture que présente cette pièce avec la précédente et avec le n° CLI permet de croire qu'elles remontent à 1618.  CXLIX. Pour le iir Dimanche de l'Avent 383 Exemplum illustre Joannes. Parhelion in die Nati- vitatis [Christi], ex Eusebio *, refert Bonaventura **. [.\x,^ci'J^r^t.^'' Plinius se plures vidisse, semper a latere solis *. "^^ Vita Christi, c. vn, ad nnem. Jiagna tentatio angelica, quae habet in intimo spiritu * Hist. nat., 1. 11, factionem, amorem proprium ; unde angélus, sine externa '^' ^^^^' tentatione, etc. Major tentatione primorum parentum. Donner la carte blanche. O si nobis daretur, quid face- remus ? Credituri erant quicquid diceret. Tu qiiis es ? scilicet : Esne Christus ? Confesstis est et non negavit. Descendunt : Helias es tu ? Non sum. Propheta es tu ? Non. Quid ergo ? quid dicis de teipso , ut responsum, [etc.] Ego vox clamantis in deserto *, etc. Videte descensum : Non sum dignus * Joan., i, 19-23. solvere corrigiam'"^, etc. 'ibid.,^.27;Marc., Sed redeamus. Confesstis est et non negavit. (Nos ^' '^' .<:aepe confitemur et negamus, etiam in confessione.) Nam in ea : Tu quis es ? confitentur et negant. Non. De tentationibus refellendis. In fine, de Christiano Eusebii *. Deinde : Christus * Hist. Eccies.,i.v, c. I. es tu ?  Jean est un exemple célèbre [de la résistance aux tentations]. Il était une sorte de parhélie. Saint Bonaventure, d'après Eusèbe, rapporte qu'il en parut un le jour de la Nativité [du Christ]. Pline dit en avoir vu bon nombre, toujours à côté du soleil. Grande tentation [de Jean] ; comme celle de l'ange, elle éveille une correspondance dans l'intime de l'amour-propre ; c'est pourquoi l'ange, sans être attaqué extérieurement par la tentation, etc. Celle qu'il soutient est plus forte que la tentation de nos premiers parents... Oh! si elle nous était offerte, que ferions-nous ? [Les envoyés de la Synagogue] étaient prêts à croire tout ce qu'il dirait. Qui es-tu ? c'est-à-dire : Es-tu le Christ ? Il confessa et il ne le nia point. Ils descendent : Es-tu Elie? Je ne le suis pas. Es-tu le Prophète? Non. Quoi donc ? que dis-tu de toi-même, afin que [nous donnions] une réponse, [etc.] Je suis la voix de Celui qui crie dans le désert, etc. Voyez l'abaissement : Je ne suis pas digne de délier la courroie, etc. Mais revenons. Il confessa et il ne le nia point. (Nous, souvent nons confes- sons et nous nions, même dans la confession.) En faisant cette question : Qui es-tu? ils confessent et ils nient. Non. De la manière de repousser les tentations. Pour la fin [du sermon], le Chrétien d'Eusèbe. Ensuite : Es-tu le Christ.'  CL  PLAN d'un panégyrique DE SAINTE GENEVIÈVE (0  3 janvier 1619  PRO DIE 3. ANNI 1619, IN FESTO SANCT^E GENOVEF-^; APUD SANCTUM. SULPITIUM.  1°. « Ille tenet et quod latet et quod patet in Divinis Sermonibus qui charitatem tenet in moribus; » August., *Hodte sermocccL, serm. de Laiidibus Charitatis'^. « De Cselo in cœnum ; » TertulL, lib. De Spectaciilis, c. 25. « Qui Curios simulant et bacchanalia vivunt *. » De cursu suo ludere ut proteus et chamseleon *, qui ad placitum colores omnes in cursu suo exprimunt, prseter  * Juven., Sat. 11, 3. * Cf. la Défense, et tom. II hujus Edit., p. 129, not. { I ). Plin.. Hist. nat.,  i.viii,c. XXXIII fa/, rubrum et album*, i Cor. q ** : Sic curro, non quasi in LI). ^ - ^ -Vers. 26.  POUR LE 3"^ JOUR DE l'ANNÉE 16x9, EN LA FÉTE DE SAINTE GENEVIÈVE A SAINT-SULPICE I. « Celui qui dans sa conduite garde la charité, observe tout ce qui est insinué ou explicitement ordonné dans la Sainte Ecriture; » saint Augustin, sermon sur les Louanges de la Charité. « Du Ciel dans la boue ; » Tertullien, livre Des spectacles, chap. xxv. n Ceux qui simulent les Curione et vivent dans l'orgie, n Pendant le cours de sa vie, jouer le rôle d'un protée et d'un caméléon, qui, dans leur course, reflètent à plaisir toutes les couleurs, sauf le rouge et le blanc. Pour moi, je cours, mais non au hasard ; Je combats et je tie donne pas (i) A défaut de l'original, actuellement introuvable, il a fallu donner ce sermon d'après le texte de Béthune (Œuvres de saint François de Sales, 1833, tome XVI), qui le publia pour la première fois. Les éditeurs se sont néan- moins crus en droit de corriger les erreurs palpables, et de régulariser les citations de l'Ecriture selon la méthode communément suivie par l'Auteur.  CL. Pour la fête de sainte Geneviève 385 incertum ; sic piigno, non quasi aerem verberans. Gladiatores antequam ad manus veniant, quoddam prselii spécimen exerunt. Tertul., lib. De Piidicitia, c. 10 : « Funambule pudicitiae ! » Vocat funambulum pudicitiae qui perdendae pudicitiae raagno se periculo committit temere. Leones in pace, cervi in praelio. 2". Exod., c. 38 * : Fecit et labrum œneum cum basi * Vers. 8. sua de speculis mulieruin quce excubabant in ostio tabernaculi. (Hebrsei : Il fit le cuveaii d'airain et son sousbassement d'airain, auquel la remembrance de l'assemblée qui commençoiti^) a la porte du taberna- cle de convenance, apparoissoit. (a) Sed ipsi fatentur Hebraice legi secundum versionem nostram, et Hebraeos dicere de speculis et mulieribus quod minime decuit, nimirum mulieres de votas spécula sua quae de more serea erant ex placito contulisse, quia abjecta vanitate Deo et Templo vacabant.) Ut si les dames darent hujus- modi spécula sua aurea et ornata, quibus se tam inaniter aspiciunt ad cerusam et alia unguenta vultibus suis imponenda ! Quœ excubabant in ostio tabernaculi. Septuaginta,  des coups en Vair. Avant d'en venir sérieusement aux mains, les gladiateurs engageaient un essai de combat. Tertullien, livre De la Ptidicité, chap. x : « O funambule de la chasteté ! » Il appelle funambule de la chasteté celui qui s'expose témérairement à un grand péril de perdre cette vertu. Lions dans la paix, cerfs à la guerre. 3. Il fit encore un bassin d'airain avec sa base, des miroirs des femmes qui veillaient a la porte du tabernacle. D'après les Juifs : [Reprendre au texte, lig. 9.] (a) Cependant les Juifs eux-mêmes avouent que notre version représente le texte original, mais qu'il ne faut pas en conclure que les femmes pieuses offraient leurs miroirs, ordinairement d'airain, parce que déjà elles avaient rejeté la vanité pour vaquer au service de Dieu et du Temple). Oh ! [qu'il serait à souhaiter] que les dames offrissent semblablement les miroirs dorés et ornés dans lesquels elles se regardent si sottement pour appliquer sur leur visage la céruse et autres fards! Celles qui veillaient à la porte du tabernacle. La version des Septante porte, (i) Il est assez probable que les précédents éditeurs ont introduit abusi- vement ici le mot commençait au lieu de convenait (du latin convenire, se rassembler), qui aurait été écrit par le Saint, d'accord en cela avec tous les commentateurs. Mais, à défaut de l'Autographe, nous nous contentons de signaler la bévue, sans oser corriger le texte. Serm. II 25  386 Sermons autographes •Comm.,iniocum. jejutiab ant ,' Chald. , orabant;Caieta.nus'^,exercttafites; Hebr., militàbant, vel exciibabant. Et erant Deo devo- * Vers. 22. tae, quas filii Heli poUuebant cum eis coeuntes, i Reg. , 2 *. *Vers. 19. Et filiae quœ reclusœ erant, 2 Mach., 3*. In hac militia, *§'4- ait Chrysost., homil. 8 in Matth.*, « ssepe fortius viris * Cap. VI. fœminae decertarunt. » Ambrosius, lib. i DeVirginïbus*, eas appellat indefessas, infatigabiles milites castitatis. Or, certum est Beatam Genovefam (multasque Sanc- tas) hujusmodi spécula non dédisse, quae nunquam habuit, sed dédit m3^sticum spéculum : exemplum mirabile quod nobis dédit qui lavari ac mundari volumus ; nostros reprœsentat vultus conservandos. Nam habuit nihil ipsa, pastoribus nata, et pastor ut Rachel, Rebecca et allas antiquae virgines; deinde non vanitati unquam inservivit. 3°. Documenta, i. Gratia Christi eminet in sexu [debili] "Ver's' ^--"0 2' ^^ infirmo, ut gratta Dei sit gratia*. 1 Cor. i ** : Non =7-=9- me misit Deus bapti:iare, sed evangeli^are ; non in sapientia verbi, ut non evaciietiir crux Christi. Verbum enim criicis pereuntibus quidewi stultitia est, iis aiitem qui salvi fiunt, id est, nobis, virtiis * is., XXIX, 14. Dei est. Scriptum est enim'* : Perdam sapientiam sapientiiim, et prudentium prudentiam reprobabo.  celles qui jeûnaient ; l.i Chaldaïque, celles qui priaient; Cajetan, celles qui s'exerçaient, et l'hébreu, celles qui militaient ou veillaient... Et les vierges qui étaient retirées. Dans cette milice, dit saint Chrysostôme dans sa viii^ homélie sur saint Matthieu., » les femmes ont souvent combattu plus vaillamment que les hommes. » Saint Ambroise, livre I Des Vierges, les appelle invincibles et infatigables soldats de la chasteté. Or, il est certain que la bienheureuse Geneviève, ainsi que beaucoup d'autres Saintes, n'a pas donné de ces miroirs, puisqu'elle n'en avait pas; mais elle a donné un miroir mystique dans l'admirable exemple qu'elle nous a laissé, à nous qui voulons nous laver et nous purifier ; miroir dans lequel nous voyons notre visage intérieur dont nous devons prendre soin. Sainte Geneviève ne possédait rien : fille de bergers, elle était bergère elle-même, comme Rachel, Rébecca, et les autres vierges antiques; do plus, elle ne fut jamais asservie à la vanité. 3. Conséquences morales, i. La grâce du Christ éclate dans le sexe [faible] et infirme, afin que la grâce divine soit réellement grâce. Dieu ne ni a pas envoyé pour baptiser, mais pour prêcher l'Evangile ; non point toute/ois selon la sagesse de la parole, afin de ne pas anéantir l.i croix du Christ. Car la parole de la croix est folie pour cenx qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, c est-à-dire pour nous, elle est vertu de Dieu. C'est pourquoi il est  CL. Pour la fête de sainte Geneviève 387 Ubi sapiens ? ubi scriba ? ubi conquisitor hujus sœculi ? Nonne stultam fecit Dominus sapientiam hujus mundi? Qiiod stultum est Dei sapientius est hominibus , et quod infirmum est Dei fortius est hominibus. Qiiœ stulta sunt mundi elegit Deus ut confundat sapientes, et infirma mundi elegit Deus ut confundat fortia, et ignobilia mundi ac contem.- ptibilia elegit Deus, et ea quœ non sunt ut ea quce sunt destrueret, ut non glorietur omnis caro in con- spectu ejus. 2 Cor. 12 * : iV^ magnitudo revelationum * Vers. 7, 9. extollat me, datus est mihi stimulus, etc. Et dixit mihi : Siifficit tibi gratia mea. De Angelis : Ut non glorietur omnis caro in conspectu ejus. Diffidentia, humilitas : se gubernandam dédit, obedivit Episcopis. 2. Omnes qui volunt, etc., ut funambuli timere debent, se segregare, jejunare, orationibus insistere, nam in- cauti pereunt. Tota caelestis, ut intuitur Caelum lacry- matur. Defecerunt oculi mei in eloquium tuum, dicentes : Quando consolaberis m.e * ? * Ps. cxvm, 82. 3. Confidentia in Deum et pietas.  écrit : Je détruirai la sagesse des sages et je réprouverai la prudence des prudents. Oit est le sage ? oii est le scribe ? oii est l'investigateur de ce siècle 7 Dieu na-t-il pas convaincti de folie la sagesse de ce monde ? Ce qui paraît folie en Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse en Dieu est plu: fort que les hommes. Dieu a choisi ce qui est insensé selon le monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi ce qui est infirme selon le monde pour confon- dre ce qui est fort ; Dieu a choisi ce qui est vil et méprisable selon le monde, et les choses qui ne sont pas pour détruire celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie en sa présence... De peur que la grandeur des révélations ne m^ élevât, il m'a été donné un aiguillon, etc. Et il m'a dit : Ma grâce te suffit. [Faire allusion à la chute] des Anges : Afin que nulle chair ne se glorifie en sa présence. Défiance, humilité : elle se livra à la direction d'autrui, elle obéit aux Evéques. 2. Tous ceux qui veulent [conserver la chasteté] doivent craindre comme des funambules, vivre dans la retraite, jeûner, prier avec insistance, car les imprudents périssent. Geneviève devenue toute céleste, répand des larmes chaque fois qu'elle regarde le Ciel. Mes yeux ont défailli dans Vattente de votre parole, disant : Quand me consolerez vous / 3. Confiance en Dieu et piété.  CLI NOTES d'un sermon POUR LA FÊTE DU SAINT SAUVEUR 4 février 1619 (O (Inédites)  AD FESTUM DOMINI NOSTRI SALVATORIS IN ORATORIO, 4. FEBRUARII Sublevatis Jesits oculis in cœhim dixit : Paier, venit hora ; clarifica Ftlium tuum, ut Filins tiins clarificet te, Jo. 17. ^. I. I. Cor. 3 : Omnia vestra snnt, vos autem Christi, Christus autem Dei, ^'. 22. Omnia nostra sunt : ad usum nostrum et propter nos ; vos Christo, ut domini et  POUR LA FETE DU SAUVEUR NOTRE SEIGNEUR A l'oratoire, 4 FÉVRIER Jésus levant les yeux au ciel dit : Mon Père, l'heure est venue ; glorifie^ votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie. Tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu. Tout est à nous : à notre usage et pour nous ; vous êtes au Christ, comme les esclaves sont au maître qui les a achetés, et les membres, au chef. Il a tout ( I ) La parfaite identité d'écriture entre ce sermon et la pièce CXLIX prouve que l'une et l'autre remontent à la même époque, et les mots In Oratorio, ajoutés par l'Auteur sur l'Autographe, confirment cette remarque en démontrant que ces notes datent du séjour qu'il fit à Paris en 1619. On connaît l'intimité qui existait entre l'Evêque de Genève et le Cardinal de Bérulle, fondateur de l'Oratoire, et des témoignages contemporains attestent que notre Saint annonça plusieurs fois la parole de Dieu dans l'église de la Congrégation naissante.  CLI. Pour la fête du saint Sauveur 389 capitis emptitii servi et membra. Omnia creavit propter electos, electos autem propter Christum, Christus autem propter Deum est. Ad Rom. i : Qiii prœdestinatus est Filius Dei, f. 4. Heb. i * : Tanto melior Angelis * Vers. 4, 5. ejfectus, qiianto differentiiis prœ illis nomen hœre- ditavit; cui enim dixit aliquando Angelonim? [etc.] Heb. i.f. 2 : Qiiem constituit hœredem universoriim, per quem fecit et secula. Ut patres omnia faciunt in gratiam filiorum, thésaurisant enim filiis, ut ait Paulus *, • II Cor., xit, 14. sic Deus Pater omnia fecit propter Filium ; nam, ut notât Cornélius*, Filius Dei ut Deus hasres est naturalis; * Comm. ia Heb., at ut homo constitutus est haeres. '' ^' In capite lihri scriptum est de me (libri praedesti- nationis, ut aliqui aiunt apud Cornelium *) ; Heb. 10 **, * Comm. m Heb., Psal. sQ *• Jésus Christus heri, et liodie, ibse et in "Vers. 7. * Vers. 8. secula; Heb. 13. ^'. 8. Heb. 5. ^'. 7 : Q^ii in diebus carnis suœ, prœces supplicationesqiie ad eum qui possit illum salvum facere a morte, cum clamore valido et lachrymis offerens, exauditus est pro sua reverentia. Active et passive ; Greci et Anselmus *. Favet pro reverentia passiva * Expos, in B.PauU quod sequitur * : Et quidem cum esset Filius Dei, (Vide supra, p! 60)! didicit ex iis quœ passus est obedientiam. * Vers. 8.  créé pour les élus; or les élus ont été créés pour le Christ et le Christ, pour Dieu. Qjii a été prédestiné Fils de Dieu. Ayant été fait d'autant supérieur aux Anges, que le nom quil a reçu en partage est bien différent du leur ; car auquel des Anges a-t-il jamais dit? [etc.] Qm'H a constitué héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles. Comme les pères font tout en vue de leurs enfants, car ils thésaurisent pour eux, ainsi que dit saint Paul, de même Dieu le Père a tout fait pour son Fils, parce que, selon la remarque de Corneille, le Fils de Dieu, en tant que Dieu, est héritier naturel, et en tant qu'homme il a été constitué héritier. // est écrit de moi en tête du livre (du livre de la prédestination, comme disent quelques-uns, d'après Corneille). Jésus-Christ était hier, il est aujour- d'hui, et il sera dans tous les siècles. Qui, durant les jours de sa chair, ayant offert avec un grand cri et avec des larmes ses prières et ses supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort, a été exaucé a cause de sa révérence. On peut l'entendre dune révérence active ou d'une révérence passive ; voir les Grecs et Anselme. La suite prouve en faveur de la révérence passive : Et même, quoiqu'il fût le Fils de Dieu, il a appris l'obéissance par ce qu'il a souffert.  390  Sermons autographes  »Vers. 22. Ad Eph. i* : Et ipstim dédit capiit supra omnem Ecclesiam. Apec. 3. y. 14 : Principium creaturœ Dei. In Christo majestas et amor. * Cf. Sent. Lxiv ; Prosper, sententia 30*: Quid futurus est homo, propter Expos.inPs.cxLm, ^^^^ ^^^^ ^^^^^^ ^^^ ^^^^ ,  3.4  Et il Ta établi chef sur toute VEglise. Le principe des créatures de Dieu. Dans le Christ, la majesté et l'amour. Prosper, sentence 30 : A quelle élévation doit arriver l'homme, pour lequel un Dieu s'est fait homme !  CLII SOMMAIRE d'un SERMON POUR LE DIMANCHE DE LA SEPTUAGÉSIME i6 février 1620 (0 (Inédit)  DOMINICA SEPTUAQESIMiE, APUD S. JACOBUM Conventione autem fada, [etc.] Ite et vos in vineam meam, et quodjustum fuerit dabo vobis. [MaTT., XX, 2, 4.] lUustrissima ac fertilissima parabola, sed quae maxi- mum dicendi segetem offert, quam si colligere vellemus tota dies non sufficeret. Vindemiam multam haec nobis vinea suppeditat, sed scriptum , Deuteron. xxill * : • Vers. 24. Ingressus vineam proximi tui, comede uvas quan- tum tihi placuerit, foras aiitem ne ejferas tecum. Ergo quantum unica hora, id enim plaçât comedere,  DIMANCHE DE LA SEPTUAGESIME, A SAINT-JACQUES Or, convention faite, [etc.] Alle^ vous aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera Juste. Parabole très célèbre et très féconde, mais qui offre une si grande moisson de considérations pieuses, que si nous voulions toutes les recueillir, la journée n'y suffirait pas. Cette vigne est chargée d'une copieuse vendange, toutefois il est écrit : Etant entré dans la vigne de ton prochain, mange des raisins autant qu''il te plaira, mais n'en emporte point avec toi. Donc, pendant une heure, puisque c'est l'espace de temps destiné à cette manducation spirituelle, nous (r) Ce sermon a dû être prêché dans l'église des Capucins d'Annecy qui était dédiée à saint Jacques. (Cf. le volume précédent. Sermon LV.) C'est d'après l'écriture des Autographes que la date de cette pièce et celle de la suivante ont été conjecturées.  392 Sermons autographes poterimus, comedemus, dicemusque : i°. Deum nobis laborem quemdam indixisse ; 2°. huic labori mercedem parasse ; 3°. pro ratione laboris mercedem accepturos esse. Job, 5. f. 7 : Homo nascitur ad lahoretn (Cal., ad * V-rs. 2. laborandum in Lege), et avis ad volatum. Ps. 127*: Labores manuum tuarum quia mandiicabis. i.Cor. 3. f. 8 : Unusquisque autem propriam mercedem accipiei seciindum siium laborem. 2. ad Thess. 3. ^.10: Hoc denunciamus vobis, quoniam si quis non vult * Vers. 19. operari nec manducet. Gen. 3* : In siidore vultus * Vers. 9. tui vesceris pane tuo. Ad Gai. 6* : Bonum autem facientes non deficiamus , tempore enitn siio mete- * Citatur ex Cor- mus. « Antoni, quaeris Dec placere ? ora et labora *. » nel., Comm. in II „ , '7- 7 • . t-, ■ 7-. 7 . Thess., III, 10. Cf. Gen. 2. y. 15 : luttt ergo Dominiis Deus hominem s.Ath.,VitaS.Ant., ^^ posiLÏt cum in paradisum, ut operaretur et custo- * De Gen., ad Lit., dirct Ulum ; Augustinus * : « illum hominem. » Inertia * Vers.'io, 13. omnium peccatorum origo. Millier fortis, Prov. 31*, operata est consilio manuum suarum. Unde lex "Luc»'ix''6'' ^° Domini /z/^î/m est *, aratrum^"^ \ Ecclesia, t^m^â! ***. *"Matt'., XXI, 33. /.Cor.p.[yiî-.22-24.] Omnibus omnia factus ut omnes facerem salvos.  mangerons autant que nous pourrons, et nous dirons : premièrement, que Dieu nous a destiné un certain travail à accomplir ; secondement, qu'à ce travail il a préparé une récompense ; et en troisième lieu, que la récompense sera proportionnée au travail accompli. L'homme naît pour le travail (d'après Cal., pour travailler dans la Loi), et l'oiseau pour voler... Parce que tu mangeras le fruit du travail de tes mains... Mais chacun recevra son propre salaire selon son travail... Nous vous déclarons ceci : si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange point... Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front... Or, faisant le bien, ne nous lassons point, car nous moissonnerons en son temps. « Antoine, cherches-tu à plaire à Dieu ? prie et travaille. » Le Seigneur Dieu prit donc Fhomme et le plaça dans le paradis pour le cultiver et le garder ; d'après [une des interprétations proposées par] saint Augustin, c'était pour 'i garder l'homme. » La paresse est la source de tous les péchés. La femme forte a travaillé par le conseil de ses mains. C'est pourquoi la loi du Seigneur est un joug, une charrue; l'Eglise, une vigne. Je me suis fait tout à tous pour les sauver tous. Je fais toutes choses pour FEvangile afin d'en être participant. Ne save^-vous pas que ceux qui courent  CLII. Pour le Dimanche de la Septuagésime 393 Omnia aute?n facto propter Evangelium, lit parti- ceps ejus efficiar. Nescitis quod ii qui in stadio currunt} etc.] sic ciirrite ut comprehendatis. Bernard., ad Garinum * : « Exultavit ut gigas ad currendam • Ep. ccliv, § 4. viam* ; currentem non apprehendit qui et ipse pariter * Ps. xvm, 6. non currit. » Bonum certamen certavi, cursum con- s.ad Tim.4.[ff.j, 8 1 summavi,fidem servavi; in reliquo reposita est mihi corona justitice. Adrianus audiens Martires, etc.; Cornélius, /^Cowm^/î^. in] I . Cor. 2 . ^\ g. Simphorianus *, Nicolaus Tolentinas **. viedevou°c.-^\\."^ ** Surius , die lo Sept. 2. ad Cor. c. 4* : / j t • • • * Comm. in Matt., huthimius *. Beatus dtves qui inventus est sine macula *.  in loca. * Eccli., XXXI, 8  Caprese. Triplex paupertas : professionis, usus et affectionis.  jamais riche ou orgueilleux ne serait entré. Certaine explication au sujet d'une porte de Jérusalem est fabuleuse. Les deux hypothèses sont impossibles; mais la première serait plus facile- ment réalisée par Dieu à qui les créatures irraisonnables ne font nulle résistance ; la seconde plus difficilement, car, par son libre arbitre, l'homme lui résiste. Saint Augustin, sur ce texte : // en fera de plus grandes encore. Saint Jérôme et saint Chrysostôme pensent que le mot impossible est employé hyperboliquement et signifie seulement très difficile : Si V Ethiopien peut changer de peau, etc. Saint Jérôme, sur Isaïe, lx : Tu seras inondé par une multitude de chameaux et par les dromadaires de Madian et d'Epha. Théophylacte explique la difficulté de deux manières : il distingue entre celui qui a été riche et celui qui l'est encore (ainsi saint Augustin contre les Pélagiens, épître lxxxix'), entre celui qui est riche de fait et celui qui l'est d'affection. Euthymius. Bienheureux le riche qui a été trouvé sans tache. Les chèvres. Triple pauvreté : par profession, par pratique, par affection.  CLIV SERMON POUR LA FÊTE DE SAINT JOSEPH 19 mars 1621 ( Isédit)  LUGDUNI, AD FESTUM SRNCTI JOSEPHI IN TEMPLO PATRUM SOCIETATIS JESU NOVITIATUS, CUM PRIMUM PATRONI FESTUM IN TEMPLO REGENTER ^DIFICATO AGERETUR 1621  Jitstus ut palma florehit. PsAL. 91. ^. 13. Sancta et amabilis solemnitas, auditores, sancta et venerabilis ecclesia (templum), sancto et amabili Patriar- chae dedicata. O Sancte Joseph, « quibus te laudibus efferam nescio, quia quem cseli capere non poterant » tuis brachiis conclusisti *! Et ecce primum elogium quod hodierna die profert et cantat Ecclesia in officio Missae * : Jiistus ut palma florehit. Quod ideo elegi tractandum  * Respons. primum ad Matut. B.M.V. • In Introitu.  A LYOîJ, POUR LA FETE DE SAINT JOSEPH DANS L'ÉGLISE DU NOVICIAT DES PÈRES DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS, LE JOUR OU SE CÉLÉBRA POUR LA PREMIÈRE FOIS LA FÊTE PATRONALE DE CETTE ÉGLISE RÉCEMMENT CONSTRUITE i6:r Le juste fleurira comme le palmier. Quelle sainte et aimable solennité, mes auditeurs ! Quelle église (temple) sainte et digne de vénération, dédiée à un saint et aimable Patriarche! O saint Joseph, « je ne sais de quelles louanges vous honorer, parce que vous avez » pressé dans vos bras « Celui que les cieux ne peuvent contenir. » Et voici le premier éloge que ce jour met en lumière et que chante l'Eglise dans l'office de la Messe : Le juste fleurira comme le palmier. Je le choisis pour mon sujet  398 Sermons autographes quia primum est, quia ab avo Sancti Joseph est, sed maxime quia uberem mihi profert materiam loquendi de sacratissimo matrimonio Josephi et Beatae Virginis, et de sacratissima humilitate qua excellentissima sua pri- vilégia et virtutes celavit. Quse erunt duo puncta hujus sermonis, quse concludam petitione aquse quam Samari- • joan., IV, 15. tana petiit *, ut etiam aliquid de Evang-elio Ferise ** »*Sextas post ter- ,. 01 ■■■- -, , , t-T tiam Dom. dicam. hed ut utiliter loquar de tuo hoc Pâtre, verto me ad tuam pietatem : « Sanctissimae Genitricis tuae Sponsi, qusesumus. Domine, meritis adjuvemur, ut quod possi- bilitas nostra non obtinet, ejus nobis intercessione done- •Orat. FestiS.jos. tur * ; » et tibi, o Virgo, dico Ave Maria, etc. En l'Arabie que, pour la bénigne influence du ciel qui la rend fertile en toutes sortes d'arbres aromatiques, on appelle Heureuse, il y a, ce disoyent les Anciens, cet o^^seau tout a fait admirable, et si rare quil est unique, qu'on appelle phœnix . Or, on dit, après la révolution de plusieurs siècles il devient si chargé des infirmités de sa viellesse en sorte qu'a peine peut il voler, et sa vie alhors luy semble tellement mortelle qu'il ne peut pas mesme espérer de vivre que par la mort ; de sorte quil assemble et, etc., et se fait un bûcher, etc. Or, après il vole, il vit gay et joyeux, et avec une jeunesse toute • Pro s. Gregor. vitale il passc un'autre nouvelle suite de siècles, etc. Naz.{?),Carm.,i.I, ^q\\q ggt la narration des Anciens, non seulement pro- sect. II, poema 11, ' ^ 5=6. phanes mais aussi chrestiens ; de saint Basile *, saint • Hexaem., lib. V, ^ c. xxiii; alibi. Ambroyse"^ et cent autres.  parce qu'il est le premier, parce qu"il a été prononcé par l'aïeul de saint Joseph, mais surtout parce qu'il fournit matière abondante pour un discours sur le mariage très sacré de Joseph avec la Bienheureuse Vierge et la très sainte humilité sous laquelle il a caché ses vertus et ses magnifiques privilèges : tels seront les deux points de ce sermon. Je le conclurai en demandant l'eau que demandait la Samaritaine, ce qui me permettra de dire un mot de l'Evangile de la férié. Mais pour que je parle avec profit de votre Père, je m'adresse, Seigneur, à votre piété filiale : « Nous vous en supplions. Seigneur, que les mérites de l'Epoux de votre sainte Mère nous soient en aide, et que les grâces que nous ne pouvons obtenir par nous-mêmes nous soient accordées par son intercession ; » et à vous, ô Vierge, je dis, Ave Maria, etc. [Reprendre au texte, lig. 13.]  CLIV. Pour la fête de saint Joseph 399 Certes, il est vray, mes treschers auditeurs, que le pécheur envielli en son iniquité, etc., il se doit faire un bûcher, et exciter un feu qui le réduise en cendre et le face devenir vermisseau de pœnitence ; puis de cet estât la il passe a la justice, et comme un autre phœnix il vole, il est gay, et se peut dire quil sacrifie le sacrifice de justice : Sacrificabo sacrificium justitiœ^ ; In- *Pss. iv, 6,cxv,7. troibo ad altare Dei, ad Deiim qui lœtificat juven- tutem meam * (3). *Ps. xui, 4. Mays pourquoy vous dis-je ceci ? Parce, mes treschers auditeurs, que TertuUien, 1. de Resur. carnis'^, a ainsy * Cap. xm. entendu nostre verset et la comparayson qui y est -.Justus ut palma fiorehit ; car aj^ant treuvé le mot de phœnix en la version des 72 : Justus ut phœnix florebiti^), il y a dit que le pœnitent parvenu a la parfaite résipiscence et pœnitence, il se treuve tout rajeuni et comme resuscité a la grâce (0. Mais, bien que l'authorité de ce grand personnage mérite beaucoup d'honneur en ce quil a dit de bon sens, si est ce néanmoins quil nous faut attacher a la version ordinaire canonizee par la sainte Eglise, laquelle est justificata in semetipsa * (^1. Et de fait, bien que phœnix * Ps. xvm, 10. en grec signifie ce rare et admirable oyseau duquel nous avons parlé , si est ce quil signifie aussi la palme : la palme estant le phœnix des arbres comme le phœnix est la palme des oyseaux, avec beaucoup de similitude de l'un a l'autre, hormis que la palme n'est pas si rare que le phœnix, ni le phœnix si fertile que la palme. Disons donques que David a dit : Justus ut palma florebit, parlant de la vraye palme ; car qui ne void que sa comparayson est des arbres de la palme et du cèdre ? Sicut cedrus ; et y\x\s,fiorebit, et plantatus'^i^), etc. *Vers. 13, 14.  (a) Je sacrifierai le sacrifice de Justice. Je monterai à V au tel de Dieu, an Dieu qui rejouit ma jeunesse. (b) Le juste fleurira comme le phénix. ( c ) Justifiée par elle-même. (d) Comme le cèdre... fleurira... planté. (i) Voir pages 83, 84, 378 du volume précédent.  400 Sermons autographes Or, il y a mille et mille parangons de la palme au juste (i). La palme est le prince des arbres, le juste, des hommes. EU'est tous-jours verdoyante, elle prend ses accroissemens en haut, demeurant petite et mince du costé de la terre, ell'est toute armée, elle résiste au poids, elle porte des fruitz si excellens. Mays il me sem- ble que tout cela est commun a tous les justes, bien qu'il appartient très particulièrement et avantageusement au glorieux saint Joseph. C'est pourquoy j'ay jette les yeux sur des merveilleuses et rares conditions de cet arbre, qui conviennent, par rapport et similitude, très singu- lièrement a saint Joseph. La première, que les palmes sont de deux sortes : les unes sont maies, que nous pourrons appeller palmiers, et les autres femelles, qui retiennent le nom de palme. Et vo3xi la merveille. On marie les palmes pour les rendre fertiles, et leur mariage est tout virginal, pur, • Vide Plin., Hist. saint et incoutaminé. Explica historiam * quam poteris (al VI). ' graphicev^). O Dieu ! vous voyes des-ja la plus part ce que je veux dire, mays il est expédient que je l'explique pour les simples. Ciim esset desponsata Mater Jesu Maria •Matt.,i, i8. Joseph, antequam convenirent*, etc. (b) Non, le pal- mier ne fœconde pas la palme, c'est le soleil qui la fœconde ; mais la nature a volu observer cette céré- monie, peut estre seulement pour nous acheminer par cette similitude a ce que nous disons maintenant. C'est le Saint Esprit qui féconde la tressainte Vierge : Spiritus • Lucae, 1, 33. Sanctus superveniet in te, et virtiis Altissimi *, etc.; •Matt..i, 20. Quod in ea natum est, de Spiritu Sancto est*i'^).  (a) Exposer le fait de la manière la plus intéressante que je pourrai. (b) Marie Mère de Jésus, étant fiancée a Joseph, avant qu'ils eussent été ensemble, etc. ( c ) L'Esprit-Saint surviendra en toi, et la vertu du Trî's-Haut, etc. Ce qui a été engendré en elle est du Saint-Esprit. { I ) C'est l'une des comparaisons dont le saint Evêque se plaît à user en traitant des gloires de saint Joseph. Déjà il l'a indiquée dans un sermon pour le 19 mars 1614 (voir ci-devant, p. 131), et il la développera longuement dans l'Entretien XIX, prononcé en 1622 pour la même fête.  CLIV. Pour la fête de saint Joseph 401 Mays le Saint Esprit a voulu observer cette cérémonie, que la tressainte Vierge ne conceut pas qu'a l'aspect et a l'ombre du sacré mariage, mariage totalement virginal et qui « virginitatem ^latris non minuit sed sacravit*!^); » et * Secret, in Missa , , . 1, .,1 j • , T 11». Desponsat. B.M.V. c est ce qui exalte merveilleusement saint Joseph, d estre et sfjos. le vray mari d'une si sainte Espouse. C^) Soror nostra parva est, et ubera non habet : quid faciemus so- rori nostrœ in die quando alloquenda est? (Cant. 8, circa finem *.) Si murus est, œdificemus super eum * Vers. 8, 9. propugnacula argentea ; si ostium est, compinga- mus illud tabulis cedrinis. Custos nimirum sacrse virginitatis. Venter tuiis sicut acervus tritici, vallatus liliis *. « -«^dituum Spiritus Sancti » appellat TertuUia- * Cant., vu, 2. nus pudicitiam *. Ex hoc autem matrimonio consurgit *DeCuituFemin., aliud privilegium Sancti Joseph, quia etsi pater natura- ' ' ' ' lis Christi Domini non sit, est tamen plus quam pater putativus, plus quam socer, et Christus licet non sit filius Joseph est tamen filius suus ; il n'est pas son filz, mais un filz sien. Ut columba ferens dactilum et relin- quens eum in horto, palma quae oriretur est possessoris horti. Ergo, ut palma florebit : floret palmier in palma, id est, fructificat. 2°. Comœ ejus sicut elatœ palmarum, nigrœ quasi corvus *. Elatœ nigrœ continent flores albos. Die •Cant.,v, n.  (a) Qui « n'altéra point, mais consacra la virginité de la Mère. » (b) Notre sœur est petite, elle n a pas de mamelles : que ferons-nous a notre sœur au jour où il faudra lui parler ? Si c'est un mur, bâtissons-lui des boulevards d'argent ; si c'est une porte, nous la consoliderons avec des ais de cèdre. Saint Joseph était donc le gardien de la sacrée virginité. Ton sein est comme un monceau de froment entouré de lis. Tertullien appelle la chasteté « la sacristine du temple de l'Esprit-Saint. » Or, de ce mariage dérive un autre privilège de saint Joseph. Celui-ci n'est pas, il est vrai, le père naturel du Christ Seigneur, mais il est plus que son père nourricier, plus que s'il était sim- plement son beau-père, et, bien que le Christ ne soit pas fils de Joseph, il est pourtant un fils sien... Quand une colombe emporte une datte et la laisse tomber dans un jardin, le palmier qu'elle produit appartient au propriétaire du jardin. Saint Joseph y7?Mr/>a donc comme le palmier ; le palmier fleurit, c'est-à-dire porte des fruits, par sa palme. 2. Ses cheveux sont comme les jeunes pousses des palmiers, noirs comme le corbeau. Les pousses noires renferment des fleurs blanches. Raconter le  402  Sermons autographes  •ExCommentar.^?) historiam *. Tustiis ut balma flovehit. Omnes quidem, Cf.Plin..Hist.nat., , • o ^ t i. • i, -t.. *. ^ -u sed maxime Sanctus Joseph, qui numilitate celavit  1. XXIII, c. V (al. LHl)  * Coloss., m, 3. * Matt., I, i8-2r.  omnes virtutes quae eum justum faciebant. Homo tune temporis incognitus : Mortiii estis, et vita vestra abscondita est cum Christo in Deo *. O quanta humi- litas in Evansfelio nostro * !  trait. Le juste fleurira comme le palmier. A la vérité, ce teste s'applique à tous les justes, mais surtout à saint Joseph qui voila de son humilité toutes les vertus qui le rendaient juste. C'était un homme alors inconnu : Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Oh ! quelle humilité dans notre Evangile !  CLV SOMMAIRE D'UN SERMON POUR LA FÊTE DE L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE 15 août 1621 (Inédit)  ANNESSIl. AD FESTUM ASSUMPTIONIS BEAT^C VIRGINIS, 162I IN EJUS vEDE Maria optimam partent elegit. Luc. 10. ^. ult. Non soleo nisi ex sensu littéral! sermones meos con- texere ; verum hic Ecclesise authoritas suadet aliter facere. Intravit Jésus in quoddam castellum, etc. Die Evangelium*, deinde addes : hac comparatione Ecclesia * Luc», x, 38-42. utitur ; domus hsec in qua Christus venit, etc., Maria est Mater, y^dificavit costam. quam tiilerat in mu- lierem ; Gen. 2. y. 22, etc. In Maria, domo Christi, duse sorores : homo exterior, homo interior ; homo vêtus, homo novus. Mea anima portio superior, inferior : Sentio  ANNECY. FÊTE DE l'aSSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE, 162I DANS SON ÉGLISE Marie a choisi la meilleure part. J'ai la coutume de suivre dans mes sermons le sens littéral ; mais ici l'autorité de l'Eglise me persuade d'en agir autrement. Jésus entra dans un village, etc. Raconter l'Evangile et ajouter ensuite : l'Eglise emploie cette com- paraison ; la maison dans laquelle vient le Christ, c'est Marie sa Mère. Il forma la femme de la côte qiiil avait tirée [d'Adam,] 'etc. En Marie, maison du Christ, se trouvent deux sœurs : l'homme extérieur, l'homme intérieur ; le vieil homme, l'homme nouveau. Il y a dans mon âme la partie supérieure et  404 Sermons autographes aliam legem ; condelector Dei legi, secundum inte- • Vers. 22, 23. riorem hominem ; Ro. 7 *. 2. Cor. 4. ^. 16 : Sed licet qui fo ris est noster homo corrumpatur, tamen is qui intus est renovatiir de die in diem. Venit Christus in ventrem, venit in mentem. In ven- trem : Beatus venter qui te portavit, et ubera quœ suxisti ; in mentem : Qiiinimo. beati qui audiunt •Lucae,xi,27,28. verbum Dei et ctistodiunt illud*. NuUa mulier tam attenta contemplationi, nulla tam operosa in actione, in nutriendo Christo. Et Maria relinquit Martam ministrare perfecta abdicatione rerum temporalium et prudentiae carnalis ; nam tota intenta contemplationi et confidentiae in Deum.  la partie inférieure : Je sens une autre loi ; Je me complais dans la loi de Dieu selon l'homme intérieur. Mais, bien que notre homme extérieur se détruise, cependant V homme intérieur se renouvelle de Jour en Jour. Le Christ vint dans le sein de Marie, il vint dans son esprit. Dans son sein : Heureuses les entrailles qui vous ont porté, et les mamelles que vous ave^ sucées ; dans son esprit : Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent. Aucune femme ne fut aussi appliquée à la contemplation, aucune ne fut aussi laborieuse dans l'action, aussi dévouée au soin du Christ. Marie, par un parfait renoncement aux choses temporelles et à la prudence de la chair, laisse Marthe servir ; car elle est tout absorbée par la contemplation et la confiance en Dieu.  CLVI SERMON POUR LA FÊTE DE SAINT PHILIPPE ET DE SAINT JACQUES ET POUR LE CINQUIÈME DIMANCHE APRÈS PÂQUES I*'' mai 1622 (Ixédit)  ANNO VERO 1622 (l), DIE PRIMA MAII (Ms. p. IJJ, recto) C^JE ERAT FESTUM SANCTORUM PHILIPPI ET JACOBI ET DOM.INICA ROGATIONUM, ITA SERMONEM SCRIPSI Amen, amen, dico vobis ; si quid petieritis Patrem in nom,i7ie yneo, dabit vobis, Jo. 16* ; et Jo. 14** : '.yers! 14! Si quid petieritis me in nomine meo, hoc faciam. Postquam Christus, c. 13 Joan., lavit pedes Discipulorum ac praedixit proditionem Judae et Pétri negationem , sequentibus capitibus, XIIII. XV. xvi, dixit verba conso- latoria ad Discipulos, plena mysterii. Inter alia vero eos  MAIS EK 1622, LE I^'' MAI, FÊTE DES SAINTS PHILIPPE ET JACQUES ET DIMANCHE DES ROGATIONS, j'aI ÉCRIT LE SERMON AINSI En ■oérité, en vérité, je vous le dis ; si vous demande^ quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Si vous me demande^ quelque chose en mon nom, je le ferai. Après avoir lavé les pieds de ses Disciples et prédit la trahison de Judas et le reniement de Pierre (Jean, chap. xiii), Jésus, dans les chapitres suivants, adressa à ses Disciples des paroles consolatrices, pleines ( I ) Le mot vero inséré dans le titre, s'explique par la manière dont notre Saint rattache ce sermon au fragment préparé pour le troisième Dimanche de Carême de l'année 1613. Voir ci-devant, p. 168, note ( i ).  4o6 Sermons autographes consolatur ex eo quod quamvis eos relicturus erat quoad praesentiam temporalem, tamen eos semper sua protec- tione erat defensurus et exauditurus. Id autem dupliciter * Ut supra. exprimit* : ut in initie Evangelii Dominicalis : Atnen, amen, dico vohis ; si qiiid petieritis Patrem in no- mine meo, etc.; et ut in fine Evangelii Festi : Si quid petieritis me in nomine meo, hoc faciam. Et tam in une verbo quam in alio vim petitionis et orationis expri- mit. Itaque omnino de oratione habendus est sermo, et ita tempus Rogationum expetit. Verum de oratione di- cere non possumus nisi Deus docuerit, et cum Apostolis dicendum est : Domine, doce nos or are; Luc. xi, f. i. En vérité, en vérité, je vous dis, que si vous demandes quelque chose au Père en mon nom, il vous le donnera. (a) 1°. Vitandi errores Messalianorum sive Euchitarum * Vide pag. 167. qui nimium , Pelagianorum et Wiclefitarum ; supra *. Vide Bellarminum, 3 tom. [Controv.,] De bo7iis Ope- * Lib. I, c, m. ribUS *. 2°. Maie utitur Wiclef distinctione antiquorum theo- logorum ac Sanctorum (triplex oratio : vocalis, mentalis, vitalis sive operum) ; at nos recte uti debemus.  de mystère. Or, entre autres, il leur donne cette consolation, que, s'il les quitte quant à sa présence temporelle, néanmoins, les couvrant toujours de sa protection, il les défendra et les exaucera. Et il exprime sa promesse de deux manières, comme au commencement de l'Evangile du Dimanche : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandei quelque chose à mon Père en mon nom, etc. ; et comme à la fin de l'Evangile de la fête : 5/ vous me demande^ quelque chose en mon nom, je le ferai. Et dans l'une et l'autre proposition, il exprime la puissance de la demande et de la prière. 'Voilà pourquoi nous devons absolument parler de la prière ; le temps des Rogations du reste l'exige. Mais nous ne pouvons parler de la prière que si Dieu nous instruit ; disons donc avec les Apôtres : Seigneur, enseignez-nous h prier. [Reprendre au texte, lig. 13.] (a) I. Il faut éviter les erreurs des Messaliens ou des Euchites qui exagé- raient, et celles des Pélagiens et des Wiclefistes; voir plus haut. Voir encore Bellarmin, tome III [de ses Controverses, Traité] sur les bonnes Œuvres. a. Wiclef use mal de la distinction des anciens théologiens et des Saints qui comptaient trois sortes de prières : la vocale, la mentale et la vitale ou la prière des œuvres; quant à nous, nous en devons bien user.  CLVl. Pour la fête des saints Philippe et Jacques 407 [Vocalis.] Voce inea ad Dominiim clamavi, voce mea ad Dominiim deprecatiis sum ; Ps. 141 *. Aug-ustinus ** * Y^rs. i. „ , . , -r^ 7 , . "Inlocum Ps.; et et -h-cclesiae consuetudo : Domine, labia mea apertes, Confess. , 1. x, c et os menm amiunciatit laudem tuam'^ ; « Praeceptis «p^^l, 17. salutaribus moniti, et divina institutione format! *. » *lnMissa,antePat. Mentalis. Sicut pullus hirundinis sic clamabo, meditahor ut coltunba ; Isa. 38 *. Qiiomodo dilexi * Vers. 14. legem tuam, Domine! tota die m,editatio mea est; [Ps.] 118*. Pulcher locus, Ex. 14. y, 15 : Quid claînas ' Vers. 97. ad me*? Bernardus, sermo 16 in Psal. go** : « Clamor in * Cf. supra, p. 96. **§ I. Dei auribus est vehemens desiderium. » Apud Deum, non tam valet clamor quam amor. Cassiodor., in Psal. 16 : « Oratio est perfecta cujus et causa clamât et lingua, et vita et cogitatio. » Vitalis. Absconde (Ecoles'. 29 *), conclude eleemosy- * Vers. 15. nam. in sinu, in corde pauperis, et ipsa orabit pro te ad Dominum. Abbas Lucius in Vitis Patrum *, apud * Lib. v, libei. xn, Cornel., in Com. Epistolœ [I] ad Thessalonicenses* , * in cap. v, 17, 18. fol. 697. Sic antiqui principes monasteria faciebant et pii viri monasteria faciunt, in quibus semper oratur * et * Lucas, xvm, i. semper ipsi cum orantibus orant, ut Saulus erat in manibus lapidantium *, etc. *Act., vu, 57, 39.  [Vocale.] y<«' éle'oé ma voix pour crier vers le Seigneur ; J'ai élevé ma voix pour supplier le Seigneur. Saint Augustin et la coutume de l'Eglise : Seigneur, ouvre:; mes lèvres, et ma bouche annoncera votre louange. « Instruits par vos préceptes salutaires, et formés à votre école divine. » Mentale. Je crierai comme le petit de l'hirondelle, Je méditerai comme la colombe. Combien ai-Je aimé votre loi. Seigneur l Elle est tout le Jour le sujet de ma méditation. Beau passage, dans l'Exode : Pourquoi cries-tu vers moi? Saint Bernard, sermon xvi* sur le Psaume xc, dit : « C'est une clameur aux oreilles de Dieu, qu'un ardent désir. » Auprès de Dieu le cri ne vaut pas autant que l'amour. Cassiodore, sur le Psaume xvi, déclare que « la prière est parfaite quand l'objet de cette prière, la langue, la vie, la pensée crient à la fois. « Vitale. Cache, renferme l'aumône dans le sein, dans le cœur du pauvre, et elle priera pour toi le Seigneur. L'abbé Lucius, dans les Vies des Pères, cité par Corneille, dans son Commentaire sur la [/»"«] Epitre aux Thessaloniciens, folio 697. C'est ainsi que les anciens princes fondaient, que les hommes pieux fondent encore des monastères où toujours on prie, et où, avec ceux qui prient, eux-mêmes prient toujours; de même Saul agissait par les mains de ceux qui lapidaient, etc.  4o8  Sermons autographes  3°. In omnibus orationibus semper petitur a Deo; ipsi servimus, non nobis ipsis inutiles sed Deo* : Inclinavi cor meum ad faciendas^, etc. Tria vero notantur. Si quid petieritis Patrem in nomine ineo, dahit vohis'^. Porro duo verba principalia expendo. Patrem : Levavi ociilos meos in montes * ; omnis oratio termi- natur ad Deum : Ad te levavi oculos meos, qui habitas in cœlis *. Et cum dicimus Patrem, loquimur de tota Sancta Trinitate ; sic enim, c. 14* : Si quid petieritis 7ne in nomine meo hoc faciam. Ego et Pater unum siimus'^. Philippe, qui videt me, videt et Patrem meum. Nescitis quia ego in Pâtre et Pater in nie est*? Petimus quidem a Sanctis, sed non absolute, sed petimus prœces nostras eorum praecibus adjuvari. Itaque : « Sur- sum corda. Habemus ad Dominum *. » In nomine meo, tanquam Mediatoris (antiqui jam ita orabant, sed non explicite; nunc explicatius, nunc intentius, ut explicatius creditur) ; alioquin non sumus digni aspici. Pr opter David servum tuum non avertas * Ps cxxxi, 10. faciem Christi tui*. Omnipotens oratio, nam « vere * In Missa, ad Prae- -^ ^ fat. dignum et justum est* » exaudiri Filium a Pâtre. Non  * Lucae, xvii, ro. * Ps. CXVUI, 112. * Joan., XVI, 23. * Ps. cxx, I. * Ps. CXXII, I. * Vers. 14. * Joan., X, 30. * Ibid., XIV, g, lo.  * In Missa, ante Prafat. fMs. p. ijj, verso)  3. Toute prière renferme toujours une demande à Dieu ; nous sommes serviteurs inutiles, non relativement à nous-mêmes, mais relativement à Dieu. J^ ai porté mon cœur à accomplir, etc. Mais il faut faire trois remarques. Si vous demande^ quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Or je vais développer les deux mots les plus importants. Père : y ai levé mes yeux vers les montagnes ; toute prière aboutit à Dieu : y ai levé mes yeux vers vous qui habite^ dans les deux. Et quand nous disons Père, nous comprenons toute la sainte Trinité ; c'est ce qui explique le chapitre xiv : Si vous me demande^ quelque chose en mon nom, je le ferai. Mon Père et moi sommes un. Philippe, qui me voit, voit aussi mon Père. Ne savez-vous pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi? Nous demandons bien aux Saints, mais non d'une manière absolue, nous demandons qu'ils appuient nos prières par les leurs. Aussi disons-nous : « En haut les cœurs ! Nous les tenons élevés vers le Seigneur. >> En mon nom, comme Médiateur (déjà les anciens priaient de la sorte, mais implicitement; nous, nous prions ainsi plus explicitement, plus formel- lement, comme notre foi aussi est plus explicite); sans cela nous ne serions pas dignes d'être regardés. A cause de David votre serviteur, ne détournez pas la face de votre Christ. La prière est toute-puissante, car « il est vraiment digne et juste » que le Fils soit exaucé du Père. Vous n'ave^ pas reçu l'esprit  CLVI. Pour la fête des saints Philippe et Jacques 409  accepistis spiritum servitutis iterum in timoré, sed accepistis spiritum filioriim, in qiio clamamus : Abba, Pater *. Respice in faciem Christi tiii*"^. Joan- nis abbatis oratio *. [Cornélius,] fol. 565. [Comm.J in Pentath.*, Jacob in imo scalse **. Ita Ecclesiae omnes praeces, ab initio, incipit a Cruce, desinit in Crucem.  * Rom., VIII, 15. "Ps. Lxxxiii, 10. * Vite Patr., 1. X, C. LXXXIII. * In locum seq. **Gen., XXVIII, 12.  de servitude qui vous retienne encore dans la crainte ; mais vous ave^ reçu l'esprit des enfants, par lequel nous crions : Abba, Père. Regarde^ en la face de voire Christ. Prière de l'abbé Jean. [Corneille,] folio 565 [de son Commen- taire] sur le Pentateuque, Jacob au bas de l'échelle. Aussi dès l'origine, l'Eglise commence et finit-elle toutes ses prières par le signe de la Croix.  CLVII RECUEIL DE NOTES SUR DIVERS SUJETS (^1 Cap. IX, 15. Vide in Actis Apostolorum * Beatum Paulum dici vas electionis , non quia praedestinavit ad gloriam more reliquorum salvandorum, sed quia destinavit ad excel- lentem gratiam, tum gratum facientem, tum ad peculia- rem gratiam gratis datam, et insigne ofl&cium. Quomodo intelligi etiam débet id quod de vasis dixit idem Sanctus Vers. 21-23. Paulus, ad Rom. c. 9 *, et de Jacob et Esau **, etc.; nam unus locus alteri lucet ad interpretationemforsan. [Gen.,] 25- f- 23-  **Vers. 10-13.  Vers. 16. Psal. 70*. Vide apud Genebrardum** quomodo, quan- 'Comm.inPsaim. ^^ nescimus misteria , recurrendum sit ad potentiam Domini.  Voir dans les Actes des Apôtres, saint Paul appelé vase (ïélection, non seule- ment parce que Dieu le prédestinait à la gloire, comme il y prédestine les autres élus, mais parce qu'il le destinait soit à une éminente grâce de celles qui sont z.'Ç'çtXk&s gratum faciens, soit à une grâce spéciale ^ra/is data, et qu'il l'appelait à une mission extraordinaire. Il faut entendre dans ce sens ce que le même saint Paul dit des vases, et de Jacob et d'Esaù; car un passage donne peut-être lumière pour l'interprétation de l'autre. Voir dans Génébrard comment il faut recourir à la puissance du Seigneur quand nous ne comprenons pas un mystère. ( I ) Comme il est impossible de préciser en vue de quelles prédications ces notes ont été préparées, on a cru devoir les renvoyer à la fin des Sermons Autographes, bien qu'on ne puisse douter, d'après l'écriture, qu'elles remontent à la jeunesse de notre Saint. C'est néanmoins sans preuves positives que Migne leur attribue la date de 1594. Le mot forsan qui, dans cette pièce, revient régulièrement après chaque proposition, indique la réserve avec laquelle elle est émise. Il a paru superflu de le répéter chaque fois dans la traduction.  CLVII. Sur divers sujets  411  Cum exarserit in brevi ira ej'us*, etc., intellige *Ps. n, uit de ira quae in Verbo abbreviato super terram * exarsit in die Passionis forsan. Vel brevi, id est, statiin ; est enim phrasis antiquae Scripturse ut dicat Incarnationem statim futuram *, et non tardabit **, etc. Quod ideo dicitur quia brève est spatium, non absolute quidem, sed habito respectu ad id quod merebamur, cum enim mere- mur ut nunquam veniret qui mittendus erat*. Et si tertia aetate venerit, cito ac statiin dicitur venisse, compara- tione nimirum aeternitatis qua potuisset tardare forsan.  *Is.,x,22,23;Rom., IX, 28.  Malach., m, r. 'Habacuc, 11, 3.  Gen., XLix, 10.  Haeresis ut cancer serpif^, velociter currit sermo * ii Tim., n, 17. ejus *. Serpit hseresis, quia tota terras humanoque intel- • Ps. cxlvh, 4. ligendi modo innititur, et ventri innititur et gulae et libertati carnali ; at sermo Domini currit, scilicet quia pedibus leviter terram tangit, quod faciunt velociter currentes. Accommodât enim se per similitudines et parabolas nobis, at quod reliquum est in sublimia et ardua misteria fertur. Id forsan. Qui capite gerit titulum De Prœsumptionibus , meretur ut illi proferatur capitulum : Ajferte mihi gladium*. 'iii Reg., m, 24. Forsan.  Lorsque sa colère s enflamtnera in brevi. L'entendre peut-être du courroux qui a sévi au jour de la Passion, contre le Verbe presque anéanti (abbreviato) sur la terre ; ou encore, bientôt, en peu de temps, c'est-à-dire, aussitôt. C'est le style de l'Ancien Testament d'annoncer que l'Incarnation aura lieu aussitôt, et qu'elle ne tardera pas. Ces expressions indiquent une durée courte non p?s en soi, mais relativement à nos mérites, car nous méritions que le Messie ne vînt jamais. Et, bien qu'il soit venu dans le troisième âge, on dit qu'il est venu promptement et aussitôt, peut-être par comparaison avec la durée de l'éternité, pendant laquelle aurait pu se prolonger notre attente. L'hérésie rampe comme la gangrène, la divine parole court avec vitesse. L'hérésie rampe parce qu'elle s'appuie tout entière sur la terre et sur la raison humaine, et qu'elle favorise l'avidité des sens et la liberté de la chair ; mais la parole du Seigneur court toujours, parce qu'elle touche la terre du bout des pieds, comme font ceux qui courent avec célérité. Effectivement, tout en se mettant à notre portée par des similitudes et des paraboles, elle s'élève, du reste, à de sublimes et difficiles mystères. Celui qui se fonde sur le titre Des présomptions, mérite qu'on lui applique le chapitre : Apporte\-moi un glaive.  412 Sermons autographes ' Act., 1, 14. Apostoli dum perseverarent cum Maria * acceperunt Spiritum Sanctum. Quod nota, tum ut scias cuîn Maria multum esse lucri , tum praeferri 31ariam omnibus honore tanquam omnium dignissimam ; non enim dice- remus principem ire vel esse cum assecla, sed asseclam cum principe. Forsan. Prima verba quae dicta sunt in deformatione generis humani dicta sunt ad mulierem ; prima quae dicta sunt in reformatione dicta sunt ad Mariam, quod ad ea attinet quae relata sunt ab Evangelistis ; quoad alia vero idem dicendum est, cum credendum sit experimentaliter vel exercitative ab ipsa Matre didicisse. Forsan. Sacerdos concionabundus, ut se non verba mundana I Cor., 1, 23. habiturum sed cœlestia et Christi crucifixi *, initio pingit Crucem, quae principium est et pars concionis. Ave Maria autem est invocatio separata. Forsan. Sermo Christi est ut rosarium : folia, spem virescen- tem ; spinae , fidem repugnantem sensui et mundo ; rosae, charitatem. Vel, folia gratiam, rosae praemia, spinae pœnas. Ex hoc rosario qui sine lumine temere rosas, id est, sensus, vult capere, saepe pungitur. Forsan.  C'est lorsque les Apôtres persévéraient avec Marie qu'ils reçurent l'Esprit- Saint. Noter cela pour comprendre soit le grand avantage qu'il y a d'être avec Marie, soit la préséance d'honneur qui place Marie au-dessus de tous, comme étant la plus digne ; car nous ne disons pas que le prince voyage ou est avec son courtisan, nous disons que celui-ci est avec son prince. Les premières paroles concernant la chute du genre humain ont été dites à la femme ; les premières concernant la réparation furent dites à Marie, celles du moins que rapportent les Evangélistes ; mais il faut en croire autant de celles prononcées par Jésus-Christ, puisque sa Mère a contribué à lui faire acquérir la science expérimentale ou exercitative. Le prêtre commence la prédication en traçant le signe de la Croix, pour montrer que ses paroles seront non pas mondaines mais célestes. Ce signe est le début et fait partie du discours. Quant à YAve Maria, il forme une invocation distincte. La parole du Christ est comme un jardin planté de rosiers : les feuilles sont la verdeur de l'espérance ; les épines, la lutte de la foi contre les sens et le monde ; les roses, la charité. Ou bien les feuilles sont la grâce ; les roses, la récompense; les épines, le châtiment. L'imprudent qui, sans discernement, veut y cueillir des roses, c'est-à-dire des interprétations arbitraires, se pique souvent.  CLVII. Sur divers sujets 413 Esau fuisse damnatum quod ad personam attinet, non video quomodo constet. Vix enim quicquam mali de eo referunt Scripturee ; in Genesi mortem autem ejus non scribunt, quia persequuntur tantum quae ad populum electum spectabant. Quae vero dicuntur in Osaea *, in ^Cap.i, 6-10, 11,23, Genesi *, ad Ro.** et alibi, constat apertissime, si omnia ' Cap. xxv, 23. **Cao.ix, 10-13, 25, iriter se conferantur ut par est, intelligi de populis 26. Israeliticis et Idumaeis, non de personis. Illud enim : Major serviet ininori'^, observatur recte ab Augus- • Gen., xxv, 23. tino * non posse applicari personis nisi moraliter, ut * Sermo xinApp., Esau serviverit persequendo. Forsan.  Je ne vois pas la preuve de la damnation personnelle d'Esaii. LEcriture ne dit presque pas de mal de lui. La Genèse ne raconte pas sa mort parce que les Saintes Ecritures s'attachent seulement à ce qui concerne le peuple choisi. Les paroles qu'on lit dans Osée, la Genèse, l'Epître aux Romains et ailleurs prouvent très clairement, si, comme on le doit, on les compare toutes entre elles, qu'il s'agit non des personnes, mais des peuples d'Israël et de l'Idumée. Ces mots : rainé servira le plus Jeune, comme l'observe avec raison saint Augustin, ne peuvent s'appliquer aux personnes que moralement, comme par exemple lorsque Esau a servi Jacob en le persécutant.  CLVIII SERMON POUR LA FÊTE DE l'exaltation DE LA SAINTE CROIX (i)  Dieu m'a donné un extraordinaire désir de planter en tous les cœurs des enfans de la sainte Eglise la révérence et l'amour de la sainte Croix de Nostre Sei- gneur Jésus Christ. J'ay plusieurs fois considéré qu'après que le grand Judas Machabee eut reedifié le Temple de l'ancienne Sinagogue, la nation hébraïque sentit tant de consolation, que tous les peuples tombans en face louèrent et bénirent Dieu qui les avoit ainsy pros- I Mach,, IV, 55, peré *. Dans ceste pensée je dis : O mon Dieu, quelle  ( I ) Cette pièce ne figure pas dans les anciennes éditions des Œuvres complètes de saint François de Sales, ni parmi les Sermons de 1643, non plus que dans aucun Manuscrit des Sermons recueillis. De diligentes recherches nous amènent à conclure, sans toutefois oser l'affirmer, qu'elle a paru pour la première fois dans la quatrième édition des Vrays Entretiens spirituels (Lyon, Cœursilys, 1649), °^ ^Ue est donnée comme un XXIP Entretien. Notre texte est la reproduction de celui de cette édition. Le sermon est formé de la réunion de deux fragments distincts, que, d'après le style et l'ensemble du discours, on peut croire authentiques. Néanmoins, les premiers éditeurs se sont permis plusieurs retouches, comme on s'en convaincra en confrontant les trois premiers alinéas avec le commencement de notre Sermon V, prêché le 14 septembre 1593 (voir le volume précédent, pp. 80, 81). La .seconde partie du texte est empruntée à un discours prononcé à une date bien postérieure et devant un auditoire nombreux et distingué, probablement dans quelque importante ville de France, si l'on en juge par la manière dont sont mentionnés « Messeigneurs les Prelatz, Messieurs de la noblesse, de la « justice, » etc. On ne peut confondre ce discours avec celui qui, d'après VAnn/e Sainte des Religieuses de la Visitation, a été adressé aux Pénitents de la Sainte Croix d'Annecy, le 28 mars 1602. Après les réserves que nous venons de faire, cette pièce nous semble mériter une place à la suite des Sermons Autographes.  CLVIII. Pour la fête de l'Exaltation de la S'* Croix 415 consolation et jubilation de cœur doivent avoir les Chres- tiens, considérant l'exaltation de la sainte Croix, laquelle ayant esté terrassée et abbatue par les infidelles, fut relevée et redressée par ce généreux cappitaine Hera- clius! Certes, nostre joye doit estre d'autant plus grande, qu'en cest ancien Temple il n'y fut jamais offert que des veaux, des boucs, des aigneaux, etc.; mays sur la Croix et en la Croix, le Filz éternel de Dieu s'est offert et immolé. L'ancien Temple ne fut jamais teint d'autre sang que des bestes, mais ceste sainte Croix a esté teinte du sang de VAiitheur et consommateur^ de tous les sacrifices. 'Heb., xu, 2. Ceste Croix devance d'une grande traitte la magnificence de l'ancien Temple, de tout autant que le sacrifice de la sainte Croix surpasse tous les autres ; et il n'y a point de bons Chrestiens qui ne doivent aymer plus tendrement la pauvreté, l'abjection et les douleurs de la Croix de Jésus Christ que les anciens Juifz n'aymoyent les richesses, la magnificence et les délices de leur Temple. Cest ancien Temple fut édifié troys fois : la première sous Salomon, la seconde sous Darius, et la troysiesme sous Machabee. Et ainsy la tressainte Croix a esté exaltée troys fois : la première sous Nostre Seigneur Jésus Christ, la seconde sous Constantin par la dévote sainte Heleine, et la troysiesme sous Heraclius. Les bons Juifz ont tousjours essayé de rebastir leur Temple quand les ennemis l'ont abbatu ou qu'ilz y ont fait des bresches ; de mesme les bons Chrestiens doivent tousjours travail- ler a exalter la sainte Croix , quand plus les ennemis s'efforcent d'en abbattre l'honneur et la dévotion. Saint Paul, cest incomparable maistre et docteur de l'Eglise naissante, avoit pris Jésus Christ en la croix pour les délices de ses amours, pour le thème de ses sermons, pour le but de toutes ses gloires, pour le terme de toutes ses prétentions en ce monde et pour l'appuy de toutes ses espérances en l'éternité. J'ay estimé, dit il, ne rien sçavoir que mon Jésus crucifié *. Ja n'ad- * i Cor., i, 2. vienne que je me glorifie en quelque autre chose qu'en la croix de mon Jésus * .' et ne croyes pas, mes * Gaiat., uit., 14. chers Galates, que j'aye d'autre vie que celle de la croix ;  4i6 Sermons autographes car je vous asseure que je voj^ et sens tellement par tout la croix de mon Sauveur, que par sa grâce je suis du tout crucifié au inonde, et le monde m'est crucifié. Bienheureuse est l'ame qui void ainsy par tout Jésus Christ crucifié. Je conseille volontier a mes devotz et dévotes, pour se rafraischir plus souvent la mémoire de la tressainte Croix, qu'ilz en portent tousjours une ou a leur col ou a leurs chapeletz, et qu'ilz ne soyent jamais sans avoir une croix sur eux pour la voir et bayser souvent, car le bayser est un signe d'amitié : et c'est pourquoy Jésus Christ, le parfait Amant de nos âmes, baysoit ses Apos- tres quand ilz revenoyent a luy ; et saint Paul enseignoit a ses disciples : Salues vous l'un l'autre de ma part, • Rom., uit., i6 ; en VOUS donnant le saint bayser *. lCor.,ult.,2o,etc. Quicomque bayse sans feinte et sans hypocrisie, mais avec une vertueuse intention, son frère chrestien, tesmoi- gne en vérité qu'il ra3^me. Or, pour la preuve de nostre foy, il ne se faut pas contenter de bayser la Croix, mais il faut aymer la Croix ; car la bayser sans l'aymer, c'est augmenter le crime de nostre infidélité, et attirer sur nous les punitions de ce peuple duquel Jésus Christ • Matt., XV, 8; is., disoit * : Ces gens icy m'honnorent des lèvres, ilz ^ix. ï3- jne donnent des baysers hj^pocritiques et des feintes louanges ; mais leur cœur est fort esloigné de moy, et par conséquent leurs œuvres sont fort esloignees de mes intentions. D'où le Chrestien doit inférer que ce n'est pas asses d'honnorer la Croix, s'il ne l'ayme ; de la bayser, s'il ne l'embrasse par une cordiale et ferme resolution, non seulement d'aymer le Crucifix, mais encores la crucifixion de cœur. Quelques contemplatifz ont médité que Jésus Christ, dans la boutique de saint Joseph et en ses trente ans de son adorable vie cachée, s'occupoit quelquefois a • Cf. supra, p. 36; faire des croix pour toutes sortes de personnes * ; et j'ose tora^ VI hurEdlt', ^^ ^a part en présenter a tous. A Messeigneurs les P- 53- Prelatz, je pre.sente la croix de la .sollicitude et des tra- vaux qu'il faut qu'un bon pasteur souffre pour garder,  CLVIII. Pour la fête de l'Exalta iion de la S'« Croix 417 augmenter, nourrir, perfectionner et corriger ses brebis. Geste croix de pasteur est la première que Jésus a portée ; je le prouverois facilement par sa crèche, par ses courses, par ses lassitudes et sueurs proche du puitz de la Samaritaine*, et par son charitable soin pour ceux •Joan.,iv, 6. mesme qui le tourmentoyent. Aux Religieuses et autres gens d'Eglise, je présente la croix de la solitude, du célibat et de l'abnégation du monde ; croix sainte, qui a vrayement touché celle de Nostre Seigneur ; croix pretieuse portée par la Vierge des vierges, Nostre Dame, qui après son adorable Filz a esté la plus sainte, la plus innocente et la plus entiè- rement crucifiée de toutes les âmes amantes de la très sainte Croix. A Messieurs de la noblesse, je donne la croix de la modestie, le bon usage du tems par des occupations d'esprit bonnes et saintes, autant relevées par dessus les œuvres manuelles des roturiers, que leur condition leur donne de prééminence, et leur naissance d'advantage sur les autres. Et pour troysiesme branche de ceste croix, qu'ilz ayent l'amour du vray honneur, qui est la seule vertu de pieté et crainte de Dieu, et la fuite de ce fan- tosme d'honneur imaginaire qui les poursuit , et qui s'estant emparé d'eux les jette dans la vanité, dans l'estime de soy mesme, et de la, dans les duelz, et des duelz dans la damnation éternelle. A Messieurs de la justice, je présente la croix de la doctrine, de l'équité et de la sincère vérité ; croix vraye- ment digne des ministres et officiers du Dieu * juste • Rom., xi,,^, 6. et vivant, qui fait marcher la justice et le jugement devant sa face, et juge toute la terre en équité et vérité, comme parle David *; croix désirable qui crucifie * Pss. lxxxiv, ait., les respectz humains, la crainte des hommes et l'amour ''^^■''='''^^' '°' '?• du propre interest, fait fleurir dans une province la paix et le repos des familles. A ceux du tiers estât, j'offre la croix de l'humilité, du travail et labeur de leurs mains, croix que Dieu a atta- chée a leur naissance, mais sanctifiée par l'usage que Jésus Christ a fait du mestier de charpenterie ; et il fait SeRM. II 27  4i8  Sermons autographes  * Ps. Lxxxvn, i6. dire de soy mesme par son Prophète * : Je suis dans le labeur et dans le travail des ma jeunesse. Ceste croix du travail est très salutaire pour ayder les hommes au salut éternel, parce que l'oysiveté estant la mère des vices, une nécessaire et bonne occupation délivre l'ame de mille fantasies qui sont la source des péchés, et la tient dans une ayraable innocence et bonne foy. Aux jeunes gens, je destine la croix de l'obéissance, de la chasteté et de la retenue en leurs deportemens ; croix salutaire qui crucifie les fougues d'un jeune sang qui commence a bouillir et d'un courage qui n'a pas encores la prudence pour guide, qui rendra en fin nos jeunes gens capables de porter le très suave joug de Nostre Seigneur, en quelque condition que son inspiration les appelle. Aux viellars, je présente la croix de la patience, de la douceur et du sage conseil, croix qui requiert un cœur armé de courage, car ilz ne trouveront dans cest aage avancé et refroid}^ que labeur et douleur sur la terre : c'est le dire de David *. Il y a si grand nombre de croix pour les personnes mariées * et chargées de famille qu'il n'est pas besoin de leur en destiner de particulières ; néanmoins, celle que je leur présente plus volontier c'est le support mutuel, l'amitié fidelle et non interrompue par des amours estrangers, et le soin de l'eslevation des enfans ; en don- nant bon exemple a toute la famille, ne se pas rendre criminel des crimes d'autruy. Les vefves ne manquent non plus de croix. Si elles sont vrayes vefves *^ leur cœur, leur amour et leur playsir doivent estre attachés a la Croix de Jésus Christ, par l'abnégation des passetems du monde et par la médi- tation de la mort, puisque leur chère moitié est des-ja pourrissante au tombeau. Le glorieux saint Anthoine vid un jour toute la terre couverte de pièges et de filetz ; et il me semble, que de mes yeux intérieurs, je la vois toute parsemée de croix. Heureux ceux qui ne fuyent point la croix ! Judas, ce perfide disciple, mena son infernale troupe pour prendre  * Ps. LXXXIX, 10.  * I Cor., vil, aS  I Ti  h 5-  CLVIII. Pour la fête de l'Exaltation de la S"" Croix 419 Jésus et le faire clouer a la croix ; mais quant a luy, le malheureux, il refusa entièrement la croix, ne voulant pas seulement celle de la sainte contrition et pénitence que Jésus Christ luy ofFroit. Ceux qui refusent de prendre humblement et porter vertueusement les croix que Dieu leur présente en ceste vie auront en l'autre le partage de Judas. Le grand roy Salomon dit *, que tout ce qui se passe * Eccies., i, 14. soiLS le soleil est vanité et affliction d'esprit ; cela présupposé, il n'y a point d'homme sous le soleil qui puisse éviter la croix et la souffrance. Mais les impies, les âmes mal faites sont, contre leur gré, et en despit qu'elles en ayent, attachées a la croix et aux tribulations, et par leur impatience elles se rendent leurs croix fatales; elles ont des sentimens d'estime d'elles mesmes, appro- chant ceux du mauvais larron * ; elles unissent par ce * Luc», xxm, 39. moyen leur croix a celle de ce meschant, et aussi infal- liblement leurs salaires seront esgaux. Helas ! le bon larron fit d'une mauvaise croix, une croix de Jésus Christ. Certes, les travaux, les injures, les tribulations que nous recevons sont des croix de vray larron, et nous les avons bien méritées, et nous devons humblement dire comme ce bienheureux larron : Nous recevons dans nos souffran- ces ce que nous avons mérité par nos offences*. Et par *ibid., y. ^i. ceste humilité, nous rendrons nostre croix de larron, une croix de vray Chrestien. Unissons donq, comme le bon larron, nostre croix de pécheur a la Croix de Celuy qui nous a sauvé par sa Croix ; et par ceste amoureuse et dévote union de nos souffrances aux souffrances et Croix de Jésus Christ, nous entrerons, comme des bons larrons, dans son amitié, et a sa suite, dans son Paradis. Regardant donq la sainte Croix de Jésus avec un cœur plein d'amour et de révérence, je feray ces éternelles et inviolables resolutions : O mon Jésus, Bien Aymé de mon ame, permettes-moy que, comme un bouquet de myrrhe, je vous serre sur mon sein *, et que je ba3''se le * Cant., i, n. pied de ceste sainte Croix, teinte de vostre pretieux sang, et que je vous dise que ma bouche, qui est si  420  Sermons autographes  heureuse que de bayser vostre sainte Croix, s'abstiendra désormais de mesdisance, de murmure et de lasciveté. Mes yeux qui voyent, o Jésus, vos larmes couler pour mes péchés sur la Croix, ne regarderont jamais chose qui vous soit contraire ; ces deux luminaires de mon Is., XXXVIII, 14. cors défailliront a force de regarder en haut * mon Sauveur eslevé sur la Croix ; je les destourneray affin Ps. cxviii, 37. qu'il^ ne voyent la vanité du monde *, mais qu'ilz avisent tousjours la vérité de vostre sainte dilection. Mes oreilles, qui entendent avec tant de consolation les sept paroles prononcées sur la Croix, ne prendront plus de playsir aux vaines loiianges, aux faux rapportz, aux discours abaissant mon prochain, aux vains propos, aux devis inutiles. Mon entendement, qui considérera avec goust les adorables mystères de la tressainte Croix, ne se rebel- lera jamais en malicieuse et mauvaise imagination. Ma volonté, qui s'est sousmise aux loix de la sainte Croix et a l'amour de Jésus Christ crucifié, ne haïra jamais personne, parce que Jésus son Bien Aymé est mort iiCor.,v, 14, 15. d'amour /)owr tous*. En fin, mon zèle sera de planter la Croix en mon cœur, en mon entendement, en mes yeux, en mes oreilles, en ma bouche, en tous mes sens intérieurs et extérieurs, affin que rien n'y entre ni en sorte qui ne soit contraint de demander congé a la sainte Croix. Je formeray ce sacré signe avec révérence, j'en marqueray mon cœur en mon resveil et avant mon dormir. Et cherchant en la sainte Croix mon support parmi les angoisses de ceste vie, j'espère d'y trouver ma jo3'e éternelle ; car ayant aymé Jésus Christ crucifié en ce monde, je jouiray en l'autre de Jésus glorifié, auquel soit honneur et gloire aux siècles des siècles. Ainsy soit il.  CLIX FRAGMENT D'UN SERMON POUR LA FÊTE DE L'ASCENSION ( O  Exprohravit incredulitatem eorum et duritiam cordis. Jésus reprocha aux Apôtres leur incré- dulité et la, dureté de leur cœur. Marc, xvi, 14. Les laboureurs ne sèment les champs qu'après qu'ils les ont défrichés et qu'ils en ont ôté les épines ; les maçons n'emploient les pierres qu'après les avoir taillées ; les serruriers ne font usage du fer qu'après qu'ils l'ont battu ; les orfèvres ne se servent de l'or qu'après l'avoir purifié dans le creuset. C'est ainsi que Jésus-Christ vou- lant employer les Apôtres comme une terre où le grain de l'Evangile porterait du fruit au cenitiple^, comme «Lucae, vm, 8. des pierres qui serviraient de fondement à l'édifice de ( I ) Ces notes sont reproduites d'après Migne, qui dit les avoir tirées d'un Manuscrit appartenant à M. l'abbé Ballet, missionnaire de Lyon. Toutes les perquisitions faites pour retrouver ce Ms. étant restées sans succès, nous ne donnons cette pièce que sous de grandes réserves; car il est très probable que l'éditeur lui a fait subir des retouches analogues à celles que nous constatons dans d'autres sermons dont les Autographes sont conservés. (Voir dans notre tome VII les no^ XXVI, XXXIV, LXII, et dans celui-ci, les n»' LXVIII, LXXII, CVIII.) D'après toute vraisemblance, l'original contenait seulement avec l'exorde, une réunion de citations latines, dans lesquelles Migne aura intercalé selon sa coutume glose et traduction. Cette pièce et la suivante étant d'une authenticité si douteuse, nous ne croyons pas devoir substituer l'orthographe usuelle du Saint à l'orthographe moderne que leur attribue l'éditeur. Néanmoins, il a semblé loisible de réintégrer dans le texte de ce sermon, à la place qu'elles ont dû primitivement occuper, les citations latines rejetées par Migne au bas des pages sous forme de notes. Le texte seul permet de croire que ce fragment, non daté, a été préparé pour la fête de l'Ascension.  422 Sermons autographes * Ephes., II, 20; son Eglise*, comme des i:Z^y5 qui ouvriraient le i?o;j;^wm^ *Matt'.,^xvi,'i8, 19. ^^^-^ cieiix^, comme des coupes bien ciselées dans les- ' Cf. Matt., IX, 17. quelles le vin de la divine parole devait être bu *, com- mença par leur reprocher leur incrédulité. * Matt., XVIII, 15. Il leur avait dit* : Si peccaverit in te frater tuus, vade et corripe eum ; Si votre frère pèche contre vous, reprene^-le. Il pratique cette ordonnance par le reproche qu'il leur fait. Déjà il avait dit aux deux dis- * Luca, uit., 25. ciples qui allaient à Emmaiis * : O stiilti et tardi corde ad credendum ; O hommes sans intelligence et d'un cœur tardi f à croire ! A son exemple, saint Paul disait * Cap. m, I. aux Galates * : O insensati Galatœ, quis vos fasci- navit non obedire veritati ? O hommes dépourvus de sens, qui vous a fasciné l'esprit pour vous empê- cher d'obéir à la vérité ? Mais qu'est-ce que Jésus-Christ reproche à ses Apô- tres? C'est leur incrédulité. Ce vice déplaît souveraine- ment à la suprême Vérité. Qii' est-ce que l'hojnme, pour qu'il entreprenne de mesurer sur sa faible intelligence * Job, VII, 17, XXII, le pouvoir et les mystères de Dieu*? Aussi, voyez com- 2; Is., XL, 12-14. ^ 1 C- • • . 1 . T^ 1 • 1 ment le beigneur punit ce pèche. Zacharie doute, et * Luca?, 1, 20. l'Ange lui dit* : Ecce eris tacens, et non poteris loqui usque in diem quo hœc fiant, pro eo quod non credidisti verbis 7neis ; Parce que vous n'ave^ pas cru, vous perdre^ l'usage de la parole jusqu'à la naissance de votre fils. Les enfants d'Israël murmurent dans le désert parce qu'ils manquaient de pain ; ils doutent que Dieu puisse leur préparer une table dans le désert ; et le Seigneur s'irrite de leur défiance, le courroux du ciel s'allume contre eux : Maie locuti sunt de DeOy dixerunt : Nunquid poterit Deus parare mensam in deserto ? Ignis accensus est in Jacob, et * Ps. Lxxvii, 19, 31. ira ascendit in Israël*. Moïse et Aaron, dans une autre circonstance, recourent à Dieu pour avoir de l'eau. Moïse frappe deux fois le rocher, l'eau coule avec abon- dance; mais parce que son frère et lui avaient eu quelque doute, Dieu leur déclare qu'ils n'entreront point dans la terre promise : Qtiia non credidistis mihi, non ' Num., XX, 12. introducctis hos populos in tcrram quam dabo eis*.  eux. Pour la fête de l'Ascension 423 De quoi Jésus reprend-il ses Apôtres? C'est de n'avoir pas cru au témoignage des personnes qui avaient vu qu'il était ressuscité : Qiiîa ils qui viderant eum resurrexisse, non credidertùiit*. C'est ainsi que dans • Marc, xvi, 14. une autre occasion il reprit saint Thomas de n'avoir pas cru au témoignage des autres Apôtres* : Noli • Joan., xx, 27. esse incredidiis ; Ne soye^ pas incrédule, lui dit-il. Il ne suffit pas de croire à l'Ecriture, il faut croire au témoignage de l'Eglise. Les ministres protestants veulent bien que les simples se fient à leur parole, quoiqu'ils reconnaissent pouvoir se tromper sur le sens de la Sainte Ecriture. Après que Notre-Seigneur eut fait ce reproche à ses Apôtres, il leur commanda de prêcher l'Evangile* : 'Marc, xvi, 15. Prœdicate Evangelium omni creaturce ; il ne leur ordonna pas de l'écrire, mais de le prêcher*. Avant de 'Cf. supra, p. 321. monter au Ciel, il établit dans son Eglise non des écrivains, mais des pasteurs et des docteurs : Ascen- dens in altum, ipse dédit... alios autem pastores et doctores"^. C'est en entendant la prédication que la foi *Ephes., iv, 8, n. s'est établie dans le monde : Qiiis credidit auditui nostro ? Fides ex auditu *. ' R^""- ^■' ^^' ^7-  CLX SERMON POUR LE DIMANCHE DE QUASIMODO SUR LES CINQ PLAIES DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS- CHRIST (  L'Eglise ne cesse de faire retentir, dans ces jours *Jcxux'V'''^^"' <^'^^^^§^^^ss^' ^^ cantique nouveau'', le saint Alléluia. Tous ses Offices, toutes ses prières sont entremêlées de ce cri de joie qui souvent répété fait une impression toujours nouvelle sur un cœur vraiment chrétien. D'où vient-il cet admirable cantique? Ah! c'est le Ciel qui l'a enseigné à la terre. C'est le cantique des Bien- heureux, ainsi que nous l'apprenons de saint Jean. Ce Disciple bien-aimé, cet aigle du Xouveau Testament, dans son extase mystérieuse, a connu les merveilles de la Jérusalem céleste ; il a vu le trône de Dieu resplendis- •Apoc, V, 6. sant de gloire, et l'Agneau debout comme immolé''; il a entendu les Anges et les Saints faire retentir, autour du trône et en présence de l'Agneau, les divers concerts qui commencent et finissent par le sublime transport de ' ibid., XIX, 1-6. V Alléluia'^. ( I ) Cette pièce, publiée par Migne sans date ni indication de provenance, est comme la précédente d'une authenticité très suspecte. Toutefois, elle présente certaines spécialités de style qui ne permettent pas de la rejeter comme absolument apocryphe. Tout en se rapprochant un peu de la manière de saint François de Sales, l'exorde nous semble être considérablement amplifié. Pour la suite, il est assez probable que l'original contenait sim- plement des citations de saint Bernard et de saint Bonaventure, auxquelles peut-être, selon sa méthode ordinaire, notre Saint aurait ajouté quelques rapides considérations personnelles. Migne nous paraît être responsable de tout le surplus. L'allusion faite ci-après à l'Evangile du jour prouve que ce sermon a été prêché le Dimanche de Quasimodo.  CLX. Pour le Dimanche de Qjjasimodo 425 Alléluia! ohl que cette courte prière est excellente! qu'elle est énergique ! Car elle ne signifie pas simple- ment : Louez Dieu , mais elle exprime les louanges divines d'une manière ineffable, avec l'accent de l'amour, avec l'enthousiasme du cœur ; c'est un langage céleste qu'on ne peut traduire en aucune langue ; c'est un cri d'allégresse, un ravissement d'admiration, l'élan de la plus vive reconnaissance *. ^Cf.Tr.derAm.de p . 11 1 , . Dieu, 1. V, c. X. Mais pourquoi l'Eglise nous fait-elle, des maintenant, entonner les célestes concerts de la vie bienheureuse ? Quoi ! l'hymne de la fortunée patrie peut-il être sur les lèvres des tristes exilés qui gémissent dans la vallée de larmes*! Assis sur les bords des fleuves de Babylone, *Ps. lxxxui, 7. pouvons-nous chanter le cantique du Seigneur dans une terre étrangère *? Oui, sans doute, puisque par la * Ps. cxxxvi, i, 4. foi nous habitons déjà les Cieux : Conversatio nostra in Cœlis est *. Il y a l'amour qui jouit, c'est celui des * Philip., m, 20. Bienheureux ; et il y a aussi l'amour qui désire, c'est notre partage ; et l'un et l'autre chantent Alléluia, parce que l'un et l'autre ne peuvent retenir les trans- ports de leur joie à la vue de l'Agneau debout devant le trône comme immolé : Vidi Agnum stantem. tan- quam OCcisum*. * Vide supra. Ou'est-ce à dire, l'A^rneau debout coinme immolé? Vous le savez. Messieurs, c'est Jésus-Christ qui dans le Ciel conserve ses plaies *, marques touchantes de son ' Cf. Apoc, i, 7. immolation. A cette vue, tous les Bienheureux célèbrent, dans l'ivresse de leur joie, l'Agneau qui les a rachetés par son sang précieux : Occisus es, et redemisti nos Deo in sanguine tuo *. * Apoc, v, 9. Et nous, habitants de la terre, nous sommes appelés à partager ces divins transports ; c'est aussi à nous de considérer, avec les yeux du cœur, les plaies adorables de notre bon Maître. Voyez comme, dans l'Evangile de ce jour*, il invite saint Thomas à porter les mains dans *Doin.Quasimodo. j 1 r • Joan., XX, I9-3I- ses divines plaies pour y puiser les lumières de la toi et les feux de l'amour : Infer digitum tuum hue et vide manus meas, et affer fnanum. tuam. et mitte in latus meum ; et noli esse incredulus, sed fidelis.  426 Sermons autographes Ces plaies sont les sources d'eau vive que l'amour du Sauveur nous a creusées dans son propre corps, et dont :ap. xn, }. il a été écrit par Isaie * que nous 5'- puiserons avec joie les grâces les plus abondantes: Haurietis aquas ingaudio de fontibus Salvatoris. Je m'arrête à ces paroles du Prophète, et je veux considérer aujourd'hui, i. en quoi consiste la joie avec laquelle nous devons puiser dans les fontaines du Sauveur ; 2. combien sont abondantes les grâces qu'il a renfermées pour nous dans ces sources fécondes et miséricordieuses. Haurietis, etc. Tel sera le sujet de notre oraison.  Premier point  Pourquoi le Prophète nous invite-t-il à la joie en nous rappelant le souvenir des plaies sanglantes de notre Sauveur ? Comment chanter V Alléluia à la vue des tristes marques de sa douloureuse Passion ? Haurietis aquas in gaudio. Ah ! Messieurs, la joie sainte du temps pascal n'exclut point une douleur chrétienne. Quand l'Eglise nous fait chanter des cantiques d'allé- gresse en l'honneur de Jésus ressuscité, ce n'est pas pour que nous bannissions de notre esprit l'attendrissant souvenir de ses tourments et de ses supplices, ni pour que nous cessions de verser des larmes sur ses cruelles souffrances. Et si elle célèbre maintenant l'auguste sacri- fice de la Messe au milieu d'un concert harmonieux àH Alléluia, ce n'est pas pour que ses enfants oublient que l'oblation de la céleste Victime est la plus vive repré- sentation du sacrifice de la Croix. Non, cette tendre Epouse, fille du Calvaire, née du sang de Jésus, présente toujours à nos yeux les plaies de son divin Epoux pour exciter nos cœurs aux sentiments de la plus tendre compassion. Toujours elle veut que la Croix soit le grand objet de nos adorations et de nos hommages. Ce serait donc s'écarter de son esprit que de penser, qu'en ce temps d'une sainte joie, il faut s'abstenir de  CLX. Pour le Dimanche de Quasimodo 427 prêter l'oreille avec une vive émotion aux coups redou- blés des bourreaux qui percent les pieds et les mains de Jésus, qui déchirent sa chair adorable, qui ouvrent ses veines, qui meurtrissent cruellement ses nerfs. L'Eglise nous invite toujours à fixer nos yeux sur le Crucifix qui nous représente Jésus élevé en croix ; tout le poids de son corps qui ne porte que sur ses plaies, sa chair et ses veines qui se déchirent de plus en plus, ses nerfs qui se brisent, et ses os qui se disloquent les uns après les autres en sorte qu'on peut les compter, comme l'avait prédit le Prophète * : Dinumeraverunt omnia ossa * Ps. xxr, 18. mea. Ah! s'écrie saint Bonaventure *, si une épine seule- • stimulus Amoris, ,1 , . , . , .111 c. u; ubi, etcc. i,iv, ment nous blesse le pied, nous jetons des cris de douleur; v, vide loca seqq. et comment donc serions-nous insensibles aux maux extrêmes qu'a soufferts notre Chef et notre Seigneur ! (( Quare magis compateris parvae puncturae pedis tui, quam gravissimae morti Domini tui ! » Quoi ! dit encore le même Saint, nous ne pourrions soutenir la vue d'un tourment affreux exercé, je ne dis pas sur un parent ou sur un ami, je ne dis pas sur un homme inconnu, mais sur un vil animal ; et nous verrions sans douleur l'excès des maux que souffre notre Dieu ! « Si videres animal brutum ita afifligi, humano affectu compatereris, quanto magis Domino Deo ! » Que sera-ce donc, ajoute le saint Docteur, si nous réfléchissons que nos péchés sont les bourreaux de Jésus- Christ, que c'est pour nos crimes qu'il a été cloué à la croix, que ce sont nos iniquités qui lui ont fait ces plaies si humiliantes et si douloureuses ! Quelle profonde tris- tesse, quelle vive componction, quelle contrition amère ne doit pas s'emparer de notre cœur ! « In dolore enim Domini nostri Jesu Christi, debemus intime sibi condo- lere et compati. Debemus etiam ei condolere et multum dolere quod peccata nostra fuerunt sibi occasio tantae abjectionis et tam immensae afflictionis. » Mais en même temps, dit toujours saint Bonaventure, <( la bienheureuse Passion de notre Sauveur doit exciter dans un cœur chrétien la plus sainte allégresse et le  428 Sermons autographes ravissement de la joie la plus vive : In hac beatissima Passione datur nobilissimi gaudii materia et vehemens exsultatio. » « Eh ! qui pourrait ne pas être transporté de joie en se voyant, par l'heureux effet des plaies de Jésus, arraché à la damnation éternelle, à l'esclavage du péché, à la tyrannie du démon ! Quis non exsultet et gaudeat, cum cernit seipsum per hanc beatissimam Pas- sionem liberatum a damnatione aeterna, a culpse igno- minia, a potestate diabolica ! » « Quelles bornes pour- rions-nous donner aux transports de notre allégresse, quand nous considérons qu'un Dieu nous a aimés jusqu'à se réduire pour nous à tant d'humiliations et de souf- frances ! Sed quis non exsultet in immensum, cum cernit Deum ipsum in tantum diligere ut tantae vilitati et pœnalitati subjecerit semetipsum pro eo 1 » « Ce n'est pas que nous nous réjouissions de ses igno- minies et de ses douleurs ; » non, non, elles feront toujours la matière de nos gémissements et de nos larmes, mais nous sommes saisis de joie à la vue des admirables effets qu'a produits le sang précieux qui coule de ses plaies ; nous bénissons mille et mille fois la tendre affection, l'amour ardent qu'il nous a témoigné en mou- rant sur la croix pour notre salut : « Non quod gaudeat de ejus vilitate et Passione, sed de ejus effectu affectuque, et amoris manifestatione. » « Quel est le grand de la terre qui n'éprouverait pas la joie la plus vive, s'il était aimé du roi à un tel point que ce monarque fût prêt à donner sa vie pour lui ! A combien plus forte raison, nous qui sommes des hommes si méprisables, de si infâmes esclaves, des pécheurs si abominables, devons-nous tressaillir de joie en vo3"ant le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, notre Créateur et notre Dieu, Jésus, nous aimer jusqu'à s'im- moler lui-même pour nous par la mort la plus ignomi- nieuse et la plus cruelle ! Quis princeps in regno cernens se tantum a rege diligi ut paratus esset mori pro ipso, non gauderet et exsultaret ! Quanto magis nos vilissimi homines, et nefandissimi peccatores et servi, gaudere debemus et exsultare, cum videmus Regem regutn et  CLX. Pour le Dimanche de Quasimodo 429 Dominum dominantium. * et Creatorem nostrum Jesum * i Tim., uit., 15 ; ., ,. ,.,. , . . •, • Apoc.,xvii,i4,xix, nos ita continue diligere, ut immolavent seipsum pro 16. nobis in tam turpi et vilissima morte ! » Ah ! nous pouvons bien assurer qu'il nous aime infini- ment plus que nous ne nous aimons nous-mêmes. Chantons donc V Alléluia de la reconnaissance dans les transports ineffables d'une allégresse sans mesure. « Debemus etiam superextolli immensa exsultatione. Plus enim sine com- paratione me diligit , quam ego meipsum. » Ses plaies sont un monument éternel de sa charité, mais de la charité la plus tendre et la plus généreuse. O aimables blessures de mon Sauveur ! ô plaies qui ne respirez qu'amour ! « O amantissima vulnera Domini nostri Jesu Christi ! » « Ah ! Seigneur Jésus, je vous en conjure, percez mon cœur de vos divines blessures, enivrez-moi de votre sang, afin que dans cette ivresse surnaturelle, de quelque côté que je me tourne, je vous voie toujours crucifié ; qu'à mes yeux tout paraisse rougi de votre sang, en sorte que, uniquement occupé de vous, je ne puisse rien trouver que vous, je ne puisse rien considérer que vos plaies sacrées : Domine Jesu Christe, cor meum tuis vulneribus saucia, et tuo sanguine inebria mentem meam, ut quo- cumque me vertam, semper te videam crucifixum, et quidquid aspexero, in sanguine tuo mihi appareat rubri- catum, ut sic in te totus tendens, nihil prseter te valeam invenire, nihil nisi tua vulnera valeam intueri. » Qu'elle est donc grande, Messieurs, la joie dont un cœur chrétien est pénétré en puisant aux sources du Sauveur! Qm pourrait encore exprimer l'abondance des grâces qui sont renfermées pour nous dans ces fontaines de salut et de miséricorde ! Faisons-en le sujet de notre méditation dans le second point.  430  Sermons autographes  Second point  • I Cor., X, 4. Nous apprenons de IMpôtre saint Paul * que Jésus- Christ était figuré par la pierre salutaire , le rocher mystérieux d'où Moïse fit couler des eaux abondantes pour désaltérer le peuple d'Israël : Bibebant autem de spiritali conséquente eos petra ; petra autem erat Christîis. Ces eaux sont les grâces que Jésus-Christ nous a méritées par son sang précieux. « Les trous de la »Cant., II, 14. pierre^ » par lesquels coulent ces eaux divines sont, *Serm.i.xiinCant.; dit saint Bernard *, « les plaies sacrées du SaUveur : fods°'sèqq^ ^^ ^'° Foramina petrœ, vulnera Christi. » Allons puiser avec confiance dans ces sources de bénédiction ; nous y trou- • Joan., IV, 10. verons une eati vive * que Jésus nous a préparée pour nous fortifier contre tous les dangers, et pour former au dedans de nous une fontaine dont Veau rejaillisse jusqu'à la vie éternelle : Aqua quant ego dabo ei, • ibid., t- M- fiet in eo fons aquœ salientis in vitam œternam*. Mais pour puiser continuellement et avec facilité cette eau salutaire, il faut entrer jusque dans les trous de la pierre d'où elle découle, il faut établir notre demeure dans les plaies de Jésus-Christ. Ce divin Epoux de nos âmes ne cesse d'inviter sa colombe, sa bien-aimée, à se retirer dans cette sainte habitation : Columba mea in • Cant., ubi supra, foraminibus petrœ *. Or, qu'est-ce qu'habiter dans les plaies de Jésus? C'est, dit saint Bernard, avoir une dévotion tendre pour les plaies sacrées du Sauveur, s'élancer vers elles par les affections d'un cœur brûlant d'amour, y tenir l'âme comme collée par une méditation continuelle : « Columba mea in foraminibiis petrœ, quod in Christi vulneribus tota devotione versetur, et jugi meditatione demoretur in illis. » Ecoutez avec quelle sensibilité touchante continue à s'exprimer sur cet objet le pieux, le tendre, l'affectueux saint Bernard. « Quelle abondance de douceur, quelle plénitude de grâces, quelle perfection de vertus, la colombe ne trouvc-t-elle pas dans les trous de la  CLX. Pour le Dimanche de Quasimodo 431 pierre! Quanta in foraminibus petrce multitude dul- cedinis, plenitudo gratiae, perfectio virtutum ! » « Elle y habite en sûreté, et elle y considère sans effroi l'épervier qui vole autour du lieu de sa retraite : Bona foramina : in his se columha tutatur, et circumvolitantem intrepida intuetur accipitrem. » Quel admirable spectacle ! Dès que la colombe a établi son nid dans les trous de la pierre, elle y puise une force et un courage invincible. Ce n'est plus une créature faible et timide que le moindre péril épouvante ; c'est un héros intrépide qui ne respire que le bonheur de souffrir et de mourir pour Jésus, a Voyez un mart3^r toujours inébranlable demeurer ferme quand on lui déchire tout le corps, quand on promène le fer dans ses entrailles. Avec quelle allégresse il contemple son sang qui coule à gros bouillons ! Il triomphe, il ne peut contenir les transports de sa joie : Stat martyr tripudians et trium- phans, toto licet lacero corpore et rimante latera ferro ; non modo fortiter, sed et alacriter sacrum e carne sua circumspicit ebuUire cruorem. » « Est-ce donc qu'il ne sent pas la douleur ? il la sent, et vivement ; mais il la surmonte, mais il la méprise : Nec deest dolor, sed supe- ratur, sed contemnitur. » « Où est donc alors son âme ? Ah ! elle est dans le lieu sûr, elle est dans la pierre, elle est dans les entrailles de Jésus, elle habite dans ses plaies sacrées : Ubi ergo tune anima martyris ? nempe in tuto, nempe in petra, nempe in visceribus Jesu, vulneribus nimirum patentibus adintroeundum. » Là elle s'anime par l'exemple de son Bien-Aimé ; là elle renou- velle continuellement sa vigueur ; là elle puise la force de boire le calice du Seigneur ; là elle s'enivre des délices qui sont cachées dans les souffrances : c Ergo ex petra martyris fortitudo, inde plane potens ad biben- dum calicem Domini ; et calix hic inebrians quam prœclarns est * .' » • Ps. xxn, 6. Mais la pierre n'est-elle à servir d'habitation qu'à ces âmes généreuses? Ah ! l'Esprit-Saint m'apprend encore que les hérissons, c'est-à-dire les âmes infirmes, y trouvent iin refuge et un asile : « Petra refiigimn  432 Sermons autographes *Ps. cm, i8. herinaciis *. Et où, dans ma faiblesse, puis-je, » dit tou- jours saint Bernard, « trouver la sûreté et le repos, si ce n'est dans les plaies de mon Sauveur? J'y habite avec une sécurité proportionnée à sa puissance. » Je ne puis rien de moi-même, mais je puis tout dans Celui qui me * Philip., IV, 13. fortifie"^. (( Et rêvera ubi tuta firmaque infirmis securitas et requies, nisi in vulneribus Salvatoris ? Tanto illic securior habito, quanto ille potentior est ad salvandum. » En vain le monde frémissant de rage m'attaque avec fureur ; en vain la chair rebelle me livre de violents assauts ; en vain le dém^on artificieux me dresse des embûches perfides, je ne tomberai jamais, pourvu que, caché dans les plaies de Jésus, je m'appuie sur cette pierre ferme. Là j'entonnerai le cantique du salut : Que Dieu se lève et que ses ennemis soient dissipés : * Ps. Lxvii, I. Exsurgat Deus et dissipentur inimici ejus *. Je m'ar- merai de la Croix, je mettrai en fuite tous mes adversaires, et triomphant de leurs vains efforts, je bénirai sans cesse mon Sauveur par V Alléluia de la victoire. « Frémit mundus, premit corpus, diabolus insidiatur, non cado ; * Matt., vil, 25. fundatus enim sum supra firmam petram *. » Quelquefois la pensée des jugements de Dieu jette l'alarme dans ma conscience ; je me sens effrayé par la multitude et l'énormité de tant de péchés que j'ai autre- fois commis ; mais aussitôt, pour me rassurer, je me jette dans les blessures du Seigneur, car je sais qu'/Z a été blessé pour nos iniquités : « Peccavi peccatum grande, turbatur conscientia, sed non perturbabitur, quoniam vulnerum Domini recordabor ; nempe vulneratus est •Is.,uii, 5. propter iniquitates nostras *. » Là je lis écrit de son sang le mystère de son amour, j'adore le témoignage pré- cieux de son immense miséricorde. Qiielle plus grande miséricorde en effet que de donner sa vie pour d'infâmes criminels condamnés au supplice ! « In quo enim clarius quam in vulneribus tuis eluxisset, quod tu, Domine, * Ps. Lxxxv, 5. suavis et mitis, et multœ jnisericordiœ* ? Majorcm enim miserationem nemo habet quam ut animam suam •Joan.,xv, 13. ponat quis pro addictis morti et damnationi *. » Par la large ouverture que la lance fit au côté de mon bon Maître,  CLX. Pour le Dimanche de Quasimodo  433  je pénètre jusqu'à son cœur ; là je me repose dans les entrailles de la miséricorde de notre Dieu*, et j'y *Lucae, i, 78. prends abondamment tout ce qui me manque pour payer ce que je dois à sa justice : (( Ego fidenter quod ex me mihi deest, usurpo mihi ex visceribus Domini, quoniam misericordise affluunt. »  Ah ! puisque je trouve tant de biens dans les plaies de mon Jésus, je veux suivre le conseil de saint Bona- venture *, et je prends pour résolution d'établir trois * Stimulus Amoris, , , 1 -T^i 1 -i-,. . ,•^ c.i.Cf.tom.praeced. tentes, non sur le inabor, car Pierre ne savait ce qu il huj. Edit., p. 175. disait lorsqu'il faisait cette proposition à Jésus, mais sur le Calvaire où le Sauveur lui-même nous a préparé ces trois demeures dans ses divines plaies : « Bonum est cum Christo esse ; et in ipso volo 'tria tabernacula facere *, * Matt., xvu, 4. unum in manibus, unum in pedibus, sed aliud conti- nuum in latere ubi volo quiescere. » La première sera dans les plaies faites aux pieds de mon Sauveur. Là j'embrasserai avec une vive reconnais- sance ces pieds percés pour mon amour; là j'apprendrai à détourner mes pieds de toutes les routes qui condui- sent aux folles joies du monde * ; là je comprendrai le * Ps. cxvm, loi. bonheur de marcher au Calvaire sur la trace sanglante des pas de Jésus : Deus omnia subjecit sub pedibus ejus *. La seconde sera dans les plaies de ses mains. J'y considérerai ces mains ouvertes pour me recevoir, ces bras étendus pour me soutenir, ce sang qui coule en abondance pour me sanctifier ; j'y puiserai la force et la puissance qui réside dans ces mains adorables : In ma- nibus ejus, ibi abscondita est fortitudo ejus*. ♦ Habacuc, uit., 4. La troisième, la plus spacieuse et la plus chère à mon cœur, sera daqs la plaie que la lance fit à son côté. J'établirai ma demeure dans la fournaise d'amour, dans le divin cœur transpercé pour moi. Auprès de ce foyer brûlant, je sentirai ranimer au milieu de mes entrailles la flamme d'amour jusqu'ici si languissante. Ah ! Sei- gneur, votre cœur est la véritable Jérusalem ; permettez- moi de le choisir à jamais pour le lieu de mon repos : Serm. II aS  *Ps.viii, 8; ICor., XV, 26.  434 Sermons autographes Hœc requies mea in sœculum. sœculi, hic hahitabo *Ps. cxxxi, 14. quoniain elegi eam *. Habitant de cette cité divine, je boirai à longs traits dans les fontaines de mon Sauveur, je collerai mes lèvres sur le sang qui en découle, je m'enivrerai de cette liqueur précieuse, et dans ma sainte ivresse j'irai chantant par les rues de Jérusalem V Alléluia de l'amour : Et per * Tobise, XIII, 22. vicos ejiis Alleluia cantahitur^. Nous prendrons pour bouquet spirituel les paroles de saint Pierre : Bonum est nos hic esse, faciamus tria * Supra. tabernacula *.  TABLE DE PROVENANCE DES AUTOGRAPHES REPRODUITS DANS CE VOLUME  (Toutes ces pièces sont inédites, sauf indication contraire) LXVI, LXVII Annecy, i" M'^ de la Visitation LXVIII (Migne, VI, col. 319) Annecy. 1" M''^ de la Visitation LXIX Annecy. 1'='" M''« de la Visitation LXX Rennes. Monastère de la Visitation LXXI (Reproduit en fac-similé par Palmé, en 1884, à la suite d'un Rongères, par Vaeennes (Allier) sermon de Bossuet) M. J.-E. Choussy LXXII (Migne, VI, col. 339) Annecy, i^"" M" de la Visitation LXXIII-LXXXVII Turin. Monastère de la Visitation LXXX VIII Annecy. i"='' M""' de la Visitation LXXXIX, XC Turin. Monastère de la Visitation XCI LuNÉviLLE. M. Zeiller XCII Annecy, i*"" M"'^ de la Visitation XCIII Turin. Monastère de la Visitation XCIV Turin. RR. PP. Salésiens XCV-C Turin. Monastère de la Visitation CI Annecy, i'^'' M"^' de la Visitation CII-CVII Turin. Monastère de la Visitation CVIII (Migne, VI, col. 38^) Annecy, i""" M""* de la Visitation CIX LuNÉviLLE. M. Zeiller ex Turin. Monastère de la Visitation P ( pp. 188-191 (lig. 1-16) Saint-Marcellin. M''* de la Visitation ( p. 191, dernier alinéa Annecy, i'*'' M''* de la Visitation CXII-CXLVII Turin. Monastère de la Visitation CXLVIII, CXLIX Annecy, i" M--« de la Visitation CL (Vives, V, p. 435 ; Migne, IV, col. 1533) Edit. Béthune (1833), tome XVI, p. viii CLI-CLIII Annecy, i" M" de la Visitation CLIV, CLV RosELANDs (Angleterre). Visitation CLVI Turin. Monastère de la Visitation CLVII (Migne, IX, col. 37) Modène. Monastère de la Visitation C\yi\l(Vivès,'V ,^. 276; Migne, lY , Edition desVrays Entretiens spirituels col. 1402) (Lyo^i Cceursilys, 1649) CLIX, CLX Edition Migne, VI, col. 344, 390.  ORDRE DES SERMONS DANS LE GRAND MANUSCRIT DE TURIN ( ' )  M5. DE TURIN DATES DES SERMONS NOUVELLE EDITION a B Veille de Noël 1613 N° XCV is L « Sur le Rosaire » 1608 ? (Voir p. 212, lig. 11) 15 O i*"" Dimanche de l'Avent [1608], commencement (Voir p. 202, lig. 2) ( !«■■ Dimanche de l'Avent [1608], suite LXXIII ' ' 'II*"" Dimanche de l'Avent 1609 LXXIX [ 1" Dimanche de l'Avent 1610 LXXX ' ^'^"'' 1 1" Dimanche de l'Avent 161 1 LXXXII ^ 1 II' Dimanche de l'Avent i6oq ? \ i\r ■ lu -i ^ i ^ \ in Q. ! ^ S (Voir p. 66, 1. 16, p. 67,1. 13) (11' Dimanche de 1 Avent 1610, commencement. .' 18, recto, R... u* Dimanche de l'Avent [1610], suite LXXXI 18, verso Il* Dimanche de l'Avent [161 1] LXXXIII 19, recto, S. . . Petites Notes (Voir Av.-Prop.,p.xi,note) 19, verso Fête de l'Immaculée Conception 1608 LXXIV 31, recto, V... m' Dimanche de l'Avent 1613 XCIV 22, verso Suite du même Sermon ? (Voir p. 123, lig. 4) 28, recto Pour l'Avent ? (Voir p. 71, lig. 5) 28, verso Fête de S.Jean l'Evangéliste [1608], commencement 29, recto Fête de saint Jean l'Evangéliste [1608], suite. . LXXV 29, verso (P'^g^ en blanc) 30, recto i*' Dimanche de janvier 1609 LXXVI 30, verso Fête de l'Epiphanie 1609 LXXVII 31, recto Fête de l'Epiphanie 1615 CIII 31, verso (P'^ge "« l>l-^nc) 34, recto Fête de la Purification 1613 XCI 34, verso Fête de la Purification 1616 CIX 37, 38 Mercredi des Cendres 1609 LXXVIII 40 [Mercredi après le iv* Dim. de Carême] 1609? (Voir p. 334, lig. i) 44, recto Vendredi après le iv« Dim. de Carême 1612... LXXXVII 44, verso (P'^gf «f blanc) ( I ) Cette Table aidera le lecteur à mieux saisir le procédé adopté par saint François de Sales dans la distribution de son grand Manuscrit (voir Avant-Propos, pp. xvi, xvii). Dans la première colonne sont indiqués non seulement les feuillets que les éditeurs ont eus entre les mains, mais encore ceux qui, actuellement introuvables, sont mentionnés par l'Auteur dans quelque autre de ses sermons. Les premiers sont représentés, dans la troisième colonne, par leur numéro d'ordre ; pour les seconds, il a fallu se borner à citer la page du présent volume où se trouve la mention qu'en fait le Saint. Il a semblé superflu, quand un sermon occupe un ou plusieurs feuillets, de signaler le recto et le verso.  437 MS. DE TURIN DATES DES SERMONS NOUVELLE ÉDITION 50, recto XIX* Dimanche après la Pentecôte 1612 XC 50, verso (Page en blanc) 56 Fête de l'Assomption [1612] LXXXIX 60, verso Pour l'Avent ? (Voir p. 207, lig. 2) 67 « Sur les Martyrs » ? (Voir p. 224, lig. 10) 70, recto (Page en blanc) 70, verso, 71. . Mercredi des Cendres [1612] LXXXIV 78 Mardi après le i*"" Dimanche de Carême 1612 ? (Voir p. 259, lig. 15) a, recto Fête de saint Joseph 1612 LXXXV 88, verso Fête de saint Joseph 1614 XCVI 92 Lundi après le iv* Dimanche de Carême [1612] LXXXVI 102, recto Pour l'exposition de la très sainte Croix [Ven- dredi-Saint 1612] LXXXVIII 102, verso (P'^ge en blanc) 105, recto Pour une supplication publique 1615 CVII 105, verso (Page en blanc) 109, iio I Carême 1618^ [i'^ semaine, jeudi, vendredi]. .. . CXLl, CXLII iio, verso, m \ ( [2= semaine, Dimanche-mardi].. CXLIII-CXLV 113, recto Fête de la Pentecôte 1613 XCIII 113, V., 123, r. (Pages en blanc) 123, V., 124, r. Fête de l'Assomption 1614 XCVII 134, recto Fête de l'Assomption 1618 CXLVII 124, V., 125, r. Fête de la Nativité de la Sainte Vierge 1614.. XCVIII 125, verso XXI* Dimanche après la Pentecôte 1614 XCIX 126, recto xxin* Dimanche après la Pentecôte 1614 C 126, verso Veille de Noël 1614 CH 132 (?), recto. . Vendredi après le n* Dimanche de Carême 1615 CIV 132 (?), verso. . (Page en blanc) 133, recto lu® Dimanche de Carême 1615 CV i)), recto, verso Fête de saint Philippe et de saint Jacques 1622 CLVI 135 [Fête de l'Annonciation 1615] (Voir p. 377, lig. 13) 150 Dernier Dimanche après la Pentecôte ? (Voir p. 133 en marge) 152 Avent 1616, !*■■ Dimanche CXIV 153, recto J / (Voir p. 207, lig. 22) 1^4, verso I ^ c c r .^ ■ ^ \ (Voirp.2io,1.7,p.267,1.2) .'Avent 1616, [r« semaine] < „ '^ > nr n 1 157 \ ' /(Voir p. 327, lig. 2) 158 (?) ' ( (Voir p. 228, lig. 8) 163, recto Avent 1616, n* Dimanche CXV 16 j, verso (Page en blanc) 164,165 1. , .,re 1 ICXVI, CXVII { Avent 1616, [2* semaine] ! ^^^,,,' 170, recto S ^ ^ ( CXVIII 170, verso (Page en blanc) iTi, recto Avent 1616 CXIX 171, verso (Page en blanc) 176 Avent 1616 (Voir p. 373, lig. 14) Ï79, recto Nativité de saint Jean-Baptiste 1618 CXLVI 179, verso (Page en blanc) 180, 181 Sentences de saint Augustin, recueillies par Mgr Jean-François (Voir Avant-Propos. p.xvii) 200, 2or, recto Paraphrase du Psaume cxxiv, [1616] CX  438 MS. DE TURIN DATES DES SERMONS NOUVELLE ÉDITION 201, verso Vendredi après le Dimanche de la Passion 1615 CVI 212, 213, recto Sur l'histoire de Jacob, [1616] CXII 213, verso (P<^g^ ^« blanc) 217, recto Sur l'histoire de Jacob, [1616] CXIII 217, verso (Page en blanc) 228,229,229^/5, \ I 230 i^« semaine CXXI-CXXVI 231-233 y l 2<= semaine CXXVII-CXXXII 234-236, r^c/o. f ] 3' semaine. Dimanche -jeudi CXXXIII-CXXXVII ^ /Carême [1617I \ /-d z.7 1 236, verso I >• 'M ("<^g^ ^"- blanc) 238, recto l / Notes de Mgr Jean-François. . (Voir note ( i ), p. 330) 238, tJ^rso I f 4* semaine, lundi CXXXVIII 240 / 14° semaine, mercredi, jeudi.. CXXXIX, CXL 300, recto Recueil de Similitudes (Voir Avant-Propos,p.xvi) 300, verso (Page en blanc) 324, recto Recueil de Similitudes (Voir ibid.) 324, f., 334, r. (Pages en blanc) 334, V., ^)'^, r. Recueil de notes pour le Carême [1617] CXX 342 Recueil de notes et de Similitudes (Voir Avant-Propos, p. xvi)  GLOSSAIRE  DES LOCUTIONS ET DES MOTS SURANNES ou PRIS DANS UNE ACCEPTION INUSITEE AUJOURD'HUI QUI SE TROUVENT DANS LE DEUXIEME VOLUME DES SERMONS DE SAINT FRANÇOIS DE SALES  (Les mots distingués par une* ont paru dans les Glossaires des tomes précédents. )  * AINS — mais, mais plutôt (voir p. 24s). ALUYNE — absinthe (v. p. 54). Cf. le bas-latin aloxinium. APPAROISTRE — pour paraître (v. p. 385). ARTRE — insecte qui ronge le bois, les pelleteries, les étoffes (v. p. 54). Cf. le Diction'''^ de Littré , au mot ARTISON. AVISER — pour regarder, contem- pler (v. p. 420). Cf. Tital. AVvisARE. * BAILLER — donner (v. p. 324). * BIGEARRE — bigarre (voir p.  • CE — pour ceci, cela (v. p. 398). • CONIL — de l'ital. coniglio, lapin (v. p. 29S). CONVENANCE — çonx convention, pacte (v. p. 383). Cf. le Diction-^^ de Littré. • COURAGE — pour ardeur (voir p. 76). CUVEAU — /if/Z/ir cuve, cuve (voir p. 385).  DERRIERE (en) — pour en arrière (v. p. 76). * DEVIS — entretien, conversation (v. p. 420). * DU TOUT — tout à fait, complè- tement (v. p. 416). EN FACE — pour sur la face, du latin IN FACiEM (v. p. 414). ESLEVATION — pour éducation (v. p. 418). * HORVARIS — hourvari, ruse des bêtes poursuivies (v. p. 269). HYPOCRITIQUE — hypocrite (v. p. 416). * ICY — pour ci (v. p. 416). * IMPROUVEUE (à 1') — h l'im- proviste (v. p. 75). INCONTAMINÉ — du lat. incon- TAMiNATUS, sans souillure (voir p. 400). * IRE — du lat. IRA, colère, cour- roux (v. p. 247). * JA — jamais (v. p. 4i5)-  440  Sermons autographes  JOURNEES (faire tant par ses) — pour mal e^nployer son temps (voir p. 347). Cf. le Diction^e de Littré, au mot JOURNÉE. LUITE — du latin lucta, lutte, combat (v. p. 245). MANTELINE — petit manteau (v. p. 164.) * NON PAS — 7i est-ce pas ? (voir P- 75)- OR SUS — parole d'encourage- ment (v. pp. 75, 120). Cf. ntal. ORsù  REMEMBRANCE - image, repré- sentation (v. p. 385). ROUTE (en) — de Pital. in rotta, en déroute (v. p. 74). SAUME — du bas-latin sauma, bête de somme, ânesse (v. p. 298). Voir le Glossaire de Du Cange. * SEMONCE — invitation, sollici- tation (v. p. }6i). * SI — mais, toutefois (v. p. 399). * SUPPORT — pour soutien (voir p. 420). TEMPOREL - du lat. temporalis,  OST — ar»«(?V(v.p.74).Cf.rital.osTE. temporaire (v. p. 327). TIGNE — du latin tinea, teigne  • PARANGON - de l'ital. para gone, comparaison (v. p. 400). * PART (la) — du côté, dans la di- rection (v. p. 75). POURFIL - profil (v. p. ^,^).  (v.p. 54). TOUT PAR TOUT - partout, de tout côté (v. p. 75). *TRAITTE — pour distance, étendue (v. p. 415)-  * RECREU — fatigué, lassé (voir p. 270).  UN — pour unique (v. p. 146, lig.  TABLE DES MATIÈRES  Avant-Propos v Avis au Lecteur xx  PREMIERE SERIE SERMONS REPRODUITS D'APRÈS LES AUTOGRAPHES LXVI — Sommaire d'un sermon pour le mercredi après le premier Dimanche de Carême, i o mars 1 604 i LXVII — Fragment d'un sermon pour le vendredi après le premier Dimanche de Carême, 12 mars 1604. — La piscine et le malade ( i ) 4 LXVIII — Plan d'un sermon pour le lundi après le deuxième Dimanche de Carême, 15 mars 1604 6 LXIX — Plan d'un sermon pour le mercredi après le deuxième Dimanche de Carême, 17 mars 1604 9 LXX — Plan d'un sermon sur la sainte Communion, 1 604 12 LXXl — Plan d'un sermon pour le Dimanche de la Passion, 1 2 mars 1 606 15 LXXll — Plan d'un sermon pour la fête de l'Ascension, 24 mai 1607 20 I ) On a cru devoir donner en entier ou en partie les titres écrits par le Saint, lorsqu'ils ajoutent quelques particularités à ceux des éditeurs. Les premiers sont distingués de ceux-ci par des caractères italiques.  442 Sermons autographes LXXIII — Fragment d'un sermon pour le premier Diman- che de l'Avent, 30 novembre 1608 26 LXXIV — Plan d'un sermon pour la fête de l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge, 8 décembre 1608. — Anniversaire de ma consécration. ... 28 LXXV — Fragment d'un sermon pour la fête de saint Jean l'Evangéliste, 27 décembre 1608 32 LXXVI — Plan d'un sermon pour l'octave des saints Inno- cents, 4 janvier 1609. — Pour le premier Dimanche de janvier, qui se trouvait être l'octave des Saints Innocents. i6oç, Annecy 33 LXXVII — Plan d'un sermon pour la fête de l'Epiphanie, 6 janvier 1609 38 LXX'VIII — Sermon pour le mercredi des Cendres, 4 mars 1 609 . — Annecy 43 LXXIX — Sommaire d'un sermon pour le premier Diman- che de l'Avent, 29 novembre 1609. — Annecy 59 LXXX — Sommaire d'un sermon pour le premier Diman- che de l'Avent, 28 novembre 16 10 62 LXXXl — Fragment d'un sermon pour le deuxième Diman- che de l'Avent, 5 décembre 16 10 64 LXXXII — Fragment d'un sermon pour le premier Diman- che de l'Avent, 27 novembre 161 1 68 LXXXIII — Fragment d'un sermon pour le deuxième Diman- che de l'Avent, 4 décembre 161 1 72 LXXXIV — Sermon pour le mercredi des Cendres, 7 mars 16 12 74 LXXXV — Plan d'un sermon pour la fête de saint Joseph, 1 9 mars 1612 86 LXXXVI — Plan d'un sermon pour le lundi après le qua- trième Dimanche de Carême, 2 avril 1612. — Chambéry. Sur l'Evangile du jour et, en même temps, sur la Samaritaine 89 LXXXVIl — Plan d'un sermon pour le vendredi après le quatrième Dimanche de Carême, 6 avril 16 12 96 LXXXVIII — Sommaire d'un sermon sur la sainte Croix, 20 avril 16 12. — Pour l'exposition de la très sainte Croix 1 00 LXXXIX — Plan d'un sermon pour la fête de l'Assomption de la Sainte Vierge, 15 août 161 2 103 XC — Plan d'un sermon pour le dix-neuvième Diman- che après la Pentecôte, 21 octobre 161 2.... 108  Table des Matières 443 XCI — Fragment d'un sermon pour la fête de la Purifi- cation, 2 février 1613 112 XCII — Plan d'un sermon pour le quatrième Dimanche après Pâques, 5 mai 161 3. — A Saint-Paul . . 115 XCIII — Plan d'un sermon pour la fête de la Pentecôte, 26 mai 16 13. — A mon retour de Milan 119 XCIV — Exorde d'un sermon pour le troisième Dimanche de l'Avent, 15 décembre 161 3. — Annecy... 123 XCV — Plan d'un sermon pour la veille de Noël, 24 dé- cembre 16 13. — Aux Sœurs de la Visitation 124 XCVl — Plan d'un sermon pour la fête de saint Joseph, 19 mars 1614 130 XCVll — Plan d'un sermon pour la fête de l'Assomption de la Sainte Vierge, 15 août 16 14. — Annecy 134 XCVIII — Plan d'un sermon pour la fête de la Nativité de la Sainte Vierge, 8 septembre 1614 140 XCIX — Plan d'un sermon pour le vingt-et-unième Dimanche après la Pentecôte, 1 2 octobre 16 14. — Annecy 147 C — Plan d'un sermon pour le vingt-troisième Di- manche après la Pentecôte, 26 octobre 16 14. — Annecy. Sur Talithe, fille du chef de la synagogue, et sur l'hémorrdisse ou la femme qui souffrait du flux de sang 151 CI — Sommaire d'un panégyrique de saint Charles Borromée, 4 novembre 1614 154 Cil — Plan d'un sermon pour la veille de Noël, 24 dé- cembre 16 14, — Pour la Congrégation des Oblates de la Visitation 157 cm — Sommaire d'un sermon pour la fête de l'Epi- phanie, 6 janvier 161 5. — Aux Sœurs de la Visitation. De l'adoration du Christ par les Mages 1 6 1 CIV — Fragment d'un sermon pour le vendredi après le deuxième Dimanche de Carême, 20 mars 161 5. — Veille de saint Benoît et du bien- heureux Amédée 1 63 CV — Fragment d'un sermon pour le troisième Diman- che de Carême, 22 mars 1 6 1 5 . — Sur la prière. Aux Sœurs de la Visitation, i" Leçon 166 CVI — Plan d'un sermon pour le vendredi après le Dimanche de la Passion, 10 avril 161 5. — De la Pénitence 1 69  444 Sermons autographes CVII — Fragment d'un sermon à l'occasion de prières publiques, mai 1615. — Pendant que nos soldats livraient bataille aux Espagnols. Pour une supplication publique 172 CVIIl — Sommaire d'un sermon sur la Pénitence 174 CIX — Sommaire d'un sermon pour la fête de la Puri- cation, 2 février 16 16. — Annecy. Nous célébrons la fête de l'oblation du Christ et de la Purification 177 ex — Paraphrase du Psaume cxxiv, juillet 16 16... 179 CXI — Fragment d'une homélie sur l'histoire de Jacob, 1616, — Leçon X sur la vie du Patriarche Jacoh 188 CXIl — Seconde homélie sur le même sujet, 1616. — Sur les versets g, 10, 12 192 CXIII — Fragment d'une autre homélie sur le même sujet, 1616. — Sur le verset ^o 201 CXIV — Sujets des Sermons sur le Cantique de Zacharie adressés aux Grenoblois peruiant l'Aventde 16 16. — Sermon préliminaire sur le Benedictus, pour le premier Dimanche de l'Avent, 27 novembre 1 6 1 6 202 CXV — Sommaire d'un sermon sur le premier verset du Benedictus, pour le deuxième Dimanche de l'Avent, 4 décembre 16 16. — Plebis suœ 210 CXVl — Sermon sur le deuxième verset du Benedictus, 5 décembre 16 1 6. — Et erexit cornu salutis nobis 21 1 CXVIl — Plan d'un autre sermon sur le deuxième verset du Benedictus, A vent 16 16. — In domo David pueri sut 225 CXVIII — Plan d'un sermon sur le quatrième et le cin- quième verset du Benedictus, Avent 1616. — Salutem ex inimicis. Adfaciendam misericordiam 228 CXIX — Plan d'un sermon sur le cinquième verset du Benedictus, Avent 16 16. — Ad faciotdam misericordiam cum patribus nostris, et memorari testamenti sui sancti 232 CXX — Recueil de notes pour le Carême de Grenoble, 16 17 236 CXXI — Sommaire d'un sermon pour le premier Diman- che de Carême, 1 2 février 1617 245 CXXII — Plan d'un sermon pour le lundi après le premier Dimanche de Carême, 13 février 1617. — Sur le jour du jugement 252  Table des Matières 445 CXXIII — Plan d'un sermon pour le mardi après le premier Dimanche de Carême, 14 février 16 17. — Sur le jugement : séparation et examen 257 CXXIV — Plan d'un sermon pour le mercredi après le premier Dimanche de Carême, 15 février 16 17 261 CXXV — Plan d'un sermon pour le jeudi après le premier Dimanche de Carême, 16 février 16 17. — Sur la Chananéenne et la prière 266 CXXVI — Plan d'un sermon pour le vendredi après le premier Dimanche de Carême, 1 7 février 1617. Sur la piscine probatique 27 1 CXXVII — Plan d'un sermon pour le deuxième Dimanche de Carême, 19 février 16 17. — Sur la Trans- figuration et la béatitude 276 CXXVlll — Plan d'un sermon pour le lundi après le deuxième Dimanche de Carême, 20 février 1617 280 CXXIX — Pland'un sermon pour le mardi après le deuxième Dimanche de Carême, 21 février 1617 284 CXXX — Plan d'un sermon pour le mercredi après le deuxième Dimanche de Carême, 22 février 1617 291 CXXXI — Plan d'un sermon pour le jeudi après le