IXJ n iiJ«=S^^ (->^^^^= i-R J3 (/) m I ■ ^ — (r S "^ —  ŒUVRES  Ir-q •m  DE  SAINT FRANÇOIS DE SALES ÉVÊaUE ET PRINCE DE GENÈVE ET DOCTEUR DE l'ÉGLISE  ÉDITION COMPLÈTE d'après les autographes et les éditions originales enrichie de nombreuses pieces inedites DÉDIÉE A SA SAINTETÉ LÉON XIII ET HONORÉE DE DEUX BREFS PONTIFICAUX PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE M^"* L'Évr:OUE d'aNNECY PAR LES SOINS DE RELIGIEUSES DE LA VISITATION DU I^R MONASTÈRE d'aNNECY  TOME XVI LETTRES — VOLUME VI  LIBRAIRIE CATHOLIQUE EMMANUEL VITTE  LYON 3, Place Bellecour, 3  PARIS 14, Rue de TAbbaye, 14  ANNECY, IMPRIMERIE J. ABRY MCMX  Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa  http://www.archive.org/details/oeuvresdesaintfr16fran  ŒUVRES  DE  SAINT FRANÇOIS DE SALES  ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENEVE  DOCTEUR DE L'ÉGLISE  TOME SEIZIEME  LETTRES  VI"" VOLUJNÎE  61 3 - i6i5  Propriété  ŒUVPvES  DE  SAINT FRANÇOIS DE SALES  EVEaUE ET PRINCE DE GENEVE ET DOCTEUR DE l'ÉGLISE  ÉDITION COMPLÈTE d'après les autographes et les éditions originales enrichie de nombreuses pièces inedites DÉDIÉE A SA SAINTETÉ LÉON XIII ET HONORÉE DE DEUX BREFS PONTIFICAUX PUBLIEE SOUS LES AUSPICES DE M^"^ l'ÉVÊQUE d'aNNECY PAR LES SOINS DE RELIGIEUSES DE LA VISITATION DU I^« MONASTÈRE d'aNNECY  TOME XVI LETTRES — VOLUME VI  LIBRAIRIE CATHOLIQUE EMMANUEL VITTE  LYON 5, Place Bellecour, 3  PARIS 14, Rue de l'Abbaye, 14  ANNECY, IMPRIMERIE J. ABRY MCMX Droits de traduction et de reproduction réserves  AVANT-PROPOS  Le nouveau volume — sixième de la correspondance de saint François de Sales — s'ouvre par une lettre écrite de Milan, en mai i6i3,et s'achève avec celles de mai 1615. Il embrasse ainsi une période de vingt-cinq mois, mar- quée dans la vie de l'Evêque de Genève par une rare fécondité, dont les manifestations diverses sont du plus haut intérêt (0. Ces lettres, la plupart datées d'Annecy, partaient dans toutes les directions, pour faire refluer ensuite, vers le saint Auteur, des hommages universels d'estime, de res- pect et d'amour. Aussi bien, la renommée du Prélat ne cesse de grandir parmi ses contemporains ; l'influence de sa sainteté et de son savoir rayonne toujours plus puis- sante par delà les limites de son vaste diocèse ; le nombre s'accroît toujours des âmes qui se rangent sous sa con- duite, de ceux qui recourent à son crédit et à ses lumières. (( Rien n'est caché a la chaleur du soleil en ce monde, « rien n'est non plus esloigné du soin des bons Rois a en leurs monarchies, » écrivait-il à Louis XIII (2). De même, rien n'échappait à sa vigilance affectueuse, ni ne demeurait «. esloigné de son soin. » Faisant face aux multiples exigences de sa charge pastorale et de son inlas- sable charité, n'oubliant ni les intérêts du Ciel, ni même ceux de la terre, il se montre à la fois Evêque, Pasteur (i) Sur deux cent quatorze Lettres, quarante sont inédites, sans compter plusieurs fragments et bon nombre de pièces fort intéressantes données en Appendice. (2) Lettre cmlxx, p. 176.  VI Lettres de saint François de Sales et Père. Il défend les droits de Dieu et de TEglise, protège les intérêts de son peuple et se donne à tous ses enfants. Ceux de nos lecteurs qui ne connaissent François de Sales que par sa douceur et sa condescendance, seront charmés de constater ici qu'il est surtout l'homme incom- parablement fort^ d'une intransigeance irréductible en présence du devoir. A Gex, les protestants forcent le bailli à faiblir, ren- voyant de l'assemblée des Etats de la province prêtres et ministres, sans vouloir désigner à qui appartient la préséance. L'Evêque élève sa voix puissante, il rappelle qu'il « n'est pas raysonnable de mettre Dagon sur l'autel « avec l'Arche d'alliance, » et proteste que si justice n'est faite, le devoir de sa charge l'obligera de s'en « douloir ailleurs (0. » Que les habitants de Seyssel s'ameutent et refusent de payer les redevances au Chapitre de Saint-Pierre de Genève, le Prélat s'afflige de demander le châtiment des rebelles, parce qu'ils sont ses « diocésains et enfans « spirituelz ; » mais « en fin, il faut un peu d'affliction « aux enfans a ce qu'ilz se corrigent,... et vaut mieux » pleurer « leur tribulation temporelle que s'ilz se preci- « pitoyent en l'éternelle ( = ). » L'un de ses prêtres se montre-t-il indigne de son caractère : « Je seray bien « marri si ce pauvre homme est mauvais, » écrit-il (3), « mais sil l'est, il faudra pourtant le chastier. » Le duc de Nemours, homme inquiet dans ses pensées, facile aux soupçons et prompt à la vengeance, a prêté l'oreille aux calomniateurs ; il poursuit les accusés sans les avoir entendus. François est son vassal ; mais l'Evêque redira sans crainte à celui qui est sous sa houlette de pas- teur la grande leçon de la justice. Avec une liberté tout apostolique, digne des Basile et des Ambroise, il adjure le prince de se ressouvenir que « nulle sorte de paroUe « qui soit au préjudice du prochain ne doit estre creuë (i) Lettre cmlxxxiii, p. 196. (2) Lettre mlxi, p. 334. (3) Lettre mlv, p. 323,  Avant-Propos vu a avant qu'elle soit preuvee, et » qu'« elle ne peut estre (( preuvee que par Texamen, parties ou\^es . Quicomque « vous parle autrement, Monseigneur, trahit vostre « ame (0. » Lui qui veut qu'on cède aux « puissances supérieu- res (=) » quand il s'agit seulement d'un sacrifice personnel, écoutons-le revendiquer, par son ami M*"" Camus, député aux Etats généraux, la liberté de l'Eglise : « Quelle abjec- « tion, que nous ayons le glaive spirituel en main et que, (( comme simples exécuteurs des volontés du magistrat « temporel, il nous faille frapper quand il l'ordonne et (( cesser quand il le commande, et que nous soyons (( privés de la principale clef de celles que Nostre « Seigneur nous a données, qui est celle du jugement, (( du discernement et de la science en l'usage de nostre « glaive (3) ! » Au demeurant, il ne se peut imaginer sujet plus loyal et plus affectionnément dévoué à la cause de son sou- verain que l'Evêque de Genève. Pendant un séjour à Sion, il entrevoit des périls pour la couronne de Savoie; sans retard, il en avertit le Duc, jugeant avec raison l'alliance du Valais « extrêmement utile aux affaires » de son maître (4). Quand il apprend que Henri de Ne- mours est sur le point de rompre avec Son Altesse, hardiment il intervient ; il le presse de revenir à Annecy et lui adresse à cet effet un vigoureux plaidoyer (^), où l'on ne sait qu'admirer davantage, de la force des argu- ments, ou des enveloppements d'expressions qui doivent ménager l'amour-propre de l'illustre fugitif. C'est un serviteur fidèle, ce n'est point un courtisan ; « les caresses » des Princes l'a obligent extrêmement, (( sans » l'a engager nullement (^^). » Il fuit la cour pour  (i ) Lettre mlii, p. 319. (2 ) Page 100. (3) Lettre cmxciv, p. 217. (4) Lettre mxxt, p. 275. ( 5 ) Lettre mxi. (6) Page 2.  VIII Lettres de saint François de Sales rester « dans sa bergerie, » et se garde de brûler ses (( ayslerons » à ces brillants flambeaux (0. Est-ce à cause de cette noble indépendance d'attitude que la loyauté de son dévouement fut parfois suspectée ? Sa grande âme s'attriste devant cette épreuve ; mais il s'en échappe seulement une douce plainte qui finit en prophétie : « On nous ravit le bien le plus pretieux que « nous ayons, qui est la bonne grâce de nos Princes, et « puis on dit : Quel mal vous fait-on? » Voir « Monsei- « gneur en cholere et indignation... m'est insupportable, (( a moy qui ay tant d'inviolables affections a ce Prince. . . ({ Un jour viendra que de m'aymer ne sera plus repro- (( che a personne (2). » François de Sales, cependant, eut une incontestable influence sur les grands. Il n'en usa que pour le bien de sa ville d'Annecy et de son diocèse. Nous le voyons sol- liciter pour son « pauvre bon peuple » l'exemption des charges de guerre (3), appeler la protection et les aumô- nes de Louis XIII sur les catholiques de Gex (4), enfin mettre tout en œuvre pour rendre au collège Chappuisien, « presque en friche (5), » son éclat des beaux jours. Il n'avait pu doter son diocèse d'un Séminaire, au moins veut-il que des maîtres savants et pieux préparent la jeu- nesse à une vie honorable devant le monde et pleine devant Dieu. En 1613, le Saint s'ouvre de son projet à la cour de Turin (6), s'adresse au duc de Savoie, au Cardinal Maurice, et sa souple patience déconcerte dou- cement toutes les résistances qui sans doute, dit-il avec autant de charité que de finesse, « ne procèdent que (( d'une bonne affection, a laquelle » il s'agit néanmoins de donner « la mesure et discrétion (7). » Enfin, quand les Pères Barnabites sont installés, c'est lui encore qui sert d'intermédiaire pour faire agréer à Louvain les ( 1 ) Voir pp. 197, 19S. (2) Lettre mliii, pp. 320, 321. (3) Lettre au Cardinal Maurice de Savoie, p. 324. (4) Lettres cmlxx, cmlxxxi. (5) Page 145. (6) Voir note ( i), p, 146. (7) Lettre au duc de Savoie, p. 190.  Avant-Proi'Os IX changements accomplis à Annecy (O, tandis qu'il se réserve d'entourer les nouveaux venus de ses dévouées et tendres sympathies. Mais le saint Evêque se souvient que « ceux de » sa « condition doivent rendre fidèle service » au « divin « Maistre » en donnant aux âmes choisies une vie plus abondante, « comme firent jadis les premiers et plus (( grans serviteurs de Dieu et Pasteurs de l'Eglise (2). » Aussi consacre-t-il à ses chères Filles de la Visitation une large part de son temps, de son cœur, de ses solli- citudes. C'est pendant cette période que nous assistons à la fondation du second Monastère de l'Ordre, à Lyon. Rien de mouvementé, d'intéressant comme les prélimi- naires de cet établissement, où l'on voit surgir la figure si complexe de M'"'^ des Gouffiers, et celle de M^^ de Mar- quemont, dont l'intervention devait avoir une influence profonde sur les destinées de l'Institut. Sans empressement, sans inquiétude, le Fondateur suit les événements ; pour lui, dans le gouvernement de sa vie comme dans la direction des âmes, le grand point était toujours, selon le mot de son saint ami Vincent de Paul, « de suivre pas à pas l'adorable Providence (3). » Quand elle lui fait signe, il avance ; il s'arrête quand elle lui barre le passage, et attend en toute patience, pour reprendre sa marche, que l'obstacle soit tombé. Dans cette parfaite dépendance des ordres divins et dans sa souve- raine droiture d'intention se trouve la raison de ses succès. Il avait dit un jour : Je « n'ay nulle sorte d'interest, » sinon « la plus grande gloire de Dieu et le plus grand service « de son Eglise ; et que Dieu soit servi ou par des Reli- « gieux vestus de noir ou vestus de blanc, cela est indif- (( ferent (4). » Par son attitude et par ses actes, François de Sales répéta cette belle parole dans les difficultés qui entravèrent d'abord la fondation du Monastère de Lyon. L'Appendice III donne une vue d'ensemble de cette  ( I ) Voir Lettre miii. (2) Préface des Règles de la Visitation. ( 3) Lettre du 7 décembre 1641 à M. Codoing, supérieur de la Mission d'Annecy. {4) Lettre CMxxxvii, p. 113.  X Lettres de saint François de Sales histoire, et permet d'en suivre avec plus de charme les détails à travers les Lettres de ce volume. Nous avons vu le grand Evêque intervenir dans les questions intéressant l'Eglise et l'Etat ; nous allons le retrouver avec sa grâce, sa bonté, sa patience inaltérable au milieu de pauvres veuves, de solliciteurs, de petites gens dont les mille riens sont pour eux grandes affaires. Il accueille tous ceux qui se présentent avec une telle mansuétude que la demeure épiscopale ne désemplit pas ; et l'aimable Saint voit naître sous ses pas une foule « d'empeschemens (0, » inévitable rançon de la confiance universelle qu'il inspire. Or, contraste admirable : tyran- nisé par les occupations les plus variées et souvent les plus pressantes (2), rien n'arrive à troubler ni la sérénité de son visage, ni l'harmonie tranquille de son âme qui, d'un vol puissant et doux, s'élève sans cesse jusqu'à Dieu, pour lequel seul il agit et se donne à tous. Il « ne faut « jamais cesser de coopérer au salut du prochain, » écri- vait-il, livrant sans y penser le secret de sa merveilleuse charité ; « quand vous ne feries que luy faire faire un <( bon souspir. Dieu en sera glorifié (3). » Le seul repos que prît l'infatigable Prélat au milieu de ses accablants travaux, c'était, avec la préparation d'une nouvelle édition de V Introduction à la Vie dévote i^)^ l'achèvement de son Traitté de V Amour de Dieu. Œuvre d'amour, en effet, à laquelle il mettait tout son cœur, qu'il méditait au pied du Crucifix, étudiait dans sa propre âme, dans l'âme de ses Filles, de celle surtout qu'il appelait aussi sa Mère, sainte Jeanne-Françoise de Chantai. Il tâchait de consacrer « a ces escrittures spi- « rituelles (5) » les premières heures de la journée; le matin lui était alors « comm' une fraische rosée, » et le préparait à « la tempeste » d'affaires qui trop souvent (i) Page 137. (2) Voir Lettre mviii. (3) Lettre à M""= de la Valbonne, pp. i^îj, i^6. (4 ) Voir p. 198. (s) Page 137.  Avant-Propos xt éclatait !'« après disner (^). » Mais le plus ordinairement, il n'avait que des lambeaux de temps arrachés « ça et la, » et c'est presque phrase par phrase que notre grand Doc- teur compose son chef-d'œuvre. « Tant que je m'en puis « eschapper, » écrit-il à une de ses Filles ( = ), « je metz « tous-jours quelque petite ligne en faveur de ce saint « amour. » Faut-il avertir le lecteur qu'il retrouvera dans cette nouvelle série de Lettres les qualités littéraires admirées dans les précédentes : richesse du vocabulaire, souplesse de la syntaxe, choix heureux de l'expression parfaite- ment subordonnée à la pensée. Ajoutons, tact délicieux de l'écrivain qui, restant toujours lui-même, sait varier sa manière selon ses différents correspondants, et se fait lire avec un attrait soutenu, surtout quand il s'adresse à la Mère de Chantai. Sa plume court alors, fidèle inter- prète de son âme et de son cœur, et il laisse pénétrer jusqu'à l'intime de ses pensées et de ses sentiments. Quel charme encore de parcourir ces nombreuses let- tres de direction où la tendresse abonde avec la doctrine, où la grâce du langage fait accepter Taustérité des con- seils ! Le saint Evêque y revit tout entier, avec sa spiri- tualité épanouie et épanouissante, son art surnaturel de conduire les âmes au bien « tout bellement, » avec les condescendances et les délicatesses de son grand cœur, l'enjouement aimable de son caractère et les fines saillies de son esprit. Comme il arrive à ceux qui vivent de Tamour divin, sous le regard du Père céleste, les moin- dres incidents lui fournissent les plus édifiants sujets de conversation. Alors il y a de vraies trouvailles d'expres- sions imagées et attendries, comme ce jour où un repas amical pris en commun sous ses yeux entre pigeons et petits oiseaux, lui dicte cette lettre à sainte Jeanne de Chantai, qui est en même temps qu'une merveille de style, une délicieuse contemplation sur la charité (3).  (i) Page 29. (2) Lettre cmxlviii, p. 130. (3) Lettre ml.  xii Lettres de saint François de Sales Jour après jour s'est formée cette correspondance rayon- nante de lumière et de chaleur, dans laquelle se grou- pent, autour de la grande figure de l'Evêque de Genève, tant de physionomies si diverses et parfois si curieuses : princes et seigneurs, courtisans heureux ou disgraciés, abbés travaillant à la réforme de leurs Communautés, moines austères, hommes de lettres, de robe et d'épée, jeunes gens au seuil de la vie, femmes du monde et religieuses de tous Ordres, et çà et là gracieux visages d'enfants qui sourient au passage. A la lecture de ces pages si vivantes, il semble que leur saint Auteur, avançant dans sa carrière, réalise dans ses « escrittures » aussi bien que dans son âme, ce souhait qu'il confiait un jour à la plus chère de ses Filles: (( Bienheureux si, sur le tard, je puis ressembler a vos (( œilletz, car leur odeur s'affi.ne et s'augmente en suavité « sur la fin de la journée (0. » Les Editeurs. Annecy, 23 octobre 1910, Fête du Très-Saint-Rédempteur.  ( I ) Billet à la Mère de Chantai, p. 29.  ERRATA  Page 188, note (2) : tome précédent, note (4), p. 2-]!^ — lire : 28iy. » 263, note (3) — Une récente découverte nous permet de rec- tifier cette note. Saint François de Sales ne s'est pas trom- pé ; Frère Georges, cousin-germain de son homonyme le Carme, est bien un Capucin. Fils de François de la Fa- verge, le puîné, et de Françoise de la Fléchère, Annibal naquit le 14 mars 1580. Il teste le 22 septembre 1597 au moment de sa profession dans l'Ordre de Saint-Fran- çois, et dut mourir vers 161 5, car cette année-là, un novice de la même Province reçut son nom de Religion. Annibal de la Faverge, devenu Frère Georges, ne figure ni dans \ Armoriai de Savoie, ni dans le NécroJoge des Ca- pucins; seuls, les Mss. Besson l'ont mentionné. » 308, note (i) : tome XII — lire : XIII.  AVIS AU LECTEUR  Des Lettres publiées dans ce volume, un grand nombre ont été revues sur les originaux. La provenance indiquée à la fin de chaque pièce, est celle qui nous était connue au moment où elle nous a été communiquée. Lorsqu'un Autographe provient d'une Communauté française exilée ou dispersée, nous donnons l'ancienne adresse de celle-ci. Les Lettres qui ne sont suivies d'aucune indication sont celles dont, à défaut d' Autographes ou de copies authentiques, on a dû emprunter le texte à des publications antérieures. Voir à la fin de ce volume la Table de correspondance, et V Avant-Propos du tome XI, pp. xxv-xxvij. Les Editeurs sont seuls responsables de l'adresse et de la date qui pré- cèdent chaque pièce ; l'une et l'autre sont répétées à la fin quand elles figurent sur l'original, ou qu'elles sont authentiques, quoique fournies par les textes imprimés. Les points remplaçant quelque énumération de la date indiquent que cette partie de la date est donnée, mais fautivement, par l'édition à laquelle notre texte est emprunté. Quand la date attribuée à une lettre n'est pas absolument sûre, elle est insérée entre []. Ces signes sont également employés pour les mots qu'il a fallu suppléer dans le texte. Les divergences qui existent entre quelques minutes et le texte définitif sont données au bas des pages. Le commencement de la variante est indiqué par la répétition en italique des mots qui la précèdent immédiatement au texte; la fin est régulièrement marquée par la lettre de renvoi. Les pas- sages biffés dans les Autographes sont enchâssés entre fJ . Des points placés au commencement ou à la fin des lettres indiquent un texte incomplet. Quand les Autographes ont subi quelque mutilation, nous l'indiquons chaque fois. A la suite du Glossaire se trouve un Index, dans lequel il a été jugé à propos de fondre les noms des destinataires avec les titres des principales notes historiques et biographiques. Toutes les notes concernant le clergé de l'ancien diocèse de Genève sont tirées des Registres de l'époque ; elles sont désignées par les deux initiales R. E. Sauf indication contraire, tous les renseignements relatifs à la noblesse savoisienne sont empruntés au monumental ouvrage du Comte Amédée de Foras, si dignement continué par le Comte de Mareschal de Luciane : Armoriai et Nobiliaire de l'ancien Duché de Savoie.  LETTRES  DE  SAINT FRANÇOIS DE SALES  ANNEE 1613 (Suite)  DCCCLXXIII A LA MÈRE DE GHANTAL (inédite) Pèlerinage à Milan. — Ostension du saint Suaire de Turin, — Deux audiences princières attendues. — Annonce du retour à Annecy. Turin ( i ), 6 mai 1613. Hier tout tard je receu vostre lettre, ma très chère Fille, et tout a la haste, je vous annonce nostre retour de Milan (2), ou, et tout le long du chemin, nous avons (i) Voirie tome précédent, notes (i), pp. 171, 360, 374. (2) Quand TEvêque de Genève arriva dans cette ville, le 25 avril, il fut « reçu comme un saint. Le Cardinal Federic Boromee, cousin » et successeur de saint Charles, « acompagné de don Jiian de Mendoza, gouverneur du Mi- lanois, alla a sa rencontre et voulut le loger dans son palais. Mais notre humble Prélat, » le suppliant" de le laisser libre, en pauvre pèlerin,... accepta avec toute la joie possible » le modeste logement que lui offrit dans son monastère le P. D. Jean-Ambroise Mazenta, Général des Barnabites. (Ancien Ms. de VAnfte'e Sainte de la Visitation, 25 avril; Arpaud, Vie de Motiseigneur D. Juste Guérin, Anneci, 1837, liv. I, chap. xi.) Le souvenir du saint Archevêque, qui se retirait dans cette même chambre au temps de ses exercices spirituels, ne fit qu'aviver sa dévotion. Le 26 avril, « le Serviteur de Dieu eut grande peine d'achever la Messe » au tombeau du bienheureux Cardinal, « tant il estoit ravy et hors de luy mesme, et après, il respandit une très grande abondance de larmes. » (Process. remiss. Gebemt. (II), dépos. de la Mère de Chaugy, ad art. 15.) « La meil- leure plume, » écrit Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII), « seroit bien en peine d'exprimer la longueur et ferveur des prières qu'il fist » devant ces Lettres VI 1  2 Lettres de saint François de Sales esté extrêmement caressés. Avanthier je fus Tun de ceux qui firent Tostension fort solemnelle du saint Suayre (0, ou Son Altesse me fit l'honneur de me tes- moigner beaucoup de bienveuillance en diverses occa- sions. Je n'attens plus que d'avoir une bonn' audience d'elle, selon qu'elle me la promit a Trein (-), et une autre de Monseigneur de Nemours ; et puis, me voyla de reclief a cheval pour retourner en ma pauvre petite coquille, qui m'est plus chère que tous les palais des grans Princes, desquelz les caressent (sic) m'obligent extrêmement, sans m'engager nullement. Je vous escriray dans deux ou troys jours par M. de Vallon (3), et a tous mes amis, sinon que je fusse si heureux de pouvoir estre despeché pour aller moy mesme ; mays ce tems de guerre ne me fait pas faveur pour cela (4). J'espère pourtant que ce sera bien tost (5), non jamais tant que je désire.  restes vénérés. « A son départ, on ne sçauroit pas dire combien de tesmoignages d'amitié il receut, tant du Cardinal, que des principaux de la ville. » Les soldats d'un régiment espagnol qui avait jadis séjourné en Savoie, ayant rencontré TEvêque sur la route de Novare, le reconnurent; « ils vindrent tous a la foule... pour le toucher et recepvoir sa bénédiction, » et le colonel lui-même voulut retourner « avec ses aumôniers visiter le Bienheureux au logis. » (Process. 7'emiss. Gehenn. (I), dépos. de Georges Rolland, ad art. 51.) (i) « C'estoit le quatriesme jour du mois de may, » dit Charles-Auguste (ubi supra), « en quel temps les chaleurs sont des-ja extrêmes en ces quartiers- là, et le Bien-heureux homme estoit tout trempé de sueurs. Or il arriva qu'en panchant la teste, quelques gouttes, tant de son front que de ses larmes, tom- bèrent sur ces sacrées reliques. » Le 4 mai 1614, notre Saint raconte cet accident à la Mère de Chantai, en mêlant à ce récit rétrospectif les réflexions les plus touchantes. (2) Trino, ville située sur la rive gauche du Pô, au sud-ouest de Verceil. Une ceinture de gros murs, la profondeur de ses fossés, la solidité de ses tours et de ses portes la rendaient comme imprenable. Le 22 avril, le commandant de la ville, Becchesino, l'avait livrée au duc de Savoie. ( 3) Jacques de Gex, seigneur de Vallon (voir tome XII, note (i). p. 260). ( 4 ) La guerre du Montferrat fixait en ce moment l'attention de presque toute l'Europe. Elle avait éclaté à la mort du duc de Mantoue. François de Gonzague (22 décembre 1612). Comme il ne laissait qu'une fille àg.-e de deux ou trois ans, le duché fut revendiqué par le cardinal de Mantoue, Ferdinand de Gonzague (voir le tome précédent, note (i), p. 202), et le Montferrat par Charles-Emmanuel I^"", Exaspéré par la conduite de Ferdinand, qui, en relâ- chant Marguerite de Savoie, sa belle-sœur, retenait la jeune princesse Marie, le duc de Savoie envahit le haut Montferrat (22 avril-9 mai). ( 5 ) Le Saint ne put rentrer à Annecy que le 25 mai, veille de la Pentecôte.  Annéf. 1613 3 Nous laisserons donq là la croix pour cette fois. Je salue toute nostre chère trouppe et M""" des Gouffier et tout, si eir y est 1'^. Dieu bénisse a jamais nostre unique cœur, ma très chère Mère. Me voyci visité ; partant. Dieu soit avec vous. Je suis en luy pour vous ce quil sçait, et vrayement vous mesme. 6 may 16 13, a ïhurin. (2) A Madame [Madame la] Barone de Santal, Supérieure de la Visitation de Nicy. Revu sur l'Autographe conservé à Paris, au Séminaire de Saint-Sulpice. (i) Elisabeth Arnault des Gouffîers, Religieuse du Paraclet (voir le tome précédent, note ( i ), p. 343), n'était pas encore arrivée à Annecy. Cf. ci-après, p. 6, et note ( 2 ), p. 15. (2) L'adresse est de la main d'un secrétaire.  DCCCLXXIV A l'empereur d'allemagne, mathias (0 (minute) Dépouillé par les Genevois de son pouvoir et de ses biens temporels, TEvêque de Genève s'excuse de ne pouvoir prêter son concours à l'Empereur. Annecy, 9 mai 1613 (2). Quam vellem, Imperator Augustissime, mandatis Ma- jestatis Vestrae Caesareae ad amussim obtemperare posse,  Très Auguste Empereur, Que je voudrais obéir à la lettre aux commandements de Votre Majesté Impériale, en assistant à la diète qu'elle publie maintenant, ( I ) L'empereur Mathias (cf. tome XIII, note ( 3 ), p. 236) était le quatrième fils de Maximilien II et de Marie d'Autriche. Né en 1557, il succéda en 1612 à son frère Rodolphe (voir ibid., note ( i ), p. 220), et mourut sans enfants en 1619. (2) Dans toutes les éditions (celle de Migne exceptée), cette lettre porte la date du 9 mai 1615. Nous croyons qu'il y a erreur pour l'année, et qu'on doit lire 161 3, car les chiffres 3 et 5 se prennent souvent l'un pour l'autre dans le?  4 Lettres de saint François de Sales comitiis nimirum imperialibus, quae nunc indicit, inte- resse, ingenium, si quod in me sit, operamque meam honorificentissimis suis conatibus impendere ac denique augustissimum invictissimi Cœsaris vultum coram vene- rari ! Verum haereticorum Gebennensium rebellio, quae episcopalem hanc cathedram omni penitus rerum huma- narum prsesidio per summam perfidiam spoliavit (O, Rom., VII, 19. efficit ne quod volo honum, hoc faciam *. Quare, quod superest, Serenissime Csesar, nunquam intermittam, quin Deum optimum, maximum, Sacrificiis  et en consacrant mon industrie, selon mes moyens et mon travail, à ses très honorables entreprises ! Que je voudrais aussi rendre en présence mes hommages à la très auguste personne du très invin- cible Empereur ! Mais, du fait de la rébellion des hérétiques gene- vois, cette chaire épiscopale se voit absolument dépouillée, par une très grande perfidie, de tout moyen d'assistance humaine (0 : de là, pour moi, l'impossibilité de faire le bien que je veux. Aussi, à l'avenir, Sérénissime César, je ne cesserai pas d'offrir Autographes du Saint. La date du 9 mai 1613 concorde d'ailleurs avec les circonstances de la diète qui se tint cette année même. Convoquée le 30 dé- cembre 1612 pour le 24 avril 1613, elle ne s'ouvrit défait que le 13 août suivant et fut clôturée le 22 octobre. (Voir Aller des Heiligen Romischen Reichs gehaltenen Reichstage abschiede und sat\ungen, Francfort am Mayn, 1720, pp. 1006 seq.) En tant que Prince de Genève, François de Sales avait été averti des convocations successives de l'assemblée. Nous avons une pièce du 3 avril 1613, par laquelle il accuse réception des lettres de l'empereur Mathias; celles-ci étaient sans doute l'invitation officielle à la diète d'aoùt-octobre 1613. Une seconde diète fut convoquée le 22 octobre 1613 pour le i*^'" mai 1614 ; elle ne se tint pas. Le 18 mars 1614, au château de Lyntz, l'Empereur donnait des lettres pour une nouvelle assemblée générale à Ratisbonne, le i^"" février 1613. (Voir à l'Appendice L) Le Saint y fut encore invité ; nous en avons la preuve dans une pièce qu'il délivra, le 3 juillet 1614, à Georges Scheyffer, notaire de l'empire et porteur du message. Il a dû répondre dans le courant de cette même année, et non le 9 mai 1615, cette date ne concordant pas du tout avec celle de l'ouverture de la diète. Les éditeurs, qui ont pu se mé- prendre sur le chiffre de l'année, méritent confiance pour le quantième, qu'ils n'ont pas introduit arbitrairement. Raison nouvelle qui confirme la vrai- semblance de la date proposée. Bien que l'Evêque de Genève fût encore à Turin le 9 mai, il aura sans doute jugé préférable, vu le caractère officiel de sa lettre, de la dater à' Annecy, lieu de sa résidence ordinaire. (Cf. le tome précédent, p. 173.) ( i) L'objet principal de la diète était d'obtenir des subsides pour guerroyer contre les Turcs.  Année 1613 ç precibusque placare contendam, ut tribuat lihi aiixiliiim de sancto, et omne tiium pium consilinm confïrmei *. * l's. xix, 3, 5. Amen. Caesarese Majestatis Vestrae augusLissimae, Humillimus et observantissimus, FRANÇ^ Ep. Gebenn. Annessii Gebennensium, 9 Maii ....  mes Sacrifices et mes prières, afin d'apaiser le Dieu tout bon et tout-puissant, pour qu'il vous envoie son secours d'en-haut et qu'il confirme entièremement votre pieux projet. De Votre Majesté Impériale très auguste, Le très humble et très obéissant serviteur, François, Evêque de Genève. Annecy en Genevois, le 9 mai ....  DCCCLXXV A LA MÈRE DE CHANTAL Le Saint se dispose à repartir pour la Savoie. — Une protectrice pour la Visitation, — Messages et avis divers. Turin, 14 mai 1613. ¥a moy, ma chère Fille, je vous escris encor plus courtement pour responce a vostre lettre du 5 de ce mois, tant pour mille petites affaires et visites que je reçoy, que pour la ferme espérance que j'ay de vous voir bien tost, résolu, Dieu aydant, de partir d'icy samedi ou Dimanche prochain (O, pour estre a Neci au jour de la sainte Pentecoste l^), puisque je n'arreste plus que pour l'affaire de ces pauvres bannis (3); car, quant ( I ) Le i/^, date de cette lettre, était un mardi; le départ eut lieu le samedi suivant, i8 mai. (a) La Pentecôte tombait le 26 mai. {CL ci-dessus, note (5), p. 2.) (3) MM. de Charmoisy et du Noyret, impliqués dans l'affaire Berthelot. (Voir le tome précédent, note (3), p. 327: Lettre dccclix. p. 356; note ( i ), p. 360; Lettre dccclxiii, p. 361, et Lettre dccclxvii, p. 370. Cf. encore ci-après. les lettres des 9 et 14 juin au duc de Nemours.)  6 Lettres de saint François de Sales aux despeches, je laisseray le bon M. de Blonay (0 qui, de bon cœur, demeurera pour les solliciter. Mais cette négociation de Tappaisement de Monseigneur de Ne- mours ne peut estre faite qu'en présence; or, j'ay toute ma confiance en Dieu d'en reiiscir. Je vous ay des-ja fait sçavoir que nous aurons madame la Duchesse de Mantoue, qui est la vertu mesme, pour nostre protectrice (2); maysil ne faut pas encor en faire du bruit, pour une rayson que je vous diray. M. de la Bretonniere est encor en volonté de nous ayder en quel- ques choses pour l'édification de nostre oratoire (3). Caressés cordialement les messieurs qui s'en revont, en particulier M. Floccard (4). Je suis en peyne du retardement de madame des Gouffiers (3), remettant néanmoins cela a la sainte providence de Nostre Sei- gneur, comme aussi nostre pauvre petite malade (6). Nous ramènerons vostre filz (?), qui, a la vérité, a grand désir de s'employer a la guerre, si elle suit. Je salue fort ma chère fille madame de Thorens, et M'"" de Rabutin 1^), qui est aussi ma fille; comme encor toutes celles qui sont autour de vous, que vous sçavés m'estre pretieuses plus qu'il ne se peut dire (9).  (i) Claude de Blonay, l'un des compagnons de voyage du Saint. (Voir le tome précédent, Lettre dccclxi, p. 359, et note ( i ), p. 374.) ( 2 ) Marguerite de Savoie, fille de Charles-Emmanuel et veuve de François de Gonzague, duc de Mantoue. avait accepté d'être la protectrice de la Visitation. (Voir sa note avec une lettre de fin novembre 161?, dont elle est destinataire.) (3) Charles Chaliveau, seigneur de la Bretonniere, avait déjà antérieure- ment témoigné de sa bonne volonté à ce sujet. (Voir le tome précédent, p. 328.) ( 4 Wl est assez difficile de désigner ces « messieurs qui s'ent revont. » Quant à M. Floccard, c'est ou le chanoine Barthélémy Floccard (voir tome XI, note ( I ). p. 2q6) qui est mentionné ici, ou plus probablement encore le collatéral du même nom, dont les rapports avec le monastère de la Visitation furent plus fréquents. (5) Cf. ci-dessus, note ( i ), p. 3. (6) Sœur Claude-Françoise Roget (cf. le tome précédent, note ( r ), p. 369). (7) Bernard de Sales, baron de Thorens, avait accompagné son saint frère à Milan. (Voir ibid., pp. 574, note ( i ), et 375.) (8) Marie-Aimée et Françoise, filles delà Sainte. (9) Voir à l'Appendice I une lettre du P. Jacques de Bonivard, S. J., datée du 8 mai 1613, qui donnait au saint Fondateur des nouvelles bien consolantes de ses chères Filles.  Annéh 1613 7 Dieu soit a jamais dedans nostre cœur, pour y vivre et régner éternellement. C'est luy qui sçait ce qu'il luy plaist que nous soyons, en la très parfaite union qu'il a faite en luy mesme et par luy mesme. Amen. A Thurin, le 14 may 161 3. Il seroit mieux qu'on accommodast le procès en mon absence, a cause de ma trop grande condescendance (0. Je prieray pour le pauvre sire Pierre, et loue Dieu qu'il soit passé en bonne disposition (-). A Madame [Madame] la Baronne de Chantai, Supérieure de la Visitation, a Neci. ( I ) Il s'agit du procès intenté contre la Visitation par Antoine de Bellegarde, seigneur de Disonche (voirie tome précédent, note (3), p. 366), au sujet de l'héritage légué à la Communauté par M""^ de Miribel. (Ibid., note ( 2 ), p. 328.) On voit dans une lettre du président Favre, 2 mai 1613, que celui-ci s'occupait activement de cette affaire. (Mugnier, Correspondance du Président Favre, tome II, publié par la Société savoisienne, etc., 1905.) ( 2 ) Sans doute, le Saint désigne ici « honorable Pierre Jondel, apothicaire, » qui avait été inhumé le 6 mai à Notre-Dame de Liesse. (Reg. par. d'Annecy.)  DCCCLXXVI A M. ANTOINE DES HAYES (0 D'où venait l'empêchement pour le Saint d'aller prêcher à Paris; égards que lui témoigne le duc de Savoie. — L'incivilité d'un libraire et la Défense de la Croix. — Ouvrages et éditeurs. — M. et M'"'^ de Charmoisy. 20 mai 1613. Monsieur, Je receu a Thurin vostre lettre du 30 mars, avec une extrême confusion d'y voir le remerciment que vous me faites de ma persévérance au désir de servir vostre parroisse le Caresme prochain l^) ; puisque ma volonté, (i) Voir tome XII, note ( i ), p. 251. — Il est difficile de savoir d'où cette lettre a été écrite, mais d'après la teneur des premières lignes, on pourrait proposer Chambéry, avec assez de vraisemblance. (2) La paroisse de Saint-Benoît, à Paris, dont le destinataire de cette lettre était marguiller. (Voir le tome précédent, note (2\ p. 271, ot pp. ^C-)}, 399.)  8 Lettres de saint François de Sales ma persévérance, mon espérance demeurent frustrées et inutiles, Son Altesse ne m'ayant pas voulu accorder que je sorte d'icy (O pour les prsedications, avec des paroles tant honnorables que rien plus, mais nullement favo- rables a mon intention. De sorte. Monsieur, que je vous supplie de ne plus vous amuser a moy en façon quel- comque, puisque je suis si impuissant a vous rendre le service que je vous dois. J'ay bien néanmoins encor un ressort en main, lequel je vay faire joiier des demain, mays je ne m'en ose rien promettre. Si vous sçavies. Monsieur, d'où vient l'empeschement, vous admireries l'industrie du dœmon qui s'oppose a nos désirs. Pour Dieu, Monsieur, croyes bien, je vous supplie, que mon cœur est totalement dédié au vostre, et mes désirs a vos affections, et que si je sçavois faire mieux pour faire reuscir vos intentions, je le ferois. Je vous diray ce mot en la confiance que j'ay de vostre prudence : M. Troiiillouz i^)^ qui sert Son Altesse es affaires de France, dit a Thurin, sur le propos de la recherche qui a esté faite ci devant de me faire aller a Paris : C'est Charmoysi et le sieur des Hayes qui ont ce dessein, nul autre n'y eut pensé qu'eux. De là, on passe a d'autres pensées. Jusques a quand sera ce que l'on vivra ainsy ? Hors cette particularité, que vostre seule considération me faysoit avoir plus a cœur qu'autre chose quelcom- que de celles que j'avois a traitter. Son Altesse m'a ( I ) C'est-à-dire de la Savoie. ( 2 ) Noble Jean TrouUiouz, seigneur de la Salle, conseiller de Son Altesse et commissaire des guerres, nommé quatrième président de la Chambre des Comptes, par lettres patentes du 21 août 1610, en devint le troisième, par lettres du 15 juin 1612. (Turin, Archives de la Chambre des Comptes, Pateyites, vol. 25.) L'ambassadeur du Duc à Paris, M. de Jacob, profitait de toutes les occasions pour vanter à son prince la prudente sagesse du président. Et de fait, celui-ci avait l'oreille de Charles-Emmanuel; il fut chargé en France (1609 et 1610) de plus d'une mission délicate ; il était parti de Paris, en congé, le 9 décembre 1612. En mai 1613, M. TrouUiouz se trouvait encore à Turin, et le i^'"juin, M. de Jacob, fatigué, malade, comptait sur lui pour être allégé d'une partie de sa charge. (Turin, Archiv. de l'Etat, Lettere Ministri, Francia, Mazzo 13, et Nego:[iaponi Francia, Mazzo 7.) Adriane de Prez déclare dans son testament (1630) qu'elle veut être inhumée à Saint-Dominique de Cham- béry, « avec le sieur TroulUoud, son feu mari. » (Note de M. le comte de Mareschal.)  Année 1613 9 comblé de tesmoignages d'estime et de faveur autant que l'action de la guerre en laquelle je le treuvay (0 le pouvoit permettre. Je treuve très mauvaise la procédure du libraire qui a osé, sans rime ni ra3^son, mettr' un tiltre si impudent au livret de la Croix (2). Hors le tiltre et l'obmission de l'Advant Propos, sans lequel ce livre semble un songe, je n'en serois pas si fasché, bien que tous-jours ce seroit un'incivilité commise en mon endroit. Et sil m'eut adverti, je luy eusse rendu ce livret mille fois plus ven- dable, par la correction et amendement que j'y eusse fait. Mays, pour tout cela, je ne vous supplieray point de prendre lapeyne de faire faire les deffences qui seroyent requises pour en empescher la débite, car ce vous seroit une trop grande importunité. Je me contenteray bien qu'il vous playse luy faire dire quil me donne cette satis- faction de remettre le tiltre. Rien ne m'est plus a contre cœur que l'ambition des tiltres : (( Je hay l'architecteur qui, privé de rayson, (( Fait le portail plus grand que toute la mayson (3). » ( I ) La guerre du Montferrat (voir ci-dessus, note (4), p. 2). (2) Une pseudo-seconde édition de la Défense de VEstendart de la saincte Croix de nostre Sauveur Jesus-Christ venait de paraître sans l'aveu de l'auteur, sous ce titre : Panthologie ou Thresor précieux de la saincte Croix, par François de Sales, Evesque de Genève. A Paris, chez Claude Rigaud, rue S. Jaques, mdcxiii. — L'éditeur avait emprunté l'idée de ce fastueux frontispice à François Girard, prévôt de la collégiale de Bourg, qui, sous le nom de D. Fran., qualifie de « Panthologie » et de « Trésor très précieux » l'ou- vrage de François de Sales. (Voir tome II, pp. 417, 418.) Nous ignorons si Claude Rigaud donna à l'auteur la satisfaction qu'il désirait. Dans la Préface du Traitté de V Amour de Dieu, le saint Evêque réclame encore contre l'incivilité du libraire parisien. (Voir tome IV, pp. 17, 18.) ( 3 ) Ces deux vers, que des érudits très lettrés ont cherchés en vain dans les anthologies du xvi^ siècle, sont d'un poète savoyard, Claude-Etienne Nouvel- let, 1537-1613 (cf. tome XII, note ( i ), p. 47). Dans un recueil de vers, aujour- d'hui presque introuvable, intitulé Les Divinailles, publié à Lyon, chez Jean de Tournes, en 1578, et réédité en 1893 à Chambéry, par Marie Girod, l'auteur avait pris pour épigraphe ce quatrain : « Va, mon petit livret, je ne charge ton front « D'un tihre ambicieux, comme ores plusieurs font, « le hay l'architecteur, qui, privé de raison, M Fait plus grand le portail que toute la maison. » François de Sales citera encore ces vers en 1616, dans la Préface de son Traitté, mais avec une variante. (Voir tome IV, p. 18.)  10 Lettres de saint François de Sales J'ay promis le livre de V Amour a Rigaud, de Lion ( ^ ), et certaine petite besoigne pour ce diocaese a un autre ( = ). Passé cela, si jamais je metz la main a la plume, ce sera pour Paris, a vostre gré ; mays certes, je ne sçai ce que je pourray jamais faire. J'espère dans cinq ou six jours voir monsieur de Char- moysi en liberté (3). J'escris a madame de Charmoysi, qui vous fera sçavoir ce qui en est et Tadvis que je luy donne, puisque je suis pressé de finir. Monsieur, je suis plus qu'homme qui vive, Vostre très humble, fidèle serviteur, Francs, e. de Genève, qui vous souhaite, et a madame vostre chère moytié, tout le bonheur du Ciel et de la terre. XX may 161 3. Monseigneur de Nemours va en France dans huit jours (4). A Monsieur Monsieur des Hayes, Maistre d'hostel du Roy, Gouverneur de Montargis. Revu sur l'Autographe conservé au i^"" Monastère de la Visitation de Rouen. (i) Pierre Rigaud (voir tome XIV, note ( i ), p. 383). (2) Nous connaissons les titres de plusieurs ouvrages que le saint Docteur projetait d'écrire, ou même qu'il a rédigés (voir tome I, pp. lui, liv, et tome XIV, pp. 126, 127); mais il est difficile de désigner le traité qu'il destinait à son diocèse. Peut-être s'agit-il ici d'un opuscule qu'il n'a pas eu le loisir de composer. (3) L'espoir de la mise en liberté de son ami, que saint François de Sales croyait si proche, fut de nouveau trompé. Il avait obtenu une promesse sim- plement verbale; ce ne fut qu'au mois d'octobre suivant que finit la détention de M. de Charmoisy. (Voir le tome précédent, note ( i ), p. 363, et ci-après, les lettres au duc de Nemours, g et 14 juin, 19 juillet et 4 octobre 1613.) (4) Le 29 mai 1613, les Délibérations du Conseil de Ville d'Annecy portent « que Monseigneur doibt arriver bientost a Chambery, qui doibt passer en poste pour aller en France. » Ce fut un faux bruit, car le prince, alors à Turin, s'y trouvait encore au mois d'avril 1614, comme le prouve la correspondance diplomatique de la cour de Savoie.  I  Annf.e 1613 11 DCCCLXXVII A MADAME DE PEYZIEU (0 (inédite) Témoignages d'affection filiale; félicitations à la destinataire à propos du mariage de l'un de ses fils. 21 mai 1613 (2). Madame ma chère Mère, Les mains d'un si digne porteur vous rendront, je m'asseure, ce papier aggreable, outre la faveur mater- nelle delaquelle vous recevés tout ce qui vous est présenté de ma part. Ce n'est. Madame ma Mère, que pour vous ramentevoir Thumble et véritable affection filiale que j'ay dediee et que vous aves acquise en moy pour vostre service. Faites moy Ihonneur, je vous supplie, de me continuer aussi au rang que vous m'aves donné en vostre bienveuillance, delaquelle je suis extrêmement jaloux et ambitieux, comme d'un bien que je ne mérite pas et que néanmoins m'est assigné. Au demeurant. Madame ma chère Mère, il faut bien que je me res-jouisse avec vous de la consolation que vous aves de vous voir assistée et accompaignee d'une nouvelle bonne et bellefille (3), et que je vous conjure de luy  (i) Françoise de Dizimieu, veuve de François-Philibert de Longecombe, seigneur de Peyzieu. (Voir le tome précédent, note ( i ), p. i8i.) {2) Sur l'Autographe de cette lettre, les deux derniers chiffres ont presque complètement disparu, mais une ancienne copie appartenant à M'"^ la marquise de Mailly (château de la Roche-Mailly, Sarthe) porte 1613; si cette date n'est pas la vraie, il faudrait, à cause de l'écriture, songer à l'une des années antérieures. Il n'a pas été possible de savoir quand se fit le mariage auquel le Saint fait allusion, ce qui aurait enlevé tout doute pour la date donnée ci-dessus. (Voir la note suivante.) (5) Le i"^"^ décembre 1613, saint François de Sales écrit à Balthazard de Longecombe de Peyzieu et envoie un message à sa « chère moytié », Jeanne Armuet de Bonrepos. Celle-ci pourrait bien être la « bonne et bellefille » mentionnée ici.  12 Lettres de saint François de Sales ordonner qu'elle me reçoive en sa bonne grâce, comme un de vos enfans plus humbles qui est, outre cela, Vostre fidèle et très affectionné serviteur, Francs, e. de Genève. 21 may 1613. A Madame de Pezieu. Revu sur l'Autographe conservé à Troyes, à l'aumônerie des Dames des SS. Cœurs, dites de Picpus.  DCCCLXXVIII A LA MÈRE DE CHANTAL (billet inédit) Retour du Saint. — Salutations dès l'arrivée. — Promesse d'une visite pour le lendemain. Annecy, 25 mai 1613 (i). Et me voyci donq au près de ma très chère Mère, moy mesme sans autre, avec tesmoignage de tous ceux qui me voyent que je me porte fort bien. Demain, Dieu ( I ) L'écriture ne contredit pas la date de 161 3 ; le ton et la teneur du billet indiquent une longue et lointaine absence et un voyage fatigant. Au retour d'un Carême ou d'un Avent à Grenoble, le Saint n'aurait pas été si empressé de rassurer sur sa santé la Mère de Chantai. Il est donc plus probable que ces lignes ont été écrites en revenant de Milan. Le lendemain, la solennité de la Pentecôte rassembla sous les yeux de l'Evê- que les Annéciens ravis de revoir leur Pasteur bien aimé. Mais l'émotion des auditeurs dut être extrême lorsque le saint Prélat monta en chaire. Nous avons l'exorde et le plan du sermon qu'il adressa à son « cher peuple », sa joie et sa couronne. On ne peut imaginer un thème plus gracieux et plus attendrissant; l'amour de ce père pour ses enfants était « vraiment admira- ble. » (Voir tome VIII, p. 119.) C'est ce même jour, qu'au rapport des historiens, une colombe, figurative de la descente du Saint-Esprit, étant sortie d'une machine simulant les nues, « après avoir long temps volé deçà et delà par l'église... en fin alla choisir son repos sur la teste nue du sainct Evesque, qui estoit debout à l'autel; >- et il « ne se remua point, jusques à ce qu'elle s'envola d'elle mesme. » ^^Charles- Auguste, Histoire, etc., liv. VIII.)  I  Année 1613 13 aydant, ma très chère Mère m'en dira de mesme et que je soys le bien venu ; ce qu'attendant, je la salue très hum- blement de tout mon cœur, et toutes nos chères Seurs aussi. Dieu vous donne le bonsoir, ma très chère Mère, a qui je suis de tout mon cœur en Nostre Seigneur. Amen. Revu sur l'Autographe appartenant à M. Zeiller, à Lunéville (Meurthe-et-Moselle).  DCCCLXXIX A LA MÊME (fragment) Aspiration du Saint à la fin d'une journée. — Souhaits spirituels pour la Mère de Chantai. Annecy, [26 mai 1613 (0.] Mon Dieu, ma très chère Mère, quil me fera grand bien d'aller doucement achever la journée auprès de nostre Sauveur ! et je supplieray sa Bonté quil aille luy mesme verser dans vostr' ame un doux et tranquille repos, emmi lequel il la remplisse de la plus parfaite suavité de son amour. Bon soir donq, la chère Mère de mon cœur, et bonsoir le cher cœur de ma pauvre Mère. Dormes doucement sous la fraich'ombre des aisles du céleste Colombeau, qui soit a jamais nostre paix et pro- tection. J (2) Revu sur l'Autographe appartenant à M. le chanoine Collonges, aumônier de la Visitation de Chambéry. (i) L'allusion au « céleste Colombeau >> fait croire que ces lignes ont été écrites le soir d'une fête de la Pentecôte, entre 1613 et 1618. L'écriture suggère 1614 ou 1613, et plutôt cette dernière date. (2) Le haut de l'Autographe a été coupé; le coin de droite, au bas, coupé aussi, laisse voir un J . Toutefois, le « Bon soir « répété qui précède, semble annoncer une fin de billet.  14 Lettres de saint François de Sales  DCCCLXXX A LA MÊME Encore l'héritage de M""^ de Miribel. — Première entrevue du Saint et des « bonnes damoyselles » qui devaient concourir à la fondation du monastère de Lyon. Annecy, 27 mai 1613 (i). Il est mieux, ma très chère Fille, que vous luy escri- vies (2), puisque le reste s'est passé avec vous. Je voudrois bien que monsieur de Beaumont en fut (3), par ce quil rangeroit plus puissamment Tesprit de la partie (4). Tou- tefois, si l'assemblée est de telle qualité qu'elle puisse suffire, il ni aura pas grand hazard, puisque mesme ce  (i) Contrairement au désir du saint Fondateur (voir ci-dessus, p. 7), l'affaire de l'héritage laissé par M"^® de Miribel n'était pas terminée quand il arriva de Milan, le 25 mai. Toutefois, quatre jours après, grâce à l'entremise active du président Favre, les deux parties passèrent un « acte de compromis >-. Des arbitres et surarbitres furent nommés, qui devaient comparaître à Cham- béry, le 13 juin suivant, par devant le seigneur de Disonche et M""^ Jean Favre, vicaire général de l'Evèché de Genève, représentant les « Dames de la Visitation, » (Archives de la Visitation d'Annecy.) Cette assemblée du 29 mai est sans aucun doute celle-là même dont il est parlé dans le présent billet ; ce qui justifie la date que nous attribuons à celui-ci, d'autres particularités excluant le 26 et le 28 mai. (2) Peut-être le Saint désigne ici le président Favre, qui s'était occupé de l'affaire. (Voir la note précédente.) (3) Jacques de Menthon, baron de Beaumont et de Confignon, seigneur de Cohendier, Sauterens, Malagny, etc., gentilhomme de la Chambre de Son Altesse. Il était fils de Bernarde de Confignon et de Charles, seigneur de Beaumont, Cormand et Confignon. Par contrat dotal du 6 octobre 1564, il épousa Jeanne de Cohendier, et en secondes noces, avant 1^78, Jeanne de Charansonay, qui vivait encore en 1622. Le i^"" septembre 1628, M. de Beau- mont fit son testament, et mourut deux années après, sans postérité. (Généalogie manuscrite de la famille de Menthon.) (4) Avec « le seigneur de Beaumont, baron de Confignon, » agréé des deux parties « comme surarbitre, » s'assemblèrent à Chambéry les autres surarbitres et arbitres nommés le 2g mai, savoir : de la part du Monastère de la Visita- tion, le président de la Roche, le comte de Saint-Alban, les sieurs François et Léonard de Tardy, François Favre et Balland, avocats au Sénat de Savoie; de la part du seigneur de Disonche, le président de Cugniat, Jacques de Bal- lians, seigneur de Verbouz, les « sieurs d'Amoudry, Favier, Paris et Ducrest,  Année 1613 15 n'est que pour prendre un compromis. Je vous donneray Pierre i^), si vous en aves besoin. Vous sçaves bien que je suis vostre. Bon soir, ma très chère Fille. J'ay bien esté content de voir ces bonnes damoyselles ce matin, et particulièrement M""" de Gouf- fier, que je voy toute telle que vous m'aves dit ( = ). Dieu agg-randisse de plus en plus son saint amour en nostre cœur. Revu sur l'Autographe appartenant aux Missionnaires de Saint-François de Sales, à Annecy. advocatz audict Sénat. » Une « sentence arbitramentale » fut rendue le 21 juin par cette assemblée, signée par ses membres et par le président Favre aussi présent. Enfin, le ;o juin, le contrat fut passé à Annecy, en pré- sence des Religieuses de la Visitation réunies capitulairement,, et du sei- gneur de Disonche. Celui-ci s'engageait à remettre au Monastère la maison de M'"^ de Miribel, sise à Annecy, rue de la Filaterie, et de plus, à donner « 500 ducatons, fesant le tout la somme de 6.460 florins 4 sols. » De leur côté, les Religieuses abandonnaient, en faveur du seigneur de Disonche, tous leurs droits sur l'hoirie de M"i<^ de Miribel et s'obligeaient à faire dire à perpétuité la messe du samedi portée sur son testament. Tous frais prélevés, le Monas- tère ne perçut que 5481 florins ri sols. (Archives de la Visitation d'Annecy, Livre des Contrats permanents et Livre du Chapitre.) ( i ) Sans doute Pierre Genêt, fils de M'"° Jean Genêt et de Pernette Picquet, bourgeois d'Annecy, qui entra très jeune au service du Saint, et le suivit à Grenoble et à Paris. « Jamais, » affirme-t-il, le Serviteur de Dieu a ne me trouva a dire d'aucune viande que j'eusse accomodé, » (il était cui- sinier) « tant bien ou mal fussent elles apprestees... Je n'ay jamais recogneu aucun acte d'impatience... encour que je l'en donnasse l'occasion diverses fois. » Le 30 octobre 1632, jour de sa déposition, il servait Jean-François de Sales, frère et successeur du Bienheureux. (Process. remiss. Gebenn. (I), ad 2um interrog. et art. i, 24, 28, 31.) (2) Dès la fin de janvier 1613, M""*^ des Gouffiers ayant fait connaître son désir de venir au monastère d'Annecy, saint François de Sales l'avait encou- ragée par la promesse d'un bon accueil. (Voir le tome précédent. Lettre dcccl, p. 343.) La Religieuse du Paraclet fit à Lyon l'heureuse rencontre de M'"'^ d'Auxerre, qui nourrissait le même espoir; bientôt, la demoiselle de compagnie de celle-ci, M™^ Chaudon, d'Auvergne, née Bellet, et M'"*^ Isabeau Colin, née Daniel, se joignirent à elles. « Ces quatre fidelles servantes de Dieu se transportèrent en la ville d'Annessy » pour « épier saintement si c'etoit la terre » qu'il « leur vouloit donner. » a Dés leur première entreviie » avec les saints Fondateurs, dit une annaliste, les voyageuses « furent saisies d'admiration. » On leur permit d'entrer dans le monastère, et elles prirent même plusieurs repas en la compagnie des Sœurs. (Mère de Chaugy, Hist. manuscrite de la Fondation du I^^ Mtère de Lyon ; Vie de Sœur Marie-Renée Trunel (veuve d'Auxerre), dans Les Vies de VIII vénérables Veves, Reli- gieuses de l'Ordre de la Visitation Sainte Marie, Annessy, 1659, etc.)  i6 Lettres de saint François de Sales DCCCLXXXI A MADAME DE GIEZ (0 Un bienfait extraordinaire pour une jeune femme. — Trois vertus qui com- prennent toute la dévotion. — Souhaits de piété. — Moyen de rendre plus doux le joug du Sauveur. Annecy^ [fin mai (2)] 16 13. Madame, J'ay esté estonné quand j'ay sceu que vous n'avies pas receu le remerciment que je vous avois fait, pour l'hon- neur qu'il vous pleut me départir en m'escrivant. Croyes, je vous supplie, que je ne suis pas si ingrat et noncha- lant que d'avoir oublié ce devoir-la. Mays puisque cette action de grâce ne vous est pas arrivée, je la refay maintenant de tout mon cœur, vous asseurant que c'est avec un grand surcroist de l'estime que j 'avois de vostre bienveiiillance, par la description plus particulière que Madame de Baume (3) m'a fait des qualités et conditions de vostre esprit, que j'ay treuvé extrêmement a3'mable, priant Dieu qu'il luy playse les affermir et accroistre de plus en plus. ( I ) « Claire-Marguerite de Challant, fille de Georges de Challant, gou- verneur et lieutenant-général de la vallée d'Aoste et du Canavais, baron de Châtillon, Ussel et Saint-Marcel, et d'Adrienne Costa de la Trinité, » (Notes de M. le comte de Chevron-Villette) avait épousé, le ii avril 1615, Gaspard de Chevron, seigneur de Giez, plus tard baron et seigneur de Villette. Le 29 mai suivant, M. de Giez fut choisi pour « enseigne » du baron de Men- thon, « coronnel au bureau de nosseigneurs du Conseil de Genevois. » (Reg. des Délib. municip.) La destinataire, restée veuve en 1646, fut inhumée le 8 mars 1649. (^^o- P^'** '^^ Giez.) Les rapprochements qu'on peut établir entre cette lettre et celle du 21 sep- tembre 1612 au baron de Villette, permettent d'en désigner avec certitude la destinataire. (Voir le tome précédent, pp. 264, 265.) (2) Cette date approximative semble justifiée parcelle du mariage delà destinataire (11 avril). Le Saint dut sans doute, avant sou départ pour Milan (15 avril), ou pendant le voyage, lui adresser son premier « remerciment ». Ulmc (jg Qie2 ne l'ayant pas reçu, il se sera empressé de le lui renouveler par la présente lettre aussitôt après son retour à Annecy. (3) Marguerite de Genève, abbesse de Baume-les-Dames (voir le tome précédent, p. 262, note ( i ), et p. 265).  Année 1613 17 C'est un bénéfice extraordinaire, qu'entre les aggree- mens du monde, emmi le printems d'une jeunesse et entre les louanges de plusieurs, vous aymies et estimies les saintes vertus. Celles d'humilité, de modestie et de douceur sont celles qui comprennent toute la très sainte dévotion. Seigneur, disoit le Roy David *, vous in'aves * Ps. lxx, 17. enseigne des ma jeunesse, et jusqu'à présent j'annon- ccray vos merveilles. Que reste-il, ma chère Dame, sinon qu'il plaj^se a cette souveraine Bonté de vous tenir de sa main, affin que vous puissies dire avec le mesme Roy * -.Jusqu'à ma viellesse et décrépitude, Seigneur * ibid., jî^ 18. Dieu, ne me delayssés point. Faites que cette aube croisse jusqu'au plein midy * du saint amour céleste, et * Cf. Prov.,iv, 18. que vostre printems fleury se convertisse en une automne fructueuse. Pour moy, je me res-jouy infiniment avec vous de quoy l'Espoux sacré a touché les entrailles de vostre ame et vous a fait odorer le parfum de ses attraitz, et ne puys m'empescher de vous dire que vous couries après luy *, et que vous couries de sorte que vous le puyssies * Cf. Cant., i, 2-^. attaindre *. Vous estes bien heureuse d'avoir un mary * l Cor., ix, 24. Cf. , . ^1 -r~. . -, Tr. de V Amour de si chrestien comme est celuy que Dieu vous a donne en Bien, liv. iii,ch.i sa debonnaireté, car le joug du Sauveur, qui est en soy ^^°^^" ^^' P' '^^^• si doux et suave *, le devient encor davantage quand * Matt., xi, uit. deux le portent ensemblement. Je ne cesseray jamais de vous honnorer d'un respect et amour fort particulier, et vous souhaiteray tous-jours la perfection du divin amour. Obligés moy. Madame, de vostre dilection, et implorés sur mon ame la miséri- corde souveraine de nostre Créateur, auquel et pour le- quel je suys et veux estre des-ormais fort entièrement, Madame, Vostre très humble et très affectionné serviteur, FRANC^ E. de Genève.  Lettres VI  i8 Lettres de saint François de Sales DCCCLXXXII A LA MÈRE ANNE DE LA VESVRE, URSULINE (0 Sympathies du Saint pour la Congrégation des Ursulines de Franche-Comté, La clôture ne lui paraît pas conforme à l'esprit de cet Institut. Annecy, juin 1613 (2). Ma chère Seur, Ce me sera tous-jours une grande consolation de sçavoir que vous et vostre Congrégation profites au service de nostre commun Maistre, et si j'estois digne de contribuer a vostre advancement, personne du monde ne s'y employeroit plus volontier que moy. Or, pour le regard de l'advis que vous me deman- des (3), je vous diray sans hésiter, que vous ne deves ( I ) Anne de la Vesvre, Tune des quatre premières compagnes de Françoise de Xainctonge dans la fondation des Ursulines de Dijon (25 décembre 1605), fut désignée quelques années plus tard, avec la Sœur Hélène Guélaud, pour établir une Maison à Langres (octobre 1613). La confiance et l'attachement que lui témoignait la fondatrice, son talent merveilleux pour le gouvernement augmentèrent les regrets de sa perte. Elle mourut le 28 avril 1616, à l'âge de trente-sept ans. Les Annales de l'Institut sont très sobres de détails biogra- phiques sur Anne de la Vesvre. C'était une « fille de qualité du comté de Bourgogne, » dont la famille habitait La Vesvre, près Bellevesvre; sans doute, elle était apparentée à Jeanne et Lucienne de Vesvre, fondatrices des Ursulines d'Autun. Pendant le Carême de 1604, Anne « eut le bonheur de conférer diverses fois de son intérieur avec saint François de Sales, » alors à Dijon. Le bien- heureux Prélat « traita avec elle avec d'autant plus d'ouverture de cœur... qu'il fut éclairé de Dieu sur l'état de son âme, et s'y lia d'une sincère affec- tion. » C'est d'après son avis que la Sœur de la Vesvre « quitta la visite et le traitement des malades, » qui ne répondaient pas au but de l'Institut des Ursulines, destiné surtout à l'instruction de la jeunesse. (D'après Les Chroni- ques de rOrdre des Ursulifies, recueillies pour l'usage des Religieuses du même Ordre par M. D. P. V. Paris, chez Jean Hénault, 1773.) (2) L'allusion au voyage de Milan sert à fixer la date; elle est confirmée parles particularités du séjour que fit à Dijon, en 1613, M""* de Sanzelles. (Voir la note suivante.) (3) Catherine de Montholon, veuve de M. de Sanzelles, avait accompagné à Dijon, en 1613, sa fille, M""^ de Vaulgrenant. Mise en rapports avec les Ursulines par la présidente Brûlart, leur intime amie, la noble dame songea bientôt à se joindre à elles, mais une difficulté l'arrêtait : l'absence de clôture. La Mère Anne de la Vesvre avait ardemment souhaité, elle aussi, la vie  Année 1613 ic^ nullement vous obliger a la closture ; vostre Institut ne tend pas a cela. A Milan, d'où je viens, il y a quantité de Congrégations, mais pas une n'observe la closture, ains sortent pour de certaines causes limitées et gaignent beaucoup en leurs sorties (0. Suives l'esprit de vostre Compaignie, qui fleurit en tant de lieux et despuis un si long tems en pieté. Vo3^1a mon advis, que je vous escris sans loysir, vous suppliant de m'aymer tous-jours en Nostre Seigneur et me recommander perpétuellement a sa miséricorde.  claustrale. Les instances de M.^'^ de Sanzelles, qui en faisait une condition de son entrée, et son propre désir, lui inspirèrent d'écrire au saint Evéque de Genève, qui répondit par la présente lettre aux perplexités de la destina- taire. (Voir Sénault, La Vie de Madame Catherine de Montholon, veuve de Monsieur de Sati{eUes... fondatrice des Ursulines de Dijon. Paris, Le Petit, 1653.) ( r ) Outre « la Compagnie de Sainte-Ursule, » le Saint avait pu voir d'autres associations ou confraternités de personnes pieuses, celle de Sainte-Anne en particulier, « si nombreuse en femmes et vefves qui servoyent Dieu avec « beaucoup de pureté, sous l'observance de leurs propres Règles. » (Préface des Règles et Constitutions de la Visitation.)  DCCCLXXXIII A LA MÈRE DE CHANTAL Un désir du Saint pour la Mère de Chantai et pour lui-même," pourquoi il regrette d'avoir dû quitter le matin la rédaction du Traitté de l'Amour de Dieu. — Les voies les plus faciles ne sont pas toujours les meilleures. — User d'amour et de douceur envers les petits esprits et les cœurs faibles. Annecy, [6 juin] 1613 (^)- Que je suis consolé, ma très chère Mère, de la bonne nouvelle de vostre santé! Le grand Dieu, que ma pauvre (i) Les relations de cette lettre avec la suivante, fondées sur des particula- rités identiques, la mention d'un sermon à faire — la Fête-Dieu tombait le 6 juin — paraissent justifier la date proposée. Toutefois, on ne peut affirmer que le texte de 1626, reproduit ici, ne soit composé de plusieurs fragments de dates différentes. (Voir tome XIV, note (i), p. 14.)  20 Lettres de saint François de Sales ame et la vostre veut a jamais servir, soit béni et loiié, et veuille de plus en plus fortifier cette chère santé que nous avons dediee a sa sainteté infinie. Mais ce pendant, nostre cher cœur comme se porte-il en vous ? Helas, ma très chère Mère, que je luy désire de bénédictions ! Quand sera-ce que Tamour, triomphant entre toutes nos affections et pensées, nous rendra tous unis au cœur souverain de nostre Sauveur, auquel le nostre aspire incessamment ? Ouy, ma très chère Mère, il y aspire incessamment, quoy que insensiblement pour la pluspart du tems. Certes, j'ay esté bien marr}?" ce matin, qu'il m'ayt fallu quitter ma besoigne sur le point qu'il m'estoit arrivé une certaine affluence du sentiment que nous aurons pour la veuë de Dieu en Paradis, car je devois escrire cela en nostre livret (0 ; mays maintenant je ne l'a}^ plus. Néanmoins, puisque je me suis diverti seulement pour aller prendre les arres de cette mesme veuë en la sainte Messe (2), j'espère qu'il me reviendra quand il en sera tems. O Dieu, ma très chère et unique Mère, aymons parfaittement ce divin objet qui nous prépare tant de douceur au Ciel ; soyons bien tout a luy, et cheminons nuit et jour entre les espines et les roses, pour arriver a cette céleste Hierusalem. La grande fille (3) va par un chemin fort asseuré, pourveu que son aspreté ne la descourage. Les voyes les plus faciles ne nous mènent pas tous-jours plus droi- tement ni asseurement ; on s'amuse quelquefois tant au playsir qu'on y a et a regarder de part et d'autre les veuës aggreables, qu'on en oublie la diligence du vo3^age. Il faut estre court. Voyés ce billet qu'on m'a envoyé  ( I ) Le Traittè de V Amour de Dieu. (2) Cette même pensée, que la sainte Messe offre les arrhes de la vue de Dieu, se trouve développée avec ampleur à la fin du chapitre xi, Livre III du Traittè de V Amour de Dieu (voir tome IV, p. 202) : « Bonheur infini, « Theotime, et lequel ne nous a pas seulement esté promis, mais nous en « avons des arres au tressaint Sacrement de l'Eucharistie. » Analogie évidente : elle fait croire qu'en ce temps-là, le saint Docteur rédigeait les chapitres xi et suivants, où sont décrites les splendeurs de la vision béatifique. Ces considé- rations sur la sainte Eucharistie garantiraient encore la date, car elles devaient affluer dans Tàme du Bienheureux, un jour de Fête-Dieu. (3) Sœur Marie-Jacqueline Favre (voirie tome précédent, note (i), p. 17S).  Annhr 1613 21 ce matin; et parce que je n'ay point veu cette pauvre créature (0, et que peut estre vous la verres devant moy, j'ay pensé que je ferois bien devons l'envoyer. Helas ! ma très chère Mère, que la vanité fait de tort a ces chetifz petitz espritz, qui ne se connoissent pas et se mettent entre les hazars ! Mais pourtant, comme vous sçavés, en bien remonstrant, il faut user d'amour et de douceur; car les advertissemens font meilleure opération comme cela, et autrement on pourroit détraquer ces cœurs un peu foibles. Seulement, je ne sçai comme vous pourres dire que vous sçaves la dissension. Or bien. Dieu inspirera a nostre cœur ce qu'il dira pour ce regard, comme je l'en supplie, et de m'inspirer aussi ce que je prescheray ce soir. J'escris entre plusieurs distractions. Bon soir, ma très chère Mère. Je suis Vostre très affectionné serviteur en Nostre Seigneur, Francs E. de Genève. (i) Une étude attentive a fait découvrir un rapport entre cette « pauvre créature » et « la pauvre femme » dont il est fait mention dans la lettre sui- vante à M»"® de la Valbonne. Il s'agit de la même personne, M'"^ Bellot. (Voir le tome précédent, note (i), p. 335.)  DCCCLXXXIV A MADAME DE LA VALBONNE (O (inédite) Une âme dévoyée : pourquoi les « Dames de la Visitation » ne sont pas répréhensibles de l'avoir assistée. — Quand faut-il empêcher le mal. — Messages et souhait. Annecy, [7 ou 8 juin] 1613 (2). La femme delaquelle vous m'escrives (3), ma donné (i) Andrée de NicoUe de Crescherel, femme de René Favre de la Val- bonne. (Voir le tome précédent, note (i), p. 216.) (2) La date se déduit du rapport de cette lettre avec la précédente ; les détails qui concernent M"« Bellot et la suite de son histoire, car c'est d'elle qu'il est question ici, confirment le quantième. (3) Il semble que les renseignements fournis par M'"<^ de la Valbonne furent communiqués tout de suite à la Mère de Chantai. (Voir l'avant-dernier alinéa de la lettre précédente.)  22 Lettres de saint François de Sales un desplaysir extrêmement sensible, ma très chère Fille, d'estre allée en un lieu ou elle ne pouvoit estre sans donner un très grand scandale. Pendant le Caresme, elle s'estoit fort bien comportée (0, et je commençois a pren- dre de la consolation en son bonheur. Despuis, je neTay point veuë, sinon a son despart pour Belley, qu'elle vint céans, mais en une occurrence qui m'empescha de luy pouvoir parler a souhait parce que j'estois plein de gens. Le monde a tort de prendre a contrepoil Toffice de charité que les Dames de la Visitation ont cuidé faire en son endroit. Dieu a caché le secret des choses a venir aux hommes, et si nous ne devions servir sinon les âmes qui doivent persévérer, nous serions bien en peyne comme les discerner d'avec les autres. Il faut, quand ce ne seroitque pour une heure, empescher le mal du prochain. Et pleust a Dieu que cette pauvre femme fust demeurée dans les resolutions qu'elle avoit prises a la Visitation ! elle eust esté bien heureuse et de bonne odeur a tous les bons. Je dis cecy affin que vous sçachies respondre doucement a ceux qui murmurent. Au reste, ma très chère Fille, je me res-jouis delà santé de M""*" de Monthoux i^) et luy souhaite toute sainte béné- diction. Je n'escris pas a M""^ la Générale (3\ mais puis ( I ) Le Saint pouvait témoigner de sa bonne conduite, puisqu'elle avait fait un séjour au monastère de la Visitation, (Voir le tome précédent, p. 33=5.) C'est là qu'elle reçut sans doute la visite de M. de Sevelinges, beau-frère de « l'esleu Bellot ». (Ibid., notes (2), pp. ^33, 335.) Ce dernier, proche parent de la triste héroïne, résidait à Belley; ainsi s'expliquent les voyages qu'elle fit dans cette ville. (2) Gabrielle Dyan, née à Bourg le 10 juillet 159^, de Philibert Diano ou Dyan, <( maistre des monnoyes de S. A. au pays de Bresse, » et de Philiberte Grillet du Puget. (Turin, Archives de V Opéra pia Barolo, Paquet 1^0, Guillet de Monthoux, Mémoires et testaments.) Elle épousa, le 17 mai 1610, le séna- teur Claude-Louis Guillet, coseigneur de Monthoux, devint veuve en 1631, se retira en 1662 chez les Carmélites, où elle mourut onze ans plus tard. (Cf. le tome précédent, note ( 3 ), p. ^'j.) C'est « une bonne ame, » écrivait le Saint le 7 novembre 161 4, « et de la confession générale delaquelle j'ay receu bien (( du contentement. » (3) On donnait alors ce titre à la femme du chef de l'administration finan- cière. Emmanuel Dyan, frère de Philibert (voir note (2) ci-dessus) et fils de Marguerite Biscaretto et de Jacques Diano, « maistre gênerai des monnoyes de S. A., » fut nommé trésorier et président général des finances de Savoie, par patentes du 21 juillet 1610; il avait épousé Françoise Perrache.  /\NNF.n 1613 23 qu'elle se confie en vous, vous luy dires que cette créature s'en est allée a Belley, et espère qu'elle ne reviendra plus que pour amasser ses bardes et se retirer du tout. Mais vous, ma très chère Fille, vives tous-jours toute a Dieu, qui vous y a tant obligée par les grâces et instruc- tions quil vous a départies ; et je suis, d'un cœur parfait, Vostré plus humble oncle et serviteur, FRANÇ^ E. de Genève. A Madame de la Valbonne. Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin.  DCCCLXXXV AU DUC DE NEMOURS, HENRI DE SAVOIE Supplique instante en faveur de M. de Charinoisy et de M. du Noyret. — Si le Duc reçoit les plaintes contre les Annéciens, « sans pragjudice des défenses des accusés, Dieu sera obéi. » Annecy, 9 juin 1613. Monseigneur, Puysqu'il vous pleut m'accorder la liberté de monsieur de Charmoysi, mon parent (i), je l'attens infalliblement de vostre bonté, laquelle j'ay des-ja supplié très humble- ment par quattre diverses lettres ( ^ ), d'en avoir la mémoire qu'ell'a accoustumé de tenir en faveur de ses très obeis- sans serviteurs, entre lesquelz je suis des plus certains. Monsieur du Noyeret (3) aussi est en la mesm' attente, (i) Cf. ci-dessus, pp. 5, ro. (2) Ces lettres ne nous sont pas parvenues. (3) Noble et spectable Jacques Pelard, seigneur du Noyret, d'Epagny, de Serraval, coseigneur de la Val des Clets, etc., docteur ès-droits, fils d'Angé- lique de Genève de Boringe et de Henri Pelard, seigneur du Noyret, maître à la Chambre des Comptes de Genevois. Il avait épousé (contrat dotal du 19 janvier 1577) Lucrèce de Lambert. Conseiller du duc de Genevois, maître auditeur à la Chambre des Comptes, puis président le 2^5 juillet 1603, M. du  24 Lettres de saint François de Sales ayant escrit la lettre de la sousmission (qu'il ne peut jamais rendre asses grande) laquelle estoit désirée pour cet efFect. Je supplie donques très humblement Vostre Grandeur, Monseigneur, de m'exaucer pour l'un et pour Tautre, et de recevoir la multitude des plaintes que, par artifice, pourront estre faites contre tous ses sujetz de cette ville, sans prsejudice des defences et légitimes allégations des accusés. Car ainsy. Dieu sera obéi et respandra, selon mon continuel désir, ses plus chères grâces sur Vostre Grandeur, a laquelle faysant très humblement la révé- rence, je suis en toute fidélité, Monseigneur, Très humble et très obéissant orateur et serviteur, FRANÇ^ E. de Genève. A Neci, le g juin 1613. A Monseigneur [Monseigneur] le Duc de Genevois, de Nemours et de Chartres. Revu sur l'Autographe qui se trouvait à Lyon, chez les RR. Pères Jésuites, rue Sainte-Hélène. Noyret n'en fut pas moins impliqué plus tard dans l'affaire des « bastonna- des ( I ) », et partagea la disgrâce de M. de Charmoisy. Il fut libéré avant le 4 octobre 1615 (voir ci-après, la lettre de cette date au duc de Nemours); mais, comme il comptait dans le Conseil secret du prince, des ennemis achar- nés, ses tribulations durèrent encore de longs mois après la fin de son inter- nement. Le 3 août 1614, le Saint écrivait qu'il était « après a demesler le reste de son affaire, » sans pouvoir en venir à bout. (Lettre au comte de Tournon.) M. du Noyret mourut à l'âge d'environ soixante-quinze ans, et fut inhumé à Notre-Dame d'Annecy, le 6 août 1622,  (i) Voirie tome précédent, note (3), p. 327, et p. 356. La famille Pelard était proprié- taire de la moitié de la ferme du prieuré de Talloires. Cette particularité expliquerait les relations de M. du Noyret avec l'abbé commandataire, et les hostilités de Berthelot contre lui.  AnnÉIÎ 1613 2Ç  DCCCLXXXVI A LA MÈRE DE CîIANTAL (inédite) Les voyageuses de Lyon et les préliminaires d'une fondation. Le P. Grangier, — Un visiteur attendu. Annecy, [vers le 10] juin 16 13 (i). Ma chère Mère, Faites voir, je vous prie, ces lettres a nostre madame des Gouffier, et les vo3^es vous mesme ; c'est affin qu'elle considère si je dis bien au P. Grangier selon ce qui s'est passé (-). La jeune damoyselle de Lion (3) désire encor de me  (i) Arrivées en Savoie le 27 ou le 28 mai (voir ci-dessus, note (2), p. 13), les dames de Lyon, à l'exception de M"i° des Gouffiers, repartirent d'Annecy dix ou douze jours après. Quand ces lignes furent écrites, les voyageuses étaient à la fin de leur séjour; les lettres toutes prêtes pour le Jésuite lyon- nais (voir la note suivante), la dernière visite de « la jeune damoyselle », tout le donne à comprendre. La date approximative de ce billet se déduit de ces circonstances et de quelques autres qu'il serait trop long d'énumérer. (2) Le P. Pierre Grangier, né à Dijon en 1570, entra dans la Compagnie de Jésus le 30 juin 1588, fit de brillantes études littéraires à Lyon, enseigna la grammaire à Dole en 1597, les humanités et la rhétorique à Avignon en 1599. Profès des quatre vœux le 27 septembre 1609, il se livra à la prédication et à la direction des âmes et décéda au collège d'Avignon, le 21 octobre 1622. (Cf. Hamy, S. J., Chronologie hiogr. de la Province de Lyon, 1^82-1^62, Paris, 1900.) Ses supérieurs lui reconnaissaient un bon jugement, de la prudence et des aptitudes pour l'enseignement aussi bien que pour la prédication et la conduite spirituelle. Il était le directeur de M"""^ d'Auxerre, qui devint plus tard la fondatrice du Monastère de Bellecour (voir sa Vie citée plus haut, note (2), p. 15); en cette qualité, le P. Grangier prit une large part à la fondation. La suite de la correspondance du Saint racontera les toutes premières origines du deuxième Monastère de la Visitation. Dans « ces lettres » qu'il envoyait à M">« des Gouffiers, l'Evêque de Genève dutconfier au P. Grangierle désir de celle-ci de rester à Annecy, le pieux espoir que caressaient les dames de Lyon, et les promesses réciproques qui avaient été échangées entre elles et les deux Fondateurs. « Cette bénite troupe, » disent les Annales, « ne sortit d'Annecy qu'avec regret; M'"^ d'Auxerre pro- testa qu'elle y laissait son cœur. » (Hist. de la. Fondation du I^'' Mtère de Lyon.) (3) « La jeune damoyselle de Lion » est sans doute Marie Bellet, qui avait épousé M. Chaudon, d'Auvergne. D'après la Mère de Ch^M^y (Vie manuscrite  26 Lettres de saint François de Sales parler, ainsy que M. Michel (^ ) m'a dit. J'irois très volon- tier la, pour luy gaigner la peyne de venir et pour me gaigner le contentement de vous voir; mais j'attens M. Berthelot, et ne sçai Theure quil viendra. Si cepen- dant elle venoit, je luy parlerois ou devant ou après, pourveu qu'ell' eut un peu de patience, car l'affaire de M. Berthelot veut un peu de loysir (2) et je désire le luy donner. Mays bonsoir, ma très chère et très bonne Mère. Amen. Revu sur l'Autographe conservé au i^"" Monastère de la Visitation de Marseille. de Sœur Marie-Renée Trunel), elle « estoit mal avec son mari et en estoit séparée; » M'"^ d'Auxerre la « norrisoit avec elle comme sa fille, l'ayant adoptée pour cela. » Animées toutes deux des mêmes désirs de vie religieuse, elles firent ensemble le voyage d'Annecy. (Cf. ci-dessus, note (2), p. 15.) La liberté conditionnelle de M""^ Chaudon lui créait une situation délicate ; de là, son besoin de recevoir en plusieurs fois les avis du Saint. A Lyon, elle partagea toutes les vicissitudes par lesquelles dut passer sa protectrice avant d'arriver au terme de ses pieux désirs, mais ne put prendre avec elle l'habit de la Visitation, le 3 février 1615. Le postulat de l'aspirante se prolongea plus de deux ans. Dans cet intervalle, son mari étant entré chez les Capucins, elle fut admise à la véture (i^"" avril 1617) et reçut, avec le voile, le nom d'Anne-Marie. Son bonheur fut court. Le novice de Saint-François n'ayant pu soutenir Taustérité de la Règle, se présentait au monastère de Lyon le i^"" jan- vier i6r8 et réclamait son ancienne compagne; non sans douleur, celle-ci dut reprendre les livrées du siècle et retourner en Auvergne. Elle était cependant encore à la Visitation de Bellecour le 27 avril de cette même année, et ne dut en sortir que vers juin, après un noviciat « de quatorze ou quinze mois, » dit la Mère de Chaugy (ubi supra). A Brioude, M™<^ Chaudon répandit partout « la bonne odeur de l'Institut, >> propageant la piété parmi les jeunes filles, par le moyen de V Introduction a la Vie dévoie. La première, elle conçut le désir de voir la ville ornée d'une Maison de la Visitation, désir qui ne put néan- moins se réaliser qu^en 1659. (D'après VHist. de la Fondation des Monastères de Lyon et de Brioude, et les Lettres de Ste J.-F. de Chantai, vol. I, Paris, Pion, 1877.) ( I ) M. Michel Favre, aumônier de saint François de Sales et confesseur de la Visitation. (2) Il est difficile de savoir quelle était l'affaire qui demandait « un peu de loysir; » peut-être, celle des gentilshommes annéciens calomniés par Berthelot. On se rappelle sans doute que Janus de Sales, frère du Saint, avait eu aussi beaucoup à souffrir de ses mauvais procédés (cf. le tome précédent, note ( 3), p. 327, et pp. 362, 363); la lettre du 14 juin au comte de Tournon (voir ci-après, p. 32) montre que le favori du duc de Nemours ne perdait aucune occasion de faire sentir sa haine au noble chevalier.  Annkk 1613  DCCCLXXXVII A MADAME DE LA FLÉCHÈRE Un dépositaire fidèle. — Suspension des hostilités entre la France et la Savoie, — Invitation aux noces de Louis de Sales. — Craintes et espérances à propos de M. de Charmoisy. Annecy, 1 1 juin 161 3. Ma très chère Fille, Vous estes absolument dame de tout ce qui est en mon pouvoir ; tout ce que vous m'envoyerés sera retiré et gardé soigneusement (O. La vérité est que je ne croy nullement que monsieur le Grand de France ( = ) pense a nous attaquer pour le présent, puysque Son Altesse est en suspension d'armes et en projet d'accommodement (3\ joint que tout le bord du Rosne a esté jusques a présent exempt de soldatesque. Si Dieu nous garde, nous serons bien gardés. Hé, je le supplie, par sa bonté, qu'il soit nostre protection. Nous nous attendons au bien de vous voir, en ces noces (4), desquelles la présence de monsieur vostre mari f T ) La destinataire (voir tome XIV, note (i). p. i\ craignant une invasion des troupes, avait sans doute prié le Saint d'accepter en dépôt dans sa demeure épiscopale des objets de valeur. (2) Roger de Bellegarde (voir le tome précédent, note ( i ), p. 293). ( 3) Les prévisions du saint Evêque étaient fondées ; la paix ayant été publiée le 27 juin suivant, amena la restitution de Trino et des autres places du Montferrat au Duc, et Bellegarde, qui était prêt à envahir la Savoie par le Bugey, retira ses troupes. Cette paix d'ailleurs ne fut guère qu'une trêve, car les clauses du traité qui concernaient l'amnistie en faveur des transfuges et la mise en liberté de la princesse Marie ne tardèrent pas à être violées. Le 20 août 1614 les hostilités recommençaient. (4) Les secondes noces de Louis de Sales (cf. tome XII, note ( i ), p. gij), que son bienheureux frère honora de la bénédiction nuptiale, avec une grande joie. Par contrat passé à Chambéry le 18 juin 1613, le seigneur de la Thuille épousa Madeleine Roero de Bressieu, fille d'Emmanuel-Philibert Roero Saint-Séverin, baron de Bressieu, et d'Ennemonde de la Forest, propre soeur de M'"'^ de la Fléchère. La belle-sœur du Saint mourut en 16^'j. S'il faut en croire un historien (De Hauteville, La Maison naturelle de St Fr. de Sales, Paris, 1669, Partie II), elle était « un peu bouillante, » ses  28 Lettres de saint François de Sales et celle de nostre seur (0 et la vostre seront la meilleure consolation que je puiss' avoir. Je suis grandement desplaysant de n'avoir encor point Tordre de la liberté du cher cousin ( = ), car vous pouves penser comme ce retardement luy est enniiyeux et com- bien d'imaginations il luy peut causer. Néanmoins je demeure ferme et tiens asseuré ce qu'on m'a promis, espérant que Tordre estant arrivé, Tennuy de l'attente sera effacé. Dieu soit a jamais le grand et souverain object de nos affections. Je suis en luy, sans fin ni reserve, Vostre plus humble et invariable serviteur et compère, F., E. de G. II juin 1613. Je salue chèrement la seur (3) et suis son serviteur. Item, je salue la bonne voysine (4). A Madame Madame de la Flechere. A Rumilly. Revu sur TAutographe conservé à la Visitation de Bruxelles. « humeurs étoient promptes et délicates; » mais la douceur débonnaire de son vertueux mari et son intelligente charité avaient vite fait de prévenir toutes les brouilleries et de mettre partout la paix. Elle lui survécut « trois ans, avec une vertu tout à fait exemplaire; » le Saint avait pour M"™^ de la Thuille une grande estime. ( I )• M'"^ de Bressieu, belle-mère de Louis de Sales, laquelle sera destina- taire en 1616. (2) M. de Charmoisy (voir Lettres dccclxxxv, dccclxxxix, dcccxc). (3) Voir note (i) ci-dessus. (4) Cette « voysine » serait-elle M'n« de Mieudry ? (Voir tome XIV, note (i), p. 85.)  Année 1613 29 DCCCLXXXVIII A LA MÈKE DE CIIANTAL (fragment inédit) '< Fraischo rosée » et « tempeste >> ; l'odeur des œillets sur la fin de la journée. Annecy, [vers le 14 juin] 1613(1). (2) Nicephore. En somme, le matin m'a esté comm'une fraische rosée, et cet après disner j'auray la tempeste. Bienheureux si, sur le tard, je puis ressembler a vos œilletz, car leur odeur s'affine et s'augmente en suavité sur la fin de la journée. Hé^ Dieu nous face la grâce que, tirans tous-jours plus du costé de nostre vespre, nous croissions devant Dieu en odeur de suavité. Amen. Le bon soir a la dame de Gouffier. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Paray-le-Monial. (i) L'écriture de ce fragment ne contredit pas la date; la présence de M""*^ des Gouffiers à Annecy et le rapport de « la tempeste >> avec certains passages des deux lettres suivantes semblent la confirmer. (2) L'Autographe a été mutilé. Le nom de « Nicephore » ferait croire que, dans la matinée, le Saint avait pu travailler au Traitté de V Amour de Dieu. (Voir liv. X, chap. viii, tome V de notre Edition, p. 192.) Ecrire sur un tel sujet, était pour lui une occupation délicieuse.  DCCCLXXXIX AU DUC DE NEMOURS, HENRI DE SAVOIE (inédite) Raisons nouvelles présentées au prince en faveur de MM. de Charmoisy et du Noyret. — Le Saint intercède aussi pour des gentilshommes bourgui- gnons et déclare ne craindre nullement ses calomniateurs. Annecy, 14 juin 1613. Monseigneur, La nouvelle peyne en laquelle le sieur de Charmoysi se treuve a cause du danger de peste qui l'environne,  30 Lettres de saint François de Sales ains le presse dedans sa mayson mesme (0, me fait encor une fois supplier très humblement Vostre Gran- deur de m'envoyer Tordre quil vous a pieu, Monseigneur, de m'accorder pour sa liberté, affin qu'il puisse au plus tost s'oster de cette mayson suspecte et, après sa qua- ranteyne, s'esloigner de ces périls. Le bonhomme monsieur du Noyeret ( = ) a quelque opinion, et moy aussi, que Vostre Grandeur n'a3't pas receu la lettre de sousmission moyennant laquelle elle m'avoit gratifié de le vouloir eslargir, et ses enfans, puisqu'il n'a point encor la jouissance de cette faveur (3); c'est pourquoy il a derechef escrit la ci jointe, laquelle, en son nom, je présente a Vostre Grandeur, avec très humble supplication que je vous fay. Monseigneur, de l'exaucer et moy aussi. Ces gentilshommes bourguignons pour lesquelz je fis encor pareille demande a Vostre Grandeur (4), attendent aussi les efifectz de la bonne volonté qu'elle me tesmoigna pour leur regard, et méritent d'autant plus de les rece- voir, qu'ilz ne les désirent que pour la jalousie qu'ilz ont de pouvoir sans contradiction porter par tout le nom de très humbles serviteurs de Vostre Grandeur, puisque (i) La peste, en effet, avait éclaté dans le Faucigny et dans le Chablais. Les Registres de plus d'une paroisse de ces deux régions font mention du fléau, de ses ravages, et aussi des manifestations touchantes de piété que suscita en ces quartiers la foi populaire. (Cf. Mém. de VAcad. Sales., tome XI, pp. TIC, III.) A Thonon, les cérémonies solennelles du baptême de plusieurs enfants nés en mai-juin 1613, ne purent se faire que six ou huit mois plus tard, à cause de la contagion. (Reg, par.) La résidence qui servait de prison à M. de Charmoisy était à deux kilomè- tres de Thonon. (Cf. le tome précédent, note (2), p. 371.) (2) Jacques Pelard, seigneur du Noyret (voir ci-dessus, note (3), p. 23). ( 3 ) La première lettre de soumission qui devait apaiser les tenaces rancunes du prince de Nemours lui avait été adressée avant le 9 juin précédent. (Voir ci-dessus. Lettre dccclxxxv.) Les enfants du président, consignés avec lui, étaient : Jean-Jacques, seigneur du Noyret, gentilhomme de la Chambre du duc de Nemours, Angelon-Bérard, seigneur de Serraval, et Marin, seigneur d'Epagny. Marguerite-Suzanne, sa fille, mariée en 1612 (contrat dotal du 20 avril), ne devait plus habiter la maison paternelle. (4) Les Délibérations du Conseil de Ville d'Annecy signalent plusieurs émeutes locales qui se firent en 161 3 contre les Français résidant en Savoie, à l'occasion de la guerre du Montferrat. D'honorables personnages ayant été victimes de ces soulèvements, avaient dû être livrés à la justice du duc de Nemours ; voilà pourquoi le saint E^^êque s'intéresse à eux.  Année 1613 31 soudain qu'ilz auront sa faveur, ilz se retireront en leurs pais, sinon que (quelque digne service de Son Altesse ou de Vostre Grandeur les retint ; auquel cas, ilz tesmoi- gneroyent bien le tort qu'on a eu de les accuser de man- quement de respect et d'honneur envers elle, a laquelle ilz font spéciale profession de très humble affection, et sont de telle qualité et condition qu'ilzsont dignes d'estre estimés. Et quant aux artifices par lesquelz, aforce de se plaindre, on voudroit faire treuver mauvaise l'intercession que j'ay faite pour tant de gens, je ne les crains nullement ; car je sçai que Vostre Grandeur ne se laissera point sur- prendre par telles ruses, et moyennant cela, je suis trop asseuré de luy faire tous-jours paroistre la sincérité et équité de mes remonstrances et supplications. Et tandis, je persévère a souhaiter que Dieu comble de prospérité Vostre Grandeur, delaquelle je suis infiniment. Monseigneur, Très humble, très obéissant et très fidèle orateur et serviteur, Franç% E. de Genève. Xllll juin 161 3, a Neci. A Monseigneur Monseigneur le Duc de Genevoys, de Nemours et de Chartres. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Bourg-en-Bresse,  DCCCXC AU COMTE PROSPER-MARC DE TOURNON Un cadeau du Saint. — Les plaintes de Berthelot contre Janus de Sales, sujet de mortification pour l'Evèque. Annecy, 14 juin 1613. Monsieur, Je vous remercie de la part qu'il vous plait me faire de vos nouvelles, que je mesnageray tous-jours le plus  32 Lettres de saint François de Sales discrettement que je pourray. Vous aures les primices du vin grec de Monpelier (0, lesquelles, puysque j'avois destinées a monsieur le Marquis de Lans, nostre gou- verneur gênerai (-), se rencontreront a propos entre vos mains pour luy estre données, bien que je ne me veuille pas pour cela exempter de luy envoyer les secondes traittes, desquelles aussi, peut estre, réciproquement vous fera-il part. Mes frères sont tous vos serviteurs et se rendront tous- jours pour vous suivre par tout ; mais voyla Bernardet qui me dit qu'il n'est plus tems pour ce coup (3), puj^sque Son Excellence part soudain après disné, estant arrivée des ce soir passé ('i). Je suis sans nouvelles de monsieur de Charmoysi nostre cousin, et ce sont bonnes nouvelles, car sil y en avoit d'autres je serois adverti. Or, j'attens tous les jours l'ordre de sa liberté que Monseigneur de Nemours m'a promis (5) ; c'est pourquoy je ne luy envo3^e point jusques a ce que je Taye. A ce propos, on m'a dit que le sieur Bertelot avoit fait faire des grandes plaintes contre mon frère le chevalier (<^) a Son Excellence, mays il se treu- vera que c'est a tort et pour des frivoleries : comme de ne le saluer pas, non plus qu'il n'est pas salué de luy, et semblables choses indifférentes et dont les plaintes peuvent estre réciproques, quo)^ que non égales en l'iné- galité des personnes. Nous sommes icy en occupation pour telles petites observations, et cela me tient lieu de ( I ) Cf. le tome précédent, p. 345, note ( i ), et pp. 371, 372. (2) Sigismond d'Est (voir ibid., note (4), p. 48, et note ( i ), p. 49). (3) Le comte avait sans doute invité les frères du Saint à venir le voir à Rumilly ; mais le départ précipité du marquis de Lans et les obligations mi- itaires de Bernard de Sales, les empêchaient de faire cette visite de courtoisie. (4) Le duc de Savoie, apprenant que par ordre de Marie de Médicis, trois corps d'armée allaient pénétrer en Savoie sous la conduite de Lesdiguières, du duc de Guise et de Bellegarde, commanda au marquis de Lans de faire de nouvelles levées de troupes pour défendre les frontières de France. Le 12 juin, celui-ci enjoignait aux syndics de refaire « les râteaux et corps de garde des portes de la ville, » (Reg. des Délib, municip., vol. 33) et le 14, après avoir passé rapidement à Annecy, le gouverneur repartait vers Rumilly. (Ibid.) ( 5 ) Voir ci-dessus. Lettres dccclxxxv, dccclxxxvii, dccclxxxix. (6) Janus de Sales, chevalier de Malte (voir le tome précédent, note (3), p. 362, et ci-dessus, note (2), p. 26).  Année 1613 33 mortification, car en vérité, j'aurois bien d'autres choses a faire qui seroyent plus utiles. Je prie Dieu quil vous comble de l^enedictions, et suis sans fin, Monsieur, Vostre très humble serviteur, FRANÇ^ E. de Genève, xiiil juin 1613, a Neci. A Monsieur Monsieur le Comte de Tornon. Revu sur TAutographe appartenant à M"^'^ la marquise Pens«, à Turin.  DCCCXCI A MADAME DE TRAVERNAY (O Remerciements à la destinataire; affection de sa fille pour le Saint. Annecy, 15 juin 1613. Ma très chère Fille, Ce n'est que pour vous remercier bien simplement que je vous escris ce billet, me sentant extrêmement obligé dequoy vous aggrees si fort mes lettres et Taffection que je porte a vostre ame, a laquelle en vérité je souhaite toute sainte consolation et perfection. Je fay un mot de response a la bonne madamoyselle des Grilles (2), puisqu'il vous plaist de l'envoyer. La petite chère filleule (3), comme je pense, a quelque ressentiment secret de l'amour que je luy ay, puisqu'elle (i) Péronne de Montfalcon, femme de Balthazard de Mouxy, seigneur de Travernay. (Voir tome XIV, note ( r ), p. 332.) (2) Marie de Mouxy, veuve d'Escrilles, belle-sœur de la destinataire, (Voir le tome précédent, note (i), p. 278.) (3) Anne-Françoise, fille cadette de M'"<= de Travernay. (Voir ibid., note ( 3), P- 332-) Lettres VI a  34 Lettres de saint François de Sales me chérit si fort. Dieu la rende si brave et si bonne que vous en ayes le contentement que vous en deves espérer. Je suis de tout mon cœur et sans fin, Ma très chère Fille, Vostre très humble et très affectionné serviteur et compère, France E. de Genève. Ce 15 juin 16 13, a Neci. A Madame de Trevernay.  DCCCXCII A UNE PERSONNE INCONNUE (0 (fragment) Oraison funèbre de la première des filles du Saint, qui alla voir au Ciel ce que Dieu préparait aux autres. Annecy, [18-20] juin 1613 (2). Madame de Chantai confia samedi a la terre le cors de la pauvre chère petite Seur Roget (3), fille très ( i) Rien ne prouve, comme Migne l'a proposé (tome VI, col. 1293), que le destinataire soit un ecclésiastique. L'annaliste qui cite ces lignes, ne dit pas à quelle personne elles furent adressées, et de fait, elles ont pu être écrites aussi bien à l'un des amis du Saint qu'à l'une de ses filles spirituelles. ( 2 ) Le samedi, jour de l'inhumation de la Sœur Roget (voir le tome précé- dent, note ( I ), p. 106), tombait le 15 juin 1613 ; si ce fragment avait été écrit le lendemain ou le surlendemain, le Bienheureux aurait dit « hier » ou « avant-hier », au lieu de « samedi » ; d'où la date proposée. (3) L'angélique malade édifia merveilleusement, dans les derniers jours de son agonie, les dames qui étaient venues de Lyon. Avec une sainte naïveté, les Sœurs, « la voyant si bien mourir,.,, la chargeoient de leurs commissions pour le Ciel, qu'elle acceptoit avec une nompareille suavité. » Cette jeune innocente « rendit sa bénite ame avec un seul petit souspir, » le 14 juin 1613, âgée de dix-huit ans. Comme le monastère n'était pas encore bâti, les PP. Dominicains « vindrent quérir le corps avec beaucoup de solannité » et l'inhumèrent dans leur église, au « costé droit du grand autel. » assurant « par après, avoir senti en la portant en terre et après son enterrement, une odeur très suave et délicieuse. Ainsy cette petite violette respandit sa douce odeur en toute façon, devant Dieu et les hommes, y) (Vie manuscrite de la Soeur Rocret, par la Mère de Chaugy,)  Annék 1613 35 a3-inaljle, trcs vertueuse et très aymee dans sa Congré- gation, et l'esprit de laquelle, comme je croy, fut retiré au Ciel le jour précèdent, car c'estoit une petite ame toute pure. Je luy conféra}^ ses derniers Sacremens, mais je n'eus pas la consolation de la voir expirer ; et certes, c'eust esté avec suavité que j'eusse receu les derniers souspirs de cette première de mes filles qui est allée voir au Ciel ce que Dieu reserve et prépare aux autres. Je vous prie de prier pour elle, encor que je croy qu'elle prie pour nous Revu sur le texte inséré dans YHistoire de la Fondation du ler Monastère de la Visitation d'Annecy.  DCCCXCIII A LA MÈRE DE CHANTAL (fragment) Effusions et souhaits de piété à l'occasion de la fête de saint Jean-Baptiste. Panégyrique du Précurseur. Annecy, 23 ou 24 juin 1613-1614 (1). Je prie Nostre Seigneur, qui est V Aigneau que nostre grand saint Jean nous monstra *, qu'il vous reveste toute * Joan., i, 29, 56. de la très sainte, laine de ses mérites, ma très chère (i) Ce fragment sert de conclusion, dans l'édition de 1626, aune lettre écrite à l'occasion de la fête de saint Jean-Baptiste ; or, l'Autographe de celle- ci, conservé à la Visitation de Poitiers, que Ton peut dater avec certitude du 23 juin i6ig, ne renferme pas les présentes lignes. Il y a eu donc substitution arbitraire, en vue de l'édification des lecteurs. Hérissant, le premier (1758), et les éditeurs venus après lui, ont bien publié le texte complet de ladite lettre d'après l'original, mais en y intercalant le fragment interpolé par les éditeurs de 1626. Ce fragment, que nous reproduisons ici, appartient à une autre lettre adressée à la Mère de Chantai pour la fête du saint Précurseur. (Cf. tome XIV, note ( i ), p. 14.) L'appellation de '< ma très chère Mère, ma Fille » permet de le placer en 1613 ou en 1614.  36 Lettres de saint François de Sales Mère, ma Fille. O Dieu, quelle admirable pureté de cœur, quelle indifférence a toutes choses en cet admirable ange humain, ou homme angelique, qui semble n'aymer quasi pas son Maistre pour Taymer davantage et plus purement. Je ne sçay comme il eut le courage de demeurer en son désert après qu'il y eut veu son Sauveur et qu'il l'eut veu s'en aller de la. Il continue néanmoins ses prédications, et, d'une sainte dureté, il ne se laisse point vaincre a la tendreté et suavité de l'amour de la présence de son souverain Bien ; mays, avec un amour austère, constant et fort, il le sert en absence pour son amour. Dieu et le grand saint Jean vous veuillent visiter en la douceur de leurs consolations, avec toutes nos filles. Franç% E. de Genève.  DCCCXCIV A MADAME d'aIGUEBELETTE (0 Saint François de Sales n'est pas insensible aux petites marques d'une sainte amitié. — Le désir et les effets des vertus. — Bonnes nouvelles de M'"« de Charmoisy. Annecy, 24 juin 1613. Ma très chère Fille, Ce m'a esté une lettre bien douce que celle que vous m'aves envoyée pour tesmoignage du contentement que vous avés de mon retour (-) ; car bien que je ne puisse jamais douter de vostre sainte amitié, si est ce que ces petites marques me sont aggreables. Vous aves tous- jours esté en ma mémoire, mais sur tout es lieux pieux que j'ay visité. Maintenant que vous estes, comme vous (i) Françoise-Melchionne du Four, dame de Chabod-Lescheraine et d'Ai- guebelette (voir tome XIV, note ( i ), p. 593). (2) Du voyage de Turin-Milan. (Voir ci-dessus, les Lettres dccclxxiii. DCCCLXXV, DCCCLXXVIII.)  Annhk 1613 37 dites, en solitude, je vous prie, ayes bien réciproque- ment souvenance de moy, affin quil plaise a Nostre Seigneur me donner les effectz des vertus desquelles il m'a donné le désir. Je receu il y a trois jours une lettre de la petite cou- sine (O, qui a rencontré autant de bonheur delà, que son mari de rigueur par deçà. Elle me prie fort particu- lièrement de vous saluer de sa part, et je le fay en vous saluant moy mesme de la part de mon cœur qui vous .souhaite mille et mille bénédictions, comme fait M""" de Chantai. Je suis sans fin, tout parfaitement vostre. Madame, Vostre très humble et très affectionné serviteur, FRANÇ^ E. de Genève. A Neci, le xxiv juin 161 3. A Madame d'Aiguebelette. Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à la Visitation d'Annecy. (i) M""* de Charmoisy. A Paris, elle sévit entourée d'égards et de témoi- gnages de sympathie; les amis du Saint se multipliaient pour défendre ses intérêts et la réconforter. Des Hayes écrivait au prisonnier de Marclaz, le 8 juin 1613 : « J'aurai le même soin que vous auriez de ma femme, si elle était par delà ; sa vertu et son mérite sont cause que je ne lui rends pas les services que je désirais, obligeant, comme elle fait, chacun à rechercher l'occasion de la servir. >» (J. Vuy, La Philothée de S. Fr. de Sales, II {1879), p. 129.)  DCCCXCV  A LA MERE DE CHANTAL  L'impatience de Celse-Bénigne en arrivant chez le Saint. — Recommandations de celui-ci à la Mère de Chantai ; charité et délicate discrétion de l'Evêque à l'égard de la mère et de son fils. Annecy, fin juin ou commencement de juillet 1613, Ce sera moy, si je puis, qui le premier vous annonce- ray, ma très chère Fille, l'arrivée du bienaymé Celse  38 Lettres de saint François de Sales Benine (0. Il vint hier au soir tout tard, et nous eusmes de la peyne a le retenir de vous aller voir dans le lit, ou vous esties toutes indubitablement. Que je suis marri de ne pouvoir estre tesmoin des caresses quil recevra d'une mère insensible a tout ce qui est de l'amour naturel, car je croy que ce seront des caresses terriblement mortifiées. Ah ! non, ma chère Fille, ne soyés pas si cruelle. Tesmoignes luy du gré de sa venue, a ce pauvre jeune Celse Benine ; il ne faut pas faire ainsy tout a coup, des si grans signes de cette mort de nostre naturelle passion. Or sus, je vous iray voir, si je puis, mays sobrement ; car auprès d'un objet si aymable, nous ne sçaurions pas bonnement estre visibles. Dieu soit nostre tout, car l'amitié descend plus qu'elle ne monte. Je me contenteray de ne cesser point de vous chérir autant comme ma fille, que vous le cherires comme vostre filz ; et si, je vous desfie de faire mieux que moy ce mestier (2). Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation du Mans. (i) Celse-Bénigne venait chercher sa mère pour l'accompagner en Bour- gogne, où elle devait régler des affaires d'intérêt laissées en suspens par la mort récente de son beau-père, le baron Guy de Chantai. (Voir tome XIII. note ( I ), p. 341.) Le jeune homme dut arriver en Savoie vers la fin de juin ou au commencement de juillet, car le 8 de ce mois il était à La Thuille. (Voir ci-après, Lettre dcccxcviii.) L'objet de cette lettre en fixe approximativement la date. (2) Le dernier mot, écrit en marge de l'Autographe, étant très oblitéré, est donné ici sous toute réserve ; il semble néanmoins convenir à l'allure de la lettre.  Année 1613 39 DCCCXCVI A LA DUCHESSE DE MERCŒUR (0 (inédite) Un grand Saint qui a vécu à la façon des anciens Evêques Envoi de ses reliques. Annecy, 6 juillet 1613. Madame, La commodité d'une si digne porteuse m'a donné le courage de vous présenter des reliques que j'ay aportees de Milan, du grand saint Charles Borrhomee, saint qui a vescu en ce mesm'aage auquel nous sommes, mais a la façon de ces anciens Evesques sous lesquels l'Eglise a tant fleuri. Je ne pouvois pas, ce me semble, vous offrir chose plus aggreable, Madame, ni qui tesmoignast mieux a Vostre Grandeur qu'en mon voyage j'ay eu mémoire de recommander a la divine Majesté vos vœux et souhaitz par l'intercession de ce grand Serviteur de sa gloire. Ainsy, pour mille grandes obligations que j'ay, je veux continuer toute ma vie a reclamer la grâce et Bonté caeleste sur vous, Madame, et demeurer invariablement, Vostre très humble et très affectionné serviteur, Francs E. de Genève. VI julliet 161 3, a Neci. Revu sur l'Autographe appartenant à M. Manaud, à Marseille. (i) Les « mille grandes obligations » du Saint envers la destinataire sem- blent désigner des services matériels. La terre de Thorens, vendue par la duchesse de Mercœur aux frères de François de Sales, n'était pas encore payée (cf. le tome précédent, note ( i ), p. 564). Cette allusion fait croire que la lettre s'adresse à Marie de Luxembourg (voir tome XII, note ( i ), p. m); les ter- mes cérémonieux et l'attention délicate du Bienheureux confirment cette conjecture.  40 Lettres de saint François de Sales DCCCXCVII A M. CLAUDE DE BLONAY Entremise charitable du Saint pour hâter la conclusion d'une alliance. Annecy, 8 juillet 1613 (i). Monsieur, Autant que je puis connoistre, il m'est advis que vous pouves et deves venir, puysque monsieur d'Avisé ( = ) continue en sa parole et la damoyselle en la correspon- dance de son amour (3). ElVest a la Thuille, ou nostre Jaques (4) la va treuver, sinon que par fortune elle vint aujourdhui icy, ou ell'a envie de venir voir la ville avec madame de la Thuille (5) et sa seur (6), sous praetexte néanmoins de voir la Visitation. (i) Par les allusions de ce billet, qui correspondent à celles de la lettre suivante, on voit qu'il a été écrit le même jour. (2) Nicolas, baron d'Avisé, fils de Jean, seigneur d'Avisé, Planaval, Livrogne, etc., et de Marguerite de Marnix, descendait d'une vieille et noble famille du duché d'Aoste. Il figure parmi les nouveaux avocats au Sénat de Savoie, à la rentrée du 4 novembre i<^6-], et devint membre de cette assemblée le i^"" septembre 1579. Quand M. d'Avisé mourut, le 3 octobre 1614, il était « conseiller d'Etat et premier sénateur. » (Mugnier, Re£^. des Entrées du Sénat, V^ Partie.) Sa première femme, Françoise Rolin, ne lui donna pas d'enfants ; il en eut trois, Prosper, Marie, Gasparde, de la seconde, Antoinette de la Forest, laquelle était sans doute décédée à la date de cette lettre, car le Saint ne dit rien de la mère, quand il parle du mariage de sa fille Marie. (Cf. le tome précédent, note (3), p. 325.) (3) La fiancée de Jacques de Blonay était Marie d'Avisé. Son contrat de mariage est daté du 24 octobre 1613 ; les noces durent être célébrées vers le 15 novembre suivant, car le 16, M™" de la Fléchère accompagnait « Tes- pousee » en Chablais. Celle-ci étant veuve, teste au château de Blonay, le 22 mai 1658. (4) Par son alliance avec la précédente, Jacques de Blonay, fils du desti- nataire et de Louise de Livron, coseigneur de Saint-Paul, Bernex et Maxilly, devint baron d'Avisé. Deux de ses filles entrèrent à la Visitation, l'une à Thonon, l'autre à Chambéry. (5) Madeleine Roero de Bressieu, cousine-germaine des demoiselles d'Avisé, qui venait d'épouser Louis de Sales, seigneur de la Thuille. (Voir ci-dessus, note (4), p. 27.) (6) Baptisée le 19 juillet 1593 dans l'église de Saint-Léger à Chambéry, Gasparde d'Avisé (voir note (2) ci-dessus), « grandement estimée pour sa   Année 1613 41 Vous sçaures toutes autres nouvelles par monsieur TAbbé (0 et par la lettre de Jaques, lequel est esper- dument amoureux, et qui le voudroit ouïr, il seroit occupé jour et nuit au discours de sa passion. Je pense que quand plus tost la chose s'achèvera, tout en ira mieux. Dieu nous soit a tous favorable. Je suis en luy, Monsieur, Vostre plus humble très affectionné confrère, Franç% E. de Genève. A Monsieur, Monsieur de Blonnay. ASie. Revu sur l'Autographe conservé au château de Marin (Chablais), Archives de Blonay. vertu, et des mondains pour sa beauté, » refusa Talliance de Louis de Sales. A la suite d'une Communion reçue de la main de TEvêque de Genève, celui-ci, « soudain après la Messe, hurta a la grille et dit a nostre bien-heureuse Mère : Nostre Seigneur m'a acordé, en communiant, nostre chère Gasparde, ma- damoyselle d'Avisé. » (Livre du Couvent, du i'^'' Monastère d'Annecy.) « Cela « fait un peu de mal au cœur des » partisans du siècle, écrivait-il plus tard, « mais il ny a remède, il faut que Nostre Seigneur soit servi. » (Lettre à la Mère Favre, décembre 1615.) Elle entra à la Visitation d'Annecy vers le 8 juillet 1616 et reçut le voile le 8 septembre suivant. Le 29 septembre 1617 eut lieu pour elle et deux autres Sœurs la cérémonie de l'oblation ; le saint Fondateur en fut l'officiant et commenta, par des remarques aussi savoureuses qu'instructives, en les appliquant aux Anges et aux Novices, un épisode de la Genèse. (Voir tome IX, p. 100.) Sœur Marie-Gasparde d'Avisé rejoignit la Mère de Chantai à Paris (juillet 1620), en repartit avec elle le 21 février 1622, pour rentrer à Annecy en janvier 1623. Le 13 janvier 1624, elle fut choisie pour la fondation du Monastère de Chambéry, qu'elle gouverna d'abord en qualité de commise dès le mois de juin suivant, puis de supérieure (sep- tembre 1625-juin 1629). Revenue au i*^"" Monastère en 1636, elle y décéda le 13 janvier 1649. Sainte Jeanne-Françoise de Chantai, dont elle fut secrétaire, la tenait pour « une fille d'un grand et solide conseil » et ne la chérissait pas moins que le Bienheureux. Parmi ses vertus, il convient de signaler son amour pour la vie commune, son aversion sincère pour les charges, sa simplicité et son ouverture de cœur à l'égard des Supérieures. (Voir sa Vie dans V Année Sainte de la Visitation, tome P"", p. 314.) (i) Vespasien Aiazza, abbé commendataire d'Abondance (voir tome XIII, note (i), p. 48).  42 Lettres de saint François de Sales DCCCXCVIII A madame de la FLÉCHÈRE Nouvelles, messages; envoi de reliques de saint Charles Borromée, Annecy, 8 juillet 1613. Ma très chère Fille, J'ay receu le livret ainsy que vous Tavés donné a cette bonne fille ; je vous le rendray fort fidèlement de la mesme sorte, car, nous en sommes fort resoulus, il ny a rien de réservé en nous que nous ne voulions estre pour sa divine Majesté. La bonne madame de Chantai part dans huit ou dix jours, pour terminer finalement toutes les affaires qu'elle peut jamais avoir en Bourgoigne (0. Je suis bien ayse qu'elle aille, soit pour revenir, soit aussi (2)... Son filz est a la Thuille (3), mays qui reviendra aujourd'huy. M. de Blonnay (4) est icy, qui y va voir sa maistresse (5), et je luy donneray vostre lettre pour la chère seur i^). Je n'ay pas eu loysir de voir nostre Visitation despuis vous (7), parce que M. d'Abondance (^) ne fait que de partir tout maintenant, lequel a logé céans. Je vous envoyé encor des dévotions de saint Charles ;  (i) La Sainte partit le 16 juillet. (Cf. ci-dessus, note ( i ), p. 38, et ci-après, note (2), p. 45.) (2) Ici, un ou deux mots manquent au texte publié par Datta, tome II, p. 96 ; il est difficile de les suppléer. ( 3 ) Voir ci-dessus, note ( i ), p. 38. ( 4 ) Jacques de Blonay (voir note { 4 ), p. 40). (^) Marie d'Avisé, sa fiancée (voir la lettre précédente). (6) Sans doute M'"^ de Bressieu qui, après le mariage de sa fille Madeleine, (voir plus haut, note (4), p. 27), était allés très probablement l'installer dans sa nouvelle résidence. (7 ) M*"^ de la Fléchère, venue à Annecy pour assister aux noces de sa nièce avec Louis de Sales (voir Lettre dccclxxxvii, p. 27), avait dû faire une halte de plusieurs jours. (8) Vespasien Aiazza, mentionné dans la lettre précédente.  Année 1613 45 les reliques sont de Tepoque que je vous dis. Et moy je suis incomparablement tout vostre, et Vostre plus humble, très affectionné compère et serviteur, FRANç^ E. de Genève. 8 julliet 161 3. Je salue monsieur vostre cher mari et la voysine (O. (i) Peut-être M"™« de Mieudry (cf. ci-dessus, p. 28).  DCCCXCIX AU PÈRE PIERRE DE BERULLE, ORATORIEN (O Le Saint recommande au Fondateur de l'Oratoire le porteur de la présente lettre, et le prie de l'agréer dans son Institut, pour ses rares qualités. Annecy, 11 juillet 1613 (2). Monsieur, Ce porteur (3) est un des plus doux, sincères et purs espritz que j'aye rencontré il y a long tems ; son affec- tion au service de Dieu et de TEglise est grande. Son talent est fort sortable a cela, car il presche fort joliment et très dévotement. Des quelque tems en ça, il a esté inspiré de se retirer a Tabry de quelque Congrégation, et la vostre luy est pour objet a cett'intention. Je l'ac- compaigne de ma supplication envers vous, afïîn qu'il ( I ) Voir tome XII, note ( i ), p. 155. {2) La date autographe manque, mais elle a été écrite au verso, de la main d'un coptemporain. On peut hésiter à la lecture entre i6ij et 161^ ; toutefois, un fragment de cette même lettre, inséré dans un ancien Ms. conservé à Paris (Archiv. Nat., M. 234), porte la date de 1613. Celle-ci doit être la vraie, car l'objet de ces lignes montre qu'elles ont été tracées le même jour que la lettre suivante, laquelle ne peut être de 161 5. (Voir ci-après, note (2) de la même lettre.) (3) Des recherches nombreuses pour découvrir le nom du porteur, « grand serviteur de Dieu, » (voir la lettre suivante) n'ont pas abouti jusqu'à présent.  44 Lettres de saint François de Sales vous playse le recevoir avec cette charité qui vous a consacré au service de Dieu des vostre jeunesse et que je prie Dieu ne vous abandonner jamais. Ou je suis extrêmement trompé, ou vous treuveres un esprit aggreable en ce bon personnage, lequel vous recommandant derechef, et moy en vos saintz Sacrifices, je demeure sans fin (0 A Monsieur Monsieur de BeruUe. A Paris. Revu sur l'Autographe conservé à Paris, au Carmel de la rue Denfert-Rochereau. ( I ) Le bas de l'Autographe ayant été coupé, les clausules finales et la signature ont disparu.  CM A M. NICOLAS DE SOULFOUR (0 (fragment) Affectueux intérêt de l'Evêque de Genève pour l'Oratoire. — Grands éloges d'un ami qui désirait entrer dans cette Congrégation. Annecy, ii juillet 1613 (2). Vous m'eussies consolé, en passant a Chamberi, de me dire des nouvelles et particularités de la Congré- gation que j'affectionne et de laquelle la naissance me donne mille contentemens. Et cependant, Monsieur, voyla le sieur de N., mon grand amy, mays, ce qui importe, grand serviteur de Dieu, homme doux, gracieux, humble, fort sincère, fort gentil et dévot praedic^teur, ( i) Voir tome XII, note ( i ), p. 116, et tome XIII, note ( i ), p. 284. (2) Cette date est confirmée par le voyage du destinataire qui, après un séjour prolongé à Rome, venait d'arriver en France, et par les commence- ments de l'Oratoire auxquels le Saint fait allusion. (Cf. tome XIII, note (i), p. 284, et ci-après, la lettre du 10 janvier 1614 au même.)  Année 1613 45 qui va offrir sa vie et son service a la Congrégation (0. Je l'ay recommandé a monsieur de BeruUe *, mais je le ' Vid.tpist.piiEced, vous confie et a vostre Chapitre XI juUiet 1613. A Monsieur de Soulfour. Revu sur une ancienne copie conservée à Paris, Archives Nationales, M. 234. (i) Voir ci-dessus, note (3), p. 43.  CMI A MADAME BOURGEOIS, ABBESSE DU PUITS-d'oRBE (i) Une messagère qui vaut mieux que la meilleure lettre. Témoignages de cordial dévouement. Annecy, 16 juillet 1613. Ma très chère Seur, ma Fille, Ce billet n'est que pour vous advertir que nostre bonne seur de Chantai est la meilleure et plus grande lettre que je vous puisse envoyer ( = ), car elle vous peut dire toutes choses et parler de mon cœur envers vous comme du sien mesme. Elle me rapportera dedans le sien tout ce ( I ) Voir tome XII, note ( i ), p. 271. (2) Le baron de Chantai venait de mourir à Monthelon dans un âge très avancé; sur l'avis du Saint, la Mère de Chantai partait pour la Bourgogne le 16 juillet, afin de ne pas laisser péricliter la fortune de ses enfants. Sœur Péronne-Marie de Chastel et les jeunes barons de Thorens et de Chantai l'accompagnèrent. ^Cf. Lettres dcccxcv et dcccxcviii.) Débrouiller les affaires du défunt ne fut pas une petite besogne pour l'ancienne châtelaine de Mon- thelon. « Dès le matin, après ses exercices spirituels, elle ne bougeait d'une salle, entourée de papiers et de paysans; elle demeurait dans sa dévote gra- vité et douce force, sans se troubler, sans se passionner et sans élever sa parole une fois plus que l'autre. » (Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy, Partie II, chap. vin.) Tout ce chapitre est à lire; on y trouve représentées au vif l'héroïque charité et la grande sagesse de la Sainte. (Voir à l'Appendice I, le fragment d'une lettre écrite vers cette époque à saint François de Sales par le P. Mathias de Dole, Capucin.) A son retour de voyage, qui ne dura que six semaines, elle passa à Dijon et rentra dans son monastère à la fin d'août.  46 Lettres de saint François de Sales que vous luy confierés. Je vous prie aussi de luy bien confier, car il y a si long tems que je ne voy rien de vostre cœur, que le mien en est mortifié. Croyés bien cette chère seur, sur tout quand elle vous asseurera que je suis plus parfaitement vostre que chose du monde, car je le suis en vérité. Je ne prie point sans vous, je ne célèbre point sans vous; et si, je ne le dis pas par vantance, car je m'y sens infiniment obligé. Je salue toute vostre chère trouppe, toutes unies en Nostre Seigneur. Pour monsieur [de Sauzéa (^)], je ne sçai s'il est la ; je l'embrasse de cœur. Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur, ma très chère et bienaymee Fille, a qui je suis tout dédié. Amen. Le 16 juillet 161 3. (i) André de Sauzéa (voir tome XIII, note ( i ), p. 271, et tome XV, pages 3M, 353)-  CMII  AU DUC DE NEMOURS, HENRI DE SAVOIE Requête du Saint en faveur de ses frères et de MM. de Charmoisy et du Noyret ; Dieu exige que le Duc leur rende justice, Annecy, 19 juillet 1613. Monseigneur, Je présente a Vostre Grandeur une requeste pour les fins de laquelle le Conseil de Genevois a renvoyés mes frères supplians a elle (0. La justice et bonté de Vostre Grandeur luy suggéreront qu'elle ne nous peut esconduire en une si juste et civile supplication, qui ne tend qu'a nous conserver en sa bienveuillance. (i) Sans doute, le prince avait' prêté l'oreille aux plaintes de Berthelot contre Louis de Sales, seigneur de la Thuille, et Janus, lieutenant de celui-ci (cf. ci-dessus, p. 32); Bernard était absent.  Annhe 1613 47 J'attens de mesme, Monseigneur, la faveur quil vous pleut m'accorder pour les sieurs de Charmoysi et du No3'eret (0. C'estoit une faveur, mais si juste et rayson- nable, que je ne puis croire que chose du monde me puisse priver du contentement que j'en praetens, ni ceux pour lesquelz je l'obtins, des fruitz que je leur en ay fait espérer. Vostre Grandeur, qui est bonne, juste et douce a cha- cun, ne me sera pas, sil luy plait, ni aspre, ni rigoureuse. Dieu, tout bon, tout juste et tout doux, exige par ses loix cette grâce, cette justice, cette douceur de Vostre Gran- deur, de laquelle il a voulu que je fusse. Monseigneur, Très humble, très obéissant, très fidèle serviteur et orateur, Franç% E. de Genève, xvilii julliet 161 3, a Neci. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Lyon. { I ) Voir ci-dessus, pp. 23, 29, les lettres du 9 et du 14 juin, et ci-après, celle du 4 octobre au duc de Nemours.  CMIII AU MARQUIS DE LANS (O L'Evéque de Genève avise le gouverneur de Savoie de son retour de Gex, des intentions des Bernois à l'égard du désarmement et des divers déplacements du duc de Bellegarde.  Annecy, 31 juillet 161 3,  Monsieur,  Comme je vous donnay connoissance de ce petit voyage de Gex (2), aussi veux-je donner advis a Vostre (i ) Sigismond d'Est, marquis de Lans, gouverneur de Savoie. (Voir le tome précédent, note (r), p. 49.) (2) Le Saint était encore à Annecy le 19 juillet; il dut probablement partir après le 20, et se rendre à Gex par Saint-Claude. (Voir Année Sainte de la Visitation^ tome XII, p. 280, et note (5) de la page suivante.)  4^ Lettres de saint François de Sales Excellence de mon retour, et qu'hier, environ les trois heures que j'en partis, je laissay le baillif de Nion (0 et quelques autres Bernois qui vindrent prier monsieur le Grand de France (2) de faire revenir ses trouppes (3), attendu qu'ilz estoyent asseurés que vous, Monsieur, ne desarmies point et que les trouppes piemontoises et espa- gnoles passo3'ent les mons. A quoy monsieur le Grand respondit quil les remercioit de Tadvertissement, mays qu'avant que rien remuer, il attendroit M. d'Amanzé (4), quil avoit envoyé par deçà auprès de Vostre Excellence, pour apprendre ce qui est du desarmement. Je n'estois pas présent quand ceci se passa, mais je le sceu soudain. Au reste, il est impossible que ceux qui ont veu Ihon- neur et le respect que ce seigneur porte au nom de Son Altesse s'en puisse (sic) taire. Il a couché ce soir a Saint Claude, ce matin il y a fait ses Pasques (5), ce soir il couche a Chatillon ; Dimanche il doit estre a Belley i^) pour l'accommodement de quelque difficulté publique, et sa compaignie, qui estoit la dernière demeurée a Gex, se retire du costé de Bourgoigne.  (i) Jean-Rodolphe Wagner, issu d'une famille bernoise, était depuis i6io membre du Grand-Conseil et devint bailli de Nyon en 1613. Il fut en 1617 capitaine en Savoie (sic), et en 1620, dans les Grisons et la Valteline, où il trouva la mort au combat de Tirano. (Cf. Leu, Lexicon helveticum.) (2) Le duc de Bellegarde. (3) Voir ci-dessus, note (3), p. 27, et note (4), p. 32. Dès le début de la guerre du Montferrat, la république de Berne avait redouté l'envahissement de son territoire par Tarmée savoyarde; de là, l'intervention du bailli de Nyon. ( 4 ) Sans doute, Jean IV, baron d'Amanzé et gouverneur de Bourbon-Lancy. De sa femme, Isabeau d'Escars, il aurait eu, au dire de Courtépée (Descript. du duché de Bourgogne, Dijon, 1848, tome III, pp. 118, 119), vingt et un enfants. Au temps de la Ligue, ce gentilhomme se distingua par sa fidélité au Roi, qui érigea sa terre en vicomte, pour récompense de ses services (1617) . Son fils aîné, Gaspard, lieutenant-général au gouvernement de Bourgogne, eut cinq fils et sept filles, dont trois entrèrent à la Visitation de Paray. Leur mère, Françoise Jaquot de Mypont, y fut reçue à son tour, étant veuve, en 1677. (5) Pendant ce voyage, le saint Evéque, croyons-nous, reçut la confession générale de M. le Grand et se chargea de sa conduite spirituelle. (Voir le tome précédent, note ( i ), p. 293.) Le duc de Bellegarde, est-il besoin de le remarquer, ne fit pas n ses Pasques » au sens strict du mot, mais communia par dévotion. (6) C'est donc le 4 août que Roger de Bellegarde devait être à Belley, où il eut aussi une entrevue avec Ms"" Camus. (Cf. ci-après, p. 33.)  Année 1613 49 Je prie Nostre Seigneur quil comble Vostre Excellence de toutes bénédictions, et suis, Monsieur, Vostre très humble et très affectionné serviteur, Franç% E. de Genève. A Neci, le dernier julliet 161 3. Monsieur, et quant au sujet de mon voyage, nos ecclé- siastiques et catholiques sont demeurés consolés par l'accommodement que nous avons fait de toutes les difficultés suscitées par nos adversaires, grâces a Dieu (0. Revu sur l'Autographe appartenant à M. le chanoine Bracq, à Mont-Saint-Aniand (Belgique). ( I ) En vertu de Tarrêt royal du 23 décembre 1612, publié à Gex le 14 janvier suivant (voir le tome précédent, note ( i ), p. 294), les églises restaient aux catholiques, mais les hérétiques étaient autorisés à construire de nouveaux temples avec le secours des communes et à garder la jouissance, pour l'année courante, des trois quarts des revenus ecclésiastiques. Les ressources man- quaient donc à l'Evêque de Genève pour l'entretien du culte ; de plus, les ministres refusaient d'abandonner les biens aliénés qu'il devait racheter, et les Genevois défendaient âprement la propriété des nombreux bénéfices dont ils étaient les détenteurs. De là, des difficultés sans nombre qui réclamèrent l'intervention du Saint; toutefois, ses historiens ne nous ont transmis aucun détail sur les affaires qu'il eut alors à démêler.  CMIV  A LA MERE DE GHANTAL  Le bon plaisir de Dieu. — Les déserts et les fertiles campagnes de la vie spirituelle. — Pourquoi le Saint ne voulait pas d'abord et voulut ensuite que la Mère de Chantai fût « abeille ». Annecy, 12 août 161 3 (i).  Haussons nostre cœur, ma très chère Mère, voyons ( I ) Le 12 août 1613, la destinataire réglait en Bourgogne des affaires de famille. (Voir ci-dessus, note (2), p. 45.) Le texte que nous reproduisons ici, Lettres VI a  50  Lettres de saint François de Sales  celuy de Dieu, tout bon, tout amiable pour nous ; adorons et bénissons toutes ses volontés : qu'elles tranchent, qu'elles taillent sur nous par tout ou il lu}^ plaira, car nous sommes siens éternellement. Vous verres bien que, parmi tant de destours, nous ferons prou et que Nostre Seigneur nous conduira par les desertz a sa sainte terre de promission, et que de tems en tems il nous donnera dequoy priser les desertz plus que les fertiles campaignes, dans lesquelles les blés croissent en leurs saisons, mais la manne pourtant n'y tombe pas. Mon Dieu, ma très chère Mère, quand vous m'escri- vistes que vous esties une pauvre abeille, je pensay que je ne le voudrois pas tandis que vos sécheresses et afflic- tions intérieures durent ; car ce petit animal, qui en santé est si diligent et pressant, perd le cœur et demeure sans rien faire tout aussi tost qu'il est malade. Mais despuis, je changeay de souhait et dis : Ah ! ouy, je le veux bien que ma Mère soit abeille, mesme quand elle sera en travail spirituel ; car ce petit animal n'a point d'autre remède de soy mesme en ses maladies, que de s'exposer au soleil et attendre de la chaleur et de la guerison de sa lumière. O Dieu, ma Fille, mettons nous ainsy devant * Maiach.,uit., 2. nostre Soleil * crucifié, et puis disons luy : O beau Soleil des cœurs, vous vivifiés tout par les rayons de vostre bonté ; nous voyci mi mortz devant vous, d'où nous ne * Cf. Ps. XVIII, 7. bougerons point que vostre chaleur ne nous avive *, Seigneur Jésus. Ma chère Fille, la mort est une vie, quand elle se fait devant Dieu. Appuyés vostre esprit sur la pierre qui estoit représentée par celle que Jacob avoit sous sa teste *Gen.,xxviii,ir-i3. quand il vit sa belle eschelle *, car c'est celle la mesme sur laquelle saint Jean l'Evangeliste se reposa au jour de , r, 23, l'excès de la charité de son Maistre Jésus *. Nostre cœur, et le cœur de nostre cœur veillera amoureusement sur vous.  Joan.  25  d'après rédition de 1626, ne renferme aucune allusion à ce voyage, ne porte à l'absente aucune nouvelle d'Annecy. H en faut donc conclure que la date est douteuse et que le texte est tronqué, peut-être même composé de plusieurs fragments. (Voir tome XIV, note ( i ), p. 14.)  Année 1613 51 Demeurés en paix. Dieu soit a jamais au milieu de nostre cœur; qu'a jamais il le rende plus uniquement sien. Vive Jésus! Amen, amen. Franc", E. de Genève. Le 12 aoust 1613.  CMV A MONSEIGNEUR JEAN-PIERRE CAMUS, ÉVÊQUE DE BELLEY ( Excuses pour une réponse tardive. — M*?*" Camus ayant écrit au Saint qu'il désirait se démettre de sa charge, celui-ci l'engage discrètement à n'en rien faire. — Il est prié de s'intéresser à l'honneur d'une famille, — Mort de Ms"" de Villars, archevêque de Vienne. Annecy, 14 août 161 3. Monseigneur, Il y a environ un moys seulement que je receu la lettre qu'il vous pleust de m'escrire le second du moys dejuUiet; despuis, j'ay tous-jours esté ou en voyage ou malade (-), et n'ay sceu vous rendre la response que vous desiriés, ou, pour mieux dire, la response que vous ne desiriés pas, si j'ay bien sceu connoistre Tinclination en laquelle vous esties Ihors que vous me fistes la faveur de m'escrire (3). Maintenant, vous pouves penser si je puis bien satis- faire a vostre demande, puysqu'a la foiblesse ordinaire de mon esprit, l'extraordinaire de mon cors, accablé des lassitudes que la fièvre m'a laissées, apporte un nouveau ( I ) Voir tome XIV, note ( i ), p. 139. (2) Au retour de Gex, le Saint fut en proie à des accès de fièvre qui rempéchèrent 'd'écrire à son jeune et cher collègue. Aussi, pour ne pas lui faire attendre trop longtemps la réponse, il la dicta à un secrétaire. Ce ne fut pas sans doute Michel Favre, son aumônier, quoique la copie conservée à la Visitation de Chambéry, reproduite ici même, soit de sa main. (Voir note ( I ) de la page suivante.) (3) La teneur de cette lettre et la réponse que lui fit M^"" Camus (voir à l'Appendice I) font connaître que celui-ci songeait, dès ce temps-là, à se décharger des fonctions épiscopales. Il ne quitta son évêché qu'en 162g.  52 Lettres de saint François de Sales surcroist d'imbécillité. Mays un si bon entendeur comme vous estes, verra asses mon intention, quoy que mal estallee. (0 (*) Prima Propositio. Velle deponere onus episco- pale ob causas rationi congruas, non modo nullum est peccatum, sed etiam actio est virtutis, vel modestiae, vel humilitatis, vel justitiae, vel charitatis. 2a Propositio. Is censetur rationibus veris moveri ad episcopatum deponendum, qui bona fide suum de se judicium suum de deponendo episcopatu, desiderium suasque denique quibus nititur rationes, vel consilio prudentium, vel saltem judicio superiorum paratus est submittere, ac in utramque partem eadem alacritate suum obsequium conferre. ^a Propositio. Quamvis cogitatio desideriumve epis- copatum deserendi, eo quo licet modo, nullum sit pecca- tum, plerumque tamen non caret hujusmodi propositum magna tentatione acceditque frequentissime daemonum opéra. Ratio est, quia dum in procuranda oneris déposi-  ez) Première proposition. Vouloir se démettre de la charge épisco- pale pour des motifs raisonnables, non seulement ne constitue aucun péché, mais c'est même un acte de vertu, ou de modestie, ou d'hu- milité, ou de justice, ou de charité. Deuxième proposition. Celui-là est censé s'inspirer de raisons sérieuses, qui, de bonne foi, est prêt à soumettre, soit au conseil d'hommes sages, soit du moins à l'appréciation des supérieurs, son avis personnel sur le fait de quitter l'épiscopat, son désir et les raisons de ce désir, et qui, en même temps, est disposé à se ranger avec une égale promptitude au pour et au contre. Troisième proposition. Si la pensée ou le désir de quitter Tépiscopat ne constitue aucune faute, dans le sens que je viens de dire, un tel projet, la plupart du temps, n'est pas sans une grave tentation et, très fréquemment, le démon y a sa part. Et voici pourquoi : tandis (i) Ce n'est pas pour un motif de précision que le Saint, brusquement, recourt ici à la langue latine; mais, par un sentiment de délicatesse, il aura voulu dérober à la connaissance de son secrétaire l'état d'âme de son hono- rable correspondant et la consultation spirituelle qu'il lui adressait. La lettre aura donc été dictée à un serviteur qui ignorait le latin. (Voir note (a) de la page précédente.)  Année 1613 53 tione tempus impenditur, vix ac ne vix quidem satis in eo sustinendo satis operae insumitur ; ut qui de repudianda uxore cogitât, vix intérim de ea recte diligenda soUicitus est. Satius ergo fuerit, seipsum ad meliorem navandam operam deinceps excitare, quam quia tibi non videris recte hactenus navasse, omnem operam velle abjicere. Porro, melius est levare oculos in montes, unde veniat auxilimn nobis *, et sperare in Domino libenterque *Ps. cxx, i. gloriari in infirtnitatibus nostris, ut inhabitet in nobis virtiis Christi*, quam more filiorum Ephrem, converti * n Cor., xn, 9. retrorsum in die belli *. Qui enim confidunt in Donai- * Ps. lxxvh, 9. no, assument pennas velut aquilœ, volabunt et non déficient *; déficientes auteyn, quemadmodum fumus * isaiœ, xl, uit. déficient *^ et qui ad sarcinas formidolosus revertitur, * Ps. xxxvi, 20. otium quidem habet, sed non majorem quam qui prseliatur securitatem. 4" Propositio. Videor mihi audire Christum dicentem : Simon Joannis^ aut Petre Joannes, diligis me ? Pe- trumque Joannem respondentem : Tu scis quia am,o te. Tum demum, Dominum graviter praecipientem : Pasce  que l'on dépense du temps à se défaire du fardeau, c'est à peine, c'est à grand peine si l'on prend assez de sollicitude pour le soutenir. Tel un homme qui songe à répudier sa femme; il ne s'inquiétera pas, en attendant, de l'aimer comme il devrait. Donc, s'exciter à mieux remplir sa tâche, puisqu'il vous semble ne l'avoir pas fait exacte- ment jusqu'à ce jour, c'est bien mieux que de l'abandonner tout à fait. Oui, lever les yeux vers les montagnes, d'où nous viendra Je secours, espérer dans le Seigneur et nous glorifier volontiers dans nos infirmités pour que la vertu du Christ habite en nous, c'est bien mieux que de retourner en arrière au jour du combat, comme tes enfants d'Ephrem. Car ceux qui se confient dans le Seigneur prendront des ailes comme l'aigle; ils voleront et ne défailliront pas ; ceux au contraire qui perdent courage, s'évanouiront comme la fumée. Le soldat qui décampe tout tremblant, trouve sans doute le repos, mais pas autant de sécurité que celui qui combat. Oiiatriéme proposition. Il me semble entendre le Christ dire : Simon, fils de Jean, ou Pierre-Jean, rn aimes-tu ? et Pierre-Jean répondre : Vous save:( que je vous aime. Et le Seigneur de lui commander alors d'un  54 Lettres de saint François de Sales * joan.,uit., 15-17. oves tncas *. Nulla major probatio dilectionis, quam * s. Gregor. Mag., exhibitio hujus operis * (0. hom.xxxin Evang. ai . ^-n 1 ^1 1 • / \ » ^ ^ Au demeurant, une jeune fille de Chamberi (2) s estant laissée porter trop avant en l'amour d'un jeun' homme de vostre ville, et se desfiant que les père et mère d'ice- luy n'apportent quelque difficulté au mariage nécessaire pour couvrir son honneur et pour accomplir les mutuelles promesses sous lesquelles elle proteste d'avoir encouru le hazard de sa réputation, elle m'a fait prier d'intercéder vers vous, Monseigneur, affin qu'il vous playse d'em- ployer vostre charité vers lesditz père et mère du jeune homme, pour les disposer a consentir a un' honnorable conclusion de l'amour d'iceluy et d^elle ; attendu mesmes qu'eir est d'une parentee fort recommandable, fille de la seur de monsieur Boursier, ancien secrétaire d'Estat de Son Altesse (3). Ce gentilhomme, son cousin germain (4), vous desduira mieux que je ne vous sçaurois escrire ses lesquelles estant bonnes et raysonnables a  ton grave : Pais mes brebis. II n'y a point de meilleure preuve d'amour que de vous acquitter de ce ministère. (i) Voir à TAppendice I, les chaudes effusions de gratitude par lesquelles Me"" Camus répondit à son saint ami. « Ne dittes point que je vous en conte, » écrivait-il, «je dis la vérité de mon sentiment. » On pouvait l'en croire; François de Sales avait sur lui un tel ascendant, que le jeune Prélat renonça à son projet. (2) Très probablement M"® Bellot. (Voir le tome précédent, note (i), p. 335, et ci-dessus, pp. 21, 22.) (3) Pierre Boursier vivait encore en 1619; il figure dans un acte de baptê- me, au 31 décembre de cette année, en qualité de « conseiller et médecin de Son Altesse. » (Chambéry, Reg. par. de Saint-Léger.) Comme secrétaire du Duc, en 1396, il fut mêlé aux négociations de la paix de Bourgoin. C'est lui qui contresigne les lettres de Charles-Emmanuel à l'Evéque de Genève, et dont les épaules servirent de pupitre au prince lorsque, de Hautecombe, en 1598, « il escrivit de sa main propre » au P. Chérubin de Maurienne, Capucin. (P. Charles de Genève, Histoire abrégée des Missions des PP. Capucins en Savoye, Chambéry, 1867, p. 60.) Pierre Boursier remplissait encore sa charge le 30 mars 1613 ; c'est sans doute en raison de ses longs services que le Saint l'appelle « ancien secrétaire, » rien ne prouvant que ses fonctions eussent pris fin avant la date de cette lettre. La famille Boursier habitait à Chambéry la Rue de Lans, dénommée aussi, à cause d'elle, Rue des Bourciers ; sa noto- riété et son ancienneté ne faisaient que donner plus d'éclat à Tinconduite de la jeune fille. (4) Impossible de découvrir le nom du « cousin germain »,  Année 1613 55 mon advis, je ne fay nulle difficulté de vous supplier de rechef de les avoir en recommandation, et moy sur tout en vos saintz Sacrifices, puysque je suis plus que nul homme du monde, Monseigneur, Vostre très humble et très obéissant frère et serviteur. A Neci, le 14 aoust 161 3. Helas ! Monseigneur, on m'advertit que le grand ancien Archevesque de Vienne est trespassé (O : (*) De medio terrce sublatus est justus *, justus vivat et reqiiies- *cf. Offic in Sab- ... .77 7, ^ . , bat.sanct.JINoct., cat, et pro iLio aiius superventat. respons. Lect. vi. Je me res-joiiis de la réciproque consolation que vous et monsieur le Grand aures eue en vostre entreveuë (2).  (*) Du milieu de la terre, le juste a été ôté ; qu'il vive, le juste, qu'il soit dans le repos, et qu'un autre vienne prendre sa place. (i) Pierre de Villars, archevêque démissionnaire de Vienne, était décédé le 18 juillet. (Voir tome XIV, note ( i ), p. 124.) (2) Voir ci-dessus, note (6), p. 48.  CMVI  AU DUC DE BELLEGARDE L'Evêque annonce à son pénitent l'envoi d'une méthode pour examiner sa conscience. — Exhortation à la vie chrétienne. — La vie éternelle. — Obli- gation de réparer le passé. — Le plus vif de tous. les amours. — Quelques exercices recommandés. — Un moyen de se convertir plus parfaitement au Sauveur. — La toute-puissance de l'Eucharistie et l'expérience du Saint. Annecy, 24 août 1613. Monsieur, Parmi les lassitudes et autres ressentimens que la 11- 11 ' * .1 1 .11^ -1 1-1 *Vid.Epist.praced. maladie m a laysse *, j ay dresse le Mémorial qu il vous p. 51.  56 Lettres de saint François de Sales avoit pieu désirer de moy (0, et ay voulu y adjouster un abbregé, affin qu'il vous fust plus commode en vos con- fessions de le porter et voir, le grand vous demeurant comme en reserve pour y avoir recours en vos difficultés et en tirer Tesclarcissement de ce qui se treuveroit obscur en l'abbregé. Le tout est a la bonne foy, sans art ni couleur; car ces matières n'en veulent point, la simplicité leur servant de beauté, comme a Dieu qui en est Tautheur. Vous y treuverés, Monsieur, des m^arques de ma maladie; car si j'eusse fait ce petit ouvrage en pleine santé, j'eusse sans doute employé un soin plus exacte de le rendre moins indigne de vostre réception. Je n'ay sceu non plus l'escrire moy mesme, mais ceux qui l'ont escrit n'ont point de connoissance de l'usage auquel je l'ay dédié. Béni soit Dieu éternellement de la bonté qu'il exerce envers vostre ame. Monsieur, l'inspirant si puissamment a la resolution de consacrer le reste de vostre vie mortelle au service de l'éternelle : vie éternelle qui n'est autre chose que la Divinité mesme, entant qu'elle vivifiera nos espritz de sa gloire et félicité ; vie, seule vraye vie et pour laquelle seule nous devons vivre en ce monde, puisque toute vie qui n'aboutit pas a la vitale éternité est plustost une mort qu'une vie. Mais, Monsieur, si Dieu vous a si amiablement inspiré d'aspirer a l'éternité de la gloire, il vous a quant et quant obligé a recueillir humblement et prattiquer soigneusement son inspiration, sous peyne d'estre privé de cette grâce et gloire ; privation laquelle, a l'ouyr nommer seulement, remplit le cœur d'effroy, pour peu qu'il ayt de courage. C'est pourquoy, en la simplicité de mon ame, je vous conjure, Monsieur, d'estre fort attentif pour bien conser- ver ce que vous aves, affin que vous ne perdiés point Apoc, m, II. vostre couronne *. Vous estes indubitablement appelle a une dévotion masle, courageuse, vaillante, invariable, (i) Il s'agit d'un Mémorial pour la confession, composé de plusieurs avis pour la bien faire et d'un examen de conscience détaillé. Le manuscrit, con- servé aux Archives de la Visitation d'Annecy, est de la main de M. Michel Favre et corrigé par l'auteur. Cette pièce importante de vingt-cinq pages aura sa place parmi les Opuscules.  Année 1613 ^y pour servir de miroûer a plusieurs en faveur de la vérité de l'amour céleste; digne réparation des fautes passées, si jamais vous Tavies esté de la vanité des amours ter- restres (0. Voyés, je vous supplie, Monsieur, comme je laysse aller mon esprit en liberté autour du vostre, et comme ce nom de père dont il vous a pieu m'honnorer, m'em- porte. C'est qu'il est entré dedans mon cœur, et mes affections se sont rangées aux loix de l'amour qu'il signifie, le plus grand, le plus vif, le plus fort de tous les amours. En suite duquel il faut que je vous supplie de rechef, Monsieur, de prattiquer diligemment les exercices que je marque es chapitres x, xi_, xii et xiii de la seconde Partie de V Introduction^ pour le mattin et le soir, pour la retraitte spirituelle et pour les aspirations en Dieu. La bonté de vostre esprit, le courage noble que Dieu vous a donné, vous serviront grandement a cette prattique-la, laquelle vous sera d'autant plus aysee qu'il n'est besoin d'y employer que des momens desrobbés, ains retirés justement, en diverses occasions, ça et la, sur les autres affaires. La dixiesme partie d'une heure, voire encores moins, suffira pour le mattin, et autant pour le soir. Oh ! si vous pouviés doucement décevoir vostre chère ame, Monsieur, et en lieu que vous aves entrepris de communier tous les moys un an durant (mais un an de douze moys), quand vous auries achevé le douziesme vous y adjoustassiés le treiziesme, puis le quatorziesme, puis le quinziesme, et que vous allassiés ainsy poursui- vant de moys en moys, quel bonheur a vostre cœur, qui, a mesure qu'il recevroit plus souvent son Sauveur, se convertiroit aussi plus parfaitement en luy. Et cela. Monsieur, se pourroit bravement faire sans bruit, sans interest des affaires et sans que le monde eust rien a dire. L^experience m'a fait toucher, en vingt et cinq ans qu'il y a que je sers les âmes (2), la toute puissante ( I ) La discrétion miséricordieuse du saint Directeur sera sans doute remar- quée de quiconque connaît tant soit peu l'histoire de la cour de Louis XIII et les aventures mondaines du grand Ecuyer de France. (2) Saint François de Sales ne reçut l'Ordre de la prêtrise qu'en 1593 ; donc,  58 Lettres de saint François de Sales vertu de ce divin Sacrement pour fortifier les cœurs au bien, les exempter du mal, les consoler, et en un mot les diviniser en ce monde, pourveu qu'il soit hanté avec la foy, la pureté et la dévotion convenables (O. Mais c'est asses dit, Monsieur ; Tinfluence céleste, vostre bon Ange et vostre générosité suppléeront a ce que mon insuffisance ne me permet pas de vous proposer. Ainsy prie je Nostre wSeigneur qu'il vous face de plus en plus abonder en ses faveurs, et suis sans fin. Monsieur, Vostre très humble et fidèle serviteur. Francs, e^ je Genève, A Neci, le 24 aoust 161 3. en 1613, il ne servait les âmes que depuis vingt ans. (Cf. Préface du Traitté de r Amour de Dieu, tome IV, p. 13,) Les « vingt et cinq ans » sont, ou une faute d'impression, ou une erreur du copiste, ou peut-être une distraction du Bien- heureux lui-même. ( I ) Cette direction qui promettait de si beaux fruits fut interrompue par la mort de TEvêque de Genève. (Cf. le tome précédent, note ( i ), p. 293.) Belle- garde lui survécut plus de vingt ans encore, mais l'influence du Saint persista et fut décisive sur ses dernières années; le vieux gentilhomme les passa dans la pratique d'une dévotion intime envers la sainte Eucharistie et la glorieuse Vierge. « Sentant ses forces s'affaiblir, lui-même demanda tousses Sacrements, qu'il reçut avec des tendresses merveilleuses. » (Voir son Oraison funèbre, prononcée par le P. Grisel le 19 mai 1647, dans la chapelle des Jésuites de Dijon.) Il mourut à Paris, le 13 juillet 1646.  CMVII A LA MÈRE DE CHANTAL Avis pour la dernière étape. — Souhaits affectueux de bienvenue à la voyageuse. Annecy, vers le 23 décembre 161 1, ou fin aoiit 1613 (i). Non, ma très chère Fille, je ne suis plus en peyne de l'accident d'avant hier, car j'espère que vous en voyla { I ) La Mère de Chantai fit, en 161 1, un voyage de plusieurs mois en Bour- gogne (voir le tome précédent, note ( i ), p. 98); il se termina la veille de  Année 1613 59 quitte pour ce coup, moyennant la grâce de Nostre Seigneur, a la sainte providence duquel je remetz ma très unique fille comme moymesme. O Dieu, Seigneur Jésus, pour qui seul je désire nostre vie, et a qui je me resigne pour nostre mort, vostre volonté soit faite * ! • Matt., vi, 10 ; T- , . .... xxvr, 42. Je veux bien que vous venies demain, si vous vous treuvés asses forte, et croyes que si vous aves envie de me voir, je n'en ay pas moins de vous regarder. Mays donques, disnés de bonn'heure, plustost a neuf qu'a dix, affin que vous puissies vous reposer quattr'heures avant que monter a cheval. (0 Je prie la Vierge Marie qu'elle vous tienne en la protection de sa pitoyable maternité, et vostre bon Ange et le mien, quil [sic) soyent vos con- ducteurs^ affin que vous arrivies en prospérité * entre les * Antiphona pro ., , . ,1 Itinerario, accueilz de ce pauvre très unique père et de vos chères filles, qui tous vous attendrons [sic] avec mille souhaitz, et particulièrement moy qui vous suis en Nostre Seigneur ne plus ne moins que vous mesme. Vive Jésus ! Amen. A Madame Madame la Baronne de Chantai m. f. (ma fille). Revu sur l'Autographe conservé au presbytère de Trinquetaille (Bouches-du-Rhône). Noël. Quoique « fort lasse, » dit la Mère de Chaugy (Mémoires.eic, Partie II, chap. v), « elle ne voulut point de plus doux rafraîchissements que d'officier à rOffice de la nuit, où elle assista tout au long. » A la fin d'août 1613, la Sainte revenait à Annecy, après une absence de six semaines. (Cf. ci-dessus, note (2), p. 4").) Les deux dates peuvent donc être proposées, toutefois avec une probabilité de plus pour 161 r, à cause de la teneur de l'adresse; on ne voit pas en effet sur celle-ci le titre de Supérieure de la Visitation qu'on retrouve dans les adresses des lettres de 1613. (i) La fin de cet alinéa avait été interpolée par les éditeurs de 1626, dans une lettre qu'ils ont datée du 22 octobre 1622, mais qui est composée de fragments écrits à des époques différentes.  6o Lettres de saint François de Sales CMVIII A M. AMÉ DE MONTFORT (0 (inédite) Assistance et conseils du Saint dans des affaires de famille. Annecy, [vers septembre 1613 (2).] Monsieur mon Cousin, J'escriray un memoyre court, mais qui vous sera, comme je pense, utile (3); bien qu'hier je dis a monsieur Ouvrier (4) mon advis clairement, par le moyen duquel il aura changé d'opinion, mesme quil emporta un des livres qui faysoyent a ce propos. Vous aures. Dieu aydant, tout ce que je pourray, pour le tems que vous me marqués, ( I ) Amé de Montfort, seigneur de Mionnas, Conzié, etc., était fils de Georges de Montfort et d'Anne de Menthon, et avait épousé, en 1609, Michelle de Cerisier. Saint François de Sales, qui l'affectionnait beaucoup pour ses quali- tés, voulut bénir son mariage. (Voir le tome précédent, note ( i ), p. 14.) (2) L'écriture de ce billet, le rapport évident de sa teneur avec le procès exposé dans la note suivante et avec le texte de la lettre à M""® de Peyzieu, 21 septembre 161 3 (voir ci-après) rendent très vraisemblable la date que nous lui attribuons. (3) L'ouverture du testament d'Anne de Menthon, mère du destinataire (27 juillet 1596), avait mis celui-ci en procès, d'abord avec son frère André et Mye de Manessy sa femme, puis avec Maurice de Montfort, leur fils unique, déshérité par sa grand'mère paternelle, en tant qu'issu d'un mariage, illégiti- me pour cause de parenté. Amé plaidait la nullité de ce mariage avant le 19 mai 1612. Le « memoyre » promis par le Saint à M. de Montfort concernait sans doute ce procès, qui fut porté devant l'offîcial de Genève et la cour métropolitaine de Vienne. Par une lettre du 21 septembre 1613 (cf. la note précédente), l'Evêque intéresse ses amis de Peyzieu à la cause de son parent, qu'il croit fondée sur le droit. Enfin, le 27 août 1618, les parties convinrent d'une transaction, homologuée par arrêt du Sénat le 29 février 1620 : elle attribuait au destinataire une rente de la maison-forte de Mionnas, et recon- naissait à son neveu, avec la qualité d'enfant légitime, le droit de porter le nom et les armes de Montfort-Conzié. (4) Noble et spectable Henri Ouvrier, nouvel avocat à la rentrée du Sénat (4 novembre 1603), devint avocat fiscal du Genevois et conseiller de Son Altesse en 1611. (Cf. tome XIV, note (3), p. 340.) Marié à Jeanne du Mar- theray avant 1613, il remplaça en 1S18 Charles d'Orlier, en qualité de juge- mage du Chablais, et le 13 juin de la même année, il était reçu sénateur.  Année 1613 61 et demeureray plein [du] désir de vous tesmoigner que c'est de tout mon cœur que je suis, Monsieur mon Cousin, Vostre serviteur et cousin très affectionné, très humble, France, E. de Genève. La lettre que j'escrivis l'autre jour a madame ma Cousine (0 fut laissée sur la table. A Monsieur Monsieur de Monfort. Revu sur un fac-similé de l'Autographe, conservé au i"" Monastère de la Visitation de Paris. (i) M'"« de Montfort, femme du destinataire, (Voir le tome précédent, note (i), p. 14.)  CMIX  A LA MERE DE CHANTAL  Ce que le Saint voulait éviter en retardant l'oblation de la Sœur Humbert. Une course à Sainte-Catherine.  Annecy, [commencement de septembre] 16 13 ( i ). La lettre est arrivée asses tost, car je n'envoyeray les miennes que demain, n'ayant sceu gaigner de les faire hier ni ce mattin. Mon sentiment a moy est que si on retarde l'oblation de ma Seur Humbert (O directement, on la mettra au hazard d'un grand découragement, et ses (i) L'objet principal de la lettre justifie l'année, et d'autres particularités, le mois. (Voir la note suivante.) (2) Sœur Marie-Avoye Humbert, qui avait pris l'habit le 11 septembre 1612, était de Dijon; l'affaire de la dot dut être traitée de vive voix avec ses parents, lors du passage de la Mère de Chantai, et au retour de celle-ci, sans doute, on examina la question de l'oblation de la novice, qui, d'après les Règles de l'Institut, devait avoir lieu le 12 septembre. La Sœur Humbert sera destinataire en 1616; c'est là que nous donnerons sa notice.  62 Lettres de saint François de Sale"- parens (O d'un grand murmurement, car ilz croiront que c'est parce qu'ilz donnent chichement la dote de cette fille. Mays on pourra indirectement dififerer, sur ce que sa dote et les autres choses requises ne sont pas encor prestes, et on pourra les retarder par divers moyens ; et pendant ce retardement, on taschera de donner ayde a son esprit pour le mieux disposer iv. Mais nous en par- lerons au premier jour plus au long. Je m'en vay confesser un homme estranger, dire la Messe, desjeuner et monter le plus tost que je pourray a Sainte Catherine (3), pour revenir de bonn'heure. Bon jour, ma très chère Mère, que je chéris toute comme moymesme, es entrailles de Nostre Seigneur. Revu sur l'Autographe appartenant à Ms"" Duc, Evêque démissionnaire d'Aoste. (i) Marie Espiard et Nicolas Humbert. Celui-ci fut conseiller-maître à la Chambre des Comptes de Dijon, de 1595 à 1615. Le 6 juillet 1610, Louis XIII le désigna pour la charge de vicomte-majeur ; il l'exerçait encore le 9 mai 1612. (D'après les noies de M. Musy, érudit de Dijon.) ( 2 ) De fait, la cérémonie de Toblation fut retardée jusqu'au 25 janvier 1614. (3) Abbaye de Cisterciennes, près d'Annecy. (Voir tome XIII, note (4), p. 116.)  CMX A LA PRÉSIDENTE BRULART (0 Le retour offensif des ennemis qu'on croyait vaincus nous apprend deux leçons, — Avantages des tribulations. — Comment pratiquer l'oraison men- tale et y suppléer lorsqu'on ne peut la faire longue. Annecy, [commencement de septembre 1613 (2).] Il y a un mois, ma très chère Seur, que je fus saysi d'une fièvre, laquelle m'a presque tous-jours occupé (i) Parmi les destinataires que le Bienheureux appelle « Seur », la Prési- dente nous paraît la seule qui puisse être proposée. Les conseils donnés ici ressemblent assez bien à ceux de la lettre du 11 février 1612. (Voir le tome précédent, p. 164.) (2) Saint François de Sales fit en janvier 1603, une grave maladie, accom- pagnée « d'une fièvre continue » (voir tome XIII, pp. 2-4, 13, is) ; au mois  Annff. 1613 6j jusques a présent (0, et tandis, j'ay receu trois de vos let- tres par diverses voyes (2). Sur tout, il y en a une qui m'a esté d'extrême consolation, y voyant les marques de la parfaite confiance que vous aves en moy, par la commu- nication des accidens et troubles de vostre chère ame. Or c'est la vérité, que je n'entens pas si asseurement ce que vous me dites, que je n'aye quelque sorte de doute de me tromper ; néanmoins il m'est advis que je vous entens suffisamment pour vous respondre. Voyés-vous, ma très chère Seur, il arrive maintes fois que pensans estre entièrement desfaitz des ennemis an- ciens sur lesquelz nous avons jadis remporté la victoire, nous les voyons venir d'un autre costé dont nous les atten- dions le moins. Helas ! cet unique sage du monde, Salo- mon, qui avoit tant fait de merveilles en sa jeunesse, se tenant fort asseuré de la longueur de sa vertu et de la confiance de ses années passées, Ihors qu'il sembloit estre hors des escalades, il fut surpris de l'ennemi qu'il avoit le moins a craindre, selon le cours ordinaire *. C'est pour * i Reg. nous apprendre deux leçons signalées : l'une, que nous nous devons tous-jours desfier de nous mesme, chemi- ner en une sainte crainte, requérir continuellement les secours du Ciel, vivre en humble dévotion ; l'autre, que nos ennemis peuvent estre repoussés, mais non pas tués. Hz nous laissent quelquefois en paix, mais c'est pour nous faire une plus forte guerre. Mais avec cela, ma très chère Seur, il ne faut nullement que vous vous descouragies, ains qu'avec une paisible vaillance vous prenies le loysir et le soin de guérir vostre chère ame du mal qu'elle pourroit avoir receu par ces de décembre de la même année, il eut encore quelques accès, mais qui ne furent pas longs (ibid., pp. 126, 138). En 1613, nous savons que la fièvre dont souffrit le Bienheureux fut assez maligne, laissant après elle des « lassitudes «et autres ressentimens. » (Cf. ci-dessus, pp. '  (i) Charles-Auguste de Sales, Le Poitrprii historique de la Maison de Sales, Annessy. Jacques Clerc, 1659, p. 288.  86 Lettres de saint François de Sales de celuy qui en est prouveu (0. Mays, Monseigneur, avant toutes choses, le bon playsir de Vostre Altesse est requis, lequel ledit Chapitre la supplie très humblement de luy ouctroyer, comm'un'aumosne a des pauvres ban- nis et dejettés de leur siège par les ennemis de Dieu et de Vostre Altesse Serenissime ; laquelle, certes, pour cela ne les rendra pas riches, puisque ledit prieuré n'est que de cent ducatons de revenu, mais elle les accom- modera beaucoup, ce bénéfice estant en cette ville et  prêcha dans cette église en 1403, à l'époque des Grands Pardons. Au xv^ siècle, Martin V plaça les chanoines du Saint-Sépulcre sous Tautorité des archevêques de Tarentaise. Le monastère eut pour premier prieur (1350-1360) un person- nage qui devait l'illustrer par sa sainteté : le bienheureux André d'Antioche, fils du prince d'Antioche, chanoine du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Lorsqu'on rapporta de Lyon le cercueil de saint François de Sales (22 janvier 1623), on le déposa sur les reliques du vénéré prieur. Dès le xvii^ siècle, l'institution du Saint-Sépulcre dégénéra. Ce ne fut plus qu'une association vague de quelques prêtres séculiers vivant en dehors de toute discipline, éludant le contrôle des visites canoniques, et qui tomba peu à peu dans le discrédit. Devant l'attitude sévère de Charles-Emmanuel III (1733-1773), le malheureux Chapitre se releva un peu ; il se composait de neuf chanoines quand, avant 1786, il fut supprimé par l'intendant Dupassier. (D'après yieicier, Souvenirs historiques d'Annecy, 1878, chap. vu, et Gonthier, Œuvres historiques, 1902, tome II, pp. 391-401.) (i) Celui qui était pourvu du prieuré en 1613 était Claude de Menthon- Montrottier, seigneur de Cormand, fils de Françoise de la Chesnaye et de Pierre, seigneur de Montrottier et de Pontverre, gentilhomme de la chambre du roi de France. Institué, quoique simple clerc minoré, curé de Minzier le 20 octobre 1387, déjà chanoine chantre de Saint-Pierre de Genève, on le voit, en 1389, porter le titre de protonotaire du Saint-Siège apostolique. Le même personnage résigne, le i^"" octobre 1592, l'église de Saint-Jean-Baptiste de Grésy ; échange la cure de Minzier contre celle de Lovagny et Chavanod le 2 juin 1612, puis, le 19 juin suivant, rétracte l'échange. Il s'empara, sans titre quelconque, croit-on, du prieuré du Saint-Sépulcre à la mort d'Emma- nuel-Philibert Pomeo (avril 1603). En effet, le 3 novembre de cette même année. Clément VIII avait nommé prieur Jean-Baptiste Basso, clerc Milanais, qui fut institué le 7 avril 1607; mais Claude de Menthon empêcha la prise de possession. (R. E.) Pour agréer au duc de Savoie, il offrit sa démission en 16 17, et Pierre-François de Rossillon lui fut donné comme successeur le 23 avril. Cette fois encore la nomination n'eut pas de suite. L'obstiné prieur devait même faire échec au désir de Charles-Emmanuel, qui désigna, le i^"" mars 1620, Claude Vidomne de Novéry pour lui succéder ( i ). (Voir Mercier, Souvenirs hist. d'Annecy, p. 616.) Claude de Menthon garda la commende du Saint-Sé- pulcre jusqu'à sa mort, arrivée le 22 octobre 1622. Il fut inhumé le lende- main à l'église de Lovagny, dans le tombeau de famille.  ( I ) Celui-ci ayant dans la suite pris le parti des armes, céda sans doute le bénéfice à son frère Pierre-François, qui devint prieur commendataire en 1623.  Annéf. 1613 87 fort a la bienséance de cette compaignie qui ne cessera jamais, non plus que moy, de souspirer et aspirer devant la divine Majesté jusques a ce que, sous les auspices de Vostre Altesse, elle retourne en son ancien séjour. Ce sont les souhaitz perpétuel z. Monseigneur, de Vostre très humble, très obéissant et très fidèle orateur et serviteur, Franç% Evesque de Genève. VII octobre 161 3, a Neci. A Son Altesse Serenissime. Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.  • CMXXV AU MÊME Recommandation en faveur d'un gentilhomme qui avait ses biens en France. Annecy, 16 octobre 161 3. Monseigneur, La grande connoissance que j'ay de la sincère et très fidèle affection que toute la mayson de Matignien (O, et particulièrement le sieurd'Alemoignel^), a pour le service et obéissance de Vostre Altesse Serenissime, me fait entreprendre de la supplier très humblement de gratifier (i) Henri de Livron acquit la seigneurie de Mattignin en 1547, de noble Barthélémy, fils de Jean Lect, citoyen de Genève (Archives de la Visitation d'Annecy, Collection J . Vuy ), et le château avec le fief d'AUemogne, en 1552. Cette dernière seigneurie passa à son second fils, Bernard. En 161 3, la « mayson de Matignien » était représentée par Louis, fils aîné de Henri de Livron et de Jeanne-Gasparde de Menthon. (Cf. le tome précédent, note (2), p. 539.) ( 2 ) Le Saint désigne ici Pierre, fils aîné de Bernard de Livron, seigneur d'AUemogne, et de Louise-Gabrielle de Laude de la VuUiane ou Veillane, qui avait épousé (contrat du 24 mai 1613) Marguerite de NicoUe de Chres- cherel. Par testament du 12 décembre 1631, il déclare vouloir « être enseveli dans la chapelle des Livron, en l'église de Thoiry. » La même pièce le qualifie de « gentilhomme servant chez le Roi de France, gouverneur du fort et préside des AUinges, Abondance et Saint-Gingolph. » (Archives Vidart, Di- vonne, Ain.)  88 Lettres de saint François de Sales ledit sieur d'Alemoigne de Taccueil qu'ell' a accoustumé de faire a ses plus asseurés serviteurs. Il a ses biens au balliage de Gex ; mais ayant succé avec le lait l'inclina- tion et resolution de consacrer sa personne et sa vie a Tobeissance de Vostre Altesse au péril de tous ses autres biens, estimant celuy ci le plus grand, il en va faire l'offre et la protestation. Et je l'accompagne par cet escrit, comme tesmoin oculaire de la perpétuelle et invariable fidélité, et de feu son père (O et de luy, envers la cou- ronne de Vostre Altesse, parmi tant de divers accidens qui ont tiré leurs biens hors de sa sujettion. Dieu, par son infinie bonté, soit a jamais a la dextre de Vostre Altesse pour la conduire en toute sainte pros- périté : c'est le souhait ordinaire. Monseigneur, de Vostre très humble, très obéissant et très fidèle serviteur et orateur, FRANç^ E. de Genève. XVI octobre 1613, a Neci. Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de TEtat. (i) Bernard de Livron, qui était déjà décédé au moment du mariage de son fils Pierre. (Voir les deux notes précédentes et tome XV, note (2), p. 339.)  CMXXVI AU COMTE PROSPER-MARC DE TOURNON Bienveillante courtoisie du comte de Tournon pour le Saint et pour ses frères. — Gratitude de François de Sales. — Nouvelles diverses. — Un écrivain fertile. Annecy, 4 novembre 1613. Monsieur, J'estois a Belley quand M. de Blonnay passa en cette ville (0, et a mon retour je treuvay la lettre quil vous (i) Claude de Blonay revenait sans doute de Turin où se trouvait alors le comte de Tournon.  Année 1613 89 pleut m'escrire le iS du moys passé, par laquelle vous me renvoyés au récit quil me fera pour certaines parti- cularités, en l'ignorance desquelles je demeureray jus- ques a son retour de Chablaix, mais avec bonne patience, puisque ce que je dois désirer le plus de sçavoir m'est si amplement tesmoigné par vostre escrit : c'est que vous vives en santé, et moy en vostre bienveuillance, laquelle mesme s'estend a faire des pensées si honnorables pour mes frères, comme est celle que vous me signifies, quoy que couvertement, et que ledit sieur de Blonnay a plus ouvertement fait entendre a mon frère de Thorens (0, quil gratifia de sa visite en son passage. Monsieur, que vous puis-je dire sur cela ? sinon que, puisque le bon génie de vostre naturel vous pousse a nous aymer tant sans mérite, je le prie de continuer. Et bien que l'insuffisance et la petite médiocrité des moyens de mes frères leur empesche la réception du bien et de Ihonneur que vous leur desires, si est ce que la propo- sition seule ne leur peut estre que fort désirable, car elle donnera, pour le moins, quelque commencement de bonn'impression d'eux au Prince ; et eux, donques, et moy vous sommes extrêmement obligés. Monsieur, par cette nouvelle obligation qui nous rend tous-jours plus vos serviteurs. Au demeurant, quoy que cette nouvelle légation que Son Altesse vous impose (2) ayt beaucoup de charges, eira aussi beaucoup d'honneurs ; entre lesquelz celuy la, d'estre envoyé comme réparateur des desordres et man- quemens qui sont survenus en son service, me semble fort grand et digne qu'il vous soit déféré. Allés donq, Monsieur, en bon voyage, et revenés bien tost, avec le  ( I ) Bernard de Sales, ( 2 ) Le 17 novembre 1613, le Nonce de Savoie écrivait au Cardinal Borghese : (( Me"" le Duc a destiné deux ambassadeurs pour la Suisse : M. de Tournon, comme extraordinaire, pour traiter avec les cantons la confirmation et l'exten- sion delà Ligue, et M. de Monthoux, sénateur savoyard, comme ordinaire. On croit qu'ils partiront dans peu de jours, M. de la Tournette, qui réside là-bas, ayant eu congé de s'en retourner. » (Archiv. Vatic, Nun^. di Savoia, vol. 162.) Cette mission est sans aucun doute « la nouvelle légation » dont parle le Saint.  90 Lettres de saint François de Sales contentement que Son Altesse mesme espère de vostre travail et industrie en un tant important service. Nous avons icy le bon M. le Président de Buttet extrê- mement malade, de la vie duquel les médecins sont encor entre la crainte et Tesperance (0. Presque tous les gens de bien en sont en peyne et tesmoignent combien ilz l'estimoyent. Il ne se peut dire combien Monsieur TEvesque de Bel- ley fait estât de vostre amitié, ainsy quil m'a souvent répété pendant dix jours entiers que j'ay esté avec luy. Il escrit tous-jours incessamment, et blasme tous-jours ce quil a ci devant escrit. Nous avons eu M. le Marquis de Lans, qui revient demain de La Roche icy. Ce sont toutes nos nouvelles, au moins les miennes, de moy, qui vis hors des affaires et du commerce de ceux qui les manient. Et en attendant des vostres par madame ma cousine ( = ), comme vous me faites espérer, je prie Dieu quil vous accompaigne tous deux et comble de bénédictions, et suis, Monsieur, Vostre très humble serviteur, FRANÇ^ E. de Genève. 4 novembre 1613, a Neci. A Monsieur Monsieur le Comte de Tornon, etc. Revu sur TAutographe appartenant à M"'® la marquise Pensa, à Turin. (i) Jean-François de Buttet, président du Conseil de Genevois. (Voir le tome précédent, note ( i ), p. 3^.) Ses funérailles furent célébrées le 2 décembre 1613, à Notre-Dame de Liesse d'Annecy. (2) Philiberte de Beaufort, comtesse de Tournon, femme du destinataire, (Voir ibid., note (2), p. i.)  Année 1613 91 CMXXVII A MADAME DE LA FLÉCHÈRE Une illusion du prieur de Blonay. — Tout va très bien à la Visitation. — De Lyon et de Paris on a demandé les Constitutions. — Pourquoi faut-il tenir son cœur « net, débonnaire et pauvre. >< Annecy, [vers 8] novembre 161 3 (i). Ma très chère Fille, Nous sommes un peu embarassé maintenant ; c'est pourquoy je vous diray courtement que si le bon M. le Prieur de Blonnay se pouvoit laisser conduire, il seroit a propos d'entreprendre ce que vous m'escrivés (2). Mays, a parler de cœur a cœur entre nous deux, il a un esprit attaché a ses imaginations, qui sont trop grandes et disproportionnées a ses forces et a sa capacité, laquelle n'est pas de gouverner, mais d'estre. gouverné. Or, tout ce qui l'endommage, est que son esprit est si fertile en pensées et projetz, quil ne se peut contenter. Je ne treuveray néanmoins pas mauvays, ains bon, que vous luy parlies selon que Dieu vous le suggérera. La bonne M'"^ de Chantai ne sçait pas que je vous escrive, car elle vous escriroit sans doute, ayant un'ame toute particulière en vostre endroit. Je l'ay veue ce matin, ayant esté leur aumosnier ; mais il y avoit huit jours que je ne l'avois veue, pour la multitude des affaires. Tout ( I ) Probablement l'Autographe de cette lettre n'était pas daté, puisque Migne, le premier qui l'a publié, tome VI, col. 967, ajoute : « Vers octobre 161 3. » L'année est juste; la teneur des présentes lignes montre, en effet, qu'elles sont de très près antérieures à la lettre du 20 novembre écrite à la même destinataire ; mais le mois est contestable. Les allusions du texte prou- veraient qu'il a été écrit peu après le retour du voyage que le Saint fit à Belley dans la seconde quinzaine d'octobre. (Cf. la lettre précédente.) (2) A l'occasion des fiançailles de sa nièce Marie d'Avisé avec Jacques de Blonay, M'"^ de la Fléchère avait pu connaître de plus près le frère de celui-ci, le prieur de Saint-Paul. Peut-être songea-t-elle à tourner vers sa chère paroisse de Rumilly, alors très « indevotement servie, » (lettre du 6 novembre 1614 au comte deTournon) le zèle remuant de Jean-François de Blonay. (Voir le tome précédent, note ( i ), p. 354.)  92 Lettres de saint François de Sales va extrêmement bien en cette petite Congrégation. On a envoyé prendre les Constitutions de Lion, ou on projette d'en ériger une (0, et de Paris, pour voir si on en pourra desseigner un'autre (2); car il vous faut dire telles nou- velles, comm'aussi que j'ay esté deux fois a Bons (3), ou il s'est fait un peu de bien, mais je ne sçai ce quil aura produit du despuis. La chère seur (4) en fut bien ayse, et nostre petit'Anthoyne (5) et tout. Tenes bien vostre cœur net, débonnaire et pauvre, car bienheureux sont les pauvres, les débonnaires et les Matt., V, 3, 4, 8. net^ de cœur *. Je suis tous-jours plus, très fidèlement vostre. A Madame Madame de la Flechere. Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de TEtat. ( I ) Voir plus haut, note ( i ), p. 15. ( 2 ) Cette particularité n'a pas été mentionnée dans V Histoire de la Fondation du !'>' Monastère de Paris ; le projet ne s'effectua qu'en 1619. (3) A l'abbaye de Bons (voir tome XIV, note (3), p. 81). (4) Jeanne-Bonaventure de la Forest, Religieuse en la même abbaye. (Ibid., note ( I ), p. 204.) (5) Sans doute Antoinette, fille de M'"* de la Fléchère (voir le tome précé- dent, note (2), p. 86); celle-ci avait probablement confié l'éducation de l'en- fant à sa tante, Jeanne-Bonaventure de la Forest.  CMXXVIII A MADAME DE GORNILLON, SA SOEUR (O Le « frère le plus aymant » et la « seur la plus aymee. » — Envoi d'un cha- pelet rapporté de Milan. — Un moyen d'avoir toujours le cœur content. Annecy, 12 novembre 1613. Ma très chère Seur, L'espérance que j'avois d'aller a Sales me faisoit con- cevoir celle de vous voir. Je ne l'ay encor pas quittée (i) Gasparde de Sales (voir tome XIV, note (i), p. 158).  Année 1613 9j du tout, mays ce tems pourtant, qui s'est si fort raffroydi, allentit aussi un peu cett'attente. Cependant, ces frères (0 vous porteront ces quatre motz, par lesquelz je vous salue avec tout Tamour et Ihonneur qu'un frère le plus aymant peut rendre a une seur la plus aymee, et vous envoyé un chapelet de ceux qui ont touché les reliques de saint Charles, n'ayant rien apporté de plus praccieux de ce pais-la. Que si j'eusse creu ne le vous donner moy mesme en main, il y a long tems que je vous l'eusse addressé. Je n'oublie pas de parler a mes frères de vostre désir, mais mon frère de Villaroget (2), qui doit adjuster Taffaire, est tous-jours long en toutes choses ; je presseray néanmoins, affin que vous ayes le cœur content. Vous Taves, ma très chère Seur, ma Fille, des maintenant, puisque vous craignes et aymes Nostre Seigneur. Faites le tous-jours, et me conserves en vostre bienveuillance avec mon frère (3), puisque je suis Vostre plus humble, très affectionné frère et serviteur, F., E. de G. XII novembre 16 13, a Neci. A Madame Madame de Merens. Revu sur l'Autographe conservé à Milan, Archives du prince Trivulzio. ( I ) Les frères du Saint, qui se rendaient à Rumilly pour le mariage de Marie d'Avisé. (Cf. la lettre suivante.) (2) Gallois de Sales, seigneur de Villaroget (voir le tome précédent, note ( 2 ), p. 263). (3) Melchior de Cornillon, seigneur de Meyrens, mari de la destinataire.  94 Lettres de saint François de Sales  CMXXIX A MADAME DE LA FLÉCHÈRE Souhaits spirituels. — Nouvelles de M""' de Charmoisy. Annecy, 12 novembre 1613. Cette seur (0 ne s'en ira pas sans vous porter ce petit bon soir que je vous donne, ma très chère Fille, avec tout mon cœur qui est tout vostre. J'espère bien pourtant de vous escrire encor avant vostre passage pour Cha- blaix (2), et si vous revenes par ou mes frères ont discouru ce matin^ je pense que nous vous reverrons ou peu ou prou. Comme que ce soit, ma vrayement très chère Fille, je vous souhaite mille et mille consolations célestes, et suis infiniment vostre, et Vostre plus humble serviteur et compère. Vous me demandiés l'autre jour des nouvelles de la chère cousine, mais je n'en ay nulle, sinon par une lettre de Monsieur l'Evesque de Montpellier (3), du 22 octobre, qui me dit simplement qu'elle estoit encor en Norman- die (4); mais maintenant qu'elle a receu des lettres de ( I ) M""^ de Bressieu, mère de M"^^ de la Thuille et sœur de la destinataire. (2) Comme on peut le conjecturer d'une allusion au « voyage de M™^ Tes- pousee » (voir ci-après, lettre du 20 novembre), M""^ de la Fléchère se pro- posait sans doute d'aller en Chablais pour installer sa nièce, Marie d'Avisé, mariée à Jacques de Blonay. (Voir plus haut, p. 40, Lettre dcccxcvii.) Les noces durent se célébrer après la mi-novembre. (Cf. les lettres du 16 et du 20 novembre à la même.) (3) Pierre Fenouillet se trouvait alors à Paris. (Cf. la lettre que le Saint lui adresse le 10 janvier 1614.) (4) M""^ de Charmoisy ne revint à Paris que vers le 28 décembre 1613 ; des affaires d'intérêt l'y retinrent jusqu'au 25 février de l'année suivante. (Cf. le tome précédent, note ( i ), p. 362.) Ce même jour, elle prit le chemin de la Savoie, avec un tel désir de revoir son mari et Monseigneur son a Evêque et père, qu'elle oublia ou méprisa le froid qu'il » faisait. (J. Vuy , La Philothce, etc., II, p. 137, Lettre de des Hayes à M. de Charmoisy, 26 février 1614.) La duchesse de Guise avait songé, paraît-il, à se l'attacher en qualité de dame d'honneur; son rappel en Savoie l'empêcha d'agréer « cette condition, » que l'ami de Charmoisy lui conseillait d'accepter « pour quelques années. » (Ibid., p. 129.)  Annéh 1613 95 monsieur son mary qui la rappellent de deçà, je croy qu'elle est a son despart, ou par chemin. Nostre Seigneur soit a jamais au milieu de nos cœurs. Amen. Vostre très humble compère, F., E. de G. Le 12 novembre 161 3.  CMXXX  A MADAME DE GRANDMAISON La part de rimagination dans nos tristesses. — Les « pasquins » et le monde ; comment se guérit le mal de la calomnie. — Un mot de saint Grégoire. — Les injures et le Crucifix. — A quoi sert une revue annuelle de Tâme ; manière de la faire. — Les chutes graves et le progrès en la dévotion. Annecy, vers mi-novembre 161 3 (i) Ma très chère Seur, Je n'ay pas eii le bien de voir monsieur de Rogemont ( 2 ), mais je ne laisse pas de sçavoir que vous aves esté affligée ( I ) L'Autographe qui nous a été conservé ne contient pas la fin de la lettre ; si les premiers éditeurs l'ont connue, ils l'ont supprimée, ajoutant arbitrai- rement la clausule finale : « Vostre très affectionné serviteur » etc.; car^ lorsque le Saint écrit à la même destinataire, il se signe frère. Notre texte représente les deux premières pages de l'original, dont l'écriture est très serrée; il manquerait donc un grand morceau de la présente lettre, qui, pro- bablement, se terminait à la troisième page. Le i^"" décembre 1613, saint François de Sales écrit à M. de Peyzieu : « J'ay « fait nagueres ample response a M'"® nostre chère seur, et sur le sujet de son « desplaysir... jamais la calomnie qui a honte de marquer son père, » etc. De ce passage, on peut déduire avec certitude que M"'^ de Grandmaison, soeur de M. de Peyzieu (voir le tome précédent, note ( i ), p. 283), est la destinataire de cette lettre et qu'elle a été écrite à la date approximative que nous lui attribuons. (2) Sans doute Balthazard de Rougemont, baron de Chandée, fils aîné de Jean de Rougemont, seigneur de Pierreclos, etc., chevalier de l'Ordre du Roi, et de Béatrix de Grôlée. Ce gentilhomme fut l'une des plus glorieuses con- quêtes de l'apostolat de saint Vincent de Paul à Chàtillon-les-Dombes en  96 Lettres de saint François de Sales a rayson de certain pasquin qui a couru par delà. Et moy je voudrois bien porter tous-jours vos peynes et travaux, ou au moins vous ayder a les supporter; mais puisque la distance de nos séjours ne permet pas que je vous secoure d'autre sorte, je prie Nostre Seigneur quil soit le protecteur de vostre cœur et quil en bannisse toute tristesse des-ordonnee. Certes, ma très chère Seur, la plus part de nos maux sont imaginaires plus que reelz. Penses vous que le monde croye ces pasquins ? Il se peut faire que quelques uns s'y amusent et que les autres entrent en quelque soupçon ; mays saches que nostr'ame estant bonne et bien résignée es mains de Nostre Seigneur, toutes sortes de telles attaques s'esvanoiiissent au vent comme la fumée, et plus le vent est gros, plus tost elles dispa- roissent. Le mal de la calomnie ne se guérit jamais si bien que par la dissimulation, en mesprisant le mespris et tesmoignant par nostre fermeté que nous sommes hors de prise, principalement en matière de pasquins ; car la calomnie qui n'a ni père ni mère qui la veuill'advouer, monstre qu'ell'est illégitime. Or sus, ma très chère Seur, je vous veux dire un mot * Vide tom. XIV que saint Grégoire disoit a un Evesque affligé * : Helas ! p!^l'63*?'*''°°*'^'*^' dit-il, si vostre cœur estoit au Ciel, les vens de la terre ne l'esmouvroyent aucunement. A qui a renoncé au monde, rien de ce qui se passe de la part du monde ne peut nuire. Jettes vous au f^/VJ pieds du Crucifix, et vo3'es combien d'injures il reçoit ; supplies-le, par la douceur avec laquelle il les a receiies, quil vous donne la force de supporter ces petitz brins qui, comm'a sa servente jurée, vous sont tumbés en partage. Bienheureux les  1619. C'était le plus terrible spadassin de son temps; on ne comptait plus ses victimes. Il vit M. Vincent; il l'entendit. Le fier duelliste ne put résister à un tel pasteur; la transformation fut aussi soudaine qu'héroïque. Il se fit le bienfaiteur des pauvres, des religieux, des paroisses et, avec une persévérance inflexible jusqu'au dernier jour, il mena une vie pénitente et détachée, relevée par des sentiments et des traits caractéristiques d'une âme toute à Dieu. M. de Rougemont mourut avant 1635, sous l'habit de Capucin qu'il avait voulu revêtir par humilité. (Voir Maynard, Saint Vincent de Paul, Paris, 1874, tome I, p. 121 ; Bulletin de la Soc. Gorini, Bourg, avril 1908, p. 169.)  Année 1613 97 pauvres, car ilz seront riches au Ciel, le royaume leur en appartenant * ; et bienheureux les injuriés et calom- * Matt., v, 3. niés *, car ilz seront honnorés de Dieu. * Cf. ibid., y. n, Au reste, la reveïie annuelle de nos âmes se fait, ainsy que vous l'entendes, pour les defautz des confessions ordinaires qu'on supplée par celle ci, pour se provoquer et exercer a une plus profonde humilité, mays sur tout pour renouveller non les bons propos, mais les bonnes resolutions que nous devons appliquer pour remèdes aux inclinations, habitudes et autres sources de nos ofîences auxquelles nous nous treuverons plus sujetz. Or il est vray quil seroit plus a propos de faire cette reveiie devant celuy qui auroit des-ja receue la confession générale, affin que par la considération et rapport de la vie précé- dente a la suivante, on peut mieux prendre les resolutions requises; et en toutes façons cela seroit plus désirable. Mays les âmes qui, comme vous, n'ont pas cette commo- dité, peuvent prendre celle de quelqu'autre confesseur, le plus discret et sage qu'elles treuveront. Pour vostre seconde difficulté, je vous dis, ma très chère Seur, quil n'est nullement besoin en vostre reveùe de marquer particulièrement le nombre ni les menues circonstances de vos fautes, ains suffit de dire en gros quelles sont vos principales cheutes, quels vos particu- liers detraquemens d'esprit, et non pas combien de fois vous y estes tumbee, mais si vous estes fort sujette et addonnee au mal. Par exemple : vous ne deves pas enqué- rir combien de fois vous seres tumbee en cholere, car peut estre y auroit il trop a faire ; mais simplement vous dires si vous estes sujette a ce desreglement, si Ihors quil vous arrive vous y demeurés engagée longuement, si c'est avec beaucoup d'amertume et de violence, et en fin quelles sont les occasions qui vous y provoquent le plus souvent : si c'est le jeu, la hautaineté ou orgueil, si c'est la mélancolie ou opiniastreté. Or, ceci soit dit par exem- ple. Et ainsy, en peu de tems, vous aures achevé vostre petite reveïie, sans beaucoup tourmenter ni vostre mémoi- re, ni vostre loysir. Lettres VI 7  98 Lettres de saint François de Sales Quant a la trojsieme difficulté, quelques cheutes es péchés mortelz, pourveu que ce ne soit pas par dessein d'y croupir, ni avec un endormissement au mal, n'em- peschent pas que Ton n'ayt fait progrès en la dévotion, laquelle, bien que Ton perde péchant mortellement, on recouvre néanmoins au premier véritable repentir que Ton a de son péché, mesme, comme je dis, quand on n'a pas longuement trempé au malheur. De sorte que ces reveiies annuelles sont grandement salutaires aux espritz qui sont encor un peu foibles ; car si bien les premières resolutions ne les ont pas du tout affermis, les secondes et troysiesmes les affermiront davantage, et en fin, a force de se résoudre souvent, on demeure tout a fait résolu. Et ne faut nullement perdre courage, ains, avec une sainte humilité, regarder son infirmité, l'accuser, demander pardon et invoquer le secours du Ciel vO. Revu sur TAutographe conservé à la Visitation de Màcon. ( 1 ) Voir note ( i ), p. 95.  CMXXXI A M. JACQUES DE VALLON (0 (inédite) Le Saint conseille à son parent d'acquiescer à un ordre du prince de Nemours. — Que faire contre la violence, quand il n'y a remède. — Une preuve de courage contre une maigre vengeance. — Encouragements et sympathies. Annecy, 16 novembre 1613. Monsieur mon Cousin, On vous va signifier la recharge que Monseigneur de (i) Jacques de Gex, seigneur de" Vallon (voir tome XII, note (i), p. 260). Le contenu de cette lettre, le « nom de Gex, » qui servait de grief aux ennemis du destinataire, les salutations finales prouvent que l'adresse que nous lui attribuons est sûre.  Année 1613 99 Nemours fait pour le razement de vos armoyries (0 et, comme je pense, on vous exhibera la lettre mesme quil en escrit, par laquelle vous verres ce que Sa Gran- deur se promet de Tauthorité de Son Altesse. Mays je viens d'apprendre de plus, que si vous n'acquiesces a cette volonté tant pressante de Monsieur, Son Altesse vous mandera et fera aller recevoir ses commandemens en Piémont, ou si je sçavois que vous peussies effacer les faux entendre sur lesquelz cette persécution vous est faitte, je serois bien ayse que vous allasies ; mais je crains, qu'outre la despense, vous ne recevies des nou- veaux desplaysirs, car homme d'honneur m'a dit, il ny a pas 24 heures, qu'il sçavoit fort bien qu'en cas que vous vous opposies davantage, on vous fera une nouvelle attaque sur le nom de Gex, lequel ilz présupposent avoir esté pris par vous, quoy que ce soit un nom de prince et d'une terre qui estoit dépendante de la couronne de Savoye. Ce sont, a la vérité, des estranges et très malignes passions qui enfantent ces recherches ; mays, puis qu'il n'y a remède, je persévère a croire que le meilleur sera (i) Ces armoiries étaient gravées sur les murs de l'église de Samoëns, pour perpétuer le souvenir de ses bienfaiteurs. Charles de Gex (cf. tome XII, note (2), p. 261), grand châtelain du mandement de Samoëns, père du desti- nataire, avait obtenu en 1575, par des démarches qu'il avait faites lui-même à Rome et ailleurs, l'érection de la collégiale de Samoëns ; toutefois, le doyen des nouveaux chanoines ne fut nommé que le 23 avril i'j82. Le gentilhomme commença aussi de négocier l'union de la cure de Ville-en-Sallaz à la nou- velle collégiale, par acte du 4 octobre 1586, fit fondre des cloches, défendit le Chapitre contre Tabbaye de Sixt et légua à ses enfants ses habitudes de bienfaisance. (Voir Tavernier, Hist. de Samoëns, Chambéry, 1892, chap. iv, v.) Dans un acte du 20 mai 1606, les chanoines reconnaissent que « les seigneurs de Vallon et du Villars s'occupent... ordinairement a l'augmentation du divin service et décoration de l'église, comme tesmognie la construction du cœur (sic) faicte et achevée ces jours passez... ayantz faict faire a leurs propres despens les trois fenestres haultes que sont dernier le grand hautel, avec diverses autres réparations et dons qu'ilz font souvent a ladicte esglise. » En signe de gratitude, le Chapitre leur offrit « la sépulture dudict cœur; » ils l'acceptèrent avec reconnaissance. (Archives de la Visitation d'Annecy, Collec- tion J. Vujf .) '( Le sieur de Vallon ayant fait une notable despense pour la réparation de a l'église » de Samoëns, « avoit droit de laisser ou mettre des marques de sa «< pieté pour la postérité, au lieu ou il avoit contribué, » comme saint François de Sales l'affirmera plus tard dans une requête au duc de Nemours.  100 Lettres de saint François de Sales de se mocquer de tout ceci, tesmoigner que ni vostre honneur, ni l'estime que les gens de bien font de vous ne dépend ni du gravement, ni du razement de ces ar- moyries i^\ Mays il faudroit faire cela sans monstrer ni contre cœur ni desplaysir, car faysant cela, vous feries deux choses : Tune, que Monsieur connoistroit tant plus tost le tort qu'il permet vous estre fait par la trop grande créance quil a en vos hayneux ; l'autre, que ceux qui vous pensent fascher n'en auroyent pas le goust qu'ilz s'en promettent, quand ilz verroyent que vous vous mocques et mesprises leurs attaques et les effets de leurs efforts. Et vous auries, a mon advis, sujet de dire que, tandis que vous aves veu la volonté de Mon- seigneur de Nemours représentée sous le contreseing de ceux que vous croyies estre les autheurs de cette belle poursuite et que vous vous douties user de surprise, vous aves opposé ; mays maintenant que vous voyes la main du sieur Defresne ( = ), vous voules obéir sans répugnance. Voyla mon advis, et vous asseure que si Ton faysoit le mesme tort qui vous est fait, a mes frères, je m'en rirois et voudrois [avoir] tant de courage que de mespri- ser le mespris et me moquer d'une si maigre vengeance ; car en fin, tous les gens d'honneur vo3^ent bien qu'on vous recherche par pure passion, et que le tems ne porte pas qu'on puisse treuver du remède a ce mal, et qu'en somme, il faut céder aux volontés des puissances supé- rieures, et qu'en somme, il ni va ni peu ni prou de vostre honneur. (i) Il n'y eut, en effet, aucun remède. « Berthelot fit des effortz si grans « et des instances si violentes, qu'en fin, contre Tadvis des gens de justice et « contre Tordre du droit, » les armoiries de la famille de Gex« furent rasées. » (Requête du Saint, citée à la note précédente.) Jacques de Vallon avait épousé la sœur de M. de Charmoisy et peut-être aussi la querelle de celui-ci. (Voir le tome précédent, note (3), p. 527, et pp. 362, 363.) Voilà pourquoi, sans doute, le favori du duc de Nemours englobait dans ses méchantes raucunes toute la parenté du seigneur de Marclaz. (2) Le sieur Dufresne ou du Fresne, l'un des secrétaires du prince de Nemours, figure dès 1593 parmi les officiers qui remplissaient cette charge; il semble même qu'il était le plus accrédité de tous et que, pour arriver au Duc et régler certaines affaires d'intérêt, on ne se passait pas impunément de son intervention. Jusqu'en 1621, c'est lui qui contresigne les lettres de son maître. Nous ignorons la date de sa mort.  Année 1613 10 i Je vous cscris sans loysir, mais non pas sans une très grande affection de vous rendre du service, et vous supplie de prendre en bonne part mon advis. Croyes moy, Dieu vous aydera, et fera que cette mauvayse say- son estant passée, il en viendra un'autre ou les vrays serviteurs du Prince auront leur tour. Je salue de tout mon cœur madame ma cherc cousine ( et monsieur du Vilars mon cousin (-), estant a jamais, Monsieur, Vostre plus humble cousin et serviteur, Francs, E. de Genève. XVI novembre 1613, a Neci. Revu sur TAutographe appartenant à M. de la Forest, officier à Dijon. (i) Antoinette-Françoise Vidomne de Charmoisy, femme du destinataire. (Voir tome XI V, note ( i ), p. 3.) (2) Claude de Gex, frère du destinataire, et coseigneur de Vallon, Morillon, Arbusigny, portait le titre de seigneur du Villard ; il mourut sans alliance. On a vu ci-dessus, note (i), p. 99, que ce gentilhomme fut, avec son aîné, un bienfaiteur de la collégiale de Samoëns.  CMXXXII A MADAME DE LA FLÉCHÈRE Souhaits de bon voyage et salutations. Annecy, 16 novembre 1613. Il vaut bien mieux, ma très chère Fille, vous escrire dans ce mauvais morceau de papier que je treuve sur ma table, que de ne vous escrire point du tout. Ce n'est pourtant que pour vous saluer et tesmoigner que je vous souhaite bon voyage (0, avec toute sainte consolation, et encor a toute vostre barque ( = ), ce pendant que nous ( i ) M'"'= de la Fléchère allait en Chablais avec sa nièce, Marie d'Avisé, qui avait épousé Jacques de Blonay. (Cf. ci-dessus, p. 9.), Lettre cmxxix, et note (4) de la page suivante.) (2) Le Saint désigne ainsi tous les invités aux noces, c'est-à-dire les familles d'Avisé, de Blonay, de Bressieu, de Sales, et plus particulièrement celle de la destinataire.  102 Lettres de saint François de Sales irons attendant les saintz jours de l'Advent de Nostre Seigneur, qui nous préparera beaucoup de bénédictions, si nous luy préparons bien nos cœurs. Je salue madame de Brescieu, ma seur (0, et M"^ de la Thuille ( = ) que j'ayme bien, et la petite nièce (3), et celle que je devois nommer la première, madame Tes- pousee, ma nièce (4). Pour les hommes, ilz ne sont pas du comte (sic). Il suffit que je suis tout vostre et Vostre plus humble, tout dédié serviteur, F. XVI novembre 1613. RevQ sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. ( i) Ennemonde de la Forest, sœur de M'"^ de la Fléchera et belle-mère de Louis de Sales. (2) Madeleine Roero de Bressieu, femme de Louis de Sales, seigneur de la Thuille. (Voir ci-dessus, note (4), p. 27.) (3) Gasparde d'Avisé, nièce de la destinataire (ibid., note (6), p. 40). (4) La jeune dame de Blonay, Marie d'Avisé. On ignore la date de son mariage, mais ces lignes montrent qu'il venait d'être célébré, et très proba- blement à Rumilly. Voir encore la lettre suivante.  CMXXXIII  A LA MEME  Le prieur de Blonay. — « Le grand ouvrier des merveilles. » — Un moyen d'être très heureux. — Le voyage d'une jeune mariée. — Privilège de ceux qui sont à Dieu. Annecy, 20 novembre 161 3. Vous n'aures pas peu gaigné, ma très chère Fille, si vous aves réduit M. le Prieur de Blonnay a une vraye indifférence, car jusques a présent il a esté merveilleuse- ment attaché a son projet (0. Or Dieu, a la gloire duquel nous tendons, est le grand ouvrier des merveilles ; a jamais sa lumière esclaire nos cœurs et nous conduise a (i) Voir à ce sujet la Lettre CMxxvii et la note (2), p. gi.  Annf.e 1613 105 le irlorifier parfaiteincMU. Si ce bon enfant vient, je le verray et luy parleray, et, tant qail me sera possible, le porteray au bien. J'escris au cousin (0, et par ce que je ne sçai ou il est, je vous envoyé ma lettre. La chère cousine estoit encor en Normandie le g de ce moys, mais attendue d'heure a autre a Paris (2). Dieu nous rende bien siens, car nous serons très heureux en cela, tout le reste n'estant que vanité et affliction d'esprit *. *Eccies., i, 2, m- Mon frère de la Thuille (3) nous dira de vos nouvelles, puisque, comme vous m'escrives, il ne fera pas le voyage de M""^ l'espousee (4). Et vous, si vous le faites, conserves vous bien et laissés a l'espousee toutes les bonnes conso- lations que vous pourres, affin que le grand esloignement des siens ne la tourmente. Ceux qui sont a Dieu treuvent par tout ce qui leur est cher. Je suis, ma très chère Fille, tout vostre, plus certes quil ne se peut dire. Le 20 novembre 161 3, a Neci. A Madame Madame de la Flechere. Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. ( I ) Sans doute M. de Charmoisy, mis enfin en liberté, avec défense, toute- fois, de rentrer à Annecy. (Cf. Lettre CMxxiii, p. 84.) (2) M"'^ de Charmoisy, comme on Ta vu plus haut (note '4), p. 94^ ne revint à Paris que vers le 28 décembre. (3) Louis de Sales, qui avait assisté au mariage de Marie d'Avisé, cousine- germaine de M'ns de la Thuille. (Cf. la lettre précédente.) (4) Marie d'Avisé allait suivre son mari en Chablais. (Cf. ibid.)  104 Lettres de saint François de Sales CMXXXIV A LA DUCHESSE DE MANTOUE, MARGUERITE DE SAVOIE (i) (minute) La Congrégation de la Visitation à la fin de l'année 1613; son esprit, ses pratiques. — Le Saint demande à la duchesse de vouloir bien être la pro- tectrice officielle de l'Institut, de procurer en sa faveur des lettres patentes du duc de Savoie et de faire poser en son nom la première pierre du futur oratoire. Annecy, fin novembre 161 3. Serenissima Signora, Si è fatta in Annessi una Congregatione di Dame ho- noratissime, parte vedove, parte zitelle, lequali, scariche Sérénissime Princesse, On a érigé à Annecy une Congrégation de Dames très honorables, veuves et jeunes filles, lesquelles, s'étant dégagées des choses du ( I ) Née le 28 avril 1 589, de Charles-Emmanuel I^"" et de Catherine-Michelle d'Autriche, infante d'Espagne, Marguerite de Savoie eut dès sa première jeunesse une grande influence à la cour; elle était l'idole de son père, char- mé de voir revivre en sa fille les nobles qualités de sa race. « Belle, altière et audacieuse, si le sort l'eût favorisée, elle eût pu remplir le monde de son nom, » dit un biographe ; « elle ne réussit à le remplir que de ses mal- heurs. » (Gemma Giovânnini, Le Donne di Casa Savoïa^ Milano, Cogliati, 1903.) Le 18 février 1608, la jeune princesse épousait François de Gonzague, fils aîné de Vincent, duc de Mantoue ; après lui avoir donné trois enfants, elle restait veuve à vingt-quatre ans {22 décembre 1612), avec une seule fille, Marie, dont les droits contestés sur la succession de son père amenèrent la guerre du Montferrat. (Voir plus haut, note (4), p. 2.) Marguerite, impuis- sante contre le mauvais vouloir de François de Gonzague son beau-frère (cf. le tome précédent, note (i), p. 202), se retira auprès de Charles-Emmanuel jusqu'à la mort de celui-ci (juillet 1630). L'année suivante, la malheureuse duchesse, toujours digne dans ses épreuves, passa en Espagne, d'où elle fut bientôt envoyée en Portugal en qualité de vice-reine. Revenue à Madrid après la révolution de 1640 et le rétablissement des Bragance, Marguerite de Savoie mourut pieusement à Mirande le 25 juin lô'^^, au début d'un voyage de retour en Italie. (D'après Guichenon, Hist. génJal. de la Maison de Savoie, Turin, 1778, tome II, pp. 445, 444, et G. Giovannini, ubi supra.) Cette princesse donna plus d'un témoignage d'amitié au monastère de la  Annhb 1613 105 délie cose del mondo, attendono con grandissima pietà et edificatione al servitio del Signor Iddio, recitando ogni dî le Hore délia sacratissima Vergine insieme nel suo choro, facendo ogni dî l'oratione mentale, viv^endo in ubedienza sotto il governo di una Superiora che esse hanno eletta, et osservando una essattissima abnegatione délie cose terrene, corne si suole nelli monasterii più riformati. Le giovani non escono mai dalla casa (nella quale non v'entrano huomini), ma solamente le vecchie et mature (^ ', per soccorso degrinfermi, massime donne, lequali quando sonno povere, patiscono molto in quella cita, non essendovi se non un povero hospitale che non ha modo di fare molta carità a dette inferme (2).  monde, s'adonnent avec une très grande piété et édification au service de Dieu notre Seigneur. Chaque jour elles récitent ensemble au chœur les Heures de la très Sainte Vierge, elles font aussi chaque jour l'oraison mentale, vivent dans l'obéissance sous le gouvernement d'une Supérieure qu'elles ont élue, et pratiquent un très rigoureux renoncement aux choses de la terre, à l'instar des monastères les mieux réformés. Les jeunes ne sortent jamais de la maison (les hommes n'y entrent pas), mais seulement les anciennes et mûres d'âge (0; et c'est pour secourir les malades, les femmes surtout. Pour celles-ci, en effet, en cas de pauvreté, il y a beaucoup à pâtir dans cette ville, avec seulement un pauvre hôpital qui n'a pas le moyen de leur faire de grandes charités (2). Visitation, dont elle avait accepté d'être la protectrice. (Cf. plus haut, p. 6.) Le 22 août 1622, elle écrit à saint François de Sales son regret de ne s'être pas trouvée à Turin pendant le séjour qu'il venait d'y faire : « Il me reste, » lui dit-elle en finissant, « à prier V. S. de me fournir l'occasion de lui témoi- gner, en lui rendant quelque service, ma persévérante affection, car vous m'y trouverez toujours disposée. » Ces bienveillantes dispositions envers le Saint dataient sans doute du printemps 1613. La date approximative attribuée à cette lettre se déduit de celles du 22 décembre 1613 adressées à saint François de Sales, à sainte Jeanne-Françoise de Chantai et aux Religieuses de la Visitation par le duc de Savoie et la duchesse de Mantoue. (Voir ces lettres à l'Appendice, I, II.) (i) Cf. tome XIV, pp. 299, 300, 305, 306, 329-331, et tome XV, p. 39. (2) L'hôpital de Notre-Dame, qui abrite aujourd'hui la cure de Notre- Dame de Liesse et les Sœurs de la Charité dites Sœurs du Grabat, doit son existence au concours des pèlerins attirés à Annecy de tous les points de l'Europe, pour vénérer la très Sainte Vierge dans une chapelle dédiée à son  io6 Lettres de saint François de Sales Ora, essendosi formata quella Congregatione a simili- tudine d'altre simili stabilité in Milano dal gran servo d'Iddio San Carlo (O, et havendo comprata una casa (2), et desiderando tuttavia fabricar un oratorio al nome délia santissima Visitatione délia Beatissima Vergine, nel quale pur vi sia una capella che si dedicarà sotto il nome del Beato Amedeo, quando sarà canonizato (3), si suppli- ca Vostra Altezza Serenissima che si degni accettare et ricevere detta Congregatione nella sua specialissima pro- tettione, acciô che sotto l'ombra del suo serenissimo nome  Cette Congrégation a été dressée sur le modèle d'autres semblables établies à Milan par le grand serviteur de Dieu, saint Charles (0 ; elle a acheté une maison (2) et désire maintenant bâtir un oratoire sous le vocable de la sainte Visitation de la Bienheureuse Vierge, dans lequel il y aura aussi une chapelle que l'on dédiera au bienheu- reux Amédée, quand il sera canonisé (3). C'est pourquoi, Votre Altesse Sérénissime est suppliée de daigner accepter et recevoir cette Congrégation sous sa très spéciale protection, afin qu'à fombre de son auguste nom et à la faveur de sa charité, elle puisse, avec  culte. D'un parchemin de 1316, il résulte que la construction de cet établisse- ment était toute récente. Il dépendait, ainsi que l'oratoire, du prieuré de Talloires, qui exigeait sa part des offrandes, laissant l'autre au curé de Saint- Maurice d'Annecy. Mais, dès l'année 1388 et par la volonté de Robert de Genève (Clément VII), les aumônes furent attribuées aux pauvres par moitié, l'autre moitié devant échoir à la fabrique de l'église de Notre-Dame. En 1394, l'hôpital passait sous la juridiction immédiate de l'antipape. Après avoir beau- coup souffert de plusieurs incendies, en 1412, 1448 et 1559, et s'être relevé de ses ruines avec de notables accroissements, l'hospice devint de plus en plus autonome sous l'administration de plusieurs membres, qui, en 172"^, com- prenaient les quatre syndics de la ville et quatre chanoines de la collégiale de Notre-Dame de Liesse ; le doyen en était établi administrateur perpétuel. A la Révolution, l'hôpital tomba aux mains du pouvoir civil. (D'après Mercier, Souvenirs historiques d'Annecy, 1878, chap. xx.) (i) Voir tome XIV, p. 330, et cf. ci-dessus, note ( i ), p. 19. ( 2 ) Voir le tome précédent, note ( i ), p. 245. (3) On se rappelle que le saint Fondateur avait d'abord songé à dédier au bienheureux Amédée le premier oratoire de la Visitation, mais ensuite il changea de dessein. (Voir tome XIV, pp. 300, 348.) L'église du monastère ayant été non seulement construite, mais même rebâtie bien avant la béatifi- cation du Prince (3 mars 1677), ^^ projet de lui élever une chapelle ne put être réalisé. (Cf. ibid., note (3), p. 198, et note (2), p. 299.)  Annék 1613 107 et col favor délia sua carità, possa con tranquillità et pace interiore et esteriore attendere aile cose celesti. Per il che sarebbe necessario : i. Che Vostra Altezza Serenissima, o per lettere patenti, o per lettere chiuse, manifestasse che Ella riceve et piglia in protettione detta Congregatione et ciascheduna délie Sorelle, ossia Dame, che in essa saranno, adesso et per l'avvenire i^). 2. Che Vostra Altezza Serenissima faccia con lettere saper questa sua intentione al signor Marchese di Lans et al Senato di Savoya, acciô, dove occorrerà, essi hab- biano cura di detta Congregatione. 3. Sarebbe anco conveniente che simili lettere si scri- vessero dall' Altezza del Serenissimo signor Duca, nostro signore, per le quali facesse sapere che detta Congrega- tione essendo per ordine suo nella protettione di Vostra Altezza, vuole che sia nelli Stati suoi favorita et conser- vata (2). Il che è tanto più ragionevole, che detta Con- gregatione non mendica, anzi si stabilisée a spese délie  tranquillité et en toute paix intérieure et extérieure, vaquer aux choses célestes. Dans ce but, il serait nécessaire : Premièrement, que Votre Altesse déclarât par lettres patentes ou par lettres privées, qu'elle reçoit et prend sous sa protection cette Congrégation, et chacune des Sœurs ou Dames qui la composent maintenant et qui la composeront à l'avenir ( 0. Deuxièmement, que Votre Altesse fit savoir par lettres cette sienne intention à M. le marquis de Lans et au Sénat de Savoie, afm qu'à l'occasion, ils prennent les intérêts de ladite Congrégation. Troisièmement, il serait encore utile que Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Duc de Savoie, notre souverain, écrivît également des lettres dans le même sens, pour signifier que cette Congrégation ayant été, par son ordre, placée sous la protection de Votre Altesse, il entend qu'elle soit favorisée et conservée dans ses Etats (2). Cela est d'autant plus juste que la Congrégation ne mendie pas, mais (i) Voir à l'Appendice II, la lettre de la Princesse à la Mère de Chantai, 22 décembre 1613. {2) Marguerite de Savoie tint compte du désir de l'Evèque et s'employa auprès du Duc son père pour qu'il écrivît au Sénat la lettre du 17 mai 1614, donnée à l'Appendice II.  io8 Lettres de saint François de Sales Dame congregate, ne prétende giamai haver entrata se non per mantener gredificii, la sacristia, il capellano et pagar il medico loro, o per via di censi perpetui, o in altre manière che non facciano aggravio a nessuno, ne diano impedimento alcuno alli dazii o vero taglie del Serenissimo Duca. Anzi detta Congregatione essendo, corne si spera, frà pochi anni dotata di quella intrata per quelle cose communi, le vedove scariche di figlioli et le vergini che vorranno in castità, ubedienza et pietà servir al Signor Iddio, haveranno grandissima commodità di ciô fare, perché saranno ricevute in detta Congregatione mediante una sola pensione assegnatali dalla casa loro mentre viveranno. Onde Vostra Altezza Serenissima farà cosa gratissima alla Maestà divina et alla sua santissima Madré, Nostra Signora, se ricevendo questa pia Congregatione nelle braccia délia sua protettione, d'essa si degna chiamare signora, padrona et madré. Et perché ben presto spera detta Congregatione di fabricare l'oratorio suo, et che le sarebbe un honor et  s'établit au contraire aux frais des Dames assemblées. Elle ne prétend pas non plus avoir jamais de revenu, si ce n'est pour l'entretien des bâtiments, de la sacristie, de l'aumônier et pour payer le médecin, soit avec des rentes annuelles, soit par d'autres moyens qui ne chargent personne et qui n'apportent aucun empêchement aux impôts ou tailles du Sérénissime Duc. Et si, comme on l'espère, cette Congrégation se trouve dans quelques années pourvue d'un revenu suffisant pour les dépenses ordinaires, les veuves déchargées de leurs enfants et les vierges qui voudront servir Dieu notre Seigneur dans la chasteté, l'obéissance et la piété, pourront le faire très facilement, puisqu'elles y seront admises moyennant une simple pension assignée par leurs familles, leur vie durant. Votre Sérénissime Altesse fera donc chose très agréable à la divine xMajesté et à sa très sainte Mère Notre-Dame si, recevant cette pieuse Congrégation entre les bras de sa protection, elle daigne s'en avouer la dame, la patronne et la mère. Or, parce que la Congrégation espère bâtir bientôt son oratoire, ce lui serait un honneur et une consolation très grande si la première  Annhe 1613 109 consolatione d'importanza che a nome di Vostra Altezza Serenissima si meUesse la prima pietra, si supplica per fine, che si degni commandar a qualche dama di quelle bande, di venir costî da parte di Vostra Altezza et assistere alla positione di detta pietra, mettendovi la medaglia solita, taie che Vostra Altezza si compiacerà di notare (0, Che cosî Vostra Altezza haverà sempre ottima parte in tutte le bone opère che in detta Congregatione et detto oratorio si faranno, massime nelle orationi di quelle Dame, che giorno et notte invocheranno il Spirito Santo per Teterna consolatione di Vostra Altezza. F., V. di Geneva.  pierre pouvait être posée au nom de Votre Altesse. Aussi vous supplie-t-on en dernier lieu, Sérénissime Princesse, de vouloir bien prier une dame de la cour de se rendre ici de votre part, pour assister à la pose de cette pierre et placer la médaille accoutumée, suivant qu'il vous plaira l'indiquer i 0. Votre Altesse aura par ce moyen toujours droit à la meilleure part de toutes les bonnes œuvres qui se pratiqueront dans la Congrégation et l'oratoire, mais particuliè- rement aux prières de ces Dames qui, jour et nuit, invoqueront l'Esprit-Saint pour l'éternelle consolation de Votre Altesse. François, Evêque de Genève. ( I ) Ce fut M"'s de Murât de la Croix (voir ci-dessus, note ( i ), p. 78) qui représenta la duchesse de Mantoue à la cérémonie, et qui posa en son nom la première pierre de l'église de la Visitation, le 18 septembre 1614.  I lo Lettres de saint François de Sales CMXXXV A M. BALTHAZARD DE PEYZIEU (i) (inédite) Amitié du Saint pour la famille de Peyzieu. — Pourquoi il faut mépriser les calomnies anonymes. Annecy, i^*" décembre (2) 1613. Monsieur mon Frère, Que vous m'obliges grandement a me donner part a ces bonnes et aymables nouvelles du frère Indien (3), lequel, a mesure que je le sens esloigné de nous selon la distance des lieux, je le sens aussi plus avancé en mon estime, et mon contentement, en la gloire que j'ay d'estre advoué son humble fidelle frère d'acquisition ; mot d'acquisition que j'adjouste pour l'ayse que je reçois d'estre sien, vostre et de toute vostre dependence, car autrement, certes, mon affection me semble toute naturelle en force, vigueur et perpétuité. J'ay fait nagueres ample response a madame nostre (i) Balthazard de Longecombe, seigneur de Peyzieu et de Thoys, fils aîné de François-Philibert de Longecombe et de Françoise de Dizimieu (cf. le tome précédent, note ( i ), p. 181), était « capitaine de gens de pied es régiments de Bardonnenche et de Disimieu, et » fut « député souvent en cour pour la noblesse de Bugey. » De Jeanne Armuet de Bonrepos (cf. plus haut, note ( 3 ), p. II, et note ( 3 ) de la page suivante), il eut une fille, Marie de Longecombe, qui entra au monastère de la Visitation de Rumilly, et huit fils : deux furent Religieux de Nantua, quatre autres devinrent chanoines de Belley, de Gre- noble, de Saint-Chef en Dauphiné et de Saint-Pierre de Vienne. (Guichenon, Hist. de Bresse et de Bugey, 1650, Partie III. continuation.) (2) Sur l'Autographe, le quantième est douteux; mais la teneur du texte et son rapport avec celui de la lettre à M™^ de Grandmaison (voir ci-dessus, p. 95) font croire qu'il faut lire I*^ (3) Louis, seigneur de Sillignieu, frère du destinataire. (Voir plus haut, p. 65, la lettre du 6 septembre et les notes qui l'accompagnent.) Ces « bonnes et aymables nouvelles » avaient été sans doute apportées par les missionnaires Capucins. (Voir note ( i ), p, 66.)  Annéf. 1613 III chère seur l'^, et sur le sujet de son desplaysir, bien qu'elle ne m'eut point particularisé quel il estoit, estimant que son porteur, qu'elle pensoit devoir estre monsieur de Rogemont(2), me diroit tout. Pour moy, après mon pre- mier sentiment pour la douleur d'une seur si prœtieuse et aymable, je me roydis, et dis que jamais la calomnie qui a honte de marquer son père, ne fut ni forte pour durer, ni active pour entrer dedans l'esprit des gens qui en ont tant soit peu, et n'arrivera jamais que nostre seur, tant environnée de vertu et de réputation, puisse estre blessée par la mesdisance. Je luy escris un mot, et vous souhaitant mille et mille vrays contentemens, et a madame ma seur, vostre chère moytié (3), je suis a jamais sans varier. Monsieur mon Frère, Vostre très humble frère et serviteur, Franç% E. de Genève. [i^'] décembre 161 3. A Monsieur Monsieur de Pezieu. Revu sur l'Autographe appartenant à M"^^ la marquise de Mailly, au château de la Roche-Mailly (Sarthe). (i) Hélène de Longeconibe, dame de Grandmaison, sœur du destinataire. (Voir ci-dessus, Lettre cmxxx, p. 95.) (2) Balthazard de Rougemont (voir ci-dessus, note (2), p, 95). ( 3 ) Jeanne Armuet de Bonrepos (cf. note ( i ) de la page précédente), d'une noble famille du Dauphiné, était fille de Françoise de Saint-Marcel d'Avançon et de Louis Armuet de Bonrepos, « seigneur dudit lieu et de Sainct Martin d'Hères, chevalier de l'Ordre de Sainct Michel, qui commanda long-temps en qualité de lieutenant gênerai pour le Roy dans les montagnes de Daufiné. » (Guichenon, ubi supra.)  112 Lettres de saint François de Sales  CMXXXVI A LA MÈRE DE CHANTAL Nos sentiments pour la créature et pour le Créateur. — Joie et piété du Saint, la veille du S décembre. Annecy, 7 décembre 1613 (i). Je feray pour vostre fille de Sainte Catherine ( = ) tout ce qu'il me sera possible ; et croyés-moy, je le feray encor plus doucement parce que vous le desires, car j'ay une extrême suavité a faire vostre volonté. Helas ! quel cœur devrions nous avoir a faire celle du Créateur très aymé, puisque nous en avons tant pour la créature aymee et unie en luy. Ouy, ma très chère Mère, remettes bien vostre cœur entre les mains de nostre chère Maistresse, qui sera conceuë ce soir en la commémoration que nous en ferons, et je le lu}^ demanderay ; car, ma chère Mère, je suis bien résolu de ne vouloir plus de cœur que celuy qu'elle me donnera, cette douce Mère des cœurs, cette JMere de Eccii., XXIV, 24. saint amour *, cette Mère du cœur des cœurs. Ah Dieu, que j'ay grand désir de tenir les yeux sur cette belle estoille en nostre navigation ! Bon jour, ma très chère Mère ; soyés toute jo3^euse sur l'occasion de cette feste venante. Jésus soit nostre cœur. Amen. France E. de Genève. { I ) Ce billet a été détaché de la lettre placée vers le 7 avril 1613, où il avait été sans doute interpolé par les premiers éditeurs. (Voir le tome précédent, p. 367, et note (2), p. 369.) Le quantième est indiqué par Tallusion très précise à la fête du 8 décembre; Tannée se déduit de ce double fait, que le Saint, de 1614 à 1618, n'était pas à Annecy à cette date, et que la Mère de Chantai, partie en octobre 1618, n'y rentra qu'après la mort de son bienheureux Père. ( 2 ) Parmi les Religieuses de l'abbaye de Sainte-Catherine, saint François de Sales désigne peut-être ici la Sœur de Ballon, ou plus probablement la Sœur Péronne de Rochette (cf. tome XIV, note (i), p. 99); mais nous manquons de preuves pour appuyer même cette dernière conjecture.  Annhh ib!  3 '13  C.MXXXVII A M. PHILIPPE DE QUOEX Ce que souhaite le Saint et ce qui lui est indifférent ; son humilité et sa modé- ration. — La charité et la diversité d'opinions. — Double projet de réforme à Talloires. — Deux remèdes de François de Sales contre les contradic- tions. — Que faire quand on s'oppose aux fautes. Annecy, vers mi-décembre 1613 (i). Monsieur, Je ne sçai comme il vous peut entrer au cœur que je puisse avoir aucune desfiance de vostre amitié pour tout le secours que vous feres a monsieur le Prieur et a sa trouppe reformée ( = ) ; car je leur souhaite toute sorte de sainte prospérité, et n'ay nulle sorte d'interest en Teve- nement de vostre entreprise, sinon celui-là mesme que vous me marqués en vostre lettre estre le vostre : la plus grande gloire de Dieu et le plus grand service de son Eglise ; et que Dieu soit servi ou par des Religieux vestus de noir ou vestus de blanc, cela est indiffèrent (3). (i) Dans la lettre que Philippe de Quoex écrit à son frère Claude le 18 janvier 1614 (voir à l'Appendice II), et aussi dans celle que le Saint adresse au premier le 27 janvier suivant, on voit qu'il s'agit de part et d'autre des mêmes négociations qui font l'objet de la présente lettre. De ces rapports on peut déduire avec certitude le destinataire et, avec une très grande vraisem- blance, la date. (Voir tome XII, p. 30, la note du destinataire.) (2) Dom Claude-Louis-Nicolas de Quoex, frère du destinataire, avait été élu prieur claustral de Talloires en juin 1609 (voir tome XIV, note(i), pp. 172, 173;; mais on peut croire qu'il n'eut pas toute l'énergie que récla- mait sa rude tâche. (Cf. la lettre à lui adressée, p. 127.) (3) Pour comprendre la divergence de vues qui existait entre le Saint et son correspondant, il faut se rappeler que, de très bonne heure, l'Evèque de Genève avait eu le souci de réformer Talloires. Déjà eu 1603, il proposait au Nonce de Turin d'y établir les Feuillants, persuadé qu'une réforme sur place ne pourrait tenir longtemps. (Voir tome XI I, p. 2 |i.| En 1607, il fit sa visite en qualité de délégué du Saint-Sièg«, et deux ans après il chargeait son ami, Claude-Louis-Nicolas de Quoex, élu prieur, de ramener à l'obser- vance le tout petit groupe des Religieux soumis. (Voir tome XIV, p. 172, la lettre du 10 juillet 1609.) De nouveaux désordres firent échouer ce premier essai de restauration monastique. Le 25 octobre 1610, le Saint revenait à Talloires, muni de pleins pouvoirs, assisté cette fois de D. Jacques de Prades, vicaire de l'Abbé de Savigny, de qui le prieuré dépendait, et du sénateur de  114 Lettres de saint François de Sales Mais je dis plus, et le dis devant Nostre Seigneur : que quand j'aurois bien de Tinterest d'un costé plus que de l'autre, j'espererois cette grâce de la divine Majesté, de n'estre pas si passionné et desordonné en l'amour propre, que sçavoir mauvais gré a qui ne suivroit pas mon parti. Non certes, je ne pense pas que ni mon sen- timent, ni mes opinions, ni mes interestz doivent servir de règle a pas un homme du monde, et particulièrement a mes amis ; trop obligé que je leur seray si, réciproque- ment, ilz ne m'estiment rien moins leur affectionné et véritable amy quand je seray d'autre opinion qu'eux. Les Anges ont de ces differens in agibilibtis^ et saint Gaiat., w, 11-14. Pierre et saint Paul en eurent *, comme aussi saint Paul Act., XV, 36-39. et saint Barnabas *, sans diminution de leur indissoluble charité (0. Je vous ay dit candidement mon sentiment sur le sujet de la reformation que vous affectionnés : il y a du respect pour Tune, que j'estime bonne, et pour l'autre, que j'es- time meilleure, marry que je serois de perdre la douceur et paisible affection que je dois a toutes deux. Mais ne vous parlay-je pas clair a vostre despart? Ce fut de bon Buttet. (Cf. tome XIV, note (4), p. 331.) Alors il parut nécessaire de recourir aux Feuillants. Ces Religieux étaient désirés par Charles de la Tour, prieur commendataire, par François de Sales, par le Saint-Siège et le duc de Savoie qui leur délivrèrent (11 septembre et 15 décembre 1612) des Lettres d'intro- duction pour le monastère. Mais FAbbé de Savigny se plaignant de ce qu'il appelait une usurpation, porta l'affaire à Rome. Par la présente lettre, confir- mée par celle que Philippe de Quoex écrivit le 18 janvier 161 4 (voir à l'Ap- pendice II), on constate que le Saint persévérait dans son ancien projet de faire venir les Feuillants, réforme qu'il estimait « meilleure », tandis que le Prieur de Talloires désirait se réformer selon son Ordre, La suite de la correspondance fera mieux connaître l'histoire et les circonstances de ce conflit. (Voir encore à l'Appendice I, la lettre sur le même sujet, du Cardinal Borghese à l'Evêque de Genève, 22 août 1614.) ( I ) L'Evêque de Genève poursuivait le même but que Philippe de Quoex : la réforme des Religieux de Talloires, mais on a vu qu'ils y tendaient par des moyens différents. En parlant du désaccord qui peut survenir entre les Anges, notre saint Docteur fait sans doute allusion au texte de Daniel, ch. x, f. 13. C'est la diversité des vouloirs dans le but qui s'oppose à l'amitié et à la charité ; celles-ci restent sauves quand la divergence n'existe que dans le choix des moyens. (Voir S. Thom., Sutnma Theologica, Pars I*, qu. cxiii, art. viii, qui explique aussi d'une manière toute semblable, et comme saint François de Sales, le différend entre saint Paul et saint Barnabe, II* II», qu. XXXVII, art. i, ad 3.)  Année 1613 115 cœur que je dis alhors (je le répète maintenant et le diray encor ci après) : Unusquisque abundet in suo sensu *, dummodo glorificetur Christus (*). * Rom., xiv, 5. Tout le desplaysir que j'ay en ceci, c'est de ne vous pouvoir pas asses plaire et m'accommoder a vostre désir, mesmement en ce qui est d'escrire a Monseigneur le Cardinal Bellarmin (O. J'ay des-ja esté récusé par l'une des parties, qui se plaint de moy ; il n'est pas a propos de me jetter les plaintes de l'autre sur les bras (2). Je ne sçai nullement que c'est que des autres reformés de N. (3), horsmis de monsieur le Prieur (4) et de M.,  ( *) Que chacun abonde en son sens, pourvu que le Christ soit glorifié. ( I ) Robert Bellarmin était alors dans tout son crédit et le seul cardinal connu personnellement de l'Evêque de Genève. (2) On trouve dans le Code Fahrien, avec la mention du procès entre les Bénédictins de Talloires et les Feuillants, une décision du Sénat de Savoie qui semble se rapporter à cette récusation. « Même au point de vue cano- nique, » y est-il dit (Lib. III, Tit. v, définit, viii), « un juge ecclésiastique qui a été récusé, peut rejeter les causes d*» '■écusation proposées contre lui, mais il ne peut pas connaître de leur valeur et vérité. » (3) Le Saint désigne ici très probablement les Bénédictins du prieuré de Lémenc. Bâti ou restauré vers 1029 par Rodolphe III de Bourgogne, sur l'emplacement d'une station romaine qui domine Chambéry, ce monastère dépendait de Saint-Martin d'Ainay de Lyon. Le procès-verbal de la visite faite le 19 mai 1399 P^^ Aimon P»" de Chissé, annonce déjà un affaissement sensible de la régularité primitive. Le relâchement ne fit que s'aggraver. Philibert Milliet de Faverges, qui en était le prieur commendataire depuis 1583 (voir tome XII, note (3), p. 195), voulut le réformer, et obtint de Clément VIII, par une bulle du mois de juillet 1603, que les Feuillants d'Italie en prendraient possession. L'année suivante, une autre bulle sécularisa le prieuré et en fit une commanderie des Saints-Maurice-et-Lazare. Par un accord entre Ms"" Milliet et le Visiteur des Feuillants, D. François de Sainte- Marie-Magdeleine délégué par le Général, D. Martial de Saint-Bernard, il fut décidé, le 6 février 1612, que les nouveaux Religieux viendraient à Lémenc au fur et à mesure que se produiraient les vacances; commencée en 1614, leur installation était complète et définitive en 1616. Cette réforme rendit Lémenc indépendant d'Ainay et fut confirmée dans la suite par une bulle d'Urbain VIII, 26 février 1625. En 1678, les Feuillants étaient au nom- bre de douze; ils se retirèrent en Piémont dès que survint la Révolution. Le monastère, vendu le 24 mars 1799, abrite aujourd'hui les Religieuses de la Visitation; l'église est devenue l'église paroissiale de Lémenc. (Voir Métn. de VAcad. des sciences... de Savoie, Chambéry, 1879, tome VI, et Mém. de la Soc. royale acad. de Savoie, Chambéry, 1830, tome IV. | (4) Serait-ce D. Henri, que saint François de Sales mentionne dans une  ii6 Lettres dh saint François de Sales ne connoissant les autres que de nom et quelques uns de veuë. Je suis délégué commissaire (0, je ne dois point faire de préjugés, afifin que, si les parties allèguent quel- que chose contre cette reformation, je puisse encor juger. Il y a en fin mille raysons, ce me semble, pour lesquelles je dois ouyr parler de part et d'autre sans me mesler de faire des offices ni pour les uns ni pour les autres, jusques a ce que je sois deschargé de l'office de juge qui m'est commis. Nostre amitié n'est pas fondée sur la reformation ni des unes ni des autres : c'est pourquoy je vous supplie de me bien conserver la vostre au travers de toute cette négociation, comme, de mon costé, je suis invariable en celle que par tant de respectz je vous dois. Je sçay qu'un autre moins discret et charitable que vous pourroit beau- coup dire de choses de moy entre les poursuittes, comme il a esté fait a Chamberi (^^; dont je loïie Dieu que ce soit vous plustost qu'un autre, bien que, pour parler franchement entre nous, je me sente fort asseuré de n'estre point blasmé de quicomque, sans passion, voudra conférer les tems et les occasions de ce qui s'est passé par mes mains, et de ce qui s'est passé par celles de ceux qui se deulent. Mais quand il plairoit a Dieu que quelqu'un me fist mortifier, mon second remède seroit d'avoir patience. Je finis donq par ou j'ay commencé, vous remerciant de rechef de la pey ne que vous prenes pour ces bonnes âmes (3), lettre du 5 mai 1615 à D. Jean de Saint-Malachie, comme étant alors prieur du « monastère de Chamberi » ? (i) Voira l'Appendice I, les Lettres de commission de Ms"" Costa, Nonce de Savoie, adressées à TEvêque de Genève le 31 mai 1610 pour la réforme de Talloires. Le 6 juillet suivant, D. François d'Albon, abbé de Savigay, délé- guait à son tour et aux mêmes fins son vicaire et chamarier, D. Jacques de Prades. (Cf. ci-dessus, note (3), p. 113.) ( 2 ) François de Sales ayant été récusé par les Bénédictins de Talloires devant le Sénat de Savoie, la récusation dut entraîner bien des parleries contre le Saint. (3) Les Religieuses de la Visitation. Dans sa lettre du 27 janvier 1614 au même destinataire (voir ci-après), le saint Fondateur le remercie d'avoir obtenu des Indulgences pour sa chère Congrégation. Sans doute, la peine que prenait pour celle-ci l'ami du Bienheureux avait pour objet de lui procurer cette concession.  Année 1613 117 qui prient et prieront Dieu pour vous, et vous demeure- ront extrêmement obligées avec moy qui, de tout mon cœur, suis sans fin, Monsieur, Vostre plus humble, plus affectionné et fidèle confrère, F., H, de Genève. J"ay sceu le peu de conte que Ton tint de TEvesque du lieu au conseil de la N. (0; mais si, ne puis-je pas m'esmouvoir a rien faire qu'après une meure délibé- ration, car il faut ne point faire de faute quand Ton s'oppose aux fautes. Il est impossible d'empescher que chascun, a bonne intention, ne s'essaye de gaigner l'advantage. { 1 ) S'il s'agit ici d'une Congrégation romaine, il est impossible de la dési- gner. « L'Evesque du lieu » pourrait bien être le Saint lui-même.  CMXXXVIII A LA SŒUR FAVRE, RELIGIEUSE DE LA VISITATION Une lettre qui a consolé, embaumé Tàme du Saint. — Les productions de Tamour-propre. — Rien ne répare une faute comme de Tavouer naïvement. — Une grande partie de notre perfection. Annecy, 18 décembre [1613 (i).] Si fay, si fay de par Dieu, ma très chère grande Fille, je sçay bien quel cœur vous aves en mon endroit ; mais ( I ) La date du 18 décembre 1615, attribuée à cette lettre par les éditeurs de 1626 et les suivants, nous paraît fausse, car nous avons une autre lettre identiquement datée, adressée à la même destinataire, bien différente de celle- ci pour le ton et le genre des conseils. Les Annales de la Visitation d'Annecy placent la présente lettre en i6ri. mais sans doute par méprise, puisque cette année-là, le 18 décembre, la Sœur Favre n'était pas en Savoie mais en Bourgogne, avec la Mère de Chantai. Ces lignes ne seraient-elles pas plutôt de 1613 ? Rien de plus facile, en etïet, à la lecture, que de prendre 1613 pour 1615.  ii8 Lettres de saint François de Sales ne voules vous pas que je prenne le tems et la saison pour y planter les plantes des vertus plus excellentes, desquelles le fruit est éternel ? Or sus, je n'ay nul loysir, mais je vous dis en vérité, que vostre lettre a embaumé mon ame d'un si délicieux parfum, que de long tems je n'avois rien leu qui m'eust donné une si parfaite conso- lation. Mais je dis de rechef, ma chère Fille, que cette lettre m'a donné des eslans d'amour envers Dieu, qui est si bon, et envers vous, qu'il veut rendre si bonne, que certes, je suis obligé d'en rendre action de grâces a sa divine Providence. C'est ainsy, ma Fille, qu'il faut tout de bon mettre la main dans les replis de nos cœurs, pour en arracher les ordes productions que nostre amour propre y fait par l'entremise de nos humeurs, inclinations et aversions. O Dieu, quel contentement au cœur d'un père très aymant, d'ouyr celuy de sa fille très aymee protester qu'elle a esté envieuse et maligne ! Que bien heureuse est cette envie, puisqu'elle est suivie d'une si naïfve confes- sion ! Vostre main, escrivant vostre lettre, faysoit un trait plus vaillant que ne fit jamais celle d'Alexandre. O faites donques bien, ma Fille, ce que vostre cœur a pro- jette. Ne vous estonnés point de ce qui s'est passé, mais simplement, humblement, amoureusement, confidem- ment, reunisses vostre esprit a celuy de cette bien aymable ame IM, qui, je m'asseure, en recevra mille et mille con- solations. Helas ! ma Fille, c'est une grande partie de nostre perfection que de nous supporter les uns les autres en nos imperfections ; car, en quoy pouvons nous exercer l'amour du prochain, sinon en ce support? Ma Fille, elle vous aymera et vous l'aymeres, et Dieu vous aymera toutes. Et moy, ma chère Fille, vous m'aymeres aussi^ puis- que Dieu le veut et, en suite de cela, me donne un parfait  ( I ) « Cette bien aymable ame » qui servait d'exercice à la Sœur Marie-Jacque- line Favre pourrait être la Sœur de Chastel (voir tome VI, p. 451, le récit d'un petit différend qu'elles eurent ensemble), ou encore, si notre conjecture pour la date est juste, M""' des Gouffiers, qui résidait alors au Monastère, entourée par les Fondateurs d'égards et d'affection.  Année 1613 119 amour de vostre ame, que je conjure d'aller de bien en mieux et de mieux en mieux au pourchas des vertus. Allés courageuse et relevée. Vive Jésus ! Amen. Franç% E. de Genève. Le 18 décembre ....  CMXXXIX A UNE DAME (0 Saint François de Sales espère terminer les prédications de TAvent. — Ré- flexions sur la fuite imperceptible des années. — Aspirations vers l'éternité ; souhaits pour sa possession. Annecy, 24 ou 25 décembre [1613 (2).] Or sus, qu'importe il a vostre chère ame, ma très chère Fille, que je lu}^ escrive d'un air ou d'un autre, puisqu'elle ne me demande rien que Tasseurance de ma chetifve santé, de laquelle je ne mérite que l'on ayt la moindre pensée du monde. Mais je vous diray qu'elle est bonne, grâces a Nostre Seigneur, et que j'espère qu'elle me servira ces bonnes festes, pour prescher, comme elle a fait le reste de l'Advent, et qu'ainsy nous achèverons cette année pour en recommencer une nouvelle. O Dieu, ma chère Fille, elles s'en vont ces années, et courent a la file imperceptiblement les unes après les autres, et en devuidant leur durée, elles devuident nostre vie mortelle, et se finissant, elles finissent nos jours. O que l'éternité est incomparablement plus aymable, puisque sa durée est sans fin, et que ses jours sont sans ( I ) Le texte n'offre rien de caractéristique qui permette de désigner la destinataire avec quelque certitude. Le nom de M™<= de la Fléchera est celui quel'on peut indiqueravec le plus de vraisemblance. (Cf. Lettre cmxxxii, p. loi.) (2) On voit d'après les Délibérations municipales d'Annecy, que le Saint a été le prédicateur de l'Avent reconnu par la ville, en 1608, 1613, 1615. Il fut assez malade en juillet-août 1613, et il était encore souffrant au commen- cement d'octobre. Cette particularité concordant avec la teneur de la lettre, rend plus probable la date que nous lui attribuons. L'année 1606, que l'édi- teur Vives lui donne, doit être exclue, parce que l'Avent, cette année-là, fut prêché par un Capucin. (Cf. tome XIII, p. 223.)  I20 Lettres de saint François de Sales * Apoc, XXI, 25, nuit *, et ses contentemens invariables! Que puissies-vous, ''''"' ^* ma très chère Fille, posséder cet admirable bien de la sainte éternité en un si haut degré que je le vous souhaitte. Que de bonheur pour mon ame si Dieu, luy faysant misé- ricorde, luy faysoit voir cette douceur ! Mais en attendant de voir Nostre Seigneur glorifié, vo3^ons le des yeux de la foy, tout humilié dans son petit berceau. Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur, ma très chère Fille. Amen. Vive Jésus! Franç% E. de Genève.  CMXL  A LA MERE DE CHANTAL  Le « grand petit Enfant de Bethléem » et Salomon. — L'haleine du bœuf et de Tâne, et les aspirations de notre cœur. — Gratitude du Saint pour un ornement, ouvrage de la Mère de Chantai. Annecy, 23 décembre [1613 ( r ).] Le grand petit Enfant de Bethlehem soit a jamais les délices et les amours de nostre cœur, ma très chère Mère, ma Fille. Helas, comme il est beau, ce pauvre petit Poupon ! Il me semble que je voy Salomon sur son grand throsne dHvoyre, doré et ouvragé, qui n'eut III Reg.,x, 18-20. point d'esgal es royaumes, comme dit l'Escriture *, et Ibid., y. 23. ce Roy n'eut point de pair en gloire ni en magnificence *; mais j'ayme cent fois mieux voir le cher petit Enfançon en la cresche que de voir tous les rois en leurs throsnes. Mais si je le voy sur les genoux de sa sacrée Mère, ou entre ses bras, ayant sa petite bouchette, comme un bouton de rose attachée au lis des saintes mammelles, o Dieu, je le treuve plus magnifique en ce throsne, non ( I ) L'allusion qui termine la lettre (voir note ( i ) de la page suivante) avertit qu'elle est d'une date postérieure à celle placée vers le 7 avril 1613 (tome précédent, p. 367). Comme pour celle-là, nous proposons Tannée 1613, mais sans exclure 1614.  Annéf 1613 121 seulement ([ue Salomon dans le sien d'ivoyre, mais que jamais mesme ce Filz éternel du Père ne fut au Ciel ; car si bien le Ciel a plus d'estre visible, la Sainte Vierge a plus de vertus et perfections invisibles, et une goutte du lait qui flue virginalement de ses sacrés sucherons, vaut mieux que toutes les influences des cieux. Le grand saint Joseph nous fasse part de sa consolation ; la sou- veraine Mère, de son amour, et TEnfant veuille a jamais respandre dans nostre cœur ses mérites. Je vous prie, reposés le plus doucement que vous pourres auprès du petit céleste Enfant ; il ne laissera pas d'aymer nostre cœur bienaymé tel que vous Taves, sans tendreté et sans sentiment. Voyes-vous pas qu'il reçoit la haleine de ce gros bœuf et de cet asne, qui n'ont sentiment ni mouvement quelconque? Comme ne recevra-il pas les aspirations de nostre pauvre cœur, lequel, quoy que non tendrement pour le présent, solidement néanmoins et fermement, se sacrifie a ses pieds, pour estre a jamais serviteur inviolable du sien et de celuy de sa sainte Mère et du grand gouverneur du petit Roy ? Ma très chère Mère, c'est la vérité : j'ay une lumière toute particulière qui me fait voir que l'unité de nostre cœur est ouvrage de ce grand Unisseur, et partant, je veux des-ormais non seulement aymer, mais chérir et honnorer cette unité comme sacrée. La joye et consola- tion du Filz et de la Mère soit a jamais l'allégresse de nostre ame. Je viens de prescher tout revestu de la main de ma tant aymable et amiable Mère (^), et j'en ay esté bien ayse. Helas ! ma très chère Mère m'a fait tout couvrir de Jésus, Maria. Que ce doux Jésus et cette sacrée Marie me la conservent longuement et soyent le vestement nuptial de son cœur. Amen. Yostre très affectionné père et serviteur, Franc*, E. de Genève.  (i) Le Saint avait prêché revêtu de la chape brodée par la Mère de Chantai pour les fêtes de Pâques. (Voir le tome précédent, p. 367, Lettre dccclxv.)  122 Lettres de saint François de Sales  CMXLI A LA MÊME C'est en toutes circonstances qu'il faut aimer la très sainte volonté de Dieu. — Pourquoi le Saint a choisi le dernier jour de Tannée pour faire de « petitz et grans changemens » en sa Congrégation. Annecy, 31 décembre 161 3, Ouy, ma très chère Fille, ma Mère, il faut aymer la très sainte volonté de Dieu aux petites et grandes ren- contres. Celle qui m'empesche d'aller vous dire la Messe aujourd'huy est petite et grande ; je vous la diray a nostre première veuë. Ce pendant, faites vos petitz et grans changemens avec le plus de perfection qu'il vous sera possible (0. Apres y avoir bien pensé devant Dieu, je me suis résolu qu'il faut affermir nostre Congrégation a faire ses change- mens ce jour auquel Dieu fait les siens, nous faysant tous passer d'une année a l'autre, donnant une leçon annuelle de nostre instabilité, de nostre changement, du renversement et de l'anéantissement des années qui nous mènent a l'éternité.  ( I ) Le Saint avait appris d'un Père Feuillant, que certaines Religieuses auraient mieux aimé sortir de leur couvent que de quitter « leurs chapelets, « images et estuis ou choses semblables, » tant elles y étaient attachées. « C'est pourquoy, » disait-il un jour à ses Filles, « j'ay pensé qu'il faudroit « changer toutes ces choses entre vous, à fin de ne s'attacher qu'à Dieu. » (Voir tome VI, pp. 452, 453.) Pour faire ces changements, il voulut choisir le dernier jour de l'année. « Voici, » lisons-nous dans VAmtée Sainte, au 31 décembre, « la raison qu'il en donna a nôtre vénérable Mère de Chantai ce dernier jour de l'an 1613, par un billiet de sa propre main. » C'est ce billet que nous donnons ici.  Année 1613 123  CMXLII A LA MÊME Le côté percé du Sauveur, abri divin. — Le Sauveur, Roi des cœurs, toujours prêt à leur donner audience. Annecy, [1613 ( i).] Ma très chère Mère, Que vous diray je ? La grâce et paix du Saint Esprit soit tous-jours au milieu de vostre cœur. Mettés-le, ce cher cœur, dans le costé percé du Sauveur, et l'unisses a ce Roy des cœurs, qui y est comme a son throsne royal pour recevoir l'hommage et Tobeissance de tous les autres cœurs *, et tient ainsy sa porte ouverte affin * Vide not. (i). que chacun le puisse aborder et avoir audience. Et quand le vostre luy parlera, n'oublies pas, ma chère Mère, de luy faire parler encor en faveur du mien, affin que sa divine et cordiale Majesté le rende bon, obéissant et fidèle. Bon jour, ma très chère Mère ; je suis sans fin Vostre très affectionné serviteur. Francs E. de Genève. ( I ) Une pensée analogue et des expressions semblables à celles de ce billet se retrouvent dans un passage du Traitté de VAmour de Dieu, Livre V, chap. XI (tome IV, p. 294). Ce rapprochement sert à justifier notre date approximative; car si le saint Docteur a retouché ce même chapitre xi en 1615 (voir ibid., p. 292), il faut se rappeler que la première rédaction de l'ouvrage fut terminée au commencement de novembre 1614. (Voir plus loin, la lettre du 7 de ce mois à M^^e ^e la Fléchère.)  124 Lettres de saint François de Sales CMXLIII A UN ECCLÉSIASTIQUE (0 Procès entre l'Evêquede Maurienneetlecuré de LuUin. — Intervention du Saint en faveur de ce dernier. Annecy, [1610-1613 (2).] Monsieur, Voyla nostre monsieur l'abbé ( 3 ) qui s'en va fort con- tent en Tesperance de vous treuver a Chamberi . Il m'a parlé du mescontentement de Monseigneur de Maurienne (4) a rayson du procès du curé de LuUin (3), et parce que, passant en Maurienne, il pourra faire tous bons offices, ( I ) Il n'est pas possible de désigner avec certitude le destinataire ; toutefois, M. Claude de Blonay, qui avait souvent Toccasion de se rendre à Chambéry, pourrait être proposé avec quelque vraisemblance . Son amitié pour labbé com- mendataire d'Abondance (voir note (3) ci-après) et le ton familier de ces lignes favorisent notre conjecture. La paroisse de Lullin étant très proche de Thonoa et du château de Saint-Paul, résidences ordinaires de M. de Blonay, celui-ci devait être bien au courant du procès mentionné dans cette lettre. ( 2 ) L'ensemble des allusions et des particularités du texte permet d'indiquer cette date approximative. (3) L'abbé commendataire d'Abondance, Vespasien Aiazza (voir tome XIII. note ( I ), p. 48), qui allait d'Annecy à Chambéry; il fit de fréquents séjours en Savoie de 1610 à 1613, comme on peut le voir par les lettres du Saint. (4) François-Philibert Milliet. évêque de Maurienne, était abbé commen- dataire de l'abbaye d'Aulps. (Voir tome XII, note ( 3 ), p. 195.) (OR'* Pierre Gros, mort curé de Lullin en juillet 1624, fut minoré le 20 sep- tembre 1597, reçut le sous-diaconat le 6 mars 1599 dans l'église de Saint- Augustin à Thonon, le 5 juin le diaconat, et la prêtrise dans cette même ville, le 18 septembre suivant. Il figure comme titulaire de Lullin dans la liste des prêtres établis en Chablais (septembre 1601), et en 1605, il est dit curé de Lullin et de Bellevaux. (R. E.) Le 27 octobre 1607, au bas dune requête de Pierre Gros, le Saint écrit : « Sera sursoyé a l'exaction dont est question. » Il s'agissait du payement de 80 florins qui étaient réclamés au curé de Lullin par les exacteurs des décimes ecclésiastiques. Le suppliant demandait d"étre exonéré de cette obligation, attendu que le revenu de sa cure était compris dans celui du prieuré de Bellevaux appartenant aux Religieux d'Ainav (cf. tome XI, note ( i ), p. 248), et qu'il n'avait d'autre part qu'une « simple pen- sion de vicayre perpétuel ; » encore devait-il la disputer au a sieur R""-' Abbé d'Aulx » qui était en procès avec lui. Ce procès est sans doute le même que celui dont l'Evêque de Genève parle ici, mais nous en ignorons l'issue et la durée.  4  Annhh 1013 125 prenes la peyne, je vous prie, de conduyre un jour M. radvocat (xros ( O au logis de [monsieur V] Abbé (2), affin qu'il luy face bien entendre Testât du droit de son frère, curé de Lullin. Je vous en supplie, comme aussi de remettre le paquet ci joint a madame d'Aiguebelette (3). Mais il faut que je vous laisse, car vous voyla glorieux avec ce bon seigneur qui vous chérit bien fort ; mais moy, je suis incomparablement Vostre très affectionné et humble confrère, [France E. de Genève.] (r) Humbert Gros (voir le tome précédent, note f i ), p. 83V (2) « Au logis de M. G...^, abbé, » comme Ta imprimé Migoe (tome VI, col. 1097), ^st un texte fautif. L'Autographe devait porter : « Monsieur l'Abbé » ou (( Mons"" l'Abbé ». ( 3 ) Françoise-Melchionne du Four, femme de René de Chabod-Lescheraine, seigneur d'Aiguebelette. (Voir toine XIV, note (i), p. 393.)  CMXLIV .\ LA. MÈRE DE CHANTAL Pourquoi faut-il se confier à la Providence de Dieu. Annecy, [1610-161 3 (i).] Voyla la lettre, ma très chère Fille ; faites la fermer, et soyés bien ferme en la confiance que nous devons avoir en la providence de Dieu, laquelle, si elle vous prépare des croix, vous donnera des espaules pour les porter. Vous sçaves d'où me vient une si grande presse, et, Dieu aydant, en seres bien ayse. (i) On peut hésiter pour l'attribution de ce billet; mais certains indices, comme le ton familier et cordial et les derniers mots en particulier, font son- ger à la Mère de Chantai plutôt qu'à toute autre destinataire. L'appellation de n Fille » suggère la date que nous proposons.  126 Lettres de saint François de Sales CMXLV A UNE COUSINE (0 (fragment inédit) Exhortation à l'amour de Notre-Seigneur. Annecy, [i6i 1-1613 (a).] (3) Ma très chère Fille, relevés le plus [que vous pourrez votre] cœur en Nostre Seigneur et le pous- ses tous-jours plus avant [en son très saint] amour. Nul ne sçait que je vous escrive, mays je [m'assure que] si nostre Mère et nos Seurs le sçavoyent, [elles vous écri- rai]ent avec moy, ou elles me prieroyent de vous saluer, [vous aimant] toutes très cordialement, sur tout nostre Mère. [Priez pour] moy, qui suis Vostre plus humble, très affectionné cousin et serviteur, F,, E. de Genève. et me recommande a ses prières. a Neci.  Revu sur l'Autographe appartenant à M. l'abbé Louis Pierre, ancien curé de Châtillon (Jura). ( I ) La destinataire avait des relations très étroites avec la Visitation et sa Supérieure, et vivait tout proche d'une personne estimée du Saint. Parmi ses cousines, c'est la Sœur Louise de Ballon, Religieuse de l'abbaye de Sainte- Catherine, qui vérifie le mieux ces conditions. (Cf. tome XIV, note ( 3 ), p. 129.) (2) Aucun indice caractéristique pour fixer la date, sinon l'écriture, qui ne paraît pas postérieure à 1614 et qui se rapproche davantage de celle des années précédentes. (3) Le haut de l'Autographe et toute la marge de gauche ayant été coupés, nous avons suppléé entre crochets [ ] les mots qui manquent, d'après le sens du contexte et la place qu'ils devaient occuper. Les points de suspension indiquent les lacunes qu'il n'a pas été ^lossible de combler.  Année 1613 127  CMXLVI AU PÈRE CLAUDB-LOUIS-NICOLAS DE QUOEX PRIEUR DE TALLOIRES (0 Obligation pour un supérieur de réduire au devoir des sujets scandaleux. Circonstances qui aggravent la culpabilité des délinquants. Annecy, [1611-1613 (2).] Je souhaite tant le bien et l'honneur de vostre Monas- tère, que toutes les connoissances des choses contraires m'esmeuvent et me donnent du ressentiment de zèle. J'ay sceu que les sieurs N. et N. (3) donnent tant de mauvaise odeur de leur jeunesse, que la puanteur en est arrivée jusques au Sénat, lequel s'en veut remuer, si leur amen- dement ne prévient. C'est, a la vérité, une honte bien grande pour vous si les laïcs prennent la connoissance de la correction sur ceux du cors auquel on vous a donné pour chef; mais ce sera encor quelque sorte de reproche pour moy qui vous y ay porté, si je ne surveille pas a vous assister, et sembleray estre coulpable de tout ce qui s'y fera, avec vous, bien qu'en vérité, ni vous ni moy ne puissions pas tout empescher. Tout cela mis ensemble, me fait vous prier et exhorter ( I ) Le destinataire est sans aucun doute le prieur de Talloires, D. Claude- Louis-Nicolas de Quoex, que saint François de Sales avait mis à la tête du Monastère en 1609. (Voir tome XIV, note ( i ), p. 172, et cf. ci-dessus, note ( 2 ), p. 113.) On trouvera quelques détails intéressants sur son élection dans la Vie du Saint par le P. de la Rivière (1625), liv. III, chap. xv, xvi, et dans Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. VII, (éd. 1634, pp. 400, 401; éd. Vives, tome II, pp. 42, 43). (2) Comme on Ta vu ci-dessus, note (3), p. 113, le 25 octobre 1610, le sénateur de Buttet, expressément commis par un décret du Sénat du 11 sep- tembre précédent, allait à Talloires pour assister TEvêque de Genève et D. de Prades, vicaire de Savigny ; mais cette intervention avait pour but d'imposer la réforme à tous les Religieux qui voudraient ne pas quitter le monastère. La mauvaise conduite des deux moines que signale cette lettre dut éclater à une date postérieure; celle que nous proposons paraît la plus vraisemblable. (3) Parmi les noms des Bénédictins de Talloires qui figurent dans diverses pièces de Tépoque, il est impossible de désigner les deux Religieux qui don- naient du scandale.  128 Lettres ue saint François de Sales de vouloir apporter tout le soin et Tordre que vous pour- res pour réduire ces jeunes gens sur le train de leur devoir, et de me donner advis de leur estât, affin que je puisse rendre tesmoignage de vostre diligence comme de la mienne, et contenter ma conscience, laquelle me pressera par après a prendre d'autres expediens, si vostre pru- dence, vigilance et justice ne suffit a la recipiscence de ces discoles, desquelz j'admire d'autant plus la dissolu- tion, que leur naissance les devroit porter a la poursuitte des vertus et de la pieté conforme a leur vocation. L'aage les a peu couvrir jusques a présent, mais la continuation les rend meshuy inexcusables. Vous sçaves comme et combien tendrement je vous ayme, et particulièrement ; qui me fait croire que vous prendres cet advertissement aussi doucement qu'avec très grande affection je vous fay la remonstrance, pour le bien de la Mayson ou Nostre Seigneur vous conserve, et laquelle il veuille rendre si pleine de sainteté que je sçay que vous le souhaittés avec moy, qui suis Vostre très affectionné serviteur. Francs E. de Genève.  CMXLVII  A LA MERE DE CHANTAL (fragment)  Apologue du musicien devenu sourd, et la sainte musique d'une àme qui sert Dieu, sans joie, abandonnée entièrement au bon plaisir divin. Annecy, [1612-1614 ( i).j  Je travaille a vostre Livre neufviesme (2) de V Amour de Dieu, et aujourd'huy, priant devant mon Crucifix, ( I ) La rédaction du Traitté de r Amour de Dieu ayant été achevée dans les premiers jours de novembre 1614 (cf. ci-dessus, note ( i ), p. 1231, le Livre IX pouvait être terminé au commencement de cette année, et même à la fin de 1613 ; toutefois, il n'est pas impossible que le Saint y ait déjà mis la main en 1612. (a) On sait que dans ce Livre, le saint Docteur a eu principalement en vue  Année 1613 1^9 Dieu m'a fait voir vostre ame et vostre estât par la com- parayson d'un excellent musicien *, né sujet d'un prince * ^ïàeTr.de l'Am. • 1, •. r • -1 . . , de Dieu, 1. IX, ce. qui 1 aymoit parfaitement, et qui luy avoit tesmoigne se ix, xi. plaire passionnément a la douce mélodie de son luth et de sa voix. Ce pauvre chantre devint, comme vous, sourd, et n'oyoit plus sa mélodie ; son maistre s'absentoit souvent, et il ne laissoit pas de chanter, parce qu'il sçavoit que son maistre l'avoit pris pour chanter (O.  Revu sur le texte inséré dans le Ms. original des Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy, conservé à la Visitation d'Annecy. les dispositions intérieures de la Mère de Chantai. Il aurait pu aussi bien l'ap- peler « notre Livre, » puisque la Sainte, en parlant de son bienheureux Père, écrivait en 1623 à D. Jean de Saint-François : « Si Votre Révérence veut voir clairement rétat de cette très-sainte âme » sur son acquiescement à la volonté de Dieu, « quelle lise... les trois ou quatre derniers chapitres du neuvième Livre de TAmour divin. » (Ste J .-F. de Chantai, sa Vie et ses Œuvres, Paris, Pion, 1876, tome III, p. 250.) ( I ) La suite de la lettre, qui ne nous a pas été conservée, devait sans doute développer la comparaison et en faire l'application à la destinataire.  CMXLVIII  A UNE RELIGIEUSE DE LA VISITATION (0 Ce qui tenait occupé le Saint toutes les matinées ; l'emploi meilleur qu'il aurait voulu en faire. — « L'amour propre ne meurt jamais; » ses fruits et ceux de la vraie charité. — Quel est le seul remède. — Les séparations pour les mondains et les arnis de Dieu. Annecy, [1613 ou 1614 (2),] O pleust a Dieu, ma très chère Fille, que ce fust le Traitté de V Amour céleste qui me tinst occupé toutes ( I ) La lettre semble s'adresser à une Religieuse de la Visitation, personne ne s'intéressant plus que les filles du saint Docteur à l'achèvement de son chef-d'œuvre. Ce que nous savons du caractère et des tendances de la Sœur Anne-Marie Rosset s'accorde assez bien avec les conseils renfermés dans ces pages. Serait-elle la destinataire ? (2 ) A cause de l'allusion des premières lignes, cette lettre doit être de 1614 Lettres VI o  Act., IV,  130 Lettres de saint François de Sales les matinées ! Il seroit bien tost achevé, et je serois bien heureux d'appliquer mon esprit a de si douces consi- dérations. Mais ce sont des infinités de petites niaiseries, que le monde par force m'apporte tous les jours, qui me font de la peyne et de la fascherie et rendent mes heures inutiles. Néanmoins, tant que je m'en puis eschapper, je metz tous-jours quelque petite ligne en faveur de ce saint amour qui est le lien de nostre mutuelle dilection. Or, venons a vostre lettre. L'amour propre peut estre mortifié en nous, mais il ne meurt point pourtant jamais ; ains, de tems en tems et a diverses occasions, il produit des rejettons en nous, qui tesmoignent qu'encor qu'il soit couppé par le pied, si n'est il pas desraciné. C'est pour cela que nous n'avons pas la consolation que nous devrions avoir quand nous voyons les autres bien faire ; car ce que nous ne voyons pas en nous ne nous est pas si aggreable, et ce que nous voyons en nous, nous est fort doux, parce que nous nous aymons tendrement et amoureusement. Que si nous avions la vraye charité qui nous fait avoir un mesme cœur et une mesme ame avec le prochain *, nous serions parfaitement consolés quand il feroit du bien. Ce mesme amour propre fait que nous voudrions bien faire telle et telle chose par nostre eslection, mais nous ne la voudrions pas faire par l'eslection d'autruy, ni par obéissance ; nous la voudrions faire comme venant de nous, mais non pas comme venant d'autruy. C'est tous- jours nous mesmes qui recherchons nous mesmes, nostre propre volonté et nostre amour propre. Au contraire, si nous avions la perfection de l'amour de Dieu, nous aymerions mieux faire ce qui est commandé, parce qu'il vient plus de Dieu et moins de nous. Quant a se plaire plus a faire des choses aspres qu'a les voir faire aux autres, ce peut estre ou par charité, ou  au plus tard. (Voir ci-dessus, note ( i ), p. 128.) D'autre part, ces « infinités de petites niaiseries » paraissent viser les contradictions et les ennuis sans nombre que le Saint eut à subir à la suite de l'affaire Berthelot, depuis le mois de mars ibi3 (cf. le tome précédent, note (3), p. 327) : de là, notre date simplement approximative.  Année 1613 131 par ce que, secrettement, l'amour propre craint que les autres ne nous esgalent ou surmontent. Quelquefois nous nous mettons plus en peyne de voir mal traitter les autres que nous, par bonté de naturel ; quelquefois c'est par ce que nous croyons d'estre plus vaillans qu'eux et que nous supporterions mieux le mal qu'eux mesmes, selon la bonne opinion que nous avons de nous. Le signe de cela, c'est qu'ordinairement nous aymerions mieux avoir les petitz maux que si un autre les avoit ; mais les grans, nous les aymons mieux pour les autres que pour nous. Sans doute, ma chère Fille, ce qu'on a répugnance a s'imaginer le rehaussement des autres, c'est parce que nous avons un amour propre qui nous dit que nous ferions encor mieux qu'eux, et que l'idée de nos bonnes propo- sitions nous promet des merveilles de nous mesmes et non pas tant des autres. Au bout de tout cela, sçaches, ma vrayement très chère Fille, que ce que vous aves ne sont que des senti- mens de la portion inférieure de vostre ame ; car je m'asseure que vostre supérieure portion desadvoue tout cela. C'est le seul remède qu'il y a, de desadvouer les sen- timens, invoquant l'obéissance et protestant delà vouloir aymer non obstant toute répugnance, plus que non pas la propre eslection, louant Dieu par force du bien que l'on void en autruy et le suppliant de le continuer ; et ainsy des autres. Il ne se faut nullement estonner de treuver chez nous l'amour propre, car il n'en bouge. Il dort quelquefois comme un renard, puis, tout a coup, se jette sur les poules. C'est pourquoy il faut, avec constance, veiller sur luy, et avec patience et tout doucement se défendre de luy. Que si quelquefois il nous blesse en nous desdi- sant de ce quil nous a fait dire, en desadvouant ce quil nous a fait faire, nous sommes guéris. Or je ne vis que passamment la dame qui devoit venir pour faire sa confession générale, et avec des yeux tout moistes d'avoir laissé sa fille (O ; car les gens du monde (i) Il est difficile de désigner les deux personnes mentionnées ici. Les Annales du i*^"" Monastère n'ont conservé le nom d'aucune prétendante reçue  132 Lettres de saint François de Sales [se] laissent en se laissant, mais ceux de Dieu ne se laissent jamais, ains sont tous-jours unis ensemblement avec leur Sauveur. Dieu vous bénisse, ma chère Fille. Revu sur une copie conservée à Turin, Archives de l'Etat. en 1613, et parmi celles de 1614. on peut proposer seulement la Sœur de Mouxy ou la Sœur de Livron, comme ayant été accompagnées par leur mère à leur entrée à la Visitation. Toutes deux prirent l'habit le 2 juillet.  ANNÉE 1614  CMXLIX A MADAME D'eSCRILLES (0 Quand faut-il s'abandonner entièrement entre les bras de la Providence. — Comment parler des personnes qui nous ont fait tort. — Ce qui est plus efficace contre le mal que le ressentiment. Annecy, 7 janvier 1614. Ma Seur très chère et tous-jours de plus en plus très chère Seur, Je viens tout maintenant de recevoir les deux lettres que vous a vies confiées a M'"^ de Trevernay ( = ), et une autre par laquelle elle me spécifie la qualité de vostre desplaysir, que je vois estre grandement fascheux pour la multitude des accidens qui semblent attachés aux sujetz dont il vous est arrivé. Ma très chère Seur, ces brouillardz ne sont pas si espais que le soleil ne les dissipe. En fin, Dieu qui vous a conduite jusques a présent, vous tiendra de sa très sainte main * ; mais il faut que vous vous jetties, avec *Cf.Ps.cxxxviM un total abandonnement de vous mesme, entre les bras de sa providence, car c'est le tems désirable * pour cela. *li Cor., vi, 2. Se confier en Dieu emmi la douceur et la paix des prospérités, chacun presque le sçait faire; mais de se remettre a luy entre les orages et tempestes, c'est le (i) Marie de Mouxy, veuve d'Escrilles (voir le tome précédent, note ( i ), p. 278), encore jeune et belle, était fort recherchée. Son désir de la vie reli- gieuse, traversé par mille embarras, justifie bien les conseils du Saint; le « desplaysir grandement fascheux » dont il parle doit viser quelque calomnie. Toutes ces circonstances la désignent comme destinataire. (2) Péronne de Montfalcon, femme de Balthazard de Mouxy, seigneur de Travernay, était belle-sœur de M'"« d'Escrilles.  1 34 Lettres de saint François de Sales propre de ses enfans ; je dis, se remettre a luy avec un entier abandonnement. Si vous le faites, croyes moy, ma chère Seur, vous seres toute estonnee de merveille, qu'un jour vous verres esvanouis devant vos yeux tous ces espouvantailz qui maintenant vous troublent. Sa divine Majesté attend cela de vous, puisqu'elle vous a tirée a soy pour vous rendre extraordinairement sienne. De cet homme sur lequel vous penses devoir estre jettee une partie de la faute, parlés en peu et conscien- cieusement; c'est a dire, ne vous estendes gueres en vos plaintes et n'en faites pas souvent; et quand vous en feres, n'asseures rien qu'a mesure que vous aures de la connoissance ou conjectures de la faute, parlant douteu- sèment des choses douteuses, plus ou moins, selon qu'elles le seront. Je vous escris du tout sans loysir, en un jour le plus embarrassé que j'ayeeii il y a long tems. Je suppleeray de plus en plus , s'il plaist a Dieu, priant pour vostre repos et consolation. Apaises tant que vous pourres, doucement et sagement, les espritz de messieurs vos pa- rens. Helas ! en telles occasions, la dissimulation guérit plus de mal en une heure que les ressentimens en un an. Dieu doit faire le tout ; c'est pourquoy il l'en faut supplier. Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur, ma très chère Seur, ma Fille. Je suis très parfaitement, » Vostre plus humble frère et serviteur, Francs E. de Genève. Le 7 janvier 1614.  Annér 1614 13c  CML AU PÈRE NICOLAS DE SOULFOUR, ORATORIEN Envoi de lettres pour TEvêque de Bazas et pour M. de Fontaines. — Attache- ment du Saint pour la Congrégation de l'Oratoire ; il désire en connaître les règlements. — Le Traitté de V Amour de Dieu Tempêche d'entreprendre un travail qui lui est proposé. Annecy, 10 janvier 1614. Monsieur, C'est a vous aussi a qui j'addresse mes responses a Monseigneur de Bazas (0 et a monsieur de Fontayne Duboys ( = ), et ce sera a vous, sil vous plait, de leur faire (i) Fils de noble Eméric, sénéchal de Bazas et comte de Barraut, Jean Jaubert de Barraut fut nommé à Tàge de dix-huit ans abbé de Solignac, près Limoges. Il prit possession de l'abbaye par procureur, le 2 mai 1601, et s'oc- cupa tout de suite d'en réparer les ruines et d'y introduire la réforme. Consacré à Rome évêque de Bazas par le Cardinal de la Rochefoucault (août 1612), ses talents et sa piété l'avaient d'abord fait choisir pour aller servir Henriette d'Angleterre comme grand aumônier; mais un autre prélat obtint l'emploi. De 1621 à 1631, il publia à Bordeaux plusieurs éditions d'un ouvrage. Erreurs et faussetés, qui réfutait le Bouclier de la foi de Pierre du Moulin. En 1630, Mk"" Jaubert était transféré à l'archevêché d'Arles ; son abbaye, depuis 1635, lui servit de résidence plusieurs mois de l'année. C'est là qu'on venait le consulter de toutes parts, tant ses lumières et son zèle avaient popularisé son nom. Il décéda à Paris le 31 juillet 1643. L'Archevêque avait établi dans sa ville (14 juillet 1633) les Religieuses de la Visitation ; il fut aussi l'un des premiers et des principaux organisateurs de la célèbre Compagnie du Saint- Sacrement, cette création de génie dont les efforts devaient aboutir à la res- tauration du catholicisme dans tout le royaume. (Voir J. Aulagne, La Réforme catholique du XVW sihle dans le diocèse de Limoges, Paris, 1906.) (2) Antoine du Bois, seigneur de Fontaines-Marans près de Tours, remplit d'honorables fonctions à la cour de Charles IX et de Henri III. D'accord avec sa femme, Marie Prudhomme, soeur de la chancelière de Sillery, il se retira dans sa terre à l'avènement de Henri IV, pour servir Dieu et les pauvres. M. de BéruUe, en 1603, fit visite au pieux gentilhomme et décida l'une de ses filles à entrer dans l'Ordre du Carmel, qu'elle devait illustrer par ses grandes vertus, sous le nom de Sœur Madeleine de Saint-Joseph. (Cf. tome XII, note (4), p. 198.) M. de Fontaines procura en 1608 la fondation des Carmélites de Tours, et celles-ci aidèrent les Oratoriens à s'établir dans la même ville le 27 septembre 161 5. Devenu veuf, Antoine du Bois embrassa l'état ecclé- siastique, reçut la prêtrise à l'âge de soixante-cinq ans, et en comptait soixante- dix-huit quand il se rangea sous la discipline de l'Oratoire. Il mourut à Paris le 29 avril 1627, dans une extrême vieillesse, chez les Oratoriens de la rue Saint-Honoré. (Voir Mémoires domestiques pour servir a Vhistoire de VOra- toire,.. par le P. Batterel, publiés par A. M. P. Ingold, Paris, 1902.)  136 Lettres de saint François de Sales aggreer mes intentions, puisque vous leur aves données celles quilz ont de m'aymer. Cependant, selon vostre conseil, je touche un mot, au dernier, d'encouragement a l'érection d'une mayson de la Congrégation a Tours ( ; Congrégation que j'ay dedans le cœur, devant, je pense, que ni monsieur de Berule ni vous, mays Congrégation dedans le cœur delaquelle je ne suis pas digne d'estre, et desirerois néanmoins bien d'avoir quelque place (2). Dites moy cependant, avant que je sorte de ce propos : seroit ce une grande et blasmable curiosité de désirer de sçavoir un peu plus de particularités de Testablisse- ment et manière de vivre d'icelle (3) ? car voyes vous, je crains de vous le demander et j'ay peyne de m'en empescher. C'est asses a un vieux entendeur et qui m'ayme fortement. Au reste. Monseigneur de Bazas me propose un petit travail, que je ferois des maintenant de bon cœur, rece- vant comm' inspiration son désir ; mais je suis encor un peu attaché a un Traitté de V Amour de Dieu, lequel y estimerois pi aculufn (4) de laisser maintenant imparfait, puisqu'il ne me faut plus que je ne sçai combien de moys pour l'envoyer au monde (?). Faites luy donq, je vous supplie, treuver bon l'advis que je luy présente, mais dont je ne l'ose presser, que quelqu'autre face cett'autre ( I ) Voir la note précédente. (2) Ici nous avons la preuve que saint François de Sales avait devancé, au moins par Tidée et le désir, le fondateur de l'Oratoire, (Voir tome XIV, note ( I ), p. 207.) Au dire de Habert, historien du Cardinal de BéruUe (Paris, 1646, liv. II, chap. m), l'Evêque de Genève aurait prié « Sa Sainteté de luy permettre... de quitter pour un temps son diocèse, afin de venir ayder à establir cette nouvelle Congrégation... Pour se consoler de n'avoir peu venir en cette Société, » il y envoyait « les autres de toutes parts, et » publiait hautement « qu'il n'y avoit rien de plus saint ny de plus utile en l'Eglise de Dieu . » (3) Personne ne pouvait mieux satisfaire la curiosité du Saint que son destinataire ; M. de Soulfour, né en Savoie, avait connu M. de BéruUe par l'entremise de TEvêque de Genève. Durant le séjour qu'il fit à Rome (1610- 1613), il s'employa très activement pour obtenir la Bulle d'institution de l'Oratoire, et avant la fin de 1613, il entrait dans la Congrégation; il avait alors soixante-quatre ans. (Cf. tome XIII, note ( i ), p. 284, et ci-dessus, p. 44.) (4) C'est-à-dire « un crime. » (5) L'impression du Traitté ne fut achevée qu'à la fin de juillet 1616. (Cf. tome IV, pp. XI, XIV, xv.)  Année 1614 137 besoigne. Helas ! je vous asseure, mon bon Monsieur, que je suis tellement accablé d'affaires, ou plustost d'empes- chemens, qu'a peyne puis-je dérober ça et la des quartz d'heure pour employer a ces escrittures spirituelles. Or sus, salutem a tous ceux qui m'ayment, de vostre connoissance, et mille bénédictions a Dieu du repos quil vous a donné en cette sainte Société. Je suis immor- tellement, Monsieur, Parfaitement vostre humble serviteur et frère, Franç% E. de Genève. Vous sçaures que le bonhomme M. Nouvelet s'en est allé léthargique (0 ; ce sera charité de le recommander a Nostre Seigneur. X janvier 16 14, a Neci. Faites-moy sçavoir, je vous prie, le tiltre de la Con- grégation ^'\ afïin que je sache mettre la superscription convenable ; et bien humble salutation a M'"" Acarie. A Monsieur Monsieur de Soulfour. Revu sur l'Autographe conservé à Paris, chez les Dames de Saint-Maur. (i) Le chanoine Claude-Etienne Nouvellet, décédé à Annecy, avait été inhumé à l'église Saint-François le 7 octobre 1613. (Voir tome XII, note (i), P- 47-) ( 2 ) Dans la Bulle du 10 mai 1613 mentionnée à la note ( 3 ) de la page pré- cédente, Paul V avait approuvé la nouvelle Société sous le nom de « Congré- gation de l'Oratoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ en France. » (Houssaye, Le P. de Bérulle et VOratoire de Jésus, Paris, 1874, p. 48.)  138 Lettres de saint François de Sales  CMLI  A MONSEIGNEUR PIERRE FENOUILLET ÉVÊQUE DE MONTPELLIER Salutations affectueuses envoyées au destinataire de passage à Lyon. — Le Saint s'excuse de ne pouvoir accepter l'invitation de prêcher à Toulouse. Annecy, 10 janvier 1614. Monseigneur, Je vous vay rencontrer en esprit au passage que vous deves faire a Lion ( O ; et ces quatre paroles vous asseure- ront, sil vous plait, que sil m'estoit aussi aysé de me porter mo}^ mesme sur le lieu en efFect, comm'il Test a ce porteur, vous me verries, plein de joye et d'amour, le plus empressé de tous autour de vous. Il ny a remède, il faut accommoder nos souhaitz a nos nécessités, d'où qu'elles viennent. J'ay toute ma vie grandement prisé la ville de Thou- louse, non pour sa grandeur et noblesse, mays, comme *Sermo post redit, dit Saint Chrisostome de son Constantinople *, a cause a priore exsilio. , . - ... . ^ . ^ 4. j. t • (Mî^., Patr.Grsec, du scrvice de Dieu qui y est si constamment et religieu- LiK col. 4^i.] sèment maintenu. Et pensés, Monseigneur, de quel cœur je voudrois les servir (2); mays vous sçaves mes liens, que rien jusques a présent n'a peu rompre (3). Sil vous (i) Ms"" Fenouillet allait probablement donner le Carême à Paris, où il devait retrouver « le grand et parfait ami. » (Voir la page suivante.) (3) « Les peuples de Thoulouse, grandement pieux et dévots, desiroient avec passion » que le Serviteur de Dieu « y alat prescher un Caresme. » (Process. remiss. Gebenn. (I), dépos. de Claude Chaffarod, ad art. 27.) Sans doute, les membres du Conseil de Ville ou du Parlement chargèrent TEvêque de Montpellier de présenter leur requête à saint François de Sales; M. Le Mazuyer, qui s'était lié d'amitié avec le Bienheureux au pays de Gex, ne devait pas être le moins désireux de le revoir et de l'entendre. (Cf. le tome précédent, note ( i ), p. 295.) (3) En effet, le duc de Savoie, inflexible, s'obstinait toujours à interdire les chaires de France au grand Evêque.  Année 1614 139 plait donques respondre a la demande que vous ont faite de moy ces seigneurs de cette ville la, je vous supplie très humblement de leur faire sçavoir que ce n'est ni faute d'estime que je face de leurs mérites, ausquelz je ne sçaurois jamais correspondre, ni faute de pouvoir que vous ayes sur moy, qui suis très entièrement vostre, mays faute de pouvoir que j'aye moy mesme sur moy mesme, que je ne seconde pas leurs désirs, plus honnorables cent fois pour moy que je ne devrois praetendre. Au demeurant. Monseigneur, quand vous seres avec le grand et parfait ami ( ^ ), resouvenes vous parfois de moy, car ce m'est un playsir incomparable de m'imagi- ner que ne pouvant jouir du bonheur de vostre présence, je ne laisse pas de vivre en vostre bienveuillance de tous deux. J'escris sans loysir, mays plein de l'invariable affection que j'ay d'estre sans fin, Monseigneur, Vostre très humble, très obéissant frère et serviteur. Francs E. de Genève. X janvier 16 14. Je fis response a Monseigneur de Dol ( = ) des le moys passé. A Monseigneur Monseigneur le R""^ Evesque de Montpelier. Revu sur une copie de l'Autographe, conservée à la Visitation d'Annecy. (i) Antoine des Hayes. ( 2) MB"" Antoine de Revol (voir ci-dessus, note (4), p. 69).  140 Lettres de saint François de Sales  CMLII A LA MÈRE DE CHANTAL Saint François de Sales se sent pressé d'activer la rédaction de son grand ouvrage. Annecy, 11 janvier 1614. Nostre intérieur n'a plus de résistance ; il faut que la crainte et la paresse de l'homme extérieur cède a la volonté victorieuse de notre Maistre qui veut que, tout froid et tout glacé que je suis, j'escrive de son saint amour. Contés ce jour pour celu}^ auquel je commence d'y employer tous les momens que je pourray tirer de la presse de mes autres devoirs, et invoqués incessamment sur moy l'amour du divin Amant (0. Revu sur un ancien Ms. de VAnnée Sainte de la Visitation, conservé au Monastère d'Annecy. ( I ) Voir ci-dessus, p. 136, et Année Sainte de la Visitation, tome I, p. 257.  CMLIII A LA MÊME Le Saint ménage à sa chère Congrégation la bienveillance du Conseil de Ville d'Annecy. — Pourquoi il ne veut pas qu'on demande de sa part du beau papier à M. Rolland. Annecy, [vers mi-janvier] 16 14 (i). Ma très bonne iMere, Voyla vos lettres corrigées. Il les faut faire escrire (i) Le II janvier 1614, notre saint Docteur résolut de donner tous ses loisirs à son cher travail (voir le billet précédent) : cette circonstance sert à  Année 1614 141 aujourdhuy (0, et outre cela, escrire a madame la Comtesse de Tournon ( = ), et luy faire un article par lequel vous luy dires qu'elle face prier Monseigneur de Nemours, au nom de Madame la Serenissime infante Duchesse de Mantoûe, d'escrire a messieurs du Conseil de cette ville ( 3 ) qu'en toutes occurrences, ilz ayent vostre Congrégation en spéciale recommandation. Hier au soir je parlay encor a l'un des sçindiques, qui me promit de haster l'affaire le plus qu'il se pourra. Si vous n'aves pas du beau papier pour escrire, envoyés en prendre vers M. Rolland, mais a vostre nom, car si c'estoit au mien il se courrouceroit, parce que j'en ay trop despensé la semaine passée H). Ma très chère Mère, que Dieu face toute sainte, je vous donne mille fois le bonjour. Amen. Et vay travailler tant que je pourray sur le livre (5). préciser la date, d'ailleurs confirmée par d'autres particularités dont il sera parlé dans les notes suivantes, ( I ) Il s'agit très probablement des lettres de remerciement à l'Infante et au duc de Savoie, pour la protection promise à la Congrégation. (Cf. ci- dessus, pp. io6-ro8.) Il nous reste la minute de l'une de ces lettres, corrigée parle Saint, adressée à Charles-Emmanuel. (Voir à la fin du volume.) (2) Philiberte de Beaufort, femme du comte Prosper-Marc de Tournon, chargée par la duchesse de Mantoue de l'avertir de tout ce qu'elle pourrait faire en faveur de la Visitation. (Voir à l'Appendice II, les lettres de la prin- cesse et du duc de Savoie.) (3) A la Délibération du 16 janvier 1614, assistaient : « Noble et spectable sieur Pierre Délaie (de l'Alée), docteur es drois, Pierre de Thoire, Jean Thomas et Charles Trombert, scindics; spectable sieur Claude -François Arpiaud, advocat de ville, François Paccot, trésorier; noble et spectable sieur Jean Flocard, advocat, noble Jean Crochet, Bernard Dupuis, François Marvin, Guillaume Falcaz, Aymé Mignon, Jean Tardy, Nicolas Panisset, Pierre-Loys Garbillon, Serge Saget, Antoine Vallefrey, Humbert Falquet, Aymé Curlet. » (Reg. des Délib. municip. d'Annecy.) Tous les susnommés étaient, pensons-nous, membres du Conseil de Ville. (4) « Franc et fidèle comme l'or, » Rolland fut pendant plus de vingt-cinq ans « le Joseph de la maison du sainct Evesque, trenchant, couppant et ordonnant de tout sans contradiction. » (P. de la Rivière, La Vie de Vlllme et Rme François de Sales, 1625, liv. IV, chap. ix.) Il était de ces serviteurs qui se font pardonner l'importunité de leurs ingérences par la sincérité même de leur dévouement. Plus dun, parmi ses domestiques, murmurait des libéra- lités du Saint, mais, de tous, Georges Rolland se montrait le plus regardant et le plus parcimonieux parce qu'il avait, avec le soin et la charge de la bourse, la surintendance des affaires de la maison. (Cf. tome XI, note (2), p. 117.) (5) Le Traitté de r Amour de Dieu,  142 Lettres de saint François de Sales Il faut attendre de plier les lettres, car François ira faire cet office comme il faut : car je ne puis y aller moy mesme (O.  (i) Cacheter les lettres, au temps passé, alors qu'on ne connaissait pas l'usage des enveloppes, c'était presque un art, et en tout cas, une fonction. Le Bienheureux, nous dit Michel Favre (Process. remiss. Qebenn. { I ), ad art. 48), « employoit h à cela « la main du premier valet de chambre. » Ce titre de « premier homme de chambre » appartint pendant plus de vingt ans à François Favre, fils de Pierre Favre et d'Andrée Marquet. Il fut ainsi, dès le début de l'épiscopat de saint François de Sales, le témoin quotidien le plus fidèle de sa vie intime. Sa déposition faite au cours des deux Procès est d'une ingénuité touchante; cet homme au cœur simple décrit les hautes vertus de son bon maître et le mystère de sa vie intérieure, avec une aisance et une propriété de termes qui feraient envie à plus d'un hagiographe. « Je le sçay, parce que j'estois présent, » c'est la formule qui conclut la plupart de ses témoignages et leur donne tant de prix. Tout pénétré de l'idée qu'il ser- vait un saint, François conservait soigneusement des coffres entiers de vête- ments usés : « Je prévois, » disait-il, '< qu'un jour tout cecy sera des reliques. » On connaît la plaisante histoire de ce serviteur de l'Evêque de Genève que celui-ci surprit écrivant furtivement à « une jeune veuve, vertueuse et riche, » pour lui demander sa main. « Vous ny entendez rien, » lui dit-il après avoir lu la lettre, et, sur l'heure, il en fit une à laquelle manquait la seule signa- ture. « Copiez cela, » ajouta le débonnaire Prélat, « mettez y vôtre nom et l'envoyez, et vous verrez que tout ira bien. » Le bon serviteur qui rencontra ce jour-là un si habile et complaisant secrétaire, est précisément François Favre. Méraude Gard, c'était le nom de la veuve, se laissant persuader par le saint Evêque, agréa l'idée de passer à de secondes noces (i); toutefois le mariage n'eut lieu qu'après la mort du Bienheureux. Dans le P"" Procès (18 septembre 1627), le déposant s'intitule « bourgeois et marchand drappier » d'Annecy. Quand il témoigna au IP Procès, il avait quatre-vingts ans, et remplissait alors l'office de châtelain de l'évéché, tout ému encore au souve- nir des grands exemples de sainteté qu'il avait eus sous les yeux en servant l'un après l'autre. Me"" de Granier, le Serviteur de Dieu, son frère Jean- François de Sales, Dom Juste Guérin et Charles-Auguste de Sales. (D'après sa déposition, Process. remiss. Gebenn. (I, II), et le Ms. de la Mère Greyfié sur la Vie de St François de Sales, Archives de la Visitation d'Annecy.)  (i) Jacques Clavel^ son premier mari, avait été « soubterré le seze octobre 1622. "(Reg. par. d'Annecy.)  Année 1614 143  CMLIV A LA MÊME Un triduum de prières. — Souhait d'unité. Annecy, [vers le 20] janvier 1614 ( i ). Voyla donq, ma très chère Mère, ma Fille, les Pseau- mes : vous en pourres prendre, ou les troys derniers pour tous les trois jours, ou varier de trois en trois pour chas- que jour. Cependant, quel contentement a ma pauvre ame de vous saluer encor un peu par cett'occasion ! vous, dis-je, ma très chère Mère, que mon ame chérit comm'elle mesme. Dieu soit a jamais l'unique ame de nostre unique vie et l'unique vie de nostr'uniqu'ame. Revu sur l'Autographe appartenant à M""^ Revel de Mouxy, à Brest. ( I ) Le 22 décembre 1613, la duchesse de Mantoue avait sollicité, en écrivant à la Mère de Chantai, « les dévotes oraisons des âmes religieuses. »(Voir sa lettre à l\\ppendice II.) Ce n'est pas sans raison que Marguerite de Savoie demandait alors des prières. Depuis la guerre du Montferrat, le Piémont traversait une période de calamités. Au mois de janvier 1614, à peine avait- on quelque espérance de paix. (Cf. ci-après, note (6), p. 144.) C'est sans doute pour répondre au pieux désir de la princesse, que le Saint aura ordonné des prières à ses filles : d'où la date que nous attribuons à ces lignes; elle est justifiée par le rapport de leur contenu avec la lettre suivante.  CMLV A LA MÊME Plusieurs visiteurs ont empêché le Saint d'aller voir la Mère de Chantai. — Il se promet de célébrer avec elle, le lendemain, l'anniversaire de sa nais- sance et de dire la Messe à la Visitation, Annecy, 22 janvier 1614 (i). Que diray-je plus ma très chère Mère? En somme, il ( I ) La fête de sainte Emérentienne fixe le quantième du mois pour cette lettre écrite la veille, c'est-à-dire le 22 janvier. Quant à l'année, 1614 est  144 Lettres de saint François de Sales faut acquiescer a la Providence de Dieu en ces petitz momens quil faut employer tantost en ceci, tantost en cela, au préjudice de l'extrême désir que j'ay de voir ma pauvre très chère Mère. J'allois : M. Flocard ( et M. de Conflens ( = ) me sont venu parler de vos affaires. Quand ilz m'ont laissé, j'alloys de rechef; il m'a falu arrester avec les députés d'un Monastère qui est de ma charge, qui me sont venu proposer leurs nécessités pour continuer leur reforme. Quel moyen de refuser cette si bonne au- dience a des gens qui viennent pour Dieu, et de deux jour- nées loin, pour une si bonne affaire (3) ? Le cœur de ma Mère, comme le mien propre, se fut courroucé et mutiné si, pour tel sujet, je n'eusse renoncé a son contentement qui est le mien mesme. Mays demain, o c'est le jour de sainte Emerentienne et de la naissance de ma Mère ; Dieu ne permettra pas que je sois ainsy retenu, car mesme j'ay a conférer avec elle de choses qui sont pour son Amour divin (4) et asseurer la partie. Il faut aller dire la Messe pour cette Mère auprès d'elle, et elle l'oiiyra cordialement des sa chambre (5), affin qu'elle et moy, d'un cœur, d'un esprit et d'un'ame, offrions a sa divine Majesté la suite de nostre vie, pour consacrer a son service tous les instans qui nous en restent. Cependant, je vay a la prière que nous espérons de convertir bien tost en action de grâces pour la paix (6).  la date la plus vraisemblable, à cause des prières et de l'espoir pour la paix. (Voir le billet précédent et la note qui l'accompagne.) Par l'écriture et l'apparence des deux Autographes, on juge qu'ils sont de la même époque. ( I ) Sans doute Barthélémy Floccard, docteur ès-droits, conseiller du duc de Nemours et collatéral au Conseil de Genevois. Il sera destinataire plus tard. (2) Antoine de Boëge, seigneur de Conflans(voir tome XIV, note ( 2 ), p. 391). (3) En raison du long voyage, on peut croire que cette députation venait de Sixt. (Voir les tomes XI, note ( i ), p. 316; XII, note (i), p. 226; XIII, note ( 2), p. 169.) (4) Voir p. 140, le billet du 11 janvier. (5) La Mère de Chantai devait être souffrante en ce temps-là. (6) La paix espérée ne dura pas; l'arbitrage proposé par le marquis d'Yno- yosa ne fut pas agréé des Mantouans, et le président Favre, qui devait défendre juridiquement les droits de son prince à Milan, devant un conseil d'arbitres, revint en Savoie le 5 mars 1614, sans avoir pu remplir sa mission. (Cf. Mugnier, Hist. du Président Favre, Paris, 1902-1903, p. 393.;  Année 1614 145 Bonsoir, ma très chère Mère ; reposes bien nostre cœur sur la poitrine de nostre Sauveur. Amen. Revu sur l'Autographe conserve à la Visitation de San Renio (Italie).  CMLVI AU DUC DE SAVOIE, CHARLES-EMMANUEL 1«^ Le Duc ayant agréé le projet de confier aux Barnabites le collège de la ville, est supplié de le faire réussir. Annecy, 23 janvier 1614. Monseigneur, L'espérance que ce peuple de Neci et de Genevoys a conceiie de voir ce collège (O, qui est maintenant presque en friche, remis a la Congrégation des Pères Barnabi- tes (-), n'a ni rayson ni fondement que sur la bonté (i) Le collège Chappuisien, fondé à Annecy par Eustache Chappuis. (Voir tome XIV, note (i), p. 291.) (2) Cette Congrégation doit son origine à saint Antoine-Marie Zaccaria, qui en jeta les fondements à Milan en 1534, avec le concours de Barthélémy Ferrari et de Jacques Morigia. L'année suivante, Paul III exempta de la juridiction des Ordinaires la nouvelle famille religieuse et la plaça sous la protection du Saint-Siège. En 1538, la Maison principale de l'Institut se fixa dans un ancien monastère de Milan, à côté de l'église Saint-Barnabe, d'où le nom de Barnabites donné à ces Religieux. On les appelle aussi Clercs réguliers de Saint-Paul, soit par la volonté du Fondateur, soit par une dispo- sition du Souverain Pontife qui les avait approuvés. La Congrégation se proposait, comme fin principale, la prédication, l'instruction de la jeunesse et tout ce qui pouvait contribuer au salut du prochain. Grégoire XIII en sanctionna les Constitutions par un Bref du 7 novembre 1579. Dès les débuts du xvn° siècle, les Barnabites s'étaient concilié autant par leur zèle que par leurs talents, la faveur des princes catholiques, en Allemagne, en France, en Savoie. Cet Ordre a donné, et jusque dans notre temps, à l'Eglise et aux lettres, des hommes très remarquables. Restauré depuis 1815, il eut en 1897 la gloire de voir son Instituteur inscrit au catalogue des Saints. Un des premiers historiens de saint François de Sales, le P. de la Rivière (Vie, etc., 1625, liv. III, chap. xx), a noté sa spéciale affection pour les Clercs de Saint-Paul, « à cause, » dit-il, « de la doctrine, candeur et simplicité qu'il recognoissoit en eux. Donc il les hantoit fort familièrement, et conversoit avec eux ne plus ne moins que s'il eust esté l'un d'entre eux. Il disnoit souvent en Lettres VI 10  146 Lettres de saint François de Sales paternelle de Vostre Altesse Serenissime, laquelle en a eu aggreable le projet ( ^ ), non seulement par ce quil estoit propre pour le proffit publiq temporel de ses très humbles sujetz, mais aussi pour l'utilité quil rapporteroit au salut des âmes. A cett' occasion, Monseigneur, je supplie de rechef Vostre Altesse Serenissime, en toute humilité, de le faire puissamment reuscir a la gloire de Dieu i^\ que je prie incessamment la vouloir a jamais prospérer, et suis. Monseigneur, Vostre très humble, très obéissant et très fidèle orateur et serviteur. Francs E. de Genève. A Neci, le xxv janvier 16 14. Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. leur reffectoir et disoit gracieusement qu'il estoit Barnabite, c'est à dire fils de consolation. » « Quand le Bienheureux allait dehors, » remarque VAnin'e Sainte (tome VI, p. 754), « il remettait volontiers ses enfants spirituels à ces bons Pères pour les confesser et diriger. — Ces jeunes plantes cultivées par vos soins, croîtront si fort en mon absence, » leur disait-il, « qu'à mon retour j'aurai peine à les reconnaître. >> Mais pour savoir tout le bien que l'Evèque de Genève pensait de ces dignes Religieux, et qu'il en attendait, il faut lire la lettre du 6 novembre 1617, pleine des louanges les plus délicates et les plus décisives. (i) Lors de son passage à Turin (fin avril 1613), François de Sales avait su intéresser le duc de Savoie au malheureux état du collège d'Annecy. Le prince lui ayant recommandé les Barnabites, comme très capables de servir son des- sein, il exposa son projet et son désir au P. Général de l'Ordre dans les entre- tiens qu'il eut avec lui à Milan, les 27 et 28 avril. (Cf. ci-dessus, note (2), p. I.) Dom Mazenta accorda tout ce que demandait le saint Evéque. De retour à Annecy, recevant le 27 mai suivant, « le compliment de felici- tation de la Ville qui etoit allée en cors lui faire la bienvenue, » le Bienheu- reux « parla a ces Messieurs si efficacement, que dans cette seule et première visite, il tira le consentement verbal de tous pour l'établissement des Révé- rends Pères Barnabites dans le collège de ce lieu. » (Ancien Ms. de VAnne'e Sainte, 27 mai.) (2) Les Barnabites furent mis en possession du collège Chappuisien le 5 juillet 1614. (Cf. ci-après, la lettre du 8 juillet au duc de Savoie.)  Année 1614 147  CMLVII A M. PHILIPPE DE QUOEX La réforme de Talloires et l'affaire de M'"« des Gouffiers. — Nouvelles et commissions pour Rome. — Instructions à suivre dans une négociation auprès des Congrégations romaines. Annecy, 27 janvier 1614. Monsieur, Mais je vous remercie infiniment de la douceur avec laquelle vous recevés mes intentions (0 qui, en vérité, ne sont que sincères et de servir nostre commun Maistre. Mays c'est trop dit entre nous qui, a mon advis, nous connoissons trop bien l'un l'autre, pour avoir besoin ni d'excuses, ni de paroles en telles occurrences. J'ay receu la lettre de Monseigneur le Cardinal Bor- ghesio (2), et on ne touche nullement au procès despuis vostre despart (3). M*^' le Nonce (4) me commanda de (i) Voir ci-dessus, p. 113, la Lettre cmxxxvii au même, dans laquelle le Saint expose ses vues sur la réforme de Talloires. (2) Scipion Caffarelli, fils de Marc-Antoine Caffarelli et de Hortense Borghese, sœur du Pape Paul V, naquit en 1576. Son oncle l'adopta, lui donna son nom et le fit cardinal-prêtre de Saint-Chrysogone, le 18 juillet 1605. Grand pénitencier, puis archiprètre des basiliques de Latran et du Vatican en 1609, bibliothécaire apostolique, préfet de la Signature de grâce, légat d'Avignon, le Cardinal Borghese devint en 1610 archevêque de Bologne, résigna ce siège en 1612, reçut en 1629 révêché de Sabine et mourut à Rome le 2 octobre 1633. Il fut inhumé à Sainte-Marie-Majeure, dans la chapelle qui porte son nom. Aussi libéral que riche, il employa ses immenses revenus à restaurer les églises, celles surtout dédiées à la Sainte Vierge, à créer des monastères, etc. Son affabilité, ses manières aimables lui gagnèrent tous les cœurs et le firent nommer « les délices de Rome. » Comme Secrétaire d'Etat, il joua un grand rôle dans les affaires religieuses de son temps, ainsi que l'atteste sa correspondance avec les diverses Nonciatures, conservée aux Archives Vaticanes. (D'après Ciaconius, Hist. Pontif. et Card., 1677, tom. IV, et Moroni, Di^ionario di erudi\iont storico-ecchsiastica, 1840, vol. VI,) Voir à l'Appendice I, la lettre que le Cardinal adressait à saint François de Sales le 28 décembre 1613, et celle du 22 août 1614. (3) Saint François de Sales fait allusion au procès entre les Feuillants et les Bénédictins de Talloires. (Voir ci-dessus, note(3), p. 113, etnote (2), p. u^,) (4) Msr Pierre-François Costa, Nonce à Turin (voir tome XIII, note ( i ), p. 251).  148 Lettres de saint François de Sales luy dire au vray Testât présent du monastère de Tal- loyre, ce que j'ay fait tant quil m'a esté possible (0. C'est maintenant a la providence de Dieu de decretter, et a nous d'attendre en paix et révérence ce quil luy plaira défaire reuscir, avec résignation de nostre volonté en la sienne tressainte. J'escris pour l'affaire de M"'" de Gouffier i^), une lettre au Cardinal Bellarmin (3), un' autre au Cardinal Lante(4), qui sont deux colonnes de mes espérances pour toutes les affaires de deçà, et la 3'' a la Congrégation de Ve- scovi (5). Celle du grand Cardinal Bellarmin est fort ample, et peut estre trop ; vous pouves, sil vous plait, en extraire un mémorial pour présenter au Cardinal Lante et a la Congrégation. Que si Dieu gratifie cette bonne ame, je pense quil sera a propos de faire commettre ou (i) Le Nonce avait promis le i^'" décembre 1613 au Cardinal Borghese d'envoyer le plus tôt possible des informations sur le différend qui divisait les PP. Feuillants et les Bénédictins de Talloires. Le 22 février 1614, le Cardinal en accusait réception. (Archiv. Vatic, Niiti:^. di Savoia, vol. 162, et Borghese L 909.) (2) La Religieuse du Paraclet, qui était encore à la Visitation d'Annecy. (Cf. la lettre de Philippe de Q_uoex, du 18 janvier 1614.. Appendice II.) (3) Voir, pour l'objet de cette lettre, le post-scriptum ci-après, p. 151, et le fragment qui le suit. (4) Marcel Lante, né à Rome, de Ludovic Lante et de Lavinia Maffei, fut d'abord auditeur de la Chambre apostolique, et le 11 septembre 1606 devint cardinal-prêtre, du titre des saints Quirice et Julitte. Nommé évéque de Todi la même année, il gouverna ce diocèse jusqu'en 162^, et dans la suite occupa successivement les sièges de Preneste, Tusculum, Porto et Ostie. Le Cardinal Lante mourut doyen du Sacré-Collège, le 29 avril 1652. Ses historiens s'accordent à louer sa grande piété, son esprit de mortification, la simplicité de ses mœurs, son zèle éclairé pour la formation des clercs. Les évèques pauvres de l'Allemagne et de l'Ecosse bénéficièrent largement de sa magnifique charité ; d'après Moroni, il dépensa « un million d'écus » en œuvres de bienfaisance. (Di^ionario di erudi:[ione storico-ecclesiasiica, vol. LIX, 1852, et vol. XXXVII, 1846; Ciaconius, tom. IV.) ( 5) La Congrégation des Evèques, qui paraît remonter à saint Pie V {1570), d'abord distincte de celle des Réguliers, lui fut bientôt annexée sous l'unique dénomination de Congrégation des Evèques et Réguliers. Elle se composait d'un certain nombre de Cardinaux présidés par un Préfet, des secrétaire et sous- secrétaire et des consulteurs. Ses attributions s'étendaient à toutes les ques- tions, excepté celles qui regardent la foi, les Rites, la Propagande, etc. Récemment, une Constitution pontificale du 29 juin 1908 a modifié la Con- grégation des Evèques et Réguliers en lui substituant la Congrégation pour les affairés des Religieux, dont la juridiction précise est indiquée par son nom même.  Année 1614 149 Monseigneur de Maurienne (0, ou monsieur TAbbé d'Abondance (=*), ou moy, disjtinctim, ita ut uno non procedente, alius procédât (^). Par le premier, Dieu aydant, je vous escriray i)our la Visitation des églises des Apostres et vous envoyeray TEstat de cette Eglise (3\ A Thonon, tout est appaysé et ni a plus de mal qu'a Cervens (4). Nous avons receu les Indulgences ctim sumnio applansii 1^\ et ces bonnes Dames vous en sont infiniment obligées (5), ainsy que nous vous dirons a vostre retour. Puisque vous me parles du P. Monet (6), je vous prie  (a) séparément, afin que l'un intervienne à défaut de l'autre. (b) avec grand applaudissement. ( I ) François-Philibert Milliet de Faverges (voir tome XII, note ( 3 ), p. 195). (2) Vespasien Aiazza, abbé commendataire d'Abondance. (3) L'Etat du diocèse de Qenève, s'il fut dressé à cette époque par saint François de Sales, ne nous est pas parvenu, (4) Hameau situé dans la région de Thonon. La peste avait sévi depuis le printemps de 1613 en Faucigny et en Chablais. (Voirplus haut, note ( i ), p. 30.) (5) Dans le Livre des comptes de la Visitation d'Annecy, 1612-1616, on trouve cette note à la date du 12 janvier 1614 : « Tiré pour payer un Brief qui est venu de Rome, 37 florins 4 sols. » C'est sans doute le Bref des Indulgen- ces en question, A propos de ces mêmes Indulgences, le Saint écrivait le 27 avril 1616 : « Je n'ai pas voulu » les « faire publier, parce qu'il m'a semblé » qu'elles « avaient été concédées comme si cette Congrégation eût été une « Association.., de femmes vivant chacune dans sa maison; ce qui n'est pas, « car elles vivent toutes ensemble. » Aussi, dans la même lettre, il en solli- citait d'autres plus amples. (6) Philibert Monet naquit en 1566, non à Bonneville (H'*^-Savoie) (1), mais au village de Bona, commune de Dortan (Ain), Il entra dans la Compagnie de Jésus le 24 août £590 et fit ses derniers vœux le 11 novembre 1602. Après avoir enseigné les humanités pendant cinq ans, il fut préfet des études et professeur de théologie morale au collège de la Trinité à Lyon, et y mourut le i*^"" avril 1643. -^^ P- Monet se fit remarquer par sa connaissance de la langue latine; son Deîectus latinitatis, qui parut en 1612, a toujours été beaucoup loué par les meilleurs juges. Avant d'être un habile latiniste, il avait fait ses premières armes comme missionnaire dans le Chablais (cf, tome XII, p. 38), où il séjourna de 1599 à 1602, secondant de tout son pouvoir le zèle de saint François de Sales. (Cf. Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, Paris 1894, tome V.)  ( i) C'est sur la foi de Gr'ûlet (Dictionnaire historique... des départemens du Mont-Blanc et du Léman, Chambéry, 1807, tome I, p. 382), que le P. Monet a été dit originaire de Bonneville, au tome ill de notre Edition, p. lxix.  i^o Lettres de saint François de Sales de le saluer de ma part et, par son entremise, le P. Ri- cheome ( ; et vous suppliant de ne point perdre courage en l'affaire de M™^ de Gouffier, je demeure de tout mon cœur, Monsieur, Vostre plus humble très affectionné confrère, F., E. de Genève. XXVII janvier 1614. Pour M. de Syrvinges (2), qui pourroit obtenir une licence quil demeurast extra monasterium (c), cela suf&roit ; Monsieur TEvesque de Mascon(3) luy promet de l'assister de ses recommandations. Il y a une lettre de monsieur l'Abbé d'Abondance au P. Benedetto Justiniano, en faveur de l'affaire de M""" de (c) hors du monastère. ( I ) Né à Digne en 1544, Louis Richeome suivit à Paris, en 1564, les cours du P. Maldonat au collège de Clermont ; le 25 juillet de Tannée suivante, il entra au noviciat. Recteur du collège de Dijon, où il fit la profession solen- nelle, deux fois provincial de Lyon et une fois d'Aquitaine (1608-1615), il mourut le 15 septembre 1625 au collège de Bordeaux. Pendant quarante ans et sans nuire aux occupations de charges importantes, le vaillant polémiste se consacra à la défense de l'Eglise et de sa famille religieuse. De Taveu même de ses adversaires, il avait la plume bien taillée. L'ardeur de ses convictions, son érudition variée, sa dialectique incisive et hardie, lui acquirent en son temps une grande célébrité. Plusieurs de ses ouvrages furent traduits en diverses langues. Notre Saint en faisait grande estime ; il vante « ses beaux escritz, » « ses beaux opuscules » et sa personne, dans le Traitté de V Amour de Dieu, tome IV, pp. 6 et 97 de notre Edition. (Voir Sommervogel, ubi supra, 1895, tome VI, et Prat. Recherches sur la O'e de Jésus, Lyon, 1876.) (2) Sans doute le même ecclésiastique qui avait introduit M'"^ des Gouffiers à la Visitation d'Annecy. {Voir le tome précédent, note (2), p. 335.) Leurs noms se suivent dans la lettre du Saint parce que ces deux personnes avaient des intérêts semblables et le même espoir de vivre sous sa direction. En janvier 1614, M. de Syrvinges, ^//«.s Sevelinges, se proposait ou était proposé vraisemblablement pour remplir les fonctions d'aumônier au futur monastère de Lyon ; il s'agissait d'obtenir sa liberté, au moins provisoire. De fait, les choses s'arrangèrent au gré du saint Fondateur. (Cf. la lettre de Philippe de Quoex, du 18 janvier 1614, Appendice II.) L'abbaye de Belleville n'étant distante de Mâcon que de quelques lieues, il est assez probable que l'Evêque (voir la note suivante) se soit fait le protec- teur du pieux dessein de « M. l'Aumosnier. » (3) Gaspard Dinet, né à Moulins le 6 janvier 1569,. cinquième fils de Jacques Dinet, chancelier de la principauté de Bourbonnais, et de Philippine Euvrand, entra chez les Minimes de Vincennes en 1586 ; envoyé à Rome par ses supérieurs, il y reçut la prêtrise le jour des Rois, 1591. Visiteur général, puis vicaire général de so^ Institut, il fut nommé en 1595, sur la désignation  Année 1614 isi (ioLiffier; mais il faudra, sil vous plait, Tinstruire et l'employer es occurrences. C'est un Père fort courtoys et qui, comme je pense, pourra beaucoup ( ^ '. Verte folium (2). Il faudra donq bien observer ces troys pointz : le i""', de faire que Ton commette (^) in istis parti bus, atteso che questa signora vi é, et si ritniova cento leghe lontana del Paracleto (3)^ di deboJe complessione, et  (d) en ces pays-ci, attendu que cette dame s'y trouve maintenant, et à cent lieues du Paraclet ( 3 ), qu'elle est de petite complexion, que expresse du Roi, prédicateur de la cour. Les chaires fameuses du temps se disputaient sa parole. Dans leur Chapitre général, tenu en 1397 à Avignon, les Minimes songèrent à élire le jeune Religieux déjà célèbre, pour la charge suprême. Par modestie il Téluda et vint se reposer à Lyon, où les magistrats de Màcon renvoyèrent prier de répondre aux attaques de Cassegrain, l'auda- cieux prédicant. '^Voir tome XIII, note ( r \ p. 50.) Les conférences qu'il soutint publiquement contre lui à Pont-de-Veyle et à Màcon en 1398 accrurent encore la réputation de l'humble Religieux. L'année suivante, le Roi l'obligeait de remplacer à Màcon Luc Alamanni, l'evéque démissionnaire, et le 6 janvier 1600, à Paris, il recevait la consécration épiscopale des mains du Cardinal de Joyeuse. Par ses visites, par ses ordonnances synodales et ses libérales aumônes, il restaura la discipline ecclésiastique et la vie chrétienne, très débilitées à la suite des guerres religieuses. Henri IV l'avait pris pour confident et ne lui écrivait qu'en chiffres connus de lui seul. Me"" Dinet mourut le i^"" décembre i6ig, après d'atroces souffrances, saintement supportées. (D'après VHistoire des Evêques de Màcon, par le C'° de la Rochette, Màcon, 1867, tome II.) (i) Issu de l'illustre famille Giustiniani et né à Gènes en 1551, Benoît entra en 1568 au noviciat de la Compagnie de Jésus à Rome. Docteur en philo- sophie et en théologie, profès des quatre vœux, prédicateur du Pape, recteur du Collège romain et de la Pénitencerie du Vatican, il fut encore théologien de la Congrégation de la Sacrée Pénitencerie, et donné à ce même titre au Cardinal Cajétan, pendant sa légation en Pologne. Sa mort arriva à Rome, le 19 décembre 1622. Les délicates fonctions de pénitencier et le savoir théolo- gique du P. Giustiniani donnaient du prix à ses conseils et du crédit à ses recommandations. Voilà pourquoi le Saint sollicitait son intervention dans l'affaire de M"^^ des Gouffiers. Vers 1617, c'est encore sur son entremise qu'il comptait pour faire agréer au Saint-Siège, le projet de fondation d'un Sémi- naire. (Voir Sommervogel, ubi supra, tome III.) ( 2 ) Tout ce qui précède tient sur la première page de l'Autographe ; les deux alinéas qui suivent la signature sont écrits dans la marge de gauche, Tindication Verte foliiim se trouve au bas du recto, à droite, et la fin du texte au verso. (3) Cette abbaye, d'abord simple oratoire qu'Abailard avait bâti en 1123 près de Nogent-sur-Seine, eut pour première abbesse, en 1129, la célèbre Héloise. Le Paraclet, ainsi nommé par son fondateur, acquit dans la suite  1^2 Lettres de saint François de Sales che nel Paracleto si fece il primo sfor^o, etsifarehbe poi il seconda, la signora Abhadessa essendo poten- tissima (^). Le 2, c'est que il faut que ladite dame de Gouffier soit délivrée de Tobligation de sa profession, affin que, selon son désir, elle puisse estre receue en la Congrégation de la Visitation, laquelle, bien que ce ne soit pas une Reli- gion formelle, est néanmoins une mayson de fort bonne discipline et propre pour cette personne ; puisqu'ell'est d'ailleurs de si petite complexion, qu'elle ne pourroit porter l'austérité ni de Sainte Claire ni des Carmelines, ni d'autres Religions formelles esquelles on fait des gran- des veillées, des grandes abstinences et autres mortifica- tions et aspretés corporelles qui requièrent une entière santé. Le 3, il faut bien honnestement remonstrer qu'au Para- clet, ces Dames ont toutes leurs maysons a part, et madame l'Abbesse aussi, avec des trains d'hommes et de femmes, sans Règle, sans clausure, sans méthode ni discipline quelcomque. Le reste se verra dans les lettres qu'a cett'intention je vous envoyé ouvertes. Mitte sapientem et volentem, et nihil dicas (^). Tenes conte des portz, car tout sera ramboursé, Dieu aydant. Encor qu'en la lettre de la  c'est au Paraclet qu'elle subit une première contrainte, ce qui se renouvellerait encore une seconde fois, car madame TAbbesse est très puissante ( r ). (e) Envoyez un homme sage et complaisant, et ne dites rien. de grands biens, devint chef d'Ordre et compta d'illustres abbesses, dont la dernière fut madame de Roncy. Le monastère fut détruit en partie pendant la Révolution. (i) Marie de la Rochefoucault, abbesse de i'J93 à 1639, fille d'Antoine de la Rochefoucault, « seigneur de Chaumont, chambellan du Roi et chevalier de son Ordre, » et de Cécile de Montmirail de Chambourcy. Sa famille géra la dignité abbatiale comme une sorte de fief et donna, de 1595 à 1727, cinq abbesses au Paraclet; leur train de vie était princier. Une sœur de Marie, Françoise de la Rochefoucault, dame de Neuvy, est dite « tante » d'Hélène Arnault des Gouffiers, dans le contrat de mariage de celle-ci avec le baron d'Anlezy, 31 mai 1606. (Cf. ci-après, note (r), p. 154.)  Annéh 1614 153 Congrégation (Oje parle quil seroit pluslost expédient de changer le vœu, néanmoins je sçai bien que cela ne se fait pas ; mais c'est pour monstrer la nécessité de cett' ame, a laquelle il seroit expédient de plustost changer le vœu que de la laisser sans remède. Vous mesnageres le tout, car j'ay escrit a la haste et a cause du passage du courrier, et en un langage que je ne possède pas trop bien (-). Je ne sçai sil seroit point expédient défaire voir mes lettres au Père Benedetto Justiniano. Vous considères (sic) le tout avec la grâce de Dieu, que je vous souhaite de tout mon cœur. Amen. A Monsieur Monsieur de S'^ Catherine (3). Revu sur l'Autographe conservé à la Bibliothèque communale d'Amiens. ( I ) La lettre à la Congrégation des Evèques et Réguliers mentionnée ci- dessus, p. 148. (2) Saint François de Sales avait sans doute écrit en italien les lettres dont il parle plus haut, p. 148, aux Cardinaux Bellarmin et Lante et à la Congré- gation des Evêques. (3) Philippe de Quoex, recteur d'une chapelle dédiée à sainte Catherine, était ordinairement désigné sous ce nom. (Cf. tome XII, note ( i ), p. 30.)  MEMOIRE POUR M. PHILIPPE DE QUOEX CONCERNANT MADAME DES GOUFFIERS (l) (fragment) Il faut bien faire entendre comme non seulement avant que de faire la profession, elle protesta de la force et ( I ) Le contenu de ce fragment se rapporte à l'affaire de M'"'= des Gouffiers que M. de Sainte-Catherine était chargé de poursuivre en Cour de Rome. (Voir ci-dessus, pp. 148, 151, 152.) Notre texte serait une partie d'un Mémoire explicatif qui devait le guider dans ses démarches : fut-il remis à Philippe de Quoex à son départ (novembre 1613), ou bien lui aurait-il été adressé à Rome après la lettre du 27 janvier 1614, pour préciser les observations de celle-ci? il nous a été impossible de le définir. Malgré cette incertitude, ces lignes nous paraissent devoir être insérées ici à titre documentaire.  154 Lettres de saint François de Sales violence que sa mère (0 luy faysoit, et que par cette crainte seulement, et non de volonté, elle faysoit ladite profession, qu'elle desiroit estre déclarée nulle en tems et lieu (2) ; dont il y a acte par deux notaires. Mays aussi, despuis, elle a protesté devant plusieurs personnes de qualité (3), a diverses fois, qu'elle ne se tenoit nullement pour Religieuse et ne vouloit l'estre. Mais la crainte de sa mère durant, elle n'ose se retirer, ni procurer ses expéditions. Item^ comme ce qu'elle s'est esloignee de sa mère luy a donné liberté de recourir a la justice du Saint Siège. Que l'Abbesse du Paraclet est une grande dame qui tient grand train (4), et le monastère en lieu champestre, qui ne reconnoist aucun supérieur (3); de sorte que si la suppliante alloit la, elle seroit forcée, et par sa mère naturelle et par l'Abbesse, d'y demeurer, et empescheroit on la vérification de ses allégations, laquelle se fera mieux, plus solidement et plus facilement par l'Ordinaire du lieu ou ell'est l^').  (i) Gabrielle de Fedict, qualifiée de « haulte et puissante dame » dans un contrat du 51 mai 1606 (cf. ci-dessus, note ( i ), p. 152), y figure aussi comme << espouze de... Gilles du Breuil, chevallier de l'Ordre du Roy, seigneur de Theon et Chasteaubardon, » au pays de Saintonge. En premières noces, elle avait épousé « noble François Arnault, seigneur des Gouffiers, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roy. » Trois filles étaient nées de ce mariage, Hélène, Vivienne, Elisabeth la Religieuse du Paraclet. (Archives de M. le comte de Damas d'Anlezy.) (2) Cf. le tome précédent, note ( i ), p. 343, et ci-dessus, p. 152. Voir aussi la lettre du 28 septembre 1614 au baron d'Anlezy, beau-frère de M™'^ des Gouffiers. ( 3) Voir à la fin du volume, la minute de la lettre de M""^ des Gouffiers au Cardinal Barberini, écrite par le Saint. (4) Voir ci-dessus, note (i), p. 152. (5) Marie de la Rochefoucault, en effet, ne reconnaissait pas l'autorité de l'Evèque de Troyes et prétendait ne relever que du Pape. (Archives des Evêques et Réguliers, T (Troyes), 9 mai 1614.) (6) M'"° des Gouffiers demeurait alors à Annecy; l'Ordinaire était donc François de Sales lui-même.  Année 1614 155  CMLVTII A MADAME DI-: LA VALBONNE Il ne faut jamais cesser de coopérer de son mieux au salut du prochain. — Comment aborder une âme pécheresse et avec quel sentiment. — Le moin- dre brin du divin amour, préférable à tous les trésors du monde. Annecy, 5 février 1614 (i). Je VOUS escris subitement, ma très chère Nièce, sur le sujet que vous me touchastes dernièrement, parce que n'ayant pas eu de porteur d'asseurance, je n'avois pas voulu vous faire responce a ce point la. Cette pauvre misérable Bellot (2) a une ame qui ne veut point estre corrigée par censures, car elles ne luy ont pas manqué au commencement de ses vanités, cause de sa ruine ; et la bonne Mère de Chantai n'a rien espar- gné de ce qu'elle pouvoit penser estre propre pour l'en retirer (3\ prévoyant bien que cette humeur vaine la porteroit plus loin que pour Ihors elle ne s'imaginoit. Néanmoins, on ne sçait pas les conseilz de Dieu, et ne faut jamais cesser de coopérer au salut du prochain en la meilleure façon que Ton peut. Si donques vous pouvies parler a cette chetifve créature, la prenant un peu dou- cement et amoureusement, luy remonstrant combien elle seroit heureuse de vivre en la grâce de Dieu, l'enquerant si, quand elle [y] a vescu Ihors qu'elle vint en cette ville, elle n'estoit pas plus ayse que maintenant, et passant ainsy ( I ) La date de 1610 donnée par Migne au tome VI, col. v^^S, est fausse; les particularités du texte suggèrent celle que nous adoptons. On voit en effet, par une lettre de juin 1615 à la même destinataire (Lettre dccclxxxiv, p. 21), qu'à cette époque la « pauvre misérable Bellot » donnait du scandale à Chambéry et que M'^= de la Valbonne s'intéressait à sa conversion. En 1615, la présente lettre paraîtrait moins justifiée, car cette '< chetifve créature, » plus enfoncée dans sa vie de désordres, n'aurait pas été jugée capable d'accueil- lir de bienveillantes remontrances. Le 12 septembre 1616, le président Favre parlait de l'expulser de Chambéry. (Cf. le tome précédent, note ( i ), p. 335.) (2) Voir la note précédente, (3) On se rappelle que la pécheresse avait fait un séjour à la Visitation en 1613. (Voir le tome précédent, p. 335, et cf. ci-dessus, pp. 21, 22.)  156 Lettres de saint François de Sales tout bellement a luy représenter son malheur, je pense que cela la pourroit toucher. Mais il faut tesmoigner que vous estes portée d'amour envers elle, et que vous n'aves point eii horreur de son malheur. Or, quand vous ne feries que luy faire faire un bon souspir, Dieu en sera glorifié. Mais je croy bien que vous aures de la peyne a treuver la commodité de faire a propos cet office qui requiert beaucoup de loysir ; car on nous dit qu'elle est gardée fort soigneusement. O que de miséricordes Dieu fait aux âmes qu'il retient en sa très sainte crainte et en son divin amour ! Mieux vaut le moindre brin de ce trésor, que tout ce qui est au monde. Vives tous-jours toute a ce souverain Bien, ma très chère Fille ; c'est la prière ordinaire de Vostre très humble oncle et serviteur, Franç% E. de Genève. Le jour de sainte Agathe.  CMLIX  A M. CLAUDE DE BLONAY  Affaires d'argent. — Reconnaissance du Saint pour un service que lui a rendu Ms*" Gribaldi. — Nouvelles etrmessages. Annecy, 8 février 1614. Monsieur, J'ay fait délivrer au sieur curé de Massongier (0, présent porteur, le reste de l'argent que mes frères et moy devions a Monseigneur l'Archevesque mon père (2),  (i) Sous-diacre le 22 mars 1608, diacre le 31 mai et ordonné prêtre le 18 septembre de la même année, R'* Claude Benoît fut institué curé de Mas- songy le 9 juin 161 1 et en demeura titulaire jusqu'à sa mort, mars 1644. (R. E.) (2) Vespasien Gribaldi, archevêque démissionnaire de Vienne, des mains duquel saint François de Sales reçutla consécration épiscopale. (Voir tome XII, note ( I ), p. 24.)  Année 1614 157 pour celiiy (juil avoil fait délivrer a Paris pour nous (0. Or, je vous supplie de prendre la peyne de le conter et donner, et de retirer nostre obligation pour la nous ren- voyer a la première bonne commodité, avec le solvit, Iterriy de bien faire mes excuses s'il y a eii quelque sorte de manquement au tems, et de luy bien faire sentir combien je me sens obligé a sa faveur. Je sçay que je ne pourray jamais luy rendre aucun service de Tespece de ce bon office quil m'a fait (aussi bien saint Paul dit* que les enfans ne doivent pas thésauriser * 11 Cor., xn, n. pour les pereSy ouy bien les pères pour les enfans); mais si en quelque nature de service, et en celuy ci encor, je pouvois me revancher, je le ferois très aiFection- nement. Nous avons icy monsieur vostre Prieur avec lequel nous avons des aujourdhuy fait une bonne conférence (-). Nous en ferons une a part, monsieur l'Abbé (3) et moy, et puis nous conclurons, et je pense que vous aures du contentement. J'escris au bon monsieur l'advocat de Blonnay (4) suivant la resolution prise l'autre jour *. On * Vide pag. seq. m'a dit que la bonne M'"' du Foug estoit malade (5) ; a vostre première commodité, je vous prie de m'en faire ( r ) En 1602, sur « 6000 escus d'or » qu'avait coûté la terre de Thorens (voir tome XII, note ( i ), p. 125), deux mille seulement avaient été payés à la duchesse de Mercœur; restaient encore quatre mille écusàtrouver. M. de Blonay fut prié de chercher un préteur (voir ibid., la lettre du 21 octobre 1602); peut- être s'adressa-t-il à son voisin d'Evian, l'ancien Archevêque de Vienne. Le paiement dont il s'agit ici concerne évidemment cette dette. (Cf. aussi tome XV, note ( I ), p. 364, et ci-dessus, note ( i ), p. 39.) (2) On a vu déjà que Jean-François de Blonay, prieur commendataire de Saint-Paul en Chablais, avait une âme mobile et se portait au moins par le désir vers des ministères variés qui répondaient mal à ses aptitudes. (Cf. ci- dessus, pp. 91, 102.) Les conférences du saint Evèque avec le jeune prieur avaient sans doute pour but d'apaiser son esprit inquiet. (3) Vespasien Aiazza, abbé commendataire d'Abondance, ami intime de M. de Blonay. (4) Né avant 1575, Jean de Blonay, docteur ès-droits, fils de Claude de Blonay et de Pernette Decaulx ou Devaulx, juge en 1596 de la vallée d'Aulps, conseiller de la ville d'Evian en 1613, vivait encore en 1624. C'était le cousin- germain du destinataire de cette lettre. (5) Jeanne Barbier du Maney, veuve du Foug (cf. tome XIV, note (5), p. 371), figure comme marraine à Thonon le i"^"" janvier 1615. (Reg. par. de Thonon). Elle mourut avant 1619.  158 Lettres de saint François de Sales sçavoir quelque chose, car j'en suis en peyne, et prie Dieu quil la bénisse et nous aussi. Je suys, Monsieur, Vostre plus humble confrère. Francs, e. de Genève. VIII febvrier 1614. A Monsieur [Monsieur (0] de Blonnay. A S^ Paul. Je n'ay pas escrit la lettre a monsieur Vadvocat, mentionnée en la présente (2). Revu sur l'Autographe conservé au château de Marin (Chablais), Archives de Blonay. ( I ) Ce mot a dû disparaître à l'ouverture de la lettre. (2) Le Saint a écrit cette phrase après avoir fermé sa lettre et à la suite de Tadresse, ainsi que nous la reproduisons.  CMLX A MONSEIGNEUR HILDEBRAND JOST ÉVÊQUE NOMMÉ DE SION (0 (minute) Regrets sur la mort d'Adrien de Riedmatten, évêque de Sion; éloge de son zèle et de ses vertus. — Les airs de deuil transformés en chants d'allégresse à l'élection de Ms"" Jost. — François de Sales lui offre son concours pour la cérémonie du sacre. — Promesse d'entier dévouement. Annecy, 22 février 1614. Illustrissime ac Reverendissime in Christo Domine colendissime. Intima sane ac peculiari mœstitia lUustrissimi ac  Illustrissime, Reverendissime et très honoré Seigneur dans le Christ, C'est d'une très profonde et particulière tristesse que mon âme a (1) Hildebrand, curé de^Leytron et chanoine de Sion, fut élu évêque en novembre 1613. A la mort de son prédécesseur, Adrien II de Riedmatten, la  Année 1614 159 Reverendissimi J). Adriani, pra2decessori.s vestri, obitus animum meum exagitavit et affecit (0, non solum propter eam qua tantum Praesulem colebam venerationem, aut illam qua me vicissim ornabat benevolentiam, sed ideo maxime quod celeberrima Sedunensis Ecclesia, ac uni- versa Vallesiorum gens, insigni illo Principe et Pastore orbata iniquo tempore et praemature remansisset, cum religionis avitaB tuendae augendaeve Catholicae fidei zelo ac peritia, neminem cum defuncto Prsesule comparandum illis in partibus esse putaremus. Verum, ubi de Illustrissimse et Reverendissimœ Domi- nationis Vestrœ promotione a Reverendissimo Ecclesiae  été saisie et affligée à la mort de l'Illustrissime et Révérendissime M^"^ Adrien, votre prédécesseur! i ), non seulement à cause de l'hon- neur que je portais à un tel Prélat et de la bienveillance dont il m'honorait en retour, mais principalement à cause de la perte pré- maturée que vient de faire, d'un si excellent Prince et Pasteur, la célè- bre église de Sion et tout le pays de Valais, en un temps si fâcheux; car, selon nous, en fait de zèle et d'habileté pour défendre la religion des ancêtres et pour propager la foi catholique, l'Evèque défunt n'avait pas son pareil. Mais dès que nous eûmes appris la promotion de Votre Illustris- sime et Révérendissime Seigneurie, par un vénérable chanoine de situation du diocèse du Valais était tellement critique, que le Nonce de Savoie exprimait au Saint-Siège la crainte de voir élire <. par le Chapitre un héré- tique, ou du moins un sujet de mauvaise vie. » (Archiv. Vatic, Nun^iatura di Savoia, vol. 162.) Vraiment suscité de Dieu pour réformer le clergé et le peuple, M^r Jost déploya dans cette oeuvre une activité et une énergie qui furent couronnées de succès; mais il fut moins heureux dans ses efforts pour rétablir le pouvoir temporel des Evêques. Son courage, son zèle et sa piété lui méritèrent les éloges du Pape, des Nonces, de Louis XIII, du duc de Savoie et des cantons catholiques. Ses qualités et ses vertus lui valurent aussi la persévérante amitié de saint François de Sales, qui avait pressenti dès l'abord le mérite éminent du nouveau Prélat et les services qu'il devait ren- dre à son Eglise. Se trouvant aux fêtes du sacre d'Hildebrand, raconte un historien, l'Evèque de Genève s'était écrié dans un transport prophétique : " Ou le diocèse retirera de grands avantages de s'être donné un tel Pasteur, ou Dieu le châtiera sévèrement s'il méprise ses instructions et ses exem- ples. » Hildebrand Jost mourut en 1638, après vingt-cinq ans d'épiscopat. (D'après Boccard, Histoire du Valais, Genève, 1844.) ( I ) Adrien II de Riedmatten (voir tome XIII, note ( i ), p. 270) était mort au mois d'octobre 1613.  i6o Lettres de saint François de Sales vestrœ Canonico qui hue Ordinationis gratia accesse- rat (0, deque cumulatissimis personse vestrsB illuslrissi- mse dotibus, paulo fusius ac uberius audivimus, tum vero * joan., XVI, 20. tristiUa nostra versa est in gaudium * et luctus noster * Job, XXX, uit. versus est in cytharam *, ut nimirum Deo ingentes gra- tias ageremus quod lucernam suam in Hierusalem extingui non esset passus, sed pro pâtre filium excitasset * II Reg., XXI, 17; quem constitueret super civitatem * illam Sedunensem, m Reg.,xi, 36. XV, ^ o' 11 ^^ 6. »^ - quam et nos Sion appellamus. Hinc per amicos (inter quos nobilis vir Dominus Quarterius (2) in primis locum jampridem obtinet) Illus- trissimam et Reverendissimam Dominationem Vestram salutavimus ; et illa vicissim per multum Illustrem et admodum Reverendum Abbatem Agaunensem (3), me quoque amicissime salvere jussit.  votre église qui était venu ici pour une Ordination (0, et qu'il nous eût dit, avec force détails, les très riches qualités de votre éminente personne, notre tristesse alors se changea en joie et nos airs de deuil en des chants d'allégresse. Nous rendîmes à Dieu de grandes actions de grâces de ce qu'il n'avait pas laissé sa lampe s'éteindre en Jérusalem, et de ce qu'il avait remplacé le père par le fils, pour l'établir sur cette cité de Sedunum, que nous appelons Sion. Aussi, par nos amis (entre lesquels le noble seigneur de Q.uar- tery (2) tient un des premiers rangs depuis longtemps), j'ai adressé mes félicitations à Votre Illustrissime et Révérendissime Seigneurie, et vous, Monseigneur, à votre tour, vous m'avez envoyé vos très cordiales salutations par l'illustre et Révérendissime Abbé de Saint- Maurice (3).  ( I ) Deux clercs du diocèse de Sion vinrent à Annecy pour s'y faire ordon- ner : Pierre Guttier fut sous-diacre le 21 décembre 1613, diacre le 22 février 1614, et prêtre le 15 mars suivant. François Cocod reçut les Ordres mineurs le 22 février 16 14, le sous-diaconat et le diaconat les 1 5 et 19 mars, et enfin la prêtrise le 24 mai (R. E.). Le chanoine mentionné dans la présente lettre est-il un de ces ordinands ou un ecclésiastique venu pour les assister r (2) Très probablement le capitaine Antoine de Quartery qui sera plus tard destinataire. (3) Pierre du Nant de Grilly, abbé de Saint-Maurice depuis 1605. (Voir tome XIII, note ( i ), p. 269.)  Année 1614 161 Sic igitur, Illustrissime et Reverendissime Prsesul, quae intercepta videbatur antecessoris tui erga me ami- citia, tua, quam ex litteris tuis video propensione, meo- que ingenti desiderio, rediviva nunc laetior ac firmior futura est ac duratura. Sic enim, quod ad me spectat, me tibi tuisque rationibus addictissimum semper fore polliceor, ut non modo pro communi nostra? utriusque vocationis vinculo, fraterna quœque obsequia a me expec- tare debeas, sed etiam omnem quam optare placuerit, servi fidelissimi et humillimi accuratissimam operam. Itaque, sive Vestraî Illustrissimae ac Reverendissimœ Dominationis consecrationi celebrandse (0, sive ubi occa- sio sese dederit, omnibus aliis officiis quae e re sua suorumque fore existimaverit, me semper paratissimum et obsequentissimum habebit. Intérim, non desinam impensius a Domino Salvatore nostro petere ut tibi initiât auxilium de sancto *, quo * Ps. xix, 3. navem illam tuam gravissimis procellis agitatam, ad  Ainsi donc, Illustrissime et Reverendissime Prélat, l'amitié de votre prédécesseur envers moi, qui paraissait éteinte, va revivre et durer plus assurée et plus confiante que jamais. J'en ai pour garant vos sympathies, que me témoigne votre lettre, et le désir extrême que j'ai d'y correspondre. Pour moi, je puis vous promettre un dévoue- ment très fidèle à votre personne et à vos intérêts. Vous pouvez compter sur moi, non seulement pour tous les services fraternels qui dépendent de notre commune vocation, mais encore pour le concours empressé que vous attendriez d'un très dévoué et très humble ser- viteur. Si donc Votre Illustrissime et Reverendissime Seigneurie a besoin de moi pour sa consécration ( 0, ou suivant l'occasion, pour n'importe quel autre service, que ce soit pour son utilité personnelle ou pour celle des siens, elle me trouvera toujours prêt et disposé à lui faire plaisir. Cependant, je ne cesserai de demander avec instance à notre Seigneur et Sauveur qu'il vous envoie le secours d' en-haut, pour conduire heureusement votre vaisseau parmi les furieuses tempêtes déchaînées  (i) M^'" Hildebrand agréa cette offre gracieuse et pria saint François de Sales de prendre part à son sacre qui eut lieu le 7 décembre 161^. Lettres VI 1 1  102 Lettres de saint François de Sales optatum pacis ac fœlicissimœ pietatis portum salvam perducas. Illustrissimae ac Reverendissimae Dominationis Vestrae, Humillimus in Christo frater et servus, F. E. G. Annessii Gebennensium, xxii Februarii 1614.  contre lui, jusqu'au port désiré de la paix et de la bienheureuse piété. De Votre Illustrissime et Révérendissime Seigneurie, Le très humble frère et serviteur dans le Christ, François, Evêque de Genève. Annecy en Genevois, le 22 février 16 14.  AUTRE MINUTE DE LA LETTRE PRÉCÉDENTE (0 (3) Intima ac peculiari lUustrissimi D. Adriani, Domi- nationis Tuae R^^"" et 111™* antecessoris, obitus animum meum afFecit mestitia, non tantum propter eam qua tantum Prsesulem colebam observantiam, aut illam qua vicissim ipse me recreabat benevolentiam, sed ideo ma- xime quod Sedunensis Ecclesia et universa Vallesiorum gens, insigni Principe ac Pastore orbata remansisset, cui  Une profonde et particulière tristesse s'est emparée de moi à la mort de l'Illustrissime M=^ Adrien, prédécesseur de Votre Seigneurie Révérendissime et Illustrissime, non seulement pour le respect que je portais à un tel Prélat, ou pour la bienveillance dont il me gratifiait en retour, mais surtout parce que l'Eglise de Sion et tout le pays du Valais demeuraient privés d'un si excellent Prince et Pasteur. A (a) r Quo majore. . . Maxima saue inœstitia. . . J  (i) Voii l'Avant-Propos du tome XI. p. xxv.  'I- * Ps. XLIV  Année 1614 163 vel religioni avitse ac Catholicae tuendae augendseve 1^), zelo ac peritia neminem in illis partibus comparandum inter superstites esse i^) existimabamus. Verum, ubi de 111'^^* et R"^* Dominationis Vestrae pro- motione (^), a R''" Canonico EcclesiaB Vestrœ accepimus qui, etiam ipse, nos de dotibus quibus Deus omnipotens Vestram R'"'"" Personam uberrime cumulavit, ad amussim quoad per eum fieri poterat edocuit, tum vero, lU'"'' et j^me pj-ggsul, tristitia nostra versa est in gaudium *, aut, * Joan., xvi, 20. ut more Sacrae Scripturae dicam, versa est in cytha- ram *, qua nimirum («) gratias plurimas Deo ageremus * J^b, xxx, uit. quod lucernam suam in Hierusalem non extinxisset *, ' n R^'g-, xxi, 17 -, -7 r-T • r ' • I ! I Reg , XI, 36,XV sed pro patribus nlium nasci fecisset, quem constitueret principem super omnem illam terrain * tibique fausta ac salutaria praecaremur. Tum vero per amicos (inter quos nobilis vir D. Quar- terius in primis locum jamdudum obtinet) R""""" V. Domi- nationem salutandam duximus, cum praecipue multum  notre avis, parmi ceux qui lui survivent, personne ne pourrait lui être comparé pour le zèle et l'habileté, soit pour défendre la religion des ancêtres, soit pour propager la foi catholique. Mais en apprenant la promotion de Votre Seigneurie Illustrissime et Révérendissime par un révérend chanoine de votre Eglise, qui nous a dit aussi de quels dons le Dieu tout-puissant a comblé abon- damment votre Révérendissime personne, notre tristesse s'est changée en joie ou, afin de parler comme la Sainte Ecriture, en cythare, ren- dant à Dieu de grandes actions de grâces de ce qu'il n'avait pas éteint sa Imnpe en Jérusalem, mais de ce qu'il avait fait naître à la place des pères un fils, pour l'établir chefswr tout ce pays ; en même temps, nous avons songé à vous adresser tous nos vœux de bonheur et de salut. C'est alors que, par des amis (au nombre desquels M. de Quartery tient depuis longtemps la première place), nous avons fait parvenir nos félicitations à Votre Révérendissime Seigneurie, mais déjà le très (b) augendœve — f et pietatis ferendse omnibus bonis a Deo nemo compa- randum. . . J (c) esse — r cognosceremus J {à) promotiojie — f nuntium accepimus qui idem ipse cumulatissime. . . J (e) nimirum — f et laudes J plurimas T Dei providentise egimus et ut manus Excelsi dextera. . . J  164 Lettres de saint François de Sales Ill"5 et R'^"^ D. Abbas Agaunensis, me jam vestronomine per litteras (f) salvere jussisset. Sic ergo, 111'"" et R"'" Prsesul, quse intercepta mihi vide- batur antecessoris tui amicitia, nunc rediviva tua, quam ex litteris tuis percipio propensione, firmior ac constantior futura est. Sic enim, quod ad me (g) spectat, tibi deinceps tuisque omnibus rationibus addictum fore me polliceor, ut non modo pro communi nostrae utriusque vocationis vinculo fraterna quaeque obsequia a me expectare debeas, sed humillimam et accuratissimam servi fidissimi et devotissimi quam optare tibi placuerit operam. Itaque, sive Vestrse 111"''^ Dominationis consecrationi 1^) cele- brandse, sive ubi sese occasio dederit populo illi com- misso per nostros sacerdotes quoad per me [fieri] poterit juvando, me semper paratissimum et obsequentissimum habiturum spondeo. Intérim vero, quod hactenus feci, non desinam impen- sius praestare, ut scilicet a Deo (0 Salvatore nostro tibi  illustre et Révérend Abbé de Saint-Maurice nous avait, par lettre, salué de votre part. Ainsi, Illustrissime et Révérendissime Prélat, l'amitié de votre prédécesseur, qui me paraissait brisée pour toujours, va revivre plus ferme et plus suivie que jamais, si j'en juge par les sympathies que témoigne votre lettre. Pour moi, me voici désormais tout dévoué à votre personne et à vos intérêts, je vous en fais la promesse. Vous pouvez attendre de moi, non seulement les services fraternels qui dépendent de notre commune vocation, mais encore l'assistance la plus humble et la plus dévouée que vous désireriez du plus fidèle et du plus attaché des serviteurs. Qu'il s'agisse de la cérémonie du sacre de Votre Illustrissime Seigneurie, ou de donner secours à votre peuple, suivant l'occasion, par le ministère de nos prêtres, autant que cela dépendra de nous, je vous l'assure, vous me trouverez tou- jours prêt et tout empressé. En attendant, je continuerai avec plus d'instance ce que j'ai fait (f) per litteras — T salutasset J {g) ad me — f attinet J (h) consecrationi — T obeundse J (i) n Deo — r optimo J  Année 1614 165 auxilhim de sancto * exoptem, ut spiritii principali * Ps. xrx, 3. confirmatus *, navem (i) illam, jamdudum gravissimis • Ps. 1., i^. procellis agitatam (k) salvam ad optatum pacis ac feli- cissimae pietatis portum perducas. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Turin.  jusqu'à présent, en vous souhaitant, de Dieu notre Sauveur, le secours d'en-haut, afin que, confirmé par Vesprit de force, vous con- duisiez heureusement votre vaisseau parmi les redoutables tempêtes qui l'assaillent, au port désiré de la paix et de la bienheureuse piété. ( j ) confirmatus, — f Ecclesiam J (k) agUatam, — f in tuto communionis Cath. . . J  CMLXI A M. CLAUDE DE BLONAY Une entrevue jugée nécessaire. Annecy, 27 février 1614. Monsieur, Je loue Dieu dequoy vous viendrés, car cela sera a propos pour arrester toutes choses avec le bon M. le Prieur (O, lequel ne désire pas retourner en Chablaix. Mays je vous en ay escrit plus au long ( = ) par le sieur Jaquart (3). (i) Jean-François de Blonay, fils du destinataire (cf. ci-dessus, Lettre CMLIX). ( 2) Cette lettre ne nous est pas parvenue. (3) Un Claude Jaquart, inhumé le 7 avril 1625, figure dans les Registres paroissiaux de Thonon, ainsi qu'un Bernard Jaquart, sépulture le 27 mars 1636. Ce dernier était fils de Jean-Antoine Jaquart, de Talloires, domicilié à Thonon, et maître d'hôtel du marquis de Lullin.  i66 Lettres de saint François de Sales Cependant, aymes moy tous-jours, et saches que per- sonne du monde n'est plus que moy, Monsieur, Vostre humble très affectionné confrère serviteur, F., E. de Genève. XXVII febvrier 1614. A Monsieur Monsieur de Blonnay, Prefect de la S^« May son. A Thonon. Revu sur l'Autographe appartenant à M. le comte de la Fléchère, à Saint-Jeoire (Haute-Savoie).  CMLXII A M. ANTOINE DES HAYES Entremise du Saint pour l'une de ses parentes. — Son aversion pour les affaires d'intérêt. — Passage à Chambéry du Cardinal d'Est. Annecy, 17 mars 1614. Monsieur, C'est a tous propos, et pour cela presque hors de propos, que je vous importune des occurrences qui me viennent; mays la faveur de vostre bienveuillance m'as- seure. Je vous supplie de prendre la peyne de voir le mémorial ci joint, et de considérer si on pourroit en quelque sorte faire ressentir a madame d'Angoulesme (O l'obligation qu'eU'auroit de tenir compte a la seconde seur de la damoyselle de Charansonay ( = ), de la mo3^tié de la (i) Diane de France, née en 1538, fille légitimée de Henri II, épousa en 1553 Horace Farnese, duc de Castro. Veuve après six mois de mariage, elle prit une seconde alliance en 1557, avec François de Montmorency, fils du connétable, La duchesse négocia la réconciliation de Henri III son frère avec Henri de Navarre, le futur roi de France. Elle mourut à Paris le 11 janvier 1619. (Voir Moreri, 1740, tome III.) (2) Sans doute Louise de Charansonay, demoiselle de la Reine-Mère en 1^76, fille d'Hélène Acton et de Georges de Charansonay, « des mestres d'hostel  Année 1614 167 légitime de sa mère (0; car, selon Tadvis que vous pren- dres la peyne, sil vous plait, de m'en donner, je verray si ce sera chose qui se puisse entreprendre. Or, la damoy- selle qui praetend est ma parente, et pour me porter encor davantage, elle me veut donner la moytié de ce qu'elle pourroit avoir, pour estre employée en œuvres pies ( = ). Mays pourtant, j'ay une telle aversion de telles affaires, que sinon quil y eut grande apparence et de la facilité, je ne voudrois pas y penser. Je vous supplie donq, Monsieur, de me faire la grâce que de me faire sçavoir si, toutes choses considérées, c'est une prsetention digne d'estre relevée. Je vous escrivis il ny a que trois jours, et a M"'" de Charmoysi, qui me retiendra de vous entretenir davan- tage, estant mesmement pressé du départ de ce jeune gentilhomme qui, par sa courtoysie, m'offre bien de retarder, mais il n'est pas raysonnable. Je suis a jamais, et par mille sorte de devoir (sic), Monsieur, Vostre très humble serviteur, Franç% E. de Genève. XVII mars 16 14. Monsieur, je salue très humblement madame vostre de Sa Majesté très chrestienne, seigneur de Mallagny, etc., » conseiller du Roi et '( eschanson ordinaire de la Reine. » (Mss. Besson ; Mugnier et Dufour, Les Maillard, 1890, p. 122 ; Guichenon, Hist. de Bresse et de Biigey, 1650, Partie III, continuation.) La famille de Charansonay, près de Massiugy et de Runiilly, était dès le xvi^ siècle Tune des principales du pays. (i) Hélène Acton, veuve avant le 10 mai 1590, était morte à la date de cette lettre. Elle eut quatre filles : Louise (voir la note précédente), Jeanne (voir la note suivante), Jacqueline, mariée à Balthazard de la Ravoire, qui teste avec celui-ci à Turin le 8 octobre 1^76 ; Claudine, qui épousa successi- vement Antoine de Beaufort, Philibert de Bouvens, et Claude de Châtillon- Michaille. Son petit-fils, Thomas de Bouvens, baron de Troissy, fut page de Diane de France. (Guichenon. ubi supra, et Mss. Besson.) (2) Cette « damoyselle » est très vraisemblablement Jeanne de Charanso- nay, mariée à Jacques de Menthon-Beaumont, baron de Confignon, (Voir ci- dessus, note (3), p. 14.) Comme elle n'avait pas d'enfant, il est tout naturel qu'elle songeât à disposer de son bien en faveur d'œuvres charitables. Sa mort arriva vers 1624. On sait que Jean de Sales, grand-père du Saint, avait épousé Claudine, fille de Christin de Charansonay. Jeanne était donc parente de l'Evêque de Genève par les Charansonay et parles Menthon-Beaumont.  i68 Lettres de saint François de Sales femme et suis son très humble serviteur. Monsieur de Charmo3^si est a Chambery, ou il est rendu pour le pas- sage du Cardinal d'Est (0, et se porte fort bien ; qui est tout ce que je pourrois dire de plus aggreable a M™^ de [Charmoysi sa femme, ma cousine,] que je salue icy [avec vostre permission (2).] A Monsieur Monsieur des Hayes, Maistre d'hostel du Roy, Gouverneur de la ville et chasteau de Montargis. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Chartres. ( I ) Le « 12 mars 1614,3 quatre heures, le Sénat est allé en corps au chasteau a veoir et baiser les mains au ... Nonce et R""« Seigneur, Cardinal d'Est. » (Voir Mugnier, Les Registres des Entrées du Sénat, p. 8.|.) Alexandre d'Est, fils d'Alphonse, duc de Modène, et de Julie de la Ro- vere, né en 1568, fut créé cardinal-diacre du titre de Sainte-Marie in Via Lata le 3 mars 1598, promu au sacerdoce le 18 octobre 1621, et en même temps à révêché de Reggio. Il mourut à Rome très pieusement, au mois de mai 1624. Son amour pour les lettres l'inclina à rechercher la compagnie des hommes cultivés et à s'en faire le protecteur. Il déploya un zèle incomparable pour le bien spirituel de ses diocésains, secourut de ses largesses les Ordres religieux et fut en particulier l'ami dévoué des Théatins. Quand il se rendit en Espagne, Philippe III le reçut avec de grands honneurs, et c'est sans doute au cours de ce voyage qu'il fit halte à Chambery. (D'après Ciaconius, tome IV, et Moroni, Di^^ionario di erudi^ione, 1843, vol. XXII.) (2) Ces quelques mots mis entre crochets [ ], sont rétablis d'après le texte de Hérissant qui, le premier (1767), a publié la lettre; ils ont disparu de l'Autographe.  CMLXIII A LA MÈRE DE CHANTAL Le texte des Litanies de saint Joseph, revu, corrigé et accentué par le Fondateur de la Visitation. Annecy, 19 mars 1614. Ma très chère Fille, Voyla les Litanies du glorieux Père de nostre Vie et  Année 1614 169 de nostre Amour (O. Je croyois de vous les envoyer escrittes de ma main ; mais, comme vous sçavés, je ne suis pas a moy. J'ay néanmoins pris le loysir de les revoir, de les corriger et d'y mettre les accens, affin que nostre fille de Chastel ( = ) ay t plus de facilité a les chanter sans y faire des fautes. Mais vous, ma Fille, qui ne pourrés pas chanter les louanges de ce Saint de nostre cœur, vous les rumi- nerés, comme TEspouse, entre vos dens *; c'est a dire, *Cant., vu, 9. Cf. . ^ Traitté de V Am. de que vostre bouche estant close, vostre cœur sera ouvert Dieu, iiv.vi,ch. h a la méditation des grandeurs de cet Espoux de la Reyne ^^°"''' ^^' p- ^'°^' de tout le monde, nommé Père de Jésus*, et son premier * Luc, n, 48. adorateur après sa divine Espouse (3). Revu sur un ancien Ms. de V Année Sainte de la Visitation^ conservé au i"'"' Monastère d'Annecy. (i) Le bienheureux Fondateur prescrivit à ses filles de substituer, en cer- tains temps et à certaines fêtes, aux Litanies Laurétanes qu'elles récitent tous les jours après Complies, celles du saint Nom de Jésus, de la Passion, de saint Joseph, etc.; mais il leur enjoignit de n'en « point introduire d'autres... « extraordinaires dans le choeur... sans estre approuvées par l'Ordinaire. » (Directoire pour V Office^ Des Litanies.) Tout récemment, Sa Sainteté Pie X, par un Décret spécial en date du 21 mai 1906, a confirmé aux Monastères de l'Institut l'approbation des Ordinaires qui, pendant trois siècles, a sanctionné les prescriptions du Bienheureux tou- chant la récitation des Litanies non insérées au Bréviaire Romain. {2) Sœur Péronne-Marie (voir le tome précédent, note ( i ), p. 133). (3) « C'estoit l'intention de nostre Bienheureux Père, » écrit la Mère de Chantai (Directoire pour VOffice, Calendrier des Festes stables, 19 mars), « que toute nostre Congrégation eust une dévotion particulière a ce Saint et qu'on en celebrast dignement la feste. »  lyo Lettres de saint François de Sales  CMLXIV A MADAME DE LA VALBONNE (fragment) Pourquoi rintercession de saint François de Paule est propice à l'espérance des mères.  Annecy, [2 avril] 1614 (i  J'ay mille fois pensé pourquoy les fidèles invoquent cet admirable vierge et austère hermite ( = ) pour avoir des enfans, et en fin j'ay creu que, parce qu'il a tant aymé la simplicité, la petitesse et les petitz, Dieu accorde ordinairement des petitz enfans a ses devotz, quand ilz les demandent dans l'esprit du Saint, pour la gloire de Dieu, le salut des âmes et la paix des familles.  Revu sur un ancien Ms. de V Année Sainte de la Visitation, conservé au i®"" Monastère d'Annecy. ( I ) Le Bienheureux, lisons-nous dans VAyinée Sainte (ancien Ms.), « escrivant a madame... de la Valbonne, lui conseilla de faire une dévotion a saint Fran- çois de Paule pour obtenir des enfants, et il lui dit dans la même lettre : « J"ay mille fois pensé, » etc. Suit le fragment reproduit par notre texte ; la date en est à peu près certaine quant à Tannée (cf. le tome précédent, note ( i ), p. 217), mais le mois et le quantième sont donnés sous toutes réserves, puisque le manuscrit cité, en plaçant ce fragment au 2 avril, n'ajoute pas que la lettre d'où il est tiré fut envoyée ce même jour, fête du saint Fondateur des Minimes. (2) Saint François de Paule. Le 2 avril 1617, l'Evêque de Genève, « parce qu'il avoit une très grande dévotion » à ce « glorieux Sainct... et portoit une tres-syncere affection à ses enfans, » reçut à Grenoble, au monastère de Saint- André, des mains du P. Antoine de Billy, le « Cordon de TOrdre des Mini- mes. » (Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. IX.) « Souvent depuis, quand il rencontroit quelques uns de nostre compagnie, » écrit le P. de la Rivière, « il le tiroit de sa pochette, disant : Voyez si je ne suis pas de vos frères. » (Vie, liv. II, chap. III.)  Année 1614 171 CMLXV A UN GENTILHOMME (0 (billet inédit) Remerciements pour un envoi de venaison. Annecy, 12 avril 1614. Monsieur, Je vous remercie humblement de vostre souvenance et de la venayson, loiiant Dieu de vostre guerison, que je vous souhaiteray tous-jours longue et heureuse, puis- que de tout mon cœur je suis, Monsieur, Vostre plus humble très affectionné, Franc", E. de Genève. XII avril 161 4. Revu sur l'Autographe appartenant à M. le comte de Menthon, au château de Menthon (Annecy), (r) Il n'est pas possible de désigner le destinataire de ces lignes : serait- ce un membre de la famille de Menthon ?  CMLXVI  A MADAME DE LA FLECHERE  Une lettre recommandée.  Annecy, 12 avril 1614. Cette lettre, ma très chère Fille, vous est recomman- dée, ne sçachant a qui mieux en faire Taddresse a cause  172 Lettres de saint François de Sales du passage du cousin (0. Je n'ay encor peu voir la bonne Mère (2), ni presque respirer (3). Dieu vous comble de son très saint amour, et je suis, Ma très chère Fille, Plus que vostre très humble 12 avril 1614. (i) Le 17 mars M. de Charmoisy était à Chambéry (voir ci-dessus, p. i68); à son retour, il devait probablement passer à Rumilly, C'est sans doute à ce « cousin » que François de Sales écrivait la lettre recommandée aux soins de la destinataire. (2) La Mère de Chantai. {3) Après une absence de quelques jours, le saint Evêque, qui avait visité le 8 avril la paroisse de Montcel, venait de rentrer à Annecy, où il trouvait de nombreuses occupations qui absorbaient tous ses loisirs.  CMLXVII A LA MÈRE DE CHANTAL (inédite) Deux plans proposés pour la première église de la Visitation. — Le saint Fondateur désire « une petite eglisette bien façonnée, » Annecy, [vers le 14 avril] 1614 (i). L'église seroit plus belle dehors, le cœur [sic) estant sur la rivière, avec le presbitere ; la faysant dedans, il faudra chercher place ailleurs pour une cave pour retirer le bois et pour toutes les commodités que le bas estage de la tour pouvoit fournir (2). Vostre cœur sera dautant ( I ) Nous savons par les Délibérations municipales d'Annecy, que le 14 avril 1614 la Mère de Chantai fit demander à la Ville par M^ Georges Mingon, son agent, l'autorisation de construire l'église du Monastère « sur le canal de Thiouz. » Ce projet concorde avec les désirs qu'exprime ici le Bienheureux , il semble donc qu'il ait écrit ces lignes avant le 14 avril : d'où la date approxi- mative que nous leur assignons. (2) Cette « tour », dite « tour de Talloyres » parce que dépendante du prieuré de ce nom, était située « près le pont de l'asle (la halle), jouxte les muraillies de » la ville. Le 11 septembre 1613, elle fut vendue, avec le jardin attenant, aux Religieuses de la Visitation, par Charles de la Tour, prieur  Année 1614 173 moins propre a la santé quil sera plus bas, et faudra une grande descente pour y venir des le dortoir. Vostre dor- toir ne sera pas de plain pied, et en somme, il me semble qu'il y aura bien de la pe3me d'égaler la bienséance et commodité de l'un des desseins a l'autre. Il est vray que le dernier proposé sera d'abord de moindre despense et plus promptement exécuté. Je dis d'abord, par ce qu'en fin il faudra despendre pour faire les commodités domestiques hors de la tour, qu'on avoit projette de faire dans icelle. Pour moy, j'aymerois mieux une petite eglisette bien façonnée dehors, que ce grand et inutile vaste dedans (i). Toutefois il n'est pas raysonnable que mon opinion soit suivie, car je n'entens rien en tout cela ; ouy bien a chérir pretieusement ma très chère et très bonne Mère comme moy mesme. Que Dieu soit a jamais emmi son cœur et le mien. Amen. C'est pour obéir que j'escris ceci. Revu sur l'Autographe conservé chez les RR. PP. Missionnaires de Saint-François de Sales, à Annecy. commendataire ; après plusieurs difficultés, celui-ci avait reconnu qu'il lui serait très avantageux de céder au Monastère, pour le prix de 1400 florins, « une niayson toute vuyde, sans aulcung bastiment et par ce inhabitable, » et « en si mauvais estât qu'elle... menasse de tomber en totale ruyne. » (Archives de la Visitation d'Annecy, Livre des Contrats permanents.) Le 24 avril 1614, « les Dames de la Visitation » devaient commencera faire « descouvrir ladite tour, pour l'abattre et démolir. » (Reg. des Délib. du Conseil de Ville d'Annecy.) ( I ) « Le bas estage » de la tour de Talloires, achetée par « Dame Jeanne- Françoise Fremyot et les aultres dévotes Dames » de la Visitation, consistait en une « estable » qui était en partie de plain pied avec le rez-de-chaussée de la maison habitée par la Communauté. (Cf. le tome précédent, note (2), p. 219, et note ( i ), p. 245.) L'un des plans dressés pour l'érection de l'église proposait d'établir le chœur des Religieuses et le sanctuaire dans ce « bas estage, » de niveau avec le canal du Thiou qui décharge le lac. François de Sales conseille de les construire « sur la rivière, » c'est-à-dire d'élever l'église sur les sous-sols : son opinion fut suivie.  74 Lettres de saint François de Sales  CMLXVIII AUX CHANOINES DE LA COLLÉGIALE DE SAINTE-MARIE DE SAMOENS (l) Les statuts du Chapitre de Téglise cathédrale d'Annecy doivent servir de type à la collégiale de Samoëns. Annecy, 22 avril 1614. Messieurs, Conférant avec M. vostre Doyen i-) sur le règlement du service et affaires de vostre église, j'ay jugé quil falloit que vous eussies une copie des statutz de nostre cathédrale pour, sur iceux, former les vostres entre vous, et par après en venir icy traitter avec moy. Il vous expli- quera plus amplement mon intention, qui me fera finir la présente me recommandant a vos prières et disant, Messieurs, Vostre plus humble très affectionné confrère, FRANÇ^ E. de Genève. 22 avril 16 14. A Messieurs Messieurs du Chapitre de Samoen. Revu sur l'Autographe appartenant à M. Riondel, à Samoëns (Haute-Savoie) . ( I ) Le bénéfice-cure de Samoëns dépendait de Tabbaye de Sixt qui l'admi- nistrait par l'un de ses Religieux; mais peu à peu, les paroissiens en vinrent à désirer un autre régime. Grégoire XII se prêta à ce changement et accorda le 12 juillet 1575, aux démarches personnelles de Charles de Gex, seigneur de Vallon, l'érection de l'église de Samoëns en collégiale insigne. (Cf. ci-dessus, note (i), p. 9g.) Cette érection, toutefois, n'eut lieu que le 22 avril 1582. Le Chapitre devait se composer de sept chanoines prébendes, avec un doyen à la nomination du Pape, un archiprêtre-curé et un sacristain son vicaire. Le premier chanoine était nommé par la Ville. (Voir Tavernier, Hist. de Samoëns, chap. iv.) En 1614, la collégiale de Sainte-Marie de Samoëns comprenait parmi ses membres, Michel Defoug, Claude Cornut, Jean-Michel Jay, Henri Guillot, un autre Claude Cornut (?), Pierre-François de Bougier, Claude Chappuis, et à leur tête, François Cornut, doyen (voir la note suivante), Michel Pithon, archiprêtre, Jean Musy, sacristain. (R. E.) (2) François Cornut, originaire de Samoëns, tonsuré le 19 mai 1570, nommé chanoine de la collégiale le 20 juin 1588, n'ayant encore que le degré d'aco- lythe, reçut la prêtrise le 12 décembre 1590, et le 10 mai 1591 devint curé de la paroisse de Margencel qui l'avait eu pour premier économe le 3 décembre 1589. Promu doyen en i6o/|, il mourut le 11 août 1618. (R. E.)  Année 1614 175 CMLXIX A MADAME d'eSGRILLES (O Compassion et consolation du Saint. — Etre sur la croix, grâce insigne pour les âmes dédiées à Dieu. Annecy, 30 avril 1614. L'autre jour que la bonne madame de Treverney (2) fut icy, je sceu plus amplement la variété des travaux parmi lesquelz vous vives, ma très chère Seur, ma Fille, et certes, j'en eu de la compassion, mais plus de conso- lation encores, sur Tesperance que j'ay que Dieu vous tiendra de sa main et vous conduira *, par ce chemin * Cf. Ps. i.vxn, 24. qu'il a frayé, a beaucoup de perfection ; car je veux croire, ma chère Seur, que vous voulés demeurer éter- nellement liée a la tressainte volonté de cette divine Majesté et que vous luy aves consacrée toute vostre vie. Et cela estant ainsy, quelle grâce d'estre non seulement sous la croix, mais sur la croix, et au moins un peu crucifiée avec Nostre Seigneur ! Ayes bien courage, ma chère Seur, convertisses la nécessité en vertu, et ne per- des pas l'occasion de bien tesmoigner vostr'amour envers Dieu parmi les tribulations, ains}^ quil tesmoigna le sien envers nous parmi les espines. Mon ame souhaite le comble de toute sainteté a la vostre, et suis d'un'affection invariable, Vostre humble, très affectionné frère et serviteur, F., E. de Genève. XXX avril 16 14. Ce porteur va prendre M. de Charmoysi (3) a une jour- née de Mascon. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Reims. (i) De la comparaison de la présente lettre avec celle du 7 janvier précé- dent (voir ci-dessus, p. 133), il résulte qu'elle s'adresse à la même destinataire. (2) Péronne de Montfalcon, femme de Balthazard de Mouxy, seigneur de Travernay, et belle-sœur de M'"«î d'Escrilles. (Cf. ibid.) (3) Sans doute M""^ de Charmoisy, qui avait quitté Paris dès le 25 février (voir ci-dessus, note (4), p. 94); mais rien d'étonnant que des affaires l'aient arrêtée en chemin.  176 Lettres de saint François de Sales CMLXX AU ROI DE FRANCE, LOUIS XIII (O (minute) Remerciement au Roi pour une aumône promise à l'église de Gex. Annecy, [février-mai] 1614 {2). Sire, Cf. Ps. xvui, 7. Rien n'est caché a la chaleur du soleil * en ce monde ; rien n'est non plus esloigné du soin des bons Rois en leurs monarchies. C'est pourquoyVostre Majesté a regardé l'église de Gex, qui est sur le fin bord du royaume, et la voyant extrêmement misérable, luy a ordonné aumosne de trois cens escus (?) ; pour laquelle je vay maintenant ( I ) En 1614, François de Sales n'était pasconnupersonnellement de LouisXIII, mais le souvenir de l'amitié dont l'avait honoré Henri IV demeurait vivant à la cour de France. A la fin de l'automne 1618, quand le Cardinal de Savoie vint à Paris négocier le mariage de son frère le prince de Piémont avec Chris- tine de France, le Bienheureux l'accompagna, et s'attira promptement la sympathie respectueuse, la vénération du jeune Roi, qui l'appelait « son bon Père, son sainct Evesque. » Le prince voulut même « qu'il acceptast la charge de premier aumosnier de sa sœur, Madame Christine de France. » (Dépos. du marquis de LuUin, Process. remiss. Gebenn. (Il), ad art. 12.) Durant son séjour dans la capitale, le Saint porta plusieurs fois la parole devant la cour; les historiens nous ont gardé les dates précises de deux prédications : 11 no- vembre r6i8 et i^"" janvier 1619. Quelques années après la mort de saint François de Sales, retenu à Lyon par une maladie qui mit ses jours en péril (septembre 1630), Louis XIII fut ' inspiré de recourir à « l'intercession de M. de Genève, que le peuple qualifiait dès lors du titre de Bienheureux... La Reine envoya quérir par ses aumôniers le cœur de ce grand Serviteur de Dieu, » précieusement conservé à la Visi- tation de Bellecour. A peine le pieux monarque eut-il touché la sainte relique, « qu'il s'écria pénétré de joie : Je suis guéri ! » En reconnaissance, il offrit au Monastère « une boite d'or, en figure de cœur, estimée neuf cents livres, marquée aux armes de France et toute semée de fleurs de lys. »(Hisf. manuscrite du ler Mtère de Lyon.) (2 ) Le 31 juillet 1614, le Saint remercie le Roi des 300 écus dont il réclame la jouissance dans la présente lettre. Celle-ci est donc antérieure, mais doit être de la même année; il n'a pas été possible d'en préciser davantage la date. (3) Nous voyons dans une lettre du 28 août 1614 que le P. Cotton, S. J., avait « moyenne cest' aumosne, » et que les fonds en furent employés sans retard.  Année 1614 177 en esprit, avec tous les Catholiques de ce lieu-la, en faire action de grâces a vostre charité royale, Sire, laquelle nous supplions en toute humilité nous vouloir donner la jouissance de ce bienfait duquel nous avons des-ja la con- cession, pour laquelle nous implorerons a jamais la sou- veraine lx)nté de Nostre wSeigneur c^u'elle conserve et pros- père Vostre Majesté en l'abondance des grâces célestes. C'est le souhait perpétuel, Sire, De vostre très humble et très obéissant orateur et serviteur, Franç% E. de Genève.  CiMLXXI A LA MÈRE DE CHANTA L Impressions rétrospectives de TEvêque de Genève à propos de l'ostension du saint Suaire. — Ce qui lui vint au cœur de dire au Cardinal de Savoie. — Une recette de M'"'^ de Boisy. — La mort, source de la vie nouvelle. Annecy, 4 mai 1614. En attendant de nous voir, ma très chère Mère, mon ame salue la vostre de mille et mille souhaitz. Que Dieu la remplisse toute de la vie et mort de son Filz Nostre Seigneur ! J'estois il y a un an, et environ ces heures, a Turin (0, et monstrant le saint Suaire (2) parmi un si grand peuple, plusieurs gouttes de la sueur qui tomboit de mon visage ( I ) Voir plus haut, Lettre dccclxxih, p. i. (2) Grande pièce de toile de lin, jaunie par le temps, usée et déchirée par places, portant des empreintes confuses, avec des traces de brûlures. Elle mesure actuellement 4 mètres 38 de longueur et r mètre 10 de largeur; la tradition Ta toujours présentée comme ayant servi de linceul an Christ, quand son corps fut descendu de la croix. Le saint Suaire fut donné en 1353 à l'abbaye de Lirey, près de Troyes, par son fondateur, le comte Geoffroy P"" de Charny, gouverneur de Picardie. D'après l'hypothèse du P. Sauna Solaro (Or il serait le même que celui conservé  ( I ) La S. Sindotte che siveiiera a Torino, illustrata e difesa dal P. Giammaria Satina Solaro, d. C. d. G. Torino, Vincenzo Bona, 1901. Lettres VI 12  178 Lettres de saint François de Sales rencontrèrent dedans le saint Suaire mesme (0 ; et nostre cœur, sur cela, fit ce souhait : Hé, playse vous, Sauveur de ma vie, mesler mes indignes sueurs avec les vostres, et destremper mon sang, ma vie, mes affections dedans les mérites de vostre sacrée moiteur ! Ma très chère Mère, le Prince Cardinal (-) se cuyda fascher dequoy ma sueur degouttoit sur le saint Suaire de mon Sauveur ; mais il me vint au cœur de luy dire que Nostre Seigneur n'estoit pas si délicat, et qu'il n'avoit point respandu de sueur ni de sang que pour les mesler avec les nostres, affin de leur donner le prix de la vie éternelle. Ainsy puissent nos souspirs s'allier aux siens, affin qu'ilz montent en odeur de suavité devant le Père éternel. Mais dequoy me vay-je souvenir ? J'ay veu que quand mes frères estoyent malades en leur enfance, ma mère les faysoit coucher dans la chemise de mon père, disant que les sueurs des pères estoyent salutaires aux enfans. O que nostre cœur se couche, en cette sainte journée, en 1203 a Coustantinople, dans le monastère de Sainte-Marie des Blaquernes. Après le sac de la ville, on croit qu'il devint subrepticement la propriété d'un seigneur champenois, apparenté avec un ascendant du comte de Charny. M. Paul Vignon (Le Linceul du Christ, Paris, 2^ édit. 1902) admet aussi, mais pour une raison différente, l'identité des deux Suaires. En 1418, les chanoines de Lirey confient le précieux linceul à Humbert, comte de la Roche; sa veuve, Marguerite de Charny, s'en dessaisit en 1452 au profit des ducs de Savoie. Le 11 juin 1502, on le déposa dans la Sainte-Cha- pelle de Chambéry; là, il faillit être la proie des flammes qui dévorèrent en partie ce sanctuaire (1532). Enfin, en 1578, il fut transporté à Turin, où on le vénère aujourd'hui dans la chapelle de la Cathédrale. Il est roulé à l'inté- rieur d'un coffret métallique, muni de serrures multiples, lequel ne peut être ouvert qu'avec l'autorisation royale et l'assentiment de l'archiviste. François de Sales avait en singulière vénération le saint Suaire de Turin : « C'est le bouclier de ce pays, » dit-il un jour à l'Evèque de Belley, « c'est nostre grande relique... Certes, j'ay une raison particulière » d'y « estre dévot, parce que ma mère me dédia à Nostre Seigneur, lors que j'estois dans ses entrailles, devant ce sainct estendard de salut. » (Cf. Charles-Auguste, Histoire, etc.. liv. I.) Et de fait, c'était là « son image favorite, » ajoute Me"" Camus ; « il l'avoit... en broderie, en peinture, à l'huile, en taille douce, en enlumineure, en miniature, en demy-relief, en graveure. Il la mettoit à sa chambre, à sa chappelle, à son oratoire, à son estude, en sa s.iL% eu sa galerie, en ses Heures, par tout. » (L'Esprit du B. François de Sales, Pari?, Alliot, 1640, tome II, Partie V, Sect. xxiii.) ( I ) Cf. plus haut, note ( i ), p. 2. (2) Maurice de Savoie (voir tome XII, note ( i ), p. 345).  Année 1614 179 dans le Suaire de nostre divin Père, enveloppé de ses sueurs et de son sang ; et que la, il soit, comme [à] la mort mesme de ce divin Sauveur, enseveli dans le sepul- chre d'une invariable resolution de demeurer tous-jours mort en soy mesme jusques a ce qu'il resuscite en la gloire éternelle. Noi/s sommes ensevelis, dit l'Apostre *, * Rom., vi, 4. avec Jésus Christ en la mort d'iceluy, affiii que nous ne vivions plus de la vielle vie, mais de la nouvelle. Amen. Francs, £, de Genève Le 4 may 1614.  CMLXXII A MADAME DE LA FLÉCHÈRE Etre toute sainte : ce que renferme ce bref souhait. — La valeur d'une once de douceur durant un procès. — Une heureuse naissance. Annecy, s mai 1614. Je vous escris un billet par ce que c'est sans loysir, a cause quil me faut escrire en beaucoup de lieux. C'est seulement aussi pour vous saluer chèrement, ma très chère Fille, que mon cœur souhaite toute sainte, et par conséquent toute tranquille, toute juste, toute douce en la poursuite que vous aves a faire maintenant (0, sachant bien qu'une once de douceur et de charité emmi le soin d'un procès en vaut dix mille parmi les ordinaires occupations. (i) Au mois d'avril 1614, le Sénat de Chambéry se prononça pour le sénateur d'Avisé contre le comte de la Forest ; il s'agissait d'un paiement à faire en pièces d'or. (Cf. Codex Fahriantis, Genève 1765, tome I, p. 1007.) Ce même recueil mentionne un arrêt du 17 mai suivant, rendu par le Sénat dans un procès survenu entre le comte de la Forest et le seigueur de la Fléchera. 11 faut se rappeler que le premier était frère et l'autre, mari de la destinataire. Le procès qu'elle poursuivait se rapporte très vraisemblablement à l'une des deux affaires indiquées ci-dessus. Dès 1610, la pieuse châtelaine de Rumilly ne cessa presque pas de se débattre contre des tribulations de ce genre. (Cf. tome XIV, pp. 270, 285, 346, etc. ; tome XV, p. 90, etc.)  1^0 Lettres de saint François de Sales La chère nièce (0 est accouchée heureusement d'un gros garçon, bien nourri et fort vif i^\ et délivrée de sa fièvre et de ses autres incommodités. Nostre seur la Religieuse (3) la doit venir voir, elle sera bien ayse de treuver tout fait. Ma très chère Fille, je suis parfaitement tout vostre. Je n'oublieray pas le rafraischissement de la recomman- dation que le cher mari désire. Le 5 may 1614, a Neci. A Madame Madame de la Flechere. Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. ( I ) Madeleine Roero de Bressieu, nièce de la destinataire et femme de Louis de Sales. ( 2 ) On lit dans La Maison naturelle de St François de Sales, par de Haute- ville (Paris, 1669), Partie I, p. 2io : « Le digne héritier du bon sens, du bon jugement et de la vertu de Louys de Sales, est... François, marquis de Sales, digne neveu et filleul du grand saint François de Sales, qui le tint sur les fonds du saint Baptême. Ce seigneur est vivant, et Dieu a bénit sa famille de cinq garçons et d'une fille, qu'il a eu de son mariage avec mademoiselle Françoise Marie de Valpergue, sa chère épouse, qui l'a laissé veuf... au com- mencement de Tannée 1660. » Marié le 19 décembre 1648, devenu marquis de Sales-Thorensle 12 août 1665, iltesta le 7 janvier 1676. (Cf. Lettre cmlxxv, p. 184.) (3) Jeanne-Bonaventure de la Forest, Religieuse à Tabbaye de Bons.  CMLXXIII AU COMTE PROSPER-MARG DE TOURNON Gratitude et félicitations. — Un Théatin célèbre du temps, orateur et écrivain . Annecy, 10 mai ( i) 1614. Je vous remercie tous-jours parce que tous-jours vous me favorisés, et je vous remercieray encor tous-jours ( I ) Biaise (Nouvelles Lettres inédites, 1833, p. 17) donne la date du 10 mars, qui est assurément une erreur de lecture, très facile entre mars et may. Le 10 mars 1614 n'était que le quatrième lundi de Carême ; or, le Saint parle ici du Carême passé. La date adoptée est également justifiée par celle du « retour de Leurs Altesses. » (Voir la note suivante.)  Annéh 1614 181 parce que je ne veux estre tout a fait ingrat, ni je ne puis autrement tesmoigner que je ne [le] veux pas estre. Je loue Dieu de l'heureux retour de Leurs Altesses (0 et du contentement que vous receves de leurs faveurs, qui sont données a vostre zèle pour vostre service et dont vous aves rendu de si bonnes preuves ci devant. Vous me rendes trop glorieux, Monsieur, de me pro- mettre Thonneur de la bienveuillance de ce rare ambas- sadeur de Dieu, qui a si bien traitté des affaires célestes a Saint Jean le Caresme passé ( = ), et de me faire espérer la veuë de son Ajo ciel CJiristiano, livre qui, par le nom de son autheur et par son tiltre, ne promet rien moins que la perfection de son espèce (3). Cependant vous nous laissés entre l'attente et la crainte (i) Les princes Victor-Amédée et Philibert, fils du duc de Savoie. L'année précédente, le premier avait rejoint son frère en Espagne, pour solliciter l'appui de cette cour dans l'affaire du Montferrat. Il s'agissait d'obtenir l'exé- cution des clauses consenties pour le traité de paix, et en particulier la resti- tution, entre les mains de Charles-Emmanuel, de la petite princesse Marie, retenue par le duc de Mantoue. (Cf. plus haut, note (4), p. 2, et note ( i ), p. 104.) Parti au mois de juin, Victor-Amédée devait arriver à Barcelone en juillet. Il revint au printemps de l'année suivante; le 14 avril 1614, il était à Nice. Le prince Philibert quitta aussi l'Espagne avec son frère, et fut reçu à Naples par le vice-roi, le 25 août de la même année. (Turin, Archives de l'Etat, Lettere MtJtisfri, Spagna, et Lettere Principi.) (2) Une plaquette, devenue très rare, indique le nom de l'orateur qui prêcha le Carême de 1614 devant la cour de Savoie, à la cathédrale de Turin, dédiée à saint Jean-Baptiste : ce fut le P. Giliberti, religieux Théatin. (I Pre- dicatori quaresimaîisti délia Real Casa di Savoia. Memoria del Canonico Antonio Bosio, etc. Torino, Tip. S. Giuseppe, 1874.) (3) Né en Calabre, Vincent Giliberti entra chez les Théatins, fit profession à Naples le 22 mars 1587, devint Général de son Ordre (1621-1627) et mourut à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans, le 10 janvier 1656. On voudrait un style plus simple dans les écrits qu'il a laissés; la chaire convenait mieux à son tempérament, il s'y distingua par une parole vigoureuse et toujours aposto- lique. Mais ce fut avant tout un homme de gouvernement. Il appliqua sa vigilance de supérieur à la formation intellectuelle de ses Religieux et au maintien de la discipline régulière. Les premiers établissements de son Institut en Espagne, les missions parmi les barbares du Caucase et de la Colchide furent le fruit de son initiative. (Voir V'ezzoni, / scriftori dei Chierici Revolari detti Teaiini. Roma, stamperia délia S. C. de Propaçranda Fide, 1780.) On conçoit qu'un Religieux de tel mérite fût tenu en singulière estime à la cour de Savoie. L'ouvrage que le comte de Tournon promettait au Saint a pour titre : VAJo del Crisiiano. A Donna Isabella di Savoja, Duchessa di Modena. In Modena. presso Giuliano Cassiano, 1613.  i82 Lettres de saint François de Sales de vostre retour soudain et de vostre plus long séjour. Comme que ce soit, Dieu vous comble de prospérité, avec madame ma cousine (0 et tout ce qui vous est plus cher, et j'ay l'ordinaire honneur, Monsieur, d'estre Vostre très humble serviteur, FRANÇ^ E. de Genève, lo [mai] 1614. A Monsieur [Monsieur] le Comte de Tornon. A Thurin. (i) La comtesse de Tournon, femme du destinataire.  CMLXXIV AU DUC DE SAVOIE, CHARLES-EMMANUEL l" (minute) Un moyen d'accroître la dévotion au pays du Chablais. — L'abbaye de Ripaille et la piété des princes de Savoie. — Fermeté et constance de l'Ordre des Chartreux. Annecy, 12 juin 1614. Monseigneur, Lhors que j'eu Thonneur de faire la révérence a Vostre Altesse il y a un an (0, je luy proposay de faire loger les RR. Pères Chartreux en Tabba^^e de Filly en Chablaix ( = ), pour l'accroissement de la dévotion qu'un si saint Ordre feroit en ce païs la et pour l'ornement que la réparation (i) Au cours du voyage que l'Evêque de Genève avait fait à Milan, au printemps de 1613. (Cf. plus haut, p. 2.) (2) Voir tome XI, note ( i ), p. 252. Le 22 septembre 1611, François de Sales avait réconcilié l'église de l'abbaye, consacré l'autel, mis en possession des ruines du monastère et de deux petites pièces de terre adjacentes, son ami, Claude de Blonay, avec charge de célébrer à Filly une Messe par semaine. Dès lors, sans doute, l'Evêque dut concevoir le désir de faire revivre en ces quartiers la vie conventuelle, par l'introduction des Chartreux. (Cf. Gonthier, Couvres historiques, tome II, 1902, Notice sur l'abbaye c^e FH^y.)  Année 1614 183 d'une abbaye si remarquable y apporteroit. Mays du despuis, ayant sceu que Vostre Altesse avoit jette ses yeux et son désir sur Ripaille (1 ' pour le mesme effect, je m'en suis infiniment res-joui ; et en toute humilité je la supplie d'en ordonner au plus tost l'exécution, affin que nous voyons en nos jours la pieté restablie en un lieu qui a esté rendu tant signalé par celle que Messeigneurs les prédécesseurs mesmes de Vostre Altesse y ont si sainte- ment et honnorablement prattiquee (2); asseurant qu'en meilleures mains le généreux et pieux dessein de cette restauration ne pourroit estre confié, qu'en celles d'un Ordre si ferme et constant comme est celuy des Char- treux, lequel, ayant tous-jours esté des son commence- ment fort obligé a la serenissime Mayson de Vostre Altesse, luy a aussi réciproquement tous-jours esté et est très affectionné et dédié. Et tandis, je continue a supplier incessamment la divine Majesté qu'elle respande a jamais toutes ses plus chères bénédictions sur la personne et la couronne de Vostre Altesse, de laquelle je suis, Monseigneur, Très humble, très obéissant et très fidèle orateur et serviteur, FRANÇ^ E. de Genève. A Neci, le 12 juin 1614. (i) Cette restauration monastique qu'il sollicitait avec tant d'instance, le Saint ne devait pas la voir en ce monde. Les Chartreux ne s'installèrent dans Tabbaye de Ripaille qu'en 162^1, autorisés par Lettres patentes datées du 12 octobre 1623 et du 24 avril 1624. Le Général de l'Ordre donna les biens de la Chartreuse de Vallon au nouveau Monastère, qui porta les noms de Chartreuse de l'Annonciade, Chartreuse de Savoie, Chartreuse de Ripaille- Savoie, Chartreuse unie de Vallon et Ripaille, etc., et fut gouverné en pre- mier lieu par l'ancien prieur de Vallon, D. Laurent de Saint-Sixt. (Cf. Mém. de l'Acad. Salés, tomes V, XV, XXII, et Lefebvre, Saint-Bruno et l'Ordre des Chartreux, Paris, 1883, tome II, pp. 225, 365.) (2) Création d'un prince de la Maison de Savoie, l'abbaye fut toujours protégée par les Ducs qui la dotèrent de nombreuses fondations pieuses. Mais évidemment, l'allusion s'adresse surtout à Félix V (voir tome XIII, note (2), p. 546). Le témoignage du Saint en faveur de la piété d'Amédée VIII contredit nettement, on le voit, la légende qu'avaient accréditée les récits fantaisistes de certains historiens.  184 Lettres de saint François de Sales  CMLXXV A MADAME DE LA FLÉCHÈRE Le baptême d'un neveu du Saint : il se promet d'y voir M. et M'"" de Charmoisy, — Nouvelles et messages. Annecy, i 5 juin 1614. Ce billet escrit a Timpourveu vous saluera, ma très chère Fille, de la part de mon ame qui ayme parfaitement la vostre en Nostre Seigneur. Je n'ay eu nul mo3^en de respondre a vos lettres jusqu'à présent. Mercredi nous allons faire le baptesme du petit neveu (0, et la grande nièce ( = ) se porte beaucoup mieux. Nous pensons y avoir M. et M™^ de Charmoysi ; car encor que mon frère (3) ne le sçachepas, estant néanmoins tous les deux a Dalmaz (4) pour les noces de madamo3^selle de Dalmaz (5), il y a de l'apparence qu'ilz viendront a Presles (6), ou estant, il n'y auroit pas de l'apparence de ne les supplier pas (7), principalement parce que nous n'avons encor point veu la chère cousine (^). Or sus, ce pendant allés bien doucement sur le pavé de Chambery a la sollicitation de vostre affaire (9) ; mais je dis bien doucement, car c'est l'importance. (1) François, fils de Louis de Sales et de Madeleine Roero de Bressieu, fut donc baptisé le 18 juin. (Voir ci-dessus, note (2), p. 180.) (2) La mère de l'enfant, nièce de la destinataire. ( 3) Louis de Sales. {4) Dalmaz est sur la paroisse de la Balme-de-Sillingy, au nord d'Annecy. (5) Il est assez probable qu'il s'agit ici de D"^ Louise, fille de Charles- François de Dalmaz, qui épousa en premières noces Jean Brunet, seigneur de Doucy, et en secondes noces (contrat dotal du 14 août 1631), noble François Cristan. Elle était apparentée avec la famille de Charmoisy. (6) La terre de Presle (voir le tome précédent, note (3), p. 244), étant à peu de distance de la résidence de Louis de Sales à La Thuille, située à l'ex- trémité du lac d'Annecy, les Charmoisy ne pouvaient manquer d'être invités à la fête. (7) Le mot suppléer, qui se lit dans les éditions précédentes au lieu de supplier, est une erreur évidente de lecture. (8) Depuis son retour de Paris (cf. ci-dessus, note (3), p. 175). (9) Voir p. 179, la lettre du 5 mai à la même.  Année 1614 185 Madame nostre seur de Bons est a la Visitation (0, mais je ne l'ay encor point veuë. Madame des Grilles pense estre receuë le jour de la Visitation ( = ). Salués, je vous prie, de tout mon cœur nostre seur madame de Brescieu, et madame de la Valbonne et madame d'Aigue- belette (3). Je suis sans fin, Tout vostre en Nostre Seigneur, Francs E. de Genève. A Neci, le 13 juin 16 14. A Madame de la Flechere. (i) Jeanne-Bonaventure de la Forest, sœur de la destinataire, faisait peut- être une retraite au monastère. (Voir ci-dessus, p. 180.) (2) Marie de Mouxy, veuve d'Escrilles, reçut en effet le voile de la Visi- tation le 2 juillet. (Voir le tome précédent, note ( i ), p. 278.) (3) C'est à Chambéry que M'"= delà Fléchère devait rencontrer ces trois filles spirituelles du saint Evêque.  CMLXXVI A LA MÊME (0 Le duel et les censures de l'Eglise au xvii* siècle. — Le courage « desreglé n des catholiques qui acceptent le duel. — Ce qui tourmentait le plus François de Sales à leur sujet. — Une pieuse industrie. Annecy, 22 juin 1614 (2). Ma très chère Fille, Je voy par vostre lettre Testât de l'ame du cher mari, par le duel desseigné, et non commis, auquel il s'estoit résolu. Je ne pense pas qu'il y ait excommunication, (i) Le ton de la lettre, le titre de « compère » qui précède la signature désignent la destinataire. Rien d'étonnant que le mari de M'"'^ de la Fléchère ait voulu se battre en duel. Son humeur soudaine, la mode du temps, les poursuites d'un procès (voir la lettre précédente et celle du 5 mai, p. 179) rendent très vraisemblables de telles provocations. (2) Cette date est empruntée à l'édition de 1626; les autres éditeurs l'ont omise.  i86 Lettres de saint François de Sales car il n'est venu a aucun effect porté par les Canons (0. Mais, ma très chère Fille, je confesse que je suis scanda- lizé de voir des âmes bonnes catholiques, et qui d'ailleurs ont de l'affection a Dieu, estre si peu soigneuses du salut éternel, que de s'exposer au danger de ne voir jamais la face de Dieu et de voir a jamais et sentir les horreurs de Tenfer. En vérité, je ne puis penser comme Ton peut avoir un courage si desreglé, mesme pour des bagatelles et choses de rien (2). L'amour que je porte a mes amis, mais spécialement au cher mari, me fait hérisser les cheveux en teste quand je sçai qu'ilz sont en tel péril, et ce qui me tourmente le plus, c'est le peu d'apparence qu'il y a qu'ilz ayent le vray desplaysir qu'il faut avoir de l'offense de Dieu, puis qu'ilz ne tiennent conte de s'en empescher a l'advenir. Que ne ferois-je pas pour obtenir que telles choses ne se fissent plus ! Or, je ne dis pas cecy pour vous inquiéter. Il faut espérer que Dieu nous amendera tous ensemblement, pourveu que nous l'en supplions comme il faut. Procurés donq que le cher mari se confesse, car encor que je ne pense pas qu'il soit en excommunication, il est néan- moins en un terrible péché mortel, duquel il faut qu'il sorte soudain ; car l'excommunication ne se contracte qu'avec les effectz, mais le péché se contracte par la volonté. Je pense que j'auray bien tost le brasselet de la pré- sence de Dieu (3), que je supplie vous bénir de toutes  ( I ) Il y avait eu seulement provocation en duel ; or, celle-ci n'a été — au moins sûrement — punie des peines canoniques que par la Constitution de Pie IX, Aposfolicœ Sedis. (Cf. Schmalgrueber, Jus Ecclesiafic. univers. De- cretaL, lib. V, tit. xiv, n. 42, et Ferraris, Bibliotheca prompfa, art. Duellum, art. II, n. 6. — Voir aussi le tome précédent, note ( 2 ), p. 215.) (2) Cf. le tome précédent, p. 214, Lettre dcclxxvi à la même destinataire. (3) Sans doute un bracelet de dévotion. Le P. Vaubert, S. J., dans un opuscule intitulé : La Présence de Dieu,^Zï\e de '< certaines petites pratiques journalières qui réussissent à plusieurs... pour rappeler à tout moment » leur « âme de sa dissipation » et la maintenir dans le recueillement. « A la campa- gne, » dit-il, « où il n'y a pas d'horloge, quelques-uns mettent sur leur manche un signal, comme quelque passe-colère ou autre marque qui puissç servir à nous faire regarder Dieu présent par la foi, »>  Année 1614 1^7 les désirables bénédictions que vous puissiés désirer, ma très chère Fille. Vostre plus humble et très affectionné serviteur et compère, Franç% E. de Genève. Le 22 juin 1614, a Neci.  CMLXXVII A M. CLAUDE DE QUOEX (0 Avis et démarches pour obtenir l'annulation des vœux de M^^ des Gouffiers. Annecy, [juin ou juillet] 1614 (2), Monsieur, Je vous supplie de voir la lettre de nostre monsieur de Sainte Catherine (3) et me faire sçavoir, si pourtant vous en aves connoissance, quell' est la sentence dont il fait mention en la 2'"' ligne, comm'aussi sil seroit asses tost pour escrire que Ton pourroit bien accepter Monseigneur de Lion (4) pour commissaire ; car, a ce que je voy, cela faciliteroit beaucoup Taffaire (0, et M"'*" de Gofïier areceu une lettre de M'^TAbbesse du Paraclit(6) ( I ) Voir tome XII, note ( i ), p. 84. ( 2 ) M'"^ des Gouffiers sollicitait pour juge de sa cause devant les Congré- gations Romaines, l'Archevêque de Bourges, ou l'un ou l'autre des Evêques de Montpellier, Chàlon, Belley. On voit par une pièce datée du 9 mai 1614 (Archives des Evêques et Réguliers), que la Sacrée Congrégation demandait l'avis de l'Archevêque de Lyon; cette particularité aura suggéré au Saint de désirer ce dernier pour commissaire. Le 28 septembre de cette même année, François de Sales annonce au baron d'Anlezy que le « brevet requis pour la déclaration de la nullité des vœux » est « expédié » ; voilà pourquoi la date proposée semble convenir. (3) Philippe de Quoex, qui était alors à Rome. (Voir ci-dessus, pp. 147 seq.) (4) Msr Denis-Simon de Marquemont, archevêque de Lyon (1612-1626) ; il sera destinataire en 1615. (5) La dispense des voeux pour M""*^ des Gouffiers. (Voir ci-dessus, p. 152.) (6) Marie de la Rochefoucault (voir ibid., note ( i ).  i88 Lettres de saint François de Sales qui oste tout le scrupule qu'elle pouvoit avoir sur la personne de mondit seigneur TArchevesque. Cependant, engagé dans cet appointement, je vous donne mille fois le bonjour, et suis sans fin, Monsieur, Vostre plus humble, très affectionné serviteur, FRANÇ^ E. de Genève. A Monsieur Monsieur de Quoex, Conseiller de Sa Grandeur et premier Collatéral au Conseil de Genevois. Revu sur l'Autographe conservé à Chambéry, Archives du Sénat de Savoie.  CMLXXVIII A LA MÈRE DE CHANTAL Préparatifs d'une course sur le lac, Annecy, juillet 1614 ( i ). Il est impossible de se treuver demain a 9 heures, car ni madame VuUiat (2) ne sçauroit estre preste, ni je ne sçai comment nostre fille (3) le pourroit estr' aussi, attendu quil faudroit partir au fin moins a trois heures de mattin. Il sera donq mieux de bien s'apprester, pren- dr'une barque exprès et assigner le jour du départ i^). (i) Vers la fin de juin 1614, le duc de Nemours étant venu à Annecy, y demeura jusqu'en octobre. Nous savons par une lettre du 26 de ce mois, adressée parle Saint à M'"= des Gouffiers, que « M. le contreroUeur Vulliat » avait suivi le prince ; nul doute que M""® Vulliat n'ait accompagné son mari. Cette circonstance sert à dater ce billet avec quelque probabilité. (2) Il ne nous a pas été possible de découvrir des renseignements sur la femme de Mamert Vulliat (cf. le tome précédent, note (4), p. zj'j), qui, à partir de son séjour à Annecy, devint une fille spirituelle du saint Evèque. Souvent, dans les lettres qu'il adresse à Lyon, le Bienheureux envoie des messages à cette « fille nouvelle que » pour cela, dit-il, « j'en ayme un peu ten- « drement. » (Lettre du 26 octobre 1614.) (3) Françoise de Chantai. (4) Cette partie de barque sur le lac, qui demandait plusieurs heures et un départ si matinal, avait très probablement pour but une visite à Presle, aux Charmoisy qui venaient à peine d'y arriver (cf. ci-dessus, p. 184) et qui  Annhe 1614 189 Cependant, mille et mille fois le bon soir, ma très chère Mère, que Nostre Seigneur veuille a jamais bénir. Amen. Kt le bonsoir encor a la chère grande fille (0 et a la fille malade (2). Revu sur l'Autographe appartenant à M. Grosset, à Genève. étaient liés d'amitié avec la famille VuUiat. Dans le premier plan, il s'agissait sans doute de profiter d'un chaland de lourde allure qui transportait les blés ou d'autres marchandises, et dont les haltes fréquentes exigeaient qu'il partît de grand matin. Aussi, le Saint conseille-t-il « une barque exprès. » (i) M.'"'^ des Gouffiers était encore à Annecy en ce temps-là; quelquefois, le Fondateur l'appelle « grande fille. » (2) Il est difficile de désigner, parmi les Religieuses de la Visitation, celle qui était malade à cette époque.  CMLXXIX AU DUC DE SAVOIE, CHARLES-EMMANUEL 1" Les Pères Barnabites à Annecy, — Le Duc est prié de favoriser leur mission, d'une incomparable utilité pour le collège de la ville. Annecy, 8 juillet 1614. Monseigneur, Le bien de la venue des Pères Barnabites en cette ville ( ï ) est de si grande considération , que Vostre Altesse, (i) Les Religieux Barnabites destinés au collège d'Annecy furent D. Juste Guérin et D. Simplicien Fregoso. Des lettres de Charles-Emmanuel, datées du 23 juin 1614, adressées à TEvêque, aux Syndics d'Annecy, au Doyen de Notre-Dame et au Prieur de Saint-Dominique, avaient été apportées le 4 juillet par le seigneur de Saint-Paul, gentilhomme du duc de Nemours, avec une autre lettre du Cardinal Maurice pour saint François de Sales. Ces do- cuments, que l'on trouvera à l'Appendice I, II, prouvent combien étaient vives les sympathies de la cour de Savoie pour la restauration du collège Chappuisienet pour les Religieux qui venaient l'entreprendre. (Cf. ci-dessus, p. 145, la Lettre cmlvi et les notes qui l'accompagnent.) Le 5 juillet, « a neufz heures du matin, dans la grande sale du chasteau de ladicte cité, » le duc de Nemours, « en l'assistence de l'Excellence de Ms"" Sigismond d'Est, marquis de Lans, » ayant « faict entendre leur intention et bonne volonté a bouche sur la remission dudict collège, tant a mondict seigneur Reverendissime Evesque qu'aux Reverendz seigneurs et nobles  190 Lettres de saint François de Sales laquelle Ta si saintement désiré, le fera sans doute puis- samment reiiscir, non obstant les petites difficultés qui se présentent (0, qui ne procèdent que d'une bonne affection, a laquelle Vostre Altesse donnera, sil luy plait, la mesure et discrétion ; en sorte que si le Père General des Barnabites ( = ) ne pouvoit ouctroyer la dis- pense qu'on requiert (3), sa Congrégation ne laissast pas pour cela d'estre introduitte dans ce collège ou, en administrateurs..., a ce que lesdictz Reverendz Pères Bernabites fussent promp- tement introduitz et mis en l'entière possession dudict collège, » le contrat d'introduction fut passé ce même jour en présence de saint François de Sales, des conseillers de la Ville, de plusieurs chanoines et de quelques autres témoins. Toutefois, des difficultés surgirent (voir la note suivante) qui suspen- dirent l'installation officielle des Religieux; le contrat ne fut homologué que le i^"^ décembre par le Saint, et, le lendemain, par le Conseil du Genevois. (Archiv, commun. d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège Chappuisien.) (i) Tout d'abord, les oppositions vinrent de R'' François de Lornay, doyen de Notre-Dame, et du P. Bernardin de Charpenne, prieur de Saint-Dominique, qui étaient administrateurs du collège annécien. (Voir à l'Appendice II, la lettre que le Cardinal Maurice leur adresse le 20 septembre 1614.) Il en sera parlé plus en détail à mesure que les lettres ultérieures eu donneront l'occasion. (2) Jean-Ambroise Mazenta, né à Milan en 1565 de Louis Mazenta, séna- teur, et de Catherine Butigella, acquit, grâce à de brillantes études, une re- marquable connaissance du droit, de la philosophie et des mathématiques. Sa jeunesse, la distinction de son esprit attiraient déjà sur lui les regards du monde, quand il renonça à tout cet éclat pour embrasser l'humble vie des Religieux Barnabites : il avait vingt-cinq ans. Profès le 4 juin 1591, appli- qué, après sa prêtrise, au collège Saint-Alexandre de Milan, supérieur du collège de Pise en 1599, puis de celui de Saint-Michel à Bologne, il fut élu Général de son Ordre en 1612. (Cf. plus haut, note (2), p. i, et note ( i ), p. 146.) Sous sa vigoureuse impulsion, les lettres, les sciences, l'étude des langues anciennes prirent un grand essor dans sa famille religieuse. D. Ma- zenta eut le mérite de mener à bonne fin la fondation à Thonon du collège dont l'établissement avait été depuis longtemps projeté entre saint François de Sales et le duc de Savoie. Assistant du Père Général, puis visiteur de son Institut, directeur de la maison de Saint-Paul à Rome, enfin de nouveau as- sistant en 1626, il fut mandé de Milan parle Cardinal Barberini, qui lui confia une mission pour la Sicile de la part du Pape Urbain VIII. Après 1629, le cé- lèbre Religieux gouverna l'Institut comme vicaire général jusqu'en 1632. Il administrait la Province romaine sous le généralat de D. Jean-Baptiste Cri- velli, quand, au retour d'un voyage de Naples à Rome, il mourut pieusement des suites d'une attaque d'apoplexie, le 23 décembre 1636. Au milieu des hon- neurs qui le poursuivirent toute sa vie, D. Mazenta sut garder une parfaite simplicité d'âme unie à une délicieuse affabilité de caractère, ce qui lui valut d'être aimé des princes et des Papes. (D'après Ungarelli, Bihlioiheca scriptornm e Congregaiione Cler. reg. S. Pauli, Romae, 1856.) (3) Les Règles des Barnabites ne leur permettaient pas d'enseigner les hu- manités ; de là, nécessité de demander la dispense au Général.  Année 1614 191 tous evenemens, elTapportera un'utilité incomparable- ment plus désirable que tout ce qui s'y est fait jusques a présent. J'en supplie donq en toute humilité Vostre Altesse Serenissime, que Dieu face a jamais prospérer, selon l'extrême et continuel souhait, Monseigneur, de Vostre très humble et très obéissant serviteur et orateur, Franç% Evesque de Genève. VIII julliet 1614, a Ness}'. A Son Altesse Serenissime. Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.  CMLXXX  A MADAME DE LA FLECHEKK  '^INEDITE)  Nouvelles de la santé du Saint. — Regret d'avoir manqué une visite désirée. Annecy, 1 1 juillet 1614. Que je fus marri, ma très chère Fille, quand a mon réveil je sceu que le cher mari m'avoit demandé, car j'avois bien envie de l'entretenir un peu(0; mays je n'avois pas peu dormir la nuit, pour le reste de quelques inquiétudes corporelles que trois ou quatre jours de flux de ventre m'avoyent laissée (sic). Or pourtant, cela n'a rien esté sinon une évacuation de catarre, sans la- quelle indubitablement j'allois estre fort malade; la ou (i) M. de la Fléchère. qui désirait voir le Saint, venait peut-être conférer avec lui de sa conscience à propos du <( duel desseigné et non commis, >> dont il est question dans la lettre du 22 juin. (Voir ci-dessus, p. 185.) D'où le regret de François de Sales de n'avoir pu le recevoir.  192 Lettres de saint François de Sales maintenant je me porte fort bien, quoy que tous-jours un peu incommodé de ce flux qui, petit a petit, va passant. Ma très chère Fille, pries tous-jours bien Dieu pour mon cœur, qui vous ayme d'un amour plus que paternel, affin quil se purifie et que Tamour divin y règne sans exception, reserve, ni fin quelcomque; car ainsy ne cesse- je de vous souhaiter une parfaite sainteté. Je m'en vay voir nostre pauvre xMere (0 et la bonne j\/pie (i'Escrilles (2) qui m'attendent; je les salueray de vostre part, comme je a^ous prie de saluer la chère seur (3). Je suis d'un'ame nompareille. Tout vostre, F., E. de Genève. XI juUet 1614. A Madame Madame de la Flechere. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Mâcon. ( I ) La Mère de Chantai. ( 2 ) Sœur Marie-Madeleine de Mouxy, veuve d'Escrilles, qui venait de pren- dre le voile de novice à la Visitation. (Cf. ci-dessus, p. iS^) (3) M'"« de Bressieu, ou bien M""^ de la Forest, Religieuse de Bons, toutes deux sœurs de la destinataire.  CMLXXXI AU ROI DE FRANCE, LOUIS XIII Actions de grâces pour une gratification accordée aux églises du pays de Gex. Annecy, 31 juillet 161^. Sire, Les Catholiques de Gex et moy avons receu les trois cens escus d'aumosne que Vostre Majesté a donnés pour Vide supra, Epist. la réparation des églises *, avec une très humble révé- rence et action de grâces, non seulement parce que les  Année 1614 193 faveurs qui proviennent de si haut lieu sont tous-jours de grande estime, mais aussi parce que ce sont comme des arrhes de plus grans bienfaitz pour l'avenir; dont nous en espérons que la royale bonté de Vostre Majesté regardera de son œil propice la misère a laquelle There- sie a réduit ce pauvre balliage, pour respandre a son secours les grâces et assistances qui luy peuvent servir de remède. Ainsy Dieu soit a jamais le protecteur de Vostre Majesté, Sire, pour la combler des saintes bénédictions que luy souhaitte Vostre très humble et très obéissant orateur et serviteur, Francs E. de Genève. 31 julliet 161 4, a Nessi.  CMLXXXII  AU DUC DE BELLEGARDE  Double interprétation du titre de « filz » désiré par le destinataire. — Exhor- tation aux pratiques de piété. — Le monde, malgré sa malignité, estime les vrais dévots et la dévotion sérieuse et toute suave.  Annecy, 31 juillet 1614. Monsieur, J'ay receu la lettre par laquelle Vostre Grandeur s'ab- baisse jusques a me conjurer que des-ormaisje l'appelle mon Filz. Et ma petitesse s'esleve bien aussi jusques la que de le vouloir faire et penser que je le puis, sans faire tort a ce que vous estes, bien qu'a la vérité ce sera chose rare de voir la disproportion d'un si chetif père avec un enfant si relevé. Mays la nature mesme, qui est si sage, a bien fait une pareille singularité en une plante que les arboristes nomment communément le fil\ avant le père, parce qu'elle pousse son fruit avant ses fleurs. Et puis, Lettres VI 13  iq4 Lettres de saint François de Sales vous ne regardés pas, comme je pense, ma personne, mais cet Ordre sacré duquel elle est douée, qui est le premier de tous les Ordres en TEglise, de laquelle vous aves cet incomparable honneur et bonheur d'estre un * Cf. Ephes., V, 30. membre vivant*, et non seulement vivant, mais animé de l'amour sacré, qui seul est la vie de nostre vie, comme vos bons désirs tesmoignent. Or sus donq, Monsieur, je vous appelleray des-ormais mon Filz ; mais parce que vous sériés ennu3^é de voir tous-jours les protestations du respect avec lequel j'useray de ce terme d'amour, je vous veux dire une fois pour toutes que je vous nommeray mon Filz avec deux diffé- rentes mais accordantes affections, dont Jacob appella deux de ses enfans, enfans et filz. Car voyés-vous. Mon- sieur, il appella son cher Benjamin, son filz, avec un cœur si plein d'amour, que pour cela on a despuis appelle ainsy tous les enfans bienaymés de leurs pères. Mais son cher enfant Joseph, devenu vice roy en Egypte, il Tappella son filz avec un amour si plein d'honneur, que, *Gen., xxxvii, 9. pour ce grand honneur, il est dit que mesme il l'adora * ; car si bien ce fut en songe, ce ne fut pas en mensonge, mais en vérité, que ce grand gouverneur d'Egypte avoit veu, Ihors de son enfance, que son père, sous le signe du soleil, luy faysoit une profonde révérence que l'Es- *lbid. criture Sainte * appelle du nom d'adoration. Voyla donq comme je proteste de vous appeller mon Filz : et comme mon Benjamin d'amour, et comme mon Joseph d'honneur. Ainsy, ce mot de Filz sera plus plein d'honneur, de respect et de révérence que celu}^ de Mon- sieur; mais d'une révérence toute destrempee en l'amour, pour le meslange duquel elle respandra en mon ame une suavité qui n'aura point d'esgale. C'est pourquoy je n'adjousteray point au nom de Filz celuy de Monsieur, sinon quelquefois, parce qu'il n'en sera pas besoin, l'un estant plus exquisement compris en l'autre qu'il ne sçauroit estre exprimé. Que d'ayse, mon cher Filz, quand on me dit que vous estes le seigneur au grand cœur, qui, emmi ces vaines vanités de la cour, demeurés ferme en la resolution que  CMVI.  Année 1614 195 ce cœur a prise de contenter celuy de Dieu * ! Hé, si faites, * Cf. supra, Epist. mon cher Filz ; persévères a communier souvent et a faire les autres exercices que Dieu vous a si souvent inspirés. Le monde croit de vous avoir des-ja perdu, il ne vous tient plus des siens. Il se faut bien garder qu'il ne vous regaigne, car ce seroit vous perdre du tout que de vous laisser gaigner a cet infortuné que Dieu a perdu et perdra éternellement. Le monde vous admirera et, malgré sa mauvaise humeur, il vous regardera par honneur quand il vous verra emmi ses palais, ses galeries, ses cabinetz, conserver soigneusement les règles de la dévotion, mais dévotion sage, sérieuse, forte, invariable, noble et toute suave. Ainsy soit il, mon cher Filz. Qu'a jamais Dieu soit vostre grandeur et le monde vostre mespris, et je suis ce père qui vous ayme comme son Benjamin et vous honnore comme son Joseph. Franç% E. de Genève. Le dernier juillet 1614.  CMLXXXIII AU BARON FRANÇOIS OU VILLARS (M (inédite) Plaintedu Saint contre une prétention exorbitantequ'avaient eue les protestants à l'assemblée des Etats du bailliage de Gex, Annecy, i^'' août 1614. Monsieur, J'ay sceu tout ce qui s'est passé pour l'assemblée des trois Estatz de vostre balliage au préjudice de celuy ( I ) Le second feuillet de l'Autographe, qui devait porter l'adresse, a été détaché; mais sur la languette de papier, marquée au cachet du Saint, qui fermait la lettre, on trouve la note suivante, écrite vraisemblablement par M. Dunant, curé de Gex : « Concerne l'assemblée des 3 Estatz faicte chez le S"" Ballif, ou les ministres furent préférez aux ecclésiastiques par la toUerance du S"" Ballif. » Le destinataire est ainsi clairement désigné : en 1614, François de Boyvin, baron du Villars, exerçait les fonctions de bailli de Gex. (Voir tome XII, note ( i ), p. 417, et tome XV, note (3), p. 338.)  ig6 Lettres de saint François de Sales des trois qui a tous-jours esté le premier et le plus favorisé en France (0, et lequel estant sous ma charge pour ce quartier la, permettes mo}^ Monsieur, que je me plaigne a vous premièrement, et que je vous supplie de voir si ce tort se pourra reparer entre vous et ces bons ecclésiasti- ques, avant que le devoir de ma charge m'oblige de m'en douloir ailleurs. Je vous honnore de tout mon cœur, et tous nos gens d'Eglise vous tiennent pour leur bon père ; mays en cette cause qui regarde la gloire de Dieu et le respect de Testât ecclésiastique, nous ne pouvons rien dissimuler. Considères donq. Monsieur, que les huguenotz non seulement ne sont pas du clergé, mais haïssent et le nom et la chose sacrée quil signiiie, et jamais ne fut veu que les ministres fissent cors a part en France. Il n'est pas raysonnable de mettre Dagon sur Tautel avec TArche de I Reg., V, 1-6. l'alliance : Dieu l'a déclaré *. Monsieur, je me prometz qu'y ayant bien pensé, vous nous osteres ce juste sujet de plainte, et nous conser- verés, comme je désire a jamais continuer, en l'affection qui m'a fait par tout nommer, Monsieur, Vostre plus humble asseuré serviteur, Franc*, E. de Genève. I aoust 1614, a Nessi. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Amiens. (i) Les ministres hérétiques s'étaient présentés à l'assemblée particulière des Etats du bailliage de Gex, avec la prétention d'y figurer dans le corps de l'Eglise. Le bailli manqua de fermeté et. par forme d'expédient, ordonna que prêtres catholiques et ministres calvinistes se retireraient de l'assemblée. François de Sales proteste ici contre cette mesure ; mais il ne borna pas là sa plainte, car une pièce du 22 septembre 1614, conservée aux Archives de la Côte-d'Or (B. 12072, n*' 5), nous apprend qu'elle fut transmise par les Etats de la province de Bourgogne au chancelier de France.  Année 1614 195 CMLXXX *« A LA MÈRE DE CHANTAL (0 (fragment)  Piété et patience de Gallois de Sales, frère du Saint, durant sa dernière maladie.  bis  Sales, 29 ou 30 juillet 1614 (2).  Il faut tous-jours, ma chère Fille, que je vous die quel- que chose de nos affaires domestiques et de Testât de la famille a laquelle vous prenes tant de part. Nous venons de rendre icy les derniers devoirs a feu mon très cher frère de Boisy : il est trespassé despuis peu entre mes bras ; je luy ay fermé les yeux et la bouche, mais il  (i) C'est bien la Mère de Chantai que désigne comme destinataire, l'auteur auquel nous empruntons ce fragment (De Hauteville, La Maison naturelle de St François de Sales, Paris, 1669, P^ Partie, p. 209); mais cette attribution nous paraît fort contestable. La chère Fille du Saint, qui s'intéressait à tous les événements de la famille de son Bienheureux Père comme s'il s'était agi de la sienne propre, avait-elle besoin d'être renseignée sur la longue maladie du défunt ? Il semble que les premières lignes de ce texte conviendraient mieux, adressées à une autre fille spirituelle de TEvêque, très liée avec les siens, mais moins intimement que la Fondatrice de la Visitation. M"""^ de la Fléchère peut être proposée avec beaucoup de vraisemblance pour destinataire ; le ton familier, loin de contredire l'hypothèse, la justi- fierait plutôt. Toutefois, cette conjecture ne nous parait pas assez fondée pour corriger l'adresse donnée par le chanoine de Hauteville. (2) D'après les Registres paroissiaux de Groisy, Gallois de Sales, seigneur de Villaroget, puis de Boisy et de Groisy, mourut le 29 juillet 1614, et fut inhumé le lendemain dans le chœur de l'église, en présence du saint Evêque, de ses frères et de trois Pères Dominicains. (Voir tome XI, note ( i ), p. 12, et tome XV, note (2), p. 263.) On peut déduire de cette indication et des termes de la lettre, qu'elle a été écrite le jour même du décès, ou le lendemain, jour de la sépulture, suivant le sens de ces mots : « il est trespassé despuis « peu. » Ce fragment ne se trouvant pas inséré dans les éditions des Lettres du Saint, a été remarqué trop tard pour être placé à sa date, c'est-à-dire entre les Lettres cmlxxx, cmlxxxi, du 11 et du 31 juillet.  196 ^'^ Lettres de saint François de Sales m'avoit ouvert son cœur d'une manière si chrestienne dans le Sacrement de Confession (0, que j*ay de grans sujetz d'espérer que Dieu a receu son ame dans les dou- ceurs de sa miséricorde. Au reste, j'ose dire que c'est unô chose estonnante des maux qu'il a souffert en tout son cors, et l'espace de plusieurs moys, estant contraint de demeurer dans une mesme posture corporelle, mais avec une pieté et une patience si remarquable, que nous le pouvons nommer le Job de nostre famille ( = ).  (i) Avant de mourir, le gentilhomme voulut faire une confession générale à son saint frère. (De Hauteville, ubi supra.) (2) Le Bienheureux, écrit le P. Louis de la Rivière, « cherissoit tendrement monsieur de Villaroget son frère, et le tenoit pour un sainct. Il tomba malade, et deceda après avoir enduré longuement des tres-cuisantes douleurs en presque tout son corps, et spécialement en ses jambes, avec une admirable patience. Cependant, il ne fit autres lamentations en cette perte, sinon de s'enfermer tout seul dans la chambre où gisoit le corps mort, poser son bonnet quarré et baiser dévotement les genoux, les jambes et les pieds de ce vertueux gentil-homme, qui avoient tant souffert. » (La Vie de l'Illustrissime et Reve- rendissime François de Sales..., oîi sont contenues ses principales Actions, Vertus et Miracles. Lyon, Rigaud, 1625, liv. IV, chap. xviii.) Gallois de Sales « fut un homme... de grande pieté et d'un solide jugement ; la preuve en fut visible dans toutes les affaires qu'il entreprit pour ses amis et dans le cours de sa conduite particulière. » (De Hauteville, ubi supra.) Il eut douze enfants qui ne laissèrent pas de postérité. L'un de ses fils, Joseph de Sales, entra chez les Barnabites ; de ses trois filles, deux embrassèrent la vie religieuse : Françoise-Marie, au i^"" Monastère de la Visitation d'Annecy (voir le tome précédent, note {3), p. 263), et Marie-Aimée, chez les Bernar- dines de La Roche.  Année 1614 197 CMLXXXIV AU COMTE PROSPF.H-MARC DE TOURNON François de Sales s'abstient prudemment de fréquenter le duc de Nemours, alors à Annecy. — La réimpression en petit format de VLitroduciion h la Vie dévote engage l'auteur à préparer une nouvelle édition. — Affaires de MM. du Noyret et de Portes. Annecy, 3 août 1614. Monsieur, J'ay donné en main propre de Monseigneur le Duc de Nemours (0 les deux lettres que vous m'avies addressee (sic), comme je feray tous-jours fort exactement tout ce qui sera de vos volontés et en mon pouvoir. Au demeurant, je suis icy auprès de ce Prince comme n'y estant point, dautant que la multitude des affaires que cette levée d'armées luy donne ( = ) m'empesche de pouvoir si souvent joiiir de Ihonneur de sa présence, comme peut estre je ferois en un'autre sayson ; laissant a part le viel enseignement : Episcopum in caulis, non in aiilis invenir e par est (*). Si vous venes asses tost  (*) La place d'un Evêque, c'est d'être dans sa bergerie et non à la cour. (i) Le duc de Nemours, parti de Turin à la suite de la rupture entre la Savoie et l'Espagne, était arrivé à Annecy presque incognito, le 29 juin 1614, après une absence de quatorze ans. Le 51 juillet, suivant la résolution prise le 23 par le Conseil de Ville, les syndics remirent <( dans une bourse d'ar- mesin jaulne, 300 escus d'or d'Italie a Monseigneur, dans sa chambre, envi- ron les huict heures du matin, ou il estoit dans son lict malade; quil a heu fort agréable, s'offrant de s'employer pour sa ville envers S. A. » (Reg. des Délib. municip. d'Annecy.) Le prince quitta Annecy vers la fin d'octobre. (Voir lettre du 26 octobre à M""® des Gouffîers.) ( 2 ) La levée de troupes se faisait pour obéir au duc de Savoie, mais la soumission de Henri de Nemours n'était qu'apparente. Il avait quitté le Pié- mont le cœur ulcéré des mécomptes subis de la pnrt de Charles-Emmanuel. Une lettre-mémoire adressée au duc de Villeroy par M. de la Grange, le ir septembre 1614, nous révèle les sourdes rancunes du prince et les négocia- tions qu'il amorçait en vue d'une rébellion ouverte. (Voir cette lettre à l'Appendice II.)  198 Lettres de saint François de Sales pour le treuver ic}", vous verres que je ne brusle point mes ayslerons a ce flambeau. Je ne nie pas, certes, que le favorable tesmoignage que vous rendes a ce pauvre petit livret de Y Introduc- tion ne m'ayt grandement encouragé, et plus en vérité que celuy de plusieurs grans personnages qui, sans me connoistre, me l'ont beaucoup recommandé par lettres. Je le revoy maintenant, par ce qu'on le reimprime en petit volume (0, et j'y treuve infinité de fautes, partie de l'imprimeur, partie de Tautheur, que je corrige tendre- ment, ne voulant pas, sil se peut, qu'on connoisse sensi- blement autre changement que celuy de la correction de l'imprimeur. Monsieur du Noyeret a esté grandement consolé d'avoir sceu, selon vostre désir, la souvenance que vous aves eiie de luy en m'escrivant. Je suis après a demesler le reste de son affaire ( = ), dont je ne puys venir a chef, ayant (i) Cette réimpression en petit format parut l'année suivante sous ce titre: Introduction a la Vie dévote, divisée en cinq Parties, par François de Sales, Evesque de Genève. Dernière Edition, reveuë, corrigée et augmentée par l'Au- fheur. A Lyon, par Claude Morillon (0, Imprimeur de M. de Montpensier, 1615. Avec approbation des Docteurs. — C'est un volume in-32, de 881 pp. chiffrées, plus 26 pour le titre et la Préface, et 17 pour la Table, les Appro- bations et Permissions: en tout, 924 pp. Le chapitre Des jeux défendus, omis dans les éditions de 1609 et 1610 (cf. tome III, p. xix), reparaît pour la pre- mière fois dans celle de Morillon, Partie III, chap. xxxii. Nous devons ces renseignements à l'obligeance de M. André Pératé, con- servateur du Musée de Versailles, qui possède le petit volume, très rare aujourd'hui. Les Approbations et Permissions de l'édition princeps y sont exactement reproduites; mais par la vignette et la pagination, sans parler des variantes, l'édition de 1615 se distingue tout à fait de celle de 1616. Cette particularité lui donne la valeur d'une curiosité bibliographique. Quant au texte que revisait le Saint en 1614, il ne parut qu'en 1616, édité à Lyon par Pierre Rigaud. (Voir tome III, p, xxii.) (2) Sur Jacques Pelard, seigneur du Noyret et la persécution dont il était l'objet, voir ci-dessus, note (3), p. 23, et pp. 30, 47, 84. — Le 14 mai 1614, le duc de Nemours écrivait aux syndics et au Conseil d'Annecy qu'il pardonnait aux « personnes nommées en ung roolle » dressé l'année précédente par Pierre Berthelot ; que tout était oublié « comme s'il n'estoit rien succédé. » (Reg. des Délib. municip. d'Annecy.) Il faut croire que tout n'était pas dé- brouillé entièrement, puisque l'amnistie du prince laissait encore place à l'in- tervention du Saint.  ( I ) Claude Morillon, fils d'un cordonnier de Villefranche, était devenu, par son mariage avec Marie Rigaud (24 juillet »58S), beau-frère de Pierre, l'éditeur lyonnais des ouvrages de saint François de Sales. Il fut l'imprimeur attitré de la maison Rigaud.  Annéh 1614 199 deux rudes parties au Conseil secret de wSa Grandeur (0. Ces bonnes Dames de la Visitation escrivent a madame ma cousine ( = ), d'une petite ambition qui leur est venue, en laquelle pourtant elles regardent a la gloire de Nostre Seigneur (5). Pour moy, quant a présent, je n'en ay point de plus grande que d'estre fortement avoué de vous, Monsieur, et d'elle, Très humble, très affectionné serviteur, FRANÇ^ E. de Genève. M. des Portes (4) a vostre lettre, et le contentement  (i) Ces rudes opposants ne seraient-ils pas Pierre Berthelot lui-même, le favori de Henri de Nemours, et Horace Bonfils, son trésorier général? Nous connaissons la méchanceté rageuse du premier ; du second, saint François de Sales écrivait le 14 août 1616 : « Le sieur Bonfilz a esté saysi... et mené « prisonnier... par ordre de Monseigneur le Prince » de Piémont. « Ce bon- « homme ne me voyoit point des il y a quelque tems, et avoit protesté a « Sessel de ne me vouloir jamais aymer, sans quil eut ni rayson ni sujet quel- « comque de faire telle déclaration. » (2) La comtesse de Tournon, femme du destinataire. (5) Cette « petite ambition » concernait sans doute la pose de la première pierre de l'église du Monastère. Pour cette cérémonie, M'^° de Murât de la Croix, fille de la comtesse, fut déléguée par la duchesse de Mantoue, le i8 septembre de cette même année. (Cf. ci-dessus, pp. io8, 109.) (4) Antoine, seigneur de Grésy et de Cessens, fils de Guillaume de Portes, président au Parlement du Dauphiné, et de Jeanne d'Aragon. Nommé prési- dent du Conseil de Genevois le 8 mai 1579, il devint, le 23 juin de l'année suivante, surintendant de la justice du même pays. Jacqueline de la Vesvre, qu'il avait épousée en 1590, lui aurait donné neuf enfants; huit nous sont connus : Joachim, Marie, Emerande, Prospère, Amé, Jacqueline, Jean-Claude et Louise, qui prit le voile à la Visitation d'Annecy le 6 août 1620. Quelques années après la mort de sa femme, arrivée le 22 mars 1599, Antoine de Portes contracta de secondes noces avec Françoise de la Fougère. Il mourut à Grésy, le i^"" janvier 1624. Voici, en quelques mots, l'affaire à laquelle le Saint fait allusion dans ce post-scriptum : Antoine de Portes avait hérité de son père les seigneuries de Grésy et Cessens; à la suite d'un emprunt qui remontait au 6 novembre 1593, la terre de Cessens fut aliénée par voie de justice le 7 juillet 1608. L'année suivante, ce fut le tour d'une partie de la terre de Grésy. Jacques de Roybon, son créancier pour ce qui en restait, avait fait signifier, le 24 juin 1611, à M. de Portes, « devuider les meubles dans huit jours. » Mais celui-ci se pourvut devant le Sénat, pour revendiquer la dot de sa femme, Jacqueline de la Ves- vre, laquelle avait été hypothéquée sur les terres de Grésy et de Cessens. Devant cette difficulté, Roybon céda tous ses droits au duc de Genevois, par acte du 16 juin 1614, contre « 1524 écus d'or soleil. » Henri de Nemours in- tervint alors et sauva le gentilhomme d'une ruine imminente, au moyen de  200 Lettres de saint François de Sales d'avoir plus heureusement terminé son affaire quil ne pensoit. 3 aoust 1614. A Monsieur Monsieur le Comte de Tornon. Revu sur TAutographe appartenant à M"'^ la marquise Pensa, à Turin. propositions qui furent acceptées. On voit par les articles rédigés à Annecy le 23 juillet 1614, que M. de Portes obtenait le remboursement de la dot de sa femme, des arrérages de dix-neuf ans de service et finalement conservait Grésy. (D'après l'Histoire de Gre'sy-sur-Aix, etc., par le comte de Loche, Chambéry, 1874.)  CMLXXXV A DOM BRUNO d'aFFRINGUES, GENERAL DES CHARTREUX (O L'Evêque de Genève sollicite l'admission d'une postulante chez les Chaitreusines de Mélan. Annecy, 7 août 1614. Mon très Révérend Père, Outre l'humble remerciment que je dois et fay a V. R. pour le bon accueil qu'il vous pleut de faire a la suppli- cation que je vous presentay, il y a quelque tems, en (i) Charles d'Affringues naquit à Saint-Omer en 1550. Un savoir étendu, une forte culture littéraire et théologique lui promettaient de belles destinées dans l'Eglise. Il était chanoine et vicaire-général de Carpentras, lorsqu'il échangea toutes ces espérances contre une cellule à la Grande-Chartreuse, et son nom contre celui de Bruno, en 1591, Tannée de sa profession. D'abord secrétaire du Général au Chapitre de 1593, nommé ensuite prieur de la Char- treuse d'Avignon, il devint Général de l'Ordre le 4 février 1600 et montra bientôt que cette charge éminente n'était pas au-dessus de ses mérites et de ses capacités. Ce contemplatif consacrait ses loisirs à l'étude, encourageait ses Religieux à cultiver les lettres ; il suivait lui-même avec le plus vif inté- rêt le mouvement scientifique qui donna l'essor à tant de découvertes au commencement du dix-septième siècle. On a vanté non sans raison la fermeté et la bonne grâce de son style. Les rois, les princes vinrent le voir dans son désert; le président Favre lui soumettait ses consultations, Bellarmin le jugeait digne d'être Pape. De bonne heure, D. Bruno devint l'ami de saint François de Sales. Un auteur  Année 1614 201 recommandation de la fille de monsieur de Lornay des Costes (0, j'adjouste encor mon intercession a mesme intention, affin quil vous playse faire le billet requis au P. dom Vicayre de .Melan ( = ), qui a dit audit sieur de Lornay que, moyennant cela, sa fille seroit asseuree de sa place (3). Or, je ne fay nulle difficulté de m'obliger a vostre contemporain, parlant du Général des Chartreux, remarque qu'il n'aimait pas chez ses Religieux la ferveur indiscrète et qu'il se l'interdisait à lui-même, gouvernant son troupeau, selon le conseil de l'Apôtre, « franchement et selon Dieu..., non comme seigneuriant. » Un même idéal de sagesse et de perfec- tion souriait donc à ces deux grandes âmes, et sans doute cette communauté de vues dut les lier Tune à l'autre d'une plus étroite affection. Il faut voir comme le Saint parle de son ami dans les Entretiens (tome VI, var. (k), p. 216). De son côté, le Religieux admirait tout ce qui sortait de la main de l'Evéque de Genève. Il fut des premiers et des plus ardents à louer Vln- irodnction et le Trailté de l'Amour de Dieu, et par de nobles paroles qui dénotaient sa clairvoyance, il encouragea la Visitation à ses débuts. (Voir à l'Appendice I, sa lettre au Fondateur, 14 août 1615.) Le 30 mars 1607, daus les « Lettres patentes d'affiliation » par lesquelles il le rendait participant de tous les biens spirituels de son Ordre, le pieux Général remerciait François de Sales de lui avoir adressé plusieurs vocations de choix et se félicitait de la visite reçue de lui à la Grande-Chartreuse. M»"" Q^m\i auprès de laquelle Anne de Maillard sa cadette désirait se retirer, est vraisemblablement Claudine, ancienne abbesse de Sainte-Claire d'Evian. Lorsque, après un exil de plus de vingt ans (cf. tome XI, note (2), p. 293), les Clarisses reprirent possession de leur monastère au mois d'août 1593, la Sœur de Maillard fut placée à la tête de la Commu- nauté ; mais à la date de cette lettre, le gouvernement était entre les mains de Claudine de Blonay. (Voir p. 206, Lettre cmlxxxix.) (4) En 1614, « M"^^ de Polinge » était sans doute Michelle ou Michière, fille de François de Bellegarde, seigneur de Pesrin, et de Françoise de la Frasse. Restée veuve de Pierre de Chissé, seigneur des Forêts, elle avait épousé Philibert de Chissé de Pollinge, veuf d'Antoinette de Bruel. (5) Marguerite, fille cadette du destinataire et de Philiberte de Beaufort (cf. le tome précédent, note ( i ), p. 340), fut plus tard dame d'atours de Madame Royale Christine de France, et mariée à Bernard-Octavien de Saint- Martin d'Aglié, marquis de Saini-Germain.  Annér 1614 205 feray l'advertissement que vous me dites a madame de la Croix, ma cousine (0, que je treuve fort a propos, bien qu'il ny ait rien a craindre en effect. Mays il est mieux de n'avoir mesmement pas a craindre les ombres en françois, comm'on ne les craint pas en espagnol. Vous aures receu une lettre * par laquelle ces bonnes * Vide supra.Epist. CMLXXXIV, p. 199. Dames de la Visitation demandent une nouvelle laveur a madame ma cousine ( = ), que je salue très humblement, et suis, Monsieur, Vostre très humble, très affectionné serviteur, FRANç^ E. de Genève. XI aoust 1614. A Monsieur Monsieur le Comte de Tornon. A Thurin. Revu sur l'Autographe conservé chez les RR. PP. de Saint-Edme, Abbaye de Pontigny (Yonne). (i) Claude-Françoise de Maillard, veuve de Salomon de Murât de la Croix. (Voir plus haut, note ( i ), p. 78.) (2) La comtesse de Tournon. (Cf. ci-dessus, note (3), p. 199).  CMLXXXVIII A LA MÈRE DE CHANTAL (billet inédit) Une visite empêchée. Annecy, 14 août [1614 (i).] Ma très chère Mère, J'avois proposé avec un extrême désir de vous aller un peu voir et saluer a cette veille de la grande feste de nostre Maistresse, mais je n'ay sceu. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Rennes, (i) La « grande feste » fait penser à l'Assomption; l'écriture de ce billet, aux années 1614 ou 1616. En 1614, le Saint était pris par beaucoup d'affaires, d'où difficulté pour lui de se rendre à la Visitation. Cette date peut donc être proposée, mais sous toutes réserves.  2o6 Lettres de saint François de Sales  CMLXXXIX A LA MÈRE CLAUDINE DE BLONAY, ABBESSE DE S A I N T E-C L A I R E d'eVIAN(0 Unique préface pour toute une correspondance. — Propriétés de l'eau vive que l'on puise en Notre-Seigneur par la sainte oraison ; erreur et malheur des familles religieuses qui ne s'appliquent pas à cet exercice. — Un igno- rant qui en sait plus que beaucoup de savants. — Les Œuvres de sainte Thérèse. — Vertus à faire fleurir dans un monastère. — Utilité d'un bon et vertueux confesseur pour une Communauté. Annecy, i8 août 1614, Ma très chère Seur, A cette première fois que je vous escris, je vous veux dire deux ou trois motz de préface, qui puissent servir pour toutes les lettres que je vous envoyera}^ des-ormais selon les occurrences. I . Que ni vous ni moy n'y fassions plus aucune préface ; car Tamour de Dieu que vous aves sera ma préface envers vous, et le désir que j'ay de l'avoir sera vostre préface envers moy. 2. En vertu de ce mesme amour, ou possédé ou désiré, asseurés vous, ma chère Seur, que vous et toutes vos filles treuveres tous-jours mon ame ouverte et dediee au service des vostres. 3. Mays tout cela sans cérémonies, sans artifice, d'autant qu'encor que nos voca- tions so3^ent différentes en rang, ce saint amour auquel nous aspirons nous esgale et unit en lu}^ Certes, ma très chère Seur, et vous et vos filles estes (i) L'édition de 1619 donne pour adresse: A une Abbesse. Cette lettre res- semble beaucoup, par le ton et le contenu, à plusieurs autres certainement écrites par le Saint, entre le 12 septembre 161^ et le 24 janvier 1621, à Claudine de Blonay, abbesse de Sainte-Claire d'Evian ; on peut donc la dé- signer avec assurance pour destinataire. Née en 1^65 (une pièce du 16 octobre i6rs porte qu'à celte date elle avait cinquante ans), Claudine de Blonay. parente, mais non sœur de la Mère Marie-Aimée, était déjà Religieuse lorsqu'en 1^93, les Clarisses se rétabli- rent à Evian. (Cf. ci-dessus, note (5), p. 204.) Vers 1614, elle devint abbesse de son Monastère et remplit cette charge jusqu'en 1622. Elle vivait encore à la fin d'octobre 1627.  Année 1614 207 très heureuses d'avoir en fin rencontré la veine de cette eaiL vivante qui rejaillit a la vie éternelle *, et de vou- ' Joan., iv, 10, 14. loir en boire de la main de Nostre Seigneur, auquel, avec sainte Catherine de Cfennes et la bienheureuse Mère Thérèse, il me semble que vous faites cette sainte prière : Seigneur j donnés-moy de cette eau *. Ou'a jamais cette ' J^^"',''^' 'v Cf. . , '^1 ^^- ^^ l^ Amour de Bonté divine soit loùee, qui luy mesme s'est rendu une Dieu,\. xii, c n source d'eau vive au milieu de vostre compaignie ; car a p.'^^Va). ^"^" '^^'' ceux qui s'addonnent a la tressainte orayson, Nostre Sei- gneur est une fontayne en laquelle on puise par Torayson l'eau de lavement, de réfrigère, de fertilité et de suavité. Dieu sçait, ma très chère Seur, quelz sont les monas- tères esquelz ce saint exercice n'est point prattiqué ; Dieu sçait quelle obeyssance, quelle pauvreté et quelle chasteté y est observée devant les yeux de sa divine Providence, et si les assemblées des filles ne sont pas plustost des compaignies de prisonnières que de vrayes amoureuses de Jésus Christ. Mais nous n'avons pas tant besoin de considérer ce mal la, que de peser au juste poids le grand bien que les âmes reçoivent de la tressainte orayson. Vous n'estes donq point trompées de l'avoir embrassée, mais trompées sont les âmes qui, s'y pouvant appliquer, ne le font pas. Et néanmoins, en certaine façon, a ce que je voy, le doux Sauveur de vos âmes vous a trompées d'une trom- perie amoureuse pour vous tirer a sa communication plus particulière, vous ayant liées par des moyens que luy seul a sceu treuver et conduittes par des voyes que luy seul avoit conneuës. Relevés donq bien haut vostre cou- rage pour suivre soigneusement et saintement ses attraitz, et tandis que la vraye douceur et humilité de cœur régnera parmi vous, ne doutés point d'estre trompées. Le frère N. (0 est un vray ignorant, mais ignorant qui sçait plus que beaucoup de sçavans ; il a les vrays fonde- mens de la vie spirituelle, et sa communication ne vous peut qu'estre utile. Je m'asseure que son Supérieur ne  ( I ) Très probablement un Religieux de Saint-François; peut-être, un Cor- delier de Chanibéry ou de Myans.  2o8 Lettres de saint François de Sales vous la refusera pas tandis que vous en useres avec discrétion et sans luy donner trop de distraction. Je n'ay peu encor lire les livres que vous m'aves envoyé, ce sera a mon premier loysir. Vous aves bien fait de vous apprivoyser avec la bienheureuse Mère Thérèse, car en vérité, ses livres sont un thresor d'enseignemens spirituelz. Sur tout, faites régner entre vous la dilection mutuelle, franche, spirituelle ; la communauté parfaite, tant ayma- ble et si peu aymee en ce siècle, mesme es monastères que le monde admire ; la sainte simplicité, la douceur de cœur et l'amour de la propre abjection. Mais ce soin, ma très chère Seur, il faut qu'il soit diligent et ferme, et non empressé, ni a secousses. Je sera}^ bien ayse de sçavoir souvent de vos nouvelles, et ne doutés point que je ne vous responde. Monsieur N. me fera prou tenir vos lettres (0. En particulier, ce m'a esté de la consolation de sçavoir la bonté et vertu de vostre Père confesseur (2), qui, avec un esprit vrayement de père envers vous, coopère a vos bons désirs et est encor bien ayse que les autres y contri- buent. Pleust a Dieu que tous les autres de vostre Ordre fussent aussi charitables et affectionnés a la gloire de Dieu ( 3) ! les monastères qui sont en leur charge seroyent plus parfaitz et plus purs. Je resaluë mes chères Seurs Anne et Marie Salomé (4), et me res-jouis dequoy elles sont entrées en cette Religion (i) On peut suggérer ici avec beaucoup de vraisemblance le nom de Claude de Blonay, parent de la destinataire, qui résidait en Chablais et avait souvent l'occasion d'écrire au Saint et de le voir. ( 2) En 1612, le confesseur des Clarisses d'Evian était le P. Claude de Coysia, des Frères Mineurs de TObservance. Un personnage de ce nom se trouve mentionné (acte de partage du i*^"" mai 1^89) parmi les fils d'Antoine de Coysia, conseiller de Son Altesse au Sénat de Savoie, et de Claudine de Pradel. Il paraît n'avoir pas contracté d'alliance ; ne serait-il pas le Religieux en question ? ( 3 ) D'après le Concile de Trente (Sess. XXV, cap. x), l'Evèque et les autres supérieurs doivent procurer aux Religieuses, deux ou trois fois Tan, un con- fesseur extraordinaire. Les Cordeliors n'observaient pas cette prescription à l'égard des Clarisses; d'où le regret exprimé par le saint Evêque. (4) Il ne nous a pas été possible d'identifier ces deux Religieuses; la pre- mière se trouve mentionnée de nouveau dans une lettre du 24 janvier 1617 à la même destinataire.  AnNÉK 1614 2U9 en un tems auquel la vraye et parfaite pieté commence a y refleurir ; et pour leur consolation, je leur dis que leur parente M'"" des Grilles, qui est maintenant novice a la Visitation (0, tasche aussi fort de son costé de s'avancer en Nostre Seigneur. Ma très chère Seur, je vous escris sans loysir, mais non pas sans une infinie affection envers vous et toutes vos filles, que je supplie toutes de recommander mon ame a la miséricorde de Dieu, comme de ma part je ne cesseray point de vous souhaitter bénédiction sur bénédiction, et que la source de toute bénédiction vive et règne a jamais au milieu de vos cœurs. Amen. Je suis, d'un amour tout cordial, Vostre très humble frère et serviteur en Nostre Seigneur, Franç% E. de Genève. Ce 18 aoust 16 14, a Nessi. ( I ) On se souvient que Sœur Marie-Madeleine de Mouxy, veuve d'Es- crilles, avait été admise à la vêture le 2 juillet.  CMXC  A MADAME DE LA VALBONNE Se consacrer à Notre-Seigneur, c'est une grâce dont la grandeur se découvre avec le temps. — Pourquoi Dieu permet les « secousses de Tamour-propre. » — Salutations. Annecy, 19 août 1614 (i). J'ayme mieux vous escrire sans loysir ni commodité, que de l'attendre plus longuement, ma très chère Nièce, ma Fille. Vostre lettre m'a fort pieu, par ce que j'y voy ( I ) Le dernier chiffre de l'année a complètement disparu de TAutographe ; Hérissant donne la date de 1614. Elle est justifiée par la présence à Cham- béry de M""*^ de la Fléchère, à qui le Saint envoie un message par l'entremise de Mn^s de la Valbonne. (Cf. la lettre suivante.) Lettres VI 14  2 10 Lettres de saint François de Sales ces marques de vostre resolution de persévérance au dessein de servir a jamais Nostre Seigneur avec toute la pureté et fidélité que vous poures. Que bienheureux est vostre cœur, ma chère Fille, qui se dédie a un'afifection si juste et si sainte ! Plus nous irons avant, plus nous recon- noistrons la grandeur de la grâce que le Saint Esprit nous fait de nous donner ce courage. Et bien que quel- quefois vous receves des secousses de l'amour propre et de vostre imbécillité, ne vous en troublés point, car Dieu le permet ainsy affin que vous luy serries la main, que vous vous humiliies et reclamies son secours paternel. L'espérance de vous voir avec madame la Première (0 m'excuse de vous parler plus au long par escrit, princi- palement pressé comme je suis. Salues, je vous prie, de ma part. M""" de la Flechere, et toutes deux ensemble M"' d'Aiguebelette, si ell'est la. Je suis sans reserve, d'un cœur tout fidèle, Vostre plus humble oncle et serviteur, Franç% E. de Genève. XIX aoust 1614. Je salue M. vostre cœur ( = ) de tout le mien très humble (3). A Madame Madame de la Valbonne. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Rennes. (i) Philiberte Martin de la Perouse, femme du président Favre et belle- mère de la destinataire. (Voir tome XIV, note ( i ), p. 372.) (2) René Favre de la Valbonne, mari de la correspondante du Saint. ( 3 ) Le post-scriptum et l'adresse sont inédits. Les éditeurs précédents avaient attribué cette lettre A une Nièce.  Année 1614 211  CMXCI  A MADAME DE LA FLECHERE  Affaires diverses. — Un malade bien résigné. — La seule chose digne d'être estimée.  Annecy, 19 août 1614. Helas, ma très chère Fille, que dires vous de ce père qui tarde tant a respondre ? Certes, ce n'est pas faute de memoyre, et moins de volonté, mays j'ay un peu douté ou vous esties jusques des il y a trois jours, que je sçai que vous estes la (0. J'escris donq a M. le Premier (2) selon vostre désir, bien que je sache combien peu vous aves besoin d'inter- cession auprès de luy qui vous honnore tant. Vous treuveres la lettre ci jointe d'un peu longue datte, mays il ny a remède; nostre bonne Mère O) qui Tescrit, ne me voit point sans que nous parlions de vous comme de celle qui nous ayme tant. Le pauvre M. de Charmoysi est tous-jours entre les mains des médecins, sans voir goûte, mais avec bonne espérance de voir. Dieu aydant. Il fait merveilles a se resigner a la volonté de Dieu, ainsy que la petite cou- sine (4) m'escrit. Ma très chère Fille, en fin, de quel costé que nous nous retournions, nous ne treuverons rien digne d'estre estimé o^ue la grâce de Nostre Seigneur, a laquelle je  ( I ) A Chambéry (cf. la lettre précédente), où M'"'^ de la Fléchère avait sans doute dû s.^ rendre pour son procès. (Voir plus haut, Lettres cmlxxii, cmlxxv, pp. 179, 184.) (2 ) Antoine Favre, premier président au Sénat de Savoie. (3) La Mère de Chantai. (4) M""^ de Charmoisy.  2 12 Lettres de saint François de Sales ne cesse point de vous recommander, comme estant très parfaitement vostre et Vostre plus humble serviteur et compère. La seur et la nièce de deçà se portent bien (0. XIX aoust 1614. A Madame Madame de la Flechere. Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de TEtat. ( I ) Le post-scriptum est inédit. La « seur » et la « nièce » qui s'y trouvent mentionnées sont M™^ de Bressieu, sœur de la destinataire, et sa fille Made- leine, femme de Louis de Sales.  CMXCII AU DUC DE BELLEGARDE Pourquoi Tamour paternel est puissant ; celui du Saint comparable au feu. — L'idéal qui sied à une grande âme. — Préservatifs conseillés contre les malignes influences de la cour. Annecy, [août] 1614 (i). Monsieur, Il ne se peut dire de quelle ardeur mon ame souhaitte la perfection de Tamour de Dieu a la vostre. Les meil- leurs moyens pour exprimer cette passion sont ceux dont vous me gratifies, pourveu que l'on y entende une mer- veille que j'appellerois miracle, si je n'en estois l'ouvrier, après Dieu et vostre commandement : car ordinairement, l'amour paternel est puissant parce qu'il descend comme un fleuve qui prend sa source de la pente; mais en nostre sujet, le mien, qui sort de ma petitesse, en remontant a vostre grandeur, il prend vigueur a la montée et accroist sa vistesse en s'eslevant : c'est parce que, si les autres se (i) Les anciens éditeurs nont pas daté cette lettre; Hérissant (1758), tome III, p. 81, la place en 1614, « après le 12 septembre, » mais il semble plus probable qu'elle a précédé la lettre du 12 septembre et suivi celle du 31 juillet, adressées toutes deux au même destinataire. (Voir pp. 193, 223.)  Année 1614 213 contentent de ressembler a l'eau, celuy-ci est comparable au feu. Certes, Monsieur, j'escrissans réflexion, etje voy que j'abuse de vostre bienveuillance a luy dire ainsy mes saillies. Dieu vous tienne de sa sainte main et establisse de plus en plus ce généreux et céleste dessein qu'il vous a donné de luy consacrer toute vostre vie. Il est juste et équitable que ceux qui vivent Jie vivent pas pour eux mesmes, mais pour Celuy qui est mort pour eux *. Une grande * il Cor., v, 15. ame, Monsieur, pousse toutes ses meilleures pensées, afFections et prétentions jusques dans l'infini de l'éter- nité ; et puisqu'elle est éternelle, elle estime trop bas ce qui n'est pas éternel, trop petit ce qui n'est pas infini, et surnageant a toutes ces menues délices, ou plustost a ces vilz amusemens que cette chetifve vie nous peut présenter, elle tient les yeux fichés dans l'immensité des biens et des ans eternelz. Monsieur, a mesure que vous connoissés que l'air de la cour est pestilent, usés soigneusement de preservatifz. Ne sortes pas le matin que vous ne porties sur le cœur un epitheme du renouvellement de vos resolutions fait en la présence de Dieu. Oh si le soir vous lisies douze lignes dans quelque livret de dévotion, après avoir fait vostre petite orayson ! car cela dissiperoit les qualités contagieuses que les rencontres du jour pourroyent avoir jette autour de vostre cœur. Et vous purgeant souvent par le doux et gratieux syrop magistral de la confession. Monsieur, j'espererois que vous demeureries comme un célèbre pyrauste entre les flammes, sans endommager vos aisles *. Que bienheureuse est la pe3aie, pour grande * Arist., de Hist. '11 -^ • j T j 1 ^ 11 I aniin-, 1- V, c. xix; qu elle soit, qui nous délivre de la peyne éternelle ! pun., Hist. nat.. 1. Qu'aymable est le travail duquel la recompense est '^\ ^Cf^^nJrod^^à infinie ' ^^ Vie dev., Préface M '•' ' V 1 .1 (tom. III, p.6). Monsieur, je suis, d un cœur plus que paternel, (0 Fkançs, E. de Genève. (i) L'éditeur de 1629, qui le premier donne cette lettre, a fait sans doute des suppressions avant et après les clausules, car cette terminaison brusque et la brièveté de la formule finale ne sont pas dans les habitudes du Saint.  214 Lettres de saint François de Sales  CMXCIII A M. GUILLAUME-FRANÇOIS DE CHABOD SEIGNEUR DE JACOB (0 (inédite) Témoignages de sympathie à un ambassadeur qui n'avait pas réussi dans sa mission. — Discrète invitation à sanctifier ses derniers jours. — Promesse d'une visite. Annecy, [vers le 20 août] 16 14 (2 Monsieur, Je me res-jouis de vostre heureux retour, lequel eut esté comblé de consolation pour vous et pour tous les bons et pour moy, si vostre saint zèle eiit eu le succès que vos remonstrances requeroyent. Mays ce tems est ( I ) On voit par le contenu de la lettre qu'elle s'adresse à un ambassadeur malheureux et disgracié, qu'il était proche de la vieillesse et qu'après avoir quitté Paris pendant Tété, il s'était retiré en Savoie. Ces diverses particula- rités désignent M. de Jacob comme destinataire, Guillaume-François de Chabod, seigneur de Jacob, comte de Saint-Maurice, deuxième fils d'Antoine de Chabod, seigneur de Chiron, Jacob et de la Dra- gonnière, et de Claudine Mallet, épousa par contrat dotal du 7 décembre 1571, Louise-Marguerite de Seyssel de la Serraz. Pendant plus de cinquante ans, ce gentilhomme servit les intérêts de Charles-Emmanuel. Député en 1582 à la diète de Bade, ambassadeur en Suisse, où il resta six ans pour né- gocier l'alliance des cantons catholiques, trois fois ambassadeur en France, M. de Jacob avait rempli les charges de conseiller d'Etat, de grand-maître de l'artillerie et, dès le i^^ mars 1594, celle de gouverneur et lieutenant de Savoie, qui lui fournit l'occasion de s'intéresser par ses sympathies et par des actes à la mission du Chablais. En 1614, ses infirmités, l'insuccès de ses né- gociations et aussi des cabales de cour le mirent en défaveur auprès de son souverain, qui lui assigna pour retraite le Bourg-Saint-Maurice dans la Taren- taise. (D'après les lettres de M. de Jacob au duc de Savoie, août-septembre 1614, conservées à Turin, Archiv. de l'Etat.) Il testa le 13 novembre 1620 et mourut en 1622. (2) La date de cette lettre se déduit des circonstances qui marquèrent le retour du destinataire en Savoie. Nous savons que le 29juillet 1614 il avait été invité par Charles-Emmanuel à se retirer au Bourg-Saint-Maurice (voir la note précédente), et qu'avant le 23 août, il s'était installé à Chevron, auprès de son gendre Bernard de Chevron- Villette, cousin de saint François de Sales. (Lettre de M. de Jacob au duc de Savoie, 29 juillet 1614, Turin, Archiv. de l'Etat.) Le ton delà présente lettre ajoute d'autres précisions et justifie la date approximative qui lui est attribuée.  Année 1614 21c ains}'" fait, il ne produit pas les choses bonnes et désira- bles qu'avec plusieurs travaux de ceux qui les entrepren- nent, et au contraire, le mal s'avance sans culture, par la propre malice de cet aage. Que vous seres heureux, Monsieur, si ce reste de vos jours, que je souhaite grans et bons, vous appliques de plus prez vostre ame a son Principe, dans le repos d'une vie a mo3^tié solitaire, telle qu'est celle que vous faites de deçà en comparayson de Paris et de la cour. J'espère que l'esté ne se passera point sans que j'aye le bien d'estre quelque tems auprès de vous, ou nous nous entretien- drons plus au long sur ce digne sujet. Que si la multitude des affaires de ma charge et mes affaires particulières, bien que non domestiques, me permettoyent d'estre a mon gré ou je voudrois, souvent je me treuverois là de tems en tems. Mays, ou que je sois, vous m'aves. Monsieur, Vostre humble très affectionné serviteur, Francs, E. de Genève. Monsieur, je resalue bien humblement madame... (O. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Nancy. (i) Il est difficile de rétablir le nom; il n'en reste presque aucune trace sur l'Autographe.  CMXCIV A MONSEIGNEUR JEAN-PIERRE CAMUS. ÉVEQUE DE BELLEY « La mousse des exemptions. » — Une vertu qui vaut un procès de canonisa- tion. — Un déplaisir et une crainte du Saint. — Injuste ingérence de l'Etat dans l'exercice du pouvoir spirituel de l'Eglise. — L'Evêque de Genève se confie, pour la défense de ses droits, à la vaillance de son ami. — Messages pour Dijon. Annecy, 22 août 1614. Monseigneur, Je me res-jouis, certes, de vos victoires ; car, quoy que l'on sçache dire, c'est la plus grande gloire de Dieu que  2i6 Lettres de saint François de Sales nostre Ordre episcopal soit reconneu pour ce qu'il est, et que cette mousse des exemptions soit arrachée de l'arbre de l'Eglise ou on void qu'elle a fait tant de mal, ainsy que * Sess. XXIV, de le sacré Concile de Trente a fort bien remarqué *. Mais Reformat., cap. xi, . . . initio. je regrette pourtant que vostre esprit patisse tant en cette guerre, en laquelle, sans doute, il n'y a presque que les Anges qui puissent conserver l'innocence ; et qui tient la modération emmi les procès, le procès de sa canoniza- tion est tout fait pour luy, ce me semble. « (^) Sapere et * Publias Svrus, amare, vix diis conceditur*; » mais je dirois plus volon- Sententiae, litt. A, . /u\ t • • • • • r> • i- ^r. 2 2. tier : \^) Litigare et non insanire, vix Sanctis concedi- tur. Néanmoins, quand la nécessité le requiert et que rintention est bonne, il faut s'embarquer sous l'espérance que la Providence mesme qui nous oblige a la navigation, s'obligera elle mesme a nous conduire (0. Tout mon plus grand desplaysir, c'est de voir qu'en fin en fin cette amertume de cœur, que vous me dépei- gnés, vous ravira d'auprès de nous et me ravira une des plus pretieuses consolations que j'eusse, et a ce peuple un bien inestimable ; car, des Prelatz affectionnés, il en est si peu ! * Virgil., ^neis, 1. « (c) Apparent rari nantes in gurgite vasto *. » I, f. ii8. *Ps. XI, I. Salvum me fac, Domine^ quoniam defecit sanctus *. Je voy bien. Monseigneur, par vostre lettre et par  (a) « Dans l'amour, garder la modération, c'est à peine si les dieux en sont capables. » (b) Plaider et ne pas perdre le sens, c'est tout juste le privilège des Saints. (c) « Quelques-uns apparaissent çà et là, flottant sur l'immensité des eaux. » — Seigneur, sauvez-moi, car le saint a manqué. (i) L'exemption de la juridiction épiscopale accordée aux Religieux par le Saint-Siège, leur servit souvent de prétexte pour s'opposer à la réforme des monastères lorsque ceux-ci furent envahis, au cours des siècles, par la déca- dence. Le Concile de Trente s'était efforcé de remédier à ces abus, mais ses décrets disciplinaires, n'étant pas encore reçus officiellement en France, res- taient sans effet. Dans le diocèse de Ms"" Camus, non loin même de Belley, des abbayes totalement dégénérées attristaient par leur indiscipline le cœur du pieux Prélat. S'agirait-il ici des Bernardins de Saint-Sulpice .-  Thren., i, it,  Année 1614 217 celle de M. de N., qui, en vérité, est mon amy et bon père très singulier (0, que nous ne sçaurions conserver les libertés ecclésiastiques que les Ducs nous avoyent laissées es païs estrangers. Oh! Dieu bénisse la France de sa grande bénédiction et y fasse renaistre la pieté qui regnoit du tems de saint Louys. Mais cependant, Monseigneur, puisque ce pauvre petit clergé de vostre evesché et du mien a le bonheur que vous parleres en son nom aux Estatz (2), nous serons délivrés de tout scrupule, si après vos remonstrances nous sommes reduitz en la servitude ; car, que pourroit- on faire davantage, sinon s'escrier au nom de l'Eglise : (d) Vide, Domine, et considéra, quia, fa ctasum vilis*? Quelle abjection, que nous ayons le glaive spirituel en main * et que, comme simples exécuteurs des volontés du * Ephes., uit., 17. magistrat temporel, il nous faille frapper quand il l'or- donne et cesser quand il le commande, et que nous soyons privés de la principale clef de celles que Nostre Seigneur nous a données *, qui est celle du jugement, du * Matt., xvi, 19. discernement et de la science en l'usage de nostre glaive ! (e) Manum suam misit hostis ad omnia desiderabilia ejus ; quia vidit génies ingressas sanctiiariiim suum, de qiiibus prœceperas ne intrarent in ecclesiarn  (d) Voye^, Seigneur, et considére{, CâY je suis devenu méprisable. (e) L'oppresseur a porté la main sur tout ce quelle avait de plus dési- rable ; car elle a vu les nations entrer dans son sanctuaire, les nations au sujet desquelles tu avais dit : Elles n'entreront point dans ton assemblée, (i) M»"" de Montpellier, Pierre Fenouillet, peut être proposé ici avec beau- coup de probabilité. Savoisien d'origine et vraiment « amy » du Saint, il avait plus de raison que tout autre de s'occuper des intérêts du diocèse de Genève. Mais, s'il s'agit de lui, il faut croire à une erreur des premiers éditeurs, et lire « bon frère » au lieu de « bon père. » ( 2 ) Le Bienheureux « ayant appris, » raconte Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII), (( que l'on faisoit une assemblée solemnelle des trois Estats en France, et qu'il falloit nécessairement qu'il s'y treuvast quelqu'un pour son Clergé des pais de Beugey, Valromey et Gex..., il pria pour cet effect le Reverendissime Evesque de Belley... qu'il daignast parler pour ces provinces, puis que, luy disoit-il, son peuple estoit le sien, » Les Etats généraux, réunis à l'occasion de la majorité de Louis XIII, s'assemblèrent au mois d'octobre.  2i8 Lettres de saint François de Sales *Thren., I, 10. tuam *. Ce n'est pas, non, avec un esprit d'impatience ni de murmuration que je dis cecy ; car je me resouviens tous-jours que (^) ista mala invenerunt nos quia pec- * I Machab., i, 12, cavimus. tnjuste eQ[imus *. VI, 13; Ps.cv, 6. ^ f^ . Ur sus pourtant, Monseigneur, vous verres nos articles et feres, je m'asseure, tout ce qui se pourra pour la con- servation des droitz de Dieu et de son Eglise. Et tandis que nostre Josué sera la, nous tiendrons les mains haus- *Exod., XVII, 10-12. sees * et prierons qu'il ayt une spéciale assistance du Saint Esprit ; nous invoquerons les Anges protecteurs et les saintz Evesques qui nous ont précédé, qu'ilz soyent autour de vous et qu'ilz animent vos remonstrances. De vous envoyer quelqu'un de la part de mon diocèse, il n'en fut jamais question. Mon diocèse est-il pas vostre, puisque je le suis si parfaitement ? (g) Populus tuus, populus meus. Vous verres la (0, le Père Dom Jean de Saint Malachie (2), a Saint Bernard (3) ; si vous le hantes, vous  (f) // nous est arrivé beaucoup de malheurs, parce que nous avons pèche et commis l'iniquité. (g) Votre peuple est mon peuple. (i) Ces mots indiquent que VEvêque de Belley se trouvait alors à Dijon, ou devait s'y rendre bientôt; mais on ne peut pas en inférer que ce fut à l'oc- casion des Etats de Bourgogne (voir ci-après, note (i), p. 224), car le procès- verbal de cette assemblée, conservé aux Archives de la Côte-d'Or (B. 3077, fol. xxiii), ne le nomme pas parmi les membres de la Chambre ecclésiastique. (2) Religieux Feuillant qui sera destinataire en 161 5. (Voir tome XII, note (i), p. 373.) (3) En 1613, Joachim de Damas, seigneur du Rousset et de Fontaine, ven- dit aux Feuillants son château pour le convertir en monastère. Ces Religieux s'installèrent dans leur nouvelle demeure en 1614 , le lundi de la semaine de la Passion. L'Evéque de Langres, Sébastien Zamet, approuva l'établissement en 1617, Louis XIII s'en déclara le fondateur et le bienfaiteur par lettres patentes de juillet 1618, et en son nom , le 6 janvier 1619 ( « ), la première pierre de l'église du monastère fut solennellement posée par Roger de Belle- garde, duc et pair, grand Ecuyer de France, gouverneur de Bourgogne et de Bresse. La chambre où naquit saint Bernard devint le sanctuaire de l'église. Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VI) nous apprend que durant le Carême qu'il prêcha à Dijon en 1604, François de Sales « alloit souvent célébrer à la  ( I ) La date de 1614 a été donnée au tome précédent, note (3), p. 317, d'après Courtépée, Descript, du duché de Bourdaine, Dijon, irSi.  Année 1614 219 treuveres en luy une veine féconde de pieté, de sagesse et d'amitié pour moy qui Thonnore réciproquement bien fort. De madame Folin, dites m'en un jour a loysir l'his- toire (0, parce que (h) gloriam Régis annuntiare justum est. Dieu soit a jamais le cœur de nos âmes. Je suis, Monseigneur, Vostre très humble et très obéissant frère et serviteur, Francs, e. de Genève. Le 22 aoust 1614, a Nessi.  (h) Il est juste d'annoncer la gloire du Roi. chappelle de sainct Bernard de Fontaines..., à cause de la grande dévotion qu'il avoit à ce Docteur emmiellé, chantre de la glorieuse Vierge. » (Cf. Guignard, Note sur Fontaines-îei-Dijon.) (1) Privée depuis de longs mois de l'usage de la parole, Catherine Folin l'avait recouvré après un pèlerinage au pays natal de saint Bernard. Cette guérison inespérée lui obtint de ses parents la liberté d'entrer quelques mois après (novembre 1614) au monastère de Sainte-Catherine, fondé à Dijon en 1612 par les religieuses Dominicaines du couvent de Sainte-Praxède d'Avi- gnon. Elle y fit profession le 7 novembre 161 5, et jusqu'à sa mort (24 novem- bre 1621), fut pour ses compagnes un exemple de régularité monastique. Etait-elle fille de Jean Folin, conseiller au Parlement, et de Marie Thomas? Il n'a pas été possible d'en acquérir la certitude. (Voir V Année Dominicaine, Lyon 1895, tome I, 17 juillet; Camus, Eloge de pieté à la bénite mémoire de M. Claude Bernard, appelle le pauvre prèstre, Paris, 1641.)  CMXCV A M. ETIENNE DUNANT, CURÉ DE GEX (inédite) Règlement de plusieurs affaires intéressant diverses paroisses du pays de Gex. Annecy, 28 août 1614. Monsieur, Ce qui a esté promis a M. le curé de Sessi (0, je vous (i) Pierre Poncet (voir le tome précédent, note (5), p. 60) avait reçu la  220 Lettres de saint François de Sales prie qu'on le luy face bon sil se peut, car en vérité, la qualité du lieu requiert qu'on le gratifie. Or, il me dit que c'est cent florins annuelz, et on pourroit les donner tous-jours par provision et sans conséquence. M. Mes- nage (O veut tous-jours aller, et je voy son esprit fort tendu a cela. Je vous addresse une comission que je ne puis ni éviter ni donner ailleurs ; il vous plaira d'en aviser les parties. Quant a la vente des bleds, je ne prsetends recommander personne, sinon que ce soit a Futilité de l'Eglise et cœteris paribtis (*), car ces revenus ecclésiastiques sont trop preetieux pour estre sujectz a aucune autre affectation que celle de Dieu. Le P. Commissaire ( = ) ne vient point. M. Cheynel (3) sçait ou il faut prendre les cent escus du don du Roy qui restent, car je croy quil en a despensé deux cens (4), dont il faudra aviser avec le P. Commissaire, quand il  (*) tout le reste étant égal. tonsure, Tacolytat et le sous-diaconat, le i8 septembre 1610; le diaconat, le 18 décembre de la même année; la prêtrise, le 26 février 1611. Il mourut en juin 1641. (R. E.) (i) Sans doute, le procureur des anciens Carmes de Gex, Jean Mesnage, qui se présenta en juillet 1612 devant les commissaires royaux, au nom de ces Religieux, pour obtenir restitution de leurs immeubles. (Cf. le tome pré- cédent, note ( I ), p. 316.) Jean Ollard, qui occupait l'un d'eux, avait exigé que « ledict Mesnage eust a déclarer le temps dans lequel il entendoit tirer de ses mains sa dicte maison, n'estant raisonnable qu'il soit en une perpé- tuelle incertitude si la dicte maison luy demeurera ou non... Sur ce, le dict Mesnage «répondit « qu'il offroit de retirer ladicte maison dans quinze mois; dans [lequel] temps s'il ne retiroit ladicte maison, il se départ de la retirer. » (Procès-verbal du rétablissement du culte catholique dans le pays de Gex, Archiv. delà Société d'hist. et d'archéol. de Genève, Ms. 200, copie.) Le Saint mentionne probablement la persévérance de ce dernier à revendiquer les biens des Carmes. (2) Le P. François de Chambéry, Capucin (voir tome XI, note ( I ), p. 179, et tomes XIV, XV passim). Cette même année 1614, il avait succédé dans la charge de commissaire au P. Corneille de Recanati et la gardajusqu'en 1618. (3) Claude Cheynel, fils de Benoît Cheynel de Saint-Martin de Bavel en Valromey, acolyte, maître ès-aris et docteur en théologie, est chargé, le 29 avril 1610, de la cure des grand et petit Abergement, la résigne le 29 août 1618, pour devenir le même jour économe de la paroisse de Bons, dont il est nommé curé le 11 avril 1619. Dans une pièce du 27 janvier 1621, il signe: « curé de Bons, aumosnier du Roy. » (R. E.) (4) Voir ci-dessus, les Lettres cmlxx, cmlxxxi à Louis XIII.  Année 1614 221 sera venu, comme on se pourra faire, car avec M. Cheynel je ne sçai qu'en dire, puisque mesme le P. Cotton ( O, qui a moyenne cest'aumosne, me le recommande fort. C'est pitié que chacun veut avoir des volontés! (*) Cur- rehant, et non mittebam eos *; et néanmoins ilz veu- • Jerem., xxm, 21 lent que ce soit comme si on les avoyt envoyés. Or bien, il faut se donner du loysir pour voir tout cela. Je suis sans fin, Vostre plus humble confrère, Francs, E. de Genève. XXVIII aoust 1614. Mons'" le Curé de Gex. Revu sur l'Autographe appartenant à M. le marquis de Prunarède, à Montpellier. C) Ils couraient, et je ne les envoyais pas. (i) Pierre Coton naquit à Néronde, dans le Forez, le 7 mars 156/j, de Phi- liberte de Champrand et de Guichard Coton, seigneur de Chenevoux. Le 30 septembre 1583 il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus d'Arona, près du lac Majeur, et va suivre en octobre 1588 les cours du Collège Romain, où il devient le condisciple de saint Louis de Gonzague et le fils spirituel du Cardinal Bellarmin. Revenu en France en 1590, le jeune Religieux reprend à Lyon ses études théologiques; il y révèle une perspicacité d'esprit et une mémoire prodigieuses. Avant et après sa profession (29 septembre 1599), le P. Coton soutint de vives disputes avec les ministres protestants ; elles servent à marquer une date intéressante dans l'histoire de la controverse. Il parut devant Henri IV, le 29 mai 1605; ce prince, qui se connaissait au choix des hommes, retint le Jésuite près de lui, pour en faire plus tard (1608) son con- fesseur et le précepteur du Dauphin. Dès lors, la vie du P. Coton fut liée aux principaux événements de l'histoire religieuse de son temps. Il devint le restaurateur et l'appui de son Ordre, mais il sut se défendre contre la tentation d'accaparer au profit exclusif de ses frères l'amitié d'un grand Roi. La pureté de son zèle lui fit servir et protéger toutes les causes qui intéressaient l'Eglise de France et les autres Instituts religieux. A la mort de Henri IV et malgré les attaques les plus haineuses de la calomnie, le célèbre Jésuite fut maintenu à la cour et Louis XIII le prit pour confesseur. Libre en 1617, il se retira à Lyon; recteur du collège de Bordeaux en 1621, provincial d'Aquitaine en 1625, et en 1626 provincial de la province de France, le P. Coton mourut le 19 mars de la même année. M^"" Camus prononça son oraison funèbre à Saint- Louis, avec une émotion qui gagna l'auditoire. Les deux Fondateurs de la Visitation faisaient grande estime de ses éminentes vertus, ainsi que tous les saints personnages qui furent ses contemporains. (Voir Prat, Recherches... sur la Compagnie de Jésus en France du temps du P. Coton, Lyon, 1876.)  225 Lettres de saint François de Sales  CMXCVI  A madame de la flechere  Les mauvais procédés et les répugnances de Tamour-propre : excellentes occasions de pratiquer Thuniilité.  Annecy, [août-septembre] 1614 (i). J'ay veu, ma très chère Fille, vostre esmotion de colère et de répugnance a l'endroit de ceux qui traittent avec vous asprement. Or sus, il faut rasseoir vostr'esprit, car cela n'est rien que nous ne sachions bien ; car nous sçavons bien que nostre nature bouillonne en mille sortes d'aigreurs quand on nous attaque, et que nostr'amour propre nous suggère tous-jours asses de mauvayses affec- tions contre ceux qui nous attaquent. Mais, grâces a Dieu, nous résistons en fin finale, nous ne nous laissons pas emporter au mal ; au moins, si nous sommes esbranlés, nous ne tumbons pas du tout. Voyla donq une bonn'oc- casion de nous humilier, de nous confondre doucement et de prattiquer l'abjection de nous mesme. Demeures donq ainsy en une sainte paix, et si M. vostre mary le treuve bon, ne laisses pas d'aller voir ces gens-la pour tesmoigner la charité; mais vous pourres bien estre courte en vostre visite. Mon Dieu, je pense que si vous venies icy l'hiver vous auries bien plus de repos que là ; mais je n'ay garde d'en plus parler, puisque tant d'autres considérations que je ne sçai pas, peuvent avoir rafroydy le dessein que vous en aviés.  (i) Vers la fin de novembre 1614, le Saint remarquait que chez M""* de la Fléchère, les passions s'étaient « un peu alenties. » La présente lettre semble donc antérieure à celle-là, puisqu'il est question ici de « colère, » « d'aigreurs, » de bouillonnement de la nature, etc. L'allusion à l'hiver prochain et la men- tion de la présence en Savoie de M. de la Fléchère — à la fin d'octobre il était à Turin — servent aussi à délimiter et à justifier la date approximative que nous proposons.  Année 1614 223 Bonsoir, ma très chère Fille, je vous escris tous-jours sans loysir, et suis tous-jours pour jamais très (0. A Madame Madame de la Flechere. Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat, ( 1 ) Les clausules finales manquent à la copie conservée à Turin.  CMXCVII AU DUC DE BELLEGARDE Progrès spirituels du duc de Bellegarde. — A quelle condition peut-on servir Dieu à la cour. — Pourquoi Dieu est le plus digne objet de notre amour. Annecy, 12 septembre 1614. Je n'ay point de plus grande gloire en ce monde, Monsieur mon Filz, que celle d'estre nommé père d'un tel filz, ni point de plus douce consolation que de voir la complaysance que vous en aves. Mais je ne veux plus rien dire sur ce sujet, qui aussi m'est indicible; il me suffit que Dieu m'a fait cette grâce, laquelle m'est tous les jours plus délicieuse, quand on me dit de toutes parts que vous vives a Dieu, quoy qu'emmi ce monde. O Jésus mon Dieu, quel bonheur d'avoir un filz qui sçache par merveilles si bien chanter les chansons de Sion emmi la terre de Babylone ! Les Israélites s'en excusèrent jadis parce que non seulement ilz estoyent entre les Babyloniens, ains encor captifs et esclaves des Babyloniens * ; mais, qui n'est point en l'esclavage de la * Ps. cxxxvi, 1-4. cour, il peut emmi la cour adorer le Seigneur et le servir saintement. Non certes, mon très cher Filz, quoy que vous changies de lieu, d'affaires et de conversations, vous ne changeres jamais, comme j'espère, de cœur, ni vostre cœur d'amour, ni vostre amour d'object, puisque vous ne sçauries choisir ni un plus digne amour pour  â24 Lettres de saint François de Sales vostre cœur, ni un plus digne object de vostre amour que Celuy qui vous doit rendre éternellement bienheu- reux. Ainsy la variété des visages de la cour et du monde ne donnera point de changement au vostre, duquel les yeux regarderont tous-jours le Ciel auquel vous aspirés, et la bouche reclamera tous-jours le souverain Bien que * Cf. Tr. de lAw. VOUS J CSpCrés *. de Dieu, liv, XII, ,;r • > • i- i -r>-i ch. IV. ivlais penses, je vous supplie, mon cher Pilz, si ce ne m'eust pas esté un ayse incomparable de pouvoir aller moy mesme auprès de vous en l'occasion de ces Estatz ( ^ ), pour vous parler avec cette nouvelle confiance que ces •Cf. Epist.cMLxxxi. noms de père et de filz m'eussent donné *. Dieu néan- moins ne le voulant pas, puisqu'il permet que je sois attaché icy, ni vous, ni moy non plus ne le devons pas vouloir. Vous seres donq la mon Josué qui combattrés pour la cause de Dieu en présence ; et moy je seray icy *Exod., XVII, 10-12. comme un Moyse qui tendray mes mains au Ciel *, implorant sur vous la miséricorde divine affin que vous surmonties les difficultés que vostre bonne intention rencontrera. De vous supplier meshuy de m'aymer, je ne le veux plus faire, puisque je puis plus courtement et expressé- ment vous dire : soyés donq mon vray filz de tout vostre cœur, Monsieur, puisque je suis de tout le mien, non seulement Vostre très humble et obéissant serviteur, mais vostre père infiniment très affectionné, Franç% E. de Genève. ( I ) Il est probable qu'il s'agit ici des Etats de Bourgogne que Roger de Bellegarde devait présider. Convoqués pour le i8 septembre dans la grande salle des Cordeliers de Dijon, ils se clôturèrent le 23. (Archiv de la Côte- d'Or, B. 3077, fol. XXIII.) Le grand Ecuyer de France intervint aussi aux Etats généraux. (Cf. ci-dessus, note (2), p. 217.)  Année 1614 225 CMXCVIII AU BARON PAUL DAMAS d'aNLEZY (0 (inédite) M""^ des Gouffiers aspirante à la Visitation ; accueil que lui pré-parent le Fon- dateur et les Religieuses. — Sa famille n'aura nul sujet de blâmer son choix. Annecy, 28 septembre 1614. Monsieur, Puisque le brevet requis pour la déclaration de la nullité des vœux de madame de Gouffier vostre seur, est expédié en la sorte qu'elle a peu désirer (2), elle ne peut, ce me semble, mieux tesmoigner qu'elle n'a pas pour- chassé sa liberté que pour la reengager plus heureusement a Dieu, qu'en s'approchant de vous pour prendre les resolutions convenables a son entière retraitte (3), la- quelle ayant choysie en ce lieu et en la compaignie qu'ell'a veûe et considérée plus d'un an, il m'est advis que je dois vous protester. Monsieur, que sa naissance, ses vertus ( I ) Le nom du destinataire est très oblitéré sur l'Autographe, mais le con- tenu de la lettre le désigne clairement. Paul Damas, chevalier, baron d'Anlezy, gentilhomme ordinaire de la Cham- bre du Roi par lettres patentes du 15 octobre 1616, était le fils aîné de Jean Damas, baron d'Anlezy, et d'Edmée ou Esmée de Crux. Par contrat du 31 mai 1606 (Archiv. de M. le comte de Damas d'Anlezy), « passé a Paris, rue Sainct Anthoine, parroisse Sainct Paul, en Thostel du sieur de Thibautot, » il avait épousé Hélène Arnault des Gouffiers. (Cf. ci-dessus, note ( i ), p. 154.) La Reli- gieuse du Paraclet était donc belle-sœur du gentilhomme. (2) Voir ci-dessus, pp. 152-15,1. (3 ) M'"^ des Gouffiers quitta Annecy à la fin de septembre 1614 pour aller au Paraclet se dégager de ses premiers liens. Mais passant à Lyon, elle trouva que rétablissement de la Présentation venait de se rompre (voir Appendice III et cf. ci-après, note ( 2 ), p. 236) ; dès lors, sur les instances de M'"- d'Auxerre (voir ibid. et note (3), p. 240), elle s'employa à renouer les négociations avec saint François de Sales, en vue d'obtenir des fondatrices pour un monastère de la Visitation. (Cf. plus haut, note (2), p. 25.) Vers la fin de janvier 161 5, M'"<= des Gouffiers, qui n'avait pas encore pu se rendre à son abbaye, revenait à Annecy chercher la Mère de Chantai et les Reli- gieuses destinées à la deuxième Maison de l'Institut. Lettres VI ir  226 Lettres de saint François de Sales et ses saintes intentions luy ont acquis tout le service que je luy pourray rendre ; et que si bien elle sera icy esloi- gnee de la plus part de ses parens, elle sera néanmoins proche de plusieurs personnes qui les honnorent infini- ment, et qui l'auront en une considération si sainte et honnorable, que pour ce regard, Monsieur, vous n'aures nul sujet de blasmer son choix, auquel, puis qu'eU'a eu plus d'attention a contenter Dieu que de servir aux respectz humains, sa divine Majesté sans doute luy don- nera toutes les bénédictions qu'ell'en doit espérer, et en fera dériver sur vous quelque bonne part, si mes souhaitz sont exaucés ; car je le (sic) feray toute ma vie pour vostre bonheur, et demeureray de tout mon cœur. Monsieur, Vostre plus humble serviteur en Nostre Seigneur, Franc», E. de Genève. XXVIII septembre 1614, Anessi. A Monsieur Monsieur le Baron d'Anlezy. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Boulogne-sur-Mer.  CMXCIX A M. GUILLAUME DE BERNARD DE FORAS Un échange qui accommoderait infiniment les monastères de Saint-Dominique et de la Visitation; il se fera, si le prince de Nemours en témoigne le désir. — Le destinataire est prié d'en parler à Sa Grandeur. Annecy, fin septembre ou commencement d'octobre 16 14 (i). Monsieur, L'extrême nécessité que la Visitation a d'une partie du jardin de Saint Dominique, sur lequel le bastiment (i) Hérissant (1758, tome III, p. 92) place cette lettre vers le 18 septembre 1614, mais la date que nous lui attribuons se déduit des événements racontés note (6), p. 228. Le même éditeur ajoute que l'Autographe portait une  Année 1614 227 nouveau regardera (O, fait que plusieurs gens d'honneur ont pensé de proposer que les Pères de Saint Dominique prissent une partie d'un jardin du collège sur lequel ilz regardent, et moyennant une recompense que l'on don- neroit au collège, que les Dames de la Visitation fourni- royent ; et qu'en cette sorte, les Pères de Saint Dominique lascheroyent la partie requise de leur jardin en faveur de la Visitation : dont deux maysons, Saint Dominique et la Visitation, demeureroyent infiniment accommodées, et le collège nullement incommodé (2). inscription ainsi conçue : « Cette lettre est la première que le sieur de Forax a receue de M^"" l'Evesque de Genève, le B. François de Sales. » Guillaume de Bernard, seigneur de Foras, naquit vers 1590, de François de Bernard et de Valentine de Baillion. Elevé dès le berceau dans la maison du duc de Nemours, que servait son père, il fut lui-même Tun des premiers officiers du prince et, en cette qualité, vint à Annecy et demeura deux années entières en Savoie. François de Sales eut bien vite remarqué les inclinations vertueuses et les sentiments délicats du gentilhomme ; il l'admit à sa table, recourut souvent à ses bons offices et l'aima d'une affection très tendre, comme le témoignent ses lettres. Quand M. de Foras songea à demander la main de Françoise de Chantai, personne ne plaida sa cause avec plus de sympathie et ne souhaita plus vivement le succès de ses démarches. Le projet ayant échoué, il épousa en 1619 Anne Le Beau, fille de René Le Beau, seigneur de Sanzelles, et de Catherine de Montholon. (Cf. plus haut, note (3), p. 18.) La famille de Montholon, irritée de ce mariage, obtint du Parlement l'incar- cération de M. de Foras; les blâmes ne furent pas non plus épargnés à notre Saint qui avait approuvé cette union. Trois mois plus tard, tout s'apaisait. En 1628, le 16 mars, quand il dépose au P"" Procès de Béatification de son saint ami, Guillaume de Bernard de Foras est qualifié des titres de « conseiller du duc d'Orléans et de maitre ordinaire de son hôtel. » (Process. remiss. Parisiensis, ad 2um interrog.) D'après de Hauteville (La Maison naturelle de St Fr. de Sales, 1669, P*^ Partie), il mourut à Paris en 1667 ; sa femme ne lui survécut que quarante jours. (i) Pour se rendre compte de l'échange des jardins dont il sera parlé si souvent dans les lettres qui vont suivre, il faut savoir que le couvent des Domi- nicains était, d'un côté, mitoyen du collège, et de l'autre, de la Visitation. Celle- ci demandait aux Frères Prêcheurs de lui céder un morceau de leur terrain; en compensation, ils auraient reçu une pièce du jardin des Baruabites, et la Ville, en retour d'un dédommagement offert parles Religieuses, consentait à faire à ces derniers la concession d'une place qui lui appartenait. (2) Cet accommodement ayant soulevé bien des difficultés, l'affaire traîna sans pouvoir être conclue, jusqu'au 5 janvier 1618. A cette date, les Barnabites semblent disposés à céder la pièce de leur jardin aux Dominicains, mais ceux-ci ne voulurent jamais consentir à l'échange. Il y eut jusqu'à trois procès avec la Visitation, lesquels se terminèrent par une transaction, passée le 15 septembre 1618. (Archiv. communales d'Annecy, Série GG, Acta Capituli Collegii Cler. Reg. Sti Paitli ; Archiv. de la Visitation d'Annecy, Livre des Contrats permanents.)  228 Lettres de saint François de Sales Or, j'en parlay l'autre jour a Monsieur (0, qui treuva bon de le recommander aux Administrateurs du collège (2) par l'entremise de M. Dufresne (3). Mais maintenant que les Pères Barnabites sont remis (4), cela dépendra aussi d'eux : c'est pourquoy, s'il plaisoit a Monsieur de leur tesmoigner qu'il désire ce commun accommodement, il y a de l'apparence que la chose reusciroit, pourveu que le tesmoignage de son désir fust un peu bien exprimé. Ce que Sa Grandeur fera facilement, puisqu'elle peut prier lesditz Barnabites de voir avec messieurs de son Conseil (^) si cela se pourra bonnement faire, et que s'il se peut sans grande incommodité, il désire fort affection- nement que cela se fasse et qu'il les en prie (^). ( I ) Le duc de Nemours. (2) Les Administrateurs du collège nommés au contrat du 5 juillet 1614 (cf. ci-dessus, note (i), p. 189) sont : Révérend François de Lornay, doyen de Notre-Dame; Frère Bernardin de Charpenne, prieur de Saint-Dominique; Antoine de Boëge, seigneur de Conflans, Jean-Baptiste Garbillon et Aimé Curlet, syndics d'Annecy. François de Gruet, seigneur de la Poeppe, le deuxième syndic élu le i^"" mai précédent, ne paraît pas avoir exercé la charge. (3) Secrétaire de Henri de Nemours (voir plus haut, note (2), p. 100). (4) Le contrat de cession du collège d'Annecy aux PP. Barnabites avait été passé le 3 juillet 1614 (voir ci-dessus, note ( i ), p. 189), mais il fallut presque trois mois pour terminer les difficultés qui s'opposèrent à leur en- trée dans les bâtiments, pour restaurer ceux-ci et les pourvoir du mobilier nécessaire. Le 6 octobre suivant, ratification est faite devant le Conseil de Ville du contrat précédent, et ce même jour, D. Siinplicien Fregoso et D. Juste Guérin commencent à cohabiter dans le collège, (.^rchiv. communales d'Annecy, Série GG, Acla Coîlegii.) Dès lors, la Ville étant dépouillée de l'immeuble Chappuisien, les Barnabites avaient qualité pour intervenir dans l'affaire des jardins. C'est ce qui explique l'allusion du Saint. ( 5) Les membres du Conseil de Genevois (cf. tome XIV, note (5), p. 302, et tome XV, not3 (2), p. 3s'i. Le président, en 1614, était Charles-Emma- nuel du Coudrey (voir tome XV, note (2), p. 12); collatéraux ou assesseurs, Barthélémy Floccard et Claude de Quoex ; avocat-fiscal, Henri Ouvrier (cf. tome XIV, note (3), p. 340). Nous ignorons quel était alors le procureur patrimonial. (6) Le Saint espérait beaucoup du bon vouloir du prince de Nemours à l'égard de la Visitation, et ce n'était pas sans en avoir vu déjà les effets. (Cf. le tome précédent, p. 32S.) Par lettres patentes du 20 août de cette même année, le Duc avait accordé à la Communauté la permission de bâtir le long du canal du Thiou, avec injonction à ses « officiers d'avoir l'oeil et tenir main que ci après, au tour des édifices de ces dévotes Religieuses, » personne ne leur puisse causer mécontentement ou préjudice. (Hist. de la Fondation du ler Monastère d'' Annecy .) M. de Foras ne tarda pas à faire la démarche que lui demandait François  Année 1614 229 Il reste que je vous supplie d'en parler a Monsieur, ce que je feray présentement, sans attendre davantage que les Pères Barnabites montent si haut pour parlera Sa Grandeur ; et il sera a propos qu'elle fasse ce bon office en cette occasion. Je serois allémoy mesme l'en supplier; mais je n'ay pas creu que cela fust bien, puisque je me fusse rendu soupçonné, et peut estre devray je en venir en cette bonne affaire comme médiateur avec messieurs du Conseil. Excusés moy, j'espère, cette confiance, Monsieur; c'est en qualité de Vostre très humble et affectionné serviteur, FRANç^ E. de Genève. A Monsieur [Monsieur] de Forax, Gentilhomme de la Chambre de Monsieur le Duc de Nemours. de Sales par ces lignes. Le 4 octobre il se présenta devant les Administrateurs du collège, réunis avec les Barnabites, pour leur déclarer la volonté de sou maître qui donnait satisfaction aux désirs du Bieniieureux. Mais les Pères subordonnèrent leur réponse à celle de leur Général ; les syndics eux-mêmes et le Conseil de Ville ne se rendirent pas et supplièrent « les Dames pour- suivantes a se désister de la poursuite. » (Reg. des Délib, municip., 6 octo- bre 1614.)  M A iM. PIERRE-FRANÇOIS JAY, CURÉ DE BONNEVILLE (O Un futur assistant du Saint aux Offices de la cathédrale. Annecy, 2 octobre 16 14. iMonsieur, Nous vous attendions icy, des avanthier, pour achever le projet que vous avies fait de venir estre l'un de nos ( I ) L'Autographe ne porte point d'adresse, mais la note ( i ) de la page suivante ne laisse aucun doute sur le destinataire. Pierre-François Jay, fils de Claude Jav, notaire, et d'Aimée de Syndic, naquit à Cluses en Faucigny, vers 1590. Minoré  230 Lettres de saint François de Sales assistans en l'église cathédrale, puisqu'en (sic) nous avons treuvé une considération de juste poids pour dispenser, pour vostre particulier, sur la règle du concours (0, pour la conservation de laquelle j'ay, jusques a présent, fait de la difficulté en cett'afFaire. Venes donq, attendu que vous estes de Vostre plus humble confrère, Franç% E. de Genève. 2 octobre 1614. Revu sur l'Autographe appartenant à M"^ Vuy, à Carouge (Genève). et sous-diacre le 22 décembre 1607, il reçoit à Rumilly le diaconat le i^'"niars 1608. et la prêtrise le î2. Successivement curé de Bastydiot (Bois-d'Hyot, Côte-d'Hyot) et de Bonneville son annexe, 17 février 1609; de Scionzier, 4 no- vembre 161 5; de Pontchy, 11 février 1626; du Petit-Bornand et d'Ayze (18 février 1637-20 novembre 1645), ^- 1^7 ^^^^* encore titulaire de cette dernière paroisse en 1659. I^éjà chanoine théologal de Saint-Pierre de Ge- nève en 1628, il fut nommé vicaire capitulaire (27 juin 1635) après le décès de Mïf'' Jean-François, frère du Saint, et devint ensuite vicaire général et officiai de ses trois successeurs, D. Juste Guérin, Charles-Auguste de Sales et M»"" d'Arenthon. (R. E.) Le Pourpris historique (1), p. 254, le qualifie de « tres-docte et tres-vertueux... docteur en Théologie et en Droit, Archidiacre et en fin Chantre de l'église cathédrale... ; mais, plus que tout cela... franc et syncere s'il en fut jamais, prédicateur, orateur, historien, poète... tres-êstimé et tres-aymé de tous ses Evêques, mais particulièrement du Bien-heureux François. » On peut voir dans la Vie du Saint par Charles-Auguste {liv, X, éd. 1634, p. 594; Vives, tome II, p. 277), l'épitaphe latine composée par M. Jay à la louange du grand Evéque de Genève. Le digne ecclésiastique décéda au mois de mai 1669. (i) Le 6 septembre 1613, saint François de Sales écrit au sujet de la pré- sentation du destinataire pour la cure de Scionzier : « Je sçai quil arrivera « aussi quelque difficulté sur la réception de M. Jay au concours, dautant « que la rayson pour laquelle nous jugeasmes de le pouvoir excepter sans « conséquence de la règle des resignans leurs cures semble manquer de fon- « dément, » etc. En effet, le candidat avait résigné, le 31 décembre 1614, la cure de Bonneville (R. E.) : du rapport qui existe entre ces deux faits et le texte de la présente lettre, on peut déduire avec certitude l'adresse de celle-ci. R** Pierre-François Jay répondit à Tinvitation de son Evêque : chanoine depuis 1615, il eut souvent l'honneur de l'assister en qualité de diacre lors- qu'il officiait pontificalement. (D'après sa déposition, Process. remiss. Ge- benn. (I), ad art. 33, 35.)  ( I ) Le Pourpris historique de la M.iiion de Sales. .., par Charlei Auguste de Sales, Evêque et Prince de Genève, Annessy, Jacques Clerc, mdclix.  Année 1614 231  MI  A LA MERE UE GHANTAL Une visite des Pères Barnabites annoncée à la Mère de Chantai. Annecy, vers le 6 octobre 1614 (i). Ma Mère, Le Père Supérieur (2) et le P. Don Chrisostome (3) vont pourvoir la situation de vostre mayson et en prendre ( I ) Ce billet a dû suivre de très près la démarche faite le 4 octobre par M. de Foras, au nom du duc de Nemours, auprès des Administrateurs du collège Chappuisien et des Barnabites. (Voir ci-dessus, note (6), p. 228.) La réponse dilatoire de ceux-ci explique la visite qu'annoncent ces lignes et confirme la date indiquée. (2) D. Simplicien Fregoso, issu d'une des plus nobles familles de Milan, entra de bonne heure chez les Clercs réguliers de Saint-Paul. Le P. Général des Barnabites le désigna avec D, Juste Guérin pour prendre possession en son nom du collège d'Annecy. Après un combat d'humilité qui dura deux mois, pour savoir qui serait supérieur de la maison, la charge fut donnée au P. Simplicien. Sa distinction native, son savoir et ses vertus lui concilièrent bientôt le respect des écoliers et l'estime des Annéciens. Quand les classes s'ouvrirent (2 novembre), il fit sa première leçon publique sur la logique d'Aristote, et le i'^'' décembre, devant une belle assemblée, il commença, dans la salle des nobles, l'explication du Traité des Sacrements. Sous l'impul- sion de François de Sales, il ouvrait, le 7 février 1616, une nouvelle école populaire dans l'église du Puits Saint-Jean. En 1617, le P. Jean-Baptiste de Gennari lui succéda comme supérieur, et dès lors, D. Simplicien remplit les diverses fonctions de bibliothécaire, préfet des classes, etc. Il n'était âgé que de trente-huit ans, lorsque la mort le ravit à Taftection et à l'estime géné- rales (24 janvier 1618). Une âme si noble et d'une si délicate générosité avait tout de suite pris le cœur du saint Evêque ; sa perte l'affligea comme un deuil personnel. (D'après les Acta Collegii, et Arpaud, Vie de Mgr D. JusteGuérin, 1837, liv. I, chap. XI.) (3) Sans doute D. Chrysostôme Marliano, né dans le diocèse de Milan et reçu chez les Barnabites le 13 novembre 1603. Après avoir gouverné le col- lège de Thonon de 1625 à 1628, il est agrégé, le 24 septembre de cette der- nière année, à celui d'Annecy, où il exerce les fonctions de vicaire, de préfet des études et des cas de conscience. Ce Religieux se révéla surtout comme prédicateur, et fut l'orateur des jours de fête à la Visitation, depuis la Saint- André 1628 jusqu'au 2 février 1629. Quand la peste sévit dans la ville d'An- necy, il se distingua par la ferveur de son zèle auprès des malades. En 1636, déjà provincial de la province de Piémont, D. Chrysostôme vient de Paris, le 13 juin, pour visiter les collèges de Savoie, et de même encore le 28 mars 1638. Il mourut à Paris le 31 mars 1642. (D'après les Acta Collegii.)  232 Lettres de saint François de Sales les mesures, affin de bien instruire le P. General (0 de la nécessité que vous avés du jardin des Pères de Saint Dominique ( = ). Hz entreront donq, et je suis d'advis que vous les faciès monter vers vous, affin de leur parler, et puis vous les feres accompagner. En somme, ilz sont de la mayson. Revu sur un fac-similé de l'Autographe, conservé à la Visitation d'Annecy. ( I ) D. Jean-Ambroise Mazenta (voir ci-dessus, note (2), p. 190). (2 ) Cf. ibid., notes ( i ), (2 ), p. 227.  Mil  A LA MEME Reprise d'un travail interrompu à regret. Un concours, et « l'eschange des jardins » à acheminer. Annecy, [7] octobre 1614 (i)- Que dites vous, ma très chère Mère, la Messe du P. Don Simplician (2) vous sera-elle suffisante? Si cela n'est, je m'y en vay. Or, je suis sur le livre (3) que j'ay tant laissé ces jours passés, et après disné nous avons un concours (4), après lequel je verray d'acheminer l'eschange des jardins. Hier nous ne fismes rien, la partie estant remise a jeudy. Bon jour, ma très chère Mère, a laquelle je souhaitte mille bénédictions. (i) Le 6 octobre, le Conseil de Ville avait résolu de prier les Religieuses de la Visitation de « se désister » de leurs poursuites touchant « l'eschange des jardins » mentionné dans ces lignes. Celles-ci n'auraient-elles pas été écrites le lendemain, et « la partie » renvoyée au jeudi, 9? (Cf. le billet précédent, et note (6), p. 328.) (2) D. Simplicien Fregoso, Barnabite (voir note (2) de la page précédente). ( 3 ) Le Traitté de V Amour de Dieu, que le saint auteur devait terminer dans les premiers jours de novembre, (Voir ci-après, lettre du 7 à M""^ de la Fléchère.) (4) Il n'a pas été possible d'en connaître l'objet ni, par conséquent, la date, qui aurait déterminé d'une manière certaine celle du présent billet.  Année 1614 333 MIII A MM. LES PROVISEURS DU COLLEGE DE SAVOIE A LOUVAIN (0 L'introduction des Barnabites au collège d'Annecy laisse subsister l'alliance avec le collège de Savoie à Louvain. — Les Proviseurs sont priés d"agréer ce qui a été fait et de correspondre au désir du Saint. Annecy, 15 octobre 1614. Messieurs, Sur l'exprès commandement de Son Altesse Serenis- sime (2), de Monseigneur le Prince Cardinal (3) et de Monseigneur le Duc de Nemours, seigneur de ce païs de (i) Le 13 novembre 1614, les Proviseurs du collège de Louvain, Guillaume Fabricius, Corneille Sylvius, Gérard Corselius, écrivent aux Administrateurs du collège d'Annecy. Voir cette lettre à l'Appendice II. Guillaume Fabricius, dit Schmidt, originaire de Nimègue, docteur en théo- logie en 159.I, président du collège Craendonck en 1598, du petit collège le 30 novembre 1603, et du grand collège de théologie de Louvain le 27 mai i6ir. Doyen du Chapitre de Saint-Pierre le 13 août 1625, il mourut âgé de soixante-quinze ans, le 7 mars 1628, en laissant ses biens au grand collège, pour des fondations de bourses. Cornélius Sylvius, dit Bosman, né à Louvain de Pétronille Trévire et de Conrad Sylvius, notaire de l'Université, mort le 27 avril 1620. Il était docteur ùt îtU'oque jure et professeur; avocat-fiscal le 17 juillet 1594, il avait été nommé dictateur le 51 août 1617. Gérard de Courselle, Coursele ou Corseille, plus connu sous le nom de Corselius, naquit à Liège le 10 juin 1568 et mourut à Bruxelles le 22 sep- tembre 1636. Ses parents, Pierre-Chrétien et Marie Weyms, prirent grand soin de cultiver son esprit. Après de très brillantes études littéraires et juri- diques, il fut promu au doctorat en 1594 et la même année aux Ordres sa- crés. Chargé de la chaire royale des Institutes du droit Romain en 1596, son savoir le fit entrer au grand Conseil de Malines. Les archiducs de Flandre, Albert et Isabelle, le nommèrent deux ans plus tard membre de leur Conseil privé, et en 1630, prévôt de Harlebeeke. De 1^94 à r6i6, il fut élu neuf fois chef de l'Université. Ses rares qualités lui acquirent dans le monde savant et à la cour l'estime générale. Il n'eut que des admirateurs et des amis, et malgré sa supériorité, disent ses biographes, il ne rencontra point de jaloux. (D'après Reusens, Documents relatifs a l'histoire de l'Université de Louvain, 142^-iypj, et les Analectes pour servir h l'histoire ecclésiastique de la Belgique^ Louvain, iSSr, 1882, tomes XVII, XVIII. — Sur le collège de Savoie à Louvain. voir aussi notre tome XIV, note { i ), p. 291.) (2 ) Voir à l'Appendice I, II, les lettres du duc de Savoie, 25 juin 1614, et cf. ci-dessus, note ( i ), p. 189. (3) Voir ibid,, les lettres du Cardinal Maurice, 25 juin et 20 septembre 1614.  2 34 Lettres de saint François de Sales Genevois (0, messieurs les Administrateurs de ce collège d'Annessi (2) ont remis ledit collège a la direction et conduitte des Pères de la Congrégation de Saint Paul (3), gens de grand zèle et doctrine. En quoy, toutefois, ni eux, ni moy, qui ay eii la charge d'en faire les proposi- tions (4), n'avons rien eii en plus grande considération que de faire les traittés de sorte que Talliance et corres- pondance qui est et doit estre entre le collège de Savoye Chappuysien de delà et celuy de deçà (5), fut saintement et religieusement conservée en tout ce qui en dépend ; qui nous fait croire que non seulement vous aggreeres, mais que vous loiieres ce qui a esté fait et en favoriseres davantage ce collège, puisque Dieu y sera mieux servi et la jeunesse mieux instruite. Et néanmoins, affin que vous nous faciès ce bien que de nous conserver vostre douce et désirable bienveuillance, je vous supplie de la nous despartir en cett'occasion, appreuvant nos bonnes intentions, lesquelles sans doute nous vous eussions communiquées avant que d'en venir aux efifectz, si le désir pressant de ces Princes nous en eust donné le loysir i^). Vostre prudence et charité vous ( I ) Cf. ci-dessus, note ( i ), p. 189. (2) Voir ibid., note (2), p. 228, (3) Ibid., notes (2), p. 145, ( i ), p. 189. ( 4 ) Cf. ci-dessus, note { i ), p. 146. (5) Cette alliance entre les deux collèges, très caractéristique par les con- ditions qu'elle faisait à celui d'Annecy, mettait ce dernier sous le contrôle de celui de Louvain ; mais la dépendance, dans la pensée du fondateur, devait être mutuelle, x Telle est, » dit un rapport de 1589, « entre les collèges d'An- necy et de Louvain, lalliance et communauté de biens voulue par le fonda- teur, que si l'un venait à être détruit par quelque grave malheur, ou à subir quelque désastre, l'autre, comme un véritable compagnon, issu d'un même père, devra, de toutes ses forces, porter secours à son frère malheureux, de sorte que, pas même à Annecy, rien ne puisse être changé sans le consente- ment des Proviseurs de Louvain. » (Analectes, etc., citées note ( i ), pag. précéd.) (6) Les Proviseurs de Louvain ne refusèrent pas la ratification du contrat du 5 juillet 1614, mais ils attendirent de nouveaux renseignements qui, mal- heureusement, ne vinrent pas, soit oubli, soit négligence de la part des Ad- ministrateurs d'Annecy. Jusqu'en 1622, tout marcha bien ; mais alors, des méchants et des jaloux écrivirent en Belgique, et firent tant, que Louvain refusa de continuer à admettre les boursiers de Savoie avant que le collège fût remis sur son pied primitif. Annecy eut beau protester ; après quarante ans entiers de débats, il fut obligé de céder, et par l'acte du 13 juin 1662, celui du 5 juillet 1614 fut résilié. Les Barnabites n'administrèrent plus qu'au  Année 1614 235 conduiront a ce bien, et le respect que nous vous devons nous rendront (sic) de plus en plus désireux de nous maintenir en la société et bonn'intelligence que la bonne memoyre de feu monsieur Chapuis (O a voulu estre entre nous. Et pour mon particulier, je prieray Nostre Seigneur quil vous comble de ses plus chères bénédictions, demeu- rant de tout mon cœur, Messieurs, Très humble, très affectionné serviteur en Dieu, Franc*, E. de Genève. XV octobre 16 14, Anessi. A Messieurs Messieurs les Proviseurs du Collège de Savoye. A Louvain. nom et sous le contrôle de la Ville et des Administrateurs chappuisiens ; entraves qui, au reste, n'empêchèrent pas la prospérité de rétablissement. (D'après Mercier, Souv. hist. d'Annecy, 1878, chap. xvni.) (i) Eustache Chappuis, fondateur des deux collèges. (Voir tome XIV, note {1), p. 291.)  MIV A MADAME DES GOUFFIERS, RELIGIEUSE DU PARACLET Dieu guide les âmes qui remplissent avec humilité quelque mission de sa Providence. — Le vrai esprit de la Visitation, et comment elle doit consi- dérer les autres genres de vie. — Pourquoi Dieu Ta créée. — C'est sa « plus grande gloire qu'il y ayt une Congrégation de la Visitation au monde. » — Humilité du Fondateur; son affection pour les Ursulines. Annecy, 15 octobre 1614 (i). Si la Providence divine vous employé, ma très chère Fille, vous deves vous humilier grandement et vous ( I ) Le commencement de cette lettre a été tronqué ; le texte ne présente pas une absolue garantie d'intégrité, mais s'il est composé de fragments de dates différentes, ceux-ci sont de la même époque. (Voir tome XIV. note ( i ), p. 14.)  236 Lettres de saint François de Sales res-jouir, mais en cette Bonté souveraine, laquelle, com- me vous sçaves, vous a asses fait connoistre qu'il vous vouloit vile et abjecte a vos propres yeux, par les con- solations qu'il vous a donné es essays que vous aves faitz de vous avilir et abbaisser. Non certes, ma chère Fille, je ne seray point en peyne de vostre conduitte si vous marches sur ce chemin la, car Dieu sera vostre guide, et puis vous ne manqueres pas de personnes qui vous donneront conseil pour cela. Selon vostre désir, j'escris au P. Grangier (0, que je vous prie encor de saluer fort affectionnement de ma part et l'asseurer de mon humble service pour luy. Vous faites extrêmement bien de tesmoigner une très absolue indifférence i^), car aussi est ce le vray esprit de nostre pauvre Visitation, de se tenir fort abjecte et petite, et de ne rien s'estimer sinon entant qu'il plaira a Dieu de voir son abjection ; et partant, que toutes les autres formes de vivre en Dieu luy soyent en estime et en honneur, et, comme je vous ay dit, qu'elle se tienne entre les Congrégations comme les violettes entre les fleurs, basse, petite, de couleur moins esclattante, et lu}^ suffise que Dieu l'a créée pour son service et affin qu'elle donnast un peu de bonne odeur en l'Eglise. Si que, tout ce qui est le plus a la gloire de Dieu doit estre suivi et aymé et poursuivi : c'est la règle de tous les vrays serviteurs du Ciel. C'est sans doute la plus grande gloire de Dieu qu'il y ayt une Congrégation de la Visitation au monde, car elle est utile a quelques particuliers efifectz qui luy sont pro- pres ; c'est pourquoy, ma très chère Fille, nous la devons aymer. Mais s'il se treuve des personnes plus relevées (i) Pierre Grangier, S. J. (voir plus haut, note (2), p. 23). (2) M"™*^ des Goutfiers venait de reprendre le projet de rétablissement d'un monastère de la Visitation à Lyon (voir ci-dessus, note (3 ), p. 225) ; le saint Directeur l'encourage à se tenir dans l'indifférence par rapport au succès de son entreprise. Un aperçu de l'Histoire de cette Fondation est nécessaire à Tintelligence du texte, mais, dispersé et fragmenté en de multiples notes données au cours des Lettres du Saint, cet exposé demeurerait forcément obscur. On le trouvera tout au long à l'Appendice III ; c'est à cette notice que nous renverrons le lecteur chaque fois qu'il en sera besoin.  Annér 1614 237 qui ayent aussi des prétentions plus grandes, nous devons les servir et révérer très cordialement, quand Toccasion s'en présentera. J'attendray donques de vos nouvelles plus particulières sur le service que vous pour- res rendre a cette nouvelle plante (0, laquelle, si Dieu veut estre une plante de la Visitation et une seconde Visitation, sa Bonté en soit a jamais glorifiée. Je suis bien ayse que vous logies aux Urselines (2) : c'est une des Congrégations que mon esprit ayme. Resa- lués les de ma part et les asseurés de mon affection a leur service en tout ce que je pourray, qui ne sera pourtant jamais rien a cause de ce que je suis. Tenés bon, ma très chère Fille, dans l'enclos de nos sacrées resolutions ; elles garderont vostre cœur si vostre cœur les garde, avec Thumilité, la simplicité et la con- fiance en Dieu. Vostre plus humble et affectionné frère et serviteur, Franc*. E. de Genève. Le 15 octobre 16 14. ( I ) La nouvelle Maison religieuse projetée à Lyon. (Voir Appendice III, et ci-après, Lettre mvii.) {2) Sur le conseil des Pères Jésuites de Lyon, Jean Ranquet, riche mar- chand lyonnais, voulut fonder un établissement d'UrsuUnes, et profiter du passage de la Mère Françoise de Bermond, déjà célèbre pour les fondations de monastères de sa Congrégation qu'elle avait faites dans le Midi de la France. Au mois de septembre 1610, la n bonne Provençale, » comme on l'appelait, revenait de Paris où, pendant plus de deux ans, elle avait formé à la vie religieuse les filles de M'"^ de Sainte-Beuve. Au moment de s'embar- quer sur le Rhône pour retourner à Aix, l'illustre Ursuline se laissa persua- der par Jean Ranquet et M. Faure son ami. Le premier céda d'abord sa maison, puis offrit, de ses deniers, deux autres immeubles dans la rue de la Vieille-Monnaie; l'acte de vente est du 21 septembre 1612. Les mépris, la pauvreté des premiers temps révélèrent bientôt la haute vertu des saintes institutrices. Louis XIII, dès le mois de décembre 161 r, avait donné des pa- tentes pour les couvents à fonder à Paris, Lyon, etc. ; M^r de Marquemont approuva l'établissement par lettres du 22 mars 1616, et le 30 avril 1619, le Prélat, alors à Rome, recevait une Bulle de la même date qui érigeait la Maison de Lyon en monastère. Dispersée en 1792, elle fut relevée après 1806; les Ursulines s'établirent définitivement en 1826 sur le coteau de Saint-Irénée, d'où, par suite des dernières lois, elle se sont retirées à la Superga (Turin). D'après la Vie de la Rde M. Françoise de Bermond, Paris-Lyon, 1896.)  238 Lettres de saint François de Sales  MV A LA MÉxME (inédite) Succès des négociations entreprises pour l'obtention d'une dispense en Cour de Rome. — Le P. de Villars à Lyon. — Prudence recommandée à la desti- nataire. — Messages divers. Annecy, 26 octobre 161 4. Voyci une lettre d'attente, ma très chère Fille, car ayant receu la vostre grande, il faudra bien aussi faire une grande responce. Ce sera, Dieu aydant, dans peu * Vide infra, Epist. de jours *, par le bon M. le contrerolleur VuUiat (0, lequel nous est demeuré de reste au partir de Monseigneur de Nemours (2) et qui prsetend, pourtant, d'aller tost a Lion mesme. Et maintenant, c'est par M. de Foras (3), qui me promet de faire seurement tenir la lettre, que j 'employé pour vous annoncer la venue de vostre des- peche de Romme (4), mais despeche si bien faite, que si nous l'avions faite nous mesme nous ne l'aurions pas faite autrement. Je vous en envoyeray une copie, avec une lettre de Monseigneur le Cardinal Bandini, qui vous escrit si courtoysement que l'on ne pourroit rien désirer de plus (5). (i) Mamert Vulliat (voir le tome précédent, note (4), p. 285, et ci-dessus, note(i), p. 188). ( 2 ) Le prince était encore à Annecy le 6 octobre. Il quitta cette ville à une date que nous n'avons rencontrée nulle part; le 19 novembre, on le trouve à Saint-Rambert. ( 3 ) Guillaume de Bernard de Foras (voir ci-dessus, note ( r ), p. 226). ( 4) La suite du texte prouve que cette « despeche » avait pour but de dé- signer le juge ecclésiastique devant lequel devait comparaître M""^ des Gouf- fiers. (Cf. ci-dessus, pp. 151-133, et note ( i ), p. 187.) ( 5) Le Cardinal Octave Bandini (1558-1629), dont nous donnerons la notice quand il sera destinataire, disait dans sa réponse à M"^^ des Gouffiers : « Vous serez bienheureuse si vous pouvez devenir la fille de Monseigneur de Ge- nève et de cette perle des dames, la Mère de Chantai. » (Procès de Béatif. de la Sainte, dépos. de la Sœur F^^^-Madeleine de Charmette, interrog. 34, art. I.) En qualité de membre de la Congrégation des Evéques et Réguliers, le Cardinal fut chargé sans doute de l'affaire de la Religieuse du Paraclet.  Année 1614 239 T>e bon M. de Sainte Catherine (0 m'escrit quil a un peu despensé gros, mais je ne sçai pas que c'est ; si je puis, je Tapprendray pour vous en tenir avertie. Monsei- gneur le Nonce de France ( = ) est député, et le lieu pour estre ouïe sera nostre pauvre chère Visitation ; si que il y a toute sorte d'apparence que Monseigneur le Nonce me commettra, et que vous aures le commissaire le plus vostre et qui vous souhaite le plus de sainte consolation qui soit et puisse estre au monde. Au reste, il ne se peut dire quelle joye nostre Mère (3) en a, et de sçavoir le bon P. de Vilars a Lion (4), dequoy je suis aussi fort consolé. Et pleut a Dieu que je peusse le loger en nostre chaire ce Caresme ; mais il y a des-ja quelques moys que le P. Prieur de Saint Dominique est prié, et je n'oserois y bouger chose du monde (■)). (6) Fille, de vous tenir dans l'enclos des advis que je vous donnay; ilz sont salutaires en tous tems, mays en l'occurrence en laquelle vous estes, ilz sont nécessaires. Dieu vous tiendra tous-jours de sa main droite, ma très chère Fille, et vous marcheres saintement et asseure- ment. Ainsi j'invoque sur vostre cœur sa toute puissante (i) Philippe de Quoex (cf. les Lettres cmlvh, p. 147, et cmlxxvii, p. 187). ( 2 ) Me-" Robert Ubaldini (voir tome XIV, note ( i ), p. 208). ( 3 ) La Mère de Chantai. (4) Le P. Jean de Villars, S. J., qui avait été le confesseur de la baronne de Chantai à Dijon. (Voir tome XII, note ( i ), p. 345.) (5) Le P. Bernardin de Charpenne, originaire de Nantes, prieur du cou- vent de Saint-Dominique d'Annecy, gouverna cette Maison à partir de 1613, après avoir séjourné plusieurs années en France. Quand il fut question d'ins- taller au collège Chappuisien les Pères Barnabites, il s'opposa avec ténacité à ce projet ; pour le déjouer, il écrivit, le 23 avril 1614, un habile plaidoyer au R. P. Achato, très accrédité à la cour de Turin, par ses fonctions de con- fesseur des princes. Nous verrons dans la suite que les Filles de saint François de Sales ne purent jamais entrer en accommodement avec lui. Il fut prieur des Dominicains de Chambéry de 1630 à 1633. Le 15 juillet 1624, le P. de Charpenne, encore à Annecy, signait l'approbation pour la Vie du Bienheureux par le P. de la Rivière; plus tard, il ne fit pas difficulté de se porter garant de la sainteté de TEvêque de Genève. Celui-ci, toujours incliné à ne témoi- gner que des prévenances à ceux qui contrecarraient ses desseins, avait ses raisons de ne rien faire qui pût porter ombre au bon Prieur de Saint- Dominique. (6) Le haut de l'Autographe ayant été coupé, la première ligne du verso a disparu par suite de cette mutilation.  240 Lettres de saint François de Sales Bonté, affin qu'elle le remplisse de son tressaint amour. Amen. Salues, je vous supplie, chèrement de ma part le P. Grangier (0 et le P. de Vilars, que j'honnore tous deux de toutes mes affections , comm'aussi le bon P. Philippe (2), en la bienveuillance duquel vous estes obligée de me conserver, puisque c'est par vostre en- tremise que j'y suis entré. Je salue ces bonnes Dames Videsupra,p.237. Ursclines, vos hostesses * et mes chères Seurs, et en- cor ces Dames de la Présentation, M'"^' d'Auxerre (3), (i) Le P. Pierre Grangier, S, J. (cf. la lettre précédente). (2) Sous ce nom, le Saint désigne D. Philippe Malabaila, né à Asti, dans le Piémont, et entré chez les Feuillants de Pignerol à l'âge de dix-huit ans, où il reçut le nom de Philippe de Saint Jean-Baptiste. Secrétaire et inter- prète pendant plusieurs années du Cardinal Barberini, Nonce à Paris, qui fut plus tard le Pape Urbain VIII, le Religieux devint en 1630, Général des Feuillants italiens, l'Ordre ayant été divisé alors en deux Congrégations, de France et d'Italie. C'est lui qui se trouva au chevet de saint François de Sales à ses derniers moments; il l'assista avec une grande piété, lui ferma les yeux et, ajoute Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. X), « les luy arrousa de ses larmes. » Le 2 février 1623, il prononça une oraison funèbre à la Visitation de Lyon, puis une autre au monastère d'Annecy, publiée en italien à Turin la même année. D. Malabaila avait soixante-dix-neuf ans lorsqu'il mourut le 11 octobre 1636. Il a laissé plusieurs ouvrages. (Cf. Morotius, Pars II et III.) (3) Marie-Renée Trunel, issue de la très ancienne famille des Papous, naquit dans la province du Forez. Orpheline de bonne heure, la riche héri- tière épousa le fils unique du premier président de Toulouse, Jean d'Auxerre, lieutenant-général au bailliage de Forez. A vingt-deux ans, M""^ d'Auxerre demeurait veuve et perdait bientôt l'un de ses deux fils. Dès lors, elle s'em- pressa de régler sa vie pour la soumettre entièrement au bon plaisir de Dieu; vingt années se passèrent dans l'exercice de la prière et de la charité. En 1613, la Providence lui ayant ménagé la connaissance de l'Institut de la Visitation (voir plus haut, note (2), p. 15), elle y trouva « les fleurs du Tabord et les épines du Calvaire, » avec le genre de vie qu'elle avait désiré sans le con- naître et cherché jusqu'alors sans le rencontrer. Ce ne fut pas trop de l'assis- tance de son directeur, le P. Grangier, pour la soutenir dans sa vocation, d'abord violemment traversée par son fils, et rendue ensuite comme impos- sible par l'établissement de la Présentation. (Voir Appendice III.) Le 3 février 1615, elle prenait enfin l'habit de la Visitation, après avoir remis à la Mère de Chantai les clefs de la maison, mais « encore plus parfaitement son cœur et sa volonté. » (Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy, Partie II, chap. ix.) Une chute grave abrégea le pèlerinage de cette sainte âme. Elle mourut en octobre 161 5, consolée d'avoir vu le premier monastère de Sainte-Marie en France, toute joyeuse d'y avoir fait les vœux de Religion à ses derniers moments, laissant aux Sœurs de beaux exemples d'une sincère humilité et d'un très grand respect pour la bienheureuse Mère de Chantai. (Voir sa Vie, dans Les Vies de VIII vénérables Veves, Religieuses de l'Ordre de la Visitation Sainte Marie, par la Mère de Chaugy, Annessy, 1659.)  Année 1614 241 Colin (i) et Belet (2). Vives toute a Dieu, pour qui je suis tout parfeiittement vostre, ma très chère Fille, ma Seur très chèrement bienaymee. XXVI octobre 16 14. Mays n'oublies pas madame Vulliat ; c'est une fille nouvelle que j'en ayme un peu tendrement (3), A Madame Madame de Gouffier. Aux Urselines. A Lion. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Orléans. (i) Née vers 1570, Elisabeth ou Isabeau Daniel fut mariée à Laurent Co- lin, enquêteur, commissaire et examinateur en la ville de Lyon. Après son veuvage, elle se joignit à M'"'= d'Auxerre (voir ci-dessus, note (2), p. i^) pour mener ensemble une vie de piété, et, en 161;, Taccompagna en Savoie. Son nom figure dans les lettres patentes données par Louis XIII (septembre 1614) en faveur de la Congrégation fondée à Lyon (voir à l'Appendice III). Elle revint à Annecy en 161 3 chercher les fondatrices du deuxième Monastère de la Visitation, et une seconde fois en 1617 ; M*"*^ Colin avait quarante-sept ans lorsque, le i*^'" septembre 1617, elle reçut l'habit avec le nom de Jacqueline- Elisabeth. Professe le 9 septembre de Tannée suivante, elle décéda le 26 août i60. (D'après le Livre du Chapitre du i^"" Monastère de Lyon transféré à Venise en 1801, etc.) En parlant de la Sœur Colin, la Mère de Chantai écri- vait le 10 avril 1617 : « Il me semble que son cœur est en bon état et bien disposé pour servir Dieu. » (Lettres, Paris, Pion, 1877, vol. I, p. i8g.) (2) Marie Bellet, dame Chaudon (voir plus haut, note (3), p. 25, et Ap- pendice III). (3) Voir ci-dessuSj note (2}, p. 188.  MVI A LA SOEUR DE CIIASTEL, RELIGIEUSE DE LA VISITATION La nature et la grâce en la Sœur de Chastel. — Conduite à tenir dans ce conflit. A quelles conditions Dieu chérit les âmes tracassées. Ann.cy, 28 octobre 1614. Certes, ma très chère Fille, vous me faites bien playsir de me nommer vostre Père, car j'ay en vérité bien un cœur amoureusement paternel pour le vostre, lequel je Lettres VI 16  ^42 Lettres de saint François de Sales voy bien tous-jours un petit foible en ces ordinaires légères contradictions qui luy arrivent. Mais je ne laisse pas de ra3^mer, car encor quil lu}^ semble quelquefois qu'il va perdre courage pour des petites paroles et repre- hensions qu'on luy fait, toutefois il ne l'a encor jamais perdu son courage, ce pauvre cœur ; car son Dieu l'a tenu de sa main forte et, selon sa miséricorde, il n'a jamais abandonné sa misérable créature. O ma très chère Fille, il ne l'abandonnera jamais, car quoy que nous soyons troublée et angoissée de ces impertinentes tentations de chagrin et de despit, si est-ce que jamais nous ne voulons quitter Dieu, ni Nostre Dame, ni nostre Congrégation qui est sienne, ni nos Règles qui sont sa volonté. Vous dites bien, en vérité, ma pauvre chère Fille Peronne Marie : ce sont deux hommes, ou deux femmes, • Vide infra ; cf. que VOUS aves en vous *. L'une est une certaine Peronne, Gen., XXV, 22, 23. , ,, ^ . ,. . ^. laquelle, comme rut jadis saint Pierre son parrem, est un peu tendre^ ressentante et depiteroit volontier avec chagrin, quand on la touche ; c'est cette Peronne qui est fille d'Eve et qui, par conséquent, est de mauvaise humeur. L'autre, c'est une certaine Peronne Marie qui a une très bonne volonté d'estre toute a Dieu, et pour estre toute a Dieu, d'estre toute simplement humble et humblement douce envers tous les prochains ; et c'est celle ci qui vou- droit imiter saint Pierre, qui estoit si bon après que Nostre Seigneur l'eut converti ; c'est cette Peronne Marie qui est fille de la glorieuse Vierge Marie et, par consé- quent, de bonn'affection. Et ces deux filles de ces diverses mères se battent, et celle qui ne vaut rien est si mauvaise, que quelquefois la bonne a bien a faire a s'en défendre, et Ihors, il est advis a cette pauvre bonne qu'elle a esté vaincue et que la mauvaise est plus brave. Mais, non certes, ma pauvre chère Peronne Marie, cette mauvaise la n'est pas plus brave que vous, mais ell'est plus affi- cheuse, perverse, surprenante et opiniastre ; et quand vous ailes pleurer, ell'est bien SLyse, par ce que c'est tous-jours autant de tems perdu, et elle se contente de vous faire perdre le tems quand elle ne vous peut pas faire perdre l'éternité.  Année 1614 243 Ma chère Fille, relevés fort vostre courage, armes vous de la patience que nous devons avoir avec nous mesme. Reveilles souvent vostre cœur affin quil soit un peu sur ses gardes a ne se laisser pas surprendre; soyes un peu attentive a cet ennemi ; ou que vous mettres le pied, penses a luy, si vous voules, car cette mauvaise fille est par tout avec vous, et si vous ne penses a elle, elle pensera quelque chose contre vous. Mays quand il arrivera que de sursaut elle vous attaque, encor qu'elle vous face un peu chanceler et prendre quelque petite entorse, ne vous fasches point, mais reclames Nostre Seigneur et Nostre Dame : ilz vous tendront la sainte main de leur secours, et silz vous laissent quelque tems en peinC;, ce sera pour vous faire de rechef reclamer et crier de plus fort a l'ayde. N'ayes point honte de tout ceci, ma chère Fille, non plus que saint Paul, qui confesse * quil avoit deux hom- * Rom., vu, 15-23. mes en soy, dont l'un estoit rebelle a Dieu et l'autre obéissant. Soyes bien simple, ne vous fasches point ; humilies vous sans descoragement, encourages vous sans présomption. Saches que Nostre Seigneur et Nostre Dame vous ayant mis au tracas du mesnage, savent bien et voyent que vous y estes tracassée ( ; mais ilz ne laissent pas de vous chérir, pourveu que vous soyes humble et confiante. Mays, ma Fille, n'ayes donq point honte d'estre un peu barboullié {sic) et poudreuse ; il vaut mieux estre poudreuse que tigneuse, et pourveu que vous vous humiliies, tout se tournera en bien. Pries bien Dieu pour moy, ma chère Fille certes toute bien aymee, et qu'a jamais Dieu soit vostre amour et protection. Amen. Jour Saint Simon et Jude, 16 14. Revu sur l'Autographe conservé au 1'^ Monastère de la Visitation de Rouen. ( I ) La Sœur de Chaste! remplissait alors dans la Communauté les offices de dépensière et d'économe.  2 44 Lettres de saint François de Sales  MVII  A MADAME DES GOUFFIERS, RELIGIEUSE DU PARACLET  Le Saint donnera de bon cœur ses Filles pour la fondation de Lyon. — Pour- quoi le genre de vie de la Visitation en facilite la diffusion. — Un trait de la Providence divine et le suffrage du Patron de TEglise lyonnaise. — Un des plus grands avantages des Congrégations au xvn® siècle. — Déférence que méritent les Carmélites. — Messages et salutations.  Annecy, 30 octobre 1614 (i).  Ouy da, ma très chère Fille, nous donnerons de bon cœur de nos Seurs de la Visitation pour augmenter la gloire de Dieu (2). Mays, qui pourroit asses admirer non plus qu'asses loiier sa Providence? Cette Bonté pater- nelle aura regardé de l'œil de son amour une quantité de filles et de femmes qui, pour diverses raysons, de- meuro3^ent entre les hazars des flotz de la mer mondaine, s'il ne leur dressoit un port aysé auquel elles puissent surgir, nonobstant que leurs barques soyent un peu foibles. La médiocrité de nostre Visitation est propre pour estre grandement estendue et multipliée ; les hautes et relevées Religions ne peuvent pas estre montées si aysement.  (i) Le 26 octobre, saint François de Sales annonçait comme très prochaine, à la même destinataire, « une grande responce. » (Voir ci-dessus, p. 238.) Elle nous est parvenue incomplète; le commencement et le milieu de la lettre manquent. La seconde partie de notre texte est autographe (voir note (3) de la page suivante) ; la première est tirée de V Histoire de la Fondation du ler Monas- tère de Lyon, par la Mère de Chaugy : on voit par son contenu que ce fragment appartient à la « grande responce ; » il est inédit, sauf les lignes 4-6 de la p. 245. (2) M™" d'Auxerre, après avoir confié à M'"<^ des Gouffiers son regret « de s'être laissée divertir de sa première résolution, la conjura d'écrire à notre Bienheureux Père pour le presser d'envoyer de nos Sœurs ; ce que ce saint Prélat accorda débonnairement, et fit réponse à madame des Gouffiers en ces termes : « Ouy da, ma très chère Fille, » etc. (Histoire de la Fondation du ler Monastère de Lyon, par la Mère de Chaugy ; voir Appendice IIL)  Année 1614 245 Au reste, ma chère Fille, celuy qui a destourné ('), ramené maintenant ses congregees a leur premier des- sein. Il m'escrit un trait de la Providence divine qui me plaist fort ; car en la patente de permission que Leurs Majestés ont donnée pour l'érection de cette Mayson, on lanommoit « de la Congrégation delà Visitation, » comme si Nostre Seigneur se fust voulu declairer par la voix royale (2). Et le glorieux saint Jean Baptiste, Patron de rKg"lise lionnoise, aura donné son suffrage a ce choix, comme ayant si bonne part au mystère de la Visitation, en laquelle il fut rendu serviteur de son Maistre et filleul de la sacrée Vierge. (3) Je retourne a l'aifaire de delà (4\ et puisque je suis a parler, je ne me puis tenir de m'estonner dequoy il semble qu'on se soit comme caché des Jésuites; car au contraire, entre les biens des Congrégations, au dessus des Religions, celuy la est de (sic) plus grans, que les Congrégations peuvent fort aysement avoir Tassistence  ( I ) Sans aucun doute, il s'agit ici de Jean Lourdelot, prêtre du diocèse de Langres. Entré d'abord au noviciat des Jacobins réformés de Dijon, il en sortit pour suivre la carrière ecclésiastique. Le 7 janvier 16x7, étant déjà bé- néficier de Sainte-Croix de Lyon, il fut nommé curé de Saint-André de Châ- tillon et, en cette qualité, devint le prédécesseur de saint Vincent de Paul ; mais le 4 août suivant, il résigna sa cure. Dans l'intervalle (51 mars 1617), M. Lourdelot avait reçu sa nomination comme chanoine de la Collégiale de Saint-Paul de Lyon, Toutefois, elle n'eut pas de suite, devant l'opposition inflexible du Chapitre, objectant que les règlements interdisaient de lui agréger un ancien Religieux. (Archives du Rhône, Reg. Prov., n'^ 8, fol. 256, 257, 279 ; Actes capitulaires de la Collégiale de Saint-Paul, 1612-1622, n°27,fol. 277, 278, 281.) Voira l'Appendice III, le rôle joué parce personnage dans l'établisse- ment de la Congrégation de la Présentation, et les efforts qu'il fit ensuite pour ramener « ses congregees a leur premier dessein, » auquel tout d'abord il n'avait mis que des entraves. (2) Saint François de Sales fait allusion au changement miraculeux du mot de Présentation en celui de Visitation dans les lettres patentes de septembre 1614. Voir à l'Appendice III le texte des patentes, avec le récit détaillé de cette merveille. (3) Ici commence la partie du texte autographe conservée à la Visitation de Vienne (Autriche) ; cf. note (i) de la page précédente. Avant sa mutila- tion, la présente lettre devait occuper trois pages; les lignes suivantes tenaient sur la troisième, et la quatrième portait l'adresse. (4) Celle de la Congrégation dont le Saint a parlé dans le premier frag- ment de cette lettre.  246 Lettres de saint François de Sales des Pères Jésuites, comme la Congrégation des Guastales, de Milan (0, celle de Castillon ( = ) et plusieurs autres d'Italie, qui fleurissent en sainteté et perfection. Quant a Testablissement des Carmelines, certes, il est désirable a Lion et en plusieurs lieux; mais pour cela, je ne voudrois pas ruiner l'autre dessein, et seroit mieux en faysant l'un de ne laisser pas l'autre. J'ay conneu la bonne M'" de Breauté avant qu'elle fut Religieuse (3);  ( I ) Le Collège de la Bienheureuse Vierge Marie, vulgairement appelé de la Guastalla, du nom d'un fief dont le prix avait servi à le bâtir, fut érigé le i^"" novembre 1^57, à Milan, entre les portes Romana et Tosa. Pour y être admises, les enfants devaient être nobles, sans fortune et âgées d'environ dix ans. La Maison était dirigée par une Prieure et des gouvernantes, tenues par le vœu de chasteté et la promesse de finir leur vie au service du pen- sionnat. Un manteau noir, un voile blanc, un anneau, pour costume, et, comme obligations de piété, la méditation du matin, la récitation quotidienne en commun de l'Office de la Sainte Vierge, la sainte Communion les di- manches et fêtes. Cette Congrégation eut pour fondatrice la comtesse de Guastalla, Ludo- vica Torella (1500-28 octobre 1569), mariée à quinze ans au baron Ludovic Stanga, puis au comte Antoine Martinengo. Pour la seconde fois veuve, à vingt-cinq ans, ramenée à la vie chrétienne par un saint Dominicain, le Père Baptiste Orefice, dirigée à Milan en 1530 par le bienheureux Antoine-Marie Zaccaria, la noble comtesse résolut de se dévouer au salut des femmes pé- cheresses. Dans ce but, elle entra dans la Congrégation de VEternelle Sa- gesse, et bientôt elle établit de ses deniers le monastère de Saùtt-Paul Con- verti, dont les Religieuses furent appelées Anoréliques. En i«)53, c'est-à-dire dix-huit ans après cette fondation, la Mère Paule-Marie — c'était son nom de Religion — quitta ses filles avec le consentement de l'autorité ecclésiastique, parce que leur attrait pour une clôture plus étroite ne favorisait pas le sien qui la portait vers les oeuvres de zèle. C'est alors qu'elle fonda le pensionnat de la Guastalla. Comme le remarque justement saint François de Sales, cette Congrégation dut beaucoup à l'assistance des PP. Jésuites, desquels la fon- datrice, au dire de son historien, appréciait grandement la direction spirituelle. (D'après le P. Rosignoli, S. J., Vita et Virtù délia Confessa di Guastalla, Ludovica Torella, etc., Venezia, Baglioni, 17 13.) (a) Le Saint veut sans doute parler d'une association de vierges, fondée par Dame Olympe de Gonzague et ses deux sœurs, filles du marquis Rodolphe de Gonzague, frère de saint Louis. Elles se retirèrent du monde pour mener une vie exemplaire, sous la direction du P. Cepari, le 21 juin 1608, et la même année Paul V assigna à cette Congrégation saint Louis de Gonzague pour protecteur et patron. Ses trois nièces devinrent les fidèles imitatrices de ses vertus. (Voir Acta Sanctorum, au mois de juin.) (3) Charlotte de Sancy, née à Paris le 8 mai 1579, de Nicolas de Harlay, seigneur de Sancy, et de Marie Moreau (voir tome XII, note ( i ), p. 53), fut mariée en 1597 à Pierre, marquis de Bréauté. Celui-ci, assassiné à Bois-le-Duc le 5 février 1600, la laissait avec un fils de treize mois. La lecture des Œuvres de sainte Thérèse inspira à la jeune marquise le goût de la vie ascétique ;  Année 1614 * 247 c'est une ame des mieux faites qu'on puisse voir, et madame d'Alincourt (0 a rayson de favoriser sa Reli- gion, ce qu'elle pourra faire par mille moyens. Et sur ce point, ma très chère Fille, prenes bien garde a parler des Carmelines avec révérence, car leur vertu et perfection vous y oblige ; et puisque ce desordre survenu a la Présen- tation (2) a éveillé le dessein de les faire venir a Lion, il faut espérer que Dieu en tirera plusieurs autres biens (3). En somme, je treuve que vous vous estes bien conduite, ou plus tost que Nostre Seigneur vous a fort bien guidé en tout cet affaire, et ne pouvois rien désirer de mieux : ce que je dis après avoir releu vostre lettre. Et pour le regard de vostre cœur, tenes le tous-jours bien en son devoir, c'est a dire en humilité, [amour (4)] de vostre abjection, simplicité et douceur. Si on envoyé prendre la conduite de M. Duval et la direction de M"^"^ Acarie la mirent au chemin de la perfection. Elle seconda sa sainte amie et confidente dans l'établissement des Carmélites en France. Après avoir introduit en leur monastère de Paris les Mères espagnoles (i8 octobre 1604), elle-même y reçut l'habit, avec le nom de Marie de Jésus, le 8 décembre suivant, et fit sa profession le 24 décembre 1605. Huit ans sous-prieure et neuf ans prieure, la sainte Carmélite passa les trente dernières années de sa vie dans l'exercice d'une humilité sincère, et mourut le 29 novembre 1652. (Voir Ménologe du Carmel et Chroniques de VOrdre des CarmélUes, 18^0, tome II, pp. 10 seq.) François de Sales avait eu l'occasion d'apprécier cette âme d'élite, sans doute en fréquentant le cercle Acarie, lors de son séjour à Paris en 1602. (Cf. tome XII, p. 131, et tome XIII, notes (i), pp. 118, 153.) ( I ) La sœur aînée de M'"* de Bréauté, Jacqueline de Harlay de Sancy, avait épousé, le 11 février 1596, Charles de Neufvillc, marquis d'Alincourt, gouverneur de Lyon (voir ci-après, note ( i ), p. 258), veuf de Marguerite de Mandelot. Elle mourut en 1618. (Voir Moreri, tome VI.) (2) Les « petites mésintelligences n qui, au dire de la Mère de Chaugy (Hist. de la Fondation du ler Monastère de Lyon), arrivèrent entre les Dames de la Présentation et « leur conducteur, » les avaient contraintes à « quitter leur édifice. » (Voir Appendice III.) ( 3 ) Ce dessein devint une réalité le 9 octobre 1616. La fondation du Carmel de Lyon fut ménagée par le marquis de Villeroy et Jacqueline de Harlay, sa femme. (Voir note (i) ci-dessus.) Celle-ci, qui s'était attachée aux filles de sainte Thérèse en visitant la Mère Marie de Jésus, sa sœur, au couvent de l'In- carnation de Paris, voulut être inhumée dans celui de Lyon. Le monastère eut pour prieure, à ses débuts, la Mère Madeleine de Saint-Joseph, venue de Paris avec sept compagnes. Les filles de saint François de Sales héritèrent de ses sentiments pour les Carmélites ; l'amitié sainte qui s'établit entre les deux Ordres fut encore resserrée en 1641, lorsque la Mère de Chantai et la Mère Marie de la Trinité signèrent une association mutuelle de prières. (4) Ce mot a disparu de l'Autographe.  248 Lettres de saint François de Sales nostre Mère et deux de nos Seurs (^\ avertisses nous a l'avantage. Ma très chère Fille, il faut que j 'envoyé cette lettre a nostre Mère, et si, il est bien tard. A Dieu donques, ma chère Fille, a Dieu soyons nous éternellement et insépa- rablement. Je salue tous-jours le P. Granger (2), le P. de Vilars (3), le P. Philippe (4) et encor vos hostesses (5), ces bonnes Dames de la Présentation (6) et nostre M"" Vulliat (7). A Neci, le xxx octobre 1614. A Madame Madame Elisabeth de Gouffiez. (i) Les deux Religieuses qui devaient accompagner à Lyon la Mère de Chantai étaient Sœur Marie-Jacqueline Favre et Sœur Marie-Aimée de Blo- nay: on leur adjoignit plus tard Sœur Péronne-Marie de Chastel. Toutefois, le départ des fondatrices n'eut lieu que le 26 janvier 161 5, (2) Le P. Pierre Grangier, S. J. (cf. ci-dessus, pp. 236, 240). (3) Le P. Jean de Villars, S. J. (cf. ibid., p. 23g). (4) Dom Philippe Malabaila, Feuillant (voir ibid., note (2), p. 240). (5) Les Ursulines de Lyon, chez lesquelles logeait M'"« des Gouffiers. (Voir ibid., pp. 237, 240.) (6) Mesdames d'Auxerre, Colin et Bellet. (Cf. ibid., pp. 240, 241.) (7) Voir p. 241.  MVIII A LA MÈRE DE CHANTAL (inédite) Une consolation refusée au Saint. — Il termine la rédaction du Iraitti de V Amour de Dieu. — Encore l'échange des jardins. — L'entrée au monastère de la Visitation permise àquelques dames de Chambéry, mais à une condition. Annecy, commencement de novembre 1614 (r). Je ne sçai certes plus que faire avec ces gens, ma très (i) Saint François de Sales, lorsqu'il écrivait ces lignes, n'avait pas achevé le Traitté de V Amour de Dieu; il permet l'entrée du monastère à des visi- teuses de Chambéry : de la comparaison de ces faits avec ceux que mention- nent la lettre suivante et celle du 7 novembre à M"'' de la Fléchère (p. 260), nous avons déduit la date.  Année 1614 249 chère et très honnoree Mère, car ilz me tirannisent et, comme si c'estoit par conjuration, m'empeschent a vive force le bien que j'estime plus que tout, de vous aller au moins un peu voir de mes yeux. Il ni a moyen quel- comque de faire autrement, et l'importance est, que je ne vous sçauray pas seulement dire un mot de tout ce que j'ay fait aujourdhuy, sinon que j'ay pourtant un peu escrit dans le livre, que j'achève (0. Voyla, ce pendant, communication de lettres a ma Mère ( = ), a laquelle je donne mille et mille fois le bon vespre. Je suis marri de n'avoir rien fait aujourdhuy pour les jardins (3), mais je ne sçai pas mesme si j'ay vescu. Ces dames de Chamberi m'ont demandé permission (4) ; je leur ay dit qu'oûy, pourveu qu'elles ne traînassent pas leur grande queue. Elles n'ont jamais esté icy, et ne sont pas pour y revenir : un peu de dévote caresse les édifiera. Elles sont bien bonnes femmes, la vanité sauve. Ma très chère Mère, bonsoir de tout le cœur de vostre filz très aymé et très aymant de sa très aymable Mère ; un peu de bon soir a nos filles. Amen. Vive Jésus ! Revu sur l'Autographe appartenant à M"'° Revel de Mouxy, à Brest. (i) Voir ci-après, pp. 250, 261. (2) Probablement, des lettres venues de Lyon et concernant la fondation qu'on devait y faire. (Cf. la lettre précédente.) (3) Voir ci-dessus, pp. 226-229, 251, 232. (4) Sans doute la sénatrice de Monthoux (voir plus haut, note (2), p. 22) et sa cousine qui allait entrer à la Visitation. (Cf. la lettre suivante et celle du 7 novembre, p. 260.) Elles étaient vraisemblablement accompagnées d'au- tres étrangères, curieuses de visiter le couvent.  250 Lettres de saint François de Sales MIX A LA MÊME (inédite) Une sénatrice à confesser; le Saint lui donne rendez-vous à la Visitation. Annecy, vers le 6 novembre 1614 (i). Ma très chère Mère, La bonne Religieuse de Monthouz ( = ) me dit hier que M'"^ la Sénatrice sa cousine (3) desiroit se confesser ce matin a moy, qui le veux bien, et peut estre que, pour cet effect, elle seroit plus ayse que ce fut a la Visitation ; et moy aussi, puisqu'aussi bien, malaysement puis-je sauver ma matinée, et que nostre M. Michel (4), a moytié malade, ne sçauroit escrire ce que je luy fournirois du livre (5), et que sur tout il nous fera grand bien de nous entrevoir, et ce sera tous-jours autant de fait. (i) Le 7 novembre (voir ci-après, p. 261), François de Sales parle comme d'un fait récent, de la confession générale dont il est question dans ces lignes ; les deux lettres mentionnent également la transcription du Traitté de V Amour de Dieu. Ces traits réunis fixent presque avec certitude la date attribuée au présent billet. (2) Emmanuelle de Monthoux, issue de la branche Guillet de Monthoux d'Annemasse, fut d'abord Religieuse à l'abbaye de Sainte-Catherine, où sa ferveur lui valut la confiante amitié de la jeune Marie-Aimée de Blonay, sa cousine ; elle l'accompagna à la fin de 1608 à Annecy pour entendre le Saint pendant les fêtes de Noël (cf. tome XIV, note ( i ), p. ici), et bientôt se mit sous sa direction, avec les quatre autres Sœurs qui aspiraient à la réforme. (Cf. tome XIII, note (4), p. 116.) Professe avant 1612, il lui fallut attendre dix ans l'accomplissement de son rêve. Le 2 août 1622, elle arrivait, avec la Sœur de Vignod, à Rumilly, pour y préparer le berceau d'une vie nouvelle. L'éta- blissement des Bernardines réformées commença le 8 septembre suivant, et dès lors la vertueuse Cistercienne prit le nom de Sœur Marie-Emmanuelle. (Voir Grossi, La Vie de la vénérable Mère de Ballon y Annecy, Fontaine, 1695, liv. II, chap. m, xxi, xxii, xxviii.) (3) Gabrielle Dyan, femme du sénateur Claude-Louis Guillet de Mon- thoux. (Cf. note (4) de la page précédente, et ci-après, p. 261.) (4) M. Michel Favre, aumônier du Saint. ( 5 ) Du Traitté de V Amour de Dieu, que saint François de Sales venait d'achever et qu'il faisait transcrire pour le livrer à l'impression. (Cf. ci-après, p. 261.)  Année 1614 251 Bonjour, ma très chère Mère; j'iray la dans une petite heurette, Dieu aydant. Cependant, sil venoit quelque prestre, ne laisses pas de communier, car j'entens qu'hier vous fustes toute alangourie. Je suis vostre comme vous sçaves vous mesme. Revu sur l'Autographe appartenant à M'"' Milliet, à Saint-Alban (Savoie).  MX AU CHANOINE MAURICE MARPEAUD (O (inédite) Le destinataire est prié de loger en vertueuse compagnie le fils de M""'^d'Escrilles, Annecy, 6 novembre 1614. Monsieur, La bonne M™^ des Grilles (-) avoit une grande consola- tion en la créance que vous luy avies donnée de recevoir avec vous son filz (3), estimant que, sur toutes autres, (i) Maurice Marpeaud, curé de Lémenc, à Chambéry, signe les registres paroissiaux depuis le 7 mars 1616 jusqu'au 6 juin 1625. Il fut l'un des trente membres fondateurs de la « grande Congrégation, dite des Nobles ou des Messieurs, » érigée en i6rr par M. Marie Girod, dans le collège des Jésuites de Chambéry, sous le vocable de Notre-Dame de l'Assomption. Cet excellent prêtre, regardé comme « très homme de bien » par la Mère de Chantai (Lettre du 7 février 162^1), comme « un personnage très dévot et très capable » par le président Favre (Lettre du 24 mai i6r6), se dévoua spontanément, par une sorte d'attrait surnaturel, à la Visitation de Chambéry, dont l'établisse- ment se fit le 17 janvier 1624. Ami des premiers jours, il resta jusqu'à la mort l'ami fidèle, et, suivant la remarque des Annales du temps, l'ami désintéressé. Ayant quitté sa cure pour être le confesseur des Religieuses, il remplit ce ministère gratuitement, à la réserve de la nourriture, qui était très frugale. Le vénérable chanoine, qui se disait lui-même donné à la Visitation par Notre- Seigneur, décéda en odeur de sainteté au cours de l'année 1648. (D'après VHist. de la Fondation du Monastère de Chambéry, par la Mère de Chaugy.) (2) Marie de Mouxy, veuve d'Escrilles, qui avait pris l'habit de la Visita- tion le 2 juillet. (3) Antoine-Balthazard de la Touvière d'Escrilles (voir le tome précédent, note (2), p. 280).  252 Lettres de saint François de Sales vostre présence luy seroit salutaire. Mars puisque vous n'en aves pas le désir maintenant, elle vous voudroit prier de le loger au moins en quelqu'autre lieu ou il soit en bonne et vertueuse compaignie, au mieux quil vous sera possible; et croyant que j'aurois bien du crédit envers vous, elle m'a conjuré de joindre ma prière a la sienne. Ce que je fay par ces quatre motz, de tout mon cœur, tant en considération de la mère, qui est digne d'estr' assistée et qui est ma parente, qu'en considération du filz qui, a mon advis, est plein de bonne volonté de reuscir en la crainte de Dieu. Et avec cela, je vous demande encor la continuation en vostre amitié et en vos saints Sacrifices, puisque je suis, Monsieur, Vostre humble confrère et afFectionné serviteur, Francs E. de Genève. 6 novembre 1614, a Nessi. A Monsieur Mons'^ Maurice Marpeaud, Chanoine de la S^^ Chapelle. Chamberi. Revu sur TAutographe conservé à la Visitation de Côme (Italie).  MXI  AU DUC DE NEMOURS, HENRI DE SAVOIE L'Evêque de Genève conserve l'espoir du prochain retour du prince. — Raisons pressantes pour le Duc de résider à Annecy. — Charles-Emmanuel désire qu'il y demeure, la guerre lui en fait un devoir. — Son absence paraîtrait un abandon et amènerait une séparation d'avec la cour de Savoie. Annecy, 6 novembre 161 4. Monseigneur, Le tesmoignage de la bienveuillance en mon endroit quil pleut a Vostre Grandeur de me donner a son despart  Annhe 1614 253 de cette ville (0, la pieté qu'elle prattiqua demandant la bénédiction céleste a cet indigne Pasteur, la naturelle inclination fortifiée de plusieurs obligations que mon ame a tous-jours saintement nourri envers vostre bonté, Monseigneur : tout cela, et plusieurs autres considérations que ma fidélité me suggeroit, me toucha vivement au cœur, et ne sceu m'empescher d'en rendre des signes a ceux que je rencontray sur le champ après avoir perdu de vëue Vostre Grandeur. Cette touche, avec quelque sorte d'espérance que Vostre Grandeur me commanda de conserver de son prochain retour, m'ont fait penser plus d'une fois aux raysons qu'ell'auroit de revenir, pour aggrandir ce reste de con- solation qu'elle m'avoit laissé, me signifiant que la priva- tion de sa présence ne seroit peut estre pas de si longue durée, ains beaucoup plus courte que nostre desplaysir ne nous faysoit imaginer. Et j'a}^ treuvé. Monseigneur, que c'estoit le vray service de Vostre Grandeur qui requeroit vostre retour, et non seulement le gênerai désir de tous vos très humbles sujetz, qui prendroyent sa présence a soulagement, après beaucoup de peyne qu'ilz ont souffert. En vérité. Monseigneur, vous ne recevrés jamais des affections si fidèles en lieu du monde comme vous feres icy, ou elles naissent avec les hommes, vivent avec eux, croissent sans bornes ni limites quand et eux envers la Mayson serenissime de Savoye, delaquelle les Princes se peuvent vanter d'estre les plus respectueusement ay- més et amoureusement respectés de tout le monde par leurs peuples : bénédiction en laquelle Vostre Grandeur a la part qu'ell'a peu voir et remarquer en toutes occur- rences. Ici, Vostre Grandeur a sa mayson paternelle et, sans comparayson, beaucoup mieux accompaignee des commodités requises a son séjour que pas une des autres, puisqu'ell'y peut fournir sans les autres, et pas une des autres sans celle ci. Que si j'osois dire mes pensées sur les autres sujetz que Vostre Grandeur auroit de revenir, je luy marquerois le (i) Voir ci-dessus, note (2), p. 238.  254 Lettres de saint François de Sales désir ardent que Son Altesse Serenissime a eu qu'elle demeurast, auquel Vostre Grandeur correspondant par son retour, c'est sans doute qu'elle Tobligeroit non seule- ment a persévérer en l'amour plus que fraternel qu'ell'a tous-jours protesté envers icelle, mais elle en accroistroit extrêmement les causes, et par conséquent les effectz. Je luy marquerois encor, qu'en cas que la guerre que Son Altesse Serenissime a sur les bras (0 se rendit plus active et qu'elle passast jusques a quelqu'ardeur (ce que Dieu ne veuille), Vostre Grandeur, comme je pense, ne pourroit alhors retenir son courage quil ne la rapportast a la défense de ce sang, de cette May son, de cette cou- ronne, de cet Estât dont ell'est (2) et en quoy ell'a tant de part et tant d'interest, et ou manifestement vostre réputation. Monseigneur, presseroit vostre courage, si vostre courage, grand et bien nourri, ne prevenoit toute autre considération, voyre mesme celle de la réputation. Et donq, Vostre Grandeur ne seroit elle pas infiniment marrie de se treuver tant esloignee de Son Altesse et de ses Estatz ? EU'a voyrement commandé que le sieur de la Grange (3) fit passer ses trouppes delà les montz, qui est un bon tesmoignage de la persévérance de Vostre  (i) Allusion à la guerre du Montferrat. (Voir ci-dessus, note (4), p. 203.) (2) Le duc de Nemours était vassal de Charles-Emmanuel, le duché de Genevois ayant été donné en apanage à la branche cadette de la Maison de Savoie. (Cf. tome XII, note ( i ), p. 211.) (3) Cet officier, issu, au dire de Saint-Simon (Mémoires, tome XVI, p. 431, éd. 1873), d'une famille de « gentilshommes tout ordinaires du côté de Lyon, » sut Tillustrer par sa vaillance militaire. Renaud de Crémeaux, fils de Jacques de Crémeaux, seigneur de la Grange et de Saint- Véran, qualifié par Guiche- non (Hist. de Bresse et de Bugey, 1650, Partie III, p. 210) du titre de « mais- tre de camp d'un régiment d'infanterie, gouverneur de Bellegarde, » épousa en premières noces Sibille de Rebé, et en secondes noces, vers 1626, la fille du seigneur de Cataneo qui, de concert avec son père, le fit évader de Gênes. L'histoire et les circonstances de cette évasion ne le cèdent en rien aux aven- tures les plus romanesques de cette époque. (Cf. Année Sainte de la Visita- tion, tome I, p. 80.) Le capitaine de la Grange servit fidèlement le prince de Nemours dans ses démêlés avec le duc de Savoie (voir à l'Appendice II sa lettre à Villeroy) ; Louis XIII voulut le récompenser de ses beaux faits d'armes en lui envoyant le bâton de maréchal de France. Trois de ses filles furent Religieuses au i^"" Monastère de la Visitation de Lyon ; deux d'entre elles surtout, se distinguèrent par leur grandeur d'âme et le don du gouvernement.  Annéh 1614 255 Grandeur au devoir qu'ell'a envers sadite Altesse ; mais d'en esloigner sa personne tandis que la fièvre de la guerre est en ses Estatz et qu'on ne sçait si Dieu permettra que nous y voyons arriver des accès périlleux, je ne sçai, Monseigneur, ce que Ton en pourra juger, au préjudice de Taffection que je sçai bien néanmoins estre immuable dans vostre cœur. Je dirois encor, qu'estant icy pendant que cette guerre durera, quoy que Vostre Grandeur ne fut pas en l'armée, l'ennemy auroit tous-jours opinion ou qu'ell'y iroit en tems de nécessité, ou qu'elle praepareroit des nouvelles forces pour assister Son Altesse ; et ces pensées ne pour- royent estre que fort utiles aux affaires d'icelle. Que si Vostre Grandeur se retire plus loin en un tems d'orage, certes, cela ressentira un abandonnement absolu du pilote et de la barque a la conservation delaquelle toute rayson humaine et divine oblige Vostre Grandeur, et laissera un certain sujet de plainte a tout cet arbre ( ^ ), dont vous. Monseigneur, estes une branche, a laquelle je ne sçai ce que l'on pourra respondre. Je proteste. Monseigneur, que je n'en pensois pas tant dire, mais escrivant, la chaleur de ma fidélité envers Vostre Grandeur m'a emporté au delà des limites que je m'estois proposées; car en fin, je suis pressé de la crainte que le souvenir de cet abandonnement de Son Altesse en un tel tems, ne soit pour durer longuement et pour servir de motif a quelque réciproque séparation qui ne pourra jamais estre avantageuse, et pourra, en cent occasions, estre desavantageuse a Vostre Grandeur. Au moins ne manquera-il pas d'espritz qui la conseille- ront, et peut estre avec tant de couleurs et d'artifices, qu'ilz la rendront probable. Si la fidélité de ce porteur (2), mais sur tout si la bonté de Vostre Grandeur ne me donnoit asseurance, je n'au- rois garde d'envoyer une lettre escritte avec cette liberté ; mais je sçai d'un costé, qu'elle ne sera point égarée, et ( I ) La Maison de Savoie . (2) Probablement, le « sieur de Corbonex » mentionné dans la lettre sui- vante. (Voir note (2), p. 258.)  256 Lettres de saint François de Sales d'ailleurs, que elle ne sera leûe que par des 3'eux doux et bénins envers moy, qui aussi Tescris (ainsy Dieu tout puissant me soit en ayde) sans en avoir communiqué le dessein qu'a deux des très humbles et fidèles servi- teurs, sujets et vassaux de Vostre Grandeur (0. Comme aussi, si j'estois si heureux que d'estr'exaucé, je n'en voudrois recevoir autre fruit que celuy du mutuel conten- tement de Son Altesse et de Vostre Grandeur, et de la commune joye de ses peuples et de tous ses vrays ser- viteurs. Je prie Dieu de tout mon cœur quil remplisse celuy de Vostre Grandeur de ses grâces, et suis sans fin. Monseigneur, Vostre très humble et très obéissant orateur et serviteur, Franç% E. de Genève. A Nessi, le vi novembre 1614. Oseray-je, Monseigneur, supplier Vostre Grandeur de recevoir cette lettre comm'en confession, et si elle ne luy est pas aggreable, de la punir elle mesme par son exter- minement, en conservant néanmoins son autheur, a cause de l'innocence et bonne foy avec laquelle il l'a escritte, en qualité d'invariable très obéissant serviteur de Vostre Grandeur. Revu sur l'Autographe conservé au 2^ Monastère de la Visitation de Rouen. (1) Ces « deux fidèles serviteurs » du prince étaient sans doute le comte de Tournon et M. Barfelly, procureur fiscal. (Voir la lettre suivante et la note ( 2) qui l'accompagne.)  Année 1614 257  MXII  AU COMTE PROSFER-MARG DE TOURNON  Le Saint déplore le départ du prince de Nemours. — Une paroisse très mal desservie. — L'épitaphe du poète Nouvellet.  Annecy, 6 novembre 161 4. Monsieur, Je vous remercie très humblement de la part qu'il vous plait de me faire de vos nouvelles, toutes pareilles aux nostres de deçà, car j'ay esté aussi prié d'escrire une lettre a Monseigneur le Duc de Nemours pour luy per- suader de revenir (0; le tout, sur les remonstrances de monsieur son procureur fiscal (2), qui s'eschauffe infini- ment a ce dessein. Or, j'ay escrit * pour ne sembler pas * Epist. prœced, avoir moins de désir que les autres pour un si grand bien ; comm'en vérité je Taurois, ce desir-la, et plus grand et plus sincère que plusieurs autres, si je pensois que cela se peut faire, moralement parlant. Mays que pourront ces orateurs mortz, en comparayson des harangueurs conti- nuelzqui vivent, et soufflent perpétuellement dans les au- reilles de ce Prince son esloignement de ce païs (3) ? Et puis, n'ont ilz pas des-ja fait la moytié de leur besoigne? (i) Pour comprendre les confidences du Saint au comte de Tournon, il faut savoir que celui-ci avait reçu mission de presser le duc de Nemours de retournera la cour de Savoie. Charles-Emmanuel l'avait même chargé « d'user d'artifice » pour le lui persuader. (Lettre du Nonce de Turin au Cardinal Borghese, 30 septembre 1614, Archiv. Vatic, Borghese, II, 297.) (2) Maurice Barfelly, de Thônes en Genevois, conseiller du duc de Ne- mours, figure sous le titre de procureur fiscal, dans une pièce du 12 avril i^^Q^. A cette date, il était déjà marié avec Jacqueline Déaclard. (R. E.) Anobli par lettres patentes du i^"" mars 1602, le procureur fiscal et domanial du prince mourut avant 1641. (3) Les « harangueurs » qui avaient pesé sur la décision du duc de Ne- mours étaient sans doute de la Grange et de la Bretonnière, Berthelot et Villeroy. (Voir à l'Appendice II, la lettre adressée à ce dernier par le capi- taine de la Grange, 11 septembre 1614.) Lettres VI 17  258 Lettres de saint François de Sales Et si nous n'avons sceu empescher le départ, quel moyen d'obtenir le retour? (*) Melius non incipient quant * Cf. Ovid., epist. desinent *. Au contraire, on m'escrit des le premier de IX, Deianira Her- -, t . cuii, vers. 23. ce moys, de Lion, que monsieur d'Almcourt (0 l'attend la et fait des grans praeparatifs. Il est vray que c'est un prestre qui me l'escrit, et par conséquent peut estre mal instruit des nouvelles de cette qualité là ; mays le retour du sieur de Corbonex ( = ) esclarcira ce point. J'ay une copie de la lettre que j'a}^ escritte, que je vous feray voir, Dieu aydant (3). Le bon monsieur de Blonnay (4) a beaucoup de bon désir pour vostre église de Rumilli, laquelle, a la vérité, est des plus indevotement servie de tout ce pais (5). Je  (*) Ils ne commenceront pas mieux qu'ils ne finiront.  (i) Charles de Neufville, marquis d'Alincourt, seigneur de Villeroy, che- valier des Ordres du Roi, ambassadeur à Rome, était fils unique de Nicolas de Neufville, connu sous le nom de Villeroy (voir tome XII, note ( i ), p. ici), et de Madeleine de TAubépine. Le gouvernement de Lyon et du Lyonnais lui vint de son premier mariage avec Marguerite de Mandelot, fille aînée du gouverneur, qu'il épousa le 26 février 1588. Eu 1596, M. d'Alincourt contracta de secondes noces avec Jacqueline de Harlay de Sancy (voir ci-dessus, note ( i ), p. 247). Il était grand maréchal des logis de la maison du Roi quand il mou- rut le 18 janvier 1642, en sa soixante-seizième année. Sa foi vive le rendit le bienfaiteur de toutes les Maisons religieuses; saint François de Sales l'honora de son amitié et il aurait prophétisé, d'après certains auteurs, la destinée de son second fils, Camille de Neufville, le futur archevêque de Lyon : « Vous aurez, mon fils, dans l'Eglise, une dignité plus grande que la mienne. » Le gouverneur recherchait la société du Bienheureux; celui-ci, la veille de sa mort, à Lyon, conféra avec M. d'Alincourt pour les affaires du pays de Gex. (Voir Moreri, tome VI; Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. X, etc.) (2) Fils de noble François de Chavanes et de Louise-Sébastienne Odinet, François, seigneur de Corbonex et de Reynex, petit fief au sud de Rumilly, figure parmi les membres du Conseil de cette ville dans un procès-verbal de visite épiscopale du 18 janvier 1625. Le 21 février 1628 il teste en faveur de sa femme, Isabelle de Grailly. (3) Les instances de l'Evêque de Genève auprès de Henri de Nemours res- tèrent sans effet. (Cf. ci-après, pp. 269, 270.) (4) Jean-François de Blonay (cf. ci-dessus, pp. 91, 102, et ci-après, lettre à M™« de la Fléchère, vers le 15 janvier 1615). (5) Le clergé de Rumilly comprenait le doyen et son vicaire, dix-huit Altariens (voir la note suivante) et un prieuré de Bénédictins, dont l'église, dédiée à Sainte-Agathe, était commune à ces trois corps de clergé. Comme on le devine, leurs attributions et leurs charges se contrariaient souvent; de  Année 1614 259 voy si je pourray rencontrer quelqu'expedient pour y remédier, et Tayant treuvé, imploreray vostre faveur. Le bon curé (0 ne sçait ce quil demande en la proposition quil fait faire audit sieur de Blonnay, car il parle contre Dieu et rayson : contre Dieu, par ce quil désire une sy- monie ; contre rayson, par ce quil refuse un soulagement qui luy est offert gratuitement. Avec un peu de loysir, il pourra prendre meilleur conseil. Je receu seulement hier le pacquet pour Neufville '^), lequel sil fut arrivé un peu plus tost, seroit maintenant acheminé ; mais il ne tardera pas beaucoup entre mes mains. L'epitaphe de notre bon M. Nouvelet (3) est excellent et contient un abbregé de son histoire. Le grand honneur quil vous portoit requeroit que vous, Monsieur, fussies le seul qui luy fîssies cette démonstration de la mémoire que vous aves de luy ; aussi, nul n'en pouvoit faire également. là des contestations qui nuisaient au culte divin. François de Sales régla lui- même Tordre des offices par une transaction, le i8 mai 1620. (Voir CroisoUet. Hist. de Rumilly, Chambéry, 1869.) ( i) Né à Rumilly, Jean Viret reçut tous les Ordres entre le 6 mars et les derniers jours de novembre de Tannée 1^74- Titulaire de Rumilly dès le 22 avril de cette même année, il obtint plus tard la cure de Boussy qu'il permuta le 27 août 1588 avec celle de Marcellaz, abandonnée à son tour le 30 juillet 1601 pour Téglise de Rumilly. Les Altariens, faute de revenus suffisants, louaient leurs services aux curés du voisinage, au détriment de la paroisse (voir la note précédente). Le curé, les Altariens, les syndics tombaient d'ac- cord sur la nécessité d'assurer le culte paroissial, mais M. Viret n'en prenait pas les moyens. Il mourut en octobre 1621. (R. E.) (2) Cette Communauté devrait son origine à saint Romain, qui Taurait éta- blie à Saint-Oyen (Saint-Claude) vers 450. Transférée plus tard à Neuville en Bresse, elle prospérait en 1050, sous la Règle de saint Benoît et Tautorité de Tabbé de Saint-Claude, représenté par un prieur. Dès les premières années du XVI® siècle, le relâchement, à la suite du luxe et de Tabsence de clôture, s'introduisit dans le monastère. Les Bénédictines devinrent d'abord chanoi- nesses régulières, et en 1571, chanoinesses séculières; cette même année, les prieures passèrent sous la juridiction de l'archevêque de Lyon. Enfin, les chanoinesses, transformées en comtesses par la faveur de Louis XV, disparu- rent en 1790. (D'après du Mesnil, Cafal. des Prieurs, Chanoinesses rég. et Chan. comtesses de Neuville-les-Dames, impr. dans la Revue du Lyottnais, 1889.) En 1614, la prieure de Neuville était Béatrix de Maillard, sœur du destina- taire. (Voir ci-après, note (2), p. 279.) (3) Claude-Etienne Nouvellet, décédé dans les premiers jours d'octobre 1613. (Cf. ci-dessus, p. 137.) Son épitaphe n'a pas été retrouvée.  26o Lettres de saint François de Sales Dieu vous comble de bénédictions, Monsieur, selon le continuel souhait de Vostre très humble serviteur. Francs E. de Genève. 6 novembre 1614, Anessi. A Monsieur Monsieur le Comte de Tornon, Consellier d'Estat et commandant généralement pour S. A. en l'absence de S. E. Revu sur l'Autographe appartenant aux familles Ducruet et Pessoz, à Paris.  MXIII A madame de la fléchère Bonnes nouvelles. — Le premier essai d'une fille « bien résolue et de bon esprit. » — Annonce d'un départ. — Achèvement du Traitté de l'Amour de Dieu. — Divers messages. Annecy, 7 novembre 1614. Dieu soit de plus en plus loiié, ma très chère Fille, dequoy mesme vous aves plus de santé que mon amour cordial envers vous ne me faysoit imaginer sur ce que vous m'aviés escrit. Je vous escris sans loysir. Ce soir, M™^ de Treverney a receu une lettre en cette ville, escritte le 29 octobre par son mari, qui asseure expressément de la bonne santé du vostre (0. Voyla des-ja une bonne nouvelle. A mesme tems, nouvelle que le jeune M. de Blonnay (2), qu'on a tenu pour mort, estoit hors de danger. Hier, M"" de Monthouz, cousine germaine du cher  ( I ) Balthazard de Mouxy, seigneur de Travernay (voir tome XIV, note ( i ), p. 333), devait être à Turin, avec M. de la Fléchère. (2) Sans doute Jacques de Blonay, qui avait épousé en 1613, Marie d'Avisé, nièce de la destinataire. (Voir plus haut, note (4), p. 40.)  I  Année 1614 261 mary, entra a la Visitation pour faire le premier essay ( ; et madame la Senatrice sa cousine i^) l'amena, qui est aussi une bonne ame, et de la confession générale delà- quelle j'ay receu bien du contentement pour les bonnes inspirations que j'ay veu en son esprit. Mays la fille est certes brave, bien résolue et de bon esprit. Dieu luy face la grâce de persévérer. Nostre Mère et les deux autres partent après la Saint Martin pour Lion (3), d'où on les envoyera prendre par des honnorables ecclésiastiques. Et moy, ma très chère Fille, je m'en vay aussi en Valley pour consacrer Mon- seigneur l'Evesque de Sion, qui sera un voyage de trois semaines, pour le moins (4). Le livre de V Amour de Dieu est achevé, mais il le faut transcrire plusieurs fois avant qu'on l'envoyé (5). Nostre seur {^) et la nièce (?) viennent faire icy l'hiver et prennent mayson a part ; mon frère pourtant est main- tenant un peu malade, a cause du tracas quil a fait parmi les affaires que ces trouppes de Monseigneur de Nemours nous donnent (^).  ( I ) Fille de Janus Guillet, seigneur de Monthoux, et de Jeanne de la Fléchère, propre tante de M. de la Fléchère, Paule-Jéronyme reçut le voile le 27 dé- cembre suivant; nous donnerons sa notice lorsqu'elle sera destinataire. (Cf. ci-après, note (i), p. 279.) (3) M"*® Guillet de Monthoux, mentionnée ci-dessus, pp. 249, 250. (3) Comme il a été dit plus haut, note ( i ), p. 248, le départ annoncé pour après la Saint-Martin ne s'effectua que le 26 janvier 1615. Les détails en sont donnés à l'Appendice III. (Voir à la fin du volume, la minute de la let- tre à la duchesse de Mantoue, écrite par le Saint pour les Religieuses de la Visitation, novembre 1614.) (4) M^r Hildebrand Jost (voir ci-dessus, note (i), p. 158) fut sacré le deuxième dimanche de l'Avent, 7 décembre. Saint François de Sales partit d'Annecy le soir du i^*" décembre et quitta Sion vers le 12; le voyage fut donc plus court qu'il ne l'avait d'abord pensé. (Voir ci-après, pp. 269, 273.) (5) Ce travail de transcription devait prendre de longs mois; il fut confié à M. Michel Favre. (Cf. ci-dessus, p. 250.) Rigaud, l'imprimeur Lyonnais, ne reçut le manuscrit des mains du copiste que vers mai 1616. (Cf. tome IV, pp. XIV, XV.) (6) M""* de Bressieu, sœur de la destinataire et belle-mère de Louis de Sales. (7) Madeleine Roero de Bressieu, fille de la précédente et belle-soeur du Saint, (8) Pour l'entretien du régiment du prince de Nemours, on avait mis les paroisses à contribution. En qualité de chevalier du Conseil de Genevois, Louis de Sales avait dû, sans doute, s'occuper des levées d'impôts.  262 Lettres de saint François de Sales Bon soir, ma très chère Fille, que mon ame chérit uniquement. Je suis tout vostre très parfaitement, et salue ma nièce (O et ma petite Francine (2). Le VII novembre 16 14, Anessi. A Madame Madame de la Flechere. Revu sur l'Autographe conservé à Florence, au Conservatoire de Saint-François de Sales.  (i) Le Saint désigne ainsi plus d'une fois dans ses lettres, Gasparde d'Avisé, nièce de M.'^^ de la Fléchère, qu'il affectionnait particulièrement. (2) Françoise-Innocente de la Fléchère, filleule du saint Evèque. (Voir tome XIV, note (i), p. 56.) Le dernier membre de phrase : « et salue », etc., a été omis par Migne, tome VI, col. 975.  MXIV  A LA MERE DE CHANTAL  Le Saint retenu chez lui par le grand no.mbre des visiteurs ; il se promet toutefois d'aller voir le lendemain la Mère de Chantai.  Annecy, [8 ou 9 novembre 1614 (i).] Quel remède, ma très chère Mère, a cette invincible sujettion de recevoir des gens Ihors que plus j'ay le désir de me revoir moy mesme auprès de vous ! Il n'y a eu moyen quelconque de m'en eschapper. Ce sera de- main, Dieu aydant, malgré bon gré toutes aventures. Et ce pendant. Dieu bénisse nostre cher cœur et le rende de plus en plus tout sien éternellement. Amen. ( i) Par les Délibérations municipales d'Annecy, 8 novembre 1614, on voit que M. de Monthoux était ce jour-là dans cette ville. La « cousine » est sans doute Paule-Jéronyme de Monthoux, entrée le 6 novembre précédent à la Visitation. De ces faits, on peut déduire avec assez de vraisemblance la date que nous attribuons à ce billet.  Année 1614 263 M. le sénateur de Monthouz est ici (O, qui demain vous ira voir, ainsy qu'il m'a dit, et la cousine (2). Ma très chère Mère toute très aymee, bonsoir mille et mille fois. Amen. Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. ( I ) Claude-Louis Guillet de Monthoux (voir tome précéd., note ( 3 ), p. 55). (2) Voir la lettre précédente et note(i), p. 262.  MXV A MONSEIGNEUR PIERRE FENOUILLET, ÉVÊQUE DE MONTPELLIER (inédite ) Pénurie de prédicateurs dans la province des Capucins de Thonon, — Inter- vention du Saint en faveur des Cordeliers savoyards, menacés d'une sépa- ration préjudiciable à leurs études, — Une besogne qui n'est pas déplaisante à son auteur. — Pourquoi le Traitté de V Amour de Dieu pourrait avoir moins de succès que V Introduction h la Vie dévote. Annecy, vers mi-novembre 1614 ( i ). Monseigneur, J'ayfait une supplication a Monseigneur le Cardinal de Joyeuse ( - ), protecteur des RR. PP. Capucins, affin de pou • voir obtenir le P. F. Georges de Saint Joyre la Faverge ( 3 ) (r) C'est dans les premiers jours de novembre que François de Sales ter- mina la composition du Traitté de r Amour de Dieu (voir ci-dessus, pp. 249, 261); du 25 au 27, il fut absent d'Annecy, Les Etats généraux s'assemblèrent le 27 octobre, ils étaient ouverts lorsque le Saint écrivait cette lettre (voir page suivante). Toutes ces particularités justifient la date que nous proposons. (2) Voir tome XII, note (i), p. 411. La Chambre ecclésiastique avait élu le Cardinal pour son président aux Etats généraux. (3) D'après le texte, il semblerait que le Religieux en question est un Ca- pucin ; mais c'est évidemment une distraction du Saint, car le P. Georges était Carme. Originaire de Savoie, fils de Janus de la Faverge et de Pernette de Chevron (voir tome XI, note (2), p. 354, et tome XII, note ( i ), p, 152), Hector fut tonsuré par saint François de Sales le 26 mars 1605, dans l'église Saint-Jean-Baptiste de La Roche, et entra fort jeune chez les Carmes déchaus ses de Rome, au couvent délia Scala, où son cousin, Etienne delà Faverge — le vénérable Père Clément de Sainte-Marie — avait fait profession en 1602. Sous le nom de Frère Georges, il commençait en 1609 sa philosophie a couvent de Gênes, Malgré de nombreuses recherches, il ne nous a pas été possible de découvrir d'autres renseignements sur ce Religieux.  264 Lettres de saint François de Sales pour le Caresme 1616 (0. Je vous supplie très humble- ment d'intercéder en ma faveur ; mais ce que je ne désire pas que Monseigneur le Cardinal sçache, je vous le diray confidemment. C'est que cette petite Province de la Mission ( = ) a grandement besoin de prédicateurs, et ne sçay ou donner de la teste pour en avoir, estant séparée des autres Provinces, et n'ayant que des Italiens et Savoyards, ou Bressans. Pour cela, le Père Provin- cial (3) m'a conjuré de faire ce bon office, et m'a marqué spécialement que j'employasse vostre intercession, com- me je fay, vous la demandant, Monseigneur, très hum- blement et très affectionnement. Item, les Cordeliers de ce païs de Savoye (4) ont eu nouvelles que leur Provincial (5) sollicite messieurs du clergé de France affin quilz fassent retrancher leurs couvens de la Province de Saint Bonaventure es Estatz qui se célèbrent (^); en suite de quoy, les Cordeliers savoyards n'auroyent plus accès a l'estude de Paris (7), ( I ) La station fut préchée à Annecy parle P. Louis de la Rivière, religieux Minime, Tun des premiers historiens de saint François de Sales. (2) Il s'agit de la Province des Capucins, dite de la Mission de Thonon, dont les couvents avaient été distraits en 1611 de la Province de Lyon, dite de Saint-Boiiaventtire. (Voir le tome précédent, note (3), p. 167.) Elle comprenait, avec la Savoie, la Vallée d'Aoste, le Bugey, le pays de Gex et le Valais. (3) Le P. François de Chambéry, commissaire général de la Province de Savoie depuis le mois d'avril 1614 (voir ci-dessus, note (2), p. 220), faisait à ce titre fonction de provincial. (4) Les Cordeliers, appelés aussi Frères Mineurs de l'Observance, Obser- vantins, Conventuels, possédaient alors en Savoie cinq couvents qui rele- vaient de la Province de Bourgogne ou de Saint-Bonaventure : ceux d'Annecy et de Cluses, au diocèse de Genève, ceux de Myans et de Chambéry, dans le décanat de Chambéry, et celui de Saint-Michel-sur-Moûtiers, au diocèse de Tarentaise. ( 5 ) En 1614, le provincial était Frère Gilles Renard, du couvent de Montlu- çon, docteur de Paris, élu au Chapitre de Montferrand. (6) Les Etats généraux (cf. note ( i ) de la page précédente). (7) Dès le milieu du xvi^ siècle, les Cordeliers étrangers venaient en nom- bre dans leur couvent de Paris, pour y puiser la science théologique. Le chiffre de ceux qui pouvaient y être admis pour les études avait été réduit à dix-huit par lettres patentes de 1536. En ce temps-là, les Cordeliers prenaient leurs grades dans l'Université ; il fallait être licencié en théologie pour avoir le droit de prêcher, au moins dans les chaires de la capitale. Ainsi s'expli- queraient l'émulation qui entraînait les Cordeliers de Savoie vers « l'estude de Paris » et aussi les raisons qu'on avait de vouloir les en exclure. (Voir Féret, La Faculté de théologie de Paris, Paris, 1900, tome I, passim.)  Année 1614 265 ou ilz ont eu tant de doctes et braves docteurs qui ont régenté et gouverné en ce couvent la, comme je l'ay veu moy mesme (0. Or, je laisse a part l'interest de ce pais, lequel pourtant me touche fort; mais j'ay un particulier interest pour ce diocaese, en faveur duquel feu Monsei- gneur Ange Justinien (2), mon prédécesseur, fonda l'entretenement de bon nombre d'escoliers Cordeliers en Testude de Paris. C'est pourquoy, Monseigneur, je vous supplie très humblement d'employer vostre authorité et dextérité pour empescher ce coup, le dessein duquel ne peut procéder que d'envie ou de telle tentation ; car c'est honneur a Testude de Paris d'estendre ses rameaux hors du royaume. Et nos Savoyards se sont comportés tous-jours fort honnorablement, n'ayant rien fait qui leur puisse causer ce mal, sinon qu'ilz ont esté trop braves et ont obtenu les principales charges (3). Il y a encor l'affaire de nostre Chapitre pour ce petit bénéfice de Gex, dont j'escris a nostre grand et parfait (i) Parmi les Pères savoyards qui régentaient au couvent de Paris à l'épo- que où François de Sales étudiait lui-même dans la capitale (1581-1588), on peut nommer Michel Frepier ou Frepérius et Claude Galois ou Galésius. Le premier, qu'un annaliste appelle « trésor des sciences, père des étudiants, lustre de la Savoie,... honneur et bonheur du couvent de Chambéri, » avait fait profession dans ce monastère et y mourut gardien, le dimanche des Ra- meaux 1587. Le second, décédé en 1624 (voir tome XII, note ( £ ), p. 102, et tome XV, p. 85), u était allobroge de nation, chambérien de profession, françois par son éloquence, parisien par son doctorat, connu et révéré des françois, des savoiards et de plusieurs autres nations par ses sçavantes prédi- dations, sa rare doctrine et son zèle à étendre la foi catholique. » (Claude Piquet, Mémoires des Cordeliers de la Prov. de St Bonaventure, Lyon, Biblio- thèque, Mss. n° 1422.) (2) Ange Giustiniani, prédécesseur de Ms' de Granier (voir tome XI, note ( I ), p. 297), né à Gênes en 1520, entra chez les Observantins, qu'il re- présenta au Concile de Trente en qualité de premier docteur. Il prit part au colloque de Poissy et, devenu évêque de Genève, établit sa résidence à Annecy qui, grâce à sa vigilance, fut préservé de la contamination hérétique. Le pieux Evêque n'oublia pas sa famille religieuse; en 1576, il fondait à la Faculté de théologie de Paris douze bourses gratuites, destinées à deux étu- diants de chacun des couvents des Cordeliers de Savoie. Notre Saint fait allu- sion à cette fondation. (Claude Piquet, Mémoires, etc.) (3) Le vœu du saint Evêque fut réalisé ; le Provincial renonça tout à fait à son dessein, ou ne put y donner suite, car en 1619 les couvents Observantins de Savoie étaient encore rattachés à la Province de Saint-Bonaventure. (Voir Fodéré, Narration kist. et top. des Convens de l'Ordre de S. François, etc., Lyon, Rigaud, 1619.)  266 Lettres de saint François de Sales amy (0; s'il vous plaist, Monseigneur, vous y contri- bueres vostre faveur. Et pour le regard du livre de V Amour de Dieu, je le revoy et fay transcrire, pour l'envoyer, Dieu aydant, ce Caresme a Timprimeur, qui aura charge de vous faire présenter des premières copies {-). Je vous confesse a vous, Monseigneur, que cette petite besoigne ne me desplait pas beaucoup; mays j'ay grand peur qu'elle ne reuscisse pas si heureusement que l'autre précédente (3), pour estre, a mon advis, un peu plus nerveuse et forte, quoy que j'aye tasché de l'adoucir et fuir les traitz dif- ficiles. J'attendray l'oracle de vostre jugement pour le corriger avant quil viellisse, si vous me faites Ihonneur de le voir et de me faire sçavoir les defautz que j'y auray commis, avec autant de liberté comme avec une véritable sousmission je souhaite vostre censure. C'est par nostre M. de Medio (4) que je vous escris. Monseigneur ; il prendra, je m'asseure, playsir a vous dire nos petites misérables nouvelles. C'est pourquoy, puisqu'aussi bien vous ay-je des-ja asses entretenu de nos menues affaires, je m'en remetz a luy, me contentant de me souscrire. Monseigneur, Vostre très (5) Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Montpellier. (i) Il est ici question du bénéfice de Crassy et Vésenex (voir le tome pré- cédent, Lettre dcxcvi, p. 69, et note (6), p. 70), dont le Saint parle encore à son ami des Hayes le 15 février 1615. Tant d'instances et d'interventions abou- tirent enfin: des patentes royales datées du mois de mars 161 5, entérinées au Parlement de Dijon le 26 avril 1617, confirmèrent la désunion du « petit bénéfice de Gex » de l'abbaye de Bonmont, et son incorporation au Chapitre de l'église cathédrale de Genève, faites « par Messire François de Salles, Evesque dudict Genefve. » (Archiv. de la Côte-d'Or, B. 12094, fol. 58.) (2) Voir ci-dessus, note (5), p. 261. (3) L'Introduction à la Vie dévote. (4) Jacques de Médio, chanoine de Saint-Nizier à Lyon (voir tome XII, note (3), p. 49). Le Saint l'appelle « nostre » parce qu'il était originaire de la Savoie et qu'il y venait souvent. ( 5) Le reste manque dans la copie.  Année 1614 267  MXVI  A MONSEIGNEUR HILDEBRAND JOST, EVEQUE NOMME DE SION Plusieurs raisons inclinent François de Sales à obliger l'Evêque de Sion. — Il lui sera très agréable de prendre part à l'office de sa consécration, Annecy, 20 novembre 1614. (0 Illustrissime et Reverendissime Antistes ac Princeps, Gratissimum mihi semper erit si Vestrae Amplissimae et R"^* Dominationi obsequium aliquod praestare con- tingat. Id enim a me Deus Salvator, qui nos nobis invi- cem finitimos constituit, ut invicem aller alterius quoad fieri potest onera portemus *. Id Vestrae Dominationis * Gaiat., uit., 2. erga me jam pridem contestata benevolentia, id Vestrae Dominationis erga rempublicam [catholicam] optimus et constans animusjure suo postulare videntur. Quare, ubi diem Vestra Dominatio R""^ condixerit, non deero quin lubentissime officio consecrationis suae aman-  Illustrissime et Reverendissime Evêque et Prince, Ce sera toujours pour moi une chose très agréable d'avoir l'occa- sion de rendre quelque service à Votre Seigneurie Illustrissime et Reverendissime. C'est ce qu'attend de moi Dieu notre Sauveur ; il ne nous a faits si proches voisins, qu'afm que nous entreportions autant que possible les fardeaux l'un de Vautre. Ce bon office, je vous le dois encore, Monseigneur, à cause de la bienveillance que vous me témoignez depuis si longtemps et pour les égards que mérite votre souveraine et inviolable affection envers l'Eglise catholique. C'est pourquoi, aussitôt que Votre Seigneurie Reverendissime m'aura fixé le jour, je ne manquerai pas de remplir très volontiers, dans la cérémonie de sa consécration, la fonction d'un promoteur (i) Notre texte reproduit une copie conservée au presbytère de Challex (Ain), laquelle est tout entière de la main de Jean-François de Sales, frère du Saint, y compris la signature.  268 Lettres de saint François de Sales tissimi utinam et amatissimi promotoris munere fun- gar (0. Sic enim apud me constitutum est, Dominationem Vestram nr^^" et R"'^'' omni veneratione ac sincera dilec- tione semper et ubique prosequi. Intérim, vale in Christo, ÏW""' et R'"' Praesul, et eundem Dominum Salvatorem habeto propitium. Dominationis Vestrae 111"'* et R"'*, Humillimus in Christo servus et frater, Francs Episcopus Gebennensis. Annessii, vigesima novembris 1614.  très aimant, et, je le désire, très aimé ( 0. Je suis aussi résolu de témoigner en toute occasion à Votre Seigneurie Révérendissime les marques de mon absolu respect et de ma sincère amitié. En attendant, salut dans le Christ, Illustrissime et Révérendissime Prélat, et que ce même Sauveur vous soit propice. De Votre Seigneurie Illustrissime et Révérendissime, Le très humble serviteur et frère dans le Christ, François, Evêque de Genève. Annecy, le vingt novembre 1614. (r) Le nouvel Evêque fut sacré par Ms"" Gribaldi, ancien archevêque de Vienne, le 7 décembre suivant; François de Sales fut un des prélats assis- tants et donna le sermon. (Cf. ci-dessus, p. 261, et ci-après, pp. 269, 273.)  MXVII AU COMTE PROSPER-MARC DE TOURNON Voyages en Tarentaise et en Valais. — Nouvelles diverses. Annecy, 28 novembre 1614. Monsieur, Lhors que monsieur de Corbonnex fut icy (0, j'estois en un petit voyage que j'ay fait en Tharentayse pour la (r) François de Chavanes, seigneur de Corbonex, qui revenait de Lyon. (Voir ci-dessus, note (2), p. 258,)  Année 1614 269 consécration de Teglise que les Capucins y ont dressée nouvellement (0, selon la recommandation que Monsei- gneur TArchevesque de ce lieu-la m'en avoit faite a son départ (2), et, dans deux jours, je vay en Valey, ou on doit sacrer Monseigneur de Syon le second Dimanche de l'Advent *. Ce sera un voyage un peu plus long, et qui me tiendra hors de cette ville presque jusques aux * Vide Ep. praeced. festes (3). Cependant les nouvelles de la paix se fortifie- ront, Dieu aydant (4), et madame ma cousine (">) arrivera près de vous, qui me gardera de luy faire présentement response. J'ay apris par monsieur du Noyeret i^) une partie de la négociation de Saint Rembert (7), car il a jugé que vous ( I ) Le couvent des Capucins de Moùtiers, de nos jours petit séminaire du diocèse, fut fondé en 1612 parles libéralités de M^"" Germonio, des chanoines et des habitants de la ville, sur remplacement du prieuré de Saint-Alban. La consécration de l'église restaurée eut lieu le 23 novembre 1614, ainsi qu'en fait foi l'inscription suivante, gravée sur une pierre, au chœur de l'ancien monastère : Hanc dicatam Ecclesiam et in honorem Deiparœ ac Sanctorum omnium, in gloriam B. Francisai Assisiatis ac Fratrum Minorum Capucino- rum, sub nomine Sancti Albani Martyris reparatam, consecravit Illustrissimus Franciscus de Sales, Episcopus Gebennensis, die 2^ novembris 1614, lUustrissimo Anastasio Germonio ArcJiiepiscopo Taretitasiensi absente, sed annuente. (Né- crologe des FF. Mineurs Capucins de la Provifice de Savoie, 1611-1902, par le P. Eugène de Bellevaux. — Voir à l'Appendice II, le fragment d'une lettre écrite à cette occasion par M^"" Germonio au clergé de son diocèse.) {2) MB"" Anastase Germonio (voir tome XV, note(i), p. 183), parti pour l'Espagne comme ambassadeur de Charles-Emmanuel, échoua dans sa mission, ainsi qu'il l'avoue lui-même : « Je suis venu, » écrivait-il, « j'ai vu, mais je n'ai pas vaincu. » (Epist. vr, liv. I.) Après quelques mois de séjour, l'Arche- vêque de Tarentaise dut quitter les Etats de Philippe III; il s'éloigna de Madrid le 30 octobre 1614 et arriva à Nice le 3 février 161 5, non sans avoir couru beaucoup de dangers. (3) Voir ci-dessus, note (4), p. 261. (4) M^"" Savelli, Nonce extraordinaire du Saint-Siège, le marquis de Ram- bouillet, ambassadeur de France, le prince de Castillon, au nom de l'empe- reur d'Autriche, s'étaient réunis à Verceil le 17 novembre, pour négocier la paix entre l'Espagne et la Savoie (cf. ci-dessus, note (4), p. 203) et en arrêter les conditions. Charles-Emmanuel se laissa gagner, mais le gouverneur de Milan refusa de signer le traité conclu à Asti le i^"" décembre suivant. (Voir Guichenon, Hist. gênéal. de la Maison de Savoie, tome II.) (5) La comtesse de Tournon, femme du destinataire. (6) Jacques Pelard, seigneur du Noyret (voir plus haut, note (3), p. 23). (7) Le 19 novembre 1614, le premier syndic, M. de Conflans, revenait «de vers Monseigneur estant a Saint Rambert, » apportant des lettres du prince à Son Altesse pour obtenir que l'exemption d'impôts fût continuée à sa ville d'Annecy. Mais si Bonfils, Dufresne et Berthelot avaient « faict tant >» afin de  270 Lettres de saint François de Sales desiries que je la sceusse, puisque monsieur de Corbonnex avoit charge de me la communiquer. Si ce bon Prince revient, je seray grandement trompé, car, a ce que j'apprens, on le porte tous-jours plus avant de delà, et il me le signifie luy mesme par une lettre quil m'a fait la faveur de m'escrire (O. Je prie Dieu quil vous comble de contentemens. Mon- sieur, et suis sans fin, Vostre très humble serviteur, parent, FRANÇ^ E. de Genève. XXVIII novembre 16 14, Anessi. A Monsieur Monsieur le Comte de Tornon, commandant généralement deçà les montz en l'absence de S. E. Revu sur l'Autographe appartenant à M"^^ la marquise Pensa, à Turin. « procurer l'expédition, » (Reg. des Délib. municip.) c'est qu'il s'agissait d'at- ténuer l'insuccès d'une autre négociation. Le sieur de Corbonex, comme on le voit en confrontant les textes, avait porté au duc de Nemours, avec la let- tre du Saint, du 6 novembre, d'autres messages partis du Conseil de Genevois, dans le but de déterminer Henri de Savoie à revenir dans son apanage. La lettre de M. de la Grange (voir Appendice II) dit assez que toutes les démar- ches devaient fatalement rester inutiles. ( i) Cette lettre ne nous est pas parvenue.  MXVIII A MADAME DE LA FLÉCHÈRE Annonce d'une messagère de confiance. — Encouragements. — Fidélité du Saint à sa chère Eglise de Genève, sa première épouse. Annecy, [vers fin novembre] 1614 (i). Ma très chère Fille, Je ne veux pas vous beaucoup entretenir maintenant par lettre, car en voyla une vivante qui vous va voir, (l) Migne, tome VI, col. 972, place cette lettre vers le ler mai 1614; l'année est juste, mais non pas le mois. De M"''= de Charmoisy, la lettre « vivante » dont il est question dans ces lignes, le Saint écrivait le 13 juin  Année 1614 271 en laquelle vous lires plus de bien que je ne sçaurois vous en escrire. Je me res-jouis dequoy vos passions se treuvent un peu alenties; elles le seront, Dieu aydant, tous-jours plus. Il ne faut sinon continuer joyeusement en la pour- suite que nous faysons du saint amour de sa divine Majesté. J espère de vous voir dans cet hiver, car vous ne le passeres pas sans rendre la pareille de cette visite que vous fait la chère cousine, principalement si monsieur vostre mari fait séjour delà les mons. Helas ! je n'ay pas seulement pensé a ce que vous m'escrives de Tharentayse (0; je fais trop d'estat de la viduité pour me remarier jamais. Non certes, si j'avois jamais ma liberté, jamais je ne la quitterois. Or sus, si la quitte-je de tout mon cœur entre les mains de Nostre Seigneur, affin quil face de moy selon son très bon playsir. Qu'a jamais il vive et règne en nos cœurs. Amen. Revu sur copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de TEtat. (voir plus haut, p. 184) qu'il ne l'avait pas encore vue. Les mots « dans cet hiver » semblent indiquer qu'on y était déjà ; quant à M. de la Fléchère, il se trouvait à Turin avant le 29 octobre (voir ibid., p. 260). L'ensemble de ces faits et l'allusion à la Tarentaise autorisent la correction de la date pour le mois. ( I ) Comme on l'a vu dans la lettre précédente, le Saint venait de remplacer pour un ministère M^'"" Germonio, archevêque de Tarentaise, parti pour l'Es- pagne au mois d'août (cf. notes (i), (2), p. 269). M"^*^ de la Fléchère avait peut-être entendu dire ou conjecturé qu'on songeait à donner l'archevêché à François de Sales.  MXIX A LA MÈRE DE CHANTAL Une nouvelle prétendante pour la Visitation. Annecy, [novembre] 1614 (i). Voyci, ma chère Mère, ma nièce de la Croix, qui vient des Dames de Bonlieu, a dessein de se faire Religieuse (i) La prise d'habit de Sœur Jeanne-Marie de la Croix eut lieu le 27 dé- cembre 1614, en même temps que celle de Sœur Paule-Jéronyme de Monthoux, entrée au Monastère au commencement de novembre (voir ci-dessus, Lettre  272 Lettres de saint François de Sales auprès de vous (0. Je m'asseure que vous la recevres de bon cœur a cause de son mérite, et qu'elle est fille de monsieur et madame de la Ruaz, a qui j'a}^ Ihonneur d'appartenir ( = ). Revu sur le texte inséré dans la Généalogie manuscrite de la famille de Vincent de la Croix de Fèsigny. MXiii, p. 260). L'assertion de Y Année Sainte (tome XI, p, 155), que les deux prétendantes ne firent point d'essai, est sûrement inexacte pour la Sœur de Monthoux; elle Test très probablement aussi pour sa compagne de noviciat. Or, le Saint ayant été absent d'Annecy les premières semaines de décembre, il reste donc vraisemblable de placer l'arrivée de M"^ de la Croix avant cette époque. ( I ) M'"= de la Croix de Fésigny avait été élevée à l'abbaye des Cisterciennes de Bonlieu (voir le tome précédent, note (4), p. 292), auprès de sa tante, M™^ de Gruffy, et de sa sœur, M""' de la Croix. Ses parentes, tout en la formant « selon les maximes du monde..., n'oublièrent pas aussy de la rendre parfaite dans la solide pieté. » Voulant être Religieuse, et ne trouvant pas à l'abbaye la solitude qu'elle désirait, la jeune fille s'adressa « avec beaucoup d'humilité a saint François de Sales, luy découvrit son cœur et le supplia » de l'agréer pour sa fille. Le saint Evèque « approuva fort son intention et la présenta... a la Mère de Chantai » par ce billet. (D'après la Généalogie manuscrite de la famille de Vincent de la Croix de Fésigny, Archives de Fésigny.) (2) M™^ de la Ruaz était Blanche-Diane de Valence de Gruffy, petite-fille, par sa mère, de Michel de Villette, propre frère de Bonaventure de Chevron- Villette, aïeule maternelle de François de Sales. Celui-ci était donc son cou- sin issu de germain, ce qui explique le titre de nièce qu'il donna toujours à la fille de M""^ de la Ruaz. Devenu veuf en 1607, Jacques de Vincent de la Croix, seigneur de la Ruaz, de Fésigny, etc., consacra le reste de sa vie « a servir Dieu et travailler sérieusement a ce grand ouvrage de l'éternité. » Après être demeuré un an auprès du Bienheureux pour se former aux vertus ecclésiastiques, il reçut la prêtrise le 19 décembre i6og, et fut institué chanoine de Saint-Pierre de Genève le 7 septembre 1612. (R. E.) Riche de bonnes œuvres, il mourut le 5 juillet 1619 et fut inhumé à Notre-Dame d'Annecy. (Cf. Généalogie manuscrite, etc.)  MXX a 'la MÊME Une première étape et la pensée de zèle qui donnait un élan joyeux au saint voyageur. — Consolations spirituelles réservées aux âmes apostoliques. — Commentaire d'un texte de saint Paul. Polinge, 2 décembre 1614. Je commence des icy, ma très chère Mère, a vous  Annf.h 1614 273 rendre conte de nostre voyage (0, duquel cette première journée nous donne bon augure. Je suis, Dieu mercy, tout guéri et brave. Et ce bon gentilhomme soùisse i-) m'a commencé a dire que M. TEvesque son frère n'avoit pas désiré ma présence a sa consécration seulement pour l'action, mais pour conférer avec moy de plusieurs choses d'importance pour l'entier restablissement de la sainte religion en ce pais-lâ. Voyla pourquoy je vay encor plus joyeusement voir si Dieu se servira de moy en quelque chose pour sa gloire (3); car (4) saches, ma très chère iM.ere, que j'ay eu en chemin, et ce matin encor plus, des grans sentimens de la grâce que Dieu fait a ceux qu'il employé a son service et ausquelz il donne le vray goust des vertus, ayant eu cette pensée sur les paroles que l'Eglise inculque et qui donnèrent le dernier coup a la conversion de saint Augustin * : Non point es * vide Confess., 1. banquet^ et ivroigneries, non point es couches et - • • impudicités^ mais revestes vons de Nostre Seigneur Jésus Christ *. Qu'a jamais ce Sauveur soit nostre robbe ' Rom..xiii, i^. u. ( I ) Le voyage en Valais (voir ci-dessus, pp. 261, 269). (2) Dans la Chronique de Gaspard Bcrody, publiée par le chanoine Bour- ban (Fribourg, 1894), se trouvent mentionnés deux frères de M»"" Jost : « égrège François, camérier » du Prélat et notaire depuis novembre 1618; « spectable Jean » qui, en 1620, était notaire et châtelain de Massongy. Il est difficile de dire lequel des deux gentilshommes accompagnait saint François de Sales. (3) L'espérance du Saint ne fut pas vaine: la solennité du sacre lui ayant fourni l'occasion de faire le sermon au peuple valaisan, dont une partie était hérétique, il traita de la sainteté, de l'unité, de la succession apostolique, comme étant les marques distinctives qui appartiennent exclusivement à la vraie Eglise. Le renom de l'Evéque de Genève et la curiosité avaient attiré un grand nombre d'auditeurs. Il fallait quelque courage pour exhorter les dissidents à se réunir à la communion romaine, car depuis de longues années les prédicateurs catholiques avaient défense à Sion d'aborder en chaire les points de controverse. La tentative du Bienheureux confirma les uns dans la vraie foi et remua les autres. (Voir Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. VIII.) C'est pourquoi François de Sales se demanda s'il n'y aurait pas moyen de rame- ner au catholicisme tant de villes et d'Etats, jusqu'alors inaccessibles à la prédi- cation de la vraie foi. Ses réflexions aboutirent à la composition d'un curieux mémoire, contenant un projet pacifique de réunion des hérétiques à l'Eglise romaine ; il l'envoya au Nonce de la cour de Savoie, en 1616. Cette pièce sera donnée parmi les Opuscules. ( 4) La suite de cet alinéa avait été interpolée par les premiers éditeurs dans un texte, vraie mosaïque composée de plusieurs fragments réunis sous la date du 30 août 1622. I.FTTR-s Vf -s  274 Lettres de saint François de Sales royale qui nous couvre et défende du froid de l'iniquité, et nous eschauffe en ce divin amour que nostre unique cœur cherche. Bonjour, ma très chère Mère, conserves vostre ame et mienne en sainte consolation. Amen. A Polinge (0, ce 2 décembre 1614. Je sais vous mesme, ma très chère Mère, vous le sçaves bien, très parfaitement vostre. Vive Jésus ! Je salue nos Seurs chèrement. Le cher filz ( = ) vous bayse très humble- ment les mains ; il arriva hier, ainsy que nous entrions a table, c'est a dire a 5 heures. A Madame Madame de Chantai, Supérieure de la Visitation. Revu sur TAutographe conservé à la Visitation d'Orléans. ( I ) Maison-forte de l'ancien duché de Genevois, près de Reignier. résidence des seigneurs de Chissé, neveux de Msr de Granier. (Cf. ci-dessus, note (4), p. 204.) (2) Bernard de Sales, baron deThorens.  MXXI  AU DUC DE SAVOIE, CHARLES-EMMANUEL 1^  Avis donné au Duc sur la politique du gouverneur de Milan en Valais. Eloge détaillé du nouvel Evêque de Sion. — Un présent qu'il n'a pas reçu.  Thonon, 13 décembre 1614.  Monseigneur,  Ayant esté ces sept ou huit jours passés en Valey pour la consécration de Monseigneur de Syon, j'ay remarqué beaucoup de bonn'affection au service de Vostre Altesse  Année 1614 275 Serenissime en plusieurs de ce païs-la. Mays parmi cela, j'ay apperçeu que le seigneur gouverneur de Milan (0 a des grandes prattiques pour attirer cet Estât au parti d'Espagne, et a presque des-ja gaigné pour cet effect les vœux et les voix des quattre dizains, qu'ilz appellent, d'en haut : Rarogne, Vespia, Brighen et Comze, qui auroyent des-ja fait passer leur inclination en resolution, si Monseigneur de Sion et les trois dizains d'embas, Sion, Sierre et Loeïtze, ne se fussent grandement opposés pour empescher ce coup ^^\ lequel toutefois il sera mal- aysé de destourner, si quelqu'un n'arrive promptement entr'eux de la part de Vostre Altesse, avec les provisions requises pour reasseurer ces espritz-la fort esbranslés. Et par ce, Monseigneur, que le Valley estant si proche de Savoye et Piémont, ne peut estre qu'extrêmement utile aux affaires de Vostre Altesse, quand ell'en aura l'alliance et correspondance, j'ay pensé que cet advis estoit d'importance et que je le devois donner a Vostre Altesse, laquelle je supplie très humblement de l'avoir aggreable, comm'encor que je luy die que ce jeune Prélat que nous venons de sacrer est de fort bonne espérance, dévot, actif, de bon esprit et plus gentil que sa nation n'a pas accoustumé d'en produire, fort affectionné a Vostre Altesse, et qui attendoit avec honneur un anneau episcopal en présent, de Monseigneur le Prince Cardi- nal (3), ains)^ qu'on luy avoit fait espérer. Et quant au cappitaine Valdin (4), il fait par dessus tous profession expresse d'estre tout affecté au service  (i)Don Juan de Mendoza ou Mendoça, septième fils d'Antoine Gomez Hurtado de Mendoza, avait épousé Marie Velasco y Alvarado. (Voir tome XI, note ( I ), p. 347.) D'abord allié de Charles-Emmanuel, il le seconda dans ses entreprises militaires et lui demeura fidèle au début de la guerre du Mont- ferrat (1613); mais l'influence de l'Autriche, aussi bien que les intérêts de la couronne d'Espagne, l'obligèrent à embrasser la cause du duc de Mantoue. (2) Voir ci-après, note ( i ), p. 277). (3) Le Cardinal Maurice de Savoie, fils du destinataire. (4) Antoine Waldin, issu d'une ancienne famille de Sion, châtelain de Bra- mois de 1599 à 1601, devint successivement bourgmestre de Sion (1602-1604). major de Mendaz et d'Hérémence en 1604, gouverneur de Monthey (1606- 1608), vice-bailli du Valais en 1613, bailli ou capitaine du Valais tn 1616. ^Archives du Valais.)  276 Lettres de saint François de Sales de Vostre Altesse, a laquelle je fay très humblement la révérence, et lu}^ souhaitant toute sainte prospérité, je demeure infiniment. Monseigneur, Son très humble, très obéissant et très fidèle serviteur et orateur, Franç% E. de Genève. A Thonon, le xiii décembre 1614. Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.  MXXII AU MARQUIS SIGISMOND DE LANS Renseignements politiques. — Les agissements du gouverneur de Milan pour attirer le Valais au parti de l'Espagne. — Opposition de l'Evêque de Sion, — Mesures à prendre. — Un festin de six heures. — Qualités du nouvel Evêque. Thonon, 13 décembre 1614. Monsieur, Je vous donnay advis, a mon départ d'Annessi, comme je venois en Valley pour la consécration de Monseigneur l'Evesque de Sion qui, des il y a long-tems, m'y avoit convié ( ï ), et a la célébration delaquelle j'estois nécessaire en quelque sorte, puisqu'il n'avoit point d'Evesque plus proche qui luy peut rendre cet office avec moins d'incom- modité que moy. Or, revenant de la, je me suis treuvé Vide Ep. prœced. obligé de donner advis a Son Altesse * de TefFort que le seigneur gouverneur de Milan fait pour attirer le pais de Valey au parti d'Espagne et soustraire cett'alliance a Son Altesse ; dequoy les fers sont si avant au feu, que si sadite Altesse n'y remédie promptement, je ne sçai comm'on en pourra empescher les eflfectz. Et des-ja les ( I ) Voir p. 158, la lettre du 22 février 1614, par laquelle le Saint avait répondu à rinvitation de M^"" Jost, et cf. p. 267, celle du 20 novembre.  Année 1614 277 dizains de Comze, de Raroigne, de Brighen et Vespia sont gaignés et auroyent fait faire le coup, n'eut esté la vive resistence de Monseigneur de Syon et des autres troys dizains ( 0. Cest advis, Monsieur, est d'importance, comme Vostre Excellence jugera trop mieux. C'est pourquoy je la supplie d'envoyer ma lettre ci jointe * au plus tost a * Epist. prasced. sadite Altesse, a laquelle je ne dis pas que ces gens-la sont merveilleusement ombrageux et delicatz a entre- tenir, car elle le sçait bien ; mays je luy eusse volontier dit qu'en suite de cela, ilz ont treuvé estrange que le sei- gneur Valdenghe ( = ) n'ayt pas comparu au sacre de leur Evesque et a l'assemblée qui estoit assignée a ce jour la, puisque mesme on leur en avoit donné intention, comme aussi a Monseigneur de Syon que Monseigneur le Prince Cardinal luy envoyeroit son anneau episcopal. Que si ledit sieur Valdenghe, ou quelqu'autre de la part de Son Altesse, ne se treuve mardi, 16 de ce moys, ou soudain après, en l'assemblée générale des dizains qui se doit  (i) Depuis le xv^ siècle, l'autorité temporelle des évèques du Valais fut constamment battue eu brèche. A la mort d'Adrien II de Riedmatten (1613), les VII dixains contraignirent le Chapitre à signer une renonciation. Dans la suite, Ms''Jost recourut en vain au Saint-Siège; en fait, la juridiction sei- gneuriale des évêques en Valais ne fut pas restaurée. Les dixains correspondaient aux divisions territoriales du pays ; ils étaient au nombre de sept : Conches, Brigue, Viège, Rarogne, Louèche, Sierre et Sion. Chacun de ces dixains avait à sa tète un magistrat, Laitdatnmann ou Landvogt. De temps à autre, les chefs se réunissaient sous forme de diète, pour prendre des mesures d'ordre général. Le président de l'assemblée portait le titre de « Capitaine du pays. » Cette République pouvait lever une petite armée, et dans l'appui qu'elle tirait de ses alliés, trouvait une cohésion et une force qui en imposaient. Sa situation géographique lui ouvrait des issues faciles vers le Milanais, la Savoie et le pays de Berne. Pour toutes ces raisons, Charles- Emmanuel et la cour d'Espagne, au temps de leurs compétitions, firent toujours de grands efforts dans le Valais pour s'y créer des partisans. ('Z)'^i/)r^,s les notes de M. Cliatelan, sous-conservateur de la Bibl. publ. de Genève.) (2) Le baron Jean-François-Jérôme Avogadro, seigneur de Vaidengo, Vigliano et Montecavallo, fut nommé en 1598, contrôleur à la Chambre des Comptes de Piémont, et conseiller de Son Altesse en 1603. Dès 1609, il rece- vait, pour services rendus au cours de plusieurs missions en Suisse, une pen- sion de deux cents ducatons, et au mois d'octobre 1612, il assistait à Bade, comme ambassadeur extraordinaire, à la diète des cantons catholiques. (Cf. le tome précédent, note ( i ), p. 300.) Il vivait encore en 1625. (Turin, Archiv. de l'Etat, 3^ section, Archiv. camérales, Patentes.)  278 Lettres de saint François de Sales célébrer, je crains infiniment que Talliance de Son Altesse ne se convertisse en celle d'Espagne. Au reste, il ne se peut dire combien de carouz on a fait a la santé de Son Altesse, de Messeigneurs les Princes et de Vostre Excellence mesmement. Dimanche passé, au festin solemnel qui ne dura sinon despuis un'heure après mydi jusques a sept heures et demi du soir ; et Vostre Excellence peut penser si, passé la première heure, les autres devo3^ent estre longues a ceux qui ne s'estoyent jamais treuvés en teirhistoire. Le bon Monseigneur l'Archevesque de Vienne (0 et moy fusmes exempts des carroux, hormis de quatre, a la santé de Son Altesse, de Messeigneurs les Princes, des sept cantons catholiques i^) et de Monseigneur le Prince (3) et seigneurs dizains du pais de Valey ; mays nous les fismes encor dans des verres et selon la mesure que nous voulusmes. Toutes les autres santés ne nous furent point présentées, mais elles ne demeurèrent pas sans porteurs. Il falloit bien, Monsieur, vous dire tout, en gardant pour la bonne bouche que ce nouveau Prince et Evesque (car ilz l'appellent ainsy) est tout brave, dévot, sçavant, gentil et courageux, fort serviteur de Son Altesse et ami de la Savoye. Je prie Dieu quil vous comble, Monsieur, de ses plus désirables bénédictions, et suis sans fin, De Vostre Excellence, Très humble et très affectionné serviteur, Francs E. de Genève. A Thonon, en haste, 16 14, 13 décembre. A Son Excellence. A Montmellian. Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de TEtat. (i) M»"- Gribaldi. (2) Les sept cantons catholiques alliés des dixains du Valais étaient : Uri, Schwitz, Unterwald, Lucerne, Zug, Fribourg et Soleure. (3) L'Evêque de Sion.  Année 1614 270 MXXIII A LA MÈRE DE CHANTAL Réponse à donner à une personne qui combat une vocation. Respect dû à la liberté des âmes. Annecy, [après la mi-décembre] 1614 (i). Je luy respondray (2) que la vocation de cette fille (3) n'est pas mon œuvre, ains de Dieu, comme je pense ; que je ne n'oserois contribuer une seule parole pour la ruiner. Qu'elle s'en addresse donq a Nostre Seigneur, qui tient les cœurs des siens en ses mains pour les tirer ou bon luy semble. Mays vous, ma très chère Mère, escrives-luy fort doucement que vous n'aves rien con- tribué a la vocation et que vous craindries trop d'offencer Dieu en la dissuadant ; qu'ell'est en sa liberté, delà- quelle elle peut user a son gré, et que si Dieu la veut en nostre Congrégation, ce vous seroit une grande charge de conscience a l'heure de vostre mort de la repousser ; que vous la supplies de s'en accommoder a ce que Dieu en disposera. Et quelque chose de vostre esprit et du mien. Bon soir, ma très chère Mère, toute mienne, moymesme. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Rennes, (i) Avant d'entrer à la Visitation, la Sœur Paule-Jéronyme de Monthoux (voir ci-dessus, note (i), p, 261) avait été envoyée chez les Dames de Neu- ville, où sa tante était prieure. (Ibid., note (2), p. 259.) Celle-ci alla jusqu'à s'engager à se démettre de sa charge en faveur de sa nièce, si elle voulait choisir l'abbaye pour s'y consacrer à Dieu. La jeune fille, insensible à toutes ces promesses, suivit l'inclination qui lui vint au cœur d'être présentée à saint François de Sales. Reçue au monastère d'Annecy le 6 novembre 1614, elle eut à se défendre contre les vives oppositions de sa tante qui multipliait ses lettres à la fugitive, essayant, par tous les moyens, de la faire revenir à Neuville. (Circulaire de la Visitation de Blois, 30 novembre 1672.) La Mère de Chantai, préoccupée de ces instances, dut consulter le Saint ; le présent billet serait sa réponse. Cette concordance de faits indique la date approximative que nous proposons; elle est confirmée par la présence du Bienheureux à Annecy. (2) La personne dont il fallait manier et apaiser l'esprit (voir la note précé- dente) était, si notre conjecture est fondée, Béatrix de Maillard, fille de Pierre de Maillard et de Claudine de Bellegarde. Baptisée le 29 juin 1567, élue prieure en 1602, elle gouvernait encore en 1616 l'abbaye de Neuville. (3) Sœur Paule-Jéronyme de Monthoux (voir note { i ), ci-dessus).  28o Lettres de saint François de Sales MXXIV A DOM PLACIDE BAiLLY, BÉNÉDICTIN (O Excellente disposition pour recevoir de grandes grâces. — Comment vivre '< en ce petit pèlerinage. » — Document pour commencer une bonne vie religieuse. — Un anniversaire très pieusement célébré par le Saint. Annecy, 18 décembre 1614 (2). Mon très cher Père, Je vous puis asseurer que nostre chère Seur Françoise Gabrielle Bailly, vostre seur, m'est aussi chère que si c'estoit la mienne propre, sa pieté m'y ayant convié, et loiie Dieu de ce qu'elle reçoit et donne beaucoup de con- solation en la Congrégation de nos chères Seurs. Nostre Mère d*icy(3) l'ayme parfaitement, et nous voyons que c'est un vase bien poly, vuide, ouvert pour recevoir de ( I ) Une ancienne famille Bailly, actuellement éteinte , était originaire d'Ornans (Doubs), et y exerça des emplois de judicature avant la Révolution. L'un de ses membres épousa une demoiselle Clément, dont la famille, égale- ment d'Ornans, avait des établissements à Besançon. Le P. Placide naquit de ce mariage, et devint Religieux de Tabbaye bénédictine de Saint- Vincent, réfor- mée vers 1621 suivant le modèle de Saint-Vanne de Verdun. En 1653, 011 le retrouve doyen du Monastère, puis sa trace nous échappe complètement. (D'après V Inventaire de Vahhaye de Saint-Vincent de Besançon dressé par les Bénédictins au XVIII^ siècle, Archiv. du Doubs.) (2) Sœur Françoise-Gabrielle Bailly, qui sera destinataire en 1616, prit rtiabit le 2 juillet 1614, et partit d'Annecy pour la fondation du monastère de Moulins, le 24 juillet 1616. La présente lettre, si elle n'est pas composée de plusieurs fragments, a donc été écrite entre ces deux dates extrêmes. L'édition de 1641 la place au 12 juillet 1618 ; Hérissant, au 12 juin, corrigeant le quan- tième pour justifier l'allusion du Saint à sa consécration « a Dieu pour le « service des âmes. » (Voir page suivante.) Mais la Mère de Chaugy, qui cite dans la Vie de la Sœur Bailly le premier alinéa de notre texte ('), insinue que ces lignes furent envoyées à D. Placide peu de temps après la vèture de sa sœur, et leur teneur n'y contredit pas. Elles sont donc très vraisemblablement de 1614, et de l'anniversaire de l'Ordination sacerdotale de François de Sales, qui eut lieu le 18 décembre 1593. (3) La Mère de Chantai.  ( I ) Les yiâi de 1^11 Religieusei de l'Ordre de h Viiii.ition Sainie-Marie... par la Mère Fran- çoise Madeiene de Chaugy- \ .Annessy.. par Jacques Clerc. i6;9, p. 74.  Année 1614 281 grandes grâces célestes ; car c'est une ame droitte, un esprit vuide et desnué de toutes les choses de ce monde, et qui n'a pensée ni dessein que pour son Dieu. O qu'elle est heureuse en cet estât ! car peu importe le tems passa- ger a une ame qui aspire a Teternité, et qui ne regarde ces momens périssables que pour aller en la vie immor- telle. Ah ! mon cher Père, mon Frère, vivons ainsy en ce petit pèlerinage, joyeusement selon le gré de nos hostes, en tout ce qui n'est point péché. Je sçai que vostre ame est de celles desquelles les yeux vont defaillans a force de regarder le sacré object de leur amour, disant : Quand me consolerés-vous * ? * ^^- cxvm, 81, 82. Vous me demandes quelque instruction pour commen- cer une bonne vie religieuse. Ah ! vray Dieu, mon cher Père, mo}^ qui ne fus jamais seulement bon clerc, m'ap- partient-il d'instruire les saintz Religieux? Portés dou- cement et amoureusement vostre croix, laquelle, a ce que j'entens, est asses grande pour vous combler de bénédic- tions, si vous l'aymés. Quelque petite occupation m'empesche de respondre a souhait a la douce lettre que vous m'aves escrit. Seule- ment je vous dis que c'est aujourd'huy le jour que je fus consacré a Dieu pour le service des âmes (0 ; je solem- nise tous les ans ce jour avec le plus d'affection que je peux, me consacrant de nouveau a mon Dieu. Enflammés mon sacrifice de l'ardeur de vostre charité, et croyés que je suis Vostre très humble serviteur, père et frère tout ensemble, FRANÇ^. E. de Genève. D'Annessi, ce ( I 1 Voir note (2) de la page précédente.  282 Lettres de saint François de Sales  MXXV A LA MÈRE DE CHANTAL M'"^ des Gouffiers propose de venir prendre la Mère de Chantai pour l'accom- pagner à Lyon; le Saint agrée provisoirement ce projet. Annecy, fin décembre 1614 (i). J'ay repensé, ma très chère iNlere, au désir que M""^ de Gouffier a de vous venir prendre, et l'ay conféré avec ses lettres ; et m'est venu en l'esprit que peut estre il ne seroyt pas si hors de rayson quil me sembloit d'abord, puisqu'elTa son esprit si embarrassé et plein de choses qui l'affligent. A elle la peine de venir et la despense de son voyage =), Mays nous en parlerons, Dieu aydant, ce soir. Cependant vous y penseres un peu, et moy auray eu ce petit sujet de donner le bon jour au très aymé cœur de ma Mère. Revu sur l'Autographe appartenant à M. le baron de Cholen, à Paris. ( I ) Le départ des Religieuses qui allaient fonder à Lyon le second Monastère de la Visitation devait s'effectuer dans la seconde moitié de janvier 161 5 (cf. ci-dessus, note (5), p. 261); il semble donc assez probable que ces lignes aient été écrites à la*fin de 1614. (2) M'"^ des Gouffiers vint en effet chercher les fondatrices. (Voir Appen- dice III.)  MXXVI A LA MÊME Où réside la foi dans l'âme des saints qui sont tentés contre cette vertu. — Les souffrances spirituelles de la Mère de Chantai ne troublent pas son saint Directeur. Annecy, [1614 (i).] Ma chère Mère, Ne craignes point, la foy réside tous-jours en la cime ( I ) En 1614, la Mère de Chantai éprouvait des tentations analogues à celles que décrivent ces lignes, (Cf. ses Lettres, vol. I p. 20.) C'est tout ce que nous pouvons dire pour la date. Quant au billet lui-même, impossible de découvrir s'il fait partie ou non d'une lettre jusqu'ici inconnue.  Anni'h 1614 283 et pointe de vostre esprit, et cela vous asseure que ces troubles finiront et que vous jouires du repos désiré au sein de Dieu ; mais la grandeur du bruit et des cris que l'ennemy fait dans le reste de l'ame et rayson inférieure, empesche que les advis et remonstrances de la foy ne sont presque point entendus. Mays de tout cela, ma chère Mère, je ne m'en metz nullement en peyne ; au contraire, je bénis Dieu dans la nuit de vostre souf- france, et rens grâce a Celuy qui vous monstre combien il faut souffrir pour son nom *. " Act., ix, 16.  Revu sur le texte inséré dans le Ms. original des Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy, conservé à la Visitation d'Annecy.  MXXVII  LA MEME  Une malade reprise pour ses imprudences. Annecy, [1612-1614 (i).] Je vous surprens, ma chère Mère, en manquement de fidélité, sans aucun prétexte de prudence et de sagesse. Dites moy comme vous vous portes, pour Dieu et pour moy, qui suis, comme vous sçaves vous mesme, plus vostre que vous mesme. Dieu vous bénisse, et moy. (i) Ce billet, que Migne (tome VI, col, 1092) adresse à tort à M""* de Boisy ainsi que le suivant, ne comporte pas de date plus précise. A cause du style et de l'appellation de « Mère », celle que nous proposons semble convenir.  284 Lettres de saint François de Sales  MXXVIII A LA MÊME Demande et envoi de nouvelles. Annecy, [1012-1614 l 0-] Que ma très chère iMere soit bénite des plus sacrées bénédictions du Sauveur de son ame ! Amen. Mais dites donq un peu bien, ma très chère Mère, comme vous vous estes portée, car le cœur de vostre filz, qui est le filz de vostre cœur, désire un peu de certitude de cela. Pour moy, je me porte fort bien, grâces a Dieu, et suis autant vostre que vous mesme, tout en vérité. Bon soir, ma très bonne Mère, et soyes toute sainte. ( 1 ) Même dès 1612, saint François de Sales prend le titre de « filz» en écrivant à la Mère de Chantai. Impossible de préciser davantage la date.  31XXIX A MADAME DE PEYZIEU Pour être tout à Dieu, nous devons crucifier nos affections les plus vives. — Il nous faut surtout un cœur amoureux envers le prochain. — Quand cet amour est-il plus excellent. [Fin 161 2-1614 ( I ).] Ma très chère Mère, Maintenant que vous diray-je? Bien des choses sans doute, si je voulois suivre mes affections, lesquelles seront ( I ) La présente lettre paraît convenir à M™^ de Peyzieu pour le ton et le genre des avis qui lui sont donnés, assez semblables aux recommandations faites à la même destinataire dans la lettre du 26 octobre 1613 (voir le tome précédent, p. 286 . Les indications font défaut pour assigner à ce texte une date moins approximative.  Annék 1614 285 tous-jours pleynes pour vous, comme je désire que les vostres soyent bien pleynes pour moy, quand sur tout vous seres dans le petit oratoire, ou je vous supplie d'en respandre beaucoup devant Dieu a l'intention de mon amendement; ainsy que de mon costé je respans, non les miennes, qui sont indignes a rayson du cœur ou elles sont, mays le sang de l'Aigneau immaculé, devant le Père éternel, en faveur de la bonne intention que vous aves d'estre toute sienne. Quel bonheur, ma chère Mère, d'estre tout a luy, qui, pour nous rendre siens, s'est fait tout nostre ! Mais il faut pour cela crucifier en nous toutes nos affections, et spécialement celles qui sont plus vives et mouvantes, par un perpétuel allentissement et attrempement des actions qui en procèdent, affin qu'elles ne se facent pas par impétuosité, ni mesme par nostre volonté, mais par celle du Saint Esprit. Sur tout, ma chère Mère, il nous faut avoir un cœur bon, doux et amoureux envers le prochain, et particulièrement quand il nous est a charge et degoust ; car alhors nous n'avons rien en luy pour l'aymer, que le respect du Sauveur, qui rend l'amour sans doute plus excellent et digne d'autant qu'il est plus pur et net des conditions caduques. Je prie Nostre Seigneur qu'il accroisse en vous son saint amour. Je suis en luy Vostre bien humble serviteur, Francs, E. de Genève.  n. 27.  286 Lettres de saint François de Sales M XXX A M. JEAN DE LA CEPPÈDE (0 (minute) Remerciements au destinataire pour l'envoi d'un poème. — L'auteur a su transformer les muses païennes en chrétiennes. — Puisse-t-il servir d'exem- ple à d'autres poètes. — Le pouvoir des vers pour pénétrer les cœurs. [1613-1614 (2).] Monsieur. Ce m'a esté un honneur extrêmement sensible d'avoir receu de vostre part ces riches et devotz Théorèmes (5) que le Révérend Père Ange Le Blanc (4) m'a remis; et si j'avois le riche parfumier ou cabinet des unguens que cet ancien prince Alexandre le Grand destina pour la *strabon., i.xiii, garde des livres et escritz d'Homère *, je le destinerois aussi a la conservation de ce beau présent, lequel m'est d'autant plus pretieux que je n'avois garde de l'oser (i) L'éditeur de 1641, qui le premier a publié cette lettre, l'adresse: A un Seigneur de Justice. Bien que le texte ne renferme aucune allusion à l'exercice de la magistrature, nous croyons que le destinataire est Jean de la Ceppède, ou Cépède, sieur d'Aigalades, premier président de la Chambre des Comptes, aides et finances de Provence, né à Marseille vers le milieu du xvi^ siècle. Les biographes vantent sa piété, son érudition, son savoir scripturaire et théologique. De son union avec Madeleine de Brancas, il eut une fille qui épousa Henri de Simiane, seigneur de la Côte. Malherbe, dont il fut l'ami, lui dédia un élogieux sonnet à propos des Théorèmes (voir la note (5) ci-dessous). Il mourut à Avignon en 1622 ou 1623. (D'après Moreri et Michaud.) (2) La date de l'apparition des Théorèmes (voir la note suivante) justifie celle que nous donnons à cette lettre. (3) Jean de la Ceppède avait publié à Lyon, en 1594, l'Imitation des Pseaumes de David, avec des sonnets et des méditations sur le mystère de la Rédemption. Cet ouvrage fut retouché et réimprimé sous le titre suivant : Les Théorèmes de Messire Jean de la Ceppède... sur le sacré mystère de la Rédemption... suivi de Vlmitatioji de quelques Pseaumes et antres Meslanges spirituels. A Tolose, Raymond Colomiez, mdcxim. — Un second volume parut en 1621. Il n'existe, à notre connaissance, aucun poème de ce nom, publié à cette époque par un autre auteur : cette raison confirmerait la désignation que nous faisons du destinataire. (4) De nombreuses recherches faites pour identifier ce Religieux sont res- tées infructueuses.  Annhh 1614 287 espérer, puisque je n'ay pas mesme pensé que vous eussies sceu que je fusse au monde, ou estant, de vray, si peu de chose, confiné en ce recoin de nos montagnes, je me tiens pour invisible. Mais toutefois, comme ce sont les grandes lumières qui descouvrent les atomes, ainsy m'aves vous peu voir. Or, puisque non seulement il vous a pieu. Monsieur, de jetter vostre pensée et, ce qui est encor le plus, vostre bienveuillance sur moy, je vous supplie très hum- blement de me continuer cette grâce par la mesme cour- toisie et bonté qui Ta fait naistre en vostre ame sans aucun mérite de ma part ; et si je ne puis par les effectz, au moins par affection je m'essayeray de correspondre a cette faveur, vous portant a jamais un honneur, ouy mesme (si vous me permettes ce mot) un amour très particulier. A quoy je suis encor attiré par cette sçavante pieté qui vous fait si heureusement transformer les muses payennes en chrestiennes, pour les oster de ce viel prophane Parnasse et les loger sur le nouveau sacré Calvaire. Et pleust a Dieu que tant de poètes chrestiens qui ont en nostre aage si dignement tesmoigné comme vous, Monsieur, la beauté de leur esprit, eussent aussi, comme vous, fait paroistre la bonté de leur jugement au choix des sujetz de leurs poëmes ! La corruption des mœurs ne seroit pas si grande ; car c'est merveille com- bien les discours resserrés dans les lois des vers ont de pouvoir pour pénétrer les cœurs et assujettir la mémoire. Dieu leur veiiille pardonner de l'abus qu'ilz ont fait de leur érudition. Et vous, Monsieur, usés, ains jouisses tous-jours ainsy saintement de ce beau, riche et bon esprit que la divine Majesté vous a conféré en cette vie temporelle, affin que vous vous res-jouissies a jamais, contemplant et chantant glorieusement les mesmes mystères, en la vie éternelle. Je suis de tout mon cœur, Monsieur, Vostre très humble serviteur, F,, E. de Genève.  288 Lettres de saint François de Sales  MXXXI A LA MÈRE DE CHANTAL Une occasion est offerte à la Mère de Chantai décrire à son cher enfant. De quoi elle avait peur. Annecy, T 1613- 16 14 ( i ).] Ma très chère Mère, Avec une aggreable occasion, je prens le contentement de vous donner le bon soir. Un fort honneste gentilhomme me vient demander une lettre vers M. le Grand {-) pour la recommandation de quelque affaire qu'il a; j'ay pensé que peut estre auries vous playsir d'escrire a vostre cher enfant (5), Et n'estoit que je sçai que vous aves peur que Tamour naturel ne soit trop rafroidy et presque tout esteint, je n'oserois pas vous donner cette atteinte pour le resveiller. Or sus, si vous escrivés, il faut avoir la lettre encor ce soir. Et Dieu vous bénisse, ma très vraye, très aymee et très aymable Mère. Je salue nos filles, notamment la mala- de (4), et suis, comme vous sçaves vous mesme, tout vostre par Nostre Seigneur. Amen. ( i ) La manière dont le Bienheureux parle ici de la tendresse maternelle de la Sainte pour Celse-Bénigne, rappelle beaucoup les expressions employées dans la Lettre dcccxcv (p. 37). écrite à la fin de juin ou au commencement de juillet 161 3. Ce rapprochement et le style du billet suggèrent la date indiquée. (2) Le duc de Bellegarde. (3) A Celse-Bénigne. (4) Si ces lignes étaient antérieures au 14 juin 1613, '< la malade » pourrait être la Sœur Roget. (Cf. plus haut, notes (2), (3), p. 34.)  ANNEE 1615  MXXXII A M. CLAUDE DE BLONAY Pourquoi le saint Fondateur désire envoyer à Lyon les meilleurs de ses sujets. — Marie-Aimée de Blonay sera l'une des fondatrices; son père est prié d'agréer cette mission si glorieuse pour sa fille. Annecy, 2 janvier 161 5. Monsieur mon très cher Frère, Dieu nous visite en sa douceur, et veut que la Visita- tion soit invitée par nostre très bon Monseigneur de Lion (0 de l'aller visiter en son diocèse, pour y establir une Mayson de Nostre Dame comme la nostre d'Annes- sy (2). Or, d'autant que Tentreprise est grande et que c'est la première saillie ou production de nostre Mayson (que je désire qui ne produise rien que de bon), nous voulons y envoyer la cresme de nostre Congrégation ; et parce que nostre chère fille Marie Aymee est un de nos plus pretieux sujetz, je désire de la poser aux fondemens de ce nouvel édifice. J'espère que vostre pieté, mon cher Frère, vous fera volontier acquiescer a l'esloignement de cette chère fille, puisqu'il est requis a la gloire de Dieu. Et encor (pour parler un peu humainement a un père qui ayme bien son enfant), cette mission est glorieuse a nostre fille, a la- quelle je ne me haste point de demander si elle voudra aller, me tenant asseuré de son obéissance (3), comme je (i) M^"" Denis-Simon de Marquemont. (2) Voir ci-dessus, note (3), p. 261. et ci-après, note(i), p. 294. {3) Cette assurance était fondée. « Ma Fille, » demanda le Saint, '< voulez- vous bien aller à cette fondation r — Monseigneur, » répondit Marie-Aimée, (( je suis voilée du tout à l'obéissance, et n'ay plus rien à délibérer pour moy-mesme, ny point de consentement à donner; mais j'ay seulement à me Lettres VI m  290 Lettres de saint François de Sales suis asseuré de vostre résignation, et que vous le deves estre de l'affection fraternelle de Vostre très humble serviteur et confrère, FRANç^ E. de Genève. D'Annessi, le2'^jourderan 1615. sousmettre en toutes choses... » Et jamais elle ne dit mot de ce dessein « à aucune des Sœurs, ny ne demanda aucune permission de voir, de parler ou d'écrire sur ce sujet..., luy suffisant de suivre à l'aveugle les mouvemens de la saincte obéissance. » (Charles-Auguste de Sales, La Vie de la Mère Marie Aymée de Blonay, 1655, chap. vi.)  MXXXIII A MADAME GASPARDE DE BALLON RELIGIEUSE DE l' ABBAYE DE SAINTE-CATHERINE (0 La débonnaireté de Notre-Seigneur en sa crèche; ce qu'on y trouve et dans quelle posture il faut s'y tenir. — Que faire quand l'ennemi nous détourne de la sainte dévotion ; le péril de quitter l'oraison. Annecy, 6 ou 7 janvier [1613-1615 (2).] Nostre Seigneur vous ayme, ma chère Fille, et vous ayme tendrement. Que s'il ne vous fait pas sentir la (i) D'après l'édition de 1626, la destinataire est une Religieuse de Sainct Bernard : le ton de cette lettre et l'appellation de « Cousine » font croire qu'elle a été adressée à l'une des Soeurs de Ballon et plus probablement à Gasparde, tout d'abord inclinée vers la vie du monde. Ici, certains conseils font allusion à ces incertitudes et à ces comb?,ts intérieurs qui, semble-t-il, furent épargnés à sa sœur Louise, dédiée à Notre-Seigneur depuis sa petite enfance. Gasparde, troisième fille de Charles-Emmanuel Perrucard de Ballon et de Jeanne de Chevron-Villette (voir tome XIV, note (2), p. 129), légataire de son père en 1607, fut envoyée à l'âge de treize ans — vraisemblablement vers 1610 ou 161 1 — en qualité de pensionnaire à l'abbaye de Sainte-Catherine. La vocation de Clarisse l'avait d'abord attirée, mais saint François de Sales l'assura qu'elle devait choisir l'Ordre de Saint-Bernard et lui-même prêcha sa vêture. Professe l'année suivante, elle entra dans la petite ligue des Sœurs qui voulaient se réformer et fut la cinquième des Bernardines de Rumilly. Au printemps de 1641, Sœur Gasparde organisa le Monastère de Cavaillon; elle était supérieure de la Maison de Seyssel en 1668, lorsque le 14 décem- bre de cette même année, sa sainte sœur, la Mère Louise-Thérèse de Ballon, mourut entre ses bras. (D'après Grossi, La Vie de la vénérable Mère de Ballon, Annecy, 169:^, passim.) (2) Tout point de repère faisant défaut dans l'ouvrage du P. Grossi (voir  Annéh 1615 291 douceur de son saint amour, c'est pour vous rendre plus humble et plus abjecte a vos yeux. Mais ne laissés pas pour cela de recourir a sa sainte debonnaireté en toute confiance, sur tout maintenant, en ce tems auquel nous le nous représentons comme il estoit, petit enfant en Bethlehem ; car, mon Dieu, ma chère Fille, pourquoy prend il cette douce et amiable condition de petit enfant, sinon pour nous provoquer a l'aymer confidemment et a nous confier amoureusement en luy ? Demeurés bien près de la cresche cette sainte octave des Rois. Si vous aymes les richesses, vous y treuveres For que les Rois y ont laissé ; si vous aymés la fumée des honneurs, vous y treuveres celle de Tencens, et si vous aymes les délicatesses des sens, sentes-y la mirrhe odorante qui parfume tout l'estable. Soyes riche en amour pour ce cher Sauveur ; honnorable en la privante que vous prendres avec luy par Torayson, et toute déli- cieuse en la joye de sentir en vous les saintes inspirations et affections d'estre très uniquement sienne. Pour vos petites choleres, elles passeront, ou si elles ne passent pas, ce sera pour vostre exercice et mortifi- cation. En fin, ma chère Cousine, puisque, sans reserve, vous voules estre toute pour Dieu, ne tenes point vostre cœur en peyne, et, entre toutes les sécheresses qui vous peuvent arriver, soyes ferme a demeurer entre les bras de la miséricorde divine. Et pour ces appréhensions qui vous arrivent, c'est Tennem}^ qui, vous voyant a cette heure toute résolue de vivre en Nostre Seigneur sans reserve et sans exception, il fera toute sorte d'effort pour vous incommoder et rendre dure la voye de la sainte dévotion. Or, il faut que vous, au contraire, estendies vostre cœur par une fréquente répétition de vostre protestation, que vous ne relascheres jamais, que vous persevereres en vostre fidélité, que vous la note précédente), il est impossible de fixer la date de cette lettre. Cepen- dant, les conseils du Saint semblent s'adresser à une âme qui vient de se donner pleinement à Dieu. Or, la vêture de Gasparde peut avec probabilité se placer entre les années indiquées; l'historien de la Mère Louise-Thérèse nous ap- prend, en effet, que M""^ de Ballon, dont le testament est daté du 28 septem- bre 1015, assista à la cérémonie.  292 Lettres de saint François de Sales aymes mieux les rigueurs du service de Dieu, que les douceurs du service du monde, que jamais vous n'aban- donneres vostre Espoux. Gardés bien, ma chère Fille, de quitter la sainte oray- son, car vous feries le jeu de vostre adversaire ; mais continues constamment en ce saint exercice et attendes que Nostre Seigneur vous parle, car il vous dira un jour Cf. jerem., XXIX, dcs parolcs de paix * et de consolation; et Ihors vous connoistres que vostre peyne aura esté bien emplo3^ee, et vostre patience, utile. Bon soir, ma très chère Fille. Glorifiés vous d'estre toute pour Dieu, et protestés tous-jours d'estre toute sienne. Dites souvent : Que vive Jésus ! France E. de Genève.  MXXXIV A MADAME DE LA FLÉCHÈRE La maligaité humaine, grand sujet de résignation. — Quels esprits ne sont pas bons à l'office de chapelain. — On attend à Annecy les délégués de l'Archevêque de Lyon. Annecy, vers le 15 janvier 1615 (i). J'ay receu vos lettres, ma très chère Fille, mais on ne m'a donné commodité d'y respondre que maintenant ; encor n'ay-je loysir que celuy que je prens au milieu d'un appointement. Pour le premier chef, vous pourres, en justification de M. de Blonnay (2), declairer tout ce que vous aves appris du tappis. C'est un grand cas de la malice de l'esprit humain ! Rien ne nous donne tant de sujet de résignation ( I ) Le rapprochement des deux allusions à Jean-François de Blonay et au voyage pour la fondation de Lyon, que contiennent la présente lettre et la suivante, justifie la date approximative attribuée à ces ligues, sans permettre toutefois de la préciser davantage. (2) Jean-François de Blonay, qui était depuis quelque temps à Rumilly. (Voir ci-dessus, p. 258.)  Année 1615 293 que la rencontre des diverses ruses dont il se sert a mal faire. M. Charvet (0 est un esprit jeune et ardent, et je le luy dis l'autre jour. 11 seroit requis que M. de Blonnay arrestast ( = ), mais je ne sçai si nous le pourrons faire, car je le voy disposé a tout quitter, par la recherche quil me fait de l'envoyer a Lion, servir de chapelain la nouvelle Visitation. Je luy respons en sorte que je luy donne courage de demeurer, ne m'estant pas advis quil fut bon a l'office quil recherche (3), d'autant que c'est un esprit foysonnant de conceptions et fort porté aux extrémités. J'ay remis la lettre a M'"" de Chantai sans la voir, par ce que je n'avois pas encor leu celle que vous m'escrivies. On n'est encor pas venu de Lion (4); nous attendons aujourdhuy des nouvelles. J'en ay receu de nostre seur de Bons (5). Dieu vous comble a jamais de ses tressaintes grâces, et suis sans fin, ma très chère Fille, Tout parfaitement vostre, Franç% E. de Genève. A Madame Madame de la Flechere. Revu sur l'Autographe conservé dans le trésor de l'église Saint-Servais, à Maëstricht. (i) Sans doute, un jeune prêtre que le Saint songeait peut-être à donner comme vicaire au curé de Rumilly. (Voir ci-dessus, note ( i ), p. 259.) Parmi les ecclésiastiques qui portaient à cette époque le nom de Charvet, on peut désigner avec le plus de vraisemblance Charles, fils de Jean Charvet ou Charvey, notaire ducal de Saint-Gervais. Il reçut le sous-diaconat le 18 septembre 1604, le diaconat et la prêtrise le 5 mars et le 24 septembre 1603. Chapelain de Saint-Grat, à Saint-Nicolas de Véroce et de Sainte-Madeleine au village des Baptioux à partir du 6 mars de la même année, il fut institué, le 27 juillet 1622, curé de Crest-Voland où il mourut en décembre 1626. (R. E.) {2) C'est-à-dire, demeurât à Rumilly. (3) Cf. le tome précédent, note (i), p. 354. (4) Pour chercher les fondatrices du second Monastère de la Visitation. (Cf. ci-dessus, Lettre mxxxii, et ci-après, Lettre mxxxv.) ( 5) Jeanne-Bonaventure de la Forest, Religieuse à l'abbaye de Bons, sœur de M""'' de la Fléchère.  294 Lettres de saint François de Sales MXXXV A LA MÊME Départ imminent de la Mère de Chantai pour Lyon. — Souhait du Saint, Annecy, 25 janvier (i) 1615. En somme le bon monsieur de Blonnay (2) a choisi de quitter la charge du collège (3). Certes, ma très chère Fille, son esprit n'est pas pour supporter un si grand tracas; et je voy que non seulement cela, mais il est pour se retirer de Rumilly (4). Or, Dieu soit loiié. Nostre bonne madame de Chantai part demain pour aller coucher a Clermont (?), ces messieurs et ces dames de Lion estant venus la prendre (^). Hé! Dieu veuille bénir et prospérer ce voyage, qui s'entreprend pour son honneur et l'édification de plusieurs. (i) D'après Migne, tome VI, col. 13^2, l'Autographe de ce billet aurait porté la date du 26 janvier ; on peut se demander toutefois si l'éditeur a bien lu le quantième qui devait être écrit en chiffres romains. Ces lignes, annon- çant que la Sainte se dispose à partir le lendemain, doivent être du 2^. En effet, le Livre du Chapitre du i^"" Monastère de la Visitation d'Annecy note que le départ des fondatrices pour Lyon s'effectua le 26 janvier, quoique la Mère de Chaugy (Mémoires, etc., Partie II, chap. ix, p. 180) et quelques Mss. de V Histoire de la Fondation du ler Monastère de Lyon le fixent au 25, « jour de la Conversion de saint Paul. » La coïncidence de cette fête avec le dimanche ne permet pas de croire que la Mère de Chantai et ses compagnes se soient mises en route ce jour-là, mais plutôt le lendemain, ainsi que l'indi- que le Livre du Chapitre. Il est probable que les grands adieux se firent le 25, et dès lors, cette date serait restée dans les souvenirs des annalistes comme celle du départ. (2) Jean-François de Blonay (voir la lettre précédente). (5) Sur les écoles ou le collège de Rumilly au temps de notre Saint, nous savons fort peu de chose ; Jean Ménenc en fut le régent pendant quatre ans, et vraisemblablement de 1^88 à 1592. (Voir tome XI, note ( i ), p. 15.) (4) De fait, M. de Blonay dut quitter Rumilly, puisqu'on ne voit pas qu'il ait exercé d'autres ministères après avoir laissé « la charge du collège. » (5) Clermont en Genevois, marqué pour la première halte de nuit de la pieuse troupe, est situé sur la route qui va d'Annecy à Lyon par Seyssel; cette localité compte aujourd'hui 400 habitants. C'est dans cette paroisse, en l'église de Saint-Etienne, que François de Sales reçut la tonsure cléricale le 20 septembre 1578, de M»"" Galois Regard, évêque de Bagnorea. (6) Pour plus de détails, voir l'Appendice III.  Annhh 1615 295 Je vous salue infiniment, ma Lres chère Fille', a qui je suis très parfaitement en Nostre Seigneur, qui vous sauve et bénisse a jamais. Amen. Vive Jésus! Je salue réciproquement la chère nièce (0 et luy sou- haite mille et mille bénédictions.  Francs E. de Genève.  [25J janvier 16 15. A Madame Madame de la Flechere. ( I ) Gasparde d'Avisé.  MXXXVI A LA MÈRE DE CHANTAL Sept billets pour le voyage. — Souhaits et bénédictions. — Les âmes vraiment inséparables. — Motifs de confiance et de courage. — La joyeuse ardeur de saint Ignace, martyr. — Promesse delà protection des bons Anges. — Dou- ceur de l'unité des cœurs et des esprits. — Ardente prière pour la Fonda- trice; bénédictions à ses filles. Annecy, 26 janvier 1615 (i). Voyci le souhait de vostre Père, ma très chère Fille : Dieu soit avec vous au chemin par lequel vous ires; Dieu vous tienne tous-jours vestue de la robbe de sa charité ; Dieu vous nourrisse du pain céleste de ses consolations ; Dieu vous ramené saine et sauve en la mayson de vostre père ; Dieu soit a jamais vostre Dieu, ma chère Mère. Ce sont les bénédictions que Jacob se souhaitoit quand il partit de Bethel *, et ce sont celles la que je me souhaite * G a moy mesme, ma très chère et très unique Fille, a ( I ) Le saint Fondateur ne se contenta pas de bénir à leur départ ses chères filles; par une délicate prévoyance de son cœur tout paternel, il confia à la Sœur de Blonay sept petits billets écrits de sa main, afin qu'elle en donnât « un tous les soirs à chaque gîte » à la Mère de Chantai, « pour sa consola- tion » et son réconfort. (Hist . de la Fondation du ler Monastère de Lyon.) Ce sont ces billets que nous reproduisons ici à la suite les uns des autres. La date que nous leur assignons est donc conventionnelle et désigne le jour où ils ont été remis à la Sœur Marie-Aimée. (Voir note ( i ) de la page précédente.)  en., xxviii, 20, 21.  296 Lettres de saint François de Sales vostre despart de ce lieu, ou vous demeures en partant et d'où vous partes en demeurant. Allés en paix, ma très chère Fille, allés en paix ou Dieu vous appelle ; demeurés en paix, mais demeurés en Philip., uit., 7. la^ sainte paix de Dieu *, ou il vous tient et arreste icy. Les âmes que Dieu a rendu tout une sont inséparables, car, qui peut séparer ce que Dieu a joint*? Non, ni la mort, ni chose quelconque ne nous séparera ja- Roni., VIII, 38, 39. mais de Tunité qui est en Jésus Christ *, qui vive a jamais en nostre cœur. Amen.  * Matt., XIX Marc, X, 9.  MXXXVII (X) Or sus, ma chère Fille, puisque Dieu est l'unité de nostre cœur, qui nous en séparera jamais ? Non, ni la mort ni la vie, ni les choses présentes ni les futures, lbid.,35,38, 39. ne nous sépareront jamais *, ni ne diviseront nostre unité. Allons donq, ma très chère Fille, avec un seul Act., IV, 32. cœur*, ou Dieu nous appelle ; car la diversité des che- mins ne rend rien de divers en nous, puisque c'est a un seul object et pour un seul sujet que nous allons. Ps. Lxxii, 26. Q Di^j^ (i^ mon cœur *, tenés ma très chère fille de vostre main ; que son Ange soit tous-jours a sa dextre pour la protéger, que la Sainte Vierge Nostre Dame la recrée tous-jours de l'aspect de ses yeux débonnaires. ( i) Les éditeurs de 1626 avaient donné les quatre billets suivants soudés ensemble, comme ne formant qu'un seul et même texte, A la seule lecture, on voit que les répétitions trahissent un groupement artificiel : elles nous ont permis de rendre à ces divers morceaux leur disposition primitive.  MXXXVIII Ma très chère Fille, la Providence céleste vous assis- tera : invoqués-la avec confiance en toutes les difficultés desquelles vous vous treuveres environnée. A mesure que vous allés outre, ma très chère Mère, ma Fille, vous deves prendre courage et vous res-jouir dequoy vous  Année 1615 297 contentes Nostre Seigneur, le contentement seul duquel contente tout le Paradis. Pour moy, je suis la ou vous estes vous mesme, puis- que la divine Majesté l'a ainsy voulu éternellement. Allons donq, ma chère Fille, allons suavement et joyeu- sement faire l'œuvre que nostre Maistre nous a marquée.  MXXXIX Hé ! ma très chère Mère, ma Fille, il me vient en mémoire que le grand saint Ignace, qui portoit Jésus Christ en son cœur *, alloit joyeusement servir de pasture * ^'\^,^ ^ct. s. igna- ' ■' -^ -^ tii Martyr. aux lions et souffrir le martyre de leurs dens : et voyla que vous allés, et nous allons, s'il plaist a ce grand Sau- veur, a Lion, pour y faire plusieurs services a Nostre Seigneur, et luy préparer plusieurs âmes desquelles il se rendra TEspoux. Pourquoy n'irions-nous joyeusement au nom de nostre Sauveur, puisque ce Saint alla si allègre- ment au martyre de nostre Sauveur ? Que bienheureux sont les espritz qui marchent selon la volonté de ce divin Esprit, et le cherchent de tout leur cœur *, laissant tout, et le Père mesme qu'il * Ps. cxvm, i, 2. leur a donné (0, pour suivre sa divine Majesté ! ( I ) Allusion au Saint lui-méiue.  MXL  Allés, ma très chère Mère, ma Fille. Nos Anges de deçà tiennent les yeux sur vous et sur vostre petite trouppe et ne^vous peuvent abandonner, puisque vous n'aban- donnes pas le lieu de leur protection, ni les personnes de leur garde, que pour n'abandonner pas la volonté de Celuy pour la volonté duquel ilz s'estiment heureux d'abandonner maintes fois le Ciel. Les Anges de delà, qui vous attendent, envoyeront a vostre rencontre leurs  298 Lettres de saint François de Sales bénédictions, et vous regardent allant vers leurs lieux, avec amour, puisque c'est pour coopérer a leur saint ministère. Tenés vostre cœur en courage, car, puisque vostre cœur est a Dieu, Dieu sera vostre courage. Allés donq, ma Fille, allés avec mille et mille bénédictions que vostre Père vous donne, et sçachés que jamais il ne manquera de respandre, par toutes les aspirations que son ame fera, des combles de souhaitz sacrés sur la vostre. Ce sera son premier exercice au resveil du matin, le dernier au coucher du soir et le principal a la sainte Messe. Vive Jésus et Marie! Amen.  MXLI (0 Allés, ma fille, allés ; mon esprit vous va suivant et respandant sur vous mille bénédictions. Au nom de Dieu, nous allons et demeurons, avec une fort pure intention de servir de tout nostre cœur a la gloire éternelle de sa divine Majesté icy ou nous demeurons, et la ou nous allons. O Dieu, que c'est une douce chose que d'avoir la sainte unité des cœurs qui, par une merveille inconneuë au monde, nous fait estre en plusieurs lieux, sans divi- sion ni séparation quelconque. Demeurons et allons en paix, ma très chère Fille. Et comme une seule femme se console en Tune et l'autre main, tenant son filz de l'une et son père de l'autre, ainsy res-jouissons nous deq'uoy en une parfaite unité d'esprit (i) Ces billets MXLI, mxlii constituent, dans l'édition de 1626, la seconde moitié d'une lettre fabriquée, dont la première partie est donnée au tome XV de notre Edition, p. 47, sous la date du 29 avril 1611. (Voir les notes qui l'accompagnent.) Migne, tout en reproduisant intégralement au tome V, col. 1367, le texte interpolé des premiers éditeurs, réimprime à part au tome IX, col. 84, les deux billets suivants en un seul, avec le quantième du 28 janvier 1615. Leur contenu ne permet pas de douter qu'ils n'appartiennent à la série des « sept petits écrits » confiés par le Saint à la Sœur de Blonay (voir ci-dessus, note (i), p. 295), et, selon toute apparence, ils sont les derniers qu'elle de- vait remettre à la Mère de Chantai.  Année 1615 299 et de tout nous mesmes, icy ou nous demeurons et la ou nous allons, nous nous tenons a ce Sauveur que nostre cœur veut chérir reveremment comme son Père et ten- drement comme un filz. Or sus, je m'en vay présenter ce cœur a ce cher Sau- veur en la sainte Messe.  MXLII O Seigneur Jésus, sauvés, bénisses, confirmés et con- servés ce cœur qu'il vous a pieu de rendre unique en vostre divin amour; et puisque vous luy aves donné l'ins- piration de se dédier et consacrer a vostre saint Nom, que vostre saint Nom le remplisse comme un bausme de divine charité, qui, en une parfaite unité, respande les variétés des parfums et odeurs de suavité * requises a * et Cant. l'édification du prochain. Ouy, Seigneur Jésus, remplis- ses, comblés et surabondes en grâce, paix, consolation et bénédiction cette ame qui, en vostre saint Nom, va et demeure ou vostre gloire la veut et appelle. Amen. Mille bénédictions a nos chères filles. Dieu, qui les a assemblées, les bénisse; leurs saintz Anges soyent a ja- mais autour d'elles, respandant a pleines mains les grâces et consolations célestes dans leurs cœurs bienaymés, et que la Sainte Vierge, desplo3^ant sa poitrine maternelle sur elles, les conserve en la vertu de son amoureuse ma- ternité. Amen. Vive Jésus !  300 Lettres de saint François de Sales  MXLIII A MADAME DE PEYZIEU Les marques du pur amour. — De quel prix ont été payées les vertus des chrétiens. Annecy, [vers février] 1615 (i). Helas, mon Dieu, ma très chère Mère, que j'ay esté estonné quand par vostre lettre j'ay sceu, comme tout a coup, la longueur et le danger de vostre maladie ! car, croyés moy, je vous supplie, mon cœur vous chérit fina- lement. Mays, Dieu soit loué dequoy vous voyla presque toute eschappee. Certes, des-ormais je voy bien qu'il faudra vous appri- voyser aux maladies et infirmités en cette décadence d'aage en laquelle vous estes. Seigneur Jésus, quel vray bonheur a une ame dediee a Dieu d'estre fort exercée par la tribulation avant qu'elle parte de cette vie! Ma très chère Mère, comme peut on connoistre le franc et vif amour, que parmi les espines, les croix, les langueurs, et sur tout quand les langueurs sont accompaignees de lon- gueur ? Aussi, nostre cher Sauveur a tesmoigné son amour desmesuré par la mesure de ses travaux et pas- sions. Faites, ma chère Mère, faites bien l'amour a l'Espoux de vostre cœur sur le lit de douleur ; car c'est sur ce lit la ou il a fait vostre cœur avant mesme qu'il fust fait au monde, ne le voyant encor qu'a son divin projet. Helas ! ce Sauveur a conté toutes vos douleurs, toutes vos souf- frances, et a payé au prix de son sang toute la patience et tout l'amour qui vous est nécessaire pour saintement appliquer tous vos travaux a sa gloire et a vostre salut. Soyés contente a vouloir doucement tout ce que Dieu ( I ) Ms'" Camus, en citant une bonne partie de la présente lettre dans L Esprit du B. François de Sales (Paris, AUiot, lô^jo, tome VI, Partie XVII, Sect. xi), la dit adressée « à une dame ancienne et fort vertueuse de » son « diocèse, que par honneur » le Bienheureux « appelloit sa mère. » Cette indication fait tout de suite penser à M"^^ de Peyzieu comme destinataire. La lettre du 28 fé- vrier 1615 à la même dame (p. 310) confirme cette hypothèse et, par surcroît, suggère avec assez de vraisemblance la date proposée pour ces lignes.  Année 1615 301 veut que vous soyés. Jamais je ne manqueray a prier la divine Majesté pour la perfection de vostre cœur, que le mien ayme, chérit et honnore tendrement. A Dieu, ma très chère Mère, et ma très chère Fille encor ; a Dieu soyons-nous éternellement, et nous et nos affections, et nos petites peynes et les grandes, et tout ce que la divine Bonté veut estre nostre. Kt sur ce, je suis en luy, ma très chère Mère, très absolument, Vostre vray filz et très affectionné serviteur, FRANÇ^ E. de Genève.  MXLIV A M. CLAUDE DE QUOEX Gratitude de Son Altesse envers le Saint pour un avis important. Annecy, [février] 161 3 (i). Monsieur, Ce billet vous asseurera de ma part que je n'ay receu aucune lettre de Son Altesse despuis une qu'elle m'es- cri vit, pour tesmoigner le gré qu'elle me sçavoit d'un asses important advis que je luy avois donné en l'occasion de mon voyage en Valley *. . Vide Epist. mxxi. Cependant je vous suis trop obligé de la part que vous aves en tout ce qui me regarde, qui suis aussi de tout mon cœur. Monsieur, Vostre plus humble très asseuré serviteur, Francs E. de Genève. Revu sur l'Autographe conservé à Chambéry, Archives du Sénat de Savoie. ( I ) Les remerciements de Son Altesse pour r« important advis » que lui donnait François de Sales le 13 décembre 1614, ne parvinrent pas sans doute à Annecy avant la fin de ce même mois. Entre la réponse de Charles-Emma- nuel et ce billet, un certain laps de temps a dû s'écouler ; cette particularité rend vraisemblable la date approximative que nous lui attribuons. Quant au destinataire, rien de certain ne nous le garantit, le billet n'ayant pas d'adresse. Il a été trouvé parmi les papiers de Claude de Quoex ; de là notre conjecture, confirmée par le ton de ces lignes.  302 Lettres de saint François de Sales MXLV A LA MÈRE DE CHANTAL, A LYON Sentiments du Saint après le départ de sa chère fille spirituelle. — Nouvelles détaillées du Monastère, des Religieuses, de Françoise de Chantai, de son goût pour la parure et de la piété de M""^ de Thorens. — Désir de savoir les particularités de ïa abord » à Lyon. — Bénédictions à la Fondatrice et à chacune de ses filles qui l'accompagnaient. Châteaufort (i), 4 février 1615. Vive -J- Jésus (2) Voyci la seconde commodité de vous escrire, ma très chère Mère, et voyci aussi ma seconde lettre, qui vous porteroit mille nouvelles du cœur que vous aves icy, si j'avois autant de loysir quil en faudroit ; (3) mais je vous en diray asses, ma très chère Mère. Les deux premiers jours quil ne se vid plus soymesme, il demeura en une douce tendreté et quelques larmes ; mais quand je le portay la première fois ou il avoit accoustumé de treuver son ame et quil ne 1'}^ treuva plus, il fut saysi d'un estonnement nompareil qui luy a duré trois ou quatre jours et le resaisit souvent, c'est a dire quand il y pense par manière de privation du bien quil ayme plus que tout autre du monde. Mays tout cela ne touche point la pointe de l'esprit qui, asseuré de plus en plus de l'indissoluble et invariable unité que Dieu a faite de ce que nous sommes, demeure aussi impénétrable a toute sorte d'appréhension. Et encor, cette partie infé- rieure a son estonnement U) trouble ni inquiétude, mais en vérité grand plus quil ne se peut (i) Au sud de Seyssel, où résidait très probablement Anne de Clermont, veuve vers la fin de 1614, de Pierre de Grôlée, coseigneur de Châteaufort. Le Saint était allé sans doute la consoler et Tencourager dans son malheur. (2) Migne, tome VI, col. 976, a publié ce premier alinéa et le troisième, restés jusqu'alors inédits, mais en modernisant le style. (5) Cette fin de phrase et l'alinéa suivant sont inédits. (4) Il n'a pas été possible de déchiffrer deux mots, très oblitérés sur l'Au- tographe.  Annéh 1615 303 dire. Mays, ne disons plus rien de cela ; car, ne suffit il pas que Dieu nous ayant rendus une mesme chose, nous soyons par tout nous mesmes tout siens ? Dimanche ( je fus voir ma Seur de Brechard et je la treuvay plus joyeuse (2). Je ne vis qu'elle, par ce que j'arrestay fort peu ; mais au retour '?), je les verray toutes, et commencerons par les Novices (4). Elle me dit que nostre fille de Rabutin s'attristoit et pleuroit pour n'avoir pas dequoy se faire brave ; et je luy dis quil failloit luy faire faire un beau collet pour les festes, et cela suffiroit au vilage, en attendant mieux a vostre retour (7). Je pense que cette fille croit que ce soit grand contentement d'avoir ces dentailles et ces colletz montans (vous voyes bien que j'en sçai quelque chose), et il la faut charger de cela ; quand elle verra que cela n'est pas si grand feste, elle reviendra a soy. Mays nostre fille de Thorens se confessa et s'en alla bien brave (*^); elle m'a prié de luy  ( I ) C'était le i*^"" février. (2) En l'absence de la Mère de Chantai, Sœur Jeanne-Charlotte de Bre- chard gouvernait le Monastère. ( 5 ) Au retour de son voyage à Chàteaufort. Le 7 février, samedi, le Saint donnait la tonsure à Nicolas Teste, dans la chapelle de son palais. (4) La Communauté comptait alors six novices: Sœur Marie-Madeleine de Mouxy, Sœur Françoise-Gabrielle Bailly, Sœur Marie-Françoise de Livron, Sœur Claude-Simplicienne Fardel, qui avaient pris ensemble l'habit de la Visitation, le 2 juillet i6r^ ; Sœur Paule-Jéronyme de Monthoux et Sœur Jeanne-Marie de la Croix, voilées le 27 décembre suivant. (5) On dirait que, loin de sa mère, Françon (voir tome XII, note ( i ), p. 360) comptait davantage sur l'éloquence de ses larmes pour obtenir de quoi se parer. Le saint Evèque, toujours si débonnaire, ne pouvait que com- patir au chagrin de l'adolescente et condescendre, cette fois au moins, à son frivole désir. De Lyon, la Mère de Chantai envoya les dentelles tant sou- haitées. Cet envoi ne dut pas suffire; on en réclama d'autres. « Pour le coup! » écrivait la Sainte à la Sœur de Brechard, le 14 avril i6i^, u des dentelles à Françoise! Je vous ai déjà mandé que nous en avions envoyé il y a longtemps. » (Lettres, Pion, 1877, vol. I, p. 50.) M"^ de Rabutin avait donc « dequoy se faire brave. » (6) Marie-Aimée, baronne de Thorens. « se plaisoit fort d'estre propre et paroitre en sa condition... Or donc, comme sa bonne mère s'aperceut qu'elle avoit un peu d'affection a la vanité, elle l'en retira fort doucement et indus- trieusement, » en lui apprenant à faire « l'oraison mentale. » Ces maternelles insinuations n eurent un si grand pouvoir sur ceste chère jeune dame, que, nonobstant sa répugnance, elle s'y adonna fidellenient. >; et se laissa même persuader « de faire une confession générale; ce qu'elle exécuta soigneuse- ment. » (Vie maiiiiscritc de iiosîrc dcvoste Sœur Marie Aymée de Rahuiiin,  304 Lettres de saint François de Sales faire un'orayson qu'elle die tous les jours tandis qu'elle sera grosse ; ce que je fera}^ et vous en envoyeray une copie affin que vous sachies tout (O. Que j'ay d'envie, ma très chère Mère, de sçavoir vostre abord et quel commencement Dieu aura donné au service pour lequel il vous a appellee. Tout ira bien, je m'en asseure, et la tressainte Vierge Nostre Dame tiendra vos cierges allumés ( = ), affin que vous esclairies a ces bonnes âmes qu'ell'a marquées de sa bonté pour estre ses servantes. Je Ten supplie continuellement, estant perpétuellement a Lion, non seulement en vous comme vous mesme, mais aussi en vostre petite mayson (3), ou je suis présent, ce me semble, en esprit a tout ce petit mesnage spirituel que Dieu y fait naistre. (4) Je vous salue mille et mille fois, la plus aymee et la plus aymante Mère qui soit au monde, et ne cesse point de respandre des souhaitz sacrés sur vostre personne et sur vostre trouppe. Hé Seigneur, bénisses de vostre sainte main le cœur de ma très aymable Mère, affin quil soit béni en la plénitude de vostre suavité, et quil soit comme une source féconde qui vous produise plusieurs cœurs qui soyent de vostre famille et génération sacrée. Bénisses  par la Mère de Chaugy.) « Cette victoire, » dit une autre Relation, -< fut suivie de tant de grâces, » que Marie-Aimée «prit la résolution d'être entièrement à Dieu tout le reste de ses jours. » (Archives de la Visitation d'Annecy.) Il y a apparence que le Bienheureux parle ici à la Mère de Chantai de cette confession générale, qui fut pour la jeune baronne de Thorens le point de départ dune vie nouvelle, d'autant qu'elle avait eu grand'peine à s'y résoudre. ( I ) Cette prière, qui a été imprimée pour la première fois dans l'édition des Epistres spirituelles de 1629, liv. III, p. 567, sera donnée avec les Opuscules. (2) Allusion à la récente fête de la Purification, choisie pour l'inauguration du Monastère de Lyon, dont on trouvera les détails à l'Appendice III. (3) La « petite mayson » qui abrita dès leur arrivée les fondatrices, avait été achetée, avec le concours de M^"" de Marquemont, par M""^ d'Auxerre et ses compagnes, après leur voyage à Annecy en 1613. (Cf. ci-dessus, note (2 ), p. 15, et voir Appendice III.) Elle était située rue du Griffon, au quartier des Terreaux, près de Saint-Claude, paroisse Saint-Pierre, et appartenait « au sieur André Olier, marchant épicier >/ de Lyon. (Archiv. du i'''' Monastère de Lyon, transféré à Venise.) (4) Ici, les éditeurs de 1626, qui n'out donné qu'un texte mutilé de cette lettre, avaient interpolé quelques lignes extraites d'une lettre du 19 mars 1615. (Voir ci-après.)  I  Annék 1615 305 ma première chère fille Marie Jaqueline (0, afïîn qu'elle soit le commencement permanent de la joye du Père et de la Mère que vous luy aves donné. La chère fille Peronne Marie i-) soit un accroissement continuel de consolation en la Congrégation en laquelle vous Taves plantée, pour y fleurir et fructifier longuement. La chère fille Marie Aymee (3) soit aymee des Anges et des hom- mes, pour provoquer plusieurs âmes a Tamour de vostre divine Majesté, et bénisses le cœur de ma chère fille Marie Elizabeth (4), affin que ce soit un cœur de bénédic- tion immortelle. Ma très chère Mère, que bénédiction sur bénédiction et jusques au comble de toute bénédiction soit adjousté a vostre cœur. Que vous puissiés voir vostre fille aysnee tous-jours recommençante par des nouvelles ardeurs, la seconde tous-jours croissante en vertu, la troisiesme tous- jours aymante, la dernière tous-jours bénite ; affin que la bénédiction du saint amour croisse et recommence a jamais en vostre petite assemblée. Et sur tout, que le cœur de ma très chère Mère, comme le mien propre, soit a jamais tout détrempé au tressaint amour de Jésus qui vive et règne es siècles des siècles. Amen. Dieu soit béni. Je salue de tout mon cœur nos Seurs de delà (5) et leur souhaite un cœur doux, maniable, amiable, c'est a dire qu'elles ayt (sic) un cœur d'enfant, affin qu'elles (i) Marie-Jacqueline Favre, première Religieuse de la Visitation, après la sainte Fondatrice. (2) Péronne-Marie de Chastel, (3) Marie-Aiiuée de Blonay. ( 4 ) M""^ des Gouffiers. {5) Celles que les fondatrices avaient trouvées à Lyon, c'est-à-dire : M'"^ d'Auxerre, qui venait de recevoir l'habit le 3 février, avec le nom de Sœur Marie-Renée (voir ci-dessus, note (3), p. 240), et M.""""- Chaudon, qui n'obtint la même faveur que le i^"" avril 1617 (ibid., note (3), p. 25) ; M'"= Colin ne put entrer qu'en 1617 (ibid., note (i), p. 241). Dès les premiers jours, sa fille, Claude Colin fut admise toute jeune encore au Monastère: on lui « laissa la robe grise, mais au lieu de cornette, » elle porta « un petit voile blanc, jusqu'à ce qu'elle fût en âge de prendre l'habit de novice, » Quant aux demoiselles de Valence et Boivin, elles se retirèrent, et on leur remboursa ce qu'elles avaient apporté. Toutes deux s'engagèrent à Lyon dans la Congrégation du Tiers-Ordre de Saint-François, dit de Sainte-Elisa- beth (voir tome XIII, note (2), p. 262), où elles réussirent fort bien. (D'après YHist. de la Fondation du ler Monastère de Lyon ; cf. Appendice III. 1 LettrtS VI 20  3o6 Lettres de saint François de Sales Matt., xvm, 3, entrent au Royaume des deux *. J'ay grande consola-  XIX, 14.  tion en l'espérance que je sens des bénédictions que Dieu leur donnera. 4 febvrier 1615, a Chasteaufort, ou dame Jane (O n'est pas. A Madame Madame de Chantai, ma très chère Mère supérieure de la Congrégation de la Visitation d'Annessi. A Lion. Revu sur TAutographe conservé à la Visitation d'Annecy, ( I ) Ancienne servante de la baronne de Chantai. (Voir tome XIII, note ( i ), p. 341.) — Le membre de phrase qui suit la date a été supprimé dans les éditions précédentes.  MXLVI A M. ANTOINE DES HAYES (inédite) Une chère ville que le Saint serait content de revoir. — C'est l'invitation et la société d'Antoine des Hayes qui auraient ses préférences s'il pouvait aller prêcher à Paris. — Pourquoi il prend patience dans son « buisson. » — Promesse d'adresser à son ami les premiers exemplaires du Traitté de rAmour de Dieu. — M. de Granier. Annecy, 15 février 161 5 (i). Je vous ay envoyé le brevet pour le petit bénéfice de Gex (2), et ay eu nouvelles que Monseigneur TArcheves- que de Bourges (3) n'estoit pas mort, ains guerissoit. Monsieur Masuyer (4) m'escrit une grande lettre pour ( I ) La promesse denvoyer à son ami les tout premiers exemplaires du Traitté de VAmotir de Dieu, l'espoir de le mettre au jour après Pâques, et de plus, la mention du « petit bénéfice de Gex » désignent l'année 161 5, et permettent de corriger la date de 161 1 que porte la copie reproduite par notre texte, à défaut de l'Autographe. (2) Ce brevet doit être celui que donna Louis XIII le 6 iuillet 161 r. (Voir le tome précédent, note ( i ), p. 69, et ci-dessus, note ( i ), p. 266.) (3) Ms'" André Frémyot, frère delà Mère de Chantai. (Voir tome XII, note ( I ), p. 299.) ( 4 ) Gilles Le Mazuyer, pour lors maître des requêtes au Conseil royal. (Voir le tome précédent, note ( i ), p. 295.)  Année 1615 307 me persuader d'aller prescher a Paris le Caresme suyvant, ou a Saint Germain (0 ou a Saint Mederic (=*); mais si je pouvois avoir assés de liberté pour prendre ce conten- tement de revoir cette chère ville, ce seroit a vostre choix et privativement a tous autres que je me logerois en chaire, comme ce seroit de vous voir et estre près de vous que je recevrois le plus de consolation. Or, puisque je ne puis faire ce voyage la qu'au gré de mon Prince, dans TEstat duquel je vis et dois vivre, autre n'advenant, et que je ne voy rien qui me puisse promettre son aggre- ement pour cela (3), il faut que je prenne patience dans mon buisson, auquel, puisque Dieu y est comme ailleurs, il y a dequoy se consoler. Je ne veux point perdre de tems après Pasque pour tirer au jour ce petit ouvrage de V Amour de Dieu (4)^ que vous aymés et désirés ; et voyrement je donneray ordre que vous en aurés les fins premiers exemplaires qui s'en porteront a Paris, comme vous estes aussi le fin premier amy que j'y aye et ailleurs, et que je suis, Monsieur, Vostre plus humble, plus obéissant et fidèle serviteur, FRANÇ^ E. de Genève. 1 5 febvrier .... J'attens de sçavoir que M. de Grenyer(0 deviendra, car je ne sçai plus ou il est, sinon qu'il soit encor a Mon- pelier, attendant les nouvelles de son logement que vous luy avés impetré chez Monseigneur de Joyeuse (^). Revu sur une copie conservée à la Visitation d'Annecy, ( I ) Fondée par saint Germain de Paris, vers 560, en mémoire de saint Germain d'Auxerre, cette église devint la paroisse royale. Saccagée par la populace en 1831, elle fut rendue au culte en 1838. (2) Déjà en 161 1, le curé et les marguilliers de cette paroisse avaient invité le Saint pour les prédications du Carême de 1612. (Voir tome précéd., p. 104.) ( 3) L'Evêque de Genève ne put en effet sortir de son diocèse qu'à la fin de 1616, pour aller prêcher à Grenoble. Il ne devait revoir Paris qu'en 1618. ( 4 ) Le Traitté ne fut envoyé à l'imprimeur qu'au commencement du mois de mai 1616. (Cf. ci-dessus, note (5), p. 261.) ( 5 ) Denis de Granier, neveu du prédécesseur du Saint sur le siège épis- copal de Genève. (Voir tomes XIV, p. 344, et XV, pp. 44, 148, 202.) (6 ) Le Cardinal de Joyeuse (voir tome XII, note ( i ), p. 411).  3o8 Lettres de saint François de Sales MXLVII AU prince-Cardinal Maurice de Savoie (O Les pièces pour la cause du bienheureux Amédée de Savoie ont été envoyées et reçues en temps opportun. — Le Cardinal est prié de s'intéresser à la prospérité du collège d'Annecy, gêné par Tinsuffisance des revenus. Annecy, 17 février 161 5. Monseigneur, J'envoyay au seigneur Ranze (2), il y a fort long tems, tout ce que j'avoys peu recueillir non seulement en ce diocsese de Genève, mais encor ailleurs (3), pour Tavan- cement de la canonization du très heureux Prince Amé troysiesme (4), et suys asseuré que le tout a esté receu. Ce qui me rendit d'autant plus estonné, il y a quelque tems, quand je receu une lettre de Vostre Altesse Sere- nissime, par laquelle elle tesmoignoit d'estre esbahie elle mesme dequoy je tardois tant a rendre ce devoir d'obéis- sance envers elle et de pieté envers ce Saint. Mays j'ay jugé que le trespas dudit seigneur Ranze avoit esté cause de Tesgarement de ces pièces et de l'apparence, par con- séquent, de la négligence delaquelle je n'avois pas com- mis la vérité. Or, voyla donq derechef. Monseigneur, des authentiques attestations de Ihonneur religieux qui a esté porté a ce bienheureux Prince en divers endroitz, avec un petit mémorial pour la correction de ce que le P. Maleto en a escrit en desordre (5), faute d'avoir enten- du les actes que j'avois envoyés en langue françoise. Au demeurant, Monseigneur, Vostre Altesse nous ( I ) Voir tome XII, note ( i ), p. 345- ( 2) Jean-François Ranzo (voir tome XIV, note(r), p. 297). (3) C'est dans le courant de l'année 1610, que saint François de Sales s'oc- cupa de recueillir tous ces documents. (Voir ibid., pp. 199, 23g, 240, 298, 350. ) (4) Amédée IX, troisième duc de Savoie (voir ibid., note (3), p. 198). (5) Natif de Verceil, fils de Jean-Baptiste Maletti, jurisconsulte et con- seiller de Charles-Emmanuel, Pierre-François devint chanoine régulier de Latran. Abbé de Saint-André de Verceil en 1600, et de nouveau de 1607 à 1612; cinq fois visiteur de son Ordre, il en fut élu Général en 1615. Préconisé évéque de Nice en 1623, il prit possession de son siège le 15 mai  i  Annhe 1615 309 ayant fait le bien de procurer la venue des bons Pères Barnabites en cette ville (0, dont nous la remercions très humblement, nous la supplions très humblement aussi tous, tant que nous sommes ses très obeissans ser- viteurs de deçà, qu'il playse a sa bonté de vouloir bien prendre en spéciale protection cette œuvre, delaquelle le fruit sera incroyable et qui portera sa splendeur a la postérité, si les revenus de ce collège estoyent suffi- sans pour lentretenement d'autant de personnes quil en faudroit pour faire les functions que ces Pères feroyent excellemment en un lieu si propre, regardé de tant de nations estrangeres, centre de la Savoye, et a la juste distance qu'il faut pour jetter les bons exemples et la doctrine dedans Genève. Vostre Altesse, Monseigneur, et en qualité de ce qu'ell'est de sa naissance et en qualité du rang qu'elle tient en l'Eglise, ne pourroit, a l'adventure, pas plus dignement loger son soin et son zèle qu'en l'aggrandisse- ment d'un œuvre si illustre, fructueux, saint et néces- saire. C'est pourquoy je la supplie en toute révérence de l'embrasser avec cette pieté qui reluit en elle, et ne cessant point d'invoquer sur sa personne la grâce céleste, je demeure a jamais, Monseigneur, Très humble et très obéissant orateur et serviteur de V. A. Ser"'' et Rever'"% FRANÇ^ Evesque de Genève. XVII febvrier 1 6 1 5 , Anessi . Revu sur l'Autographe conservé aux Archives capitulaires de la cathédrale de Verceil (Piémont). et mourut dans sa ville épiscopale, le 4 novembre ou décembre 1631, apiès. avoir rempli assidûment les devoirs de sa charge. Il publia en 1613 une Histoire du Bienheureux Amédée de Savoie ( i ); mais en vérité, cet ouvrage est moins une biographie qu'une série de documents mal triés et d'inégale valeur, imprimés sans aucun ordre à la suite les uns des autres. C'est sans doute cette compilation que désigne le Saint. (i) Voir ci-dessus, notes (i), p. 189, et (41, p. 22S.  ( I ) Historia del Beato Amadeo, ter^o Diica di Savoia, composta dal P. D. Pietro Francisco MaUto, Can. Reg. Lateranense . In Torino, per Gio. Antonio Seghino, mdcxih.  310 Lettres de saint François de Sales  MXLVIII  A madame de peyzieu  MXLUl  Souhaits, offre de services, encouragements à une dame infirme et âgée. Le moyen de rendre les langueurs salutaires et aimables.  Annecy, 28 février 1615. (0 Madame ma très chère Mère, Mon cœur va visiter le vostre en l'infirmité de son Cf. supra, Epist. pauvre cors *, et voudrois bien vous offrir quelques ser- vices dignes de Thumble et forte affection filiale que j'ay envers vous. Au moins, ne pouvant rien davantage ( = ), je vous donne tous les meilleurs souhaitz que mon ame me peut fournir, et les présente a la majesté de Nostre Seigneur, affin quil luy playse vous donner, avec la pa- tience quil vous a départie il y a long tems, le doux et très humble aggreement de vos travaux que les plus grans Saints ont eii des leurs, affin que, moissonnant beaucoup de mérites en cette arrière sayson de vostre aage, vous vous treuvies riche devant sa divine face, quand vous la verres. Ma très chère Mère, croyes, je vous supplie, que mon ame vous ayme et honnore filialement, et que les foibles prières que je pourray contribuer a vostre consolation ne vous seront point espargnees. Cependant, aymes moy bien aussi, et pendant vos maladies, tenes vous a l'ombre de la sainte Croix et voA^es y souvent le pauvre Sauveur languissant. La, les maladies et langueurs sont salutaires  ( r ) Voir le fac-similé placé en tête de ce volume. (2) Ces quatre premières lignes sont inédites. La suite de la lettre avait été interpolée par les premiers éditeurs et ceux qui les ont suivis, dans le texte de la lettre du 26 octobre 1612 à la même destinataire. (Voir le tome précé- dent, note { i), p. 289.)  >N  {  î  <^^  ^  Cj  A  Si   {^   § -i  r    ^ - *4i;t^'l   ^  '^ ^ '•  Année i6i^ 311 et aymables, ou Dieu mesme nous a sauvés par ses langueurs *. ' Cf. is., mi, 4-0. Madame ma très chère Mère, je suis Vostre plus humble filz et serviteur, Franc', E. de Genève. (0 XXVIII febvrier 161 5. Si vous escrivies ou faysies sçavoir de vos nouvelles a ma chère seur madame de (irandmayson i-\ pour Dieu, ma chère Mère, faites lu}^ aussi sçavoir que je luy souhaite mille faveurs du Ciel et la chéris comme ma seur et fille très aymee. Ayant despuis gaigné le tems de luy escrire, je Tay fait. A Madame [Madamje de Pezieu. A Thuey (3). Revu sur l'Autographe appartenant à M'"° la marquise de Mailly, au château de la Roche-Mailly (Sarthe). { I ) La date, le post-scriptum et l'adresse sont inédits. (2) Hélène de Longecombe, fille delà destinataire. (Voir le toiue précé- dent, note ( I ), p. 283.) (3) C'est là que se dressait le manoir de famille des Longecombe. (Voir ibid. , note ( 2 ), p, 288, et cf. ci-dessus, note ( i ), p. n'^.)  MXLIX A LA MÈRE DE CHANTAL, A LYON D'où procèdent les découragements dans la vie spirituelle. — Il ne faut jamais s'arrêter dans le travail de la perfection. — Un précepte des Saints recom- mandé à la Mère de Chantai. — La présence du Saint-Sacrement, trésor de vie pour les maisons qui en jouissent. Annecy, i*"" ou 2 mars (i) 161 5.  Croyés moy, ma très chère Mère, comme vous mesme : Dieu veut je ne sçai quoy de grand de nous. (i) Le texte que nous publions est daté de 161 5 dans l'édition princeps ; bien des fragments se rapportent en effet aux débuts de la fondation de  312 Lettres de saint François de Sales Je vis les pleurs de ma pauvre Seur [Marie-Made- leine (0,] et il me semble que toutes nos enfances ne procèdent d'autre défaut que de celuy ci : c'est que nous oublions la maxime des Saintz, qui nous ont advertis que tous les jours nous devons estimer de commencer nostre avancement ou perfection ; et si nous pensions bien a cela, nous ne nous treuverions point estonnés de rencontrer de la misère en nous, ni dequoy retrancher. Il n'est jamais fait ; il faut tous-jours recommencer, et re- commencer de bon cœur. Quand l'homme aura achevé y Eccii., xvui, 6. dit l'Escriture *, alhors il commencera. Ce que nous avons fait jusques a présent est bon, mais ce que nous allons commencer sera meilleur ; et quand nous l'aurons achevé, nous recommencerons une autre chose qui sera encor meilleure, et puis une autre, jusques a ce que nous sortirons de ce monde pour commencer une autre vie qui n'aura point de fin, parce que rien de mieux ne nous pourra arriver. Allés voir donq, ma chère Mère, s'il faut pleurer quand on treuve de la besoigne en son ame, et s'il faut avoir du courage pour tous-jours aller plus avant, puisqu'il ne faut jamais s'arrester, et s'il faut avoir de la resolution pour retrancher, puisqu'il faut mettre le rasoir jusques a la division de Vame et de l'esprit., des Heb., IV, 12. nerfs et des tendons *. Certes, ma très chère Mère, vous voyes que mon cœur et le vostre propre est plein de ce sentiment, puisqu'il verse ces paroles, quoy qu'il soit sans loysir et qu'il n'y eust pas pensé. Mais, ma très chère Mère, observés donques bien le Lyon. L'allusion fort probable à la Sœur Marie-Madeleine de Mouxy, com- parée avec la mention qui est faite d'elle dans la lettre du 19 mars (voir ci- après, p. 328), fait croire que la présente lettre est antérieure à celle-là. D'autre part, le 5, François de Sales dit avoir écrit à la Mère de Chantai '' « allant a Sales, >> où il passa les derniers jours de carnaval ; ces lignes peu- vent donc se placer au i^"" ou au 2 mars avec beaucoup de vraisemblance. Les éditeurs de 1626 ont tronqué le commencement; de plus, ils font suivre la phrase finale de notre texte de deux fragments : le premier est une interpolation du billet du 5 décembre 1610 (voir tome XIV, p. 374); le se- cond est d'une date très imprécise qui peut flotter entre 1614 et 1618. (Cf. ibid., note ( i ), p. 14.) (i) Sans doute. Sœur Marie-Madeleine de Mouxy, veuve d'Escrilles.  Annhh i6i^ 313 précepte des Saintz, qui tous ont adverti ceux qui le veu- lent devenir, de parler ou peu ou point de soy mesme et des choses qui sont nostres. Ne pensés pas que pour estre a Lion vous soyes dispensée du pacte que nous avons fait, que vous séries sobre a parler de moy, comme de vous mesme. Si la gloire du Maistre ne le requiert en de cer- taines occurrences, n'en dites mot ; si elle le requiert, soyés courte et exacte observatrice de la simplicité. L'amour de nous mesme nous esblouit souvent : il faut avoir les yeux bien fermés pour n'estre pas deceuz a nous voir nous mesmes. C'est pourquoy le grand Apostre s'es- crie * : Celuy qui se recommande soy mesme n'est pas * n Cor., x, uit. appreuvé, maïs celuy que Dieu recommande. Le bon Père Granger (0 parla bien, et le Saint Esprit luy en sçaura gré. Je suis bien ayse qu'en vostre ruche et au milieu de cet essaim nouveau, vous ayes vostre Roy, vostre miel et vostre Tout i-). La présence de cette sacrée Humanité remplira toute vostre mayson de suavité, et c'est une grande consolation aux âmes qui sont attentives a la foy, d'avoir ce thresor de vie proche.! 3)  ( I ) Le P. Pierre Grangier, S. J. (voir plus haut, note (2), p, 25). (2) Nous n'avons pu découvrir à quelle date on plaça le Saint-Sacrement dans la petite chapelle de la Maison de Lyon. (3) Voir le deuxième alinéa de la note (i), p. 311.  ML  A LA MEME, A LYON Trois consolations dont le Saint a été gratifié au château de Sales. — Son attendrissement en voyant les pigeons faire place aux petits oiseaux et leur laisser pour leur repas des restes à suffisance, Annecy, 5 mars (i) 1615. Je vous escrivis allant a Sales *, ma très chère Mère ; Epi^^- praeced. ( I ) La première édition date cette lettre du « 2<* jour de Caresme 162'y » — évidemment pour 161^ — ; ce « second jour >> était, non le 26 février, comme l'ont indiqué à tort Vives et Migne, mais le 5 mars, puisque le mer- credi des Cendres tombait cette année-là le 4 mars.  314 Lettres de saint François de Sales et maintenant je vous escris a mon retour. J'y ay eu trois consolations, et vous seres bien ayse de les sçavoir, car ce qui me console vous console aussi comme moy mesme. Premièrement, ma chère petite seur (0, que je treuve tous-jours plus aymable et désireuse de devenir brave et dévote. Secondement, que hier, jour des Cendres, je fis ma ma- tinée tout seul a la galerie et en la chappelle, ou j'eus une douce memoyre de nos aymables et désirables entre- tiens Ihors de vostre confession générale (2) ; mays il ne se peut dire quelles bonnes pensées et affections Dieu me donna sur ce sujet. Troisiesmement, il avoit fort neigé, et la cour estoit couverte d'un grand pied de neige. Jean (3) vint au mi- lieu et balia certaine petite place emmi la neige, et jetta la de la graine a manger pour les pigeons, qui vindrent tous ensemble en ce réfectoire la, prendre leur réfection avec une paix et respect admirable ; et je m'amusay a les regarder. Vous ne sçauries croire la grande édification que ces petitz animaux me donnèrent, car ilz ne dirent jamais un seul petit mot, et ceux qui eurent plus tost fait leur réfection, s'envolèrent la auprès pour attendre les autres. Et quand ilz eurent vuidé la moytié de la place, une quantité d'oysillons qui les regardoyent vindrent la autour d'eux ; et tous les pigeons qui mangeoyent encor se retirèrent en un coin, pour laisser la plus grand part de la place aux petitz oyseaux, qui vindrent aussi se mettre a table et manger, sans que jamais les pigeons les troublassent. J'admiray cette charité ; car les pauvres pigeons avoyent si grand peur de fascher ces petitz oyseaux aus- quelz ilz donnoyent l'aumosne, qu'ilz se tenoyent tous ( I ) La baronne de Thorens. (2) Allusion à la confession générale que fit la baronne de Chantai à son bienheureux Père lors de son premier voyage en Savoie, dans la dernière semaine de mai 1605. (Voir les détails de son séjour à Sales donnés par la Mère de Chaugy, Mémoires, etc., I""^ Partie, chap. xvii ; cf. aussi tome XIII, pp. 39, (3) ServiteurMe la maison de Sales, déjà mentionné au tome XIV, p. 35.  Année 1615 315 ramassés en un bout de la table. J'admiray la discrétion de ces mendians, qui ne vindrent a l'aumosne que quand ilz virent que les pigeons estoyent sur la fin du repas et qu'il y avoit encor des restes a suffisance. En somme, je ne sceu m'empescher de venir aux larmes, de voir la charitable simplicité des colombes, et la confiance des petitz oyseaux en leur charité. Je ne sçai si un prédica- teur m'eust touché si vivement. Cette image de vertu me fit grand bien tout le jour. Mais voyla qu'on me vient presser, ma très chère Mère. Mon cœur vous entretient de ses pensées et mes pensées s'entretiennent le plus souvent de vostre cœur, qui est, certes, un mesme cœur avec le mien. (0 Dieu me favorise de beaucoup de consolations et sain- tes affections, par des clartés et sentimens qu'il respand en la supérieure partie de mon ame ; la partie inférieure n'y a point de part. Il en soit béni éternellement. Dieu, qui est l'ame de nostre cœur, ma très chère Mère, nous veuille a jamais remplir de son saint amour. Amen, Je fay ce que je puis pour le livre ( = ). Croyés que ce m'est un martyre bien grand de ne pouvoir gaigner le tems requis ; néanmoins j'avance fort, et croy que je tiendray parole a ma très chère Mère. Vous estes, ma très chère Mère, toute pretieuse a mon cœur. Dieu nous rende de plus en plus tous siens. Je salue nos chères Seurs. Francs E. de Genève. Ce 2'' jour de Caresme, 161 5. (i) La lettre semble se terminer assez bien ici; l'alinéa suivant paraît être une interpolation. Défait, les lignes 13-18 de la Lettre mlx, p. 531, avaient été intercalées à cet endroit même par les éditeurs de 1626, ce qui permet de mettre en doute l'intégrité de la fin du texte. (Voir tome XIV, note (i), p. 14.) Quant au passage qui concerne le Traitté de l'Amour de Dieu, s'il n'appar- tient pas à la présente lettre, il a dû néanmoins être écrit vers cette époque. (Cf. ci-après, p. 330.) (2) Le Traitté de VAmour de Dieu. (Cf. ci-dessus, note (5), p. 261.)  3»6 Lettres de saint François de Sales  MLI AU COMTE PROSPER-MARG DE TOURNON (inédite) Dispense de l'abstinence. — Une dénonciation effrontée contre un frère du Saint. Annecy, 7 mars 1615. Monsieur, Je me res-jouis de tous vos contentemens pour vostre heureux retour et pour celuy de madame ma cousine (^ ', en attendant de recevoir le comble de cette joye par Thonneur de vostre veuë et de la sienne. Et tandis, vous pourres. Monsieur, et elle aussi, user des viandes con- venables a vostre santé, selon que monsieur Burin vous aura dit, puisque son filz est venu sans l'attestation men- tionnée, laquelle aussi n'estoit pas nécessaire (2). J'avois, il y a quelques jours, la lettre ci jointe, mays je ne sçavois ou Taddresser. Cette seur-la (3) en fin désire sa retraitte, et, comme elle m'escrit, elle ne la peut faire que par vostre secours. Elle vouloit mon intercession, mays je serois téméraire de l'employer pour une bonne seur envers un si bon frère. Monseigneur de Nemours a envoyé ces jours passés un gentilhomme pour solliciter promptement une infor- mation contre mon frère le chevalier l^), sur une effrontée ( I ) Le comte, revenant sans doute de la cour de Turin avec la comtesse sa femme, était rentré à Rumilly. (2) Dès le commencement du xvi^ siècle, la famille Burin comptait parmi celles de la bourgeoisie de Rumilly, « Honorable Claude, » médecin, « apo- thicaire de Son Altesse et des Serenissimes Princes, » qui apparaît plus d'une fois dans les Registres paroissiaux, est certainement le personnage mentionné dans cette lettre. Il fut inhumé le 14 mars 1623. Son fils serait-il Jean Burin, qui figure aux mêmes Registres, en 1608 comme parrain, et en 1633 comme témoin d'un mariage? (Voir Armoriai et Nobiliaire de l'ancien Duché de Savoie, tome III, p. 220, et Mugnier, L'Etat civil de Riimilly-r Albanais, lôoj-iypj, Chambéry, 1899.) (3) Probablement Anne de Maillard (voir ci-dessus, note ( i ), p. 204). (4) Janus de Sales, chevalier de Malte. (Voir le tome précédent, note (3), p. 362, et ci-dessus, p. 26, note (2), et pp. 32, 46; cf. aussi les deux lettres suivantes.)  Année 1615 317 imposture que Ton avoit faite contre luy, qui est encor tout malade. Rien ne me fasche en cela que la facilité avec laquelle ce Prince reçoit le rapport des gens de rien, pourveu qu'ilz soyent faitz contre ceux qui me sont quelque chose. Mais, la providence de Dieu en tirera du bien. Je la supplie de vous combler de prospérité, et suis. Monsieur, Vostre très humble serviteur, France E. de Genève. 7 mars 1615, Annessi. A Monsieur Monsieur le Comte de Tornon, Conseiller d'Estat de S. A., Gouverneur de Savoye, Commandant généralement deçà les montz pour S. A. en l'absence de S. E. Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin.  MLII AU DUC DE NEMOURS. HENRI DE SAVOIE La nuit et les œuvres de la nuit. — Pourquoi les princes sont tenus en con- science de ne pas recevoir sans examen les accusations. — Courageuse remontrance du saint Evêque au duc de Nemours. Annecy, 9 mars 161 5 ( r). Monseigneur, La nuit est un mauvais tesmoin, et les voyages et œuvres de la nuit sont sujetz a de mauvaises rencontres, (i) Hérissant, suivi par Vives et Migne, publie ce texte d'après Charles- Auguste (Histoire, etc., liv. VIII, p. 451), et le place vers le 4 mars 161^. Datta, au contraire (vol. II, p. 148), donne sous la date du 8 mars j6i6, et avec l'adresse Au Duc de Savoie, le deuxième et le troisième alinéas de cette lettre : double erreur commise par V Année Sainte de la Visitation (ancien Ms.\ et reproduite plus tard par Vives, tome VII, p. 303, et Migne,  3i8 Lettres de saint François de Sales desquelles nul ne peut respondre. Mais ces pauvres gens de bien (0, qui estoyent revenus par la grâce de Vostre Grandeur, preuveront qu'en ces nuitz la ilz estoyent ailleurs, et seroyent bien marris d'avoir ni coopéré, ni consenti a telles malices. Je n'ay point sceu d'autres insolences de leur part, parce qu'en vérité ilz n'en ont point faittes. Monseigneur, je supplie très humblement Vostre Gran- deur de me permettre la discrette liberté que mon office me donne envers tous. Les Papes, les Rois et les Princes sont sujetz a estre souvent deceuz par les accusations et rapportz. Hz donnent quelquefois des rescritz qui sont émanés par obreption et surreption ; c'est pourquoy ilz les renvoyent a leurs cours, Senatz et Conseilz, affin que, parties ouyes, il soit advisé si la vérité a esté teuë, ou la fauseté proposée par les impetrans, desquelz les belles qualités ne servent a rien pour exempter leurs accusations et narrés de l'examen convenable, sans lequel le monde, qui abonde en injustice, seroit tout a fait despourveu de justice. C'est pourquoy les Princes ne se peuvent pas  tome VI, col. 720. (Voir à la fin de ce volume, la Table de correspon- dance.) Dans la lettre précédente au comte de Tournon, il est parlé (p. 316) d'une information contre le frère de François de Sales, victime d'une « effrontée im- « posture. » De plus, on ne voit pas qu'en 1616 le Saint ait été à Sales avant le Carême, mais nous savons qu'il y passa les derniers jours du carnaval de 1615 (voir ci-dessus. Lettre ml); or, mention est faite de ce séjour dans les lignes qu'il écrit à M. de Foras en même temps qu'au prince (voir ci-après, p. 320). Tout semble donc en faveur de 1615. Le quantième se déduit du billet autographe adressé au gentilhomme le 9 mars (voir ibid., note (i), p. 322). Quant au destinataire, nul doute que ce ne soit le duc de Nemours, comme le prouvent l'affirmation de Charles-Auguste, l'affaire Berthelot et le titre de « Vostre Grandeur » que nous trouvons sous la plume de François de Sales. (Cf. la lettre suivante à M. de Foras, p. 321.) ( I ) Des particuliers ayant offensé par de certaines « insolences » les servi- teurs de Henri de Nemours, celui-ci mettait tout en œuvre pour découvrir et châtier les délinquants. Pierre Fenouillet et quatre autres membres du Con- seil de Ville avaient été impliqués dans l'affaire. Ils furent pourtant rétablis dans leurs charges, h selon leurs degrés de sagesse et prudence, comme s'il n'estoit rien succédé. » (Reg. des Délib. muuicip. d'Annecy, 14, 21 février, 19 et 26 mai 1614.) Ces personnages n'auraient-ils pas été de nouveau accusés en 1615, et ne seraient-ils pas « ces pauvres gens de bien ... revenus par la « grâce » du prince .> Tout le fait croire. (Cf. plus haut, note (2), p. 198.)  Année 1615 519 dispenser de suivre cette méthode, y estans obligés a peyne de la damnation éternelle. Vostre Grandeur a receu des accusations contre ces pauvres affligés et contre mes frères (0. Elle a fait juste- ment de les recevoir, si elle ne les a receuës que dans ses aureilles ; mais si elle les a receuës dans le cœur, elle me pardonnera si, estant non seulement son très humble et très fidèle serviteur, mais encor son très affectionné, quoy qu'indigne Pasteur, je luy dis qu'elle a offencé Dieu et est obligée de s'en repentir, voire mesme quand les accusations seroyent véritables; car nulle sorte de paroUe qui soit au préjudice du prochain ne doit estre creuë avant qu'elle soit preuvee, et elle ne peut estre preuvee que par l'examen, parties ouyes. Quicomque vous parle autrement, Monseigneur, trahit vostre ame. Et que les accusateurs soyent tant dignes de foy que l'on voudra, mais si faut-il admettre les accusés a se défendre. Les grans Princes ne remettent jamais les places ni les charges qu'a des gens de foy et de confiance, mais ilz ne laissent pas d'estre fort souvent trompés, et ceux qui ont esté fidèles hier peuvent estre infidèles aujourd'huy ; comme ceux qui ont accusé ces pauvres gens (2) peuvent, par leurs deportemens precedens, avoir acquis la créance que Vostre Grandeur leur donne, la- quelle ilz méritent de perdre dores-en-avant, puisqu'en abusant, ilz ont fait de si fauses accusations.  ( I ) Au dire de Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII), toutes ces persé- cutions venaient de l'envie. M'"^ Bellot, la pauvre dévoyée (cf. plus haut, note ( I ), p. 155), avait été, en juillet-octobre 1614, l'occasion, sinon l'inspi- ratrice, d'une abominable machination contre saint François de Sales. (Cf. le tome précédent, note(i), p. 535.) Foras ayant découvert l'imposteur, qui était un favori du prince, voulut se battre en duel avec lui; mais le Bienheu- reux envoya son frère Janus pour l'en empêcher. (Gallitia, La Vita di S. Francesco di Sales, etc., seconda edizione, Venezia, 1720, lib. III, cap. xxxv.) Il est bien probable que les conseillers du duc de Nemours aient profité de son départ d'Annecy pour assouvir leurs rancunes par d'autres inventions ca- lomnieuses à la charge des frères du Saint, surtout du chevalier de Malte. (Cf. la lettre suivante.) (2) Parmi les accusateurs, on peut compter Pierre Berthelot, le secrétaire et favori du duc de Nemours.  ^20 Lettres de saint François de Sales MLIII A M. GUILLAUME DE BERNARD DE FORAS (0 Pourquoi François de Sales s'affligeait de la calomnie faite contre ses frères. Une prédiction du saint Evéque. Annecy^ 9 mars 1615. Estant de retour de Sales, ou j'estois allé passer les jours de carnaval, j'ay treuvé le retour de nos des-ja trop vielles tribulations (2), par la calomnie faite contre mes frères. Je me joiierois de tout cela, si ce n'estoit que je voy Monseigneur (3) en cholere^et indignation. Cela m'est insupportable, a moy qui ay tant d'inviolables affections a ce Prince, et duquel j'ay si doucement autrefois sa- vouré la bonté. Tant de gens faillent, tuent, assassinent; tous ont leur refuge a cette clémence : mes frères ne mordent ni ne ruent, et ilz sont accablés de sa rigueur. Quel mal leur fait-on, ni a vous, disent les meschans ? On nous ravit le bien le plus pretieux que nous ayons, qui est la bonne grâce de nos Princes, et puis on dit : Quel (i) Dans sa déposition (Process. remiss. Parisiensis, ad art. 25), M. de Foras rappelle que cette lettre lui a été adressée : « Estant de séjour en Sa- voye, » dit-il, « je vis ce Bien-heureux furieusement persécuté en sa personne propre et en messieurs ses frères... Il conclud une lettre qu'il m'escrit sur ce sujet, avec ces propres termes : Un jour viendra que m'aymer ne sera plus a reprocher a personne, » etc. C'est, en effet, la dernière phrase de notre texte. Le destinataire n'est donc pas le Président Favre, indiqué par Hérissant (tome III, p. 133), d'après Charles-Auguste, liv. VIII, p. 450, et moins encore René Favre, comme l'a avancé VAtttiée Sainte (ancien Ms.), qui donne un texte mutilé, reproduit ensuite par Datta, Vives et Migne. (Voir à la fin de ce volume, la Table de correspondance.) Pour la date, ces ligues dépendent étroitement de la lettre précédente au duc de Nemours, et du billet suivant, envoyé à M. de Foras. (Voir ci-dessus, note ( 1 ), p. 317, et ci-après, note(i), p, 322.) (2) Ces « tribulations » n'étaient que la suite des tracasseries que Berthe- lot avait suscitées en 1613 après l'affaire des « bastonnades ». (Voir le tome précédent, note (3),pp- 327, 362. et ci-dessus, pp. 32, 46; cf. aussi note ( i ), p. 319.) (3) Le duc de Nemours.  Annéh 1615 321 mal vous fait-on? Mon ires cher Frère, est il possible que Sa Grandeur m'ayme, qui, ce semble, prend playsir aux rapportz qu'on luy fait de mes frères, puisqu'il a des-ja treuvé que c'estoit ordinairement des impostures, et néanmoins il les reçoit, il les croit, il fait des démons- trations de très particulière indignation ? C'est crime par tout le monde de haïr le prochain ; icy, c'est crime de l'aymer. Messieurs les Collatéraux (0, gens hors de reproche, sont reprochés par authorité extraor- dinaire, seulement parce qu'ilz m'aj^ment de l'amour qui est deu a tous ceux de ma sorte. Certes, mon cher Frère, j'ay de la gloire d'estre aymé par vous et d'estre pas- sionné pour vous ; mais puisque mon malheur est si grand, pour Dieu, ne disons plus mot des-ormais. Dieu et nos cœurs le sçachent seulement, et quelques uns di- gnes d'un secret d'amour. Je vous envoyé un double de la lettre que j'escris a Monseigneur *. Voyés si elle devra ou pourra estre don- * Epist. prseced. née ; car, tout extrêmement passionné que je suis en cette occasion, je ne voudroispas que Monseigneur se faschast, car en somme, je ne veux plus que vous couries fortune d'estre disgracié. Un jour viendra que de m'aymer ne sera plus reproche a personne, comme personne de ceux qui m'ayment particulièrement ne mérita jamais re- proche.  ( I ) En 1615, ces magistrats étaient Claude de Quoex et Barthélémy Floc- card. (Cf. plus haut, note (5), p. 228.)  Lettres V !  3^2 Lettres de saint François de Sales MLIV AU MÊME (inédite) Protestation d'amitié. Annecy, 9 mars 1615. Monsieur mon Frère, Ce porteur (0 est une lettre vivante qui vous expri- mera mieux que je ne puis faire sur ce papier, de quel cœur je vous honnore et chéris. Mays si faut il que j'en face icy une protestation, ne m'estant pas advis que je la puisse faire en trop de façons, puisque je suis sans fin, ni reserve quelcomque, Monsieur mon cher Frère, Tout sincèrement vostre, et vostre plus humble frère et serviteur, Franç% E. de Genève. IX mars 16 15, Anessi. A Monsieur Monsieur de Forax. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Boulogne-sur-Mer. (i) Vers la fin de la lettre précédente au même destinataire, le Bienheu- reux écrit : « Dieu et nos cœurs le sçachent seulement, et quelques uns dignes « d'un secret d'amour. » Le porteur de ce billet devait faire partie de ces « quelques uns; » c'est tout ce que nous pouvons en dire. A ce porteur, digne de tant de confiance, François de Sales dut vraisembla- blement remettre le pli cacheté contenant la lettre au Duc et celle à Foras. Le présent billet était sans doute destiné, dans la pensée du Saint, à fournir un prétexte à l'envoi du messager et à détourner les soupçons dans l'entourage du prince; ces précautions ne sembleront pas superflues si on se rappelle la situation du gentilhomme peu auparavant disgracié, et celle de l'Evéque, vis- à-vis de Henri de Nemours et de ses favoris. Cette conjecture a permis de fixer au g mars la date des deux lettres précédentes.  Année 1615 323 MLV A M. JEAN DE CHATILLON (O Informations à prendre sur un ecclésiastique. Annecy, 13 mars 1615.  Monsieur  J'ay eu force plaintes du curé de Cervens (2) par un certain homme du lieu, qui s'appelle, ce me semble, Pelliex (3). Je vous prie de sçavoir que c'est, et après avoir parlé audit Pelliex, sil vous est advis quil soit a propos, je vous prie d'informer. Je seray bien marry si ce pauvre homme est mauvais, mais sil l'est, il faudra pourtant le chastier, Je suis, Monsieur, Vostre plus humble confrère, Franç% E. de Genève. XIII mars 161 5, Annessi. Monsieur de Chatillon, Plebain de Thonon. Revu sur une copie de l'Autographe appartenant à M, de Salverte, à Paris. ( I ) Voir le tome précédent, note ( i ), p. 58. (2) En 1615, le curé de Cervens était Jean Avrillon, témoin dans un acte passé à Langin le 14 avril de cette même année; on l'y retrouve encore en 1624. (Note de M. le chanoine Gonthier.) (3) Les Registres paroissiaux de Thonon mentionnent plusieurs membres de la famille Pelliex. Entre 1608 et 1638, « egrege Claude » y figure souvent comme étant « originaire de la paroisse de Cervens : » ne serait-ce pas lui qui portait plainte contre le curé ?  324 Lettres de saint François de Sales MLVI AU PRINCE CARDINAL MAURICE DE SAVOIE (0 La ville d'Annecy mérite d"èlre exemptée des charges de guerre. — Le Saint demande au Cardinal de favoriser ce bon peuple. Annecy. 15 mars 1615. Monseigneur, La ville d'Annessi recourt a la bonté de Son Altesse pour une gratification, laquelle ci devant luy avoit des- ja esté accordée, et delaquelle la continuation luy est dautant plus nécessaire que ses incommodités ont pris beaucoup d'accroissement (2). Or, elle espère principale- ment en l'entremise de Vostre Altesse Serenissime, Monseigneur, pour obtenir ce soulagement; et je joins ma très humble supplication a celle que son premier scindique présentera (3), affin quil plaise a la douceur de (i) Après Datta, tome II, p. 124, Vives et Migne donnent pour destina- taire de cette lettre, le Duc de Savoie, mais c'est à tort, puisque le Saint re- court à « l'entremise » du personnage auquel il s'adresse. Celui-ci est le Cardi- nal Maurice, comme le prouvent les faits mentionnés dans les notes suivantes. (2) Pour subvenir aux frais delà guerre du Montferrat, un impôt dit « des ustensiles de guerre » avait été décrété à la fin de 161 4. (Cf. plus haut note (8), p. 261.) La ville d'Annecy recourut d'abord, pour en être exemptée, au duc de Nemours, alors à Saint-Rambert. Celui-ci remit au premier syndic une lettre pour Sou Altesse « touchant la continuation de l'exemption du paiement... pour les bourgois demeurant effectuellement dans la ville. » (Cf. ibid., note {7), p. 269.) Au mois de mars 161 3, cette lettre dut être « rafraî- chie » par le prince ; il en ajouta deux autres adressées au Cardinal Maurice et au grand Chancelier. (Reg. des Délib. municip. d'Annecy, 19 novembre 1614 et 4 mars 1613.) (3) Le 27 novembre 1614, alors qu'on devait envoyer à Turin la première lettre du duc de Nemours, il avait été décidé que TEvéque de Genève serait mis au courant de la démarche et prié de prêter son concours pour en assurer le succès. Antoine de Boëge, seigneur de Conflans, « premier scindique, » revenait de Grenoble, le 4 mars 1615, avec les missives mentionnées à la note précé- dente. Parti quelques jours après pour Turin, on apprenait le 23 mars qu'il était tombé malade à Chambéry ; sur le refus des deux autres syndics, le quatrième, M. Floccard, accepta la mission de porter en Piémont la supplique de la Ville. Il revint au commencement de mai, n'ayant pu obtenir, disent les  Annhe i6i!5 525 Vostre Altesse de favoriser ce pauvre bon peuple qui, avec moy, ne cesse point d'invoquer la divine Majesté sur la personne et les intentions de Son Altesse et de la Vostre, Monseigneur, delaquelle je suis Très humble et très obéissant orateur et serviteur, Franç% E. de Genève. XV mars 161 5, Annessi. Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. Délibérations, « que des lettres de sursoyance pour trois mois, >> données par le Cardinal Maurice le 34 avril, avec une autre du même à M^"" de Nemours. D'un second voyage à Turin, M. Floccard rapporta, vers le 12 juin, « paten- tes de continuation de l'exemption des ustenciles décimes... pour deux an- nées advenir, qui sont dattees le 4 de ce mois, signées : Mauritio, Cardinale di Savoya. D'ordine di Sua Altessa^ Va Provana. » (Reg. des Délib. municip., 12 juin 1615.)  ML VII A LA COMTESSE DE TOURNON (0 La destinataire est priée de faire exonérer des impôts deux pauvres veuves réduites à la misère. Annecy, 17 mars 161^. Madame ma Cousine, Ces deux vefves Beart, réduites a l'extrémité d'une lamentable misère, avec dix ou douze enfans qu'elles ont, ont jette leur espérance en vostre secours pour estre soulagées des tailles (2) ; et, quoy que de ma vie je ne (i) Philiberte de Beaufort, femme du comte Prosper-Marc de Tournon. (Voir le tome précédent, note ( 2 ), p. i .) (2) Le 20 janvier 1615, le marquis de Lans avait donné ordre h pour la levée d'ung quartier pour le service de S. A., estant requis,, . de mettre sur pied quelques gentz de guerre, tant de pied que de chevaux, pour la deffence et conservation de ses Estatz. » (Mugnier et Dufour, Les Maillard, Chambéry, 1889, p. 127.) Sans doute, c'est après la publication de cette ordonnance que  326 Lettres de saint François de Sales l'eusse veu (sic), ni eu aucune connoissance avec elles ni leurs familles, elles ont désiré mon intercession auprès de vous, pour obtenir plus aysement vostre entremise en cette occasion. Et par ce que leur intention, comme je pense, est fort juste et honneste, je n'ay sceu les escon- duire ; qui me fait vous supplier de les avoir en protection autant comme vous jugerés que vous puissies, sans vostre incommodité, les ayder et favoriser. Je pensois vous faire cette supplication en présence, selon l'espérance que monsieur vostre mari nous en Cf. supra, p. 316. avoit fait concevoir *; mais puisque ce bien ne nous est pas arrivé, estant pressé par ces pauvres désolées, je fay cet office en cette sorte, et vous conjurant de me conserver vostre bienveuillance et celle de monsieur vostre mari, je me nomme, comme je suis et seray pour jamais : c'est, Madame, Vostre très humble cousin et serviteur, Francs E. de Genève. XVII mars 161 5. A Madame Madame la Comtesse de Tornon. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy. les veuves Béart ont imploré Tintervention du Saint pour être exemptées des tailles. Il est bien difficile d'identifier ces personnes. Sur une pièce du 16 octobre 161S, intitulée : « Partie du RooUe des nouveaulx annoblis de la province de Genevois, » figure « N. Beard, du mandement de la Balme. » (Archiv. de la Visitation d'Annecy, Collection J. Vuy.) Une famille Béard existait à Ru- milly au xix* siècle, illustrée par le poète chansonnier de ce nom.  Année i6i^ 327  MLVIII A LA MÈRE DE CHANTAL. A LYON L'amour ne va pas toujours en ordre. — Pourquoi, même à Sainte-Claire, François de Sales, en parlant de saint Joseph, n'a pas eu la ferveur qui lui est habituelle à la Visitation. — Bonnes nouvelles de plusieurs Religieuses et de toute la Communauté. Annecy, 19 mars 1615 (i). Ma Seur Anne Jacqueline (-), qui est icy et qui me vient de bayser la main de vostre part, veut que je com- mence cette lettre par sa salutation. Et je le veux bien, ma très chère Mère, car l'amour ne va pas tous-jours en ordre ; autrement, Nostre Seigneur eust commencé le soin qu'il eut en sa Passion, par sa Mère et son bienaymé saint Jean, dont je viens de parler a Sainte Claire (3) sur le sujet de nostre grand saint Joseph, duquel j'ay fait le sermon et dit bien de bonnes choses, mais non pas avec la ferveur que j'ay tous-jours en parlant de cet admirable Papa de nostre Maistre. M. Michel (4) m'a dit en sortant, que je n'avois presque jamais mon esprit la comme a la Visitation. Helas ! ce n'est pas que je n'aye de fort bons désirs de bien servir cette bonne compaignie de servantes de Dieu; mais (5) il faut que la divine Providence, qui m'a dédié a nostre chère Congrégation, me donne quel- ques particuliers mouvemens quand je la sers. O que (r) Hérissant, qui l'a publiée le premier, tome V, p. 97, et Migne, tome V, col. 1433, ne datent pas cette lettre. Vives, tome XI, p. 257, la place vers Vannée 162 1 : erreur manifeste, comme le prouvent toutes les allusions du texte. (2) Sœur Anne-Jacqueline Coste, première tourière de la Visitation (voir tome XIV, note ( 2 ), p. 63), que les précédents éditeurs appellent à tort Aymée Jacqueline. (3) Au Monastère des Clarisses (voir tome XIII, note (2), p. 74, et ci-dessus note{i), p. 72). (4) M. Michel Favre, confesseur du Saint et de la Communauté de la Visitation. ( 5 ) Ainsi que les lignes 13, 14 de la page suivante, la fin de cet alinéa avait été interpolée par les éditeurs de 1626 dans le texte tronqué qu'ils ont donné de la lettre du 4 février 1615 a la Mère de Chantai. (Voir ci-dessus, note ( 4 ), p. 304.)  328 Lettres de saint François de Sales Dieu est admirable, ma très chère 31ere, et que nous sommes bien heureux d'avoir un grand désir de le servir ! Ce matin, en revenant du sermon, j'ay veu ma Seur Marie Magdeleine (O, que je n'avois encor pas saluée de vostre part. Elle m'a fait une grande feste et, en peu de paroles, elle m'a fort contenté, me disant qu'elle vouloit devenir une femme forte et de courage, contre tous ces petitz attendrissemens sur elle mesme dont elle est sou- vent touchée ( = ). J'ay aussi veu la petite Seur Paule Hieronyme (3), qui a receu une joye incroyable de vostre salutation et a dit qu'elle estoit nostre Eustochium (4). Nostre Ass-istante ('■>) fait bien aussi. En somme, (^)jeme contente bien de toute cette chère trouppe, que j'iray entretenir en commun l'un des jours de la semaine pro- chaine, puisque ma Mère me Ta ordonné, au rapport de ma Seur Jeanne Charlotte (7).  (i) Sœur Marie-Madeleine de Mouxy (cf. ci-dessus, p. 312). (2) Voiribid., note ( i ), p. 311. (3) Sœur Paule-Jéronyme de Monthoux (ibid., note ( i ), p. 279). (4) Fille spirituelle de saint Jérôme, qui suivit sa mère sainte Paule dans la solitude de Bethléem. ( 5) Sœur Jeanne-Charlotte de Bréchard. (6) Voir note (5) de la page précédente. (7) En efifet, quelques jours auparavant, la Mère de Chantai avait écrit à son Assistante : « Quand mon unique Père aura suffisamment parlé à toutes nos chères Sœurs en particulier, je vous prie, quand il vous viendra voir avec un peu de loisir, que vous le fassiez parler en commun, si toutefois il Ta agréable, afin que nsus puissions avoir quelques miettes de l'abondance de vos conso- lations. » (Lettres, vol. I, p. 27; cf. tome VI de notre Edition, p. xii.)  MLIX A MADAME DE PEYZIEU Souhaits de pieuse affection. — La fièvre amoureuse du Sauveur capable d'adoucir la fièvre corporelle. — Promesse de prières. Annecy, [mars 1613 (0-] C'est avec peu de paroles, mays avec une extrême affection, que mon cœur salue le vostre, ma très chère ( I ) La présente lettre s'adresse vraisemblablement à M"^^ de Peyzieu et paraît être postérieure à celle du 28 février. (Voir ci-dessus, p. 310.)  ^. etc.  Annkk i6ih 329 Mère. Hé ! Dieu, qui .so plaist a tesmoigner sa vertu et sa force en nos infirmités *, soit a jamais au milieu de ' Cf. 11 Cor.,xii,9. vostre ame pour la tenir enflammée de ce saint amour céleste ; qu'il arde emmi les espines et les brusle sans les consumer *, affin que l'ardeur de cette fièvre amou- 'Exod., m, 2. reuse du Sauveur vous rende douce la fièvre ou les restes de la fièvre douloureuse que vous aves tant souf- fert. Je n'oublie jamais de faire des souhaitz pour cela quand je suis a l'autel ; aussi, suis je tant obligé a la sainte amitié qu'il vous plaist me porter, que je ne sçau- rois jamais perdre la souvenance de ce devoir. La grâce, paix et consolation du Saint Esprit soit tous-jours avec vous *, ma très chère Mère, et au milieu * Rom.. 1,7; iCoi de vostre famille. Je suis Vostre bien humble serviteur, FRANC^ E. de Genève.  MLX A LA MÈRE DE CIIANTAL. A LYON La préoccupation d'un écrivain '< embesoigné ». — Une consultation du méde- cin de la Sainte. — Précautions épistolaires suggérées parla charité. — Les sorties, et Tautorité du Père spirituel du Monastère. — Confesseurs de dévotion et confesseurs extraordinaires. Annecy, fin mars ou commencement d'avril (0 1615. Vive f Jésus Quoy que ce soit par nostre M. de Medio (2) que je vous escris, ma très chère Mère, si est ce que je vous escris (i) Parles lettres qui ont précédé et suivi celle-ci, on peut se rendre compte que ce texte est postérieur au 4 mars, date donnée par Hérissant, tome III, p. 132. En écrivant à la Sainte le 18 avril, le Fondateur revient sur la question des « sorties extraordinaires, » déjà traitée ici même (voir pp. 331, 332) ; ces deux lettres ne doivent donc pas être trop éloignées l'une de l'autre. Il est aussi permis de supposer que l'autorisation de manger des œufs (voir page suivante) était accordée à la Mère de Chantai, toujours souffrante, pour la dernière quinzaine de Carême; Pâques tombait le 19 avril. Ces circonstances suggèrent la date que nous indiquons. (2) Le chanoine Jacques de Médio (cf. ci-dessus, note (4 ), p. 266).  330 Lettres de saint François de Sales sans loysir et avec empressement, car sçachés que je ne pensois pas qu'il partist si tost ; et outre cela, je suis tellement embesoigné du livre (O, que tout le tems que je puis gaigner bonnement, je l'employé la. Si qu'ayant attendu jusques a cette heure, je me treuve bien en peyne ; car je voudrois vous escrire une grande lettre, et je ne sçai si je pourray. Je m'en vay dire en desordre tout ce que je treuveray devant mon esprit sur le sujet de vos trois lettres : l'une, receuë par voye de Chamberi, l'autre par M. de Medio, la troysiesme par le sire Pierre (2). 1. M. Grandis (3) consent que vous laissies fermer vostre caustique de la teste, pourveu qu'une semaine devant vous prenies une dose ordinaire de vos syrops. 2. Il est requis que vous mangies des œufz, et n'y a personne, ce croy-je, qui s'en puisse maledifier. 3. Voyés-vous, ma très chère Mère, quand je vay voir nos filles (4), il leur vient de petites envies de sçavoir de vos nouvelles par moy, et si je leur pouvois monstrer de vos lettres, cela les contenteroit grandement. C'est pour- quoy, je vous demande ainsy des feuilles que je leur  (i ) Le Jraitté de Y Amour de Dieu. (3) Pierre Richard, fils d' « honnorable Girard Richard, du lieu du Sappey, mandement de Mornex, » (Reg. des Délib. municip. d'Annecy) était, d'après V Année Sainte, tome IX, p. 687, « un riche marchand de Genève » que le Saint « avait converti par ses apostoliques prédications dans le Chablais, et qui dut sortir de cette ville » en y laissant ses biens. Sa femme, Suzanne Durane, et ses petits enfants abjurèrent Thérésie ; le Bienheureux « les éta- blit à Annecy et leur fit d'insignes charités pour leur subsistance. » L'aînée des filles, Marguerite, reçut le voile au premier Monastère de la Visitation le 31 mars 1624, à l'âge d'environ vingt-deux ans. (Livre du Noviciat.) Selon la promesse qui lui avait été faite le 19 septembre 1613 par les syndics et le Conseil de Ville, Pierre Richard fut admis « au nombre des bourgeois sans finance » le i*"" septembre 1618, et prêta serment le même jour en cette qua- lité. Les magistrats reconnaissaient ainsi le bienfait qu'ils lui devaient d'avoir introduit dans la petite cité une industrie nouvelle, celle de l'apprêt de la soie. En 1616, le duc de Savoie avait déjà favorisé l'initiative du maître moli- nier par de notables privilèges. (Cf. Grillet, Dictionnaire historique, etc., 1807, tome I, p. 163.) On voit par les Lettres de la Mère de Chantai, que souvent elle profita des voyages du « sire Pierre » d'Annecy à Lyon, pour lui remettre des messages de confiance. (3) Jean Grandis, médecin d'Annecy. (Voirie tome précédent, note ( i ), p. 20.) (4,1 Les Religieuses de la Communauté d'Annecy.  Année 1615 331 puisse monstrer, et a M. de ïhorens (0 et au neveu (»). Or, quant a ma nièce de Brechard (3), elle sçait bien que je suis vous mesme, car elle a veu des billetz qui contien- nent cette vérité la ; mays pourtant, je ne luy ay pas voulu monstrer ces trois dernières lettres, ni en tout, ni en partie. Mais de ce point, faites vos commodités tout a vostre gré, car je ne feray rien que bien a propos. 4. Dedans les billetz de salutations, quand vous m'en escrires, il ne faut pas me dire : (( mon Père, mon amy, » car je les veux pouvoir monstrer pour la consolation dé ceux que vous salueres. 5. Je loue Dieu de vostre accoisement et dequoy vous estes hors de doute que (4) Torayson de simple remise en Dieu ne soit extrêmement sainte et salutaire. O ma chère Mère, ma Fille, il n'en faut jamais douter; il y a si long tems que nous l'avons examinée, et tous-jours nous avons treuvé que Dieu vous vouloit en cette manière de prier. Il n'y faut donq plus autre chose que continuer doucement. 6. Certes, en ces grandes villes, je ne voudrois pas ouvrir la porte aux visites des parens malades, pour en faire des sorties ordinaires (5); et si elles sont extraordinaires, (i) Bernard de Sales, baron de Thorens. { 2 ) Le Saint désigne ainsi Jean-François son frère, neveu, par alliance spi- rituelle, de la Mère de Chantai. (3) Sœur Jeanne-Charlotte de Brechard, Assistante de la Communauté, que le Fondateur appelait parfois « Nièce » par affection. (4) La suite de cet alinéa a été modifiée et interpolée par les éditeurs de 1626 dans la lettre du 5 mars 1615. (Voir ci-dessus, note ( i ), p. 315.) (5) A l'égard des sorties, le Fondateur avait donné à ses Filles les règle- ments suivants : « Elles ne sortiront que pour des occasions ou extrêmement « pieuses, comme le service des pauvres et malades,... ou extrêmement ne- « cessaires, » Deux Religieuses seulement étaient désignées au commencement de chaque mois pour la visite des malades, et ne sortaient que dans Taprès- dîner. « On observera, » ajoute le Saint, « d'employer a ces sorties de pieté « celles qui seront des-ja meures d'aage, ou qui, pour des justes considérations, « seront estimées capables de faire cet exercice sans détriment de leur devo- « tion. Et quand a celles qui sont jeunes ou celles qui sont encor tendres « et nouvelles a la dévotion, elles demeureront a Tabry... Etpar ainsy, toute « la Mayson sera une ruche spirituelle, en laquelle une partie des abeilles « mystiques ménagent le miel et la cire des oraysons et autres exercices inte- « rieurs, et l'autre sortira pour recueillir le suc des œuvres de miséricorde « entre les pauvres et affligés, qui sont, aux yeux de Dieu, des belles fleurs « entre les espines. » (Ms. autographe d'une première rédaction des Consti- tutions.)  332 Lettres de saint François de Sales au moins faut il que le Père spirituel (0 sçache la néces- sité qu'il y a, comme aussi pour aller voir un monas- tère de filles, quand on en seroit recherché i^). Mays je voudrois que l'obligation de le faire sçavoir au Père spirituel ne tendist qu'a luy faire pourvoir aux circons- tances des sorties et a la bienséance, combien [que,] si quelque accident inopiné ne surprenoit, je pense que ces visites de parens ne se devroyent faire que sur une déli- bération prise en Chapitre. C'est a dire, si un père, si un frère desiroit d'estre visité, je voudrois que, selon la gran- deur de la maladie, la distance du lieu, la qualité de la mayson, on advisast si on devra plusieurs fois visiter, si avec service et assistance, si en carrosse, ou en tems qu'on ne rencontre pas des gens, si c'est une mayson ou il y ayt grand abord, ou une mayson de dévotion, et ainsy du reste. Mays nous y penserons encor mieux. 7. Ceux avec lesquelz on confère ou on se confesse ainsy quelquefois par occasion ou rencontre, ne sont ni confesseurs ordinaires ni extraordinaires, mais confes- seurs de dévotion : or, estans gens qualifiés, il n'est pas besoin de demander licence. On appelle confesseurs extraordinaires ceux qui, en certain tems, comme quatre ou cinq fois Tannée, viennent ; mais ceux de dévotion ne viennent que par rencontre. 8. Je n'entens pas ce que vous me demandes quand vous me dites que je vous envoyé une copie de l'establis- sement, auquel il faudra spécifier les sorties (3). (i) « Ecclésiastique meur, discret, docte et irréprochable, qui, député » par l'Evêque, doit avoir « la sur intendance sur la Congrégation et Maison, a « ce que les Reigles y soient bien observées et qu'aucun abus ne s'y intro- « duise,... procurant l'avancement d'icelle tant es choses spirituelles que « temporelles. » C'est lui qui doit « signer les causes des sorties extraordi- « naires des Dames et celles des entrées des hommes. » (i'^^ rédaction des Constitutions, Art. xx. De l'office du Père spirituel de la Maison ; ci. le texte définitif, Constit. xxviii.) Le lendemain de l'établissement du Monastère de Lyon (3 février 1615), la Mère de Chantai avait demandé à TArchevêque M. Ménard, sacristain de Saint-Nizier, pour « Père spirituel » de la nouvelle Communauté. ( 2 ) Saint François de Sales parle en détail des « sorties extraordinaires » dans sa lettre du 18 avril. (Voir ci-après, pp. 345, 347.) ( 3) Les Lettres de M^r de Marquemont pour l'établissement du monastère de Lyon sont en latin et datées du i*"" mai 1615 ; il n"y est pas fait mention des  Année 1615 333 g. Le P. Recteur (0 seroit excellent pour confesseur [extraordinaire].  « sorties. » La Mère de Chantai demandait peut-être la minute d'après laquelle l'Archevêque devrait rédiger ces patentes; ou bien, « la copie de l'establisse- ment » serait-elle la formule de la Permission donnée par l'Ordinaire ou par le Père spirituel pour « lestablissement des Fondations »f Cette dernière formule, qui s'appelle maintenant « Obédience, >» fut insérée plus tard dans le recueil intitulé : Petite Coiistume de ce Monastère de la Visitation Saincte Marie d'Annessy, Paris, 1642. ( I ) Le P. Recteur des Jésuites de Lyon, de 1612 à 1616, fut le P. Charles Mallians, né dans le diocèse de Belley le 28 mai 1 568, entré dans la Compagnie de Jésus le 29 avril 1^85, profès des quatre vœux le 13 janvier 1603, recteur à Avignon, provincial en 1631. Il mourut aux eaux de Bourbon le 4 octobre 1635. La Mère de Chantai parle souvent de ce Religieux dans ses Lettres, comme d'un homme de très bon conseil, qu'elle honorait « avec un cœur incomparable, car, » ajoute-t-elle, « c'est une âme que j'estime grande et précieuse devant Dieu, » (Lettre du 18 avril 162'^, vol. II, Paris, Pion, 1877, p. 418.) Voir à l'Appendice I, dans une lettre du P. Binet à saint François de Sales, ce que le P, Mallians pensait lui-même de la Sainte.  MLXI A M. BÉNIGNE MILLETOT (0 Soulèvement d'une paroisse qui refuse une partie de la dîme au Chapitre de Genève. — Pourquoi le saint Evêque voudrait et ne voudrait pas châtier la mutinerie. — Les femmes de Seyssel. — Il faut ramener les délinquants au devoir. Annecy, [mars-avril 161 5 (2).] Monsieur mon Frère, Il faut que je vous parle a cœur ouvert, car a qui donq ? Despuis que je suis en cette charge d'Evesque, rien ne ( I ) De tous les magistrats dijonnais, M. Milletot est celui que Ton peut désigner avec le plus de vraisemblance pour destinataire de cette lettre, à cause de l'appellation de « Frère » et du ton cordial de ces lignes. (Voir le tome précédent, note ( i ), p. 5.) . (2) Charles-Auguste ('//'z5/oz>^, etc., liv. VIII) place cette lettre en 1615, aux environs du Carême ; Hérissant ajoute vers le 4 mars, mais sans aucune preuve. La date de 1614 pourrait aussi être proposée, quoique avec moins de probabilité. (Voir ci-après, note ( i ), p. 335.)  334 Lettres de saintJFrançois de Sales m'est arrivé qui m'ayt tant affligé que ce mouvement fait ces jours passés par les scindiques et plusieurs des habi- tans de Sessel, contre la pieté et la justice. Hz ont despuis peu un procès avec mon Chapitre, a rayson des dismes qu'ilz prétendent ne devoir payer quant au blé, que de trente gerbes l'une, et quant au vin, de soixante charges l'une (0. J'ay tasché de tout mon pouvoir d'accommoder ce différend a l'amiable, mays il n'y a jamais eu moyen, ces bons habitans ne voulant subir ni sentences ni expe- diens, sinon que l'on face a leur volonté. Pendant ce procès, ilz ont estimé que la force leur seroit plus favorable que la justice, et, après plusieurs menaces, ont fait ce que le sieur lieutenant de Belley (2) aura, je m'asseure, remonstré. Si je ne me trompe, il y a eu un extrême mespris du devoir que l'on a aux magistratz, et une trop furieuse passion contre les curés et ecclésiastiques. Je suis donq affligé si cette violence n'est réprimée, car elle croistroit tous les jours davantage ; d'ailleurs, je suis aussi affligé si on chastie cette mutinerie, parce que les mutins sont mes diocésains et enfans spirituelz. Toutes choses bien considérées, je désire le second, d'autant qu'en fin il faut un peu d'affliction aux enfans a ce qu'ilz se corrigent, puisque les remonstrances n'ont servi de rien, et vaut mieux que je pleure leur tribulation temporelle que s'ilz se precipitoyent en l'éternelle. Tout plein de bons personnages de ces lieux- la sont marris de ce soulèvement ; ilz n'ont peu toutefois arrester le torrent de ce desordre. Or, forcé de mon devoir, j 'envoyé ces deux porteurs, qui ont esté plus que tesmoins oculaires de ce fait, sur (i) En raison de l'annexion perpétuelle du prieuré des Augustins de leur ville au Chapitre de l'église cathédrale de Saint-Pierre de Genève (cf. tome XIV, note { I ), p. 25), les bourgeois de Seyssel étaient tenus de lui payer des dîmes en blé et en vin. Comme ils prétendirent restreindre leur dette, un procès leur fut intenté ; les habitants en prirent occasion pour se soulever. Cette affaire dura longtemps et ne se termina que par une transaction passée le 13 janvier 1631. (Archives de Seyssel, liasse 7/j.) (2) Par suite de la résignation du sieur Jean Dubuisson, Barthélémy Le Roux avait été nommé lieutenant civil et criminel au siège de Belley le i*"" juin 1613 ; il exerça cette charge jusqu'en 1626. (Note de M. le comte de Seyssel, directeur de la Revue « Le Bugey ».)  Année 1615 335 tout monsieur Roget (0, doué d'une incomparable probité et prédicateur fort capable, contre lequel ilz esmeurent les femmes, affin de le faire jetter dans le Rhosne par ce sexe facile a s'esmouvoir, comme s'il eust parlé contre Thonneur de toutes. Dequoy s'excusant : « Helas! » dit il, a j'avois si grande peur parmi ces gens, que, quand j'eusse parlé mal toute ma vie, je me fusse bien teu alhors. » Kn somme, il me semble que cette insolence est trop publique pour estre dissimulée, trop fascheuse pour demeurer impunie, trop dangereuse pour n'estre pas réprimée. Me remettant néanmoins entièrement a vostre prudence, je vous supplie seulement qu'il vous plaise. Monsieur mon Frère, me favoriser, a ce que mon Eglise subsiste en ses droitz et que des-ormais ces gens la de- meurent en devoir.  (i) Philibert Roget (voir tome XI, note (2), p. 249, et note (i), p. 289) avait soixante-quatorze ans le 24 juillet 1627, quand il déposa au I*"" Procès de Canonisation de François de Sales ; il déclare (art. 4) l'avoir connu et fréquenté à Paris, au cours de ses études, en 1588. Ordonné prêtre le 8 juin 1591 et déjà maître ès-arts, il fut institué chanoine de Saint-Pierre de Genève en 1597. (R. E.) Le 16 novembre 1613, le Conseil de Seyssel avait décidé d'envoyer demander au saint Evêqne, un prédicateur pour le Carême suivant. (Archives de Seyssel.) La lettre semble insinuer que M. Roget fut le prédi- cateur désigné. L'autre « tesmoin oculaire » pourrait bien être François Bojact qui, le 25 fé- vrier 1592, n'étant que clerc, devint recteur de la chapelle de Sainte-Barbe en l'église paroissiale de Seyssel, et le 27 août 1614, de celle dédiée à Saint- Antoine. A cette dernière date, il est dit curé de Seyssel. (R. E.)  MLXII A MADAME DE COF)] veut faire la sienne; (i) Sœur Bernarde de Vignod, Religieuse à l'abbaye de Sainte-Catherine. (Voir tome XIII, note (i), p. 103.) (2) Sœur Louise de Ballon, Religieuse de 1^ même abbaye, qui sera plus tard destinataire. (Cf. tome XIV, note (2), p. 129, et ci-dessus, note ( i ), p. 126.) ( 3 ) Sœur Marie-Marguerite Milletot (voir le tome précédent, note ( 3 ), p. 6). {4) Françoise Chardon, fille d'Antoine Chardon, co-syndic de La Roche, filleule de M"^^ de Boisy, baptisée le 27 juillet 1591 (Reg. par. de La Roche), fut agréée par saint François de Sales à la Visitation d'Annecy, où elle prit rhabit le 29 novembre i6i2etfit profession le 25 janvier 1614. Deux ans plus tard, le 24 juillet, Sœur Anne-Françoise fut envoyée au couvent de Lyon. Elle prit part en 1620 à la fondation de la Maison de Montferrand, et à celle de Metz en 1635. Retenue à Pont-à-Mousson en 1636, elle gouverna ce Mo- nastère de 1638 à 1641, et fut élue l'année suivante supérieure de celui de Metz, où elle mourut le 28 juin 1647. D'-'îprès la Mère de Chaugy (Livre du Couvent du i"'' Monastère d'Annecy), la Sœur Chardon avait « des très bons tallens pour exercer toutes les charges » et donna partout « une très grande satisfaction et ediffication. » ( 5 ) Le nom de la Sœur est complètement oblitéré sur TAutographe, mais Lettres VJ 22  ^^S Lettres de saint François de Sales mais pour celle ci, il ny a rien qui presse, de sorte que ce sera peut estre seulement bien avant dans l'esté. Je vous escrivis samedi (0 par Chambery et ce di- manche (2) par Sessel. Or, bon jour, ma très chère Mère, car il faut donner cette lettre. Dieu soit a jamais nostre amour. Amen. Mille salutations a nos chères Seurs qui sont la et, ma très chère Mère, un peu bien chèrement et tendrement a ma chère fille de Chatel ( 3 ), qui sçait bien que je l'ayme, et ma chère Seur de Blonnay (4), qui est ma fille, et a la pauvre grande fille Jeanne Marie Elizabeth (5), qui est bien avant dans mon cœur, qui est le vostre propre, ma très chère Mère [Dieu (^)] vous bénisse éternellement. Amen. IX avril 161 5. A Madame Madame de Chantai, Supérieure de la Visitation. A Lion. Revu sur TAutographe conservé à Florence, au Conservatoire de Saint-François de Sales. on peut proposer avec beaucoup de vraisemblance Sœur Françoise-Gabrielle Bailly, novice, qui devait faire profession quelques mois plus tard (6 août 1615). Cf. plus haut, note (2), p. 280. ( I ) « Samedi » désigne très probablement le samedi précédent, qui était le 4 avril. (2) Le 5 avril, Dimanche de la Passion. (3) Sœur Péronne-Marie de Chastel. (4) Sœur Marie-Aimée de Blonay. (5) M^e Elisabeth des Gouffiers, qui portait peut-être alors l'habit de la Visitation, avec le nom de Jeanne-Marie-Elisabeth. (6) Ici encore, deux ou trois mots sont oblitérés.  Année 1615 539  MLXIV A MONSEIGNEUR PIERRE FENOUILLET ÉVÊQUE DE MONTPELLIER (inédite) Entremise du Saint pour faire rentrer en grâce auprès du destinataire un parent qui l'avait offensé. — Remerciements pour l'offrande d'un opuscule. — Portrait du jeune Louis des Hayes. — Eloge des Pères Barnabites. Annecy, 12 avril 1615. Monseigneur, Je sçai combien est juste le ressentiment d'indignation que vous aves eu contre le sieur de Barraux (0, et le cœur m'en a fait grand mal, ne m'estant peu tenir de luy en faire la correction et tesmoigner que j'avois part au desplaysir quil vous avoit donné, dautant plus que je m'estois res-joui dequoy il avoit espousé une damoyselle qui est ma parente (2), sur Ihonneur quil a d'estre le vostre si proche. Or, le voyci maintenant. Monseigneur, quil prend cette sayson de repentance et d'absolution a son advantage (?), et me demande mon entremise pour vous annoncer son regret de vous avoir tant ennuyé, et ( I ) Né à Annecy, Michel Fenouillet, dont le père était, semble- t-il, François Fenouillet, frère de l'Evéque de Montpellier, devint seigneur de Barraux par son mariage avec Suzanne, fille de Claudin de Gruffy, seigneur de Barraux, et de Péronnette Portier. (Mss. Besson ; Bibl. Nat., Collect. du Cabinet des titres, Carres de d'Ho^ier, vol. 252,) Par patentes royales de décembre 1610, il avait été autorisé, ainsi que sa femme, « à demeurer en France avec leurs enfants, à y posséder, acquérir et même à transmettre à leurs héritiers, à condition que ceux-ci soient regnicoles. » Le sieur de Barraux vivait encore en 1656. (Revue Savoiszenne, 1901, p. 56.) On verra dans la suite de la correspondance que le Saint dut se donner beaucoup de peine pour obtenir le pardon du coupable. (2) Suzanne de Gruffy (voir la note précédente) était arrière petite-fille de François de Lucinge, cousin au troisième degré de Claudine de Charansonnay, grand'mère de François de Sales. (5) Le jour même où le Saint écrivait sa lettre, était le Dimanche des Ra- meaux, longtemps appelé le « Dimanche d'indulgence, » dans la langue li- turgique.  340 Lettres de saint François de Sales vous supplier de le recevoir en grâce. Tout, comme je pense, favorisera son désir : le tems escoulé, qui lu}^ a donné le loysir de se bien repentir ; le tems qui coule, auquel on ne refuse guère le pardon, mesme aux plus perfides ennemis ; le bon advocat qu'il employé et avec lequel il va recourir a vostre bonté (^). Que si j'osois, j'adjousterois encor mon intercession, que vostre extrême bienveuillance envers moy rend hardie et forte, et en fin, la sousmission quil fait, ne désirant sa reconciliation auprès de vous que pour accoyser les remors quil a de vous avoir desagreé, et recouvrer Ihonneur le plus pretieux quil ayt en ce monde, qui est d'estre advoûé de vous vostre très humble serviteur. Vous feres donq, je m'asseure, encor ce coup selon vostre bonté, laquelle je remercie très humblement de la faveur quil vous pleut me faire, passant a Lion (2),m'ayant fait part de la belle Reinonstrance contre les duel^ '3), que je prie Dieu vous rendre autant efficace comme les mérites de la cause et de celuy qui Ta playdee le re- quièrent. Nostre jeune M. des Hayes est icy tout apprivo3^sé avec le collège U). Il est fort gentil, l'esprit vif et qui ayme tendrement la sainte liberté quil a apprise parmi les pages ; mais on tasche de luy en faire gouster un'autre un peu plus sainte et, petit a petit, on 3^ proffite parce quil est bon enfant. Et comme pourroit il autrement, estant filz de tels père et mère (5) ? Certes, nos bons Barnabites sont ( I ) Selon toute apparence, « le bon advocat » est M. Portier, mentionné à la fin de la lettre. (Voir ci-après, note ( i ), p. 3^3.) (2) Quand il passa à Lyon, Mk"" Fenouillet revenait de Paris, où il avait pris part aux Etats généraux. (Cf. ci-dessus. Lettre mxv, p. 263.) (3) Le discours avait paru sous ce titre : Remonsfra/ice au Roy contre les duels, prononcée au nom du Clergé durant la tenue des Estats, le 26 Janvier i6j^, par Messire Pierre de Fenolliet. Evesqne de Montpellier, Prédicateur ordinaire de Sa Majesté. A Paris, chez Rolin Thierry, rue Sainct Jacques, 1615. ( 4 ) Le collège d'Annecy, confié aux PP. Barnabites, (Voir ci-dessus, note ( i ), p. 189. et note ( 4 ), p. 228,) (5) Louis des Hayes, baron de Courmenin. fils unique d'Antoine des Hayes et de Marie Chapelle (voir tome XII, note ( i ), p. 2=yi), fut d"abord page, tout jeune encore, à la cour de Louis XIII, Ce mobile et vivant spectacle des grandeurs humaines séduisit son âme ardente, curieuse déjà d'impressions et d'aventures ; mais un tel milieu était peu propice au travail. Il fallut donc  Année 1615 341 braves gens, doux plus qu'on ne sçauroit dire, condescen- dans, humbles et gracieux outre la mesure ordinaire de leur pais. dire adieu au Louvre et au château Saint-Germain, et prendre le chemin de la Savoie pour se ranger à la discipline de l'humble collège d'Annecy. Les cho- ses, on le pense bien, n'allèrent pas d'abord toutes seules pour le nouveau pen- sionnaire; mais cette vie dépendante ne lui sembla plus une disgrâce, lorsqu'il eut compris quel père il avait trouvé dans le saint ami de sa famille, et bien- tôt la glorieuse assurance de se sentir comme enveloppé par la tendresse d'une amitié supérieure à toutes les autres, le consola des déplaisirs de son exil. C'était « un bon enfant ; » il avait l'esprit meilleur encore que le cœur, dira plus tard saint François de Sales à son père (Lettre du 3 mai 1615). Ce- pendant — on le verra par la suite des Lettres — le Bienheureux comprit soudain qu'il fallait surveiller les tendances de cet esprit, attiré surtout par l'éclat et la frivolité, rebelle à toute compression, excessivement amoureux de gloire et d'honneur. L'Evêque aima cet enfant comme ses yeux, il l'avoue lui-même (Lettre du 15 juillet 1615), et Louis des Hayes l'aima extrêmement en retour, car il profita de ses fréquentes réprimandes, et c'est sans doute pour lui complaire qu'il se rendit un peu plus supportable à ses bons maîtres. En parlant de son fils, Antoine des Hayes écrivait le 14 août 1617 à son ami, M. de Charmoisy : « Il est temps qu'il commence à voir le monde. » (J. Vuy, La Philothée de saint François de Sales, II, 1879, p. 158.) Q_uelque temps après, le 30 août, le Saint mande à M^"" Fenouillet : « Nous renvoyons le jeune î( M, des Hayes, doux, amiable, courtois, a M. son père, mais non pas fort « sçavant. » Pour « voir le monde, » Louis commença par l'Orient. Il avait pour mis- sion de faire rendre aux Cordeliers la possession des Lieux Saints et d'offrir au Saint-Sépulcre, au nom de Louis XIII, une chapelle d'argent avec des ornements d'une richesse inouïe. De retour en France (1622), il séjourne à Turin dans les premiers mois de 1623, est envoyé en Danemark en 1625 et obtient, quatre ans après, d'être délégué en Perse. Chargé en 1629 d'une am- bassade à la cour de Moscovie, des Hayes y fut reçu avec les plus grands honneurs. Les finesses de la diplomatie lui firent attribuer une mission bien délicate pour son amitié, lorsque, le 22 mai 1630, il dut sommer Louis de Sales, frère du Saint, de rendre la place du château d'Annecy dont il était alors gouverneur. Il échoua, comme il l'avait prévu, dans sa sommation. Le seigneur de Courmenin, heureux jusque là dans ses voyages et ses né- gociations, se crut capable de commissions plus importantes. Richelieu, qui lui trouvait l'esprit léger (voir ses Mémoires), refusa de lui confier une am- bassade en Suède; ce refus devait être la cause de tous ses malheurs et bri- ser tragiquement, en pleine maturité, une vie déjà riche de fruits et de belles promesses. Humilié par cet échec, le gentilhomme se jeta dans le parti d'Anne d'Autriche, Arrêté en Allemagne, amené en Languedoc où se trouvait la cour, il fut condamné à mort comme complice de la révolte du duc de Mont- morency. En vain son vieux père accourut pour désarmer le Cardinal; ses larmes le trouvèrent inflexible, et l'infortuné eut la tête tranchée à Béziers, le 12 octobre 1632, Sous le nom de des Hayes , on a : i, — Voyage du Levant, fait par le com- mandement du Roi en 1621 par le sieur D. C. (Paris, 1624.) L'auteur, dont on ignore le nom, était secrétaire de M. de Courmenin, Chateaubriand, qui a  342 Lettres de saint François de Sales Vous sçaures toutes nouvelles a l'abord de monsieur Portier (0, et vous sçaves que nous sommes icy hors de commerce. Je suis sans fin, Monseigneur, Vostre très humble et très obéissant frère et serviteur, France, E. de Genève. 12 avril 1615. A Monseigneur Monseigneur le R""® Evesque de Monpelier. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Montpellier. inséré en entier la description du Saint-Sépulcre dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem, la regarde comme la mieux faite de toutes celles qui ont été publiées par les voyageurs. 2. — Voyages au Danemark, où se trouve la relation de celui entrepris en 1629. (D'après Michaud, Hcefer et les Mémoires du temps.) (i) Amé ou Amédée, fils de Jean Portier et de Louise-Françoise de Lu- cinge, chevalier, seigneur de Charrières et de la Tour-de-Passy, coseigneur de la Val-des-Clets, avait épousé Gasparde de Livron, veuve en secondes noces, de Guillaume de Montfalcon-Roasson, seigneur de Tessy. Son fils Jean-Baptiste épousa Jeanne-Catherine de Montfalcon-Roasson, fille posthume de Guillaume, seigneur de Tessy ci-dessus, et de sa veuve, Gasparde de Livron. C'est l'un des deux que le Saint désigne ici, et plus probablement Jean-Baptiste.  MLXV a la mère de CHANTAL, a LYON L'affaire de M"^^ des Gouffiers. — Ne pas recevoir les postulantes avant l'âge requis. — Pourquoi la Mère de Chantai pouvait répondre hardiment pour le Saint. — Avis sur les sorties extraordinaires, — Trois hôtesses du Monas- tère d'Annecy. — Un sermon de deux heures et demie. Annecy, 18 avril 161 5. Pensés comme je vous escris, ma très chère Mère. Hier, jour de la mort de nostre Vie (O, au retour des Ténèbres, je treuvay vos lettres; ce matin, jour de la sépulture, tout en allant faire les Ordres pour sept a ( i) Vendredi-Saint, 17 avril.  Année 1615 343 huit personnes de qualité (O, en nostre chappelle de la Visitation. Pour ma très chère Seur Marie Jeanne Elizabeth (0, je ne desappreuve pas son voyage, ni ne Tappreuve ; mais il seroit utile que je commette quelqu'un pour ouyr les tesmoins et recevoir authentiquement leurs déposi- tions, et non seulement les tesmoins, mays Madame du Paraclet (3) et ses Religieuses. Or, il faut que je face cela avec conseil et beaucoup de soin. Ce pendant, nous penserons s'il sera expédient qu'elle mesme y aille ; il faut en tenir secrette la délibération. Si Monseigneur TArchevesque (4) veut, on pourra bien dispenser pour Taage en la réception de ces damoysel- les (0, en la contemplation des mères, qui pourront tenir place d'une partie de la resolution que Taage ne permet pas aux filles. En somme, il faudra fort condescendre aux volontés de Monseigneur TArchevesque, pourveu que l'on treuve moyen d'éviter la conséquence ; car c'est une règle très salutaire que celle la, de ne recevoir point avant l'aage compétent, pour oster toute excuse au repentir, s'il en venoit i^). (i) Trois noms seulement nous ont été conservés : François de l'Espine ou Delespine^ chanoine de la cathédrale de Genève, Jean Auberson. de Lau- sanne, ordonnés prêtres, et Etienne Gagnières, de Maurienne, ordonné diacre. (R. E.) (2) M""^ des Gouffiers, qui songeait à se rendre en Champagne pour ache- ver de régler sa situation vis-à-vis du Monastère où elle avait fait profession. (Voir plus haut, p. 225, note (3), et p. 238.) (3) Marie de la Rochefoucault, abbesse du Paraclet (ibid., note ( i ), p. 132). (4) Denis-Simon de Marquemont, archevêque de Lyon. ( 5 ) On peut proposer les noms de Marguerite de Lestang et de Marguerite de la Balme. La première, admise à la vêture le 25 avril 1620 et à la profession le 3 avril 1622, n'avait que neuf à dix ans en 1615; la seconde, fut reçue à l'habit à l'âge de quinze ans, le 10 septembre 1619, et prononça ses voeux le 3 novembre 1620. (D'après le Livre du Chapitre du i^" Monastère de Lyon transféré à Venise.) (6) Dans les premières Constitutions de la Visitation, à l'article De la récep- tion des Novices, le saint Fondateur avait écrit : « On ne recevra point de fille « pourestre au nombre des Novices, qu'elle n'ayt 16 ans. » \}\s. autographe conservé à la Visitation de Thonon.) Mais plus tard, lorsque la Congrégation fut érigée en Ordre religieux, il adopta, pour l'admission des prétendantes à la vêture, l'âge canonique, c'est-à-dire quinze ans. (Voir au tome XIV, p. 329, la note (4) pour laquelle les manuscrits primitifs n'avaient pu être consultés.)  344 Lettres de saint François de Sales Toutes ces âmes seront bonnes, si elles sont courageuses, et M""^ Colin (0 et tout. Mays, pour me charger de soin quelcomque d'afFaires, helas ! vous sçaves comme moy mesme quel homme je suis pour cela : c'est a dire, que je ne suis pas homme pour cela. Vous pouves tous-jours respondre pour moy sans scrupule, car il se treuvera tous-jours que ce sera moy qui auray respondu. Vous estes, et d'esprit, et de volonté, et de tout, une mesme chose avec moy ; vous sçaves ce que je puis, que je veux et que je souhaitte. Ne me renvoyés donq rien, mais res- pondes hardiment. On peut faire venir les damoyselles des Capucins {-) pour essayer, et estant treuvees propres, ne les point renvoyer ; car il n'y a pas grand hazard de les tenir en leur habit (3). Monseigneur l'Archevesque venant, humiliés vous fort cordialement pour moy comme moy mesme, et l'asseurés fort de l'estime, amour et révérence que j'ay a sa personne. Prenés garde a retenir la liberté des sorties extraor- (i) Isabeau Daniel, veuve de M. Colin. (Voir ci-dessus, note (i), p. 241.) (2) En 1574, le P. Pacifique, commissaire général des Capucins pour la France, envoya à Lyon, pour y fonder un monastère, le P. Jérôme de Milan. La popularité que lui obtinrent ses prédications, surtout auprès de ses com- patriotes italiens, riches et influents, favorisa son dessein. Jeannet de Lecchi et Pompée Porro acquirent de Guillaume de Gadagne une propriété sur le coteau de Fourvière, et le 14 septembre 1375, la croix y fut plantée par l'Ar- chevêque, Pierre d'Epinac, assisté de M. de Mandelot, gouverneur de la ville. Par lettres patentes de juillet 1576, Henri III prit sous sa protection les Capucins lyonnais, dit du Grand Couvent ou de la Maison de Saint- Fi-atiçois. Une seconde fondation est due à André Coste, banquier génois, qui acheta, en 1622, une maison appelée du Petit Foreys. La première pierre de l'église fut posée la même année en présence d'Anne d'Autriche, et l'édifice, construit par ses libéralités, fut consacré en 1635. Ce second couvent porta le nom de Saint-André ou du Petit Foreys. En 1628, pendant la peste, les Religieux des deux maisons rivalisèrent de dévouement pour soigner les malades, et souvent au prix de leur vie. A Lyon, comme partout ailleurs, leur austérité et leur zèle les rendirent chers au peuple chrétien. Ils furent aussi ses bienfaiteurs à un autre titre : on ignore généralement que les Capucins, jusqu'aux dernières années du xviii^ siècle, firent dans les incendies l'office de pompiers. (D'après Vachet, Les anciens Couvents de Lyon, Lyon, 1895.) (3) Les « damoyselles des Capucins » étaient sans doute des aspirantes d'un Tiers-Ordre, que ces Religieux voulaient confier à la direction de la Mère de Chantai, pour discerner si leurs aptitudes les disposaient au genre de vie de la Visitation. (Cf. ci-après, p. 347.)  Année 1615 345 dinaires : entre lesquelles, les Jubilés, la visite des proches malades, ouy mesme de quelques signalés bienfacteurs ou grand amy de la Mayson, et mesme de quelque sermon, comme celuy de la Passion, doivent, ce me semble, estre réservées, et toutes autres occasions esquelles la Com- munauté des Seurs, avec l'advis du Père spirituel, treu- veront que ce seroit a propos (O; car il faut réduire la prattique des sorties a la seule bienséance et modestie que la Religion, jointe a la condition du sujet, requiert, car ainsy en fait on es Congrégations d'Italie ( = ). Helas, ma chère Mère, il faut que je finisse. Nos Seurs ne sçavent pas que j'escris, car c'est par la voye de Chamberi. Elles ont madame de Chasteaufort (3), madame (i) Cf. ci-dessus, p. 332. (2) Dans la première rédaction des Constitutions, le Fondateur rangeait en effet parmi les raisons des « sorties extraordinaires » : la célébration des Quarante-Heures, le sacre d'un Evêque, un sermon signalé à entendre, « les « Jubilés esquelz il est porté que toutes personnes qui n'observent pas la (1 rigoureuse clausure soyent tenues, pour gaigner Tlndulgecce, de visiter les '< églises; et Ihors, elles iront la moytié ensemble une fois, et l'autre moytié <« lautrefois, » etc. (Ms. autographe conservé à la Visitation de Thonon ; cf. en- core ci-après, p. 347.) La clôture telle que saint François de Sales l'avait d'abord établie pour ses filles, comportait ces licences ; mais survint bientôt l'opposition de M^"" de Mar- queraont, et dès lors, le Saint n'eut plus à réglementer l'ordre des sorties. En 1618, la Visitation ayant été érigée en Ordre religieux, les prescriptions du Concile de Trente lui furent appliquées. (3) Anne de Clermont, fille de messire Antoine, baron de Montoison, et de Marguerite de Simiane, nièce de Charles de Simiane, seigneur d'Albigny (voir tome XII, note ( i ), p. 178), avait épousé, par contrat dotal du 19 juin 1606, Pierre de Grôlée, seigneur et baron d'Hauteville, coseigneur de Châ- teaufort et du Villard, capitaine de cavalerie, lequel testa le 30 novembre 1614, et mourut peu après au service de Charles-Emmanuel. (Cf. ci-dessus, note ( r ), p. 302.) M'"^ de Chàteaufort, restée veuve avec plusieurs enfants, eut quelques velléités de vie religieuse qui ne durèrent pas longtemps, puis- que, en 1617 (contrat dotal du 7 juillet), elle passait à de secondes noces avec Pierre de Duyn, dit Mareschal, comte de la Valdisère, commandeur des Al- linges, lieutenant-général de l'infanterie savoyarde, etc., décédé en juin 1623. Elle lui survécut jusqu'au 21 mars 1635. Saint François de Sales honorait M""" de Chàteaufort et sa famille d'une si cordiale affection, que, pendant un séjour qu'il fit chez elle, la comtesse étant « obligée de s'absenter, ce grand Prélat lui promit de prendre soin de sa maison. » Il « le fit avec une si parfaite bonté, » que chaque matin il s'infor- mait M si les petites filles avaient prié Dieu ; » ensuite « il les faisait déjeûner, les caressait tendrement, et leur disait quelque chose selon leur capacité pour leur inspirer de la dévotion. » (Année Sainte de la Visitation, tome VIII, p. 140.)  34^ Lettres de saint François de Sales la Baronne de Chastelard ( O et madame de la Flechere, la vefve (2); troys bonnes et braves hostesses, dont la première parle fort de revenir un jour du tout, et l'autre est mariée, mais une perle. Son mary est filz du Baron de la Serraz (3) ; fille de madame Mont Saint Jean (4). Hier, je fis le sermon de la Passion en deux heures et demie ; nos hommes disent que c'est chose extraordinaire. Ma très chère Mère, j'ay tant prié Dieu pour vous, et le feray encor ; tout m'annonce le bien de nostre indi- visible unité. O Seigneur Jésus, vives a jamais, régnés et a jamais soyes béni dans nostre unique cœur. Amen. FRANÇ^ E. de Genève. A Madame de Chantai, Supérieure de la Visitation. A Lion. (i) Fille d'Anne, baron de Chauvirey, et d'Anne de Montfalcon-Flaxieu (cf. tome XIV, notes ( i ), ( 2 ), p, 334), Jacqueline épousa, par contrat dotal du 26 août 1612, Louis de Seyssel, baron du Châtelard (voir note ( 5) ci-dessous). Né le 26 juin 1691, il mourut le même mois en 161 5, des suites d'une blessure reçue aux environs de Bestagno. (Cf. La Maison de Seyssel, Grenoble, 1900, tome II, et ci-après, note (2), p. 355.) A sa mort, la baronne songea à quitter le monde et entra même à la Visitation, au moins pour une retraite. Mais sa vocation devait se terminer comme celle de M""^ de Châteaufort ; elle contracta une seconde alliance avec Alphonse de Maillard de Tournon, et fit son testa- ment à Chambéry, le 22 août 1630. (Cf. Mugnier et Dufour, Les Maillard, Chambéry, 1889, p. 133.) (2) Madeleine de Saint-Michel, veuve de François de la Fléchère, sei- gneur de Rovorée. (Voir tome XI, note (2), p. 199.) (3) Le beau-père de M*"^ du Châtelard était Bertrand de Seyssel, baron de la Serraz et du Châtelard, maître de camp, cornette blanche de la noblesse de Savoie, chevalier de l'Annonciade. Il naquit en 1554, de Louis de Seyssel et d'Adriane de Briandas. Sa femme, Bonne Costa, lui donna six enfants, et mourut peu après avoir testé (15 décembre 1602). Le baron de la Serraz épousa en secondes noces Catherine Louys (contrat dotal du 12 février 1616), et termina sa vie à Chambéry, le 8 août 1619. (La Maison de Seyssel, tome II.) (4) Anne de Montfalcon (cf. note ( i) ci-dessus), femme, en secondes noces, de Jean-Claude de Clermont-Mont-Saint-Jean. (Voir tome XIV, note ( i ), P- 334-)  Année 1615 347 MLXVI A LA MÊME, A LYON (fragment) De la réception des prétendantes. — Les sorties extraordinaires et pour quelles visites il faut les permettre. Annecy, [18 avril] i6is (0- ... qu'on ne reçoive pas avant Taage i = ). Quant a celles que les Pères Capucins présentent (3), il y a moins de hazard, parce qu'on en sera quitte les gardant quelque tems en leurs habitz mondains ; et cela tiendra lieu de première veuë. Je disois, quant aux sorties extraordinaires (4), qu'il y failloit enfermer les visites des proches parens malades de maladies de conséquence ; la visite des églises es Ju- bilés généraux, et de venir a certains sermons célèbres, comme de la Passion, et toutes autres occurrences que la Congrégation des Seurs, avec l'advis du Père spirituel, jugeroyent dignes de sortir pour quelques insignes charités, comme d'aller visiter quelque insigne bienfac- trice et amie .  ( I ) La confrontation de ce fragment avec les pp. 343-545 ci-dessus, per- met de supposer qu'il a été écrit à peu près en même temps. Les mots : h Je disois n font croire qu'il ne s'agit pas d'une simple note prise pour répondre en détail aux questions de la Mère de Chantai, mais d'une réponse à ces questions. Faute d'autre indice, nous donnons ici ces lignes à titre documen- taire et comme complément de la lettre précédente, (2) Voir ci-dessus, note (6), p. 343. (3) Idem, note (3), p. 344. (4) Idem, note (2), p. 345, et cf. pp. 331, 332.  348 Lettres de saint François de Sales  MLXVII A MADAME DE LA FLÉCHÈRE Faut-il rechercher la cause de nos sécheresses? — Pourquoi Dieu les envoie. A quoi servent quelquefois les séparations. Annecy, 19-21 avril 1615 (i). Ma très chère Fille, Je vous escris tout vistement parmi les aymables em- peschemens de ces saintes festes. Il ne faut pas s'amuser beaucoup a la recherche de la cause de nos sécheresses et stérilités, car nous ne sçaurions la deviner ; il suffit de nous humilier beaucoup et acquiescer a ce travail, soit que Nostre Seigneur Tayt envoyé pour nous chastier de quelque défaut, soit qu'il Tayt envoyé pour nous es- preuver et rendre plus purement siens. Je n'ay pas receu des il y a quelque tems aucune let- tre pour nostre Mère, pour vostre part ; j'en attens des siennes aujourdhu)^ J'eusse bien désiré que madame de Chasteaufort (^) eust un peu joui de vostre conversation ; mais puisqu'il ne se peut bonnement, elle s'entretiendra avec ces bonnes Seurs, et encor plus avec Nostre Sei- gneur, que j'espère luy estre propice, puisqu'il luy a donné le cœur qu'elle tesmoigne. O qu'il est quelquefois bon d'estre affligé pour estre consolé, d'estre privé de ce que l'on ayme pour treuver ce que l'on doit aymer ! ( 3) Je resalùe très affectionnement la chère nièce (4), et (i) La Mère de Chantai était à Lyon le 19 avril 161 5, fête de Pâques; M"" de Châteaufort fit à cette époque une retraite à la Visitation d'Annecy (voir ci-dessus, p. 347). La concordance de ces faits avec les allusions de la lettre en justifie la date ; toutefois, il semble difficile de dire si le Saint a écrit le 19 ou Tun des jours suivants. (2) Anne de Clermont, veuve de Pierre de Grêlée, coseigneur de Château- fort. (Voir ibid.) (3) Cette dernière phrase est inédite; Migne, tome VI, col. 964, Ta sup- primée, ainsi que Vive Jésus et les initiales de la signature. (4) Gasparde d'Avisé.  Année 1615 349 suis très parfaitement tout vostre, ma très chère Fille, très véritablement bienaymee. Vive Jésus ! F.. E. de G. A Madame Madame de la Flechere. Revu sur une copie déclarée authentique, conservée au i'^'" Monastère de la Visitation d'Annecv.  MLXVIII A UNE DAME (l Le double avantage qu'on retire souvent de certaines maladies. — Dieu n'abandonne jamais le premier l'âme qu'il a d'abord attirée à lui. Annecy, 26 avril 161 5, Madame, J'ay sceu vostre maladie, et n'ay pas oublié de rendre le devoir que j'ay a une si chère fille. Si Dieu a exaucé mes vœux, vous releveres avec un grand accroissement de santé, et sur tout de sainteté ; car souvent on sort de telz accidens avec ce double advantage, la fièvre dissipant les mauvaises humeurs du cors, et espurant celles du cœur, en qualité de tribulation provenante de la main de Dieu. Ce n'est pas que je vous appelle sainte quand je vous parle d'accroissement de sainteté en vous ; non certes, ma très chère Fille, car il n'appartient pas a mon cœur de flatter le vostre. Mays, encor que vous ne soyes pas sainte, vos bons désirs sont saintz, je le sçay bien, et je ( I ) La fin de la lettre fait songer à une destinataire qui aurait embrassé la vie dévote depuis peu de temps; cette circonstance permet d'exclure M"^« de Travernay, à laquelle plusieurs autres passages du texte conviendraient. Saint François de Sales adresserait-il ces lignes à Gabrielle Dyan, femme du sénateur Claude-Louis Guillet de Monthoux. laquelle lui avait fait sa confession gé- nérale le 6 novembre 1614 r (Voir ci-dessus, pp. 250, 261.)  35© Lettres de saint François de Sales souhaite qu'ilz deviennent si grans, qu'en fin ilz se conver- tissent en parfaitte dévotion, en douceur, patience et humilité. Remplisses tout vostre cœur de courage, et vostre courage de confiance en Dieu ; car Celuy qui vous a donné les premiers attraitz de son amour sacré ne vous abandonnera jamais, si vous ne l'abandonnes jamais. Dequoy je le supplie de tout mon cœur, et suis sans fin, Vostre plus humble serviteur, ma très chère Fille, et a monsieur vostre mary, que je viens de voir présentement. Franç% E. de Genève. Ce 26 avril 161 5.  MLXIX A madame de peyzieu (0 La santé du corps et la santé de l'âme vont souvent en mouvement contraire. — La maladie purifie le cœur. — Quel est le plus excellent sacrifice qu'on puisse faire, au temps de la vieillesse et des infirmités. Annecy, [vers la fin d'avril 1615 (2).] Bien que ce laquay aille exprès, ma chère Mère, si est ce qu'il part en un tems auquel je suis fort pressé. Cette bonne dame m'a dit de vostre part ce que vous luy aves confié, et je loiie Dieu qu'il vous ayt donné des nouvelles affections avec cette nouvelle santé. Mciis il faut bien prendre garde, ma très chère Fille, ma Mère, que le cors et l'esprit vont souvent en contraire mouve- ment, et a mesure que l'un s'affoiblit, l'autre se fortifie, (i) L'appellation de « Mère », les allusions à la « décadence d'aage » (cf. ci-dessus, p. 300), à la « petitesse » de la « complexion » et aussi les recom- mandations pour la suavité envers le prochain, désignent très vraisemblable- ment la destinataire que nous attribuons à cette lettre. (Voir p. 310, la lettre du 28 février 161 5 à la même.) (2) Le 15 novembre 161 5, M.""^ de Peyzieu reçut du Saint des compliments sur sa bonne santé. Bien que la présente lettre ne soit pas déplacée à la date proposée (cf. ci-après, p. 369), elle pourrait être aussi postérieure, soit pour le mois, soit pour l'année.  Année 1615 351 et quand Tun se fortifie, l'autre s'affoiblit ; mays, puisque l'esprit doit régner, quand nous voyons qu'il a pris ses forces, il le faut tellement secourir et establir, qu'il demeure tous-jours le plus fort. Sans doute, ma très chère Mère, puisque les maladies sont comme des cou- pelles, il faut bien que nostre cœur en sorte plus pur et que nous devenions plus fortz parmi les infirmités *. * Cf. 11 Cor.,xii Or, quant a vous, je m'imagine que des-ormais l'aage et la petitesse de vostrecomplexion vous tiendront souvent alangourie et foible ; c'est pourquoy je vous conseille de vous fort exercer en l'amour de la très aymable volonté de Dieu et en l'abnégation des contentemens extérieurs et en la douceur parmi les amertumes. Ce sera le plus excellent sacrifice que vous puissies faire. Tenés bon, et prattiques non seulement l'amour solide, mays l'amour tendre, doux et suave envers ceux qui sont autour de vous. Ce que je dis par l'expérience que j'ay, que l'infir- mité, ne nous ostant pas la charité, nous oste néanmoins la suavité envers le prochain, si nous ne sommes fort sur nos gardes. Ma très chère Mère, je vous souhaite le comble de la sainte perfection es entrailles de Jésus Christ. Je demeure pour jamais vostre. Francs, £^ ^^q Genève.  MLXX A M. ANTOINE DES IlAYES L'Evèque de Genève s'excuse de ne pouvoir accepter une proposition qui l'obligerait à résider en France. — Remerciements pour des services rendus. — Privilèges et privilèges. — Qualités et défauts de Louis des Hayes. — Une de ses réponses; son affection pour le Saint. — Nouvelles militaires. Annecy, 3 mai 161 5. Monsieur, Je respons donq a part a vostre lettre du 10 avril, que je receus avanthier, i^'de may, et n'ay rien presque a dire  352 Lettres de saint François de Sales en celle ci sur ce sujet la(0 ; car je parle tout a la bonne foy, et ne puis croire que l'on voulust me retirer de delà qu'avec la bienséance, sans laquelle je ne puis ni veux y aller, puisque je ne pourrois le vouloir sans ofFencer Dieu et perdre ma réputation, de laquelle pourtant, en tout cas, mais en celuy la particulièrement, j'aurois tant de nécessité. Vous sçaves bien. Monsieur, qu'il faut plus de sujet pour faire remuer les vielles gens que les jeunes, et que les vieux chiens ne prennent jamais le change qu'avec advantage. Au bout de la, je suis en vérité si peu de chose, que je ne suis pas mesme sans honte de voir l'honneur auquel, vous. Monsieur, et celuy qui vous a fait la proposition, aves pensé pour moy. Je croy que vous jugeres bien que je ne puis point faire d'autre responce a une proposition si générale. Maintenant, je respons a deux autres lettres que je re- ceus le mois passé, et tous-jours obligé de vous remer- cier, puisque tous-jours vous ne cesses de m'obliger. Je vous remercie donq très humblement de l'expédition de madame de Gouffier (2), et de celle du petit bénéfice uni a mon Chapitre (3), vous conjurant. Monsieur, de me faire sçavoir la despense que vous aures fournie pour l'un et l'autre, affin que j'aye tous-jours la confiance de me prévaloir de vostre courtoyse entremise es occurren- ces, laquelle, certes, je n'oserois plus employer si elle vous devoit estre onéreuse en autre chose qu'en vostre peyne et vostre soin. Je vous remercie encor. Monsieur, de la peyne qu'il vous a pieu de prendre pour sçavoir si je pourrois obte- nir un Privilège pour l'impression de ces petites besoignes ( I ) La lettre écrite « a part » ne nous est pas parvenue, mais la suite du texte fait supposer que le Saint parle ici d'une « proposition )» qui devait l'attirer en France et Vy retenir, avec une plus haute dignité. Nous n'avons aucun détail sur cette affaire. (2) Sous l'ancien Régime, les grands vœux avaient un effet juridique, et quand ils étaient dissous, les Lettres de dispense devaient être enregistrées; ainsi s'explique l'intervention de M. des Hayes pour l'affaire de M'"= des Gouffiers. (Cf. ci-dessus, pp. 225, 238.) (3) Celui de Crassy et Vésenex au pays de Gex. (Voir ci-Jessus. note ( i ), p. 266, et cf. p. 306.)  Année 1615 353 que je pourrois faire dores-en-avant; et puisque M. le Chancelier ne treuve pas a propos de me l'accorder sinon pour le libraire que je luy nommeray, il me semble que je dois laisser ce soin la au libraire mesme, qui obtiendra le Privilège pour soy a l'accoustumee (0. Mays je serois marry que M, le Chancelier creust que j'eusse voulu tirer conséquence du grand Cardinal du Perron a moy, qui serois, certes, un téméraire scandaleux si je pensois m'ap- parier en privilège a cet homme sans pair en doctrine, éloquence et mérite (2). Aussi n'a-ce pas esté sur ses li- vres que ce désir m'estoit venu, mays sur des autres, comme par exemple, de M. Valladier, qui a fait impri- mer l'an passé ses Sermons sous un tel Privilège (3), et ( I ) Le Chancelier de France était alors Nicolas Brùlart, seigneur de Pui- sieux, marquis de Sillery, président au Parlement de Paris, l'aîné des cinq fils de Pierre Brùlart et de Marie Cauchon. D'abord conseiller au même Parlement (1573), ambassadeur en Suisse (1589 et 1595) et plus tard à Rome, où il conclut le mariage du Roi avec Marie de Médicis, le seigneur de Sillery fut nommé chancelier de France par lettres du 10 septembre 1607 et mourut le i*^"" octobre 1624. Ce bon « M. le Chancelier » qui refusait si dédaigneusement à saint François de Sales ce qu'il accordait au Cardinal du Perron et au prédicateur Valladier avec tant de complaisance, ne prévoyait guère que ses Privilèges spéciaux ne sauraient défendre leurs ouvrages de l'oubli, et que les « petites besoignes >> de l'Evéque savoyard, avec un Privilège « a l'accoustumee, » traverseraient quand même les siècles. (2) Quand le Saint arriva à Paris en 1602, « les plus grands personnages, » dit Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. V), « alloyent à l'envy l'un de l'autre de sa familiarité ; sur tous, Jacques David du Perron, Evesque d'Evreux, et depuis Cardinal, homme grand en toutes choses, contracta avec luy une saincte amitié, et le loua tant au Roy, qu'il luy fist prendre envie de l'ouyr prescher. » On connaît ce mot de du Perron, souvent cité : « Si vous voulez convaincre les hérétiques, amenez-les-moi; mais si vous voulez les convertir, conduisez-les à M. de Genève. » François de Sales et le Cardinal se rendaient donc mutuellement justice dans la profonde estime qu'ils s'entreportaient. (3) Le « Privilège » que sollicitait le Saint lui aurait conféré sans doute les mêmes droits que celui obtenu par André Valladier, abbé de Saint-Ar- nould (voir tome XIII, note (2), p. 49), pour l'impression de L Auguste Basi- lique de Sainct Ariiould de Mets. A défaut du Privilège des Sermons, nous donnons un extrait de celui-ci. Il porte qu'il est permis à l'auteur de faire imprimer son ouvrage « pour tel libraire que bon luy semblera, tant de fois qu'il voudra, en tel volume et caractère qu'il verra bon estre, et ce pour le terme qu'il accordera. Avec deffence a tous autres, tant marchands libraires, impri- meurs, de quelque estât ou condition qu'ils soient, d'imprimer ou faire impri- mer, soit au dedans, ou dehors nostre Royaume, tronquer, ny altérer ledit livre, ny en extraire aucune chose, vendre, ny débiter, si ce n'est du consente- ment dudit Valladier, ou de celuy ou ceux qui auront pouvoir et droict de Lettres Vi 23  354 Lettres de saint François de Sales de plusieurs autres ; qui m'a fait estimer que ce n'estoit pas un Privilège tant spécial. Mais puisqu'il l'est, je ne le désire plus. Reste nostre filz (0 qui, en vérité, a un cœur fort bon et l'esprit encor meilleur ; mais, comme vous le dites, Monsieur, il est un peu friand et brillant, et pour cela nous tascherons de l'occuper fort. Il va en classe et pense monter, a la saint Remy, a la seconde. Il va commencer a apprendre l'escritured'un brave maistre que nous avons icy. Les Pères n'ont pas encor esté d'advis qu'on le mist aux mathématiques de quelques moys, et j'avois treuvé un de nos chanoines qui Teust fort volontier enseigné. Le Dimanche de Quasimodo, il monta en chaire pour re- citer un poëme héroïque de la Résurrection de Nostre Seigneur. Il ne se peut dire de quelle grâce, avec quelle asseurance, avec quelle beauté d'action il prononça cette besoigne. Je luy dis après, qu'il avoit parlé avec beau- coup de hardiesse, et il me respondit qu'il ne failloit pas craindre en bien faysant. Au demeurant, il m'ayme et me respecte extrêmement, avec une crainte infinie de me fascher, et je croy que je mesnage bien ce talent avec luy; de le tenir trop serré, cela luy nuiroit. Il commence a prendre un peu de sentiment de réputation, qui luy sera utile, car les remonstrances qu'on luy fait de la part de l'honneur le touchent. Je suis marri que nostre Collège n'est encor pas en si bon terme comme la bonté et suffisance de ces Pères qui le gouvernent maintenant ( = ) nous promet qu'il sera bien tost. Mays puisque nous aurons l'honneur de vous luy, sous peine de confiscation des livres et exemplaires imprimez et mis en vente, contre et au préjudice des présentes... Donné à Paris le dernier jour de décembre, l'an de grâce mil six cens quatorze. » On peut se demander si la « très mauvaise procédure » et 1' « incivilité » de Claude Rigaud, imprimeur de la Pantholoorie (voir plus haut, p. 9), n'au- raient pas donné à saint François de Sales la pensée d'obtenir un Privilège semblable à celui que nous venons de citer. (i) Louis des Hayes, alors au collège d'Annecy, dirigé parles Barnabites. (Voir ci-dessus, note (5), p. 340.) (2) Ces Religieux étaient : D, Simplicien Fregoso, supérieur, D. Juste Guérin, qui s'absentait souvent, D. Fulgence Chioccari, D. Vitalien Berretta, D. Candide Poscolonna.  Année 1615 35c voir dans quelque tems, nous parlerons un peu ensemble de tout ce qui est requis pour la bonne conduitte de ce cher enfant, qui est fort aymable et qui reuscira, comme j'espère, extrêmement bien. Et sans doute, ça esté une vraye inspiration céleste qui vous donna la resolution de le remettre un peu aux Lettres, car la vivacité de son esprit Teust mis en grand danger en cette autre profes- sion ( 0, pendant ces deux ou troys ans. Son Altesse a battu ces jours passés les Espagnolz, mais non pas avec grande effusion de sang ( = ). Il suffit qu'en ces trois ou quatre petites rencontres. Dieu a tous- jours favorisé la cause du plus foible ; je pense que c'est pour advertir le plus fort de n'estre pas si vigoureux. Je suis trop long, mays pardonnes au playsir que j'ay de vous parler en la façon que je puis. Je prie Dieu qu'il vous comble de prospérités, et suis. Monsieur, Vostre très humble et très affectionné serviteur, Francs E. de Genève. Annessi, le 3 may 1615. A Monsieur [Monsieur] des Hayes, Maistre d'hostel du Roy, Baillif et Gouverneur de Montargis. ( i ) Le jeune des Hayes, on s'en souvient, avait été page avant d'entrer au collège d'Annecy. ( 2 ) La bataille eut lieu à Bestagno, place du Montferrat, le soir de Pâ- ques, 19 avril. Deux régiments espagnols, ayant à leur tête don Louis de Cordoue, furent attaqués par le comte de Saint-Georges qui les tailla en piè- ces; dans le camp ennemi, deux capitaines et deux cents hommes furent tués, beaucoup d'autres blessés et faits prisonniers; Charles-Emmanuel n'eut dans cette affaire que quatre morts et dix blessés. Le lendemain, en quittant Bestagno pour se porter vers Asti, Son Altesse frappait encore sur les vaincus de la veille, qui étaient cependant quatre fois plus nombreux que les vain- queurs. C'est dans cette rencontre que Louis de Seyssel, baron du Châtelard (voir ci-dessus, note ( i ), p. 346), reçut la blessure dont il mourut au mois de juin suivant. (D'après Guichenon, Hist. géjiéal. de la Maison de Savoie, to- me II, p. 385, et la plaquette intitulée : Vera e succinta relatione de i successi tra le due armaie di Spavyia e Savoia quesfnnno i6i^, sino che fù conclusa la pace. In T or \no, per Luigi Pizzamiglio... 1615.)  356 Lettres de saint François de Sales xMLXXI A DOM JEAN DE SAINT-MALAGHIE OBRY, FEUILLANT (0 Amitié du Saint pour les religieux Feuillants. — Affectueuse mention de M""^ Brûlart. — Dévotion de François de Sales à saint Bernard, — Nou- velles de la Visitation. Annecy, 5 mai 161 5. Mon Révérend Père, J'ay mille remerciemens a vous faire des deux lettres que j'ay receuës de vous et que j'ay leuës avec un'in- croyable consolation, selon l'inclination que Dieu m'a donnée a l'honneur du glorieux Saint duquel vous habites le lieu natal ( = ) et l'affection que j'ay a vos mérites. J'ay bien désir de sçavoir que sera devenue cette da- moy selle muette ( 3 ) ; car on m'a dit qu'elle estoit retombée a son premier accident (^). Ce porteur, gentilhomme de (i) Né à Bordeaux, de la famille Obry, D. Jean de Saint-Malachie fit sa profession en 1386 dans l'abbaye de Feuillant, près de Toulouse. Il composa en 1600 une lettre de consolation à la duchesse de Longueville, qui la fit im- primer à Paris la même année; il publia aussi l'histoire de l'érection de la basi- lique de Saint-Bernard à Fontaines-les-Dijon. Ce Religieux était visiteur de son Ordre et prieur de Notre-Dame de Mondovî lors de l'installation des Feuillants à Abondance. (Voir tome XII, note ( i ), p. 373.) Durant son séjour à l'abbaye, il devint l'ami de M. de Blonay et, plus d'une fois, le directeur occasionnel de son angélique fille Marie-Aimée. C'est en parlant de lui que saint François de Sales écrivait à Ms*" Camus : « Si vous le hantes, voustreu- « veres en luy une veine féconde de pieté, de sagesse et d'amitié pour moy « qui l'honnore réciproquement bien fort. » (Voir plus haut, p. 218.) D. Jean de Saint-Malachie mourut le 10 mars 1652 et fut inhumé dans l'église du mo- nastère de Fontaines. (Voir Morotius, Pars III.) (2) Saint Bernard, qui naquit à Fontaines-les-Dijon, où venaient de se fixer les Feuillants. (Voir ci-dessus, note (3), p. 218.) (3) Catherine Folin (voir ibid., note ( i ), p. 2iq\ ( 4 ) Le petit volume in-i2 conservé à la Bibliothèque Mazarine sous la cote n° 32126, intitulé Miracles, donne à la suite de la présente lettre, la note que voici : « La Damoiselle mentionnée en ceste lettre... ne retomba nullement en son accident... Mais le bruit que pouvoit avoir eu ledict bien heureux et Reverendissime Evesque estoit dune autre jeune Damoiselle de qualité qui, estant trop plus malade environ ce temps que la susdicte,... fut guérie mira- culeusement au septiesme jour » d'une neuvaine à saint Bernard. « Au bout de trois mois... elle retomba en un pareil ou plus grief inconvénient... >» Les médecins ayant épuisé en vain les ressources de l'art, la malade recourut de  Année 16115 357 marque, est mon parent i^\ et je le pourray bien sçavoir par son retour. Le Père Dom Henry, Prieur de vostre Monastère de Chambery(2), est icy, qui prescha hier a la Visitation. J'ay eu desplaysir de ne luy avoir peu rendre l'office d'hospitalité, comme [vous] sçaves que je fay volontier a ceux de vostre compagnie. Je suis bien ayse de l'édification que madame la pre- mière Présidente (3) donne. C'est, a la vérité, une fille que je chéris fort, et qui m'a bien donné de la consolation des il y a dix ans que Dieu voulut qu'elle prist confiance en mon ame ; quand vous la verres, je vous prie de la saluer. Mais sur tout, salués quelquefois le filz de la mayson en laquelle vous estes (4), et luy demandés son intercession pour la pureté de mon misérable esprit, le suppliant qu'il implore la miséricorde de sa chère Maistresse et Mère de Dieu sur ma vie et sur ma mort. Nostre Visitation croist « en nombre et mérite *. » * Oratio super po- Madame de Chantai est a Lion, avec madame Favre, post. Don^ Pass!^ " madame de Chastel et madame de Blonay, pour l'érection d'une Mayson que Monseigneur de Lyon y a désirée. Je suis, mon Révérend Père, d'un cœur tout particulier, Vostre très humble frère et serviteur, FRANç^ E. de Genève. D'Annessi, ce 5 may 161 5. Au Révérend Père en Nostre Seigneur, Dom Jean de S^ Malachie, Religieux Feuillantin, Supérieur du Monastère de S* Bernard. A Fontaynes lez Dijon. nouveau à l'intercession du Saint et « guérit derechef parfaictement au huic- tiesme jour... Du depuis, » ajoute l'auteur de cette relation, « elle n"a jamais rien paty de tout cela, ains jouit d'une constante santé, est mariée, a des en- fants et sert d'un tesmoignage public et irréfragable que Dieu prend plaisir d'estre glorifié en son Serviteur. » (i) Impossible de désigner le porteur, parent du Saint. (2) Ce monastère était celui de Lémenc, auparavant prieuré de Bénédic- tins, dont les Feuillants avaient entrepris la réforme. (Voir plus haut, les notes (3), (4), p. 115.) (3) La présidente Brûlart (voir tome XII, note ( i ), p. 267). (4) Saint Bernard.  358 Lettres de saint François de Sales  MLXXII A LA MÈRE DE CHANTAL, A LYON Un billet hâtif. — Union d'intimité spirituelle entre les âmes des deux Saints. Annecy, 10 mai (i) 161 5. Ma Mère, helas! c'est sans loysir quelcomque ; imagi- nes vous que c'est un billet pour une dame qui veut entrer. Je vous salue mille fois. Mon ame s'eslance dans vostre esprit, si toutefois il faut user du mon et du vostre entre vous et moy, qui ne sommes rien du tout de séparé, mays une seule mesme chose. J'escriray par la première commodité, mays [c'est] plustost un eschantillon de commodité que j 'employé pour saluer mille fois un cœur maternel, de toute mon affection filiale. Dieu, qui est nostre unité, soit a jamais béni. Je salue nos chères Seurs, mes filles. Vives joyeuse en ce divin Jésus, qui est le Roy des Anges et des hommes. Je suis très parfaitement en luy, ma très chère Mère, ce que nul ne sçait que luy mesme qui l'a fait. A luy aussi en soit l'honneur, gloire et loiiange. Amen. Vostre 10 may 161 5. (i) Le 14 mai (voir ci-après, p. 363) le Saint dit à la Mère de Chantai : « Nous avons esté huit jours sans commodité d'escrire... » Comment expli- quer cette phrase si les présentes lignes ont été tracées le 10 ? L'objection ne paraît pas décisive : ce billet n'est qu'un salut que le Bienheureux envoie à sa chère Fille par « un eschantillon de commodité, » en attendant que « la « première commodité » lui permette d'écrire une vraie lettre.  Année 1615 359  MLXXllI  A LA MEME, A LYON Aucune distance ne peut éloigner les cœurs que Dieu unit. — Une crainte du Saint. — La liberté qu'il faut garder à tout prix dans l'Institut de la Visitation. — Pourquoi le Fondateur voulait qu'on s'accommodât de certains esprits un peu difficiles, — Un vingt-troisième anniversaire cher au Bien- heureux.  Annecy, 13 mai 1615.  (0 II faut cultiver la tressainte indifférence a laquelle Nostre Seigneur nous appelle. Que vous soyes la ou icy, helas ! qui nous peut séparer de Tunité qui est eu Nostre Seigneur Jésus Christ*? En fin, c'est chose de- *Rom.,viii, 35.uit. sormais, ce me semble, qui n'adjouste plus rien pour nostre esprit, que nous soyons en un ou deux lieux , puisque nostre très amiable unité subsiste par tout, grâ- ces a Celuy qui Ta faite. Combien de fois vous ay je dit, ma très chère Mère, que le ciel et la terre ne sont point en asses grande distance pour esloigner les cœurs que Nostre Seigneur a jointz ! Demeurons en paix sous cette asseurance. J'ayme bien mieux que Ton se fie tout en vous de la May son (2), car cela se fera fort doucement et suavement, pourveu que l'on vous laisse vostre liberté et qu'on se repose sur vostre foy. Mays je crains qu'on ne veuille vous arrester la (3), ce qui seroit une cogitation injuste ( I ) Dans toutes les éditions, à partir de 1626, notre texte est précédé de deux alinéas tirés d'une lettre adressée en 162 1 h la Mère Paxile-Jéronyme de Monthoux, Supérieure à Nevers. Cette interpolation laisse planer un doute sur l'intégrité de la présente lettre, et par conséquent sur sa date ; toutefois, la première partie est bien, semble-t-il, comme la dernière phrase, du 13 mai 1615. (Voir tome XIV, note ( i ), p. 14.) (2)11 s'agissait très probablement des affaires temporelles qui intéressaient le Monastère et dont la Fondatrice promettait de s'occuper, même après son retour à Annecy. (3) Le Saint redoutait qu'on voulût retenir à Lyon la Mère de Chantai, et, de son côté, celle-ci songeait déjà à rentrer en Savoie. (Voir sa lettre du 14 avril 161^ à la Sœur de Bréchard, vol. I, p. 35.)  360 Lettres de saint François de Sales et que je ne pourrois ouyr ; je dis la cogitation, car de l'efFect, il n'en faut pas parler. Il faut donq en cet article, parler souëfvement et justement, et arrester que vous aures un soin très suffisant de cette Mayson la. Il faut garder comme la prunelle de l'œil la sainte liberté que l'Institut donne pour les communications et conférences spirituelles. L'expérience me fait voir que rien n'est si utile aux servantes de Dieu, quand elle sera prattiquee selon nos Règles. (0 Je respons que la vivacité de ces espritz nourris en leur propre jugement ne m'estonneroit point, pourveu qu'on leur eust proposé les maximes générales de la dou- ceur, charité et simplicité, et le despouillement des hu- meurs, inclinations et aversions naturelles, qui doivent régner en la Congrégation; car en fin, qui ne voudroit recevoir que des espritz avec lesquelz il n'y eust point de pe3''ne, les Religions ne serviroyent gueres au prochain, puisque ces espritz-la feroyent presque bien par tout. O ma très chère Mère, vives joyeuse, toute brave, toute douce, toute jointe au Sauveur, et playse a sa Bonté de bénir la tressainte unité qu'il a fait de nous et la sanc- tifier de plus en plus. Je salue nos chères Seurs ; helas, que je leur souhaitte de perfection ! Ce 13 may, auquel je commence la 23^ année de ma vie en Testât ecclésiastique (2), plein de confusion d'avoir fait si peu d'estat de vivre en la perfection de cet estât. Francs E. de Genève. ( I ) Le manque de liaison entre le commencement de cet alinéa et ceux qui précèdent permet de croire que les premiers éditeurs ont fait ici quelque suppression ou une interpolation. (Voir note ( i ) de la page précédente.) (2) C'est le 13 mai 1593 que François de Sales revêtit la soutane préparée longtemps d'avance par sa vertueuse mère. Jamais novice ne prit l'habit reli- gieux avec plus d'humilité et de piété. « Ce jour la, » disait-il, « je me suis enroolé en la milice de Jésus Christ. » (Année Sainte, ancien Ms., 10 mai.) Voilà pourquoi le saint Evêque aimait à célébrer l'anniversaire de ce jour heureux.  Année 1615 361  MLXXIY A LA MÊME, A LYON Puissants désirs de servir le divin amour qui affluent dans le cœur du Saint. — Consolations qu'il reçoit des progrès spirituels de ses chères filles d'An- necy. — Que faire pour permettre à Dieu de parachever son œuvre dans les âmes. Annecy, 14 mai 161 ^ (i).  O que mon ame, des plusieurs jours en ça, est pleine de nouveaux et puissans désirs de servir le très saint amour de Dieu avec tout le zèle qu'il me sera possible ! La vostre, ma très chère Mère, qui n'est qu'une mesme chose, en fera de mesme ; car, comme pourroit-elle avoir diverses affections , n'ayant qu'une mesme vie et une mesme ame ? Nos Seurs (2) font, certes, merveilles et incitent mon cœur a beaucoup de reconnoissance envers la bonté de Dieu, de laquelle je voy de si clairs effectzen leurs âmes. J'espère que celles de delà vous donnent aussi des pareilz sentimens, et que cette douceur céleste verse ainsy son Esprit sur toute cette petite assemblée de créatures unies pour sa gloire. Helas, ma très chère Mère, que d'obligations que nous avons a Nostre Seigneur, et combien de confiance nous devons avoir que ce que sa miséricorde a commencé en nous, elle le parachèvera *, et donnera tel accroissement * Philip., i, 6. a ce peu d'huyle de bonne volonté que nous avons, que tous nos vaysseaux s'en rempliront et plusieurs autres de ^ .„ „^ ceux de nos voysins *. Il ne faut que bien fermer la 3-6. (i) L'intégrité de cette lettre est fort douteuse; à coup sur, le commence- ment a été tronqué. La date cependant est juste ; ces lignes ont dû être écrites le matin et confiées à M. Grandis. (Voir la Lettre mlxxvi envoyée le soir du même jour, p. 364.) Le « bon soir » final ferait croire que la dernière phrase est interpolée. (2) Les Religieuses de la Visitation d'Annecy.  IV,  3^2 Lettres de saint François de Sales ^Ubipag.praeced., chambre sur nous *, c'est a dire, retirer de plus en plus tout nostre cœur en cette divine Bonté. Je vous donne mille fois le bon soir, et prie Dieu qu'il soit tous-jours au milieu de tout vostre cœur, le bénis- sant de ses tressaintes et plus désirables faveurs. Je sa- lue toutes nos Seurs. FRANÇ^ E. de Genève. Le 14 may 161 5.  MLXXV A LA SOEUR FAVRE, ASSISTANTE DE LA VISITATION DE LYON Inquiétudes résignées du Bienheureux sur la santé de la Mère de Chantai. Voyage de M. Grandis à Lyon. Annecy, 14 mai 1615 (i). Ma très chère Fille, ma Nièce ( = ), Vostre lettre m'a certes un peu estonné ; mays j'ay, grâces a Dieu, les yeux sur cette infinie Providence, de- laquelle les decretz seront a jamais les loix de mon cœur. Helas ! vous pouves penser ce que mon ame est a ma Mare (3) et ce que l'ame de ma Mère est a la mienne. Hé, j'espère que la divine Bonté, en considération de nostre pauvre petite Congrégation faite en son nom et pour sa gloire, nous laissera cette Mère tant utile. Monsieur Grandis (4) a eu peine a se résoudre d'aller, (i) Actuellement, signature et date manquent à l'Autographe ; mais cette dernière, 14 mai 1615, est garantie par la mention de M. Grandis et de son voyage à Lyon, que renferme aussi la lettre suivante à la Mère de Chantai, écrite le soir du même jour. Migne, d'après Datta, tome II, p. 35, place ces lignes en 1610, au tome VI, col. 651 ; puis il les donne une seconde fois (col. 979) avec un texte arrangé, mais portant la vraie date, et comme adresse : A une Nièce. (2) Cette qualification affectueuse venait sous la plume du Saint lorsqu'il s'adressait à la Sœur Favre, à cause du titre de « Frère » qu'il donnait au Président son père. (3) La Mère de Chantai. (4) Jean Grandis, médecin d'Annecy. (Voir le tome précédent, note ( i ), p. 20, et cf. ci-dessus, p. 330.)  Année 1615 363 par ce quil tenoit, d'un costé, la maladie n'estre pas dangereuse puisqu'elle est intermittente, et de l'autre, que les médecins de delà auroyent desja fait tous les remèdes quand il arrivera. Néanmoins, en un'occasion de si grande conséquence, en fin il s'est résolu. O ! Dieu soit nostre secours, ma très chère Nièce. Prions bien Dieu, il nous aydera. L'homme qui accompagne M. Grandis reviendra sou- dain avec advis nouveau ; je vous en prie, et que ce soit bien distinctement. Tout ce que Dieu ordonnera sera receu, moyennant sa grâce, avec résignation ; l'unité de mon ame avec celle de cette Mère n'est pas pour cette vie seulement, mais principalement pour l'autre. Dieu vous bénisse, ma très chère Fille, ma Nièce. Monsieur Grandis ne fera point semblant d'aller exprès. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Arona (Italie).  MLXXVI A LA MÈRE DE GHANTAL, A LYON Zèle croissant du Saint pour le service de Dieu. — Béatitude et suavité des âmes totalement résignées au vouloir divin. — Attente de nouvelles. Annecy, 14 mai 161s. (i) Vive Jésus Nous avons esté huit jours sans commodité d'escrire, et vo3'ci maintenant, coup sur coup, qu'on nous donne occasion. Nous attendons certes avec une dévote impa- tience M. du Crest (2),qui n'est encor point arrivé, pour (i) L'éditeur Migne, tome VI, col. 0)79, supprime Vive Jésus au commen- cement, et fait au texte plusieurs modifications assez notables qui sont dues à M. l'abbé de Baudry. (2) De tous les personnages qui, à cette époque, portaient ce nom, trois peuvent être proposés, parmi lesquels, toutefois, il est difficile de choisir : Jean-Baptiste, fils de Sébastien Ducrest, bourgeois d'Annecy, curé d'Héry- sur-Alby dès 1600, « licentié en droit civil et canon, » qui, à son retour de Louvain, où il avait achevé ses études, soutint en 1610 une thèse de philoso- phie en présence du saint Evêque. Il dépose au P"" Procès de Canonisation le 12 novembre 1632, à l'âge de cinquante ans. — Philippe Ducrest, qui fut successivement procureur au Conseil de Genevois, greffier de l'officialité de  364 Lettres de saint François de Sales sçavoir un peu de vos nouvelles, car je m'imagine que nous en aurons a force, et par le sire Pierre aussi (0, par lequel je vous avois envoyé des lettres pour M. des Hayes, ouvertes, aiîin que vous les vissies. Or bien, il faut donq attendre. Cependant, que vous diray-je de vostre cœur de deçà, sinon que Dieu luy donne tous les jours des nouvelles affections pour son service. (2) Ce matin, estant un peu en solitude, il a fait un exercice de résignation nonpareil, mays que je ne puis escrire, et que je reserve pour vous dire a bouche, quand Dieu me fera la grâce de vous voir. O que bienheureuses sont les âmes qui vivent de la seule volonté de Dieu ! Helas ! si pour en savourer seulement un bien peu par une considération passagère, on a tant de suavité spirituelle au fond du cœur qui accepte cette sainte volonté avec toutes les croix qu'elle présente, que sera ce des âmes toutes destrempees en l'union de cette volonté ? Or sus, c'est bien asses, car je vous ay escrit ce jour- Epist. MLxxiv. dhuy mesme au matin par M. Grandis *, par lequel nous attendons force lettres, et grandes ; car, puisqu'il vous ira voir en arrivant et que ses affaires le retiendront un peu la, vous aures bon loysir d'escrire. Ce pendant, Dieu soit aeternellement nostre tout. Je suis en luy vostre, selon quil luy a pieu et comme vous sçaves vous mesme. Annessi, le 14 may 161 5. A Madame Madame de Chantai, Supérieure de la Visitation. — A Lion. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation du Mans. l'Evêché de Genève, greffier ducal, notaire apostolique du même Procès, décédé le 13 octobre 1634. — Gabriel, chanoine de Saint-Pierre de Genève en 1620, ami et bienfaiteur de la Visitation d'Annecy, qui mourut en 1671. Sa notice sera donnée plus tard. (i) Pierre Richard (voir ci-dessus, note (2), p. 350). (2) La suite de cet alinéa a été insérée dans une lettre composée de plu- sieurs morceaux de dates différentes, qui porte celle du 22 octobre 1622 à partir de l'édition princeps. (Cf. plus haut, note (i), p. 59.)  Année 1615 365  MLXXVII A LA MÊME, A LYON Acquiescement de François de Sales à la volonté de Dieu. — Nouvelles de son propre cœur. Annecy, 16-18 mai 1615 (i ). Ma très chère Mère, Ce mot part a Timpourveu pour saluer vostre chère ame, que je chéris comme la mienne propre ; aussi l'est elle en Celuy qui est le principe de toute unité et union. Je ne veux pas nier que je ne sois marri de vostre fièvre ; mays ne vous mettes nullement en peyne de ma peyne, car vous me connoisses : je suis homme pour souffrir, sans souffrir, tout ce qu'il plaira a Dieu faire de vous comme de mo3^ Helas ! il ne faut point faire de réplique ni de fleschissement. Je confesse devant le Ciel et les Anges que vous m'estes pretieuse comme moy mesme ; mays cela ne m'oste point la très résolue resolution d'acquiescer pleinement en la volonté divine. Nous vou- lons servir Dieu en ce monde, icy et la, de tout ce que nous sommes ; s'il juge mieux que nous soyons en ce monde ou en l'autre, ou tous deux, sa tressainte volonté soit faite '^. (2) •Matt.,vr,io,xxvi, Je ne vous diray rien davantage, sinon que je me porte ( I ) Le 14 mai, saint François de Sales mandait à la Sœur Favre : « M. Gran- « dis ne fera point semblant d'aller exprès » à Lyon, pour voir la Mère de Chantai dangereusement malade. Pour la même raison, en écrivant à celle-ci le matin du même jour (voir Lettre mlxxiv), il aura dissimulé ses inquiétudes. Dans les présentes lignes, le Fondateur ne cache plus ses préoccupations sur l'issue du grave accident ; cette remarque semble assez bien justifier notre date. (2) Ici même, et sans doute pour remplacer un passage supprimé, les pre- miers éditeurs ajoutaient une phrase tirée de la lettre du lo septembre 1611. (Voir le tome précédent, p. 98, lignes 7-1 r, et cf. tome XIV, note ( i ), p. M-) L'alinéa qui suit pourrait bien aussi avoir été interpolé.  366 Lettres de saint François de Sales mieux, et que mon cœur va mieux qu'il n'est pas allé il y a long tems; mais je ne sçai pas si sa consolation vient des causes naturelles ou de la grâce. Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur, pour le remplir de son saint amour. Amen. Vive Jésus ! Ma très chère Mère, je suys, comme vous sçaves vousmesme, tous-jours plus tout a fait vostre. Francs E. de Genève.  MLXXVIII A LA SOEUR DE BRÉCHARD ASSISTANTE DE LA VISITATION DANNECY (inédite) Prières publiques pour la guerre. — Affaire d'argent. Annecy, 18-20 mai 1615 (i). J'avoys un grand désir de vous aller voir en présence, ma très chère Fille, mais je n'ay pas céans un prestre a mon commandement, et puis, j'ay un peu d'affaires, comme seroit de me praeparer au sermon que nous fay- sons demain pour recommencer les prières (2) et faire un'assemblee tantost pour l'ordre d'icelles. J'attens, non sans tentation d'inquiétude, l'homme qui doit venir de ( I ) L'allusion aux prières publiques, l'attente un peu anxieuse des nouvel- les de Lyon et le règlement d'une affaire d'argent, ont servi à fixer la date à un ou deux jours près. (2) Le 12 mai, Charles-Emmanuel apprenant que le gouverneur de Milan allait camper devant Asti, avait disposé ses troupes pour le combat. Restées victorieuses dans une première attaque qui eut lieu ce jour même, elles le furent aussi dans plusieurs escarmouches les jours suivants. Une importante bataille devait se livrer encore le 20 du même mois. (D'après la plaquette citée plus haut, note (2), p. 355.) C'est donc au moment où les deux armées se trou- vaient en présence sous les murs d'Asti, que le saint Evêque fit « recommen- « cer les prières. » On peut voir au tome VIII, p. 172, un plan de sermon, daté de 161 5, et portant ce titre : Pendant que nos soldats livraient bataille aux Espagnols ; pour une supplication publique. Probablement, ce canevas servit de thème à la prédication dont parle ici le Saint.  Année ibi^ 367 Lion (0; soudain quil sera arrivé, vous aures part a nos nouvelles. Hé, Dieu le (sic) nous veuille donner bien bonnes. Cependant, M. de Charmoysi (2) doit rendre l'argent quil a, dans trois ou quatre jours. Il proposoit de le re- mettre a M. de Vallon (5), qui en donneroit la rente constituée; mays puis que Ton en a besoin pour le basti- ment, je pense quil sera mieux de s'en servir que d'en emprunter (4). Et puis, quand il en viendra d'autre, si M. de Vallon est treuvé propre pour le recevoir, comme je pense qu'il le soit, nous le luy baillerons. Bonsoir, ma très chère Fille. Dieu vous bénisse des bénédictions que ce cœur vous souhaite, ce cœur, dis-je, qui vous chérit vrayement d'un'affection toute paternelle et plus que paternelle. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Brioude. ( I ) Sans doute le même qui, le 14, était parti d'Annecy dans la matinée, avec M. Grandis. (Voir ci-dessus, p. "^S-^.) (2) Claude de Charmoisy (voir note (4) ci-dessous). ( 3) Jacques de Gex, seigneur de Vallon, beau-frère de M. de Charmoisy. (4) L'affaire se régla quelques jours après, comme le prouve la teneur de l'acte que nous résumons ici. Le 24 mai 161 5, au monastère d'Annecy, en présence de toutes les Religieuses « congregees capituiairement,... en la pré- sence et assistance d'Illustre et Reverendissime Seigneur messire François de Sales... leur Père spirituel, et par son advis et conseil icy présentes et accep- tantes... pour elles et pour Révérende Dame Jeanne Françoise Fremyot leur Supérieure, et aultres dames Religieuses de ladicte Congrégation qui sont a présent icy absentes : » Jacques de Gex, seigneur de Vallon, retire << trois mil et deux centz florins, monoye de Savoye,... provenant >» de la revente d'une « censé annuelle et perpétuelle de deux centz et vingt quattre florins... ce jourdhuy faicte par les susnommées en faveur de noble Claude de Vidompne, seigneur de Charmoisy, qu'en auroit cy devant faicte vente... le premier jour de décembre mil six centz et douze. » (Archives de la Visitation d'An- necy, Livre des Contrats permanents.) Il résulte de cette pièce que l'on jugea bon de remettre l'argent sans délai à M. de Vallon.  368 Lettres de saint François de Sales  MLXXIX  A M. BALTHAZARD DE PEYZIEU  (inédite) Condoléances. — Eloge d'un frère défunt. — La seule chose qui nous mette en repos. — Préparer la mère tout doucement à la fâcheuse nouvelle. — Une grande erreur. Annecy, 21 mai 1615. Helas, monsieur mon Frère, que nous avions des-ja re- gretté nostre commune pertej entre nous autres frères de deçà, car les Pères Capucins nous en avoyent donné quelque sorte de nouvelles ( 0. Il faut advoûer que cet évé- nement si inopiné est capable de troubler les espritz les plus resoluz de ceux qui ont aymé un peu afîectionne- (i) Saint François de Sales fait allusion à la mort de Louis de Peyzieu. (Voir plus haut, les notes ( i ), pp. 65, 66.) Les encouragements du Saint-Siège et de la cour de France avaient décidé le P. Honoré, provincial des Capucins de Paris, à envoyer au Brésil une seconde légion de missionnaires pour con- solider la conquête spirituelle du premier essaim. (Ibid., note ( i ), p. 66.) Douze s'embarquèrent au Havre le 28 mars 1614, et le 23 juin mirent pied dans l'île de Maragnan. Dès leur arrivée, ils rencontrèrent quelques obstacles qui ne leur pronostiquèrent rien de bon. « C'étaient quelques Portugais et un prestre séculier qui animaient les Français contre les Indiens; il y eut de la batterie, et nos soldats apprirent que les Portugais, plus forts que les Français, avaient dessein de s'emparer de la côte de Maragnan et de chasser les Français ( 1 )• » La Ravardière prit l'of- fensive, enleva trois vaisseaux aux Portugais et le 18 novembre voulut tenter contre eux un coup demain décisif. H échoua par suite d'une fausse manœu- vre, que l'auteur de Y Histoire véritable (2) met sur le compte du seigneur de Sillignieu. Celui-ci la paya de sa vie ; il « eust une arquebusade dans les reins qui le terrassa ; le sieur d'Albuguergue, » chef des Portugais, « luy donna deux ou trois coups d'espée. » Soixante hommes périrent '< en une demie-heure, en- tre lesquels il y avoit d"honnestes gens, je dis gens de bien et de qualité. Le pauvre monsieur de Pesieux en a payé la folle enchère ; c'estoit un brave gentilhomme qui ne manquoit pas de courage. »  (1) Cité par Mazelin, Hist. du P. Honoré de Paris, Paris, «882. p. 185. (a) Histoire véritable de ce qui s'est passé de nouveau entre les François et les Portugais en l'isle de Maragnan au pays des Toupinambous. Paris. Nicolas Rousset, mdcxv.  Année 1615 369 ment ce brave et généreux frère, et rien que le souverain respect que nous devons a la Providence éternelle, qui ne fait jamais rien que saintement et sagement, ne nous sçauroit mettre en repos sur cet accident. Et comme pour- roit on croire que ce brave cœur, qui avoit esté nourri des sa jeunesse en la pieté, et qui avoit en bonne partie entrepris cette si grande séparation de tout ce qui luy estoit plus cher pour le zèle du service de Dieu, n'ayt aussi esté très spécialement secouru de la grâce d'iceluy en son dernier jour, lequel, selon sa profession, il a fini dans les termes de son devoir? Certes, Ihonneur de cette mort est extrême, et la postérité la louera sans fin. Mays, de sçavoir comme on pourroit dextrement donner le coup de cette si estrange et fascheuse nouvelle au cœur de nostre pauvre chère mère (0 sans esbranler extrême- ment sa vie propre, je vous asseure, mon cher Frère, que je ne le sçai pas. Je pense bien qu'a la fin elle le sçaura, car le bruit respandu pénétrera jusques a ses oreilles par quelque rencontre ; c'est pourquoy il seroit bon de la praeparer tout bellement a cet assaut, lequel, puis- qu'elle ne peut éviter, on pourroit luy donner par après, quand on auroit un peu fortifié son ame. Je prie Dieu quil vous conseille, monsieur mon très cher Frère, en cett'oc- casion ; et ce pendant, je ne laisse pas d'escrire a nostre très chère mère sur ce sujet *, affin que si vous juges a • Epist. seq. propos qu'elle le sache, elle voye quant et quand la con- tribution de mon desplaysir au sien. Mays, que ne vou- drois-je pas faire pour secourir ce pauvre cœur maternel, quand il sera blessé de ce coup si rude ! Relevés ce pen- dant le vostre, mon très cher Frère, vous qui estes masle, et vous disposes a l'ennuy de voir encor, pour surcroist de vostre perte et de la nostre, les despla3^sirs d'une si bonne mère. Qui se promet des autres occurrences en cette plus que misérable vie, il se trompe grandement. Monsieur mon très cher Frère, je vous conjure de re- cueillir l'affection que ce cher defunct me portoit et a mes frères, et de la nous conserver, comme de tout mon ( i) M""= de Peyziea, mère du destinataire et du défunt. Lettres Vi 2 .  37Û Lettres de saint François de Sales cœur je me dédie de nouveau a toute vostre mayson pour estre sans fin, Monsieur, Vostre plus humble, très affectionné serviteur et frère. Francs, E. de Genève. 2 1 may 1615. A Monsieur Monsieur de Pezieu. Revu sur l'Autographe appartenant à M""^ la marquise de Mailly, au château de la Roche-Mailly (Sarthe).  MLXXX A MADAME DE PEYZIEU (0 Condoléances à la destinataire, sur la mort de son fils. — Le monde le plus désirable de tous. — Consolations à la mère « quasi sur le despart » pour aller où est son enfant. Annecy, 21 mai 1615. O que mon ame est en peyne de vostre cœur, ma très chère Mère, car je le voy, cerne semble, ce pauvre cœur maternel, tout couvert d'un ennuy excessif ; ennuy toutes- fois que Ton ne peut ni blasmer ni treuver estrange, si on considère combien estoit aymable ce filz (2), duquel ce second esloignement de nous est le sujet de nostre amertume. Ma très chère Mère, il est vray, ce cher filz estoit l'un des plus désirables qui fut onques ; tous ceux qui le con- neurent, le reconneurent et le connoissent ainsy. Mais n'est-ce pas une grande partie de la consolation que nous devons prendre maintenant, ma très chère Mère ? ( i) La lettre précédente à M. de Peyzieu a permis de désigner avec certitude la destinataire de celle-ci, (2) Louis de Peyzieu, seigneur de Sillignieu.  Annf.f 1615 371 car en vérité, il semble que ceux desquelz la vie est si digne de mémoire et d'estime, vivent encor après le très- pas, puisqu'on a tant de playsir a les ramentevoir et représenter aux espritz de ceux qui demeurent, Ce filz, ma très chère Mère, avoit des-ja fait un grand esloignement de nous, s'estant volontairement privé de l'air du monde auquel il estoit né, pour aller servir son Dieu, et son Roy, et sa patrie en un autre nouveau monde (0. Sa générosité l'avoit animé a cela, et la vostre vous avoit fait condescendre a une si honnorable reso- lution, pour laquelle vous avies renoncé au contente- ment de le revoir jamais en cette vie, et ne vous restoit que l'espérance d'avoir de tems en tems de ses lettres. Et voyla, ma très chère Mère, que, sous le bon playsir de la Providence divine, il est parti de cet autre monde pour aller en celuy qui est le plus ancien et le plus dé- sirable de tous, et auquel il nous faut tous aller, chacun en sa sayson, et ou vous le verres plus tost que vous n'eus- sies fait s'il fust demeuré en ce monde nouveau, parmi les travaux des conquestes qu'il pretendoit faire a son Roy et a l'Eglise. En somme, il a fini ses jours mortelz en son devoir et dans l'obligation de son serment. Cette sorte de fin est excellente, et ne faut pas douter que le grand Dieu ne la luy ayt rendue heureuse, selon que, des le berceau, il l'avoit continuellement favorisé de sa grâce pour le faire vivre très chrestiennement. Consolés vous donq, ma très chère Mère, et soulagés vostre esprit, adorant la divine Providence qui fait toutes choses très suavement"^ ; et, bien que les motifz de ses * Sap., vm, i. decretz nous soyent cachés, si est-ce que la vérité de sa debonnaireté nous est manifeste et nous oblige a croire qu'elle fait toutes choses en parfaite bonté. Vous estes quasi sur le despart pour aller ou est cet aymable enfant ; quand vous y seres, vous ne voudries pas qu'il fust aux Indes, car vous verres qu'il sera bien mieux avec les Anges et les Saintz, qu'il ne seroit pas avec les tigres et barbares. Mays en attendant l'heure (i) Voir note ( i ), p. 368.  372 Lettres de saint François de Sales de faire voyle, apaysés vostre cœur maternel par la con- sidération de la tressainte éternité en laquelle il est et de laquelle vous estes toute proche. Et en lieu que vous luy escriviés quelquefois, parlés a Dieu pour luy, et il sçaura promptement tout ce que vous voudres qu'il sache, et recevra toute l'assistence que vous luy ferés par vos vœux et prières, soudain que vous Taures faite et délivrée entre les mains de sa divine Majesté. Les chrestiens ont grand tort d'estre si peu chrestiens comme ilz sont, et de violer si cruellement les loix de la charité pour obeyr a celles de la crainte ; mays, ma très chère Mère, il faut prier Dieu pour ceux qui font ce grand mal, et appliquer cette priere-la a Tame de vostre defunct. C'est Torayson la plus aggreable que nous puis- ,uc., XXIII, 34. sions faire a Celuy qui en fit une pareille sur la croix *, a laquelle sa tressainte Mère respondit de tout son cœur, l'aymant d'une très ardante charité. Vous ne sçauriés croire combien ce coup a touché mon cœur; car en fin, c'estoit mon cher frère et qui m'avoit aymé extrêmement. J'ay prié pour luy et le feray tous- jours, et pour vous, ma très chère Mère, a qui je veux rendre toute ma vie un particulier honneur et amour, de la part encor de ce frère trespassé, duquel l'amitié im- mortelle me vient solliciter d'estre de plus en plus, Madame, ma très chère Mère, Vostre filz et serviteur tout humble, tout fidelle et tout obéissant, Franç% E. de Genève. Le 21 may 16 15.  Année i6i^ 373 MLXXXI A LA SOKUR FAVRE, ASSISTANTE DE LA VISITATION DE LYON  La Mère de Chantai hors de danger. — Nouvelles et avis spirituels. Salutations aux chères Sœurs et aux bienheureuses Novices.  Annecy, 31 mai 1615. Ma très chère Nièce, ma Fille, Je ne sçauroys vous dire combien mon ame se sent obligée a la vostre pour le soin que vous aves eu de me tenir adverti de Testât de la santé de nostre Mère *. Et * Cf. Hpist.MLxxv Dieu soit loué dequoy il luy a pieu la nous conserver ! Je veux espérer que ce sera plus longuement que la foiblesse de sa complexion ne nous permet d'espérer ; car cette Bonté qui a commencé a nous gratifier, ne s'en lassera point, si nous sommes fidèles. J'eusse bien désiré de vous donner quelque bonne nouvelle en contrechange, mays je n'ay sceu; car encor que monsieur le Président (O et messieurs les frères et seurs ( 2 ) se portent fort bien, si est ce que Nostre Seigneur a retiré a soy le bon oncle, monsieur Tadvocat, le jour mesme de l'Ascension (3), pour bon présage quil luy feroit part du Ciel auquel il estoit monté, menant la captivité captive *. Aussi ce bon defunct receut tous les * Ephes., iv, 8. { I ) Antoine Favre, père de la destinataire. ( 2 ) Pour les frères de Sœur Marie-Jacqueline Favre, voir tome XI, note ( i ), p. 79. Elle neut qu'une sœur, Lucrèce, née à Chambéry en juillet 1^97 et décédée en novembre 1616. Le Saint désigne aussi, sans doute, la belle-sœur de la destinataire, M'"^ de la Valbonne. (3) Cet oncle était François ou Jean-François Favre, propre frère du Pré- sident, baptisé à Bourg-en-Bresse le 11 janvier i^jôg. (Reg. par.) Reçu avocat à la rentrée du Sénat du 3 novembre 1^94, il épousa, le 31 janvier 1592, Claudine Bergier, qui le laissa veuf avant 1614. Comme l'écrit ici saint Fran- çois de Sales, il mourut à Annecy en la fête de l'Ascension, 28 mai, et fut sé- pulture le lendemain à Saint-François. (D'après Mugnier, Les Registres des Entrées du Sénat, les Notes du regretté D. Mackey, O. S. B., et les Reg. par. d'Annecy.)  374  Lettres de saint François de Sales  saints Sacremens convenables a ce dernier passage et tesmoigna une grande constance. Ma très chère Fille, ma Nièce, relevés tous-jours bien vostre cœur en Nostre Seigneur, esvertues-vous de sur- monter toutes les humeurs mélancoliques et chagrines, demeures en paix. Amen. Je suis, plus quil ne se peut dire, tout vostre, et a nos chères Seurs Marie Peronne(0 et Marie Aymee('^), et aussi a vos bienheureuses Novices (3), que j'appelle ainsy par ce que je connois de plus en plus le bonheur de ceux qui se dédient a l'amour et service divin. Je suis tout vostre, ma très chère Nièce, ma Fille. 31 may 1615. A ma très chère Fille en N. S. Ma Seur W jaq^, ma Nièce bienaymee. Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Troyes. (i) Sœur Péronne-Marie de Chastel. (2) Sœur Marie-Aimée de Blonay. ( 3 ) Dans cette salutation particulière, le Fondateur comprenait, avec Sœur Marie-Renée Trunel, les autres aspirantes : M""® Chaudon et M""^ Colin qui, pour des raisons majeures, avaient différé l'heure de leur consécration à Dieu. (Cf. ci-dessus, note (5), p. 305.)  MINUTES ÉCRITES PAR SAINT FRANÇOIS DE SALES POUR D'AUTRES PERSONNES  MLXXXII AU DUC DE SAVOIE, CHARLES-EMMANUEL l" POUR LES RELIGIEUSES DE LA VISITATION Remerciements et promesse de prières à Son Altesse en retour de la protection qu'elle accorde à la Visitation. Annecy, vers ini-janvier 1614 ( i ), Monseigneur, La bonté et pieté de Vostre Altesse ne pouvoit jamais mieux paroistre qu'en recepvant sous sa protection une troupe de pauvres filles assemblées au nom de Dieu (2) ; et cro3^ons très assurément que Nostre Seigneur a heu fort agréable de voir la grandeur de Vostre Altesse  Monseigneur, La bonté et pieté de Vostre Altesse ne pouvoit jamais mieux se faire paroistre en aucune sorte d'action, qu'en recepvant une troupe de pauvres filles assemblées au nom de Dieu soubs vostre protectiou. Nous croyons très  ( I ) La seconde leçon donnée au bas de la page, reproduit la minute et l'orthographe de la Sœur de Bréchard ; au texte, nous publions la même minute corrigée par le Saint, en soulignant d'un pointillé ce qu'il a écrit de sa propre main. Cette pièce est évidemment lune des « lettres corrigées » que le Fondateur annonce à la Mère de Chantai, en lui adressant le billet placé vers mi-janvier 1614. (Voir plus haut, p. 140, et cf. ci-après, Appendice II, p. 401, A.) (2) Voir à l'Appendice I, II, les lettres du 22 décembre 16x3 écrites par le duc de Savoie aux deux Fondateurs de la Visitation.  376 Lettres de saint François de Sales r'abaissee jusques la, esperans que se (^.ç^Vj rabaissement eslevera tousjours d'avantage Vostre Altesse Serenis- sime devant les yeux de la divine Majesté. Et quant a nous, ce nous est un honneur si grand, Monseigneur, qu'il excède tout remerciement ; de sorte que ce que nous pouvons faire, c'est d'offrir journelle- ment a Dieu nos petites oraisons pour la conservation et prospérité de Vostre Altesse, pour, en quelque manière, corespondre a Testroite obligation que nous avons a la bonté de Vostre Altesse Serenissime, a laquelle faysans en toute humilité la deiie révérence, nous ["serons aj sommes, Monseigneur, Revu sur l'original conservé au i^"" Monastère de la Visitation de Paris. assurément que Nostre Seigneur a heu fort agréable de voir la grandeur de Vostre Altesse r'abaissee jusques la, et espérons que se (sic) rabaissement vous eslevera tousjours d'avantage devant les yeux de la divine Majesté. C'est un honneur pour nous si grand, Monseigneur, qu'il excède tout remer- ciement; de sorte que ce que nous pouvons faire, est d'offrir journellement a Dieu nos petites oraisons pour la conservation et prospérité de Vostre Altesse, en quoy nous essayerons de corespondre a l'estroite obligation que nous y avons, et a nous tesmoigner, avec toute révérence et fidélité, Monseigneur,  MLXXXIII AU CARDINAL MAFFEO BARBERINI POUR MADAME DES GOUFFIERS (l) (inédite) ^Ime (jgs Gouffiers se félicite d'avoir le Cardinal pour intercesseur dans son affaire. — Elle en espère le succès de sa charitable intervention. Annecy, février ou mars 1614. Monseigneur, Des il y a long tems, vostre charité et pieté m'estant conneue par la réputation qu'elle s'est acquise en nostre (i) Comme, d'après sa teneur, la supplique s'adresse à un Prélat de natio- nalité étrangère, ayant fait « il y a long tems » un séjour en France, c'est le  ÉCRITES POUR d'autres PERSONNES 377 France, elle Test maintenant beaucoup plus par Ihon- neur que Vostre Illustrissime (irandeur me fait en une affaire que la divine Majesté a permis, ou plustost or- donné, vous estre tumbee entre les mains, pour mon bonheur et advantage (0 ; puisque je ne pouvois rencon- trer ni une plus grande, ni une plus utile et nécessaire faveur que celle quil plaira a vostre bonté, Monseigneur, me départir, et laquelle me licentiant, ce me semble, de représenter encor de rechef sur ce papier ma nécessité, je ramenteveray en toute humilité a Vostre Illustrissime Grandeur, comm'il y a des-ja quelques années, pendant son séjour en France, je m'essayay me rendre sous vos- tre authorité pour le sujet dont il est maintenant ques- tion ; et sachant bien que de moy je ne meritois pas cet honneur, je fus favorisée de Monseigneur le Duc de Nevers (2), lequel vous fit offrir quelques supplications Cardinal Maffeo Barberini qui nous paraît le destinataire le plus vraisem- blable. Il naquit à Florence en 1568, d'Antoine Barberini et de Camille Barbadora. Venu en France en 1601 comme Nonce extraordinaire, pour com- plimenter Henri IV de la naissance du dauphin, il devint ensuite à la même cour Nonce ordinaire et fut créé Cardinal le 11 septembre 160^. A la fin de 1607 il retournait à Rome, et le 6 août 1623, sous le nom d'Urbain VIII, il succédait à Grégoire XV sur le siège de saint Pierre. Sa mort arriva le 29 juillet 1644. — C'est la première année de son pontificat que furent commencées en Savoie les informations juridiques sur les vertus de saint François de Sales; mais les décrets que fit ce Pape pour régler les procédures des Béatifications, inter- rompirent le Procès, lequel, ayant été repris sous Innocent X et Alexandre VII, aboutit le 19 avril 1665, par la Canonisation de l'Evêque de Genève. La mention finale du sieur Philippe de Quoex et de TEvêque de Troyes avertit que la suppliante est M.*"^ des Gouffiers, et que cette minute a été écrite pour elle avant le 9 mai 1614. A cette date, en effet, la Congrégation des Evêques et Réguliers était déjà informée du désir qu'exprime ici la Reli- gieuse du Paraclet d'avoir un juge autre que l'Evêque de Troyes. (Cf. plus haut, note (2), p. 187.) La date approximative attribuée à la présente lettre se déduit de celle de la pièce du 9 mai, conservée aux Archives des Evêques et Réguliers. (Cf. ibid., pp. 147, rs3, la Lettre cmlvii avec le Mémoire qui la suit; p. 187, la Lettre cmlxxvii, et à l'Appendice II, C, celle de Philippe de Quoex à son frère Claude, 18 janvier 1614.) ( i) Le bonheur auquel aspirait M»"^ des Gouffiers était d'être dispensée de ses vœux de professe du Paraclet pour entrer à la Visitation. (Voir plus haut pp. 152-154, 225, 238.) (2) Charles de Gonzague-Clèves, premier du nom, duc de Nevers. fils de Louis de Gonzague, prince de Mantoue, et d'Henriette de Clèves. avait épousé en T599 Catherine de Lorraine. Il mourut le 21 septembre 1637. (Voir Moreri, 1740, tome IV.)  37^ Lettres de saint François de Sales pour moy. Mais Ihors, a cause de quelque considération, Vostre Grandeur Illustrissime ne jugea pas a propos de m'accorder ce dont je la suppliois ; et je connois par ex- périence que Nostre Seigneur avoit ainsy disposé pour mon bien, me reservant vostre faveur, Monseigneur, jusques a ce tems auquel elle me sera plus utile a mon avancement spirituel, que peut estre elle n'eut pas esté Ihors que je la pretendois. Je sçai que les difficultés de mon affaire sont grandes, mais j'en espère pourtant un heureux succès, et que vos- tre charité, Monseigneur, jointe a vostre authorité, me rendra jouissante démon désir, auquel je proteste n'estre portée que pour la gloire de Dieu et la plus grande as- seurance de mon ame. Le sieur Philipe de Quoex, recteur de Sainte Catherine (0, fera voir a Vostre Illustrissime Grandeur combien il me seroit des-avantageux d'estre renvoyée par devant Monseigneur TEvesque de Troyes( ^ ), et je m'asseure qu'elle considérera et favorisera mes ray- sons, ainsy que très humblement je l'en supplie, luy baysant en toute révérence les mains sacrées, et luy sou- haitant une grande et abondante recompense de la grâce et protection qu'elle exercera pour moy qui suis, Monseigneur, De Vostre Illustrissime et Reverendissime Grandeur, Très humble et très obéissante, indigne servente en Nostre Seigneur. Revu sur une copie conservée à la Visitation d'Annecy. ( I ) Cf. ci-dessus, note ( r ), pp. 376, 377. (2) Clément VIIl avait préconisé évéque de Troyes, en 1604, René de Breslay, conseiller et aumônier ordinaire de Henri IV, grand archidiacre d'Angers. En 1621, il résigna spontanément son évêché en faveur de Jacques Vignier, que la mort surprit avant sa préconisation. Nicolas de Mégrigny, parent de ce dernier, fut nommé par Louis XIII pour le remplacer; mais il décéda en 1624, sans avoir pu prendre possession du siège. Alors, Tancien titulaire, regrettant sa première démission, se chargea de nouveau, avec l'agrément de Rome, de l'administration du diocèse. Il y introduisit les Capu- cins, les Carmes, les Carmélites, les Oratoriens, les Religieuses de la Visita- tion, les Ursulines, et mourut en 1641, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. (D'après là Gallta Christitina, et Moroni, Diiionario di erudi^ione, etc., 1856, vol. LXXXI.)  ECRITES POUR D AUTRES PERSONNES 379  MLXXXIV A LA DUCHESSE DE MANTOUE, MARGUERITE DE SAVOIE pour les religieuses de la visitation (inédite) Les Religieuses de la Visitation d'Annecy rendent compte à leur protectrice de leurs consolations : pose de la première pierre de l'église, envoi prochain de trois d'entre elles pour dresser un nouveau monastère à Lyon. Annecy, novembre 1614 (i). Le bonheur et l'honneur que nous recevons d'estre SOUS la maternelle protection de Vostre Altesse Sere- nissime, nous oblige a luy rendre conte de toutes les saintes consolations que la Bonté divine nous départ, sachant bien que vostre charité, Madame, y prendra du playsir. Ce moys d'aoust passé (2), madame de la Croix (3) posa la première pierre de nostre église de la part de Vostre Altesse Serenissime (4), delaquelle action nous eusmes un grand contentement, pour l'espérance que nous avons que la divine Majesté sera saintement servie en ce petit lieu, par plusieurs bonnes âmes qui s'y assembleront a l'advenir en son nom. Et presque a mesme tems, un nom- bre de dames vertueuses, filles de la ville de Lion, qui, pour quelque digne sujet, estoyent venues icy l'année (i) L'allusion au départ projeté pour Lyon, où les Religieuses devaient fonder un nouveau monastère, confirme la date de cette minute. (Voir plus haut, p. 261.) (2) C'est par distraction que le Saint parle du mois d'aofît ; la pose de la première pierre de l'église de la Visitation eut lieu le 18 septembre. (Cf. ibid., pp. 108, 109.) (3) Claude-Françoise de Maillard, veuve de Salomon de Murât, baron de la Croix. (Voir ibid., note (i), p. 78, et cf. Appendice II, p. 402,6.) (4) Voici, d'après Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII), le texte de l'inscription gravée sur la première pierre : Deo optimo maximo, Jesu Ckristo, Sanctissimœ Matri Virgini Mariœ Visi- tanti — Carolo Emanuele Sabaudiœ,Henrico Gebennesii Ducibiis — anno mil- lesitno sexcentesimo decimo quarto, décima octava Septembris — Margaride Infante Sabaudiœ, Vidua Ducis Mantuœ Protectrice — Francisco Episcopo — Congregationis Sororum oblatarum Visitationis devotioni sacrum.  380 Lettres de saint François de Sales passée (0 et avoyentveu nos exercices, inspirées, comme il est a croire, du Saint Esprit, désirant ériger une may- son de nostre Institut et ayant préparé ce qui est requis a cette intention, nous ont en fin demandé de leur en- voyer de nos Seurs pour leur servir de conduite en leur sainte entreprise. Ce que Monseigneur TArchevesque de Lion ayant recommandé a Monseigneur TEvesque de Genève, qui est le Pasteur de ce lieu, il a esté jugé expé- dient de devoir estre accordé, attendu que, par la grâce de Dieu, nostre nombre est des-ja asses grand pour pouvoir exercer cette charité (2), de sorte que troys des nostres sont députées pour aller dresser cette nouvelle mayson ( 3 ), lesquelles toutesfois, cela estant fait, reviendront icy ou elles se sont premièrement données a Dieu. Dequoy, comme nous avons deu avant leur départ (4) donner advis a Vostre Serenissime Altesse, aussi esti- mons-nous qu'elle Taura fort aggreable , et louera la Majesté divine dequoy elle daigne se servir de nous pour Taccroissement de sa gloire ; puisque mesme, a mesure que nostre Congrégation se dilatera, les prières se multiplieront pour Vostre Altesse, qui a si doucement et favorablement arrousé de sabienveuillance cette petite plante delaquelle les autres auront pris leur origine, et laquelle, se recommandant très humblement de plus en plus a Vostre Altesse Serenissime, ne cessera jamais de luy souhaiter toute sorte de sainte consolation, [et] demeu- rera a jamais toute sienne, comme estant composée, Madame, des Tres-humbles et tres-obeissantes filles et serventes de Vostre Altesse Serenissime. Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à la Visitation d'Annecy. (i) A la fin de mai 1Ô13. (Voir plus haut, note (2), p. 15, note ( i ), p. 25, et l'Appendice III,) (2) En novembre 1614, la Communauté se composait de quatorze professes, quatre novices et une prétendante. (3) Une quatrième Religieuse, on Ta vu plus haut (note { i ), p. 248), fut adjointe aux trois qui avaient été tout d'abord désignées pour la fondation. ( 4 ) Ce départ, comme il a été dit ci-dessus, note ( i ), p. 294, ne put s'effec- tuer que le 26 janvier de l'année suivante.  HCRITES POUR d'aUTRES PERSONNES 38 1  MLXXXV A UN SECRÉTAIRE DU DUC DE SAVOIE POUR LE SUPÉRIEUR D'UNE COMMUNAUTÉ (l) (inédite) Une réclamation injustifiée. [1614-1615 (2) ] Monsieur, (a) Ayant conféré avec mes Frères de ce que vous m'aves communiqué pour le regard [des] habitz qui furent jadis a Ripaille, nous n'avons jamais sceu treuver qu'ilz ayent esté remis en depostl^) céans; et si, ne pouvons croire que s'ilz nous avoyent esté confiés, Son Altesse voulut, après tant de tems, les nous oster, puisque Te- glise a laquelle ilz appartenoyent n'est point en estre pour les repeter, et que nous ne sommes pas moins ses très humbles et très obeissans orateurs qu'aucuns autres ecclésiastiques (c) de ses Estatz. Mais, comme je vous dis, nous n'avons nulle sorte de tesmoignage pertinent d'avoir jamais esté dépositaires d'aucuns meubles de Ripaille.  (a) J'ay conféré avec mes Religieux sur fia déclaration que S. A. a faitte...J (b) en iii'Post — fen nostre Monastère, comm'on veut présupposer... J (c) orateurs — f qu'aucun' autre compagnie d'ecclesiastiquesj  (i) L'impossibilité de fixer la date de cette minute et de désigner d'une manière certaine la Communauté qui avait reçu la réclamation du duc de Savoie, n'a pas permis d'identifier le destinataire. (2) Le prieuré de Ripaille (voir tome XI, note { i ), p, 252), fondé en 1410, fut saccagé en 1 53S par les Bernois. Jacques du Plâtre ou de Plastro, son prieur, dut se réfugier en 1544 à l'abbaye de Saint-Maurice en Valais ; il pouvait donc avoir confié certains meubles aux Religieux qui lui offraient un asile. Si cette conjecture était fondée, on comprendrait Tétonnement des dépositaires devant une réclamation si tardive et qu'annulait la prescription. Cette minute aurait-elle été écrite pour les Chanoines de Saint-Maurice ? A ne considérer que l'écriture, le texte n'est certainement pas des années  382 Lettres de saint François de Sales Faites nous ce bien d'en asseurer Son Altesse, a la- quelle nous souhaittons incessamment devant Dieu toute prospérité et santé, et a vous, Monsieur, l'assistence de son Saint Esprit, demeurans  Revu sur TAulographe conservé à la Visitation de Turin. antérieures à 1613. Lorsqu'en 1614, Charles-Emmanuel voulut établir les Chartreux à Ripaille (voir ci-dessus, p. 182, Lettre cmlxxiv), on songea sans doute à inventorier tout ce qui avait appartenu jadis à l'ancien prieuré et à rechercher les « habitz ». D'autre part, saint François de Sales alla en Valais sacrer l'Evêque de Sion, au mois de décembre 1614 (ibid., notes ( 4 ), p. 261, (3), p. 273), ce qui lui permit de nouer des relations avec les Religieux de Saint- Maurice : ainsi s'expliquerait leur recours au Bienheureux. La date que nous proposons est fondée sur ces probabilités.  APPENDICE  Les notes marginales indiquent la corrélation des pièces de V Appendice avec le texte des Lettres de saint François de Sales.  LETTRES ADRESSÉES A SAINT FRANÇOIS DE SALES PAR QUELQUES CORRESPONDANTS  A  LETTRES DE COMMISSION DE MGR PIERRE-FRANÇOIS COSTA NONCE APOSTOLIQUP: a TURIN (0  * Petrus Franciscus Costa, Dei et Apostolicœ Sedis gratia Episco- ♦ vide p. i.o,not.(i). pus Saonensis, Sanctissimi Domini nostri Domini Pauli divina providentia Papae Quinti, dictaeque Sanctae Sedis apud Serenissimum Dominum Sabaudiae Ducem et Pedemontium Principem Nuncius, perillustri et Reverendissimo Domino Episcopo Gebennensi salutem in Domino, et nostris hujusmodi immo verius Apostolicis firmiter obedire mandatis. Subanexas preces nobis pro parte et ad instantiam perillustris ma- gistri domus Ducis(?), Carolli a Turre *, conventuum seu prioratuum *videtom. prsced.,p. Beatœ Mariae Talloriarum et Sancti Jorii annexorum Ordinis Sancti not."(°V^' ^* ^^^ ' Benedicti vestrse diocesis Prions et commendatarii perpetui praesen- tatas fuisse noveritis, post quarum quidem pr^esentationem fuimus pro parte ejusdem domini oratoris instanter requisiti quatenus super eisdem providere dignaremur*. Nos propterea, illarumcontinentiadi- • vide p. 113, not.(3). ligenter examinata, ejusdemque domini oratoris pietatem et divini cultus zelum, in quem die noctuque totis viribus invigilare debemus, plurimum in Domino commendantes, attentisque familiaritatibus tui Illustrissimi Domini nostri Cardinalis Burgetis (2), super hujusmodi negotio ad nos de ordine et mandato praedicti Sanctissimi Domini Papaetransmissis, datis Romas, die vigesima tertia Augusti, anni 1608 ( I ) Voir tome XIII, note ( 1 ), p. 251. (2) Scipion Caffarelli-Borghese, Secrétaire d'Etat. (Voir plus haut, note (2 ), p. 147, et cf. ci-après, F, J.)  LETTRtS VI  î3  386 Appendice quas hoc inserere minime tenemur, vobis harum série committi- mus, quatenus Superiorum monasteriorum Reverendos monacos, ecclesiasticis censuris pœnisque et modis aliis vobis bene visis, ad Missae celebrationem Horarumque canonicarum et aliorum divi- norum Officiorum quotidie in ecclesiis, juxta ipsorum monasteriorum primariam laudabilem invitationem, recitationem cogatis; eisdem- que ac eorum singulis ne a conventu, seu monasterio, absque eorum Superiorum licentia sub quovis praetextu causa vel colore recédant, prasbendasve quas obtinent in alicujus gratiam aut favorem resignent, expresse inhibeatis, etc. ; eosdem denique monacos ad communiter et collegialiter vivendum, ac regularem disciplinam, tam in divi- norum Officiorum celebratione, habitu, vita, vestitu et habitatione, quam aliis ad quas regulares, ipsi tenentur intègre et inviolabiliter observandum compellatis et compellere faciatis. Nos enim vobis in praemissis, plenam praesentibus impartimur facultatem viresque nostras qu« ad haec in Domino, etc. Datum Taurini, die ultima mensis Martii, millesimo sexcentesimo decimo. D'après une copie inédite, conservée à Chambéry, Archives du Sénat, Edits-Bulles, reg. 31, fol, 192.  LETTRE DU PÈRE JACQUES-PHILIBERT DE BONIVARD DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS (0  Mon très honoré Seigneur et mon Père bien aymé, Vide p. 6, not. (9). * Au sortir de vostre cher Nicy, je ne puis qu'a ma première jour- née je ne retourne par le moyen de ma plume bayser vos sacrées mains et vous dire, comme au dépositaire de mon cœur, que tirant contre Genève et faisant mon oraison sur ce passage : Et instaura numerum miliium qui ceciderunt de tuis, hé, Seigneur, ce disois je, restaurez ceux ci, reparez ce nombre infini de Genevois qui sont cheus en l'éternelle perdition. Il a pieu a son infinie douceur de ( I ) Voir tome XIV, note ( i ), p. 188.  LeTTRHS DK Q.UELQ.UES CORRESPONDANTS ^87 combler mon ame de consolation, m'ostant du tout l'aftliction de l'abomination de cette abominable cité de Genève : ce bon Dieu m'a fait voir que son bien aymé ( O ne pouvant vaincre la dureté de ces babiloniens calvinistes, lia dressé une triomphante Hierusalem, une paisible et amoureuse Sion, une petite Visitation, Visitation visitée a tout moment de l'Espoux céleste. J'ay veu, dis-je, ceste modeste et incomparable Judith, aporter glorieusement la teste de l'Holo- pherne infernal et mondain, et ay trouvé nostre siècle aussi riche qu'aucun des siècles passés, qui ont fait gloire de triompher en la pieté. Voyla, mon cher Pasteur, comme je vous descouvre mon ame. Mais vous diray je pas encore que, quand vos chères Filles m'eu- rent descouvert les leurs en confession, je m'escriay : Mon Dieu, si vos Anges avoyent des corps et des confessions a faire, ilz se con- fesseroyent de ce de quoy les Filles de ce grand Pasteur s'accusent ! Continuez, mon unique Père et Reverendissime Seigneur, a les faire croistre en la profondeur de leur humilité ; car, ou mon génie me trompe, ou tout le monde sera trompé en l'admirable progrez que Ton verra faire a vostre Congrégation. Je suis insatiable a y penser et a vous en parler, et vous faut ad- voùer que ce matin, m'estant mis en chemin et ayant commencé mon oraison a quatre heures, je ne me suis jamais souvenu de la fmir qu'à la disné, environ les onze heures. Et n'estoit que je voy nostre bon Frère compagnon qui a un peu envie de s'aller délasser, je ne me souviendrois point de fmir de vous entretenir de ce que le bon Dieu m'a dit, de sa grâce. Mais aussi ne le faut il pas dire la nuit, puisque sa Bonté le mettra bien tost au jour, et fera dire a plusieurs, voire a tous, ce que maintenant je dis avec le Prophète que vous aymez tant, Monseigneur : Tu m'as donné a conoistre les choses non sceues et secrettes de ta sapience; voicy que la j'oye de mon salutaire m'est ren- due, puis que tant d'ames seront confirmées de l'esprit principal dans la Visitation, que mon ame visite si souvent par ses souhaits a Dieu; car, Monseigneur, j'estime que si je pouvois servir ceste sainte Congrégation, ce seroit vous tesmoigner que je suis Vostre fils très indigne, et le plus alïectionné de vos très humbles serviteurs, Jacques Bonivard, le dernier des Jésuites. Ce 8 may 1613. Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation du ler Monastère de la Visitation d'Annecy. ( I ) Le saint Evêque de Genève.  388 Appendice  LETTRE DU PERE MATHIAS DE DOLE CAPUCIN (i) (fragment)  videp. 45. not.(a). * Ce n'cst plus une Judith que nostre madame de Chantai, c'est une sainte Paule ; toutes ses actions font voir l'opération de Dieu en son ame et les traces de vostre direction. Ce n'est plus une Baronne, c'est une Sulamite ; toute cette contrée reste pleine de la douce odeur de ses célestes vertus; nos Religieuses de Dijon, comme les filles de Sion, l'annoncent bienheureuse, et toutes nos dames la loiient hautement. [Vers mi-août 1613 (2),] Revu sur le texte inséré dans le Ms. original des Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy, conservé à la Visitation d'Annecy. (i) Le P. Mathias de Dole, gardien des Capucins d'Autun (cf. tome XIII, note ( I ), p. 188), prépara sans doute à sa mort chrétienne le baron de Chantai. Il faut se rappeler que le vieux gentilhomme aimait le couvent des Capucins et que la troisième pierre de leur église fut portée et mise par lui, le ig juin 1606. (Ibid.) On peut croire que le Religieux, dans ses visites à la sainte veuve, eut l'occasion de constater qu'elle « fit là un noviciat plus long, plus humiliant et plus mortifié, qu'elle n'aurait fait aux Religions les plus rigoureuses de l'Eglise. » (Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy, Partie III, chap. XVII, p. 449.) (2) Le texte prouve que ce fragment appartient à une lettre qui dut être écrite vers la mi-août 1613, c'est-à-dire peu avant le retour de la Mère de Chantai en Savoie.  Lettres de q.uelq.ues correspondants 389  LETTRE DE M^*' JEAN-PIERRE CAMUS ÉVÊQUE DE BELLEY (0 * Les accez de vostre fiebvre ont poussé leurs excez jusques au * vide Epist. cmv plus intime de mon cœur. Quid facient virguJtœ cum tremunt columnœ? O Dieu, gardez de la mort celuy dont la vie est si nécessairement nécessaire; plustost, ostezde la vie celuy qui la traine si inutilement et dont les actions sont si misérables. C'est l'eslancement que je poussois tous les jours vers le Ciel, estant a l'autel, pour la santé de celuy qui m'a enhardy et donné le courage de m'approcher tous les jours de ceste Table sacrée. Or, toutes les circonstances de celle que je viens de recevoir de vous, m'obligent : la matière, la forme, le temps et, plus que tout, cest extrême amour qui, ne la pouvant escrire, l'a dictée *, et au * videp. 51, not. (o, . . . , . et p. 52, not (1). milieu de ses douleurs; z\r\s\, for tior morte dilectio. La matière, car certes, telle que l'eau à la terre seiche, elle m'est arrivée pour dé- saltérer mon désir et me rasseoir, opprimé d'une violente esmotion d'esprit. La forme, car la tisseure de ses propositions ainsi courtes et serrées, a preste à mon ame un object pour y apporter ses vagues imaginations, et la resolution finale m'a singulièrement, voire, et entièrement consolé. Le temps, car l'impatience de l'attente, armée des espérons de mon désir, et les agitations de mes pensées don- noient d'estranges entorses et convulsions à mon indétermination. En fin, quand je voy que la charité, dont l'ordre est le desordre, vous a fait postposer l'indisposition de vostre corps à celle de mon cœur pour me tracer des douceurs dans le plus espais de vos douleurs, meslant la myrrhe avec les aromates, comme l'Espouse sacrée et su- crée, je ne peux dire autre chose, sinon que : Si je ne vous puis respondre par paroles, face le Ciel que je vous puisse au moins correspondre d'affection ! Je croy qu'il y a des esprits secrets dans les caractères qui partent de vous, tant ils sont flexanimes, et que d'en haut découlent des in- fluences particulières sur vos persuasions, comme si la Déesse Python avoit estably son throsne sur vos lèvres. Jamais livre ne me toucha le cœur comme le vostre, jamais lettres ne me contournarent (sic) ( I ) Voir tome XIV, note ( i ), p. 51.  390 Appendice à leur gré comme celles qui me viennent de vous. Ne vous ennuiez pas de m'escrire, car je ne pense pas, emmy toutes les bonnes œuvres dont vous embaumez et le ciel et la terre, que vous en puissiez faire aucune plus signalée que celle de me conseiller, con- soler et consolider. Vous pouvez sur moy tout ce que vous voulez ; vostre jugement a un tel ascendant sur le mien et vostre volonté régente si absolument la mienne, que je rumine vos paroles comme des oracles; je remasche vos escrits comme des fueilles Sibyllines, sur quoy je ne peux faire de gloses qui ne me satisfacent, pourveu qu'elles soient conformes à ces textes. Ne dittes point que je vous en Cf. p. 54, not. (I)- conte, je dis la vérité de mon sentiment* : Oratio mea tantum abest à mendacio quantum à nécessita te. Ce seroit vous assommer, après ceste maladie, de vous sommer de vostre promesse; mais quoy? le changement d'air pourroit-il point ravigorer? Le pèlerinage, comme lejeusne, confère souvent à la santé comme a la saincteté. Quid non speremus amantes ? Soyez mon bon Seigneur et mon Apollon tant que vous voudrez, si me debvez- vous une veiie ; l'amour se paye par l'amour, la visite par une autre. Et pourquoy n'attendray-je de vous en esté ce que je vous ay rendu emmy les rigueurs de l'hyver? Il est vray que j'allois apprendre de vous et vous rendre quelque eschantillon de mon devoir. Quittons ces cérémonies : Amor œquat amantes ; amor œquales aut invenit, aut facit. Le Pape nous appelle bien ses frères, quoy que pe- tits cadets de ce grand aisné. Pensez y. O ! Si nil rescrihens, celer ipse ventres ? Quelle grâce que je n'ose penser, de peur d'inquiéter mon esprit par la flatterie de ceste espérance. Venez seulement quand et comment il vous plaira ; mon cœur est de si longue main préparé à chérir le vostre, que si le premier mouvement que les Stoïques pardonnent à leur inflexible sagesse donne quelque esmotion au sens par la surabondance de la joye, la partie supérieure, partie de l'ame, n'en sentira aucune nouvelle impression. Vous ne prendrez jamais au despourveu un cœur si gros d'amitié pour vous, quil fera tousjours à vos pieds litière de soy mesme. Cependant, si vous estiez en peine delà constitution de mon esprit après ce déluge d'eaux angoisseuses qui l'ont comme vous sçavez, traversé et presque ensevely dans leur bourbe, je ne vous diray sinon : Hyems abiit, imber transiit et récessif, flores apparuerunt in terra nostra, tempus putationis advenif. Il ne pleut pas tousjours, tousjours le ciel n'est couvert de nuages ; « Non semper imbres nubibus hispidos, « Manant in agros. » M^t^tce tribulationes jîistorum, sed de omnibus his liber abit eos Dominus,  Lettres de q.uelq.ues correspondants 391 Dieu est fidelle, et il envoyé la robe selon l'hyver, le vent selon le (sic) voile, l'adversité selon la patience et la tentation selon la force. Il nous essaye comme l'or par la coupelle, comme le soldat par les combats, comme le pilotte par les tempestes ; il est avec nous en la tribulation, et nous tient, comme la nourrice l'enfant trotinant, par les longes, prest de nous relever de nos tresbuchemens. 11 soit loué et beny à jamais. Amen. [Fin août 1613 (i ).] (i) Les clausules, la signature et la date manquent. Celle-ci se déduit de la lettre du 14 août 1613 écrite par saint François de Sales à son ami; assuré- ment, l'Evêque de Belley n'aura pas tardé d'y répondre.  LETTRE DE CHARLES-EMMANUEL \^^ DUC DE SAVOIE  Monsieur de Genève, * L'entreprise que ces bonnes Dames font de vivre en si grande * vide pp. 104, 105, '^ ^ not. (i). pp. 107, 108, perfection dans nos Estats Nous plait beaucoup, ayant des grandes et p. 141, not. (1). espérances du fruit de leurs prières. L'Infante Duchesse de Mantoiie, ma fille, est toute joyeuse de se voir choisie pour estre protectrice d'une si vertueuse compagnie et saincte assamblee *, le service de * vide p. 104, not. (i). laquelle Nous aurons a cœur d'un soin tout extraordinaire, excité par l'amour particulier que Nous avons a vostre personne, et par la vertu que l'on Nous raporte reluire en ces bonnes Dames, pour l'édifi- cation de la province. Faictes qu'elles prient Dieu pour Nous; Nous nous y attandons, comme aussi d'avoir part tous les jours en vos oraisons. Sur ce. Nous prions Dieu vous avoir en sa saincte garde et bénir toutes vos sainctes entreprises pour le service de sa Majesté. G. Emanuel. Duc de Savoye. A Thurin, 22 décembre 1613. Revu sur le texte inséré dans VHistoire de la Fondation du ler Monastère de la Visitation d'Annecy.  392 Appendice  LETTRE DU CARDINAL CAFFARELLI-BORGHESE SECRÉTAIRE d'ÉTAT (0  ♦Vide pp. 147, 148. ^ Per instanza fatta a Nostro Signore da i Monaci riformati di S. Benedetto di Savoia, si contenta Sua Santità che V. S. sopraseda di procedere nella causa che verte tra loro et quei délia Congrega- * videp. 113, not.(j), tione di Foglieus per occasione di alcune Bolle *, fin tanto elle la infra, Append. Il, c. Santità Sua resti ben informata da Monsignor Nuntio di Savoia (2) * Cf. p. 148, not. (i). di quel che passa in questa materia *. Che tanto mi ha imposto di scriverle da sua parte. Et il Signore Dio la contenti. Di Roma, li 28 di Dicembre 16 13. Al Vescovo di Genevra, Revu sur une copie conservée à Rome, Biblioteca Angeîica, Ms. 1225, vol. XI, fol. <\i (5). (i) Voir plus haut, note (2), p, 147, (2) M^i" Pierre-François Costa (voir tome XIII, note { i ), p. 251). (3) Le Manuscrit d'après lequel nous donnons cette lettre et celle du 22 août 1614 (voir ci-après, p. 397, J), ne contient que des copies; il est intitulé : Registro di copie délie lettere scritte a diversi d^Italia negli anni 161J-1614, del Segretario Porfirio Feliciani. C'est ce qui explique Tabsence de la signature du Cardinal.  Lettres de q.uelq.ues correspondants 393  L.ETTRE DE MATHIAS EMPEREUR d'aLLEMAGNE (O  (2) Révérend, cher et devost Prince, * Encor que sellon le debvoir que Nous avons d'avoir soing aus «cf. E^ist. DccrtxKiv affaires importants de nostre Empire, Nous avions assigné l'assem- blée générale dans nostre ville Impériale, a Ratisbonne, par une Nostre dernière du 22^ octobre de l'année dernièrement escheije 1613, au premier may de l'année présente 1614 (?), affm de délibérer et resouldre sur les points contenus en noz propositions faictes pour la dernière diette : Nous avons veu, et avec un extrême regret, cogneu et sceu par des advis très asseurés, que l'ennemys (sic) immortel de toutte la Chrestienneté, tous les jours s'en va d'aultant plus avançant et empiétant sur les pais voysins de la province de Sibe- bourg (sic ?), laquelle il a soubjugué et reduict en sa puissance avec tout ce qui en despandoit ; de sorte que, non content d'avoir, avec un très grand dommage et cruelle guerre, surmonté ces dictz pais, mais, au très grand préjudice de la Christienneté, commis plusieurs conflictz très cruelz et sanglantz et desquelz a présent il ne veult désister ; car Nous sommes très asseuré que, pour ce printemps, il se prépare pour attaquer avec touttes ses forces nostre royaume d'Ungrieet les pais Christiens qui luy sont voysins. Et est facile a chequ'un de voir en quel grand danger et doubte doibvent estre lesdictz Estatz voysins, comme aussy noz royaumes frontiers, et par conséquent tout le Sainct ( I ) Voir plus haut, note ( i ), p. 3 . (2) D'après Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII), l'empereur Mathias, par lettres « données au chasteau de Lyntz, le dix-huictiesme du mois de mars » 1614, invita saint François de Sales à prendre part à la diète de Ratis- bonne, convoquée pour le i^"" février rôi^. Nous donnons ci-dessus la teneur de l'invitation. Comme le Saint répond en latin à l'empereur d'Allemagne, il est très vraisemblable que la présente lettre était libellée dans cette langue ou en langue allemande. Notre texte ne serait donc qu'une traduction, mais l'écriture et l'orthographe du manuscrit font croire qu'il est de l'époque. (3) Le 22 octobre 161 3 avait pris fin la diète qui s'était ouverte le 13 août précédent; l'assemblée convoquée pour le i*^'" mai 1614 n'eut pas lieu. (Voir plus haut, note (2), p. 3.)  394 Appendice Empire romain, sy Nous ne taschons de repoulser et empêcher ce tyran en la defence de ces dictz pais, contre lesquels il va de plus [en plus] accroisant sa mauvaise volunté pour avancer la ruine, qu'il désire, du Christianisme ; et semble avoir desja rencontré et empoi- gné les commodités pour exécuter sa tyrannique volunté et cruelz desseins. De sorte que, voyantz que lesdictz pais sont en très grand dan- ger et que silz ne sont secourus ilz ne peuvent éviter leur ruine : a ces fins, a esté continuée et assignée l'assemblée desdictz Estatz en ladicte ville de Ratisbonne, pour le premier de febvrier de l'année prochaine 1615, De quoy Nous vous avons donné advis, comme aussy a tous les Princes Electeurs et Estatz de l'Empire, avec désir de vous convier de Nostre Impériale autorité, de vous treuver audict jour, I. febvrier, en ladicte ville, en personne propre, puisque sans l'assemblée desdictz Princes Electeurs, aultres Princes et Estatz de l'Empire, ne se peult resouldre ce qui touche et le repos commun et le bien public de tout l'Empire ; oultre que l'absence de plusieurs de noz Electeurs et Princes en la dernière diette, empêcha les effaictz que l'on attendoit d'icelle, au grand préjudice de tout l'Empire. Ou bien, estant V. R. empêchée par l'indisposition de sa personne (que Dieu ne permette) ou par quelque (sic) aultres importantz affaires, de se treuver en personne, que ce soit par procureur, avec ample ins- truction et charge, affm que les communs affaires dudict royaume se puissent resouldre, et les malheurs desquelz il est menasse, em- pêcher par l'asistance des Princes Electeurs et autres Princes et Es- tatz et par la vostre. Et particulièrement, se puissent terminer les propositions avancées pour la dernière diette, et que vostre assis- tance serve a la resulution de ce qui a esté avancé et proposé con- cf. p. 4, not. (1). tre ce cruel ennemy des Chrestiens, le Turc *, et pour les nécessités de la conservation des forteresses voysines d'icelluy, que sont les defences de tous les pais Christiens ; et que le secour accordé pour trente moys ait lieu par tout l'Empire, et que l'on se puisse ac- corder pour la levée de quelque bonne armée, affm de l'emploier pour repoulser ledict ennemy des Chrestiens et anéantir ses forces qu'il va tous les jours accroisant. Sur ce, de Nostre Impériale autorité et bienveuillance, et expressément, vous avons voulu de rechef ex- horter a vous treuver a ladicte assemblée, avec les Princes Electeurs, aultres Princes et Estatz dudict Empire, audict jour, premier de febvrier de ladicte année 161 5. Or, puis que pour la conservation de la religion et paix de l'Em- pire, il est nécessaire qu'ilz soient faictz des edictz, loix et ordon- nances qui seront inviolablement gardées et observées sellon leur portée, affm que par ce moyen touttes les menées, factions, forces  Lettres de quelques correspondants 395 et inquiétudes qui se font en icelUiy puissent estre empêchées et anéanties, et a ces fins vous avons, il y a desja quelque temps, mis le tout en avant ; comme aussy plusieurs aultres incommodités, qui desja vous furent proposées a la dernière diette et qui se vont tout le r'5/^) jours de plus accroissantz et augmentant!, Nous offrantz Nous mesme pour touttes les dictes nécessités Nous emploier en tout et par tout sellon ce qui sera trouvé expédient et resoulu par tous lesdictz Princes et Estatz en ladicte assemblée. Et ne doubtons aucu- nement que vostre volunté, et de tous lesdictz Princes et Estatz, ne soit tousjours telle, que vous vous porterez tousjours avec une vraie affection pour le contenu ausdictes propositions, et serez tousjours zélé a l'avancement du bien de l'Empire, non seulement en ladicte assemblée, mais encor ou vostre assistance sera nécessaire ; protes- tantz, au deffault de ce que la ou lesdictz Estatz et assemblée ne se resouldront a quelque chose de bien, pour la tuition, deffense et soûlas de la Christienneté, que ce ne sera a nostre coulpe, ains, comme Nous avons tousjours tesmoigné par tout, nostre syncerité et affection se rendra de plus en plus prompte, comme desja des nostre élection Nous vous avons faict paroir en ce que Nous nous sommes portés en ce qui a esté du bien et repos de tout nostre dict Empire, et n'y avons espargné aucun hazard, mesme de nostre vie, comme Nous ne ferons encor par cy appres. Nous recommandant sur ce a vostre bonne dévotion, Nous ot- frantz de continuer a vostre endroict Nostre bénigne affection. Donné a nostre chasteau de Lyntz, le i8« mars 16 14. la 2« année de nostre Empire, la sixiesme de nostre coronnement en Ungrie et la y de nostre coronnement au royaume de Boeme. Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation d'Annecy.  H  LETTRE DE CHARLES-EMMANUEL I^^ DUC DE SAVOIE  Très Révérend, très cher, bien amé, féal Conseiller et dévot Orateur, * N'ayant rien plus à cœur que le bien de Noz subjectz, et mes- * videp.i89,noi.(: mement de la jeunesse d'iceux, Nous avons estimé devoir remettra  39^ Appendice * vide Epist. cMLvi et le soin du Collège d'Annessi aux Reverendz Pères Bernabites *, les p. 145, no . 2 . bonnes qualitez desquelz Nous promettent d'en veoir le fruict et commodité que Nous avons tousjours désiré à nosdictz subjectz et à la ville mesme. A cette occasion, Nous escrivons aux Administra- * Append. II, F. teurs dudict Collège * et aux Scindics ** pour la remission d'icelluy entre les mains desdictz Pères. Et d'aultant que la perfection de ce bon œuvre Nous est fort à cœur, Nous avons estimé de l'appuyer à vostre pieté et zèle que vous avez toujours monstre à l'avancement de la vertu, ennemye de l'oysiveté, en laquelle bien souvent la jeunesse se pert. Et pour ce, vous Nous ferez plaisir bien agréable d'embrasser à Nostre nom l'exécution de cette Nostre voulonté et l'establissement desdictz Pères dans ledict Collège, facilitant touttes les difficultez que l'on y pourroit trouver, afin que Nous puissions recevoir ce contentement sans contredit ne réplique. Et Nous promettant que vous l'aurez en recommandation, prions Dieu vous avoir en sa saincte garde. De Thurin, ce 25 juin 1614. Le Duc de Savoye, C. Emanuel. Carron. A très Révérend, nostre très cher, bien amé et féal Conser et dévot Orateur, L'Evesque de Genève. Revu sur l'original inédit, conservé aux Archives communales d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège Chappuisien.  LETTRE DU PRINCE CARDINAL MAURICE DE SAVOIE ^^  Illustre et molto Reverendo Signor, 'idep. i8.,not (.). * lo ho sentito particolar contento che da cotesta Università se sia ( I ) Voir tome XIII, note (i ), p. 34>  LhTIKHS UH Q.UhLQ.UHS C.OKKHSPONDAN TS 3^7 procurato d'introdurre i Padri Bernabiti, perclièsono Religiosi di tal essemplarità et dottrinache meritano d'esser desiderati in ogni parte. Venendosenc a quest'effetto alcuni di loro, ho voluto appoggiarli all'autorità di Vostra Signoria, per essere conveniente che faccino a lei capo in materia simile. Onde havrô caro ch' Ella, per mio ri- spetto particolarmente, gli favorisca cosi nell' avviamento corne nol progresso dell' opéra, poichè Ella havrà edificatione dei loro institut! et portamenti, et coteste sue anime cibo quotidiano di spirito et di ogni salutifero ammaestramento ; oltre che l'attione per se stessa le riserva Iode et mérite dove è sempre certa la mercede. Et me le offeroall' incontro con tutto l'animo. Di Vostra Signoria, Corne fratello, Il Cardinalk di Savoia. Di Turino, à 25 di Giugnio 1614. AU' Illustre et molto Rev^o Sig'«, Mons'' il Vescovo di Geneva. Revu sur le texte inédit, inséré dans le Contrat du ^juillet 1614, Archives communales d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège Chappuisien.  LETTRE DU CARDINAL CAFFARELLI-BORGHESE SECRÉTAIRE d'État  CMLVII.  * È ricorso da Nostro Signore, con l'alligato memoriale, il Générale * cf. Epist. délia Congregatione di Fogliens (0, con far instanza che V. S. procéda avanti nell' essecutione délie Bolle di Sua Beatitudine sopra la concessione fatta a essi Padri del Monasterio et mensa monacale del Priorato délia Madonna di Talloira, non ostante l'appellatione interposta per parte dell'Abbate commendatario délia Badia di (i) D. Sens de Sainte-Catherine (cf. le tome précédent, note ( i ), p. 390).  398  Appendice  ♦ Vide p. 113, not. (3), Saviffni in Lione di Francia ( i ) et monaci di detto Priorato *. Sopra di et infra, Append. II, C. ° • , , o che ha risoluto Sua Beatitudine che si scriva a V. S. che non os- • Vide supra, p. 392, F. tante l'ordine di supersessoria già dato *, Ella procéda in questa causa per termini di giustitia, conforme aile Lettere Apostoliche presentateli. Et Dio nostro Signore la prosperi. Di Roma, li 22 d'Agosto 1614. Revu sur une copie conservée à Rome, Biblioteca Angelica^ Ms. 1225, vol. XI, fol. 234 (2), (i) François d'Albon, comte et chanoine de l'église cathédrale de Lyon, abbé cotumendataire perpétuel de Savigny. (2) Voir ci-dessus, note ( 3 ), p. 392,  K  LETTRE DE DOM BRUNO D'AFFRINGUES GÉNÉRAL DES CH.^RTREUX  Vide p. 200, not. (:).  • Vide p. 2C)4, not. (i), et Append. III,  Monseigneur, * Apres avoir baisé les sacrées mains de Vostre sainte et Illustris- sime Seigneurie, je ne puis m'empecher de vous dire que, passant par Lion, tout foible que je suis, j'ay, comme un autre Samson, gousté, odoré et loué la suavité, douceur et pieté du mesnage et du miel de vos chères abeilles, qui ont jette leur premier essaim dans cette fameuse ville, ou elles sont en très grande et rare estime *. J'en loue Dieu, Monseigneur, et le bénis de ce quil a fait, par vous et la très digne Baronne de Chantai, une œuvre si sainte et digne de la main, de la peine, du travail des Saints ; car tels ouvrages ne se peuvent jetter au moule que par des âmes singulièrement esleùes. Le progrès fera voir de plus en plus que la douceur de la Providence de Dieu sur plusieurs âmes se manifeste en nos jours. Persévérez, Monseigneur, a faire tel présent a nostre France, et pleust a Dieu que nostre Grenoble possedast desja un couvent de  Lettres de auEiauEs correspondants 399 vos chères Filles (0, comme une relique de vostre esprit que l'on voit beaucoup reluire en elles. Je le demanderay a Dieu, pour le bonheur de cette ville, avec la mesme passion que je suis Vostre très indigne et obéissant serviteur, Frère Bruno, General des Chartreux. De la Grande Chartreuse, ce 14 aoust 1615. Revu sur le texte inédit, inséré dans V Histoire de la Fondation du ler Monastère de la Visitation d'Annecy. ( I ) La fondation du Monastère de Grenoble se fit en 1618.  LETTRE DU PERE ETIENNE BINET DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS (0  Monseigneur,  *  Il n'y a remède, si faut il que je fasse un péché véniel, vous * videp. n3,not.(i) allant distraire de vos grandes occupations pour lire mes esgrati- gneures, vous, dis-je, que je vois occupé, et non empressé, a culti- ver vostre petit paradis terrestre. Je loue Dieu d'un cœur joyeux que vous ayes transplanté la ra- cine et des branches en nostre France, ou elles rendent desja une odeur de pieté et de dévotion qui restaurera la dévotion et ralu- mera le feu du saint amour en plusieurs cœurs de glace. Le Révé- rend Père Maillan qui, comme vous savez, est a Lion *, m'escrit * ''i^™- qu'il trouve en madame de Chantai tout ce que l'on lotie es saintes vefves qui l'on devancée, et quil luy semble, quand il luy va parler, qu'il va dans l'oratoire de la dévote et généreuse Judith, tellement tout y respire le Ciel et l'esprit d'oraison. Il apartient a vostre digne main d'avoir mis dans cette sainte Congrégation une si profonde loi d'humilité, que jamais aucune n'aye la hardiesse de lever ses yeux (i) Le P. Binet (1569-1639) était en 1615, recteur à Rouen; il sera plus tard destinataire.  400 Appendice pour manger le fruit défendu de la désobéissance. Ainsi en fay-je prière a Dieu, et me semble que je vois tout le Ciel rire de contante- ment, et tout l'enfer frémir de rage contre cette nouvelle façon de suivre Jésus Christ, ou tant de bonnes âmes trouveront le chemin du beau Paradis. Si j'estois utile en quelque chose a leur service, voila ma chetifve personne que j'offre a Vostre Seigneurie, avec protestation que je suis Vostre très obéissant serviteur, ESTIENNE BlNET, Jcsuite. [1615] Revu sur le texte inséré dans YHistoire de la Fondation du ler Monastère de la Visitation d'' Annecy.  I  II LETTRES DE PRINCES ET AUTRES PERSONNAGES A DIFFÉRENTS DESTINATAIRES  A  LETTRE DE CHARLES-EMMANUEL I^R DUC DE SAVOIE AUX RELIGIEUSES DE LA VISITATION d'aNNECY  Le Duc de Savoie. Révérendes, chères, bien amees et dévotes Oratrices, * Nous avons heu fort agréable l'élection que vous aves faictc de * videEpist. cmxxxiv, l'Infante Duchesse de Mantoue, ma fillie, pour vostre mère et pro- ("'')^''cf.^Appen°d.'CE. tectrice ; et louantz vostre pieté, charité et dévotion, Nous avons esté très ayse qu'ayes érigée vostre Congrégation a l'imitation de celles que sainct Charles a institué a Milan. Aussy vous avons Nous voulu asseurer par ceste, de vous vouloir avoir en particulière pro- tection, et vous ayder, favoriser et assister en tout ce quil sera nécessaire pour l'effect d'un si bon œuvre, comme Nous escrivons aussi de le fere au Marquis de Lans *, mon neveu (0, et a nostre * Vide tom praeced., r- A j f- • * 1 -, P- 49. not. (i). Sénat de Savoie ^, auquel vous pourres recourir pour touttes sortes , videinfra, p 409, d. d'occasions. La Contesse de Tournon * a charge de l'Infante d'assister ♦ vide tom. prœced., a son nom a la solennité que vous feres, et de l'advertir de ce qu'elle ^' '' "°*' ^^^ pourra fere pour vous *. * cr p. 109 et p. 141, Priantz, sur ce, Dieu vous avoir en sa saincte garde. A Turin, ce 22 décembre 1613. C. Emanuel. Boursier. Aux Dames de la Congrégation de Nissi. Aux Révérendes, chères^ bien amé (sic) et féales Oratrices, Les Religieuses d'Annessi. Revu sur l'original conservé à la Visitation d'Annecy. ( I ) Cette lettre ne nous est pas parvenue. Lettres VI a6  not. (2).  402 Appendice  LETTRE DE L'INFANTE MARGUERITE DE SAVOIE DUCHESSE DE MANTOUE A LA MÈRE DE CHANTAL  Très chère et dévote Oratrice, * Vide Epist. cMxxxiv, * La resolution que vous aves prise de servir avec tant de zelle a etpp. 104, 107, not. (t). Dieu et au prochain Nous a esté très aggreable, et Nous ne pouvions recevoir davantage de contentement que de l'élection que vous aves faicte en Nous, pour estre mère et protectrice de vostre dévote com- pagnie ; ce que Nous avons accepté très volontier, pour avoir part a une sy bonne œuvre. Aussy avons Nous faict que Son Altesse, mon Seigneur et père, vous aye bien particulièrement recommandée au * Vide Epist. piaeced., Marquis de Lans et au Sénat *, auquel vous pourés recourir pour et infra, p. 409, D. , toute sorte d occasion, comme aussy a Nous, qui ne manquerons de vous favoriser et assister de tout nostre pouvoir, comme la Contesse de Tornon vous dira a bouche, a laquelle Nous avons donné charge * Vide Epist. MLxxxiv. d'estre presante en nostre nom a la solannité que vous feres *. Il me reste donq a vous dire que, comme tous les fléaux que nous souffrons viennent du courroux que, justement, Nostre Seigneur conçoit contre nos péchés, ce quil ne se peut mieux apaiser que par les dévotes oraisons des âmes religieuses, Nous avons jugé que les vostres seroient très a propos pour faire souvenir la divine Majesté de sa miséricorde et regarder de son œil de pitié nos aflictions pubh- ques. Voila pourquoy je vous conjure de prier sans intermission, afin que bientost nous puissions voir quelque bout de tant de cala- mités ; ce que Nous asseurant que vous ferés volontier, je vous recommande de prier en particulier pour moy, qui vous chéris bien fort. De Thurin, 22 décembre 16 13. Margarita. Revu sur le texte inséré dans V Histoire de la Fondation du 1er Monastère de la Visitation d'Annecy.  Lettres de Princes et autres personnages 403  LETTRE DE M. PHILIPPE DE QUOEX A SON FRÈRE CLAUDE (0  De Rome, i8 janvier 1614. Jésus f Maria Monsieur mon Frère, * Advant hier, a deux heures de nuict, M. Gojon ** m'envoya • videp. n3,not. d), quantité de lettres, desquelles il paia un florin de port. Vray est que ** cr^o*î^''^xii""pp. le pacquet que ne luy voulûtes addresser, M. Trabichet le luy '°°' "^" addressa, auquel estoient touttes ces lettres du bon Père Diego ( = ) ; j'ay donc receu trois des vostres tout a coup, du 21, 22 et 29 dé- cembre, ensemble la procure et lettres pour l'Ambassadeur (3) et M. d'Albon 4), auxquelles je vous respondray tant amplement que le loisir le me permettra. Je vous ay tous-jours accusé touttes celles que j'ay receu. Il y a aujourd'huy trois sepmaines que j'obtin la supersessoire, et vous donnay advis par diverses voyes comme je l'avois envoyé à Monseigneur (5) par voye du Nonce (6); j'ay grandissime envie d'entendre la réception, duand a ce que vous me dites que je deb- vois faire que les Cardinaux escrivissent que le Nonce commit des non suspectz /)/'£? informatione , cela ne se pouvoit, puisqu'alhors il ne ( I ) Voir tome XII, les notes ( i ), pp. 30 et 84. (2) Probablement, le P. Diègue de la Cité-Neuve, Capucin (voir le tome précédent, note (2;, p. 166). ( 5) L'ambassadeur de la cour de France auprès du Saint-Siège était encore, dans les premiers mois de 1614, François Savary de Brèves. (Voir ibid., note (2), p. 189.) (4) Personnage différent de François dAlbon, abbé de Savigny, mentionné à la page suivante (cf. ci-dessus, note ( i ), p. 398) ; peut-être était-il son parent. (5) Saint François de Sales. (Voir plus haut, p. 147, Lettre cmlvii. et p. 502, F.) (6) MB"" Pierre-François Costa, Nonce à la cour de Savoie. '^Voir tome XIII. note (i), p. 351, et cf. ci-dessus, note ( i ), p. 148.)  404 Appendice se parloit que de la volonté de Son Altesse, pour laquelle sçavoir et procurer nous estre favorable, j'obtins lesdites lettres au Sieur Nonce. Je loue infiniment Nostre Seigneur de vostre bonne et tous-jours meilleure convalescence, vous asseurant que quotidie in sanctissimo Missce Sacrificio je la recommande, ensemble tout ce qui dépend de vous, a la miséricorde et bonté divine. Quand aux lettres que le bon Père Diego escrit au Père Ignace, elles ne me peuvent a présent guieres servir, ny autres, puisque, comme je vous ay desja escrit, que le Dataire m'a faict dire ch'io Vide p. 1 13, not. ( î). faccia citare la parte *, etc. ; mais je n'y ay encour rien faict, car j'es- toys conseillé de ne rien bouger sans les lettres de Savigny. Et maintenant, pour commencer, je suis fort en peine, car il est du tout impossible de ce faire sans une grande despense, car il faut faire escrire in jure et facto, et païer, etc., comme vous sçavez; car ce sieur d'Albon est fort prattique, et peut, mais il est si attaché au gain, qu'il ne veut travailler sans estre paie. Il m'a bien dict que pour ce qui est de faire des services de sa personne, qu'il le fera ; mais c'est tout froidement, car il croioit que cecy seroit une cause ou il y auroit a gaigner. Et quand je luy ay remonstré la pauvreté, il m'a dict que si je voulois d'argent pour fonser et despendre (dépenser) comme il faut, il le me presteroit tant et si grande somme que je voudrois, pourveu que je m'obligea moy seul, en bonne forme de Chambre, pour me pouvoir faire excommunier au défaut du paiement. Je luy ay dict que je me contentois d'y mettre mes peines, sueurs et fatigues, mais qu'outre que je n'avois le moien de ce faire, quand je l'aurois, je ne me voudrois soubzmettre a tel danger. Je tascheray de faire escrire quelqu'un pour Dieu ; et encour, si M. Gojon me donnera argent, je fourniray quelque chose, mais tout bellement ; car ce bon sieur voudroit tirer la cause au long et y voir moien de gaigner. Il est marry de ce que M. de Savigny (O ne faict point d'estat de luy si non quand il en a besoin ; et quand a ces mémoires que je vous manday de sa part, avec le reste de ses louanges, rogatus rogabam. Il fera quelques diligences et tout ce qu'il pourra, pourveu qu'il ne faille ny débourser ny escrire, car il m'a- voit des-ja promis de faire le... (2); mais il s'est excusé, voiant la pauvreté. Si vous estes content, et ces Messieurs (3), qu'on des- pende, et qu'on ne laisse, a faute d'argent, de solliciter et plaider, escrivé le moy, et ordre a M. Gojon de fournir ; car il a receu ordre de me bailler jusques a la somme de 60 florins, et il ne faudra pas (i) François d'Albon, abbé de Savigny (cf. ci-dessus, note ( i ), p. 398). (2) Deux mots oblitérés. (3) Sans doute, les Bénédictins de Talloires.  Lettres de Princes et autres personnages 405 beaucoup que la somme sera des-ja achevée, car il ne touche pas terre, comme vous sçaves. L'appréhension que j'ay que, puis ap- pres, on ne pourra paler et rembourser, me faict aller si retenu a des- pendre ; car si vous m'asseuriés qu'ilz auront de quoy a la fin du jeu, je ne serois si ciche a despendre. J'ay empronté de Nombride dix ducattons en pièce, desquelzje me suis cedulé ; je vous prie que, s'il mande la cedule, qu'on les paie a qui la portera. Escrives moy donc tout court que je despende ce qui sera nécessaire au procès et sollicitations, ou vraiement que il ne se peut ; car vous sçaves que je vins avec ferme croiance de tous nous autres de faire merveilles avec mes attestations, et non poinct pour plaider. Item, si vous estes d'advis que mettions la cause en Rote, car le Procureur de Sainct Paul ( i ) dict que l'y ayant mise, que j'ob- tiendroys sans delay mandatum de manutenendo, et qu'avec cela je m'en pourrois aller, et que luy auroit le soing de défendre la cause et que, possible, les Pères Feullantz ce voiant, quitteroient. M. de Savigny a faict bonne procure, mais il n'y a pas mis tout ce qui est nécessaire, car il nous commet en façon que l'un ne peut rien sans l'autre, et qiiod unus cœperit, alter prosequi poterit ; et ny est pas aussy la. . . (2) substitutionem. J'avois demandé qu'on la fit au Procureur gênerai de Sainct Paul (3) et au Dom Constantino(4), car c'estoit le mieux ; car ce Procureur est un grand personnage qui, en brief, sera faict Abbé, et, a ce que j'ay conneu, il n'a pas gousté de se voir a la queue de deux autres Procureurs. Touttesfois, il n'a laissé pour cela de me promettre, hier mattin, que demain il s'en iroit exprès treuver le Procureur gênerai des Feuillantz, et luy mostrer la copie de la procure que j'ay transcrit en italien, et luy dire tantiim que s'il ne désiste de telle sollicitation (puisque il est prié de M. de Savigny et constitué Procureur), qu'il prendra la chose en main a bon escient. Je verray et sçauray quelle responce il rapportera. Vous ferés fort bien, si quelqu'un va a Lyon (car il ne faut man- der exprès), d'escrire a M. l'Abbé ( ^) qu'il fit un' autre procure, seulement au Procureur gênerai de la Congrégation Montisi^), etc., (i) Du monastère de Saint-Paul-hors-les-murs, de la Congrégation Béné- dictine du Mont-Cassin. (2) Mot illisible. ( 3) Ce Procureur, le même que Philippe de Quoex désigne plus bas « Pro- cureur gênerai de la Congrégation Montis, etc., » c'est-à-dire du Mont-Cassin, était en janvier 1614, D. Giovita, natif de Castroleone et profès du monastère de Sainte-Justine, à Padoue. Il devint en effet abbé. (4) D. Constantin© Gaetani (i 580-1650), Bénédictin de la Congrégation du Mont-Cassin. (Voir page suivante.) (5) L'Abbé de Savigny. (6) Voir note (3) ci-dessus.  4o6 Appendice sans y mettre son nom, quoy que je l'aye envoyé ; car, comme ces- tuy en sera Abbé, la procure servira pour son successeur et au Père Dom Constantino Gaietano, decano di essa Congregatione et continua commensale di Sua Santità ( ; et ce attendant, je ne lairray, avec celle que nous avons, de travailler tout ce qui se pourra. De mesme, que ledict sieur Abbé fit un mot de remerciementz auxdicts Pères, de tant de peine qu'ils ont desja prins a défendre son droit, et de mesme nous (sic) Reformés (2) fissent une belle lettre en latin, tant humble qu'ilz pourront ; car cela les encouragera au double de m'assister. Aujourd'huy, M. d'Albon et moy sommes allé parler au sieur Ambassadeur et présenter la lettre du sieur de Savigny ; il l'a leu fort attentivement, et puis a dict qu'il ne se voudroit point embar- quer en cet affaire sans estre asseuré d'en pouvoir rapporter l'hon- neur et la victoire, car, dit il, « Si ces Feulliantz sont portés du Cf. p. 113, not.(3). Duc, il y aura bien que faire *;que si Leurs Majestés (3) m'en escri- voient un mot, alhors nous ferions prou. » Ce nonobstant : « Allés vous en (a il commandé audict sieur d'Albon, me présente) aux Feul- liantz et parlés au Procureur gênerai, luy disant que je vous envoyé exprès vers luy pour [voir], par ce que Leurs Majestés et l'Abbé de Savigny m'ont escrit touchant un certain Prieuré (4), et qu'il nous dit ses raisons pourquoy ; et outre ce, qu'il me vienne parler. » Le- dict sieur d'Albon y vouloit aller sur le champ, a condition que je l'accompagnerois ; je me suis excusé, et dict que pour avoir donné la lettre et informé une fois ledict sieur Ambassadeur, que je me contentois ; mais que pour y retourner a solliciter et courtiser, ce sera tant furtive et rarement que je pourray, par raisons, etc. ; telle- ment, qu'il a remis a demain mattin d'aller faire son ambassade. Dieu vueille qu'elle profite ! Il faut encour escrire audict sieur de Savigny qu'il fasse escrire en sa faveur par le Roy audict Ambassadeur. Au reste, en un mot qui en vaut mille : Si Son Altesse parlera en faveur des Feulliantz a Sa Saincteté et priera pour eux, il en sera faict sans autres formalités ; sinon qu'en ce cas ledict sieur de Savigny voulut mettre la main a la bourse, et disputer icy la cause a bon escient. Quant a la surprinse de laquelle vous me donnés advis, il ne faut doubter qu'il ''sic) procu- reront de se justifier (5), voyant que par tant de mémoriaux je les ( i) Cf. note (4) de la page précédente. (2) Les Religieux de Talloires qui, de concert avec D. Claude-Louis-Nicolas de Quoex leur prieur, travaillaient à la réforme du monastère d'après la Règle de saint Benoît. (Voir tome XIV, notes ( i ), pp. 172, 173.) (3) Les souverains de France. ( 4 ) Celui de Talloires. (5) Les Pères Feuillants,  Lhttkks dh Princf.s ht autres personnages 407 ay accusé d'avoir mal supplié ; mais je ne pense pas pour cela que l'on n'entende et voye mes attestations quand serons en lice. Je n'y peux faire autre que de informer le Dataire, ce qui va a la longue, pour les grandes occupations ou [il] est. D'en parler au Pape, cela seroit du tout superflu, puisque quand je luy parlay tout premier [avec] le Cardinal Bellarmin *, nous l'informâmes de tout. De luy * Cf. p. 115. dire : En cas que Son Altesse vueille, etc. ; que deviendront, etc. ^ Cela est tout clair que ceux qui sont reformés ne seront jamais chassés (0, mais seulement les autres, ains seroient ad vitam dans leur monastère, au moins s'ilz y vouloient demeurer; mais M. le Prieur n'a point du tout de volonté d'y demeurer (2). Quand Dieu permettroit tout cela, sa saincte volonté soit accomplie ! Je ne sçaurois mieux montrer la grande affection que j'ay a dé- fendre et maintenir cette saincte reforme, que d'avoir entreprins si long volages et des si grandes peines et sueurs que j'ay supporté et supporteray courageusement et allègrement pour l'amour de Dieu et de ce grand Père des moines, sainct Benoit; mais avec tout cela, je suis tout préparé de recevoir avec toutte sorte d'actions de grâces, de patience et mortification, tout sinistre événement qui pourroit arriver, puis que c'est chose asseuré que Dieu permet tout pour le mieux. Si vous jugés que je perde courage, par la présente, vous le jugerés mieux par un'autre ou je vous parle plus sec, quand j'ay veu ne sçavoir ou donner de la teste au commandement du Dataire. Mais ce n'est point pour cela que je perde courage ; mais il est impossible que je ne resente grand'affliction en mon esprit en semblables occurrences. Dieu soit loiié ! Soyés certain que mon courage durera autant que ma 'vie ; autant puisse durer l'argent ! Il faut vous repeter le mot principal, affm que, tant vous qu'autres a qui il appartient, vous prepariés comme moy : si Son Altesse faict sçavoir a Sa Saincteté sa volonté en faveur des Feulliantz, il ny aura autre remède que celuy que je vous ay desja allégué. Je n'ay encour la responce de M'"* des Gouffiers *, et si non qu'a [i^^'l^-^!^-^^^^^^;,^^ la requeste et remonstrance que Monseigneur le Reverendissime en fera a la Congregatione di Vescovi"^, comme je luy ay escrit que * videp. 148, not. (5) j'estois d'advys, per ultimo rimedio , croyés qu'il (sic) n'en feront rien, très marry que j'en suis. La responce au mémorial que j'ay donné pour M. de Sirvinges * * ^'»<^* p- '50. est : Unusquisque maneat in sua vocatione, car, 5/ è buon Religioso, ( I ) Du monastère de Talloires. (2) D. Claude-Louis-Nicolas de Q.uoex, frère cadet du destinataire et de son correspondant, qui n'aurait pas voulu demeurer à Talloires si Von y avait introduit les Feuillants,  4o8 Appendice procuri di corregere et ammaestrare li altri; si è discolo, peggio sarà es- sendo fuori del monasterio . M. de Chastel escrit a M. Gojon qu'il m'escrit, mais je n'ay point receu de ses lettres. [Je] luy escrit ; vous la verres et [baillerés]. Ne pro- curés pas, s'il vous plaict, qu'il me donne des commissions qui me puissent empescher en l'afifaire principal, qui requiert totum homi- nem. J'ay prié M. Gojon de promptement faire la supplique de Cor- nier et la solliciter, mais, comme vous sçaves : qui n'aura de quoy expédier les Bulles, je ne le conseille d'envoyer a Rome, car touttes les supplications de nostre pays sont accrochées pour les Bulles. M. Gojon m'a faict voir la vostre cum rubore, car il semble que vous luy parlés un peu hault ; mais vous avés bien faict, affm que, maintenant qu'il a ordre, qu'il ne fasse tant me promener. Cet (sic) du tout un bon personnage et qui nous est du tout amy ; vere hraelita in quo dolus non est. Il m'a desja mandé, outre un disné qu'il me donna la vigile saincte Catherine, deux fois de son vin. CoUomb partit le 8 du présent, tout seul, avec six ducattons que je luy rendis, qu'il m'avoit preste par (i) . il luy faschoit fort, et a moy aussy, car l'abondance de ses larmes m'invitèrent a pleurer aussy tendrement comme j'eusse fait pour mon propre frère. Mais, patience ; il faut faire de nécessité vertu, et ce que l'on peut, et non ce qu'on veut. Dieu soit loué ! Je luy ay donné grand nombre de lettres ; et dempuis son despart, le tems a tous-jours esté très-beau et serain, et l'est tous-jours. Dieu mercy. Je prie Nostre Seigneur l'accompagner. Il a acquis prou de dévotion pour toutte sa vie, s'il la sçait conserver : Dieu luy en fasse la grâce. J'ay exécuté vostre intention devant que la sçavoir. Je suis tous- jours en la mesme chambre, devant l'église neufve, et n'en bougeray jusques a mon despart, lequel sera au tems et jour précisément que me manderés. Pour moy, je voudrois que ce fut desja demain, tant je m'ennuy, non pour autre que pour voir si grandz frais et si peu de moiens de les paier ; sçaches moy donc, je vous prie tres- humblement, a dire et commander quand il faudra caparrarecavallo. M. Gojon m'a dict qu'il avoit escrit et esclarcy M. Chastel des 50 florins. J'ay aujourd'huy salué Monsignor Hortentio de Rossi, jadis nostre Procureur, et adesso Commissario délia Cancelleria (2); jl m'a demandé fort courtoisement de vostre estre, etc. Je vous ay escrit amplement de vostre faict. De François Pessard (?), j'attendz (i) Une ligne de l'autographe a disparu par suite d'une déchirure. (2) On conserve encore aux Archives Vaticanes, des volumes de la Chan- cellerie Apostolique qui portent en latin (De Rubeis) le nom de ce personnage.  Lettres de Princes ht autres personnages 409 responce en finissant ceste, laquelle servira pour tous messieurs mes frères, seurs, parentz et amys, auxquelz, appres vous, je baise tres- humblement les mains, et demeure a [jamais] de tout mon cœur, Monsieur et Frère, Vostre très humble, très obéissant, très obligé et très affectionné frère et serviteur, comme filz, Philippe de Quoex. De Rome, le 18 janvier 161 4. J'ay escrit et respondu a M. de Savigny par voye de Lyon, et luy di (sic) qu'il obtienne lettre du Roy, [et] qu'il m'envoye procuration ad cautelam pour les Pères 5'' Pauli (0, etc. Revu sur l'autographe inédit, communiqué en 1901 par M. Mugnier, président de Chambre honoraire à la Cour d'appel de Chambéry. ( i) Les Bénédictins de Saint-Paul-hors-les-murs.  LETTRES PATENTES DE CHARLES-EMMANUEL I^^ DUC DE SAVOIE AU SOUVERAIN SÉNAT  Le Duc de Savoye. Très chers, bien amez et féaux Conseillers, * L'Infante Duchesse de Mantoue, ma fille, ayant prins en parti- • videp. io7,not. (a), ... et supra, pp. 401, 402^ culiere protection la Congrégation de celle dévote compaignie de a, b. Dames, nouvellement érigée a Nissy a imitation de celles que saint Carlo a establies a Millan, assavoir de vefves et de filles vierges, pour vivre ensemble en perpétuelle chasteté, soubz l'hobeissance d'une Supérieure ; les jeunes sans sortir jamais, comme es autres Monastères les plus reformez, et les autres pour secourir les pauvres malades de ce lieu la, ou il ny a qu'un pauvre hospital * lequel n'a • Videp.io5,not. (2). le moien d'exercer la charité qui seroit nécessaire ausditz mallades ; sans qu'elles praetendent vivre d'aulmosne, ny d'accroistre jamais leur revenu de plus de mil cinq centz escus d'or l'année, qu'elles espèrent d'avoir ou par voye de rente constituée, ou en aultre  4*0 Appendice façon, sans agraver noz subjectz sur le faict des tailles, et se conten- tantz de recepvoir les vefves qui sont sans incommodité d'enfans, et les filles qui vouldront entrer en celle Congrégation, moyennant Cf. Epist. cMxxxiv. seulement une pension annuelle leur vie durant* : ce que Nous a esté fort aggreable, pour l'honneur et gloire qu'en doibt résulter a sa divine Majesté et pour le bien et fruict qu'en recevront nos bien amez subjectz. Et partant, vous avons voulu dire par ceste, qu'ayez a les aider, favoriser et assister en tout ce que vous sera possible pour l'effaict que dessus. Et sur ce, prions Dieu vous avoir en sa saincte garde. De Ttîurin, le 17® may 1614. C. Emanuel. Boursier. Revu sur une copie authentique et inédite de l'époque, conservée à la Visitation d'Annecy.  LETTRE DU MÊME AUX NOBLES SYNDICS d' ANNECY (V  Le Duc de Savoye. Chers, bien améz et feaulx, * Vide p. 189, not. ( i), * 11 y a long temps que Nous avons désiré de redresser vostre 'Vide tom. xiv, p. CoUcge *, tant pour l'avancement de la jeunesse, que pour l'orne- ^^'' "° • ' • ment et commodité que la ville d'Annessy en particulier en doibt recevoir. Et ayant faict reflexion sur les bonnes qualités des Reve- * Vide p. 145, not. (2). rends Pères Bernabites *, despuis que Nous les avons placés en ceste ville de Thurin, les trouvantz très capables d'apporter a ladicte ville d'Annessy ung grand bien spirituel et temporel, Nous avons estimé de le faire remettre entre leurs mains, avec tous les biens, revenus, * Cf. Epist. cMLvi. droictz et charges d'iceluy *, saufz de modérer ce qui pouvoit estre contraire a leurs Reigles et Constitutions. Et pour ce, Nous vous disons de faire promptement ladicte remission, par contract auten- *^^^2s'^'^*'^"'''"'"''^* tÎQ'J^; sans y aporter difficulté ny longueur *, moins en attendre de Nous^'plus particulier commandement, puis que telle est Nostre (i) Voir plus haut, note (2), p. 228,  Lettres de Princes et autres personnages 411 volonté. Kt non seulement vous Nous Jonnorés en cela ung grand contentement, mais aussy tesmoignerés par la vostre affection au bien de la ville et de nos subjectz d'icelle, qui en doibvont ressentir le fruict. Et Nous asseurantz que vous y ferés tout incontinant, prions Dieu vous avoir en sa saincte garde. De Thurin, ce 2^« juin 1614. C. E.MANUEL. Carron. Aux Nobles Scindics de la ville d'Annessy, Revu sur le texte inédit, inséré dans le Contrat du ^juillet 1614, conservé aux Archives communales d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège Chappuisien.  LETTRE DU MEME AUX ADMINISTRATEURS DU COLLEGE CHAPPUISIEN ( i )  Le Duc de Savoye. Révérends, chers, bien améz et feaulx Orateurs, * Voyant que le Collège d'Annessy a besoing d'estre restauré pour • vide p. 189, not.(i), l'utilité de la jeunesse, bien et commodité de la ville, il Nous a sem- blé bon de ne pouvoir faire meilleur (sic) ny plus convenable élection que des Révérends Pères Bernabites, lesquelz nous recognoissons tous les jours plus habilles et capables d'en avoir le soing. C'est pourquoy Nous escripvons aux Scindics *de le remettre entre leurs * Epist. praeced. mains, avec tous les biens, revenus, apertenances et aultres droictz d'iceluy, et vous exhortons d'y aporter toute la facilité qui dépendra de l'aucthorité que vous y avés *, a celle fin de ne retarder ung si • videp. 190, not. (i). grand bien que non seulement la ville, mais toute la province en doibt ressentir. En quoy vous Nous ferés plaisir très agréable, ne désirant rien tant que la bonne institution de la jeunesse et le bien (i) R'* François de Lornay, doyen de Notre-Dame de Liesse, et Frère Ber- nardin de Charpenne. prieur de Saint-Dominique. (Voir plus haut, note (2), p. 228, note ( ^), p. 23g, et tomcXII, note ( i ), p. 186,)  412 Appendice de Nos subjectz. Nous voulons tant croire de vostre zèle au mesme bien, que vous franchirés toutes difficultés qui s'y pourroient pré- senter, afin de rendre cest œuvre a sa perfection. Atant, prions Dieu vous avoir en sa saincte garde. De Thurin, ce 25^ juin 1614. C. Emanuel. Carron. A R'^s noz chers, bien améz et feaulx Orateurs, Les Doyen de Nostre Dame et Prieur de S^ Dominique, Administrateurs du Collège de nostre ville d'Annessy. Revu sur le texte inédit, inséré dans le Contrat du 5 juillet 1614, conservé aux Archives communales d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège Chappuisien,  LETTRE DE M. RENAUD DE LA GRANGE ^^^ AU DUC DE VILLBROY (2  Monseigneur, Videp. i97,not. (a). * Je ne vous saurois dire l'extrême contentement que Monsei- gneur de Nemours a receu a mon arrivée, lors que je luy ay repré- senté le soin que vous avez de luy. Et l'ay trouvé grandement of fencé des manquemens de S. A. de Savoye, quil cache neantmoins, jugeant bien quil ne s'en peut aysement ressentir ; et quant il l'auroit peu, il ne l'eust pas exécuté sans la permission de Leurs Magestez, en la bonne grâce desquelz il veut vivre et mourir, et sous leur protection. Leurs Magestez le voulant ayder, il se promettoit quil se mestroit en confiance avec ceux de Berne et de Genève, ses plus proches voisins, et qu'en ceste occasion luy permettant de lever des troupes, il fut passé, avec sept ou huit mil hommes de pied et quelque caval- lerie, en Piedmont, ou estant, si sadite Altesse ne l'eust contenté de son mariage (3), il s'en fust revenu assisté, comme il se promettoit, (i) Voir plus haut, note (3), p. 254. (2) Nicolas de Neufville (voir tome XII, note ( i ), p. ici). (3) Son mariage avec l'infante Catherine de Savoie.  Leitrf.s df. Princes ht autres personnages 413 et suyvy de ce quil y a de François et Savoyars dans son armée, qui sont en effet les meilleurs hommes qu'elle aye ; qu'avec l'ayde de Leurs Magestez, il se seroit fait faire raison, et, en tout cas, ny auroit procédé qu'ainsy quil leur eust pieu. Q.uil connoist clai- rement que toute la Savoye, et particulièrement ses sugets de Genevois, Foucigny et Beaufort, sont lassés de la souveraineté par trop lisentieuse de S. A., qui n'aaucung esgard a leurs misères de- puis vingt ans, et les a réduit au desespoir ; et qu'en la resolution quil prendra, ses voisins, bien conseillés, l'assisteront pour leur interest, et se pourront ensemble maintenir sous la protection de Leurs Magestez. duil croit qu'estant ainsy mal traité, et ses sugets tant oppressés, il peut justement rechercher d'establir la domination du prince, avec telle condition neantmoins, que luy ny aultre n'en puisse abuser a l'avenir, suyvant ses investitures et privilèges, alté- rés par les déclarations de ses prédécesseurs qui ne luy doivent nuyre ny prejudicier. Et m'a particulièrement dit que sadite Altesse luy est redevable des exactions extraordinaires et logement de gendar- merie faite fs/^j contre l'ordre des contrats et transactions passez entre eux et ses prédécesseurs, plus d'ung million d'or. Quil remet le tout a vostre prudent avis, et quil veut croire et se conduire en ctcy et toute autre chose par vostre conseil, sous le bon plaisir de Leur (sic) Magestez ; quil a tousjours eu urte grande volonté d'entrer en con- férence avec vous des le tems du feu Roy ( i ),' et en a esté souvent solicité par le sieur de la Bretonniere *, son intendant. (i), p. 214, et cf. supra, * Il est aussy extraordinairement pressé par le Duc de passer les • cf. épist. mxi/mxh, monts sans attendre M. de Rambolliet (2), mais il s'est resollu de ^'^' ^ 9, "ot. (7) n'en rien faire que nous n'ayons de vos nouvelles. Il a des troupes sur pied, et désire que je leur commande *, pour la fiance quil a *videp. 254. en moy, et crois qu'a cela l'amitié que M. d'Alincourt ( 3 ) me porte m'y a beaucoup servy, et m'a envoyé vers luy pour savoir s'ils se pour- roient secrettement aboucher ensemble ; ce que je trouve dificile, veu l'ombrage que S. A. prend contre ce Prince de son affection envers la France, et du ressentiment de son offence. Et en cas quil se dé- clare ouvertement, ildesireroit que l'on negotiast avec l'Espagne, de sorte qu'elle donnast de l'occupation a sadite Altesse du costé de Lom- bardie, tandis que nous ferons fortiffier quelques places aux terres de mondit Seigneur pour la retraite de ceux quil aura soubz luy. Il m'a librement dit deux choses touchant le voiage de monsieur de Rambolliet, dont je désire vous avertir : l'une est, qu'ayant (i) Henri IV. (2) Charles d'Angennes, marquis de Rambouillet, ambassadeur extraordi- naire de France à la cour de Savoie. (Cf. ci-dessus, note (4), p. 269.) (3) Fils du destinataire. (Voir plus haut, note(i), p. 258.)  Vide tom. XII, not,  414 Appendice connoissance de long temps dudit sieur de Rambolliet, il c'est resoUu de ne luy communicquer son dessein, parce quil s'assure quil le descouvriroit a S. A., afin de pouvoir avec plus de facilité negotier ce quil aura a faire avec elle ; et si c'estoit si bien au retour, il n'en feroit aucune difficulté. L'autre est que, quand ledit sieur de Ram- bolliet luy conseillera d'aller trouver Leurs Magestez en poste sou- dain quil l'aura veu, il ne se peut faire sans savoir l'effet de son voiage, et sil sera utile en se (sic) pais au service de Leurs Magestez, et dissimulera en attendant, sans rien rompre avec sadite Altesse, suyvant ce que je luy ayditde vostre part; si bien que, de cela et de toute autre chose, il attendra ce quil vous plaira luy conseiller. Nous verrons aussy si nous pourrons nous confier a quelqu'un pour faire parler au Prince de Piedmont ( i ), qui est veillé de tous costez, et sera difficile de le pouvoir faire, si ce n'est par le moyen de quelque ecclésiastique partial d'Espagne, qui luy représente le péril quil y a de voir la religion nouvelle introduitte dans les terres de son père, qui semble y incliner du tout. Ledit Prince est fortconsiensieux, et cela, plus que toute autre chose, est capable de l'esmouvoir; a quoy nous n'oublierons rien pour troubler tous ses desseins. Et recevons tous les jours des courriers en ce lieu, de S. A., de * Vide tom. XIII, p. son fils le Cardinal*, et marquis de Lans **, pour faire passer mondit *•* videVom?'pr2eced., Seigneur en Piedmont, et connoissons le repentir quil a de l'avoir p. 49, not. (i). laissé sortir de Thurin. Tout ce lieu [est] plain d'espions pour pren- dre garde a ses actions, et ny a que la seule arrivée de l'Ambassa- deur (2) qui le maintienne en confiance et honneur. Cela fait, mon- dit Seigneur se tiendra sur ses gardes, attendant un prudent avis et ce quil plaira a Leurs Magestez ordonner de luy. Et pour ses troupes quil a en Piedmont, il les retirera toutes les fois qu'on voudra, avec cinq cens hommes de ses sugetz quil fait encores fiUer, et la trouppe du Conte de Salleneufve ; et luy reste quinze cens hommes de pied, cinquante chevaux légers commandés par Noyson, et ses gardes. Voila, Monseigneur, Testât de ses affaires, et ce que je vous puis mander de son intention, don je vous supplie très humblement prendre créance, et que je suis. Monseigneur, Vostre très humble et obéissant serviteur, La Grange. Le 1 1 septembre 1614. Monseigneur de Nemours m'a commandé , de puis ma lettre ( I ) Victor-Amédée de Savoie, qui succéda à Charles-Emmanuel. (3) Le- marquis de Rambouillet (voir note (a) de la page précédente).  Lkttkhs de Princes et autres personnages 4 1 ç escrite, de vous faire sçavoir quil se conduira selon que M. de Ram- boulliet luy parlera de la part de Leurs Magestez et la vostre. A Monseigneur Monseigneur de Villeroy. Revu sur une copie inédite, conservée à la Bibliothèque Nationale, Fonds français, 3650, fol. 141.  H LETTRE DU PRINCE CARDINAL MAURICE DE SAVOIE AUX ADMINISTRATEURS DU COLLEGE CHAPPUISIEN ( O Il Principe Mauritio, Cardinale di Savoia. Reverendi nostri carissimi, * Le buone et utili conseguenze che son per derivare dalT intro- ' Vide p. lao. not. (i), duttione costi dei Padri Bernabiti, sapendosi l'osservanza et essem- et'i'i/pp. .u'o, 411] plarità délia lor vita et il decoro verso il culto divino, corne anco il ^' ^' zelo délia salute dei prossimi, devrebbeno non solo escluder l'opposi- tioni che se gli fanno circa il rimetter il Collegio *, ma accender * cf. p. 228,not.(4). ogn'uno à favorir et metter mano in cosi pio et profittevol ncgotio. Pero, intendendo che dal canto vostro ritrovino durezza per qualche interesse et che i Padri medesimi si offeriscano di rilevarlo con ogni conveniente conditione, vi esortianio con questa à non mostrarvi alieni dall'accordo, né permetter che simil impedimento ritardi l'effetto d'un negotio desiderato da cotesta Università et da Sua Altezza, et da Noi particolarniente; che pero terremo grata memoria délia vostra concorrenza col desiderio commune. Et il Signor Dio vi conservi. Di Turino, à 20 di settembre 16 14. M, Card'- di Savoia. Al Decano di Santa Maria et al Priore di San Domenico. Revu sur l'original inédit, conservé aux Archives communales d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège Cliappuisien. (i) Voir ci-dessus, note \i), p. 411.  4 1 6 Appendice  LETTRE DES PROVISEURS DU COLLÈGE DE SAVOIE A LOUVAIN AUX ADMINISTRATEURS DE CELUI d'aNNECY (  Messieurs, •VideEpist. Miii. Nous avons receu par le porteur présent diverses lettres* tou- ^vide tom XIV, p. chant l'incorporation faicte du Collège de féu Mons^ Chappuis *, en vostre ville d'Annessy, par Mess" les Barnabites, par l'authorité, • ^ Vide supra, pp 410, comme vous escrivez, de Son Altesse le Duc de Savoye *. Or, comme depuis un moys en ça ou environ, le Docteur de Bay, Pre- • Vide tom. XIII, p. sidcnt du Collège par deçà, est allé de vie a trespas *, et que nous ne sommes bien informés de la fondation de par delà, n'avons pour le présent sceu résoudre sur le faict de la dicte incorporation, ains tiendrons la dicte resolution preste pour le premier retour du • Vide p. 234, noi. (6). porteur de ceste *. Touchant le jeune homme qu'il vous a pieu reccomander par vos lettres a feu Mons'" Bayeus, sa mort cause que vous ne pourrez venir a l'effect d'icelle reccomandation, laquelle mort cause aussy que nous devons advertir de n'envoyer aulcuns nouveaux boursiers pour les Pasques prochaines, pour se trouver le Collège arrière de quelques cents escus, lesquels devront estre ramborsés a la maison mortuaire dudict Bayus, lequel, par sa bienveuUiance envers ceux de vostre nation, a receu et porté plus de charge que le revenu du Collège ne portoit. Et sur ce, nous raccomandans très affectueusement a Voz Seigneu- ries, demeurons a icelles, Serviteurs très humbles. Les Proviseurs du Collège de Savoye, GuiLlELMUS Fabricius, ProvisoY CoUegii Sabaudiœ pro tempore. Corn. Sylvius, Proviseur du Collège de Savoye pour le temps. Gérard Corselius, Proviseur du Collège de Savoye a Lovain. Messieurs, ensuivant le pouvoir que nous est octroyé par la (i) Voir plus haut, note (i), p. 233, et note (2), p, 228.  Lettres de Princes et autres personnages 417 fondation, nous conformant aux conditions prescrites par icelle, avons esleu pour Président, en la place de feu Bayus, sire Jean Massen, prebtre, licencié en la saincte Théologie, ayant l'espace de quatorze ans régente louablement le Pedagoge de la Fleur de Lys, espérant qu'il donnera contentement a touts en la régence de nostre Collège de Louvain (0. Ce 13 de novembre 16 14. Revu sur une copie inédite de l'époque, conservée aux Archives communales d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège Chappuisien. ( I ) Jean Massen ou Massin était chanoine de Saint-Alban à Namur en 1627 ; il mourut en 1636.  LETTRE DE M°^ ANASTASE GERMONIO ARCHEVÊQUE DE TARENTAISE (l) AU CLERGÉ DE SON DIOCÈSE (fragment)  Ibid., not. (2 ).  * Quod scribitis, Capuccinorum ecclesiam et absolutam et dedi- • vide Epist. mx> catam esse, summopere placuit, eo magis quo eum honorem asse- quuta sit per religiosissimum Genevensem Antistitem, Franciscus Salinam (sic), virum doctissimum atque in pastorali officio vigilantis- simum * ; cui egodiscedens**, partes meas muniaque pastoralia dele- * vide p. 269, not. (O. gaveram, ut quœ in iis prœsertim quas ad episcopale officium spectant, nec ab aliis quam ab Episcopis administrari possunt, vobis adesset, eum amice rogaveram. Quod ille oneris et libens suscepit et liben- tissime sustinet ut ego quoque sustinerem, si eo absente, operamque meam sibi commodam fore putante, similia facere juberet, atque uti- nam desiderio meo occasio respondeat, quo et ipse expertus cognoscat , res suas mihi non minus cordi esse quam sibi meae sint et ego eam benevolentiam, qua ornatissimum amicum constanter prosequor et sua et omnium opinione majorem esse ostendam Niciae, nonis Februarii, anno salut, mdcxv. Anastas. Germonii Episiolar.. lib. I, Clero Tarentasiensi, Epistola ix. (Romse, 1623, tom. II, p. 451.) (i) Voir le tome précédent, note ( i ), p. 183. Lettres VI a-  III LA FONDATION DU I^^ MONASTÈRE DE LA VISITATION DE LYON DEUXIÈME DE l'oRDRE (0  Des documents inédits et une interprétation exacte et rigoureuse des vieilles Chroniques de l'époque, nous permettent de présenter dans l'ordre des dates et dans leur suite naturelle, les événements qui introduisirent en France le premier essaim de la Visitation d'Annecy. A la fm de 1612, la fameuse abbaye du Paraclet ressemblait bien plus à une maison de mondanité qu'à un véritable monastère (2). ♦Vide p. 152, not.(i), Plus de Règle ni de clôture; l'Abbesse * y menait grand train et prétendait ne relever que du Pape. M"^^ Elisabeth des Gouffiers, l'une de ses Religieuses, ne l'était devenue que par force et sous la con- * Vide tom. prœced., traiute maternelle*. Aussi, tenant sa profession pour nulle, n'atten- pra!pp'."°^", 154.^ ^" dait-elle qu'une circonstance favorable pour se soustraire à la domi- nation de sa mère et recourir, une fois libre, « a la justice du Saint « Siège. » La lecture d'un petit livre de piété, nouvellement paru, vint encore surexciter son désir de quitter le Paraclet : la Providence lui avait fait tomber entre les mains V Introduction à la Vie dévote. « Cette bonne Dame fut tellement touchée de cette lecture et conçut une si haute estime de l'auteur de ce livre, qu'ayant appris qu'il avait érigé une Congrégation en laquelle il avait donné des lois encore plus parfaites, elle fit vœu à Dieu de ne se point donner de cesse et d'employer toutes ses industries pour se faire conduire à Annecy auprès du saint Pasteur et de la nouvelle Congrégation ( 3 ). » Malgré les contradictions qui n'étaient pas pour faire fléchir une * Vide supra, pp. 151 volonté tenace, en dépit d'une « petite complexion *, » et indécou- rageable, elle put arriver à Lyon. (i) Cf. ci-dessus, note (2), p. 236. (2) Voir plus haut, note (3), p. 15T, et pp. r^2, \^\. — L'emplacement de l'abbaye du Paraclet est occupé aujourd'hui par une ferme ; il n'en reste plus qu'un caveau ou crypte, qui renfermait le cercueil d'Héloïse et d'Abailard. ( 3) Hisl. de la Fondation du ler Monastère de Lyon, par la Mère de Chaugy.  152  La Fondation de la Visitation de Lyon 419 Viviennc des Goufficrs, marquise de l'Ecluse (0, qui avait ac- compagné sa sœur, tomba gravement malade dès l'arrivée et dut retourner en son pays par ordre des médecins. Grand sujet de peine pour M'"<^ Elisabeth, de se voir arrêtée, presque au terme du voyage, par ce malencontreux accident ! Mais Dieu la secourut à propos, en lui ménageant la connaissance de Claude de Sevelinges*, * vide tom. praced., aumônier de l'abbaye de Belleville ( = ). Ce digne Religieux était p- 333. "o^- (2)- beau-frère d'Antoine Bellot, que ses fonctions d' « élu » en Bugey, Valromey et Gex avaient souvent mis en rapport avec saint François de Sales *. Il fut l'homme providentiel. Séduit, lui aussi, par l'attrait *videtom.xiv,p.i79, ,, . , r • -, , , "°*- ('), et tom. XV, d une vie plus parfaite, il cherchait la direction du bienheureux p. 335, not. (2). Evêque de Genève ; il aurait même voulu devenir l'un de ses fils, dans la Congrégation d'hommes dont l'établissement hantait, au com- mencement de 1613, l'esprit de l'éminent Fondateur *. On conçoit • vide tom. pr«ced., combien cette communauté de vues et de pieuses aspirations dut ^ ^^''' fortifier dans son espoir la transfuge du Paraclet. M. de Sevelinges s'empressa d'écrire au saint Prélat pour le prier de s'intéresser au dessein de l'intrépide voyageuse. 11 fit plus ; il résolut d'aller trouver le Saint lui-même entre ses montagnes, et vers le 10 janvier 1613, il frappait à la porte de sa résidence épiscopale*. * ibid., pp. 3^3, 334. Le Bienheureux fut tout aise de le recevoir, entièrement disposé à lui donner audience « a sa consolation et édification *. » Le cha- * ibid. noine de Belleville l'entretint à loisir de ses pensées et lui révéla les prétentions de M""« des Gouffiers. Celle-ci, d'ailleurs, lui demandait par une lettre à part (3), avec beaucoup de déférence, d'être admise au nombre de ses Filles. François de Sales répondit qu'il l'agréerait volontiers, mais il l'avertissait discrètement — sans doute pour lui éviter une déception — que la Visitation n'avait rien de l'opulente somptuosité du Paraclet, que tout y était chétif et rabaissé, excepté toutefois l'ambition de ses hôtes : celle « de parvenir a la « perfection de l'amour divin *. » * ibid., pp. 343, 544- Or, dans le même temps et dans la même ville de Lyon, une vertueuse dame. Renée Trunel, veuve de M. d'Auxerre, lieutenant- général au bailliage de Forez*, nourrissait la même espérance. Touchée not! (^3)^."^''' ^ (i) Femme de François-Antide de Garadeur, seigneur, puis marquis de l'Ecluse, qui l'avait épousée en secondes noces ; elle résidait en Beaujolais. (Voir Les Masures de file-Barbe, supplément à la nouvelle édition, Œuvres diverses de Claude Le Laboureur, etc. ; Lyon, Vitte, 1895.) ( 2 ) La chapelle de Saint-Nicolas, en l'église de Notre-Dame de Belleville, appartenait à la famille de lEcluse ; le chapelain était à sa nomination. (Archives de M. Richard, Secrétaire de la Soc. de Géographie, Lyon.) M'"« de l'Ecluse avait donc l'occasion de connaître l'aumônier de l'abbaye. (5) Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy.  420 Appendice des merveilles qui se disaient de l'Evêque de Genève, elle aussi avait conçu un très ardent désir de le voir, « de luy remettre la direction de sa conscience et de luy demander l'entrée » dans son premier Monastère (O. Ame vraiment dévote, (c elle entretenoit... dans sa maison plusieurs filles spirituelles qui faisoient profession » de piété « et qu'elle faisoit élever dans la vie intérieure et divine, pour s'en- flammer en la pratique de la sainte dilection (2). » C'étaient entr'au- * Vide supra, p. 25, tres, M™« Chaudon, née Bellet *, et M'"« Isabeau Colin, née Daniel **. •'idem,'p. 24i,not.(i). Même sans se chercher, les âmes en quête de sainteté finissent tou- jours par se connaître et se rencontrer. M"^« des Gouffiers ne tarda guère à découvrir le petit cénacle et, avec cet esprit conquérant qui lui était particulier, elle eut bientôt fait de décider la pieuse troupe à entreprendre le voyage d'Annecy. Il s'agissait d' « épier », disent les Annales du temps, « si c'etoit la * Vide p. i5,not. (2). terre que Dieu leur vouloit donner *. » Cette décision n'était pas le fruit d'un enthousiasme irréfléchi ni d'une vaine curiosité. Un homme d'une grande expérience et d'une robuste sagesse, le P. Grangier, * Vide p. 25, not. (2). de la Compagnie de Jésus *, le conseiller de ces bonnes âmes, avait approuvé et encouragé la pieuse excursion (3). Les pèlerines lyonnaises arrivèrent dans la petite cité de « Nessy » ♦Vide p. 15. les derniers jours de mai 1613 *. Leur première entrevue avec le Saint eut lieu dans la matinée du 27 ; il fut « bien content, » écri- •ibid.,Epist.DcccLxxx. vait-il l'après-midi à la Mère de Chantai *, « de voir ces bonnes da- « moyselles..., et particulièrement M'"® de Gouffier, que je voy toute « telle que vous m'aves dit. » Dès l'abord, les deux Fondateurs avaient donc distingué la noble étrangère qui tranchait sur les au- tres par son esprit de décision et sa vive personnalité. Les quatre voyageuses furent accueillies, l'on s'en doute bien, « avec des bontés qui leur ravirent soudain le cœur (4). » On leur donna l'entrée du monastère pour satisfaire leur dévotion. « Elles trouvèrent toute la suite des exercices, la manière de traiter » des « premières Mères et Sœurs, » leur cordialité et leur modestie « si  ( I ) Les Vies de VIII vénérables Veves, Religieuses de VOrdre de la Visi- tation Sainte Marie... par la Mère Françoise Madelene de Chaugy (Annessy, Jacques Clerc, 1659), Vie de la Sœur Marie-René e Trunel, chap. m. (2) Ibid., chap. 11. (3) Vers le 10 juin, saint François de Sales écrivait au Jésuite (voir plus haut, p. 25, Lettre dccclxxxvi), et avant de fermer son message il voulut le soumettre à M™^ des Gouffiers, « affin, » ajoutait-il, « qu'elle considère si je « dis bien au P. Grangier selon ce qui s'est passé. » Ce souci de rendre compte au Religieux du séjour des Lyonnaises à Annecy, prouve manifestement que le voyage n'avait pas été concerté sans son conseil et son assentiment. ( 4 ) Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy.  La Fondation de la Visitation df. Lyon 421 à leur gré, qu'elles eussent voulu bâtir céans... quatre petites cellu- les pour y passer le reste de leur vie. » « Après avoir séjourné dix ou douze jours » au premier Monas- tère, ces « bonnes damoyselles » s'en retournèrent à Lyon, à l'excep tien de « M'"« des Gouffiers qui ne se put résoudre à quitter » les « bienheureux Fondateurs, et demeura dans la Congrégation avec des ardeurs inexplicables pour la perfection ( i ). » Les trois autres ne sortirent d'Annecy qu'à regret, protestant qu'elles y laissaient leur cœur. Une fois à Lyon, ces âmes ferventes, pénétrées des beaux exem- ples qu'elles avaient contemplés chez les dévotes Filles de la sainte Mère de Chantai, n'eurent plus qu'une pensée : celle d'obtenir une place auprès d'elles. M""® d'Auxerre paraissait la plus ardente à la poursuite de ce projet, mais son désir était sérieusement traversé par la présence de son fils encore jeune, qui avait besoin de sa con- duite et de ses conseils. Dans cette perplexité, elle consulta son directeur, le P. Grangier. Celui-ci, connaissant « le fond de cette grande ame, » ne se contenta pas d'encourager vivement son des- sein, mais « luy ouvrit la pensée... d'oser quelque chose de plus avantageux pour la gloire de Dieu, par la fondation d'un nouveau Monastère » de la Visitation à Lyon même. « Et ce Révérend Père, qui avoit contracté une sainte alliance avec » l'Evêque de Genève, « prit la charge de luy en écrire et de sçavoir son sentiment sur cette proposition (2). » Le saint Fondateur répondit qu'il l'agréait singulièrement et qu'il en favoriserait la bonne issue par « toutes sortes d'assistances (3). » Vivement encouragées par cette assurance, M"'^ d'Auxerre et ses compagnes acquéraient bientôt du « sieur André Olier, marchant épicier, » un immeuble situé rue du Griffon, sur les Terreaux, près de Saint-Claude, paroisse Saint-Pierre *. Restait à obtenir l'assen- ♦ videp.3e4,not. (3). timent de l'autorité ecclésiastique. La réponse de l'Archevêque, Ms'' Denis-Simon de Marquemont, dépassa ce qu'on pouvait atten- dre de sa piété et de ses sympathies bien connues pour les Ordres religieux : il fit plus que d'accorder les permissions demandées, il donna mille écus pour faciliter l'acquisition de la maison (4). On accommoda celle-ci au mieux qu'il fut possible, conformément à ce qui avait été remarqué à Annecy. Vers le 8 novembre 161 3, le Saint écrivait à M'"^ de la Fléchère * : « Tout va extrêmement • Epist. cMxxvii,p.9i.  (i ) Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy (2) Vie de la Sœur Marie-Renée Trunel^ chap. m. ( 3) Ibid., chap. iv. (4) Ibid.  422 Appendice « bien en cette petite Congrégation. On a envoyé prendre lesCons- « titutions de Lion, ou on projette d'en ériger une. » Et de fait, l'organisation de la nouvelle Communauté allait bon train. videp. 245,not.(i). pQ^r la diriger, l'Ordinaire désigna M. Lourdelot *, prêtre du diocèse de Langres, qui avait commencé, sans le finir, son noviciat chez les PP. Dominicains de Dijon. Les Chroniques nous parlent de sa grande piété, mais toutes aussi laissent comprendre que sa pru- dence n'égalait pas son esprit d'initiative et d'entreprise. Il intro- duisit une quatrième prétendante M"^ de Valence (0. Tous deux s'accordèrent bientôt « à donner de nouveaux avis. A l'imitation des anciens contradicteurs, qui disaient si Dieu ne parlait qu'à Moyse, ils dirent aussi... si Dieu ne faisait des merveilles que par l'Evêque de Genève ; si d'autres Evêques ne pouvaient pas ériger des Congrégations autant parfaites et bien réglées que celle qui était établie à Annecy (2). «Ils s'échauffèrent après ces considérations; innover leur paraissant chose aussi facile, et en tout cas plus hono- rable que d'imiter, ils s'éprirent du dessein d'établir une Congré- gation indépendante et toute nouvelle. M^'" de Marquemont se laissa persuader ; on décida que l'Institut serait fondé sous le titre de la Présentation Notre-Dame et que les quatre prétendantes en seraient les premières novices. M""^ d'Auxerre, se voyant pressée par une autorité supérieure, se soumit ( 3 \ mais ce ne fut pas sans un grand déplaisir intérieur de falloir renoncer à son cher projet. « L'esprit humain qui, dans ses entreprises, contrefait turbulem- ment l'esprit de la grâce, faisait parade d'ardeur à la poursuite de cette bonne œuvre. L'on obtint hâtivement permission du Roi pour l'établissement de cette Congrégation de la Présentation ( ^ ). » L'inauguration se fit en grande pompe extérieure et avec le con- cours de toute la ville. M»r l'Archevêque donna aux quatre fonda- trices l'habit religieux : il « consistoit en une robe gris Minime (5), une ceinture de corde et un voile blanc (6), » costume qui ressem- blait à celui des Clarisses. Elles reçurent de M. Lourdelot des ( i) Jeanne Chapuis, veuve du sieur Didier Valence. (Cf. ci-dessus, note ( 5), p. 305, et ci-après, note ( t ). p. 427.) (2) Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy. (3) « Et voulut-on, » écrit la Mère de Chaugy (Mémoires, etc.. Partie II, chap. ix), « que la bonne madame d'Auxerre fût à Lyon, comme la Mère de Chantai à Annecy, fondatrice et supérieure de cette Maison. » (4) Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy. — Les Patentes de Louis XIII sont datées du mois de septembre 1614 ; nous en donnons la teneur à la suite de cette Notice. (Voir p. 428.) (5) « Ce n'était pas néanmoins, » ajoutent les anciens Mémoires, « la couleur de l'habit de celui qui les conduisait. » (Ibid.) (6) Hist. de la Fondation, par la Sœur Gasparde de Saint-Paul.  La Fondation dh la Visitation de Lyon 423 règlements provisoires , en attendant de pouvoir choisir l'une des quatre Règles approuvées par l'Eglise (O. La nouvelle de cet événement, raconte la Mère de Chaugy dans ses Mémoires i"^), « fut apportée à Annecy lorsqu'on croyait que l'on venait prendre des Sœurs pour aller fonder à Lyon. Notre bienheu- reuse Mère ne se fâcha aucunement de ce changement ; au contraire, elle en bénit Dieu, disant à nos Sœurs que cela devait apprendre à toutes qu'il faut jeter de profondes racines en la très-sainte hu- milité. » « L'esprit humain, » remarque la judicieuse annaliste {3), « avait commencé la Congrégation de la Présentation, l'esprit humain la détruisit. La confusion des langues se jeta parmi ces congrégées ; » quoiqu'elles fussent toutes de très bonnes âmes, « il leur arriva... tant de petites mésintelligences et entre elles-mêmes et entre leur conducteur, » qu'elles ne purent vivre six semaines ensemble et ré- solurent de se séparer (4). La Communauté naissante venait de se débander, elle était dans le plus profond désarroi, lorsque M*"^ des Gouffiers, allant au Para- clet pour s'y faire délier de ses vœux, arriva à Lyon à la fin de septembre 1614*. Tout émue et déconcertée par la malheureuse * vide p. 225,001. (3). issue de l'entreprise, M'"^ d'Auxerre lui conta sa peine, ses regrets, mais aussi lui confia son désir toujours vivace qui la portait invaria- blement vers Annecy (5). La voyageuse entrant dans les vues de sa sainte amie, se met aussitôt en campagne avec son ardeur et promptitude habituelles. Elle va trouver le P. Grangier, le supplie de s'intéresser à la reprise du premier projet (6), et, en même temps, envoie à François de Sales un rapport de tout ce qui se pouvait faire ou espérer pour la réussite. La lettre du 15 octobre 16 14 * semble répondre à cet exposé : on * Epist. miv. voit par sa teneur, que le Bienheureux, tout en adhérant à un espoir (i) '( Elles disoient l'Office en chœur... Madame Colin, veuve, leur confia madamoyselle sa fille, âgée seulement de dix ans, a qui elles donnèrent une petite robe grise, et au lieu de voile, une cornette. » (Hist. de la Fondation, par la Sœur Gasparde de Saint-Paul ; cf. ci-dessus, note (^), p. 305.) (2) Partie II, chap. ix. (3) Ibid. (4) Hist. de la Fondation^ par la Mère de Chaugy. (5) Ibid. (6) Le Religieux n^avait pas été consulté pour rétablissement de la Présen- tation, comme le prouvent ces paroles du Saint : « Je ne me puis tenir de « m'estonner dequoy il semble qu'on se soit comme caché des Jésuites... » (Lettre du 30 octobre à M'^^des Gouffiers, p. 245.) Cette remarque enveloppe, quoique sous une forme discrète, un blâme évident pour ceux qui avaient tenu à l'écart le P. Grangier.  340  424 Appendice qui lui sourit, se tient sur la réserve et conseille à la fervente négo- ciatrice de prêter son concours suivant l'occurrence, mais sans rien Epist. Miv, p. 256. laisser paraître qu'une « très absolue indifférence*. » En même ibid. temps, il écrivit au P. Grangier *, sans doute pour l'assurer qu'il persévérait dans son bon vouloir de favoriser, quand les esprits seraient préparés, l'établissement d'une seconde Maison de la Visi- tation. Quelques jours après (26 octobre), il envoyait par sa corres- pondante, des messages pour le Religieux et pour les « Dames de la Vide Epist. Mv. p. (( Présentation, M""" d'Auxerre, Colin et Belet *. » Il semble donc qu'à cette date l'ancien projet était repris, et avec un cordial effort de part et d'autre pour le faire aboutir. Auparavant, l'Arclievêque de Lyon avait reçu la visite des Reli- gieuses qui, désemparées et comme des « brebis errantes, » venaient solliciter assistance et compassion, demandant qu'après cette expé- rience, il plût à Sa Grandeur d'appeler le cher Institut d'Annecy. Le bon Prélat, comprenant bien que les pauvres filles « ne s'êtoient rangées » à la Congrégation « que par pure obeyssance » et que leur désir ne venait pas d'inconstance, mais de l'esprit de Dieu, promit de leur donner toute satisfaction et d'en écrire lui-même à l'Evêque de Genève (0. De son côté. M»"® des Gouffiers pressait aussi le Fondateur d'en- Epist. Mvii. voyer ses Religieuses. « Ouy da, ma très chère Fille, » répondit-il *, « nous donnerons de bon cœur de nos Seurs de la Visitation pour (( augmenter la gloire de Dieu. » Toute la lettre respire le sentiment joyeux de l'action de grâces. Assuré maintenant que les obstacles étaient levés, saint François de Sales n'hésitait plus à s'engager. M. Lourdelot lui-même, qui naguère avait contrecarré si passionné- ment la sainte œuvre, reconnaissait, avec une très méritoire fran- chise, l'insuccès de sa tentative, et voici qu'il employait ce qui lui restait de crédit pour favoriser le dessein auquel tout d'abord, avec tant d'éclat, il avait fait échec (2). C'est François de Sales qui nous Ibid., p. 24=;. apprend cette curieuse particularité * : « Au reste, ma chère Fille, « celuy qui a destourné, ramené maintenant ses congregees a leur « premier dessein. Il m'escrit, » ajoute-t-il, « un trait de la Provi- « dence divine qui me plaist fort. » Ce trait a sa place ici, parce qu'il fut grandement admiré des amis de la Visitation et qu'il toucha vivement les deux Fondateurs. Voici  ( I ) Vie de la. Sœur Marie-Renée Trunel, chap. iv. (2) La Mère de Chaugy (Hist. de la Fondation) dit de lui sans le nommer : « Celui qui avait rompu le dessein d'appeler de nos Sœurs, fut le premier à pousser à la roue pour le faire reprendre et en écrivit lui-même à notre bienheureux Père. »  La Fondatiom dk la Visitatiom dk Lyon 425 comment la Mère de Chaugy ( i ) raconte la chose : « Avant que notre bienheureuse Mère et sa chère troupe arrivassent à Lyon, l'on voulut visiter les patentes royales obtenues pour l'autre établissement (2), afin de faire changer le mot de Présentation en celui de Visitation ; pour cela il fallait faire quelque retardement, et des allées et venues. Notre-Seigneur y mit ordre : à l'ouverture des patentes, l'on vit que le mot était miraculeusement changé, et qu'où les hommes avaient mis Congrégation de la Présentation, il y avait en beau caractère bien formé Congrégation de la Visitation (3)... Cette merveille... fut cause que notre petit Institut fut mieux goûté qu'il n'eût été ; ceux qui avaient été contraires à notre établissement disaient alors : « La main de Dieu travaille pour ces Religieuses ici. » Un récit plus circonstancié de la sainte Fondatrice complète les détails de ce fait merveilleux : « Nous avons appris de ma Sœur Colin,... que M. Fijean, à qui feu Monseigneur de Marquemont remit les lettres pour les porter au Roi afin qu'il les signât, » ayant « obtenu de Sa Majesté la permission que l'on demandait, comme il les présenta à mondit seigneur de Marquemont, l'on trouva le nom de Visitation au lieu de Présentation; de quoi Monseigneur l'Archevêque demeura fort surpris, et beaucoup plus, lorsqu'après avoir su dudit sieur Fijean qu'il avait présenté les lettres en la même forme qu'il les lui avait remises, et ne savait point la cause de ce changement, ni qu'il se fût fait, il voulut revoir celles qu'il avait écrites de sa main, et trouva le même mot de Présentation changé en celui de Visitation^ sans qu'il apparût changement de caractère ni effaçure (4). » Alors, « l'on veid, » remarque la Mère de Chaugy, « que Dieu... avoit conduit l'esprit ou la main du secrétaire, pour écrire ce qu'il avoit déterminé dans les conseils éternels de sa Providence (5). » Avant de partir pour l'assemblée des Etats généraux, M^r de Marquemont avait tenu parole et, très obligeamment, demandé à saint François de Sales qu'il permît à la Mère de Chantai de venir en sa ville établir une Maison de la Visitation. « Le Serviteur de Dieu ayant répondu... qu'il prenoit à un très grand honneur » que  (1) Mémoires, etc., Partie II, chap. ix. (2) Voir ci-dessus, p. 422, et ci-après, p. 428. (3) « Comme si Nostre Seigneur, » remarque à ce propos le Saint (Lettre MVii, p. 245), (( se fust voulu declairer par la voix royale. » (4) Cité par la Mère de Chaugv, Hist. de la Fondation. (5) Vie de la Sœur Marie-Renée Trunel, chap. iv. — Les premières patentes arrivèrent à Lyon avant que la seconde requête put arriver à Paris ; « de manière, »> ajoute la même annaliite (ibid.), « qu'il ne fût point besoin de faire apointer cette nouvelle requête, la première, contre l'espérance humaine, y ayant pourveu par une disposition céleste qui l'avoit autorisée. »  426  Appendice  l'Archevêque « eut fait choix de ses Filles, » ce Prélat s'employa aussitôt à l'exécution delà pieuse entreprise (i). Et pour marquer l'estime particulière qu'il faisait de la Fondatrice, il lui envoya son carrosse et voulut payer tous les frais du voyage. 11 députa, pour aller chercher les Religieuses, M. Ménard, vicaire général, chanoine et sacristain de l'église Saint-Nizier *, et le chanoine de Médio **, avec mesdames des Gouffiers et Colin. « Toute cette belle compagnie, » écrit une annaliste (2), « fut très bien reçue à Annecy, tant par le saint Prélat que par notre bienheureuse Mère de Chantai, » à qui on donna pour coopératrices (( nos Mères Marie-Jacqueline Favre *, Assistante et Directrice ; Pé- ronne-Marie de Chastel *, économe, dépensière, surveillante et ro- idem, p. 29o,not.(i). bièrc ; Marie-Aiméc de Blonay *, conseillère, sacristine, portière et lingère : toutes sujets d'élite et de choix. » Le 25 janvier 16 15,  * Cf . p. 352, not. (i), •* Vide tom. XII, p. 49 not. (3), et supra, p 266, not . ( 4 ) .  * Vide tom. praeced. p. 178, not. ( I ). * Idem. p. 1 5 3^ not. ( 1)  * Epist. Mxxxv. * Vide p. 294, not. (i), (5)-  * Vide p. 295, not. (1), et Epist. Mxxxvi-MXLii .  François de Sales écrivait à M'"^ de la Fléchère  Nostre bonne  Epist. MXL.  * Cf. supra, p. 304. * Vide supra, pp. 422, 424. * Vide supra, p 419. * Vide p. 332, not. ( i).  • Vide supra, p. 422. * Idem,p. 305^ not.(5).  « madame de Chantai part demain pour aller coucher a Clermont *, « ces messieurs et ces dames de Lion estant venus la prendre. » Les haltes du voyage étaient prévues, puisque le Bienheureux confia à la Sœur de Blonay sept billets écrits de sa main, pour qu'elle en remît « un tous les soirs à chaque gîte » à la Fonda- trice *. Celle-ci emportait quelque chose de plus précieux encore que les bénédictions affectueuses d'un Saint : elle avait avec elle les Cons- titutions écrites de la propre main du Fondateur, c'est-à-dire la légis- lation toute céleste qui devait donner l'âme et la vie aux Monastères de l'avenir. La pieuse troupe arriva à Lyon le premier jour de février. Aux approches de la grande ville, la Sainte, selon une promesse de son bienheureux Père *, eut la certitude que « les bons Anges du royaume de France lui faisaient l'accueil (3). » Le lendemain, fête de la Puri- fication, l'établissement du Monastère fut l'occasion d'une grande solennité*. M^'^ l'Archevêque lui-même présida la cérémonie avec une entière satisfaction, M. Lourdelot* donna l'exhortation; M. Ménard et M. de Sevelinges * furent nommés, à la demande de la Mère de Chantai, l'un « Père spirituel *, » et l'autre, confesseur de la Communauté commençante. M'"^ d'Auxerre reçut, le 3 février, l'habit de la Visitation et le nom de Sœur Marie-Renée. Les « damoyselles » de Valence * et Boivin ne s'engagèrent pas dans la Congrégation, mais devinrent Religieu- ses du Tiers-Ordre de Sainte-Elisabeth *, qu'elles contribuèrent  ( I ) Vie de la Sœur Marie-Renée Trunel, chap. v. (a) Ancien Ms, de VHist. de la Fondation du ler Monastère de Lyon. (3) Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy, Partie II, chap. ix.  La Fondation de la Visitation de Lyon 427 beaucoup à fonder à Lyon (0, et « où elles ont fort bien réussi ; » tant il est vrai « qu'il y a diverses demeures en la maison de notre Père céleste, et que la paix de chaque âme consiste à connaître celle que la Providence lui a destinée ( 2 ). » Bientôt, le Monastère marcha avec le même ordre que celui d'Annecy. Sainte Jeanne-Françoise de Chantai y demeura neuf mois, et laissa pour Supérieure à son départ, la Mère Marie-Jacqueline Favre. (i) Le premier essai de vie religieuse commença le 14 juillet 1615, par la retraite de Marie et Catherine de Platet, dans la maison de M. Rousselet, près du Rhône, à sa jonction avec la Saône. A la fin de 1616, Jeanne Chapuis, veuve du sieur Didier Valence, et sa fille Françoise Valence, âgée de douze ans, se joignirent à elles. Le P. de Crespit, instituteur du Tiers-Ordre de Saint-François à Lyon, dirigea la Communauté naissante et lui donna pour Supérieure Sœur Madeleine delà Croix, née de Beaulieu, qui était Religieuse à Salins, appelée dès lors Sœur Madeleine de Saint-François. Le 6 janvier 1617, Jeanne Chapuis reçut le voile et le nom de Sœur Jeanne de Sainte- Elisabeth, et sa fille celui de Sœur Françoise de Saint-Raphaël. (D'après les Annales des Monastères de Sainte-Elisabeth.) (3) Hist. de la Fondation^ par la Mère de Chaugy.  LETTRES PATANTES DU ROY SUR l'establissement des Dames Religieuses du Monastaire Saincte Marie DB GESTE VILLE DE LyON ( I )  LouYS, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, a touts presens et advenir, salut. Noz bien amées Janne Chapuys, Ysabeau Daniel, Claudine Gallon et Anne Marie Bellet Nous ont faict dire et remonstrer que pour le désir qu'elles ont du despuis long temps de vivre soubz quelque saincte Reigle, en servant et se vouant a Dieu, elles auroient choysi et esleu celle de la Congrégation des filles dédiées à Dieu soubz l'invocation de Nostre Dame DE LA VISITATION ; en laquelle ayant résolu de passer le reste de leurs jours, elles se seroient addressées à nostre araé et féal l'Archevesque de Lyon, lequel approuvant leur bonne et devotte intention, leur auroit, sur la requeste qu'elles luy auroient présentée, promis, pour ce qui regarde sa dignité archepiscopalle, soubz nostre bon plaisir, de faire construire et ériger en nostre ville de Lyon, un Couvent, dans lequel elles puissent vivre soubz les Constitutions qui leur seroient par luy ordonnées, conformément à ladicte Congrégation, et a la charge d'y demeurer en perpétuelle closture, et ne demander, ny faire demander aucunnes aumosnes pour elles, ains de renter et dotter ledict Couvent à proportion des Religieuses qui y seront receues, dont on luy feroit apparoir avant que aucune s'y renfermast, et à condition qu'elles seroient entièrement, elles et leur Maison, soubz son régime et juris- dition, et de ses successeurs Archesvesques. Et dautant que ceste bonne intention des exposantes ne peust sortir son effect sans nostre permission et l'impetration de noz Lettres pour ce nécessaires, elles Nous auroient très humblement faict supplier icelles leur octroyer, aux charges cy devant man- tionnées, A quoy inclinans pour l'utillité que le publicq pourra recepvoir pour l'exemple de leur pieté et bonne et saincte vye : Sçavoir faisons que Nous, désirans subvenir ausdictes exposantes en cet endroict, et Nous rendre participans de leurs dévotes prières et oraisons pour la prospérité de cest Estât, de l'avis'de la Royne Régente, nostre très honnoré (sic) Dame et Mère, et de nostre propre mouvement, grâce spéciale, plaine puis- sance et autorité royalle : Avons permis et accordé, et comettons et accor- dons par ces présentes, signées de nostre main, ausdictes exposantes, de faire construire, bastir et ediffier, en nostre dicte ville de Lyon, un Couvent de la Congrégation des Sœurs dédiées a Dieu soubz l'invocation de Nostre Dame DE LA VISITATION, au lieu et place qu'elles choisiront ou auront choysi ( I ) Voir ci-dessus, pp. 422, 424, 425.  La Fondation de la Visitation de Lyon 429 pour cet effect, à elles appartenant, moings incommode au publicq, et par l'advis du Gouverneur et des Prévost et Eschevins d'icelle ville, pour s'y r'enfermer et vivre le reste de leurs jours aux conditions qui leur ont estes prescriptes par ledict Archevesque de Lyon et soubz son auctorité et juris- dition ; sans qu'elles puissent estre en ce que dessus, troublées ou empeschées par quelque sorte de personnes ou en quelque manière que ce soit. Et à ceste fin, les avons prinses et prenons en nostre protection et sauvegarde spéciale. Si donnons en mandement à noz amez et feaulx, les gens tenans nostre court de Parlement à Paris, Seneschal de Lyon ou son Lieutenant, et à tous nos autres Justiciers quil appartiendra, que du contenu en ces présentes, ilz ayent à faire jouir lesdictes exposantes plainement, paisiblement et perpé- tuellement, sans permettre ny souffrir quil leur soyt sur ce faict, mis ou donné aucun trouble ou empeschement au contraire ; car tel est nostre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à tousjours, Nous avons faict mettre nostre séel à ces dictes présentes, sauf en autres choses nostre droict et l'auctruy en touttes. Donné a Paris, au moys de septembre, l'an de grâce mil six cens quatorze, et de nostre règne, le cinquiesme. Signé par le Roy : LOUYS. Et sur le reply : Par le Roy, la Royne régente, sa Mère, présente. Phelipeaux. Et séelU du grand et petit seel à queue pendante, à lact^ de sqye . Revu sur une copie inédile de l'époque, conservée aux Archives du i«i- Monastère de Lyon, transféré à Venise.  I  GLOSSAIRE  DES LOCUTIONS ET DES MOTS SURANNES ou PRIS DANS UNE ACCEPTION INUSITÉE aujourd'hui (0  (L'astérisque désigne les mots qui ont paru dans le Glossaire des tomes précédents.)  * A — pour dans (p. 300, lig. 21), de (pp. 67, lig. 5; 301, lig. I), en (pp. 80, lig. 5; 141, lig. 11; 260, lig. 24; 379» lig- 13). P^^ (P- 1951 lig- 7), pour (p. 243, lig. 4), sur (p. 123, lig. 5). * AAGE — pour temps (pp. 39, 215). * ABSENTER — pour s absenter (p. 202). * ACCOISEMENT — apaisement, re- pos (p. 331). * ACCOYSER — apaiser^ calmer (p. 340). Cf. le lat. ACQUIESCERB. * A CE QUE — afin que, pour que PP- 334, 335)- * ACTION — pour cérémonie (pp. 273» 379)- * ADVENTURE (à 1') — sans doute (p. 309). * AFFECTION — pour désir, volonté (pp. loi, 291). ' AFFECTIONNEMENT — ^f^^û/^c- tion, vivement (pp. 1 57, 228, 236, etc.) AFFICHEUX — attaché a ses idées (p. 242).  acceptation cor-  AGGREEMENT diale (p. 310). * AINS — bien plus, mais, mais enco- re, mais plutôt, ou plutôt. AINSY QUE — au moment oii, com- me {ip. 2741. * AIR — pour manière (p. 119). ALANGOURI— languissant (p. 2/fr (pp. 92, 183). * DESSUS — pour sur (p. 65) . *DEULOIR, DOULOIR (se) — se plaindre (pp. xi6, 196). Du lat. DOLERR. * DEVANT — pour avant. DEVOTIONS — pour objets de dé- votion jp. 42). *DISCOLE — débauché, incorrigi- ble (p. 128). Du grec duscolos, * DONT — pour cest pourquoi (pp. 116, 193), d'oii, par lesquels [^. 133^, sur quoi {p. 220). de là,ainsi{p. 227I. * D'ORES-EN-AVANT, DORES-EN- AVANT — dorénavant (pp. 68, 319, *DOTE —dot (p. 62). •DOUTER — du lat. dubitare, crain- dre (p. 207 \ *DU DESPUIS— depuis lors, depuis ce temps-là (pp. 92, 183). *DU TOUT— absolument, complè- tement, entièrement , tout-à-fait. *EMMI — au milieu de, parmi, dans (pp. 13, 64, 133, etc.) * EN — pour à (p. 365, lig. 13). l.ETTRF? Vi  ♦EN ESTRE - en él.xl{p. 381). "ENFANÇON — tout petit enfant (p. 120). * EN LIEU — pour au lieu (p. 57). ENQUERANT (!') - lui demandant (P- 155). ENQUERIR — pour rechercher, se demander (p. 97). EN Q.UOY - pour oii (p. 254). •ENSEMBLEMENT — ensemble, les uns et les autres fpp. 17, 132, 186). 'ENTRE CI — entre le moment pré- sent, le Jour présent (p. 203). *ENTRETENEMENT — entretien, Jr.iis d'entretien (pp. 265, 309';. * ENVERS — pour auprès de (pp. 4:5, 252). •ENVOYER- pour mander, écrire (p. 32). ESCLAIRER A — pour dotiner lumiè- re, inteilioence à (p. 304). *ESCLARCÎR— ^V/./îVf/r (p. 258). ESGAREMENT — se-^s d'égarer, de perdre un objet (p. 308). *ESLARGIR — accorder libéralement (P- 79)- ESSAYER (s') — ponr essayer (pp. j 17, 287). ESTENDRE — pour agrandir {p. 291). *ESTONNÉ — pour impressionné (p, 300). saisi, inquiété (p. 362). *ESTONNEMENT -• pour émotion (p. 302). * ET SI — pour et vraiment, et en vérité, et déjà, et aussi (pp. 38, 46, 248, 381^. * EVENEMENT — pour issue, résul- tat (p. 1 13^. * EXACTE — pour exact, minutieux (p. 56;. EXERCICE — pour épreuve (p. 291). EXaUISEMENT — d'ujie manière exquise, excellente (p. 194). Cf. Tital. SQUISITAMENTF. *EXTERMINEMENT — extermina- tion, destruction (p. 256}.  * FAIRE — pour avoir (p. 261, lig. 18), effectuer {p. 316). FAIRE BON — garantir formelle- ment (p. 220). 28  434  Lettres de saint François de Sales  FAITES VOS COMMODITES — prenei les arrangements, les dispo- sitions (p. 331). *FASCHERIE — pour en7iui, con- trariété (p. 130). FAUX ENTENDRE — calomnies, faux rapports (p. 99). * FICHÉ — attaché, fixé (p. 213). *F0RT {de)^plnsfort {p. 243). * FORTUNE (par)— /.zr^^^^zr^^Cp. 40). FRIAND — pour avide de ce qui flatte (P- 354)- FRIVOLERIE — chose frivole, de peu d'importance (p. 32). GAIGNER — pour gagner le temps (p. 61.) * GARDER, GARDER (se) — pour se garder, prendre garde (p. 292), se dispenser (p. 260). GENIE — pour inclination, penchant (p. 89). * GENTIL — ^owx agréable (p. 44\ aimable, courtois (p. 278), * GRACIEUX — pour salutaire, effi- cace (p. 213). GRAND CAS DE (c'est un) — cest une chose surprenante que (p. 292). GRAVEMENT — le fait de graver (p. 100). HABITZ — pour ornements sacerdo- taux (p. 381). HAUTAINETÉ —fierté (p. 97). HAYNEUX — qui hait (p. 100). * IL N'EST — pour ce nest (p. 312.. lig. 8). * IMBECILLITE — du Lit. imbecilli- TAS, faiblesse, incapacité, impuis- sance (pp. 32, 210). IMPORTANCE (r) — pour lim- portant (pp. 184, 249). MMPOURVEU, IMPOURVEU(ar) — imprévu, a Vimproviste (pp. 79, 184, 365)- INCOMMODITE — pour^^'w^ pé cuniaire (p. 324). * INDIGENCE— du lat. indigentia, nécessité, besoin (p. 71). *IRE — du lat. IRA, colère (p. 204).  JOLIMENT — d'aune manière agréa- ble [^. 43).  * LA OU — pour tandis que (p. 191). LAVEMENT —purification (p. 207). * LAY — pour laïque (p. 82). LICENTIANT (me) — me donnant licence, permission (p. 377).  *MADAMOYSELLE (voir DAMOY- SELLE)— (p. 33). * MANQUEMENT — pour manque (P-30- * MARRI — fâché, peiné. MÉDIOCRITÉ — pour juste tempé- rament (p. 244). MERVEILLE (de) — extraordinaire- ment, merveilleusement (p. 134). MERVEILLES (par) — par extraor- dinaire, chose incroyable (p. 223). *MESHUI, MESHUY — désormais, dorénavant (pp. 79, 128, 224). *MESME — pour d'autant plus (p. 60). *MESMEMENT — surtout (p. 115), encore, de plus (p. 167), même (p. 205), aussi (p. 278). * MISERABLE — pour chétif plein de misères (p. 357). MOUVANT — agissant, excitant (p. 285). *MOYENNER — procurer quelque chose en servant d'intermédiaire (p. 221). MURMURATION, MURMURE- MENT — murmure, plainte (pp. 218, 62).  *NE — pour ni (p. 59, lig. 18). NI — pour et{^. 320, lig. 11). NOURRI (bien) — combien affermi (P- 254). OFFICE (faire l') — pour rendre le service, faire le nécessaire (p. 336). *ONQUES — du lat. unquam, ja- mais (p. 370). OPPOSER — pour faire opposition, résister (p. 100).  Glossairh  435  •ORATEUR — titre que prenaient autrefois les gens d'Eglise écrivant h des souverains (pp. 24,8^, 183, etc.) ORDE — mauvaise^ sale (p. 118). ORDONNÉ (luy a) — ^ouv a ordonné pour elle (p. 176), *OR SUS — or donc, donc, à propos, mais, h ce propos (pp. 38, 68. 76, 80, 96, etc.) ; parole d^ encourage- ment. Cf. Tital. ORSÙ. PARACLIT — Paraclet (p. 187). * PAR APRES — ensuite, dans la suite, plus tard [pp. ']o, 128, 174, etc.) * PAR DEÇA — ici, de ce côté-ci (pp. 37. 48). * l'AR DELA — Va oii vous êtes (p. 90). PARDONNER DE — pour pardon- ner (p. 287). * PARENTAGE — parenté [p. 7-^). PARFUMIER — lieu où l'on renferme les parfums (p. 286). PARTIR — pour départ (p. 238). PASQUES (faire ses) — pour com- munier (p. 48). PASSAMMENT — ^«^^:î5^«^ (p. 131). * PASSIONNÉ — pour ému (p. 321). * PASSIONS — pour souffrances (p. 300). * PETIT (un) — pour un peu (p, 242). * PITOYABLE — pour secourable, compatissant (p, 39). *PLAYSE VOUS — pour quil vous plaise (p. 178;. PORTER — pour exciter, pousser (p. 167). * PORTION — pour partie (p. 131). * POUR — pour par (p. 194), de (p. 348). *POURCHAS — poursuite ardente (p. 119). PRETENDRE — pour être deman- deur (p. 167). * PREMIER — pour premier cour- rier, première occasion (p. 149). PRIVATIVEMENT — exclusivement (p. 307). PROBABLE — pour raisonnable (p. 204). * PROCEDURE — pour/>ro^^c/(p. 229). * SUFFISANCE — du lat. sufficen- TiA, capacité, mérite (p. 354). ♦SUIVRE — pour continuer (p. 6). *SUPERSCRIPTION - adresse (p. 137"). Du lat. SUPERSCRIPTIO. ♦SUPPORT — pour appui, soutien (P- 79)- SURABONDER — pour faire sura- bonder (p. 299).  SUR LE — pour au (pp. 128, 141). SURFREl^A^T — qui prejid par sur- prise (p. 242)- SURVEILLER — pour veiller avec attention (p. 127). * TANDIS — en attendant, pendant ce temps (pp. 31, 63, 183, etc.) *TANT PLUS — d'autant plus (p. 100). TEMS — pour/^ temps présent, notre temps (p. 100). * TENDRE — pour sensible, suscep- tible (p. 242). TENDREMENT — pour impercepti- blement, le moins possible (p. 198). * TENDRETÉ — consolation, sensibi- lité (pp. ^6, 121, 302). Du lat. TENE- RITAS. * TRAVAUX — pour douleurs, souf- frances (pp. 96, 175, 215, etc.) * TROP MIEUX — beaucoup mieu^ (P- 277)- UNGUENT — du lat. unguentum, parfum (p. 286). * VANTANCE —flatterie (p. 46). VEILLEE — pour veille (p. 152). * VENANTE — qui vient, prochaine (p. 112). * VERS — pour auprès de (pp. 54» 74)> pour (p. 288). VERTU — du lat. virtus, puissance (p. 329). VESPRE — du lat. vesper, soir (p. 29). VEUM — pour entrevue (p. 122). VIGOUREUX — pour fier, plein de soi-même (p. 355). VILAGE (au) — pour à la campagne (p. 303). VITALE ÉTERNITÉ — éternelle vi- talité (p. 56). *VOIREMENT, VOYREMENT — a la vérité, même (pp. 76, 234, 307),  INDEX  DES CORRESPONDANTS  ET DES PRINCIPALES NOTES BIOGRAPHIQUES ET HISTORIQUES DE CE VOLUME (0  Administrateurs du Collège Chappuisien *. Voir Collège Chappuisien Pages 190, 228, 41 I, 415, 416 AffringuesBruno*(d'), Général des Chartreux » 200, 200,398 Aiguebelette Françoise-Melchionne du Four (dame de Chabod-Lescheraine et d') » 36 Alincourt Charles de Neufville (marquis d') » 258 Alincourt Jacqueline de Harlay de Sancy (marquise d') » 247 Allemogne (AJemoîgne) Pierre de Livron (sei- gneur d'). Voir Livron, Mattignin » 87 Amanzé Jean (baron d') » 48 Ambassadeurs. Voir Chabod DE Jacob, Valdengo » 89, 269 Angoulême Diane de France (duchesse d')... » 166 Aniezy Paul Damas (baron d') » 225, 225 Annecy. Voir Barnabites, Chapitre de Saint- Pierre DE Genève, Collège Chappuisien, Con- seil, Dominicains, Nemours, Saint-Sépulcre, Syndics, Visitation Annecy (Exemption d'impôts extraordinaires pour) » 269,324 (i) Les pages des Lettres sont indiquées par des chiffres ordinaires; les caractères et les chiffres gras désignent les noms des correspondants et leurs notes biographiques. Quant aux autres notes, leurs titres sont donnés en caractères ordinaires. Les noms suivis d'un astérisque * indiquent les auteurs ou les destinataires des pièces qui figurent à l'Appendice. Dans cet Index on a donné aux personnages la désignation que leur attribue le texte des Lettres. (Cf. tome XII, note (i), p. 491.)  438 Lettres de saint François de Sales Annecy (hôpital d'). Voir Notre-Dame DE Liesse Pages 105 Auxerre Renée Trunel, dame d' (Marie-Renée, Religieuse de la Visitation). Voir Visitation d'Annecy et de Lyon » 240 Avise Gasparde d' (Marie-Gasparde, Religieuse de la Visitation) » 40 Avise Marie d' » 40 Avise Nicolas (baron d'). » 40 AvRiLLON Jean, curé de Cervens » 323 Bailly Françoise-Gabriellé, Religieuse de la Visitation * » 280 Bailly Placide, Bénédictin » 280, 280 Ballon Gasparde (de), Religieuse de l'abbaye de Sainte-Catherine » 290, 290 Balme Marguerite de la (Marie-Marguerite, Re- ligieuse de la Visitation) » Bandini Octave, Cardinal » Barberini Maffeo, Cardinal » Barfelly Maurice, procureur fiscal » Barnabites. Voir Fregoso, Marliano, Mazenta » Barnabites au Collège d'Annecy. Voir Col- lège Chappuisien » 354 Barnabites d'Annecy (Affaire des jardins). Voir Dominicains et Visitation d'Annecy » Barnabites (Général des). Voir Mazenta » Barraut Jean Jaubert (de), Evêque de Bazas. . » Barraux Michel Fenouillet (seigneur de) » Barraux Suzanne de Gruffy (dame Fenouillet de) ^ » 339 Beaumont Jacques de Menthon (baron de). Voir Menthon-Beaumont » 14 Bellegarde Antoine (de). Voir Disonche Bellegarde Roger de Saint-Lary (duc de). . . . » 48, 55, 58, 193, 212, 223 Bellet Marie, dame Çhaudon (Anne-Marie, Novice de la Visitation). Voir Chaudon, Visitation d'Annecy et de Lyon » 25 Belley (lieutenant de). Voir Le Roux » 334 Bellot (M"e) » 22, 155, 319 Benoit Claude, curé de Massongy » 159  343 238 376, 376 257 '4^, .46 189, 190, 228, 227, 228 190 339  Index des correspondants et des notes 439 Bernard (Saint). Guérisons miraculeuses obte- nues à Fontaines. Voir Foi.in Pages 219, 356 Berthelot Pierre » 26, 199 Bérulle Pierre, Cardinal de » 43 Binet Etienne *, Jésuite » 399 Blonay Claude de » 40, 124, 156, 165, 289 Blonay Claudine (de), Abbesse de Sainte-Claire d'Evian » 206, 206 Blonay Jacques de » 40 Blonay Jean de » 157 Blonay Jean-François (de), Prieur de Saint-Paul » 9'» '57 Blonay Marie-Aimée (de). Religieuse de la Vi- sitation. Voir Visitation de Lyon. » 73, 289 BoiSY Gallois de Sales (seigneur de). Voir Sales » i95^'S i96'''s BoNFiLS Horace » 199 BoNiVARD Jacques-Philibert * (de), Jésuite » 386 Borghese Scipion Caffarelli *, Cardinal » 147, 392, 397 Bourgeois Rose, Abbesse du Puits-d'Orbe. ...» 45 Boursier Pierre » 54 Bracelet de dévotion » 186 Bréauté Charlotte de Harlay de Sancy, dame de (Marie de Jésus, Carmélite) » 246 Bréchard Jeanne-Charlotte (de). Religieuse de la Visitation » 76, 366 Breslay René (de), Evêque de Troyes » 378 Breuil Gabrielle de Fedict, veuve des Gouffiers (dame du). Voir Gouffiers » 154 Brûlant Marie Bourgeois (dame) » 62 Brulart Nicolas, seigneur de Puisieux, Chan- celier de France » 353 Burin Claude et Jean » 316 Buttet Jean-François, Président du Conseil de Genevois » 90 Camus Jean-Pierre*, Evêque de Belley » ^i,5l,54, 215, 389 Capucins. Voir Gex, Maragnan Capucins de la Mission de Thonon (Province des) » 264 Capucins de Lyon » 344 Capucins de Moûtiers (couvent des) » 269 Capucins de Moûtiers * (Saint François de Sales consacre l'église des). Voir Germonio » 269, 417  44-0 Lettres de saint François de Sales Carmel de Lyon Pages 247 Carmes de Gex (Réclamation des immeubles des). Voir Mesnage » 220 Castillon (Castiglione délie Stiviere) Congréga- tion de » 246 Ceppède Jean de la » 286, 286 Cervens (curé de). Voir Avrillon » 323 Cessy (Sessij curé de. Voir Poncet » 219 Chabod Guillaume-François (de). Voir Jacob » 214,214 Chanoines de la Collégiale de Samoëns. Voir Samoens. » 174 Chantal Celse-Bénigne de Rabutin » 38 Chantal Françoise de Rabutin. Voir Rabutin » 303 Chantal Guy de Rabutin (baron de) » 388 Chantal Jeanne-Françoise Frémyot * (Sainte), Mère de. Voir Visitation DE Lyon » 1,5, 12,13, 14, 19, 25, 29, 35, 37, 45, 49, 58, 58, 61, 72, 83, I 12, 120, 122, 123, 125, 128, 140, 140, 143, 143, 168, 172, 177, 188, I95bis, 205, 231, 232, 248, 250, 262, 271, 272, 279, 282, 282, 283, 284, 288, 295-299, 302, 311, 313, 327, 329, 336, 342, 347, 358, 359. 361. 363, 365. 402 Chapitre de Saint-Pierre de Genève » 85 Charansonay (filles d'Hélène Acton) » 167 Charansonay Hélène Acton (dame de) » 167 Charansonay Louise de » 166 Chardon Anne-Françoise, Religieuse de la Vi- sitation » 337 Charles-Emmanuel 1^', duc de Savoie *. Voir MONTFERRAT )) 85, 87, 1 45 , 182, 189, 274, 375, 391, 395, 401 409, 410, 41 I Charmoisy Claude Vidomne de Chaumont (sei- gneur de). Voir Nemours » lo, 84 Charmoisy Louise du Chastel (dame de) » 37, 94 Charpenne Bernardin (de), Prieur de Saint-Do- minique d'Annecy. Voir Administrateurs.. » 239 Chartreux à Ripaille (Introduction des). Voir Ripaille » 183 Charvet ou Charvey Charles » 293 Chastel Péronne-Marie (de). Religieuse de la Visitation. Voir Visitation de Lyon » 241  Indkx dks corkkspondants ht des notes 441 Chateaufort Anne de Clerniont (dame de Grôlce et de) Pages 34c Chathlard Jacqueline de Chauvirey (dame de Seyssel, baronne du) » 346 Châtlllon Jean de » 323 Chaudon Marie Bellet (dame). Voir Bellet, Vi- sitation d'Annecy et de Lyon » 25 Cheynel Claude » 220 Chrysostome (Don), Barnabite. Voir Marliano » 231 Clarisses d'Annecy » 72 Clarisses d'Evian (Abbesses des). Voir Blonay, Maillard » 204 Clermont en Genevois » 294 Colin Claude (Anne-Claude, Religieuse de la Visitation). Voir Visitation de Lyon » 305, 423 Colin Isabeau Daniel, dame (Jacqueline-Elisa- beth, Religieuse de la Visitation). Voir Visi- tation d'Annecy et de Lyon » 241 Collège Chappuisien. Voir Administrateurs, Barnabites » 1 46, 228, 2 34 Collège de Savoie a Louvain. Voir Proviseurs » 234 CoLLOMB Claude, curé de Cusy en 1614 (?). . . » 202 Congrégation des EVÊQ.UES ET Réguliers » 148 Conseil DE Ville d'Annecy (membres du). .. . » 141 Conseil du Genevois (membres du) » 228 Contagion en Chablais et en Faucigny » 30 CoRBONEX François de Chavanes (seigneur de) » 258 Cordeliers. Voir Coysia, Frepier, Galois, Giustiniani Ange » 208, 264, 265 Cordeliers de Savoie (couvents des) » 264 Cormand Claude de Menthon-Montrottier (sei- gneur de), Prieur du Saint-Sépulcre d'Annecy. Voir Menthon-Montrottier » 86 Corniilon Gasparde de Sales (dame de). Voir Meyrens » 92, 335 Cornut François, doyen de la Collégiale de Samoëns » 1 74 C0RSELIUS ou Courselle Gérard (de), Proviseur du Collège de Savoie à Louvain. Voir Provi- seurs » 233 Costa Pierre-François *, Evèque de Savone, Nonce à Turin » 385  442 Lettres de saint François de Sales CosTES Claude de Menthon-Lornay (seigneur des). Voir Lornay Pages 201 Coton Pierre, Jésuite » 22 1 Cousine (une) » 126 CoYSiA Claude (de), Cordelier, confesseur des Clarisses d'Evian » 208 Croix Claude-Françoise de Maillard-Tournon (dame de Murât de la) » 78, 78 Croix Salomon de Murât de la » 79 Croix de Fésigny Jeanne-Marie de Vincent (de la). Religieuse de la Visitation » 271,272 CusY (curé de). Voir Collomb . » 202 Cusy Jean-Bérold de Pingon (baron de) » 202 Dalmaz Louise de » 184 Destinataires inconnus. Voir Ecclésiastique et Secrétaire du Duc de Savoie » Destinataires inconnues- Voir Cousine » DiNET Gaspard, Evêque de Mâcon » Disonche Antoine de Bellegarde (seigneur de). Voir MiRiBEL et Visitation d'Annecy » DiziMiEU César de » DiziMiEu (MM. de) » Dominicains d'Annecy (Affaire des jardins). Voir Barnabites et Visitation d'Annecy » Ducrest Gabriel » Ducrest Jean-Baptiste » Ducrest Philippe » DuFRESNE (Defresne), secrétaire du Duc de Nemours » Dunant Etienne, curé de Gex » Dyan Emmanuel » Dyan Françoise Perrache (dame) » Ecclésiastique (un) » 1 24 Escriiies ou des Criiies Marie de Mouxy, dame d' (Marie-Madeleine, Religieuse de la Visitation) » 133, 175 Est Alexandre, Cardinal d' » 1 68 Etats de Bourgogne » 224 Etats de Bretagne (Arrêt concernant la pré- sidence des) » 69 Etats du bailliage de Gex. Voir Gex » 195, 196  34. 1 1 81,171 9. 349 150 7. 14.83 74 74 227,228 364 363 363 100 219 22 22  Index des correspondants et des notes 443 Etats généraux Pages 217, 263 Exertier Jean » 203 Fabricius Guillaume, Proviseur du Collège de Savoie à Louvain. Voir Proviseurs » 233 Faverge Georges de Sainl-Jeoire (de la), Carme » 263 Favre François » 142 Favre Jean-François, avocat » 373 Favre Marie-Jacqueline, Religieuse de la Visi- tation. Voir Visitation DE Lyon » 75, 76, 117, 362, 373 Fenouiilet Pierre, Evêque de Montpellier.... » 138, 263, 339 Feuillants à Saint-Bernard de Fontaines (Ins- tallation des). Voir Saint-Bernard » 218 Feuillants (Procès entre les Bénédictins de Tal- loires et les). Voir Talloires. » 113,115,148 FiCHET Marie-Adrienne, Religieuse de la Visi- tation » 76 FiLLY (abbaye de) » 182 Fléchère Madeleine de la Forest (dame de la) » 27, 42, 67, 80, 91, 94, 101, 102, 119, 171, 179, 179, 184, 185, 191, 211, 222, 260, 270, 292, 294, 348 FoLiN Catherine » 219 Fontaines-Marans Antoine du Bois (seigneur de) n 135 Foras Guillaume de Bernard (de) » 226, 226, 228, 319, 320, 322 FouG Jeanne Barbier du Maney (dame du). ... » 157 François de Chambéry, Capucin » 220, 264 François de Paule (Saint). Dévotion de saint François de Sales à » 170 Fregoso Simplicien, Supérieur des Barnabites d'Annecy. Voir Barnabites, Collège Chap- PUISIEN » 23 I Frepier ou Frepérius Michel, Cordelier. Voir CORDELIERS » 265 Gaillard Philippe, Surveillant » 72 Galois ou Galésius Claude, Cordelier. Voir Cordeliers » 265 Genêt Pierre » 15 Germonio Anastase*, Archevêque de Tarentaise » 269, 417 Gex (Bénéfice du pays de) » 266  444 Lettres de saint François de Sales Gex (Le culte catholique dans le pays de). Voir Carmes, Etats du bailliage Pages 49, 220 Gex (missionnaires Capucins du pays de) » 70 Gex (Armoiries de la famille de). Voir Samoens » 99, 100 Gex Charles de » 99 Gex Claude (de). Voir Villard » 101 Gex Jacques (de). Voir Vallon » 98, 100 Giez Claire-Marguerite de Challant (dame de) » 16, 16 GiLiBERTi Vincent, Théatin » 181 Girod Louis, curé d'Arlod » 7 ' , 7 I GiusTiNiANi (Justinien) Ange, Evêquede Genève. Voir CoRDELiERS » 265 GiusTiNiANi (Justiniano) Benoît, Jésuite » 131 Gouffiers Elisabeth Arnault (des), Religieuse du Paraclet. Voir Visitation de Lyon « 15, 187, 225, 235, 238. 244 Gouffiers Gabrielle de Fedict (veuve des). Voir Breuil » 154 Grandmaison Hélène de Longecombe de Pey- zieu (dame de) » 95 Grange Renaud de Crémeaux * (seigneur de la) » 254,412 Grangier Pierre, Jésuite. Voir Visitation de Lyon » 25 Gros Pierre, curé de LuUin » 124 Guastalla (Gw^5/(3/^5^ Congrégation de la » 246 GuASTALLA Ludovica Torella (comtesse de). . . » 246 Hayes Antoine des » 7. 166,306,351 Hayes Louis des » 340 HuMBERT Marie-Avoye, Religieuse de la Visita- tion » 61,62 HuMBERT Marie Espiart (dame) » 62 HuMBERT Nicolas )) 62 Indulgences pour la Visitation » 149 Introduction a la Vie dévote (réimpression de 1615). Voir Morillon » 198 Jacob Guillaume-François de Chabod (seigneur de). Voir Chabod » 214,214 jAauART (membres de la famille) » 165 Jaubert Jean, Evêque de Bazas. Voir Barraut Jay Pierre-François, curé de Bonneville » 229, 229, 230  InDHX DHS CORkl-SPONDANTS HT DBS NOTHS 445 Jean de Salnt-Malachle, Feuillant. Voir Obry Pages 35C). 356 JÉSUITHS. Voir BiNHT, BONIVARD, COTON, GlUSTI- NiANi, Grangibr, Mali.ians, Monet, Richeome » JoNDEL Pierre (sire) » 7 JosT (frères de l'Evêque) » 273 Jost Hildebrand, Evoque de Sion » 158, 158, 267 Lans Sigismond d'Est (marquis de) » 47, 276 Lante Marcel, Cardinal » 148 Larchiver François, Evêque de Rennes. Voir Etats de Bretagne » 69 LÉMENC (prieuré de) » 115 Le Roux Barthélémy » 334 Lestang Marguerite de (Marguerite-Jacqueline, Religieuse de la Visitation) » 343 Litanies usitées à la Visitation. Voir Visitation )> 169 Livron de Thoiry (membres de la famille de). Voir Allemogne, Mattignin » 87 Lornay Claude de Menthon. Voir Costes, ... » 201 Lornay Jeanne de Menthon, Chartreusine. ... » 201 Louis XIII * » 176, 176, 192, 428 Lourdelot Jean. Voir Visitation de Lyon. ... » 245 Lullin (curé de*. Voir Gros ->) 124  -^7'  Maillard Béatrix (de), Prieure de Neuville .... » Maillard Claudine (de), Clarisse » 204 Maillard (de), sœurs du comte de Tournon. . » 204 Maillard-Tournon Marguerite (de). Voir Tour- non » 204 Maistre Nicolas, Chartreux, vicaire de Mélan. Voir MÉLAN » 201 Malabaila Philippe. Voir Philippe de Saint- Jean-Baptiste » 240 Maletti (MaJeto) Pierre-François, Chanoine régulier de Latran » 308 Mallians Charles, Jésuite » 333 Mantoue * (duchesse de). Voir Marguerite de Savoie » 104, 104. 379, 402 Maragnan (Conquête de l'île de) » 66, 368 Marguerite de Savoie *. Voir Mantoue » 104, I04, 379, 402  446 Lettres de saint François de Sales Marliano Chrysostôme, Barnabite. Voir Chry- sostome Pages 23 1 Marpeaud Maurice » 251. 251 Massongy fM^55o;7o-;>rj curé de. Voir Benoit. . » 156 Mathias, empereur d'Allemagne * » 3, 3,393 Mathias de Dole *, Capucin )) 388 Mattignin (Matignien) maison de. Voir Alle- MOGNE, LiVRON )) 87 Maurice de Savoie *, Cardinal » 308, 324, 396, 415 Mazenta Jean-Ambroise, Général des Barnabi- tes. Voir Barnabites » 190 Mélan (Vicaire de). Voir Maistre » 201 Mendoza Juan (de), Gouverneur de Milan » 275 Menthon-Beaumont Jacques (de). Voir Beau- mont » 14 Menthon-Beaumont Jeanne de Charansonay (dame de) » 167 Menthon-Montrottier Claude (de), Prieur du Saint-Sépulcre d'Annecy. Voir Cormand. . . » 86 Mercœur Marie de Luxembourg (duchesse de) » 39 Mesnage Jean. Voir Carmes de Gex » 220 Meyrens Gasparde de Sales (dame de Cornillon et de). Voir Cornillon » 92, 335 Milan (Congrégations établies à). Voir Gua- stalla » 19 Milan (Gouverneur de). Voir Mendoza » 275 Milan (Pèlerinage de saint François de Sales à) » i Milletot Bénigne » 333 Miribel Claudine Solliard, dame de Chevron et de (son héritage). Voir Disonche et Visita- tion d'Annecy » 7, 14, 83 MoNET Philibert, Jésuite » 149 Montferrat (Guerre du) » 2, 27, 32, 143, 144, 203, 269, 355, 366 Montfort Amé de » 60, 60 MoNTFORT (Procès entre les membres de la fa- mille de) » 60 MoNTHOLON Catherine (de), dame de Sanzelles » 18 MoNTHoux Emmanuelle (de), Religieuse de l'ab- baye de Sainte Catherine » 250 MoNTHOUx Gabrielle Dyan (dame Guillet de). . » 22, 349  Index des correspondants et des notes 447 MoNTiioux Paulc-Jcronyine (Guillct de), Reli- gieuse de la Visitation Pages 2(5 1,279 Morillon Claude. Voir Introduction » 198 Nemours Henri de Savoie (duc de Genevois et de) » 2 3 , 29, 46, 84, 197, 238, 252, 257, 269, 317 Nemours Henri de Savoie, duc de Genevois et de (Gentilshommes calomniés et Annéciens accusés auprès de lui). Voir Charmoisy, NOYRET » 10, 30, 198, 3.8 Neuville (abbaye et Prieure de). Voir Maillard » 259, 279 Nevers Charles de Gonzague-Clèves (duc de). . » 377 Notre-Dame de Liesse ( hôpital de) . Voir Annecy » i O7 NoYRET (famille du) » 30 Noyret (Noyeret) Jacques Pelard (seigneur du) Voir Nemours » 23 Nyon (bailli de). Voir Wagner » 48 Obry. Voir Jean DE Saint-Malachie » 356, 356 Oratoire (Congrégation de 1') » 137 Oratoire (Saint François de Sales et 1') » 136 Ordinations faites par saint François de Sales » 160, 303, 343 Ouvrier Henri » 60 Paraclet (abbaye et Abbcsse du). Voir Roche- FoucAULT , . )) 15 I, 152, 154, 418 Pelliex Claude » 323 Perron Jacques Davy, Cardinal du » 353 Peyzieu Balthazard de Longecombe (seigneur de) >) MO, I 1 0, 368 Peyzieu Françoise de Dizimieu (dame de) .... » 1 1 , 65 , 74, 284, 300, 310, 328, 350, 370 Peyzieu Jeanne Armuet de Bonrepos (dame de) » 1 1 1 Peyzieu Louis de Longecombe (de). Voir Silli- GNIEU » 65, 66, 368 Philippe de Saint-Jean-Baptiste. Feuillant. Voir Malabaila » 240 Pierre (sire). Voir Jondel, Richard » 7, 330 PoLLiNGE Michellede Bellegarde (dame de Chis- sé de) » 204  448 Lettres de saint François de Sales PoNCET Pierre, curé de Cessy Pages 219 Portes Antoine (de) et sa famille » 199 Portier Amé et Jean-Baptiste » 342 Présentation (Congrégation de la). Voir Lour- DELOT, Visitation de Lyon Presle (terre de) » 184, 188 Proviseurs du Collège de Savoie à Lou- vain *. Voir Corselius, Fabricius, Sylvius » 233,233, 234, 416 Quoex Claude "^ de » 187, 301, 403 Quoex Claude-Louis-Nicolas (de). Prieur de Talloires » 127 Quoex Philippe * (de). Voir Sainte-Catherine, Talloires » 113,147, 153, 403 Rabutin Françoise (de). Voir Chantai » 303 Ratisbonne (diète de) » 3 ' 393 Revol Antoine (de), Evêque de Dol. Voir Etats DE Bretagne » 69 Richard Pierre (sire) » 330 RicHEOME Louis, Jésuite » 150 Ripaille (abbaye de). Voir Chartreux » 183, 381 RocHEFOucAULT Marie (de la), Abbesse du Pa- raclet » 152, 154 RoGET Claude-Françoise, Religieuse de la Visi- tation » 34 RoGET Philibert » 335 Rolland Georges ^) (41 Rougemont Balthazard de y> 95 RuAz Blanche-Diane de Valence de Gruffy (dame delà) » 272 RuAz Jacques de Vincent de la Croix (seigneur de la) » 272 RuMiLLY (clergé et curé de). Voir Viret » 258, 259 RuMiLLY (collège de) » 294 Saint-Bernard de Fontaines (église et monas- tère des Feuillants à) » 218 SAiNT-DoMiNiauE d'Annecy (Prieur de). Voir Charpenne » 239  I 2 119: , 172. 180 '95 bis^ 1^6 bis  Index des correspondants et des notes 449 Sainte-Catherine (M. de). Voir Cluohx Philippe Pages 113,147, 153, 403 Saint-Germain l'Auxerrois (église de) » 307 Saint-Sépulcre d'Annecy (Prieur et prieuré du). Voir CORMAND et MeNTHON-MoNI ROTI 1ER. . . » 85, 86 SALES FRANÇOIS * de (Saint). Voir Barnabi- TES, Capucins de Moûtiers, Chateaufort, Clermont, Collège Chappuisien, Dizimieu, Favre, Feuillants, Foras, François de Paule, Germonio, Hayes, Introduction, Louis XIII, Milan, Oratoire, Ordinations, Perron, Saint-Bernard de Fontaines, Suaire, Tal- loires, Toulouse, Vesvre, Visitation, Visi- tation d'Annecy et de Lyon » i96bis, 267, 268, 273, 294, 295, 307,319, 360 Sales François, marquis de » Sales Gallois (de). Voir Boisy » Sales Louis (de). Voir Thuille » 27 Samoëns (Chanoines et Collégiale de). Voir Chanoines et Gex » 99, 174 Savoie Victor-Amédée et Philibert de. (Leur voyage en Espagne) » 181 Secrétaire du Duc de Savoie » 381 Sénat de Savoie "^^ » 409 Serraz Bertrand de Seyssel (baron de la). Voir Seyssel » 346 Sevelinges ou SiRViNGEs Claudc (de), aumônier de Belleville. Voir Visitation de Lyon » 150 Seyssel (Emeute et procès des bourgeois de). . » 334 Seyssel Bertrand (de). Voir Serraz. » 346 Sillignieu Louis de Longecombe de Peyzieu (seigneur de). Voir Peyzieu » 65, 66, 368 Soulfour Nicolas (de), Oratorien » 44, 135, 136 Suaire de Turin (saint) » 177 Suaire de Turin (saint). Son ostension par saint François de Sales en 161 3; culte du Saint pour cette relique » 2, 178 Suisse (cantons catholiques de la) » 278 Surveillants du diocèse de Genève. Voir Gaillard » Sylvius Cornélius, Proviseur du Collège de Savoie à Louvain. Voir Proviseurs »  72 233  Lettres VI 29  450 Lettres de saint François de Sales Syndics d'Annecy *. Voir Administrateurs, Collège Chappuisien Pages 228, 410 Talloires (Procès entre les Feuillants et les Bé- nédictins de). Voir Feuillants, Quoex » 1 13, 1 15, 148 Talloires (Réforme du monastère de) » 1 13, 1 14, 127 Talloires (tour de). Voir Visitation d'Annecy » 172, 173 Tarentaise * (clergé du diocèse de) » 417 Thorens (terre de) » 39, 1 57 Thorens Marie-Aimée de Rabutin-Chantal (ba- ronne de) » 303 Thuille Louis de Sales (seigneur de la). Voir Sales » 27 Thuille Madeleine Roero de Bressieu (dame de la) » 27 Tiers-Ordre de Sainte-Elisabeth à Lyon (Fon- dation de la Congrégation du) » 305, 427 Toulouse (Saint François de Sales invité à prê- cher le Carême à) » 138 TouRNON Marguerite de Maillard. Voir Maillard » 204 Tournon Philiberte de Beaufort (comtesse de) » 325 Tournon Prosper-Marc de Maillard (comte de) » 31,88, 89, 180, 197, 203, 257, 268, 316 Travernay Péronne de Montfalcon (dame de) » 33 Trino » 2 Trouilloux Jean » 8 Turin. Voir Giliberti, Suaire Ursulines de Lyon » 237 Valais (dixains et république du) » 277 Valbonne Andrée de Nicolle de Crescherel (dame de la) . , » 21, 155, 170, 209 Valdengo (Valdcnghe) Jean-François-Jérôme Avogadro (seigneur de) . . » 277 Vallon Jacques de Gex (seigneur de). VoirGEX, Samoëns, Visitation d'Annecy » 98, 99, 100, 367 Vesvre Anne (de la), Ursuline. Voir Montho- LON » 18, 18 Villard (ViJars) Claude de Gex (seigneur du). Voir Gex » loi  DHS CORRESPONDANTS HT DES NOTES 45 1 Vlllars François de Bo}'vin (baron de) Pages 195, 195 ViLLEROY Nicolas de Neufville '^ (duc dei » 412 ViRET Jean, curé de Rumilly » 259 Visitation (Coutumes, privilèges, Règles de la). Voir Indulgences, Litanies » 122,331,332, 343. 34=5 Visitation d'Annecy (Affaire d'argent conclue avec M. de Vallon). Voir Vallon ... » 367 — Affaire des jardins. Voir Barnabites et Dominicains » 227, 228 — Eglise et monastère de la. Voir Talloires » 106, 172, 173, 199, 228, 379 — et M'"® de MiRiBEL (son héritage). Voir DiSONCHE et MlRlBEL )) 7, I4, 83 — Les dames de Lyon à la. Voir Auxerre, Bellet, Chaudon, Colin, Daniel, Gouffiers, Visitation de Lyon w '5. 25 Visitation d'Annecy (Religieuse de la) » 129 — Religieuses * de la. Voir Avise, Blonay, Bréchard, Chantal, Chardon, Chas tel. Croix de Fésigny, Escrilles, Favre, Humbert, Monthoux, Visita- tion de Lyon » 303, 401 Visitation de Lyon * (Fondation et fondatrices de la). Voir Auxerre, Gouffiers, Grangier, Sevelinges » 244, 248, 294, 304, 305, 418-427 — Religieuses de la. Voir Auxerre, Bal.me, Bellet, Colin, Lestang » 305 VULLIAT (M""*) » 188 Wagner Jean Rodolphe, bailli de Nyon » 48 Waldin (Valdin) Antoine » 275  TABLE DE CORRESPONDANCE DE CETTE NOUVELLE ÉDITION AVEC LES PRÉCÉDENTES ET INDICATION DE LA PROVENANCE DES MANUSCRITS  NOUVELLE ÉDITION DCCCLXXIII  PROVENANCE DES MSS. Paris. Séminaire de •Saint-Sulpice,. . ,  PREMIÈRE PUBLICATION (l) ÉDITIONS MODERNES  DCCCLXXIV.  DCCCLXXV.  DCCCLXXVI  \ Rouen. Visitation (i^"" l Monastère) DCCCLXXVI! TROYES.Aumônerie des Dames des SS. Cœurs / LuNÉviLLE. (Meurthe- et-Moselle). M. Zeil-  / Epistres spirituelles , } 1626 (texte français), ( i629(texte latin), 1. i Hérissant, \u, p. 523 C Hérissant, Opuscules, i ïv, p. 53  DCCCLXXVIII... DCCCLXXIX (frag'  i;  DCCCLXXX  er Chambéry. M. le cha- noine Collonges Annecy. Missionnaires de S'-François de Sa- les  Dafta, II, p. 351.  Inédite Vives, VII, p. 273 Migne, V, col. 965 Viv. X, p. 455 Mig. V, col. 883 Viv. VII, p. 230 Mig. V, col. 884 Inédite Inédite  Mig. VI, col. 1094 Viv. XI, p. 414 Mior. VI, col. 835  DCCCLXXXI  DCCCLXXXII  DCCCLXXXIII.  DCCCLXXXIV Turin. Visit. (Copie). Lyon. RR. PP. Jésui tes (en 1892)  DCCCLXXXV,  ^ Epistres spirituelles , ( 1626, 1. VII Sénault, Vie de Mme de Montholon, Paris, i6s3 (2) \ Epistres spirituelles , i 1626, liv. IV IL'rissjnt, m, p. Il . . 1  Viv. XI, p. 392 Mig. V, col. 1423 Inédite Viv. VI, p. 299 Mig. V, col. 888  (i) Les indications qui figurent dans cette colonne sont données sous toutes réserves, et pour des raisons déjà exposées dans LAvant-Propos du tome XI. La numérotation des pièces étant souvent très inexacte dans les éditions du xvii« siècle, quand nous remontons à celles-ci, au lieu de citer le numéro d'ordre des Lettres, nous indi- quons seulement la série, soit le Livre dans lequel elles sont insérées. (2) La Vie de Madame Catherine de Montholon, veuve de Monsieur de San^elles, maistre des requestes, et fondatrice des Vrsultnes de Dijon. Par le P. J. François Senault, Prestre de l'Oratoire de Jésus. A Pans, chez Pierre Le Petit... et Jacques Camusat, mdcliii (p. 45).  454 NOUVELLE ÉDITION DCCCLXXXVI DCCCLXXXVII DCCCLXXXVI II (fr') DCCCLXXXIX DCCCXC DCCCXCI DCCCXCII (frag>)... DCCCXCIII (frag').. DCCCXCIV DCCCXCV DCCCXCVI DCCCXCVII DCCCXCVIII DCCCXCIX CM (fragment) CMI CMII CMIII CMIV CMV CMVI 1 pp. 58,59(11. ] i-ii) CMVII suite  PROVENANCE DES MSS. Marseille. Visitation (i^"" Monastère) Bruxelles. Visitation Paray-le-Monial. Vi- sitation Bourg-en-Bressb. Vi- sitation Turin. M's« Pensa Annecy. Visitation (Hist. de la Fondation) Annecy. Visit. (Copie). Le Mans. Visitation.. . Marseille. M. Manaud Marin (Chablais). Ar- ^ chives de Blonay. . . ( Paris. Carmel de larue Denfert-Rochereau. . Paris. Archives Nat., M. 234 (Copie) Lyon. Visitation Mont-S'-Amand (Belgi- que), Chanoine Bracq Chambéry. Visitation (Copie) Trinquetaille (Bou- ches-du-Rhône). Pres- bytère Idem  première publication éditions modernes Inédite Viv. XII, p. 5 Mig. V, col. 889 Inédit Inédite {. Viv. VIT, p. 232 ^^^'^'"'P- 94 I .\i,-^.. VI, col. 685 Hérissant, m, p. 12.. | ,. . , 000 ' ' ^ \ Mio-, V, col. 888 Mig. V, col. 1295 Epistres spirituelles,] ^,. ... /\7- • ( *'^^- XII, p. 227 i626.1.vii,p.922(Voir > ,^. ' *^ , ' ^ , . \ Mtg. V, col. 1680 note(i), p. 35) ) ^ Mig. VI, col. 966 TT, ■, ( ^^'°' X, p. 369 Hérissant, v, p. 70 . . < , . . , , ' ' ^ ' l Mig. V, col. 1426 Inédite Mémoires deTAcadém. Salés., t. VI (1883) ^ . \ Vi'O' VII, p. 254 Datta, II, p. 96 .,. ' ^ , ^\^ ' ^ ^ \ Mig. VI, col. 686 Etudes religieuses S.J., mars 1868 Ibid., août 1877 Instructions et prati-[^ Viv. x, p. 457 que de piété, 1688(1) \ Mig. v, col. 889 Mig. VI, col. 967 Datta, II, p. 97 \ Yj"!' ^''P-30o ' ' ^ ^^ ; Mtg. VI, col. 687 Epistres spirituelles , i Viv. x, p. 458 1626, 1. VII \ Mig. V, col. 890 n 44 \ Viv. VI, p. 302 Datta, II, p. 99 ... ' i'- :> ' ' ^ ^^ \ Mig. VI, p. 687 Epistres spirituelles , ( Viv. x, 460 1626, 1. II ( Mig. V, col. 891 Constantin, Hist, des par. de l'anc. diocèse d'Arles (Aix, 1898) Epistres spir., 1626, ( Viv. xi, p. 370 1. IV, p. 366, et ibid. f Mig. v, col. 1392  I  (i) Instructions et pratique de piété pour communier saintement, avec des Lettres spiri- tuelles sur divers sujets, tirées des Manuscrits originaux nouvellement trouve:^ de Saint François de Sales. Dédié à Madame de Maintenon, A Paris, chez Helie Josset, mdclxxxviii.  455 NOUVELLE ÉDITION PROVENANCE DES MSS. PRE.M lÈBR PL'IJLICATION ÉDITIONS MODERNES CMVIII Paris. Visitation (i" Mtère), fac-siniile Inédite AosTE. M""" Duc, Ev. 1 ^ ( Viv. xi, j). 50  CMIX CMX.  ( AosTE. M""^ Uuc, liv. ] C Viv. XI, J). 50 I démissionnaire \ ' ' ' ' t ' >'^ \ Mig. vi, col. 834  Epistres spirituelles , ( Viv. xil, p. 102 1626, 1. III f Micr. V, col. 1586  ClIATHAU DE LA RoCHE- ] CMXI j Mailly (Sarthe). M"'^ [ Inédite de Mailly j  CMXII.  CMXIII.  Epistres spirituelles , ! Viv. xi, p. 39 1626, 1. II i Mig. V, col. 1063 Œuvres, i6.ir, t. II, { ^^"- i^. P- 45^ epist. XVII ' Mig. V, col. 893  CMXIV Arlod (Ain). Presby- tère Inédite Charles-Aucfuste, Vie ] ^^. , de la Mère de B; ' ^"'- ==. P' '«^^ (1655}, chap. VI,  CMX V (fragment) j de la Mère de Blonay ^ g .  [ Château de la Roche- CMXVI j Mailly (Sarthe). M'*» [ Inédite \ de Mailly. CMXVII (fragment). . Nevers. Visitation Inédit ( Annecy. (Vie manus- { Vie de la Mère J .-Ch. CMXVII I j crife de la Mère de\ de Bréchard (1892), ( Bréchard) ( chap. x, (g), p. 183 ( i ) ^j^^j^ ^ Epistres spirituelles , ^ Viv. x, p. 463 CMXX.  CMXXI  1626, 1. V ( Mig. V, col. 894 Vienne (Autriche^ Vi- ) i Viv. xii, p. 7 sitation \ ( ^^g- v, col. 1698 Epistres spirituelles , \. Viv.w, p. 157 1626, 1. II \ Mig. V, col. 408 CMXXII EviAN.Missionnairesde S'-François de Sales Inédite Viv. VI, p. 306 Mig. V, col. 897 CMXXI V Turin. Archiv. de l'Eiat Datta,u,'ç. 102 \ J-'^^'^'?^l ' ' ^ / Mig. VI, col. 691  CMXXIII Hérissant, lu, p. ^1  CMXXV Idem Ibid., p. 103,  Viv. vu, p. 235 Mig. VI, col. 692 Viv. vu, p. 236 Mig. VI, col. 693  CMXXVI Turin. M's^ Pensa Ibid., p. 104 CMXXVII Turin. Archiv. deTEtat (Copie) M?^. VI, col. 967 CMXXVIII Milan. Archives du prince Trivulzio Ibid., col. 969  (l) Les Vies de quatre des premières Mères de l'Ordre de la Visitation Sainte-Marie... par la Révérende Mère Françoise-Madeleine de Chaugy, Supérieure du premier Monastère de cet Ordre. Nouvelle édition. . . publiée par les soins des Religieuses du premier Monastère de la Visitation d'Annecy. '?ax'ïs.VQ\jiSS\Q\ane, 1892.  456  NOUVELLE EDITION CMXXIX  CM XXX  PROVENANCE DES MSS. PREMIERE PUBLICATION ^ Biaise, Nouvelles iné- \ dites (1833), p. 51 . . . ,, „. . ,. \ Epistres spirituelles , Maçon. Visitation.... \ . . ^  CMXXXI . CMXXXII  CMXXXIII.  CMXXXIV.  CM XXXV.  Dijon. M. de la Forest Turin. Archiv. de l'Etat (Copie) Idem  Château de la Roche- Mailly \Sarthe). M'^" de Maillv  CMXXXVI,  / pp. 113- CMXXXVII "7(^^-^-4) (fin  CMXXXVIII. CMXXXIX... CMXL  Epistres spirituelles , 1616 (texte français), 1629 (texte italien), 1. I  Epistres spir., 1626, 1. vu, p. 891. (Voir note ( I ), p. 112). . . . Epistres spirituelles ^ 1629, 1. III Œuvres, 1637, 1- "I- • ( Epistres spirituelles , ( 1626, 1. IV  Ibid., 1. VII.  Ibid.  CMXLI  CMXLII CMXLIII CMXLIV CMXLV (fragment),  Annecy. Visitation (An- \ cien Ms. de VAtinée \ Datta, 11, p. 106 . . . . , Sainte) \ Epistres spirituelles . 1626, 1. IV  CMXLVI,  CMXLVII (fragment)  CMXLVIII, CMXLIX... CML  Chatillon (Jura). Abbé Pierre, ancien curé..  Annecy. Visitation (Ms. l original de la Mère de < Chaugy) / Turin. Archiv. del'Etat (Copie)  Paris. Dames de Saint- Maur  Hérissant, vi, p. 243. .  Epistres spirituelles , 1626, 1. vu Mémoires, par la Mè- re de Chaugy (Paris, 1874), Partie III, ch. XXVI Epistres spirituelles , 1626, 1. III  ÉDITIONS MODERNES Viv. VII, p. 238 Mia. VI, col. 883 Viv. XII, p. 159 Mior. V, col. 1635 Inédite Mig. VI, col. 968 Ibid., col. 969 Viv. VI, p. 322 Mig. V, col. 927  Inédite Viv. XII, p. 193 Mig. V, col. 1668 Viv. IX, p. 571 Mig. V, col. 1409 Viv. X, p. 530 Mig. V, col. 998 Viv. X, p. 214 Mig. V, col. 618 Viv. XII, p. 194 Mig. V, col. 1654 Viv. X, p. 469 Mig. VI, col. 694 Viv. XI, p. 443 Mig. V, col. 1481 Mig. VI, col. 1097 Viv. XII, p. 147 Mig. V, col. 1627 Inédit Viv. XI, p. 385 Mig. V, col. 14 17  Ibid., 1. V.  Viv. X, p. 500 Mig. V, col. 951 Viv. X, p. 470 Miv. V, col. 899  Etudes religieuses S.J . mars 186S  457 NOUVELLE ÉDITION l'HOVEN ANGE DES MSS. PREMIERE PUBLICATION ÉDITIONS MODERNES , Viv. VI, p. 308, et CMLI Annecy. Visit. (Copie) /AVn-i.i;//, m, p. 38. . . j vu, p. 2.14 ( Mior. V, col. 901 ( Année Sainte Je la Vi- ^ ^.. CMLII (Annecy. Visit. (Ancien ,,v^,,-,Mi689), t. I- ( l^^- ^^ P' ^1' f Us. deV Année Sainte) ( 6 ) ^^' '^' *^°* t Biaise, Nouvel/es inc- i Viv. x, p. 535 ^^^^^^ j ^//es(i833), p. 57... I Mig. VI. col. 888 ^^,,,,r \ Brest. U^<' Revel àe ) ^ ^^ C 1^/^'. x, p. 377 CMLI V ? ^, > Datta, II. p. 342 i w • 10 f Mouxy j ' ï ?^ ( A//^. VI, col. 830 ^,,,,, j San Remo (Italie). Vi- ) \ Viv. x, p. .117 CMLV i •. • Ibid., o. 344 ,.. , y f sitalion \ '- ^^^ / Ai/^. VI, col. 832 CMLVI Turin. Archiv.de l'Etat Ibid., p. ion \ x^'^' ^'' ^" i^^*^ ^ ( Annales de philosophie \ n\K•I^T^^ \ Amiens. Bibliothèque \ / ,, . l r Viv. vît, p. 240 CMLVII \ ^ l chrétienne, octobre V '^ ^ f communale / o \ •'V/zV. v, col. 004 ( 1854 ) '^ ' ^ Fragment, pp. 153, 154 Datta 11, p. 367 \ ,j.'" ^"' ^^ ^^^ ' i^ ;> / ^ Afï^- VI, col. 842 / Viv. IX, p. 558 CMLVIII Hérissant, vi, p. 40.. . < Mig. v, col. 1542, ( et VI, col. 948 l Marin (Chablais). Ar- ^ A//wo/r^^de l'Académ. ( chives de Blonay. ... 1 Salés., t. vi (1883) Il Epistres spirituelles ,\ ^.. minute > r l u * f • \ I ^^^- ^^' P- 457 ^ 1626 texte français , [ ^''"^ "i f / /* . 1 »• \ 1 \ ^^K' V, col. 905 j V 1629 (texte latin), 1. I ; 's ' '' -" autre minute Turin. Visitation Saint-Jeoire (Haute- Savoie). C"^ de la , ^ , , , --^ „, , , .' \ Sales., t. IX 1886) Hechere ) ' ^ ' Hérissant, Opuscules, ( Viv. x, p, 476  /-ïTTVT Je • \ /-,„ j 1 f Mémoires àeVkczàém CMLXI { Savoie). C"^ de la  CMLXII Chartres. Visitation. . , 1 w 1 , .„ p^, ^ A/?^. V, col. 909 .,..,. . [ Année Sainte de la Vi- ) __. r«x/rTVTTî ( Annecy. Visit, Ancien \ .^ ^. , ^o x . jer f ^^^- x» P- 477 CMLXIII ) -- j,,. , c- • . , 5î^«//o« ^1689), t. P% } - . . ' t- -^z' / Ms.del A««^^S^i«/^) / V A/îo'. v, col. 911 ^ ^( p. 337 1 " ' CMLXIV (fragment) Idem Ibid., p. 406 \]rig''l\! col\o<^e I' Château de Menthon \ (Annecy). C'« de Men- [ Inédite thon ) CMLXVI Afî^. VI, col. 1078 ( Annecy. Missionnaires j CMLXVII I de S'-François de Sa- [ Inédite [ les ) r^x, t^rxTT-,r \ Samoens (H*^-Savoie). C Revue Savoisienne , CMLXVIII { ,, r>- j 1 -1 00 ( M. Riondel f avril 1880 „ s Epistres !.piritiielles, ( Viv. x, p. 479 CMLXIA Reims. Visitation i - 1 ) w- / f it)2t). 1. V ( Mig. V, col. 912  458 NOUVELLE ÉDITION CMLXX CMLXXI CMLXXII CMLXXIII CMLXXIV CMLXXV CMLXXVI CMLXXVII CMLXXVIII CMLXXIX CMLXXX CMLXXXbis (frag').. CMLXXXI CMLXXXII CMLXXXIII CMLXXXIV CMLXXXV j CMLXXXVI CMLXXXVII CMLXXXVIII CMLXXXIX CMXC CMXCI  PROVENANCE DES MSS.  Turin. Archiv. de TEtat (Copie)  PREMIERE PUBLICATION Epistres spirituelles , 1626, 1. I Ibid., 1. VII  Biaise, Nouvelles iné- dites (1833), p. 17 .. . Epistres spirituelles , 1626, 1. I  Hérissant, m, p. 39.. ] Epistres spirituelles , l 1626, 1. VII i I Mugnier, S. Ey . de S. i Docteur en droit, etc. ( (Chambéry, 1885) r Fleury, Hist. de l'E- Genève. m. Grosset.. j glise de Genève {1880), ( t. ir, p. 444 Turin. Archiv. de l'Etat Datta, 11, p. m  EDITIONS MODERNES Viv. IX, p. 466 Mig. v, col. 919 Viv. X, p. 480 Mig, V, col. 913 Mig. VI, col. 972 Viv. VII, p. 249 Mig. VI, col. 863 Viv. VI, p. 311 Mig. V, col. 914 Viv. VII, p. 250 Mig. V, col. 914 Viv. IX, p. 567 Mig. V, col. 1652  Chambéry. Archiv. du Sénat de Savoie.  Maçon. Visitation.  De Hauteville,Z«Mrt/- son naturelle de St Fr. de Sales (Paris, 1669), Partie I, p. 209 Hérissant, m, p. 67 . . Epistres spirituelles , 1626, 1. VII  Amiens. Visitation. . . . Turin. M'*® Pensa . . . Clermont-Ferrand. Vi- sitation Turin. Visit. (Copie). . Abbaye de Pontigny (Yonne). RR. PP. de Saint-Edme Rennes. Visitation. . . .  Rennes. Visitation. . . . Turin. Archiv. del'Etat (Copie)  Viv. VI, p. 313 Mig. VI, col. 696 Inédite  Viv. VI, p. 314 Mig. V, col. 919 Viv. X, p. 485 Mig. V, col. 917 hiédite Viv. VII, p. 251 Mig. VI, col. 697 Viv. VII, p. 253 Mig. V, col. 920 Inédite Inédite  Inédite Epistres spirituelles , i Kîî). vi, p. 315 1629, 1, H \ Mig. Y, col. 921 / Viv. X, p. 478 rr, ■ ' Misf. V, col. 9X1 Hérissant, m, p. 52.. \, „'. . , . ' ' ^ -* / (Voir note (3), p. \ 210) Mig. VI, col. 973  Datta, II, p. 112. .. , Hérissant, m, p. ,68.  459 NOUVELLE ÉDITION PROVENANCE DES MSS. PREMIÈRE PLRLICATION ÉDITIONS MODERNES Epistres spirituelles , t Viv. ix, p. 464  CMXCIV ^ Eptsires spirituelles , \ K/u. vi, p. 319  CMXCII , , , t ^. , . 10:9, 1. If f ^^^' V, col. 9î6 CMXCIII Nancy. Visitation Inédite pistres spirituelles , ( Viv. vi, p, 311 1626, 1 . I \ Mig. V, col. 923 CMXCV Montpellier. M'* de Prunarède Inédite CMXC VI Turin. Archiv. de l'Etat (Copie) ^'g- VI, col. 97 r CMCXVII \^Epistres spirituelles A V^/.. ix, p. 462 ( 1629, 1. Il f ^^i- V, col, 925 CMXCVIII BouLOGNE-suR-MER. Vi- sitation Inédite CMXCIX Hérissa7it,m,^.^2...\ |^"'- ^'' P" 3=8 ' ' ^ -^ [ Mig. V, col. 951 C A ROUGE (Genève). ( J. Vuy , La Philothée^  ^^ ' M"« Vuy \ 11(1879), p. 282 MI Annecy. Visitation (fac- similé) ^^g' VI, col. 1080 ^" /)a//^, II, p. 347 j M.;^. V,, col. 833 .' Annuaire de l'Univer- MIII ] site de Lonvain {18^2), ( p. 279 { Epistres spirituelles, ( Viv. x, p. 487 ( 1626, 1. VI ( Mig. V, col. 935 M V Orléans. Visitation Inédite „„j j Rouen. Visitation (s^ j Epistres spirituelles,^ Viv. vu, p. 284 \ Monastère) j 1626, 1. m . Hist. de la Fondation pp. 244, 245 "  ,,, , , de Lyon, -pzx \di Mère ^''•'-'^ ^ deChaugy MVII...<^ 11. 4-7 Idem 11.8-12.... Idem Vienne (Autriche). Vi-  isuite . ; sitation  MVIII Brest. M'ne Revel de Mouxy MIX Saint-Alban (Savoie). M"« Milliet MX Côme (Italie). Visita- tion , Rouen. Visitation (2^ ( Hérissant, Opuscules, ' Viv. vi, p. 330 ^ Monastère) \ iv, p. 3 \ Mig. v, col. 939 Paris. Familles Du- C A/i''woi>^5derAcadém.  Mig. V, col. 934 Inédites Mig. VI, col, 1064 Inédites Viv. XII, p. 8 Mig, , V, col. 936 Inédite Inédite Inédite  ' cruet et Pessoz \ Salés., t. iv (1882)  1 Florence. Conserva- l ^^g- vi, col. 974 toire de S'-François < (Voir note ( 2), p. , de Sales / 262) .,--^.- ( Turin. Archiv. de TEtat i ^ \ Viv. xi, p. 413 MAlv { [ Datta, 11, n. 350 i »^- 1 o ( (Copie) ) ' ' ^ ^^ f Mig. VI, col. 835  460 NOUVELLE ÉDITION MXV MXVI MXVII MXVIII MXIX pp. 272, 275 (11. i-io) MXX... /suite de Val un MXXL... MXXII... MXXIIL. MXXIV.. MXXV... MXXVI.. MXXVII. MXXVIII MXXIX.. MXXX... M XXXI.. MXXXTI. MXXXIII MXXXIV. MXXXV. . MXXXVI.  PROVENANCE DES MSS. Montpellier. Visita- tion (Copie)  Challex (Ain). Pres- bytère (Copie) Turin. M'*^ Pensa Turin. Archiv. de TEtat (Copie) Archives de Fésigny (Copie)  PREMIERE publication  I Epistres spirituelles, \ 1626 (texte français),  1629 (texte latin), 1. Datta, II, p. 114. .. .  Année Sainte de la W- sïV. (i87o},t.XI, p. 153  Orléans. Visitation .  Idem.  Epistres spirituelles^ \ 1626, 1. VI, p. 811. . . /  Idem Turin. Archiv. de TEtat Idem Rennes. Visitation. . . .  Paris. Baron de Cho- len Annecy. Visitation (Ms. original de la Mère de Chaugy)  Datta, II, p. 118.  Ibid., p. 115.  Œuvres, 1641, t. II, epist. LUI  Mémoires, par la Mère de Chaugy (1874), Partie III, ch. xxvi  Epistres spirituelles, 1626, 1. IV (Euvres, 1641, t. II, epist. m Hérissant, v, p. 66. . . Charles-Auguste, Vie de la Mère de Blonay (1655), chap. VI l Epistres spirituelles , ( 1626, 1. VIT Maestricht. Trésor de ^ EtuJesreligieuses,S.J , l'église Saint-Servais ( mars 1868  •lérissavi, v, p. 94... \  EDITIONS MODERNES Inédite Viv. IX, p. 461 Mig. V, col. gog Viv. VII, p. 258 Mi^. VI, col. 698 Mig. VI, col. 972  Viv. XII, p. 242 Mig. V, col. 1691 Viv. XII, p. 243 Mig. V, col. 1691, et IX, col. III Viv. XII, p. 243 Mig. V, col. 1692 Viv. VI, p. y^6 Mig. VI, col. 700 Viv. VI, p. 334 Mig. VI, col. 699 Viv. XI, p. 378 Mig. V, col. 1398 Vzv. vu, p. 365 Mig. V, col. II 18 Mig. VI, col. 1094  Mig. VI, col. 1092 Ibid., col. 1545 Viv. XII, p. 53 Mig. V, col. 15S3 Viv. IX, p. 556 yiig. V, col. 1530 Viv. X, p. 567 Mig. V, col. 1424 Viv. VII, p. 259 Mig. V, col. 944 Viv. XII, p. 210 Mig. V, col. 1668  Mig. VI, col. 1352 Viv. X, p. 492 Mio-. V, col. 1 4;2  461  NOUVELLE ÉDITION MXXXVII-MXL MXLI, MXLII MXLIII MXLIV texte mutilé et interpolé MXLv.< P;f°^' "• '-' 11. 5-19 p. 303,11. 1-3 suite MXLVI MXLVII 'p. 310, 11. , 11. 6-2 1-5 post-scrip- tu m MXLIX ML MLI I texte authen- tique texte mutilé /texte authen MLIII "'"' jtexte mutilé MLIV MLV MLVI  PROVENANCIC DES MSS.  PREMIÈRE PUBLICATION ÉDITIONS MODERNES Epistres spirituelles , ( Viv. x, p. 493 1626, 1. VI ( ^^ig- V, col. 945 l Viv. XI, p. 352 Ibid.,l.vii,p.966.(Voir \ ^ ^^  note (i), p. 298).  Chambéry. Arch Sénat  iv. du ^  Annecy. Visitation. . . . Idem Idem Idem (Copie) Verceil (Piémont). Ar- chives capitulaires de la cathédrale Château de la Roche- Mailly (Sarthe). M'^e de Mailly  Mig. V, col. 1367, et IX, col. 83 l Viv. xn, p. 55 Ibid., 1. V j ,,. ' ' , ^' ( Mig. V, col. 1533 Mugnier, St Fr. de S. Docteur en droit (Chambéry, 1885) Epistres spir.\(ii(i,\.v\. ( Viv. vu, p. 260 (Voir note (4), p. 304) / Mig. v, col. 948 Mig. VI, col. 976 Inédites  Biaise, Nouvelles iné- dites (1833), p. 52. . .  . , ( Epistres spirituelles Idem { / ^ 1 00 1626, 1. IV, p. 388. .  Idem.  Turin. Visit. (Copie). Annecy. Visitation (An- cien Ms. de X Année Sainte) Annecy. Visit. (Ancien Ms. à.e.V Année Sainte) Boulogne - sur - Mer. Visitation Paris. M. de Salverte Turin. Archiv. de lEtat  Epistres spirituelles , 1626, 1. m. (Voir note (i), pp. 3ÏÏ. 312)... Epistres spirituelles , 1626, 1. vil. (Voir note (i)» P- 315) Vie du Saint, par Char- les-Auguste, liv. VIII Datta,\\,^. 148. (Voir note (i), p. 317) Fj> du Saint, par Char- les-Auguste, liv. VIII Datta, II, p. 147. (Voir note (i), p. 320'  Mig. VI, col. 976 Inédite Viv. VII, p. 262 Mig. VI, col. 884 Inédites ( Viv. X, p. 139 \ Mig. V, col. 534 Inédit Viv. X, p. 498 Mig. V, col. 950 Viv. X, p. 503 Mig. V, col. 960 Inédite Viv. VII, p. 265 Mig. V, col. 957 Viv. VII, p. 503 Mig. VI, col. 720 Viv. VII, p. 264 Mig. V, col. 956 Viv. vir, p, 302 Mig. VI, col. 719 Inédite  ].Vuy,LaPl!iloikée,u, (1879). P- ^-83  Datta f II, p. 124,  Viv. VI, p. 342 Mig. VI, col. 704  NOUVELLE EDITION MLVII  PROVENANCE DES MSS.  Annecy. Visitati  (p. 327, 11. 1-14 11. ^yl^ p. 328, il. i 1-2  suite.  MLIX  'pp. 329-331 (11. )  MLX( 11. 13-18.  PREMIERE PUBLICATION Mémoires de rAcadém. Salés., t. m (1881) Hérissant, v, p. 97. . . ] Ibid., et Epistres spi- ! rituelles, 1626, 1. vi. s (Voir note (5), p. 327) ( Hérissant, v, p. 98. l (Voir note (5), p. 327) ( Epistres spirituelles , 1626, 1. V Hérissant, w, p. 128.. Ibid., et Epistres spir., 1626, 1. VII, p. 89^. (Voir note (4), p. 331)  suite  Hérissant, m, p. 130.  MLXI MLXII. MLXIII MLXIV  ^texte authen- tique texte mutilé  Vie du Saint, par Char- \ les-Aug.,liv. VlIIt^i) \  Annecy. Visit. (Ancien / Ms. de V Année Sainte ) ) ViRlEU-SUR-LA-BoUR- \ BRE (Isère). M's de > Virieu ) Floren-ce. Conserva- toire de S'-François de Sales Montpellier. Visita- tion  Datta, II, p. 16,  MLXV MLXVI (fragment). MLXVII  Hérissant, v, p. 103.  Ibid., p. 204,  Annecy. Visit. (Copie).  MLXVIII MLXIX . . MLXX . . . MLXXI..  Epistres spirituelles, \ 1626, 1. v i  Ibid., 1. IV.  Paris. Bibl. Mazarine, no 32126 (imprimé). .  S i Hérissant, Opuscules, \ IV, p. 57 ( Opuscule intitulé: A//- \ racles (s. d.) f  ÉDITIONS MODERNES  Viv. XI, p. 257 Mig. V, col. 1433 Ibid,, et Viv. vu, p. 260 Mig. V, col. 948 Viv. XI, p. 258 Mig. V, col. 1434  Viv. X, p. 505 Mig. V, col. 954 Ibid., et Viv, x, p. 504 Mig. V, col. 961 Viv. X, p. 507 Mig. V, col. 955 Viv. VII, p. 267 Mig. V, col. 958 Viv. VI, p. 238, et xiT, p. 241 yjig. V, col. 1690, et VI, col. 639 Inédite  Inédite  Inédite Viv. X, p. 508 Mig. V, col. 961 Viv. VI, p. 542 Mig. y, col. 1438 Mig. VI, col. 964 (Voir note (3), p. 548) Viv. X, p. 510 Mig. V. col. 963 Viv. XII, p. 50 Mig. V, col. 1550 Viv. VII, p. 269 Mig. V, col. 964 Viv. vn, p. 272 3//^. VI, col. 863  ( I ) Avant Charles-Auguste de Sales, le P. de la Rivière avait publié cette lettre avec de légères variantes. (Vie, etc., 1625, liv. IV, chap. lxiii.)  463  NOUVELLE ÉDITION PROVENANCE DES MSS. MLXXII MLXXIII MLXXIV MLXXV j Arona (Italie). Visita- tion /pp. ^6}, 364 ) \ (lig- 1-8) S Le Mans. Visitation. . MLXXVl' j lig. 9-1 S Idem (fin Idem MLXXVII MLXXVIII Brioude. Visitation. . . Château de la Roche- MLXXIX j Mailly (Sarthe). M'^^ ( de Mailly MLXXX MLXXXI Troyes. Visitation .1" leçon.. MLXXXII \ ,, , l2'i<- leçon MLXXXIII Paris. Visit. (lerMtère) Idem Annecy. Visit. (Copie) MLXXXIV Idem MLXXXV Turin. Visitation  PREMIÈRE PUBLICATION Ilt'rissant, m, p. 148. . Epistres spirituelles^ 1626, 1. VI. (Voir no- te (i), p. 339) Epistres spirituelles, 1626, 1. VI  Datta, II. p. 33.  Epistres spirituelles, 1626 1. IV. (Voir no- te (2), p. 364) Epistres spirituelles, 1626, 1. IV. (Voir no- te (2), p. 365)  Epistres spirituelles, 1626, 1, V Biaise, Nouvelles iné- dites (1833), p. 43... Lettres de Ste J .-F. de Chantai (Pion, 1877), vol. I^ p. 10  ÉDITIONS MODERNES Viv. VII, p. 274 Mig. V, col. 967 Viv. X, p. 512 Mig. V, col. 968 Viv. VII, p. 275 Mig. V, col. 969 Viv. vu, p. 157 Mig. VI, col, 6^1 et 979 Mig. VI, col. 979 Viv. XI, p. 570 Mig. V, col. 1391 Mig. VI, col. 980 Viv. XI, p. 590 Mig. V, col. 142 1 Inédite Inédite Viv. X, p. 514 Mig. V, col. 970 Viv. vu, p. 127 Mig. VI, col. 878 Inédite  Inédite Inédite Inédite  APPENDICE  I \ Chambéry. Archives ] f du Sénat (Copie) . . . . ^ B Annecy. Visit. (Hist. de la Fondation). .. .  C (fragment)  \ Idem. (Ms. original de \ la Mère de Chaugy)..  Inédite  Mig. VI, col. 965  D  de Chaugy (Paris, [ Ibid., ix, col. 83 i874\ Part. II,ch.viii Camus, Les Diversi- fe^l (i), t. X, p. 641  (i) Les Diversité:; de Messire Jean Pierre Camus, Evesque et Seigneur de Belley, conte- nant dix Livres divise:; en deux tomes. A Paris, chez Claude Chappelet à la Licorne (a''" édi- tion, tome X, 1614.)  464  NOUVELLE EDITION  PROVENANCE DES MSS. Annecy. Visit. (Hisi. de la Fondation). . . . Rome. Bibliot. Ange- lica,M.s. 1225, vol. XI, folio 41 (Copie) Annecy. Visit. (Copie) Annecy. Archiv. com- munales, Série GG. . Idem (Copie) Rome. Bibliot. Angeli- ca^ Ms. 1225, vol. XI, fol. 234 (Copie) Annecy. Visit. (Hisi. de la Fondation) .... Idem II A Annecy. Visitation. . . .  B  Idem. ( Hist. de la Fon- dation) C Chambéry. m. Mu- gnier (1901)  D Annecy. Visit. (Copie) Annecy. Archiv. com- munales, Série GG (Copie) F Idem G Paris. Biblioth. Nat., Fonds français, 3650 H Annecy. Archiv. com- munales, Série GG . I Idem  PREMIERE PUBLICATION EDITIONS MODERNES Mig. VI, col. 970 Imdite Inédite Inédite Inédite Mig. VI, col. 991 Mig. VI, col. 97 1 Lettres de Ste J .-F. de Chantai (Pion, 1877), vol. I, p. 12 Inédite S (Cf. Burnier, Hist. du 1 Sénat de Savoie. I t .t- , ^, , , o. ,. > Inédite I Chambéry, 1864, liv. ( ( V, ch. v) ) [ Inédite Inédite Inédite Inédite Inédite Anastasii Germojiii Epistolar., 1623, t. II  III  Patentes du Rot Venise. Visit. (Copie).  Inédites  TABLE DES MATIERES  Avant-Propos v Errata xiii Avis au Lecteur  XIV  ANNÉE 1613 (Suïfe) Lettre DCCCLXXIII — A la Mère de Chantal (Inédite). — Pèlerinage à Milan. — Ostension du saint Suaire de Turin. — Deux audiences princières attendues. — Annonce du retour à Annecy I DCCCLXXIV — A l'Empereur d'Allemagne. — Dépouillé par les Genevois de son pouvoir et de ses biens temporels, l'Evèque de Genève s'excuse de ne pouvoir prêter son concours à l'Em- pereur ^ DCCCLXXV — A LA Mère de Chantal. — Le Saint se dispose à repartir pour la Savoie. — Une protectrice pour la Visitation. — Messages et avis divers c DCCCLXXVI — A M. des HayES. — D'où venait rempêcheraent pour le Saint d'aller prêcher à Paris; égards que lui témoigne le duc de Savoie. — L'incivilité d'un libraire et la Défense de la Croix. — Ouvrages et éditeurs. — M. et M'"« de Charmoisy. y DCCCLXXVII — A M™° de PeyzIEU (Inédite). — Témoignages d'affection filiale; félicitations à la destinataire à propos du ma- riage de l'un de ses fils II DCCCLXXVIII — A LA mère de Chantal (Billet inédit). — Retour du Saint. — Salutations dès l'arrivée. — Promesse d'une visite pour le lendemain 12 DCCCLXXIX — A LA MÊME. — Aspiration du Saint à la fin d'une journée, — Souhaits s«pirituels pour la Mère de Chantal 13 DCCCLXXX — A LA MEME. — Encore l'héritage de M"^* de Miribel. — Première entrevue du Saint et des « bonnes damoyselles » qui devaient concourir à la fondation du monastère de Lyon.. 14 Lettres VI -o  466 Lettres de saint François de Sales DCCCLXXXI — A M°^^ de Giez. — Un bienfait extraordinaire pour une jeune femme. — Trois vertus qui comprennent toute la dévotion. — Souhaits de piété. — Moyen de rendre plus doux le joug du Sauveur 16 DCCCLXXXII — A LA MÈRE de la VeSVRE. — Sympathies du Saint pour la Congrégation des Ursulines de Franche-Comté. — La clôture ne lui paraît pas conforme à l'esprit de cet Institut. iS DCCCLXXXIII — A LA MÈRE de Chantal. — Un désir du Saint pour la Mère de Chantal et pour lui-même; pourquoi il regrette d'avoir dû quitter le matin la rédaction du Traitté de l'Amour de Dieu. — Les voies les plus faciles ne sont pas toujours les meilleures. — User d"amour et de douceur envers les petits esprits et les cœurs faibles i a DGCCLXXXIV — A M"^^ de la Valbonne (Inédite). — Une âme dévoyée : pourquoi les « Dames de la Visitation » ne sont pas répréhensibles de l'avoir assistée. — Quand faut-il empêcher le mal. — Messages et souhait 2 i DCCCLXXXV — Au Duc de Nemours. — Supplique instante en faveur de M. de Charmoisy et de M. du Noyret. — Si le Duc reçoit les plaintes contre les Annéciens, « sans prsejudice des défenses des accusés, Dieu sera obéi. » 2 J DCCCLXXXVI — A la Mère de Chantal (Inédite). — Les voya- geuses de Lyon et les préliminaires d'une fondation. — Le P. Grangier. — Un visiteur attendu 2y DCCCLXXXVII ~ A M'"^ de la FlÉCHÈRE. — Un dépositaire fidèle. — Suspension des hostilités entre la France et la Savoie. — Invitation aux noces de Louis de Sales. — Craintes et espé-  rances à propos de M. de Charmoisy  fication pour l'Evêque.  27  DCCCLXXXVIII — A LA Mère de Chantal (Fragment inédit). — « Fraische rosée » et « tempeste » ; Todeur des œillets sur la fin de la journée 29 DCCCLXXXIX — Au Duc de Nemours (Inédite). — Raisons nouvelles présentées au prince en faveur de MM. de Charmoisy et du Noyret. — Le Saint intercède aussi pour des gentilshommes bourguignons et déclare ne craindre nullement ses calomniateurs. 2C^ DCCCXC — Au Comte de TourNON. — Un cadeau du Saint. — Les plaintes de Berthelot contre Janus de Sales, sujet de morti-  DCCCXCI — A M*"^ DE TrAVERNAY. — Remerciements à la des- tinataire ; affection de sa fille pour le Saint 33. DCCCXCIl — A une personne inconnue. — Oraison funèbre de la première des filles du Saint, qui alla voir au Ciel ce que Dieu préparait aux autres 34  Table df.s Matihrks 467 DCCCXCIIl — A LA MÈRF. DE CHANTAL. — Effusions et souhaits de piété à l'occasion de la fête de saint Jean-Baptiste. — Panégyrique du Précurseur 3 ^ DCCCXCIV — A M"'° d'AigUHBF-LETTE. — Saint François de Sales n'est pas insensible aux petites marques d'une sainte amitié, — Le désir et les effets des vertus. — Bonnes nouvelles de M""- de Charmoisy ^6 DCCCXCV — A LA MÈRE DE ChaNTAL. — L'impatience de Celse- Bénigne en arrivant chez le Saint. — Recommandations de celui- ci à la Mère de Chantai ; charité et délicate discrétion de l'Evo- que à l'égard de la mère et de son fils 37 DCCCXCVI — A LA Duchesse de Mercœur (Inédite). — Un grand Saint qui a vécu à la façon des anciens Evêques. — Envoi de ses reliques 2q DCCCXGVII — A M. DE BlONAY. — Entremise charitable du Saint pour hâter la conclusion d'une alliance 40 DCCCXCVIII — A M"'® DE LA FlÉCHÈRE. — Nouvelles, messages; envoi de reliques de saint Charles Borromée 42 DCCCXCIX — Au PÈRE DE BÉRULLE. — Le Saint recommande au Fondateur de l'Oratoire le porteur de la présente lettre, et le prie de l'agréer dans son Institut, pour ses rares qualités 43 CM — A M. DE SOULFOUR. — Affectueux intérêt de TEvèque de Genève pour l'Oratoire. — Grands éloges d'un ami qui dési- rait entrer dans cette Congrégation 44 CMI — A l'AbbesSE DU PuiTS-d'OrBE. — Une messagère qui vaut mieux que la meilleure lettre. — Témoignages de cordial dévouement 45 CMII — Au Duc DE Nemours. — Requête du Saint en faveur de ses frères et de MM. de Charmoisy et du Noyret ; Dieu exige que le Duc leur rende justice 46 CMIII — Au Marquis de LaNS. — L'Evêque de Genève avise le gouverneur de Savoie de son retour de Gex, des intentions des Bernois à l'égard du désarmement et des divers déplacements du duc de Bellegarde 4*7 CMiV — A LA MÈRE DE Cha>;TAL. — Le bon plaisir de Dieu. — Les déserts et les fertiles campagnes de la vie spirituelle. — Pourquoi le Saint ne voulait pas d'abord et voulut ensuite que la Mère de Chantai fût « abeille » 49 CMV — A M°^' Camus. — Excuses pour une réponse tardive. — MB"" Camus ayant écrit au Saint qu'il désirait se démettre de sa charge, celui-ci l'engage discrètement à n'en rien faire. — Il est prié de s'intéresser à l'honneur d'une famille. — Mort de M^"" de Villars, archevêque de Vienne 5 I  468 Lettres de saint François de Sales CIVIVI — Au Duc DE BelLEGARDE. — L'Evêque annonce à son pénitent l'envoi d'une méthode pour examiner sa conscience. — Exhortation à la vie chrétienne. — La vie éternelle. — Obligation de réparer le passé. — Le plus vif de tous les amours. — Quel- ques exercices recommandés. — Un moyen de se convertir plus parfaitement au Sauveur. — La toute-puissance de l'Eucharistie et l'expérience du Saint 55 CMVII — A LA MÈRE DE ChANTAL. — Avis pour la dernière étape. — Souhaits affectueux de bienvenue à la voyageuse. .. . 58 CMVIII — A M. DE MoNTFORT (Inédite). — Assistance et conseils du Saint dans des affaires de famille 60 CMIX — A LA MÈRE DE ChANTAL. — Ce que le Saint voulait éviter en retardant l'oblation de la Sœur Humbert. —Une course à Sainte-Catherine 6 l CMX — A LA Présidente BrULART. — Le retour offensif des ennemis qu'on croyait vaincus nous apprend deux leçons. — Avantages des tribulations. — Comment pratiquer l'oraison men- tale et y suppléer lorsqu'on ne peut la faire longue 62 CMXI — A M""^ DE PeyzIEU (Inédite). — Témoignage de constant souvenir. — Félicitations sur la vocation apostolique d'un des fils de la destinataire 65 CMXII — A M'"'' DE LA FlÉCHÈRE. — L'Introduction à la Vie dévote et la perfection. — Un bon remède à l'infidélité envers Dieu. — Ne pas subtiliser, ne pas picoter sur sa conscience. — Souhaits spirituels 67 CMXIÎI — A M§^^ DE RevOL. — Un regret et une tentation du Saint. — Les serpents et le charmeur. — Comment Dieu récompensera « la sainte inutilité » apparente des missionnaires du bailliage de Gex 69 CMXIV — A M. GiROD (Inédite). — Le monastère des Clarisses d'Annecy menaçant ruine, TEvêque de Genève invite chacun de ses diocésains à faire quelque aumône à cette intention " l CMXV — A LA MÈRE DE ChANTAL. — Un songe de la Sœur de Blonay proposé au Saint; sa réponse. — Les « véritables mar- ques des véritables grâces surnaturelles. » y2 CMXVI — A M'"^ DE PeYZIEU (Inédite). — Le Saint demande à la destinataire de favoriser de sa recommandation un proche parent. — La raison et le droit en ce temps-là 74 CMXVII — A LA Sœur Favre (Fragment inédit). — Pourquoi les âmes religieuses sont heureuses. — Une correspondante trop discrète 75 CMXVIII — A LA Sœur de BrÉCHARD. — Un service de charité aimablement refusé. — Les « pauvres gens » servis comme frères  Table des Matières 469 et membres de Jésus-Christ, plus heureux que le « pauvre père. » — Espérance qui consolait celui-ci de ne voir pas à son gré ses filles de la Visitation 76 CMXIX — A M"^° DE MURAT DH LA CrOIX. — Les déceptions de la vie et ses fugitives consolations. — Sympathies et condoléan- ces. — Dieu seul consolateur efficace, et à quelle condition. — Promesse de prières et offre de services y8 CMXX — A M™® DE LA FlÉCHÈRE. — Compassion du Saint pour une pauvre veuve dont il avait béni le mariage. — Les vicissitu- des de la vie humaine.— Deux nouvelles oblations à la Visitation. 80 CMXXl — A DES INCONNUS. — Rien n'est mauvais de ce que l'Eglise ordonne. — La Communion sous la seule espèce du pain. — A quoi servent et comment il faut présenter les ablutions. — Pour- quoi doit-on célébrer le Mariage devant l'autel 81 CMXXII — A LA MÈRE DE ChANTAL (BiJJct incdil). — Demande d'un renseignement 83 CMXXIII — Au Duc DE Nemours. — Remerciements au prince pour l'élargissement des amis du Saint; celui-ci espère qu'ils pourront rentrer bientôt dans Annecy 84 CMXXIV — Au Duc DE Savoie. — Supplique pour obtenir au Chapitre de Saint-Pierre de Genève la cession de l'église et du prieuré du Saint-Sépulcre d'Annecy 83 CMXXV — Au MÊME. — Recommandation en faveur d'un gentil- homme qui avait ses biens en France 87 CMXXVl — Au Comte de TouRNON. — Bienveillante courtoisie du comte de Tournon pour le Saint et pour ses frères. — Grati- tude de François de Sales. — Nouvelles diverses. — Un écrivain fertile 88 CMXXVII — A M"'^ DE LA FlÉCHÈRE. — Une illusion du prieur de Blonay. — Tout va très bien à la Visitation. — De Lyon et de Paris on a demandé les Constitutions. — Pourquoi faut-il tenir son cœur « net, débonnaire et pauvre. » 9 1 CMXXVIII — A M"^« DE CoRNILLON, sa sœur. — Le « frère le plus aymant » et la h seur la plus aymee. » — Envoi d'un cha- pelet rapporté de Milan. — Un moyen d'avoir toujours le cœur content 9^ CMXXlX -— A M'"° DE LA FlÉCHÈRE. — Souhaits spirituels. — Nouvelles de M'^'= da Charmoisy 94 CMXXX — A M™® DE GraNDMAISON. — La part de rimaginalion dans nos tristesses. — Les « pasquins » et le monde; comment se guérit le mal de la calomnie. — Un mot de saint Grégoire. -* Les injures et le Crucifix. — A quoi sert une revue annuelle Lettres VI 3»  470 Lettres de saint François de Sales de rame ; manière de la faire. — Les chutes graves et le progrès en la dévotion 95 CMXXXI — A M. DE Vallon (Inédite). — Le Saint conseille à son parent d'acquiescer à un ordre du prince de Nemours. — Que faire contre la violence, quand il n'y a remède. — Une preuve de courage contre une maigre vengeance. — Encouragements et sympathies 9^ CMXXXII — A M™« DE LA FlÉCHÈRE. — Souhaits de bon voyage et salutations 101 CMXXXIII — A LA MÊME. — Le prieur de Blonay. — « Le grand ouvrier des merveilles. » — Un moyen d'être très heureux. — Le voyage d'une jeune mariée. — Privilège de ceux qui sont à Dieu. 102 CMXXXIV — A LA Duchesse de Mantoue. — La Congréga- tion de la Visitation à la fin de l'année 1613 ; son esprit, ses pra- tiques. — Le Saint demande à la duchesse de vouloir bien être la 'protectrice officielle de l'Institut, de procurer en sa faveur des lettres patentes du duc de Savoie et de faire poser en son nom la première pierre du futur oratoire 1 04 CMXXXV — A M. DE Peyzieu (Inédite). — Amitié du Saint pour la famille de Peyzieu. — Pourquoi il faut mépriser les calomnies anonymes 110 CMXXXVI — A LA MÈRE DE ChaNTAL. — Nos sentiments pour la créature et pour le Créateur. — Joie et piété du Saint la veille du 8 décembre 112 CMXXXVII — A M. DE QyOEX. — Ce que souhaite le Saint et ce qui lui est indifférent; son humilité et sa modération. — La charité et la diversité d'opinions. — Double projet de réforme à Talloires. — Deux remèdes de François de Sales contre les contradictions. — Que faire quand on s'oppose aux fautes 113 CMXXXVIII — A LA Sœur FavRE. — Une lettre qui a consolé, embaumé l'âme du Saint. — Les productions de l'amour-propre. — Rien ne répare une faute comme de l'avouer naïvement. — Une grande partie de notre perfection 117 CMXXXIX — A UNE DAME. — Saint François de Sales espère ter- miner les prédications de l'Avent. — Réflexions sur la fuite im- perceptible des années. — Aspirations vers l'éternité ; souhaits pour sa possession I 1 9 CMXL — A LA MÈRE DE ChaNTAL. — Le « grand petit Enfant de Bethléem » et Salomon. — L'haleine du bœuf et de l'âne, et les aspirations de notre cœur. — Gratitude du Saint pour un ornement, ouvrage de la Mère de Chantai 1 20 CMXLI — A LA MÊME. — C'est en toutes circonstances qu'il faut aimer la très sainte volonté de Dieu, — Pourquoi le Saint a choisi  Table des Matières 471 le dernier jour de l'année pour faire de h pelitz et grans change- mens » en sa Congrégation 122 CMXLII — A LA MEME. — Le côté percé du Sauveur, abri divin. — Le Sauveur, Roi des cœurs, toujours prêt à leur donner audience 122 CMXLllI — A UN ECCLÉSIASTIQ.UE. — Troccs entre l'Evêque de Maurienne et le curé de Lullin. — Intervention du Saint en faveur de ce dernier 1 24 CMXLIV — A LA MÈRE DE ChanTAL. — Pourquoi faut-il se con- fier à la Providence de Dieu I 2 c CMXLV — A UNE COUSINE (Fragment inédit). — Exhortation à l'amour de Notre-Seigneur 126 CMXLVI — Au Prieur de TaLLOIRES. — Obligation pour un su- périeur de réduire au devoir des sujets scandaleux. — Circons- tances qui aggravent la culpabilité des délinquants 1 27 CMXLVII — A LA MÈRE DE ChaNTAL. — Apologue du musicien devenu sourd, et la sainte musique d'une âme qui sert Dieu, sans joie, abandonnée entièrement au bon plaisir divin 1 28 CMXLVIII — A UNE Religieuse de la Visitation. — Ce qui tenait occupé le Saint toutes les matinées ; l'emploi meilleur qu'il aurait voulu en faire. — « L'amour propre ne meurt jamais ; » ses fruits et ceux de la vraie charité. — Quel est le seul remède. — Les séparations pour les mondains et les amis de Dieu 129 ANNÉE 16 14 CMXLIX — A M'"^' d'EsCRILLES. — Quand faut-il s'abandonner entièrement entre les bras de la Providence. — Comment parler des personnes qui nous ont fait tort. — Ce qui est plus efficace contre le mal que le ressentiment I 33 CML — Au PÈRE DE SOULFOUR. — Envoi de lettres pour l'Evêque de Bazas et pour M. de Fontaines. — Attachement du Saint pour la Congrégation de l'Oratoire ; il désire en connaître les règle- ments. — Le Traitté de V Amour de Dieu l'empêche d'entrepren- dre un travail qui lui est proposé l^c CMLI — A M""" FeNOUILLET. — Salutations affectueuses envoyées au destinataire de passage à Lyon. — Le Saint s'excuse de ne pouvoir accepter l'invitation de prêcher à Toulouse I 28 CMLII — A LA MÈRE DE ChaNTAL. — Saint François de Sales se sent pressé d'activer la rédaction de son grand ouvrage 140 CMLIII — A LA MÊME. — Le Saint ménage à sa chère Congrégation la bienveillance du Conseil de Ville d'Annecy. — Pourquoi il ne veut pas qu'on demande de sa part du beau papier à M. Rolland. . 140  472 Lettres de saint François de Sales CMLIV — A LA MÊME. — Un triduum de prières. — Souhait d'unité. 143 CMLV — A LA MÊME. — Plusieurs visiteurs ont empêché le Saint d'aller voir la Mère de Chantai. — Il se promet de célébrer avec elle, le lendemain, l'anniversaire de sa naissance et de dire la Messe à la Visitation 1 43 CMLVI — Au Duc DE Savoie. — Le Duc ayant agréé le projet de confier aux Barnabites le collège de la ville, est supplié de le faire réussir 145 CMLVII — A M. DE QuOEX. — La réforme de Talloires et l'affaire de M™^ des Gouffiers. — Nouvelles et commissions pour Rome. — Instructions à suivre dans une négociation auprès des Congré- gations romaines 1 47 MÉxMOIRE POUR M. DE QuOEX CONCERNANT M'"*' DES GoUF- FIERS 153 CMLVIII — A M°^® DE LA ValboNNE. — Il ne faut jamais cesser de coopérer de son mieux au salut du prochain. — Comment aborder une âme pécheresse et avec quel sentiment. — Le moindre brin du divin amour, préférable à tous les trésors du monde I 5 5 CMLIX — A M. DE BloNAY. — Affaires d'argent. — Reconnaissance du Saint pour un service que lui a rendu Ms"" Gribaldi. — Nou- velles et messages I 56 CMLX — AM?'"JosT — Regretssur la mort d'Adrien de Riedmatten, évéque de Sion; éloge de son zèle et de ses vertus. — Les airs de deuil transformés en chants d'allégresse à l'élection de Ms"" Jost. — François de Sales lui offre son concours pour la cérémonie du sacre. — Promesse d'entier dévouement 158 Autre minute de la lettre précédente 162 CMLXI — A M. DE BlONAY. — Une entrevue jugée nécessaire.. 165 CMLXIl — A M. DES Hayes. — Entremise du Saint pour l'une de ses parentes. — Son aversion pour les affaires d'intérêt. — Passage à Chambéry du Cardinal d'Est 1 66 CMLXIII — A LA MÈRE DE ChANTAL. — Le texte des Litanies de saint Joseph, revu, corrigé et accentué par le Fondateur de la "Visitation 1 68 CMLXIV — A M™® DE LA ValbONNE. — Pourquoi l'intercession de saint François de Paule est propice à l'espérance des mères. . [70 GMLXV ~ A UN GENTILHOMME (Billet inédit). — Remerciements pour un envoi de venaison 1 7 I CMLXVl — A M^^ DE LA FlÉCHÈRE. — Une lettre recommandée. 171 CMLXVII — A LA MÈRE DE Chantal (Inédite). — Deux plans proposés pour la première église de la Visitation. — Le saint Fondateur désire « une petite eglisette bien façonnée. » 173  Tabi.h des Matikres 473 CMLXVIII — Aux Chanoines de la Collégiale de Samoëns. — Les statuts du Chapitre de l'église cathédrale d'Annecy doivent servir de type à la collégiale de Samoëns iy4 CMLXIX — A M"'° d'EsCRILLES. — Compassion et consolation du Saint, — Etre sur la croix, grâce insigne pour les âmes dédiées à Dieu 175 CMLXX — Au Roi de France. — Remerciement au Roi pour une aumône promise à l'église de Gex I76 CMLXXI — A LA MÈRE DE ChaNTAL. — Impressions rétrospecti- ves de l'Evéque de Genève à propos de l'ostension du saint Suaire. — Ce qui lui vint au cœur de dire au Cardinal de Savoie. — Une recette de M'"<= de Boisy. — La mort, source de la vie nouvelle. 177 CMLXXII — A M'"" DE LA FlÉCHÈRE. — Etre toute sainte : ce que renferme ce bref souhait. — La valeur d'une once de douceur durant un procès. — Une heureuse naissance I 79 CMLXXIII — Au Comte de ToURNON. — Gratitude et félicita- tions. — Un Théatin célèbre du temps, orateur et écrivain 180 CMLXXIV — Au Duc de Savoie. — Un moyen d'accroître la dévotion au pays du Chablais. — L'abbaye de Ripaille et la piété des princes de Savoie. — Fermeté et constance de l'Ordre des Chartreux 182 CMLXXV — A M™^ de la FlÉCHÈkE. — Le baptême d'un neveu du Saint : il se promet d'y voir M. et M'"'' de Charmoisy. — Nouvelles et messages I04 CMLXXVI — A LA MÊME. — Le duel et les censures de l'Eglise au xvii^ siècle. — Le courage « desreglé >; des catholiques qui accep- tent le duel. — Ce qui tourmentait le plus François de Sales à leur sujet. — Une pieuse industrie 185 CMLXXVII — A M. DE QUOEX. — Avis et démarches pour obtenir l'annulation des vœux de M"™^ des Gouffîers 187 CMLXXVllI — A LA MÈRE DE ChaNTAL. — Préparatifs d'une course sur le lac 1 88 CMLXXIX — Au Duc de Savoie. — Les Pères Barnabites à An- necy. — Le Duc est prié de favoriser leur mission, d'une incompa- rable utilité pour le collège de la ville 1 89 CMLXXX — A M'"^ DE LA FlÉCHÈRE (Inédite). — Nouvelles de la santé du Saint. — Regret d'avoir manqué une visite désirée.... 19 l CMLXXX*" — A LA MÈRE DE ChaNTAL (0. — Piété et patience de Gallois de Sales, frère du Saint, durant sa dernière maladie, 195*'^ CMLXXXI — Au Roi de France. — Actions de grâces pour une gratification accordée aux églises du pays de Gex 192 (1) Voir plus haut, note (a), p. 195*".  474 Lettres de saint François de Sales CMLXXXII — Au Duc de BelLEGARDE. — Double interprétation du titre de « filz » désiré par le destinataire. — Exhortation aux pratiques de piété. — Le monde, malgré sa malignité, estime les vrais dévots et la dévotion sérieuse et toute suave 105 CMLXXXIII — Au Baron du Villars (Inédite). — Plainte du Saint contre une prétention exorbitante qu'avaient eue les protes- tants à l'assemblée des Etats du bailliage de Gex 195 CMLXXXIV — Au Comte de ToURNON. — François de Sales s'abstient prudemment de fréquenter le duc de Nemours, alors à Annecy. — La réimpression en petit format de V Introduction h la Vie dévote engage l'auteur à préparer une nouvelle édition. — Affaires de MM. du Noyret et de Portes Iû7 CMLXXXV — Au GÉNÉRAL des Chartreux. — L'Evêque de Genève sollicite l'admission d'une postulante chez les Chartreu- sines de Mélan 200 CMLXXXVI — Au Baron de Cusy (Inédite). — Les brebis gagnent à l'absence des mauvais bergers. — Pourquoi on allait à la guerre au dix-septième siècle 202 CMLXXXVII — Au Comte de Tournon (Inédite). — Saint Fran- çois de Sales et les offenses. — L'amitié et la charité. — Une amitié un peu forte ne doit pas être chatouilleuse. — Un louable projet de retraite 203 CMLXXXVIII — A LA MÈRE DE Chantal (Billet inédit). — Une visite empêchée 205 CMLXXXIX — A l'Abbesse de Sainte-Claire d'Evian. — Unique préface pour toute une correspondance. — Propriétés de l'eau vive que l'on puise en Notre-Seigneur par la sainte oraison ; erreur et malheur des familles religieuses qui ne s^appliquent pas à cet exercice. — Un ignorant qui en sait plus que beaucoup de savants. — Les Œuvres de sainte Thérèse. — Vertus à faire fleurir dans un monastère. — Utilité d'un bon et vertueux con- fesseur pour une Communauté 2o6 CMXC — A M"^^ DE LA ValbONNE. — Se consacrer à Notre-Sei- gneur, c'est une grâce dont la grandeur se découvre avec le temps. — Pourquoi Dieu permet les « secousses de l'amour-pro- pre. » — Salutations 200 CMXCI — A M°^® DE LA FlÉCHÈRE. — Affaires diverses. — Un malade bien résigné. — La seule chose digne d'être estimée. ... 211 CMXCII — Au Duc DE BeLLEGARDE. — Pourquoi l'amour paternel est puissant ; celui du Saint comparable au feu. — L'idéal qui sied à une grande âme. — Préservatifs conseillés contre les malignes influences de la cour 212  Table des Matières 475 CMXCIII — A M. DE Jacob (Inédite). — Témoignages de sym- pathie à un ambassadeur qui n'avait pas réussi dans sa mission. — Discrète invitation à sanctifier ses derniers jours. — Promesse d'une visite 2 I 4 CMXCIV — A M""" Camus. — « La mousse des exemptions. » — Une vertu qui vaut un procès de canonisation. — Un déplaisir et une crainte du Saint. — Injuste ingérence de l'Etat dans l'exercice du pouvoir spirituel de l'Eglise. — L'Evèque de Genève se con- fie, pour la défense de ses droits, à la vaillance de son ami. — Messages pour Dijon 2 1 5 CMXCV — A M. DUNANT ('/«^^/■/^j. — Règlement de plusieurs affaires intéressant diverses paroisses du pays de Gex 2 19 CMXCVI — A W^^ DE LA FlÉCHÈre. — Les mauvais procédés et les répugnances de l'amour-propre : excellentes occasions de pratiquer l'humilité 222 CMXCVII — Au Duc DE BellEGARDE. — Progrès spirituels du duc de Bellegarde. — A quelle condition peut-on servir Dieu à la cour. — Pourquoi Dieu est le plus digne objet de notre amour. 223 CMXCVIII — Au Baron d'Anlezy (Inédite). — M'"«^ des Gouffiers aspirante à la Visitation ; accueil que lui préparent le Fondateur et les Religieuses. — Sa famille n'aura nul sujet de blâmer son choix. 225 CMXCIX — A M. DE Foras. — Un échange qui accommoderait infiniment les monastères de Saint-Dominique et de la Visita- tion ; il se fera, si le prince de Nemours en témoigne le désir. — Le destinataire est prié d'en parler à Sa Grandeur 226 M — A M. Jay. — Un futur assistant du Saint aux Offices de la cathédrale 229 Ml — A LA MÈRE DE ChANTAL. — Une visite des Pères Barnabites annoncée à la Mère de Chantai 23 l Mil — A LA MÊME. — Reprise d'un travail interrompu à regret.— Un concours, et « Teschange des jardins » à acheminer 233 MUI — A MM. LES Proviseurs du Collège de Savoie a Lou- VAIN. — L'introduction des Barnabites au collège d'Annecy laisse subsister l'alliance avec le collège de Savoie à Louvain. — Les Proviseurs sont priés d'agréer ce qui a été fait et de corres- pondre au désir du Saint 233 MIV — A M™'' DES Gouffiers. — - Dieu guide les âmes qui rem- plissent avec humilité quelque mission de sa Providence.— Le vrai esprit de la Visitation, et comment elle doit considérer les autres genres de vie. — Pourquoi Dieu Ta créée. — C'est sa « plus grande gloire qu'il y ayt une Congrégation de la Visitation au monde. » — Humilité du Fondateur; son affection pour les Ursuliues 235  47^ Lettres de saint François de Sales MV — A LA même (Inédite). — Succès des négociations entreprises pour Tobtention d'une dispense en Cour de Rome. — Le P. de Villars à Lyon. — Prudence recommandée à la destinataire. — Messages divers 23S MVI — A LA Sœur de ChaSTEL. — La nature et la grâce en la Sœur de Chastel. — Conduite à tenir dans ce conflit. — A quelles con- ditions Dieu chérit les âmes tracassées 24 l MVII — A M™^ DES GOUFFIERS. — Le Saint donnera de bon cœur ses Filles pour la fondation de Lyon. — Pourquoi le genre de vie de la Visitation en facilite la diffusion. — Un trait de la Provi- dence divine et le suffrage du Patron de l'Eglise lyonnaise, — Un des plus grands avantages des Congrégations au xvii^ siècle. — Déférence que méritent les Carmélites. — Messages et salu- tations 244 MVIII — A LA MÈRE DE ChaNTAL (Inédite). — Une consolation refusée au Saint. — Il termine la rédaction du Tralttè de V Amour de Dieu. — Encore l'échange des jardins. — L'entrée au monastère de la Visitation permise à quelques dames de Chambéry, mais à une condition 248 MIX — A LA MÊME (Inédite). — Une sénatrice à confesser; le Saint lui donne rendez-vous à la Visitation 250 MX — Au CHANOINE MaRPEAUD (Inédite). — Le destinataire est prié de loger en vertueuse compagnie le fils de M"*^ d'Escrilles. . 25 l MXI — Au Duc DE Nemours. — L'Evêque de Genève conserve Tespoir du prochain retour du prince. — Raisons pressantes pour le Duc de résider à Annecy. — Charles-Emmanuel désire qu'il y demeure, la guerre lui en fait un devoir. — Son absence paraîtrait un abandon et amènerait une séparation d'avec la cour de Savoie 252 MXII — Au Comte de ToURNON. — Le Saint déplore le départ du prince de Nemours. — Une paroisse très mal desservie. — L'épitaphe du poète Nouvellet 257 MXIII — A M°^« DE LA FlÉCHÈRE. — Bonnes nouvelles. — Le pre- mier essai d'une fille « bien résolue et de bon esprit. » — Annonce d'un départ. — Achèvement du Traitté de l'Amour de Dieu. — Divers messages 260 MXIV — A LA MÈRE DE ChaNTAL. — Le Saint retenu chez lui par le grand nombre des visiteurs ; il se promet toutefois d'aller voir le lendemain la Mère de Chantai 262 MXV — A M°'' FenOUiLLET (Inédite). — Pénurie de prédicateurs dans la province des Capucins de Thonon. — Intervention du Saint en faveur des Cordeliers savoyards, menacés dune séparation  Table des Matières 477 préjudiciable à leurs études. — Une besogne qui n'est pas dé- plaisante à son auteur. — Pourquoi le Traittè de V Amour de Dieu pourrnit avoir moins de succès que \ Introduction h la Vie dévote 263 MXVI — A M^'*" JoST. — Plusieurs raisons inclinent François de Sales à obliger TEvêque de Sion. — Il lui sera très agréable de prendre part à l'office de sa consécration 267 MXVII — Au Comte de ToURNON. — Voyages en Tarentaise et en Valais. — Nouvelles diverses 203 MXVIII — A M'"° DE LA Fl.ÉCHÈRE, — Annonce d'une messagère de confiance. — Encouragements. — Fidélité du Saint à sa chère Eglise de Genève., sa première épouse 27O MXIX — A LA MÈRE DE ChaNTAL. — Une nouvelle prétendante pour la Visitation 27 I MXX — A LA MÊME. — Une première étape et la pensé- de zèle qui donnait un élan joyeux au saint voyageur. — Consolations spiri- tuelles réservées aux âmes apostoliques. — Commentaire d'un texte de saint Paul 272 MXXI — Au Duc DE Savoie. — Avis donné au Duc sur la poli- tique du gouverneur de Milan en Valais. — Eloge détaillé du nouvel Evêque de Sion. — Un présent qu'il n'a pas reçu 274 MXXII — Au MarcIUIS de LaNS. — Renseignements politiques. — Les agissements du gouverneur de Milan pour attirer le Valais au parti de l'Espagne. — Opposition de l'Evêque de Sion. — Mesures à prendre. — Un festin de six heures. — Qualités du nouvel Evêque 276 MXXIII — A LA MÈRE DE ChANTAL. — Réponse à donner à une personne qui combat une vocation. — Respect dû à la liberté des âmes 279 MXXIV — A DOM BaillY. — Excellente disposition pour recevoir de grandes grâces. — Comment vivre « en ce petit pèlerinage. » — Document pour commencer une bonne vie religieuse. — Un anniversaire très pieusement célébré par le Saint 280 MXXV — A LA MÈRE DE ChANTAL. — M™« des Gouffiers propose de venir prendre la Mère de Chantai pour l'accompagner à Lyon ; le Saint agrée provisoirement ce projet 282 MXXVI — A LA MÊME. — Où réside la foi dans l'âme des saints qui sont tentés contre cette vertu. — Les souffrances spirituelles de la Mère de Chantai ne troublent pas son saint Directeur... 282 MXXVII — A LA MÊME. — Une malade reprise pour ses impru- dences 283 MXXVIII — A LA MÊME. — Demande et envoi de nouvelles 284  47^ Lettres de saint François de Sales MXXIX — A M""® DE PeyziEU. — Pour être tout à Dieu, nous devons crucifier nos affections les plus vives. — Il nous faut surtout un cœur amoureux envers le prochain. — Quand cet amour est-il plus excellent 284 MXXX — A M. DE LA CePPÈDE. — Remerciements au destinataire pour l'envoi d'un poème. — L'auteur a su transformer les muses païennes en chrétiennes. — Puisse-t-il servir d'exemple à d'autres poètes, — Le pouvoir des vers pour pénétrer les cœurs 286 MXXXI — A LA MÈRE DE ChaNTAL. — Une occasion est offerte à la Mère de Chantai d'écrire à son cher enfant. — De quoi elle avait peur 288 ANNÉE 1615 MXXXII — A M. DE BlONAY. — Pourquoi le saint Fondateur désire envoyer à Lyon les meilleurs de ses sujets. — Marie- Aimée de Blonay sera l'une des fondatrices ; son père est prié d'agréer cette mission si glorieuse pour sa fille 289 MXXXIII — A M"^« DE Ballon — La débonnaireté de Notre-Sei- gneur en sa crèche ; ce qu'on y trouve et dans quelle posture il faut s'y tenir. — Que faire quand l'ennemi nous détourne de la sainte dévotion; le péril de quitter l'oraison 29O MXXXIV — A M""^ DE LA FlÉCHÈRE. — La malignité humaine, grand sujet de résignation. — Quels esprits ne sont pas bons à l'office de chapelain. — On attend à Annecy les délégués de l'Archevêque de Lyon 292 MXXXV — A LA MÊME. — Départ imminent de la Mère de Chantai pour Lyon. — Souhait du Saint 294 MXXXVI-MXLII. — A LA MÈRE de ChaNTAL. — Sept billets pour le voyage. — Souhaits et bénédictions. — Les âmes vraiment inséparables. — Motifs de confiance et de courage. — La joyeuse ardeur de saint Ignace, martyr. — Promesse de la protection des bons Anges. — Douceur de l'unité des cœurs et des esprits. — Ardente prière pour la Fondatrice; bénédictions à ses filles. 295 MXLIII — A M™® DE PeYZIEU. — Les marques du pur amour. — De quel prix ont été payées les vertus des chrétiens 300 MXLIV — A M. DE QjUOEX. — Gratitude de Son Altesse envers le Saint pour un avis important 30 1 MXLV — A LA MÈRE DE ChaNTAL, a Lyon. — Sentiments du Saint après le départ de sa chère fille spirituelle. — Nouvelles détaillées du Monastère, des Religieuses, de Françoise de Chan- tai, de son goût pour la parure et de la piété de M'"^ de Thorens. — Désir de savoir les particularités de Va abord » à Lyon. —  Table des Matières 479 Bé-ncdictions à la Fondatrice et à chacune de ses filles qui rac- compagnaient 302 MXLVI — A M. DES Hayes (Inédite). — Une chère ville que le Saint serait content de revoir. — C'est l'invitation et la société d'Antoine des Hayes qui auraient ses préférences s'il pouvait aller prêcher à Paris. — Pourquoi il prend patience dans son « buis- son. » — Promesse d'adresser à son ami les premiers exemplaires du Traitîé de V Amour de Dieu. — M. de Granier 3^ MXLVII — Au Prince Cardinal de Savoie. — Les pièces pour la cause du bienheureux Amédée de Savoie ont été envoyées et reçues en temps opportun. — Le Cardinal est prié de s'intéresser à la prospérité du collège d'Annecy, gêné par l'insuffisance des revenus 3*-^" MXLVIII — A M""® DE Peyzieu. — Souhaits, offre de services, encouragements à une dame infirme et âgée, — Le moyen de rendre les langueurs salutaires et aimables 3 ' *-^ MXLIX — A LA MÈRE DE Chantal, a Lyon. — D'où procèdent les découragements dans la vie spirituelle. — Il ne faut jamais s'arrêter dans le travail de la perfection. — Un précepte des Saints recommandé à la Mère de Chantal. — La présence du Saint- Sacrement, trésor de vie pour les maisons qui en jouissent 3 I l ML — A LA MÊME. A Lyon. — Trois consolations dont le Saint a été gratifié au château de Sales. — Son attendrissement en voyant les pigeons faire place aux petits oiseaux et leur laisser pour leur repas des restes à suffisance 3 ' 3 MLI — Au Comte de TourNON (Inédite). — Dispense de l'absti- nence. — Une dénonciation effrontée contre un frère du Saint. . 3 l6 MLII ~- Au Duc DE Nemours. — La nuit et les œuvres de la nuit. — Pourquoi les princes sont tenus en conscience de ne pas recevoir sans examen les accusations. — Courageuse remontrance du saint Evêque au duc de Nemours 3*7 MLIII — A M. DE Foras. — Pourquoi François de Sales s'affligeait de la calomnie faite contre ses frères. — Une prédiction du saint Evêque 3 20 MLIV — Au même (Inédite). — Protestation d'amitié 322 MLV — A M. DE ChatillON. — Informations à prendre sur un ecclésiastique 3^3 MLVI — Au Prince Cardinal de Savoie. — La ville d'Annecy mérite d'être exemptée des charges de guerre. — Le Saint de- mande au Cardinal de favoriser ce bon peuple 324 MLVII — A LA Comtesse de ToURNON. — La destinataire est priée de faire exonérer des impôts deux pauvres veuves réduites à la misère 325  480 Lettres de saint François de Sales MLVIII — A la Mère de ChANTAL, a Lyon. — L'amour ne va pas toujours en ordre. — Pourquoi, même à Sainte-Claire, François de Sales, en parlant de saint Joseph, n'a pas eu la ferveur qui lui est habituelle à la Visitation. — Bonnes nouvel- les de plusieurs Religieuses et de toute la Communauté 327 MLIX — A M™® DE Peyzieu. — Souhaits de pieuse affection. — La fièvre amoureuse du Sauveur capable d'adoucir la fièvre corpo- relle. — Promesse de prières 328 MLX — A LA MÈRE DE ChanTAL, a Lyon. — La préoccupation d'un écrivain « embesoigné ». — Une consultation du médecin de la Sainte. — Précautions épistolaires suggérées par la charité. — Les sorties, et l'autorité du Père spirituel du Monastère. — Con- fesseurs de dévotion et confesseurs extraordinaires 329 MLXI — A M. MillETOT. — Soulèvement d'une paroisse qui re- fuse une partie de la dîme au Chapitre de Genève. — Pourquoi le saint Evêque voudrait et ne voudrait pas châtier la mutinerie. — Les femmes de Seyssel. — Il faut ramener les délinquants au devoir 333 MLXII — A M'"® DE CORNILLON, SA SŒUR (Inédite), — Affectueux bonsoir à la destinataire dont la visite est très désirée par le Saint. — Assurance qu'un service promis sera rendu 335 MLXIII — A LA MÈRE DE Chantal, A Lyon (Inédite). — Les distractions en l'oraison. — Sainte affection du Bienheureux pour l'âme de sa chère fille spirituelle. — Nouvelles de plusieurs Religieuses de Tabbaye de Sainte-Catherine et de la Visitation. — Salutations particulières 336 MLXIV — A M»"" Fenouillet (Inédite). — Entremise du Saint pour faire rentrer en grâce auprès du destinataire un parent qui l'avait offensé. — Remerciements pour l'offrande d'un opuscule. — Portrait du jeune Louis des Hayes. — Eloge des PP. Barnabites.. 330 MLXV — A LA MÈRE DE Chantal, a Lyon. — L'affaire de ^me (jgg Gouffiers. — Ne pas recevoir les postulantes avant l'âge requis. — Pourquoi la Mère de Chantal pouvait répondre har- diment pour le Saint. — Avis sur les sorties extraordinaires. — Trois hôtesses du Monastère d'Annecy. — Un sermon de deux heures et demie 342 MLXVI — A LA MÊME, A Lyon. — Delà réception des prétendan- tes. — Les sorties extraordinaires et pour quelles visites il faut les permettre 347 MLXVII — A M'"*' DE LA FlÉCHÈRE. — Faut-il rechercher la cause de nos sécheresses? — Pourquoi Dieu les envoie. — A quoi ser- vent quelquefois les séparations 348   Tablr des Matières 481 MLXVIII — A UNE DAME. — Le double avantage qu'on retire souvent de certaines maladies. — Dieu n'abandonne jamais le premier l'âme qu'il a d'abord attirée à lui 340 MLXIX — A M™" DE PeyziF.U. — La santé du corps et la santé de l'âme vont souvent en mouvement contraire. — La maladie puri- fie le cœur. — Quel est le plus excellent sacrifice qu'on puisse faire, au temps de la vieillesse et des infirmités 350 MLXX — A M. DES HaYES. — L'Evêque de Genève s'excuse de ne pouvoir accepter une proposition qui l'obligerait à résider en France. — Remerciements pour des services rendus. — Privi- lèges et privilèges. — Qualités et défauts de Louis des Hayes. — Une de ses réponses; son affcciion pour le Saint. — Nouvelles militaires 35 l MLXXI — A DOM Jean de Saint-Malachie Obry. — Amitié du Saint pour les religieux Feuillants. — Affectueuse mention de M'"^ Brùlart. — Dévotion de François de Sales à saint Ber- nard. — Nouvelles de la Visitation 356 MLXXII — A LA MÈRE DE Chantal, a Lyon. — Un billet hâtif. — Union d'intimité spirituelle entre les âmes des deux Saints. . . ^58 MLXXIII — A LA MÊME, A Lyon. — Aucune distance ne peut éloigner les cœurs que Dieu unit. — Une crainte du Saint. — La liberté qu'il faut garder à tout prix dans l'Institut de la Visi- tation. — Pourquoi le Fondateur voulait qu'on s'accommodât de certains esprits un peu difficiles. — Un vingt-troisième anni- versaire cher au Bienheureux 350 MLXXIV — A LA MÊME, A Lyon. — Puissants désirs de servir le divin amour qui affluent dans le cœur du Saint. — Consolations qu'il reçoit des progrès spirituels de ses chères filles d'Annecy. — Que faire pour permettre à Dieu de parachever son œuvre dans les âmes 361 MLXXV — A LA Sœur Favre, a Lyon. — Inquiétudes résignées du Bienheureux sur la santé de la Mère de Chantai. — Voyage de M. Grandis à Lyon a^S MLXXVI — A LA MÈRE DE Chantal, a Lyon. — Zèle croissant du Saint pour le service de Dieu. — Béatitude et suavité des âmes totalement résignées au vouloir divin. — Attente de nouvelles. 363 MLXXVII — A LA MÊME, A Lyon. — Acquiescement de François de Sales à la volonté de Dieu. — Nouvelles de son propre cœur. 365 MLXXVIII — A LA Sœur de BrÉCHARD (Inédite), — Prières pu- bliques pour la guerre. — Affaire d'argent 266 MLXXIX — A M. DE Peyzieu (Inédite). — Condoléances. — Eloge d'un frère défunt. — La seule chose qui nous mette en  482 Lettres de saint François de Sales repos. — Préparer la mère tout doucement à la fâcheuse nou- velle. — Une grande erreur ^68 MLXXX — A M™^ de PeyziEU. — Condoléances à la destinataire sur la mort de son fils. — Le monde le plus désirable de tous. ~ Consolations à la mère « quasi sur le despart >> pour aller où est son enfant 37^ MLXXXI — A la Sœur Favre, a Lyon. — La Mère de Chantai hors de danger. — Nouvelles et avis spirituels. — Salutations aux chères Sœurs et aux bienheureuses Novices 373  MINUTES ECRITES PAR SAINT FRANÇOIS DE SALES POUR d'autres PERSONNES MLXXXIl — Au Duc de Savoie, pour les Religieuses de la Visitation. — Remerciements et promesse de prières à Son Altesse en retour de la protection qu'elle accorde à la Visitation. 375 MLXXXIII — Au Cardinal Barberini, pour M"»^ des Gouffiers (Inédite). — M™<= des Gouffiers se félicite d'avoir le Cardinal pour intercesseur dans son affaire. — Elle en espère le succès de sa charitable intervention 376 MLXXXIV — A LA Duchesse de Mantoue, pour les Religieu- ses de la Visitation (Inédite). — Les Religieuses de la Visitation d'Annecy rendent compte à leur protectrice de leurs consolations: pose de la première pierre de l'église, envoi pro- chain de trois d'entre elles pour dresser un nouveau monastère à Lyon 379 MLXXXV — A UN Secrétaire du Duc de Savoie, pour le Su- périeur d'une Communauté (Inédite). — Une réclamation injustifiée 38 1  APPENDICE  I  LETTRES ADRESSEES A SAINT FRANÇOIS DE SALES PAR QUELQUES CORRESPONDANTS A LETTRES DE COMMISSION DE M°" PIERRE-FRANÇOIS COSTA, NONCE APOSTOLIQUE A TURIN 385  Table dh^ Matières 483 B LETTRE DU PKRF. JACQU ES-PH I Ll DERT DE QONIVARD, DE LA COMPAGNIE DE JKSU.S ■>^() C LETTRE DU PÈRE MATMIAS DE DOLE, CAPUCIN 3^8 D LETTRE DE M"" JEAN-PIERRF CAMUS, ÉVÊQUE DE BELLEY.... jBq E — LETTRE DE CH AR LES-EMM AN U E L I""^, DUC DE SAVOIE ÎQ I F LETTRE DU CARDINAL CAFFAR ELLI-BORGH ESE , SECRÉTAIRE D'ÉTAT 3C)2 G — LETTRE DE MATHIAS, EMPEREUR DALLEMAGNE Î02 H LETTRE DE CHARLES-EMMANUEL 1«", DUC DE SAVOIE 395 I LETTRE DU PRINCE CARDINAL MAURICE DE SAVOIE, 2q6 3 LETTRE DU CARDINAL CAFFARELLI-BORGHESE, SECRÉTAIRE  39  D'ETAT K — LETTRE DE DOM BRUNO D AFFRINGUES, GÉNÉRAL DES CHAR- TREUX 30*8 L LETTRE DU PÈRE ETIENNE BINET, DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS. 30)9  LETTRES DE PRINCES ET AUTRES PERSONNAGES A DIFFÉRENTS DESTINATAIRES A LETTRE DE CHARLES-EMMANUEL I^«, DUC DE SAVOIE, AUX RELIGIEUSES DE LA VISITATION D'ANNECY 4O l B LETTRE DE L'INFANTE MARGUERITE DE SAVOIE, DUCHESSE DE MANTOUE, A LA MÈRE DE CHANTAL 402 C LETTRE DE M. PHILIPPE DE QUOEX A SON FRÈRE CLAUDE . . . 4O 3 D LETTRES PATENTES DE CHARLES-EMMANUEL I^-^, DUC DE SAVOIE, AU SOUVERAIN SÉNAT 409 E — LETTRE DU MÊME AUX NOBLES SYNDICS D'ANNECY 4 10 F — LETTRE DU MÊME AUX ADMINISTRATEURS DU COLLÈGE CHAP- PUI3IEN 411 G LETTRE DEM. RENAUD DE LA GRANGE AU DUC DE VILLEROY . 4 12 H LETTRE DU PRINCE CARDINAL MAURICE DE SAVOIE AUX ADMI- NISTRATEURS DU COLLÈGE CHAPPUISIEN 415 I LETTRE DES PROVISEURS DU COLLÈGE DE SAVOIE A LOUVAIN, AUX ADMINISTRATEURS DE CELUI D'ANNECY 4 16 J LETTRE DE M°« ANASTASE GERMONIO, ARCHEVÊQUE DE TAREN- TAISE, AU CLERGÉ DE SON DIOCÈSE 4iy  185016 484 l-^fTRES pE SAINT François de Sales  îîî LA FONDATION DU I^*^ MONASTÈRE DE LA VISITATION DE LYON, DEUXIÈME DE L'ORDRE ^l8 LETTRES PATENTES DE LOUIS Xlil 428  Glossaire des locutions et des mots surannés 43 i Index des correspondants et des principales notes biographi- ques et historiques de ce volume 437 Table de correspondance de cette nouvelle Edition avec les précédentes, et indication de la provenance des Manuscrits. 453  13030.— Annecy. Imprimerie). Abry.  BX 1750 .F7 1892 v.l6 SMC Francis, Oeuvres de saint François de Sales, eveque de Genève et d Edition complète d'après les autographes et les éditions OriainalRf; pnn'rhip dp nnmhr