Vol. XXXVII. Avril-Juin. N° 2.
LES INFLUENCÉS RÉCIPROQUES
ENTRE SAINTE THÉRÈSE DE JÉSUS
ET SAINT JEAN DE LA CROIX
Le nom de sainte Thérèse de Jésus évoque presque nécessairement celui de saint Jean de la Croix, lorsqu'on entreprend l'étude de la Réforme du Carmel en Espagne au xvie siècle. Et cependant ce rapprochement étonne au premier abond si l'on songe que Thérèse, née en 1515, était de vingt- sept ans l'aînée de saint Jean.
Même si la collaboration certaine des deux Réformateurs ne peut suffire à justifier l'hypothèse d'une influence réciproque, une étude chronologique de leurs relations s'imposera tout d'abord. Cette étude présente en -outre l'intérêt de faire mieux comprendre, par les circonstances dans lesquelles s'opéra leur rencontre, la nature de leurs rapports et les points de contact de leurs âmes.
C'est en septembre 1567, à Medina del Campo, que, pour la première fois, Thérèse de Jésus se trouva en présence du collaborateur dont elle sentait depuis quelque temps le besoin. Elle venait de réaliser, en fondant le monastère de Carmélites de Medina, son dessein de modeler sur les réflexions de sa vie intérieure et sur les disciplines qu'elle s'était imposées, la règle retrempée de l'Ordre du Carmel.
Mais pour guider les religieuses dans leur œuvre de rénovation individuelle et conventuelle, des confesseurs éclairés étaient indispensables. Les plus aptes à cette direction spirituelle seraient évidemment les adeptes de la Réforme — qui s'étendrait ainsi aux Carmes. A peine ce projet conçu, Thé-