An. et vol. CIV 6 Aprilis 2012 N. 4 ACTA APOSTOLICAE SEDIS COMMENTARIUM OFFICIALE Directio: Palazzo Apostolico – Città del Vaticano – Administratio: Libreria Editrice Vaticana ACTA BENEDICTI PP. XVI ADHORTATIO APOSTOLICA POSTSYNODALIS « AFRICAE MUNUS » EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE Aux Évêques, au Clergé, aux Persones Consacrées et aux Fidèles Laı̈cs sur l’Église en Afrique au Service de la Réconciliation, de la Justice et de la Paix ». INTRODUCTION 1. L’engagement de l’Afrique pour le Seigneur Jésus-Christ est un trésor précieux que je confie, en ce début de troisième millénaire, aux Évêques, aux prêtres, aux diacres permanents, aux personnes consacrées, aux catéchistes et aux laı̈cs de ce cher continent et des ı̂les voisines. Cette mission porte l’Afrique à approfondir la vocation chrétienne. Elle l’invite à vivre, au nom de Jésus, la réconciliation entre les personnes et les communautés, et à promouvoir pour tous la paix et la justice dans la vérité. 2. J’ai désiré que la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques qui s’est déroulée du 4 au 25 octobre 2009, se situe dans la continuité de l’Assemblée de 1994 qui s’est « voulue une manifestation d’espérance et de résurrection, au moment même où les événements semblaient pousser l’Afrique au découragement et au désespoir ».1 L’Exhortation 1 Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Africa (14 septembre 1995), n. 1: AAS 88 (1996), p. 5; La Documentation catholique (par la suite DC) 2123 (1995), p. 817. 240 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale apostolique post-synodale Ecclesia in Africa de mon prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul II, recueillait les orientations et les options pastorales des Pères synodaux pour une nouvelle évangélisation du continent africain. Il convenait, au terme de la première décennie de ce troisième millénaire, que se fassent vives notre foi et notre espérance pour contribuer à construire une Afrique réconciliée, par les voies de la vérité et de la justice, de l’amour et de la paix (cfr Ps 85, 11)! Avec les Pères synodaux, je rappelle que « si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs » (Ps 127, 1). 3. Une vitalité ecclésiale exceptionnelle et le développement théologique de l’Église comme Famille de Dieu,2 ont été les résultats les plus visibles du Synode de 1994. Pour donner à l’Église de Dieu se trouvant sur le continent africain et dans les ı̂les adjacentes, une impulsion nouvelle chargée d’espérance et de charité évangéliques, il m’a semblé nécessaire de convoquer une seconde Assemblée synodale. Soutenues par l’invocation quotidienne de l’Esprit Saint et la prière d’innombrables fidèles, les sessions synodales ont produit des fruits que je souhaiterais transmettre par ce document à l’Église universelle, et particulièrement à l’Église en Afrique,3 afin qu’elle soit véritablement « sel de la terre » et « lumière du monde » (cfr Mt 5, 13. 14).4 Animée par une « foi opérant par la charité » (cfr Ga 5, 6), l’Église désire apporter des fruits de charité: la réconciliation, la paix et la justice (cfr 1 Co 13, 4-7). C’est là sa mission spécifique. 4. La qualité des interventions des Pères synodaux et des autres personnes qui sont intervenues durant les Assises, m’a impressionné. Le réalisme et la clairvoyance de leur contribution ont démontré la maturité chrétienne du continent. Ils n’ont pas eu peur d’affronter la vérité et ils ont cherché sincèrement à réfléchir à des solutions possibles aux problèmes qu’affrontent leurs Églises particulières, et même l’Église universelle. Ils ont constaté aussi que les bénédictions de Dieu, Père de tous, sont innombrables. Dieu n’abandonne jamais son peuple. Il ne me semble pas nécessaire de m’appesantir sur les différentes situations sociopolitiques, ethniques, économiques ou écologi2 ´ vêques pour l’Afrique, Message final Cfr Première Assemblée spéciale du Synode des E (6 mai 1994), nn. 24-25, L’Osservatore Romano français (par la suite ORF) 2316 (1994), p. 93; DC 2095 (1994), pp. 528-529; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Africa (14 septembre 1995), n. 63: AAS 88 (1996), pp. 39-40; DC 2123 (1995), pp. 832-833. 3 ´ vêques pour l’Afrique, Proposition Cfr Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (par la suite Prop.), n. 1: DC 2434 (2009), p. 1035. 4 Cfr Prop. n. 2: DC 2434 (2009), p. 1035. Acta Benedicti Pp. XVI 241 ques que vivent quotidiennement les Africains et qui ne peuvent être ignorées. Les Africains savent mieux que quiconque combien, trop souvent malheureusement, ces situations sont difficiles, troublées voire même tragiques. Je rends hommage aux Africains et à tous les chrétiens de ce continent qui les affrontent avec courage et dignité. Ils désirent, avec raison, que cette dignité soit reconnue et respectée. Je puis les assurer que l’Église respecte et aime l’Afrique. 5. Face aux nombreux défis que l’Afrique souhaite relever pour devenir toujours plus une terre de promesses, l’Église pourrait être tentée, comme Israël, par le découragement, mais nos ancêtres dans la foi nous ont montré la juste attitude à avoir. Ainsi Moı̈se, le serviteur du Seigneur, « par la foi ... comme s’il voyait l’Invisible, tint ferme » (Hb 11, 27). L’auteur de la Lettre aux Hébreux nous le rappelle: « La foi est la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas » (11, 1). J’exhorte donc l’Église entière à poser sur l’Afrique ce regard de foi et d’espérance. Jésus-Christ, qui nous a invités à être « le sel de la terre » et « la lumière du monde » (Mt 5, 13. 14), nous offre la puissance de l’Esprit pour réaliser toujours mieux cet idéal. 6. Dans ma pensée, la Parole du Christ: « Vous êtes le sel de la terre [... ] vous êtes la lumière du monde », devait être le fil conducteur du Synode et aussi celui de la période post-synodale. En m’adressant à Yaoundé à l’ensemble des fidèles africains, j’avais dit: « À travers Jésus, il y a deux mille ans déjà, Dieu a apporté lui-même le sel et la lumière à l’Afrique. Depuis lors, la semence de sa présence est enfouie dans les profondeurs des cœurs de ce cher continent et elle germe peu à peu au-delà et à travers les aléas de l’histoire humaine de votre continent ».5 7. L’Exhortation Ecclesia in Africa a fait sienne « l’idée-force de l’ÉgliseFamille de Dieu », et les Pères synodaux « y ont vu une expression particulièrement appropriée de la nature de l’Église pour l’Afrique. L’image, en effet, met l’accent sur l’attention à l’autre, la solidarité, la chaleur des relations, l’accueil, le dialogue et la confiance ».6 L’Exhortation invite les familles 5 Benoı̂t XVI, Discours aux membres du Conseil spécial pour l’Afrique du Synode des Évêques, (Yaoundé, 19 mars 2009), AAS 101 (2009), p. 310; DC 2422 (2009), p. 386. 6 Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Africa (14 septembre 1995), n. 63: AAS 88 (1996), pp. 39-40; DC 2123 (1995), p. 832. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 242 chrétiennes africaines à devenir des « églises domestiques »7 pour aider leurs communautés respectives à reconnaı̂tre qu’elles appartiennent à un seul et même Corps. Cette image est importante non seulement pour l’Église en Afrique, mais aussi pour l’Église universelle, à l’heure où la famille est menacée par ceux qui veulent une vie sans Dieu. Priver de Dieu le continent africain, ce serait le faire mourir peu à peu en lui enlevant son âme. 8. Dans la tradition vivante de l’Église, en réponse à la sollicitation de l’Exhortation Ecclesia in Africa,8 voir l’Église comme une famille et une fraternité, c’est restaurer un aspect de son patrimoine. Dans cette réalité où Jésus-Christ, « l’aı̂né d’une multitude de frères » (Rm 8, 29), a réconcilié tous les hommes avec le Dieu Père (cfr Ep 2, 14-18) et a donné le Saint-Esprit (cfr Jn 20, 22), l’Église devient à son tour porteuse de cette Bonne Nouvelle de la filiation divine de toute personne humaine. Elle est appelée à la transmettre à toute l’humanité, en proclamant le salut réalisé pour nous par le Christ, en célébrant la communion avec Dieu et en vivant la fraternité dans la solidarité. 9. La mémoire de l’Afrique garde le souvenir douloureux des cicatrices laissées par les luttes fratricides entre les ethnies, par l’esclavage et par la colonisation. Aujourd’hui encore, le continent est confronté à des rivalités, à des formes d’esclavage et de colonisation nouvelles. La première Assemblée Spéciale l’avait comparé à la victime des bandits, laissée moribonde au bord du chemin (cfr Lc 10, 25-37). C’est pourquoi on a pu parler de la « marginalisation » de l’Afrique. Une tradition née sur cette terre africaine identifie le bon Samaritain au Seigneur Jésus lui-même et invite à l’espérance. Clément d’Alexandrie écrivait en effet: « Qui, plus que lui, a eu pitié de nous, qui étions pour ainsi dire mis à mort par les puissances du monde des ténèbres, accablés d’une multitude de blessures, de craintes, de désirs, de colères, de chagrins, de mensonges et de plaisirs? L’unique médecin de ces blessures, c’est Jésus ».9 Il y a alors de nombreux motifs d’espérance et d’action de grâce. Ainsi par exemple, malgré les grandes pandémies — comme le paludisme, le sida, la tuberculose, etc. — qui déciment sa population et que la médecine cherche 7 Cfr n. 92: AAS 88 (1996), pp. 57-58; DC 2123 (1995), pp. 840-841; Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 11; Conc. œcum. Vat. II, Décret Apostolicam actuositatem, n. 11; Jean-Paul II, Exhort. apost. Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. 21: AAS 74 (1982), pp. 104-106; DC 1821 (1982), p. 8. 8 N. 63: AAS 88 (1996), pp. 39-40; DC 2123 (1995), p. 832. 9 Quis dives salvetur 29, 2-3: PG 9, 633; Sources chrétiennes (par la suite SC) 537, pp. 176-177. Acta Benedicti Pp. XVI 243 toujours plus efficacement à éradiquer, l’Afrique maintient sa joie de vivre, de célébrer la vie qui provient du Créateur dans l’accueil des naissances pour que s’agrandisse le cercle de la famille et de la communauté humaine. Je vois également un motif d’espérance dans le riche patrimoine intellectuel, culturel et religieux dont l’Afrique est dépositaire. Elle désire le préserver, l’explorer davantage et le faire connaı̂tre au monde. Il s’agit là d’un apport essentiel et positif. 10. La deuxième Assemblée synodale pour l’Afrique s’est penchée sur le thème de la réconciliation, de la justice et de la paix. La riche documentation qui m’a été remise après les Assises — les Lineamenta, l’Instrumentum laboris, les rapports rédigés avant et après les discussions, les interventions et les comptes rendus des groupes de travail —, invite à « transformer la théologie [...] en pastorale, c’est-à-dire en un ministère pastoral très concret, dans lequel les grandes visions de l’Écriture Sainte et de la Tradition sont appliquées à l’œuvre des évêques et des prêtres à un moment et en un lieu déterminés ».10 11. C’est donc par souci paternel et pastoral que j’adresse ce document à l’Afrique d’aujourd’hui qui a connu les traumatismes et les conflits que nous savons. L’homme est pétri par son passé, mais il vit et chemine aujourd’hui. Il regarde l’avenir. Comme le reste du monde, l’Afrique vit un choc culturel qui porte atteinte aux fondements millénaires de la vie sociale et rend parfois difficile la rencontre avec la modernité. Dans cette crise anthropologique à laquelle le continent africain est confronté, il pourra trouver des chemins d’espérance en instaurant un dialogue entre les membres des composantes religieuses, sociales, politiques, économiques, culturelles et scientifiques. Il lui faudra alors retrouver et promouvoir une conception de la personne et de son rapport à la réalité fondée sur un renouveau spirituel profond. 12. Dans l’Exhortation Ecclesia in Africa, Jean-Paul II faisait remarquer qu’« en dépit de la civilisation contemporaine du ‘‘village global’’, en Afrique comme ailleurs dans le monde, l’esprit de dialogue, de paix et de réconciliation est loin d’habiter le cœur de tous les hommes. Les guerres, les conflits, les attitudes racistes et xénophobes dominent encore trop 10 Benoı̂t XVI, Discours à la Curie romaine à l’occasion de l’échange des vœux (21 décembre 2009): AAS 102 (2010), p. 35; DC 2439 (2010), p. 109. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 244 le monde des relations humaines ».11 L’espérance qui caractérise la vie authentiquement chrétienne, rappelle que l’Esprit Saint est à l’œuvre partout, sur le continent africain aussi, et que les forces de vie, qui naissent de l’amour, l’emportent toujours sur les forces de la mort (cfr Ct 8, 6-7). C’est pourquoi, les Pères synodaux ont vu que les difficultés rencontrées par les pays respectifs et les Églises particulières en Afrique, ne représentaient pas des obstacles empêchant d’avancer, mais défiaient plutôt ce qu’il y a de meilleur en nous: notre imagination, notre intelligence, notre vocation à suivre sans concession les pas de Jésus-Christ, à rechercher Dieu, « Amour éternel et Vérité absolue ».12 Avec tous les acteurs de la société africaine, l’Église se sent donc appelée à relever ces défis. C’est, en quelque sorte, comme un impératif de l’Évangile. 13. Par ce document, je désire donner les fruits et les encouragements du Synode, et j’invite tous les hommes de bonne volonté à poser sur l’Afrique un regard de foi et de charité, pour l’aider à devenir par le Christ et par l’Esprit Saint, lumière du monde et sel de la terre (cfr Mt 5, 13. 14). Un précieux trésor est présent dans l’âme de l’Afrique où je perçois « le poumon spirituel pour une humanité qui semble en crise de foi et d’espérance »,13 grâce aux richesses humaines et spirituelles inouı̈es de ses enfants, de ses cultures aux multiples couleurs, de son sol et de son sous-sol aux immenses ressources. Cependant, pour se tenir debout avec dignité, l’Afrique a besoin d’entendre la voix du Christ qui proclame aujourd’hui l’amour de l’autre, même de l’ennemi, jusqu’au don de sa propre vie, et qui prie aujourd’hui pour l’unité et la communion de tous les hommes en Dieu (cfr Jn 17, 20-21). 11 N. 79: AAS 88 (1996), p. 51; DC 2123 (1995), p. 838. Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 1: AAS 101 (2009), p. 641; DC 2429 (2009), p. 753. 13 Benoı̂t XVI, Homélie de la Messe d’ouverture de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques (4 octobre 2009): AAS 101 (2009), p. 907; DC 2433 (2009), p. 951. 12 Acta Benedicti Pp. XVI 245 PREMIÈRE PARTIE « VOICI, JE FAIS L’UNIVERS NOUVEAU » (Ap 21, 5) 14. Le Synode a permis de discerner les axes majeurs de la mission pour une Afrique désireuse de réconciliation, de justice et de paix. Il revient aux Églises particulières de traduire ces axes en « fermes propos et en lignes d’action concrètes ».14 En effet, c’est « dans les Églises locales que peuvent se fixer les éléments concrets d’un programme — objectifs et méthodes de travail, formation et valorisation du personnel, recherche des moyens nécessaires — qui permette à l’annonce du Christ d’atteindre les personnes, de vivifier les communautés, et d’agir en profondeur par le témoignage des valeurs évangéliques sur la société et sur la culture » 15 africaines. Chapitre I AU SERVICE DE LA RECONCILIATION, DE LA JUSTICE ET DE LA PAIX I. Authentiques serviteurs de la Parole de Dieu 15. Une Afrique qui avance, joyeuse et vivante, manifeste la louange de Dieu. « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant » comme le faisait remarquer saint Irénée, mais il continue: « La vie de l’homme, c’est la vision de Dieu ».16 C’est pourquoi, aujourd’hui encore, une des tâches essentielles de l’Église est de porter le message de l’Évangile au cœur des sociétés africaines, de conduire vers la vision de Dieu. Comme le sel donne goût aux aliments, ce message fait des personnes qui en vivent, d’authentiques témoins. Tous ceux qui grandissent de cette manière deviennent capables de se réconcilier en Jésus-Christ. Ils deviennent des lumières pour leurs frères. Ainsi, avec les Pères du Synode, j’invite « l’Église [...] en Afrique à être témoin dans le service de la réconciliation, de la justice et de la paix, comme ‘‘sel de la terre’’ et ‘‘lumière du 14 Jean-Paul II, Lett. apost. Novo millennio ineunte (6 janvier 2001), n. 3: AAS 93 (2001), p. 267; DC 2240 (2001), p. 69. 15 Ibidem, n. 29: AAS 93 (2001), p. 286; DC 2240 (2001), p. 78. 16 Adversus haereses, IV, 20, 7: PG 7, 1037; SC 100/II, pp. 648-649. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 246 monde’’ »,17 pour que sa vie réponde à cet appel: « Lève-toi, Église en Afrique, famille de Dieu, parce que le Père céleste t’appelle! ».18 16. Il est heureux que Dieu ait permis que le deuxième Synode pour l’Afrique soit célébré juste après celui qui a été consacré à la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église. Ce Synode a rappelé l’impérieux devoir du disciple d’écouter le Christ qui appelle à travers sa Parole. Par elle, les fidèles apprennent à entendre le Christ et à se laisser orienter par l’Esprit Saint qui nous révèle le sens de toutes choses (cfr Jn 16, 13). En effet, la « lecture et la méditation de la Parole de Dieu nous enracinent plus profondément dans le Christ et orientent notre ministère de serviteurs de la réconciliation, de la justice et de la paix ».19 Comme le rappelait ce Synode, « pour devenir ses frères et sœurs, il faut être de ‘‘ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique’’ (Lc 8, 21). Écouter authentiquement, c’est obéir et œuvrer; faire naı̂tre dans la vie la justice et l’amour; offrir dans l’existence et dans la société, un témoignage conforme à l’appel des prophètes — qui unissait sans cesse Parole de Dieu et vie, foi et rectitude, culte et engagement social ».20 Écouter et méditer la Parole de Dieu, c’est désirer la laisser pénétrer et former notre vie pour nous réconcilier avec Dieu, pour permettre à Dieu de nous conduire à une réconciliation avec le prochain, chemin nécessaire pour la construction d’une communauté de personnes et de peuples. Sur nos visages et dans nos vies, que la Parole de Dieu prenne vraiment chair! II. Le Christ au cœur des réalités africaines: source de réconciliation, de justice et de paix 17. Les trois concepts principaux du thème synodal, à savoir la réconciliation, la justice et la paix, ont mis le Synode face à sa « responsabilité théologique et sociale »,21 et ont permis de s’interroger aussi sur le rôle public 17 Prop. n. 34; DC 2434 (2009), p. 1047. Benoı̂t XVI, Homélie de clôture de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques (25 octobre 2009): ASS 101 (2009), p. 918; DC 2434 (2009), p. 1024. 19 Prop. n. 46: DC 2434 (2009), p. 1051. 20 ´ vêques, Message final (24 octobre XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des E 2008), n. 10; ORF 3055 (2008), p. 28; DC 2412 (2008), p. 1010. 21 Benoı̂t XVI, Discours à la Curie romaine à l’occasion de l’échange des vœux (21 décembre 2009): AAS 102 (2010), p. 35; DC 2439 (2010), p. 109. 18 Acta Benedicti Pp. XVI 247 de l’Église et sa place dans l’espace africain d’aujourd’hui.22 « On pourrait dire que réconciliation et justice sont les deux présupposés essentiels de la paix et qu’ils définissent également dans une certaine mesure sa nature ».23 La tâche qu’il nous faut préciser, n’est pas aisée, car elle se situe entre l’engagement immédiat en politique — qui ne relève pas de la compétence directe de l’Église — et le repli ou l’évasion possible dans des théories théologiques et spirituelles; celles-ci risquant de constituer une fuite face à une responsabilité concrète dans l’histoire humaine. 18. « Je vous laisse la paix, c’est ma paix que je vous donne », dit le Seigneur, qui ajoute « non pas comme le monde la donne » (Jn 14, 27). La paix des hommes qui s’obtient sans la justice est illusoire et éphémère. La justice des hommes qui ne prend pas sa source dans la réconciliation par la « vérité de l’amour » (Ep 4, 15) demeure inachevée; elle n’est pas authentiquement justice. C’est l’amour de la vérité, — « la vérité tout entière » à laquelle l’Esprit seul peut nous conduire (cfr Jn 16, 13) —, qui trace le chemin que toute justice humaine doit emprunter pour aboutir à la restauration des liens de fraternité dans la « famille humaine, communauté de paix »,24 réconciliée avec Dieu par le Christ. La justice n’est pas désincarnée. Elle s’ancre nécessairement dans la cohérence humaine. Une charité qui ne respecte pas la justice et le droit de tous, est erronée. J’encourage donc les chrétiens à devenir exemplaires en matière de justice et de charité (Mt 5, 19-20). A. « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20b) 19. « La réconciliation est un concept et une réalité pré-politiques, qui précisément pour cette raison, est de la plus grande importance pour la tâche politique elle-même. Si l’on ne crée pas dans les cœurs la force de la réconciliation, le présupposé intérieur manque à l’engagement politique pour la paix. Les membres du Synode se sont engagés en vue de cette purification intérieure de l’homme qui constitue la condition préliminaire essentielle 22 Cfr Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), nn. 5-9: AAS 101 (2009), pp. 643-647; DC 2429 (2009), pp. 754-756. 23 Benoı̂t XVI, Discours à la Curie romaine à l’occasion de l’échange des vœux (21 décembre 2009): AAS 102 (2010), p. 35; DC 2439 (2010), p. 109. 24 Benoı̂t XVI, Message pour la Journée mondiale de la Paix 2008: AAS 100 (2008), pp. 38-45; DC 2393 (2008), pp. 2-6. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 248 à l’édification de la justice et de la paix. Mais cette purification et cette maturation intérieure vers une véritable humanité ne peuvent exister sans Dieu ».25 20. En effet, c’est la grâce de Dieu qui nous donne un cœur nouveau et qui nous réconcilie avec lui et avec les autres.26 C’est le Christ qui a rétabli l’humanité dans l’amour du Père. La réconciliation prend donc sa source dans cet amour; elle naı̂t de l’initiative du Père de renouer la relation avec l’humanité, relation rompue par le péché de l’homme. En Jésus-Christ, « dans sa vie et dans son ministère, mais, spécialement, dans sa mort et sa résurrection, l’Apôtre Paul avait vu Dieu réconcilier le monde (toutes les choses sous le ciel et sur la terre) avec lui-même, ne tenant plus compte des fautes des hommes (cfr 2 Co 5, 19; Rm 5, 10; Col 1, 21-22). L’Apôtre avait vu Dieu réconcilier les Juifs et les Gentils avec lui-même, créant un homme nouveau à la place des deux peuples (cfr Ep 2, 15; 3, 6). Ainsi, l’expérience de la réconciliation établit la communion à deux niveaux: d’une part la communion entre Dieu et les hommes, et d’autre part, du fait que l’expérience de réconciliation nous fait aussi (nous, l’humanité réconciliée) ‘‘ambassadeurs de réconciliation’’, elle rétablit également la communion entre les hommes ».27 « Ainsi, la réconciliation ne se limite pas au dessein de Dieu de ramener à lui dans le Christ l’humanité séparée et souillée par le péché, à travers le pardon des fautes et par amour. C’est aussi la restauration des relations entre les hommes au moyen de la résolution des différends et la suppression des obstacles à leurs relations grâce à leur expérience de l’amour de Dieu ».28 La parabole de l’enfant prodigue l’illustre quand l’Évangéliste nous présente dans le retour du fils cadet, c’est-à-dire dans sa conversion, le besoin de se réconcilier, d’un côté, avec son père et, de l’autre, avec son frère aı̂né par la médiation du père (cfr Lc 15, 11-32). Des témoignages émouvants de fidèles d’Afrique, « des témoignages de souffrance et de réconciliation concrète dans les tragédies de l’histoire récente du continent » 29 ont montré la puissance de l’Esprit 25 Benoı̂t XVI, Discours à la Curie romaine à l’occasion de l’échange des vœux (21 décembre 2009): AAS 102 (2010), p. 37; DC 2439 (2010), p. 109. 26 Cfr Prop. n. 5: DC 2434 (2009), p. 1036. 27 Rapport avant le débat, II, a: ORF 3104 (2009), p. 13; DC 2433 (2009), p. 992. 28 Idem. 29 Benoı̂t XVI, Discours à la Curie romaine à l’occasion de l’échange des vœux (21 décembre 2009): AAS 102 (2010), p. 35; DC 2439 (2010), p. 109. Acta Benedicti Pp. XVI 249 qui transforme les cœurs des victimes et de leurs bourreaux pour rétablir la fraternité.30 21. De fait, seule une authentique réconciliation engendre une paix durable dans la société. Ses protagonistes sont certes les Autorités gouvernementales et les Chefs traditionnels, mais également les simples citoyens. Après un conflit, la réconciliation souvent menée et accomplie dans le silence et la discrétion restaure l’union des cœurs et la coexistence sereine. Grâce à elle, après de longues périodes de guerre, des nations retrouvent la paix, des sociétés profondément blessées par la guerre civile ou le génocide reconstruisent leur unité. C’est en donnant et en accueillant le pardon 31 que les mémoires blessées des personnes ou des communautés ont pu guérir et que des familles jadis divisées ont retrouvé l’harmonie. « La réconciliation surmonte les crises, restaure la dignité des personnes et ouvre la voie au développement et à la paix durable entre les peuples à tous les niveaux »,32 ont tenu à souligner les Pères du Synode. Pour devenir effective, cette réconciliation devra être accompagnée par un acte courageux et honnête: la recherche des responsables de ces conflits, de ceux qui ont commandité les crimes et qui se livrent à toutes sortes de trafics, et la détermination de leur responsabilité. Les victimes ont droit à la vérité et à la justice. Il est important actuellement et pour l’avenir de purifier la mémoire afin de construire une société meilleure où de telles tragédies ne se répètent plus. B. Devenir justes et construire un ordre social juste 23. Il ne fait pas de doute que la construction d’un ordre social juste relève de la compétence de la sphère politique.33 Cependant, une des tâches de l’Église en Afrique consiste à former des consciences droites et réceptives aux exigences de la justice pour que grandissent des hommes et des femmes soucieux et capables de réaliser cet ordre social juste par leur conduite 30 Cfr Benoı̂t XVI, Homélie à la messe de conclusion de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques (25 octobre 2009): AAS 101 (2009), p. 916; DC 2434 (2009), pp. 1022-1024. 31 Cfr Jean-Paul II, Message pour la célébration de la Journée mondiale de la paix 1997, n. 1: AAS 89 (1997), p. 1; DC 2152 (1997), p. 51. 32 Prop. n. 5: DC 2434 (2009), p. 1036. 33 Cfr Benoı̂t XVI, Lett. enc. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 28: AAS 98 (2006), pp. 238-240; DC 2352 (2006), pp. 178-180. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 250 responsable. Le modèle par excellence à partir duquel l’Église pense et raisonne, et qu’elle propose à tous, c’est le Christ.34 Selon sa doctrine sociale, « l’Église n’a pas de solutions techniques à offrir et ne prétend ‘‘aucunement s’immiscer dans la politique des États’’. Elle a toutefois une mission de vérité à remplir [...] une mission impérative. Sa doctrine sociale est un aspect particulier de cette annonce: c’est un service rendu à la vérité qui libère ».35 23. Grâce aux Commissions Justice et Paix, l’Église s’est engagée dans la formation civique des citoyens et dans l’accompagnement du processus électoral en différents pays. Elle contribue ainsi à l’éducation des populations et à l’éveil de leur conscience et de leur responsabilité civiques. Ce rôle éducatif particulier est apprécié par un grand nombre de pays qui reconnaissent l’Église comme un artisan de paix, un agent de réconciliation, et un héraut de la justice. Il est bon de répéter que, tout en distinguant le rôle des Pasteurs et celui des fidèles laı̈cs, la mission de l’Église n’est pas d’ordre politique.36 Sa fonction est d’éduquer le monde au sens religieux en proclamant le Christ. L’Église désire être le signe et la sauvegarde de la transcendance de la personne humaine. Elle doit aussi éduquer les hommes à rechercher la vérité suprême face à ce qu’ils sont et à leurs interrogations pour trouver des solutions justes à leurs problèmes.37 1. Vivre de la justice du Christ 24. Sur le plan social, la conscience humaine est interpellée par de graves injustices existant dans notre monde, en général, et à l’intérieur de l’Afrique, en particulier. La confiscation des biens de la terre par une minorité au détriment de peuples entiers, est inacceptable parce qu’immorale. La justice oblige à « donner à chacun son bien propre » — ius suum unicuique tribuere.38 34 Cfr Prop. n. 14: DC 2434 (2009), pp. 1039-1040. Cfr Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 9: AAS 101 (2009) pp. 646-647; DC 2429 (2009), p. 756. 36 Cfr Benoı̂t XVI, Lett. enc. Deus caritas est (25 décembre 2005), nn. 28-29: AAS 98 (2006), pp. 238-240; Commission théologique internationale, Quelques questions sur la Théologie de la Rédemption (29 novembre 1994), nn. 14-20. 37 Cfr Conc. œcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 40; Conseil pontifical Justice et Paix, Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, nn. 49-51. 38 Cfr S. Thomas d’Aquin, S. Th. IIa-IIae, q. 58, a. 1. 35 Acta Benedicti Pp. XVI 251 Il s’agit donc de rendre justice aux peuples. L’Afrique est capable d’assurer à tous les individus et à toutes les nations du continent les conditions élémentaires qui permettent de participer au développement.39 Les Africains pourront ainsi mettre les talents et les richesses que Dieu leur a donnés au service de leur terre et de leurs frères. La justice, vécue dans toutes les dimensions de la vie, privée et publique, économique et sociale, a besoin d’être soutenue par la subsidiarité et la solidarité, et encore plus d’être animée par la charité. « Selon le principe de subsidiarité, ni l’État ni aucune société plus vaste ne doivent se substituer à l’initiative et à la responsabilité des personnes et des corps intermédiaires ».40 La solidarité est garante de la justice et de la paix, de l’unité donc, de sorte que « l’abondance des uns supplée au manque des autres ».41 Et la charité qui assure le lien avec Dieu, va plus loin que la justice distributive. Car si « la justice est la vertu qui distribue à chacun son bien propre [...] ce n’est pas la justice de l’homme celle qui soustrait l’homme au vrai Dieu ».42 25. Dieu lui-même nous montre la véritable justice quand, par exemple, nous voyons Jésus entrer dans la vie de Zachée et offrir ainsi au pécheur la grâce de sa présence (cfr Lc 19, 1-10). Quelle est donc cette justice du Christ? Les témoins de cette rencontre avec Zachée observent Jésus (cfr Lc 19, 7); leur murmure désapprobateur se veut une expression de l’amour de la justice. Ils ignorent cependant la justice de l’amour qui s’ouvre jusqu’à l’extrême, jusqu’à faire passer en soi la « malédiction » due aux humains, pour qu’ils reçoivent en échange la « bénédiction » qui est le don de Dieu (cfr Ga 3, 1314). La justice divine offre à la justice humaine, toujours limitée et imparfaite, l’horizon vers lequel elle doit tendre pour s’accomplir. Elle nous fait prendre conscience en outre, de notre propre indigence, de l’exigence du pardon et de l’amitié de Dieu. C’est ce que nous vivons dans les sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie qui découlent de l’action du Christ. Cette action nous introduit dans une justice où nous recevons bien plus que nous n’étions en droit d’attendre car, dans le Christ, la charité est le résumé de 39 Cfr Jean-Paul II, Lett. enc. Centesimus annus (1er mai 1991), n. 35: AAS 83 (1991), p. 837; DC 2029 (1991), p. 535. 40 Catéchisme de l’Église catholique, n. 1894. 41 ´ vêques, Lineamenta Deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des E (3 décembre 2007), n. 44: ORF 2940 (2006), p. VI dans le supplément; DC 2365 (2006), p. 845. 42 S. Augustin, De civitate Dei, XIX, 21, 1: Patrologia Latina, cursus completus, éd. J.-P. Migne (par la suite PL), 41, 649. 252 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale la Loi (cfr Rm 13, 8-10).43 Par le Christ, unique modèle, le juste est invité à entrer dans l’ordre de l’amour-agapê. 2. Créer un ordre juste dans la logique des Béatitudes 26. Le disciple du Christ, uni à son Maı̂tre, doit contribuer à former une société juste où tous pourront participer activement avec leurs propres talents à la vie sociale et économique. Ils pourront donc gagner ce qui leur est nécessaire pour vivre selon leur dignité humaine dans une société où la justice sera vivifiée par l’amour.44 Le Christ ne propose pas une révolution de type social ou politique, mais celle de l’amour, réalisée dans le don total de sa personne par sa mort sur la Croix et sa Résurrection. Sur cette révolution de l’amour se fondent les Béatitudes (Mt 5, 3-12). Elles fournissent un nouvel horizon de justice inauguré dans le mystère pascal et grâce auquel nous pouvons devenir justes et construire un monde meilleur. La justice de Dieu, que nous révèlent les Béatitudes, élève les humbles et abaisse ceux qui s’élèvent. Elle se réalise en plénitude, il est vrai, dans le Royaume de Dieu qui se réalisera à la fin des temps. Mais la justice de Dieu se manifeste, d’ores et déjà, là où les pauvres sont consolés et admis au festin de la vie. 27. Selon la logique des Béatitudes, une attention préférentielle doit être portée au pauvre, à l’affamé, au malade — par exemple du sida, de la tuberculose ou du paludisme —, à l’étranger, à l’humilié, au prisonnier, au migrant méprisé, au réfugié ou au déplacé, etc. — (cfr Mt 25, 31-46). La réponse à leurs besoins dans la justice et la charité dépend de tous. L’Afrique attend cette attention de toute la famille humaine comme d’elle-même.45 Elle devra cependant commencer par introduire en son propre sein, de manière résolue, la justice politique, sociale et administrative, éléments de la culture politique nécessaire au développement et à la paix. Pour sa part, l’Église apportera sa contribution spécifique s’appuyant sur l’enseignement des Béatitudes. C. L’amour dans la vérité: source de paix 28. La perspective sociale qu’illustre l’agir du Christ, fondé sur l’amour, transcende le minimum qu’exige la justice humaine: c’est-à-dire que l’on 43 Cfr Benoı̂t XVI, Message de Carême 2010: Insegnamenti, V/2 (2009), p. 454; DC 2440 (2010), pp. 152-153. 44 Cfr idem. 45 Cfr Prop. n. 17: DC 2434 (2009), pp. 140-141. Acta Benedicti Pp. XVI 253 donne à l’autre ce qui lui revient. La logique interne de l’amour dépasse cette justice et va jusqu’à donner ce que l’on possède: 46 « N’aimons ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité » (1 Jn 3, 18). À l’image de son Maı̂tre, le disciple du Christ ira plus loin encore, jusqu’au don de lui-même pour ses frères (cfr 1 Jn 3, 16). C’est le prix de la paix authentique en Dieu (cfr Ep 2, 14). 1. Service fraternel concret 29. Aucune société, même développée, ne peut se passer du service fraternel animé par l’amour. « Celui qui veut s’affranchir de l’amour se prépare à s’affranchir de l’homme en tant qu’homme. Il y aura toujours de la souffrance, qui réclame consolation et aide. Il y aura toujours de la solitude. De même, il y aura toujours des situations de nécessité matérielle, pour lesquelles une aide est indispensable, dans le sens d’un amour concret pour le prochain ».47 C’est l’amour qui apaise les cœurs blessés, esseulés, abandonnés. C’est l’amour qui engendre la paix ou la rétablit dans le cœur humain et l’instaure entre les hommes. 2. L’Église comme une sentinelle 30. Dans la situation actuelle de l’Afrique, l’Église est appelée à faire entendre la voix du Christ. Elle désire suivre la recommandation de Jésus à Nicodème qui s’interrogeait sur la possibilité de re-naı̂tre: « Il vous faut naı̂tre d’en-haut » (Jn 3, 7). Les missionnaires ont proposé aux Africains cette nouvelle naissance « d’eau et d’esprit » (Jn 3, 5), une Bonne Nouvelle que toute personne a le droit d’entendre afin de réaliser pleinement sa vocation.48 L’Église en Afrique vit de cet héritage. À cause du Christ et par fidélité à sa leçon de vie, elle se sent poussée à être présente là où l’humanité connaı̂t la souffrance et à se faire l’écho du cri silencieux des innocents persécutés, ou des peuples dont des gouvernants hypothèquent le présent et l’avenir au 46 Cfr Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 6: AAS 101 (2009) p. 644; DC 2429 (2009), pp. 754-755. 47 Benoı̂t XVI, Lett. enc. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 28: AAS 98 (2006), p. 240; DC 2352 (2006), pp. 179-180. 48 Cfr Paul VI, Exhort. apost. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), nn. 53. 80: AAS 68 (1976), pp. 41-42 et 73-74; DC 73 (1976), pp. 11 et 20; Jean-Paul II, Lett. enc. Redemptoris missio (7 décembre 1990), n. 46: AAS 83 (1991), p. 293; DC 88 (1991), p. 170. 254 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale nom d’intérêts personnels.49 Par sa capacité à reconnaı̂tre le visage du Christ dans celui de l’enfant, du malade, du souffrant ou du nécessiteux, l’Église contribue à forger lentement mais sûrement l’Afrique nouvelle. Dans son rôle prophétique, chaque fois que les peuples crient vers elle: « Veilleur, où en est la nuit? » (Is 21, 11), l’Église désire être prête à rendre raison de l’espérance qu’elle porte en elle (cfr 1 P 3, 15) car une aube nouvelle pointe à l’horizon (cfr Ap 22, 5). Seul le refus de la déshumanisation de l’homme, et de la compromission — par crainte de l’épreuve ou du martyre — servira la cause de l’Évangile de vérité. « Dans le monde, dit le Christ, vous aurez à souffrir. Mais gardez courage! J’ai vaincu le monde! » (Jn 16, 33). La paix authentique vient du Christ (cfr Jn 14, 27). Elle n’est donc pas comparable à celle du monde. Elle n’est pas le fruit de négociations et d’accords diplomatiques fondés sur des intérêts. C’est la paix de l’humanité réconciliée avec elle-même en Dieu et dont l’Église est le sacrement.50 Chapitre II LES CHANTIERS POUR LA RECONCILIATION, LA JUSTICE ET LA PAIX 31. À ce point, je souhaite indiquer quelques chantiers que les Pères du Synode ont identifiés pour la mission actuelle de l’Église dans son souci d’aider l’Afrique à s’émanciper des forces qui la paralysent. Le Christ n’a-t-il pas dit tout d’abord au paralytique: « Tes péchés te sont remis » et puis « Lève toi! » (Lc 5, 20. 24)? I. L’attention à la personne humaine A. La metanoia: une authentique conversion 32. La préoccupation majeure des membres du Synode, face à la situation du continent, a été de chercher comment mettre dans le cœur des Africains disciples du Christ la volonté de s’engager effectivement à vivre l’Évangile dans leur vie et dans la société. Le Christ appelle constamment 49 ´ vêques pour l’Afrique, Message final Cfr Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (23 octobre 2009), n. 36: ORF 3107 (2009), p. 26; DC 2434 (2009), p. 1033. 50 Cfr Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1. Acta Benedicti Pp. XVI 255 à la metanoia, à la conversion.51 Les chrétiens sont marqués par l’esprit et les habitudes de leur époque et de leur milieu. Mais par la grâce de leur baptême, ils sont invités à renoncer aux tendances nocives dominantes et à aller à contre-courant. Un tel témoignage exige un engagement résolu dans « une conversion continue vers le Père, source de toute vraie vie, l’unique capable de nous délivrer du mal, de toute tentation et de nous maintenir dans son Esprit, au sein même du combat contre les forces du mal ».52 Cette conversion n’est possible qu’en s’appuyant sur des convictions de foi consolidées par une catéchèse authentique. Il convient donc de « maintenir un lien vivant entre le catéchisme mémorisé et la catéchèse vécue, pour conduire à une conversion de vie profonde et permanente ».53 La conversion se vit de manière particulière dans le Sacrement de la Réconciliation auquel une attention singulière sera accordée pour en faire une véritable « école du cœur ». À cette école, le disciple du Christ se forge, peu à peu, une vie chrétienne adulte, attentive aux dimensions théologales et morales de ses actes, et il devient ainsi capable de « faire face aux difficultés de la vie sociale, politique, économique et culturelle »54 par une vie empreinte de l’esprit évangélique. La contribution des chrétiens en Afrique ne sera décisive que si l’intelligence de la foi aboutit à l’intelligence de la réalité.55 Pour cela, l’éducation à la foi est indispensable, sinon le Christ ne sera qu’un nom supplémentaire accolé à nos théories. La parole et le témoignage de vie vont de pair.56 Mais le témoignage seul ne suffit pas non plus, car « le plus beau témoignage se révélera à la longue impuissant s’il n’est pas éclairé, justifié — ce que Pierre appelait donner ‘‘les raisons de son espérance’’ (1 P 3, 15) —, explicité par une annonce claire, sans équivoque, du Seigneur Jésus ».57 51 Cfr Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Note doctrinale sur certains aspects de l’Évangélisation (3 décembre 2007), n. 9: AAS 100 (2008), pp. 497-498; DC 2394 (2008), p. 63. 52 ´ vêques, Lineamenta, Deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des E (3 décembre 2007), n. 48: ORF 2940 (2006), p. VII dans le supplément; DC 2365 (2006), p. 846. 53 Prop. n. 43: DC 2434 (2009), p.1051. 54 Idem. 55 Cfr Benoı̂t XVI, Discours au Conseil pontifical pour les Laı̈cs (21 mai 2010): Insegnamenti, VI/1 (2010), p. 758; DC 2452 (2010), p. 753. 56 Cfr Conc. œcum. Vat. II, Décret sur l’activité missionnaire de l’Église Ad gentes, n. 15. 57 Paul VI, Exhort. apost. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n. 22: AAS 68 (1976), p. 20; DC 73 (1976), p. 5. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 256 B. Vivre la vérité du Sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation 33. Les membres du Synode ont, en outre, souligné qu’un grand nombre de chrétiens en Afrique adoptent une attitude ambiguë face à la célébration du Sacrement de la Réconciliation, alors que ces mêmes chrétiens sont souvent très scrupuleux dans l’application des rites traditionnels de réconciliation. Pour aider le fidèle catholique à vivre une authentique démarche de metanoia dans la célébration de ce Sacrement, où la mentalité tout entière se réoriente vers la rencontre avec le Christ,58 il serait bon que les Évêques fassent étudier sérieusement les cérémonies traditionnelles africaines de réconciliation pour en évaluer les aspects positifs et les limites. Car ces médiations pédagogiques traditionnelles 59 ne peuvent, en aucun cas, remplacer le Sacrement. L’Exhortation apostolique post-synodale Reconciliatio et Paenitentia du Bienheureux Pape Jean-Paul II a clairement rappelé quels étaient le ministre et les formes du Sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation.60 Ces médiations pédagogiques traditionnelles peuvent uniquement contribuer à réduire la déchirure ressentie et vécue par certains fidèles en les aidant à s’ouvrir avec plus de profondeur et de vérité au Christ, l’Unique grand Médiateur, pour recevoir la grâce du Sacrement de Pénitence. Célébré dans la foi, ce Sacrement est suffisant pour nous réconcilier avec Dieu et avec le prochain.61 C’est en définitive Dieu qui, en son Fils, nous réconcilie avec Lui et avec les autres. C. Une spiritualité de communion 34. La réconciliation n’est pas un acte isolé mais un long processus grâce auquel chacun se voit rétabli dans l’amour, un amour qui guérit par l’action de la Parole de Dieu. Elle devient alors une manière de vivre, en même temps qu’une mission. Pour réussir une véritable réconciliation, et mettre en œuvre la spiritualité de communion par la réconciliation, l’Église a besoin de témoins qui soient profondément enracinés dans le Christ, et qui se nourrissent de sa Parole et des Sacrements. Ainsi, tendus vers la sainteté, ces témoins 58 Cfr Prop. n. 9: DC 2434 (2009), pp. 1037-1038. Cfr Prop. n. 8: DC 2434 (2009), p. 1037. 60 Cfr nn. 28-34: AAS 77 (1985), pp. 250-273; DC 1887 (1985), pp. 16-27. Cet enseignement a été confirmé par la Lettre apostolique sous forme de Motu proprio Misericordia Dei (2 mai 2002): AAS 94 (2002), pp. 452-459; DC 2270 (2002), pp. 451-455. 61 Cfr Prop. n. 7: DC 2434 (2009), p. 1037. 59 Acta Benedicti Pp. XVI 257 sont capables de s’investir dans l’œuvre de communion de la Famille de Dieu en communiquant au monde, au besoin jusqu’au martyre, l’esprit de réconciliation, de justice et de paix, à l’exemple du Christ. 35. Je voudrais rappeler ce que le Pape Jean-Paul II proposait à toute l’Église comme conditions d’une spiritualité de communion: être capable de percevoir la lumière du mystère de la Trinité sur le visage des frères qui sont à nos côtés; 62 se montrer attentif, « dans l’unité profonde du Corps mystique, à son frère dans la foi, le considérant donc comme ‘‘l’un des nôtres’’, pour partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde »; 63 être capable en outre de reconnaı̂tre ce qu’il y a de positif dans l’autre pour l’accueillir et le valoriser comme un don que Dieu me fait à travers celui qui l’a reçu, bien audelà de sa personne qui devient alors un intendant des grâces divines; enfin « savoir ‘‘donner une place’’ à son frère, en portant ‘‘les fardeaux les uns des autres’’ (Ga 6, 2) et en repoussant les tentations égoı̈stes qui continuellement nous tendent des pièges et qui provoquent compétition, carriérisme, défiance, jalousies ».64 Ainsi mûrissent des hommes et des femmes de foi et de communion faisant preuve de courage dans la vérité et l’abnégation, et illuminés par la joie. Ils donnent alors un témoignage prophétique d’une vie cohérente avec leur foi. Marie, Mère de l’Église, qui a su accueillir la Parole de Dieu, est leur modèle: par son écoute de la Parole, elle a su entendre les besoins des hommes et intercéder pour eux dans sa compassion.65 ´ vangile et l’évangélisation de la culture D. L’inculturation de l’E 36. Pour réaliser cette communion, il serait bon de revenir sur une nécessité évoquée lors de la première Assemblée synodale pour l’Afrique: une étude approfondie des traditions et des cultures africaines. Les membres du Synode ont constaté l’existence d’une dichotomie entre certaines pratiques traditionnelles des cultures africaines et les exigences spécifiques du message du Christ. Le souci de la pertinence et de la crédibilité impose à l’Église un 62 Cfr Jean-Paul II, Lett. apost. Novo millennio ineunte (6 janvier 2001), n. 43: AAS 93 (2001), pp. 296-299; DC 2240 (2001), pp. 83-84. 63 Idem. 64 Idem. 65 Cfr Prop. n. 9: DC 2434 (2009), pp. 1037-1038. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 258 discernement approfondi pour identifier les aspects de la culture qui font obstacle à l’incarnation des valeurs de l’Évangile, tout comme ceux qui les promeuvent.66 37. Cependant, il ne faut pas oublier que l’Esprit Saint est l’authentique protagoniste de l’inculturation, « c’est lui qui préside de manière féconde au dialogue entre la Parole de Dieu, qui s’est révélée dans le Christ, et les requêtes les plus profondes qui jaillissent de la multiplicité des hommes et des cultures. Ainsi se poursuit dans l’histoire, dans l’unité d’une même et unique foi, l’événement de la Pentecôte, qui s’enrichit à travers la diversité des langages et des cultures ».67 L’Esprit Saint fait que l’Évangile soit capable d’imprégner toutes les cultures, sans se laisser asservir par aucune.68 Les Évêques auront à cœur de veiller à cette exigence d’inculturation dans le respect des normes fixées par l’Église. Discerner quels éléments culturels et quelles traditions sont contraires à l’Évangile permettra de pouvoir séparer le bon grain de l’ivraie (cfr Mt 13, 26). Tout en restant pleinement lui-même, dans l’absolue fidélité à l’annonce évangélique et à la tradition ecclésiale, le christianisme revêtira ainsi le visage des innombrables cultures et des peuples où il est accueilli et enraciné. L’Église deviendra alors une icône de l’avenir que l’Esprit de Dieu nous prépare,69 icône à laquelle l’Afrique apportera sa contribution propre. Dans cette œuvre d’inculturation, il ne convient pas d’oublier la tâche, elle aussi essentielle, de l’évangélisation du monde de la culture contemporaine africaine. 38. Les initiatives de l’Église dans l’appréciation positive et la sauvegarde des cultures africaines sont connues. Il est très important de poursuivre cette tâche, à l’heure où le brassage des peuples, tout en constituant un enrichissement, fragilise souvent les cultures et les sociétés. L’identité des communautés africaines se joue dans ces rencontres interculturelles. Il faut donc s’engager à transmettre les valeurs que le Créateur a insufflées dans les cœurs des Africains depuis la nuit des temps. Elles ont servi de matrice pour façonner des sociétés vivant dans une certaine harmonie, car portant en leur 66 Cfr Prop. n. 33: DC 2434 (2009), pp. 1046-1047. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Note doctrinale sur certains aspects de l’Évangélisation (3 décembre 2007), n. 6: AAS 100 (2008), p. 494; DC 2394 (2008), p. 62. 68 Cfr Paul VI, Exhort. apost. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), nn. 19-20: AAS 68 (1976), pp. 18-19; DC 73 (1976), pp. 4-5. 69 Jean-Paul II, Lett. apost. Novo millennio ineunte (6 janvier 2001), n. 40: AAS 93 (2001), p. 295; DC 2240 (2001), p. 82. 67 Acta Benedicti Pp. XVI 259 sein des modes traditionnels de régulation pour une coexistence pacifique. Il s’agit donc de mettre en valeur ces éléments positifs, en les illuminant de l’intérieur (cfr Jn 8, 12) pour que le chrétien soit effectivement rejoint par le message du Christ, et pour qu’ainsi la lumière de Dieu puisse briller aux yeux des hommes. Alors, voyant les bonnes actions des chrétiens, les hommes et les femmes pourront glorifier « le Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 16). E. Le don du Christ: l’Eucharistie et la Parole de Dieu 39. Au-delà des différences d’origine ou de culture, le grand défi qui nous attend tous, est de discerner dans la personne humaine, aimée de Dieu, le fondement d’une communion qui respecte et intègre les contributions particulières des diverses cultures.70 Nous « devons ouvrir réellement ces frontières entre tribus, ethnies, religions à l’universalité de l’amour de Dieu ».71 Des hommes et des femmes différents par l’origine, la culture, la langue ou la religion, peuvent vivre ensemble harmonieusement. 40. En effet, le Fils de Dieu a dressé sa tente parmi nous; il a versé son Sang pour nous. Conformément à sa promesse d’être avec nous jusqu’à la fin des temps (cfr Mt 28, 20), il se donne à nous chaque jour comme nourriture dans l’Eucharistie et dans les Écritures. J’ai écrit dans l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini, que « la Parole et l’Eucharistie sont corrélées intimement au point de ne pouvoir être comprises l’une sans l’autre: la Parole de Dieu se fait chair sacramentelle dans l’événement eucharistique. L’Eucharistie nous ouvre à l’intelligence de la Sainte Écriture, comme la Sainte Écriture illumine et explique à son tour le Mystère eucharistique ».72 41. L’Écriture Sainte atteste en effet que le Sang versé du Christ devient, par le baptême, le principe et le lien d’une nouvelle fraternité. Celle-ci est à l’opposé de la division, du tribalisme, du racisme, de l’ethnocentrisme, etc. (cfr Ga 3, 26-28). L’Eucharistie est la force qui rassemble les enfants de Dieu dispersés et les maintient dans la communion,73 « puisque dans nos veines circule le même Sang du Christ, qui fait de nous les fils de Dieu, 70 Cfr Prop. n. 32: DC 2434 (2009), p. 1046. Benoı̂t XVI, Deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, Méditation durant l’Heure de Tierce (5 octobre 2009): AAS 101 (2009), p. 924; ORF 3104 (2009), p. 5. 72 N. 55: AAS 102 (2010), pp. 734-735. 73 Cfr Prop. n. 45: DC 2434 (2009), p. 1051. 71 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 260 membres de la Famille de Dieu ».74 Recevant Jésus dans l’Eucharistie et l’Écriture, nous sommes renvoyés au monde pour lui offrir le Christ en nous mettant au service des autres (cfr Jn 13, 15; 1 Jn 3, 16).75 II. Vivre ensemble A. La famille 42. La famille est le « sanctuaire de la vie » et une cellule vitale de la société et de l’Église. C’est en elle que « se modèle de manière primordiale le visage d’un peuple; c’est là que ses membres reçoivent les acquis fondamentaux; ils apprennent à aimer en étant aimés gratuitement; ils apprennent le respect de toute autre personne en étant respectés; ils apprennent à connaı̂tre le visage de Dieu en en recevant la première révélation d’un père et d’une mère pleins d’attentions. Chaque fois que ces expériences fondatrices font défaut, c’est l’ensemble de la société qui souffre violence et qui engendre à son tour de multiples violences ».76 43. La famille est bien le lieu propice pour l’apprentissage et la pratique de la culture du pardon, de la paix et de la réconciliation. « Dans une saine vie familiale, on fait l’expérience de certaines composantes fondamentales de la paix: la justice et l’amour entre frères et sœurs, la fonction d’autorité manifestée par les parents, le service affectueux envers les membres les plus faibles parce que petits, malades ou âgés, l’aide mutuelle devant les nécessités de la vie, la disponibilité à accueillir l’autre et, si nécessaire, à lui pardonner. C’est pourquoi, la famille est la première et irremplaçable éducatrice à la paix ».77 En raison de son importance capitale et des menaces qui pèsent sur cette institution — la distorsion de la notion de mariage et de famille elle-même, la dévaluation de la maternité et la banalisation de l’avortement, la facilitation du divorce et le relativisme d’une « nouvelle éthique » — la famille a besoin 74 Benoı̂t XVI, Discours aux membres du Conseil spécial pour l’Afrique du Synode des Évêques, (Yaoundé, 19 mars 2009): AAS 101 (2009), p. 313; DC 2422 (2009), pp. 385-388. 75 Cfr Benoı̂t XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 51: AAS 99 (2007), p. 144; DC 2377 (2007), p. 324. 76 Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Évêques de l’Église catholique sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Église et dans le monde (31 mai 2004), n. 13: AAS 96 (2004), p. 682. 77 Benoı̂t XVI, Message pour la Journée mondiale de la Paix 2008: AAS 100 (2008), pp. 38-39; DC 2393 (2008), p. 3. Acta Benedicti Pp. XVI 261 d’être protégée et défendue,78 pour qu’elle rende à la société le service qu’elle attend d’elle, c’est-à-dire lui donner des hommes et des femmes capables d’édifier un tissu social de paix et d’harmonie. 44. J’encourage donc vivement les familles à puiser inspiration et force dans le Sacrement de l’Eucharistie, afin de vivre la nouveauté radicale apportée par le Christ au cœur des conditions communes de l’existence, amenant chacun à être un témoin rayonnant dans son milieu de travail et dans la société tout entière. « L’amour entre l’homme et la femme, l’accueil de la vie, la tâche éducative, se révèlent être des lieux privilégiés où l’Eucharistie peut manifester sa capacité de transformer et de porter l’existence à sa plénitude de sens ».79 Il apparaı̂t clairement que participer à l’Eucharistie dominicale est requis par la conscience chrétienne et en même temps forme celle-ci.80 45. Par ailleurs, donner en famille toute sa place à la prière, personnelle et communautaire, signifie respecter un principe essentiel de la vision chrétienne de la vie: le primat de la grâce. La prière nous rappelle constamment le primat du Christ, et, en lien avec lui, le primat de la vie intérieure et de la sainteté. Le dialogue avec Dieu ouvre le cœur au flot de la grâce et permet à la Parole du Christ de passer à travers nous avec toute sa force! Pour cela, l’écoute assidue et la lecture attentive de l’Écriture Sainte au sein des familles sont nécessaires.81 46. De plus « la mission éducative de la famille chrétienne [est] un vrai ministère, grâce auquel l’Évangile est transmis et diffusé, à tel point que la vie familiale dans son ensemble devient chemin de foi et en quelque sorte initiation chrétienne ou école de vie à la suite du Christ. Dans la famille, consciente d’un tel don, comme l’a écrit Paul VI, ‘‘tous les membres de la famille évangélisent et sont évangélisés’’. En vertu de ce ministère d’éducation, les parents, à travers leur témoignage de vie, sont les premiers hérauts de l’Évangile auprès de leurs enfants. [...] Ils deviennent pleinement parents en ce sens qu’ils engendrent non seulement à la vie selon la chair mais aussi à 78 Cfr Prop. n. 38: DC 2434 (2009), pp. 1048-1049. Benoı̂t XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 79: AAS 99 (2007), pp. 165-166; DC 2377 (2007), pp. 335-336. 80 Cfr idem, n. 73. 81 Cfr Jean-Paul II, Lett. apost. Novo millennio ineunte (6 janvier 2001), nn. 38-39: AAS 93 (2001) pp. 293-294; DC 2240 (2001), pp. 81-82. 79 262 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale celle qui, à travers la renaissance dans l’Esprit, jaillit de la Croix et de la Résurrection du Christ ».82 B. Les personnes âgées 47. En Afrique, les personnes âgées sont entourées d’une vénération particulière. Elles ne sont pas bannies des familles ou marginalisées comme dans d’autres cultures. Au contraire, elles sont estimées et parfaitement intégrées dans leur famille dont elles constituent le sommet. Cette belle réalité africaine devrait inspirer les sociétés occidentales afin qu’elles accueillent la vieillesse avec plus de dignité. La Sainte Écriture parle des personnes âgées avec fréquence. « La couronne des vieillards, c’est une riche expérience, leur fierté, c’est la crainte de Dieu » (Eccl 25, 6). La vieillesse, malgré la fragilité qui semble la caractériser, est un don qu’il convient de vivre quotidiennement dans la disponibilité sereine envers Dieu et le prochain. C’est aussi le temps de la sagesse, car le temps vécu a appris la grandeur et la précarité de la vie. Et, en homme de foi, le vieillard Siméon proclame avec enthousiasme et sagesse non pas un adieu angoissé à la vie, mais une action de grâce au Sauveur du monde (cfr Lc 2, 25-32). 48. C’est à cause de cette sagesse, parfois chèrement acquise, que les personnes âgées peuvent agir sur la famille de diverses manières. Leur expérience les conduit naturellement non seulement à combler le fossé intergénérationnel, mais encore à affirmer la nécessité de l’interdépendance humaine. Elles sont un trésor pour toutes les composantes de la famille, surtout pour les jeunes couples et les enfants qui trouvent chez elles compréhension et amour. N’ayant pas uniquement transmis la vie, elles contribuent par leur comportement à consolider leur famille (cfr Tt 2, 2-5) et, par leur prière et leur vie de foi, à enrichir spirituellement tous les membres de leur famille et la communauté. 49. Très souvent encore en Afrique, la stabilité et l’ordre social sont confiés à un conseil d’anciens ou à des Chefs traditionnels. Les personnes âgées peuvent contribuer par ce biais de manière efficace à l’édification d’une société plus juste qui va de l’avant, non pas grâce à des expériences, parfois 82 Jean-Paul II, Exhort. apost. Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. 39: AAS 74 (1982), pp. 130-131; DC 1821 (1982), pp. 15-16; Paul VI, Exhort. apost. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n. 71: AAS 68 (1976), pp. 60-61; DC 73 (1976), p. 16. Acta Benedicti Pp. XVI 263 hasardeuses, mais graduellement et avec un équilibre prudent. Les personnes âgées pourront ainsi participer à la réconciliation des personnes et des communautés par leur sagesse et leur expérience. 50. L’Église regarde les personnes âgées avec grande estime. Avec le bienheureux Jean-Paul II, je désire vous redire: « L’Église a besoin de vous, mais la société civile a besoin de vous, elle aussi! [...] Sachez employer généreusement le temps dont vous disposez et les talents que Dieu vous a accordés [...] Contribuez à annoncer l’Évangile [...] Consacrez du temps et de l’énergie à la prière [...] ».83 C. Les hommes 51. Dans la famille, les hommes ont une mission particulière à remplir. De par leur rôle d’époux et de père, ils exercent la noble responsabilité de donner à la société les valeurs dont elle a besoin à travers la relation conjugale et l’éducation des enfants. 52. Avec les Pères du Synode, j’encourage les hommes catholiques à contribuer vraiment dans leur famille à l’éducation humaine et chrétienne des enfants, à l’accueil et à la protection de la vie dès le moment de sa conception.84 Je les invite à instaurer un style chrétien de vie, enraciné et fondé dans l’amour (cfr Ep 3, 17). Avec saint Paul, je leur redis: « Aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église; il s’est livré pour elle [...]; les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Aimer sa femme, c’est s’aimer soi-même. Car nul n’a jamais haı̈ sa propre chair [...] on en prend soin. C’est justement ce que le Christ fait pour l’Église » (Ep 5, 25-29). N’ayez pas peur de rendre visible et tangible qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime (cfr Jn 15, 13), c’est-à-dire en premier lieu sa femme et ses enfants. Cultivez une joie sereine dans votre foyer! Le mariage est un « don du Seigneur », disait saint Fulgence de Ruspe.85 Votre témoignage rendu à la dignité inviolable de chaque personne humaine sera un 83 Jean-Paul II, Homélie lors du Jubilé du « Troisième âge » (17 septembre 2000), n. 5: AAS 92 (2000), p. 876; DC 2234 (2000), p. 856; cfr également: Lettre aux personnes âgées (1er octobre 1999): AAS 92 (2000), pp. 186-204; DC 2214 (1999), pp. 967-974. 84 ´ vêques pour l’Afrique, Message final Cfr Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (23 octobre 2009), n. 26: ORF 3107 (2009), p. 25; DC 2434 (2009), p. 1031. 85 Epistula 1, 11: PL 65, 306C; SC 487, p. 89. 264 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale antidote efficace pour lutter contre des pratiques traditionnelles qui sont contraires à l’Évangile et qui oppriment particulièrement les femmes. 53. En manifestant et en vivant sur terre la paternité même de Dieu (cfr Ep 3, 15), vous êtes appelés à garantir le développement personnel de tous les membres de la famille, berceau et moyen le plus efficace pour humaniser la société, lieu de rencontre de plusieurs générations.86 Par la dynamique créatrice de la Parole de Dieu même,87 que grandisse votre sens des responsabilités, jusqu’à vous engager concrètement dans l’Église! Celle-ci a besoin de témoins convaincus et efficaces de la foi qui promeuvent la réconciliation, la justice et la paix 88 et apportent leur contribution enthousiaste et courageuse à la transformation du milieu de vie et de la société dans son ensemble. Vous êtes ces témoins par votre travail qui permet d’assurer habituellement votre subsistance et celle de votre famille. Bien plus, par l’hommage de ce travail à Dieu, vous êtes associés à l’œuvre rédemptrice de Jésus-Christ qui a donné au travail une dignité éminente en œuvrant de ses propres mains à Nazareth.89 54. La qualité et le rayonnement de votre vie chrétienne dépendent d’une vie de prière profonde, nourrie de la Parole de Dieu et des Sacrements. Soyez donc vigilants à maintenir vivante cette dimension essentielle de votre engagement chrétien; votre témoignage de foi dans les tâches quotidiennes, votre participation aux mouvements ecclésiaux y trouvent la source de leur dynamisme! Ce faisant, vous devenez aussi des modèles que les jeunes gens voudront imiter, et vous pouvez ainsi les aider à entrer dans une vie adulte responsable. N’ayez pas peur de leur parler de Dieu et de les introduire, par votre exemple, à la vie de foi et à l’engagement dans les activités sociales ou caritatives, les amenant à découvrir en vérité qu’ils sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu: « Les signes de cette image divine en l’homme peuvent être reconnus, non dans la forme du corps qui se corrompt, mais dans la prudence de l’intelligence, dans la justice, la modération, le courage, la sagesse, l’instruction ».90 86 Cfr Jean-Paul II, Exhort. apost. Familiaris consortio (22 novembre 1981), nn. 25.43: AAS 74 (1982), pp. 110-111 et 134-135; DC 1821 (1982), pp. 9-10 et 17. 87 Cfr Prop. n. 45: DC (2009), n. 2434, p. 1051. 88 ´ vêques pour l’Afrique, Message final Cfr Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (23 octobre 2009), n. 26: ORF 3107 (2009), p. 25; DC (2009), n. 2434, p. 1031. 89 Cfr Conc. œcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 67. 90 Origène, Traité des principes, IV, 4, 10; SC 268 (1980), p. 427. Acta Benedicti Pp. XVI 265 D. Les femmes 55. Les femmes en Afrique apportent une grande contribution à la famille, à la société et à l’Église avec leurs nombreux talents et leurs dons irremplaçables. Comme le disait Jean-Paul II: « La femme est celle en qui l’ordre de l’amour dans le monde créé des personnes trouve le lieu de son premier enracinement ».91 L’Église et la société ont besoin que les femmes aient toute leur place dans le monde « afin que l’être humain puisse y vivre sans se déshumaniser complètement ».92 56. S’il est indéniable que des progrès ont été accomplis pour favoriser l’épanouissement et l’éducation de la femme dans certains pays africains, il reste cependant que, dans l’ensemble, sa dignité, ses droits ainsi que son apport essentiel à la famille et à la société ne sont pas pleinement reconnus ni appréciés. Ainsi la promotion des jeunes filles et des femmes est-elle souvent moins favorisée que celle des garçons et des hommes. Trop nombreuses sont encore les pratiques qui humilient les femmes, les avilissent au nom de la tradition ancestrale. Avec les Pères synodaux, j’invite instamment les disciples du Christ à combattre tous les actes de violence contre les femmes, à les dénoncer et à les condamner.93 Dans ce contexte, il conviendrait que les comportements à l’intérieur même de l’Église soient un modèle pour l’ensemble de la société. 57. Lorsque je me suis rendu en terre africaine, j’ai rappelé fortement qu’il « faut reconnaı̂tre, affirmer et défendre l’égale dignité de l’homme et de la femme: tous les deux sont des personnes, à la différence de tout autre être vivant dans le monde autour d’eux ».94 L’évolution des mentalités en ce domaine est hélas trop lente. L’Église se doit de contribuer à cette reconnaissance et à cette libération de la femme en suivant l’exemple donné par le Christ qui la valorisait (cfr Mt 15, 21-28; Lc 7, 36-50; 8, 1-3; 10, 38-42; Jn 4, 7-42). Créer pour elle un espace de prise de parole et d’expression 91 Lett. apost. Mulieris dignitatem (15 août 1988), n. 29: AAS 80 (1988), p. 1722; DC 1972 (1988), pp. 1085-1086; cfr Benoı̂t XVI, Rencontre avec les Associations catholiques pour la promotion de la femme (Luanda, 22 mars 2009): Insegnamenti, V/1 (2009), p. 484; DC 2422 (2009), pp. 402-404. 92 Benoı̂t XVI, Rencontre avec les Associations catholiques pour la promotion de la femme (Luanda, 22 mars 2009): Insegnamenti, V/1, 2009, p. 484; DC 2422 (2009), pp. 402-404. 93 Cfr Prop. n. 47: DC 2434 (2009), p. 1052. 94 Benoı̂t XVI, Rencontre avec les Associations catholiques pour la promotion de la femme (Luanda, 22 mars 2009): Insegnamenti, V/1 (2009), p. 484; DC 2422 (2009), pp. 402-404. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 266 de ses talents par des initiatives qui affermissent sa valeur, son estime de soi et sa spécificité, lui permettrait alors d’occuper dans la société une place égale à celle de l’homme — sans confusion ni nivellement de la spécificité de chacun —, car ils sont tous les deux « image » du Créateur (cfr Gn 1, 27). Puissent les Évêques encourager et promouvoir la formation des femmes pour qu’elles assument « leur propre part de responsabilité et de participation dans la vie communautaire de la société et [...] de l’Église ».95 Elles contribueront ainsi à l’humanisation de la société. 58. Vous, les femmes catholiques, vous vous inscrivez dans la tradition évangélique des femmes qui assistaient Jésus et les apôtres (cfr Lc 8, 3)! Vous êtes pour les Églises locales comme leur « colonne vertébrale »,96 car votre nombre, votre présence active et vos organisations sont d’un grand soutien pour l’apostolat de l’Église. Quand la paix est menacée et la justice bafouée, quand la pauvreté est grandissante, vous êtes debout pour défendre la dignité humaine, la famille et les valeurs de la religion. Puisse l’Esprit Saint susciter sans cesse dans l’Église des femmes saintes et courageuses qui apportent leur précieuse contribution spirituelle à la croissance de nos communautés! 59. Chères filles de l’Église, mettez-vous constamment à l’école du Christ comme Marie de Béthanie pour savoir reconnaı̂tre sa Parole (cfr Lc 10, 39). Formez-vous au catéchisme et à la Doctrine sociale de l’Église pour vous doter des principes qui vous aideront à agir en véritables disciples. Ainsi vous pourrez vous engager avec discernement dans les différents projets relatifs aux femmes. Continuez de défendre la vie car Dieu vous a constituées réceptacles de la vie. L’Église sera toujours votre soutien. Aidez par vos conseils et votre exemple les jeunes filles afin qu’elles abordent sereinement la vie adulte. Soutenez-vous mutuellement! Vénérez les plus âgées d’entre vous. L’Église compte sur vous pour créer une « écologie humaine » 97 par l’amour et la tendresse, l’accueil et la délicatesse, et enfin la miséricorde, valeurs que vous savez inculquer aux enfants et dont le monde a tant besoin. Ainsi, par la ´ vêques, Doc. Justitia in mundo Deuxième Assemblée générale ordinaire du Synode des E (30 novembre 1971), n. 45: AAS 63 (1971) p. 933; cfr Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Africa (14 septembre 1995), n. 121: AAS 88 (1996), pp. 71-72: cfr DC 2123 (1995), p. 847. 96 ´ vêques pour l’Afrique, Message final Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (23 octobre 2009), n. 25: ORF 3107 (2009), p. 25; DC 3424 (2009), pp. 1030-1031. 97 Benoı̂t XVI, Message pour la Journée mondiale de la paix 2010, n. 12: AAS 102 (2010) p. 49; DC 2437 (2010), p. 7; cfr Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 51: AAS 101 (2009), p. 687; DC 2429 (2009), p. 780. 95 Acta Benedicti Pp. XVI 267 richesse de vos dons proprement féminins,98 vous favoriserez la réconciliation des hommes et des communautés. E. Les jeunes 60. Les jeunes constituent en Afrique la majorité de la population. Cette jeunesse est un don et un trésor de Dieu dont toute l’Église est reconnaissante au Maı̂tre de la vie.99 Il faut aimer cette jeunesse, l’estimer et la respecter. Elle « aspire profondément, malgré de possibles ambiguı̈tés, aux valeurs authentiques qui ont dans le Christ leur plénitude. Le Christ n’est-il pas le secret de la vraie liberté et de la joie profonde du cœur? Le Christ n’est-il pas l’ami suprême et en même temps l’éducateur de toute amitié authentique? Si le Christ est présenté aux jeunes avec son vrai visage, ils le voient comme une réponse convaincante et ils sont capables de recevoir son message, même s’il est exigeant et marqué par la Croix ».100 61. En pensant aux jeunes, j’avais écrit dans l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini: « C’est durant la période de la jeunesse qu’émergent de façon irrépressible et sincère les questions sur le sens de la vie personnelle et sur l’orientation à donner à sa propre existence. Seul Dieu sait apporter une véritable réponse à ces questions. Cette attention au monde des jeunes implique le courage d’une annonce claire; nous devons aider les jeunes à acquérir l’intimité et la familiarité avec les Saintes Écritures, pour qu’elle soit comme une boussole qui leur indique la route à suivre. C’est pourquoi ils ont besoin de témoins et de maı̂tres, qui marchent avec eux et qui les forment à aimer et à communiquer à leur tour l’Évangile surtout aux jeunes de leur âge, devenant ainsi eux-mêmes des annonciateurs authentiques et crédibles ».101 62. Dans sa Règle, saint Benoı̂t demande à l’abbé du monastère, d’écouter les plus jeunes, en disant: « Souvent le Seigneur inspire à un plus jeune 98 Cfr Jean-Paul II, Lett. apost. Mulieris dignitatem (15 août 1988), n. 31: AAS 80 (1988), pp. 1727-1729; DC 1972 (1988), pp. 1087-1088; Lettre aux femmes (29 juin 1995), n. 12: AAS 87 (1995), p. 812; DC 2121 (1995), pp. 721-722. 99 ´ vêques pour l’Afrique, Message final Cfr Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (23 octobre 2009), nn. 27-28: ORF 3107 (2009), p. 25; DC 2434 (2009), p. 1031. 100 Jean-Paul II, Lett. apost. Novo millennio ineunte (6 janvier 2001), n. 9: AAS 93 (2001), p. 272; DC 2240 (2001), pp. 71-72. 101 N. 104: AAS 102 (2010), p. 772. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 268 un avis meilleur ».102 N’omettons donc pas d’impliquer directement la jeunesse dans la vie de la société et de l’Église, afin qu’elle ne s’abandonne pas à des sentiments de frustration et de rejet devant l’impossibilité de prendre en mains son avenir, particulièrement dans les situations où la jeunesse est rendue vulnérable par le manque de formation, le chômage, l’exploitation politique et toutes sortes d’addictions... .103 63. Chers jeunes, des sollicitations de toutes sortes: idéologies, sectes, argent, drogue, sexe facile, violences..., peuvent vous tenter. Soyez vigilants: ceux qui vous font ces propositions veulent détruire votre futur! En dépit des difficultés, ne vous laissez pas décourager et ne renoncez pas à vos idéaux, à votre application et à votre assiduité dans la formation humaine, intellectuelle et spirituelle! Pour acquérir le discernement, la force nécessaire et la liberté de résister à ces pressions, je vous encourage à mettre Jésus-Christ au centre de toute votre vie par la prière, mais aussi par l’étude des Saintes Écritures, la pratique des Sacrements, la formation à la Doctrine sociale de l’Église, ainsi que par votre participation active et enthousiaste aux rassemblements et aux mouvements ecclésiaux. Cultivez en vous l’aspiration vers la fraternité, la justice et la paix. L’avenir est entre les mains de ceux qui savent trouver de fortes raisons de vivre et d’espérer. Si vous le voulez, l’avenir est entre vos mains, car les dons que le Seigneur a déposés en chacun de vous, façonnés par la rencontre avec le Christ, peuvent apporter une espérance authentique au monde! 104 64. Quand il s’agit de vous orienter dans votre choix de vie, quand la question d’une consécration totale se pose à vous — par le sacerdoce ministériel ou la vie consacrée —, appuyez-vous sur le Christ, prenez-le pour modèle, écoutez sa Parole en la méditant régulièrement. Durant l’homélie de la messe inaugurale de mon pontificat, je vous ai exhortés par ces paroles qu’il me semble bon de vous redire car elles sont toujours actuelles: « Celui qui fait entrer le Christ dans sa vie, ne perd rien, rien — absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Dans cette amitié seulement s’ouvrent largement les portes de la vie. Dans cette amitié seulement, se libèrent 102 Règle III, 3; cfr Jean-Paul II, Lett. apost. Novo millennio ineunte (6 janvier 2001), n. 45: AAS 93 (2001), pp. 298-299; DC 2240 (2001), p. 84. 103 Cfr Prop. n. 48: DC 2434 (2009), p. 1052. 104 Cfr Benoı̂t XVI, Message pour la XXVe Journée mondiale de la jeunesse (22 février 2011), n. 7: AAS 102 (2010), pp. 253-254; DC 2444 (2010), p. 355; Benoı̂t XVI, Exhort. apost. post-synodale Verbum Domini (30 septembre 2011), n. 104: AAS 102 (2010), pp. 772-773. Acta Benedicti Pp. XVI 269 réellement les grandes potentialités de la condition humaine. [...] Chers jeunes: n’ayez pas peur du Christ! Il n’enlève rien, et il donne tout. Celui qui se donne à lui, reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ — et vous trouverez la vraie vie ».105 F. Les enfants 65. Tout comme la jeunesse, les enfants sont un don de Dieu à l’humanité, ils doivent donc être l’objet d’un soin particulier de la part de leurs familles, de l’Église, de la société et des gouvernements car ils sont une source d’espérance et de renouvellement dans la vie. Dieu leur est particulièrement proche, et leur vie est précieuse à ses yeux, même lorsque les circonstances semblent contraires ou impossibles (cfr Gn 17, 17-18; 18, 12; Mt 18, 10). 66. En effet, « en ce qui concerne le droit à la vie, tout être humain innocent est absolument égal à tous les autres. Cette égalité est la base de tous les rapports sociaux authentiques qui, pour être vraiment tels, ne peuvent qu’être fondés sur la vérité et sur la justice, reconnaissant et défendant chaque enfant, chaque homme et chaque femme, comme une personne et non comme une chose dont on peut disposer ».106 67. Comment alors ne pas déplorer et dénoncer avec force les traitements intolérables infligés en Afrique à tant d’enfants?107 L’Église est Mère et ne saurait les abandonner, quels qu’ils soient. Il nous revient de projeter sur eux la lumière du Christ en leur offrant son amour afin qu’ils s’entendent dire: « Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime » (Is 43, 4). Dieu veut le bonheur et le sourire de tout enfant et sa faveur est avec lui « car c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume de Dieu » (Mc 10, 14). 68. Le Christ Jésus a toujours manifesté sa préférence envers les plus petits (cfr Mc 10, 13-16). L’Évangile lui-même est traversé en profondeur par 105 AAS 97 (2005), p. 712; DC 2337 (2005), p. 549. Jean-Paul II, Lett. enc. Evangelium vitae (25 mars 1995), n. 57: AAS 87 (1995), p. 466; DC 2114 (1995), p. 380. 107 Les Pères synodaux se sont référés à diverses situations, comme, par exemple: les enfants tués avant de naı̂tre, les enfants non désirés, les orphelins, les albinos, les enfants de la rue, les enfants abandonnés, les enfants-soldats, les enfants prisonniers, les enfants forcés à travailler, les enfants maltraités à cause d’un handicap physique ou mental, les enfants dits sorciers, les enfants dits serpents, les enfants vendus comme esclaves sexuels, les enfants traumatisés, sans perspectives d’avenir... (cfr Prop. n. 49). 106 270 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale la vérité sur l’enfant. Que veut dire en effet: « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux » (Mt 18, 3)? Jésus ne fait-il pas de l’enfant un modèle, même pour les adultes? Chez l’enfant, il y a quelque chose qui ne doit jamais faire défaut à celui qui veut entrer dans le Royaume des cieux. Le ciel est promis à tous ceux qui sont simples comme les enfants, à tous ceux qui, comme eux, sont remplis d’un esprit d’abandon dans la confiance, purs et riches de bonté. Eux seuls peuvent trouver en Dieu un Père et devenir, grâce à Jésus, des fils de Dieu. Fils et filles de nos parents, Dieu veut que nous soyons tous ses fils adoptifs par grâce! 108 III. La vision africaine de la vie 69. Dans la vision africaine du monde, la vie est perçue comme une réalité qui englobe et inclut les ancêtres, les vivants et les enfants à naı̂tre, toute la création et tous les êtres: ceux qui parlent et ceux qui sont muets, ceux qui pensent et ceux qui n’ont point de pensée. L’univers visible et invisible y est considéré comme un espace de vie des hommes, mais aussi comme un espace de communion où des générations passées côtoient invisiblement les générations présentes, elles-mêmes mères des générations à venir. Cette ample ouverture du cœur et de l’esprit de la tradition africaine vous prédispose, chers frères et sœurs, à entendre et à recevoir le message du Christ et comprendre le mystère de l’Église pour donner toute sa valeur à la vie humaine et aux conditions de son épanouissement. A. La protection de la vie 70. Au nombre des dispositions visant à protéger la vie humaine sur le continent africain, les membres du Synode ont pris en considération les efforts déployés par les institutions internationales en faveur de certains aspects du développement.109 Ils ont noté toutefois avec préoccupation l’existence d’un manque de clarté éthique lors des rencontres internationales, voire d’un langage confus véhiculant des valeurs contraires à la morale catholique. L’Église cultive le souci constant du développement intégral de 108 Cfr Jean-Paul II, Lettre aux enfants (13 décembre 1994): Insegnamenti, XVII/2, 1994, p. 1077; DC 2108 (1995), p. 54. 109 ´ vêques pour l’Afrique, Message final Cfr Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (23 octobre 2009), n. 30: ORF 3107 (2009), p. 25; DC 2434 (2009), p. 1031. Acta Benedicti Pp. XVI 271 « tout homme et de tout l’homme », comme disait le Pape Paul VI.110 C’est pourquoi, les Pères synodaux ont tenu à souligner les aspects discutables de certains documents émanant d’organismes internationaux en particulier ceux concernant la santé reproductive des femmes. La position de l’Église ne souffre aucune ambiguı̈té quant à l’avortement. L’enfant dans le sein maternel est une vie humaine à protéger. L’avortement, qui consiste à supprimer un innocent non-né, est contraire à la volonté de Dieu, car la valeur et la dignité de la vie humaine doivent être protégées depuis la conception jusqu’à la mort naturelle. L’Église en Afrique et dans les Îles voisines doit s’engager à aider et à accompagner les femmes et les couples tentés par l’avortement, et à être proche de ceux qui en ont fait la triste expérience afin de les éduquer au respect de la vie. Elle salue le courage des gouvernements qui ont légiféré contre la culture de mort, dont l’avortement est une expression dramatique, au bénéfice de la culture de la vie.111 71. L’Église sait que nombreux sont ceux — individus, associations, bureaux spécialisés ou États — qui rejettent une doctrine saine à ce sujet. « Nous ne devons pas craindre l’hostilité ou l’impopularité mais refuser tout compromis et toute ambiguı̈té qui nous conformeraient à la mentalité de ce monde (cfr Rm 12, 2). Nous devons être dans le monde mais non du monde (cfr Jn 15, 19; 17, 16), avec la force qui nous vient du Christ, vainqueur du monde par sa mort et sa résurrection (cfr Jn 16, 33) ».112 72. Sur la vie humaine en Afrique pèsent de lourdes menaces. Il faut déplorer, comme ailleurs, les ravages de la drogue et les abus de l’alcool qui détruisent le potentiel humain du continent et affligent surtout les jeunes.113 Le paludisme,114 ainsi que la tuberculose et le sida, déciment les populations africaines et compromettent gravement leur vie socio-économique. Le problème du sida, en particulier, exige certes une réponse médicale et pharmaceutique. Celle-ci est cependant insuffisante car le problème est plus profond. Il est avant tout éthique. Le changement de comportement qu’il 110 Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 14: AAS 59 (1967), p. 264; DC 1492 (1967), col. 679; cfr Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 18: AAS 101 (2009), pp. 653-654; DC 2429 (2009), p. 760. 111 Cfr Prop. n. 20: DC 2434 (2009), pp. 1041-1042. 112 Jean-Paul II, Lett. enc. Evangelium vitae (25 mars 1995), n. 82: AAS 87 (1995), p. 495; DC 2114 (1995), p. 393. 113 Cfr Prop. n. 53: DC 2434 (2009), p. 1054. 114 Cfr Prop. n. 52: DC 2434 (2009), pp. 1053-1054. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 272 requiert — par exemple: l’abstinence sexuelle, le refus de la promiscuité sexuelle, la fidélité dans le mariage —, pose en dernière analyse la question du développement intégral qui demande une approche et une réponse globales de l’Église. Car pour être effective, la prévention du sida doit s’appuyer sur une éducation sexuelle elle-même fondée sur une anthropologie ancrée dans le droit naturel, et illuminée par la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Église. 73. Au nom de la vie — qu’il est du devoir de l’Église de défendre et de protéger — et en union avec les Pères synodaux, je renouvelle mon soutien et je m’adresse à toutes les institutions et à tous les mouvements d’Église qui travaillent dans le domaine de la santé et spécialement du sida. Vous réalisez un travail merveilleux et important. Je demande aux agences internationales de vous reconnaı̂tre et de vous aider dans le respect de votre spécificité et dans un esprit de collaboration. J’encourage vivement de nouveau les instituts et les programmes de recherches thérapeutiques et pharmaceutiques en cours pour éradiquer les pandémies. N’épargnez pas vos fatigues pour aboutir au plus vite à des résultats, par amour pour le don précieux de la vie.115 Puissiez-vous trouver des solutions et rendre accessibles à tous les traitements et les médicaments tenant compte des situations de précarité! L’Église plaide depuis longtemps pour un traitement médical de haute qualité et au moindre coût pour toutes les personnes concernées.116 74. La défense de la vie comporte également l’éradication de l’ignorance par l’alphabétisation des populations et par une éducation qualifiée qui englobe toute la personne. Au long de son histoire, l’Église catholique a prêté une attention particulière à l’éducation. Elle a toujours sensibilisé, encouragé et aidé les parents à vivre leur responsabilité de premiers éducateurs de vie et de foi de leurs enfants. En Afrique, ses établissements — comme les écoles, les collèges, les lycées, les écoles professionnelles, les universités — mettent à la disposition de la population des outils pour accéder au savoir, sans discrimination d’origine, de fortune ou de religion. L’Église apporte sa contribution pour permettre de valoriser et faire fructifier les talents que Dieu a mis dans le cœur de tout homme. De nombreuses Congrégations religieuses sont nées 115 Cfr Prop. n. 51: DC 2434 (2009), p. 1053. ´ vêques pour l’Afrique, Message final Cfr Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (23 octobre 2009), n. 31: ORF 3107 (2009), p. 25; DC 2434 (2009), p. 1031. 116 Acta Benedicti Pp. XVI 273 dans ce but. D’innombrables saints et saintes ont compris que sanctifier l’homme signifiait avant tout promouvoir sa dignité par l’éducation. 75. Les membres du Synode ont constaté que l’Afrique connaı̂t, tout comme le reste du monde d’ailleurs, une crise de l’éducation.117 Ils ont souligné la nécessité d’un programme éducatif qui allie la foi et la raison pour préparer les enfants et les jeunes à la vie adulte. Des bases et de sains jalons ainsi posés leur permettraient d’affronter les choix quotidiens caractérisant toute vie adulte sur le plan affectif, social, professionnel et politique. 76. L’analphabétisme représente l’un des freins majeurs au développement. C’est un fléau égal à celui des pandémies. Certes, il ne tue pas directement, mais il contribue activement à la marginalisation de la personne — qui est une forme de mort sociale —, et lui rend impossible d’accéder à la connaissance. Alphabétiser l’individu, c’est en faire un membre à part entière de la res publica, à la construction de laquelle il pourra contribuer,118 et c’est permettre au chrétien d’accéder au trésor inestimable des Saintes Écritures qui alimentent sa vie de foi. 77. J’invite les communautés et les institutions catholiques à répondre généreusement à ce grand défi, qui est un réel laboratoire d’humanisation, et à intensifier leurs efforts, selon leurs moyens, pour développer, seules ou en collaboration avec d’autres organisations, des programmes efficaces et adaptés aux populations. Les communautés et les institutions catholiques ne relèveront ce défi qu’en maintenant leur identité ecclésiale et en demeurant jalousement fidèles au message évangélique et au charisme de leur fondateur. L’identité chrétienne est un bien précieux qu’il faut savoir préserver et entretenir de crainte que le sel ne s’affadisse et ne finisse par être foulé aux pieds (cf. Mt 5, 13). 78. Il convient, certainement, de sensibiliser les gouvernements afin qu’ils accroissent leur aide en faveur de la scolarisation. L’Église reconnaı̂t et respecte le rôle de l’État dans le domaine éducatif. Elle affirme cependant son droit légitime à y participer en y apportant sa contribution particulière. Et il peut être bon de rappeler à l’État que l’Église a le droit d’éduquer selon ses règles propres et dans ses édifices. Il s’agit là d’un droit qui se situe dans la 117 Cfr Prop. n. 19: DC 2434 (2009), p. 1041. Cfr Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 21: AAS 101 (2009), pp. 655-656; DC 2429 (2009), pp. 754-755. 118 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 274 liberté d’action « dont elle a besoin pour veiller au salut des hommes ».119 De nombreux États africains reconnaissent le rôle éminent et désintéressé que joue l’Église, à travers ses structures éducatives, dans l’édification de leur nation. J’encourage donc vivement les gouvernants dans leurs efforts pour appuyer cette œuvre éducative. B. Le respect de la création et l’écosystème 79. Avec les Pères du Synode, j’invite tous les membres de l’Église à œuvrer et à plaider en faveur d’une économie soucieuse des pauvres et résolument opposée à un ordre injuste qui, sous prétexte de réduire la pauvreté, a souvent contribué à l’aggraver.120 Dieu a donné à l’Afrique d’importantes ressources naturelles. Face à la pauvreté chronique de ses populations, victimes d’exploitation et de malversations locales et étrangères, l’opulence de certains groupes choque la conscience humaine. Edifiés pour la création de richesses dans leurs propres nations et souvent avec la complicité de ceux qui exercent le pouvoir en Afrique, ces groupes assurent trop souvent leur propre fonctionnement au détriment du bien-être des populations locales.121 Agissant en collaboration avec toutes les autres composantes de la société civile, l’Église doit dénoncer l’ordre injuste qui empêche les peuples africains de consolider leurs économies 122 et « de se développer selon leurs caractéristiques culturelles ».123 Il est, en outre, du devoir de l’Église de lutter pour « que chaque peuple puisse être lui-même le principal artisan de son progrès économique et social [...] et puisse prendre part à la réalisation du bien commun universel comme membre actif et responsable de la société humaine, sur un plan d’égalité avec les autres peuples ».124 80. Des hommes et des femmes d’affaires, des gouvernements, des groupes économiques s’engagent dans des programmes d’exploitation, qui polluent l’environnement et causent une désertification sans précédent. De 119 Conc. œcum. Vat. II, Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae, n. 13. Cfr Prop. nn. 17. 29: DC 2434 (2009), pp. 1040 et 1045. 121 ´ vêques pour l’Afrique, Message final Cfr Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (23 octobre 2009), n. 32: ORF 3107 (2009), p. 26; DC 2434 (2009), p. 1032. 122 Cfr Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 42: AAS 101 (2009), pp. 677-678: DC 2429 (2009), pp. 773-774; Prop. n. 15: DC 2434 (2009), p. 1040. 123 ´ vêques, Doc. Justitia in mundo Deuxième Assemblée générale ordinaire du Synode des E (30 novembre 1971), Propositio 8a: AAS 63 (1971), p. 941; DC 1600 (1972), p. 18. 124 Ibidem. Propositio 8b. 8c: AAS 63 (1971), p. 941; DC 1600 (1972), p. 18. 120 Acta Benedicti Pp. XVI 275 graves atteintes sont portées à la nature et aux forêts, à la flore et à la faune, et d’innombrables espèces risquent de disparaı̂tre à tout jamais. Tout cela menace l’écosystème tout entier et, par conséquence la survie de l’humanité.125 J’exhorte l’Église en Afrique à encourager les gouvernants à protéger les biens fondamentaux que sont la terre et l’eau, pour la vie humaine des générations présentes et futures 126 et pour la paix entre les populations. ´ tats C. La bonne gouvernance des E 81. Un instrument majeur au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, peut être l’institution politique dont le devoir essentiel est la mise en place et la gestion de l’ordre juste.127 Cet ordre est à son tour au service de la « vocation à la communion des personnes ».128 Pour concrétiser un tel idéal, l’Église en Afrique doit contribuer à édifier la société en collaboration avec les autorités gouvernementales et les institutions publiques et privées engagées dans l’édification du bien commun.129 Les Chefs traditionnels peuvent contribuer de manière très positive à la bonne gouvernance. L’Église, pour sa part, s’engage à promouvoir en son sein et dans la société une culture soucieuse de la primauté du droit.130 À titre d’exemple, les élections constituent un lieu d’expression du choix politique d’un peuple et sont un signe de la légitimité pour l’exercice du pouvoir. Elles sont le moment privilégié pour un débat politique public sain et serein, caractérisé par le respect des différentes opinions et des différents groupes politiques. Favoriser un bon déroulement des élections, suscitera et encouragera une participation réelle et active des citoyens à la vie politique et sociale. Le non respect de la Constitution nationale, de la loi ou du verdict des urnes, là où les élections ont été libres, équitables et transparentes, manifesterait une défaillance grave dans la gouvernance et signifierait un manque de compétence dans la gestion de la chose publique.131 125 Cfr Prop. n. 22: DC 2434 (2009), pp. 1042-1043. Cfr Prop. n. 30: DC 2434 (2009), p. 1046. 127 Cfr Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Note doctrinale à propos de questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique (24 novembre 2002). 128 Le Catéchisme de l’Église catholique, n. 2419. 129 Cfr Prop. n. 24: DC 2434 (2009), p. 1043; Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), nn. 58.60.67: AAS 101 (2009), pp. 693-694, 695 et 700-701; DC 2429 (2009), pp. 783-784 et 787-788; Le Catéchisme de l’Église catholique, nn. 1883.1885. 130 Cfr Prop. n. 25: DC 2434 (2009), pp. 1043-1044. 131 Cfr Prop. n. 26: DC 2434 (2009), p. 1044. 126 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 276 82. Aujourd’hui de nombreux décideurs, tant politiques qu’économiques, prétendent ne rien devoir à personne, si ce n’est à eux-mêmes. « Ils estiment n’être détenteurs que de droits et ils éprouvent souvent de grandes difficultés à grandir dans la responsabilité à l’égard de leur développement personnel intégral et de celui des autres. C’est pourquoi il est important de susciter une réflexion sur le fait que les droits supposent des devoirs sans lesquels ils deviennent arbitraires ».132 83. La croissance du taux de la criminalité dans les sociétés de plus en plus urbaines est un grand sujet de préoccupation pour tous les responsables et pour les gouvernants. Il est urgent que soient donc mis en place des systèmes judiciaires et carcéraux indépendants, pour rétablir la justice et pour rééduquer les coupables. Il faut aussi bannir les cas d’erreurs de justice et les mauvais traitements des prisonniers, les nombreuses occasions de non application de la loi qui correspondent à une violation des droits humains 133 et les incarcérations qui n’aboutissent que tardivement ou jamais à un procès. « L’Église en Afrique [...] reconnaı̂t sa mission prophétique vis-à-vis de tous ceux et celles qui sont touchés par la criminalité et leur besoin de réconciliation, de justice et de paix ».134 Les prisonniers sont des personnes humaines qui méritent, malgré leur crime, d’être traitées avec respect et dignité. Ils ont besoin de notre sollicitude. Pour cela, l’Église doit organiser la pastorale du monde carcéral pour le bien matériel et spirituel des prisonniers. Cette activité pastorale est un service réel que l’Église offre à la société et que l’État doit favoriser pour le bien commun. Avec les membres du Synode, j’attire l’attention des responsables de la société sur la nécessité de faire tout ce qui est possible pour arriver à l’élimination de la peine capitale,135 ainsi que sur la réforme du système pénal pour que la dignité humaine du prisonnier soit respectée. Aux agents pastoraux revient la tâche d’étudier et de proposer la justice restaurative comme un moyen et un processus pour favoriser la réconciliation, la justice et la paix, et la réinsertion dans les communautés des victimes et des offenseurs.136 132 Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 43: AAS 101 (2009), p. 679; DC 2429 (2009), p. 774. 133 Cfr Prop. n. 54: DC 2434 (2009), p. 1054. 134 Idem. 135 Cfr Prop. n. 55: DC 2434 (2009), p. 1055. 136 Cfr Prop. n. 54: DC 2434 (2009), pp. 1054-1055. Acta Benedicti Pp. XVI 277 D. Les migrants, déplacés et réfugiés 84. Des millions de migrants, déplacés ou réfugiés, cherchent une patrie et une terre de paix en Afrique ou sur d’autres continents. Les dimensions de cet exode, qui touche tous les pays, révèlent l’ampleur cachée des diverses pauvretés souvent engendrées par des défaillances dans la gestion publique. Des milliers de personnes ont essayé et essayent encore de traverser les déserts et les mers à la recherche d’oasis de paix et de prospérité, d’une meilleure formation et d’une plus grande liberté. Malheureusement, de nombreux réfugiés ou déplacés rencontrent toutes sortes de violence et d’exploitation, voire la prison ou trop souvent la mort. Certains États ont répondu à ce drame par une législation répressive.137 La situation de précarité de ces pauvres devrait susciter la compassion et la solidarité généreuse de tous; au contraire, elle fait naı̂tre souvent la peur et l’anxiété. Car beaucoup considèrent les migrants comme un fardeau, les regardent avec suspicion ne voyant en eux que danger, insécurité et menace. Cette perception provoque des réactions d’intolérance, de xénophobie et de racisme. Tandis que ces migrants eux-mêmes sont contraints, à cause de la précarité de leur situation, à effectuer des travaux mal rémunérés souvent illégaux, humiliants ou dégradants. La conscience humaine ne peut que s’indigner de ces situations. La migration à l’intérieur et à l’extérieur du continent devient ainsi un drame multidimensionnel, qui affecte sérieusement le capital humain de l’Afrique, provoquant la déstabilisation ou la destruction des familles. 85. L’Église se souvient que l’Afrique fut une terre de refuge pour la Sainte Famille qui fuyait le pouvoir politique sanguinaire d’Hérode 138 en quête d’une terre qui leur promettait la sécurité et la paix. L’Église continuera de faire entendre sa voix et de s’investir pour défendre toutes les personnes.139 E. La mondialisation et l’aide internationale 86. Les Pères du Synode ont exprimé leur perplexité et leur préoccupation face à la mondialisation. J’ai déjà attiré l’attention sur cette réalité, 137 Cfr Prop. n. 28: DC 2434 (2009), pp. 1044-1045. Cfr Benoı̂t XVI, Discours aux membres du Conseil spécial pour l’Afrique du Synode des Évêques (Yaoundé, 19 mars 2009): AAS 101 (2009), p. 310; DC 2422 (2009), p. 386. 139 Cfr Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 62: AAS 101 (2009), pp. 696-697; DC 2429 (2009), p. 785. 138 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 278 comme un défi à relever. « La vérité de la mondialisation comme processus et sa nature éthique fondamentale dérivent de l’unité de la famille humaine et de son développement dans le bien. Il faut donc travailler sans cesse afin de favoriser une orientation culturelle personnaliste et communautaire, ouverte à la transcendance, du processus d’intégration planétaire ».140 L’Église souhaite que la mondialisation de la solidarité aille jusqu’à inscrire « dans les relations marchandes le principe de gratuité et la logique du don, comme expression de la fraternité »,141 évitant la tentation de la pensée unique sur la vie, la culture, la politique, l’économie, au profit du respect éthique et constant des diverses réalités humaines pour une solidarité effective. 87. Cette mondialisation de la solidarité se manifeste déjà dans une certaine mesure par l’aide internationale. Aujourd’hui la nouvelle d’une catastrophe fait rapidement le tour de la planète et elle suscite bien souvent un mouvement de compassion et des actes concrets de générosité. L’Église rend un service de grande charité en défendant les besoins réels du destinataire. Au nom du droit des nécessiteux et des sans-voix, et au nom du respect et de la solidarité qu’il faut leur apporter, elle demande que « les organismes internationaux et les Organisations non gouvernementales s’engagent à œuvrer dans la pleine transparence ».142 IV. Le dialogue et la communion entre les croyants 88. Comme nous le révèlent de nombreux mouvements sociaux, les relations interreligieuses conditionnent la paix en Afrique comme ailleurs. Dès lors, il importe que l’Église promeuve le dialogue comme attitude spirituelle afin que les croyants apprennent à travailler ensemble, par exemple dans des associations orientées vers la paix et la justice, dans un esprit de confiance et d’entraide. Les familles doivent être éduquées à l’écoute, à la fraternité et au respect sans crainte de l’autre.143 Une seule chose est nécessaire (cfr Lc 10, 42) et capable d’assouvir la soif d’éternité de tout être humain et le désir d’unité de toute l’humanité: l’amour et la 140 Ibidem, n. 42: AAS 101 (2009), p. 677; DC 2429 (2009), p. 774. Ibidem, n. 36: AAS 101 (2009), p. 672; DC 2429 (2009), p. 770. 142 Ibidem, n. 47: AAS 101 (2009), p. 684; DC 2429 (2009), p. 777; cfr Prop. n. 31: DC 2434 (2009), p. 767. 143 Cfr Prop. nn. 10-13: DC 2434 (2009), pp. 1038-1039. 141 Acta Benedicti Pp. XVI 279 contemplation de Celui devant qui saint Augustin s’est écrié: « O éternelle vérité, vraie charité, chère éternité! ».144 A. Le dialogue œcuménique et le défi des nouveaux mouvements religieux 89. En invitant à participer à l’Assemblée synodale nos frères chrétiens orthodoxes, coptes orthodoxes, luthériens, anglicans et méthodistes — et en particulier Sa Sainteté Abuna Paulos, Patriarche de l’Église orthodoxe Tewahedo d’Éthiopie, une des plus anciennes communautés chrétiennes du continent africain — j’ai voulu signifier que le chemin vers la réconciliation passe d’abord par la communion des disciples du Christ. Un christianisme divisé demeure un scandale puisqu’il contredit de facto la volonté du Divin Maı̂tre (cfr Jn 17, 21). Le dialogue œcuménique vise donc à orienter notre marche commune vers l’unité des chrétiens, en étant assidus à l’écoute de la Parole de Dieu, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (cfr Ac 2, 42). J’exhorte toute la famille ecclésiale — les Églises locales, les Instituts de vie consacrée et les associations et mouvements de laı̈cs — à poursuivre ce chemin de façon plus résolue, dans l’esprit et sur la base des indications du Directoire œcuménique, et à travers les diverses associations œcuméniques existantes. J’invite par ailleurs à en former de nouvelles là où cela peut représenter une aide pour la mission. Puissions-nous entreprendre ensemble des œuvres de charité et protéger les patrimoines religieux grâce auxquels les disciples du Christ trouvent les forces spirituelles dont ils ont besoin pour l’édification de la famille humaine! 145 90. Au long de ces dernières décennies, l’Église en Afrique s’est interrogée avec insistance sur la naissance et l’expansion de communautés noncatholiques appelées parfois aussi autochtones africaines (African Independent Churches). Souvent, elles dérivent d’Églises et de Communautés ecclésiales chrétiennes traditionnelles et elles adoptent des aspects des cultures traditionnelles africaines. Ces groupes ont récemment fait leur apparition dans le panorama œcuménique. Les pasteurs de l’Église catholique devront tenir compte de cette nouvelle réalité pour la promotion de l’unité des chrétiens en Afrique et ils devront, par conséquent, trouver une réponse adaptée 144 145 Confessions, VII, 10, 16: PL 32, 742. Cfr Prop. n. 10: DC 2434 (2009), p. 1038. 280 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale au contexte en vue d’une évangélisation plus profonde pour faire parvenir de manière efficace la Vérité du Christ aux Africains. 91. De nombreux mouvements syncrétistes et des sectes ont aussi vu le jour en Afrique au cours de ces dernières décennies. Il est parfois difficile de discerner s’ils sont d’inspiration authentiquement chrétienne ou s’ils sont simplement le fruit d’un engouement pour un leader prétendant avoir des dons exceptionnels. Leur dénomination et leur vocabulaire prêtent facilement à confusion, ils peuvent égarer des fidèles de bonne foi. Profitant de structures étatiques en élaboration, de l’effritement des solidarités familiales traditionnelles et d’une catéchèse insuffisante, ces nombreuses sectes exploitent la crédulité et offrent une caution religieuse à des croyances multiformes et hétérodoxes non-chrétiennes. Elles détruisent la paix des couples et des familles à cause de fausses prophéties ou visions. Elles séduisent même des responsables politiques. La théologie et la pastorale de l’Église doivent déterminer les origines de ce phénomène non seulement pour endiguer « l’hémorragie » des fidèles des paroisses vers celles-ci, mais aussi pour constituer les bases d’une réponse pastorale appropriée face à l’attraction que ces mouvements et ces sectes exercent sur eux. Ce qui signifie encore une fois: évangéliser en profondeur l’âme africaine. B. Le dialogue interreligieux 1. Les religions traditionnelles africaines 92. L’Église vit chaque jour avec les adeptes des religions traditionnelles africaines. Ces religions qui se réfèrent aux ancêtres et à une forme de médiation entre l’homme et l’Immanence, sont le terreau culturel et spirituel d’où viennent la plupart des chrétiens convertis, et avec lequel ils gardent un contact quotidien. Parmi les convertis, il convient de discerner des personnes biens informées pour qu’elles deviennent pour l’Église des guides dans la connaissance toujours plus profonde et précise des traditions, de la culture et des religions traditionnelles. Le repérage des véritables points de rupture en deviendra plus aisé. On parviendra aussi à la distinction nécessaire entre le culturel et le cultuel et l’on écartera les éléments magiques, causes d’éclatement et de ruine pour les familles et les sociétés. Le Concile Vatican II a précisé, dans ce sens, que l’Église « exhorte ses fils, pour qu’à travers le dialogue et la collaboration avec les adeptes des autres religions, menés avec Acta Benedicti Pp. XVI 281 prudence et amour et, en témoins de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et promeuvent les choses bonnes, spirituelles et morales, ainsi que les valeurs socioculturelles découvertes chez ces personnes ».146 Afin que les trésors de la vie sacramentelle et de la spiritualité de l’Église puissent être découverts dans toute leur profondeur et mieux transmis dans la catéchèse, l’Église pourrait examiner, dans une étude théologique, certains éléments des cultures traditionnelles africaines qui sont conformes à l’enseignement du Christ. 93. S’appuyant sur les religions traditionnelles, la sorcellerie connaı̂t actuellement une certaine recrudescence. Des peurs renaissent et créent des liens de sujétion paralysants. Les préoccupations concernant la santé, le bien-être, les enfants, le climat, la protection contre les esprits mauvais, conduisent de temps à autre à recourir à des pratiques des religions traditionnelles africaines qui sont en désaccord avec l’enseignement chrétien. Le problème de la « double appartenance », au christianisme et aux religions traditionnelles africaines demeure un défi. Pour l’Église qui est en Afrique, il est nécessaire, à travers une catéchèse et une inculturation profonde, de guider les personnes vers la découverte de la plénitude des valeurs de l’Évangile. Il convient de déterminer la signification profonde de ces pratiques de sorcellerie en identifiant les enjeux théologiques, sociaux et pastoraux qui sont véhiculés par ce fléau. 2. L’Islam 94. Les Pères du Synode ont mis en évidence la complexité de la réalité musulmane sur le continent africain. Dans certains pays, une bonne entente règne entre chrétiens et musulmans; en d’autres, les chrétiens locaux n’ont qu’une citoyenneté de second rang et des catholiques étrangers, religieux ou laı̈cs, ont du mal à obtenir visas et permis de séjour; en d’autres, les éléments religieux et politiques ne sont pas suffisamment distingués, en d’autres enfin l’agressivité existe. J’exhorte l’Église, dans toute situation, à persévérer dans l’estime des « musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé 146 Conc. œcum. Vat. II, Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes Nostra Aetate, n. 2; cfr Prop. n. 13: DC 2434 (2009), p. 1039. 282 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale aux hommes ».147 Si nous tous, croyants en Dieu, désirons servir la réconciliation, la justice et la paix, nous devons œuvrer ensemble pour bannir toutes les formes de discrimination, d’intolérance et de fondamentalisme confessionnel. Dans son œuvre sociale, l’Église ne fait pas de distinction religieuse. Elle aide qui est dans le besoin, qu’il soit chrétien, musulman ou animiste. Elle témoigne ainsi de l’amour de Dieu, créateur de tous et encourage les adeptes d’autres religions à une attitude respectueuse et à une réciprocité dans l’estime. J’invite toute l’Église à chercher, par un patient dialogue avec les musulmans, la reconnaissance juridique et pratique de la liberté religieuse, de telle sorte qu’en Afrique chaque citoyen jouisse, non seulement du droit au choix libre de sa religion 148 et à l’exercice du culte, mais aussi du droit à la liberté de conscience.149 La liberté religieuse est la voie de la paix.150 C. Devenir « sel de la terre » et « lumière du monde » 95. La mission d’évangélisation de l’Église en Afrique puise à plusieurs sources: les Saintes Écritures, la Tradition et la vie sacramentelle. Comme un grand nombre de Pères synodaux l’ont fait remarquer, le ministère de l’Église s’appuie efficacement sur le Catéchisme de l’Église catholique. Par ailleurs, le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, est un guide pour la mission de l’Église comme « Mère et Éducatrice » dans le monde et la société, et par làmême un outil pastoral de premier ordre.151 Un chrétien qui s’alimente à la source authentique, le Christ, est transformé par Lui en « lumière du monde » (Mt 5, 14), et il transmet Celui qui est « la lumière du monde » (Jn 8, 12). Sa connaissance doit être animée par la charité. En effet, le savoir, « s’il veut être une sagesse capable de guider l’homme à la lumière des principes premiers et de ses fins dernières, doit être ‘‘relevé’’ avec le ‘sel’ de la charité ».152 96. Pour réaliser la tâche que nous sommes appelés à accomplir, faisons nôtre l’exhortation même de saint Paul: « Tenez-vous donc debout, avec la 147 Conc. œcum. Vat. II, Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes Nostra Aetate, n. 3. 148 ´ vêques pour l’Afrique, Message final Cfr Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (23 octobre 2009), n. 41: ORF 3107 (2009), p. 26; DC 2434 (2009), pp. 1033-1034. 149 Cfr Prop. n. 12: DC 2434 (2009), pp. 1038-1039. 150 Cfr Benoı̂t XVI, Message pour la Journée mondiale pour la paix 2011: AAS 103 (2011), pp. 46-58; DC 2459 (2011), pp. 2-9. 151 Cfr Prop. n. 18: DC 2434 (2009), p. 1041. 152 Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 30: AAS 101 (2009), p. 665; DC 2439 (2009), p. 766. Acta Benedicti Pp. XVI 283 vérité pour ceinture, la justice pour cuirasse, et pour chaussures le zèle à propager l’évangile de la paix; ayez toujours en main le bouclier de la foi, grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais; enfin recevez le casque du Salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu. Vivez dans la prière et les supplications; priez en tout temps, dans l’Esprit » (Ep 6, 14-18). DEUXIÈME PARTIE « À CHACUN LA MANIFESTATION DE L’ESPRIT EST DONNEE EN VUE DU BIEN COMMUN » (1 Co 12, 7) 97. Les orientations de la mission que je viens d’indiquer ne deviendront réalité que si l’Église agit, d’une part, sous la conduite de l’Esprit Saint, et, d’autre part, comme un seul corps, pour reprendre l’image de saint Paul qui présente ces deux conditions de manière articulée. En effet, dans une Afrique marquée par des contrastes, l’Église doit indiquer clairement le chemin vers le Christ. Elle doit montrer comment se vit, dans la fidélité au Christ Jésus, l’unité dans la diversité enseignée par l’Apôtre: « Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit; diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur; diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. À chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun » (1 Co 12, 4-7). En exhortant chaque membre de la famille ecclésiale à être « le sel de la terre » et « la lumière du monde » (Mt 5, 13. 14), j’entends insister sur cet ‘‘être’’ qui, par l’Esprit, devrait agir en vue du bien commun. On n’est jamais chrétien tout seul. Les dons faits par le Seigneur à chacun — évêques, prêtres, diacres, religieux et religieuses, catéchistes, laı̈cs — doivent contribuer à l’harmonie, à la communion et à la paix dans l’Église elle-même et dans la société. 98. Nous connaissons bien l’épisode de l’homme paralysé que l’on porte à Jésus pour qu’il le guérisse (cfr Mc 2, 1-12). Pour nous aujourd’hui, cet homme symbolise tous nos frères et sœurs d’Afrique et d’ailleurs, paralysés de diverses manières, et hélas, souvent dans une profonde détresse. Face aux défis que j’ai esquissés fort brièvement à la suite des communications des 284 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale Pères synodaux, méditons sur l’attitude des porteurs du paralysé. Ce dernier n’a pu accéder à Jésus qu’avec l’aide de ces quatre personnes de foi, qui ont bravé l’obstacle physique de la foule en faisant preuve de solidarité et de confiance absolue en Jésus. Le Christ « voit leur foi ». Il ôte alors l’obstacle spirituel en disant au paralysé: « Tes péchés te sont pardonnés ». Il ôte ce qui empêche l’homme de se relever. Cet exemple nous enjoint de grandir dans la foi et de faire preuve, nous aussi, de solidarité et de créativité pour soulager ceux qui portent de lourds fardeaux, en les ouvrant ainsi à la plénitude de la vie dans le Christ (cfr Mt 11, 28). Face aux obstacles tant physiques que spirituels qui se dressent devant nous, mobilisons les énergies spirituelles et les ressources matérielles du corps entier qui est l’Église, sûrs que le Christ agira par l’Esprit Saint en chacun de ses membres. Chapitre I LES MEMBRES DE L’ÉGLISE 99. Chers fils et filles de l’Église, et vous en particulier chers fidèles d’Afrique, l’amour de Dieu vous a comblés de toutes sortes de bénédictions et il vous a rendus capables d’agir comme le sel de la terre. Vous tous, comme membres de l’Église, vous devez être conscients que la paix et la justice naissent d’abord de la réconciliation de l’être humain avec lui-même et avec Dieu. C’est le Christ seul qui est le vrai et l’unique « Prince de la paix ». Sa naissance est le gage de la paix messianique telle qu’elle a été annoncée par les prophètes (cfr Is 9, 5-6; 57, 19; Mi 5, 4; Ep 2, 14-17). Cette paix ne vient pas des hommes, mais de Dieu. Elle est le don messianique par excellence. Cette paix conduit à la justice du Royaume qu’il convient de chercher à temps et à contretemps dans tout ce qui se fait (cfr Mt 6, 33), afin qu’en toute circonstance la gloire soit rendue à Dieu (cfr Mt 5, 16). Or nous savons que le juste est fidèle à la loi de Dieu car il s’est converti (cfr Lc 15, 7; 18, 14). Cette fidélité nouvelle est apportée par le Christ pour nous rendre « irréprochables et purs » (cfr Ph 2, 15). ´ vêques I. Les E 100. Chers frères dans l’épiscopat, la sainteté à laquelle l’Évêque est appelé exige l’exercice des vertus — en premier lieu des vertus théologales Acta Benedicti Pp. XVI 285 — et celui des conseils évangéliques.153 Votre sainteté personnelle doit rejaillir au bénéfice de ceux qui ont été confiés à votre sollicitude pastorale, et que vous devez servir. Votre vie de prière irriguera de l’intérieur votre apostolat. Un Évêque doit être un amoureux du Christ. Votre autorité morale et votre prestance qui soutiennent l’exercice de votre pouvoir juridique, ne proviendront que de la sainteté de votre vie. 101. Comme le disait saint Cyprien au milieu du IIIe siècle à Carthage: « L’Église repose sur les Évêques, et toute sa conduite obéit à la direction de ces mêmes chefs ».154 C’est la communion, l’unité et la collaboration avec le presbyterium, qui serviront d’antidote aux germes de divisions et qui vous aideront à vous mettre tous ensemble à l’écoute de l’Esprit Saint. Il vous conduira par le juste chemin (cfr Ps 23, 3). Aimez et respectez vos prêtres! Ils sont les précieux collaborateurs de votre ministère épiscopal. Imitez le Christ! Il a créé autour de lui un climat d’amitié, d’affection fraternelle et de communion qu’il a puisé dans les profondeurs du mystère trinitaire. « Je vous invite à rester soucieux d’aider vos prêtres à vivre dans une union intime avec le Christ. Leur vie spirituelle est le fondement de leur vie apostolique. Vous les exhorterez avec douceur à la prière quotidienne et à la célébration digne des Sacrements, surtout de l’Eucharistie et de la Réconciliation, comme le faisait saint François de Sales pour ses prêtres. [...] Les prêtres ont besoin de votre affection, de votre encouragement et de votre sollicitude ».155 102. Soyez unis au Successeur de Pierre avec vos prêtres et l’ensemble de vos fidèles. Ne gaspillez pas vos énergies humaines et pastorales dans la recherche vaine de réponses à des questions qui ne sont pas de votre compétence directe, ou dans les méandres d’un nationalisme qui peut aveugler. Suivre cette idole, tout comme celle de l’absolutisation de la culture africaine, est plus facile que de suivre les exigences du Christ. Ces idoles sont des leurres. Bien plus elles sont une tentation, celle de croire que, par les seules forces humaines, on peut faire advenir le Royaume du bonheur éternel sur la terre! 103. Votre premier devoir est de porter à tous la Bonne Nouvelle du Salut, et de donner aux fidèles une catéchèse qui contribue à une connais´ vêques, Directoire pour le Ministère pastoral des Évêques, Cfr Congrégation pour les E Apostolorum successores (22 février 2005), nn. 33-48. 154 Epistula, 33, 1: PL 4, 297; L. Bayard éd.; Les Belles Lettres, Paris (19622), p. 84. 155 Benoı̂t XVI, Discours aux Évêques de France (Lourdes, 14 septembre 2008): Insegnamenti, IV/ 2, 2008, p. 321; DC 2409 (2008), p. 859. 153 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 286 sance plus approfondie de Jésus-Christ. Veillez à donner aux laı̈cs une vraie conscience de leur mission ecclésiale, et incitez-les à la réaliser avec le sens des responsabilités, envisageant toujours le bien commun. Les programmes de formation permanente des laı̈cs, en particulier pour les leaders politiques et économiques, devront insister sur la conversion comme condition nécessaire pour transformer le monde. Il est bon de toujours commencer par la prière, puis de poursuivre par la catéchèse qui conduira à agir concrètement. La création de structures viendra après si c’est vraiment nécessaire, car elles ne remplaceront jamais la puissance de la prière. 104. Chers frères dans l’Épiscopat, soyez, à la suite du Christ-bon Pasteur, de bons bergers et des serviteurs du troupeau qui vous est confié, exemplaires par votre vie et votre comportement. La bonne administration de vos diocèses requiert votre présence. Pour que votre message soit crédible, faites que vos diocèses deviennent des modèles quant au comportement des personnes, à la transparence et la bonne gestion financière. Ne craignez pas d’avoir recours à l’expertise des audits comptables pour donner l’exemple aussi bien aux fidèles qu’à la société tout entière. Favorisez le bon fonctionnement des organismes ecclésiaux diocésains et paroissiaux tels qu’ils sont prévus par le droit de l’Église. La recherche de l’unité, de la justice et de la paix vous incombe en tout premier lieu, parce que vous avez la responsabilité des Églises locales. 105. Le Synode a rappelé que « l’Église est une communion qui engendre une solidarité pastorale organique. Les Évêques, en communion avec l’Évêque de Rome, sont les premiers promoteurs de la communion et de la collaboration dans l’apostolat de l’Église ».156 Les Conférences épiscopales nationales et régionales ont la mission de consolider cette communion ecclésiale et de promouvoir cette solidarité pastorale. 106. Pour une plus grande visibilité, cohérence et efficacité dans la pastorale sociale de l’Église, le Synode a ressenti le besoin d’une action plus solidaire à tous les niveaux. Il serait bon que les Conférences épiscopales régionales et nationales ainsi que l’Assemblée de la Hiérarchie Catholique d’Égypte (A.H.C.E.) renouvellent leur engagement de solidarité collégiale.157 Cela implique concrètement une participation tangible aux activités de 156 157 Prop. n. 3: DC 2434 (2009), p. 1035. Cfr Prop. n. 4: DC 2434 (2009), p. 1036. Acta Benedicti Pp. XVI 287 ces structures, aussi bien en ce qui concerne le personnel que les moyens financiers. L’Église témoignera ainsi de l’unité pour laquelle le Christ a prié (cfr Jn 17, 20-21). 107. Il m’apparaı̂t également souhaitable que les Évêques s’engagent davantage à promouvoir à soutenir effectivement et affectivement le Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (S.C.E.A.M.) comme structure continentale de solidarité et de communion ecclésiale.158 Il est bon aussi de cultiver de bonnes relations avec la Confédération des Conférences des Supérieurs Majeurs d’Afrique et de Madagascar (CO.S.M.A.M.), les Associations des Universités catholiques et d’autres structures ecclésiales continentales. II. Les prêtres 108. Collaborateurs proches et indispensables de l’Évêque, les prêtres 159 ont la charge de poursuivre l’œuvre d’évangélisation. La deuxième Assemblée du Synode pour l’Afrique a été célébrée au cours de l’année que j’avais consacrée au sacerdoce, lançant un appel particulier à la sainteté. Chers prêtres, souvenez-vous que votre témoignage de vie pacifique, par-delà les frontières tribales et raciales, peut toucher les cœurs.160 L’appel à la sainteté nous invite à devenir des pasteurs selon le cœur de Dieu,161 qui font paı̂tre le troupeau avec justice (cfr Ez 34, 16). Céder à la tentation de vous transformer en guides politiques162 ou en agents sociaux, serait trahir votre mission sacerdotale et desservir la société qui attend de vous des paroles et des gestes prophétiques. Saint Cyprien le disait déjà: « Ceux qui ont l’honneur du divin sacerdoce [...] ne doivent prêter leur ministère qu’au sacrifice et à l’autel, et ne vaquer qu’à la prière ».163 109. En vous consacrant surtout à ceux que le Seigneur vous confie pour les former aux vertus chrétiennes, et les conduire à la sainteté, non seulement 158 Cfr Idem. Cfr Prop. n. 39: DC 2434 (2009), p. 1049. 160 ´ vêques pour l’Afrique, Message final Cfr Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (23 octobre 2009), n. 20: ORF 3107 (2009), p. 25; DC 2434 (2009), p. 1029. 161 Cfr Prop. n. 39: DC 2434 (2009), p. 1049. 162 Cfr Benoı̂t XVI, Discours à la Curie romaine à l’occasion de l’échange des vœux (21 décembre 2009): AAS 102 (2010), p. 35; DC 2439 (2010), p. 109. 163 Epistula, 66, 1: PL 4, 398; L. Bayard éd.; Les Belles Lettres, Paris (19622), p. 2. 159 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 288 vous les gagnerez à la cause du Christ, mais vous en ferez aussi les protagonistes d’une société africaine renouvelée. Face à la complexité des situations auxquelles vous êtes confrontés, je vous invite à approfondir votre vie de prière et votre formation continue; que celle-ci soit à la fois spirituelle et intellectuelle. Devenez des familiers des Saintes Écritures, de la Parole de Dieu que vous méditez chaque jour et que vous expliquez aux fidèles. Développez aussi votre connaissance du Catéchisme, des documents du Magistère ainsi que de la Doctrine sociale de l’Église. Vous serez ainsi capables, à votre tour, de former les membres de la communauté chrétienne dont vous êtes les responsables immédiats pour qu’ils deviennent d’authentiques disciples et témoins du Christ. 110. Vivez avec simplicité, humilité et amour filial, votre obéissance à l’Évêque de votre diocèse. « Par respect pour celui qui nous a aimés, il convient d’obéir sans aucune hypocrisie; car ce n’est pas cet Évêque visible que l’on abuse, mais c’est l’Évêque invisible que l’on cherche à tromper. Car, dans ce cas, ce n’est pas de chair dont il s’agit, mais de Dieu qui connaı̂t les choses cachées ».164 Dans le cadre de la formation permanente des prêtres, il me semble opportun que soient relus et médités certains documents, comme le Décret conciliaire sur le ministère et la vie des prêtres: Presbyterorum ordinis, ou l’Exhortation apostolique post-synodale Pastores dabo vobis de 1992, ou le Directoire pour le Ministère et la Vie des prêtres de 1994, ou encore l’Instruction Le prêtre, pasteur et guide de la Communauté paroissiale, de 2002. 111. Édifiez vos communautés chrétiennes par votre exemple en vivant dans la vérité et la joie vos engagements sacerdotaux: le célibat dans la chasteté et le détachement des biens matériels. Vécus avec maturité et sérénité, ces signes qui sont particulièrement conformes au style de vie de Jésus, expriment « le don total et exclusif au Christ, à l’Église et au Règne de Dieu ».165 Investissez-vous intensément dans la mise en œuvre de la pastorale diocésaine pour la réconciliation, la justice et la paix, notamment par la célébration des sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie, la catéchèse, la formation des laı̈cs et l’accompagnement des responsables de la société. Tout prêtre doit pouvoir se sentir heureux de servir l’Église. 164 S. Ignace d’Antioche, Ad Magnesios, III, 2: éd. F. X. Funk, 233; SC 10bis, p. 83. Benoı̂t XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 24: AAS 99 (2007), p. 125; DC 2377 (2007), p. 313. 165 Acta Benedicti Pp. XVI 289 112. Suivre le Christ sur le chemin du sacerdoce demande à faire des choix. Ils ne sont pas toujours faciles à vivre. Les exigences évangéliques, codifiées au cours des siècles par l’enseignement du Magistère, paraissent radicales aux yeux du monde. Il est difficile parfois de les suivre, mais cela n’est pas impossible. Le Christ nous apprend qu’il n’est pas possible de servir à la fois deux maı̂tres (cfr Mt 6, 24). Il fait certes référence à l’argent, ce trésor temporel qui peut occuper notre cœur (cfr Lc 12, 34), mais il fait également référence aux innombrables autres biens que nous possédons: notre vie, notre famille, notre éducation, nos relations personnelles par exemple. Il s’agit là de biens précieux et admirables qui sont constitutifs de nos personnes. Mais, le Christ demande à celui qu’il appelle, de s’abandonner totalement à la Providence. Il demande un choix absolu (cfr Mt 7, 13-14) qu’il nous est parfois difficile de comprendre et vivre. Mais, si Dieu est notre trésor véritable — cette perle rare qu’il faut acquérir à tout prix même en effectuant de grands sacrifices (cfr Mt 13, 45-46) — alors nous désirerons que notre cœur et notre corps, que notre esprit et notre intelligence soient pour lui seul. Cet acte de foi nous permettra de voir ce qui nous semble important sous un autre regard, et de vivre notre relation à notre corps et nos relations humaines familiales ou amicales, à la lumière de l’appel de Dieu et de son exigence au service de l’Église. Il convient de réfléchir à cela profondément. Cette réflexion commencera dès le séminaire pour être continuée durant toute la vie sacerdotale. Le Christ, connaissant les forces et les faiblesses de notre cœur, comme pour nous encourager, nous dit: « Cherchez d’abord le Royaume et sa justice, et tout vous sera donné par surcroı̂t » (Mt 6, 33). III. Les missionnaires 113. Les missionnaires non africains, répondant généreusement à l’appel du Seigneur avec un zèle apostolique ardent, sont venus partager le bonheur de la Révélation. À leur suite, des Africains sont aujourd’hui missionnaires sur d’autres continents. Comment, à ce point, ne pas leur rendre un hommage particulier? Les missionnaires venus en Afrique — prêtres, religieux, religieuses et laı̈cs — ont construit des églises, des écoles et des dispensaires, et contribué fortement à la visibilité actuelle des cultures africaines, mais ils ont surtout édifié le Corps du Christ et enrichi la demeure de Dieu. Ils ont su partager la saveur du sel de la Parole et faire resplendir la lumière des Sacrements. Et par-dessus tout, ils ont donné à l’Afrique ce qu’ils possédaient 290 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale de plus précieux: le Christ. Grâce à eux de nombreuses cultures traditionnelles ont été libérées de peurs ancestrales et d’esprits immondes (cfr Mt 10, 1). Du bon grain qu’ils ont semé (cfr Mt 13, 24), ont surgi de nombreux saints africains qui sont autant de modèles dont il faut s’inspirer davantage. Il serait souhaitable que leur culte soit ravivé et promu. Leur engagement pour la cause de l’Évangile s’est parfois réalisé avec héroı̈sme, au prix même de leur vie. Une fois encore s’est vérifiée l’affirmation de Tertullien: « Le sang des martyrs est semence de chrétiens».166 Je rends grâce au Seigneur pour ces saints et saintes, signes de la vitalité de l’Église en Afrique. 114. J’encourage les Pasteurs des Églises locales à reconnaı̂tre parmi les serviteurs africains de l’Évangile, ceux qui pourraient être canonisés, selon les normes de l’Église, non seulement pour augmenter le nombre des saints africains, mais aussi pour obtenir de nouveaux intercesseurs au ciel afin qu’ils accompagnent l’Église dans son pèlerinage terrestre et intercèdent auprès de Dieu pour le continent africain. Je confie à Notre-Dame d’Afrique et aux saints de ce cher continent, l’Église qui s’y trouve. IV. Les diacres permanents 115. La grandeur de l’appel reçu par les diacres permanents mérite d’être soulignée. Dans la fidélité à la mission reçue il y a des siècles, je les invite à œuvrer avec humilité en étroite collaboration avec les évêques.167 Avec affection je leur demande de continuer de proposer à la jeunesse ce que nous enseigne le Christ dans l’Évangile: la rigueur dans le travail bien fait,168 la force morale dans le respect des valeurs, l’honnêteté, le respect de la parole donnée, la joie d’apporter sa pierre à l’édification de la société et de l’Église, la protection de la nature, le sens du bien commun. Chers diacres, aidez la société africaine dans toutes ses composantes à valoriser la responsabilité des hommes en tant qu’époux et pères, à respecter la femme qui est égale à l’homme en dignité, à avoir le souci des enfants livrés à eux-mêmes et sans éducation. 166 Cfr Apologeticum, 50, 13: PL 1, 603; trad. J.-P. Waltzing, Collection des Universités de France, Paris 1971, p. 108. 167 Cfr Congrégation pour l’Education catholique, Normes fondamentales pour la formation des diacres permanents (22 février 1998), n. 8; Congrégation pour le Clergé, Directoire pour le ministère et la vie des diacres permanents (22 février 1998), nn. 6.8.48. 168 ´ vêques, Lineamenta Cfr Deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des E (3 décembre 2007), n. 89: ORF 2940 (2006), p. XI supplément; DC 2365 (2009), p. 858. Acta Benedicti Pp. XVI 291 116. Ne manquez pas de prêter une attention particulière aux personnes infirmes mentales ou physiques,169 à celles qui sont les plus faibles, et aux plus pauvres de vos communautés. Puisse votre charité se faire inventive! Dans la pastorale paroissiale, souvenez-vous qu’une saine spiritualité permet à l’Esprit du Christ de libérer l’être humain pour qu’il agisse efficacement dans la société. Les Évêques veilleront à parfaire votre formation afin qu’elle contribue à l’exercice de votre charisme.170 Comme saint Étienne, saint Laurent et saint Vincent, diacres et martyrs, efforcez-vous de reconnaı̂tre et de rencontrer le Christ dans l’Eucharistie et dans les pauvres. Ce service de l’autel et de la charité vous fera aimer la rencontre du Seigneur présent sur l’autel et dans le pauvre. Vous serez alors disposés à donner votre vie pour Lui jusqu’à la mort. V. Les personnes consacrées 117. Par les vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, la vie des personnes consacrées est devenue un témoignage prophétique. Elles peuvent être ainsi des modèles en matière de réconciliation, de justice et de paix, même dans des circonstances de fortes tensions.171 La vie communautaire montre qu’il est possible de vivre fraternellement et d’être unis, même là où les origines ethniques ou raciales sont différentes (cfr Ps 133, 1). Elle peut et doit donner à voir et à croire qu’aujourd’hui en Afrique, ceux et celles qui suivent le Christ Jésus trouvent en Lui le secret de la joie du vivre ensemble: l’amour mutuel et la communion fraternelle, quotidiennement consolidés par l’Eucharistie et la Liturgie des Heures. 118. Puissiez-vous, chères personnes consacrées, continuer à vivre votre charisme avec un zèle vraiment apostolique dans les différents domaines indiqués par vos fondateurs! Vous mettrez ainsi plus de soin à garder votre lampe allumée! Vos fondateurs ont voulu suivre le Christ en vérité en répondant à son appel. Diverses œuvres qui en sont les fruits, sont des joyaux qui ornent l’Église.172 Il convient donc de les développer en suivant le plus fidèlement possible le charisme de vos fondateurs, leurs pensées et leurs projets. Je voudrais ici souligner la part importante des personnes consacrées dans la 169 170 171 172 Cfr Cfr Cfr Cfr Prop. Prop. Prop. Conc. n. 50: n. 41: n. 42: œcum. DC 2434 (2009), p. 1053. DC 2434 (2009), p. 1050. DC 2434 (2009), p. 1050. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 46. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 292 vie ecclésiale et missionnaire. Elles sont une aide nécessaire et précieuse à l’activité pastorale mais aussi une manifestation de la nature intime de la vocation chrétienne.173 C’est pourquoi je vous invite, chères personnes consacrées, à rester en communion étroite avec l’Église locale et son premier responsable, l’Évêque. Je vous invite également à fortifier votre communion avec l’Évêque de Rome. 119. L’Afrique est le berceau de la vie contemplative chrétienne. Toujours présente en Afrique du Nord et particulièrement en Égypte et en Éthiopie, elle a pris racine en Afrique subsaharienne au siècle dernier. Puisse le Seigneur bénir les hommes et les femmes qui ont décidé de Le suivre de manière inconditionnelle! Leur vie cachée est comme le levain dans la pâte. Leur prière continuelle soutiendra l’effort apostolique des Évêques, des prêtres, des autres personnes consacrées, des catéchistes et de toute l’Église. 120. Les rencontres des différentes Conférences nationales des Supérieurs Majeurs et celles de la CO.S.M.A.M. permettent d’unir les réflexions et les forces non seulement pour assurer les finalités de chacun des Instituts, en préservant toujours leur autonomie, leur caractère et leur esprit propre, mais aussi pour traiter des affaires communes dans un souci de fraternité et de solidarité. Il est bon de cultiver un esprit ecclésial en assurant une saine coordination et une juste coopération avec les Conférences des Évêques. VI. Les séminaristes 121. Les Pères synodaux ont accordé une attention particulière aux séminaristes. Sans négliger la formation théologique et spirituelle, évidemment prioritaire, ils ont souligné l’importance de la croissance psychologique et humaine de chaque candidat. Les futurs prêtres doivent développer en eux une juste compréhension de leurs cultures sans s’enfermer dans leurs limites ethniques et culturelles.174 Ils devront également s’enraciner dans les valeurs évangéliques pour fortifier leur engagement, dans la fidélité et la loyauté envers le Christ. La fécondité de leur future mission dépendra beaucoup de leur profonde union au Christ, de la qualité de leur vie de prière et de leur vie intérieure, des valeurs humaines, spirituelles et morales qu’ils auront assimilées durant leur formation. Puisse chaque séminariste devenir un homme de 173 174 Cfr Conc. œcum. Vat. II, Décret sur l’activité missionnaire de l’Église Ad gentes, n. 18. Cfr Prop. n. 40: DC 2434 (2009), p. 1050. Acta Benedicti Pp. XVI 293 Dieu en recherchant et en vivant « la justice, la piété, la foi, la charité, la constance, la douceur » (1 Tm 6, 11)! 122. « Les séminaristes doivent apprendre la vie communautaire de telle manière que la vie fraternelle entre eux, par la suite, devienne la source d’une authentique expérience du sacerdoce comme intime fraternité sacerdotale ».175 Les directeurs et les formateurs du séminaire travailleront ensemble, en suivant les indications des Évêques, afin de garantir une formation intégrale aux séminaristes qui leur sont confiés. Dans la sélection des candidats, il faudra procéder à un discernement soigneux et à un accompagnement de qualité afin que ceux qui seront admis au sacerdoce soient de vrais disciples du Christ et d’authentiques serviteurs de l’Église. On aura à cœur de les initier aux innombrables richesses du patrimoine biblique, théologique, spirituel, liturgique, moral et juridique de l’Église. 123. Je me suis adressé aux séminaristes en leur écrivant une Lettre à la suite de l’Année sacerdotale qui s’est achevée en juin 2010.176 J’y ai insisté sur l’identité, la spiritualité et l’apostolat du prêtre. Je recommande vivement à chaque séminariste de lire et de méditer ce bref document qui lui est destiné personnellement et que les formateurs mettront à sa disposition. Le séminaire est un temps de préparation au sacerdoce, un temps d’étude. C’est un temps de discernement, de formation et de maturation humaine et spirituelle. Puissent les séminaristes utiliser judicieusement ce temps qui leur est offert pour accumuler des réserves spirituelles et humaines dans lesquelles ils pourront puiser durant leur vie sacerdotale. 124. Chers séminaristes, soyez des apôtres auprès des jeunes de votre génération en les invitant à se mettre à la suite du Christ dans la vie sacerdotale. N’ayez pas peur! La prière de nombreuses personnes vous accompagne et vous soutient (cfr Mt 9, 37-38). VII. Les catéchistes 125. Les catéchistes sont de précieux agents pastoraux dans la mission d’évangélisation. Leur rôle a été très important dans la première évangélisa175 Ibidem. Cfr Lettre aux séminaristes (18 octobre 2010): Osservatore Romano 45.585 (2010), p. 12; DC 2456 (2010), pp. 974-977. 176 294 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale tion, l’accompagnement catéchuménal, l’animation et le soutien des communautés. « Avec naturel, ils ont opéré une inculturation réussie qui a porté de merveilleux fruits (cfr Mc 4, 20). Ce sont les catéchistes qui ont permis que la ‘lumière brille devant les hommes’ (Mt 5, 16), car en voyant le bien qu’ils font, des populations entières ont pu rendre gloire à Notre Père qui est aux cieux. Ce sont des Africains qui ont évangélisé des Africains ».177 Ce rôle important dans le passé, reste essentiel pour le présent et le futur de l’Église. Je les remercie pour leur amour de l’Église. 126. J’invite les Évêques et les prêtres à prendre soin de la formation humaine, intellectuelle, doctrinale, morale, spirituelle et pastorale des catéchistes, en prêtant grande attention à leurs conditions de vie pour sauvegarder leur dignité. Qu’ils n’oublient pas leurs légitimes besoins matériels,178 car l’ouvrier fidèle de la vigne du Seigneur a droit à une juste rétribution (cfr Mt 20, 1-16) en attendant celle que donnera le Seigneur de manière équitable, car c’est lui seul qui est juste et qui connaı̂t les cœurs. 127. Chers catéchistes, souvenez-vous que, pour un grand nombre de communautés, vous êtes le visage concret et immédiat du disciple zélé et le modèle de la vie chrétienne. Je vous encourage à proclamer, par l’exemple, que la vie familiale mérite une très grande considération, que l’éducation chrétienne prépare les enfants à être, dans la société, honnêtes et fiables dans leurs rapports avec autrui. Accueillez quiconque sans discrimination: pauvres et riches, autochtones et étrangers, catholiques et non catholiques (cfr Jc 2, 1). Ne faites acception de personne (cfr Ac 10, 34; Rm 2, 11; Ga 2, 6; Ep 6, 9). En assimilant vous-mêmes les Saintes Écritures et les enseignements du Magistère, vous parviendrez à offrir une catéchèse solide, à animer des groupes de prière et à proposer la lectio divina aux communautés dont vous avez le soin. Votre action deviendra alors cohérente, persévérante et source d’inspiration. En évoquant avec reconnaissance le souvenir glorieux de vos devanciers, je vous salue et je vous encourage à œuvrer aujourd’hui avec la même abnégation, le même courage apostolique et la même foi. En cherchant à être fidèles à votre mission, vous contribuerez aussi non seulement à votre 177 Benoı̂t XVI, Discours aux membres du Conseil spécial pour l’Afrique du Synode des Évêques (Yaoundé, 19 mars 2009): AAS 101 (2009), pp. 311-312; DC 2422 (2009), p. 386. 178 Prop. n. 44: DC 2434 (2009), p. 1051; Cfr Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Africa (14 septembre 1995), n. 91: AAS 88 (1996), p. 57; DC 2123 (1995), p. 840. Acta Benedicti Pp. XVI 295 sainteté personnelle, mais aussi efficacement à la construction du Corps Mystique du Christ, l’Église. VIII. Les laı̈cs 128. Par ses membres laı̈cs, l’Église se rend présente et active dans la vie du monde. Les laı̈cs ont un grand rôle à jouer dans l’Église et dans la société. Pour qu’ils puissent bien assumer ce rôle, il convient que des écoles ou des centres de formation biblique, spirituelle, liturgique et pastorale soient organisés dans les diocèses. Je souhaite de tout cœur que les laı̈cs qui ont des responsabilités d’ordre politique, économique et social, s’arment d’une solide connaissance de la Doctrine sociale de l’Église qui fournit des principes d’action conformes à l’Évangile. En effet, ils sont des « ambassadeurs du Christ » (2 Co 5, 20) dans l’espace public, au cœur du monde.179 Leur témoignage chrétien ne sera crédible que s’ils sont des professionnels compétents et honnêtes. 129. Les laı̈cs, hommes et femmes, sont appelés avant tout à la sainteté et à vivre cette sainteté dans le monde. Chers fidèles, cultivez avec soin votre vie intérieure et votre relation à Dieu afin que l’Esprit Saint vous éclaire en toute circonstance. Pour que la personne humaine et le bien commun demeurent effectivement au centre de l’action humaine, politique, économique ou sociale, attachez-vous profondément au Christ pour le connaı̂tre et l’aimer, consacrant du temps à Dieu en priant et en recevant les Sacrements. Laissezvous éclairer et instruire par Dieu et par sa Parole. 130. Je voudrais revenir sur la particularité de la vie professionnelle du chrétien. Brièvement, il s’agit de témoigner du Christ dans le monde en montrant, par l’exemple, que le travail peut être un lieu de réalisation personnelle très positif, et qu’il n’est pas d’abord un moyen de profits. Le travail vous permet de participer à l’œuvre de la création et d’être au service de vos frères et sœurs. En agissant ainsi, vous serez « le sel de la terre » et « la lumière du monde » comme nous le demande le Seigneur. Dans votre vie quotidienne, pratiquez l’option préférentielle pour les pauvres, quelle que soit votre position dans la société, selon l’esprit des Béatitudes (cfr Mt 5, 3-12), pour voir en eux le visage concret de Jésus qui vous appelle à le servir (cfr Mt 25, 31-46). 179 Cfr Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), nn. 15. 17: AAS 81 (1989), pp. 413-416 et 418-421; DC 1978 (1989), pp. 159-160 et 160-161. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 296 131. Il peut être utile de vous organiser en associations pour continuer à former votre conscience chrétienne et vous soutenir mutuellement dans la lutte pour la justice et la paix. Les Communautés Ecclésiales Vivantes (CEV) ou les Small Christian Communities (SCC), et les « Communautés nouvelles » 180 sont des cadres porteurs pour entretenir la flamme vivante de votre Baptême. Apportez également vos compétences à l’animation des Universités catholiques qui ne cessent de se développer depuis les recommandations de l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa.181 Je voudrais également vous encourager à avoir une présence active et courageuse dans le monde de la politique, de la culture, des arts, des médias et des diverses associations. Que cette présence soit sans complexe ni honte, fière et consciente de la précieuse contribution qu’elle peut apporter au bien commun! Chapitre II PRINCIPAUX CHAMPS D’APOSTOLAT 132. Le Seigneur nous a confié une mission particulière et il ne nous a pas laissés dépourvus de moyens pour l’accomplir. Non seulement il a revêtu chacun de dons personnels pour l’édification de son Corps qu’est l’Église, mais il a confié aussi à toute la communauté ecclésiale des dons particuliers pour lui permettre de continuer sa mission. Le don par excellence, c’est l’Esprit Saint. C’est par lui que nous formons un seul corps et « c’est seulement dans la force de l’Esprit Saint que nous pouvons trouver ce qui est droit et le mettre ensuite en pratique ».182 Des moyens sont nécessaires pour nous permettre d’agir, mais ils demeurent insuffisants si, à travers « nos capacités de penser, de parler, de sentir, d’agir »,183 ce n’est pas Dieu lui-même qui nous dispose à collaborer à son œuvre de réconciliation. C’est grâce à l’Esprit Saint que nous devenons vraiment « le sel de la terre » et « la lumière du monde » (Mt 5, 13. 14). 180 Prop. n. 37: DC 2434 (2009), p. 1048. Cfr n. 103: AAS 88 (1996), pp. 62-63; DC 2123 (1995), pp. 842-843. 182 Benoı̂t XVI, Deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, Méditation durant l’heure de tierce (5 octobre 2009): AAS 101 (2009), p. 920; ORF 3104 (2009), p. 5. 183 Ibidem. 181 Acta Benedicti Pp. XVI 297 ´ glise comme présence du Christ I. L’E 133. L’Église est « dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-àdire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain ».184 En tant que communauté de disciples du Christ, nous pouvons laisser voir et communiquer l’amour de Dieu. L’amour « est la lumière — en réalité l’unique — qui illumine sans cesse à nouveau un monde dans l’obscurité et qui nous donne le courage de vivre et d’agir ».185 Cette réalité devient manifeste dans l’Église universelle, diocésaine, paroissiale, dans les CEV (SCC),186 dans les mouvements et les associations, jusque dans la famille chrétienne, « appelée à être ‘une Église domestique’, un lieu de foi, de prière et de souci affectueux pour le bien véritable et durable de chacun de ses membres »,187 une communauté où se vit le geste de paix.188 Les CEV (SCC), les mouvements et les associations peuvent être des lieux propices, au sein des paroisses, pour accueillir et vivre le don de la réconciliation offert par le Christ, notre paix. Chaque membre de la communauté doit devenir le gardien de l’autre: c’est une des significations du geste de la paix dans la célébration de l’Eucharistie.189 II. Le monde de l’éducation 134. Les écoles catholiques sont de précieux instruments pour apprendre à tisser dans la société, dès l’enfance, des liens de paix et d’harmonie par l’éducation aux valeurs africaines assumées par celles de l’Évangile. J’encourage les Évêques et les Instituts de personnes consacrées à œuvrer pour que les enfants en âge de scolarisation puissent fréquenter une école: c’est une question de justice pour tout enfant et, bien plus, l’avenir de l’Afrique en dépend. Que les chrétiens, les jeunes en particulier, se dédient aux sciences de l’éducation en vue de transmettre un savoir épris de vérité, un savoir-faire et un savoir-être animés par une conscience chrétienne formée à la lumière de 184 Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1. Benoı̂t XVI, Lett. enc. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 39: AAS 98 (2006), p. 250; DC 2352 (2006), p. 185. 186 Cfr Prop. n. 35: DC 2434 (2009), p. 1047. 187 Benoı̂t XVI, Homélie à Nazareth (14 mai 2009): AAS 101 (2009), p. 480; DC 2425 (2009), p. 583. 188 Cfr Benoı̂t XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 49: AAS 99 (2007), p. 143; DC 2377 (2007), p. 323. 189 Cfr Prop. n. 36: DC 2434 (2009), p. 1048. 185 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 298 l’enseignement social de l’Église. Il conviendra de veiller également à assurer une rémunération juste au personnel des institutions éducatives de l’Église et à l’ensemble du personnel des structures d’Église pour renforcer la crédibilité de l’Église. 135. Dans le contexte actuel du grand brassage des populations, des cultures et des religions, le rôle des universités et institutions académiques catholiques est essentiel à la recherche patiente, rigoureuse et humble de la lumière qui vient de la Vérité. Seule une vérité qui transcende la mesure humaine, conditionnée par des limites, pacifie les personnes et réconcilie les sociétés entre elles. À cet effet, il convient de créer des universités catholiques nouvelles là où elles n’existent pas encore. Chers frères et sœurs engagés dans les universités et les institutions académiques catholiques, c’est à vous qu’il revient, d’une part, d’éduquer l’intelligence et l’esprit des jeunes générations à la lumière de l’Évangile, et, d’autre part, d’aider les sociétés africaines à mieux comprendre les défis auxquels l’Afrique est confrontée aujourd’hui, en fournissant la lumière nécessaire par vos recherches et vos analyses. 136. La mission confiée par l’Exhortation apostolique Ecclesia in Africa aux institutions universitaires catholiques conserve toute sa pertinence. Mon bienheureux prédécesseur y a écrit: « Les Universités et les Instituts supérieurs catholiques en Afrique ont un rôle important à jouer dans la proclamation de la Parole salvifique de Dieu. Ils sont un signe de la croissance de l’Église dans la mesure où ils intègrent dans leurs recherches les vérités et les expériences de la foi, et aident à les intérioriser. Ils se mettent ainsi au service de l’Église en lui fournissant du personnel bien préparé; en étudiant des questions théologiques et sociales d’importance; en développant la théologie africaine; en promouvant la tâche de l’inculturation [...] en publiant des livres et en diffusant la pensée catholique; en entreprenant toutes les recherches que leur confient les Évêques et en contribuant à une étude scientifique des cultures [...]. Les centres culturels catholiques offrent à l’Église des possibilités de présence et d’action dans le domaine des mutations culturelles. Ils constituent, en effet, des forums publics qui permettent de faire connaı̂tre très largement, dans un dialogue créatif, les convictions chrétiennes sur l’homme, la femme, la famille, le travail, l’économie, la société, la politique, la vie internationale, l’environnement. Ils sont ainsi des lieux d’écoute, de respect Acta Benedicti Pp. XVI 299 et de tolérance ».190 Les Évêques veilleront à ce que ces institutions universitaires conservent leur nature catholique, en prenant toujours des orientations fidèles à l’enseignement du Magistère de l’Église. 137. Pour apporter une contribution forte et qualifiée à la société africaine, il est indispensable de proposer aux étudiants une formation à la Doctrine sociale de l’Église. Cela aidera ainsi l’Église en Afrique à préparer, avec sérénité, une pastorale qui rejoint l’être de l’Africain et le réconcilie avec lui-même dans l’adhésion au Christ. Il incombe aux Évêques, encore une fois, de soutenir une pastorale de l’intelligence et de la raison qui crée une habitude de dialogue rationnel et d’analyse critique dans la société et dans l’Église. J’avais dit à Yaoundé: « Ce siècle permettra peut-être, avec la grâce de Dieu, la renaissance, sur votre continent, mais certainement sous une forme différente et nouvelle, de la prestigieuse École d’Alexandrie. Pourquoi ne pas espérer qu’elle puisse fournir aux Africains d’aujourd’hui et à l’Église universelle de grands théologiens et des maı̂tres spirituels qui contribueraient à la sanctification des habitants de ce continent et de l’Église entière? ».191 138. Il est bon que les Évêques encouragent les aumôneries à l’intérieur des universités et des institutions éducatives de l’Église, et en créent dans les établissements publics. La chapelle de l’aumônerie en sera comme le cœur. Elle permettra à l’étudiant de rencontrer Dieu et de se placer sous son regard. Elle permettra également à l’aumônier qui sera choisi avec soin pour ses vertus sacerdotales, d’exercer son ministère pastoral d’enseignement et de sanctification. III. Le monde de la santé 139. L’Église, de tout temps, s’est préoccupée de la santé. L’exemple vient du Christ lui-même qui, après avoir proclamé la Parole et guéri les malades, a confié à ses disciples la même autorité afin « qu’ils guérissent toute maladie et toute infirmité » (Mt 10, 1; cfr 14, 35; Mc 1, 32 et 34; 6, 13 et 55). C’est ce même souci des malades que l’Église, à travers ses institutions de santé, continue de manifester aux souffrants. Comme l’ont souligné les Pères 190 N. 103: AAS 88 (1996), pp. 62-63; DC 2123 (1995), p. 843. Benoı̂t XVI, Discours aux membres du Conseil spécial pour l’Afrique du Synode des évêques (Yaoundé, 19 mars 2009): AAS 101 (2009), p. 312; DC 2422 (2009), p. 387. 191 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 300 synodaux, l’Église est résolument engagée dans la lutte contre les infirmités, les maladies et les grandes pandémies.192 140. Que les institutions de santé de l’Église et toutes les personnes qui y travaillent à divers titres, s’efforcent de voir en chaque malade un membre souffrant du Corps du Christ. Des difficultés de toute sorte se dressent sur votre chemin: le nombre croissant des malades, l’insuffisance des moyens matériels et financiers, la défection des organismes qui vous ont longtemps soutenus et vous abandonnent, tout cela vous donne parfois l’impression d’un travail sans résultats tangibles. Chers personnels de la santé, soyez les porteurs de l’amour compatissant de Jésus aux personnes qui souffrent! Soyez patients, soyez forts et gardez courage! Pour ce qui concerne les pandémies, les moyens financiers et matériels sont indispensables mais attachez-vous aussi sans relâche à informer et à former la population et surtout les jeunes.193 141. Il convient que les institutions de santé soient gérées selon les règles éthiques de l’Église, y assurant les services en conformité avec son enseignement et exclusivement en faveur de la vie. Qu’elles ne deviennent pas une source d’enrichissement pour les particuliers. La gestion des fonds octroyés doit viser à la transparence et servir surtout le bien du malade. Enfin, chaque institution de santé devrait avoir une chapelle. Sa présence rappellera au personnel (direction, gestionnaires, médecins et infirmiers ...) et au malade que Dieu seul est le Maı̂tre de la vie et de la mort. Il convient également de multiplier, dans la mesure du possible, les petits dispensaires qui assurent des soins de proximité et de premiers secours. IV. Le monde de l’information et de la communication 142. L’Exhortation apostolique Ecclesia in Africa considérait que les médias modernes ne sont pas seulement des instruments de communication, mais aussi un monde à évangéliser.194 Ils doivent servir une communication authentique qui est une priorité en Afrique, car ils sont un levier important pour le développement du continent 195 et pour l’évangélisation. Les « médias ´ vêques pour l’Afrique, Message final Cfr Deuxième Assemblée spéciale du Synode des E (23 octobre 2009), n. 31: ORF 3107 (2009), pp. 25-26; DC 2434 (2009), p. 1031. 193 Ibidem. 194 Cfr Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Africa (14 septembre 1995), n. 124: AAS 88 (1996), pp. 72-73; DC 2123 (1995), p. 847. 195 Cfr Prop. n. 56: DC 2434 (2009), p. 1055. 192 Acta Benedicti Pp. XVI 301 peuvent constituer une aide puissante pour faire grandir la communion de la famille humaine et l’ethos des sociétés, quand ils deviennent des instruments de promotion de la participation de tous à la recherche commune de ce qui est juste ».196 143. Nous savons tous que les nouvelles technologies de l’information peuvent devenir de puissants instruments de cohésion et de paix ou bien des promoteurs efficaces de destruction et de division. Ils peuvent servir ou desservir sur le plan moral, propager le vrai comme le faux, proposer le laid comme le beau. La masse de nouvelles ou de contre-nouvelles, ainsi que celle d’images, peut être intéressante tout comme elle peut conduire à une forte manipulation. L’information peut très facilement devenir de la désinformation, et la formation de la déformation. Les médias peuvent promouvoir une humanisation authentique, mais ils peuvent tout autant entraı̂ner une déshumanisation. 144. Les médias éviteront cet écueil s’ils « sont structurés et orientés à la lumière d’une image de la personne et du bien commun qui en respecte les valeurs universelles. Les moyens de communication sociale ne favorisent pas la liberté de tous et n’universalisent pas le développement et la démocratie pour tous simplement parce qu’ils multiplient les possibilités d’interconnexion et de circulation des idées. Pour atteindre de tels objectifs, il faut qu’ils aient pour visée principale la promotion de la dignité des personnes et des peuples, qu’ils soient expressément animés par la charité et mis au service de la vérité, du bien et d’une fraternité naturelle et surnaturelle ».197 145. L’Église doit être davantage présente dans les médias afin d’en faire non seulement un instrument de diffusion de l’Évangile mais aussi un outil pour la formation des peuples africains à la réconciliation dans la vérité, à la promotion de la justice et à la paix. Pour cela, une solide formation des journalistes à l’éthique et au respect de la vérité, les aidera à éviter l’attrait du sensationnel, ainsi que la tentation de la manipulation de l’information et de l’argent vite gagné. Que les journalistes chrétiens n’aient pas peur de manifester leur foi! Qu’ils en soient fiers! Il est bon également d’encourager la présence et l’activité de fidèles laı̈cs compétents dans le monde des commu196 Benoı̂t XVI, Lett. enc. Caritas in veritate (29 juin 2009), n. 73: AAS 101 (2009), p. 705; DC 2429 (2009), p. 790. 197 Ibidem, n. 73: AAS 101 (2009), pp. 704-705; DC 2429 (2009), p. 790. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 302 nications publiques et privées. Tel le levain dans la pâte, ils continueront à témoigner de l’apport positif et constructif que l’enseignement du Christ et de son Église apporte au monde. 146. Aussi, l’option prise par la première Assemblée Spéciale pour l’Afrique de considérer la communication comme un axe majeur de l’évangélisation s’est-elle avérée fructueuse pour le développement des médias catholiques. Il conviendrait, peut-être aussi, de coordonner les structures existantes comme cela se fait déjà dans certains endroits. Améliorer de cette façon l’utilisation des médias contribuera à une plus grande promotion des valeurs défendues par le Synode: la paix, la justice et la réconciliation en Afrique,198 et permettra à ce continent de participer au développement actuel du monde. Chapitre III « LEVE-TOI, PRENDS TON GRABAT ET MARCHE! » (Jn 5, 8) I. L’enseignement de Jésus à la piscine de Bethesda 147. Chers frères dans l’épiscopat, chers fils et filles d’Afrique, après avoir fait le tour des principales actions et des quelques moyens proposés par l’Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques pour l’accomplissement de la mission de l’Église, je souhaiterais revenir sur certains points qui ont déjà été abordés auparavant de manière diffuse. 148. L’évangile de saint Jean nous présente au chapitre 5 une scène saisissante, près de la piscine de Bethesda. « Sous ces portiques gisaient une multitude d’infirmes, aveugles, boiteux, impotents, qui attendaient le bouillonnement de l’eau » (v. 3), c’est-à-dire l’occasion de la guérison. Il se trouvait parmi eux « un homme qui était infirme depuis trente-huit ans » (v. 5), mais qui n’avait personne pour l’aider à se plonger dans la piscine. Et voici que Jésus entre dans sa vie. Tout change lorsque Jésus lui dit: « Lève-toi, prends ton grabat et marche! » (v. 8). « Et aussitôt, dit l’évangéliste, l’homme fut guéri » (v. 9). Il n’avait plus besoin de l’eau de la piscine. 198 Cfr Prop. n. 56: DC 2434 (2009), p. 1055. Acta Benedicti Pp. XVI 303 149. L’accueil de Jésus offre à l’Afrique une guérison plus efficace et plus profonde que toute autre. Comme l’apôtre Pierre l’a déclaré dans les Actes des Apôtres (3, 6), je redis que ce n’est ni d’or, ni d’argent que l’Afrique a d’abord besoin; elle désire se mettre debout comme l’homme de la piscine de Bethesda; elle désire avoir confiance en elle-même, en sa dignité de peuple aimé par son Dieu. C’est donc cette rencontre avec Jésus que l’Église doit offrir aux cœurs meurtris et blessés, en mal de réconciliation et de paix, assoiffés de justice. Nous devons offrir et annoncer la Parole du Christ qui guérit, libère et réconcilie. II. La Parole de Dieu et les Sacrements ´ critures A. Les Saintes E 150. Selon saint Jérôme, « ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ ».199 La lecture et la méditation de la Parole de Dieu nous donnent non seulement « la science éminente de Jésus-Christ » (Ph 3, 8), mais encore, elles nous enracinent plus profondément dans le Christ et orientent notre service de la réconciliation, de la justice et de la paix. La célébration de l’Eucharistie dont la première partie est la liturgie de la Parole, en constitue la source et le sommet. Je recommande donc que l’apostolat biblique soit promu dans chaque communauté chrétienne, dans la famille et dans les mouvements ecclésiaux. 151. Que chaque fidèle du Christ prenne l’habitude de la lecture quotidienne de la Bible! Une lecture attentive de ma récente Exhortation apostolique Verbum Domini, fournira des indications pastorales utiles. On veillera donc à initier les fidèles à la vénérable et fructueuse tradition de la lectio divina. C’est la Parole de Dieu qui peut aider à la connaissance de Jésus Christ et opérer les conversions qui aboutissent à la réconciliation, puisqu’elle passe au crible « les sentiments et les pensées du cœur » (Hb 4, 12). Les Pères du Synode encouragent les communautés chrétiennes paroissiales, les CEV (CCS), les familles et les associations et les mouvements ecclésiaux à des moments de partage de la Parole de Dieu.200 Ils deviendront ainsi davantage des lieux où la Parole de Dieu qui édifie la communauté des disciples du 199 200 Commentaire sur Isaı̈e, prologue: PL 24, 17. Cfr Prop. n. 46: DC 2434 (2009), p. 1051. 304 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale Christ, est lue ensemble, méditée et célébrée. Cette Parole régénère sans cesse la communion fraternelle (cfr 1 P 1, 22-25). B. L’Eucharistie 152. Pour bâtir une société réconciliée, juste et pacifique, le moyen le plus efficace est une vie d’intime communion avec Dieu et avec les autres. En effet, autour de la table du Seigneur sont réunis des hommes et des femmes d’origines, de cultures, de races, de langues, et d’ethnies différentes. Ils forment une seule et même unité grâce au Corps et au Sang du Christ. À travers le Christ-Eucharistie, ils deviennent consanguins, et donc authentiquement frères et sœurs, grâce à la Parole, au Corps et au Sang de Jésus-Christ luimême. Ce lien de fraternité est plus fort que celui de nos familles humaines, celui de nos tribus. « Car ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils, afin qu’il soit l’Aı̂né d’une multitude de frères » (Rm 8, 29). L’exemple de Jésus les rend capables de s’aimer, de donner leur vie les uns pour les autres, car l’amour dont chacun est aimé doit se communiquer en acte et en vérité.201 Il est donc indispensable de célébrer en communauté le dimanche, Jour du Seigneur, comme aussi les fêtes de précepte. 153. Je ne désire pas faire ici un exposé théologique sur l’Eucharistie. Dans l’Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis, j’en ai esquissé les grands traits. J’exhorte, ici, toute l’Église en Afrique à soigner tout particulièrement la célébration de l’Eucharistie, mémorial du Sacrifice du Christ Jésus, signe d’unité et lien de charité, banquet pascal et gage de la vie éternelle. L’Eucharistie doit être célébrée avec dignité et beauté en suivant les normes établies. L’Adoration eucharistique, personnelle et communautaire, permettra d’approfondir ce grand mystère. Dans cette ligne, un Congrès eucharistique continental pourrait être célébré. Il soutiendrait l’effort des chrétiens dans leur souci de témoigner des valeurs fondamentales de communion dans toutes les sociétés africaines.202 201 Cfr Benoı̂t XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 82: AAS 99 (2007), pp. 168-169; DC 2377 (2007), p. 337; Lett. enc. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 14: AAS 98 (2006), pp. 228-229; DC 2429 (2009), p. 758. 202 Cfr Prop. n. 8: DC 2434 (2009), p. 1037. Acta Benedicti Pp. XVI 305 154. Pour que le mystère eucharistique soit respecté, les Pères synodaux rappellent que les églises et les chapelles sont des lieux sacrés à réserver uniquement aux célébrations liturgiques en évitant, autant que possible, qu’elles deviennent de simples espaces de socialisation ou des espaces culturels. Il convient de promouvoir leur fonction première qui est celle d’être un lieu privilégié de rencontre entre Dieu et son peuple, entre Dieu et sa créature fidèle. Il convient en outre de veiller à ce que l’architecture de ces édifices cultuels soit digne du mystère célébré et conforme à la législation ecclésiastique et au style local. Ces constructions doivent être faites sous la responsabilité des Évêques, après avoir entendu l’avis de personnes compétentes en liturgie et en architecture. Que l’on puisse dire en en franchissant le seuil: « En vérité, le Seigneur Dieu est en ce lieu [...] Ce n’est rien de moins qu’une Maison de Dieu et la porte du ciel » (Gn 28, 16-17)! Ces lieux atteindront également leur finalité s’ils sont une aide à la communauté, régénérée dans l’Eucharistie et les autres Sacrements, pour prolonger leur action dans la vie sociale en perpétuant l’exemple même du Christ (cfr Jn 13, 15).203 Cette « cohérence eucharistique » 204 interpelle toute conscience chrétienne (cfr 1 Co 11, 17-34). C. La Réconciliation 155. Pour aider les sociétés africaines à guérir des blessures de la division et de la haine, les Pères du Synode invitent l’Église à se souvenir qu’elle porte en son sein les mêmes blessures et amertumes. Dès lors, elle a besoin que le Seigneur l’en guérisse pour qu’elle atteste, de manière crédible, que le Sacrement de la Réconciliation panse et guérit les cœurs meurtris. Ce Sacrement renoue les liens rompus entre la personne humaine et Dieu et restaure les liens dans la société. Il éduque aussi nos cœurs et nos esprits pour que nous apprenions à vivre « en esprit d’union, dans la compassion, l’amour fraternel, la miséricorde, l’esprit d’humilité » (1 P 3, 8). 156. Je rappelle l’importance de la confession individuelle qu’aucun autre acte de réconciliation ou aucune autre paraliturgie ne peut remplacer. J’encourage, donc, tous les fidèles de l’Église, clergé, personnes consacrées et 203 Cfr Benoı̂t XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 51: AAS 99 (2007), p. 144; DC 2377 (2007), p. 324. 204 Ibidem, n. 83: AAS 99 (2007), p. 169; DC 2377 (2007), p. 337. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 306 laı̈cs, à redonner sa place véritable au Sacrement de la Réconciliation dans sa double dimension personnelle et communautaire.205 Les communautés qui n’ont pas de prêtres, à cause des distances ou pour d’autres raisons, peuvent vivre le caractère ecclésial de la pénitence et de la réconciliation à travers des formes non sacramentelles. Les chrétiens en situation d’irrégularité peuvent se joindre ainsi à la démarche pénitentielle de l’Église. Comme l’ont indiqué les Pères synodaux, la forme non sacramentelle peut être considérée comme un moyen de préparation des fidèles à une réception fructueuse du Sacrement,206 mais elle ne pourra pas devenir une norme habituelle, et encore moins remplacer le Sacrement lui-même. J’exhorte de tout cœur les prêtres à vivre ce Sacrement personnellement, et à se rendre vraiment disponibles pour sa célébration. 157. Pour encourager la réconciliation, à titre collectif, je recommande vivement, comme l’ont souhaité les Pères synodaux, de célébrer tous les ans dans chaque pays africain « un jour ou une semaine de réconciliation, particulièrement pendant l’Avent ou le Carême ».207 Le S.C.E.A.M. pourra contribuer à sa réalisation et, en accord avec le Saint-Siège, promouvoir une Année de la réconciliation au niveau continental pour demander à Dieu un pardon spécial pour tous les maux et blessures que les êtres humains se sont infligés les uns aux autres en Afrique, et pour que se réconcilient les personnes et les groupes qui ont été blessés dans l’Église et dans l’ensemble de la société.208 Il s’agirait d’une Année jubilaire extraordinaire « pendant laquelle l’Église en Afrique et dans les Iles adjacentes rend grâce avec l’Église universelle et prie pour recevoir les dons de l’Esprit Saint »,209 spécialement le don de la réconciliation, de la justice et de la paix. 158. Pour de telles célébrations, il sera utile de suivre le conseil des Pères synodaux: « Que la mémoire des grands témoins qui ont donné leur vie au service de l’Évangile et du bien commun ou pour la défense de la vérité et des droits humains soit gardée et fidèlement rappelée ».210 À cet égard, les saints 205 Cfr Prop. n. 5: DC 2434 (2009), p. 1036. Cfr Prop. n. 6: DC 2434 (2009), p. 1036; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Reconciliatio et Poenitentia (2 décembre 1984), n. 23: AAS 77 (1985), pp. 233-235; DC 1887 (1985), pp. 15-16. 207 Prop. n. 8: DC 2434 (2009), p. 1037. 208 Cfr Ibidem. 209 Ibidem. 210 Prop. n. 9: DC 2434 (2009), p. 1037 206 Acta Benedicti Pp. XVI 307 sont les véritables étoiles de notre vie, eux « qui ont su vivre dans la droiture. Ils sont des lumières d’espérance. Certes, Jésus Christ est la lumière par antonomase, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à Lui nous avons besoin aussi de lumières proches — de personnes qui donnent une lumière en la tirant de sa lumière et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée ».211 ´ vangélisation III. La Nouvelle E 159. Avant de conclure ce document, je désire revenir à nouveau sur la tâche de l’Église en Afrique qui est celle de s’engager dans l’évangélisation, dans la missio ad gentes, ainsi que dans la nouvelle évangélisation, afin que la physionomie du continent africain se modèle toujours plus sur l’enseignement toujours actuel du Christ, vraie « lumière du monde » et authentique « sel de la terre ». A. Porteurs du Christ « Lumière du monde » 160. L’œuvre urgente de l’évangélisation se réalise de manière différente, selon la diversité des situations de chaque pays. « Au sens propre, il y a la mission ad gentes pour ceux qui ne connaissent pas le Christ. Au sens large, on parle d’ ‘‘évangélisation’’ pour ce qui concerne l’aspect ordinaire de la pastorale, et de la ‘‘nouvelle évangélisation’’ pour ceux qui ne suivent plus une conduite chrétienne ».212 Seule l’évangélisation qui est animée par la force de l’Esprit-Saint, devient la « loi nouvelle de l’Évangile » et porte des fruits spirituels.213 Le cœur de toute activité évangélisatrice est l’annonce de la personne de Jésus, le Verbe de Dieu incarné (cfr Jn 1, 14), mort et ressuscité, pour toujours présent dans la communauté des fidèles, dans son Église (cfr Mt 28, 20). Il s’agit d’une tâche urgente non seulement pour l’Afrique, mais pour le monde entier, car la mission que le Christ rédempteur a confiée à son Église n’a pas encore atteint sa pleine réalisation. 211 Benoı̂t XVI, Lett. enc. Spe salvi (30 novembre 2007), n. 49: AAS 99 (2007), p. 1025; DC 2493 (2008), p. 36. 212 Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Note doctrinale sur certains aspects de l’Évangélisation (3 décembre 2007), n. 12: AAS 100 (2008), p. 501. 213 Cfr S. Thomas d’Aquin, S. Th. Ia-IIae, q. 106, a. 1. 308 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 161. L’« Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu » (Mc 1, 1) est le chemin sûr pour rencontrer la Personne du Seigneur Jésus. Scruter les Écritures nous permet de découvrir toujours plus le véritable visage de Jésus, révélation de Dieu le Père (cfr Jn 12, 45), et son œuvre de salut. « Redécouvrir la centralité de la Parole divine dans la vie chrétienne nous fait retrouver la signification la plus profonde de ce que le Pape Jean-Paul II a rappelé avec force: poursuivre la missio ad gentes et entreprendre de toutes nos forces la nouvelle évangélisation ».214 162. Conduite par l’Esprit-Saint, l’Église en Afrique doit annoncer — en le vivant — le mystère du salut à ceux qui ne le connaissent pas encore. L’Esprit Saint que les chrétiens ont reçu au Baptême est le feu d’amour qui pousse à l’action évangélisatrice. Après la Pentecôte, les disciples « remplis de l’Esprit Saint » (Ac 2, 4) sont sortis du Cénacle, où, par peur, ils s’étaient enfermés, pour proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. L’évènement de la Pentecôte, nous permet de mieux comprendre la mission des chrétiens, « lumière du monde » et « sel de la terre » sur le continent africain. Le propre de la lumière est de se diffuser et d’éclairer de nombreux frères et sœurs qui sont encore dans les ténèbres. La missio ad gentes engage tous les chrétiens d’Afrique. Animés par l’Esprit, ils doivent être porteurs de JésusChrist, « lumière du monde », partout sur le continent, dans tous les domaines de la vie personnelle, familiale et sociale. Les Pères synodaux ont souligné « l’urgence et la nécessité de l’évangélisation qui est la mission et la véritable identité de l’Église ».215 B. Témoins du Christ Ressuscité 163. Le Seigneur Jésus exhorte encore aujourd’hui les chrétiens d’Afrique à prêcher en son nom « à tous les peuples, la conversion et le pardon des péchés » (Lc 24, 47). Pour cela, ils sont appelés à être témoins du Seigneur ressuscité (cfr Lc 24, 48). Les Pères synodaux ont souligné que l’évangélisation « consiste essentiellement à rendre témoignage au Christ dans la puissance de l’Esprit par la vie, puis par la parole, dans un esprit d’ouverture aux autres, de respect et de dialogue avec eux, en s’en tenant aux valeurs de 214 Benoı̂t XVI, Exhort. apost. post-synodale Verbum Domini (30 septembre 2010), n. 122: AAS 102 (2010), p. 785. 215 Prop. n. 34: DC 2434 (2009), p. 1047. Acta Benedicti Pp. XVI 309 l’Évangile ».216 Pour ce qui est de l’Église en Afrique, ce témoignage doit être au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. 164. L’annonce de l’Évangile doit retrouver l’ardeur des débuts de l’évangélisation du continent africain, attribuée à l’évangéliste Marc, suivi par une « foule innombrable de saints, de martyrs, de confesseurs et de vierges ».217 Avec gratitude, il faut se mettre à l’école de l’enthousiasme de nombreux missionnaires qui, pendant plusieurs siècles, ont sacrifié leur vie pour apporter la Bonne Nouvelle à leurs frères et sœurs africains. Au cours de ces dernières années, l’Église a commémoré en différents pays le centenaire de l’évangélisation. Elle s’est justement engagée à diffuser l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas encore le nom de Jésus-Christ. 165. Afin que cet effort devienne toujours plus efficace, la missio ad gentes doit aller de pair avec la nouvelle évangélisation. En Afrique aussi, les situations qui requièrent une nouvelle présentation de l’Évangile, « nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes et dans ses expressions »,218 ne sont pas rares. En particulier, la nouvelle évangélisation doit intégrer la dimension intellectuelle de la foi dans l’expérience vive de la rencontre avec Jésus-Christ présent et agissant dans la communauté ecclésiale. Car à l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive. La catéchèse doit donc intégrer la partie théorique, constituée de notions apprises par cœur, à celle pratique, vécue au niveau liturgique, spirituel, ecclésial, culturel et caritatif, afin que la semence de la Parole de Dieu, tombée sur une terre fertile, laisse de profondes racines et puisse grandir et parvenir à maturité. 166. Pour que cela advienne, il est indispensable d’employer de nouvelles méthodes qui sont à notre disposition aujourd’hui. Quand il s’agit des moyens de communication sociale dont j’ai déjà parlé, il ne faut pas oublier ce que j’ai noté récemment dans l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini: « Saint Thomas d’Aquin, en mentionnant saint Augustin, insiste 216 Prop. n. 34: DC 2434 (2009), p. 1047. Cfr Paul VI, Exhort. apost. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n. 21: AAS 68 (1976), pp. 19-20; DC 1689 (1976), p. 5. 217 Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Africa (14 septembre 1995), n. 31: AAS 88 (1996), p. 21; DC 2123 (1995), p. 824. 218 Jean-Paul II, Discours aux Évêques membres du Conseil épiscopal latino-américain (Port-au-Prince, 9 mars 1983): AAS 75 (1983), p. 778; DC 1850 (1983), p. 438. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 310 avec force: ‘‘Même la lettre de l’Évangile tue s’il manque, à l’intérieur de l’homme, la grâce de la foi qui guérit’’ ».219 Conscients de cette exigence, il faut aussi toujours se rappeler qu’aucun moyen ne peut ni ne doit se substituer au contact personnel, à l’annonce verbale, ainsi qu’au témoignage d’une vie chrétienne authentique. Ce contact personnel et cette annonce verbale doivent exprimer la foi vive qui engage et transforme l’existence, et l’amour de Dieu qui touche et rejoint chacun tel qu’il est. C. Missionnaires à la suite du Christ 167. L’Église qui chemine en Afrique est appelée à contribuer à la nouvelle évangélisation également dans les pays sécularisés, d’où provenaient auparavant de nombreux missionnaires et qui aujourd’hui manquent malheureusement de vocations sacerdotales et à la vie consacrée. Entre-temps, un grand nombre d’Africains et d’Africaines ont accueilli l’invitation du Maı̂tre de la moisson (cfr Mt 9, 37-38) à travailler à sa vigne (cfr Mt 20, 1-16). Sans diminuer l’élan missionnaire ad gentes dans les différents pays, et même sur le continent tout entier, les Évêques d’Afrique doivent accueillir avec générosité l’invitation de leurs confrères des pays qui manquent de vocations, et venir en aide aux fidèles privés de prêtres. Cette collaboration, qui doit être réglementée par des accords entre l’Église qui envoie et celle qui reçoit, devient un signe concret de fécondité de la mission ad gentes. Bénie par le Seigneur, Bon Pasteur (cfr Jn 10, 11-18), elle soutient ainsi de façon précieuse la nouvelle évangélisation dans les pays d’ancienne tradition chrétienne. 168. L’annonce de la Bonne Nouvelle fait naı̂tre dans l’Église de nouvelles expressions, appropriées aux nécessités du temps, des cultures, et aux attentes des hommes. L’Esprit Saint ne manque pas de susciter aussi en Afrique des hommes et des femmes qui, rassemblés en différentes associations, mouvements, et communautés, consacrent leur vie à la diffusion de l’Évangile de Jésus-Christ. Selon l’exhortation de l’Apôtre des nations — « n’éteignez pas l’Esprit, ne dépréciez pas les dons de prophéties; mais vérifiez tout: ce qui est bon, retenez-le; gardez-vous de toute espèce de mal » (1 Th 5, 19-22) — les Pasteurs ont le devoir de veiller afin que ces nouvelles expressions de la fécondité pérenne de l’Évangile s’insèrent dans l’action pastorale des paroisses et des diocèses. 219 N. 29: AAS 102 (2010), p. 785. Acta Benedicti Pp. XVI 311 169. Chers frères et sœurs, à la lumière du thème de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique, la nouvelle évangélisation concerne, en particulier, le service de l’Église en vue de la réconciliation, de la justice et de la paix. Par conséquent, il est nécessaire d’accueillir la grâce de l’Esprit Saint qui nous invite: « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20). Les chrétiens sont donc tous invités à se réconcilier avec Dieu. Alors, vous serez en mesure de devenir des artisans de la réconciliation au sein des communautés ecclésiales et sociales dans lesquelles vous vivez et œuvrez. La nouvelle évangélisation suppose la réconciliation des chrétiens avec Dieu et avec eux-mêmes. Elle exige la réconciliation avec le prochain, le dépassement des barrières de toutes sortes comme celles provenant de la langue, de la culture et de la race. Nous sommes tous fils d’un seul Dieu et Père « qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 45). 170. Dieu bénira un cœur réconcilié, en lui accordant sa paix. Le chrétien deviendra ainsi un artisan de paix (cfr Mt 5, 9) dans la mesure où, enraciné dans la grâce divine, il collabore avec son Créateur à la construction et à la promotion du don de la paix. Le fidèle réconcilié deviendra aussi promoteur de la justice en tout lieu, surtout dans les sociétés africaines divisées, en proie à la violence et à la guerre, qui ont faim et soif de la vraie justice. Le Seigneur nous invite: « Cherchez d’abord le Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroı̂t » (Mt 6, 33). 171. La nouvelle évangélisation est une tâche urgente pour les chrétiens en Afrique, car eux aussi doivent ranimer leur enthousiasme d’appartenir à l’Église. Sous l’inspiration de l’Esprit du Seigneur ressuscité, ils sont appelés à vivre, au niveau personnel, familial et social, la Bonne Nouvelle et à l’annoncer avec un zèle renouvelé aux personnes proches et lointaines, en employant pour sa diffusion les nouvelles méthodes que la Providence divine met à notre disposition. En louant Dieu le Père pour les merveilles qu’il continue d’accomplir dans son Église en chacun de ses membres, les fidèles sont invités à vivifier leur vocation chrétienne dans la fidélité à la Tradition ecclésiale vivante. Ouverts à l’inspiration de l’Esprit Saint, qui continue de susciter différents charismes dans l’Église, les chrétiens doivent poursuivre ou entreprendre avec détermination le chemin de la sainteté pour devenir toujours plus apôtres de la réconciliation, de la justice et de la paix. 312 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale CONCLUSION: « AIE CONFIANCE! LEVE-TOI, IL T’APPELLE! » (Mc 10, 49) 172. Chers frères et sœurs, le dernier mot du Synode a été un appel à l’espérance, lancé à l’Afrique. Un tel appel sera vain s’il ne s’enracine pas dans l’amour trinitaire. De Dieu, Père de tous, nous recevons la mission de transmettre à l’Afrique l’amour dont nous a aimés le Christ, le Fils aı̂né, afin que notre action, animée par son Esprit Saint, soit portée par l’espérance et devienne, en même temps, source d’espérance. Tout en désirant faciliter la mise en pratique des orientations du Synode sur des sujets aussi brûlants que sont la réconciliation, la justice et la paix, je souhaite que les « théologiens continuent d’explorer la profondeur du mystère trinitaire et sa signification pour le quotidien africain ».220 Puisque la vocation de tout homme est unique, ne laissons pas s’essouffler en nous l’élan vital de la réconciliation de l’humanité avec Dieu par le mystère de notre salut dans le Christ. La rédemption est la raison de la fiabilité et de la fermeté de notre espérance « en vertu de laquelle nous pouvons affronter notre présent: le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s’il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin ».221 173. Je le redis à nouveau: « Lève-toi, Église en Afrique [...] parce que le Père céleste t’appelle, Lui que tes ancêtres invoquaient comme Créateur, avant d’en connaı̂tre la proximité miséricordieuse, révélée dans son Fils unique, Jésus-Christ. Entreprends le chemin d’une nouvelle évangélisation avec le courage qui te vient de l’Esprit Saint ».222 174. Le visage de l’évangélisation prend aujourd’hui le nom de réconciliation, « condition indispensable pour instaurer en Afrique des rapports de justice entre les hommes et pour construire une paix équitable et durable 220 Benoı̂t XVI, Discours aux membres du Conseil spécial pour l’Afrique du Synode des Évêques (Yaoundé, 19 mars 2009): AAS 101 (2009), p. 312; DC 2422 (2009), p. 387. 221 Benoı̂t XVI, Lett. enc. Spe salvi (30 novembre 2007), n. 1: AAS 99 (2007), p. 985; DC 2393 (2008), p. 14. 222 Benoı̂t XVI, Homélie à la messe de conclusion de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques (25 octobre 2009): AAS 101 (2009), p. 918; DC 2434 (2009), p. 1024. Acta Benedicti Pp. XVI 313 dans le respect de chaque individu et de tous les peuples; une paix qui [...] s’ouvre à l’apport de toutes les personnes de bonne volonté au-delà des appartenances religieuses, ethniques, linguistiques, culturelles et sociales respectives ».223 Que l’Église catholique tout entière accompagne de son affection les frères et sœurs du continent africain! Que les saints de l’Afrique les soutiennent par leur prière d’intercession! 224 175. Que « le bon maı̂tre de maison, saint Joseph, qui sait bien personnellement ce que signifie réfléchir, dans une attitude de sollicitude et d’espérance, sur les chemins futurs de la famille, [et qui] nous a écoutés avec amour et nous a accompagnés jusqu’au Synode »,225 protège et accompagne l’Église dans sa mission au service de l’Afrique, terre où il trouva, pour la Sainte Famille, refuge et protection (cfr Mt 2, 13-15)! Que la Bienheureuse Vierge Marie, Mère du Verbe de Dieu et Notre-Dame d’Afrique, continue d’accompagner toute l’Église par son intercession et ses invitations à faire tout ce que nous dira son Fils (cfr Jn 2, 5)! Que la prière de Marie, Reine de la Paix, dont le cœur est toujours orienté vers la volonté de Dieu, soutienne tout effort de conversion, qu’elle consolide toute initiative de réconciliation, et affermisse tout effort en faveur de la paix dans un monde qui a faim et soif de justice (cfr Mt 5, 6)! 226 176. Chers frères et sœurs, par la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, le Seigneur, bon et miséricordieux, vous rappelle de façon pressante que « vous êtes le sel de la terre... la lumière du monde » (Mt 5, 13-14). Que ces paroles vous redisent la dignité de votre vocation d’enfants de Dieu, membres de l’Église une, sainte, catholique et apostolique! Cette vocation consiste à répandre dans un monde souvent enténébré la clarté de l’Évangile, la splendeur de Jésus-Christ, vraie lumière qui « éclaire tout homme » (Jn 1, 9). En outre, les chrétiens doivent offrir aux hommes le goût de Dieu le Père, la joie de sa présence créatrice dans le monde. Ils sont aussi appelés à collaborer avec la grâce de l’Esprit Saint, afin que le miracle de la Pentecôte se poursuive sur le continent africain, et 223 Ibidem. Cfr Ibidem. 225 Benoı̂t XVI, Discours à la Curie romaine à l’occasion de l’échange des vœux (21 décembre 2009): AAS 102 (2010), p. 34; DC 2439 (2010), p. 109. 226 Cfr Prop. n. 57: DC 2434 (2009), p. 1055. 224 314 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale que chacun devienne toujours plus un apôtre de la réconciliation, de la justice et de la paix. Puisse l’Église catholique en Afrique être toujours un des poumons spirituels de l’humanité, et devenir chaque jour davantage une bénédiction pour le noble continent africain et pour le monde entier! Donné à Ouidah, au Bénin, le 19 novembre 2011, en la septième année de mon pontificat. BENOÎT XVI Acta Benedicti Pp. XVI 315 HOMILIAE I Iter apostolicum in Mexicum et Cubam. In area Leonensi « Expo Bicentenario ».* Queridos hermanos y hermanas: Me complace estar entre ustedes, y deseo agradecer vivamente a Monseñor José Guadalupe Martı́n Rábago, Arzobispo de León, sus amables palabras de bienvenida. Saludo al episcopado mexicano, ası́ como a los Señores Cardenales y demás Obispos aquı́ presentes, en particular a los procedentes de Latinoamérica y el Caribe. Vaya también mi saludo caluroso a las Autoridades que nos acompañan, ası́ como a todos los que se han congregado para participar en esta Santa Misa presidida por el Sucesor de Pedro. « Crea en mı́, Señor, un corazón puro »,1 hemos invocado en el salmo responsorial. Esta exclamación muestra la profundidad con la que hemos de prepararnos para celebrar la próxima semana el gran misterio de la pasión, muerte y resurrección del Señor. Nos ayuda asimismo a mirar muy dentro del corazón humano, especialmente en los momentos de dolor y de esperanza a la vez, como los que atraviesa en la actualidad el pueblo mexicano y también otros de Latinoamérica. El anhelo de un corazón puro, sincero, humilde, aceptable a Dios, era muy sentido ya por Israel, a medida que tomaba conciencia de la persistencia del mal y del pecado en su seno, como un poder prácticamente implacable e imposible de superar. Quedaba sólo confiar en la misericordia de Dios omnipotente y la esperanza de que él cambiara desde dentro, desde el corazón, una situación insoportable, oscura y sin futuro. Ası́ fue abriéndose paso el recurso a la misericordia infinita del Señor, que no quiere la muerte del pecador, sino que se convierta y viva.2 Un corazón puro, un corazón nuevo, es el que se reconoce impotente por sı́ mismo, y se pone en manos de Dios para seguir esperando en sus promesas. De este modo, el salmista puede decir convencido al Señor: « Volverán a ti los pecadores ».3 Y, hacia el final del salmo, dará una * Die 25 Martii 2012. 1 2 3 Sal 50, 12. Cfr Ez 33, 11. Sal 50, 15. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 316 explicación que es al mismo tiempo una firme confesión de fe: « Un corazón quebrantado y humillado, tú no lo desprecias ».4 La historia de Israel narra también grandes proezas y batallas, pero a la hora de afrontar su existencia más auténtica, su destino más decisivo, la salvación, más que en sus propias fuerzas, pone su esperanza en Dios, que puede recrear un corazón nuevo, no insensible y engreı́do. Esto nos puede recordar hoy a cada uno de nosotros y a nuestros pueblos que, cuando se trata de la vida personal y comunitaria, en su dimensión más profunda, no bastarán las estrategias humanas para salvarnos. Se ha de recurrir también al único que puede dar vida en plenitud, porque él mismo es la esencia de la vida y su autor, y nos ha hecho partı́cipes de ella por su Hijo Jesucristo. El Evangelio de hoy prosigue haciéndonos ver cómo este antiguo anhelo de vida plena se ha cumplido realmente en Cristo. Lo explica san Juan en un pasaje en el que se cruza el deseo de unos griegos de ver a Jesús y el momento en que el Señor está por ser glorificado. A la pregunta de los griegos, representantes del mundo pagano, Jesús responde diciendo: « Ha llegado la hora de que el Hijo del hombre sea glorificado ».5 Respuesta extraña, que parece incoherente con la pregunta de los griegos. ¿Qué tiene que ver la glorificación de Jesús con la petición de encontrarse con él? Pero sı́ que hay una relación. Alguien podrı́a pensar — observa san Agustı́n — que Jesús se sentı́a glorificado porque venı́an a él los gentiles. Algo parecido al aplauso de la multitud que da « gloria » a los grandes del mundo, dirı́amos hoy. Pero no es ası́. « Convenı́a que a la excelsitud de su glorificación precediese la humildad de su pasión ».6 La respuesta de Jesús, anunciando su pasión inminente, viene a decir que un encuentro ocasional en aquellos momentos serı́a superfluo y tal vez engañoso. Al que los griegos quieren ver en realidad, lo verán levantado en la cruz, desde la cual atraerá a todos hacia sı́.7 Allı́ comenzará su « gloria », a causa de su sacrificio de expiación por todos, como el grano de trigo caı́do en tierra que muriendo, germina y da fruto abundante. Encontrarán a quien seguramente sin saberlo andaban buscando en su corazón, al verdadero Dios que se hace reconocible para todos los pueblos. Este es también el modo en que Nuestra Señora de Guadalupe mostró su divino Hijo a san Juan Diego. No como a un 4 5 6 7 v. 19. Jn 12, 23. In Joannis Ev., 51, 9: PL 35, 1766. Cfr Jn 12, 32. Acta Benedicti Pp. XVI 317 héroe portentoso de leyenda, sino como al verdaderı́simo Dios, por quien se vive, al Creador de las personas, de la cercanı́a y de la inmediación, del Cielo y de la Tierra.8 Ella hizo en aquel momento lo que ya habı́a ensayado en las Bodas de Caná. Ante el apuro de la falta de vino, indicó claramente a los sirvientes que la vı́a a seguir era su Hijo: « Hagan lo que él les diga ».9 Queridos hermanos, al venir aquı́ he podido acercarme al monumento a Cristo Rey, en lo alto del Cubilete. Mi venerado predecesor, el beato Papa Juan Pablo II, aunque lo deseó ardientemente, no pudo visitar este lugar emblemático de la fe del pueblo mexicano en sus viajes a esta querida tierra. Seguramente se alegrará hoy desde el cielo de que el Señor me haya concedido la gracia de poder estar ahora con ustedes, como también habrá bendecido a tantos millones de mexicanos que han querido venerar sus reliquias recientemente en todos los rincones del paı́s. Pues bien, en este monumento se representa a Cristo Rey. Pero las coronas que le acompañan, una de soberano y otra de espinas, indican que su realeza no es como muchos la entendieron y la entienden. Su reinado no consiste en el poder de sus ejércitos para someter a los demás por la fuerza o la violencia. Se funda en un poder más grande que gana los corazones: el amor de Dios que él ha traı́do al mundo con su sacrificio y la verdad de la que ha dado testimonio. Éste es su señorı́o, que nadie le podrá quitar ni nadie debe olvidar. Por eso es justo que, por encima de todo, este santuario sea un lugar de peregrinación, de oración ferviente, de conversión, de reconciliación, de búsqueda de la verdad y acogida de la gracia. A él, a Cristo, le pedimos que reine en nuestros corazones haciéndolos puros, dóciles, esperanzados y valientes en la propia humildad. También hoy, desde este parque con el que se quiere dejar constancia del bicentenario del nacimiento de la nación mexicana, aunando en ella muchas diferencias, pero con un destino y un afán común, pidamos a Cristo un corazón puro, donde él pueda habitar como prı́ncipe de la paz, gracias al poder de Dios, que es el poder del bien, el poder del amor. Y, para que Dios habite en nosotros, hay que escucharlo, hay que dejarse interpelar por su Palabra cada dı́a, meditándola en el propio corazón, a ejemplo de Marı́a.10 Ası́ crece nuestra amistad personal con él, se aprende lo que espera de nosotros y se recibe aliento para darlo a conocer a los demás. 8 9 10 Cfr Nican Mopohua, v. 33. Jn 2, 5. Cfr Lc 2, 51. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 318 En Aparecida, los Obispos de Latinoamérica y el Caribe han sentido con clarividencia la necesidad de confirmar, renovar y revitalizar la novedad del Evangelio arraigada en la historia de estas tierras « desde el encuentro personal y comunitario con Jesucristo, que suscite discı́pulos y misioneros ».11 La Misión Continental, que ahora se está llevando a cabo diócesis por diócesis en este Continente, tiene precisamente el cometido de hacer llegar esta convicción a todos los cristianos y comunidades eclesiales, para que resistan a la tentación de una fe superficial y rutinaria, a veces fragmentaria e incoherente. También aquı́ se ha de superar el cansancio de la fe y recuperar « la alegrı́a de ser cristianos, de estar sostenidos por la felicidad interior de conocer a Cristo y de pertenecer a su Iglesia. De esta alegrı́a nacen también las energı́as para servir a Cristo en las situaciones agobiantes de sufrimiento humano, para ponerse a su disposición, sin replegarse en el propio bienestar ».12 Lo vemos muy bien en los santos, que se entregaron de lleno a la causa del evangelio con entusiasmo y con gozo, sin reparar en sacrificios, incluso el de la propia vida. Su corazón era una apuesta incondicional por Cristo, de quien habı́an aprendido lo que significa verdaderamente amar hasta el final. En este sentido, el Año de la fe, al que he convocado a toda la Iglesia, « es una invitación a una auténtica y renovada conversión al Señor, único Salvador del mundo [...]. La fe, en efecto, crece cuando se vive como experiencia de un amor que se recibe y se comunica como experiencia de gracia y gozo ».13 Pidamos a la Virgen Marı́a que nos ayude a purificar nuestro corazón, especialmente ante la cercana celebración de las fiestas de Pascua, para que lleguemos a participar mejor en el misterio salvador de su Hijo, tal como ella lo dio a conocer en estas tierras. Y pidámosle también que siga acompañando y amparando a sus queridos hijos mexicanos y latinoamericanos, para que Cristo reine en sus vidas y les ayude a promover audazmente la paz, la concordia, la justicia y la solidaridad. Amén. 11 12 13 Documento conclusivo, 11. Discurso a la Curia Romana, 22 de diciembre de 2011. Porta fidei, 11 octubre 2011, 6.7. Acta Benedicti Pp. XVI 319 II Iter apostolicum in Mexicum et Cubam. In Leonensi Basilica Cathedrali Beatae Mariae Virginis « de la Luz ».* Señores Cardenales, Queridos hermanos en el Episcopado: Es un gran gozo rezar con todos ustedes en esta Bası́lica-Catedral de León, dedicada a Nuestra Señora de la Luz. En la bella imagen que se venera en este templo, la Santı́sima Virgen tiene en una mano a su Hijo con gran ternura, y extiende la otra para socorrer a los pecadores. Ası́ ve a Marı́a la Iglesia de todos los tiempos, que la alaba por habernos dado al Redentor, y se confı́a a ella por ser la Madre que su divino Hijo nos dejó desde la cruz. Por eso, nosotros la imploramos frecuentemente como « esperanza nuestra », porque nos ha mostrado a Jesús y transmitido las grandezas que Dios ha hecho y hace con la humanidad, de una manera sencilla, como explicándolas a los pequeños de la casa. Un signo decisivo de estas grandezas nos la ofrece la lectura breve que hemos proclamado en estas Vı́speras. Los habitantes de Jerusalén y sus jefes no reconocieron a Cristo, pero, al condenarlo a muerte, dieron cumplimiento de hecho a las palabras de los profetas.1 Sı́, la maldad y la ignorancia de los hombres no es capaz de frenar el plan divino de salvación, la redención. El mal no puede tanto. Otra maravilla de Dios nos la recuerda el segundo salmo que acabamos de recitar: Las « peñas » se transforman « en estanques, el pedernal en manantiales de agua ».2 Lo que podrı́a ser piedra de tropiezo y de escándalo, con el triunfo de Jesús sobre la muerte se convierte en piedra angular: « Es el Señor quien lo ha hecho, ha sido un milagro patente ».3 No hay motivos, pues, para rendirse al despotismo del mal. Y pidamos al Señor Resucitado que manifieste su fuerza en nuestras debilidades y penurias. Esperaba con gran ilusión este encuentro con ustedes, Pastores de la Iglesia de Cristo que peregrina en México y en los diversos paı́ses de este gran Continente, como una ocasión para mirar juntos a Cristo que les ha encomen* Die 25 Martii 2012. 1 2 3 Cfr Hch 13, 27. Sal 113, 8. Sal 117, 23. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 320 dado la hermosa tarea de anunciar el evangelio en estos pueblos de recia raigambre católica. La situación actual de sus diócesis plantea ciertamente retos y dificultades de muy diversa ı́ndole. Pero, sabiendo que el Señor ha resucitado, podemos proseguir confiados, con la convicción de que el mal no tiene la última palabra de la historia, y que Dios es capaz de abrir nuevos espacios a una esperanza que no defrauda.4 Agradezco el cordial saludo que me ha dirigido el Señor Arzobispo de Tlalnepantla y Presidente de la Conferencia del Episcopado Mexicano y del Consejo Episcopal Latinoamericano, haciéndose intérprete y portavoz de todos. Y les ruego a ustedes, Pastores de las diversas Iglesias particulares, que, al regresar a sus sedes, trasmitan a sus fieles el afecto entrañable del Papa, que lleva muy dentro de su corazón todos sus sufrimientos y aspiraciones. Al ver en sus rostros el reflejo de las preocupaciones de la grey que apacientan, me vienen a la mente las Asambleas del Sı́nodo de los Obispos, en las que los participantes aplauden cuando intervienen quienes ejercen su ministerio en situaciones particularmente dolorosas para la vida y la misión de la Iglesia. Ese gesto brota de la fe en el Señor, y significa fraternidad en los trabajos apostólicos, ası́ como gratitud y admiración por los que siembran el evangelio entre espinas, unas en forma de persecución, otras de marginación o menosprecio. Tampoco faltan preocupaciones por la carencia de medios y recursos humanos, o las trabas impuestas a la libertad de la Iglesia en el cumplimiento de su misión. El Sucesor de Pedro participa de estos sentimientos y agradece su solicitud pastoral paciente y humilde. Ustedes no están solos en los contratiempos, como tampoco lo están en los logros evangelizadores. Todos estamos unidos en los padecimientos y en la consolación.5 Sepan que cuentan con un lugar destacado en la plegaria de quien recibió de Cristo el encargo de confirmar en la fe a sus hermanos,6 que les anima también en la misión de hacer que nuestro Señor Jesucristo sea cada vez más conocido, amado y seguido en estas tierras, sin dejarse amedrentar por las contrariedades. La fe católica ha marcado significativamente la vida, costumbres e historia de este Continente, en el que muchas de sus naciones están conmemorando el bicentenario de su independencia. Es un momento histórico en el que siguió 4 5 6 Cfr Rm 5, 5. Cfr 2 Co 1, 5. Cfr Lc 22, 31. Acta Benedicti Pp. XVI 321 brillando el nombre de Cristo, llegado aquı́ por obra de insignes y abnegados misioneros, que lo proclamaron con audacia y sabidurı́a. Ellos lo dieron todo por Cristo, mostrando que el hombre encuentra en él su consistencia y la fuerza necesaria para vivir en plenitud y edificar una sociedad digna del ser humano, como su Creador lo ha querido. Aquel ideal de no anteponer nada al Señor, y de hacer penetrante la Palabra de Dios en todos, sirviéndose de los propios signos y mejores tradiciones, sigue siendo una valiosa orientación para los Pastores de hoy. Las iniciativas que se realicen con motivo del Año de la fe deben estar encaminadas a conducir a los hombres hacia Cristo, cuya gracia les permitirá dejar las cadenas del pecado que los esclaviza y avanzar hacia la libertad auténtica y responsable. A esto está ayudando también la Misión continental promovida en Aparecida, que tantos frutos de renovación eclesial está ya cosechando en las Iglesias particulares de América Latina y el Caribe. Entre ellos, el estudio, la difusión y meditación de la Sagrada Escritura, que anuncia el amor de Dios y nuestra salvación. En este sentido, los exhorto a seguir abriendo los tesoros del evangelio, a fin de que se conviertan en potencia de esperanza, libertad y salvación para todos los hombres.7 Y sean también fieles testigos e intérpretes de la palabra del Hijo encarnado, que vivió para cumplir la voluntad del Padre y, siendo hombre con los hombres, se desvivió por ellos hasta la muerte. Queridos hermanos en el Episcopado, en el horizonte pastoral y evangelizador que se abre ante nosotros, es de capital relevancia cuidar con gran esmero de los seminaristas, animándolos a que no se precien « de saber cosa alguna, sino a Jesucristo, y éste crucificado ».8 No menos fundamental es la cercanı́a a los presbı́teros, a los que nunca debe faltar la comprensión y el aliento de su Obispo y, si fuera necesario, también su paterna admonición sobre actitudes improcedentes. Son sus primeros colaboradores en la comunión sacramental del sacerdocio, a los que han de mostrar una constante y privilegiada cercanı́a. Igualmente cabe decir de las diversas formas de vida consagrada, cuyos carismas han de ser valorados con gratitud y acompañados con responsabilidad y respeto al don recibido. Y una atención cada vez más especial se debe a los laicos más comprometidos en la catequesis, la animación litúrgica, la acción caritativa y el compromiso social. Su formación en la fe es crucial para hacer presente y fecundo el evangelio en la sociedad de hoy. Y no 7 8 Cfr Rm 1, 16. 1 Co 2, 2. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 322 es justo que se sientan tratados como quienes apenas cuentan en la Iglesia, no obstante la ilusión que ponen en trabajar en ella según su propia vocación, y el gran sacrificio que a veces les supone esta dedicación. En todo esto, es particularmente importante para los Pastores que reine un espı́ritu de comunión entre sacerdotes, religiosos y laicos, evitando divisiones estériles, crı́ticas y recelos nocivos. Con estos vivos deseos, les invito a ser vigı́as que proclamen dı́a y noche la gloria de Dios, que es la vida del hombre. Estén del lado de quienes son marginados por la fuerza, el poder o una riqueza que ignora a quienes carecen de casi todo. La Iglesia no puede separar la alabanza de Dios del servicio a los hombres. El único Dios Padre y Creador es el que nos ha constituido hermanos: ser hombre es ser hermano y guardián del prójimo. En este camino, junto a toda la humanidad, la Iglesia tiene que revivir y actualizarlo que fue Jesús: el Buen Samaritano, que viniendo de lejos se insertó en la historia de los hombres, nos levantó y se ocupó de nuestra curación. Queridos hermanos en el Episcopado, la Iglesia en América Latina, que muchas veces se ha unido a Jesucristo en su pasión, ha de seguir siendo semilla de esperanza, que permita ver a todos cómo los frutos de la resurrección alcanzan y enriquecen estas tierras. Que la Madre de Dios, en su advocación de Marı́a Santı́sima de la Luz, disipe las tinieblas de nuestro mundo y alumbre nuestro camino, para que podamos confirmar en la fe al pueblo latinoamericano en sus fatigas y anhelos, con entereza, valentı́a y fe firme en quien todo lo puede y a todos ama hasta el extremo. Amén. III Iter apostolicum in Mexicum et Cubam. In area Habanensi « Plaza de la Revolución José Martı́ ».* Queridos hermanos y hermanas: « Bendito eres, Señor Dios..., bendito tu nombre santo y glorioso ».1 Este himno de bendición del libro de Daniel resuena hoy en nuestra liturgia invitándonos reiteradamente a bendecir y alabar a Dios. Somos parte * Die 28 Martii 2012. 1 Dn 3, 52. Acta Benedicti Pp. XVI 323 de la multitud de ese coro que celebra al Señor sin cesar. Nos unimos a este concierto de acción de gracias, y ofrecemos nuestra voz alegre y confiada, que busca cimentar en el amor y la verdad el camino de la fe. « Bendito sea Dios » que nos reúne en esta emblemática plaza, para que ahondemos más profundamente en su vida. Siento una gran alegrı́a de encontrarme hoy entre ustedes y presidir esta Santa Misa en el corazón de este Año jubilar dedicado a la Virgen de la Caridad del Cobre. Saludo cordialmente al Cardenal Jaime Ortega y Alamino, Arzobispo de La Habana, y le agradezco las corteses palabras que me ha dirigido en nombre de todos. Extiendo mi saludo a los Señores Cardenales, a mis hermanos Obispos de Cuba y de otros paı́ses, que han querido participar en esta solemne celebración. Saludo también a los sacerdotes, seminaristas, religiosos y a todos los fieles aquı́ congregados, ası́ como a las Autoridades que nos acompañan. En la primera lectura proclamada, los tres jóvenes, perseguidos por el soberano babilonio, prefieren afrontar la muerte abrasados por el fuego antes que traicionar su conciencia y su fe. Ellos encontraron la fuerza de « alabar, glorificar y bendecir a Dios » en la convicción de que el Señor del cosmos y la historia no los abandonarı́a a la muerte y a la nada. En efecto, Dios nunca abandona a sus hijos, nunca los olvida. Él está por encima de nosotros y es capaz de salvarnos con su poder. Al mismo tiempo, es cercano a su pueblo y, por su Hijo Jesucristo, ha deseado poner su morada entre nosotros. « Si os mantenéis en mi palabra, seréis de verdad discı́pulos mı́os; conoceréis la verdad, y la verdad os hará libres ».2 En este texto del Evangelio que se ha proclamado, Jesús se revela como el Hijo de Dios Padre, el Salvador, el único que puede mostrar la verdad y dar la genuina libertad. Su enseñanza provoca resistencia e inquietud entre sus interlocutores, y Él los acusa de buscar su muerte, aludiendo al supremo sacrificio en la cruz, ya cercano. Aun ası́, los conmina a creer, a mantener la Palabra, para conocer la verdad que redime y dignifica. En efecto, la verdad es un anhelo del ser humano, y buscarla siempre supone un ejercicio de auténtica libertad. Muchos, sin embargo, prefieren los atajos e intentan eludir esta tarea. Algunos, como Poncio Pilato, ironizan con la posibilidad de poder conocer la verdad,3 proclamando la incapacidad del hombre para alcanzarla o negando que exista una verdad para todos. Esta 2 3 Jn 8, 31. Cfr Jn 18, 38. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 324 actitud, como en el caso del escepticismo y el relativismo, produce un cambio en el corazón, haciéndolos frı́os, vacilantes, distantes de los demás y encerrados en sı́ mismos. Personas que se lavan las manos como el gobernador romano y dejan correr el agua de la historia sin comprometerse. Por otra parte, hay otros que interpretan mal esta búsqueda de la verdad, llevándolos a la irracionalidad y al fanatismo, encerrándose en « su verdad » e intentando imponerla a los demás. Son como aquellos legalistas obcecados que, al ver a Jesús golpeado y sangrante, gritan enfurecidos: « ¡Crucifı́calo! ».4 Sin embargo, quien actúa irracionalmente no puede llegar a ser discı́pulo de Jesús. Fe y razón son necesarias y complementarias en la búsqueda de la verdad. Dios creó al hombre con una innata vocación a la verdad y para esto lo dotó de razón. No es ciertamente la irracionalidad, sino el afán de verdad, lo que promueve la fe cristiana. Todo ser humano ha de indagar la verdad y optar por ella cuando la encuentra, aun a riesgo de afrontar sacrificios. Además, la verdad sobre el hombre es un presupuesto ineludible para alcanzar la libertad, pues en ella descubrimos los fundamentos de una ética con la que todos pueden confrontarse, y que contiene formulaciones claras y precisas sobre la vida y la muerte, los deberes y los derechos, el matrimonio, la familia y la sociedad, en definitiva, sobre la dignidad inviolable del ser humano. Este patrimonio ético es lo que puede acercar a todas las culturas, pueblos y religiones, las autoridades y los ciudadanos, y a los ciudadanos entre sı́, a los creyentes en Cristo con quienes no creen en él. El cristianismo, al resaltar los valores que sustentan la ética, no impone, sino que propone la invitación de Cristo a conocer la verdad que hace libres. El creyente está llamado a ofrecerla a sus contemporáneos, como lo hizo el Señor, incluso ante el sombrı́o presagio del rechazo y de la cruz. El encuentro personal con quien es la verdad en persona nos impulsa a compartir este tesoro con los demás, especialmente con el testimonio. Queridos amigos, no vacilen en seguir a Jesucristo. En él hallamos la verdad sobre Dios y sobre el hombre. Él nos ayuda a derrotar nuestros egoı́smos, a salir de nuestras ambiciones y a vencer lo que nos oprime. El que obra el mal, el que comete pecado, es esclavo del pecado y nunca alcanzará la libertad.5 Sólo renunciando al odio y a nuestro corazón duro y ciego seremos libres, y una vida nueva brotará en nosotros. 4 5 Cfr Jn 19, 6. Cfr Jn 8, 34. Acta Benedicti Pp. XVI 325 Convencido de que Cristo es la verdadera medida del hombre, y sabiendo que en él se encuentra la fuerza necesaria para afrontar toda prueba, deseo anunciarles abiertamente al Señor Jesús como Camino, Verdad y Vida. En él todos hallarán la plena libertad, la luz para entender con hondura la realidad y transformarla con el poder renovador del amor. La Iglesia vive para hacer partı́cipes a los demás de lo único que ella tiene, y que no es sino Cristo, esperanza de la gloria.6 Para poder ejercer esta tarea, ha de contar con la esencial libertad religiosa, que consiste en poder proclamar y celebrar la fe también públicamente, llevando el mensaje de amor, reconciliación y paz que Jesús trajo al mundo. Es de reconocer con alegrı́a que en Cuba se han ido dando pasos para que la Iglesia lleve a cabo su misión insoslayable de expresar pública y abiertamente su fe. Sin embargo, es preciso seguir adelante, y deseo animar a las instancias gubernamentales de la Nación a reforzar lo ya alcanzado y a avanzar por este camino de genuino servicio al bien común de toda la sociedad cubana. El derecho a la libertad religiosa, tanto en su dimensión individual como comunitaria, manifiesta la unidad de la persona humana, que es ciudadano y creyente a la vez. Legitima también que los creyentes ofrezcan una contribución a la edificación de la sociedad. Su refuerzo consolida la convivencia, alimenta la esperanza en un mundo mejor, crea condiciones propicias para la paz y el desarrollo armónico, al mismo tiempo que establece bases firmes para afianzar los derechos de las generaciones futuras. Cuando la Iglesia pone de relieve este derecho, no está reclamando privilegio alguno. Pretende sólo ser fiel al mandato de su divino fundador, consciente de que donde Cristo se hace presente, el hombre crece en humanidad y encuentra su consistencia. Por eso, ella busca dar este testimonio en su predicación y enseñanza, tanto en la catequesis como en ámbitos escolares y universitarios. Es de esperar que pronto llegue aquı́ también el momento de que la Iglesia pueda llevar a los campos del saber los beneficios de la misión que su Señor le encomendó y que nunca puede descuidar. Ejemplo preclaro de esta labor fue el insigne sacerdote Félix Varela, educador y maestro, hijo ilustre de esta ciudad de La Habana, que ha pasado a la historia de Cuba como el primero que enseñó a pensar a su pueblo. El Padre Varela nos presenta el camino para una verdadera transformación 6 Cfr Col 1, 27. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 326 social: formar hombres virtuosos para forjar una nación digna y libre, ya que esta trasformación dependerá de la vida espiritual del hombre, pues « no hay patria sin virtud ».7 Cuba y el mundo necesitan cambios, pero éstos se darán sólo si cada uno está en condiciones de preguntarse por la verdad y se decide a tomar el camino del amor, sembrando reconciliación y fraternidad. Invocando la materna protección de Marı́a Santı́sima, pidamos que cada vez que participemos en la Eucaristı́a nos hagamos también testigos de la caridad, que responde al mal con el bien,8 ofreciéndonos como hostia viva a quien amorosamente se entregó por nosotros. Caminemos a la luz de Cristo, que es el que puede destruir la tiniebla del error. Supliquémosle que, con el valor y la reciedumbre de los santos, lleguemos a dar una respuesta libre, generosa y coherente a Dios, sin miedos ni rencores. Amén. IV In Dominica in Palmis de Passione Domini.* Cari fratelli e sorelle! La Domenica delle Palme è il grande portale che ci introduce nella Settimana Santa, la settimana nella quale il Signore Gesù si avvia verso il culmine della sua vicenda terrena. Egli sale a Gerusalemme per portare a compimento le Scritture e per essere appeso sul legno della croce, il trono da cui regnerà per sempre, attirando a sé l’umanità di ogni tempo e offrendo a tutti il dono della redenzione. Sappiamo dai Vangeli che Gesù si era incamminato verso Gerusalemme insieme ai Dodici, e che a poco a poco si era associata a loro una schiera crescente di pellegrini. San Marco ci racconta che già alla partenza da Gerico c’era una « grande folla » che seguiva Gesù.1 In quest’ultimo tratto del percorso si verifica un particolare evento, che aumenta l’attesa di ciò che sta per accadere e fa sı̀ che l’attenzione si concentri ancora di più su Gesù. Lungo la strada, all’uscita da Gerico, sta 7 Cartas a Elpidio, carta sexta, Madrid 1836, 220. Cfr Rm 12, 21. ——————— 8 * Die 1 Aprilis 2012. 1 Cfr 10, 46. Acta Benedicti Pp. XVI 327 seduto a mendicare un uomo cieco, di nome Bartimeo. Appena egli sente dire che sta arrivando Gesù di Nazaret, incomincia a gridare: « Figlio di Davide, Gesù, abbi pietà di me! ».2 Si cerca di farlo tacere, ma inutilmente; finché Gesù lo fa chiamare e lo invita ad avvicinarsi. « Che cosa vuoi che io faccia per te? », gli chiede. E quegli: « Rabbunı̀, che io veda di nuovo! ».3 Gesù risponde: « Va’, la tua fede ti ha salvato ». Bartimeo riacquistò la vista e si mise a seguire Gesù lungo la strada.4 Ed ecco che, dopo quel segno prodigioso, accompagnato da quella invocazione « Figlio di Davide », un fremito di speranza messianico attraversa la folla facendo sorgere in molti una domanda: quel Gesù, che camminava davanti a loro verso Gerusalemme, era forse il Messia, il nuovo Davide? E con il suo ingresso ormai imminente nella città santa, era forse giunto il tempo in cui Dio avrebbe finalmente restaurato il regno davidico? Anche la preparazione dell’ingresso, che Gesù fa insieme ai suoi discepoli, contribuisce ad aumentare questa speranza. Come abbiamo ascoltato nel Vangelo odierno,5 Gesù arriva a Gerusalemme da Betfage e dal Monte degli ulivi, cioè dalla strada su cui avrebbe dovuto venire il Messia. Da lı̀, Egli manda avanti due discepoli, comandando loro di portargli un puledro di asino, che avrebbero trovato lungo la via. Essi trovano effettivamente l’asinello, lo slegano e lo conducono a Gesù. A questo punto, gli animi dei discepoli e anche degli altri pellegrini sono presi dall’entusiasmo: prendono i loro mantelli e li mettono sul puledro; altri li stendono sulla strada davanti a Gesù, che avanza in groppa all’asino. Poi tagliano rami dagli alberi e cominciano a gridare parole del Salmo 118, antiche parole di benedizione dei pellegrini che diventano, in quel contesto, una proclamazione messianica: « Osanna! Benedetto colui che viene nel nome del Signore! Benedetto il Regno che viene, del nostro padre Davide! Osanna nel più alto dei cieli! ».6 Questa acclamazione festosa, trasmessa da tutti e quattro gli Evangelisti, è un grido di benedizione, un inno di esultanza: esprime l’unanime convinzione che, in Gesù, Dio ha visitato il suo popolo e che il Messia desiderato finalmente è giunto. E tutti sono lı̀, con la crescente attesa per l’opera che il Cristo compirà una volta entrato nella sua città. 2 3 4 5 6 Mc 10, 47. v. 51. Cfr v. 52. Cfr Mc 11, 1-10. vv. 9-10. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 328 Ma qual è il contenuto, la risonanza più profonda di questo grido di giubilo? La risposta ci viene dall’intera Scrittura, la quale ci ricorda che il Messia porta a compimento la promessa della benedizione di Dio, la promessa originaria che Dio aveva fatto ad Abramo, il padre di tutti i credenti: « Farò di te una grande nazione e ti benedirò ... e in te si diranno benedette tutte le famiglie della terra ».7 È la promessa che Israele aveva tenuto sempre viva nella preghiera, in particolare nella preghiera dei Salmi. Per questo, Colui che è acclamato dalla folla come il benedetto è, nello stesso tempo, Colui nel quale sarà benedetta l’umanità intera. Cosı̀, nella luce del Cristo, l’umanità si riconosce profondamente unita e come avvolta dal manto della benedizione divina, una benedizione che tutto permea, tutto sostiene, tutto redime, tutto santifica. Possiamo scoprire qui un primo grande messaggio che giunge a noi dalla festività di oggi: l’invito ad assumere il giusto sguardo sull’umanità intera, sulle genti che formano il mondo, sulle sue varie culture e civiltà. Lo sguardo che il credente riceve da Cristo è lo sguardo della benedizione: uno sguardo sapiente e amorevole, capace di cogliere la bellezza del mondo e di compatirne la fragilità. In questo sguardo traspare lo sguardo stesso di Dio sugli uomini che Egli ama e sulla creazione, opera delle sue mani. Leggiamo nel Libro della Sapienza: « Hai compassione di tutti, perché tutto puoi, chiudi gli occhi sui peccati degli uomini, aspettando il loro pentimento. Tu infatti ami tutte le cose che esistono e non provi disgusto per nessuna delle cose che hai creato; ... Tu sei indulgente con tutte le cose, perché sono tue, Signore, amante della vita ».8 Ritorniamo alla pagina evangelica odierna e domandiamoci: che cosa c’è realmente nel cuore di quanti acclamano Cristo come Re d’Israele? Certamente avevano una loro idea del Messia, un’idea di come dovesse agire il Re promesso dai profeti e a lungo aspettato. Non è un caso che, pochi giorni dopo, la folla di Gerusalemme, invece di acclamare Gesù, griderà a Pilato: « Crocifiggilo »! E gli stessi discepoli, come pure altri che lo avevano visto e ascoltato, rimarranno ammutoliti e smarriti. La maggior parte, infatti, era rimasta delusa dal modo in cui Gesù aveva deciso di presentarsi come Messia e Re di Israele. Proprio qui sta il nodo della festa di oggi, anche per noi. Chi è per noi Gesù di Nazaret? Che idea abbiamo del Messia, che idea abbiamo di Dio? È una questione cruciale, questa, che non possiamo eludere, tanto più 7 8 Gen 12, 2-3. Sap 11, 23-24.26. Acta Benedicti Pp. XVI 329 che proprio in questa settimana siamo chiamati a seguire il nostro Re che sceglie come trono la croce; siamo chiamati a seguire un Messia che non ci assicura una facile felicità terrena, ma la felicità del cielo, la beatitudine di Dio. Dobbiamo allora chiederci: quali sono le nostre vere attese? quali i desideri più profondi, con cui siamo venuti qui oggi a celebrare la Domenica delle Palme e ad iniziare la Settimana Santa? Cari giovani, che siete qui convenuti! Questa è in modo particolare la vostra Giornata, dovunque nel mondo è presente la Chiesa. Per questo vi saluto con grande affetto! La Domenica delle Palme sia per voi il giorno della decisione, la decisione di accogliere il Signore e di seguirlo fino in fondo, la decisione di fare della sua Pasqua di morte e risurrezione il senso stesso della vostra vita di cristiani. È la decisione che porta alla vera gioia, come ho voluto ricordare nel Messaggio ai Giovani per questa Giornata — « Siate sempre lieti nel Signore » 9 —, e come avvenne per santa Chiara di Assisi, che, ottocento anni or sono, trascinata dall’esempio di san Francesco e dei suoi primi compagni, proprio nella Domenica delle Palme, lasciò la casa paterna per consacrarsi totalmente al Signore: aveva diciotto anni ed ebbe il coraggio della fede e dell’amore, di decidersi per Cristo, trovando in Lui la gioia e la pace. Cari fratelli e sorelle, siano in particolare due i sentimenti di questi giorni: la lode, come hanno fatto coloro che hanno accolto Gesù a Gerusalemme con i loro « osanna »; ed il ringraziamento, perché in questa Settimana Santa il Signore Gesù rinnoverà il dono più grande che si possa immaginare: ci donerà la sua vita, il suo corpo e il suo sangue, il suo amore. Ma a un dono cosı̀ grande dobbiamo rispondere in modo adeguato, ossia con il dono di noi stessi, del nostro tempo, della nostra preghiera, del nostro stare in comunione profonda d’amore con Cristo che soffre, muore e risorge per noi. Gli antichi Padri della Chiesa hanno visto un simbolo di tutto ciò nel gesto della gente che seguiva Gesù nel suo ingresso in Gerusalemme, il gesto di stendere i mantelli davanti al Signore. Davanti a Cristo — dicevano i Padri — dobbiamo stendere la nostra vita, le nostre persone, in atteggiamento di gratitudine e di adorazione. Riascoltiamo, in conclusione, la voce di uno di questi antichi Padri, quella di sant’Andrea, Vescovo di Creta: « Stendiamo, dunque, umilmente innanzi a Cristo noi stessi, piuttosto che le tuniche o i rami inanimati e le verdi fronde che rallegrano gli occhi solo per poche ore e sono destinate a perdere, con la 9 Fil 4, 4. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 330 linfa, anche il loro verde. Stendiamo noi stessi rivestiti della sua grazia, o meglio, di tutto lui stesso ... e prostriamoci ai suoi piedi come tuniche distese ... per poter offrire al vincitore della morte non più semplici rami di palma, ma trofei di vittoria. Agitando i rami spirituali dell’anima, anche noi ogni giorno, assieme ai fanciulli, acclamiamo santamente: ‘‘Benedetto colui che viene nel nome del Signore, il re d’Israele’’ ».10 Amen! V In Missa Chrismali.* Cari fratelli e sorelle! In questa Santa Messa i nostri pensieri ritornano all’ora in cui il Vescovo, mediante l’imposizione delle mani e la preghiera, ci ha introdotti nel sacerdozio di Gesù Cristo, cosı̀ che fossimo « consacrati nella verità »,1 come Gesù, nella sua Preghiera sacerdotale, ha chiesto per noi al Padre. Egli stesso è la Verità. Ci ha consacrati, cioè consegnati per sempre a Dio, affinché, a partire da Dio e in vista di Lui, potessimo servire gli uomini. Ma siamo anche consacrati nella realtà della nostra vita? Siamo uomini che operano a partire da Dio e in comunione con Gesù Cristo? Con questa domanda il Signore sta davanti a noi, e noi stiamo davanti a Lui. « Volete unirvi più intimamente al Signore Gesù Cristo e conformarvi a Lui, rinunziare a voi stessi e rinnovare le promesse, confermando i sacri impegni che nel giorno dell’Ordinazione avete assunto con gioia? » Cosı̀, dopo questa omelia, interrogherò singolarmente ciascuno di voi e anche me stesso. Con ciò si esprimono soprattutto due cose: è richiesto un legame interiore, anzi, una conformazione a Cristo, e in questo necessariamente un superamento di noi stessi, una rinuncia a quello che è solamente nostro, alla tanto sbandierata autorealizzazione. È richiesto che noi, che io non rivendichi la mia vita per me stesso, ma la metta a disposizione di un altro — di Cristo. Che non domandi: che cosa ne ricavo per me?, bensı̀: che cosa posso dare io per Lui e cosı̀ per gli altri? O ancora più concretamente: come deve realizzarsi questa conformazione a Cristo, il quale 10 PG 97, 994. ——————— * Die 5 Aprilis 2012. 1 Gv 17, 19. Acta Benedicti Pp. XVI 331 non domina, ma serve; non prende, ma dà — come deve realizzarsi nella situazione spesso drammatica della Chiesa di oggi? Di recente, un gruppo di sacerdoti in un Paese europeo ha pubblicato un appello alla disobbedienza, portando al tempo stesso anche esempi concreti di come possa esprimersi questa disobbedienza, che dovrebbe ignorare addirittura decisioni definitive del Magistero — ad esempio nella questione circa l’Ordinazione delle donne, in merito alla quale il beato Papa Giovanni Paolo II ha dichiarato in maniera irrevocabile che la Chiesa, al riguardo, non ha avuto alcuna autorizzazione da parte del Signore. La disobbedienza è una via per rinnovare la Chiesa? Vogliamo credere agli autori di tale appello, quando affermano di essere mossi dalla sollecitudine per la Chiesa; di essere convinti che si debba affrontare la lentezza delle Istituzioni con mezzi drastici per aprire vie nuove — per riportare la Chiesa all’altezza dell’oggi. Ma la disobbedienza è veramente una via? Si può percepire in questo qualcosa della conformazione a Cristo, che è il presupposto di ogni vero rinnovamento, o non piuttosto soltanto la spinta disperata a fare qualcosa, a trasformare la Chiesa secondo i nostri desideri e le nostre idee? Ma non semplifichiamo troppo il problema. Cristo non ha forse corretto le tradizioni umane che minacciavano di soffocare la parola e la volontà di Dio? Sı̀, lo ha fatto, per risvegliare nuovamente l’obbedienza alla vera volontà di Dio, alla sua parola sempre valida. A Lui stava a cuore proprio la vera obbedienza, contro l’arbitrio dell’uomo. E non dimentichiamo: Egli era il Figlio, con l’autorità e la responsabilità singolari di svelare l’autentica volontà di Dio, per aprire cosı̀ la strada della parola di Dio verso il mondo dei gentili. E infine: Egli ha concretizzato il suo mandato con la propria obbedienza e umiltà fino alla Croce, rendendo cosı̀ credibile la sua missione. Non la mia, ma la tua volontà: questa è la parola che rivela il Figlio, la sua umiltà e insieme la sua divinità, e ci indica la strada. Lasciamoci interrogare ancora una volta: non è che con tali considerazioni viene, di fatto, difeso l’immobilismo, l’irrigidimento della tradizione? No. Chi guarda alla storia dell’epoca post-conciliare, può riconoscere la dinamica del vero rinnovamento, che ha spesso assunto forme inattese in movimenti pieni di vita e che rende quasi tangibili l’inesauribile vivacità della santa Chiesa, la presenza e l’azione efficace dello Spirito Santo. E se guardiamo alle persone, dalle quali sono scaturiti e scaturiscono questi fiumi freschi di vita, vediamo anche che per una nuova fecondità ci vogliono l’essere ricolmi della gioia della Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 332 fede, la radicalità dell’obbedienza, la dinamica della speranza e la forza dell’amore. Cari amici, resta chiaro che la conformazione a Cristo è il presupposto e la base di ogni rinnovamento. Ma forse la figura di Cristo ci appare a volte troppo elevata e troppo grande, per poter osare di prendere le misure da Lui. Il Signore lo sa. Per questo ha provveduto a « traduzioni » in ordini di grandezza più accessibili e più vicini a noi. Proprio per questa ragione, Paolo senza timidezza ha detto alle sue comunità: imitate me, ma io appartengo a Cristo. Egli era per i suoi fedeli una « traduzione » dello stile di vita di Cristo, che essi potevano vedere e alla quale potevano aderire. A partire da Paolo, lungo tutta la storia ci sono state continuamente tali « traduzioni » della via di Gesù in vive figure storiche. Noi sacerdoti possiamo pensare ad una grande schiera di sacerdoti santi, che ci precedono per indicarci la strada: a cominciare da Policarpo di Smirne ed Ignazio d’Antiochia attraverso i grandi Pastori quali Ambrogio, Agostino e Gregorio Magno, fino a Ignazio di Loyola, Carlo Borromeo, Giovanni Maria Vianney, fino ai preti martiri del Novecento e, infine, fino a Papa Giovanni Paolo II che, nell’azione e nella sofferenza ci è stato di esempio nella conformazione a Cristo, come « dono e mistero ». I Santi ci indicano come funziona il rinnovamento e come possiamo metterci al suo servizio. E ci lasciano anche capire che Dio non guarda ai grandi numeri e ai successi esteriori, ma riporta le sue vittorie nell’umile segno del granello di senape. Cari amici, vorrei brevemente toccare ancora due parole-chiave della rinnovazione delle promesse sacerdotali, che dovrebbero indurci a riflettere in quest’ora della Chiesa e della nostra vita personale. C’è innanzitutto il ricordo del fatto che siamo — come si esprime Paolo — « amministratori dei misteri di Dio » 2 e che ci spetta il ministero dell’insegnamento, il (munus docendi), che è una parte di tale amministrazione dei misteri di Dio, in cui Egli ci mostra il suo volto e il suo cuore, per donarci se stesso. Nell’incontro dei Cardinali in occasione del recente Concistoro, diversi Pastori, in base alla loro esperienza, hanno parlato di un analfabetismo religioso che si diffonde in mezzo alla nostra società cosı̀ intelligente. Gli elementi fondamentali della fede, che in passato ogni bambino conosceva, sono sempre meno noti. Ma per poter vivere ed amare la nostra fede, per poter amare Dio e quindi diventare capaci di ascoltarLo in modo giusto, dobbiamo sapere che cosa Dio ci ha detto; la 2 1 Cor 4, 1. Acta Benedicti Pp. XVI 333 nostra ragione ed il nostro cuore devono essere toccati dalla sua parola. L’Anno della Fede, il ricordo dell’apertura del Concilio Vaticano II 50 anni fa, deve essere per noi un’occasione di annunciare il messaggio della fede con nuovo zelo e con nuova gioia. Lo troviamo naturalmente in modo fondamentale e primario nella Sacra Scrittura, che non leggeremo e mediteremo mai abbastanza. Ma in questo facciamo tutti l’esperienza di aver bisogno di aiuto per trasmetterla rettamente nel presente, affinché tocchi veramente il nostro cuore. Questo aiuto lo troviamo in primo luogo nella parola della Chiesa docente: i testi del Concilio Vaticano II e il Catechismo della Chiesa Cattolica sono gli strumenti essenziali che ci indicano in modo autentico ciò che la Chiesa crede a partire dalla Parola di Dio. E naturalmente ne fa parte anche tutto il tesoro dei documenti che Papa Giovanni Paolo II ci ha donato e che è ancora lontano dall’essere sfruttato fino in fondo. Ogni nostro annuncio deve misurarsi sulla parola di Gesù Cristo: « La mia dottrina non è mia ».3 Non annunciamo teorie ed opinioni private, ma la fede della Chiesa della quale siamo servitori. Ma questo naturalmente non deve significare che io non sostenga questa dottrina con tutto me stesso e non stia saldamente ancorato ad essa. In questo contesto mi viene sempre in mente la parola di sant’Agostino: E che cosa è tanto mio quanto me stesso? Che cosa è cosı̀ poco mio quanto me stesso? Non appartengo a me stesso e divento me stesso proprio per il fatto che vado al di là di me stesso e mediante il superamento di me stesso riesco ad inserirmi in Cristo e nel suo Corpo che è la Chiesa. Se non annunciamo noi stessi e se interiormente siamo diventati tutt’uno con Colui che ci ha chiamati come suoi messaggeri cosı̀ che siamo plasmati dalla fede e la viviamo, allora la nostra predicazione sarà credibile. Non reclamizzo me stesso, ma dono me stesso. Il Curato d’Ars non era un dotto, un intellettuale, lo sappiamo. Ma con il suo annuncio ha toccato i cuori della gente, perché egli stesso era stato toccato nel cuore. L’ultima parola-chiave a cui vorrei ancora accennare si chiama zelo per le anime (animarum zelus). È un’espressione fuori moda che oggi quasi non viene più usata. In alcuni ambienti, la parola anima è considerata addirittura una parola proibita, perché — si dice — esprimerebbe un dualismo tra corpo e anima, dividendo a torto l’uomo. Certamente l’uomo è un’unità, destinata con corpo e anima all’eternità. Ma questo non può significare che non abbiamo più un’anima, un principio costitutivo che garantisce l’unità dell’uomo 3 Gv 7, 16. 334 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale nella sua vita e al di là della sua morte terrena. E come sacerdoti naturalmente ci preoccupiamo dell’uomo intero, proprio anche delle sue necessità fisiche — degli affamati, dei malati, dei senza-tetto. Tuttavia noi non ci preoccupiamo soltanto del corpo, ma proprio anche delle necessità dell’anima dell’uomo: delle persone che soffrono per la violazione del diritto o per un amore distrutto; delle persone che si trovano nel buio circa la verità; che soffrono per l’assenza di verità e di amore. Ci preoccupiamo della salvezza degli uomini in corpo e anima. E in quanto sacerdoti di Gesù Cristo, lo facciamo con zelo. Le persone non devono mai avere la sensazione che noi compiamo coscienziosamente il nostro orario di lavoro, ma prima e dopo apparteniamo solo a noi stessi. Un sacerdote non appartiene mai a se stesso. Le persone devono percepire il nostro zelo, mediante il quale diamo una testimonianza credibile per il Vangelo di Gesù Cristo. Preghiamo il Signore di colmarci con la gioia del suo messaggio, affinché con zelo gioioso possiamo servire la sua verità e il suo amore. Amen. VI Dum Eucharistia « in Cena Domini » celebratur.* Cari fratelli e sorelle! Il Giovedı̀ Santo non è solo il giorno dell’istituzione della Santissima Eucaristia, il cui splendore certamente s’irradia su tutto il resto e lo attira, per cosı̀ dire, dentro di sé. Fa parte del Giovedı̀ Santo anche la notte oscura del Monte degli Ulivi, verso la quale Gesù esce con i suoi discepoli; fa parte di esso la solitudine e l’essere abbandonato di Gesù, che pregando va incontro al buio della morte; fanno parte di esso il tradimento di Giuda e l’arresto di Gesù, come anche il rinnegamento di Pietro, l’accusa davanti al Sinedrio e la consegna ai pagani, a Pilato. Cerchiamo in quest’ora di capire più profondamente qualcosa di questi eventi, perché in essi si svolge il mistero della nostra Redenzione. Gesù esce nella notte. La notte significa mancanza di comunicazione, una situazione in cui non ci si vede l’un l’altro. È un simbolo della non-compren* Die 5 Aprilis 2012. Acta Benedicti Pp. XVI 335 sione, dell’oscuramento della verità. È lo spazio in cui il male, che davanti alla luce deve nascondersi, può svilupparsi. Gesù stesso è la luce e la verità, la comunicazione, la purezza e la bontà. Egli entra nella notte. La notte, in ultima analisi, è simbolo della morte, della perdita definitiva di comunione e di vita. Gesù entra nella notte per superarla e per inaugurare il nuovo giorno di Dio nella storia dell’umanità. Durante questo cammino, Egli ha cantato con i suoi Apostoli i Salmi della liberazione e della redenzione di Israele, che rievocavano la prima Pasqua in Egitto, la notte della liberazione. Ora Egli va, come è solito fare, per pregare da solo e per parlare come Figlio con il Padre. Ma, diversamente dal solito, vuole sapere di avere vicino a sé tre discepoli: Pietro, Giacomo e Giovanni. Sono i tre che avevano fatto esperienza della sua Trasfigurazione — il trasparire luminoso della gloria di Dio attraverso la sua figura umana — e che Lo avevano visto al centro tra la Legge e i Profeti, tra Mosè ed Elia. Avevano sentito come Egli parlava con entrambi del suo « esodo » a Gerusalemme. L’esodo di Gesù a Gerusalemme — quale parola misteriosa! L’esodo di Israele dall’Egitto era stato l’evento della fuga e della liberazione del popolo di Dio. Quale aspetto avrebbe avuto l’esodo di Gesù, in cui il senso di quel dramma storico avrebbe dovuto compiersi definitivamente? Ora i discepoli diventavano testimoni del primo tratto di tale esodo — dell’estrema umiliazione, che tuttavia era il passo essenziale dell’uscire verso la libertà e la vita nuova, a cui l’esodo mira. I discepoli, la cui vicinanza Gesù cercò in quell’ora di estremo travaglio come elemento di sostegno umano, si addormentarono presto. Sentirono tuttavia alcuni frammenti delle parole di preghiera di Gesù e osservarono il suo atteggiamento. Ambedue le cose si impressero profondamente nel loro animo ed essi le trasmisero ai cristiani per sempre. Gesù chiama Dio « Abbà ». Ciò significa — come essi aggiungono — « Padre ». Non è, però, la forma usuale per la parola « padre », bensı̀ una parola del linguaggio dei bambini — una parola affettuosa con cui non si osava rivolgersi a Dio. È il linguaggio di Colui che è veramente « bambino », Figlio del Padre, di Colui che si trova nella comunione con Dio, nella più profonda unità con Lui. Se ci domandiamo in che cosa consista l’elemento più caratteristico della figura di Gesù nei Vangeli, dobbiamo dire: è il suo rapporto con Dio. Egli sta sempre in comunione con Dio. L’essere con il Padre è il nucleo della sua personalità. Attraverso Cristo conosciamo Dio veramente. « Dio, nessuno lo ha mai visto », dice san Giovanni. Colui « che è nel seno del Padre ... lo ha Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 336 rivelato ».1 Ora conosciamo Dio cosı̀ come è veramente. Egli è Padre, e questo in una bontà assoluta alla quale possiamo affidarci. L’evangelista Marco, che ha conservato i ricordi di san Pietro, ci racconta che Gesù, all’appellativo « Abbà », ha ancora aggiunto: Tutto è possibile a te, tu puoi tutto.2 Colui che è la Bontà, è al contempo potere, è onnipotente. Il potere è bontà e la bontà è potere. Questa fiducia la possiamo imparare dalla preghiera di Gesù sul Monte degli Ulivi. Prima di riflettere sul contenuto della richiesta di Gesù, dobbiamo ancora rivolgere la nostra attenzione su ciò che gli Evangelisti ci riferiscono riguardo all’atteggiamento di Gesù durante la sua preghiera. Matteo e Marco ci dicono che Egli « cadde faccia a terra »,3 assunse quindi l’atteggiamento di totale sottomissione, quale è stato conservato nella liturgia romana del Venerdı̀ Santo. Luca, invece, ci dice che Gesù pregava in ginocchio. Negli Atti degli Apostoli, egli parla della preghiera in ginocchio da parte dei santi: Stefano durante la sua lapidazione, Pietro nel contesto della risurrezione di un morto, Paolo sulla via verso il martirio. Cosı̀ Luca ha tracciato una piccola storia della preghiera in ginocchio nella Chiesa nascente. I cristiani, con il loro inginocchiarsi, entrano nella preghiera di Gesù sul Monte degli Ulivi. Nella minaccia da parte del potere del male, essi, in quanto inginocchiati, sono dritti di fronte al mondo, ma, in quanto figli, sono in ginocchio davanti al Padre. Davanti alla gloria di Dio, noi cristiani ci inginocchiamo e riconosciamo la sua divinità, ma esprimiamo in questo gesto anche la nostra fiducia che Egli vinca. Gesù lotta con il Padre. Egli lotta con se stesso. E lotta per noi. Sperimenta l’angoscia di fronte al potere della morte. Questo è innanzitutto semplicemente lo sconvolgimento, proprio dell’uomo e anzi di ogni creatura vivente, davanti alla presenza della morte. In Gesù, tuttavia, si tratta di qualcosa di più. Egli allunga lo sguardo nelle notti del male. Vede la marea sporca di tutta la menzogna e di tutta l’infamia che gli viene incontro in quel calice che deve bere. È lo sconvolgimento del totalmente Puro e Santo di fronte all’intero profluvio del male di questo mondo, che si riversa su di Lui. Egli vede anche me e prega anche per me. Cosı̀ questo momento dell’angoscia mortale di Gesù è un elemento essenziale nel processo della Redenzione. La Lettera agli Ebrei, pertanto, ha qualificato la lotta di Gesù sul Monte degli 1 2 3 1, 18. Cfr 14, 36. Mt 26, 39; cfr Mc 14, 35. Acta Benedicti Pp. XVI 337 Ulivi come un evento sacerdotale. In questa preghiera di Gesù, pervasa da angoscia mortale, il Signore compie l’ufficio del sacerdote: prende su di sé il peccato dell’umanità, tutti noi, e ci porta presso il Padre. Infine, dobbiamo ancora prestare attenzione al contenuto della preghiera di Gesù sul Monte degli Ulivi. Gesù dice: « Padre! Tutto è possibile a te: allontana da me questo calice! Però non ciò che voglio io, ma ciò che vuoi tu ».4 La volontà naturale dell’Uomo Gesù indietreggia spaventata davanti ad una cosa cosı̀ immane. Chiede che ciò gli sia risparmiato. Tuttavia, in quanto Figlio, depone questa volontà umana nella volontà del Padre: non io, ma tu. Con ciò Egli ha trasformato l’atteggiamento di Adamo, il peccato primordiale dell’uomo, sanando in questo modo l’uomo. L’atteggiamento di Adamo era stato: Non ciò che hai voluto tu, Dio; io stesso voglio essere dio. Questa superbia è la vera essenza del peccato. Pensiamo di essere liberi e veramente noi stessi solo se seguiamo esclusivamente la nostra volontà. Dio appare come il contrario della nostra libertà. Dobbiamo liberarci da Lui — questo è il nostro pensiero — solo allora saremmo liberi. È questa la ribellione fondamentale che pervade la storia e la menzogna di fondo che snatura la nostra vita. Quando l’uomo si mette contro Dio, si mette contro la propria verità e pertanto non diventa libero, ma alienato da se stesso. Siamo liberi solo se siamo nella nostra verità, se siamo uniti a Dio. Allora diventiamo veramente « come Dio » — non opponendoci a Dio, non sbarazzandoci di Lui o negandoLo. Nella lotta della preghiera sul Monte degli Ulivi Gesù ha sciolto la falsa contraddizione tra obbedienza e libertà e aperto la via verso la libertà. Preghiamo il Signore di introdurci in questo « sı̀ » alla volontà di Dio, rendendoci cosı̀ veramente liberi. Amen. 4 Mc 14, 36. 338 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale ALLOCUTIONES I Iter apostolicum in Mexicum et Cubam. Colloquium Beatissimi Patris cum diurnariis dum iter aërium suscipit.* Padre Lombardi: Santità, grazie di essere in mezzo a noi, all’inizio di questo viaggio cosı̀ bello e importante. Come vede, la nostra assemblea viaggiante è numerosa: ci sono più di 70 giornalisti che La seguono con attenzione, e il gruppo più importante — a parte gli italiani — sono, naturalmente, i messicani, che sono un bel gruppo: ce ne sono almeno 14; i rappresentanti delle televisioni messicane che seguiranno e copriranno tutto il viaggio. C’è anche un bel gruppo degli Stati Uniti, un bel gruppo della Francia, di altri Paesi. Ecco, quindi siamo un po’ rappresentanti di tutto il mondo. Come al solito, abbiamo raccolto, nei giorni scorsi, diverse domande da parte dei giornalisti e ne abbiamo scelte cinque, che sono espressione, un po’, dell’attesa generale. E questa volta, dato che abbiamo più spazio e un po’ più di tempo, non le pongo io, ma le pongono i giornalisti stessi che le hanno formulate o comunque che ci siamo distribuite tra noi per farle. Allora, cominciamo con una domanda che Le viene posta dalla signora Maria Collins per la televisione « Univision », che è una delle televisioni che segue questo viaggio; è una signora messicana che ci farà la domanda in spagnolo e poi io la ripeterò in italiano per tutti. 1ª Domanda: Santo Padre, il Messico e Cuba sono stati terre in cui i viaggi del suo Predecessore hanno fatto storia. Con quale animo e con quali speranze Lei si mette oggi sulle sue tracce? Santo Padre: Cari amici, anzitutto vorrei dire: benvenuti e grazie per il vostro accompagnamento in questo viaggio, che speriamo sia benedetto dal Signore. Io, in questo viaggio, mi sento totalmente nella continuità con Papa Giovanni Paolo II. Mi ricordo benissimo del suo primo viaggio in Messico, che è stato realmente storico. In una situazione giuridica ancora molto confusa, ha aperto le porte, ha incominciato una nuova fase della collaborazione tra Chiesa, società e Stato. E mi ricordo bene anche del suo viaggio storico in * Die 23 Martii 2012. Acta Benedicti Pp. XVI 339 Cuba. Quindi, cerco di andare nelle sue tracce e continuare quanto lui ha cominciato. Per me c’era, fin dall’inizio, un desiderio di visitare il Messico. Da cardinale sono stato in Messico, con ottimi ricordi, e ogni mercoledı̀ sento l’applauso, la gioia dei messicani. Essere adesso da Papa, qui, per me è una grande gioia e risponde ad un desiderio che ho avuto da tanto tempo. Per dire quali sentimenti mi toccano, mi vengono in mente le parole del Vaticano II « gaudium et spes, luctus et angor », gioia e speranza, ma anche lutto e angoscia. Condivido le gioie e le speranze, ma condivido anche il lutto e le difficoltà di questo grande Paese. Vado per incoraggiare e per imparare, per confortare nella fede, nella speranza e nella carità, e per confortare nell’impegno per il bene e nell’impegno per la lotta contro il male. Speriamo che il Signore ci aiuti! P. Lombardi: Grazie, Santità. E ora diamo la parola al dott. Javier Alatorre Soria, che rappresenta Tele Azteca, una delle grandi televisioni messicane che ci seguiranno in questi giorni: 2ª Domanda: Santità, il Messico è un Paese con risorse e possibilità meravigliose, ma in questi anni sappiamo che è anche terra di violenza per il problema del narcotraffico. Si parla di 50.000 morti negli ultimi cinque anni. Come affronta la Chiesa cattolica questa situazione? Lei avrà parole per i responsabili, e per i trafficanti che a volte si professano cattolici o addirittura benefattori della Chiesa? Santo Padre: Noi conosciamo bene tutte le bellezze del Messico, ma anche questo grande problema del narcotraffico e della violenza. È certamente una grande responsabilità per la Chiesa cattolica in un Paese con l’80 per cento di cattolici. Dobbiamo fare il possibile contro questo male distruttivo dell’umanità e della nostra gioventù. Direi che il primo atto è annunciare Dio: Dio è il giudice, Dio che ci ama, ma ci ama per attirarci al bene, alla verità contro il male. Quindi, è grande responsabilità della Chiesa educare le coscienze, educare alla responsabilità morale e smascherare il male, smascherare questa idolatria del denaro, che schiavizza gli uomini solo per questa cosa; smascherare anche le false promesse, la menzogna, la truffa, che sta dietro la droga. Dobbiamo vedere che l’uomo ha bisogno dell’infinito. Se Dio non c’è, l’infinito si crea i suoi propri paradisi, un’apparenza di « infinitudini » che può essere solo una menzogna. Perciò è tanto importante che Dio sia presente, accessibile; è una grande responsabilità davanti al Dio giudice che ci guida, ci 340 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale attira alla verità e al bene, e in questo senso la Chiesa deve smascherare il male, rendere presente la bontà di Dio, rendere presente la sua verità, il vero infinito del quale abbiamo sete. È il grande dovere della Chiesa. Facciamo tutti insieme il possibile, sempre più. P. Lombardi: Santità, la terza domanda Le viene posta da Valentina Alazraki per Televisa, una delle veterane dei nostri viaggi che Lei ben conosce e che è cosı̀ lieta che finalmente Lei possa andare anche nel suo Paese: 3ª Domanda: Santità, noi Le diamo veramente il benvenuto in Messico: siamo tutti contenti che Lei vada in Messico. La domanda è la seguente: Santo Padre, dal Messico Lei ha detto di volersi rivolgere all’intera America Latina nel bicentenario dell’indipendenza. L’America Latina, nonostante lo sviluppo, continua ad essere una regione di contrasti sociali, dove si trovano i più ricchi accanto ai più poveri. A volte sembra che la Chiesa cattolica non sia sufficientemente incoraggiata ad impegnarsi in questo campo. Si può continuare a parlare di « teologia della liberazione » in un modo positivo, dopo che certi eccessi — sul marxismo o la violenza — sono stati corretti? Santo Padre: Naturalmente la Chiesa deve sempre chiedere se si fa a sufficienza per la giustizia sociale in questo grande Continente. Questa è una questione di coscienza che dobbiamo sempre porci. Chiedere: che cosa può e deve fare la Chiesa, che cosa non può e non deve fare. La Chiesa non è un potere politico, non è un partito, ma è una realtà morale, un potere morale. In quanto la politica fondamentalmente dev’essere una realtà morale, la Chiesa, su questo binario, ha fondamentalmente a che fare con la politica. Ripeto quanto avevo già detto: il primo pensiero della Chiesa è educare le coscienze e cosı̀ creare la responsabilità necessaria; educare le coscienze sia nell’etica individuale, sia nell’etica pubblica. E qui forse c’è una mancanza. Si vede, in America Latina ma anche altrove, presso non pochi cattolici, una certa schizofrenia tra morale individuale e pubblica: personalmente, nella sfera individuale, sono cattolici, credenti, ma nella vita pubblica seguono altre strade che non corrispondono ai grandi valori del Vangelo, che sono necessari per la fondazione di una società giusta. Quindi, bisogna educare a superare questa schizofrenia, educare non solo ad una morale individuale, ma ad una morale pubblica, e questo cerchiamo di farlo con la Dottrina Sociale della Chiesa, perché, naturalmente, questa morale pubblica dev’essere una morale ragionevole, condivisa e condivisibile anche da non credenti, una Acta Benedicti Pp. XVI 341 morale della ragione. Certo, noi nella luce della fede possiamo meglio vedere tante cose che anche la ragione può vedere, ma proprio la fede serve anche per liberare la ragione dagli interessi falsi e dagli oscuramenti degli interessi, e cosı̀ creare nella dottrina sociale, i modelli sostanziali per una collaborazione politica, soprattutto per il superamento di questa divisione sociale, antisociale, che purtroppo esiste. Vogliamo lavorare in questo senso. Non so se la parola « teologia della liberazione », che si può anche interpretare molto bene, ci aiuterebbe molto. Importante è la comune razionalità alla quale la Chiesa offre un contributo fondamentale e deve sempre aiutare nell’educazione delle coscienze, sia per la vita pubblica, sia per la vita privata. P. Lombardi: Grazie Santità. E ora una quarta domanda. Questa la fa una delle nostre « decane » di questi viaggi, ma sempre giovane, Paloma Gómez Borrero, che rappresenta anche la Spagna in questo viaggio, che naturalmente ha una grande interesse anche per gli spagnoli. 4ª Domanda: Santità, guardiamo a Cuba. Tutti ricordiamo le famose parole di Giovanni Paolo II: « Che Cuba si apra al mondo e che il mondo si apra a Cuba ». Sono passati 14 anni, ma sembra che queste parole siano ancora attuali. Come Lei sa, durante l’attesa del suo viaggio, molte voci di oppositori e di sostenitori dei diritti umani si sono fatte sentire. Santità, Lei pensa di riprendere il messaggio di Giovanni Paolo II, pensando sia alla situazione interna di Cuba, sia a quella internazionale? Santo Padre: Come ho già detto, mi sento in assoluta continuità con le parole del Santo Padre Giovanni Paolo II, che sono ancora attualissime. Questa visita del Papa ha inaugurato una strada di collaborazione e di dialogo costruttivo; una strada che è lunga e che esige pazienza, ma va avanti. Oggi è evidente che l’ideologia marxista com’era concepita, non risponde più alla realtà: cosı̀ non si può più rispondere e costruire un società; devono essere trovati nuovi modelli, con pazienza e in modo costruttivo. In questo processo, che esige pazienza ma anche decisione, vogliamo aiutare in spirito di dialogo, per evitare traumi e per aiutare il cammino verso una società fraterna e giusta come la desideriamo per tutto il mondo e vogliamo collaborare in questo senso. È ovvio che la Chiesa stia sempre dalla parte della libertà: libertà della coscienza, libertà della religione. In tale senso contribuiamo, contribuiscono proprio anche semplici fedeli in questo cammino in avanti. 342 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale P. Lombardi: Grazie Santità, come può immaginare, ci sarà grande attenzione per i suoi discorsi a Cuba da parte di tutti noi. Ed ora per la quinta domanda diamo la parola ad un francese, perché appunto ci sono anche gli altri popoli qui che sono presenti. Jean-Louis de La Vaissière è il corrispondente della France Press a Roma, e ci ha proposto diverse domande interessanti per questo Viaggio e quindi era giusto che lui interpretasse anche le nostre domande e le nostre attese. 5ª Domanda: Santità, dopo la Conferenza di Aparecida si parla di « missione continentale » della Chiesa in America Latina; fra pochi mesi vi sarà il Sinodo sulla nuova evangelizzazione e inizierà l’Anno della fede. Anche in America Latina vi sono le sfide della secolarizzazione, delle sette. In Cuba vi sono le conseguenze di una lunga propaganda dell’ateismo, la religiosità afrocubana è molto diffusa. Pensa che questo viaggio sia un incoraggiamento per la « nuova evangelizzazione » e quali sono i punti che Le stanno più a cuore in questa prospettiva? Santo Padre: Il periodo della nuova evangelizzazione è cominciato con il Concilio; questa era fondamentalmente l’intenzione di Papa Giovanni XXIII; è stata molto sottolineata da Papa Giovanni Paolo II e la sua necessità, in un mondo che è in grande cambiamento, diventa sempre più evidente. Necessità nel senso che il Vangelo deve esprimersi in modi nuovi; necessità anche nell’altro senso, che il mondo ha bisogno di una parola nella confusione, nella difficoltà di orientarsi oggi. C’è una situazione comune del mondo, c’è la secolarizzazione, l’assenza di Dio, la difficoltà di trovare accesso, di vederlo come una realtà che concerne la mia vita. E dall’altra parte ci sono i contesti specifici; lei ha accennato a quelli di Cuba con il sincretismo afro-cubano, con tante altre difficoltà, ma ogni Paese ha la sua situazione culturale specifica. E da una parte dobbiamo partire dal problema comune: come oggi, in questo contesto della nostra moderna razionalità, possiamo di nuovo riscoprire Dio come l’orientamento fondamentale della nostra vita, la speranza fondamentale della nostra vita, il fondamento dei valori che realmente costruiscono una società, e come possiamo tener conto della specificità delle situazioni diverse. Il primo mi sembra molto importante: annunciare un Dio che risponde alla nostra ragione, perchè vediamo la razionalità del cosmo, vediamo che c’è qualcosa dietro, ma non vediamo come sia vicino questo Dio, come concerne me e questa sintesi del Dio grande e maestoso e del Dio piccolo che è vicino a me, mi orienta, mi mostra i valori Acta Benedicti Pp. XVI 343 della mia vita è il nucleo dell’evangelizzazione. Quindi un Cristianesimo essenzializzato, dove si trova realmente il nucleo fondamentale per vivere oggi con tutti i problemi del nostro tempo. E dall’altra parte, tenere conto della realtà concreta. In America Latina, in genere, è molto importante che il Cristianesimo non sia mai tanto una cosa della ragione, ma del cuore. La Madonna di Guadalupe è riconosciuta ed amata da tutti, perché capiscono che è una Madre per tutti ed è presente dall’inizio in questa nuova America Latina, dopo l’arrivo degli Europei. E pure in Cuba abbiamo la Madonna del Cobre, che tocca i cuori e tutti sanno intuitivamente che è vero, che questa Madonna ci aiuta, che esiste, ci ama e ci aiuta. Ma questa intuizione del cuore deve collegarsi con la razionalità della fede e con la profondità della fede che va oltre la ragione. Dobbiamo cercare di non perdere il cuore, ma di collegare cuore e ragione, cosı̀ che cooperino, perché solo cosı̀ l’uomo è completo e può realmente aiutare e lavorare per un futuro migliore. II Iter apostolicum in Mexicum et Cubam. In salutatione adventus apud internationalem aëroportum « Antonio Maceo » Sancti Iacobi in Cuba.* Señor Presidente, Señores Cardenales y Hermanos en el Episcopado, Excelentı́simas Autoridades, Miembros del Cuerpo Diplomático, Señores y Señoras, Queridos amigos cubanos: Le agradezco, Señor Presidente, su acogida y sus corteses palabras de bienvenida, con las que ha querido transmitir también los sentimientos de respeto de parte del gobierno y el pueblo cubano hacia el Sucesor de Pedro. Saludo a las Autoridades que nos acompañan, ası́ como a los miembros del Cuerpo Diplomático aquı́ presentes. Dirijo un caluroso saludo al Señor Arzobispo de Santiago de Cuba y Presidente de la Conferencia Episcopal, Monseñor Dionisio Guillermo Garcı́a Ibáñez, al Señor Arzobispo de La Habana, Cardenal Jaime Ortega y Alamino, y a los demás hermanos Obispos de Cuba, * Die 26 Martii 2012. 344 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale a los que manifiesto toda mi cercanı́a espiritual. Saludo en fin con todo el afecto de mi corazón a los fieles de la Iglesia católica en Cuba, a los queridos habitantes de esta hermosa isla y a todos los cubanos, allá donde se encuentren. Los tengo siempre muy presentes en mi corazón y en mi oración, y más aún en los dı́as en que se acercaba el momento tan deseado de visitarles, y que gracias a la bondad divina he podido realizar. Al hallarme entre ustedes, no puedo dejar de recordar la histórica visita a Cuba de mi Predecesor, el Beato Juan Pablo II, que ha dejado una huella imborrable en el alma de los cubanos. Para muchos, creyentes o no, su ejemplo y sus enseñanzas constituyen una guı́a luminosa que les orienta tanto en la vida personal como en la actuación pública al servicio del bien común de la Nación. En efecto, su paso por la isla fue como una suave brisa de aire fresco que dio nuevo vigor a la Iglesia en Cuba, despertando en muchos una renovada conciencia de la importancia de la fe, alentando a abrir los corazones a Cristo, al mismo tiempo que alumbró la esperanza e impulsó el deseo de trabajar audazmente por un futuro mejor. Uno de los frutos importantes de aquella visita fue la inauguración de una nueva etapa en las relaciones entre la Iglesia y el Estado cubano, con un espı́ritu de mayor colaboración y confianza, si bien todavı́a quedan muchos aspectos en los que se puede y debe avanzar, especialmente por cuanto se refiere a la aportación imprescindible que la religión está llamada a desempeñar en el ámbito público de la sociedad. Me complace vivamente unirme a vuestra alegrı́a con motivo de la celebración del cuatrocientos aniversario del hallazgo de la bendita imagen de la Virgen de la Caridad del Cobre. Su entrañable figura ha estado desde el principio muy presente tanto en la vida personal de los cubanos como en los grandes acontecimientos del Paı́s, de modo muy particular durante su independencia, siendo venerada por todos como verdadera madre del pueblo cubano. La devoción a « la Virgen Mambisa » ha sostenido la fe y ha alentado la defensa y promoción de cuanto dignifica la condición humana y sus derechos fundamentales; y continúa haciéndolo aún hoy con más fuerza, dando ası́ testimonio visible de la fecundidad de la predicación del evangelio en estas tierras, y de las profundas raı́ces cristianas que conforman la identidad más honda del alma cubana. Siguiendo la estela de tantos peregrinos a lo largo de estos siglos, también yo deseo ir a El Cobre a postrarme a los pies de la Madre de Dios, para agradecerle sus desvelos por todos sus hijos cubanos y pedirle su intercesión para que guı́e los destinos de esta amada Nación por los caminos de la justicia, la paz, la libertad y la reconciliación. Acta Benedicti Pp. XVI 345 Vengo a Cuba como peregrino de la caridad, para confirmar a mis hermanos en la fe y alentarles en la esperanza, que nace de la presencia del amor de Dios en nuestras vidas. Llevo en mi corazón las justas aspiraciones y legı́timos deseos de todos los cubanos, dondequiera que se encuentren, sus sufrimientos y alegrı́as, sus preocupaciones y anhelos más nobles, y de modo especial de los jóvenes y los ancianos, de los adolescentes y los niños, de los enfermos y los trabajadores, de los presos y sus familiares, ası́ como de los pobres y necesitados. Muchas partes del mundo viven hoy un momento de especial dificultad económica, que no pocos concuerdan en situar en una profunda crisis de tipo espiritual y moral, que ha dejado al hombre vacı́o de valores y desprotegido frente a la ambición y el egoı́smo de ciertos poderes que no tienen en cuenta el bien auténtico de las personas y las familias. No se puede seguir por más tiempo en la misma dirección cultural y moral que ha causado la dolorosa situación que tantos experimentan. En cambio, el progreso verdadero tiene necesidad de una ética que coloque en el centro a la persona humana y tenga en cuenta sus exigencias más auténticas, de modo especial su dimensión espiritual y religiosa. Por eso, en el corazón y el pensamiento de muchos, se abre paso cada vez más la certeza de que la regeneración de las sociedades y del mundo requiere hombres rectos, de firmes convicciones morales y altos valores de fondo que no sean manipulables por estrechos intereses, y que respondan a la naturaleza inmutable y trascendente del ser humano. Queridos amigos, estoy convencido de que Cuba, en este momento especialmente importante de su historia, está mirando ya al mañana, y para ello se esfuerza por renovar y ensanchar sus horizontes, a lo que cooperará ese inmenso patrimonio de valores espirituales y morales que han ido conformando su identidad más genuina, y que se encuentran esculpidos en la obra y la vida de muchos insignes padres de la patria, como el Beato José Olallo y Valdés, el Siervo de Dios Félix Varela o el prócer José Martı́. La Iglesia, por su parte, ha sabido contribuir diligentemente al cultivo de esos valores mediante su generosa y abnegada misión pastoral, y renueva sus propósitos de seguir trabajando sin descanso por servir mejor a todos los cubanos. Ruego al Señor que bendiga copiosamente a esta tierra y a sus hijos, en particular a los que se sienten desfavorecidos, a los marginados y a cuantos sufren en el cuerpo o en el espı́ritu, al mismo tiempo que, por intercesión de Nuestra Señora de la Caridad del Cobre, conceda a todos un futuro lleno de esperanza, solidaridad y concordia. Muchas gracias. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 346 III Iter apostolicum in Mexicum et Cubam. Postquam Summus Pontifex salutatus est apud internationalem aëroportum « José Martı́ » in urbe S. Christophori de Habana.* Señor Presidente, Señores Cardenales y queridos Hermanos en el Episcopado, Excelentı́simas Autoridades, Señoras y Señores, Amigos todos, Doy gracias a Dios, que me ha permitido visitar esta hermosa Isla, que tan profunda huella dejó en el corazón de mi amado Predecesor, el Beato Juan Pablo II, cuando estuvo en estas tierras como mensajero de la verdad y la esperanza. También yo he deseado ardientemente venir entre ustedes como peregrino de la caridad, para agradecer a la Virgen Marı́a la presencia de su venerada imagen en el Santuario del Cobre, desde donde acompaña el camino de la Iglesia en esta Nación e infunde ánimo a todos los cubanos para que, de la mano de Cristo, descubran el genuino sentido de los afanes y anhelos que anidan en el corazón humano y alcancen la fuerza necesaria para construir una sociedad solidaria, en la que nadie se sienta excluido. « Cristo, resucitado de entre los muertos, brilla en el mundo, y lo hace de la forma más clara, precisamente allı́ donde según el juicio humano todo parece sombrı́o y sin esperanza. Él ha vencido a la muerte —Él vive— y la fe en Él penetra como una pequeña luz todo lo que es oscuridad y amenaza ».1 Agradezco al Señor Presidente y a las demás Autoridades del Paı́s el interés y la generosa colaboración dispensada para el buen desarrollo de este viaje. Vaya también mi viva gratitud a los miembros de la Conferencia de Obispos Católicos de Cuba, que no han escatimado esfuerzos ni sacrificios para este mismo fin, y a cuantos han contribuido a él de diversas maneras, en particular con la plegaria. Me llevo en lo más profundo de mi ser a todos y cada uno de los cubanos, que me han rodeado con su oración y afecto, brindándome una cordial hospitalidad y haciéndome partı́cipe de sus más hondas y justas aspiraciones. * Die 28 Martii 2012. 1 Vigilia de oración con los jóvenes. Feria de Friburgo de Brisgovia, 24 septiembre 2011. Acta Benedicti Pp. XVI 347 Vine aquı́ como testigo de Jesucristo, convencido de que, donde él llega, el desaliento deja paso a la esperanza, la bondad despeja incertidumbres y una fuerza vigorosa abre el horizonte a inusitadas y beneficiosas perspectivas. En su nombre, y como Sucesor del apóstol Pedro, he querido recordar su mensaje de salvación, que fortalezca el entusiasmo y solicitud de los Obispos cubanos, ası́ como de sus presbı́teros, de los religiosos y de quienes se preparan con ilusión al ministerio sacerdotal y la vida consagrada. Que sirva también de nuevo impulso a cuantos cooperan con constancia y abnegación en la tarea de la evangelización, especialmente a los fieles laicos, para que, intensificando su entrega a Dios en medio de sus hogares y trabajos, no se cansen de ofrecer responsablemente su aportación al bien y al progreso integral de la patria. El camino que Cristo propone a la humanidad, y a cada persona y pueblo en particular, en nada la coarta, antes bien es el factor primero y principal para su auténtico desarrollo. Que la luz del Señor, que ha brillado con fulgor en estos dı́as, no se apague en quienes la han acogido y ayude a todos a estrechar la concordia y a hacer fructificar lo mejor del alma cubana, sus valores más nobles, sobre los que es posible cimentar una sociedad de amplios horizontes, renovada y reconciliada. Que nadie se vea impedido de sumarse a esta apasionante tarea por la limitación de sus libertades fundamentales, ni eximido de ella por desidia o carencia de recursos materiales. Situación que se ve agravada cuando medidas económicas restrictivas impuestas desde fuera del Paı́s pesan negativamente sobre la población. Concluyo aquı́ mi peregrinación, pero continuaré rezando fervientemente para que ustedes sigan adelante y Cuba sea la casa de todos y para todos los cubanos, donde convivan la justicia y la libertad, en un clima de serena fraternidad. El respeto y cultivo de la libertad que late en el corazón de todo hombre es imprescindible para responder adecuadamente a las exigencias fundamentales de su dignidad, y construir ası́ una sociedad en la que cada uno se sienta protagonista indispensable del futuro de su vida, su familia y su patria. La hora presente reclama de forma apremiante que en la convivencia humana, nacional e internacional, se destierren posiciones inamovibles y los puntos de vista unilaterales que tienden a hacer más arduo el entendimiento e ineficaz el esfuerzo de colaboración. Las eventuales discrepancias y dificultades se han de solucionar buscando incansablemente lo que une a todos, con diálogo paciente y sincero, comprensión recı́proca y una leal voluntad de escucha que acepte metas portadoras de nuevas esperanzas. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 348 Cuba, reaviva en ti la fe de tus mayores, saca de ella la fuerza para edificar un porvenir mejor, confı́a en las promesas del Señor, abre tu corazón a su evangelio para renovar auténticamente la vida personal y social. A la vez que les digo mi emocionado adiós, pido a Nuestra Señora de la Caridad del Cobre que proteja con su manto a todos los cubanos, los sostenga en medio de las pruebas y les obtenga del Omnipotente la gracia que más anhelan. ¡Hasta siempre, Cuba, tierra embellecida por la presencia materna de Marı́a! Que Dios bendiga tus destinos. Muchas gracias. IV Ad Hispanos iuvenes Mundialis Diei Iuventutis anno 2011 Matriti participes.* Señor Cardenal Arzobispo de Madrid, Venerados hermanos en el Episcopado y en el Sacerdocio, Queridos jóvenes, Amigos todos, Agradezco las amables palabras que me ha dirigido el Señor Cardenal Antonio Marı́a Rouco Varela, haciéndose intérprete de los sentimientos de todos los aquı́ presentes, y lo saludo con afecto entrañable, ası́ como a los Señores Obispos de la Provincia eclesiástica de Madrid y al Señor Obispo de San Sebastián y responsable del departamento de pastoral de juventud en la Conferencia Episcopal Española. Me complace dar la bienvenida, junto a la sede de Pedro, a quienes formáis parte de esta peregrinación, que habéis organizado con ilusión para agradecer al Papa su viaje a España con motivo de la Jornada Mundial de la Juventud, celebrada el pasado mes de agosto. Saludo cordialmente a las autoridades, organizadores, patrocinadores y voluntarios, pero, de modo muy especial, a los jóvenes, que son los protagonistas y principales destinatarios de esta iniciativa pastoral impulsada vigorosamente por mi amado predecesor, el beato Juan Pablo II, del que hoy recordamos su tránsito al cielo. * Die 2 Aprilis 2012. Acta Benedicti Pp. XVI 349 Tengo muy presentes también a todos los obispos de España y a los delegados episcopales de juventud, que tanto colaboraron en las diócesis para el feliz desarrollo de ese significativo evento eclesial. Y no puedo dejar de mencionar a los miembros de la Vida Consagrada y a tantas otras personas e instituciones que ofrecieron su valiosa y generosa aportación a la culminación de este mismo fin. Siempre que traigo a mi memoria la vigésimo sexta Jornada Mundial de la Juventud vivida en Madrid, mi corazón se llena de gratitud a Dios por la experiencia de gracia de aquellos dı́as inolvidables. Desde mi llegada, se sucedieron y multiplicaron las muestras de acogida y hospitalidad, junto a la fe y la alegrı́a de los jóvenes, que se convirtieron en signos elocuentes de Cristo resucitado. Queridos amigos, aquel espléndido encuentro sólo puede entenderse a la luz de la presencia del Espı́ritu Santo en la Iglesia. Él no deja de infundir aliento en los corazones, y continuamente nos saca a la plaza pública de la historia, como en Pentecostés, para dar testimonio de las maravillas de Dios. Vosotros estáis llamados a cooperar en esta apasionante tarea y merece la pena entregarse a ella sin reservas. Cristo os necesita a su lado para extender y edificar su Reino de caridad. Esto será posible si lo tenéis como el mejor de los amigos y lo confesáis llevando una vida según el evangelio, con valentı́a y fidelidad. Alguno podrı́a suponer que esto no tiene nada que ver con él o que es una empresa que supera sus capacidades y talentos. Pero no es ası́. En esta aventura nadie sobra. Por ello, no dejéis de preguntaros a qué os llama el Señor y cómo le podéis ayudar. Todos tenéis una vocación personal que él ha querido proponeros para vuestra dicha y santidad. Cuando uno se ve conquistado por el fuego de su mirada, ningún sacrificio parece ya grande para seguirlo y darle lo mejor de sı́ mismo. Ası́ hicieron siempre los santos extendiendo la luz del Señor y la potencia de su amor, transformando el mundo hasta convertirlo en un hogar acogedor para todos, donde Dios es glorificado y sus hijos bendecidos. Queridos jóvenes, como aquellos apóstoles de la primera hora, sed también vosotros misioneros de Cristo entre vuestros familiares, amigos y conocidos, en vuestros ambientes de estudio o trabajo, entre los pobres y enfermos. Hablad de su amor y bondad con sencillez, sin complejos ni temores. El mismo Cristo os dará fortaleza para ello. Por vuestra parte, escuchadlo y tened un trato frecuente y sincero con él. Contadle con confianza vuestros 350 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale anhelos y aspiraciones, también vuestras penas y las de las personas que veáis carentes de consuelo y esperanza. Evocando aquellos espléndidos dı́as, deseo exhortaros asimismo a que no ahorréis esfuerzo alguno para que los que os rodean lo descubran personalmente y se encuentren con él, que está vivo, y con su Iglesia. Ayer, con la solemnidad del domingo de Ramos, hemos iniciado la Semana Santa, en la que seguimos los pasos de Cristo hasta la celebración de su misterio pascual. Lo aclamamos como Mesı́as e Hijo de David, agitando, como los niños y jóvenes de Jerusalén, las palmas de la salvación y del júbilo. Al mismo tiempo, contemplamos su dolorosa pasión y su humillación hasta la muerte. Os invito, durante estos dı́as santos, a uniros plenamente a nuestro Redentor, recordando aquel solemne Vı́a Crucis de la Jornada Mundial de la Juventud. En él oramos conmovidos ante la belleza de aquellas imágenes sagradas, que expresaban con hondura los misterios de nuestra fe. Os animo a cargar también vosotros con vuestra cruz, y la cruz del dolor y de los pecados del mundo, para que entendáis mejor el amor de Cristo por la humanidad. Ası́ os sentiréis llamados a proclamar que Dios ama al hombre y le envió a su Hijo, no para condenarlo, sino para que alcance una vida plena y con sentido. Queridos amigos, estoy seguro de que ya estáis pensando en ir a Rı́o de Janeiro, donde muchos jóvenes del mundo entero volverán a congregarse, en lo que sin duda será un hito más del camino de la Iglesia, siempre joven, que quiere ensanchar el horizonte de las nuevas generaciones con el tesoro del evangelio, pujanza de vida para el mundo. Como ahora avanzamos con los ojos fijos en la inminente aurora de la Pascua, que la celebración de la Jornada Mundial de la Juventud en Brasil sea una nueva y gozosa experiencia de Cristo resucitado, que conduce a toda la humanidad hacia la claridad de la vida que procede de Dios. Que Marı́a Santı́sima, que permaneció silenciosa al pie de la cruz de su Hijo y esperó paciente el cumplimiento de sus promesas, sea siempre para vosotros Madre de misericordia, vida, dulzura y esperanza vuestra. Gracias, muchas gracias por vuestra presencia festiva y jovial, queridos jóvenes. Os bendigo de todo corazón. Acta Benedicti Pp. XVI 351 NUNTII I Occasione XXVII Diei Mundialis Iuventutis anno 2012. « Siate sempre lieti nel Signore! » (Fil 4, 4). Cari giovani, sono lieto di rivolgermi nuovamente a voi, in occasione della XXVII Giornata Mondiale della Gioventù. Il ricordo dell’incontro di Madrid, lo scorso agosto, resta ben presente nel mio cuore. È stato uno straordinario momento di grazia, nel corso del quale il Signore ha benedetto i giovani presenti, venuti dal mondo intero. Rendo grazie a Dio per i tanti frutti che ha fatto nascere in quelle giornate e che in futuro non mancheranno di moltiplicarsi per i giovani e per le comunità a cui appartengono. Adesso siamo già orientati verso il prossimo appuntamento a Rio de Janeiro nel 2013, che avrà come tema « Andate e fate discepoli tutti i popoli! ».1 Quest’anno, il tema della Giornata Mondiale della Gioventù ci è dato da un’esortazione della Lettera di san Paolo apostolo ai Filippesi: « Siate sempre lieti nel Signore! ».2 La gioia, in effetti, è un elemento centrale dell’esperienza cristiana. Anche durante ogni Giornata Mondiale della Gioventù facciamo esperienza di una gioia intensa, la gioia della comunione, la gioia di essere cristiani, la gioia della fede. È una delle caratteristiche di questi incontri. E vediamo la grande forza attrattiva che essa ha: in un mondo spesso segnato da tristezza e inquietudini, è una testimonianza importante della bellezza e dell’affidabilità della fede cristiana. La Chiesa ha la vocazione di portare al mondo la gioia, una gioia autentica e duratura, quella che gli angeli hanno annunciato ai pastori di Betlemme nella notte della nascita di Gesù.3 Dio non ha solo parlato, non ha solo compiuto segni prodigiosi nella storia dell’umanità, Dio si è fatto cosı̀ vicino da farsi uno di noi e percorrere le tappe dell’intera vita dell’uomo. Nel difficile contesto attuale, tanti giovani intorno a voi hanno un immenso bisogno di 1 2 3 Cfr Mt 28, 19. 4, 4. Cfr Lc 2, 10. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 352 sentire che il messaggio cristiano è un messaggio di gioia e di speranza! Vorrei riflettere con voi allora su questa gioia, sulle strade per trovarla, affinché possiate viverla sempre più in profondità ed esserne messaggeri tra coloro che vi circondano. 1. II nostro cuore è fatto per la gioia L’aspirazione alla gioia è impressa nell’intimo dell’essere umano. Al di là delle soddisfazioni immediate e passeggere, il nostro cuore cerca la gioia profonda, piena e duratura, che possa dare « sapore » all’esistenza. E ciò vale soprattutto per voi, perché la giovinezza è un periodo di continua scoperta della vita, del mondo, degli altri e di se stessi. È un tempo di apertura verso il futuro, in cui si manifestano i grandi desideri di felicità, di amicizia, di condivisione e di verità, in cui si è mossi da ideali e si concepiscono progetti. E ogni giorno sono tante le gioie semplici che il Signore ci offre: la gioia di vivere, la gioia di fronte alla bellezza della natura, la gioia di un lavoro ben fatto, la gioia del servizio, la gioia dell’amore sincero e puro. E se guardiamo con attenzione, esistono tanti altri motivi di gioia: i bei momenti della vita familiare, l’amicizia condivisa, la scoperta delle proprie capacità personali e il raggiungimento di buoni risultati, l’apprezzamento da parte degli altri, la possibilità di esprimersi e di sentirsi capiti, la sensazione di essere utili al prossimo. E poi l’acquisizione di nuove conoscenze mediante gli studi, la scoperta di nuove dimensioni attraverso viaggi e incontri, la possibilità di fare progetti per il futuro. Ma anche l’esperienza di leggere un’opera letteraria, di ammirare un capolavoro dell’arte, di ascoltare e suonare musica o di vedere un film possono produrre in noi delle vere e proprie gioie. Ogni giorno, però, ci scontriamo anche con tante difficoltà e nel cuore vi sono preoccupazioni per il futuro, al punto che ci possiamo chiedere se la gioia piena e duratura alla quale aspiriamo non sia forse un’illusione e una fuga dalla realtà. Sono molti i giovani che si interrogano: è veramente possibile la gioia piena al giorno d’oggi? E questa ricerca percorre varie strade, alcune delle quali si rivelano sbagliate, o perlomeno pericolose. Ma come distinguere le gioie veramente durature dai piaceri immediati e ingannevoli? Come trovare la vera gioia nella vita, quella che dura e non ci abbandona anche nei momenti difficili? Acta Benedicti Pp. XVI 353 2. Dio è la fonte della vera gioia In realtà le gioie autentiche, quelle piccole del quotidiano o quelle grandi della vita, trovano tutte origine in Dio, anche se non appare a prima vista, perché Dio è comunione di amore eterno, è gioia infinita che non rimane chiusa in se stessa, ma si espande in quelli che Egli ama e che lo amano. Dio ci ha creati a sua immagine per amore e per riversare su noi questo suo amore, per colmarci della sua presenza e della sua grazia. Dio vuole renderci partecipi della sua gioia, divina ed eterna, facendoci scoprire che il valore e il senso profondo della nostra vita sta nell’essere accettato, accolto e amato da Lui, e non con un’accoglienza fragile come può essere quella umana, ma con un’accoglienza incondizionata come è quella divina: io sono voluto, ho un posto nel mondo e nella storia, sono amato personalmente da Dio. E se Dio mi accetta, mi ama e io ne divento sicuro, so in modo chiaro e certo che è bene che io ci sia, che esista. Questo amore infinito di Dio per ciascuno di noi si manifesta in modo pieno in Gesù Cristo. In Lui si trova la gioia che cerchiamo. Nel Vangelo vediamo come gli eventi che segnano gli inizi della vita di Gesù siano caratterizzati dalla gioia. Quando l’arcangelo Gabriele annuncia alla Vergine Maria che sarà madre del Salvatore, inizia con questa parola: « Rallegrati! ».4 Alla nascita di Gesù, l’Angelo del Signore dice ai pastori: « Ecco, vi annuncio una grande gioia, che sarà di tutto il popolo: oggi, nella città di Davide, è nato per voi un Salvatore, che è Cristo Signore ».5 E i Magi che cercavano il bambino, « al vedere la stella, provarono una gioia grandissima ».6 Il motivo di questa gioia è dunque la vicinanza di Dio, che si è fatto uno di noi. Ed è questo che intendeva san Paolo quando scriveva ai cristiani di Filippi: « Siate sempre lieti nel Signore, ve lo ripeto: siate lieti. La vostra amabilità sia nota a tutti. Il Signore è vicino! ».7 La prima causa della nostra gioia è la vicinanza del Signore, che mi accoglie e mi ama. E infatti dall’incontro con Gesù nasce sempre una grande gioia interiore. Nei Vangeli lo possiamo vedere in molti episodi. Ricordiamo la visita di Gesù a Zaccheo, un esattore delle tasse disonesto, un peccatore pubblico, al quale Gesù dice: « Oggi devo fermarmi a casa tua ». E Zaccheo, riferisce san Luca, 4 5 6 7 Lc 1, 28. Lc 2, 11. Mt 2, 10. Fil 4, 4-5. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 354 « lo accolse pieno di gioia ».8 È la gioia dell’incontro con il Signore; è il sentire l’amore di Dio che può trasformare l’intera esistenza e portare salvezza. E Zaccheo decide di cambiare vita e di dare la metà dei suoi beni ai poveri. Nell’ora della passione di Gesù, questo amore si manifesta in tutta la sua forza. Negli ultimi momenti della sua vita terrena, a cena con i suoi amici, Egli dice: « Come il Padre ha amato me, anche io ho amato voi. Rimanete nel mio amore... Vi ho detto queste cose perché la mia gioia sia in voi e la vostra gioia sia piena ».9 Gesù vuole introdurre i suoi discepoli e ciascuno di noi nella gioia piena, quella che Egli condivide con il Padre, perché l’amore con cui il Padre lo ama sia in noi.10 La gioia cristiana è aprirsi a questo amore di Dio e appartenere a Lui. Narrano i Vangeli che Maria di Magdala e altre donne andarono a visitare la tomba dove Gesù era stato posto dopo la sua morte e ricevettero da un Angelo un annuncio sconvolgente, quello della sua risurrezione. Allora abbandonarono in fretta il sepolcro, annota l’Evangelista, « con timore e gioia grande » e corsero a dare la lieta notizia ai discepoli. E Gesù venne loro incontro e disse: « Salute a voi! ».11 È la gioia della salvezza che viene loro offerta: Cristo è il vivente, è Colui che ha vinto il male, il peccato e la morte. Egli è presente in mezzo a noi come il Risorto, fino alla fine del mondo.12 Il male non ha l’ultima parola sulla nostra vita, ma la fede in Cristo Salvatore ci dice che l’amore di Dio vince. Questa gioia profonda è frutto dello Spirito Santo che ci rende figli di Dio, capaci di vivere e di gustare la sua bontà, di rivolgerci a Lui con il termine « Abbà », Padre.13 La gioia è segno della sua presenza e della sua azione in noi. 3. Conservare nel cuore la gioia cristiana A questo punto ci domandiamo: come ricevere e conservare questo dono della gioia profonda, della gioia spirituale? Un Salmo ci dice: « Cerca la gioia nel Signore: esaudirà i desideri del tuo cuore ».14 E Gesù spiega che « il regno dei cieli è simile a un tesoro nascosto nel 8 Lc 19, 5-6. Gv 15, 9.11. 10 Cfr Gv 17, 26. 11 Mt 28, 8-9. 12 Cfr Mt 28, 20. 13 Cfr Rm 8, 15. 14 Sal 37, 4. 9 Acta Benedicti Pp. XVI 355 campo; un uomo lo trova e lo nasconde; poi va, pieno di gioia, vende tutti i suoi averi e compra quel campo ».15 Trovare e conservare la gioia spirituale nasce dall’incontro con il Signore, che chiede di seguirlo, di fare la scelta decisa di puntare tutto su di Lui. Cari giovani, non abbiate paura di mettere in gioco la vostra vita facendo spazio a Gesù Cristo e al suo Vangelo; è la strada per avere la pace e la vera felicità nell’intimo di noi stessi, è la strada per la vera realizzazione della nostra esistenza di figli di Dio, creati a sua immagine e somiglianza. Cercare la gioia nel Signore: la gioia è frutto della fede, è riconoscere ogni giorno la sua presenza, la sua amicizia: « Il Signore è vicino! »; 16 è riporre la nostra fiducia in Lui, è crescere nella conoscenza e nell’amore di Lui. L’« Anno della fede », che tra pochi mesi inizieremo, ci sarà di aiuto e di stimolo. Cari amici, imparate a vedere come Dio agisce nelle vostre vite, scopritelo nascosto nel cuore degli avvenimenti del vostro quotidiano. Credete che Egli è sempre fedele all’alleanza che ha stretto con voi nel giorno del vostro Battesimo. Sappiate che non vi abbandonerà mai. Rivolgete spesso il vostro sguardo verso di Lui. Sulla croce, ha donato la sua vita perché vi ama. La contemplazione di un amore cosı̀ grande porta nei nostri cuori una speranza e una gioia che nulla può abbattere. Un cristiano non può essere mai triste perché ha incontrato Cristo, che ha dato la vita per lui. Cercare il Signore, incontrarlo nella vita significa anche accogliere la sua Parola, che è gioia per il cuore. Il profeta Geremia scrive: « Quando le tue parole mi vennero incontro, le divorai con avidità; la tua parola fu la gioia e la letizia del mio cuore ».17 Imparate a leggere e meditare la Sacra Scrittura, vi troverete una risposta alle domande più profonde di verità che albergano nel vostro cuore e nella vostra mente. La Parola di Dio fa scoprire le meraviglie che Dio ha operato nella storia dell’uomo e, pieni di gioia, apre alla lode e all’adorazione: « Venite, cantiamo al Signore... adoriamo, in ginocchio davanti al Signore che ci ha fatti ».18 In modo particolare, poi, la Liturgia è il luogo per eccellenza in cui si esprime la gioia che la Chiesa attinge dal Signore e trasmette al mondo. Ogni domenica, nell’Eucaristia, le comunità cristiane celebrano il Mistero centrale della salvezza: la morte e risurrezione di Cristo. È questo un momento fon15 16 17 18 Mt 13, 44. Fil 4, 5. Ger 15, 16. Sal 95, 1.6. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 356 damentale per il cammino di ogni discepolo del Signore, in cui si rende presente il suo Sacrificio di amore; è il giorno in cui incontriamo il Cristo Risorto, ascoltiamo la sua Parola, ci nutriamo del suo Corpo e del suo Sangue. Un Salmo afferma: « Questo è il giorno che ha fatto il Signore: rallegriamoci in esso ed esultiamo! » 19 E nella notte di Pasqua, la Chiesa canta l’Exultet, espressione di gioia per la vittoria di Gesù Cristo sul peccato e sulla morte: « Esulti il coro degli angeli... Gioisca la terra inondata da cosı̀ grande splendore... e questo tempio tutto risuoni per le acclamazioni del popolo in festa! ». La gioia cristiana nasce dal sapere di essere amati da un Dio che si è fatto uomo, ha dato la sua vita per noi e ha sconfitto il male e la morte; ed è vivere di amore per lui. Santa Teresa di Gesù Bambino, giovane carmelitana, scriveva: « Gesù, è amarti la mia gioia! ».20 4. La gioia dell’amore Cari amici, la gioia è intimamente legata all’amore: sono due frutti inseparabili dello Spirito Santo.21 L’amore produce gioia, e la gioia è una forma d’amore. La beata Madre Teresa di Calcutta, facendo eco alle parole di Gesù: « si è più beati nel dare che nel ricevere! »,22 diceva: « La gioia è una rete d’amore per catturare le anime. Dio ama chi dona con gioia. E chi dona con gioia dona di più ». E il Servo di Dio Paolo VI scriveva: « In Dio stesso tutto è gioia poiché tutto è dono ».23 Pensando ai vari ambiti della vostra vita, vorrei dirvi che amare significa costanza, fedeltà, tener fede agli impegni. E questo, in primo luogo, nelle amicizie: i nostri amici si aspettano che siamo sinceri, leali, fedeli, perché il vero amore è perseverante anche e soprattutto nelle difficoltà. E lo stesso vale per il lavoro, gli studi e i servizi che svolgete. La fedeltà e la perseveranza nel bene conducono alla gioia, anche se non sempre questa è immediata. Per entrare nella gioia dell’amore, siamo chiamati anche ad essere generosi, a non accontentarci di dare il minimo, ma ad impegnarci a fondo nella vita, con un’attenzione particolare per i più bisognosi. Il mondo ha necessità di uomini e donne competenti e generosi, che si mettano al servizio del bene comune. Impegnatevi a studiare con serietà; coltivate i vostri talenti e met19 20 21 22 23 Sal 118, 24. P 45, 21 gennaio 1897, Op. Compl., pag. 708. Cfr Gal 5, 23. At 20, 35. Esort. ap. Gaudete in Domino, 9 maggio 1975. Acta Benedicti Pp. XVI 357 teteli fin d’ora al servizio del prossimo. Cercate il modo di contribuire a rendere la società più giusta e umana, là dove vi trovate. Che tutta la vostra vita sia guidata dallo spirito di servizio, e non dalla ricerca del potere, del successo materiale e del denaro. A proposito di generosità, non posso non menzionare una gioia speciale: quella che si prova rispondendo alla vocazione di donare tutta la propria vita al Signore. Cari giovani, non abbiate paura della chiamata di Cristo alla vita religiosa, monastica, missionaria o al sacerdozio. Siate certi che Egli colma di gioia coloro che, dedicandogli la vita in questa prospettiva, rispondono al suo invito a lasciare tutto per rimanere con Lui e dedicarsi con cuore indiviso al servizio degli altri. Allo stesso modo, grande è la gioia che Egli riserva all’uomo e alla donna che si donano totalmente l’uno all’altro nel matrimonio per costituire una famiglia e diventare segno dell’amore di Cristo per la sua Chiesa. Vorrei richiamare un terzo elemento per entrare nella gioia dell’amore: far crescere nella vostra vita e nella vita delle vostre comunità la comunione fraterna. C’è uno stretto legame tra la comunione e la gioia. Non è un caso che san Paolo scriva la sua esortazione al plurale: non si rivolge a ciascuno singolarmente, ma afferma: « Siate sempre lieti nel Signore ».24 Soltanto insieme, vivendo la comunione fraterna, possiamo sperimentare questa gioia. Il libro degli Atti degli Apostoli descrive cosı̀ la prima comunità cristiana: « spezzando il pane nelle case, prendevano cibo con letizia e semplicità di cuore ».25 Impegnatevi anche voi affinché le comunità cristiane possano essere luoghi privilegiati di condivisione, di attenzione e di cura l’uno dell’altro. 5. La gioia della conversione Cari amici, per vivere la vera gioia occorre anche identificare le tentazioni che la allontanano. La cultura attuale induce spesso a cercare traguardi, realizzazioni e piaceri immediati, favorendo più l’incostanza che la perseveranza nella fatica e la fedeltà agli impegni. I messaggi che ricevete spingono ad entrare nella logica del consumo, prospettando felicità artificiali. L’esperienza insegna che l’avere non coincide con la gioia: vi sono tante persone che, pur avendo beni materiali in abbondanza, sono spesso afflitte dalla dispera24 25 Fil 4, 4. At 2, 46. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 358 zione, dalla tristezza e sentono un vuoto nella vita. Per rimanere nella gioia, siamo chiamati a vivere nell’amore e nella verità, a vivere in Dio. E la volontà di Dio è che noi siamo felici. Per questo ci ha dato delle indicazioni concrete per il nostro cammino: i Comandamenti. Osservandoli, noi troviamo la strada della vita e della felicità. Anche se a prima vista possono sembrare un insieme di divieti, quasi un ostacolo alla libertà, se li meditiamo più attentamente, alla luce del Messaggio di Cristo, essi sono un insieme di essenziali e preziose regole di vita che conducono a un’esistenza felice, realizzata secondo il progetto di Dio. Quante volte, invece, costatiamo che costruire ignorando Dio e la sua volontà porta delusione, tristezza, senso di sconfitta. L’esperienza del peccato come rifiuto di seguirlo, come offesa alla sua amicizia, porta ombra nel nostro cuore. Ma se a volte il cammino cristiano non è facile e l’impegno di fedeltà all’amore del Signore incontra ostacoli o registra cadute, Dio, nella sua misericordia, non ci abbandona, ma ci offre sempre la possibilità di ritornare a Lui, di riconciliarci con Lui, di sperimentare la gioia del suo amore che perdona e riaccoglie. Cari giovani, ricorrete spesso al Sacramento della Penitenza e della Riconciliazione! Esso è il Sacramento della gioia ritrovata. Domandate allo Spirito Santo la luce per saper riconoscere il vostro peccato e la capacità di chiedere perdono a Dio accostandovi a questo Sacramento con costanza, serenità e fiducia. Il Signore vi aprirà sempre le sue braccia, vi purificherà e vi farà entrare nella sua gioia: vi sarà gioia nel cielo anche per un solo peccatore che si converte.26 6. La gioia nelle prove Alla fine, però, potrebbe rimanere nel nostro cuore la domanda se veramente è possibile vivere nella gioia anche in mezzo alle tante prove della vita, specialmente le più dolorose e misteriose, se veramente seguire il Signore, fidarci di Lui dona sempre felicità. La risposta ci può venire da alcune esperienze di giovani come voi che hanno trovato proprio in Cristo la luce capace di dare forza e speranza, anche in mezzo alle situazioni più difficili. Il beato Pier Giorgio Frassati (1901-1925) ha sperimentato tante prove nella sua pur breve esistenza, tra cui una, riguardante la sua vita sentimentale, che lo aveva ferito in modo profondo. 26 Cfr Lc 15, 7. Acta Benedicti Pp. XVI 359 Proprio in questa situazione, scriveva alla sorella: « Tu mi domandi se sono allegro; e come non potrei esserlo? Finché la Fede mi darà forza sempre allegro! Ogni cattolico non può non essere allegro... Lo scopo per cui noi siamo stati creati ci addita la via seminata sia pure di molte spine, ma non una triste via: essa è allegria anche attraverso i dolori ».27 E il beato Giovanni Paolo II, presentandolo come modello, diceva di lui: « era un giovane di una gioia trascinante, una gioia che superava tante difficoltà della sua vita ».28 Più vicina a noi, la giovane Chiara Badano (1971-1990), recentemente beatificata, ha sperimentato come il dolore possa essere trasfigurato dall’amore ed essere misteriosamente abitato dalla gioia. All’età di 18 anni, in un momento in cui il cancro la faceva particolarmente soffrire, Chiara aveva pregato lo Spirito Santo, intercedendo per i giovani del suo Movimento. Oltre alla propria guarigione, aveva chiesto a Dio di illuminare con il suo Spirito tutti quei giovani, di dar loro la sapienza e la luce: « È stato proprio un momento di Dio: soffrivo molto fisicamente, ma l’anima cantava ».29 La chiave della sua pace e della sua gioia era la completa fiducia nel Signore e l’accettazione anche della malattia come misteriosa espressione della sua volontà per il bene suo e di tutti. Ripeteva spesso: « Se lo vuoi tu, Gesù, lo voglio anch’io ». Sono due semplici testimonianze tra molte altre che mostrano come il cristiano autentico non è mai disperato e triste, anche davanti alle prove più dure, e mostrano che la gioia cristiana non è una fuga dalla realtà, ma una forza soprannaturale per affrontare e vivere le difficoltà quotidiane. Sappiamo che Cristo crocifisso e risorto è con noi, è l’amico sempre fedele. Quando partecipiamo alle sue sofferenze, partecipiamo anche alla sua gloria. Con Lui e in Lui, la sofferenza è trasformata in amore. E là si trova la gioia.30 7. Testimoni della gioia Cari amici, per concludere vorrei esortarvi ad essere missionari della gioia. Non si può essere felici se gli altri non lo sono: la gioia quindi deve essere condivisa. Andate a raccontare agli altri giovani la vostra gioia di aver trovato quel tesoro prezioso che è Gesù stesso. Non possiamo tenere per noi la 27 28 29 30 Lettera alla sorella Luciana, Torino, 14 febbraio 1925. Discorso ai giovani, Torino, 13 aprile 1980. Lettera a Chiara Lubich, Sassello, 20 dicembre 1989. Cfr Col 1, 24. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 360 gioia della fede: perché essa possa restare in noi, dobbiamo trasmetterla. San Giovanni afferma: « Quello che abbiamo veduto e udito, noi lo annunciamo anche a voi, perché anche voi siate in comunione con noi... Queste cose vi scriviamo, perché la nostra gioia sia piena ».31 A volte viene dipinta un’immagine del Cristianesimo come di una proposta di vita che opprime la nostra libertà, che va contro il nostro desiderio di felicità e di gioia. Ma questo non risponde a verità! I cristiani sono uomini e donne veramente felici perché sanno di non essere mai soli, ma di essere sorretti sempre dalle mani di Dio! Spetta soprattutto a voi, giovani discepoli di Cristo, mostrare al mondo che la fede porta una felicità e una gioia vera, piena e duratura. E se il modo di vivere dei cristiani sembra a volte stanco ed annoiato, testimoniate voi per primi il volto gioioso e felice della fede. Il Vangelo è la « buona novella » che Dio ci ama e che ognuno di noi è importante per Lui. Mostrate al mondo che è proprio cosı̀! Siate dunque missionari entusiasti della nuova evangelizzazione! Portate a coloro che soffrono, a coloro che sono in ricerca, la gioia che Gesù vuole donare. Portatela nelle vostre famiglie, nelle vostre scuole e università, nei vostri luoghi di lavoro e nei vostri gruppi di amici, là dove vivete. Vedrete che essa è contagiosa. E riceverete il centuplo: la gioia della salvezza per voi stessi, la gioia di vedere la Misericordia di Dio all’opera nei cuori. Il giorno del vostro incontro definitivo con il Signore, Egli potrà dirvi: « Servo buono e fedele, prendi parte alla gioia del tuo padrone! ».32 La Vergine Maria vi accompagni in questo cammino. Ella ha accolto il Signore dentro di sé e l’ha annunciato con un canto di lode e di gioia, il Magnificat: « L’anima mia magnifica il Signore e il mio spirito esulta in Dio, mio salvatore ».33 Maria ha risposto pienamente all’amore di Dio dedicando la sua vita a Lui in un servizio umile e totale. È chiamata « causa della nostra letizia » perché ci ha dato Gesù. Che Ella vi introduca in quella gioia che nessuno potrà togliervi! Dal Vaticano, 15 marzo 2012. BENEDICTUS PP. XVI 31 32 33 1 Gv 1, 3-4. Mt 25, 21. Lc 1, 46-47. Acta Benedicti Pp. XVI 361 II Ad Episcopum Assisiensem - Nucerinum - Tadinensem ob Annum Clarianum celebrandum. Al Venerato Fratello Domenico Sorrentino Vescovo di Assisi-Nocera Umbra-Gualdo Tadino Con gioia ho appreso che, in codesta Diocesi, come tra i Francescani e le Clarisse di tutto il mondo, si sta ricordando Santa Chiara con un « Anno Clariano », in occasione dell’VIII centenario della sua « conversione » e consacrazione. Tale evento, la cui datazione oscilla tra il 1211 e il 1212, completava, per cosı̀ dire, « al femminile » la grazia che aveva raggiunto pochi anni prima la comunità di Assisi con la conversione del figlio di Pietro di Bernardone. E, come era avvenuto per Francesco, anche nella decisione di Chiara si nascondeva il germoglio di una nuova fraternità, l’Ordine Clariano che, divenuto albero robusto, nel silenzio fecondo dei chiostri continua a spargere il buon seme del Vangelo e a servire la causa del Regno di Dio. Questa lieta circostanza mi spinge a tornare idealmente ad Assisi, per riflettere con Lei, venerato Fratello, e la comunità affidataLe, e, parimenti, con i figli di san Francesco e le figlie di santa Chiara, sul senso di quell’evento. Esso infatti parla anche alla nostra generazione, e ha un fascino soprattutto per i giovani, ai quali va il mio affettuoso pensiero in occasione della Giornata Mondiale della Gioventù, celebrata quest’anno, secondo la consuetudine, nelle Chiese particolari proprio in questo giorno della Domenica delle Palme. Della sua scelta radicale di Cristo è la Santa stessa, nel suo Testamento, a parlare in termini di « conversione ».1 È da questo aspetto che mi piace partire, quasi riprendendo il filo del discorso svolto in riferimento alla conversione di Francesco il 17 giugno 2007, quando ebbi la gioia di visitare codesta Diocesi. La storia della conversione di Chiara ruota intorno alla festa liturgica della Domenica delle Palme. Scrive infatti il suo biografo: « Era prossimo il giorno solenne delle Palme, quando la giovane si recò dall’uomo di Dio per chiedergli della sua conversione, quando e in che modo dovesse agire. Il padre Francesco ordina che nel giorno della festa, elegante e ornata, si rechi alle Palme in mezzo alla folla del popolo, e poi la notte seguente, uscendo fuori dalla città, 1 Cfr FF 2825. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 362 converta la gioia mondana nel lutto della domenica di Passione. Giunto dunque il giorno di domenica, in mezzo alle altre dame, la giovane, splendente di luce festiva, entra con le altre in chiesa. Qui, con degno presagio, avvenne che, mentre gli altri correvano a ricevere le palme, Chiara, per verecondia, rimase immobile e allora il Vescovo, scendendo i gradini, giunse fino a lei e pose la palma nelle sue mani ».2 Erano passati circa sei anni da quando il giovane Francesco aveva imboccato la via della santità. Nelle parole del Crocifisso di San Damiano — « Va’, Francesco, ripara la mia casa » —, e nell’abbraccio ai lebbrosi, volto sofferente di Cristo, aveva trovato la sua vocazione. Ne era scaturito il liberante gesto dello « spogliamento » alla presenza del Vescovo Guido. Tra l’idolo del denaro a lui proposto dal padre terreno, e l’amore di Dio che prometteva di riempirgli il cuore, non aveva avuto dubbi, e con slancio aveva esclamato: « D’ora in poi potrò dire liberamente: Padre nostro, che sei nei cieli, non padre Pietro di Bernardone ».3 La decisione di Francesco aveva sconcertato la Città. I primi anni della sua nuova vita furono segnati da difficoltà, amarezze e incomprensioni. Ma molti cominciarono a riflettere. Anche la giovane Chiara, allora adolescente, fu toccata da quella testimonianza. Dotata di spiccato senso religioso, venne conquistata dalla « svolta » esistenziale di colui che era stato il « re delle feste ». Trovò il modo di incontrarlo e si lasciò coinvolgere dal suo ardore per Cristo. Il biografo tratteggia il giovane convertito mentre istruisce la nuova discepola: « Il padre Francesco la esortava al disprezzo del mondo, dimostrandole, con una parola viva, che la speranza in questo mondo è arida e porta delusione, e le instillava alle orecchie il dolce connubio di Cristo ».4 Secondo il Testamento di Santa Chiara, ancor prima di ricevere altri compagni, Francesco aveva profetizzato il cammino della sua prima figlia spirituale e delle sue consorelle. Mentre infatti lavorava per il restauro della chiesa di San Damiano, dove il Crocifisso gli aveva parlato, aveva annunciato che quel luogo sarebbe stato abitato da donne che avrebbero glorificato Dio col loro santo tenore di vita.5 Il Crocifisso originale si trova ora nella Basilica di Santa Chiara. Quei grandi occhi di Cristo che avevano affascinato Francesco, diventarono lo « specchio » di Chiara. Non a caso il tema dello specchio le 2 3 4 5 Legenda Sanctae Clarae virginis, 7: FF 3168. Vita seconda, 12: FF 597. Vita Sanctae Clarae Virginis, 5: FF 3164. Cfr FF 2826; cfr Tommaso da Celano, Vita seconda, 13: FF 599. Acta Benedicti Pp. XVI 363 risulterà cosı̀ caro e, nella IV lettera ad Agnese di Praga, scriverà: « Guarda ogni giorno questo specchio, o regina sposa di Gesù Cristo, e in esso scruta continuamente il tuo volto ».6 Negli anni in cui incontrava Francesco per apprendere da lui il cammino di Dio, Chiara era una ragazza avvenente. Il Poverello di Assisi le mostrò una bellezza superiore, che non si misura con lo specchio della vanità, ma si sviluppa in una vita di autentico amore, sulle orme di Cristo crocifisso. Dio è la vera bellezza! Il cuore di Chiara si illuminò a questo splendore, e ciò le diede il coraggio di lasciarsi tagliare le chiome e cominciare una vita penitente. Per lei, come per Francesco, questa decisione fu segnata da molte difficoltà. Se alcuni familiari non tardarono a comprenderla, e addirittura la madre Ortolana e due sorelle la seguirono nella sua scelta di vita, altri reagirono violentemente. La sua fuga da casa, nella notte tra la Domenica delle Palme e il Lunedı̀ santo, ebbe dell’avventuroso. Nei giorni seguenti fu inseguita nei luoghi in cui Francesco le aveva preparato un rifugio e invano si tentò, anche con la forza, di farla recedere dal suo proposito. A questa lotta Chiara si era preparata. E se Francesco era la sua guida, un sostegno paterno le veniva anche dal Vescovo Guido, come più di un indizio suggerisce. Si spiega cosı̀ il gesto del Presule che le si avvicinò per offrirle la palma, quasi a benedire la sua scelta coraggiosa. Senza l’appoggio del Vescovo, difficilmente si sarebbe potuto realizzare il progetto ideato da Francesco ed attuato da Chiara, sia nella consacrazione che questa fece di se stessa nella chiesa della Porziuncola alla presenza di Francesco e dei suoi frati, sia nell’ospitalità che ella ricevette nei giorni successivi nel monastero di San Paolo delle Abbadesse e nella comunità di Sant’Angelo in Panzo, prima dell’approdo definitivo a San Damiano. La vicenda di Chiara, come quella di Francesco, mostra cosı̀ un particolare tratto ecclesiale. In essa si incontrano un Pastore illuminato e due figli della Chiesa che si affidano al suo discernimento. Istituzione e carisma interagiscono stupendamente. L’amore e l’obbedienza alla Chiesa, tanto rimarcati nella spiritualità francescano-clariana, affondano le radici in questa bella esperienza della comunità cristiana di Assisi, che non solo generò alla fede Francesco e la sua « pianticella », ma anche li accompagnò per mano sulla via della santità. Francesco aveva ben visto la ragione per suggerire a Chiara la fuga da casa agli inizi della Settimana Santa. Tutta la vita cristiana, e dunque anche 6 FF 2902. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 364 la vita di speciale consacrazione, sono un frutto del Mistero pasquale e una partecipazione alla morte e alla risurrezione di Cristo. Nella liturgia della Domenica delle Palme dolore e gloria si intrecciano, come un tema che si andrà poi sviluppando nei giorni successivi attraverso il buio della Passione fino alla luce della Pasqua. Chiara, con la sua scelta, rivive questo mistero. Il giorno delle Palme ne riceve, per cosı̀ dire, il programma. Entra poi nel dramma della Passione, deponendo i suoi capelli, e con essi rinunciando a tutta se stessa per essere sposa di Cristo nell’umiltà e nella povertà. Francesco e i suoi compagni sono ormai la sua famiglia. Presto arriveranno consorelle anche da lontano, ma i primi germogli, come nel caso di Francesco, spunteranno proprio in Assisi. E la Santa resterà sempre legata alla sua Città, mostrandolo specialmente in alcune circostanze difficili, quando la sua preghiera risparmiò ad Assisi violenza e devastazione. Disse allora alle consorelle: « Da questa città, carissime figlie, abbiamo ricevuto ogni giorno molti beni; sarebbe molto empio se non le prestassimo soccorso come possiamo nel tempo opportuno ».7 Nel suo significato profondo, la « conversione » di Chiara è una conversione all’amore. Ella non avrà più gli abiti raffinati della nobiltà di Assisi, ma l’eleganza di un’anima che si spende nella lode di Dio e nel dono di sé. Nel piccolo spazio del monastero di San Damiano, alla scuola di Gesù Eucaristia contemplato con affetto sponsale, si andranno sviluppando giorno dopo giorno i tratti di una fraternità regolata dall’amore a Dio e dalla preghiera, dalla premura e dal servizio. È in questo contesto di fede profonda e di grande umanità che Chiara si fa sicura interprete dell’ideale francescano, implorando quel « privilegio » della povertà, ossia la rinuncia a possedere anche solo comunitariamente dei beni, che lasciò a lungo perplesso lo stesso Sommo Pontefice, il quale alla fine si arrese all’eroismo della sua santità. Come non proporre Chiara, al pari di Francesco, all’attenzione dei giovani d’oggi? Il tempo che ci separa dalla vicenda di questi due Santi non ha sminuito il loro fascino. Al contrario, se ne può vedere l’attualità al confronto con le illusioni e le delusioni che spesso segnano l’odierna condizione giovanile. Mai un tempo ha fatto sognare tanto i giovani, con le mille attrattive di una vita in cui tutto sembra possibile e lecito. Eppure, quanta insoddisfazione è presente, quante volte la ricerca di felicità, di realizzazione finisce per imboccare strade che portano a paradisi artificiali, come quelli della droga e 7 Legenda Sanctae Clarae Virginis 23: FF 3203. Acta Benedicti Pp. XVI 365 della sensualità sfrenata! Anche la situazione attuale con la difficoltà di trovare un lavoro dignitoso e di formare una famiglia unita e felice, aggiunge nubi all’orizzonte. Non mancano però giovani che, anche ai nostri giorni, raccolgono l’invito ad affidarsi a Cristo e ad affrontare con coraggio, responsabilità e speranza il cammino della vita, anche operando la scelta di lasciare tutto per seguirlo nel totale servizio a Lui e ai fratelli. La storia di Chiara, insieme a quella di Francesco, è un invito a riflettere sul senso dell’esistenza e a cercare in Dio il segreto della vera gioia. È una prova concreta che chi compie la volontà del Signore e confida in Lui non solo non perde nulla, ma trova il vero tesoro capace di dare senso a tutto. A Lei, venerato Fratello, a codesta Chiesa che ha l’onore di aver dato i natali a Francesco e a Chiara, alle Clarisse, che mostrano quotidianamente la bellezza e la fecondità della vita contemplativa, a sostegno del cammino di tutto il Popolo di Dio, e ai Francescani di tutto il mondo, a tanti giovani in ricerca e bisognosi di luce, consegno questa breve riflessione. Mi auguro che essa contribuisca a far riscoprire sempre di più queste due luminose figure del firmamento della Chiesa. Con un particolare pensiero alle figlie di santa Chiara del Protomonastero, degli altri monasteri di Assisi e del mondo intero, imparto di cuore a tutti la mia Benedizione Apostolica. Dal Vaticano, 1º Aprile 2012, Domenica delle Palme. BENEDICTUS PP. XVI 366 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale SECRETARIA STATUS Summarium conclusionum Mandati Apostolici in Hibernia SUMMARY OF THE FINDINGS OF THE APOSTOLIC VISITATION IN IRELAND The Summary of the findings of the Apostolic Visitation in Ireland, published herewith, offers a synthesis of the results of the Visitations to the four Archdioceses, to Religious Institutes and to the Irish Seminaries. It has been approved by the Offices which conducted the Visitation and it also contains some further observations from the Holy See, in addition to those that the individual Dicasteries communicated to the leaders of the respective Archdioceses or Institutes: Now that the Apostolic Visitation to certain Dioceses, Seminaries and Religious Institutes in Ireland has been concluded, it is intended here, in accordance with what was stated in the Communiqué of 6 June 2011, to offer an overall synthesis indicating the results and the future prospects highlighted by the Visitation. It should be borne in mind that the Visitation was pastoral in nature; the Holy Father’s intention was that it should “assist the local Church on her path of renewal”.1 It was not intended to replace or supersede the ordinary responsibility of Bishops and Religious Superiors, nor to interfere “with the ordinary activity of the local magistrates, nor with the activity of the Commissions of Investigation established by the Irish Parliament, nor with the work of any legislative authority, which has competence in the area of prevention of abuse of minors”.2 In communicating this summary of the Findings of the Apostolic Visitation, the Holy See re-echoes the sense of dismay and betrayal which the Holy Father expressed in his Letter to the Catholics of Ireland regarding the sinful and criminal acts that were at the root of this particular crisis. 1 Pastoral Letter of the Holy Father Pope Benedict XVI to the Catholics of Ireland, 19 March 2010. 2 Communiqué of the Holy See Press Office, 12 November 2010. Acta Benedicti Pp. XVI 367 * * * The Visitation to the Dioceses was carried out in the four Metropolitan Sees during the first few months of 2011. The four Visitators, accompanied by qualified and authorized persons and in coordination with the Archbishops of the Sees concerned, met individuals from the various categories listed in the Communiqué of 12 November 2010, along with others who requested a hearing, including representatives of the National Board for Safeguarding Children in the Catholic Church. Special priority was given to the meetings with victims of abuse, who were assured of the particular closeness of the Holy Father. Some of the Archdioceses held very moving penitential liturgies in the Cathedrals, attended by clergy and members of the faithful, with the participation of victims of abuse in each case. These four Visitations included meetings with the suffraganeous Bishops and yielded sufficient information to provide an adequate picture of the situation of the Church in Ireland, such as to obviate the need to extend the Visitation to the suffraganeous Sees. The Visitation to the Seminaries examined the situation of four Institutes: the Pontifical Irish College in Rome, Saint Malachy’s College in Belfast, and two Institutes in the Archdiocese of Dublin — the National Seminary, Saint Patrick’s College, Maynooth, and the Milltown Institute of the Society of Jesus. All Hallows College in Dublin informed the Visitator that it no longer offered a programme of priestly formation and consequently it was not included in the Visitation. Before visiting each of the Institutes, the Visitator was able to study documentation on the Colleges concerned. Upon arrival, with the assistance of several Bishops and priests, all previously approved by the Congregation for Catholic Education, the Visitator examined, to the extent possible, all aspects of priestly formation, along the lines indicated in the Press Communiqué of 31 May 2010. The Visitator and his assistants held individual meetings with formators and seminarians, as well as others holding positions of authority in the seminaries, including those responsible for the protection of minors. Priests ordained within the last three years were also invited to a personal conversation if they so wished. It should be pointed out that the Milltown Institute, which is more an academic centre than a seminary, was examined only with regard to the theological formation offered to future priests. 368 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale The Visitation to the Religious Institutes took place after careful study of the responses to the questionnaire that was sent to all Institutes with Religious houses in Ireland. The questionnaire sought to elicit information on the current safeguarding measures and policies adopted by each Institute and the effect of the present crisis on the Institute’s members. The Visitators then held various meetings with Bishops, Superiors and formators of the different communities and with any particular groups, including abuse victims, that requested a meeting, as well as representatives of the National Board for Safeguarding Children in the Catholic Church. Meetings were held with the members of the Conference of Religious of Ireland, both in the common assemblies and in regional assemblies throughout the country. The Visitators had the opportunity to conduct extended visits to 31 Institutes. They estimate that, during the visit, they had the opportunity to dialogue with a significant portion of Religious in Ireland. With a view to promoting the work of renewal called for by the Holy Father, the Congregation for Bishops and the Congregation for Catholic Education have carefully studied the information collected by the respective Visitators. Keeping in mind the provisions of the document Towards Healing and Renewal issued by the Irish Episcopal Conference, they have communicated their conclusions to the four Metropolitan Archbishops and to the Ecclesiastical Authorities of the seminaries visited, indicating courses of action. The Archbishops and the Ecclesiastical Authorities gave their responses. The Congregation for Institutes of Consecrated Life and for Societies of Apostolic Life is likewise forwarding its conclusions to the Superiors of all Institutes of Consecrated Life and Societies of Apostolic Life with houses in Ireland. A Summary Report will also be presented to the Apostolic Nuncio to be shared with the Bishops of Ireland. * * * During their stay in Ireland, the Visitators were able themselves to see just how much the shortcomings of the past gave rise to an inadequate understanding of and reaction to the terrible phenomenon of the abuse of minors, not least on the part of various Bishops and Religious Superiors. With a great sense of pain and shame, it must be acknowledged that within the Christian community innocent young people were abused by clerics and Religious to whose care they had been entrusted, while those who should Acta Benedicti Pp. XVI 369 have exercised vigilance often failed to do so effectively. Indeed, “wounds have been inflicted on Christ’s body”.3 For these faults, forgiveness must once more be asked: from God and from the victims! As Blessed John Paul II said: « there is no place in the priesthood and religious life for those who would harm the young ».4 At the same time the Visitators were able to verify that, beginning in the 1990s, progressive steps have been taken towards a greater awareness of how serious is the problem of abuse, both in the Church and society, and how necessary it is to find adequate measures in response. The Visitation was also intended to determine whether the structures and procedures put in place by the Church in Ireland from that period onwards are adequate to ensure that the tragedy of the abuse of minors will not be repeated. In this regard, the Holy See has made the following observations: 1) Particular attention has been given to the assistance offered by the Church in Ireland to victims of past abuse. All the Visitators acknowledge that, beginning with the Bishops and Religious Superiors, much attention and care has been shown to the victims, both in terms of spiritual and psychological assistance and also from a legal and financial standpoint. It has been recommended, therefore, that, following the example given by Pope Benedict XVI in his meetings with victims of abuse, the Irish diocesan authorities and those of the Religious Institutes continue to devote much time listening to and receiving victims, providing support for them and their families. 2) Their meetings with the victims of abuse helped the Visitators to understand better various aspects of the problem of the sexual abuse of minors that took place in Ireland. The Visitators and the Church in Ireland are thankful for this contribution and want to assure them that their well-being is of paramount concern for the Church. 3) In their meetings with the chief officers of the National Board for Safeguarding Children in the Catholic Church and various diocesan officials, the Visitators were able to verify that the current norms of Safeguarding Children: Standards and Guidance Document for the Catholic Church in Ireland 3 Pastoral Letter of the Holy Father Pope Benedict XVI to the Catholics of Ireland, 19 March 2010. 4 Address to the Cardinals of the United States, 23 April 2002. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 370 (Guidelines) are being followed. The Visitators welcome the process, already initiated by the National Board for Safeguarding Children in the Catholic Church, of regularly auditing the implementation of the Guidelines. It is recommended that this process of covering all Dioceses and Religious Institutes by regular audits will be implemented in a prompt manner. 4) In recent years the work of the National Board for Safeguarding Children in the Catholic Church has been thorough and far-reaching, for which reason it should be supported by the Bishops, Religious Superiors and the whole community of the Church in Ireland, and it should continue to receive sufficient personnel and funding. 5) The Archbishops of the visited Archdioceses gave assurance that all newly-discovered cases of abuse are promptly brought before both the competent civil authority and the Congregation for the Doctrine of the Faith. 6) The norms contained in the Guidelines, as well as the procedures to implement them, must be updated in accordance with the indications published on 3 May 2011 by the Congregation for the Doctrine of the Faith and also periodically revised. The Guidelines need to be amended in order to create a common model for all the Dioceses and Religious Institutes, and they should be periodically re-examined in order to ensure increasing effectiveness both in the work of prevention and in the response to cases of abuse in all the required aspects, for the good of everyone concerned. 7) In view of the shortage of personnel trained in canon law, the Visitators insisted on the need for a reorganization of Ireland’s ecclesiastical tribunals, to be carried out in cooperation with the competent bodies of the Holy See, so that the various cases still awaiting definitive resolution can be adequately processed. 8) The Visitators were struck by the efforts made throughout the country by Bishops, priests, Religious and lay persons to implement the Guidelines and to create safe environments. In the four Archdioceses, the results of these efforts were judged to be excellent. In addition to the large number of volunteers, they noted the presence of men and women within the various safeguarding structures who bring the highest level of professionalism to the service of the Christian community. Acta Benedicti Pp. XVI 371 In the Visitation to the Seminaries, the following elements were examined: theological doctrine on the priesthood, seminary governance, questions regarding the admission of candidates to the seminary and assessment of them prior to ordination, the process of formation (human, spiritual, intellectual and pastoral), and possible ways of assisting recently ordained priests. Particular attention was given to the admission of candidates and to programmes of spiritual and human formation aimed at enabling seminarians to live priestly celibacy faithfully and joyfully. The Visitation to the Seminaries gave priority to issues involving the protection of minors. In this regard, the Holy See has made the following observations: 1) The Visitation was able to establish that there are dedicated formators in Irish seminaries, committed to the work of priestly training. The seminarians themselves were generally praised for their human and spiritual qualities and for their motivation and commitment to the Church and her mission. Studies are taken seriously, and attention is given to human and spiritual formation. 2) Each seminary has clear child protection norms in place and the Irish seminaries are committed to educating future priests with a broad understanding of all that is involved in the protection of minors within the Church. 3) For the further improvement of the seminaries, it has been proposed, wherever necessary: a. to ensure that the formation provided is rooted in authentic priestly identity, offering a more systematic preparation for a life of priestly celibacy by maintaining a proper equilibrium between human, spiritual and ecclesial dimensions; b. to reinforce structures of Episcopal governance over the seminaries; c. to introduce more consistent admission criteria — this would involve the seminary, in consultation with the Dioceses, examining and deciding admissibility of candidates; d. to show greater concern for the intellectual formation of seminarians, ensuring that it is in full conformity with the Church’s Magisterium; e. to include in the academic programme in-depth formation on matters of child protection, with increased pastoral attention to victims of sexual abuse and their families; Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 372 f. to re-evaluate the pastoral programme, ensuring that it is sacramental, priestly and apostolic, and duly concerned with preparing candidates to celebrate the sacraments and to preach; g. to ensure that the seminary buildings be exclusively for seminarians of the local Church and those preparing them for the priesthood, to ensure a well-founded priestly identity. The task entrusted by the Holy See to the Visitators to Religious houses was twofold: 1) ensuring that all Religious Congregations have adequate protocols for safeguarding children and are implementing them; and 2) encouraging members of Institutes and Societies to a renewed vitality in their life and mission as Religious or members of Societies of Apostolic Life. In a spirit of cooperation with the Bishops, clergy and lay faithful of Ireland, the Superiors and members of Institutes of Consecrated Life and Societies of Apostolic Life are encouraged to develop the resources at their disposal, so that they may be better equipped to meet the needs of those still suffering the effects of abuse. In the light of the immense contribution they have made in the past to the life of the Church in Ireland and their remarkable missionary outreach across the world, consecrated persons should renew their commitment to building communities capable of offering their members mutual support along the path towards holiness and capable of contributing effectively to the renewal of the entire local Church community. In this regard, the Holy See has made the following observations: 1) The Religious in Ireland will join Bishops in mutual reflection, planning and support, revitalizing the instruments of dialogue and communion that have been envisioned by the Magisterium.5 The Bishops themselves will convoke and lead the process of renewing dialogue and concrete collaboration in the field of safeguarding children, while also seeking to bring about a more effective and deeper communion between different and complementary charisms in the local Church. 2) The Major Superiors of each Institute in Ireland should design a programme for focusing anew over the next three years on the Institute’s fundamental sources, particularly the following of Christ as revealed in the Scriptures, and contained in the Apostolic Tradition of the Church’s 5 Cfr Mutuae Relationes. Acta Benedicti Pp. XVI 373 teaching, the living of their vows in a contemporary context, and the life, works and charism of the founder of the Institute.6 3) All Institutes should perform an audit of their personnel files, if such an audit has not yet been carried out. As in the case of the Dioceses, every Religious Congregation, active and contemplative, should perform the regular audit monitoring the implementation of the norms contained in the Guidelines, in coordination with the National Board for Safeguarding Children in the Catholic Church. 4) Major Superiors should develop, with the members of their Institutes, concrete means for revitalizing communities of prayer, community life and mission. 5) The Religious in Ireland are asked to consider developing a collaborative ministerial outreach to those suffering from the effects of abuse. Based on the proposal of the Visitators and the observations made by various Dicasteries of the Holy See, it has been recommended that the Bishops of Ireland and Religious Superiors, in collaboration with the National Board for Safeguarding Children in the Catholic Church, should continue to examine and update the current Interim Guidance — Leave from Sacred Ministry and Apostolate for Clergy and Religious with a view to: 1) Formulating guidelines for handling the varied cases of those who have been accused, but in whose case the Director of Public Prosecution has decided not to proceed. 2) Formulating policies regarding the falsely accused and their return to ministry. 3) Formulating policies regarding the pastoral care of those who are convicted of abuse: the appropriate settings and the conditions under which such offenders should live. * * * The Visitators have been able to establish that, over and above the suffering of the victims, the painful events of recent years have also opened many wounds within the Irish Catholic community. Many lay 6 Perfectae Caritatis; Vita Consecrata. 374 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale persons have experienced a loss of trust in their Pastors. Many good priests and Religious have felt unjustly tainted by association with the accused in the court of public opinion; some have not felt sufficiently defended by their Bishops and Superiors. Those same Bishops and Superiors have often felt isolated as they sought to confront the waves of indignation and at times they have found it difficult to agree on a common line of action. On the other hand, this time of trial has also brought to light the continuing vitality of the Irish people’s faith. The Visitators have noted the exemplary way in which many Bishops, priests and Religious live out their vocation, the human and spiritual bonds among the faithful at a time of crisis, the deep faith of many men and women, a remarkable level of lay involvement in the structures of child protection, and the heartfelt commitment shown by Bishops and Religious Superiors in their task of serving the Christian community. These are just some of the signs of hope that the Visitators have identified, alongside the various difficulties, in the life of the Church in Ireland. It is vitally important that, at a point in history marked by rapid cultural and social transformation, all the components of the Church in Ireland hear in the first place a renewed call to communion: communion among the Bishops themselves and with the Successor of Peter; communion between diocesan Bishops and their clergy; communion between Pastors and lay persons; and communion between diocesan structures and communities of consecrated life - communion that is not attained merely through human agreements or strategies, but above all by listening humbly to God’s Word and to what the Holy Spirit gives and asks of the Church in our day. Only a united Church can be an effective witness to Christ in the world. Among the pastoral priorities that have emerged most strongly is the need for deeper formation in the content of the faith for young people and adults; a broad and well-planned ongoing theological and spiritual formation for clergy, Religious and lay faithful; a new focus on the role of the laity, who are called to be engaged both within the Church and in bearing witness before society, in accordance with the social teachings of the Church. There is a need to harness the contribution of the new Ecclesial Movements, in order better to reach the younger generation and to give renewed enthusiasm to Christian life. A careful review is needed of the training given to teachers of religion, the Catholic identity of schools and their relationship with the parishes to which they belong, so as to ensure a sound and well-balanced education. Acta Benedicti Pp. XVI 375 Since the Visitators also encountered a certain tendency, not dominant but nevertheless fairly widespread among priests, Religious and laity, to hold theological opinions at variance with the teachings of the Magisterium, this serious situation requires particular attention, directed principally towards improved theological formation. It must be stressed that dissent from the fundamental teachings of the Church is not the authentic path towards renewal. The Visitation also placed in question the present configuration of Dioceses in Ireland and their ability to respond adequately to the challenges of the New Evangelization. The Holy See and the local episcopate have already initiated a joint reflection on this matter, in which the communities concerned are to be involved, with a view to adapting diocesan structures to make them better suited to the present-day mission of the Church in Ireland. Finally, the Visitation attested to the great need for the Irish Catholic community to make its voice heard in the media and to establish a proper relationship with those active in this field, for the sake of making known the truth of the Gospel and the Church’s life. * * * For its part, the Holy See recalls the ongoing importance of the Apostolic Letter Novo Millennio Ineunte, which proposes an overall vision that can shed useful light on the pastoral priorities of the Church in Ireland, and on the special attention that must be given to the younger generation. The forthcoming International Eucharistic Congress will surely represent an important stage in this process, as will the subsequent National Mission, which it is hoped will provide all the members of the Church community with a fruitful opportunity for prayer, common reflection and instruction on the content of the Christian creed, in harmony with the Holy Father’s vision for the approaching Year of Faith. As Pope Benedict said in his Pastoral Letter to the Catholics of Ireland: “Through intense prayer before the real presence of the Lord, the Church in Ireland can make reparation for the sins of abuse that have done so much harm, at the same time imploring the grace of renewed strength and a deeper sense of mission on the part of all Bishops, priests, Religious and lay faithful”. 376 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale In the name of the Holy Father, heartfelt gratitude must once again be expressed to all those who worked so generously to ensure a fruitful outcome for the Apostolic Visitation — firstly, to the Visitators and their assistants, then to the entire Catholic community of Ireland: the lay faithful, including the various victims of abuse, the Bishops, the clergy and the Religious communities who have responded so well to this concrete sign of the solicitude of the Successor of Peter for the future of the Church in Ireland. Consequently, the Apostolic Visitation should now be considered completed. The Holy See entrusts its conclusions to the responsibility of the Bishops, clergy, Religious and lay faithful of Ireland, in the hope that they will bear fruit worthy of that process of healing, reparation and renewal which Pope Benedict XVI so eagerly desires for the beloved Church in Ireland. Congregatio pro Doctrina Fidei 377 ACTA CONGREGATIONUM CONGREGATIO PRO DOCTRINA FIDEI DECLARATIO De condicione canonica eorum, qui se dicunt episcopos Graeco-Catholicos Ucrainae urbis « Pidhirci » 1) La Santa Sede ha seguito con viva apprensione l’attività posta in essere dai Rev.di Eliáš A. Dohnal, O.S.B.M., Markian V. Hitiuk, O.S.B.M., Metodèj R. Špiřik, O.S.B.M., e Robert Oberhauser, i quali, espulsi dall’Ordine Basiliano di S. Giosafat, si sono successivamente autoproclamati vescovi della Chiesa greco-cattolica ucraina. Detti chierici con il loro comportamento contumace continuano a sfidare l’autorità ecclesiastica, danneggiando moralmente e spiritualmente non solo l’Ordine Basiliano di San Giosafat e la Chiesa greco-cattolica ucraina, ma anche questa Sede Apostolica e l’intera Chiesa Cattolica. Tutto questo provoca divisione e sconcerto tra i fedeli. I suddetti chierici, dopo aver dato vita ad un gruppo di « vescovi » di Pidhirci, recentemente hanno cercato di ottenerne il riconoscimento e la successiva registrazione, da parte della competente autorità civile, come « Chiesa Ortodossa Greco-Cattolica Ucraina ». 2) Esponenti a vari livelli della Chiesa sin dall’inizio di questa sofferta vicenda hanno invano cercato di dissuaderli dal proseguire in comportamenti che possono tra l’altro trarre in inganno i fedeli — cosa avvenuta per un certo numero di essi. 3) La Santa Sede, sollecita nel proteggere l’unità e la pace del gregge di Cristo, aveva sperato in un pentimento e in un successivo conseguente ritorno dei suddetti chierici alla piena comunione con la Chiesa Cattolica. Purtroppo 378 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale gli ultimi sviluppi — quale il tentativo non riuscito di registrazione statale del gruppo di « Pidhirci » con il nome di « Chiesa Ortodossa Greco-Cattolica Ucraina » — hanno dimostrato invece la loro contumacia. 4) Per salvaguardare, quindi, il bene comune della Chiesa e la « salus animarum », atteso che i sedicenti « vescovi » di Pidhirci non danno segno alcuno di ravvedimento, ma continuano a creare confusione e scompiglio nella comunità dei fedeli, in particolare calunniando gli Esponenti della Santa Sede e della Chiesa locale ed affermando che la Suprema Autorità della Chiesa è in possesso di una documentazione che comproverebbe la piena validità della loro ordinazione episcopale, la Congregazione per la Dottrina della Fede accogliendo la richiesta presentata da parte dell’Autorità ecclesiastica della Chiesa greco-cattolica ucraina, nonché di altri Dicasteri della Santa Sede, ha deciso con la presente dichiarazione di informare i fedeli, specialmente nei Paesi di provenienza dei chierici-sedicenti « vescovi » circa la loro attuale condizione canonica. 5) Questa Congregazione, dissociandosi totalmente dall’operato dei menzionati sedicenti « vescovi » e dalle loro sopraccitate false dichiarazioni, formalmente dichiara di non riconoscere la validità delle loro ordinazioni episcopali e di tutte quelle ordinazioni che da esse sono derivate o deriveranno. Si rende noto, inoltre, che lo stato canonico dei quattro menzionati sedicenti « vescovi » è quello di scomunicati ex can. 1459 § 1 Codex Canonum Ecclesiarum Orientalium (CCEO), atteso che, con la sentenza di seconda istanza del Tribunale Ordinario della Chiesa Arcivescovile Maggiore Ucraina del 10 settembre 2008, gli stessi sono stati riconosciuti colpevoli dei delitti di cui ai cann. 1462, 1447 e 1452 CCEO, ovvero dei delitti di usurpazione illegittima dell’ufficio; di fomentata sedizione e di odio nei confronti di alcuni Gerarchi e di provocazione dei sudditi a disubbidire; nonché del delitto di lesione della buona fama altrui mediante dichiarazioni calunniose. 6) Si notifica inoltre che la denominazione « cattolica » usata da gruppi non riconosciuti dalla competente autorità ecclesiastica è da considerarsi illegittima ed abusiva ex can. 19 CCEO. Congregatio pro Doctrina Fidei 379 7) I fedeli sono, pertanto, tenuti a non aderire al suddetto gruppo in quanto esso è, ad ogni effetto canonico, fuori della comunione ecclesiastica e sono invitati a pregare per i membri dello stesso gruppo affinché possano ravvedersi e tornare alla piena comunione con la Chiesa cattolica. Dal Palazzo del Sant’Uffizio, 22 febbraio 2012. William Cardinale Levada Prefetto e Luis F. Ladaria, S. I. Arcivescovo tit. di Thibica Segretario 380 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale CONGREGATIO DE CAUSIS SANCTORUM DRESDENSIS-MISNENSIS Beatificationis seu Declarationis Martyrii Servi Dei Aloisii Andritzki, Sacerdotis dioecesani ({ 3 Februarii 1943) DECRETUM SUPER MARTYRIO « Et quis est qui vobis noceat, si boni aemulatores fuerits? Sed et si patimini propter iustitiam, beati! Timorem autem eorum ne timueritis et non conturbemini, Dominum autem Christum sanctificate in cordibus vestris, parati semper ad defensionem omni poscenti vos rationem de ea, quae in vobis est spe » (1 Pt 3, 13-15). Haec Apostoli Petri exhortatio ad humanum et Christianum exitum sacerdotis Aloisii Andritzki referri potest. Hic sacerdos enim in vita et in morte fulgidum testimonium suae deditionis in Dominum convenienter praebuit et semper fidem suam palam professus est, sua sacra officia firmiter ac aequaliter praestans. Servus Dei 2 mensis Iulii anno 1914 in oppido vulgo dicto Radibor in Germania natus est e familia Catholicae fidei firmissima, quae fuit in numero gentium Soraborum. Oppidum Radibor enim, etsi eius omnis fere regio ad Protestantium Reformationem adhaesit, tenaciter coniunctum Ecclesiae Catholicae Romanae semper mansit. Parvulus Aloisius iam a pueritia inter omnes eminuit pietate, animi generosa applicatione proximi adiuvandi, nec non laeto ingenio et naturaliter versato in capienda omnium benevolentia. Ordinarium cursum studiorum explevit et anno 1934 diplomate maturitatis probatus est. Illis iuvenilibus annis, Servus Dei animadvertere in se incepit vehementem desiderium capessendi sacerdotalem vitam, quam ob rem, Misnensis Episcopi permissu obtento, in Seminarium dioecesanum admissus est. Illic brevi tempore, existimationem omnium comparavit suo animo iucundo, disciplina bene composito, moderato et probo, qui autem etiam in exercitationibus corporis et in rebus artis musicae prodibat. Congregatio de Causis Sanctorum 381 Die 30 Iulii anno 1939 sacro praesbyteratus ordine auctus est. Primum pastorale munus, ut cappellanus, Dresdae iuxta Ecclesiam Sanctissimae Trinitatis adimplevit, hic providit curae Ecclesiae chori canentium puerorum et iuvenum consociationis quae dicebatur « Kolping » nec non iuvenum Soraborum, qui in civitate erant. Maxime hoc officio erga iuvenes Soraborum ille auctoritati nazistae invisus fuit, quae pluribus modis ei obstitit. Sed Servus Dei etiam ante iteratas minas fortissima fide Evangelio et Ecclesiae Romanae adhaesit. Feliciter pugnavit contra nazistarum persuasionem inhumanam et Christianae religioni infestam, hac de re regimen omnem eius motum inspiciebat et omnia sua colloquia captabat. Die festo Christi nati anni 1940 Dominus Aloisius fabulam scaenicam egit, in qua ob simulatum praetextum a secretis publicae securitatis custodibus comprehensus est, interrogatus et deinde vinculis damnatus est ob crimen iteratae calumniae contra quosdam regiminis politicos. Expiata poena, Servus Dei e custodia non est dimissus, sed sine causa, primum in carcerem in quo politici relegabantur Dresdae ductus est, deinde in ipsa castra carceraria Dachariensia; quamquam illi qui in custodiam traditi erant crudelitatibus ac inhumanis pluribus imminutionibus libertatis constanter afficiebantur, Servus Dei numquam fortuna adversa fractus est sed firmissima fide et cohaerentia suum sacerdotium sine mora vita sua professus est. Etiam in hac dura captivitate Servus Dei numquam suum sacerdotale munus deseruit et semper assiduus fuit erga proximos, praecipue adiuvans socios in carcere, qui seniores debilioresque valetudine videbantur, denique omnibus solacium verbis spe animoque impletis praebuit. Tutamine et confirmatione constantis orationis aggressus est dolorem persecutionesque omnino se offerens pro Christi amore. Cum in typhum delapsus esset, iam graviter aegrotus in valetudinarium loci captivitatis exceptus est; cum ille intellegeret vitam suam in periculo esse, statim consolationem sacramentorum petivit, quae autem severissime a carceris auctoritatibus recusata est. Curarum privatione, die 3 mensis Februarii anno 1943 pie decessit. Eius captivitatis comites, maxime existimaverunt eum propter caritatem et animi tranquillitatem, quas ille semper eorum animis in fero ac crudeli loco largitus est. Fama martyrii, qua in morte claruit, a die 1 mensis Iulii anno 1998 ad diem 22 Martii anno 2001 Inquisitio dioecesana in Curia Dresdensi-Misnensi celebrata est, cuius iuridica validitas ab hac Congregatione de Causis Sanctorum per Decretum diei 8 Martii anni 2002 est approbata. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 382 Exarata Positione, disceptatum est ex norma an Servi Dei mors martyrium fuisset. Die 7 Novembris anno 2009 Congressus Peculiaris Consultorum Theologorum habitus est, positivo cum exitu. Patres Cardinales et Episcopi in Sessione Ordinaria congregati, die 9 Novembris anno 2010, Ponente Causae Exc.mo Domino Hieronymo Grillo Episcopo emerito Centumcellarum-Tarquiniensi, agnoverunt Servum Dei martyrium in odium fidei tulisse. De hisce omnibus rebus, referente subscripto Cardinale Praefecto certior factus, Summus Pontifex Benedictus XVI, vota Congregationis de Causis Sanctorum excipiens rataque habens, hodierno die declaravit: Constare de martyrio eiusque causa Servi Dei Aloisii Andritzki, Sacerdotis dioecesani, in casu et ad effectum de quo agitur. Hoc autem decretum publici iuris fieri et in acta Congregationis de Causis Sanctorum Summus Pontifex referri mandavit. Datum Romae, die 10 mensis Decembris A. D. 2010. Angelus Card. Amato, S.D.B. Praefectus L. e S. e Michaël Di Ruberto Archiep. tit. Biccarensis, a Secretis Congregatio de Causis Sanctorum 383 SANCTI SALVATORIS IN BRASILIA Beatificationis et Canonizationis Ven. Servae Dei Dulcis Lopes Pontes (in saec.: Mariae Ritae), Sororis professae Congregationis Sororum Missionariarum ab Immaculata Conceptione Matris Dei (1914-1992) DECRETUM SUPER MIRACULO Venerabilis Serva Dei Dulcis Lopes Pontes, in saeculo Maria Rita, die 26 mensis Maii anno 1914 in urbe Sancti Salvatoris in Brasilia nata est e locupleti familia, christianis moribus et sedula caritate insigni. Puella magna humanitate erga pauperes et inopes excelluit. Confectis superioribus studiis, vitam consecratam apud Congregationem Sororum Missionariarum ab Immaculata Conceptione Matris Dei amplexa est. Postea, officium aegrotorum ministrae et magistrae exercuit. Animata ferventer studio et industria ad fidem propagandam, Soror Dulcis tota se etiam institutioni operariorum tradidit, sed magnanimum munus suum maxime auxilio et curatione ultimorum aegrotorumque explicavit. Serva Dei plene patefecit caritatem suam instituens sodalitium socialium operum et aedificans aedem convictui aptam, cui nomen ‘‘Domus Sanctus Antonius’’. Postremi menses vitae eius morbo vexati sunt, quem ea aequo animo plene Christo commendata accepit. Die 13 mensis Martii anno 1992, Sancti Salvatoris in Brasilia in Domino quievit, mira fama sanctitatis circumdata. Die 3 mensis Aprilis anno 2009 Summus Pontifex Benedictus XVI heroicitatem virtutum eius decrevit. Beatificationis Venerabilis Servae Dei respectu, Causae Postulatio iudicio huius Congregationis de Causis Sanctorum assertam quandam subiecit miram sanationem, intercessioni eius tributam. Eventus, qui die 12 mensis Ianuari anno 2001 occurrit in civitate Itabaiana in finibus Sergipe in Brasilia, ad sanationem dominae Claudiae Christianae Santos pertinet, quae gravi sanguinis eruptione e vagina post partum afficiebatur et maximum in discrimen valetudinis ruerat. Variis curis adhibitis, quae omnino vanae evaserant, infaustam diagnosim quoad vitam a medicis accepit. Domina Claudia, cum miram virtutem Sororis Dulcis cognovisset, toto corde ac spe eam oravit pro sua sanatione. Familiares infirmae etiam, una cum aliis fidelibus, per noctem inter diem 11 et diem 12 mensis Ianuari anno 2001, ferventem humilemque precationem inceperunt, rogantes Dominum, intercessione Servae eius, donum sanationis cognatae suae. Ipso die 12, rapidum provectum Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 384 valetudinis spectatum est, maxime alienum solito cursui infirmitatis, quod venit ad condiciones vitae Claudiae valde prosperas et secundas. De hac mira aestimata sanatione, a die 2 ad diem 18 mensis Ianuari anno 2003 apud Curiam Ecclesiasticam Aracuiensem in Brasilia Inquisitio dioecesana instructa est, cuius auctoritas et vis iuridica a Congregatione de Causis Sanctorum Decreto diei 30 mensis Maii anno 2003 probatae sunt. Dicasterii Consilium Medicorum in sessione diei 7 mensis Maii anno 2009 declaravit sanationem rapidam, completam, stabilem et ex scientia inexplicabilem fuisse. Die 5 mensis Decembris anno 2009 actus est Congressus Peculiaris Consultorum Theologorum et die 26 mensis Octobris anno 2010 habita est Sessio Ordinaria Patrum Cardinalium et Episcoporum, Ponente Causae Exc.mo D.no Xaverio Echevarrı́a Rodrı́guez, Episcopo titulari Cilibiensi. Et in utroque Coetu, sive Consultorum sive Cardinalium et Episcoporum, posito dubio an de miraculo divinitus patrato constaret, responsum affirmativum prolatum est. Facta demum de hisce omnibus rebus Summo Pontifici Benedicto XVI per subscriptum Cardinalem Praefectum accurata relatione, Sanctitas Sua, vota Congregationis de Causis Sanctorum excipiens rataque habens, hodierno die declaravit: Constare de miraculo a Deo patrato per intercessionem Venerabilis Servae Dei Dulcis Lopes Pontes (in saec.: Mariae Ritae), Sororis Professae Congregationis Sororum Missionariarum ab Immaculata Conceptione Matris Dei, videlicet de celeri, perfecta ac constanti sanatione dominae Claudiae Christianae Santos ab « atonia uterina, emorragia vaginale, emoperitoneo, emorragia retro peritoneale peri-partum, coagulopatia da consumo (CID), shock ipovolemico, insufficienza renale acuta transitoria, in paziente sottoposta a tre laparatomie nell’arco di 24 ore, con isterectomia ». Hoc autem decretum publici iuris fieri et in acta Congregationis de Causis Sanctorum Summus Pontifex referri mandavit. Datum Romae, die 10 mensis Decembris A. D. 2010. Angelus Card. Amato, S.D.B. Praefectus L. e S. e Michaël Di Ruberto Archiep. tit. Biccarensis, a Secretis Congregatio de Causis Sanctorum 385 URGELLENSIS Beatificationis et Canonizationis Ven. Servae Dei Annae Mariae Janer Anglarill, Fundatricis Instituti Sororum a Sacra Familia de Urgell (1800-1885) DECRETUM SUPER MIRACULO Venerabilis Serva Dei Anna Maria Janer Anglarill die 18 mensis Decembris anno 1800 in urbe Cervera, Leridae in Hispania, orta est e familia profundis christianis normis ditata. Duodeviginti annos nata apud valetudinarium urbis Castelltort de Cervera partes habere incepit Fraternitatis a Caritate. Religiosa emissa professione, munera sibi assumpsit magistrae novitiarum et moderatricis. Die 29 mensis Iunii anno 1859 Institutum condidit Sororum a Sacra Familia de Urgell ad christianam pueris et iuvenibus educationem tradendam et ad infirmos senesque adiuvandos. Totam per eius vitam tres et viginti ortae sunt Fraternitates. Attamen ob rerum eversionem anni 1868, innumerae communitates deletae sunt et sorores dispersae. Inter annos 1874 et 1880 intra ipsum Institutum ostracismum pertulit, cuius causa exstitit novus rerum ordo quem quidam spiritualis moderator imponere voluit. Anno 1880 in loco Talarn primum Capitulum Generale celebratum est, quo Venerabilis Dei Serva moderatrix generalis canonice est electa. Quae tandem hac in Leridensi urbe, sanctitatis fama circumdata, die 11 mensis Ianuarii anno 1885 animam exhalavit. Decretum super heroicitate virtutum Servae Dei die 3 mensis Iulii anno 2009 promulgatum est. Ad beatificationem quod attinet, Postulatio Causae iudicio huius Congregationis de Causis Sanctorum coniectam subiecit miram sanationem quae Barcinone in Asylo Municipii evenit. Etenim, domina Anna Padrós Sellés mense Maio anni 1949 hanc Institutionem ingressa est, eo quod decem abhinc annos rheumatismum deformatum polyarticularem patiebatur, morbum nempe ex se degenerantem, qui impediebat eam quominus solito more se moveret, ita ut sella rotali vehi cogeretur. Hoc funesto statu perpenso, soror Maria Aloisia Font Romeu, quae sodalis erat Instituti Sororum a Sacra Familia de Urgell, ad curandos exsules apti, hortata est eam ut novendiales effunderet preces in honorem Fundatricis Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 386 Instituti. Die 5 mensis Iunii anno 1951 domina Anna Padrós et domina Fidela Roca, ibidem quoque profuga, orare inceperunt Venerabilem Servam Dei Annam Mariam Janer Anglarill ut infirma a Domino sanationem assequeretur. Etenim, die 9 eiusdem mensis, dum novendiales precationes in cappella quinto iam die recitabantur, inopinate domina Padrós, e rotali sella surgens, iuxta normam ambulare coepit; et ulterius examini medicorum submissa est, qui detexerunt dolentes articulationum effectus dilapsos esse et infirmam plenam earum functionem recepisse. Congruentia temporis nexusque inter invocationem ad Venerabilem Servam Dei et sanationem dominae Annae Padrós omnino patuerunt. De hac sanatione, quae mira est habita, apud Curiam archidioecesanam Barcinonensem instructus est Processus Ordinarius inter dies 13 mensis Aprilis anno 1956 et 15 mensis Aprilis sequente anno. Ibidem quoque, sed multos post annos, nempe a die 3 ad diem 7 mensis Iulii anno 2001, peracta est Inquisitio Dioecesana Suppletiva. Iuridica utriusque processus validitas a Congregatione de Causis Sanctorum approbata est per respectiva Decreta vulgata die 27 mensis Septembris anno 1986 et die 5 mensis Aprilis anno 2002. Medicorum Dicasterii Consilium, in Sessione habita die 15 mensis Novembris anno 2009, agnovit sanationem instantaneam, constantem, perfectam et sub hodiernae scientiae medicae lumine inexplicabilem fuisse. Consultores Theologi, die 31 mensis Ianuarii anno 2010 in Congressu adunati, positivum tulerunt votum. Die 16 mensis Novembris eiusdem anni Purpurati Patres et Episcopi in Sessione Ordinaria congregati, Ponente Causae Exc.mo D.no Raphaelo Martinelli, Episcopo Tusculano, sententiam affirmativam professi sunt. Facta demum de hisce omnibus rebus Summo Pontifici Benedicto XVI per subscriptum Cardinalem Praefectum accurata relatione, Sanctitas Sua, vota Congregationis de Causis Sanctorum excipiens rataque habens, hodierno die declaravit: Constare de miraculo a Deo patrato per intercessionem Venerabilis Servae Dei Annae Mariae Janer Anglarill, Fundatricis Instituti Sororum a Sacra Familia de Urgell, videlicet de celeri, perfecta ac constanti sanatione dominae Annae Padrós Sallés a « poliartrite degenerativa-infiammatoria con impegno poliarticolare e in particolare dell’anca bilateralmente, con grave e persistente sintomatologia dolorosa e grave limitazione funzionale ». Congregatio de Causis Sanctorum 387 Hoc autem decretum publici iuris fieri et in acta Congregationis de Causis Sanctorum Summus Pontifex referri mandavit. Datum Romae, die 10 mensis Decembris A. D. 2010. Angelus Card. Amato, S.D.B. Praefectus L. e S. e Michaël Di Ruberto Archiep. tit. Biccarensis, a Secretis LISBONENSIS Beatificationis et Canonizationis Ven. Servae Dei Maria Clarae a Iesu Infante (in saec.: Libaniae Carmelitidis Galvão Mexia de Moura Telles e Albuquerque), Fundatricis Congregationis Sororum Franciscalium Hospitalariarum ab Immaculata Conceptione (1843-1899) DECRETUM SUPER MIRACULO Venerabilis Serva Dei Maria Clara a Iesu Infante (in saec.: Libania Carmelitis Galvão Mexia de Moura Telles e Albuquerque), nobili nata est genere die 15 mensis Iunii anno 1843 in pago v. d. Amadora non longe ab Olisipone, in Lusitania. Percepta consecratam ad vitam vocatione, in convictum Sancti Patritii Olisipone iuxta sorores Tertiarias Franciscales Dominae Nostrae ab Immaculata Conceptione ingressa est; anno 1869 vestem Tertiariarum induit, nomen Mariae Clarae a Iesu Infante suscipiens. Quia illo tempore leges Lusitaniae admodum hostiles Ecclesiae Romanae aderant et vitam consecratam omnino vetabant interdicebantque, Serva Dei in Galliam se contulit iuxta Caletensem monasterium Sororum Franciscalium Hospitalariarum et Magistrarum in quo novitiatum explevit votaque anno 1871 emisit. Deinde post reditum in patriam, Maria Clara coenobii Sancti Patritii antistita constituta est, in quo incepit processum reformationis Congregationum Franciscalium, initium constituens Sororum Hospitalariarum Pauperum ab Immaculata Conceptione. Pluribus in difficultatibus nec non in impedimentis Serva Dei aequo animo munus suum semper promovit, Domino firmissima in 388 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale fide, omnino se praebens pro Sororum animi et spiritus incremento multaque apostolatus officia gerens. Maria Clara pie Olisipone die 1 mensis Decembris anno 1899 mortali e vita excessit. Die 6 mensis Decembris anno 2008 Decretum super virtutibus heroicis Servae Dei promulgatum est. Postulatio Causae, Servae Dei prospiciens beatificationi, examini huius Congregationis de Causis Sanctorum putatam subiecit miram sanationem dominae Georginae Trocoso Monteagudo adiudicatam Venerabilis Servae Dei intercessioni, quae Bajonae in Hispania anno 2003 evenit. Antecedentibus annis in corpore dominae Georginae tumores, haematomata, plagae ulcerosae praecipue dextro in brachio prodierunt. Plures sectiones chirurgicae frustra adhibitae sunt, condiciones aegrotae eo magis in peius infandos inter dolores sunt mutatae. Istis in rebus Georgina convertere invocationem Venerabili Servae Dei voluit, sanationem suam impetrans. Hac in oratione constanti ac continua plures per annos illam sustinuerunt ac comitatae sunt quaedam Sorores Congregationis Franciscalium Hospitaliariarum ab Immaculata Conceptione. Praeterea illa Georgina brachii in fascis etiam imaginem Servae Dei Mariae Clarae interposuit. Repente mane die 12 mensis Novembris anno 2003 aegrota sublatis ligaminibus dextro in brachio invenit vulnus exsiccatum et dolorem dilapsum esse. Diuturnitate morbi, ineptis curis, inopinata et constans sanatio sine recidivis inexpectata et inexplicabilis iudicabatur. Evidens est concursus temporis et consequentia inter Servae Dei invocationem et sanationem dominae Georginae. De sanatione, quae mira est habita, iuxta Curiam Vicensem in Hispania celebrata est a die 24 mensis Ianuarii ad diem 23 mensis Aprilis anni 2005 Inquisitio dioecesana, cuius iuridica validitas ab hac Congregatione de Causis Sanctorum per Decretum diei 15 mensis Februarii anni 2008 approbata est. Omnia acta collecta die 14 mensis Ianuarii anno 2010 delata sunt ad huius Congregationis Consilium Medicorum, cuius sodales, probata morbi gravitate et curis non sufficientibus inventis, sanationem declaraverunt e scientiae legibus inexplicabilem fuisse. Die 15 mensis Iunii anno 2010 actus est Peculiaris Consultorum Theologorum Congressus. Deinceps die 7 mensis Decembris anno 2010 Patres Cardinales et Episcopi in Sessione Ordinaria congregati sunt, Ponente Causae Exc.mo D.no Laurentio Chiarinelli, Episcopo Viterbiensi. Et in utroque Coetu, sive Consultorum sive Cardinalium et Episcoporum, posito dubio an de miraculo divinitus patrato constaret, responsum affirmativum prolatum est. Congregatio de Causis Sanctorum 389 Facta demum de hisce omnibus rebus Summo Pontifici Benedicto XVI per subscriptum Cardinalem Praefectum accurata relatione, Sanctitas Sua, vota Congregationis de Causis Sanctorum excipiens rataque habens, hodierno die declaravit: Constare de miraculo a Deo patrato per intercessionem Venerabilis Servae Dei Mariae Clarae a Iesu Infante (in saec.: Libaniae Carmelitidis Galvão Mexia de Moura Telles e Albuquerque), Fundatricis Congregationis Sororum Franciscalium Hospitalariarum ab Immaculata Conceptione, videlicet de celeri, perfecta ac constanti sanatione dominae Georginae Trocoso Monteagudo a « pioderma gangrenoso fagodemico grave, di tipo cronico, in paziente anziana ». Hoc autem decretum publici iuris fieri et in acta Congregationis de Causis Sanctorum Summus Pontifex referri mandavit. Datum Romae, die 10 mensis Decembris A. D. 2010. Angelus Card. Amato, S.D.B. Praefectus L. e S. e Michaël Di Ruberto Archiep. tit. Biccarensis, a Secretis TAURINENSIS Beatificationis et Canonizationis Ven. Servi Dei Francisci Paleari, Sacerdotis Instituti v. d. « Cottolengo » (1863-1939) DECRETUM SUPER MIRACULO Venerabilis Servus Dei Franciscus Paleari anno 1863 natus est in oppido Pogliano Milanese. Augustae Taurinorum anno 1877 Seminarium ingressus est Parvae Domus a Divina Providentia, a Sancto Iosepho Benedicto Cottolengo conditae. Ille quidem, presbyteratu auctus ac eodem sui Sancti Conditoris spiritu ductus, spiritualitatis largitatem eius effudit. Eximius exstitit magister iuvenum, prudens confessarius, aestimatus animarum moderator tam a seminarii alumnis quam a presbyteris. Officia regiminis concredita sunt illi apud archidioecesim Taurinensem, verbi gratia 390 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale munera Pro-Vicarii generalis, Vicarii pro monialibus, Promotoris Iustitiae apud Tribunal Metropolitanum. In suo explendo ministerio dotibus eminuit humilitatis et sapientiae, caritatis et fortitudinis. Cerebrali congestione affectus anno 1936, tres extremos vitae annos vixit a morbo purificatus, semper tamen promptus ad spirituale auxilium omnibus se adeuntibus offerendum. Die 7 mensis Maii anno 1939 Augustae Taurinorum animam suam Domino tradidit in Parva Domo a Divina Providentia. Die 6 mensis Aprilis anno 1998 Decretum super virtutibus heroicis Servi Dei promulgatum est. Ad Beatificationem quod attinet, Postulatio Causae examini porrexit miram pueri Silvii Guizza assertam sanationem, quae in archidioecesi Taurinensi mense Iunio anno 1946 evenit a meningoencephalite virali acuta. Die enim 17 mensis Iunii anno 1946, undecim fere annos natus, puer Silvius asthenia et febri ex improviso affectus est. Sequentibus diebus revelata sunt incommoda visionis, tetralogia et aphasia motorica. Parentes eius, ambo medici pediatri, aliique experti clinicam edixerunt diagnosim meningoencephalitis viralis. Pueri morbus tractatus est cum penicillina et materni sanguinis transfusione, absque positivo exitu, immo status in peius ruit cum respirationis insufficientia et vitae discrimine. Hunc funestum valetudinis statum perpendentes, duae sorores religiosae, administrae apud Taurinense Valetudinarium « Maria Victoria », parentes pueri infirmi hortatae sunt ut intercessionem peterent Venerabilis Servi Dei Francisci Paleari. Die 22 mensis Iunii ferventes effusae sunt preces ad eum; et, dum valetudinis condiciones ingravescebant, puer tamen placido captus est somno. Dum expergiscebatur serotinis horis, Silvius ex seipso tintinnabulum habitaculi pulsavit ut parentes arcesseret et subridens referret se sanatum percipi. Inde ab illo instanti normalem agendi modum resumpsit, atque sequentes inspectiones clinicae restitutam confirmaverunt valetudinem. Inquisitio Dioecesana huius coniectae sanationis instructa est apud Curiam ecclesiasticam Taurinensem a die 3 mensis Novembris anni 2005 ad diem 10 mensis Martii anni 2006; vis iuridica et auctoritas eius agnitae sunt a Congregatione de Causis Sanctorum Decreto diei 30 mensis Novembris anno 2006; Sessio Consilii Medici habita est die 18 mensis Decembris anno 2008; Congressus autem Consultorum Theologorum actus est die 29 mensis Aprilis anno 2009 qui responsum protulit affirmativum. Patres Cardinales et Episcopi in Sessione Ordinaria congregati sunt die 9 mensis Novembris anno Congregatio de Causis Sanctorum 391 2010, qui omnes unanimiter faventem sententiam declaraverunt, Ponente Causae Exc.mo D.no Ioanne Paulo Benotto, Archiepiscopo Pisano. Facta demum de hisce omnibus rebus Summo Pontifici Benedicto XVI per subscriptum Cardinalem Praefectum accurata relatione, Sanctitas Sua, vota Congregationis de Causis Sanctorum excipiens rataque habens, hodierno die declaravit: Constare de miraculo a Deo patrato per intercessionem Venerabilis Servi Dei Francisci Paleari, Sacerdotis Instituti v. d. « Cottolengo », videlicet de celeri, perfecta ac constanti sanatione pueri Silvii Guizza a « meningoencefalite virale acuta ». Hoc autem decretum publici iuris fieri et in acta Congregationis de Causis Sanctorum Summus Pontifex referri mandavit. Datum Romae, die 10 mensis Decembris A. D. 2010. Angelus Card. Amato, S.D.B. Praefectus L. e S. e Michaël Di Ruberto Archiep. tit. Biccarensis, a Secretis Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 392 CONGREGATIO PRO EPISCOPIS PROVISIO ECCLESIARUM Latis decretis a Congregatione pro Episcopis, Sanctissimus Dominus Benedictus Pp. XVI, per Apostolicas sub plumbo Litteras, iis quae sequuntur Ecclesiis sacros praefecit Praesules: die 7 Martii 2012. — Metropolitanae Ecclesiae Uberabensi, Exc.mum P. D. Paulum Mendes Peixoto, hactenus Episcopum Sancti Iosephi Riopretensis. die 8 Martii. — Cathedrali Ecclesiae Bakeriensi, R. D. Villelmum Stephanum Cary e clero archidioecesis Portlandensis in Oregon, hactenus curionem paroeciae Sanctae Marias in oppido vulgo Eugene eiusdem archidioecesis. die 10 Martii. — Archiepiscopali Ecclesiae Surrentinae-Stabiensi, Exc.mum P. D. Franciscum Alfano, hactenus Archiepiscopum Sancti Angeli de Lombardis-Compsanum-Nuscanum-Bisaciensem. die 14 Martii. — Titulari Episcopali Ecclesiae Tarasensi in Byzacena, R. D. Eduardum Iosephum Castillo Pino, e clero Guayaquilensi, hactenus in eadem archidioecesi Vicarium episcopalem et parochum, quem constituit Auxiliarem archidioecesis Portus Veteris. — Ordinariatui Militari in Paraguaiana Re Publica, Exc.mum P. D. Adalbertum Martı́nez Flores, hactenus Episcopum Sancti Petri Apostoli. die 20 Martii. — Metropolitanae Ecclesiae Marianopolitanae, Exc.mum P. D. Christianum Lépine, hactenus Episcopum titularem Zabensem et Auxiliarem eiusdem archidioecesis Marianopolitanae. — Metropolitanae Ecclesiae Baltimorensi, Exc.mum P. D. Villelmum Eduardum Lori, hactenus Episcopum Bridgeportensem. Congregatio pro Episcopis 393 die 20 Martii 2012. — Cathedrali Ecclesiae Rockfordiensi, R. D. Davidem Ioannem Malloy e clero archidioecesis Milvaukiensis, hactenus curionem paroeciae Sancti Francisci de Sales in oppido Lake Geneva eiusdem archidioecesis. — Cathedrali Ecclesiae Pensacolensi-Tallaseiensi, R. D. Gregorium Laurentium Parkes e clero dioecesis Orlandensis, hactenus Vicarium Generalem, Cancellarium et curionem paroeciae Corporis Christi in oppido Celebration eiusdem dioecesis. die 21 Martii. — Praelaturae territoriali Sancti Felicis, Exc.mum P. D. Hadrianum Ciocca Vasino, hactenus Episcopum Florestensem. — Titulari episcopali Ecclesiae Canapitanae, R. D. Iosephum Aloisium Gomes de Vasconcelos, e clero dioecesis Garanhunensis, hactenus Rectorem Seminarii Maioris Caruaruensis, quem deputavit Auxiliarem archidioecesis Fortalexiensis. — Titulari episcopali Ecclesiae Acciensi, R. D. Ioannem Crippa, I.M.C., hactenus in archidioecesi Fori S. Annae, paroeciae Sanctissimae Trinitatis curionem, quem deputavit Auxiliarem archidioecesis Sancti Salvatoris in Brasilia. die 24 Martii. — Titulari episcopali Ecclesiae Biatiensi, R. D. Vieslavum Śmigiel, e clero dioecesis Pelplinensis, Praesidem cathedrae theologiae pastoralis apud Universitatem Catholicam Lublinensem Ioannis Pauli II, quem deputavit Auxiliarem eiusdem dioecesis Pelplinensis. die 30 Martii. — Cathedrali Ecclesiae Tepicensi, Exc.mum P. D. Aloisium Flores Calzada, hactenus Episcopum Vallem Chalcensem. die 2 Aprilis. — Cathedrali Ecclesiae Brisbanensi, Exc.mum P. D. Marcum Benedictum Coleridge, hactenus Archiepiscopum CamberrensemGulburnensem. die 3 Aprilis. — Cathedrali Ecclesiae Sancti Ludovici Potosiensis, Exc.mum P. D. Iosephum Carolum Cabrero Romero, hactenus Episcopum Zacatecensem. — Cathedrali Ecclesiae Truxillensi in Venetiola, Exc.mum P. D. Castorem Osvaldum Azuaje Pérez, O.C.D., hactenus Episcopum titularem Vertarensem et Auxiliarem archidioecesis Maracaibensis. 394 Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale die 4 Aprilis 2012. — Ordinariatui Militari Bolivianae Rei Publicae, Exc.mum P. D. Ansgarium Odemarum Aparicio Céspedes, hactenus Episcopum titularem Citiensem et Auxiliarem Pacensem in Bolivia. — Episcopali Ecclesiae Oppidensi-Palmarum, R. D. Franciscum Milito, e clero archidioecesis Rossanensis-Cariatensis, hactenus in eadem archidioecesi pro cultura et oecumenismo Vicarium Episcopalem, necnon Archivi Historici Dioecesani Moderatorem. — Titulari episcopali Ecclesiae Ausuccurensi, R. D. Tullium Aloisium Ramı́rez Padilla, e clero archidioecesis Valentinae in Venetiola, ibique hactenus, Vicarium Generalem, quem constituit Auxiliarem archidioecesis Caracensis. Diarium Romanae Curiae 395 DIARIUM ROMANAE CURIAE Il Romano Pontefice Benedetto XVI ha ricevuto in Udienza: Mercoledı̀, 7 marzo, S. E. il Signor Wolfgang Schäuble, Ministro Federale delle Finanze della Repubblica Federale di Germania; Giovedı̀, 8 marzo, S. E. il Signor David McAllister, Ministro Presidente del Land Niedersachsen (Bassa Sassonia); Sabato, 10 marzo, Sua Grazia il Dottor Rowan Williams, Arcivescovo di Canterbury e Primate della Comunione Anglicana. Il Romano Pontefice ha compiuto un Viaggio Apostolico nella Repubblica Federale del Messico e nella Repubblica di Cuba dal 23 al 28 marzo 2012. SEGRETERIA DI STATO NOMINE Con Brevi Apostolici il Santo Padre Benedetto XVI ha nominato: 10 marzo 2012 S.E.R. Mons. Mario Roberto Cassari, Arcivescovo titolare di Tronto, finora Nunzio Apostolico in Croazia, Nunzio Apostolico in Sud Africa, Botswana, Namibia e Swaziland. 24 » » S.E.R. Mons. Santo Gangemi, Arcivescovo titolare di Umbriatico, Nunzio Apostolico nelle Isole Salomone, Nunzio Apostolico in Papua Nuova Guinea. Con Biglietti della Segreteria di Stato il Santo Padre Benedetto XVI ha nominato: 7 febbraio 2012 Gli Em.mi Signori Cardinali: Antonio Cañizares Llovera, Prefetto della Congregazione per il Culto Divino e la Disciplina dei Sacramenti; Laurent Monsengwo Pasinya, Arcivescovo di Kinshasa (Repubblica Democratica del Congo); Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 396 e gli Ecc.mi Mons.: Pier Luigi Celata, Arcivescovo tit. di Doclea, Segretario del Pontifı̀cio Consiglio per il Dialogo Interreligioso; José Octavio Ruiz Arenas, Arcivescovo emerito di Villavicencio, Segretario del Pontificio Consiglio per la Promozione della Nuova Evangelizzazione; Joseph Kalathiparambil, Vescovo emerito di Calicut, Segretario del Pontificio Consiglio della Pastorale per i Migranti e gli Itineranti, Membri della Congregazione per l’Evangelizzazione dei Popoli; e ha confermato gli Em.mi Signori Cardinali: Giovanni Battista Re, Tarcisio Bertone, Zenon Grocholewski, William Joseph Levada e Franc Rodé, Membri della medesima Congregazione. 1 marzo 2012 L’Em.mo Signor Cardinale Wilfrid Fox Napier, O.F.M., Arcivescovo di Durban (Sud Africa), e l’Ecc.mo Mons. Walter Mixa, Vescovo emerito di Augsburg (Rep. Federale di Germania), Membri del Pontificio Consiglio per gli Operatori Sanitari « ad quinquennium »; e inoltre l’Ecc.mo Mons. Joachim Ntahondereye, Vescovo di Muyinga (Burundi); gli Ill.mi Signori: Dott. Orochi Samuel Orach, Direttore dell’Ufficio Nazionale di Pastorale della Salute (Uganda); Dott. Stefano Ojetti, Vice Presidente dell’Associazione dei Medici Cattolici - AMCI (Italia); Dott. Salvatore Pagliuca, Presidente dell’Unione Nazionale Italiana Trasporto Ammalati a Lourdes e Santuari Internazionali - UNITALSI (Italia), Consultori del medesimo Pontificio Consiglio per gli Operatori Sanitari « ad quinquennium ». 7 » » L’Em.mo Signor Cardinale Angelo Bagnasco, Arcivescovo di Genova, Presidente della Conferenza Episcopale Italiana « ad quinquennium ». » » » L’Ecc.mo Mons. Lorenzo Baldisseri, Arcivescovo titolare di Diocleziana, Segretario della Congregazione per i Vescovi, Segretario del Collegio Cardinalizio. 13 » » Il Rev.do Mons. Sławomir Oder, Vicario Giudiziale e Presidente del Tribunale di Appello istituito presso il Vicariato di Roma « in aliud quinquennium ». » » » Il Rev.do Don Sabino Ardito, S.D.B., confermato Vicario Giudiziale del Tribunale di Prima Istanza per le cause di nullità di matrimonio della Regione Lazio « usque ad septuagesimum quintum annum ». » » » L’Em.mo Signor Cardinale Zenon Grocholewski, Prefetto della Congregazione per l’Educazione Cattolica, Membro della Congregazione per i Vescovi. Diarium Romanae Curiae 397 15 marzo 2012 L’Em.mo Signor Cardinale Edwin Frederick O’Brien, finora Pro-Gran Maestro, Gran Maestro dell’Ordine Equestre del Santo Sepolcro di Gerusalemme. 20 » » I Rev.di Mons.: Luis Manuel Cuña Ramos, Sac. Filippo Urso, P. Wojciech Giertych, O.P., Don Antonio Escudero Cabello, S.D.B., Marek Rostkowsi, O.M.I., P. Alfonso Amarante, C.SS.R., Sr. Albarosa Ines Bassani, S.V.D.I., Sr. Grazia Loparco, F.M.A., Consultori della Congregazione delle Cause dei Santi « ad quinquennium ». ———————— Si rende noto che sono stati confermati nell’incarico di Giudice Esterno del Tribunale di Prima Istanza per le cause di nullità di matrimonio della Regione Lazio, il Rev.do P. Luigi Sabbarese, C.S., per un altro quinquennio; e il Rev.do Sac. Marek Rutkowski, per un biennio. Acta Apostolicae Sedis – Commentarium Officiale 398 NECROLOGIO 3 marzo 2012 Mons. Stephen M. Tiru, Vescovo di Khunti (India). 4 » » Mons. John C. Reiss, Vescovo em. di Trenton (Stati Uniti d’America). 9 » » Sua Em.za il Card. José T. Sanchez, del Tit. di San Pio V a Villa Carpegna. 10 » » Mons. Hermı́n Negrón Santana, Vescovo tit. di Gegi e Ausiliare di San Juan de Puerto Rico (Porto Rico). 12 » » Mons. Augustin Misago, Vescovo di Gikongoro (Rwanda). » » » Mons. Wilson Abraham Moncayo Jalil, Vescovo di Santo Domingo en Ecuador (Ecuador). 13 » » Mons. Hans Ludvig Martensen, S.I., Vescovo em. di Copenhagen (Svezia). 18 » » Mons. Anárghyros Printesis, Esarca Apostolico em. per i Cattolici di rito bizantino residenti in Grecia (Grecia). 20 » » Mons. Ante Iurić, Arcivescovo em. di Split-Makarska (Croazia). 22 » » Mons. (John) Hanna George Chedid, Vescovo em. di Our Lady of Lebanon of Los Angeles (Stati Uniti d’America). 29 » » Mons. Paulino Reale, Vescovo em. di Venado Tuerto (Argentina). 3 aprile » Mons. Efraim Bası́lio Krevey (Krevei), O.S.B.M., Eparca em. dell’Eparchia di São João Batista em Curitiba degli Ucraini (Brasile). 4 » » Mons. Arduino Bertoldo, Vescovo em. di Foligno (Italia). 6 » » Mons. Felipe Fernández Garcı́a, Vescovo em. di San Cristóbal de la Laguna, Tenerife (Spagna).