DICTIONNAIRE DE CONTENANT L’EXPOSÉ DES LEURS DOCTRINES DE LA THEOLOGIE CATHOLIQUE PREUVES ET LEUR HISTOIRE COMMENTÉ SOUS I.A rW.CTW DE A. VACANT E. MANQENOT frofeakur a i/ixftitvt catuouq< morasEun aü «hand ρΓ.μιχχπικ de naxct COXTlXUfi ?OÜP CELLE * dr pakis DE É. AMANN rnontsKKUB a ia neutre ne Tunotoaie cirmuqve ns l'ünittrsits ne ctrar>octu> AVEC LE CONCOURS D'UN CRA NO NOMBRE DE COLLABORATEURS TOME ONZIÈME PREMIÈRE PARTIE NAASSÉNIENS — ORDALIES PÀRIS-VI LIBRAIRIE LETOUZEY ET 87, Boulevard Baspail, 87 1931 TOI S DROITS RESERVES ANÈ Imprimatur ; Argentorati, die 2G‘ junii 1931. f Carolus Josephus Eugenius. Ep. Argon linen. I DTCTTONNAIRE DE THÉOLOGIE CATHOLIQUE -' -o—- , ■ NAASSÉNIENS, voir Ophites. NA B INALS (Élie de), frère mineur de la pro­ vince d’Aquitaine. maître en théologie, commenta les Sentences à Paris et fut ministre provincial de l’Aquitaine. Il a été confondu ù tort avec Élie de Annibaldis et surtout avec Élie de S. I leredio, O. S, B., qui, après avoir été évêque à Clique, fut créé car­ dinal en 1356, par Innocent VI. cl évêque d’Oslie, en 1363, et mourut ù Avignon le 20 mai 1367. Les mêmes dignités ecclésiastiques ont été décernées, vers la même époque, 5 Élie de Nabinals. Archevêque de Nicosie en 1332, il fut élevé, en 1312. au patriarcal de .Jérusalem et, peu après, il fut créé cardinal par Clément V I et non par Jean XX11, comme le soutient Barthélemy de Bise dans le De con/ormitafe S. Fran­ cisa', vm, 2. A-t-il été évêque d’Oslie. comme le soutient L. Wadding, Scriptores ordinis minorum. Borne, 1906, p. 73 et Annales ordinis minorum, t. ni, an. 1312, η. -I, on ne peut l'affirmer avec cer­ titude. vu que Élie de S. Heredio n’est mort qu’en mai 1367, et que Élie de Nabinals mourut en octobre de la même année. Dans tous les cas, il ne peut avoir occupé le siège épiscopal d’Ostic que pen­ dant un laps de temps très court. Il a composé : 1° In quatuor libros Sententiarum commentaria ; 2e In apocalypsim; 3· De vita contemplativa. I. Wad­ ding, op. cit,9 ajoute toutefois qu’il doit avoir com­ posé encore d’autres ouvrages, mais il ne les cite point. Mort Λ Avignon en octobre 1363, d’après Wadding, op. cit., ou en 1367, d’après J. H. Sbaralea, Supplementum. 1908, p. 210, il fut enterré dans le couvent des frères mineurs. Barthélemy de Plsr. Liber de con/ormitate S, Franclscl, x in, 2; S. Antonin, Chronicon, p. 111, lit. xxiv, e. \ in. $ 15; I gliclll, Italia sacra, 1.i, Episcopi Ostienses, η. 57; A. Poite­ vin, Apparatus sacer, !. i. Cologne, 1608, nu mot Elias de Sancto Heredia; L. Wadding, Annales ordinis minorum, t. ni. nnn. 1312, η· I; id.. Scriptores ordinis minorum. Home, 1650, p. 105; Home. 1006, p. 73; J. 1Γ. Sbandcn. Supplementum cl castigatio ad Scriptores trium ordinum S. I'rancisci, p. I, Borne, 1908, p. 210. A. Theta i ht. NACCHIANTEou NACLANTUS Jacques, frère prêcheur florentin. Après avoir pris l’habit au couvent de Saint-Marc, il devint, à Bologne, condisci­ ple du futur Pie V. 11 enseigna ensuite la philosophie et la théologie au couvent de la Minerve, à Home. Paul III le remarqua dans des disputes théologiques et le nomma, en 1511, évêque, de Chiozza dans l'Etat de Venise. A ce titre, Nacchiante joua un rôle actif nier, ni; théoe. cstiiol. — au concile de Trente. Dès 1516, il y polémiqua contre les privilèges, abusifs selon lui, qu’on accordait au concile à des abbés mitrés. Il intervint utilement en faveur d’une plus grande liberté d’interprétation des saintes Écritures sur les points où l’Églisc n’a rien décidé. H s’opposa un instant avec la plus grande vivacité à un décret qui lui paraissait élever la simple Tradition au même rang que l’Écriture inspirée. Il dut s’excuser pour avoir, à ce propos, traité les Pères conciliaires d’ impies t’onime il avait dit qu’il trouvait trop lourd · le poids qu’on accordait a la Tradition, il demeura un certain temps suspect. Le secrétaire du concile, Mascarelli, lit une enquête dans son diocèse, en 1518 et 15-19. L’enquête tourna sans doute â son avantage, puisque Nacchiante eut un rôle important aux ses­ sions de 1562. Sur la résidence des évêques, sur le caractère sacrificiel de la Cène, il fut partisan de ne pas prendre de décisions trop immédiates. 11 pensa qu’il convenait d’accorder aux catholiques allemands la communion sous les deux espèces. On le vil en­ core réapparaître à Trente dans les sessions qui se poursuivirent sous Jules III et sous Pic IV. De mœurs pieuses et d’aspect imposant, durant les vingtcinq années de son administration diocésaine ou de scs présences au concile, il se montra extrêmement zélé pour la réforme de l’Églisc et l’application des règlements disciplinaires de Trente. Il mourut dans sa ville épiscopale le 6 mars 1569. Son œuvre doctrinale personnelle a été rééditée en deux in-folio, Lyon. 1657, pagination unique 750p. Cette œuvre se compose de divers traités dont plusieurs avaient d’abord paru séparément, cl dont la première édition d’ensemble avait été publier du vivant de l’auteur, en 1567. à Venise : Enarrationes pin·, doct# et catholiac in epistolam 1). Pauli apostoli ad Ephesios, in oui bus juxta sacram Scripturam el orthodoxam /idem sunt explicata· omnes fere diffi­ cultates pietatis Christian#, dans la dernière edition 132 p. — Enarrationes pi#, docta el catholic# in epistolam D. Pauli apostoli ad Humanos, in quibus et contenta et juxta sacram doctrinam et orthodoxam fidem sunt exactissime explicata pnveipua Christian# reli­ gionis sacramenta. I 10 p. Sacra Scriptum medulla vel arcanorum Christi, quibus singula mundi sunt locupletat# atates pia, docta ac clara detectio nec non perexacta discussio, 171 p. Enarrationes seu trac­ tationes xvni théologales vari# .· sacrements, eucha­ ristie, papauté, sacerdoce du Christ, règne du Christ, hiérarchie ecclésiastique, institution de l’épiscopat, XL — 1 3 NACCHIANTE primauté de saint Pierre, autorité du pape et des con­ ciles. approbation papale des actes conciliaires, droit divin, mariage, caractère d’expiation du saint sacrifice de la messe, mariages secrets, monts-depiété. 115 p. — Theoremata theologica : Trinité, incar­ nation, messe, relations entre les personnes divines... Theoremata melaphysica -- Theoremata naturalia Quatuor questiones : Création, immortalité, contin­ gence, infinité du premier moteur. Nacchianlc écrit en un style précis, parfois sobre .1 l’excès. Sa théologie biblique et sa théologie de l'Église expriment d une manière tout à fait carac­ téristique les tendances de cette Contre-réforme catholique qui suivit la Héfonnc protestante et dont il avait été à Trente l’un des ouvriers; strictement thomiste, en particulier sur la question litigieuse de la conciliation de l’activité libre de l’homme et de la prescience de Dieu, il rapporte des opinions tran­ chées de Cajétan en leur donnant la forme encore plus tranchée de théorèmes. Cette manière de présenter des opinions difficiles suffit à expliquer la désappro­ bation qu’ont marqué pour ces textes de Nacchianlc certains théologiens comme d’Argentré. Nacchianlc eut de son vivant une grosse autorité théologique. Nanni le cite et le traite comme l’égal de Cajétan, de Soto cl de Carranza. NAHUM sur la chartreuse d’Aula-Dei ( \ula de Dios : Cartuju real de. Zaragoza. etc.), composé par dom Michel de Dicastillo. un de ses prédécesseurs, cl publié en 1637. laitiusa. Bibliotheca antigua y nueva de tes rsrritores uragoneses, édition arrangée en forme de dictionnaire par Michel Gourez l'rici, Saragosse, 3 in-4% 1885-1886; Valenti, San Bruno y la Ordrn de los cartujos, Valence, 1899, p. 106; documents particuliers. S. AüTOJUi. NAHUM, l’un des douze petits prophètes. 1. Le prophète. IL Le livre (col. 9). I. Le phopiiète. 1· Son nom et sa personnalité. Ce nom de Nahotim en hébreu et de Ναούμ dans le grec des Septante n’apparaît, dans l’Ancien Testa­ ment. que dans le titre du septième des petits pro­ phètes. 11 signifie ; celui qjui fortifie, qui réconforte. consolator, dit saint Jérôme. De celle parfaite conve­ nance du nom du prophète au contenu de la prophétie qui annonce à Juda la ruine de son plus redoutable ennemi, il ne résulte pas, comme on l’a parfois suggéré, que ce nom aurait été imaginé et ajouté par un rédacteur tardif à l’oracle sur Ninive. L’exactitude du titre de la prophétie est d’ailleurs généralement admise; sa première partie : Oracle sur Ninive, cor­ respondant bien au sujet du livre et la seconde : Livre de la vision de Nahum d’Elqosch, supposant, à défaut d’authenticité, une antique tradition. Quétlf-Échard, Scriptores ordinis praedicatorum, t. n. En dehors de la très courte information de ce titre p. 202,259; Hurter, Nomenclator, 3· édit., t. ni. col. 78-80; et des données qu’on peut dégager du livre lui-même, Pnllnvicinl, Histoire du concile de Trente, édit. Migne, t. n, l’Ancien Testament ne fournit aucun renseignement col. 23. 88, 92. 112. 1114, 1252, 1264; t. ni. col. 877; pour reconstituer la personnalité du prophète. Tout Concilii Tridentlnt actorum, t. iv, vol. 1, p. 181, 31 I, 389, ce qu’on a pu ajouter à ces rares données est d’origine 123; vol. 2, p. 513. 511. 568.571; t. v.vol. 2. p. xxn, 18, 19. tardive et de peu de valeur. 39, 46. 63. 71, 85. 93. D’après le contenu certainement authentique du M.-M. GottCE. NAQORE Augustin, écrivain mystique, né livre, c’est-à-dire la majeure partie des c. n-m, l’au­ teur de l’oracle sur Nivine apparaît comme un pa­ ii Saragossc, en Espagne, en 1620, d’une famille triote ardent, enthousiaste, débordant d’une joie noble. Il fit profession chez les chartreux d’AulaDei, au diocèse de S ara gosse, où on le trouve prieur exubérante à la pensée de la ruine prochaine et irrémédiable de l’antique adversaire de Juda. L’op­ jusqu'en 1682; à celle époque le chapitre général pression et l’abaissement que depuis des générations le nomma prieur de la chartreuse de la Conception, avait subis son peuple avait aigri son ôrne; le conti­ située dans le même diocèse. Il mourut le 25 décem­ nuel spectacle des souffrances qu’infligeait à Israël la bre 1705, exerçant la charge de vicaire dans celle tyrannie des maîtres assyriens, avait été une rude maison. L’Ordre lui accorda le bienfait singulier épreuve pour sa foi en la bonté cl la puissance de d’une messe De Beala en récompense de son mérite. Jahvé. Mais maintenant tout va changer; au décou­ Le nom de dom Augustin Nagore. comme écrivain ragement qui risquait de sombrer dans le désespoir va mystique, est tout à fait inconnu en dehors de l’Es­ faire place une fougueuse indignation contre l’ancien pagne. et peut-être même en dehors de ΓAragon. Mais son ouvrage sur les étals d’oraison extraor­ ennemi, et un véritable chant de triomphe à la per­ dinaire, publié sous le pseudonyme de Joseph Lopez spective d’une revanche éclatante. De tels accents, a-t-on dit, ne rappellent que de Exquerra, avec le titre de Lucerna mystica, obtint loin ceux de Sophonle ou de Jérémie, les contem un grand succès en Espagne et en Italie, et jouit encore de l’estime des maîtres de la vie intérieure, porains du voyant d’Elqosch; ils ne font pas de lui cependant leur adversaire, le tenant d’un prophétisme Dom Nagore composa son traité en espagnol, mais, sur le conseil du savant franciscain Antoine Arbiol, étroit et superficiel, dépourvu de cet idéal moral que proposaient et défendaient les prophètes du il Je traduisit en latin et le livra ù la publicité. Voici vin· et du vu· siècle, ('.’est trop peu, en effet, d’un son litre : Lucerna mystica pro directoribus animarum, quæ omnia prorsus difficilia et obscura, quic iri diri­ oracle si court avec un objet bien déterminé pour ju­ ger de l’attitude générale de Nahum cl l’opposer à gendis spiritibus evenire solent, mira dexteritate clarilirat; quaque cuncta ad scientiam mysticam necessaria, scs contemporains dont les œuvres ne manquent rerumque supernaturalium quidditates, ubicationes, pas non plus, au reste, de sombres prédicl ions à l’adresse aiusar ac effectus breviter et compendiose clarescunt. des ennemis d’Israël et de Juda. Accedit ad calcem manuductio praclica brevis in gratiam 2** Son origine. La qualification d’Elqoschite : directorum juxta ejusdem operis doctrinam. Auctore ’Ελκεσαΐος, jointe au nom de Nahum, est ordi­ Josepho Lapez Exquerra, presbytero Cantabro Aesoponairement regardée comme l’indication de son lieu d’origine. Quelques-uns, nu dire de saint Jérôme, tensi. Valence. 1690, in-4·; Saragosse. 1691, ln-1·; Venise, 1722. 1733.1745, 1750,1755. 1758, 1761, in-4·; ; prétendaient bien y reconnaître le nom du père du Bassano, 1782. in-1 il écrivit aussi un grand traité prophète, mais ce n’élall point l’avis de celui-ci; Il y Intitulé: Lydius theologicus, où il réfuta les erreurs de voyait la mention de la patrie de Nahum. Cf. Com­ Michel Molinos. Cet ouvrage ms. in-folio, ainsi que mentariorum in Naum prophetam libertinus. Prologus, plusieurs autres Initiés spirituels qu’il avait composés, P. L., l. xxv, col. 1232. Ainsi l’ont également entendu la plupart des modernes. Niais où était située Elqosch? était encore aux archives de la chartreuse d’Aula-Dei Nulle mention n’en est falle ailleurs dans la Bible. lors de sa suppression. Enfin, il publia, en 1679, à Saragone. une nouvelle édition d’un ouvrage poétique ‘ Pour nous renseigner à son sujet, il n’existe guère N A 11 U M que des traditions d’origine récente pour lu plupart. Aussi l'identification de la patrie de Nahum demeuret-elle incertaine et objet de discussion entre les com­ mentateurs. Suint Jérôme écrit dans son commentaire : Elcesi usque hodie in Gali lira viculus.... pannis quidem el viz ruinis veterum icdi/iciorum indicans vestigia; sed tamen notus Judicis et mihi quoque a circumducente monstratus. Ibid. Malgré le nombre respectable de ses partisans (Kucncn. Wlldeboer. Driver. Comely, Crampon), cette opinion ne saurait guère être retenue. Il est assez peu probable, en effet, bien que non impos­ sible, qu’à l'époque de la composition du livre, au vir siècle, assez longtemps par conséquent après la destruction du royaume du Nord, soit né un pro­ phète hébreu en Galilée. Les pharisiens du temps de Notrc-Seigneur ne le pensaient sans doute pas non plus, qui répondaient à Nicodèmc : Examine avec soin et tu verras qu'il ne sort point de prophète de Galilée. · Joa., vu. 52. Une autre opinion dont la tradition ne remonte pas au delà du xvi· siècle (ci. Assémani, Hibliotheca orientalis. t. t, p. 525; t. ni, p. 352) cl qui néanmoins a trouvé des partisans jusqu’à nos jours (Ewald Klcinert, Lehmann-Haupl), propose l'identification du lieu d’origine de Nahum avec Al-Kûsh, située à vingt-cinq milles environ au nord de Mossoul. Ainsi le prophète serait né en Assyrie, non loin de la ville contre laquelle il fulmine son oracle, il descendrait d’une de ces familles Israélites déportées par TéglalhPhalasar ou Sargon après la chute du royaume de Samaric; la précision et l’exactitude des détails de la description qu’il donne de la capitale assyrienne, l’emploi de mots araméens. voire même assyriens, confirmeraient celle tradii ion (Ewald). Il n'est nullement nécessaire d'admettre celle hypothèse, que sa nouveauté d’ailleurs suffit à rendre suspecte, pour donner raison de ce que Nahum sait de Ninive. Ce qu’il en dit, en effet, ne dépasse pas ce (pi on pouvait en avoir appris en Palestine, après tant d’années de relations fréquent es avec les envahisseurs assyriens. Tout ce qui touchait à l’Assyrie était, depuis plus d’un siècle, du plus haut intérêt pour les dirigeants de Juda. La vue des armées assyriennes ifétalt pas événement extraordinaire en Syrie et un va-et-vient incessant existait entre Jérusalem cl Ninive; aussi rien d’étonnanl que l’essentiel de la construction el de la défense de la capitale assyrienne n’ait pas été ignoré des chefs de Juda. Une dernière indication enfin, plus digne d’atten­ tion, nous est suggérée par le livre lui-même dont le Ion général el les allusions, pleines de sympathies pour Juda, nous invitent à regarder son auteur comme un habitant du Koyaume du Sud; d’autant plus qu'on ne trouve aucune allusion aux espérances qu’un événement tel que la chute de Ninive aurait certes dû faire naître au cœur d’un Israélite du Hovaume du Nord ou d’un exilé, (’.’est pourquoi l'identification d’Elqosch avec le bir El-Oaus. dans le voisinage de Beth-Gibrin, l'antique Éleut héropolls. identification attestée déjà par tin texte du De vitis prophetarum. faussement attribuée à saint Epiphane, P. G.. t. xijii, col. 109. pourrait être retenue faute d’une autre mieux établie. Nestle. Strack. Nowack. van Hoonacker, J. Μ. P. Smith el d’milres encore l’admettent. Ainsi, en un sens large. Nahum serait un compatriote de Michée de Moreseth. On peut ajouter aux hypothèses ci-dessus mention­ nées, mais simplement pour mémoire, l’opinion toute fantaisiste de Ifilzig qui fait de Capharnnûm village de Nahum — la patrie du prophète. 3· Son époque. Plus importante et plus facile à élucider est lu question de l’époque où vivait le G prophète, et plus spécialement du moment même fie la composition de son livre. L'oracle de Nahum nous donne, à ce sujet, deux indications précieuses : il annonce d’une part comme très proche la ruine de Ninive cl il fait une allusion très explicite d'autre part à la ruine de No-Amon (Thèbcs) en Egypte, ni, 8-10. Les années qui datent ces deux événements marqueront donc les limites extrêmes du temps où il faut situer l’oracle de Nahum. Pour Je premier de ces événements, la date placée jusqu’à ces dernières années aux environs de l’an GOG avant J.-C. doit-être reportée à l’année G12. La Nou· vclie chronique babylonienne de Nabopolassar. pour les années 616 à 609, publiée en 1923 par C. J. Gadd. nous apprend que Nlnlve, attaquée à la fois par les Médcs, les Scythes el les Babyloniens, fut prise et ruinée en 612. cinq ou six ans par conséquent plus tôt qu’on ne le croyait jusqu’alors. The fall of Nineveh. The newly discovered babilonian chronicle, tv 21901. in the British Museum, edited with transcription, translation.... Londres. 1923. C’est donc avant cette date de 612 qu’il faut situer l’oracle sur Ninive, car on ne saurait sérieusement prétendre qu’il a été composé après coup. Si la vision prophétique a par­ fois l'allure de la relation d’un événement déjà survenu, particulièrement dans la description de l’assaut donne à Ninive cl de sa conquête, c. n, il est manifeste que nous avons affaire à une prédiction de la chute cl de la destruction de la capitale assyrienne; cf. surtout ni, IL On sait que celte destruction a été si complète que deux siècles plus tard, Xénophon. à la retraite des dix mille, traversa le pays sans même relever le nom de l'antique métropole disparue. Pour déterminer la date du second événement, il importe de savoir d’abord quelle est la ville désignée par le mot de No-Amon. Nah., m 8. cl de préciser ensuite à quel épisode de son histoire il est fait allu­ sion. Nah.. m, 8-10. Les anciens Interprètes voyaient dans No-Amon la ville qui précéda Alexandrie, et saint Jérôme, dans sa traduction, la désigne déjà sous ce nom plus récent d’Alexandrie, mais il a soin d’avertir, dans son Commentaire, que ce n’est que bien plus tard que la ville recul ce nom d’Alexandre le Grand. Op. cil.. P. !... t. xxv. col. 1260. Aujourd’hui, à quelques exceptions près (Brugsch. Happe!, Spiegelbergh l’accord s’est fait parmi les modernes sur l'identi­ fication de No-Amon avec Thèbcs. Διόσπολιςή μεγάλη, dans l’Egypte supérieure. No-Amon est le nom reli­ gieux de la ville, l’exacte transcription de l'égyptien qui signi lie : la ville ou le domaine du dieu Ainon. principalement honoré à Thèbes; on le retrouve ailleurs encore dans l’Ancien Testament sous la forme abrégée de No : Jer., xlvi, 25; Ezech.. xxx. 1 I. 15, 16; les Septante traduisent Διόσττολις cl la Vulgate Alexandria, mais toujours il est question de Thèbcs La seule difficulté qu'on puisse faire à celte iden­ tification est suggérée par la description de la ville. Assise au milieu des fleuves, environnée des eaux, avec la mer pour rempart et les eaux pour muraille, ni. 8. No-Amon ressemble plutôt à la Thèbes du delta qu’à celle de la Ilaute Egypte; mais lu comparaison avec Ninive exige une cité au moins égale en puis­ sance. cl tel n’est pas le cas de cette ville du delta qui n’a joué aucun role important dans la longue histoire de l’Egypte. La description d’ailleurs n’est pas tellement incompatible avec la situation de la capitale de la Haute Egypte. Quand le Nil débordait, scs eaux venaient battre les murs de la ville de Thèbes, et ce n’etail point alors une image forcée que do repré­ senter la cité protégée par la mer. La prise de Mem­ phis. au vnr siècle (vers 721). rappelle une situation i NA HUM semblable. Confiants dans la protection des eaux atteignant presque le sommet des murs à l’est de la ville, scs défenseurs avaient négligé de renforcer la défense de ce côté; l’ennemi y aborda avec sa flotte cl ainsi entra dans la place. V. Breasted, Ancient records o/ Egypt,w, p. HI, 131: et History o/ Egypt, p. 513. Ce n’était pas seulement durant l’inondai ion que les eaux faisaient un rempart à la cité; même après leur retrait, les fossés qui sans doute entouraient la ville demeuraient remplis, constituant par le fait une défense permanente, étonnamment semblable à celle de Ninive. L’emploi d’un tel mode de protec­ tion des villes en Égypte remonte au xix' siècle. Cf. J. M P. Smith. W. A. Ward, J. A. Bewer, Micah, Zephaniah, Xahum, Habakkuk, Obadiah and Joel, Edimbourg, 1912, p. 312. Ce n’est pas au reste le seul exemple où le mol mer est pris dans le sens de fleuve : ainsi, pour le Nil encore, dans le livre d*Isaïe, xix. 5; XVIII, 2(?); dans celui de Job, xiv, 11; pour l’Euphrate, dans celui de Jérémie, Li, 36. N’y a-t-il pas lieu enfin de faire la pari de l’exagération dans la description de Nahum? N’ayant jamais vu très probablement la ville de Thèbes, il dépend pour son information des récits de marchands et de voyageurs, qui volontiers laissent place à l’imagination. Cf. la description de Ninive dans Jon., in, 3 Le prophète entend donc bien parler de Thèbes. la première grande cilé de l’Orienl, la ville aux cent portes, Iliade, ix, 381-383, dont la renommée était grande dans tout l’ancien monde cl dont les ruines, les plus imposants vestiges retrouvés de l’antique civilisation, attestent aujourd’hui encore la splendeur. Mais à quel événement fait-il allusion9 Jusqu’à la decouverte des inscriptions d’Assurbanlpal.la réponse pouvait demeurer Incertaine, quelques-uns meme ne voulaient voir dans les ÿ. 8-10 duc. m qu’une addition tardive (Illtzlg); aujourd’hui, on reconnaît à peu près unanimement que c’est de la prise de Thèbes par les armées victorieuses des Assyriens en 663 que parle le voyant d’Elqosch. Son oracle se place ainsi entre les iinnécs 663 et G12. Cf. Schrader, Kellinschri/ten and das Alte Testament, 2· édit., p. 150 sq.; (’. Lalgicr, art. Xo-Amon dans Vigouroux, Dictionnaire de la Hiblc, t. iv, col. 1651. Telle n’est pas toutefois l’opinion de AVellhauscn qui fait remarquer que le rappel de la victoire des Assyriens sur l’Egypte n’était pas pré­ cisément Indiqué pour annoncer la ruine de Ninive. La réponse, en effet, à la question du prophète s’adressant à Ninive : « Vaux-tu mieux que Thèbes? · était facile puisque les armées de son roi venaient d’en triompher. Nahum aurait donc en vue un autre siège plus récent, datant de la seconde moitié du vu· siècle. La conclusion ne s’impose pas; la comparaison entre les capitales des deux puissants empires a simplement pour but d’établir la possibilité de la ruine de Ninive, et de dissiper les illusions de scs habitants, en rappelant que la plus puissante des villes fortes de l’Égypte avait elle-même succombé, maigre tout ce qui semblait devoir la rendre Impre­ nable. Quant a l’époque précise à laquelle il convient de situer, entre ces deux dates extrêmes de 663 et 612, 1'oraclc de Nahum, elle n’est pas aussi facile à dé­ terminer avec certitude. D’une, part, le souvenir de la chute de Thèbes est si vivant que l’événement lui-même doit être assez récent; d’autre part, la chute de Nlnivc apparaît si imminente qu’elle a dû suivre de près l’oracle qui l’annonçait; l’invasion de l’Assyrie semble déjà chose faite. Nah., m. 13. On n’échappe pas a la difficulté en se ralliant à l’opi­ nion de îlitzlg, Winckler. Kônig. d’après laquelle il serait Ici question, non de la fin de l’Empire assyrien, mais seulement de la révolte de SamaMum-ukîn. 8 frère d’Assurbanipal et roi de Babylone, en 652. La situation, lors de cette révolte, est loin de corres­ pondre à celle que vise le prophète : pas trace de schisme dans l'empire assyrien d’après Nahum. l’altnque venant plutôt d’un ennemi de l’extérieur; A aucun moment surtout de celle révolte des vassaux d’Assur­ banipal en 652. la situation de Ninive ne fut si dé­ sespérée qu’elle ait pu motiver l'attente confiante de sa destruction, telle que la proclame Nahum: il ne s’agissait pas alors, d’ailleurs, d’anéantir l’As­ syrie cl sa capitale, mais simplement de conquérir l’indépendance et de s’assurer la domination sur tout le pays. On a songe encore à d’autres circonstances plus récentes où Ninive aurait été menacée; mais, oi bien la situation ne correspond pas à celle de l’oracle (invasion des Scythes), ou bien les témoignages sont insuffisants (campagne des Mèdes sous Phraorle, puis Cyaxare, d’après Hérodote). Il reste donc que c’est bien la chute, de Ninive, survenue en 612. qui est visée dans la prophétie de Nnhum. C’est l’avis reçu généralement aujourd’hui par les critiques tels que Nowack. van Hoonackcr Slcuemugel. Smith, etc. Les circonstances qui accom­ pagnèrent l’événement laissent supposer (pie 1’oraclc qui le prédisait n’a pas dû le devancer de beaucoup. Dans les années, en effet, qui le précédèrent, le pres­ tige de la capitale assyrienne a complètement disparu, la menace d’une destruction immédiate pèse sur clic, l’ennemi est déjà dans le pays. N’est-ce pas à un tel développement de la situation historique, présage de la fin de la domination assyrienne que se comprend le mieux la composition de l’oracle sur Ninive? Le souvenir, demeuré si vivant de la ruine de Thèbes, n’y contredit pas. On comprend sans peine l'immense impression que dut produire la chute d’une des plus célèbres métropoles de l’Orienl. dans les milieux où sa renommée s’était depuis longtemps répandue. Nulle part la stupeur ne fut plus grande qu’en ce pays de Juda dont les politiciens s’étalent, au vif désespoir des prophètes, accoutumés à regarder vers l'Égypte comme vers le supreme secours. Nul doute que le souvenir de la catastrophe fut durable. Si l’allusion de Nahum prouve qu’il a parlé après 663, rien n’oblige à situer son oracle tout près de celte date, un demi-siècle ne devait pas suffire à faire oublier le colossal événement. L’ElkoSltc, d’autre part, annonce comme très proche la ruine de Nlnivc... Le caractère irréparable de la catastrophe, décrite par Nahum, invite à rapprocher son oracle de la ruine finale. L’état de l’Assyrie, sa décadence au cours des dernières années d’Assurbanipal et sous les règnes de scs successeurs, const il uenl le milieu et le contexte les plus naturels pour la malédiction triomphale (pii annonce la lin de la terrible trafiquante des peuples * J. Touzard, L'âme mine pendant la période persane, Remie biblique, 1917. p. 60-61. Il n'y a pas lieu de s’attarder à la réfutation de l’hypothèse de Happcl et de Haupt. plaçant Nahum à l’époque machabéenne. Les arguments invoqués en sa faveur n’apparaissent pas très convaincants. Si les différences faciles à relever entre Nahum cl les prophètes précxlliens sont certainement frappantes, elles ne sont pas telles, surtout ramenées à île justes proportions, qu’elles imposent la rédaction de l’oracle à l’époque postexilienne cl surtout macha­ béenne. On ne le prouve pas davantage en prétendant que Nlnivc n’est ici qu’ün symbole pour désigner le royaume syrien d’Antiochus Épiphane, dont les c. π-m prédiraient la destruction. Celte interpré­ tation (pii fait de l’antique ennemi d’Israël, les Assyriens, le type de son ennemi le plus recent, Antiochus Épiphane, est en opposition radicale avec 9 NAHUM les caractéristiques du livre de Nnhum. dans les éléments du moins dont l'authenticité ne saurait être sérieusement contestée. Aucun des traits, en effet, de la prophétie ne trouve son application fi l'époque des Asmonéens, alors que tous ses éléments, au contraire, cadrent parfaitement avec les événements du dernier quart du vu· siècle. * Ce qu’il y a lieu d'observer, dit justement van Hoonacker, c'est qu'elle ne met pas en scène .lahvé lui-même comme auteur direct de la ruine de Ninive, et que l’intérêt d’Israël n’est pas explicitement relevé. Bien ne trahit mieux l’absence de spéculation eschatologiquc chez le pro­ phète. Non seulement il écrit sous l’impression de la situation historique dont il est le témoin, ce sont les événements qui s'accomplissent ou se préparent (pii absorbent toute son attention et qu'il décrit sans y chercher un motif de proclamer l'exaltation du peuple de .lahvé et son futur triomphe. Il est inutile d’insister sur la différence radicale qu’piTrc â cet égard la prophétie de Nahum, aux chap, π-ιπ, avec celles de .lock d’Abdias, etc. Les douze petits prophètes* Paris, 1908, p. 115. 11. Le i.iviie. - 1· Analyse. Le titre du livre : Oracle sur Ninive indique bien l’élément essentiel des trois chapitres qui le composent. Ceux-ci se grou­ pent en deux parties bien distinctes et par leur objet et par leur forme littéraire surtout, i.a pre­ mière. c. i et t. 2 du c. iî. (héb. i-n, 1, 3) commence par une description générale de la justice de Dieu et de sa colère vengeresse. 1, 2-20 et se poursuit par l’annonce du châtiment de l'ennemi qui n'est pas encore nommé et par des promesses de délivrance pour .Turin, I. 11 I- iî, 2. La seconde partie, π, I, 3-iîi (héb.n,(2, t-m), contient l’oracle proprement dit contre Ninive, ce qui précède tenant lieu d’introduction. Deux sections ou deux tableaux pour annoncer le proche châtiment de Ninive : d’abord n, 1. 3-13 : ces versets font une peinture très vive de l'attaque contre Ninive et de sa dévastation, de la fuite de ses défenseurs et du pillage de la cité, relevant ironique­ ment le contraste entre l’antique tyrannie exercée par la puissante Ninive et la détresse qui va la frapper; puis le c. m, qui reprend la description delà ruine de la (*apitalc assyrienne en rappelant ses innombrables forfaits, cause de son châtiment, et surtout sa per­ fidie envers les autres peuples qui ù leur tour la mé­ priseront et la railleront ; qu'elle ne se flatte pas d’être imprenable, pas plus que Thèbes elle n’est Invincible, sa deslruction sera totale, aux applaudissements de Iouïes les nations. 2° Unite et authenticité. Ce simple coup d’œil sur le livre de Nahum révèle Indifférence I rès nette entre le c. i et les deux suivants. Autant les tableaux des c. lî-iu nous retracent des situations concrètes, con­ templées ou pressenties dans leur vivante réalité; autant le discours du c. î se borne à un dévelop­ pement d’idées abstraites. Il semble bien qu’à partir du î. 11 Nlnivc soit visée; mais les griefs qui lui sont misùcharge et le traitement dont elle est menacée, sont encore concns sous des formules vagues et géné­ rales qui s’appliqueraient à tout ennemi quelconque d’Israël. On a. ù bon droit, appelé cette compo­ sition un psaume. L'auteur y exalte le caractère redoutable el la puissance de .lahvé, Λ qui rien ne résiste, qui accable ses ennemis, qui accablera notam­ ment l’ennemi visé ff. Il sq.. sans ménagement cl une fois pour toutes. Van Hoonacker. op. rit.. p. 118-440, si Λ ces remarques on ajoute (pie le c. î. dans sa forme primitive, constituait un poème alphabétique, voir ci-dessous, on comprendra que se soit posée la question de l'unité et de l’authenticité de l'oracle sur Ninive attribué dans son ensemble à Nahum. 10 Celle question a été posée pour la première fois par H. Gunkcl dans un article de la Zeitschrift /Cir dit A. T. Wissenschaft, 1893. p. 233 sq. Il y affirme non seulement l’indépendance du c. r, déjà reconnue par Berthold, mais aussi son origine différente. Dans ce qu’elle a d’essentiel l’hypothèse a été admise par presque tous les commentateurs dans le suite. En voici les principaux arguments, d'abord pour les tΓ. 2-10 qu’il y a lieu de distinguer de 11-15. Ce pre­ mier groupe surtout, î, 2-10. révèle une époque plus récente que celle de Nahum: la forme acrostiche est trop artificielle pour avoir été utilisée par un prophète de la vigueur el de l’originalité de Nahum; le ton. en réalité celui d’un psaume, est trop différent du langage prophétique, trop abstrait, trop théolo­ gique pour que l’on puisse attribuer le chapitre a la même main que les deux suivants d’allure si vivante : l’un est le langage de la réflexion, l’autre celui de la passion prophétique; le caractère indéfini cl eschatologiquc de ces versets cl surtout de 36-7 se distingue trop nettement de celui de l’oracle authen­ tique des c. n-ni; ce caractère sans doute se retrouve dans le livre de Sophonlc. mais c’est pour conduire à l’annonce d’événements historiques tandis, qu'ici, la théophanie eschatologiquc est sans issue pratique cl sans rapport avec la catastrophe finale. Cf. J. M. P. Smith, op. dt.9 p. 268-269. Ces arguments n’ont certes pas une égale valeur; celui par exemple qu’on lire de la forme alphabétique est loin d’être décisif puisqu’on trouve un tel mode de composition poétique dans une œuvre, les Lamentations, qui n’est pas très éloignée de l'époque de Nnhum. 11 n’en reste pas moins que l’ensemble des arguments invoqués constitue une objection sérieuse contre l’authenticité de ces premiers versets du livre. Mais pourquoi, se demandera-t-on, les avoir ajoutés à l’oracle de Nahum? L’addition a-t-elle été volontaire ou accidentelle? El si elle est volontaire, comme c’est probable, a-t-elle été composée à une époque assez récente pour servir d’introduction, ou bien utilisée par un rédacteur qui n’aurait pas remarqué sa forme acrostiche? Autant de questions auxquelles il est difficile de répondre avec certitude. Quant aux versets 11-15 (héb., î. 11-14, il, 1). auxquels il faut joindre le f, 2 du c. î. on a remarqué que les uns : 11. 12. 14 du c. î cl 1 du c. π ont pour objet Ninive ou l’Assyrie, tandis que les autres : 13. 15 du c. i el 2 du c. n ont pour objet Juda ou Sion; on en a conclu (Wrllhausen el après lui presque tous les commentateurs) que la suite de l’oracle, représen­ tée par î. 11. 12. Il, u, 1,3. était brisée part. 13, 15. n, 2. qui malgré leur unité de ton el de point de vue. à savoir l’ai tente pleine d’espoir de la délivrance de Juda, sont regardés comme des gloses plus ou moins indépendantes, œuvre d’un ou plusieurs rédacteurs dont l’époque ne peut être que vaguement conjec­ turée; d’autres y voient un des éléments constitutifs du psaume alphabétique (Gunkel. llappel...) tandis (pie les versets 11. 12 (?). 1 I. el 1 du c. n seraient le commencement de l’oracle authentique de Nahum (Smith). Siruernagcl le trouve, ce commencement, dans i, 12 : · Ainsi parle Jnhvé »; van Hoonacker dans u 1. 3... A ces conclusions, dont il n'est pas nécessaire de souligner le caractère hypothétique, ajoutons cette simple remarque suggérée par l’étude de î. Il-n. 3 toute celle partie du texte de Nahum où se révèle un désordre aussi bien au point de vue de la suite des idées (pic du sens même des phrases, a dû être fortement remaniée. L'unité cl l’authenticité du reste du livre, n 1,3-if, sont généralement admises et no sauraient d’ailleurs être sérieusement contestées. « Par la stricte identité de leur objet cl l’enchaînement des tableaux qui y NAHUM sont retraces, les chap, ιι-πι montrent assez clairement qu ils forment une composition littéraire d'une par­ faite unité. L’égale vivacité du style qui se maintient du commencement à la lin. ne fait que confirmer celle appréciation; que l’on compare p. ex. à ce point de vue les phrases il, 11 et ni, 2-3. pareillement caractérisées par la manière abrupte dont se suivent les traits qui les composent; que l’on compare encore il. I l et in, 5, etc. * Van Hoonacker, op. cit., p. 113. Les théories de Happel cl de Haupt dont il a déjà été question au sujet de l'époque du prophète se retrouvent ici,également opposées à celles de la grande majorité des critiques, sur l’unité et l'authenticité de l’oracle de Nahum. Pour Happel, ces trois cha­ pitres sont autant de morceaux indépendants, œuvre d’auteurs différents; les deux sections dont se com­ pose le c. i ayant été de plus soumises séparément à un travail de refonte. Pour Haupt, le livre n’est autre chose qu'une collection liturgique de quatre poèmes, les deux premiers i, 2-10; ni, 1-17: I, 11. 14; π, 1; î, 12, 15; n,2 de l’époque des Machabécs; les deux derniers ni, 8-15; n. 3a-5, 85, 6-8a, 7, 9-12 des jours qui précédèrent immédiatement la chute de Ninive. De telles opinions de quelques représentants d'une critique échevelée ne sauraient être regardées, ainsi qu’on l’a justement remarqué, que comme étran­ gères à la science exégétique. Cf. Touzard, toc. cil., p. 59. 3· Texte.- 1. Forme poétique— ln des argu­ ments contre l’authenticité du c. i. voir ci-dessus, est tire de son caractère de poème alphabétique. Le premier à qui l’on soit redevable d’une observation à ce sujet est G. l’rohnmayer. d’après 1-z. Delitzsch, Hiblischer Kommentur ûber die Psalnten. 5· édit.. Leipzig. 1891, p. 115. Après lui, la forme poétique de cec. i de Nahum a clé l’objet de nombreux travaux. A plusieurs reprises. Bickell essaya de reconstituer dans son Intégrité le poème alphabétique qu’il croyait complet dans les vv. 2-10.Cf Zeitschrift der dcutschen morgenlandischcn Gtsellsehafl, 1880. p. 55'» sq : Car­ mina Veteris Testamenti metrice, 1882: Zeitschrift fdr kathol. Théologie, 1886. p. 550 sq. L'essai fut repris par H. (iunkel, qui reconnaissait que le psaume pri­ mitif comprenait tout le chapitre rr (moins 11, 12, 15) et le t. 2 du c. n. Zeitschrift file A. T. Wissenschaft, 1893, p.223 sq. Mais, tandis (pic la suite des lettres de j l'alphabet hébreu se retrouve assez facilement jusque tamed ou mem, il n’en va plus de même pour la seconde partie du poème fortement dérangée ou remaniée. Bickell, à la suite de Gunkel. reprit sa tentative de reconstitution du poème dans i-u, 3. Dus alphabetische Lied in Nahum, i-n, 3. dans Silzungsberichte der philos-hist. Classe der kais. Akademie der Wissenschaften, Vienne, 1891, v. Abhandl. La plupart des critiques admettent aujourd'hui l’existence d’un poème alphabétique, c. i. de Nahum; les uns, avec Wellhausen, le restreignent au ffr. 2-8 ou 2-10; d’autres l’étendent jusqu'au c. n, mais en estimant que tout essai de reconstitution au delà du t.9ou 10 est purement conjectural : Gray, Kennedy, Driver (1906), Sievers, .1. M. P. Smith, Sellin qui ajoute 1, 12. Van Hoonacker. dans son commentaire, donne le texte hypothétique du psaume acrostiche en entier, tout en reconnaissant, lui aussi, que c’est pure hy­ pothèse. du moins en ce qui concerne la seconde partie du morceau, ù partir du distique mem. Op. cil., p. 122-132. De fait, pour y arriver, il est obligé de faire subir au texte de telles violences que son essai ne saurait s’imposer. reste du livre, chapitres ii-m, a été lui aussi étudié, mais beaucoup moins, au sujet de la forme poétique. Happel a été le premier, dans les temps modernes, a disposer tout le livre sous forme de poè­ me; Budde trouve le mètre clégiaque dans les chn pitres n et ni, Zeitschrift filr A. T. Wissenschaft, 1882, p. 35 sq. Marti cl Dulim, tout en admettant l’existence de ce même mètre, aboutissent à des reconstitutions strophiquesdifférentes. .1. M. P. Smith, dans son commentaire, distingue trois sections dans i, 1 1-iiî, 19 : la première qui ne comprend qu’une strophe de 8 lignes du rythme élégiaque à peu près parfait (3 4- 2 accents), i. 12. 13, 15, n, 2; la 2·, composée de 5 strophes, les I premières à 6 lignes, la dernière à 3 seulement : la 3· enfin avec 6 strophes de 8. 6, 6. 6, 8 et f lignes; si le mètre clégiaque se retrouve çà cl là. ce n’est qu’en faisant subir au texte un traitement contraire à toute règle sensée de cri­ tique textuelle, qu’on peut prétendre le rétablir d’un bout à l’autre. Cf. op. rit., p. 273. 2. Style. Si le mètre cl le rythme de l'oracle de Nahum n’ont pas la perfection et la régularité de ceux d'autres livres prophétiques, l’oracle sur Ninive peut néanmoins être tenu, à bon droit, pour un petit chef-d’œuvre de la poésie hébraïque, tant pour l’élévation de la pensée et la profondeur du sentiment, que pour l’expression cxtraordinaireincnl vivante que l’auteur a su leur donner. Le prophète excelle, en effet, à peindre des plus vives couleurs des situations que l’imagination évoque sans peine « De tous les prophètes, note Driver, il est celui qui en dignité et en force s’approche le plus près d’Isaïe. Introduction to the literature of the Old Testament. 7* edit., p. 336. Son poème, remarque Cornill, est le cri de la souffrance et de la vengeance de tout un peuple opprimé contre son oppresseur. Einleitung in das Aile Testament. § 29. Au xvmr siècle, Low th disait avec raison : De tous les petits prophètes aucun n’a autant de sublimité, de chaleur et d’au­ dace que Nahum. Ajoutons que sa prophétie forme un poème complet e! régulier. Son exorde est ma­ gnifique: les apprêts pour la destruction de Ninive, la description et le développement de cette destruc­ tion sont peints des couleurs les plus vives, et avec une clarté et une majesté merveilleuses. ■ De sacra poesi Hcbrœorum (édit. Kosenmûllcr), Leipzig, 1835. p. 216. Saint Jérôme en lin. à propos de la brillante pein­ ture du combat contre Ninlvc, faisait déjà celle remarque : Tant pulchra autem juxta hebraicum et pictura: similis ad prtclium se præparantis exercitus descriptio est, ut omnis meus sermo sit vilior. O/>. cil.. P / . t. xxv. col. 1251. 3. Htal du texte. La lin du c. i, 11-15, nous l’avons déjà noté, apparaît fortement remaniée et boulevcr séc. Si le reste du livre est mieux conservé, son texte demeure encore incertain en plusieurs passages: le présence de termes d’apparence technique cou tribue pour sa part à cette incertitude. Gf. Buhl dans Zeitschrift fûr A. T. Wissrnscha/l. 1885. p. 181 sq.; G. A. Smith, The tmelveprophets. 89 ; L. Hcinke, Zur Kritik der (iltercn Versionen des Propheten Nahums, Munster. 1867. Pour la comparaison avec les Sept ont cet la version syriaque, voir K. A Vollers. Das Dodekapropheton der Alexandriner, 1880; .Mark Sebôk. Die sqrische Ueberselzung der zmôll kleinen Propheten und ihr Verhilltniss zu dem massoretischen Text, und zu ûlleren Uebersctzungen namentlich den LA .V und dem Targum, Leipzig. 1887. 4· Doctrine. L Dieu a} Ses attributs. L'élude doctrinale du livre de Nahum distingue, comme l’étude littéraire, le i" chapitre des deux suivants. G'est dans le premier surtout qu’on peut recueillir un enseignement religieux sur Jahvé. se révélant comme un Dieu jaloux cl vengeur, qui sait attendre avec patience l’heure du jugement et du châtiment de scs adversaires. Cf. Ex , xx. 5; xxxiv, 1 t; Dealer., 13 NAHUM iv, 24; xxxii, 35; Is., χχχιν, K; i.xm, I. Cette pensée i pour ce qui est de Nahum. Fornications et encliande la vengeance de Jahvé sur scs ennemis est fré­ I tcmenls, qui font de Ninivc la courtisane aux charmes quente dans la littérature biblique A partir surtout attrayants et l’habile magicienne, désigneraient les de l'époque de Jérémie. Cf. «1er., xi, 20; u, 11; innombrables ressources mises en œuvre pour sé­ Ezcch., xxv, 11. 17; Ps., xav, 1; Ifom., xn, 19. duire les nations et exercer sur elles une véritable La nature elle-même dont Dieu est le maître souve­ fascination par le déploiement du faste et de l’opu­ rain sera ébranlée lors de la manifestation de cette lence. Ce serait en dernière analyse ce faste orgueil­ colère vengeresse, et le feu. symbole du courroux leux, cette opulence faite des dépouilles des vaincus et de la sainteté de Jahvé, fera son œuvre de des­ cl par-dessus tout l’exploitation de cette magnificence, truction et de purification. Cf. Mich., i, 3-4; Jud., comme moyen de domination morale sur les peuples v, 4; Hab., m, 3-5. De telles Idées et de telles des­ soumis, dont Nahum ferait ici grief a la capitale criptions sont familières aux perspectives cschat il­ assyrienne. » Van Hoonacker. op. ci/., p. -143. Le logiques du Judaïsme postexilien Leur présence en choix des termes employés par le prophète pour cet endroit du livre de Nahum s’expliquerait par ce caractériser l’action néfaste de Ninivc : courtisane, magicienne, a pu lui être suggéré par l’usage de la que nous avons dit sur l'authenticité de son premier chapitre, et par l'incertitude de son texte où auront prostitution sacrée non moins que par celui des incantations, dont les formules constituent toute pu se glisser des gloses tardives. une branche de la littérature assyro-babylonicnnc; Redoutable pour ceux qui le haïssent, Jahvé mais ce ne sont pas ccs usages eux-mêmes qu’il a est plein de miséricorde pour ceux qui se confient en lui au jour de la détresse. Cf. Deut., v, 9. 10. en vue. 5· Nahum et les autres prophètes. L’enseignement ('.’est là une pensée qui revient souvent sur les lèvres de Nahum sur Dieu et l’un ou l’autre de ses attri­ des prophètes et des psahnistes au cours de l’histoire buts, ne permet certes pas de l’égaler a Osée, Isaïe, du peuple d’Israël; toute cette histoire, en effet, Michéc ou Jérémie, au point de vue de la valeur doc­ surtout depuis le commencement de la période trinale; ce n’est pas à dire pourtant que. préoccupé assyrienne, fut une longue agonie d’attente; conti­ exclusivement de la ruine de Ninive, il n'ait aucune nuellement la réalisation des espérances d’Israël importance religieuse, la théologie biblique ayant était remise, mais, alors même que tout semblait les vraiment peu de chose à y recueillir. · On peut même rendre vaincs, la foi et la confiance se reprenaient se demander si cet écrivain, dit L. Gautier, est dans l’attente des grandes choses que la bonté de vraiment un prophète... Peut-être n’csl-il qu’un Dieu réservait à scs enfants. · Voici sur les montagnes poète habile, versé dans la connaissance des meil­ les pieds d’un messager de bonnes nouvelles qui leurs modèles. Introduction à Γ Ancien Testament, annonce la paix. Célèbre tes fêtes, ô Juda, accom­ 2* édit., 1911, p. 509. A s’en tenir même au seul oracle plis tes vœux’ Car le méchant ne passera plus chez des chapitres n-ni, la prophétie de Nahum est loin toi, il est entièrement détruit. Nah.. i. 15; ci. Is. d’être un simple exercice littéraire; il s’en dégage, mi, 7. nous l’avons montré, la notion très nette du sou­ ô) Le (founernement du monde. De l’oracle verain domaine de Jahvé sur toutes les nations et de proprement dit sur Ninive, π-m. se dégage tout sa justice dans leur gouvernement. d’abord cette idée que Dieu, maître de ht nature Si le voyant d’Elqosch n’est pas l’égal des plus et de son peuple, l'est aussi de toutes les nations, grands panni les prophètes, il n’est pas non plus même des plus puissantes, et que sa justice s’exer­ leur adversaire, (’crics le contraste est grand entre son cera également contre elles, pour punir leurs crimes. œuvre cl la leur, surtout celle de ses contemporains Le prophète se représente évidemment Jahvé. Sophonic et Jérémie. Faut-il, à l’exemple de quelques comme le Dieu des dieux, le roi des rois, ayant entre commentateurs modernes de Nahum, Nowack. les mains le sort des nations, celui de Ninive en J. M. P. Smith et d’autres, en conclure qu’il est le particulier, pour qui a sonné l’heure de la justice qui est aussi celle du châtiment : « malheur à la représentant d’un prophétisme national, étroit, superficiel, intransigeant, du prophétisme en un cité de sang. « Depuis assez longtemps tout en elle mot des faux prophètes? Pour lui. comme pour ccs n’a été que fraude, violence et rapine. Nah., m. 1. derniers, le point de vue national remporterait sur Inscriptions et bas-reliefs assyriens témoignent le point de vue religieux, Tandis que la disparition éloquemment de la vérité de ce reproche; que de fois la Palestine n’eut-elle pas à souffrir des envahis­ de la souveraineté assyrienne n’est même pas men­ tionnée par Jérémie, que le nom de Ninivc n’appa­ seurs venus des rives du Tigre cl de l’Euphrate! raît pas même une fois dans toute son œuvre, la vision Mais ce n’est pas son seul crime. * A cause des de Nahum est uniquement occupée de l’événement multiples fornications de la courtisane aux charmes qui va mettre fin à la domination assyrienne. Si attrayants, experte en sortilèges, qui trompait les .peuples par scs fornications cl les nations par ses son auteur ne va pas jusqu'ù l’active opposition au prophète d’Anatoth, il demeure indifférent à scs sortilèges. Me voici contre toi’ Parole de Jahvé des efforts en vue de la conversion de son peuple; bien armées. · Nah.. m. 15 (traduction de van Hoonaloin de se lamenter avec lui sur le péché de Juda rker). De quel crime est-il exactement question? et d’avertir ses compatriotes du grave danger de Pour certains exégètes ce serait l’idolâtrie de Ninivc persévérer dans leur voie, il les invite à la joie par qui serait stigmatisée selon le langage imagé qu’eml’annonce de la ruine prochaine de l’antique oppres­ ploient ordinairement les prophètes, quand ils con­ seur. Celte joie, Jérémie ne pouvait la goûter, ni damnent cl flétrissent le culte des faux dieux en Israël. même la comprendre; Il était trop absorbe par les Lorsqu’il s’agit du peuple choisi, dont l’alliance soucis et les alarmes que lui causait son peuple pour avec son Dieu est représentée comme une union trouver quelque consolation dans le malheur d’une matrimoniale, on comprend que toute rupture de autre nation, fût-ce l’Assyrie, et savait bien d’ail­ celle alliance surtout par le culte rendu à des dieux leurs (pie la situation désespérée de Juda n’y trou­ étrangers, apparaisse comme une fornication, une verait aucun soulagement. prostitution, un adultère; cf. Os., ιι. I sq.; mais En somme le point de vue de Nahum serait, d’après quand il s’agit des nations païennes, les prophètes ces critiques, le même que celui de Hananias qui, au usèrent-ils de telles expressions pour désigner leur temps de Sédéchis, exultait à la pensée que Jahvé cultes idolAtriques, souvent accompagnés de pra­ allait briser la puissance de Babylone, Jcr., xxvni. tiques licencieuses? II ne le semble pas. du moins NA I RON » Bible (1900); de Buddc, dim* Cheyne, Encyklopirdla biblica (1902); dr Volck, dans Haupt, Protest. Roalcncyklopardi^ (1903); dr Wrltr-Knulrn, dan* Wct/.rr-Write, Kirchcnlcxicon (1895); de Pillion, (Inns Vigouroux, Dictionnaire delà Bible (1906). . A. Clam eh. NA IRON ou NAIRONUS (en arabe. Nambol’n ou Naihocx), Sous ce nom nous groupons les trois fils du maronite Michel, (ils de Makhloûf Nairon : à savoir. Nicolas. Fiiuste ou Eaustus (en arabe, Morhedj) et Jean-Mathieu. Deux note* | dont l’une écrite sur le ms. liu, fol. 77 v., du fond* Val. syriuq. et l’autre sur le ms. 7262. fol. 113 \ . du fonds Val. latin, nous apprennent que les deux premiers virent le jour en Europe. Comme ses frères, le troisième y dut également venir au monde, car. nous le savons par les mêmes notes, leur père était établi à Home. Le nom de Nairon est souvent suivi de l’appellation de Bancsitts ou Banensis (originaire de Bân, village du Liban nord), qui indique l'origine de leur famille. Les trois frères firent leurs études au collège maronite de Home. Nicolas y entra en 1631. Fauste, en 1636 et Jean-Mathieu, en 1642. Ibid ,et fol. 143r dudit ms. 7262. Les deux derniers, notamment Fauste, sont mieux connus que le premier. I. Faüste. Après avoir terminé ses éludes, | il quitta Home au mois de novembre 1619 pour se I rendre au Liban, en compagnie du P. Michel SaboûnA llesronile qui était venu demander, au nom I du nouveau patriarche. Jean Çefrûouî, le pallium et I la confirmation pontificale. Le voyage de Fauste allait être d’une grande utilité pour son Église. En effet, Sefrûoul venait d’entreprendre la révision de certains livres liturgiques a fin de les faire imprimer: par là. il voulait en soustraire le texte aux fantaisies Pour le* commentateurs de l'ensemble des douze petits et aux erreurs des copistes cl en faciliter Γacquisi­ prophètes, voir la bibliographie «tes articles déjà parus tion au clergé. Il fut donc charmé de voir arriver dan* le Dictionnaire de théologie catholique sur ces pro­ de Home un élève qui pouvait l’aider à réaliser son phètes. projet. Fauste n’était pas encore clerc. Le patriarche Parmi les ouvrages spéciaux sur le livre de Nahum on lui fil conférer, à Bikfaïya, par l’archevêque Isaac peut mentionner les commentaires de : E. Krccncn, Nahumi uaiiclnium phtlologice et critice expositum, Hardervlcl. Chedràouf les ordres mineurs; un mois plus tard, 1808; C. W. .Justi, Nahum nru ûbcrselzt und erlautert. Il lui donna lui-même, à ’Aramoûn (Kasrawûn). Leipzig, 1.820; O. Strauss, Nahumi (h Niniito vaticinium le diaconat; puis, le 8 avril 1650. la prêtrise, au cou­ explicavit ri assyrlls monumentis ilhulraoÏt, Berlin. 1853; vent deMar'AbdA Harhara’A (actuellement séminaire A. B. Davidson. Nahum, Habakuk and Zephaniah, (ùunnational). La même année, il le renvoya à Home bridge, 1896; J. 1 {appel. Dos Bach des Propheten Nahums prier le pape de faire imprimer le Phenqith (Πίνα;) ou rrklvrt, Wurzbourg, 1902; S. B. Driver, The minor prophets, Nahum, Habakuk. Zephaniah, Ihiggai, Zachariah, Malachi. Propre des fêles fixes, revu et corrigé par lui avec Edimbourg, 1906; P. Haupt· The book a/ Nahum, dans ( le concours de deux archevêques; il le chargea éga­ Journal of biblical literature. 1907, t. xxvi, p. 1-53 ; lement de présenter à l’impression le texte du Nou­ J -P.-M. Smith, Micah, Zephaniah and Nahum, duns Smith, veau Testament (pii devait servir pour les lectures Ward, Bewer. Micah. Zephaniah. Nahum, llabakuk. aux offices liturgiques. Nous avons trouvé tous ces Obadiah and Joel. Edimbourg, 1912; les travaux de M. Breldétails dans les préface* et les notes latines et arabes, tenekher. Nlnioe und Nahum mit Beziehung drr Resultate écrites par Fauste au début du Phrnqith et du livre der neuesten Entdeckungcn hislorlsch-cxegctisch bear be itet, Munich. 1861; A. Billerbcck und A. Jercmins, Der I ntcrdes évangiles dont il sera question plus loin, et gang Nineveh» und dir Weissagungschrift des Nahum oon dans la préface arabe ajoutée par Ecchellensls à la Elknsch. dons Brllrtige sur Assyriologlc und semltlschen partie hiémale du Phenqith. Des lors, il nous parait, Sprachudssensehaft. de ΓπΙ. Delitzsch el Haupt. 1898, t. in, étonnant que de la Hoquc (pii. pourtant, connaissait p. 87-188; Th. Friedrich. Ninevc'a Endc und die Ausgùngr Fauste, all Ignoré le fait de son ordination sacer­ de» Axsgrhchen Briches, dims Felsgaben zu Ehren Max dotale. Il était seulement diacre, dit-il,.. n’ayant Budingcr'*. 1898,p. 13-52; I. Halévy» Becherchrs bibliques : lr livre de Nahum, dans Bevue sémitique, 1905, t. xm, jamais voulu être ordonné prêtre, par sentiment p. 97-123; P. Haupt, Eine alttestamentlichc Fedliturgtr d’humilité. · Voyage de Syrie et du Mont-l.iban, l. il. fur dm Nlkanorlag dan* Zeitschrift der druhehrn morgen· Paris, 1722, p. 130 (’.elle assertion d’un contem­ Idndlschrn Gesellschaft, t. i.xi, p. 275-297; W. Staerk, porain a induit en erreur plusieurs historiens, no­ Das assyrlschr Weltreich im Urtell drr Propheten, 1908, tamment Joseph Deb*, archevêque maronite de p. 17 1-181 ; du même. Ausyrn^ahlte prlische Texte des Λ. T.. Beyrouth(tl9()7). Histoire de ht Syrie, t. vu. Beyrouth, fitsc. 2 : .l/noi, Nahum, Habakuk, Leipzig, 1908; J. Duller. 1903, p. 313. • Nlnloe rjfeich einrm Wusiertelche ». Nah.,n,9. dans Biblischr Zeitschrift, 1908. t. vi, p. 164-168; P. Kleinert. Nahum und Dès son arrivée à Home. Fauste se mit à la besogne. der I all Ntnroes (Lin* Theologlsche Studirn und Kritikcn, Il exposa au souverain pontife et à la Propagande 1910. t. uxxxin. p. 54)1-533; I.. Gry, Un épisode des derniers le désir du patriarche. Incontinent, l’ordre fut donné fours de Ninive, Nah., 11. 8. dans Benue biblique, 1910, de procéder à l’impression du Phenqith; on remit p 398-403; J. Touzard. L’dmr Juive pendant la période à plus tard celle du Nouveau Testament. La S. Con­ persane, dan* Revue biblique, 1917, p. 57-61. A noter enfin grégation confia à l’auste le soin de traduire en latin lr* articles *ur Nahum, paru* (Lins les différente! rncydoptdlrs dr : Kennedy, dan* Hasting*. I Dictionary of the 1 le livre des offices; elle le nomma membre de la nu encore celui des quatre cents prophètes en opposilion à Michéc, le fils de Jemla, I Hcg., xxn. Pour de tels prophètes les relations entre Jahvé et son peuple étaient indissolubles; si parfois la colère divine s'enflammait contre Israël pour l’abandonner a ses ennemis, ce ne pouvait être que pour un temps; la penset' qu’un tel abandon pouvait devenir com­ plet, que .Jahvé pouvait permettre le triomphe définitif d’un ennemi idolâtre sur son peuple, une telle pensée était stigmatisée comme une trahison aussi bien envers Israël qu’envers son Dieu. Non jamais Jahvé. le Dieu de toute puissance et de toute sainteté, ne tolérerait le triomphe des adorateurs des faux dieux: jamais la terre de Juda et le temple de Jérusalem ne sauraient subir la profanation païenne. A des hommes animés de tels sentiments l'espoir de la ruine de Ninive, l'antique et impla­ cable ennemie, devait apporter, on le comprend sans peine, une joie délirante; l’oraclc de Nahum. cri de vengeance mais aussi de fol. en était l’exacte expression. Cf. J. M. P. Smith, op. c//., p. 281-282. On n’a pas le droit d’appuyer une théorie aussi étrange sur deux ou trois pages d’un texte prophé­ tique; Isolées de leur contexte et du reste des collec­ tions dans lesquelles elles figurent, certaines charges il’Isaïe, de Jérémie ou d’Ézéchiel contre les nations donneraient exactement la même note. Cf. Is., xni-xiv, xv-xvi; de même Is., xlvii; Jer., xivi, 1-12; Ezech., xxvi, xxvin, 19; etc. il n’y a pas à croire qu’en deux oracles, Nahum ait livré toute son .Une. 11 faut faire crédit à la tradition qui, alimentée aux sources du prophétisme le plus authentique, n’a pas hésité à mettre l’ElkoSite au rang des Douze. J Touzard, loc. cil., p. 59. 17 NA1K0N - NA LI)I (ANTOINE) 18 commission qui devait cn faire l’examen cl le chargea dans la préface arabe de la partie estivale du Phenqith* avec EccheUensis de la correct ion des épreuves. font disparaître toute équivoque à ce sujet : aux deux endroits, ils donnent au même personnage les pré­ Commencée cn 1652. I edit ion de la partie d’hiver noms de Jean-Mathieu. (ut terminée cn 1656. (’.cite partie «a pour litre : O///c/ii sanctorum juxta ritum Ecclesia· maronilarum· Après avoir terminé scs études, Jean-Mathieu Nai­ Pars hiematis édita auctoritate sanctissimi patris ron fut placé par la Propagande à la tète du collège nostri I). Innocenta X et abundantia clementia· maronite de Havenne. Le patriarche Douaihi Sanctissimi Patris nostri Alexandri VII. L’lmpres- (fl7O4), Xotice sur le collège maronite de Home (cn sion de la partie estivale par les presses de la Pro­ arabe), publiée par le P. Cheikho, ibid., p. 122 ; Fauste Nairon. Préface arabe de la partie estivale pagande commença en 1657; elle fut achevée cn 1666, d’après la date écrite en chiffres latins, cn 1665, du Phenqith. C’est là qu’il reçut la prêtrise, cn 1663, des mains de l'archcvèquc maronite Isaac Chcdselon les chiffres syriaques. Son litre porlc : Officia râoul, alors de passage dans celle ville. Helalion sancturum juxta ritum Ecclesia- maronilarum. Pars de noyage de Chedrâou! (cn arabe) publiée par le astica edita auctoritate sanctissimi Patris nostri P. L(ouis) C(hcikho) dans la revue Al-Machnq, l. n i). Alexandri papa· VI L (1899), p. 912; baustc Nairon. ibid. A la suite de la Quant au Nouveau 'l’estament, il fut imprimé à suppression de cct établissement par Alexandre VH. Home en 1703, sous la surscillance de Fauste et d’un Jean-Mathieu retourna à Home où il remplit les autre maronite. Joseph Eljlûnl. 11 est divisé cn deux fonctions de procureur du patriarche maronite volumes où l’indication des péricopes à lire à la près le Saint-Siège, et. après la mort d’Ecchcllensis messe et aux offices est bien marquée. Les deux en 1661, celles de scriptor à la Vaticane. Cf. un volumes ont un titre général : Xovum testamentum poème arabe relatif aux élèves du collège maronite syriacum et arabicum; ils portent ensuite chacun un de Borne, écrit cn 1669 par le prêtre Elias El-Ghaztrî, titre particulier, le premier : Sacrosancta Jesu Christi dans Cheikho, La nation maronite et la Compagnie evangclla jussu S. C. dr prop Eide ad usum Ecclesianationis Maronilarum edita; Je second : Acta aposto­ de Jésus aux XI7* et XV u· siècles,p. Ill; Douaïhl, ibid.. p. 122. Sur le collège de Havenne. voir ci-dessus, lorum, epistolæ catholica·, et dial Pauli, jussu S. C. t. x. col. 66. Jean-Mathieu compléta le catalogue de Prop. Eide ad usum Ecclesiae nationis Maronilarum des ms. orientaux de la Vaticane, commencé par edita cum Apocalypsi I). Joannh. EccheUensis. Ce catalogue est encore inédit et se Nous avons puisé tous ces renseignements dans trouve à la Bibliothèque Vaticane. Il est inti­ les préfaces et les notes qui se trouvent au début et tulé : Catalogus codicum mss linguarum orienta­ à la lin de ces différents volumes. lium vaticana· bibliotheca- nempe samaritann·. syriaeia, L’activité de l’austc ne se borna pas à l’édition etc. etc. S. I). .V. I n nocenti ο XI P. Μ., Emin, et des livres liturgiques. Outre qu’il rendit des services Hev. Laurentio Eruncato de Launi-a S, H. E. Card, aux maronites en qualité de procureur du patriarche biblioth., illustriss. I). Emanuele a Schelsterate ejusdem près du Saint-Siège, il écrivit plusieurs ouvrages dont bibliotheciv primo custode* Inceptus ab Abrahamo les deux principaux sont : 1· Dissertatio de origine, Ecchellense et absolutus a Jo. Mattha-o Nairono nomine, ac religione Maronilarum, Home, 1679; Hanesio maronitis, in eadem bibliotheca scriptoribus. 2 Evoplia fidei catholica· romanæ historico-dogmatira, ex vetustissimis Syrorum, seu Chaldaeorum monu­ A D MDCLXXXVI. Hcctilier ce qui est dit ici. t \. mentis eruta, ubi de Christianis orientalibus, deque coi. 115-116. où le catalogue est attribué a Fauste. eorum ritibus, doctrina, et fide quoad articulos a Voici ce que disait le card. A. Ma», qui avait été novatoribus nostri temporis impugnatos, Home. préfet de la Vaticane, au sujet de ce catalogue · 1691. Vrr cl Abrahamus EccheUensis, et deinde Jo. Mat­ thaus Xaironus. (qui duumviri illustrandis etiam Fauste obtint la chaire de langue syriaque à la Sapience et un canonical à l’église collégiale de Saint sacris orientalium rebus facem Assemanis pnrtu­ Lust ache de Home. Preface du i*r volume du Nou­ lerunt). arabicorum nostrorum catalogum antiquitus veau 'l’estament. Nous joindrons à ces sçavans contexuerunt, qtiæ lucubratio apud nas adhuc superest (maronites), dit M. de la Hoque, Fauste Nairon cum hoc titulo : Cataloous codicum mss. linguarum lui-mvme, parce qu’il a consacré toute sa vie à l’étude, onii nt alium... Antiquus sane hic catalogus haud et <|ii*i! nous reste plusieurs monuments de sa doc­ indignus suis auctoribus est; ceterum multo parcior trine et de son application... li se distingua parmy verborum est. quodque magis interest, nonnisi cr.xxxvn ses compatriotes, surtout par sa grande capacité codices comprehendit, quorum lxix christiani argu­ dans les langues orientales. Dans la suite, il fut suc­ menti sunt, reliqui mahometani. Scriptorum veterum cesseur d’EccheUensis dans sa chaire de professeur nova collectio, t. iv, Home. 1831. p. vnr. au college de la Sapience, et interpret e de la congré­ 111 Nicoi as. Nous ne savons de lui que bien peu gation de la Propagande. . J’ai reçu, comme je l’ai unita­ rist es et pour leurs accusateurs.Toutefois, il parait que, nonobstant cela, le parti radical parmi les grégo­ riens de la capitale, prenant ombrage de la politique droite et honnête, bien que parfois trop irrésolue et flottante du savant patriarche, finit par le prendre en antipathie. Ce n’est que par cette disgrâce dans laquelle il était finalement tombé chez une coterie formée des notables de la capitale, que s’expliquent sa chute et sa destitution, survenues en 1719. En celte année un ambitieux perturbateur, le vartabied Prochoron (vulg : Polokhron), venu de Jérusalem, sut. en gagnant pour lui celle clique influente des notables arméniens, usurper pour un court laps de temps la dignité patriarcale. Jacques Nalian dut s'enfuir devant ses ennemis, et le gouvernement du grand vizir, rendant le patriarche responsable de l’émeute dans la communauté arménienne, ordonna l'élection d’un nouveau chef spirituel; Prochoron ayant été chassé, le vote des notables sc porta sur le docteur Minas d’Aguine. abbé du couvent de SaintGarabled à Daron. pour monter sur le siège patriarcal, vacant par l’éloignement de Jacques Nalian qui fut déclaré déchu et envoyé en exil à Brousse ΝΛΜΑ N 20 Cependant il arriva que juste en ce temps le pa­ triarcat arménien de Jérusalem devint vacant, par suite du décès du patriarche Grégoire. Le prélat défunt avait bien, il est vrai, par testament recommandé pour successeur son disciple Théodoros (Thoros) mais les notables arméniens de Constantinople deman­ dèrent au patriarche Minas, auquel Jérusalem s’était adressé, la désignation de Jacques Nalian à la chaire cathédrale de Jérusalem (1719). Il fonctionna comme patriarche arménien . Livre intItulé Gandzaran Tzanucmantz, (Trésor ou Magasin des sciences et connaissances) divisé en quatre tomes : les tomes i et îi traitent des sujets de sciences et de morale; le tome in est un précis de géographie générale; ouvrage composé après son abdication, en partie en arménien ancien, en partie en néo-arménien ou langue vulgaire, en partie en turc. 7. Livre de prières, indispensable à tout te monde, Constantinople, 1760. Petit manuel destiné surtout à servir au clergé et aux fidèles comme livre de prières pendant la messe et l’olllce divin, et dont l’intérêt consiste en ce que Nalian s’était proposé d’y insérer en guise de rétractation toutes les idées requises pour corriger les anciennes erreurs par lui répandue*, dans ses écrits antérieurs contre la doc­ trine catholique et particulièrement le primat du pontife romain. Il est établi d’ailleurs, comme fait historique que, dans les dernières années de son patriarcal en 1762. Nalian. encore en possession du siège cathollcal, avait entame une correspondance avec le pape Clément XIII en vue d’une union éven­ tuelle des Eglises d’Orienl et d’Occidenl. — Pour com­ pléter. mentionnons encore deux livrets du même : 8. Lumière de la vérité, Constantinople, 1706 ; 9. l’ne plaquette intitulée : Cahier sur ta vanité du monde, pet itc poésie morale et philosophique, parue comme travail posthume ù Constantinople. 1805. Dissertation sur le* ouvrages de Nnlian dans la resuc arménienne Arevelkh (té Orient). 1893 et 1891; sur la vie du patriarche Nalian dans Arevcltan Xhinmul (Presse orientale). 1891. 1895. dans la revue Abljds. 1903, I.--Voir encore l’article intitulé : Nalian et N arcgal: I (Grégoire), dans la revue Lotiy.v (La lainière). 1906. Γη tableau détaillé de son œuvre littémire est fourni dans la Nouvelle bibliographie arménienne juir P. .Arsène Ghaziklan, I. n. p. 9-20. Iji carrière politico-religieuse de Jacques Nalian, comme patriarche de Constantinople, de Jérusalem, puis de Cons­ tantinople, se trouve décrite dans VHlstotre d'Arménie de Michael Tchamtchian. I. ni. Venise. 1786, p. 812, 813. 821-26. 810. 862-63, 861-87 I. J. Kaiist. NANNI (REMI) 22 NANCELIUS Nicolas, humaniste et médecin français (1539-1610). Nicolas de Nancel, ainsi nommé du petit village de ce nom (aujourd'hui Nampcel, Oise) a quelque distance de Noyon, où il naquit en 1539, fit ses humanités à Paris, au Collège de Presles, oü il gagna l’amitié de Bamus. Maître ès arts, il enseigna le latin et le grec, d’abord à Paris, puis à Douai où il séjourna de 1562 à 1565, puis do nouveau Λ Paris. Il passa alors a la faculté de médecine où il prit le doctoral; il exerça d’abord à Soissons, puis a Tours, enfin h Eontcvrault, étant devenu médecin de l’abbesse Eléonore de Bourbon. C'est à Eontcvrault qu’il mourut en 1610. Esprit souple et curieux, en relation avec plusieurs huma­ nistes de l’époque, Nancel, comme nn l'appelait, a laissé d’assez nombreux ouvrages imprimés sans compter de nombreux mss. Quelques-uns intéressent la philosophie cl la théologie : 1· De immortalitate animez velitatio adversus Galenum, in-8·, Paris. 1587. avec en appendice trois écrits : Problema an sedes anima in corde, an in cerebro aut ubt denique est ; De ri.su libellus ; De legitimo partus tempore. 7. Ί. 9. tO et II mensium problema, ubi de anni gregoriani per Aloijs. et Ani. Lilium fratres correetione ac restitu­ tione per tongnm digressionem multa discrepantur. Ces diverses dissertations n'étalent que des extraits d’un ouvrage plus considérable, qui ne fut. imprimé au complet qu’après la mort de Nicolas, par son tils Pierre sous ce titre : Analogia mtcrocosmi ad macro­ cosmon, in folio, Paris. 1611. vaste compilation où il entre, avec beaucoup d'anatomie et de physiologie, pas mal de cosmographie, de philosophie et même de théologie. On y retrouvera les dissertations pu­ bliées à part en 1587. — 2· Parechasis de mirabili nativitate D. N. Jesu Christi ex IL Maria aiparthenn et theotoco desumpta ex commentants Nie. Xancelii in Slrabuni Gallum, in-8·, Angers, 1593. 3· Epis­ tolarum de pluribus reliquarum tomus prior; et pne/attones in Davidis psalterium et in Novum Testamentum: utrumque opus cum grxeis archetypis fideliter et accurate ad lati nam vulgatam rersionem collatum, Paris. 1603 Scévoln <»··. p. lit |22| sq. Narsai naquit en 399. suivant la chronologie acceptée ci-dessous, dans le canton du Kurdistan (fui s’étend sur la rive gauche du Tigre en amont de MossouL au village de Ain Dulbc la fontaine des platanes *. près de Vfa’altayê, a rentrée du district montagneux. Écolier dès l’âge de sept ans, il fut formé par un professeur qui se retira dans la montagne avec ses élèves, afin dt les faire échapper au danger d’apostasie, tandis que tes mages per­ sans persécutaient violemment les chrétiens. Après être resté neuf ans sous la conduite de ce maître héroïque. Narsai. dont les parents étaient morts, se rendit auprès d’un oncle paternel, nonunt Em­ manuel, ancien élève de l’École d’Édessc, pour lors supérieur du monastère de Kefar-Mari. aux con­ tins du Belt ZabdaT. Mais le jeune homme, dont la science était déjà remarquable, ne resta auprès de son oncle qu’un hiver cl partit noue Éde.sse, où l'attirait le renom de la fameuse École des Perses. II \ resta dix ans. puis fut rappelé a Kcfar Mari, pour y tenir école. Nonobstant un vif succès, il en part il bien vite, dominé par la nostalgie d’Édessc. Dix ans plus tard, sc sentant mourir, I oncle Emma­ nuel rappela de nouveau son neveu et lui confia le gouvernement du monastère: mais Narsai était Invinciblement attire par renseignement : après une année, il remit à un autre religieux la fonction de prieur cl retourna aux Écoles. La date de la troisième arrixéc de Narsai à Édesse est déterminée par un terminus ante qticm, qui est le premier point de repère de cette biographie. Bar· hadbKabbâ précise en eflet, P. O., t. ix, p. 597 (109], qu’il v retrouva Barsaumà, lequel devint évêque de Nisibe en 135. P. Ο., I. iv. p. 381 (70 |, n. 1. C’est alors sans doute que les deux amis entreprirent avec Acace, le futur catholicos, le pèlerinage de Mopsueste pour y recevoir la bénédiction de Théo· dule. disciple de Diodore et successeur de Théodore à l’école de cette ville. Théodule surnomma Narsu 27 NAUSA I langue de l’Orienl · el porte de la religion chré­ tienne , P. ()., I viu p. Ill |22|; Mûris, Aniri fl SIi bu de patriarchis ncstorianorum commentaria, éd. H. Gisinondi. pars prior, Home. 1899, p. H», trad., P · lüDeux ans après (pie Bar>aumâ cul quille Edcssc, le directeur de l'Ecole des Perses, Qiyore, mourut (137). D'une voix unanime, Narsaï fut choisi pour lui succéder et resta en charge pendant vingt ans. On ne s’étonnera pas que sous sa direction l’influence de Théodore de Mopsucsle soit devenue prépondérante a l’École des Perses. Ibns, évêque d’Édcsse, étant dyophysile comme Narsaï, la position de celui-ci était forte. Elle devint difficile sans doute lorsqu'Ibas fut déposé en 119. par le deuxième concile d'Éphèsc. Mgr Duchesne a même proposé de placer immédiatement après la déposition d’Ibas. donc en 149 ou 150, l'expulsion de l’École des Perses, lors de l'enquête menée par Lhéréas, en faisant re­ marquer combien la lettre de Sfrnéon de Beil-ArSam, sur laquelle reposait jusqu’alors la chrono­ logie communément reçue, abonde en confusions. Histoire ancienne de l'Éylise, l. ni, Paris. 1919, p. 568. Mais celte proposition n’a pas rencontre de faveur, cl il semble vraiment que la chronologie de Narsaï s'arrange mieux si l’on retarde jusqu'après la mort d’Ibas, en 157. son départ d’Édcsse. I.c texte de BarhadbAabbâ crée d’ailleurs une autre difficulté, car il nomme Qùrâ l’évêque qui aurait expulsé Narsaï. Qûrfl ayant occupé le siège d’Édcsse de 471 à 198. il faudrait admettre pour le troisième séjour de Narsaï a Édcssc une. durée minimum de trentesix ans. ('cia est impossible, si l’on admet les autres chiffres du meme auteur, puisqu’il aurait eu au début de ce séjour au minimum 37 ans et aurait enseigné ensuite à Nisibc pendant quarante-cinq ans. ce qui donnerait pour sa vie entière un total égal ou su­ périeur à 118 ans. Il faut donc admettre que BarhadbSabbâ s’est trompé en écrivant ici le nom de Qûrâ. L'erreur s'explique parce que c’est sous son pontifical que l’empereur Zénon supprima défi­ nitivement l’École des Perses en 189. P. O., t. ix, p. 600 1112), n. 1. Nous pensons donc (pie Nonnus, a peine remonté sur le siège d’Édcsse, qu’il avait déjà occupé pendant la déposition d’Ibas, se proposa de purger sa ville épiscopale du levain nestorien. Le chef de l’École des Perses fut invité à se rétracter; il refusa. Scs adversaires résolurent alors de le faire condamner au (eu, mais il fut averti à temps et sortit de la ville la même nuit. Heinpli de zèle pour l’évangéli­ sation de ses compatriotes, Narsaï se proposait de porter la vérité chrétienne au cœur de la Perse et dépassa Nisibc sans y entrer. Mais tandis qu'il se reposait au monastère des Perses, à l’est de la ville. Banaumâ fut averti de sa présence et le fit supplier de venir le visiter. L’ayant reçu avec de grands honneurs, l’évêque le persuada qu’il devait renoncer à son dessein et rcssuclter à Nisibc l’école, dont l’existence se voyait compromise à Édesse. Ainsi naquit l’École de Nisibc, dont l’influence devait rester prépondérante dans l’Églisc nestorienne jusque vers le milieu du ιχ· siècle. J.-B. Chabol. L'École de Nisibc, son histoire, scs statuts, dans Journal asiatique, IX· série, l. vin.p, 81. Narsaï la gouverna pendant quarante ans, selon les informa­ tions concordantes de BarhadbSabbiï, P. O., t. ix, p 615 (127 J, et de la Chronique de St'crt, P. O., t. vu, p. 115 (23 |. Mais il y eut dans celle période une in­ terrupt ion de cinq ans. pendant laquelle Narsaï reprit la direction du monastère de Kefar-Marl. après que Barsaumu, influencé par sa concubine, Mainnï. sc fut montré jaloux de la popularité que 28 son enseignement avait attiré a Narsaï. Chronique de SêerLP.O., t. vu, p. 136 114] sq. BarlnidbSabbà dit en efTet, toc. cil., que Narsaï gouverna le monas­ tère pendant six ans, et l'on sait qu’il resta comme prieur un an seulement après la mort de son oncle Emmanuel. Il n’y a donc qu'une contradiction apparente, entre ce chiffre de quarante ans cl celui de quarante-cinq donné par le même auteur,dans .son discours sur la Cause de la fondation des Écoles, P. O,, t. iv, p. 386 [72 |. Le chilïre de cinquante ans. qu’on trouve dans Mari, éd. citée, p. 44, trad., p. 39, et dans Barhcbneus, Chronicon ecclesiasticum, l. ni, Paris et Louvain, 1877, col. 77 sq., doit être considéré comme erroné. Narsaï mourut donc en 502, Agé d’au moins 103 ans. M. A. Baumslark, lie· sehichte der sijrischcn Literatur, Bonn, 1922, p. 110, suggère toutefois que ce chilïre pourrait être réduit à 93 ans, si l’on veut admettre que BarhadbSabbfi a eu tort de compter deux séjours de dix ans à Édcssc. (’.elle correction ne s’impose pas. Narsaï (ut enseveli à .Nisibc dans une église qui. au vu· siècle, portait encore son nom. Mari, /oc. cil., p. 45, trad., p. 39. Siméon de Beit Arsam qualifie Narsaï de lépreux », Hibliotheca orientalis, t. i, Home, 1719, p. 352. On voudrait voir dans cet appcllalif un de ces sobri­ quets, que les élèves de l’École des Perses semblent s’être donnés par plaisanterie, et dont plusieurs sont cités par le même auteur. Mais il est dit clairement pour les autres qu’il s'agit d’un surnom, tandis qu'il est dit simplement Narsaï le lépreux ». Le sens naturel s’impose donc. On croira difficilement, étant donnée la longévité de Narsaï, qu’il se soit agi de la lèpre proprement dite, mais il se peut qu’il ail eu quelque autre maladie à manifestation cutanée, et ce défaut corporel expliquerait que, malgré l’éclat de son enseignement, il ne soit pas arrivé à l’épis­ copal. IL (Erviliis. Ébedjésus, qui surnomme Nar­ saï la cithare de l’Esprit-Sainl ·, donne de scs œuvres la liste que voici. Bibliotheca orientalis, I. in, pars prior, Borne, 1725, p. 63-66 : · des commentaires sur la Genèse, l’Exode, le Lévltlquc, les Nombres (ou le Penlaleuque entier suivant la Chronique de SécrlL Josué, les Juges, l’Ecclésiaste. les grands et les petits prophètes; douze tomes de compositions métriques ou rnimrè, formant un total de 360 pièces; une liturgie, une exposition de la liturgie et du baptême; des discours paradéliques; des homélies en prose ou (ûrgâmf; des cantiques; des eclénics ou proclamations liturgiques prononcées par le diacre: enfin un livre en vers sur la corruption des mœurs. · BarhadbSabhâ, dans son histoire, P. ()., I. ix. p. 612 [121 |. parle seulement des mimrf, qu’il dit écrites une pour châquc jour de l'année, cl du livre sur la corruption des mœurs. Mgr Addaï Scher a mis en doute, en raison de ce silence, (pie Narsaï ail écrit les commentaires scripturaires, dont la liste existe cependant en des termes à peu près iden­ tiques dans le catalogue d’Ébedjésus cl U\ Chronique de Séert 11 faut bien reconnailre (pie ces commen­ taires ne sont cités dans aucun des ouvrages connus, pas même dans le (iannat Bussamè, qu’on pourrait considérer cependant comme une somme abrégée de l’exégèse nestorienne, J. M. Vosté, Le (iannat Hussamè, dans Benne biblique, 1928, p. 227 sq. L’édition originale des mimrt de Narsaï ne fut peut-être jamais copiée dans son entier; il ne nous en est parvenu que des sélections, faites à ce qu'il semble en vue d un usage lilurgicpie, et dont les manuscrits sont assez nombreux dans les biblio­ thèques d’Europe, aussi bien (pie dans celles de la Mésopotamie et du Kurdistan M. Alphonse Mingana, qui en a publié quarante-sept, Narsaï docturis 29 NABS\I N Λ B Y (CORNEILLE 30 syri homiliiv rt car mina primo édita, Mossoul, 2 vol., tels a été fait par Dieu héritier cl Seigneur du ciel 1905, donne le litre de quatre-vingt-une pièces qu'il el de hi terre. La grftce de Dieu a suppléé A son humi­ avait sous la main en divers manuscrits. Ibid., t. i, lité cl a tes déficiences, et l’a rendu, tout humain I». 26 31. qu’il fût, participant des trésors du Saint-Esprit. Les pièces métriques inscrites dans le rituel ncs5· Le Verbe de Dieu descendit spontanément cl toricn des funérailles ne proviennent pas des mimré, sa vertu habita dans le corps immaculé conçu de mais plutôt des discours paradétlqucs ou bCujijûl. Marie. Il ne s’est pas abaissé et il n’est pas né dans L'attribution d’une liturgi * à Narsaï par Ébedjesus son essence; sa charité a habité dans un autre (être), ne veut pas dire sans doute qu'il composa réellement à qui il a communiqué son nom. Marie n’a pas en­ une liturgie nouvelle; elle signifie plutôt qu'il mit fanté une essence que personne ne peut atteindre, en meilleure forme la liturgie habit utile de l'Église mais un homme, exactement semblable aux autres persane, dite de Mari et AddaL Bien ne permet hommes. Marie est une femme de la race d’Adam : de déterminer avec certitude celles des proclama­ elle a enfanté un fils semblable Λ elle spirituelle­ tions diaconales, variables suivant les fêtes, qui ment et corporellement. remonteraient à Narsaï. Son nom couvre sans doute 6* Narsaï se défend toutefois de dire qu’il y a dans les livres liturgiques plus d’une composition deux Fils. Il n’y a qu’un Fils, le Fils de Dieu, consub­ tardive. stantiel au Père : < Je n’ai jamais pensé qu’il y ail L'explication de la liturgie, apres avoir été publiée deux Fils, mais je crois en un seul, qui est à la fois par M. Mingana, homélie 17, a été traduite en anglais le Verbe de Dieu et corps (semblable au nôtre ·) par dom H. M. Connolly, qui en a démontré magis­ 7· < Je proclame le Christ homme, à cause de tralement l’authenticité et en a fait, avec la colla­ son corps, cl Dieu a cause de son éminente situation. boration de Edmund Bishop, une étude appro­ Je le crois un. Homme et Fils de Dieu, un par une fondie, The liturgical homilies o/ Nanai, dans Texts essence que nulle division ne peut disjoindre. J’ai and studies, t. vin, fuse. 1. Cambrige, 1909. Les mimri distingué les natures, non les Fils. Je le dis Chrisl sur le baptême et le sacerdoce, homélies 21, 22 et 32 et Fils pour deux raisons : parce que le Saint-Esprit de Mingana, très importantes elles aussi pour la l’a oint, et parce qu’il a été fait par l’amour un Fils connaissance de l'ancienne liturgie mésopotamienne. avec le Verbe. » ont été traduites dans le même ouvrage, p. 33-71. 8° Si l’on admet que le Fils s’est forme un corp** Il faut considérer comme œuvres douteuses les s’est fait chair, pourquoi n’esl-ce pas lui qui a oint sugyûtâ ou courtes pièces métriques en forme de celle chair, mais l’Espril? Si le Chrisl est égal au dialogues, qui suivent certaines homélies, ainsi Père, en force et en amour, pourquoi Celui-ci (pie les rnimré sur Joseph, publiés en dernier lieu lui a-t-il donné un nom par une bienveillance gra­ par le P. Bedjan. Liber superiorum... Homiliœ tuite? Si le Chrisl est esprit consubstantiel au Père Mar-Narsetis in Joseph. Paris. 1901. p. ix sq. cl et A l’Esprit-Saint, comment se fait-il qu’il ait été magnifié seulement après que l’un est descendu et 519-629. III. Doctrine. — Narsaï suivait en tout Théo­ que l’autre a rendu témoignage? · dore de Mopsucste. Mari l’affirme par deux fois dans l.e symbole de Narsaï, tel qu'il est expliqué dans sa courte notice, loc. cil., p. Il sq., trad., p. 39. Le les homélies liturgiques, est Interpolé de formules zèle qu'il manifeste en faveur de Diodore de Tarse, qui en accusent le caractère nestorien. plus que le Théodore de Mopsueste et Ncstorius. les louant symbole actuellement en usage dans l’Église nesto­ surtout de ce qu’ils ont séparé le Verbe du corps % rienne. Cf. Connolly, loc. cit., p. lxxi-lxxvi. ne laisse aucun doute sur l'ardeur de ses sentiments A. Mingana signale aussi, comme digne d'atten­ pour la doctrine dyophysile n estorle une. Fr. Martin. tion, que Narsaï remet au jour de la résurrection Homélie de NarsLs .sur les trois docteurs nestoriens, des corps la jouissance de la vision béatitique pour dans Journal asiatique, IN’ série, t. xiv, 1899, p. i16les élus,et attribue au Saint-Esprit la transformation 192 cl t. XV, 1900, p. 169-525. Mais M. Alphonse des éléments du saint-Sacriflcc. op. cil., p. 15. Mingana,dans sa publication des homélies de Narsaï. En dehors des article' cités, on peut voir \V. Wright. a choisi celles où le nestorianisme apparaît le moins, Syriac lUrralurr. dans The Encgctoprrdia britannica. 9* édit., laissant de côté celles (pii peut-être auraient élé le t. xxn. 1887, p. 830. rt la réimpression faite sous le titre plus intéressantes au point de vue de l'histoire .1 short history o/ syriac lileraturr. Londres. 1894. p. 58*q.; de la théologie. J.-B. Chabot. Narsaï le docteur et Ilubcns Duval, fxi littérature syriaque, 3· édit., Paris. 1907. p. 311 m|. Os deux ouvrages sont A corriger d’après l’rdi1rs origines de racole de Nisibc. dans Journal asialion de BarhadbAabba citée au début de cct article, ainsi tlqu N' série, t. vi. 1905, p I ,s. n. 2. qur tous autres travaux parus avant 1913. Excellente Voici les propositions (pie M. Mingana présente nomenclature des manuscrits rt bibliographie In1' com­ en tête de son édition comme résumant le nestoria­ plète, dans A.Bnumstark, Gcschtchtr dpruck, 1871, p. 5-24; K. Gœdrlce. Grundrtti zur Gc^chichtr der deufochen Dichtung. t. ir* Drc^d»·. 1886, p. 486-489; Allgemeinr dcutschc Biographie, t. xxm. Leip­ zig. 1S86, p. 257-261; Kirchenlrxikon, t. ix. Fribourg, 1895, col. 32-33; P Mlnges, Gtschichle der Franzihkantr in Bagtm. Munich, 1896, p. 91-91. H. Hurter, Komenclator litterarius thrologir catholica·, t. m, Inxpruck, 1907. col. 207-210; M. Bihl, Hcr Kaialog dei P. Johannes Nasus. Ingolstadt, 1921; A. Znwart* The history of franriscan preaching and of francisean preachers (Franciscan studies, n· 7), New-York, 1927. p. 128-429. A. Tketaγκτ ΝΑΤΑ Hyacinthe, capucin, naquit à ('asalc, dons le Piémont, en l’année 1575, de la noble famille de Natta, fit scs études successivement à Pavic cl Bologne, où il conquit le grade de docteur en droit canonique el civil. Il entra, à l’Age de 25 ans. dans l’ordre des capucins de la province de Venise el devint bientôt un des prédicateurs las plus célèbres de celte époque. Il parcourut toute ΓItalie, l’Alle­ magne et l'Espagne Théologien renommé cl diplo­ mate habile, il fut choisi par le pape Grégoire XV comme délégué du Saint-Siège auprès de l’empereur d’Allemagne cl des rois de France el d'Espagne, pour empêcher leur union aux électeurs protestants du Pahitinat. Le P. Hyacinthe sut s'assurer les grâces cl les faveurs des princes catholiques, et scs missions eurent les plus beaux résultats pour l’Églisc, elles vmpéchèrcnl la propagation du protestantisme en dehors du Palat inat. Malgré la vie mouvementée qu’il dut mener, ce capucin, théologien, poète, missionnaire cl délégué apostolique, a publié, en dehors de ses prédications quadragésirnales. plusieurs autres ou­ vrages : 1 Orazione panegirica in lode di S. Carlo Borromeo, recitata nella melropolilana di Milano li 4 novembre 1612 (oratio in laudem S. Caroll Borronttri, habita Mediolani in ecclesia me tropo!it. dir 4 nop. /6/2). 2. Arvisi importanti e neccssari a diversi stati e gradi di persone raccolti t ridotti a suot capidal P, Teodalo delT istesso ordine i Docu­ menta utilia et necessaria pro diversis hominum stati bus), Brescia. 1617. Cet ouvrage a été traduit en français et édité à Paris, chez Jean Fnvel, en 1629. 3. Traitala delta porerta religiosa (Tractatus de pau· perlate religiosa), Manloue, 1622. — t. Censor Chris­ tianus, Brescia. 1626 Cet ouvrage, écrit originaire­ ment en italien, a été traduit en français et publié à Paris, chez Jean Favcl, en 1629. 5. Mirabili considerationi per a b borri re it peccato accomodate per i giorni della setUmana (Considerationes de deformi­ tate et gravitate peccati), Naples. 1626. Le Père Hyacinthe, après 27 ans de vie religieuse, mourut à Casale, le 7 janvier de l’année 1627. à l'âge XL — 2 33 NATA (HYACINTHE) de 53 ans. Ses concitoyens lui ont érigé un monu­ ment en reconnaissance des services éminents ren­ dus par cet humble religieux Λ l’Églisc catholique. Octavius Kubels, Fpi slope, Brescia, 1621, p. 190; Ber­ nard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ordinis minorum capuccinorum retexta et extensa, Venise, 1717, p. 125-126; L. Wadding, Scriplores ordinis minorum. Home, 1650, p. 179; 2· édition. Home, 1906, p. 122; J. IL Sbnndca, Supplementum et castigatio ad scriptores trium ordinum S. Francisci, pars I, Home, 1008, p. 385-386; V. Mills, <) F. M., A bibliography o/ jranciscan ascetical writers, dans The franciscan educational conference, vol. vm, 1926, p. 305. A. Teetaeut. NATALI Martin (1730-1791) naquit à Bussana, diocèse d’Albcnga, dans l’Élal de Gênes» on 1730, el devint clerc régulier des Écoles Pies. 11 fut profes­ seur de théologie à Pavie d'abord, puis au Collège Nazaréen de Home en 1756; condamné par Clé­ ment XIII, il revint à Pavie où il enseigna les thèses jansénistes. Comme censeur, il refusa d'approuver le catéchisme de Bellarmin, et il fut excommunie par l'évêque de Pavie, le 5 mai 1775. Il mourut à Pavie le 28 juin 1791. Les écrits de Natali se rapportent tous au jansé­ nisme ou, du moins, sont imprégnés de Jansénisme. Il faut citer en particulier : Sentiments d'un calludique sur la prédestination des .saints, avec des notes expli· calives pour Γutilité des fidèles, ln-8% Pavie, 1782, où on trouve de nombreux extraits d’ouvrages jan­ sénistes. Prières de T Église pour obtenir de Dieu sa sainte grace, Ιη-8·, Pavie, 1783, dans lesquelles l’auteur suit Amauld (Nouvelles ecclésiastiques du 9 janvier 1785. p. 7. 8) — De l'injuste accusation de jansénisme ; plainte à M. Habert, 1783, avec des notes où il fait l’éloge des appelants français;c'est une réédi­ tion d’un ouvrage de Pel it pied (Nouvelles ecclésias­ tiques du 27 août 1781, p. 138, 139). - Complexiones augusti nianw de gratia Christi. 2 vol. in-12. Traité de l'existence et des attributs de Dieu, de la Trinité, de la création et de la grâce, 3 vol. in-12. - Lettre au /’. Mamachi sur les limbes. 1767. Le P. Mamachi avait publié en 17G6, un écrit intitulé : De animabus justorum in si nu Abrahæ ante Christi mortem exper­ tibus beata· visionis Dei libri duo, 2 vol. in-1*, où il réfutait des théories enseignées par Natali. Celui-ci, ou, peut être, un de ses disciples, répondit par cette Lettre, pleine d’invectives contre Mamachi, bien que ce dernier se fût abstenu soigneusement de nommer Natali dont il réfutait les thèses (Nouvelles ecclé­ siastiques du 13 novembre 1779, p. 182-181). - Lettre contre la théologie morale de Collet. — Critique du catéchisme de Beltarmin (Nouvelles ecclésiastiques du 30 octobre 1776, p. 173-175). — Natal! a aussi publié divers opuscules : Deux Lettres à un ami de Home sur la mort de Jésus-Christ et sa descente aux Enfers. — Il avait préparé un travail apologétique en faveur de l’Églisc d'Utrecht. Fcller-Weiss, Biographie universelle, t. vi, p. 176; .Innafr* ecclésiastiques de Florence, du 2 juin 1792; Nou­ velles ecclésiastiques du 8 mal 1793, p. 73-76; Picot, Mémoires pour servir à Γhistoire ecclésiastique pendant le XVHl· siècle, 3· édit., 1853-1857. t. vj. p. 190-191. J. Cahkeyhe. NATTA Marc-Antoine, d’une famille consi­ dérable aux pays d’Asti et du Mont ferrât. Il était neveu du célèbre Georges Natta, d'abord profes­ seur de droit à Pavie. ambassadeur de Boniface Paléologue, marquis de Mont ferrai, auprès du duc de Milan, puis auprès du pape Innocent VIIL qui le comblèrent de faveurs. Marc-Antoine naquit à Asti, étudia d'abord le droit civil, et s'y distingua au point que les villes de Gênes et de Mantoue l'élurent pour auditeur de Bote. Il fut sénateur de Casale, mou­ NATURE (ÉTATS DE) 36 rut en 1568, et fut inhumé dans la chapelle de sa famille en la collégiale de San-Sccondo à Asti. Outre des ouvrages de droit civil et de philosophie, il a laissé les œuvres suivantes, intéressant plus di­ rectement les sciences théologiques : De Deo lib. A'V, Venise 1560; Dr doctrina principurn lib. IX, Francfort, 1603; De passione Domini dialogi Vil, Mondovi, 1561-1570; De eloquentia Christianorum, Francfort, 1652; De oratione ad Deum, Venise, 1587; De huma· nitale Christi ; De Dei locutione, Venise, 1558. Tenlvellf, Biografla piemontese, 1785, t. n, p. 78; De Rotandis, Nolizle sugli scritiori Astlglanl, 1839, p. 51; Hurter, Nomenclator, 3· édit., t. m, col. 8. F. Bonnabd. NATURE (ÉTATS DE). - 1. Définitions. IL État de justice originelle. III. Étal de nature déchue. IV. État de nature réparée. I. Définition*. — 1· Nature. - Le mol nature vient de nasci et signifie primitivement la naissance. Par dérivation il a été appliqué au principe de la géné­ ration; puis, comme dans les être vivants le prin­ cipe de la génération est intrinsèque — car c'est dans le vivant lui-même que se prépare le fruit que la naissance mettra au jour — le nom de nature s’est étendu a tout principe intrinsèque de mouvement. C’est ainsi qu’Aristote définit la nature : < Le prin­ cipe du mouvement dans un être qui possède le mou­ vement par soi et non de façon accidentelle. · II Phqs., c. i, n. 2. Mais ce principe est. ou la forme qui fait qu’un être est ce qu’il est, ou la matière qui est le fonds commun où conviennent entre eux les divers êtres que la forme distingue; c'est pourquoi le nom de nature est donné tant à la forme qu’à la matière. Et comme le terme de la génération naturelle est ce qui est produit, c’est-à-dire l’essence de l’espèce qu'exprime la définition, cette essence spécifique reçoit aussi le nom de nature. Sum. TheoL, 11Ia, q. n, a. 1. Il existe toutefois, entre les deux noms nature et essence qui désignent la même chose, une distinction logique qui apparaît nettement quand on remonte jusqu’à la substance. 11 y a, en effet, deux manières de déterminer le caractère fondamental de la substance d’un être quelconque; on l’envisage soit dans son exis­ tence. soit dans son activité. Sous le premier rapport, on désigne la substance par ce qu'ello a de plus intime; et on l’appelle essence, essentia, quidditas ; sous le second rapport, on la considère comme prin­ cipe d’une activité déterminée, et on l'appelle nature, natura. Le nom de nature inclut donc toujours un aspect dynamique et signi lie l’essence spécifique dans son rapport avec l’opération; elle est, dit Aristote, « l’essence des êtres qui possèdent un principe d'acti­ vité ». Met., IV, I. L’essence se dit plutôt des prin­ cipes d’une chose considérés en eux-mêmes; elle en est le constitutif primordial, sa caractéristique pre­ mière, ce qui la range dans l’échelle des êtres cl fait qu'elle est foncièrement distincte de toute autre, enfin la source originelle de toutes scs perfections, car toutes les réalités ultérieures (pie l’être est sus­ ceptible de recevoir ou capable d’acquérir, sont le complément ou la manifestation de sa perfection essentielle. Ici le mot nature sera pris pour signifier l’essence spécifique. Avant d’appliquer ces notions aux différents états de la nature humaine, nous rcmanpicrons que la théologie les utilise dans la recherche et ia solution de plusieurs des importants problèmes qui sont de son domaine, lui théodicée se pose la question de la nature de Dieu ou du constitutif formel de son essence; l’exposé des mystères de la Trinité, de Γίηcarnat ion et de la rédemption emprunte aussi son 37 NATURE (ÉTATS point de départ aux concepts philosophiques d< nature cl de personne, complétés par la détermination des rapports qui unissent l'action ù la nature et à la personne. Voir art. Dieu, Trinité, Incarnation, Κί.υι.Μΐ’ΠοΝ. 2· /.’<7o/ se définit la condition stable dans laquelle se trouve la nature humaine (c'est d’elle seule qu’il s’agit ici) par rapport à sa lin dernière. D’après saint Thomas, 11“ II®, q. clxxxiii, a. 1, corp, et ad lurn, le mol état, status. est dérivé de stare. être debout. Or c'est en nous tenant debout, que notre corps se trouve dans la position la plus natu­ relle, et ainsi en repos. Le mot status désigne donc la condition en vertu de laquelle une chose se trouve être disposée, premièrement en conformité avec ce que requiert sa nature: et secondement dans une certaine immobilité. Si donc l'on parle du mauvais état > d’une chose, on ne veut pas dire par là que ce soit la disposition mauvaise ou la déchéance qui constitue un étal, ce qui sérail contradictoire; mais bien la perfection en vertu de laquelle la chose est stable. Toutes scs autres perfections peuvent périr, tant que celle-ci, demeure on peut encore parler d’un état : aussi longtemps qu’une maison lient debout, si misérable soit-elle, elle se trouve être dans un état, (.’est donc à cette perfection que ac rapporte la mil ion d’état. Dès lors, si des conditions mauvaises peuvent servir ù qualifier un élat, c’est que le stare. aussi bien (pic les conditions mauvaises, appartien­ nent à un même sujet : l’état ne se référant pas de lui-même à ses dispositions mauvaises peut être qualifié par elles à raison du sujet commun. C’est ainsi qu’on peut parler d'étal de nature déchue. Quant aux conditions exigées pour constituer un état, elles sont corrélatives de la nature des êtres qui doivent posséder cet étal. Or. dans l’homme, il existe une distinction réelle entre la nature cl la personne. Nous pouvons donc parler, à propos de l’homme, d’un élat de nature cl d'un étal de la personne comme de deux réalités distinctes. Reste à déterminer les conditions requises pour const Huer un étal de nature humaine. I a notion d’étal implique, dans une nature, une disposilion conforme à celle nature cl une certaine immobilité. Or la nature humaine, comme toute nature, est indéterminée. I n étal n’est donc possible pour elle que par une détermination surajoutée, car. tendant essentiellement à l’action, la nature exige une détermination. D’autre part, la nature ration­ nelle. à cause de la tendance à l’action qu’elle possède dès le moment où elle est consciente d’elle même, devrait choisir nécessairement les fins de scs actions et les poursuivre. Mais, si la nature n’est pas encore en possession d’un but concret dû à une détermina­ tion surajoutée par un principe extérieur tel que Dieu, c’est la personne qui doit le lui donner, car c’est de In personne que relèvent les actes En conséquence, l’étal dans lequel se trouve la nature est un élat per­ sonnel, variable dans chaque individu selon le choix libre de chaque personne, parlant n’impliquant pas l’immobilité requise pour un état. Pour avoir un état de nature, une détermination surajoutée est donc nécessaire; et comme elle doit être naturelle, elle ne peu! être causée que par l’Autcur même de la nature. On volt par là (pie, des cinq étals de nature que mentionnent d’ordinaire les théologiens, deux seule­ ment ont droit strictement nu nom d’étals de nature. D’abord l’état de justice originelle, parce que celte déterminai ion de la nature par Dieu, nous la trou­ vons dans la justice originelle, par laquelle la nature, douée d’une rectitude parfaite, se dirige d’elle-même vers son Auteur. Puis l’état de la nature déchue. La personne, en effet, qui n’a aucune puissance sur la DE) 38 nature comme telle, peut cependant l’indisposer à l’égard de la détermination surnaturelle qui vient de Dieu : douée de la liberté d'élection, elle peut porter sa volonté vers les créatures au lieu de la maintenir vers le Créateur, el, par celle indisposition, priver la nature du don divin et la placer dans un état nouveau, opposé a l’ancien, qui est précisément l'état de la nature déchue. Tels sont les deux états possibles pour la nature humaine. Tout autre étal est per­ sonnel, procède des habitudes et des vertus, mais nullement de la nature elle-même. Cf. J,-B. K ors, La /ustiec primitive et le péché originel, p. 1IK-120; 136. II. Etat de justice originelle ou d’innocence. Pour ce qui concerne cet élat. voir art. Adam, 1.1, col. 371-371 : Intégrité (État d'), t. vn, col. 2266; Innocence (fitat d’}. t. vu, col. 1939-1910; Justice I originelle, l. vin, col. 2025-2012. Rappelons simplement les grands points de la doctrine pour la clarté de l'exposé du paragraphe suivant. Dans l’étal de justice originelle, l’homme était destiné à une fin surnaturelle et, en même temps, pourvu des moyens proportionnés à cette tin. Ces moyens, ou mieux, ce moyen, c’était la justice originelle, qu’on appelle aussi le don d'innocence. Il impliquait deux choses : d’une part, il préordonnait l'homme à la fin surnaturelle ou a la vision béatiHque; en oulrc.il contenait la partie inferieure de l’homme sous le commandement ferme de la rai­ son et. par là même, il empêchait la concupis­ cence qui découle naturellement des principes de la nature. L'étal d’innocence impliquait donc l’inté­ grité de la nature humaine qui perfectionnait l’homme dans son ordre propre, en rectifiant sa nature par les dons préternaturels, dont le principe élait d’ailleurs le même que celui de l’élévation ù l'ordre surnaturel, la grâce sanctifiante. HL État de nature déchue. — Dans la nature humaine telle qu’elle était sortie des mains du Créa­ teur. saint Thomas distingue un triple bien, PMI®, q. i xxxv. a. 1 : ses principes constitutifs avec les propriétés qui en découlent, l’inclination û la vertu, et la justice originelle qui était un don surajouté. Adam, chef du genre humain, était le dépositaire de ces biens, cl devait les transmettre à ses descen­ dants par voie de génération. Car. la génération étant l’acte d’une nature, qui, comme toute cause, tend à sc reproduire, il s’ensuit que c’est par la génération que sc transmet tout ce qui appartient â la nature; donc aussi la justice originelle qui était un don de la nature spécifique. I·, q. c. a. L Or. par son péché, Adam a privé sa nature de la justice originelle: en perdant la grâce, il a également perdu la rectitude qui en découlait, cl il n’a pu. par conséquent, transmettre â sa postérité qu’une nature désordonnée et corrom­ pue. (’.’est l’étal de la nature déchue. Le fait de celte déchéance n’est pas une pure conception théologique, mais un point de foi defini par la concile de Trente, session v, can 1 et 2. Reste à In caractériser cl à déterminer les pertes qu’elle comporte II suffit· pour cela, de se reporter nu péché Tout ce qui peut découler des principes essentiels de la nature, écrit le P. Kors, o/>. a/., p. IG2, qui adopte celle opinion, doit se trouver encore dans la nature déchue à moins d’un obstacle survenu du dehors: on ne peut assigner d’autre raison par quoi la nature déchue diffère de la nature pure. Or, le péché héré­ ditaire ne consistant que dans le désordre habituel provenant de la privation de la justice originelle, on ne peut conclure à l’existence d’aucun obstacle dans la nature, en vertu duquel cette nature serait mutilée dans ses perfections naturelles. Le désordre habituel dans la nature déchue n’a d'autre cause que la seule privation de la justice originelle. Mais hi perle d’un don surajouté laisse la nature elle-même intacte: elle ne cause rien de positif qui puisse être un obstacle aux perfections naturelles. SI donc il existe un désordre dans 1a nature déchue, il doit avoir sa raison d’etre dans la nature meme, et, par conséquent, être pareillement attribuable a la nature pure. » Celte opinion est celle de Scot, de Solo, et de nom­ breux théologiens de la Compagnie de Jésus, Valen­ tia, Bellarmln, Suarez. Mazella, Pesch, etc. Au contraire, la plupart des thomistes pensent, et c’est la troisième opinion, (pie l’homme, dans l’état de déchéance non réparée· a moins de force pour faire le bien moral naturel qu’il n’en aurait eu dans l’étal de nature pure: non que ses forces naturelles eussent été amoindries intrinsèquement. quoad entilatem, mais extrinsèquement, c’est-à-dire par suite d'empêchements :’i leur exercice qui n’eussenl pas existé dans l’état de nature pure. Par là même, les forces naturelles de l’homme sont moins aptes au bien de la vertu, même de l’ordre naturel, et, en ce sens, elles peuvent être dites moindres qu’elles n’eussent été dans l’état de pure nature. Gel te opinion est exposée par Bilhiarl, De gratia, diss. Il, a. 3. et pur les Salmanticense*, De peccatis, in ϊηπ,-ΙΓν, q. i xxxv, a. 3, cl De gratia, disp. IL dub.ni.n. 102. 116, 135; dub. vin. n. 287. qui citent parmi ses tenants, les thomistes Capréolus, Sylvestre de Perrare. Conrad Kollin, Alvarez. Jean de Saint Thomas. auxquels il faut ajouter Lemos, Contenson, Goudin, et beaucoup d’autres: récemment, les Μ Ν Λ Ί U Κ Ε ( ΕΊ Λ TS PP. Hugo η, G arrigoii-Lagrange cl Lègues, re dernier awe quelques atténuations, scmblc-t-ii; cL Camm. delà Somme, Ι“-ΙΙ·”, q. lxxxv, a. 3, p. 72L Gonet, qui avait exposé la deuxième opinion dans son C///pens, De homine, disp. IV, a. 3, j 2, sc rétracta ensuite dans son Manuale, Venise, 1778, p. Ill, et reprit l*opinion commune des thomistes. Voici la principale raison qu'apportent les parti­ sans de relie opinion pour montrer que l’homme, dans l'état de déchéance non réparée, a moins de forces pour faire le bien moral naturel qu'il n’en aurait eu dans l’état denature pure. «Dans l’état de déchéance, disent ils, l'homme naît avec une volonté qui csl, par le péché originel, détournée de Dieu. aversa a Deo, tandis que. dans l étal purement naturel ou de nature pure, il naîtrait aver une volonté qui pourrait, soil se porter vers Dieu, soit lui préférer un bien crée, mais qui ne serait pas détournée de lui. ( f. S. Thomas, De ventate, q. xxiv, a. 12, ad 2um: De main. q. vi, a. 2. Il est, en effet, certain que, par le péché originel, la volonté est détournée de Dieu, lin ultime surnaturelle, et indirectement aussi de Dieu lin ultime naturelle, car tout péché contre la lin dernière surnaturelle est indirectement un péché contre la loi naturelle, qui nous ordonne d’obéir à Dieu, quoi qu’il commande. La volonté appliquant l oui es les autres facultés à l’action, si elle est détour­ ner de Dieu cl inclinée au mal. toutes les autres facultés en souffriront, leur inclination â la vertu sera diminuée, et donc moindre (pie dans l'état pure­ ment naturel. Cf. /.a oie spirituelle, l. vu, p. 25. ('.elle doctrine est conforme à renseignement de saint Thomas sur la nécessité de la grâce pour aimer Dieu par-dessus tout et pour observer la loi naturelle. Dans la lû-l lw, q. cix, a. 3. parlant de l’état de pure nature dam; lequel l’homme aurait pu être créé, il dit : L’homme, par scs seules forces naturelles, peut aimer Dieu (auteur de sa nature) plus que lui-même et par-dessus tout. » (Sed co ni ni.) « Mais, ajoute-t-il (in corp.), dans l’étal de nature corrompue, il ne le peut pas, car, par suite de la corruption de lu nature, la volonté se porte vers son bien propre, â moins quelle ne soit guérie par la grâce de Dieu Pour la même raison, dans l’état de déchéance, l’homme ne peut pas observer toute la loi naturelle sans la gratia sanans (ibid., a. 4). Le saint docteur parle de même en beaucoup d’autres endroits, notamment lorsqu'il décril les blessures qui sont la suite du péché originel : 1M1·, q. lxxxv, a. 3. ad 2l,,n, 3urn el lum; 111*. q. lxix, a. I. ad 3,,,n; IMP0, q. i.xxxtx, a. I, ad lunl; q. lxxxiii, a. I. 2, 3: q. x< i. a. 6, etc. (Cf. La vie spirituelle, l. xti, p. 27. n. 5.) Il voit même dans le désordre de la con­ cupiscence cl dans la faiblesse pour le bien, tels qu'il les constate dans l'humanité, un signe assez probable du péché originel, dont. denies, 1 IV, c. lu. Pour résumer : Des trois sortes de biens de nature que nous pouvons considérer dans la nature humaine, • scs principes essentiels et les propriétés qui en découlent, l’inclination naturelle nu bien de la vertu, cl les dons gratuits qui constituaient la justice origi­ nelle celle dernière sorte de biens a été enlevée totalement et dans toute la nature humaine par le péché originel Dans l’état de déchéance, la mit un' est spoliata gratuitis, n’ayant plus les biens d’ordre surnaturel qui la rendaient participante de la vie même de Dieu, cl vulnerata etiam in naturalibus, en ce sens que l’ordre parfait de toutes ses facultés morales A ce qui csl leur bien propre, tel que l’avait Institué le don d’intégrité, n'existe plus; si bien que chacune d’elles peut désormais défaillir cl pécher ù l'endroit de son bien propre. Par contre, les principes essentiels de la nature avec D Ε) 42 les propriétés qui en découlent demeurent absolu­ ment intacts; ni le péché d’origine, ni même les péchés actuels n’y peuvent rien. Enfin l’inclination au bien de la vertu n’est pas non plus diminuée en elte-ni'rne par le péché originel qui n'amoindrit pas la nature, source et principe de celte inclination. Si donc l’on parle de diminution de l’inclination au bien produite par le péché, il ne peut être question que de la nature considérée dans un individu déterminé et des péchés personnels de cet individu, auquel cas, en effet, comme l’enseigne saint Thomas, l’inclination naturelle a la vertu dimi­ nue par l’inclination contraire positive duc ù l’acte peccamincux. IMP, q. lxxxv, a. 1. Ce qui n’empêche pas qu’on puisse admettre une certaine péjoration de l’état de l'homme, après le péché d’Adam, par comparaison Λ l’état de nature pure, si l’homme avait été créé dans cet état; mais celle péjoration est purement extrinsèque, et ne doit être conçue, en aucune façon, comme affectant l’homme en lui·même. IV. Ειλϊ η» ΧΑτυιΐΕ nr.cnt e lt répar/l. — Gomme on l’a déjà fait remarquer, ce que nous appe­ lons ainsi, est, â proprement parler, plutôt un état personnel qu’un étal de nature. En effet, la nature comme telle n'est pas réparée, puisqu’elle se propage encore avec le péché originel, et que, par suite, seules les personnes sont rétablies dans l'amitié de Dieu, puis, par l’intermédiaire de la personne, la nature de l’individu. Aussi l’état de nature réparée csl inconnu de saint Thomas, pour qui la grâce est un don personnel (cf. Hors, op. cil., p. 136). Néanmoins, cl sous le bénéfice de cette restriction, on peut s’en tenir a l’appellation traditionnelle et parler ici de l'état de nature réparée, entendant par là l’état actuel de l'homme, tel que l’a fait la répara­ tion du péché et le rachat de l'humanité par la satis­ faction, cl la rédemption surabondante du Christ. Dans l’Ecriture.cet étal est appelé une rédemption (Luc.. I, 68; 1 Tim . n, 6), une réconciliation (II Cor., V, 18-19; Kom.. v, 10), une rénovation ou une création nouvelle (Il Cor . v. 17). une récapitulation, une restau­ ration du genre humain dans le Christ Jésus (Eph.. i, 10; iv. 23; Col., i, 20). Ces expressions indiquent clairement ce que l’on peut appeler les deux tenues de la réparation accomplie par le Christ. Le point de départ, le terminus a quo, c’est la ruine générale et la perdition de l'humanité causées par le péché origi­ nel; le point d’arrivée, le terminus ad quem, c’est, pour chaque homme, la vie de la gràce, l’amitié de Dieu, la liberté et la gloire de scs enfants, le royaume du Ids de Dieu, c'est-à-dire la participation à la gloire dont celui-ci jouit. Par conséquent la fin de la répa­ ration n'est pas la restitution ou la reconstitution pure cl simple de Pelai d’où Adam élait déchu, avec tous les dons qu’il tenait de la muni licence du Créa­ teur, mais un nouvel étal constitué dans cl par le Christ, et comprenant les biens qu’il nous a mérités par son sang, cl differents de ceux du premier élat. Ces biens, c'est d'abord la grâce sanctifiante, principe de notre régénération; puis la gloire qui est le terme et le couronnement de la grâce; les grâces actuelles et tous les secours particuliers par lesquels nous nous dirigeons vers noire lin; enfin les dons gratuits dont le péché d’Adam nous avait dépouillés, l'immunité de la concupiscence et de l’ignorance, l’imp isslblUtô et l'immortalité. Λ s’en tenir à celle énumération, la différence n’est guère sensible entre les deux états. Effectivement \otrc-Sclgncur nous a rendu ce (pic nous avions perdu en Adam; il y a même ajouté ce que récla­ mait la restauration qu'il accomplissait. Mais il a adapté et proportionné la restitution comme les dons NATU K E (ÉTATS DE) surajoutes aux exigences de l’étal nouveau qu’ils constituaient· Alors qu’Adam, dans l’état d’innocence, possédait dès cette vie les dons préternaturels, dans l’état. de nature réparée ils sont réservés à la gloire du ciel, partant aux seuls élus. Cu/n Christus apparuerit vita vestra, time (alors seulement) et vos apparebitis cum ipso in gloria. Col., tn, I. De même des diffé­ rences notables existent dans la grâce qui est commune aux deux états. Sans doute, en elles-mêmes, essen­ tiellement et quant à leurs eiïets principaux, la grâc« de l'innocence et la grâce de la restauration sont iden­ tiques : toutes deux rendent l’homme participant de la nature divine, fils adoptif de Dieu cl son héritier par le mérite dont elles le font capable. Mais elles sont diverses dans leurs effets secondaires. Dans l’état d’innocence, la grâce étendait sa vertu jusqu’aux puissances inférieures de l’âme pour les soumettre â la raison; dans l’état de nature réparée, cet effet de réfection et de perfectionnement est réservé â la vie future. La première s'ajoutait à une nature déjà parfaite, pour lui conserver sa sainteté cl son inno­ cence : c’était une gratia sanitatis ; la seconde est grâce médicinale, gratia sanans, qui a pour but de guérir les plaies déjà faites par le péché, guérison qui ne peut d’ailleurs s’effectuer parfaitement en celte vie. Mêmes différences si l’on considère le principe de la grâce. Dans l’un et dans l’autre état, ce principe c’est Dieu; mais, alors que la grâce de l’innocence est proprement la gratia Dei, la grâce de Dieu qui élève la nature, l’auteur de notre grâce, c’est Dieu incarné et rédempteur; elle est la gratia Christi. L’on peut ainsi établir entre les deux étals, celui de l'innocence et celui de la réparation, des ressem­ blances cl des différences. Ils se ressemblent parla Un qui est la même : la béa­ titude surnaturelle; cette fin Ils doivent l'atteindre par les mêmes moyens, à savoir, par les actes méri­ toires dont la grâce est le principe cl la liberté la condition. Quant aux différences, elles se ramènent aux sui­ vantes: L’étal d'innocence fut l’œuvre de la libéralité divine, l’étal de réparation celle de sa miséricorde. Eph., ti, 4. C’est sans doute Dieu qui est la cause cfliclcntc des deux étals; mais, alors qu’il institua immédiatement l’étal d’innocence pour imprimer son image dans l’honme aussi parfaitement que le comportait cet étal, Gen., i, 27, la restauration de l’humanité se fit par le Christ, .loan., î, 16, 17, et eut pour Un de conformer l’homme à l’image du Fils de Dieu. Horn., vm, 29. Autre différence: la nature, dans laquelle la justice originelle fut reçue comme dans son sujet, était la nature exempte de toute faute, qui n’avait, il est vrai, aucun droit aux dons gratuits de cet état, mais qui n’opposait non plus ni obstacle ni répugnance à la grâce; au contraire, dans l’état de réparation, la nature est infectée par le péché, positivement Indigne de toute grâce et même digne de damnation. Aussi, tandis que, dans l’innocence, la nature n’avall qu’à être ornée des dons surajoutés, il a fallu, pour la restaurer, la délivrer d’abord de scs maux, avant de l’enrichir des biens (pii lui faisaient défaut, et la conserver pour l’empêcher de retomber dans la ruine. Enfin, la grâce sanctifiante, cause for­ melle des deux états, bien qu’identique secundum substantiam, diffère en chacun d’eux par son mode d’opération et par ses eiïets. Dans l’étal d’innocence, clk était la justice originelle, qui mettait immédia­ tement l'homme dans l’état de perfection cl h· ren­ dait apte à accomplir aisément tous les actes propres à cet étal: la grâce de la nature réparée, au contraire, est une grâce médicinale qui rend la santé à un orga­ nisme malade, et ni totalement, ni immédiatement, mais selon un mode proportionné à sa condition, le NAU MICHEL 44 guérissant quoad mentem, et lui laissant, pour le temps de la vie présente, son infirmité charnelle. ( es données sulllsent à caractériser l’état de nature déchue et réparée; pour plus de détails, on se repor­ tera aux traités de ht grâce et de la rédemption, où les théologiens étudient d’ordinaire ces questions. 1· litat de justice originelle. Voir art. Innockncw, JusTiri oiumsiu.i.i . 2° État de nature déchue. - S. Thomas. Sum. theoL, D-Π®, q. i.xxv, cl les commentateurs. Sur la question controversée, il MilUra de citer les théologiens qui ont pris parti pour l’une ou l’autre des opinions signalées; on trouvera chez eux une documentation bibliographique abondante· Miizclln. Dr Deo creante, p. 769 sq.; Palmier, De Deo créante et elevante, th. i.xxvm; Chr. Pesch, Piw/rclioncs dogmatica*. t. ni. p. 1 11-1 13; Le Bachelet, Le péché originel dans Adam et ses descendants, p. 30 sq·; Hors, Lu justice primitive et le péché originel, p. 162; Tanqucrcy, Sgn. Iheol. dopm., edit. χι·», 1.1. p. 393, Hervé. Man. thcol. dogm., t. Il, p. 318 sq. (edit. Il*)· · Bilhiurt, De gratia, diss. Il*·, a. 3; Goudin, Tract, thcol., t. ri. De gratia Dei, q. il, a 4. concl. I; !(ugon./’nicL dogm., t. il, p. 223 sq.; l’égues. Comment. de la Somme théologique, t. vm, p. 722 sq»; Garrigou-Digningr, dans La vie spirituelle, t. xn, p. 24 sq. 3’ État de nature réparée. - · Se reporter aux différents traités de la grâce et de la rédemption. Parmi les rares théologiens qui traitent spécialement de cct état, on peut citer : Goudin· Tract, thcol., t. n, Dr gratia Dei, q. n, a. 5; Gonel, tract. De homine, disp. V; I lagon, Tract, dogm., t. n, 221. Y.-E. Masson. N AU Michel. célèbre missionnaire de la Com­ pagnie de .Jésus (1633-1683). Né à Paris (?) ou peut-être dans le diocèse de Tours, il entra dans la Compagnie le 24 juillet 1659. Dès 1665 il part pour les missions du Levant et exerce son ministère en Palestine, en Syrie, en Mésopotamie, en Perse, en Arménie. Il travailla très activement à la réunion des Églises chrétiennes dissidentes, et Ut souscrire un certain nombre de dignitaires ecclésiastiques tant aux décrets du concile de Trente qu’à la primauté romaine. Le zèle déployé par le missionnaire lui valut d’être mis en prison à Mardin, en Mésopotamie, en 1681 (cf. la relation qu’il donne lui-même publiée par les Études religieuses, 1877, V· série., t. xn, p. 582-606, cl une lettre publiée par le Mercure galant, avril 1688, p. 65-80). Rentré en France en 1682, il mourut à Paris le 8 mars 1683. Les quelques ouvrages qui restent de lui sont les témoins de son activité missionnaire : 1· Votjage nouveau à la Terre sainte enrichi de plusieurs remarques servant à T intelligence de la sainte Écriture, Paris, 1679; il y a eu plusieurs éditions posthumes, 1702, 1726, 1714, 1737. 2· Ecclesiie romaruc gritcœquc vera effigies ex variis Ium recentibus tum antiquis monu­ mentis singulari fide expressa : quo intelligant admira­ bilem ulrittsque consensionem... Accessit Heligi') Chris­ tiana contra Alcoranuin per Alcoranttm pacifice defensa ac probâltt, Paris, 1680. 3· La seconde partie de l'étude précédente a été ampHUée et mise en français dans L'état présent de la religion nvthométane, 2 vol., ln-12, Paris, 1681; autres éditions, 1685, 1687. — I· Antérieurement avait paru : De pura ac perpetua Maronitarum fide quam egregia dissertatione probabil D. L'a usta s Naironus, Rome, 1673. Outre ces ouvrages, le zélé missionnaire en avait commencé cl déjà fort avancé cinq autres sur l’état de la religion catholique et celui des principales sectes chrétiennes répandues dans tout l’Orienl. Sa mort prémal urée l’a empêché d’y mettre la dernière main. Moréri, Is grand dictionnaire, édit, de 1759, t. vu, p. 938; IbH'fcr, Nouvelle biographie générale, t xxxvii, roi. 510; Soimncrvngrl, B i Idiot h que de la Compagnie de Jésus, t. v, col. 1595-1500, cl l. ix, col. 711. É. Amann. 45 NAUCLÉRUS (JEAN) - NAUCLÉRUS Jonn, chroniqueur allemand, XV· siècle. - C’est le nom gréco-bit In qu’adopta Jean Vergrnhami, né d’une noble famille de Souabe dans la première moitié du xv· siècle. Prévôt de l’Églisc de Stuttgart en 1160, Il est mêlé, un peu plus lard, à la fondation de l'université de Tubinguc. dont il es! le premier recteur en 1 177-1 178; il < n fut aussi le deuxième chancelier cl fut encore prévôt de la collé­ giale; il mourut vers 1510. Docteur en décret et professeur de droit canonique, Nauclérus a laissé un petit traité se rapportant ô celle matière : Tractatus de Symonia, petit m-L. Tuldnguc, 1500 (voir Main, Repertorium, n. 11681). Mais il est suri oui fameux par une énorme Chro­ nique qui va des origines du monde à l’an 1500. Elle a paru à Tubinguc après sa mort, en 1516, complétée par N. Basellius, O. S. B. : Memorabilium omnis ir tatis et omnium gentium chronici commentarii a Joanne Nauclero LU. doctore. Tubing, pnvposito et univer­ sitatis cancellario, digesti in annum salutis Μ D... Complétât opus F. Nicolaus Hasellius Hirsaugiensls, annis XI11 ad ALI). additis, deux vol. in-fol. de 191 cl 317 folios. I) y a une édition ln-1·. Cologne, 1514, complétée jusqu’à celte année par Conrad Figcmnnn et Barthélemy Laurent; une autre corri­ gée, mais sans continuation, Λ Cologne, 1579. 1611, 1675. Bien qu’il ail conservé la forme annalistique dont les érudits auront tant de mal à se dégager, Nauclérus peut compter comme un véritable historien ayant déjà quelque sens de la critique. Son œuvre est précieuse pour l’étude du xv· siècle, surtout en Alle­ magne. Elle a été continuée par Surins de 1500 à 1564. Outre les vieilles notices de Bellnnnin, De scriptoribus ecclesiasticis, cl de Possevin, Apparatus sacer, il y n une dissertation de dont GuIlL Moller, Disputatio circularis de Joanne Nauclero, Altdorf, 1697, et une élude plus récente, Erich Joachim, Joh, Nauclérus und seine Chronik. Ein Heilrag mm Kennlniss der Historiographie der Humanistcnzeit (thèse), Gœtllngue, 1874. Toutes 1rs histoires de l’univers!té de Tubinguc font également une place plus ou moins grande à notre auteur : A. 1·’. Bôks, Gcschichte der l niivrsitat :u 'lubingcn, Tubinguc· 1771; K. KlÜpfcl, Gcsch. und Hesctire i bung der t’nivcndtàt Tubingen, Tubinguc, 1849; ΙΓ. Hcrinclinck, Die thcologische Fakultdt in Tubingen vor der Reformation, Tubinguc. 1906; du même. Dû Malrikcln der Uninersttât lubingcn, I i. Stuttgart. 1906. Voir aussi Hurler, Nomenclator, 3· édit., t. il, col. Il 16. É. Amsnn. NAUSÉA Frédéric, évêque de Vienne en Autriche (1480-1552). - I. Vie. IL Œuvres. I. Vu·. Né vers 1 180 dans la petite ville de Wai­ schenfeld (Ilaute-Eranconlc) dont il prendra le sur­ nom de Rlaneicampianus. Frédéric Graw, qui lati­ nisera son nom de famille en celui de Nauséa. était de condition fort modeste On sali peu de choses sur scs débuts; Il étudia à Nuremberg sous Jean Cochléus entre 1511 el 1511. Sa fortune commence en 1511 où il est chargé «l’accompagner, à Leipzig d’abord, puis à Pavlc et à Pndouo en 1518, un jeune homme de haute naissance, Paul de Schwarzenberg. C’est ainsi que Nauséa fut appelé lui-même à faire des éludes supérieures. L* Il aile le retint assez longtemps. En 1521, on le trouve encore à Padouv enseignant la poétique et la rhétorique, mais étudiant en même temps le droll, faculté dans laquelle 11 était reçu docteur, en mars 1523. Il s’était dès longtemps destiné à l’état ecclésias­ tique et avait reçu 1rs ordres mineurs en 1511; mais il ne recevra 1rs ordres sacrés «pic beaucoup plus tard. En décembre 1523, le cardinal Campegl envoyé comme légal en Allemagne pour combattre l’hérésie, le prend comme secrétaire. C’est ainsi que Nauséa parcourt l’Allemagne du Sud, secondant activement le légal dans la rédaction de la fameuse Constitutio NA usi:Λ (FRÉDÉRIC) 46 ad removendos abusus et ordinatio ad cleri altam refar­ mandam du 7 juillet. Cf. Srhannat-1 larzheim, Conciliu Germa nue, t. vi, p. 196 sq. En récompense de ses services, Nauséa, le 12 septembre, est créé Cornes palatii Lateranensis et notaire du Siège apostolique. Kent ré en Italie avec son maître en 1525, il a le choix entre trois bénéfices allemands; il opte finalement pour la cure de Saint-Barthélemy de Francfort; c’est alors qu’il reçoit le sous-diaconat à Bologne, le diaconat à Padoue, sans pousser encore jusqu’à la prêtrise. En février 152Γ», il est à Francfort-sur-le-Main ; ce n'est pas pour longtemps. La situation dans la ville est fort troublée, bien des esprits sont gagnés a la Réforme. Le 26 février un tumulte populaire cont raint Nauséa à s’enfuir à Aschaffenbourg, d’où peu après Il gagnera Mayence; il y séjournera pendant huit ans, jusqu’en 1533, Simple diacre, il est prédicateur de la cathédrale où son éloquence parait avoir eu un immvns« succès. La renommée de l'orateur arrive jusqu’à Vienne, où le roi des Romains, Ferdinand, fait venir Nauséa, qui prend pour se rendre en Autriche le chemin des écoliers, passant par Rome et Sienne où il reçoit le doctorat en théologie le 9 janvier 1534. Ses succès de prédicateur furent aussi éclatants à Vienne qu’à Mayence; c’est à la cour qu’il prêche l'avenl et le carême pendant les années qui suivent. En 1538. l’évêque Jean Faber songe à se le donner comme coadjuteur avec future succession; ei l’affaire est réglée en mars 1539. Nauséa est d’ailleurs mêle au grandes alTaircs religieuses de l’époque. On le vult en 1510 à la diète de Spire, transférée a Hnguctiau. puis à Worms; Il y essuie des négociations avec Mélanchthon et Buccr. La mort de Jean Fabcr, 21 mai 1511, fait Nauséa évêque de Vienne; c'est alors seulement qu'il reçoit la prêtrise en même temps que la consécration épis­ copale. Il prend en main avec énergie le gouvernement de ce diocèse difficile, ou il y a beaucoup à faire pour la réforme des mœurs cl le relèvement du clergé. Cela ne l’empêche pas de continuer scs prédications, non seulement à Vienne, mais en d’autres viPcs d’Alle­ magne. Cependant 11 n'était plus question que du concile qui devait porter remède aux maux de l’Églisc. Nauséa s’étalt déjà exprimé sur les devoirs ·*μ(τιχήί στζ t. nr, p. 61-67 (partir concernant Nectaire); Grégoire Pal a mus. Ήροσο/υμίχτ» 1862. p. 525-'»35; Vrrtos, Ntoùîη/ΐχη M too: A, p. 231-233;Sathns, Niotlλη^Γζή ^t/ολογίχ, p. 319-322; Zaviras, Ntz p. 479482; Voutyras, Atfcxô/ ιστορίας ζαι »· Demetracopoulos, *Ορ66Λοξος Ήό:, p. 159-160; Ano­ nyme, Il Έχζλησία ΙκροσολύμΜ/ ζχτα του: τ/σσαρζζ τιλζυτζίους αιώνα(· 1H7-1900, ρ. 82-89; E. Ix*grand. Blbtfographie hellénique du XV/P 9 iêcle, t.ir.nr.iv; da X VU!· siècle (voir aux indices); Chr. A. Papadopoulos, Ot πατριάρ^αι I£ροσ*>ΛυμΜ7 a»; π/ευοατιχΜ τή: ι%σιας ζιτά “ο * ιζ' stG>72 (extrait de N z Σιόν), 1907 (voir ch. n, Oc πζτριάρχαι Ήροσολύμων llzccto: xzi N/zript^c zz ό πζτριίιρχη: Μόσνζς Νιζων, p.74-150); le même/Irrepta τής ’l.’zz/r(rtx: ’Ιβροσο/ύμων, 1910, p. 531-538; Kattrnbusch, dans In Prni. Praleneqchf-adie, t. xtn, p. 705. Au sujet de snn attitude relativement à Nicon et de srs rapports avec Ligaridès, voir la bibliographie de ers deux personnages. V. Grumel. NÉELS IUS Nicolas, éc; it aussi NEELSS IUS, NEELS, DE NEELS. Ne a Camprnhout dans le Brabant, dominicain à Gand vers 1558, licencié à Louvain, docteur à Douai, il enseignait la théo­ logie à Louvain, lorsqu’on 1577 il partit pour Gand afin d’v mener la controverse contre les calvinistes. Mais l’année suivante, les Gueux le maltraitèrent cl l’expulsèrent avec les autres religieux du couvent. Il reprit sa charge de professeur à Louvain. En 1584. le couvent de Gand put être rétabli, cl il fut à sa tète comme provincial de Basse-Germanie jusqu'à sa mort survenue le 21 Janvier 1601. Scs travaux scripturaires, théologiques, apologétiques sur la Genèse, le Cantique des cantiques, saint Paul, l’Apo­ calypse, la croyance, le quatrième livre des Sentences, scs divers sermons sont demeurés manuscrits. Quétif-Échard, Scriptores ordinis prxdicalornm t. n, p. 328-329; Dr Jonghr* Belgium dominicanum, p. 77. M -M. lioRCB. NÉERCASSEL (Jean de) (1625-1686), évêque de Castorlc cl vicaire apostolique en Hollande, naquit à Gorcum en 1625; il lit ses éludes à SainteAgathe el ensuite à Louvain, au collège S inte-Pulchéric. puis il vint à Paris; il entra à l'Oratolre en 1615 et alla étudier la théologie à Saumur. I le venu en Belgique en 1652, il fut à Malines le directeur spirituel de la maison de l’Oratoirc, et il enseigna la théologie au séminaire archiépiscopal. En 1653, il fut chargé, en partie, de radministration du diocèse d’t trccht. Nommé évêque de t'.aslorie cl provicaire apostolique pour la Hollande, il créa le chapitre d‘l trccht par un acte du 22 avril 1664, lorsqu’il remplaça Beaudouin Gatz dont il avait d’abord été le coadjuteur. En 1670, il alla à Home pour faire connaître au pape Clément X l étal de la religion catholique en Hollande, el il souscrivit alors le For­ mulaire d’Alexandre VH. Cependant il resta toujours très attaché aux chefs du Jansénisme et, en parti­ culier, à Arnauld, qui. en 1679, logea chez lui, au début de son exil. Néercassel mourut à Zwoll le 6 juin 1686. Les écrits de Néercasscl exposent une morale aus­ tère, tout à fait conforme aux thèses des Jansénistes cpii lui furent toujours favorables. Parmi ces écrits, il faut citer : Tractatus de sanctorum uc pnccipur beat»· Mana· virginis cultu, in-8% Utrecht. 1665. Cet écrit fut traduit en hollandais, in-8·, Anvers. 1673, et en français par G. Le Hoy, abbé de Hautefontaine, in-S·, Paris, 1679. Après avoir établi, contre les calvinistes, la légitimité du culte des saints et 59 NÉERCASSEL (JEAN DE) — spécialement de la sainte Vierge, l’auteur, dans les deux derniers traités, indique les sentiments inté­ rieurs d’amour et de louange, et 1rs marques exté­ rieures par lesquelles on peut honorer les saints (troisième traité) et la souveraine puissance de la sainte Vierge (quatrième traité). La traduction de Le Boy porte l’approbation de Pctitpied. 8 décem­ bre 1678. · - L'affermissement dans la loi cl la conso­ lation dans les persécutions, In-8·, Bruxelles 1670. Tractatus de lectione Scripturarum, in quo protes­ tantIum eas legendi pruris refellitur, catholicorum vero stabilitur; accedit dissertatio de interprete Scriptura­ rum, in-12, Emmerich, 1677. L’écrit fut traduit en français par Le Boy, in-12, Cologne, 1680. et fut assez vivement attaqué par Suivius (pseudonyme d’un jésuite, dit Battcrel), mais Xéercassel répondit dans La Parole de Dieu défendue L’évêque de Castoric traduisit en latin le Truité de l'exposition de ta foi de Bossuet qui le remercia par une lettre du 22 mai 1678. — Dissertatio in qua expanditur num nobilibus ca­ tholicis in Hollandis jus competat pro arbitrio suo desi­ gnandi ac nominandi pastores super populum cathouni, in I', s. !.. 1682. L’ouvrage capital de Nécrcassel. celui qui souleva le plus dc polémiques et dans lequel apparaissent les principes rigoristes, a pour litre : Amor pernitens, sive de divini amoris ad pirmlenliani necessitate et recto clavium usu libri duo, cum appendice in qua quo­ rumdam theologorum doctrinir de remissione pecca­ torum nonnulla· difficultates proponuntur et demonstratur oera sententia S. Thomiv Aquinatis dc sacramento pirnitentin , in-8·, ttrcchl. 1682; la seconde édition, très augmentée, parut en 1685, 2 vol. in-8·, avec l’approbation d’Arnaud, évêque d’Angers, 4 octobre 1685, de Montgaillard. évêque de Saint Pons, 20 sep­ tembre 1685, dc plusieurs théologiens belges et français. Les Jansénistes d’ailleurs louèrent fort cet écrit et l’abbé Guibert le traduisit en français. 3 vol. in-12, l’trccht. 1711. Le P. Qucsnel en lit aussi une traduction, d’après une lettre qu’il écrivait A l'évêque dc Castoric le lrr janvier 1684 (Correspondance de Quesnel, t. n, p. 31, 35). L’ouvrage commence, par une lettre dédicatnire de l’évêque à son clergé, puis il montre la nécessité et indique les conditions dc l’amour de Bien pour obtenir le pardon des péchés; le livre deuxième examine l’usage légitime des clefs et la conduite des confesseurs et des pénitents, par rapport au sacrement de pénitence. Dans ΓAppen­ dice, Xéercassel propose plusieurs difficultés touchant la contrition et le pouvoir des clefs, et donne des éclair­ cissements sur quelques passages de son livre ; et dans une seconde partie, il montre que les Africains commencèrent dc se confesser après les festins de débauche, et que les absolutions que l’on accordait a quelques pécheurs, dès qu’ils renonçaient au péché, ne peuvent autoriser et rendre légitimes les abso­ lutions précipitées, contre lesquelles il s’est élevé dans le second livre de VAmour pénitent. Arnauld avait collaboré probablement à ce travail.et on trouve les mêmes idées et les mêmes expressions dans les Si r dissertations sur l'opinion des docteurs de Louvain louchant la rémission des péchés par tes sacrements, proposées a M. Haslé, et dans la Dissertation sur le vrai sentiment de saint Thomas (voir Œuvres d* Ar­ nauld· t. xxvi, p. 213-237). Xéercassel avait concerté avec Arnauld le plan de cet ouvrage pour prouver la nécessité dc l’amour dominant, cl Arnauld com­ posa plusieurs écrits pour défendre son ami ((Euvres d’Arnauld. I n el iv. p. 155-184), Xéercassel se dé­ fendit lui-même, en divers écrits restés manuscills, qu'il laissa a son disciple Van Heussen, celui-là même qui rédigea, plus lard, la notice si élogieuse de Nécrcassel dans la Batavia sacra. Ce sont : une NEESEN (LAI RENT) CO Lettre à M. l'évrqitc de Grenoble, Le Camus, sur TAnior pn nitens pour le prier d'en prendre la dé/ense auprès du pape, 16 février 1685; Lettre apologétique à un cardinal, 2 avril 1686; Apologie de l 'Amor pnnitens où Ton répond à cent dix-sept objections; Mémorial présenté a la Congrégation; Réponse à la lettre d'un jésuite, nommé Honoratus Faber, à un de ses amis au sujet de l'Amor pu nitens; Déclaration de M. de Castoric sur les divers points qu'on trouve à redire dans son ouvrage; Dissertation où l'on fait voir qu'il faut, pour être justifié, avoir un amour de Dieu dominant. (Les divers écrits montrent la vivacité de l’attaque; cependant innocent XI, sans approuver VAmor p&nttens, ne voulut point le condamner, mais son successeur. Alexandre VIIL par un décret du 20 Juin 1690, le condamna Jusqu’à correction « comme favorisant ouvertement la doctrine proscrite par le concile de Trente que la crainte des peines dc 1’enfer est mauvaise el nous rend encore plus mé­ chants. » Xéercassel laissa encore à son disciple d’autres manuscrits, parmi lesquels il faut citer deux traités, l’un Sur l'adoration en esprit et en vérité, et l’autre Sur le sacrement dc confirmation. Xéercassel entretint une correspondance active avec divers personnages; la plupart dc ses lettres sont restées inédites; celles qui ont été publiées se trouvent particulièrement dans les (Euvres d’Ar­ nauld, t. n el t. iv, et dans la Correspondance de Bos­ suet. éditée par Urbain el Levesque, t. i. p. 383-389. cl t. π. p. 185-186. 191-192. 223-225. 231-236, 363-364. 380-389. Michaud. Biographie universelle, t. xxx. p. 282-283; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xxxvu. col. 609; Fcller-Wchs, Biographie universelle, t. vi. p. 187-188; Moréri, Le grand dictionnaire historique, 17.59, t, vu, p. 956957; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, t. xvir, p. 381382; Nècridoge des plus célèbres défenseurs de la irrité du XV/I^ siècle, in-12, 1761, p. 223-221 ; Batavia sacra, in-fol., Bruxelles. 1714, Π* partie, p. 476-504 (très éloglcux) et reproduit en partie dans les Mémoires domestiques pour servir <1 l'histoire de TOraloire du P. Batterel, édités par Ingold et Bonnnrdet, 1 vol., in-8·, Paris, 1901. t. ni. p. 209239; Recueil des vies de quelques prêtres de l'Oratoire du P. Qoyscault (Bibliothèque nationale, ms. fr. n® 20 943, fol. 171-191), édité par Ingold. Bibliothèque oratorienne, t. ni, p. 57-73; Dictionnaire historique ou Histoire abrégée dr tous 1rs hommes nés dans les XVIII provinces belgiques..., 2 vol., In-12, Paris. 1786, t. n, p. 102-104; Dupin. Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du Λ VHr siècle, t m, p. 107119; Dclvcnne, Biographie du rogaume des Bags-Bas, ancienne et moderne, 2 vol., in-8*, Liège. 1829, I. n, p. 174; (îiethals, l.ccltires relatives d l’histoire des sciences, des arts, des lettres, des moeurs et de lu ftolilique en Belgique, I vol., in-8°, Bruxelles, 1837-1838. 1.1, p. 179-188; Dupac de Bellogarde. Histoire abrégée dr T Eglise métm/iolitaine d'I Brecht, principalement depuis la Révolution arrivée dans les sept Provinces-l'nlrs des Pags-Bas, sous Philippe II jusqu'à l'an 1731, 3* Mit., in-8'’. Bruxelles, 1852. p. 163-195; 1 flirter. Xomenclator, 3· édit., I. iv, col. Il4-115; (inzlcr. Histoire générale du moiiueincnl fansênUte, 2 vol., in-8·. Paris, 1922, t. il. p. 30. 33. J. (Lahiilyiik. NEESEN Laurent, théologien belge (1612 1679). Né à Saint-Trond (prov. de Liège) en 1612, il lit ses humanités, sa philosophie et sa théologie à Louvain où il prit la licence. Dès 1638. il est nommé président du séminaire archiépiscopal de Malines, où il devait en même temps enseigner la théologie. Il demeura quarante ans à la tète de cette maison, où il mourut le 22 mai 1679. laissant une réputation d’extrême charité et de grand zèle sacerdotal. Son testament léguait tous scs biens au séminaire, à condition A l’étude des fonctions de connaissance fait -suite celle de la vie affective, puis de la vie végétative; en lin les phénomènes de volonté sont longuement dé­ crits, c. xxix-xu. Némésius défend l’existence du libre arbitre, tant au nom de la doctrine chrétienne que pour des raisons d’ordre moral et métaphysique. Le tout se termine par trois chapitres consaciés à la providence divine. L’ouvrage, qui semble n’avoir pas été mis définitivement au point, manque de con­ clusion. 2e Curac/ères généraux. - - S’il n’est pas un chefd’œuvre, le traité en question présente A coup sûr un très vif intérêt. L’auteur sc montre suffisamment renseigné sur les doctrines philosophiques émises au cours des Ages. Sans doute, il ne les connaît pas tou­ jours de première main, mais par des compendium, par ces placita philosophorum qui étaient alors en circulation. Il ne laisse pas de les comprendre de façon exacte et de les ciiliqucr avec discernement. D’ordinaire, il procède sur les diverses questions par voie d’exposé des solutions, qu’il examine les unes après les autres, donnant ensuite celle qui lui parait véritable. Il ne s’attache d’ailleurs de façon exclusive à aucune école; ses préférences générales vont sans doute au platonisme et plus encore au néoplatonisme qu’il semble assez bien connaître; Aristote ne lui qgrée guère, bien qu’il lui emprunte une grande partie de la doctrine de la volonté libre. Il ne s interdit pas de chercher dans la théologie des points d’appui pour ses démonstrations; mais il fait parfaitement le départ entre les deux sources de connaissance, révé­ lée et naturelle. Ainsi, parlant de la Providence, il dit (pie la meilleure preuve qu’on en puisse donner, c’est le fait que Dieu lui-même s’est fait homme pour nous; mais il ajoute aussitôt : · Ominie ce ne sont pas seulement les chrétiens que nous voulons con­ vaincre et que nous nous adressons aussi aux gentils (προς "Ελληνας), nous allons leur démontrer l’exis­ tence de la Providence par des arguments propres à les persuader. * C. xliî, col. 781 B. I L Auti vu i.r date. — Tout ceci montre que nous avons affaire non avec un philosophe profane, mais avec un chrétien fort instruit des choses reli­ gieuses. Bien donc ne s’oppose à lai tribut ion faite de notre traité â un évêque, tant par les manuscrits que par quelques citations anciennes. En l’absence de toute donnée ferme, la date de la composition est plus déli­ cate à déterminer. L’auteur écrit après la publication des ouvrages d'Apollinaire (le Jeune) et d’Eunomius (pii sont expressément cités et réfutés. La doctrine christologique qu’il expose en passant, voir col. 63, est nettement opposée à celle dont Eulychès a été dès 110 le plus fameux représentant. Le fait toutefois «pic l'archimandrite const antinnpolitain n’est pas nommé, semblerait indiquer (pie le traité a été écrit avant l’éclat définitif. Il n’est pas non plus question de Nestorius. et pourtant la formule christologique de l’école d'Anl ioche est expressément donnée, et d’ailleurs rejetée, bien qu'elle soit le fait d’ho/nmc< illustres. On a voulu voir ici une allusion à Théodore de Mopsueste, ce qui est possible, mais A condition qu’on lui adjoigne au moins une autre illustration. Pourquoi ne serait-ce pas Nestorius ou même Théodorct? Nous voici donc ramenés non pas A la fin du IV· siècle, comme on l’a prétendu, mais A l’intervalle NÉMÉSIUS 65 qui sépare le candie d’Éphèse de celui de Chalcédaine. Notre auteur, on l'aura remarqué, juins ad­ met Ire lu formule de l'union par bon plaisir, κατ’ ευδο­ κίαν, admet la terminologie onlochlcnnc, telle qu'elle sc précise dans I Eranistrs de Theodorei. I) emploie avec prédilection, en parlant du Verbe incarne, les épithètes d'άσύγχυτος, <Γάτρεπτ%. qui de l’oeuvre de Théodorct passeront dans la formule du concile de 151 Il insiste avec autant de force sur l’idée que le Verbe est άπάθης, qu’il ne prend aucune pari aux passions de i'Immunité, ούσυμπάσχων, άλλα συμπράττωυ. N’estpas'encore du Théodorcl lui sorte qu'on chercherait assez volontiers l'auteur panni ces Antlâchions, qui entre 131 et -151, tout en abandonnant la personne de Nestorius, entendent bien ne rien sacri lier des alhrmations dyophysltes. Mais il est du nombre des prudents, de ceux qui jugent inutile du soulever les questions de personnes, à un moment surtout où le monophysisme semble pouvoir compter sur la faveur impériale. Sans (huile, on a fait valoir que la polé­ mique contre Apollinaire et Eunomius n'est plus guère de saison vers les années 110. Mais on oublie, ce disant, que toute la polémique anlhnonophysite faisait valoir l’origine apollinarjstc de la doctrine de l’unique nature. L’on ne remarque pas non plus (pie d'Iùinomlus ce qui est rejeté, c’est moins son ensei­ gnement trinltaire (pie ses théories psychologiques ut christologiques. Cf. c. m, col. 1105 A. H nous scmbledonc cfu'i! faut revenir sur ce point aux vues des anciens critiques ecclésiastiques, vues confirmées par le suffrage des historiens de la philosophie grecque, tels que Bitter et Zeller, quoi qu’en aient dit D. Ben­ der et à sa suite (). Bardenhewer,— Il n’y a pas lieu d'attribuer à Némésius un petit traite Dr ronton· nenda morte, publié sous le nom de Démélrlus Kydonès, moine du xivr siècle (cf. P. G., t. cuv, col. 11G91212), et dans la petite collection Teubner (éd. H. Deckelmann. 1901). Les preuves de celte attribution qu’à prétendu fournir J. Drascke. dans Zeitsch. /Pr tuisxensch. Théologie, 1901, t. xuv, p. 391-110, n'ont pas convaincu les critiques. HL Histoire posthume. On ne voit pas que le traité de Némésius ait d’abord attiré l'attention. On ne le trouve cité que rarement par son nom dans la littérature grecque : un Anastase, archevêque de Nicée, de date imprécise, lui emprunte avec reference deux réponses dons les ’Ερωτήσεις καί αποκρίσεις, mises sous lenoni d’Anastase le Slnaïle, voir P. G’.. I. i.xxxîx, col. 505. 515; au x* siècle, Moïse Bnrcepha le cite dans son De paradiso, L xx. P. G’., I. exi, col. 5OS A. Mais certains auteurs ne se font pas faute de le copier sans rien dire. Sain* Jean Damascènc le résume longuement au I. H de la Foi orthodoxe, c. xii-XXX, P. G\, I. xctv, col. 917-909; au ix· siècle un certain Mélélios. moine et médecin, le pille lit­ téralement dans son traite Ilcpi τής τού ανθρώπου κατασκευής. Texte dans J. A. Cramer, Anecdote grava Oxonens,, t. ni, p. 1-157. On a reproché à Mélélios d'avoir fait cet emprunt sans le signaler. Ce n'est pas exact. En sa préface, le moine-médecin donne ses sources, parmi lesquelles il signale Grégoire du Nvsse. Aor. c//., p. 1. Or c'est Némésius qu’il désigne parce nom. Depuis quelque lumps déjà, en cil t, l’œuvre de l’évêque d'Entèsc circulai! sous le nom de celui de Nysse, comme le prouve une version arménienne du vnr siècle qui donne ce livre comme étant de Grégoire Ce dernier, on le sait, avait composé comme suite à Γttexam-ron de son frère Basile un Dr opificio hominis. Περί κατα­ σκευής ανθρώπου, qui, par suite de l'analogie des titres cl aussi du contenu, n al tiré à lui le travail de Némésius. Aussi une pari le de ce dernier ouvrage flgurc-l-elle encore sous le nom de Grégoire de Nysse. Pict, i>k TiirëoL; cathol. D’ÉMÈSE 66 Voir P. G , l. xi.v, col. 188-221, et comparer avec I. xi., col. '» ;♦· I.Occident en définitive sera victime de lu meme erreur. Sans doute la première traduction latine qui est fallc au xr siècle par h· médecin Alfan de Sulcrne. t 1085 comme archevêque de celte ville, mol lu traité sous le nom de Némésius: mais celle version, d’ail­ leurs fort médiocre, cède bientôt la place à celle que donne, au milieu du xir siècle. Burgtindio de Pise. le grand traducteur de I époque (cf. .L de Ghellinck, I.r mouvement IhMogtque du mj9 attelc, p. 215 sq.). Or Burgundio publie le traité sous le nom de Grégoire de Nysse; son texte, vite devenu classique, impose cet le attribution à toute l’Ecole. Albert le Grand, saint Thomas d’Aquin ne connaîtront que le Il esl visible que le Docteur angélique s'est inspiré (‘onlinuellemunl, dans toute la partie de la I· qui traite de l’homme, non seulement du Damascene, mais de Némésius sous le nom de Grégoire de Nv^se. Si ce dernier est assez rarement cite de façon expresse (voir pourtant q. i xxxi. a. 2 q i xxxn. a. 5· q. ori Enir*r, Berlin, 1921 : O. Banlcnhcwcr, Altkirchllche Literatur, t. η , 1921, p. 275-280. - Ces travaux modernes ne doivent pas faire oublier ceux des vieux critiques ccclésiastiqurs : Τί I lemon t, Mémoires, t. ix’, p. 510-511; lùibridus-I farlc*, Bibliotheca grava, t. vm, p. I IS-152. Voir aussi 1rs histoires de la philosophie grecque. É. Am ANN. NENNICHEN Mnthlae, né à Allenstein (Prusse orientale) en 1590, entra en 1611 dans lu Compagnie de Jésus. Il travailla comme missionnaire dans les provinces d’Autriche cl de Bohème. cl mou­ rut a Brunn le I décembre 1656. On lui attribue un Tidetains de communione sub u traque specie, paru à G logo u en 1626. Peut-être est-il l’auteur d’un petit Iridié de controverse ahtlprol est ante roulant sur le thème Ubi scriptum est? qui eut une très grande vogue (multiples éditions cl traductions en diverses langues) au xvn* siècle, et a même connu des rajeu­ nissements au xviii· et au xix· siècle. La plus an­ cienne forme latine que connaisse Sommcrvogel porte le litre: Ad tritissimam in jidei controversiis qiucstioncm I’m scriptum est? catholicis vera, non tamen debita, acatholicis obtrusa sed frivola res­ ponsio, Würzbourg, 1668. Mais on connaît aussi un texte tchèque de 1638. ( . Sommcrvogel. Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, l. v, 1891. col. 1622-1021; cf. t. h, col. 151 ; I. m. col. 701; L IX, col. 715; Hurter, .Xamendator, 3· édit», t. ni, col. 1021. É. Amann. NÉOPHYTE Ce mol grec, qui équivaut à jeune plante », est employé au figuré par saint Paul, pour désigner un nouveau converti. 1 Tim., m, 6 (à rapprocher de 1 Cor., ni, 6-8, où l’apôtre compare le travail du missionnaire évangélique à celui du jardinier). Le mot est passé de là dans la langue ecclésiastique où il est devenu proprement le nom drs nouveaux baptisés. Au passage cité, saint Paul recommandait a Timothée de ne point ordonner comme episcope un néophyte, de peur que, venant a s’enfler d’orgueil, il ne tombe dans la même condam­ nation que le diable. · De là est venu ultérieurement l'irrégularité qui, dans l’ancien droit, atteignait ceux I qui avaient été baptisés à l’âge adulte. Cf. ici, t. vu. 1 col. *2561. Le nouveau code a supprimé cette irré­ gularité; il place néanmoins les néophytes, parmi ceux qui sont simpliciter impediti en ajoutant : (fonce, judicio Ordinarii, sufficienter probati fuerint. Can. 987, IG Mais l'empêchement en question a pris, â certains moments, une extension tout à fait inattendue. On en est venu à appeler néophytes » ceux qui étaient nouvellement reçus dans l étal ecclésiastique ou dans un ordre religieux, et, par application du mol de saint Paul, interdiction a élé faite d’admettre ces · jeunes recrues · aux ordres supérieurs avant un certain temps Voir arl. Interstices. t. vit, col. 2313. On a dil à cet article quel rôle a joué dans certains cas historiques ce grief d’être un néophyte : cas du pape Constantin en 768.de Pholius en 857,et bien d’autres. É. Amann. NÉOPHYTE LE RECLUS (χιι-χιιι· siècle). Né à l.eucara, l'ancienne Amathonte (Chypre), en 1131, s’enfuit à dix-huit ans au monastère de Saint-JeanChrysoMomc près du mont Couzzoventi. Employé d abord à la vigne dans une métairie du monastère, puis nommé parccclési arque au couvent, il aspire au repos de la contemplation que lui refuse son hlgoumènc. Après bien des péripéties et des voyages (il parcourut la Palestine), il trouve dans son île. au flanc de la montagne qui domine Paphos, la retraite tant désirée, le 21 juin 1159. Les travaux d’aména­ gement termine, Il inaugure sa vie de reclus le 11 sep­ tembre 1160 En 1171». Basile Cinmnnos. l’évêque de - N É P OS 08 Paphos, l’ordonne prêtre. Un à un. les disciples lui arrivent, des cellules se construisent, puis en lin une église dédiée à lu Précieuse Croix. Le monastère est achevé en 1183 et sa cellule lui vaut le nom de Έκγλείστρα. Néophyte compose un règlement, pro­ bablement en 1177, dont il fit plus tard, en 1211, une édition remaniée, celle sans doute (pie nous possédons encore. Cependant de nombreuses visites troublent sa retraite : Il monte plus haul dans la montagne, y trouve une caverne qu’il transforme en cellule : la Νέα Σιών, c’est le nom qu’il lui donne, sera désormais le centre de Γ’Εγκλείστρα et la résidence de l’hlgoumène. La constmetion d’une cellule accessoire · occasionne un accident qui met sa vie en péril. Préservé miraculeusement, pense-t-il. il appelle cet événement Oc οσημεία et compose en reconnaissance un office à célébrer chaque année au 21 janvier. On ignore la dale de sa mort. Néophyte est honoré en Chypre comme un saint. Au chapitre xii de sa Diti· (axis, Néophyte énumère ses propres ouvrages alors au nombre de 16 livres. En voici l’objet cl l’état d’après L. Petit, Échos d* Orient, t. H, p. 263-267 : 1-3. Trois volumes de panégyriques, dont le premier seul est connu dans le Paris, 1189 (cf. Cal. cod. hag. gr. Par., 1896, p. 86-90): 1-5. deux volumes de lettres dont on n’a point de lraces; 6. un commentaire du Cantique des cantiques conservé dans plusieurs manuscrits; 7. livre της Οεοσημείας. ollice c(mnnémoratif de l’événement rappelé plus haul, édité par Kyprianos, dans Τυπική σύν θε(7) διάταξις, etc.,Venise. 1779; 8. seize discours sur l’I lexaméron publiés par Kyprianos. ibid.; 9. dix homélies sur les Psaumes (manuscrit); 10. commentaire sur les canons des douze fêles du Seigneur (manuscrit); 11. Δω&κάλογον τό πρόχειρον τού έγκλειστου, ouvrage perdu qui, au jugement de L. Petit, devait consister en discours autobiographiques: 12. sermons sur les commande­ ments de l’ancienne et de la nouvelle Loi, dont plu­ sieurs sont conservés en manuscrit ; 13. livre des caté­ chèses (non retrouvé); IL la Τυπική διάταξις, éditée par Kyprianos (voir plus haut) et par E. E. Warren The ritual ordonnance oj Xcophytus, dans Archacologia xi vu, 1-36: 15. livre désigné seulement par l’épithète de τε)χυταΐον. L. Petit propose de l’identifier avec les vingt canons ascétiques plusieurs fois cités dans le Typlcon. Ajouter à ces écrits le testament de Néo­ phyte, publié par Kyprianos, op. cil., le morceau De calamitatibus Cypri, si souvent édité, P. G., I. cxxxv, col. 196-501. L. Petit signale encore d’autres pièces isolées de notre écrivain; deux sont des homélies sur l’adoration de la Croix; une troisième est un récit sur les origines du schisme. Le P. IL Dclchayc fait remarquer qu’elles pourraient être des extraits des ouvrages énumérés ci-dessus. Le travail fondamental est celui de L. Petit, Vie cl ouvra­ ges de Néophyte le Becltis, dans Échos d’Orlcnl, t. Il, p. 257268. 372. Ajouter : H. Helrhaye. Saints de Chypre, dam Analecta Mlandiana, t. xxvi (1907), p. 161-297 (p. 162232, plusieurs panégyri(|iies de Néophyte sont édités); L. Petit, Bibliographie des acolouthies grecques, p, 201-205; J. Kli. Khatzcloonnou,’Ιστορία xal ίργα Νιοφυτου Ηρισβντέρου ^lovάχoυ xal Εγκλείστου, Alexandrie, 1911; cette monographie n'ajoute rien sur notre personnage, qui ne soit déjà connu, et n’édite aucune nouvelle œuvre de lui. On y trouvera toutefois des renseignements sur I’histoirr ulté­ rieure du monastère de rEnclehtra. V. Grvmei., NÉPOS est le nom d’un évêque égyptien du iir siècle auteur d’un iraité intitulé : Réfutation des nllégoristes,“Ε)χγχος ά)ληγοριστώυ. Nous ne le connais­ sons que par ce que nous apprennent les fragments de Denys d’Alexandrie conservés dans Eusèbc, //. K., VII, xxiv et xxv, P. G., t. xx. col. 692 sq. Ayant su I l'existence dans le nome d’Arsinoé d’un mouvement G9 NÉPOS - millénariste aboutissant a un véritable schisme, Denys se rendit sur les lieux, â un moment où Népos était déjà mort; il discuta avec ses partisans et fut assez heureux pour les ramener à l’unilc ecclesiastique. Ce lui fui l'occasion d’écrire un ouvrage en deux livres intitule Sur tes promesses, Περί επαγγελιών. Il y parle de Népos, comme d’un évêque recomman­ dable pour sa foi, son zèle, son application aux Saintes lettres el sa · psalmodie abondante encore en hon­ neur, της itMffi ψαλμωδίας, η μέχρι vil·/ πολλοί των αδελφών ενθυμούνται. Mais le livre où il interprétait littéralement l'Apocalypse, â l’encontre des tendances allégorisantes de l’Écolc d’Alexandrie, risquait de faire beaucoup de mal. A en croire Dcnys, Népos, par son exégèse, amenait les simples à penser que tous les enseignements ecclésiastiques sur l’avènement de .Jésus, la résurrection des morts cl ce (pii s'ensuit, se ramenaient en somme a la promesse d’un bonheur terres! rc. μικρά καί θνητά και οΐα τά νυν. Il semble tou­ tefois bien difllcile de croire que Népos n'enseignait pas une vie éternelle à l'expiration du millenium. Gcnnnde décrit avec plus de précision le système de Népos. D’abord aurait lieu la résurrection des justes, leur bonheur sur la terre avec le Christ, au terme du millenium la résurrection des impies. Du­ rant le millénium il continue â subsister dans un coin de la terre fies impies, qui au dernier jour viennent a l’assaut du royaume de Dieu et (pie le Tout-Puis­ sant anéantit. Dr écrits. dogmatibus, c. t.v, P. L., I. i.vhj. col. 994-995. On se demande où (iennade a trouvé ccs détails sur Népos, dont il n’a sans doute pas eu le livre en main. Ce qu'il décrit lâ, c’est bien l’eschatologie de Laclance qu’il aura prêtée au vieil évêque égyptien. - Quant aux hymnes el aux tra­ vaux sur l’Écriture que Népos avait pu composer, nous ne les connaissons que par l’obscure allusion qu'y fait Denys. , Di λοπγγγ unique semble bien être Eiisêbc: ce que dit saint Jérôme dans sa notice sur Denys d‘Alexandrie· Dr ntr. ill., il. 69, dérive exclusi veinent de Vllixt. reel., vraisemblable­ ment aussi l’assertion de Gcnnade. Tillcmont, Afénio/rrs, I. iv, p. 261-266, ne fait guère que paraphraser le texte d’Eusèbe; J. G. Schupart, ChiUasmus Xepotis, Giessen, 1721. profite «le cette occasion pour atta­ quer l'illuminisme de Q.Kuhlnninn.Jacques Bœhm et autres; (*.. L. l’cltoc, The tellers o/ /MnripHiis o/ .(..Cambridge. 1904. É. Αμλνχ. 1 NERSÈS IV. catholicos arménien du 17 avril 1166 au 13 août 1173. appelé aussi Glaletsi ou Klayctsi du nom de sa résidence Hromglah (RomKelah château romain ·). Son autre surnom, très usité chez les Arméniens, Clinorhall (Chcnorhali). le Gracieux, hit fut appliqué par ses contemporains comme expression de son caractère affable et philan­ thropique, ainsi (pie du style éloquent el classique de scs ouvrages. Nersès Glayctsl ou Chnorhali a été. en effet, non seulement un des plus grands patriar­ ches et docteurs de l’Église arménienne, mais encore un coryphée de ta littérature haïcaniennc, qu’il illustra d’épopées célèbres. Issu, en 1102, de souche pahlavounienne. arrière-petit-fils de Grégoire Magistros cl frère du catholicos Grégoire III Pnhlavounl (11131166), il passa sa première jeunesse vaquant aux éludes el aux œuvres pieuses, dans le célèbre couvent de Gnrmir-Vankh (couvent rouge) situé sur le Slav* liarn, la · Montagne Noire ·, en Cilicie. en compagnie de son frère aîné Grégoire, lequel, élu patriarche d’Arménie en 1113, conféra personnellement l’ordi­ nal Ion sacerdotale à son frère Nersès â l’âge de 18 ans en 1135, et l’éleva, peu après, Λ l’épiscopat. Durant le long pontificat de son frère, Grégoire III, qui régna 53 ans, Nersès Glayetsi fut â vrai dire l’âme et le ressort de la chancellerie patriarcale, ce fut lui (pii NERSÈS IV 70 comme coadjuteur spirituel et conseiller-secrétaire, assista le catholicos avec le plus grand dévouement. En 1139, l'évêque Nersès accompagna Grégoire III au synode latin d’Antioche La grande el noble tâche de la réunion de l’Église arménienne a l’Église grecque, entreprise déjà par le catholicos Grégoire HI, qui à cet effet avait convoqué (1165) le concile ou synode général de Hromglah, cul en Nersès un promoteur ardent. En 1166, ordonné catholicos, a un âge avancé, il exerça celte charge pleinement après la mort de Grégoire IH, survenue dans la même année 1166. Tous ses efforts convergèrent dès ce moment vers l’union des deux Églises. Nersès (pii, encore du vivant de son prédécesseur, avait conféré, au cours d’un voyage en Cilicie, avec Alexis, gendre de l’empereur Manuel H Comnènc. sur la question de l’union, fut invité par l’empereur à une conférence personnelle à Constantinople Nersès, retenu à Hromglah par le concile qu’il présidait, fil parvenir à Manuel H un traité théologiquc exposant la foi de l’Église hafeano-grégorienne. Dans ce premier traité, Nersès Clayétsl s'applique surtout à montrer l’inanité de l’affirmation grec­ que, (pii reprochait aux Arméniens l'hérésie monnphysitc. en exposant que les tenues < d’une seule nature dans le Christ étaient compris par les Armé­ niens. non dans le sens d'Eutychès, mais dans le sens orthodoxe représenté par sainl Cyrille d’Alexandrie, â savoir celui de l’unf/é de personne. Les Arméniens emploient, continue son exposé, le terme une seule nature pour signi lier l’union indivisible du Verbe divin avec l’humanité. Si. nu lieu d’employer le tenue arménien antzn « la personne · ou · l’hypostasc », Nersès. suivant I usage arménien, préfère la formule basée sur l’arménien bnouthiun la nature ». c’est tout simplement par esprit conservateur et par un certain opportunisme de chef d’Égiise nationale, guidé cl déterminé par l’appréhension du nestorianisme. Bref, le catholicos arménien dans son traité justifiait, malgré certains termes inusités en théologie ortho­ doxe, l’enseignement grégorien sur l'incarnation el les autres points de dogme contestés par les Grecs. L’empereur et le patriarche, pleinement satisfaits, el préoccupés d’achever la magnifique entreprise de l'union des Églises, envoyèrent à cette fin.de Constan­ tinople à Hromglah. pour siéger au concile, le célèbre théologien cl philosophe Théorianus. Celte conférence entre Théorianus et Nersès 1\ se prolongea jusqu’en 1170. Retourné à Constantinople, Théorianus pré* sentait â l’empereur deux lettres de Nersès, une intime et une autre officielle, dans lesquelles le catholicos réitérait scs dispositions pour une union prochaine· el constatait que les Églises grecque et arménienne ne différaient pas essentiellement dans le dogme. Néanmoins, il se réservait d’en appeler auparavant au concile des évêques de son Église, avant de pu­ blier la profession de foi demandée par les Grecs. En 1172. eut lieu une seconde conférence de Théo­ rianus, représentant du patriarche grec, avec Nersès, en présence de prélats et docteurs arméniens et syriens, où Nersès se montra extrêmement conciliant, n’ayant qu’un but. celui de dissiper les points en litige et de concilier ses évêques avec le parti grec. Outre le dogme de la dualité des natures dans le Christ. Nersès accepta encore lu correction de certains usages contraires â la pratique des Grecs (Toumebize. /list, pol. et religieuse de ΓArmenie, p. 218). Il céda et lit des concessions jusqu'au delà de ce qui était exigible pour la réconciliation. Neuf points furent formulés comme bases el conditions de l'union. Par son esprit de modération, il avait tout préparé pour achever l’œuvre et consacrer l’union en un grand concile des évêques arméniens. Cependant le forma- 71 NERSfcS IV -- NEKSÈS DE LAMPBUN 72 Arabice, Armenice, Cantubrh c, (h Ilice, Chaldaice, Ikmltt, Gallice, Germanice, Grace, Groenlandicr, Hebraice, Hibrrnice, Hispanice, Hollandice, llungaricr, Ibericr, ////· rice, rtc., etc., Venise, 1882, 000 p.; Ncrsès Chnorludl, œuvres poétiques fJésus le fils, Mesons Orli (épopée biblique), etc., rtc. I, Venise, 1830 (arménien); f’. Xévc, Le patriarche Xcrsés IV, dit Schnorhali, envisagé comme écrivain ( L* Arménie chrétienne. Loti vain. 1886, p. 269, 286, etc.); l’r. Tourncblze, Histoire fedilique et religion* de /’.Ir/né/m. Paris. 1900, p. 239-253; (îarrguln. Histoire dr la littérature arménienne, p. 621 -6 12; Xouvelle biblioyraphb arménienne, par P. Arsène (îha/.iklnn, Venise, 1909, p. 22.3263, , ,· ahst, J.K 2. NERSÈS DE LAMPRON ou Latnpr·.nnlsl. neveu du precedent, archevêque arménien de Tarse en Gilicie. naquit en I 153 au château de Lampron ou l.ainbron en Gilicie arménienne, de la fa­ mille princière des 1 léthoumlens, comme second fils d'Ochîn II. dynaste de Lumpnm. Son illustre origine il était de la souche du futur roi Léon II de l’Arméno-Gilicie et en plus le neveu des catholicos (iré­ goire VI el Nerses l\ seniblail le prédestiner à une position dominante dans l’Eglise de la nation. Iteçu prêtre, à l’âge de 16 ans, après scs études faites au couvent de Sguévra. et ordonne par son oncle, le catholicos Ncrsès IV, il s’appela dorénavant Ncrsès au lieu de Sembad. son nom de baptême. Dans h· couvent de la célèbre Montagne Noire (Siav-Lhirni, en Arménie Mineure, où ses études se continuèrent sous le vartabied Stephanos Dirai sou, Ncrsès s'initia en linguistique jusqu’au point de posséder les langues et litlératures grecque, latine et syriaque aussi par­ faitement que l’arménienne. En 1176, il fut ordonné évêque de Tarse par Grégoire Degha. successeur de Ncrsès le Gracieux. En outre les moines de Sguévra lui conférèrent la dignité d’abbé de leur monastère, d’autant plus volontiers que Ncrsès, entre sa prêtrise et son épiscopat, s’élail lui-même quelque temps voué à l’état monastique. Comme représentant du catholicos Ncrsès IV le Gracieux, l’archevêque Ncrsès Lampronatsi assista au célèbre synode national de Hromglah en 1170, où. par mandat el au nom du patriarche, il fut chargé du discours synodal en faveur de Punlon. L'union entre l’Eglise grégoriennc-haïcaniennc avec la grecque fut bien alors décidée, sans cependant parvenir à sa réalisation, par suite de la mort de l’empereur Manuel l" Comnène (1180). Les négociai ions interrompues lâ-dcssus furent renonces sous Isaac II l’Ange et Alexis III l’Ange (1195-1203), qui décerna au prince Léon la couronne royale de CHicic (1196). En compensation, le roi Léon II. favorisant les plans d’unification de la cour byzantine, amena la convocation des évêques Ephtotu pastoralis S. Xcrsetis Clajcnsls quam ex armenio latinitate primum donatam,., edidit Joseph Cappcllctti. grecs cl arméniens à un concile. Ge concile s’uuvrlt Vcnhc. 1829; Oghpe Edessla khaghakhi, Elégie sur la ville enfin à Tarse, le dimanche des Rameaux de l’an 1196, iTEdesse, édition originale, Madras, 1810; Elégie sur ta selon la relation de l’histoire arménienne (contrai prise d*Edesse par les musulmans, par Ncrsès Klnlctsi renient à l’ancienne opinion erronée, qui fixait son IMAtrinrche d’Arménie, publiée pour la première fols, en début à l’an 1197). Ncrsès de Lampron. le grand arménien, par le Dr. J. Zohrab, ouvrage publié par In champion de l’idée de la réunion des Eglises, souligna Société asiatique, Paris, 1828; Hrcucil des historiens des dans le discours prononce à l’ouverture du concile croisades. Documents arméniens, 1.1. p. 226-268; Elégie sur la prise d*Edesse, édité avec version française par Edouard l’absolue nécessite de Punitr. l’accord de la formule Duhiuricr; Sancti Xcrsetis Clajrnsis Armeniorum catholici chalcédoniennc sur l’incarnat ton avec la terminologie opera, nunc primum ex armenio tn latinum conversa notisqur des théologiens arméniens les plus éminents, cl se illustrata studio et labore I), Joseph! Cappcllctti, presbyteri déclara même prêt à sacrifier certains usages disci­ veneti, vol. i-n. Venellis, typis PP. Mceint haris la nun in plinaires. cl à changer la date fixée pour certaines Insula S. fjizari. MDCCCXXX1II, ln-8·, 287 p.; Preces fêtes arméniennes en vue d’une réunion des deux sancti Xierses Armeniorum patriarchae, Turcice, Grircc, Eglises. Cependant les Grec» tirent valoir des exigences Latine, Italice el Gallice reddita·, Venise. Snint-Ijr/are, 1810; Preces Xierses Cia jens is aexdecim linguis Armenice outrées auxquelles les Xrmcniens répondirent par I iteratis, Armenice vulgaris, Grace lilrralis, Grwcr vulgaris, d’autres exigences également excessives. I.’assemblée iMtinc, Italice, Gallice, Hispanice, Germanice, Anglicc, adopta bien. Il est vrai, les bases d’un accord propo­ Hollandice, Illyrice, Strviane, II angarier, Turcice et Tatasées par l’archevêque Ncrsès de Lampron: mais cette rice armeniacis characteribus, Venise. Salnt-I Jizarc. 1813; réconciliation, bien que l'acte synodal eût été signi pas Preces... editae, Ven., 1837 : Additio : Islandice, lingua anti­ les principaux prélats représentant les deux EgUses, qua Donorum, Danlcr, Groenlandicr (1-13). — Preces... n'eut jamais une valeur vlïeclivo. Du côte arménien triginta sex linguis : .Ethiopicr, Albano· Gheghlce, Anglicc, lisnic outré cl l’orgueil dominateur des Grecs déjouèrent l’entreprise d'unification qui, par suile d'éternels atermoiements, dut rester inachevée. Déjà l'évêque d’Albanie et ceux d’Arménie étaient invités à sc rendre au synode de la réconciliation, quand le vénérable catholicos, âgé de. 75 ans, mourut à Hromglah, en 1173. Reconnu et vénéré comme saint déjà de son vivant, il fut béatifié et canonisé solennellement, bientôt après, par l’Eglise armé­ nienne qui l’exalte comme l'une de ses plus grandes gloires. Ses œuvres théologiques se divisent en écrits exégétiques (interprétation de l’évangile de saint Matthieu) et en traités dogmatiques exposant la foi et les usages de l'Église arménienne, généralement en forme de lettres adressées à l’empereur Manuel H, au patriar­ che grec, au patriarche syrien Michel. Son encyclique promulguée au début de son règne (1166) au peuple arménien et son mandement pastoral adressé aux prêtres de Samosatc, nous fournissent un précieux tableau de la situation religieuse de l'Arménie con­ temporaine. L’abbé Vilicfroy, docte arménologue, cite Ncrsès Glayetsl, comme l’un des plus éloquents Pères de l’Eglise arménienne ». Citons spécialement encore son célèbre livre ou formulaire de prières, contenant les oraisons pour les 2-1 heures du jour cl de la nuit et divisé en 21 paragraphes, ouvrage traduit en 36 langues ((.appelletli, l. ri, p. 171 sq.; Venise, 1882). Ncrsès Chnorhall ou Glayetsl est grand surtout comme poète. Son chef-d'œuvre intitulé : Ycsoils Orli, Jésus le /ils, d’après les deux mots initiaux, est une histoire poétique ou chronique rlméc de l'Écriture sainte, donnant en résumé un tableau magnifique­ ment combiné cl coloré de l'Ancicn el du Nouveau Testament, en trois parlies, et en 8 000 vers, ouvrage qualifié comme épopée vraiment divine » par le P. Jacques Villotte. Déjà, dans sa Jeunesse, il avait ébauché une histoire poétique de l’Arménie. Vtpasanoulhiun · Epopée ». En outre nous avons de Ncrsès : 1. Une Élégie surin prise d’Edcssc par le sultan d'Alcp, Emadcddin Zenghi. en 11 11. contenant 2 090 vers, dont le titre arménien porte : Oraison-Lamentation, composée poétiquement selon le style d’Homère, sur la prise de la grande Edesse, dans l’an 593 de l’èrc arménienne, le 23 décembre, dans la troisième heure d’un dimanche. 2. Deux homélies en vers, l’une sur la sainte Croix, l’autre sur la hiérarchie divine. 3. t’nc grande série de poésies sacrées relatives à di fièrent s sujets en mètres prosodiques variés. 73 N E HS RS DE k'.x inomislèrcs de In Grande Arménie, soustraite à l’action politique des Houpénlensde Gilicie. combatti­ rent par principe cl par opposition fanatique toute idée de réconciliation, tandis (pie les Grecs poussaient leur arrogance Jusqu'il demander |o rebaptisatfon des Arméniens. En 1197. Ncrsès fut envoyé en ambassade par Léon 11 et le catholicos Grégoire \ I, avec trois princes arméniens, à la cour d'Alexis l’Ange, en vue de presser l’union religieuse projetée, tout en rapportant à I empereur les vexations subies par les Arméniens sujets de l’empire byzantin de la part du clergé grec. L'ambassade aboutit a une conférence (pii sc termina sans résultat par suite de l’obstination des Grecs. Des lors le reste du pontificat du grand archevêque de Tarse fut consacré à l'entreprise de l’union religieuse avec l’Église romaine. lût 1190 déjà, le cathollcnl arménien, d’accord avec le pouvoir civil, avait pris contact avec l’Occidcnt franc : Ncrsès Lampron.il si se trouvait déjà alors présent parmi le cortège qui. sous la conduite de (irégoire IV et du · baron Léon II. se rendit au· devant de l’armée des croisés menée par l’empereur Frédéric 1er Barberousse, vers la Gilicie et les Lieux sands. Voir la relation de celte ambassade il Séleuclc, composée par Ncrsès lui-même, dans Vciter. Ulster Jahrbuch, I. n, 1881. p. 288-291. Après l’échec de la politique annéno-byzanlino, l’union refusée par Byzance fut reprise du côté de l’Église romaine. Le baron d'Arménie Léon H reçut du pape Célcstln 111 la couronne royale d’Arménie; en retour le roi Leon 11. auquel un légat papal avait apporté en Gilicie, au nom de l’empereur Henri \ I, la couronne royale, retourna solennellement avec son peuple dans le giron de l’Église catholique romaine; le G janvier 1198, Léon 11 fut oint et consacré roi à Tarse par le catholicos Grégoire VL l?œuvrc de réunion fut sanc­ tionnée et couronnée par l’acte solennel de l’envol du pallium, par le pontife romain, au catholicos et d’un étendard de saint Pierre au roi, qui recul le privilège d’une juridiction relevant directement du pontife romain, à l’exclusion des autres patriarches et pouvoirs temporels. Ncrsès Lampronatsl avait été l’Aine et le promoteur de celle œuvre de réconciliation, entre IOrient arméno-cilicicn el syro cappadocicn el l’Église catholique romaine. Il présida la réunion des 12 évêques, qui, en 1198. selon le témoignage de l’his­ torien Kirakos, eut à sanctionner par serment l’acte » des 12 conditions formulées par le Saint-Siège comme base de l’union avec l’Église catholique. Il mourut cette meme année, le 1 I juillet 1198; il n'avait pas quarante-cinq ans Citons ici sur les dernières péripéties de la carrière de celui que scs contemporains appelaient le second apôtre Paul de Tarse ■ (Gohamt chian, t. ιιι,ρ. 91). I excellente caractéristique complémentaire qu’en donne !’. Tourneblzc dans son Histoire politique et religieuse de V Arménie, p 272 sq. : L'illustre Ncrsès de Lampron avait vu poindre le conflit entre le roi (Léon II) et le chef de l’Église. Il n’en connut pas ici-bas la période aigue. Il venait de mourir le 1 I juillet 1198, A l’Ago de IS ans. Il avait disparu au moment où la cause de l’union religieuse pouvait le plus espérer de sa vertu, du prestige de son nom et de son éloquence. Le ménologc arménien célèbre sa fêle au 9 août cl nu 17 juillet. (Vie des saints arminiens, t. v. p. 311 >q.) Il est vrai que, s’il avait gagné la sympathie el l’admiration des Latins, de beaucoup de Grecs et de la plupart des Arméniens, il avait aussi rencontré dans les rangs de ces derniers un parli absolument rebelle à ses principes de conci­ liation. La lutte de l’eloquent et saint évêque contre ccs fougueux séparatistes est très honorable pour lui; elle jette un trop vif jour sur l’état politico reli­ L A Ml’BO N 74 gieux de l’Arménie, pour ne point fixer un moment notre attention. Leon II estimait sans doute et admirait Ncrsès. Informé de l’approche de Frédéric Barberousse. il avail désigné l’évêque de Tarse pour aller, avec Grégoire Dcgha, au-devant de l’empereur... Les années suivantes. Ncrsès semble avoir été tantôt approuvé tantôt désapprouvé par le roi. Après l'élé­ vation de Grégoire Manough au calholicat, il fut écarté de son siège de Tarse; puis il rentra en faveur auprès de Léon et prit pari ù la déposition du patriar­ che, dont il regardait l’élection comme irrégulière et funeste à son Église. Néanmoins sa bienveillance envers les Grecs et surtout les Latins, la faveur dont il jouissait auprès d’Amaury de Lusignan, roi de Chypre, et de Henri de Champagne, roi de Jérusalem, son zèle à réformer quelques points de la foi cl même de la liturgie arménienne, avalent excité contre lui de violentes hostilités. Les principaux opposants étaient surtout groupés sur la gauche du moyen Araxe, autour d'Ani. L’ancien évêque d’Ani avait, pensons-nous, comme les évêques de Tovin (Duvîn, Devîn), d’Édcssc, de Knrs, etc., signé les décrets du concile de 'Tarse. Mais 1rs réfractaires avaient opposé au catholicos qui siégeait à Sis l’anlicatholicos Basile el l’avaient intronise a Anl. Autour de lui s’étalent rangés des auxiliaires aussi entêtés que remuants... n'écoulant que leurs préjugés. Ccs hommes (Grégoire Doudéortl, Jean de Sanahin, David de Kopaïr. les varlabcds Ignace, Vartan et Mckhilar de Khoraguerd. ainsi que les religieux de Tzorokcd) retenus sous l’étroite dépendance de princes infidèles et loin du cercle d'influence des puissances chrétiennes, n’écoulant que leurs préjugés, écrivirent à Ncrsès trois lettres, où il était violemment attaqué: ils dénoncèrent, en outre, à Léon II, l’évêque de Tarse comme un dangereux novateur. Le roi craignait de s’aliéner un parti influent en ne tenant pas compte de ces griefs... Il lui dit que son ardeur excessive à pour­ suivre. coûte que coûte, l’union des Églises était le seul mais grave obstacle qui avait écarté de sa tête la dignité de patriarche... Léon II était donc un peu prévenu contre l’évêque de Tarse, quand lui parvin­ rent de nouvelles et plus violentes accusations de la part des moines de l’Arménie orientale. Aussitôt, il enjoignit au frère de Ncrsès, Héthourn, seigneur de Lampron. d'aller le trouver et de lui interdire, sous peine de déposition, toute réforme disciplinaire dans l’Église arménienne. Mais le saint évêque, qui avait pulsé dans la prière et l’élude les principes inspira­ teurs de sa conduite, était inaccessible A la peur aussi bien qu'à l’ambition. H adressa au roi. qui était son parent, une réplique, à la fois ferme et respectueuse, ('.et écrit, composé vraisemblablement vers le prin­ temps de 1198, fut le testament religieux du grand évêque. · Après un parallèle établi entre sa tenue ecclesiasti­ que. sa conduite et celles de ses détracteurs, Ncrsès relève que ce qui Importe, c’est l’unité dans les dogmes el non dans la discipline. « A scs adversaires qui sont, d'après lui, aussi bavards qu’ignorants, Ncrsès oppose l'autorité des graves personnages qui approuvent sa conduite, en Gilicie, dans la Montagne Noire (arm. Siav-Liaren), dans le Vasbouragan et, en particulier, au couvent de Varak. Les évêques et les prêtres de Daron, d’I'ghcghialz. son maître Ste­ phanos Dirai sou sont ses défenseurs; le catholicos (irégoire Ablrad, comme jadis Grégoire Dcgha, pense comme lui. Il compte en tin de nombreux partisans de ses idées jusque dans ΓArtsakh cl l’Albanie: el il s’attend même A voir bientôt son fidèle disciple, I-Iowsêph, devenir catholicos des Aghouans (Alba­ nais). Pour tous ccs motifs, le roi, poursult-ll, doit s’attacher A considérer, au milieu des divergences NERSÈS DE LAMPRON - disciplinaires, l’unité dans les dogmes et reconnaître, comme le proclame l’une de leurs hymnes, que 1 Église arménienne a été bâtie sur le fondement posé à Rome. Et puis, Léon IL par son exemple, ne l’autorlse-t-il pas â garder quelques usages latins, qui d'ailleurs n’intéressent pas la foi? Que le roi, cn effet, abandonne le premier, lui dit-il, les coutumes féo­ dales empruntées aux Pranks : « Ne tenez point la tête nue. â l'instar des princes et des rois franks; mais coiffez plutôt le charpouchc (turban) ) du grec : traduci ion du commentaire grec de l’Apocalypse par l’archevêque André île Césaréc; du traité d’Eutychios de Constantinople (vr siècle) sur la distinction des natures dans le Christ; r) du syriaque ; oraisons et homélies de saint Jacques de Saroug, en tout NESTORIUS 7G I cation du sacrifice de tu messe, connu sous le litre arménien : Méknouthiun pataraqi; le grand Dis­ cours svnodal au concile de I Iromgla (1179), édité a Venise, 1781, 1812. 1865. et reconnu généralement comme son chef-d’œuvre théologique. En outre. Cinq autres discours ou homélies (Karékin, Hist. littéraire arménienne, p. 659). 3. Poésies: Élégie sur la mort de son oncle, le catho­ licos Nersès le Gracieux, hymnes pour le temps pascal, les fêles de saint Grégoire Γ Illuminai eur, etc. Orazionc sinodale di S Xicrscs tAimpronense arciuescotjo di Tarso in Cilicia recala in Kngua italiana dall' urmena, rd illustrata ran anuotazioni dal P. Pasquale Auchrr, dottore del collegio di S. I.azram, Venise, 1812; Discours synodal, oraisons, homélies el lettres dr .Mgr. Nersés Lampnmalzi, édition arménienne, Venise, Snn-Lii/zaro. 1865; Mcknou· Ihiun Pularag l (Commentaire dr la messe rl meditation sur la hiérarchie') Venise, 1817; Alcunt square I del commenturiodi .S’. Nrrsele Lambmnese sulla liturgia Arnirna accusati r di/esi, Venise, 185Î ; Cun< dr dr Tarse, Mansi, Concil., t. \ mi. p. 107-206; I lefelc-Lcclerq. Histoire des conciles, I. \ b, p. 1031 >q.. Garckin. Histoire de Eanciennc littérature armé· uicnnr, 2* édit., Venise. 1807, p. 6 18-661; Er, Touriicblze. Histoire politique rl religieuse dr l'Arménie, Paris, 1900, p. 259-277; /./on le Magnifique, premier roi de Slssouap au de rArmém^Ciliclr, écrit par le P. Léonce M, Alishan, tmd. par le P. G. Bayan, Venise, Saint-Iaizare. 1888, passim; Nouvelle bibliographie arménienne et Iznryclopédie de la vie arménienne. I î P2M'J03, par le P. Arsène Ghazlklan. mékhitariste, Venise, 1909. article Arr.sAs Lampronatzi, p. 212-222; Nêve, l.'Armrnie chrétienne et sa littérature, Louvain, 1887, article .\γγλ/λ de Lampron. J. Kabst. NESSEL Nicolas, ecclésiastique belge, né à Maescyck (Linibourg), en 1583 ou 1581, étudia à Liège, puis à Louvain: enseigna la théologie à l’abbase de Dilcghem, aux portes de Bruxelles, puis à Bruges. II fut ensuite curé à Matines, el mourut chanoine de Saint-Paul de Liège le I ' janvier 1612. Orateur renommé, bon poète latin, il a laissé outre un Thrésor spirituel de lu teste de suinte Pétronille, in-8··. Liège, 1629, et un Theatrum ivternitutis metro redditum. Liège. 1636, un Tractatus de amiritia, in-8% Liège, 1636. qui intéresse plus directement la théologie. Valêre André, Hibliothtca brlgica, 2· éitoriux. 1. Dès les débuts de ses difficultés à (Constan­ tinople, Nestorius avait envoyé au pape Celestin un rallier assez, volumineux, contenant le texte de divers sermons prononcés par lui. Par ailleurs, nu témoignage de saint Cyrille, des homélies de Nesto­ rius circulaient dés 129 à Alexandrie, et Cyrille cn lit parvenir à Home une copie. Sur le détail, voir plus loin, col. 98. Sensiblement â la môme date. Marins Mercator, pour lors cn résidence â Constantinople, se procurait le1 texte de sermons prononcés par l’ar­ chevêque et cn faisait une traduction latine; au même moment encore, le moine Cassien, à Marseille, était mis en possession d’un ensemble de textes ana­ logues. Il n’est donc pas douteux que, dès les origines de l’affaire nestoricnne. des recueils plus ou moins Identiques de sermons de I*archevêque de Constan­ tinople n’aient été mis en circulai ion. soit en Orient, soit en Occident. Quelques années plus tard, l'histo­ rien Socrates pouvait encore lire les discours (ou traités) publiés par Nestorius, £γω ôè έντυχών τοϊς παρά Νεστορίόυ λόγοις (èxjîoOcîcn, //. Ε., VU, xxxn, 6\, I. LXVH, col. 809 II, et se faire, par eux, une idée personnelle des doctrines professées par l’archevêque. Enfin, vers les années 150-160, l’au­ teur anonyme du Conflictus Arnobii catholici et Sera­ pionis de Deo trino et uno, pouvait citer textuelle­ ment des homélies de Nestorius qu’il avait cn main. P. /.., t. l in, col. 285 C En tout ceci, il ne semble être question que d'œuvres oratoires et non de traités proprement dits. Gcniwde, à la lin du v· siècle, rend un son un peu différent : Nestorius lucres torches, écrit-il, cum in Antiochena Ecclesia presbyter in docendo insignis ex tempore decla­ mator haberetur, composuit infinitos tractatus diversa­ rum hypotheseon : in quibus etiam tum subtili nequitia infudit postea prodita.· impietatis venena, qua· moralis interdum occultabat suadela. Postquam vero, eloquentia cfus et abstinentia commendante, cons tantinapoli­ taine Ecclesiiv pontificatu donatus est, apertum se hostem Ecclesia' quem diu celarat ostendens, scripsit librum quasi de incarnatione Domini sexaqinta et duobus divina· Scriptura testimoniis pravo sensu suo constructum : in quo quid asseveraverit, in catalogo hicreticorum monstrabitur. De script, eccles., n. 53, P. L., l. Ï.VH1, coi. 1088-1089, De prime abord il semblerait que Gcnnade connaisse, outre un recueil d'homélies antlochlonncs, un traité cn forme sur l’in­ carnation. Mais peut-être ce Liber quasi de incarnatione Domini est-il simplement un recueil des homélies constantinopolitaincs, plus ou moins analogue par son ampleur Λ celui qu'eut en main saint Cy rllle. Sur ce texte do Gcnnadc qui n’est pas très clair, voir B. Czapln, (icnnadius ats Literarhisloriker, Munster. 1898. p. 109, et les objections que lui a faites F. Loofs, Nextoriana, Halle. 1905, p. 89-96 11 reste, en tout état de cause, (pic Gennade eut de certains écrits de Nestorius une connaissance personnelle. Or, une telle connaissance nous ne la trouvons plus, cn dehors do l’ÉglIse nestoricnne, que chez l’historien grec Évagre le Scolastique, «pii écrit vers 595. Pour rédiger sa notice sur l'affaire de Nestorius, cet auteur a disposé d’un Βίβλος ΝεστορΙου qui lui est. fort heureusement, tombé entre les mains. 11 s’agit d’une apologie personnelle, où le condamné d’Éphèso se défendait contre diverses attaques, et racontait sa manière l'histoire du concile et de scs suites Immé­ diates jusqu'à son propre exil a l’Oasis. « 11 écrivit, encore, continue Évagre. un autre traité adressé ή un Égyptien, el rédigé en forme de dialogue (?» sur >on exil à l’Oasis, ou il développe plus largement cr qui précède : Γράφ<ι δέ zal διαλεκτικός έτιρο·/ λόγον *ράς τινα δ7#0εν Αίγύπτιον συγκείμενον περί rrtc ζ·α Όασιν έζορίας, ένθα τά περί τούτων πλατύτερο·/ λέγει, · Suivant une Indication d’Évagre qui vient un peu plus loin, Nestorius s’y plaignait que les < actes d'Éphèsc eussent été compilés contre le droit par l’artilice de Cyrille : μή κατχ τά δέον τά έν ’Εφέσω συντεΟήναι ύπομνςματα, πανουργία δέ καί τινι άϋέσμω καινοτομία Κυρίλλου τεχνάζοντος » //. Ε . I, vu, P, G., I. 1.xXXV1 b, coL 2137 A et B. Sur les malheurs qui accablèrent l’exilé, Évagre est aussi renseigné par deux lettres de Nestorius dont i) transcrit d'importants passages. Ibld., en). 2110 sq. 2. Chose singulière, Γ Église perse qui, a partir du vtr siècle, met Nestorius au nombre de ses docteurs, ne sc montre guère mieux renseignée sur l’activité littéraire de l'archevêque de Constantinople. Sans doute faut-il faire ici la part de la grande ignorance où nous sommes encore des sources nestoricnne», et quelques découvertes récentes permettent d’espérer cpie L· voile sc lèvera peu à peu. a) J/Histoire des saints Pères, rédigée peut-être vers la lin du vr siècle pur un des maîtres de 1 Ecole de Nisibc. que M F. Nau identifie avec Barhadbecabba ’ArbaTa (voir Patrot. Orient . | P. O. ), l. ix, fasc. 5, Paris, 1913). cite avec référence plusieurs lettres de Nestorius, cn outre six passages d’un ouvrage dont elle ne donne pus le litre, el un passage qui se retrouve textuellement dans le Livre d‘Heraclide. Voir les réfé­ rences à la table alphabétique, p. 669. Ceci témoigne, tout au moms, que l’on possédait a Nisibc un corpus des écrits de Nestorius. b) Mais il faut aller jusqu’à la lin du xnr siècle pour trouver chez les nestoriens un catalogue complet des œuvresde leur docteur. Ébedjcsus. Catalogus libro­ rum ecclesiasticorum, η 35. écrit : Xestorius patriarcha | plure* exactos libros composuit, | quos c medio blasphemi sustulere. | Qui autem rr illis remanserunt, hi sunt : | Liber Tragardia:\ et Liber Heraclidis\ et Epistola ad Cosmam ;| Qum tempore Ihiuh translata sunt, \ prolixa ejusdem liturgia, | quam Thomas et Mar-Abas trans­ tulere. I et liber unus epistolarum, \ et alter homlliarum ct orationum. Texte dans J.-S. Assemani. Htbliotheca orientalis, t. in, 1. Home. 1725. p. 35-36; pour le commentaire de ce texte,voir A.Baumstark, (icschichte der syrischen Literatur, Bonn, 1922. p. 117; Loofs, Xes/or., p. 86-89. Kelenons seulement que, d’après Ébedjésus, le catalogue des œuvres de Nestorius est incomplet; il y manque des œuvres qui, n’ayant pas été traduites en syriaque, sont définitivement per­ dues; parmi celles que le syriaque a conservées, le métropolite de §oba distingue un groupe ( Tragédie, Héractidc, Lettre à Cosme) qui a été traduit a l’époque du catholicos Paul (535-536). un autre groupe (Lettres ct Homélies) dont la date de traduction est inconnue. Sur la liturgie attribuée â Nestorius voir plus loin, l’art. Église xlstoiuewe. 3. De ces divers témoignages, tant occidentaux (dans le sens nestorlen, c’est-à-dire latins ou grecs), qu’orientaux, il résulte qu’à divers moments il a circulé de Nestorius : des recueils de sermons ou d’homélies ;dvs recueils de Ici 1res (Evagre; Ébedjésus). et plusieurs ouvrages différents des précédents (cites par Évagre, Barhadbc&abba) cl dont Ebedjésus nous a conservé les titres, abstraction faite de la liturgie. Que nous resle-t-ll de ce bagage littéraire? 2· t.cs Λ7 UQVJ / de Xestorius. Comme Ébedjésus le fait remarquer, la majeure partir de celle œuvro littéraire a élé volontairement anéantie dans la langue originale. La décadence de ΓÉglise nestoricnne a complété le désastre, même pour les écrits qui avalent MIST0IU I S. CEL*\ KES etc traduits en syriaque. En définitive de l’œuvre de Ncstorius il n’existe plus que des débris. Les uns se rencontreront chez des partisans de l'archevêque déchu, d’autres, et ceux-ci beaucoup plus fragmen­ taires, chez les adversaires soit de la première heure, soit (les âges suivants. Sur ce dépouillement, voir i.oofs. Nestoriana, p. 1-85. L Ou les rencontrer? Dès le début de la querelle nestoricnne, saint Cyrille, après avoir recherché dans l’œuvre à lui connue de l'archevêque de Constant innple les passages jugés par lui dangereux, les a rassemblé' et réfutes : surtout dans les Adversus Nestori i btasphemias contradictionum libri V, P. G.. t. i.xxvî, col. 9-217 (et mieux dans l’édition toute récente de E. Schwartz, dans h-s Acta conciliorum ire um cnicorum | .1. C. O.]. i. 1. 6, 1928, p. 1-106); mais aussi dans le De recta fide ad Theodosium, P. G., ibid., co!. 1133-1200; A C. 0M i. 1. !. 1927, p. 1272. dans V Epistola X ad clericos suos, P. G., t. i.xxvn, col. 61-69; A. C. ()., ibid., p. 110-112; dans V Apologia ado. Orientales, P. G,, I. lxxvi, col. 316-385; A. C, O., t, 1, 7. A then., n.2l.;dans 1’ Apologia adv, Theodorcliun, P. G., ibid., col. 385-152: A. C. O., i, I, 6, p. 107116; dans VEpist. XL ad Acacium Mclit., P. G., I. Lx.xvn, col. 181-201; .1. C. O„ i, 1, I, p. 20-31; enfin dans h· Dialogus cum Nestorio, P. G,, I. lxxu, col. 219-256. La contribution que fournil Martas Mercator est plus importante encore. Voir ci-dessus, t.ix, col. 2181. Il convient dorénavant de n’utiliser plus Marius Mer­ cator que dans l’édition de E. 'Schwartz. A. C. O., t, 5, 1921-1926 (ou tout au plus dans l’édition de Baluze; s’interdire, en fait de texte, l’usage de Gar­ nier). Comme nous l’avons indiqué précédemment, le nouvel éditeur a montré que dans la Collectio Pala­ tina, compilée à l’époque de la querelle des Trois chapitres, l’œuvre propre de Mercator n’occupe qu’une partie relativement minime, commençant avec le Commonitorium ado. luvresim Pelagii, et se terminant par le Commonitorium super nomine Civlcstii, édit, citée, p. 5-70. Dans cet ensemble où est traitée la question pélaglcnne aussi bien que la question ncstorienne, les numéros suivants nous intéressent : n. 19-21, cinq sermons de Ncstorius précédés d’une petite préface, p. 28-16; n. 25. la lettre de Ncstorius a Cyrille, Injurias quidem, p. 16-19; n. 29. les excerpta faits par (’.vrille dans divers livres et traités de Ncsto­ rius, p. 55-60; n. 30-31, quatre sermons (ou extraits de semions) de Ncstorius sur la question pélagienne, précédés eux aussi d’une petite préface, p. 60-65; n.35, la lettre de Ncstorius au pape Celestin. Noli ægre ferre, p. 65. Donc, en tout, deux lettres au complet, neuf sermons plus ou moins complets, et de nombreux extraits en grande parlie identiques à ceux déjà fournis par Cyrille. Nous avons dit ailleurs que, d’ac­ cord avec E. Schwartz, nous considéripns tout ce qui suit dans la Palatina comme étranger à l’œuvre de Mercator, et en particulier les Cyrilli et Nestorii capitula cum collectoris disputatione, ibid., η. 37. p. 71-81, où le collecteur, après avoir mis en parallèle chacun des douze anathématismes cyrilliens et un soi-disant contre-anathematisme de Ncstorius, exprime l’opinion du catholique *. Bcslcrait, il est vrai, la question de l’authenticité des contre-anathématismes nrsloricns; mais nous la croyons définitivement tranchée par la négative, comme l’a montré L Schwartz, Die Gegenunathemalismen des Nes torius, «laits les Sitzunqsbchcldr de Munich. 1922. Les procès-verbaux du concile d'fiphbse cl les pièces annexes fournissent également un certain nombre de cil (lions de Ncstorius. Voir ci-dessous, col. 113. On en dira autant des écrits polémiques de Cassien, De incarnatione Christi libri Vil, P. L., t. l, col. 9- 80 272, et mieux dans le Corpus de Vienne, t. xvn. p. 235-391, el de 1 auteur anonyme du Conflictus Arnobii catholici et Serapionis de Deo trino et uno, P, L.t t. i.iii, coi. 230-320, qui tous deux semblent mettre en œuvre des matériaux fournis par les ar­ chives pontificales romaines Chose intéressante à signaler, le renouveau des querelles christologiques nu vr siècle ne semble pas avoir alimenté la controverse de beaucoup de textes inédits. Ni Léonce de Byzance, ni Justinien dans leurs réfutations de Ncstorius n’apportent rien qui n’ait été déjà cité plusieurs fois. Par contre, les luttes monothélilcs du vil· siècle ont attiré sur le vieil arche­ vêque un regain d’attention. Pour discréditer h* monénergisme, les catholiques n’ont rien trouvé de mieux que d’en attribuer à Ncstorius la première expression! De là un certain nombre de textes ncsloriens, authentiques ou faux, qui furent versés aux dé­ bats du concile de l.alran de 613 (voir art.MΛlvrι^l·,, I. X, col. 189), et d’autres dont il est fait étal dans la Doctrina Patrum de incarnatione Verbi. Cf. édit. F Divk.imp. p. 304-305. Les monophysites, dans leur lutte contre le concile de Chalcédoine. ont été amenés â parler fréquemment de Ncstorius, puisqu’ils accusaient le concile mau­ dit · d’avoir adopté les doctrines mêmes de l’héré­ siarque. Γη dépouillement minutieux des manuscrits du British Museum a permis à b’.Loofs de relever, dans les œuvres de la littérature syriaque, un nombre rela­ tivement considérable de citations nestoriennes dont plusieurs inédites. Nestor., p. 70-85. Nul doute qu’une connaissance plus complète de cette littérature n’en­ richisse quelque jour cet inventaire, comme aussi le dépouillement de la littérature arménienne. Cf. \V. I.üdlke, Armcnische, Ncstoriana. dans Zeitschrift fdr Kirchengcschichtc, 1908, t. xxix, p. 385-387; cf. aussi ibid,, 1900, t. xxx. p. 363. Jusqu’en ces toutes dernières années, la littérature de l’Église nestoricnne n’avait apporté que de très maigres contributions à la connaissance de son doc­ teur éponyme. Mais la publication presque simul­ tanée de l’Histoire des Pères, ci-dessus, col. 78. cl surtout du i.ivre iTHèraclide vient de jeter un jour tout nouveau sur l’affaire nestoricnne. Il convient enfin de rappeler que des œuvres authen­ tiques de Nestorius peuvent se cacher sous d’autres noms que le sien, celui de saint Jean (’Jirysostome par exemple, ou d’autres docteurs dont la doctrine pré­ sente avec la sienne, du point de vue dyophysile, quelques affinités. Mais il serait dangereux de se laisser guider, en ces problèmes d’identification, par les seules données de la critique interne. La phraséo­ logie christologique, dite nestoricnne, csl loin d’être spéciale à l’archA'êipie de Constantinople. C’est pourquoi les historiens n’ont pas admis certaines identifications faites par P. Batiffol, Sermons de Nes­ torius, dans Peuue biblique, 1900, p. 329-353, qui pro­ posait de restituer à Ncstorius trois homélies du faux Alhanase, une du faux HlppQlytc, trois du faux Amphilochius, trente-huit du soi-disant Basile de Sélcucle, sept du faux Chrysostomc. Pour qu© de telles restitutions puissent se faire accepter. Il faut que, dans les textes soupçonnés d’être nesloriens, se retrouvent des fragments appréciables et caracté­ ristiques connus par ailleurs comme venant de Ncsto­ rius. C’est ainsi que F. Loofs a pu identifier un ser­ mon sur le sacerdoce du Christ. porté au compte de Jean Chrysostomc, P. G., t. lxiv, col. 180-192; de son côté, F. Nau a publié,en appendice au Livre d'Hèraclide, trois homélies sur les tentations du Christ, soi-disant chrysostoinfennes et dont F. I.oofs avait vainement cherché le texte complet. Cf. Ncstoriana, p. 1 16 sq. De I nouvelles trouvailles pourront s’ajouter à celles-ci. SI NESTOHIUS, ŒUVRES 2. Inventaire de ces ΐ:ΐ.ι.ιψ i /·. il n clé dressé avec beaucoup de soin par F. Loofs, Nestorlana. Die Fragmente des Ncstorius gcsammelt, untersiichl und hcrausgegebcn, Huile. 1905, qui restera longtemps l'ouvrage classique en la matière, à condition de le compléter au fur et à mesure des nouvelles décou­ vertes. Nous adopterons son classement avec une légère interversion. ) Sermons. · Γη petit nombre, une douzaine tout nu plus, sont conservés in extenso ou à peu près; en grec les quatre qui sc sont abrités sous le nom de Jean Chrysostomc (faire état de la publication de Xau, ci-dessus, col. 80); en latin les neuf (en réalité huit comme Loots le démontre) qu’a traduits Marins Mercator. Mais il subsiste des fragments plus ou moins considérables de trois douzaines d’autres. Loofs a su résister â la tentation, â laquelle avait au xvm· siècle succombé Garnier, de reconstituer à l’aide de ces fragments des sermons complets; il s’est contenté de les ordonner suivant les indications fournies parles réfutations cyrilliennes et les Actes d’Ephèsc. c) Traites. — a. Nous nous sommes déjà expliqué sur les Contre-anathémattsmes, douze propositions très brèves qui s’opposent aux douze anathématlsmcs publiés par saint Cyrille à l’automne de 130. Le texte n’est conservé que dans la Colléçtlo palatina, ù la suite de l’ouvrage de Marius Mercator; l’innuthenticité nous en parait solidement démontrée par E. Schwartz hic Genenanathematismen des Ncstorius. dans les Sitzungsbrrichte de ΓAcadémie de Munich. 1922. Autant faut-il en dire de douze conlre-analhémalismes syriaques, tout à fait différents des précédents, I.oofs, op. cit., p. 102, texte latin d’après Assémani, dans Loofs, p. 220-223. b. Le Théopaschite. Le traducteur syriaque du Livre d* Héraclide signale, comme analogue au traité qu’il traduit, deux autres ouvrages de Ncstorius qui demandent à être lus avant ce dernier : le Théopasqitos (qu’l! écrit Théopastiqos) et la Tragédie. Xau. Le livre d'Héraclide, p. 3. De son coté, dans l’ouvrage contre Jean le grammairien (conservé en une traduc­ tion syriaque encore inédite). Sévère d’Antioche cite à plusieurs reprises des phrases de Ncstorius emprun­ tées à un dialogue intitulé (’.outre les théopaschitcs ou les cyrilliens ►, où un orthodoxe (c’est-à-dire un partisan des deux natures) est aux prises avec un théopaschite (c’est-à-dire un partisan de la doctrine c\rillienne). Les mêmes citations, sous le même titre, dans une Catena Patrum en syriaque contenant de nombreux extraits de Ncstorius et recouvrant en partie des fragments conservés par ailleurs. Voir Loofs, p. 71. 82, et les textes groupés, p. 208-211. C’est la seule connaissance que nous ayons de cet ouvrage de Ncstorius; peut-être conviendrait-il de le rapprocher du petit dialogue cyrillien : Διάλεξις πρδς Νεστόριον, ότι Οεότοκος ή αγία παρθένος καί ού χριστό τοκος. P. G., t. ι.χχνι. col. 219-256. c. / a Tragédie. — Quand il rédigeait vers 118 ses mémoires sur les événements de 131-135. auxquels 11 donnait le titre suggestif de Tragédie, le comte Irénée. voir t. vu, col. 2533, l’ami fidèle de Ncstorius, avait 82 déjà entre les mains des mémoires personnels de l’ar­ chevêque déposé sur le meme sujet. Voir Sgnodicon casinensc, n. 80, dans A. C. O., t, I, p, 25 Testimn nium quod Iremeus posuit in opere suo. quod Tra­ goediam nominavit, ex Nestorii dictis in Itbro de histo­ ria J et a tinlngia eorum | quæ ad Ephesum pertinent. Les derniers mots (la parenthèse est une conjecture de Schwartz) sont-ils Je titre exact des mémoires de Ncstorius, ou un sous-titre indiquant leur contenu? Ils se rencontrent, en tout cas, avec un titre donné par Sévère d’Antioche et qui se traduirait en grec : Hcpl των b/ '/λζ “Έφεσον συνόβω γενομίνων καί της αίτίατ της συναγυύσης αύτην (Zest a cc même livre qu’Evagre a fait quelques emprunts, IL E.. L vu (ci-dessus, col. 77). sans le désigner par un titre, mais en le caractérisant comme l'histoire du concile d’Ephèsc cl de ses suites Immédiates. Le traducteur du Livre d’Ilérartide et le catalogue d’Ébedjésus men­ tionnent comme traduite en syriaque, une Tragoedia (Liber tragoediae) qui ne peut être autre chose que lesdits mémoires de Ncstorius. Os derniers port aientils. comme ceux du comte Irénée. le litre de Tragédie. ou ce litre ne sera-t-il pas passé par confusion de ceuxci à ceux-là’1 La question nous parait encore ouverte. Les fragments sont rassemblés dans Loofs, op. cit., p. 203-208: à quoi, selon les conjectures de F. Nau, il conviendrait sans doute d’ajouter six fragments qui se lisent dans l’histoire de Barhadbeiabba. Cf. P. ()., t. !x. fasc. 5. p 669» d. Le livre d'Héraclute. - - Evagre, nous l'avons dit, connaissait en dehors de la Tragédie, un autre livre de Ncstorius « en forme de dialogue », qui développait les questions traitées dans celle-ci, discutait les actes du concile d'Éphèse et s’étendait jusqu’à l'exil dans l’Oasis. Le ne peut être, selon toute vraisemblance, que le Liber Heradidis mentionné par Ébedjesus el qui a été récemment publié en syriaque par P. Bedjan.Paris-Leipzig, 1910.traduit en français par F. Nau. Le livre d*Héraclide de Damas, Paris, 1910, en anglais par G. B. Driver et Léonard Hodgson. The Bazaar of Heracleidcs neivly translated Iront the Syriac. Oxford, 1925. Antérieurement d’ailleurs a sa publication inté­ grale, le livre, venu en la possession de J. F. Bel huneBaker, avait été abondamment utilisé par celui-ci dans Ncstorius and his teaching, Cambridge, 1908. Ce dernier ouvrage donnait, en une traduction anglaise que dont IL Connolly a plus tard avouée sienne (ef. Journal 0/ thcol. studies, 1926. I. xxvn, p. 200). un tiers environ du fameux traité. On se demande pourquoi la nouvelle traduction anglaise a conservé le titre de Bazar qui repose sur une fausse interprétai ion du mol syriaque Tegourtd, lequel signi Ile à la fois · élude ou Irait c · , et com­ merce ·. Il est beaucoup plus indiqué de prendre tout simplement le mol d’Ébcdjésus : Le livre d Héraclide. Ce litre est à la vérité singulier. Qui est ce mystérieux Héraclide? Ce nom est-il celui du destinataire (I Egyptien dont parle Evagre)? En pseudonyme inventé soit par Ncstorius lui-même, soit par quelque adhérent pour prévenir la destruction du livre? ('’est le premier problème que pose ce mystérieux ouvrage; ce n'est pas le seul, ni le plus dilllcile. Tel qu’il sc présente, le livre se divise en trois grandes parties : d’abord une Introduction philosophico-théologiquc sur les diverses hérésies, avec insis­ tance particulière sur les erreurs christologiques el spécialement sur les diverses formes de monophy­ sisme. Nau. p. 1-88. Suit un commentaire des actes du concile d’Ephèse qui forme de beaucoup la partie la plus considérable de l’ouvrage. Nau. p. 88-259. S’attachant pas à pas aux procès-verbaux qu’il a certainement en main, l’auteur commence par dis­ cuter la question de la convocat ion Irrégulière du S3 NESTOR I US, SOURCES HISTORIQUES concile par Cyrille, cl de la procédure suivie. Il étudié ensuite comparativement les deux lettres versées d’abord au débat, celle de Cyrille, Καταολυαρουσι, sa propre réponse, Τάζ μέν καθ’ ημών ύορενς, puis 1rs nombreux extraits de ses ouvrages qui furent lus au concile. Comparant ces textes aux citations palrisllqurs qui furent ensuite proposées, il s'efforce d’établir que ces deux séries rendent le même son. L’histoire du concile se clôt par le récit de l’arrivée de Jean d’Antioche, des incidents qu’elle amena, des négocia­ tions ultérieures pour le pacte d’union de 133. Ceci nous fait passer insensiblement à la troisième partie, Nau, p. 259-332. Analysant de près hi lettre de Cyrille à Acace dcAfélitène, l’auteur entend prouver que l’évêque d’Alexandrie reste toujours monophyslte dans le fond, malgré ses concessions de forme aux Anliochiens: cela se voit tout spécialement à la campagne qu’il a menée contre Théodore de Mopsucslc et Dio­ dore de Tarse. Lui mort, les monophysites se sont encore enhardis. Eutychès à Constantinople a bravé Elavicn; Dioscore d’Alexandrie a cru pouvoir renou­ veler au II· concile d’Éphèsc le coup de force de son prédécesseur. Mais voici le vengeur qui s’approche. Le pape Léon a pris en mains la cause · des deux natures *; son tome à Elavlen n’exprime-t-il pas la doctrine pour laquelle Nestorius a lui-même com­ battu? Maintenant l’exilé peut mourir : < Kéjouis-toi en moi, désert, mon ami, mon nourricier et ma demeure, et loi aussi exil, ma mère, qui, même après ma mort, garderas mon corps jusqu’à la résurrection par la volonté de Dieu. L’analyse qui précède ne doit pas néanmoins donner le change : ce n’est pas une histoire des luttes christologiqucs entre 430 et 150 qu’entend donner l’auteur; les événements extérieurs, les documents, les textes lui sont surtout occasion de développer, avec une fatigante prolixité,les idées qui lui tiennent à cœur. Comme le dit fort bien le traducteur syriaque : · le présent livre appartient aux controverses sur la foi. Montrer dans les termes cyrilliens l’expression fran­ che ou larvée du monophysisme, se défendre soimême contre l’accusation de dissocier l’unité fon­ cière du Christ, échafauder pour cela une théorie subtile mais cohérente, la présenter indéfiniment sous ses multiples aspects, tel est le but constamment visé par l’auteur. El cela ne va pas sans de multi­ ples répétitions et, tranchons le mot, sans des rabâ­ chages qui sentent la sénilité. Et c’est la raison peut-être pour laquelle se sont fait jour, dès la publication du livre, et continuent à se manifester certains doutes sur l’authenticité de l’ouvrage. Pourtant les preuves extrinsèques, si elles ne sont pas très abondantes, donnent quelques apai­ sements. Le signalement d'Évagre s’applique assez bien à notre livre. El que l’on ne dise pas que Γ Église nestorienne semble l’avoir ignoré : BarhadbcSubba. au vu· siècle, eu cite une vingtaine de lignes sous ce femme : Nestorius dit. P. Ο.. I. ix, p. 517: la lettre du catholicos Georges Ier, en 680, conservée dans le. Synodicon orientale, édit. Chabot, dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxxvn, Paris, 1902, p. 190-511. semble bien s’en inspirer (comparer en particulier Synod, orient., p. 503. et Nau, p. 63-65; Synod., p. 508 et Nau. p. 18 cl 53, sans compter l’argumentation générale cl les citations patristiques). Dom Connolly, dans «c recension de Bedjan, Journ. of theol studies, 1911, t.xn.p 189. cite d’autres exemples de l'utilisation du Livre d'Héraclide dans la littérature nestorienne. - Que l’on compare, d’ailleurs, les procédés employés par le Livre d'Héraclide pour démolir la lettre de Cyrille à Xcacc de Mélitène. et ceux que met en œuvre Nestorius dans i’épltre a Thèodoret conservée par le Synodicon Casinense, n. 209 (121), .1. C. Ο., ι, I. p. 150-153; /< G., t. t.xxxiv, col. 731, pour démolir l’Actc d’union de 133, on ne pourra qu'être frappé de la ressemblance Cela veut-il dire que nous lisions l’ouvrage tel qu’il est sorti de la plume de Nestorius? Qui oserait l’alllrmer? Sans doute le traducteur syriaque peut être considéré comme fidèle dans l'ensemble : on s’en aperçoit aux nombreux endroits dont nous possé­ dons le texte grec (documents cités par le Livre), Mais, avant d’asseoir un jugement définitif, il faudrait que fût éclaircie la question textuelle; en fait la critique opère actuellement sur des copies d’un unique manuscrit. Que réserve l’étude du manuscrit original? Que réserve même une étude comparative des diverses parties du texte actuellement édité*? Pour toutes ces raisons, il convient de sc montrer prudent dans l’utilisation du Livre d'Héraclide, //. /./:n hîütijHIESS, 1“ Les historiens grecs cl latins. Contemporain des événements, Socrates consacre a l’alTaire Nestorius quelques-uns des der­ niers chapitres de son histoire, H. E., Vil, xxix, xxxi-xxxii, xxxiv-xxxv, P. (L. t. i.xvn, col. 8(fl sq.: il n’aime pas Nestorius. mais s’est donné la peine de sc renseigner exactement sur ses doctrines, el dit clairement qu’elles n’ont rien de commun avec l’adoptianisme de Paul de Samosalc: cela ne l'empê­ che pas d’qjoutor que les bavardages, ψυχρολογίχ, de Nestorius ont déchaîné le trouble dans tout l’em­ pire. Col. 812 C. Les deux histoires de Sozomène et de Théodore! s’arrêtent avant le début de l’alTaire. Par contre, on lit dans le Compendium lucre licarum fabularum de ce dernier une assez longue notice consacrée à Nesto­ rius, L IV, c. xii, P. G., t. i.xxxiii, col. 432-136. Elle est à l'égard de celui-ci d’une si évidente injustice, elle témoigne de sentiments si différents de ceux que l’évêque de Cyr a manifestés à l’endroit de son ami, (voir ci-dessous, col. 118, 120) que, dès le xvn· siècle. Garnier en a nié l’authenticité. Pour l’honneur de Thèodoret, qui a pu être faible, mais qui n’étalt pas une Ame vile, il convient de se rallier à l’hypothèse d’une interpolation. Celte notice d’ailleurs, en dehors du fprocès de tendances (pi elle fait à Nestorius, ne fournit aucun renseignement que nous n’ayons par ailleurs. Tout ditïcremmcnt en est-il de 1 Histoire ecclesiastique rédigée par Évayrc le Scolastique dans la seconde moitié du vr siècle. H. E., I. L c. t-xiî, P. G., t. i.xxxvi b, col. 2420-2453; consulter , col. 383-381, un curieux renseigne­ française dans Nau, Le livre d Héraclide, append, i, ment sur Pulchérie. (pii éclaire un passage du Livre p. 361 sq.. avec une indication très sommaire des d*Héraclide cl en reçoit à son lour quelque lumière. problèmes critiques que soulève ce texte, el cf. P. O., Voir Nau, Héraclide, p. 89 et 331. t. xm, fasc. 2, 1919, p. 273 sq. Quoi qu'on puisse Pour ce qui concerne les latins, ils n’ont guère penser de son origine, la lettre parait relativement connu de l’alTaire nestorienne que ce qu’en disait voisine des événements, et pourrait donner quelques Socrates dont le texte est passé dans la Tripartite, indications précieuses, (pii sc rencontrent avec I. NIL c. iv-vu, P. L,, t. i.xix, col. 1204-1208. La d’autres fournies par le Livre d'Héraclide. Chronique de Prosper leur donnait d’ailleurs une idée L histoire des saints Pères persécutés à cause de la on ne peut plus fausse de la question. P. L.. I. i.i, vérité, rédigée, à la fin du vr siècle, par un prêtre cl col. 591 IL Les défenseurs mêmes des Trois chapitres professeur de l’École de Nisibe. qu’il y a toutes raison consacreront toute leur ingéniosité Λ désolidariser leurs d’identifier avec BarhadbeSabba, évêque de Halwan protégés d’avec Nestorius, sans s’apercevoir (pie en 61)5. est la première histoire ecclésiastique des toute l’histoire élail à reprendre sur nouveaux frais. nestoriens, œuvre sérieuse el documentée. L’auteur Voir surtout Libéral us, Hreviarium causte nestoconnaît el utilise Socrates, le Livre d'Héraclide, la rianorum et cutychianorum, iv-x, P. L., t. i.xvm, Lettre à Cosme, et peut-être aussi les deux ouvrages col. 971-998. Du moins le diacre Rusticus sauverade Nestorius cl du comte Irénce portant le nom de t-il, en compilant le Synodicon Casinense (voir ciTragédie. \ iolemmenl anti-cyrillien, il donne par­ dessous, col. 881 des pièces extrêmement importantes, tout le beau rôle à Nestorius; son histoire mérile qui permettront un jour une plus exacte apprécia­ néanmoins d’être prise en sérieuse considération. tion des événements. Mais en Occident aussi l’alTaire Texte syriaque et trad, franç. dans P. ()., t,ix. fasc. 5, est classée » pour longtemps. Voir à litre d’indi­ Paris, 1913· cation Honorius d’Autun, De hitres i bus. P. L,, A côté de cette œuvre pâlissent el la Légende syria­ I. « i x XII. toi 239 IL que de Xestorius publiée par M Bricre, dans la Hevue 2" Historiens et écrivains monophysites. Il va de T Orient chrétien. 1910.1. xv. p. I sq.. et le fragment de soi qu'ils ne sont pas tendres pour l'archevêque (l’histoire nestorienne publié par E. Goellcr, dans déposé et cpi’ils accueillent avec complaisance, à son Onens christianus. 1901. l. i, p. 95 sq.. cl les rensei­ sujet, les récits les plus compromettants. 11 ne saurait gnements fournis par la Chronique de Séert. Il n’est être question de faire ici le dépouillement de ce que pas douteux que Tim cul igation méthodique de la les écrivains monophysites, même de la première littérature syriaque ne doive fournir encore nombre heure, ont dit de Nestorius. Voir plusieurs textes fort de renseignements précieux. intéressants dans P. O,, t. xm. fasc. 2. 1919, p. 183 sq. /Z/. Z.A’.s· jrrz/.s ro.U fU.UKts KT t.Ts />«*( t VAAfs' Signalons seulement, à la suite de I·'. Nau, Xestorius .ΙΛΑΛ.ΙΑ’Λ - (’.’est au concile d’Éphèsc que s’est d'après les sources orientales, Paris, 1911. les quelques déroulée la péripétie capitale de la tragédie de documents suivants. Nestorius. Commcnl sommes-nous renseignés sur ce Philoxène de Mabbouy, ordonné évêque de celte (pii s’est passé à cette assemblée? Comment ont été ville par Pierre le Eoulon. en 185, monophyslte renseignés et les contemporains cl leurs successeurs déchiré, a consacré aux origines de Nestorius et du immédiats? Question de capitale importance el que nestorianisme une assez longue lettre. Texte dans des travaux récents viennent d’éclairer d’un jour Revue de TOrient chrétien, 1903, l. vit!, p. 623. Celte tout nouveau. Voir les préfaces d’E. Schwartz aux lettre fait de Nestorius cl de Théodore (lire plutôt divers volumes du l, i" des Acta conciliorum crcuThèodoret) deux cousins germains dont les ascen­ menicorum et sa dissertai ion : Xeue \klenslQcke zum dants viennent de Perse. Ce récit sera repris au cphesmiKchen Konzil von lit, dans Abhandl. der bayer. xir siècle par Denys (Jacques) Par Satibi, dans son Akad. der W iss., I. xxx, fasc. 8, Munich, 1920. Traité contre les nestoriens, ibid., 1909, t. xtv, p. 301Les recueils conciliaires imprimés, y compris celui 320; mais il est bien difllcllc d’accorder la moindre de Mansi, risquent de donner des événements (pii sc confiance ά ces indications (contre Nau, ibid., p. 121sont déroulés â Éphèse une idée inexacte. Leurs 125.) Autant faut-il en dire des anecdotes conservées auteurs ont réparti, un peu à leur gré, et en s’inspirant dans les Plérophorics de Jean de MaJouma, écrites de considérations historiques plus ou moins justifiées, vers 512-518, Texte dans P. O., t. vin, fasc, 1; voir les matériaux qu’ils empruntaient aux diverses collec­ 1rs C. I, III, XXXIII, xxxv, xx.xvi, xi.v, lu; cf. xav. tions manuscrites (pic le hasard leur avait mises en De plus il convient de ne pas oublier que les /7r- main. Or. ces collections anciennes, grecques ou lali- NESTORI US. ACTES CONCILIAIRES no. ne peuvent cire considérées comme des repro­ ductions telles quelles des proces-verbaux authenti­ qua et des pièces annexées. Chacune de ces collec­ tions possède son caractère spécial; elle choisit el groupe les diverses pièces à sa disposition suivant une idée directrice particulière. Le premier devoir qui s impose est donc d'étudier d’abord en elle-même chacune de ces collections, d’en déterminer l’esprit el la tendance; c'est plus tard seulement qu'il sera possible de remonter plus haut el de se rapprocher des procès-verbaux eux-mêmes. I ne seconde remarque s'impose. Il n’y a pas eu. à l’été de 131. un, mais bien deux conciles d'Ephèse, assemblées rivales et qui se sont mutuellement con­ damnées. Voir ci-dessous, col. 111 sq. Il y a donc eu, comme le fait remarquer Ed. Schwartz, deux séries d'actes qu’il eût été nécessaire de rédiger en un seul erpu*. si l’on avait voulu donner du concile une image vraiment exacte. Mais telle n’était pas, loin de In, l’intention de ceux à qui est due celle ancienne collection (cyrillicnnc) où ont puisé, comme à une source commune, les collections actuellement exis­ tantes. (’eux qui sont demeurés vainqueurs, Cyrille cl scs partisans, ont fait un choix dans les pièces el mis en œuvre celles qui paraissaient devoir servir leur dessein et montrer à l’empereur, qui d’abord ne leur était pas favorable, que le concile des Orien­ taux manquait totalement d’autorité. · A. C. (A, i. I. I. prêt., p. xx. Ainsi, tels qu’ils nous sont conser­ vés, les actes sont essentiellement des actes cyrilliens; mais, à ces actes, des compilateurs ultérieurs ont ajouté un certain nombre de pièces qui avaient figuré au dossier du concile oriental. De ce dernier, les actes ont disparu comme tels, mais une partie s’est conser­ vée de façon indirecte. C’est par eux que nous devons commencer. 1* ιΐΕΐ,ιψι.ι: du concile oriental. — Quelques années après le concile d’Ephèse, peut-être seulement après HX. le comte Irénée. un fervent ami de Ncslorius, entreprenait de réhabiliter l’archevêque déposé et les quelques évêques qui avaient, en On de compte, partage son infortune. Usant du même procédé litté­ raire qu'avait jadis mis en œuvre saint Athanasc, il rccueillail[le plus grand nombre possible de documents officiels et les reliait par une série de remarques et d'inl reductions; le tout formait le livre qu’il intitu­ lait : Tragédie. Les procès-verbaux du concile orien­ tal lui fournissaient, comme de juste, des documents importants; mais il utilisait aussi de nombreuses pièces relatives aux tractations qui amenèrent l’accord de 133. (.elle Tragédie est perdue en tant que telle; mais elle a été utilisée, d’abord peu de temps après son apparition, par .Xeslorius lui-même, dans le Livre d'Hérudide, puis, un siècle plus lard, par le diacre romain Rusticus. neveu du pape Vigile, et défenseur acharné des Trois chapitres. Durant son long séjour a Constantinople, entre 517 et 553, puis à une date ultérieure qu’on ne peut préciser, Rusticus avait cnln pris de faire une nouvelle traduction des actes du concile de Chalcédoine. Ses recherches dans la bibliothèque du couvent des acémèles le lirent tom­ ber sur des textes nouveaux relatifs au concile d’Ephèse. particulièrement sur la Tragédie d’Irénée. Il résolut alors de publier également une nouvelle édition latine des actes du concile de 131. Prenant comme point de départ la collection latine déjà existante que nous désignerons sous le nom de Collectio Turotiensis (ci-dessous, coL90), il la supplé­ ment. i largement en empruntant de très nombreuses pièces au livre d’Irénée. Sans doute son dessein est tout dilTérent de celui du comte. Irénée voulait Innocenter Nestorlus; Rusticus veut défendre la mémoire de Théodore!, en prouvant que celui-ci s’est 88 dégagé à temps de la doctrine de son ami; il n’hésite pas, pour arriver à ce résultat, à accuser Irénée de falsification. Ainsi fut rédigé le Synodicon de Rusti­ cus, que l’on appelle d'ordinaire le Synodicon casinense, du nom de la bibliothèque du Mont-Gasslu qui en a conservé le meilleur exemplaire. Les pièces qui y figurent, à partir du nxxxvn, proviennent.pour la plus grande partie, du livre d’Irénée et donc indi­ rectement du dossier du concile oriental. Ces pièces ont été éditées pour la première fois par Christian Lupus (Wolf) : Ad Ephcsinum concilium variorum patrum epistolic, Louvain, 1682, édition extrêmement défectueuse; Baluze n’ayant pu obtenir communication du manuscrit utilisé par Lupus, s’est contenté, bien qu’il se rendit compte des fautes de l'édition princeps, de reproduire celle-ci dans sa Nova collectio conciliorum, Paris, 1683, en lui donnant le titre, qui, maigre son inexactitude, est demeuré long­ temps classique ; Synodicon adversus Tragoediam /renai. C’est cette édition de Baluze qui est réim­ primée dans Mansi, ConciL, t. v, col. 731-1022, cl dans P. G., I. i.xx.xîv, col. 551-861. Il faut désormais utiliser l’édition Schwartz. A. C. ()., i. i : Collectionis Casinensis sive synodici a Rustico diacono compositi pars altera. 1922-1923; voir tout spécialement la préface. 2· Actes du concile cyrillien. — Bien qu’ils soient mieux conservés dans l’ensemble, ces actes sont euxmêmes incomplets. La comparaison entre les diverses collections fait ressortir de-ci, de-là, des lacunes qui ne sont pas sans importance. Seule, par exemple, la Collectio Athenensis récemment découverte a conservé en grec les résolutions relatives aux messaliens ou à la question de Chypre. Nous savons d’autre part qu’il a été question au concile des pélagiens (voir col. 116); or il n’y a aucune pièce sur leur compte. Par contre les compilateurs de ces collections ont grossi leur dossier en joignant aux extraits plus ou moins larges, plus ou moins fidèles, des procès-ver­ baux conciliaires, un certain nombre de documents destinés à éclairer et les origines du conflit el les suites de la dissension cful se manifesta à Ephèse entre orientaux et cyrilliens. C’est ainsi que sont passés, dans plusieurs recueils, des ouvrages consi­ dérables de saint Cyrille. De là une division ternaire de toutes les collections tant soit peu complètes : 1. Pièces relatives aux discussions qui ont précédé el rendu nécessaire le concile. - - 2. Documents rela­ tifs au concile lui-même. 3. Les suites du concile jusqu’à l’accord de 133. Cette division est fort an­ cienne; clic se trouve déjà dans la traduction latine dite Turonensis, antérieure à 553; mais on peut remonter beaucoup plus haut. Quand il rédigeait le Livre d'Iïéradide, Nestorhis avait entre les mains des actes du concile, mis en circulation par les cyrilliens, qui affectaient déjà celle forme. 1) nous reste à indiquer brièvement les principales collections grec­ ques cl latines, en renvoyant pour le détail aux diver­ ses préfaces de Schwartz. 1. i.es collections grecques. Elles se ramènent à trois : la Collectio Vaticana V, a été publiée au complet dans A C. O., 1, 1. Acta gnvea, fasc. 1-6, 1927-1928. correspondant, mais parfois avec de nota­ bles interversions, au texte grec imprimé dans Mansi, Concit., l. iv, col. 577-1 178, I. v. col. 1-115 (voir le tableau comparatif, vol. 1, fasc. l,p, xx-xxiv); la Collectio Scguieriana S (ainsi nommée d’après le Coidin. 32, provenant du chancelier Séguier); - - la Collectio Atheniensis A. contenue dans le manuscrit 9 de la bibliothèque de la Χριστιανική αρχαιολογική 'Εταιρία d’Athènes. Les deux dernières seront publiées au fasc. 7; un aperçu très suffisant de leur contenu est donné dans VAbhandl. de ΓAcadémie Βί) NESTORIUS, ORIGINES DE LA CRISE de Munich signalée plus haut, pour A. p. 1-79. avec in extenso toutes les pièces encore inconnues en grec, pour S. p. 82-90, aver renvoi aux textes déjà édités. L'élude des caractères communs et des particu­ larités de chacune de ces séries, nous entraînerait en des développements qui seraient ici hors de propos. Disons seulement que V se présente comme la plus considérable; que S cl A (qui ont des caractères communs) se sont complétées en intercalant, dc-ci de-lu, des pièces empruntées a V, mais que A possède aussi, pour son compte, des pièces inconnues aux deux autres, soit entièrement nouvelles, soit connues seu­ lement en latin. Le caractère commun le plus curieux de res trois collections consisterait, d’après Schwartz, en ceci ; nos trois sources font suivre immédiatement le procès-verbal de la session du 22 juin par le procèsverbal de la session du 16 juillet, sans intercaler entre deux, comme l’exigerait la suite historique, le procèsverbal de la session des 10-11 juillet, tenue après l’arrivée des légats romains. Ce dernier est reporté plus ou moins loin après celui de la session du 16 juil­ let. Quelles (pie soient les raisons de ce renvoi, il faut en conclure que les compilateurs ne partaient pas directement des procès-verbaux authentiques pour faire leur travail, mais qu’ils manipulaient ces pièces, comme toutes les autres qu’ils faisaient entrer dans leur travail. Et cela montre en définitive la prudence avec laquelle il faut reconstituer, tant la suite du concile que la physionomie des diverses séances. 2. Les collections latines. Depuis qu’il n’est plus possible d’attribuer à Marius Mercator l’ensemble des pièces constituant la Collectio palatina (ci-dessus, col. 79), on ne peut plus dire que les latins aient eu de bonne heure une tradition écrite de ce qui s’était passé au concile d’Ephèse. Les (iesla Ephesena qui figurent dans ladite collection, n. 38, édit. Schwartz, p. 85-116, appartiennent à une des compilations latines qui se sont multipliées au vi· siècle. Marius Mercator n’avait fait connaître à Γ Occident qu’un tout petit nombre de documents relatifs au concile d’Ephèse. Les événements d’Ephèse et de Constantinople, la déposition de Nestorius. l’ordination de Maximien ont été connus à Home par le rapport d'envoyés <|ul ne s'est pas conservé (col. 119); la conclusion de l’accord de 133 l’a été par les diverses synodales grecques. Mais nous ne pouvons démontrer la pré­ sence aux archives romaines que de deux documents traduits en latin : les deux lettres de saint Cyrille Καταφλυαροΰσι (Obloquuntur quidam) et ΕύφραινέσΟωσαν (hietentur avli). La traduction latine de ces deux pièces est antérieure au concile de Chalcédoinc. Mais, somme toute, l’Occidcnt à la fin du v· siècle ne savait que très peu de choses sur les événements d’Ephèse. C’est ce que montre la petite préface que met Denys le Petit à la traduction des anathématismes cyrilliens: «ceux-ci, dit-il,sont encore inconnus aux latins », 1\ L.t t. i.xvn, col. IL Le début du vr siècle, avec la fin du schisme acacien et la contro­ verse théopaschitc, amène, en Occident, un renou­ veau d'intérêt pour les questions christologiques el, naturellement, pour le concile d’Ephèse. C’est alors que commencent les traductions partielles ou totales des actes. On débute par le procès-verbal de la session du 22 juillet 131 (dite Actio Charisii), procès-verbal dont l’histoire est extrêmement complexe; on tra­ duit d’autres pièces, telle V Apologie de Cyrille contre Théodorct pour la défense (les amithématismes. les Instructions données par les Orientaux à leurs manda­ taires (cf. Mansi, l. iv. col. 1-100). Γη peu plus tard, quand déjà ont commencé les controverses origénisl^s el les assauts contre les Trois chapitres, l’anonyme 90 rédacteur de la Collectio palatina rassemble en un corpus, avec les œuvres de Manus Mercator, un certain nombre de pièces relatives au concile d’Ephèse, en particulier le procès-verbal de la session du 22 juillet, et les documents relatifs à la controverse entre saint Cyrille et Théodorct. Sur celle Collectio palatina, voir A. C. O, t. i, vol. 5, pars 1, préface (’.es efforts divers montrent bien qu’on sentait le besoin d’une traduction intégrale des actes grecs; celle-ci fut réalisée dès avant 553 (?) dans la collec­ tion qu’à la suite de Maassen. E. Schwartz appelle la Collectio Turonensis. Description dans Maassen, Geseh. der Quelten... des canon. Hechts, t. i, p. 722-727. el dans Schwartz. Abhandlung, p. 108 sq. C'est cette collection (pic Rusticus amendait dans son Sijnodicon, en la complétant par des pièces fournies par la Tragédie du comte Irénée (ci-dessus, col. 87i. Entre la Turonensis et le Synodicon prend place une autre collection d’un caractère particulier, que Maas­ sen, ibid., p. 727, a désignée sous le nom de t'ero· nensis, cl dont Schwartz a donné une édition complète. A. C. Ο., I. î, vol. 2. Beaucoup plus courte que la Turonensis, dont elle dérive, elle poursuit un but très spécial : elle entend prouver que, soit dans l'afTaire de Nestorius. soit dans la querelle avec Jean d’Antioche, suint Cyrille avait été entièrement d’ac­ cord avec le Siège apostolique Aussi donne-t-elle un certain nombre de lettres du pape Celestin que ne connaissent ni les collections grecques, ni les autres recueils latins. (’.es brèves indications doivent suffire pour faire comprendre la complexité du problème que pose lu transmission à la postérité des actes du concile d’Ephèse, el des documents qui. de bonne heure, y ont été annexées. IL La crise nestorii nxi.. ■· Le 10 avril 128, le prêtre Nestorius est solennellement intronisé sur te siège de Constantinople; dès l’année 129, la manière dont il expose le dogme des deux natures en JésusChrist soulève des protestations à Constantinople même, mais surtout à Alexandrie, qui alerte Borne Dans les derniers mois de 130. les choses ont pris un tel pli qu’un concile devra se rassembler a Ephèse a 1 été de 131. Nestorius y est déposé; mais, si scs amis eux-mêmes passent condamnation sur la manière inopportune et dangereuse dont il a exposé ses idées, ils ne laissent pas de maintenir ce qu’il y avait en celles-ci de défendable. La personne de l’arche­ vêque de Constantinople est sacrifiée, mais saint Cyrille est obligé de faire à la doctrine que Nestorius croyait représenter des concessions qui ne sont pas de pure forme. Telle se précipite, en quelques années, la « tragédie · de Nestorius. /. t./s (?A7 67.va> /»/; z..i (/.7 s a. Comme son grand prédécesseur Jean Chrvsoslome. Nestorius est anllochien d’origine. Quelles circonstances l’ont amené à C.onstantinople, comment s’y est-il heurté très vite à des diflicullés analogues à celles qu’avait rencon trées son sainl compatriote? 1* Origines de Xeslorius; sa formation, son election à Constantinople. Nestorius est né à Gcrmanicie, dans hi Sync euphralésienne. à une date qu’il est impossible de préciser dans le dernier quart du iv· siècle. Les légendes syriaques sur l’origine persane de sa famille, sur sa parenté avec Théodore!, paraissent être des interprétations postérieures de ces deux faits, que l’enseignement de Théodore! avait des accointances avec celui de Ncslorius.el que ce dernier est devenu l’éponyme de l’Eglisc persane. De bonne heure, il eut le goût de la vie monastique et entra au couvent d’Iùiprcpios, aux portes d’Antioche; il a dû y connaître Théodorct el Jean, le futur patriarche d'Orient. Mais il semble difllcilc qu’il ail pu y cire 91 NESTORIUS, ORIGINES DE LA CRISE l'élevc de Théodore, lequel, dès 392, était évêque de Mopsueste. Cela ne veut pas dire qu'il n’ait pas subi profondément l'influence de l’interprète ». Nous ignorons la date de son ordination connue diacre, puis comme prêtre; nous savons seulement qu’il s'acquit très vile à Antioche une grande réputation «l’orateur. De celte éloquence les sermons sur les tentations du Christ nous donneraient quelque idée. Hérad.* p. 338-358: ils pourraient être de l’époque anliochicnne. Moins oratoires peut-être que. ceux de Chrysostomc, ils témoignent d’une fine psycholo­ gie, d'un haut souci de la vraisemblance dans l’inter­ prétation de récriture, du désir d’appliquer sans cesse l'enseignement sacré à la formation morale des audi­ teurs; ils n’ont point été jugés indignes de figurer parmi les sermons de la Bouche d’or ». Celte éloquence était connue au loin, et jusqu'à Constantinople même, tant par la renommée que par la mise en circulation de plusieurs de ces sermons. Voir Gennade, cl-dcssus, col. 77. On ne s'étonnera donc pas trop de voir la cour renouveler pour Nesto­ rius, en 128. le geste qu'elle avait fait pour Cbrysoslomc en 397. en appelant le prédicateur anliochien sur le siège de la ville impériale. 11 s’agissait de ter­ miner les compétitions qui mettaient aux prises le prêtre Philippe de Sidê et Proclus, évêque en dispo­ nibilité de Cyziquc. Voir Hérad., p. 211. Nestorius sr rendit aux instances de Théodose II. et prit sans larder le chemin de la capitale. L'Histoire de Barhadbisabba le fait passer auparavant à Mopsuesle. où Théodore lui aurait donné des conseils de modération. /’ O.. t. IX, p. 517; mais le vieil évêque était-il encore en vie à ce moment? 2· Les premières difficultés. De celle modération d’ailleurs, Nestorius aurait eu bien besoin; il arri­ vait dans un milieu difficile, où I on prendrait volon­ tiers ombrage de sa qualité d’étranger, où l’on dis­ cuterait sans ménagement ses démarches, ses dis­ cours. Or ce fut celte modération qui lui lit le plus défaut. Très frappé, dès son arrivée, par la tolérance que l’on affichait à l’endroit des dissidents, il entre­ prit d’y mettre bon ordre. Le 30 mai <28, un long édit impérial, dont il est difficile de lui retirer la res­ ponsabilité, prescrivait à l’endroit des diverses sectes des mesures variables dans leur rigueur, mais touïes fort pénibles. Ccd. Theodos., XVI, v. 65, édit. Momm­ sen, p. 878-879. En fait, ariens, novations, macédo­ niens. quartodécimans furent inquiétés, soit dans la rapit ale, soit en banlieue. Avec les enchevêtrements l'intérêt s et de relations qu’amène la grande ville, fout ceci ne pouvait manquer de susciter en certains milieux des réclamations plus ou moins vives el quelque agitation. Sur ce point amis et ennemis de Nestorius sont d’accord. Pour soutenir une telle altitude, l’appui de la cour était indispensable. La cour, c’était Théodose 11. prince faible el versatile; mais c’était surtout la sœur de l’empereur. Pulchérie. Or. il parait bien que, de bonne heure, Nestorius en vint à des mesures mala­ droites qui mécontentèrent celle-ci. D’une certaine façon l’histoire de .Jean Chrysostomc allait recommen­ cer. Sur les froissements entre l'archevêque el l’Augusta. nous sommes renseignés surtout par les dires de Nestorius lui-même qu'il convient de n’accepter qu’as ec circonspect ion. Hérad., p. 89 (cf. Lettre à Cosme. ibid., p. 363-361; Suidas, au mol Pulchérie); mais la façon dont les ennemis de Nestorius récla­ meront plus lard l’appui de Pulchérie donne quelque créance â ces dires. Dans sa lutte contre la cour. .Jean Chrysostome du moins avait pu compter sur le populaire. Or Nestorius. par la sévérité de ses pro­ testations contre certains divertissements publics, semble s'être retiré partiellement cet appui. /’. O., 9’2 t. IX. p. 522, 528. Pourtant il ne faut rien exagérer: beaucoup de personnes à Constantinople goûtaient l’éloquence du nouveau prélat, son austérité, ses désirs de réforme: le souvenir de Jean Chrysostomc n’était pas entièrement disparu: peut-être Nes­ torius parla-t-il déjà de l’apothéose définitive de l’évêque martvr. Ceci était fait pour lui gagner de très chauds partisans. 3K tes premières discussions théolof/tques. - Somme toute, les premières difficultés rencontrées par Nesto­ ri us à Constantinople ne dépassaient donc pas la moyenne de ce qu’un nouveau venu est en droit «rattendre. S’il était un point sur lequel l’archevêque se crût à l’abri de tout soupçon, c’était à coup sûr lu pureté et l’orthodoxie de sa fol. Omnem reni /aciHun contra me ab hominibus putabam moneri posse, potius quam calumniam relut i de pietate fidei recta non supe­ rem, écrira-t-il plus lard à Jean «l’Antioche. Loots. Nestoriana, p. 183. C’est sur ce chapitre pourtant qu'il allait être attaqué. C’est qu’en réalité Nestorius apportait «tans la capi­ tale une doctrine théologique el surtout christ «lo­ gique. dont l’expression maladroite el intempestive ne pouvait que choquer des esprits habitués à d’autres formes de pensée cl d'expression. Sur celle doctrine de Nestorius, nous reviendrons plus en détail dans la troisième partie, disons seulement ici ce qui la caracté­ rise. C’est l'affirmation dans le Christ des deux natu­ res. divine el humaine, complètes en leur essence cl en leurs opérations affirmation à coup sûr très orthodoxe, mais qui n’est pas toujours suffisamment corrigée, chez lui, par le souci de mettre in luto l’union intime de ces deux natures. La préoccupation louable d’attribuer à chaque nature ce qui lui appartient el de lui attribuer cela seul, engage trop souvent Nesto­ ri us (comme tous les autres anliochiens. d'ailleurs) à insister avec force sur la dualité qu’on doit reconnaî­ tre dans le Christ, cl à laisser dans l’ombre l’unité foncière qu’il faut également confesser. Pour peu quela terminologie demeure imprécise, pour peu que, dans le feu de la discussion ou du discours, l’orateur qu’il est ne se garde pas suffisamment, il en vient à des mots regrettables que les partisans d’une autre conception pourront interpréter défavorablement. .Allons plus loin : ces mots, ces traits, ne seraient-ils pas l’expression d’une pensée qui n’a pas encore trouvé son équilibre définitif? El c’est sur des questions de mots (pie le conflit va s’engager. Spontanément ou provoqué par un différend qu’on lui soumet (lettre à Jean d’Antioche. Nestoriana, p. 185), Nestorius s'exprime avec quelque désinvolture sur l’appellation de Théotokos décernée â Marie. De prime abord, il a déclaré que c’est là un terme d'origine hérétique, qu’il sue l'arianisme et l'apollinarisme. Puis, ayant concédé (pie le terme, convenablement expliqué, peut â la rigueur s’em­ ployer, il revient lourdement, ex pro/esso, sur ccs discussions théologiques dans une prédication spé­ ciale. Serm., ix. Nestor . p. 219-261. Il en fallait beaucoup moins pour ameuter contre l’orateur la piété populaire et l’indignation des moines. Quoi (pi’il en fût de scs origines, le terme de Théotokos avait été employé par des auteurs fort catholiques; moyennant une explication très obvie et susceptible d’être comprise des plus bornés, il sous-entendait simple­ ment le fait de la divinité de Jésus, el il faisait rejaillir sur la mère une partie du légitime honneur dû au fils. A tort ou à raison, l’archevêque voulut voir dans la persistance de certaines personnes à l’employer un indice d’une hétérodoxie foncière. L’arianisme, pensait-il. n’était pas mort, qui n’attri­ bue au Verbe qu'une génération temporelle el une divinité de seconde majesté. Cette naissance de Dieu 93 NESTOR I US, INT ERV E NT ION DE S. CYRILLE dans le temps» que le Théotokos supposait à sc* yeux, cette mort de Dieu qui en était la conséquence ne s’apparentaient elles point aux divagations de l'hêrcsle, pire que cela, aux fables de l’hellénisme? Au vrai, ce n’était d’ailleurs pas ce danger qui était le plus grave, mais le monophysisme Inné (Nesto­ rius disait l’apollinarisnic) dont on verra bientôt qu’il n était pas une invention de l'archevêque. De ce monophysisme le Théotokos et son symétrique, le Ifru.s passus, paraissaient au disciple de Théodore un wslige très assuré. A ces soupçons Nestorius donne libre cours en plusieurs sermons. Il sent que l’opinion se cabre, il ne fait qu insister davantage Voir Serm., x, rianu, p. 261-267; on chuchote en divers lieux que 1 évêque ne croit pas ii la divinité du Christ, qu’il fait de Jésus un homme ordinaire, φίλος άνθρωπος, p. 281, cl lui de répliquer que le peuple a de la piété peutêtre, mais, que faute d’avoir été bien instruit par scs pasteurs, il manque de précision en la doctrine, p. 283. Or, voici qu’un de ces pasteurs relève le gant. Proclus, le candidat malheureux au siège de Constantinople, dans un sermon prêché en présence meme de l'archevêque exalte la sainte Théotokos, la gloire de sa maternité divine, insiste sur le fait qu’elle n’a pas enfanté un ψίλος άνθρωπος, (pic c’est vrai­ ment Dieu c prochain qui ne peut être le Verbe divin. Cyrille ne doit-il pas penser (pic l'archevêque de Constantinople retombe en celte 95 NESTOHILS. INTERVENTION DE S. CV HILLE était question des bavardages des hérétiques cl de erreur déjà condamnée dès 362 au concile d Alexan­ leurs coassements de grenouilles, dont l'archevêque drie, cl qui parle de deux Fils et de deux Christs? n’avait cure. Des gens bien intentionnés prirent soin Comment le successeur d’Alhamise ne s'alarmerait (pie ces propos fussent entendus jusqu’à Alexandrie. il pas dc la diffusion dc semblables idées? 2. Avant même qu’on les y eût dislinclement On dira peut-être que, sc produisent sur le Bos­ perçus, el sur de premiers renseignements encore phore, à bonne distance d’Alexandrie, les incartades incomplets. Cyrille s’adressait à Ncslorius lui-même. de Nestorius ne tombaient pas, en somme, sous la Epist., ιι, νΑνδρες αίδέσιμοι, P. G., I. i.xxvn. col. pi; juridiction de Cyrille. Ce serait oublier celte grande A. C. O., I, I. 1. p. 23. Modérée dans la forme, la lettre idée de l'interdépendance des Eglises, si vivace dans contient des imputations graves : - Les homélies mises l’antiquité cl qui ne laisse pas un évêque, surtout en circulation ont laissé croire ù plusieurs que, pour l’évêque d’un grand siège, se confiner exclusivement l’auteur, le Christ ne serait qu’un organe, un instru­ aux limites de son diocèse. Et puis les relations étaient ment de la divinité, un homme théophore (col. Il A). fréquentes entre la Corne d’or et le grand port des On peut déjà parler d’un scandale universel, σζάνBouches du Nil. Cyrille nous dit, el nous n’avons δαλον οικουμενικόν. Des textes du même genre, mis aucun droit dc mettre en doute son affirmation, que en circulation en (Accident, ont mis en émoi le pape des écrits venus de Constantinople où se discute le Célcslin. qui s’est informé à Alexandrie de leur ori­ litre dc ThMokos ont mis le trouble parmi ses moines. gine. 11 est grand temps que l'archevêque de Cons­ Epist ., 1, P. G., I. i.xxvn, roi. 9 sq.j A. C. O.. i, tant inople coupe court à ces bruits fâcheux; qu’il I, 1, p. 10-23. N’avait-il pas quelque droit de prendre reconnaisse son erreur en confessant que la Vierge est des renseignements sur l’origine dc ces papiers vraiment Theotokos. · suspects? Celle lettre est de la lin dc l’été 129. La réponse On aimerait pouvoir dire (pie ces raisons furent de Ncslorius n’est guère qu’un accusé de réception. les seules qui entraînèrent le · pape * d’Alexandrie Aux insinuations de son collègue d’Alexandrie, il dans la lut le sans merci contre l’archevêque de Cons­ ne veut répondre que par l’assurance dc son dévoue­ tantinople. En fail il y en eut d’autres, phis ou moins ment. L’expérience montrerait ce (pic valaient les avouables, plus ou moins avouées. Depuis 380, en protestations amicales qu’avait multipliées l’envoyé somme, une sourde lutte existait entre les deux grands de Cyrille. Inter Cyrilli epist., in, P. G., col. Il; A. sièges, lutte dont l’affaire de Maxime le Cynique el C. ()., ibid., p. 25. le drame dc Jean Chrysostome ne marquent que les 3. C’était presque la rupture entre Constantinople paroxysmes. Alexandrie. l’b’glise de saint Marc, se el Alexandrie. El voici qu’un malheureux hasard consolait difficilement de voir sa prépondérance, (pie allait ajouter aux raisons d’ordre théologique des justifiait son origine apostolique, mise en échec par considérations plus terre à terre. Comme, jadis, les les empiétements, vrais ou prétendus, de l’Église de la Grands Frères étaient venus se plaindre à Constanti­ capitale. El celle-ci, de son côte, entrait de plus en nople des agissements de Théophile, ainsi des victi­ plus dans la voie qui conduirait son évêque jusqu’au mes · dc Cyrille venaient maintenant plaider contre titre dc patriarche œcuménique! Cela aide à compren­ dre la conduite d’un Théophile à l’égard dc saint leur archevêque. Quels étaient au juste leurs griefs, il nous est difficile de le dire. Le neveu de Théophile Jean Chrysostome, cl l'attitude d’un saint Cyrille à avait parfois la main lourde et, dans les années précé­ l'endroit dc Ncslorius. La comparaison entre les pro­ cédés de l’onde cl du neveu s’est présentée d'elledentes, l’administrai ion Impériale s’était plainte amè­ rement dc scs abus de pouvoir. Dans sa deuxième même à la pensée d’Isidore de Péhisc qui n’était pas. lettre a Nestorius, Epist., ιν, Καταφλυαρούσι, P. G., tant s’en faut. un adversaire de la théologie cyrillienne. col. Il; A. C. O., p. 25. Cyrille affecte pour ces plai­ Syncd ., n. 80, 3. A. C. O.. i. I. p. 9. I) ne doit pas cire interdit à l'historien moderne dc la signaler. gnants le plus grand dédain. Il était peut-être moins Bien ne vaut le rappel du « Concile du Chêne » pour rassuré qu’il ne veut bien le dire; cl dès sa première faire comprendre toute la complexité dc la tragédie lettre il parle, col. Il C-D. d’un livre composé par luidc Ncslorius. Voir ici, t. vm. col. 661 sq. même sur l’incarnation du Fils unique (περί της 2· Les premières demarches de saint Cyrille ένανΟρωπησεως τού Μονογενούς) (pii. s’il venait à être publié, serait de nature, dit-il, à lui susciter des 1. Alarmé par la diffusion d’écrits où la question du Theotokos était discutée - il s’agit, dc toute évidence, ennuis. Le Livre d'Heraclide insiste avec quelque d’un recueil dc sermons de Ncslorius où figurait sans lourdeur sur le fait que Ncslorius aurait été appelé à doute le sermon ix saint (.vrille écrit à scs moines, dire son avis en celle affaire des clercs alexandrins, • parmi lesquels des controverses théologiques ont p. 92-93, et il y a dans une autre lettre dc Cyrille une allusion transparente à toute cette histoire : les apo­ éclaté, la longue épltre dogmatique signalée plus crisiaires alexandrins ont rédigé (d’ordre de Cyrille haut. Avec une grande sûreté de doctrine, il établit que la \ ierge a droit au litre de Mère de Dieu. que sans doute) une accusation doctrinale en règle contre ce litre est traditionnel, que les arguments apportés Ncslorius. Ils doivent surseoir à la remettre à l’em­ pour le lui disputer témoignent chez qui les emploie pereur ; leur altitude dépendra dc celle que Nestorius d’une Ignorance de la théologie, plus (pie cela, de adoptera lui-même dans le procès qui est soumis à la pensées suspectes. Ncslorius n’y est pas nommé, juridiction impériale. Epist., x, P. G., col. 68 CD; mais certains textes de ses sermons sont cités qui ne A. C. O., p. 112. C'est dire que tout contribuait à laissent aucun doute sur l’adversaire visé par saint empoisonner les rapports entre Constantinople et Cyrille. La lettre doit avoir été écrite peu après Alexandrie. L On comprend dès lors le ton dc la lettre expédiée Pâques 429. Des copies de celte épltre ne lardèrent pas ù par Cyrille a Ncslorius tout au début de 130, Epist., arriver à Constantinople, où Cyrille avait des chargés ιν, Καταφλυαρούσι. L’évêquc d’Alexandrie a main­ d'affaires (apocrislaircs) à demeure. Elles ne pouvaient tenant parfaite connaissance des ripostes doctrinales que fortifier, surtout dans les milieux monastiques, passablement Irrévérencieuses (voir ci-dcssus). qui l'opposition dont nous avons parlé. Etait-ce avant ont été faites de Constantinople à VEpistola ad ou après la manifestation d’Eusèbe. nous ne saurions monachos; il sait d’autre part (juc les clabauderlcs de le dire II est possible que le sermon x. Nestor., scs clercs ont trouvé écho dans la capitale, que N’cslop. 261 sq..soil une réponse Indirecte à l’argumentation riue suit d’un cril Intéressé lu marche de l’accusation. dc C vrille. Cette réponse manquait d’aménité: il y Les deux points de vue >e mêlent dans la lettre Κχτα φλυαρούσι, bien que hi partie dogmatique y attire surtout fallen! Ion. S'élevant d’ailleurs bien au-dessus de hi question du Théotokos. Cyrille y définit ton concept dc < l’union hyposlalique , y ébauche une théorie dc la < communication des idiomes». En dehors de celte ένωσις καθ*ύπόστασιν, il ne voit pas de moyen d’évitrr In doctrine hétérodoxe des deux Ills. Col. 18 B, L’union des personnes, £·?ωσις προσώπων, préconisée par certains (lisez Ncslorius), est nette­ ment répudiée comme contraire a l’Écriture. Cyrille veut encore espérer que Nestorius, préoccupé dc sauver la paix des Églises, se ralliera au Théotokos et à la formule de Vunian hyposlatlque. Or, à celle formule, telle qu’il la comprenait et quoi qu’il en fût dc la pensée de Cyrille, Ncslorius ne pou­ vait adhérer. (761 ait lui demander d’accepter, comme il le dira plus tard, un monstre incompréhensible » el dc rejeter la théorie dyophysile en laquelle il avait élé élevé. Sa réponse, Epist,, v, Τάς μεν καθ' ημών ύβρεις. Nrs/or.. p, 173 (cf. P. G., I. lxxvü, col. 19). ne constitue pas seulement une lin dc non-recevoir: c’est, en même temps qu’une critique du concept cyrillicn, une Justification par l’Écriture et le sym­ bole de Nicéc de sa propre terminologie. Seule l’expression de Chrislotokos appliquée à Marie, sau­ vegarde, sans qu’il soit besoin de commentaires, la doctrine des deux natures. L'union de celles-ci s’exprime au mieux, d’autre part, par le mot «le συνάφεια (την τούτων είς ενός προσώπου συνάφειαν j ; la comparaison évangélique du < temple et de celui qui l’habile » (cf. Joa., n, 19) est assez propre à la représenter; elle justifie une théorie assez particu­ lière de la communication des idiomes ». Redescen­ dant «le ces hauteurs, Nestorius termine sa lettre par une allusion désagréable aux soucis que se fait Cyrille. Tout va bien à Constantinople et les renseignements que l’on possède à Alexandrie se révèlent cont couvés. La cour sait à quoi s’en tenir au point dc vue dogma­ tique:» En somme on voit se réaliser chez nous le mot de l’Écriture : · La maison dc Saul ( l’hété­ rodoxie, mais aussi Mexandric) déclinait : celle /;ia’.x//o.v i>t: -Ce n'était pas la première fois que Home entendait parler de Nesto· rius; les renseignements divers qui lui étaient venus de Constantinople avaient inspiré au pape Célcslin une vive défiance à l’endroit de l’archevêque. Augmen­ tée par l’intervention de saint Cyrille et sans doute aussi par le rapport en règle déposé par le moine Casslen spécialement delègue à l’examen dc l alfain·, cette disposition du pape lui dicte à l’automne de 130 un ultimatum adresse à Nestorius et dont les consé­ quences vont cire Incalculables. I· Attitude défiante du pape Cétcshn à l'endroit de Ncslorius. - - \uss| bien l’archevêque de Constan­ tinople. dans la première lettre qu'il avait adressée à Home el dans celles qui suivirent, avait été on ne peut plus maladroit. Epist.. i, Nestor., p. 165. Les évêques pelagicus déposés par Célcslin s’étaient réfu­ giés en Orient; plusieurs d’entre eux, venus dans la XL — I 99 NESTORIUS. INTERVENTION DE HOME 100 capitale, importunaient le pouvoir civil de leurs récla­ donc de renseigner ceux qui le consultent sur les tenants et aboutissants des problèmes soulevés, le mations, et s’efforçaient de rallier à leur cause l’ar­ voilà qui s’applique avant tout à « rendre l’affaire chevêque lui-même. Celui-ci demanda au pape, à plusieurs reprises, des explications sur leur affaire; bien criminelle ·. l ue cascade de sorites lui permet d’établir que la doctrine pélagienne n’est au fond Il semblait ne pas exclure absolument l’hypothèse qu’un adoptianisme qui s’ignore, que Léporius a dû d'une injuste condamnation. Voir p. 166, 1. 12 : aux influences pélaglennes les fâcheuses théories dont indignatio tua quæ contra cos porte probata est, et il a su heureusement se guérir, que la même idée se ci. Epist,,m, p. 170,1. 17, non condolere (eis), si calum­ retrouve dans les homélies de Nestorius. Et voici niam sustinent, durum et impium est. A coup sûr, comme, en deux traits, Cassien esquisse la pensée de continuait-il. Il n’entendait pas remettre en question le jugement pontifical: il voulait seulement le connaî­ l’archevêque de Constantinople : « Jésus-Christ, né de la Vierge, est un homme ordinaire (homo solitarius); tre, avec ses considérants, pour se faire A lui-même une ayant pris le chemin de la vertu, il a obtenu par sa religion. De tels mots arrivant à Home, où l’on avait vie pieuse et religieuse, par la sainteté de son exis­ vu tant de peine A liquider l'affaire pélagienne, ne tence que la majesté divine s’unit A lui; sa dignité pouvaient qu’impressionner fâcheusement. Que seraitlui vient non pas de la splendeur de son origine, mais ce quand on apprendrait par Marius Mercator que des mérites qu’il s’est acquis. Ce qu’il a mérité de Neslorius, insuffisamment renseigné sur le cas de devenir, les autres hommes peuvent aussi le mériter. » Célcstius lui avait envoyé un billet d'encouragement ? L. V, c. î, col. 95-96; cf. 1. Vf. c. xiv, col. 171 B, où le Epis/., iv, Nestor., p. 172: Coll, palat., n. 35, A. C. O., parallélisme entre Nestorius el les pélagiens est poussé î. 5, p. 65. Et les sermons prêchés ensuite par lui jusqu’au paradoxe. contre les pélaglens n'atténueraient qu'insuffisantIl vaudrait la peine d’insister sur la christologie menl cette regrettable impression, Ibid., n. 30-34, P Go 65 que Cassien développe en opposition avec ce qu’il pense être l’idée de Nestorius; on verrait (pie leur El puis dans les lettres qu’il écrivait à Home, l'ar­ terminologie est sur certains points sensiblement chevêque insistait plus que de raison sur les combats menés par lui A Constantinople contre un apolliidentique, qu'en tout cas la pensée du moine mar­ seillais est infiniment plus rapprochée de celle de narisme qu’il décrivait assez confusément. Ce qu’on Neslorius que des concepts cyrilliens. A coup sûr, retiendrait, c’était une charge assez vive poussée par si l’évêque d'Alexandrie avait eu entre les mains le lui contre le Theotokos : (virginem) enim theotocon De incarnatione de Cassien, il n’eût pas hésité à le vocantes non perhorrescunt, écrivait-il. Nestor., p. 167, classer parmi les productions de l'esprit « nestorien ·. I. 5. A Borne l’on pensa qu’il n'y avait, dans cette Fidèle en effet à la vieille terminologie occidentale, appellation, rien de particulièrement « horrible », l’auteur n’hésitc pas à désigner la nature humaine du qu’elle était traditionnelle, que tout ce ramage mené Christ par le terme concret : homo assumptus, homo contre elle pouvait provenir d’une théologie de l’in­ dominicus, homo unitus Deo. homo susceptus. Cf. carnation mal assurée. coi. 38 B, 39 A, 185 A, 236 B, etc. Et pour parler de L’Occident avait connu, en effet, au cours des l’union de celle nature avec le Verbe, il emploie sensi­ années précédentes une controverse théologique sur blement les mêmes expressions (pie Nestorius : Deus un sujet analogue. Si l’affaire de Léporius (voir ce natus is homine, col. 39 A, 183 B, etc.; homini Deus mut, t. ix, col. 131) n’avait guère fait de bruit en compassus, col. 185 A. Seulement il imagine que celui-ci dehors du midi de la Gaule et de l’Afrique, elle avait ne fait descendre la divinité dans l'homme qu’au été suivie par un théologien qui possédait alors toute cours de la vie de Jésus, tu in baptismo templum Dei la confiance du Saint-Siège. Borne ne pouvait pas (Christum) esse /actum (asseris), col. 17IC, tandis que, l avoir entièrement Ignorée, d’autant que Cassien pour son propre compte, il admet (pie cette descente avait trouvé le moyen de la bloquer avec la question a eu lieu dès la conception du Sauveur; pour un peu pélagienne Quand les premières rumeurs arrivèrent A il avouerait qu’il n’y a entre les deux systèmes qu’une Borne, sans doute au cours de 129, touchant les trou­ question de temps. Voir surtout I. I, c. vi, col. I l : bles de Constantinople, on décida de consulter le Temporis ergo inter nos /orsilan putetur magis quam moine de Marseille. Sans doute on avait déjà connais­ rei esse distantia, quia divinitatem quam nos cum sance du placard d’Eusèbe assimilant Nestorius à Domino ./esu Christo natam, Iu postea dicas infusam. Paul de Saniosate; on avait peut-être des renseigne­ Et i) lui arrive d’exprimer l’idée de l’union entre les ments de Marius Mercator qui brouillait l’histoire de deux natures par l’unité de vertu et de majesté. Pelage, celle de Théodore de Mopsucste. celle de Voir I. IV, c. vin, el la très curieuse note d’AIard Gazct Nestorius; on avait enfin les ouvrages mêmes de ce au bas de la col. 81. Sans doute, fidèle ici encore à la dernier, car, pour que nul n’en ignorât, Neslorius terminologie occidentale, il rejette l’expression · deux avait pris soin d’envoyer au pape un recueil de scs personnes ·. col. 14 1 B, avec la même énergie que homélies. Sur ce dernier point, voir lu lettre de CélcsNestorius met à rejeter celle de « deux fils ·; il parle tin a Neslorius. Jaffé, Hegesta, n. 371. C'est tout ce de Vuna substantia, col. 57 C : in una eadcmqucsUüstax· dossier qui dut être envoyé à Marseille, avec une lettre tia Deum et desum esse credamus; de Vuna persona, de l’archidiacre Léon, le futur pape. Cf. Ed. Schwartz, col. 59 B : ubi vides inseparabilem penitus Christi ac Konzihludien, 1, Cassian und Nestori us, Strasbourg, Dei esse substantiam, inseparabilem quoque agnosce 1911. p. 1-17. esse personam. Mais ses idées sont loin d'être claires 2* Le rapport de Cassien. - - C’est le litre il n’est qu’un allusion â Paul de Samosate indiquait le sens dans homme ·. faisalt-on dire à Nestorius, homo solitarius. lequel l’archevêque avait erré, bien que l’on ne pré ψίλος άνθρωπος, et c’est bien l'idée que condamne cisûl point qu’il eût enseigné une doctrine analogue. Célestin : nunc solum hominem, nunc ei societatem En tout cas l’Église romaine approuvait la foi de Dei, quotiens tamen dignatur, adsignans. El les allu­ I Eglise d'Alexandrie et. s’il voulait demeurer dans sions nu Samosatcen qui reviennent dans deux lettres la communion de Rome. Nestorius, devrait s’y rallier : confirment celle explication : le pape entend condam­ nisi de Deo Christo nostro ea pried ices qua cl Romana ner une doctrine analogue â celle du vieil évêque el Alexandrina cl universalis Ecclesia catholica tenet... d’Antioche. S’avançant un instant jusqu’aux confins et ham perfldam novitatem qua hoc quod venerabilis de la métaphysique· il dénonce dans l’application de Scriptura confundit, nititur separare... aperta et scripta Neslorius a répartir entre deux sujets les opérations professione damnaveris, noveris ab universalis te Eccle· du Christ, une tentative d’écartèlement de la per­ s(u' catholica communione dejectum, t n délai de dix sonne du Sauveur: humanam discutit divinamque jours, à compter du moment où il serait touché par la naturam quod Scriptura conjungit nititur separare sommation, lui était imparti pour se mettre en règle. En définitive, quand il somme Nestorius de se rallier • liiHv. n. 371. On remarquera que le mot de Théoà la foi commune, le pape entend lui imposer la pro­ tokos n’est pas expressément prononcé (il est seule­ fession de la croyance en Jésus. Dieu el homme, et ment question du virgineus partus): l’injonction de ne le rejet de ce qui pourrait compromettre l’unité 103 NESTOR I US. LES \ NAT HÉ M AT IS M ES C YR I ELI EX’S 10'» expressions évangéliques (cl donc les opérations profonde du Sauveur. L*acccptatlon du Théotokos quelles rapportent) entre deux personnes ou hypo­ implicitement demandée, est, de cette profession, stases; le 7*, particulièrement délicat pour li question un cas particulier de l’opération humaine du Christ : et τίς οη<ην ώ; Ce dossier était remis à Posidonius qui le porterait à Alexandrie; Cyrille ferait tenir copie des lettres à άνθρωπον ένήργησθαι παρά του Θεού Λόγου τον tous les ayants cause. Bien de plus explicite que la Ίησοΰν... ανάθεμα ίστω; le 10 (pli touche au meme problème et qui soulève encore d’autres difficultés; délégation générale qui lui était confiée. De cette sorte fie blanc-seing que lui donnait l’Eglisc romaine, quel le 12· enfin exprimant que le Verbe a souffert dans usage allait faire le patriarche d’Alexandrie? la chair, a été crucifié dans la chair, a goûté la mort dans la chair. /I. L'VLTiMATt J/ DK SAl.X! CIKHJ.K. LK8 Habitués . G., t. i.xxvii, roi. 1(M>; A, C. O.. i. I. I. p 99. 2- L'ultimatum a Constantinople. Acacc et Jean laisonnaient tous deux dans l’ignorance du contenu exact du formulaire adressé à Constantinople. Que serait ia réaction de Ncslorius quand il le connaîtrait? Elle fut moins violente qu’on aurait pu l'attendre. I.c courrier d’Alexandrie était arrive dans la capitale le 30 novembre. Le 6 décembre, l'archevêque montait en chaire ιl prononçait un long sermon dogma* tique dont Marius Mercator a conservé la traduction latine. Cuit. Palatina, n. 23, A. C. O., i, 5, p. 3E 15; Nestor., p. 297-313. Les allusions y sont transparentes à la tyrannie égyptienne, aux mauvais procédés dont Alexandrie a toujours usé à l’endroit de ses rivaux Du moins, sur le point en litige, Ncslorius donne les sath/actions qu’on pouvait attendre de lui. Sans doute, dit-il, le mol ThMokos a etc de fait employé parles hérétiques, et dans un sens fâcheux. Il est suscepti­ ble néanmoins d'une interprétation orthodoxe quand on y ajoute, en parlant de Marie, le terme d'anthro· potokos; le terme de C.hristotokos, proposé antérieure­ ment, avait l'avantage de réunir en une seule appella­ tion les deux idées qu’expriment respectivement le ThMokos et Vanthropotokos. Il coupait court aux erreurs de Paul de Sanmsate cl de IMiolin, dont Cyrille d’ailleurs sc représentait très inexact ement les idées. Et celle petile leçon d’histoire terminée, l’ora­ teur de reprendre pour son comple l’exégèse du Ver· hum caro /actum est. ce fameux texte dont on avail prétendu l’accabler; avec précision il déclarait ne croire qu'en un seul Fils : Non aixi alterum /ilium aut alterum Drum Verbum, sed dixi Deum Verbum natu· /aliter et templum naturaliter aliud, /ilium conjunctione unum : Je n’ai pas dii : autre est I* tils, autre esi le Verbe divin, mais bien par nature le Verbe est une réalité cl par nature le temple en est une autre; mais il n'y a qu’un Fils par l’union des deux. ♦ Nestor., P 3118, L 8. il ne se dissimulait pas d’ailleurs les inconvénients de ces discussions théologiques, cl ter­ minait, comme il avait commencé, par un appel au Dieu de paix. Le lendemain, apres une conversation fort animée avec ses clercs dont fail mention une curieuse note .όφυλου των θείων γραφών καί των ταύτα: ήρμηνε’Γζότων Πατέρων), suri ont si on veut lui faire signi lier κρασις σαρκός καί Οεότητος, auquel cas elle est un blasphème; la défense que prend Théodoret du mol <τ>νάφε·.α, pour signi lier l’union des natures, col. 101 D; la réfutation des anath. 7 el 9 sur les opérations humaines du Christ, avec les textes scripturaires à l’appui, col. 129 I); les critiques de l'anath. Il, où Théodoret, non sans quelque perfidie, fait observer que Cyrille parle bien souvent de la chair du Christ, jamais de son âme, jamais non plus de l’homme parfait assume par le Verbe : ούδαμου σαρκδς νοερός έμνημόνευσεν, ούτε άνθρωπον τέλειον τον άνΛηφΟέντα ώμολόγηστ/ cpl ii·'» Ι>. Ces insinuations, d’autres encore, sont injustes: à bien des reproches qui lui sont faits par André el Théodorel, Cyrille, dans les réponses qurll composa 109 NESTOHIIS. LE CONCILE avant le concile, n’eut pas de peine a opposer l’expli­ cation topique. Muta l’effort même qu'il est obligé de fournir pour innocenter les amilhémalismes, montre tout au moins que la position occupée par lui avait besoin pour être défendue de sérieux travaux d’amé­ nagement. Deux théologies ou. tout au moins, deux terminologies se heurtaient; si la théologie orientale laissait encore dans le vague le difficile problème de l’union des natures, elle considérait, a juste litre, que l’affirmation en Jésus de deux natures computes, concrètes et agissantes était l’acquisition la plus impor­ tante des luttes menées au ιν· siècle contre Arius et Apollinaire. Cyrille, de son coté, s’il insistait avec infiniment de raison sur l'unité foncière du Christ, n’avait pas été jusqu’au bout du problème des opéra­ tions, et de leur rapport à deux principes distincts l’un de l’autre. Sa terminologie même n’était pas sans de graves inconvénients. Or, il semblait dans la lettre aux anathématismes faire de l’admission de son propre formulaire, de sa théologie, de sa termi­ nologie une condition sine qua non d’appartenance à l’Église. En soulevant non plus seulement la question du Théotokos, dissensions qui pourraient éclater. Les directives doctrinales sont fort brèves ; les légats romains sont chargés de faire exécuter ce qui a été décidé à Home : qu/c a nobis ante statuta sunt exequentes; il s’agit à coup sûr du jugement rendu en 130 dans l’affaire de Nestorius, mais aussi, peut-être du règlement de la question pélagienne. Jaffé, n. 379. Plus explicite est la lettre adressée à saint Cyrille, en réponse à une missive de celui-ci qui n’est pas conservée. L’évêque d’Alexandrie y avait exprimé ses inquiétudes sur la protection que Nestorius pourra il trouver auprès de l’empereur, sur les dissensions possibles dans une assemblée divisée; il avait demandé quelle attitude le concile devrait adopter à l’égard de Nestorius qui ne s’élait pas soumis, avait-il dit. à V ultimatum romain Clrum sancta synodus recipere debeat horni mm a se prie dicata damnantem, an quia indutiarum tempus emensum est, sententia dudum lata perduret. Le pape qui semble ignorer la déclaration faite par Nestorius en décem­ bre 130, s’efforçait donc de mettre un peu de calme dans l’âme passionnée el intransigeante de Cyrille. H fallait, lui disait-il. avoir plus de confiance en la religion des empereurs, en la doctrine de ses collè­ gues; quant à l’archevêque de Constantinople, il valait mieux fermer les yeux sur la façon dont il avait reçu l'ultimatum, le pape ne désirait point sa perle, mais son salut : studeo pereuntis saluti, si (amen voluerit icgritudinem confiteri; 1rs décisions passées ne joueraient que s’il s’obstinait dans une altitude déloyale. Jaffé, n, 377. On voudra bien remarquer avec Tillemont, Mémoires, I. xiv. p. 765, (pie rien absolument n’indique (pie le pape confère à saint Cyrille la direction de rassemblée: pour Célestin il va de soi que la présidence revient de droit aux légats. Ceux-ci. d’ailleurs, suivant les instructions qu’on leur remet. Jaffé, n. 378. devront, sitôt leur arrivée, s’entendre avec Cyrille cl agir d’après ses conseils, mais il leur appartient à eux. et à eux seuls, de porter un jugement sur les points litigieux ; vas de eorum (sc. episcoporum) sententiis indicare debe­ bitis. Étant donnée hi dale tardive du départ, on prévoyait le cas où les légats ne seraient pas à rou­ vert ure du concile, ou même n’arriveraient qu’après clôture de la session. Ou bien tout sc serait liasse avec rapidité et dans le calme, el les légats n'auraient qu’à sc rendre à Constantinople où ils trouveraient probablement Cyrille Oubien.au contraire, des diffi­ cultés se seraient élevées, el les légats s'inspireraient des circonstances, en prenant conseil de l’évêque d’Alexandrie, quodsi.., in dissensione res sunt, ex ipsis rebus conjicere poteritis quid ci·m consilio supra dicti nostri fratris agere debeatis. Nous sommes très loin des pleins pouvoirs donnes à Cyrille en 130, et aussi de cette présidence du concile que lui attri­ buent. à la suite des Acta cyrillicns, tous les histo riens du concile. Pour ces textes recourir à la Ill NEST01UUS, LE CONCILE Verenrmü, n. 9, 7, 10, 8, A. C’. O., r, I, p. 22-27. La cour imperiale, de son côté, avait prevu des troubles possibles. S'autorisant du précédent de Niece, où l’empereur lui-même avait surveillé et, jusqu'à un vert alu point, dirige la marche des débats. Théo­ dose Il envoyait à Éphèsc un haut fonctionnaire, le comte Candidien. l ue sacra dont il était porteur et qui devait être hic à l’ouverture du concile, précisait ses pouvoirs. Vaticana, n. 31. A. C. O., i, 1, 1. p. 120; Mansi, t iv. col. 1117. Le comte, cela allait de soi. n'avait point à prendre parti dans les questions dogmatiques; mais il veillerait à la discipline exté­ rieure et intérieure de rassemblée, interdirait l’accès de In ville aux éléments de désordre, assurerait dans les réunions la liberté de discussion, surtout empê­ cherait les membres du concile de quitter Éphèsc avant la clôture régulière. Nulle autre question ne pourrait être ventilée avant qu’ait été terminée l’affaire générale de la foi pour laquelle le concile était réuni; les causes proprement judiciaires,civiles ou criminelles, ne seraient pas touchées; suivant une règle qui de plus en plus s’imposait, elles seraient réservées aux tribunaux (ecclésiastiques) de la capitale. Candidien dut arriver à Éphèsc peu après Nesto­ rius. dans les derniers jours de mai: Juvénal de Jéru­ salem à peu près en même temps que saint Cyrille; partis de Home seulement à la mi-mai, les légats romains ne pouvaient guère être rendus à Éphèsc pour la date fixée, el il ne sèmble pas qu’on se fût, dans les milieux cyrilliens, beaucoup préoccupé de leur absence. C’était dans une autre direction que sc portaient les regards. Jean d’Antioche et tous les Orientaux scs suffragants avaient pris la route de terre; en mettant les choses au mieux, il leur fallait une quarantaine de jours pour arriver; il était à craindre que ce délai fût insuffisant, et qu'il fût impossible d’ouvrir le concile à la Pentecôte. Les controverses ne chômaient pas pour autant entre Nestorius et son entourage d’une part, les partisans de saint Cyrille de l’autre. Ces derniers, ayant les églises à leur disposition, ne se privaient pas d’y parler et d’y attaquer de manière plus ou moins précise l'archevêque de Constantinople. Un certain nombre de sermons de saint Cyrille conservés dans les Actes peuvent être de ce moment. Vaticana. n. 77, 76, A. C. Ο., I, 1, 2, p. 9G sq., 93 sq.; l\ G., t. Lxxvii. col. 981 sq., 985 sq. Quelques évêques essayèrent aussi de discuter avec Nestorius; il s’en­ suivit des débats assez vifs dont certains échos seront plus lard rapportés en .séance (voir roi. 113). Saint Cyrille, de son coté, s'efforçait d’expliquer ses anathériuilismes qui, même parmi scs partisans, ne devaient pas recueillir tous les su 11 rages. Bref on vivait à Éphèsc dans une atmosphère de bataille; que serait-ce quand les Orientaux arriveraient, et se rangeraient en niasse, on pouvait le craindre, aux côtés de Nestorius? 2 ha convocation du concile par saint Cyrille cl la séance du 22 juin. — Tout ceci explique, si elle ne la justi lie pas entièrement, l’attitude résolue que va prendre saint Cyrille une fois passée la Pentecôte (7 juin), date à laquelle, d’après l’ordre Impérial, le concile devait s’ouvrir. Huit jours après la fête les orientaux n’étaient pas encore arrivés, et il ne parait pas qu’à ce moment on eût encore de leurs nouvelles (voir sur ce point qui n’est pas sans impor­ tance les remarques de F. Nau, dans Heoue de l'Orient chrétien, 1912. t. xvn, p. 133-131). C'est seulement vers le 20 juin qu’arriva une lettre de Jean annon­ çant qu’il n'était plus qu'à cinq ou six étapes d’Éphèse, t’excusant de son retard, mais n’invitant nullement a commencer «ans lui. Vaticana, n. 30. A. C. O., i, ). 1, p. 119; Mansi, t. iv, col. 1121. D’ÉPHÈSE 112 Lu décision de Cyrille de convoquer lui-même le concile, sans attendre la présence de Jean, fut prise après l'arrivée de cette lettre. Synodic., n. 82 (7), A. C. O., i, L p. 27; P. G., t. i.xxxiv, col. 590. En vertu de quel pouvoir, c’est ce qu’il n’est pas facile de dire. Sans doute le patriarche d'Alexandrie inter­ prétait-il la commission générale que h· pape Célesthi lui avait donnée l’année précédente; mais ni la sacra impériale, ni les instructions ponti Ileales ne font allusion à un droit de Cyrille à présider l’assemblée. L’ordre de préséance entre les grands sièges épisco­ paux n’était pas encore réglé, comme il le sera plus taref, et les droits d'Antioche balançaient, à coup sûr, ceux d’Alexandrie. En recommandant aux évê­ ques l’unanimité, l’instruction impériale semblait leur remettre le droit de désigner leur président, mais c’était vraisemblablement à l’initiative de Candidien que revenait le soin de lancer la première convoca­ tion. Cela était inclus dans sa mission de veiller au bon ordre de l’assemblée; et c’est d’ailleurs ce qui ressort des conseils qu’il ne manqua pas de donner à ce moment-là. \’oir A. C. ()., i, 4. p. 32, I. 3. Or, le dimanche 21 juin, Cyrille convoquait pour le lendemain les évêques déjà rassemblés à Éphèsc. Cette démarche suscita une vive protestation d’une importante minorité; soixante-huit évêques signèrent une contestatio qui fut remise à Cyrille et à Juvénal: de toutes façons il convenait d’attendre l’arrivée de Jean ; et il y avait aussi à régler la question d’admission au concile de certains membres (des cyrilliens, sans doute), dont la situation cantique n’était pas claire. Synod., n. 82 (7), donne la liste des signataires. C’était chose bien grave que de passer outre à une telle protestation à laquelle, inévitablement, s’ajouterait celle des Orientaux; Cyrille ne recula pas devant celte démarche; il sc sentait fort de l’appui de son épiscopat égyptien (voir ici. t. X, col. 2252). du renfort consi­ dérable que lui avait amené Juvénal de Jérusalem, de celui que lui assurait Memnon d’Éphèse. Le lundi 22 juin, cent cinquante et un évêques, auxquels il faut ajouter un diacre de Carthage, représentant l'Afrique (sa lettre de créance est au procès-verbal cyrlllien. Vatic., n. 61, A. C. O., i. 1,2, p. 52; Mansi, t. iv, col. 1027). avalent répondu à la convocation stor., p. 191-194 Synod., n. 103 (15). Ncstorius avait laisse entendre, que, si l’orthodoxie était sau­ vegardée >, il était prêt à rentrer dans son monastère. ab hujusmodi quiete nihil est divinius neque beatius apud m-\ On le prit au mot avec la pensée de lui donner un successeur : en septembre. Il était reconduit au couvent d’Eupréplos, près d*Antioche. Synod., n. 112 (24), 113 (25), p. 64; col. 618-619. La pensée que. pendant ce temps, Cyrille restait Ignominieusement aux arrêts le consola sur l’heure. Héracl., p. 249. Consolation bien fugitive, à coup sûr, car. peu de temps après, Cyrille, rompant son ban. s’échappait d’Éphèsc el rentrait à Alexandrie, où pratiquement il était à l’abri de toute sanction. Ibid. Le gouver­ nement dut s’incliner devant le fait accompli, cl accepter en même temps que Memnon demeurât à Éphèsc. Mais, si Ncstorius faisait déjà figure de vaincu, à coup sûr, Cyrille, en rentrant à Alexandrie, n’avait pas l’air d’un triomphateur. 2. Les questions de doctrine. — Aussi bien les anathénrilismes avaient eu un mauvais moment à passer. Persuadés (pie les formules cyrillicnnes renouvelaient les erreurs cf'Arius et d'Apollinaire, les Orientaux en elîet s’acharnaient à en obtenir la condamnation. On notera la position qu’ils prennent dès lors à l’en­ droit de Neslorius. On chercherait vainement le nom de celui-ci dans les premières sentences rendues par eux; il ne s’agit pas pour eux de défendre l'arche­ vêque de Constantinople, à un moment même ils se décideront à l’abandonner. Mais la théologie alexan­ drine, coulée dans les formules des anathématismes, leur apparaît manifestement hétérodoxe, cl ils n’au­ ront de repos qu’ils n’aient obtenu de Cyrille, à défaut d’un désaveu et d’un retrait, des explications capables de mettre définitivement in tuto la doctrine des deux natures. La cour avait mandé à Constantinople des repré­ sentants des «feux partis; Juvénal. qui s'était beau­ coup mis en avant, était, avec 1rs envoyés romains, le chef delà légation des cyrilliens; Jean et Théodorcl, les chefs des Orientaux. Tout ce monde fut arrêté à Chalcédoinc le gouvernement, n’ayant aucune envie de favoriser des troubles dans la ville même; c’était bien assez de l'agitation qui régnait sur la rive asia­ tique du Bosphore. L’empereur se rendit lui-même à Chalcédoine. le 11 septembre et plusieurs séances furent tenues en sa présence, sur lesquelles nous sommes surtout renseignés par des lettres des Orien­ taux insérées au Synodicon. I ne des plus caracté­ ristiques est celle qu'adresse Théodore! a Alexandre de Hiérapolis : Synod., n. 119 (30), A. C. O., t. L p 69; /*. (L, t. lxxxjv. col. 626. Nous avons déclaré avec serment à l’empereur, écrit l’évêque de Cyr, que nous ne pouvons rétablir Cyrille et Memnon en leur office et entrer en communion avec leurs partisans, s’ils ne commonçent pas par retirer ces capitula hérétiques... Quant à notre ami (Nestorius), chaque fois que nous en avons fait mention, soit devant le prince, soit devant le consistoire, on nous a accusés de leur faire injure, tant est grande l’hostilité contre lui; ce qu’il y a de pis, c’est que l’empereur lui est plus hostile que tout le monde : « Que nul, nous a-t-il dît expres­ sément, ne m’en parle : une mesure définitive a déjà été prise à son endroit... Il y a peu e. dans lieime d'hi't. rec’ . 1905. t \i. p 512 sq.). (’.es citations devaient, pensait-il, écraser la théologie cvnllivnne; elles ne trouvèrent pas, sans doute, la place où s’employer. Las. en effet, de ces discussions, l’empereur avait décidé d'en finit avec la question de personnes, ce qui semblait préjuger la question de doctrine. I.’ordre avait été expédié à Éphèsc de reconduire Nestorius en son monastère; un successeur lui fut donné, en la personne de Maximien, · un vieux prêtre charita­ ble et sans prétention. · Le 25 octobre, les légats du pape et les délégués cyrilliens étaient invites a passer le Bosphore pour procéder à sa consécration. \ vrai dire, l’empereur ne se rangeait pas. par la-meme, aux décisions dogmatiques du concile cyrillien; tout au plus, ainsi que le conclut un texte des actes cyrilliens, reconnaissait-il comme canonique la dépn- 119 NESTORIUS, L’ACCORD DE 4 33 sillon de Nestorius· Vatic,, n. 109, A. C. O., i, 1, 3, p. 67; Mansi, t. v, col. 256. Le baslleus, écrit celle brève narration, fut convaincu que le synode œcu­ ménique avait agi selon le·» règles et la raison en dé­ posant Nestorius. Aussi ayant reçu les envoyés du synode, il condamna ceux des Orientaux; pour le reste, d bannit Nestorius. el ordonna aux délégués du saint synode d’entrer dans l’église el d'ordonner un évêque pour Constantinople. Y étant donc passés, ils ordonnèrent évêque Maximien. Après quoi, le basîleiis ordonna â tous les évêques de rentrer chacun chez soi. Quanl a Jean d'Antioche et à scs partisans, ils demeurèrent dans la séparation. » Ceci résumé, en définitive, d’une manière tendan­ cieuse une lettre Impériale qui est conservée dans le Synodtcon, n. 118 (29), A. C. 0.9 i. -L p. 68; P. G., col. 625. L’empereur y constate l’impossibilité, pour le moment, de ramener la paix; il donne congé aux évêques de rentrer dans leurs diocèses, à l'exception de (a rille, qui Alexandri nus quondam fuit episcopus, et de Memnon, qu’il déclare déchu de l’épiscopat, selon la décision antérieurement communiquée par le comte Jean. Les autres rentreront chez eux, et s’efforceront de travailler à la paix, ce sera leur ma­ nière de réparer le scandale qu’ils ont donné : eorum siquidem tpue hic quomodocumque fecistis esse aliquam satisfactionem convenit per ea quic sunt postea secu­ tura. Mélancolique constatation des résultats obtenus par le. concile’ Rome, de son coté, prenait parti dans la question. Le jour de Noël 131. le pape Célestln recevait com­ munication du choix de Maximien. l’approuvait, et parlait en termes très durs de l'hérétique Nestorius et de scs partisans. Une série de lettres rédigées le 15 mars 132 furent remises aux envoyés de Constan­ tinople. Jaffé, n. 385-388. Adressées au concile d’Éphèse. â l’empereur, à Maximien, nu clergé et au peuple de Constantinople, elles s’expriment en des tenues sensiblement analogues. Renseigné exclusivement par des membres du concile cvrillien (il n’est pas question des légats envoyés à Ephèse), le pape se réjouit de la bonne besogne faite au concile, est heu­ reux du remplacement de Nestorius, ce sacrilège », par un homme comme Maximien, trouve seulement que l’on aurait dû être plus sévère à l’endroit de l’ar­ chevêque déposé, son séjour à Antioche, où il vil honoré, ne laissant pas d'être un danger. De l’attitude «les Orientaux et de leur chef, il est à peine question; on les considère comme de vulgaires partisans de l'hérétique, que l’on recevra ù résipiscence s’ils veu­ lent s’amender : Antiochenum, si habet spem correc­ tionis, episcopum a vestra fraternitate volumus conve­ niri, ut nisi quic sentimus, senserit, novella blasphemia eodem exemplo scripta sua professione condemnans, intellegat de sc quoque Ecclesiam quod fidei nostra: respectus imperat, ordinare, Veron., n. 26. A. C. O..i, 2. p. 101. D’ailleurs la soumission de Jean serait bien facilitée par 1 éloignement de Nestorius.— Il est â peine besoin de faire remarquer que celte lettre de Célestln peut difficilement être considérée, du point de vue canonique, quoi qu'il en soit des conséquences théolo­ giques que l'on en peut lirer, comme une approbation en forme des décisions conciliaires. C’est seulement sur le vu des actes mêmes de l'assemblée qu’une telle approbation pouvait être exprimée; or nous avons déjà dit que Rome ignorera pendant un siècle encore la fumeuse lettre aux anathrmutismes, autour de laquelle roulait dorénavant le conflit entre Orientaux et Alexandrins. Célestln s’en tient toujours au point de vue de sa première sommation à Nestorius ; il ne sait pas que celui-ci y a obtempéré; il songe toujours aux nooellu blasphemia dont l'archevêque a été accusé en 129; d ignore tout du grave conflit théologique 120 qui s'est greffé sur l’incident premier; quand il mourra, le 27 juillet 132, il n’en aura pas encore eu connaissance. Pourtant, ce conflit était arrivé a ce moment-là même à son paroxysme. 17. oh/λϊ 7.1 t.V AT ô’.l/.V/’ ( Y MLLE. L'ACCOMi bE I JJ.- En somme, toute l’Égllsc de langue grecque était profondément divisée, divisée sur la question de la personne même de Nestorius, dont plusieurs s'obstinaient à ne pas reconnaître la déposition; divisée bien plus encore sur la question des ami théma­ tismes cyrilliens. C’est encore au gouvernement im­ périal que reviendra la lâche de réduire ce schisme qui devenait menaçant. Ie Premières tentatives pour reconcilier Antioche et Alexandrie, — Théodose, docile aux suggestions de Maximien. crut d'abord pouvoir recourir au pro cédé dont parlait la lettre du pape Célestin : amener entre saint Cyrille et Jean une entrevue dans laquelle le patriarche d'Antioche souscrit ait à la déposition de Nestorius, anathématiserait ses doctrines, moyen­ nant quoi Cyrille le recevrait ù sa communion. Vati­ cana, n. 120, A. C. Ο., I, 1. I, p. 3-5; Mansi, l. v, col. 277-280. C’était demander à Jean, sans aucune contre-partie, beaucoup plus qu'il ne pouvait accor­ der. Abandonner la personne de Nestorius, recon­ naître même que scs imprudences de langage justi­ fiaient sa déposition, le patriarche d’Antioche finira bien par y consentir; du moins, il exigeait que ce sacrifice considérable qu’il faisait au bien de la paix n'allât pas sans une compensation. Les imprudences de langage ne foisonnaient-elles pas dans les analhémalismes? Que Cyrille condamnât, ou tout au moins retirât ceux-ci, el peut-être lui passerait-on la con­ damnation de Nestorius. C’est ù cette solution moyenne que l’on aboutira finalement â la suite de négociations extrêmement ardues, mais qui appartiennent davantage à l’histoire qu'à la théologie. Elles furent conduites, au nom de l’empereur, par le tribun Arislolaûs, dont le nom re­ vient souvent dans les correspondances de ce moment. Rome, de son côté, où le pape Xyste III avait succédé à Célestin, s’y intéressait et écrivait dans un sens irénlque à l’évêque d’Alexandrie, Jaffé, n. 389-399, en même temps qu’elle sollicitait le vieil Acace εόν τέλειον, καί άνθρωπον τέ>χιον έκ ψυχής λογικής καί σώματος* προ αιώνων μέν έκ τού 11 ατρός γεννηΟέντα κατά την θεότητα, έπ’ εσχάτων δέ των ημερών τόν αύτον δΓήμάς. καί διά τήν ήμετέραν σωτη­ ρίαν. έκ Μαρίας τής Παρ­ θένου κατά την ανθρωπό­ τητα · όμοούσιον τώ 11 ατρί τον αύτόν κατά την θεό­ τητα, καί όμοούσιον ήμιν κατά τήν άνθρωπότητα. Δυό γάρ φύσεων ενωσις (lat. : unitio) ybfo>ic· διό ενα Χριστόν, ένα ΓΙόν, ένα Κύριον ύμολογούμεν. Comment Η faut prn*er et s’exprimer *ur Ir compte de la Vierge mère de Dieu, cl sur le mode de l’incarnation du Fil* unique de Dieu, nous allnn* le dire briève­ ment, n<»n dan* lr dessein de rien ajouter, mat* ieu et * rai homme compose d’une Ame raisonnable et d’un corp*, qu’il a été engen­ dré du Père avant tou* les temps quant a la divinité, cl quant A l’humanité qu’il c*t né de lu vierge Marie à la tin de* temp*, pour nous cl notre salut; qu’il est consubslanliel nu Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l’humanité. Cnr il s’c*t produit une union de* deux nature*, ntissi ne reconnaissons- nous qu’un seul Christ, un *cnl Fil*, un seul Seigneur. 123 NESTORI.US, L’ACCORD Λ cause de celte union Κατά ταύτηγ την της άσυγχύτου ένώσεως έν­ exempte de tout mélange, νοιαν όμολσγούμεν την nolis confessons que la sainte Vierge est Mère de Dieu, αγίαν 11 αρΟένον Θεοτόκον, parce que Dieu le Verbe 3ιά τό τον θεόν Λόγον s’est fat! chair, s’est fait σαρκωθήναι. καί έναν* homme, et s’est uni, depuis Ορωπησαι, και αυτής le moment do In conception, της συλλήψεως ενώσαι le temple qu’il n pris de εαυτώ τύν έ; αύτηε ληφ- celle-ci. En ce qui concerne les expressions évangéliques Οέντα ναόν. Tac δε εύαγ- et apostoliques relatives au γελικάς και άποστσλικάς Seigneur, nous savons «pie περί τού Κυρίου φωνάς, les théologiens emploient ίσμεν τούς θεολόγους ίν- les unes indistinctement, 8ρας» τάς μεν κοινοποιούν­ comme sc rapportant A une το^. ώς εφ* ενός προσώπου, seule personne (prnxôpon). τάς δέ διαιρούντας, ώς επί et distinguent les autres, qu’elles s’adressent δύο φύσεων· καί τάς μέν àparce l’une des «leux natures, Οεοπρεπείς (lat.: diviniores celles qui conviennent A atque altiores) 7.TÀ την Dieu, â la divinité du Christ, θεότητα τού Χριστού, τάς celles qui marquent rabais­ δε ταπεινάς (lat. : humi­ sement â l’humanité. liores) κατά την άνθρωπό· τη τα αύτού παραδιδόντας. Texte grec dans P. G., t. i.xxvn, col. 172 et 176; latin dans /*. t. î.xviii. col. 083. 2 Origine et signification. ► - Chose intéressante a signaler, et que l'auteur du Synodicon avait déjA notée, la partie essentielle de ce texte n’est pas autre chose que la profession de foi, émise à Éphèsc par le concile de Jean et transmise à l’empereur. En voici le texte, dans le latin du Synodicon : Illorum namque paucorum verborum recta· lidci (sc. m/πιΜ Vicani) confessio Miillcit et omnem luereticum errorem convincere et veritate volentes imbuere. Neque enim de his qua· ad l nigeniti divinitatem pertinent, prtedicta sanctorum fides Patrum huc atque Illuc ferri permi­ sit, sed consubstantialitatem pnrdlcans, inconcusse intellec­ tus fidelium prémunit. Arianam destruens luiTcsim, et (de) dispensatione integerrimos terminos tradidit, Inconvertibilitalein nos et immutabilitatem divinitatis l’nigeniti docens et non esse hominem purum Dominum nostram desum Christum, sed revera Hilum Dei credi praecipiens, consona divinis sanetisque Scripturis. Vnde et nos illa sequentes, fidei quidem confessi on isqu e expositioni neque adjicimus ^uicquam neque subtrahimus, sulllcicntc ad omnia expositione paterna; quoniam vero, imperatores piisslmi, præcepistis post hunc assensum inviolabilis fidei et de sancta et Dei genetrice virgine innotescere nos vestra· insuperabili pietati.... et hoc a Deo auxilium postu­ lantes (ultra hominem namque est de talibus disceptare), innotescimus pietati vestra·. <|ua* sumus ex divinis Scrip­ turis edocti, non quasi contra incomprehensibilia quod­ libet audentes. >ed confessione propria· infirmitatis his qui contra no» temptant assurgere, pratttaudentes in quibus illa «|ua sunt ultra hominem, (disceptamus]. Les considérants de ce long préambule sont encore reconnaissables dans le texte plus court de 133: outre les longueurs, on en n finalement éliminé les allusions qui auraient pu paraître désobligeantes, en parti­ culier le rapprochement avec l’arianisme de la doctrine que l’on prêtait (de manière fort injuste d’ailleurs) â saint Cyrille. La profession de foi proprement dite recouvre très exactement relie de 133 : Confitentur igitur Dominum nostram Jcsum Christum, filium Del unigenitum, Deum p< r fee Ium et hominem perfec­ tum « x animn ratlomdi el corpore, ante sæculn quidem ex Patre nutum serendum deitatem. In fine vero dierum eun­ dem propter nos et propter nostram salutem de Maria vir­ gine '«eundum humanitatem, consubstantialem Patri eun­ dem secundum divinitatem rt consubstantialem nobis se­ cundum humanitatem.Duarum vero naturarum unitio facta est. propter quod unum Christum, unum Dominum, unum l'ilium confitemur. Secundum hunc inconfusa· unionis intellectum confitemur sanctam Virginem Dei genetricem, propter quod Deus Verbum Incarnatus est et Inhumanatus et rx ip*.i conceptione siblmrl unlit templum quod ex DE 4 33 124 Ipsa suscepit. IFire a deiloqiiK viris edocti, cvangcllslh, apostolis atque prophetis et his qui per singula tempora pia· fidei fuere doctorcs, nos quoque exposuimus in brevi capitulo. Synod., n. 105(17), .1. C. O., I. I. p. 56-57; P. (λ, I. ιλχχπ, col. 608-009. Lu finale du texte de 131, coniine on peut le voir aisément, a été transformée dans le document de 133, et a donné naissance à un paragraphe nouveau sur la répartition entre les deux natures du Christ des expressions scripturaires. Ce développement vise, A coup sûr, le I* anathématlsme cyrillien, qui semblait interdire de diviser entre deux hypostases (au sens de natures) les termes scripturaires relatifs aux opé­ rations du Christ. Celte addition est de considérable importance. Plus remarquable encore est le fait que les Orien­ taux aient exigé que saint Cyrille reconnût la légi­ timité de l'expression ναός ληφΟείς, pour désigner l’humanité assumée par le Verbe divin. Le 11· anathématisme s'était élevé contre celte manière de parler. Enfin,la reconnaissance très explicite de l’union des deux natures était aussi, de la part de Jean, une exigence d’importance cl tout A fait caractéristique. Si l'on ajoute à ces considérations, tirées de l’origine et du contenu du symbole soumis à la signature de Cyrille, le fait qu'au dire de Liberatus le texte en avait été délibéré dans une réunion tenue A Antioche (réunion A laquelle Théodorel ne pouvait manquer d’assister), on ne pourra qu'applaudir au sens théo­ logique et A l’énergie dont Jean lit preuve en celte circonstance. . 3. Acceptation du formulaire. Semblablement, il faut louer sans réserve l’esprit de conciliation que montra saint Cyrille dans la discussion de ce projet de traité. Sans doute les choses n'allèrent-elles pas avec la belle rapidité dont parle Libéral us : In quant urbem ( Alexandriani) veniens Paulus, écrit-il, cl gra­ tissime a CtjriUo susceptus est, et sine difficultate vel con­ tentione, ut a multis putabatur, memoratam fidem Orien­ talium suscepit episcoporum. Hreviar., c. vin : P. L., I. lxviii, coi. 983 I). Retardées par une maladie de Cyrille, les négociai ions semblent avoir traîné plusieurs mois et avoir obligé Paul A un voyage A Antioche. Plusieurs lettres intéressantes échangées A ce sujet entre Cyrille et Acacc de Bérce, Cyrille et Jean, figu­ rent dans la Coll. Atheniensis el ont été publiées pour la première fois par E. Schwartz, n. 95, 107, 108. 115. 116. Tout finit par s’arranger. Au printemps de 133. Paul d’Émèse apportait A Antioche la fameuse lettre Lælentur cœli, rédigée par l’évêque d’\lexandrie, et qui constatait l’accord entre les deux grands sièges sur les questions de doctrine. Cyrill. epist., xxxix. P. (t., I. I.XXVH, col. 173-181: coli. Vaticana, n. 127, A. C. Ο., i, 1. I, p. 15-20; pour les diverses versions anciennes, voir p. 15. La célèbre lettre, en efTet, après quelques mots de préambule écartant les pénibles incidents des années passées, se félicitait en termes magnifiques G. t IXWII. col. 221'228; Valicana, n. 132^ l’occasion des troubles antérieurs; une pacification 127 NESTORIUS, L’ACCORD A. C. O.. i, 1, l,p. 35-37; fragments aussi (fans Libe­ ratus. Voir aussi la lettre â Valerianus <ΓIconium, ι Epist., i., col. 256-277; Vaticana, n, 119, .1, C. O., ' 1. 1. 3, p 90-101; fragments dans Liberatus; version : syriaque publiée par Bedjan. Les deux lettres à Succensus, évêque de Diocésaréc en Isaurie, curent aussi, plus tard, leur célébrité. Epis!., xlv et xlvj, col. 228-237, 237-215; Vaticana, η. 171-172, A. C. ()., j î, 1, 6, p. 151-157, 157-162. Mais il faudrait citer | presque toute la correspondance de celle époque; les mêmes arguments y reviennent d'ailleurs, avec les mûmes textes scripturaires et les memes explica· lions historiques. Dans les territoires ressortissant à l'autorité de Jean d’Antioche 11 ne manquait pas non plus de cyrilliens oulrancler», peu disposés à suivre l’esprit de conciliation de leur chef et à accepter les tonnes de r.lr/e d'union. A Antioche mémo, l'apollimirismc n’as ail pas dit son dernier mot, et si le mal n'éclata avec toute sa virulence qu'après le concile de Chalcédnine, le monophysisme, nouvel avatar de la vieille hérésie, comptait, dans les milieux monastiques surtout, de nombreux partisans. Dès 133, un diacre, Maxime, sc faisait remarquer par son intransigeance, et refusait la communion de son patriarche; un schisme était possible. Alarmé pour le succès de l’union si péniblement rétablie, Cyrille écrivit à deux reprises â Maxime pour le prier de modérer son zèle. Epist., isn, i.vin, col. 320-321. 2. Difficultés de Jean avec les partisans de .\ es to­ nus. - Tandis que Cyrille s'cÎTorçait de contenir ^immense armée des monophysilcs, qui se vantait de l’avoir pour chef » (Batiffol, Littérature grecque p. 309), Jean, de son côté, était aux prises avec les résistances des amis de Nestorius. Nombreux cn effet étaient les évêques du diocèse d’Oricnl qui n’admettaient point, aussi aisément que leur patriarche, la déposition de l'archevêque de Cons­ tantinople. Dans leur résistance, ils étaient fortifiés cl par les liens de l’amitié et par le sentiment de l’hon­ neur et aussi par des considérations d’ordre doctri­ nal. A eux aussi il apparaissait, clair comme le jour, qu'il n’y avait pas de différence perceptible entre le symbole d’union et les doctrines qui avaient motivé la déposition de Nestorius à Éphèsc. Ils consentaient bien à passer condamnation sur les analhémalismes cyrilliens puisque au fait, l’Égypticn % comme ils disaient, les avait suffisamment retirés en souscri­ vant le symbole anliochien; ils consentaient à ne pas faire état de la déposition prononcée contre C) rille et sanctionnée par l'autorité Impériale, mais ils ne comprenaient pas comment Nestorius ne béné­ ficiait pas de la même amnistie. Or, en exécution des promesses faites par Jean à Cyrille, ils se voyaient contraints par leur patriarche à analhématiser leur ami! (’.es sentiments s’expriment au mieux dans une lettre de Théodoret â Jean d’Antioche, Synod., n. 183 (95), A. C. O., i. I, p. 131; P. G., I. i.xxxiv, col. 709. Avec un certain nombre de ses collègues, l’évêque de C.yr u pris connaissance des conditions de la paix entre Antioche et Alexandrie, il enregistre avec satisfaction les concessions doctrinales faites par Cyrille : Qua· nutem nunc In epistula (Cyrilli) continentur, clare nobilitate evangel Ica decorantur. l*nedlcatur namque In ris Dm* et homo perfectus Dominus noster Jesus Christus et dur natura? curumqur different ia et unitio inconfusa, non quasi per liquidorum in invicem mixtionem coagulummtunive fermenti, sed Ineffabiliter el dcodcccntcr effecta r l qu.»· naturarum proprietates integra» conservavit, cl impassibilis quidem Deus Verbum atque inconvertibilis, ii sii'f.i m vero passibile ac morti ad modicum traditum rt iv*u.scitatum rursus uniti Del virtute. Spiritu·» quoque Minctus nun rx Lilio aut per Lilium habens subsistentiam DE 4 33 128 (allusion les plus excités, avaient rompu la communion avec leur chef hiérarchique. Mais toutes ces négociations laborieuses sont plus affaire d’histoire que de théo­ logie. Il faut pourtant citer la curieuse lettre écrite par les deux métropolitains de Tyane et de Tarse, Euthérius et Helladius. au pape Xyste HL Le bruit avait couru, dans leurs lointaines provinces, que le nouveau pape était revenu des préventions de son prédécesseur Célestbi contre le malheureux Nesto­ rius. Avec une naïve confiance, les deux évêques, après avoir fait une narration sommaire des événements qui s’étaient déroulés depuis la publication par Cy­ rille des anathématismes jusqu’à la signature de l’accord de 133. supplient avec larmes le pontife suprême d’intervenir, de faire une enquête sur tout ce qui s’est passé, cl de prendre en conséquence des mesures de réparation. On ignore si le pape cul connaissance de cette Jettre vraiment touchante. Synod., n. 205 (117), p. I 15-1 18; P. (i., col. 727-731. Harcelé par les impérieuses demandes de saint Cyrille, qui entendait bien que tous les subordonnes de Jean signeraient personnellement la condamna­ tion de Nestorius, le patriarche d’Antioche ne vit plus de recours que dans le bras séculier. 3. Mesures de rigueur prises contre Nestorius et ses partisans. — · Le 12 avril 431, le remplaçant de Nes­ torius sur le siège de Constantinople était mort. Les partisans nombreux que l’archevêque déposé avait conservés dans la capitale s’agitaient. Coacervala multitudines m multis partibus civitatis AVl. Tlll-.Ol.. catii. DE LA CRISE 130 avoir des conséquences d’importance. Elle achevait de classer officiellement Nestorius au rang des héré­ tiques. El. quant à réviser les considérants de cette sentence, il ne faudrait bientôt plus y songer; la pres­ cription de rechercher el de détruire les écrits de l'hérésiarque ne resta pas lettre morte, 17/. A777>n,/A la. /,.<(/./ />/οΛϊ/ \ΛΑ. J.CS mesures impériales que nous venons de signaler, auraient dû marquer la fin de toutes ces agitations doctrinales. Il n’en fut rien. L'Acfe d’union avait, au point de vue ecclésiastique, déterminé les contours des positions admises par tous; l’autorité de l’em­ pereur avait éliminé la personne de Nestorius el de scs amis les plus remuants. Mais cette dernière ma­ nifestation. plus bruyante, fut celle qui frappa da­ vantage les esprits. Beaucoup l’interprétèrent comme une victoire définitive de la christologie cyrillicnne, victoire qui reléguait dans l’ombre le succès remporté cn 133 par les Antiochiens. Saint Cyrille d’une part, avec scs partisans de sens orthodoxe, voulut pousser â fond ses avantages cl faire condamner les anciens docteurs de l’école antiochicnne. D’autre part, des gens (pii interprétaient en des sens plus ou moins suspects, plus ou moins douteux, les formules cy­ rillicnne!*. n’hésitèrent pas à s’abriter sous l'autorité du patriarche alexandrin pour développer des doc­ trines hétérodoxes. Esquissons ce double mouve­ ment qui forme l’épilogue de la crise nestoricnne et prépare l’éclosion de la crise monophysitc. 1° Lutte des cyrillie ns contre les anciens docteurs antiochiens. - - On a déjà fait remarquer que Nesto­ rius ne faisait cn somme que reproduire, trop sou­ vent avec l’approximative exactitude d’un orateur, les doctrines de Diodore de Tarse et de Théodore de Mopsuestc, les deux grands théologiens de l’école antiochicnne. Au cours même de la lutte entre saint Cyrille et Nestorius, ces deux noms ne furent pas jetés dans le débat. 11 en fut autrement après l’édll impérial pros­ crivant les livres de Nestorius. Au dire de Liberatus, qui présente de cette nouvelle campagne une narra­ tion un peu schématique mais exacte dans l'ensem­ ble. Hrciùar.. c. x. P. L., t. lxviii, col. 989 sq., la pros­ cription impériale amena la mise cn circulation par un certain nombre d Orient aux des livres composés par Diodore de Tarse et Théodore de Mopsuestc contre Eumonius cl Apollinaire. Comme ceci sc pas­ sait aux confins dot pays de langue arménienne et de langue syriaque, il en fut fait aussi des traductions cn ces idiomes, qui passèrent les frontières de l’em­ pire romain. Chose plus grave, continue Libéralus, ces propagandistes s’efforcèrent de faire prévaloir l'opinion qu'en réalité Nestorius n’avait rien innove, mais n’avait fait que reproduire la doctrine de ces Pères, universellement vénérés. En réalité, le phénomène de diffusion, en Arménie, de la littérature antiochicnne est d’ordre plus général que ne le pense Libéral us. C'était le moment où Mesrob (voir ce nom) se mettait en tète de doter sc patrie de la culture qui lui manquait, et entrepre­ nait la traduction de nombreux ouvrages ecclésiasti­ ques grecs. Il était tout naturel que des œuvres aussi considérables que celles des évêques de Tarse cl de Mopsuestc s'imposassent à son attention. Mais il y avait pour veiller sur cette diffusion de la littérature suspecte les deux évêques de Mélitène et d ’Edcsse. Acacc dont nous avons déjà parlé, col. 113 cl 126. et Habbula. rallié depuis peu à la théologie cyrillicnne, mais très ardent à la défendre. Ils écri­ virent aux évêques d’Arménie de ne point recevoir les écrits de Théodore, un hérétique, (lisaient-ils. el le vrai père du nestorianisme. Cn synode arménien sc réunit, qui décida d’envoyer à Proclus de Constan· 5 131 NESTORHS. ÉPiLOGl E linople deux prtlrcs, porteurs IttracUde, p. 330-331. 111. La pensée de Nestorius. C’est de tous les éléments contenus dans la longue histoire qui pré­ cède qu’il est indispensable de tenir compte, si l’on veut essayer la rapide synthèse de ce qu’enseignait, de ce que pensait Nestorius. Nulle part, peut-être. Γhistoire n’est un guide plus nécessaire. Nulle part la simple dialectique ne se montre plus insuffisante. D’autant plus décevante serait-elle qu'elle aurait toujours la tentation de confronter les expressions de l’archevêque de Constantinople, avec la théologie qui n’a élé définitivement élaborée qu’assez longtemps après sa mort. A la vérité, cette comparaison s’impose a un moment ou â l’autre, mais, en toute justice, elle doit venir à la tin d’une étude de ce genre, et elle doit s’imposer aussi aux concepts, aux expressions contre quoi bataillait Nestorius. i 136 Celle remarque préliminaire était indispensable, car il est peu de questions qui aient clé aussi em­ brouillées que celle-ci; il en est peu qui soient plus difficiles a résoudre. II est des chefs de secte dont la pensée s’exprime avec une redoutable clarté; sur l’idée de fond d’un Arius, d’un Luther, il ne saurait y avoir d’hésitation : Habemus confltenlcm réuni. C'est tout le contraire qui se passe ici; pour tenter de dé­ couvrir la vérité, nous devrons entendre d’abord les témoins (pii s’expriment sur le compte de l’accusé. Nous pourrons ensuite confronter ces dépositions avec ce que celui-ci a exprimé lui-même; celle audi­ tion terminée, nous aurons à nous demander ce que (’Église a entendu condamner dans Neslorius. Nous nous limiterons d’ailleurs, en tout ceci, à la question christologique. /, APPRÉCIAI/UNS bt VERGES TES PORTÉES SIR LA C/iRtS/OLpiHE DE NES TORT t s — Écoutons successi­ vement les adversaires de Nestorius, puis ceux qui, après s’être déclarés scs amis, ont fini par l’aban­ donner et même-par l’anathémaliser. 1· Les adversaires de Nestorius. Ils sont à cher­ cher ctans deux camps divers, d’une part chez les orthodoxes (pii ont vu une opposition plus ou moins profonde entre les expressions de l'archevêque de ('.onstantinople et les principes fondamentaux du christianisme, d’autre part chez les monophysites qui, chose étrange, unissent Neslorius et les catholi­ ques dans une même condamnation. 1. Parmi les orthodoxes. Dès les débuts du mi­ nistère de Neslorius à ('.onstantinople. Eusbbe (le futur évêque de Dorylée) a porté contre celui-ci la plus grave accusation, en établissant un redoutable parallélisme entre certaines des propositions de l'ar­ chevêque et les propositions condamnées en 268 chez Paul de Samosate. Voir col. 93. On notera ipi’Eusèbe ne peut être suspecté de monophysisme, comme le montre la vigoureuse action menée par lui vingt ans plus tard contre Eulychès. Col. 133. Son témoi­ gnage est donc à retenir, tout au moins comme l’expression du trouble qu’a *pu causer, dans cer­ taines Ames de bonne foi, l’application systématique de Neslorius A distinguer dans la personne du Sau­ veur ce qui revenait à l’homme, ce qui revenait au Dieu. Le rapprochement avec Paul de Samo­ sate, d’ailleurs, n’éclaire pas de manière suffisante la christologie de Neslorius: on est trop mal renseigné (el sans doute ne l’élall-on guère mieux au début du v· siècle) sur ce qu’a été, très au Juste, la doctrine trinllaire el christologique du Samosaléen. Voir art. P a ut. de Samosate. Contemporaines de celles d Eusèbc de Dorylc'c, les accusations portées par saint Cyrille n’ont pas tout â fait le même caractère Os accusations, il faut les chercher dans tous les traités cyrilliens occasionnés par la controverse; plus spécialement dans les deux premières lettres adressées à Neslorius. col. 96. cl aussi dans la lettre A Acace de Mélilène, col. 126. Celte dernière est particulièrement importante, puisque saint Cyrille s’y efforce de tracer une démar­ cation profonde entre la christologie de l’Ac/r d’union, col. 122. el l’hérésie <1? Neslorius. Ce que le patriarche d’Alexandrie voit dans les textes de son adversaire (pii onl passé sous ses yeux, c’est le renouvellement de la doctrine des deux Fils, des deux Christs, qui avait déjà élé condamnée A la lin du iv siècle, soil en Orient, soil par le pape Damase; c’est l’idée de l’association simplement morale de deux indivi­ dus (de deux personnes) entièrement distincts, dont l’un est simplement mû par l’autre, un peu à la ma­ nière dont les prophètes étalent mus par l’Esprit de Dieu. En d’autres termes, le témoignage de Cyrille rejoint A peu près, mais à peu près seulement, celui 137 NESTOHIUS. JUGEMENTS PONTÉS SI B d’Eusèbc; il est d’un homme de très grande péné­ tration thcologique, très habile à dépister les formes les plus variées d’une erreur, très peu enclin à sc laisser payer de mots. Il serait donc d’un poids consi­ dérable, n’étalent deux circonstances qui en dimi­ nuent l'autorité, (.vrille, dans l’alïalre de Nestorius. est un passionné: des questions personnelles el admi­ nistratives se sont mêlées chez lui aux questions dogmatiques et ont pu troubler quelque peu la séré­ nité de ses appréciations. Voir col. 95. 96. De plus il s’est crée une terminologie et même une théologie qui lui est. jusqu'à un certain point, spéciale, el il a tendance a juger des expressions d’autrui en les rapportant à ses propres schémas, considérés par lui comme répondant de tous points au donné révélé. Voir col. 193. Marius Mercator a assisté personnellement au premier éclat des discussions constantinopolitalnes. Il a relevé dès l’abord la parenté entre renseignement de Neslorius et celui de Théodore de Mopsueste, contre qui il est très animé à cause de ses accoin­ tances avec le pélagianisme; il croit aussi â une res­ semblance. n’excluant pas quelques divergences, entre Neslorius et Paul de Samosate. cl caractérise finale­ ment la christologie de l'archevêque comme un franc adoptianisme, dans lequel la question des mérites joue un rôle capital. Voir G’o/L Palat., n. 18. .1. C. O., î. 5. p. 28; Baluze, p. 50-51; cf. ci-dessus, col. 79. Mercator est un piètre théologien: sa phobie du péla­ gianisme lui a fait établir des généalogies doctrinales absolument fantaisistes. Son témoignage dans l’af­ faire ncsiorienne est donc de peu de poids, mais il a contribué à influencer les Occidentaux. L’Occident a connu toute l’affaire ncsiorienne par des renseignements trop incomplets, pour que l’on puisse lui demander une appréciation de la doctrine de· Nestorius propre à nous éclairer sur celle-ci. Il est pourtant nécessaire d’entendre les témoins occiden­ taux, pour avoir une idée approchée de ce que l’Église latine a appelé le * nestorianisme ». Leur connaissance de la christologie ncsiorienne leur vient en grande partie de Cassien, dont nous avons eu l’occasion d’analyser de près le témoi­ gnage. col. 99 sq. L’on ne peut établir de manière absolue que le pape Célestin ait eu en main le rapport de Cassien. avant de lancer son ultimatum de 130; mais celle hypothèse reste très vraisemblable. La con­ viction du pape s’est faite aussi d’après les extraits de sermons de Nestorius. envoyés cl traduits par le patriarche d’Alexandrie. Le rejet du Theotokos a semblé a Célestin impliquer de la part de Nestorius la négation de la divinité de Jésus-Christ ou. tout au moins, la doctrine «les deux Christs, contre laquelle l’Églisc romaine avait protesté au temps de Damase Mais celte appréciai ion de Célestin dépend très intimement des suggestions cyrilliennes. Du moins convient-il de remarquer que l’ultimatum romain ne reprend en Neslorius aucune théorie d’ordre méta­ physique» ne lui impose non plus l’admission d’aucune lessère d’orthodoxie où entreraient des termes em­ pruntés au vocabulaire philosophique. Col. 102. Pour ce qui est d’une appréciation de la doctrine de Neslorius. fondée sur l’histoire des événements (pii se sont déroulés à Éphèse et qui onl abouti à l'accord de 133. il faut renoncer à la demander aux Occidentaux. Ils ont ignoré longtemps les anathématlsmes cyrilliens. voir col. 89. n’ont pas compris le sens exact de l’insurrection de Jean contre les pré­ tentions alexandrines, et seuls ces événements donnent la clef de la doctrine de Nestorius. Sur toutes ces tra­ gédies successives, ils n’ont été renseignés que de manière unilatérale. Seule, la lettre des deux évêques de Tyano et de Tarse, col. 128. aurait élé de nature LUI 138 ü faire entendre un autre son de cloche; il ne semble pas qu’elle ait jamais été reçue à Home. On comprend des lors que saint Léon, qui proclame dans son Tome à Flavien une doctrine a laquelle Neslorius déclare se rallier, col. 131 cl 135. n’ait que sévérités pour le condamné d’Éphèse. Voici comme il expose aux évêques des Gaules, au lendemain de Chalccdoinc, l’hérésie de l'archevêque déposé : A'estorlus non est toleratus affirmans beatam Mariam hominis tantummodo fuisse genitricem qui postmodum sit a Verbi deitate susceptus, duabus scilicet personis distinctis atque divisis, ut non esset filius hominis qui filius Dei; neque unus Christus in utraque natura, sed alter sempiternus ex Patre, alter temporalis ex matre... Ergo Nestorius in suo dogmate exsecrabilis fuit. Epist., at, 3; P. L·., I. liv, coi. 986. Comparer ce qui est dit plus en bref dans la lettre a l'ulchérie : Nestorius in uno Domino nostro Jesu Christo duas ausus est pnedi· care personas, Epist., CXXITI, coi. 1OC>1 B; cf. aussi Epist., cxxtv, 2. coi. 1063 A; ci.xv, 2, coL 1157 A. etc. C’est d'après ces textes que se formera le concept désormais classique du nestorianisme ·. 11 est inutile de pousser plus avant l’audition des témoins occidentaux; d'une investigation méthodique il ressortirait, nous semble-t-il, que leurs declara­ tions relatives au nestorianisme dépendent deCassien soit directement, soit indirectement par l’intermé­ diaire de saint Léon. La querelle même des Trois· Chapitres n’a amené personne a vouloir réviser les appréciations reçues. Tous ceux qui se sont portés défenseurs des Trois-Chapitres (et Dieu sait s’ils furent nombreux) n’ont ru qu'un souci : dégager Théo­ dore de Mopsueste. Théodore!, Ibas de toute accoin­ tance avec le nestorianisme. Le Synodicon de Rusticus, voir col. 87. est dans ce genre le plus remarquable exemple de démonstration paradoxale que connaisse l’histoire littéraire. 2. Monophysites. Il pourrait sembler, de prime abord, que leur témoignage va corroborer celui des orthodoxes. \vec quelles outrances ils protestent contre Neslorius. ce Juif, qui nie la divinité de JésusChrist. qui coupe en deux l’unité de son être! Voir sur­ tout les interruptions, au coursdu Ilr concile d’Éphèse de 119 où ils onl la majorité, les imprécations contre le condamné de 131 el ceux que Ton soupçonne, à tort ou à raison (Théodore!, Ibas, d’autres), de connivence avec lui. Mais, à y regarder de plus près, on s’aperçoit que leur accord avec les orthodoxes dans l’appréciation de Neslorius est purement extérieur. Lors de son procès a Constantinople devant Flavien en 117. Eulychès s’étonne que l’assemblée veuille lui imposer une pro­ fession de foi ncsiorienne (celle des deux natures), une doctrine qui a élé condamnée â Éphèse comme étant celle de Neslorius. Et, comme Eusèbc de Dorylée. l’ac­ cusateur, prétend que l’archevêque n’a pas élé déposé pour avoir confessé les deux natures, mais pour avoir renouvelé l’hérésie des deux Fils, des deux Christs. Eulychès s’écrie : Tu mens a son sujet; car vous pensez comme lui et vous prétendez que ce n’est pas de lui. Car Nestorius a crié des milliers de fois : Je ne dis pas deux Fils, j'en dis un seul; ie dis deux natures et non deux Fils, car le Fils de Dieu est double quant aux natures... Ce n’est donc pas parce qu’il disait simple­ ment deux tils, ni parce qu'il disait que les natures n'élaient pas unies (car il parlait de leur union), qu’il a élé condamné, mais parce qu’il prétendait que, même après l’union, il y avait deux natures, que le I ils était double en natures, et que l’union avait lieu en une personne (prosôpon) el non en une nature. Et vous aussi, vous en dites autant. » Heraclide, p. 297. On peut épiloguer sur l'authenticité de ce propos, rapporté par Nestorius; il est peut-être un de ces ! 39 NESTORIUS, JUGEMENTS PORTÉS SUR LUI mois historiques forgés après coup, mais souvent plus vrais que l’histoire authentique. Celui-ci ramasse admirablement ce que les monophysltcs de toute nuance ont pensé de Nestorius. el de ses rapport savcc l'orthodoxie chalcédonlcnne. Depuis In première comparution d’Eutychès jusqu’aujourd’hui, les monophysites n’ont cessé d’identifier la christologie de Nestorius cl celle que proclamaient le Tome de Léon cl la delinit ion de (’.halcédoinc. Le concile · maudit ». ont-ils déclaré dès la première heure, a anathematise la personne de Nestorius el canonisé sa doctrine. Polir massive que soit celte déposition, pour passionnée qu’elle se révèle, elle doit figurer au dossier de l’af­ faire Il appartiendra à la sagacité des critiques d’y percevoir l’âme de vérité qu’elle peut contenir, et d’en faire élat dans la mesure convenable. 2· Jzs «mw de Nestorius. - Originaire de la région anliochicnne. en relation de bonne heure avec les plus remarquables des personnalités ecclésiastiques du • diocèse · d’Orienl, Nestorius a compté parmi elles, avec quelques amis, un bon nombre de partisans. Tout ce monde, héritier de la pensée et de la doctrine des maîtres de l’école d’Antioche. Diodore de Tarse et Théodore de Mopsuesle. professe une christologie dont les éléments essentiels, débarrassés de certaines formules très fâcheuses, cl surtout de cer­ taines comparaisons particulièrement regrettables, se retrouvent dans la doctrine ofliclellede Γ Eglise. Nous avons dit. col. 123. les origines cl la signification de l’.trfr d'union de 133: nous avons montré comment le Tome de Léon sc rapproche beaucoup de cotte pro­ fession de foi. col. 133. Meme après les interminables querelles autour des Trois-Chapitrcs, la mémoire de Théodore! demeure respectée dans ΓÉglise el. si le V· concile a condamné celles de scs productions lit léraires qui attaquent saint Cyrille, il n’a pas mis en cause l’orthodoxie générale de sa doctrine. Or. que pensent nos « Orientaux de la doctrine de Nestorius? Jean d’Antioche, des le premier éclat, a trouvé que l’archevêque a eu bien tort de soulever, de la manière qu’il l’a fait, la question du Théotokos; il lui conseille la modération, lui représente que l’em­ ploi du mot litigieux n’a rien que de défendable, qu’entendu correctement, il correspond en somme a la pensée même de Nestorius. Jean ne doute pas de l’orthodoxie de son collègue. Dès qu’il a connaissance des anal hématlsmescy cillions, Il est d’accord avec l’ar­ chevêque de Constantinople pour les déclarer Irrece­ vables, il en presse la réfutation, en poursuit la con­ damnation. n’aura de cesse que Cyrille ne les ait. sinon désavoués, au moins expliqués. Comment pourrait-il condamner dans son ami le fait de les avoir rejetés? Pourtant le patriarche d’Antioche a fini par abandonner celui-ci; plus que cela, il l’a anathématisé et, au risque de provoquer le schisme dans son ressort, il a exigé de ses suffragant s, de Théodorel lui-même, pareille condamnation. Et ce dernier, malgré scs premières déclarations, malgré son amitié sincère pour Nestorius. s’est finalement incliné, bien avant d’y être contraint par le concile de Chalcédolnc Ce qui est arrivé pour Théodore! est arrivé pour beaucoup d’autres: on a vu fondre peu â peu. comme neige au soleil, le chiffre d’abord Imposant des défenseurs de Nestorius; une quinzaine seulement lui resteront fidèles Jusqu’à la déposition. Jusqu’à l’exil. Cet aban­ don du condamné de 131 par ses plus chauds parti­ sans, par quelques-uns de ses meilleurs amis, est chose considérable. SI grande que l’on fasse la part qui revient dans cet abandon à l’action E NESTOltt t s b'APRÈS SRS PROPRRS fientTS. - Remarques préliminaires. La médiocre conservation de l’œuvre de Nestorius est un obstacle considérable à une étude vraiment objective de sa pensée. En dehors du Livre d*liéraclide (lequel lui-même ne laisse pas toute sécurité), il ne I subsiste guère que des fragments misérables, cités · en forte proportion par des adversaires, qui ont pu. 141 NESTORIUS, EXPRESSION SPONTANÉE «le la meilleure foi du monde, déformer la pensée de l'auteur. Du moins celle circonstance permet-elle de conclure que les passages recueillis sont vraisem­ blablement les plus criminels. SI Nestorius avail quelque pari exposé de manière parfaitement claire l'adoptianisme qui lui a élé attribué, ccs passages, sans aucun doute, figureraient au dossier. Pour rechercher la pensée de Nestorius, deux pro­ cédés s’offrent a l’esprit, l’un plutôt historique, l’autre plutôt dialectique; ce dernier consisterait à exposer d’abord le système philosophico-! héologlque du condamné d'Ephèsc, eUï discuter le sens des termes métaphysiques employés par lui; on comparerait ensuite ô ce système les exposés, plus ou moins ora­ toires. qu’il a faits de sa pensée. Ce procédé, com­ mode peut-être, présente des inconvénients qui sau­ tent aux yeux. Il ne faut pas oublier que l'archevêque de Constantinople est avant tout un orateur; l'affaire nestorienne a pris naissance à partir de manifes­ tations oratoires, cl c’est en des recueils de sermons qu'on a trouvé la preuve de son hétérodoxie. Ce n’est pas en des compositions de ce genre que sc développent d'ordinaire les théories métaphysiques. Celles-ci seront rédigées plus lard, dans un livre à tendance apologétique, ou l’auteur s’est efforcé de raccorder, tant bien que mal. ή l’expression spontanée de sa pen­ sée les concepts ontologiques qui lui étaient sous· jaccnts 1* Expression spontanée tie la pensée de Xestorius. I. Ce qui Va provoquée. Les manifestations ora­ toires de Nestorius n’ont pas eu lieu sans motif et par simple besoin déparier. Elles sont une protestation contre certaines tendances qu’il croit percevoir dans son nouveau champ d’action. Dans scs deux lettres au pape Célcstin, ci-dessus col 99, dans celle a Jean d’Antioche. col 92. l’archevêque parle d’erreurs christologiqucs graves qui sc sont révélées à lui. Nous avons d’autant moins le droit de contester ses dires que, dans les années qui suivirent sa chute, il s’est manifesté dans les milieux visés par lui une très réelle hétérodoxie. Nestorius ramène à deux tendances les erreurs en question : arianisme, apollinarismc; simple schématisme provenant de l inconsciente ten­ dance d’étiqueter, à l’aide de vocables historiques, les erreurs que l’on remarque autour de soi. En réalité, dans les cercles monastiques visés par l’archevêque. l’arianisme n’avait aucune chance de trouver audience. Ce que Nestorius veut dire, c’est que des expressions, comme celles de Deus temporatiler natus, de Deus passus que Γοη y employait cou­ ramment. s’apparenteraient logiquement cl extérieure­ ment aux concepts ariens du Verbe produit dans le temps, et ne possédant pas toutes les perfections de l’absolue divinité. Il ne semble même pas que la critique de l’archevêque ail visé une conception (rap­ pelant plutôt, d’ailleurs. Marcel d'Ancyrc qu’Arius), suivant laquelle le Logos n’aurait pris définitivement hypostase que par sa naissance dans le temps. Ainsi il faut écarter de la pensée de Nestorius la crainte d’un réel péril arien. Pour ce qui est de l’apollinarisme. c’est autre chose. Sans doute, nul ne se rencontrait à Constantinople qui osftl expressément nier l’exls lencc en Jésus d’une âme humaine raisonnable et, d’une manière générale, de tout ce qui constituait l’humanité. Mais d ne des ait pas manquer de gens qui concevaient de manière assez confuse el l’exis­ tence de celte Ame humaine, et surtout la réalité de ses opérations, qui, sans y voir malice, attri­ buaient en gros au Bon Dieu ». sans autre souci «le précision, tout ce qui était dit de Jésus; ces personnes pouvaient bien avoir aussi une manière A elles de dire que Jésus n’était pas un homing comme les antres qui ne laissait pas d’inspirer quelque soupçon. | DE SES IDÉES I 42 Tout cela était-il de bien grave conséquence? On peut en douter. Tant que cela ne sortait pas des milieux populaires ou monastiques, ne pouvait-on passer condamnation sur Jr vague des termes em­ ployés, lesquels ne devenaient inexacts que par des raffinements de précision? Persuadé pour sa part que < cet à peu près constituait un danger, l’archevêque veut inculquer au populaire le sens des distinctions élaborées par la théologie anliochicnne. Sur celte dernière nous reviendrons aux articles Théodore de Mopsvesti. el Thkoooket; on ne cherchera donc ici que les Irait s essentiels. 2. Point de départ. Dans sa lutte si justifiée contre l’apollinarisme. l’école anliochicnne s'est appliquée, non sans succès, à n’user qu’à bon escient des divers noms qui peuvent s’appliquer à Jésus. Dieu et homme tout à la fols. Des mots comme Dieu. Verbe et les qualificatifs qui s’y rapportent ne doixcnl être employés que quand l’on considère en Jésus ce par quoi il dépasse infiniment l’humanité. Des noms comme celui de · grand-prêtre . par exem­ ple. des qualificatifs comme ceux de souffrant ». de mourant ne peuvent s’appliquer à lui que si Ton considère ce par quoi il nous est semblable en lout, hormis le péché ·. Il est au contraire des expressions mixtes. Christ, Fils de Dieu. Seigneur. Sauveur qui peuvent tout aussi bien faire ressortir ses attributs divins que ses attributs humains. Nestorius sc met en tête d’imposer à son monde le respect de celte terminologie : cl voici qu’il rencontre sur son chemin deux expressions qui ne peuvent ren­ trer dans ce schématisme : celle de De us passus, celle de Théotokos (qui correspondrait à une expression sy­ métrique de la première : Deus natus ). Bien que la for­ mule Deus passus revienne beaucoup moins souvent dans la controverse que celle de Théotokos ton la voit plutôt critiquée dans le I ivre d'lléraclide. voir table alphabétique, p. 382), il ne faut pas laisser d’en tenir comple. Niais c’est surtout n la formule Théotokos que s’en prend Nestorius. Ne cherchons point en ceci un manque de respect à l'endroit de la sainte Vierge; seuls des préjugés confessionnels ont pu faire décou­ vrir dans les expressions de l’archevêque une critique de la mariolûtrie » (Loofs; Bel hune-Baker ». Si Nes­ torius dit en propres termes « qu’il ne faut pas faire de Mar ie une déesse », Xestor., p. 353. I. 20. ce mol n’est pas dit avec l’accent qu'il n en des controverses plus modernes. Le blâme s’adresse au sens de l’expression Théotokos que Nestorius critique avec véhémence : Marie n’a pas enfanté la divinité. Porte ouverte, I (pi’il sc donne la joie d’enfoncer à grand fracas. Voir les références aux divers passages dans Xestorianu. table, p. 102, au mot Maria, et dans lléraclide. p. 386. aux mots Marie et Mûre de Dieu. (aimmenl faut-il donc appeler la sainte Vierge? Le vocable de Mère de l'homme, άνθρωποτίκος. pro­ posé par certains, ne serait-il pas le nom speci tique de Mario? Il est correct, dit Nestorius. en ce qu’il ex­ prime que l’être humain, que nous sommes bien obligés enim antiquiorem se pari/. On louera celte moderation, ct on remarquera que Nestorius en use dans une lettre au pape, qui est déjà un essai d'apologie. Il eût fallu en user plus tôt. Or, il n’est que trop vrai, l’insistance suspecte de Nesto­ rius à critiquer à tout propos cl hors de propos le terme dc Théotokos. à lui assigner une origine héré­ tique (ce qui n’était rien moins que démontré) a été la cause principale de son malheur. El il est extrême­ ment pénible d’entendre revenir, dans le Livre. d'Héraclide, ce sempiternel rabâchage. Bien n'a davan­ tage contribué à le perdre, non seulement dans l’esprit du populaire, mais parmi ses plus fidèles adhérents. Voir, col. 101, la lettre de .Jean d’Antioche sur ce sujet. Plus sévèrement encore faudrait-il juger ce lamentable à peu près, par lequel il substitue une fois au mol Théotokos-celui de TModxhos. Την Θεοδόχον τω Θεω μήσυνθεολογώμεν παρθένον* Θεοδόχον dico, non Θεοτόκον, χ litteram, non y. exprimi volens ; unus est enim, ut ego secundum ipsos dicam. Pater Deus Θεοτόκος. qui hoc nomen compositum habeat. Nest., p. *276,1. 1 sq.; Collect. Palat., n. *21, p. 37. 3. Objection qui tui est faite. — Ce sont les attaques de Nestorius contre le mot Tl.éotokos qui accréditent, en certains milieux, l’idée que l’archevêque ne croit pas à la divinité du Christ. Il a eu des mots si malheu­ reux pour dire : « La Vierge n’a enfanté que l'homme; On n’enfante que ce qui vous est consubstantiel! » Une syllabe changée, et la première de ces propo­ sitions prend un caractère tout à fait hérétique : La Vierge n’a enfanté qu’un homme. » Le Christ n’est donc qu’un homme; et voici que la redoutable accu­ sation de faire de Jésus un ψίλος άνθρωπος a un point d’appui. L Réponse de Nestorius. - - Contre cette suggestion, Nestorius a protesté de toutes ses forces, en des termes si expressifs qu’il ne peut subsister le moindre doute sur sa pensée. Voir les références dans Nestor., p. 397, table, au mot : Christus kein blosser Mensch ». Que le Christ soit Dieu et homme, il l’a indéfiniment redit et. quand il veut exposer clairement sa doctrine à saint Cyrille, voir col. 97, il prend comme point sùpon de la divinité; le corps est un et les deux natures sont un seul fils. Ce n'est pas un autre qui est appelé Dieu le Vcrln· dans la chair, en dehors de celui qui est dans notre chair; et il n’y a pas de chair (Isolée), mais elle est dans le Plis, dans Dieu le Verbe, pour se conduire complètement dans la nature des hommes, puisqu'il (c’est-à-dire le Verbe) est homme, et ressusciter comme Dieu, puisqu’il est Dieu par nature (suit une phrase dilllcUemcnl Intelligible). Pour nous sauver, il n'a pas pris, pour sa forme un nom supérieur à tous les noms (Phil., n, 9); car a l'essence qui n’est plus de l'homme, mais de Dieu le Verbe, il n’a pas été donné honneur et exaltation. Notre nature est honorée dans une autre nature et non dans notre nature. Car l'élé­ vation de notre nature Jusqu'au nom supérieur à tout nom, appartient en commun a lu nature de celui qui est l’élévation même, de celui qui subsiste dans sa propre essence. Ί nul. Nau, p. 83-81; comparée avec celle de Bethune-Baker (dom Connolly), p. 151-132. Nous avons dans cette formule. fort claire par endroits, parfois difficilement intelligible, tout l’essen­ tiel de la christologie de Nestorius. On n’oubliera pas, en l'étudiant, qu'elle est de la lin de sa vie. cl qu'elle apporte des précisions sur des points qui aupa­ ravant ont pu être laissés dans l’ombre ou même présentés de manière très différente. Mais ce serait un travail d’une extraordinaire minutie de suivre les modifications, les progrès, les reprises de la pensée cl de la terminologie de Nestorius. Pour tout dire, il nous parait qu'en gros cet exposé, quoique tardif, repré’ sente assez bien ce qu’ét ait dès le début l’idée profonde de Nestorius, la formule pouvant se raccorder d’ail­ leurs, sans trôp de diniculté, à ce qu'avait enseigne son maître Théodore. Nous y trouvons, en toute hypo­ thèse, mentionnée l’existence des deux natures cl le mode de leur union. a) Les deux natures. On peut être bref sur ce point; la pensée de Nestorius étant fort claire cl sc ramenant très exactement à renseignement tradi­ tionnel. Chaque nature, la divine cl l'humaine, con­ serve toutes scs propriétés. En particulier la nature divine est incapable de changement .de passibillté; elle garde tous scs attributs, cl il faut exclure tout ce qui ressemblerait, de près ou de loin, à ce que l’on a plus 1ί9 NESTORIUS, SES FORMULES THÉOLOGIQUES lard appelé In kénose (voir ce mol). Quant à l’hu­ manité du Chrisl. Nestori u» Insiste sur sa réalité, sur bon activité propre, sur scs opérai Ions, Tout ce qu’on a pu dire de son monolhélhme est pur bavardage. Voir ci-dessus, col. I 15. En réalité la suspicion témoi­ gnée contre lui tenait à sa théorie des deux opérations. « Cc qu’on attaquait chez lui, ce dont on déduisait les conséquences les plus noires, c’étaient les deux natures conservant leurs opérations propres apres leur union en une seule personne, c’est-à-dire, en somme, la doctrine de Chalcédoine. E. Nau, Saint Cyrille rt Xextorius, dans Hernie de /’Orient chrétien, 1911, t. XVI, p. 20-21, et ci. les textes apportés. Mais une chose qu’il importe de noter, c’est qu’à la suite de Théodore (pii est extrêmement net sur ce point, Nestorius ne peut concevoir une nature qui n’ait pas sa subsistence propre, qui ne soit pas une hypostase. Bien (pie cc’.lc affirmation ne revienne pas souvent dans le Livre d'Hérarlide (voir au moins, p. 281 et cf. p. 202. 21 1). elle est sous-jacente à toute l’argumentation. Encore ne faut-il pas se hâter de déduire de ceci des conséquences péjoratives. Le texte cité (lléracl . p. 281) (pii n’est pas limpide, invite â la prudence : Nestorius y cherche querelle a Cyrille qui, dans la le Ire à Acacc de Mélilène, ci-dessus, col. 126, essaie de montrer (pic la distinction d s natures après l’incarnation, telle que la proclame l’.lr/r d'union correspond à une vue de l’e.pril plus qu’à la réalité. El l’exilé de lui répondre : Telle n’est pas â coup sûr la pensée de Jean d’Antioche e’ des rédacteurs du Symbole d’union : Ils disent qu’ils partagent: ils attribuent les paroles (évangéliques) a deux natures, el ils n’admettent pas une dilTérence qui soil une simple acception de l’esprit. Ce n’est pas en paroles », mais » par des paroles attribuées a deux natures » qu’ils fon· la division au point de vue des essences... I.es natures ne tant pas sans hypostases. et ce n’est pas en pensée, sans les hypostases des natures qtl’lls les constituent. » Ce texte engage au moins â ne pas donner absolument au mot hypostase le sens devenu classique de subsistence Indépendante. En l’employan·. Nestorius semble viser la réalité, le caractère concret, agissant.des natures (pratiquement de la nature humaine) cl non le (ail de sa subsistence indépendante. Il reste néanmoins que, comme son maître, il n’a pas clairement perçu la distinction entre le concept d’existence réelle c‘ celui de subsistence indépendante. Pour lui une nature concrète, exis­ tante. réelle, ne se conçoit guère sans une subsistence propre. C’est ce qui ?;e montre au mieux dans la criti­ que qu'l) va faire des dlHércnls modes d’union, el dans l’explication assez malheureuse qu'il a proposée. Eludions d’abord ce point de la théorie avant de soulever la question de savoir si, pour lui, hypostase cl personne sont termes absolument équivalents. A) L'union des natures. Que l’union des deux natures soil intime, permanente.qu’elle sc soit réalisée dès le premier instant de la conception, nous l’avons Indiqué antérieurement, col. lit; et sur ce point le /.ivre d’Héraetidr ne fait (pie confirmer les conclusions que nous avions Urées de l’analyse des œuvres ora­ toires. Voir à la table alphabétique, p 387, 1” col. (’.’est sur le mode de celle union que cet ouvrage apporte des précisions qu’il convient de relever. a. L'union n'est pas une union physique. Rédigé longtemps après l’apparition des analhémalismcs cyrilliens, le Livre opérations. Du moins avait-il cherché à en faire saisir quelque chose, en comparant l’incarnation a l’union de l’âme el du corps. La comparaison, qui n’est pas sans danger, avait surtout un sens dans la philosophie platonicienne et néo-platonicienne cultivée à Alexan­ drie. t’n aristotélicien s’en contentait plus difficile­ ment, cl l’École d’Antioche sc rattachait plutôt à l’aristotélisme Aussi la comparaison imaginée par Cyrille est-clic Impitoyablement critiquée par Nesto­ rius. Voir Hérarl . p. 1 12-1 13. Elle a le tort très grave de faire étal de deux natures imparfaites, qui *v com­ plètent l’une l’autre pour l’existence cl l’art|<>n: clic ne donne dès lors qu’une Idée fausse de I union de ces deux natures complètes, concrètes e’ agissantes ipii se réalise dans l’incarna'ion. c. // /aut l'appeler · union volontaire ·. Pour écar­ ter l'idée que l’humanité ne sérail, sous la domination supérieure du Verbe, qu’un organe inerte, el comme un instrument inanimé dans la main d’un ouvrier (voir ttiracl.. p. 230-231), pour maintenir l’activilé spon­ tanée (au sens psychologique) de la nature humaine. Nestorius ne volt d’autre moyen que d’affirmer qu< celle union esl une union κατ* εύβοκίχν, ce que nous traduisons /ori imparfaitement par union de complai­ sance, union volontaire ». Le mot est de Theodore et c’est la plus contestable de ses trouvailles. I expression qui a prêté aux pires contresens. C’csl l’usage de cc mot (pii a suscité, contre la théologie anllochtcnnc, l’accusation Indéfiniment répétée d’adoptianisme; il a permis de lui imputer cette idée, contre laquelle Nestorius proteste en plusieurs endroits, qu’il n’y a pas de dilTérence essentielle entre l’Arnc du juste qui subit docilement les impulsions divines, el l’ûme du Christ (pii se conforme volontairement aux inspira­ tions du \ erbe. Il a accrédite l’idée, phis damnable encore, (pie. scion les Xntiochicns. l’union de l’àmc de Jésus Λ la divinité n’esi pas réalisée dès le premier 151 NESTORIUS, SES FORMULES T II Éo IJ Κι IQ IJ ES Instant, quelle est méritée, qu’elle fut susceptible d'accroissement. S’il n’est pas impossible Mor.,p. 219, I 20; cf. p. 220, I. I. A la vérité Loots considère comme 1res douteuse l’authen­ ticité de ces passages, mal* c’était avant la découverte du LiDre d'Héradide ; or. il sc rencontre en celui-ci de* expressions sensiblement parallèles, et. p. 85 : » l’union est volontaire»: p. 158 : L’union de Dieu le Verbe avec ceux-ci (le corps et l’âme) n’est pas hypo statique ni naturelle, mais vidant aire. » Et la lin de ce développement Indique, de façon non jnoins claire, que l’union · volontaire» empêche de reporter au Verbe, comme à leur sujet immédiat, les soullrance* et la pos­ sibilité, Ces passions · restent le fait de la nature humaine, ce que l'on ne pourrait dire, pense Nestorius, dan* le cas d’une union hypostatlque ou physique. d L'union rd une union personnelle. Mais, telle qu elle vient d’être présentée, l'union volontaire · reste encore un concept négatif; elle exprime, en der­ nière analyse, que ni l’une ni l’autre des natures ne perdent leurs propriétés, leur activité. Le soupçon peut toujours se glisser (pie ces deux réalités sont bien plutôt juxtaposée* qu'unies, qu’on pourrait les considérer comme deux Individualités distinctes, bref, que, parlant au concret, l’on aurait affaire avec deux Fil*. ( cite difllculté Nestorius l’a sentie. Dès la pre mlcre phme de la controverse, il a prononcé le mol d'union des natures en une seule personne lui réponse aux plaintes de Cyrille II écrit : Le nom de Christ tigni tic l’union de l’essence Impassible et de celle qui est passible dans une unique personne, της απαθούς καί πάθη τής ουσίας h μοναδικό προσώπω σημαντική »; et II ajoute qu’il a été heureux de voir que Cyrille luimême faisait la distinct Ion des deux natures, et parlait de leur union en une seule personne, τήν τούτων cl; ένάς προσώπου συνάφειαν. Nrs/or., p. 176, L 6 et 12. Les autres citations énumérées par Louis, table, p 105, sou* le mut πρόσωπον, sont beaucoup plus dou­ teuses. C'est surtout dans le Livre d'Iféradide (pie (vite expression revient a satiété, voir la table, p. 388, nu mot Proid/JO/i Par malheur, bien qu’il utilise fréquemment le mot, ébauchant par là une justifica­ tion de ses dires, Nestorius n’a pris nulle part la peine de le définir de manière précise, el les exégètes de sa pensée sont fort loin de s’être rnis d’accord sur le *ens a donner a ce terme de prosôpon. La discussion *ur ce point est d'autant plus stérile,que l’on ne peut raisonner que sur la médiocre édition de la médiocre version syriaque; et il semble bien qu’en fait les commentateur* sc soient plus laissé guider pur leur* Impressions que par une analyse philologique de different s cas. S'il nous est permis de nous laisser ans* guider pur le* nôtres, voici ce (pie nous proposerions satoo melioris /udieio. 152 Dans l’espèce, le mot prosôpon mirait sensiblement, pour Nestorius, le sens de notre mot français personnatité, en mettant l'accent sur le sens psychologique du mol , et en lai**ant plutôt dmis l’ombre le sens méta­ physique. Nous disons d’un homme qu'il est une « forte personnalité ·; cl si nous analysons ce par quoi il l'est, nous del aillons les divers éléments (pii consti­ tuent son moi : le contenu de sa conscience psycholo­ gique avec son substratum physiologique, etc. Le prosôpon ne serait donc pas seulement l’apparence extérieure; c’est cela, mai* avec ce (pii intérieurement justifie cette apparence Toujours du point de vue de la psychologie, le mol pourrait sc traduire par Indi* vida ; nous parlons d’une individualile puissante, a peu près dan* le même sens 1 ? A I I vérité ceci est chcX Nestorius plutôt, indiqué qu’expressément déclaré, mais il convenait d’attirer l'attention sur cet aspect des théories développées par k Livre d'Ilérarlide lit ce que nous en disons explique enfin une phrase que nous avons soulignée dans la longue citation dr la col 148. La chair, dit Nestorius (entendons, au sens scripturaire, l'huma­ nité), est î)axs l.i nature et k prosôpon de hi ι»ινι· mtî ; cette chair est pana k Eli». » Et il continue par un développement qui n’est pas d’une fulgurante clarté,rnrtisquipeut, nous semble t-il. sc traduire ainsi: Dans le Christ ressuscité, li nature humaine (qui nous est commune a nous et à lui) est surcxaltée au-dessus de tout, ainsi elle est honorée pans une autre nature. · Nous serions loul près, semble-t-il, de la doctrine orthodoxe : 1 humanité n’ayant nas sa subsistence en elle-même, mais pans le Verbe de Dieu lui-même. 3. Appréciation. Encore une foi» ce sont la moins des indications qur des insinuations. Telle qu elle se présente en bloc, la théorie el la terminologie nestorirnnes difjtrent profondément de la doctrine ecclé­ siastique, telle qu’elle s'est fixée dans les siècles sui­ vants, telle dFjii que saint Cyrille en posait la buse, telle (pie Chalcédoine en a fourni In premiere et claire formule. Cette doctrine du prosôpon unique du Christ résul­ tant de hi juxtaposition de» deux prosôpa de l’huma­ nité et de la divinité· même si, par l.i pensée, on en élimine le sens hérétique que fournirait la traduction de prosôpon pir notre mot : personne au sens phi­ losophique, cette doctrine ne peut sc superposer ù la doctrine orthodoxe de Tunilé (Vhupottate ou de personne. Trop exclusivement psychologique, elle ne pousse pis assez, loin l’analyse de l’être mystérieux du Sauveur, elle ne va pas jusqu'à la ninon ni/me de celle unité profonde, qu’elle entend bien sauve­ garder, jusqu’à la subsistence de Vhomo assumptus dans cl par la personne du \ erbe. Insuffisante, elle est aussi dangereuse, elle laisse place à des expressions, à des façons de parler qui ne respectent pis sutlisamment celle unite Nestorius se l*était-il expressément formulée au début de ses prédi­ cations? \pparult-elk, au contraire, dans k Livre d'/frraclidr. comme une tentative de justifier les incar­ tades «pii lui ont clé reprochées? Ce qui est incontes­ table, c'est qu’elle était dès longtemps sous-jacente à sa pensée et qu elle explique au mieux quclquet-un» de ses p issages le% plus scabreux \ coup sûr, en y mettant quelque bonne volonté (voir ce qui a été dit de l’interprétation du monophysisme, t. x, col 2227), la plupirt de ces passage» sont susceptibles d’une interprétation orthodoxe, et il ne serait pas difficile de leur mettre en parallèle des textes similaire» puisé» dans li littérature grecque, plus encore dans la latine. II reste néanmoins que, trop souvent, on a l’impression en lisant Nestorius (d ms les fragments surtout) de marcher sur la corde raide. Or. il ne con­ vient pis de contraindre la foi des simples ni même celle des théologiens à de trop fréquents, à de trop violents exercices d’équilibre, ///. « o\c/,rs/o v.y. Nous pouvons maintenant résumer en quehpies mots le résultat de notre enquête. Il cil absolument certain que Nestorius n'a Jamais professé Tndiqitiunisine, au sens précis du mot. la vieille doctrine théodoticnnc, renouvelée peut-être 155 NESTOHIUS, CONCH SloNS p.ir I’.iul de Sa momie, et qui fait du (Lhrht un homine ordinaire. ψιλός ίνΟρο>π'>ς, adopté par Dieu comme hl\, i cause de sa parfaite correspondance aux impul Mont de la grâce, Ncstorius. n’a pas voulu enseigner non plus l’hérésie d, XM/oriiu, dan» lu ΓπιΙγμΙ. Ilealemgclo/Mdir, l xm (1903), el I xsu ( 1013), coiiiplénicrits. Lu rt d*lllractlde, signalé Λ Loots dés 1005, publie m syriaque par P îledjan, en 1910, mais «lèjA iiltlh» pat lOlhiim Baker, ciitèlrr un peu plus qüc «le raison le portrait «le siilnl Gyrillr. mais In narration repose sur une étude attentive de* docu­ ments. L'ouvrage «h· M. .logic, Neslurlus et la controverse nesloricnne, Paris, 1912, en voulant remettre 1« * choses nu point, exagère peut-être «Inn* le sens opposé (voir le* comple* rendu» par J. Uibourt, Hall, d'antienne lilt chrêt., I. 111(1913), p. 113-116. el par I’, Nau. Hciuie de l'orient chrétien, l. xvn (1912), p. 132 *q. lui même année. Jonglas, Die Irrlehrc ri'i/« anti his place in the hixlorg o/ Christian doctrine, (ùimbridge, montre* «pie renseignement de Ncstorius n’est pas xuperpoMible à ΡογΒκμΙοχΙο ccchNiasliqiie. - Signalons, «lepuis / In guerre, une dissertation «le L. Hodgson (le traducteur anglais de Vlléraclide), Ί hr metaphyslc ·>/ Ncstorius, «Lins Joiirn. a/ theol. sludic , t. xix (1018), p. 16-55; E. Schwartz, Die (icgenanathernalisnien des Xestnrlus, dan* le* 5(/:mi«; l'époque moderne, un nombre considérable de nestoilens sont revenus Λ la communion romaine en Mésopotamie, aux Indes et en Perse, formant l’Eglisc choldécnnr catholique Celle Eglise aura dans le présent article une part import.m e. Nous ne possédons pour reconstituer l'histoire de l'Eglfsc ncitorienne aucun ouvrage analogue aux gran­ de» compositions historiques det Jacobites Michel le Grand et Barhcbronif. Pour coordonner les rensei­ gnements épars dans les documents particuliers, 1rs historiens ont trouvé cependant un lit d’Ariane, dans la chronique patriarcale, s'étendant jusqu'au milieu du xii· siècle, que Man ibn Sulayman a Insérée au chap, v, sect, v, de son livre Intitulé Lu Tour Arnr ibn Matt al, écrivant deux dec 1rs plus tard un ouvrage du même t it re.presque aussitôt retouché par le nio«snuliote, Slibû ibn 5 uhannâ a repris la chronique de Mari, presque toujours en l'abrégeant, mais aussi en l'enri­ chissant a l'occasion de détails nouveaux, en la poursuivant Jusqu'à la mort de Yabbaltahâ 111 (1329,, il a fourni pour deux autres siècle» l’ordre de la succession patriarcale. Ces documents, déjà large­ ment utilisés par J S A«sérnani et par d’autres, ont été publiés cl tinduits en latin par If Gismondi, Muris Amri rl Slibx de patriarchis nrsiorianoritm commentaria, Koine, 1896 1899. (‘.'est seulement au début de ce siècle que le feu archevêque de Séert, Addal Scher, a retrouvé des fragments considérables d une chronique nestoriennr en arabe, de plan assez vaste, dans 1rs deux partie* d’un manuscrit du xiv· siècle, dont certains feuillets sc trouvaient au patriarcat chaldéen de Mostoul et d'autres fi l'archevêché de Séert. Cet ouvrage publie avec Iraduciion française sous le titre : Histoire nrHorienne Inédite (Chronique de Séerf), Patrologia Orien­ tait^ t IV. Lie l'HiM, I v, f.ls, 2. 1910; I VI. fuse. 2, 1911; t xm, fa«C. I 1919 a etc c< inpose au cours du xi* siècle, peu après 1636, comme l’a établi C. F Ses bold, Zeitschrift drr dealertien monjenlandisehen Gesellschaft, I. i.xvt, 1912, p. 712 *q. Quelle qu'ait (Me ΓόΙendue originelle de cette chronique, où i) faut probablement reconnaîtrr la source princiI ale de Mail, elle ne «cri jdus a présent que pour l'histoire de l’époque saxsanlde, car le début jusqu’au règne de \ uléricn a dispaïu. cl le texte Varrêie. mutilé quelques années après la mort d'1 fciaclius. II v a en nuire une lacune s’étendant de 122 à 18 1 Dans ce le absence presque complète de textes synthétique*, on est heureux de trouver passablement de détail» historiques cl de précieuse* données chro­ nologiques. pour la période comprime entre 120 el 790, dan* la deuxième partie du recueil canonique nestolicn contenu dans le manuscrit du monastère de Notre Dame des .Semences ù Alkoche, η. 169, cl ses copies modernes, llorgta syriaque 82 (olim A VI. O rt Paris syriaque IJ2;cf J Voilé Catalogue de ta biblio­ thèque syro chaldécnne du eounent de Noire-Dame des Semences prhd*Algoi (Iraq), dans Angelicum, t. v, 1928. p. 180-190 (extrait, p. 63 66). Celle partie a clé publiée avec traduction française par .1 B. ( hahol, sous le litre de Synodleon orientale, dans Notices et extraits des manuscrits de la Hibltolhèque nationale el d'autre* bibliothèques, t. xxxvrr, Paris, 1902 Joseph Simonins Assémanl,utilisant avec une facilite étonnante l’abondante documentation que lui four­ 159 NESTOBIENNE (L’ÉGLISE), LES OHIG1NES ICO nUsait la bibliothèque Vaticane, a consacré â l’Eglise les apôtres s’éloignent de Jérusalem pour répandre ncsloricnnc les deux derpiers volumes de sa Hibliol’évangile, la frontière entre l’empire romain et celui thrra Orientait! Clementi no· \ alicana. La première des Par thés est, sur l’Euphrate, simple ligne de démar­ partie dut m. Descriptoribus nestorianis, Home, 1725, cation politique. L’influence hellénique s’étend â l’est comme à l’ouest de celte ligne, s’enfonçant bien avant 36 pages non numérotées, p. 1-709, contient surtout jusqu'au cœur de l’Asie. Les Arsacides, allaiblis par une édition, enrichie de nombreuses notes, du cata­ des dissensions familiales, n'imposent à leurs peuples logue des auteurs ecclésiastiques par Ébedjésus, p. 1-362; viennent ensuite, p. 363-610, diverses noti­ ! qu’une domination assez lâche, et, tandis que l’éten­ due et les ressources de leur empire leur permettraient ces sur des auteurs inconnus ou postérieurs à Ébed­ d’être pour Home de redoutables adversaires, ils jésus. et, p 611-628, un très bref catalogue des patriar­ s’appliquent ù vivre en paix avec elle. ches ncsloricns et chaldéens catholiques. La Bien ne semble donc s’être opposé a une prompte deuxième partie du même tome. De Syris nextorianis, pénétration en Perse de la prédication évangélique. Home, 1728, (censure de 1730), 31 pages non numé­ Parmi les convertis de la première heure, à Jérusa­ rotées, p. r-CMLXiir, est formée par une dissertation lem, le livre des Actes, n, 9, cite des pèlerins partîtes ou plutôt une série de dissertations, où sont touchés et mèdcs, des Élamiles et des habitants Ms. Horgia toricn, et d’avoir indiqué le plus souvent par laquelle syriaque 8f. fol. 326 sq. Lorsque le meme patriarche des deux lignes de transmission nous sont parvenus écrit un peu plus haut : · Chez nous, il est vrai, il les ouvrages neutres n’y eut jamais de rois chrétiens, si ce n’est au début, Voici, pour terminer, l'indication de quelque* ouvrages d’entre les mages », il n’y a pas d’allusion ô une généraux et articles d'encyclopédies : A. Grant, The évangélisation. Ce silence de la tradition rela’iveinent Xcstorians; or, the lost tribes ; containing evidence of their ô une action évangélisa’rice des mages est d’autant identity ; an account of their manners, customs, and cere­ plus frappant, que les chrétiens de Perse les ont tou­ monies..., Londres. 1X11; G. P. Badger, The nestorians and jours considérés comme leurs compatriotes. Salomon their rituals, mi th the narrative of a mission to Mesopotamia and Cnordislan in 1342-134 4, and of a late visit to those de Bassorah, dans son livre intitulé J.’A brille, consacre countries in 1330; also, researches into the pressent condition un long paragraphe au voyage en Palestine des douze of the stjriun Jacobites, papal Syrians, and Chaldtrans, and princes dont il donne les noms, quatre pour chaque an inquiry into the religious tenets of the Yezecdees, Londres, don, et il ajoute qu’ils rapportèrent en souvenir un 2 vol., 1X52; A. J. Maclean et VV. H. Browne, The catholicos lange de l’enfant; il ne dit pas qu’ils se soient faits of the East and his people, being the impressions of five les propagateurs du christianisme. E. A. W. Budge, years'aork in the Archbishop of Canterbury's Assyrian mission·; an account of the religious and secular life and The Hook of (hr Hcr, dans Anecdota Oxonirnsia, Semitic opinions of the Eastern Syrian Christians of Kurdistan and series, vol. fj part. 2. Oxford, 1XX6. p. XI sq. Cf. Xorthem Persia fknown also as nestorians), Londres, 1X92; inscription de Si-ngan-fou, infra, col. 199 sq. \ I’orlcscur, The lesser Eastern Churches, Londres. 1913, Les prétentions do l’Église de Perse à l’aposlolidlé p. 3-159; G. T. Stokes, .Xcstorianism, dims Smith and XVacc, reposent sur le nom de saint Thomas. Le premier I dictionary of Christian biography, Londres. 1X87, I. iv, échelon de la tradition écrite est constitué par Orlgènc. p. 28-33 (parle surtout de la période antique); von I’unk, cité par Eiisèbe. //. E., 1. 111. c. i, I. P. G..I. xx, Xedoritts und die Nestorianer, dans Kirchentexikon, 2* édit., 1X95, t. ix, col. 156-1X0; K. Kessler, rcnumlnnt Petcrcol. 216 : à la dispersion des apôtres, Tnoinas a reçu inann, NestorIoner, dans Protest. Healcncyclopadie, 3· édit.. la Parthle pour son lot. D'Eusèbe, ce'»le donnée a Ixipzig, 1903, I. \m. p. 723-736. voir aussi Persien (Chripassé, en s’amplifiant, dans ccs textes légendaires sur stentum in ). par N. Bonwetsch, ibid., 1901. t. xv, p. 163 sq., l’activité el la mort des apôtres, que l’on trouve en jusqu'au \· siècle; dans The catholic Encyclopaedia, la grec sous les noms d’Ifippolyle, Dorothée ou Epi­ matière du présent article est divisée sous !< s titres Chal­ phane, chez les principaux chroniqueurs syrien?, dron Christians, par J. Ijibourt. t. in. New-York. 19OX, Michel le Grand el Barhébraus, chez Denys bar Salibi p 559-561 ; Xestoriu* and neslorianism9 par J. Chapman, ! x. 1911, p. 755-759; Persia, surtout par. 111. Christianity et Salomon de Bassorah, en Occident même dans 4Π Persia, par <’·. (hlSsani, t. XI, 1911, p. 712-725; l’œuvre encyclopédique d’un Isidore de Séville et V I. Grieve et J. A. I.. Riley, Xeslorians, dans Encyclo­ ailleurs: cf. Th. Schcmiann, Prophelen- und A poste!· paedia britannica. 11* édit., Londres el New-York, 1910legrnden.. .dans Texte und rntcrsuehunyen, I. xxxi, 1911,1. χιχ.ρ. ΙΟΧ-ΙΟ9; Λ. J. Maclean, Xestnrlanism, dans Leipzig, 1907, fasc. 3, p. 272-276. Thomas y est donné Jjtcyclnpaedla of religion and ethics, I. ix. 1917, p. 323-332. comme prédicateur idy me suivant l'ancienne version syriaque, témoignant par ce détail qu'il écrivait dans un temps où l’ancienne version des évangiles n'avait pas encore été remplacée par la Peèitto, La date des .l<7r< n'est pas certaine, mais il est très vraisemblable qu'ils ont été composes vers le début du nr siècle, soit à Édesse (on a proposé de les attribuer à Bnrdesane). soit ailleurs en Haute-Mésopotamie. Peu après, saint Éphrem, dans Bickcll, Carmina Nisibena, Leipzig, 1886, carm. 42, et saint (irégoire de Xazianzc. or. ΧΧΧΠΙ,n. 11./*. (λ, l. xxxvr, col. 228, attestent aussi (pie Thomas a prêché aux Indes. Entre les deux tra­ ditions, Indes et Parthie, l'opposition n’est pas aussi complète qu’il pourrait sembler. Ainsi qu’on l’a universellement reconnu depuis les observations de A. von Gutscbmid, Hheinisehes Museum, Noue Folgc, t. xix, 1864, p. 161-170, dans les Actes de Thomas le fond du tableau est part he; et c’est justice, puisque des princes partîtes ont régné alors, pendant plusieurs siècles, sur l’Afghanistan et le nord-ouest de 1Ίfindoustan. Entre l’Inde gouvernée par des princes pari lies et la Parthie elle-même, on comprend que la tradilion n'ait pas su distinguer. Quelle qu'ait pu vire d'ailleurs la zone d'évangéli­ sation parcourue par saint Thomas, aucune liste de succession épiscopale ne remonte jusqu’à lui, et ce n’est meme pas ù lui (pie se rattachent les chefs de l’Église neslorienne dans leur titulature officielle, car ils se disent assis sur le trône de l’apôtre Thaddéc . Thaddéc l’apôtrc, ou mieux AddaT, l’un des soixantedouze disciples, nous ramène à un autre courant légendaire, vdessénien lui aussi. Mais les Actes de Thaddéc ne font aller l’apôtrc (pie jusqu'à Amid (Diarbékir), et la Doctrine d'Aadal arrête celui-ci a Édesse. (‘.’est Aggaï, disciple et successeur d’Addaï, qui ordonne des évêques · pour toute la Perse des Assy­ riens, Arméniens, Mèdes et des contrées voisines de Babylone, pour les Huzitcs, les Gèles, jusqu’aux confins de l’Inde cl jusqu’au pays de Gog el de Magog. J. Tixeront, Les origines de l'Ëglise d'Édesse et ta légende d'Abgar, Paris, 1888, p. 69 sq. Dans le texte le plus développé du cycle. Acta S. Maris apostoli, édil. J.-B. Abbcloos, dans Ana­ lecta botlandiana, t. iv, 1885, p. 13-138. c’est Atari, autre disciple d’Addaï cl compagnon d Aggaï. (pii parcourt pour l’évangéliser la Mésopotamie orientale Il prêche d’abord dans le triangle situé entre le Tigre et h· Petit Zab, ayant Achètes comme centre, puis il descend par la route qui longe les contreforts du pla­ teau de I Iran, traverse le Beit Garmaï, descend entre la Diyala cl I Adhem. fonde le siège de Kaskar dans la Basse-Mésopotamie, remonte en Susiane, évangélise la capitale, Séleucic-Gtésiphon, où il n’avait pu d’abord pénétrer, enfin se rend à Doura d’Qoni, où il meurt après avoir désigné pour lui succéder son disci­ ple PaptA. Les Actes de Mari n’ont aucune couleur historique : leur auteur paraît uniquement préoccupé de démontrer l’origine quasi-apostolique des prin­ cipales Églises dépendant de Séleucie. Leur faiblesse éclate en ce qu’ils donnent pour successeur immédiat à Mari ce PfipA, que nous Ironserons sur le siège de Séleucie dans la deuxième moitié du ni· siècle seule­ ment et le premier quart du ιν·. Les chroniqueurs Mari, Amr et Çllbâ sont plus avisés en insérant après Mari, au début de leur liste patriarcale : Abcès (90107), Abraham (130-152). Jacques, son fils (172-190), Ahndnbûhl (205-220), Sahlûpfl (223-211), séparés, comme on le voit, par d’assez longues vacances. Mais il faut avouer que l'authenticité de ces personnages nier. i»e ni loi., catii. LES ORIGINES 162 est fortement suspecte, surtout celle des trois pre­ miers, donnes comme parents de Noire-Seigneur par saint Joseph. ALG. Westphal, l 'nterauchungtn fiber die Quellen und die Glaubtvfirdigkeil der Patriarchen* ehroniken des Man ibn Sulaiman,.. I Abschnilt, Kirchhain, 1901, p. H. cité par Labour!, Le chris­ tianisme dans l'empire perse, p. 17, n. 2, conserve­ rait les noms d’Abrès, Ahadabûhi et Sahlûpô. sans doute parce que ce sont des noms, le premier persan, les autres syriaques, tandis qu’Abroham el Jacques •sont des noms courants et communs. Au total, il n’y a guère qu’un fait à retenir des documents relatifs aux disciples d’Addaï, c’est que l'évangélisation de l’empire parlbe s’est faite à partir d’Édrsse, où le chiistianisme était religion d’État dès avant le début du nr siècle. Il est certain également (pie celle evangelisation était commencée avant que la ruine de l’empire arsacide fût consommée par la victoire d’ArdaSir l*r (226). Les témoignages de Tcrtullicn. Adversus Judwos, Ί, P, /. , l. n, col. 619 sq., et de Philippe, disciple de Bardesane, dans le Livre des lois des pays, Palrologia syriaca, part. I, t. n, col. 607 sq., prouvent qu’il y avait alors des chrétiens en Perse, mais nous ne pouvons savoir quel était leur degré d’organisation. M. Labourt a écrit : Tout nous porte à croire qu’avant l'avènement de la dynastie sassanidc, l’empire perse ne contenait pas de commu­ nautés chrétiennes organisées -, op. cil., p. 17: mais M. A. von Harnack trouve M. Labouit trop radical. i)ie Mission und Ausbreitung des Christenfhums in den ersten drei Jarhhunderten, 3* édit,. I. n, Leipzig, 1915. p. 1 IS el n. 3. I n document, publié apres le livre de M. Labourt, inclinerait à juger plus favorablement encore la ques­ tion du développement du christianisme en Perse, au temps des Arsacidcj. C'est une chronique de l’Église d Adiabène, relrouvce par M Alphonse Mingana dans un manuscrit provenant de l’Église d’Eqrour, dans le Kourdislan M. Mingana a publié el traduit en français le texle de celle chronique, mutilée aux deux extrémités, sous le nom de ABiha-zka, écrit dans une marge, (pii serait à identifier avec l'auteur d’une histoire ecclésiastique menlionnée par Ébedjésus. Sources syriaques, I î. AIossoul, 19i»7, texte, p. 1-75, traduction, p. 76-168. Ce te chronique a eu la bonuc fortune de trouver un répondant en Europe dans la personne de Ai. E Savhuu. (pii en a public une tra­ duction allemande avec une interessanle introduction et des notes, Die Chronik von Arbela, Ein Eeilrag zur Kennlnis des tilteslen Chrislentums im Orient, dans A bhandlungen der kyl. preuss. Akademie der Π’κΛίΤΙscha/ten, 1915, phil.-hist. Liasse, n. 6. Depuis lors, la plus grande autorité a été accordée à ce lexle, en particulier par AL von Harnack, qui s'en est servi pour la quatrième édition de Mission und Ausbrei­ tung des Chrislentums in den ersten drei Jahrhundcrten, Leipzig, l. n. 1921. p. 683-691. Le P. Peelers, cepen­ dant, étudiant le témoignage de la Chronique d'Achè­ tes dans 1rs récits hagiographiques, où d’autres textes donnent des moyens de contrôle, a présenté un cer­ tain nombre d’observations, (pii nous engagent ù user de la plus grande prudence dans l’utilisation de ses données. Le passionnaire d‘Adiabène ·, dans \naterta botlandiana, l. xiin, 1925, p. 261-301, en particulier p. 263 ri 303 sq. L’auteur de la Chronique, (pii aurait écrit un peu après le milieu du vi» siècle, mentionne sept évêques d’Arbcles avant la chute dr la dynastie nrsacide, dont le premier, Pêqldô. aurait été disciple d Addaï, ordonné par lui au début du 11· siècle, cri 104, d’après la chronologie restituée par .M. Mingana. en 100 exac­ tement d’après M. Sachau, p. 13. Les Juifs étalent nombreux en Adiabène et cela facilitait sans doute la XI — ô 163 NESTORIENNE (L’ÉGLISE) SOUS LES SASSAMDES diffusion (le la religion chrétienne; en outre, dans celle region montagneuse, il devait être assez facile de sc cacher, cl il se peut que la province soit deve­ nue de bonne heure un lieu de refuge pour beaucoup de fidèles, \ enus des provinces orientales de l’empire romain, où la persécution sévissait à l’état endémique. Il est certain d’autre part que I'Adiabene comptait au iv* siècle une forte proportion de chrétiens, mais on aura peine à croire, sur le seul témoignage de la Chronique, p. 30, trad., p. 106, Sachau, p. 61 sq., qu’il y ait ru en Perse, dès l’an 221, plus de vingt sièges épiscopaux ». Voici lesdix-scpl qui sont nommés Beil-Zahdai, Karkâ d'Bcil-Slok, Kaskar, Beit-Lapal, Jformizdardasir, Pêral-d’MaySân, Henaylâ, Harbagclâl, Arzon, Bvil-Niqator, Sahrqart, Beil-Mcskcné, Hulwân, Beit-Qalarâyc, Beil-Hazzâyê. Beit-Daylomâyê. Slggâr. Nisibe et Séleucie-Ctésiphon sont expres­ sément mentionnées comme n’ayant pas encore d’évê­ ques, « par crainte des païens ». Sur les Actes de Thomas.voir É.Amunn, art. Apocryphes du Nouveau Testament, dans Supplément au Dictionnaire de la Btblc, Paris, 1928, t. i, col. 501-501, avec une abondante bibliographie, a laquelle on pourra ajouter : J. N. l’arquhar, 7 he upoU/r Thomas in north India, dans Bulletin of the John Bylaiuh Library, 1926,1. X, p. 80-111. Sur l’ensemble du paragraphe, Mari, p. 1-8, trad., p. 16; Amr et Sliba, p. 1-13, trad., p. 1-8; 3. Labour!, Le Christianisme dans Tempire perse sous la dynastie sassanide, Paris· ΓΌΐ. p. '.»-17; \v. a Wlgram, tn introduction to the history of the asxyrian Church nr the Church of the Sassunld Persian empire (100-610 1. t),), Londres, 1910. p. 19-39, qui donne plcinr confiance à Msiha-zka cl aux Acta S. Maris, Sur la Chronique d'Arbeles : Baumstark, Gcschichlc,.,. p. 135. Ix** observation* du P. Perler* ne semblent pas avoir ébranlé la confiance du P. Zorcll, son confrère, Λ qui l’on doit une traduction latine, plus accessible que la tra­ duction française de Mingana, Chronica Ecclesltc Arbelcnsis, dan* Orientalia Christiana, t. vin, fu*c. I, n. 31, Home, 1927, p. 1 11-201. On y trouvera, p. 1 18, l’indication de plusieurs Ira* uix faits d’après la Chronique sur la diffusion cl l'organisation du christianisme en Orient. HI. L’Égi.isl de Perse sois la dynastie sassa­ nide (221-632). - 1.’avènement d’ArdaSir Ier marque pour la Perse le début d’une nouvelle ère de puis­ sance Kêvanl de rétablir l’ancien empire des Achéménldcs, le Bol des rois prend immédiatement comme pivot · christianisme..., p. 13-28; \V. A. Wigram, .l/ι Introduci ion to the history of the assyriun Church, p. 31-35. 2· /.a persécution dr Sapor Nonobstant ces fluctuations d'une tradition postérieure, il faut tenir que le droit du catholicos et l'organisation intérieure de Γ Église de Perse sont dus à l’initiative de Pâpâ. Il était temps ; tandis que le christianisme triomphait dans l’empire romain avec Constantin, l’empereur rendu victorieux par la croix, une terrible tempête allait sc déchaîner sur les jeunes chrétientés soumises au Bol des rois. Loin que les chrétiens de l’empire romain aient été alors en mesure de rendre service à leurs frères d’Oricnt, la faveur dont ils jouissaient fut précisément une des raisons qui déclenchèrent la malveillance de Sapor II. une fois qu’il eut repris la lutte contre ses voisins de i’Gucsl. Le décret de persécution fut lancé probablement à la lin de 310; cf. P. Peelers.- f.e · Passionnaire d'Adiabène », dans Analecta bollandiana, t. xijî, 1925. p. 2G6, n. 1. Le clergé semble avoir été particu­ lièrement visé; parmi les premières victimes figure l’ancien auxiliaire de Pâpâ et ron successeur, Simon bar Sabbâ’ê. Sapor lui avait enjoint de lever sur ses ouailles une double capitation, sans doute afin de pourvoir aux dépenses extraordinaires occasionnées par la guerre Le catholicos ayant refusé de colla­ borer a une monstrueuse oppression de scs fidèles, pauvres pour la plupart, est appréhendé avec deux deses prêtres les plus anciens, amenda la résidence royale de Karkâ d’Ledân. et introduit enchaîné devant le monarque. Simon est invité à sc prosterner devant le souverain cl à rendre au soleil les honneurs divins. Il refuse; le roi le condamne, mais lui laisse avant l’exécution une nuit de répit. Le lendemain, vendredi saint, 17 avril 311. Simon est mis à mort après une centaine de captifs, ecclésiastiques de tout rang, évêques, prêtres, diacres cl moines, qui atten­ daient leur sort dans les cachots de la ville. Le mas­ sacre se généralise, nvais il prend fin dans le cours de la semaine suivante, pour devenir plus méthodique, après qu’on a trouvé parmi les victimes le cadavre d’un eunuque favori de Sapor. Le récit de ce martyre figure en tète d’un recueil hagiographique, qui, si utilisé qu’il ait été. n’a pour­ tant pas été traité comme il le mérite. I es fol. 80219 du manuscrit Vatiam syriaque 160 sont le véné­ rable reste d’un manuscrit de tous points semblable, comme écriture et ponctualion.au fameux Addition­ nai J2LW du .Musée Britannique, écrit en 111. Il ne peut y avoir de doute qu il ait été écrit dans la première moitié, sinon dans le premier quart, du v siècle. Or cette circonstance lui donne, lorsqu’il s’agit des mar­ tyr*» de la persécution de Sapor IL une importance qui ne peut être exagérée. Mais les Assémani ont déclaré que ces feuillets avaient été écrits au x· siècle, Hibliothrciv ApostoliciV \ aticamv codicum manuscriptorum catalogus, t. i. Home, 1759, p. 321. et Étienne Êvode s’est si bien arrangé pour mêler dans les Acta sanctorum martyrum orientalium les passions provenant de ce manuscrit unique avec celles de redactions plus tardives, que la valeur exceptionnelle de la collection a été perdue de vue. Quel qu’ait été l’auteur des récits contenus dans le Val. syr. 160, Marouta de Maypherqal ou le catholicos AfyaT, voir Mahovta de Mayphkrqat, l. x, eol. 146 sq., ou quelque autre, l’âge du manuscrit qui les contient oblige à leur donner un traitement particulier. Voici 167 NESTORIEXNE (L’ÉGLISE) SOUS LES SASSA.XfDLS dune le contenu de celte collection primitive qui, notons-lc d'abord, csl complète en ce. qui concerne les martyrs de Perse, nonobstant la restitution impos­ sible suggérée par M. Kmosko pour l’inscription du fol. 80 v·, où il voudrait voir l’indication d’une suite. Palrologta syriaca, part. I, t. n, Paris, 19U7, p. 681. Le fol. 80 actuel était le premier du manuscrit ori­ ginal. laissé en blanc au recto comme il est général dans les manuscrits syriaques anciens, et la passion de Simon commençait le recueil. II n’y avait donc pas en tête les homélies quo suppose Bubons Duval. La littérature syriaque, 3* édit., Paris, 1907, p. 123. Le premier récit, fol. 80 ν·-92, dans Bibliotheca hûgiographica orientalis (H. Il, O.), Bruxelles, 1910. n. 1117, concerne donc le catholicos, l’eunuque GuSLazad, martyrisé un jour avant lui, cl les prisonniers de Karkâ d'Lcdân. signalés ci-dessus. La souscription du martyre, bien faite pour suppléer le titre parti­ culier qui manquait en tête, donne une idée exacte du contenu : « Est fini ce qui concerne la mise ù mort de Simon évêque et le grand massacre des saints martyrs de Dieu, qui eut lieu dans le Beit Huzzâyê. » Suit. fol. 92ν·-97νβ, le martyre de deux vierges sœurs de Simon, dont l’une s’appelait Turbo, et de leur servante, IL II ()., n. 11 19, en mai 311. Fol. 91ν·-96, martyre de 111 membres du clergé et de 9 vierges con­ sacrées â Dieu, le 6 avril 315, IL H. ()., n. 718. Fol. 96ν·-99, passion de l'évêque Barbasemin, avec 16 membres du clergé, martyrisés à Séleucie Clésiphon le 9 janvier 316, IL H. ()., n. 135. Fol. 99-102V, martyre, incomplet, de saint Milès, évêque de S use, du prêtre Abrosim cl du diacre Sinoï, le 13 novembre 340, IL II. O., n. 772 Fol. 103, passion, mutilée au début, du moine Barsabias et de scs compagnons, mis à mort le 17 juin 342, B. //. Ο., η. 1 IG. Fol. 103, passion du prêtre Daniel et de la vierge Varda, le 25 février 311, JL H. ()., n. 215. Fol. 103ν·-10Ιν·, passion de l'archimandrite Badimos le 10 avril 375, IL 11. O., n. 131, dont les sept compagnons, après être restés incarcérés pendant plus de quatre ans, furent mis en liberté à la mort de Sapor IL Fol. KMvMOGv·, ' passion de Narsai. évêque de Sahrqart, el de son disciple Joseph le 10 novembre 311, IL II. <)., n. 806; cette passion est suivie d’une liste de martyrs appar­ tenant à la province du Beit Garmaï, B. H. O., n. 807, sur lesquels sont données de très brèves notices. Fol. 106v·, martyre du prêtre Jacques et de sa sœur Marie, le 17 mars 317. IL II. O., n. 126. Fol. 106 v·109 v·. passion des vierges consacrées. Thècle et scs quatre compagnes, le 9 juin 317, IL II. ()., n. 1157. Fol. 109V-126, passion des trois vieillards, l'évêque Acepsima, le prêtre Joseph el le diacre Aylallâhâ, martyrisés le 3 novembre 379, IL H. O., n. 22. Ce récit est un magnifique morceau, plein de lyrisme, dépourvu d ailleurs de circonstances prodigieuses, où l'auteur déclare qu’il a écrit d’après les récits des compagnons de ces martyrs. C’est ainsi que finit celte collection par la souscription : · Ici se termi­ nent les actes des martyrs qui ont rendu témoignage dans la terre d’Orient, au temps de Sapor, roi de 1 Orient. Nous avons noté ci-dessus que la persécu­ tion de Sapor II semblait avoir visé surtout les mem­ bres du clergé; Mari, édit. Gismondi. p. 21. trad, p. 18, le reconnaît expressément. Aucune des passions énumérées ne se rapporte directement à des laies, comme s’ils n’avaient été mis â mort qu’occasionnel­ lement, sans être recherchés. Il n’est pas fortuit mm plu* que la liste des martyrs orientaux, insérée dans le manuscrit de 111, contienne uniquement dans sa partie conservée des noms d'évêques, de prêtres et de diacres; dans la partie effacée figuraient sans doute quelques noms de laïcs, comme celui de l’eunuque GuMazad cite dan* la passion de Simon bar Sabbâ ê, 168 mais plutôt, croyons-nous, des noms de moines et de vierges consacrées. F. Nau, ( n martyrologe et douze ménologes syriaques, dans P. ()., t. x, Paris, 1915, p. 23-26. On ne s’étonnera pas que les mages, toutpuissants dans les conseils de Sapor, alent cherché avant tout à se débarrasser des évêques el des prêtres : ils pensaient qu’ils amèneraient facilement à l’apos­ tasie les simples laies, une fois le clergé décimé, el leur jalousie professionnelle trouvait une satisfaction par­ ticulière dans celle destruction méthodique des cadres chrétiens. Ce témoignage indéniable de l’ancienne collection, relative aux martyrs persans, invite donc à se tenir en garde contre des appréciations sur le nombre des victimes de la persécution de Sapor, comme celle de Sozomène, qui parle de 16 000 martyrs dont les noms avaient été recueillis. II. E., If, xiv, P. (L, t. lxvh, col. 969, ù plus forte raison contre les chiffres de Mari qui parle de 160 000, 30 000, puis environ 100 000 et 30 000, édit. Gismondi, p. 17-21, trad., p. 16-18. De même on sc tiendra sur la réserve en face des passions de rédaction plus récente, comme celle d’un Qardagh, gouverneur de province, quelque populaire qu’en soit devenu le héros, la popularité n’étant pas une garantie pour l'authenticité des actes. J.-B. Abbcloos. Acta Mar Kardaghi, Assyria: prœ/ccli..., dans Analecta bollandiana, t. tx. 1890, p. 5-106. Les persécutions qui avaient troublé avant Sapor II la chrétienté persane n’avaient pas eu ce caractère méthodique, celle de Bahram II, par exem­ ple, dans laquelle chrétiens et manichéens semblent avoir été confondus dans une même réprobation, les manichéens étant seuls visés, Chronique de Séert, dans P, ()., t. iv, p. 237 sq. (27 sq.]. II en sera de même dans les persécutions du v· siècle, sous Yazdcgcrd l,r et Bahram V. Di plupart des actes des martyrs persans ont été publiés d’après le* manuscrits Valirans syriaques 160 cl 161 par Étienne Évodc Assémani, Acta 55. martyrum oricntaliiun et occidrntaliuui in duos partes distributa, Rome, pars I, 1718, avec traduction latine et une abondante annotation historique et géographique; P. Bedjan, Acta martyrum et sanctorum, l. n et IV, Paris et Leipzig, 1891 et 1891, a édité une collection beaucoup plus complète, réimpri­ mant d’ailleur* les textes d*-\sscmnni, généralement améliores, mais sans traduction ; L Guldiv Indice ayiogra· fleo dtgli Acta martyrum rl sanctorum del P. Bedfan, duns Rendiront i della R. Arcademia dei Lineet, Classe dt scirnzr morati, storiche c filoloyichc, scr. V. I. xxvm, Rome, 1919. p. 207-229; en lin la Bibliotheca huyiographicu orien­ talis, dans Subsfdiu hagiographie#, 10, Bruxelles, 1910, donne pour chaque saint l’état «1rs textes édités. Plusieurs textes hagiographhpics ont été traduits, en particulier VHislotrt de la ville de Karka d’Bcil Slok rl de scs martyrs, dans (». Hoffmann, Auszuye pherqat, Marouta; cf. Makovta ni. Mavpherqxt. t x.col. 142149. Celui-ci. comme mésopotamicn. devait réussir plus facilement qu’un byzantin Λ la cour de Perse; en outre, il était, dit-on. habile médecin et les soins qu’il donna avec succès à Vazdegcrd lui assurèrent sur l’esprit de ce monarque une influence considérable. Arcadius, en écrivant à 5 azdegerd, l avait engagé à bien traiter les chrétiens de scs États; Marouta plaida éloquemment en leur faveur el le monarque promit sa bienveillance. C’est alors qu'un synode partiel se réunit, où Qayyumâ put faire accepter sa démission en faveur d Isaac, dont Mari fait un parent de Marouta. p. 30, tract, p. 26, tandis que Barhébr.vus le suppose de la famille de Tomarsâ (Barhébræus : Tamûzib, Chronicon ecclesiasticum, t. iîj, p. 17 sq. Nous n’avons aucune information directe sur les premières années du pontificat d Isaac, mais il semble qu il trouva, dans ses efforts pour réorganiser l’Église de Perse, une opposition analogue à celle qu’avait rencontrée Pfipâ dans la première tentative d’orga­ nisation générale. Lui aussi, sans doute, eut soin de mettre au courant de ses difficultés les évêques d’Occicient, car dans l’hiver de 409-410 Marouta revenait ά la cour de Perse. Cette fois, il était l’envoyé ucs évêques le plus directement intéressés aux affaires des chrétiens de Perse, Porphyre, patriarche d Antioche, Acacc d’Alep, l’èqldâ d Edcssc, Eusèbe de Telia, Acaee d’Amid. Synod, orient., p. IS, trad., p. 255. Ces prélats avaient donné a Marouta des instructions écrites, en forme de lettre, l'invitant a réaliser autant que possible l’unité de doctrine et de discipline entre les Églises d’Orient el d’Occident. Il était si avantageux pour Isaac de recevoir un code ainsi préparé» qu’il traduisit aussitôt du grec en persan la lettre des prélats de Syrie el Mésopotamie 171 NESTORIENNE (L’ÉGLISE) SOUS aün de la mettre sous les yeux du roi. Synod, orient., p 19, trad., p. 256. On répéta pour l'empire perse ce qui avait été fait 85 ans plus tôt pour l’empire romain : Yazdegerd prenait le rôle de Constantin, el il le prit si bien que les historien persans, le trouvant trop peu favorable â la religion zoroastricnne, l’ont quali (lé de pécheur · el d’ impie ». C, HuarL La Perse antique, p. 156; Chronique de Siert, dans P. O., t. v, p. 316 (201|. Quarante évêques furent convoqués à Séleucic par les soins nos mirzban ou gouverneurs de province, pour la fête de l’Épiphanie, qui était cn même temps celle de la Nativité du Seigneur, G Jan­ vier 410. La grande session eut lieu le 1·» février, et l'on y adopta tout ce que les Occidentaux avaient suggéré : la fui de Niece et les principaux points de discipline qui avaient été fixés par le premier concile œcuménique et les synodes provinciaux qui le complé­ tèrent, surtout au sujet de l’organisation des Églises el du droit personnel des clercs. Synod, orient., p. 1933. trad., p. 257-272. Des mesures immédiates furent prises pour mettre tin à la compétition des sièges de Belt Lapai et Karkâ d’Lcdân, qui luttaient pour la possession du titre de métropolitain cn Susiane : les compétiteurs, et il y avait deux ou trois évêques pour chacun de ces sièges, furent condamnés â rester dans leurs villes épiscopales, privés du droit d'ordina­ tion. Après quoi, le synode fixa les titres des métro­ poles et des évêchés avec leur préséance, donnant pour chaque siège le nom du titulaire légitime. Cette description de l’état du christianisme en Perse au début du v* siècle, donnée dans le canon 31 et contrôlée par la liste des signataires du synode, mérite d'être reproduite ici (cf. Synod, orient., p. 3336, trad . p. 272-275 et note additionnelle p. 616-618). Le titulaire de Séleucic et Ctésiphon est le grand métropolitain et le chef de tous les évêques »: il a un suffragant, l'évêque de KaSkar. qui est locum tenens pendant la vacance. Belt Lapai, métropole du Houzislan. a quatre suffraganU : Karkâ d’Ledân. Homiizdard iSIr, Sutler cl Suse. Nhibe a cinq suffra­ gant* : Arzon. Qardou, Bell Zabdaï, Belt Bahimaï et Bell Moksâyê. Perfll d'MaySân a trois suffnigants : Karkâ <1 .Maysân, Bhnâ el Nahagur. Arhèlcs. métro­ pole de l’Adiabène, a six suffnigants: Belt Nuhndrâ, licit BagaS. Beit Dasen, Bainonin. Beit Mahqirt et Dabarinos (?). Karkâ d Bel Slok, métropole du Beit (iarmal a cinq suffnigants : Sahrqart. Lafora, Arewân, Radanl et Harbagclâl. Mais cn dehors de ces provinces organisées, il y a encore d’autres sièges épiscopaux trop distants de Séleucic pour que leurs titulaires aient pu Assisterau synode, dans la Perside (le Pars actuel), dans 1rs Iles, c'est-à-dire le Beit Qatarâyc. Bahrayn el sa région, dan.* le Beit Madâyê ou Medic, dans le Beit Kaziqâyè ou province de Bay. dans la Médie siipcricuricure. (fans le pays d’Abrasahr, partir du Khorassan. enfin à Ard.il, Tuduru, Masmahlg. Cf. au sujet de ces noms E. Sachau, Pie Chtonik non Arbela, p. 17-28. Ce qui c€l remarquable cn toute celle affaire, c’est qur le roi de l'erse, de persécuteur, devenait tout à coup le protecteur de ΓEglise. Si le monarque luimême n assista pis aux sessions du concile, il sc fit rendre compte par Isaee et Marouta de la session préliminaire, et fit haranguer en son nom les évêques par deux officier* de sa maison, «font le grand vizir. Les nominations d’évêques cl autres chefs de commu­ nautés seront sanctionnées par l'autorité royale, et celle ci punira le* récalcitrants. Synod. onen!., p. 21 *q.. trad . p 250 sq. En retour, les évêques prescrivent d» % prière* pjur le Roi des roi*. Ibid., p 22. trad., p. 262. fsaar vécut peu ap-H la réunion du synode; «â sa mort sursenue a la fin de 410. la Chronique de Steel dit que Marouta. avec I assentiment des évêques el LES SASSAMDES 172 du roi. lui donna pour successeur le moine Ahaï, dis­ ciple de .Mar 'Abdfl, P. ()., I. v, p. 321 (21*2 |. Les chroniqueurs rapportent seulement qu’il jouissait d’un grand crédit auprès du roi, cf lui at tribuent des récits sur les passions des martyrs de Sapor IL Ahaï mort vers la fin de 11 1 après 4 ans, 7 mois cl quelques jours de pontificat, ibid., p. 325 1203J, Yahballâhâ, autre disciple de’Abdâ, fut élu. sur l’ordre de Yazdegerd, ibid., p. 326 (21 1 J. Ainsi, l’entente entre l’Églisc cl l'État continuait comme aussi la paix entre Perses et Romains, et l’Églisc servait de trait d’union entre les deux empires : Yahballâhâ Ier fut envoyé en 118, comme ambassadeur â Constantinople, tandis qu'Acace d’Amid arrivait à Séleucic â la lin de 419, comme ambassadeur de Théodose le Jeune. Cette arrivée d’un prélat romain fut l'occasion d’un synode où dix évêques et métropolitains de Perse se réuni­ rent. On n’y prit point de décisions nouvelles, mais on insista sur la nécessité de s’en tenir aux canons sanctionnés sous Isaac, et l’on proclama d’une façon plus explicite l’acceptation des synodes mineurs : Ancyre. Néocésarér. (iangres, Laodicée. Synod, orient., p. 37-42, trad. p. 276-281. I rie fois de plus, c’est en regardant vers l’Occidcnt que l’Églisc de Perse cher­ chait â trouver sa formule d'équilibre. Yahballâhâ mourut nu commencement de 120; il prévoyait que la paix religieuse ne durerait pas —car Yazdegerd, sans doute sous la pression des mages impatients de voir le roi favorable aux chrétiens el les conversions se multiplier parmi les nobles, avait commencé â manifester des sentiments hostiles — et il avait prié Dieu de lui épargner le spectacle des épreu­ ves â venir. A peine le catholicos était-il mort, que le Boi des rois, prenant prétexte de la destruction d’un pyrée â l'instigation d’un prêtre de I lormiz.dardaSir, nommé Osée, prescrivit de détruire les églises et d’exiler les chrétiens. C'est dans ces circonstances qu’il fallut procéder â l’élection d’un catholicos ; on choisit .Ma'nâ, ancien élève de l’École d’Edessc, qui était d’origine persane el que le roi avait appris ù apprécier cn le voyant auprès de Yahballâhâ. L’approbation du monarque fut obtenue grâce aux bons offices du chef de la milice, a qui l’on versa une importante somme d’argent. Mais l'espérance des chré­ tiens fut de courte durée : Ma’nâ reçut du roi de vio­ lents reproches et. comme un des prêtres qui l'accom­ pagnaient s’était pennis de répondre au monarque, le catholicos fut exilé en Perside et le prêtre décapité. Yazdegerd mourut peu après, mais son Ills, Bahram V i’Onagre. continua de persécuter. Les victimes furent nombreuses : on mil à mort des évêques et des prêtres comme 'Abdâ. évêque de l’imprudent Osée, ou Narsai, condamné pour avoir refusé de rapporter le feu sacré a un pyrée, qui avait été installé dans une église. Mais le clergé n’était pas spécialement visé : ce sont plutôt h s nobles et les fonctionnaires qui sont en Imite aux manœuvres des mages, I (onnlsdm* el Suène, Jacques l’Inlerds, Jacques le notaire, etc. Beaucoup échappèrent à la mort p ir l'apostasie, d’autres fran­ chirent la frontière de l’ouest. Labourt. Le christfa· nism·.... p. 164-118. Los Perses réclamèrent les fugitifs aux Romains; ceux-ci répondirent par la guerre. On se battit pen­ dant un an, puis, en 122, la paix fut conclue, t ne fols de plus l’Occidcnt venait au secours des chrétiens de Perse : Bahram, sur les instances de Théodose U, promit de laisser à ses sujets la liberté de conscience, obtenant en échange que I exercice du culte mazdéen serait toléré sur le territoire de l’empire romain. Th. Noldeke. (iesehichte der Perser and Araber :ur Zeit drr Susaniden, Lcyde, 187’.», p. 108, n. 2. Yazdegerd avait déposé Ma’nâ Mari suppose que celui-ci mourut presque aussitôt, et qu’on attendit sa 173 N ESTONIENNE (L’EGLISE) SOUS LES SXSSANIDES mort pour Ini donner un successeur, p. 15, trad., p. 31. Fam b ok t obtint l'approbation du monarque, grâce au moyen qui avait servi pour son prédéces­ seur. mais il avait fait certaines promesses aux mages qui le rendaient suspect aux évêques, cl ceux-ci. agissant à la cour, obtinrent sa destitution, Farahokt, ainsi que Ma'nfi, ne figurent pas dans les diptyques. La persécution durait encore quand on se réunit pour l'élection du nouveau catholicos, d’ou il ressort (pie les mesures contre les chrétiens ne ressemblaient cn rien a celles édictées par Sapor II Bahram sc laissa convaincre par Samuel, évêque de Tous, dans le Khorassan. et DadiSo' fut élu vers la lin de 421 ou tout au début de 422. Mais le nouveau catholicos rencontra une vive opposition de la pari de certains’ évêques et fut mis cn prison par ordre du roi. Il ne fut délivré qu'en 422, sur l'intervention des plénipo­ tentiaires romains, à la signature de la paix. Excédé, le catholicos se relira au monastère de DcirQabout. qui ne semble pas connu par ailleurs, probablement en pays arabe, à couvert des entreprises du Roi des rois, ne voulant pas reprendre possession de son siège. Ce n’était pas l'affaire de l’Églisc de Perse : éprouvée comme elle venait de l’être par la persécution cl la compétition des évêques, elle avait plus que jamais besoin d’un chef indiscuté. Trente-six évêques se réunirent, en 424, certains venus de points éloignés comme RcwardaSir, Merv. Herat. Ispahan, pour supplier le catholicos de reprendre sa charge. Ils vinrent jusqu'à Markabtâ d’Tayyâyê, lieu non iden­ tifié, mais certainement à l’ouest de Séleucic. et très probablement â l’ouest de l’Euphrate, sous la domi­ nation du prince lahmidc de Hirâ, qui était alors Mundir l,f. G. Rothstein, Die Dynastie der Luhmiden in al-lfira, Berlin, 1889, p. 70. .Mais Dadiso' exigea d’être mis à l’abri de nouvelles attaques des évêques : c’est alors qu'on rappela l’histoire de Pâpâ et l’inter­ vention des Pères occidentaux, non seulement en faveur du premier catholicos, mais aussi pour aider Isaac et Yabballfihâ dans les difllcultés intérieures et extérieures de leur Église. Finalement on résolut que, père de tous, lu catholicos ne pouvait être jugé et chassé par ses enfants, ut que sa cause nu relèverait plus que du tribunal du Christ. Synod, orient., p. 4652, trad., p. 289-297; cf. J. Lnbourt, Le christianisme . p. 125, η. 1, où sont émis des doutes sur l’authenticité des actes de ce synode. Mari dit que DadiSo' coula ensuite un pontificat heureux et fut enterré â Mira, p. 36. trad., p. 31. Mais on peut se demander si l'absence totale d’informations sur le pontificat de DndRo’ ne vient pas de ce qu’il serait resté, tout cn gardant le titre de catholicos, â distance de la capitale, â peu près étranger aux alïaires. Cela expliquerait bien sa sépulture en pays arabe. Lus actes des martyrs do jttrsécution» du Vnr.dcgerd !·· cl Biihnim V sont mêles â ceux de lu persécution de Sapor II. duns les deux recueils cités ù In Hn du paragraphe précédent. Pour cette période, la Chronique dr Siert contient surtout des informations sur l’histoire générale de l’Églisc; les passages relut h a Γ Église de Perse sc trouvent dans t. \. p. 305-313 (103-201); 310-0 (204-7); 321-331 (209-222J; .Man. édit, (ilsmondi, p. 28-41, tend, p. 24-33; Amr et Slibii, p. 21-20, tnid.. p. 12-17; Ijibourt. /x* christianisme..., p. «83-125; Wlgrnni, .In introduction to the history of the assyrlan Church, p. 77-125. I· /.’Éf/f/sr dr Perse devient nestoricnne. - l.c Syno­ dicon, qui nous a fourni pour les années 110-421 de si précieuses informations, n'a plus rien jusqu’en 186; et la Chronique de Séert, connue il a été dit plus haut, manque, par suite d’une lacune du manuscrit, de 122 Λ 181. Pourtant c'est pendant ces soixante années que sc fixe l’avenir de l’Églisc de Perse. A défaut de sources nestoricnne*. il faudra bien nous contenter 174 d'interroger les historiens nionophyMtcs. mais il faut savoir qu’ils sont partiaux, voire fanatiques, comme Simon de Beit Artam dans sa fameuse lettre sur Barsaurnâ de Nisibe et la dilïusion du nestorianisme dans l’Oricnt non romain. Texte syriaque cl traduc­ tion latine dans J. S. Assumant, ftibtiotheeu orien­ tale, t f, Rome, 171··. p 34( 158 De cet Occident, d’où l’Églisc de Perse avait reçu une si efficace assistance, allait venir le germe d’une séparation complète. Pendant les vingt-cinq années du pontificat de Dadiio', pour lesquelles nous ignorons tout de l'histoire intérieure des chrétientés persanes, sauf quelques épisodes de la persécution intermittente exercée par Yazdegerd II. su Jouait la tragédie de Nestorius. Les trois patriarcats orientaux de l’empire romain cn furent violemment agités, et la répercussion devait cn être partic ulièrement vive a Édesse dans le milieu ardent de l’École des Perses. La doctrine du l’École était foncièrement antlochienne : les maîtres qui y faisaient autorité étaient Théodore de Mospsueste et Diodore de Tarse. Pour­ tant. au moment ou Nestorius montait sur le siège de (Constantinople, l’évêque d’Édesse, Rabboula, était mal dispose envers lus partisans de I’ · Inter­ prète ·, lequel l’avait contredit un public sur un point d’exégèse, lors d’une visite à la ville impériale. BarhndbSabbâ ’Arbayâ. Cause dr la fondation des écoles, dans P. O., t iv, p. 380 (66 ]. O fut peut-être la raison de son attitude à l’endroit de Nestorius dont il devint dès le début, un adversaire acharné. R. Duval. La littérature syriaque, p. 389 sq. Quoi qu’il en soit, Ibas, qui professait alors a l’École des Perses, étant devenu le successeur de Rabboula sur le siège d’Édessc en 435, le champ resta ù peu près libre aux partisans de Théodore et de Nestorius, malgré l'hostilité de quelques personnages, dont le plus connu est Philoxène, le futur évêque de Mabboug. Deux ans plus lard ( 137). le directeur de l’École, Qivorê, mourut et fut remplacé par Narsaî. L’évêquc d’Edessc et le directeur de l’École des Perses étant tous deux dyophysites convaincus, on comprend en quel sens s'exerçait l'influence de l’École. où le haut clergé perse continuait de se former. Même si la posi­ tion de Narsaï devint plus diihcile ù partir de 449, après la déposition d Ibas. il ne semble pas qu’il ail dès lors quitté Édesse. Nous avons dit ailleurs les raisons qu'il y a de reporter à 157 la fondation qu’il fit à Nisibe d’une école, qui devint bientôt la véritable École des Perses, après que Péxêque Qùrâ. d’accord avec l'empereur Zénon. tut fermé l’école d’Édessc en 1.89, art. NaJISaT, et dt-'Mis uamnâ, ils lui décla­ rèrent sans hésitation la mission dont ils étaient char­ gés; mais celui-ci. feignant de craindre pour la vie du catholicos si Péroz venait à savoir qu’ils avaient fran­ chi 1a frontière, se fit donner la lettre, dont il promet­ tait d’assurer l’acheminement ultérieur. Les sources nestoricnnes, qui ne semblent guère d’ailleurs préoccu­ pées d'innocenter Barsaumâ. ont une histoire un peu difïérenle : la Chronique de ScerC qui est habituelle­ ment la plus détaillée, dit seulement que le courrier de Babowai. portant la lettre cachée dans une canne creuse, fut reconnu par les partisans de Barsaumâ, qui ntcrceptèrent la lettre et l’envoyèrent â Péroz, ajou­ tant toutefois que, selon d’autres, la saisie de la lettre aurait été le fait de Barsaumâ lui-même. Amr, qui est ici indépendant de Mari, raconte que le courrier du catholicos tomba entre les mains des soldats aux ordres de Barsaumâ. qui gardaient un carrefour. Menacé d être arrêté, le courrier se serait enfui en abandonnant la lettre, qui fut transmise à Péroz sans avoir été ouverte. Marouta reproduit un texte de lettre, dans Michel, p. 125. trad., t. n. p. 137, texte impossible qui serait une formule d’adhésion anti­ cipée au conciliabule monophysitc d’Éphèse. Amr. au lieu d’incriminer la lettre, rend responsable de la mort du catholicos le médecin chrétien du roi. nommé Gabriel, qui, chargé de traduire la lettre en persan pour le souverain, en aurait modifié el aggravé les termes afin de l’exciter contre Babowai, faisant sous les S ASSA N II) ES 17G ensuite disparaître le texte, ce poui quoi il aurait et désavoué par Barsaumâ, arrivé à la cour aprê» les événements. La Chronique de Seerl rapporte le5 faits avec beaucoup de vraisemblance : le catholico» aurait employé dans sa lettre les termes de la prière d’Azarias. Dan., ni, 32 lu nous a livrés... à un roi injuste, le plus mauvais de toute la terre ·. Les chré­ tiens essayèrent d’expliquer que par gouvernement impie » le catholicos entendait dire seulement « enne­ mi des chrétiens », et Babowaï protesta qu’il priait chaque jour pour le souverain. Mais celui-ci réclamait comme preuve d’amitié que te catholicos adorât le soleil. Sur son refus, il le condamna à être suspendu, jusqu’à ce que mort en advint, par le doigt auquel il portait le sceau dont il avait cacheté la lettre incri­ minée. Ce martyre arriva entre le mois d’avril et le commencement de l’été de l’année LSI, moment où mourut Péroz. P. O.. t. vu,p. 102 (10], n. 3. Maintenant l’influence néfaste de Baisaumâ pouvait s’exercer librement. Les auteurs monophysites pré­ tendent qu’il aurait expliqué à Péroz l’avantage qui résulterait, pour la sécurité de ses États, d’un schisme entre les chrétiens de Perse el ceux de l’empire romain. Ayant fait de Nestorius un ami de la Perse, il prétendit qu’il avait été à cause de cette amitié persécuté par les Grecs; puis, ayant obtenu de Pcroz un corps de troupe, il se mil en devoir d’obliger par la force tous les chrétiens de Perse à professer le nes­ torianisme. Ceci est la tradition des monophysites de Takrit. qui auraient réussi â détourner le coup qui les menaçait, et celle (pie l’on conservait verbalement à Mar Maltaï, le fameux couvent voisin de Mossoul, dans le Djebel Maqloub, qui aurait été incendié par le terrible métropolite. La meme tradition ajoute que Barsaumâ, arrivé aux frontières d’Arménie, dut recu­ ler devant l’attitude décidée des habitants. D'après Michel, citant une histoire en arabe, Chronique, p. 427, trad., t. h, p. 110. cette persécution par Barsaumâ aurait duré jusqu’à sa mort, étant supposé qu’il aurait été tué par les femmes d un village des environs de Takrit, tandis qu’il essayait de les contraindre â communier de sa main dans une liturgie sacrilège. Mais, comme on l’a fait observer, toute cette histoire telle qu elle est racontée par les monophysites est remplie d’impossibilités chronologiques. Le coup de force de Barsaumâ en faveur du nesto­ rianisme, pour autant qu’il peut y avoir un fondement à ces traditions, devrait avoir eu lieu immédiatement après la mort de Babowai et avant l’élection de son successeur; encore suppose-1-on que Barsaumâ profi­ tait de son crédit auprès de Péroz. Or, il est certain que Barsaumâ était à Belt Lapai, au mois d’avril 181, el que Péroz mourut au début de l’été. Il faut placer en ces deux mois la mort de Babowaï, dont Bar$aumâ. alors dans le Houzistan, ne peut avoir saisi, personnellement la lettre â Xisibe, et le coup de force, quel qu’il soit, contre les monophysites du Belt Gann al et de l’Adiabène. Les évêques ne se réunirent «pi’après la mort de Péroz pour élire un successeur au catholicos martyr. Barsaumâ avait perdu son protecteur. Nous ne savons pas si sa candidature fut discutée, mais les voix se réunirent sur le nom d’un de ses anciens condisciples â l’École d’Édesse. cet Acace, qui lorsqu'il était étu­ diant était allé avec Barsaumâ et Narsai en pèlerinage â Mopsueste pour recevoir la bénédiction de Théodule, disciple de Diodore et successeur de Théodore. Acace. toutefois, étant parent de Babowaï. s'était depuis longtemps détaché de Barsaumâ, se tixanl à Séieucie où il enseignait, et il avait aidé le catholicos a se défendre contre le métropolitain de Nisibe et ses partisans. Il semble bien «tue Barsaumâ tenta de s’opposer au 177 NESTOKIENNE (I/RgLISE) nouveau catholicos. Lu Chronique dr Séert prétend que cc dernier fut maltraité par les mages et emprisonné, cl aussi qu’il fut accusé d'immoralité par le turbulent métropolite. P. O., t. vu, p. 113 (21 ); Mari, p. 13, trad., p. 37. Mais il est vain d'imaginer, avec les auteurs Jacobites, que Barsaumâ aurait contraint Acace à embrasser le nestorianisme, en le menaçant de le faire mourir. Michel le Syrien, Chronique, p. 126, trad., L n, p. 139. Acace était dyophysltc de par sa formation; rien ne l’empechait donc de s'entendre avec Barsaumâ sur le dogme. Mais il était plus diflicile d’opérer une réconciliation totale ; celle-ci cul lieu cependant au village de Belt ’Edraf, en Adiabênc, où un certain nombre de prélats se rencontrèrent en septembre 185, et moyennant une correspondance entre le patriarche cl son sullragant, dont nous sont parvenues six pièces. Synod, orient., p. 53. 525-531, trad., p. 299-301, 531-539. Le synode schismatique de licit Lapat, que Barsaumâ avait tenu contre l’autorité de Babowai, était déclare nul el ses canons inexistants. L’assemblée de Beit 'Edrai ayant été tenue dans un but particulier, elle fut suivie en février 186 d’un véritable synode, reuni a Séleucie. Plusieurs parti­ sans de Barsaumâ y assistaient, mais lui-même s'était excusé. On s’occupa de mettre lin au trouble causé par des moines itinérants, qui circulaient à travers villes et villages, prêchant une christologie corrom­ pue. Prenant donc des mesures disciplinaires pour les renvoyer dans leurs déserts, le synode propose un raccourci de l'orthodoxie en matière d'union : Notre foi doit cire, en ce qui concerne l’incarnation du Christ, (fans la confession des deux natures de la divi­ nité et de l’humanité. .Nul de nous ne doit introduire le mélange, la commixtion ou la confusion entre les diversités de ces deux natures: mais, la divinité demeu­ rant et persistant dans scs propriétés et l'humanité dans les siennes, nous réunissons en une seule majesté et une seule adoration les divergences des natures, à cause de l'union parfaite et indissoluble de la divinité avec l'humanité. Et si quelqu’un pense ou enseigne aux autres (pie la passion ou le changement est inhé­ rent à la divinité de Noire-Seigneur, el s’il ne con­ serve pas. relativement à l’unité de personne de Noire-Seigneur, la confession d’un Dieu parfait et d'un homme parfait, qu’il soit anathème’. Sijnbd. orient., p. 51 sq., trad., p. 302. On y ajouta des prescriptions relatives au mariage : le mariage postérieur à l'ordi­ nation diaconnle ou presbytémle était autorisé : Barsaumâ absent triomphait el l’Eglisc de Perse se rangeait ofllcicllcment du côté « neslorien ». Aussi, Acace, ambassadeur du Bol des rois à la cour de Constantinople, en 187 (ù l’époque du schisme acacien), v vit sa foi suspectée il dut, pour être accepté à la communion, exposer sa foi el anathématiser Bar* puma. Celui-ci demeurait d’ailleurs le suffragant in­ discipliné, qu’il avait été sous Babowai : de 191 â 197. le différend fut aigu entre Barsaumâ et Acace. qui s accablèrent mutuellement d'anathèmes ainsi que leurs partisans. Synod., orient., p. 63, trad., p. 312. 1.’entente eût été préférable, car les monophysites s'agitaient, Ayant une foi te base sur le lertitoirc de l’empire romain, ils opéraient surtout aux frontières. A Nisibe, Barsaumâ ne savait comment se détendre contre eux; refoulant son désir d’indépendance, il avait Imploré du catholicos, en I8G, une condamna­ tion solennelle de ces meneur*. Synod. orient., p. 528 sq., trad. p. 571-576. En territoire arabe. Ils s’organi­ saient sous l'administration tolérante des princes lahmides et Simon, consacré évêque avec le titre de Bell \rSam, village insigni liant des environs de Séleucie, était l’âme de ce centre d’opérations, assez puissant d’ailleurs pour obtenir une intervention de SOUS LES SKSSANIDES 178 l'empereur Anastase en faveur de scs coreligionnaires. Voir sa notice par Jean d’Asie, édlL E. W. Brooks, John o/ Ephesus, the hoes o/ the eastern saints, dans /*. O„ l. xvir, p. 137-158. En 197, deux évêques te­ naient encore pour le monophysisme : le synode de Babai leur donne un an de répit avant une condamna­ tion définitive, c'était Pâpâ. évêque de Bell Lapat, ancien condisciple de Philoxène de Mabboug, le grand organisateur à distance de la propagande monophysite, el Yazdad, évêque de Bcwardaiir. Synod, orient., p. 65, trad., p. 314. Mais ces résistances indi­ viduelles ne comptent pas devant les trente-neuf signaturo qui s'alignent au bas des actes; l’Eglisc de Perse était bien définitivement « nestorienne ». Eilc l’était avec l'agrément du Boi des roi*, puisque Qawad, voulant apprécier les religions de son em­ pire. avait donné la préférence au traité d Elisée, in­ terprète a l’école de Nisibe, qui lui avait été pré­ senté par Acace. P, ()., t. vu, p. 126 (311. On le vil bien quand h· monarque fit arrêter tous les évêques et supérieurs de couvents monophysites, P. 0 . t WH. p. 1 5", Pour crltr période, voir Chronique de Séert, dont l’infor­ mation est abondante et intéressante, dans P. O., t. ur, p. 99-127 (7-311; Mari, p. 11-16, trad., p. 35-40; Amr et Shha, p. 29-35, trad., p. 17-21; Barhcbroms. Chn>nin peut s’étonner que le catholicos n’ait pas élé mis â mort; il dut sans doute son salut â sa valeur personnelle, qui semble avoir fait grande impression sur le monarque. Lorsque, vers la fin de sa vie, un de ses fils, AnoSazad, s’insurgea contre lui, Khosrau eut recours à l’in fluence du catho­ licos sur les chrétiens de Beit Lapai pour obtenir par eux que les portes de la ville où le rebelle s’était for­ tifié fussent ouvertes à ses troupes· Abâ le Grand mourut peu après dans la nuit du deuxième vendredi de carême, 29 février 552. /*. O„ t. vu, p. 115-170 [62-78 |; O. Braun, Dus Buch der Synhados, Stuttgart et Vienne, 1900, p. 93-97: vie anonyme, édit. Bedjan, dans Histoire de Mur Jabalaha, de trois autres patriar­ ches, d'un prêtre et de deux laïques nestoriens, Paris cl Leipzig, 1895, p. 206-274. Soucieux d'éviter les troubles qui avaient suivi la mort de Sila, Abâ avait déterminé ‘la façon dont devrait être élu le catholicos, â savoir par les évêques de la province de Séleucle-Clésiphon el les quatre métropolitains de Beit Lapat, Perat d’MaySan, Arbcles et Bejt Slok, accompagnés chacun par trois évêques. L’ordination devait se faire dans la grande église de KokêJSynod, orient,, p. 513-545, trad., p. 553-555. Pour­ tant Abâ eut un détestable successeur. Joseph avait vécu longtemps en Occident et y avait appris la méde­ cine: présenté â Khosrau par le marz.ban de Nlsibe qui l’avait pris en amitié, il soigna le monarque et dut à ses succès medicaux d’être le candidat du Roi des rois. Il fut ordonné régulièrement en mai 552, tint à Séleucie en janvier 554 un synode, dont les pres­ criptions sont remplies de sagesse. Mais, après trois ans de pontificat, Joseph se mit â pratiquer la simonie et à maltraiter indignement les évêques et les prêtres, causant la mort de Simon d’Anbar, chassant l’évêque de Zâbê, qu’il remplaça par un médecin, favori de Khosrau. arrachant ù l’évêque de Darabgerd le décret royal qui mettait fin â la persécution dans son diocèse, sous prétexte (pi'll l’avait obtenu sans l’intervention du catholicos. I*. ()., t. mi. p. 176178 ,84-6]. Les chrétiens, outrés â la vue deses crimes, •le rayèrent bientôt des dyptiiiucs, mais il fallut plu­ sieurs années pour <|u‘on obtint du Roi des rois la permission de le remplacer, ce qui arriva grâce â l’apologue de l’éléphant donné par un roi a un pauvre, (pii ne pouvant ni le faire entrer par la porte trop petite de sa maison, ni le nourrir, le ramène â son bienfaiteur. Les évêques se réunirent en février 567 pour élire un autre catholicos et tombèrent d’accord sur le nom d'Ézéchiel. le médecin devenu évêque de Zâbê. Mais des partisans de Joseph ayant protesté, Khosrau interdit de procéder â l’ordination. Ibid., p. 181 sq. [89 sq. ]. Rendant trois ans l’évêque de Kaskar demeura locum tenens. Après la mort de Joseph, les électeurs du catho­ licos sc réunirent à nouveau, et la majorité des su tira­ ges avait déjà désigné un certain isaï. lorsque plusieurs évêques déclarèrent qu’ils tenaient au candidat pré­ cédemment désigné, Ézéchiel de Zâbê. L'allairc fut soumise au roi, (pii autorisa l’ordination. Encore que sa carrière antérieure promit peu. le nouveau catho licos gouverna bien : par «m bienveillance, il gagna 181 NESTOR IENNE (L'ÉGLISE) SOUS LES SASSANIDES tous les cœurs. 11 tint un synode en février 576, dont les canons supposent une Église pacifice, ou Ton s'occupe de mettre ordre à certains points d’impor­ tance secondaire. Synod. orient,, p. 110-129, trad., p. 368-389. Ézcchiel étant mort, apres avoir été aveugle pen­ dant les deux dernières années de sa vie, P. O., I. vu, p. 195 (103 J, fut remplacé par Ho'yahb, évêque d’Arzon, en 582. Les évêques hésitaient entre deux noms, ce fut llormizd IV qui décida, se rappelant avec reconnaissance que l’évêque d’Arzon lui avait donné de précieuses informât ions sur les mouvements des troupes romaines. Le monarque était d’ailleurs favo­ rable aux chrétiens, ce que les mages lui reprochaient amèrement. 11 semble que sous son règne l’Églisc ncsiorienne se développa et s’alTermil: elle soutint cependant de plusieurs difficultés intérieures, dont la plus importante fut le dilTércnd suscité par Hénânâ l’Adiabcnien, directeur de l’École de Nlsibe, de 572 â 610. Étant origénisle, îl abandonnait dans son ensei­ gnement la doctrine de Théodore, et sc servait du terme de Θεοτόκος, suspect à Nestorius. Cela donna lieu à divers mouvements parmi les huit cents élèves de l’école, jusqu’au jour où le métropolite Grégoire quitta Nlsibe» dont les habitants soutenaient Hênânâ, tandis que trois cents élèves quit talent l’école. Les monastères, citadelles conserva trices, opposèrent une vive resistance aux nouveautés henaniennes; voir les extraits de la vie de Grégoire d’Izala, par exemple, dans Synod. orient., p. 626-629; puis des condamnations officielles intervinrent, mais Hënânâ jouissait d’un tel crédit auprès des autorités civiles, qu’elles demeu­ rèrent toujours anonymes, tout à fait indirectes au synode d’ISo’yahb (585), ibid.,p. 136-138, trad .p. 398•100, à peine plus formelles sous Sabrllû*. ibid., p. 196198, trad., p. 456 sq., 159. et sous Grégoire I r, ibid., p. 208-210, tèad., p. 471-476. G’est probablement dans le même temps que les diocèses de la Perse méridionale sc séparèrent de l’obédience de Séleucie : au synode de 585, malgré l’invitation réitérée du catholicos, on remarqua l’absence du métropolite de KewardaSir, et il appa­ raît par les lettres d’Isoyahb llî que les évêques du bars avaient cessé dès avant l’Islam de recevoir leur consécration des mains du catholicos, cf. in/ra. Le Synodicon orientale contient pour le pontificat d’Ko’yahb H. outre le récit du synode qu’il tint pendant l’été de 585, p. 130-165, trad., p. 390-121. une lettre à Jacques de Dayrin, île du Golfe Pcrsique, lui envoyant vingt décisions ou canons, en réponse à trente-trois questions qu’il avait posées, p. 165· 192. Ii HÎ,.p. 124 151. et un symbole de foi. p. 192196. lî.id., p. 151 155 Cependant llormizd IV s’était aliéné l’armée, sur laquelle son général Bahram Tchobin, vainqueur des lures, avait un ascendant considérable : il fut mis en fuite, tandis que son fils Khosrau II Parvlz était proclamé roi. mais celui-ci eut bientôt à reconquérir lui-même son trône sur l’orgueilleux général, en demandant l'appui de troupes grecques. Il reçut de l’cmp.'rcur Maurice l’aide dont il avait besoin, épousa une de ses filles. Marie, et se montra bienveillant pour les chrétiens, du moins jusqu'à la mort de Maurice. \ ers la fin du pontificat d’Ko’yahb Ier, le roi de H ira, al-Nu’man, se convertit et peu après les Jacobites durent abandonner ses États. La désignation de SabriAo'. évêque de LaSom, comme successeur d'ISo'yahb, fut l’œuvre du roi Khosrau. à qui il était nppnru dans une vision, un peu avant sa victoire sur le rebelle Bistam. Le choix était excellent, car SabriÎo’ avait une grande réputation de sainteté, mais il était âgé, si bien que les évêques, d’ailleurs sur l’invitation du roi, durent lui donner un auxiliaire 182 en la personne de Milas, évêque de Scnnfl, qui fut plus tard représentant du monarque à Constantinople, ou le patriarche ne pouvait aller. Les biographes de Sabrifô' racontent un grand nombre de faits mer vrillviix; cf. sa vie par un moine nommé Pierre, édit. Bcdjan, dans Histoire de Mar-Jabalaha..., Paris et Leipzig. 1895, p 288-331, el Chronique de S/ert, dans P. ()., t. xiii, p. 171-501 [151-184]. Son synode, tenu en mai 596, contient peu de prescriptions; le Synodicon orientale, qui m a conservé le compte rendu, p. 196-200, trad., p. 156· 161, y joint la transcription de deux actes relatifs aux moines de Bar Qayti, dans la région du Sindjar, qui s’étaient convertis du mexsalianismc, p. 200-207, trad., p. 461-470. L’assassinat de l’empereur Maurice, en 602. irrita Khosrau contre 1rs Grecs, et il résolut de leur faire la guerre pour tirer vengeance de la mort de celui qui avait élé son bienfaiteur, et mettre sur le trône Théo­ dose, fils de la victime, qui s’était réfugié auprès de lui. SabriSo* lui prédit La victoire, lui recommanda la modération, puis mourut à Nisibe, tandis que le Roi des rois faisait le siège de Dara. Lorsque cette ville fut tombée, après neuf mois de siège. Khosrau étant rentré â Séleucie, les évêques choisirent comme catho­ licos, Grégoire, ancien évêque de Kaikar, puis métro­ polite de Nisibe, qui avait quitté cette ville après son dilTércnd avec Ilvn.lnâ, directeur de l’Écoledes Perses. Une cabale s’étant formée contre lui parmi des chré­ tiens qui appartenaient a la maison du monarque, ceux-ci parvinrent avec la complicité de Sirin, son épouse chrétienne. 5 lui substituer un autre Grégoire, natif de Mayîan. ancien élève de l’école de Séleucie. Le souverain s’aperçut de la substitution, et d’abord s’en irrita, puis il sc rendit; mais on vit bientôt que le nouvel élu manquait à la justice. Khosrau le mépri­ sa et commença à persécuter les chrétiens. Lorsque Grégoire mourut en 609. scs biens furent confisqués par ordre royal, cl il fut interdit de lui donner un successeur. L’Église de Séleucie demeura veuve Jusqu’à l’élection d’Iso’yahb II en 628. Les Jacobltcs en profitèrent : Gabriel, médecin du roi. originaire du Sindjar. qui avait été anathématisé par SabriSo’ pour bigamie, les favorisait de tout son pou­ voir. En outre, de nombreux négociants de Syrie, qui étaient Jacobites, entrèrent en Perse à la suite des armées que Khosrau avait envoyées en territoire grec: ils sc fixèrent dans diverses villes, jusque dans le Khorassan et le Ségcstan. Il y avait dès lors dix sièges épiscopaux pour les jacobitcs dr l’empire per­ san. dont Takril devint la métropole, son évêque ayant le titre de mafricn. vicaire pour la Perse du patriarche Jacobite d’Antioche. /*. O . t. xm. p. 513-5 [223-223 |. SoulTrant de cette situation, humiliés de ne plus avoir un chef pour leur Église tandis que les Jacobite s’organisaient, les évêques nestoriens tentèrent en 612 de modifier la décision du roi. Ils firent venir du monas­ tère de Beit’Abê. au mont Izala. un moine nommé Georges, auparavant MihramguSnap. dont le père avait occupé dans l'administration une position impor­ tante. Grâce aux relations que Georges s’empressa de renouer à la cour, ils furent autorisés à présenter une supplique, mais à condition d’y joindre, comme justi­ fication de leur foi, une réponse à trois questions évi­ demment dictées par le médecin renégat, Gabriel, que le red acteur du Synodicon orientale qualifie avec amertume de « chef de la faction des Θεοπααχίται »» p. 562-580. trad., p. 580 598. Les évêques ne reçurent aucune réponse, et Georges, qui avait otlensé Gabriel, ayant été dénonce comme converti du inaglsine, mourut crucifié à Séleucie. après une longue détention, le 14 janvier 615. Sa vie a été publiée par Bedjan, Histoire de Mar-Jabalaha..., p. 116-571: traductio, de certains passages dans Synod, rient., p. 625-634 183 NESTOKIENNE (L’ÉGLISE) Xprès trente huit ans de règne, Khosrau II fut assassiné; son fils Slrof, qui aurait été chrétien en secret, le remplaça sur le trône. Π s’empressa de faire la paix avec llcracljus et permit aux chrétiens de sc choisir un catholicos. O.. t. xrn, p. 551 [231 J. Ancien élève de l’école de Nisibe, d'où il était sorti par aversion pour l’enseignement de Henânâ, ISo’yahb était devenu évêque de Balad. bientôt exilé par Khosrau If. Nous ne savons rien sur les circonstances de son élection, pas meme si elle fut réalisée avant la mort de Siroi. Les troubles, qui suivirent la mort de celui-ci après six ou huit mois de règne, ne lui lais­ sèrent pas l'opportunité de réunir un synode. L’ambas­ sade auprès <1’1 léraclius. dont il fut chargé par la reine Bôrân en 629, si elle eut quelque succès diplo­ matique et lui gagna la faveur des monarques, eut pour conséquence de lui rendre très difficile l’exercice de son pontifical. Il avait remis au baslleus une confes­ sion de foi rédigée en des termes conciliants, avait été admis,â lu communion el avait accepté de célébrer les saints mystères avec participation du monarque, sans nommer les trois docteurs, Diodore. Théodore et Nestorius, pourvu qu’on ne l'obligeât point à men­ tionner Cyrille. Mais plusieurs évêques, et surtout Barsnumâ de Su.se, lui reprochèrent amèrement cette tentative de rapprochement avec les cJialcédoniens. P. O., t XIII, p. 5G1-57'» [2 11 25·· |. Bôrân sc retira peu après le retour de son ambas­ sadeur, et les années suivantes s’écoulèrent dans une série de compétitions pour la couronne de Perse. Lorsque Yazdcgerd ill prit le pouvoir en G32, il était trop tard pour galvaniser l’empire et le dresser contre l’Islam, (pii l'attaquait à la frontière du désert. En juillet 637, la capitale des Sassanidcs tombait aux mains des Arabes. Voir sur l'ensemble de cette période : Chronique de Scert, dans P. O., t. vu, p. 128-201 [36-109 Jet t. ΧΠ1, p. 137-582 (117-262]; Mari, p. 16-61, tnid., p. 10-54; Amr et Sliba, p. 35-51, tnid., p. 21-32; Barhébrtcus. C/ironicon eccle· siasticum, t. m. col. 81-128; une chronique anonyme, com­ posée par un nestorien entre 670 et 680, a été publiée par L CfUidi, l n nuovo texto siriaco sulla storia deyli ultimi Saxsanidt, dans les Actes du huitième congrès international des orientalistes, tenu en 1839 à Stockholm et Christiania, l^ydc, 1891-1893; réimprimée par le même avec traduc­ tion lutine sous le titre de Chronicon anonymum, dans Corpus scriptorum Christianorum orientalium. Scriptures syri, ser. Ill, t. iv, p. 15-39, tnid., p. 13-32; préférer la tra­ duction allemande par Th. Nôldcke, accompagnée de notes excellentes, Dr non Guidi hrrausgegcbenc syrische Chronik, clans Silzungsbfrichtc der k, Akadcmit der Wissenscha/tcn, phil. hist. Classe, Vienne, 1893, t. cxxvm, IX Ablumdhmg; J. luibourt. Le christianisme..., p. 154-246; \V. Λ. Wignini, An introduction,.., p. 172-261, 299-312. Sur les causes de la décadence de la dynastie sassanidect la situation ries chré­ tiens dans leur empire, très bon exposé n’apparait pas dans cei tains textes. Le premier écrivain chrétien de Perse, Apbraale ou Jacques, surnommé le Sage persan, était fils du pacte or il semble avoir réuni la dignité épiscopale et les fonctions de chef de monastère. Sa sixième démonstration est une exhortation aux · fils du pacte . édit. Parisot. dans Patrolo/jia stjriaca, part. I, t. i, col. 239-312: cf. p. XXIV, LXV. Cette institution monastique autochtone, à côté de laquelle existaient des ascètes isolés ou ermites, aux­ quels la région montagneuse qui borde le plateau iranien fournissait des t déserts · en abondance, ne put guère rester sans subir l’influence de l’ascétisme égyptien, après que Marouta de Maypherqat eut essayé de fonder solidement l’unité de foi et de pra­ tiques, entre les deux Églises grecque et perse. La tra­ dition postérieure place à ce moment l’arrivée dans la région de Nisibe d'un Égyptien, Eugène (Atugin), originaire de (’Jysma, près de Suez, formé au cénobi­ tisme pakhomien. qui aurait émigré avec soixantedix compagnons. M. Labour! a discuté avec beaucoup d’acribie. l.r christianisme..., p. 302-315, les tradi­ tions nestoriennes du cycle eugénien et n’en laisse subsister à peu près rien. Il estime que le monastère de Mar Eugène, pioboblemcnt monophysitc avant le \nr siècle, aurait été colonisé par les nestoriens, apres une période d'abandon, entre 750 et 800, la légende relative à Mar Eugène comme fondateur du mona­ chisme oriental se développant dès lors pour atteindre son plein développement vers le commencement du xi siècle, époque à laquelle de nombreux monastères revendiquent comme fondateur un disciple immédiat de Mar Eugène. Le fait que la Chronique de Séerl connaît aussi l’iiisloire d'Eugène et de ses disciples, ne fournit pas d’argu­ ment à opposer à ceux de M. Labour!. puisqu'elle appartient au début du .xi siècle. Elle donne natu­ rellement une notice sur Mar Eugène el cite parmi ses compagnons Yonan. Sari, Jean. Ahfi et Snlli|â, /< ()., t IV. p. 231 236 [21-6]: t. v. p 250-252 [138-150], 259 [lt7|. Elle relate en outre d autres fondations distribuées dans la trame du récit, selon l’ordre chro­ nologique. C'est ainsi qu’avant la tin du iv· siècle, on 185 N ESTO Hl E NN E (L’ÉGLISE) SOI S LES SASSANIDES y trouve la fondation de DeirQonl par'Abdâ, et celle du couvent do Çlibâ, puis une notice sur 'Abdito', disciple de *Abdû, qui aurait fondé plusieurs monas­ tères, dont un dans une île voisine de Bahram, et un autre près de l.lirA, après avoir été sacré par le catho­ licos TonuirsA évêque de Deir Mchmaq. /*. O., t. v, p. 307-312 1195-200]. Les patriarches Allai et YahballAhA l*r étalent moines de Deir Qoni. Ibid., p. 321 [209] et 324 (212 J. La disparition de la partie de la Chronique de Séert qui contenait l'histoire des années 122 à 484, nous prive de renseignements sur les autres fonda­ tions (pii peuvent avoir eu lieu dans la suite du v* siècle; le premier fondateur qui apparaît ensuite est Abraham de KaSknr. La Chronique raconte son ministère à I.Iüii. son voyage en Égypte, son séjour â l’école de Nisibe et en lin sa retraite au mont Iralâ. P, (L, t. vu, p. 133-135 ( 11-43]. Son homonyme. Abraham de Nelhpar, a sa notice, lui aussi, ibid., p. 172-175(80-83 ]. Les deux Abraham, qui étaient ailes visiter les monastères d'Égypte, font donnes comme réformateurs : ils donnèrent uni· forme nouvelle aux monastères et aux cellules, qui, avant eux, étaient comme ceux de Mar ' \bdâ et de scs sem­ blables. · Ibid,, p. 172 (80 ]. Abraham de KaSkar prescrivit la tonsure et changea le costume des moines pour les distinguer des hérétiques, monophysltcs ou messalicns. ibid., p. 131 sq. | 12 sq. |; il laissa d’ail­ leurs une règle écrite, que Job, disciple d'\braham de Ncthpar, traduisit en persan.et dont le texte syriaque a été édité avec traduction latine par J.-B. Chabot. RrynLr monasticœ sirculo VI ab Abrahamo fundatore et Dadjesu redore conventus Syrorum in monte Ida conditœ, dans Rcndiconti della R. Accadentia dei Lincei. dusse di scienze morali, storiche c fitologiche, scr. V. t. vn, p. 38-59. Son successeur. IkidiSo*. y ajouta plusieurs prescriptions. Ibid,, p. 77-1(12. Baba», qui gouverna ensuite le couvent surnommé le Grand-Monastère, eut une part prépondérante dans la direction des diocèses de la Mésopotamie septen­ trionale, pendant la longue vacance qui suivit la mort du catholicos Grégoire. Lés fondations qui se multiplient alors sont ducs pour la plupart aux disciples des deux Abraham. La Chronique de Séert ne signale pas moins de trente fon­ dateurs pour la période suivante jusqu à l'Islam. Plu­ sieurs ont fait le pèlerinage des Lieux saints et d’Égypte, et leurs monastères se trouvent dans Ici sites les plus divers, à la limite du désert occidental ou clans les vrillées retirées de la montagne, mais aussi aux portes des villages et des villes, comme ce monas­ tère fondé grâce à la tille de Nu'mfin ibn al-Mundir. Allcdja. aux portes de la capitale lahmide. P. O., t.* vu, p. 15.5 (63). Les memes noms sont cités par ISo'dcnnh. édit. J.-B. Chabot. Le livre de la chasteté composé par Jésusdenah, évéqttr de Raçrah. dans Mélanges d'archéologie et d'histoire de LÉcole fran­ çaise de Borne, 1896, t. XV!. p. 225-291 et 80 pages de texte syriaque; mais l'ISo'dcnnh que nous connais­ sons, texte complet ou résumé, n’est pas la source <|e la Chronique de Séert, dont les notices sont généralement plus longues et contiennent des données chronolo­ giques, â peu près totalement absentes du Livre de la chasteté. Parmi les couvents issus du Graml-Monastère. le plus Important fut sans doute celui de Belt Abê la Maison des Pères . dont l'histoire et l'orga­ nisation nous sont particulièrement bien connues grâce â 11 série de notices sur ses supérieurs et moines célèbres, composées par Thomas de Marga. The book o/ governors, 2 vol.. Londres. 1893 (texte syriaque et traduction anglaise). L'éditeur. Sir E. A. Wallis Budge, a brosse, dans son introduction, un excellent tableau du monachisme mésopolainlen, t. i, p. cxvh-clvi. 186 Il ne servirait à rien d'instituer ici une comparaison entre la règle du monastère d'Abraham ou les usages de Belt 'Abèctla discipline égyptienne : les différences seraient sensibles. DadKo’ impose â ses moines de savoir lire, canon 7, édit. Chabot, p, 82, trad., p. 94; cette exigence est d'autant plus remarquable que les inazdéens avalent l'habitude d'apprendre par cœur les textes religieux dont ils ignoraient la lecture, témoin le converti Ko'sa b ran. qui refuse d’abord d'étudier les lettres sous prétexte qu’il retiendrait les psaumes après h-s avoir entendu réciter. Histoire de lés usa bran écrite par Jéxusyab d’Adiabéne, édit, avec analyse en français par J.-IL Chabot, dans Nouvelles . archives des missions scientifiques et littéraires, 1897, t. vu, p. 525, trad., p. 19.1 I n autre trait caractéristique des moines nestoriens, c'est qu’ils sont très mêlés à la vie de leurs compatriotes, ainsi cet Bo'sabran. qui, après avoir vécu en anachorète itinérant, revient pour fonder un couvent auprès de son village, secourt les fidèles dans la persécution et la misère, et Unit par mourir martyr en 620. Ces moines se sentent charge d’âmes: il est dit de Mar Eugène, après son arrivée en Mésopotamie : < Il comprit qu’il devait parcourir le pays avec scs enfants pour convertir les hommes a la vraie foi. · P. O„ t. iv. p. 2.35 (25 ]. Ainsi font les moines de Deir Qoni, ainsi encore les fils spirituel· d’Abraham, les témoignages abondent dans la Chronique de Seed; c’est bien des monastères que sc répand sur la chré­ tienté persane l’instruction religieuse et la ferveur. L’école de Nisibe, dont nous avons signalé la fon­ dation et que nous avons reconnue comme la pépi­ nière du haut clergé perse, col. 169. est aussi le centre d’études supérieures d’où la doctrine sc répand dons les monastères, suivie de loin par d’autres écoles comme celle de Séleucic Beaucoup de fondateurs sont passés à Nisibe et l’organisation de l’école y est toute monastique : vile est installée dans un monastère, ses membres sont appelés frères >. les écoliers vivent dans des cellules, participent aux offices monastiques ; il· ne peuvent sc marier sous peine d’être exclus de la congrégation: cf. J.-B. Chabot, L'école de Nisibe, son histoire, ses statuts, dans Journal asiatique, IN* série» IS'.'b. t MI. P , 03 Cette organisation du travail intellectuel dans les monastères nestoriens fut la meilleure protection pour la chrétienté persane contre l’in tiltration messa*licnne. dont le (over d’origine était en territoire monophysile aux environs d’Édcssc; cf. Ei ciiiti s, t. v, col. 1 151-1465,et Mi ssxni \s. t. x. col. 792-795; Chro­ nique de Séert. flans P ().. t. v. p. 279 sq. [167 sq. ]. Au début du vi· siècle, les messallens s’agitaient en Sdiabènc, Chronique d'Arbéles, edit. Mingnna, p. 72, 75, trad., p. 153. 156; vers la lin du même siècle ils étaient surtout groupes au sud de Nisibe a proximité du Sindjar. ('hfonicon anonymum, dans Corpus scripto­ rum chnslianorum orientalium. Scriptores syri, scr. Ill, t. IV. p. 18. trad., p. 17. Il fallut prendre des mesures contre ccs hérétiques : en 576. au synode d Ezéchirl, Synod, orient., p. 115 sq., trad.» p. 371 sq.; en 585, sous Ko'yahb, ibid., p. 1 11 sq., trad., p. 106 sq. Baba! le Grand leur lit une guerre énergique. Gf. Thomas de Marga, édit. Budge, p. 51-53. trad., p. 91-95. II y a de nombreuses monographies monastiques, dont plusieurs ont clé éditées; cf. H. Duval, /xi littéral ire syriaque, p. I 12-153, vies des saints et des ascètes, p. 26521 I. histoires particulières,p. 222-231. analyse dennh. L’ouvntgc de Hiomas de Murga sur le couvent de Belt ‘Abc n été réédité par P. Brdjan. Ltèer uipcrinrum. \cu htstorta monastica, Leipzig et Paris, 1901, p. 1-430. Le livre d'Iso'denah sc trouve réimprimé dans le même volume, sons le titre llhlarta fundatorum monasteriorum in regno Persarum d Arabum, p. 137-517. Sir E. A. Wallis Budge a publié trois textes sur Hormlzfl, le fondateur du célèbre 187 NESTORIENNE (L’ÉGLISE) SOUS LES ARABES monastère dans la montagne d’Alkocbc et Bar ’Edtn, avec traduction anglaise, The hiitories o/ Ru bban Hormizd the Penton and Rabban Rar·'Idla, dans Lutae's Semitic text and translation series, Londrr*, 1902, t. ix-.xi; cf. A. BaumMark, Die biographie dis Rabban Rar-'Itta, eine Quellenschri/l zur altcren nrstorianischen Klrehengeschichtc, dnns Ramische Quartabehrift, 1901, t. xv, p. 115-123; I. Guidi, Gli statuti della Senoia di Sisi bi, dans Giomalc della Société asialica ilaliana, 1892, t. tv, p. 165-195; sur les me* Mill ms, cf. >L Kmosko, Res Mcssaltanorum apud neslorianos gesta.·, «tons )*intrn A l'édition du Liber gniduum, Patrotogta tyriaca, part. I, t. nr, p. cx.xx-cxxxv. Sur le monachisme et l’école de Nhibe. Ijibourt. Le rhrlstiiinbmr.,., p. 28-31. 288-301. 302-321. L'EoI.ISE NESTOIUENNE SOUS LA DOMINATION arabe. Lorsque les Villes Royales tombèrent, dans l’été de 637, aux mains des musulmans, les chrétiens dc Perse avaient déjà pu faire connaissance avec ces vainqueurs, qui occupaient Hirâ depuis 633. Les sujets des Ixhmides, chrétiens ou païens, étaient dc race et de langue arabe : lorsqu’ils furent attaqués par les troupes de al-Mu|.annâ ibn Harita, dont une partie seulement était islamisée, ils ne pouvaient s’imaginer cpic l'incursion dont ils étaient les témoins était le prélude d’un bouleversement radical de la situation religieuse en Orient. Dans l’intention des assaillants, pense le duc de Scrmoncta. Annali dclThlam, t. n />, p. 915, il s’agissait seulement d’une razzia. Hirâ, s’étant rendue, fut soumise à un tribut global sans capitation. Pour les chrétiens dc Mésopotamie, toujours exposés â l’arbitraire des fonctionnaires mazdéens et soumis a une exigeante fiscalité, ces conquérants dc la prin­ cipauté voisine faisaient ligure de libérateurs. Les Sassanldes avaient redouté que les chrétiens dc leur empire fussent les comparse* et les espions des Byzan­ tins; voici qu’ils allaient sc faire, tacitement peut-être, mais spontanément, les auxiliaires des Arabes, La Chronique dc Stert raconte que le catholicos, dès l’année G32, avait envoyé au Prophète, pour obtenir sa bienveillance envers les chrétiens, une ambassade dirigée par Gabriel, évêque de MaySan; elle ajoute que Yazdegerd s’en étant irrité, le catholicos expliqua son attitudo : il ‘•ut ménager habilement les affaires de sa « nation pendant le changement des empires. P. ()., l. \ni. p. 618420 (298-3001. A Hirâ cependant, les chrétiens ne furent l’objet d’aucun traitement de faveur : la Chronique de Sécrt sc plaint de ce que les Arabes, avant de partir à la conquête dc l’empire perse, logèrent dans les églises et les couvents, en les profanant horriblement. Ibid. p. 5'27 (307 I· Nous ne saurions (lire s’il en fut ain i.’ pendant l’invasion des territoires soumis aux Sassatildes : c’est une tactique assez naturelle aux conqué­ rants, lorsqu’ils s’emparent d’une contrée divisée par des différences ethniques ou religieuses, de s'appuyer sur un parti pour réduire l’autre plus facilement. Le divide et impera fut appliqué par les Arabes, et ils tentèrent constamment, au cours de leurs premières conquêtes en pays païen-, d’attirer à eux les * tenants du livre . chrétiens et Juif-. Ils se trouvaient d’ail­ leurs en Mésopotamie dans des conditions particuliè­ rement favorables : les chrétiens étalent en majorité araméens, donc sémites comme eux, tandis que les ni.izdcens étaient plutôt des iraniens, différents par la langue et tous les caractères ethniques. Pendant plusieurs années, les Arabes ne dépassèrent pas les limites dc la contrée où dominait l’élément arameen: ils Vv arrêtèrent volontiers avant de monter à l’assaut du plateau per- in. Annali dell’hiant, t. n b, p. 912; t tu, 1910, p. 715, 767 sq.; t. v. 1912, p. 1-6. Omar ne désirait pas développer les conquêtes des fidèles du Prophète en dehors dc l’Arabie : à ses yeux la religion dc Mahomet n’était pas destinée à devenir IV. 188 celle du monde entier, il suffisait qu’elle fut celle des \rabes. Encore n’avait-il pas Imposé aux chrétiens de Nedjrân de se convertir, il s’était contenté de les transférer en Mrflq, leur donnant une lettre dc garantie, et leur faisant attribuer des territoires en compensa­ tion de ceux qu’ils avaient abandonnes. Annali..., L iv, 1911, p. 358 sq. Lorsque les musulmans combat­ taient contre les troupes régulières des Sassanides, en 636-G38, certains éléments des tribus chrétiennes nomades guerroyèrent â leur côté et eurent leur part du butin. Cette collaboration ne pouvait manquer d'influer sur leur attitude vis-à-vis de l’Islam. La création d’un centre militaire à Koufa, l’arrivée parmi eux des premiers groupes (l’émigrants, durent accé­ lérer la compénétration el l’assimilation. Les popula­ tions chrétiennes, sédentaires et nomades, qui étaient assez nombreuses sur la rive droite, alors bien cul­ tivée, de l’Euphrate, semblent avoir été absorbées en quelques dizaines d’années, si l'on excepte les habi­ tants dc Hirâ et du faubourg que les Ncdji unites y occupaient. Seuls quelques couvents subsistèrent un peu plus longtemps, derniers vestiges du christia­ nisme en cette région. Annali..., t. m, p. 758. Mais le mouvement déclenché en Arabie par la prédication de Mahomet n’était pas de ceux que les hommes gouvernent a leur grc. Les populations qui sc bousculaient, étroitement cantonnées dans la partie fertile de l’Arabie I le u reuse, et celles que leur faiblesse avaient réduites jusque-là aux maigres paturâges du Ncdjd, en voyant s’ouvrir devant elles (les territoires nouveaux, avaient commencé de s’ébranler avec leurs troupeaux. Reprenant la vieille route des migrations, suivie déjà par les contribules d’Abraham, elles sc portèrent en foule vers l’Euphrate, non plus pour une razzia, mais avec le dessein de s’installer définitive­ ment. Cette deuxième phase de l’invasion cul lieu sous Othmân : les éléments qui arrivèrent alors en Mésopotamie étaient plus turbulents que les premiers, le nombre excessif des émigrés créa des difficultés économiques, il y eut des désillusions, du mécontente­ ment el par conséquent des abus. Annalt..., t. vn. 1911, p. 26-28. ISo’vahb 11. qui faisait une visite des diocèses pour y affermir l’autorité des évêques, fut accusé de faire une collecte. Les autorités le som­ mèrent dc livrer l’argent (ju’il avait recueilli, et sur son refus on l’incarcéra. Barhébnvus, Chronicon ecclesiasticum, t. m, col. 131. A Nislbe, lorsque le métropolite Gyriaque mourut, l’émir de la ville lit enlever tous les objets de valeur qui se trouvaient dans la cellule du prélat et dans le trésor de l’église, Chrcnicon anonymum, dans Corpus scriptorum Christiano­ rum orientalium. Scriptores syri, sur. III. L ιν. p. 31. trad., ρ. 26. trad. Niildeke, ρ. 31. Toutefois, les faits de ce genre sont des exceptions : les non-musulmans constituaient la matière imposable, les bonnes admi­ nistrations ne tuent pas la poule aux (imfs d’or. Aussi se gardait-on bien dc provoquer des conver­ sions intempestives : pourvu que chacun payât l'im­ pôt, on le laissait libre de pratiquer sa religion. Annali..., t. vu. p. 218. Mais cette liberté religieuse, que l’on constate de toute évidence dans les premiers temps de l’Islam, fut-elle garantie par quelque acte officiel de la nou­ velle autorité? Les annalistes chrétiens 1 ont prétendu: la Chronique de S&rl contient une longue charte accordée par Mahomet lui-même aux chrétiens dc Nedjrân et aux autres chrétiens de toute secte. Pour mieux authentiquer son texte, le chroniqueur a soin d’en retracer l’origine : Cette copie a été faite sur un registre qui fut retrouvé en '265 (878-879 de notre ère) à Binnantha chez Habib le moine. Selon le témoi­ gnage dc celui-ci, la copie venait de la bibliothèque de philosophie, dont il avait été le conservateur avant 189 NESTORIENNE (L’ÉGLISE) SOUS LES ARABES de devenir moine; le pacte était écrit sur une peau dc bœuf qui avait jauni, et portait le sceau de Moham­ mad, que la poix soit sur lui. · /'. O.» t. xm, p. 601 |281 |; cf. B.irhébræus, Chrnnicon ecclesiasticum, t. nr, col. 115-118. C’v*l trop beau pour être authentique, et ainsi en est-il du traité accordé aux chrétiens de Syrie, tnno//..., t. m, p. 958. On peut même douter des lettres écrites par Omar ou Othmân en faveur des chrétiens de Nedjrân, bien qu'elles soient plus vrai­ semblables et permettraient d’expliquer comment on a osé forger des documents plus généraux el plus favo­ rables aux chrétiens. Annali..., t. iv, p. 318; l. vu, p. 178 sq., 257. ISo'yahb 11 aurait reçu d’Omar pour les chrétiens une garantie écrite, · que l’on conserve jusqu'à ce jour ·, dit Mari. édit. Gisinondi, p. 62, trad., p. 55; cf. (J/ironn/uc de Stert, qui donne le texte dc l’écrit. P. O , t xin. p. 629-623 |300-303 |. La vie intérieure de l’Église nestorienne parait pendant celte période avoir élé normale : Mâr’cmmeh, successeur d'ISo'yahb II, fut élu sans difficultés. On disait cependant qu’une certaine pression avait été exercée en sa faveur par un chef militaire arabe, dont il avait ravitaillé les troupes dans la région de Mossoul. Les nouveaux maîtres toutefois ne relevèrent pas la tradition sassanide de l’immixtion du pouvoir civil dans les affaires ecclésiastiques. Ά1Ι, dit Mari, lui avait remis pour lui-même el pour scs ouailles un sauf-conduit, l’autorisant à requérir l’aide des auto­ rités musulmanes, p. 62, trad., p. 55. Mais la Chro­ nique dc Stert dit expressément qu’il mourut sous le califat d’Olhmân. P. ()., t. xm. p. 630 |310j. ISo'yahb III lui succéda, régulièrement élu à Sélcucfc-Ctcsiphon. Il avait élé élève de l’école de Nisibe. évêque de Ninive, puis métropolite d’Arbèlc*·. Comme évêque, il avait accompagné ISo'yahb II dans son ambassade auprès d’Héraclius; mais plus heureux que lui il n’était pas devenu suspect de complaisance pour les Grecs. 11 avait d'ailleurs donné des preuves évidentes dc son orthodoxie dans la lutte qu’il avait engagée contre Saluions!, son compagnon d’alors, qui était devenu chalcédonien cl s'efforçait de gagner ses compatriotes à sa nouvelle conviction. ISô'yahb ill liber epistularum, édit. Bubons Duval, dans Corpus scriptorum Christianorum orientalium. Scriptores syri. scr. 11. t. r.xiv. Paris, 1905, p. 198.292211, trad., p. 1 I I, I 17-155; cf. IL Gousscn. Marlyrius· Sahdona's Le ben und Werke.... cin /leitrag zur Geschielite des Kalholizismus unter den Xestorianem. Leipzig, 1897. A cette époque, le christianisme disparut presque entièrement sur la côte occidentale du Golfe Pcrslqüc. dans l'Oman, Bahrnynct ses Iles, cl toute cette partie du littoral arabe qui s'étend en remontant Jusqu’à l’embouchure dc l’Euphrate. et qu’on appelait on syriaque le Bell Qatarayc. Comme les let tics d’ISo'yahb III ne sont pas datées, il est impossible de déterminer l’année précise des événements dont il parle, mais lorsqu'on 650 il devint catholicos, l'apos­ tasie des chrétiens de l’Oman ou Mazfinflyè était déjà un fait accompli, ils n’avaient pas eu besoin d’être contraints par les musulmans, iis avaient renié leur foi pour sauver la moitié de leur fortune. Liber épis· tularum. p. 218, 251. trad., p. 179 sq., 182 Le mal s’étendait dans le Beit Oatarâye. dont les évêques avaient envoyé spontanément une formule d’adhésion aux autorités musulmanes. ISo'vabb s’efforce de • * sauver cette partie dc son troupeau, convoque les évêques prévaricateurs, puis, après qu’ils ont été condamnés en synode par contumace, leur écrit avec charité, bien qu'ils aient porté leurs professions de fol musulmane signées cl scellées devant les tribunaux, sc fermant eux-mêmes toute possibilité de résipis­ cence. Ibid., p. 260-262, trad., p. 188 sq. Du moins 190 fallait-il essayer dc retenir les fidèle*. Bô'yahb réussit à enrayer le mouvement en s’appuyant sur les moines, qu’il n’hésite pas a dégager dc l’obéissance envers les évêques, tbtd.. p. 262-283, trad., p. 189-204. Le bars aussi, sur la côte orientale du Golfe Persique, était vacillant ; Bo’yahb écrit a Siméon. métro­ polite de Hewardaiir. le suppliant de ne pas persister dnns ces Idées séparatistes qui travaillaient depuis le schisme de Narsaî er Éihée la chrétienté de Perside· Deux métropolites et plus de xingt évêques, des deux cotés du golfe, ont négligé dc venir trouver le catho­ licos pour recevoir dc sa main la plénitude du sacer­ doce. Comment pourraient-ils résister efficacement à I ennemi, s’ils ne s’appuient pas sur celui qui est pour les pays d’orient le successeur dc Pierre? Le catho­ licos écrit, envoie comme visiteurs les évêques d’Hormlzdarda&ir et de SuStcr. Ibid., p. 217-260. trad., p. 179-188. La chrétienté de Perside ne disparut pas toutefois, on a pu suivre ses traces jusqu'au début du xr siècle, mais il est certain qu'elle fut dès lors très réduite. E. Sachau. Vom Cbrittenlum in Pénis, dans Sitzungsbericfite drr k. preuss. Akad. der U /5argis). p. 230. 11 semble cependant que la situation du christia­ nisme ne s’était pas rétablie parto it, car Sou Tsoung (756-762) reconstruisit les monastères de Ling-wou et de quatre autres endroits. Tal Tsoung (762-779) continue aux moines la plus grande faveur, étant éga­ lement bienveillant d’ailleurs pour les musulmans, les bouddhistes, les manichéens. 1) envoyait de l’encens aux moines au jour anniversaire de sa naissance cl leur faisail porter des mets de sa table. Saeki. op. cil., p. 232-231. Cet auteur suggère même que la fête anni­ versaire de la naissance de l’empereur aurait été insti­ tuée en 729, à l’instar de la fête de la Nativité de N.-S., (pie les Chinois voyaient célébrer par les moines. L’empereur régnant. Te Tsoung (780-805) a conféré au persan Yazb-bôzêd, devenu Yi-sscu. Ici pins importantes dignités: quoique prêtre, du clergé blanc ou marié d’ailleurs, il a obtenu le titre de mandarin du premier rang avec l’insigne d’or et la robe pourpre, il a été nommé commandant militaire en second pour la région septentrionale de l’empire, et inspecteur des examens de la salle impériale. C’est lui. principal bienfaiteur des quatre couvents nestoriens de 11 capi­ tale, qui chaque année en réunit les habitants pour une de ces fêtes, dont la stèle de Si-ngan-fou est le splendide monument commémoratif. Après la partie poétique, où n’apparait aucun détail nouveau, le texte, entremêlé de syriaque et de chinois, raconte les circonstances de l’érection cl la liste de ceux (pii avaient pris part à la fêle, probable­ ment tout le clergé de la capitale. La date est exprimée suivant le comput chinois et dans l’ère des Séleucides, 1092 qui est 781 de notre ère, mais il est dit (pie le catholicos était alors HênânKo'( 11/, lequel d’après Assémani, Hibliotheca orientalis, t. i ii a. p 616. serait mort à la lin du 777 ou au commencement de 778. .Mais on a reconnu depuis que sa mort devait plutôt être placée en 780, et il est naturel qu’elle n’ait pas clé connue de suite au milieu de la Chine. Il faut en tout cas renoncer à reporter l’érection de la stèle à l’année 779, comme l’a tenté M. Mingana, Early spread o/ Christianity in Central Asia and the Far East : a nciu document, dans bulletin of the John Hylands library, 1925. I. ix. p. 331-333, se basant sur l'hésita­ tion à propos du début de. l’ère des Séleucides cons­ tatée dans le colophon d’un manuscrit nestorien écrit en Chine a celle époque, car la date chinoise m peut être corrigée. 5 azd-bôzêd est nommé en syriaque chorévêquc de Kumdan (pii csl Si-ngan-fou; il était, nous dit-on, tils de Miles, prêtre de Balkh, et avait un fils diacre, nommé Adam. Presque tous les personnages nommés ont un double nom. syriaque el chinois, mais les litulatures qui accompagnent ces noms ne sont pas Identiques dans les deux langues, car on a écrit en syriaque les litres ecclésiastiques el en chinois ceux qui étaient à la collation de l’empereur Des deux dignitaires chargés de vérifier I exactitude de l’ins­ cription, l’un Sabriso* ou Using l’oung. est examina­ teur. l’autre, examinateur en second, Gabriel ou Ych-ll, est protoprêtre du monastère, honoré de la robe pourpre, directeur du bureau impérial des céré­ monies. de la musique cl des sacrifices ; il est en même temps archidiacre, ayant autorité sur les Eglises de Kumdan el Sarag, c’est-à-dire les deux capitales des T’ang, l’occidentale el l’orientale. Si-ngan-fou el Lo-yang. P. Pelliol, l/tvrche nestorien de Khumdan et Saray, dans T'onng pao, 1928, I xxv, p. 91 sq. 205 N ESTO K I EN NE (i/église; I/évêque Jean, dont le nom ouvre la série de* 70 membres du clergé inscrits sur les faces latérales du monument, n’a pas d’autre quaflflcatlL Le prêtre Georges, archidiacre de Kumdan, était mdqryAnû, c’est-à-dire chargé d’enseigner à bien lire la Bible. Il y avait encore, semble-t-il, deux chorévêqucs nommés tous deux Mar Serge, avec des noms chinois différents, dont le deuxieme aurait été charge de Chhing-tsoua (shiungthsua h partie du Chen-si, d’apres M. Saeki, op. n/.. p. 254-256, tandis que M. Pci liot préfère voir dans l'énigmatique H'angtsua du syriaque un titre bouddhique. T'oung pao, sér. II, t. mi, 1911, p. 669-690. Vingt-quatre prêtres sont désignés comme tels (qaiisû), dont quatre sont quali­ ties de moines, ou plutôt solitaires (ihidâi/â), un autre prêtre du tombeau » et un autre doyen 11 n'y a qu’un seul diacre, en plus du tils de Ya/d-bôzêd, et un portier ou sacristain. Les autres noms, accom­ pagnés en chinois d’un signe que M. Saeki rend abu­ sivement par prêtre, devaient être des moines laïcs; leurs noms ne sont accompagnés en syriaque d’aucune qualification. Quelle chrétienté y avait-il derrière ce clergé’ Sans doute, il y avait dans les ports et dans les centres commerciaux de l’intérieur, le long des fleuves, que remontaient alors les embarcations venues de Perse: G. Ferrand. Relations de voyages et telles géographiques, t. t, p. 96, citant Maçûtif, un certain nombre de nes­ toriens venus pour le négoce, mais il y avait aussi, probablement surtout dans les villes, un nombre important de chrétiens chinois . l’inscription le dit formellement. Pendant les vu· et vin* siècles, dans toute la Chine, mais surtout dans la capitale, car il était important d’obtenir l’oreille du souverain, sc côtoyaient les missionnaires de plusieurs religions, faisant du prosélytisme à outrance, dans une concur­ rence pas toujours loyale. Les moines perses, intro­ duits par leurs compatriotes marchands, sont accou­ rus à celte mêlée dans le noble but de propager la religion chrétienne: ils se sont trouvés à Si-ngan-fou. comme ils l’étaient à Clésiphon, près de monarques, qui n’étaient pas de leur religion, mais dont plusieurs étaient bien disposés. De même que des diacres, comme l’un des Bokliso*, étaient â Bagdad médecins des califes, les prêtres nestoriens en Chine se prê­ taient volontiers au gouvernement pour occuper des fonctions publiques; on en connaît qui. au milieu du vnr siècle, étaient interprètes auprès des mercenaires otiigours. et notre Ynzd-bôzêd s’était vu cou lier une haute dignité militaire, sans doute parce que ses connaissances linguistiques lui permettaient de coor­ donner plus facilement l’action de troupes apparte­ nant aux races les plus diverses. Mais le clergé nes­ torien n’était pas seulement un clergé de cour : les monastères rayonnaient, comme rayonnaient les grands centres monastiques d’où étaient partis les premiers missionnaires, comme d’ailleurs rayonnaient aussi les monastères bouddhiques, puisque ce fut ce rayonnement qui provoqua la suppression des uns et des autres en 815. Il n’est pas permis de mettre en doute l’esprit apostolique de ces moines, dont le patriarche Timothée I” disait quelques années plus lard : · beaucoup traversent les mers vers l’Inde et la Chino avec un bâton el une besace seulement, /-.'pis/n/.r, dans Corpus scriptorum Christianorum orien­ talium, Scriptores syri, icr. II. t. lxvii. p. 107, trad., p. 70. M Saeki pense (pie le nombre des chrétiens en Chine à la lin du vm· siècle était très grand* si nous ne trouvons pas leur trace, n’est-ce pas parce que, dans la Chine surpeuplée, bâtiments et monuments disparaissent vile lorsqu’ils ont cessé d’être utiles, et aussi parce «pic les recherches archéologiques y ont été 1res peu développées? Tout espoir ne doit pas en chine 206 être perdu, témoin cette croix, avec quelques mots du ps. xxiv, 6, en syriaque, trouvée en 1920 a quelque distance de Pékin. F. C. Burkitt, A new nestorian monument in China, dans The Journal of theological studifK, 1926-1921. I xxn. p. 269. Qu’y avait-il comme clergé indigène pour encadrer ces chrétiens? C’est très difficile à déterminer : les noms que les chrétiens reçoivent au baptême abo­ lissent la marque de leur nationalité, ils reflètent tout au plus celle des missionnaires qui les ont baptisés. Les noms les plus spécifiquement syriens, MSihàdâd ou SabriSo’, peuvent avoir appartenu aux plus authen­ tiques Chinois. Nous croirions volontiers que, dans l’importante liste de la stèle, tous ceux-là sont Chi­ nois dont le nom chinois n’a aucune relation phoné­ tique avec le nom syriaque. Nous aurions ainsi comme persans d’origine : Ynzd-bôzêd Yi-sseu, (mbricl Ych-li, évêque Jean ~ Yao-loun. Éphrcm Fou-lin, cl d’autres, ceux en particulier donl le nom syriaque n’est pas accompagné d’un correspon­ dant chinois, mais il faudrait retenir pour Chinois le chorévéque Mar Serge Ling-pao, l’examinateur SabrlSo’ I fsing-t’oung et beaucoup d’autres. C’est là pourtant que devait se trouver la faiblesse de l’orga­ nisation chrétienne en Chine : alors qu’il y avait 2 000 moines nestoriens et musulmans (?>. Saeki. op. ri/., p. 89 cl note, lorsque les taoïstes obtinrent en 845 l’édit de fermeture des monastères et de pre­ scription des religions étrangères, il n’y avait plus aucune chrétienté en Chine, lorsqu'en 980 environ le catholicos ’AbdiJo’ Ier y envoya une mission de six moines chargés d’en reconnaître l’état. Kitûb alFihrisl, édit. EiOgel, Leipzig, l. i. 1871, p. 319, trad, française dans G. Ferrand. Relations de voyages et textes géographiques..., p. 129. L’explication du P. Wieger est catégorique : Branche morte de l’arbre de vie, (les nestoriens) ne furent pas une bouture chrétienne, ne poussèrent pas de racines, durèrent autant que la faveur impériale, et disparurent quand celle-ci cessa. » Histoire des croyances religieuses et des opinions philosophiques en Chine.. . Sienhsien, 1917, p. 531. L’examen des circonstances historiques sug­ gère quelques restrictions à apporter à ce jugement sommaire : l’alllux des chrétiens étrangers en Chine, el donc aussi des missionnaires, se ralentit au cours du ix· siècle, parce que. d’une part, le commerce passa des Perses aux Arabes tous musulmans, tandis que d’autre part le voyage par mer devenait difficile, en raison de l’insécurité (pii prévalait dans les mers d’Extrême-Orient. C’est alors que les bateaux partis des côtes d’Arabie cessèrent d’aller jusqu’en Chine» cl commencèrent de s’arrêter à Kahih. dans le détroit de Malacca, pour y attendre les marchandises qui y arrivaient sur bateaux chinois. Sans doute. Timo­ thée I·' (780-823) ordonna encore un métropolite pour le Bed Sin;ivc,voir Thomas de Marga, 7 /p hook o/ gover­ nor*. p. 238. trad., p. 118, mais ce fut peut-être le dernier évêque envoyé pour lors en Chine, Or on sait qu’une chrétienté ne peut subsister sans évêque au delà d’une génération. M. Saeki pense que beau­ coup de chrétiens passèrent à l’islamisme ou à la société secrète des Tchin-tan chiao, ou religion de la pillule d’immortalité », dont il identifie le fondateur, Lu-Yen, avec le calllgraphc de l’inscription de Singan-fou. (pii était en tout cas son contemporain. Op. cit.. p. 56-61. Quoi qu’il en soit, il csl certain que la semence de christianisme avait été abondamment répandue sur le sol chinois; elle a laissé de nombreuses traces d ins les religions (pii ont pu se sufllrc avec les ressources locales, cl ont refleuri après la crise de 815, bouddhisme et sectes apparentées, voir A. E. Gordon, Asian christology and the Mahdijanii. Tokyo, 1921, p 98 271. 207 NESTORIENNE (L’ÉC.LtSE) EN l-n \tôlc de Sl-ngnn-fou n donné lieti â de nombi ruses traduction* et études, dont on trouvera la liste dans II. Confier, Bibholhera sinica. dictionnaire bibliographique drx ouvragrs rclalt/s Λ Γempire chinois, Paris, 1001-1007, col. 772-781.3121 ; Supplémrnl, Paris. 1922-1921, col 35623561; ajouter II. Cordier, Histoire générale de la Chine el de ses relations avec Zr» pays étrangers, Paris, 1920, t. t, p. *186-491. Panni les anciens ouvrages sur le sujet, on peut noter %ptx-inlenient .1. S. Asscmanl. Bibliotheca orientalis, t. in fr. p. nxxxvni-DLii. On en trouve une reproduction dans le Diet. ιΓ Archéologie chrétienne,, t. Ill, au mot Chine, 2· La pénétration du christianisme en Asie centrale. Tandis que la doctrine chrétienne, portée par la mousson d'été pouvait atteindre en quelques années les comptoirs perses de l’Inde et de l’Extrême-Orient, la conquête des hautes terres asiatiques par les hé­ rauts de l'Évangile progressait nécessairement ù une allure plus lente. Sur terre comme sur mer. d’ailleurs, ce sont les voies commerciales qui ont servi à l’expan­ sion du christianisme cl le rythme de celle-ci a subi largement l’influence des conditions politiques cl des fluctuations dans l’intensité des échanges com­ merciaux. L’explorai ion récente, en étudiant les itinéraires des caravanes qui assuraient le transport de la soie à travers le Turkestan oriental, a retrouvé de nombreuses traces de la vio chrétienne, mêlées â celles du manichéisme et du bouddhisme, qui ont suivi les mêmes roules pour gagner la Chine. Ces monuments ajoutent beaucoup aux données des textes. ' Les chrétientés d’Asie centrale ne furent pas, en général, comme celles des cotes de l’Inde, de simples colonies de marchands, ni des communautés hybrides comme celle de Si-ngan-fou. qui unissait aux élé­ ments chinois une forte proportion de prêtres ou de fidèles venus de Perse : mais elles furent des groupe­ ments homogènes constitués au sein des populations locales, surtout parmi les nomades ou semi-nomades appartenant à la race allaïque : Turcs, Tatars ou Mongols. Dès que l’Église de Perse nous apparaît dans sa jeune organisation au synode de DadiS )'. elle a porté scs avant-postes aux frontières septentrionale cl orientale de l’empire sassanide : en 424, Bay, NiSapûr (AbraSar), Merv, Herat, ont déjà des sièges épisco­ paux. Peut-être même la prédication évangélique s’était-elle déjà étendue assez loin en dehors des limites de l’empire : la diffusion du manichéisme, dès le iir siècle, cf. Makichi'isme. t. ix, col. 1867-1872, montre avec quelle facilité les religions nouvelles pou­ vaient prendre pied dans des milieux dont les prati­ ques religieuses n’étaient pas réglées par un sacerdoce hiérarchisé. Philippe, disciple de Bardesane. dont on a vu plus haut le témoignage pour la Perse, col. 162, affirme qu’il y avait des chrétiens en Bactriane : le traducteur a écrit « apud Cuscianos » (Patrologia syriaea, part. I, t. n, col. 608), mais le sens du mol syriaque (Jay&anâyr n’est pas douteux ; cf. A. Mingana, Early spread o/ Christianity in central Asia and the Far East, dans Bulletin o/ the John Hylands library, t. ix, 1925, p. 301 sq. Eusèbe, qui fail allusion ά ce texte, l’a d’ailleurs correctement rendu, παρά Βάκτροςς, Prtepar evung., VI. x. P. G’., t. xxi, col. 476 B. Le texte de saint Jérôme : Hum discunt psalterium, EpisL, xvn, P. ?... t. xxii, col. 870 (éd. Hilberg dans Corp, script, eccles. lut., t. lv, p. 292). est moins pro­ bant pour démontrer la pénétration du christianisme en Asie centrale, parce que les Huns avaient dès lors commencé leur migration vers l’Ouest. Mais, en 498. il y avait des chrétiens parmi les Turcs. Huns des bords de l’Oxus ou Hephtalitcs. auprès desquels se réfugia Qauad, Chronique de Séert, dans P. O., t vu, p. 128 |36 |. Aux environs de 525. un évêque de Arran, Qardutiat, partit avec sept prêtres pour évan- ASIE CENTRALE 208 géliser une tribu de Huns, probablement aussi en CIsoxiane, et ils traduisirent en hunnique un certain nombre de livres religieux. Zacharie le Rhéteur, dans Land. Anecdota syriaca, l. nr, Lcyde, 1870, p. 337-339, trad, anglaise pur F. J. Hamilton cl EAV. Brooks. The syriac chronicle known as that o/ Zachariah o/ Mi/ylcne, Londres. 1889, |>. 329-331; texte réim­ primé dans Corpus script, christ, orient., ser. III. t. vi. p. 215-217, trad.» p. 145 sq. L’auteur, qui est monophyslte, ne dit pas que QardutSa} fût nestorien, mais Arran, bien que située a l’ouest de la mer Cas­ pienne cl au nord de l’Araxe, était dès 120 le siège d’un évêché dépendant de Séleuclc-Ctcsiphon. Synod, orient., p. 37. trad., p. 276. Peu après, en 519,*les Hephtalites demandaient au catholicos Abâ Ier de leur donner un évêqiic. Histoire de Mar Aba.éd. Bedjan, dans Histoire de Mar Jabalaha..., p. 266-269, cité dans Mingana, toc. cil., p. 304 sq.; cf. J. Labour!, Le christianisme..., p. 189 sq. Gela suppose que le christianisme était dès lors solidement installé chez les Ripualrcs,qui habitaient au sud-ouest de l’Oxus. En 590. Ncrsès le Persan captura par mil­ liers des soldats de même race, qui avaient lutté contre Chosroès II en faveur de Bahram Tchoubin el port aient une croix tatouée sur le front, véritables chrétiens ou païens attirés par les mystères chrétiens et attribuant à la croix une valeur prophylactique, L. Cahiin, Introduction à Thistoirc de T Asie. Turcs et Mongols des origines à 1406, Paris, 1896, p. 107. Au milieu du vir siècle, i*3ie, métropolitain d · Merv, travaillait en Transoxiane ù la conversion des tribus turques. Th. NÔldcke, Die non (iuidi herausgegcbcne syrische Chronik, p. 39 sq.;cf. Corpus script, christ, orient., ser. Ill, t. iv, p. 34 sq., trad., p. 28 sq. Mais c’est surtout Timothée Ier qui intensifia l’évangélisation de l’Asie centrale. J. Labour!, De Timotheo /..., p. 13-15. 11 sc servit surtout pour la réalisation de ses desseins apostoliques des moines de Beil ’Abc. dont Tactivile missionnaire lient une place importante dans l’histoire que Thomas de Marga a consacré aux hommes célèbres de son monastère. E. W. Budge, The book o/ governors, t. i, p. 238, 259-261, 265-270, 278-281; trad., t. n, p. 447 sq.. 478-182. 188-191, 50 1-507. Dès celle époque, peut-être même avant Timothée, il y eut en Asie centrale au moins un royaume chré­ tien. Au début du vin· siècle, si la chronologie, du tezkéré de Muhammad (îazâli est exacte, le prince de Kachgar était un chrétien nommé Serglanos. E. Blochet, La conquête des fàtats nestoriens de TAsie centrale par les Shiites, dans Demie de l ’Orient chrétien, l. xxv, 1925-192 >, p. 21. Le nom, de forme grecque, empêche de reconnaître à quelle race. Indo-européenne ou turque, appartenait ce souverain. Le christia­ nisme atteignait en ces contrées des populations d'ori­ gines diverses, puisque, dans les fouilles de la région de Tourfan, on a trouvé, à côté de fragments dans la langue liturgique des églises nestoriennes, le syrincpie. d’autres débris de manuscrits chrétiens en sogdicn el en turc. E. Sachau, Lilteraliir Bruchsthcke ans Chine· sisch-Turkistan, dans Sitzungsberichte der kgl. preuss. Akad. der Wiss., 1905, p. 964-973; F, W. K. Müller, Handschri/ten-Heste tu EstrangetoSchri/l ans Tur/an, H Tell, dans Abhandlungen der kgl, preuss. Akad, der Wiss., 1904, p. 36 sq. Mais, comme les points fouilles sont sur la route qui passe rie Kachgar en Chine par le nord du désert de Taklaniakan, on pourrait penser qu'il se trouvait là des passagers d’origine persane, au milieu d’une population turque. Quoi qu’il en soit, au milieu du xir siècle, cette fou au sud du Taklamakan, les chiites se heurtaient dans leur conquête à des troupes en grande partie chré­ | tiennes. commandées par un gouverneur chrétien 209 NESTORIENNE (L’ÉGLI:SE) EN d’Aksou, vassal d'un prince chrétien de K hot an, Noudoum khan. E. Blochet, d’après le /r:Â/ré de Mahinûd Karâm Kabûll, /oc. c//., p. 25. (les chrétientés du bas­ sin du Tarim devaient sans doute leur origine h des missionnaires ayant suivi les marchands sur les deux routes, septentrionale et méridionale, des caravanes de la soie; leur existence ne semble pas liée au progrès de l’évangélisai ion méthodique des Turcs, a laquelle s'appliquait le patriarche Timothée !·% probablement dans le Ferghana, peut-être déjà dans la Djoungaric, puisque, dès le premier quart du vm* siècle, il y avait un évêque à Samarkand, Ebedfesu... collectio canonum synodicorum, tr. Vit, c. xv, dans A. Mal, Scriptorum veterum nova collectio, l. x, Koine, 1838, p. 301, trad., p. 112. Timothée, dit Mari, éd. Glsmondi, p. 73, trad., p. 61. avait réussi à convertir le khâqân des Turcs et plusieurs rois; ce témoignagm t irdif pourrait être suspecté, mais Timothée lui-même affirme que, dans la deuxième année de son pontificat (782-3), le · roi des Turcs » se convertit au christianisme avec presque tout son peuple, et ajoute qu’il leur consacra un métropolitain. Lettre inédite aux Maro­ nites, citée par J. Labour!, Ile Timotheo /..., p. 13, et A. Mingana, Early spread..., p. 306. C’est ù celte époque, ou â une date quelque peu postérieure, que M. Mingana, toc. cil., p. 349-351, voudrait rattacher un document nouveau, qu’il a édité comme faisant partie d’une lettre supposée de Philoxène de Mabboug (t après 522) au gouverneur de Hirâ pour le compte des princes lahmides, Abù 'Afr, ibid , p. 368-371, trad., p. 360-367 sq. Le texte est assez étrange pour que le P. Peelers ait pensé â y reconnaître une supercherie récente. By:antion, I. IV, 1927-1928, p. 569-57L II était d’autant mieux fondé à émettre cette hypothèse que la copie uti­ lisée par M. Mingana avait été prise, en 1909. sur un original conservé en Orient, M. Mingana ne dit pas où; mais ce dernier vient d’annoncer qu’il a trouvé le même texte dans un manuscrit en sa possession (.Mingana 71, fol. 10-17), dont les caractères paléo­ graphiques correspondraient à la première moitié du xvn» siècle. Bulletin o/ the John Rylands library, t. XIV. 1930, p 121. Les chrétientés turques se développèrent : dès le milieu du vm· siècle des Oulgourschrétiens servaient comme mercenaires dans les armées chinoises. P. Y. Saeki, The nestorian monument in China, p. 231 sq. En 1007, les Kéraïles, qui habitaient en Mongolie septentrionale, devinrent chrétiens en masse, dans des circonstances qui rappellent la con­ version des Francs de Clovis, après la bataille de Tolbiac; 'Abdis/, métropolitain de Merv, évaluait leur nombre à 21)0000. Bnrhébneus,Chronïron ecclesias· licum, t. m. p. 279 sq. C’est peut-être à la mêmeépoque, au plus tard dans le cours du xn· siècle, que se convertirent les Ongût, installés sur la grande boucle du fleuve Jaune, gardiens des passages de la Chine vers la Mongolie. Textes relatifs il ces tribus chré­ tiennes dans P. Pelliot, Chrétiens d'Asie centrale..., p. 627-633. Les chefs de ces groupements étaient chrétiens, c’est l’un d’eux qui donna naissance ù celle fameuse légende du prêtre Jean, qui est attestée pour la première fois en 11 15 par Otto de Freising, rappor­ tant une lettre de l’évêque de Gnbala au pape Eugène HL H. Cordier, Histoire de Chine..., t. n, p. 372. La puissance des dynasties ké rail es cl Ongût fut brisée par Genglskhan, lorsqu’il constitua par force la confédération mongole, mais plusieurs Gcngiskhanides épousèrent de leurs princesses el furent initiées par elles ù la connaissance de la religion chrétienne. Nous manquons Λ peu près complètement d’in­ formations pour reconstituer l’histoire intérieure ASIE CENTRALE 210 de ces chrétientés. Pourtant la découverte en 1885 de deux cimetières, voisins de Pichpek et de Tokmak, sur le Tchou, ancienne capitale du royaume de DJoutchl, (L Dcvéria. Notes d'épigraphie mongole-chi noise dans Journal asiatique, $ér. IX, t. vm, p. -128, η. 1, jette sur elle quelque lumière. I). Chwolson, Syrisch? (irabinschri/ten ails Semirjelschie, dans .Mémoires de Γ.Académie impériale des sciences de Saint Pétersbourg, sér. VIII, t. XXXIV, η. I. 1886, et Syrisch-nesioriantsehe Grabinschri/ten aus Semirletschie, ibid., t. xxxvn, n. 8. 1X90. Plus de 200 inscriptions ont été publiées dès 1890, et beaucoup d’autres ont été depuis lors éditées et traduites. Ces inscriptions, dont la plupart sont fialées, généralement suivant Père des Sélcurides cl le cycle duodécimal turc, s’échelonnent entre I219cl 1315. Elles sont en un syriaque assez souvent incor­ rect, mélangé de mots ou de courtes phrases turques; elles appartiennent incontestablement n des chrétiens de race et langue turques; la quantité assez considé­ rable de noms chrétiens sous une forme syriaque ne peut donner le change, car les personnages qui les portent donnent aussi bien à leurs enfants des noms turcs, et il n’est pas rare de trouver des fidèles pourvus d’un double nom, syriaque el turc, comme on a vu des chrétiens de Si-ngan-fou joindre un prénom sy­ riaque a un nom chinois. L'organisation ecclésias­ tique de ces communautés était très complète, les dignitaires sont nombreux : chorévêques, périodeutes, visiteurs, prêtres. Il y a des chefs d’église ·, qui sont analogues aux starosles russes ou â nos marguillicrs, des maîtres d’école, des exégètes et des scolastiques, qui appartiennent aussi au corps enseignant. Il y avait des monastères : l’exégète et prêcheur Selihâ s’y était acquis un grand renom de science. La qualité des défunts est souvents indiquée : enfants, jeunes filles, etc. Les hommes aiment a sc qualifier de • croyants ». Les pierres portent toutes une croix gravée au milieu de l'inscription : ces nestoriens ne rougissaient pas de leur foi chrétienne. l’es inscriptions funéraires ne sont pas toujours correctes; le lapicide, médiocre artiste, était guidé par de médiocres clercs. Guillaume de Bubrouck (Kubruk ou de Kubruquls) avait noté que les prêtres nestoriens d’Asie centrale étaient embarrassés par la langue de leurs livres liturgiques : < ...Ils disent leur oflice el ont des livres sacrés en syriaque, qu’ils ne comprennent pas ; ce qui fait qu’ils chantent comme, chez nous, les moines qui ne savent rien de la grammaire. » L. de Backer, Guillaume de Rubrouck. dans Bibliothèque orientale el:éinnenne, Paris, 1877. p. 128 sq. Pourtant, la tradition liturgique était assez, forte pour avoir fait préférer le syriaque au ouigour. C’est ainsi qu’on voit, en plein pays ouigour. un évangéliaire syriaque encre d’or sur fond noir! copié en 1298 pour la reine Xraou’oul. sœur du roi des OngÛt (manuscrit vu par II. Pognon â l’évêché chaldécn de Diarbékir, Inscriptions sémitiques de la Syrie, de la .Mésopctamie et de la région de .Mossoul, Paris, 1907. p. 137 sq ». Il n’est pas étonnant que le clergé nestorien se soit trouvé inférieur, surtout au point de vue moral, û l’idéal du zélé franciscain, qui avait quitté son pays pour porter aux Mongols la bonne nouvelle de l’É\an­ gi le. mais cela n’empêche pas qu'en face de leurs compatriotes païens ou bouddhistes les Mongols nés loriens ont été les représentants d’une civilisation, dont le caractère affiné transparaît, malgré leur briè­ veté, dans les formules de louis inscriptions funéraires. Th. Nôldeke a reconnu le bien-fondé de celle obser­ vation de Chwolson. Zeitschrift der deulschen morgen· landischen Gesellschaft, t. χι.ιν, 1890, p. 522. Ainsi s’explique l’influence considérable que ces nestoriens acquirent à la cour des grands khans, et auprès des 21! NESTORI ENNE (I/ÉGLISE) EN ASIE CENTRALE princes de leur famille, dont ils étaient les ministres et les scribes» On comprend dès lors comment, con­ seillers et princesses unissant leur influence, les princes mongols furent, jusqu’au moment où ils se tournèrent vers ΓIslam, à peu près toujours bienveillants pour les chrétiens et spécialement pour les nestoriens. Guyuk était si favorable aux chrétiens que son camp, au dire de Barhcbracus, était rempli d’évêques, de prêtres et de moines; deux de ses ministres. Qadak et Cinqaï, étaient chrétiens. Mais la manière dont ce souverain parle du baptême, dans sa lettre du 11 no­ vembre 1246 au pape Innocent IV. ne peut être le langage d’un baptisé. P. Pelliot, Les Mongols el la papauté, dons Revue de l'Orient chrétien, t. xxm, 19221923, p. 18. ('.‘est qu'au début de son court règne Guyuk n’était pas chrétien; i) le devint seulement le 6 janvier 1218, par les mains de l’évêque nestorien Malachic, comme le rapportèrent les chrétiens mossouliotes, David et Marc, qui arrivèrent à Chypre en juin 1218 comme ambassadeurs des Mongols. Leur témoignage est corroboré par l’assertion de Barhébr.vus, qui donne Guyuk comme chrétien et par celui du musulman Basid ad-din. Djami el-lévarikh, His­ toire generale du monde.,., éd. E. Blochct, I. n, Lcyde. 1911, dans E. J, ΙΓ. Gibb Memorial, I. xvm, 2, P. 247-249. Nous avons dit déjà, col. 195, que lloulagou épargna les chrétiens lors du sac de Badgad. cl favo­ risa le catholicos nestorien, en lui donnant un palais nouveau. Hnulagou fut inspiré sans doute en cela par sa femme chrétienne, Dokouz khatoun, qui le détermina peu après à lancer une armée en Syrie et Palestine, afin de libérer les Lieux saints de la domination musulmane, L. Cahun a qualifié juste­ ment de · croisade mongole » cette expédition com­ mandée par un général chrétien, qui échoua près de Jérusalem le 3 septembre 1260, à la bataille de *Aïn Djalout, tandis que lloulagou avait été rappelé en Asie centrale par la mort du chef de la famille. Introduction à l'histoire de l'Asie, p. 338. Mangou-khan (al. Mongka). frère el suzerain de Houlagou, comme lui fils d’une chrétienne, ne se montra pas moins bienveillant pour les chrétiens, encouragé sans doute par son premier ministre. Bolgaï. qui était un ôngül nestorien. P. Pelliot, Chrétiens d'Asie centrale.,,, p. 629. Ce khan accorda au catholicos un sceau d’or, qui lui permettait de délivrer aux fidèles de son obédience des documents, faisant foi aux yeux des autorités mongoles et servant de passeport. Le fait est raconté dans l’histoire de Yahbalkïhâ 111, à propos de la disparition de cc sceau dans une persécution que les chrétiens subirent a Maragha en 1297. Éd. Bedjan, p. 117; J.-B. Chabot, Histoire de Mar Jabalahu ill, dans Revue de l'Orient latin, t. n. 1891, p. 210 (tiré à part. p. 120). L’infor­ mation du biographe est parfaitement exacte : le sceau donné par Mangou était resté en service à la chancellerie du catholicos. Les lettres envoyées par Yahbalkïhâ III au souverain pontife en 1302 et 1301, dont sur les indications du P. Korolcvskij j’ai retrouvé les originaux aux Archives du Vatican. A(rchivum) A(rcis), i-xvm, n. 1800. portent quatre empreintes de cc sceau, ou plutôt de celui qui fut gravé pour le remplacer après l’aventure de 1297. L’inscription rédigée en mongol, mais écrite en carac­ tères syriaques, comprenant vingt lignes de texte distribuées, cinq par cinq en forme de croix, sera publiée par M Pelliot dans sa série d’articles·. Les Mongols et la papauté, cf. Revue de l'Orient chrétien, t. xxiil, 1922-1923, p. 5. Méconnaissant epvers Mangoukhan de lu bienveillance qu’il avait manifestée aux chrétiens, le biographe de \ ahballâhâ 111 fait suivre wn nom du souhait habituellement réserve aux fidèles 212 défunts : « Que Notrc-Scigneur accorde le repos à son àmc et lui donne une part avec les saints! » Histoire.,,, trad. Chabot, toc. cil. Les ordres des souverains mongols valaient pour tout leur domaine ; leur bienveillance vis-à-vis de l’Églisc neslorienne lui permit de se réorganiser en Chine. Nous avons dit, col 20G, que le christianisme disparut en Chine après la proclamation de l’édit rendu en 845 par l’empereur Wou Tsoung contre les religions étrangères. H. Cordier. Histoire générale de la Chine, t.f, Paris. 1920, p. 512. M. Le Coq, a reconnu dans les ruines de Karakhodja. près de Tourfan, les traces du massacre des moines bouddhistes qui eut lieu en exécution de cet édit, A. Le Coq, Ruricd treasures o/ Chinese Turkestan, Londres, 1928, p. 62; ce qui montre que la proscription atteignit les limites occidentales de l’empire chinois. En dehors de la mention d’un monastère au Sscu-Ί chou’an, un peu après 850, M. Pelliot déclare qu’il n’y a plus aucune trace du christianisme en Chine à l'époque des T’ang. Chrétiens d'Asie centrale,,,, p. 626. Au xi· siècle, quelques communautés avaient dû se reformer; toutefois, nous ignorons dans quelle partie de l’empire chinois, car le témoignage de l’au­ teur auquel nous devons cette information est peu explicite. Il dit seulement que Georges de Ktrôkar, consacré par SabriSo' 111 (1061-1072) pour le K horas· san et le Ségcstan. partit en Chine et y resta toute sa vie. Mari, éd. Gismondi. p. 125, trad., p. 110. Mais, dès le milieu du xin· siècle, avant même que la complète de la Chine par les Mongols eût été termi­ née, les nestoriens, au dire de Guillaume de Kubrouck, étaient installés dans quinze villes du Cathay, avec un évêque à Scgin,qui est Si-ngan-fou. Ed.de Backer, p. 128. Ils n’y étaient pas en cachette, puisque Mangou renvoyait de Karakoroum au Cathay un prêtre ré­ préhensible, afin qu’il y fût jugé par son évêque. Ibid., p. 251. En 1264, Koubilaï-khan apporte une modification aux exemptions d’impôts, dont jouissait le clergé chrétien au même titre que les clergés bouddhiste et taoïste. G. Dcvéria, Xofcs d'épi graphe mongole-chinoise, p. 103. Quelques années plus tard, en 1282. les prêtres chrétiens étaient inscrits aux dis­ tributions de grains faites par ordre de l'empereur. Ibid., p. 108. En 1289, Koubilaî instituait un oiïicc spécial, le Tch'ony-lou-sseu, chargé de diriger dans tout l’empire l’administration du culte chrétien, c’est-à-dire l’exécution des sacrifices que doivent offrir, dans les temples de la Croix, les mâr-hasiâ et les rabbân-erkegtïn, évêques el prêtres nestoriens. P. Pelliot, Chrétiens d'Asie centrale,,., p. 637. En Perse, l’ilkhan mongol avait repris les tradi­ tions sassanide el musulmane ; Abagha, fils de llou­ lagou. approuva successivement l’élection du catho­ licos Dcnhâet celle de son successeur Yahballûhâ 111. Amr et Slibâ. éd. Gismondi, p. 121-121, trad., р. 70 sq. Dès la première année de son pontifteat, cc dernier obtenait que son Église fût régulièrement subventionnée. Histoire,,., IracL Chabot, dans Revue de l'Orient latin, t. i, 1893, p. 610, extrait, p. 4L J.-S, As^éniani, Riblh^heca orientalis, t. tu l\ p. Qс. xxxmii : \rstorianoriini status sub Tartaris seu Mo* gulis; p. cc.cci.xvjii-mv : (’/iri.xfHint m Tarfaria, p. nv-DXxxvii : Christiani in Chataja rl Sina. Tonte Tinformation d’XssémanL d’après les chroniqueurs syrien» el arabe», doit être sérieusement contrôlée; ses source» sont surtout Barhèbncus, Mari, Amr et Slibn, dont les textes ont été édité* postérieurement a la Ribliothrai orientalis. Les sources persanes et turque* sont incomplè­ tement publiées et encore moins traduites; leur utilisation a été entreprise surtout par \V. Bartliold, dont il faut citer au moins l'étude parue en russe, dans le Zaptski vostoénciflo otdiélcnita impcratorxkago rusxkago archeolngii rskage ob*t reili'a. Saint Pétrrsbourg, I. vm, 1893, p. 1-32. traduite 213 NESTOIIIENNE (L'ÉGLISE) SOUS rn niIcnuind par X. Slubr *ou* l< litre: Zw Grschlrhtc des Chrtstenlums hi MilieIasicn bis sur Mon got(schen Eroberung, Tubinguc ; voir aussi Turkestan down Io the mongol invasion, dan* /:. ./. IV Gibb Memorial, nouv. «6r., t. v, Londres 1928, rennin lenient dr* article* publié* en russe duns le* Zaplski.., I. xn-xx, «ou* le titre Turkes· Ian i» epochu Mangolskago mUrslid in, I^s sources chinoises ont fourni passablement depuis vingt ans, elles donneront proluiblement beaucoup plu», il faut se contenter pour le moment de renvoyer n l’article fundamental de P. Pelliot, Chrétiens d'Asie centrale rl d'Extrême-Orient, dans /’onny Pao, i. xv, 191 1, p. 623-644, en attendunt que Fauteur ni! repris le sujet h fond, comme il a l'intention de le faire; A. C.. Moule cl Lionel Giles, Christians al Chcn-Chicnq fn (chrétienté fondée en 1278), ièï(/.,t. XVI, 1915, ρ. 627-686; IL Cordier, Ix christianisme en Chine et en Asie centrale toits les Mongols, Ibid,, t. xvui, p, 19-113. lui publication de 1). Chwobon, signalée ci-dessus a etc complétée par lu publication d’une nuire série d’ins­ criptions, Sgrich-nestorianische Grabinschri/ten ans Semtrjelschie, Noue l'olge. St-Pétersbourg, 1897. De nombreux travaux ont paru à la suite de la découverte des» inscriptions funéraires de Pichprk et Toknmk ; S. S. Slutzkiy, Semirie• ensktia nestorianskiia nadpisi, dans les Drcvnosti Voslorngia, publiés par la société archéologique de Moscou, t. i, Moscou, 1889. p. 1-72; cf. ibid., p. 176-191; P. Kokovtsov, Christianski-siniskita nadgndmyia nadpisi iz Almahjka, dans ZapisM voslm'nayu otdiclrniia imperatorskago russkago archeologiieskago obfaestva, t. xvi, 1006, p. 0190-0200 : publication de onze inscriptions, dont trois datées de 1367-1372, provenant d’Alnuiliq; E. Nau, Les pierres tombales nestorien nés du Mutée Gui inet, dans Hr vue de l'Orient chrétien, t. xn, 1913, p. 3-35; L'expansion nrstorienne en .Asie, dans Annales du Musée Guimet, llildiothèque de vulgarisation, t. xi., 1913. p. 193-388; J. Ilalévy, Dr l'introduction du christianisme chez les tribus turques de la Haute Asie..., dans Hevue de l'histoire des religions, t. XXII, 1890, p. 289-301 ; P. Kokovtzov, Xieskolko novych nadgmbnych kamnri s christiansko-siriiskimi nadpisami i: Srednei Azii, dans Hulletin de T Académie impériale des Sciences de St. Pétersbanrg, 1907, p. 127-158 : inscription» nouvelles, index onomastique des noms contenus dans les publications de D. Chwolson. t n cimetière situe en Mon­ golie. |>rés de Tcluigan-nor ou Tiuigan Balgasoun. est signalé connue ayant été découvert en 1890, dans Missions de Chine et du Congo, n·' 28, Bruxelles, 1891, cité par <». Dévéri a dans Journal asiatique, *er. IX, I. νηι,ρ. 128 sq., note. H y a passablement d’informations sur les nestoriens en Asie centrale et Chine, dans les récits des missionnaires et voyageurs européens; 1rs passages principaux ont été résumés par I. Hallbcrg, IZ Extrême Orient dans la littéralure cl la cartographie de ('Occident des Xfll*, Λ/Ι · et -VI · siècles, s. v. Xestoriani. dans Gotrborqs kungl. Vetenskapsoch Vitlrrhels-SamhalIcs handlingar. t. iv, Gôteborg. 1901. p. 371-375. tes textes franciscains, concernant l’Asie centrale et la Chine,ont été édites d’une façon critique, avec une biblio­ graphie considérable et une bonne introduction historique, par \. van dru Wyngnert, Sinica (ranciscana, I. I, limera el relationes /rutrum minorum saeculi .17// et JT/Γ, Quaracchi. 1929. LES MONGOLS 214 de son ouvrage, des mémoires rédigés par le moine Babban $aumâ. dont le catholicos avait été le disciple et l’ami, L’ouvrage fut jugé tout de suite digne de créance, et il a trouvé de magnifiques confirmations, par exemple la présence du nom de .Mangou sur le sceau employé par YahballAhà, comme il a été dit ci-drvsus col. 211. Ce document, facilement accessible dans la traduction française de M. l’abbé J.-B. Chabot Hernie de l'Orient latin, t. i. 1893. p. 567-610; I. n, 1891, p. 73-112. '235-300, 566-643. et tiré à part. Paris, 1895, jette une vive lumière sur 1rs conditions de l’Eglisc nestoricnnc au moment de sa plus grande expansion. .Marc, His d’un archevêque, était né à Kuoseng en 1215, et avait embrassé la vocation monastique en se plaçant sous la direction d’un moine isolé, le rabban SaumA, lui-même tils d’un périodeute de Khanbaliq. Après plusieurs années passées dans les exercices ascétiques, Marc éprouva le désir de se rendre au centre de l’Églisc nestorienne |>our y satis­ faire sa dévotion, voulant ensuite compléter son pèle­ rinage par une visite aux Lieux saints. Ayant rempli avec son maître $aumâ la premiere partie de son pro­ gramme. Marc se vit arrêté en Géorgie par l’insécu­ rité des chemins et rexint en 1280 auprès du catholicos Denhâ.qui ordonna Çaumâ périodeute el Marc métro­ polite pour les villes de Gathay et de Wang (?). Nos deux Mongols, bloqués de nouveau par l insécurité des routes, qui leur interdisait de rentrer en Chine, se retirèrent dans un monastère de l’Azcrbeidjan. C’est de là que YahbsülàhA se rendit à Bagdad n la mort du catholicos. Il est facile de comprendre pour­ quoi les électeurs le choisirent. Depuis la prise de Bagdad, les Mongols étaient les maîtres : Houlagou avait fait de Maragha sa résidence préférée, et son Ills Abagha partageait l’année entre le nord-ouest de la Perse et la partie voisine de la Mésopotamie, où les chrétiens étaient demeurés nombreux. Or, les musulmans, après avoir été matés par Houlagou. relevaient audacieusement la tête, cherchant à con­ vertir à leur religion de moralité facile les princes cl le peuple mongol I) importait d’avoir un catholicos agréable au souverain. Le biographe le confesse ingé­ nument : · Le motif de son élection fut que les rois qui tenaient les rênes du pouvoirs étaient Mongols, el il n’y avait personne en dehors de lui qui connût leurs mœurs, leurs procédés el leur langue ·■ Trad. Chabot, Revue de l'Orient latin, t. i, p. 605; extrait, p. 39. Est-il vrai que le nouveau calholicos était inférieur en doctrine à ses électeurs, comme son humilité lui conseilla de le déclarer? H est certain qu'il connaissait médiocrement le syriaque et vrai­ semblable qu’il ne l’apprit jamais parfaitement, comme il est note dans le t'.hrontcon ecclesiasticum de Barhébr.vus. t. ni. col. |5. Il en savait cependant, car nous possédons quelques lignes en syriaque, 3· l'n calholicos mongol ; YahballâhÛ ///(1281-1317). l.es chrétiens de Perse avaient porté au loin leur correctement écrites de sa main, comme début et religion; un jour vint où ils furent heureux de se donner conclusion de chacune des deux lettre* arabe* qu’il un chef en la personne d’un homme venu de ces ré­ envova au pape en 1302 et 1301. ainsi qu’en témoignent les annotations du dominicain Jacques d'Arlv*-sur* gions lointaines évangélisées par leurs missionnaires. Tech, traducteur et porteur de la let Ire de 1301 : l’Ongût Marc, sacré calholicos en la grande église /Lee supradicla scripta vint de manu latlliqui ( c, Yahballâhâ s’était déjà présenté à l'ilkhan Abagha. Catafir nutus... Ribl. orient., |. in a, p. 620. L’informalion vint de \mr. dont YnhballAhû est le dernier avant sa tentative de pèlerinage en Palestine, pour en nom. éd. Gismondi, p. 122-127. trad., p. 71-73. Mais I obtenir des lettres en faveur du calholicos Denbû; rn 1888, le P. Bedjan publia une biographie qui ne après avoir pris conseil de son maître $numA. il alla trouver le monarque, accompagné de plusieurs évêques larda pas à éveiller l'ai lent ion des orientalistes : Histoire de Mar-Jabalaha, de (rois autres patriarches, pour demander le placet, \bagha fut enchanté de d'un prêtre et de deux laïques nestoriens. Paris. 1888, voir le haut clergé nestorien choisir pour chef un ‘-’éd., 1895, p. 1-205. C’est Preuvre d’un contemporain homme de sa race : non seulement il confirma la nomination faite, mais il remit à l’élu un manteau de YahballAhfi, qui axait sons les yeux, pour le début 215 NESTORIENXE (L’ÉGLISE) SOUS LES MONGOLS 2 IG encore des partisans dans la famille régnante : c’est d’honneur, un petit trône, une ombrelle, signe de sa une princesse qui sauve le catholicos et les évêques. haute situation, une tablette d’or lui donnant un Trad. Chabot, lac. cil., p. 211, extrait, p. 121. Les rang dans la hiérarchie mongole; enfin, il lui confirma chrétiens sont soumis â la capitation, obligés de l’usage du sceau dont s’étalent servis ses prédéces porter un signe distinctif, qui leur al lire le mépris, scurs depuis la concession de Mangou. Loc. a/.. p. 607 les injures cl les coups 1 e catholicos n’y tient plus, sq., extrait, p. 11 sq. Yahballâhâ redescendit à Sé leucie et y fut consacré dans la grande église le 2 no­ il demande l’autorisation de rentrer dans son pays, vembre 1231. mais la résidence habituelle des catho­ où les Mongols, soumis n l’in fluence du bouddhisme sont demeurés tolérants; il sc contenterait même de licos n’était plus en Mésopotamie; ils s’étaient pouvoir passer dans le pays des I·nines, pour y ter­ transportés dans la région où vivaient de préférence miner sa vie. Ibid., p. 218. extrait, p. 128. On voit les ilkhans. leur siège était établi à Maragha. par cette double proposition que la rupture de Lu faveur d’Abagha fut de courte durée; il mourut Ghazan avec le grand khan empêchait Yahballâhâ en 1282 et la pension qu’il avait assignée au catholicos d’espérer une réponse favorable â la première alter­ fut supprimée. Bien plus, au cour de la compétition native. Le catholicos ne partit pas. mais rentra en qui eut lieu entre Arghoun, Ills d’Abagha. et son faveur auprès de Ghazan, trouva le moyen de rebâtir oncle. Ahmed, Yahballâhâ fut accusé auprès d’Ahmcd par deux évêques ambitieux, ce qui lui valut un em­ la résidence de Maragha, voyagea pour le gouverne­ ment de son Église el obtint même que le souverain prisonnement de quarante jours. Arghoun l’emporta lui fit faire un nouveau sceau, identique â celui de en 1281; le catholicos s’empressa d’aller le féliciter Mangou khan, disparu dans le pillage de 1297. et fut bien reçu : les évêques accusateurs furent Le fait qu’il obtint celte réplique prouve qu’il con­ excommuniés et déposés. L’Église nestoricnne con­ tinuait â être regardé comme le chef officiel de tous tinuait à se mouvoir à l'ombre du trône. Yahballâhâ les chrétiens. Vers la fin de sa vie. Ghazan avait été gagna peu â peu cn Influence; lorsque Arghoun, reprenant le dessein d’Abagha, désira entrer en rela­ complètement gagné par le catholicos : en 1303. il le combla d’honneurs, lui donna son propre manteau, tions avec les princes d’Europe pour une action corn lui envoya un cheval de prix, un vase de cristal, des niunc en Palestine, il demanda au catholicos de lui donner un homme de confiance, qui pourrait lui ser­ émaux de valeur. Mais Ghazan mourut à la Pente­ côte de 1301. Oldiaïtou, Ills d* \rghoun, qui lui succéda vir d’ambassadeur. Yahballâhâ désigna son maître, était un Ills d’une chrétienne devenu musulman. Re­ Sunnâ. (pii, dit le biographe, était le seul à posséder tenu par son oncle maternel, il ne se lança pas tout les connaissances linguistiques utiles. Trad. Chabot, de suite dans la persécution; Yahballâhâ ne put Menue de l'Oricnt latin, t. n, p. 81, extrait, p. 53. obtenir en 1306 que cessât la perception de la capita­ Il s’agit sans doute du persan, que Çatiniâ employait tion, dont les chrétiens étaient frappés, mais en mai aisément, puisqu’il rédigea dans celte langue le récit 1308. les ecclésiastiques en furent dispensés, el cn 1309, de son voyage. Ibid., p. 121, extrait, p. 93. Peut-être r.près qu·» l’ilkhan eut apprécié l’hospitalité du mo­ aussi connaissait-il l’arabe, pour lequel il était encore nastère de Maragha. l'exemption de la capitation plus facile de trouver des interprètes en Occident, fut acquise à tous les chrétiens d’Arbèles C’en était tandis que personne n’y entendait le mongol. On trop pour les musulmans; ils prirent prétexte d'une se rappelait sans doute que l’ambassadeur d’Inno cent IV. Jean de Pian di Carpine, n’avait pas cru inu­ dispute entre les chrétiens de celte ville et les habitants de la montagne,pour monter une alïairc qui se termina tile d’emporter une lettre en persan, tandis qu’une par un massacre général des chrétiens d’Arbèles, lettre mongole envoyée par Abagha était demeurée Incomprise, co quod in curia Sanctitatis Vestræ litteras où le catholicos lui-même faillit périr. Yahballâhâ ne devait mourir que le 13 novembre setens m njalicas nullum rcncritur, disait Abagha dans 1317. Ses dernières années furent tristes : l’aflaire d’Ar­ une lettre latine de l’année suivante au pape Clé­ bèles l’avait rendu suspect â l’ilkhan, auprès de qui ment IV. /{’7. Val. 62, fol. cxxxvm v*·. on l’avait représenté comme l’instigateur de l’alti­ Arghoun ne cessa pas de favoriser les chrétiens, tude de révolte prise par les chrétiens, lorsque, pré­ son tils Kharbanda fut baptisé. Lorsque Arghoun voyant le massacre, ils s'étaient refusés à sortir de la mourut à la lin de 1290, son successeur. Kalkhatou. citadelle où ils s’étaient enfermés. S'étant présenté conserva la même ligne de conduite : il comblait le â Vordou en 1310. Yahballâhâ ne put obtenir la con­ catholicos de cadeaux â chacune de leurs rencontres, versation qu’il désirait, lui qui avait été choisi jadis soit que l’Ilkhan vint à Maragha, soit que le catholicos se rendît à Vordou, mais Kalkhatou fut assassiné comme le meilleur intermédiaire possible entre les princes régnants cl l’Églisc nestoricnne. Il était le 23 avril 1295.et une nouvelle ère de tribulations fondé â s'écrier dans son découragement : · Je suis s’ouvrit pour les chrétiens de Perse. L’Ilkhan Ghazan las de servir les Mongols. » I.oc. ciL, p. 298, extrait, était avant tout mongol et disposé à continuer, malgré p. 187. son adhésion à l’islam, la tolérance de tradition chez Yahballâhâ était doux et bienveillant : il entretint les Gengiskhanidcs, mais l’administration de scs avec les représentants des autre Églises les meilleures États ayant été organisée suivant les usages des Étals relations. Barhébncus, mafrien des jacobltcs, fait musulmans, ses ministres persans se trouvèrent en son éloge en disant qu’il était un homme naturel­ mesure de faire payer aux chrétiens la faveur dont ils avaient joui sous les précédents monarques. La bio­ lement bon et craignant Dieu, et qu’il usa envers lui et les siens de la plus grande charité. Chronicon cede· graphie de Yahballâhâ n’est plus guère, a partir de sfasticum, t. m, col. 453; C’est ainsi qu'à la mort cette date, que le récit d’une suite de persécutions, de Barhébraeus. laquelle arriva cn 1286, au cour* séparées par quelques accalmies, obtenues seulement d’un voyage du mafrien à Maragha. Yahballâhâ lorsque le catholicos pouvait avoir audience de l’Ilkhan régla le deuil des diverses communautés chrétiennes et réussissait ensuite à faire respecter les intentions du souverain. De septembre 1295 à Pâques 129G. de la ville à l’entière satisfaction des jacobltcs. /d/d.,coL 173 176. ( elle tolérance, naturelle chez un première période de terreur : les églises sont détruites, Mongol éduqué cn Chine, que Yahballâhâ étendait fidèles et clergé sont menacés de mort: tout est pré­ aux missionnaires latins, comme on le verra au para­ texte à extorsion d’argent et â pillage. Une visite graphe suivant, ne devait pas plaire aux évêques du catholicos a l’Ilkhan en juillet 129G amène un peu de calme, mais la persécution reprend à Maragha I nestoriens. Le dominicain Klcoldo de Montccrocc, qui rencontra le catholicos à Bagdad en 1290, nous n i carême de 1297. Le christianisme a cependant 217 NESTOttlENNE (L’EGLISE) SOIS I.ES fait entrevoir quelle était In situation. Laurent. Peregrinationes Medii .Evi quatunr, l^lpzlg, 1K(»1, 131 Le biographe ne signale, en vérité, aucun dif­ férend entre le catholicos et scs évêques, h part la calomnie dont il fut victime au début de son pon­ tificat. mais les évêques ne joui ni aucun rôle dans cette biographie, d’où l’on peut inférer que le catho­ licos les tenait à distance. Ce n’est pas toutefois le manque de cohésion entre les prélats nestoriens. qui amena nu début du xivr siècle le déclin de leur Église. Celle-ci fut surtout éprouvée par les vicissitudes «le la politique. Dès 1286, la rupture entre Ghazan et son suzerain, Toghon Timour, pet it* Ills de Koubllnï, eut pour effet de raréfier les relations entre l’Églisc mère et ses colonies d'Asie centrale el de (’.lune. Les missionnaires cessèrent d’y affluer. alors qu’ils y étaient encore nécessaires, comme le disaient à Jyaumâ et à son disciple, partant pour l’ouest, les gouverneurs de Kuoseng : Pourquoi abandonnez vous notre contrée cl allez-vous en Occident? Nous nous donnons beaucoup de peine pour attirer ici de l’Occidcnt des moines et des évê­ ques, comment pouvons nous vous laisser partir? · Revue de l’Oricnt latin, t. 1, p. 585 sq., extrait, p. 19 sq. Pourtant la situation n’empira pas immédiatement en Chine, où le clergé continuait d’être exempt d’impôts et entretenu par l'État, où le bureau chargé de l’administration ecclésiastique fut même amplifié en 1315, pour être ramené il est vrai à son état pri­ mitif en 1320. G. Dcvéria. Notes d'épigraphie mongole chinoise, p. 395 399. 116 sq. En 1335, l'empereur s oc cupc encore de fixer le rituel à suivre dans l’Églisc nés torienne où repose le corps de la mère des empereurs Mangou et Koubila». ibid,, p. 119 sq. : mais en 1337, les révoltes contre la dynastie mongole s’organisent dans diverses provinces et aboutissent cn 1369 à l’avènement d’une nouvelle dynastie, celle des Ming. Tout ce que les Mongols avaient introduit ou favorisés fut balayé : avant la lin du χι\· siècle, pour la deuxième fois, le christianisme était annihile en Chine. L’effritement des chrétientés d’Asie centrale sc produisit dans le même temps : les inscriptions funéraires de la province de Sémiriétchié ne descendent pas au delà de 1315 : les chrétientés de Pfchpck et Tokinak. éprouvées par la peste cn 133S et 1339, furent détruites par la persécution et les conversions plus ou moins forcées à l’Islam. Au cimetière d’Almallq l’inscription la plus récente est de 1372: un évangéliaire persan, pour le rit nestorien, fut encore copié à Samarkand, en 1371. E. I Hochet, Rtbliothrque na­ tionale, Catalogue des manuscrits persans, t i. p. 8, nonobstant l’observation rapportée par Γ, Nau. /.et pierres tombales nestoricnne* du Musée (iuimet, dans Revue de l’Oricnt chrétien, t. xvm, 1913, p. 11. Toutefois, le zèle de Tamerlan en faveur de ΓIslam dut accélérer la disparition des groupes nestoriens, même là où il ne porta pas la guerre et la destruction. En Perse et cn Mésopotamie, où beaucoup de nesto­ riens périrent alors, l’anarchie (pii prévalut sous les Djclaïridcs et le fanatisme chiite avaient déjà causé dans les chrétientés des perles irréparables. L’histoire de l’Églisc nestoricnne au xiv· siècle nous échappe à peu près complètement. Nous savons tout juste comment fut élu Timothée 11, successeur de Yahballâhâ 111, qui fut choisi en raison de sa connais­ sance des langues, comme le rapporte un de scs électeurs, Ébedjésus, métropolitain de Nisibe. dans sa collection canonique. Ribliotheca orientalis, t. m, p. 569. Ébedjésus mourut cn 1318 et la réunion du synode de Timothée est le dernier fait connu : après celle date s’ouvre une brèche de deux siècles, pour laquelle on ne peut proposer que sous réserves une série de catholicos, où les noms trouvés dans les listes MONGOLS 218 sans garanties ne recouvrent pour nous aucune per­ sonnalité. Et pourtant, au moment de sa plus grande expan­ sion, sous Yahballâhâ 111 qui en trente-six ans de pontificat avait consacré 75 évêques ou métropolites. l’Églisc nestoricnne avait compte près de trente provinces. Les noms cn sont rapportés dans un ordre un peu différent par Ébedjésus, donnant l’état de l’Églisc â la mort de Yahballâhâ. A. Mal, Scripto­ rum veterum nova collectio, t. x a, p. 303 sq.. trad., p. lit sq., et par Amr. éd. Gismondi, p. 126. trad., p. 72 sq.. qui donne une liste plus considérable. La première province, qu’on oublie souvent de men­ tionner, était celle de Séleucic, dont le catholicos était le titulaire, et qui s’étendait sur une bonne partie de la Babylonie. Après clic venaient les provinces d’ancienne création, contenues dans les limites de l’ancien empire sassanidc : Gondiiapor ou Élam. Nisibe, Bassorah, Mossoul, Arbèles, Belt Garni ai. Ears, Merv, Holuan, Hérat. Des provinces de la diaspora, Ébedjésus mentionne seulement : Indes, Chine, Samarqand, Arménie (Amr : Barda’a), Damas, ajoutant que quatre provinces créées par Timothée 1" avalent disparu de son temps Amr mentionne encore : l rsam (?), Édesse, Qulruba, qui est Socotra, Ray, Tabaristan (ou Ray cl Tabaristan), Daylam (pro­ vince au sud de la Caspienne), Turkestan ( pays des Pures, à ne pas prendre dans l’acception actuelle de Turkestan russe ou chinois), Khalikh (en Hyrcanie, ou Balkh cn lisant Hulah), Ségestan (dans l’Afgha­ nistan actuel), Khanbaliq et î-’aliq. Tangout (au nord du Thibet), Kachgar (dans le Turkestan chinois) et Nouaket ( Ecrghana'’). Voilà quelle a été ΓÉglise que nous retrouverons au xvi* siècle, à peu près entièrement concentrée à l est du Tigre. entre les lacs de Van el d’Ounniah. n'ayant conservé de son ancienne extension que la chrétienté du Malabar et quelques groupements dans des centres d’échange, Édesse. Damas ou Jéru­ salem. Sur Yahballuhn Ill, cf. I . Chevalier, Répertoire des sources historiques du Moyen .toc, Rio-bibliographie, 2· éd., t. n, Paris, 1905-1907. col. 2297. s. v. Jabaluhn; B. Iîilgcnfcld. Jabalalur III catholici nestoriani vita ex Sliiw Mossulani libro, qui inscribitur Turris, desumpta, lx*ip/ig. 1896; J. A. Montgomery. History of Jaballaha 111, New-York» 1927; Sir EL A. XV. Budge, The monks of Kublai khûn enii>er<>r of China, Londrc*. 1928; J. X oUé, Mcinru en l'honneur de lahballaha 111, dans le Museon, l. \iu. 1929, p. 168-17· Il s a imssablcment â prendre pour ccttc période duns les relations des voyageurs occidentaux, surtout dans le récit de Marco Polo, très bon obM-rvuteur, qui vécut en Chine de 1271 h 1288 et fut souvent le missus dominicus de Koubilni. h· · mouchard de conOancc de Koubilai ·, dit le P. VVicgcr, Textes historiques, t. m, s. 1. et a., p. 1962. On trousern tous les passages de Marco Polo sur les nevtorieiH s. v. ('ristianesirno, dans la monumentale édition de L. E. Benedetto, Marco Polo, Il Mihonc, dans Comitato geograflco nationale italiano, pubhlicnnone n. 3, Florence, 1928, p. 265. Voir ù la fin du paragraphe suivant l’indication dc> autres relation^ écrites par des missionnaires. Sur le* siège* métropolitains et épiscopaux : C. lù Bonin, \atr sur 1rs anciennes chrétientés nestoriennes de l'Asie erntrale, dans Journal asiatique, sér. IX·, t. xv, 1900, p. 581592; A. Mingana, Early spread of Christianity tn central Amu and the bar Bust, dan* liulletin of the John Rylands library, t. ix, 1925. p. 318-330. \ II. Li s papi s kt i.’Égüsi χί·<τοηιι xxi: au Moy i χ Ac F. Le clergé franc était entré cn rela­ tions, nu cours du xii· siècle, avec les représentants de toutes les Églises orientales, résidents ou pèlerins de Palestine cl Syrie. Dès les premiers contacts, sur une terre où les chrétiens avaient été si durement opprimés par l’Islam, on pensa de part et d’autre à HOME un rapprochement; niais la prolongation de la vie commune, avec les petit' conflits journaliers, empêcha un si beau dessein de sc réaliser, L’échec définitif des croisades à la fin du siècle, la soudaine invasion des Tartare* en Asie occidentale et en Europe, dans les premieres années du xnT siècle, ramenèrent l’atten­ tion de Home sur les possibilités d'union avec les Églises séparées dOrient, et ce, précisément an mo­ ment où la naissance simultanée des deux grands ordres, franciscain et dominicain, dotait la papauté d'une nombreuse et ardente cohorte d’ouvriers évan­ géliques. En un clin d’œil, les missionnaires se por­ tèrent dans toutes les directions : Maroc, Égypte. Palestine, Russie. Le premier de ces religieux qui semble être entré en relations avec la hiérarchie ncstoricnne est le dominicain Guillaume de Mont ferrât. Nous ignorons à quel couvent d’Orient il appartenait mais il dé­ pendait du provincial Philippe, prior ultramarinus, qui résidait à Jérusalem el il lui avait communiqué à plusieurs reprises, dès avant la fin de 1236, que le catholicos.alors Sabrilo* V, lui avait promis de réaliser l’union : ... promiserit, quod velit obedire et redire ad gremium Ecclesiœ et veritatis. Lettre reproduite par Albcric de Trois-Fou laines, dans Monum. Germ, hist.. Script., t. xxm. 1871, p. 961. L’apostolat de Guillaume avait donc atteint tout de suite un résultat important, puisqu’il avait dû partir pour l'Orient au passage du printemps 1235, comme chef d’un groupe envoyé par Grégoire IN, suivant une formule qui reviendra souvent dans les documents pontificaux du xm* siècle : ad gentes qiur Jesum Christum Dominum non agnoscunt, et ad subversionis filios, qui sacrosancta· romanic Ecclesia* non obediunt. Hullanum ordinis pra'dicatorum, t. i, Home, 1729, p. 58. Le catholicos. lakelinus d’Albéric est une corruption de Ja/qHcus Diatitiq, équivalent en arabe de Mésopotamie du titre syriaque qatilliqd — ne se convertit pas, mais Philippe reçut à l'union un archevêque nestoricn de Syrie, probablement le métropolite de Damas qui était venu en pèlerinage à Jérusalem, loc. cil. Le pape répondit au prélat réconcilié par une lettre du 29 juillet 1237, dans laquelle, après avoir rappelé la promesse du Christ à Pierre, il le félicite d’avoir retrouvé en l’Églisc romaine l’arche qui sauve, el l'encourage a ramener au bercail ses frères encore ég-ιπ > D'i'l . p. 97 Nonobstant les difficulté* de la papauté engagée dans la lutte contre l’empire, l’œuvre «les missions progressait : le 22 mars 1211. Innocent l\ accordait aux missionnaires des privilèges très étendus, en particulier la faculté de communiquer avec les chré­ tiens orientaux, nonobstant l’excommunication lata· sententia encourue par eux du fait de l'hérésie : in ver bis, officia et cibo secure cum eis communicare valeant Hutlarium..., I. i. p. 136. La communicatio in sacris était ainsi autorisée, avec une restriction seulement pour les territoires soumis aux princes francs itu (amen quod ipsi fratres in ecclesiis illorum sitis in terra fidelium, divina non cclebrcnl. I.oc. cil. mêmes facultés étaient concédées le 21 mars 12Γ» aux mineurs envoyés comme missionnaires, dont certains aussi étaient destinés ù travailler chez le* nestoriens L I L Sbaralea. Hullarium franciscanum, i i Home. 175'1. p 360. L< pape, cependant, soucieux d’arrêter dans leur œuvre de dévastation les Tartares, qui occupaient alor* la Hongrie, décida en ce même printemps 1215 d’envoyer en Orient quatre missions, dont deux à but politique contices au franciscain Jean de Pian di (.arpmc, remplaçant, a cc qu’il semble. Laurent de Portugal et au dominicain lombard Ascclin ou I r/rhnn. < es ambassadeurs revinrent après avoir 220 rencontré, l’un le grand khan Guyuk, l’autre le com­ mandant des troupes mongoles de Perse. Baycunoyan. P. Pelliot. Les Mongols et (a papauté, dans /frruc ife l'Orient chrétien, t. xxni, 1923, p. 3-30 et t. XXIV, 1921. p. 262-335; extrait, p. 1-28 et 66-139. Les deux autres missions étaient plutôt de carac­ tère ecclésiastique, le franciscain Dominique d’Ara­ gon ayant élé envoyé en Arménie el à l’Églisc de Byzance. E. Tisseront, La légation en Orient du franciscain Dominique d'Aragon (/£/$-/2/7); dans Hevue de l'Orient chrétien, t. xxiv, 1921. p. 336-355. tandis que le dominicain André de Longjumeau était envoyé aux prélats jacobites el nestoriens. A. Bastoul. dans Dictionnaire d'histoire el de géographie ecclésias­ tiques, t. n, col. 1677-1681. André rentra Λ Lyon sans avoir vu le catholicos, qui était toujours SabriSo' V. dont les bonnes dispositions étaient connues, en raison sans doute des difficultés qu’il aurait éprou­ vées pour passer du territoire soumis aux Mongols à celui du calife de Bagdad, où se trouvait le catho­ licos. Après avoir rempli sa mission auprès du pa­ triarche jacobite à Mardin et du inafricn à Mossoul, il se rendit toutefois à Tau riz. pour y rencontrer un haut personnage de l’Églisc ncstoricnne, qui, revêtu seulement du titre de périodeute, jouait un rôle consi­ dérable, parce qu’i! était devenu le conseiller de Guyuk après avoir été celui de sa mère. P. Pelliot, loc. cil., p. 225-262, extrait, p. 29-66. Ce dignitaire s’appelait Habban Simon, mais les Mongols le désignaient par le mot turc ata, qui signifie < père ·, d’où le nom de Habban-ata, corrompu en Itabban-ara dans les re­ gistres pontificaux, nom sous lequel il a été connu jus­ qu’à cc que M. Pelliot lui ait pleinement rendu su personnalité, loc, cit. (’et homme, que le grand khan avait envoyé avec l’aimée opérant en Perse pour pro­ téger les chrétiens contre les excès de la soldatesque, fut péniblement impressionné par l’excommunication qu'innocent IV avait fulminée contre Frédéric IL En répondant au pape, Habban Simon lui recommande l’indulgence et l’exhorte a l’union dans la prière: il lui envoie en plus d’un bôlon pastoral en ivoire, un livre apporté par lui d’Asie centrale ou de ( hire, et transmet une profession de foi signée par le mé­ tropolite de Nisibe, Iso’yahb bar Malkon. deux autres métropolites et trois évêques. Cette profession avait peut-être été dictée par André de Longjumeau, elle est parfaitement orthodoxe du point de vue christologique. La lettre de Habban Simon contient aussi une prière en faveur du métropolite nestorien de Jéru­ salem et des nestoriens qui habitaient à Antioche. Tripoli cl Acre; ils avaient dû être molestés en quelque façon par le clergé latin ou les barons, et leur vieux compatriote demande au pape d'inter­ venir pour que cette fâcheuse situation prenne fln· Le patriarche jacobite avait fait une demande ana­ logue en acceptant l'union de Home, ù * avoir que la hiérarchie latine ne se superposai en aucune façon ù la hiérarchie existante. Xndré de Longjumeau, qui servit en Orient le pape cl le roi de France avec une grande habileté, avait bien compris quel était le danger de conflit entre les deux hiérarchies et combien il risquait d empêcher l’union : dès le 5 juin 1217, Innocent l\ envoyait en Orient le franciscain Laurent d’Orte, avec la mission spéciale de soustraire les chrétiens orientaux, nestoriens compris, aux vexa­ tions des Latins. Hullarium Iranciscanum, l.i.p. 16Ùsq. On en vint cependant, peu d'années après, à envisager la création d'une hiérarchie latine dans des territoires qui n’étaient pas soumis à la domina­ tion franque, et cc, semble-l il, sur le conseil du même André de Longjumeau C’est lui. en elTet, qui signala à saint Louis. lorsqu’il le retrouva â ( ésarée de Palestine, en revenant de Vordou du grand khan. 221 N ESTO H I E N N E (I/ÉGLISE), la fâcheuse situation de nombreux chrétiens, héré­ tiques à ramener À la foi catholique, vivant chez les Mongols dans mie pénurie à peu près complète de prêtre* qui pussent leur administrer les sacrements. Guillaume de Hubrouck se laissa dire dans le même temps que les évêques nestoriens visitaient ra­ rement la Mongolie. · peut-être une seule fols en cinquante uns ·. · Alors, ajoute t-il. on fait ordonner prêtres tous les petits enfants môles, même ceux qui sont encore au berceau, ce qui explique comment presque tous les hommes sont prêtres. Ed.de Backer, p. 129. Quels prêtres! André de Longjumeau, qui avait insisté en 1217, n'étant allé que jusqu'à Tauriz, sur le danger d’une double hiérarchie, pensa lorsqu’il eut été plus avant en Asie centrale, que la pénurie de prêtres était un mal plus considérable. Voilà pourquoi, à la suggestion du roi de France, le pape prescrivit le 29 février 1253, par une lettre au légat Odon de Tusculum, de consacrer évêque une certaine proportion des religieux, franciscains et dominicains, que l’on enverrait dorénavant en mission dans le domaine du calife de Bagdad et au delà, donc chez les nestoriens. Raynaldi. Annales ecclesiastici..., t. xm. Borne. 16(6, p. 702: cf. PcIUot. op. cit., p. 267 sq.. extrait, p. 71 sq.. 11 ne semble pas que cet ordre ait reçu même un commencement d’exécution. Les premiers évêques latins en Mésopotamie et Asie majeure, qui nous soient connus, appartiennent aux années 1307-1330. l.cs trente-trois années qui suivirent la mort d’inno­ cent IV (1251-1287) virent sc succéder dix papes sur le trône de saint Pierre : la rapidité de cette succession ne se prêtait pas à l'accomplissement de grands des­ seins et les missions en souffriront, bien que l'unité de l'empire mongol sous Mangou khan et Koubilai ait été particulièrement favorable à la circulation des Occidentaux, commerçants ou missionnaires, comme on le voit, par exemple, par l’histoire des Polo. Il ne faudrait pas croire d'ailleurs que rien ne fût fait : les couvents d'ancienne création, comme celui de Tillis, fondé au plus tard en 1210, continuaient d’être des centres de missionnaires itinérants, tandis que de nouveaux couvents se créaient en plein territoire nestorien, tels celui de Tauriz. avant 1280, cl celui de Bagdad, avant 1290. Les événements politiques amenèrent d'ailleurs, dans le dernier quart du siècle, un réveil de l’activité missionnaire. Les Mongols, après avoir porté au califat un coup définitif par la prise de Bagdad, se trouvaient en face de deux puissants royaumes musulmans, celui des Scldjoucldes en Asie Mineure el celui des .Mamehicks en Égypte. Pour les vaincre, ils songèrent a provoquer une intervention des Francs. L'alliance militaire que saint Louis avait tentée aux environs de 1250 fut désirée par Abagha d'abord, puis par son fils cl deuxième successeur, \rghoun. Or celui-ci, ayant envoyé comme ambassadeur auprès des cours européennes le périodeutc Habban Snumâ, ce dernier apporta à Home, avec les lettres du monarque. une lettre du catholicos. Yahbalhlhâ III.’Les cardinaux, qui reçurent Saumâ pendant la vacance du siège, dans l’été de 1287, après avoir manifesté leur étonne­ ment de ce qu’un moine chrétien consentit ù servir un prince mongol, procédèrent à un sérieux examen de la foi professée par cet ambassadeur d’une nation redoutée. Ils ne firent pas d'objection Λ la formule christologique de Saumâ. qui était pourtant ambi­ guë, «deux natures, deux hypostases, une personne » (M. Chabot traduit : deux natureset deux personnes, un personnage . Revue de l’Orient latin, t. n, p. 91. extrait, p. 66). Mais, avertis qu'ils étaient sur la question de la procession du Saint-Esprit, à cause de la controverse avec les Grecs, ils le blâmèrent et le . RELATIONS AVEC HOME 222 réfutèrent sur ce point. Il ne semble pas que $aumâ ait été autorisé a célébrer les divins mystères pendant cc premier séjour à Home, et il ne dit pas non plus qu’il ait célébré pendant son séjour en France, tandis (ju’il dit la messe devant le roi d’Angleterre, et lui donna In sainte communion. Ibtd.,p. 110, cxtrail.p.82. Mais lorsque l’envoyé d’Arghoun revint à Home après l’élection de Nicolas IV, le pape l’autorisa à dire la messe en sa présence, et la curie s’intéressa ù sa manière de célébrer. En outre, le dimanche des Hameaux, §aumâ lit sa communion pascale des mains du pape. Ibid., p. 115, extrait, p.87. Il n’y a donc pas de doute qu’il fut regardé dès lors ccmme catholique, parce que l'on ne se rendait peut-être pas alors par­ faitement compte à Home de la foi des nestoriens. lesquels ne s’appelaient pas eux-mêmes de ce nom. préférant celui de «chrétiens orientaux ». Le symbole joint à la lettre du pape pour Yahballâhâ 111 est le symbole que Elément IV avait fait rédiger pour les Grecs, et que l’on appelle couramment la profession de foi de Michel Paléologue, il ne contient aucune addition relative à In doctrine christologique. Denzinger-Bannvart. Enchirid., n. 161. Encouragé sans doute par la Jet Ire pontificale et les présents que Çuurnâ lui rapporta de la part du Souverain Pontife, Yahballâhâ sc mont ni plus que jamais bienveillant pour les missionnaires latins, ('.’étaient les mineurs que le pape lui recommandait dans la lettre du 13 avril 1288. mais il semble que le catholicos rencontra surtout des dominicains. Lorsqu’il descendit à Bagdad en 1290. il y trouva Bicoldo de Monte Crocc. qui venait d’y arriver par le llcuve. venant de Mossoul. Bicoldo. suivant son usage, s’était mis aussitôt à prêcher dans les églises ncstoricnne*. et il avait été bien reçu jusqu'au mo­ ment où il avait appelé · Marie Mère de Dieu ·. Ce seul mot l’avait fait expulser du temple qu'on avait aussitôt purifié par un lavage à l'eau de rose. Les nes­ toriens lui avaient cependant concédé de célébrer dans une de leurs églises, à condition qu’il ne prêchât pas. Mais Yahballâhâ III. étant arrivé sur les entre­ faites. l’invita â parler devant lui, en présence des prélats et du clergé et. lui donnant pleinement raison, déclara (pie personnellement il n’était pas nestorien el ne suivait pas la doctrine de Ncstorius. Vainqueur des théologiens locaux dans une discussion publique ù quelques jours de là. Bicoldo reçut du catholicos l’autorisation de prêcher librement. Mais, comme celui-ci ne résidait pas habituellement à Bagdad, le clergé nestorien tint bon contre le missionnaire, si bien (pie beaucoup lui disaient adhérer à sa foi, (pii n’osaient pas la confesser publiquement par crainte de la persécution. Laurent, Peregrinationes..,, p. 130 *q. Aussi Bicoldo semble-t-il s’être tourné dèl lors plutôt vers les musulmans: pourtant, cc sont encore les chrétiens dissidents, qu’il avait en vue lorsqu’à la fin de son séjour en Mésopotamie il formulait des règles d’apostolat, dignes d’être prises pour directives, aujourd’hui encore : 1· Il ne faut pas prêcher la fol ou discuter avec les étrangers par Interprètes:... ils ne savent pas exprimer les choses de la foi. Ils n’osent pas non plus avouer leur ignorance et com­ mettent de grandes confusions... Il faut donc que les religieux sachent bien les langues... 2· Les frères doivent être solidement instruits sur le texte des Écritures... Les chrétiens orientaux connaissent le texte de l’Ancien et du Nouveau Testament... 3· Il faut bien connaître les doctrines et les arguments des différentes sectes, et distinguer si elles errent sur des points fondamentaux. Souvent des religieux discuslent Inutilement les questions de rites, alors qu’il s'agit de ramener les hérétiques à l’unité de la foi 223 NESTORIENNE (L’ÉGLISE), et non â l’unité de la liturgie. La foi doit être catho­ lique, c’est-à-dire de tous les chrétiens et non la foi des Francs ou des Chaldécns. I· Pour chaque socle il faut discuter avec les chefs. Les inferieurs et les simples sc convertissent et ne persévèrent pas. Ils suivent au contraire facilement leurs évêques et les principaux d’entre eux. Dans l’exposition de la doc­ trine, il faut aussi commencer par les choses les plus faciles. Les Orientaux posent de préférence des questions sur les points ardus de notre foi. 11 ne faut pas sc hâter de leur répondre en ces matières. On doit aussi leur parler avec respect et humilité... Quand les nôtres s’enorgueillissent, ils nous méprisent, nous et notre doctrine. > Traduction du P. Mandonnct, Fra Ricodo de Monte-Croce, dans Revue biblique, t. il, 1893, p. 602 sq. Cependant les relations entre le pape et le catho­ licos continuaient : lorsque Jean de Montccorvino re­ partit pour l’Orient en 1289, il portait à YahbaUAhfi, dont il avait fait l’éloge au pape, une lettre de Ni­ colas IV. Le catholicos ne manquait pas de son côté, chaque fois que l’ilkhan envoyait des ambassadeurs en Occident, de leur confier quelque missive pour le souverain pontife. Se trouvant auprès de Ghazan, en juillet 1302, Yahbailâhâ remit au chrétien Sa’ad ad-din, le Sabadinus des documents latins, une lettre de créance, qui nous est parvenue en original. Aca­ démie des Inscription et Belles-Lettres, Ccmptes rendus, 1922, p. 235. Le catholicos, n’ayant pas d’affaires im­ portantes à traiter, chargea l’ambassadeur de dire de vive voix au Saint-Père tout ce qui pourrait l’intéres­ ser; il n’y avait pas lieu dans une lettre de ce genre à grande profession de foi, mais on y voit clairement, sous l’hyperbole de mise dans le style des chancelleries orientales, combien sincèrement Yahbailâhâ dési­ rait l’union. Il appelle le pontife de Home < celui en qui on a confiance au sujet des mystères théologi­ ques >; il souhaite « que Dieu étende sur toutes les créatures l’ombre de Sa Sainteté, et qu’il réunisse les baptisés par l’abondance de ses grâces. ■ La lettre de Yahbailâhâ III à Benoît XI, connue en traduction latine depuis Baynaldi, Annales ecclesias­ tici, t. xiiî, Borne, 1646, an. 1301, n. 23, et dont j’ai retrouvé l’original aux Archives du Vatican, manifeste encore mieux, par les circonstances dans lesquelles elle fut écrite, la cordialité des relations entretenues par le catholicos avec les missionnaires latins et le pontife romain. Cette lettre fut écrite le lundi de la Pentecôte, 18 mai 1301, de Maragha. où Yahballâbfi était rentré l’avant-veillc. Le jour de la fête, il avait sans doute reçu après la messe, comme c’est l’usage dans toutes les églises d’Orient, ses amis empressés à le saluer. Parmi ceux-ci était venu un dominicain, peut-être le supérieur du couvent local, Jacques d’Arlcs-sur-Tech, qui lui avait annoncé l’élection du nouveau pape, le dominicain Nicolas Boccassini On comprend que Babban Jacques, comme l’appelle Yahbailâhâ. désirât porter à l’ancien maître général des frères prêcheurs un? lettre et une profession de foi du catholicos nestorien. Il démon­ trerait ainsi au souverain pontife Futilité des missions en Orient et pourrait peut-être obtenir de lui quelque nouveau privilège pour les missionnaires. Toutefois, cette bienveillance personnelle de λ ahballâhâ ne doit point faire illusion sur les dispositions du clergé nestorien, qui ne cessa jamais de résister aux tentatives des missionnaires latins pour le gagner. Lorsque Jean de Montccorvino fut arrivé en Chine, c’est aux nestoriens qu’il s’adressa tout d’abord dans sa prédication, et il obtint quelque succès, puisqu’il convertit l’Ongût Georges, roi des Ouryanghéens. avec une partie de son peuple. Jean avait bien compris l’importance de la question linguistique, ij prêchait RELATIONS WEC ROME 224 en mongol cl avait traduit une partie de la sainte Écriture, tout le Nouveau Testament et le Psautier. Bien plus, il projetait d’accord avec le roi, de traduire le bréviaire afin que l’office pût être chanté dans toute l’étendue de son royaume, chose importante en face des lamaseries et bonzeries où il y avait des prières continuelles. Il célébrait déjà la messe en mongol, lorsqu’il se trouvait dans l’église (pie le roi converti avait fait construire; ...eo vivente in ecclesia celebrabatur missa secundum ritum latinum in littera ct lingua illa (tartarica) tam verba canonis quam pnvfationcs. A. C. Moule. Documents relating to the mission o/ the Minor Friars to China in the thirteenth and fourteenth centuries, dans The journal a/ the royal astatic society, 1914, p. 551. Cela ne fit sans doute que provoquer un redoublement d’opposition de la part des prêtres nestoriens, (pii célébraient dans une langue incomprise des indigènes, et tenaient d’autant plus à leurs cérémonies traditionnelles qu’ils avaient eu plus de mal â les apprendre, et qu’elles représentaient à peu près tout ce qu’ils savaient de plus que leurs fidèles en fait de religion. Lorsque Georges mourut, ses frères eurent tôt fait de ramener ses anciens sujets au nestorianisme, en l’absence de Montccorvino, qui ne pouvait quitter la cour du grand khan. A Khanbaliq même, il semble qu’il ait eu bien peu de succès aussi auprès des chrétiens dissidents, sauf une colonie de marchands alains qui et ait encore fidèle à son souvenir en 1337; le fait que Jean de Montccorvino resta onze ans,sans pouvoir sc confesser.prouve qu’il n’avait converti aucun prêtre. C’est auprès des païens surtout qu’il exerça son mi­ nistère; c’est pourquoi l’envoi de sept évêques chargés de le sacrer archevêque de Khanbaliq, en devenant ses suffragant s, ne relève plus de l’histoire de l’Églisc nestorienne. Yahbailâhâ était mort lorsque Jean XXII, appli­ quant à la Perse la mesure prise en 1307 pour la Chine par Clément V, créa l’archevêché de Soultaniych, confié avec six sièges suffragant s à l’ordre dominicain par bulle du 1·» avril 1318. Texte publié par C. Eubel.Die ivûhrend des 11. Jahrhunderts im Missiongebiet der Dominikaner und Franciskancr errichteten BisIh timer, dans Festschrift zum elfhundertjahrigen Jubilaum des dcutschen Campo Santo tn Rom... hrsg. von. S. Elises, Fribourg-en-Brisgau, 1897. p. 191-195. Les évêchés en pays nestorien étaient Tauriz (évêque a partir de 1329), Maragha (1320), Diagorgana ou Djordjan (1327), Quilon, au sud de l’Inde (1329), Semlscanta, qui est Samarqand ou Mcched(1329). Ahnaliq, au sud du lac Baikal, eut de 1338 à 1312 un évêque franciscain, qui dépendait de Khanbaliq, Bassorah eut un évêque du même ordre en 1363. Plusieurs des titulaires de ces sièges ne prirent jamais possession : au commencement du xv· siècle, il ne restait d’évêques latins qu’à Soultaniych ct Tauriz; un nouvel évêché fut créé â Salmas en 1402; les listes de ces sièges se terminent respectivement en 1425, 1450 et 1460. L. Cahun a écrit : L’Église latine contribua par son zèle à la ruine du christianisme chez les Turcs. Le nestorianisme, implanté depuis des siècles, avait eu le temps de prendre racine; il tenait au sol comme une plante nationale, indigène; le catholicisme romain n’était qu’une religion d’étrangers. Le Turc chrétien converti par un missionnaire latin entrait dans le giron de l’Églisc universelle, mais il sortait de l’union nationale; c’était un déserteur... Le nestorianisme, abandonné à lui-même, aurait peut-être survécu; l’immixtion d’étrangers lui fut également funeste auprès des Turcs ct auprès des Chinois. * Introduction à Γ histoire de Γ Asie, Paris. 189G. p. 108 sq. Une semble pas que les missionnaires latins aient a porter une 225 NESTORIENNE (1/EGLISEj, UNION A HOME aussi lourde responsabilité. Le christianisme fut déra­ ciné en Chine par haine de la dynastie des Yuan ct non des Latins; il disparut en Haute-Asie, lorsque « Tiniour supprimait les Mongols au nom de l’apôtre Mohammed . ibid., p 179. Dans les régions monta· gueuses et pauvres où 1rs chrétiens purent subsister sans trop attirer la cupidité des musulmans, l’Églisc nestorienne survécut et les missionnaires de lOccidcnt qui n’en disparurent guère (pie pendant un siècle, au moment où les Turcs prenaient Constantinople et menaçaient l'Europe, y reparurent bientôt pour y rétablir de façon durable l’union à Home. Le* sources de rr paragraphe *r trouvent Indiquées sou* les différents noms de lieux et de personne* dan* l . Chevalier, Répertoire des sources historiques du Moyen âpc; Topo-bibliographie, Montbéliard, 1891-1903; /i/obibltographie, Puris, 1903-1907. Bibliographie des sources par ordre chronologique dans IL Streit. Ribltolheca mitstonum, t. IV, Aslatlsche M iss ionsll teratur, 1243-1M/9, Αίχ-Ιη-Cluipelle, 1928 (ouvrage soigné, ou manque cepen­ dant l'indication des article* de la Revue de l'Orient chrétien, qui ont ajouté beaucoup de nouveau). lui plupart des lettres pontificales ont été publiées par Baynaldi, reproduites dans les bullnires franciscain ct dominicain, ainsi 66-010, extrait p. 185-257. lui première lettre de Ynhballaha sc trouve avec celle de Hnban-ata dans S. Giamil. (anuinn relationes inlrr Scdem npostollcam ct Assyriorum orientalium seu Chaldicorum Ecclesiam. Koine, 1962. p. 1-8. Parmi les travaux récents, on peut citer : G. Golubovich. Dibliotcca hio-bibliograftca delta Terra santa e dclVOriente /rancescano, t. ι-ιν, Qunracchi, 1906-1923 (les informations qui concernent la période 1215-13-15, sont cpar*e>. sous 1rs noms des religieux employés comme missionnaires); San Domenico nell'appnslnlato de' suoi flgli in Oriente (pe­ riodo de sccE THÉOLOGIE CATII. 226 violente opposition aux membres du clergé, qui mani­ festaient une certaine propension a l’union, ct le» privèrent de la jouissance des revenus attachés à leurs charges. Urbain IV dut intervenir le 23 janvier 1263 par une lettre au balle de Chypre, J Hackett A his­ ton/ of the orthodox Church n/ Cyprus..., Londres. 1901, p. 531 sq. Soixante ans plus tard, comme il restait des nestorien* dans l’fle, Jean XXII enjoignit au patriarche de Jérusalem, le l*r octobre 1326, d’extir­ per les hérésies nestorienne et jacobitc, en laissant d’ailleurs à sa prudence le choix des moyens à employer. Ibtd., p. 532. Nous ne savons pas ce qui fut fait, mais, en 1310. Élic, archevêque de Nicosie, ayant réuni avec les dignitaires latins de l’fle les chefs des diflérenles Églises ct des interprètes qua­ li liés, publia une profession de foi, dont voici les considérants et la conclusion : Quoniam in regno Cypri, in «inguh* civitatibus rt diœcrsibus, permixti sunt populi diversarum linguarum, habente* sub una fide, sicut experimento didicimus vario* ritus et mnrr*, derniers, en copie dans le manuscrit dc la bibliothèque \ alirane, Barbenni lutin 3137. fol. 127 ILS, publice d’après l’exemplaire des archives de la Compagnie dc Jésus par le B. P. Tournebize. Brere e compendioso ragyuaglio della missione lutta per ordine di S. papa Paolo V..., dans V Rabbath Documents inédits pour servir ii T histoire du christianisme en Orient, I. n. Beyrouth. 1921. p. 121 128. Adam était parti mal dispose ensers les deux mentors qui lui avaient été imposés. Su rancune s’accentua en raison des longueurs du \ovagc (pii s éternisa : anêls à Messine, à Malle, A Chypre où l’on n’était arrivé que le 21 jan­ vier 1615. Adam voulut alors partir pour le Liban et Jérusalem, suivant ce qui avait élé arrangé avant le départ de Rome, Barbcrint latin 1690, fol. 101. Les deux jésuites refusèrent de l’accompagner, per cerli giusti impedimenti, dc sorte qu’il lit seul le voyage de Jérusalem. Les trois voyageurs s’étant enfin retrouvés en Alep. ils partirent de cette ville le 8 juin 1615. A Diarbékir. les jésuites curent le déplaisir du ne pas trouver l'archevêque Élie, pour lequel ils 235 NESTORIENNE (L’ÉGLISE), avaient une lettre du pape et sc trouvèrent chambres par Adam, sans qu'il leur fût possible de trouver aucun appui contre scs manœuvres. Après les avoir internés tantôt en ville, tantôt dans une maison de campagne des environs. Adam finit par leur lire une lettre, soi disant écrite par le catholicos, qui leur enjoignait de retourner en arrière. C'est seulement en sortant de Diarbékir pendant la nuit, à l’insu d’Adam, que les deux missionnaires arrivèrent ù gagner Mossoul et à rencontrer Élie VIII. Celui-ci leur déclara qu’il ne voyait rien à changer dans sa foi et n’avait donné mission à son envoyé que pour traiter l'affaire de l’autel à Jerusalem. Les jésuites repartirent donc pour Diarbékir, ayant été traités avec égards, mais n’axant rien conclu, porteurs d’une lettre pour le souverain pontife et de cadeaux, le 24 août 1615. Tandis qu’ils étalent en Alep, il apprirent que le catholicos s’était déplacé vers (Occident et désirait les revoir. I n des Pères rebroussa chemin, car il leur en coûtait d’avoir manqué leur mission, et rencontra Élie VIII nu monastère de Mar Pcthion. entre Mardin et Diarbékir, le 17 novembre. Aucune concession dogmatique ne fut faite lors de ces conver­ sations, rendues difficiles par In présence de Habban Adam, qui prétendait n’avoir rien changé de sa foi Λ Home, ni anathémalisé inconditionnellement Nestorius. Les deux envoyés de Paul V étaient donc fondés à déclarer, lorsqu'ils rentrèrent à Home le 8 novembre 1616. qu’il n’y avait chez Élie aucune des dispositions nécessaires pour une véritable réunion ù l’Église romaine. Ils ajoutaient que personne parmi les Chaldéens de Diarbékir n’était véritablement catholique; mais la réclusion Λ laquelle Ils avaient été condamnés, le fait que la communauté locale sc disait de l’obédience de Simon et refusa sous ce prétexte de s’occuper d’eux, loc. cil., p. Ill sq.. leur mé­ contentement en lin donnent à penser qu’ils n’étaient pas en très bonne posture pour juger sainement. L’éditeur du Breve ragguagtio n’a pas compris, faute d’une chronologie exacte, que si les envoyés de Paul V furent médiocrement reçus à Mossoul. c’est que l’on y attendait des franciscains et ce dès l’été 1615, comme il appert de rechange de lettres en cours entre le catholicos et le gardien du couvent francis­ cain d’Alep. Ibid., p. 153 sq. La caravane du rabban Adam avait employé plus d’une année pour arriver à Diarbékir el le catholicos avait écrit au souverain pontife, avant même d’avoir rencontré pour la pre­ mière fois ses envoyés,puisque la lettre de Paul V enjoignant ù Thomas Oblnlcl de partir pour Diar­ békir est du 20 Janvier 1616. Il est donc tout ù fait erroné d’écrire, comme l’a fait le P. Toumcbize, que la substitution des franciscains aux Jésuites fut demandée dans des lettres écrites ù Paul V au nom du patriarche, après le retour Λ Home des deux jé­ suites ». Ibid , p. 125. Ils n’arrivèrent à Home, comme on l’a dit, que le 8 novembre 1616! C'est ù Alep. tète d’étapes des caravanes de Mésopotamie, et ù Jérusalem, que les nesloriens étaient entrés en contact avec des religieux latins, et ces religieux étaient des franciscains; ceci explique suffisamment la prété rencc du catholicos. Les anciens compagnons d’Adam, qui de Chypre l’avaient laissé partir seul pour Jérusalem, sc dispo­ saient â v aller en pèlerinage. d’Alep où ils hivernaient, lorsque le gardien du couvent franciscain. Thomas de Novare, sc mit en roule pour Diarbékir. Le catho­ licos, aussitôt après le départ du Jésuite qui était venu le trouver à Mar Péthion. avait convoqué le synode des métropolites ù Diarbékir pour le temps de Noel. Il insistait auprès de Thomas de Novare pour y avoir sa présence, mais celui-ci né voulait pas entrer dans une affaire confiée ù d’autres, et attendait de UNION \ ROME 236 connaître la volonté du pape Cependant les prélats nestoriens s’impatientaient et menaçaient de rega­ gner leurs diocèses. Thomas, ne voulant pas laisser échapper l’occasion, finit par se décider cl le synode se tint du l*f au 26 mars 1616. On lut les lettres du pape et les instructions apportées par les jésuites, ainsi qu’un traité théologique composé Λ Home par Adam. qui. sur les entrefaites, avait été consacré métropolite de Diarbékir sous le nom de Timothée : détails sur la composition de ce traité dans P. Strozzi, De dogmatibus Chahlworn m disputatio ad Patrem admod(um) revertendum) Adam, Cameras palrtarchalis Babylonis archidiaconum..., Home. 1617, p. 203 (écrit 303)-239. On accepta tout ce qui avait été fait à Home en matière de fol; puis une lettre au pape fut rédigée, signée par tous, remise au frère Thomas pour acheminement. Strozzi. qui continuait d’avoir l’affaire des Chaldéens ù cœur, publia tous ces docu merits, dès leur réception à Home : Synodalia Chat· décorum videlicet epistola synodica Eliiv... Sermo Timothei arcliiepiscopi A med dr recta /ide, ...in synodo recognitus et receptus.... Home, 1617, p. 11-52; docu­ ments reproduits par S. Giamil, op. cit., p. 142-159, 536 sq. Les prélats protestaient avec insistance contre les vexations, auxquelles l’inquisition portugaises oumettait leurs compatriotes des Indes, et demandaient au pape d’intervenir en leur faveur : quia in Ormos, cl m Goa, et ultra valde tribulant nos scrutantes de fide ; et homines nostrarum regionum non sunt periti omnes; cl hac de causa tribulant cos valde, vel accipiunt ab eis pecunias, et deinde dimittunt cos ; ct unus sacerdos ex Amed civitate mortuus est propter angustias, in quas redactus ab cis fuerat. Strozzi. Synodalia, p. 15; Giamil. op. cit., p. l it. Les Chaldéens avaient été charmés de leur commerce avec Thomas de No­ vare. Slrozzi. op. cit., p. It; Ginmil, loc. cit. Celui-ci déclare qu’ils ont accepté sans restriction tout cc qu’enseigne l’Églisc romaine. Slrozzi. p. 9 sq.; Giamil, p. 150. Toutefois, lorsque les deux jésuites arrivèrent Λ Home, ils rendirent suspecte la déclaration du synode chaldéen: et la profession de foi fui jugée insuffisante. Le 29 juin 1617. Paul V envoyait une nouvelle lettre au patriarche Élie, avec une formule de foi. à retourner signée: texte latin seulement dans Strozzl. p. 69-84. textes latin et syriaque dans Giamil, p. 160-185. C’est Thomas de Novare, qui fut chargé de porter les lettres pontificales par bref du mémo jour. Mais comme il était pour lors en Égypte, il dut repasser en Syrie et ne put quitter Alep que le 19 avril 1619 (cf. document cité ci-dessus col. 231). Il avait des lettres pour Gabriel, métropolite de Hassan kef, pour Élie, ancien métropolite de Dinr­ békir transféré à Sécrl, ct pour Timothée-Adam, métropolite de Diarbékir. Giamil. op. cit., p. 187-189. Ayant évité Diarbékir. probablement a tin de ne pas rencontrer tout de suite Timothée, devenu suspect, hd et son synode de 1616. à de cause son altitude envers les deux jésuites, il arriva le 19 mai à Mossoul et le 22 à Habban Hormlzd. Mais le patriarche Éllc VIII était mort depuis le 26 mai 1617. et son successeur Élie IX n'avait pas les mêmes dispositions. Il reçut bien l’envoyé pontifical, s’étonnant cependant qu’il ne fût pas venu par le chemin de Diarbékir, qui à la saison chaude était le plus agréable. La relation de Thomas de Novare, dans l’étal fragmentaire où nous la possédons, ne contient rien sur les conversations tenues à Habban Ilonnizd, mais la profession de fol qui avait été envoyée de Home y est revenue signée : elle sc trouve aux \rchlvcs du Vatican, sous la cote A A. Arm. i-xvjiî. 1805. Elle contient sur 1·κ pages opposées les deux textes, latin et syriaque, reproduits par Giamil, op. cit., p. 164-187, mais sans 237 NESTORIENNE (L’ÉGLISE), UNION Λ une description utilisante, sous hi cote ancienne Arm. vu, caps. iv H ct ·>/ (erreur pour 1 I seulement). Or. lorsque le document est revenu â Koine, on a pris soin d’ajouter un titre sur la prernlèn page ornée d'une croix et de fleurons. Liber hie profession!* fidcl cat holior... per mnniis Patri* Tlionur Novnricndi... Domino Elite Babdonli palrhirchx Chaldaeorum que primati missus <-*t... ad ultimandam ttahihcndamque ejus cum sancta Humana Ecclesia diu desideratam reconciliationem rt unionem quir, divino pnrstantc auxilio, prr i-uindrm Put rein compléta est anno Domini MDCX1X cujus rd testimonium In fine hujus cum propria ipsius pat r hi reine manu, et nrchlcpiscoponiin ejus subscriptione munitum tum proprii* sigillis roboratlono subsignatum videre licet. On voit en ctlct au bas de la dernière page deux empreintes en rouge du sceau du patriarcat, le sceau hexagonal d’Élio et un sceau syriaque latin de Timo­ thée, portant au centre une croix surmontant les deux clefs, l’inscription laitue Af(ar) Timotheus, cl en syriaque « Timothée, métropolite de Jérusalem ». Mais au-dessus des signatures il y a une note en sy­ riaque, de la main du catholicos dont la traduction latine a été écrite h Rome, sur la page opposée : Huc autem nomina Theodori et Xestorii non est possibile auterre ct abradere a libris nostrorum Orien­ talium. Deque omnibus operibus aliis, ecce subscrip­ serim ίΊ acceptaverim, et sigillo muniverim... Dan* Giamil, op. cil., p. 186. La réserve est d’importance : les prélats acceptaient tout, oui, mais pas de suppri­ mer dans leurs livres liturgiques les noms, anathe­ matises par les conciles, de Théodore ct de Nestorius. Il* étaient donc animés d’un autre esprit que ces convertis de Chypre, ou ces partisans de Sulâqâ, qui demandaient à ne pas être appelés nestoriens ct pour lesquels la Curie avait décidé de réserver le nom de Chaldéens. Nestorius. qui n’était cependant pour rien dans l’évangélisation de leur pays, était si bien devenu l’éponyme de leur millet ou « nation ». que ces chrétiens de la Mésopotamie et du Kurditan ne voulaient plus en démordre, encore qu’ils n’eussent aucune objection peut-être contre les dogmes romains. Leur obstination sur un nom rappelle la simplicité de ce qui constitue la foi de leurs com­ patriotes musulmans : Allah est Dieu, et Mahomet est son prophète. · Lorsque en juillet 1629, le même Élie IN fut visité par les deux franciscains Francesco Quarcsmino (a/. Quuresmius) et Thomas de Milan, il montra sans ambages combien il était éloigné de la vérité catho­ lique, car, apres avoir dit que sa foi était la même que celle des Romains el avait été plusieurs fols envoyée el approuvée à Rome, il ajouta qu’il tenait fermement que Marie n’était pas Mère de Dieu, mais la mère d’un pur homme (?), el que cette foi. tenue par les patriarches scs prédécesseurs, était ct reslerait celle de son peuple, car tout simples paysans qu’ils fussent, ils refuseraient de la sacri lier pour tout l’or du monde et sc laisseraient plutôt tailler en mille morceaux. Élie IX ajouta que si quelques nestoriens avaient fait à Rome profession d’une autre foi, c’était uniquement de bouche et non de cœur, par considé­ ration de leurs intérêts temporels, et que, revenus dans leur pays, ils avaient vécu de nouveau dans la fol nestorienne el v étaient morts. Relation de cette mission par le P. Thomas de Milan dans le manuscrit de la Bibliothèque \ atlcanc, Ottoboni lutin 25J6, fol. Il 1-126. Comment afllnucr après cela qu'âlic IX vécut cl mourut dans l’orthodoxie romaine ? J. Tilnkdji, L'Êqlise chaldfcnnc catholique..., dans A. Ballandier, Annuaire pontifical catholique, 1911, p. 161, extrait, p. 13. J. AL Assémani, qui connaissait l’échec de la mission de 1629, ajoute cependant ROME 238 (pi’Élir IX envoya plusieurs fois des lettres à Rome par l’intermédiaire des capucins de Diarbékir: De catholicis seu patriarchis ChaId/rorum et nc.ilorίαro­ rum..., p. 239. Ces documents sont à trouver aux archives de la S. Congrégation de la Propagande. A la mort d’Élic IX. son neveu Jean Maroghin devint patriarche wus le nom d’Élic X, n’avnnt encore que quinze an*. Le 22 novembre 1669, il adres­ sait au pape Clément IX une lettre signée par lui et par trois de scs métropolites, ou H renouvelait des demandes antérieures, a sasoir qu’un collège fût construit â Rome pour la formation des jeunes ('haldéens destinés au sacerdoce, et qu'une chapelle fût □ficelée â son rit dans les sanctuaires de Jérusalem. Scs premiers envoyés, deux prêtres. Pierre cl Marc, avaient été pris par des corsaires barbaresques : le patriarche demande aussi au pape de leur venir en aide. S. Giamil, op. cit., p. 538-510. De telles aventures n’aidaient pas à la fréquence de relations qui étaient nécessaires pour maintenir l’unité, Quelques années apres celle lettre, lorsque le métropolite de Diarbékir, Joseph, eut en 1672 abjuré sérieusement le nestoria­ nisme entre les mains des missionnaires capucins. Élie sc mit â le persécuter cl sc détourna de Rome. Les catholicos de Rabban Ilonnlzd retombèrent dans le nestorianisme et v restèrent jusqu’au début du xîx· siècle. J. A. Assémnni, Bibliotheca orientalis.... t.i.sur Élit \ fît. p. 5-13-519; sur Adam Timothée, p. 5-19-551; sur Gabriel de Hassan-Kcf, p. 551 *q.; P. Strnrri, JV ortu, prOÿrrs'U ac incremento dioino religionis cat/ohcir apud Chaldsros feliciter propagat» Item de conciliatione fidet Orientalium cum fidr sanrt» roman» Ecclesi* deque obedientia Sanet» Sedi apostolic» et sanctissimo Domino Naîtra pr.rstlta liber. Ejusdem disputatio de Chaldworum dogmatibus ad patrem... Adam..., Cologne, 1619. Le manuscrit Barbrrint latin 593, en plus des dépositions citée* contient plusieurs documents relatifs à la mission d’Adam, fol. 145-225. Sur la mi**inn d’Adam, voir : L. von Jhistor, (ieschichte der Ftpsle, t. xn, Fribourg. 1927, p. 261-266; L. Lcmmem. Helatioties nationem Chaldicorum inter rt cu»tod(am Terne sancùe (1331-J629), dnn* Archivum /rancisconum historicum, t. xîx. 1926, p. 17-28. I-a lettre d’Elic VIII ù Paul V, dont Bellnrmin a repro­ duit un passage imprime par X. Le Bachelet. Auctarium brllarminianum. Pari*. 1913, p. 370. document n* 1. ne nous est pat connue par ailleurs; cc doit être celle qui fut remise par le catholicos aux deux jésuites, a lin de *e debarcasser d’eux, et qu’A. Joseph H fut. lui aussi, en bulle a de nombreuses persécutions : dès le 9 décembre 1702, le souverain pontife avait eu occasion d’envoyer une lettre d’en­ couragement aux fidèles chaldécns. S. Giamil. op. cit., p. 212 sq. En 1708, le patriarche, isolé et décou­ ragé, était prêt à se réfugier au Liban lorsqu’il écrivit au pape pour lui demander la permission de sc retirer h Rome, comme avait fait son prédécesseur : lettre du 5 juillet 1708. ibid., texte arabe, p. 21 I sq.. tra­ duction italienne, p. 213. Le pape répondit en lui rappelant que les prélats demeurant in partibus infi­ delium, bien qu’ils dussent faire leur visite ad limina par le moyen d’un procureur, pouvaient aussi la faire par eux-mêmes, lettre du 21 mai 1712, ibid., p. 216 sq. Joseph II ne se rendit pas à Rome; il mourut de la peste dans le cours de 1713. âgé de 17 ans. Deux jours avant de mourir. Joseph H avait dési­ gné au choix des électeurs son disciple préféré. Timo­ thée Maroghin. évêque de Mardin depuis 1696. L’élection ayant été ensuite régulièrement faite. In I Propagande prit un décret favorable à sa confirmation en congrégation générale du 13 novembre 1713; bulle du 18 mars 1711. Vatic, lut. 8063, fol. 230-232 v·. Joseph III fut, comme ses prédécesseurs, soumis aux persécutions des nestoricns. d’autant plus fu­ rieuses que, tous les membres de la · nation à Diar­ békir s’étant faits catholiques, la grande église était tombée aux mains de ceux-ci. Déjà en 1721 et 1725 les difficultés avaient été telles que le pape avait jugé bon de lui écrire pour le consoler. S. Giamil, op. cit., p. 339-311. En 1726, les capucins, dont la présence était pour les catholiques orientaux un réconfort et une protection, furent obligés de quitter Diarbékir. Néanmoins, le catholicisme faisait des progrès. A Mossoul, où les catholiques n’étalent plus visités depuis 1722 que par des prêtres cachés sous de< déguisements, le mouvement d’union était devenu 241 NES! (iRIENNE (L’ÉGLISE) tel en 1728 que le patriarche» s’étant procuré un llrman s'y rendit en personne et de façon officielle. En six mois, il rainennit a la fol romaine 3.000 per­ sonnes. et 3.000 autres suivaient après son départ. Mais c’en était trop pour les nestoricns» attaqués ainsi dans leur citadelle, a quelques kilomètres de la résidence patriarcale Λ peine rentré à Diarbékir, Joseph fut expulsé de son église par les nestoricns. pourvus eux aussi d’un Orman, et qui y restèrent 15 jours. Puis il fut emprisonné, conduit vers Mossoul, ramené à Mardin, enfin interné à Mossoul pendant une longue période, au plus fort de l’été 1729. Finale­ ment. le procureur des Chaldéens catholiques a Cons­ tantinople obtint de la Sublime Porte un flnnan, constituant une sorte de concordat entre les deux autorités concurrentes. Les nestoricns conservaient Mossoul et Alcp, les catholiques restaient les maîtres à Diarbékir et Mardin. Les communautés de ces deux villes avaient obtenu la paix, mais c’était une défaite pour le principe catholique : la situation était d’autant plus grave pour les convertis de la zone abandonnée, qu’ils n’osaient plus en conscience fréquenter les églises nestoricnnes — les mission­ naires latins sc chargeaient de le leur rappeler — cl ils ne pouvaient s’organiser entre eux sans être mis hors la loi ; cf. lettre d’un prêtre et de deux diacres de Bagdad « nestoricns de nom. catholiques en leur foi », qui demandent le 11 février 1732 la permission de fréquenter les églises de leur rit. Vatic, lut. 7262, fol 360. Joseph III. sorti de prison, mais ruiné par tous les bakchiches qu’il avait fallu donner aux autorités pour obtenir l’exécution des firmans favorables, crut bien faire en se mettant en route pour Constan­ tinople. où son procureur lui faisait espérer qu’il pourrait récupérer une partie au moins des sommes engagées. Peine perdue : après six mois, il partit pour la Pologne, espérant y trouver assez d’aumônes pour pouvoir payer scs dettes, mais ni à Lwôw. ni à Cracovic. ni à Vienne, il ne reçut un secours suffisant. Le luI. le 26 juin 181«. S. Giamil, op. d/., p. 391-391. Jean Dormez ne vacilla pas dans sa soumission UNION Λ ROME 244 à Home; aussi la Propagande, en présence des rap­ ports favorables qui arrivaient de l’évêque latin de Babylone, Pierre Alexandre ( ouperle, décida, le 21 avril 1826, de lui accorder l’absolution des censures encourues, espérant qu’en retour il renoncerait spon­ tanément à toute administration. Mais scs ennemis veillaient, ayant à leur tète les moines de Babbnn Hormizd, entraînés avec d’autant plus d’ardeur dans la lutte contre Jean llonnez que l’un «l’entre eux, Joseph Audo, avait été consacré évêque «le Mossoul par Augustin Hindi el s’était créé dans la ville un parti important. Le fondateur de la communauté catholique de Habban Honnizd. Gabriel Dembo, se rendit â Home, sous prétexte de solliciter l’appro­ bation des constitutions donl il avait doté sa commu­ nauté, et y devint le représentant du parti opposé Λ Jean llonnez. Lorsque Augustin Hindi fut mort, la Propagande était d’avis de donner Immédiatement à Jean llonnez le pallium et l’autorité patriarcale. Les machinations de Dembo tirent tant et si bien que Léon XII mourut sans avoir pu continuer Jean llonnez en consistoire, comme il avait décidé de le faire, (‘.’est Pie VI11 «pii posa le 5 juillet 1830 l’acte définitif donnant naissance ù la série actuelle des patriarches chaldéens catholiques. S. Giamil. op. cil., p ’/H-399. La division entre catholiques, qui avait son origine dans la compétition entre Augustin Hindi et Jean llonnez, rebondit sur le nom de Joseph Audo. que le soi-disant Joseph V avait consacré pour le diocèse de Mossoul en 1821, de façon tout à fait abusive, puisque Jean llonnez. bien que momentanément suspendu, en demeurait le titulaire légitime. Il avait été décidé à Home «pie Joseph Audo recevrait du nouveau patriarche un diocèse, mais c’est seulement en 1833 qu’il fut pourvu de celui d’Amadiah. Les dissensions demeurèrent telles que le Saint-Siège décida de faire procéder ù une visite apostolique, confiée le 25 sep­ tembre 1835 à Jean Baptiste Auvergne, vicaire apos­ tolique d’Alep, puis le 28 mai 1839 à François Villardcll. délégué apostolique de la même ville. Bullarium ponti/ cium S. Congregationis de Propaganda Bide, t. v, Home, 1811. p. 127-129 et 171 sq. Cependant, le patriarche vieillissait et devenait infirme : le 13 octobre 1837. il résolut de se retirer cl sc choisit un coadjuteur qu’il nomma gardien du trône », en la personne de l’ancien élève de la Propa­ gande. Grégoire Pierre, appelé di Natale ■ fils de Noël « dans les documents italiens, évêque de Djézirch depuis 1833. Jean Hormcz prit sans doute cette mesure pour exclure du trône patriarcal un de ses neveux, fille, qui s’était fait consacrer métropo­ lite d’Amadiah par le catholicos nestorien, puis avait obtenu le pardon pour cette folle équipée. Mais Jean Donnez n’avait pas promis la succession à son coadjuteur. Le Saint-Siège, voulant peut-être prendre une garantie encore meilleure contre l’application du principe héréditaire, désigna comme coadjuteur avec future succession, par bulle «lu 25 septembre 1838, l’ancien élève du collège de la Propagande, Nicolas Zéla. de Jacobbe Ills «le Jacques », évêque de Salmas. S. Giamil. op. rit., p. 100 sq. Jean I lonnez était mort le 16 août 1838. Sa famille, qui depuis Simon IV Basidi avait fourni 15 patriarches consécutifs à l’an­ tique siège «le Babylone, renonça enfin ù son privilège, inouï dans l’histoire de l’Église, retenant seulement comme nom «le famille ce litre iVAbonna · notre Père », qui était devenu héréditaire parmi les siens. J. Tflnkdjl, op. cit., p. 163, extrait, p. 15. Nicolas Zéla, dont la désignation par Home déplut aux évêques, privés pour une fois de l’exercice de leur droit d’électeurs, fut confirme comme patriarche le 27 avril 1810, S. Giamil, op. cit., p. 102-105. mais il 245 NESTOR1ENNE (L'ÉGLISE), ne quitta pas tout de suite sa résidence de Khosrova, prétextant qu’il n’avait pas reçu le bénit d’investiture. 11 sc rendit a Constantinople et l’obtint après un assez long séjour, mais, sc trouvant à son retour en Mésopo­ tamie en face de difficultés inattendues, il donna sa démission du siège patriarcal et se relira en Perse dans son ancien diocèse, ou il mourut en 1855. Joseph Audo, qui avait été jadis, abusivement consacré pour Mossoul contre Jean I tonnez, fut désigné parla Propagande pour gérer le patriarcat pendant In vacance, puis fut élu par le synode a la lin de 1817. Ibid., p. 106, Il fut confirmé par bulles du 11 sep­ tembre 1818, ibid., p. 107-113, et eut un long pontificat, pendant lequel de nombreux nestoriens adhérèrent à la fol romaine. Il eut cependant de graves dllïérends avec Rome, A partir de 1860. L’occasion en fut d’abord la chrétienté chaldéenne du Malabar, dont la situation sera exposée a l’article Svho-maiavahe (Église), Les catholiques nialabarcs de rit chnldéen désiraient un évêque de leur rit; ils envoyèrent auprès du patriarche Audo des députés dont l’obsti­ nation eut raison de sa résistance. Le patriarche consacra Thomas Kokos avec le litre de Bassorah, en lui donnant comme mission de visiter les chrétien­ tés du Malabar, sans y faire acte de juridiction. Cette consécration eut lieu, malgré les protestations du délégué apostolique de Mossoul, Henri Amanton, qui venait d’etre nommé par bref du 25 mai 1860. Le délégué poita des censures contre les évêques chaldéens; le patriarche répondit par deux encycliques aux prêtres et fidèles de son Eglise, en date des 21 dé­ cembre 1860 et I janvier 1861. Il partit peu après pour Home, où il avait été invité à se rendre, tandis que l’évêque Kokos partait pour le Malabar. Arrivé A Rome le 31 juin 1861, Audo fut invité à rappeler l’évêque envoyé au Malabar, à écrire une lettre d’ex­ cuses à la Propagande et un acte de soumission au souverain pontife. Il se soumit, sans toutefois écrire à la S. Congrégation, et fut reçu par le pape le 1 1 sep­ tembre 1861. Le 23 septembre, il écrivait une ency­ clique à la nation chaldéenne, dans laquelle il recon­ naissait ses erreurs et révoquait les mesures qu’il avait prises contre la délégation apostolique cl les missionnaires dominicains. Il rentra à Mossoul le 2 décembre, cl Kokos revint des Indes à Bagdad en juin 1862, après avoir été excommunié sur l’ordre de Rome par le vicaire apostolique de Vérapoly. Mais l’atTaire ne se termina pas pour autant : un des membres de la réunion qui avait donné mission à Kokos, Bar Tatar, métropolite de Sécrt, ne sc fit pas relever des censures portées par le délégué. Le patriarche se brouilla de nouveau avec les dominicains, et porta l’interdit sur tous les lieux où il leur arriverait de célébrer en présence des Chal­ déens. l u autre incident se produisit le 5 juin 1861 : lorsque Jeun Éllie Mellus fut consacré pour le siège d’\kra, le nouvel évêque omit dans la profession de foi <1’1 rbain VIII les passages relatifs aux conciles de Flo­ rence et de Trente. Il y eut rapport â Home, cl bien qu’Audo eût couvert son subordonné et que l’atTaire se fût arrangée, l’amertume s’accrut de part et d’autre. En 1867, Grégoire Pierre di Natale, évêque de Diar­ békir mourut à Rome. La Propagande voulut appli­ quer la disposition de droit latin, suivant laquelle le Saint-Siège pourvoit directement aux bénéfices dont les titulaires décèdent à Rome, et demanda au patriarche de désigner trois noms après entente avec les évêques. On annonça en outre au patriarche qu’on entendait appliquer à toutes les Églises orientales les dispositions de la constitution Reversurus, du 12 juillet 1867, promulguée pour l’Église armé­ nienne. De fait, le 31 août 1869, la bulle Cum cede· siastica disciplina appliquait à ΓÉglise chaldéenne UNION A ROME 246 les mesures pour les élections d’évêques de la cons­ titution Reamurus, R. de Martinis, Juris pontificii de Propaganda Fide pars prima, I. vi, part. 2, Rome, 1896, p. 32-55. Audo se rendit au concile du Vatican sans avoir encore consacré les deux évêques désignés par la S. Congrégation de Propaganda Fide pour Diar­ békir et Mardin, bien qu’ils eussent été choisis parmi sept noms qu’il avait donnés lui-même; il fut contraint de les consacrer A Rome en janvier 1870. 11 se plai­ gnait de ce que Rome diminuait les prérogatives des patriarches orientaux, avec d’autant plus d’amer­ tume que les patriarcats maronite, syrien et melkite n’avaient pas encore été soumis aux dispositions de la bulle Reversurus. Ses plaintes trouvèrent immédia­ tement un écho parmi les évêques anll-infaillibilislcs, qui l’amenèrent sans peine â leur parti; il vota cons­ tamment avec la minorité, et s’opposa jusqu’au veut â ta constitution be Ecclesia Christi, s’abstenant de paraître a la session où elle fut proclamer. Iln’vadhér même pas après la promulgation, prétextant qu’un acte aussi solennel devait être fait après son retour au milieu de ses fidèles. Passant à Constantinople, il protesta dans son discours au sultan, le 16 septembre 1870, qu’il n’avait pas accepté et n’accepterait jamais des dispositions qui lésaient les anciens usages orien­ taux cl les intérêts du gouvernement ottoman. Dans le meme temps, il communiquait in sacris avec les prêtres arméniens qui s’étaient séparés du patriar­ che Hassoun, et refusait de répondre aux lettres de la Propagande. De Rome, on essayait par tous les moyens de faire revenir le patriarche à résipiscence et d’empêcher le schisme de se propager. S. Giamil, op. cil., p. 415. Enfin, le 29 juillet 1872, après lous les autres patriarches orientaux, Audo écrivit une lettre d’acceptation des décisions du concile: le pape l’en félicita cl Ten remercia par bref do 16 novembre de la même année, Ibid., p. 420-421. Alors que toutes les causes de désaccord avec Rome semblaient éliminées l’affaire du Malabar re­ bondit. Audo avait demandé à Pic IX que l’ancienne juridiction des catholicos de Sélcucie-Clésiphon, sur les chrétiens de l’Inde, fût rétablie en sa faveur pour les catholiques du rit chaldécn. Rome tarda a répondre; le patriarche sans attendre envoya de nouveau une évêque pour faire la visite des chrétientés. Ce fut Jean Élie Mellus, évêque d’Akra, qui, payant d’au­ dace, et malgré l’excommunication fulminée contre lui par le vicaire apostolique de Vérapoly, ordonna prêtres de nombreux sujets el constitua une Église dissidente. En même temps, le patriarche répudiait les dispositions de la bulle Curn ecclesiastica disciplina, el procédait à la consécration de quatre évêques, sans en référer A Rome, les 21 mai 1871 cl 25 juillet 1875. Il s’ensuivit deux brefs au patriarche cl au délégué apostoli |ue, en date des 15 septembre 1875 et 17 mars 1876. De Martinis, op. cil., p. 276-283 el 290-282. Il était interdit au patriarche de s’occuper encore du Malabar cl il devait réduire au simple ministère sacer­ dotal les évêques indûment consacrés. Mais le patriar­ che s’enfonça dans sa résistance et annonça au sou­ verain pontife son Intention de réunir un synode. Le 1° septembre 1876, Pic IX adressa au clergé et au peuple chaldécn une encyclique, où l’histoire des évé­ nements litigieux était reprise dans son entier. Le patriarche «levait faire sa soumission dans les quarante jours, sous peine d’excommunication majeure. Audo, qui avait toujours été attaché à Rome dans le fond de son Ame, avait clé, à cause de son manque d’ins­ truction, facilement entraîné par les intrigants de toute sorte; mais, au moment de franchir de Rubicon, il rentra en lui-même et se soumit entièrement, le 1er mars 1877. Réponse du pape dans De Martinis, op. cil., p. 337 sq. 247 NESTORIENNE (L’ÉGLISE), STATISTIQUE DES CIIALDÉENS Cet le fols, les difficultés vinrent au patriarche du parti qui l’avait appuyé dans sa révolte, nommément des deux évêques d Amndiah et de Zakho, qui sc soumirent en 1879 seulement. Au Malabar ce fut pis encore : Jean Élie Melius ne quitta les Indes qu’en 1882. et tenta d’organiser son schisme & Mossoul. ne se soumettant qu’en 1889. A la mort de Joseph Audo. le 1 I mars 1878. les évêques élurent pour lui succéder Élie Pierre Abolyonan. évêque de Djézirch, qui fut confirmé par bulles du 28 février 1878. S. Giamil, op. aï., p. 135112. C’est sous son pontificat que fut ouxert en 1882. sous la direction des dominicains de Mossoul, le séminaire Saint-Jean pour les Syriens et les Chaldécns, d’où est sorti un clergé d’élite. La même année d’ail­ leurs. le patriarche rouvrit, on ne voit pas trop pourquoi, le séminaire patriarcal de Saint-Georges, qui avait duré de 1866 à 1873. Élie Abolyonan mourut le 27 juin 1891. de la fièvre typhoïde, Agé seulement de cinquante-quatre ans. Georges Khayyath, homme instruit dans la litté­ rature syriaque, lui succéda sous le nom d’ÉbedJésusV (AbdiJo’). élu le 28 octobre 1891 et confirmé le 28 mars 1895, S. Giamil, op. cil., p. 113-152. Comme son prédécesseur, il était ancien élève de la Propa­ gande. Son pontificat fut très court, il mourut à Bag­ dad le 6 novembre 1899. Le patriarche actuel, S. B. Mgr. Emmanuel II Thomas, qui était déjà vicaire patriarcal d’ÉbedJcsus V, fut élu à l’unanimité par le synode des évêques le 9 juillet 1900, il fut confirmé par Léon XIII dans le consistoire du 17 décembre 1900. Ibid., p. 456165. Formé par les RB. PP. jésuites, dont il fut l’élève à Ghazir (Liban). Emmanuel II Thomas a fait beau­ coup pour la conversion des nestoriens. dont plusieurs villages ont fait retour à l’Église catholique avec un nombreux clergé et deux évêques. Mais il a eu aussi la douleur de voir son Église affreusement éprouvée durant la grande guerre. S. Giamil, Genuinae relationes..., Home, 1902, p. xlvXLviii; J. Tftnkfji, L'Église chaldéennc,.., p. 162-169, extrait, p. 1 1-21; C. KorolevsklJ, art. Audo, dans Diction· nain d’histoire et de géographie ecclésiastiques. loi plupart ddocuments relatifs Λ cette période, habituellement cités d'après Giamil, existent dans R. laie, devient le Jé­ suite Boré . par exemple), il semble avoir rapporte impar­ tialement ce qu’il u su. Sur les moine» de la congn nation de Saint Hormlsdxis, M. Bricrr, Histoire du couvent de Uabban Hormizd de 1*03 d J! dan* ttenue de rOrient chrétien, t. xv. 1910, p. 110121. I. xvi, 1911, p. 113-127. 219-251. 316-355, traduction d’un» chronique écrite no couvent; A. A. Voschaldc, The monk.* of llabban Huraiizd, dans The catholic university BuUrttn t vm, 1902. p. 172-482; brève analyse d’un ma­ nuscrit conservé à Washington, qui contient l'histoire du couvent de 1808 à 1866 par S. Giamil. 7· Données statistiques sur TÉglise chaldéenne catholique. L En 17 >7 17 59. -Les clillTrc» suivant» sont extrait* d’une relation envoyée à la S. Congré­ gation de Propaganda Fide par l’ancien élève du col­ lège de la Propagande, Lazare-Timothée Hindi, 248 alors archevêque de Diarbékir, le futur patriarche Joseph IV, d’après le manuscrit Vatu. lat. 3063. fol. 315 v° sq. Églises Fidèles 400 1 G ou 7 «. 000 5.000 3 3.000 1 5.000 8 Cette relation ne contient pas de renseignements sur les chrétientés de Perse, qui étaient trop distantes de Diarbékir. Il n’y a rien sur Djézirch, qui avait cependant un évêque, ainsi que Mardin et Salmas tandis que Diarbékir et Sécrt axaient un archevêque, Mossoul et Bagdad faisant partie du diocèse patriarcal. 2. En 1867. — Paulin Martin, dans La Chaldét, esquisse historique suivie de quelques réflexions sur TOrient, Home, 1867, a donné des statistiques détail­ lées des diocèses de Mossoul. Amodiait et Akra, un état des écoles et une liste des couvents, ainsi qu’une liste des évêques et une statistique récapitulative de toute l’Église chaldéenne, p. 205-212. il y ♦ avait alors 10 évêques, en plus du patriarche. X i liages Fidèles Prêtres —■— 9 23.030 Mossoul.................... .... 40 2.718 19 17 Akra.......................... .... 26 10 6.020 Ainadiah.................. .... Bassorah................... 1.500 o G 2.000 Diarbékir................. 15 7.000 20 Djézirch................... .... 10 4.000 10 Kerkouk................... .... 9 1.00U 2 Mardin....................... 20 35 11.000 Séert......................... .... 8.000 10 20 Salmas ou Khosrova .... 1.000 2 1 Séna (Perse)............ .... 3.000 15 Zakho ..................... .... 160 70.268 131 Bagdad.......................... .................... Mossoul......................... .................. Diarbékir .......................................... Mardin ......................... .................. Séert ............................. .................. ■■ ι· 3. En 1913. —Le» meilleures statistiques, qui nient jamais été publiées sur l’Église chaldéenne catholique, sont celle de J. Tfinkdjl. L'Église chaldéenne catho­ lique autrefois et aujourd'hui, dans A. Bnttandier, \nnuaire pontifical catholique, Paris. 191 I. Les ta­ bleaux pour chaque diocèse sont donnés à la suite de la notice concernant le diocèse, p. 185-520, extrait, p. 37-72. Cette publication contient en outre, après les listes épiscopales de chaque diocèse, contenant une notice succincte pour chaque nom. une liste des évêques sacrés par les six derniers patriarches chaidéens, de 1830 â 1910, p. 520-522. extrait p. 72-71. un état de l’épiscopat chaldéen en juin 1913, p. 521, extrait, p. 76, et un tableau synoptique 10 50 3 18 18 B 1 1 3 16 10 B 22 B o·* 1 5 18 137 129 18.350 50(1 4.800 1.600 2.500 1.000 3.765 1 .600 400 400 894 8.000 13.809 Il y aurait lieu toutefois d ajouter à ccs chiffres un assez grand nombre de réfugies, en particulier ceux qui, après avoir essayé de s’installer en Cilicie sous le mandat français, sc sont regroupés dans la République libanaise et en d’autres endroits de Syrie, avec un vicaire patriarcal chaldéen à Beyrouth. Au clergé séculier il faudrait ajouter les membres de la congrégation de Saint-Honnisdas (Babban Hormizd), dont les deux groupes les plus importants sont ceux de Babban Honnizd et de Notre-Dame des Semences, à Alkochc; ils sont environ une cinquantaine. Leur nombre a subi d’assez fortes variations : environ 50 en 1820, 39 en 1813, 16 en 1880. 10 en 1890. E. A. W. Budge, The historiés n/ Rabban Hôrmtzd the Per­ sian.,., vol. n, part. 1, dans Luzac’s Semitic text and translation series, t. x, Londres, 1902. p. xxm. <>n trouvent des chiffres assez voisins de ceux donnés par P. .Martin dans J.-B. Chabot, Etat religieux des diocèses formant le patriarcat chaldéen de Babylone au P· janvier 1&9S, rédigé d9après les notes de S. Π. Mgr Georges Ébed· Jésus V'..., dans Revue de ΓOrient chrétien, t. !, 1896, p. 433· 453. Voir aussi les chiffres donnés ici par M. P. Pisani, Asîi (État religieux d*), t. 1, col. 2085 sq.. d’après V. Cuinct, La Turquie d'Asie, 1895-1901 ; ccs chiffres donnent le nombre (1rs chrétiens de chaque rit, catholiques ou noncatholiques, par vilayet; le total des Chaldécns y est de 46.785, celui des nest oriens de 92.000 dans le vilayet de Van seulement. C». P. Badger, The nestorians and their rituals, t. 1, Londres, 1852, p. 174 sq., donne une statistique très soi­ gnée, pour la période 1810-1815, des Chaldécns catholiques, églises, prêtres et familles, selon les renseignements recueil­ lis sur place. 8e Les missions latines en pays ncstoricn. — Après les missions des dominicains cl franciscains en Méso­ potamie aux xm* et xiv· siècles, aucune résidence de religieux latins ne fut installée en pays ncstoricn jusque vers le premier quart du xvn· siècle. Cette abstention surprend d’autant plus, que les domini­ cains avalent réussi à sc maintenir en Arménie, appuyés sur la congrégation indigène des Frères unilcurs 11 est vrai que les relations avec l’intérieur de la Perse étaient relativement rares, el que le ter­ ritoire ottoman était à peu près fermé à toute inno­ vation par l'arbitraire des gouverneurs locaux, lequel sc faisait sentir surtout a distance des littoraux maritimes. Il était plus facile de s’introduire en pays persan: c’est IA que commencèrent les fondations des augustius et des carmes. 1. Passage des auyustins en Mésopotamie. Les augustins dont le premier départ pour les Indes orientales eut lieu le 18 mars 1573, s’installèrent à Onnuz. dès 1576 et à Mascate en 1591 De là, ils pénétrèrent en 250 Perse, ou Abbas Pr <1586-1628; sc montrait bien­ veillant pour 1rs chrétiens et 1rs Européens: ils y fondèrent en 1601 le couvent d'Ispahan. J. Lantcri, dans X tentai Crusenii... pars tertia monastici au/udiruant... a maqna ordinis unione usque ad an. 1620 cum additamentis,,., t î, Valladolid, 1890, p. 765 sq. Ils suivirent de peu les cannes à Bassorah, essaimant d’Ispahan, le 3 juillet 1623. H. Gollancz, Chronicle o / events... relating to settlement of carmélites tn Mesopo­ tamia.,., Londres, 1917, p. 1. C’est de là que le zélé missionnaire et intrépide voyageur, Rodrigue de Arganduru Moriz, ou Rodrigue de Saint-Michel, partit pour visiter en 1621-1625 les chrétientés nestorienne* de Mésopotamie, rapportant au souverain pontife, en 1626, une lettre en arabe des chrétiens de Bassorah qui proclamaient, sans précisions dogmatiques d’ail­ leurs, leur attachement à l’Église romaine Traduction latine dans T. Lopez Bard on, Monastic! augustiniuni R. P. Fr. Xicolai Crusenii continuatio... sine R ibl ιο­ ίliera manualis au gustiniana .., t. n, Valladolid, 1903, p. 529, cf. p. 329 sq. sur le voyage du P. Rodrigue. Mais Bassorah fut abandonnée en même temps que Mascate quelques années plus tard, et l’activité des augustlns de Perse semble s'être limitée à l’apostolat auprès des Arméniens, qui les avaient attirés ft Ispa­ han. Voir la liste des couvents de la province de Perse dans N. Crusscn. Monasticon augustinianum. Munich, 1623, fol. Z 4 v. 2, Les carmes en Mésopotamie et en Perse. Clé­ ment VIII envoya trois carmes déchaussés en Perse par la voie de terre. Allemagne, Russie et Caucase, en l’année 1604; la première mission des cannes en ccs régions fut celle d’Ispahan, ouverte en 1609. Quatre ans auparavant, ils étaient arrivés aux Indes et leurs fondations sc multiplièrent rapidement au Malabar. Iis sc développèrent ensuite sur les bords du golfe Pcrsique, comme pour assurer plus facile­ ment la liaison entre ces points extrêmes. Ispahan cl le sud de l’Inde. Ils arrivèrent à Bassorah le 30 avril 1623. IL Gollancz, op. cil., p. 1. D’un autre côté, ils s’installèrent en 1627 dans la forte place de commerce qu'était Alcp. Entre Bassorah cl Alcp» ils eurent Bagdad à partir de 1731, puis pour un temps Mardin (1717-1800 cl 1820-1822). Plusieurs carmes occupèrent le siège de Babylone avec le titre tantôt d’évêque, tantôt de vicaire apostolique : trois entre 1632 et 1642, dont le de: nier seul résida, trois de 1721 à 1773. cinq de 1794 à 18.0, enfin Jean Drure de 1902 à 1917. Emmanuel de Saint Albert Balliet (1728-1773) et Jean Drure sont ceux qui curent le plus de con­ tact avec les dirigeants de la «nation « chaldéenne. et ont fait le plus pour le rapprochement des nestoriens ou la persévérance des convertis. Les cannes déchaussés de la province de France ont une maison à Bagdad, avec un collège florissant et une maison à Bassorah. Dans ccs deux villes il y a de nombreux chaldécns, mélangés à des chrétiens des autres rit s; les maisons des carmes n’y ont donc pas le caractère spécifique de missions auprès des nest oriens. Ui chronique de In innhon de Bassorah pour les années 1623 Λ 1733 publiée par H. Gollancz, op. cil., ne contient aucune donnée sur l’Église nestorienne. Voir la liste do évêques de Babylone par L. Lenunens, Rierarchia latina Orientis (1622-1923) mediante S, Congregatione dr Progaganda hide institutu fairs 11, dans Orientalia Christiana, t. n, 1921, p. 271-292, rxtrnit, p. 10-28. Bibliographie sur 1rs missions cannes ù l’article Gahmfs (Ordre dt>), I. m, col. 1791 sq. 3. Missions des capucins. - C’est aussi en terri­ toire persan que s’installèrent d’abord les capucins de la province de Touraine, lorsqu’ils entrèrent en Mésopotamie, car Bagdad, où ils ouvrirent une maison 251 NESTORIENNE (L’EGLISE), MISSIONS LATINES 252 le 15 août 1628, presque en nie me temps qu’à Ispa­ Propaganda Fide, en date du 30 août 1842, p. 260. han, appartenait alors au chah. Clemente da Terzorio, Enfin la maison de Diarbékir fut rouverte le 17 sep­ Le missioni dei minon cnppuccini, t. vj, Borne, tembre 1813, p. 170. Les derniers développements 1920, p. 12, 23. Mais les Turcs reprirent Bagdad en de cette préfecture apostolique, à Malatlah, Khnrpout 1638, cl les chrétiens subirent toutes sortes d'avanies; et Ma muret al-Aziz. ne concernent pas les Chaldéeiu, mais les Arméniens. pendant quelque temps, l'église des capucins fut la seule église où la célébration des offices fût tolérée, En 1851, il était devenu nécessaire d’envoyer aux de sorte que les dissidents s'y rendaient en grand Espagnols de Mésopotamie un renfort de Pères Ita­ nombre. Ibid., p. 55. Γη des Pères avait le titre de liens; en 1893, il fallut encore une fois changer de consul de France, ce qui lui donnait quelques facilités main : la mission fit refour aux religieux français pour résister aux caprices des pachas. En 1639, le et fui confiée à la province de Lyon, qui la tient encore. patriarche nestorien, Élic IX à ce qu’il semble, plu­ Mais les chrétientés ont beaucoup souffert, soit pen­ tôt que Simon XI, autorisa les capucins a prêcher dant la guerre, soit comme celle d’Orfa, dans la dans les églises de la < nation > ncstoricnne. Ibid., période troublée qui suivit. 4. Les dominicains à Mossoul et au Kurdistan. — p. 89. La mission de Mossoul, plus spécialement destinée La mission des dominicains auprès des Arméniens aux nestoriens, fut créée en 1632 : elle eut bientôt fut détruite au cours des troubles qui affligèrent la un important noyau de familles catholiques, et c’est Perse dans le deuxieme quart du χ\ ιπ· siècle; mais sous l’influence des capucins de Mossoul qu’Élie IX un nouveau rameau se développa presque aussitôt envoya au souverain pontife sa lettre de 1657, qui sur le vieux tronc de cet ordre, (pii avait tant fait fut portée à Borne par deux capucins. J. Al. Assépour les nestoriens aux xm· et xiv* siècles. Le 19 juil­ mani. De catholicis... nestoriancrum, Borne, 1775, let 1748, Benoit XIV demandait aux dominicains p. 239. Mais cc succès même mit en danger la mission de ranimer les vocations pour les missions d’Orienl des capucins; sous le pontificat suivant, en 1665 et et, le 17 janvier 1750. deux pères italiens partaient 1667, les Pères furent persécutés et emprisonnés. pour Mossoul en compagnie du carme déchaussé A Tauris où Ils étaient depuis 1653, les capucins Léandre de Sainte-Cécile, qui devait être leur intros’occupaient des nestoriens, Clemente da Terzorio, dulcur dans cc pays dont ils ignoraient la langue op cit., p. 117; c’est de là qu’ils persuadèrent au ca­ cl les usages. S’aidant,comme les capucins, par Lexer tholicos Simon XIII d'écrire au pape la lettre qu’il cice de la médecine, ils réussirent à prendre pied, et, lui adressa en 1664. en 1770, le P. Lanza estimait a un millier les catho­ L’hospice de Diarbékir fut fondé en 1667 par le liques groupés autour d’eux dans la seule ville de P. Jean-Baptiste de Saint-Aignan, qui était un mis­ Mossoul, venus pour la plupart du nestorianisme, sionnaire intrépide et connaissant bien les langues. quelques-uns cependant du monophysisme. B. M. ibtd , p. 106; c’est grâce à son action cl à celle de scs Goormachtigh, Histoire de la mission dominicaine en confrères que Diarbékir devint le centre du mouve­ Mésopotamie el en Kurdistan..., dans Analecta sacri ment vers Berne parmi les nestoriens. Lu résidence ordinis fratrum pricdicatorum..., t. ii, 1895-1896, de Mardin commença en 1685. Une période de difflp. 280-283. cultés s’ouvrit avec le xvm· siècle, correspondant L'invitation du prince kurde Bahram pacha, qui peut-être à une diminution du prestige de la France les avait pris en affection, amena les dominicains à fon­ à Constantinople : l’hospice de Bagdad fut abandonné der. en 1759, la maison d’Amadlah dans un ancien en 1701. après un assaut des Turcs, ibid., p. 181; couvent nestorien que le prince leur abandonna, celui de Mossoul en 1722, après qu'il eut été rnis au encourageant scs sujets à embrasser la foi des mis­ pillage par les nestoriens, qui y tuèrent le P. Pierre sionnaires. Ibid., p. 407 sq. Le catholicisme se déve­ d hsoudun, p. 184; celui de Diarbékir en 1726, loppait en même temps dans toute la contrée. 11 y p. 193. Krvenus dans cette dernière place seulement, avait en 1770 plus de 2.000 catholiques dans les vil­ quelques années plus lard, p. 194. les capucins en lages de la région de Mossoul et du Kurdistan, p. 411. sortent de nouveau en 1747. sur l'ordre d’un pseudo­ et pourtant il n’y cul jamais alors pour les deux nonce apostolique, pour y rentrer en 1719. p. 207. maisons de Mossoul et d’Amadlah plus de quatre A cette époque, les maisons de Mésopotamie et Pères, p. 113. Ce sont les efforts de ces dominicains de Perse passèrent de la province de Touraine (cession qui amenèrent Élic XII a envoyer au pape une pro­ faite en chapitre provincial du 13 juillet 1753) à la fession de fol catholique, et surtout qui provoquèrent province de Lille (acceptation du 6 septembre 1754). la conversion de Jean llormcz, p. 116. Mais la mission Op. cil., t v, Borne, 1919, p. 157 sq. Interrompue un du Kurdistan dut être abandonnée de 1770 a 1800. moment par la mort de tous les missionnaires pendant par manque de personnel : en 1786. il ne restait qu’un une épidémie de peste en 1759. la mission de Diarbékir Père, et il en fut ainsi de 1790 à 1800; de 1800 à 1803, dura jusqu’au 18 avril 1803. deux Pères desservirent à la fois Amadiah et Mossoul. La disparition des congrégations en France, pendant Enfin, la mission fut complètement abandonnée en la période révolutionnaire eut pour effet de faire passer 1815, après que le dernier survivant, Haffaele Cam­ la mission de Mésopotamie entre les mains des capu­ panile, fût resté seul pendant plusieurs années, éten­ cins italiens : l'hospice de Diarbékir fut rouvert en dant ses prédications jusqu'à Zakho et Djézireb. 1808. abandonné en 1810, op. cit., t. vi, p. 212, de La retraite des missionnaires n’eut pas pour seule nouveau ouvert en 1828 pendant quelques mois, 1 cause la pénurie de sujets; elle fut aussi la consé­ l. v, p 171-178. En 1811, par suite de la pénurie «le su­ quence de l'opposition d’Augustin Hindi aux dotnljets en Italie, la mission fut confiée aux Espagnols, I nlcnins, qui soutenaient leur converti. Jean llormcz. p. 233 La mission d’Orfa fut fondée le 8 septembre i C’est ensuite l'absence des religieux latins, si néces­ de cette même année, dans une ville qui n’était pas saires in auxilium orientalium, qui pci mit la prolon­ a proprement parler en pays nestorien, mais où la gation des conflits qui durèrent ensuite, malgré leur colonie ncstoricnne était importante, et il s'y déve­ retour, juqu’à la mort du pain.h. h loppa une communauté chaldéennc catholique, Le 16 mai 1810. la Propagande demandait au géné­ qui dura jusqu’après la Grande-Guerre, t. vi, p. 232. ral des dominicains «le reprendre la mission «le Méso­ La mission de Mardin fut rouverte le 18 décembre potamie. en suggérant d’y employer des Peres espa 1K11. p. 218. et une préfecture apostolique de Méso­ gnols réfugiés en Halle a la suite de l'exclaust rat ion potamie fut créée pur décret de la S. Congrégation de I de 1835. Au début de mars 1811, trois Pues el un 253 NESTOHIENNE (L’ÉGLISE), MISSIONS LATINES frère se mirent en route pour Mossoul, mais cc der­ nier mourut en débarquant à Beyrouth. Les trois Pères arrivèrent à Mossoul le 7 août ; I un <1 eux mou­ rait quelques jours après, et un deuxieme reprenait dès le mois de novembre le chemin de l’Europe, pour raison de santé. Op. cit., t. ni, 1897-1898, p. 141-143. Il ne resta donc qu’un seul Père jusqu’au 4 mai 1813. aidé cependant de l'ancien secrétaire de Mgr Vfllardcll, Joseph Valerga, le futur patriarche de Jérusalem. Le zèle suppléait au nombre et les deux missionnaires sc rendirent à Kotchannès pour essayer de convertir je catholicos nestorien, p. 1 13. En 1813, la mission du Kurdistan fut reprise sous forme de prédication itinérante; un peu plus tard (1817) fut fondée la maison de Mar Ya'koub, précieux pied-â-terre dans la mon­ tagne nesloricnne cl séjour d’été, où pou valent sc rétablir les santés si éprouvées par l’horrible climat de Mossoul. En 1855. bien que la mission ne comptât toujours que quatre Pères, le P. March! étudiait la possibilité de développer la zone de prédication vers le Nord, en vue de reprendre l’ancienne mission d’Ar­ ménie, cl il insista pour obtenir de nouveaux sujets. Devant le refus des provinces italiennes, le P. Jandel demanda des missionnaires à la jeune province de France. Le premier missionnaire français arriva â Mossoul le 12 janvier 1856, en vrai disciple de Lacordairc, vêtu de l’habit religieux, tandis que les missionnaires avaient toujours porté en ces régions si éloignées de l’Europe, un costume à la turque. La province de France, au chapitre de 1856, accepta de reprendre complètement à son compte la mission de Mésopo­ tamie, cl déjà le général avait envoyé comme visiteur le P. Besson, qui arriva à Mossoul le 30 novembre. Mais les Italiens se retirèrent aussitôt et le P. Besson resta seul, ignorant tout de la langue et des usages, s’aidant d’un jeune interprète, qui était le futur patriarche Élie XIV Abolyonan. i.e P. Besson ne sc contenta pas d’organiser la mission, donnant aux écoles un soin particulier, il alla faire visit eau catholi­ cos Simon XVII dans l'automne 1857. voulant l’attirer à l’union. Un peu auparavant était arrivé à Mossoul le dominicain Henri Amanton, administraieur du diocèse de Bagdad et d’ispahan. en remplacement de l'évêque retiré. Mgr Trioche. tandis que Mgr Planchet, S. J., résidant à Mossoul, retenait le titre de délégué apostolique en Mésopotamie. Le travail des Pères, en liaison avec Mgr Amanton, fut rendu très pénible par la malheureuse affaire du Malabar, et l’attitude prise envers Borne par les évêques chnldccns à la suite du patriarche Audo, qui alla dans son irritation jusqu’à prendre des mesures canoniques contre les Pères, pour sc venger des sanctions dont au nom du pape l’avait frappé Mgr Amanton. Or. si l’on va au fond de ers luttes qui mirent en péril toute l’Eglisc chaldéennc et arrêtèrent pour un temps son déve­ loppement, on const nie qu’il y avait surtout l’oppo­ sition de deux familles, celle des Audo et celle des Abouna, pour la possession de quelques lopins de terre dans la plaine d’AIkochc. Les dominicains qui avaient converti Jean I formez, avaient pour procureur un membre de la famille Abouna. inde I iræ. Les intrigues des Audo. (pii pour un temps firent cause commune avec les moines de Habban Hormizd» curent pour conséquence le rappel de .Mgr Amanton par la S. Congrégation de Propaganda Eide, comme plus tard d’autres Intrigues amenèrent la démission de Mgr II V Alt max or. autre dominicain, qui occu­ pa avec éclat le siège de Babylone des Latins, de 1885 à 1902. Les dominicains eurent dans la suite une vie moins agitée, toujours très pénible par l’effet du climat el les difficultés de la circulation en pays kurde : avant | 25 ί Ια guerre, en plus de deux maisons destinées surtout à la mission auprès des Arméniens, a Bit lis et Van, Ils avaient des résidences à Sécrt, Mar Ya’koub, Aehita et Mossoul. La maison d’Amadinh et une autre, ouverte pour un temps a Djézirch, avaient été fermées ou restaient un simple pied-à-terre pour le passage des missionnaires. L’influence des dominicains sur l’Églisc chaldéennc de Turquie a été considérable, s’exerçant surtout par les écoles, tenues par des maîtres fonnés à l’école normale de Mar Ya'koub, ou par des sœurs d'un tiers ordre indigène, régulière­ ment constitué depuis peu en congrégation. Du séminaire de Mossoul fondé en 1882 sont sortis nombre d’excellents prêtres et plusieurs évêques. Les populations de ces régions ont été terriblement éprouvées par la guerre : les maisons de Mossoul et Mar Ya’koub seules ont été relevées. Voici la liste des supérieurs français de la mission dominicaine de Mossoul : BB. PP. Besson (1859-1861 ), Lion (1861-1873). Duval (1873-1896). Delamclle (2 mois en 1896), Gal land (1896-1907), Bcrré (19071922). Galland (1922-1925). Hugucny (1925-1929), Roussel (1929). Ln relation écrite par le P. Goormachtigh, up. cit.. n’a été publice que jusqu’à l’année 1864. L’interruption de cette publication, qui reproduisait de larges fragment* des documents originaux, est très regrettable : le mémoire du P. Goormachtigh devrait être consulté par quiconque voudra écrire d’une façon critique l'histoire de l’Églisc chaldéennc. De nombreuses informations sc trouvent pour la péri nséc ration des églises et choisit des homélies de la charité. 3) Sur la prière. I) Sur le jeûne. 5) Sur la saint Éphrcm et de Narsaï pour les longs ofllces du jeûne de Ninive. I miséricorde. 6) Sur l’humilité. 7) Sur la pureté, la virginité cl la continence. Ch. v. Les colonnes. 1) Sur Les commentateurs des textes liturgiques méritent la création du monde. 2) Sur la vérité de la résurrec­ davantage de retenir l’attention, car il y a souvent à tion, du jugement et des châtiments. 3) Sur la vérité prendre, du point dc vue théologique, dans leurs com­ des prophéties depuis Isaac jusqu’à la venue dc Notrementaires. Le plus ancien pour celte période est l’ou­ Seigneur. 4) Démonstration dc la venue de Notre-Sei­ vrage en cinq livres de Gabriel Qa|arayâ sur l’oflicc gneur. 5) Sur les constitutions, lois, décrets el canons des feries et des dimanches, qui est peut-être le début portés par les apôtres et leurs successeurs (c’est dans d’un ouvrage en neuf livres sur toute la liturgie. A. Baumstark. op. HL. p. 200 et n. IL AbdiSo’ bar cette section que se trouve l’histoire des catholicos Bahriz et Jean dc Mossoul sont connus aussi comme nestoriens). 6) Sur l’action des rois et des prélats auteurs dc commentaires sur la liturgie; l’œuvre de ce pour confirmer la foi cl s’opposer aux nouveautés dernier en vers de sept syllabes nous a élé transmise en matière de religion. 7) Sur le sentiment unanime aussi par d -s manuscrits Jacobites, qui le placent sous j des chrétiens au sujet des livres dc. l’Ancien et du le nom de Georges de Kudadâ. Le commentaire le plus j nouveau Testament. Ch. vi. Les fossés. 1) Sur la important est l’explication anonyme de Pollice divin, prière dite en se tournant vers l’Orienl. 2) Sur la transmise quelquefois sous le nom de Georges d’Ar­ I sanctification du dimanche. 3) Sur le port dc la bèles. Bien que sa dale ne puisse être exactement ceinture, l’allumage des lampes pendant l’oflicc cl déterminée, cet ouvrage marque un point de repère l’usage dc l’encens. I) Sur la satisfaction parla péni­ très important pour la connaissacc du développe­ tence. Ch. vu. Les jardins. 1) Sur l’abandon de la ment de la liturgie nestorienne. pratique de la circoncision. 2) Sur la suppression du \\ec l’histoire, nous quittons le domaine des sciences sabbat dans le Nouveau Testament. 3) Sur l’auto­ sacrées, bien que dans la plupart des chroniques les I risation démanger les viandes, qui étaient Interdite* faits de l'histoire ecclésiastique tiennent une place dans l’Ancien Testament. I) Sur les erreurs blâmables prépondérante. Au commencement du vu· siècle, des Juifs. Cette analyse est donnée par Abû’LBaJean du Belt Gannai passe pour avoir composé une rakât ibn Kabar dans sa Lampe des Ténèbres, sous le chronique, laquelle cependant doit être plutôt un nom d’Amr ibn Mattai. Cf. XV. Kicdel, Der Katatog ouvrage sur la chronologie et les divers calendriers; der christlichen Schri/ten in arabischer S proche von nous n’en avons que la mention dans le catalogue Abû'l Barakâf, dans Nachrichten von der kgL dÉbedjésus. Daniel bar Maryam, qui avait écrit un GeseUschall der Wissenscha/ten zu Gottingen, philologlsch-hlstorische Klasse, 1902. p. G80-682. nus rage du même genre, est en outre l’auteur <1 une 1 .a Somme de Mari nous amène à un groupe de polvhistoire ecclesiastique en quatre livres, qui semble graphes qui ont occupé des situations importantes dans avoir été la source principale de la Chronique de Séert. la hiérarchie nestorienne. et ont presque tous terminé Xllâh.l-zkâ est cité par Elle bar Sinayfl pour les évé­ nements des années 593*606. Mikâ du Bell Gannai I leur vie comme catholicos. Plusieurs ont Joint à la 281 NESTORIENNE (L ÉGLISE), connaissance des sciences sacrées une culture profane assez complète pour leur avoir attiré la consideration des musulmans. Ifo’yahb 11, qui s’était range comme étudiant parmi les opposants de Hènânâ, enseigna ensuite à l’école dc Balad, puis fut consacré évêque, bien que marié. Envoyé auprès d’Héraclius en qualité d’ambassadeur au commencement de son épiscopat, la profession dc foi qu’il fit alors le rendit suspect au clergé nestoricn. 11 écrivit un commentaire aux Psaumes, des composi­ tions d’histoire monastique et d’hagiographie. des homélies en prose et en vers, des lettres. 1 ne lettre dogmatique au rabban Abraham le Mèdc s’est con­ servée en syriaque, tandis que le symbole souscrit pour être présenté à lléruclius existe seulement en arabe. M. Labourt a noté. Le christianisme..., p. 213, n 3, que la doctrine professée dans la lettre citée correspond A renseignement courant parmi les nestoriens : les chalcédoniens y sont formellement condamnés. Ifo'yahb 11Î, formé à Bcil’Abê, puis ù Ninive, évêque de Ninive, puis métropolite d’Arbèlcs, fut un homme d’action, dont les lettres montrent au mieux l’activité multiforme. Nous avons dit qu’il réalisa pour une bonne part l’organisation de l’otlice divin; il composa lui-même les prières du baptême et du rite de la réconciliation, et probablement une bonne partie des leçons ou madraiê, qui sc lisent dans les ses­ sions ou mautabi de l'office nocturne. Il avait écrit un récit du martyre d’Iso’sabran, mis A mort en 620, des sentences pour les novices, un traité contre les héré­ tiques, des sermons et des oraisons funèbres. Hénanifo’ Itr, qui mourut après avoir été renversé par le métropolite Jean de Nislbc, écrivit, au témoi­ gnage d’Ébedjésus et d’Amr, des homélies, des orai­ sons funèbres, des lettres et divers traités en réponse à des questions <]ul lui avaient été soumises, une bio­ graphie deson contemporain Sargis DudA, un commen­ taire aux Analytiques d’Aristote et un livre sur les causes dc ce qui existe. Une collection de 21 décisions juridiques nous est parvenue, ainsi que des extraits d’un commentaire aux évangiles du cycle liturgique, cl un éloge en vers de son ancien maître, Ifo’yahb III. AbA II, formé à l’école de Séleucie, écrivit de nom­ breux ouvrages que Mari ibn Sulaymân prétend avoir clé interpolé par ses disciples. On cite de lui un Livre des stratèges, un commentaire aux discours de saint Grégoire dc Nazianze, des homélies, un commentaire à plusieurs livres de VGrganon d’Aristote, cl un éloge poétique du martyr Zake, Nous possédons seulement un écrit aux étudiants de l’école de Séleucie, â propos d’un différend (pie le catholicos eut avec le clergé de la ville. Timothée I,r et Théodore bar Konl seront l’objet d’art leles spéciaux. Bo’ bar Nun, (pii avait élé condisciple de Timo­ thée I*f A l’école de Séleucie, fut son adversaire avant dc lui succéder. Nous avons de lui des questions sur le texte biblique, un recueil de canons cl lois en 133 paragraphes, des oraisons funèbres, des lettres surdes questions liturgiques, un traité sur les mots ayant même consonnes et des voyelles différentes. Des pas­ sages contre les païens et les hérétiques appartiennent peut-être à une Théologie, dont Ébcdjésus cite le titre. Des homélies d’ifo' bar Nun furent jointes à celles dc deux auteurs, dont nous ignorons le nom, pour former un recueil de prédications correspon­ dant A l'année liturgique, dont l’étude était imposée aux prêtres â l’époque d’Ébcdjésus. Élie I ' écrivit. comme évêque dc Tirhan, une gram­ maire syriaque en 22 questions et réponses d’après la mél hodr des grammairiens arabes, puis, comme cat holicos, composa plusieurs pièces liturgiques et régla plusieurs ofllces. Il décida en synode des questions LITT É R AT UK E 282 relatives au droit successoral et aux empêchements dc mariage; il semble en outre qu’il ailété le compilateur du grand recueil canonique du manuscrit ftorgia syriaque 52, dont M. J.-B. Chabot a donné l’analyse dans le Synodicon orientale, p. 1-10. Son o uvre la plus importante était un traité en 22 chapitres, intitule Fondements de la /oi, dont les quatre premiers cha­ pitres, sur la Trinité, sur le Christ comme Dieu, sur le Christ comme homme, sur le Christ comme HommeDieu, sont contenus dans la Tour d’Amr ibn Mattel. Cet ouvrage contenait aussi les témoignages des pro­ phètes sur la venue du Messie, sa naissance, sa vie, sa passion, sa mort, sa glorification; puis traitait delà descente du Saint-Esprit, de l’invention dc la croix, du second avènement, de la vérité de la religion chré­ tienne, des ablutions et dc la prière, des jeûnes, des aumônes, du feu dont souffrent les damnés, de la ré­ surrection, etc. On ne sait si ce traité fut écrit direc­ tement en arabe ou traduit du syriaque par Amr. Voir G. Graf, Die christlich-ara bûche Literatur.... p. 67. Élie bar Sinâyâ, métropolite de Nisibe (975- après 1019), écrivit plus en arabe qu’en syriaque. Il écrivit en syriaque plusieurs pièces liturgiques et une partie de ses lettres, dont une au clergé el au peuple dc Bag­ dad au sujet dc l’élection d’Ko'yahb IV, qui est re­ marquable par la connaissance du droit ecclésiastique; Ébcdjésus a utilisé dans son nomocanon une collec­ tion de decisions juridiques en quatre livres, qui doit avoir été écrite en syriaque. Élie bar Sinâyâ composa encore en syriaque une grammaire de la langue syria­ que qui est devenue le manuel des écoles nestorienne;, et compila un dictionnaire arabe-syriaque, ordonné par sujets en trente chapitres. Sa chronique, disposée comme celle d'Eusèbe, qui nous est parvenue dans un unique manuscrit bilingue, fut écrite en arabe, puisque la colonne arabe de la première partie est autographe, mais elle avait élé destinée dès l’origine à être lue dans les deux langues. Les autres ouvrages d’Élie sont en arabe : un commentaire du symbole de Nlcée, où le texte syriaque est traduit en arabe, puis expliqué, manuscrit Vatican arabe N3, fol. 127-147 V·; un traité sur les avantages du célibat cl dc la conti­ nence, en forme de lettres; un traité sur la création du monde, l’unité du Créateur el la Trinité des per­ sonnes, qui a été partiellement inséré dans la Tour d’Amr ibn Malt aï, un traité sur les joies dc la vie future contre la conception matérialiste du paradis musulman; un livre de la démonstration dc la vérité de la foi, qui est une apologie du nestorianisme contre les Juifs, les musulmans cl les chrétiens orientaux de croyance différente. Le plus célèbre des ouvrages d’Élie est le compte rendu des sept conférences qu’il eut en 102G(cerlains manuscrits ont 1029) avec le vizir Abû l-Qasim Husayn ibn ’Ali al-Mngribi sur les vérités de la foi chrétienne. \ oici le sujet de ces conférences : 1) sur l’unité et la Trinité; 2) sur I habitation de Dieu dans le fils de Marie et l’union des deux natures; 3) preuves du monothéisme des chrétiens tirées du Coran; D dé­ monstration de la vérité de la foi chrétienne par les preuves de raison et les miracles; 5) sur ce que la doc­ trine chrétienne est exempte d’erreur; 6) sur la supé­ riorité des chrétiens en matière de grammaire, lexico­ graphie cl rhétorique; 7) sur l’opinion des chrétiens relativement â l’astrologie, aux musulmans cl à l’âme. Il n’est pas certain que le livre sur les moyens de chas­ ser la tristesse ait été écrit par Élie dc Nisibc. les raisons de l’attribuer à Barhébraus l’emportent. G. Graf, Die christlich-arabische /.iteratur..., p. 59-67; Christtich-arabisches, p. 185 s(j.;cf. M. Sleinschnci ler, Folemische und apologeiiiehe Lilcratur in arab schcr Sprachc.... dans Abhandtungen /Or die Kunde des Moryenlandcs. t. si, fasc. 3, Leipzig, 1877, p. 51-55. 283 NESTORIENNE (L’ÉGLISE), LITTÉIUTI HE 284 Salomon, métropolite de Bassorah, qui vécut dans grammaire, pour un traité de pond mil ion, pour un la première moitié du xni· siècle, appartient encore exposé sur quatre problèmes fondamentaux de la a la série de ces savants prélats, qui gouvernèrent philosophie. Ce genre faux est presque le seul qui ail I Eglise nestoricnne sous Jes califes. Son Livre de subsisté,(tans la débâcle de I Église nestoricnne après l’invasion mongole. L Avilie. divisé en 60 chapitres, contient dans les 32 premier* chapitres une histoire abrégée de Γ Ancien Le grand polygraph©, (pie fut Ébcdjéstis (AbdiJo' Testament, où abondent les détails légendaires; dans métropolite de Nisibc. pour lequel nous avons réservé la seconde partie, après 11 chapitres sur la vie, la la forme latinisée du nom, afin de le distinguer des pasdon et la glorification de Noire-Seigneur, quatre autres AbdiSo') est â peu près isolé au début de lu chapitres (XLvn-t) sont consacrés aux apôtres et un période post-arabe; cf. les articles Annir.su ou Etttplu) aux catholicos nestoricns, avec mention du Heu jésu par J. Parisot, t. r. col. 21-27, ÉbedJésus bah de leur sépulture (liste complétée par les copistes Beîuka. par P. Nau, t. iv, col. 1985 sq. Nous ne pou­ au delà do SabriJo* V). Le c. ut ttt une histoire vons en rapprocher qu’Amr (Llmr) ibn Malta!, évêque schématique des dynasties, suivie de considérations de Tirhan, dont l’œuvre, comme nous l’avons (lit, générales sur les successions (c. un). Le c. lxiv col. 158, fut retouchée dès 1332 par Slibâ ibn Yubannâ, traite de Gog et Magog. Le c, i.v de l’Antéchrist, prêtre de Mossoul. La Tour d’Amr a été conservée dans les c. ΐΛΜ.χ des fins dernières. Salomon avait écrit un manuscrit mutilé, Vatican arabe 110, qui semble aussi un livre sur l’état du ciel et de la terre, de ca­ autographe; la recension de Slibâ, dont la bibliothèque ractère cosmographique, un traité sur le calendrier, Vaticane possède un exemplaire, Neoflll 54 (olim //), des prières, de brefs traités sur divers sujets. est également incomplète. Le Vatican arabe 110 est analysé dans A. Mai, Scriptorum veterum noua collectio, Élie de Nislbc, parlant aux musulmans, lirait argu­ t. iv, part. 2. p. 221-227; voici le contenu des sections ment en faveur du christianisme de ce que les chré­ les plus intéressantes : Partie II, préface 2 : sur l’appel­ tiens s’étalent occupés avec fruit de grammaire, de lation de nestoricns donnée aux chrétiens orientaux; lexicographie et de rhétorique. Les nestoricns s'acqui­ préface 5 : sur la signification de l’union et de la filia­ rent en effet une grande réputation auprès des califes tion. Partie 1Π: épilogue sur les empereurs chrétiens el de leur entourage, comme traducteurs des ouvrages de Constantin à Héraclius,d’après Eutychluset Sévère grecs cl comme savants dans les sciences profanes. Les ibn al-Moqalïa’. Partie IV: sur les nations, les sectes plus célèbres sont Gabriel bar BoktiSo’, médecin de el les conciles, sur les Juifs, sur les Samaritains, sur les Haroun ar-Baiid, qui composa le premier dictionnaire Grecs el les Koniains; sur les hérésies, de Simon le syriaque-arabe en plus de nombreux ouvrages médi­ magicien aux monot héliles, d’après Eut ychius, sur les caux. Ilunayn ibn Ishâq, diacre et médecin, attaché ù conciles occidentaux et les canons rendus en synode la personne d'Al-Mutawakkil, qui est le Johannicius par les catholicos nestoricns. Partie V : sur le Christ el des traductions latines ; son œuvre comme traducteur ses apôtres (19 chapitres); sur les catholicos nest oriens et comme auteur d’écrits originaux sur la médecine est jusqu'à Yabballâhâ III (partieéditée par H. Gfcmondl, considérable; il composa aussi des sentences ascétiques supra, col. 158); sur la foi orthodoxe, avec extraits a la manière d’Évagrc, une grammaire et un lexique. d’Élie Ier sur les fondements de la foi. d’Élie de Msibc Plus important du point de vue théologique est un sur la vérité de la foi, de Georges de Mossoul, de Macourt traite sur la manière de démontrer la vérité du kikâ II; profession de foi composée par Michel, métro­ christianisme, où il développe des considérations très polite de Diarbékir, mise en arabe par Çlibâ (qui était t habiles sur les Sommes de la connaissance de la vérité donc le contemporain, peut-être le collaborateur et des Intérêts pouvant servir à déterminer la vérité d’Amr); extraits du livre d’Ébedjésus sur les fonde­ ou la fausseté d’une religion. G. Graf, ChrtstUche ments de la foi; profession de foi d’Ba'yahb bar Poiemik gegen den hlam, dans Gelbe Hel/te, l. n. p, 829. Malkon; traité envoyé par Makikâ II, lorsqu’il n’était Élie d’Anbar montra son talent de philologue dans encore que métropolite de Ninivc, ù un chrétien une explication des termes dithcilcs du Paradis d'Ispahan; discussion de SabriSo' bar Paulos avec un de 'Enaniso’. Bo* bar‘Ali et Abu'l-Hasan bar Bahlûl Juif sur la divinité du Christ ; discussion sur la ma­ ont compilé des dictionnaires qui sont les meilleures ternité divine de Marie, d’après ISo’yahb bar Malkon; sources que nous possédions, pour une connaissance arguments divers contre les Jacobites el les mel­ historique de la langue syriaque. Bo’yahb bar Mnlkoti écrivit une exposition en prose de In grammaire itites. Kamls bar Qardahè composa un grand nombre de svriaque que l’on trouve écrite sur deux colonnes, en poésies liturgiques, dont certaines en strophes alter­ syriaque et arabe. Deux de scs compositions métriques nées, en syriaque el en mongol; dans le recueil très traitent de grammaire, tandis (pie plusieurs autres considérable du manuscrit Vatican syriaque 186, se sont de caractère liturgique. Jean bar Zo'bi poussa plus loin encore l’art du grammairien : dans sa gram­ trouve une série de 151 pièces de I ou 8 strophes, de­ nature très variée, contenant jusqu’à des formules de maire en prose,Il marque l’apogée des études gramma­ lettres d'amitié cl des odes amoureuses. lient plusieurs ticales chez les nest oriens. imitateurs dans la poésie profane. A. Baumstark. H n’v a guère de poésie en dehor·· des hymnes reli­ p. 322 s(|. Gabriel QanBâyâ écrivit un long éloge en gieuses cl des menai ou traités en vers sur les sujets les vers du fondateur de son couvent SabriSo* d’BellQocpA; plu* v iriés; on peut citer cependant les compositions Briklio* versifia un éloge de son maître Samli; ISo’d Bo’dcnah do Bassorah (éloge de Yaunan en 22 yahb bar Mcqaddam, qui laissa 50 lettres et bon nom­ parties), Georges Wardà.Mariâ bar Mesihayê. Le catho­ bre de répons liturgiques, composa une grammaire en licos Yahballfihfi II écrivit en syriaque des maqûmâl vers hcplasyllabiques et se lit remarquer par sc? dis­ ou *éances dans le genre de celles de Hariri. tiques ; l’œuvre capitale d* Isaac Qardahè est une I Lu Utlérature nestoricnne après la prise de Bagdad longue composition en 29 parties sur l’économie du par tc~* Mongols. -Jean bar Zo'bl a été dénoncé par salut, de la création à la fin du monde; Sargis bar A Baumstark, p. 310>q.. comme le type des écrivains, Wahlê mil en vers une histoire des catholicos nesto­ qui employèrent la forme poétique pour traiter des ricns jusqu'à Timothee II; nous avons encore une matières ks plus diverses; il »’cn servit en ctTct pour composition de Slibâ bar David sur Nestorius, (pii a été un expose dr la théologie dans h mètre hept asyllabisouvent copiée, et plusieurs autres morceaux. Mais quc. pour une explication de la liturgie eucharisti­ tous ces auteurs no sont (pic de médiocres \ erslflcalcurs. que en ver* de douze syllabes, pour un traité sur l’cuainsi 7. Nnrsai. 208-271, l*o‘ynhb III, p. 320-353; t. il : I*anr de l’union a Rome n provoqué quelques écrits. Ahdlfo* de Ninive, p. 1-8, Timothée I**,p. 31-33, ThnoULs de Marga, bar Yohannaii, successeur de Sulaqâ, mil en vers le p. 51-68, Ilunayn ibn Ishaq p. 69-93, Élic d’Anbor, p. 1231 12, Emmanuel as-Sahtiar. p. 1 13-207, Éhe III, p. 272-281. récit du voyage (pie celui-ci Ht à Rome, de son retour Georges Wnrdn, p. 295-322, Kami* bar Qardahe, p. 323-330, et de sa mort. I n recueil de ses poésies sur des sujets ÉlM'djésus de Nisibc, p. 306-150. variés a été conservé, ainsi que plusieurs pièces pour A ceci nous ajouterons seulement les éditions de textes, l'usage liturgique, une composition en vers sur les qui n’ont pas été citées au cours de l’article : mots à consonnes identiques cl voyelles différentes, 1· Exégèse. —B. VandenhOlT, Exegesis psalmorum, imprt· un I rai te sur l’âme. Bibliothcc / orientalia. .. t. i. p. 536mis mrstianirorum apud Syros nestarianos. Hhcine, 1899. 513; art. Éin D.ir.srs, par F. Xau, t. tv, col. 1981 sq. contient l’édition de l’introduction aux Ptaume» par Ahob Joseph II, patriarche de Diarbékir, composa un Q.Mnrayn, et celle de Nathanaël, évêqur de Sirzor; J. Schlirbitz, ZtoMiids* Kommentar zum Bûche II lob, part. T, texte et traité d'apologétique, intitulé Le miroir pur, dont les trad, allemande, dans Beihe/lr sur /.cilichri/l fur die .A. 7. cinq chapitres traitent des points suivants : 1) l’Église Winxenschalt, t. xi, G lessen, 1907; M.D.G ibson, The conunenromaine esl la tête de toutes les Églises; le pape est le tarirs of tshô ddd of Merit... texte et trad, anglaise, évangile*, père de tous les chrétiens; l’Église romaine ne peut dan* f/or.r semtllc.r, l. v-vn, Cambridge, 1911 ; épitres dr errer en matière de foi; 2) Vérité des formules dogma­ saint Paul, ibid, t. x-xi, Cambridge. 1913-16. tiques de l’Église catholique démontrée contre les ncs2· Théologie, apologétique et polémique. — Traduction toriens; 3) Sur l’incarnation contre tous les hérétiques arabe de la conférence de Timothée I” avec Al-Mahdl. cd. en général, mais surtout contre les jacobilcs cl les par L. Clieikho dans al-Mairiq, t. xix, 1921, p. 359-371 et arméniens; D Foi de l’Église romaine sur d’autres 108-118; extrait du traité de ilunayn sur la manière de saisir la vérité religieuse, texte et trad, française par L.Chelpoints : procession du Saint-Esprit ab utroque, feu du kho. Un traité médit de Itonein, dans Orirntalùehe Studien purgatoire, fixation immédiate des âmes dans l’éter­ Theodor S'ôldeke... griDidmet...,Glt ^cn, 1906, p. 283-291; nité heureuse ou malheureuse, sans attendre le juge­ Élic de Nisibc : L. Ifont, Des Metroftoliten Elias non Xmbh ment dernier; réponse à certaines objections formulées Buch nom Bemeixe der Wahrhelt des Glaubens, Colmar, 1888; surtout au sujet de pratiques liturgiques. Bibliotheca texte arabe des conférences avec Ir vizir Abu’l-Qasim dans orientalis, l. m a, p. 602-608. L. Clieikho, Trois traités nnciriu de polémique et de théologie Parmi les écrivains plus récents, d’ailleurs peu nom­ chrétiennes,Beyrouth, 1923, p. 1-26;sur la création du monde éd. Malouf, dans aTMaiiriq, t. vt, 1903, p. 112-116. breux, nous nous contenterons de citer, par ce qu’elles 3· Liturgie. — Ixs livres liturgiques proprement dits sont imprimées. les Lectiones dogmatica de divini seront recensés plus loin; d’autre part, les édition* de textes Verbi Incarnatione quas in Perside habebat losephus isole* sont trop nombreuses, nous nous bornerons donc u Guriel persa-chatdaus, Rome, 1858. citer : A. Baumstark, Paradigmcngebclrosbgrixcher Kirchen· Nous n’avons presque jamais renvoyé dans les pages dichtung...,dtms Oriens thristtanus, t. x-xi. 1923, p. 1-32; Die nextorianische Schri/len · de causis festorum , dans (pii précédent aux histoires littéraires de W. Wright. R. Du­ Oriens Christianus, t. i, 1901, p. 329-312; A. Rucker, 7.uci val, A. Baumstark, citées col. 159 et 168. parce (pi’il est trè* ncslonanische llgmnien uber die Magier, ibid., p. 35-55; facile de chercher dans ces ouvrages in mis d’rxcrllrntr* S. J. Cnrr. Thonur Edesseni tractatus de Xalivitatr D.X. L-C., tables onomastique». On peut citer en outre pour l’histoire littéraire : A. Baumstark. Die christlichcn Litmiturrn dci Rome, 1898; Abraham bar Upeh, commentaire sur l’olllcc divin, éd. R. II. Connolly, Anongmi auctoris exfiosilio Orients, dans Samnilung Gùschcn, n. 527-538: considérations générales, t.i, p. 7-3 1.littérature syriaque, p.31-106; litté­ officiorum Ecclcsiir Georgia ArMensi vulgo adscripla, dan* Corpus script, christ, orient.. Scriptores syri, see. IL rature arabe-chrétienne, t. n. p. 7-36; Geschichtr der christ· I. xcn. p. 161-189, trad., t. xa. p. 117-166. tichen Litrraturcn des Orienta, dans Die Litrraturcn des Ostens in Einzcldarslcltungcn, t. vu. part. 2, Leipzig, 1907 : •P Ascétique et histoire monastique.— la? Paradis de ‘EnaDtesyrischc und chrisllich-arabische Literatur, par C. Brockclni-«ea été publié d’abord par P. Bcdjan, Acta martyrum rt inimn. p. 1-7 I; A. Scher. Elude supplémentaire sur les écri· xunctorum, t. Mil, Paris et Leipzig, 1897, avec en appendice vains orientaux, dans Revue de TOrient chrétien, t. xi, 1906. l’éloge drs saints Pères égyptien* par Abraham de Ncthpar, p. 1-33. Plusieurs polémistes nestoricns sont traités dans p. 1091-1010; E. A. W. Budge a donné ensuite une édition M. Steinschneidcr, Polcmischc und apologetischr Literatur in avec traduction anglaise, The book of Paradise..., dens Lady arubischcr Sprache. dans Abhandhuigcn fur die Kunde des Mcur manuscript n· 6. Londres, 1901, 2 vol.; W. I'rankrnMorgcnlandcs, t. vi. ftisc. 3. Leipzig. 1877. Les nestorien»· berg. Evagrius Ponticus, (bins Abhandtungen der kgl. Gesetl· traducteurs d’ouvrages grecs en arabe sont mentionnés dans scha/l der Wissenschaflen zu Gottingen, philuloglsch-histoIn plupart des manuels de littérature arabe et surtout dans rische Klassc, see. Il, L xiit, fa*c. 2. contient, outre Ir* M. Steinschneidcr, Die urabischen Vebcrsttzungrn ans déni Onluries,VAntirrhclicux,lv Gnosticus et le* lettre*. L’histoln Griechisehen, Leipzig. 1897. mémoire couronné par ΓAca­ dr Sergius l'anachorète cl d’Abraham a été éditée cl tra­ démie des Inscriptions et Bel h's-Let 1res, dont le texte duite p ir I·'. Nau, Bexiim·1 de monographies syriaques, dan* français est demeuré inédit, m ils dont la traduction alle­ Kcvue de TOrient chrétien, t. xx, 1915-1917, p. 21-32; fd.. mande n été imprimée dans une série d’articles, dont un Histoires d*Abraham dr Kaikur et de Babal de Nisibc dan* petit nombre de collections complètes a été mi* dans le I Brime de TOrient chrétien.t.wi, 1918-1919. p. 161-172; Ε.Λ. commerce. W. Budge, The life of Babban llormizd, dan* Semitiscle Beaucoup de textes ont été publiés dans des chrrstoStudirn, Erganzungshefte zur Zeitschrift fur AssgrMogtt, fuse. 2-3, Berlin. 1891; V. Schvil, vie de Mar Benjamin, mathics. qui n’apparaissent pas ailleurs; voici ceux qui dan* Zeitschrift fur Assyrlologie..., t. xn, 1897, p. 62-96; ld„ appartiennent a la littérature nestoricnne : (·. M“*|ngcr, La vie de Mar Benjamin (titre : Binjumin), traduite en sy­ Monumenta spriacu ex romanis codicibus collecta, Inspruck, riaque, dan* Bcimr dr TOrient chrétien, t.n, 1897. p. 215-270; t. i, 1869, Isaac de Ninive, deux sermon», p. 95-101, Jean SabrRo’ Rostam, histoire dr S.ibri*o* d’Beit Qoqn. éd. de Dakota (ou Saba), un chapitre et une lettre, p. 162-1; t. n. 1878, histoire de Karka d’Belt Slok, p. 63-75, deux Mingana, dans Sources syriaques, p. 171-220, trad., p. 221-267 ; .Iran dr Mossoul,éd. E. L Milio*, Directorium spi· pièces de Komis bar Qardahc, p. 168-17 L lai dires t orna t 111 r riluulccx II bris saptenliulibus desumptum a presbytrrv doctare intitulée Le jutit livre de » miettes (Ktabona dparlulal, Durmiah, I sus. est particulièrement riche en passages d'auteurs loanne monacho compositum anno Domini MCCXLV..., nestoricns; voici ceux mentionnés dans la table des auteurs, Rome, 1868, p. 24-162; traite sur la crainte de Dieu par Jean bar Penkoyc, Ibid., p. 162-171. p.377-379 \bdis(»· bar Yolinnnaii (le pntrinrchccatlmliqüc) ‘Abdisii d'Élain, · \bdi*o de Nisibc ( Ébedjésiis)). Rabat. 5· Hagiographie. lai plupart des textes relatifs aux saint* de l’Eglise dr Perse, ont etc édités ou réédites par Denhii, Γ lie· de Piroz*abur, Emmanuel as-Snhhnr, Georges d’ Arbèh *. < »c<»rgr* Wnrdn, Isaac de Ninive. Inane ESbednâyft, P. Bedjan. Acta murtgrumel sanctorum ,t. i-mi. Paris et Leip­ Iso'dcnah. Jean bar Pcnknvr, Jean bar Zo’ bi,.lcan dr Mo*· zig. 1890-1897. I Guidl en a donné une table onomastique N EST 01Π E N N1·: ( L ' É G L1S E), T H É O L O GI E 288 Indice agiogra/ico dcgli Acta martyrum rl sanctorum del 9* Poésie. — G. Cainliilil, Liber thesauri de arlr poetica P. Redjan, dons Rendiconti della R, Accadcmia dei Lined, Syrorum nrciion de eorum poetarum uilis et carminibus. Home, t. χχπιι, 1919. p. 207-229; nous Indiquerons ici les vies et 1875; IL llilgenfeld, Ausgeu*ahllr Grsanyr des Glmorgis pnsslom te rapportant ù Γ Église de Perse : 1.i, Mari, p. 45W arda wn Arbel, Udpz.lg, 1901; SlibA sur Ncstorius, (Μ. 1\ Nau dans Patrologla orientalis, t. xm, p. 287-316; poésie 94; Jean bar .Malkc, p. 341-365, Zhi, p. 398-423; Sali IA, p. 424-465 ; Jonas d'Anbar, p.466-525; t. n, Sultan Mahduk, (PAIxiiso* bar Yohanmin sur le pupe dans P. Bedjan, Ma­ nuel de piété, 2* éQuelques observations préliminaires s’imposent aupa­ n.ip, p. 222-219; Abdû, p. 250-253; Piruz.p. 253-262; Bassu· ravant sur les sources de nos renseignements et sur les et Suzanne, p. 471-505; t. vi, Julien Saba, p. 380-40 1; caractères généraux de la théologie nestoricnne. Abraham QidunâyA. p. 165-499. Dans la deuxième édition de V Histoire de Mar Jabalaha..., Paris et l«clpzig, 1895, on Z. oJissftTAT/oss PRfiLTMlNAlHKS. — 1° Sources de trouve aussi, en plus des vies dcAbA Pr, Sabriso’V et DenhA, nos renseignements, ICIIes sont constituées par deux les actes de Grégoire Pir.ingusnap, p. 347-391, de Ynzdordres de documents : d’une part, les textes ofllcicls de panah, p. 391-415, de Georges, martyr en 615, p. 416-571. l'Église nestoricnne, d’autre part, les commentaires 6* Histoire - Les éditions des ouvrages historiques ont qu'en donnent les théologiens. été citées dans h-s premières parties de cet article. L’histoire L Textes officiels : symboles et livres liturgiques. des principaux événements de l'histoire du monde de Jean — Comme toutes les Églises, celle-ci a été amenée, en bar Pcnkaye a été éditée par Mingana, Sources syriaques, diverses circonstances, ù exposer sa foi soit pour cou­ p. 1-171, trad., p. 172-197. M. Scott-MoncrirlT, The book o/ consolations or the pastoral epistles o/ Mûr Ixho'yahb o/ per court à certaines innovations qui en menaçaient la Kûptdânà in Adiabene, dans Luzac's Semitic text and transla­ pureté, soit pour préciser sa position par rapport à tion series, t. xvi, Londres. 1904; J.-B. Chabot, La lettre du d’autres groupements. catholicos Mar-Aba II aux membres de Técole patriarcale de A ce point de vue. le Synodicon orientale, ou Recueil Srlciicie, dans Actes du onzième congrès international des des synodes nestoriens, publié par J.-I3. Chabot en orirnlalixtcs. Parts 1397, quatrième section, Paris, 1898. 1902, dans la collection Notices et extraits des manu­ p. 296-335; Id., Ixi légende de Mar Bossus, martyr persan, sui­ scrits de la Rihliothèyiic nationale, l. xxxvn, constitue vie de lu fondation de son couvent a A pâmée, Paris, 1893; B. Vandenhotï, Eln Uriel des Elias bar àindjà uber die un recueil infiniment précieux. Compilé vers la fin Wahl des Kaiholikos Ikrjahb /V, dans One ns christlanus, du vin· siècle, sous le pontifical de Hcnaniio I! ser. Π. t. m. p. 59-81. 236-262; E. A. XV. Budge, The book voir col. 278, il contient en une rédaction plus ou o/ the Bec (Salomon de Bassonihi.al (an. 197). AbA I" (an. 541), raissent indispensables. — Nous ne possédons aucun Joseph (an. 551), Ézèchhl (an. 57G). Koy’ahb I" (an. 585), Sabri>o’ p< (an. 596). Grégoire I" (an.G05), Georges I" (an. I document de celle valeur pour les périodes qui 676), Ilrnani^o II (an. 775). Le synode de Timothée I" suivent. Quelques let 1res, émanant de dix ers entho (an. 790) est publié en appendice ainsi que clivers docu- I llcos sc sont conservées, dont les plus importantes monts ou lettres ayant rapport aux synodes cités. Traduc­ sont celles de Timothée Ier. Enfin, depuis le moment tion allemande des synodes par O. Braun, Das Ruch der où dos relations se sont nouées avec Borne, c’estSynhados, Stuttgart et Vienne, 1900. E. Sachau, Syrischc à-dire depuis le Xin· siècle, les autorités de l Eglisc Rerhtsbucher, t. ι-m, Berlin. 1907-191 1, contient les écrits nestoricnne ont été amenées â expliciter leur ensei­ suivants:!, i, Leges Constantini, Theodosii, Leonis·, t. n. Richltrlichc Irtrilc des Patriarchen Chenûntschô, p. 2-51 ; gnement po.ir le comparer à celui de l’Eglise catho­ Gesetzbuch des Patriarchen Timotheo», p. 51-117; Gesetzbuch lique; elles ont été amenées aussi à souscrire des pro­ des Patriarchen Jesubamun, p. 120-177; I. ni. Corpus juris fessions de foi imposées par Home. I ons ces textes des perslschen Enbisehofs Jcsubocht, p. 1-201; Erbrccht jettent un jour plus ou moins vif sur les doctrines oder Canones des pcrxhchen ErzbichoR Simeon, p. 203-253; propres des nestoriens. On en trouvera un certain Erbrccht des Patriarchen AbhA, p. 235-285. 8- Philologie. — 1-cs glosses de Bar ’Ali ont été éditées, I nombre dans S. Giainil, Genulntc relationes inter Sedem Apostolicam et Assyriorum orientalium sett Chai· d'alcph ii mini par G. HofTmann, Sgrisch-arablschr Glosscn, Kiel, 1871, celles de nun A tau par H. Gotlheil, Rar ’.Ali dseorum Ecclesiam, Home, 1902. (Zf/n ) The syriac-arabic glosses, dans Mcmarie della R. .Ac- ’ Les livres liturgiques d’une Église expriment aussi, cadfnia Rationale del Lined, classe di sclenzc morali storichc à leur manière, les croyances ofikielles; le recensement t fttologiehe,*ér. V, t. xm.part. 2, Home, 1910-1928; H. Du­ «tes textes liturgiques nestoriens sera fait plus loin. Au val, Lexicon xyriacum auctore Rar Rahlul, Paris, 1886-1903. tome n de son ouvrage déjà cite, The ncsiarians and 3 vol.; Γ. Bac thgen, Syrischc Grammalik des Mar Ellas von Tirhan, l^clpzlg, 1880; Élie de Nhlbc, dictionnaire dans ■ their rituals, Londres, 1852. G. P. Bndgcr a fall, avec Thomas de Novare. Thesaurus arablco-syro-latinus. Home, beaucoup de soin, le dépouillement de ces livres, des 1636. el dans P. de Lagarde. Pra tcrmissarum libri duo, prières et surtout des homélies qu’ils contiennent, en Girtlingue, 1879. p. 1-89; H. .1. IL Gotthdl, -A trruUsc on vue d’en tirer un exposé complet des doctrines nestoxqrluc grammar by Mar(j) Elia <»/ S6bhd, Berlin. 1887; riennes. Il faut regretter que cet ecclésiastique anglican P. Martin. Traité sur racccntuation chez 1rs Syriensort· ntaux, . ait cru devoir choisir comme cadre de son exposé les Puns. 1877; G. Hoff maun. Opusculu nrsforiuna. Kiel cl i 1 rente-neul articles de son Église, auxquels il compare l*nris. 1880. contient : 'Nanüônü Hdhaijabheni el Hunaini llérhenl liber canonum dr irquihlteris, *Abdhiso nix GAzar- successivement les données extraites par lui des livres tent fearmen hcplasylltibum dr a quihttrris, Anonymt inter­ I liturgiques. Gela donne aux chapitres qui traitent des prétâtIo vocum difficili uni biblicarurn,Anonynii scholia biblira. I points doctrinaux contestés à l'époque de la Héfonne NESTO K I ENNE (L’ÉGLISE), THÉOLOGIE 289 un air de plaidoyer en faveur de* dogmes de l'Église établie. Ainsi des chapitres sur l’usage de Γ Écriture sainte et son Interpretation, sur le libre arbitre, la justi Beat ion, les œuvres, I Église, les conciles, le purga­ toire, les sacrements cl particulièrement l'eucharistie, le sacrifice de la messe, le mariage des prêtres, etc. Cela nuit un peu A la sérénité d’un exposé qui devrait être plus objectif. Celte remarque faite, Il n’est que juste de signaler les services que ce livre peut rendre au théologien, surtout dans les chapitres relatifs aux doctrines sur lesquelles il y a accord entre théologie anglicane et théologie catholique. 2. Théb/o^/ens. Sur la place considérable qu'oc­ cupe la théologie dans la littérature nestoricnne, voir ce qui a été dit plus haut. Il s’en faut d’ailleurs que l’ensemble des œuvres théologiques nestoriennes se soit conservé. Bien des livres dont le catalogue d'Ébcdjesus nous donne le titre ont disparu sans laisser de traces. Puis des ouvrages importants, actuellement connus en manuscrit, ne sont pas encore publiés; plusieurs de ceux qui sont publiés ne sont pas encore traduits. Tout ceci explique que l’on ne puisse donner à l’heure présente qu'une esquisse sommaire, forcé­ ment incomplète el qui peut être inexacte en plusieurs points, de la théologie nestoricnne. Sous le bénéfice de ces remarques, voici les théolo­ giens auxquels nous avons demandé nos renseigne­ ments : Narsai le Lépreux, voir ci-dessus, col. 26 sq.— Babai le Grand, lin du vi· siècle, auteur d’un Trait/ sur Γ union (des natures en Jésus-Christ), publié et traduit en latin par A. Vaschaldc, dans le Corp, script, christ, or., Script. syr.. ser. II. t. i.xi. Sur ce remarquable théologien, voir les articles de V. Grumel. t n théologien nestorien, Babaï le Grand, dans Échos d'Oricnt, 1923, t. xxn, p. 153-181. 257-280; 1921. t. xxm, p. 9-33, 162-177, 257-271. 395-399. Le ca­ tholicos ISo'yahb HL milieu du vu· siècle, dont le recueil de lettres est extrêmement précieux, publiées et traduites par Rubens Duval, ibid., t. i.xiv. Contemporain de ce catholicos, l'évêque Sahdonâ (appelé aussi Martyrlos) représente, dans l'Église perse, la tendance chalcédonlcnnc, qui lui valut d’ailleurs de multiples désagréments. Quelques textes provenant de lui sont publiés et traduits en allemand dans 1I.Goussen, Marlyrius-Sahdona's Lebcn und Week, Leip­ zig. 1897. -Du catholicos Timothée ltr. vni’-ix· siècle, il s’est conservé un recueil de lettres, dont plusieurs ont la dimension d’un véritable traité; texte el traduc­ tion latine d’une partie par O. Braun, dans le Corpus déjà cité, sér. 11.1. lxvii,— Son contemporain Théodore bar Konl a laissé un livre de Scolies, où il y aurait à glaner. Édit. AddaT Scher, ibid., 1.i xvet lxvi. Dans la seconde moitié du x· siècle, Georges d’Arbèles fait plutôt figure de canoniste et de liturgiste. Il y a à prendre néammoins dans ΓExposition des offices ecclé­ siastiques qui lui est attribuée, sans beaucoup de certi­ tude : texte et trad. lat. par B II. Connolly, ibid., t. χα. xcii I)e peu postérieur. Élie bar Sinàyâ. mé­ tropolite de Nisibeù partir de 1008, a laissé un Livre de la preuve de la vérité de la foi, en arabe, qui expose A un inelkite le bien-fondé de In théologie et de la termi­ nologie nestoriennes. ouvrage systématique et inté­ ressant ; trad, allemande dans L. Horst, Des Metro­ politan Elias vonXisibis Buchvom Beivels der Wahrheit des Glaubens, Colmar. 1886 Moins théologique, le Livre de l'abeille de Salomon de Bassorah, xui· siècle, donne un aperçu des croyances populaires et de leur expression; texte syriaque et trad, anglaise par E. A. Wallis Budge, dans Anecdota Oxoniensa, semttic series, t. I b. Oxford, 1886. -A la fin du xin· siècle, toute la science ccclésiastiquedel’Égllsenestoricnnese retcouve ( h< / ÉbcdJésus, h· métropolite de Nisibe Le Livre de la perle sur la vérité de la foi est un bon abrégé de l’en· dict. ni: théol. catii. 290 semble de la théologie ; texte syriaque cl trad, latine dans A. Mai, Scriptorum veterum not a collectio, t. x b, p. 317-311, 312-366. - Sur le livre de la Tour de Mari Ibn Sulnyman, voir les indications données ci-dessus, col. 280; sur le livre de même nom d’Amr ibn Mattai, voir col. 281. 2° Caractères généraux de la théologie nestoricnne. Ce qui frappe d'abord quand l’on parcourt d'affilée les divers documents, officiels ou privés, que nous venons d'énumérer, c'est la persistance, pendant des siècles, des mêmes formules stéréotypées, des mêmes argu­ ments, des mêmes pensées. On a l’impression d’une doctrine fixée dans le cours du v* siècle et qui n’a plus guère subi de développements sensibles. Dans le domaine de la littérature latine, un théologien tant soit peu exercé n’a pas de peine à distinguer de prime abord un texte du v· siècle d’une production du Xil· siècle, celle-ci d’unr œuvre théologique du xvi·. Ici, au contraire, la discrimination est à peu près im­ possible entre des textes d’âge fort diflérent. Ce caractère essentiellement conservateur tient d’une part à la forte organisation qu’ont eue les écoles théologiques aux plus beaux temps de la théologie nestoricnne (voir col. 268 sq.). et d’autre part, au soin qu’a pris, à ces moments, l’autorité ecclésiastique d'imposer l’adhésion de tous a un seul docteur, qui est vraiment le docteur propre · de l’Égllse nestoricnne. Que l’on imagine la théologie catholique sc dévelop­ pant exclusivement sous le contrôle des thomistes, sans le contrepoids des écoles rivales, et l’on aura quelque idée de ce que put être la théologie nesto­ ricnne. Or le « docteur » de ΓÉglise nestorienne. c’est Théo­ dore de Mopsuestc; si l’on ajoute parfois a son nom ceux de Diodore de Tarse et de Ncstorius, c’est pour autant que le premier fut l’inspirateur dosa pensée, le second l'interprète fidèle de son enseignement. Cette adoption de Théodore remonte aux temps de Γ École d’Édcsse, (ci-dessus, col. 267); et. quand V École des Perses est transférée à Nisibe, elle transporte en terri­ toire sassanide la vénération, poussée jusqu’à l’ido­ lâtrie, à l’endroit de Γ · Interprète ». Bares furent les tentatives de secouer le joug. Une seule a sérieusement compté, celle de Hcnânâ d’Adiabènc. directeur de l écolc de Nisibe d( 72 A 16. Voir ci-dessus, col. 268. Pour s’t'trc écarté de Theodore. Hvnânâ s est vu impu­ ter les pires erreurs,et.pendant plus d’un sivclc.il sera représenté par les nestoriensorthodoxes comme fauteur des doctrines origénistes (telles qu’on les entendait au vi· siècle), comme fataliste, presque comme mani­ chéen. Les livres composes par lui contre Γ Inter­ prète » furent anéantis sans laisser de traces. Cette petite insurrection donna, d’ailleurs, aux autorités officielles l’occasion de canoniser définitivement la doctrine el les écrits de Théodore. Le synode d'Abâ I·* en 511 avait déjà déclaré que « le sentiment des évêques d’Orient. au sujet de la fol de Nicéc. était celui (pii avait été proposé par le saint ami de Dieu, le bien­ heureux Mar Théodore, évêque et interprète des Livres saints ». Synod.orient., p. 550, trad., p. 561. Le synode d’Iso'yahb Ier en 585 va beaucoup plus loin: « Nous définissons qu'il n’est pennis â aucun homme, ù quelque ordre ecclésiastique qu’il appartienne, de (iifTamcr ce docteur de l’Égllse, en secret ou en public, ni de rejeter ses saints écrits, ni d’accepter cet autre commentaire (celui de Hènânâ) qui est étranger à la vérité... Quiconque osera agir, en secret ou en public, contrairement Λ ce que nous avons dit et écrit ci-dessus sera excommunié, jusqu'à ce qu’il vienne à résipis­ cence cl devienne le disciple sincère des maîtres contre (pii il a déblatéré. » Synod, orient., p. 138, trad., p 100. Et. en tête de son exposé de la foi. le synode de Sabriso* I··. en 596, déclare : Nous recevons (cette foi) XL — 10 291 NESTORIENNE (I/ÉGLISE), CHRISTOLOGIE 292 exactement dan* le même sens que nos saints Peres, clic a éprouvé le besoin de montrer que sa doctrine, expose par rilluslrc entre lesorthodoxes, le bienheureux celle de Γ Interprète, était en conformité avec celle des Pères antérieurs aux controverses christologiques Théodore d’Antioche, évêque de la ville de Mopsueste. Des dossiers de textes patristiques se sont ainsi con­ l'interprète des divines Ecritures. · Synod, orient., stitués, où l’on voit figurer les Pères cappadocicm, p. 197. trad., p. 157-158; cf. synode de Grégoire Br, en 605, ibid., p. 210-211. trad., p. 175-476. Les trois Athanase, Jean Chrysostome, Amphiloque d’Iconium. et même des latins,comme Ambroise ou Damase. sans docteurs · œcuméniques », Diodore. Théodore et Nes­ .compter des extraits de VExfositlo reclir fidei de torius, · illustre entre les martyrs », apparaissent liés, Pseudo-Justin, Voir, par exemple, la conférence con­ en un funiculus triplex dans les discussions du martyr tradictoire de 612. dans le Synod, orient., p. 575 sq., Georges contre les théopaschitcs. · Même recueil trad., p.592 sq. Comparer des extraits analogues dans p. 628-629. une lettre dogmatique fort importante de Georges l,f. Même autorité prépondérante de Théodore dans la ibid., p. 212 sq., trad., p. 510 sq. Mais ces textes question du canon des Livres saints, de l’autorité diffé­ ne doivent pas faire illusion sur l’étendue des connais­ rente qu’il faut attribuer aux diverses catégories sances patristiques des nestoriens. Selon toute vrai­ d’écrits sacres, de (’interpretation qu'il convient d en semblance. ils utilisaient surtout des florilèges, peutdonner. Sur ccs divers points on ne comprend, complè­ être des provenance occidentale, et non les ouvrages tement l’attitude de l'Ëglise nestorienne. au moins au complet des auteurs cites par eux. On remarquera durant les premiers siècles, qu’en se reportant aux enfin que saint Éphreni. le grand docteur des Syriens, idées de 1’ Interprète. Pour nous en tenir à la seule ques­ tion du canon, rappelons que Théodore, outre l'exclu­ est assez rarement mentionné dans les œuvres propre­ ment théologiques. Voir pourtant Synod, orient., sive qu’il avait portée contre la plupart des deulérop. 196, trad . p. 155. canoniques de l’Ancien Testament (il reconnaissait Pour ce qui est des anciens textes conciliaires, les pourtant Baruch et l'EcclésIastiquc) avait rangé en théologiens nestoriens s’en tiennent aux deux sym­ une catégorie particulière, sinon exclu du canon, les boles de Nicée et de Constantinople. 11 va sans dire Chroniques. Esdras, Job et le Cantique. Quant au qu’ils rejettent le concile d’Éphèsc dont ils semblent Nouveau Testament, il rejetait les épltres de Jacques et assez bien connaître l’histoire. Voir Badger, op. cil., de Judo, la lia Pétri, la lia et la 11 la Jahunnis, enfin t. n. p. 127. Pour Chalcédoine, leur attitude est ambi­ l’Apocalypse. Cf. L. Pirot. l.'auvre exêgétiguc de Théo­ guë. Sans doute reconcile a accepté le tome de Léon dore de Mupsuestc, Borne, 1913. c. iv, p. 121-156. Il qui a mis en déroute tous les monophysites, perierunt faut reconnaître d'ailleurs avec ce critique que. ce per eumqiii sedem Petri tenebat Leonem mirabilem, écrit faisant, Théodore se conformait aux habitudes de Baba), trad., p. 61 ; le concile a canonisé la doctrine l’Église syrienne des ni* et iv* siècles qui ont grande­ dyophysite, mais il a reconnu aussi l’autorité doctri­ ment influé sur lui. Bien d’étonnant donc que l’Église nale de saint Cyrille, ii a anathematisé Nestorius et nestorienne sc soit cramponnée longtemps aux déci­ enseigné Punique hypostase du Verbe incarné. Le sions de Théodore. Le synode de 585, dont il vient d’être V· concile œcuménique de 553 a excité de la part des question, maintient l’appréciation assez défavorable nestoriens les plus vives répulsions. Ce « concile de portée par Γ Interprète sur le livre de Job, p. 138, trad., Justinien » a été systématiquement réfuté par Bobai p. 399. Et Timothée I*r, au début de ix· siècle, mettait le Grand. Je n’ai pas vu que l’on ait beaucoup parlé, encore une différence entre les Chroniques et Esoras dans les milieux nestoriens, du VIe concile, de680. A d'une part et d’autre part le reste de l’Ancien Testa­ ce moment les communications étaient plus que diffi­ ment. Voir Pirot. ibid, p. 125-126. Au xin» siècle ciles entre la Mésopotamie cl Constantinople; la que­ cependant, le canon scripturaire s’est bien rapproché de celui de l’Église universelle. La catalogue d’Ébcdrelle monothélite n’est certes pas passée inaperçue, mais sa définitive conclusion par l’assemblée de 680 n’a jésus s'ouvre par une description des livres de la Bible : or le catalogue de l’Ancien Testament, outre qu’il con­ pas été remarquée. Quant à la querelle des images, la tient tous les protocanoniques sur lesquels Théodore dernière crise un peu sérieuse de la théologie · occi­ dentale », elle ne sembla pas avoir efllcuré l’Église des avait élevé des doutes (Parai.. Esdr. 1 et IL Job. Cant.) signale aussi tous les deutérocanoniques. avec catholicos. celte particularité toutefois que le Livre des MachaEn definitive, la théologie nestorienne se présente bées · se trouve relégué au milieu des compositions sous la forme d’un commentaire, indéfiniment repris, nettement apocryphes, qui terminent la liste. Quant de la doctrine de Théodore, à peine interrompu par au catalogue du Nouveau Testament, il se montre quelques risposles ù certaines tentatives d’indépen­ beaucoup plus aberrant, puisque, en fait de deutéro- dance (Hinânâ, Sahdonfi). Nous sommes aux anti­ podes de la fermentation de la Syrie jacobite cl de canoniquts.ilneconnalt que lestroisépilrescatholiques de Jacques, de Pierre et de Jean? laissant dès lors de l’Égypte copte, du pullulement de sectes qui se remar­ côté Jude, la Ha Petri, les deux petites épltres de que en ccs dernières contrées. Quand les représentants Jean et l’Apocalypse. Texte dans Assémani, liibt. tardifs de la théologie nestorienne. un Élie de Nisibe, orient., t. ui a, p. 5-12; voir aussi les remarques de un Ébedjésus vantent la fidelité de leur Église aux celui-ci, t m b. p. ccxxxvn. Sur relie question assez traditions dogmatiques d’un passé qu’ils feraient compliquée du canon des Syriens voir : Th. Zahn. volontiers remonter jusqu'au temps des apôtres, ce Dus X eiie Testament Theodors non Mopsuestia und der n’est, dans leur bouche, ni une exagération, ni une ursprlïngliehc Kanon der Syrer, dans N eue kirchhche manière de parler, (’/est à ce conservatisme, qui a ses Zeitschrift. 1900, t xr, p. 788-806; \V. Bauer. Der Λpo- , avantages et ses inconvénients, qu’il faut attribuer le 'totos der Syrer in der Zeit pon der Mille des I. Jahrcaractère archaïque qui se remarque en nombre de hunderts bis zur Spaltung der syrischen Kirche, Giessen. points de cette théologie. 1903; L. Dcnncfcld. Der A. Tliche Kanon der anlio· U. LA CHKIUTOLOQIF. htl L'ZUUSE .V λ\7<>Α7 EN N F. — chenischen Schute, Eribourg-en-Β.. 1909 = Hibl. Stu1°. Enseignement trinitaire. — Toute christologie a dien, t. xiv. fasc. L pour point de départ un enseignement trinitaire. CeluJ Il ne faudrait pas croire cependant que l’Eglise nes­ des nestoriens est parfaitement correct La profession torienne n’ait pas connu d’autres docteurs que Théo­ des trois hypostases (ils ne disent jamais les trois dore. A un moment donné, devant les attaques des personnes) dans l’unité de la substance divine leur Jacobites et même des chulccdoniens (il semble bien, apparaît comme le dogme fondamental du christiaque Sahdônâ ait été rallié au chalcédonisme strict) I nisme.et ils sont heureux de constater leur accord sur 293 ce point avec les melkites et les Jacobites. C'est la rai­ son pour laquelle 'I imothée Ier reconnaît très explici­ tement la valeur du baptême, conféré par les autres confessions religieuses qui acceptent le symbole de Nicée-Constanlinople.L’pi.W.j. trad., p. 9 sq. On remar­ quera les considérants très iréniques de son opinion : « les divisions entre cyrilliens, chalcédoniens, nesto­ riens, dit-il, laissent Intactes les hases mêmes de la foi, c’est à savoir la confession de la divinité parfaite et de la parfaite humanité du Christ, Pour les trois Églises rivales, les fondements de la maison sont bons, c’est la toiture seulement qui est ruinée chez les chalcédo­ niens et les Jacobites, tandis qu’elle est en bon état chez nous ·; cf Epis!., xxvi. On remarquera chez les théolo­ giens nestoriens. comme d’ailleurs chez Théodore, l’at­ tention particulière qu’ils apportent à la doctrine de la périchorèse, à laquelle les Grecs ne penseront qu'un peu plus tard. Voir par exemple la deuxième lettre dogmatique d'Abâ ltr. Synod, orient., p. 542, trad., p.553: Cette Trinité existe de toute éternité, elle a créé toutes les choses visibles et invisibles : elle est sans commencement, sans changement, sans sépara­ tion, en trois hypostases, qui sont le Père, le Fils et i’Espril-Saint. Aussi, Notre-Seigneur a-t-il dit qu’en lai on connaissait la Trinité éternelle. En effet, il a dit de lui-même : < Détruisez ce temple. » c’est-à-dire l’humanité qu’il avait revêtue, lia dit encore: « Mon Père, qui habite en moi, fait lui-même ces œuvres. » et il proclame aussi que le Saint-Esprit était en lui, en disant : < L’Esprit du Seigneur repose sur moi, et pour cela il m’a oint. > — Si la théologie nestorienne spécule rarement sur les relations» divines, elle n’a pas laissé d’ébaucher une théorie de ccs relations qui prend pour point de départ l'âme humaine et scs diverses facultés. Voir l’essentiel dans Ébedjésus, trad., p. 345. Mais cette théorie ne l’a pas empêchée de s’en tenir, pour le Saint-Esprit, à l’unique procession. L’expression meme « procédant du Père par le Fils · qui est l’équivalent grec de la procession ab utroque, ne m’a pas paru se rencontrer chez eux. \ oir Badger, op. cit., t. n. p. 79. 2· Les deux natures. Pour ce qui est de la chris­ tologie proprement dite, la théologie nestorienne est strictement dyophysltc. Nous gardons, dit le Synode de Joseph, en 554. la confession orthodoxe des deux natures, dans le Christ, c’est-à-dire de sa divinité et de son humanité: nous gardons les propriétés des natures et nous répudions en elles toute espèce de confusion, de trouble, de mutation et de changement. » Synod, orient . p. 98. trad., p. 355. Inutile de multiplier les citations soit crtinent ad humanitatem ejus assumptive : · Si enim illam cognovissent. Dominum gloria* non crucifixissent · (I Cor., n, 8); et Si 1 ilio suo non p<‘|H*rcitt sed pro nobi.% omnibus tradidit illum · (Ηοιη.,νιπ, 32). At crucifixus ct mortuus c*t in humanitate sua. non in divinitate sua, ct est Dominus gloria* ct Filius Dei propter unionem ct adhaesionem qua· ipsi fuerunt cum l-ilioætrrno.ct Domino gloria?qui est Deus Verbum, Quod proprie ad Verbum pertinet, pertinet ad 299 NESTORIENNE (L’ÉGLISE), CHRISTOLOGIE hcminem Vrr&i assumptive, propter unionem. Trad·. p. 5354; cf. p. 125-126; et aussi tout le c. XX. p. 161-184. sur les différent» nom* du Christ» Fils de Dieu. Des expressions non moins nettes se retrouveraient dans les lettres de Timothée 1·', Epist., xxxvj.trad., p. 171 ; dan* Georges d’Arbèlcs (ou dans l’auteur, quel qu’il soit, de VExposition desofficesdivins), t rad.,t. xcn. p. 62, cl ailleurs. Il n’en reste pas moins qu’à partir du vn· siècle, le nestorianisme, sans doute pour s’opposer plus nettement au monophysisme et au chalcédonisme, affecte une hostilité de plus en plus vive à l’endroit du Théotokos, aussi bien qu’à l’endroit du Deus passus. Élle de Nisibe au début de xi* siècle est particulièrement représentatif. A l’en croire, le Théotokos serait proprement une formule jacobitc, et il polémique contre l’expression avec une fougue qui rappelle les premières incartades de Nestorius. Voir trad. Horst, p. 16-56. S’il est loin d’unir dans la même réprobation Jacobites et melkilcs, s’il concède que ces derniers ont des point s communs avec l’orthodoxie nestorienne, il ne laisse pas de leur faire remarquer (pie sur deux points capitaux ils s’en séparent : (l’abord en ce qu’ils reconnaissent simplement Marie comme Mère de Dieu, «ce qui est la racine de tout le mal el de toute l’impiété cyril lien ne ·, ensuite, parce qu’ils n’admettent I dans Je Christ qu’une seule hypostase. Cf. p. 56 sq. Et Élic d instituer en de longues pages une intermi­ nable polémique contre le Théotokos. Cette polémique d ailleurs n’a jamais porté préjudice au respect dont l’Églisc nestorienne témoigne à l’endroit de la sainte Vierge. Voir dans Badger, op. cil.,1. ιι, p. 51-57, un I fort beau texte liturgique sur les grandeurs de Marie. Il semble donc clair que l’on a perdu, à un moment donné, dans l’Églisc nestorienne,le sens de la doctrine de la communication des idiomes que les théologiens classiques avaient si correctement exprimée, et qui n’avait pas échappée à Nestorius lui-même. Ci-dessus col. 153. On remarquera que les professions de foi envoyées à Rome par les nestoriens, désireux de s’unir aux Lot ins. témoignent toujours d’une certaine gêne au sujet du Théotokos. Voici une expression correcte, mais dont on sent bien qu’elle est quelque peu alambiquée : Maria peperit Christum, inteltigitur quod ipsa peperit Drum l'ilium, unam trium personarum unitam homini uni, de quo dicitur in euangelio quod ipse est filius David.... el in hoc quod dicimus Maria peperit Christum inteltigitur quod ipsa peperit Deum : (ali tamen condi­ tione quod ipse est Deus Filius unitus humanitati. Pro­ fession d Ko’yahb de Nisibe adressée à Innocent IV en 1217. (ilaniil,/oc. cil., p. I. Et ÉlicVHI dans la profession adressée à Paul V : El vocamus Mariam (fi.siTnici.si 1)κ! qui est i x Dko, sine con/uslone naturarum et sine mutatione proprietatum perlectarum naturarum. Ibid., p. 113. L’addition qui est ex Deo semble nécessaire au catholicos pour écarter l’idée que Marie serait la mère « de la Trinité ». Aussi bien Élic de Nisibe avait-il longuement disserté a ce sujet ! 3. La dualité des opérations. — Une des conséquences de l'union personnelle, cl surtout dans le sens où l’en­ tendent les nestoriens, ce doit être la dualité des opérations, ou. comme disent les Grecs, des énergies. Tout dyophysite conscient de ce qu’il enseigne est obligatoirement dyénergiste, dithélite. Or, on l’a fait remarquer plus haut. col. 115, il n’est pas jusqu’à Nestorius lui-même que l’on n’ait accusé de monothélismc, et i) est curieux que les diverses professions de f<»i imposées aux nestoriens revenant à l’unité insis­ tent toutes, avec beaucoup d’énergie, sur la condam­ nation du monothélisme. comme si celte erreur fai­ sait obligatoirement partie de leur doctrine. Des textes de saveur monothcUte provenant, dit-on, de Nesto­ rius ou de ses adeptes, ont été versés au concile du 300 Latran de 619. En fait, on trouve chez les écrivains nestoriens, et qui ne sont pas les premiers venus, des affirmations qui, à première lecture, surprennent. C’est le cas par exemple d’un petit traité du catho­ licos Timothée I·', Epist., xxxvi, trad., p. 161-183; voir en particulier p. 176-177. Voulant montrer que le triomphe final du Christ en son humanité ne lui vient pas précisément de la manière dont il s’est comporté nu point de vue moral, mais du fait même de l’union, le catholicos écrit : « C’est de l’union (pie lui vien­ nent la domination, la filiation, l’empire sur toutes choses; dès le début,la chair (c’est-à-dire l’humanité) possède en effet la domination, la filiation, l’empire : neque dicimus duas voluntates, neque duas proprietates aut operationes. I nio enim ineffabilis unam voluntatem et virtutem et unam operationem ct unam proprietatem perficit. Prater nomina enim hypostatica el naturalia nullibi in Christo duplicitas apparet. » .le ne crois pas qu’on ait jamais exprimé plus clairement Je monénergisme, ct toute l’argumentation qui suit semble encore renforcer celte impression, ct tout spécialement la dis­ cussion des textes devenus classiques en la matière; < Je ne suis pas descendu du ciel pour faire ma volonté, mais la volonté de celui (pii m’a envoyé ·, et « Père, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la vôtre. » Sans compter (pie l’on voit encore intervenir, p. 180, une considération sur la « science du Christ que Timothée semble à première vue identifier avec la science divine. Tout cela est vrai. Mais une étude approfondie de ce passage montrerait, pensons-nous, que l'unité de volonté dont il s’agit est essentiellement une unité morale ; il n’y a pas eu de lutte réelle entre la volonté humaine du Christ et la divine volonté; el, par ailleurs, la science humaine du Christ est en défi­ nitive une irradiation de la suprême intelligence. C’est ce que semble bien indiquer la conclusion de ce texte vraiment difficile : Ergo una est voluntas et una opera­ tio Verbi ct carnis ejus, sicut unus est motus ct una modulatio musici et instrumenti ejus. Ibid., p. 181. Cetto dernière comparaison doit, en effet, procurer quelque apaisement. Il faut donc, pensons-nous, ne pas se hâter de crier au monothélisme. parce qu’on Ht sur les tombes des catholicos enterrés à Mossoul la profession de foi suivante : Credidi in Filium Dei, Dominum nostrum Jesum Christum per unionem Deum per/ectum et hominem perfectum : duas naturas, duas· que hypostases in uno prosopo et una dominatione et una voluntate. Dans Assémani, Bibi, orient., t. m b, p. GM XLVIII. D’ailleurs la théologie nestorienne (et Timothée lui-même) fournirait sans difficulté des textes qui montreraient, dans l’unique personne du Christ, les deux activités divine ct humaine. Les plus intéres­ sants sont bien ceux qui affirment un progrès dans cette humanité assumée par le Verbe. On sait le redou­ table problème que posent, quand il s'agit de défendre Théodore de Mopsuesle. les nombreux passages où l’Interprète parle du progrès moral ou intellectuel qui sc serait manifesté en l’àmc de Jésus, du rôle considé­ rable que joua le baptême dans l'orientation de sa vie, de la confirmation enfin, qu’apporta à son humanité le fait de la résurrection. Ce n’est pas ici le lieu d’étu­ dier ces textes, fournis pour la plupart par le V* con­ cile. On a fait remarquer ci-dessus, col. 150, que Nestorius avait évité les développements sur ce sujet scabreux. Bubai. lui, s’est attaqué nu problème avec résolution, el tout le traité IV de son beau livre. De divinitate el de humanitate et de persona unionis, est consacré, à résoudre ces difficiles problèmes. Trad., p. 106 128. 11 ne saurait être question de relever ici. même som­ mairement. les analyses extrêmement subtiles de ce vigoureux penseur. Notons au moins le souci qu’il 301 NESTORIENNE (L'ÉGLISE), SOTÉRIOLOGIE apporte à tenir compte de tous les textes scripturaires (pii peuvent dirimer la question : Quod descendit Spi· ritus et mansit super eum ■, testatur Scriptura (Maith., m. IG). ct quod · proficiebat et con/ortabatur a Spiritu » (Luc., n, 40), etiam affirmat ; et ex illo : · crescebat statura sua · (Luc., n, 10), etiam illud proficiebat in sapientia sua ct gratia · (Luc., n. 52) verum invenitur ct non fatsum. Quod si luce falsa sunt, ment it ir sunt Scripture, quia Scriptune id dicunt. Est-ce à dire pourtant que l’union > aurait été. au cours de la vie humaine du Christ, sc resserrant, se perfectionnant, pour ne devenir indissoluble qu’aprèsla résurrection? Babai repousse avec indignation ces concepts blasphé­ matoires. Nous avons dit ci-dessus la précision avec laquelle il affirme que l’union a eu lieu dès le premier instant de la conception. Mais cette union n’exclut pas l’existence dans l’humanité du Sauveur des pas­ sions*, au sens philosophique du mot. Les scolastiques latins ont essayé de faire une discrimination entre les < passions » qu’il est convenable de laisser dans le Sauveur, et celles qu’il y aurait injure à lui attribuer, (’.elle distinction Babai ne la fait pas explicitement, quoique les énumérations faites par lui soient, à coup sûr. révélatrices de sa pensée. Mais il nfllnne que ces » passions * ne subsistent plus dans le Christ glorieux et ressuscité, et que le baptême (c’est le point curieux de sa théorie) attribue au Christ les arrhes de cette « impassibilité » ct de cette « immutabilité ». Quamvis unio facta sit nb utero et per Spiritum Sanctum formatum sit principium vitie nostrae, id oit, homo Domini nostri qui est Adam novus, tamen non in initio formationis iuæ perfectus est in sapientia ct immortalitate propter unio­ nem sibi factam cum Deo Verbo, qui cum ad personam suam assumpsit ut esset habitaculum divinitatis. Ita enim non dicimus quod homo Domini noslri nb initio formationis suæ omnino perfectus est et fuit non indigens sicut post resurrectionem. Quomodo enim ? Eccc esurivit, ct sitivit, ct fatigatus est. ct dormivit, ct turbatus est, ct timuit, ct confortatus est, ct fuit in dolore animi ct corporis, ct dixit se tristem esse, et passus est, ct mortuus est, et scpultus est, et resurrexit, ct pertulit omnia, ct tandem perfectus est, ut supra ostensum est. Trad., p. 119. Et après un développement où notre théologien montre lu part de manifestation extérieure, destinée à notre instruction, qu’il faut reconnaître dans la scène du baptême. Babaï d’ajouter : Verumlamcn ha* actiones œconomin* apud hominem Domini nostri in baptismo fnctæ sunt, ut agnosceretur quod ipse baptismum accepit, tanquam in primitiis gra­ tiam Spiritus in arrham immortalitatis ct immutabilitatis. Ibid.. p. 210. El Timothée, dont nous avons cité plus haut des textes si étrangement monencrgislcs. est aussi affirmatif que Babai quand il s’agit des passions » du Christ, avec une nuance pourtant, qui n’est pas sans intérêt. Omnes passiones naturales et irreprehensibile', porter peccatum, tulit. . Sicut enim mortem voluntarie tulit cum omnino non mori posset (renvoi Λ .Ion., x. 18), ita etiam omnes passiones naturales ct irreprehensibiles aolunfarfr pro nobis tulit salvator noster, ut passione' nostras in sim passione et mortem nostram in sua morte solveret ct des­ trueret. En définitix e. la christologie nestorienne nous appa­ raît. Λ plus ample examen. beaucoup moins aberrante de la christologie chalcédonienne qu’elle n’en a la réputation, l’ondée sur des définitions de la nature, de l’hypostasr. de la personne, passablement dilïércnte de celles qui ont finalement prévalu dans la théologie • occidentale ·, elle propose du mode de l’union un concept qui, sans doute, n’est pas immédiatement superposable à celui de Chalcédoine; mais peut-être des traductions opportunes pourraient-elles ramener ce concept à celui de l’orthodoxie catholique. Les divers 302 problèmes que soulèvent les conséquences de l'union sont résolus en théologie nestorienne, comme en théo­ logie chnlccdonlenne, sensiblement de la même ma­ nière, sauf sur des points de détail. Jusqu’.i quel point cette théologie a-t-elle éliminé, pour sc constituer en l’étal où on la trouve Osa plus belle période, certaines audaces ou certaines maladresses d’expressions des docteurs nntiochicns, c’est ce qu’il est bien difficile de dire, dans l’état si imparfait de nos connaissances sur l’œuvre d'un Diodore, d’un Théodore ou même d’un Nestorius. Di. AV THES QVESTIOXS TUtOLOGlQCE*. — 1° M· demption, péché originel, grâce. — Que l'incarnation ait eu pour lin (principale ou exclusive! la rédemption de l'humanité, c’est ce que les professions de foi affir­ ment. sans d'ailleurs y insister autrement. · En lui (dans le Fils unique. Dieu et homme), dit le synode d’Ézéchiel, 576. fut renouvelée la vieillesse de notre nature; dans l'enveloppe de son humanité, il a payé la dette de notre race par l’acceptation de la passion el de la mort de la croix. » Synod, orient., p. 113. trad., p. 372. El le synode de Georges Pr, 680 : Gomment notre dette pourrait-elle être acquittée, si le Christ n’était pas consubstantiel a nous dans son humanité ? lui qui.par la promptitude de sa volonté, par la distinc­ tion de scs œuvres, par l’opération de Dieu qui était en lui. était pur de tout péché... Par sa sainteté, nous avons été libérés de notre dette, par sa justice nous avons été justifiés du péché ! Ibid., p. 237. trad., p. 503. C’est, comme on le voit, très clairement expri­ mée, l’idée de la satisfactio vicaria, et presque dans les tenues scripturaires. Mais par quoi est constituée celle dette collective de l’humanité? Les expressions synodales ne le précisent pas. Il peut s’agir simplement des fautes accumulées par les diverses volontés personnelles des hommes, bien que les phrases très générales des professions de foi n’exclucnt pas un état morbide et coupable, commun à tous les fils d’Adam, même à ceux qui n’ont pas péché (personnellement) à la manière dont Adam a péché lui-même. · Mais ici encore sur la théologie nestorienne a pesé la tradition antiochlenne. Celle-ci n’est pas favorable, meme en ses représentants les plus orthodoxes, à la doctrine du péché originel, telle du moins que l’ont précisée dans l'Occidenl latin les querelles du début du v· siècle. Théodore de Mopsueste semble bien l’avoir délibérément combattue: il a été suivi, à peu d’exception près, par les théologiens de l’Églisc nestorienne. Si Hvnùnâ d’Adiabene a soulevé tant de réprobation panni eux, c’est tout autant à cause de sa doctrine sur le péché originel qu'à cause de ses étrangetés » christologiques. Et il nous parait bien que l’accusation de fatalisme · que I on a lancée contre lui, xisc.cn définitive, une doctrine de la con­ cupiscence mal comprise par scs contradicteurs. En tout cas. les déclarations officielles entendirent mettre bon ordre à ces aberrations *. Le synode de SahriSo* Ier, 596, vise probablement les partisans de Henânâ. quand il s’exprime ainsi: «Certains hommes, revêtus de l'habit religieux, doutent dans leur esprit nu sujet de la foi vraie et orthodoxe, s’élèvent contre les docteurs véritables de l’Églisc, répandent des doc­ trines hérétiques et pervertissent l’esprit des simples. Parfois ils disent que le péché est placé dans la nature; quelques-uns disent que la nature d’Adam avait‘été créée immortelle dès l’origine, etc. Synod, orient.. p. 196. trad., p. 156.Contre eux. le synode déclare solen­ nellement : Nous repoussons el éloignons de toute participation avec nous quiconque admet et dit que le péché est placé dans la nature, el que l’homme pèche Involontairement, cl quiconque dit que la nature d'Adam a été créée immortelle dès l’origine. » Ibid.. p. 198-919, trad., p. 159. El. pour citer encore Babai, 303 NESTORIENNE (L’ÉGLISE), SOTÉRIOLOGIE 304 nombreuses erreurs sc sont propagées panni nous, ainsi il dit· parlant du baptême : Ecce putri ab infantia qu'un»· quantité de fautes et de péchés innombrables, des tua baptizantur, non quidem in remissionem pecca· Impiétés et des souillures fréquentes, l'éloignement de Dieu, (orum — quomodo enim ? ecce non peccaverunt — sed la soumission aux démons. |e culte des idoles vl une foule in adoptionem filiorum, ut accipiant primitias spiritus d'iniquités et de perversités de toute espèce. Synod. orient. ad mysterium resurrectionis et redemptionem corporum p. 2.31, trad., p. 195-196. suorum. Op. cit., trad., p. 116. Et après avoir insisté sur les promesses qui vinrent synode de Georges I,r, en 680, exprime de ma­ éclairer les sombres époques de l'humanité, le même nière positive la doctrine qui est désormais la seule document salue de la manière suivante l’apparition reconnue. Apres avoir parlé de la création de l’homme dn Rédempteur : el de l’admiration que la beauté de cette nouvelle créature suscita panni les < natures spirituelles ·, lui race humaine avait grand besoin de lui pour nous c’est-à-dire panni les anges, il continue : libérer de la dette du péché, nous racheter de la servitude cl de l'esclavage des dénions... el. ce qui vaut mieux que tout Mais il s cn rut panni ceux-ci qui furent nu contraire cela, pour donner, dans sa boute, à notre race humaine el excités par la jalousie et la méchanceté, et *e laissèrent aux phalanges angéliques, la vie incorruptible, l'intelligence entraîner dans l'abîme de l'orgueil et au mépris de l'homme. et la stabilité étemelle, avec la perfection de la connaissance Quand notre Dieu bon vit cela, il les priva de leur honneur de sa dunnitL Ibid., p. 234» trad., p. 109· et 1rs déposséda de leur puissance, c'est-à-dire le Calom­ niateur, qui avait été préposé à In puissance de l’air, et ceux Ce « pélagianisme » à peine atténué par la confession de mi troupe qui restent depuis lors chassé* de sa présence et de l’humaine misère, cf. Badger, op. cit., t. n. p. 94-95, privé» de leur honneur. Au lieu du service de Dieu, du nom restera toujours une des caractéristiques essentielles et de l'honneur angélique, ils ont hérité de la rébellion et du de la théologie nestorienne. En voir l’expression popu­ nom satanique de diables et de démons. Ils sc sont ctTorcés laire dans le Livre de l’abeille de Salomon de Bassorah, et >'clTorccnt de séduire 1rs hommes pour les faire tomber flans l'ablmc de leur méchanceté el de leur désobéissance à trad., p. 20-21; et l'expression théologique abrégée Dieu, comme ils ont fait à l'égard des premiers hommes, dans le Livre de la perle d’Σbcdjésus, trad., p. 317. Adamet Eve, les ancêtres du genre humain, qui, par l’as­ On comprend dès lors que les professions de foi, tuce dr leur milice, sc sont rendus coupable*» d'avoir . Imposées aux nestoriens revenant à l'unité catholique, transgressé le précepte de Dieu. Synod, orient., p. 230fassent mention très explicite du dogme du péché 231, trad., p. 195. originel. La profession de Sulâqâ en 1551. exprime Vins! l'humanité pèche à l’exemple d’Adam et d'Ève que le Verbe s'est incarné < pour nous purifier du beaucoup plutôt qu'elle n'est pécheresse cn vertu de la péché d'Adam el de nos autres souillures. » Giamil, faute des premiers parents. Et, pour l'aider à vaincre op. cit., p. 20; cf. p. 35, 156. les tentations diaboliques, les théologiens nestoriens 2° L’homme, son origine, ses fin s dernières. — L’an­ semblent compter davantage sur les secours exté­ thropologie nestorienne. à laquelle sc rapporteraient rieurs : lois, bons exemples, attrait des récompenses, déjà les développements ci-dessus, a gardé sur divers rtc., que sur des grâces intérieures. G’cst bien le sens points, un archaïsme qui ne manque pas d’intérêt. du canon 3 du synode d'ISo* yahb 1«, en 585. intitulé : La question de l’origine de l’âme humaine a reçu, Des avantages qui résultèrent de rétablissement des lois de bonne heure, une solution (pii s’accorde pleinement et des canons, dans toutes tes générations, sous ΓAncien avec les tendances signalées plus haut. La doctrine et le Nouveau Testament. On notera que ce développe­ de la préexistence des âmes a toujours été considérée ment fait suite à l'apologie de Théodore de Mopsuestc comme une hérésie orlgénislc. et si Hènâiiâ l’a pro­ que nous avons précédemment citée, col. 290. Tout fessée (ce qui n'est pas certain), ç’a été un grief de plus le passage est d’un · pélagianisme » qu’il est impos­ contre lui. Le génératianisme a dû la vogue, dont il a sible de méconnaître. joui quelque temps dans l’Occidenl latin, au fait qu'il Apre* avoir façonné l'homm · et l’avoir m irqué h l'image semblait fournir une explication facile de la transmis­ de mi divinité, rt avoir fixé cn lui une intelligence judicieuse sion du péché originel. Ce problème ne sc posait pas sachant ^'avancer utilement ou s'éloigner avec circonspec­ chez les nestoriens. et dès lors on ne relève pas chez tion, Il l'assagit par l*imposition de lois qui secourent la raison et conservent la familiarité (avec Dieu), (’.es lois con­ eux d'allusion à celte hypothèse. Le créâtianisme, nu contraire, semble avoir toujours été cn légitime posses­ tiennent le·* promisses des biens pour l’encourager et la sion. Les développements de Babaï sur le moment où menace des châtiment» pour l’elTraycr; les unes ont été l'âine humaine est infusée au corps, quarante jour* incrustées les autre» comm mdées, les autres écrites. Synod.. orient., p. 129. trad., p. 100. après la conception (cl-dessus, col. 296) tablent sur le fait de la création immédiate de chaque âme par Dieu, Suit un très long développement sur les diverses comme sur un fait absolument certain el reconnu • législations ■ qui se sont succédé, jusque* et y compris par tous. \oir aussi Timothée Ier. Epist., n, c. vit. le* lois données par les Apôtres et les Pères < cn leurs trad., p. 36 sq., qui réfuie les objections que l'on générations ·. car ceux-ci ont placé autour de nous. pourrail faire du point de vue moral à cette doctrine. comme un mur et un avant-mur. la garde des lois Sur ce point donc, el mise à part la question de la date et des canons divins, sages et justes. · Ibid., p. 130. de l’animation, les nestoriens se rencontrent avec trad . p KH l'orthodoxie catholique. Voir un texte Intéressant Que l’on compare encore cette tirade dut synode de Joseph Hazzâyâ, cité par Λ. Scher dans l'article de Georges ltr, en 680, qui (ait suite au passage déjà mentionné de la Rivista degli studi orientali, reproduit ci-dessus. t. ut. 1910, p. 57. Dr génération en génération. Dieu a donné au monde des Il n’en est pas de même, tant s'en faut, de leur doc­ lob Utile*. grâce auxquelles nous pouvons faire paraître trine des tins dernières. Sur l’état des âmes séparées, convenable tiv ni la preuve de notre volonté, notre qualité ils en sont restés à la très vieille doctrine cschalotoet notre diligence; de sorte que. par la soumission à notre gique qui, avec bien des hésitations el des reprises, créateur rt bienfaiteur, nous montrions notre volonté dan* neata Marin... Meut dixit Scriptura. Etenim, (il faut traduire, je pense, semblablement) secundum naturam, panis qui super altare ponitur et frangitur ex tritico est; per orationem autem et supplicationem sacerdotis et illapsum Spiritus Sancti accipit virtutem, cl fit corpus Domini nostn secun­ dum virtutem ct propitiationem et remissionem peccatorum, et est unum corpus cum corpore Domini,quod in cado » st per unionem, non per naturam; sed panis, in natura sua serva­ tus, est corpus per unionem, et corpus, in natura sua manens, est panis per unionem. Trad. p. 181. 11 ne serait pas difficile de trouver dans ces dévelop­ pements une doctrine de l'impanation. A Ia nature » du pain s’unit la nature du corps du Christ. Mais, pour cela, il faudrait traduire nature par * substance > et celle traduci ion ne serait pas adéquate. Accusons plutôt l'incapacité où est notre théologien d’appro­ fondir les concepts de substance et d’accidents, aussi bien que ceux de nature el de subsistence. De même qu’il est incapable de concevoir une nature concrète dépourvue de sa subsistence propre, de même il ne peut imaginer des accidents séparés de leur sub­ stance. Il reste que sa comparaison entre le mystère eucharistique et le mystère de l’incarnation est fâ­ cheuse. Voir, ibid, p. 229-233, un développement plus inquiétant encore sur la relation entre le corpus typi­ cum, c’est-à-dire l’eucharistie, cl le corpus dominicum quod est in c&lo. On y retrouverait quelque chose de l’argumentation de Ratramne contre Paschasc Radbert. Georges d’Arbèlcs (ou l’auteur de V Interpretatio officiorum) présente des théories étroitement appa­ rentées à celles de Babaï. Qu’on en juge par cette posi­ tion de question : Quidam theophori viri dixerunt fare mysteria esse proprio sensu corpus et sanguinem Christi, non corporis et sanguinis ejus mysterium. C’est tout à fait la question soulevée par Ratramne. et il serait du plus vif intérêt de voir comment notre théologien cherche la réponse, non dins la distinction de la sub­ stance ct des accidents, mais dans celle des caractères naturels (hyposlatiques) et des caractères personnels. Quoi qu’il en soit, il est impossible de faire même des plus aventureux de ces docteurs des précurseurs des • sacrament aires du xvr siècle. Pour mystérieux que soit le rapport entre le corps eucharistique et le corps réel du Christ, par l’eucharistie nous entrons vraiment en communion avec le Sauveur. Sur le rôle respectif que jouent d ins la consécration les paroles de l’institution et l'appel adressé au SaintEsprit (cpiclèsc), la théologie nestorlennc ne semble rien présenter de particulier. La position semble bien être celle de tous les Orientaux. Ébedjésus écrit : Formam impertitur (Christus) vitro verbo suo ct per illa­ psum Spiritus Sancti, p. 359. Mais, chose :ï signaler, l’une des anuphores encore en usage chez les nestoriens. si elle contient une allusion â la dernière cène, n’exprime pas les paroles memes de l’institution. Voir l’art. OiurxTAta: (Messe). Rcnaudol ct d’autres liturgistes ont pensé qu’il s’agissait ici plutôt d’un accident qui aurait fait tomber ces paroles, que d’une suppression intentionnelle et tendancieuse. Mais peut-cire s’agit-il aussi d’un étal primitif du texte. Il y a là un problème assez complexe el qui ne nous parait pas résolu. Que la consécration du pain se fasse in jermenlo cl non in azyrno, ceci n’est pas non plus une particularité des nestoriens. Mais.à partir d’une certaine date, on les voit attribuer une grande Importance â la confection de ce jermentum; il est préparé par le prêtre lui-même avec diverses cérémonies; on y met de l’huile et une parcelle de malkâ. ci (lessons, col. 31G Voir Marlène, De ant. Eccl. rit., éd. de 1788,1. i,p. 118; Assémani, loc. 311 NESTORIENNE (L’ÉGLISE), THÉOLOGIE SA CH A Μ E ΝΤΑ I R E 312 dont les autres dépendent ; il n’entre d’ailleurs dans n/., p. ccic. Toute une légende s’est développée autour de ce fermentum qui continuerait sans interruption le I aucun détail sur les divers degrés, ct se contente de dire que, suivant une tradition apostolique, il est pain employé par le Christ à la Cène. Voir Ebedjésus, donné par l'imposition des mains, /.oc. cit., p. 356. toc. cit., p. 359. ct surtout Salomon de Bassorah, c. .xlvîi, trad., p. 102-103. Tout cela ressortit davan­ .Assémani, toc. cit., p. cccxxxi, fait la remarque très Juste que, pour la substance des ordres sacrés, les nes­ tage au folklore qu'à la théologie. toriens sont d’accord avec l’Églisc catholique et qu'on Telle quelle est présentée par Ebedjésus, la doctrine ne saurait mettre en doute la validité de ces ordres, de la pénitence est classique. Après avoir rappelé les sans s'exposer à rejeter toutes les ordinations des textes les plus consolants de l’Evangile sur l’accueil Grecs. Les théologiens latins du xvn· siècle avaient été réservé au pécheur repentant, notre théologien ajoute : moins' fermes flans ce sens; on sait combien a dû être « Que les fidèles donc, chaque fois qu'ils sont secoués par les vices de l’humaine fragilité, se rendent à l’en- ί énergique en son temps l’intervention de Morin pour droit du remède, qu'ils exposent leurs infirmités aux empêcher un jugement défavorable à la validité. Quant aux abus qui ont pu se produire dans la collation des médecins spirituels, afin que par l’expiation el les Cinons pénitent iris ils retrouvent la santé de l’àmc, ordres, leur relevé rentre plutôt dans l’élude de l’his­ toire de la discipline que dans celle de la théologie. ct puissent ensuite s’approcher en toute puretédeln Pour ce qui est des divers degrés de la hiérarchie, on cène du Soigneur. Lot. cit., p. 360; cf. Synod, orient., trouve dans la Collectio canonum d'Ébedjésusuncial ρ. 171-175, trad., p. 133-135. Il réserve expressément declassification, tract. VI, c. î, p. 105 sq.; trois gran­ aux prêtres le droit d’appliquer ces remèdes. Jusqu'à des divisions : le diaconat, le presbytérat, l’épiscopat, quel point la pratique correspondait-cl le, du temps divisé chacun en trois; le diaconat comportant les d’Ébcdjcsm, aux indications fournies par celui-ci? trois degrés de lecteur, de sous-diacre et de diacre; il est impossible de le dire. Mais il est certain qu'au le presbytérat, ceux de prêtre, de pérlodcutc (ou visi­ xvr siècle, au moins dans les contrées sous la dépen­ teur), d'archidiacre; l'épiscopat enfin, ceux d’évêque, dance de Sulâqâ, la confession auriculaire n’était de métropolite el de catholicos. Le texte d'Ébcdjésus point pratiquée C'est ce qui ressort de la profession fait expressément remarquer que le périodeule rem­ de foi émise à Home par ce dernier en 1553 : Erat quidem ohm apud nos consuetudo ut revelaremus percuta place le chorévêque qui a élé supprimé; on le trouve nostra inter nos, sed surrexit violentus tyrannus et abo­ encore dans certaines listes, comme aussi l’archiprclre. livit eam; orta est ca des ac contentio ct cessare fecit illam. On trouvera dans Assémani, toc. cil., p. ncc.xanDccci.vi, la description des rites par lesquels se con­ Sed nunc, o Pater noster, habemus spem in te quod scribes per litteras el excommunicabis eos qui id non observa­ fèrent ces divers ordres ou degrés, y compris celui des bunt. diaconesses. Le mariage, dit Ebedjésus, Livre de ta perle, p. 356, I. usage de la confession auriculaire semble toute­ est compté comme le scptièipe sacrement par ceux fois s’être conserve sporadiquement. Il existait au des chrétiens qui n’ont pas le fermentum. Il traite du début du xvin· siècle à Mossoul el dans les villages mariage en tant qu’inslitution au chap, vin du traité nestoriens de la plaine voisine; nous en avons pour garant la copie faite en 1702 à Tell l’squf, par un nesto­ des sacrement s, mais ne parle, ct encore très sommalrerien, d'un manuel penitent ici, où II faut reconnaître I meht, que de son caractère indissoluble. Comme chez tous les Orientaux, Grecs compris, cette indissolubilité un ouvrage légèrement accommodé du jacobite Denys bar $alibi (f 1171). J. M. Vosté, La confession chez les | est relative, puisque le mariage peut être dissous pour nestoriens (note sur le ms. Val. syr. 505), dans Angeli­ diverses raisons : · la fornication (c’est-à-dire l’adul­ cum, t. vu, 1930, p. 17-26. Ce témoignage est confirmé tère) d’un des conjoints, la raison de conscience par la déclaration du patriarche chaldécn catholique qui se divise en trois : le changement «le religion, la Joseph H. écrivant en 1703 dans son livre intitulé tcnlativcment d'empoisonnement, la tentative de I.e miroir pur : « Voici que la confession n’est plus meurtre; enfin pour certaines raisons corporelles. » pratiquée parmi les nestoriens, si ce n’est dans la ville Comparer avec ce qui est dit à l’art. Maiuage dans de Mossoul ct à Tell Kcf... » Ibid., p. 25. l’Egi.isi ohi.co-husse, t. IX,col 2323sq.Cotnmctoute Lcxt reine-onction n’est pas citée, nous l’avons dit. les Églises, les nestoriens ont des rites ecclésiastiques par Ebedjésus parmi les sept sacrements, el l’on ne pour la célébration du mariage. Le synode de Geor­ volt même rien qui y corresponde dans sa liste, car le ges 1·% en 676, déclare «pic l’observation de ces signum violfine crucis qu'il signale comme le septième rites est obligatoire. Synod, orient., p. 223.1 rad., p. 187sacrement, n'est certainement pas un rite réservé aux 188. Voir une description sommaire dans la Collec­ malades : Signum crucis vivifie* perpetua est Christia­ tio canonum d’Ébedjésus, tract. II. c. u sq.t norum custodia cl omnium sacramentorum perfectio et p. 43 sq., el remarquer ce qui est dit au c. m, perficiens. Loc.cit.,p.356. Assémani,loc.rit.,p.cci.xxvr, du mariage de ceux qui se trouvent dans une région a bien prétendu trouver dans Georges d’Aroù il n’y a pas de prêtre. Les synodes nestoriens se bèlcs un indice que l’onction des m dades avait existé sont également préoccupés de déterminer les empê­ Autrefois; mils la réserve d’huile sainte, cornu gratiir chements de mariage, en particulier ceux «fui pro­ sanct.r, gardée dans l’église, dont parle celui-ci, n’est viennent de la parenté cl de l'affinité, précaution mentionnée qu’à propos du baptême, voir l. xcn.trad.. indispensable dans la région persane où le inngisme p. 92*99. Il est d’ailleurs remarquable que dans celle autorisait les mariages entre consanguins el même longue explication des offices ecclésiastiques où sont entre frères et sieurs. Pour no pas se laisser ramener amplement décrites les diverses cérémonies, y compris tout a fait à nos catégories occidentales, les empê­ 1rs funérailles. Il ne se rencontre aucune mention de chements de mariage établis par le droit nestorien l’onction des m alades. Cela ne veut pas dire qu'on ne sont réglés sensiblement par les mêmes principes. trouverait nulle part chez les nestoriens «l’application Voir un tableau des empêchements dans Ébedjésus» Collect, can., tract. Il, c. i, p. 40 sq. Ici encore sur h-s m ilnd?s d’huile (quelquefois mélangée de diverses substances: poussière d’un autel, reliques de des abus ont pu sc produire; en particulier, les catholi­ saints). Mais nous sommes assez loin du sacrement cos ont pu sc montrer beaucoup trop larges dans l’octroi de certaines dispenses. 11 n’en rc^te pas moins d extrême-onction. Voir la note de Chabot dans le I que sur ce chapit rc, comme sur t ant d’auti es, l’Églisc Synod, orient., p. 3G4, n. 1. L’ordre (sacerdotium) est considéré par Ebedjésus ’ nestorienne sc trouve d’accord, dans les grandes c-mme un sacrement, qu’il met en tête comme celui I lignes, avec l’ensemble des Églises chrél jeunes. 31 3 NESTORIENNE (L’ÉGLISE), DROIT CANONIQUE C’est la conclusion, semble-t-il, qui doit sc dégager d’une élude même sommairedc la t biologie nest oricnne. Pour s’êlre développée en vase clos, pour avoir été moins mêlée, que d'autres à la vie commune de la catholicité· celle Église n’en a pas moins gardé, dans l’ensemble, les grandes vérités qui forment l’armature du christianisme. Aux belles époques de sa floraison, elle a présenté un ensemble de docteurs, dont elle peut être Hère ct qui, ά un âge où d’autres régions chré­ tienne étaient dans la barbarie» out fail œuvre solide. Les malheurs qui onl ensuite accablé celte chrétienté, l’ignorance qui en a été la suite, les abus qui dans la pratique se sont multipliés, ne doivent pas faire oublier qu’elle fut. â un moment donné» dans une grande partie de l’Asie, le porte-drapeau du christianisme authentique. Les sources ont été indiquées au fur ct ù mesure. Pour les références, le lecteur est prié de te reporter ù In col. 289, oü il trouvera h· nom des diver* théologiens nestoriens cités avec les éditions d'après lesquelles ils sont cités. Panni 1rs travaux-, il faut toujours tenir le plus grand compte de J. S. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. m, pars 2, en particulier : c. vi, S'cslorianorum schismata ; c. vn, Nestorlanonim veterum ct rrceuliorum errores; De tmtr lar­ dai Ncstorianorum; nous avons dit col. 288, l'utilité du travail de <·. P. Badger. The nés torians and their rituals, 2 vol., Londres, 1852. É. Amann. XII. DllOIT CANONIQUE DE I.'ÉGIJSE NESTORIENNH. — L’histoire du droit canonique nestorien ct l’ana­ lyse de ses dispositions spéciales recevront les déve­ loppements convenables, dans le Dictionnaire de droit canonique. Nous nous bornerons ici â donner quel­ ques indications générales sur les sources du droit el le droit personnel du clergé. 1° Sources du droit. L’Église de Perse s’est déve­ loppée en dehors des limites de l’empire romain; elle s’est trouvée pratiquement exclue de ces assises géné­ rales de l’Églisc enseignante qu’ont élé les conciles œcuméniques. Lorsque Marouta de Maypherqat, au synode de 110 ■ Ht ses efforts pour que les lois el les règles divines, les canons orthodoxes et véritables établis en Occident par les honorables Pères-évêques fussent aussi établis en Orient · (Synod, orient., p. 18, trad., p. 25), deux conciles oecuméniques seu­ lement avaient eu lieu. L’Église de Perse n’en a jamais reconnu d’autre. En 120, un autre elTort fut accom­ pli pour assimiler encore un peu de discipline occiden­ tale : on tint compte des dispositions prises par les conciles mineurs, dont Acace d’\mld apportait les actes, Ancyre, Néocésarée. Gangrcs. Antioche in Kncirniis, Laodicéc de Phrygie. Après quoi la sépa­ ration fut complète : l’iniluenee de l’Occident ne se produisit plus que d’une manière privée, par la con­ naissance des collections canoniques appartenant aux autres Églises. La législation de l’Églisc nestorienne est l’œuvre des synodes réunis par le catholicos, el comprenant tous les métropolites et évêques. En 110, on avait décidé, suivant un canon de Nicée, que le synode se tiendrait Ions les deux ans. Synod, orient., p. 25. trad., p. 264. Mais les conditions politiques ne per­ mirent jamais une telle fréquence : sous Babnï, en 197. on Hxa la périodicité à quatre ans, ibid., p. 61, irad . p. 313, avec un synode provincial semestriel. Sous Ézéchlel. en 576. on maintint le synode général tous les (piatre ans. avec synode provincial annuel. Ibid., p. 125, trad., p. 380. Mais ce sont lâ dispositions théoriques : les synodes eurent lieu irrégu Itéraient : nous n'en connaissons que treize de 110 à 775, col 287. par la collection composée pendant le pontifi­ cat de HènnnlSo’ IL apres quoi, celui de Timothée l de son per­ sonnage. Son hypothèse n été acceptée par Mgr Barry dans son Newman (Literary Hoes series, Hodder ct Stoughton, 1904, p. 9-10), mais il a, lui aussi, reconnu dans un ouvrage récemment publié qu’il n’en avait i Jamais découvert aucune confirmation. Memories I and opinions, Londres, 1927, p. 239. Le nom ne prouve rien, car il était fort répandu en Angleterre longtemps avant que les Juifs, sous Olivier Cromwell, ne fussent autorisés ù s’établir dans le pays. La mère de Newman descendait — pour nous servir ici de leur phraséologie — n’étaient pas passés par cette expérience, on ne pouvait la consi­ dérer comme essentielle. Mayers nous a lui-même rapporté que sa conversion avait été graduelle; selon toute apparence, celle de Thomas Scott l’avait été aussi, cl celle de Newman, s’il est vrai qu’elle ne s’éten­ dit pas sur une longue période, ne fut pas soudaine. Les traits les plus frappants de cette première conversion sont sa profondeur et sa simplicité. • Lorsque j’étais un jeune garçon de quinze ans, Je vivais une vie de péché, la conscience très noire, ct l’esprit très méprisant des choses saintes. Il a dans i sa pitié louché mon cœur, et malgré d’innombrables péchés, je ne l’ai plus oublie depuis ce temps, ct il ne m’a pas oublié lui non plus » AL.p. 31 L C’est en ces I termes que Newman écrivait a Keble en 1844. Il dit dans une autre lettre à Miss Mozley (1885) : < Je ne puis comme une froide doctrine arminienne, le premier degré du libéralisme. » Mais sa dévotion aux Pères de l’Églisc (M., i, p. ni), une maladie ct un grand deuil (Apol., p. I) le sauvèrent. En 1826. il sc vil attribuer l'un des postes de · tuteurs » ù Oriel; en I828.il succéda comme curé de Sainte- 331 NEWMAN (JOHN-HENRY), LE Marie â Hawkins, qui avait été élu prévôt d Oriel. En 1832, â la suite d'un différend avec Hawkins, il dut mettre fin à son activité comme « tuteur ». La mémo année, il acheva son livre sur les ariens, et en décembre partit pour l'étranger avec Hiirrel! Fronde et le père de celui-ci. Il fit un voyage d’excursion en Sicile, au cours duquel il prit une fièvre et tomba dangereusement malade. Il revint en Angleterre en juillet 1833. Au cours du même mois. Keble prêcha son fameux sermon sur V Apostasie nationale, qui fut toujours considéré par Newman comme le début du « mouvement tractaricn » ou < mouvement d’Oxford » — le premier nom étant dû aux fameux Tracts for (lie times (brochures pour le temps présent), le second au fait que les auteurs de ccs Tracts résidaient à Oxford. 3· le mouvement tractarien. — Ce mouvement était une protestation contre l’érastianisme dans une Église soumise Λ un État sécularisé. On voyait rapi­ dement disparaître l’ancien ordre de choses, où une seule formule englobait « l’Église et l’État » : il n’y avait plus identité entre les deux. L’abrogation des lois dites Test and corporation Act (1828) accordait d'une manière formelle aux « dissidents * (non conformistes) ce qu’ils possédaient depuis longtemps en pratique, l'égalité politique avec ceux qui faisaient acte de culte dans l’Église anglicane. La loi qui émancipait les catholiques (Catholic emancipation Λ cl) en 1829, fit entrer au Parlement des représentants catholiques de l’Irlande, qui, tout aussi bien que les pairs catholiques anglais, pouvaient désormais pren­ dre part au vote sur des mesures législatives, où les intérêts de l’Église d’Élat étaient directement enga­ gés. Le Reform Bill (loi sur le régime électoral) de 1832 accrut indirectement la puissance politique des < dissidents », et transféra en pratique la suprématie royale sur l’Église au Parlement qui. en 1833. suppri mn dix évêchés anglicans en Irlande. Cette mesure était financièrement sage, puisqu'on ne pouvait plus forcer les catholiques irlandais A payer la dime ecclé­ siastique; mais elle était contraire aux désirs de l’Église d’État. Si l’on y ajoute l'agitation semirévolutionnaire qui avait contraint le gouvernement A accepter le Reform BRI, et qui n’était pas encore calmée, cl aussi une hostilité largement répandue contre l’Église anglicane en tant qu’Église établie, la suppression des évêchés semblait être un premier coup que d’autres coups plus lourdement frappés allaient bientôt suivre. C'est au milieu de ces alarmes que Newman lança scs premiers Tracts for the limes. 11 en fit paraître trois en septembre 1833. Le premier d’entre eux, véritable appel de clairon du mouve­ ment d’Oxford, avait pour litre Thoughts on the ministerial Commission (Pensées sur la charge commise I au ministère sacré). Ce tract était adressé aux mem­ bres du clergé. 11 leur posait la question suivante : • Si le gouvernement et le pays oublient leur Dieu au point de rejeter Γ Église. sur guet terrain vous placerezvous pour exiger de votre troupeau l'attention défé­ rente et le respect? Et la réponse était : · Je crains que nous n’ayons négligé la fondation véritable sur laquelle est bâtie notre autorité, le fait (pic nous deter ruions des apôtres. Peut-être certains membres du cl· rgé ne voudraient-ils pas tout d’abord reconnaî­ tre qu’ils professaient cette doctrine; mais leur assunüt.on, en fait ils y croient, rar c’est la doctrine du service de l’ordination doctrine dont ils ont, par conséquent, reconnu la vérité nu moment le plus solennel de leur existence. * Parmi ceux à qui il était necessaire de donner une telle assurance, se trouvait l’évêque de Londres; il avait déclaré, disait-on. que la croyance a la succession apostolique était morte avec les · non-jureurs ». Apol., p. 31. MOUVEMENT TRACTARIKN 332 Les tracts continuèrent n paraître de septembre 1833 â janvier 1841, date à laquelle ils s’achevèrent par le fameux «Tract 90»; au total, Newman en écrivit près du tiers. (On trouvera dans la Vie de Rusci/ de Liddon, au t. ni, une liste complète des tractset de leurs auteurs.) A la fin de chaque année, les numéros parus étaient réunis en volumes. Dans son Oxford move­ ment (Le mouvement d’Oxford), Church cite en entier l’avertissement au lecteur du t. i"r, parce qu’il fournit « un exposé contemporain et faisant autorité de ce que les chefs avaient dans l’esprit. » D’après ce docu­ ment, les Tracts ont pour objet « de faire revivre en pratique des doctrines qu’ont professées les grands théologiens de notre Église, mais qui, pour la majorité de scs membres, sont aujourd'hui tombées en désué­ tude, et qui sont soustraites aux regards du public, même par les quelques individus plus savants et plus orthodoxes qui y restent encore fidèles. La succession apostolique, la sainte Église catholique, étaient des principes d’action dans l’esprit de nos prédécesseurs du xvn· siècle », etc. C'étaient feaud et les théologiens de l’époque de Charles Ier cl de Charles II,et non point les premiers réformateurs, qui représentaient l’idéal des « tractariens ». Une rapide esquisse de la position doctrinale de Newman durant le mouvement d’Oxford sera à sa place ici. Cette position est caractérisée sous son aspect ecclésiastique par la théorie dite des branches de l’Église (Branch theory), sous son aspect théolo­ gique par celle de la Via media. D’après la Branch theory, l’Église catholique d’aujourd’hui consiste principalement en trois branches : l’anglicane, la grecque et la romaine. Chacune d’entre elles est réelle­ ment l’Église catholique sur le territoire qu’elle occupe. Le péché de schisme ne consiste pas â sus­ pendre la communion entre Église et Eglise, mais à dresser autel contre autel, évêque contre évêque, dans le même diocèse, à la manière des donatisles. Ainsi, ce serait un acte de schisme de créer un évêché anglican ù Malte ou à Jérusalem. La séparation exté­ rieure des différentes parties de l’Eglise peut être un terrible jugement de Dieu, un effrayant triomphe des puissances du mal, mais elle ne va pas ù l’encontre de la promesse d’indéfectibilité faite par Dieu à son Église.I ne Église ne perd pas sa qualité (l’Eglise, aussi longtemps qu'elle ne perd pas la succession apostolique, aussi longtemps qu'elle ne se solidarise pas formelle­ ment avec l'hérésie. Quant à la Via media, elle devait ce nom nu fait qu’elle suivait une ligne intermédiaire entre le pro­ testantisme et Home, maintenant contre le premier l’autorité de la tradition (ou des premiers Pères) et rejetant contre la seconde des doctrines qui appa­ raissaient comme des innovations. Le canon qui devait servir de critère était le quod ubique, quod semper, quod ab omnibus de Vincent de Lérins. La Via media postule l'existence d’un système de doctrine faisant bloc et capable de satisfaire ù une telle règle. Le canon de Vincent de Lcrins, considéré du point de vue anglican, ne pouvait d’ailleurs donner satisfac­ tion. (Voir â ce sujet l’introduction de l’Essai sur le développement de Newman. Ce canon prouve trop ou trop peu. < U ne peut A la fois, condamner saint Bernard et saint Thomas, et défendre saint Athanase et saint Grégoire de Nazianze, » p. 12.) Mais comme les écrits, auxquels on emprunte ce système de doc­ trine, ne sont pas inspirés, on est conduit à se deman­ der de quelle nature est l’autorité de celte Tradition. A cela trois réponses peuvent être données, qui ne sont pas inconciliables. 1. C’est l’autorité même de l’Écrlture, qui confirme, ne fût-ce que d’une manière Indirecte, les doctrines de ( la Via media. 333 NEWMAN (JOHN-HENRY), LE 2. C'est une autorité prouvée pur l'histoire. car les doctrines qui satisfont nu canon de Vincent cut-être mériterait d'etre étudiée de plus près qu’elle ne l’a été Jusqu'ici. On peut du moins en juger d'après les fruits qu’elle porta, dans l’Essur/ on development. Newman bénéficia ici, semble-t-il, d’un accroissement de force intellectuelle, cl acquit ce vigoureux sens historique qui permet de saisir la continuité du présent et du passé, et d’appliquer aux problèmes contemporains l’expérience de l’histoire. Quoi qu’il en soit, l’idée qu’il envisageait maintenant un horizon historique plus vaste, aurait été la dernière à lui traverser l’esprit. Il sc sentait simplement désemparé. Bientôt après, son attention fut attirée sur un article de Wiseman sur les donut isles (Dublin review, août 1839, Essays de Wiseman, l. n, p. 201-262). Il n’y avait là rien (pii lui fût nouveau; et le cas des donatistes n'était pas parallèle à celui des anglicans. Mais l’article citait l’appel fait par saint Augustin au jugement de l’Église universelle : Securus judicat orbis terrarum ; ici les anglicans étaient frappés aussi bien que les donatistes; Newman en prit pleinement conscience et sa détresse s’en accrut. Puis, peu à peu il se remit des effets de ce coup. Mais il n'avalt plus comme naguère le senti­ ment d'être en un terrain sûr. La théorie de la Via media était discréditée à scs yeux sans espoir de retour, el quant à celle des branches, il n’y avait plus qu’une manière de la défendre : c’était de plaider que les Pères avaient autre chose en vue. lorsqu’ils atta­ quaient les schismes locaux. .Mais il éprouvait tou­ jours les mêmes difficultés à l’égard de Borne. 5· L'ébranlement final. — Alors surgissent des difficultés extérieures. Quelques-uns des plus jeunes 333 NEWMAN JOHN-HENRY), DANS L’ÉGLISE CATHOLIQUE parmi les Tract ariens commençaient à sc demander anxieusement· comment ils pouvaient, tout en res­ tant d’accord avec la doctrine catholique, mettre kur signatures au bas des Irente-neuf articles de l'Églhc anglicane. Dans le tract 90, Newman s’ap­ pliqua à résoudre cette difficulté en sc plaçant uir le terrain de l'histoire. Certes, le ton des articles était farouchement protestant; mais, comme l'inten­ tion du gouvernement de la reine Élisabeth était d'entraîner toute la nation vers l'Églisc réformée, on avait intentionnellement employé des termes vagues, afin que ceux-là même pussent y souscrire, qui étaient encore sous l'in fluence de la tradition catholique. Le tract se terminait sur ces mots : · La confession de foi protestante de notre Église fut rédigée de manière a inclure les catholiques; ct maintenant les catholi­ ques refusent de sc laisser exclure. ■ Les ennemis des Tractariens sentirent alors qu’ils tenaient enfin l’occasion d’agir. Le tract 90 fut con­ damné à Oxford par le « Conseil hebdomadaire », (Hebdomadal Board) ct une émotion générale parcourut le pays. Par déférence pour son évêque. Newman accepta /, .VAH’J/.tâ, — La principale collection de matériaux pour l’histoire de la vie catholique de Newman est contenue dans The li/e o/ John Henry Newman (La vie de J. H. New­ man) par Wilfrid Ward, Londres 1912. Pour ses rela­ tions avec les autorités romaines cl avec Manning. The li/e and times o/ archbishop Ullathorne (L’archevêque Ullathorne, sa vie et son temps) par dont Butler, ancien abbé de Downside, Londres. 1926, est une source d’une importance unique, non seulement par les matériaux inédits qu'elle a mis au jour, mais aussi par les litres éminents qu’a son auteur pour porter un jugement sur les événements qu’il rapporte. Pour les mêmes raisons l.ord Acton and his circle (Lord Aclon el ses amis) par le cardinal Gasquet. Londres, s. d., esl un ouvrage d’une valeur inestimable dans le domaine limité qu’il s’est fixe, c'est-à-dire pour les relations de Newman avec le groupe du Rambler. On trouvera le récit le plus long et le meilleur de la controverse engagée sur l’infailli­ bilité papale dans William George Ward and the catholic Revival (W G. Ward el la renaissance catho­ lique) par Wilfrid Ward. Londres 1893. Les Essays de 1 fenry Dudley Hyder, Londres. 1911, jettent encore quelque lumière sur les relations de Newman avec Manning, et sur la controverse relative à l’infaillibilité papale. Lord Aclon*s correspondence (La correspon­ dance de Lord \cton) publiée par J. N. Eiggis cl B. V. Laurence, Londres 1917. complète le Lord Aclon and his circle de Gasquet, mais il y a lieu d’être prudent avant d'accepter les idées cl les opinions de Lord Acton. — Outre ces ouvrages on trouvera éga­ lement cités : VApologia; Dilficaltns o/ Anglicans (l)ifj.); Present position o/ Catholics (Pre. pos.); la Grammar of assent (G. A.); la Via media (V. .If). 1· Newman à Rome. - - Le 22 février 18IG, Newman quitta Littlemore (voir A pol., p. 236) et se rendit à Maryville (Old Oscott). Là il adopta, avec cinq de ses amis, une règle de vie donnée par l’évêque Wiseman, alors coadjuteur du vicaire apostolique pour l’Angle­ terre centrale. En août, Wiseman décida que Newman et Saint-John iraient à Home poursuivre leurs éludes. Ils y arrivèrent le 28 octobre, et quelques jours plus tard ils s’installèrent à la Propagande. Le dimanche de la Trinité. 30 mai 1817, Newman fut ordonné prêtre en même temps (pic Saint-John par le cardinal Fransoni, et le jeudi suivant, il célébra sa première messe dans la petite chapelle des jésuites - à la Propagande, messe servie par William Clifford, plus tard évêque de Clifton. Le 28 juin, résolu à sc faire oralorlen. il commença, en compagnie de six autres convertis, son noviciat à Santa-Croce, sous la direc­ tion du P. Bossi, de l’Oratoire de Home. Durant son séjour à Borne. Newman soumit à un nouvel examen les principes (pii étaient à la base de ses University sermons et de son Essai/ on development. Parmi ses manuscrits inédits appartenant à celle période sc trouve un court traité Intitulé Theses de fide, revu par celui qu’il appelle son directeur théo­ logique · (theological tutor) et un autre intitulé Re catholici dogmatis evolutione, iwc des annotations par le P. Perrone S. J. \ Home aussi il traduisit en latin, en les niodiüaut. et lit paraître en 1847, sous le titre de Dissertatiuniulo quodam cri(tco-theologica\ quatre J Notes tirées de scs Srfrd treatises o/ S Athanasius against the arians (traités choisis de saint \thanasc 337 NEWMAN (J 0 UN-H EN H Y), DANS contre les ariens), publics à Oxford dans la Library of the Fathers, Oxford, 1812. 1811. La premiere de ccs quatre dissertations est tirée de la deuxième partie des Traités (p. 198 sq.); les trois autres de la première partie (p. 165 sq„ 272 sq. et 6(1 sq). 2* L'Oratoire anglais. - - En décembre 1817, Newman retourna en Angleterre, il arriva à Londres la veille de Noël, ct se rendit de là à Maryvale, où l'Oraloire anglais fut officiellement fondé dans la soirée du 1" février 1818. Au début, la congrégation comptait dix membres (six Pères, un novice et trois frères lais); mais moins d’une quinzaine après, sa force sc trouva considérablement accrue lorsque sc joignirent à elle Faber et scs compagnons, qui avaient fondé à la maison de Saint-Wilfrid un institut religieux parti­ culier. Maryvale fut alors abandonné, et, après un bref séjour a Saint-Wilfrid, Newman assuma, au début de l’année suivante, la charge de la mission d’Alcester Street à Birmingham. En mai. il fonda l’Oraloire de King William Street à Londres, et mit Faber à la tète de cette nouvelle communauté. Le 16 février 1852.il s’installa dans la nouvelle maison d’Edgbaston (Birmingham) qui resta, sauf au cours de brèves périodes passées â Dublin, sa résidence pour le reste de sa vie. En 1818, I Hathorne devint vicaire apostolique pour l’Angleterre centrale ct se trouva être par le fait l’évêque de Newman. Combien cet événement était heureux pour celui-ci. c’est ce que l’on devait voir par la suite; car on ne saurait trop dire ce qu’il dut au soutien fidèle que lui accorda I ’Hathorne. Niais tout d’abord les relations entre les deux hommes furent quelque peu tendues. Les difficultés surgirent à propos d’une collection de V/c.< des saints, traduites principalement de l'ilalien, epic Faber avait pris l’initiative de publier, avant d’entrer à l’oratoire, (‘.es 1 tes soulevèrent une opposition considérable; on disait qu'elles convenaient mal aux catholiques anglais; et un prêtre, lui-même converti du presby­ térianisme. alla jusqu’à dénoncer comme entachés d'idolâtrie certains passages de la vie de Sainte Rose de Lima; il en exprima, il est vrai, par la suite, des regrets qui lui faisaient beaucoup d’honneur. Quant à Newman, il confia bien à un ami, qu’il n’aurait jamais laissé Faber publier Sainte Rose, s’il avait alors appartenu à l’Oraloire; mais il n’était à ce moment nullement en sympathie avec ceux qui critiquaient les Vns. Cependant, « pour l’amour de la paix », il décida que la collection en resterait là et fit connaître sa décision à Faber par une lettre, dans laquelle H prenait d’ailleurs fait et cause pour lui. et qu’il lui donna la permission de publier. Ward. t. 1, p. 211-212. Sur ces entrefaites, avant la publication de ce docu­ ment, Newman reçut une lettre d’t’Hathorne pre­ nant position contre les Vers, qui ne convenaient pas, à son sens, à des lecteurs anglais. Comme il était assez naturel, lorsque la lettre de Newman fut publiée quelques jours plus tard, I Hathorne en fut offensé; tandis que Newman de son côté était blessé par l'in­ différence dont son évêque semblait faire preuve, en face de l'attaque outrageusement violente dont nous avons parlé plus haut. Peut-être t Hathorne ne tint-il pas suffisamment compte des relations de Newman avec Faber; l'interruption des Vies était pour celui-ci une dure épreuve; il attachait en effet à celte collection une Importance démesurée; elle expri­ mait à ses yeux la quintessence de l’esprit catho­ lique, esprit qui. d'après lui, faisait défaut en Angleterre, bien qu’il n’eût, à cette époque, aucune connaissance Intime de la vie catholique, ni dans son pays, ni à l’étranger. Bientôt, lorsque Newman rut plus d'expérience, les extravagances de Faber commencèrent à le rebuter; el lorsque l’occasion L’ÉGLISE CATHOLIQUE 338 s’en présenta, il sc déclara d’accord avec la ma­ nière de voir <1*1 ll.dhornr. Dif]., I. Il, p. 21-22. 3· La polémique avec les anglicans. — En 1850, la hiérarchie catholique fut rétablie en Angleterre. Cet événement fut annoncé par la pastorale que Wiseman datait, le 7 octobre, de la porte Flaminiennc »; le ton en était peut-être exagérément pompeux, ct sonnait l’arrogance pour des oreilles protestantes. Il s’en suivit à travers tout le pays une explosion, vio­ lente ct absurde à la fois, de sentiments < anti-papis­ tes ». Parmi les imposteurs, qui virent là une occasion sans pareille de faire des dupes, se trouvait un certain Achilli, ancien dominicain; sa vie avait été, aussi bien avant qu'nprès son apostasie, exceptionnellement déréglée. Il se donna pour un martyr de la cause protestante ct une victime de l'inquisition. Wiseman l’avait démasque en publiant son histoire dans la Dublin revictu (juillet 1850); mais Achilli pouvait sc permettre de n’en tenir aucun compte, car la Dublin review ne pénétrait pas dans les familles protestantes. II en fut tout autrement lorscpic, dans une conférence publique, à laquelle assistaient des représentants de la presse, Newman mit au jour les agissements du malheureux, lui infligeant ainsi, l une des corrections publiques les plus cinglantes dont on eût gardé le souvenir. Pre. pas , p. 207 sq. Un passage de son discours, qu’il retrancha parla suite, mais que l’on trouve dans Ward (t. i. p. 279) fut estimé diffamatoire par un jury. La suite en (ut un procès pour diffamation devant un juge partial et un jury aveuglé par ses préjugés religieux; un verdict de culpabilité fut rendu contre Newman qui s’atten­ dit un Instant à être emprisonné; par la suite il fut condamné à une amende de 100 livres sterling; un second juge qui n’avait pas l’air de goûter cette lâche, lui adressa une semonce sur la déchéance morale des convertis au catholicisme (31 janvier 1853). Les frais étaient élevés, mais furent plus que cou­ verts, grâce à la libéralité des catholiques du monde entier, el de ceux de France en particulier. Le Times exprima son dégoût de voir la justice aussi mal rendue, et en tin de comple Achilli disparut. Tels furent les événements notables qui marquèrent cette période de la vie de Newman. Ce procès lui apprit pour la première fois, mais non pour la (Etes-vous pour Manning ou pour Newman?) « N », répondait sans hésitation ΓAngleterre protestante. Parmi les catholiques quelques-uns trouvèrent à redire. Mais celui qu’ils traitaient en suspect — el in situation ne manquait pas d’ironie - était considéré par tout ce qui pari fit anglais comme la figure la plus illustre du catholicisme. Et pourtant le catholicisme anglais faisait enten­ dre, en apparence du moins, deux voix discordantes : celle de Newman s'opposait a celle de Fabcr (mort en 1863), de XV, G. XVard, rédacteur en chef de la Dublin review, et de Manning, maintenant archevêque de Westminster; or ces hommes prétendaient, ou du moins donnaient à entendre, qu'ils représentaient la manière de voir du Saint-Siège. Lorsque Pusey écrivit son Eirenicon, peu lui importait que Newman fût, ou non. d’accord avec la théologie traditionnelle del’Eglise; il tenait pour assuré que les paroles de Ward et de Manning répondaient aux opinions qui domi­ naient à Home. Afin d’empêcher (tue cette idée fausse ne fût partout admise sans conteste, Newman jugea nécessaire, après le succès de son Apologia. d’entrer de nouveau en lice. En consequence, entre le 18 novembre cl le 7 décembre 1865, il écrivit sa Letter to D· Pusey on his Eirenicon (Lettre au D· Pusey sur son Eirenicon). Dt/J., t. n, p. 1-170. Si l’on veut saisir pleinement la portée de retic brochure, il faut d’abord savoir dans quelles circonstances elle fut composée. En 1860, avait paru un ouvrage d’une fâcheuse célébrité. Essays and reviews. dû a un groupe de collaborateur». L’un d’eux y avait écrit un article sur The national Church (l’Eglise nationale) : c’était le Rev. IL B. Wilson, l'un des quatre * lutor» qui avaient voulu faire condamner le tract 90 (Letters and correspondence, t. n, p. 330). Certains passages de l’article furent considérés comme inacceptables. Un procès fut intenté contre l’auteur par le Rev. James Fendait: au bout d’un certain temps,il fut fait appel devant le Privy Council, qui décida que la plainte n’était pas justifiée. A la suite de ce Jugement, Pusey publia une brochure en 1861; dans la préface, il faisait allusion à l’attitude des catholiques envers l’Eglise d’Angleterre, et a leur» propres divisions. Manning ayant répondu sur le ton de la polémique dans The workings o/ the Holy Spirit in the Church o/ England (L’action du Saint-Esprit dans l’Eglise d’Angleterre), 1861. Pusey sc décida à regret à lui répondre. Celte réponse adressée à Keblc. visait en réalité Manning; elle avait pour titre An Eirenicon (1865). Pusey commençait par défendre l’Eglise d’Angleterre contre l’attaque de Manning; mais, changeant d’idée à moitié chemin, il finissait par un plaidoxcr en faveur de la réunion de l’anglicanisme et du catholicisme. Une mise au point réciproque était à ses veux possible, en partant du principesuivant : le concile de Trente avait délimité le mini­ mum que l’on devait croire . tandis que les trente-neuf articles avaient eu pour objet de - condamner un maximum, que l’on ne devait pas croire »: Pusey insistait pour qu’un concile général déterminât ce qui n'était pas de fide. Tout en discutant la question, il tirait grand parti du nom de Newman, et celui-ci sentit < qu'il avait presque à relever le gant ». Si nous en jugeons d’après VEirenicon. Pusey craignait de voir Rome et l'Angleterre se séparer de manière croissante, principalement sur deux points : l'infalllibililc du pape, et « tout ce vaste système reli­ gieux qui a pour centre la sainte Vierge. » Newman avait pour intention de répondre au défi de Pusey en traitant les deux questions; mais en fait, il borna. 347 NEWMAN (JOHN-HE N R Y), DANS I/ÉGLISE CATHOLIQUE 348 son attention â la seconde, insistant sur la différence doctrinale de l’inquisition et de l’index, quand ils mire croyance et dévotion dans le cas de la sainte sont sanctionnés par le pape et publiés par son ordre, Vierge, et montrant comment la dévotion dépasse sont-ils infaillibles? — 6. Le Syllabus est-il infaillible, souvent la théologie. Mais le trait le plus frappant de telle sorte qu’il rende ipso facto infaillibles toutes de h lettre, c’est In tranquille fermeté avec laquelle les condamnations qui y figurent, tous les documents Newman sc sépare des extrémistes, tels que Eaber qui y sont cités? et Ward, dont Puscy avait invoqué le témoignage : En ce qui concerne le groupe A (points sur lesquels • Ce sont tous deux, dit-il, des convertis et plus l’entente ne sc fit jamais), il faut admettre que Ward récent* que moi-même. » Et il ajoute : « Voici quelle avait l’avantage pour ce qui est des censures mineures. est en fait la situation : ces hommes sont venus à C’est, en effet, renseignement commun des théolo­ l'Églhe, ils ont par là sauve leur Ame, mais ils ne giens que ces censures sont infaillibles, dans le sens sont cn aucun sens les représentants autorisés des même où elles sont appliquées aux propositions catholique* anglais, cl ils ne doivent pas être substi­ condamnées. Mais, sur les deux premiers points, entre tués A ceux qui sont vraiment qualities pour remplir l’affirmation de Ward et la négation de Hyder, il n’y cet office. » P. 22-23. avait pas dans la pratique de différence bien sen­ Quant à l’infaillibilité, il en réserva l’examen pour sible. Tous deux admettaient que l'infaillibilité s’éten­ une prochaine occasion; mais cette suite ne fut dait aux « faits dogmatiques ·: mais, tandis que Ward jamais écrite. P. 117. La raison de Newman pour cn ne voulait point que ces faits appartinssent, même rester là fut que le P. Hyder « l’avait dispensé d’exé­ implicitement, au Depositum et les faisait relever de la fides ecclesiastica, Hyder les comprenait dans le cuter son projet relativement à l’infaillibilité par la réfutation concluante qu’il avait publiée en réponse Depositum qu’il regardait, non comme < une collection â M. Wanl. > P. 17. Ward était devenu en 1863 rédac­ de vérités découpées et desséchées , mais comme teur en chef de la Dublin review, et avait aussitôt « un corps de doctrines, vastes, ertilcs, variées, commencé une ardente campagne contre le libéra- ' embrassant non seulement des propositions avec leur contenu logique, mais des principes et des idées lisme de Montalembcrl cn France et de Dollinger cn dont l’Églisc, par la vertu du Saint-Esprit (pii réside Allemagne; pourtant il n’avait aucune connaissance en elle, peut bien reconnaître les réalisations concrètes approfondie de l’aspect théologique de la question, et faisait preuve de peu de jugement. Le point prin­ — autrement dit, les faits dogmatiques. » cipal de son programme était l’infaillibilité du pape, l'ait singulier, Manning qui, en 1890, donna tort qu’il entendait dans un sens excessif, donnant d’ail­ à Newman pour avoir approuvé les idées du P. Hy­ der sur le* censure* mineures (seul point où celui-ci leurs cette interprétation comme seule légitime pour des catholiques loyaux. Il réunit scs articles sur le ’ fût dans l’erreur), oublia que vingt ans plus tôt il sujet cn un seul volume publié cn I860: The authority avait reproché à Newman d’avoir adopté cn bloc les principe* de son disciple (comparer dans le Manning of doctrinal decisions (L’autorité des décisions doctri­ nales); il dédia le livre â Manning, voulant rendre de Purcell, t. n, les pp. 349 et 320). En fait Newman — il le dit à Puscv et à Walker (voir le Newman hommage à la manière dont l'archevêque avait insisté sur le principe suivant : < En matière de vérité j de Ward, t. n, p. 224, 228-229)--était d’accord < cn religieuse, il n’y a de sécurité que dans une soumission I substance * avec la thèse de Hyder; elle exprimait humble et sans réserve à l’Églisc, sur tous les points | pour lui « ce que les hommes d’opinion modérée qui ont une relation, si lointaine soit-elle, avec la parmi nous admettent aujourd'hui ». On eut généra­ foi et la monde. * lement, semble-t-il, l’impression que Ryder avait été \insi Ward avait devancé Newman et lui avait le porte-parole de Newman. Manning le crut certaine­ jeté le gant. Le gant fut relevé, non par Newman lui- I ment (Purcell, Manning, p. 320, n. 1). 11 n’en était même, mais par un de ses jeunes disciples, le i rien; mais, en se disant d’accord avec les principe* P. Ignace Hyder, qui écrivit « de son seul et propre ' exposés dans les brochures de Ryder, Newman leur mouvement, sans la moindre suggestion de personne, conférait aux yeux de l’opinion une importance ici ou ailleurs. » Ward, t. n, p. 224. La « réfutation I qu’elle* n’auraient pas eue autrement. Lui-même, il concluante publiée cn réponse à M. Wanl » parut en avait déjà défini, de manière parfaitement claire, sa brochure sous les titres suivants : Idealism in theology I propre position, Apol., p. 245 sq., et ne pensait pas 1867), A letter to IV. G. Ward on his · Theory of . qu’il y eût lieu d’entrer en lice avec Ward. Pour son in/allible instruction » (18G8) cl Post-scriptum to a | compte personnel, il avait toujours accepté la tetter, etc. (1868). Par la suite, en 1890, Hyder résuma doctrine de l’infaillibilité pontificale (Ward. Newman, la controverse en présentant les points essentiels, sou* | t. il, p. 101) < non comme un dogme, mais comme une forme de questions, auxquelles Ward répondait oui cl opinion théologlque, en d’autres terme*, non comme fui-mêmc non. Les voici, réparties cn deux groupes, une certitude mais, comme une probabilité », ibid., A el B. Celles du groupe A sont celles que Ward main­ t. ii, p. 23G ; mais · la question des limites et du siège tint, semble-t-il, Jusqu’au bout; quant à celles du de l’infaillibilité lui avait toujour* paru sans grand groupe B, Ward Unit par admettre qu’il n’était pas intérêt », ibid,, t. n, p. 231 ; et bien (pie l’Églisc, nécessaire d’y répondre affirmativement, bien qu’il à son avis, eût le pouvoir de définir la doctrine, il n’ait jamais cédé sur l'infaillibilité du Syllabus, I pensait qu’elle ne le ferait jamais. Ibid., I. n, p. 221. \. 1. Le magistère infaillible de l’Églisc s’étend-il Son principal grief contre Ward n’était pas que celuia de* matières qui n'appartiennent ni immédiatement ci professât des opinions extrêmes, mais qu’Il affirmât < explicitement), ni médiatemcnl (implicitement) au avec insistance qu'elles «levaient faire obligatoire­ Depositum fidei? — 2. L'infaillibilité s’étend-elle plu* ment partie de la foi de tout catl oliquc. 11 lui en loin que la foi divine? En d’autres termes ne peut-on voulait de cette certitude intransigeante, et le lui dit exiger un assentiment intérieur absolu qu’en vertu dans une lettre importante, où il écrivait : « J’ai de l'autorité de Dieu révélant? —3. Toutes les cen­ considère dans le passé, et considère encore a présent, sures mineures : « scandaleuse », · téméraire », etc., le* différences d’opinions théologiques qui nous sépa­ attachées par l’Églisc a telle ou telle proposition, sontrent, comme sans importance en elles-mêmes; c’està-dire qu elles vous permettent, à vous aussi bien elle* d’une justice infaillible? — B. L Tous les ensei­ qu'à moi-même, d’accepter cn son entier renseigne­ gnements direcL* du pape, cn matière doctrinale dans ment théologique de l’Églisc, le mot enseignement les encycliques ou document* analogues, sont-ils étant pris dans son sens le plus large; mai* d’autre infaillibles? — 5. Tous les décret* directs cn matière 34!» NEWMAN (JO UN-H ENR Y), DANS L ÉGLISE CATHOLIQUE pari, il est une chose en vous que j’ai considérée dans le passé, et considère encore à présent, comme un symptôme grave et même redoutable : c'est que ces différences insignifiantes, permises, inévitables, ne soient pas. Λ vous entendre, insigni liantes, mais du plus grand poids. · Ward, Newman, t. il, p. 232. Il accusait encore Ward de créer une Église dans l’Églisc, comme jadis les novateurs à l’intérieur du catholicisme et comme aujourd’hui, en dehors du catholicisme, les « évangéliques » de l’Églisc établie. Ibid., p. 233. A l’encontre de cette · humeur farouche et intolérante qui méprise et même foule aux pieds le menu peuple du Christ» (pifj., t. n, p. 339), il adoptait le surnom que lui donnait Ward et proclamait nécessaire · un sage et aimable minimlsme » qui s’abstint d’imposer ce que n’avait pas imposé l’Églisc. Graduellement le centre de la controverse se déplaça et l’on en vint a considérer, comme la prin­ cipale question en jeu, la fonction de la Schola theolo­ gorum par rapport aux déclarations pontificales. Ward, dès le début, avait insisté sur deux points : la fré­ quence des définitions infaillibles (The Church’s doc­ trinal authority, p. 510). et l’intelligibilité pour le commun des hommes de telles définitions, même sans interprétation théologique. IV. G. Ward and the catholic revival, p. 219, 251, et Ward, Newman, t. n. p. 230, 231. Dans sa brochure De infaltlbUilatis extensione (1869), il réduisait autant dire à rien les fonctions de la Schola theologorum. Newman, au contraire, en soulignait l'importance; elle était, disait-il,chargée •d’interpréter la théologie positive », â laquelle se rattachent toutes les définitions officielles des papes. Ward, Newman, l. u, p. 231 ; ainsi, en un sens, elle exerce une action restrictive sur toutes les décisions futures, en remplissant les fondions d’inter­ prète quant aux décisions antérieures. Quand le concile du Vatican devint imminent. Newman craignit que les extrémistes n’eussent In victoire et, pour celte unique raison, il souhaita que le concile laissât en suspens la question de l'infailli­ bilité, Ward, Newman, t. n, p. 289; ce qu’il redoutait, • c’était une définition discutable, el non la définition en elle-même ». IL. G. Ward and the catholic revival, p. 211; cf. Ward, Newman, l. n, p. 295. On s'explique donc qu’il ait pu dire dans sa Lettre an duc de Norfolk, ÜtfJ., t. n, p. 193 : « Quant â moi, je n’ai pas dit que la définition vint mal à propos; Dieu seul sait le temps qui convient. » Le pape l’avait fait prier · de venir à Borne cl de participer à la preparation du concile; » Il refusa Ward. Newman, l. n, p. 211 ; de meme lorsqu’il fut sollicité par plusieurs évêques d’aller â Home avec eux, en qualité de théologien, il n’agréa pas leur requête. Il avait le plus vif désir de ne pas sc trouver mêlé ouvertement aux discus­ sions qui. de plus en plus, faisaient rage; mais par suite d’un incident fâcheux, il fut entraîné dans le tourbillon de la controverse. Gomme il est assez natu­ rel, dans les premiers mois de 1870, les conjectures allaient bon train sur les termes probables de la défi­ nition, cl les journaux · accrédités » donnaient à entendre que ces termes satisferaient les exigences outrancièrcs des extrémistes. Attristé et découragé par ces prophéties, Newman écrivit à dial horne le 28 janvier, une lettre qui renfermait les paroles deve­ nues hlstoriquc-s ; · une faction agressive cl insolente. » Celle letlre, W anl. Newman, t. u, p. 287-289 portail la mention · personnelle »; mais le texte en tomba entre 1rs mains du correspondant romain du Standard, el ce Journal cn publia quelques extraits, mais cn les défigurant D’après lui, Newman avait · stigmatisé les promoteurs de l’infaillibilité pontificale en les traitant de faction insolente et aggressive. » Un moment. 1rs esprits s’émurent; mais il est bien cer­ 350 tain que l’on avait mai compris les paroles de New­ man. Elles s’appliquaient, comme il l’explique luimême, « non pas à ce grand corps d’évêques qui sont, dlt-on, favorables à une définition de la doctrine, ni à aucun ordre de société ecclésiastique cn dehors du concile », mais « à un groupe dont les membres sont dans l’Églisc, de rangs cl d’états différents. » Ibid., t. π, j). 291. Au cours de ces mois, il redoutait surtout de voir les choses aller trop vite à Borne, ibid., t. n, p. 295 299, lettre très importante; mais,il cn avait la confiance, < si l’on aboutissait â un vole affirmatif ce serait sous une forme si atténuée, qu’en pratiqua elle ne voudrait rien dire, ou pas grand’chosc. · Ibid., t. n, p. 299; cf. p. 285. · Une puissance plus grande que celle d’aucun homme ou d’aucun groupe, il cn était assuré, amènerait le concile malgré lui â déterminer la vérité catholique et apostolique; ce que les Pères cn viendraient à proclamer d'une seule voix serait la parole de Dieu. > Purcell, Manning, l. n, p. 350. L'événement justifia ces prédictions; l’infaillibilité fut définie comme étant de fol; mais dans des termes tels que même le parti modéré ne pouvait, après mûre réflexion, les trouver excessifs; on y insistait, comme l’avait souhaité Newman sur les auxilia guæ divina suppeditabat Providentia. < J’ai vu hier le texte de la définition, écrivait-il à un ami. et j'en aime la modération... â supposer toutefois qu’une telle définition fût nécessaire. · Ward, New­ man, t. n, p. 307. 8· Après le concile du Vatican. — Assez souvent l’expérience confirme le proverbe : « La roue du temps apporte la revanche. » Bnrement elle l’amena aussi vite que dans le cas de Newman. — Il vaut mieux, parfois, oublier le passé; mais le sage ne saurait négliger l’avenir. Newman avait prévu que le concile du Vatican aurait certains inconvénients d’ordre poli­ tique; avant qu’il fût longtemps scs prévisions sc réa­ lisèrent bientôt. Le Kulturkampf aurait pu avoir en Angleterre une contre-partie (d’ailleurs atténuée), si Newman n’avait été le plus grand conlrovcrsislc de son temps, un controvcrsisle dont la parole pénétrait partout. Le concile du Vatican, cela n’est pas dou­ teux. avait fait naître un malaise dans le pays; il suffisait d’une étincelle pour allumer 1 incendie, et l’incendiaire se présenta cn la personne de Gladstone, le grand homme d’Étal libéral, qui venait à peine d’abandonner le poste de premier ministre. La bêle noire de Gladstone était ce qu’il appelait le valicanisme (c’est-à-dire la concentration de la puissance ecclésiastique au Vatican). Sous l’in fluence de Lord \clon, lui-même poussé par Dollinger et les mécon­ tents d’Allemagne, ce spectre envahissait de plus cn plus son horizon intellectuel. Dans le Valicanisme, il voyait une menace pour la stabilité des gouverne­ ments européens, et le penchant de Manning pour l’exagération tendait à faire prendre corps à ce spectre. Gladstone avait déposé, en février 1873, un projet de loi sur une grave question du jour, celle de renseignement en Irlande, mais il n’essayait même pas d’y aborder de front les diflicullés que soulève le problème de l’école interconfession nulle. Or, les évêques irlandais n’avalent rien voulu savoir de ce projet; il en conçut un vif dépit. Battu à la Chambre des communes par une faible majorité, il se retira; mais, Disraeli refusant de former un nouveau gouver­ nement, Gladstone reprit le pouvoir. La patience n'élail pas sa vertu dominante et la colère l’aveugla. A l’en croire, il avait « sur la question de renseigne­ ment offert de sc montrer fort large, et son offre avait été repoussée Insolemment et comme à plaisir. · Dès lors, ajoutait-il. « chaque fols que notre chemin croisera celui de rultramonlanisme, nous ne le juge­ rons que sur sa valeur propre. Sera-t-il blanc ou noir 351 NEWMAN (JO H X-H E X R Y), DANS L’ÉGLISE CATHOLIQUE 352 à nos yeux. c’est une question qu’il est à peine besoin s’ensuit taines lois, comme tout ce qui vient de Dieu. » Par de la connaissance que nous fournit la révélation; la suite — citons ses propres paroles -«nu cours de mais il insiste en même temps sur son absolue mes lectures, une vérité sc lit jour graduellement vérité, encore que celte vérité nous parvienne d’une dans mon esprit, mais d’une manière si insensible manière proportionnée à notre condition, tant que que je ne puis retracer pas à pas le travail qui s’opé­ nous voyons per speciem, in irnigmale. Celte vérité rait en moi. Cette vérité, c’est que les décrets des absolue il faut l’affirmer, parce que celte connaissance conciles les plus récents, décrets que les anglicans vient de Dieu. — Newman n’a rien trouvé à modifier qualifient de corruptions romaines, étaient tout sim­ dans cette partie du sermon, quand il le réimprima plement des applications de cette même loi qui gou­ en 1870, sauf en un point de détail qu’il avait soulevé vernait la doctrine dans l’histoire des premiers temps par manière d’illustration, à savoir le caractère de l’Église. » substantiel de la connaissance que nous four­ On voit cette idée se manifester pour la première nissent les sens. Il ne revint pas sur l’ensemble de ce fois chez lui, bien qu’il y passe outre tout aussitôt, sujet quand il composa V Essai sur le développement, dans un dialogue écrit en 1830, Home thoughts abroad parce qu’il n’avait rien à faire avec le développe­ (Pensées de chez nous écrites à l’étranger) réim­ ment. Le lecteur peut comparer ce (pii est dit dans primé dans Discussions and arguments, sous le titre le sermon avec les passages sur le langage écono­ de Hou* Io accomplish it ? (Comment y parvenir ?). mique ■ dans Saint Athanase, l. n, p. 31-35 et « sur la L’un des Interlocuteurs y soutient (pie le projet d’une Sainte-Trinité dans l’unité ». Ibid., p. 15 sq. Via media anglicane est chimérique, et se hasarde Arrivons-en maintenant à \ Essai lui-même. Nous Jusqu’à suggérer que les soi-disant corruptions n’avons pas à répéter ici. ce qui a déjà été dit à romaines pourraient n’êtrc après tout qu’un développe­ l’article Dogme du présent dictionnaire, et nous nous ment; il s’en produirait inévitablement un semblable bornerons à examiner une seule question : qu’étaitdans un anglicanisme devenu réalité, si jamais une ce exactement pour Newman que le Depositum fidei telle chose était possible » (p. 19). Dans V Apologia, ou, pour employer un terme plus vague et moins p. 197, Newman nous dit aussi qu’il avait de bonne technique, que l’héritage de vérités religieuses lègue heure reconnu le principe du développement. Il par les apôtres à l’Église? Nous ne pourrons, dans l’avait introduit dans son Histoire des ariens, écrite notre réponse, nous en tenir uniquement à la lettre de en 1832, et ne l’avait plus jamais perdu de vue dans V Essay; d’autres écrits de Newman, sans être consa­ scs spéculations. A la tin de 1812, il commença à la crés principalement au développement de la doc­ creuser, et au mois de février de l’année suivante, trine », nous permettront de tirer quelques déductions; prêcha ton sermon devant l’université d’Oxford sur aussi bien, dans les lignes qui suivent, ne nous hasar­ The theory o/ developments in religious doctrine (La derons-nous pas à prononcer définitivement. théorie du développement dans la doctrine religieuse). Dans son Prophetical office of the Church (première Il prit comme texte les paroles suivantes de l’Écri­ édition 1837, réimprimé dans V. M., t. i), Newman ture : Maria autem conservabat omnia verba turc met en regard deux sortes de traditions, toutes deux con/erens tn corde suo, Luc., n, 19. Marie symbolise également apostoliques par leur origine, mais diffé­ pour nous, disait Newman, non seulement la foi des rentes par la manière dont elles sc sont transmises. ignorants mais aussi celle des docteurs de l’Église, 11 donne à la première le nom de tradition épisco­ qui doivent rechercher, et peser, et définir. » l'niv. pale », à la seconde celui de tradition prophétique ». serm., p. 313. Ceux à qui l’histoire du mouvement La première est représentée par le symbole qui figure d Oxford est familière, se rappelleront aussitôt dans la liturgie du baptême (\ Μ., I. i, p. 218). H mipdcn et scs partisans, en lisant le passage où se Celui-ci est une collection d’articles précis, mis à définit le but du sermon. Il est dirigé contre ceux part dès le début, transmis de main en main, répétés • qui déprécient les formules doctrinales, et en parti­ et confessés au baptême, cou liés par chaque évêque culier celles qui ont trait a la Sainte-Trinité el à à son successeur, imposés à l’attention de chaque l’incarnation; tendance particulièrement répandue de chrétien, et qui. par conséquent, exigent et ob­ notre temps. » (1*. 319). Les formules auxquelles le tiennent que l’on en fournisse un< explication adé­ prédicateur pensait étaient sans doute les défi­ quate. On les accepte en vertu de ce qu’on peut nitions des quatre premiers conciles généraux, el les justement appeler, s’il faut un nom, la tradition épis• symboles , en y comprenant le symbole de saint I copale. En outre, ΓÉcriture elle-même définit dans ses grandes lignes et sanctionne cette confession de Athanase. c’est-à-dire La porté·.· de ce sermon est évidemment limitée. I foi, qu’elle appelle < Hypotypose »i on le compart a V Essay on development. 11 se borne I ♦ esquisse des vérités . (/orma sanctorum verborum, 301 NEWMAN (lolIN-lII.NKA). L*ESS\I SIR LE DEVELOPPEMENT 362 Il Τίπι.» i, 13) et nous trouvons semblable confirma modèle, dans des limites parfois très larges et parfois tion duns les écrits des Pères, par exemple dans 1res étroites, leur manière d’agir et de penser. quelques uns des passages cites dans hi dernière conic Newman nous dit que : Si ('Église manque de rente. (Newman avait entre autres cité I renée· Cold, vigilance, la tradition prophétique est particulière­ lucres., I. x, et Terluliicn, De net. virg., i.) Mais en ment sujette a corruption. » Pour celte raison même, dehors de ces preuves écrites, nous observerons qu'une il est probable a priori que l’Église possède une tradition, formulée et transmise de mains en mains, autorité infaillible rt qui se développe graduelle­ d’une manière aussi oHloiellc et sous une forme aussi ment; c’est ce que nous dit Newman dans son Essay, arrêtée, est de la même nature qu'un document écrit. . lorsqu’il y introduit la notion de tradition prophétique, Pour une raison semblable, les rites et les ceremonies tirée du sermon dont nous avons parlé. Mais la ques­ sont aussi quelque chose de plus qu'une simple tra­ tion a une autre face. Dans la pratique, on s’aperçoit dition orale. D’autre part, à côté de ce qui precede, que l’esprit ou le génie d'une institution est une force il y a ce qu’on peut appeler la tradition prophétique. nettement conservatrice. Elle a compte un instinct Les prophètes et les docteurs sont les Interprètes de qui lui permet de maintenir sa personnalité au milieu la révélai ion; ils en développent, ils en définissent du changement <îe tout ce qui l’environne, de les mystères, ils en éclairent les documents, ils en s’approprier, de s’assimiler ce qui s’harmonise avec harmonisent le contenu, ils font l’application île ses sa propre vie, et d'éliminer sans retard ce qui la promesses. Leur enseignement est un vaste système, menace. Rappelons un passage des l'niversity ser­ qui ne saurait tenir en quelques phrases, ni se résu­ mons, où Newman insiste sur le point que voici : mer sous forme de code ou de traité; il consiste en les grands groupements humains, raisonnant collec­ un certain corps de vérités, irrégulier dans sa forme tivement. bien que sans en avoir conscience, tirent ά cause de sa profusion et de son exubérance, et qui «les principes dont ils partent des conclusions exactes. environne l’Église comme une atmosphère. A cer­ En voici un exemple frappant : «Lorsque les croyances taines époques, cet enseignement se lie tellement à la religieuses ont le temps el l’espace nécessaires pour sc tradition épiscopale qu’on ne l’en peut séparer que développer librement, elles restent d’accord avec par la pensée, alors qu’en d’autres temps il se perd elles-mêmes. Ici est le cas du christianisme primitif, en légendes et en fables. Il est en partie écrit, en du système médiéval, ou du calvinisme; cl pourtant partie traditionnel, en partie interprétation, en partie celle continuité réside dans la multitude, elle est supplément de l’Écrilure, en partie conservé en des due à l’esprit des foules, inculte el peu propre a rai­ expressions intellectuelles, en partie caché dans sonner. » Univ. serin., p. 211, l’esprit et le caractère «les chrétiens. Cet enseignement Pour celle raison et pour d’autres semblables, qui est en partie répandu çà et là, · dans les lieux cachés cl s'appuient sur la nature même de l’esprit humain, on sur le toit des maisons ». dans les liturgies, dans les pourra toujours présumer ceci : â toutes les périodes ouvrages de controverse, dans des fragments obscurs, de l’ère chrétienne, chaque génération a transmis à dans des sermons, dans des préjuges populaires, dans la suivante ce que Newman appelle la tradition pro­ des coutumes locales. J’appelle cela, la tradition pro­ phétique, substantiellement dans le même état ou phétique. existant primonlialement dans le sein de elle l’avait reçue de la génération précédente. On l’Église (cf. Apof., p. 112), et qui est enseignée.dans peut légitimement appliquer celte présomption, la mesure où la Providence l’a jugé convenable, dans même dans le cas où l'on croit apercevoir des change­ les écrits d’hommes éminents. (lardez ce qui est ments survenus au cours des siècles, cl qui de prime commis à votre charge , telle est l’injonction de Paul abord ont l’air de nouveautés, car si l’on connaissait à Timothée, cl cela pour la raison que. par son étendue le passé à fond, cl si l’on en pénétrait l’esprit — el son caractère indéterminé, colle tradition est chose bien diflicilc -— on s’apercevrait finalement que spécialement exposée à la corruption, si l’Église ces soi-disant nouveautés n’en sont pas; le plus pro­ manque de vigilance. bable a priori, c’est qu’elles ont été déduites de la Newman a fait passer celle description de la foi primitive, qu’elles en sont l’application ou le tradition prophétique de son premier travail dans développement. L’histoire confirme celte hypothèse, le Development, c. il, section intitulée : An infallible car les changements en question ne ressemblent en developping authoritii to be expected (qu'on peut . rien aux innovations des réformateurs protestants, s’attendre à trouver dans le christianisme une au­ ils n’ont rien du vin nouveau versé dans de vieilles torité infaillible qui développe). outres; ils ont respecté le type original, le caractère 1 n peu plus loin. Newman dit «pie la tradition pro­ de la religion. C’est ce que l’on démontre ù l’aide des phétique est ♦ ce que saint Paul appelle la pensée sept notes · qui distinguent de la corruption. le du Saint -Esprit (τό φρόνημα του πνεύματος, Rom . développement véritable On en trouvera l'explica­ lx, 27), la pensée rt les principes qui sont comme la tion dans un précédent volume de ce dictionnaire respiration de l’Église. la manière dont, habituelle- 1 (t. n. col. 1632 sq.). On en relève non seulement la ment cl inconsciemment, elle envisage les choses... I présence dans l’Église catholique, mais aussi l’absence plutôt qu’une collection de dogmes, arrêtée cl systé- ! dans les différentes formes de protestantisme qui matique. » V. Λ/.. t. i. p. 219-251. étaient familières à Newman, et c’est ce qui fait comprendre toute l’importance qu’elles avaient a ses Deux remarques trouvent Ici leur place : 1* La tradition prophétique est chose bien trop subtile, I veux. ITenons la seconde note, continuité dans les principes ; neuf exemples en sont fournis. Choisis­ bien trop dlilldle à sabir, pour qu'elle puisse se transnieltre entièrement par des écrits ou pur la sons le troisième. ‘La foi, qui est un acte de l’esprit, ouvre la vole aux recherches, aux comparaisons, aux parole. On ne peut se l'assimiler qu’en vivant dans un milieu qui en soit pénétré· 2· Elle n’est pas parti­ déductions, en un mot. ù la science religieuse, qu’elle culière à l’Église. On en retrouve l'équivalent dans I se subordonne : tel est le principe de la théologie. » des groupes sociaux de toute nature, dans les grands, Dev., p. 325. Revenons maintenant au Sermon on tels qu’une nation ou un Étal, dans les petits, tels development : nous y trouverons un chaleureux éloge qu’une université ou un ordre religieux. Elle en est 1 de la science théologique (p. 31 1-31 X) qui sc termine ce qu’on peut appeler le génie, l’esprit, la vie même; par celte forte conclusion ; Voici donc 1a marque de chose à la fois insatsslsable cl bien réelle, (pu se l’hérésie : scs dogmes ne portent aucune fruit; elle définit ma), mais qui sc reconnaît sans peine. Grâce n’a pas de théologie... Otez ce qui demeure encore en à elle, les membres du groupe conforment à un même elle de théologie catholique, ÉVEU ΗΨΕΜΕΝΤ 364 polémiques, des explications, des protestations. Faute ou peut s’exercer la foi (pie nous accordons à la parole dc l’Eglise. Croire aux dogmes dc l’Église, unique­ d’un terrain où s’exercer, elle se tourne vers la cri­ tique biblique, ou vers la philosophie des · preuves ». ment parce qu’on les établit en raisonnant sur des Les formules s’achèvent en elles-mêmes, sans sc preuves historiques, c’est à peine être catholique. développer, parce qu'elles ne sont que des mots. Elles Le vrai catholique a fol dans l’Église, lorsqu’elle fait sont stériles, parce qu’elles sont mortes. » Il en va un usage dogmatique de l’histoire; mais elle utilise de même pour les huit autres exemples de la < conti­ aussi d’autres sources d’information, l’Écriture, la nuité dans les principes »; chacun d’entre eux a été tradition, le · sens ecclésiastique ou φρόνημα, cl un des le début et reste encore aujourd’hui un caractère pouvoir subtil de déduction, qui est. dans son origine, distinctif du christianisme catholique. Remarquonsun don de Dieu. · Dif]., t. n, p. 311-313. le en passant, si l’on a mal interprété les University 5· Two essays on miracles (Deux essais sur les sermons. on a aussi mal compris, et pour les memes miracles). — 1. The miracles o/ Scripture compared raisons, ce que nous dit Newman sur le second prin­ with those reported elsewhere as regards their nature, cipe. C’est le principe dc la suprématie de la foi, d’après credibility, and evidence (Les miracles de l’Écriture lequel « la croyance au christianisme est moralement comparés avec ceux qui sont rapportés ailleurs, en supérieure a l’incroyance; la foi. bien qu’elle soit un ce qui concerne la nature, la crédibilité, et les preuves). acte intellectuel, est morale dans son origine: ... Article écrit en 1825-1826 pour V Encyclopedia mHropoquant aux raisons de croire, elles ne sont pas en litana, où il faisait suite à un autre article de Newman général explicitement perçues, et n’ont besoin que sur Apollonius de Tyane (réimprimé dans Historical d’être faiblement reconnues par l’esprit qui en subit sketches, t. i) et commençait par ces mots : « La l’in fluence, etc... » Les critiques dc Newman lui ont vie d’Apollonius nous a amenés à un sujet, dont prêté des idées qui n’étaient pas les siennes. Nous il nous faut maintenant poursuivre l’étude dans n’avons pas a répéter ici ce qui a été dit plus haut toute son étendue, en comparant les miracles dc au sujet des Sermons. Retenons seulement ceci : l’Écriture avec ceux dont nous trouvons ailleurs le d’après Newman. l’Église a toujours admis que la foi. récit, etc... ■ bien qu’elle fût un acte intellectuel, était à la portée Newman avait principalement pour but d’établir d’hommes sans instruction. On ne prescrit pas aux que les miracles de l’Écriture étaient a priori croya­ enfants du catéchisme, avant qu'ils fassent un acte bles. en arguant de leur caractère et de leur objet. de foi, de chercher la vérité dans l’Écriture, ou d’étu­ Il relève le défi de Hume. Puisque la Divinité, nous dier sans parti pris les preuves de la religion naturelle dit celui-ci, sc découvre à nous par ses œuvres, nous ou révélée. En un mol. lorsque Newman parle du n’avons aucun motif rationnel pour lui prêter des « principe de la foi ». il ne parle pas du principe de attributs ou des actions qui ne s’accordent pas avec la théologie ». I ce (pie nous révèlent ses œuvres. » P. IG. Cette Il nous reste à dire un mot d’une autre question : objection, réplique Newman, n’est valable que si l’on dans quelle mesure doit-on s’attendre à ce que les admet que Dieu se découvre à nous uniquement dans décisions doctrinales dc l’Église s’appuient sur des l’univers physique: mais elle s’évanouit du moment témoignages historiques? Newman nous a suffisant- i où l’on admet l’univers moral, car on y trouve bien ment fixés sur ses idées à ce sujet dans VEssay (c. m), des choses qui rendent une révélation probable, et lorsqu’il y parle dc l’ensemble des témoignages, et une révélation ne peut se manifester que par le aussi lorsqu'il fait allusion à la « tradition prophé­ miracle. L'objection de Hume, pour qui les miracles tique »; celle-ci ne saurait jamais, du fait même de sa I sont improbables a priori, se trouve ainsi écartée; nature, être complètement enregistrée dans des docu- ' il n’y a plus qu’à peser des témoignages; or ceux-ci, ments morts, si complets qu’ils puissent être. Dans dans le cas des miracles chrétiens, ont assez de poids sa / filer to the Duke o/ Xor/olk (voir plus bas). New­ pour ne laisser place a aucun doute. Le P. Pesch man eut à s’occuper des savants distingués qui avaient adopte la manière de voir dc Newman cl cite sa rejeté la définition du concile du Vatican pour des réponse à Hume, dans son (ilaubensp/licht und Glatiraisons d’ordre historique, et fut amené à faire bcnsschuderigkeilen, Theolog. '/.cit/rag., n. 5, Fribourgconnaître sa manière dc voir d’une maniéré plus vn-B.. 1908. directe. C'est Dollinger, sans aucun doute, qu’il avait 2. The miracles o/ ecclesiastical history compared surtout en vue: Je n’élèverai jamais la voix contre with those of Scripture, as regards their nature, cre­ ces hommes érudits cl distingués... Qu’ils nous aient dibility and evidence (Les miracles de l’histoire ecclé­ quittés, c’est un événement tragique, et pour eux, siastique comparés avec ceux dc Γ Écrit ure, en ce qui el pour nous-mêmes... Je crois qu’il* ont vu entière­ concerne la nature, la crédibilité cl les preuves). ment tort dans ce qu’ils ont fait et dans ce qu’ils Essai écrit en 1812-1813. comme préface d'une traduc­ font. cl dc plus, je suis aussi peu d’accord avec leur tion partielle de V Histoire eccÙsHistique de Fleury. conception dc Γ histoire qu’avec leurs actions... Ils L’objet dc cet essai sc trouve décrit en détail au me semblent attendre de l’histoire plus qu'elle ne premier chapitre de V Apologia, auquel nous renvoyons peut fournir; ils ont trop jh’U de confiance dans les le lecteur. Newman y écarte d’abord l’argument qui promesses divines et dans la Providence, (pii guide veut rendre les miracles improbables a priori; puis il et détermine les déclarations des papes et des conci­ examine les témoignages relatifs à neuf des miracles les... Pour ma part, j'avoue tout simplement que. les plus fameux, parmi ceux que rapporte l’histoire dans aucun cas. des témoignages historiques ne suffi­ des premiers siècles de l’Église. Certains critiques, de sent a prouver sans doute possible une doctrine de ceux-là pour (pii les miracles ne peuvent arriver ■·, l’Église; mais aussi que dans aucun cas ils ne suffisent ont pris prétexte de cet ouvrage pour porter dc folle* a prouver le contraire. Les témoignages historiques, accusation* de crédulité contre la mémoire dc Newinvoqués comme preuve des doctrines catholiques, I man. Celui-ci ne partage pas leurs idées préconçues, vont plus ou moins loin, suivant les cas; souvent ils I mais *c guide d’après des preuves historiques. Si les sufli't-nt presque â eux seuls; parfois ils n’ont qu’une 1 témoignages, sans être concluants, semblent Indiquer valeur d indication, parfois aussi il y a simplement nettement qu il s’est passé un événement miracu­ absence dc témoignages contraires; et même il se leux, il penche à croire plutôt qu’à ne pas croire, peut que les témoignages historiques semblent contre­ sans toutefois prétendre qu’il y ait certitude. Cet dire U doctrine en Jeu. cl il faut alors expliquer le ! essai est, dans une certaine mesure, la rétractation désaccord Mats, dan* tous les cas, il reste une marge I du précédent, où Newman tendait à jeter le (liseré· 365 N E W MAN (.10 11 N -11E N H Y),, ŒUVRES ANGLICANES dll sur les miracles narrés par les Pères, sous prétexte qu’ils étalent à hi fois futiles et sans dignité· (>· 77ie (irions of the fourth Century (Les ariens du quatrième siècle). ( luvragc achevé avant la tin de 1832. publié seulement à la fin de 1833; la seconde édition, réimpression exacte de la première, fut publiée par un clergyman écossais, G. H Forbcs, en 1854. New­ man publia en 1878 une troisième édition, souvent réimprimée. Noua emprunterons à la préface mise pur Forbcs en tête de la seconde édition quelques mots qui fixe­ ront pour nous les traits principaux de cet ouvrage : • L’auteur nous présente un tableau saisissant des caractères, jette une vive lumière sur les motifs des événements des in* et iv siècles, et défend de main de maître l'orthodoxie de la grande école des théolo­ giens alexandrins; tout cela, on peut l'espérer, agira à la manière d’un antidote contre bien des choses (pic l’on écrit aujourd’hui pour Jeter le discrédit sur les premiers Ages de 1 Église. » Newman adopta une manière de voir toute nouvelle ;i cette époque : les origines dc l'arianisme sc trouvaieift, selon lui, A Antioche et non pas à Alexandrie; la philosophie qui l'inspirait était plutôt aristotélicienne que platoni­ cienne. La troisième édition et les suivantes furent enrichies d’appendices, empruntés d’ordinaire à d’autres écrits du même auteur, mais postérieurs en date; tel est celui qui a pour titre : The early doctrine of the Divine Genesis (La doctrine primitive de la gé­ nération divine). Abstraction faite du sujet, l’ouvrage de Newman présente encore un autre intérêt; il nous éclaire sur les opinions que professait l’auteur lors­ qu’il l’écrivit, aussi bien en théologie qu’en philoso­ phie. 7· 'The Church of the Fathers (l’Église des Pères). Série d'esquisses biographiques et historiques. Ces esquisses parurent d'abord dans le British Magazine (1833-1836); mais elles ne furent publiées que soin la rubrique « Correspondance ». Le rédacteur en chef les y reléguait, sous prétexte · qu’il n’était pas responsable » des opinions de ses correspondants; dans ce cas particulier, il ne voulait pas qu’on lui fit endosser les louanges que Newman prodiguait au christianisme primitif, par opposition au christia­ nisme moderne. En 18to, ces esquisses furent réunies en un seul volume. Si l’on en croit des témoignages contemporains, elles contribuèrent puissamment A répandre les idées des tractariens. En 1857. parut une édition catholique (aujourd’hui comprise dans le t. n des Historical sketches). On en retrancha de longs passages d’un caractère polémique, dont quatre chapitres tout entiers qui ne « présentaient pas d’inté­ rêt pour des lecteurs catholiques. » Lcsquatre chapitres omis furent plus tard réimprimés au t. i des Historical sketches, sous le titre de Primitive Christianity (Le christianisme primitif). Si l’on veut étudier le mou­ vement * tract arien on aura évidemment avantage a sc reporter Λ l'édition de 1810, qui a été réimprimée en 1900 (Londres, John Lane.) 8· Lectures on the doctrine of Justification (Confé­ rences sur le dogme dc la just ideation),’ dont Dollin­ ger déclare que c’est le plus beau chef-d’œuvre théologique que l’Angleterre ait produite depuis cent ans. « 1" édit., 1838; 2·, 1810; 3’, 1871, souvent réim­ primé depuis. L’importance historique de ce volume lui vient de ce qu'il est une déclaration du chef des tractariens contre la doctrine de la justificat ion par la foi seule, doctrine que le parti - évangélique » d’alors regardait comme l’essence de Γ Évangile. Ceux qui faisaient étalage dc celte doctrine s’habituaient à être regardés comme des fanatiques ou des enthousiastes, ce qui ne les troublait guère, Ce n’était la, pensaient-ils, 366 que le témoignage du monde contre leur spiritualité supérieure. Ici, au contraire, on leur reprochait de rabaisser le niveau de l’Évangile en emprisonnant l'homme en lui-même, en lui enseignant A analyser sans cesse scs sentiments cl scs émotions, au lieu de regarder au delà dc lui-même vers Dieu et le Christ. La 13* conférence. La predication de Γ Évangile, mérite une attention particulière, à cause des protes­ tations qu'elle élève contre le subjectivisme religieux, l'esprit de contemplation de soi-méme introduit par Luther. En réimprimant ces conférences. Newman, catholique, y trouva relativement peu a corriger. Elles furent analysées dans les Annali dette scienze religiose, publiées Λ Home, Γ* sér.» t. vin, p. 312. Elles semblent aussi avoir vivement attiré l’attention des catholiques des États-Unis, par la rupture dont elles témoignaient avec ce qui était alors la doctrine cen­ trale du protestantrmc. Cf. Mgr Kenrlck. The catholic doctrine of justification, Philadelphie, 1841 ; et An inquiry into the merits of the reformed doctrine of imputation, New-York, 1813. par Vanbrugh Living­ stone. un converti. Ceci soit dit pour leur importance historique. Les questions théologiques agitées par l'auteur, dans l’intention dc montrer l’accord substan­ tiel entre catholiques et protestants des diver es écoles (à l’exception, bien entendu du parti extrême ici visé), soulèveraient divers problèmes qui ont perdu aujourd’hui dc leur importance et qu’il n’est pas nécessaire d’examiner. 9· The Via media Of the Anglican Church, illustrated in lectures and tracts, with preface and notes, 2 vol., 1877. - Le t. i est la 3· édition, souvent réimprimée, des Lectures on the prophetical office of the Church viewed relatively to Romanism and popular Protestan­ tism (Conférences sur la fonction prophétique de l’Église, envisagée par rapport à l’Église romaine et au protestantisme populaire), lr< édit., 1837, 2’ édit., 1838. Ces conférences étaient une tentative de préciser, du point de vue déjà décrit de la Via media, la théorie de la fonction enseignante de l’Église. Une moitié au moins du volume, à mon avis, est consacrée A une défense plus ou moins pertinente des principes et des doctrines catholiques. » Préface de l’édition dc 1877, p. vix : Ce qu’il peut \ avoir d’anticatho­ lique est discuté dans près dc 1 10 notes et dans la préface. Cette préface elle-même qui a les dimensions d’un petit traité sera étudiée panni les œuvres catho­ liques. Inutile dc recommander davantage les notes A qui veut étudier Newman. Faisons remarquer en passant qu’il est difficile d’imaginer, A la lecture, que leur auteur critique sa pensée primitive, son ancien moi, tant il y met de détachement et tant paraît large l’abîme qui sépare Newman catholique, de Newman anglican sur les points discutés. Pour ce qui est du t. n. nous nous limiterons à un simple énuméré des documents qui y sont réimprimés : 1. Suggestions on ht half of the Church Missionary Society, 1830; l’auteur souhaitait quo cette société fût placée sous le contrôle de l’autorité ecclésiastique. 2. Via media, réimpression de deux tracts (38 et 40) dc 1831, portant ce titre, où l’idéal tractaricn est exposé en forme dc dialogue. Noter qu’à ce moment Newman ne trouvait rien â blâmer dans les réforma­ teurs anglais. 3. Restoration of suffragan bishops, 1831, intéressant à cause des vues exprimées sur les rapports de l’Église et dc 1 ! t.it. L On the mode of conducting the controversy with Rome (Sur la manière de mener la controverse avec Home), réimpression du tract 71 dc 1836. — Noter ;nu moins cette idée : Il ne faut pas juger l’Église iromaine exclusivement sur les documents officiels, 36/ NEWMAN (JOHN-HENH Y), ŒI’VHES \ N (ί 1.1 C \ \ | s 368 tnah *ur *a façon actuelle d'agir; par exemple la été retirées ici, qui se trouvent dans les deux lettres Profession de foi de Pie IV ne dit rien des souffrances â Joli el à Pévêque d'Oxford. du purgatoire par Ailleurs· à la suite de W.ikc. New 10· Assays critical and historical (Essais critiques man fait grand état de la différence entre Bossuet el I ct historiques), deux volumes. P édit., 1871; réédi­ CraMcl sur la question de la dévotion â la sainte tion de IG articles, tous anglicans, à l’exception d’un .seul. Vierge. 5. tslier to n magazine on behalf of IP Pusctj's L Poetry mi th reference to Aristotle's Poetics (la trad on If. Rap/Dm and of other tracts for (he times poésie avec renvoi ù la Poétique d’Aristote). 1825; (Lettre a une revue au sujet d’un tract de Pusey sur i Jette un Jour intéressant sur les goûts littéraires de le baptême el au sujet d’autres tracts). Lettre écrite Newman. en 1837 ct publiée lu même année connue tract 82. 2. The introduction of rationalistic principles into 6. Letter addressed to the Margaret professor o/ revealed religion (L’introduction des principes ratio­ Divinity on Mr /turret Fronde's Statements concerning nalistes dans la religion révélée), 1835 tract 73.— Ihf real Presence, and other matters theological and eccle­ Le rationalisme que l’on y dénonce est l’application siastical (Lettre à un professeur de théologie sur les de la raison humaine au contenu de la Révélation assertions de M. Hurrel Froude relatives â la présence pour y discerner ce qui a ou ce qui n’a pas valeur réelle, ct surd autres questions théologiques et ecclé­ religieuse, et écarter cc qui nous paraîtrait sans Inté­ siastiques), 1838. Dans l’ApoL, t». 73. Newman parle rêt à ce point de vue. L’origine de cette erreur doit de cette brochure comme d’une tentative pour être recherchée dans la théologie populaire du fonder sur une base intellectuelle le dogme de la pré­ jour . tout infectée de l'idée luthérienne de justifi­ sence réelle. L’idée essentielle est d’accord aver ce cation. Si la rédemption uniquement considérée à quoi j’ai si longtemps tenu : la négation de l’exis­ < dans les effets que notre esprit expérimente » est tence réelle de l’espace qui ne serait qu’une forme l’essence de l'Évangile, tout ce qui n’est pas utile à subjective de notre esprit. » cct aspect de la rédemption n’a aucun intérêt; peu 7. Remarks an certain passages of the thirty nine importe donc que l’on soit orthodoxe dans la croyance articles, being n. HO of the tracts for the times (Remar­ â la Trinité, ou que l’on soit sabellien ou même sociques sur certains passages des 39 articles — tract nien. Cc tract soigneusement étudié fera connaître n. 90), 18-11. Ncwniifn. tant dans VApoL, que dans les débuts de l’erreur qu'on a appelée depuis le prag­ V. M„ t n, a défendu l'exégèse qu’il y avait donnée matisme * de la confession de fol de l’Eglisc établie. Mais dans 3. Apostolical tradition, 1836. - Compte rendu une édition postérieure de la Via media (1883) il d’un livre qui donne à Newman l’occasion d’exposer écrit. en parlant de l'interprétation fournie de l’art. 31 la doctrine de la tradition. (sur les messes) : Le tract dans l'ensemble peut se L Fall of de Lamennais (La chute de Lamennais). défendre mais non cette partie. Il reconnaît que 1837. - Compte rendu des Affaires de Rome. Il est l’article 31 est bien une attaque directe contre la bien a craindre que Lamennais n’en arrive â rejeter doctrine catholique. L’examen attentif des théolol’autorité de la religion. giens anglicans, s compris les non-juron et le Df Pusey, 5. Palmer on Faith and I nity (Les idées de Palmer montre leur opposition absolue a la doctrine de | sur la foi el l’unité), 1838. - dompte rendu du Traité l’Eglisc catholique sur le caractère sacri llclcl de la 1 de rÊglisc de Palmer. Cf. ApoL, p. 112. Lu note messe. ajoutée en 1871 a quelque Importance. 8 Documents relatifs au tract 0(1. -- o) Lettre de 6. 7 he theology of the seven epistles of St, Ignatius quatre Tutors de collège au rédacteur des Tracts. | (La théologie des sept épltres ignacicnnrs». 1839. Ce rédacteur· on le savait, était Newman; la lettre 7. Prospects of (he Anglican Church (Coup d’œil ouvrait la campagne contre le tract 90. - b) Réponse sur ΓEglise anglicane). 1839. - Le Dire original de Newman. - e) Condamnation formelle du tract était : I a situation des partis religieux, c’est ainsi signée par le vice-chancelier de l'université. - · d) que l’article est cité, ApoL, p. 91 sq. D'importance Lettre de Newman à ce dernier reconnaissant qu’il capitale pour étudier les idées de Newman au début est I auteur du tract. — Les deux premiers docu- ' du mouvement traclaricn. meuts Mint du 8 mars 1811; les deux derniers du 8. The Anglo-American Church (I/Église anglo16 mars. américaine), 1833. - - Le réveil de l’Églisc cpiscopa9, Lettre au /)» Jelf. en réponse à la lettre des llenne d’Amérique est une preuve de la vitalité de quatre Tutors, montrant que ceux-ci ont mal compris l'anglicanisme. le sens ct le but du tract 90. Le tract avait clé 9. Selina, countess of Huntingdon, 1810. -Compte publié le 27 février. C’était bien peu de huit jours pour rendu de la Vie de celle femme célèbre, qui avail I examen Impartial d’un travail aussi complexe; et j patronné Whitefield et les premiers clergymen meme les seize jours «pii s’étalent écoulés entre l’appa­ évangéliques ·. rition et lu condamnation ne permettaient pas un 10. 1 he catholicity of the Anglican Church, 1810. — jugement suffisamment fondé. Sans doute aucun de Ecrit aussitôt apres l'inquiétude qu'avaient causée ceux qui avaient condamné le tract, n’nurult pu à Newman l'étude de la controverse monophysltc subir un examen sur son contenu. La Lettre au IP Jell et l’article de Wiseman. « .le me recueillis et écrivis parut le jour même de lu condamnation: on savait contre cet article... Cc travail m·· calma pour près de birn qu’elle était sous presse, mais k· conseil qui deux ans. (/<., p. 18). Dans l’asscz longue note ou condamna le tract, ne voulut pas attendre la défense Newman catholique réfute Newm m anglican, il de l autrur. donne son opinion sur les ordinal ions anglicanes: 10. lettre à l'évêque d'Oxford a Γoccasion du tract elle est défavorable. U réfute également l’opinion 1H». datée du 21 mars 1811 et écrite a la demande courante, selon laquelle il serait devenu catholique instante de l'évêque. par le désir de fonder davantage sa certitude reli­ 11. Rétractation dénonces anlicatholiques. Article gieuse, et de trouver dans le catholicisme une vue emprunté a l’avertissement de 17; mu) sur le développe­ plus claire de la vérité révélée que celle que lui donnait ment, ou était incluse une rétractation publiée en 1813 I Eglise d Angleterre. » (.ette nice et il autres sem­ dr quelques violentes attaques contre Rome. En fai­ blables sont encore courantes aujourd'hui. Bien sant usage de cette rétractation, comme document hixdes gens sont attirés par Newman et cherchent à le tnnquc, on notera que plusieurs assertions n’ont pas I comprendre; mais il semble y avoir une infranchis- 369 sable barrière entre leur esprit et le sien. Ils ne peu­ vent comprendre cc qu’et.lient pour lui les Pères de l’Églisc Le sont eux, il l'a toujours affirmé, qui l’ont fait cal ludique. IL The protestant idea of Antichrist, 1810. Dans cet article, Newman vont mue l'attaque mener par Todd (un clergyman irlandais allié des fracturions) contre l’idée monstrueuse qui fait de la Home papale le représentant de l’Antéchrist. 11 le fait avec humour. Incidemment l'article dénonce avec violence les méthodes des catholiques anglais 1 des Select fntrfnre* o/ N. Athana^iii^ In omfroιψγ.μ/ with the arians, publie» rn 1812 rt 1811. Il écrivit aussi 1rs préfaces des \ohimrs suivants : Les rateehès· » de s Cyrith, 1838; S. Cgpr t i. 1839; Lr< cvmmrnfafrtM / 5 . \th. against th< nriuiB. qui diffère notablement de la Pr édit., In traduction est plus libre, l’Oml. iv est supprimée, les notes sont groupée» A I» lin du t. n, dans l’ordre alphabétique, formant ainsi un petit dictionnaire théologiqur pour l'étude d’Athunasc. 2" Contribution le British Magazine dans |v n de juin 1832 et continua ju*qu’eii septembre 1836. Le tout tut publié à part cette même anne< 1836: 179 poèmes, dont 109 de New man; une bonne partie sc retrouve dans les l'rrws on tstrioiii oc<’usfo/M. 3 Contribution aux Vus in.s saints anglais (/jrvt <>/ rngtish lainhï. 1813-1813: S. Bcttclin, S. Edilw.ird. S. (iiindleas. Pour l’histoire . Fausset on certain Points of Faith and Practice, 1838, ne pa* confondre cette lettre avec un autre adressée au même correspondant et publiée dan* Via Media, t. ni. H. LE* fECVT.ES bE LA PÊllinbK CATHaUQTE. — 1 John Kcble, Fellow of Oriel, article de la Dublin review, avril 1816 ; réimprimé dans (Ettvrcs, Essays critical and hhlorical, t. il, p. 121-153. Cet article est censé être un compte rendu de la Lyra Innocentium de Kcble; mais il nous dit aussi quelle altitude ont prise envers le* convertis au catholicisme ceux qui étaient jusque-là leurs amis, et annonce que < le mouvement » va continuer au sein de l’Église angli­ cane. 372 2· DisscrtatiuncuLT quatuor crihco-thcologicir, 1817, dans Tracts theological and ecclesiastical, p. 1-91; traduction en latin de quatre notes Urées des Select treatises o/ St Alhatiasius (Traités choisis de saint Athanase) qui avaient paru dans la Library of Ihr Fathers (1842-1). 3® Loss and Gain; Iht slorg of a < onvert (Perle cl gain; l’histoire d un converti), publié sans nom d’au­ teur en 1818, traduction française par Segondy, Tournai, 1X59; allemande par G, Schündelen, Colo­ gne, 1868, et par Mere Ignatia Breme, Mayence, 1924. — Le nom de l'auteur ne fut révéle qu’en 1874, date à laquelle il figura dans le titre delà 6r édition; mais il avait été deviné par le Humbler 0,216). Ce récit fut écrit à Borne dans les derniers mois de 1847. On avait publié contre les convertis d’Oxford un roman où leur conduite, aussi bien que le » mou­ vement ■ lui-même, étaient peints sous un faux jour, et cs établis par Newman. Dans la seconde édition, ils upprima l'appendice et le cinquième discour», et fondit les deux premiers dis­ cours en un seul. Il nous a donné dans My campaign in Ireland, p. txt, ses raisons pour laisser de côté le cinquième discours : General knouMgt viewed as one philosophy (les connaissances générales envisagées comme constituant une seule philosophie). Les conférences avaient, semblait-il, très heureusement commencé, mais on ht ensuite comprendre à l'ora­ teur qu’il s’y prenait mal, s’il voulait entraîner le clergé derrière lui. Il en fut vivement désappointé; car, dit-il, si on l’avait laissé faire, cl qu’on l’eùt écouté jusqu’au bout, les membres du clergé se seraient trouvés d’accord avec lui. On ne pouvait cependant dédaigner une Influence aussi grande que la leur. Il fut donc oblige de modi lier ce qu’il avait prépare, el même de remanier le plan d’ensemble de la série; il dut par exemple reprendre et rapprocher des fragments séparés; de ce fait la cinquième confé­ rence n'était plus, à son sens, m en harmonie avec le reste, ni mise en valeur comme il l’aurait fallu ; il la relira donc. H n’entendait pas la condamner par là, car il se proposait de la faire figurer, après correc­ tion. dans un volume qu’il voulait publier sous le litre de Pamphlets and papers (Collection de petites œuvres diverses). » En tin de compte, le cinquième discours ne fut jamais réédité à part, mais on le trouve dans Mg campaign, p. 213-270. Dans la der­ nière édition des Discourses, Newman sépara de nou­ veau le premier discours du second, el rétablit quel­ 375 NEWMAN (JOIIN-liENH Y), ŒUVRES CATIfolJul ES que* un* des passages précédemment omis. 1! consi­ dérait lui-même ce volume comme l’un des cinq livres où II avait fait œuvre constructive. Ward, Xeivnian. l. n, p. 262. On y voit en général le plus beau plai­ doyer qui ait été écrit en anglais en faveur d’une éducation désintéressée. 8 Lectures on the history of the Turks in its relation to Christianity (Conférences sur l'histoire des l ures dans scs rapports avec In chrétienté), titre plus tard modifié, Europe étant substitué A Christianity. lr* édit, (par l'auteur de Loss and Gain). 1853; fait partie dans le* Œuvres des Historical sketches, l. i. Traduc­ tion allemande par G. Schündelen, Cologne, 1851. Cc* conférences furent faites ù Liverpool en octo­ bre 1853. Dans la préface, Newman se défend de vouloir présenter son étude comme le résultat de recherches originales, et dit n’avoir utilisé d’autres matériaux que ceux que l’on trouve dans une biblio­ thèque de richesse moyenne ». Cependant ses lectures durent être très étendues, et le résultat porte la marque de son génie. Les historiens scientiliques d'aujourd'hui pourront trouver à redire ù un ouvrage composé dans de telles conditions; mai* on peut dire, en faveur de Newman, qu'il égala, et même qu'il dépassa, les historiens de la vieille école dans leur propre métier; il savait voir toute la portée lointaine des événements, donner de la vie à son récit, et sur­ tout comprendre que c’est un devoir pour l’écrivain que de tenir le lecteur en haleine. Il préconisait l'expulsion de* Turc* hors d’Europe; mais, disait-1!, le* questions politiques sont généralement réglées selon des mot iis de convenance politique. » et ia guerre de Crimée alors sur le point d’éclater devait se charger de fournir à ces paroles le commentaire qui convenait. 9 Who's to blame? (A qui la faute’.'). Cette brochure politique rassemble une série de lettres adressées, au cours du printemps de 1855, par Newman sous le pseudonyme de Catholicus (cf. ci-dessus, col. 370), au Catholic Standard, alors dirigé par II. W. Wilberforce. Dans les Œuvres. elle ligure parmi les Discussions and arguments, p. 306-362. l.a manière déplorable dont était meuve la guerre de Crimée avait profondément indigné l’opinion publique, ct l'on réclamait le châ­ timent des responsables. Newman représenta qu’à son avis la constitution britannique était bien adaptée au temps éri; il révèle mieux qu'aucun autre la profondeur de sa passion spirituelle, cl celle unité, cette fixité, cette concentration de la volonté ver* un but unique, qui liaient entre elles toutes ses pensée*, toutes scs paroles, toutes ses actions. Manning, cependant, ne trouva pour juger le livre que ces deux mol* : · froidement intellectuel. · 11e The office and work of universities (La fonction et l'œuvre des universités). P· édit.. 1856; dans les Œuvres, ce traité fait partie de* Historical sketches, t. ni. sous le nouveau litre de Rise and progress of universities (Les universités, leur commencement, leur développement). — Les articles, dont est composé cc volume, parurent tout d’abord dan* la Catholic university gazette au cour* de l’année 1851. L’objet en est suffisamment indiqué par le sous-titre : L'ensei­ gnement des universités envisagé en une série d'es­ quisses historiques. Mais, d’autre part.il faut le retenir, ce* articles, bien que fragmentaires el incomplets, ne sauraient être négligés par aucun de ceux qui s’inté­ ressent à l’idéal de Newman en matière d’éducation; plusieurs d’entre eux ont été directement inspirés par ses expériences personnelles, par exemple le c. \ i. Dis­ cipline and influence. Le c. xv. qui est d’une grande valeur, compare les mérites relatifs de renseignement ex cathedra el de l’enseignement dit tutorial », et les c. xvin-xix traitent du système des collèges, qui est propre, ou peu s'en faut, aux deux vieilles universités d’OxfOrd et Cambridge. 12· Sermons preached on various occasions (Ser­ mons prêché* à diverses occasions), 1" édit., 1857; 2», 1858; 3', augmentée de deux sermons, 1870; I , augmentée encore d’un sermon, 1871. Traduction française. Tournai. 1860. Les huit premiers furent prêché* devant l’université catholique de Dublin au cour* de l’année 1856-1857, et sont l’application des principes posés par Newman dans son chapitre sur la prédication dans une uni­ versité (Idea, p 105-127). Le cinquième, Les disposi­ tions favorables à lu fui, insiste, en le définissant plu* clairement, sur un point où Newman avait déjà mis l'accent dans ses University sermons. Le dixième, intitulé The second spring (le second printemps), cl prêche à Oscott â l’occasion du premier synode provincial de Westminster en 1852. e*l pour les lec­ teur* anglais le mieux connu des semions de Newman; Macaulay, dit-on. le savait par cœur. Le quinzième The Pope and the Revolution (I.e pape et la révolution) fut l’objet de critiques acerbes; Il ne témoignait, dhalt-on. que d'un loyalisme assez tiède envers le Saint-Siège, au moment meme où la question du pouvoir temporel se posait d’une manière aigue. I ne traduction française parut en 1867 sous le litre de Le pape et la révolution, avec un appendice, Duelaues considérations sur l'auteur. 13· Lectures and essays un university su bjet Is (Conférences et essais sur des sujet* relatif* ù la vie universitaire), lr< édit , 1858; fait partie dans le* (Euvres de I’ Idea of a universi Ii/, sous un nouveau titre. I nivcrsitij subjects, discussed in occasional letlures and essays (Question* univer*ttalres, examinee* dan* de* conferences et de* c**ais composés à «liver e* occasions). Cc volume se compose pour parti*· de conférences faites par Newman, en sa qualité de recteur de l’univerité catholique, et pour partie d articles écrits par lui pour VUniversity Gazette. Celte collection, il le souligne dans son avertissement, s’est, comme la ! -ïli •‘ · plupart de ses œuvres, constituée peu à peu d'elle· induits en général à l’occasion des devoirs de sa Mais le charge, ou des circonstances du moment. lecteur, dont cet aveu sollicite l’indulgence, aurait tort l’ne traduction française de la seconde edition parut en 1866 (Histoire de mes opinions religieuses), elle était accompagnée de notes sur l’Église d’Angleterre et sur l université d’Oxford. écrites tout exprès par Newman, el d une table alphabétique des mots â expliquer » dressée également par lui. Autre tra­ duction française, De l'anglicanisme au catholicisme 379 NEWMAN (JOHN-HENRY), (El \ RES CATIIOLIQI'ES 380 ou Histoire de ma vie, s. a.. Tournai. 1865; trad, est une religion corrompue. * 3. Les extravagances allemande. .M. Laros. Die (leschichte meiner religiosen mentionnées par Puscy, peuvent être désavouées par P de \. W. I lut ton), une défiance profonde. Parlant de la Grammar o/ 1879. Assent, il dit que ce livre était · imprégné «lu plus 3'2· Two sermons preached in the church o/ St. Aloyintense scepticisme philosophique. » Newman répon­ sins, Ozford, on Trinity Sunday, ISSO, and printed for dit â l’accusat ion dans la même revue, en octobre 1885. private circulation from a report (Deux sermons prê­ Il expliqua «l’abord que, dans scs écrits, le mol ché* dans l’église de Saint-Aloysius d’Oxford. le raison signifiait la faculté de raisonner entendue dimanche dr la Trinité. 1880; publiés d’après un d’une manière large ·; puis il maintint «pi’ainri compte rendu; cette édition n’a pas été mise dans le comprise, elle n’était qu’un instrument, el servait, commerce). parlant de certaines prémisses, à en tirer les conclu­ 33· Select treatises o/ St. Athanasius m controversy sions; depuis la chute, elle était un instrument du with the arians (Traités choisis dr saint Alhanase, monde dans sa guerre contre Dieu; les partisans du «lans sa controverse avec 1rs ariens). 1881. Dans la monde admettaient leurs prémisses sans démonstra­ Library o/ the Lathers (Bibliothèque des Pères) I tion. si bien que la raison, définie comme ci-dessus, d’Oxford. Newman avait, avant sa conversion, publié se trouvait devenir la servante (le l’erreur, lùiirbairn une traduction annotée «Ir certains traités «le saint répondit dans le numéro de décembre, el répéta *on Mhnnase (Premiere partie, 1812; seconde partie. I accusai ion; Newman, disait-il, faisait porter ;i la rai­ 1811), traduction «pii fut fort loùcc par divers érudits. ' son, la faulc «pii incombe aux affirmations a priori. Il réédita ce travail «lans l'édition «l’ensemble «le scs i Newman écrivit une réponse, dans laquelle il ûéliŒuvres, en lui faisant subir 1rs changements sui- | nissait plus clairement encore 1a raison telle qu'il vants : 1. Il supprima le quatrième discours qui l’entendait, cl examinait scs rapports avec la faculté n’avait pas été écrit spécialement contre les ariens. noétlque ·, «pii consiste à saisir les premiers principes. 2. Il laissa également de côté cinq dissertations assez Mais celte réponse ne fui pas publié sur le moment, longues, qui figurent, traduites en latin, parmi les pour les raisons données dans Ward, Xcwman, l. n, Tracts theological and ecclesiastical. — 3. Sa traduc­ p. 508-511. ()n la trouvera cependant, ainsi que le tion primitive était littérale, pour les raisons qu’il premier article «le Newman, «lans Stray essays, nous «tonne lui-même, p. vi: ces raison* ne s’imposant I p 67-107. plu*. il ne se crut pas obligé désormais «le rester tout 37· Les écrits sui vanis ont été publiés après la près du texte, L Les notes sont placées à la lin. I mort «le Newman : cl *· la qhammaihe j>f. l'as· sestjJ//..V7. — La Grammaire de l'assentiment peut être regardée comme la dernière réponse de Ncwman à deux sortes de difficultés que son apostolat, aussi bien anglican que catholique, lui avait mis sans cesse devant les yeux. Le Symbole de saint Athanasc, avec les continuelles protestations que suscitait sa présence dans le Prayer-Book anglican, sc pré­ sente comme un exemple de la première de ces diffi­ cultés. Si le but de la religion est d’exciter des senti­ ments de dévotion et d’amour, en quoi une série de propositions embrouillées cl apparemment inconci­ liables. comme celles (pii sont contenues dans ce sym­ bole. peut-elle aider Λ atteindre ce but? La seconde difficulté, c’est l'assentiment absolu qui est la condi­ tion sine qua non de la foi. Comment les preuves qui viennent à l’appui de la religion naturelle ou révélée peuvent-elles fonder un tel assentiment, surtout quand il s’agit de l’homme concret, individuel, qui en règle générale est incapable d’étudier ces preuves scienti­ fiquement? Or, la Grammaire est divisée en deux parties qui t ra I ten traspecti vernent de ces deux sortes de diffi­ cultés. QP Assentiment et appréhension (Assent and apprehension), my \ssentiment el inférence (Assent and inference), tes trois traits les plus caractéristiques de la Grammaire sont : La distinction entre notion­ nel et réel », (pii vient en tête de la lre partie; la distinction entre inférence et assentiment .cl « le sens de l'inférence (Hlatine sense) qui appartiennent Première partie. — t’ne proposition notionnelle est celle qui sc compose de termes abstraits : « L’homme est un animal raisonnable; » une proposition réelle est telle qui se compose de tenues concrets : « Édouard \ Il était fils de la reine Victoria. · Les actes d’appréhension cl d’assentiment auxquels donnent lieu ces propositions seront appelés respecti­ vement notionnels cl réels. Il importe de remarquer que la même proposition peut être notionnelle pour un homme et réelle pour un autre. La proposition : Le choléra sévit dans la ville de B. » est comprise « notlOnnellemcnt par une personne pour qui le choléra est simplement le nom d’une maladie, cl la ville de B. un simple terme géographique; elle est comprise réellement par celle qui a la connaissance expérimentale de la maladie et de la ville atteinte. H est, d'ailleurs, impossible d’établir une division tranchée entre ces deux sortes d'appréhension; mais, d’une manière générale, quand l’objet appréhendé est envisagé en première ligne comme appartenant à un genre ou à une espèce particulière, on peut dire que son appréhension est notionnelle; elle est réelle quand c’est tout particulièrement s on ca raclerc i ndi \ i ( jjj^l qui frappe l’esprit. L’hn portanfic doΈοΤΙe cffiÛftcïlon sOnThqucTi IrniFinslanl duns le langage quotidien : on dit par exemple : Je savais cela, mais je ne DICT. DE TJIÉOL. CATH. 386 Pavais jamais réalisé avant celte expérience *. « axant de l'avoir vu de mes veux. » Les objets réellement perçus par les sens ou l'esprit, joie, peine, etc., et leur souvenir sont la matière pre­ mière de T < appréhension réelle -. Nous pouvons appeler leurs images respectives aüi/r//e> cl mentales. On remarquera que les images mentales, en règle generale, persistent davantage que les visuelles dans la mémoire. I n enfant qui perd sa mère retiendra jusque dans su vieillesse un vif souvenir du chagrin qu’il eut à la mort de celle-ci, tandis que s'effaceront bientôt les traits de son visage. De plus, par le jeu de ce que Newman appelle la /acuite dr combinaison (imagination créatrice des psychologues), l’esprit peut se fabriquer à lui-même des objets d’appréhen­ sion réelle, en mettant en œuvre ses expériences réelles pour en former de nouvelles combinaisons. C'est celte faculté qui donne au dramaturge, au romancier son pouvoir créateur, qui nous rend capa­ bles de nous faire à nous-mêmes, après avoir entendu lu descriplion de telle personne, de tel endroit, éloi­ gnés dans le temps et l’espace, une idée qui nous rend cette personne, cet endroit, réels, Individuels cl non plus seulement les parties de telle ou telle catégorie. C’est par là (pic Napoléon devient pour nous Napo­ léon. et non pas seulement un des grands conquérants de l'histoire. I.‘assentiment est réel ou notionnel, suis uni que la proposition à laquelle il s’adresse est elle-même réelle ou notionnelle. Cela ne constitue pas une différence dans l’assentiment en Lant que tel; car l’assentiment csl assentiment ou il n’est pas. Mais il y a une différence pratique. L’assentiment réel s’adresse au concret, et le concret met en branle l’imagination et devient ainsi uni excitant â tandis que Tassentiincnt îiotionncl ne Te fail pas, s’adressant à ce qui est abstrait et général. Il est impossible de discuter ici toutes les applica­ tions de cette distinction entre notionnel et réel; il en est une pourtant que l’on ne peut passer sous silence. Supposons un homme qui défend une propo­ sition qu’il appréhende réellement, contre un autre qui n’en a qu’une appréhension notionnelle, le premier ne sera pas long â s’apercevoir que la discussion est inutile, car il ne peut user, ù l’égard de son adversaire, des arguments mêmes qui ont le plus de poids à ses yeux. Le ch. v applique ces distinctions aux idées reli­ gieuses : croyance en Dieu; croyance à la SainteTrinité; croyance à la théologie dogmatique Croyance en Dieu. — (’cite croyance, sans doute, peut comporter un assentiment notionnel, venant à la suite d’inférences et d’actes d’ordre purement intel­ lectuel (par exemple la déduction tirée de l'ordre de Tunivcrs, à laquelle la Grammaire se réfère, p. 72). Mais ne pouvons rions arriver à un assentiment plus profond et plus vif que celui (pii est accordé à ce*· notions intellectuelles? Ne pouvons-nous croire li est impossible de comme si nous voyions? donner en quelques mots une Idée adéquate de la réponse fournie par Newman â ces questions. Ion! ce qu’on peut essayer ici. c’est d'indiquer l'endroit précis où la découvrir, et c’est précisément dans le parallèle qu’il établit de façon détaillée entre la con­ naissance de nos semblables (connaissance qui nous vienl de phénomènes sensoriels) d’une part, et d’autre part I nnage mentale d’un Juge, infiniment clair­ voyant, infiniment Juste, image (pii nous vient de certains phénomènes de la conscience morale : honte, remords, crainte de l’avenir quand nous désobéissons» paix et sécurité quand nous obéissons. Ces senti­ ments sont la réponse aux menaces et aux promesses de la conscience, el réclament comme cause excitante 387 NEWMAN (JOHN-HENRY), LA GRAMMAIRE DE I/ASSENTIMENT 388 puisable de dévotion. Ainsi l’ollice de la Pentecôte, un Être personnel dont la présence même est mani­ le Veni Creator, le Veni, Sancle Spiritus sont inspirés fester par eux. tout comme les phénomènes sensoriels par cette proposition : Le Saint iCsprit est Dieu. · nous font reconnaître la présence de nos semblables. Quant nu mystère qui surgit de In combinaison même Dr plus, l’image mentale ainsi produite d’un Maître de ces propositions séparées, il est l’objet d’une et d'un Juge suprême, sous le regard de qui nous appréhension notionnelle, mais, en tant que mystère, vivons, est parfaitement capable d’être l’objet (dans il peut être médité « avec crainte et vénération, comme le vocabulaire de Newman) d’une appréhension réelle, une vérité exprimant, pour ainsi parler, l’immensité d’un assentiment réel. et l’incompréhensibilité de l’Être suprême. > P. 129. Le but de Newman, dans la Grammaire, n’était Croyance en la théologie dogmatique. — Celle section, pas de prouver l’existence et les attributs de Dieu; s’il entre autres, explique et justifie la fonction de la l’avait voulu faire, nous dit-il. il aurait commencé cn théologie scienti tique. insistant sur ces moyens par lesquels j'ai montré Deuxième partir. Assentiment et inférence. —■ Le que nous saisissons Dieu non seulement comme une sujet principal de cette partie est celui-ci : · Il y a notion, mais comme une réalité» » C'est proprement des assentiments qui sont légitimes, bien qu'ils ne l’argument tiré de la conscience, sous une forme qui soient pas précédés d’une démonstration strictement est particulière & Newman, forme qui. à tort ou à logique. · Les points essentiels sont : la distinction raison, est la plus susceptible d’être critiquée : · (cite entre inférence et assentiment (sur l’importance qu’y crainte, a-t-on dit. qui. cn’dernière analyse, doit se attachait Newman, voir son mémorandum du révéler comme étant la crainte de Dieu, et l'idée corres­ 30 octobre 1870, dans Ward, t. n, p. 278) el l’existence pondante de faveur divine, sont l’une cl l’autre inex­ du sens de l'inférence (illative sense). plicables. si l’on ne présuppose dans l’esprit une u) Distinction entre inférence et assentiment. — La connaissance de Dieu, si rudimentaire soit-elle. » première chose à noter c’est .twait écrire Içs çljassiqüjÿl’^scns iW/mw/dc tôutcelîct la” fol aulémolgnage, tel est l’argument suffisant, quoique implicite, sur lequel se fonde notre certitude. · Gramm., p. 297298. Nous pensons que le lecteur partage la certitude de Newman et admet ses arguments. Mais qu’y a-t-il ici qui puisse être traité de raisonnement verbal? Tout juste ce que nous avons souligné, cet appel à un · sens instinctif » dont l'auteur a confiance que son lecteur le partagera. Mats ce sens instinctif est, après tout, une conclusion. Et quelles sont, et, pou­ vons-nous ajouter, où sont ses prémisses? D'innom­ brables impressions oubliées, jadis reçues plus ou moins passivement de la lecture des œuvres classiques et médiévales, une expérience de la nature humaine 390 (pii est Je produit de rencontres sans nombre, tout cela dicte, d’une façon qui ne saurait être contredite le jugement final : il est impossible que les écrits en question soient sortis des monastères du Moyen \gc. Le lecteur trouvera quantité d’exemples de certitudes analogues dans la Grammaire et dans deux articles de Ward : Explicit and implicit thought, ct Certitude in religious assent, op. cit., t. n. Voir aussi, dans cc dictionnaire, t. vi, col. 210. On remarquera que Newman et Ward empruntent leurs exemples a des certitudes qui ne dérivent pas de démonstrations en forme, à l'histoire, à la litté­ rature, à la vie journalière, etc. Ccd montre bien qu’ils ne traitent pas de la certitude de l'assentiment religieux comme d'une chose sut generis. De plus, cela fait voir de façon parfaitement claire, que par certitude ils entendent la certitude, et non point ce qu’on appelle souvent certitude monde ou pratique, c’est-à-dire une très haute probabilité avec la sûreté qu’elle procure pour l’action. 11 serait a pcinr néces­ saire d’insister sur ce point, car c’était principalement pour défendre le caractère absolu de la certitude cn choses concrètes, la où la démonstration mathéma­ tique est Impraticable, (pie New inan a écrit la Gram· maire. Pourtant des personnes se sont rencontrées, K. IL Hutton par exemple, pour attribuer à Newman les idées mêmes que celui-ci combattait. En faisant le compte rendu de la Grammaire dans le Spectator dont il était le rédacteur en chef. Hutton parle de Newman comme défendant la légitimité d’un complé­ ment de certitude (surplusage of assurance), consé­ cutif à la probabilité morale. Newman réplique dans une longue lettre (inédite) du 28 avril 1870. ou il rejette catégoriquement les vues qu’on lui attribuait : « Ce complément de certitude » (surplusage o/ assu­ rance) est de Locke et non de mol. ct. me semble-t-il, on me le met en bouche, au cours de cet article, d’une manière qui s’interpose entre ma pensée et moi... .Iç_pensc qiic le résultat d^une combinaison de nrpba· bihtS.TT jsÇ unc^”£i’eû vvJrcejje... en tant Tpfclîe est simplement une anticipation... d’une conclusion iné­ vitable. · Il illustre celle anticipation par l’exemple tiré du calcul dillércntiel ct du célèbre femme qui ouvre les Principia de Newton (cf Grammaire, p. 320 sq.). puis il ajoute : « Je n’accepte pas l’idée meme du « complément de certitude et je dis que Ton doit donner son assentiment ou le refuser, et qu’il n’y a pas de milieu. L’article s'exprime comme si j’acceptais l’idée,., alors que Locke la rejetait; en réalité je n’accepte pas du tout celte idée comme représentant un acte de la volonté. » b) Le sens de l'inférence (illative sense). — a. Ce que c'est. Tout le monde connaît, quoi qu’il en soit du mot lui-même, ce que la Grammaire appelle le sens de l’inférence. C’est la faculté dont on use avec pleine confiance, chaque fois que l’on tire une conclu­ sion d’un certain nombre de faits, en faisant confiance A son jugement, au lieu d'attendre de s’être donné pleine satisfaction par un processus formel et explicite de déduction. Le sens de I inférence est tout simple­ ment ce r ychôloglq uc^ de I · pensée humaine, qui reste l’une des plus aigues et cirtamemcnt la plus élégante qui ait été jamais faite «(Aldous Huxley, Proper étudies. Londres, 1927. p xrx ) Le contenu du dernier chapitre ressort sulli•omment des divers titres ct sous-titres Mais il faut attirer l’attention sur quelques passages qui d’une 392 part ont fait l’objet de diverses critiques, cl d’autre part contiennent bien des caractéristiques de la pensée de Newman. a) Caractère personnel de la démonstration newma· nienne. Au début du chapitre, Newman commence par exprimer une idée, qui lui est, dit-il habituelle ·, c’est à savoir que, dans une enquête connue celle oil II s’engage. ■ l’égotisme est la vraie modestie «. Peutêtre est-ce là un spécimen de cet < égoïsme de New­ man. dont on a beaucoup parlé; pourtant, ct tout compte fait, ne semble-t-il pas plus modeste de dire : » il me paraît; c’est mon opinion, » que de déclarer : « Il en est ainsi. Et, pour être moins dictatoriales, ces manières de parier n’en sont-elles pas plus per­ suasives? En tout cas, nous le verrons, l’égotisme a scs avantages; il coupe court à diverses critiques. β) Z.rs preuves de l'existence de Dieu. Prédominance des preuves morales. Par religion, dit Newman, j’entends la connaissance do Dieu, de sa volonté et de nos devoirs envers lui; il y a trois voies principales fournies par la nature pour l'acquisition de cette connaissance : notre propre esprit, la voix de l’huma­ nité et le cours des choses, celui de la nature humaine et des humaines alïaires. » Cf. ApoZ., p. 211 sq. Comment Newman peut-il limiter ces « voies · à l’homme et ignorer la création extérieure? Cette question a été posée non sans quelque véhémence, el comme le questionneur ne trouvait pas de réponse satisfaisante, il a tiré des conclusions peu favorables â la doctrine de Newman. Peut-être l’égotisme · nous rendra-t-il ici quelques services. Ayant clairement avoué qu'il ne parle que de luimême, un homme a le droit de se tenir à ce point de vue el, dans le cas particulier, de parler des appels qui, pour lui, ont été le plus contraignants, de glisser sur ce qui lui a fait une moindre impression, sans vouloir d’ailleurs ériger son cas eu une loi pour les autres esprits. Et puis les mots : » voies principales · (main channels) impliquent qu’il y a aussi d'autres voles : Comme une cause implique une volonté, écrit Newman, un ordre implique un but. L’agent donc qui a maintenu ct maintient les lois générales de la nature, qui est à l’œuvre à la fois dans Sirius et sur la terre, sur la terre dès l’èrc primaire aussi bien qu’au xix· siècle, doit être une Intelligence pure, une Intelligence pour le moins aussi vaste el aussi durable dans sa vivante action que les incommensurables pé­ riodes el les espaces sans limite de Γunivers, où cet agent a laissé scs traces. » Gramm., p. 72. Voilà bien la profession d’une connaissance; mais cette connais­ sance n’est point si directement religieuse, qu elle puisse être considérée comme une de ces voies prin­ cipales. 11 y a eu des philosophies qui étaient mono­ théistes sans être religieuses, ou qui ne l’étaient qu’en puissance, et c’est peut-être la raison pour laquelle Newman traite cet argument par prétérition quand Il sc limite aux < voies principales ». Mais on peut aller un peu plus loin; et il vaut la peine d’y insister, ear cela est d’importance pour la pensée de Newman. Dans les Notes île sermons I (p. 289 sq.), il y a une série de canevas d’inslructions sur le (.redo. La seconde commence ainsi : L Réca­ pitulation.— Notre conscience ct notre histoire per­ sonnelle nous donnent toutes les doctrines capitales sur Dieu, en tant qu'elles nous concernent. Elles sutUsvnt a assurer notre foi en lui quand bien même il n'y aurait pas de monde extérieur... 2, Pour ce qui est de l’argument tiré du monde extérieur, en quoi est-il dangereux aujourd’hui? — Pan qu'il ne nous dit rien du péché. Le monde a été fait avant le péché. (Néanmoins la preuve par le monde extérieur semble bien avoir été développée ici > Les éditeurs des Ser­ mon notes furent eu mesure de fournir un commentaire 393 .NEW MAX (JOlIN-HENBY), L\ GBAMMAIKE DE L'ASSENTIMENT 394 des mots : dangereux aujourd'hui . dans un passage divines, je n’ai pas de scrupule à commencer l'exa­ d’un sermon prêché cn 1832 sur La religion d'aufourmen que je veux faire du christianisme, en déclarant d'hui (Paroch. and plain term., l. i) : flans les Ages que j’ai cn vue ceux-là seulement qui y sont conve­ farouches el barbares, le stratagème de Satan était nablement préparés, ct par préparés » j’entends ceux de faire oublier â l'homme que Dieu est amour · qui sont pénétrés des opinions cl des sentiments reli­ ct d’établir une religion qui fût simplement crainte. gieux dont l’ensemble constitue, à mon avis, la reli­ De nos jours il offre, ct les hommes sont tout disposés gion naturelle. Suit une énumération des opinions à embrasser, la religion plaisante, consolante, naturelle contraires, qui sont discutées avec une impartiale à une époque cultivée. On appuie beaucoup sur les minutie, ct pour conclure : Si je dis ne pas vouloir • œuvres de Dieu » sur la théologie naturelle, et Ton discuter du christianisme avec des personnes qui pense que toute la religion y est contenue; et pour­ partagent ces opinions, je le fais, non pour prétendre tant, cn vérité, il ne peut pas y avoir de plus grande avoir le droit d’être impatient et tranchant avec erreur que de supposer que ces œuvres sont en ellesn’importe qui, mais parce qu’il est souverainement mêmes quelque chose de religieux, au vrai sens du absurde de prouver une seconde proposition à qui mol. La religion est relative à nous, c’est un système n’admet pas la première. » Gramm., p. 115 sq. On a de commandements ct de promesses de Dieu vis-àvoulu voir dans ces simples mois le portrait d’un vis de nous. Que nous importent après tout le soleil, Newman égotislc ct fldéistc, vivant dans sa tour la hme ou les étoiles? Que nous importent les lois de d'ivoire, toutes fenêtres fermées, à l’abri des souilles l’univers? Comment nous enseigneraient-elles notre du dehors, n’acceptant de relation qu'avec ceux qui devoir? Comment parleraient-elles au pécheur?... Il acceptaient ses idées de prédilection, ceux qui ne peut y avoir de plus dangereux stratagème de acceptent ma philosophie du Credo ·. lui a-t-on Lut Satan que celui qui consiste à nous extérioriser, â dire. Mais a quoi bon discuter la ressemblance nous faire oublier nos cœurs, qui nous parlent d’un d'un portrait? Chacun voit les choses si différemment Dieu de justice cl de sainteté, pour fixer exclusive­ du voisin. L’indignation que l'on a manifestée, avec ment notre attention sur le Dieu qui a créé les deux, des points d’exclamation, contre Newman refusant de qui est notre Dieu, sans doute, nf.iis non Dieu en discuter la religion révélée avec ceux qu’il n’a pu tant qu'il se manifeste à nous pécheurs, mais cn tant convaincre de la vérité de la religion naturelle « Que qu’il apparaît a ses anges ct sc manifeste à ses élus. » de gens éliminés sans discussion! Que d’assomptions Les livres de Théologie naturelle auxquels pense ici exigées sans justification cl par manière d’ultima­ Newman ont bien vieilli depuis que le darwinisme tum ! », cette indignation est au moins déconcertante. a fait son apparition, et pour bien des raisons; la Sans discussion? Vingt-quatre pages d’une argu­ moindre ne fut pas le contraste entre l’optimisme de mentation serrée, dans le livre relativement court leur conception de la nature el celle (pie proposait la qu’est le Grammaire, sans compter bien des allusions lutte pour l’existence ». Mais, cn leur temps, ils ont ù ce sujet dans les premier» chapitres, représentent· vraiment agi dans le sens que décrit Newman, en à coup sùr, une discussion cl un sérieux essai de voilant les réalités de la religion. justification. La religion naturelle doit sc présenter tout d’abord Be venons à la défense que fait Newman de sa comme une religion de crainte, car nous désobéissons méthode H commence par citer divers passages de à notre conscience plus souvent que nous ne lui obéis­ Vfithique à Nicomaque pour montrer < qu’une prépa­ sons. Le témoignage de la conscience, accablée du ration spéciale de l’esprit est requise pour chaque poids de scs fautes, est confirmé par ce que nous compartiment séparé d’une enquête ou discus­ voyons autour de nous; car le spectacle de l’hu­ sion (excepté, bien entendu, le cas d’une science maine défaillance cl de l’humaine misère que abstraite ). · Ce principe général est appliqué p.ir présente le monde proclame que nos péchés ont beaucoup de textes scripturaires au cas particulier mis une séparation entre nous cl notre Dieu. » In. de la Heligion révélée. La preparation spéciale à ij.x, 2. (Il est Λ peine besoin de rappeler ici le fameux celle-ci c’est-à-dire les dispositions préliminaire à la passage de (’Apologie, que l’on ne saurait plus oublier foi (ou. comme disent les théologiens, les préambules quand on l’a lu.) Cela est vrai dans presque toutes à la foi), celte préparation n’est autre que l’accepta­ les religions du momie, car partout où une religion tion des vérités de la religion naturelle. Ayant donc a existé dans sa forme populaire, elle a invariable­ déclaré qu’il n’a en vue que ceux dont les esprits sont ment présenté â l’extérieur son coté le plus sombre. com enablement préparés », Newman ne passe pas Elle est fondée d’une manière ou de l’autre sur le sans transition à son sujet. Il veut défendre son exclu­ sens du péché. · Gramni., p. 392. 11 est bien vrai qu’il sivisme de toute apparence de hauteur, aussi donney a aussi des rayons de lumière qui atténuent cette t-il des exemples de ces opinions qui rendent sans tristesse, cl spécialement les bénédictions pério­ espoir toute discussion sur les titres de la religion diques de la vie, la joie produite par les dons de la révélée, par exemple : le mal moral et le mal phy­ terre, les affections domestiques, les relations sociales sique ne sont que des imperfections de même nature »; qui, arrhes du bien futur, suffisent â toucher et à la crainte de Dieu est indigne d’un homme, la dou­ subjuguer meme les plus coupables des hommes cn leur inspirée par le péché est quelque chose de servile et de bas ·; si nous faisons notre devoir dans ce leurs meilleurs moments, en leur rappelant qu’ils ne monde, nous avons pris nos assurances pour l’autre. ■ sont point absolument repoussés par Lui, par ce Newman connaissait son public, il savait qu it Dieu que néanmoins il ne leur est pas donne de n’était rien moins qu’irréligieux de manière avouée connaître. - (iramm., p. 101; avec référence finale À et cynique; il savait aussi que les hommes sont Act., xiv, 16, 17. Il y a d’autres soulagements, ct souvent meilleurs que les principes qu'ils professent, même de plus grands, telle la paix de la conscience, cl qu’ils désavoueraient en somme ces principes s'ils soit toujours conservée, soit retrouvée après avoir été en voyaient réellement la portée. Et le voici qui, perdue, mais ce ne sont que des soulagements, car la flmilement. continue la discussion avec ceux dont il conscience est la grande maîtresse qui enseigne la déclare ne pas vouloir s’occuper.car il leur demande religion naturelle, et dans la condition actuelle de de ne point le regarder comme trop impérieux; il l’humanité, n'ayant point Λ offrir de pardon assuré, continue la discussion car, cn décrivant < les divers c’est bien rarement qu’elle annonce la paix. sentiments intellectuels et moraux qui constituent la γ) La religion naturelle préparation à la religion révélée. Appuyés sur des autorités humaines cl preparation formelle nécessaire, pour entrer dans ce 395 NEW MAX JOHN-HENRY), LA GRAMM \ IRE DE L’ASSENTIMENT 390 qu< l'on appelle les preuves dû christianisme », il tout â fait banal, bans une maison disparaissent de doit revenir sur la religion naturelle, et cette fois petits objets de valeur. Los deux ou trois premières pour insister davantage sur un aspect plus réconfor- ; fois que cela arrive, on peut expliquer cette disparitant de celle-ci. tioii par une négligence ou un oubli do 11 part du 5) L’accumulation des probabilités el la religion propriétaire, et nous sommes encore loin du merus rcnèlèe. — · baissons faire des démonstrations, dit cumulus probabilitatum qui ferait penser â un vol. Newman, â ceux qui en onl le don... Pour moi. il est Mais les disparitions continuent, alors les probabilités plus conforme à mon propre tempérament de tenter ! commencent à convergeret dans une direction unique, une preuve du christianisme de la même manière I el continuent à le faire jusqu’au moment ou la seule non formelle, qui me permet de tenir pour certain que explication possible est celle du vol. Celte manière Je suis venu en ce monde et que j'en sortirai. » L’argu- de raisonner toute simple, toute familière, Newman ment se ramène â · une accumulation de probabilités l’adopte. Il s’arrête à un certain nombre de comcivariées ». Il tient que <à partir de probabilités nous douces frappantes dans l’histoire du peuple juif (y pouvons construire une preuve légitime suffisante c on i p ris Ta[Jrophét i e ) ou du christianisme primitif; pour donner la certitude. » mais tout doucement ces coïncidences deviennent Ce passage célèbre où Newman introduit sa preuve des probabilités convergentes, et d’une convergence historique non tonnelle (in/ornial) de la révélation qui n’admet qu’une seule explication pour ceux qui chrétienne a été si abondamment discuté à l’art. croient à la Providence et. pour ceux qui n’y croient Foi, l. vi, col. 191-198, qu’il ne reste à peu près rien pas. n’en admet aucune. Et pour les faits qu’il met a ajouter, sinon une remarque sur la catégorie de en œuvre, à quelques exceptions près, ils n’ont pas lecteurs auxquels il s’adressait. On peut considérer besoin d’être longuement présentés â ses lecteurs, qui qu’ils représentaient l’Anglais moyen, homme ou sont familiers avec eux autant que lui-même; il leur femme, des hautes et moyennes classes en 1870. Ce demande seulement de remarquer la manière dont il n’étaient pas des rudes à la manières du charbonnier; les combine. mais la plupart étaient des rudes, en cc sens qu'ils Dernière remarque. Le litre meme du livre, bien n’avalent pas de connaissance spéciale de la théologie que Newman ne l’ait jamais expliqué, suffirait à nous ct des sciences auxiliaires, ou encore dans le sens où un renseigner : c’est un Essai el cc mol indique que théologien qui sait son saint Thomas par cœur peut l’auteur regardait son livre, en quelque manière, cire un rudis en matière d’histoire ecclésiastique ou comme une amorce. Bien de plus naturel, car il a de critique biblique. A cc inonde il fallait faire voir dû avoir conscience qu’il ouvrait un champ nouveau qu’il pouvait être assuré de tel fait historique, dont il d’enquête dans la psychologie humaine, et. de toute savait seulement trop bien qu’il était mis en question. nécessité, les résultats d’une première enquête sont Newman déclare qu'il se préoccupe exclusivement incomplets et ont besoin, en Quelques détails, de de ceux qui acceptent les vérités de la religion natu­ rectification. C’est une t&ramnuürtp Lç_scu£ et relle. Peut-être son filet est-il assez large pour ramas­ un i gu e cl çvoj£ <1 ’ u 11 gra nu iui i ri e n"\sT< I c jiremhxja ser aussi les neutres qui seront curieux peut-être de 1 angiuTTclJe qujT la trouve^ eT dcjdqimer les règles voir l’usage qu’il va faire de ses · assomptions » I u£llcs^j)our la jiarler cl récrire poixcçtement ; les ImperTectîoïrCct lâ possibilité de les aîneiuTeF ne le qu’cux-ménies n’acceptent ni ne rejettent, sachant à peine ce qu’ils pensent. Mais il n'est pas indispen­ I regardent pas. C’est exactement de celte manière sable d’aller plus loin que son affirmation, qu’elle que Newman traite la constitution de l’esprit humain. soit ou non à prendre Λ la lettre: au moins elle Ainsi, p. 7 : · Nous ne faisons, dit-il. que suivre notre justifie sa méthode. Et, pour parler maintenant des nature en doutant, en inférant, en donnant notre avantages qu’il avait, n’oublions pas qu’il écrivait assentiment; notre devoir est, non pas de nous abste­ pour un public lisant la Bible, aimant la Bible, nir d’exercer telle ou telle fonction de notre nature, connaissant la Bible comme aucun autre livre, y mais d clf a i re bje n ce _qu IÎcst n ot re jlro 11. » Et. p. 161, ayant puisé une compréhension réelle et non pas il se plaint de cc qiîêTJoclcc^MÏïïrinc une idée de l’esprit notionnelle de ce que signifie le mot de Providence. humain, pour ce qui concerne l’inférence el l’assentlCf. Grarnm., p. 6G-67. Ce public comprendrait, comme 1 ment, qui est théorique et irréelle... Il interroge l’idéal l’on comprend des idées avec lesquelles on vil, ce que qu’il s'est fait de la façon dont l’esprit devrait agir, Newman voulait dire quand il parlait de la bonne au lieu d’interroger la nature humaine telle qu’elle Providence qui veille sur nous, de Dieu qui bénit est dans la réalité. » Et encore, p. 317 : < Ce que j’ai telle façon d'argumenter qu’il lui a plu de mettre à constater, ce sont les lois sous lesquelles je vis. Mon dans l'homme et dans le monde, si nous en usons de j 1 ) re qu ç r _ dy y o i r c s t,_çg 1 il £ d e JarésJ gi ia tip n ajux ToTs la façon qui convient. » Gramm., p. 112. dgZmp^ nature,^"qucUcs Tfifcil^r soient; mii' première I n écrivain qui désire persuader a toutes chances ) désobéissance, c’est d’être impatient de ce que je suis, de réussir, quand il peut se maintenir dans l'horizon de caresser une ambitieuse aspiration vers cc qui ne intellecturi de ses lecteurs. Or. trop souvent, il leur peut être, d’entretenir la méfiance de ma capacité, demande d’exercer leur jugement sur des faits qu’il de désirer changer des lois qui s’identifient avec moileur présente ct devant lesquels ceux-ci, instinctive­ même. Voir aussi, p. 350: Si l'appel aux faits, c’estment, vont sentir leur incapacité, parce que les faits à-dire l’ordinaire action de notre nature intellectuelle, eux-mêmes ou la manière dont ils sont présentés leur « nous amène à déclarer... que la marche de l’inférence sont etrangers. La première chose qu'apprenne un I est toujours plus ou moins obscure, tandis que l’assenhomme sensé, n’est-ce pas à s’appliquer à lui-même liment est toujours distinct ct défini, et pourtant que 1 adage : Cuique in sua arte credendum? S’il est méde­ I ce qui est de sa nature absolu (l'assentiment) suit en cin, il aura difficilement confiance en son jugement fait cc qui, dans sa manifestation extérieure, nous sur des questions difficiles de droit ou de finance; ' apparaît incomplet, indirect cl caché (l’inférence), s’il est juriste ou financier, il aura de la peine à se I que nous reste-t-il à faire, sinon «le prendre les choses hasarder dans le domaine de la médecine. Newman, I comme elles sont et (Mmivrmcnt d*). oil sera donne ressentit I de la bibliographie. I n cadre général excellent est fourni par P. Thurcnu-Dangin. La renaissance catholi­ que en Angleterre. 3 vol., Paris, 1890-1906, dont le t. r, Newman cl h mouvement tTOxford, (ail a Newman une pince considérable. Voir aussi K. Buddcnsicg, J.-H. Newman und sein Anted an der Otfarder Ihu^gting, dans Zeitschrift fur Kirchengejchichle, 1882, t. v, p. 31-90. - Nombreuses bio­ graphies : B. Hutton, Card. Newman, Londrc*, 1892; Ed­ win A. Abbott, The anglican career of card. Newman, 2 vol., Londrc*, 1S97; Lucie Félix-Faurc-Goyau, Newman, sa vie ct scs wurre^. Pari*, 1901: W. Barry, Outline of the life al rard. Newman. Londres, 1901 (trad, franc, par/ A. Clément, Paris, 1905); taidv Charlotte Blcnnrrhn**cl, John-Henry, card. Newman, 1901; \V. Ward, The life of John Henry, card. Newman, 2 sot.· Londres, 1911, capi­ tale, mais inexacte en plusieurs points, ù compléter par les ouvrage* stihants du même auteur : La*t Lectures, Londres, 1' 8; Men and matters, Londres, 1914, Ten personal studies, et par scs biographies du cardinal \V|ninn, d’Aubrey de Vcrc cl de W . G. Ward; Μ. Ιλγο», K ordinal Newman, W lesbadcn, 1921. Point* particulier* : II. Ilemmer, Manning cl Newman cl la quotiun des col/iobqiirs d Oxford, dans Heu. d'hist. cl de lill. religieuses, 1.897, t. n, p. 314-379; P. ThurcauDniigin, Newman catholique d'apres des documents nou­ veaux, Part*, 1912; IL Bremond, Newman, Essai de bio­ graphie psychologique. Pari*. 1906; Ch. Sarolca, Card. Newman and his influence on religious Life and thought, Lxllmbourg, 1908. — Sur Newman homme de lettre* : J. J. Bellly, Newman as a man of letters, New-York. 1925; Bertram Newman, Cardinal Niwman, l. «loye. Théorie dr Newman sur le développement du dogme chrétien (thèse de Ihénl. prot.). Pari*. 1896; birmin (A. Lrl»y), Le développement chrétien d'apri * I· cardinal \cwman, dan* Revue du Clergé français, Vr décembre IS9S, t. xvn, p. 520; G. Grappe. J. IL Newman, essai de psychologie reti gieuse. Pari*. 1902; E. Dlmnet, Quelques aspects du cardinal Nraonon, dans llet». dit Clergé fr., 1** et 13 asril 1903’ t. xxxiv, p. 231-2IX; 137-180, art- reproduit clans La pensée catholique dans Γ Angleterre contemporaine, Paris, 1906; Anonyme, Newman il la connaissante religieuse, dans le Bulletin de lilt. reel, dr Toulouse, juin 1903, compte rendu d’une thèse (non publiée) de M. de la JuHIîèrr, ta» connaissance religieuse chez I? rard. Newman; |_. de Grandmaison, J. II. Newman considère comme /naître, dan· Etude», 1906, t. crx, p. 721-730; 19<>7, t. ex, p. 39-69; du même, ta det^lopj^mrnl du dogme chrétien, dans Revue d'apologétique, 1906, t. si, p. 3-33 (voir surtout, p. 18-33); E. Dimnct, Newman et Tin lettre!natBme, (tins Annales de philosophie chrétienne, 1907, IV* série, L jv, p. 261-293; •149-175; H. Bremond, ta développement du dogme chrétien, Lu psychologie de la foi, La vie chrétienne, 3 sol. Paris, 1905-1906, copieux extraits de Newman* avec dm intro­ duction* et des notn; E. Jan**ms, /«a philosophie et l'apologétique de Pascal, Paris, FJU6 (fait des rapproche­ ment» Intéressants entre l'apologrtique de l*n%caî et celle de Ncss man); E. Baudin. La philosophie de la fat chez Newman, 1906, extrait de la Recite de philosophie, juin ct octobre 1906; Gougnud, le prétendu modernisme de Newman, dan* lev. du Clergé fr., 1908, t. lvb. p. 560. On voit que. durant une dizaine d’annét*, U pcxuee catholique en France s’est Lnten*<*mrnt occupé de New­ man. Cette préoccupation, on ne «aurait le nier est en étroite dépendance du mouvement « moderniste . L’Alle­ magne catholique ne semble pas «’être, ft cette période, beaucoup intéressée, a NrwTnn, elle n’y est venue qu’un peu plu·» tard. Depuis quoqur» années, on • ‘elTorce d*s faire connaître davantage Newman. Voir : Bud. Kastner, Newman, Apologie des Katholizismus, Munich, 1920; E. Przywara. Newman ('Jiristentum. Ein Anfbuu au* tclneti Wcrkcn. 8 fa*c, Fribourg-cn-B.. 1922; *qcholagy ·>/ l-attli. N«w-\..rk, 1 128; I ’ I K, 1680, t. η. p. 1131, n. 3965; Martial de Saint-Jean· Baptiste, Bibliotheca scnplarum carm. cxv., Bordeaux, 1730, p. 302; Fopprn*. Bibliotheca belyica, Bntxcllcs. 1739, I. n. p 899; Cosmr de Villier*. Bibhothecti carmeiitana. Orléans, 1752, t. n, cul. 171; Paquot, M/moirv* pour serine <1 Thistoirr litlèmire des dix-sept promutdes Pays-Bas, Louxnin, 1765-1770. t. vu, p. 235; Biographie nationale de Belgique, t. \, col. 281 ; Barlhtlcmy de Saint-André, Henri .Marie du Saint-Sacrement, Cnllcctio script O. Carm. tjc.. Si voue, 1881, t. u, p. 53; Hurter, Nommdator, 3· édit., t. m, col. 95S. P. Asastase df. Saint-Paul, 399 NICÉE (Ier CONCILE DE) 400 NICÉE II’ CONCILE DE). — I. Ailes. 11. CouEsprit, sans confusion ni séparai ion des hypostases vocation, ill. Membres. IV. Débats. V. Canons, i de i’ineflablc Trinité. Gélase, II, xu, p. 60. Μίαν VI. Conclusion. θεότητα καί την αύτην ουσίαν όμολογητίον πρός I Actes. — La préface de la collection des canons ημών του πατρδς καί του υιού καί του αγίου arabes du concile de Nicée affirme que les actes de cette πνεύματος, ού σύγχυσιν ή διαίρεσιν των της άρρητου assemblée formaient plus de quarante volumes ou j εκείνης καί μακαρίας τριάδος ύποστάσεων κηρυτrouleaux. \fansl, Cone, ampliss. collect., t. n, col.1062. τόντων ημών. Pour rendre plausible l'authenticité Toutefois, en fait de procès-verbaux des séances du de cette profession de foi, Loeschkc fait état du ren­ premier concile général, rien ne nous est parvenu, à seignement donné par Socrates, selon lequel, avant moins qu’on ne considère comme authentiques les , le concile de Nicée, llosius aurait discuté, â Alexan­ fragments contenus dans le Syntagma de Gélase de drie. la question de Γούσία el de Γύπόστασις. So­ Cyzique. Ce dernier écrivit, au temps de la rébellion crates, //. E., Ill, vu, G., t. lxvu, col. 393. Mais, de Basdisquc, contre l’empereur Zénon (176-177). une si llosius à Nlcéc a professé la consubstantialité du Histoire ecclésiastique en trois livres, qui va de l’avè­ Saint-Esprit, comment expliquer le fait que le sym­ nement de (kmstantin au concile de Tyr de 335. bole ne la proclame pas? Pourquoi sainl Athanase télase, é lit. Loeschke-Hclncmann du Corpus de Ber­ n’en dit-il rien dans ses lettres à Sérapion, qui pré­ lin, 1918, prêt., p. 3. La partie narrative de cette cisément traitent cette question? Si llosius a Nicéca nstoirc est une compilation tirée d’Eusèbe, de Butin, professé l’unité de Vousir divine cl la trinilé des le Théodore!. de Socrates, ainsi que d’un certain Jean hypostases, comment expliquer le fait que les anaqui est totalement inconnu. Voir le tableau des thématismes du concile prennent les termes ouu’e et sources de Gélase. édit, cil., p. xxx. Gélase prétend hypostase comme équivalents? Comment expliquer avoir eu â sa disposition dans sa jeunesse un livre la répugnance de tant d’orthodoxes â admettre la qui avait appartenu à Dalmatius, archevêque de théologie des hypostases, quand elle fut enseignée par Lyrique, cl qui contenait < tout ce qui avait été dit, les Cappadociens? L’authenticité de la profession de fait cl enseigné dans la très sainte assemblée de foi d’Uosius, telle que la donne Gélase, nous semble Nicée. » Gélase, préface, p. 2. A l’en croire, Gélase donc inadmissible. aurait fait de copieux extraits < des arguments oppo­ Le Dialogue contient des interrogations posées par sés par les Pères du concile aux blasphèmes des un philosophe nommé Phédon, ct les réponses qui leur ariens;... des objections faites par des philosophes furent données par llosius, Euslalhc d’Antioche, soudoyés par Arius, ainsi que de la réfutation Léonce de Césarée de Cappadoce, Eupsycbius de qu'elles curent à subir;... des enseignements des | Tyane, Eusèbe de Césarée cl Protogène de Sardique. Pères concernant l’unique divinité du Père, du Fils I Gélase, //. E., II, xiv-xxiv, p. 61-101. Protogène el du Saint-Esprit, ainsi que de l’incarnat ion...; enfin j de Sardique y enseigne « une seule divinité de la des divines et apostoliques pensées de l’empereur Sainte Trinité en’ trois hypostases parfaites el Constantin. * Gélase, préface, p. 2. 3. Le deuxième égales . μία Οεότης τής αγίας τριάδας h τρισίν livre du Syntagmi contient un certain nombre de ύποστάσεσιν τελείαις καί ίσαις νοουμένη. Edit. pièces qui semblent bien correspondre à ces extraits Loeschke, p. «6. Les raisons alléguées plus haut du livre de Dilnntius. Ces pièces sont : le discours contre l’authenticité de la profession de foi d’Uosius d’ouverture du concile par Constantin. II. vu; la ' valent aussi contre celle partie du dialogue attribué profession de foi d’Uosius, II. xu; un dialogue entre â Prologène. le philosopho Phédon et différents Pères du concile, Loeschkc croit pouvoir démontrer l’authenticité traitant de la consubstantialité du Fils et du Saintde la partie du dialogue attribuée à Eusèbe de Césarée, Esprit ainsi quo de l’incarnation, II, xiv-xxiv; enfin par la constatation de quelques similitudes d'expres­ $ Il a l poses ou enseignements divers. II. xxxi. j sions avec certains passages d’écrits authentiques Dans un mém >lre intitulé Dis Syntagma des Celad’Eusèbe. Rhein, Mus., I. lxi, p. 68 sq. Il ne voit Hui con Cyzicus, publié dans le Rhelnisches Muséum de difficulté que dans l’explication de Prov., vu, fUr Philologie, t. i.x, p. 591 sq.; t. lxi, p. 31 sq.. 22, attribuée à Eusèbe par Gélase. Tandis que. aussi Loeschkc a essayé de démontrer l'authenticité de bien avant Nlcéc. dans la Démonstration, qu’après ces pièces, le livre de Dalmatius n'étant selon lui Nicée. par exemple dans le Traité contre Marcel, que la collection des actes ou procès-verbaux du Eusèbe explique ce verset des Proverbes comme visant concile de Nicée. le Logos divin, dans le dialogue, Il l’interprète de la Dans le Discours d'ouoerlure donné par Gélase, raison humaine préexistante. Gélase, p. 71. Selon < Constantin glorifie l’Églisc, le Christ et ses miracles; Loeschkc, la divergence s’expliquerait parce qu’avant il iliaque le paganisme et l’idolâtrie, exhorte à la Nicée Eusèbe enseignait (pie les écrivains sacrés concorde et invite les membres du concile à chercher avaient employé indistinctement κτίζε’.υ el γένναν, la solution des points en litige dans les écrits inspirés, par exemple, Dcmonslr. evang., X, i ; mais qu’au concile, iélase, //. E., p. 16-53. Loeschkc n’a pas de peine â pareille naïveté n'était plus de mise. Rheinisches lémontrér que ce discours correspond bien a la m vit­ Museum, t. lxi, p. 73. El cependant, longtemps alité de Constantin. Rhtinisches Museum, t. lxi, après Nicée, dans le deuxième discours contre les p 57 sq. Toutefois, il est à remarquer que le discours ariens, c. m. Athanase enseigne encore la même d'ouverture donné par Eusèbe. Vita Constantini, III, , naïveté », en écrivant : Les saints, à propos du xu. ne contient que l’exhortation ή la concorde. Voir Verbe, au lieu «le : Pa engendré emploient aussi : Va roi. 103 Théodorct a bien lu la dernière phrase du /ail Le mot est indifférent, pourvu que la nature soit discours rapporté par Gélase, c’est-à-dire l'invitation reconnue. » P. G., I. xxvi, col. 152. Dans le dialogue, faite aux Pères de chercher la solution des points Eusèbe conclut, de Gen.,i.26, ά la consubstantialité controversée dans les écrits inspirés; mais, dans son et à l’homolimic du Fils et du Saint-Esprit. Gf. compte rendu il ne fait parler l’empereur que «le la Loeschke, op. cil., p. 82. Conçoit-on qu'Athanasc. qui concorde. Tné>dnrct, //. E., L vu, éd. Parmentier par deux fois dans le De decretis Mcirnw synodi, et du Corpus de Berlin, p. 32. L’authenticité du dis­ dans VEpist. ad Λ /ros, est si heureux de rappeler que cours donné par Gélase nous semble donc douteuse I finalement Eusèbe a accepté i aurait du fait de cet divergences passé sous silence l’intervcnlion d’Eusèbe. en plein L.i Profession de foi d Hosius enseigne l'unique concile, pour l’homoouslc et l’homolimic du Fils el divinité, 1 unique ούσίχ du Père, du Fils ct «lu Saint- I du Saint-Esprit? 001 NICEE (Ier CONCI LE DE) Dans le dialogue, Gélase fait dire n Eusèbe la phrase suivante : άνθρωπο; καί θεός ύ αυτός, είς γάρ ές άμφοϊν Χριστός, νοούμενης καί γνωριζόμενης τη; διαφοράς των ουσιών, της τε Οεότητος αυτού και της σαρκός. Θεός >,ν και εστι, γεγονεν άνθρωπος διά την οικονομίαν. · Le meme est Dieu et homme, car le Christ est un de deux, la différence des substances de la divinité cl de la chair étant conçue et reconnue; il était el il est Dieu; il est devenu homme par l’écono­ mie. » Loeschkc reconnaît que cette phrase n’a pu être prononcée à Nicée; aussi il s’en débarrasse cavalière­ ment en la déclarant interpolée. Cette phrase est sûre­ ment de Gélase. Loeschkc oublie que le Syntagma a été composé précisément pour démontrer que les Pères de Nicée n’avaient pas pensé comme Eutychès. Gélase, préface, p. 3. Sur la fin de sa vie. Loeschkc n’était plus si affirmatif quant à l’authenticité des pièces tirées du livre de Dalmatius »; elle ne lui semblait plus être que probable. Préface de l’édi-c lion de Gélase, p. xxix. A notre avis, elle est fort Improbable* pour ne pas dire inadmissible. Le < Discours à rassemblée des saints », attribue à Constantin, s’il est authentique, est antérieur au concile de Nicée. Voir sur celle question, Heike! dans Eusebius IVerAe, 1.1, p. xci cl sq.; Pflalisch. Die Itede Constantins an die Venammlung der Hciligen, dans Dôlgcr, Constantin der Grosse und seine Zeil, 1913, p. 96 sq. Les documents de Gélase étant éli­ minés, nous n’avons en fait de pièces authentiques, émanant du concile de Nicée, que le symbole, la syno­ dale ct les vingt canons. Quant â savoir si le concile de Nicée a fait rédiger des procès-verbaux de scs séances, la question est, a notre avis, Insoluble. Ceux qui sont pour l’affirmative, connue Loeschkc dans le mémoire précité, ct Wikcnhauscr, Zur Fraye nach der Existent non nizânischcn Synodalprotokollen, dans Dolger. op. cil., p. 122-1 12. ne se basent que sur le fait que certains conciles, avant cl après celui de Nicée, ont rédigé des procès-verbaux. Mais si cc fut le cas aussi pour le concile de Nicée, comment expliquer le fait que, dans les nombreux écrits de controverse suscités par ce concile, aucune trace de procès-verbaux ne sc soit conservée? \ défaut de procès-verbaux, nous sommes rensei­ gnés sur la suite des événements, d’une part, par des témoins oculaires (Alhanasc, Eusèbe) de l’autre part, les historiens postérieurs, Rufin, Philostorge. So­ crates, S’izomènc. Théodorct. Leurs témoignages seront apportés à lu place convenable. IL Convocation du concile. — Le concile de Nicée fut convoqué pour régler la controverse dogma­ tique soulevée par Arius, pour apaiser le schisme égyptien fomenté par Mélèce. et enfin pour unifier la date de la célébration (te la fêle de Pâques. Cf. Eusèbe. Vita Constantini, III. îv cl v, édit. Heike) du Corpus de Berlin, p. 78, 79. Pour ce qui concerne les débuts de la controverse arienne et son développement antérieur au concile, voir Anius cl \iuamsme, t. i, col. 1779 sq. Si l’on en croit Philostorge, l’idée de la convocation d’un concile, réunissant les évêques de tous les pays, aurait été suggéré? à Constantin par Alexandre d’Alexan­ drie. accouru h Nicomédie avec Hosius de Cordoue, après la mission de ce dernier à Alexandrie à l’au­ tomne 321. Cf. Philostorge, i. 7a, édit. Bidez, p. 8. Constantin accepta celle idée et imita les évêques ù se réunir Λ Nicée en Bithynie. Le fait de la convoca­ tion du concile par l’empereur ne peut être mis en doute. Le concile lui-même dans sa lettre synodale aux Églises d’Alexandrie. d’Égypte de Lybie el de la Pentapole, «Ί-dcssous. col 115, se dit convoqué par la grâce de Dieu et par le Irès pieux empereur Cons­ tantin, rrtz τού Θεού χάριτος καί τού ΟεοφΟχστχτου ÎO2 Βασιλέως συναγαγόντος ημάς. Théodore!, //. /λ, I, ιχ, édit. Parmentier, p. 38, D’après Eusèbe, Vita Constantini, III, vi, ρ. 79. Constantin envoya aux évê­ ques de tous lieux des lettre* de convocation pleines de déférence. Le même témoignage est found par Socrates, //. E., L v, /< G., I. lxvii, col. 61 ; Sozomène, //. E., 1, xvn, P. G., t.LXvn, col. 912; Théo­ dorct, //. E., I, vu, p. 30; Gélase de Cyzique. H.E., préface, p. 1-2. Rufin, dans sa continuation de r//hb» re d’Eusèbe, 1, i, P. Z.., t. xxi, col. 467, rapporte que Constantin convoqua le concile ex sacerdotum sententia, sur le conseil d’évèques. Cc renseignement de Bu lin semble bien corroborer le témoignage de Philostorge cité plus haut, que l’idée d’un concile général fut suggéré â Constantin par Alexandre d’Alexandrie cl llosius de Cordoue, accourus a Nicomédicùla lin de l'année 421. et par leur entourage, il ne semble donc pas que le pape Sylvestre ail été onsulté. Quoi qu’il en soit, le pape ratifia la convo­ cation impériale, en se faisant représenter a Nicée par deux envoyés. Les témoignages qui ont été allégués pour établir une convocation de notre con­ cile par le pape ou une autorisation donnée par le pape à la convocation impériale, sont ou de mau­ vais aloi, comme la biographie de Sylvestre dans le Liber pontificalis, ou trop tardifs, comme celui du VI· concile général, pour pouvoir infirmer les affirmat ions du concile lui-même cl celles de ses contemporains. Cf. Funk, Die fieru/uny der (rkumenischen Sgnoden des Altertums, dans Kirchengeschichlliche Abhandlungen, t i, p. 57-58. Comme il l’avait déjà fait pour le concile d’Arles en 311. Cons­ tantin mil la poste publique à la disposition des évêques sc rendant a Nlcéc. cl il les défraya de toutes dépenses pendant la durée du concile. Eusèbe, Vita Constantini, ill, vi, p. 79. HL Les membres du concile. — A en croire Eusèbe, tous les évêques furent convoqués au concile, σπεύδειν άπανταχόθεν τούς έπισκόπους.., προσκα­ λούμενος. Vita Constantini, III, vi. p. 75. Il s’en faut toutefois que tous soient venus. Scion Eusl; die d’Antioche, le nombre des membres du concile fut d’environ 270. Cf. Théodorct, /Z. E., I. vin, p. 31. Eusèbe en compte 250, Vita Const., Ill, xtii, p. 80. Dans sa lettre aux Alexandrins, Constantin parle de plus de 300 évêques qui assistèrent au concile. So­ crates, //. E., 1, ix. P. G., t. lxvii, col. 85. De même, Athanase dans ΓHistoria arianorum ad mona­ chos, c. lxvi, P. G., t. XXV, col. 772. Dans sa lettre Ad A/ros, c. n, P. G., t. xxvî, col. 1031. Athanase précise (pie 318 évêques prirent part nu concile. C’est cc chiffre qui fut reçu dans la suite. 11 est possible qu’il ait été suggéré par Gcn., xiv, 1 1. qui parie de* 318 serviteurs d’Abraham qui délivrèrent Loth. Il existe une liste des signataires du symbole de Nicée classés par provinces. Gclzcr-Hilgcnfeld-Cunlz ont publié un essai de reconstruction critique de celle lisle. Patrum Mca norum nomina, Leipzig. 1898. Le texte reconstitué contient les noms de 220 évê­ ques : 116 d’Asie Mineure el d’Arménie; 19 de Lybie el d’Égypte; 19 de Palestine; 19 de Syrie: 10 de Phénicie; 5 de Mésopotamie; 6 de la province romaine d’Arabic; f des fies de ΓArchipel; I de Thrace; 2 de Macédoine; 2 de Thossalie; 3 d’Achafe. 2 des provinces danubiennes; I de Pannonie; 1 évêque got h; 1 évêque scythe. L’Afrique est représentée par Cécilivn de Carthage; l’Espagne, par Hosius; la Gaule, par l’évê­ que de Die; ΓItalie par les deux envoyés romains cl par un évêque de Calabre. Eusèbe mentionne aussi un évêque persan. Vita Const., HI. vm, p. Si». Le nom de saint Nicolas de Myrc ne se trouve pas dans la liste susdite. Tous les pays renfermant des chrétiens furent 403 N’ICÊE (Ier CONCILE donc représentés à Niece. peut-être même ceux qui cillent sîliiês en dehors des frontières de l’empire romain; mois les évêques d’Asie Mineure, de Syrie, de PalcUinc et d’Égypte formaient la grande majo­ rité Eusèbe rapporte que, parmi les évêques présents i Xicée. les uns étaient célèbres par leur sagesse, les autres par l'austérité de leur vie el leur patience, d’autres par leur modestie. Vita ConsL·, llf, ix. p. 81. Eusèbc lui-même, Eustathe d’Antioche, Marcel d’Aneyre, Alexandre d’Alexandrie étaient connus pour leur science théologique: Léonce de Cesarée de Cappa­ doce, Jacques de Nisibe étaient renommés pour leur sainteté et passaient pour thaumaturges; Paul de Néocésarée de Syrie, Amphion d’Épiphanie, les Égyp­ tiens Paphnucc cl Potamion avaient contesté la foi lors des dernières persécutions. Selon Philostorge, L 8a. p. 9, parmi les évêques présents à Nlcéc, 22 étaient partisans d’Arius, tandis qu'Hoslus et Alexan­ dre d’Alexandrie étaient bien décidés à enlever la condamnation de l’hérésiarque, /«/., 9 stance (que le Père), ou que le FU· de Dieu a été créé, qu’il n’est pas immuable, mais soumis au changement, l’Église ca­ tholique les anathematise. Il est à remarquer que dans l'analheinatismc final les termes ουσία et ύπόστασις sont équivalents. Le symbole d’Eusèbe s’applique a n'employer autant que possible que des tenues scripturaires, celui de Nlcéc est plus net et plus précis; il remplace le vocable Logos de Dieu, par celui de Fils de Dieu: il précise le terme seul engendré de Dieu, par l'addi­ tion c'est-à-dire de la substance du Pire; il explique engendre par non créé; il introduit le terme consubstantiel, όμοούσιος; enfin, dans les anathématlsmes, il condamne formellement les principaux points de doc­ trine d’Arius. Dans le De decretis Niariur synodi, At ha nase nou* donne la raison de ccs précisions. Le concile ne s’est pas contenté de dire que le Fils est de Dieu, il a précisé qu'il est de la substance du Père pour mon­ trer ([if « il n’y a rien de commun entre le Fils el les créatures; que tout a été créé, mais que le Fils seul est de Dieu. S’il s’était contenté de dire que le Fils est de Dieu, les partisan* d’Arius n'auraient pas manqué de sc servir du texte de saint Paul, (oui est de Dieu. I Cor., vin, 9; II Cor., v, 17. 18, pour ravaler le Fils au rang des créatures. De decretis, P. G., t. x.w, col. 448 sq. A l’exemple d’Eusèbe. le concile voulait aussi pré­ ciser la doctrine sur le Fils de Dieu en se servant de termes scripturaires, comme vertu de Dieu, éternelle image du Pire, parfaitement semblable un Pire, immua­ ble et vrai Dieu. Mais, comme les partisans d’Arius n’auraient pas manque de faire observer que ces expressions n’alkdent pas contre leur doctrine, puis­ que dans saint Paul, l’homme est appelé image de Dieu, splendeur et vertu de Dieu. I Cor., ni, 7: les sauterelles cllcs-inémcs étant qualifiées par le pro­ phète Joël de vertu de Dieu, Joël n, 25; le tenue immuable étant lui-même applicable à l'homme, puisque saint Paul écrit que rien ne peut nous sepa­ rer de la vertu de Dieu. Horn., vin, 35; pour couper court a toutes ces arguties, le concile introduisit dans le symbole le terme consubstantiel. Atbanasc nous donne la signification de ce terme : Les évêques ont écrit que le Fils est consubst intiel au Père, pour montrer qu’il est non seulement sem­ blable, mais le meme par la similitude qui provient de sa génération par le Père, ταύτόν τή ύμοιώσεί έκ τού πατρός, cl pour montrer que la similitude el limmutatilité du Fils est différente de l’imitation de Dieu, que nous pouvons réaliser parla vertu et l'obser­ vation des commandements. Car, sous le rapport corporel, deux choses peuvent sc ressembler, sans être l une dan* l’autre cl tout en étant séparée* par un long espace, comme il en est des enfants et de leurs parents...; il n’en est pas ainsi des rapports du Père el du Fils. Le I ils n’est pas seulement semblable au Père: il est encore inséparable de la substance du Père. Lui cl le Père sont un. comme II le dit luimême, el toujours le Père est dan* le \ erbe comme le Verbe dans le Père; c’est absolument le même rap- 407 MCÉE (Ier CONCILE p »rt que celui du rayon à la lumière d’où il sort; voila ce que veut dire le mot όμοούσιος. » Dc decretis, P. G.» t. xxv, col. 152. Le tenue consubstantiel signi­ fie donc que, p ir suite dc sa génération, le Fils est le même que le Père; le Père et le Fils sont un parce que le Verbe est inséparable de la substance du Père et que le Père et le Fils se compénètrcnt mutuelle­ ment. Exprimé en langage moderne, le sens du tenue consubstantiel est donc : identité numérique dc la substance divine, égalité des personnes qui sont Insé­ parables l’une dc l’autre. Le terme consubstantiel ne passa pas sans opposi­ tion. Dans sa lettre précitée, Eusèbc affirme qu’il n’a admis ce tenue qu’après s’être fait démontrer qu’il n’impliquait ni division, ni conception maté­ rielle dans la nature divine: et il ajoute qu’on allégua les noms dc célèbres évêques et écrivains qui s’étaient servi dc ce tenue pour l’explication de la divinité du Père et du Fils. Eusèbc, dans Socrates. //. L’., P. G„ t. lxvii, col. 76. Saint Athanase rappelle que i’néognoste, Denys dc Home et Denys d'Alexandrie étaient dc ces partisans du terme consubstantiel. De decretis, col. 160. Athanase, Hist, arianorum, 12, /’.G., t. xxv.col. 711. et Philostorge, I, 9η, ουτο; μχνέτω έν τώ κλήροι* εΐ δέ τις υγιαίνω^ εαυτόν έξέτεμΓ), τούτον καί τώ ζλήρω έςεταζόμχ*/ον πεπαύσΟαι προσήκει, καί έκ του δεύρο μηδένα των I. SI quelqu'un n été mu­ tilé par les médecins durant une maladie, ou bien par les barbare-, qu'il reste dans le clergé; mais si quelqu’un étant en bonne santé s'est mutilé hiî-mème, qu’on l'ex­ clue du clergé dont il fait partie « t a l'avenir on ne devra pas ordonner celui qui 40ί) τοιούτων χρήναι προάγεσΟχι. ώσπερ δέ τούτο πρό­ δηλο/, ότι περί των έπιτηδευόντων τό πράγμα καί τολμώντων εαυτούς έκτέμνείν είρηται. ούτως εί τινες ύπό βαρβάρων ή δεσποτών ζ'μ // W)rt peu dc temps; il est juste qu’ù l’avenir on n'agisse plus ainsi, car il faut du temps au catéchumène (en vue du baptême) et après le bap­ tême une plus longue épreuve (en vue des ordres). JJ le est sage la parole de ΓApôtre disant ( I Ί un , in. G) ipé/r, donnée dans Hefele Leclercq, est donc Inexacte· Cc canon ne s'occupe pas du mariage des prêtre*; niais i) montre qu'au iv siècle, le célibat ecclésial* tique était fréquent. Voir AgaMites, t. r, col. 557; f .iÎLtiiAT m s ci i m s, 1.1. col. 2068: et Hefele-Leclercq, t. î, p. 538. •I. L'évêque doit être ête δ' ‘Επίσκοπον προσήκει μάλιστα 'sr.o πάντων bli par tous ceux (1rs évé των bi τη επαρχία καθίσ­ ques) de l'éparchie (pro­ si unr nécessité ταμαι, εί δέ δυσχερές zrrt vince); urgente, ou In longueur du το τοιούτο, rt διά κατεπεί- chemin s*y oppose, trois γσυσο'/ ά'/ά;'κην ή διά (évêques) au moins doivent μήκος όδού, έξάπαντος le réunir et procéder h la τρεις έπί τό αυτό συναγο- chrirotonic (sacre), munis de μτ/ους, συμ·ψήφωυ γι*Λ- la permission écrite des ab­ μένων καί των άχόντων sents. Lu confirmation dr ce qui s'est fait revient dc droit καί συντιθέμενων διά γραμ­ dans chaque rparchie, nu μάτων, τότε τήυ χειροτο- métropolitain. νίαν ποιείσΟαι, τό δέ κύρος τών γΐ'/ομένων διδόσΟαι καΟ’έκάστην επαρχίαν τώ μητροπολίτη. 1/évêque doit donc être installé par tous les évêques de lu province cccl&iasUque, laquelle, en rc temps-b était la même que b province civile. Si tous ne peu­ vent venir, trois au moins sont nécessaires pourl irnp< sition des mains avec le consentement des autres donné par écrit. La conflnnation appartient au métn jmlitain, ce qui signifie que contre la volonté de ce dernier, personne ne peut devenir évêque. Cf. llefelcLcclercq, t. t, p. 510. Voir Élection dis ixêçvi', t. vi. col. 2256: t v. col. 1682: Consécration des Ùvêqui s, t. v, col. 1684. 5. Pour ce qui est des c 1 Ιερί των άκοινιανήτων γενομένων είτε των έν τώ excommuniés clercs ou laï­ κ/.ήρω είτε έν λαικω τάγ­ ques, la sentence portée par les évêques de chaque pro­ μα τι, ύπο τών καΟ’έκάστην vince doit avoir force de loi. επαρχίαν έπισκόπων κρα­ conformément ù la règle τείτο ή γνώμη κατά τόν prescrivant que : Celui qui :♦ κανόνα τόν διβγορεΰοντα, été excommunié par l’un τούς ύφ έτέρων άπυβληΟέν- ne νόδω, ζάν ανάξιοι ήσαν φιλανθρωπίας. 11. Quant Λ ceux qui ont faibli pendant la persécution de Licinius, sans y être poussés par la nécessité ou par la confiscation de leurs hi« ns ou pur un danger quel­ conque, le concile décide qu'on l< s Imitera avec ména­ gement, quoique, A la sérltê, f|er ils nr *’cn soient pas montrés digne*, (.eux «l’entre eux qui sont véritablement repen­ tant* et «pii sont déjà bap­ tisée, doivent faire pénitence pendant trois ans avec le» άποπεσούνται, δύο δέ Ετη audientes et sept ans avec les χωρίς προσφοράς κοινώνή- substrati; ils pourront pen­ σουσιν τω λαω των προσ­ dant 1rs deux année* suivan­ te s assister avec le peuple ευχών. au saint sacrifice, mai* *an* prendre part A I’nffrande. όμως χρηστεύσασΟαι εις αύτούς. όσοι ούν γνησίως μεταμέλονται, τρία έτη έν άκροωμένοις ποιήσουσιν 590. Pour les degrés de lu pénitence, consulter l’article P£\iti:nck. ιβ* Οί δέ προσκληΟίντες μέν ύπό τής χάριτος καί τήν πρώτην ορμήν ένδειςάμενοι, καί άποΟίμενοι τάς ζώνας, μετά δέ ταύτα έπί τον οίκειον εμετόν άναδραμόντες ώς κύνες, ώς τινάς καί αργύρια προίεσΟαι, καί βενεφικίοις κατόρθωσα·, το άναστρατεύσασΟαι· ούτοι δέκα £τη ύποπιτττίτωσαν μετά τόν τής τριετούε άκροάσεως χρόνον. ' Εφ* άπασιν δέ τούτοις προσήκει έςετάζειτ τήν προαίρεσιν. καί το είδος τής μετάνοιας, "Οσοι μεν γάρ καί φόόω καί δάκρυσι καί υπομονή 12. Ceux qui, appelés par la grace ont «l’abord pro­ clamé leur foi abandonnant le ceinturon, mai* qui en­ suite, semblable* A dr* chien* retournant A leur* vomisse­ ment*. vont jusqu’A donner de l’argent rt de* présent* pour être réintégrés dan* le service public, ccux-lA devront rester trois an* parmi le* audientrx et dix an* parmi le* substrati. Mai* pour ce* pénitent*, il faut avoir soin «l’étudier leurs *cntinicnt* cl leur genre de contrition. I£n effet, ceux d’entre eux qui, ax'cc crainte, larmes, patience rt bonne* œuvre*. montrent ainsi par des fait* la sincérité d’un retour réel, après avoir ac­ compli le temp* do leur pénitence parmi le* andfentes pourront être admis avec ceux «pii prient, et il dépend même tic l’évêque de le* traiter avec encore plus d’indulgence. Quant A ceux qui supportent avec indiffé­ rence (leur exclusion de l’église) et qui pensent que cette pénitence est suffisante pour expier leurs fautes» ceux-là seront tenu* A faire tout le temps prescrit. στροφήν ίργφ καί ού σχήματι έπιδείκνυνται, ουτοι πληρώσαντες τόν χρόνον τον ώρισμένον της άκροάσεως, εικότως των ευχών κοινωνησουσι, μετά τού έςεϊναι τω έπισκόπω, καί φιλανΟρωπύτερόν τι περί αύτών βουλεύσασΟαι. "Ο­ σοι δέ άδιαφόρως ήνεγκαν, καί το σχήμα τού [μή| είσΐέναι εις τήν εκκλησίαν άρ κειν αύτοίς ήγήσαντο πρύς τήν επιστροφήν έξάπαντος πληρούτωσαν τον χρόνον. I icicle. ρ. 591, prétend que ce conon vise cxcluslveinent le* chrétiens qui ont repris du service sou* le règne du persécuteur Licinius. Cette opinion nous semble erronée; le canon paraît bien viser tou* les chrétiens qui reprennent le service militaire. Voir sur cette difficile question île l’altitude de l’Église par rapport au service militaire. Ifnrnack, Mililta Chnsh, TubliiL’tie, 1905, et l'article Setivici μπιτλιηι . ιγ' I Ιερί δέ των έΞοδευόν13. On doit continuer A των ό παλαιός καί κανονι­ observer A l’égard des mou­ κός νόμος φυλαχθήσεταικαί rant* l’ancienne règle de νύν, ώστε, εί τις έξοδεύοι, l’Église, qui défend de priver du dernier et du nécessaire καιοτάτου εφοδίου μ ή άπο- viatique celui qui est prè? de στερεΐσΟαι. εί δέ άπο- lit mort. S’il ne meurt pu* γνωσΟείς καί κοινωνίας après qu’on l’a pardonné et πάλιν τυχών, πάλιν S τοΐς qu’on l’a admis Λ la com­ ζώσιν έεετασΟή, μετά τών munion, il doit être placé κοί'/ωνούντων της εύχής parmi ceux qui ne parti­ μόνης έστω. Καθόλου δέ cipent qu’à la prière. Pc καί περί πατητός ούτινοσ- même l’évêque doit donner ούν έςοδεύοντος, αίτού- l’eucharistie après l’enquête ντος τού μετασχεϊν εύχα- nécessaire A celui qui, au lit ριστίας, 6 έπίσκοπος μετά de mort, demande A la rece­ voir. δοκιμασίας έπιδότω. DE) 1 I. Le saint cl grand con­ ιδ'ΠερΙ των κατηχουμέ­ νων καί παραπεσόντων cile ordonne que let catéchu­ mène* qui ont failli soient συ·?όδω, ώστε τριών ετών seulement aihlirnlrt pendant αύτούς άκροωτιέ'/ους μό*χ>ν, trois ans;Ils pourront ensuite μετά ταύτα εύχεσΟαι μετά prier avec lc*autrcx cat échumènes. Cf. Heielc-lx’clcrcq, ρ. 590. 15. Ix·* trouble* nombreux te’Διά τόνπολύν τάραχον καί τάς στάσεις τάς γι·/ο- rt le* divisions ont fait trou­ μένας έδοξε παντάπασι ver bon d'abolir la coutume περιαιρεΟήναι την σ»νή- qui, contrairement A In règle, s’est établie dans certain* εύρεΟεΐσαν l·/ τισι μέρεσιν, pa>rs, c’cst-A-dire de détendre ώστε άπό πόλεως εις πόλιν aux évêques, aux prêtres et μ ή μεταβαίνειν μήτε έπί- aux diacres de passer d’une ville dans une autre. Si quel­ qu’un osait agir contre la présente ordonnance ri sui­ μεγάλης συνόδου όρον τοι- vre l’ancien errrment. In translation serait frappée de nullité, et il devrait revenir dan* l’Église poor laquelle il ματι τοιουτω, avait été ordonné evéque ou σκεύασμα, καί άποκατα- prêtre. σΟήσεται τή εκκλησία, ή ο επίσκοπος ή ό πρεσβύτερος εχειροτονήΟη. Cf. I lefelc-Lcclercq, ρ. 603. ’( )σοι μήτε πτό ο φθ αλμών έχοντε ς, τον εκκλησιαστικόν κανόνα είδότες, άναχωρήσουσι τής εκκλησίας, πρεσβύτεροι ή διάκονοι ή δλως b/ τω κανόνι έςετάζόμενοι, ούτοι ούδαμώς δεκτοί όφείλουσιν είναι έν έτέρα εκκλησία, αλλά πάσαν αύτοΐς ανάγκην έπάγεσΟαι χρή άναστρέφειν εις τάς εαυτών παροικίας , ή έπιμένοντας άκοινωνήτους είναι προσήκει. Εί δέ καί καί χειροτονήσαι bj τή αώ­ του εκκλησία, μή συγκατατιΟεμένου τού ίδίου επι­ σκόπου, ού άντχώρησχν ό έν τώ κανόνι εξεταζόμε­ νος, άκυρος έσται ή χειρο- κανόνι έξεταζόμενοι τήν πλεονεξίαν καί τήν αίσχροκερδίαν διώκοντες έπελάΟοντο τού θείου γράμματος λέγοντυς· Ία άργύριον αύτού ούκ {δωκεν επί τό­ κο», καί δανείζοντες ίκατοστάς άπαιτούσιν, έδικαίωσεν ή αγία καί μεγάλη σύνοδος» ως» εί τις εύρεΟείη μετά τόν όρον τούτον τό­ κους λαμοάνων εκ μετα­ χειρίσεις ή άλλως μετερχόμενος το πράγμα ή ήμιο- It». Les prêtres, le* dia­ cres, ou en général les clerc* qui, par légèreté, rt n’ayan plu* sous les yeux la crainte de Dieu, abandonnent, au mépris des loi* ecclésias­ tiques, leur église. ne doivent, en aucune façon, être reçus dans une autre; ou doit les forcer dr toutes manières A revenir dan* leur diocèse, et s’ils s’y refusent, on Λά μηδέ καΟησΟαι b/ ιχέσω των πρεσβυτέρων έξέστω τοίς διαζό’/οις. παρά κανόνα γχρ καί παρά τάξιν έστι το γι·ρόμενσν Λ .ζ μ Οέλ ειθαρ/cîv και μετά concile que, dans certains endroits cl dans certaines villes, des diacres distri­ buaient l'eucharistie aux prêtres, quoiqu'il soit con­ traire aux canons ct à la coutume de faire distribuer le corps du Christ à ceux qui offrent le sacrifice par ceux qui ne peuvent l’offrir; le concile a appris également que quelques diacres rece­ vaient l'eucharistie, même avant des évêques. Tout cela doit cesser; les diacres doi­ vent se tenir dans les limites de leurs attributions, se sou­ venir qu'ils .sont les servi­ teurs des évêques, et ne viennentqu’uprèslcs prêtres. Ils ne doivent recevoir la communion qu’aprés les prêtres, ainsi que l’ordre l’exige, que ce soit un eveque ou un prêtre qui la leur ; προσηζει. ωσαύτως de même a l’égard des diaco­ nesses, cl en général la pré­ δ: ζαί περί των διακονίσ­ sente ordonnance sera ob­ σων. καί ό/ζας περί των servée pour tons ceux qui έ*? τώ ζανό'Λ εξεταζόμενων sont sur le tableau de l’Églisc. Nous rappelons aux diaco­ ύ αύτύς τ>πος nesses qui sont dans cette Οήσεται. ’ Ε τώ situai ion qu’elles n’ont pas δεχζονςσσών etc ordonnées, et qu'elle* doivent être simplement, χειροθεσίαν comptées panni les Iniques. εσΟαι. Cf. Hc fêle-Leclercq, p. 015, Cc canon règle la rccon- DE) 41 G dilation des pnrlisnns de Paul de Süinosatc. Voir l’article Paul de Samosate. κ'Επειδή τινέςείσιυέυ τη κυριακή γόνυ κλίνοντες καί bj ταΐς της πε'/τηκοστης ήμέραις, ύπέρ του πάντα b/ παροικία φυλάτ- 2<». Comme quelque*-uni plient le genou le dimanche cl ntix Jours «le In Pentecôte, le saint concile n décidé que· pour observer une régie uni­ forme, tous devraient adres­ αγία συνόδω τάς εύχάς ser leurs prières Λ Dieu en restant debout. άποδιδόναι τώ• Οεώ. · Cf. I lefele Lcelereq. p. 619. Les jours de hi Pen­ tecôte dont il est ici question doivent s’entendre des cinquante jours qui suivent ht fêle de Pâques. VI Conclusion. — Parvenu à la lui de scs tra­ vaux, le concile a dû faire connaître, au moins aux principales Églises, ce qu’il avait réalisé. Drees lettres synodales, une seule, celle adressée aux Églises d’Égypte, de Lybie el de la Pentapole, nous a élé conservée par Socrates. H. E.t I. ., t. LXVH, col. 77, el par Tbéodorel, II. E edit. Par­ inentier, p. 38. En voici la teneur Les évêques réunis h Niece, pour le grand et saint concile, à la mainte ct grande Église des Xlexandrins Mexandrins ct aux frères d'Égypte ct de Lybie ct de In Pentapole, miIiiI dans le Seigneur. lui grâce de Dieu et le très pieux empereur Constantin nous ayant assemblés de diverses villes et provinces pour la célébration du saint cl grand synode de Nicéc, il nous a semble nécessaire d’envoyer une lettre du saint concile à vous aussi, afin «pie vous puissiez savoir ce qui fut proposé ct examiné, cc qui fut décrété et décidé. Avant tout on examina, en présence du très pieux empereur Constantin, ce qui concerne l'impiété et la perversité d’Arius et de ses adhérents, et à l'unanimité il fut décide de frapper d’anathème sa doctrine impie ainsi que les locutions blasphémai aires, dont il se servait pour blas­ phémer en disant (pic le I ils de Dieu est du néant, (pi’il fut un temps ou II n’était pas, qu’il est capable de se décider pour le bien et pour le mal, (pi’il est une créature; tout ceci le saint concile l’a frappé d’anathème, ne voulant pas même entendre cette impie et folle doctrine, ni ces paroles blasphématoires. Et ce qui a été décrété contre lui, vous l’avez entendu ou vous l'entendrez, afin (pie nous n’ayons pas l'apparence d’insulter un homme (pii a reçu une juste récompense de sa faute. Son impiété a eu une *i grande force qu’il a entraîné avec lui Théonas de Marmarique et Secundus de Ptolémaïs. Tous deux ont eu le même sort (pie lui. Vprès (pie la grâce de Dieu nous cul délivrés de cette erreur impie, ainsi que des personnes qui avaient osé introduire le trouble et la dissension dans le peuple de Dieu qui auparavant était en paix, il restait l'a (Taire d·» hi contumace (audace) de Mélêcc et «le ceux qui furent ordonnes par lui; nous vous faisons savoir, très chers frères, ce que le concile a décidé sur ce point. Il fut décrété, le concile étant porté à la clémence envers Mrlècc, quoiqu'en vérité il ne méritât aucun pardon, il fut donc décidé qu’il devait demeurer dans sa ville, sans avoir aucun droit pour imposer les mains ou pour élire; sans paraître à In campagne ou dans une autre ville pour pareil cas, sc conten­ tant du seul titre cl de l’honneur (d’évêque), (.eux qui ont été établis par lui, après avoir été confirmés par une imposition des nui ins plus sainte (μ^στι/οιτιρα), pourront être admis a la communion, en ce sens qu'ils conserveront titre et ministère, mais qu'ils seront en second rang après ceux qui dan» chaque paroisse cl égll*< auront clé éprouvés et ordonnés par notre liés honor· confrère Alexandre; rn outre, ils n'auront aucun droit de proposer ou de suggérer les noms de ceux qui leur plaisent (pour être ordonnés), ni de faire quoi que ce soit sans h* consente ment de l'évêque de l’Églisc catholique soumit à \h sandre, (.eux qui par la miséricorde de Dieu et grace a vos prières n'ont été convaincus d aucun &chl*me,et qui ont persévéré sans aucun reproche dans l'Egli>« catholique, ceux-lfi conservent le droit d’élire ct de proposer les noms de ceux qui sont dignes d’être admis dan» le clergé, cl aussi celui de tout faire selon la toi et h· canon ccclèsiasliqm S’il arrive que quelqu’un meure de ceux qui sont (en dignité) dans l’Eglisc, on pourra élever à leur place ceux qui ont été reçus récemment, à condition qu’ils en semblent digne» 017 MCI·;E (I1‘· CONCILE que h· peuple In <·ΙΙμ·.<1 que Févèque d’Alexandrie donne won approbation et mi conhnnation. ('.rite concession est fuite A tou*. A l’égard de Mélècc, une autre décision fut prise A cause . L., t. cxxtx. col. 195 (J. * Γη fragment de celte version conservé par les Li­ vres carolins nous permet de constater le bien-fondé du jugement d’Anaslase. A la troisième session du concile, le texte grec des actes fait dire à Constantin, évêque de Constantia dans l’Ile de Chypre : όμόφρων γίγνομαι... δεχόμενο; καί άσζαζόμενος τιμητικώ; τάς άγίχχ καί σεπτά; εικόνας. καί την κατά λατρείαν προσκύνησιν μόνη τη ύπερουσίω καί ζωαρχικη Τριάδι άναπίμπω (.le suis du même avis, je reçois et salue avec respect les saintes et vénérables Images. Quant au culte de latrie, je le réserve A la Très Sainte-Trinité). Mansi. t xn, col. 1117. Voici comment la première version latine rend ce passage : Suscipio et amplector hnnorabiliter sanctas et venerandas imagines secundum servitium adorationis quod consubstantiali rt vivi ficatrici Trinitati emitto. On comprend l’indignation du rédacteur des Livres carolins à la lecture de celte énormité. Voir Livres carolins, I. Ill, c- xvn. P. L.. t. xcvni, col. 1118. C’est pour éliminer cette fâcheuse version qu'Anastnse le Bibliothécaire, qui avait déjà traduit les actes du VIII· concile, en lit une nouvelle: c’est celle qui est imprimée dans les collections de fiardouin et de Mansi, en regard du texte grec, sans le grec dans p. L„ t. cxxi.x, col. 195-512. En 1510, lut imprimée a Cologne une troisième version latine des actes du il· concile de Nicée. Le cardinal Baronluv l’estimait bien inférieure à celle d’Anaslase. Voir la note de Binius dans Mansi, l. xm. col. 185. Elle est imprimée dans Mansi, t. xm, col. 197 sq. Ces deux dernières versions latines présentent la même lacune, elles ne donnent pas le procès-verbal de la vin· session, elles sc contentent d’en traduire les canons H se pourrait que celte lacune ait été volon­ taire. au moins de la part d’Anaslase. Les Livres carolins, 1. Ill, c. xm, P. L., t. xcvni, col. 1136, reprochent au concile de Nicéc d’avoir admis une femme dans son sein pour y enseigner, contrairement a lu sainte Ecriture; or, d’après les Actes grecs, c’est Irène qui présida la vm· session du concile et qui y prit la parole. Mansi, t. xm. col. 113 sq. 11 ne nous semble pus Impossible qu’Anastase ait omis de tra­ duire le procès-verbal de cette séance pour esquiver ce reproche; peut-être aussi a-t-il considéré lu vm* session comme une séance d’apparat sans impor­ tance La traduction latine du procès-verbal de la vm* session du concile, imprimée en regard du texte grec dans Mansi, est l’œuvre de Binius. 2· Les sessions conciliaires. — tn session. — Le 21 septembre 787, les Pères du concile se réunirent au nombre d’environ 300 dans le sanctuaire de l'église DE) 420 Sainte-Sophie de Nicée. A l’exception des deux envoyés des patriarcats soumis à la domination musul­ mane, tous étalent des sujets de l'empire byzantin. Les deux légats romains. Pierre, archlprêtrc de SaintPierre. el Pierre, abbé de Salnt-Sabas, étalent eux aussi.au moins en théorie, soumlsâ l'autorité Impériale. L’évangile était placé sur un trône au milieu de l’assemblée. Devant l'ambon siégeaient les représen­ tants Impériaux, le patrice Pétronas et le logolhèle Jean; derrière eux se trouvaient les archimandrites, les higoumènes et un grand nombre de moines. Mansi, l. xn. col. 999. Sur la proposition des évêques de Sicile, la présidence fut déférée à Taralse; toute­ fois les légats romains signèrent toujours en premier lieu et figurent toujours en tête sur les listes de pré­ sence. Taralse Inaugura sa présidence en exhortant les Pères du concile à la brièveté dans la discussion, invitation qui, malheureusement, n’eut qu'un succès fort relatif. Mansi, t. xn, col. 999. Après la lecture de la lettre impériale qui, conformément aux conditions posées par le pape, garantissait la liberté du concile et prescrivait la lecture des lettres du pape ainsi que de celle des Eglises d’Orient soumises au calife, le concile consacra le reste de la première session â régler des questions de personnes. Voir la lettre impé­ riale dans Mansi, t. xn. coh 1001 sq. Trois évêques iconoclastes furent admis à siéger nu concile, apres avoir lu une profession de foi condamnant le concile d'IIiéria el les coryphées du mouvement iconoclaste, proclamant la légitimité du culte des images qui n’est pas une idolâtrie, et analhématisanl ceux qui refu­ sent de vénérer les Images. Mansi, t. xn, col. 10081016. L’admission de sept autres évêques Iconoclastes qui avaient contribué à l’échec de la réunion du concile à Constantinople l’année précédente n’alla pas sans difficultés: les moines surtout s’y montraient opposés. Pour trancher leur cas, on lut d'abord douze textes patristiques plus ou moins favorables à la réintégration des clercs tombés dans l’hérésie el revenant à résipiscence. Alors Sabas le Sludite demanda si les évêques en question avalent été ordonnés par des Iconoclastes; c’était soulever la question de la validité des ordinations conférées par des hérétiques. Cinq textes patristiques furent lus pour élucider cette question : Socrates, II. E.t II, xxvn, xxxviii, P. G., t. i.xvii, col. 272, 123, qui rapporte qu’Acace le Borgne el Palrophlle établirent Cyrille comme évêque de Jérusalem après avoir chassé Maxime; un passage de Théodore le Lecteur el le début des actes du concile de Chalcédoinc d’où il ressortait qu'Anatole avait été établi évêque de Constantinople à l'instigation de Dloscore, ce qui ne l’avait pas empêché de siéger à Chalcédoinc; un passage de la Vie de saint Sabas, moine de Jéru­ salem au vr siècle, au «lire duquel Jean, établi évêque de Jérusalem par Sévère le monophysile, fut néan­ moins reconnu par les moines, dès qu'il cul accepté le concile de Chalcédoinc ; un passage enfin de lu lettre de saint Basile aux Nlcopolil.iins, dans laquelle il déclare ne pas reconnaître comme évêque celui qui a reçu l'épiscopat de mains profanes pour la destruction de la vérité. Comme les moines insis­ taient sur ce dernier texte pour résoudre la question par la négative, Tamise se contenta de répondre que les Pères étaient toujours d’accord entre eux. Mansi, t. xm. col. 1050. Du reste, il avait déjà fait remarcpier qu’au \ !· concile beaucoup d’évêques ordonnés par des inonothélites avaient siégé sans opposition. Mansl, t. xm, col. 1015. 11 semble bien que Tamise ail mené son enquête patristique avec quelque complaisance, car sans cela il est inconcevable st d ajouter των ούκ ϊστιν άφελειν. ni d supprimer. Et le divin Καί ο θείος απόστολος apAtro Pierre,*e glorifiant en Πέτρος rr αύτοίς έγκαυ- elles, s’écrie : Les unges desi· χωμένος βοα· Εις â έπι· rent u plonger leurs regards; Ουμούσιν άγγελοι παρα- et Paul : Ai un ange du ciel κύψαι. Καί ο 1 Ιχύλός φησι· vous annonçait un autre titan· 427 NICÉE (Ηθ CONCILE DE) 428 gile que celui que nous vous I τα θεία έντάλματα άνα- eiïet, ainsi que Je dit le grand avons annonce, qu’il soit στρέφεσθαι, καί διδάσκει·/ Deny», le* maximes qu'une τόν κατ’ αύτόν λαόν. Ούσία tradition divine u fait arri­ παρ’ 6 ευηγγελισάμεθα anathème ! Les prescriptions γάρ της καθ' ημάς ιεραρ­ ver jusqu'à nous, c'est-à-dire ύμΐν, ανάθεμα έστω. Τού­ étant ainsi, réjouissons-nous χίας έστί τά θεοπαραδότα la véritable intelligence des των ούν ούτως ίντων καί cn clics comme celui qui a λόγια, ήγουν ή των θείων saintes Écrit tires sont l’es­ διαμαρτυρουμένων ήμΐν, trouvé un riche butin, gar­ Γραφών αληθινή επιστήμη· sence de noter hiérarchie. άγαλλιώμενοι έπ’βύτοϊς, ώς dons les divins canons affec­ καθώς ό μέγας άπεφήνατο Celui (pii hésite ct refuse εί τις ευροι σκύλα πολλά, tueusement cn notre cœur, Διονύσιος· Εί δέ άμφισ- d’agir ct d'enseigner ainsi ne άσπασίως τούς θείους κα- obscrvons-lcs intégralement sans 5* Introduire aucun chan­ θητοίη, καί μή άσμενίζοι doit pas être sacré, car Dieu ούτω ποιειυ τε καί διδάσ­ a dit pur son prophète : Tu όλο κλήρου τήν αύτών δια­ gement, tant ceux qui vien­ κει·/, μή χειροτονείσθω. as rejeté la sagesse » t moi je te ταγήν καί ασάλευτου κρα- nent des saints Apôtres, les *Έφη γάρ προφητικός ό rejetterai afin que tu ne sois τλνομεν των έκτεθέντων trompettes du Saint-Esprit, Θεός· Σύ έπίγνωσιν άπώ- pas mon prêtre. λπό των άγίων σαλπίγ­ que ceux qui ont été promul­ σω, κάγώ άπώσομαί σε γων τού Πνεύματος των gués par les sixconcilcs géné­ τού μή Ιερατεύει·/ μοι. πανευφήμων άποστόλων raux, de même ceux qui ont των τε εξ άγίων οικου­ été rendus par des conciles On rapprochera ces prescriptions relatives Λ la μενικών συνόδων καί των particuliers, pour la publi­ • science compétente » des divers membres de la τοπικός συναθροσθεισώυ cation (ίχέοσις) des canons hiérarchie, des efforts faits à la même époque par les έπί έκδόσει τοιούτων δια­ énoncés plus haut, et aussi conciles occidentaux et Charlemagne lui-même. Ce ταγμάτων, καί των αγίων les canons des saints Pères, canon a été inséré pnr Gralien, dans le Décret, dist. Πατέρων ήμών. Ές Μς car tous illuminés par le XXXVIII, c. 6, d’après la traduction d’Annslase. γάρ απόντες καί του αύ- même Esprit ont prescrit ce 3. Toute election d’un évê­ του Πνεύματος αύγασθέν- qui est salutaire. Nous anaγ* Πάσαν ψήφον γινοque, d’un prêtre ou d’un dia­ τες, όρισαν τά συμφέ­ thcinatisuns quiconque est σκόπου ή πρεσβυτερου ή cre fuite pur l'autorité Meu­ ροντα· καί ούς μέν τω annthrmatisé par ces canons, διακόνου, άκυρου μέυειυ lière, doit être nulle selon le άναθέματι παραπέμπουσι, nous déposons ceux qu'ils κατά τον κανόνα του λέγον- canon qui dit : Si un évêque καί ήμείς αναθεματίζομε·/· déposent, nous excluons ceux τα· Et τις επίσκοπος κοσ­ s'empare d’une Église avec ούς δέ* τή καθαιρέσει, qu’ils excluent, ct lorsqu’ils καί ημείς καθαιρούμεν · punissent nous appliquons μικούς άρχουσι χρησάμε- Caide de. la puissance de ce ούς δέ τω άφορισμώ, καί la peine qu'ils décrètent. Que υος, δι’αυτών έγκρατής monde, qu’il soit déposé et que tous ceux qui acceptent ημείς άφορίζομεν· ούς δέ nos mœurs soient sans ava­ Οαιρείσθω καί άφοριζέσ- sa communion soient exclus. έπιτιμίω παραδιδόασι, καί rice; soyons contents de ce Οωσαν, καί οι κοινωυούν- Car celui qui doit être élevé ημείς ωσαύτως ύποόάλ- que nous avons, voila ce que λομεν’ ’ Αφιλ.άργυρος γάρ clame ouvertement Paul le zcç αύτώ πάντες. Δει γάρ Λ l’épiscopat doit être élu par ύ τρόπος, αρκούμενοι τοϊς divin apôtre qui a pénétré τον μέλλοντα προόιοάζεσ- des évêques, comme il a été παρούσιν, ô άναόεόηκώς nu troisième ciel ct qui a Οαι εις έπισκοπήν, ύπό έπι- décidé par les Pères de Nicée εις τρίτον ουρανόν, καί entendu des paroles mystéσκόπωυ ψηφίζεσθαι· κα­ dans le canon qui dit : L’évê­ άκούσας άρρητα ρήματα, rieuses. θώς παρά των άγίων Πα­ que doit être choisi par foui Παύλος ύ θειος απόστολος τέρων των έν Νικαία ώρι- lesêvêques deCéparchle; si une διαρρήδην βοα σται έν τώ• κανόνι τώ· nécessité urgente ou la lon­ λέγοντι· ’Επίσκοπον προ- gueur du chemin s’y oppose Ce texte attribue lui aussi les canons du Quinlσήκει μάλιστα μέν ύπό trois (évêques) au moins doi­ sexte au sixième concile général, comme Taraisc πάντων των έν τη επαρχία vent se réunir et procéder d la Taxait déjà fait à la quatrième session, sans que les • cheirolonie », munis de la légats romains ct le pape aient manifesté leur désap­ καΟίστασθαι· εί δέ δυσχε­ permission écrite des absents. ρές εϊη τούτο ή διά κατεprobation. Voir Mansi, t. xm, col. 11. πείγουσαν ανάγκην ή διά La confirmation de ce qui 3’ Έπειδήπερ Ç άλλου2. Comme nous chantons μήκος οδού, έξάπαντος s’est fait revient de droit dans τες συντασσόμεθα τώ θεώ· avec le psalmiste : Je m’ererτρεις έπί τό αύτό συναγο- chaque êparchie au métropo­ Έν τοϊς δικαιώμασί σου errai dans tes commandeμένους (συμψήφων γινο­ litain. μελετήσω, ούκ έπιλήσομαι meats, je n’oublierai pas tes μένων καί των άπόντωυ zw λόγων σου· πάντας μέν punies, il est sidutnlrc epic καί συντιθεμένων διά γραμ­ Χριστιανό^ τούτο φυλάτ- tous les chrétiens et surtout μάτων), τότε τήν χειροτειν σωτήριο·/, κατ ’έςαί- ceux qui sont appelés A l'épis­ τονίαν ποιεϊσθαι· το δέ ρετυν δέ, τούς τήν ιερατι­ copat se conforment A cette κύρος των γινομένων δίδοσθαι καθ’έκάστην έπαρχίαν κή·/ άμτχχομέ·/ους αξίαν. parole. C’est pourquoi nous *Οθεν βρίζομε·/, πάντα τον prescrivons : quiconque veut τω μητροπολίτη. προάγεσΟαι μέλλοντα είς être sacré évêque χως, ΐνα άποτεΟώσι μετά τών λοιπών αιρετικών βιβλίων εί δέ τις εύρεΟείη ταύτα κρύπτων, εί μέν έπίσκοπος ή πρεσβύτερος ή διά­ κονος εΐη, καΟαιρείσΟω· εί δε^λαικός ή μοναχός, άφο­ ριζέσΟω. 9. Tous les écrits puérils cl remplis do lotie fureur contre les vénérables images doivent être déposés au pa­ lais épiscopal de Constanti­ nople. pour y être mis dr côté avec les autre* livres hérétiques. Quiconque les gardent en secret devra, s’il est évêque, prêtre ou diacre, être déposé; s’il est moineou laïque, nnatheimitiié. NICÉE (II* CONCILE 433 t* ’Επειδή τινεςτώνκλη· ρικών. παραλογιζόμενοι την κανονικήν διάταξιν, άπολιπόντες την εαυτών πα­ ροικίαν είς έτέραν πα­ ροικίαν έκτρεχουσι, κατά το πλε ιστόν δέ ταύτη τη Οεοφυλάκτω καί βασιλίδι πόλει, καί είς άρχοντας προσεδρεύουσιν, έν τοΐς αυτών εύκτηρίοις τάς λει­ τουργίας ποιούντες· τού­ τους χωρίς τού ίδίου επι­ σκόπου καί τού Κωνσταν­ τινουπόλεως ούκ έςεστι δεχΟήναι έν οίωδήποτε otκω ή εκκλησία· εί δέ τις τούτο ποιήσει έπιαένων, καΟαιρείσΟω. "Οσοι δέ μετ’ είδήσεως τών προλεχΟέντων Ιερέων τούτο ποιούσιν, ούκ έςεστιν αύτοΐς κοσμικά; καί βιωτικάς φροντίδας άναλαμόάνεσΟαι ώς κεκωλυμένους τούτο ποιεΐν παρά τών Οείο>ν κανόνων. Εί δέ τις φωραΟείη τών λεγομένων μειζοτέρων τήν φροντίδα έπέχων. ή παυσάσΟω, ή καΟαιρείσΟω* μάλλον μέν ούν (τω πρός διδασκαλίαν τών τε παίδων καί τών ο Ικε­ τών, έπαναγινώσκων τάς θείας Γραφάς. είς τούτο γάρ καί την ίερωσύνην έκληρώσατο. ΙΟ Comme· nu mépris «les canon», quelque clerc» quit­ tent leurs paroisses pour aller dnn* d’autre», cl vien­ nent surtout trouver dr puis­ sants seigneurs dans celte capitale protégée par Dim, ct célèbrent l'office divin dan» leur» oratoires, A l'ave­ nir nul ne devra les recevoir dans »n maison ou dan» son église, sans l'assentiment de l’évêque de ce clerc rl de l'évêque «le Constantinople. Ouk «pii s'obstinent A agir de cette manière devront être déposés; quant Λ ceux qui n'accepteront ces situa­ tion» qu’au su de» évêques indiqués plu» haut, il» ne devront pas accepter de diri­ ger de» n fini res temporelles parce que le» canons Ir défen­ dent. Si l’un d’eux accepte l'emploi de majordome, il devra résigner celte fonc­ tion, ou bien il sera déposé. Il vaudrait mieux qu'il ins­ truisit les enfants et les do mcstlque», cl qu'il leur lût la sainte Écriture, car c'est pour cela qu’il a reçu le» saints ordres. ια' ' Γπόχρεοι 6ντες πάν­ τα; τούς θείους κανόνας φυλάττειν, καί τόν λέγοντα οικονόμους είναι έν έκαστη έκκλησία παντί τρόπω άπαράτρωτον διατηρεΐν οφείλομεν. ΚαΙείμέν έκασ­ τος μητροπολίτης έντήαύτού έκκλησία καθιστά οικονόμου, καλώς άν έχοι· εί δέ μήγε, έξ αυθεντίας ιδίας τώ Κωνσταντινου­ πόλεως έπισκόπφ άδειά εστι προχειρίζεσΟαι οικο­ νόμου έν τη αύτού έκ­ κλησία. Ωσαύτως καί τοΐς μητροπολίταις εί ύπ’αύ­ τούς έπίσκοποι ού προαι­ ρούνται οικονόμους έγκαταστήσαι έν ταΐς έαυτών έκκλησίαις τό αυτό δέ φυλάττεσΟαι καί έπΐ τών μοναστηρίων. 11. ( ibligé.» d'observer tous 1rs divins canons, nous de­ vons aussi obrrvcr celui qui prescrit que chaque Église doit avoir son économe. Si chaque métropolitain éta­ blit un économe dans son Église, la chose est cn règle; sinon, de sa propre autorité l’évéquc de Constantinople pourra établir un économe dans l’Églisc du métropoli­ tain en faute. Dr même les métropolitains ont le droit d’établir «le» économes dan» le» Église» de ceux dr leur» suffragant» qui n’en éta­ blissent pas. L·» même ordon­ nance doit être observée vlsΛ-vis »lrs monastère». Le 2<î· canon dr Cluilcédolnc avait demandé l’insti­ tution d'un économe dans chaque Église épiscopale. Celui-ci renouvelle la prescription ct retend aux monastères. Inséré au Décret, causa IX. q. lit, c. 3. ιβ* Et τις έπίσκοπος εύρεΟείη ή ήγούμενος έκ τών αυτουργιών τού έπισκοπείου ή τού μοναστηριού έκ ποιούμενο; είς αρχοντι­ κήν χεΐρα, ή έτέρω προσώπφ έκδιδούς, άκυρον είναι 1'2. S’il *e trouve qu'un évêque ou un higoumène donne «les bien» de son évê­ ché ou «le son monastère A un prince ou Λ une autre per­ sonne, celte donation est nulle selon Ir canon des DE) τήν ίκδοσιν, κατά τόν κα­ νόνα τών άγιων αποστό­ λων, τόνλέγοντα· Πάντων τών έκκλησία στικών πραγ­ μάτων ό έπίσκοπος έχετω τήν φροντίδα, καί διοικείτω αυτά, ώςθεού έφορώντος· μή έςεΐναι δέ αύτώ σφετερίζεσΟαί τι ές αυ­ τών. ή συγγενέσιν ίδίοις τά τού θεού χαρίζεσΟαι εί δέ πένητες είεν, έπιχορηγείτω ώς πένησιν· αλλά μή προφάσει τούτων τά τού Θεού άπεμπολείτω. Εί δέ προφασίζοίντο ζημίαν έμποιεΐν, καί μηδέν πρός όνησιν τυγχάνειν τόν α­ γρόν, μηδέ ούτω τοΐς κατά τόπον άρχουσιν έκδιδόναι τον τόπον, αλλά κληρικοί; ή γεωργοΐς. Εί δέ πανουρ­ γία πονηρά χρήσοιντο, καί έκ τού κληρικού ή τού γεωργού ώνήσηται άρχων τόν αγρόν καί ούτως άκυ­ ρον είναι τήν πράσιν, καί άποκαΟιστάσύαι τώ επι­ σκοπεί ω ή τώ μοναστήρίω. Καί ό έπίσκοπος ή ήγού­ μενος τούτο ποιων έκδιωχύήτω, ό μέν έπίσκοπος τού έπισκοπείου, ό δέ ηγού­ μενος τού μοναστηριού· ώς διασκορπίζοντες κακώς ά ού συνήγαγον. 434 saints Apôtres qui dit : /.’énéque doit avoir soin dr loin le» biens dr Γ Église et frt administrer nnimt devant en rendre atmple a Dieu; il ne lui cil ihu permt» d'en aliéner ou de donner a tes proches ce qui est â Dieu; s'ils ton! pau­ vre* qu'il les soutienne comme des pauvres, mais que sous ce prétexte ce qui est a Dieu ne soit pas dilapidé. Si on pré­ texte que ces biens sont A charge ou qu'ils ne rapportent rien, cn ce ca» non plus on ne doit les donner aux seigneur» de l'endroit, mats a des clercs ou h des colons. Si un sei­ gneur usant de ruse, veut acheter ce bien au clerc ou au colon, la vente est nulle et son objet doit être remis A l'évêché ou au monastère. L'évêque ou Thigouméne qui agit ainsi doit être déposé, l’un de son évêché, l’autre de son monastère comme dissi­ pant ce qu’il n’a pas amassé. Le canon apostolique qui est rappelé est le canon 39. Celui de Nlcéc a été inséré au Décret, causa XII, q. n, c. 19. 13. Dan» les temp» malheu­ ιγ* ’Επειδή διά τήν γενομένην κατά τάς αμαρ­ reux qui viennent de s’écou­ τίας ήμών συμφοράν έν ler (le temps de la guerre ταΐς έκκλησίαις. καΟηρπά- contre le» images), beaucoup γησάν τινε; ευαγείς οίκο d'église», de maison» épisco υπό τινων άνδρών, έπι pales ct de monastères ont σκοπεΐά τε καί μοναστήρια, été changer» en caravansé­ καί έγένοντο κοινά κατα rail». Si les possesseur» ac­ γώγια· εί μέν οί διακρα- tuel» de ce» biens les resti­ τούντες ταύτα. προαιρούν­ tuent de plein gré, pour être ται άποδιδόναι. tva κατά rendus à leur première des­ τό άρχαΐον άποκαταστα- tination, il» agiront d’une Οώσιν,εύ καί καλώς έχει · ει manière juste cl honnête; δέ μή γε. εί μέν τού καταλό­ sinon. Il» serant déposés, s’il» γου τού ιερατικού είσι, τού­ sont clercs, et excommunié», τους καΟαιρεΐσθαι προσ- s’il» sont moine» ou laïque», τάσσομεν· εί δέ μοναχοί ή condamnés qu’il» sont |mr le λαϊκοί, άφορίζεσΟαι. ώς Père, le Fils et le Saint-Es­ όντας κατάκοιτους από τού prit. et qu’il» soient mis IA Ηατέρος καί τού Πού καί où le wr ne péril pas ct ou τού αγίου I [νεύματος· καί le feu ne s'élrint peu. |>arvc τετάχΟωσαν, όπου ό σκώ- qu’il» méprisent lu parole du λη; ού τελευτή, καί τό πύρ Seigneur qui n dit : .Ve fullts ού σβέννυται, ότι τή τού /mis de la dmt*ori de mon Père κυρίου φωνή έναντιούνται, une maison de commerce. τή λεγούση· Μή ποιείτε τόν οίκον τού Ηατρός μου, οίκον έμπορίου. Inséré nu Décret, causa XIX, q. m, c. 5. ιδ' "Οτι τάςις έμπολι1 I. Il est connu dr tous τεύεται έν Ιερωσύνη πάσιν qu’il y a de· degrés duns la άρίδηλόν έστι, καί τό σ·>ν hiérarchie ct il est agréable 435 NICÉE (IIe CONCILE άκριδεία διατηρεϊν τάς; A Dieu que les fonctions sain­ της ιερωσύνης έγχειρήσεις, tes soient bien remplies. Or nous remarquons que θεώ εύάρεστον. Έπεί ούν ύρώμεν εκτός χειροθεσίας certains ayant reçu encore νηπιόθεν την κούρον τού très jeunes In tonsure cléri­ κλήρου λαμοάνοντάς τινας, cale, sans autre ordination μήπω δέ παρ’έπισκόπων de la main de l’évêque, font χειροθεσία-? λαβόντας, καί cependant les lectures du άναγινεόσκοντας b/ ττ, συ­ haut de Tarnbon, lors de la νάξει έπ’άμδωνος, άκανο- synnxe (ce qui est contraire νίστως δέ τούτο ποιουντας, A la règle). Il ne devra plus en être ainsi A l'avenir, lui ρόντος τούτο μή γίνεσθαι· même règle sent appliquée aux moines; toutefois l’hiκαί επί τών μοναχών. ’Ανα­ goumênc pourra conférer à γνώστου δέ χειροθεσίαν scs propres moines le grade άδειά έστιν b/ ίδίω μονασ- «le lecteur, si cet hlgoumêne a τηρίω καί μόνω έκάστω reçu l’imposition des mains ήγουμένω ποιεϊν, εί αύτω «le l'évêque pour être higouτώ ήγουμένφ έπετέθη χει­ mêne, c’rst-A-dirc s’il est ροθεσία παρά επισκόπου prêtre. Semblablement selon προς προεδρίαν ηγουμέ­ l’ancienne coutume les ch«»rνου δηλονότι όντος αυτού évèques pourront, sur de­ πρεσδυτέρου.Ωσαύτως καί mande de l’évêque, conférer τόάρχαϊον έθος, τούς χωρ- le lectonil. ρίζεσθαι άναγνώστας. Pour apprécier toute la portée de ce canon, il faut se souvenir que le lectorat est Tunique ordre mineur de l’Égllse grecque. Le lectorat est régulièrement conféré par l'évêque. Ce canon permet aux bigoumencs (correspondant à nos abbés) de le donner à leurs sujets, à la condition qu’ils soient eux-mêmes prêtres cl aient été établis par l’évêque. Dans sa traduction. Anastase a certainement compris que seuls les higoumènes ayant reçu une imposition des mains spéciale étalent autorisés à faire cette ordination mineure (si duntaxut abbati manus impositio (acta noscatur ab episcopo, secundum morem priefidendorum abbatum). C'est une précision qui n’est pas dans le grec. Comme Graticn a Inséré la traduction d’Anastasc dans le Décret, dist. LXIX, c. 1, le droit occidental a réservé aux seuls abbés, ayant reçu la bénédiction solennelle, le pouvoir de conférer les ordres mineurs. te' Κληρικός από του πα- 15. A l'avenir· aucun clore ne pourra être préposé, en même temps, a deux Églises. Ceci est du commerce et de la recherche d’un lucre mal­ honnête: c’est aussi contrai­ re a l’habitude de l'Église. Nous avons entendu de la bouche du Seigneur que nul δυσίν έκκλησίαις· εμπορίας γάρ καί αίσχροκερδείας ίδιον τούτο, καί άλλότριον έκκλησιαστικής συνηθε(ας. ’ Ηκούσαμεν γάρ έξ αύτής της κυριακης φωνής, ού δύναταί τις δυσί κ δουλεύειν- ή τόν ένα ne peut servir deux maîtres; ou μισήσει, καί έτερον il halru l’un et aimera l’autrr αγαπήσει, ή τού ενός άνθέ- ou il soutiendra l’un et néqli· oeru l’autre. Chacun selon la φρονησει. ηκαστος ουν, parole de l'apôtre devra res­ κατά τήν άποστολικήν ©ω- ter là ou il a été appelé et νήν. έν ω έκλήθη, c/ τουτω demeurer dans une seule ύφεί/χι μένειν, καί προσεδ- Église; ce qui se fait par pc-kiv bs μία έκκλησία· τά esprit de lucre dans les cho­ γαρ δι*αισχροκέρδειαν γι­ ses d’Église éloigne de Dieu. νόμενα έπί τών έκκλησιασ- Pour subvenir i» se* besoins, τικών πραγμάτων άλλό- il existe dillêrentes occupa­ τρια τοώθεού καθεστήκασι· tions auxquelles (si son bien ne sulllt pas), le clerc peut sc livrer pour gagner ce qui lui est nécessaire, ainsi que l’a dit Paul : .4 l'égard des choses τού σώματος ποριζέσΟω. dont moi et crux qui sont /των τών προσαγόντων ταύτα είναι άφιερωμένα τώ Θεω, ώρίσαμεν κάν τε μείνη, κίν τε έςέλθη, μένειν αύτά έν τώ μοναστηρίω κατά την ύπόσχεσιν αύτού, εί μή είη αιτία τού προεστώτος. 438 consacraient A Dieu, il est décidé, que cc% biens restent acquit au cousent, que ces enfants y demeurent ou se retirent, â la condition tou­ tefois que le supérieur du couvent n’ait rien à %c repro­ cher (pour la sortie des intéressés). 20. Nous ordonnons qu’on κ ’ ’ Από τού παρόντος όρίζομεν, μή γίνεσθαι διπλούν n établisse plus désormais de μονασ τή ριον, ότι σκάν- monastères doubles, parce δαλον καί πρόσκομμα τοϊς que c’e%t une pierre de scan­ πολλοίς γίνεται τούτο. Εί dale et d'nchoppement pour δέ τινες μετά συγγενών un grand nombre. Des grou­ προαιρούνται άποτάςασ- pes dr jmrents dcsirrnt-ilf Οαι. καί τω μονήρει βίω renoncer au monde d’un κατακολουθεϊν, τούς μέν commun accord cl embrasser άνδρας δε: άπιέναι εις ανδ­ la x'ic monastique ensemble, ρείάν μοναστηριού, τάς δέ que les hommes prennent le γυναίκας είσύναι be γν· chemin d’un monastère ναικείω μοναστηρίω· επί d'hommes et que les femmes τούτω γάρ ευαρεστείται ό entrent dans un monastère Θεός. Τά δέ όντα εως τού de femmes, car voilà ce qui νυν διπλά κρατείτωσαν plaît Zi Dieu. Quant aux mo­ κατά τον κτ/ό'/α τού αγίου nastères double* déjà exis­ Πατέρας ημών Βασιλείου, tants, <;u’ils se conforment καί κατά τήν διατττ^ήν A la règle de notre Père saint αύτού ούτω διατυπούσθω- Basile et visent selon ses σαν. Μή διαιτάσθωσαν prescriptions. Qu’un seul et έν ένί μοναστηρίω μονα­ même monastère ne serve χοί καί μονάστριαι. Μοι­ point en même temps de ré­ χεία γάρ μεσολαβεί την sidence à de* mornes et a des συνδιαίτησιν. Μή έχέτω moniales, car l’adultère suit μοναχός παρρησίαν προς toujours de prés la cohabita­ μονάστριαν, ή μονάστρια tion ; que le moine n’ait au­ πρός μοναχόν ιδία προσο- cune familiarité avec la mo­ μιλείν, μή δέ κοιταζέσθω niale et que la moniale Re­ μοναχός b/ ‘^ναικείω μο­ change aucune conversation ναστηρίω· μή δέ <τυνεσ- particulière avec le moine; Οιέτω μονάστρια κατά μό- que le moine ne couche ja­ νας, καί δτε τά άναγκαΐα mais dans un monastère de τού βίου παρά τού ανδ­ femmes et ne prenne jamais ρείου μέρους πρός τάς κα- place n table avec une mo­ νονικάς αποκομίζονται, έξ­ niale. Quand les provisions ωθεν τής πύλης ταύτα λαμ- nécessaires sont transportées βανέτω ή ήγουμένη τού du monastère des hommes γυναικείου μοναστηριού, duns celui de» femmes, qu’el­ μετά γραός τίνος μονασ- les soient reçues à la porte de τηρίας· εί δέ συμβή, συγ­ celui-ci par lu supérieure γενή τινα έΟέλειν Οεάσασ- accompagnée d'une sœur Οαι μοναχόν, έπι παρουσία Agée. Si un religieux a besoin τής ηγούμενης ταύτη προ- dr voir une «le scs |>arenles σομιλείτω διά μικρών καί religieuse, que l'entrevue ait βραχέων λόγων, καί συν- lieu en présence de la supé­ τόμως ές αύτής άπανα- rieure et *r borne â quelques mots très bref*. χωρείτω. Cette question des monastères doubles, de leur origine, des inconvénients qu'ils ont pu entrainer, des réglementations prises Λ leur sujet, tant par l’auto­ rité civile que par l’Egllse. a été bien étudiée par J. Pargoirc. Les monastères doubles chez les Byzan­ tins, dans Échos d'Onent, 1906, t. ix, p. 21 sq.; et «l’une manière beaucoup plus générale parle P. St. Hilpisch, Dte Doppetklüster, Entslehung und Organisa­ tion, Munster, 1928. - Canon inséré au Décret, causa XV111, q. n. c. 21. κα’ Ου δεί μοναχόν ή 21. Aucun moine et aucune μονάστριαν καταλιμπανειν moniale ne doit «le son chef Î39 τ?ν Gtxziov μονήν, καί εν ίτέρχ άπέρχεσβχι· cl δέ (FjpJ$X τούτο, ξενοδοχείοθαι αύτόν άναγκαίον, προσλαμόάνεσθαι δέ άνευ γνωμης τού ηγουμένου χύτου ού προσηκει. NICEE (lie CONCILE DE) 440 abandonner son couvent I καί αύτη ή συνεστίασις pas apporté nvre lui sa nnurpour passer dans un autre. πρός κατόρβωσιν πνεύμα- ri tu re et se voie dans in néS’il* le font, ou devra leur τικήν άπάγη. Καί έπίσυγ- cesslté d’entrer dans une «tonner I hospitalité, mais γενών δέ τό αύτό ποιείτο*. hôtellerie, ou dans une mninon les recevoir sans le con- I Εί δέ καί αύθις έν όδοιπο- son privée, il peut le faire, seulement de leur higouρία συμβή τά τής άναγ- puisqu’il n’a pu agir autre· mène· κείας χρείας μη ίπιφέρε- ment. σΟαι μοναχόν ή ιερατικόν κβ* θεω μέν τό παν 22. C’est une «ronde chose J άνδρα, καί διά τό άναγάνατίθεσθαι, καί ού τοις d’offrir tout h Dieu et non καίον καταλύσαι βούλεται, ίδίοις Οελήμασι δουλού- de suivre sa propre volonté, είτε έν πανδοχείο* είτε bj οθβι,μίγτχ χρήμα τυγχάνει· Le divin apôtre dit : Soit οίκω τινός, άδειαν έχειν Είτε γάρ έσθιέτε, είτε çw vous buviez, soit que aoiu αύτόν τούτο ποιείν, ώς πίνετε, i θειος απόστολός mangiez, faites tout pour la τής χρείας καταπειγούσης. φησι, πάντα εις δόξαν Θεού gloire de Lieu. Le Christ ποιείτε. Χριστός δέ ό Θεός Dieu, dans l’cvangilr. nous I Conclusion. — Il ne semble pas que le septième ημών bj τοΐς ευαγγελίοις commande d’éviter les occaconcile ait demandé au pape son approbation. Nous αύτού τάς άρχάς των άμαρ- dons «le péché. Non seulepossédons deux lettres de Taraise à Adrien, écrites τημάτων έκκόπτειν προσ- ment l’impureté est pros· toutes deux peu de temps après le concile. Dans l’une, τέταχεν. Ού γάρ ή μοιχεία crite, mais aussi la pensée il lui raconte ce qui s’est passé au concile; dans l’autre, il expose son sentiment sur la simonie et sa manière μόνον παρ* αύτού κολάζεται Impure est condamnée, quand άλλα καί ή κίνησες τού il dit : Celui qui regarde une de la combattre. Voir le texte de ces lettres dans λογισμού πρός την τής femme pour la convoiter ά Mansi, t. xiii, col. 157 sq. Ni l’une ni l’autre ne parle μοιχείας έγχείρησιν κατα- d?/<> commis l'adultère dans d’approbation demandée ou reçue. ζέκριται, λέγοντος αύτού· son cceiir. Avons donc des Par ailleurs, le long mémoire rédigée par le pape Adrien Pf en réponse aux violentes critiques faites ο έμδλέφας γυναίκα πρός pensées pures, (nr si tout est par les Livres carolins au 11· concile de Nicée, Jaffé, τό έπιθυμήσαι αύτής ήδη permis, selon l’Apôtre, tout έμοίχευσεν αύτήν έν τή n’est pas utile. Tout homme n. 2483, laisse au premier abord dans l’indécision. Après avoir réfuté les capitula apportés à Rome par Angilκαρδια αύτού· ένθεν ούν doit manger pour vivre. Les bert. le pape termine par une brève narration de ce μαθητευθίντες, λογισμούς Iniquc* des deux sexes enga­ qui s’est passé ù Nicée. et il ajoute : Ideo ipsam susce­ όφείλομεν καθαίρειν. Εί gé* dans le mariage ct ayant pimus synodum, nam si earn minime recepissemus, el γάρ καί πάντα εξεστιν, «les enfant* peuvent manger ad suum pristinum immitum fuissent rcuersi, quis pro άλλ’ού πάντα συμφέρει, en commun, b la condition tot millium animarum Christianorum interitu habuit ώς έξ άποστολιζής φωνής toutefois d’adresser des ac­ reddere rationem... nisi nos solummodo. Celte réception διδασκόμενα. * Επάναγκες tion* «le grâces à Celui qui ούν έστι παντί άνδρί διά τό donne toute nourriture, et du concile de la part du pape était d’ailleurs logique, ζην έσΟίειν. Καί οϊς μέν de s’abstenir, dan* le* repas, car le concile ne faisait qu’allirmcr la doctrine reçue βίος έστι γάμου καί τέκ­ de toute représentation mi­ à Borne et affirmée spécialement par Grégoire 11. νων καί λαϊκής διαθέσεως mique ct de chansons sata­ Et le pape continue : Nos vero adhuc pro eadem synodo άναμίξ έσΟίειν άνδρας καί nique* ct lubriques, car c’est nullum responsum hactenus eidem imperatori reddi­ γυναίκας των άδιαόλήτων ù ceux qui agissent ainsi que dimus, metuentes ne ad eorum reverterentur errorem. έστί, μόνον τώ διδόντι τρο­ s’applique In menace pro­ La lettre d’Adrien est écrite dans la seconde moitié φήν την ευχαριστίαν προ- phétique qui dit : Malheur de 79L Ainsi sept ans après la lin du concile, le pape σάγο'/τας, μή μετά τινων d ceux qui boivent le vin avec n’a pas encore manifesté son approbation ù la cour Ουμελικών έπιτηδευμάτων, accompagnement de cithare et byzantine. Mais dans quelle erreur le pape craint-il είτ ουν σατανικών ασμά­ de psallérion, qui négligent que cette cour ne retombe? On comprendrait assez των, κιθαρών τε καί πορ­ les tr livres du Seigneur et qui dilllcilcmcnt que l’approbation pontificale des déci­ νικών λυγισμάτων, οίς ne font aucun cas de ses pri­ sions Iconophlles de Nicée pût amener à Constanti­ επέρχεται ή προφητική ce pics. S’il y n de* chrétiens nople un regain d’agitation iconoclaste. L’erreur dont άρά ούτωσΐ λέγουσα· ούαί qui agissent ainsi, qu’ils sc parle ici Hadrien n’est pas une erreur doctrinale, οι μετά κιθάρας καί ψαλ­ Corrigent, sinon on leur appli­ mais un méfait d’ordre politique. Nous avons vu, τηρίου τον οίνον πίνοντες, quera le* canons décrétés par ci-dessus, col. 118, que les légats pontificaux avaient τά δέ έργα κυρίου ούζ έμ- les anciens. Quant h ceux qui mission de restaurer en Orient le culte des images, 6λέπούσι, καί τά έργα vivent en silence ct dans la mais aussi de réclamer la restitution au pape tant των χαρών αύτού ού κα- solitude, cl qui ont promis de ses droits patriarcaux sur les pays que l’on avait τανοούσν καί εί πού ποτέ ù Dieu de porter le joug du soustraits ù son obédience que des patrimoines romains, είεν τοιούτο». bé τοις χρισ- célibat, de s’asseoir cl de se sis en terre byzantine et qui avaient été confisqués ù τιανοίς. διορθούσθωσαν· εί Litre, cl de môme ceux qui l’époque <îe Constantin Copronyme. cf.col. 121. Or, sur 3ε μή γε, κρατείτωσαν επ’ ont (ail choix de l’état eccle­ ces deux points, rien ou à peu près n’avait été obtenu. • * % % a» * αυτοί; τα παρα των προ siastique, ils nr doivent ja­ Des trois · erreurs qui auraient dû être réparées, il ημών κανονικώς έκτεΟέν- mais manger en particulier en restait encore deux : In hoc ostenditur quia ex uno τα. ΟΙς δε ό βίσς έστιν nsec une femme, mnis seule­ capitulo ab errore reversis, ex ahis duobus in eodem ήσ-ζ/ιος καί μονότροπος, ment en présence de plu­ permaneant errore. Approuver simplement le Π· con­ ό œ/ναξάμΓ/ος Κυρίω τω sieurs hommes et de plu­ cile de Nicée, ce serait paraître donner à la cour Θεώ ζυγνν μονήρη αραι, sieurs femmes remplis BEEMM Y DE porl de consubstantialité, en pose plusieurs autres qui l’accompagnent : I. I n rapport d'appartenance : le· l’iis a l’Esprll en lui comme un trésor vivant; c'est ainsi qu’il est engendré du Père; 2. un rapport de donation ; le Elis est donateur par essence de l’Esprit; 3. un rapport de dépendance qui n’est pas expliqué autrement que par l’analogie de la main et des doigts; t. un rapport de similitude, lequel est réci­ proque, étant basé sur la consubstantialité. Quant à la relation d’origine, elle est expressément écartée : d’être cause ou principe, même cause avec le Père et de la part du Père, cela est impossible. Heisenberg, Curriculum vitæ, p. 69. L’exemple suivant montre bien comment Blemmyde conçoit la procession du Saint-Esprit : « Sans aucun défaut, avec un égal honneur proviennent du Père cl l’engendré et le procédant, comme de la même source naît l’eau el sorl l’esprit uni A l’eau : la source est le principe pre­ mier el caché de l’eau, que dans l’eau 11 y ail l’esprit, l'exhalaison le montre évidemment; et que personne ne s’attache A cet exemple pour dire que l’cxhalaison provient de l’eau, car nous dissertons non de la manifestation, mais de l’existence réelle : ce n’csl pas de l’eau que l'esprit a reçu l’existence, mais provenant dans l’eau réellement de la source, il apparaît par son exhalaison et donne, à ceux qui voient, la certitude qu’il était dans l’eau avant l’exha­ laison. tenant son existence essentiellement de la source, d’où provient l’eau elle-même. · Ibid., p. 70. Un tel texte ne nous permet pas de nous méprendre sur la pensée de notre théologien. 2° Christologie. Quelques pensées sur l’Ame et le corps du Sauveur : Touchant la psychologie du Christ, Blemmyde dénie au Sauveur la προαίρεσής, electio (le choix) au sens où elle implique une délibé­ ration préalable, mais non pas au sens d’élan auto­ nome vers le bien connu. Le Christ en effet n’a pas besoin de délibération, il ne peut vouloir que le vrai bien, et il sait où il est. En lui, dès le début, sont les trésors de la sagesse et de la science; et la croissance dont parle l'Écrlture doit s’entendre d’une manifes­ tation graduelle. Sermo de fide, P. G., col. 593. • L’Ame du Sauveur, avait toute la sagesse divine, ainsi que l'humaine, et toute connaissance du passé, du présent, de l’avenir, non par nature mais par grûcc, A cause de son union hypostntique avec celui qui est le seul Sage et qui connaît toutes choses éternelle­ ment avant leur réalisation. · P. G., col. 601. Au sujet du corps glorieux du Christ. Blemmyde pense qu’il ne garde pas les traces des plaies, mais que le Seigneur les lit apparaître quand il le fallut par sa toute-puissance. I>c plus, le corps glorieux du Christ est mm seulement impassible, mais impal­ pable. άνχφές, col. 596; peut-être Blemmyde veut-il parler de la qualité glorieuse que nous appelons subti­ lité. \. Heisenberg. Xicephuri Rlemmida· curriculum viltc cl carmina, Leipzig, 1801, <*x 4- 136 pages. Iji longue intro­ duction est le principal instrument d'étude; V. 1. Bar­ vinok, X icéphnrt Elemmiftlc cl scs oeuvres (en russe), Kiev, 19! 1, |n 8Λ, x\\ 4- 366 n · |6 | pages, On trous cm dans ccs deux mis rages ainsi qu'au cours de l'article toutes 1rs indications bibliographiques nécessaires. Sur Barvinok, voirie compte rendu de M. Juglc dans Échos d9Orient, l. xvu, p. 153-156, de .1. Sokolov, dans K hr1st. Tchtrnir, 1912, (tiré h part de 10 pages), rt de Kudrjav/ev. Journal du Min tir Γ Instr. publ., Saint-Pétersbourg. 1912, partie critique et bibliographique, p. 326-339. Ccs deux derniers m’ont (Me iiutccrssibh s; M. Jugie, Thcohgia dogmatica orientalium ... t. t. p. 117-118; V. Gnimcl, Xicéphorr Hlcmmqdr rl la procession du Saint-Esprit, dans Revue do philosophiques et Ihéalogiques, I. XVîli, p. 3 l| -366. G HUM EL. NICÉP llOHE 2 NICÉPHORE CALLISTE XANTHOPOULOS, écrivain ecclésiastique byzantin de la fin du xni· siècle el du début du xiv»· IL Écrits. I. Vik. — De la vie de Nicéphore Callhte on sait fort peu de chose, et re qu’on en n écrit jusqu'ici n’est point exempt d'erreur. C’est ainsi que Krvmbâcher, Geschichte der bgzantinischen Litteratur, 2r éd., p. 293, se fondant sur un contresens de Joseph Lang dans Ja traduction latine du prologue à V Histoire ecclésiastique de Nicéphore, P. G., t. gxlv, col. 620 C, lui fait terminer cet ouvrage a trente-six ans, alors que Nicéphore affirme simplement l avoir commencé à cet Age : μήπω έκτου καί τριακοστου τή; ηλικίας έπιβάντες ενιαυτού, ήνίκα τή πραγματεία εαυτούς έκδεδώκαμευ. Le même Krumbncher se trompe égale­ ment en prolongeant l’existence de Nicéphore au delà de l’année 1X50.sous prétexteque le patriarche Callide (1350-1351) est le dernier nemmé dans une liste de patriarches de Constantinople attribuée à Nicéphore. Mais cette liste en vers politiques n’appartient pas a ce dernier. Dans le cod. 1337 de la Bibliothèque natio­ nale de Paris, xv· siècle, elle est mile sou* le nom de Théodore Prodome et a dû être allongée pur un co­ piste. Notre Nicéphore nous a bien laissé une liste des patriarches byzantins écrite en prose; mais elle sc clôt sur le début du second patriarcat d’Athanase Pr '1304-1310). P. G.J.cxlvu. col. 168 D. Des ren­ seignement s que nous avons pu recueillir, et que d’aut res pourront compléter, il ressort que Nicéphore a dû mourir dans les premières années d’Andronic III, dit le Jeune (1328-1311), vers 1335. Il parait, en effet, cc mine auteur de la Vie de sainl André le Jeune dans le Pans. gnre. 1317 (ancien Mazarinas Regius 2455). τω μέσω /ρόνω δωρησαμένη ώσανεί καί μαίευσαμένη, καί είς τόδε ήλικίας ήμχς καί λόγου προαγαγούση. P. G„ toc. til . col 609 C. Nicéphore n donc été prêtre et cela ne doit pas nous surprendre, puisque presque toute son œuvre est d’ordre religieux. Il a été aussi moine, vraisemblable­ ment sur la lin de sa vie, s'il faut en croire la su z ription qui se lit dans le Vatic, gritc. Reg. Suec. 182, fol. 1, 4 '« 7 NICÉPHORE du xv * siècle : Του μακαριωτάτου καί λογιοτάτου κυροΰ Νικηφόρου Καλλίστου του ΞανΟοπούλου του διά του θείου καί αγγελικού σχήματος μετονομασΟίντος Νείλου (et non Νάλλου, comme a lu H. Stevenson, Codices manuscript! grive! regime Succorum et Pii paper //, Home, 1888, p. 123) μονάχου Συναξάρια. Peut-être a-t-il pris l'habit dans ce couvent de Couzéna (ή του Κουζηνα μονή), dont il connaissait bien l'archimandrite, appelé Calllnique, destinataire de plusieurs de ses ouvrages liturgiques. II. Écrits. Il est ioipossible de donner une liste complète et définitive des écrits de Nicéphore Cal liste, tant que nous manquent des catalogues précis ct dé­ taillés des manuscrits grecs des bibliothèques de l’Athos, de Paris, de l’Escurial el du fonds Vatican. Ce qui nous est connu peut sc ranger sous cinq rubri­ ques : 1· Écrits historiques; 2· Écrits liturgiques; 3· Écrits exégétiques; -I· Œuvres oratoires; 5* Œuvres de littérature profane. Ce qui est remarquable, c’est que, sauf pour les œuvres oratoires, Nicéphore nous a laissé dans ces divers genres à la fols des spécimens en prose et des spécimens en vers. 1· Écrits historiques. — 1. L'œuvre la plus considérable ct la plus importante «le notre auteur, celle qui a immortalisé sa mémoire est son Histoire ecclésiastique en dix-huit livres, allant des origines du christianisme jusqu'à la mort de l’empereur Phocas (618). Les premières lettres de chacun fies livres for­ ment l’acrostiche Νικηφόρου Καλλίστου. L’ouvrage est précédé d’une longue épttre dédientoire à l’empe­ reur Andronic II Pnléologue (1282-1328). C’est un éloge pompeux el dithyrambique de tout ce qu’a fait ce prince. Il est comparé au grand Constantin pour plusieurs raisons, entre autres pour celle-ci : qu'il a fait triompher la vraie doctrine sur la procession du Saint-Esprit, tout comme le fils de sainte Hélène fit t riompher la vraie doctrine sur la générât ion du Verbe. P. (λ, I. cxi.v, col. 592 C. Ceci nous fait connaître l’attitude de Nicéphore à l’égard des Latins. · Le pre­ mier chapitre du livre I*resl une sorte d'introduction a tout l'ouvrage, écrite après que le livre XV II P avait etc terminé. P. G., ibid., col. 603-620. L’auteur y passe en revue les écrits des historiens de l’Églisc pièce*. 8 sont de* acrotischc* alphabétique*. *e rapportant tou* à la *alnte Vierge, a l'exception d’un seul, qui c*l de caractère péniteiitirl et est intitulé : Σ-·./ηρά κατανυκτικά ; le 9· morceau est une courte prière a l’image de Notre-Danie llodégétria, et le 16*, composé d’une seule strophe, une invocation aux douze apôtres (fui sont tou* nommé*. Nous publions IX. — 15 451 MCÉPIÎORE CALI.ISTE \ H; É I* 11 ' > H E DE Co X S Γ \ \ Γ I X < H'L E 452 toutes ces poésies dans le t. v, 1930,de la revue Bijzan- i Nicéphore s’étant fuit moine sous le nom de Nil,11 lion. Nicéphore s’y montre un virt uosc consommé dc la I y n lieu de rechercher si quelques unes dc ses produrversification rythmique, el le contenu, à la (ois pieux lions ne se cachent pas sous cc vocable. Nous soupçon­ cl doctrinal, mérite d'attirer l’ail eut ion du théolo- ' nons que deux ou trois des acrostiches alphabé­ gicn. tiques signalés par Krumbacher, op. cit., p. 718-719, 10. ( ne autre série de courts morceaux en vers appartiennent à notre auteur. lambiques trimètres, dont il serait Irop long d’indiquer Fabricius, Hibliothcca gracca, éd. I fnrlês, t. vir. p. 137- 111, Je sujet. h;i plupart sont des épigrammes sur une image, oh l’on trouvera indiquées les diverses éditions dc Vllisloirr un saint, une fête, un mystère. Papadopoulosecclésiastique de Nicéphore. (à?lle-ci occupe dans /*. G. le t. cxi.v, col. 559-1332 (livres I-VID, tout le t.cxi.M (I. VBKénuneus en a publie 15 dans la Byzantinische Zeit­ XIV), le t. < \Lvii col. 9-418 (I. XV-XVIIl), ou l'on trouve, schrift, toc. rit, 0 la lin.deux lubies ulphiibéliqiics délaillées; la traduction 11. Deux prières en proses,dont l’une est intitulée : lutine, duc A Joseph Lang, laisse fort h désirer et les con­ Ευχή έςομολογήσεως πρός τόν ποιητήν καί πλαστήν tresens n’y *ont pus rares. Plus d'un s’y sont laissés prendre; ημών Θεόν, περιε/συσα πάντα τά ανθρώπινα πάθη Krumbacher, Geschlchteder by^antinlschen Lilleralur, 2*êd., καί έκφαυλίζουσα, imprimée d’abord dans l'édit ion des Munich. 1897. p. 138, 291-293. 127. 668. 678. 080. 699. 718œuvres dc Théodore Prodome. Bâle, 15.36, puis repro­ 719; Papadoupoulos-Kcnimciis, Νικηφόρος Καλλιστος dans la Byzanlinlsche Zcltschrl/t, t. xi(P.8)2), duite dans P. G., t. cxlvh, col. 591-600. La seconde : p. 38-19. ou l'auteur complète dc manière fort insuffisante E'j/ή εις τόν ποιητήν καί πλαστήν ημών Θεόν έπί τη άΟρόα ίάσει τού απορρήτου καί φοοεροϋ νοσήματος. . la notice dc Krumbacher, cl éίστου τον ΞανΟοπούλυτ, Jérusalem, 1862; dans l'introduction. Athanasiadès donne quelques Ί ήσουν Χριστόν, qui aurait été éditée par Nicodèmc détails sur la vie et les œuvres de Nicéphore. Nous avons LHagioritc dans son ouvrage : ’Επιτομή εκ τών προindiqué, au cours de l’article, les sources et les éditions des φητανακτοόαόιδιτικών ψαλμών, Constantinople, 1799. œuvres de Nicéphore. ρ. 89-96. Nous avons vainement cherché cette prière à M. Jugii:. l’endroit indiqué et dans tout le reste de l’ouvrage. I 3. NICÉPHORE CHARTOPHYLAX. -On 3* Écrits exégétiques. - En dehors des commentaires s’est demandé s’il fallait identifier cc personnage avec liturgiques déjà Indiqués, Nicéphore a laissé un ComNicéphore, patriarche dc Constantinople (ci dessous). mentain des psaumes contenu d ms le Paris. 119, Fabricius en doutait déjà, Bibliotheca gncca, 1. v, copié en 1560; nuis l’authenticité de cc commentaire p. 298-299. Tout ce que l’on peut dire de certain, c’est n'est pas à l’abri de tout soupçon. t’n résumé en qu’il est postérieur au vni· siècle. Il ne semble pas vers lambiques des livres historiques de l’Ancien 't es­ toutefois qu’il puisse être confondu avec le patriar­ tament intitulé : Σύνοψις θείας Γραφής, est bien de che du même nom, car il se dit dans un rang inférieur lui. Édité d’abord à Bâle, en 1536. op. ci/.. il est inséré de la hiérarchie, alors que son homonyme reçut les dans P. G., t. cxlvh. col. 61)5-6'21. Il est suivi d’un ordres en quelques jours seulement avant de monter résumé ég dement en vers lambiques de l’histoire sur le trône patriarcal; dc plus, rien n’indique que le Juive après les M iclnbées selon l’historien Josèphc. patriarche ait élé chartophylax. Μ. V. Bencchcet porte le litre d? Συνοπτική προς θειον Γραφήν. vilch, Vizantiskii Vremenik, t. xn, 1905. p. 521-521, Ρ. G., ibid., col. 623-632. — Des scholies sur les n’hésite pas à reculer jusqu’à la fin du xi· siècle l’épo­ 30 discours dc saint Grégoire de Nazianzc portent que où vécut Nicéphore Chartophylax et les raisons le nom de Nicéphore Callisle Nanlhopoulos dans les qu’il en donne paraissent assez convaincantes. mss 76 et 77 de la Murclennc de Venise. On a de cet auteur deux lettres à un moine Théo­ 4* Œuvres oratoires. — Band!ni. Catalogus codd. mss. dose, reclus à Corinthe, la première au sujet des règles bibliotheca .Mediccie Laurentiarue varia continens opera à suivre pour entendre les confessions, la seconde sur græcorum Patrum, t. !, Florence 1761, p. 116 sq., a la puissance de lier et dc délier. Dans ces deux publié sous le nom dc Nicéphore un discours sur sainte lettres, il défend les droits des évêques contre les pré­ Marie-Madeleine (ΕΙς τήν αγίαν καί Ισαπύστολον μύρο· tentions de certains moines, qui s’arrogeaient le pou­ φόρον Μαρίαν την Μαγδαληνήν). qui parait aut hen· voir de confesser même sans être prêtres, el en tique. C’est moins un sermon qu’une sorte de notice tout cas sans l’aniorisalIon épiscopale. La première mêlée d’histoire, d’exégèse scripturaire et de légende. a clé publiée dans le texte grec avec la traduction Kcproduil dans P. G., I. cxlvh, col. 539-576. - Deux latine dans I*. G., I. <:, col. 1061-1065. la seconde dans autres discours lui sont attribués dans le Paris. grne. sa traduction seulement, ibld.. col. 1065-1068. 1199, de 1568. l’un pour la fête «le l*( )rlhodoxie. l’aut rc Μ. V. Benechevilch a édile un autre texte jusqu’alors pour Noël (fol. 1-32); mais i) y a lieu . G . t c, col. 1061-1068; Callisto. Il en va de même d’une homélie sur J*in V. Briirchcvilrli. Les réponses de Xicéphorc Chartophylax le Jeûneur, qui, d’après le Paris. 767, revient au aux questions du moine Maxime (en himo), dant Vlranpatriarche. Inhij Vremenik, 1905, t. \n, p, 518-521. 5· Œuvres de littérature profane, Le Miscell, Oxon. H. Janin. 79, fol. 281-2X9 v . contient un petit poème en vers 4. NICÉPHORE DE CONSTANTINO ianibi·>< trine· L Vu . — Né en 1296 à Heraclee du Pont, en Bithynie. Nicéphore à dix ans est orphelin. Il doit sa première formation intellectuelle et morale a l’évêque de sa ville natale, Jean, son oncle, le favori des Pulcologues (’.e prélat éclairé (ait son neveu à son image, passionné d’études et d’ascèse. A vingt ans, en 1316, l’envie de parfaire ses éludes conduit à Byzance l’élève qui bientôt, s’autorisant du prestige dont jouit son onde ù la cour, frappe aux portes des maîtres les plus célèbres; Il fréquente, alors chez, le patriarche Jean Glykys, un spécialiste de la gram­ maire et de la rhétorique ; Il obtient du grand logo thèse Théodore le Métochite des leçons de philosophie et d’astronomie.Cet esprit curieux et impa­ tient de savoir reprend par la base l’instruction reçue eh province; il ne garde de sa première éducation que le* graves leçons de morale chrétienne, qui le sou­ tiendront si elllcacemmeiil dans les multiples infor­ tune* de sa vieillesse. L’empressement que ces maîtres réputés mettent à satisfaire les désirs du jeune homme, l’accueil bienveillant qu’il reçoit de l’empe­ reur lui-même. I attachent a la dynastie des Pulcologues et expliquent l’attitude antipalanulc qu’il aura plus tard. Andronic II. û l’encontre de son Ρ··ΓΤ. se soucie peu d’expéditions militaires; pendant que les Turcs s’approchent de Byzance, une cour de NICÉI’IIoRE GRÉGORAS 456 savants et de lettrés, organisée sur les bases d’une véritable académie, endort sur le Bosphore les soucis du basileus. Dans ce milieu, (irégoras règne bientôt. Le chartophy laçai de la Grande-Église est aussitôt ollert à son jeune talent. L’écrivain refuse l'honneur, se promettant de n’être Jamais (pie célibataire cl laïque endurci. Arrivé à la trentaine, (irégoras lit énormément, produit beaucoup et disserte plus encore. 11 entre dans la politique par la voie de hi diplomatie, lors d’une légation en Serbie, mais ce n'est qu’un inter­ mède, car l’ambassadeur retourne aussitôt â scs livres. Il a bientôt traité de tout, théologie, science, philosophie, littérature; il incarne déjà la culture encyclopédique des universités byzantines. Se* com­ positions hagiographiques sont adoptées parPÉglise qui commande de les faire lire pendant les divins offices, 11 est prié d’ouvrir des cours publics. Le nou­ veau professeur installe sa chaire au couvent de Chora, â deux pas des palais impériaux (sur le programme et le fonctionnement de ce centre d’études, cf Fr. L’nchs. Ihe Imlicrcn Schulcn von Konslanlinopel, Berlin. 1926. p. 62-65) et mérite bientôt le titre envié de philosophe. Venu d’une lointaine région, (irégoras connaît dès lors la plus belle fortune qu’un lettré de province pût envier. Mais l’épreuve vient aussitôt; le 21 mai 1328. Andronic 11 abdique en faveur de son pelit-tUs. Otto déchéance forcée entraîne celle de* ministres et des favoris; les biens des uns et des autres sont confisqués. Grrgoras (pii a le courage de marquer sa fidélité ô ses bienfaiteurs malheureux, tombe dans le marasme; puis dégoûté de la vie dr cour et d’intrigues, semble vouloir s’isoler dans des recherches scientifiques; Il commente les Harmoniques de Ptoléinée cl discute à l’avenant, même avec des Latins, sur des questions d’astronomie, se rapproche d’Andronic 111 et sc lie jusqu’à l’intimité avec le grand domestique Jean (ùintacuzènc (pii bientôt, sur le trône de Byzance, sera son ennemi acharné. Il est aux yeux de scs compatriotes, depuis la retraite de son maître Théodore le Métochilc. le type de l’inlellcclucl achevé, lorsque un incident ajoute encore à sa popu­ larité. Le moine calabrais Barhiam. féru de scolastique, le provoque à un débat public sur la philosophie. L’auditoire grec acclame l’avocat de sa nation et chasse de la capitale le contradicteur latin. ( c succès, dû à la faveur du peuple, lui permet de rouvrir son récolc où la clientèle allbic vile. Il réapparaît alors au premier plan de la vie publique; il tranche d’auto­ rité la question de la réforme du calendrier, et fait échouer les pourparlers engages en vue de l’union des Églises; surtout, après un moment d’hésitation, il combat le palamisme. (irégoras et ta réforme du calendrier. Lu question avait, au cours du xur siècle, préoccupé l’Occident. mais 1rs esprits là-bas s’étalent bientôt Itjssés de fatigantes recherches. \ Byzance, il n’y cut jamais de courant vn faveur d’une réfornn si grosse de consrI (ptenccs; c’est à peine si le problème avait etc agité par de rares dilettantes. Les hasards d’une séance d’académie amène (irégoras a exposer devant Γem­ pereur. le Sénat el une docte compagnie une. solution originale qui obtient les sullrages de tous et dont chu I eun souhaite la prompte application. Andronic II. pour de graves raisons politiques, oppose sa volonté aux vieux de l’assemblée, (irégoras. dépite. sc console I en rédigeant sur le sujet un Mémoire qu’il a consigné . dans son Histoire byzantine, {p. t, , t (.xi.viii, I col. 5l8-5(»o) cl en publiant un comput pascal demeuré manuscrit. Il est ditllcile d’établir quels rapports existent entre les travaux de l’astronome bvzanlin. et les recherches qu’en 1315 Clément \ 1 ordonnera sur le même sujet. Gravas et l'union des f-gliscs. — Grégorm» n’aime 457 · NICÉPHORE GRÉGORAS 458 pas les Lutins et il en médit volontiers. Cf Correspon­ gagne par des promesse* un parti d’évêques palamilcs, dance, éd. Gullland, p. 257. Sa vanité littéraire leur promettant, s'ils lui facilitaient l’accès du tronc, s'offusque dr leur parler barbare qu’l) n'entend d’ail­ tout son appui pour la défense de leur cause et la leurs pas; sa susceptibilité patriotique se révolte diffusion de leurs doctrines (ceci et ce qui suit d’après contre leur puissance militaire qui retient toujours, un important acte sydnnal inédit). Les prélats pres­ sous le Joug étranger, les plus belles portions de sa sentis esquissent alors une habile manœuvre, dont patrie Aussi, les tentatives de rapprochement avec Anne de Savoir fut la victime un peu naïve. On lui l’Église de Koine lui répugnent elles foncièrement ; représente que le seul moyen de triompher de Canla­ d ne croit pas. du reste, à la possibilité d’une entente cuzène· e*t de s engager à fond pour Palamas en qui dans le passe a constamment échoué. En déposant le patriarche qui l'avait condamné. 1331. lorsque les légats du pape se présentent a l'cm· Le jeu réussit a souhait I n grand concile sc réunit pereur avec mission de reprendre les pourparlers. nu palais des Blachcrnes. dont l'indication et la prépa­ Grégoras, chargé de donner la réplique aux théolo­ ration font déjà la meilleure des propagandes aux giens occidentaux, non seulement se récuse, mais idee* nouvelles. Mais au moment même, dit notre persuade la cour et l'épiscopat qu’il est plus prudent document, où le synode *c tient au palais el prononce de garder le silence el de laisser les Latins s’en retour­ contre le patriarche une injuste sentence, dans la ner comme ils sont venus; il ne consent à parler, même nuit, à la même heure. Cantacuzène. occupe qu'à huis clos, devant un auditoire exclusivement les remparts dr la ville, grâce a la complicité des orthodoxe, loin des étrangers dont il semble bien avoir hésychastes. » Les engagements pris par lr nouveau craint la dialectique. Moins fanatique que plus d'un souverain sont alors tenus; le moine Isidore monte coreligionnaire, il admet cependant que les Latins sont sur le trône œcuménique et Palamas lui-même sc irréprochables en bien des points; toutefois il nie. voit promu à la métropole de The*saloniquc. Toute­ cela va sans dire, le primat du siège romain {P. G., fois. en tenant parole, l’usurpateur agit avec une cer­ ibid., col. 70S G), et ne voit dans toutes ces démar­ taine répugnance que Grégoras. tablant sur leur ches de (’Occident que manœuvres ambitieuses. Il ancienne amitié, essaie d exploiter. Mais la volonté faut, déclarc-t-il, se délier de la loquacité de cette race impériale qui avait besoin pour régner de ceux qui <ριι cherche partout occasion de. chanter victoire. lui avaient livré la capitale, se raidit devant ses remon­ Ce conseil de prudence est écoulé cl les conférences trances et. par un jeu contraire, cherche à gagner a ses annoncées n’ont pas lieu. Les légats romains doivent vues son interlocuteur. Celui-ci abandonne la partie s’en aller, comme l’avait souhaité l’orateur, les mains cl se tourne vers la basihssa qui est bientôt confir­ vides. mée dans l'orthodoxie. A l’intcstigation de la prin­ Grégoras et le palamisme. Nous n’avons pas à cesse, une conference contradictoire se tient alors ou faire ici l’histoire de la querelle hésychaste (voir Palamas, appelé à défendre ses doctrines, est confon­ Palamisme) mais à montrer le rôle prépondérant que du par l’érudit ion el la dialer tique de (irégoras. L’cm(irégoras joua dans la dernière phase de cette célèbre reur offre, sur ces entrefaites, au vainqueur la dignité affaire. patriarcale, pensant le convertir par les honneur* à la religion du jour. Mais le polémiste refuse avec Obervalion assez étonnante : dans la première période de la controverse (1310-1345), noire écrivain dédain et décide de retourner à la solitude et à ses se lient à l’écart de la lutte, allant même jusqu a livres. Les événements préviennent cette résolution. Son amour-propre· insensible a l’appât des dignités, conseiller aux partis en présence de cesser une guerre préjudiciable aux intérêts de l’Église et de l'État. eide, au premier moment, aux sollicitations du parti orthodoxe, qui désemparé, se cherche un chef. Mais ce n est là qu'une attitude factice qui ne répond pas à scs convictions personnelles. Tempérament de Il va même tout de suite aux extrêmes, et sc fait feu. il cherche manifestement une occasion d’entrer moine pour se lier au service de la religion et agir plus en scène avec autant d'honneur que d’éclat. Mais elllcai eminent sur la foule. son amour-propre de Grec l'empêche d emboîter le Mais, tandis que la détermination de Grégoras pas derrière le latin Harlaam. Comme pour se couvrir, remplit de joie les ant ipakniitcs. l’empereur prend il lance bientôt ses am’s à l'assaut du palamisme, et une disposition non moins radicale et s’apprête à faire attend leurs appels (pii lui permettront de faire à leur ’ canoniser par un synode les doctrines hésychastes. tète une guerre de partisan toute à sa gloire. S’il Grégoras, (pic rien n’intimide, fait Lice à l'orage et. boude encore la mêlée, il n’en prend pas moins posi­ le 27 mai 1351. aux acclamat ions du peuple, confond tion tout en restant chez lui : « Quand on détruit, les novateurs réunis pour le juger, lui et les siens. écrit-il à un ami. les institutions de l’Élat et quand on \ la dernière session, tenue le 9 juin suivant, il réussit est dans l’impossibilité de prêter une aide ellicace. à convaincre d’héresic Palamas qui. hésitant, n ar­ rive pas à se défendre t e succès trop éclatant perd on prend son bouclier cl sa lance et l’on s’assied devant sa porte. · Correspondance. éd. Guillnnd. p. 233. sa cause el décide Cnntacu/ène A un geste décisif; le basileus depose, en ellet. solennellement, sur l autel La régente Xnnc de Savoie l’arrache à celle feinte de Sainte Sophie le tonu* qui canonise I hércsie de neutralité. Pour Hotter son orgueil, elle l’établit Palamas et anathematise ses adversaires Suivent les arbitre entre les deux chefs de parti, Palamas et représailles corporelles, habituelles en ces circons­ Akindynos (Harlaam était reparti pour l’Occidenl). tances. Grégoras benctlcic toutefois d’un traitement Les préférences de hi princesse vont, pour des raisons de faveur : tandis que des émissaires mènent en exil politiques, au leader hésychaste. \uss| le verdict du ou jettent en prison les prélats récalcitrants, il sc philosophe, promu théologien, déçoit-il l'impératrice voit consigné simplement dans sa cellule. Mais le (pii. dépitée, lui enjoint de mettre par écrit les raisons silence eût trop pèse à celle âme ardente; gardé à vue (le son attitude. Sur celle intimation. Grégoras s’en et privé d’auditoire» le reclus écrit des libelles, réfute flamme el compose les Premiers AntirrMigucs. longuement scs adversaires et lance des appels sub­ Akindynos célèbre en vers lambiqiies cet allié qui, versifs. La faveur de Gantacuzène couvre cette se range à scs côtés Les félicitations d’un nombreux campagne nu grand scandale des thahorites; niais parti, la joie bruyante de ses amis décident alors cette protection . si insolite.cesse le jour où l’écrivain Grégoras à rester dans la mêlée où le caprice de la conjure les Églises de Trcbizondect de Chypre de se souveraine l’a jeté. Mais il débute mal. L’usurpateur séparer de l’Églisc-mère de Constantinople, tombée Canlacuzène, persuadé que le patriarche en titre. Jean Calera*. ne supporterait pas de le voir empereur, I dans I hérésle. La raison d’Étnt, intéressée à ce que 459 NICÉPHORE ces terres dissidentes restent dans la mouvance spirituelle de Byzance, couvre les appels de l’amitié, rt Gregorns est alors soumis au régime des criminels politiques. Tout lui est interdit, même la société de scs livres, le prince pense de la sorte venir facile­ ment à bout de cette nature aggressive qui, lui semble-t-il. fait de la polémique par nervosité. Les sollicitations flatteuses et les odieuses intimidations dont il est l'objet irritent sa résistance et la fortifient. La surveillance devient de jour en jour plus tracassiere et un nouveau patriarche, pour son coup de début, fait Λ nouveau excommunier le moine prison­ nier. Mais, quoi qu’on fasse, celui-ci est. en dépit d’une police soupçonneuse, renseigné sur tout; il sait ainsi que les Églises de l'obédience byzantine ont rompu avec les doctrines officielles ct que scs écrits, voire ses vies de saints dont la vogue fut si grande, viennent d’être mis à l'index. Par représailles, sachant d’ail­ leurs qu’au loin, à Antioche, comme a Jérusalem, on xi les yeux sur lui. il rédige a la hôte cl avec des moyens de fortune, d’août à octobre 1352. le récit des derniers événements qui. copié â de nombreux exemplaires par des amis, est bientôt dans toutes les mains. Dnns le camp adverse, c’est alors une clameur homicide; l’apparition successive des fté/utations dirigées contre le synode palamite d’août 1351, el des Seconds Anti· rrhéliques confirme la volonté d’en finir avec l’ad­ versaire en lui ôtant la vie. C’eût été fait sans Γορροsilion de l'empereur que troublent les prédications de Grégoras. Car ce rude lutteur a un tempérament de devin. Sa réputation d’astronome est faite depuis longtemps; n’a-t il p^s prédit plus d’un événement qui S’est réalisé à la lettre. Or. il déchire lire dans le ciel la ruine prochaine du palamisme et du pouvoir qui soutient la secte. Coïncidence fâcheuse ; depuis que le propos a été rapporté au Palais, rien ne va au gré de l’empereur. La révolution gronde en province et la capitale nourrit une sourde agitation. Sacrifier l’hom­ me qui semble posséder les secrets du ciel ne serait-ce pas précipiter a Présentation de la sainte Vierge au temple. C'est le seul qui soit édité. Cf. Bulletin de l'institut archéologique russe à Constantinople, t. xi, 1906, p. 280-295. Particularité peu remarquée : cette homélie, prononcée â Chora, devant un auditoire de moines, constitue une bril­ lante illustration des mosaïques correspondant aux sujets traités, aujourd’hui encore si miraculeusement conservées.— b) I n soi mon sur l’Annonciation, Inc. : Έμοί οέ των ζωγράφων πολλάκις, inédit dans le Vindob. hist. gr. /0/, fol. H sq. — r) l n sermon sur a Nativité, conserve dans le codex Hamilton 133, fol. lr*--br'. Inc. : ... γένος. καί ώσπερ ct τις. Le dis­ cours. comme on le voit, est mutilé du début. — d) Discours d’actions de grâces à la Vierge, Inc. : ΈμοΙ 3c τούς άπο γλωττης que l’on trouvera dans le J/osqutnsis ///. fol 331 *q. 2* Écrits hagiographiques, - 1. Vie du patriarche de Constantinople Antoine Cautéas (883-893). Inédite dans Angel, gr. 82, fol. 31vM3r·. La vie latine, insé­ rée dans les Acta sanctorum, février l. n, p. 6X1629. cl reproduite dans P G., I. cvj, col. 177-182, ainsi que le début de l'original grec, public par Nor­ den dans Die anlikc Prosa, t. i, p. 371-373, ne doivent pas être confondus avec cet opuscule, cor ils ne sont pas de Grégoras, contrairement à ce qu'allirmc R. Gullland, op. ci/., p. xxv et 171. L’élcgc funèbre, auquel ils sc rapportent,est connu depuis longtemps. Voir le texte intégral dans A. Papadopouks-Kérameus, Monumenta grnea et latina ad historiam Photii pu triarchie pertinentia, t. i, 1899. p. 1-25. L’auteur de cet opuscule, Nicéphore philosophe et rhéteur, est bien distinct de Grégoras. — 2. Vie de Michel le Syncelle, éditée par 1 h. N. Schmidt à la suite de son élude sur le monastère de Chora, dans le Bulletin de Γ Institut archéologique russe a Constantinople, t. xi, I 1906. J). 260-279. Cf. R. Gullland, cit. p. 175177. - 3 Vit de sainte Theophano, femme de Léon’V le Sage, éditée par Ed. Kurtz, dans les Mémoires de ΓAcademie impériale des sciences, t m b. 1898, p. 25; 15« Ci IL Guiiland. op. cit.. p 177-179. L Vie de sainte Basilissa, martyre de Nicomédic. éditée par Stcph. Bvzdcki, d’après Je seul Vatic.gncc. 1036. dans les Publications de Γ Institut d'histoire générale de l’uni­ versité de Cluj, I. I, 1927, p. 75-85. Pour les autres manuscrits, cf. R. Gullland, op. cit., p. xxxn. — 5 Vie de Jean d’Héradée du Pont, oncle et précepteur de Gré­ goras. Inédite. Pour les manuscrits: voir R. Gullland, op. cit., p. xxxm: cette vie, où l’auteur expose lon­ guement les Idées ascétiques el mystiques de son pa­ rent et maître, paraîtra incessamment dans la nou­ velle Bibliothèque byzantine et néo-grecque des augus­ tius de I’ \ssomptioii de Kadlkoy. - 6. La passion de saint Codrat, éditée dans les Acta sanctorum, mars, 3· éd., I. n, p. 895-898 el reproduite dans P G., t. cxi.rx, col. 503-520. Cf. H. Guiiland, op. cit., p. 183. 181,- 7. Panégyrique de saint Mercure. Inc.: Καί κυβερνήτης 8è. Inédit. Indication des nus. dans R. Guiiland, op. cit., p. xxxm ct 185-187. Com­ parer col éloge avec ce que l’on sait par ailleurs de ce 463 NICÉHWBE wint personnage. Voir à ce sujet, IL Dclnhayc, Les légendes grecques des saints militaires, Paris, 1909, p. 91 sq., 231 sq. — 8. Vie de saint Démétrius, inédit, dans V Angelic. gr. 82, fol. I3r--51'·. Cf. R. Guiliand, op. cit., p. 187-189. - 9. Éloge des saint Constantin et Hélène, publie en grande partie. Cf. Ribliotheca hagiographtca grava, p. 51. Pour les mss. voir R. Guiliand, p. xxxn et 189-192. 19. Éloge des trois martyrs Démétrius, Georges et Theodore le Stralétale, conservé dans Punique Kcicest. 91, fol. 512517. Λ celte categorie se rattache un groupe de quatre oraisons funèbres, genre d'écrits où l'histoire a infi­ niment moins de part que l'éloge inconditionné du défunt. Toutes ont été insérées par l'auteur dans son Histoire; on trouve à la suite. - 1. Éloge funèbre d'Andronic 11, texte dans ΓHistoire, 1. X, c. i, P. G.. t. cxlvui, col. 661A-668C. Des fragments de cet éloge se retrouvent en de nombreux mss.; il en existe môme une adaptation en dialecte ionien. - 2. Éloge funèbre du grand logothète Théodore le Métochitr, ibid., 1. X, c. n, loc. cit., col. 672 C-677I ). — 3. Éloge funèbre d’Andronic 111, ibid., I. XI, c. in, loc. cil., col. 768772C. - f. Éloge funèbre de Xéné, mère d’Andronic III, ibid., I. X, c. vi, loc. cit., col. 689 E-696. 3· Écrits philosophiques. - - Ceux-ci ne sont pas aussi nombreux que le laisserait supposer l'épithète de philosophe, décernée à leur auteur par l'admira­ tion de ses contemporains. - 1. Commentaire des songes de Synésios, conservé au moins en 21 mss. Édité en 1632 par Pet au, reproduit dans P. G., t. cxijx, col 521-612. Grégoras relève surtout les theories de Synésios sur l’âme et définit, d’après cet auteur, le rôle de l’imagination, considérée comme (acuité prophétique. Incrédule et sceptique en ce qui touche aux oracles, indécis devant les songes, le commentateur a un faible pour les éclipses et les comètes, et il admet volontiers Γρηγορίς N édité d’abord dans le 1 ομος ’ V *ζης île Dosithée et reproduit par P. G», t. cijv. col. 7731186), et Callisto dont nous osons deux liomélie*, l’une Contre Grégurtts tr biasphémate tir delà lumière divine, l'autre Contre Γimpie Grégoras (inédites «fans Γ Athon. Nicolas Caibasilns, un ancien ami. composa, lui aussi, un pamphlet : Contre 1rs folles délirantes de Grégoras. Inédit dans le Paris, gr. li!J rt le Coisl. gr. J IJ, Enfin, nous devons Λ un autre adversaire de moindre envergure, le protoslnitor Pluie rasés, une relation abréger tir la dispute publique qu'curent devant l'empereur et le synode assemblés, Grégoras et Ihdamas. Cette version orticlrllc de la célèbre conférence s'oppose au récit que nous en a laissé Grégoras lui-mèinc (cf. supra). Elle est conservée en de nombreux mss : Pari*, gr. Sup. 117S ; Coisl. 100 ; Mosq. 33Λ, 2/», 352. etc. Quant au traité que Joseph Calothétos aurait écrit contre Gn'goras (cf. IL Guiliand, Essai sur Xieephore Grégoras, p. 49) il fut en réalité dirigé contre Gabnis. Voir le* descriptions concordantes des deux nm. pages. Réimprimé â Jérusalem en Λ V. Chevalier. Rrpcrtoire des Sources historiques du Moyeu 1859. Cc recueil contient des sermons pour trois Age. nn mot Grègoras. Pour la littérature moderne, voir carêmes. Parmi les discours qui suivent, il y en a trois H. Guillnnd, Essai sur Nicéphore Grègoras. Paris, 1926. pour la prise d’habit d’une moniale. 2. Κυριαp. xxxviiî-xl. On ajoutera à cette liste les ouvrages sui­ χοδρόμιον ήτοι έρμηείρ και μετ’ αύτήν ύμιλία εις το vants : S. A. Boutyraf, Αιςιχόν ιστορίας καί γεωγραφίας, κατά κυριακήν... άναγιν<οσκόμενονΕύαγγέλιον, Moscou t. η, 1871, p. 241-242; Th. X. Stavros, Ai περί rr7>v τ'.σι1796, in-Ie, 2 volumes à pagination continue I I 4χαστιχων τής ιδΎχατονταετηρβος χαΐ τής δίδασκα) ίας. αύτων ίρώ<ς. Leipzig, 1905; G. PnpnmichaTI, ‘O άγιος 961 pages. Ce dominical consiste dans l’explication Γρηγόριος 0 ΙΙα/αμας. Alexandrie, 1911, surtout ρ. 115littérale de. chaque évangile immédiatement suivie 124, ou il y a bien des exagérations sur le compte de Gréd'une homélie sur un sujet qui s'y rattache. Les divin goras ; du même, ‘Ομολογία Γρήγορά dans la revue sujets ne sont indiqués qu'à la table des matières au Ί zrλησιαστικός Φάρος, t. xi, 1913, p. 66-75. L’auteur, début du t. t. Traduction russe, 18jD9; traductionturfier de sa trouvaille, admet l’authenticité dr cc faux; que( caractères grecs), Constantinople, 181G. - 3. Un M. .lugie. Theologia dogmatica Christianorum orientalium. autre Κυριακοδρόμιον, semblablement composé, pour t. i. 1926, p. 471-175; O. Tu trail, Thessalonique au qua· tarzièmr siècle, Paris 1913. les ectures des Actes des z\pôlres el des Epltres de Toutefois l’ouvrage fondamental est ct sera longtemps saint Paul. — 4. Του όσιου 1 Ιατρός ημών Ισαάκ επισκό­ encore le monument que B. Guillnnd vient d’clever avec που Νινευί τοΰ Σύρου τά εύρεΟέντα ’Ασκητικά, tant dr conscience Λ la mémoire d’une des ligures, sinon des Leipzig, 1770. Édition princeps des œuvres d'Isaac plus sympnthiqi es, du moins les plus influentes de l’huma­ le Syrien, in-4·, xiv 4 κβ' -r 584 p. Au début, nisme byzantin. Nous n’avons guère fait que résumer, en les désclojipant ou en les rectifiant, les conclusions du i discours sur le silence ct le repos à la louange de sainl Isaac. savant français, d’autant plus que l’auteur, conscient de 2· Controverse. — I. Contre les juifs : ΙΙόνημα χρυn’étre pas théologien, a déllbéiémcnt laisse l’étude de la partir doctrinale de l’œuvre dr Gregorai au futur histo­ σοΰν Σαμουήλ ’ΡαββΙ τοΰ Ιουδαίου έςέ/χ’-'/ον την των rien dr la querelle hrsychaste. On lira avec profil les ’Ιουδαίων πλάνην, traduction faite sur le latin d’un compte* rendus suivants publiés à l’occasion du livre cité ouvrage écrit en arabe. Meyer cite une édition de Guilland: H. Grégoire, dans Bgzantlon. t. iv, 1927-1928, latine de 1538, à Cologne. — 2. Contre les incré p. 704-708; L. Bréhicr, dans le Journal des Savants de jan­ dûtes : ’ Απόδειςις του κύρους των της νέας καί παλαιός vier 1928, p. 35-39. et V. Laurent. dans les Échos d’Orient, Διαθήκης βιβλίων, καί της έν αύτοις άληΟείας ύπεράt. xxvn, 1928, p. 123-126. σπισις ή ’Ανασκευή τής τοΰ Βολτέρου βίβλου, τής κοΰισυμένης Τελευταίου διερμηνευΟείσης Διαθήκης, Vienne, 1791, in-i% λζ' τ 653 -ί- 85 p. C’est une traduction, enrichie de notes, de l’ouvrage contre Voltaire de Joseph-Guillaume Clémence (1717-1792), intitulé : L'aulhenticitâ des livres tant du Nouveau que de VAncien Testament demontr/e, sprciulcmeid contre l'auteur de la * liiblc enfin expliquée» par les aumôniers du rai de Prusse (1782). l.e nom de Nicéphore Théotokis est absent de celle Άπόδειξις, mais luimême nous apprend dans une lettre datée du 30 no­ vembre 1795, qu’il est l’auteur de ci Ile publication. Έκκλ. ’Αλήθεια, t. ix, p. 350. — 3. Contre les catholiques : Άπόκρισις 'Ορθοδόξου τινός πρός τόν αδελφόν όρΟόδοξον περί τής των Κατολίκων (sic) δυναστείας. Καί περί τοΰ Τίνες οΐ Σχίσται καί οι Σχι­ σματικοί καί οί Εσχισμενοι. Καί περί τής Βαρβαρικής 7χ·^μένης Ούνίας καί των Ούνίτων, καί περί τοΰ ΙΙώς δει τούς ’Ορθοδόξους άπανταν τή των Κατολίκων τυραν/.α. Halle, 1775, in-8·, vin 112 pages. Autres éditions : Corfou, 1851, Athènes, 1853. L’ouvrage ne porte pas de nom d’auteur. Celui-ci n’est connu que par le titre d’une adaptation en vers parue en 1890: Τοΰ σοφωτάτου... μητροπολίτου Καζανίου κυρίου bourg, est ordonné dans celle ville, le 6 août 1779, Νικηφόρου Θεοτάκη τοΰ Κερκυραίου, ορθόδοξος άπόarchevêque de Slavianskij el Cherson (® Ecalcriκρισις σν^γραφεΐσα καί έκδοθείσα Χάλλη έν έτει noslav) avec résidence à Poltava. Il succède dans ce 1775.διά στίχων έκδίδοται... La préface del’’Απόκρισις, posle à Eugène Bulgaris qui abdique. 11 est transféré à moins d'artifice littéraire, est d’un auteur distinct. Le contenu de l’ouvrage esl bien indiqué par le litre ensuite à Astrakan le 28 novembre 1786. Il ramena lui-même; on s’y plaint de la violence » employée durant son ministère pastoral un grand nombre de pour forcer les chrétiens » à l'union, v! l’on réédite rascolniks à Γ Église pravoslavc oniclclle. Ayant un les arguments traditionnels contre Γ1 glise romaine : jour refusé «le bénir une table chargée de viandes un à souligner l'emploi fréquent du cas de Jean VI11 jour d’abstinence, il s’attira la colère de Polcmkinc dans la question du Filioqur D’apn s Zavlras appar­ qui avait ordonné le festin; il donna su démission, tient aussi à notre auteur l’écrit suivant Orientalis el sc relira le 16 avril 1792 au monastère I)aEcclesias responsio ad admodum Reverendi Domini nlilov i Moscou II en est nommé archimandrite le Athan. Dcmetnemchs 1776, junii I > ad occidentalem 19 janvier 1793. C'est dans celle retraite monastique Ecclesiam deficientis contra se datam declarationem, qu’il publie ses meilleurs ct scs plus célèbres ou­ V. Laukent. 6. NICÉPHORE THEOTOKIS (1731-1S00). — Il naquit à Corfou, en 1731, étudia d’abord au gym­ nase local sous le maître Baradlas, puis à Bologne cl à Padouc. De retour dans sa ville natale, il y enseigna les sciences, ct embrassa l’état monastique. Ordonné I diacre,puis prêtre, Il unit les deux fonctions de profes­ seur et de prédicateur. Vers 1765, il est ù Constanti­ nople, où il reçoit la fonction dr hicrokéryx de la Grande-Église. Il s’y lie d'amitié avec le prinçeGré- | goire Alexandre Ghica, alors grand drogman près de la Sublime-Porte (17GI-1767). Cc dernier ayant perdu sa mère, Théotokis (il de la défunte un éloge funèbre qui lui attira cc blâme public du patriarche Samuel : • l’Églisc veut des prédicateurs el non des Hat leurs. · Il donna alors sa démission cl suivit le prince à Jassy où il fut nommé directeur de l’école princièrc. A celle époque, on le trouve en Allemagne entre 1770 ct 1771. où il surveille ses éditions. En 1771, il sc voit offrir par la communauté grecque de Venise le poste de curé, auquel était jointe la dignité d’évêque de Philadel­ phie Il refusa, espérant mieux sans doute. Invité par Engine Bulgarie à venir prendre sa succession épis­ copale, il apprend le russe, sc rend â Saint-Péters­ 469 N1CEPH0KE THEOTOKIS — NICERON 80 pages. Trulli· du Sami Esprit, do la primauté du pape et du purgatoire. 3· Autres écrits théologiques. Sous le titre Πονή­ ματα ιερά ανέκδοτα. Sakkelion a édité entre autres deux lettres de Théotokis, l'une .sur l'intercession des saints, l’autre, adressée à Néophyte Kalokalybile, sur le texte de l’apôtre saint Paul : In omnen^ terram exivit sonus rorum. Neophyte objectait l'Amérique décou­ verte si lard. Théotokis répond que le passé est ici employé comme une prophétie et désigne le futur (cf. Pandora, t. iv, p. 371). D’autres lettres sur des sujets religieux ont élé également éditées : Trois lettres sur l’interprétation de l’Apocalypse dans Γ Εκκλησιαστική Αλήθεια, t. lx (1889), p. 318 350. Trois réponses, Λύσις ζητημάτων τριών. Λ Élculhèrc Miche! fie (έκ) Larissa, ibid., t. χχχι, ρ. 261-263:268272, publiées aussi par K. J. Dvobouniolè*. Νέα Σιών, (1913), I. xnr, p. 131-135.525-529, la première sur l’origine du feu sacré annuel du Samedi saint a Jéru­ salem, la deuxième sur l’eau sanctifiée : se corromptelle ou non? la troisième sur les espèces sacrées qui sc corrompent : conservent-elles, ou non, la présence du Christ?Sur le premier point, Théotokis déclare qu’il tient de personnages dignes de foi, que le feu s'obtient en frappant un silex en haut du saint Tombeau, mais qu’on est obligé de garder vis-à-vis du peuple, qui croit à un miracle, un silence économique. Sur le second, il déclare n’avoir jamais ouï dire que l’eau sanctifiée se soit corrompue, et (pi’il connaît mèmeun cas où elle s’est conservée quarante ans sans mauvaise odeur (rappelons que l’eau bénite des Grecs ne contient point de sel). Sur le. troisième, notre auteur soutient que la présence du Christ dans l’eucharistie persévère même après la corruption des espèces, par la raison qu’il faudrait autrement une nouvelle transsubstantia­ tion. Plusieurs lettres inédites, publiées par K.J. Dypbbuniotès dans Εκκλησιαστικός Φάρος, t. xm (1913). Ανέκδοτοι λόγοι καί έπίστολαι, publiés par le même dans ’Ιερός Σύνδεσμός, 1915, n. 219-253, 25G. De ces documents, deux s’adressent aux rascolniks et sont évidemment une traduction du russe. — A propos des rascolniks, signalons d’après le Diction­ naire encyclopédique russe : un recueil contenant : « Lettre circulaire aux rascolniks de l’éparcliie de Cherson », Héponsc à la requête des rascolniks », • Réponse aux questions des rascolniks irghizes » el • Dissertation sur le saint chrême », 1800 5· édit., 183*1. Le même Dictionnaire mentionne : Quatre discours pour une moniale (en russe), Moscou. 1809. 1· Travaux scripturaires. Σειρά ou Chaîne de cin­ quante et un ccmmentuteurs sur TOctateuque et tes Livres des Rnis, Leipzig, 1772 et 1773, 2 volumes in-folio, t. r, de λβ’ pages. 1676 colonnes cl 22 feuillets; l. n, de κ' pages, 960 col. et 12 feuillets. Celte chaîne, éditée par Nicéphore, provient de deux manuscrits du xi· ct du xn· siècle. Au début de chaque volume se trouvent des notices érudites sur les divers commenta­ teurs. Commentaire de Théophi/lactf de Bulgarie sur les quatre évangélistes, en grec vulgaire. Leipzig, 1761 ; autres édit., Venise, 1788, 1802. Cette traduction passe pour être l’œuvre de Théotokis (Vrétos, t i, p. 82». 5· Signalons en lin pour mémoire et comme signe de l’activité intellectuelle de notre personnage scs ouvrages s< ientiflques : Eléments de physique, Leipzig, 176G, Eléments de mathématiques,3 volumes, Mos­ cou, 1798 1799, el enfin pour que notre émumération ne soit pas incomplète une adresse (Ηροσφώνημα) Λ l’impératrice Catherine, prononcée par Nicéphore au jour de son élévation à l’épiscopal, imprimée en russe, grec cl français, Saint-Péters­ bourg. I77‘i Zavir.is signale plusieurs écrits inédits. Pour la 470 correspondance inédite, voir K. J. Dyobounfotés, Νικηφόρος ό Θεοτόκης, dans Νέα Σιών,Γ xm (1913). ρ. 125-130, et aussi dans ‘Ιερός Σ·ζ/8εσμός. 15 sep­ tembre 1913. Ph. Meyer, dans Protest. Realencycloptidie·. Phil. Slrahl, Dut gelehrte Ruuland, Leipzig, 1828 (d'après Meyer», non utilisé: G L Znsira*. \ α I / Athènes, 1872, p. 400, 191; A. P. Vrétos. Nir η-.ι/τ, Ί·ΰο)ογ:3, t. i, Athènes, 1851, p. 198-200; K. N. Sathas, Nect/zr/.czr, tx; Athènes, 1868, p. 383-385; A. S. btourai, Ά^μ.ττ-!, καί cixCfve; I tyw: < β*>ύ/γζρ<ς za: Νιζηςύ^οε extrait traduit par K. L Ιούτσο·., Athènes, 1858, 54 pages, en fait 46, les 8 dernières étant étrangère* au sujet; Goudas, lli«>t πχ^&λ/η/τ.(, t.n, Athènes, 1874. p, 11-72; A. K. Dèmétrneopoulos, ’< >pUÔ< U: 'Lz/sr, p. 105-196; I x-gra nd-Per­ mit, Hlbliographtc ionienne, Paris, 1910, deux volumes (voir à l’index onomastique); I^egrnnd-Pelit-Pemot, Bibllographie hellénique du XTth· siècle, Pari*. 1928, t. n (voir h l’index onomastique»; I). Thrreianos, Κέχμάντιφ; ό Κ&ράηε. Trieste, 1889, t. i. p. 76-79; J. Rizos Nrroulo*, Cours de littérature grecque moderne, Genève, 1827, traduc lion grecque, ’Irrepta ?<..·« γραμα*. το»# πζρτ ζΆ: ‘•ι/οζί^Λΐζ Athènes, 1870 (seule utilisée), p. 55-58. L. S. Brontkes, Ik'z/pszni r/ièspir, 2 volumes, dans le tome u (1881) (non utilisé); Anonyme, i Ηιοτοχης, dans Pandora. t. iv, p. 371-375; S. L Bout y ras, Λιξιχόν ιστορία; χα: γιωγρχζία , t. iv (1.881*, p. 901-002; Λ<ξιχόν jvicwx/oxatccxo . Athènes. 1893. t. iv, p. 235236; Conslantinide*. Xenhelleniru, Londres, 1892. p. 322329; Bcloudèx, Ή I >/. an ' c · ;<·ιί* IL χτίζ, 2* édit., revue par l’auteur, Venise, 1893, p. 101-102; Urozionr funebre di .Monsignor \ire/om Tratncht areitescooo di Chersona, r di A λ (rerun, Corfou, 1802, iO-4·, 9 pagr»; K. J. Dyobouniotè*. \ · j.t zo'.'.: o dans Ιι^ος Συνόισμός, PT avril 1910, p. 6-10; lr mrnir. Νιχηφάρου ΗΜ,τοχη άνϊχόοτχι ϊπίστολαι, îhid., 15 septembre 1013; le même, Ntxr.sopo; ό Ηι#>τ4χη.·, dan* N£x Σιό., t. xm (1913); Dictionnaire rncyc1oj>édiqut, russe, vol. xu(1897), p. 85-86 : on y trouve Signalées diverses biographie* de Tlièotoki*, unr punir , p. 327. ouvrage inédit. - 3· Inédits pareille­ ment les comment aires sur les canons liturgiques de saint Jean Damascene, cf. Νέος Έλλ.. t. x (1913), p. 339. A· Réponses canoniques à Constantin. On en trouve six dans Leunclavius,reproduites dans J*. G., t. cxrx, col. 936-937 (recension abrégée el tardive). Pavlov a donné une édition dans le texte primitif de 13 réponses, précédées des questions ainsi qu’une recension faite par Blaslarcs de huit réponses (sauf les questions). Au texte grec, Pavlov a joint une ancienne version slave de 11 réponses de Nicélas, d’après un manuscrit du xni· siècle. Ce manuscrit nous apprend que le correspondant de Nicélas. Cons­ tantin, était évêque de Pamphile. Pamphile était de fait un suffragant d’Uéraclée. Plusieurs de ces ques­ tions el réponses onl été aussi éditées avec quelques variantes par Sophrone de l.éontopolls dans Έκκλ Φάρος, I μ (I91ti). p. 93 96, Démet racopoutos. dans 'Ορθόδοξος ’Ελλάς, p. 9. attribue à notre Nicélas l’ouvrage contenu dans le Laur, plut. / x, end. 11, sous ce titre : llcpl της αγίας Τριάδος καί τού αγίου 1 Ινεύματος έκ του αποστόλου Παύλου, τών Εύαγγέλίων, τού ’Αμφιλοχίου. ’Αθανα­ σίου, Βασιλείου, Κυρίλλου, καί λοιπών Πατέρων. Comme il y a un autre Nicélas <1'1 léraclée dans la seconde moitié du xm siècle, cf Lequlen, Orient Christianus. I i. col. 1112-1113. il est possible que l’écrit en question appartienne â ce dernier : les élé­ ments nous manquent pour éclaircir ce problème. Outre In bibliographie donnée par I I. Chevalier, voir Pavlov, ! t ·. n /ton scs canonique* de Xicitas. milropoltlr ύΊΙiraclée. dans Vlsuntiiskij Vrcmenntk, t. n (1895), p. 160-170; J. Slckcnberger, Die Ltikuskalcnc de* Xlhetas von Hrraklcta, mu t IIS pages, dans Teste and I nlersu* chungen. t. xxiî. (asc. I. Leipzig, 1902; Devrecesv, les chantes < ΐ(ψ tiques, dans Dut. d» la Hiblr, Supplcnu-nt, t. i (au cour* de Particle, pcuM/Jt); Bratke, Die uorniciltiischen Kirchcnnatcr in der ungedrucktcn Patate des Xicrtas :um /'canychiiiu Jomtni.i, dans Ί hrolofjhtchc Studien und Enliken. 1895, p. 371-372. V. GllVMl !.. 4. NICÉTAS DE MARONÉE. Thlologicn et canoniste byzantin du xir siècle, d'abord chartophy lax de l’Église Sainte-Sophie, a Constanti­ nople, puis archevêque de Thcssalonique. — Sur NICÉTAS UE MARONÉE 474 l’époque ou a vécu Nicélas les opinions les plus divergentes ont clé émises par les historiens depuis le xvr siècle jusqu’à nos jours. La plupart, cependant, l’ont placé dans la première moitié du xn* siècle sous 1rs règnes de Jean II Comnènc (1118-1113) ct de Manuel Comnènc (1143-1180), el ceux-là ont raison. Nous en avons pour preuve tout d'abord l'affirmation très nette d’un successeur de Nicélas sur le siège de Thcssalonique, Nil Cabnsllas (+1363) dans son long traité polémique sur la procession du Saint-Esprit, encore inédit, contenu dans le Vat. gnre. 1117 du xn su t h Au fol 2‘a’> r . Nil ci nt . Qui m· ( mm.dt notre Nicélas ? Il est notre, en effet. lui qui fut évêque de Thcssalonique, bien que par son opinion sur le Saint-Esprit il soit fortement apparenté aux Latins cl se montre notre ennemi... Il vivait sous le quatrième des ComnCnrs : επί γάρ τού τετάρτου τών Κομνηνών 'ιασύέως έ·/τγόνε».. Le qualriànc des Comnènes est Manuel Comnènc (1113-1180). On peut préciser davantage. S’il faut ajouter foi entière a une note mise a la fin du Paris, gnre. 213, copié en 1133, à cette date, un Nicélas occupait le siege d<· The^sah nique. Ce Nicélas ne peut être que le nôtre, du imincnt que deux évêques seulement de ce nom sont signalés dans le Syntdieon de Thcssalonique, rédigé en 1439. ct que le premier, sûrement antérieur, au xu* siècle, sc trouve séparé du second par le pontificat de dix prélats. Cf. L. Petit, Lr Synod icon de Thcssalonique, dans les ÊchUS d'Orlent. I. xvm ,1918. p. 253. Ni« H .i> de Maronee était donc déjà évêque de Thessalonique en 1133. Il l’était cnc< rc au moins cans les premières années du règne de Manuel Comnènc, au témoignage de Nil Cnbasilas.. Par ailleurs, l'on sat! quests Dia­ logues sur lu procession du Saint-Esprit, étaient sûre­ ment composés avant l’année 1177. époque ou k théologien latin Hugues Elhéricn les avait déjà cités dans son ouvrage : Dt harcsibus quas Grnci in Latinas devolvunt, I. Ill.c xvm cl xix, P, L , t. cai, col. 388389. Cf. l’article I Ιυονι s Étui iuen de ce Dictionnaire t. mi. col. 309 H faut donc écarter cεσθαι, έκπύρευσις. le sixième de la doctrine mantucr. bibl. Dodteianir, t. i. Oxford. 1853. p. 603. des Pères grecs dans le Vatic. grirc. 1115 du xvi· siècle 1° I n recueil de miracles de saint Démétrius ·»1 et 1121-1121 (la première répons deux fois répétée) et 1901-1010; dans Khalils et Potlis, Σύ/τχγμχ z3L70v<»)7, t. v, Xthènes, 1835, p. 382-388, I 13-1 13. M. JüGIE. 5. NICÉTAS DE RÉMÉSIANA (ivv· siècle). —La personnalité de cet évêque de la région danubienne n’est sortie qu’assez récemment de l’ombre où elle se cachait. On trouvera dans Schanz. Gesch. der rumischrn Literalue, I. iv «, § 961 sq., un bon exposé analytique des diverses découvertes littéraires qui, à l’aide de savants recoupements, ont permis d'Identiller le personnage el ses œuvres principales. Qu’il soit permis ici, pour plus de brièveté, d’exposer de manière synthétique, surtout d'après J. Zciller, les résultats certains ou encore hypothétiques auxquels on est arrivé. Nicétas (ou plus exactement Nicéla) était déjà évêque de Kémésiana (aujourd’hui Ak-Palanka à une trentaine de kilomètres au s.-e. de Nich), dans la Dacie méditerranéenne, en 366 et 367. puisqu’il est cité parmi les destinataires d’une lettre expédiée par Genuinius de Sirmium (Mltrovitza) à Ions les évêques de celte région. Voir P. Λ., t. xin, col. 573. Par ailleurs, il est nommé dans une lettre du pape Innocent l·', JafTé, n. 299 (/>. L., t. xx, col. 520) datée de 102. ct il est un des destinataires d’une autre Litre du même pape qui est de III. Jaffé, n. 303. Cela représente pour Nicéla un épiscopal d’une cinquantaine «t années. Λ deux reprises au moins.cn 398 et en 101-102, l’évê­ que dace est venu cn Halle cl a clé l’hôte, à Noie, du bon saint Paulin, sont présentés pour la première fois sous une forme ordonnée el intelligible, dans Journal tout au plus vingt ans. et donc qu'il était né aux envi­ of theol. studies, 1920-21. t. χχιι, p. 3«·.Ί 320 Dr rons de l’an 1000. Compromettant le couronnement de ses études littéraires pour entrer au Stoudion à vigil.; 1922-23. t. xxiv, p. 225-252 De util. hymn., quatorze ans. il fut. encore que studite, le disciple avec l'introduction au traité précédent. (’.’est dans le préféré de l’higoumène de Saint-Manias, réfugie pour Dr utilit. hymn, que sc trouve à deux reprises, c. ix lors à Sainte-Marine au-dessus de Chrysopolis. I nc et xi, l’attribution fort explicite du Magnificat à Éli­ lettre de 1019, à ce qu’il semble, nous montre le vieux sabeth. maître exprimant à son jeune disciple sa confiance 3. Quant ù l'attribution ά Nicéta de l’hymne Te el son espoir de voir par lui ses écrits propagés partout Drum, elle a donné lieu à de très vives discussions. On et transmis aux générations futures. Dad.,p. 190-192. a fait valoir en sa faveur l'indication fournie par une n. 132. Entre temps, Nicélas en butte non pas aux dizaine de mss d’origine irlandaise, voir la liste et le Latins, ni aux Juifs, ni aux Arméniens, ni même aux détail dans Bum, p. c sq.; et pour corroborer ce accusateurs du saint, mais à l’hostilité des moines de témoignage on a invoqué l’intérêt que, d’après les son propre monastère, comme cinquante ans aupara­ deux sermons cités plus haut, l’évêque de Bémésiana vant Ir Nouveau Théologien, dut quitter le Stoudion. prenait au chant d’Église. Mais le dernier mot n’est Bevenu au monastère .il y fut favorisé, x ers 1025.d’une pas dit. vision extatique qui le décida a publier la vie et les Ainsi, comme le fait remarquer .L Zeillcr, l'en­ écrits de son maître. Ibid., p. 192-191, n. 133. Sa timi­ semble des ouvrages (de Nicéta) révèle l’orientation dité s’essaya d’abord a un éloge funèbre, à des hymnes pratique plutôt que théorique de son esprit : ceux el h des panégyriques. Ibid., p. 198. n. 136. Puis fort d entre eux qui sont d’un caractère dogmatique de l’approbation d’un antiquus dicriun.(\i\i\cs déclarait s’adressent aux catéchumènes, les autres concernent la liturgie Tout cela est conforme au type de l’évè- I égaux aux chefs-d’œuvre des anciens hymnogniphcs, et relancé par de nouvelles voix intérieures, il sc mit que missionnaire que dans une large mesure Xiccta a au grand œuvre, la course de sa plume devant renon­ réalisé. Op. ci/., p. 557. cer à égaler la dictée de l’Esprit <|ui, le favorisant, Ti xn.s. — Nous avons Indiqué nu fur cl A mesure les en manière de récompense, d’une nouvelle vision, endroits oü les trouver commodément. Voici leur histoire en fil l’hommc-lige du Nouveau Théologien et brûla sommaire. En 1799, le cardinal Borgia publie h Pndoue toutes scs forces à la glorification du maître de sa ΙΈχρΙαηαΙίο tynibo/i. sous le nom de Nicetas d’Aquilée. En 1302· Michel Deny* fait connaître les fragments conte­ jeunesse. Ibid., n. 135, 137 et 110. Il semble bien qu’il nus dans un Orrfo dr catrchizandu rudibus du cod. Palafaille placer sa composition de la Vie dr Siméon en tinus-Vindohonensft 1370 (voir Codices mss theol. blblloth. 1053. Auquel cas la polémique anti-latine de 1051, Palat. Vindob., t. n, 3· part., p. 2012 sq.). En 1827. A. Mai, j sur laquelle nous n'avons pas à revenir, voir l’artide publie d'affilée les trois traités De ratfone fldet, De S.S. poten­ Micm.i. CÎ'.hvi.avhi . t. x. col. 1691-1693, ne fut qu’un tia. De dlo. apelt.vl aussi le De symbolo, sous ce titre : S’uneaccès subit sans préméditation, comme le laissait du foruni eplsc. Nicrlit rl PauUni scriptu, Home*, repris dans Script, net. nova collectio, t. vu, Borne. 1833. Jusqu’à ce reste deviner le ton mvritoircment retenu de la répli­ moment on attribue ces divers textes a Nicélas évêque que de Nicetas au fougueux cardinal Humbert. Ajou­ d'Aquilrt ( 151-185), dont l'identification avec le Nicélas de tons que les données actuelles ne permettent pus d’as­ BomAiana de (tennade avait été fiprcmcnt soutenue par signer une date à sa mort. Tout au moins veul-clh P Braida. t'dinc, 1810. Voir sa dissertation dans p. /.., être reculée au delà de 1050. contrairement à l’opi­ t. in. col. 875-1131. C'est dom G. Morin qui oriente la nion hâtive du 1*. l’argoire. Mont Saint-Auxcnce, recherche dans la direction dr Nicéta de Bémésiana : dans la Bibliothèque hagiographique orientale. Paris. l'auteur du Te Drum. Heu benêd., 1800.1 vu, p. 151. sq.; 1891. L XI. p. 19 sq. et 337; 1898, t. xv, p, 99. C’est 1903. t. I. p 89 Λ E. Burn, qui a le plus contribué a établir solidement lu Encore qu’il s en défende, cf. llaussherr, op. fit.. pad U cm actuelle. p. l‘»9. Nicélas Stéthatos prend rang parmi les bons Travaux. - E. Huinpel, Niccfas Bischof von Bernes la nu, écrivains byzantins. Par cette chaude Imagination qui f ine litlrrarkrit. Studie zur Gese.h. des altktrchl. Tau[sym­ bol9 (thèse). Erlangen, 1895; A. E. Burn. Nicéta of Beme­ jette sur les choses les plus insignifiantes ces couleurs mystiques qu’il croit tenir d’une vision d’en haut, il nt ana, his life and works, Cambridge, 1905. donne en une langur intreduction une étude sur l’auteur et ses œuvres, ne peut manquerdr séduire le lecteur le plus difficile. puis b s textes; du même, The hymne Te Drum and ifs Persuadé d’être sous la conduite habituelle et cons­ author, Londres. 1920; XV. A. Patin. Nurfu, Bischof i»on ciente du Saint-Esprit, il se dispense, sous raison de Hrmrslana, ait Schn/lsteller and Theologe, Munich, 1909. reconnaissance et d’édification, des règles ckinrnVoir aussi le* notices littéraires : O. Banlcnb· wrr. Altkinhlaircs de la modcUic pour vous accabler de confi­ lirhe /Iteratur. t. ni. 1912, p. 598-605; M. Scium/, G’cjc/i. dences sur ses propres experiences mystiques. Tout der romhchrn f itterulur, t. iv 29. toujours Inédit au témoi­ gnage de M. Jugie, Theologia dogmatica Christianorum orientalium, Paris, 1926, t. i. p. 300-301, est représenté par le Vaticanus 6S0, fol. 107 V®-I22v°, d'une lecture très difficile, inc. : Το περί του αγίου I Ινεύματος /χγειν περί Θεού λέγειν έστίν. Εχρί. : Ου γάρ όμοια ού8έ ή αύτη, άλ>/ Ιδιότροπος έκατέρου ή πρόοδος καί μονό­ τροπος — 10. Le Τις ό νοητός παράδεισος., inédit, représenté par les manuscrits Mosquensis 424 (Wladi­ mir), Vindob. theol. gnre. 12 du Supplément de Kollar, Parisinus 9747, fol. 1-13-116 v·. est une des œuvres mystiques les plus intéressantes de Nicétas.— 1 L La bibliothèque Palatine possède un Κανών είς τον άγιον Νικόλαον. 12. La Marcicnne de Venise contient, sous le n. 373, quinze Sermones in Hexaemeron. — 13. On y trouve également, sous le même numéro, un autre ouvrage en 8 chapitres, intitulé Λόγος προτρεπτικός εις μετάνοιαν, qui pourrait bien n’ètre qu’une agglo­ mération de plusieurs autres traités de Nicétas. — 1-1. L’écrit Εις την ζώνην τών Στου&ιτών διακόνων, dont parle Démétracopoulos, n. 13, se trouve dans le Masquent x/λ. fol. 223.— 15. Nirétas a laissé quatre traités con/utantes Armeniorum lueresim : le premier commençant par την συγχυτικήν τών δύο φύσεων του Χριστού δόξαν est représenté par le Vaticanus 1203, le Mosquen. fJ2(Wlad.)cl le Vindob. theol. gr. 233, n. 9. Le deuxième : Τόν πρώτον σχεδιάσαντες ύμΐν λόγον, le troisième : Τήν πρώτην καί δοτέραν et le qua­ trième : Φέρε δή καί περί της ύφαλου πλάνης sont contenus dans le Mosqucn. 232 (Wind.). — 16. Panni les trois cents lettres de Nicélas que babricius-IIarlês. Riblioth. grive., t. vu. p. 715. signale, d’après un texte donné par le Vindob. hist, grne., fol. 201 \·, trois de la troisième centurie traitaient de questions canoni­ ques; Démétracopoulos. op. cit., p. 7. n. 18, en connaît deux, également canoniques, a la bibliothèque royale de Vienne, adressées û un certain higoumenc Alhnnase. Dans deux autres lettres au svncellc Nicélas. notre Nicélas traite de l’ûme. «lu paradis, de la hié­ rarchie céleste cl terrestre et de l’amour du prochain. Démétracopoulos. <>/>. cit., p. 7. n. 10. — 17. Aux numéros suivants, sont signalés : un traite περί φυ/ής : Φιλοσοφήσαι δείν {γνων περί ψ’-ι/ής: tout de même un traité du Paradis, Inc. : *Αγε δή καί περί παραδείσου φιλοσοφήσωμεν, et un traité où il csl montré Qu'il jautavant toute chose croireorthodoxement en la ^sainte et consubstantielle Trinité en conformité avec les principes de nos saints Pères et Maîtres dans la foi. Trois lettres apologétiques à Nicétas h· Syncelle contre le Sophiste (irégoirc qui a attaqué ses traités de l’.t/nr cl du Paradis. Vue autre lettre au même Nicétas. Trois lettres antirrhitiques a (irégoirc le Sophiste, l’n Discours sur la hiérarchie céleste et pareillement sur la Hiérarchie ecclésiastique. Une lettre au diacre de la (iraiide-Églisc Nicétas sur les deux hiérarchies, différente du traité précédent. Tous ces ouvrages sont contenus dans le Vindob. theol. grœc. 12 du Supplément de Kollar. 18. Au témoignage de Imbricius, up. et lue. cil., la Bodléienne possédait, sous le n. 69, un περί του κατ’ εΙκόνα, cl la Mar- XL — 16 483 MCÉTAS STÉTHATOS tienne avait dans le manuscrit S75 un De paradiso terrestri divise en cinq chapitres. — 19. A ces œuvres il faut ajouter, d’après Martini. Catalogo di manoscritli ; greet esislenti nette biblloteche ilaliane, Milan. 1393. les j quatre ouvrages suivants : Πρός Μανουήλ περί όρων ζωής; Hept των βντων. Brescia, bibliotheca communale Qucriniana, .4. / V. J, fol. 209-212 : Λόγος κατά ’ Ιουδαίων 1 καί έλεγχος έκ προοιμίων της απείθειας αύτών καί I απιστίας. ibid.; le Κατά άγιοκατηγόρων mentionné du reste par Lambros. Catalogue, n. 4308. III La doctrine. — Nlcétas Stéthalos est un des | rares auteurs qui aient trouvé grâce devant l’intran­ sigeance mystique du véritable initiateur de l’hésychasme proprement dit, Grégoire le Sinaite, P. (L. t cl, col. 1321 I). L’apologèlc anti latin, pourfendeur des azymes, du célibat écclesiastique. du Jeûne du samedi et de l’omission du rite quadragésimal des présanctiffés nous solliciterait si ce Dictionnaire ne l’avait déjà entendu. Voir l’art. Michel Céiiulaike, col. 16911693; M. Jugie. op. cil., p. 268 et 269. 273 et 27 1. 298. ! 320-311 patstm,.3-15, 108. Le théologien de la procession du Saint-Esprit e solo Paire, encore qu’il enrichisse la théologie pholicnne de nouvelles argumentations, cl fasse effort pour lui donner une base positive solide dans son traité médit, ne mérite pas une plus ample attention M Jugie. p. 300-301. Reste le maître de vie spirituelle. Il nous faut indiquer les pièces maî­ tresses de la théologie ascétique et mystique de Nicélas, presque exclusivement d'après les centuries. Les citations se feront à P. (λ. t. cxx. le chiffre arabe indiquant la colonne et le chiffre romain le numéro du | chapitre utilisé. 1· Le Pourquoi de la vie spirituelle ? — A la manière de celle des maîtres byzantins, la spiritualité du Stvthatos se présente comme un retour à l’état ori­ ginel : ή άποκατάστασίς έστι των δυνάμεων της | «Ις την παλαίαν ευγένειαν, καί ή έπί τό αυτό σύνοδος των γενικών αρετών είς την κατά φύσιυ ένέργειαν. col. 881. lxxh. Position fort intelligible : image, de Dieu non par la constitution organique du corps, mais par sa nature intellectuelle, irréductible à la matière, col. 953. iv. image par le νους et le λόγος, col. 956. vin, en un mot dans sa partie ration­ nelle. ressemblance de Dieu en tant que passionnelle. col 937. tx. l’àme humaine a pour lin Γενωσις ou la συνάφεια avec Dieu. col. 880, lxi; 881, lxv et lxvl Mais Innigc et la ressemblance ont été corrompues par le péché. Le moyen de s’unir à la Sainteté-Dieu par la dissemblance de la φιλαυτία ct â la LumièreDieu par les ténèbres de Γάγνοια ? col. 859, xviil I Entre ΓάγνοΙα cl l’image qui est une imitation de l'impassibilité, de lu lumière ct de la sagesse de Dieu, col. 953. i. Je dirais mieux une autre divinité, col. 953. ut. ct de mémo entre la φιλαυτία, et la res­ semblance qui copie la justice, la vérité, la miséricorde el l’humanité de Dieu. col. 937, vm, et qui s’achève dans une nous elle déi lient ion. Οέωσις, col. 968, xxxm. il est un abîme que peut seul combler le retour à la nature, col. 837. xv; 957. vm; col. 960. xn. Le Christ •près avoir assuré en lui cette restauration de la na­ ture humaine, col. 918. xciu. la restaure en nous par la grâce, col. 918. xcis et xcv. parla purification el par l’amour, col. 968. xxxiv, par l’impassibilité, la contemplation ct la théologie, col. 86t. xxv, en un mot par la vie spirituelle qui en assure par ailleurs la permanence» col. 969. xxxv. 2’ La marche mystique : les trois étapes. — La spi­ ritualité de Nicetas nous place d’emblée dans le troi­ sième état de l’humanité, celui des spirituels.col. no 1. vn au dessus des charnels dont toute la sic de péché va a les signer a l’image de la bête, col. 901. v.el des psythique'. ce* malades ou demi-foutqui sc contentent de l'honnêteté naturelle, col. 900 el 901. m, iv. vi. 48ί Parmi les spirituels, il distingue Γείσαγωγικός, qui restaure l'image par la vie purgative ou la πραξις, le μέσος· qui achève la restauration /ία rendront possible l’activité κατά φύσιυ des cinq sens de l’àme : esprit, raison, sensibilité intellectuelle, gnose et science, qui pourront s’adonner harmoniquement, dans les demeures supérieures, à la θεωρία cl à la θεολογία, col. 853-856, vr-13. Le commençant s'adonnera, par ailleurs, au mépris des richesses, col 925, lvi-lvhi, à une humilité vraie de pensée, de parole et d’altitude, col. 912 cl 913, xxiv-xxxvn, aux mortifications volontaires cl invo­ lontaires. col. 991. vm. Si celle double ascèse psy­ chologique el corporelle s’accompagne d’une fol sincère cl de désintéressement, l’àme sera revêtue de la première impassibilité, απάθεια, cl introduite dans la θεωρία réservée aux progressants, col 853, n ct ut; 917. xl; 920. xut; 908. xvm; 893, i.xxxix. 2. Le Μέσος. La vic illuminative ou contemplative à laquelle l'ascèse était ordonnée comme à son terme, col 885, Lxxiv. vers laquelle elle devait acheminer le commençant sans arrêt, col. 86 1 el 865, xxvm-xxx, saisit l’àme à son entrée dans I‘απάθεια, col. 937-940. lxxx et lxxxi. La ·ρ/ώσις των όυτωυ fail place à la θεωρία qui. par les raisons des choses, s’élève vers Dieu. col. 869. xi.i,cn découvre les mystères cachés, col. 968. xxxi. L'esprit sc purifie dans la lumière el commence à participer àl’Esprit Saint, col. 973, xuil. en même temps qu’il découvre en lui-même le royaume de Dieu. col. 900, i. Et quelle différence entre l’àme en progrès et la débutante! Tandis que celle-là s’enivre de l’écriture, celle-ci n’y trouve que le goût monotone du pain, col. 915. xc; alors qu< la première commence à se réjouir dans la souffrance, cvlh ci s’v débat à peine résignée, col. 861, xxn ; h commcnçoht n’a . pas trop de la peur du Dieu vengeur pour l’arrêter sur 4 S3 NICÉTAS STÉTHATOS le chemin du pèche, quand il suflil à l’ânie de se sou­ venir de son Père des deux. col. 875, i.vi; enfin dans ses rêves, le premier ne saurait découvrir que le produil inutile el méprisable de son imagination, alors que l’âme en progrès est favorisée, au cours du sommeil, de visions el de révélations prophétiques ou consola­ trices,dont la vérité lui est assez attestée par la contem­ plation a laquelle Dieu l’a élevé, col 929, lxi-lxiii. Le moyen, dès lors, de s’étonner que le démon s’en prenne de préférence à celui-ci ? L’Ame en progrès prendra surtout garde à la vainc gloire qui essaiera de lui faire accroire qu’elle est apte â diriger d'autres âmes. Si elle donnait dans cc piège, elle compromet Irait son initiation aux lumières supérieures de la componc­ tion ct de la sagesse, col. 889, lxxxi et lxxxiv. L’âme en progrès trouve surtout dans la contempla­ tion la seconde απάθεια (pii est à la fols paix parfaite des pensées, transformation achevée des sens, éli­ mination du sentiment de tout le créé el vue péné­ trante de l’esprit.col.938, lxxxix;908, xvï;909, xix. 3. Le Τέλειος. — Portée sur les ailes de l’impassi­ bilité parfaite et de la contemplation, qui des λόγοι des créatures l’a fait monter au Λόγος suprême, le Verbe, aidée par le Verbe lui-même, ct la Sagesse personnelle de Dieu, l’âme s’élève Jusqu'au troisième ciel, c’est la μυστική τού Λόγου θεολογία, col. 869. xi.ti; 921, i.i. Ce rapt sublime au delà du monde ct d’elle-même qui a brisé les liens des sens et a moulu les raisons des êtres, la plonge sans fin dans les té­ nèbres de la théologie aux indicibles silences. Elle y contemple, dans les espèces mêmes reçues de la Sagesse éternelle el autant que la grâce le peut ac­ corder. la beauté de l’Élre. Kevêlue de la force de l’Espril-Saint el toute ruisselante de son parfum, clic est étrangère aux nécessités de la nature, tout comme elle ne pourra, au sortir de l’oraison, exprimer ce qu’elle a vu ni ce qu’elle n entendu ni la manière dont l’Esprit-Saint l’a toute pénétrée, col. 969, xxxvni; 890, un; 872. xlv. Ivre de joie au milieu de la souf­ france, col. 861. XXIV. arrive d’Écrilure sainte comme d’une huile délicieuse, col. 915. xc. l’âme théologienne, déifiée par la Sagesse-Dieu. col. 967. xi.vn, épouse Dieu dans la charité el dans une oraison aussi pure κτωήχου. in-l®, plus de la moitié. Dans cette même apologie. Il Constantinople, 1811, explication des anabatlunes de l’ocloéchos à l’aide de divers auteurs ecclésiastiques. repousse la calomnie de plusieurs (pii l’accusent de penser que le corps et le sang du Sauveur dans l’eucha­ 3e Ouvrages ascétiques et mystiques. — 1. Φιλοκαλία ristie sont passibles et corruptibles. Ce dernier écrit τών ιερών νηπτικών, in-fol . Venise, 1782, recueil très de Nicodèmc ne parut qu'en 1819, dix ans apres sa Important pour la connaissance de l'ascétique grecmort, (pii survint le 1 1 juillet 1809. El c’est peut-être que; 2® edition, in-t”, 2 volumes, Athènes, 1893: en réplique à cette publication (pic Grégoire V, contient en plus des textes du patriarche Calliste patriarche pour la troisième fols, promulgua en absents de la première édition, voir l. il, p. 112-155.— août 1819 une nouvelle encyclique dont l'objet unique 2° ΙΙερί (ΓΓ/εχούς μεταλήψεως, Venise, 178.3 (voir était de confirmer celle de 1807. plus haut) 2· édit., Athènes, 1887. - · 3. ’Αόρατος IL (Jîvvhb. — Plusieurs d’entre elles furent πόλεμος, Venise, 1796, adaptation du Combat!intento éditées après la mort de l’auteur. Sauf les textes spirituale de ScupolL L’ouvrage se termine pas une liturgiques et certaines éditions de textes, elles sont, série de prières au Christ en forme de οίκοι liturgiques en grec vulgaire, el c’est cc qui a valu à notre auteur et rangées dans un ordre alphabétique sous le litre: Εύχαί κατά αλφάβητων. ---Ι.Έπιτυμή εκ των προφηson succès. 1 * Om’royrs hagiographiques. — 1. Νέων μαρτυρολο­ τανακτοδαοιτικών Ί’α>.μών, ’ ΧπάσΟισμα διαφόρων κατανυκτικών cr/ov, In-l*, Constantinople, 1799. γίων, In-l· Venise. 1799, notices de nombreux néo­ Autre édit ion Athènes, 1861. Cet ouvrage contient un martyrs de 1 192 ù I 196; 2- édit.,In 8· Athènes. 1856 florilège du Psautier cl de nombreux auteurs (en (contient deux nouvelles notices). — 2. Συναξαριστής, langue nttiqué), ainsi que la traduction par Démétrius Venise. 1819. ln-4·, 3 volumes, traduction de l’ouvragel de Maurice, diacre, avec corrections, additions, mul­ I Cydonès des Soliloque* apocryphes · texte publié par Ijivriotès. ’n et Sup., q. ix. a. 3: des textes Pentecôte. Launoi tenant pour la négative, Nicolai patristiques ont été ajoutés au texte de saint Thomas. tint pour l’allirmative. D’où nouvelles dissertations Certaines annotations de Nicolai ont été reproduites De baptismi antiquo usu..., Paris, 1668, in-12. 305 p.; depuis par I edition Migne (I vol. in-l° en 1860). une annexe dc 168 pages traitait en outre De judicis Cette édition de la Somme a élé le plus gros labeur vel de aliis quibuscumque infidelibus ad baptismum de la vie de Nicolai. Dupin, Bibliothèque des auteurs suscipiendum non cogendis, exposé historique d'une ecclésiastiques, t. xxxv, p. 323. Le travail lui avait grande érudition. Dupin. Bibliothèque.,., t. xxxv, pourtant été facilité par de nombreuses éditions p. 324-327. Entre Launoi cl Nicolai, la discussion de la Somme, faites avec soin pendant toute la pre­ s’envenimait au plus haul point. Nicolaî écrivait : mière moitié du xvn· siècle, en particulier par les Ad clarissimum el carissimum sibi sincerir veritatis dominicains du couvent de Saint-Jacques en 1630, ac æqu itatis amatorem, in dissertationes contra Joan· 1638, 1618. nem Launoium edendas prolusio, ct contra ejus nugas Nicolai laissait en mourant une édition des com­ et imposturas apologia, Paris, 1668, in-12, 60 p. mentaires de saint Thomas sur saint Paul. Elle Extraordinairement emporté. Launoi dans une Disser­ fut publiée seize ans après sa mort, en 1689, à Lyon. tationis Hijperaspistes adversus insulsas fratris JoanS. Thomæ Aquinatis.., in omnes I). Pauli apostoli nis Nicolai calumnias, reprochait à un textus incle­ commentaria opus exquisitissimum, nunc primum mentis fratris de nombreuses calomnies, de la mauvaise post omnes omnium editiones a mendis innumeris fol, des impostures, audaces ct impudences, sans quibus scatebant expurgata, et ad lectionem antiquorum parler des tergiversations, redondances, ignorances codicum fideliter restituta, nec non auditionis projundiv ct vanités. Launoi, Œuvres complètes, t. n, vol. 2. notis el additamentis ad clariorem ducidationcm p. 686-740. Des amis dominicains dc Nicolaî, Launoi illustrata. — D’un autre côté, cet éditeur de saint disait qu’il » craignait plus leur canif que leur Thomas infiniment plus soucieux d’exégèse et plume ». Bayle, Dictionnaire historique cl critique, d'érudition positive que ces thomistes qui l’avalent art. Launoi. précédé, avait médité le dessein d’une Summa biblica, ‘ Dans ce genre d’histoire ecclésiastique, Nicolaî plus conforme aux besoins de son temps et qui aurait laissait encore en mourant un ouvrage qui fut im­ embrassé toute la théologie, selon une méthode primé en 1680. in-12, Paris : De Constantini baptismo, ayant à sa base l’élude de l’Écriture. Echard. i ubi, quando et quo fuerit celebratus, 186 p. On lui a 3° Polémiques sur les pratiques religieuses. — aussi attribué un De ritu antiquo cl moderno bacchana· Nicolai qui avait été charge de composer l'office tiorum, qui pourrait être à la rigueur dc lui, ou encore liturgique du pape dominicain Pie V, lors de sa du philologue saxon, son homonyme, ou encore béatification, était très attaché aux observances j de l’orientaliste Jean Frédéric Nicolaî, professeur à monastiques de son ordre. Un Père, Louis Mcspledc, léna. ayant publié coup sur coup, entre 1612 et 1648, 1° Polémiques gallicanes el doctrine ultramontaine. quatre ouvrages contre ces observances, Apologia... — En 1628. Nicolaî déclama publiquement à Borne Querela... Noticla... et Commonitorium..., le vicaire un poème latin qu’il avait composé pour une fêle général des dominicains pria le P. Nicolaî de le réfuter. Célébrée en l'honneur de la prise dc la Kochcllc : D’ou 86 pages du P. Nicolai, ln-4°, Paris, 1614. De Rupctla regiis armis crpugmita. En 16 11, Nicolaî Commonitorii de necessitate ordinis prædicatorum eut encore à écrire en l'honneur des rois de France. renovationis analysis et successiva discussio. Mortier, Le P. Mespledc voulant marquer les droits de la Histoire des maîtres généraux dc l'ordre des Erères France .à la Catalogne s’y était pris maladroitement, Prêcheurs, t. si. p. 321· 1«hard. cl dans sa ('atalania (lallite vindicata... de 1613, il Comme il était arrivé à l’archevêque de Paris de avait déclaré faux le traité dc Corbeil conclu en 1258 dispenser de l’abstinence des Jours de carême, entre saint Louis et Jacques d’Aragon. Tout en Launoi avait conclu que l’abstinence n’est pas un soutenant les Intérêts dc la France (pii était entrée élément constitutif du jeûne. D’où une réplique de en possession de la Catalogne, Nicolaî rétablis­ Nicolai : De jejunii chrlstiani et chrislianæ absti­ sait la vérité historique dans sa (iatliiv dignitas ad nentia* vero ac legitimo ritu, juxta veterem Ecclesia* versus præposterum Catalauniæ assertorem vindicata, universalis usum trcumenica dissertatio contra pseudo sive disquisitio libelli quo Ludovico Mesplede..., Paris, ao!· 1153; Epist., cxlvii, ad Sabinianum tapsum, d’autres fort louchantes qu’il rapporte. Mais l’anec­ col. 1198. dote peut avoir été imaginée antérieurement, pour Cassien, lui, sait que la question est au moins conconcilier le fait que les nicolaitcs sont sévèrement l reversée cl propose, comme solution, d’attribuer à un repris dans l'Apocalypse, alors que. dans les Actes, nuire personnage de même nom l’origine de l’erreur le diacre Nicolas auquel on était tout naturellement nicolaltc : Licet hunc Nicolaum quidam asserant non tenté de rapporter l’origine des nicolaitcs, figurait, Ilium fuisse qui ad opus ministerii ab apostolis est ‘ sans aucune remarque spéciale de l’auteur, parmi electus, nihilominus tamen eum de illo discipulorum les autres diacres · hommes remplis d’esprit ct de fuisse numero negare non possunt, quos omnes tales sagesse >, dignes compagnons d’Étienne · rempli de tamque perfectos in tempore illo fuisse manifestum est fol ct de riisprit-Saint ·. Act., vi, 3, 5. qUales num perpaucos idx in crl préoccupé : Jam valde infirmatus et in contentione Avisé «le celle sentence par une lettre qui ne s’est contra Gntcoruni imperatores, Micltaelrni et Rasilium, pas conservée (la lettre Jaffé, n, 2736. n’est pas adres­ sed et contra orientales episcopos magnopere laborans. sée à l’empereur Michel, mais peut-être à un prince Annales Hincniari,tu\. 867. P. ?... I. cxxv. coi. 1235 «l’Arménie», le basileus réagit avec violence. Non seu­ Malgré sa mauvaise santé, le pa|i«· ne renonçait pas lement il se refuse à écarter Photius, mais il expédie . à lu lutte : contre les entreprises des Grecs il voulait à Rome une vigoureuse protestation · pleine «le mobiliser tous les l héologiciis «te l’t Iccidcnt.ct les clercs basphèmes cl d'ln|urcs · (pas conservée). Nicolas n’y d’Hincmar rempart aient à Reims une lettre datée répondit que lu 28 septembre 865. Sous «les appa­ «lu 23 octobre que 1’archevêque desalt communiquer rences énergique*, c t interminable document (/L /..,, à tout le clergé du royaume «l«‘ (’.har’cs le Chauve. t. exix. col. 926-962) marquait un recul «lu pape Jaffé, n. 2879 : Les divers mélropohlains convoqueS «ns doute Nicolas y revendiquait avec force le• I raient d urgence leurs suffraganls. pour étudier les droit divin dr l’Église romaine, mai*· il revenait eni réponses qu’il convenait d'opposer aux prêt entions somme sur 1rs solutions péremptoires «l’avril 863,, Insensées «les Grecs; Ils transmeltrnfrnl ces consulel proposait de soumettre à un nouvel examen, «piii talions au Saint-Siège. Le roi était prié de favoriser aurait lieu à Rome, le conflit pendant entre Ignace clI . Tout n'est pas absolument faux dans ce violent réquisitoire; d’une année,le conseiller d’Hadrien II. el qu'il ail encore exercé de l’influence sous le pontifical suivant. < >n cn conclura que l'action el la doctrine, qui se manifestent dans l’œuvre et la correspondance de Nicolas, proviennent directement du pontife lui-même. Pour réaliser ses desseins il a pu utiliser des hommes comme Anastase, comme Hadoald. comme Arsène, tous plus ou moins compromis sous le pontificat précédent ; mais aucun des personna­ ges de l’entourage pontifical n’a pu donner ù sa corres­ pondance et â sa politique le caractère qui leur e*t propre. C’est du pape lui-même que l une ct l’autre relèvent cn dernière analyse. 2" Principales idées de Nicolas /°. - 1.1m monarchie pontificale. Ce mot résumé assez bien la conception que sc fait Nicolas de la situation du Siège apostolique par rapport â l’ensemble de la chrétienté. A la conception orientale des cinq patriarcats, parmi lesquels Home n’a guère qu’une primauté d’honneur, il oppose nettement l’idée, fort ancienne A la vérité, mais parfois un peu obscurcie aux âges précédents, de la primauté de juridiction du siège romain sur toutes les Eglises. La «sollicitude xlecclui-cl (ce mot ancien, il l’nfTectiunne) s’étend â toute la terre: elle est une conséquence directe des promesses faites A Pierre el par là même â ses successeurs. Cette Juridiction, Nicolas l’atlirme surtout dans s?s lettres relatives aux affaires orientales, qu’il s’adresse au basilcus. à Pholius ou aux autres patriarches. Voir surtout le long factum adressé â Michel en 865. Jaffé, n. 2796. I Uc des manifestations essentielles de ce pouvoir 523 NICOLAS Ier (SAINT) monarchique, c'est le droit pour le Siège apostolique de convoquer les synodes et de les approuver. Nulle assemblée épiscopale n’a de valeur que si elle est convoquée, explicitement ou implicitement, par le pape; nulle décision ne devient légitime que par son approbation. Administrateur suprême de l’Église, le pape csl aussi juge en dernier ressort et Juge nécessaire de toutes les causes majeures. Parmi ces causes majeures figurent celles où sont impliqués des souverains temporels, l’histoire du divorce de Lothairc en est un exemple frappant: de même encore celles qui sont relatives à la déposition des évêques. Sur ce point, il semble bien que Nicolas ait renforcé, en faveur de la primauté romaine, la pratique courante à son époque. Sans doute, nui ne contestait que le pape fût compétent dans les affaires des patriarches, des primats, des métropolitains. La cause de Photius et d’Ignace, par exemple, ressortissait tout naturellement à sa juri­ diction, celle de Gunther et de Thlctgaud semblable­ ment, quoi qu’il en soit de la procédure sommaire cl unilatérale qui fut appliquée à leur cas. Ce qui est encore en litige, c’est le droit peur le pape d'intervenir dans la cause des évêques ordinaires, soumis à une autorité métropolitaine. Hincmar et les évêques de France, par exemple, sont d’avis que la cause de Rnthade, au cas où celui-ci n’aurait pas appelé à Rome ou aurait retire son appel, est du ressort exclusif du synode provincial ou interprovlncial. Nicolas n’en juge pas ainsi. Même s'il n'y avait pas eu appel, cette cause d’un évêque, étant une cause majeure, requiert une intervention du Saint-Siège. En quoi il est conséquent avec son premier principe : que la confir­ mation des décisions conciliaires lui appartient de piano. Pour urger son droit d’intervenir, Il s'appuie encore sur les canons de Sardlque qui autorisent en tout cas l’appel au Siège apostolique; mais, encore une fois, cet appel n'est pas nécessaire. S’il sc ren- | contre ici avec une des doctrines chères au I scudoIsldore, cela ne veut pas dire qu’il la lui ait empruntée. Ce renforcement du droit pontifical était en somme dans la logique des choses. Reconnaissons d’ailleurs que Nicolas n’enlève pas toute compétence aux syno­ des provinciaux: c’est à eux qu'il appartient de ventiler les questions, mais il csl bien entendu que la décision suprême appartient au souverain pontife. Et tout ceci contribue à renforcer dans l’Église une centralisation qui avait déjà commencé à l’ûgc précé­ dent. Le mouvement est incessant qui mène à Rome de tous les points de la chrétienté, el qui en repart dans toutes les directions. I ’affaiblisHmcnt du pou­ voir des métropolitains en csl la conséquence natu­ relle. Voir ci-dessus, col. 515. 2. Les rapports des deux pouvoirs. — C'est le point oû Nicolas est .'‘mené a exprimer les idées les plus neuves, et la date où il les exprime est â remarquer. Cinquante ans auparavant. ( harlcmngnc munirait clairement.par ses paroles el plus encore par sa con- | duite, qu'il m· considérait comme responsable devant Dieu dr la bonne marche de l’Église. Au*sacerdoce il abandonnait volontiers le soin de prier pour la pros- i jiérilr de l'empire, mai* c’est lui-même qui était préposé, en définitive, a l’administrai ion îles choses de Dieu. Le rcsaro-puphme s'installait en Occident comme il %'étuil installé en Orient Les premières dislocations de l’empire carolingien penne lent à l’Église «le revenir à une Idée plus nette et plus traditionnelle de sa situation. Dès l’époque de Louis le Pieux, les prélats des diverses parties de l'empire renvenen’ les rôles, el tendent à prendre dans h direction de l’État une influence prépondérante. Lapapauténeles suit d'ailleurs que lentement (ainsi Grégoire IV dans la guerre civile de 833), trop éloignée 524 sans doute des points où se traitent les grandes affaires pour y intervenir clleclivemvnl. Avec Nicolas 1««, elle va prendre, durant quelque temps, une plus uetto conscience de son rôle et de son pouvoir directif. • Pouvoir directif . c'cst le mol qui semble conve­ nir, et cela implique une distinction précise entre Église el État. La conception bvzanline et carolin­ gienne tendrait à absorber l’Eglise dans l’État; poussée à ses extrêmes limites, la théorie du pouvoir direct», telle que l’ont formulée les théoriciens du xiv· siècle, ne tend à rien de moins qu’à absorber l’État dansl’Églisc.Nicolas.lui. exprimed’une manière très nette l’existence des deux pouvoirs, souverains chacun dans leur domaine. Par quoi d’ailleurs, ilentend surtout que l’État ne s’immiscera pas dans les affaires de l’Église. Ce qu’il a vu dans l’alfaire de Photius, c'est moins l'irrégularité qui al teint celui-ci pour sa rapide ascension, le grief d’être un néophyte, que l'intervention abusive du basileus dans la déposi­ tion d’Ignace et l’élection de Photius. (.'est le point sur lequel il revient le plus fréquemment dans la correspondance relative aux affaires orientales, alors que Photius se justifiait surtout en prétendant que les canons interdisent l’ascension d’un néophyte n’avalent pas cours en son Église. S’il est sévère pour les deux archevêques lorrains, c’est à cause de leur com­ plaisance à sc soumettre aux désirs de leur roi Lothairc: et son antipathie pour Hincmar s’explique en partie par Je fait qu'il voit en celui-ci l’agent poli­ tique de Charles le Chauve. Meme altitude à l’égard des prélats bretons qui se plient aux injonctions de Ncminoé. Cf. Jaffé, n. 2708. Λ la vérité, il n’ose encore parler trop haut à des rois qui s’avisent d’agir en despotes à l'endroit de leurs évêques ; mais avec quelle hauteur il s’adresse à un fonctionnaire, le comte Étienne,qui a chassé Slgon, évêque de Clermont,et l’a remplacé î JatTé. n. 27<>«> Et pourtant, sans sc rendre comple du danger qu’il crée par là, il est sans cesse à demander l’aide des souverains pour le bon fonctionnement de l'institu­ tion ecclésiastique. Voir les innombrables lettres à Charles Je Chauve et à Louis le Gcimanique pour les amener â faire cesser le scandale de Lothairc: les lettres ù Charles le Chauve dans l'affaire de Rot hade, etc.; les divers lettres à Michel dans le conflit Ignace-Photius. A la vérité, ce qu’il demande avant tout, c'est que les souverains ne paralysent pas, par leur intervention, le libre jeu des lois canoniques. Mais celte neutralité bienveillante ne lui sufllt pas encore; il faut une interveni Ion positive des puis­ sances séculières en faveur de l’Église. Sans être encore pleinement arrivé à cette conception que le pouvoir civil est aux mains de l’Égllse un instrument d'exécu­ tion (voir ci-dessus, col. 509),il est sur le chemin qui y conduit. E. Perds a même pu relever chez lui une allusion à la métaphore des deux glaives qui a joué dans la formation des Idées Ihéccratlques le rôle que l’on sali. Voir Jaffé, n. 2787; /* t. exix, tel. 918; Manum, (iftni. hist , p 611 : Meatus Petrus apostolo­ rum princeps, <;m Matchi cobiokai i abscissa ijladlo aureinobadientif.met in Ananta et Scphiru spihiti ai.i uerbi mucrone mendi cium ct avaritiam perculit. L’allu­ sion nous parait fugitive. Mais i’ est un autre tcxle cpii revient à plusieurs reprises, c’esi h· constitues cas principes superc-mnrmterram(Vk., \i.iv, 17)quole pape applique volontiers ù la juridiction ecclésiastique. \ olr surtout .lalïé, n. 2796: Mon. Germ hist . p. 175-176. Aussi bien alllnne-t-ll avec force la primauté du spirituel sur le temporel ; Quanto enim spiritus carnem pricccllit, tanto magis eu **♦, .An<»îrc lettre* communes cl Verccil. (i la réconciliation de Philippi le Hardi, curotk* dr* deux années 1278 rl 1279; Bûhinrr-Bedlich, flrpraia Inif^rH, t vi, Inspruck. 1898. I n grand nombre roi dc France ct d'Alphonse dc ( nstille (cl-dcssus, •fr* ptts s donnée* m nteruo don* cvs recueils sont large­ col. 531); aussi au chapitre général n uni à Pndouc, ment utilisé» < dun* KaynnhU, Annale.» err lestait (cl, en mai 1277. tit-Π offrir sa démission, les multiples un 1277-12»». édit , Man*l. I, u». p I3«V-51S. affaires dont 11 était chargé par le Saint-Siège lui Il > n un·· courte biographie ((Tailleur* parfnitrinrnl paraissant incompatibles avec la direction de l’ordre. n«^mihaate« d»· Br nui ni Guy. dan·» Muratori, /ter. Hat. Il Jul neanmoins réélu à l unanimite et quand, en ·σ·Ι*Ι„ I ni col. 8t ou dan* Duchesne, I.r Liber p* t. n. p 158: cf la nollrr dr Martin d'Oppmi, I 1278, il eut été nommé par Nicolas 111 cardinal du sur l’ordre du dxn* Xlvn. Germ .Script., t. xxn. p. 176. Punni I··* I titre dc Sainle-Pudcnticnnc. il dut <®ομΙ.dr* rt chroniqueur» ancien*, il faut signaler surtout ’ pape, continuer à gouverner l’ordre jusqu m chapitre 53 S général qui rut Heu u Assise en 1279. Le cardinal de Sainte-Pudcntlcnnc joua un rôle Important dans la composition de la bulle Exiit qui seminal, donnée par Nicolas III le 11 août 1279; de meme fut-il un des négociateurs de la paix entre Rodolphe (h- Habsbourg et Charles (l’Anjou. A partir de la mort dc Nicolas I II. le 22 août 1280, un silence complet se fait autour du cardinal fran­ ciscain Jérôme d’Ascoli, Jusqu'à son avènement au pontificat en 1288. La raison en est peut-être que, devenu évêque dc Préncstc, soit à la lin du ponti­ ficat de Nicolas III, soit au début de celui de Martin IV, il se consacra entièrement au bien dc son diocèse. Honorius IV étant mort à Rome, le 3 avril 1287, les cardinaux s'y réunirent pour procéder à l’élection du nouveau pape, mais ils ne purent s’entendre. La maladie et les chaleurs de la saison les décidèrent à rentrer chez eux. de sorte qu’il y eut une vacance de onze mois. Le cardinal Jérôme d’Ascoli demeura seul au conclave sans être atteint dc maladie. Les cardinaux revinrent l’année suivante et l’élurent d’une seule voix, malgré sa résistance, le 22 février 1288. H prit le nom dc Nicolas IV, en mémoire de Ni­ colas HI, grand ami des franciscains, qui l’avait élevé au cardinalat. Il fut le premier pape de l’ordre des frères mineurs. Il était û peine élu, que Rodolphe de Habsbourg entra en négociations avec lui en vue dc son couron­ nement qui, jusqu’ici, avait été toujours différé. Se fondant sur la concession d’Honorius IV qui avait indiqué le 2 février 1287 comme jour du cou­ ronnement, en ajoutant cependant que, si des em­ pêchements ne permettaient pas de sc tenir à cette date, le roi était libre d’en choisir une autre, à condition d’avertir à temps le pape, Rodolphe Ht savoir à Nicolas IV (pie, sauf objections, il comp­ tait se rendre en Italie l’été suivant (1288) ou au commencement de l’hiver. Des raisons inconnues empêchèrent encore la réalisation de ce plan, el, au printemps de 1289, le pape envoya un légat A Rodolphe pour reprendre la question. Mais le ton de sa lettre donna l’impression d’une tergiversation voulue dans celle affaire si importante pour Rodolphe, impression (pie continue le lait des relations très intimes (pii ne tardèrent pas A se nouer entre le pape et le roi de Sicile, Charles 11, déchu de son royaume depuis les Vêpres siciliennes (30 mars 1282), qui avaient mis lin A la domination française en Sicile ct avaient donné le trône à Pierre, roi d'Aragon. Tous les efforts des papes Martin IV et Honorius IV. pour conserver A la maison d’Anjou ou reconquérir celte Ile magnifique, étaient demeurés infructueux (voir les articles de ces papes). Nicolas IV, lui. obtint rélargissement de Charles 11. Charles, prisonnier dc Pierre d’Aragon, reconquit sa liberté, en 1288, après avoir renoncé au trône dc Sicile. Le pape rejeta d’ailleurs ce contrat, ct couronna, le 29 mai 1289, A Ricti, Charles H comme roi de Sicile, d’Apulie ct de Calabre, ct lui Ht prêter le serment d’hommage. Il ne réussit pas toutefois A placer de nouveau la Sicile sous la maison d’Anjou. Il est vrai qu’Alphonse d’Aragon, frère de Jacques, renonça a la cause dc ce dernier dans lu crainte d’une invasion française, ct promit de forcer lui-même son frère A se soumettre. Mais, lorsqu'après la mort d'Alphonse, Jacques rentra en \ragon. son jeune frère Ircdcric prit le gouvernement dc la Sicile. Les relations intimes entre Nicolas IV ct Charles II furent probablement la cause dc la tension qui se produisit entre le pape ct Rodolphe de Habsbourg. Comme celui-ci réclamait la suppression des dîmes établies, en terre allemande, par Martin IV, en faveur dc Charles de Valois, il essuya un refus de la part du pape (3 juillet 1290). Potthast, Heg., n. 23 306. Rodolphe dc Habsbourg fut plus affecté encore par la protestation du pape a l’occasion des affaires dc Hongrie. A la mort dr Ladislas, roi de Hongrie, décédé sans enfants. Rodolphe avait donné cc pays vassal en llcf a son propre Ills Albert. Le pape pro­ testa, l’adjugea au contraire A l’Églisc romaine et en investit Charles-Martel, prince dc Naples, fils aîné dc (.hurles11 et de Marie dc Hongrie, sœur du roi Ladislas. Dr leur côté, les Hongrois élurent un descendant collatéral dc leur ancienne maison des Arpad, \ndré III, surnommé le Vénitien. Ce qui affligeait principalement Nicolas IV. c'était la fâcheuse tournure (pie prenaient les affaires de Terre sainte. La croisade décidée au concile dc Lyon n’arrivait pas A partir, malgré les efforts, plus ou moins continus d’ailleurs, de Nicolas HI, Martin IV, Honorius IV. En cet état dc choses, Kalavun, sultan d’Égypte, conquit sans peine et avec d'inutiles cruautés plu­ sieurs des principales villes et forteresses des chré­ tiens. en particulier Laodicée et Tripoli : les princes chrétiens d’Arménie et de Tyr devinrent ses tri­ butaires. Henri IL roi de Jéiusalcm et dc Chypre, Dis de Hugues III, envoya une ambassade a Ni­ colas l\ et aux princes de (’Occident, pour leur dé­ peindre l'état désespéré des affaires. Le pape Ht aussitôt prêcher la croisade, donna vingt galères ct 1000 onces d’or ct chercha A réveiller le zèle des rois. Quand la Hotte mouilla A Ptolémaïs, on ne put que constater l'insuHisancc des soldats et des annes, et il fallut se retirer. Le bruit que le sultan allait atta­ quer Ptolémaïs, enleva tout courage aux pèlerins en Orient et aux princes en Occident. Le jeune Phi­ lippe le Bel, roi de France, refusa sans ambages son concours: Édouard Pf. roi d’Angleterre, et d’autres princes le remettaient jusqu’en 1293; les rois d’Ara­ gon et dc Sicile el la République de Gênes» ne sc préoccupant (pic de leur commerce, conclurent des traités avec le sultan et lui promirent appui (1200). \près 1.» mort de Kalavun. SOD terrible Ills, Melik al-AsChraL mit le '» avril 1291, le siège devant Ptolémaïs (Saint- Jcan-d Acre), devenue, depuis a chute de Jérusalem le centre des chrétiens, la résidence de tous les grands, la ville ou se réunissaient marchands et pèlerins Sa perle entraînerait celle dc tout le reste; aussi l’avait-on fortifiée de murailles, de tours, de fossés. Malheureusement les chrétiens étaient désunis. Plusieurs s'enfuirent à Chypre ou ailleurs avec leur famille et leurs trésors, ct le roi Henri partit lui-même, quand il sc fut convaincu que toutes ses exhortations restaient infniclcuscs cl que les cheva­ liers du Temple et de Saint-Jean ne faisaient â peu près rien. Le 18 mai 1291. la ville fut prise d’assaut. Le sac de la ville fut atroce, tous les hommes fuient lues, les femmes violées et la ville brûlée cl rasée. Les chrétiens perdirent successivement, soit impé­ ritie. soit trahison, Tyr, Sidon. Beyrouth ct les autres villes fortifiées; les quelques Latins qui res­ tèrent en Syrie devinrent tributaires du sultan d'Égypte; Chypre cl l’Arménie restèrent seules aux chrétiens. A lu nouvelle de ces malheurs, le pape el tous les princes essuyèrent les plus vifs reproches, mais Nicolas l\ ne les méritait pas. Cc n'était pas sa faute si les plus puissants princes étaient restés sourds A ses prières el A scs objurgations. Il ne se borna pas à une douleur stérile. Il arma une Hotte dc vingt navires qui devaient s’unir a ceux d'Henri, roi de Chypre, pour combattre les Sarrasins cl convoqua une fois de plus toute la chrétienté en Orient cl en Occident, ainsi que le khan des Tarlares qui avait promis de s’unir au pape pour conquérir la Terro 5 39 NICOLAS IV 540 mainte H demandait la celebration, en tout pays, franciscains y travaillèrent si bien que, depuis 1290, de synodes et une prompte discussion des meilleurs le siège d'Akhthamar fui reconnu comme un pa­ moyens dc porter secours à la Terre sainte. Ces as· triarcat indépendant, et que le siège dc llromglal fut semblées devaient délibérer sur la fusion des cheva­ transféré à Sis, où, en 13(17, une grande assemblée liers du Temple et de THôpital. à la rivalité desquels nationale, composée de quatorze archevêques ct on attribuait en grande partie la chute de Ptolé­ dc plus de vingt évêques, déclara sc conformer â la maïs. Plusieurs des synodes convoqués par le pape plupart des usages de l’Eglise latine. lui-même, par lettre ou par ses légats, rendent Nicolas IV ne se contenta pas de travailler à la témoignage des effort* dc Nicolas IV; niais il mourut conversion des infidèles et â l’union des Églises bientôt, h· I avril 1292. orientales avec l’Église romaine, il combattit aussi Pendant son court pontificat, Nicolas IV a tra­ vivement les hérétiques et les Juifs dans les différents vaillé également â la conversion des Sarrasins et pays de l'Europe. Il attaqua principalement les joades infidèles. Il fut à peine monté sur le trône pon­ ch imites et les apocalyptiques franciscains, parmi tifical, qu’il eut le bonheur de recevoir une déléga­ lesquels Pierre Olleu occupe une place d’honneur; tion du roi des Tartares. Arghoun, qui avait renoué et surtout les < frères apostoliques ·, qui avaient les anciennes relations avec Home, rompues par son surgi dans la I faute-Italie, en 1260, et qui joignaient prédécesseur Achmct. mort en 1281. La délégation au spiritualisme des joachlmitcs ou apocalyptiques certifia que l’action évangélisatricc des frères mineurs, le panthéisme et le fanatisme politique d’Arnaud de auprès des Mongols et des Tartares, portait des Brescia Leur fondateur, Gérard Segarelli, sc croyait fruits abondants, qu’un grand nombre s’était déjà choisi de Dieu pour ressusciter l’ordre éteint des convertis, que les deux reines Tuctane cl Elcgage apôtres ct appeler a la pénitence le monde perverti. avaient reçu le baptême, et que le roi Arghoun luiLa société de Gérard sc répandit bientôt hors du même était sur le point d’embrasser le christianisme. territoire dc Parme» ct ne tarda pas à se déchaîner Nicolas l\ exprima sa grande joie pour les bonnes contre l’Église romaine, (’/est pourquoi Honorius 111 nouvelles que les ambassadeurs lui apportaient ct publia, en 1286, une bulle dans laquelle il interdisait leur confia plusieurs lettres à remettre au roi. aux les corporations religieuses qui s’étaient établies deux reines converties ct à plusieurs évêques orien­ sans l’agrément du Saint-Siège, insistait sur les taux. Il y engagea vivement le roi à ne pas différer inconvénients d’une prédication entreprise sans mis­ trop longtemps le baptême, et â ne pas attendre le sion ecclésiastique, cl exigeait que les personnes en moment où Jerusalem serait de nouveau aux mains question sc rattachassent à un ordre approuvé par des chrétiens, il félicita les reines el engagea les l’Église. Cependant le fanatisme continuait en Italie évêques à travailler pour l’union dc la foi. Potthast. ct Nicolas IV dut le combattre de nouveau en 1290, n. 22 631 sq., 23 009; 23 791 sq. Il renouvela celte el le condamner par une nouvelle ordonnance. demande au roi Arghoun jusqu’à deux fois en 1289 En 129 L le conseil de la ville de Parme fit brûler el en 1291. Il écrivit egalement, en 1289, aux quatre des · apostoliques ■ ct Scgarelli mourut sur le khans Baidu el Caum qui étaient chrétiens ct bûcher, l’an 1300. Nicolas IV favorisa considéra­ prisaient beaucoup l'alliance des Européens con­ blement l’inquisition et institua un grand nombre tre les sultans. En 1291, le pape envoya deux de nouveaux Inquisiteurs, franciscains pour la plu autres frères mineurs au roi Arghoun avec la mis­ part, dans les différents pays de l’Europe. sion spéciale dc le déterminer à sc faire baptiser En dehors de la part active qu’il prit dans la lutte avec ses deux Ills Saron el Cassicn. et de suivre contre les spirituels franciscains, Nicolas IV éleva l'exemple de son autre fils Nicolas qui avait passé au de nombreux frères mineurs à l’épiscopat ct Mathieu catholicisme. d'Aquiisparta au cardinalat, concéda d'innombrables En 1289, Nicolas IV envoya aussi aux Mongols privilèges à l’ordre franciscain, travailla à son expan­ du nord dc la Chine le franciscain Jean dc Montesion à travers le monde et composa la règle du tiers Corvino, à la demande du grand khan Koublaï ordre dc la Pénitence. qui. à plusieurs reprises, avait déjà sollicité des papes Malgré les missions difficiles, malgré les travaux l’envoi dc savants chrétiens. Cf. Potthast n. 23 003. innombrables, malgré les occupations de tout genre Jean dc Monte-Corvlno y produisit un bien considé­ auxquels il devait sc consacrer, Nicolas IV aurait rable ct fut nommé, en 1307. par Celestin V. arche­ encore trouvé, d’après L. Wadding, Scriplores ordi­ vêque de Pékin. Nicolas IV députa, en 1288. deux nis minorum, p. 118. le loisir d’écrire : L In multas frères mineurs aux rois dlllyrle el de Dalmatic pour sonda; Scriptline libros postilla; valde utiles; 2. In Ici ramener avec leurs sujets à l’Église romaine. Il quatuor libros sententiarum commentarii ; 3. Ser­ s’efforça également de ramener à l’unité de l’Église mones de tempore; L Sermones de sanctis. J. IL les Éthiopiens et les Géorgiens, (.’est pourquoi il Sbaralea, Supplementum ad scriptores trium ordinum leur envoya des délégués munis dc lettres destinées S. Francisci, t. n, p. 371-372 lui attribue : t. Tractatus à l’empereur de l’Éthiopie, Potthast. n. 23 002, au de indulgentiis ; 2. Regula tertii ordinis S. Francisci; roi de Géorgie, aux patriarches, aux archevêques, 3. Statuta pro retinendo disci pli me regularis rigore; aux évêques ct aux prélats de ces Églises. Nicolas IV L Statutum de divisione /ructuum, reddituum el pro­ travailla surtout à l’union complète des Arméniens ventuum Ecclesiae inter papam et cardinales; 3. Consti­ avec l’Église romaine. A partir de 1281, plusieurs tutiones quadam;^ Bulla dc censibus Ecclesia: romanie; franciscains travaillaient déjà comme missionnaires "· Epistola; date de captione Accon ; 8. Bullarum et en Arménie, auxquels sc joignirent plus tard des domi­ epistolarum volumina tria. nicains Le roi Héthun II, dc concert avec Nico­ Tandis qu’il s’épuisait en efforts pour recouvrer las IV, exigea une entière conformité avec l’Église cc qui était perdu dc la Terre sainte, Nicolas IV romaine, malgré les résistances partielles, qui s’éle­ mourut le 4 avril 1292, au palais qu’il avait fait vèrent dans les rangs des Arméniens, et II s’en occupa bâtir près de Saintc-Marie-Majeure, et tut enterré encore, après avoir déposé la couronne pour em­ dans celle basilique. Le cardinal Félix Perettus de brasser la vie monastique. C’est pourquoi Nicolas IV l’ordre des Frères mineurs (le futur Sixte V) érigea, envoya plusieurs nouveaux missionnaires francis­ plus tard sur sa tombe, qu’on venait de retrouver, en cains en Arménie, parmi lesquels les chefs du mou­ restaurant le chœur, un superbe mausolée avec l’in­ scription : Nicolao IV Asculano Piceno Pont. Max. vement spirituel, Ange Clarène dc Fossabruno, cum in neglecto diu sepulcro /ere lalulsset, F. Felix. More de Monte-Lupone et Pierre dc Macerata. Les 501 NICOLAS IV Percitus cardinalis dr Mante Alto in ordinem rt palriam pietate posuit Μ. /λ LXXIV, L SoUKCKS. —· Pol I hint, Hegesltl. ., t. ιι. ρ. 1826-191 i υΐ les autre* recueils mentionné» cl-de-wsu* à Nicole* Ht. A côté de Raynatdl, voir aussi L. Wad llng, Annales Mi· nurum, t. iv, p. 315. 353.387. 395 ct II; t. v, p. 15-16, 17Ί9. 70, 91. 123. 1 17. 168-169, 213; courte biographie is pape rl le roncilt ( Π13Ή50), Paris. 1909, L n, p. 323-370. es pou», «te façon neuve, l'histoire de la Indulgences du jubilé, en un mot restaurer la vie chré­ fin du schism? <1.· Félix V. et rectifie quelques erreurs de tienne. Cc plan grandiose, Nicolas de Cues l’exécuta detail* commises pir <». Pérouse, dans son remarquable consciencieusement. Il exerça une action bienfaisante livre intitulé : Zz cardinal Ijtuis Airman, président du dans l’Allemagne du Nord et Jusqu’en Belgique, en candie de /n/c, rt la fin du grand schisme, Paris, 1901, Hollande, en Zélande et en Frise. Il s’attacha a rt qji contient une bibliographie très riche. Voir encore détruire les pratiques superstitieuses, les exagérations M. Brachct, Le chateau de Ripaille, Pans, 1997, l’article du culte des images saintes el les abus nés des pèleri­ XmA/Ae VI il de Savoie du Dictionnaire d'histoire et de gtogrinhie ecclésiastiques, t. n, col. 1172-117-1; G. de nages: il remédia encore â l’ignorance generale, en Bciueajrt, Histoire de Charles VII, Paris, 1881-1891 (cet forçant le clergé à enseigner les rudiments de la religion (Klvra : : doit être souvent corrigé Λ l’aide de celui, cité plus au peuple, à prêcher cl à faire respecter le repos haut, d· X. Valois). S ir le concile de Bile, cf. E. Barsche, dominical. La rénovation de la vie chrétienne n'était Die Reform irbeilcn de.t Basler Konzib. Bine kirchcn· possible qu’à la condition que les gvns d’Eglise don­ getchichUich· Untenuchnng, Lodz, 1921; J. Haller, Connassent, les premiers, le bon exemple; or, sans trop cUium Rniliense. Studien und Quellen zur Geschichtf des pousser au noir les tableaux qui ont clé tracés de la Konzih ο·»·! Bise!, Bile, 18*Η·19ί)3, I vol. moralité cléricale, il faut avouer que la simonie el le IL Le concordat de Vienne (17 févrierconcubinage contaminaient séculiers et réguliers alle­ 19 mars I 118). — Si les princes allemands se résignè­ rent h abandonner la cause de Félix V cl à sc rallier i mands dans une fort large mesure. La faute ne leur incombait que partiellement; clic retombait princi­ à Nicolas V. ce fut. sans nul doute, le fruit des-négopalement sur les collaleurs ordinaires, qui ne con­ cita Ions laborieuses qui aboutirent, le 17 février 1118, féraient les bénéfices que moyennant l’abandon i la signature du concordat de Vienne ct à sa ratifi­ frauduleux des dîmes paroissiales el des revenus ecclé­ cation, à Rome, le 19 mars. L’irritante question de la siastiques, ou le paiement de pensions à des tiers. Des collation des bénéfices qui avait fait tant de mécon­ décrets synodaux interdirent de pareils marchés sous tents était enfin tranchée. La solution adoptée offrira peine d’excommunication. Quant aux concubinaires, des avantages tels qu'elle restera en vigueur fort de sévères prescriptions les contraignirent à observer longtemps. A la bien considérer, clic constituait le ia chasteté. Il fut plus difficile de détruire les abus qui reniement des théories révolutionnaires émises dans sévissaient dans les monastères. Des décrets réforma­ certaines sessions du concile de Bâle. Les Pères teurs rétablirent la clôture, el menacèrent les contre­ auraient voulu dépouiller le Saint-Siège des réserves venants de la perle de leurs privilèges. Cependant, le ct des annates; or, le concordai de Vienne réglait légat préféra employer les moyens persuasifs plus précisément les cas où les unes entreraient eu Jeu ct les autres seraient perçues. Certes, le pape perdait le ! volontiers que la manière forte les visiteurs qui le droit de nomination aux évêchés, mais il le recouvrait j suppléèrent furent invités à user de modération. La correction des abus l’obligea parfois à agir fermement; si l’élection s’étalt effectuée contrairement aux pres­ c’est ainsi que, fidèle à la ligne de conduite qu’il criptions canoniques ou avait été différée au delà des s’était tracée ct qui consistait à placer de bons supé­ délais, fixés par le concile du Lal ran: au demeurant, rieurs à la tête des maisons religieuses, il n’hésita pas il possédait le droit de confirmation. à déposer certains abbés récalcitrants ct à leur choisir L'application du Concordat de Vienne ne s’opéra des remplaçants plus méritants. 1 teins ! il faut l’avouer, pas facilement. Il fallut vaincre les résistances de la mission réformatrice de Nicolas de Cues n’obtint l’épiscopat et des princes par la concession de faveurs el après de longs pourparlers. L’opposition de l’arche­ pas tout le succès désirable. Sans avoir été stérile, elle échoua en partie, en raison de l’hostilité de ceux vêque de Salzbourg ne cessa que le 22 avril 1118, celle de l’archevêque de Mayence qu’en Juillet 1119, | qui sc refusaient à amender leur vie privée; c’est ainsi celle de l’archevêque de Trêves, en 1151 cl, enfin, I que les moines de Deddingcn mirent en pièces la voiture qui transportait l’ecclésiastique chargé demies celle de Strasbourg, en 1176. visiter, ct qu’a Nuremberg des dévoyés Jouèrent du L von Pa*tor, Geschlchte der Papste sett dem A us gang poignard. des Mtllrlalters, Fdbourg-en-Brisgritt, 1925, t. î, p. 390-102; Le cardinal réussit mieux dans le domaine social. édit française, Paris, 1911. t. n, p. 31-39; Heîclc-l,eclercq. Histoire des conciles, Paris, 1910, t. vu, p. 1130-1137. Ix Ses instructions lui imposaient la tâche de ramener la t**xte du concordat sc trouve Imprimé dans A. Mercati, concorde parmi le peuple allemand. Il s’évertua à les Racroltà di concordati tu materie rcclrsla.sllche Ira la Santa remplir intégralement, mais, en toute occasion, il Sedr r autorit i < n-ih, llo’iic, 1919· p. 177-185. obéit à scs principes favoris, d’après lesquels la restauHL Tentatives de réforme dans l’empihe. - ’ ration du pouvoir hiérarchique devait servir de base 1 La légaiton du cardinal Nicolas de Gués. — Au lende­ au rétablissement de l’ordre. Voilà pourquoi il soutint main du funeste schisme de Félix V, un grave devoir énergiquement les droits du pape, des évêques ct du s'imposât a Nicolas V, celui de combattre les maux clergé séculier contre ceux qui les violaient. A Elchqu’avait engendrés l’indiscipline des Pères de Bàle stàll, il régla les cas dans lesquels le doyen du chapitre et dont le principal était l’anarchie religieuse. 11 invita, serait désormais soumis à Févéquc du lieu; à Magdcd'abord, le monde chrétien au repentir ct â la péni­ bourg, à Minden cl à Mayence, il restreignit la Juri­ tence en publiant un Jubilé (1119), puis il donna les diction des archidiacres qui empiétait sur celle des pouvoirs «le légat en Allemagne, Bohême ct pays officiaux; ailleurs, Il réprima les excès des religieux qui ne respectaient pas les privilèges curiaux contraire­ circonvoisina a un homme fort savant, sachant la |an ,'Ur de ces contrées, connu pour son zèle aposto­ ment aux canons, ou apaisa les conflits de juridiction (pii avalent surgi entre les communes avides d’indé­ lique, sa vertu, son tact, son éloquence, au cardinal pendance ct les clercs; en un mot, il s’ingénia à mettre Nicolas de Cues (21 et 29 décembre 1150). NICOLAS V 545 un tonne aux querelles locales, où qu'elles existassent. 2· La légation de Jean de Capistrun» — Tandis que Nicolas de Cues déployait son zèle dans l'Allemagne du Nord, un franciscain évangélisait l'Allemagne du Sud, l’Autriche, la Moravie ct Jusqu'A la Pologne, (’/était .Jean de Capistrari, aussi savant que pieux, possédant un don oratoire assez puissant pour soulever le repentir dans les cœurs de gens qui, pourtant, n'entendaient point sa langue. Le prédicateur parlait sur les places publiques, en latin, a des foules qii’.Encas Sylvius Piccolomini évaluait à vingt ou trente mille personnes. Son geste, son accent convaincu el son extérieur chétif, exprimant l’austérité de sa vie privée, impressionnaient les auditeurs qui écoutaient avec avidité le prêtre chargé de leur traduire les paroles qui les avaient tant émus. E. Vanstrenberghe, Le cardinal Nicolas de Cues (1101· 1161). L'action. La penser. Paris, 1920, p. 87-139, 175-190; L. von Pastor, op. rit., t. n, p. 98-130, el la 7· édition alle­ mande, t. I, p. 167-193; Hefe1e-L<-cl< rcq, Histoire des concites, t. vu, p. 1201-1227. III. LC SACHE DE L'EMPEREUR FRÉDÉRIC HL — Cet événement, à l'encontre de cc qui avait eu Heu aux siècles précédents, n'amena pas de complications avec les États italiens, Frédéric s’abstint de paraître en conquérant. Sa suite était peu brillante ct ne pou­ vait inquiéter les populations qui sc tenaient sur la défiance. La cérémonie du couronnement se célébra, suivant les rites prescrits, le dimanche 19 mars 1152. Elle n'eut rien de mémorable sinon qu'elle marqua la fin de l'union de l’empire cl du pontife romain : jamais, depuis celte époque, elle ne sc renouvela. Au reste, elle ne rapporta aucun avantage à Frédéric cl ne rehaussa pas son autorité aux yeux de scs contemporains. Pastor, op. cit., I. n, p. 131-153, ct In 7· édition alle­ mande. L t, p. 191-512. IV. Nicolas V et les États de l'Église. — Nicolas V cul le mérite incontestable de rétablir dans ses États l’ordre, la sécurité et la prospérité compromis gravement sous le pontificat d’Eugène IV. Par scs bonnes grâces, il sc concilia les barons romains, tur­ bulents par nature; aux autres seigneurs il renouvela ou concéda des vicariats â Urbino, Pesaro, Rimini. etc., ct racheta Jési tombé aux mains de Francesco Sforza. Rome ct certaines villes de la marche d’/\ncônc reçurent des franchises ou la confirmation de leurs privilèges, ('.à ct là, s’élevèrent des forteresses destinées A contenir les instincts pillards des nobles. Les mercenaires, payes régulièrement, ne sc livrèrent plus â la rapine, comme par le passé. Les mesures de prudence, adoptées par Nicolas V, lui procurèrent la joie de voir Bologne se soumettre à l’Églisc (21 août 1117). En l’occurrence, Je pape fil preuve d’un esprit de conciliation peu commun ct, moyennant la concession de privilèges, il réussit à s'attacher une population ombrageuse, Hère de scs libertés cl toujours prête à la révolte. Il est vrai qu’il eut soin de ul choisir des gouverneurs habiles, dont B es sari on fut le meilleur (1150-1 »55). Pastor, <»/>. rit., t n, p. 57-67, cl In 7· édition alle­ mande, 1.1, p. 122*131. V. L\ conjuration d’Étienne Porcaro. — Lors du conclave de 1117, Étienne Porcaro avail vaine­ ment tenté de provoqûcr un soulèvement populaire â Borne. C'était un humaniste possédant le culte de l’antiquité classique, un patriote convaincu qui rêvait île libérer la Ville étemelle du joug pontifical. Nicolas \ lui accorda généreusement son pardon, cl lui confia même la charge de gouverneur de la Cam­ panie rt de la Maritime. Au lieu de témoigner de la reconnaissance à son bienfaiteur, Porcaro occasionna PICT. DE THÉOL. CATII. des troubles à lu faveur «lu carnaval. Celle fois, le pape sévit cl lui infligea la peine d'un doux interne­ ment a Bologne (1150). l.a, Porcaro, reprit ses projets révolutionnaires ct, trompant la vigilance du cardinal Bcssarlon, il quitta furtivement Bologne, le 26 décem­ bre 1152, cl rejoignit des affidés romains. Il fut convenu que l'insurrection éclaterait le G janvier; pendant la célébration de la messe solennelle. le feu serait mis aux écuries pontificales. A la faveur de la panique qui ne manquerait pas de .sc produire, les rebelles s'empare­ raient des cardinaux cl du pape. Chargé de chaînes d'or, Nicolas V comparaîtrait devant Porcaro, devenu tribun, qui statuerait sur son sort ; la République serait proclamée cl la papauté exilée de Rome. Iæ plan ourdi n’avalt qu'un défaut, celui de reporter l'exécu­ tion a une date trop éloignée. On l’ébruita bientôt, et Porcaro, arrêté, avoua son crime et subit le supplice de la pendaison le 9 janvier 1153. Il n’y eut pas que Rome a pitir de trouble* révolu­ tionnaires. A partir de 1151, une agitation inquiétante grandit dans les États de l Églnc. principalement dans les Marches, dans le Patrimoine de Saint-Pierre, a Spolèlc. a Bologne. Tous ces tracas agirent sur la santé du pape qui s'éteignit dans la nuit du 21 au 25 mars 1155. Pastor, op. rit., t. n, p. 203-227, 293, cl la 7* édition allemande, t. i, p. 571-593, 832-840; lù Rcxtocanachi, Histoire de Home, dr ά 1471 L'antagonisme entre let Romains cl le Saint-Siège. Pan*. 1922. p. 250-261. 289-302; J. Guiraud, L'Êlat fiontifinit apres le Grand Schisme, Paris. 1896. VI. L'humanisme it le CULTE DES arts Λ LA COUR de Nicolas \ Les hum.m.strs italiens avaient naguère affiché des tendances plutôt païennes, ct leurs écrits, trop souvent libertins, avaient semé le mépris de la religion el de la morale. Non moins admirateur qu’eux de l'antiquité classique, non moins lettré, Nicolas V entreprit de réconcilier le christianisme et l’humanisme. Sur son lit d’agonie, se remémorant les trésors d’art et de science qu’il avait amassés, il assura au collège cardinalice n’avoir agi ni par orgueil, ni par amour du faste, ni par saine gloire, ni par ambi­ tion d’assurer l’immortalité â son nom. » Son souci intime cl unique avait été tic faire de Rome la capi­ tale du monde savant, lettré ct artistique cl, par voie de conséquence, de redonner au Saint-Siège le pres­ tige momentanément perdu A l’époque du concile de Bâle, ct aussi d'accroître son autorité aux yeux de ses sujets temporels. L’activité déployée par le pape, pendant son court pontificat, justifie les paroles qui lui ont été prêtées. Non content de réparer une foule d’églises tombées plus ou moins en ruines, de restaurer les murs d’en­ ceinte de Rome, les aqueducs et les ponts, de bâtir la fontaine de Trevi (1 153). les architectes pontificaux, dont le plus célèbre fut le Florentin Alberti, décidè­ rent de créer un quartier neuf dans le Borgo, d’édifier un palais plus grandiose au Vatican, de renverser la vieille basilique de Saint Pierre qui menaçait de s'écrouler cl de reconstruire a sa place un vaste édifice affectant la forme d’une basilique a cinq nefs. Sans doute, ces projets grandioses ne furent pas réalises du vivant de Nicolas \ . mais ils marquèrent une ère nouvelle cl s'imposèrent à ses successeurs; du moins, l'auguste pontife eut-il la joie de contempler les admi­ rables fresques dont Frà \ngelico décora les parvis de la chapelle de Saint-Laurent, au Vatican, et où se marient harmonieusement l’art chrétien et l’arl païen. * SI les peintres italiens, allemands, espagnols, fran­ çais et hollandais ailluèrenl dans la Ville Éternelle, le concours des lettrés ct des savants ne fut pas moins empressé. S’y donnèrent rendez-vous le Pogge, Vulla, XL 18 I 547 NICOLAS V — NICOLAS (JEAN-J ACQUES-A UG LISTE) \f.ineltl, Aurispa. Tortcllo, Fllclfe, et tant d’autres qui traduisirent, à l’usage du public, les chefs-d'œuvre de l'antiquité grecque et certains des ouvrages des Pères de l’Église. Si l’on peut adresser un reproche à Nicolas V, c'est d’avoir trop protégé un Valla, un Pogge, ou un Mnrsuppini outre mesure. Il eût dû écarter de ses faveurs les littérateurs, dont les écrits licencieux font encore justement scandale. Mais Nicolas V ne considérait de telles œuvres que comme anodines, cl commodes badinages sans péril pour la fol cl les mœurs. Le pape immortalisa son nom par la réalisation d’une œuvre qui subsiste de nos jours : la création de la bibliothèque Vaticane. Il fallut rechercher des manuscrits non seulement en Italie, mais par toute l’Europe et jusqu’en Orient. Bientôt les collections Vaticanes comprirent 795 manuscrits latins. Ce chiffre qui nous parait actuellement dérisoire, n’en était pas moins considérable pour l’époque. En tout cas, il ne correspond nullement à la réalité, car dans l'inven­ taire sur lequel il est basé ne figurent ni les ouvrages grecs que Nicolas V se procura en Orient, ni les œuvres en langue vulgaire qu’il dut posséder. Si elle n'eût pas surpassé par sa richesse les autres biblio­ thèques, celle du Vatican n’eût pas excité l’admira­ tion des contemporains. Aussi bien le chiffre de 1209 mss proposé par Pastor (édit, allemande, p· 508) parait faible. .1. Gufrnud, L'Église romaine cl h s origines de la Menais· saner, 5' edit., Paris, 1921, p. 171-252; L. von Pastor, op. cil., t. u, p. 151-202, et la 7· édition allemande, t. r, p. 313-570; l abre et Muntz, La bibliothèque du Vatican (in .tl*· siècle, d'après des documents inédits, Puris, 1887; E- Muntz, /x< ark a la cour dex papes pendant le A Γ» el le X· /· siècle, recueil de documents inédits. Pans, 1878-1879. VU. JUGEMENT SUR LE PONTII ICAT DE NICOLAS V. — Les humanistes qui ont participé aux faveurs de Nicolas V n’ont pas manqué de célébrer les grandeurs du pontifient de leur bienfaiteur, dans les tenues les plus louangeurs. Leurs éloges ne paraissent pas avoir dépassé la mesure, quoique des censeurs chagrins aient trouvé à redire à la préférence que le pape accordait aux lettrés, aux savants et aux artistes. La cour pontificale, murmurait-on. semblait se transformer el accueillir plus volontiers les laïcs que les ecclesias­ tiques Les religieux se sentaient évincés, et ne cachaient pas leur hostilité contre la Renaissance. D’aucuns faisaient remarquer que les sommes d'ar­ gent. dépensées en constructions ou en achats de coûteux manuscrits, eussent été mieux employées à organiser une croisade contre les Turcs. Nicolas V n’ignora rien des reproches que lui adressèrent, dès son vivant, quelques mécontents. Voilà pourquoi il tint à se justifier à l'heure de la mort. La postérité a, d’ailleurs, ratifié son propre jugement cl estimé à sa juste valeur l’œuvre qu’il accomplit. Son plus beau titre de gloire sera toujours d’avoir redonné à l’Église une autorité qu’elle avait perdue précédemment, et d'avoir prouvé que l’union de la fol et de la raison était possible. — Vespasiano gieux de la Bibliographie catholique, février 1856, t. xv, p. 357-366; une troisième édition, revue et augmentée paraissait en 1857, Bibl. cath., jan­ vier 1857, l xvn, p. 53-55. Le second volume intitulé : La vierge Marie d'après {'Évangile parut dès les premiers jours de 1857 et connut les mêmes succès; il valut à l’auteur les féli­ citations de Mgr de Ségur, de l’abbé Isoard, alors auditeur de rote cl futur évêque d’Annecy; le cha­ noine U. Maynard en lit un compte rendu fort élo gicux dans la Bibliographie catholique, de mai 1857, t. xvn, p. 405-416. Enfin les tomes m el iv, La vierge Marie vivant dans l’Église. parurent en 1860 : C’est l’épanouisse­ ment de la /leur dont nous avons précédemment montré la lige dans l’Évangile cl la racine dans le plan divin. · On trouve dans ccs deux volumes, l’étude dogmatique, l’élude liturgique et l'étude histo­ rique du culte de la sainte Vierge dans l’Église, sul- 55 ί NICOLAS (JEA N-JACQUES-A UGUSTE) 552 lité. Comme le dit le titre lui-même, c’est une polérnlvant les expressions du chanoine Maynard, Biblio­ graphie catholique, octobre 1860, t. x.xiv, p. 350-356. ' qucet une démonstration », qui peuvent être regardées On a, avec raison, ce semble, place l'écrit de Nico­ comme le complément des Eludes philosophiques. Panni les nombreux écrits que provoqua l’ouvrage las sur la sainte Vierge très au-dessus de ses Études de Renan (on en trouvera la liste, incomplète d’ail­ philosophique* sur le christianisme, par la profon­ leurs, dans la Bibliographie, catholique d’avril 1864, deur dans la conception générale cl l’originalité dans t. xx.xt, p. 296-305), celui de Nicolas eut le plus de le plan. Le biographe de Nicol is, Paul Lapeyrc, écrit : succès ; il cul trois éditions en 1861. Augustin Cochin, • C’est le traité définitif de la doctrine catholique sur la sainte Vierge. » L’abbé Régnier, dans son compte dans le Correspondant du 25 Janvier 1864, t. lxi, rendu de La merge Marie et le plan divin, fait égale­ p. 211-218, le chanoine U. .Maynard, dans la Biblio­ ment un grand éloge de ce travail. Ami de la religion graphie catholique de février 1861, t. χχχι, p. 118-122, * du '22 avril 1856, U ci.xxij, p. 193-196. et Antonin Rondelet, dans la liante d'économie chré­ Auguste Nicolas interrompit quelque temps scs tienne, font un très bel éloge de l’ouvrage de Nicolas. études proprement religieuse*. En 1857, parut un Dès 1862, Nicolas s'était posé une question trou­ écrit curieux intitulé : Maine de Biran, sa vie el scs blante : pourquoi tapt de gens ne croient-ils pas, pensées, publié par Ernest Naville. Le Journal même après que leur esprit a été instruit cl éclairé? intima du philosophe sembla aussitôt à Nicolas comme C’est pour répondre à cette question que Nicolas la · contre épreuve » de scs Éludes philosophiques sur publia : L'art de croire ou Préparation philosophique d la foi chrétienne, 2 vol., in-8", Paris, 1866. L’ouvrage le christianisme. Pour attirer l’attention du public est particulièrement bien ordonné : en ceux qui ont catholique sur cet écrit, publié pir un protestant perdu le sens de la foi. Nicolas veut éveiller le besoin chez un éditeur protestant, Nicolas écrivit un petit opuscule Intitulé : Études sur Maine de Biran d'après de croire; à ceux qui hésitent, il développe les raisons de croire avec les moyens de croire: enfin à ceux qui le Journal intima de ses pensées; ce travail avait d’abord ont le courage de s’engager dans la pratique de la été rédigé pour le Correspondant, à l.i demande de foi, il montre le bonheur de croire. Gomme toujours, Ffllloux et de Cochin, mois le comité de rédaction Nicolas écrivit cet ouvrage pour un but spécial : il de la revue n'osa p is le publier, à cause des Jugements adressait cette apologie à M. .Maximin Lacoste, sévères portés par l’auteur sur .M. Cousin : on redou­ conseiller honoraire â la cour impériale de Bordeaux, tait que les jugements de M. Nicolas if attirassent une mise à l'index des écrits de Cousin, dont on cpii avait longtemps appartenu au barreau de Bor­ deaux, et dont M. Nicolas avait été le secrétaire : croyait alors la conversion prochaine. Le travail de c’est â lui (pie l’ouvrage est dédié, avec une lettre Nimias renferme de très fines remarques, comme le toute pleine d'émotion. L'ouvrage fut particulière­ notent U. Maynard, dans la Bibliographie catholique ment bien accueilli par les Éludes des PP. jésuites, de février 1858, L xtx, p. 103-108, et Ch. Marie dans t. xi!, de la ΙΓ· série, p. 431-439, et par la Bibliogra­ L’Ami de la religion du 22 mai 1858, t. ci.xxx, p. 151458. phie catholique de janvier 1867, t. xxxvir, p. 13-22. Nicolas publia aussi une petile Étude sur Eugénie, Cet écrit (pie Paul Lapeyrc appelle < le chef-d’œuvre · de Guérin. Dan» cet écrit, qui avait d’abord p iru ! d’Auguste Nicolas, fut traduit presqu’aussitôt en dans la Revue d'économie chrétienne, l'auteur analyse italien et en espagnol, el il a mérité vraiment de deve­ le Journal d’Eugénie de Guérin, et II se propose de nir classique. Nicolas, pour conserver le souvenir d’un fidèle ami répondre â Sainte-Beuve qui attribuait â e mesqui­ nes préoccupations l'inquiétude d’âme d’Eugénie, d’enfance, rédige i pour le Correspondant, 10 mai 1870, et de réfuter les objections d’un écrivain catholique l. xc, p. 176-525, une notice émue sur Aurélien de qui reprochait à Eugénie sa tristesse excessive el sa Sèze. avocat bordelais, frère du défenseur de frayeur de la mort. Louis XVI : il avait été député, en 1818 et était En 1858, A. Nicolas écrivit une courte préface pour redevenu sincèrement chrétien, sous l’inthiencc de an livre mystique Intitulé : Le Phénix qui renaît ou l’abbé Dupuch, le futur archevêque d’Alger. L’article La rénovation de l'âme, par la retraite cl les exercices fut édité sous le litre : M. Aurélien de Sèzc, notice spirituels; c’est un ouvrage posthume du cardinal biographique, in-8·, 1870 (Bibliographie catholique de Bona traduit par Jules Travers. Dans sa préface, septembre et octobre 1870, t. xî.îv, p. 305-307). Nicolas compare cet écrit â Limitation de Jésus La guerre de 1870 amena Nicolas. 5 étudier la reli­ Christ ; ces deux livres sont faits, en quelques pariles, gion chrétienne, du point de vue social. Forcé de pour des religieux, mais < ils s’adressent néanmoins quitter Paris, il commença à rédiger un travail, où à tout le monde, parce que le religieux est homme et il sc proposait de traiter De la Prusse et de l'invasion que l'homme est religieux. allemande, de ΓEmpire et de sa chute, de l'abaissement Le t mai 1861. Nicolas perdit le second de ses fils, el de la régénération de la France, mais cet écrit ne fut qui s’appelait Auguste, comme lui-même; à cette point imprimé, car Nicolas le jugea trop étroit et occasion, parut en 1865, un opuscule intitulé : Mé­ dicté par les circonstances seules. Il reprit sous une moires d'un père sur la vie cl la mort de son fils forme nouvelle l’examen d’un grave problème; il avec lépigrnphlc suivante : < Le cloître et le monde l'approfondit et publia un écrit, dont le litre, plus sc disputèrent ce trésor, ce fut le ciel (pii l’eut. · général, est comme un programme de sociologie : Ces Mémoires sont empreints d’une tendresse exquise L'État sans Dieu, mal social de la France. L’auteur pour ce fils,qui,disciple d'Hippolyte Mandrin, mourut y cherche la cause vraie du mal public dont soutire à h veille de son mariage Nicolas hésita long­ la France : après avoir sign.dé la banqueroute de la temps avant de publier cet écrit, qui parut en 1865, Révolution, Nicolas montre que le grand mal de la sans nom d’auteur et avec une lettre de l’abbé BouFrance, c’est son oubli de Dieu, (pii entraîne la néga­ gaud et une autre du P. de Ponlcvoy. tion de toute autorité et l'anarchie. L’absence de Mais A. Nicolas revint bientôt aux ouvrages pro­ religion, dit-il, « déconsidère le pouvoir aux yeux du prement religieux. En 1862, Ernest Renan publiait peuple, en le montrant sans foi ni loi, et la religion h Vie de Jésus, qui eut un grand succès de curiosité est déconsidérée par le mépris qu’en fait le pouvoir. · L’ouvrage fut honoré d’une lettre de Pic IX, 30 octort de scandale. Nicolas entreprit de détruire ce mau­ vais roman et son travail parut au début de 1864, I bre 1872. Les Éludes des PP. jésuites, 1. n, de la V· série, p. 293-295 et la Bibliographie catholique de •ous le titre : La divinité de Jésus-Christ; démonstra­ tion nouvelle, tirée des dernières attaques de l'incrédu­ I septembre 1872, t. χι.νι, p. 198-201, font un bel 553 NICOLAS (.1 EΛ N-J A CQUES-A UG USTE) éloge de cet ouvrage, qui fut traduit en espagnol cl en allemand, cl valut à son auteur de chaudes appro­ bations, mais aussi quelques critiques de la pari d’amis qui lui étaient restée chers, et, en particulier, de M. de Ealloux, avec lequel il échangea des lettres un peu vives. Il faut dire d'ailleurs que M. Nicolas n’approuva jamais entièrement les idées de l'école appelée libérale et du Correspondant. e L’État sans Dieu se terminait par la promesse d'indiquer, si le temps le permettait, « les raisons de craindre el les raisons «l’espérer, en précisant les moyens de salut. * Ce fut l’origine de La Révolution et l'ordre chrétien, ouvrage complémentaire de L’État sans Dieu, In-8·, Paris, 1873. Après avolï exposé les critiques qui lui ont clé faites, particulièrement par M. de Ealloux, l’auteur s’applique à dégager ce qu’il faut combattre dans l’œuvre de la Révolution; puis, panni les moyens de salut, il préconise d’abord et surtout la religion, et ensuite la monarchie, mais il ne s’attache point à un parti : il écrit : « Les partis m'ont tellement dégoûté des causes, même les meil­ leures, que j’en ai gardé un fond de scepticisme et de défiance. · La Bibliographie catholique d’octobre 1873, t. xi.vm, p. 319-32*1. par la plume de V. Postel, et les Études des PP. jésuites, t. iv de la V· série, p. 616623, louent fort cet écrit. Dans une seconde édition «pii parut, la même année, Nicolas ajouta un appen­ dice intitulé : La monarchie et la question du drapeau; c’est un recueil de deux articles, publié, l’un avant, l’autre après le manifeste du 27 octobre 1873, où M. Nicolas indique, d’une manière très nette, sa vraie pensée : il aurait fallu des sacrifices réciproques, signe d’une confiance mutuelle; mais l’entourage du comte de Chambord a tout fait échouer. Tandis qu’il publiait ces écrits politiques et sociaux, dans lesquels la question religieuse d’ailleurs occu­ pait toujours la première place, Nicolas n’oubliait point les études proprement religieuses. En 1875, parut un écrit, qui était déjà ébauché, en 1867 : Jésus-Christ. Introduction à l’Évangile étudié et médité t\ l’usage des temps nouveaux, in-8·, Paris, 1875. L’apologiste veut compléter scs écrits précédents, par la méditation de Jésus-Christ en lui-même, dans sa personne adorable, et non plus dans ses œuvres. L’ouvrage comprend deux parties : la science histo­ rique de Jésus, où il est question de la préparation historique et «le la venue du Sauveur: et la science doctrinale de Jésus, où se trouve le tableau des douze caractères de Jésus. Nicolas poursuivit l’étude de Jésus-Christ dans l’Évanglle, et il réunit même plu­ sieurs chapitres, qui sont restés inédits, et qui, dans la pensée de leur auteur, devaient former une Étude sur rÉvungile médité à l’usage des temps nouveaux. L’ouvrage, loué par la Bibliographie catholique de juin 1875, t. u, p. 169-175, n’eut pas. malgré de très chaudes approbations, h* succès qu’il méritait ; il fut traduit en espagnol et en hongrois. Des l’année suivante, Nicolas publiait un nouvel écrit ; La raison et l’Évangile, suivi de considérations sur les universités catholiques, in-8·, Paris, 1876. La raison et la foi sont nécessaires l'une à l’autre. La foi a besoin de la raison pour naître, se développer, sc préciser, s’agrandir, s’approfondir; la raison a I esoin de la fol pour sc diriger, s’a Hennir, se prolonger et se compléter. L’idéal pour l'homme est donc le déve­ loppement simultané et la culture réciproque de la raison et de In fol. \ In confusion rt à la division, qu’on trouve partout, doivent s’opposer la distinction el l’union. Après avoir étudie les rapports récipro­ ques «le In raison et de la foi dans les deux premières parties /, donnent sous le nom d’un œuvres d’Alain de Lille. P. L., t. exx, col. 595-618. Nicolas d'Amiens une Chronique latine, depuis la créa­ Voir ce qui cn est dit ici. I. t, roi. 657. Les recherches tion jusqu’en 1204. Cette chronique dépend très de M. Grabmann ne laissent guère de doute sur étroitement des œuvres similaires antérieures, ct les l’appartenance de cet écrit â un certain Nicolas additions que le compilateur y n faites ne sont pas d’Amiens, et sur la fausseté de l'attribution au doc­ d’un intérêt majeur; clics prouvent du moins qu’il teur de Lille. Ce Nicolas d’Amiens nous est mal s'intéressait aux allaircs de la région picarde. Ces connu, mils il passait à la fin du xn· siècle pour un quelques passages originaux ont été rassemblés, des plu» illustres panni les disciples de Gilbert de d'une part, dans le Jkcucil des historiens des Gaules el la Porrée En tête d’un ins. de l’abbaye de Saintde ta Prance, t. xiv, p. 21, 23; l. xvin, p. 701-702, ct Kmond, actuellement â la bibliothèque de Valen­ d’autre part, dans les Monum. Germ, hist,, Script., t. vin, p. 173-171. Le chroniqueur consigne la date de cienne», n. /9*. et qui contient les commentaires de sa propre naissance à l'année 1117; et, comme la Gilbert *ur I livres de la Trinité de Boécc, figure, Chronique s’arrête brusquement cn 1201. cette date entre autres effigies des disciples du savant évêque, 557 NICOLAS D’AMIENS pourrait être assez voisine de celle de la mort de l'auteur. Chose curieuse à signaler· le catalogue do Richard de l’ournival, chancelier de l'Églisc d'Amiens (vers 1250), énumère au n. 103 : Nicolai Ambtancnsl», didi de Jladiando, liber de articulis fidei ad Clemen­ tem papam, et au n. 101 : Ejusdem Nicolai liber anna­ lium sioe chronicorum, describens memorabilia ab initio mundi usque ad tempus suum, L. Delisle, /x cabinet des mss. de la Bibliothèque nationale, t. n, 1871, p. 531. Pour important que soit ce témoignage· 11 sc heurte à une très grave difficulté. Le chroniqueur, né cn 11 17, n’a pu être le disciple, au sens propre du mot, de Gilbert de la l'orrée, mort cn 1154. Par ail­ leurs, le ms. de Valenciennes, qui est de la lin du XI!· siècle, parle de Nicolas cl de ses trois compagnons comme de personnages déjà morts : quorum anima: requiescant in pace. Il reste donc que identification de l’auteur de la Chronique avec l’auteur de 1’Αγλ fldei devrait être abandonnée. Mais il subsisterait, peut-être une autre trace de railleur de l’.Ars fldei. Lue lettre du pape Alexan­ dre ill adressée à l'archevêque de Beims. Henri, le 2 juillet 1169, Jaffé, Begesta, η. 11631, Intime â celui-ci l’ordre de nommer un certain Nicolas à une prébende d’Amiens, qui aurait déjà dû lui être donnée anté­ rieurement. ct dont l’archevêque de Beims peut dis­ poser, parce que le siège épiscopal d’Amiens vient d’être rendu vacant. Cette lettre que les anciens cri­ tiques rapportaient à l’auteur de la Chronique (qui n’avait que 22 ans en 1169) pourrait bien parler du Nicolas auteur de l’Ars fldei, qui aurait tiré son surnom de la prébende reçue à Amiens. Quant à une lettre du même pape Alexandre III. adressée le 5 mars 1161, à un maître Nicolas, Jaffé, n. 10658, pour le remercier des services rendus par lui à l’Églisc, ct lui annoncer que le pape le recommande aux arche­ vêques de Sens el de Beims, on s'étonne que des cri­ tiques aient pu la rapporter à l’auteur de la Chro­ nique qui avait 1 1 ans en 1161. Elle a été rapportée beaucoup plus justement ù Nicolas de Clairvaux (voir son article); ne serait-elle pas plutôt adressée à Nicolas auteur de l’.lrx fldei? Dans l’état actuel des recherches, il conviendrait donc, semble-t-il, de distinguer deux Nicolas d’Amiens, sépares l’un de l’autre par une quinzaine d’années, mais dont le souvenir a été de bonne heure confondu. Le plus Agé serait l’auteur de l’.Ars et des commentaires sur l’œuvre de Gilbert de la Porréc : le plus jeune serait l’auteur (te la Chronique. Texte. — L'.lrs fldei n été publié pour la première fols en 172! par B. Pc/. Amchi., t i b, p 176*504, SOUS le nom d’Alain de Lille ct le titre : De artr seu articulis catho­ lica· fldei, c’est cette édition qui est reproduite dans L., t. ccx, col. 595-618; M. Grabmann, Die Grschichtc der scholas lischcn Methode, t. n, 1911, p. 160-462, donne le relevé des «livers ms»., en les classant comme suit : 1. Mss où ΓArs est anonyme : Paris, Blbl. nnt., hit. 16082; Mion, n. 412; Cambridge, Pcrnbro1co-Coll<4ge, -P / ; Florence, l4iurentienne, plut, t.xxxn, 17; Prague, t’nivers!lé» n. 490: .Munich, bit. 18971. 2. Mss. où P.trs est faussement attri­ bué : Λ un pape Clément (Oxford, Merton-College, n. 140); h S. Augustin (Cambrai. n. 474, chiffre rectifié), A Mich. Scot, conon. Ambiantn*. (I rfurt, /· é.). 3. Ms*. où l’.Ars est attribué à Alain de Mlle : Munich, Int. 8844 ct 11178; Be rlin. Cod. Elect. 768. I. Mss. où il rst attribué Λ Nicolas d* liniens · Paris, Blbl nat . im t ·«". »\ί« \mirn ncnsis) it 16297; Tour», η. 247; Oxford. Mngdol. College, η. 192; Dublin. Trinity College, η. 278 (Nie. de la Querelle); Londres. Brit. Mu*., Kings Library, 8 C /V; Vatican.. Int. 4248. Thavai x. - Lrs notices de V Histoire littéraire de la France : dom Brial, t. xvi. p. 115 (attribution de l’.trs ü Alain de Mlle); Pelll-Hadel. t. xvn (1832), p. 1-5; V. Le Clerc, t. xxi. p. 050-660. Notice do Huiirémi.dnns llocfcr. Nouvelle biographie vénérait, t. XX xvn (1863), col. 983086; du mémo une courte note dnn* Journal des Savants, 558 NICOLAS AUDET 1892, p. 237-238; M. Grnbnuinn, Dit Gt chtchte der teholaslischcn Méthode, l*ribourg-cn-IL, 1911, t. n, p. 431-131; 452-476; Cl. Bùtimkcr, Wileto, tin PhiIo soph und Natur· Joncher des XI 11. Jahrhundcrts, dan* Be tirage sur Gesch. der Philos, des M. .4., t. m, fate. 2(1908), p. 322 «q.. 337 (*ur 1rs preuve· do l'existence de Dieu dans Alain de Mlle ri Nicolas d’Amleîi*). É. ΛMAXN. 9. NICOLAS D’ARRESTORFF, de l’ordre des frères mineurs conventuels (xvi® siècle). — Ori­ ginaire de Bavière, il s’est distingué aux temps tumultueux de la Réforme, par son zèle pour la défense de l’Églisc romaine et par ses attaques répétées contre les erreurs luthériennes ct anabap­ tistes. 11 fut consacré évêque d’Accon le 23 ou le 27 novembre 1592, cl devint suffragant du duc Ernest de Bavière, archevêque de Pologne el évêque de Munich, qui le nomma administrateur et pasteur de l'Églisc primaire Saint-Lambert a Munich. Nicolas y travailla d'une façon si efficace pour le bien de l’Églisc catholique, qu’il contribua dan·» une large mesure a arrêter le ffot luthérien dans la Bavière, ct a conserver ct û regagner le peuple bavarois a l’Églisc catholique. Il composa quelques ouvrages dans lesquels il attaqua la réforme luthé­ rienne : 1. Nucleus catecheticus, dans il lequel il expose ct défend le dogme et la morale catholiques, et réfute les erreurs protestantes; 2. Conciones et sermones varii, dont la plupart sont dirigés contre la réforme protestante et l’hérésie anabaptiste; 3. Disputatio theologica de sanctis, complectens omnes /ere nostri temporis controversias, de illorum origine, canoniznItone, veneratione, invocatione, templis, diebus /estis, votis, peregrinationibus, reliquiis atque miraculis C'est l’exposé détaille d’une dispute ou d’une thèse que Nicolas soutint, cn 1584. à l’université de Trêves, et dans laquelle il réfuta, l’une après l’autre, toutes les erreurs protestantes par rapport a la vénéra­ tion cl au culte des saints. Cette séance fut présidée par le jésuite anglais Jean Gibbon. La Disputatio theologica fut imprimée à Trêves cn 1584. — Nicolas mourut ù Munich vers 1620 el fut enterre dans le couvent des conventuels. J. IL Sbaralcn, Supplementum ad scriptores triuni ordinum S. Eranrisci, 2’ édit.. Home, 1921, t. il, p. 266; C. Eubcl, Hierarchia catholica Medii .Eol, t. ni, Munich, 1910, p. 105; C. Sommer*ogcl. Uibliothequc de la Compagnie de Jésus, Bruxelles, 1392, t. m, col. 1403-1404. A. Tkktakrt. 10. NICOLAS ASBOLD (wir siècle), capucln irlandais ct missionnaire célèbre, s’est dis­ tingué vers 1650. cn Angleterre ct en Irlande, par ses attaques vigoureuses et scs polémiques in­ cessantes contre les protestants. Parmi ks nombreux ouvrages, dus à sa plume, citons : L De potestate et auctoritate tununl pontificis u doers us protestantes. 2 vol. ln-4°; 2. Stellio ad Stellam : opus valde ingenio­ sum de suis congressibus contra hureticos, in—1·; 3. De doctrinis praciputs ab hardicis controversis, 2 vol. in-4®; I. Condones de tempore et de sanctis, 3 vol. ; 5. Poemala varia sacra ct moralia, 2 tonics. Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ordi/iis Minorum copucdnurum, Venise, 1717, p. 198; A. Zawnrt, Ο. M. Cap., 7he history o/ franciscan preaching and of /ranciscan preachers (1209-1927), New-York, 1928. p. 516. A. Tkltai nr. 11. NICOLAS AUDET, général de l’ordre des carmes ct théologien cypriote du xvt· siècle. — Nicolas Audet naquit dans Pile de Chypre vers 1482; ù l’ôge de 14 ans.il revêtit l’habit des cannes à Famagoustc (( hvpre), commença scs éludes au couvent de Nicosie puis vint en Italie. La date de son arrivée doit être placée au commencement de 1510, car il assista au chapitre général de Naples (19 mars 1510), NICOLAS ΑΓΒΕΤ NICOLA S m qualité de socius de la province cnmiélitaine de Terre sainte, à laquelle les couvents de l’Ile de Chypre appartenaient. Le général Pierre Ternisse lui accorda le baccalauréat, ct lui fit lire les Sentences à l'imivcr- ! si lé de Pamie en vue du doctorat (pi’il prit dans celte | université. Le 12 janvier 151I. le bienheureux Baptiste de Mantoue, général de l’Ordrc, nomma Audet pro­ vincial ct commissaire général de Terre sainte. Cepen­ dant, avant de partir pour l'ile de ( hyprv.il fut encore pendant quelque temps prieur du couvent de Borbiago (prov. de \ cuise h En 1517, il revint en Italie i pour assister au chapitre général de Sienne (31 mai). Ia· général, maître Bernard Landucci, étant mort à Borne le 28 mars 1523, Adrien \ l nomma Heliodore de Sienne vicaire général de l’Ordrc; celui-ci étant mort peu après. Nicolas Audct lui (ut substitué par le même pape, cl fut confirmé par Clément \ Il en la mémo année 1523. Audct vil le commencement de son gouvernement troublé par un schisme doulou­ reux. Quoique le chapitre général de Sienne, 1517, eût stipulé que le futur chapitre se célébrerait â Lyon, le général Bernardin Landucci désigna Naples au lieu de Lyon. A la mort de celui-ci, nonobstant la nomi­ nation, par le souverain pontife, d’iléliodorc de Sienne puis de Nicolas Audct comme vicaire général, Étienne Jbvcncy, provincial de Narbonne, prétendit que le vicariat lui revenait de droit, puisque le sceau et le livre de l’Ordrc étaient déjà à Lyon et que, par décision du chapitre antérieur, le chapitre prochain devait sc tenir en celte ville, donc en sa province. Bien que le pape Clément VH eût à nouveau continué Nicolas Audct dans sa charge. Jovency persista dans su prétention, réunit un antichapitre à Montpellier. 1521. auquel assistaient les délégués des quatre pro­ vinces françaises, el s’y lit élire général. La paix ne fut rétablie que par l’intervention de la cour de Trance. Nicolas de son côté convoqua le chapitre général â Venise en 1521, où il fut élu général à l’una­ nimité. Pendant son long généralat (152I-15G2), il travailla avec ardeur et persévérance à réformer son Ordre, n y (aire refleurir les eludes et à préserver ses religieux des doctrines protestantes. Ses procédés cependant, à cause de leur rigidité, n’atteignirent pas toujours le but désiré, bien des religieux, découragés, firent défection. Il fil approuver, par le chapitre de Venise ct les suivants, ct puis confirmer par le pape les règles à suivre dans la réforme, el il visita en per­ sonne les couvents d’Italie cl de France. Il eut cepen­ dant quelques démêlés avec les réformés de Mantoue ct d’Albl. De plus, il vit périr dans la tourmente pro­ test ante nombre de ses maisons cl de scs religieux. Audct ne tint que quatre chapitres généraux : Venise 1521, Padouc, 1532, Vicenza, 1539. ct Venise, 1518. 11 assista aussi au concile à Trente puis à Bologne; plus tard sa santé ne lui permettant plus d’y figurer, il sc lit remplacer par Jean Étienne Faclnî de (’.re­ mone, provincial de Lombardie. Audct mourut à Home le 7 décembre 1562. ct (ut inhumé d’abord en l'église de Sainte-Marie-Transpontine, puis (18 fé­ vrier 1587) en celle de Saint-Marlin-des-Monts. Nicolas Audet écrivit, probablement lors de sa lecture a Γuniversité de Parme, un Commentaire sur Ici Sentences; étant provincial de Terre sainte, il com|K)sa un poème à la louange de Jean Duns Scot. Il laissa aussi un volume de semions et un autre de discour*. Il corrigea les Constitutions de son Ordre, 2* édit., Séville. 1573. ct fit imprimer à Venise le bréviaire (1512), l'ordinaire (1511) cl le missel de lOrdre (1545). Jean Baie, Oxford, Bodléicnnc, Ms. Selden, supra il, G Uibfttf priorum generalium, publié par le P. Benedict Zuntomnann, dan* ms Monunirnla historica curmelUnna, I 1.\> D’A UTR ECO U RT 1600, I. n, p. 479; AuguMIn Blscarrtl, Paladin vlnctr Carmeli, ms. de 1638 conservé nu collège Saint-Albert Λ Home, fol. 175 v-!76 r i Mègrr de Ijisamilc, Puniditm carmclilicl decoris, Lyon. 1639, p. 137 b-138 , Nicolas cane, qui l’avait à sa demando reçue d’Oxford en décembre 1922. — Lapps· mentionne encore, p. L après encourt la condamnation qui sauvera son nom de Déni Ile. une question inédite, Bibl. nat., lot. 6359, l'oubli. Dès le21 novembre 1310, Benoît Nil demande fol. 191 , Questio de qua respondit Magister N. de à l'évêque de Paris d’envoyer â Avignon, sous un Ultricuria : Utrum visio creature rationalis beatifi­ mois, Nicolas d'Autrecourt. parmi d’autres, appelés cabitis per Verbum possit intendi naturaliter. Nous à répondre devant le pape de leur enseignement. réservons l’édition ct l’étude de cette question à un Après la mort de Benoit Nil (25 avril 1312), son suc­ travail ultérieur. Lappe attribue enfin â Jean de Mirecesseur Clément VI (élu le 19 mai 1312) reprend court une notice sur la doctrine de Nicolas, touchant l’alïaire. qui nous est connue par la Discussio la causalité, L., p. L n. 8. qui se lit aux manuscrits ct reprobatio errorum magistri Nicolai..., publiée par Deni Ile, Chartularium universitatis Parisicnsis, Bibl. nat., lut. 1640s, fol 83 r·, et 16409, fol. 135 r>. Cette note, antérieure à 1361 (Hauréau, Notice sur t. n a, Paris, 1891, η. 1121, et ensuite par Lappv. L.. p 31· $q. le n· 16409 des mss. lat. de la B. A , dans Notices et extraits des mss. dr la 11. N. el autres bibliothèques, A l'analyse, ce document présente d'abord 1. I ne prima cedilla, quo la Discussio nomme ensuite L xxxiv b, Paris, 1895, p. 5 (319)). fait partie d’un par son incipit, ccdula Ve michi , L., p. 36· 1. 3î : ensemble de difficultés d'école, ainsi désigné â une s'adressant à Clément VI, .Nicolas sc déclare prêt table du ms. 16408, fol. 123 v·: multa collecta pro quolibetis luis, cl que les deux mss. donnent sous le titre à réprouver 32 propositions, dont 27 sont expressé­ ment empruntées aux lettres écrites par lui contre alique rationes difficiles hic colliguntur, ms. 16403, fol. 78 v·; ms. 16409, fol. 126 v% Après la question : Bernard d’Arczzo, Ο. I·'. M. ; 2. Dans le texte sui­ l'tri m divina voluntas sit nastnv actionis regula direc­ vant. alia ccdula. L., p. 35·, I. 10-33. Nicolas explique, tive, fol. 82 r cl fol. 132 v% parait, sous le titre : à la demande de théologiens, quel motif l’a Inspiré pro quolibetis et infra, fol. S3 r·, cl 131 v*. une série dans ses lettres contre Bernard; - 3. Dans la discus­ de thèses, parmi lesquelles : qued nulla demonstratio sio, L., p. 35·. I. 31p. 12*. I. 18, et In reprobatio, seu inquisitio de c/Jectibus quibuscumque, unde prove­ L., p. 12·, L 19 sq., le cardinal Guillaume Curti, û niunt, vel causis naturalibus, quos vel quales effectus qui l'alTairo fut ronliée, prend la parole; la discussio producunt vel producent, est aliquo modo evidens sive rappelle la ccdula Ve michi ·, L., p. 36·. I. 27 ct 31 ; certa ; hoc sutis deducit Autneort. et oppositum dicere p. 12·, 117, et nous apporte deux groupes de propo­ esset divine libertati ccnlradicere. La finale rattache sitions nouvelles, d'abord I propositions avouées la thèse de Nicolas A 1’ullirmation delà liberté divine, par Nicolas, L., p 36·, L 32 sq., suivies de 19 articles, qui, d’après une thèse précédente, détermine toute quorum aliquos simpliciter, ct aliquos sub forma qua causalité : literrime determinat [causas ] ad suos effectus ponuntur se dixisse negavit, L., ρ. 37·. I. 17-19, doni et posset non sic determinare. Une mitre thèse affirme: l’énumération s’achève ainsi : omnes predicti articuli qiiod non est insistendum humanis inquisitionibus... extracti fuerunt de libello qui incipit : Exigit, etc., L., quibus placuit vanitati philosophorum insistere II p. Il·, I. 13-11; ensuite srcuntur articuli missi dc n’est pus inutile de noter û quels t lûmes, pour scs Paris ms, articles au nombre de 10, L., p. 41·, I. 15 sq.; contemporains ou scs successeurs immédiats, sc — I. La lin du document esl occupée par Ia reprobaréféraient les thèses de Nicolas sur la causalité. tio errorum ; I. s écrits de Nicolas seront brûlés ά Paris, tandis qu'il désavouera sa doctrine, le tout I· Questions d'histoire doctrinale. — Le problème publiquement; il esl destitué du grade de rmdlre- I de N’lc< las d’Autrcc< urt,c’est d'abord,pour l'historien, / 563 NICOLAS D’AUTRECOURT de rendre leur sens aux propositions condamnées en 1346 : articles séparés, souvent obscurs, paradoxaux quelquefois jusqu’à l’inintelligible. L., p. 5, n. 1. 1! faut que l'unité d’une pensée y paraisse à nouveau ct que cette reconstruction soit assurée sur les textes dont nous disposons. Si l'entreprise a tenté les historiens, c’est qu’ils trouvaient à certaines thèses de niaitre Nicolas » une résonance étrangement < moderne ». Lnppc volt en lui un « théoricien de la connaissance » qui critique les concepts fondamentaux de la mél «physique, L.. p. S; pour le P. Maréchal, Nicolas a franchi, tout d’une haleine. In distance qui sépare Occam de I lume. > Zz point de départ de la métaphysique, Bruges, Paris. 1923, cahier n. p. 118. non sans reconnaître d'ail­ leurs qu’un tel rapprochement appelle de sérieuses réserves; on trouvera, sur le même point, une heureuse prudence chez M. Gilson, La philosophie au Moyen Age, Paris, 1922, t. n, p. 112. Mais, que Nicolas d'Autrecourt soit, ou non, · le Hume du Moyen Age », il nous apporte peut-être une suggestive expérience intellectuelle. Pour bien saisir son expérience, en mesurer la portée, il ne suffit point de lier ensemble les thèses de Nicolas, il s’agit encore de déterminer la valeur qu'il accordait ά ccs thèses, le sens qu’il don­ nait â leur liaison, el si, tout au long de sa dialectique, il poursuivait un autre dessein que de réussir une prouesse d’école. Maréchal, op. cit. — Nicolas, d’autre part, est classé disciple d Occam : il a fait « rendre aux principes philosophiques posés par Occam leurs plus extrêmes conséquences. » Gilson, p. 110. Il est encore le contemporain de Thomas Bradwardlnc ct de Jean de Mirccourl, condamné un an après lui : ici, l’historien enfonce dans l’inconnu. Il faudrait en­ visager tout ce milieu pour comprendre, à sa date et dans toutes ses nuances, la condamnation de Nicolas... Mais tout cela passe nos connaissances cl intéresse plutôt une élude générale du Nominalisme. Mais en partant de la Discussio cl reprobatio errorum, un premier travail est possible, que nous entreprenons ici : approcher, pour l’ensemble des propositions, du sens que Nicolas leur donnait. Abstraction faite des articuli missi de Parisios (ccs 10 propositions, qui n’ont rien de très caractéristique, ne sc réfèrent point â des textes précis qui puissent nous les expliquer), les articles condamnés forment deux masses : la première, ccdula « Ve michi », en rapport avec les lettres à Bernard d'Arczzo. la seconde, L., p. 36·-11·, cn rapport avec le traité Exigit ordo. - Les proposi­ tions du premier groupe ont une allure nettement critique non potest evidenter inferri..., non habemus certitudinem evidenlie..., nescimus evidenter, etc... Nicolas soumet des Idées reçues à l'épreuve de l'évi­ dence. Dans le deuxieme groupe, on discerne deux thèmes principaux : le dessein, d'abord, ou même la mission de Nicolas, qui vient réveiller les hommes du sommeil aristotélicien — ensuite, l'éternité de toutes choses, matérielles ct spirituelles : les propo­ sitions onl ici un aspect dogmatique, qui étonne. Maréchal, op. cit., p. 121. En fonction des articles qui s’y réfèrent, on peut essayer une Introduction au traité Exigit ordo. — Il restera «les propositions inex­ pliquées, quelques-unes apparemment inintelligibles : paradoxes logiques et moraux, que nous examinerons en dernier lieu. Avant de passer aux lettres a Bernard rt a VExigit ordo, mitons que la doctrine de ccs textes sc lie nu premier enseignement de Nicolas commentateur des Sentences : in primo principio quando tegi Seqlenlias clin epistola secunda et sexta... L., p. 3P, I. 11: conclusiones quas posuisti ut pro­ babiles (n tuo principio et quas es recitaturus in isto tractatu Dodl . fol. 1 r% col. B (Nicolas fait parler un de ses adversaires). 564 II. L'ÉPREUVE PE L'ÉVIDENCE DANS LA POLÉMIQUE CONTRE BERNARD Π’ΑΠΕΖΖΟ ΕΓ LA CÉDULE « VE ». — Ie le premier principe. - 1. Une décision initiale.· Avant de disputer ensemble, Nicolas et BerI nard s'accordent sur le premier principe qu’Arislote a formulé ; impassibile est aliquid eidem rei inesse cl non inesse. Voici leur discussion située dans la lumière naturelle, au degré le plus strict d’évidence. L., p. 35*, 1. 17-26. Nicolas se lient constamment ά ce degré, defini par le principe dont il propose cette autre formule : contradictoria non possunt simul esse vera. L., p. 6·, 1. 33. Nous rencontrons un logicien qui raisonne sur termes ct propositions, occupé seulement â ne point nier ce qu’à la fois il affirme (sur les deux formules du principes, cf. I..,p.8,n.l et ci-dessous, 9·,3). 2. Apparence et réalité. — La première lettre à Ber­ nard critique sa théorie de la connaissance intuitive (au sens du xiv· siècle : acte de connaître d’où suit aussitôt le jugement d'existcnee), que Nicolas pré­ sente ainsi : appelons connaissance intuitive, claire ou parfaite, celle par quoi nous jugeons qu'une chose est; la connaissance, passion de l’âme, et la chose connue sont deux; l’une peut exister â part de l’autre, sans contradiction, par la Toute-Puissance divine; dès lors, celte inférence ne vaut pas : hoc videtur, ergo hoc est, L., p. 2·, 1. Il, â moins que l’on ne sc place expressément dans l’ordre naturel où Dieu n'agit pas seul, mais par des causes secondes. En tout cas, le jugement d’existence doit suivre de la connais­ sance intuitive â la manière «l’une conséquence, logi­ quement, L., p. 3·, 1. 4, I. 12 : il faudrait, semble-t-il, que toute certitude prenne forme logique. De la doctrine de Bernard, Nicolas déduit sans peine les plus graves conséquences sceptiques : a) Il considère d’abord la connaissance des choses : tout ce qui nous apparaît de l'existence d’objets extérieurs. L., p. 2·, I. 19-26. Celle apparence et les choses même, cela fait deux: comme l’a vu Gilles, L., p. 16·, L 21, il s’agit de passer du même â l'autre, c'est déjà le problème de la liaison des existences, que nous retrouverons. Entre la connaissance ct la chose, puisqu’il n’y a pas identité, il ne peut y avoir liaison évidente. L., p. 2·, I. 28-p. 3·. L I. A partir d’une connaissance distincte de son objet, on ne peut être logiquement certain de l'existence de col objet. — C’est en vain que, pour échapper à celle conséquence, Bernard se place dans la perspective (l’un ordre naturel, où, «le la connaissance, on pourrait conclure à l’existence de son objet : quelle qu'en soit la cause, Dieu ou l’objet, la connaissance, prise en sol, reste une cl la même; le même antécédent ne saurait porter une autre conséquence, L., p. 3·, I. 13-23; on croit, d’autre part, se trouver dans l'ordre naturel, où Dieu ne fait pas de miracle, on ne le sait pas : tantum est creditum, ct de la foi. il ne suit jamais une évidence. I... p. 3·, l. 23-33; Aristote ct les philosophes enfin ne s'occu­ paient ni de l’ordre surnaturel, ni de l’ordre naturel; de la seule connaissance, ils concluaient à l’existence des choses : du point de vue de Bernard, Ils n’en avalent point certitude. L., p. 1·, 1. 1-6. b) Le même doute atteint nos actes, le fait que nous voyons, que nous entendons. L.. p. I·, I. 22. Après l’existence «les choses «pii nous apparaissent, Nicolas conteste â Bernard le fait même d’npparailie : evi­ dentia vestri apparere, I... ρ. 5·, I. 7 : nouvelle incer­ titude. bien plus difficile à tenir. L., p. I·, 1. 21. — Bornant n’assure-t-il pas (en bon aristotélicien) que la connaissance de nos actes nous est moins claire «lue la connaissance des choses? à douter des choses, il faut donc, à fortiori, douter de nos actes. I... p. 1*, I. 24-31. Bernard lient encore qn'actus rectus et repexus non sunt idem : mon acte de foi et l’acte par I lequel j’en ai conscience font deux, tout comme la michi 5G5 NICOLAS D’AUTRECOURT blancheur cl la vision de la blancheur, De la réflexion, distincte de racle, comme de lo connaissance iniullloe, distincte de la chose, suivent les mêmes conséquences sceptiques. L., p. I. 14-20. Nicolas dont Je doute est volontiers Ironique, L., p. P, I. 7-17, déduit avec une verve cl une rigueur impitoyables, le scepticisme absurde, digne des aca­ démiciens, rd, i i se et absolute, L., p 30·, I. 20-21. celle-là ensuite, autre absolu; quand les choses sont deux, leurs intellections sont séparables, cl l’une ne peut rien â la perfection de l’autre, non apparet quod una res perfectius intclligatur ex eo quod altera cognoscitur. L.,p. 27·, I. 20-23. En face de la diversité deschoses, nous ne disp .sons, p :r hypothèse, que d’une lumière naturelle logiquement définie par 11 non-contradic­ tion : l’intelligibilité, c’est l'identité; d'où impossibilité de toute liaison du incine avec l’autre; de ce point de vue. on ne rencontre ni substances et accidents, ni causes ct effets, ni tins et moyens, ni aucune relation de ce genre. Le discours est seulement analyse de l’in­ tuition, et I’ intuition première », expérience brute, en nous donnant plusieurs choses, les présente toutes à la fols, sur le même plan sans aucune préférence : non est unde talis primitus esset ibi. L., p. 27·. I. 27. Avec ses app irences successives, l’expérience ne nous dé­ couvre pas de changements réel, de corruption de l’un qui soit génération de Vautre. Ayant mis au comm-nccmjnt la logique aristotélicienne et son premier principe. Nie »1 is rencontre les choses de la physique cl de la mél iphy.sique aristotéliciennes; il ne trouve 57ί NICOLAS D’A UTH ECO U KT 572 contre Aristote. L., p. 36·, 1. 35; p. 37·, L 5, L 20 cl phis d’évidence nux fins, causes, substances, nu mouve­ I. 26; tout le reste traite de dernitate rcrurn (nous ment, d’un mot, à la nature péripatéticienne. Ainsi tenons celte expression de notre manuscrit, Bodl., le nnflit de Nicolas avec Gilles apparaît conflit d'ArhlOte avec Aristote : du point de vie de la lo­ fol. 2 r· et fol. 5 v·, notes marginales;. Nous aidant de VExtgit ordo, examinons ces articles que Nicolas n’a gique la nature est radicalement Incertaine, Nicolas pas tous avoués ; quorum aliquos simpliciter et aliquos réalise s n dessein qui est de découvrir l’incertitude de sub forma qua ponuntur se dixisse negavit, L., p. 37·, l’ari ti lélismc, ou, comme le dit brutalement Gilles, L 18. l’ignorance d’Aristote. 1. Quod res absolute permanentes sunt clernc.... I. Portée de cette dialectique. — Pouvons-nous dis­ h.,p. 37·, I. 35. — Il s’agit des substances et des acci­ cerner l’e i porter cette proposition au tractatus primus, Bodl., fol. 5 v®, col. B; c’est la réponse de Nicolas ù la question Op.cit., p. 120. happe demande qu’on n’impute point à Nicolas comme étant sa doctrine les conséquences qui ouvre ce traité : an intellectus naturaliter possit dicere sicut conclusionem scitam ab eo, quod alique res absurdes qu’il peut tirer de la doctrine adverse. L., absolute permanentes non sunt deme, de quibus com­ p. 5·. P. ur notre part, nous trouvons seulement dans muniter dicitur quod generantur et corrumpuntur.,.? (loc. les lettres el la cedula « Vemichi » une mise à l’épreuve des notions fondamentales du péripatétisme. — cit,). Nous savons que Nicolas montre d’abord que, Quelque sens que l’on doive donner à l’expression pour les qualités sensibles mêmes, nous ne pouvons être certains qu’elles se corrompent. Il assure, causa collationis, L., p. 1. n. 8, il est assuré que Nicolas présente son œuvre comme un exercice scolaire n’en­ ensuite que, s’il faut prendre parti entre la nongageant point sa conviction : disputative, nihil asserendo éternité et l’éternité, c’est la seconde que l’on pertinaciter. L., p, 31 ·. 1.3-1 ; p. 33·, h 7-8; p. 31 ♦, 1.16doit choisir, Bodl., fol. 6 rj, col. A : nous retrouverons scs raisons qui valent pour toutes choses composant 17 et I. 21-23. Il précise n’avoir pas eu d’autre dessein que de ne pas manquer au premier principe, règle de la l’univers. La perspective d’éternité sera complète dis i ssion. !... p 35·. I. 17-16. quand on aura traité de actibus anime, de motu, de res­ pectibus. Or, a) actus anime nostre sunt demi. L., p. 39·, Mais le résultat de cette dialectique, constaté par h 26, cf. infra 11; b) à considérer la réalité à part Gilles, c’est de faire éclater l'incertitude de l’aristo­ de l’intellect, motus non distinguitur a mobili — le télisme, l’ignorance d’Aristote: cl Nicolas reconnaît mobile, ce sont les atomes, ingénérablcs et incorrup­ s’être proposé ce but. Serait-cc pour exercer seulement tibles; c) de même, respectas non distinguuntur ab extre­ s'il esprit, accomplir une prouesse? Si jeu il y n, Nicol r paraît bien s’être pris à son jeu : nous avons mis, les termes des rapports sont rcs absolute, choses déjà rappelé les articles extraits de VExtgit ordo, où, éternelles. Ainsi probabile est quod omnes res sunt clernc, Bodl., fol. 8 r», col. A. Notre proposition : de l’inévldence de l'aristotélisme, Nicolas conclut que les Ifomm· s doivent abandonner l’élude d’Aris­ quod res absolute permanentes..., nous place au principe tote cl du commentateur. Ici se précise la ligure de de la réduction de toute réalité à des éléments ingél’Aristote médiéval, l’adversaire de Nicolas: Aristote, nérables et incorruptibles. ce ne sont pas seulement des thèses métaphysiques 2. Quod in rebus naturalibus non est nisi molas localis. auxquelles on pourrait opposer d’autres thèses; L., p. 38·, L 1. — Nicolas ramène génération, corrup­ Arts oie, c’est i ne formation de l’esprit, une culture tion, altération à des déplacements d’atomes, corpora (1’ ristotélhmc médiéval, c’est d’abord une formation athomalla. — Nous sommes encore à la première dialectique de l’intelligence, de même que le cartésia­ partie du primus tractatus déjà analysée : de ce qu'une nisme dé Unira d’abord par une préparation mathé­ chose a cessé d’apparaître, on conclut en aristotélisme matique à la philosophie): le philosophe, qui inventa qu’elle a cessé d’être. Il y a trois manière d’échapper l i logique, est le maître Λ penser: le xiv· siècle est un â cette conclusion; Nicolas retient la première (pri­ siècle logicien; Aristote, c’est la culture logicienne que mum intellectum qui probabilior elect us est, Bodl., les contemporains de Nicolas s’épuisent à acquérir : fol. 6 r·, col. B), qui consiste ù décomposer en atomes, multum admiratur quod aliqui student in Aristotele minima, les choses sensibles, Bodl., fol. 6 rft, col. A. et commentatore usque ad elatem decrepitam, el propter Notre proposition arrive pour conclure: Sic ergo in eorum sermones logicos.,, L., p. 37·, 1.28*30. Si nous rebus nature non est nisi molas localis sed quando ad demandons à Nicolas quelle leçon porte sa polémique talem motum, etc. Bodl., fol. 6 ve, col. A. Nicolas avec Bernard, la voici sans doute : Aristote jugé par Indique ensuite que ce qui réunit les atomes en corps, le premier principe, doctrine Incertaine, donc culture c’est l’action de certains, retenant les autres sicut Inutile. Mais Nicolas n’est pas moins logicien que ses adamas ferrum, lac. cit. Sur les sources possibles de adversaires, il l’est davantage : on pourrait le voir cet atomisme, cf. L., p. 29. comme un homme qui vit dans une culture, la pousse 3. Quod lumen niehil aliud est, quant quedam corjiora. à bout, en éprouve le néant. D’où l’aspect de ses I^., p. 38·, I. 11. La lumière se ramène à des corps en lettres : des exercices d’école qui découvrent la vanité mouvement. — Après une explication mécaniste, de de l’ÉcoIe. I ne brève introduci ion à l’él ude de V Exigit la génération, de la corruption de l’altération, il faut ordo assurera davantage cette Interprétation de Ni­ à Nicolas, pour répondre à scs adversaires, une expli­ colas d’Aut recourt. cation mécaniste de la lumière : passel dici quod ipsum Ht Introduction a l’étude du traité Exigit lumen.,., Bodl., fol 6 v·, col. A. Et que l’on n’objecte OR do... r — 1· /.es articles de la < Discussio errorum point son instantanéité, quod lumen generatur in • de clcrnitate rerum ». — Mis à part les articuli missi instanti; on peut répondre que c’est seulement une de Parhius, une pr< position qui reprend le thème de la apparence : in instanti quia quasi subito in tempore, de prima cedula -liaison des existences, L., p. 37·, 1. 10 même que le son, qui sc propage dans le temps sans -- < t deux articles que nous renvoyons aux paradoxes qu’il y paraisse : secundum doctrinam communem logiques et moraux. L., p. 37·, L 11 et p. 10·, L 26, multiplicat se. in medio successive... videtur tamen 1rs articles de la Discussio errorum se répartissent en fleri quasi subito; des corps qui sont la lumière, Nicolas deux groupes : quatr · propositions d'abord nous par­ écrit ; quasi subito videntur se difjundcre per totum medium, loc. cit. im de Nicolas η servir pour montrer l’éternité de toute chose : 578 NICOLAS D’AUTBECOUKT 5ΊΊ ruptlble, non pus en soi, isolément, mais comme partie du Tout, qui doit être parfait. Le tractatus primus confirme celte interprétation; après avoir multiplie les arguments pour l’éternité des choses, Nicolas écrit . Has igitur ratione* induxi ut probabiles ad conclusionem. Cerium est quod conclusio hcc non potest probari per explicationem conceptuum ter­ minorum conclusionis, (pie media dicuntur cau.se formales, ita quod sciens per talia dicitur scire per causam formalem: rt explices quanturneumque vis, de conceptibus explicitly non concludes affirmativam nec negativam; ergo in hujus rei consideratione opor­ tuit me recurrere ad causam finalem et ostendere quod melius est dicere res cternas ct quod perfectio major attribuitur sic dicendo universo, rt cum illud non sit impossibile, dicendum nst saltem ei magis assenliendum quam opposito. Bodl., fol. 7 r·. col. B. Ainsi : 1· à considérer seulement les termes choses', éternité ·. on n’en tirera ni que les choses sont éternelles, ni qu’elles ne le sont point (Nicolas accorde seulement dans le prologue qu’on en tirerait plutôt l’ét entité); 2® l’analyse de la notion d’etre ne suffisant pas. Il faut en appeler à la considération du bien, de la finalité, de la perfection du Tout : de ce point de vue seulement, la corruption d'un être répugne, parait contradictoire. Mais il ne s’agit pas de contradiction interne â un concept, de répugnance â la pure logique; le principe d’identité n’est pas seul en jeu, comme dans la polé­ mique avec Bernard ; il intervient aussi le principe du meilleur. 9. Quod isti conclusioni, quod res permanentes sunl eterne, magis est assenliendum quam opposite; el si aliqui dicant cum ex hoc negare pro se, nnn dicit quod (wold negare fidem, ostenditur quod, nach A) hoc non possunt dicere nisi mentiendo. L., p. 39*. 1. 18. (A désigne l’édition des Sentences, Bâle, 1 188, d’après laquelle Lappe corrige le texte de Déni fie) : nous re­ produisons le texte entier de cet article, obscur dans sa seconde phrase que Lappe a dû corriger, nous proposons de le rapporter au tractatus primus, Bodl., fol. 7 r\ col. A et B. D’abord, la première phrase: le manuscrit note ainsi la thèse de l’éternité : probabilis probabilior rationibus conclusionis opposite (ibid. A); ci magis assenliendum quam opposito ; -pro­ babilior opposito (ibid B). La thèse de Nicolas qui se prouve davantage mérite surtout notre assentiment. El voici une explication de probabilior: si enim habeant rationes qui tenent conclusiones oppositus, dicant cas ct faciant super hi is comparationem amatores veritatis, et credo quod cuilibet nnn magis affectato ad unam partem quam ad aliam apparebit gradus probabilitatis excedens in hii\ rationibus (ibid. A); les I hèses opposées se font valoir, subissent l’épreuve de la discussion, devant un esprit non prévenu, qui apprécie. Nicolas a jugé après expérience, sentant sa force : sic loquor quia in libris aliorum ad conclusiones occultas (oppo­ sitas?) paucas vidi rationes ad quas nescirem probabiles dure responsiones. Et si dicant quod ego nego principia per se nota, mirabile est qualiter sic falsa notorie expri­ munt que non nisi mentiendo dicere possunt (ib. \). Ici pandi notre seconde phrase: et si aliqui dicant cum ex hoc negare per sc nota, (au lieu de : pro se, non), dicit quod hoc non possunt dicere nisi mentiendo. Et voici l’explication qui nous ramène Λ la première partie du tractatus primus (cf. supra, 1 ) : ostensum |rs/ ] supra quod, succedente nigredine, dicere quod albedo non sit, nec csl principium notum ex terminis, nec est aliquid quod primo experiamur tn nobis; ibid., A : double inévidcncc de la corruption. 10. Quod supposita redeunt eodem numero per reditum corporum supracelestium ad eundem situm, L . p. 39·, L 23. Encore dans le tractatus primus ; après Ia preuve de l'éternité des choses, Nicolas en développe nier, υι: tiilol. catii. les conséquences : ruine de l’aristotélisme, difficultés traditionnelles évanouies, enfin ce que notre article a retenu: Item secundum dicta faciliter potest apparere qualiter posset diri ; si corpora celestia, quorum motibus ista inferiora assequuntur, aliquando revertantur ad eundem situm in quo nunc sunt, dici potest quod idem suppposltum quod nunc est ahgando erit; nam secun­ dum positam conclusionem omnia corpora athomalia ex quibus res componuntur remanent, ct ita, congrega­ tione facta, idem erit suppositum in numero quoti erat prius. Bodl., fol. 7 v·, coL A. Les corps, dont Aris­ tote fait des substances, supposita, résultent de l’as­ semblage des atomes; mais le mouvement des astres commande tout le reste : si les astres reviennent jamais à leur position présente, de même les atomes; et voilà reconstitués les mêmes corps : supposita redeunt eadem numero. Cf. Gilson, op. cit., p. 119. 11. Quod actus anime nostre sunt eterni. Sed quod aliquando intelligamus, aliquando non, hoc pro tanto est quia... L.,p. 39·. I. 26. — C’est la première de quatre propositions de actibus anime ; nous pourrions exposer ici toute la psychologie de Nicolas, curieux atomisme spirituel. Gf. Bodl., fol 7 v·, col. B : congregatio talium entium attomalium spiritualium ; et dans notre proposition : per motum spiritualem. L.. ρ. 39·, I. 33. Considérons seulement la manière dont parait dans le tractatus primus un bref de actibus anime : de actibus anime nostre... certe modicum notitiam habemus in tantum quod nullum est quesitum de eis quod possit terminari inter ductores, unde diffinitionem que debet esse medium in predicate demonstrando non habe­ mus certam, ut puta ; que sit cognitio Bodt., fol. 7 v·, col. A-B. Nous restons dans l'ordre de la dialectique; ici encore impossible de prouver par la cause formelle. en développant l’évidence d’une définition: on sen tiendra au probable : potest sustineri probabiliter.. quod actus anime nostre sunt eterni ; et l’on se fondera sur la considération, déjà faite, de la cause finale : omne totum perfectum requirit suas partes... Bodl. fol. 7 v·, col. B - Quod aliquando intelligamus, quad aliquando non : le problème est encore de comprendre que l’on passe d’une contradictoire à l’autre: c’est pour le résoudre que l'aristotélisme applique la notion de mouvement : génération cl corruption, à l’activité de l'esprit : si intelligcrc poneretur ens corruptibile, hoc esset pro tanto quo homo quandoque intelligit ct quandoque non. Bodl., fol. 7 \·, col. B. Le problème de l’intellect ion. c’est la question même du mouvement, où Nicolas adopte cette position : est transitas de contradictorio in contradictorium sine mutatione reali cujuscumque intrinsece. L., p. II·. I. 27. La liaison de ces problèmes, imposée par l'aristotélisme, paraît courante dans l’Ecole (cf. par ex. Durandi de S Borciano, O. P. Quaestiode natura cognitionis, cd. Koch. Munster. 1929. p. 33 sq.). Voici d’ailleurs la transposition de l’ato­ misme du matériel au spirituel : Sicut suo modo in istis materialibus in quibus nihil est novum, saltem de entibus absolutis permanentibus, est tamen ista res aliquando present alicui cui prius non erat presens per motum localem, sic ibi, scilicet in anima nostra, per motum spiritualem et redditur ista res intclligibilis... Bodl., fol. 7 v·. col. B. — Notre article se termine ainsi : Zs7 per istam positionem... cessat totus tertius liber Aristotelis De anima. L.. p. 39·. L 33; Bodl., fol. 7 v* col. B ; après hi destruction de la physique, celle de la psychologie. 12 Quod intellectio eadem que nunc est present michi erit postea presens alteri supposito. L.. p. 39·. I. 36. — ('.elle proposition sc Iit Bodl., fol. 7 v·, col. B : posset dici quod intellectio... Nicolas nous Indique aussitôt comment lui vint l’idée que I'intcllcction pouvait être éternelle : tn juventute, cum primo audivi librum tertium de Anima, occurrit mihi, supposita opinione commcntaXI — 19 579 NICOLAS D’AUTRECOUKT 580 fois toute chose : I en elle-même, ita quod queh bd /••ru de intellectu, scilicet quod sit unus in numero omni­ bus hominibus, facile est sustinere quod intelligcre potest res habet... propriam bonitatem; 2· dans son rapport di< t esse demum, quia secundum eum, licet unus intel­ à d’autres, lia quod unum ens es/ propter aliud. Soit lectus sit respectu Socratis et Platonis, tamen non sem­ donc celle chose qu’est notre désir: même non exaucé, per Socrates intelligit quando Plato. —Pour Averroès, il a toujours la première raison d’être, remanet ratio l'intellect rît commun; tous les hommes cependant prima secundum quam crut sub intentione nature. S’il ne devait jamais être rempli, le désir n’aurait pas ne pensent pas la même chose ù la fois; c’est qu’en chacun, connaître, dépend aussi du phantasme. Dc la seconde raison d’être qui, dc proche en proche. Ile même, pour Nicolas, l’intellect ion d’un objet est chose chaque réalité â l’ensemble : si ad rem nunquam élernelle: cependant je ne l’ai pas toujours; je l’ai si sequeretur id propter quod est secundario inderetur in­ elle s’adapte à l’image présente : quando est conformis conveniens. Mais un désir est aussi une chose éternelle : actualiter/anlasmati actu existent! in cogitation ; voici illud desiderium naiurale est rcs que semper erit ; il pourra l'autre cas : licet intellectio sit in intellectu, non tamen sc réaliser quelque jour:et voici la réponse que Nicolas inlflligit, quia non est conformis fanlasmali suo. propose, avec l’exemple même dc notre article : fML, fol. 7 v·, col. B. I.’intellect ion parait un atome istud desiderium est aliqua res ad quam aliquando spirituel qu’une image ait ire el relient à la conscience : sequetur motus ad Nostram Dominam. Le désir qui nous ne nous Hâtions pas d’éclaircir ces idées, du moins paraît en moi sc réalisera, cela ne veut pas dire, dans dans celte introduction qui vise davantage les choses notre manuscrit, que c’est moi qui le réaliserai : dictum que nos actes. est quod desiderium naturale, est aliquando prescris alicui 13. Quod potentie nihil recipiunt ab objectis... L., supposito quod ibit ad Nostram Dominam. Cf. n. 12. p. lu·, I. L — Notre manuscrit traite également de Voici donc 16 articles de la Discussio errorum qui actibus anime dans le premier prologue, d’où est tirent leur origine de deux textes de elernilute tire ccl article, BodL, fol. 3 v·, col. A et le suivant, rerum dc notre manuscrit, l’un, primus tractatus, col. B. l’autre, secunda pars primi prologi. Dans le reste du I L Quod sicut rilia vadunt ad centrum et ad terram, prologue, l’auteur nous présente son œuvre. ad animas nobiles veniunt nobilia exemplaria. L., 2° Presentation de son auvre par Nicolas d'Aup. 10·, I. «. trccourt. —· 1. La mission dc Nicolas (prima pars 15. Quod si poneret generationem, non poneret sub­ primi prologi. Bodl., fol. 1 r*, col. A et B). — Le jectum, sed solum ordinem ipsius cause post non esse, traité Exigit ordo (exactement, Sa/is exigit ordo exeputa hoc ens est et prius non juit. Vel si aliquem modum cucionis...) commence par un double prologue, le intetligerem, hoc esset respectus /undatus in ente, nec second divisé en deux parties : on retrouve dans la sub alio intellectu concederet communem opinionem première les éléments des autres propositions, capi­ philosojorum : ex nichilo nichil (it. L., p. 10·, I. 16. — tales, dc la Discussio errorum. L.,p. 36·, I. 35;p. 37·, On se rappellera ici que les lettres a Bernard d’Arezzo 1. 20 ct 1. 2G. Analysons cc texte, dont l’auteur même tenaient pour concevable un changement sans sujet. a marqué les art iculat ions, toc. ci/., col. A : primo, se­ cundo..., tertio..., quarto, yrno inter celera..., redeundo Dans léprologue encore. BodL·, fol. I r*, col. B, Nico­ las polémique contre la matière première qu’Averroës unde sermo prius... Nicolas, d’abord, ne nous cache nous propose, après Aristote, comme substrat de la point l’importance de son dessein; à cause dc cela, génération. Dès que l’on tient les choses pour éter­ ne légitima ratio causulis (anti propositi lateat, il va nous nelles le problème ne se pose plus. Mais admettons dire comment il en est venu à estimer bon d’écrire même génération ct corruption, il n’y a pas de nécessité ce traité, à juger même que différer encore serait dé­ a accorder la mat tète première : supposito quod pone­ plaire à Dieu. Le premier article de la Discussio a rem generationem c! corruptionem in rebus, ut homines retenu ce trait, et parle même d’inspiration : videtur ponunt communiter, ad hoc non ponerem materiam dicere quod senserit divinam inspirationem. L., p. 36·, primam. Ici, les trois moments que Γοη peut distinguer I. 35-p. 37, L 4. Ln suite montrera bien que Nicolas <1 ms notre article : u) Nicolas pose la transmutation, s’est découvert une mission; il va nous la dire. Voici mais la comprend ainsi : noninlelligo aliud nisi : hoc scs pensées dans l’ordre : ens est ct prius non /uit, nec ibi intelligo aliam rem a a) Primo inspexi doctrinam Aristotilis et ejus commen­ non esse et esse; b) s’il joint au néant ct à l’être un tatoris Averrogs et uidi quod mille conclusiones... Cl. troisième terme, cc ne sera pas un sujet de la transmu­ L., p. 37·, L 20-25 : aux thèses aristotéliciennes, tation : rd si aliquid, intetligerem repectum fundulum Nicolas ne peut pas opposer toujours des démonstra­ in ente; c) le principe : ex nihilo nihil fit signifie cet tions qui décident en sens opposé; il dispose toujours ordre de la nature: quando unumens generatur aliud d’arguments qui font apparaître aussi probables les cort umpitur ctita nihil generatur quin precesserit aliquid. conclusions adverses : verum est quod non inveni ra­ Ainsi l’être succède a l’être. Mais il n’y a pas de ma­ tiones demonstratives ad opposita in omnibus, sed tière des êtres, sujet de la génération. occurerunt rationes alique per quas rnihi visum full 16. Dixit in quadam disputatione, quod quia desi­ quod ita probabiliter possent teneri conclusiones oppo­ derium naturale non est frustra, ideo quod quicquid deside­ site stcul proposite ab eis. Premier moment décisif : ramus aliquando adlpiscemur. I 'nde quicunque appetit épreuve dialectique dc l’aristotélisme. ire ad Nostram Dominam aliquando ibit. L., p. 40·, b) C’est l’étude d’Aristote cependant el du com­ I 22. - Nous ne trouvons pas dans notre manuscrit mentai vur qui occupe les intelligences, des vies tout une telle fantaisie dialectique; nous y rencontrons entières : Vidi secundo quod in eorum doctrina stude­ seulement ceci, BodL·, fol. I v·, col. A. Nicolas prou­ bant aliqui per viginti vd triginta annos usque ad etatem vait que les choses sont éternelles;» partir du désir decrepitam. Cf. I.., p. 37·, 1. 28-29. d’éternité qui anime naturellement les hommes c) L’examen de l’aristotélisme a permis dc aryurtuitur qu&d desiderium naturale hominum quod mesurer quelle connaissance il apportait. Pour en acquérir une égale, il ne faut pas si longtemps. Appa­ est ad dtmitodem (U s'agit d’éternité personnelle dernHatem nui quilibet homo appetit, BodL·., fol. 7 r, ruit tertio quod notitia que potest haberi , ils partent en guerre contre lui : quasi armati logi, Rodi., fol. 1 v, coi. B-fol. 2 r», col. B). —Nicolas ad capitale pretium in cum irruerunt. ( f. L., p. 37*, 1.33d'Aut recourt est un novateur, en rupture consciente 31. Esl-cc la charité qui les amine? L’envie, le désir avec son époque, avec la t radit ion séculaire de l’Écolc. de la vainc gloire ne les tiennent pas moins que les H va répondre aux objections dc prinapc que l'on autres hommes : omnibus nubiis quibus involvuntur oppose aux innovations doctrinales : Sa réponse homines sic opparent subjecti quod in nullo nisi in occupe la première moitié dc la secunda pars primi pejus vita eorum ct vita vulgi differens esse videtur. En prologi (la seconde moitié, c’est le Dcelerntlafe rerum cotte diatribe, Nicolas prétend rester moraliste, nepas que nous avons déjà utilisé. BodL, fol. 2 r*, col. Btomber dans 1’attaque personnelle : Sic dixisse in gene­ fol 5 r·. col. B, ct qui, logiquement, sc placerait apres rali non nocet contra quos loquor. Abscindatur gladio le tractatus primus). - Nicolas fait parler ses adver­ lingua mea si in speciali detraxerim eis. D’ailleurs, saires sur scs conclusions, conclusiones quas posuisti ut probabiles in tuo principio et quas es recitaturus m ces défaut s des t héologiens ne sont pas sans liaison avec les disputes nées de leur aristotélisme (cf. infra). isto tractatu, dont ils mesurent toute la portée : que fconclustones ] sunt contradictorie conclusionibus /) Celle incidente terminée, Nicolas reprend le cours dc ses pensées : Redeundo unde sermo prius, approbatis in communitate longo tempore..., nam sunt contradictorie Aristotih ct commentatori Averoys. Rodi., cum sic vidi, quod de rebus per apparentia naturalia quasi nulla certitudo potest metiri, ct quod brevi tem­ fol. 1 r·, col. B. A considérer ces innovations, on peut pore id quod potest haberi habebitur si homines sic conclure soit à la présomption dc l'auteur, soit â U immediate intellectum suum convertant ad res sicut fausseté des thèses mêmes. Nicolas va faire justice de celte double objection. fecerunt ad intellectum hominum Aristotitis ct commenta­ Dc la réponse qu'il fait â la première, nous retien­ toris Averroys... Cf. L., p. 37·, I. 5-8, et L 26-27, drons deux règles qui définissent les cas où Ton peut On peut estimer à rien la certitude que nous apportent innover sans présomption. Première règle : soit un les < apparences naturelles » (de la polémique contre homme à qui, pour un certain ordre de recherches, Bernard, on retire l'impression que tout l’aristotélisme viennent spontanément, quasi naturaliter et ex sc, ne peut rien ajouter aux données de l’expérience non receptive ab alio, tous les concepts que la commu­ brute): celle qu'on peut avoir, on l’aura, en peu de nauté humaine a jamais eus sur ce sujet, d quelques temps, si on la demande aux choses même, sans passer autres en plus, qui portent davantage ; disposant dc par les livres. Mais les hommes ne doivent guère plus dc concept s, c’est-à-dire de plus de termes, il peut s’attacher à cela: détachés des < apparences naturelles », ils sc tourneront vers les choses dc la morale et s’atta­ en tirer plus de principes, et des principes nouveaux, des conclusions nouvelles, opposées même aux con­ cheront à la loi chrétienne : cum etiam apparuit quod homines modicum debent adhererc apparentibus natu­ clusions reçues. Nicolas marque avec vigueur la ralibus, apud me hoc venit judicium quod si hoc co­ conscience que cet homme posséderait de son droit à gnoscerent bene nati communitatis potlitice converterent innover : cum hoc scit... quod cmnes illos conceptus quos alii formaverunt, ipse format et multos alias per se ad res morales et adhérèrent firmiter legi sacre, legi quai magis... attingit res. tunc videt quod ot quasi tota ehristianr que inter omnes honestissimum modum illa multitudo in virtute quantum ad quesita circa vivendi complexa est, toc. cit., col.A-B. Des recherches que format tot conceptus ut Uda multitudo, el ultra vaincs ne troubleraient plus les âmes : non haberent quantum ad alias conceptus, est quasi alius homo materiam elationis, considerantes quod sic ex puris in gradu excedenti. Ainsi, Γhomme dc bien, qui naturalibus pandam certitudinem possunt habere voit la foule rechercher seulement les richesses et de rebus, mundarent corda sua... Vision d’avenir : des préfère l’exercice dc la vertu : il n'ignore pas hommes libérés de l’aristotélisme, occupés seulement qu'il en sait plus que la foule, et combien il s’en de répandre la loi divine : apparerent divini quidam distingue, potest scire quod est egregius, positus extra homines qui non totum tempus vite consumerent in gregem vulgi. Rodi., fol. 1 r*. col. B.-fol. I v·, col. A. logicis sermonibus vel in distinguendo propositiones On notera le caractère spontané, personnel dc la pensée obscuras Aristotilis.sed intellectum divine legis manifes­ qui s'oppose aux opinions reçues, quasi naturaliter et tarent populo... On peut évoquer ici Descartes, autre ex sc, non receptive ab alio. Nicolas n’use point dccette adversaire de l’aristotélisme, qui se distinguera, première règle pour se justifier : hac régula me non pur spéculatif, de ceux que Dieu a établis pour sou­ exonero quoniam non dico me habere cmnes conceptus verains sur '•es peuples, ou bien..auxquels il a donné aliorum super querendis infra. BodL, fol. 1 v% col. B. assez, dc grâce el dc zèle pour être prophètes. Discours Deuxième règle, qui justifie Nicolas : celui à qui de ta methode. Sixième Partie. Contre l’arislotélisme. viennent, sur quelque objet dc spéculation, des pen­ Nicolas L'est un considérable répertoire, ; sermons en vers; né dans les premières années du χπ· siècle, fut prière ά la Vierge; paraphrase de l’Aoe Maria ; pro­ d’abord moine à Motléraniey (Mont 1er-Barney verbes de bon ense gisement et vies de saintes. Arem truni) à quatre lieues de Troyes. Il lit la connais­ Rom tnia, t. xm. 1881, p. I »7-511; L. Toul.nin Smith et sance de saint Bernard au concile de Sens, en 11 II, P. Mover, Iss conies moralités de .VirolasBozonjrere mineur, et fut chargé de porter au pape innocent If les écrits publiés pour la premUrc /oh d'après /« manuscrits de de l’abbé de Cl lirvaux relatifs Λ Abélard. Cf. S. Ber­ bonlrei cl de Cheltenham, Paris, 1889; A. G. Little* Studies nard, Epist., clxxxix, /’. L., t. cLXXXti. col. 357 A. in engtish francisc.m hislorp, being the Ford lectures Attiré ά Cl lirvaux, il dut y entrer vers 11 15 ct. après delivered in the university o/ Orford ui 1916, M inch es ter, avoir fait profession, il devint secretaire de l’abbé. 1917, p. 139; A. Ziwarl, The history of fruncUcan preachers G’cit Lii par exemple qui écrivit les lettres cdlxvhand of francisean preaching, New-York, 1928, p. 367. cdlxix, ibid., col. 671 sq. Mais saint Bernard ne larda A. Teetaekt. pas à s’apercevoir que Nicol is trahissait sa confiance; 19. NICOLAS CANTILUPE, dit au si le secrétaire dut quitter Clairvaux (1151). Voir la Cantilup·, Cialelupe, Cintolupe ct Cintilowc, théo­ lettre ccxcvnt de saint Bernard au pape Eugène HI, logien carme anglais de h première moitié du ibid., col. 500. On ne sait trop où le moine chassé se XV· siècle. - Natif de Bristol (Pays de Galles), retira d’abord; mais il avait de la souplesse et de quoique de famille norminde apparentée probable­ l’entregent, il Unit sans doute par revenir à son cou­ ment du côte m itera d à une famille gilloise, Nicolas vent de Motléraniey. Il avait su intéresser ù scs présenta toutes les caractéristiques do la race cel­ atî lires les deux papes Adrien (V et Alexandre III. tique : piété fervente, imagination vive ct don de Du premier de ces pontifes, deux lettres de 1157narration. Dans l’arbre généalogique qu’il présenta 1159 adressées respectivement à Samson, archevê­ lors de son entrée au couvent des cannes de Bristol, que de Reims, et à Henri, évêque de Beauvais, il faisait remonter sa famille jusqu'aux rois des leur recommandent le moine Nicolas d’Arcmarum. Diinekc, peuphde qui, à l'époque de l'invasion Jaffé, n. 10191-2. Une lettre d’Alexandre III, du rom une dans la Grande-Bretagne, l’an 55 avant notre G mars 1161. remercie notre Nicolas (à moins qu’il ère. sc partageait avec trois autre» le territoire actuel ne s’agis»c de Nicolas d'Amiens) des services rendus du Pays de Galles. Il réclamait aussi une parenté ù la cause de l’Eglisc, cl lui annonce que le pape assez proche avec saint Thomas de Cantllupc, pen­ le recommande aux archevêques de Sens cl de dant quzlpie temps chancelier d’Angleterre ct fina­ Helms cl à Henri comte de Champagne. Jaffé, lement évê pic de Hereford, mort en 1282. Nicolas lit n. 10658. En fait, on voit Nicolas au service de cc scs études à l’université de Cambridge, où il prit le dernier; mais il retourna finalement dans son monas­ doctorat en théologie. Il fut prieur des couvents de tère ; La dernière lettre que l’on ait de lui est adressée Bristol. Gloucester ct Northampton, où il mourut le 27 septembre 11 II. Scs œuvres sont : 1. In primum de Moliéramey ù Guillaume, archevêque de Reims de 1176-1202.’ librum Sententiarum: 2. Encomium Ordinis Écrivain fleuri ct disert, Nicolas a pris soin de vtnj. Marte de Monte Carmelo; 3. Chronicorum epi­ recueillir lui-même un certain nombre des lettres tom’·; I. Historiarum appendices, commençant h qu’il avait écrites pour son compte personnel, ou pour partir d’innocent 1(1; 5. Historiola de antiquitate cl celui de scs confrères, lors de son séjour à Clairvaux. origine unin*r stlatis Cantabrigiemis (Cambridge Elles ont quelque intérêt pour les renseignements Unlverdty. nu. mm 5. /<»). éditée avec la Chronica qu’elles donnent sur les premiers commencements , puis se fera donner pleins pouvoirs pour assister à un nouveau congrès de Jéru­ salem el y accepter, au nom de tous, la foi unique. Tel est l’objet du De pace fidei, Op., p. 862-879. Nicolas manifesta le même esprit pacifique dans la Cribratlo Atchorani, p. 879-932 ; Pie 11 lui ayant demandé les éléments d’une réfutation du mahomé­ tisme, il passa au crible le Coran, pour en retenir les points utilisables. Le premier livre est destiné à montrer qu’il est facile, en s’appuyant sur le Coran, de démontrer la vérité de l’Évangile Le second est essentiellement un exposé de la doctrine catholique. Seul, le troisième contient une réfutation proprement dite de certaines thèses du Coran, où Nicolas découvre des contradictions. Il faut rapprocher de la Concordantia catholica le Dr auctoritate praesidendi ui concilio generali, publié par Düx, Der deutsche ('.ordinal Nicolaus von Casa and die Kirche seiner 7.eit, t. i, p, 175-191 : la lettre à Rodrigue Sanchez d'Arcvalo, Op.. p. 825-829; les divers discours ct mémoires, inédits pour In plupart, 605 NICOLAS qui sc rapportent a la neutralité allemande; enfin la Reformatio generalis, projet de réforme de la Curie, publiée par Dûx, op. cit., t. n, p. 151-466, ct mieux par S. Elises : lias Rcformentwurf des Kardlnals Nikota us Cusanus dans llistorisches Jührbuch, t. xxxn, 1911. 2. Écrits scientifiques, - Ces écrits ne doivent pas retenir ici noire al lent Ion. Signalons seulement la Reformatio calendarii, projet , c’est la forme, l’âme ou l’acte; le lien (pii les unit, c’est le mouvement. A l’état absolu, la possibilité, c’est Dieu éternel, qui contient toute possibilité; la forme, c’est le Verbe, qui contient toutes les formes; le mouvement unit if. c’est l’Esprit. auteur de toute proportion ct de toute harmonie. Ibid., c. vm. La contraction · eut raine nécessairement la mul­ tiplicité ct la diversité. Tandis qu'en Dieu le maxi­ mum coïncide avec le minimum, aucun des êtres de l’univers, (pii s’échelonnent tous entre le maximum et le minimum, ne coïncide avec un autre. Mais chaque individu cherche, sans jam iis y arriver d’ailleurs, ù réaliser la perfection de son espèce et de son genre. Ce mouvement tend en définitive vers Dieu, qui est cause finale de l’univers comme II en est la cause efficiente O/*. cit., I. Ill, c i. 3. Le Christ. Au sommet des créatures, si l’on cn excepte les anges, se trouve la nature hum line, qui «complique » en elle-même la nature Intellectuelle et la nature sensible. Par le péché, le mouvement ascen­ sionnel de l’univers se trouvait être arrêté cl refoulé; il ne pouvait aboutir que si un être supérieur le rat­ tachait à Dieu. Cet être, ce fut le Christ, à la fols maximum absolu et m iximum emit raclé, créateur el créature, dans la personne de (pii coïncident la divi­ nité et l’humanité, ainsi que la nature et la grâce Ibid., c. n-rv. Son humanité ne fut pas seulement individuelle, comme celle des autres hommes : Jésus fut l’homme parfait. Γ/tomo maximus. en (pii la nature humaine impliquait toute la puissance de l’espèce; c’est pour cela, d’une part, qu’il ne pouvait naître PICT. I»K TIÎIÎOL. CATII. 610 par voie purement naturelle, d’autre part, qu’en lui les péchés de tous ont pu être rachetés. Pour attein­ dre sa fin, l’homme doit donc s'unir Aussi étroite­ ment (pic possible au Christ, par la foi cl les œuvres. Le Christ apparaît ainsi, dans l’ordre des choses comme une natura media, compliquant · cn lui-même toutes les natures et entraînant par là l'uni­ vers entier au plus haut degré possible de perfection. Ibid., c. 11-vî. L La théologie mystique. - Nicolas de Cues voyait dans In docte ignorance le point de départ de la théo­ logie mystique : il identifiait la coïncidence des con­ traires avec le seuil du paradis où Dieu sc tient dans le « nuage ·. Au delà, s’étend, disait-il, le domaine de la foi et de la vision. La foi doit y servir de guide; elle est le commencement de l'intelligence parce qu'elle < complique ■ toute intelligence. Le désir doit y porter avecardeur, jusqu’au moment où l'on est élevé a «l'in­ tellect ualité simple *, où l’on passe pour ainsi dire du sommeil à l’état de veille, de l'audition à la vision, où l’on est, comme saint Paul, ravi en extase cl admis à l'intuition de l’ineffable. Ibid., c. xr. La foi, dont parlait Nicolas, était déjà une foi « formée par la charité ». Mais â mesure qu’il méditait sur la mystique, il comprit mieux comment, pour élever l’âme au delà du mur de la coïncidence, la voie de l’amour est la plus facile ct la plus sûre, parce que Dieu sc fait connaître à celui qui l’aime ». Cela ressort surtout de sa correspondance avec les moines de Tegernsee. Interrogé par eux sur la question de savoir si l’ascen­ sion mystique peut sc faire uniquement par l’amour cn excluant toute connaissance, il répondit négative­ ment. se rangeant ainsi à l’avis de Gcrson. contre le chartreux Vincent, pricurde la chartreuse d’Aggsbach. Il en donna d’abord celte raison psychologique que l’amour ne scporte que Vcrscc qui parait bon. Corres­ pondance. η. I, p. 111-112; puis il ajouta celle expli­ cation plus profonde: Dieu est au delà de la coincidence du vrai cl du bien; d’autre part, la charité parfaite est au-dessus de la coincidence du contenant cl du conte­ nu, selon le mot de l’Êcriturc « celui qui demeure dans l’amour demeure en moi et moi cn lui ·; donc l’amour de Dieu el la connaissance de Dieu ne vont pas l’un sans l’autre et. à la limite, iis se confondent pour ne faire qu’un. Correspondance, n. 5. 9 et 16, p. 113-1 II. 121-122. 134-135. 5. L'Église. — Les théories de la docte ignorance ont été appliquées par t'usa a l’Églisc. dans sa lettre à Bodrigue Sanchez. Op., p. 825-329. Il y distingue une Église accessible seulement dans la simplicité de l’intelligence : c’est l’Églisc triomphante; une autre, accessible dans l'universalité de la raison : c’est l’Églisc militante, appelée corps mystique de Jésus, parce que la grâce de Jésus est expliquée · cn elle; enfin une Église sensible,celle dont les membres sc reconnaissent .i des signes exterii urs. Cette dernière devait avoir un chef sensible : ce fut Pierre. L'Église était tout entière en lui complicative. Le pouvoir suprême compliqué en lui s’est trouvé expliqué « dans l’Églisc; Pierre embrasse dans saplénitudrc tous les pouvoirs qui sont contractés · diversement dans la hiérarchie ecclésias­ tique. On a voulu lirer argument de cette application du rapport de complicatio et d'explicatio, pour en conclure que Nicolas de (aies renie les idées qu’il avait soute­ nues, dans le De concordantia catholica sur les pouvoirs respectifs du pape el du concile. On n’a pas remarqué que. selon lui. le pape n'a pas hérité directement des pouvoirs de Pierre. Entre le chef actuel de l’Églisc el son fondateur, il y a l’Églisc elle-même» qui est l‘« ex­ plication · de Pierre, dans la multitude des croyants. Voilà pourquoi, selon ('.usa. le pape doit respecter XL — 20 611 NICOLAS DE CUSA — (out cc qui a été établi avant lui « pour l'édification de l’Église » et ne peut le modi fier ou le parfaire qu’en vue du maintien ou du développement de l’édifice. S’il voulait avec obstination dépasser ce pouvoir, il serait indigne de sa charge, et l’Église pourrait se séparer de lui, pourvu que cela n’enlraine pas en elle de mission. Conclusion, — Dans le cadre de ccs idées essen­ tielles, Nicolas de Cues a spéculé inlassablement, variant sans cesse scs points de vue, empruntant à des philosophies diverses les conceptions ou le langage dont il croyait pouvoir faire son profit. Il a beaucoup lu, et tout fournissait un aliment ή ses méditations, comme en témoignent les innombrables notes margi­ nales dont il couvrait ses livres. Dans l’ensemble cependant, sa spéculation sc rattache beaucoup plus au platonisme, ou plus précisément au néo-platonisme qu’a l’aristotélisme : clic s’inspire surtout du pseudoDenys, de Proclus. de saint Augustin, de l’école de Chartres, de saint Bonaventure, voire même de Scot Érigènc et de maître Eckart, aux expressions les plus hasardées desquels il attachait un sens ortho­ doxe. Cc penseur original, au vocabulaire souvent étrange, paradoxal, a suscité de vives critiques et des enthou­ siasmes ardents. Il faut lui reconnaître au moins le mérite d’avoir su comprendre les aspirations de son temps, et d’avoiressayé de leur donner autre chose que des réponses fragmentaires ou évasives. Homme de la Renaissance, non seulement par l’universelle curiosité, l’amour de l’antiquité classique, le culte de la forme, mais par l’optimisme, par l’esprit critique, par le souci du réel, de l’individuel. des connaissances positives, il a voulu synthétiser les idées et satisfaire les tendances nouvelles dans un système qui. sans s’appuyer sur une dialectique tombée en discrédit, fil la place la plus large a la religion chrétienne. Sur plus d’un point aussi, il fut amené à énoncer des idées qui. si un les eût acceptées, eussent pu empêcher, dans la suite, de pénibles conflits. Bien avant Galilée, il a abandonné la géocentrisme, pour faire de la terre une sorte d’étoile sphérique el mobile, de même compo­ sition que les astres. Doct. ignor., 1. H, c. xu. A propos du récit biblique de la création, Il a déclaré sans hésiter qu’il n’y a pas lieu de le prendre ù la lettre, parce que Moïse a parlé, dans son livre, un langage « humain >, adapté À l’intelligence de scs lecteurs. De Genesi, p. 131. La largeur de ses vues en semblables matières, il la doit d’ailleurs, pour une large part, à la manière dont il a su lire les Pères de l’Église. et en particulier saint Augustin. t no bibliographie très abondante n été donnée dans E \ an*! vctibcrghc. Is cardinal Nicolas dr C.ucsU 401-1164). L*action La pensée, Paris, 1020. On se contentera de rap­ peler tel quelque* titres en y ajoutant les principales études panic* depuis 1920 : L. son Bcrtalanlïy, Nicolaus von Cues, Munich, 1928; E. CftMlrer. Indiiddum und Koirno* in drr Philosophie der 10 naissance, Leipzig. 1927; Th. Dcvdoulls, Dr Mcolui Ccuanf p/iïtorophla, Paris. 1868; P. Duhem. Vicvfru dr Cuei et Léonard de Vinci, dans Léonard de Vinci, ceux qu’il a fcrg. 1930; J. Homme*. Die philottjphUchrn Grundlrhren dr« Vie. Kusanus uber Gotl un26; \ .larger, Drr Streit de» Cardinali \ir»»tuu* non Cu*e mit dem llermgr Sigmund ion Ortlrrrrirh. 2 vol., Inspruck, 1861; H. Kllbnnsky, Lin Proklos-l· und und seine Bedrutung, dan» Sitzunsgber. drr Hridtlbrrgrr Akad. der Wisst nichai ten, phll. hht. Elusse, 1 Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ordinis minorum S. Pnincisci capuccinorum, Venise, 1717, p. 199; J. Bmciltbnl, Kululog. xv. Munich, s. d.,n. 186; A. Zaxxnrt, Ihr history o/ franciscun preaching and o/ franciscan preachers, New-York, 1928. p. 183-181. A. Teetaeht. 613 NICOLAS DE DURHAM 26. NICOLAS DE DURHAM, théologien carme anglais du xiv* siècle. - Nicolas de Durham, dit aussi Dorhln (quelques auteurs en font, à tort cependant, deux personnages distincts), naquit à Durham. H embrassa l’étal religieux au couvent des carmes de Newcastle, étudia a l'université d’Oxford. mill prit le doctorat en théologie ct tint une chaire. Il s’y lit une. grande réputation pour sa science, son enseignement ct sa vigoureuse défense de la fol «•outre les erreurs des wicléfltcs. La date de sa mort nous est Inconnue: elle dut arriver peu après 1370, Il composa plusieurs ouvrages de théologie; 1. Com­ mentarii in magistrum Sententiarum lib. /V; 2. Dr/rraü nationes quaestionum: 3. Originalia Doctorum, constituant un grand tabulaire; ct L Contra articulos Wicle/i. Arnold Bostlus, Dr illustribus utris Ord. B. Dei gen. V. A/urûr dr Monte Carmeli, dans Daniel dr la ViergeMarie, Speculum carmrlilanum, Anvers, 1680, t. n, p. 894, n. 3051; Jean Trlthèmc, De utris illustribus ord. corm., duns Daniel de In Vierge Marie, op. cit., t. n. p. 902, n. 3123; Dr. scriptoribus ecclesiasticis, Opera historica omnia, Francfort, 1601, t. i, p. 321; Jean Inland, Com­ mentarii de scriptoribus Britannicis, Oxford, 1719, t. n, cap. 106, p. 368; Jean Bale, Scriptorum illustrium majoris Britannia' catalogus, Bâle, 1559, cent, vj, cap. XL, t. i, p. 176; Joan Pitscus, Relationum historicarum dr rebus angllcis tomus l, Paris, 1619, cap. Dçxxvr, p. 507; Pierre Lucius, Carmelitana bibliotheca, Florence, 1593, fol. 66 v·; Posse vin, Apparatus sacer, Venise, 1606, t. n, p. 483; Gcsncr, Bibliotheca (Epitome de Simler), Zurich. 1571, p. 518 6; Augustin Biscareti, Jhibnitcs vinco Carmeli, ms. dc 1638 conservé au collège Saint-Albert à Home, fol. 176 ν«·177 Γ»; Alégre dc Cnsajuilc, Paradisus carmeUlici decoris, Lyon. 1639, p. 306 b; J.-B. de Lcznna, Anna­ les, Bonn·, 1645-1650, t. iv. p. 670-671, η. I; Daniel de In Vierge-Marie, Spéculum carmelitanum, Anvers, 1680, t. n. p. 891, 902, 1119, n. 3051, 3123 . 3918; Albert Fabricius. Bibliotheca latina Media cl Inflmtr .Elatis, Florence, 1858, t. v, p. 109 b; Thomas Tanner, Bibliotheca britannicahibernica, Londres, 1748. p. 515; Cosme de Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, I. n, coi. 488, n. 21; Hurler, Xomcnclalor, 3’ édit., t. n, coi. 628. P. Anastasi, ni Saint-Paul. 27. NICOLAS DE FAKENH AM, frère mineur (xiv-xv· siècle), est appelé dc la sorte, ou bien parce qu’il est originaire de Fakenhain, dans le Norfolk, ou bien parce qu’il descend d’une famille, qui portait ce nom cl dont plusieurs membres étaient au service du roi Richard IL Nicolas, lui aussi, avait réussi à gagner les bonnes grâces dc ce roi et â en obtenir dc multiples faveurs. En 1395, il fut promu docteur en théologie à Oxford, ct devint ministre provincial de l’Angleterre. Il démissionna en 1402, probable­ ment au cbupitic général d’Assise. En 1105, le car­ dinal protecteur dc l’ordre le nomma commissaire avec mission d’agir, après examen de la cause, contre Jean Zouch, alois provincial, qui avait occasionné un schisme parmi les Frères mineurs anglais. Zouch fut déposé ct son successeur fut élu au chapitre d’Oxford. le 3 mai 1405. Nicolas mourut probable­ ment en 1 107 ct fut enterré à Colchester. Nicolas dc Fakcnham est l’auteur d’un écrit impor­ tant pour l’histoire du schisme d’Occidcnt. Il est intitulé : Detci minatio fratris Xicolai Fakenheyn /tuitum minor urn, Anglin- prevtncialis, pro Urbano seu Boni/alic et commence par les mots: Reverendi magistri ct domini. Cum ex lege nature pariter et scrip­ turis manifeste poterit elici... Aux trois mss cités par Fr. Biicmclzrieder (voir ci-dessous) â savoir le cod. lut. 5064 de la Hofbibliothek de Vienne et les cod. tat. Vatic. 560S ct 4000, nous avons ajouté le ccd. Hart. 3768 du British Museum de Londres, qui donne â cet écrit le titre suivant : Determinatio dc schismate inter Bonifacium papam et Benedictum antipapam. Cette Determinatio a été publiée pour la NICOLAS III GRAMMATICOS 61 4 première fois par Fr. BUemetzrleder, d'après le texte des trois premiers mss cités. Nicolas composa cct ouvrage â Oxford, à la demande du roi Hichard II, ct le termina, le 5 novembre 1395, comme cela résulte dc VExplictl. Invité par l’université de Paris à travailler à la solution du triste schisme qui divisait l’Occidcnt, le roi Richard II d’Angleterre chargea Nicolas dc Fakcnham de composer un écrit, dans lequel d énumé­ rerait toutes les raisons qui existaient pour mettre fin au déplorable ét at dc c hosts Nicolas, qui venait d’être promu docteur en théologie ct commençait seulement sa carrière professorale à l’université d’Oxford, se mit au travail ct rédigea la Determinatio. dans laquelle il tâche dc faire sortir les professeurs d’Oxford de la profonde indifférence qu'lis observaient par rapport au schisme, ct de les déterminer a travailler à sa solu­ tion, vivement voulue par le roi. Il y expose, en juge impartial, sa manière dc voir pour faire cesser le schisme. Après avoir démontre que le bien de l’Église et dc tout l’Occidcnt exige une solution rapide du schisme, Nicolas marque les différents procédés à employer pour faire cesser le schisme : convocation d’un concile général ou intersention du bras séculier, reconnaissance de Boniface IX, qui est le pape légi­ time el démission forcée dc l’antipape Benoît X111, ou démission des deux papes. Avant tout, il recom­ mande une union plus étroite entre la France ct l’An­ gleterre pour la .solution rapide du schisme, ct la punition des cardinaux qui sont responsables. Le résultat de celte Determinatio fut que, d'un côté, Hichard II obtint la main de la fille du roi dc France, mais que, d’un autre côté, les Anglais persistèrent dans leurs sentiments hostiles envers les Français, cl ne voulurent contribuer en rien à la solution rapide du schisme. Cette situation dura jusqu’au concile de Pise, en 1109. Ce n’est qu’à cette époque que les Anglais voulurent accepter les idées exposées par Ni­ colas dc Fakenhnm dans sa Determinatio. L. Wadding, Annales minorum, 2* rdil., Rome, 1734. I. ix, p. 312; du même, Scriplores ordinis minorum, 2· édit., Home, 1906. p. 177; J. II. Sbaralca, Supplementum ad scriptores trium ordinum X. Francisci, t. n, 2· édit., Rome. 1921. p. 272; A. Wood, Historia et antiquitates untcersilatis Oxaniensls, Oxford, 1674. t. i, p. 201; A. G. Little, The grey briars in Οχ/ord, Oxford. 1892, p. 252-253; A. G. L.. Λ icholas o/ / akenham, dans Dictionary of national bio­ graphy, t. XIV, 1909, p. 126; Fr. Bliemctzricder, Traktat des Minoritenprouinztab pou Jïngland, Fr. Xikolaus dr Fakcnham, ûber das grosse Abcndlàndische Schisma, dan» Archivum /ranctscanum historicum, 1908, 1.1, p. 577-600. cl t. lî. 1909, p. 79-91. A. Tkktabrt. 28. NICOLAS DE GORRON ou de GORRAN, dominicain, confesseur de Philippe le Bel. Originaire du Maine, il passa presque toute sa vie comme professeur au couvent dc Saint-Jacques à Paris et mourut vers 1295. Outre de nombreux scrmonnalrcs el des commentaires de la Bible, clas­ siques dans l’ancienne université de Paris, et où les PostHles sur les épltres aux Romains ct aux Corin­ thiens continent â la théologie, il a laissé un commen­ taire partiel des Sentences de Pierre Lombard dans un manuscrit : (Juirstioncs rei expositiones margini ascripta incipientes ad distinctionem XL VI et contl· nuatirad disl.VI libri //1 ; Distinctiones Gorhami in­ cipientes lib. ill. dist. VJ Hi tractatus /ere omnes scribuntur margine libri Sententiarum. Quétlf-Echard, Scriptores ordinis pricdlcalorum, t. t, p. 437-114 M.-M. GORCE» 29. NICOLAS III GRAMMATICOS, patriarche de Constantinople (août 1084-mai 1111). Son surnom lui vient peut-être de cc qu’il était 615 NICOLAS HI GKA.MMATICOS - NICOLAS DE .1 ÉS US-Μ \ K I E 616 couvent de Duruelo au xvur siècle; à présent le ms. instruit^ tandis que son prédécesseur, Eustrate Garisemble perdu; 2. Phrasium mijslicœ théologie V. t*. P. d.is (1081-1081), était illettré, peut-être aussi de Joannis a Cruce carmelitarum excalceatorum paren­ qu’il avait été sccrétslre. Il fut d’abord moine au tis primi elucidatio, important ouvrage fort loué et monastère du Prodrome dans la capitale. Son long apprécié des savants, en particulier de Bossuet, qui patriarcat fut marque par divers épisodes, comme la lutte menée pendant deux ans contre lui par Léon, | le cite bien des fois et en témoigne sa satisfaction, en disant que l’auteur était Vintrrprètr érudit et même métropolite de Chalcédolnc (1081-1086), la condam­ lr plus sapant interprète de saint Jean de la Croix. nation du moine Nil (1091), l’hérésie des bogomlles Nicolas, en effet, y explique ct défend la doctrine du et h condamnation de leur chef le médecin Basile Docteur mystique contre les attaques ct critiques du (H 10). Il a laissé quelques réponses canoniques, commencement du xvn· siècle. L’ouvrage parut en insérées par G. Bhnlli ct M Potli, Σύνταγμα των latin, ct non en espagnol, â Al cal ή de Uennrcs en 1631 Upôv κανόνων, l v, p. 58-76 ct P, G., t. exix, chez Jean de Orduna; puis à Cologne en 1639 à la col. 761-765 et 860-883. Il est très probablement fin des œuvres de saint Jean de la Croix. Celte œuvre l'auteur du (gpicon de règles monastiques en vers populaires que de nombreux manuscrits attribuent fut cependant composée quelques années avant 1631. Le P. Cyprien de la Nativité en publia une traduc­ a un Nicolas, patriarche de Constantinople. Cc tijpicon est adressé tantôt au protos de l’Athos, tantôt tion française à Paris 1611 et 1655, traduction qui reparut, retouchée, dans les fitudes carmélilaines, a l’abbé Annstase du Slnaï, tantôt à un sinaïte du nom de Jean. Il a été souvent édité â Venise juillet. 1911, p. 211, à juillet-octobre 1914, p. 361. depuis 1603 avec les typica de Saint-Sabas. Le car­ Daniel de la Vierge-Marie, Speculum carmelilanum, dinal A. Mal l’a reproduit, mais sans caractère métri­ Anvers, 1680, I. n, p. 1131 b, {n. 3966; Bossuet, Instruc­ que, dans ses Scriptorum veterum nova collectio, t. ix, Home, 1837. p. 611-618, ct l’attribue à Nicolas le ' tion sur tes Mats d'oraison, I. Vil, n. 9, édit. Paris 18621866, t. xviu, p. 521; Mi/stici in tula, part. 1, art. 1, Mystique, cc qui vieillirait cc document de deux cap. I X. édit. cit.. t. XIX. p. 591; Nicolas Antoine, Biblio­ siècles. Le texte de Mai est reproduit dans P. G., theca hispanu nova, 1500-1681, Madrid, 1733-1738, l. n. 1. CXJ, col. 391-106. Le cardinal Pitra a réédité le p. 381 a; Martial , p. 338-317; Jean-Baptiste et après lui Cosine de Villiers, etc.) 'O * 1885, p. 273-288; K. Kranilmcher, Geschichle naquit 5 Cracovie en 1596. Après de bonnes études •1er byzantin. I.iteratur, 2* édit.» 1897, p. 317; P.G., t. cxrx, col. 761-765, 860-883; I. cxxvu, col. 171-471; t cxxxvm, tant â la maison paternelle qu’au gymnase de sa eo|. *»37-950. ville natale, il entra, en 1610, nu noviciat des cannr» K. .Iaxis. déchaussés, établi depuis peu à Wesohi, faubourg de 30. NICOLAS DE H AN APS, dominicain Cracovie, et y prononça ses vœux le H> octobre d· n Heims en 1210, puis à Paris, pénitencier du pape l’année suivante. Ses supérieurs l’envoyèrent d’abord a Home, patriarche de Jérusalem en résidence â à Lublin, puis à Gènes (1612) continuer scs études. Saint-Jcan-d’ Acre où il mourut pendant la prise de Ordonné prêtre, ù peine âgé de vingt ans, il rentra en la ville en 1291 Outre divers manuscrits, il a laissé Pologne (1617) et enseigna la philosophie et la théo­ une Biblia pauperum, sorte de traité de morale par logie au collège de son ordre â Lublin, ct puis â exemples tW$ de l’Écriture sainte. L’ouvrage, plu­ celui des Saints-Michel-et -Joseph à Cracovie (couvent sieurs fois édité, u été parfois attribué à saint Bona­ distinct du noviciat du faubourg Wesola). Au chapitre venture, faussement, comme l’a montré Ecbard par provincial de Lemberg, 1625, il fut élu premier délil’examen des plus anciens manuscrits. niteur provincial, el fut pendant quelque temps vicaire-provincial de Pologne. Il se distingua non Quelif-lxhurd, Scriptores ordinis prxdlcptorum, l. i, seulement par sa science cl ses bonnes qualités, mais p. 122-127; Tmiron. Histoire des hommes Illustres de l'ordre surtout par sa grande vertu 11 mourut en odeur de. de S. Dominlqae, 1.1, p. 529-541. M.-M. Gont e. sainteté, probablement empoisonné, â Cracovie, le. 31. NICOLAS DE JÉSUS-MARIE, 5 octobre 1627. On lui doit divers ouvrages, la plu­ part ascétiques, restés tous Inédits, sauf : t. Compen­ (Centurioni). auteur mystique, canne décliau sé ita­ lien du xvn siècle. - Nicolas de Jésus-Marie, de dium concordiir libertalit creutiv cum divina, Cra­ covie, 1627; et 2. Apologia prr/ectionis vitte spiri­ la noble famille dei Centurioni, naquit â Gènea; étant allé faire les études en Espagne, il rev.’lil la tualis, sive propugnaculum religionum, sed maxime bun dr la réforme des cannes déchaussé* Λ Valla­ mendicantium, contra epistolam theologi cujusdant ad dolid. Il fut prieur des couvents de Salamanque. guemlam magnatem tare cupientem, guomodo posset distribuere bona sua temporalia ad pios usus, cum Valladolid ct Avila, provincial de la Vlclllô-Castillc et professeur au collège I 7 NICOL AS DE .1 ÉSUS-M \ Il I E methodic sc sHague omnia ad majorem Dei gloriam» anima sun· salutem, proximique irdificalionmi ordi­ nandi centum assertionibus docte discussis, naturam perjectionls spiritualis demonstrans, ct quasi propu­ gnaculum omnium religionum maxime mendican­ tium exhibens. Cct ouvrage eut une grande vogue au xvn· siècle et fut fort apprécié; de nos jours, devenu assez rare, nonobstant les nombreuses rééditions, il est quasi inconnu. Suivant le témoignage du Jésuite Zaleski, cc livre fut écrit contre une épllrc du Jésuite l.ancicius (Lanczucki ou plutôt Lcczycki), publiée en Allemagne, 1625, sans la permission de ses supérieurs. Dans cet opuscule, Lcczycki, poussé sans doute par un amour inconsidéré pour sa famille religieuse, avait mis trop au premier plan la Compagnie de Jésus, au détriment des autres ordres religieux ; d’on ressen­ timents et animosités de la part surtout des ordres mendiants et des réformés. Catalogus auctarum congreg. carni. dise.» ms. des Archives générales des carmes déchaussés, Home; Fasci­ culus annor. Provincia· Spiritus Sancti carme!. disc, in regno Potanin·, ms. des mêmes archives, fol. 13 r-68 v«; Augustin Biscarcli, Patmites vinea· Carmeli, ms. de 1638 conservé au collège Saint-Albrrt, Borne, fol. 177 r; Philippe de la Trinité, Decor Carmeli religiosi, Lyon, 1665, part. Ill, ρ. 79α-81π; Daniel de la Vierge-Marie, Speculum carmelitanum, Anvers, 1680, t. n, p. 1131 b, n. 3966; Aubert Mineus, Bibliotheca ecclesiastica, part. II, num. 250, Hambourg, 1718, p. 335; Martial de SaintJean-Baptiste, Bibliotheca scriptorum... carm. ere., Bordeaux, 1730, p. 303-301 ; Cosme dr Villiers, Biblio· theca carmclitana, Orléans, 1752, t. n, col. 493-495; Bar­ thélemy de Salnt-Angert Henri du Saint-Sacrement, Collec­ tio scriptorum ord. carm. exe., Savone, 1884, t. n. p. 5557; P. Zaleski, S. J., Jezuici Polsce, t. n, p. 267. P. Anastase de Saint-Paw. 33. NICOLAS DE KENTON, savant carme anglais du xv siècle. — Nicolas, né à Kenton, près de Fnrmlingham dans le comté de Suffolk, devint carme au couvent d*Ipswich, fut ordonné sous-diacre â Londres le 2 mars 1419-1-120 (1 120 selon la compu­ tation actuelle, car avant 1752 l’année anglaise ne commençait qu'au 25 mars) et prêtre le lrr décem­ bre suivant. Après avoir obtenu le doctorat en théo­ logie à l’université de Cambridge, il entreprit plu­ sieurs voyages d’étude afin d’augmenter encore ses vastes connaissances. Aussi se distingua-t-il par ses qualités ct scs travaux comme poète, prédicateur, philosophe, théologien et exégète. Il s’appliqua ce­ pendant avec prédilection à la méditation et à l’étude de l’fccriture sainte. Apprécié hautement non seulement hors de son Ordre (il devint chancelier académique de l’université de Cambridge), mais aussi de scs confrères, il fut élu, en 144 1, provincial d’Angleterre, la plus florissante province de l’ordre des cannes, tant pour la sagesse ct la ferveur que pour le nombre de scs religieux. Il gouverna cette province avec prudence el sagesse pendant 12 ans (1 1 1 1-1156). En 1 136. il demanda qu’on lui substituât quelqu’un dans la charge de provincial: il l’obtint et se consacra pleinement à la vie contemplative, qu’il avait tou­ jours aimée el pratiquée pour autant que scs devoirs le lui permettaient. Il mourut plein de mérites à Londres le -I septembre 1 168. Ses œuvres sont nombreuses: telles, p. ex. : L in Cantica Canticorum commentarii sive lectiones Λ1 V; 2. in historiam Elisivi propheto·, lib. 1; 3. in orationem dominicam hb. /; I, In euangelia sermones AT 17//.-5. Propositiones ad clerum Ub. 1; 6. Posi­ tiones theologica lib. I; cie. On peut voir les titres dans Baie, Cosme de Villiers, cl les autres bibliogra­ phes de l’Ordrc. Cosme en rapporte 21. entre autres Precationes divorum lib. I, poèmes en l'honneur de saint Albert de Sicile cl de saint André Corsini, NICOLAS DE LYNNE 618 évêque de Ficsolc, deux saints dr l’Ordrc des car­ mes. Jean L< land, Commentarii dr scriptortbus Britannicis, Oxford, 1719, t u, cap.' 567, p. 459; Jean Bale, Scriptorum illustrium majoris Britannia catalogus, Bâle, 1559, cent, VIII, cap. xxvnr, t. I, p. 608*609; Angtnrum Peliades. Brit. Museum, m%. Harley· 363», Ιο|,91α·92α; mi. Sloane; Jean Pitsciis, Bclationum historicarum de rebus anglicis tomus I. Paris, 1619, p. 657-658; Gesner, Bibliotheca (Epitome de Simlrr), Zurich, 1571, p. 5216; Sixtr de Sienne, Bibliotheca sancta, Lyon, 1575, hb. IV, p. 299a; Pierre Lucius, Carmelilana bibliotheca, Florence, 1593, fol. 67 r*-ve; Possevin. Apparatus sacer, Venise, 1606, t. π. ρ. 487; Gérant Voulus, De hislorids latmls librl 1res, Ix-ydr, 1627,11b. III, p. 571; Augustin Bhcarrti, Palmites vinea- Carmeli,m*. dr 1638 du collège Saint-Albert h Borne, fol. 177 VM78 r·; Alégrc de Casanâte, Paradisus carmelttki decoris, Lyon, 1639, p. 358; Bollandiste*, Acta sanctorum. Anvers, 1643, t. n de Janvier, 30 jnnv., cap. vni, n. 38, p. 1072α-1073α, note a; J.-B. de Le 7-ana, Annales, Home, 1645-1656, t.iv» p,918-919, n. 5; Daniel de la Vierge-Marie, Speculumcarmelitanum, Anvers, 1680, t. π, p. 1119.n. 3948; AJb< rt Fabricius, Bibliotheca latina Media· et infima· ditatis. Florence, t. iv. p. 500-501; Thomas Tanner. Bibliotheca britnnnico-hibcmica, Londres, 1748, p. 453; Coeme de Villiers, Bibliotheca carmclitana, Orléan», 1752. t. π, col. 499-501, n. 34; Hurter, Nomenclator li terar i us, 3* edit., t. II. col. 921; Leslie Stephen rt Sidney Lee, Dictionarg of national biography, Londrr> 1908 sq., t. X!. p. 28-29; Benedict Zimmermann, Arfa aptt. gener, o. carm.. Borne. 1912. p. 208, 212, 220 rt 223. P. Anastase di Saint-Paul. 34. NICOLAS LOCKMAN ov LACKMAN, frère mineur, appelé encore Nicolas de Saxe ou Nico­ las 1c I’cutoniquc, doit être originaire de Valckenstein ct avoir vécu vers 1c milieu du xv* siècle. 11 a été ministre provincial de la province de Saxe (Wadding, Scriptores) et a pris une part active et prépondérante nu concile de Bâle. En 1451, l’empereur Frédé­ ric III l’envoya à Fléonorc, sa future épouse, pour lui transmettre l'anneau des tiançaillcs. Créé ensuite évêque de Carthage, il resta a la cour impériale jusqu’à sa mort. Prédicateur célèbre cl recherché, il fut très goûté par l’empereur et sa cour. — Nous avons de lui. d’après Wadding: L Super Sententias Petri l.omburdi libri quatuor; 2. Quirsliones carix; 3. Sermones de tempore. Sbaralca y ajoute : 1. Ser­ mones de sanctis;2. Historia desponsationis et coronatio­ nis Friderici III imperatoris et Elconoræejus conjugis. L. Wadding. Annales minorum. Borne, 1734, t. χΓ p. 109; du minie. Scriptores ordinis minorum, 2* edit.· Home, 1906, ρ. 178; J. JI. Sbamlen, Supplementum ad scriptores trium ordinum S. Francise!. 2· exiit., Home, 1921, t. n. p. 276; J. Ph. Bergomus, Supplementum historiae, I. XV. ud nnn. 1438; 'lYithemlu*. Scriptores rccltsiastiei, nd nnn. 1 140; Oudin, Commentarius de scriptoribus eccle­ siasticis, Leipzig, 1722, t. IU, ad nnn. 1450. A. T1.I ΤΛΕΠΤ. 35. NICOLAS DE LYNNE, théologien el savant astronome carme anglais du xix* siècle. — Nicolas naquit à Lynne, faubourg de Norfolk, cl entra, jeune encore, chez les cannes de Lynne. Il fut bon théologien; il enseigna, en effet, la théologie nu collège de son ordre à Oxford et écrivit un ouvrage sur cette matière, mais il se distingua surtout en astronomie, à tel point que, de l’aveu de tous, il fut en cette science un des plus savants Anglais de son temps. Nicolas de Lynne eut un compagnon ct un aide dans scs éludes cl travaux astronomiques en la personne de Jean Some, dit aussi Sumbavus, carme lui aussi du couvent de Lynne. Suivant Hakluyt, notre Nicolas aurait fait, en 1360, un voyage aux régions encore inexplorées du Nord, et décrit son voyage en un livre intitulé Inventio Fortunatr, ouvrage qu’il aurait ensuite offert au roi d’Angle­ terre. Quoiqu'il soit difllcflc de vérifier l’exactitude de celle assertion, puisque ΓIntentio Fortunatir est 61 ίϊ MCOLAS DE LYNNE — NICOLAS DE MÉTHONE 620 37. NICOLAS DE MÉTHONE (Modon) perdue, ce voyage ct cette œuvre ne peuvent être attribués A Nicolas de Lynne. Hakluyt se base sur I évêque de ccttc ville du Péloponèsc, est un des théologiens byzantins le plus célèbres du xir siècle. Gérard Mercator et Jean Dee; ct ceux-ci sur un Il fleurit sous Manuel Comnène (11 13-1180) et mou­ ouvrage Hamand de Cnoycn. *L’œuvre île (moyen rut en 1165. Son activité littéraire, sans grande est perdue aussi; il en existe cependant (British Museum, ms. Cotton, Vilell., C Vil, fol. 261-269) . originalité, est utile à connaître ù cause du courant des extraits qu’en lit Mercator pour les envoyer à | d’idées dont elle témoigne Λ cette époque. On pourra Jean Dec. De ces extraits, il résulte que Cnoycn s’en convaincre par la liste de ses ouvrages. Nous apprit d’un prêtre · qu'un franciscain d’Oxford, bon la dressons sans observer la suite chronologique, astronome. Ht un voyage aux région*» du Nord, le trop malaisée ù établir. décrivit ct offrit l’ouvrage au roi d’Angleterre sous le 1· * Ανάπτυξις της Οεολογικήςστοιχεώσεως Πρόκλου titre latin d'Inventio Fortunatæ. » Dec suppose, avec Πλατονικού, publié par Vœmcl, Francfort, 1825. raison d’ailleurs, que ce franciscain anonyme ’Ερωτήσεις καί αποκρίσεις, publié par le même en d’Oxford était le voyageur franciscain Hugues d’Ir­ deux · Schulprogramme · 1825 et 1826. C’est la tin lande. de l'ouvrage précédent, elle-même lacuneuse, comme Nicolas de Lynne écrivit un grand nombre d’ou­ l’indique l’éditeur lui-même (pars I, p. 13). L’idée vrages, dont plusieurs sont conservés encore manu­ générale et directrice de Nicolas de Mélhone, dans scrits dans les bibliothèques d’Angleterre. Tels : L De cet ouvrage, est de substituer, touchant les divers ordine carnvlilano; 2. Reductori um morale, conte­ problèmes de théodicée traités par Proclus, la réponse nant Expolitiones sive capita m lotam Scripturam, chrétienne Λ la réponse platonicienne. Les dogmes exceptis epistolis, conservé à la bibliothèque de trinilairc et christologiquc sont exposés dans cette l’université de Cambridge; et un grand nombre apologie. 2· Trois discours sur la prédétermination d’œuvres astronomique .dont on peut voir les titres, du moment de la mort, publiés par Démétracopoulos dans Cosme de Villiers, Bibliotheca carmelitana, t. n, dans Εκκλησιαστική βιβλιοθήκη, p. 219-265. Plu­ col. 501-502. sieurs traités sur l’eucharistie : 3* Sur la présence réelle de Jésus-Christ dans l'eucharistie, Nicolas fil Jr.in 'Letand, Commentarii de scriptoribus britannica, un traité célèbre, plusieurs fols publié, P. G., t. cxxxv, Oxford· 1719. t. n, p. 317. cap. 370; Jean Baie, Scriptorum col. 509-517. Il a été utilisé contre les protestants illustrium Ma/orls-Brilannla· catalogus, Bâle, 1557-1559, dans la Perpdluité de la Foi, éd. Mignc, t. i, col. 103cent. VI. cap. χχν, 1.1, p. 168-469; John Bale's index, édité par Bcginald laine Poll ct Mary Bateson, dans Anrcdota 412. Ie Deux discours sur le sacrifice de la messe, Oxonlemia, Oxford, 1902, p. 305; Jean Pi tse ut, Relationum publiés d’abord en 1865 sous ce titre latin qui en dit historicarum de rebus an gilds tomus ί. Paris, 1619, p. 505; le sujet précis : Orationes duœ contra hirresim dicen­ Gérant Mercator, Alla», édit., 1606, p. Il; Bichnrd Hakluyt, tium sacrificium pro nobis salutare non trishijpostahr Voyages and dlûooertes o/ the cnglhh nation, t. i. p. 121, divinitati, sed Patri soli allatum esse, et incorporés 131-135; Augustin Blscarvtl, Palmites tdnetc Carmeli, ηκ. l’année suivante dans le recueil déjà mentionné, de 1638. conservé au collège Saint-Albert de Home, ’Εκκλησιαστική βιβλιοθήκη, p. 293-359. Deux syno­ fol. 178 v·; J.-B. de l^czana. Annales, Borne, 1645-1656, L iv, p. 670, n. 3; Daniel de la V.-M„ Speculum carmrlilanum, des se tinrent en 1156 et 1158 pour traiter ccttc \nvers, 1680, t. n. p. 1119 a, n. 3918; Thomas Tanner, question et la tranchèrent dans le sens de notre Bibliotheca britannico-hlbernlca. Londres, 1718, p. 516; auteur; cf. art. Messe, I. x, col. 1336sq. 5·Un discours Cosme de Villiers Bibliotheca carmclilana, Orléans, 1752, contre les Latins sur les Azymes, publié par Arsenij t u, col. 501-502, n.35; Benedict Zimmermann. Monumenta en texte grec el traduction russe, c’est le second historica carmrlitana, Lérins, 1907, p. 353, note I; Ledy des Deux traités inédits de Nicolas de Méthonc (litre Stephen ct Sidney Lee, Dictionary of national biography, Ixmdm, t. xiv, p. 418. en russe), Novgorod, 1897, p. 51-116.-- Contre les P. Anastase de Saint-Paul. Latins, Nicolas de Methone publia aussi plusieurs 36. NICOLAS DE MAJORQUE, capucin traités sur le Saint-Esprit : 6e Λόγος πρδς τούς de la province d’Aragon, en Espagne, fut un prédi­ Λατίνους περί του άγιου Πνεύματος, publié par Slmocateur renommé et un célèbre théologien, auquel on nidès, Londres, 1858, p. 1-39; 7’ Κεφαλαιώδεις έλτ^χοί, avait généralement recours dans les difficultés d’or­ courts arguments au nombre de 51, dans ’Εκκλη­ dre moral 11 vécut â la fin du xvn· et au début du ! σιαστική βιβλιοθήκη, p. 359-380: 8· ’Απομνήματα xvnr siècle, cl est l'auteur de quelques ouvrages théo- , έκ τών bj διχφόροις λόγοις γεγραμμένων κατά logiques el ascétiques, ainsi que de quelques collec­ Λατίνων περί της εις τά άγιον Πνεύμα βλασφημίαν, tions de sermons : I. Praxes parût morales, ouvrage publié dans Arsenij, c'est le premier des deux Inédit, 2. Oppositio gratia cum peccato, in triplici Traités inédits, p. 5-19. —- Nicolas de Méthone csl Christi tentalionc exposita, édité à Majorque, en aussi l’auteur de courts traités sur des objets 1734 ; 3. Quatuor mariante jesuiliar scholar in Marite moins importants : L’un est une : 9° Réponse à la gloriam congregata·, pro festo celebrando Incarnationis question : Pourquoi les apôtres ayant en eux Filii Dei in efus utero virgin o habito respectu ad ί l’Esprit-Saint qui était dans le Christ ne sont-ils ejusdem Conception rn in gratia, publié ù Majorque, point Christs eux aussi, el quelle est la différence? en 1734; 4. Arcus tridis cucharisllcus, Palma, 1730; Έκκλ. βιβλιοθήκη, p. 159-218. L’autre est : 10· une 5. Psalterium Marianum synibolicum, panegyricum explication de texte de saint Paul. I Cor. xv, 28: et morale, expositum in quindecim mqsteriis SS. Rosa­ j Ctnn subjecerit sibi Filius omnia, etc. qu’il défend rii, inédit; 6. Novenarium in honorem magni Ecclesia· contre les interprétations arienne ct origénlslc. Ductoris S. Augustini, Palma, 1718; 7. Quadragesima- J Ibid,, p. 293-320. On doit à Nicolas de Méthone: 1rs conciones. Palma. 1726; 8. Sermone* varii, restés 11· une Vio de saint Mélèce le Jeune, publiée inédits. Ln plupart de ces ouvrages sont écrits en i par Vasillevski, avec Introduction ct traduction espagnol Nicolas de Majorque mourut, en 1736, i russe dans le Palestlnskii Sbornik, fasc. 17, Saintâgé de plus de soixante ans. Pétersbourg, 1886. Signalons enfin un ouvrage de Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ordinis I circonstance : 12· Περί της έπι τη καταστάσει τού Πατριάρχου αντιλογίας καί περί ιεραρχίας. Le minorum cu/iuecinorum, Venise, 1717, p. 199-200; Édouard patriarche Cosmas ayant été déposé pour avoir d’Alençon. B tbliotheca Mariana ordinis eupactInorum, Home, favorisé le bogomile Nlphon, Nicolas Muzalon fut 1910. p. 59; A. Zawart, the history of /ranciscan preaching and of frmrlscun preachers, New-York. 1928, p. 530. I élu à sa place d’une manière anthanonique, pour V Teetaekt. I être revenu à la vie monastique après avoir occupé 021 un siège épiscopal (celui de Chypre), contrairement au canon 2 du concile de Sainte-Sophie de 879-880. Nicolas prend la défense de cette élection. Γlysse Chevalier, HUpcrtolre b la· bibliographique. Ajouter, outre les ouvrages Indiqués dans l'article, les travaux sui­ vants î .L Drftscke. Nikolaas von Methone im I rtcilr drr h'ricdt nsschrift des Johanne* Ilckko*, dans Xetbehri/l fur loisscntchit/l. Theol., I. XL111, 1900, p. 105-141 ; W. M< lier. Compte rendu de l'édition de l'ouvrage indiqué ci-dcMU* sous le n· I. dans les Jahrbùchcr fur deulsrht Théologie, p. 338-361 ; M. Jugic, Theologia dogmatica Christianorum orientalium..., t. j, p. 108-109; BonwcUch, Nikolaus uon Methone, dans la Protest. Rcalcncgclopâdlc, t. xiv. p. 31-83. — Dans son étude, Ein unbckanntcr Gegner der Latiner, J. Drftseke a cru pouvoir signaler un second Nicolas de Méthone, le Jeune ; l'indice, qui n'est autre qu'une poésie de N. Bleininyde contenant le vers Ntzo) άω <<<,> ΜίΟώνης. est bien fragile. Il s’agit de notre auteur, appelé Νί’ος par rapport nu grand saint Nicolas de Myrc. V. Ghümf.L. 38. NICOLAS MUTIUS, frère mineur, ori­ ginaire de Venise, doit avoir vécu dans la seconde moitié du xiv siècle. Sur la demande formelle de Grégoire XI, qui l’avait recommandé à François de Caronellis de Coneclano, O. M., Nicolas devint maître en théologie, le 21 novembre 1373. Le 21 décembre de la même année, Grégoire XI lui concéda ou con­ tinua. par l’intermédiaire du vicaire général, le car­ dinal Bertrand, plusieurs privilèges et faveurs. Il fut institué, vers la même époque, inquisiteur de Vérone. C’est donc à tort que Bodulphius, Gonzaga, Willolus el Posscvin font vivre Nicolas Mutius vers 1238, déçus probablement par des éditions du De ctm/ormitale... de Barthélemy de Pise, qui. à la onzième conformité, ont le texte suivant : Inter alios luit Fra­ ter Nicolaus .M ut io, qui opera B. G regorii per materias distinguendo fecit opus maximum multum pulchrum et notabile, ipsumquc Domino Gregorio l.\ pressen­ tant. Λ la place de Grégoire IX, il faut lire Gré­ goire XL Nicolas Mutius s’est distingué principale­ ment par sa compilation et son commentaire des œuvres de saint Grégoire le Grand, qu'il a divisées ct distribuées d’après les matières qui y sont traitées. Cet ouvrage porte comme titre : Omncloquium S. Grcgorii papir, ct a été dédié au pape Grégoire XI. Il a été composé en 1372. Ces dilTércntes conclusions résultent de VExplicil d’un manuscrit qui contient cet ouvrage en deux tomes, le cod. plut. 11. n. /5 de la bibliothèque de la cathédrale de Tolède : Explicit Omneloquium bcati papir Grcgorii compilatum et dicatum sanctissimo Patri et Domino, Domino Gre­ gorio divina providentia romano Pontifici dignissimo papir. II. Pontificatus sui anno, el ab Incarnatione D. N. J. C. 1372 per Fratrem Nicolaum Matium de Veneliis Minorum Ordinis pro/essorem. L. Wadding, Annales minorum, 2· édit., Home. 1733, t. vm, p. 277-279 rt 333; du même. Scriptore* ordinis minorum, 2· edit., Home. 1906. p. 179; J. II. Sbandca, Supplementum ad scriptores trium ordinum S. Francisci, 2· édit., Home, 1921. t. il. p. 283; C. Eubcl. liullarium /ranciscanum. Home, 1902. t. vi, n. 1217. 1313. 1319. A. Tkctabbt. 39. NICOLAS MYSTIQUE, patriarche de Constantinople (l*f mars 901 - 1° fé­ vrier 907; et niai 912-15 mai 925). Son surnom lui vient de ce <[u*il fut le conseiller intime (μυστικά;) de son prédécesseur. Antoine Cauléas (893-901). Originaire d Italie ct disciple de Photius. il entra d’abord dans l'administration, fut sénateur et premier secretaire du palais, puis embrassa la vie religieuse. Il fut sacré patriarche le dimanche de l'orthodoxie, 1" mars 901. Dès son avènement, il travailla à augmenter la concorde entre les deux Églises latine ct grecque, en veillant à l’application de la mesure proposée par le pape Jean VI If, an sujet des diocèses qui possédaient. Μ Y ST IQ 15 E 622 â la suite de ta querelle photicnnc, deux évêques de parti di lièrent. L ne question de discipline vint bientôt troubler le patriarcat et amena la chute de Nicolas. L'empereur Léon VI le Sage, après avoir interdit les troisièmes noces par sa novelle xct contracta lui-même un troisième, puis un quatrième mariage. Voir art. Léon VI le Sage, t. ix. col. 365 >q. Tout en acceptant de baptiser l'enfant né de cette dernière union, le patriarche exigea que le prince se séparât de sa femme, en attendant l’arrivée des légats pontificaux demandés par Léon VI, à la suite des troubles causés par celte querelle. L’empereur refusa ct sc vit interdire l'entrée de Sainte-Sophie. L’arrivée des légats (août ou septembre 906) mécon­ tenta le patriarche â qui déplaisait l'intervention de Borne dans une question qu’il estimait de son ressort Il refusa d’entrer en relations avec les envoyés du pape, mais la cour réussit à détacher de lui une bonne partie du clergé. Probablement déposé par un synode, il fut Jeté dans une barque, pendant la nuit du 1” février 907, et conduit à Scutari. De là, il dut se rendre à pied, par une bourrasque de neige, au monas­ tère de Galacrènc qu’il avait fondé aux environs de Chalcédoinc. Son successeur Eu thyme condamna également les quatrièmes noces, mais en déclarant qu’elles pouvaient être permises aux empereurs. Le clergé se divisa en deux camps, celui des nico lait es el celui des eulhymicns. La mort de Léon le Sage (11 mai 912) permit a Nicolas le Mystique de reprendre son siège, tandis qu’Euthyme était déposé el envoyé en exil. La controverse reprit ct les deux partis recoururent également a Home. Le pape Anastase III répondit que l’Occident penne Hait les quatrièmes noces. Devenu tout-puissant à la cour, le patriarche réussit à faire prévaloir scs idées sur ce point. En juillet 921. un grand synode se réunit dans la capitale et rédigea le fomos de l’union qui interdisait formel­ lement les quatrièmes noces, el ne permettait les troisièmes qu’a certaines conditions (G. Hhalli et M Potli, Σύνταγμα τών Ιερών κανόνων, t· v, p. 1-10; le texte de ce document a été complété vers la fin du x* siècle). I nc grande fête de l’union fut alors célébrée, mais sans calmer les esprits. Les cutliymiens en appelèrent de nouveau à Borne. Enfin, en 923 ou 921, le pape Jean X envoya deux légats pour rétablir l’union entre les deux partis. Elle eut eu. on ne sait I à quelles conditions. Nicolas le Mystique eut une action politique assez étendue. C’est ainsi qu’il prit une part active à la conclusion de la paix, entre l’empire byzantin ct le tsar des Bulgares, Syméon (926). L’Église grecque fête sa mémoire le 15 mai, anniversaire de sa mort. M. Gcdéon, Βυζαντινόν έορτολόνιον. p. 105. Le rôle important que joua le patriarche Nicolas le Mystique est encore attesté par des témoignages précieux. Ce sont cent soixante-trol· lettres adressées par lui aux personnages le> plus divers : trois â l’émir arabe de Crète, vingt-sept au tsar Syméon. d autres nu pape sur les quatrièmes noces, a Bomain Lécapène, à un duc d'Arménie, à des évêques, à des fonc­ tionnaires civils, ù des moines, à des particuliers Elles sont très importantes pour l’histoire de son époque. Le cardinal A. Mal les a publiées dans le Spicilegium romanum, t. x, 1811, p. 161-110. et Mignc les a reproduites. P. G.. t. cxi. col. 1-406. On a encore de Nicolas le Mystique une homélie au peuple de Constantinople, sur le sac de la ville de I hcssalonlquc par le pirate Léon de Tripoli en 901. Les lettres à l’émir arabe de Crète ont été publiées également par J. Sakkelion, dans le Δελτίον της Ιστορική; καί Εθνολογικής ίταφ(ας τη; Ελλάδος, t. m. 1890-1892, p. 108-116. Le cardinal A. Mal admet que Nicola·» est l'auteur du typicon en vers 623 NICOLAS I" LE MYSTIQUE populaires attribue ordinairement à Nicolas Gram­ maticos (voir cc mot). H Cell lier, Hittoire dri auteurs saerts c! eccltolastique*. 2’ éd.. I. XH, p. 776-779; Fabricius. Hibliothcca gr.rea, t. vi, p. 486; t. x. p. 295; Acta .umetoruni. t. ni dc mai. col. 509-511; M. Gédéon. ΙΙχτριχρχιχώ π:’να/κ. 1890, p. 295-296, 298-300; K. Knimbarher. Geschichte der byzantin, Llteratur. 2* éd., 1897, p. 158; J*. 6’., t. en, col. 9-105; Λ. Mai. Spicilegium roman um. 1844, t. x. p. 161-440. B. Janin. 40. NICOLAS NARDI FIERAGATTI, frère mineur, originaire dc Bettona ou Vettona (diocèse d’Assisc), devint docteur ct maître en théo­ logie, en 1376. Ministre provincial dc l’Ombrie en 1385. il fut chargé par Ange, ministre general des provinces transalpines du parti dc Clément VII, dc l’examen d’une controverse : il avait probablement abandonné Urbain VI pour adhérer â Clément VII. Il fut créé évêque de Fulginas par Martin V, le 20 dé­ cembre 1117 et y mourut en 1421. On l’appelle encore Nicolas de Bitonio, dc Brittonio, dc Bitonlo. C’est cependant à tort que quelques auteurs le dénom­ ment : * Nicolaus Veronensis I mber ». Il faudrait lire : · Nicolaus Vettoncnsls Umber ·. Nicolas de Bettona aurait composé les ouvrages suivants : L Tractatus super facio schismatis ad Innocentium VU. D’après le catalogue des manuscrits de Monlfaucon, t. r. p. 109. ce traité serait conservé à la bibi, i Vaticane. C’est une élude doctrinale sur le schisme; 2. Super epistolas d eoangetia quadragesimalia. L. Wadding, Annales minorum. 2* édit.. Koine, 1731. t. IX, p. 392 ct 561; du même. Scriptores ordinis minorum. 2* édit.. Borne, 1906, ρ. 177; J. IL Sbnnilen, Supplemen­ tum ad scriptores trium ordinum .S’. Francisci, 2* édit., Boni», 1921, t. n, p. 272-273; C. Eubrl, Ifullarium jrunci^anum. Borne, 1901, |. vn, n. 1367; du même, llitrarchia catholica Medii /Lui. Munster, 1898, t. I, p. 267; J. Ca p pel­ le ttl. Le Ch ifse d'liai ta, Vviihc, 1816. t. iv, p. 121; P. B. Gams. Series episcoporum Ecclesia? cathollea·. Bntisbonne. 1873, p. 696; Ughclll, Italia sacra, Fulglnatcnscs episcopi, t. î. n. 39. A. ΤΚΕΤΛΕΙΙΤ. 41. NICOLAS D’OCHAM, frère mineur, dix- j huitième maître dc son ordre â Oxford, a vécu vers la fin du xur siècle, cl non vers 1320, comme le soutient L. Wadding, Scriptores ordinis minorum. 2‘ édit.. Borne, 1906, p. 179. Il commentait, en ellet, ks Sentences après 1280, à Oxford, ct devint lecteur cl maître régent après 1285. C’est â la première épo­ que, c’est-à-dire au temps où il enseignait les Senten­ ces. qu’il faut placer son commentaire sur les Sen­ tences dc Pierre Lombard. Ainsi un Commentarium super quatuor libros Sententiarum, ou Quirstiones super quatuor libros Sententiarum de Nicolas d’Ocham, est conservé dans VOltob. 623 de la bibliothèque Vati­ cane. Un commentaire sur le Pf el le II· livres des Sentences, intitulé : Lectura super primum Sententia­ rum ordinata a Fr. \icholuo de Anglia ordinis mino­ rum, et Lectura super secundum Sententiarum ab eodem edita, est contenu dans le ins. Conv. soppr. G. 3. ΛίΛ de hi bibliothèque nationale dc Florence. Le premier livre débute : Veleris ac nove legis... Que­ ritur de sublecto théologie ct quod sit Deus videtur; tandis que le second livre commence comme suit : L'trum mundus sit eternus. El quod sic videtur per Aristotelem l n extrait dc ce ms., la q. n dc la dist. 11J du I. I ; An Deum esse sit per se no turn. a été publié par Daniels. Gottesbeueise. p. 82-83. Le ms. 319 du Gaius College dc Cambridge (xni·Xiv· dèclc) contient un Scriptum Nicholai super II d III Sententiarum. Cet ouvrage doit certainement être attribue a Nicolas d’Ocham. Le I, II débute ainsi : Creationem, etc. (Area istam distinctionem queritur NICOLAS D'OC II AM 624 primo utrum mundus sit eternus; tandis que le L III commence : Cum venerit plenitudo, etc. Queritur de poss i b i litatr in earn alio n is. Un commentaire anonyme sur les Sentences est conservé dans le ms. 134 de Merton College à Oxford (xiv· siècle). Il doit sans aucun doute être considéré comme l’œuvre dc Nicolas d’Ocham. Le début du 1. II concorde, en effet, parfaitement avec celui du ms. 319 du Calus College de Cam bridge : Creationem, etc. Circa istam distinctionem queritur primo utrum mundus sit eternus. Le I. I commence : Veteris ac nove legis, etc. Queritur dc subjecto théologie et quod sit Deus videtur. La fin du 1. II ct le début du 1. HI font défaut. Au folio 166 r°, en ellet, on saute dc la fin dc la dist. XXX du L II à la dist. XVII du i. III. Le I. IV commence par les mots : Venite, ascendamus ad montem domini ct ad domum dei Jacob, et docebit nos vias suas et ambulabimus in semitis eius. Via salutis parata et instructa, non restat nisi ambu­ lare in ea. II finit dans Ia dist. XLIH aux mots : Item ratione morali (incomplet). Gomme tous ces incipit concordent parfaitement avec ceux des autres mss. qui attribuent ce commentaire à Nicolas d’Ocham. il faut conclure que le ms. 131 de Merton College contient également le texte du commentaire sur les Sentences de cet auteur. Malheureusement il est incomplet: il contient tout le 1. I. les (list. IXXX du I. II. les dist. XVII et sq. du 1. III et finit dans la dist. XLIII du L IV· Le ms. lat. 14 565 de la Bibl. nationale de Paris (xiv* siècle) contient, fol. 173 v·, un ouvrage intitulé : Fratris Nicolai minoris replicationes. Il est cependant très douteux qu’il faille considérer ces lieplicationes comme une œuvre dc Nicolas d’Ocham. Il semble plus probable qu’il faille l’attribuer dc préférence ù Nicolas de Lvrr. C’est pendant la seconde période de l’activité litté­ raire dc Nicolas d’Ocham, c’est-à-dire après 1285, qu’il faut placer une série de Quirstiones ou de Quod· libda, qui sont conservés dans le ms. 158 dc la biblio­ thèque municipale d’Assise. Ces (piestlons sont au nombre dc six : n. 123 : Questio m vesperis N. de llotham; n. 161 : Questio M. Nie. de liotham. Questio est an creatura possit diligere Deum propter se et super omnia naturali dilectione; n. 162, 163; η. 165 : Fratris N. dr Ochum minor. Determinaciones an rela­ tiones realiter distinguant ct sola ratione, (‘.’est une longue discussion de 31 feuilles; à la fin du manuscrit : Questio Hothum in vesperis Cnot. Oxon. llespondit Persel. C’est une dispute théologique entre Nicolas d’Ocham et Jean de Pershoreù l’occasion des «vespérlcs» etaert. 42. NICOLAS ORANUS, frère mineur dc la province de llandrc (xvir siècle). - Né a Liège, Il fut successivement lecteur de théologie, gardien des couvents d’Avcsnc, de Liège, de Namur, de Luxem­ bourg, de Couvln, etc. el deux fois deliniteur. Comme prédicateur, il eut de grands succès. 11 mourut à Namur en 1631. Tous ses ouvrages, soit en latin, soit en français, sont autant de recueils dc semions, sou­ vent très intéressants pour les théologiens. L Condones triginta de Judiv proditoris apostasia, sive triplici ejus defectu a fide, a gratia et ab apnstntatu, per quem omnes reprobi figurantur. Anvers, 1611, Mons, 1611. — 2. Oratio moralis et historia latine con­ cepta, gallicc pronunciata, in honorem D. Alberti S. R. E. cardinalis nccnon Ecclesia* Lcodiensis epis­ copi ct principis, ac tandem pro ecclesiastica libertate gloriosissimi martyris, in tempto nobilium donuceUarum collegii S. A Ide gond is, Malbodii, dum solemniter ejusdem martyris reliquia- a Rhemis in Belgium redu­ cerentur... postera dic quam ab Avesnis adventassent, / decembris a. 1612, Douai, 1613, in-l®. 22 p.. pané­ gyrique en l’honneur du bienh. Albert de Louvain, cardinal, évêque de Liège el martyr, prononcé en français. Λ Maubeugc. à l’occasion de la translation dc ses reliques, dc Heinis en Belgique. — 3. Exi­ lium generis humant felicissimum concionibus adventualibus explicatum, quibus triumphus mtscricordiir ct veritatis Dri circa primos parentes illustratur. Mons, 1615, in-8", 515 p., sermons pour Pavent sur le triomphe de la miséricorde et de la vérité dans la con­ duite de Dieu à l’égard des pécheurs. — I. Beniamin evangelicus sru conversio S. Pauli concionibus triginta quatuor.... Mons, 1621 et Cologne. 1621. 5. Couversio Cornelii centurionis Ch*sarci facta per l). Pe­ trum apostolum ct triginta concionibus explicata. Mons, 1632. — 6. Mysteria Passionis Dominica con­ cione Iri horaria explicata, Cologne, 1631. L. Wadding, Scriptores ordinis minorum. 2· édit., Koine, 1906, p. 179 ; J. II. Sbandea, Supplementum nd scriptores trium ordinum S. Francfort, t. 11, 2· Mit., Home. 1921, p. 285; S. Dlrks, Histoire littéraire rt bibliographique des Frèrt* mineurs de Γobservance de S. Français rn Brlgiyuc rt dans 1rs Puys-Ras, Anvvo, 1885, p. 17 1-176. A. Tei taert. 43. NICOLAS DORBELLES, frère mineur de l'observance de la province de Tours. - Originaire d’Orbelles. près d’Angers, il enseigna ύ Poitiers pen­ dons la seconde moitié du xv* siècle. Maître en théo­ logie. il s'est rendu célèbre par scs disputes, son ensei­ gnement et ses écrits théologiques et philosophiques, dans lesquels il se rattache étroitement à la doctrine dc Duns Scot, dont il est undes commentateurs les plus goûtés ct les plus autorisés, el un des défenseurs les plus NICOLAS D’ORBELLES 62G acharnés ct 1rs plus loyaux. 11 a contribué beaucoup à étendre l’école scolistc, rl â répandre les idées et les. doctrines du Docteur subtil. Aussi son commentaire sur 1rs quatre livres des Sentences fut-il hautement apprécié cl vivement recherché, par tous les théolo­ giens non seulement contemporains, mais aussi posté­ rieurs à Nicolas d’Orbelles, comme en témoignent les nombreuses éditions de cette époque. Cc commentaire, intitulé : Commentarii in quatuor libros Sententiarum, parut, en cflet, successivement a Paris. 1188, ex emen­ datione Thomir Sylvestri*. per Fel. Baligaat, in-4·: â Paris. 1198. opera Fel. Ralli ganlt, impensis J cannis Richurdi, in-8" (A. Cas tan, Catalogue des incunables de la bibliothèque publique de Besançon. Besançon, 1893, n. 731; W. A. < opinger, Supplement to Hain's Reper­ torium bibliographirum, L 1, Londres. 1895. η. 12047; P». Proctor, An index Io the early printed books in the British Museum, part. I. Londres, 1898, n. 8261); à Boucn, sans année (Vers 1499), in-8* (J. JI Sbaralca, Supplementum ad scriptores trium ordinum S. Fran­ cise!. t. n, 2· édit.. Home. 1921, p. 286); 5 llagcnau. 1503 (Panzer, Annales typographic^ t. vu, p. 68. n. 15); à Lyon, 1503 (Panzer, op. cit.. t. jx, p. 4 13. r 35); a Venise, 1507, avec le texte des Sentences dv Pierre Lom­ bard; à Pans, 1509 (Panzer, op. cit.. ! vu» p 538. n. 329), 1511, 1515, 1517. 1520. Plusieurs auteurs iden­ tifient le Super Sententias Compendium singulare elegantiura Doctoris Subtilts dicta summatim comprehen­ dens. avec les Commentarii in quatuor libros Senten­ tiarum. J. I L Sbarvlea. op. cit.. p. 285, écrit : C< mmentarii in quatuor fibro* Sententiarum idem sunt atque Compendium super Sententias, qui débute par les mots : Post brevem compilationem logiccr. physica* ct ethica secundum opinionem Doctoris subtilis. D’autres (J. Jciler, dans Kirchcnlrxikon. t. ix, coi. 971). distinguent cependant ces deux ouvrages, cl disent que le Compen­ dium \upcr Sententias a été publié a Lyon, en 1503. et à Paris, en 1517. Nous pensons, avec 1rs éditeurs de Sbaralen. qu’il faut identifier les deux ouvrages, parce qu’ils concordent parfaitement entre eux. De plus, ce commentaire sur les Sentence* que quel­ ques écrivains dénomment : Opus insignissimum et prope divinum, doit avoir clé terminé apres 1465. En effet, l’auteur cite. In IV. Sent., dist. NI V. q. m. un privilège accordé, en 1 165. par le pape Paul, ct ccmme le souverain pontife Paul 11 (1464-1471) est appelé modernus, il faut en conclure qu’il gouvernait ?ncorv l’Église au moment où Nicolas écrivait. H résulte dc ces constatations que les auteurs se trompent, qui font mourir Nicolas d’Orbelles en 1455. Le frère Thomas Sylvcstri, O. M., a ajoute une table au commentaire sur les Sentences de Nicolas d’Orl elles qui sc trouve dans l’édition de Paris dc 1198. publiée par les soins de frère Jean Alexandre. O. M., avec une préface par Lodolcus llonnonius Nervius. Enfin, vers 15(H). le frère mineur Jean le Picard a composé des Resolutiones aurea sur le commentaire dc Nicolas d’Orbelles. Nicolas aurait compose encore un traite intitulé : Declarationes quorumdam terminorum theologahum^ secundum doctrinam illuminati doctoris (c’csl-iVdirc ITançois Mayron. Ο. Μ.), que Γοη trouve à la lin d’à peu près toutes les éditions des Commentarii in qua­ tuor libros Sententiarum, ou du Compendium super Sen­ tentias. L’édition dc \ cuise, de 1507, attribue cc traité explicitement à Nicolas d’Orbelles. qui y donne des explications et des déclarations sur les noms et les attributs divins. Ce traité débute par les mots : l t naviter ad facultatem,.. Nicolas d’Orbelles a composé aussi de nombreux ouvrages philosophiques, qui ne furent pas moins célèbres que ses œuvres théologiques. Ainsi son ouvrage Super summulas Petri Hispani ad mentem Scoti ou «27 NICOLAS D’ORBELLES hqtc.r wmmtila cum Petri Hispani trxlu, qui ne constitue qu’un seul et même ouvrage ct est un com­ mentaire sur lu Summula togiex dc Pierre «l’Espagne, a eu plusieurs éditions. II en existe d’abord une sans date ni lieu, qui, outre cet ouvrage dc Nicolas, donne aussi le Passu* super universalia de François Mayron, les Quaestiones de Iribus principiis rerum natural Ium d'Antoine André, O. M.. el les Formalitates secundum mam doctoris subtilis de Nicolas Bond, O. M. Le traité de Nicolas y est intitulé : Excellentissimi viri artium ac sacre théologie processor is eximii magistri Xic dai de Orbellis de Francia, ordinis minorum, secun­ dum doctrinam doctoris subtilis Scoti logice brevis, sed admodum utilis super textum magistri Petri Hispani ■expositio incipit. Il débute par les mots : Quoniam teste sapiente, proverbiorum 22°, adolescens juxta viam suam etiam cum senuerit non recedet ab ca, utile est volentibus studere doctrinam doctoris subtilis Scoti. Autres éditions : Panne, 1482, revue par Pierre de Panne, O. M ; Venise. 1189, 1500 ct 1516, dont la der­ nière a été corrigée par Lazare de Soardis et illustrée dc notes marginales par Jérôme Crybellus, O. M.; Bâle, 1191 et 1503. L’auteur y applique les règles de Pierre d’Espagne aux différents livres logiques d’Aris­ tote. * Nicolas composa encore un traité : De scientia mathematica ctphysica, qui aurait été public à Bologne, en 1173 (?) et 1185 (Sbaralea, op. cil., p. 285) sous le titre : Compendium dignissimum ct utilissimum consi­ derationis mutemdice quoad aritmetlcam et geometriam secundum ei qua* sunt necessaria naturalibus ct supernaturalibus scientiis, et un autre, intitulé : Expositio in XII libros metaphysiar secundum viam Scoti, Bologne 1185. D’après les éditeurs et commentateurs de Sbara­ lea. op. cil., p. 286. les traités Dc scientia mathematica ct physica cl Expositio in X II libros melaphysicx, appar­ tiendraient à un même ouvrage comprenant originai­ rement trois parties, qui pouvait s’intituler : Compen­ dium mathematiae, phtjsicæ et metaphysics. Cet ou­ vrage aurait paru pour la première fois A Bologne, en 1 <85, et aucune partie n’aurait été publiée séparément avant cette date. Dans cette édition, la deuxième partie contient : Compendium librorum physicorum, de cctlo et mundo, dc generatione et corruptione, et de anima; mais elle ne donne pas le Compendium libro­ rum metheororum. ni Vethica. Ces derniers traites sont contenus, avec les précédents, dans l’édition dc Bftle, de 1191, qui porte comme titre : De scientia mathema­ tica, physica, de anima, de carlo et mundo, dr metheoris, de melaphysica ac ethica. L’édition de BAlc.de 1503, ajoute A tous ces traités celui de la Logica. Les éditeurs dc Sbaralea. op. ciL, p. 286. citent en­ core un Commentarium in libros Aristotelis de anima, qui aurait élé publié à Bâle, en 1512, et nullement en 1192. comme l’a corrigé à tort Sbarelea. op. cil., p. 285. L. Wadding, Scriptores ordinis minorum, 2· édit , Borne, 1906. p. 180, ne parle donc pas correcte­ ment, quand il attribue à Nicolas d’Orbellcs un Com­ pendium tripartitum in mathematicam, ethicam et theo­ logiam Sbaralea, op. cil., p. 286. attribue encore à Nicolas d’Orbellcs un Tractatus de successione et un Liber de casibus conscientia, Nous n’avons pu trouver aucun vestige dc res deux derniers ouvrages, et nous doutons fortement qu’il faille les attribuer à Nicolas d’Orbellcs. Quant aux Sermones in omnes epistolas quadragesimaîesque I teller, dans le Kirchenlexiknn, t.ix.col. 971. attribue a Nicolas d’Orbellcs. cl que L. Wadding, op. fit . p 172 cl PH. attribue i Ni< <>1 as et â Pierre d’Orbellcs. ils doivent être considérés comme l’ repu­ tato. porte comme t itre : Quadriga spirituale, parce qu’il traite des quatre choses, les plus nécessaires au salut, à savoir : 1) la fol; 2) les œuvres dc charité, les préceptes el les péchés; 3) la confession, ct I) la priirc. D’après un ms. du couvent Saint-François d’Assise, allégué par Sbaralea, op. cit., p. 267. ce traité aurait etc terminé le 5 décembre 1142. On y lit, en ciTet, ^explicit suivant : Explicit spiritualis Quadriga edita per vene­ rabilem virum /r. Nicolaum dc Auximo, ordinis fratrum minorum de observantia regulari M.CCC.C.XXXX/1. die V decembris. Ce traité a été imprimé plusieurs fois. A côté dc l’édition faite à Esii ou Aesliv en 1475» les éditeurs dc Sbaralea (op. ci!., p 268). citent encore deux autres éditions, dont l’une doit être anterieure à I 175, l’autre, de* environs dc 1186. Le traité pro prement dit du Quadriga spirituale est précédé, dans la dernière édition, d’un opuscule, en langue italienne, sur la confession, commençant par les mots : Ilenovamini in novitate sensus vestri... El glorioso apostolo, II contient une brève exhortation à confesser les pé­ chés el cinq considérations pour inviter â faire la con­ fession de ses fautes. Cct opuscule n’csl très probable­ ment pas l’œuvre dc Nicolas d’Osimo, mais dc saint Bernardin de Sienne, auquel il est d’ailleurs attribue explicitement dans une édit ion. faite â Venise, en 1191. où il est imprimé, séparément du Quadriga spirituale, avec le titre ; Sancto Bernardino delta confessione. Le texte commence dc la façon suivante : Incomincia una doctrina di Sancto Bernardino utile del modo, che se debba lo homo confessure : e prima de la cagionc. che hanno da inducere l'anima a la confessione. Ilenovamini in novitate sensus vestri et probetis quiv sit volunlas Det beneplacens ct perfecta. El glorioso Apostolo Messer San Paulo net sopradicto pariare ci dti una maravigliosa doctrina... Il existe encore une édition anonyme , dc cc traité sur la confession, faite Λ Naples, en 1 181. ct intitulée : Eorma recognoscendi et confitendi peccata. Ce dernier opuscule sur la confession doit donc être attribué â saint Bernardin dc Sienne, cl ne fait pas partie du Quadriga spirituale proprement dit. 2. Nicolas aurait composé, sous le pontificat dc «31 NICOLAS D’OSIMO NICOLAS DE SPIN \CIOL \ Nicolas V. un autre traite ascétique, en italien, qui porte comme titre : Zardino de oratione ou Giardino diorazione. Il .1 été publie sans nom d’auteur, â Venise, vm la bn du xv· siècle, en 1511 et en 1521, et comprend 21 chapitres. L’attribution à Nicolas d’Osimo n’est pas prouvée, d outant qu’il «’existe aucune édition qui le lui attribue, qu’il n'a pas été publié avec lr Quadriga spirituale, dans l’édition dc \ enise, 1 191, cl que l’image du frère mineur, tenant A la main un chapelet et ayant devant lui un ange el une église, ne caractérise pas uniquement les œuvres dc Nicolas d'Osimo, comme on l’a cru jusqu’ici, puisque cette image sc rencontre déjà auparavant dans un autre iraité : Monte detP oratione, que personne n’a encore attribué a Nicolas d’Osimo. Cf. Prince d’Essling, Les livres à figures vénitiens de ta fin du .vr· siècle, part. I, t. n, p. 210 et 192-193. 3. Il a écrit, ensuite, une court commentaire sur la règle des frères mineurs ; Declaratio super regula fratrum minorum, cf. ci-dessus. Cette déclaration a été publiée pour la première fois, à Rouen, en 1509, dans le Speculum minorum, pars HI, fol. 85-86. Elle a I été imprimée ensuite dans les Monumenta ordinis mlhorum, tract. II. Salamanque, 1511. et dans le Firmamentum trium ordinum, pars IV, fol. 179-180, Paris 1512. Enfin, Joseph Spczi, scrlttore de la biblio­ thèque Vaticane, a publié, à Rome, en 1865, trois opuscules de Nicolas d’Osimo, conservés dans les Cad. lut, 7631, 7690 et 7339 de la bibi. Vaticane, sous le titre : Trc opérette volgari di Fraie Niccolo da Osimo. Le second dc ces opuscules est intitulé : Dette regolc dell’ Ordlnc cl expose les préceptes contenus dans la règle, tandis que le troisième porte comme titre: Espasizionc delta nuova dichiaraxione sopra ta regota. I. Nous avons encore de lui une apologie de la bulle d'Eugène IV, qui sépare les observants des conven­ tuels.C’csl une réponse aux attaques répétées des con­ ventuels. principalement de Robert Liciensis, contre les observants (cf. ci-dessus). Elle est intitulée : Apologia adversus Fr. Robcrtum Liciensem an, 1433 pro butta Eugcniana. 5, il faut mentionner encore une Declaratio preeeplorum regule sancte Clare, publice par L. Nunez O. F. M., dans Archivum franciscanum historicum, t. v, 1912, p. 308-311; un opuscule Sur l’état rcli- , gitux intitulé : Delta religione, qui constitue le pre­ mier des trois opuscules que J. Spezi a édités ù Rome, en 1865, sous le titre : Tre opérette volgari di Frate Niccolo da Osimo, cités plus haut ; un Compendio de salule, imprimé en 1 179 : c’est un extrait du Qua­ driga spirituale. 1.. Wadfling. Annales minorum, t. x, p. 119-120, ct 172; t. XI. p. 39, 81, 101, 110 ct 111; t. Mi, p. 29 rt 171; du même. Scriptores ordinis minorum, 2· édit., Rome. 1906, p. 176; J. II. Sbanilen, Supplementum ad scriplores triton ordinum S i rancisrlA. n, 2* edit., Rome, 1921, p. 266-268; .1 I ubriciu*. Bibliotheca latina Media· ct Infimiv .Elatis, Padour, 1751. t. v, p. 101; L. Rain. Repertorium bibliographirton, Stuttgart. 1826-1838» n. 2154-2167 ; W. A. Copinger, Supplement to linin't Repertorium bibliographlciim, Lanrirrl» 1895-1902» 1.11, n. 785; D. Rclchllng, Appendices ad HoinU-CopIngtri repertorium blbllographlcum, Munich, 1905-1910· t. 1. p. 1 18; I. n. p. 121. 112, ct n. 522. t. 111, P 11-12; I. v, p. 86 rt n. 1331 ; I. .teller. Nicolaus van Osimo, dans Kirrhenlexikon, t. ix, Fribourg en Br., 1895. coi. 335336; Catholic enegelupediti, t. xi, p. 61; F. von Schulte, Dit Gcuhichte drr Quelle n und I.Iteratur des canonist Iu η Rrrhts 00η Grattan bis au/ die Gegen inart, I. It. Stuttgart, 1877, p 135-437; J. Dlctterle, Die Summa· Confessorum, dati’ /eitsehrift fur Kirchengeschichlr, t. xxvn, 1906, p 183488. A. Teetaeht. 45. NICOLAS SIMONIS (dit aussi HahUEMi nus), théologien, canoniste rt historien carme du xv· siècle, — Nicolas Simonis naquit a Haarlem 632 i (Hollande), et embrassa l’état religieux au couvent des cannes de sa ville natale. Certains auteurs le disent provincial de la province carmélilaine d’Alle· magne inférieure· à tort cependant, car il ne ligure pas sur le livre officiel de l’ordre. Bon théologien cl canoniste, il fut en outre excellent prédicateur ct défenseur ardent dc la foi. il mourut à Haarlem en 1195 d’après les uns; d’après d'autres en 1511 à un Age avancé. On lui doit divers ouvrages; tels : 1. Disputatio, Venise, 1187; 2. Repetitiones, Stras­ bourg, 1 193; puis ensemble ; Disputationes ct repe­ titiones, Venise, 1497; 3. De potestate papas, impera­ toris et concilii libri quatuor in 11 libro Decretal, de foro competenti, cap. Si guis contra clericum, Milan, I195 ct 1510; I. Un volume dc sermons du temps ct des saints en latin sous le titre dc Vademccum, Stras­ bourg, 1493 el Nuremberg 1498. Nicolas laissa encore à la postérité plusieurs autres ouvrages, restés prodablemenl manuscrits : Consiliorum volumina duo; Vitio sanctorum Patrum. lib. I: De sacris mulieribus, lib. I; Vita sanctic Anna: lib, I; Vita sancti Cgrilli, lib. 1; Distorta ordinis carmelitarum, lib. 1; Farrago Fragmentorum, lib. I; Chronicon temporum, lib. I; ct, d’après certains auteurs, une vic dc saint Simon Stock. .lean Trithèmc· Catalogus illustrium, viror. Germaniam... exornantium, Of>cra historica, Francfort, 1601, p. 179-180; Bale, Scriptorum iUustrium majoris Britannia: catalogus, Bfdc, 1559,cent. IV,cap. VII, 1.1,p.297; Gcsner, Bibliotheca (Epitome de Simler), Zurich, 1571. ρ. 525-526; Pierro Lucius, Carmelitana bibliotheca, I'lorencc, 1593, fol. 68 r°; Possevin, Apparatus sucer, Venise, 1606, t. 11, ρ. 495; André Valère, Bibliotheca belgica, Louvain. 1623, p. 629-630; 1643, p. 696-697; Gérard J. Vomitis, Dc historicis latinis libri tres, Lcydc, 1627, lib. Hl. cap. x, p. 565; Sweerl, Athcmr bclgiar, Anvers, 1628, p. 582; Biscarcti, Palmites vinea: Carmeli, ms. de 1638, conservé au collège Saint-Albert à Rome, fol. 179 v·; Alègrc de Cnsanate, Paradisus carme· Illici decoris, Lyon, 1639, p. 372; .L Fr. l-'oppens. Biblio­ theca belgica, Bruxelles. 1639, t. n. p. 919 b; J.-R. de Lewmn, Annales, Rome, 1645-1656, t. iv, p. 991, n. 4; Daniel dc la Vierge Marie, Spéculum carmelitanuni, Anvers, 1680, t.n, p. 1109,11,3931 ; Albert Fabricius, Bibliotheca latina Médité rt Infimu .Etatis, Florence, 1858, t. v, p. 125; Aubert Mlmms. Auctnarium dr scriptoribus ecclesiasticis, Ham­ bourg» 1718, p. 97. n. 525; P.·A. Orhindi, Origine e progressi della stampa (1437-1500), Bologne, 1722. p. 371; Mich. Maittnire. Annules typographlci, Amsterdam. 1733, t. 1, p. 191, 649; Cosine de VIJHcrs, Bibliotheca carmelitana, Orléans. 1752. t. 11. col. 511-512, n. 50; Goyrrs» Annota­ tiones in Bibtiolh. carm. (de Cosme de Villiers), inanusc, de 1’1 niv. 27-1 ». ·'» » i il .« Chartres le 19 octobre 1625. Il reçut d’abord les leçons de son père ct il acheva scs études de philoso­ phie à Paris où II fut maître ès arts, le 23 juil­ let 1611. Il étudia ensuite la théologie en Sur­ principaux problèmes de métaphysique ct de philo­ bonne, 1615-1616 : sa thèse de baccalauréat sur sophie naturelle, specialiter venerabilium doctorum la Béatitude, la Trinité cl la Grâce, 17 juin 1619, fratris Thome dr Aquino ct domini Alberti duorum est dédiée à Mgr Lescot, évêque de Chartres. Par la magnorum luminari urn Ecctcsic dicta conncctendo. faveur de deux «te scs tantes qui étaient a PortPfeiffer a édité ses treize sermons allemands qui rap­ Koyal. il fut lui-même accueilli dans cette maison ct pellent davantage la manière d’Eckart el dc Tauler. Il fut chargé d’enseigner les Belles-Lettres aux C>. Théry conjecture qu’une des causes du procès Petites écoles. C’est pour ses élèves qu’il rédigea scs d’Eckart est le rôle réformateur confié a Nicolasdc premiers écrits. A Port-Boy al, il sc lia d’amitié avec Strasbourg, en 1326, par le pape Jean XXII avec titre Amauld qu’il accompagna à Paris en 1655. A celte de vicaire du Maître général cl visiteur des couvents de date, Amauld, ayant été exclu dc la Faculté, sc la province de Germ mie. où il s’attira sans doute l.i défendit avec la collaboration de Nicole, qui haine d’I Icrmann de Summo, et, à coup sùr, un grave désormais se trouve presque toujours â côté dc conflit avec Henri non Strassburg, dan* quelques légers dissentiments entre les deux amis Archio f. LUI. und KirchengcscldthP. t. iv. p. 312-329; Nicole resta, toute sa vie, simple tonsuré; il mourut Gnibnmnn, .X’rti aufgcfundrnc latcintxchc Wcrkc deutschcr à Paris le 16 novembre 1695. Mystikcr, dans les comptes rendus de l’Acad. de Bavière. Nicole est un écrivain extraordinairement fécond : Philos, phllolog. und historicité /Classe, 1923, 3 AbhnndL, p. 13-68: Pfeiffer, Deutscju Mydiker des J 4. Jahrhundcrfs, beaucoup dc scs écrits ont été composés en collabora­ t. I, p. 261-305 - et avec une abondante bibliographie tion avec Amauld. mais assez souvent les ouvrages complémentaire : Théry, Contribution a l'histoire du procès ont été rédigés par Nicole, Amauld n'a guère fait que d'Eckart, 1926, p. 9-10. 16-21. donner son approbation. Les écrits, ainsi composés M.-M. GoilCS. se trouvent, pour la plupart, dans les (Ettores d’Ar48. NICOLAS DE STRASBOURG II, voir nauld, éditées en 13 volumes à Lausanne, 1775-1783. Kempe (Nicolas), l. vin. col. 2337. La Preface historique ct critique, placée par les éditeurs en tête «lu tome xxni donne de nombreux détails 49. NICOLAS DE SWAFFHAM, phi­ sur celte collaboration des deux amis. Nicole a pu­ losophe el théologien carme anglais du xv· siècle. blié. seul, un très grand nombre d’écrits, soit sous son Né â Swaffham et ayant revêtu l’habit religieux des propre nom. soit sous divers pseudonymes : Profu­ carmes, il lit ses éludes «l’abord au studium generale turus, Paul Irênêc. le sieur Damvllliers. Wendrock. de Londres, où il fut ordonné sous-diacre le 2 mars un avocat au Parlement... La plupart dc ses écrits 1397 (1398 suivant la computation actuelle), diacre le se rapp«»rlcnt aux controverses jansénistes et, ordi­ l‘r juin 1398 el prêtre le 20 septembre 1399; puis â nairement, ils évitent les excès de fond et de forme Cambridge. En 111 1, il fut prieur «lu couvent de Cam­ qu’on trouve chez In plupart des écrivains jansénistes. bridge, année en laquelle il prit le grade de docteur, Il est difficile dc les classer, car presque tous sont dus et il V enseigna. D’après Leland el Baie. Nicolas de ù des circonstances accidentelles de polémique. Swaffham aurait été chancelier académique «le l’uni L'ordre chronologique reste dans l’ensemble le plus vcrslté; même Baie (ms. liai ley fol. 101) naturel. dit «pi’il est censé avoir été chancelier dix-huit années Ovvhaues · Nicole a composé ses premiers écrits non consécutives, mais ù plusieurs reprises. Ceci pour ses élèves de Port-Boyal : Epigrammatum de­ ne peut s’admettre, puisqu’il ne ligure point lectus ex omnibus Ium veteribus tum rccenlioribus sur la liste des chanceliers, cl. pendant la première poetis, cum dissertatione de vera pulchritudine ct adum­ moitié du xv· siècle, il n’y a que sept années où le brata, nec non sententiis ex portis, in-12, Paris, 1659. nom du chancelier manque: de plus deux religieux ('.e recueil, avec la dissertation qui l’accompagne ct seulement obtinrent celle haute dignité : notamment les notes savantes et judicieuses qui sont nu bas dc un dominicain ct le carme Nicolas de Kenton. Il a pu chaque épigramme, fut rédigé par Nicole cl eut un remplir l’office de vice-chancelier une ou plusieurs grand succès, malgré les attaques du P. \ uvasscur. fois; mais meme de ceci il n’y a point de preuves. S. J., qui consacra les cinq derniers chapitres de son Nicolas de Swaffham mourut â Cambridge l’an 1119. ouvrage Dc epigrammate, iï la discussion de la disser­ laissant Λ la postérité : I. Dc rebus theologicis lib. il; tation traduites en latin par Wendrock; 2e Réfutation des raisons alléguées pour obtenir la condamnation des lettres de Montaltc, traduites par Wendrock, avec des notes theologigues ; 3· Motifs de la déclaration qu'ont donnée les professeurs en théologie de Γ université de Bordeaux touchant le livre de Montaite. En même temps, Nicole écrivait contre les casuistcs. D’après scs bio­ graphies, il est l’auteur du Padum pour les curés de Rouen contre ΓApologie des casuistcs, ln-8·, 1658. et de la Réponse à la lettre des jésuites contre les cen­ sures des évêques, publiée en 1659, sous le nom d'Optal C’est lui certainement qui a composé V Ordonnance de M. l’archevêque de Sens contenant la condamnation du livre de Γ · Apologie, des casuistcs », in- l·. 1659; il a aussi collaboré, avec Etienne de Lombard, Λ la Lettre pasto­ rale de M. l'évêque de Digne (de Janson, futur évêque de Beauvais el cardinal) contenant la condamnation de V Apologie des casuistcs, in-4·, 1659. Nicole intervint d’une manière très active, dans la question de la signature des divers Formulaires. En 1661, il publia une Idée générale de l’esprit ct du livre du P. Amclotte, in-l°, 1661, pour réfuter l’écrit que celui-ci avait composé sous le titre : Défense des constitutions d’innocent A' et d'Alexandre VIL En même temps, Nicole collaborait avec Arnauld aux Mémoires touchant les moyens d’apaiser les disputes présentes, 1661. el II rédigeait les Difficultés proposées à Γ Assemblée du clergé dr Prance, qui sc tint A Paris en cette année 1661, sur les délibérations touchant le Formulaire; c’est encore Nicole qui publia l’écrit De l’hérésie et du schisme que causerait dans l’Église de PIERRE) 638 Prance la signature du Formulaire, sans souffrir la distinction du fait ct du droit, in-1·, 1661. Ccs divers écrits reçurent au moins l'approbation d’Arnauld cl sc trouvent dans les Œuvres, t xxî, p. 199-258. Au sujet du mandement du 8 juin 1661, par lequel les vicaires généraux du cardinal de Bctz, arche­ vêque de Paris, demandaient, pour la signature du Formulaire, non point la créance du fait, mais seule­ ment la soumission respectueuse, Nicole composa trois lettres latines, l'une adressée au pape Alexandre VH, la seconde nu cardinal d’Estc, protecteur des affaires de France ή Borne, cl la troisième au cardinal Bospigliosi, au nom des grands vicaires, 1661, tandis qu’Arnauld, de son côté, publiait une Défense de TDrdonnance des grandi vicaires. Œuvres, t. xxî, p. 375-399. Comme l’ordonnance fut annulée par un arrêt du Conseil, Nicole et Arnauld publièrent des Avis à MM. les évêques de Prance sur la surprise qu'on prétend faire au pape pour lui faire donner quelque atteinte au mandement de MM les vicaires généraux de Mgr le cardinal de Retz, archevêque de Paris, 18 août 1661. Œuvres d’Arnauld, t. χχι,ρ. 401139. I n bref de Borne condamna le mandement des vicaires généraux. ltr août 1661,ct un arrêt du Conseil, l,r mai 1662, autorisa le bref. De concert avec Ar­ nauld, Nicole composa lu Lettre de M. l'évéque d'An­ gers (Henri Arnauld) au roi, sur la signature du Por­ mulaire, 6 juillet 1661, el il traduisit en latin la lettre du tneme prélat au pape, datée du 8 août 1661. Une thèse, soutenue chez les jésuites au Collège de Clermont, le 12 décembre 1661, aiïlrmait rtnfaillibllité du pape dans les questions de fait, aussi bien que dans les questions de droit. Elle fut vivement attaquée, en particulier par Nicole qui·composa, dès 16G2. Les pernicieuses conséquences de la nouvelle hérésie des jésuites contre le roi et contre l’Êtut: l’écrit no fut pas d’abord publié, mais un anonyme, l’ayant connu, en composa un ouvrage intitulé : Défense des libertés de 1*Église gallicane contre les thèses des jé­ suites, soutenues à Paris dans le Collège de Clermont le 12 décembre 1661, adressée à tous les Parlement* de Prance, in-4·, 1662; dans ccl éent, il y avait des additions qui déplurent à Nicole, celui-ci désavoua l’ouvrage ct fil imprimer le sien en 1661. avec une Réfutation des chicaneries dont quelques théologiens tachent d'éluder l'autorité des conciles de Constance et de Bâle. En 1662, Nicole avait déjà public le Tractatus de distinctione juris el facti in causa fanseniana, in-4·. Les jésuites prirent la défense de leur thèse, dans un écrit latin ; Expositio theseos in Ciaromontano collegio propugnate, 12 decembris. Nicole répliqua, avec Arnauld, dans Les illusions des jésuites dans leur écrit intitulé : Expositio theseos, pour em­ pêcher la condamnation de la nouvelle hérésie, 1662, Œuvres d’Arnauld. I. xxî, p. 531-542; il publia aussi un Pactum de MM. les curés de Paris contre les thèses des jésuites, 16G2, ibid., p. 513-518. Dès le mois de janvier 1662, Arnauld avait lui-même pu­ blié un éμων ως ••μιτιζο: χιιρχγωγοί τής Ψωσσίας ζατχ tion; Commentaires sur les commandements de Dieu, etc., ιζ'αιώ <3, Jérusalem, 1907, qui traite principalement de mais comme ces écrits à allure plutôt scientifique n’apl'affaire Nicon. parllcnncnt très probablement pas ù Nicon le MélaOn consultera utilement aussi les récits des voyageur* : Paul d’Alcp, Voyage en Russie de Macairc, patriarche nolle, nous n’en abordons pas l’analyse ct l’exposé d'Antioche (traduit de l’arabe par Bclfour, voir Palmer, doctrinal. t. n). édition russe de Murko*. 6 vol. Moscou, 1896-1000; Nous ne pouvons nous faire une idée de la prédi­ Olcariu*, Relation du voyage d'Adam Olearius en Moscovie, cation de notre saint ct de sa doctrine qu'en relisant Tartarle et Perse,., Trad, ir., Paris 1661; A. Maycrbrrg. ses dernières recommandations aux habitants de Relazione d'un viaggio in Moscovia, Naples, 1696; GluSparte. Crainte salutaire des jugements divins, humi­ vini·’. De rébus Motcorurn, traduction russe «le Scmjnkin, Moscou, 1875; Samuel Collins, Present state of Russia, lité, amour de Dieu, amour du prochain sc manifes­ Londres, 1667. Le* Impressions de voyage «le J. Krlzanlv tant dans les œuvres de bienfaisance, dans le pardon ont été publiée·» par S. Belokurov, dan* Jurl Krtzani·· en des fautes, dans le rejet de tout sentiment de haine Russie, Moscou, 1901. Voir aussi, l’ouvrage d’ensemble : ou de vengeance, enfin confession fréquente de scs Léon Bum inskij, Iji vie religieuse des Russes d'après tes péchés, tel est l’enseignement que, pour la dernière donntes des écrivains étrangers du XVI· cl XV! 1· siècles, fols, saint Nlcon livre à scs chers Spartiates, après Moscou, 1871. l'avoir inlassablement prêché pendant toute une vie. J. Ledit. 2. NICON LE MÉTANOITE (Saint). Sp. Honbro*. ·Ο βίος Νίχωνος τού Μίτανοιιτ:, dans In Deux documents authentiques nous renseignent sur revue Νιος Ί.).)ηνομ·«ήμο»ν, Athènes, 1906, t. ni, p. 129228; Διάλογος τού έν χγίοις πχτρός ημών Γρηγιντίον. saint Nlcon : sa biographie ct son testament. De sa τΐΐσζυπο·^ Κιφρώ, etc., Venise, 1747, p. 125-132; réédition biographie nous avons deux manuscrits grecs impor­ du même ouvrage, Venise, 1780, p. 125-132; Sp. Lnmbros, tants : celui de la bibliothèque vaticanc, fonds BarbeMixrâû σ > .'■ . Allièn.··», 1905, i» iOl-406; i . Chevnlier, rini. i /, traduit en latin par le P. Slmiond et donl Répertoire des sources historiques du Moyen Age, Paris, 1907, s'inspirent Baronlus, Sirius, etc., ct celui du monastère t. u, col. 3359 et le* références donnée*, sauf Mnf, Script, athomte de Koutloumousi (210), publié par Sp. vet. collect., t. iv, p. 155, qui ne concerne pa* Nicon le Mélanoilc; Baroniu*, Annales, année* 961-998; L. Petit, Lambros dans le Νέος 'Ελληνομνήμω*/, t. ni, 1906, 657 NICON LE MÉTANOITE (SAINT) — NIEREMBERG (JEAN) Hibliographir des acoloulhlcs grecques, Bruxelles 1926, p. 220, et les références données; Ni codéine rifaghlorilc» Znnh·, 1868, L i, p. 301 ; Doukakis, Μ/γχς Athènes 1895. mob de novembre, p. 580; Analecla bollandiana, t. xxvi (1907), p. 319; Sp. Uirnbnn, \îo; Έ/λη/ομνήμων, Athènes, 1908, t. v, p. 301-301; N. Zlntnrskl, Histoire dr rfitat bulgare au Moyen Age (en bulgare), So lin. 1927, t. i, 2· partie, p. 843-850; Ίιρός Συνδίσμο;· Athènes, 15 novembre 1913. E. Stéphanoü. NI DEC Kl A nef rô-Pa t rlco (xvi· siècle), né A Cracovie, étudia surtout à Padoue, soit les belleslettres, soit le droit. Rentré en Pologne vers 1559, il occupa diverses situations importantes dans l’adminis­ tration civile el ecclésiastique. Titulaire de divers béné­ fices A Cracovie, A Varsovie, à Wilna, â PJozsk, il fut enfin nommé évêque de Wenden (Livonie, actuelle­ ment Lettonie), en 1585; il mourut en 1587. Humaniste distingué, il avait publié des fragments de Cicéron ct des notes inédites sur l’orateur romain. Conlrovcrsistc catholique, il défendit l’Église contre le luthéranisme qui avait envahi les pays balles. On connaît de lui des Parallela Ecclesiœ orthodoxas cum synagogis hsrreticorum, in-8·, Cologne, 1576, cl un ouvrage plus considérable : De vera et falsa Ecclesia libri V, in-fol., Cracovie, 1583. 658 Ji. Virginis, Cologne, 1671—- De la même date et de la même inspiration, un Examen theologicum quatuor propositionum quorundun authorum anonijmorum, quibus aspergunt maculam cultui, festo, objecto et sententia: piic de immaculata SS. Virg. conceptione necnon constitutioni S. D. N. Alexandri VII (8 déc, 1661) in ejus favorem expeditæ, donné d’abord en espagnol, Madrid, 1662, puis en latin, 1665. — A Home, Nidhard composa également, pour la remettre au pape Clément X, une Informatio, sive allegatio theologica pro tuendo et retinendo juramento univer­ sitatis Neapolitana de credenda, tuenda et profitenda immaculata conceptione Virginis; elle n’a pas été imprimée. Bayle, Dictionnaire historique et critique, édit, de 1711, t. m, p. 505-508; Moréri, Le grand diclionnaire, édit. de 1759, t. vu, p. 1037; Somtnervogel, llibl. de la Comp. de Jésus, t. v, 1891, col. 1716-1722; Hurter, Nomenclator, 3· édit., t. IV, col. 310-311. É. Amann. NIDI Raymond, dominicain. Inquisiteur général A Pavic, il publia une Lucerna inquisitorum pro abso­ lutione ab hirresi credential!, Pavie, 1664, ouvrage qui fut réédité A Pavie en 1695. Nidi écrivit aussi sur les décrétales, l’amitié, la vie religieuse. Quétif-Echard, Scriptores ordinis pradicatorum, t. u, JOchcr-Rotcrmund, Gclehrten-Lexlkon, t. v, col. 1672 p. 636. — Hurter, Λomcnclalor, 3· édit., t. iv, col. 579. (au mot Patricius), qui renvoie Λ F. Μ. Gotzc, Otium M.-M. Gorce. Varsaulensc, Breslau, 1755, p. 22 sq.; Hurter, Nomenclator, NIEREMBERG Jenn-Eusàbe, fécond écrivain 3· édit., I. m, col. 216. spirituel de la Compagnie de Jésus (1595-1658). — É. Amann. N I DH A RD Jean-Évornrd, religieux de la Com­ Bien que né A Madrid, il était d’origine allemande : son père était Tyrolien, sa mère Bavaroise; mais pagnie de Jésus, puis archevêque titulaire d’Édcsse il passa toute sa vie en Espagne. Entré au noviciat ct cardinal (1607-1681); son nom sc trouve aussi de Salamanque en 1614, il fut d’abord appliqué aux sons les formes Nitabd on Niedhard. — Né au châ­ missions dans la région de Tolède; plus lard il ensei­ teau de Falkcnstcin, en Autriche, le 8 décembre 1607, gna l’histoire naturelle, puis l’exégèse à Madrid, où il avait été d’abord destiné A la carrière des armes; il mourut le 7 avril 1658. il entre dans la Compagnie le 16 octobre 1631, enseigne Son œuvre littéraire cntrêniemcnl considérable (elle d’almrd A Graz la philosophie cl le droit canon, ne comporte pas moins de 57 numéros dans Sommcrpuis est appelé A la cour de Vienne par l’cmpcrcur vogel) s’occupe des sujets les plus variés. Naturaliste Ferdinand III (1637-1657), pour être le confesseur de mérite, Nieremberg a publié une Curiosa filosofia, de l'archiduchesse Marie-Anne. Quand celle-ci partit Madrid, 1630, 2· partie en 1631, et une Historia en 1619 pour épouser Philippe IV d’Espagne, le P. Ni­ natura, maxime peregrine, libris XVI distincta, in­ dhard l’accompagna. Il exerça A la cour d’Espagne fol., Anvers, 1635. qui donnent un curieux spécimen une grande influence el fut nommé inquisiteur général. de ses connaissances. — Professeur d’Écrilurc sainte, Son action grandit encore après la mort du roi, il a écrit : De origine Sacras Scriptura libri duodecim 1665; comme confesseur de la reine régente, il devint in quibus multa Seriptune loca explanantur rt anti­ membre du conseil et entra ainsi en conflit avec don quitates ex sacra profanaque eruditione eruuntur, In­ Juan d’Autriche, bâtard du roi défunt, que l’on avait fo!., Lyon, 1641, cl aussi Stromata S. Scriptura in écarté du conseil de régence. Fort de l’appui des quibus enarrantur, explicantur, illustrantur, tum com­ troupes cl de l'opinion publique, don Juan marcha sur Madrid et força la régente Λ éloigner Nidhard (1669). ' mentationibus moralibus vita et historia Cain, Nabuchodonosor, etc., etc. in-fol., Lyon, 1642. — Théolo­ Pour pallier sa défaite, la régente nomma celui-ci gien, il a publié une traduction en espagnol du ambassadeur extraordinaire â Home. Fait archevêque Catéchisme romain, qui n eu de nombreuses éditions d’Édcsse en 1671 ct élevé nu cardinalat en 1672 ct a été traduite en allemand, en italien, en portu­ par le pane Clement X, il mourut A Home le 1·’ fé­ gais; mais surtout il a bataillé, comme beaucoup de vrier lùM ses confrères de l’époque, en faveur du privilège de Nous n’avons pas à étudier Ici son rôle politique I*Immaculée Conception de Marie : De perpetuo objecto dont il reste en mss. de nombreux témoignages â la festi Immaculatæ Conceptionis, in-4·» Valence, 1653, bibliothèque de Madrid. Au point de vue théolo­ dédié A Philippe IV el A Innocent X; Exceptiones gique, le P. Nidhard prit une vive part â la querelle faite aux dominicains A propos de leur altitude rela­ concilii U'ridcntini pro omnimoda puritate Deipariv Vir­ ginis expensa-, quibus non solum ejus actualis sanctitas, tivement â l’immaculée Conception de Marie. Ce fut verum et justitia originalis confirmatur, 2 vol., in-8·, lui qui, par ordre du roi Philippo IV, répondit A la Anvers, 1655; Theoria compendiosa de solida veritate requête du dominicain Martinez del Prado, lequel conceptor Deipariv absque labe originali cx canonicis avait demandé quo ses confrères fussent dispensés atque orthodoxis fundamentis, in-8·. Valence, 1656; de saluer au début de leurs sermons l’immaculée De sanctitate instituti festi certa et necessaria ad cul­ Conception ; Responsio pro imm. IL M, conceptione tum ecclesiasticum singillatim in festo Immaculata: jussu Philippi IV... data ad rescriptum IL P. M. J. Jo. Martinez de Prado, O. P. provincialis (1662?). I Conceptionis pnveepto a summis pontificibus, in-8·, Valence, 1657; Opera parthenica de superextmia ct Composé d’abord en latin, l’ouvrage fut traduit en espagnol; puis l’espagnol retraduit en latin. Douai, t omnimoda puritate Matris Dei, publié après sa mort, in-fol., Lyon, 1659; A quoi l’on ajoutera un ouvrage 1665; publié aussi en appendice A l’ouvrage du plus général de théologie mariale ; Trophiva mariana. P. Théod. Morel, S. J., De conceptione immaculata 659 NIEREMBERG (JEAN) — NIGER (ANTOINE) 660 chelier formé. En 1-171, se trouvant â Hatisbonnc, pen­ dant les fêles de Pâques, il soutint à la demande de l’évêque contre les rabbins une dispute qui dura sept jours, où il cul l’avantage. Nigri en acquit une grande notoriété. Il écrivit là-dessus, quinze mois plus tard, en 1175, un livre intitulé Tractatus contra perfidos judans de conditionibus veri Messia scilicet Christi vel uncti, rarissime incunable, le premier, sinon dans le monde, du moins en Allemagne, à comporter des carac­ tères hébraïques. L’auteur en avait surveillé lui-même l'exécution à Essling. Le livre fut réimprimé à Nurem­ berg, en 1197 Pierre Nigri en édita aussi la même année, à INsling, une version libre en langue alle­ mande : Der Stern Mcschiah. Le roi de Hongrie el de Bohême. Matthias Corvin, voulut cou lier à Nigri In direction des écoles de Budc. C’est là que Nigri rédigea son principal ouvrage théologique, le Clypcus thomistarurn in quoscumquc adversos... liber acutissimarum qiurstionum super artem veteris Aristotelis... Venise, 1182, réimprimé en 1501. Ce bouclier du thomisme prétend défendre le thomisme non seulement en théo­ logie, mais en philosophie naturelle. Cependant, il se maintient dans le genre de la scolastique de celte époque, au niveau de la logique formelle cl de l’étude des prédicamcnts. 'l'ont au plus, ajoute-t-il quelques problèmes de psychologie ou quelques éléments d’une théorie de la connaissance : intellect agent el intellect patient, différence entre l’intelligence el la volonté, relations des puissances et de l’âme. Ses ennemis sont les scolistesou bien les nominalistes qu'il appelle aussi lerministes ct même - concept isles ». · C’est, dit-il, l'opinion de ceux qu'on appelle conceptislcs que l’uni­ versel esl un concept de l'esprit, el donc ils doi­ vent dire que l’universel est toujours un accident.» Fol. 56 r°. La querelle des anciens el des modernes est surtout pour lui celle des thomistes ct des nominalistes, qui et moderni dicuntur, fol. Hr·. La nature de la logique, fol. 29-10, l’intéresse davantage que la théo­ logie. Cependant il donne des renseignements intéres­ sants sur les deux grands groupes qui s'affrontent : d’un côté s es adversaires, Duns Scot. François Mayron, Pierre d'Auriol, Pierre d’Aquilée, Guillaume d Occam, Grégoire de Bimini, Antoine André et deux autres que sans lui nous ignorerions. Jean Catalan et Landulf; de l’autre côté ceux qui représentent pour lui le tho­ misme, Albert le Grand. Hervé de Nédellcc, Pierre de La Palud, Capreolus, Jean de Naples ct un autre dont il nous révèle l’existence, Guillaume de Maricahn. Nigrl esl aussi une source intéressante pour l’étude des albertistes de Cologne, comme Ileymerlc de Càhipo. Il les avait rencontrés personnellement à Cologne cl était renseigné sur leurs vains débats pour opposer, grâce à des difïércnccs de nuances. Albert le Grand ct Thomas d’Aquin. Pnintl. Geschichte der l^ngik im Abcndlande^ Leipzig, 1870 cl 1927, t. iv, p. 221-223; Morgotl. dans Kirchcnlrxtkon. t. IX,col.388-391 ; Sigism. Ferrarius, Dr rebus hungarlcaprovinclir O. P., Vienne. 1837. I. m c, p. 140 sq; Toiiron, His­ toire des hommes illustres de l'ordre det frères prêcheurs, t. ni, p. 523-529; Quétlf-Eclinnl, Scriptores ordinis priet’nr notice sur la vie de P. Niercmberg ligure en tète dicatorum, t. I. col. 1016-11)18; linin, Hrpcrtorium blbtiolr In llleromelluq bibliotheca; utilisée dans N. Antonio. graphicum, 1.1. p. 506-507; Hurter, Nomenclator, 3· édtt., flibllntheru hispana notm, t. i, p. 686-688; Moréri, édit, I. n. col. 1010. de 1759, t. vn, p. 1037; Sommcrvogcl, Bibliothèque de M.-M. Gohcb. ta Compagnie de Jésus, t* v, col. 1725-1766; Hurler, Nomenclator, 3· édit., t. ni, col. 959-961. 2. NIGER Antoine, frère mineur de l’ObsvrÉ. Amann. vancc.'Appelé aussi Antoine Aretinus ou de Neri ou N IDER ou NIEDER. Voir Nydi h Jean. Nereus. Il doit avoir vécu pendant la première moitié du xv siècle. Il est confondu quelquefois avec Ange 1 NIGER ou NIGRI est le nom latin du domi­ Reatinus ou de Neri. ct quelques auteurs distinguent nicain allemand Pierre-Georges Schwartz qui mou­ Antoine Aretinus d’Antoine Niger et en font deux rut à Budc vers 1181. Il avait étudié à Montpellier, personnages difïérents. alors que cc n’est qu’un seul a Salamanque où il était entré en contact avec les ct même personnage (cf. L. Wadding, Scriptores Juif», a Fribourg-en-Brisgau el à Ingolstadt où il perfec­ ordinis minorum, 2· édit», Home, 1906. p. 20, 21, 29, tionna ses connaissances hébraïques et devint ba­ et Sbaraleu, Supplementum, I. n, p. 90). D’autres le sfu dr victrice misericordia Deipara: patrocinantis homi­ nibus, in-fol.. Anvers, 1658. Lc Theopoliticus, in-1% Anvers, 1611, rentre dans un genre un peu spécial, comme l'indique le sous-titre : Breids illutidatio cl rationale divinorum operum atque providentia humano­ rum. Dissertantur pracipua qiursita circa divinam pro­ videntiam et 1res cardines publica rei pie adminis­ tranda digeruntur. Mais le P. Nierembcrg a été surtout connu par ses innombrables opuscules ct ouvrages de théologie ascé­ tique d mystique. Sa vogue a été très grande au xvin· siècle, où beaucoup de scs productions ont été traduites en une demi-douzaine de langues, y com­ pris l’arabe (â l'intention des maronites). Cette vogue a persévéré jusqu’au xix* siècle, qui a vu rééditer nu réadapter plusieurs de scs œuvres, ('.’est dire qu elles n’étalent pas sans mérite. Niercmberg a lui-même rassemblé les nombreux ouvrages sortis de sa plume féconde en 3 gros volumes in-folio: Obras spirituales y filosoficas, Madrid, 1651. — En dehors de quoi, il demeure encore : De artc voluntatis libri sex, in quibus platonic#, stoic# et Chris­ tian# disciplina: medulla digeritur, in-8·, Lyon, 1631 ; Paris, 1639; traduct. française par Louis Videl, Paris, 1657 (L*art de conduire la voient/). — Doctrimc asce­ tic# sive spiritualium institutionum pandect#, in-fol., Lyon, 1613; in-1·, Cologne, 1661; et en 6 petits vol. in-8·, Augsbourg, 1756. De ccs titres il ne faudrait pas conclure que notre auteur s’occupe exclusive­ ment d'ascétique. Les traités proprement mystiques abondent dans son œuvre. Citons : De adoratione in spiritu et veritate libri quatuor, in qui bus totius spiri­ tualis ait#, imitationis Christi et theologiae mystic# nucleus eruitur, in-8·, Anvers, 1631, nombreuses édi­ tions subséquentes; trad, allemande. 1717; anglaise, 1673 et 1871; française par L. Videl, en 1650, sous le titre : L'esprit du christianisme ; italienne en 1662 el une autre en 1671; polonaise en 1663. - - El encore De la hermosura de Dios y su amabilidad, por las infinitas per/ecciones dei ser divino (De la beauté de Dieu ct de son amabilité), in-l·, Madrid, 16-11; Pro­ digio del amor divino, in-1·, Madrid, 1611; A precio y estima de la divina gracia (le prix de la grâce), Ma­ drid, 1638, qui a élé remanié par .L Schccbcn au xix* siècle sous le litre : Die Herrlichkeiten der gôttlichen Gnade, Fribourg-cn-B., 1862. Après la mort de Niercmberg on a encore publié une Hicromelissa bibliotheca, de doctrina Euangelii imitatione Christi et per/ectione spirituali ex priscis Patribus et doctoribus, In-folio, Lyon, 1659. A quoi Γοη ajoutera divers écrits hagiographiques, à savoir : une Vida dei glorioso Patriarca S. Ignacio, in-8·, Madrid, 1631 ; une vie d’un Père martyrisé au Japon, le P. Marcel-François Mastrilll. S. J., in-4·, Madrid, 1610; plusieurs vies de saints insérées dans le Flos sanctorum de Hibndcneira; une traduction de limitation de J.-C. qui a eu d'innombrables édi­ tions en Espagne, en France ct en Belgique. 661 NIGER (ANTOINE) confondent avec Antoine de Oculis Nigris, provincial d'Aragon, en 1138. Originaire d'/\rezzo, en Tos­ cane, Antoine étudia â Paris, ou il conquit le grade de docteur en théologie, d'après les uns en 1105, d'après d'autres en 1 113. Il enseigna ensuite la théo­ logie à l’université de Florence, où il fut, en 1121, doyen de la faculté do théologie. Entré d'abord dans l’ordre des frères mineurs conventuels, il passa ensuite aux frères mineurs de l’observance, sous le généralal de saint Bernardin de Sienne Antoine a composé quelques ouvrages théologiqiies : 1. Commentarius in Magistrum Sententiarum, fruit de son enseignement a Paris, ou à Florence; 2. quelques Opuscula theologica ou tractatus theologici, cl 3. Sermones pncdicabilcs. Après s’être consacré a ia prédication, pendant les dernières années de sa vie, il mourut, en odeur de sain­ teté, d’après les uns. â Arezzo, en 1450, d’après les autres, à Sergiani, près de Senario, en I I70. !.. Wadding, Annules minorum, t. \, Borne, 1734, p. 120; Scriplores ordinis minorum, 2* édit., Itonie, 1006, p. 20,21, 29; J. II. Sbandca, Supplementum ml Scriptores trium ordi· num S. Francfort, t. i. 2r édit.. Home, /908, p. 90; Marc (le Iâsbonne. Chronicorum ordinis /rutrum minorum pars III, I. I, c. xi.ur, Fr. Ihiroldus, Epitome Annalium Wadding!, ad ana. 1421 ct 1438. A. Teetaert. 1. NIL L’ASCÈTE ou NIL D’ANCYRE dit LE S INA ITE (Saint), cénobite célèbre du v· siècle, appartient avant tout aux théologiens de la vie spirituelle. i. Vic. II. Ecrits. III. Doctrine. I. Vie. — Saint Nil devra à ce siècle naissant de l’avoir tiré de l’oubli ct peut-être d’avoir tenté le premier de lui rendre sa véritable physionomie. Sa biographie traditionnelle est tirée d’un recueil de Sac­ rationes de aede monachorum rt de Thcodulo /ilio, P. (i., I. i.xxix, col. 583-694, pillées par Nicéphore (.ailiste. Historia ecclesiastica, I. XIV, c. liv, P. G., t. CXI.VI, col. 1256, et les livres liturgiques byzantins, d’où le compilateur du Synuxaire de Constantinople la tira au x· siècle, ainsi que par les martyrologes depuis le Moyen Age. Consciencieusement étudiée par J. M. Suaresius. dans son Sancti Nili tractatus, reproduit en appendice aux œuvres de saint Nil, P. G., t. i.xxix, col. 1367-1131, elle tient en ces quel­ ques lignes : Né ù Constantinople d’une famille illustre, Nil fut olllcicr à la cour de Théodosc et préfet du prétoire. Engagé dans le mariage, il en eut deux enfants. Epris de solitude, il renonça, vers 390 (Tillemont, Mémoires, t. xiv, p. 190 et 191). ou en 401 (Léo Allatius, Dr Nilis, 11-14). à tout l’éclat de la vie politique, comme à tout le bonheur de sa vie de famille, pour aller, en compagnie de son Ills Théodule, se mettre à l’école des ascètes du Sinai, tandis que sa tille el son épouse, également avides de vie religieuse, iraient la demander à l’Egypte. Nos ermites, au témoignage des Narrationes, excitaient à la fois la jalousie des anges el exaspéraient la haine des démons par leur vertu, quand, vers 410 (Tillemont, op. cit., p. 205). leur retraite fut troublée par une invasion de Sarrasins, qui lirent une razzia au mont Sinai, massacrèrent plusieurs moines et emmenèrent des prisonniers, entre autres Théodule. Epargné, Nil se mil ù la recherche de son fils qu’il retrouva à Eluse, entre l’Arabie l’cirée et la Palestine. L'évèque de celte ville les ayant ordonnés prêtres l’un et l’autre, saint Nil revint au Sinai où il mourut vers 130. Tel est le Nil des Narrationes ; est-ce celui des écrits ascétiques ? Encore que la grande majorité «les très nombreux manuscrits des Narrationes mettent en avant le nom de saint Nil, à l’encontre de quelques unités qui les donnent comme l’œuvre d’un certain moine Anastase, et bien que les Narrationes NIL L’ASC ETE 662 aient été regardées jusqu'à nos Jours comme une autobiographie, il semble bien qu’il ne faille pas y voir plus qu'une manière de roman, tout au moins pour ce «pii regarde notre saint Nd (Heussi, l'ntrrsuchungen, p 155 sq.), s'il est vrai que l’information littéraire, notamment en ce qui concerne la lit­ térature gréco-romaine, de l’auteur des Narrationes n’est pas à mettre en parallèle avec la pauvreté de notre éplstolographe, que les aventures «le Théodule souffrent par trop d’invraisemblance cl que la chro­ nologie du narrateur ne cadre pas avec les dates sûres «h Nil. Notre Nil. dont l’entrée au monastère semblent pou­ voir pas être reculée au delà de 390, d’après une lettre à un nommé Dioclétien A qui il propose l’exemple d’Apollinaire (t 392) comme de quelqu’un encore vi­ vant, Epis!., i, 257. P. G„ t. lxxix. col. 177, vécut pendant un temps plus ou moins long a Ancyre en Galalie. H faut même, d’après deux de scs lettres comme d’après le panégyrique du moine Albianus ct le traité Ad magnam diaconissam Ancyra?. faire d’An· eyre, lout au moins de la province de ce nom. son pays d'origine. A cc compte, il faudrait en toute jus­ tice lui rendre le surnom d' Ancyranus que lui donnent les signatures de quelques manuscrits du recueil des lettres. Son origine galate n’est pas un obstacle à un long séjour a Constantinople où il puisa, aux pieds de saint Jean Chrysostome, dont, au dire du chroniqueur Georges le Moine (cf. Dcgcnhart, Neue Heitrûge.. p. 7 el 8), i) fut au sens plein du mol le disciple,cet amour lilial qui percera si souvent dans sa correspondance. Epist., i, 309. col. 193; n, 265, col. 336, 293 et 294. 345; m. 13. col. 373; 199, col. 476. N‘est-ce pas là qu’il s’acquit ces nombreuses relations qui le pour­ suivront dans sa solitude ? Peut-être les dut-il à un poste très honorable ? Il lui faut néanmoins refuser la préfecture de la ville impériale. L’absence de son nom dans tous les index connus des préfets du pré­ toire de Byzance doit, une fois de plus, nous mettre en méfiance contre l’information historique de Nicé­ phore Calliste. Par ailleurs, il faut renoncer a faire de notre Nil un ermite el nous voilà de nouveau loin du Sinaï. Outre qu’il s’en défend cl qu’il prêche à qui veut l’en­ tendre la supériorité de la vie religieuse renobilique sur l’érémilique. De monachorum prerslantia, P G., t lxxix, col 1061-1091. il apparaît dans ses écrits, comme fondateur d’un monastère dans les environs d'Ancyrc, comme maître des novices et supérieur des moines, comme archimandrite expérimenté, consulte par ses confrères sur l’administration de leurs propres monastères Epist., i. 18, col. 89; m, 303, col. 532. Cf. Dcgcnhart. Der ht, Silus Sinaita, p 98. Imlln. A rencontre du Nil des Narrationes, i) semble bien qu’il n’a pas élé prêtre. Epist., n. 261, col. 333. Le cercle d’influence «lu moine d’Ancyrc parait illimité ct offre quelque chose d’extraordinaire pour ce temps. Sa volumineuse correspondance nous le montre en relations non seulement avec les hommes d’Eglise de renom, mais avec les fonctionnaires mili­ taires et civils de l’empire et avec Arcadius lui-même. Il y apparaît comme le type des spirituels du temps, habillant toutes ses pensées, comme tous scs con­ seils cl scs graves avertissements, d'images cl de paroles scripturaires. Tempérament vigoureux, bon et doux, d’une condescendance évangélique pour lu faiblesse, intraitable quand il soupçonne la malice ou une évidente mauvaise volonté, usant d’un saint franc-parler «pii frôle l'imprudence avec les grands, il s’émeut fémininement en face de la douleur. Ce type achevé de maître spirituel (jui fuyait le monde el le conduisait, était marqué pour être un entraî­ neur d’hommes parce que ses conseils seraient cm- 663 NIL L’ASCÈTE pruntés à la vie môme, comme il le demandait aux supérieurs dc monastères, Dc monastica exercitatione, c. xxi-xxxm, D. G., t. lxxix, col. 718-761. Le cénobite galatc à la physionomie si personnelle ne peut pas être l'ermite homonyme du Sinaï. La question du véritable auteur des Narrationes est toujours à résoudre. Dès le v* siècle nous les voyons attribuées à un Nil. L’identification dc cc Nil est une des nombreuses énigmes dc l'histoire littéraire de l’antiquité chrétienne. Son existence est à peu près certaine. Car. encore qu’elles soient fortement ro­ mancées, les Narrationes offrent un fonds historique indubitable, surtout si on les confronte avec une lettre de saint Nil dont l’authenticité ne peut être mise en doute. Epist.. iv, 62, col. 580 ct 581. A la gloire de son saint compatriote, le martyr Platon, saint Nil nous raconte qu’un vieillard originaire do Galntle, après avoir embrassé la vie érémilique au Sinai en compagnie de son fils, s’en vit séparé par un coup de main des païens et ne le retrouva que sur l'intcrvention miraculeuse de saint Platon. Le vieillard dc saint Nil cl le Nil des Narrationes offrent trop de res­ semblances pour n'être pas identifiés, comme les récits qui les mettent sous nos yeux présentent des diffé­ rences si graves que l’on a le devoir dc distinguer leurs auteurs De cette manière, l’existence, au v· siècle, dc deux saints du nom dc Nil : Nil l’Ermite, auteur des Narrationes ct Nil le Cénobite d’Ancyre, auteur des écrits venus sous son nom, nous paraît sortir du domaine dc la simple hypothèse pour devenir une certitude. IL Écrits, — L’œuvre littéraire du moine d’Ancyre est fort étendue cl reste, dans son ensemble, suffisam­ ment établie, encore qu'elle demande une édition scientifiquement menée ct quoique la critique n’ait pas encore dit son dernier mot. L’écrivain est abon­ dant et facile, trop peut-être. Il ne recule pas devant les répétitions et sc refuse dc parti pris à brillantcr son style, dût-il, par endroits, pour mieux éviter cette coquetterie indigne d’un moine, s'exposer à écrire en barbare. De même il sc défend contre les réminis­ cences des littératures classiques. Stighnayr, dans Zeitschrift /ûr katholischc Théologie, 1915, t. xxxix, p. 576 sq. On peut grouper scs écrits en trois classes : correspondance; écrits consacrés aux vertus chré­ tiennes; écrits concernant le monachisme. Bestcront a signaler les écrits perdus ct les œuvres inauthen­ tiques. 1« La correspondance. — Aussi volumineuse que celle dc saint Isidore de Pélusc dont, par ailleurs, elle ne réalise pas la haute tenue littéraire· la correspon­ dance de saint Nil comprend, à notre connaissance. 1062 lettres ou extraits de lettres. Pousslncscn édita 365 â Paris, en 1657, d'après un manuscrit dc Florence. Léon Allalius reprit l’édition à Home, en 1668, cl donna quatre livres contenant en tout 1061 lettres, qui sont passées dans la Palrologte dc Migne, t. lxxix, col. 81-581. 11 y faudrait ajouter une lettre au scho­ lastique Nemcrtius, dont Pltra, qui l’attribue â Anas­ tase, a édite la version latine. Spicilegium Solesmense, Pans, 1855, L m,p. 398. Ccs pièces, inégales d'étendue comme de valeur, traitant de diverses questions dog­ matiques, morales et exégétiques, dénoncent en leur auteur un homme de Dieu aussi expérimenté que consulté; elks forment un spécimen original de direc­ tion, en même temps qu’elles sont une vraie source d'information sur les usages monastiques et séculiers du temps. Nous sommes loin d’aflinner qu'elles rendent toutes la manière de Nil dans leur rédaction actuelle. Admettons encore que l’examen des cir­ constances ct dc la vie de l’auteur en doive modifier la numérotation. Heusi, op cit., p. 63 sq. Elles restent cependant dans leur ensemble, au-dessus de 664 tout soupçon d'innuthcntlclté. Néanmoins, telle cette lettre 33 du IIP livre, col. 388 100, qui n'est qu’un conglomérat des lettres 138, 139, 179, 317, 110, 108, 109, 111 et 135 du IB livre, les lettres, 61, 65, 113, 111, 160, 170, 218,215, 320 ct 322 du II P livre, 1 ct 7 du IV· livre sont manifestement des emprunts étrangers ou dc purs et simples doublets. IIcusl, op. cit., p. 80 sq. On avait considéré un grand nombre des lettres nilicnncs comme de simples extraits des ouvrages de Nil ou d’autres auteurs, tels que saint Jean Chrysostomc et saint Isidore de Pélusc, intro­ duits au cours des siècles dans le recueil des lettres au­ thentiques. llaldacher dans Χρυσοστομικά, Borne, 1908, fasc. 1, p. 226 sq. Mais Nil lui-même a fort bien pu sc répéter ct faire sien tel élément étranger qui allait bien Λ son but. Il arrive tous les jours qu’on s’inspire dans ses récits de ses lectures, IIcusl, op. cit. p. 59. 2° Écrits moraux. — Outre une grande partie de scs lettres, Nil a composé plusieurs traités concernant les vertus chrétiennes; ils ont dès lors une portée univer­ selle. Tels sont : 1. Le Sermo in cflatum illud Evan· getii : Nunc gui habet sacculum tollat similiter et peram, et gui non habet, vendat pallium suum et emat gladium (Lue., xxn, 36), P. G., t. lxxix, coi. 12631280, dont 11 n'y pas Heu dc suspecter l'authenticité. — 2. L'instruction Ad Eulogium monachum contient dc belles considérations sur l’aspiration ù la perfec­ tion, expose une sage tactique pour les combats contre le mal et donne des conseils au sujet dc la vie monas­ tique. P. G., t. lxxix, col. 1093-1110. Nicéphore Callisto qui la mentionne le premier l'intitule Τά ζρος Εύλόγιον, Historia Ecclesiastica, L XIV, c. uv, eoi. 1256. On peut supposer qu'il connaissait plusieurs instructions adressées par saint Nil à Eulogc. t’nc seule nous est parvenue. — 3. Le Dc oratione est un délicieux traité de la prière ou de l'esprit dc prière, divisé en 153 chapitres nu thèses, selon les 153 pois­ sons de saint Jean (Joa.. xxi, 11), où l’auteur pro­ cède sous les traits d’un professeur dc jeunes moines. Imprimé à Anvers, en 1575, il a trouvé place dans Migne, P. G., t. lxxix, col. 1165-1200. l’hotius con­ naissait déjà sa division en 153 chapitres, Bibliotheca, cod. cci, P. G., t. an, col. 672. Les Apophtegmata Patrum lui empruntent 8 citations, P. G., t. i.xv, col. 305, ct, vers 620, le moine Antiochus de Saint-Sabas de Jérusalem en fit dc soigneux extraits dans scs Pandectes. S. llaldacher. Nilus-Exzcrpte im Pandektes des Antonius, dans la Bevue bénédictine, Marcdsous, 1905, t. xxn, p. 211-250. Il semble bien que IIcusl n’ait pas de raison suffisante de douter de l’authen­ ticité dc la prélace. op. cil., p. 118 sq.----L Le De octo spiritibus malitiiv.quï ne s'inspirerait pas plus d’Êvagre qu'il n’inspirerait Cnsslcn, Dcgcnhart, op. cil., p. 174 sq., mentionné pour la première fois par Antiochus de Salnt-Sabas et marqué au coin d’une fine psycho­ logie. s'étend longuement sur la théorie des huit vices capitaux, si répandue nu iv· siècle. Imprimé en 1557 par Fr. Ginus à Venise, réimprimé au même lieu en 1574 avec les ouvrages de saint Éphrcm, puis dans la Bibliothèque des Pères, à Paris, en 1575 et dans le t. vu de celle de Lyon, enrichi d’une version latine pnrGombeiis, il trouva place dans le t. i du supplé­ ment à la Bibliothèque des Pères, à Paris, en 1672, d’où il est passé dans Migne, P. G., t. lxxix, col. 1115-1164. 3° Écrits concernant le monachisme. — Ccs écrits forment le groupe le plus considérable des œuvres nilicnncs. A remarquer qu'elles veulent le lecteur indul­ gent aux répétitions Incalculables. Citons : 1. }.'Oratio J in Albianum, qui est un joli panégyrique du moine galatc Albianus, dont Nil nous présente la vie comme une image lumineuse dc la perfection P G , t. lxxix l 665 NIL L’ASCÈTE col.695-712. Émigré d’Asie Mineure, Albianus sc retira 1 au désert de Nltrio en passant par Jérusalem ct finit scs jours parmi les moines dc cc bienheureux évêque Léonlius, commémoré par Socrates, HisLecc., 1. Vî, c. xvn. et par Sozomène, /itst. ccc., 1. VI, c. xxxiv;L VIII, c. xx; Tillemont, Mémoires, t. xiv, p. 215-218. Éditée à Paris, en 1639 avec une ver­ sion latine par le P. Poussines, VOralio fut redonnée par Allntlus à la lin dc son édition des lettres. — 2. Le De monachorum pnestantia, P. G., t. i.xxxi, col. 1061-1091, compare, â la louange dc la pre­ mière, la vie monastique menée dans le désert à celle qui est possible dans les monastères urbains. Degenhart, op. cit., p. 93-95. — 3. Le Dc monastica exercitatione, appelé ordinairement V Ascétique, public à Venise, en 1557, par François Ginus, réimprimé en 1571 avec les œuvres de saint Éphrem, reproduit ù Paris en 1575. dans la Bibliothèque des Pères, a été emprunté par Migne à Suarezius, P. G.» t. lxxix, col. 720-809. Cc traité, (pii donne une idée fort pes­ simiste du monachisme contemporain, sc divise de lui-même en trois sections traitant respectivement dc l’idée du monachisme ou dc la philosophie chré­ tienne (c. ι-xx), des obligations monastiques (c. xx-xu) et de l'initiation préalable à la vie monastique. Schiwietz voit dans les premiers chapitres une refonte pos­ térieure, pour cela seul que leur teneur ne cadre pas avec l’état connu du monachisme oriental nu v* siècle. Das Morgenlündische Mônchtum, t. n, p. 59. De­ genhart, op. cit., p. 10 sq., et lleusi, op. cit.. p. 50 sq., sont, à juste titre, d'une opinion contraire. La nature des devoirs décrits, comme le ton général du traité, dénoncent un auteur d’âge mûr. Cet écrit étant par ailleurs plus court que celui Ad Magnum daté dc 426 ou 127 qu’il semble inspirer, il en faut placer la composition vers 125. Saint Nil y a utilisé vingt-cinq passages dc ses lettres plus anciennes. — L Le Dc voluntaria paupertate ad Magnam diaconissam Ancyra, P. G., t. lxxix, col. 967-1060. que saint Nil nous aide lui-même â dater, col. 968 C ct 997 A. développe, sous un jour moins noir, le thème du traité précé­ dent. Degenhart, op. cit., p. 100 sq. 172 sq. —5. Le De magistris ct discipulis est une petite considération sur le monachisme, adressée au maître des novices ct aux novices dans le style des sentences. Il a été édité en grec cl en latin par le P. van den Ven dans les Mélanges Gode/roid Kurth, Liege, 1908. t. n.p. 7381. -6. On a dc saint Nil. au témoignage dc Nicé­ phore Callistc, des chapitres ou sentences, Hist, ccc., 1. XIV. c. Liv. Phot lus en connaît plus de cent, Bibliotheca, cod. cci. Tout de même,Saint Maxime le Confesseur donne, sous le nom de Nil, des sentences tirées des Capita parirnetica, P. G., I. xcr, col. 725; t. lxxix, col. 1252, n. 28. Par ailleurs, on cite sous le nom de Nil nombre de sentences qui, nilicnncs par le fond et la forme, ont été tirées plus lard de ses écrits. Citons les Sententia abducentes hominem, (pii comptent dans Migne 98 numéros, P. G., I. lxxix. col. 1239-1250, cl comprenaient dans les éditions anté­ I rieures 135 numéros. L’éditeur en a exclu les n. 98121 parce que tirés de l’écrit Ad Magnum el les n. 122-135 fournis par le De monachorum praestantia. l’essler-Jungmann, Instil, patrol., t. n b, p. 116 sq. L’Institutio ad monachos n’olïrc pas de numérotation. P. G., t. lxxix, col. 1235 1210. Les Capitaparirnetica, P. G., t. lxxix, col. 1219-1251. comprenant 139 sentences et 8 aphorismes sans numérotation, sont authentiques, Λ l'exception des 25 premiers numéros qui forment un alphabet gnomlque â restituer â Évagrc le Politique. A. Filer. Gnomica, 1, Sexti Pythagorici, Clitarchi, Evagrii Pontici sententia·, Leipzig, 1892. Krumbncher énumère plusieurs manuscrits Λ alphabet gnomlque sous le nom dc saint Nil numérotés Athos G66 1583. n. 10; Athos 2798; Athos 3250, fol. 178. G«chlchte der btjiantlntschen /Atteratur, Leipzig, 1897, p. 718-720. Trois autres recueils dc sentences, mis autrefois sous le nom dc Nil avant dc passer dans les œuvres d’Évagrc, peuvent lui être restitués, P. G., t. xi., col. 1263 1270. 4· Œuvres niliennes perdues, - L’histoire littéraire connaît certains écrits de saint NU qui ne sont pas venus jusqu’à nous. Cc sont : Un Traité sur la Péni­ tence (pie saint Nil doit avoir envoyé au diacre Polychronlus, dans une lettre. Epis!., in, 11. col. 373, dont on ne peut suspecter l'authenticité, Heusi, op. cit., p. 76 sq., encore que les extraits quelle nous livre dc cet ouvrage rappellent par trop un traité similaire de saint Jean Chrysostomc, De compunctione, P. G., t. xlvh, col. 393.-2. Deux Chaînes témoignent en faveur de l'existence d’un commentaire nillen sur le Cantique des Cantiques. Celle dc Procope de Gaza ne fait pas moins de 61 emprunts â Nil, P. G., t. lxxxvii, 2· part., col. 1515-175 L Zahn, Forschungen zur Gesch. des neutestamentl. Kanons und der altkircht. Literatur; Erlangen, 1883, t. n. p. 217. Le grand nombre de citations empruntées à Nil laisse penser à l’existence, nu temps de Procope, d’un commentaire nillen dont l’authenticité est assez démontrée par l’identité de processus cxégéllquc entre les citations susdites ct les passages similaires des lettres. La Chaîne des Trois Pères dc Pscllos est un témoignage moins précieux, puisque Pscllos néglige de citer le nom de ces Pères. P. G., t. cxxn. col. 537-586. Le docteur A. Soûle, après la visite des bibliothèque s et l’étude de 18 manuscrits, annonce qu’il a pu reconstituer le commentaire nillen du Cantique des Cantiques. Dc ,\i/i monachi commentario in Cant. Cant, restituendo, dans Biblica, Home. 1921, p. 45-52; il en donne d’ores ct déjà un spécimen, O Kommentaru Nila monaha(t 430) Pjesnu nad Pjesmana. Zagreb, 1925, p. 18-22. et annonce qu'il publiera Intégralement sa reconstitution dans les Monumenta biblica et ecclesiastica de Berne quand les circonstances le pcnnclliont ibid., p. 16. Par ailleurs la chaîne exegétique de Nicétas fait six emprunts à saint NU. Mai. Scriptorum peterum ncra collectio, Home, 1837, t. ix. p. 626-722. B. Devrcesse signale d'autres sculics dc saint Nil qui devraient être étudiées pour une édition critique des lettres niliennes. Chaînes exégétiques grecques dans le Dictionnaire de la Bible, supplément. 1.1, Paris, 1928. col. 1113, 1133. 1159. 1160. 1172, 1190. 1202. 1222. Nil serait, m exégèse, étroitement dépendant d’Orlgènc. W. Bicdcl, Die Auslegung des llohenliedcs in der jüdischen Ge mcinde und der griechischen Kirchc, Leipzig, 1898, р. 75. Au vrai, il est le tout prvmler a dévoiler sa méthode. Epist.,u, 223, col. 316CD-317 A. — 3. Anas­ tase le Sinailc donne l'extrait d'un écrit dc Nil sous le titre : Xili ex iis qmr scripsit ad Eucarpium mona­ chum, Quaestio 5, P. G., t. i xxxi.x, col. 357. Or nous avons parmi les correspondants de Nil un certain Pionius dont le père, appelé Eucarpius, était un ami intime du moine d*Ancyre. Epist., m, 31. col 385-388. — L Photius, Bibliotheca, codex cclxx . vi, et Migne, P. G., I. lxxix, col. 14S9-1502, donnent de longs pasn.iics (les armons (le saint Nil. deux Mir PAqucs rt trois sur l’Ascension. Mais la personnalité de l’auteur n’est pas tellement déterminée qu’il ne puisse s’agir d’un autre Nil prédicateur. Il semble même que le Nil du codex phot ion cclxxvi doive être distingué dc notre Nil du codex cci — 5 Nicéphore t'allisle fait mention d’un traité nillen Adversus gentiles dont il n’y a pas d’autre mention. Hist, ccc., 1. XIV, с, ijv. 5· (Euvres inauthentiques. — Certains ouvrages, signalés comme l’œuvre de Nil, doivent lui être refusés comme apocryphes. Ce sont : 1. Le recueil des Sep- 667 NIL L’ASCÈTE tern narrationes de e/rde monachorum ft dc Theodulo fillo, qui est. pour le moins, très douteux. /*. G’., I lxxix, col. 583-694. - 2 Le Tractatus de vitiis quir opposita tant virtutibus ad Eulogium, court ct appa­ remment Incomplet, et présentant comme la suite du traite des vertus chrétiennes Ad Eulogium, s’é­ loigne par trop dc la manière nllicnnc ct ne peut être qu’une œuvre postérieure. Dcgerihart, op. cit., p. 30 sq, P. C»,. L lxxix, col. 1139-11 I L -3. Le traité De octo vitiosis cogitationibus, P. G., ibid., col. 1435-1 IM. n’csl qu'une refonte ct une amplification postérieure dc l’a ut lien tique Dr acto spiritibus ma· titiir ·- I. De même le Dr malignis cogitationibus, ibid., col. 1199-1231. assez émaillé dc citations d'Èvagrc pour lui avoir été attribué, reprend servi­ lement drs sujets déjà épuisés dans d’autres ouvrages authentiques Le chapitre xxm notamment, consacré a lu prière, peut s'identifier avec le Dr oratione. Ilcusl donne dc fort bonnes raisons pour douter de son authenticité, op. cil., y. 163-166. 5. L’écrit Ad Agathium monachum Pcristeria seu tractatus dc vir­ tutibus excolendis cl vitiis fugiendis, col. 811-968, traitant, en deux sections, des devoirs et des vertus dc l'homme considéré dans sa vie individuelle ct sociale, semble bien avoir été compose à Alexandrie. AnnStasc le Simule qui en cite trois passages, dit (pie l’écrit appartient Λ un moine Nil. P G., I. lxxxix, col. 437,536 Heusi, après Tillcmont, Mémoires, t. xiv, p. 209, montre que notre Nil n’en peut être l’attribu­ taire. parce qu'il vivait dans un tout autre monde de l>ensécs que l’auteur, op. cil., p. 160-163. — 6. Le Trac­ tatus moratis et multifarius est un sermon incolore d’origine inconnue, P. G., t. lxxix, col 1285-1312 7. L'Epicteti enchiridion seu manuale est une para­ phrase chrétienne du Manuel d’Lpictôte, représentée par dc très nombreux manuscrits, dont l'auteur in­ connu est certainement de beaucoup postérieur â notre Nil. P. G., col. 1285-1312. C. Wotkc, llandschriftliche Heilrdge :u Nilus Paraphrase von Epiktets //andbûchleln, dans Wiener Studlen, 1892. t. xiv, p. 69-74; Drgenharl, op cil., p. 18-20. · 8. La Narratio de Paehon patiente bellum meretricium et vincente, P. G., ibid. col. 1311-1316, est un extrait dc VHlstoire lausiaque de Palladius, Butler-Lucot, Palladius, Histoire lausiaque, Paris, 1912. chap. xxm. 9. L’hymne intitulée Paradisus qui porte, dans beaucoup de manuscrits, le nom de Nil. doit être restituée au poète .Jean le Géomètre, P. G., t. cvi. col 867-890. 111. Doctium . - Saint Nil n’a rien d’un théologien de profession. Mais ses écrits, scs lettres notamment, vint un trop prédeux témoin de la tradition pour ne lias voir leurs conclusions consignées ici. La spiritua­ lité nlllrnne. encore qu'elle soit aussi peu originale que possible, veut en outre être commémorée. Ces divers points de doctrine seront donnés d’allilée et les réfé rtnçcs se feront toutes â P G., I. ι.χχιχ Pour l'emploi de* lettres, le chlITrc romain en dira le livre ct le pre­ mier chitîre arabe en Indiquera le numéro. !· Exégèse. Saint Nil cite les livres saints sous h· nom de paroles, ut, 228, col. 488 C; 213. col. 496» D, ou d’ilcrilure divine, n. 321. ml. 357 A. Sa collection, comme en font foi les citations fréquentes, contenait les 11« el 11 P épltre* dc saint Jean el l’épllrc de saint Judc Semblablement Nil recevait les pericopes de Daniel dans la fosse aux lions, i, 88. col. 121 AB; des trois jeune* Hébreux dans la fournaise, n. 310. »1 352 < . le livre <1 FMIh r. n. *220, col. 313 I)-316 A; l'épllre dc * tint Jacques, m, 228, col. 189 B. et l'é pitre aux Hébreux, n. 251, col. 329 C Les citations d**s apocryphes sont fort rares. Différentes versions se trouvent utilisée* : ici. Symmnquc, ni, 78. col 12 t CD ; h. \quiln, Symmaque ct Théodotimi, ni, 191. col. 668 472 D ct 173 A. Sans rejeter pour autant le sens III ténil propre cl ligure, son exégèse dénonce une forte tendance alexandrine, cherchant partout, à In faveur d’une étymologie ingénieuse, i. 90, col. 121 CD, un enseignement moral ou mystique, n, 223, col. 316 C317 A Ajoutons que la foi nllienne repose en outre sur la tradition, n, 210, col. 312 A cl sui les saints canons II. 135. col 273 B. 2° Monothéisme et création. Nil vide résolument ct non sans humour, î, 231, col. 168 1) ct 169 A. le panIIléon hellénique, n, 32. col. 212 I) el 213 A; 42. col. 216 G; m, 16, col. 377 BG; il en expulse nommé­ ment le Hasard ct la Fortune, I, 278, col. 181 D et la tourbe impudique des Eons mâles et femelles, i. 296, col. 192 A; 248, col. 173 G. Leur sacri lier serait s’agenouiller devant Satan cl s’attirer, en manière de récompense, le Uni de su haine, n, 289, col. 340 D. S’adonner â la magie, n, 118, col. 269 A, consulter les augures cl les aruspiccs, c’est s’exposer pour sa propre punition à cc que Dieu les réalise, n, 151, col. 269 D272 A. Il ne serait, au contraire, que de rejeter tout cc fatras de superstitions pour voir cesser les maux dc l’empire : pestes, famines, guerres, tremblements de terre, i. 73. ( <»l. 116 AB. Il faut plutôt adorer le vrai Dieu, créateur ct conser­ vateur de toutes choses, i, 19, col. 89 A. Dieu de qui, quoi qu’en aient les manichéens, la nature tire sa bonté essentielle, n, 299, col. 349 G-350 A, sa malice ap­ parente ne venant que des cœurs corrompus qui la regardent et en usent, r, 32 et 33, col. 97. en sorte qu’il faille agir κατά φύσιν pour nous ramener à la rec­ titude originelle, n, 199, col. 304 D ct 305 A. ct qu’il n’y ait pas lieu d’embrasser la désespérance mani­ chéenne cl de nous asseoir dans le péché puisque la conversion est possible, fl, 317, col. 356 A. Dieu a créé nos premiers parents a son image cl â sa ressemblance, n, 191, col. 300 CD. les a bénis, dès avant leur péché, comme destinés à répandre l’espèce humaine, i, 190, col. 153 1). Il faut donc reje­ ter la préexistence platonicienne ct origéniste des .Ames cl leur chute dans les corps, i, 189, col. I53C.D, tout autant que leur anéantissement final prêché par Aristote, t, 192, col. 156 B. Mieux encore, ccs âmes spirituelles et éternelles ressusciteront leurs corps, I. 109-113, col. 129-132; 163, col. 149; 192. col. 155; n, 82. col. 237; 200, col. 305. Avec cela l’être humain est-il pour Nil un composé de trois éléments substan­ tiels comme le veulent les lrirholonilsles ? Ce n’est pas impossible : Nil commit fort bien le σώμα, la '^υχή d le ττ/ευμα, Ad Eulogiurn, col. 1011 A, c! donne une division tripartiti* des vertus. De oratione, c. cx.xxii, col. 1196; mais sa psychologie n’est pas exclusive et soutient même la plupart du temps la division de l’homme en corps et en âme, i. 292, col. 189 B; n, 76, col. 233 G; De monastica exercit., col 781 IL 3° Trinité. Le Dieu créateur de Nil est le Dieu un en trois personnes, Institutio ad monachos, col. 1237 G II n’y a qu’une divinité du Père, du Fils et del'Espril. qu’une nature, qu'une puissance el qu’une volonté, I, 191, col 136. La nature divine est une en essence ou en divinité et trois en personnes ou en hypostases. A n marquer que Nil se sert parfois du mol πρύσωπον pour indiquer la nature divine commune aux trois personnes, i. 174, col. 152 A. Contre les ariens. Il sou­ tient. sans craindre les répétitions, que le Verbe, Fils de Dieu, subsiste de sa nature, est adorable, créateur de toute chose, Incompréhensible ct qu’il n’est ni créa­ ture ni engendré de rien, mais engendré du Père, non pas comme du créateur mais comme du Père, avant tous les siècles, sans aucune passion, seul de seul, lumière de lumière, vrai 1)1· u de vrai Dieu, semblable 660 NIL L’ASCÈTE en lou( nu Père : en puissance, en essence, en bonté, eu autorité ct en toute perfection, en sorte qu'il com prenne en lui le l’ire et qu’il en soit compris, créa­ teur avec lui ct avec le saint, consubstantiel ct adorable Espril.de tout ce qui est. i,205,col. 160 A; 206. col. 160 AB; 79, col, 117 B; n, 30, col. 213 CI). Les lettres de saint Nil il Gainas (t 23 decembre 400), j dit le Chercheur dc Dieu, en qui il flagelle l’évidente i mauvaise foi des ariens, ont In précision cl la con­ cision d'un symbole de fol, i. 70, col. 113 A; 79. col. 117 B. 11 dit pareillement de l’Esprlt-Salnt qu’il est de même nature que le Père cl le I lls, qu’il leur est coéternel et a les mêmes droits aux honneurs divins cl éternels qu'eux; en On qu'il est un, encore que ses vertus soient multiples, iî, 210, col. 309 I); 201, col. 308 AG. II ne lui restait qu'à s'en prendre h Eunomius pour avoir voulu scruter la nature humaine­ ment inintelligible dc Dieu, i. 16 ct 18, col. 88 CD; 158, col. 1 18 B. 1° Christologie. — Le Fils unique et Verbe dc Dieu en se faisant homme, encore qu'en aient les anoméens, n’est point déchu de sa divinité, mais il est vraiment Dieu depuis son incarnation, comme il l'était avant qu’il prit un corps du sein de la Vierge, i. 102, col. I25D 128 AB. I) est vrai Dieu selon la nature qui ne parait pas ct vrai homme selon celle qui se volt, car il n’est pas sans Ame et sans intelli­ gence comme le veut Apollinaire, ir, 40, col. 213 D216 A. Fait en tout semblable 5 ce que nous sommes : corps, Ame, esprit, à l'exception du péché, i, 170, col. 149C.ilest Dieu pars» nature intérieure et fils de l’homme par sa naissance de Marie, I, 171, col. 149 C. Il a prouvé la vérité de son incarnation en buvant, mangeant ct dormant, i. 149, col. 144 D et 145 A. S’il a emprunté un corps au ciel qu'était-il besoin d< la Vierge? C'est donc d’elle qu'il s’est formé lui-même ce corps sans aucune corruption; car il ne peut y en avoir dans ce qui est l’œuvre du Saint-Esprit, !, 272, col 181 I). Comme sa conception dans le sein dc la Vierge s’est faite sans volupté, clic s’y est aussi faite d’une manière très pure, r, 293, col. 189 BC. Sa naissance n’a pas été moins miraculeuse, étant sorti du sein dc la Merge sans rompre le sceau de la virginité, i, 270, col. 181 B En sorte que Marie, vraie mère sans douloureux enfantement. 1. 171, col. 119 C, vraiment Θεοτόκος, it. 180, roi. 293. est demeurée vierge après son enfantement comme auparavant, t. 269, col. 181 B, comme le veut Isole, π, 180, col. 293 A. Joseph qui ne l’avait pas connue avant son enfantement, ne la connut pas après, vivant avec elle non pas comme son mari, mais comme ministre de Dieu, i, 271, 181 CD. ('.elle insistance A réfuter la théologie nestorienne, alors qu'il ne nomme pas Nés tarins, saint Nil la met encore à afllrmcr l’unité per sonnelle du Verbe incarné, ni. 91 et 92. col. 428 CD. C’est bien la personne qui soutire, mais c’est l'hu­ manité du Verbe qui est cruel liée cl qui meurt pour nous. n. 300. col. 319 A; i. 115. col. 133 B; n. 292. col. 315 AB. Au reste, il est hérétique d’enseigner quo Jésus-Christ serait un jour crucifié pour le salut . La spiritualité du moine d’Angora. comme la mys­ tique fulgurante du moine de Scutari, saint Maxime le Confesseur, son disciple dc génie, va tout simplement a nous ramener â l’image et â la ressemblance originelk' col. 172 B, par la vie active cl la vie contem­ pla tive, nous dirions volontiers, avec quelques nuances, par l’ascèse cl la vie mystique, col. 1112 D ct 1113 A. C72 Cette marche mystique, dont l’amour dc Dieu, πόθος est Podomètre, est à triple étape: l'ascèse, la contem­ plation naturelle el la théologie qui se pratiquent en Égypte, au désert cl dans la terre promise par les vertus corporelles, psychiques et spirituelles, col. 1069, 1196, c. cxxxn. La reconquête dc l’image par l’ascèse, parce qu’elle ne peut être qu’une lutte ardue contre l’habitude tyran­ nique, col. 1020 A. c. xi.i, habitude qui, engendrée par l’accoutumance, s'est muée en nature, col. 785, c. uv, doit avoir sa stratégie, l’n travail négatif s’im­ pose tout d’abord au commençant : quitter l’Égypte ou éliminer le péché κατ’ Ενέργειαν, coi. 808, c. i.xxiv, par une lutte sans merci contre les huit vices clas­ siques: gloutonnerie, luxure,avarice, colère, tristesse, dégoût dc la vie spirituelle, vaine gloire et orgueil qui voudraient le retenir en Égypte, en le saisissant par le pan dc so.i manteau de sensibilité. Dc oclospir. malit., col. 1115-1161. 11 n’est que dc leur répondre par Γέγκράτεια byzantine, aux attributs multiples, qui serait à la perfection dc la vie ne live ce que la fleur est au fruit, 1145 A, ct par Γήσυχία nilicnne, qui vous ramène à la sainte indifférence originelle, col. 1148-1152; 748, c. xxi; 775, c. xi.v. 11 faut surtout prendre garde aux sens, s’il est vrai qu’ils sont comme le concierge du νους, col. 470 BC ct que toute ten­ tation a son origine, en définitive, en une impression exercée sur la sensibilité par l’objet extérieur, col. 18-1, /.>/<. i, 275. Mais l’ascèse corporelle doit sc parachever dans la mortification spirituelle sous peine d’être vainc. Le progressant, en route vers ^impassibilité du désert, doit éliminer les mauvaises pensées, s’il ne veut être ramené par elles en Égypte, col. 768 C, c. xxxix; 808 AC. Parce qu’il siège au cœur même dc la place, l’ennemi est beaucoup plus â craindre, iv, 49, col. 573, comme le prouve ù dégoût le processus de l’amitié charnelle, née d’une émotion esthétique ct terminée bientôt dans le mélange fougueux des corps, Epist.f u, 177, col. 280. Alors seulement, parvenue nu désert, l’âme est revêtue par Dieu d'impassibilité, απάθεια, Epist., I, 101, col. 128; 186. col. 153; iî, 66, col. 229; 120, col. 252; 168, col. 285. C'est, à la fols, une vertu ct un étal qui donne la similitude angé­ lique, parachève l’image divine ct permet de tendre à la ressemblance par la vue mystique, col. 721, c. iv. A remarquer toutefois (pic ΓάπάΟεια parfaite n’est pus dc ce monde, Epist., iî, 43. col. 408, ct que le parfait lui-même peut déchoir. Epist., n, 83. col. 237. L’ascèse n'était «pic pour la contemplation naturelle, θεωρία φυσική, col. 1177, c. i.r, â laquelle le νους, purifié pour avoir reçu l’Esprlt de. Dieu. Epist., î. 17. col. 88, peut se livrer avec d’autant plus dc fruit que son ησυχία le met à l’abri de toute préoccu­ pation distrayante, col. 809. c. i.xxv. L’âme doit transformer cette contemplation en oraison, col. 1177, c. u, ιλί ct lvu. Mais 1’oraison dc colloque intime sans image, col. 1181, c. lxx, sans aucun intermédiaire, col. 1193, c. cxvn, du νους avec Dieu, col. 1168, c. m, cette chute dans les profondeurs de la divi­ nité, col. 1173, c. xxxv, où l’amour des suprêmes ressemblances s'allume, col. 1193, c. c.xvnf, n'est pas nu pouvoir dc Γαπαθής lui-même. 1177, c. i.v. Elle ne peut venir que de Dieu, col. 1180, c. j.viii. (Euvrc dc l’Esprit-Salnt, col. 1180. c. i.xn et lxiii, comme du reste toute la vie spirituelle, Epist., n, 204, col 308, elle s’achève normalement dans la théologie, col. 1180. c. i.x, et l’amour déiflquc, col. 1184, c. lxxvh. Mais, il importe de le remarquer, cette oraison qui puritle, nourrit ct illumine, tout comme elle transforme en Dieu, Epist., n. 92, col. 211. ne vn pas sans l épreuves purifica trices très douloureuses, Dieu ayant 673 NIL L'ASCÈTE coutume d’éprouver les bons, Epist., î, 37, col. 100. Et c’est le démon qui devient, pour saint Nil, le pnreur providentiel dc l’Ame épouse dc Dieu. Le débu­ tant s'était déjà mesure avec cet adversaire qui, après l’avoir acculé au péché par la tentation cl l'obsession, l'écrasait sous le désespoir, Epist., n, 172, col. 288. 11 se transfoi me, maintenant en ange de lumière, col. 1108-1109 A, et, s’il le faut, pour pren­ dre l’Ame au piège de l'illusion, il lui npparalt dans la lumière thaborique à la manière de Dieu, col. 1181-118-1, c. lxxii ct LXXin; 1188, c. xav, quitte à l’assaillir d’obsessions irrésistibles dc blas­ phème s'il est découvert, Epist., n, 91, col. 241; 152, col. 272. Mais l’Ame peut le repousser par le signe de la croix, Ad Eulogium, col. 1129 A, tracé sur le front ou sur la poitrine, Epist., n, 301. col. 349, ou sur toute autre partie du corps, Epist., n, 278, col. 521. Secourue du reste par les bons anges, col. 1184 ct 1185, c. i.xxiv, i.xxv, 1 xxxi, il ne lui est que de sc plonger plus profondément dans l’oraison Epist., î, 155. col. 457. Qui donc porte la main au fer rougi au feu ? Puis encore. Mohe lui-même n’ayant pas été jugé digne dc voir Dieu, Epist., î, 180, col. 152, l’Ame asséchera le marais des illusions humaines et diaboliques en éliminant le désir des visions, col. 1192, c. cxv et cxvj. Qu’elle entre plutôt en son intérieur pour y percevoir l’odeur enivrante du Saint-Esprit, Epist., î, 175, col. 151, s’en remettant en tout au discernement de son père spirituel, Epist., n, 333, col. 364. Cette notice qui, quant A la partir doctrinale, repose presque exclusivement sur le* sources, donne, dans sa partie biographique ct d’histoire littéraire, les conclusions des auteurs recueillies par O. Bardenhewer, Geschichlc der atlkiicldichen Literot ur, Fri bourg-en-B., 1924, t.iv, p. 161178; Fr. Degenhart, Der ht. Nilus Stnalla, Munster, 1915; du même auteur, Nruc Bcitriige sur Nilusfonchung, Muns­ ter, 1918; K. IJcussi, l'ntcrsuchungen su Nilus dem Askctrni dans Texte und Untcrsuchungen, l^ipzig. 1917, t. xi.n, Insc.2; L. Allât lus. De Nilis el eorum scriptis diatribe. Home, 1668, S 1, dans />, G., t. ixxix, col. 25-56; J.M. Suarcslus, Dissertatio de operibus S. NUI ejusdem liber chronofogicus de vita S. Nili abbatis, P. G., t. ixxix, col. 13171 134; Tillemont, Mémoires /tour servir <1 Thisloirc ecclésiastique des six premiers siècles, Paris, 1709, t. xiv, p. 189-218; 712-744; C, Oudin, Commentarius de scriptoribus ecclesias­ ticis, Leipzig, 1722, t. î, p. 1254-1258; G. Cnvc, Scriptorum ecclesiasticorum historia litteraria, Bâle, 1741, p. 428 sq.; l abriclus-Harlès, Bibliotheca grtrea, t. r, p. 701 sq.; t.vni, p. 647, 676, 679; t. IX, p. 123;t.x.p. 1.3-17,251,291,325, 772; B. Geillicr. Histoire générale des auteurs sacrés ct ecclésiastiques, Paris. 1717, t. xm. p. 146-195; P. BatifTol, La littérature grecque, Paris, 1897, p. 251 rt 255; Fessier, Institutiones patrolugler, Innsbruck. 1851, p. 592 sq. dans P. G., I i.xxix, col. 1-21; ΗοΠιηηηη, /liblingraphisches Lexikon der gesanden /.iteratur der (iricchcn, Leipzig, 1839, t. η, p. 638-612; K.Hcussi, Nilusder Asket und der lc berfall der Manche am Sinai, dans Ncue Jahrbûcher jùr das klasslschc Altertum, 1916, t. xxxvii, p. 107-121; C. Wotke. Ilandschri/lltchc licilrtige zu N Uns Paraphrase ion Epiklets llandbuchlcin dans H iencr Studirn, 1892, t. xiv, p. 69-71; S. Haidacher, Nilus-Exccrptr im Pankdttes des Antiochus, dans Brüiie bénédictine, 1905, t. XXil, p. 214-250; du même auteur, Chrysostonnis-Fragmcnle in der liricfsammlung des hlJN Uns dans \ ρυσοστομιχ 7. Home, 1908, t. i,p. 226-231; ΝΤχος A. Βέης,'ί * S xf, govr, Bip) sâp χώ'.ΐ; τών <πιστο/ών xat χ<φα)χίων τού àoôà Nec) ου τού ’ \γχ».ρα\ού /it Μαξίμου τού όμο/ογητοί, dans la /levur de l'Orient chrétien, Paris. 1012, t. xmi, p. 32-4 I; .1. Stlgltnayr, Der Asketiker Nilus Sinaita und die anltken Schri/lstel/er, dans Z.eihchr.Jur kath. Théologie, 1915. t. xxxix, p. 576-581 ; A. Ncander, linge ans dem Le ben des h. NUus, oder dus Christrnthum, ein Licht auch in den Zeitcn der grùsslen Finsternh, Berlin, 1813, in-4", 16 p. ; luiuchcrt, Der unter Nilos des arllern Nanen ubcrlie/crte ΙΙχσι^κσο; dans Byzantin. Zeitschr., 1895, t. iv, p. 125-127; O. Zôcklcr, Das Lehrslilck ion den sieben Ilauptsiinden, dans liiblischr und kirchenhhtorische Studicn, 1893, I. in, p. 28-31; PICT. DE THÙOL. CATII. NIL D IASO RE NUS 674 Johannes Kunze, Marcus Trenita, Ixdpzig, 1895, p. 37, 46, 63, 129s((., 161 sq.; S. Schlwklz, Das morgenlondische Mon· chlun, 1913, t. u, p. 37-72; P. Van den Ven, L’n opuscule inédit attribué à S. NU, dans Bibliothèque de la Faculté de philosophie rt lettres de l'université de Liège, 1908; Mélanges Gode/raid Kurth, t. u, p. 73-81 ; T. X. Werfer, Nili asccUr panenctira e codicibus Darmstadlensi et Bernensl dans Acta philologorum Monacensium, Muniet», 1820, t. in, fasc. 1. Pour la bibliographie de détail, voir t . Chevalier· Biobibllographle au mot Λ il, col. 3661 ct 3662 ct les ouvrage^ cités au cours de la notice. M. Th. Disdier 2 NIL DIASORENUS, métropolite de Rhodes (χιν· siècle).— Originaire dc Cbio, il s’appelait Nicétas avant de se faire moine. I) prit part a la querelle hésychastc du côté de Palamas. II lutta aussi contre les Latins, nu témoignage dc Joseph de Méthone, P. G., t. eux, col. 968. Le patriarche Philothée le nomma en 1357 métropolite dc Rhodes et en 1366 en fit son exarque. Macairc, successeur de Philothée (1376-1379) le déposa. G:livres. — 1· Enarratio synoptica dc sanctis et œcumcnicls synedis, publiée avec traduction latine dans Vocl ct Juste!, Btbliclheca juris canonici, t. n, p. 11551160. Nil de Rhodes compte neuf conciles Œcuméni­ ques. Le huitième est celui qui rétablit Photius, et où, selon la tradition schismatique qui remonte plus haut que notre auteur, fut condamnée l’addition du Filicque. Le neuvième est le concile palamitc dc 13-11. Voir l’article de M. Jugic, le nembre des conciles oecuméniques reconnus par l’Eghse gréco-russe et ses théologiens, dans Échos d*Orient, t. xvm, p. 305-320. 2· L’archimandrite Arsenij a publié en 1891 quatre écrits inédits de Nil métropolite de Ilhcdcs (titre, intro­ duction, appareil en russe) : contenus dans le Aiosc. 492 (Vladimir, n· 434). Ce sont 1. un éloge de sainte Matrone de Chio ct 2. trois homélies évangéliques : u) sur le début dc saint Matthieu, b) sur la parabole du festin, Luc., xiv, 16 sq., c) sur la résurrection du fils dc la veuve de Nairn. Luc., vu, 12 sq. — Parmi les inédits de Nil dans cc meme manuscrit, à signaler un discours sur la Présentation de la sainte Merge, et une poésie dc 168 vers pentédécasyllabiqucs inti­ tulée Ηθοποιία; c’est un discours de la Vierge à son Fils en croix. 3· Un autre codexdc Moscou, n. 25S (Vladimir, n· düb) contient un canon ïambique sur l’Assomption de la sainte Merge. 4· A notre Nil appartiennent plusieurs réponses canoniques à un certain Job hlcromoine; questions cl réponses ont été publiées par A. L Almazov dans l’ouvrage intitulé : Réponses canoniques du patriarche Luc Chrysoberga ct de Nil métropolite de Ehedes (en russe). Voir sur cet ouvrage les comptes rendus dc Krasnozen dans Vizantiiskij Vrrmennik, t. x (1904), p. 174-180, el de V. Beneseviè, dans le Journal du ministère de ΓInstr, publique de Russie, n· 351. janvier 1904, p. 231-244. 5· ΙΙήγη γνώσεως, inédit, ouvrage didactique sur la grammaire, la métrique, la logique cl la rhétorique. Cf. Passos. Breslau. Vniversitôts Programm, 1831, in I ·, G pages. — D’après Allât lus, Pc Nilis, dans Fa­ bricius. Jlibl. gruca, t v, p. 80, Nil dc Rhodes est aussi l’auteur d’un écrit De versibus anacreonticis, peut-être un fragment du précédent, el dc mélanges : Dc lapi­ dibus, de confectione unguenti Mosaicl, de generatione artificiosa, de anno bis cxlo. — Au témoignage, toujours douteux quand il est Isolé, de Nicolas Comnène Pipadcpouli, Peu notiones mijstagogiar, p. 12, 17, 138, etc.., Nil de Rhodes aurait de plus composé une Explanatio caninum synodicorum, distincte dc la Synaptica enarratio mentionnée ci-dessus. Peut-être faut-il attribuer â notre personnage l’ouvrage de po­ lémique antilatine attribué â un certain Nil moine, signalé par Démélracopoulos, 'Ορθόδοξος Ελλάς, p. 94-95. T. — XI — 22 675 NIL DIASORENUS — NINI (LUC) 67ü On trouvent dans le Répertoire de Chevalier In bibli·»* I l’histoire de l’Église. 1. Manuale parochorum et aliorum graphic non Indiquée ci-dessu«. Voir en outre le compte curam animarum habentium complectens omnium rendu détaillé de l’ouvrage d’Artonij dans la Rgzantinische ! sacramentorum rationem, naturam et administratiinem Zeitschrift, 1895, t. IV. p. 370-373. cum instructione pnrsentibus temporibus conveniente, V. GllUMEL. NINGUARDA Félicien, dominicain du xvr siècle. — Originaire de Morbigno dans la \ alteline, il prit â Milan l’habit de saint Dominique. Il fut d’abord envoyé en Allemagne pour rétablir l’observance dans les couvents de son ordre â titre de vicaire général. Puis il enseigna la théologie à Vienne et fut orateur et théologien de l’archevêque de Salzbourg aux sessions de 1562-1563 du concile de Trente. En septembre 1562. il y conseilla la plus grande prudence dans l'affaire délicate de la comm inion sous les deux espèces. Ce passé cl les qualités qu’il comportait, le lirent désigner par Pic V, de concert avec l’emJcrcur Maximilien II. pour être commissaire cl visiteur apostolique des couvents de tous ordres en Allemagne. A partir de 1567, Ninguarda s’acquitta de cette mission avec babiletéel surtout avec une grande énergie. On l’a consi­ déré conrn? un de ceux qui ont le plus contribué au raffermissement clan maintien du catholicisme dans une partie de l'Allcm igné. Ninguarda fut alors nommé (1576) évêque de Scala en Sicile. Il fut transféré de là au siège épiscopal de Sainte-Agathe (1583). En 1588. Sixte IV le lit passer à l’évêché de Cômc qui avait besoin d’un prélat habile pour éviter le protestantisme ct agréer la discipline de Trente. Nmguard 1 s’intéres­ sait aussi aux luttes religieuses en France. Comme, après l exécution du conseiller-clerc au Parlement de Paris, le prêtre Anne du Bourg, pendu el brûlé le 20 décembre 1559, les protestants avaient fait de ce coreligionnaire un de leurs martyrs, il ne sc trouva pour ainsi dire personne en France pour justifier par un écrit suffisamment ferme la condamnation du con­ seiller-clerc qui avait pourtant été convaincu d’hété­ rodoxie. Son sort n’avait été que celui qui était, en ce temps, coutumier aux dissidents en matière reli­ gieuse. Cependant un livre huguenot lui attribuait des miracles. Après l’attitude religieuse intransigeante des protestants français au colloque de Polssy en 1561 cl leur entrée en guerre à la suite de l’échaullourée de Vassy en 1562, il importait de leur ôter leur martyr Anne du Bourg el d’enlever tout prestige à cc nom. Félicien Ninguarda s’y employa, tandis qu’il se trouvait au concile de Trente en 1562, à litre presque officiel. Son ouvrage parut en 1563, in-4°, 210 folios, à Venise chez Dominici Nicolini : Assertio fldcl cathoHex advenus articulas utriusque confessionis fldci Armer Rurgensis furls doctoris, ct in academia Aurel ιαnensi olim professoris ac postremo Parlamenti Parisi ni senatoris quam ipse eidem Parlamenloobtulit, cum prop1er hrresim diu in carccre inclusus paucis post diebus ad supplicium esset deductus, necnon adversus ple raque id genus alia. Prtderca contra ejusdem mortis historiam gux martyrium inscribitur, Lutetiæ editam, deque hrrcticoriim miraculis speciatis additur articulus auctore Feliciano Ninguarda a Morbinio, dominicano, ductore theologo, Rev. et IU. archicpiscnpi ac principis Salisburgcnsis consiliario et in sacro Tridcntino con­ cilio oratore, salvo semper S. E. R. judicio cui me in his et exteris omnibus cum omni humilitate sub­ mitto. Du gros effort fait par Ninguarda pour maintenir le catholicisme dans l’/Mlcmagnedu Sud nous avons deux témoignages directs : son Oratio de eo habita synodi provincialis Satisburgensis initio, die xi mardi 1S69, Dillingen. m-1·, et surtout sa Defensio fidei majorum nostrum, Anvers, Plantin, 1575, ouvrage signalé par Echard ct ignore de Hurter, 3* édit. - Ninguarda a encore laissé trois autres ouvrages Intéressant la théologie pastorale aussi bien que le droit canon el Ingolstadt, 1582, signalé par Hurter, ignoré par Echard; cet ouvrage avait été composé pour le dio­ cèse de Salzbourg. — 2. Enchiridion de censuris, irre­ gularitate ct privilegiis, curam animarum gerenti­ bus ct rerum ecclesiasticarum judicibus utile, Ingolstadt, 1583.—3. Manuale visitatorum duobus libris complectens qua ad visitationem pertinent ac diversos visitandi modos, omnibus qui eo munere funguntur commodum, Home, 1589. Ce dernier ouvrage a été traduit en italien et imprimé à Côrne, en 1899, en deux volumes, sous le litre Atti delta visita pastorale visitatorum. L’ensemble de ccs trois écrits représente une encyclopédie de théologie pastorale, conforme aux principes du concile de Trente cl appropriée au vif danger de protestan­ tisme, adressée aux divers échelons de la hiérarchie ecclésiastique. Quétif-Echanl, Scriptores ordinis priediratorum, t. n, p. 313, 31 1,826; Année dominicaine, édit, de Lyon, 1883, t. I, p. 185-186; Concilium Tridcntinum, t. u. Diariorum pars II », p. 560; Actorum, t. v, p. 500, 501, 506, 519, 521, 878; I. vi, p. XXX, 771; .burnou, L*Allemagne cl la Réforme, trad, fninç., L v, p. 201, 225, 226; Hurter, Nomenclator, 3· édit., t. îiî, col.341,312, avec une note 1 sur les travaux de Schlpcht. Scbellhass, Hclchenberg, Albers, concernant la mission «le Ninguarda en Allemagne. M.-M, Gorce, ΝΙΝΙ Luo, frère mineur, appelé encore Lucas (Jams, Senensis, de Marsiliis (xv· siècle). — Docteur en théologie, il était en 1124, procureur général de l’ordre. En I 128, il fut nommé inquisiteur dans les Marches et dans la république de Sienne ct, en 1434, Eugène IV le chargea d’une enquête contre Boger de Bertoux, suspect d’hérésie. Agrégé, en I 138, ù la faculté de théologie de l’université de Ilorence, il fut convoqué par Eugène IV. en 1437, au concile œcuménique de Ferrare. Il prit une part active dans les discussions préliminaires qui se tinrent au couvent des frères mineurs de Bologne, où le général avait réuni les religieux les plus éminents en vue du futur concile. Le pape leur avait envoyé les m itières à discuteret à définir, surtout en vue d'une union avec l’Église grecque, à savoir la question du primat de l’Église romaine ct les problèmes des attributs divins, principalement celui de la procession du Saint-Esprit. Commencé en 1138 à Ferrare, <|u’on dut abandonner la même année, à cause de la peste qui y sévit, le con­ cile sc poursuivit à I lorence. Luc Nini fut un des seize théologiens latins que le pape avait choisis ct désignés pour discuter avec autant de théologiens grecs les questions qui séparaient les deux Églises, principalement celle de la procession du Saint-Esprit. 11 composa à celle époque un opuscule sur le mode dont le Saint-Esprit procède du Père : Opusculum de Spiritus Sancti a Patre processione. Il apporta une contribution notable à l’union entre l’Église latine et l’Église grecque, qui fut atteinte ct réalisée, en 1 139, dans ce concile. Luc Nini fut envoyé, la même année, par la république de Sienne, comme nonce cl comme théologien au concile de Bàle, dans lequel l’immaculée conception de la sainte Vierge fut décrétée comme pia et consona cultui ecclesiastico, fidei cathoticir, recite rationi ct sacra Scripturie. II écrivit A Bâle une lettre à ses concitoyens de Sienne sur la légitimité du concile et sur l'obligation d’ac­ cepter les définitions qui en émanent : Epistola ad suos cives de legitimo RasHccnsi concilio acceptando. - Il composa encore. Constitutiones theologici collegii Florentini; Flores epistolarum S Hieronymi collecti ct I Sermones varii. 6ΊΊ ΝΙΝΙ (LUC) — NOAILLES (LOUIS-ANTOINE DE) L. Wadding. Annales minorum, t. X, Home, 1743, p. 82 et 221; I. xi, p. 2 el 29-30; J. II. Sbaralra. Supplementum ad Scriptores trium ordimini S. Franctscl, t if, 2* édit., Home, 1921. p. 170. Λ. Τί.ΕΤΛΙ.ΚΊ. NIVELLE Gabriel-Nicola* (1687-1701) na­ quit â Paris, vers 1087, d’un avocat qui le destina d’abord au barreau. En 1709, il est prieur commen­ dat aire de Saint-Géréun, au diocèse de Nantes; puis il entre à Saint-Magloirc, où il est ordonné prêtre en 1712. C’est dans cctlc maison qu’il sc lia d’amitié avec le docteur Boursier, un irréductible opposant À la bulle Unigenitus. Nivelle fut un agent très actif pour recruter des appelants, au lendemain de la pu­ blication de cette bulle; lui-même fut appelant ct réappehmt; plus lard, en 1726, il groupa des curés contre le mandement de l’évêque de Saintes, au sujet des xn articles,sur lesquels on avait un instant compté, pour faire l’accord de tous les prélats. Pour ce fait. Il fut enfermé à la Bastille; après avoir, une première fois, réussi ù s’évader, il resta incarcéré du 11 sep­ tembre 1730 jusqu’aux derniers jours de janvier 1731. Après sa libération, il s’occupe à réunir des écrits ou à éditer les ouvrages de Petitpied contre la bulle Unigenitus. Il mourut à Paris, le 6 janvier 1761. Tous les écrits de Nivelle ont pour objet la bulle Unigenitus, qui, le 8 septembre 1713, avait condamné 101 propositions extraites du livre des Réflexions morales de Quesnel : Relation de ce qui s'est passé, en 1714, dans les assemblées de la faculté de théologie de Paris au sujet de la constitution Unigenitus, 8 vol. in-12; Le cri de la foi ou Recueil des differents témoi­ gnages, rendus par plusieurs facultés, chapitres, com­ munautés ecclésiastiques cl régulières au sujet de ta constitution Unigenitus, 3 vol. in-12. s. 1., 1719; Les llexaples ou les six colonnes de la constitution Unigenitus, 7 vol. ln-4°, s. 1., 1721. Nivelle eut la direction de ce travail cl rédigea la troisième colonne qui contient l’appréciation des 101 propositions d’après l’Écriturc sainte ct les Pères. — Mais l’ou­ vrage le plus important de Nivelle est celui qui n pour titre : La constitution Unigenitus déférée à l’Église universelle ou Recueil général des actes d'appel interjetés au futur concile général de cette constitution et des lettres Pastoralis Officii, par M. le cardinal de Noallles et beaucoup d'autres évêques de France, par un grand nombre de chapitres d*Églises métropo­ litaines, cathédrales et autres, d'universités, de facultés de théologie, d'abbayes, de curés, de clergés, dr com­ munautés séculières et régulières, et par une multitude de différents particuliers dr presque tous les diocèses: avec les arrêts ct autres actes des Parlements du royaume qui ont rapport à ccs objets, 4 vol. en 3 t. in-fol., Co­ logne, 1754-1757. Nivelle est l’auteur des Préfaces, pincées en tête de chaque tome, des Observations qui relient les diverses parties de l’ouvrage el des Ana­ lyses d’ouvrages, trop étendus pour être publiés in extenso. A la fin du dernier volume, on trouve quel­ ques écrits onds dans le cours de l’ouvrage el un appendice raconte les démarches des cours de Savoie, des Pays-Bas, d’Allemagne et de Vienne, nu sujet de la constitution. On a publié séparément quelques parties de l’ouvrage sous le titre : Arrêts, actes e! démarches des différents parlements du royaume, à l'occa­ sion des attentats portés à l’autorité royale ct pour le maintien de la doctrine établie dans la Déclaration de 1632; on y a joint les arrêts du parlement qui ont rapport a la bulle Unigenitus, et où l’on trouve expo­ sés les principes des maximes cl des libertés de l’Église gallicane. Nivelle a édité des ouvrages posthumes de Nicolas Petitpied : Examen pacifique de l'acceptation de la bulle Unigenitus avec la vie de l'auteur, 3 vol. in-12, 678 i. !.. 1749; Traité dr la liberté, 2 vol. in-12, s. 1..1753. Nivelle a aussi publié l'Hhtoire dr la me et desounrages de Nicolas Petitpied ; c’est la préface historique, mise en tête de V Examen pacifique. Nivelle a laissé quelques manuscrits, parmi les­ quels on peut citer, â la Bibliothèque nationale, nouv. acq., n· : Catalogue dr livres ou pièces concernant le jansénisme, à partir de l'époque de la constitution Unigenitus, rédigé en 1739 ct 1710 (977 feuillets); et à la bibliothèque Mazarine, ms. 2/C/ : Catalogue des ouvrages sur l'ancien ct le nouveau jansénisme, rangé par ordre de matières, Michaud, Riagraphir universelle, t. xxx, p 607-608; Horfrr, Nouvelle biographie générale, t. xxxvni, col. 102103; Nouvelles ecclésiastiques du 3 avril 1701, p. 53-55; Cerveau, Nécrologe rts, Les siècles littéraires, t. v, p. 23-21; Gazier, Histoire générale du mouvement jansé­ niste depuis ses origines jusqu'à nos jours, 2 vol. in-8’, Paris, 1922, t. J, p. 322-323. J. Carrryrb. NOAILLES (Loul·-Antoine de), prélat français (1651-1729).naquit au château de Pcynlères près d’Aurillac, diocèse de Saint-Flour, le 27 mai 1651. Il fit ses éludes à Paris cl fut reçu docteur en théologie le 14 mars 1670. En mars 1679, il fut nommé ù l’évê­ ché de Cnhors, puis à l’évêché de Châlons-sur-Marne, en juin 1680. où il succéda ù Vialart, le premier approbateur du fameux livre de Quesnel, les Ré­ flexions morales sur les livres du Nouveau Testament. En avril 1693, il monta sur le siège de Paris ct fut nommé cardinal, le 29 juin 1700, par l’in fluence de Mme de Maintenon. A Paris, il sc trouva en face de difficultés immenses, dont 11 ne sut pas triompher, cl 11 mécontenta tout le monde, par scs hésitations cl scs variations perpétuelles. Son opposition, plus ou moins ouverte, à la bulle Unigenitus, a laquelle il ne semble pas qu’il sc soil vraiment soumis, même à la veille de sa mort, amena des troubles profonds dans le diocèse de Paris. Il mourut le 4 mai 1729. Il est impossible de signaler tous les écrits publié par Noallles lui-même, ou sous son nom. On peut dire que le cardinal de Noallles fût mêlé, plus ou moins directement. Λ toutes les discussions religieuses qui s’élevèrent en France, depuis le moment où. en 1695, il succéda à François de Ilarhiy : d’abord à la querelle du quiétisme où, sous l’influence de Bossuet, il se dressa contre Fénelon; ensuite au renouveau des querelles du jansénisme, auquel il resta toujours attaché. A ChAlons, le 25 avril 1695, Nouilles publia une ordonnance qui condamnait quelques écrits quiél isles : Orationis mentalis analysis de François La Combe; Moyen court ct facile de faire oraison, Imprimé â Grenoble et ensuite â Lyon, en 1686; La règle des associés de ΓEnfant Jésus et Le cantique des cantiques de Salomon, interprété selon le sens mystique et la vraie représentation des états intérieurs. Imprimés â Lyon, en 1686. Puis â Paris, avec Bossuet el Godet des Marais, évêque de Chartres, il publia une Décla­ ration sur le livre intitulé : Explications des maximes des saints sur la vie intérieure de Fénelon, 6 août 1697. Le 27 octobre 1697, Noaiilcs publia une Instruction pastorale sur la perfection chrétienne et sur la vie inté­ rieure contre les illusions des faux mystiques, in-4·, Paris, 1697: une seconde édition parut, avec addition, en 1698; Réponse aux quatre lettres de M. l’archevêque de (.ambrai, in-8", Paris, 1697, traduite en latin, en 1698 (Journal des savants du 3 février el du 9 Juin 1698) ; Mandement de M. l’archevêque de Paris pour la publi­ cation de ta constitution de notre saint Père le pape Innocent XII, portant condamnation du livre intitulé : 675 NIL D IASO RE N US — ΝΙΝΙ (LUC) 676 On trouvera dans le Répertoire de Chevalier la biblio­ i l’histoire de l’Églisc. 1. Manuate parochorum et aliorum graphie non indiquée ci-dessus. Voir en outre le compte curam animarum habentium complectens omnium rendu détaillé de l’ouvrage d'Arsenlj dans la Bgzantinhche sacramentorum rationem, naturam et administrationem Zeitschrift. 1895, t. iv. p. 370-373. , cum instructione pratentibus temporibus conveniente, V. Ghumel. NINGUARDA Félicien, darnnicain du xvi· siècle. — Originaire de Morbigno dans la Valtelinc, il prit â Milan l’habit de saint Dominique. Il fut d’abord envoyé en Allemagne pour rétablir l’observance dans les couvents de son ordre â titre de vicaire général. Puis il enseigna la théologie à Vienne et fut orateur et théologien de l’archevêque de Salzbourg aux sessions de 1562-1563 du concile de Trente. En septembre 1562, il y conseilla la plus grande prudence dans l’alîairc délicate de la comnunion sous les deux espèces. Ce passé cl les qualités qu’il comportait, le firent désigner par Pie V, de concert avec Loin >crcur .Maximilien II. pour être commissaire* cl visiteur apostolique des couvents de tous ordres en Allemagne. A partir de 1567, Ninguarda s’acquitta de celte mission avec habiletécl surtout avec une grande énergie. On l’a consi­ déré conrn ! un de ceux qui ont le plus contribué au raiïermlssement ct au maintien du catholicisme dans une partie de l’Allemagne. Ninguarda fut alors nommé (1576) évêque de Scala en Sicile. Il fut transféré de là au siège épiscopal de Sain le-Agathe (1583). En 1588, Sixte IV le fit passer à l’évêché de Côme qui avait besoin d'un prélat habile pour éviter le protestantisme et agréer la discipline de Trente. Ninguarda s’intéres­ sait aussi aux luttes religieuses en Prance. Comme, après l’exécution du conseiller-clerc au Parlement de Paris, le prêtre Anne du Bourg, pendu ct brûlé le 20 décembre 1559, les protestants avaient fait de cc coreligionnaire un de leurs martyrs, il ne se trouva pour ainsi dire personne en France pour justifier par un écrit suffisamment ferme la condamnation du con­ seiller-clerc qui avait pourtant été convaincu d’hété­ rodoxie. Son sort n’avait été que celui qui était, en ce temps, coutumier aux dissidents en matière reli­ gieuse. Cependant un livre huguenot lui attribuait des miracles. Après l’attitude religieuse intransigeante des protestants français au colloque de Poissy en 1561 ct leur entrée en guerre à la suite de l’échaulTourée de Vassy en 1562, il importait de leur ôter leur martyr Anne du Bourg et d’enlever tout prestige à cc nom. Félicien Ninguarda s’y employa, tandis qu’il se trouvait au concile de Trente en 1562, à titre presque officiel. Son ouvrage parut en 1563, in-l°, 210 folios, à Venise chez Dominici Nicolini : Asser/fo fidei catho­ lic* adversus articulos utriusque conjessIonis fidei Anna Rurgensis juris docloris, et in academia Aurclianensi olirn projessoris ac postremo Parlamenti Parisi ni senatoris quam ipse eidem Portamento obtulit, cum prop­ ter hrresim diu in carcere inclusus paucis post diebus ad supplicium esset deductus, nccnon adversus ple raque id genus alia. Praterea contra ejusdem mortis historiam qua martyrium inscribitur, Lutetia editam, deque h creticorum miraculis speciatis additur articulus auctore Feliciana Ninguarda a Morbinio, dominicano, doctore theologo. Rev. el ill. archiepiscopi ac principis Salisburgensis consiliario et in sacro Tridentino con­ cilio oratore, salvo semper S. E. R. judicio cui me in his et eseteris omnibus cum omni humilitate sub­ mitto. Du grus cflort (ait par Ninguarda pour maintenir le catholicisme dans l’Allemagne du Sud nous avons deux témoignages directs : son Oratio de eo habita synodi provincialis Salisburgensis initio, die xf martii 1369, Dillingcn, ln~l·, et surtout sa Defensio fidei majorum nostrum. Anvers, Plantin, 1575, ouvrage signalé par Echard et ignoré de Hurter, 3* édit. — Ninguarda n encore laissé trois autres ouvrages intéressant la théologie pastorale aussi bien que le droit canon el Ingolstadt, 1582, signalé par Hurler, ignore par Echard; cet ouvrage avait été composé pour le dio­ cèse de Salzbourg. — 2. Enchiridion de censuris, irre­ gularitate ct privilegiis, curam animarum gerenti­ bus et rerum ecclesiasticarum judicibus utile, Ingolstadt, 1583.· —3. Manuale visitatorum duobus libris complectens quic ad visitationem pertinent ac diversos visitandi modos, omnibus qui co munere funguntur commodum, Rome, 1589 Ce dernier ouvrage n été traduit en italien ct imprimé à Côme, en 1899, en deux volumes, sous le titre Atti delta visita pastorale visitatorum. L’ensemble de ces trois écrits représente une encyclopédie de théologie pastorale, conforme aux principes du concile de Trente ct appropriée au vif danger de protestan­ tisme, adressée aux divers échelons de la hiérarchie ecclésiastique. Quélif-Echard, Scriptores ordinis paedicatorum, t. Il, p. 313, 31 1,826; Année dominicaine, édit, de Lyon, 1883, t. i, p. 185-186; Concilium Tridentinurn, t. il. Diariorum pars II®, p. 560; Actorum, t. v, p. 500, 501, 506, 519, 521, 878; I. vi, p. xxx, 771; Jaàssen, L'Allemagne cl la Réforme, trad, franç., t. v, p. 201, 225. 226; Hurtcr, Nomenclator, 3· édit., t. ni, col. 311,3 12, avec une note 1 sur les travaux de Schlrchl, Schcllhnss, Relchenbcrg, ?\lbcrs, concernant la mission «le Ninguarda en Allemagne. M. M. Gorce. ΝΙΝΙ Luo, frère mineur, appelé encore Lucas ('Jams, Senensis, de Marsiliis (xv· siècle). — Docteur en théologie, il était en 1 121, procureur général de l’ordre. En 1128, il fut nommé inquisiteur dans les .Marches et dans la république de Sienne et, en 1131, Eugène IV le chargea d’une empiète contre Roger de Bertoux, suspect d’hérésie. Agrégé, en 1138, à la faculté de théologie de l’université de Florence, il fut convoqué par Eugène IV, en 1437, au concile œcuménique de Ferraro. Il prit une part active dans les discussions préliminaires qui se tinrent au couvent des frères mineurs de Bologne, où le général avait réuni les religieux les plus éminents en vue du futur concile. Le pape leur avait envoyé les matières à discuter ct à définir, surtout en vue d’une union avec l’Églisc grecque, à savoir la question du primat de l’Églisc romaine et les problèmes des attribuis divins, principalement celui de la procession du Saint-Esprit. Commencé en 1 138 à Ferrure, qu’on dut abandonner la même année, à cause de la peste qui y sévit, le con­ cile sc poursuivit à Florence. Lue Nlnl fut un des seize théologiens latins (pie le pape avait choisis ct désignés pour discuter avec autant de théologiens grecs les questions qui séparaient les deux Églises, principalement celle de la procession du Saint-Esprit. 11 composa à celle époque un opuscule sur le mode dont le Saint-Esprit procède du Père : Opusculum de Spiritus Sancti a Patre processione. 11 apporta une contribution notable à l’union entre l’Églisc latine ct l’Églisc grecque, qui fut atteinte et réalisée, en 1139, dans ce concile. Luc Nlnl fut envoyé, In même année, par la république de Sienne, comme nonce et comme théologien nu concile de Bûle, dans lequel l’immaculée conception de la sainte Vierge fut décrétée comme pia el consona cultui ecclesiastico, fidei catholic*. rectw rationi rt saertv Scriptunr. 11 écrivit à Bâle une lettre à ses concitoyens de Sienne sur la légitimité du concile ct sur l’obligation d’ac­ cepter les définitions qui en émanent : Epistola ad suos cives de legitimo Rasileenst concilio acceptando. — 11 composa encore, Constitutiones theologici collegii Florentini; Flores epistolarum S. Hieronymi collecti ct I Sermones varii. G78 L. Wadding, Annales minorum, t. x, Home, 1713, p, 82 et 221; t. xi.p. 2 el 29-30; J. 11. Sbnnilen, Supplementum ad Scriptores trium ordinum .S*. l'ranctsci, t. il, 2· édit., Rome, 1921. p. 176. s. 1., 1719; Traité dr la liberté, 2 vol. in-12, ·. L.1753. Nivelle a aussi publié V Histoire de la nie et drsouvrages de Nicolas Petilpied ; c'est la préface historique, mise en tête de V Examen pacifique. A. Tektarrt. Nivelle a laissé quelques manuscrits, parmi les­ NIVELLE Qnbrlol-Nicolae ( 1687-1761 ) na- . quels on peut citer, à la bibliothèque nationale, nouv. quit â Paris, vers 1G87, d’un avocat qui le destina acq.t n· J 363 ; Catalogue de livres ou pièce* concernant d’abord au barreau. En 1709, il est prieur commcnle jansénisme, éi partir de Tépoque de la constitution dataire de Saint-Géréon, au diocèse de Nantes; puis Unigenitus, rédigé en 1739 cl 1710 (977 feuillets); ct â la bibliothèque Mazarine, ms. 2/6/ ; Catalogue il entre à Sainl-Maglolrc, où il est ordonné prêtre des ouvrages sur l'ancien et le nouveau jansénisme, en 1712. C'est dans celte maison qu’il se lia d'amitié avec le docteur Boursier, un irréductible opposant ù rangé par ordre de matières. la bulle Unigenitus. Nivelle fut un agent très actif pour recruter des appelants, nu lendemain de la pu­ Mtchnud, Il logea ph if universelle, t xxx, p. 607-608; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. χχχνιπ, col. 102blication de cette bulle; lui-même fut appelant et 103; Nouvelles ecclésiastiques du 3 avril 1761, p. 53-55; réappelant; plus lard, en 1726, il groupa des curés Cerveau, Nécmlogc des plus célèbres défensrurs et ronfriwuri contre le mandement de l’évêque de Saintes, au sujet de la vérité au XVht* siècle, p. 270 rt Suite du nécmlnge, des XH articles,sur lesquels on avait un instant compté, t. vi, p. 61-72; Dcscswirts, Is* siffles littéraire*, t. v, pour faire l’accord de tous les prélats. Pour cc fait, p. 23-21; Gazier, Histoire générale du mouvemmt jansé­ il fut enfermé à la Bastille; après avoir, une première niste depuis ses origine* jusgu'a nos jours, 2 vol in-8·, fois, réussi à s’évader, il resta incarcéré du 11 sep­ Pnrh, 1922, 1. I, p. 322-323. tembre 1730 jusqu’aux derniers jours de janvier 1731. J. Carrf.yiif.. NOAILLES (Louis-Antoine de), prélat français Après sa libération, il s’occupe ά réunir des écrits (1651-1729), naquit au château de Pcynièresprès d’Auou â éditer les ouvrages de Petilpied contre la bulle rillac, diocèse de Saint-Flour, le 27 mai 1651. Il fil ses Unigenitus. Il mourut à Paris, le 6 janvier 1761. études à Paris ct fut reçu docteur en théologie le Tous les écrits de Nivelle ont pour objet la bulle Unigenitus, qui, le 8 septembre 1713, avait condamné 11 mars 1670. En mars 1679, il fut nommé à l’évê­ ché de Gahors, puis à l’évêché de Châlons-sur-Marne, 101 propositions extraites du livre des liéflexions en juin 1680, où il succéda à Vialarl, le premier morales de Quesncl : Delation de ce qui s'est passé, approbateur du fameux livre de Qucsnel, les Déen 1711, dans les assemblées de la /acuité de théologie flexions morales sur les livres du Nouveau Testament. de Paris au sujet de la constitution Unigenitus, 8 vol. En avril 1695, il monta sur le siège de Paris et fut in-12; l.e cri de la foi ou Hecueil des différents témoi­ nommé cardinal, le 29 juin 1700. par l’influence de gnages, rendus par plusieurs facultés, chapitres, com­ Mme de Maintenon. Λ Paris, il se trouva en face de munautés ecclésiastiques et régulières au sujet de la difficultés immenses, dont il ne sut pas triompher, constitution Unigenitus, 3 vol. in-12, s. L, 1719; Les Hexaptes ou les six colonnes de la constitution ct il mécontenta tout le monde, par scs hésitations ct scs variations perpétuelles. Son opposition, plus ou Unigenitus, 7 vol. in-l °, s. L, 1721. Nivelle eut la moins ouverte, ù la bulle Unigenitus, ù laquelle il ne direction de ce travail ct rédigea la troisième colonne semble pas qu’il sc soit vraiment soumis, même a la qui contient l’appréciation des 101 propositions veille de sa mort, amena des troubles profonds dans d’après récriture sainte cl les Pères. — Mais l'ou­ le diocèse de Paris. 11 mourut le I mai 1729. vrage le plus Important de Nivelle est celui qui a pour titre : La constitution Unigenitus déférée à Il est Impossible de signaler tous les écrits publié l'Église universelle ou Hccueil général des actes d'appel par Noaillcs lui-même, ou sous son nom. On peut dire interjetés au futur concile général de cette constitution que le cardinal de Noaillcs fût mêlé, plus ou moins ct des lettres Pastoralis Officii, par M. le cardinal de directement, â toutes les discussions religieuses qui Noaillcs cl beaucoup d'autres évêques de France, s’élevèrent en France, depuis le moment où. en 1695, par un grand nombre de chapitres d'figlises métropo­ il succéda ù François de Ilarlay : d’abord a la querelle litaines, cathédrales ct autres, d'universités, de facultés du quiétisme où, sous l'influence de Bossuet, il se de théologie, d'abbayes, de curés, de clerqés, de com­ dressa contre Fénelon; ensuite au renouveau des munautés séculières ct régulières, cl par une multitude querelles du jansénisme, auquel il resta toujours de différents particuliers de presque tous tes diocèses: attaché. avec les arrêts ct autres actes des Parlements du royaume A Châlons, le 25 avril 1695, Noaillcs publia une qui ont rapport ü ces objets, 1 vol. en 3 l. In-foL, (Po­ ordonnance (fui condamnait quelques écrits qulélogne, 1751-1757. Nivelle est l’auteur des Préfaces, tistes : Orationis mentalis analysis de François La placées en tête de chaque tome, des Observations qui Combe; Moyen court et facile de faire oraison, imprimé relient les diverses parties de l'ouvrage cl des Ana­ à Grenoble el ensuite à Lyon, en 1686; La règle des lyses d’ouvrages, trop étendus pour être publiés in associés de l'Enfant Jésus ct Le cantique des cantiques extenso. A la fin du dernier volume, on trouve quel­ de Salomon, interprété selon le sens mystique ct la ques écrits omis dans le cours de l’ouvrage ct un vraie représentation des états intérieurs, imprimés â appendice raconte les démarches des cours de Savoie, Lyon, en 1686. Puis à Paris, avec Bossuet ct Godet des Pays-Bas, d’Allemagne el de Vienne, au sujet des Marais, évêque de Chartres, il publia une Décla­ ration sur le livre intitulé : Explications des maximes de la constitution. On a publié séparément quelques parties de l’ouvrage sous le titre : Arrêt*, actes et des saints sur la vie intérieure de Fénelon, 6 août 1697. démarches des différents parlements du royaume, à l'occa­ Le 27 octobre 1697, Noaillcs publia une Instruction sion des attentats portés à l'autorité royale ct pour le pastorale sur la perfection chrétienne ct sur la vie inté­ maintien de la doctrine établie dans la Déclaration rieure contre les illusions des faux mystiques, in-l·, de 1632: on y a joint les arrêts du parlement qui ont Paris, 1697: une seconde édition parut, avec addition, rapport ù la bulle Unigenitus, ct où l’on trouve expo­ en 1698; Eéponse aux quatre lettres de M. Tarcheoêque de sés les principes des maximes ct des libertés de l’église Cambrai, ln-8·, Paris, 1697, traduite en latin, en 1698 gallicane. (Journal des savants du 3 février cl du 9 juin 1698) ; Nivelle a édité des ouvrages posthumes de Nicolas Mandement de Μ. Γarchevêque de Paris pour la publi­ Pct it pied : Examen pacifique de l'acceptation de la cation de la constitution de notre saint Père le pape bulle Unigenitus avec la vie de l'auteur, 3 vol. in-12, Innocent XII, portant condamnation du livre intitulé : 679 NOAILLES LOUIS-ANTOINE DE) Erplira(ions des maximes des saints, Λ la suite duquel est ladite constitution du pape, ïn- l*, Paris, 1699. Entre temps, avait pant un Traité de l’origine ct de la per­ fection de la religion chrétienne, imprim par ordre dc L. Antoine de Nouilles, évêque de Chdlons, In-12, ChAlons, 1696. Noaillcs intervint directement dans les polémiques jansénistes, par son Instruction pastorale portant con­ damnation du livre intitulé ; Exposition dc la foi tou­ chant la grâce ct la prédestination, in-4·, 1696. Noaillcs condamne, dans cet écrit, plusieurs propositions comme respectivement fausses, téméraires, scan­ daleuses, impies ct hérétiques, ct comme renouvelant la doctrine des cinq propositions de Jansénius; il recommande de ne plus accuser personne dc jansé­ nisme, A moins qu’on ne soit convaincu d’avoir enseigné, dc vive voix ou par écrit, quelqu’une des propositions condamnées, conformément à l’arrêt du Conseil du 13 octobre 1G68 (Journal des savants du 12 nov. 1696, p. 433-135 dc l’édit, in-l-). Cet écrit équivoque inaugura les déboires de Noaillcs ct pro­ voqua le fameux Problème ecclésiastique, proposé A M. l’abbé Boileau dc l’archevêché : -A qui l'on doit croire de Messire Louis Antoine dc Noaillcs, évêque dc Chdlons, en 1695, ou dc Mcssirc Louis Antoine dc Noaillcs archevêque de Paris en 1696? Dans cette courte brochure dc 21 pages, on opposait l’évêque dc ChAlons, approuvant les Réflexions morales dc Qucsncl, à l’archevêque dc Paris, censurant {’Exposition de ta loi dc Marlin dc Barcos. Les éternelles varia­ tions dc Noaillcs se manifestaient déjà dans le premier écrit dc l’archevêque dc Paris (voir l’art. Quksxelijsme). A partir dc 1703, toutes les instructions pastorales ct les ordonnances de Noaillcs ont pour objet les polémiques jansénistes, dans lesquelles l’archevêque dc Paris sc montra toujours favorable à QucsneL On peut citer, panni les principales : {'Ordonnance du 22 février 1703, portant condamnation d’un écrit intitulé : Cas dc conscience proposé par un professeur de province, louchant un ecclésiastique qui est sous sa conduite el résolu par plusieurs docteurs de la faculté de théologie de Paris, in-4·, Paris, 1703. Cet écrit approuvait le silence respectueux, au sujet des pro­ positions dc Jansénius (voir Albert Le Boy, La France elRome de 1700 d 1715, p. 93-116, ct art. Quesn hlusm e) ; Ordonnance du 28 avril 1711 portant défense de lire les ordonnances ct mandements dc MM, les évêques dc Luçon, La Rochelle ct Gap, 1711; une longue Relation des différends entre M. le cardinal de Nouilles ct les évêques de Luçon, La Rochelle cl Gap, avec un recueil d’écrits sur ce sujet ct sur ce qui s’est passé entre Son Eminence ct les jésuites, in-8·, Paris. 1712, raconte en détail les incidents survenus entre l’arche­ vêque de Paris cl les trois évêques: Mandement du - S septembre 1713 portant condamnation du Nouveau Testament en français, confirme une ordonnance du 15 septembre 1702, qui condamnait celte traduction, publiée A Trévoux en 1792, par Richard Simon. Le 8 septembre 1713 parut la bulle Unigenitus qui condamnait le livre des Réflexions morales dc Qucsnci; désormais tous les écrits dc Noaillcs se rapportent, plus ou moins directement, à celte fameuse consti­ tution qui n soulevé tant dc controverses, durant toute la première moitié du xvin· siècle. On peut citer Lettre pastorale et mandement du 25 février 17 II ; Acte a'appel du 3 avril /7/7 et un nouvel Acte d’appel du J octobre 17 J S pour la publication de l’appel qu’il a InlerjeU des Lettres du pape Clément NI du 8 sep­ tembre 1718. Pour justifier son appel, Noaillcs publia une longue Instruction pastorale du 11 janvier 1719 au clergé de son diocèse sur la constitution Unigenitus, in-4\ Paris, 1719. Cette instruction fut condamnée 680 par un décret du Salnl-Ofllce du 3 août 1719. lequel fut condamné par un arrêt du Parlement du 6 sep­ tembre 1719. Le 18 mars 1720, Noaillcs envoya à ses curés une lettre circulaire, avec des remarques, pour les engager à accepter un accommodement. La lettre circulaire fut suivie par un Mandement du 2 août 1720, pour ta publication de. l’acceptation de la bulle Uni­ genitus suivant les explications approuvées par un grand nombre d’évêques de France, in-Ie, Paris, 1720; mais Noaillcs ne fut pas suivi par ses curés el lui même d’ailleurs ne publia son acceptation dc la bulle qu’avec des restrict Ions qui furent jugées insulllsanlcs. On ne put jamais arracher à Noaillcs une ac­ ceptation pure ct simple, en sorte que le diocèse de Paris continua à rester 1res divisé, à h suite de son archevêque, dont les écrits contradictoires ne permettent pas dc découvrir la vraie pensée. Noaillcs publia, en 1725, un Mandement ù l’occasion du miracle, opéré dans la paroisse de Sainte-Margue­ rite, le 31 mai, jour du Saint-Sacrement. En 1727, Noaillcs publia une autre inslruction pastorale sur deux écrits Intitulés : Dissertation sur la validité des ordinations des Anglais, 1722, cl Défense de la Disser­ tation sur la validité des ordinations des Anglais, 1726, in-l·, Paris, 1727 (Journal des savants dc 1728, p. 225-232 de l’édit, in-4·, cl Journal de Trévoux, de nov. 1727, p. 2123-2125). Outre ces ouvrages imprimés, il existe encore dc très nombreux manuscrits dans diverses bibliothèques. Ce sont, en général, des lettres particulières, des pro­ jets ou des observations faites par le cardinal luimême ou par des théologiens : leur objet est toujours la constitution Unigenitus. Les principaux se trou­ vent à la Bibliothèque nationale : mss. fr. n· 69496953, 10 505-10 509, 10 602, 10 60 7, 10 615, 13 91513917, 17 718, 20 973, 23 209-23 229. L'éditcur des Œübres de Fénelon, édit, dc Versailles, a recueilli de nombreuses lettres de Noaillcs ct des documents relatifs à cc cardinal, particulièrement au tome u, p. 420-163, 467-551, et au tome vin, p. 8-107, 113115, 148-165. Michaud, Riographie universelle, t. xxx, p. 617-619; Hœicr, Nouvelle biographie générale, t. xxxvm, col. 132138; Chaudon et Delandinc, Dictionnaire historique, critique rt bibliographique, édit, de 1822, t. XX, p. 338-311; Chaumcil, Riographie des personnages remarquables dc la Haute-Auvergne, 2’ édit., Salnl-l’lour, 1867, In-8®, p. 196198; NêcrolOge des plus célèbres défenseurs cl confesseurs de la vérité au XVHh siècle, P· partie, 1760, p. 132-134; Dic­ tionnaire historique des auteurs ecclésiastiques, t. m, Lyon, 1767, I vol. ln-8®, p. 232-233 ; Barrai, Dictionnaire histo­ rique, littéraire el critique, I t. en 6 vol. in-8·, t. m, Avi­ gnon, 1758-1762, p. 673-682; Lndvocat, Dictionnaire histo­ rique ci littéraire portatifs t. n. itaris, 1777, 3 vol. In-8·, p. 121-123; Encyclopédie throlagique de Migne, Dictionnaire des hérésies, l. n, col. 710-718; V. d’Avcnel, Les évêques et archevêques de Paris depuis saint Denys jusqu’à nos fours, t. i, Itarls, 1878, 2 vol. in-8”, p. 381-135; Barthélemy, Le cardinal de Noaillcs, évêque de Chàlons, archevêque de. Paris, d’après sa correspondance inédite, Paris, 1886, in-8·; Albert Le Roy, Iai France et Rome de 1700 d 1715, Paris, 1892, in-8®, donne dc nombreux renseignement\ sur Noaillcs ct suit do trè·» près les documents toujours fort partiaux fournit par le Journal de l'abbé Donuinnc, secrétaire orl ints, que toute tentative dc théorie sur l’origine du Pent ilea que. qui permette dc franchir la distance qui sépare un Pentateuque purement mosaïque du Pentateuque dans sa forme actuelle, se doit avant tout de les Interpréter d ms le sens delà tradition mosaïque. Gôltsbcr^cr. Op. cit.. p. 112. I 2* Valeur historique. — Puisque le Pentateuque est d’origine m is iiquc. il s’ensuit que sa relation des évé­ nements, ceux da moins dc la sortie d’Égypte ct dc la migration a travers le désert, remonte à un contem­ porain et ne saurait être par conséquent qu’un docu­ ment historique dc première importance pour la reconstitution de cette période dc la vie d’Israël. Ceux la mêmes, d'ailleurs, qui n'admettent pas cette authenticité savent faire la distinction nécessaire entre conclusions d’ordre littéraire ct conclusions d’ordre historique . t. td/on de Moite. — Force est bien de reconnaître que les textes du Pentateuque, malgré l’incertitude qui p M H. Savignac, La région de 'Ain Qedeis, dans la Revue biblique, 1922, p. 79-81. Cf. Lagrange. Ain Kedeis, ibid., 1896, p. 140-151; K. Tonneau. Excursion biblique au Négeb, ibid., 1926, p. 583-601; A. Barrois, art. Codés, dans Pirot. Sup­ plément au Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 992-997. A la détermination du site de Cadès se rattache la question de la tentative de pénétration en Canaan par le Sud. question qui se rattache elle-même à l’hypo­ thèse déjà ancienne de l’entrée de Juda. Siméon ct des clans adventices par le Sud ; les autres tribus seules ayant fait le grand détour par les plaines de Moab. Cf. Steuernagel, Die Einwanderung der (sraelitischen Stûmrne in Kanuan, Berlin, 1901. La théorie a pour point de départ les f. 1-3 du c. xxî des Nombres (J) : « Le Cananéen, roi d’Arad. qui habitait le Négeb, apprit qu’lsracl venait par le chemin d’Alharim. Il lui livra bataille et lui fil des prisonniers. Alors Israël fit un vœu à Jahvé en disant : si vous livrez, ce peuple entre mes mains, je dévouerai scs villes à l'anathème. Jahvé entendit la voix d’Israël et livra les Cananéens; on les dévoua â l’anathème, eux et leurs villes, ct ce lieu fut appelé Honna. » De ce texte il faut rapprocher Nurn., xivt 10-15 (JE), et Jud., i. 1-17 (J). S’agit-il dans ccs trois passages de trois événements distincts : tentative malheureuse d’entrer en Palestine par le Sud; nouvelle tentative, heureuse cctlcfois, mais non suivie d’occupation; conquête enfin de la montagne d’Hébron ct du Négeb par les tribus de Juda et de Siméon venues de Jéricho avec les Calébites cl les Cinccns; ou bien des différentes phases d’un seul et même épisode? Sans entrer dans l’exposé ct la discus­ sio des hypothèses émises à ce sujet (cf. Touzord, art. Moite el Josué, dans le Dictionnaire apologétique de ta /ai catholique, l m. col. 806-810), retenons seulement les conclusions. Et d’abord les deux passages des Nombres ont trait à un meme événement. Honna, lira de la défaite, racontée Nurn., xiv, 40-45, et rap­ pelée Num., xxî, 1, n’a reçu ce nom qu'à l’occasion de la bataille de revanche dans laquelle Juda et Siméon prirent la ville et la vouèrent à l’anathème, Jud., 1, 1-17. SI, dans Nurn., xxî, 3, Israel s'attribue le succès, c'est que la défaite, ici comme en d’autres cas. a été colorée par la victoire postérieure et le nom douloureux de Sephal, remplacé par le nom glorieux do Honna. • C’est du moins, a-t-il été justement remarqué, la seule façon de faire concorder les textes el c’est ainsi que l’a compris Deui., i, 11-16, qui explique parcelle défaite le long séjour à Cadès ct (n, 1) le détour par Asion-Gaber. S’ils avaient pu forcer le passage à Scphat, rien ne les eût empêchés de poursuivre leur route et «l’arriver en Canaan par le Sud. » H. Tonneau. Excursion biblique au Négeb, dans la Revue biblique, 1921». p. 592. Scphnt-Honna reste donc le point le HISTORIQUE 704 plus avance atteint par les Isréaliles venant de Cadès et ce n’est qu’apres la séparation dans les plaines de Jéricho que Juda et Siméon. ayant jusqu'alors suivi le sort commun des tribus d’Israël, vengèrent l’an­ cienne défaite en détruisant celte ville qui leur avait été attribuée, Jos., xix, 4. Il n’est pas jusqu’à l’histoire de Balaam qui ne reçoive quelque précision des découvertes de l’explo­ ration des pays bibliques. La présence de nombreux monuments mégalithiques, de dolmens, dans la Transjordanc cl plus spécialement dans la Moabitidc a suggéré ce curieux rapprochement avec les autels de pierre dont Balaam demande l’érection pour y sacrifier des victimes, Num., xxnr. 1, 11, 28-29. « Quand les Hébreux devenus un peuple organisé durant un long stage dans les steppes du Sinai cl aux oasis du Négeb, Qedeis, Qeseimeh. Buhclbeh, etc., viennent tenter d’emporter de vive force ce pays que les Cananéens ont fait le leur, ils trouvent sur leur route, par delà le Jourdain, les mégalithes érigés par les Cananéens maudits qu’il s’agissait de déposséder pour les exterminer ensuite. Ce que représentèrent les dolmens par exemple dans la pensée des Israélites d’alors, il faut apparemment s’en faire l’idée par celte histoire de Balaq et de Balaam si pittoresque dans le récit biblique. Au moment où le prophète mandé par le prince rnoabltc pour jeter un mauvais sort sur Israel doit rendre l’oracle divin, à trois reprises il demande qu’on lui érige des autels de pierre où il offrira des sacrifices préalables. Ccs trois groupes d’autels loca­ lisés par le récit à Bàmoth Ba’al, à Sophim sur la crête du Pisgah et au sommet du Pe’nr ont bien l’air de coïncider avec les divers centres mégalithiques les plus importants d’el-Mekheglt, du Siàgha et du Nébo, sites qui représentent dans l'ensemble les localités bi­ bliques, au témoignage de la géographie la plus accré­ ditée. Que Balaq et Balaam aient ou non bâti vingtet-un autels de pierres, c'est affaire aux historiensexégètes de le discuter; il est difficile de ne pas voir, au simple point de vue archéologique, une relation entre les dolmens et ce récit hébraïque, le récit s’ins­ pirant des monuments pour en produire une interpré­ tation ct les rattacher par un lien tel quel à un évé­ nement de l’histoire nationale. » IL Vincent, Canaan d'après l'exploration récente, Paris, 1907, p. 423-424. Cf. A. Barrois, art. Canaan, dans le Supplément au Dictionnaire de la Bible, t. ï, col. 1009. Les quelques remarques qui précèdent ne résolvent pas sans doute tous les problèmes littéraires ct histo­ riques soulevés par l’étude du livre des Nombres, elles permettent du moins de reconnaître que l’histoire d’Israël pour la période étudiée, là où elle présente des points de contact avec les anciens documents, en reçoit continuation de sa valeur historique. « Il y n certes des obscurités dans nos récits, des dissonances malaisées à mettre d’accord. Mais est-ce un motif suffisant pour y substituer des constructions de pure fantaisie ? Alors surtout que les faits essentiels restent singuliè­ rement invariables panni les heurts apparents des détails accessoires. Et il faut ajouter qu’il s’y trouve çà cl là des données occasionnelles, parfois exprimées par simple allusion, qui par elles seules parleraient déjà très haut en faveur de l'historicité de l’Hexateuque... Quel historien ou archéologue Israelite du neuvième siècle serait allé découvrir, panni de vagues traditions orales, cl aurait signalé avec de Unes nuances l'irrémédiable décadence des aborigènes de Palestine à l’époque de 1 Exode, le flottement el le resserrement récent des frontières de Moab, l’affaiblissement notable de ce petit royaume au moment où Israël venait lui donner de nouveaux sujets d’alarme? etc., etc.» J. Cales, Bulletin d'exégèse de Γ Ancien Testament, dans Recherches de science religieuse, 1920, p. 112-113. 705 NOMBRES (LIVRE DES). DOCTRINE 706 sortes de divinités étrangères < et incident n’est d’ail­ IV. Doctrine. Important pour l’histoire d'Is­ raël. le livre (les Nombres l’est encore davantage pour , leurs qu’un éplscdc dcce dualisme aux manifestations sa religion, par son contenu sans doute, mais aussi par si nombreuses au cours de l’histoire d’Israël : d’une part son caractère qui est < elui d'un livre ayant un but <11- . les tendances religieuses du milieu populaire qui trop dactiqucet religieux : rappeler nu peuple des Hébreux souvent sc manifestent par l’in fidelité à Jahvé et les bienfaits et les miracles de Jahvé pour Israël, afin d’autre part la religion historique, for déc par une per­ de l’inciter à lu fidelité envers ce Dieu el sa loi sonnalité historique, conservée ct développée par des D’une façon générale, d continue.cn la développant et personnalités historiques.cn premier lieu les prophètes. l’adaptant, la révélation du Sinai ; aussi la vérité fonda­ L'expression «Dieu des esprits »,· de toute chair», Num., mentale que suppose toute la vie des Israélites au xvi. 22; xxsii. IG (P) indique assez que Jahvé ne doit désert el qui est comme le thème central des Nombres, pas être confondu avec une divinité locale, le dieu d’un c’est que Jahvé est un Dieu personnel cl vivant, sou clan ou d’une tribu. deux de la fidélité ct du salut de la nation qu'il s’est Les differentes manières dont Jahvé sc manifeste choisie. La vigilance qu’il exerce sur Israël durant son ne laissent pas moins entendre combien il est au-dessus séjour au désert en est une preuve. Instrument et de tous 1rs dires crées. Si. dans les N< mbres, les mani­ porte-parole de Jahvé. Moïse apparaît de plus en plus festations de sa présence n’ont pas le caractère gran­ comme le premier et le plus grand des prophètes, diose de celles du Sinai, les termes employés pour la favorisé des communications divines, plus même que désigner : nuée, gloire, ange de Jahvé, sont des sym­ le grand prêtre Aaron. Num., xn. 1-15. Par lui. la vie boles plutôt que des images qui ne sauraient prétendre sociale ct religieuse d’Israël achève de recevoir, pour à une représentation de la div inité.On voit tout de suite les siècles, à venir l’orientation qui fera sa grandeur. quelle signification donner à des expressions comme Une étude doctrinale complète du livre des Nombres celles de < sacrifice d'agréable odeur à Jahvé »; si elles est inséparable de celle des autres livres du Pentaévoquent l’idée de ces dieux qui prenaient un réel tcuque. Kclcvons seulement quelques traits caracté­ plaisir à la fumée des sacrifices consumés par le feu. ristiques de l’enseignement qu’on peut en dégager sur telles, dans l’histoire du déluge, ces divinités babylo­ Dieu, son culte avec ses ministres, scs sacrifices cl ses niennes se pressant aussi nombreuses que des mouches fetes et sur un certain nombre de rites et d’usages au-dessus du sacrifice, cf. Gen., vm. 21, elles sont à particuliers. tenir pour de simples formules à entendre au sens mé­ 1° Dieu. Le monothéisme moral, dont l’origine, taphorique. d'autant plus qu’on les rencontre dans des d’après certains, ne remonterait pas au delà des pro­ passages attribués par les critiques au document le phètes des IXe ct vnie siècles, s’aflinne dans les plus récent, selon eux, du Pcntateuque, Num., xv. Nombres, à maintes reprises, aussi bien dans les textes 3, 7, 10; xvm, 17; xxvm. 2, 6, 8, 13. 21. 27: xxix. les plus anciens que les plus récents au jugement des 2. 8. 13. 3G. Même remarque s'impose au sujet de critiques. Particulièrement significative à ce point de cette autre expression : mon aliment, ma nourriture », vue est l’histoire de Balaam. Num., xxii-xxiv (JE el qu’emploie Jahvé en prescrivant les sacrifices à lui éléments antérieurs, surtout les oracles) L’idée domi­ offrir. Num., xxvm. 1. de l’idée primitive, ccmmune aux Grecs et aux Babyloniens, que les dieux man­ nante du récit est celle de la puissance de Jahvé qui, pour défendre son peuple et réaliser ses intentions geaient réellement les victimes qui leur étaient Im­ bienveillantes â son égard, triomphera de tous scs molées, il ne reste plus qu’une formule, vide de ennemis; rien ne saurait faire obstacle à ses desseins, toute conception anthropomorphique pour l’auteur contre lui les pratiques magiques elles me mes demeu­ sacré. Ce Dieu n’en est pas moins une personnalité vivante rent impuissantes. Ce peuple a vaincu jadis la résistance dont l’activité se manifeste surtout dans scs interven­ du pharaon ct de l’Égypte au début de l’exode; il tions en faveur du peuple qu’il s’est choisi. Israël est triomphera de meme de la résistance de Moab. à la fin vraiment son fils, objet de son inlassable sollicitude, de l’entreprise, sur le point d’entrer en Canaan; Balaq. spécialement lors de la sortie d’Égypte ct du séjour tout comme le pharaon, aveuglé par sa haine contre au désert; il le précède dans la marche vers la Terre Israël, provoque la colère de Jahvé; son insistance promise, x. 33. combat pour lui. x, 35. xxî. 14. lui meme tourne à sa confusion. Cf. Mich., vi. 4-5. Pour donne la victoire, xxî. 1-3. Qu’à cette conception des révéler les destinées de son peuple,Jahvé commande rapports de Jahvé cl «le son peuple, le Dieu d’Israël à Balaam,le serviteur de dieux étrangers; pour ce Dieu risquât d’être considéré comme un dieu national, tel souverain, la domination n’est pas confinée, en effet, Lamos le dieu de Moab ou les divinités cananéennes aux limites de son peuple choisi et le devin monbite qui sc devaient également aux Intérêts de leurs sujets, parlera de Jahvé, ■ son I Heu », comme le ferait un enfant c’est ce qui n’apparaît que trop au cours de l’histoire et d’Israel; le titre de Saddat, qu’il lui donne. Num., xxtv, contre quoi ne cesseront de réagir les authentiques f. traduit ordinairement par Tout Puissant, demeure représentants de la vraie religion. incertain; son étymologie ct sa signification précise Un autre trait caractéristique de Jahvé, nettement n’ayant pu être fixées. marqué dans les Nombres, dans cette partie de ses La domination du Dieu d’Israël s’aflinne encore dans récits surtout que la critique attribue à l’école sacer­ la manière dont il dispose en faveur de son peuple dotale. c’est la sainteté. L'emplacement de la tente des territoires dont les autres dieux seraient les maîtres. à l'intérieur du camp symbolise la présence sancti­ Num., xxî. 21-35. ('.’est que lui seul est maître et sou­ fiante de Dieu au milieu de son peuple. Cette divine verain. L’épisode de l’idolâtrie d’Israël, Num., xxv, présence doit être préservée de tout voisinage profane; 1-5 (JE), vient le rappeler sévèrement à ceux qui c’est pourquoi la tribu de Levi sera toute proche de la l’avaient oublié. Se conformant à la coutume antique tente pour la séparer des autres tribus, tandis que d’honorer la divinité du pays où l’on sc trouve, des les prêtres en garderont l’entrée à l’Esl ; c’est pourquoi Israélites, entraînés par des femmes de Moab. s’étaient tout ce qui est destiné à Jahvé: victimes et oblations, adonnes nu culte idolAtrlque de Béelphégor. La mort devra être exempt d’impureté ct bien plus encore tous fut le châtiment d’un grand nombre des coupables. ceux qui doivent s’approcher de lui pour le servir, Même en pays de Moab. seul Jahvé avait droit aux prêtres et lévites; au peuple élu la sainteté divine honneurs du culte de son peuple; il ne fallait pas que, par ses concessions aux croyances et aux pratiques impose des conditions de pureté cl de perfection. Voir sur le sens de cette notion de sainteté l’art. païennes, Israël fil de sa foi en Jahvé une simple Lé vi tique. monohllrie, tolérant aux côtes du vrai Dieu toutes nier nn tiiéoe. catiioU T. — XI — 23 707 NOMBRES (LIVRE DES). P R ESC R I P Tl O NS CULTUELLES 708 dans ce passage aux lévites sont plus considérables que ceux qui leur sont concédés par ailleurs, soit dans le Deutéronome, soit dans telle autre partie de In littérature préexilienne; ils sont plus considérables aussi que ceux des prêtres dans le livre d’Ezécbicl. mais moindres que ceux fixés dans la Mischna ou à certain point de vue dans le Lévitique, xxvn, 30-33. Si, au sujet de celle réglementation spéciale delà loi mosaïque, des modifications el surtout des précisions ont été apportées au cours des siècles, si l’on ne trouve mention de leur mise en application qu’à la période poslcxilienne, ce n’est pas à dire que, dans les temps anciens, rien n'ait été prévu ou réglé à ccl égard. Bien avant l’exil, en effet, les prêtres avaient leur part dans les sacrifices offerts et recevaient des dons de ceux qui se rendaient aux sanctuaires, s’attribuant même parfois beaucoup plus que la loi ou la coutume leur concédaient. Cf. 1 Keg., n. 12-17. La forme meme des sacrifices, aussi bien dans les récits que dans les codes anterieurs à l’exil, selon laquelle une portion plus eu moins considérable de la chair du sacrifice était con­ sommée par l’offrant cl sa famille, laisse supposer qu’une part également était réservée aux prêtres dai s ce repas sacrificiel, (’.cite simple participation ne pouvait évidemment constituer le moyen ordinaire de subsistance des prêtres et des lévites; il en existait d’autres; des pains consacrés leur étaient réservés, I Keg., xxi, 3-6; cf. IV Keg., xxm, 9; l’argent des sacrifices pour le délit et des sacrifices pour le péché allait aux prêtres, IV Keg., Xii, 16; cf. Deut..xvm, 1-5; les premiers fruits de la récolte ct la dime, qui figurent parmi les plus importants revenus des prêtres, étaient également déjà prélevés avant l’exil, mais dans des proportions très variables. Cf. Ex., xxm, 19-xxxiv, 26 (JE); Dcul., xn, 6, 11. 17-19; I Keg., vm, 15. Pour ce qui est des cités lévitiques, Num., xxxv, il est certain que très anciennement certaines cités ap­ paraissent réservées aux prêtres : Silo, par exemple, I Keg., iv; Nobe, appelée ville des prêtres, du temps de Saül, I Keg., xxn, 19; Anathoth, Bethel peuvent, elles aussi,être, appelées de même, .1er., i, 1 ; Am., vu, 10. Il n’est pas dit pourtant que les prêtres en aient été les propriétaires. Ces quelques allusions, relevées ça ct là dans In littérature antérieure à l’exil, ne suffisent sans doute pas à établir l’origine mosaïque des moindres prescrip­ tions relatives aux revenus des prêtres et des lévites, elles témoignent du moins de l’existence, aux temps anciens, d’une législation ayant pour objet la subsis­ tance des ministres du culte. 11 n’en va pas autrement d’ailleurs cher, les peuples voisins d’Israël. L’antique rituel babylonien prévoyait pour les prêtres cl les serviteurs du temple une part des victimes cl des offrandes. Cf. Dhorme, Textes religieux assyro-babyloniens, p. 391-393; dans l’ancienne Egypte, des terrains étaient alloués aux prêtres pour l’entretien des temples de même en Syrie où des villes s’y trouvaient compri­ ses. Cf. Sayee, The early history o/ the Hebrews, p. 237; Erman, Life in ancient Egypt, p. 299; Lagrange, Études sur les religions sémitiques, le tarif de Marseille,. p. 395-397; van l loonncker, Le sacerdoce lévitique. 4° Sacrifices, Fetes, Oblations. Lu législation des Nombres complète cl développe sur ces différents sujets celle du Lévitlque. Non mentionné dans ce der­ nier est le sacrifice quotidien. Chaque matin el chaque soir, on Pinard, ibid., polythéisme. Cc trait est le plus caractéristique. Le p. 216. Les nécessités apologétiques certes n’ont pas mot de condescendance, συγκατάβασής, n’est pas encore été sans influence sur une telle interprétation du rituel employé, maisle/m/cssentiel est afllrmé. L’auteurnedit mosaïque; grâce ù clle.cn effet, la réponse devenait pas.ilesl vrai, que Dieu a sanctionné des emprunts aux facile aussi bien aux at laitues des Juifs, défenseurs cultes païens, mais il enseigne qu’il a consacré certains obstinés de l’ancienne Loi qu’à celles des gnostiques, rites dans lr goût des religions ethniques et. rappelant scandalisés par les imperfections de ΓAncien Testa­ â ce propos comment les prophètes ont protesté ment, ou encore â celles des néoplatoniciens, repro­ contre les abus du formalisme et réclamé sans cesse chant aux chrétiens de condamner chez les païens ce la pratique de l’amour et de la charité, il montre que qu’ils sc voyaient obligés d’approuver chez Moïse et pareille liturgie ne répond pas aux préférences divines. les prophètes. Mais n’étall-cllc pas suggérée par l’ÉcriConcédée par pure bonté, par philanthropie ». en lure elle-même dans les réclamations des messagers attendant mieux, elle a fait son temps. IL Pinard de Jahvé contre le formalisme d lsrail ? Cf. Am..s. (de la Boullayc). Les infiltrations païennes dans l'an­ 21 sq.; ls„ 1. 10 sq.; i.vni, 3 sq. : Jcr., vn, 21 sq.; cienne Loi, d'après les Pères de l'Pglise La thèse de la Mal.. 1. lu; P* . i xix. 7 sq. : î. 19 Ne l'élait-elle p 5 condescendance, dans Recherches de science religieuse, encore par le Christ lui-même, quand il déclarait que 1919. p. 109-200. Cf. S. Justin. Dialog., n. 18. P. G., le droit de répudier son épouse accordé aux Juifs ne t. vi, col. 516. n. 19; ibid., col. 51 G, n. 21, col. 520; l’avait été qu’en raison de la dureté de leurcaur ’ ( f. n. 22. col. 521. 525; n. 23. col. 525. Saint Irénée. écho Malth . xix. 18; Mc..x. 5; ou bien quand avec ses dis­ sans doute de saint Justin, affirme les concessions ciples il se conformait aux prescriptions de la Loi qui de Jahvé à l’esprit charnel d'Israclpourl'cmpêchcr de bientôt serait abrogée ? Saint Paul enfin, par scs tomber dans l’idolâtrie. Cont. hier., IV. xiv. 3. P. G., exemples cl scs enseignements, sc faisant tout à tous t. vu. col. 1011. Tertullien. dans son traité contre pour les sauver tous. I Cor., ix, 22, ne montrait-il Marcion, voit dans les rites sacrificiels rt l’appareil pas assez de quelle condescendance il convenait d’user formaliste de l’ancienne Loi. qu’il appelle negotiosopour s’adapter aux dix erses situations? Pourquoi des scrupulositates, un dérivatif ct un préservatif contre lors Jahvé. le Dieu de toute puissance, mais aussi de le polythéisme, reconnaissant ainsi dans la liturgie toute bonté. n*mirail-il pas agi de nu’meà l’égard d’un juive, sinon un emprunt formel au paganisme par peuple, pour l’élever progressivement de la notion d’une adoption d’usages identiques, du moins une certaine justice extérieure cl formaliste à celle d'une justice imitation des rituels ethniques, Ado. Marc.,\. IL c. intérieure et spirituelle ? w m. P. /... t π. col. 306. Γη des plus célèbres docteurs juifs du Moyen Age, Chez 1rs Alexandrins, malgré la large place faite Λ l’idée de condescendance par Origine, malgré sa con­ connu sous le nom de Maimonide, pour concilier les imperfections cl les singularités de la loi mosaïque avec ception des sacrifices offert* à Dieu comme d’un anti­ la dignité du Dieu qui l’a imposée, recourait à une dote contre le polythéisme, In Xumeros, horn. xui. explication qui n’est autre que celle des auteurs cccléη. I. P. G, t. xji. col. 703. · il faut attendre que la 715 NOMBRES (LIVRE DES). PRESCRIPTIONS CULTUELLES 716 statiques ci-dessus mentionnés. < Au lieu d’une loi tendance a reconnaître trop facilement la dépendance tombée du ciel et n’ayant pour ainsi dire d’autres du rituel juif à l’égard des cultes ethniques pour nier considérants que le bon plaisir du Très-Haut, Maimo­ l’origine divine de l'ancienne Loi, ce rapide aperçu nide faisait voir une loi adaptée aux nécessités ou des opinions de qucfques écrivains des siècles passés convenances du moment, tolérant pour un plus grand sur les rapports des rites mosaïques et des rites païens bien les imperfections qu'elle ne pouvait empêcher, permettra du moins au lecteur chrétien · d’apprécier concédant à un peuple porté à l’idolâtrie quelque chose la latitude que lui laissent les principes émis par scs des rites matériels et formalistes qui le séduisaient chez pères dans la foi; ils n'ont pas cru que l’originalité ses voisins, mais, par une sagesse supérieure, s’appli­ dc la « vraie religion ■ dût consister à n’avoir point de quant â contredire, dans le détail des rites qu'elle contact avec les · religions fausses ■ ni que toute ana­ sanctionnait, le principe du polythéisme, scs pratiques logie entre celles-ci cl celle-là dût provenir d’un plagiai immorales cl scs superstitions. » Pinard de la Boullaye, à la charge du paganisme. La critique rationaliste L'étude comparce des religions, l. ï, p. lit. Cf. Maimo­ pourra observer, chez ces lointains précurseurs des nide, Le guide des égarés, trad. Munk, l. m, c. χχχιι; études comparatives, une thèse historique qui rejoint l. in. p. vu, 219, 252. A la suite du savant juif, quelques en partie les siennes, ■ sans pourtant récuser l’inter­ scolastiques ont pensé que Dieu avait toléré aux Hé­ vention de la divine Bonté dans l’histoire des insti­ breux certains rites ct usages d’origine païenne, mais tutions religieuses d'Israël. Cf. Pinard (de la Boulknc), en les modifiant de telle sorte qu’ils devinssent une art. cité, p. 221. sauvegarde contre les dogmes et les superstitions du polythéisme. Prarepta de sacrificiis non jucrind data Commentaiiuùs.— 1· Pères. Tandis que les commentaires populo Judirorum, nisi postquam declinavit ad idolo­ sont nombreux pour la Genèse, surtout pour l'IIexaméron, bien moins pour l’Exode el le Lévitlque, ils sont tout-à-fail latriam, adorando vitulum conflatilem; quasi hujusmodi rares pour les Nombres et encore ne consistent-ils le plus sacrificia sint instituta, ut populus ad sacrificandum souvent qu’en dc courtes notes cl explications. promptus, hujusmodi sacrificia magis Deo quam idolis Origène, Selecta ct homilin· in Numeros, P. G., t. xn, ofierret. » S. Thomas, Sum. theol., 1M1®, q. cn, a. 3. col. 575-806; S. Jean Cliry sostomc, Synopsis Numerorum, Au xvii* siècle, & l’encontre dc l’opinion de beau­ P. G., I. i.vt, col. 330-331; S. Cyrille d'Alexandrie, Gtaphgcoup la plus répandue, c'est-à-dire celle du plagiat des roriim in Numéros liber, P. G., I. i.xix, col. 589-612; Thèotraditions bibliques par la mythologie ct la théologie doret, Quwstioncs in Numeros, P. G., t. lxxx, col. 319-100; Procopc de Gaza, Comment. in Octatcuchum (pour le* païennes, un théologien anglican, John Spencer, dans Nombres), P. G., t. lxxxvij, col. 793-891; Nicéphore, un ouvrage célèbre dont la première édition est de Catena in Octatcuchum ct libros Hegum, Leipzig, 1772; 1685, reprit la thèse dc la condescendance cn l’ap­ S. Éphrcm, opera omnia. Home, 1737. t. i, p. 251-268; puyant sur une abondante érudition. De legibus S. Augustin, Omv.stioncs in Heptateuchum (pour les Nom­ Hebnrorum ritualibus ct eorum rationibus. Dans la bre*), P. L., t. XXXIV, col.717-7 18; S. Jérôme,Epist., i.xxvm, préface du livre lll.il écrit : Deus interim (ut supersti­ ad labiolant, P.h., t. xxn,col. 698-72 I ; S. Isidore dc Séville, tioni quovis pacto iretur obviam) ritus non paucos, Qmvsliones in V. T., in Numéros, P. L., t. i.xxxm, col. 339multorum annorum ct Gentium usu cohonestatos, quos 360; S. Belle, lu Pentateuchum comment. (pour les Nombres), P. L., t. xci, col. 357-378; Pscudo-Bèdc, Qinrsl. super ineptia norat esse tolerabiles aut ad mysterium aliquos Pcntut. (pour les Nombres), P. t. xciii. col. 395-110; adumbrandum aptos, in sacrorum suorum numerum Baban Maur, Enarrationes in lib. Numerorum, P. L·, adoptavit... et per illam Israel itas a t. (.vin, col. 587-838; Walafrid Strabon, Glossa ordinaria Gentium idolis ct ccrtrmonils sensim ct suaviter avocare (pour le* Nombres), /*. t. cxm, col. 379-116; S. Pierre studuit, 2* édit.. La Haye, 1686, p. I. Tout cn rejetant Damien, Collectanea in V. T. (pour les Nombres), P. L., la thèse dc Spencer qu’il Juge « outrée , dom CalmeL t. cxi.v, col. 1033-1061. dans ses dissertations sur l’Ancien Testament, fait 2° Au Moyen Age. — Bruno d’Asti, Expositio in Nu­ méros, P. L·., t. clxiv, col. 163-506; Bu pert de Deutz, De quelques remarques qui supposent une notion ana­ Trinitate et operibus ejus, in Numeros, P. L., t. CLXVIÎ, logue de la condescendance divine: · Il est à remarquer, coi. 837-918; Hugues de .Saint-Victor, Annotationes elucidadit-il, que dans les lois que Dieu donne à son peuple, toriiv in Peni,(pour les Nombres), I1. I..A. ci.xxv, roi. 81-86; il fait cn quoique sorte deux personnages; celui dc Nicolas de Lyre, Postilla, t. i, Home, 1 171 ; Tostnl, Opéra, Dieu ct celui de Hoi. En qualité de Dieu, il prescrit à t. ιν, Cologne, 1613; Deny* le Chartreux, Enarrationes pur son peuple les lois morales les plus parfaites el les plus el eruditir in quinque mosalcu- legis libros, Cologne, 1518. justes; il découvre les grands principes dc la loi natu­ 3· Aux temps modernes, luiissant de côté les commentaires relle el des obligations dc l’homme envers son Dieu.. de tout le Pentatcuque, déjà mentionnés aux articles précédent* sur le* différents livres du Pentateuquc, citons Mais, cn qualité dc roi,... il sc rabaisse à la faiblesse du peuple, il se proportionne à sa portée. Scs ordon­ seulement 1rs commentaires spéciaux des Nombres. 1. Non-catholiques. — Knobel, Die Hacher Numeri, nances ne sont pas toujours les plus parfaites, ni les Dcutemnomlum and Josua, Ix*ipzig, 1861 ; 2'édit., par Dlllplus justes qu’il aurait pu donner; mais il les donne | mnnn, 1886; Bncntsch, Ëxocfiis, Icriticus, Numeri, Gocttelles que le peuple les pouvait porter et pratiquer. Il tingur. 1903; Holzingcr, Nunurl, 3’ubingue. 1'ribourg et permet, il tolère, en qualité dc prince et dc roi des Leipzig, 1903; G. B. Gray, A critical amt txcgetical commenHébreux, cc qu’il condamne en qualité dc Dieu ct dc tary on Numbers, Édimbourg, 1903; A. B. S. Kennedy, l.emlicu' and Numbers, Londres, 1910; Me Neilc, Ί he book Juge. · Dissertations qui peuvent servir de Prolégo­ oj Numbers, Cambridge, 1911; I.. Elliot Binns, The book mènes de Γ Perdure sainte, Paris, 1720, t. n, p. 32. Si of Numbers, l.ondrcs, 1927, celte observation vise plutôt les prescriptions d’ordre 2. Cathollqtirs.—J. Lorin, Comment, tn lib. Numerorum, civil, dom < almet n’hésite pas davantage, â propos dc Lyon, 1622; Trochon, l^s Nombres, |»aris, 1887; F. de certaines ressemblances entre cérémonies rituelles lliimtnelnui r, Numeri, Paris, 1899. égyptiennes cl mosaïques, â conclure que ce sont les Pour les questions critique’., voir It s introductions géné­ Hébreux qui ont imité les Égyptiens, Ibid., p. 39. rales et les intrii< une même substance, Cependant les autorités n'attribuent pas moins spécifique ou générique, sous une multiplicité d’acci­ l’universalité aux choses qu'aux noms : demandonsdents, on ne doit pus dire non plus (pi‘ils sont plusieurs. nous comment la définition qu’après Aristote nous Ibid., p. 13, I. 1-1. avons donnée dc l’universel peut s’appliquer aux Ainsi, concevoir une chose universelle, essence une, choies : qunrendum est, qualiter re bus definitio univer­ c’est nier l’opposition des contraires, la différence cl la multiplicité même des êtres. salis possit aplari. Éd. Geyer, p. 10, 1.8-9. Voilà notre première question. Abélard va examiner toutes les b} Ixs accidents ne lonl [Kis l'individu. La qua­ solutions proposées, toutes les formes de · réalisme : trième critique s'attaque à l’autre aspect dc la doc­ omnes omnium opiniones ponamus. Loc. cit., 1. 10. trine Illud quoque stare non potest quod individua per 3* Xon-réalilé des universaux. — Le réalisme tient ipsorum accidentia efllcl volunt, ibid., p. 13, 1. 5-6. 721 Abélard reprendra plus loin. p. 63, I. 31; p. (il, L 2-1, l’examen de cette doctrine qui explique l'individu, à partir de l’espèce, par les accidents, comme l’espèce sc forme, en joignant nu genre la différence spéci­ fique. Cc qui est inadmissible : l’espèce < homme » doit d'etre elle-même à la différence raisonnable », l’individu · Socrate ne peut devoir à des accidents d’être lui-même. En effet : u. Comment ces accidents reposeraient-ils sur un sujet auquel ils donnent l’être? Mais s’ils ne sont pas portés par l’individu, substance première, ils ne peuvent l’être par l’espèce, substance seconde. Ibid., p. 13, I. 6-25; p. 64, I. 7-13. b. Comment ces accidents donneraient-ils l’être à leur sujet? C’est leur définition île paraître ct dc dispa­ raître sans que leur sujet cesse de rester le même. Ibid., p. M, I. 1 I 11». Ainsi la doctrine critiquée méconnaît les notions de substance, première et seconde, et la notion d’acci­ dent. D’où cette conclusion : Dicimus ilaque individua in personali tantum discretione consistere, in eo scilicet quod in seres una est discreta ab omnibus aliis, qua om­ nibus etiam accidentibus remotis, in se una personaliter permanet nec alia efficeretur nec minus hic homo esset. Ibid., p. 61,L 20-23. L’individualité tient au fond des choses, elle est essentielle à la substance : cet homme » ne signifie pas des accidents, mais leur sujet. Cer­ tains, (pii l’accordent, ajoutent cependant qu’en disant « Socrate · nous pensons à des accidents. Abélard réfute leur doctrine, ibid., p. 64, I. 25-p. 65, 1.11, lient pour synonymes Socrate >cl «cet homme » ct montre ainsi à nouveau la substantialité de l’individu. r) La singularité tient à l'essence. - Voici d’ailleurs un nouvel argument : la diversité des choses ne peut venir de formes superposées à un fond commun; si charpie différence vient d’une forme jointe à une ma­ tière, nous voilà à la régression Indéfinie, alioquin for­ marum diversitas in infinitatem procederet, ut alias ad aliarum diversitatem necessc esset supponi. Ibid., p. 13, 1.26-27 ; cf. p. 65, 1. 1 : Sed cum velint omne individuum per accidentia effici, oportebit rursus ipsam socratitatem per propriam formam effici ct illam iterum per aliam usque in infinitum. Les formes tiennent d’elles-mêmes leur diversité, forma' ipsic in se ipsis diversa sunt invicem: et les êtres aussi, \rerum | discretio personalis, secundum quam scilicet ha c non est illa... est per ipsam essentia- diversitatem. Ibid., p. 17, I. 21-26. De celle diversité essentielle résultent deux const qucnces: —a. nec ullo modo id quod in una est, esse in atia sive illud materia sit sive forma, p. 13, I. 21-22; n’imaginons point en deux choses une même essence, matière ou forme; — b. nec cas formis quoque remotis minus in essentiis suis discretas posse subsistere, p. 13, i. 22-23; nous avons signalé ailleurs la même pensée. C’est ici le renversement dc la doctrine adverse. Elle disait : enlevez tonies ces formes qu’en pensée vous pouvez séparer de la matière qui les reçoit; il vous reste la substance une, la chose universelle. Abélard enseigne au contraire : toutes formes enlevées nous trouvons une substance qui est l’individu. Toute chose est singulière en son essence même; ainsi notre esprit progresse à travers la critique du réa­ lisme, découvrant ce qu'est une chose. 2. Les choses ne sont pas universelles par non-diffé­ rence. — La seconde forme dc réalisme accorde que, prises dans leur essence, les choses ne sont pas uni­ verselles, mais elle les dit universelles par non-diffé­ rence : ces hommes individuels dont nous savons l'essentielle diversité, on dira qu’ils sont une même chose : l'homme, qu’ils ne diffèrent point en cette nature : l'humanité, singulos homines in se ipsis discretos idem esse in homine dicunt, id est non differre in natura humanitatis ; ces mêmes choses «pie l’on dit singulières pour autant qu’elles sc distinguent, on les dit universelles pour autant qu'elles ne different pas, mais conviennent entre elles par leur ressemblance : eosdem (homines) quos singulares dicunt secundum discretionem, universales dicunt secundum indiffe­ rentiam ct similitudinis continentiam, p. II, 1. 2-6. Ainsi l’espèce, ce sont les Individus dans leur nondifférence. Mais on peut envisager l’espèce soit en extension seulement, soit aussi en compréhension; considérer la collection des hommes ou la propriété d’être homme. : dans le premier cas, l’universel, cc sont tous les individus qui conviennent ensemble; dans le second cas, c’est chaque individu pour autant (pi’il convient avec les autres, quidam universalem rem non nisi in collectione plurium sumunt, p. 14. I. 7-8; [alii) singula individua in co quod aliis conve­ niunt universale appellant, p. 15, 1. 28-29. De là, les deux aspects de la seconde forme du réalisme : a) Tous les in lividus ensemble ne sont pas Γespèce. — Qu’entendons-nous par l'espèce « homme »? Non pas Socrate ou Platon, pris chacun a pari; mais Socrate ct Platon ct... tous les hommes ensemble. Dc même pour le genre : « animal ». ce sont tous les animaux, Socratem el Platonem per se nullo modo speciem vocant, sed omnes homines simul collectos speciem illam qu r est homo dicunt, etc., p. 1 I. 1. 7 sq. Genres ou espèces. Il y a des choses universelles, qui sont des collections. Mais comment une collection peut-elle réaliser la définition que donne Aristote dc l’universel? quomodo tota simul hominum collectio quit· una dicitur species, de pluribus pradican habeat, ut universalis sit. perquiramus, p. 14, 1. 33-35. Les six objections qui suivent montrent que la sententia de collectione méconnaît cet le définition de l’universel, méconnaît aussi les notions de genre el d’espèce. Ibid., p. Il, I. 35; p. 15, I. 22. M Aucun individu n'est l'espèce. — Qu’cst-ce qui est universel? L’individu meme, pour autant qu'il con­ vient avec d’autres; être dit de plusieurs, définition de l’universel, c’est convenir avec eux : cum dicunt rem illam qua Socrates est, pncdicari de pluribus, figurative accipiunt ac si dicerent : plura cum eo idem esse, id est convenire, vel ipsum cum pluribus, p. 14. I. 19-21. Les mêmes hommes qui sont multiples comme individus, per personalem discretionem, deviennent un par leur ressemblance, per humanitatis similitudinem, p. 14, I. 25-26. Ce qui rend chacun d’eux différent dc soi : il faut distinguer Socrate, en tant qu’il est homme, de Socrate, en tant qu’il est Socrate. Udem a se ipsis diversi quantum ad discretionem et ad similitudinem judicantur, ut Socrates in eo quod est homo a se ipso in co quod Socrates est dividitur, p. Il, L 26-28. Ainsi, Socrate ct Platon conviennent en tant qu’ils sont hommes, in eo quod homines sunt, p. 11. L 21; So­ crate el Platon conviennent en l’homme, in homme, p. 16. I. 3. La critique d’Abélard est triple : a. Tenir pour synonymes prit dicari de pluribus et convenire cum pluribus, c’est méconnaître les notions mêmes de singulier el d’universel. Toute chose, convenant avec d’autres, serait prédicable de plu­ sieurs ; il n’y a plus dc singulier, défini par le de uno solo pnrdicari. L’homme en tant qu’il est Socrate cl Socrate en tant que Socrate, voilà, d’autre part, ce qui ne convient pas avec nuire chose; cc qui con­ vient. c’est l’homme en tant qu'homme, Socrate en tant qu’il est homme. Ions deux prédicables de plu­ sieurs; mais en cc cas, « Socrate · ct « homme » ont les mêmes propriétés, quod habet homo habet Socrates et eodem modo, Γuniversel ne sc distingue plus du singu­ lier, p. 15,1. 26-35. 723 NOMINALISME. NATUHE DE l/UMVEHSEL è. Comment distinguer Socrate en tant que Socrate et Socrate en tant qu’homme? (in accorde, en effet, qu’ils ne font pas deux, mais sont une seule et même chose, rrs penitus eadem. Envisagée à chaque moment de son existence, aucune chose n’est distinguée de soi, car tout cc qu’elle possède cn elle-même, c’est elle qui le possède ct d’une seule et même façon : nulla enim rrs eodem tempore a se diversa est, quia quicquid in se habet, habet et eodem modo penitus. Ainsi, Socrate est blanc ct grammairien, mais pas plus que blanc, ou grammairien, n’est autre chose que soi, Socrate n’est pas blanc ou grammairien autrement qu’il n’est luimême; il possède cette, diversité : blanc et grammai­ rien. mais elle ne le rend pas divers de soi. Unde ct Socrates albus et grammaticus, licet diversa in se habeat, a se tamen per ea nnn est diversus, cum utraque eadem ipse habeat ct eodem modo penitus. Non enim alio modo a se ipso grammaticus est vel alio modo albus, sicut nec atiud atbus est a se vel aliud gramma tiens, p. 15, I. 39; p. 16. L 2. c. Comment concevoir que Socrate et Platon con­ viennent en l’homme? Tous les hommes cn effet, nous l’avons vu, sont différents de matière et de forme. « En l'homme », in homine, cela veut dire ici, « en celte chose qui est l’homme », in re quie homo est: mais cette chose, c'est Socrate ou un autre indi­ vidu. cl cc n’est ni cn >ol, ni cn un autre que Socrate peut convenir avec Platon. Essaiera-t-on de rempla­ cer « convenir « par « ne pas différer »? en cc cas. non differt Socrates a Platone in homine ne signifie rien de plus que non differt Socrates a Ptatone in lapide, ft moins que l’on ne dise précisément : sunt homo, quod m homine non differunt. Mais, puisque Socrate, ou Platon, c’est la chose même qui est l’homme, ipse autem sit res qua homo est, impossible de les faire différer cn tant que Socrate ct Platon, ne pas différer en tant qu’hommes, p. 15, 1. 16-18. Que l’on prenne les choses une ft une, ou cn collec­ tion, on ne peut les dire universelles pour autant que l’univerel est l'attribut de plusieurs sujets : neque res singillatim neque coUcctim accepta universales did possunt in co quod de pluribus pra dicantur. p. 1G, I. 19-21. C’en est fail du réalisme qui appelle universelles es chores cl es-mtmcs. 3. Conclusion : La chose, c'est Γ individu. - Tandis que sc dissipe le mirage de la chose universelle, nous découvrons l’essence de la chose, qui est individuelle. Reprenons les formules les plus frappantes : omnibus etiam accidentibus remotis, in se una personaliter permaneret..., ...nec ullo modo quod in una est, esse in alia, ...nulla enim res eodem tempore a se diversa est, quia quicquid in se habet, habet et eodem modo penitus. Sous ce mot de chose qui dit toute réalité, il faut mettre l’idée d’individu : substance ou essence, divisée radicalement de toutes les autres. Indivise en soi. Une telle chose exclut absolument l’universalité. En criti­ quant toutes les formes d’universalité réelle, Abélard nous montre ce que les choses sont, quid res essent. 4° Qu’est-ce que ('universel ? un signe : ιοχ, nomen, sermo. — Abélard a refusé aux choses l’universalité qui est pru dicari de pluribus ; il l’attribue aux mots : restat ut hujus modi universalitatem solis vocibus adscribamus. Éd. Geyer, p. 16, I. 21-22. Dans les lignes qui suivent, nous retrouvons vox, nomen, sermo, les expressions caractéristiques de la doctrine d’Abélard; cf. supra, 1·, 3. Nous devons en préciser le sens, ce qui nous obligera de montrer, après l'impossibilité de l’universel comme chose, ta possibilité comme signe. Nous quittons le problème de la chose, allons vers celui de la signification : nous passons sur l’autre ver­ sant. 1. I* nom. signe de la chose : dialectique et gram­ maire. — Pour appliquer aux mots la distinction du 724 singulier ct de l’universel, Abélard sc réfère ft la dis­ tinction grammaticale des « noms propres » cl des • noms communs · : Sicut igitur nominum quudani appellativa a grammaticis, quu dani propria dicuntur, ita a dialecticis simplicium sermonum quidam univer­ sales, quidam particulares, scilicet singulares appel­ lantur, p. 16, 1.22-25. Nous apercevons ici la parenté de la dialectique ct de la grammaire, qui traitent toutes deux de vocibus. Voici comment nous apparaît l’universel : Est autern universale vocabulum quod de pluribus singnlalim habile est ex inventione sua prirdicari, ut hoc nomen « horno », quod particularibus hominibus conjungi bile est secundum subjectarum rerum naturam quibus esi impositum, p. 16. I. 25-28. Ccs derniers mots nous introduisent dans la dialectique: le grammairien tient pour valide la liaison : homo est lapis; il regarde si les cas sont corrects, la proposition complète, cela lui suffit; peu lui importe ce qui est ou n’est pas, sive ita sit, sive non; il ne t nd te pas des mots pour autant qu’on parle ad ostendendum rei statum, p. 17, J. 11-19. La position du dialecticien est tout autre; à la différence du lien grammatical, la liaison logique se fait du point de vue des choses, du point de vue de la vérité : prndicationis vero conjunctio quam hic accipimus, ad rerum naturam pertinet et ad veritatem status earum demonstrandam, ρ. 17, 1. 19-20. Cette logique du langage peut nous sembler une grammaire, mais les mots qu’elle étudie sont tournés vers les choses, et par là, elle se distingue consciemment de la grammaire. 2. L'emploi de vox, nomen, sermo, dans la Logique * Ingredient! bus ». — L’universel est tour à tour vox, nomen, sermo : ces termes paraissent ici synonymes. On peut cependant marquer des différences. Référons-nous à la définition aristotélicienne du nom : vox significativa secundum placitum sine (em­ pore, cujus nulla pars est significativa separata. Abé­ lard la commente après Boéce. Éd. Geycr, p. 331 sq. Nous négligerons sine tempore, qui distingue le nom du verbe; la distinction ne nous intéresse pas, le verbe aussi étant universel. Vox parait ici un genre, dont nornen est une espèce : genus est nominis. Ibid., p. 335, I. L Significativa met le nom dans la meme classe de voces que l’aboiement, par lequel le chien manifeste sa colère : Significare Aristoteles accipit per se intellectum constituere, significativum autem dici­ tur quidquid habile est ad significandum cx institu­ tione aliqua sive ab homine /(icta sive natura. Nam latratus natura! urttjcx, id est Drus, ea intentione cani contulit, ut iram ejus rtprn sentaret; ct voluntas homi­ num nomina el verba ad significandum instituit. Ibid., p. 335, I. 29-31. Secundum placitum marque précisé­ ment que le nom est une institution des hommes; l’aboiement est un signe naturel, vox naturaliter signi/cans, tcc. cit p. 310, 1. 19; ’c nom ne l’est pas: nec plus valet « secundum placitum » quam si diceret : • non naturaliter », hoc est non institutione naturie sed hominum imponentium voluntate, Ibid., p. 340, 1.27-29. Le caractère du nomen, c’est de signifier, ct de signifier j ar institution des hommes. La traduc­ tion « nom · est tout à fait acceptable. En revanche, < mot » peut bien remplacer vox aux cas où l’on pourrait aussi bien employer nornen; cf. supra, 2e, 3. Cependant, · mot » ne rend pas vox qui nous établit dans la physiologie : aeris per linguam percussio quir, per quasdam gutturis venas quie. arteria’ vocantur ab animali profertur. Ibid., p. 335, 1. 3-4. C’est la définition de Botcc. L’aboiement, nous l’avons vu, est une vox; la toux ne l’est point; cf. I. 9-11. Comme traduction possible : « son proféré »; cf. A. M. Sev. Boetii commentarii in librum Aristo­ telis llcpl ερμηνείας, éd. Mclscr, part, post., p. 4, I. 18 sq. 725 NOM I N \ LIS.ME. SIGNIFICATION DES UNIVERSAUX Nous avons vu quo les universaux étaient encore dos sermones : simplicium sermonum quidam uni­ versales. fid. Geyer, p. 16, 1. 23-24. Abélard ajoute que la définition de ('universel oppose sa simplicité à la complexité du discours, simplicitatem sermonis ad discretionem orationum. Ibid., 1. 34. L’opposition oratio simplices sermones paraît aux premières lignes des glossir super Prudicamenta Aristotelis : Cum logica ratio sit disserendi, hoc est discretio argumentandi, argumentationes nero propositionibus jungantur, propo­ sitiones vero cx dictionibus ct constitutionem suam et significationem contrahant, ita singula diligenter trac­ tavit, ut prius, simplicium sermonum significationem.., aperiret... fid. Geyer, p. Ill, I. 5 a 9. C'est l'ordre classique des logiciens, qui va des parties au tout : les termes, les propositions, les raisonnements. D’où la tra­ duction possible de scrmo simplex : · terme », « partie • du discours » ; cf. de partibus orationis, id est simpli­ cibus sermonibus, Ibid., p. 309, 1. 15-16 Sermo parait bien proche de nomen; nous allons les voir synonymes et préciser leur sens dans la logique Nostrorum peti­ tioni sociorum, contenue dans un manuscrit de Luncl, que Kémusat avait utilisé, Abélard, t. n, p. 98 sq., cl dont Geyer a publié des fragments, dans Heitrage sur Gesch. der Philos, des M. A., Feslgabe sum 60. Ge· burtstag Clemens liaeumker, p. 116 sq. 3. L'opposition vox-seumo dans la logique « Nos­ trorum petitioni sociorum ». — Dans la logique Ingredtentibus, nous ne trouvons pas l'opposition vox-sermo, attestée par Jean de Salisbury; cf. supra, 1°, 3. Elle apparaît dans la logique Nostrorum petitioni sociorum, ouvrage postérieur, où Abélard est préoccupé de séparer sa doctrine de celle de Boscelin, UebcrwcgGcycr, Grundriss der Geschichte der Philosophie, t. n, 11e éd., p. 215 ct 217. Analysons le fragment publié par Geyer, dans le Feslgabe ci-dessus mentionné, p. 116-119. a) La doctrine des sermones est distinguée du réa­ lisme ct de la sententia vocum : Est alia de universalibus sententia rationi vicinior, quit nec rebus nec vocibus communitatem attribuit, sed sermones sive singulares sive universales esse disserit. Loc. cit., p. 116, 1.20-32. b) Sermo et nomen soni termes synonymes : nomen sive sermo. Loc. cit., p. 116,1. 28. c) La notion de sermo se tire de la définition: uni­ versale est quod est natum priedicari de pluribus, id est a nativitate sua hoc contrahit, pncdicari scilicet. Quid enim aliud est nativitas sermonum sive nominum quam hominum institutio? Loc. cit., p. 116, I. 21-27. La définition aristotélicienne du nom était vox signi­ ficativa secundum placitum et la logique Ingred len­ tibus présentait l’universel comme habile ex inven­ tione sua pru dicari ; cf. supra, 4®, 1 et 2. D’une logique à l’autre, nous trouvons seulement une interprétation plus approfondie de la définition aristotélicienne de l'universel. La nature du sermo universalis, c’est sans doute d’être, comme prédicat. · terme » possible de plusieurs propositions. d) Mais venons-cn à l’opposition scrmo-vox. Hoc enim quod est nornen sive sermo, ex hominum institutione contrahit, vocis vero sive rei nativitas quid aliud est quam naturo creatio, cum proprium esse rei sive vocis sola operatione natura consistai. Loc. cit., p. 116, L 27p. 117, I. 3. C’est le lieu de rappeler que la notion de pox nous place, pour ressent ici, en physiologie : Vox est aeris per linguam percussio... Le « son proféré ·. comme tel. est une institution do la nature : voilà vox; le « nom » ou le « terme ·, dont le propre est de signi­ fier, est une institution de l’homme : voilà nornen cl sermo. « Nom » ct < terme · n'en sont pas moins pour cela des < sons proférés » : la diversité dans l'institution n’empêche pas l’identité dans l'être. Itaque in nativitate vocis et sermonis diversitas, etsi penitus in essentia 726 identitas. Loc. cit., p. 117, 1. 4-5. Lorsque, dans une pierre, les hommes voient une image. In pierre et l'image restent une seule et même chose, qui doit à la nature d'être pierre, aux hommes d’être image : Cum idem penitus sit hic tapis et lin e imago, alterius tamen opus est iste lapis et alterius hac imago. Constat enim a divina substantia statum lapidis solummodo posse conferri, statum vero imaginis hominum comparatione posse formari. I^oc. cit., p. 117, I. 6-9. On notera comparatione hominum : Abélard aurait-!! le sentiment d’une activité de l'esprit dans l'usage des signes? e) L'opposition voces-res devient sermones-res, les voces passant du côté des res. Abélard écrit : voces sive res nullatenus universales esse. Loc. cit., p. 117, 1. 12. Il rappelle sa critique du réalisme : si enim aliqua res de pluribus pradicuretur, utique eadem in pluribus reperiretur. lx>c. cit., 1.13-14. Le drame se joue toujours entre la définition aristotélicienne de l’universel ct une intuition de l’individualité radicale de toutes choses, y compris les sons proférés. Ce qui fait le • mot · universel, cc n’est pas son être de · son » sin­ gulier comme tout être, c’est sa signification de • tenue ·. Cette signification, comment la concevoir? 4. La signification. — La pensée d'Abélard s’est avancée de vox à sermo, c’est-à-dire vox innuens insti­ tutionem non simpliciter essentiam vel prolationem, sed I significationem. Loc. cit., p. 119, 1. 1-2. L’essentiel du terme c’est son institution par les hommes, comme signe. Heinersn marqué l’importance de La significatio chez Abélard, mais il veut qu’on la conçoive objec­ tivement comme proprietas vocis; cf. supra, col. 719. La logique Ingrcdientibus oblige d’ccartcr cette inter­ prétation. Si nous faisons de l'universalité des genres cl des espèces une propriété du son proféré, il faut nous demander comment genres ct espèces demeurent, alors que le son disparait, aussitôt né : .'c son. qui ne subsiste pas, n’est pas le sujet de propriétés réelles, mais nous considérons par l’esprit qu’une fois institué, le nom dure toujours, avec son universalité, qui le fait genre ou espèce : experimur... voces... nunquam subsis­ tere nec vera accidentia in se habere, sed sicut semper attenduntur voces existentes, postquam sunt semel impo­ siti?, ita carum proprietates, quasi vere existant, cogi­ tantur. fid. Gcycr, p. 39, I. 1-7. Nos paroles s’écoulent sans cesse et ne prennent un sens qu’achevées, quand elles ne sont plus : tunc significare orulio videtur, quando tota pneteriit ac jam oratio non est. Ibid., p. 175, 1. 31-35. Voici donc le sens de < signifier · : cum dicitur orationem significare, non sit sensus ut oratio significationem habeat, sed potius ut anima alicujus, per earn qua jam non est, intellectum habeat. Ibid., I. 36-38. La parole est significative : cela ne veut pas dire que la parole possède un sens, comme la substance porte un accident, mais que. par le son (pie nous venons de proférer, nous avons, comme âme, une intellection. Voilà donc le sens de la comparaison «pii éclaire la dif­ férence vox-sermo; cf. col. 725 au bas; que la pierre soit image, cela ne tient pas à son être, mais lui est donné çomparatlone hominum; le sens d’une parole n’en est' pas une propriété physique, il vient de l’Ame. Iji signification qui fait le terme implique un rapport à la chose qui s’établit par une intellection. Nous allons vers une psychologie. 5® La signification des universaux. — Les termes, noms et verbes, ont deux signifiait ions, que nous appellerons réelle et intellectuelle : Nomina et verba duplicem significationem habent, unam quidem de rebus, alteram de intellectibus. Voici la signification réelle, où ne paraissent pas seulement le terme el la chose, mais encore l'intellect ion : Iles enim significant constituendo intellectum ad eas pertinentem, hoc est natu­ ram aliquam earum vel proprietatem attendentem. Celte 727 NOMINALISME. SIGNIFICATION DES UNIVERSAUX 728 attention à h nature ou propriété d’une chose, nous | Abélard sc défend d’unir des réalités dans le néant, verrons que c'est précisément l’intcllection. Et voici in nihilo, p. 20, I. 2. Il y a un état d’homme qui n'est h signification intellectuelle : Intellectum quoque pas rien ct n’est pas une chose, statum autem hominis, designare dicuntur, stvc is sil intellectus proterentis ipsum esse hominem quod non est res, vocamus. Ibid. verem, sive audientis eam. Nam intellectum proterentis p. 7-8. SI nous l’entendons bien, cette doctrine met in eo significare vox dicitur, quod ipsum auditori ma­ entre les individus une ressemblance réelle, mais qu’on nifestat, dum consimilem in auditore generat. Éd. Geyer, ne peut d’aucune façon réaliser à part, en une essence: p. 307, J. 30; p. 308, 1. 1. Je parie pour faire voir Ia la nature d'homme n’est que la convenance substan­ nature des choses ct découvrir nia façon dc la voir. tielle des individus, absolument indistincte des Indi­ L I.c problème : tes universaux paraissent dépourvus vidus. Cette ressemblance suilli à rendre raison du de tente signification. — Les ternies singuliers ont cette terme universel, du côté des choses; voilà ce que nous double signification : iis signifient une chose, et, la cherchions : communis causa secundum nomen im­ signifiant telle qu'elle est, ils en communiquent une positum est, p. 19, I. 15-16. 11 y a dans les choses une saine intellection, sanus autem est omnis intellectus., raison de les nommer par des universaux. per quem attendimus uti res se habent, ibid., p. 326, Faut-il parler de < réalisme modéré ·? Geyer, Die I. 30-31. II ne paraît pas en être de même des univer­ Stettung Abaclards in der I 'niversalien/rage nacli neiien saux, ct c’csl pourquoi ils font question : Bene autem handschn'ltlichcn Texle n dans Festgabe... Clemens de universalibus non dc singularibus vocibus qurrstiones Baeumker, p. 115; de Wulf, Histoire dc la philosophie fiebant quia non ita de significatione singularium médiévale, 5· éd., t. t. p. 151-156. En ce point de dubitabatur. Ibid., p. 30, I. 6-7. Les termes universels notre élude, rappelons seulement qu’Abélard a refusé semblent n’avoir aucun sens : ex toto a significatione toutes les manières, par lui connues, d’attribuer aux Didentur aliena. Ibid., p. 19. I. 6; ni signification choses l’universalité, telle qu’il la définit. Par leur réelle, ni signification intellectuelle. Les choses sont convenance mutuelle, les choses assurent aux termes essentiellement individuelles; les universaux ne les une universalité qu’elles n’ont pas : universalitatem désignent pas ainsi. Ils pourraient les désigner en quam res voci conteri, ipsa in se res non habet. Éd. tant qu’elles conviennent entre elles, mais il n’y a rien Geyer, p. 32. L 8-9. 11 y a assez en elles pour que des en quoi elles conviennent : Ile bus autem nullis vide­ universaux puissent les signifier : communem causam bantur imponi universalia nomina, cum scilicet omnes impositionis nominis ad singulos, secundum quod ipsi res discrete subsisterent nec in re aliqua, ut ostensum est, ad invicem conveniunt. Ibid., p. 30, 1. 8-9. convenirent, secundum hujus rei convenientiam univer­ Ayant assuré la signification réelle des universaux, salia nomina possint imponi. Ibid., p. 18, 1. 9-12. La considérons leur signification intellectuelle, voyons même intuition joue toujours le rôle décisif : l’in­ quelles intellections ils constituent. 3. Signification intellectuelle des universaux. — dividualité radicale des choses, qui les empêchait C’est toute une psychologie qu’Abélard introduit ici : d’être universelles, empêche les universaux dc les signifier. nous en marquerons seulement les articulations essen­ Avec la signi lira lion réelle, les universaux perdent tielles. Avant de considérer I’intcîlcclion des univer­ la signification intellectuelle : la pensée ne trouve rien saux, il faut considérer I'intellection en général. il saisir dans un universel, ipsa communitas imposi­ a) Intellection : conception d'une image. - - Le sens tionis ci est impedimento, ne quis po*sll in eo intelligi, use d'instruments corporels cl ne peut donc percevoir sicut in hoc nomine Socrates » c contra unius propria que des objets corporels. Il n’en est pas dc même de persona intelligitur, unde singulare dicitur. In nomine l'intcllection : Intellectus au tern sicut nec corporeo vero communi quod homo > est, nec. ipse Socrates nec indigeris instrumento est, ita nec ncccsse est cum sub­ altus nec. lota hominum collectio rationabiliter ex vi jectum corpus habere in quo mittatur, sed rei similitudine vocis intelligitur, nec etiam in quantum homo est, ipse contentus est, guarn sibi ipse animus conficit, in quam Socrates per hoc nomen ut quidam volunt, certiflea­ sua· intcUigentia· actionem dirigit. Ed. Geyer, p. 20, tur. Ibid., p. 18, 1. 24-30. C’est toute la critique du I. 23-27. 11 faut au sens la chose présente. Quand réalisme qui empêche les universaux de constituer des elle l’est, l’intcllection l’atteint, comme le sens. Intellections. En «fiel, connu» l’a vu Eoccc, une Ibid., p. 21. 1. 18-26. Mais, si la chose est absente, Intellection s. ns objet n’est pas une intellection : ex il suffit a l’intellect de sa ressemblance, qu’Abélard nullo subjecto fieri intellectus non potest, ibid., p. 19, désigne de multiple façon : rei similitudo, ibid., ρ. 20, ρ. 28; /orma rei quam \intcllectiis | concipit, ibid., L’essentiel du terme est de signifier; nous en sommes I. 20-30; res imaginaria qua darn ct ficta, ibid., 1. 31-32; à nous demander comment des termes universels sont imago, p. 21. I. 6; forma imaginaria, p. 313. 1. 36; possibles, du côté des choses el du coté des intellec­ instar quoddam., p. 314. I. 1; rerum effigies, ibid., tions. Du côte des choses d’abord : I. 6, etc... Nous dirons simplement < image · el nous 2. Signification réelle des universaux. — L’erreur du parlerons, comme Abélard, dc Irur conception » par réalisme n’est pas dc reconnaître, mais dc concevoir l’âme. mal la ressemblance qui existe entre les choses. Grâce aux Images, l’intcllection trouve un objet, Abélard accorde que Socrate et Platon conviennent en l’absence de la chose même ; entre {’intellection l’un avec l’autre : in eo conveniunt quod homines et l’image, il y a l’opposition «l’une action dc l’âme sunt Ibid , ρ. 19, I. 23-24. Mais il n’ajoute pas, comme à l’objet où elle tend, même opposition qu'entre le les réalistes, qu’ils conviennent en l’homme : Non sens cl la chose sentie : Sicut autern sensus non est dico in homine, cum res nulla sit homo nisi discreta. res sensita, in quam dirigitur, sic née. intcttcrlus (arma Ibid., L 24-25. Tout homme est individu et lout est rei quam concipit, sed intellectus actio quadam est homme est individuel. Aussi la convenance s’établit, animrr, unde inteltigens dicitur, forma vero in quam non en l’homme ou en une chose quelconque, mais dirigitur res imaginaria quadam el fleta. Ibid., p 20, dans le fait d’etre homme : in esse hominem. Esse I. 28-32. Dans l’image. Pâme sc donne un objet; cela autem hominem non est horno nec res aliqua, ibid., se produit dans l'intcllection dc toutes choses, même 1.25-26. 11 faut donc concevoir entre les choses une non sensibles, à l’exception des images elles-mêmes : convenance qui ne soit pas une chose de plus, une Sed et ipsam imaginem rei si cogitamus per sc ipsam, chose dans les autres : \convenientia | secundum id non per aliam imaginem accipere videmur, quia cum accipienda est, quod non est res aliqua. Ibid., I. 31. Mais ipsa se prasentet intellectui, non est opus pro ea aliam n’élre pas une chose, cela ne veut pas dire n’êtrc rien; [ supponere. Ceteras vero res insensibiles non nisi per ima- 729 NOMIN \LISME. SIGN I HCATION glues pro cis constitutas intelllgere possumus nee ctiam ipse intellectus. Éd. Geyer, p. 322. I. 11-21. Quand jc parle d’une intellection et que j'y pense, j’en ai une image. On a soutenu qu’hnagc et intellection d'unc chose ne faisaient qu’un : cam [formam] idem quod intettecIum vocant, ut fabricam turris quam absente turre con­ cipio et altam xl quadratam in spatioso campo contem­ plor, idem quod intellectum turris appellant. Ed Geyer, p. 21, I. 1. Voyons si les propriétés de l’image, par exemple, la hauteur que jc vols dans l'Image d’une lour, peuvent être des propriétés de I‘intellection, (’.cite hauteur quo nous voyons, même la tour détruite, ne peut être la vraie hauteur, qui st trouve seulement dans la tour; ce n’est donc pas une qualité réelle, mais une qualité feinte; ct comment une qualité feinte serait-elle la propriété d’une réalité telle que 1’intel­ lection? Reste que cette qualité feinte repose sur une substance également feinte : telle est l'image. Sed profecto vera quadratura et vera altitudo non nisi cor­ poribus insunt, ficta ctiam qualitate nec intellectus nec ulla vera essentia formari potest. Restat Igitur ut sicut licta est qualitas, substantia sit ei subjecta. Éd. Geyer, p. 21, 1. 11-11. L'intcllection est un accident dc la substance âme; on ne peut dire de l’image qu’elle soit substance, ni accident, [forma] quam neque substan­ tiam neque accidens appellare possumus, p. 20, 1.35-36; cf. p. 31-1, 1. 30-31; 315, 1.5-6. Ces conceptions, ccs fictions de l'esprit ne sont pas de vraies existences : imagines rerum quiv figmenta quadam sunt animi ct non existcntiir verse, p. 315, 1. 18-19. Elles ne sont rien : nil penitus esse concedimus, ibid., 1. 12. De cctte irréalité des images conçues par l’esprit, Abélard rapproche l’irréalité dc l’image que nous voyons dans un miroir : ea speculi imago qun· visui subjecta apparere videtur, nihil esse vere dici potest, p. 21, 1. 1416. Les images nous placent dans un ordre où il n’y a ni accident, ni substance, ni existence vraie; dans l’intcllection d’une chose en son absence, il y a concep­ tion d’un objet irréel : voilà l’image, la ressemblance de la chose. L’intcllection, qui est une action réelle dc l’Anic, peut être dite aussi cctte ressemblance, mais seulement parce qu elle est conception de l’image, quia scilicet id quod proprie rei similitudo dicitur concipit, p. 21,1. 7-8; cf. p. 322,1. 28-29. Ayant exami­ né Ia nature des images en général, voyons s’il n’en est de différentes sortes : Il y a des images propres à un individu et des images communes à plusieurs : qmvdam [imagines j propria· sunt et pro una certa substantia constituta', quadam communes, ad plura scilicet se habentes aqua­ li ter. Nam per « Socrates > hoc nomen ad propriam applicamus, per « homo · ad communem et quasi vagam, J». 316, I. 12-16; cf. p. 21, I. 27; p. 22. I. 21. Nous cherchons un objet à rintellcclion de l’universel; le voici : de mémo que l’intcllection du singulier, en l’ab­ sence de la chose, implique conception de son image propre, l’intcllection de l’universel sera conception d'une image commune. Mais l’intcllection tient-elle dans la conception d’une image? b) Intellection : attention à la chose : abstraction. — Les images ne sont que des signes : imagines tantum pro signis constituimus non eus quidem significantes, sed in eis res attendentes, p. 328, I. 35-36. Attentio rerum per imagines : voilà l’intcllection, où paruit la raison, non pas la simple conceptio imaginum, où ne sc manifeste que l’imagination. Ibid., 1. 3t. Abélard définit ainsi le discernement qui est la raison même : est enim discretio vis deliberandi ct attendendi rerum naturas vel proprietates. Ibid., p. 329, 1. 25-26. Nous savons comment se définit une saine intellection : [intellectus ] per quem attendimus uti res se habent, I». 326, 1. 31. C’est du point de vue non des images, | DES UNIVERSAUX 730 mais de l’attention aux choses, qu'il faut sc demander si l'intcllection de l'universel est une saine intellec­ tion. L'intcllection de l’universel envisage les choses par abstraction : intellectus per obstructionem, p. 25, I. 15. Ainsi, jc considère seulement Socrate comme substance, ou comme homme, ou comme grammai­ rien etc..., alors qu’il est tout cela ensemble. Mais percevoir les choses autrement qu’elles ne sont : vainc Intellection 1 Voici la réponse d’Abélard : l’abstraction serait à condamner, si elle considérait dans la chose une propriété qu’elle n'a pas, mais clic considère seulement une des propriétés qu'elle a : nihil nisi quod in ea est intetligo, sed non omnia quir habet attendo, p. 25, 1. 25. L’abstraction serait encore à condamner, si elle considérait que la chose ne possède qu’une propriété ct la réalisait à part, mais elle considère seulement la chose dans cette propriété qu’elle conçoit seulement à part : Non cnim res hoc tantum habet, sed tantum attenditur ut hoc habens, ibid., I. 28-29; intellectus fier abstractionrm dtvisim attendit non divisa, ibid., p. 26, I. 23. La chose est considérée dans la réalité dc son état, non alio quidem statu quam sit, ut supra dictum est, p. 25,1. 30-31 : Abélard sc réfère ici à l’idée de status qui assure la signification réelle des universaux. 11 parait aussitôt que. constituant une intellection d’un étal des choses, ccs universaux possèdent la signi­ fication intellectuelle. Reste cependant que dans V intellectus per abstrac­ tionem, la manière dc connaître n’est pas la manière d’exister : alius modus est intelligendi quam subsistendi. Separatim namque hive res ab alia non separata intel· ligitur,cum tamen separatim non existât, p. 25, 1.3132. « Abstraction · fait penser nu · réalisme modéré », d'autant plus que des lignes de saint Thomas rap­ pellent ce texte d’Abélard; ci. Uebenvcg-Geycr, Grundriss der Geschichte der Philosophie, 11* éd.» t. π, p. 218. A mesure cependant que se développe l’histoire de la pensée médiévale, on aperçoit que le même mot d'abstraction peut couvrir des pensées très differentes ; cf. J. Rohmer. La théorie de l'abstrac­ tion dans l'école franciscaine d'Alexandre de Halès à Jean Peckam. dans Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age. 3” année, 1928, p. 105 sq. L'abstraction thomiste est transmutation du sensible en intelligible; nous sommes en métaphysique : il s’agit de libérer une forme de sa matière. Avec Abélard* nous sommes seulement en psychologie : Il s'agit seu­ lement dc considerer, de différentes façons, les choses el leurs images; l’abstraction est discernement. atten­ tion. Rien de plus. I. Signification imaginaire des universaux. — Nous voulions assurer aux universaux la double signi­ fication, réelle cl intellectuelle, qui convient a des termes. Ce faisant, nous avons découvert une troi­ sième signification : a) Triple signification des termes. — J'entends un nom : je pense à la chose; j’ai la même pensée que celui qui parle; je conçois l'image de la chose; le nom signifie la chose, rintellcclion ct l’image même : quippe cas [imagines | concipere per nomma quid aliud, est quam per ea significari ? Éd. Geyer, p. 21, I. 27-28. Getle signification imaginaire vient en dernier lieu, car les termes se rapportent d'abord aux choses et aux intellections; voici la raison de leur institution : ut videlicet de rerum naturis doctrinam facerent, non de hujusmodi figmentis, et intellectus de rebus constitue­ rent, non de figmentis, sed tantum per figmenta, p. 315, I. 30-32. Les images ne sont que des signes, nécessaires à l’intcllection des choses absentes. b) Image el idée. — A propos des images des choses, Abélard évoque les Idées platoniciennes : quidam vero 731 NOMINALISME. ABÉLARD, CONCLUSIONS ideas sine exemplares formas ipsas [effigies rerum | nomi­ nant Quas rtiam Plato res incorporeas appellat cl divinn menti adscribil, sicut archetypum mundum farmasque exemplares rerum, quas Priseianus in primo Constructionum dicit inlelligibiliter et in mente divina constituisse, antequam in corpora prodirent, p. 311, L 13-17; ct. p. 22, I. 28 sq, 11 s'agit des images com­ munes, donc d'idées générales, rie connaissances par abstraction qui conviennent à Dieu plus qu'à l’homme: here autan communis conceptio bene Deo adscribilur, non homini, p, 23, I. 1-2;... bene divina' menti, non humana* hujusmodi per obstructionem conceptiones adseribuntur, p. 23. I. 6-8. Ces textes posent en toute netteté le problème du platonisme d'Abélard, coexistant â son nominalisme, que les historiens ont évoqué souvent; cf Reiners, Der h'ominalismus in der Frilhscholaslik... p. 53-51; de W'ulf, Histoire, clc...,p. 155,3°; l-eberwegGeycr. Grundriss,,. p. 219; Brchier, Histoire de la philosophie, t. i. p. 586. M. de Wulf nous dit qu’Abélard ’développe longuement la thèse des idées divines »; ct cela contribue sans doute à lui donner allure de • réaliste modéré ». La thèse platonicienne pose des réalités intelligibles étemelles; la thèse thomiste iden­ tifie ces Idées avec l’essence divine, ce qui fait appa­ raître, d’un certain point de vue, une multiplicité en Dieu. Que trouvons-nous dans les textes d’Abélard? r) t a connaissance divine des genres el des espèces. — Voici notre difficulté : dans un nominalisinq pour qui l'individu seul existe, tout entier individu. Dieu posséderait des idées des genres ct des espèces. Et voilà notre réponse : a. More humano de providentia Dei Plato locutus est, éd. Geyer, p. 311,1.20. Abélard nous avertit que, dans son langage platonicien, il y a une part d'anthropo­ morphisme : le Dieu artiste, la forme exemplaire, ibid., 1. 17-22; cf. p. 22, 1. 34-36. b. H tic aulem communis conceptio bene Deo adscri­ bilur non homini, quia opera illa generales vel speciales natura* status sunt, non artificis, ut homo, anima vel lapis Dei, domus autem vel gladius hominis, p. 23. 1. 1-4. L’état de genre ou d'espèce n’est pas artificiel, œuvre de l’homme; mais naturel, œuvre de Dieu. Dieu, qui les fait, connaît les genres ct les espèces avant qu’ils soient; l’homme, qui ne les a pas créés, ne les connaît pas ainsi. r. Inde etiam bene divimv menti, non humante hujus­ modi per obstructionem conceptiones adseribuntur, tpi ia homines, qui per sensus tantum res cognoscunt, vix aut nunquam ad hujusmodi simplicem intelligentiam con­ scendunt et ne pure rerum naturas concipiant, acciden­ tium exterior sensual iter impedit. Deus vero cui omnia per se patent, qua* condidit, quique ea antequam sint novit, singulos status in se ipsis distinguit nec ei sensus impedimento est, qui solus veram habet intelligentiam, p. 23, 1. 6-13. Les genres et les espèces tiennent à la convenance mutuelle des substances; les sens retiennent des choses les accidents; la connaissance humaine, où les sens ont toujours une part, ne saisit jamais dans sa pureté la substance des choses; c’est ù une intelligence libre des sens, telle que Dieu, qu’il revient de saisir genres et espèces. Pour le nominalisme d’Abélard. qui s’insère dans une tradition aristotélicienne, genres ct espèces ne for­ ment pas une classification artificielle, relative ù l’uti­ lité humaine; ils dessinent l'ordre des substances, la classification naturelle. C'est Dieu qui connaît le mieux l'ordre de la création. Le texte d’Abélard ne paraît imposer rien d'autre que les choses, ct leur vision par Dieu : Deus verocui omnia per se patent, quir condidit. d Connaissance divine et essence de Dieu. — Dieu connaît les genres et espèces. Comment les connalt-ll? C’est ici que peuvent s’introduire les idées. Mais Abé­ lard écrit de Dieu : e/us substantiam, quie sola incom­ 732 mutabilis est ac simplex, nullis conceptionibus rerum vd formis aliis variari. C'est la simplicité radicale de l’essence divine, opposée â la multiplicité des termes qui nous servent à en parler : Nam licet consuetudo humant sermonis de creatore quasi de creaturis loqui pré­ sumai, cum videlicet ipsum vel providentem vet inMil· gentem dicat, nihil tamen in co diversum ab ipso vel intelliqi debet vel esse potest nec intellectus scilicet nec alia forma. Il y a bien une multiplicité des noms divins, mais absolument aucune multiplicité ne lui cor­ respond en Dieu. D’où la conclusion : Atque ideo omnis quastio de intellectu quantum ad Deum super­ vacua est. il faut s'arrêter au fait que Dieu connaît, à cette connaissance qui est son essence même. Abélard n'est meme pas satisfait du terme providere, qui indique sans doute une façon do connaître : Sed si expressius veritatem loquimur, nihil aliud est eum futura pro­ videre, quam ipsum, qui vera ratio in se esi, futura non latere, p. 27,1. 9-17. Mais, avec l’idée de providence, nous voyons s’effacer l'image de l’artiste ct la notion de forme exemplaire, d’idée, qui s’y trouvait liée. Tout anthropomorphisme mis de coté, il reste que genres el espèces correspondent ù un état des choses, que genres et espèces ne demeurent pas cachés à Dieu. c. l.es noms divins. —Si l’essence divine est radi­ calement simple d’où vient la multiplicité des noms divins? Du fait que nous nommons Dieu en le rappor­ tant à scs œuvres, qui sont multiples : more humano loquentes simplicem ejus essentiam et in se modo invariabilem pro his qua* per cum invariabilem varie fieri contingunt et varie a nobis excogitantur variis designamus nominibus, p. 428, I. 12-14; voir tout le passage, p. 427, 1. 38-p. 428, I. 25. La diversité des noms que nous appliquons à l’unité divine procède uniquement impliciter fabas, quarum tamen quamlibet ante­ inexercitatos in logica, q. iv, A. nous aiderons à retrou­ ponerem quam aliquam improbatam in pnrcedenhbus ver ce point de vue. Nous avons rencontré l’universel à propos de la science de Dieu. Mais de quoi donc est qmr itionibus, q. vm. A. Une notion fausse de I exis­ 737 NOMINALISME. CRITIQUE DU REALISME 738 faite une science? - De propositions : Scientia quail- 1 recouvre: une chose cn quelque façon réelle extra antirnam, — c’est la réponse des < réalistes », ou bien un bd est tantum de propositioni but tanquam de illis qua terme simplement pensé, in anima, —c’est la réponse sciuntur, quia soin propositiones sciuntur, llya, pour des « nominalistes * ou « tcrministes »; cf. Michalski, une proposition, trois modes d'être, triplex esse, scilicet Le criticisme et le scepticisme dans la philosophie du in mente, in noce el in scripto; il y a des propositions simplement pensées, d’autres parlées, d’autres écrites. : Λ/ι* sidle, Cracovic. !‘j2i». p 7.s 80. Qu’on ait â dis­ cuter le réalisme, utrum universalia sint res extra ani­ Entre le plan de la pensée et les deux plans du lan­ gage, il y a une correspondance telle que l'analyse de mam, ou à préciser une position nominaliste, utrum [universalia] sint subjective in anima, an objective la pensée suit les articulations du langage : sicut pro­ positio prolata nere componitur ex vocibus, et propositio tantum, dans les deux cas, on dépasse la logique, on fait de la métaphysique. scripta vere componitur ex scripturis, ita propositio tan­ Voici deux textes d’Occam, décisifs : purus logicus tum concepta tantum componitur ex intellectionibus vel conceptibus seu intentionibus anima·. Vnc proposition non habet disputare utrum universalia quæsunt termini se décompose en termes, partes propositionis, dont propositionum sint res extra animam vel tantum in ani­ chacun possède également trois modes d’être, in mente, ma vel in voce vel in scripto, dist. II, q. iv, A A: — in voce, in scripto. Ainsi, les universaux, prn'dicabilia, utrum autem lalta (homo, animal, etc...) sint readier universalia quæ sunt termini propositionum, q. iv, A A. et subjective in anima, an objective tantum, non hoc Écrits, parlés, pensés, ce sont toujours des tenues, spectat determinare ad logicum, dist. XXIII, q. i. D. Nos questions iv a v m de natura universalis sont toutes mais, écrits ou parlés, ils appartiennent à une langue particulière; pensés, ils ne sont d’aucune : pars projiode la métaphysique : il s’agit partout de la possibilité sitionis consimilis |twci ] in mente.,, circumscribendo ou de l’impossibilité de modes d’existence, soit hors omnem vocem... nullius lingua est, q. iv, M. Cette lo­ de l'Ame, soit en l’àme. Mais sur la question in anima, on n’atteint qu’à la probabilité; sur tes questions gique qui sc réclame de Boécc nous rappelle justement \l»»dard. extra animam, on touche a l'évidence; là d’ailleurs se 3. Theorie de la Suppositio. Les termes d’une pro­ joue l’essentiel du débat; c’est là que le nominalisme position y possèdent un sens:ilss’y rapportent à quel­ sc sépare du réalisme. Examinons ces conclusions des que chose dont ils sont les signes, relation qu’Occam questions iv-vn, auxquelles Occam tient si fort, où exprime par supponere pro ; la suppositio est cette parait l’absurdité du réalisme, l'évidence du nomina­ lisme. D’une logique qui analyse la pensée à partir du fonction de signification que le terme remplit dans la proposition. Précisons sur un exemple : le terme homo langage cl nous rappelle la logique d’Abélard, nous allons vers une métaphysique : y retrouverons-nous entre dans trois propositions, que nous considérerons in voce, in istis propositionibus prolatis et auditis auri­ ! l’esprit d'Abélard? bus : a) homo est vox dissijllaba, b) homo currit, 3” L'absurdité du réalisme : l'idée d'individu. — r.) homo est species, q. iv. M. Chaque forme de réalisme se définit par la façon dont a) Suppositio materialis. Quand je dis : homo est elle distingue l'universel des individus où il se réa­ vox dissijllaba, il s’agit du mot même, homo, du son lise : I. readier; 2. /ormaliter; 3. secundum rationem; dont il est fait, illa nox tenetur materialiter, quia ilia ci. supra 1·. 2. vox ibi secundum quod propositio est vera stat ct suppo­ 1. Readier, —- La première forme du réalisme sc sub­ divise ù son tour en deux selon que l’universel sc mul­ nit pro seipa. Quand le mot se prend pour le son dont il est fait, c’est la suppositio materialis. tiplie ou non. d’un individu à l’autre ; col. 734 au bas. a) Xon multiplicatur. — En face de l'idée d’une b) Suppositio personalis. — Je dis maintenant : homo currit, ce qui court, ce n’est pas le mot. ce sont chose qui existerait en plusieurs tout cn restant iden­ les hommes, des individus réels, ibi [par] stat perso­ tique ù soi, la position d’Occam est extrêmement nette : ista opinio est simpliciter /alsa et absurda; cette naliter, quia supponit pro ipsis hominibus non pro voce, note d’absurdité revient maintes fois: ...quit absurda quia illa vox non potest currere. Quand le mol sc prend sunt........ et multa alia absurda qua· nullus sana· men­ pour les choses mêmes qu’il signi lie. pro ipsis rebus tis caperet sequuntur..., ...ex illo sequuntur multa ab­ significatis, pour un ou des individus, c’est la supposi­ tio personalis. surda... I SenL.ilM. II, q. ι\, I). Panni cette surabondance d’absurdités, essayons de c) Suppositio simplex. - - Si je dis : homo est species, Il ne s’agit plus des hommes, d’individus, mais de distinguer une note dominante. Le premier argument quelque chose qui leur est commun, illa vox supponit qu’apporte Occam s’énonce ainsi: lads res [universa ds], si poneretur, esset una numero, ergo non esset in simpliciter pro aliquo communi. Il y a suppositio sim­ pluribus singularibus, nec de essentia illorum. Le se­ plex quand le mot est pris, non pour des individus, mais pour quelque chose do commun. cond confirme le premier et s’achève ainsi : ergo est una numero. Quant au troisième, voici encore sa con­ Au lieu de : homo est species, je pourrais dire : homo clusion : ergo non est aliqua res universalis de essentia est universale, (’.et aliquod commune auquel homo se istorum individuorum. Nous voulons metire dans tes rapporte dans la suppositio simplex, c’est précisément I universel dont nous discutons la nature, illud quod individus une chose uniwrsellc. absolument une cn soi immediate rt proxime denominatur ab intentione univer­ cl essentielle â eux- tous; mais celte chose, ce n’est plus salis, q. iv, A. Mais, en traitant dénatura universalis, un universel, c’est un individu de plus, est una numero, extérieur aux autres, non est de essentia istorum. Occam nous quittons la logique, nous sommes en métaphy­ sique : logicus pnreise habet dicere quod in ista pro­ s’explique on ne peut plus clairement : vere et proprie positione : homo est species, subjectum supponit pro jtolest dici... quod illa res universalis est una numéro, uno communi ct non pro aliquo signi ficato suo (pour un sicut essentia divina est una numero, ct sicuf intellectus des Individus qu’il désigne). Utrum autem illud com­ possibilis qui fingitur a Commentatore est unus numero, mune sit rente vel non sit reale, nihil ad eum sed ad et sicut quicumque angelus est unus numero, et anima mdaphijsicum, dist. XX Ill, q. i. intellectiva secundum rci veritatem est una numero; •I Le problème métaphysique. - Arrêtons-nous ù ce comme Dieu, l’intellect d’Averrovs, l’ange, l’ùmc intel­ passage de la logique ù la métaphysique. Au cas où lective, notre universel est un individu séparé ». Il un nom commun, homo, par exemple, ne désigne plus est séparé du sensible; Occam peut évoquer plus loin tes indixIdus auxquels il s'applique, mais sc prend pour le platonisme, opinio Platonis, — cl il devient pro­ ce quelque chose qui leur est commun, pro aliquo com­ prement individuel, singulier : ct fla per consequens muni, il s’agit de déterminer ce que précisément il cum omnis res una numero sit vera res singularis, omnis mer. de THÉO U CATII. T. 739 NOMINALISME. CRITIQUE DU res universalis erit vere res singularis, q. iv, D. L'unité de la chose universelle en fait l’unicité, qui la sépare des individus dont clic devrait être l'essence : c’est un être, donc un individu. b) .Multiplicatur. — L'universel est ici affecté de différences qui le multiplient d’un individu à l'autre : l’universel n’est qu’une partie des individus; quand le tout varie, la partie varie également. Le jugement dOccam est aussi dur : (sla opinio est simpliciter falsa, q. v, B. La note d'absurdité revient : l’adversaire est acculé â deux conséquences inadmissibles, quorum utrumque est absurdum; d’ailleurs, on pourrait em­ prunter contre lui bien des arguments ù la question précédente ; quod non sit talis natura [universalis] pro­ bant fere omnes rationes positie in priori quæstione contra opinionem ibi improbatam, q. v, I). Retenons cependant une raison nouvelle appro­ priée a cette question : non posset ibi poni talis natura nisi esset pars essentialis ipsius individui, sed semper inter totum et partem est proportio, quod si totum sit singulare, non commune, qua libet pars eodem modo est singularis proporlionabilitcr, nec potest una pars plus esse singularis quam alia; ergo vel nulla pars individui est singularis vel quadi bel; sed non nulla; ergo qualibet, q. v, D. Si le tout est singulier, la partie l’est aussi ct toutes le sont également : la singularité prend tout l'être. Il y a deux manières de mettre, entre l'universel et l’individu où il sc réalise, une distinction réelle: ou bien il est un dans tous, ou bien il varie de l’un à l’autre, comme la partie change avec le tout. Dans le premier cas, l’universel se ferme sur soi et constitue un individu de plus. Dans le second, l’universel devient aussi singulier que l’ensemble où il est pris. Réaliser ainsi l’universel est une absurdité, mais cette absur­ dité nous découvre une évidence, l'évidence que l’être esl individu et tout entier singulier. 11 faut bien penser ή Abélard; cf. supra, 1.3°, 3 (col. 723). La même idée s'affirme dans les questions vi et vu. où Occam rejette entre l’universel ct l’individu la distinction formelle et la distinction de raison. 2. Formaliter. — Apres avoir exposé et critiqué la doctrine de Scot. Occam nous propose les conclusions suivantes, q. vi. P, Q : Quirtibct res singularis seipsa est singularis. L’indi­ vidu est coulé d’un bloc : sa singularité n’est pas de l’ajouté, aliquid additum; c’est son essence même. ; Omni res extra animam est realiter singularis el una numero. Toute chose subsistante est une chose, un individu. Quo libet res extra animant seipsa est singularis, ita quod sine omni addito est illud quod immediate denom inatur ab intentione singulari. Reprise en une seule des deux premières propositions : le réel est essentielle- I ment. Immédiatement singulier. Xec sunt possibilia quarumque a parle rei qualiter­ cumque distincta, quorum unum sil magis indifferens quam reliquum, vel quorum unum sit magis unum nu­ mero quam reliquum. La doctrine de Scot longuement exposée auparavant, q. vi, B, analyse l’individu en une nature el une différence : la nature, de soi Indiffé­ rente a être cet Individu ou cet autre, possède en sol une unité réelle quoique moindre que l’unité de l'in­ dividu. unitas rcalis minor unitate numerali. 11 est patent que cette Indifférence ct celte unité Intérieures a l'individu ne peuvent se concevoir dans la réalité coulée d’un bloc qu’Occam a d’abord posée. Ita qualibet res extra animum seipsa erit here. Nous reprenons encore l’idée essentielle pour en considérer deux conséquences : nec est qua-renda aliqua causa indtviduationh. L’être esl Individu par cela même qu’il est; on n’a que faire d'un principe d’individuation. REALISME 740 ,,.sed magis esset qua rendu causa quomodo pouibilt est aliquid esse commune et universale. S’il n'y a plm â expliquer l’individu, l’universel fait difficulté; com­ ment en assurer la possibilité dans un monde où tout est singulier? Nous avons rencontré la difficulté chez Abélard; nous la retrouvons chez Occam, avec la même solution. Si Socrate n’a pas plus de rapport avec Platon qu'avec un âne, on ne comprendra jamais com­ ment Socrate et Platon vérifient lu notion d’homme, el l’âne point, nisi major esset convenientia inter Socra­ tem et Platonem quam inter Socratem rt istum asinum non plus posset abstrahi conceptus specificus a Socrate d Platone quam a Socrate ct asino, q. vi, M M. Comment se représenter la convenance entre Platon ct Socrate qui fonde l'espèce « homme >? Voilà la question qui divise réalistes el nominalistes. Les réalistes raisonnent ainsi : omni intellectu cir­ cumscripto, major convenientia ex natura rei est inter Socratem ct Platonem quam inter Socratem et asinum, ergo ex natura rei Socrates et Plato conveniunt in aliqua natura, in qua nnn conveniunt Socrates el iste asinus, q. vi, M M; cf. ibid., E E. Le raisonnement est simple: realiter conveniunt, ergo in aliquo reali conveniunt... Le nominalisme refuse précisément cette nature qui sc retrouverait dans les individus, ayant en chacun sa réalité distincte. Mais refuser la convenance en une nature, cc n’est pas repousser toute convenance, ni les degrés de convenance. On concevra simplement la ressemblance de Platon à Socrate à la manière dont on conçoit la ressem­ blance d'une créature â Dieu, el qu’une créature soit plus qu’une autre semblable à Dieu : on ne met cepen­ dant pas à la réalité divine et à la réalité créée un clément commun, magis convenit natura intellectualis cum Deo, ex hoc quod est imago Dei, quam natura insen­ sibilis, qua· non est imago Dei; ct tamen in nullo reali conveniunt, quod sit aliquo modo distinctum ab istis, etiam secundum cos (les réalistes), sed seipsis plus con­ veniunt. Ita in proposito : quod Socrates ct Pluto plus conveniunt quum Socrates ct iste asinus, omni alio cir­ cumscripto, q. vi, N N. El plus loin : est major conve­ nientia inter Socratem et Platonem quum inter Socratem el istum asinum non propter aliquid aliquo modo distinc­ tum, srd seipsis plus conveniunt, ibid., O O. De même que. pour expliquer que Socrate est Socrate, il ne faut pas concevoir une différence qui individue sa nature; pour expliquer que Socrate est homme, il ne faut nulle­ ment distinguer dans l’individu une nature; arrêtonsnous ainsi devant l’être un de Socrate ou de Platon : nec est alia causa quicrcnda nisi quia Socrates est Socrates, et Plato est Plato, ct ulerque est homo, ibid., E E. Mais homo ne désigne ici aucune réalité distincte, simplement celte ressemblance qui va de tout Socrate ù tout Platon et fonde duns l’âme une notion commune. On retrouve la position d'Abélard,et même ses expres­ sions. Nous revenons toujours â ce point que l’être est individu, d’une seule coulée et faisant bloc. 11 y a sans doute des degrés dans le réel, degrés de convenance, major convenientia inter Socratem ct Plutonem quam inlcr Socratem ct istum asinum, et degrés de perfection, iste angelus est perfectior isto asino, q. vi, Q. Mais ces degrés réels sont des degrés entre les êtres. A l’intérieur d’un être, il n’y a pas de degrés d’être, de réalités distinctes : tout est égal ct indivis Voilà ce que signifie le rejet de la distinction formelle Reste à examiner la question vu, où Occam rejette la distinction de raison. 3. Secundum rationem. Aux questions iv, v, vi, on a montré que Γuniversel el le singulier ne pouvaient pas constituer des réalités distincte si l’universel est réel, il faut donc qu’il soit la même réalité que le sin­ gulier : aut eadem res realiter est universalis et singula­ ris aut non. A’on potest dui quod non, sicut probatum 741 NOMINALISME. PROBLÈME DES DISTINCTIONS est in tribus quæstlonlbus prit cedentibus, la différence déraison sc pose sur une identité de réalité, q. vu, G, Il faut qu’universel et singulier soient une seule ct même chose : cc qui est impossible ici. La définition de l’universel le sépare du singulier : ilia res qun· est singularis non est prit dicabitis de pluri­ bus, sed quod est universale esl pro dicabile de pluribus, ergo non est idem, q. vn, (i. Il est vrai que le réalisme ne prétend mettre dans les choses qu'aliquo modo, saltem in potentia ct incomplete, ibid., l'universalité de la proposition : universale non prirdicatur de pluribus nisi per actum intellectus componentis, ibid., G. 11 lui suffirait de mettre dans la chose un posse prndicari de pluribus, mais sa singularité, c’est précisément un non posse pradicari de pluribus. C’est toujours la même incompatibilité radicale : posse prndicaridepluribuset non posse privdicari de pluribus contradicunt, ibid., IL La singularité de l’étre répugne à toute universalité, même de puissance : impossibile est contradictoria primo de codent verifleuri, ibid.. G; la dernière tonne du réa­ lisme n’est pas moins impossible que les premières. Occam peut donner sa conclusion générale dans toute sa force : nulla res extra animam nec per se nec per aliquid additum rcale vel rationis, ve! qualitercumque consideretur vel intetliqatur, esl universalis; - d’aucune manière, nous ne pouvons trouver l’universel dans la réalité; c’est impossible, au dernier degré de l'impos­ sibilité : tanta est impossibilitas quod aliqua res sil extra animam quocumque modo universalis... quanta est impossibilitas quod homo sit asinus, q. vu, S; autant vaudrait Identifier l’homme ù l’âne. ou à l’âne ct au bœuf tour â tour : eadem facilitate possem dicere quod homo secundum unum esse vel sub una consideratione vel intellectione est unus asinus, sub alia unus bos, et sub alia unus Ico: quod est absurdum, ibid., H. L'absur­ dité du réalisme éclate. L’universel devient extérieur au réel comme le mol l'est à la chose : Ideo dico quod universale non est in re nec realiter nec subjective, non plus quant hire vox: homo qua' esl una vera qualitas est m Socrate vel in illis quos significat; hoc universale est pars singularis respectu cujus est universale non plus quam vox est pars sui significati, q. vu, T. L’universel n’est pas plus dans les choses que la parole;on parle cependant des choses, on dit les mots des choses; de même façon, l’universel sera un signe : sicut lumen ipsa vox vere ct sine omni distinctione pru'dicalur de suo significato, non pro sr, sed pro suo significato, ita universale vere privd icatur de singulari suo, non pro st, sed pro singulari suo, ibid. Comme chez Abélard, la singularité du réel nous ramène à la seule universalité des signes, Et comme Abélard interprétait de celte façon Aristote, Porphyre cl Boéce, Occam interprète la tradition aristotélicienne plus vaste qu'il connaît : Et ista est intentio Philosophi ct Commentatoris, imo omnium philosophorum recte sentientium de universalibus, ibid. L I.* individu — Embrassons du regard la roule que nous avons suivie de la question iv à la question vu : Γη être, c’est un individu : unum numero, singulare (question iv); Toute partie d’un être esl individuelle comme lui (question v); L’être est Individu par cela même qu’il est : l’indivi­ dualité ne requiert pas d'explication; la possibilité de l’universel vient dr la convenance d'un individu avec l'autre : une ressemblance qui va de tout l’un à tout l’autre, sans en diviser aucun (question vi); L'individualité de l’être exclut de lui toute univer­ salité, même virtuelle; l’universel n’est avec le réel que dans le rapport de signe à chose signifiée (ques­ tion vu). En ces questions iv-vn dont il tient si fort les con­ clusions cl où 11 s’oppose consciemment à tous les 742 autres docteurs, Occam découvre, en même temps que l’absurdité du réalisme, une métaphysique de l’indi­ vidu. Nous tenons une position caractéristique de son nominalisme. Nous ne pouvons demander à Abélard, dans les pre­ miers momenlsdc la scolastique, celle perfection,cette abondance, cet excès même de technique que pré­ sentent, — après deux siècles, dont le xnr. — les questions d'Occam de natura universalis. Mais, chez l’un comme chez l’autre, on voit s'affirmer, sur un problème pose par une logique des termes, signes des choses, une métaphysique de l’individu qui fait peut-être l'essentiel du nominalisme. 1° Le problème des distinctions. — Une dernière remarque sur nos questions v-vi nous fera saisir l’am­ pleur de cette métaphysique : comment elle peut s'ap­ pliquer à de nouveaux problèmes. Occam ne traite pas de même façon toutes les dis­ tinctions : réelle, formelle, de raison : il écarte simple­ ment lu possibilité d'une distinction réelle entre l’uni­ versel ct le singulier; il déclare impossibles en soi, dans tous les cas. la distinction formelle et la distinction de raison. Le premier argument contre Scot commence ainsi : impossibile est in creaturis aliqua diflere forma­ liter..., q. vi, E, — sur la réserve in creaturis, unique­ ment motivée par des raisons théologiques; cf. infra, col. 778. A la question vn. K. où il est traité de In distinction de raison, Occam renvoie aux questions sur les attributs divins, sicut dictum est in quirstione de attributis, qui précèdent immédiatement les questions sur les universaux. La, nous retrouvons les distinc­ tions formelles et de raison; cf infra, col. 755 sq., dans toute une question sur la distinction de raison : Utrum aliquid reale posset distingui secundum rationem ab aliquo reali, loc. cit., q. m, A, et une argumentation contre In distinction tonnelle en général : Arguo per unum argumentum quod est irqualiter contra distinctio­ nem vel non identitatem formalem ubicumque ponitur, q. t. I>. Occam a eu conscience de la généralité du pro­ blème; cnvisagcons-le dans sa généralité. 1. Contre la distinction formelle. — La critique de la distinction formelle est une dans les questions i ct vi, E, la première sur les attributs de Dieu, la seconde sur les universaux. La distinction formelle existe ex natura rei, a part de l'intellect : ne mêlons pas nos concepts aux choses; pensons à la seule réalité. Toute distinction est une non-identité: là où n’existe pas l’identité parfaite, il y a matière ù deux contra­ dictoires : ubicumque est aliqua distinctio vel non iden­ titas. ibi possunt aliqua contradictoria dc illis vcrificari, q. i, D. SI a et b ne sont pas identiques, on peut tou­ jours opposer : Quand nous avons l'évidence d’une vérité contin­ L Comment Γintellect /ait abstraction des conditions gente» d’une existence actuelle» notre connaissance est matérielles, — L’aristotélisme tient que l’intellect fait une connaissance intuitive : universaliter omnis notitia abstraction des conditions matérielles, intellectus abs­ Incomplexa termini seu terminorum, scu rei vel rerum, trahit a conditionibus materialibus. Il Sent., q. xv, virtute cujus potest evidenter cognosci aliqua veritas con­ Z Comment le nominalisme va-t-il Interpréter ce tingens maxime de pncscnti est notitia intuition, Sent. texte? prol . q. i. Z. La connaissance du sens est une connaissance maté­ Pour éviter toute méprise» il faut remarquer qu’in­ rielle, cognitio materialis... qua perficit materiam extentuitif. pour Occam, ne signifie pas pleinement clair : est ' sive sicut jorma materialis ; quia visio corporalis extendi­ tamen sciendum quod aliquando propter imperfectionem tur in toto organo, sive composito ex materia ct jorma, loc. nulitiiv intuitiviv quia est valde imperfecta ct obscura, vel cit., CG : car la sensation est étendue. L’intcllection ne propter alia impedimenta potentia cognitiva , potest acci­ l’est pas, isto modo intellectus abstrahit a conditionibus dere quod nulla- vel paiicre veritates contingentes de re sic materialibus, quia intellectio est subjective in intellectu, intuitive cognitu possint cognosci, i bid. L'intuitif est seu­ non extensive in aliquo composito sicut organo corporali, lement cc qui assure l’évidence d’une existence actuelle. ibid ; elle est a part de la matière, de l’étendue. Notre première intellection est une connaissance in­ En ce sens, on peut dire que l’intellect fuit abstrac­ tuitive du singulier, concomitante â la sensation, ibid. tion des conditions matérielles, potest sic intelligi b) Toutes les fols que, pensant â une chose, nous dictum commune de abstraclione a conditionibus mate­ ne pouvons pas en connaît re des vérités contingentes, ni rialibus, ibid. L'abstraction caractérise l’acte de con­ décider de son existence actuelle, notre connaissance est naître, ct non pas l’objet connu. une connaissance abstractive : abstraction autem est ista C’est que la matière, pour Occam, est un intelligible. virtute cujus de re contingente non potest sciri evidenter Sans doute Averroès enseigne l’opposé : quod materia utrum sit vel non sit, et per illum modum notitia abstrac­ non est tnlelligibilis, ibid. Mais le nominalisme peut tion abstrahit ab existent ia ct non existcntia, ibid. trouver un sens à cette parole : dicoquodmateria impedit Voici un premier sens d*< abstraction : accipitur illam intellectionem qua aliquid est intellectum ct intel­ cognitio abstractiva secundum quod abstrahit ab existerdia ligent quia nihil potest intelltgcre nisi abstractum a mate­ et non existent ia, ibid. ria, sic quod non indiget organo corporali ad intelli3. /.‘abstraction du concept. - I/ · abstraction » a un gendum, ibid. Ce n’est pas l’intelligible, mais l’intellect autre sens : notitia abstractiva potest accipi... quod sit qui fait abstraction de la matière ; tel est le troisième respectu aticujus abstracti a multis singularibus, ct sic sens de l’abstraction. cognitio abstractiva non est nisi cognitio alien jus uni­ L’abstraction, au sens thomiste, est écartée par versalis abstrahibilis a multis, prol., q. i, Z. C’est le sens Occam : patet jalsitas illius opinionis, quit ponit, quod classique d’abstraction : conception de l’universel : intellectus agens habet actionem circa jantasmata et in­ abstraclio... perquam (intellectus) producit universale sive tellectum possibilem per modum depuralionis, illustra­ conceptum rei universalem in esse objection, II Sent., tionis, irradiationis, remotionis, abstraclionis et seques­ q. xv, XX. C’est ainsi, en rappelant la notion du trationis, Il Sent , q. xv, XX. Abélard non plus ne renconcept comme fictum, qu’Occam explique l’abstrac­ connall pas celte abstraction; cL supra, I. b·» 3, M tion considérée comme une action de l’intellect : quan­ (coi. 72? 1. do dicit quod intellectus agens jacit universale in actu 9° Notion du réel et theorie de ta connaissance. Bcverum est. quod jacit quoddam esse /ictum et producit prenons d’ensemble les éléments caractéristiques du quemdagi conceptum in esse objective qui terminat ejus I nominalisme que nous avons successivement relevés : actum qui tamen habet esse objective et nullo modo sub­ 1. Le nominalisme part d une logique des tenues pris jective, Il Seni., q. xv, SS 11 faut bien voir le caractère comme signes des choses: parmi ces termes : les univer­ de cette action : saux. les relatifs. L universalité des mots est un produit de l’art, uni­ 2. C’est un problème métaphysique de reconnaître si, versale ex institutione, m iis non celle des concepts dans les choses, une réalité distincte correspond a des Ln production de l’universel est une œuvre de la nature signes tels qu’universaux, relatifs; la solution nomina­ dans l’âme : natura occulte operatur in universalibus... liste du problème, c’est le refus de toute réalité de ce quia producendo cognitionem suam in anima quasi occulte genre, c’est, poussée â fond, l’allirmation de l’idée saltem immediate vel mediate producit (ra) illo modo, d’indix idn. de l’indivision de l’èlrc : voilà l’évidence quo jiata sunt produci Et ideo omnis communitas isto centrale du nominalisme; on la trouve dans une cer modo est naturalis et a singularitate procedit, t Sent., tainc notion du réel. (list. Il, q. vu. C C. Voici d'ailleurs comment l’univer­ 3. (‘.elle notion du réel réagit sur la théorie de la con­ naissance : sel naît dans l’âme â partir du .singulier, d’abord con­ nu : dico quod universalia... causantur naturaliter sine a) Le nominalisme rend vaine la métaphysique de omni activitate intellectus et voluntatis. Exemplum : ali­ l'abstraction, chère au xnr siècle, avec intellect agent quis videns albedinem intuitive vel duas ulbedines abstra­ ct espèce intelligible; hit ab eis albedinem In communi..., et non est aliud nisi Le nominalisme doit finalement éclaircir le con­ quod illic duie notitia- incomplexiv terminata ad albedi­ cept comme signe : il fait des concepts soit un lai gage nem in singulari sive intuilivie sive abstractive causant naturel, soit des images. naturaliter, sicut ignis calorem, unam tertiam notitiam ab I ci le nous apparaît la perspective du nominalisme : illis, quir producit talem albedinem in e^se objectiva, qua­ c’est une notion du réel qui en occupe le centre; nous lis prius /uit visa in esse subjectivo sine omni activitate allons\oircomment son application à Dieu commande intellectus vel voluntatis, quia talia naturaliter causan­ la théologie nominaliste d’un Guillaume d'Occani ou tur, It Seni., q. xxv. O Ne disons pas que I intellect d’un (..ibricl B » I produit l’universel : il est plus vrai de dire que l'objet, IILLl NOMINALISME Al XIV SlI.Cl r : I )1 l.l . Nous agissant de proche en proche, l’engendre dans l’âme. examinerons d’abord comment le théologien conçoit L’esprit n’est pas ce qui conçoit, mais cc ou naît le le l>ieu de la foi, ensuite dans quelle mesure ce Dieu est accessible à la raison : chez un théologien, la raison se concept. L’abstraction. au second sens, c’est la naissance du delinit à l’intérieur de la (oi. Voici l’ordre que nous concept. ce n’est pas une action de l’intellect. Occam suivrons: 1° Les problèmes de distinction cl d'ordre en repousse tous les arguments de Scot en faveur d’une Dieu; 2° La connaissance el la volonté divines; 3° Le activité de l'intellect, Il Sent., q. xxv. sens de la I ouïe-Puissance : problèmes de la connais- 755 nominalisme, simplicité absolue de dieu sance ct de la justification; 1° La Trinité; 5eL’unité divine; 6® La raison devant Dieu. t® /.« problèmes dr distinction rt (Tordre en Dieu. — Nous avons noté que le problème des distinctions se posait en Dieu entre ses attributs : il ne peut être ques­ tion ici de distinction réelle ; les distinctions formelle et de raison sont seules en cause; nous allons voir sc dé­ velopper les conséquences de leur rejet. 1. hi distinction entre les attributs. - Nous disons et pensons de Dieu qu’il veut, qu’il connaît; nous aillrmons de lui ces ·perfections »; entendement, volonté sont des < attributs divins ». Quel est le rapport de la multiplicité des attributs à l’unité de l'essence di­ vine ? Qunram primo de unitate divime estentior ad per­ fectiones attributales, 1 Sent,, dlst. IL q. i. A. Le pro­ blème est traité en deux questions. Voici la première : l'trum tanta sit identitas divina· essentia', ct omnibus modis identitatis ex natura rei, ad oer/cctioncs attributales, et ipsarum perfectionum atlributalium inter se, qualis est divimr essentia* ad divinam essentiam, ibid. Le problème est posé avec une extrême netteté : soient les attributs, ces perfections de Dieu, pris en soi, à part de tout intellect qui les considère; il s’agit de déterminer s'ils sont identiques h l’essence et entre eux autant que l’essence l’est à elle-même : ce que nie Scot, qui tient pour la distinction formelle de l'essence ct des attributs cl des attributs entre eux. toc. ef/.B La distinction formelle rejetée, la deuxième question sc pose : supposito quod per/cctiones attributales non dis­ tinguantur ex natura rei a divina essentia cum qua sunt idem realiier, qu.rro utrum sint rcaliter ipsa essentia di­ vina, loc. cit., q. n, A. Les attributs sont multiples; leur multiplicité ne peut être une distinction formelle; reste qu’elle soit une distinction de raison; sinon ceuxlà se trompent pour qui les attributs sont réellement Dieu; comme ceux pour qui les universaux sont réel­ lement les choses : les distinctions formelle ct de rai­ son étant inconcevables, c’est la même erreur, ici ct là. que dissipe la vraie théorie des distinctions; de même que la critique du réalisme des universaux montre à l’évidence combien l’individu est un. la critique du réa­ lisme des attributs manifestera la simplicité radicale de Dieu. Sur ce problème, comme sur celui des universaux. Occam a conscience d’innover, et de l’importance de son innovation. Voici comment il présente la thèse delà distinction de raison: est opinio multorum, rt omnium prnter illos qui ponunt distinctionem ex natura rei, quod per/cctiones attributales sunt ipsa divina essentia reali­ ter, *ed inter se et Considérons maintenant l’essence comme entende­ à produire ; les créatures n’ont pas un être intelligible, ment. dans son rapport â Pacte de connaître, intelligere éternel, ewe intcltigibitc creatura* sibi conveniens ab nullo modo est ab essentia divina in quantum ipsa est irtcrno, / Sent., dist. XXΧλ I, q. î. G, distinct de leur intellectus,quia i nie Iti gere nuito medo est ab essentia i um être réel, créé : esse cognitum creat uni* est ipsa crea­ sit ipsa essentia divina omnibus medis ex natura rei. et tura, vel esse existcrc creatura, rt sic est idem readier ita non plus est intelligere divinum ab essentia divina | cum creatura, ibid., X. Lorsque Dieu connaît la pierre, quam essentia divina ab intelligere divino. Icc. cit., E. il n’y’ a en présence que le créateur et la créature: Γη Dieu connaître ne dépend pas plus d’être qu’être prater Deum ct ipsum lapidem intellectum nihil est dc connaître. Si on accorde que les choses sont ainsi imaginabile, ibid., S. On peut, si l’on y tient, dire que en soi. mais pas de notre point de Mie, si dicatur quod la pierre est en Dieu, mais elle est en Dieu de telle intelligere est actus secundus, ergo saltern seeundum mo­ façon qu'elle n’est aucunement Dieu, aussi extérieure dum nostrum intelligendi est ab essentia (unquam ab à Lui que la blancheur d’un mur est extérieure à l’œil actu primo. Occam répond que notre point de vue est qui la voit : istc lapis qui est cognitus a Deo isto modo faux : dice» quod intelligere divinum non est actus secun­ continetur in Deo quod nullo modo est Deus, ct bto dus plus quam essentia divina, ct ideo non est ab essen­ modo, si esset usitatus modus loquendi vere posset dici tia divina nisi secundum modum intelligendi /alsum, quod albedo in pariete existent est vel continetur in quia attribuit rei quod sibi repugnat, ibid. La loi de la oculo quia videtur in oculo meo. ibid., E. Pour une pensée est dans son objet : nous n’avons aucun droit à doctrine qui éloigne de la simplicité divine 1’ombrc de concevoir les choses autrement qu’elles ne sont, à toute diversité, la connaissance divine ne peut être mettre en Dieu les dépendances, les distinctions qu’il qu’une vision radicalement simple d'une multiplicité exclut. Certains disent : il n’en est pas ainsi en Dieu, extérieure à Dieu : pnccisc est pluralitas in cognitis c’est là notre manière humaine de penser ct de par­ ct nulle modo in cognitione nec secundum rem nec se­ ler. Occam reprend : nous devons changer dc manière, cundum rationem, I Sent., dist. XXXV, q. v, E. Dc si celle ci est fausse, ct il refuse toute analyse des même que la pluralité des intelligibles scotistes, le no­ choses divines. minalisme exclut la pluralité des idées thomistes. Dans ces problèmes des attributs ct de l’essence b) Dieu, Uni des idées? — Saint Thomas tient que divines, la théorie des distinctions commande, tout Dieu connaît les créatures par leurs idées, unes en comme dans le problème des universaux et dc l’indivi­ réalité avec son essence, mais distinguées par raison : du, et fait apparaître, dans les deux cas. l’unité du réel idea est rcalibr divina essentia, ct tamen diflerl ratione sous la multiplicité des noms ct des concepts : uni­ ab ea; l’idée, c’est l'essence divine considérée comtae versaux ct attributs ne sont que des signes: comme la imitable par la créature : idea nihil aliud est dc ratione substance individuelle est coulée d’un bloc, sans divi­ sua formali quam respectus imitabilitatis ex considera­ sion ni degrés d’individualité, Dieu. Être parfait, est tione intellectus in ipsa divina essentia. I Sent., dist. donne tout à la fols, sans distinction aucune ni degrés XXXV, q. v. IL L'Idée d’une créature, c’est donc la de perfection. Ici paraît l’unité du nominalisme : sa connaissance qu’a Dieu d'une certaine participation théologie n’est qu’une application de sa métaphysique, possible de sa perfection par une créature. > Gilson, ellc-mûne assurée sur *a logique. La philosophie au .Moyen Age, t. n. p. 26. On peut dire 2" La connaissance et la volonté divines. - Avant que, pour saint Thomas. Dieu trouve en soi. préexis­ traité de l'essence et des attributs en général, nous tants de toute éternité et déjà préformés, les types dc allons examiner les problèmes particuliers de la science toutes les choses qui peuvent exister, » ibid., p. 79; et du vouloir divin. Dieu est le lieu des idées. 1. La science divine. — Nous traiterons, avec Occam, Dc même qu’il a identifié l'être intelligible à l’être de la science divine en n’oubliant jamais qu’elle est réel. Occam identifie l’idée à la créature; il garde le radicalement une avec l’esstnce de Dieu. |.5; l’ordre naturel est surabondant: dans ct prenaient pour dernière fin une chose autre que la liberté divine, nous voyons paraître une libéralité. 3. Le problème de la justification. — Les nominalistes Dieu, propter aliquod citra Deum amatum propter se des xiv*-xvr siècles ont été considérés comme des pré­ praecise, d omne tale amatur tanquam ultimus finis, car toute action qui ne vise pas Dieu sc fait un Dieu de la curseurs de Luther, ù cause de la doctrine occamiste de lin qu’elle vise. la justification. Nous demanderons cette doctrine ù Λ celte doctrine, llicl oppose les principes d’Occam. Gabriel Diet autant cl plus qu'à Occam lui-même : le Aimer quelque chose pour soi. propter se, ce n’est pas disciple a suivi el précise la doctrine du maître, cn la nécessairement l’aimer comme dernière fin, tanquam situant parmi d’autres, qui l’ont précédée ou suivie : ultimus finis : dans le premier cas. il suillt que rien notamment l’augustinisme de Grégoire de Bimini. Oc­ d’autre ne soit présenté à la volonté, quod amaretur, si cam traite le problème de la Justification au livre L nihil aliud ostenderetur voluntati ; dans le second, il 7/û NOMINALISME. LA TRINITÉ bon, comme le croyait Pélage, ni même la charité Infuse, comme l’admet Auriol, ne nécessitent Dieu à donner la béatitude .et la doctrine qui ic conçoit comme n’étant nécessité par rien est celle qui s’éloigne le plus du pélagianisme. Si l’on se fixe â ce point de vue de la toute-puissance, on ne voit dans la théologie nominaliste que l’idée d'un Arbitraire divin. Mais les textes nous invitent à ne point nous arrêter là. Le Dieu de Pélage ct celui même d’Auriol sont te­ nus, sous peine d’injustice, d'accepter certaines Ames; cf, Occam. Ill Sent., q. v, O : concludit quod |/)ru$| teneatur acceptare. La justification est une œuvre de justice, c’est pourquoi elle parait nécessaire. Occam et Biol s’éloignent de ces doctrines; ils voient autrement la face divine : où prend-on que Dieu doive la vie éternelle à des créatures, de quelque perfection qu’elles soient douées? 11 n’est le débiteur d’aucune, ipse nullius debitor es/. Occam. Ill Sent., q. v. O. C'cst le Dieu de saint Paul, a qui nul ne peut demander rai­ son de ses actes, ipse enim est cui nullus dicere potest : cur ita facis. Biel, Collect., L dlsl. W II, q. i, F; éd. Fcckcs, p. 12. Il est justice, mais cette justice qu’il est, justicia increata quic Drus est, ne fait nécessité ct obligation qu’à l’égard de Lui-même, dans l'amour né­ cessaire qu’il a de soi, necessario sc diligit; devant tout le reste, sa justice est aussi large que sa puissance. qtuecumque facere potest, faciendo (usta sunt et justa sic ea facit. Biel, loc. cil., F. K. éd. Fcckcs, p. 12, 19-20, et son amour est toute liberté. Cet amour, qui donne sans devoir, absolument libre de scs dons, c’est une pure libéralité, une miséricorde : nous avons souligné ces mots dans le texte d’Occam Libéralité, miséricorde : c’est l'idée meme de grâce que l'on sauve ainsi dans la théorie de la justification. Le Dieu de Pélage el celui d’Auriol sont nécessités par leur justice; sa toute puissance affranchit assez le Dieu d’Occam et de Biel pour qu’il ne soit, dans la justifi­ cation, que miséricorde. b. De la charité à la vie éternelle. — Envisager l’ordre de la grâce, tel qu’il nous est révélé, de potentia Dei ab­ soluta, c’est montrer la contingence de la grâce créée ou do la charité infuse — pour Occam cl Biel, c’est tout un — pour la justification. \ travers cette contin­ gence, c’est la libéralité divine qui parait encore. Si Dieu a lié l’acceptation à l'infusion de la charité, c’est par une initiative libre ct miséricordieuse; cf. le texte cité supra, col. 771. Il donne la grâce par pure bonté, libere et contingenter ex sua benignitate; la grâce une fols donnée, c’est encore librement, gratuitement, qu’il accorde la vie éternelle, adhuc libere el misericor­ diter de gratia sua. Bid, Colled., I, d s’. XVII, q. i, F; éd. Feckvs. p. 12. Non seulement Dieu pourrait, dans l’œuvre de jus­ tification, sc passer de la grâce créée, mais il semble que. le pouvant, il aurait dû le faire, cf. supra, 1 (col. 765). Nous savons que ce point de vue est faux : avec la coopération de la grâce au salut, l’ordre de la justification n’est pas moins surabondant que l’ordre de la nature avec ses causes secondes, cf. supra, 2, d) (col. 709). L’ordre de la nature ct celui de la grâce sont établis cn dépit du principe d’économie, frustra fit per plura guod potest peri per pauciora. Nous sommes à l’op­ posé d'un Dieu qui, tel celui de Malebranche, agirait par les voies 1rs plus simples; cf. Henri Gouhier, La philo­ sophie de Malebranche, Paris, 1926, p. 15 sq.; l'amour divin n’est point réglé ici par un entendement qui le précède; il est le principe radical de tout l’ordre créé. c. De la bonne volonté ù la grâce. — La même miséri­ corde qui est au principe de l’acceptation ct fait le Ben de la grâce avec la vie éternelle opère encore, pour Gabriel Biel, la liaison entre l’acte moralement bon et la première grâce. 776 Nous avons vu que. pour Occam, nous méritons cn quelque façon que la grâce nous soit donnée; cf. supra, b) col. 772. Mériter s’entend de deux manières : selon ce qu’autrui nous doit, cn justice, de condigno, see un· dum debitum justitim, ou selon ce qu'autrui nous donne, librement, de congruo, non ex debito justitiic, sed ex sua tiberalilate. Comme la vie éternelle est librement don­ née à la grâce, la première grâce est librement donnée à la bonne volonté, selon la maxime : facienti quod in sc est. Deus non denegat gratiam. Comme la vie éter­ nelle, la première grâce est une récompense, premium, mais les récompenses ici ne sont point de justice, dits sont de libéralité, d’amour. De potentia ordinata. Dieu ne refuse point sa grâce à l’infidèle qui suit l’ordre de la raison, arbitrium suum conformat rationi, cl désire la lumière de la vie, loto corde, petit ac quierit illuminari ad cognoscendum veritatem, justitiam et bonum ; quant au fidèle qui a perdu la grâce par le péché, il faut qu’il déleste ce péché selon la règle de la foi, secundum rt gulam fidei detestatur peccatum, el qu'il veuille obéira Dieu pour Dieu même, nolendo Dea tanquam summo bono obedire propter Deum. La grâce ne manque JamaK à ccl appel du libre arbitre, selon l'ordre de miséri corde que Dieu a établi el qui le fait paraître, scion une formule saisissante, plus prompt à donner par miséricorde et bonté qu'à punir par justice : pronior est ad largendtum de sua misericordia ct bonitate quam ad puniendum de sua justitia Biel. Collect., IL dist. XXVII, q. i, a. 2. conci. I, K; n. 3, club. 4, O; éd. Fcckcs, p 31-33. Nous avons dit que le mérite était la rencontre de deux libertés : sans que rien la nécessite jamais ni l’oblige, la miséricorde divine répond au libre arbitre de l’homme, cn ne refusant pas plus la grâce à la bonne volonté que la vie éternelle à la charité. I. Le Dieu de toute puissance ct de miséricorde. — Nous étions partis du Credo in Deum Patrem omnipo­ tentem ; cf. supra, 1. col. 764. Il nous apparaît main­ tenant que Pater n’est pas ici moins important qu’ontnipotens et qu’on pourrait le commenter, dans l’esprit d’Occam. par l’expression liturgique : omnipotens et misericors Dominus. Nous sommes conduits à la mi­ séricorde par la toute-puissance; une toute-puissance conçue selon les principes essentiels du nominalisme, à partir de la théorie des distinctions. I Là où le momie créé présente une distinction réelle. Dieu aurait pu créer à part ce qu'il a créé ensemble: en découvrant le possible à partir du fait, nous recon­ naissons la contingence du réel cl la liberté divine; comme, d’autre part, il ne peut exister cn Dieu de distinction réelle, mais seulement une perfection radi­ calement simple, c’en est fait du monde des idées, de la priorité de l’entendement sur la volonté, de toute psychologie de Dieu et de toute possibilité de lui demander raison de scs actes. Ce Dieu, que sa simpli­ cité dérobe à l’analyse, s’éloigne de ses créatures comme puissance et liberté totales, mais s’en rapproche, aussi­ tôt et par là même, comme libéralité et miséricorde : tel nous apparaît le Dieu du nominalisme, dont rien ne nécessite ni ne règle l’activité, hormis le principe de non-contradiction. 4° La Trinité. — Le nominalisme conçoit un Dieu si radicalement simple qu'on ne voit pas comment il peut subsister cn trois personnes ; après avoir éloigné de Dieu l’ombre de toute distinction, comment pou­ vons-nous accorder au Père, au Fils, au Saint-Esprit, une réalité propre? 1. L'unité de Tcsscncc et tu pluralité des personnes.— Voici notre question : peut-on tenir la pluralité des personnes malgré l’unité de l’essence, l trum cum uni* late numerali divinir essentia stet pluralitas personarum realiter distinctarum ? Sent.. «list. II. q. χι, A. Le Père est Dieu, le Fils est Dieu : une même essence. Le 778 Porc n’est pas le I lls ; deux personnes C’est donc que ce par quoi le Père est Père n’est point ce par quoi il est Dieu. Pater non est Paler co quod Deus. I Sent., dist. XXX. q. iv, B : la paternité n’est pas l’essence. Mais la paternité ne convient au Père que relative­ ment au Fils : c’est une relation, mant/estum est pater­ nitatem esse relationem. J.oc, cil,, A. La distinction de chaque personne d’avec l'csst une façon de langue première et univenelle, que supposent tous les langages particuliers, et dont les concepts sont les termes. 2 /.e.< problèmes du concept. ·- - La logique demande a la métaphysique d éclaircir la nature et d'expliquer la formation du concept : a) Sa nature. — On peut éclaircir la nature du con­ cept soit par la notion d’image, objet irréel de l'Intellection, soit par l’idée d’un signe naturel, qualité réelle dc l'âme. Ce problème est de métaphysique, puisque, en le traitant, nous nous demandons si tout ce qui est dans l’âme est réalité, au sens où les choses cl l’âme même sont des réalités. b) Sa formation. — Pour expliquer la formation du concept, on retrace les différentes étapes de connais­ sance qui y conduisent. Cette explication nous place en métaphysique cl sup­ pose acquise la notion vraie du réel, puisque la nature dc l’objet auquel il doit s’appliquer commande tout le travail de la connaissance. Comme le réel des nominalistes diffère essentielle­ ment dc celui que posent les réalistes, les théories de la connaissance sont essentiellement différentes et, des uns aux autres, le mol d’abstraction devient équi­ voque. 2' Le réel. — Au signe, le nominalisme oppose le réel dont il a une notion originale, qu'il n’applique pas seu­ lement aux choses du monde, mais encore au Dieu du christianisme. 1 Les choses.’ Aucune chose n’est différente de sol : tout cc qu’elle possède à la fois, elle le possède de la même façon. C'est sans doute l’intuition Centrale, Pâme du nominalisme. \ussl, les éléments qui composent l’individu : subs­ tance cl accidents, matière et forme, sont-ils aussi singuliers que l'individu même. A l’intérieur dc son es­ sence, il n’y a d’aucune façon, et l’esprit ne peut trou­ ver d’aucune manière, une nature spécifique indiffé­ rente à la singularité. S’il existe entre individus de même espèce une ressemblance substantielle, c'est qu'ils conviennent entre eux, dc toutes leurs essences, sans convenir en rien de distinct qui leur soit réelle­ ment commun. De même façon que Pou écarte du réel l’ombre dc toute universalité, on en éloignera toute relation qui nu l trait dans les choses, ses termes, une division entre cc qu’elles sont absolument ct cc qu'elles sont relati­ vement ù autrui 2. Dieu. — Tout cc que possède l'Être parfait est parfait comme lui; s'il y avait réellement une essence cl plusieurs perfections divines, on ne pourrait établir entre elles aucune hiérarchie. Mais, en Dieu, il n'y a pas plusieurs perfections, Il n'est qu’une perfection infini­ ment simple. Une fois écarté dc l’être divin tout cc qui pourrait ressembler a une opposition de substance â accident, dc matière a forme, il nous reste seulement une essence qui ne diffère pas plus dc sol que toute autre essence. Dc la simplicité radicale dc Dieu suit l’impossibilité absolue d’en faire la psychologie : dire comment II connaît ou veut, c'est mettre en lui une multiplicité ct un ordre menteurs. Ayant posé l'unité de l’essence divine» la raison ne peut concevoir la pluralité des personnes ct la déclare même Impossible. 3* /x signe et le réel — L’opposition du signe el du réel donne à une pensée nominaliste son rythme essen­ tiel; Il >’agit, pour elle, de décider si les universaux, les termes relatifs, les attributs divins ne sont que des signes, ou s’il leur correspond dans le réel quelque chose dc distinct; une fols établi que celle réalité dis­ tincte est Impossible, il reste qu’universaux, termes 784 | relatifs, attributs divins signifient le réel sans l’être aucunement, comme des noms désignent une chose qu’ils ne sont pas. Si Guillaume d’Occam semble porter le nominalisme â sa perfection, c’est pour avoir établi, par sa théorie des distinctions, un lien nécessaire entre la notion du signe el celle du réel; la seule distinction que trouve dans le réel la pensée qu’analyse la logique, c’est la multiplicité de deux choses, dont l’une peut être saisie i part fie l'autre. Ce qui est séparable devant notre pensée l’est réelle­ ment par la puissance divine : en relevant dans le donné. l’ordre par exemple de la connaissance ou de la grâce, —les distinctions réelles qui s’y mar­ quent, Occam peut apercevoir à partir et au delà du réel cet horizon du possible qui donne au Dieu nomi­ naliste sa ligure originale de toute-puissance cl de pure miséricorde. Il est vrai que l'existence dccet Etre unique et par­ fait échappe aux prises de la stricte raison, telle qu’Occam la conçoit; elle n’atteint qu’une première cause, le meilleur seulement des êtres qui soit au monde, el il ne lui esl pas inconcevable qu’il en existe plusieurs. Voilà les caractères spécifiques du nominalisme que nous avons pu dégager de l’élude d’Occam. Nous croyons avoir montré qu’Abélard a pressenti, sur plu­ sieurs points, une telle doctrine. Les tâches prochaines de l'histoire comprennent l’élude complète d’Occam et dc son école : en essayant de caractériser le nomina­ lisme comme ensemble de thèses et type de pensée, nous avons seulement voulu aider à ce travail en lui proposant quelques idées directrices. Pour le nominnliMnc du xn* siècle, les ouvrages cités au texte suffisent Λ compléter In bibliographie dc l’article Anf:· i.Aim. Pour le nominalisme d’Occam et des xiv-xv· siècles, con­ sulter In bibliographie de l'article Occam. P. VlONAUX. NOMS DIVINS. - La question des noms divins, c'est-à-dire de la valeur des termes employés pour desi­ gner les perfections divines se pose du fail que Dieu est l’Être ineffable et incompréhensible. Au point dc xue delà théologie positive, on a exposé les éléments du problème à l'art. Dieu. C’est du point de vue spéculatif qu'on aborde Ici la question et l’on se demande quelle est : L La possi­ bilité de désigner Dieu et scs perfections par des termes qui, tout déficients qu'ils soient, expriment la vérité; IL La signification dc ces termes. On s'en tiendra à un bref commentaire de l'enseignement de saint Tho­ mas, Sum. theoL. 1». q. xm. L PossiniurÊ ni. désigner Dieu i.t sis PERFEC­ TIONS PAR DES TERMES QU!, TOUT DÉFICIENTS QU'lI-S SOIENT, EXPRIMENT LA VÉRITÉ. -Celte possibilité n’est pas la même s il s’agit de désigner Dieu dans son essence connue selon son mode propre, oit s’il s’agit de désigner Dieu connu par le raisonnement ou la révélation. 1° Dans le premier cas, malgré l’opinion singulière dc Vasquez, ht Sum. theol., q. xm, disp. LVH.c.u, il faut affirmer que l’homme ct, en général, toute créature ne Jouissant pas de la vision intuitive, est incapable de désigner, par un terme <(ui l’exprime vraiment, l’essence divine connue selon le mode qui lui est propre. C’est la conséquence logique de l’enseigne· mentdc l’Églisc touchant I ineffabilité de Dleu;cf. IV· conc. du I.atran. Dcnzingcr-Bnnnwnrt, n. 428, ct son incompréhensibilité; cf Conc du Vatican, ibid.t n. 1782. Cette vérité résulte de ce que, pour exprimer l’essence divine selon h· mndc qui lui est propre, il faudrait que la connaissance dc l’être intime de Dieu nous fût au préalable possible. Or. on l a démontré 786 aillturs, il y a absolue impossibilité à ce qu'une intelli­ cl lc\ propriétés qui nous permettent de distinguer gence s'élève naturellement à la vision intuitive une personne de l'autre. Voir Notion, col. 802. Toutes de l’essence divine. Voir Intuitive (Vision), t. mi, ces façons dc parler montrent bien que notre intelli­ col. 2352. Pour les élus eux-mêmes, admis a la vision gence entend exprimer la vérité qu’elle peut atteindre béalifiquej incompréhensildlilé divine subsiste. Ibid., relut ivement à Dieu. col. 2380. Aussi certains théologiens, comme Baûcz, Get te expression, évidemment, est déficiente, car Sylvius, dans leur commentaire sur celte question aucun langage humain ne pourra jamais traduire par­ xm. concluent-ils que les bienheureux cuy-mcmcs ne faitement les réalités divines. Néanmoins, il faut peuvent donner à Dieu un nom exprimant la quiddité admettre que, malgré leur imperfection, les termes divine. Toutefois, avec Gonot, Uillunrt, ct nombre dc humains employés pour désigner les choses divines, thomistes, il faut rcccnnaltre qu'en un certain sens expriment lu venté. Cette affirmation résulte dc la les élus peuvent nommer l'essence divine comme possibilité dc connaître Dieu par le raisonnement ct telle. Ce nom cependant ne saurait être exprime par par la révélation, possibilité qui a etc démontrée eux, car dans la vision intuitive, il n’y a ni espèce ailleurs, voir Agnosticisme, t. i, col. G03; Dieu. impresse, ni espèce expresse; mais ■ cc nom n'est (Connaissance naturelle de), principalement $ fx ct autre que Dieu lui-même en tant qu'il est connu cl xi ; Mystère, t. x. col. 2594, cl qui a élé définie au atteint par les bienheureux dans la vision intuitive ». concile du Vatican, sess. ni, c. n ct iv, ct canons cor­ L. Janssens. De Dca uno, t. i, p. 487. Encore faut-il respondants. Dcnz.-lkinnw., n. 1785-1786; 1795-1796; ajouter que « cc nom divin ne comporte dc signification 1«. Dc veritate, q. n, a. 1. < Et la raison en est qu'il n’y a pas en Dieu dc qualités, qu’il n’y a pas en Dieu dc distinction de sujet cl d'attribut, qu il y a encore moins de distinctions qualitatives exprimables nu moyen dc nos noms. Cc que nous appelons en Dieu sagesse est identique à cc que nous appelons en Dieu bonté ou puissance, identique à cc que nous appelons son être, Identique à ce que nous appelons Dieu. Scrlillanges, op. cit , p. 71. L'équivoclté ne peut éga­ lement être retenue puisqu’entre les perfections divi­ nes cl les perfections créées désignées par le même nom. il existe un rapport réel soit de dépendance soit dc similitude. Ce rapport réel de dépendance ou dc similitude fonde l'analogie des noms divins. Voir Analogie, t. i, col. 1116. Otto analogie est double. Il y a tout d’abord l’analogic d'attribution ou dc proportion Ici, l'analogie 789 NOMS DIVINS 790 notre connaissance naturel le. Sans doute, tout d'abord, d'attribution ne peut s’aflirmcr que d'une unique clic corrobore ccttc connaissance naturelle en tout façon, en tant que Dieu possède par essence les per­ cc qui concerne l'existence, la nature el les attributs fections qu'on lui attribue, tandis que les créatures divins. Mais, dc plus, elle nous fait pénétrer dans la ne possèdent les mêmes perfections qu'en dépendance vie intime dc Dieu, dans le mystère dc la Trinité. et en participation dc Dieu. Dieu est ici le premier Pour exprimer notre connaissance, des noms ici encore analogue auquel se réfèrent les autres. Cf. S. Thomas, Cont. Gentes, I. 1. c. xxxiv ; Compendium throt., sont nécessaires, empruntés de toute nécessite aux c. XXVII. Mais il y a aussi l'analogie de proportionnadonnées de la connaissance naturelle ct, dc ce chef, l’analogie Joue toujours son rôle. tité, laquelle sc fonde sur la similitude dc proportion Mais d’autres problèmes se posent que celui de la qui existe entre l’exigence de la délié par rapport aux perfections in Unies de Dieu, et l’exigence de la nature connaissance «analogique que nous avons, pir la révé­ créée, angélique ou humaine, par rapport aux per­ lation, des mystères divins. Nous n'avons pas à repren­ fections créées. Unies ct participées. * Appliquant lu dre l’exposé historique dc la révélation concernant les réalités exprimées par ccs noms divins ct souvent chose à notre cas, nous ne dirons pas qu'il y ait, dc aussi les noms eux-mêmes. Nous devons nous borner la créature à Dieu, un rapport déterminé quelconque cl des formes d'existence réellement communes; mais à mettre en relief quelques points utiles pour conser­ ver aux termes employes, une signification correcte il y a similitude de rapport de Dieu à Dieu d'une part, dc la créature à la créature de l’autre. Dieu est à Dieu, dans la dénomination des mystères divins. 1. Distinction des noms essentiels etdesnvns person­ envisagé dans la plénitude de son être et dc si per­ nels,— Cette distinction est fondamentale en matière fection, ce que Γhomme est û Γintelligence de l’homme, trinitaire. El c’est parce que »’on a confondu hypos­ â sa bonté, â sa puissance, à tout ce qu'on peut lui attribuer, à lui ou à toute créature, sans qu'une im­ tase, nom personnel chez les Grecs, avec subdantia, perfection y soit incluse. ■ Scrlillanges, op, cit,, p. 72. nom essentiel chez les Latins, que la m -sen ten te régna si longtemps entre Grecs ct Lutins en fait dc termino­ Sur cette analogie de proportionnalité, cf. S. Thomas, De veritate, q. n, a. 11 ; Cajétan, De nominum analogia, logie trinitaire. Voir Hypostasb, t. vil, col. 376. c. vi. Les noms essentiels désignent directement l'essence Les termes qui désignent des perfections mixtes cl ou la nature divine, ou quelque attribut absolu se rap­ portant à l'essence. Exemples: Dieu, divinité, éternité, ne s’appliquent que métaphoriquement à Dieu compor­ tent aussi une certaine analogie; mais, parce que ces tout-puissance, avec les adjectifs correspondants. termes ne conviennent proprement qu'aux créatures, il ne Ccs adjectifs, exprimant en Dieu une perfection essentielle, sont nécessités par notre mode dc conn üssaurait y avoir ici qu'une analogie d’attribution dont le sancc abstractive, qui ne peut concevoir les perfections premier analogue est la creature, S. Thomas, q. xm, divines qu’en les attribuant à Dieu, alors qu’en a. 6. Après ce qui a été expose, cette proposition réalité ces perfections sont identiques i l'être divin est claire. Bien n’existe en Dieu qui puisse être, en lui-même. Panni les substantiis que nous appliquons a toute propriété des termes, désigné par les noms sc Dieu, il faut distinguer les termes concrets el les termes référant aux perfections mixtes. Par exemple dire que Dieu s'irrite, parte, marche, sont des anthropomor­ abstraits. Sur la signification dc ccs mots, voir t. i, phismes qui ne posent en Dieu qu'une analogie fort col. 282. Les noms personnels désignent directement la per­ lointaine avec les sentiments essentiellement humains sonne ou les rapports des personnes entre elles. Ici exprimés par ces termes. C'est donc dc l’homme, et également,nous employons des adjectifs : engendrant, non de Dieu, que ccs termes pourront être entendus engendré, procédant. Mais il s'agit surtout dc substan­ proprement. Ils ne seront appliqués ensuite à Dieu que métaphoriquement, par relation aux sentiments tifs. et derechef se rencontrent tenues concrets : Père, Fils. Esprit-S tint, et termes abstraits : pater­ humains dont notre esprit pense trouver en Dieu un équivalent lointain, tout au moins quant à certains nité, filiation, spiralion. etc. Ccs tenues abstraits, en efiels. matière trinitaire. ont dû être employés pour la commodité du raisonnement hum tin dans l’exposi­ e) Enfin, certains noms, comportant une relation de Dieu à l existence même des créatures, ne peuvent être tion du dogme : ce sont les notions ou propriétés, appliqués a Dieu de toute éternité, mais seulement duns voir art. Notion. 2. Norns propres et noms appropriés. — Les noms le temps, S. Thomas, ibid., q. xm. a. 7. — Quand l’Écrilure appelle Dieu notre Père, notre Seigneur, propres sont ceux qui, dans le mystère de la Trinité, conviennent à une seule personne ct ne peuvent être notre Créateur, etc., ces noms sont essentiellement appliqués aux autres. Les noms propres de la première relatifs aux créatures déjà existantes. Il est évident personne sont : Pire, Principe, Inenqendré. CL XI* que dc telles expressions ne peuvent être appliquées A Dieu de toute éternité, · car une relation actuelle conc. dc Tolède; Cone, dc Florence, décret pro Jaco· bitis, Dciiz -Banriw., n. 275 ct 701. On exposera à l’art. exige l’existence actuelle dc ses deux termes; donc Pfenr. en quel sens ces noms peuvent devenir essen­ il est impossible que Dieu soit présenté comme actuel principe de la créature, alors que la créature n’existe tiels. - Les noms propres dc la seconde personne sont : Pits, Verbe. Image du Père. Les deux premiers pas encore; or, l’existence des créatures est, non dc toute éternité, mais dans le temps. S. Thomas, In termes sont toujours personnels. Le nom d'image, fBm Sent., dist. XXX, a. I. Γηο telle attribution dans emprunté à Col., i. 15 el à Hrb.. i. 3, est. en soi, un le temps n'apporte cependant aucun changement en nom personnel parce qu’il ne peut s’appliquer qu’au Dieu, tout le changement est du côté de la créature Fils qui, en \erlu de la génération qui lui est propre, qui. après le néant, commence d’exister. Voir Ciu-aest vraiment l’image de Dieu le Père, ou le caractère, Tiox. Dette attribution n'implique pas non plus qu’il l’image exprimée, de l’hyposlasr. c’est-à-dire de la y ail eu, dans I éternité, un instant où ces noms réalité du Père. Toutefois, en un sens plus large, n'étaient pas applicables à Dieu; elle Implique seule­ l’Esprit-Salnt est parfois appelé par les Pères grecs ment qu'ils ne conviennent à Dieu que par dénomi­ l’image du Père et du Fils, en tant que, procédant nation extrinsèque, en raison d'un effet mesuré, non d’eux, il leur est semblable par l’identité dc nature. par l'éternité, mais par le temps. CL S. Thomas, Cont. errores Graecorum, c. x. — Les 2° Dans l'ordre de la connaissance surnaturelle, — noms propres dc la troisième personne sont : EspritLa connaissance surnaturelle, c'est-à-dire acquise Saint, Amour, Don. Ces noms ne sont point propres par voie de révélation, nous fait déborder le cadre de en raison de leur signification même, m ds en vertu 791 NOMS DIVINS 792 paternité; Dieu est irlnité; Dieu engendre; Dieu ni d’une îh com mod a lion, car, le mode de procession en engendré, etc. Dieu selon lu volonté nous ôtant inconnu, il nous d) Quatrième règle. — Les substantifs essentiels est impossible de lui attribuer des termes propres au abstraits (essence, délié) ne peuvent être substitues sens strict. Mais parla meme, ccs trois noms peuvent aux noms personnels; en ce cas, en effet, ils signifient être A la fois essentiels et personnels. Les noms appropriés sont ceux qui attribuent à l’essence, la forme en elle-même et non point possédée une personne une perfection ou une action en réalité pur un sujet. Ainsi, le IV* concile du Latran a con­ commune aux trois, en raison d’une relation spéciale damné la formule : essentia divina est generans d que celte perfection ou cette action possède avec cette genita, de l'abbé Joachim de Flore. — Toutefois, personne. Ainsi, nu Père, qui est le principe n'éma­ bien des locutions analogues, employées par les Pères nant d’aucun autre principe, sont attribuées par doivent cire Interprétées 1 énigriunent. Saint Thomas ; ppropriation l'éternité, la toute-puissance ct les explique que, dans l’esprit des Pères, le terme o uvres nd extra qui relèvent de la puissance. Au Fils, • essence » est pris parfois pour le sujet qui la possède, qui procède du Père selon l’intelligence, sont attri­ ut sic dicatur quod essentia divina generat, quia Pater buées par appropriation la sagesse et les œuvres de qui est essentia divina, general. Contra errores Grxlu sagesse, c’est -r-ilirc l’ordre cl la disposition des eorum, c. iv. C'est en vertu du mime principe, cl choses, la réparation du genre humain qui est la avec plus de raison, qu'on peut dire : te Fils est la restauration de l'ordre trouble par le péché originel. Sagesse engendrée. Au Saint-Esprit, qui procède en tant qu'Amour per­ •I. Règles particulières. Sum. theol., lft, q. xxxr. — sonnel eu Père ct du Fils, sont attribuées la bonté Il faut, tout en consultant la signification obvie des et toutes les œuvres extérieures relevant de la bonté, termes ct l’usage de la langue théologique, éviter toute anime la charité, la miséricorde ct principalement expression qui pourrait, en Dieu, offenser l’unité de les œuvres de notre sanctification, qui sont les pins nature et la trini te des personnes. Quatre expressions grandes manifestations de la bonté et de la bien­ ont retenu spécialement l'attention des théologiens.— veillance divines. Voir l’;rt. Appropriation, t. i, a) Le mot triple ne doit pas vire employé pour mar­ col 1708. quer la trinité des personnes : sa signification obvie 3. Règles concernent remploi des termes corn rets ct détruit err clTet la consubstantialité·, et instaure une des termes abstraits, S. 'Hiemas, Sum. theol., F1, unité spécifique participée en inégales proportions. q. xxxix. — Aux remarques formulées Λ Part. Aussi le XI· concile c v To!è< o l’a-l-il proscrit ; Abstraits (Termes), t. I, col 283, on ajoutera les Ilivc est sanctiv Trinitatis relata narratio, quoe non règles suivantes, concernant, dons les questions tri· triplex, sed Trinitas et diet et crcdi débet, Denz.-Bannw., nitaircs, Panplol des termes essentiels ou personnels n. 278. — b) L'emploi < es mots alius ct aliud est au singulier ct au pluriel : Obvie. Alius s'applique û la personne; aliud se réfère a) Première règle. - Les substantifs essentiels, â l'essence. Licet igitur alius sit Paler, alius Filins, concrets ou abstraits, qui signifient directement l’es­ alius Spiritus sanctus, non tamen aliud. IVe concile sence divine, ne peuvent être attribués aux trois du Latran. cap. Damnamus, Dcnz.-Bannw., n. 432.— personnes qu’au singulier. Le symbole Quicumque c) Les termes ■ singulier, unique », ne sauraient être fournit un exemple typique de cctlc règle : Aon très opportunément employés en parlant d’une personne, nier ni, sed unus aternus, sicut non 1res tncrcidi, nec parce qu'ils sembleraient exclure les autres personnes. 1res Immensi, sed unus inacatus et unus immensus...; Bien que les Pères aient évité leur emploi ù l'égard iion 1res omnipotentes, sed unus imnipotcns...; non de l'essence divine, pour ôter aux hérétiques toute très dit red unus est Letts...: non très demini, sed unus occasion d'abus, on ne peut cependant réprouver cet est Laninus, Ecnz.-Eunnw., η. 39. Iri, les tenues : emploi, qui est Justifié dans les actes de la session immensi, emnipotentes, uterni, sont pris, non adjecti- . xi du VF concile. Cf. Sylvius. Ccmm. in Sum. theol. vimci t.mais sul 8 tenti veinent. On dira donc : le S. Thomas, F1, q. xxxi, a. 2. d) Le mol solus Pire est divinité» sagesse, Dku, créateur. Seigneur; doit cire employé avec beaucoup de circonspection, ou encore les trois personnes divines sont un Dieu, il ne peut être employé seul, en un sens catégoun cru leur, une seule divinité, une seule sagesse, etc. rmialiquc; par exemple : Dieu est seul : le Père est h) i fuxumc règle. — Les adjectifs essentiels, qui seul .Mais il peut être employé en urr sens syncatédirectement & fier lent les personnes et indirecti ment gonmalique, en apposition au sujet ou à l’attribut, la nature peuvent être attribués â chacune des per­ a condition que la signification de la phrase ainsi sonnes; mais dûmes aux trois personnes simulta­ construite soit vraie. Si les sujet et attribut de la nément, ils doivent être mis nu pluriel. Ainsi, l’on proposition sont des termes essentiels, le mot solus dira le Père est éternel, omniscient, tout-puissant; apposé soit nu sujet soit à l’attribut marquera mais il faudra dire : les trois personnes sont toutes· l’exclusion des autres (1res par rapport A l’essence pulssantes, omniscientes, éternelles. Ici, ces tenues divine ou l'attribut essentiel affirmé de Dieu. Ainsi: sont pris adjectivement : Totrc très persona: ccnderna: Seul, Dieu est éternel; ou encore : Dieu est seul immense, sibi sunt ct ccrrqualcs, Dcnz.-Bannw., ibid. seul tout-puissant, seul très-l.aut, etc. Si le sujet ct c) Troisième règle. — Les substantifs essentiels l’attribut sont des termes personnels, il faut que concrets, v. g Dieu. Créateur. Seigneur, peuvent se l’attribut convienne exclusivement à la personne dont sut stiller a un mm concret personnel : en ce cas. il est affirmé, pour que h· mol seul puisse être employé. Ainsi, on dira : Seul, le Père est engendrant; le FiU ils signifient I essence, en tant que concrètement seul est engendré. Manifestement fausse, serait la pro­ possédée par lu personne, et, par conséquent, peu­ position: Seul, le Pète est spiratcur. S’il s’agit d’une vent sc substituer au nom strictement pu sound. proposition OU h· sujet soit un nom personnel ct Ainsi, nous lisons dans ps. αχ, 1, et Malt h., xxn, l’attribut un terme essentiel, le sens guidera l'emploi 41 : Dixit Lcminus Dcmino meo; et, dans le symbole du mot seul appose au sujet ou à l'attribut. Ainsi, de N levé : Drum de Deo. Leum ver uni de Léo vero. on ne pourra pas dire : Seul, lr Père est Dieu. Mais Ainsi, Marie est appelée la mère de Dieu, alors qu'elle on dira bien, - parce qu’ici le mot seul affecte un est limpknunt la mère du Fils. En conséquence, terme essentiel cl non personnel, - Le Père est le tou* les noms personnels, concrets ou abstraits, et les seul vrai Dieu. Le sens est : le Père est cctlc déité. ides notionnels peuvent être attribués ù un substan­ en dehors de laquelle n existe aucune véritable tif concret substitué à un nom personnel. Ainsi l’on déité Et c’est ainsi que Jésus-Christ Joa., xvn, 3, peut dire : Dieu est Père; Dieu est Fils; Dieu est 793 NOMS DIVINS NONNOS IJ·: PANOPOLITAIN 7Ί « ses expressions les mots eux-mêmes de ΓÉvangile. (On le cite d’ordinaire en donnant le chapitre ct le verset de Jox) Nonnos ne se prive pas d’ailleurs de délayer abondamment son modèle, mais ses ampli­ fications n’ajoutent pas souvent à la narration qu’elles commentent ; les épithètes homériques jouent en lout ceci un rôle considérable. Comparée â In simpli­ cité m ijeslueusc de l’Évangile, cette prolixité est très souvent insupportable ct elle explique les jugements sévères (pii ont été émis sur l'œuvre par un grand nombr; de critiques, à commencer par Heinsius. A finir pir itardenhewer. Est-ce A dire que le théologien puisse s’en désin­ téresser tot dement? Non certes On a cherché de deux m infères à utiliser celte paraphrase. Du point de vue de la critique textuelle d'abord, et l’on s'est efforcé de NONNOS LE PANOPOLITAIN. - En reconstituer par une étude de Nonnos le texte johantête d'une paraphrase en vers homériques du iv évan­ ulquc que le poète avait sous les yeux. La dernière gile sc lit. en plusieurs des manuscrits qui ont conservé tentative en ce genre est celle de B Janssen qui a celle-ci, le nom de railleur : Nonnos; cl certains mss. voulu montrer · que la paraphrase de Nonnos a pour ajoutent : le Panopolitain. (Le même nom doit sc lire point de départ un texte propre, s'écartant assez aussi en tète d’un interminable poème épique en souvent des manuscrits ct des versions qui nous sont 48 chants, les Dionysiaques, lequel raconte avec conservés ». ct qui a essayé une restitution de ce texte : d'infinis développements la légende de Bacchus. Das JohanneS’Eoanqelium noch der Paraphrase des Malgré la diversité des sujets traités, malgré l’esprit Nonnus Panopolitamis, dans Trrte und Enters . tout différent qui anime ces deux compositions poé­ t. xxni, fasc. L Leipzig, 1901. Pour ingénieux qu’ils tiques, il n’y a guère de doute que la paraphrase soient, des travaux de ce genre ne laissent pas d’être johannlquc et les Dionysiaques ne soient issues de la décevants et c’est le principe lui-même que I on en même plume. En particulier la facture des vers sc pourrait contester. révèle assujettie de part et d’autre aux mêmes règles, Plus intéressant serait-il de relever dans l i para­ plus sévères que celles de la poésie héroïque courante. » phrase la traduction tMologique que donne Nonnos de De plus certains critiques ont établi des rapproche­ certains passages de ΓÉvangile plus particulièrement ments qui paraissent convaincants entre ccs deux importants. Ce travail, qui présente d'assez notables œuvres. Voir surtout le travail de K. Kuipcr signalé dilficultes (la langue de Nonnos n’est pas de celle que plus loin. l’on s’assimile immédiatement), a etc entrepris jadis Bien des conjectures ont été faites sur la personne par L. F. O. Bnumgarten-Crushis. dans Spicilegium de ce Nonnos. Elles ont d’autant moins de chances observationum in Joannetim euangelium e Nonni meta· de sc Vérifier que le nom est courant en Égypte II phrasi, programme de Pentecôte de l’université est inutile de nous y attarder. Ce qu'il y aurait encore d’lén:i, 1821, ct dans Opuscula theologica, lén i. 1836, de pins ferme, c’est une épigramme de VAnthologie p. 197-212 : De Nonno Panopotitano Joannei eeangchi palatine, ix. 198. édit. Didot, t. n, p. 39. interprete, qui reprend quelques-unes des rem arques Νό'/νος έγό lliv ς μ ν ιμτ uéÀt:’ r/ Φαρίη c: de la plaquette précédente Plus récemment K. Kuipcr ίγχιΤ φωνήεντ: γόνα: τ.μησα Γιγάντων. a écrit, dans le recueil Mnemosyne, nouv. série, l. xi.v, Je sui* Nonnus. Pnnopoli» v*l ma patrie. \ Pharos, Leydc. 1918, p. 225-270. un article de même titre de mon épée retentissante j’ai fauché la race «les géants· qui pourrait servir de point de départ a une élude plus poussée. S’ntt ichant a un certain nombre d · ampli­ Le poète serait donc originaire de Panopolis fications de Nonnos, ce critique montre l inlervt n.· (aujourd’hui Ackmin) dans la Thébahle; il aurait présentent el la paraphrase du prologue johannique, séjourné à Pharos, près d'Alexandrie. A quelle el les développements sur Joa.. x. 30 : < Le Père cl date? Bien des indices feraient penser au v» siècle. moi nous sommes un . ou Joa., xiv, 9. « Celui qui D’une part Nonnos s inspire quelquefois de poèmes me voit, voit aussi le Père », cl certaines expressions de (irégoire de Nazlanzc qui ont paru entre 381 ct 390 relatives à la liberté (τύ αυτεξούσιου) du Christ, cl (voir les rapprochements faits par A. Ludwich. dans les indications relatives au S linl-lNpril. sans parler Rheinisches Museum, nouv. série, t. xui» 1887, p. 233de quelques Idées sur la démonologie. 'l'ont en se 238), d’autre part Agathias, qui écrit dans le seconde défendant de faire œuvre de théologien. M. Kuipcr moitié du vr siècle, fait mention explicite de Nonnos, fournil ainsi une importante contribution à l’étude originaire de Panopolis, ct de ses Dionysiaques, Hist., de Nonnos II y lurail lieu de reprendre, d’un point I. IV, 23, P. G., I. i.xxxvni, col. 1520. Il est assez de vue plus striclcmeiil théologique, l'étude des difficile de resserrer encore ces deux dates extrêmes sources du poète (il n certainement utilisé des com­ L’inspiration des Dionysiaques est si nettement mentaires anterieurs), de son vocabulaire, de la ten­ païenne qu’on ne peut guère les supposer l'œuvre d’un dance générale de sa pensée (penche-t-il vers le mono­ chrétien; il faudrait donc admettre la conversion du physisme ou est-il chalcédonien?), des emprunts faits poète entre la composition du grand poème épique par lui aux mythes égyptiens et aux religions voisines. ct celle de la paraphrase. Des phénomènes de ce genre n’ont rien de .surprenant au v·, ni même au début du vi« siècle, surtout en Égypte. ! Ti xte. — l’nc bonne histoire des éditions dans Fabrlcliis-llarlès, Hibliolhrca Grtrcti, I. vin. Hambourg, 1802» Nous n’avons pas h étudier les Dionysiaques ct la p G06-(H0; depuis ce temps édit, de F. Paxsow, Leipzig, Paraphrase même a retenu l’attention des philologues plus (pie celle des théologiens ou des exégètes. — Les ' 1831; du comte de Marcelliis, Paris. 1861; de la P. G,, t. xtaii (reproduit colle de Daniel HciiKius, Ix'yde, 1627); mss. l’appellent soit παράφρασές» soit μεταβολή. Ce d‘A. Schein lier, Leipzig, 1881 (Bibl. reubner), a laipivllc dernier mot serait peut-être le plus juste, car c’est très | il faut désormais se référer. souvent une simple traductionem langage et en rythme Nonces ijrri nsini v - A. Ludwich, dans l’introduc­ homériques des paroles évangéliques. L’auteur suit tion Λ l’édition dos Dioni/ilagues, Leipzig, 1909 (Bibl. pas à pas son texte et il est possible de retrouver sous | Teubner); les histoires de la littérature grecque, spèclaa pu dire, iff cognoscant /e, solum Deum verum, c’est â-dirc, en suivant le texte grec, afin qu’ilg te connais­ sent, toi qui es le seul vrai Dieu, ίνα γιυώσκωσΐ σε τύν μόνον αληθινόν Θεόν. Aucune bibliographie spéciale n’est necessaire pour ccl article qui est un article rn\ s, Dr dlulni* nominibut. A. Michel. 795 NONNOS LI·. PANOPOLITA I N NOH IS 796 lenient \V. von Christ (Schmidt ct SIAhlln), (icsrhichte der dans son Dictionnaire philosophique de lu religion, cû Qriechtyrhen Literatur, 6· édit., f. lit, 1921, p. 965-971; l'on établit tous les points de la religion attaqués par la <). Bardrnhrucr, Allkirchlichc Literatur, t. IV, 1921, j incrédules et où Bon répond à toutes leurs objections, p. 122*121: Protest. Realencuclopadie. t. xiv, 1901. p. 1564 vol., in-12, Avignon. 1772 (Annales littéraires de 159; 1 Golrgn. Sluditn Uber dir Evangeliendlchtung des 1773, t. ni, p. IGG-187). Comme le précédent, cet écrit Nonnas, Breslau, 1930. eut beaucoup de succès el fut réimprimé plusieurs É. Amann. fois 2 vol. in-12, s. L, 1773; 1 vol. in-8·, Lyon, 1773; NONN OTTE Claude-François (1711-1793), lin­ 1 vol. in-8·, Liège, 1773 ; 1 vol. in-12, Paris, 1774. quit û Besançon, le 29 juillet 1711; il fit scs études I Une nouvelle édition, considérablement augmentée, chez les jésuites de cette ville ct entra de bonne heure 1 vol. in-12, Besançon, 1771 ct I vol. in-12, s. I., dans la Compagnie. Il fut d'abord appliqué à rensei­ 1774, parut avec un faux titre : Nouveau dictionnaire gnement. puis à In prédication. Il eut de vifs démêlés anti-philosophique, par allusion au Dictionnaire anti­ avec Voltaire qui ne lui pardonna jamais d'avoir philosophique de Chaudon qui, lui austi, combattait le signalé, dans scs écrits, des erreurs historiques mani­ Dictionnaire philosophique de Voltaire; enfin une nou­ festes. Il fut supérieur de la résidence de Parityvelle édition parut à Besançon, en 1818 et en 1820, Ic-Monial en 1755. Après la suppression de la Compa­ 1 vol. in-8·, enfin à Paris,2 vol. in-8°, 1835. (Ami delà gnie, Nonnotte revint â Besançon, où il sc consacra religion du 13 janvier 1821. t. xxvi, p. 273-275.) tout entier â la défense de la religion. En 1781, il fut Voltaire ne répondit pas directement à ces critiquer, élu membre de l'Académie des Belles-Lettres ct Arts mais un janséniste appelant, Bon-François Rivière, de Besançon, li mourut, dans cette ville, le 3 septem­ plus connu sous le nom d'abbé Pel vert, publia les bre 1793. Lettres d'un théologien à uii l'on examine la Tous les écrits du P. Nonnotte ont pour objet ht doctrine de quelques écrivains modernes contre les incré­ défense de l’Églisc contre les attaques des incrédules dules, 2 vol., in-12, s. L, 1776; dans cet écrit, Pclvert du xvni· siècle et, en particulier, contre celles de attaque plusieurs jésuites : le P. de La Marche, pour Voltaire. Parmi ces écrits, il faut citer, par ordre de son ouvrage : La foi justifiée contre tout reproche de date : Examen critique ou Réfutation du Hure des moeurs, contradiction avec la raison, in-12, 1762; le P. Floris in-8®, Paris, 1757. Cc livre contient < des principes pour son écrit : Les droits de la religion soutenus contre impies, une morale indécente, des maximes séditieuses, les maximes de la nouvelle philosophie, 2 vol. in-12, des calomnies contre la religion, le mépris de la vertu 1771 ; le P. Paulian, pour son Dictionnaire philosophicoet de nombreuses contradictions » (Mémoires de Tré­ théologiquc portatif, avec des notes, in-12, 1770 ct voux. d’août 1758, p. 1960-1972). - - Les erreurs de enfin le P. Nonnotte pour son Dictionnaire philoso­ Voltaire, 2 vol. in-12, Avignon, 1762 (Annales litté­ phique de la religion. Pci vert relève, dans tous ces raires de 1762, t. vi, p. 217-249). Cet ouvrage eut ouvrages, des erreurs sur le péché originel, sur les beaucoup de succès : il fut réédité â Liège, 2 vol., œuvres ct le salut des infidèles,sur la liberté ct la grâce ln-12. 1766; à Lyon, 2 vol. in-12. 1767, ct considéra­ (Nouvelles ecclésiastiques,du 13 nov. 1771, p. 181-184). blement augmente, dans une nouvelle édition, 2 vol., Nonnotte a encore publié Les philosophes des trois in-12, Paris, 1770 (Annales littéraires de 1770, t. vt, premiers siècles, ou portraits historiques des philosophes p. 115-167), puis à Lyon, 2 vol. in-12, 1771, ct à païens, qui, ayant embrassé le christianisme, en sont Besançon, 3 vol. in-12, 1818. Enfin, une nouvelle devenus tes défenseurs par leurs écrits, ouvrage avec édition, augmentée d’un troisième volume, intitulé : lequel on fera aisément la comparaison de ces philo­ L'esprit de Voltaire dans ses cents, parut â Paris, en sophes anciens avec ceux d'aujourd’hui, in-12, Paris, 1820, puis en 1822 el en 1823, 3 vol. in-8 (Ami de ta 1789 (nouvelle édition en 1792 ct Besançon, 1818). religion du I nov. 1820, t. xxv, p. 385-390, ct 6 déc. L'ouvrage fut traduit en allemand en 1790. I. XXVI, p. 97-103). L’écrit fut traduit en allemand, Il faut ajouter encore les Principes de critique sur 1768, en espagnol, 1772, et en italien, 1773, et il eut l'époque de l établissement de la religion chrétienne dans plusieurs éditions en chacune de ces langues. L'esprit tes Gaules, in-12, Avignon, 1789. On lui a attribué, de Voltaire avait d’abord paru a part, in-8·, s. L, 1797. mais à tort, ce semble, l’écrit intitulé : Du gouverne­ L'ouvrage, justement célèbre de Nonnotte. parut, à ment actuel des paroisses, publié en 1822. La biblio­ l’origine, sans nom d’auteur; dans la première partie, thèque de la ville de Besançon et les archives de l'auteur signale les fausses citations ct les principes l’Académie des Belles-lettres et des Sciences de celle irréligieux de Vol taire dans son Essai sur l'histoire ville possèdent des manuscrits qui lui sont attribués. générale; dans la seconde partie, Nonnotte relève les Michaud, liiographic universelle, t. xxxi, p. 19-20; erreurs dogmatiques de Voltaire dans son Essai sur Hœfcr, Nouer/fr biographie universelle, t. wxvni, col. 232l administration publique ct son Poème sur la loi natu­ 233; Quénird, I.a Prance littéraire, t. νι, p. 115-116; Feller-Weiss. Biographie qniotrseUc, t. vi, p. 223-226; relle. Voltaire fut piqué au vif par celte critique et il Chaudon cl Dclnndlnc, Dictionnaire historique, édit. 1S22, répliqua, sous le pseudonyme de Damilaville, dans un t. xx, p. 363-361; Élogt de Nnnnotle par Grappin, dans le' écrit Intitulé : Éclaircissements historiques à Γoccasion Mémoires de ^Académie de Besançon île 1812; Ami de ta d un libelle calomnieux contre ΓEssai sur les moeurs. religion et du roi, t. xxv, I nov. 1820, p. 38.5-39O; 6 dèc.. Ces Éclaircissements sont imprimés au l. vu de l'édi­ t. xxvi, p. 97-103, cl du 13 janv. 1821, t. xxvi, p. 273-275; tion de V Essai sur Γhistoire générale, 1761-1763 et sont Caballero, Bibliotheca? Scriptorum Societatis Jesus Supplrreproduits Λ la suite d'L’n chrétien contre six juifs. mcntuni, t. i, 2 vol., in-B, Home, 1811, p. 210-211, De Barker, Bibliothèque des écrivains de lu Compagnie de Plus tard. Voltaire ajouta une Addition aux observa­ Jésus, I. iv, p. 181-183; Sommervogel, Bibliothèque de la tions précédentes et enfin un pamphlet intitulé : Compagnit de Jésus, t. v, col: 1803-1807; Encqclopèdir des Honnêtetés littéraires; il laisse paraître toute sa colère sciences religieuses (prot.), t. ix, p. 692-693; Ch. Barthé­ dans deux lettres du 17 mai el du 18 septembre 1762, lemy, /.c dossier dt Nonnotte, dans Erreurs rt rnrnsongr^ et dans I Incursion sur Nonnotle ex-jésuite, t. xxxi, historiques, NIH* série, in-12, Paris, 1881, p. 12-87; p. 156-209 de l'édition des (Euvres de Voltaire, 1785. Kirchrnlrxirun, t. ix, col. Il 1-1 16; Hurter, Nomenclator, Mais Nonnotte répliqua dans Réponses aux Éclair­ 3· édit., t. v, col. 313-311. cissements historiques et aux Additions, 1766 ct 1767; .L Cahiieyiie. NORIS Henri, moine augustin et cardinal (1631dans Lettre d'un ami à un ami sur les Honnêtetés 1701) - L Vie. — Il naquit â Vérone d’une famille, littéraires. Ces divers écrits de Nonnotte sc trouvent qui était, dit-on. d’origine anglaise, le 29 août 1631, dans les éditions postérieures des Erreurs de Voltaire. fut nommé Jérôme au baptême, fit ses études chez Nonnotte reprit ses attaques contre l’incrédulité 797 NOBIS les Jésuites do Bimini. Dés sa prime Jeunesse il était un lecteur assidu des Pères ct spécialement de saint j Augustin. C’est par amour pour cc grand docteur qu’il entra chez les ermites professant sa règle. Appelé à Home par le général de cet ordre, il eut dès lors à sa disposition de riches bibliothèques cl la compagnie de savants réputés; il y rencontra entre autres, son illustre confrère, Chrétien Wolf (Lupus) qui, fuyant les orages excités autour de lui à l’université de Lou­ vain, avait trouvé, par ordre d'Alexandre VU, un refuge dans la Ville éternelle. C’est lui, peut-être, qui précisa la vocation du jeune Noris, devenu son ami intime ct son compagnon inséparable dans la visite des antiquités romaines. Wolf dédia à ce jeune homme son épltre : De Christiana contritione. proclamant qu’il ne pouvait rien lui arriver de plus heureux que de l'avoir rencontré : Toi, lui dit-il, qui, m.irchant sur les traces de ton père, Onuphrc Panvinio, versé non seulement dans la scolastique el la théologie dogma­ tique, connais aussi à merveille l’antiquité profane cl sacrée : souvent, lorsque nous visitions ensemble les grandes basiliques de la Ville, lu évoquais pour moi, le plus savamment du monde, les faits de la République et de l’Eglisc qui avaient eu ces lieux pour théâtre... » Noris avait projeté de réviser les Annales de Baro­ nins; mais il fut devancé dans cette œuvre par le P. Pagi. Il revint dès lors à ses premières amours : saint Augustin; et, pour mettre mieux en lumière la doctrine de celui-ci, entreprit son Histoire de l'hérésie pêlagicnne. 11 avait vingt-sept ans lorsque ses supé­ rieurs l’envoyèrent professer la théologie aux couvents de Pesaro, puis de Pérouse, cl enfin de Padoue. Puis, il fut rappelé à Borne, reçu docteur, et nommé par Chinent X qualificateur du Saint-Office En 1G73 pa­ rut A Padoue son Histoire du pélagianisme qui sou­ leva des tempêtes à divers reprises et meme après la mort de l’auteur. Cependant Antoine Magliabccchi avait signalé â Côme III, grand-duc de Toscane, le rare mérite du P. Noris. Le grand-duc nomma celui-ci son théologien ordinaire, l’appela d’abord à Florence en 1673, puis créa pour lui la chaire d’histoire ecclésiastique i l’université de Pise. De plus il lui confia l’éducation de Jean-Gaston, son fils. L’enseignement donné par Noris à Pise lui fournit l’occasion d’approfondir nom­ bre de questions relatives à l’archéologie cl â la philo­ logie profanes et sacrées. Il fit paraître ainsi de nom­ breux cl précieux travaux d’érudition, dont l’énumé­ ration n’entre pas dans notre cadre. Le grand-duc lui avait offert l’évêché de Pistoie, qu’il refusa obstiné­ ment. Christine de Suède lui avait envoyé le diplôme de l’Académie, fondée par elle, ct qui devint l’Arcadie. Clément X et Innocent XI le voulaient ù Rome : Noris refusait toujours, pour garder sa liberté el scs loisirs. Enfin Innocent XII exigea le retour de Noris. Pour l’avoir près de lui, il lui voulut confler Pollice de sacrisle du Sacre-Palais, charge réservée â son ordre. Noris déclina l’offre. Mais, après In mort de Scliclstratc en 1692, il accepta volontiers la place de premier custode de la bibliothèque vaticane. Enfin, malgré scs résistances. Innocent XII le créa cardinal-prêtre du titre de Saint-Augustin, le 12 décembre 1095, l’inscri­ vit â plusieurs Congrégations, et finalement lui donna In succession du cardinal Casanata comme bibliothé­ caire de la Sainte Eglise. Noris ne songea pas a inter­ rompre pour autant scs doctes travaux, prit part notamment aux études faites alors en vue de la cor­ rection du calendrier. Il intervint au conclave qui élut Chinent XL II mettait la dernière main a une Histoire des donatistes, lorsqu’il mourut d’hydroplsie le 22 février 1704. 11 fut Inhumé dans son église titu­ laire, où l’on voit son buste en marbre blanc, surmon­ 798 tant son tombeau modeste, orné d’une épitaphe en vers, à droite de la porte de la sacristie. Cet homme avait manifesté, depuis sa jeunesse, une puissance de travail remarquable. De 20 à It ans il donnait chaque jour 14 heures a l’élude, se conten­ tait de cinq heures, parfois de trois heures, de sommeil, ne prit jamais de vacances, ne quitta presque jamais, même pour une promenade, la ville de Rome, lorsqu’il y fut revenu. Scs connaissances étaient fort étendues en histoire, chronologie, numismatique, archéologie: son érudition était solide ct critique. Il fil l’admiratioi de tous les gens de science de son temps. IL Œuvres. Au cours de sa longue carrière, Noris lit paraître un nombre considérable d’ouvrages; il en laissa d’autres manuscrits. L’ensemble de cette œuvre a été publié en 4 vol. in-fol. par les deux frères Ballerini : Hcnrici Xorisii Veronensis augiis liniant opera omnia nunc primum collecta atque ordinata, Vérone, 1729-1732, a quoi i) faut ajouter un travail rédigé en italien, qui parut à Mantouc, en 1711, avec un recueil de lettres. Cette œuvre sc repartit ;· peu près également entre l’archéologie ct la chronologie d’une part ct l’histoire des doctrines chrétiennes d’autre part 1® Nous ne ferons que mentionner les travaux de lu première catégorie bien qu’ils intéressent parfois les disciplines ecclésiastiques : L Annus cl epoch# Syromacedonum in vetustis urbium Syria: nummis prœsertim A!edice is quinque dissertationibus expositu, FloI ronce, 1689: Œuvres, t. n, col. 1-593, travail de numis­ matique extrêmement remarquable. — 2. Dissertatio­ nes très quorum prima Fastos consulares anonymi j exhibet et illustrat, altera Cyclum paschalem Lati­ norum annorum L.V.VA/V dilucidat, tertia Cyclum paschalem Ravennatem explicat. Œuvres, l. it, col. 591-849. 3° Epistola consularis in qua collegia LXX consulum ab anno Christiana: epoch# XXIX usque ad annum CCXX1X, in vulgatis Fastis hactenus perperam descripta, corriguntur, supplenlur ct illus­ trantur, t. n, coi. 859-1058, précieux pour la chrono­ logie chrétienne des deux premiers siècles. I. Duplex dissertatio de duobus nummis Diocletiani ct Licinii cum auctario chronologico de votis decennalibus imperato­ rum ac c#sarttm, ibid., t. n, coi. 1059-1238, important pour fixer quelques points de l'histoire de la grande persécution. — 5. Cenotaphia Pisana Can ct Lucii C&sarum, Œuvres, t. ni, col. 1-771, étude d’archéolo­ gie profane. # 2° D’un intérêt beaucoup plus considérable pour le théologien sont les ouvrages consacrés par Noris Λ l’histoire des doctrines chrétiennes. Cet intérêt leur vient non seulement de leur contenu, mais des contro­ verses qu’ils ont suscitées. Ces controverses jettent, en effet, un jour curieux sur l'état d’esprit qui régnait pour lors. I. Le point de départ des travaux de Noris, c’est son Historia pclagiana. Il la composa dans les années 1670-1672, au moment où les querelles entre jésuites cl Jansénistes commençaient à s’apaiser (Paix de Clément IX, 1669). Le tumulte de lu batnllle étant calmé, Noris, fervent auguslinien, pensa rendre quel­ ques services â la théologie en précisant sur les points en litige lu pensée de saint Augustin, dont les jansé­ nistes s’étalent réclamés avec fracas, dont les jésuites avaient cherché à tirer ύ leur doctrine diverses asser­ tions, ct contesté certaines autres. Il importait avant tout de fixer historiquement hi position du problème, et la plus grande partie du travail de Noris sc can­ tonnait dans l’exposition sereine des événements qui avaient précédé, accompagné el suivi la crise pélugienne cl son prolongement semi-pélagien. Mois l’au­ teur ne gardait pas jusqu'au bout celle sérénité ct la dernièrv partie de son travail prenait parti contre 799 Noms ceux qui. de part ou d’autre, mais surtout dans le camp des mollnislcs, avaient défiguré. Λ son avis, la pensée d’Augustin. Telle est l’économie générale de l’ouvrage qu’en 1672 il soumettait A la censure ecclésiastique et qui portait le litre : Historia pelagiuna el dissertatio de synodo V acumen ica in qua Origenis «c Theodori Mopsucste ni pelagian i erroris auctorum justa damna­ tio exponitur et Aquileiensc schisma describitur, additis Vindiciis augiistimanis pro libris a S. Doctore contra petagianos ac scmi-pelagianos scriptis. Trois parties en somme : D'abord l'histoire même de la controverse pélagiennc ct senii-péiagieune. en deux livres menant les événements jusqu’au 11· concile d’Orange; puis l’histoire du Ve concile œcuménique (553) dans lequel Noris estimait (â tort) qu’avait clé condamné l’origënisme, et qui avait du moins consacré In déconfiture dc Théodore dc Mopsucstc; en ces deux auteurs Noris voyait, non sans quelque exagération, les pères du pélagianisme. A celte histoire s’annexaient quatre dis­ sertations οίι I on réfutait les auteurs qui, tout récem­ ment, avaient pris In défense dc Julien, de Cnssicn, de Fauste de liiez. Les \ indicite augustin ianre, par quoi sc terminait l’ouvrage, protestaient clairement contre les tendances qui se faisaient jour - dans l’École » d’abandonner Augustin; et. pour que nul n'en ignorât, le dernier chapitre alignait : centum cl triginta quinque recentiorum contra D. Augustinum convicia, dicteria uc cens une a b eodem S. Doctore ct sanctis Patribus repulsæ; sur deux colonnes figuraient d'une part les assertions des rccenliores (citations textuelles de Molina) ct d’autre part les paroles de saint Augustin ou de scs vrais disciples, et c’était I Alypc de Tugastc qui terminait cette audience : Habemus ducem Augustinum qui nos in ipsa veritatis arcana, Deo jam monstrante, pci ducat. G’cst ('approbation de cet ouvrage, qu’en 1672 le jeune Noris venait demander â Home; Imitant dos matières de la grâce, le livre ne pouvait paraître qu’avec I imprimatur du Saint-Siège. Au dire des Ballcrini, le livre aurait été d'abord assez fraîchement reçu; sc ravisant vite, d’ailleurs, J’assesseur du SaintOflice, nuque! l'examen avait été confié, finit par approuver l’ouvrage, ct par ratifier le jugement des deux censeurs augustius lequel est daté du 20 juin 1672. Il aurait mémo fait nommer peu .après le jeune Noris qualificateur du Siunt-Ollicc. L’ouvrage parut à Padouc en 1673; autres éditions données par l'auteur luimême : Leipzig, 1677; Louvain, 1702 (cl. Œuvres, t. i, col. 1-1296). .Mais il fut impossible à Noris de le faire paraître en France, où l'on avait commencé l’impression à Paris cl à Kouen. Le P. Le Tellier, très en faveur auprès de Louis XIV. dont il sera plus Lird le confesseur, lit arrêter tout le travail. (Lettre du cardinal Bonn à Noris, 17 mars 1674). A une lettre du moine lui demandant d'intervenir, le cardinal répondait : < Je croyais (pie votre Kévérvnce avait déjà été informée dc ce qui est arrivé à Paris à son livre, et c’est pourquoi je ne Ten avais point avisée. En fait tous les exemplaires imprimés ont etc retirés par ordre du roi, a l'instigation du P. Le Tellier, jésuite, confesseur de Sa .Majesté, la même chose s’est produite t Kouen où on réimprimait l'ouvrage, avec défense rigoureuse dc l’imprimer dans tout le royaume. En écrire ù la personne dont vous me parlez (le car­ dinal d’Eslrées) serait inutile, parce que nul ne peut faire échec au P. Le Tellier. Mieux vaut sc taire, car il ne manquera pas d'ami pour prendre votre défense ct lu défense d'une cause si juste. Ainsi va le monde aujourd'hui : qui n’est pas mollnistc est hérétique. Texte Italien dans Joannis Ilona eptstotœ selectae, Ttinn. 1755, p. 301. Du moins celte interdiction du livre en France 800 arrêta-t-elle l essor des écrits qui auraient pu paraître pour ou contre et qui auraient ranimé des dlscusdom à peine éteintes. En Italie la controverse ne chômait i pas. Γη des premiers â prendre position fut le Iran· ciscain I·’. Macédo (Voir son article, t. ix. col. 1163) dans sa dissertation sur Vincent de Lérins et Hilaire d Arles, (pie Noris avait rangés parmi les semi-pclagiens. Noris répondit dans son \dventoria amicissimo ac doctissimo viro F. Francisco Macedo, qui, remettant à plus tard les questions de fond, ne s'occupait que d une chicane tout â fait accessoire cl d'ordre gramma­ tical; la réplique sur le fond ne fut jamais publiée, l'autorité supérieure s’étant entremise pour arrêter ce débat. G’cst à peine de la polémique que la dissertation publice par Noris à Florence, 1671. où il relève quelques erreurs commises par le jésuite Garnier dans son édition de Marius .Mercator : In notas J. Garner Had inscriptiones epistularum sijnudaltuni XC et XCH inter augiistinianas censura, dans Œuvres, t.m, col. 1109-1180. .Mais, dès 1676, les choses prenaient une tournure tout à fait sérieuse. VHistoria pelagiarin était déférée au Saint-OfHce, comme renouvelant les erreurs de Bains et de Jansénius; divers écrits dc cir­ constance s'efforçaient de peser sur les décisions du tribunal. Γη franciscain. Jean de Guicliccioio, faisait paraître â Francfort (?) des Propositiones parallels Michaelis Hait ct Itennci de Xoris. (Zest à ce factum ([lie répondit une plaar quoi 1rs personnes divines sont-elles trois? La divinité commune rendant compte de l'unité de nature, il fallait marquer les propriétés expliquant la trinité des personnes. De là la remarque de saint Thomas relativement à la trinité ; Ideo essentia in divinis i t quid, persona vero υτ qi is. proprietas autem ντ quo. Sum. theol., I*, q. xwh. a. 2. Ensuite, les noms concrets, Père, Fils, INprit-Saint ne suffisent 803 NOTIONS (DANS LA THINITÉ) pas â notifier pleinement la personne du Père et celle du Fils, du moins dans la relation qui oppose l’une ct l’autre à la personne du Saint-Esprit ct qui, par cette opposition, distingue de i Esprit le Père et le Fils. Or. il était Impossible dc désigner cette relation par un nom concret qui eût laissé supposer une per­ sonne distincte de la personne du Père ct de celle du Fik. Il fallait donc trouver un nom abstrait qui marquât l’opposition du Père et du Fils au SaintEsprit. sans insinuer l'existence d'une quatrième personne. Ce concept dc notion divine ne s’impose pas A la loi catholique, l’Église n’ayant jamais rien défini û cet égard. Toutefois, il répond A un enseignement commun que les Pères eux-mêmes ont retenu. Ci. S. Grégoire dc Nazianzc, Oral., xxxix, n° 11. 12, A G., I. xxxvi, col. 315, 3IX: ct S, Augustin déclarant expressément : 1 Alia notio est qua intcHigitur Genitor, alia qua inqeriitus, Dr Trinitate, I. V. c. vi, P. I.., I. χυι, col. 915. Prépostin, au Moyen Age. nie la possibilité de s’ex­ primer dc ccttc façon relativement aux personnes divines. 2. Combien y a-t-il de notions divines? — En repre­ nant les trois éléments de la notion, il apparaît que trois notions peuvent nous faire connaître le Père : le Père n’a pas de principe dont il procède; la négation d’une relation constitue donc une première notion. Tinnascibilité. Mais le Père est le principe du Fils, cl. conjointement avec le Fils, le principe de PEspritSaint; d’où, deux autres notions, paternité rt spiratlon active. I.c Fils est engendre par le Père, cl avec lui. est le principe du Saint-Esprit; d'où notions de (illation et dc spiration active. — Enfin, l’EsprilSaint procède du Père et du IHIs comme d’un seul principe; d’où une seule notion pour faire connaître l’Esprit. la spiration passive ou procession, La spira­ tlon active étant commune au Père ct au Fils, il ne reste donc que cinq notions. Bien que communément reçue, cette doctrine ne s impose pas au point de vue de la foi. Aussi ne faut-il pas s’étonner que Scot ait voulu, pour l’Esprit-Sainl, trouver une deuxième notion : l'infécondité. Il faut observer avec Billot. De Deo trino, th. χνιιι, note, que, pour les notions négatives, seule l'innasclbililé du Père marque en la personne une dignité véritable cl doit donc être retenue comme notion. Dc plus, la multiplication des notions par mode dc néga­ tion, loin dc rendre plus manifeste le mystère dc la trinité, ne ferait que l’obscurcir. Si nous ne devons compter que cinq notions, nous pouvons admettre en Dieu un nombre plus grand de tenues notionnels. Ce sont les noms propres des per­ sonnes divines» au nombre dc neuf, trois pour chaque personne : Principe, Père, Incngcndré; — Fils, Verbe, image; — Esprit-Saint, Amour, Don. Voir Sum. theol., I·,q. xxxm, a. 1-1 ; xxxiv, a. 1-2; xxxv; xxxvi, 1 ; xxxvn. a. 1 ; xxxvni. 3. Xoltons cl propriétés. — Notions et propriétés s’indcnlificnt en réalité, en Dieu, tout comme dans l’Église, s identifient les potes ct les propriétés. Néan­ moins l'aspect dc In notion et celui dc la propriété n’est pas le même. La notion nous /ait discerner les personnes entre elles; elle répond è une question de notre Intelligence. La propriété, comme telle, est indé­ pendante dc notre intelligence, elle est, en Dieu, ce gui convient à la personne. Notons sur ce point une assez grande divergence d’appréciation entre les auteurs. Cf. !.. Jannssens. De Dm trino, p. 133-110. Il sulht de parcourir les manuels pour y percevoir sur la question des propriétés personnelles en Dieu des hesitations non déguisées. Les uns acceptent volontiers que toute notion implique une propriété, celle-ci s'entendant dc ce qui convient 804 A une ou même deux personnes (p. ex. la spiratlon active), mais non pas aux trois. Ainsi, il y aurait en Dieu cinq propriétés, comme il y a cinq notions. D'autres auteurs considèrent que la spiratlon active étant commune au Père et au Fils ne saurait vérifier le caractère exclusif de la propriété ct ne doit donc être considérée comme propriété qu'en un sens très large, il ne faudrait donc admettre en Dieu que quatre propriétés au sens strict du mol : J'innascibililé, la paternité, la filiation et la procession ou spiratlon passive. Cf. S. Thom is. Cotnp. theol., c. lix. Dans un sens plus strict encore, on ne considérera comme propriété personnelle que celle qui constitue la personne. Or, l’innascibilité ne comportant qu’une négation de relation ne constitue pas la personne du Père; il n'y aurait donc que trois propriétés personnelles, la pater­ nité, la filiation, la spiration passive. II. Les actes notionnels. — La théorie des notions amène les théologiens A concevoir l'ordre de l'origine dans les personnes divines comme manifesté par des actes notionnels <. L’origine d’une personne, enelTel, ne nous est manifestée ni parla personne dont elle procède, ni parla relation qui la constitue ouïes propriétés qui lui conviennent. Nous ne pouvons la concevoir qu’en imaginant un acte en Dieu qui la produise. Cet acte producteur de la personne csl dil acte notionnel. Bcdisons encore ici que, dans la réalité, les origines des personnes en Dieu s’identifient avec les propriétés personnelles, ou plus exactement que propriétés, origines, notions, relations ne sont qu’une seule et même chose; c’est un besoin fie notre esprit abstract!! qui nous oblige A concevoir en Dieu des actes par lesquels s’explique l’origine du Fils par rap­ port au Père, de FEsprit par rapport au Père ct nu Fils. La Sainte Écriture d'ailleurs s'exprime de façon â justifier la conception des actes notionnels; elle dit que le l’ère engendre le Fils, Ps., n, 7: que le Père donne au Fils, Joa,, x, 29; qu'il lui montre, Joa., v, 20; que l’Esprit reçoit, entend, etc., .Joa., xvj, 13-1 I. S’identiliant en réalité avec les relations d’origine, les actes notionnels sont au nombre dc deux, avec, pour chacun, le double aspect actif et passif. C’csl la génération qui explique I origine du Fils procédant du l’ère (gignere et gigni). C'est la spiration qui explique l’origine de l’Esprit procédant du Père cl du Fils (spirare ct spirari). Les actes notionnels ne dilTèrent donc des relations que par notre mode dc conce­ voir. Dans la question xli, saint Thomas fait plusieurs remarques qu'il csl bon de souligner : 1° Les actes notionnels sont, en Dieu, naturels cl non volontaires, si par volontaire on entend ce qui serait librement posé par Dieu sans nécessité de nature. Celle remarque est utile pour détruire le sophisme des ariens, déclarant que Dieu a engendré le Fils par sa volonté, comme il a engendré les créatures, loc. cit., a. 2. 2° Les actes notionnels de génération el de spira­ tlon doivent être, pour sauvegarder la consubstan­ tialité des personnes, conçus comme des productions, non créatrices * ex nihilo ·, mais communicatives de la substance divine unique et commune aux trois per­ sonnes. Par IA, tout en maintenant l’unité dc la nature ct la consubstantialité des personnes, on afTIrme la distinction de celles-ci. Ibid., a. 3. 3e Enfin, la théorie des actes notionnels amène le théologien à concevoir en Dieu une puissance active dc génération ct crj>élué à Saintqui aient, été mises en circulation; des Hymnes on Gall, a été finalement approuvé par Léon X. l’honneur de saint Étienne, P. L·, l. lxxxvii, col. 5862 (cl mieux dans Mon. Germ, hist., Poeta* tat., l, i v a, Tout rrsscnticl est dan* (’excellente notice dr M. Mamp. 337-339), sans compter quelques vers d'inspiration ton dans Gcsch. der lalcintschm Literatur des M. A., t. i, plus profane (voir E. DÛ mm 1er, St. Gullische DcnkMunich, 1911. Ü 18, p. 351-367; dans l’article de Meyer von Knonau. dc In Prol. Itealrncgclopadle, t. xrv, 190-1, rt duns male, p. 225-229; du même, Mon. Germ, hist., Poet, hit., le* note* dc celui-ci au Casus SanctvGalli ( voir ci-dr**ou*K t. n, p. -171-175). - Historien et chroniqueur, notre mais la vieille notice dc Mubdlon, .-Ici. mnel. O. S. IL. moine a continué le Prcviarium Erchanberli, arrêté t. vu, p. Il i P. L., t. <-\x\i, col. 983-991), re*tr touen 827, jusqu'au couronnement de Charles le Gros en jour* â consulter, comme aussi celle de dom Ceillicr, Hist, 881, Mon. Germ, hist., Script., I. H, ρ. 329-330; on a générale des auteurs sacrés et ccclésiasltqncs, t. xix, p. 500· montré également par preuves solides qu il est l’auteur 519 (2· édiL, I. XII, p. 763-8). de la fameuse histoire de Charlemagne dite · du moine dc Saint-Gai! , dont la valeur critique est plus que 2. NOTKER LE MÉDECIN La chronique faible, mais qui n joué un rôle considéra! le dans le île Saint-GalL connue sous le nom dc ('asus Sanctidéveloppement de la « geste · du grand empereur, Galli, qui est une source importante pour la con­ texte dans P. L., t. xcvjii, col 1371 sq., ct dans Mon. naissance de Notkcr le Bègue, donne aussi d’abon­ Germ, hist.. Script., l. ιι, p. 726; la demonstration dants détails sur un autre Notkcr qui vivait quelque de l'appartenance ΰ Notkcr a été faite par E. Zeppe­ soixante ans plus tare! et qu elle appelle d'ordinaire lin, dans Schri/ten des Vereins /hr Geschichte des le médecin. Go moine, qui remplit diverses fonctions Hodcnsers, I. xix. 1890, ρ. 33-17, ct par Zcumer dans dans le couvent, cellerier en 956, hôtelier en 965, avait llistorixchen \iifsht:en dem Andenkcn an Georg Waltz été surnommé Piperis granum (grain dc poivre), pro gcivldmrt, p. 97-118; enfin, Λ son propre témoignage, severitate disciplinarum. La chronique le loue comme Nolker avail travaillé à une vie do saint Gall, dont il docteur, peintre et médecin; et lui attribue quelques ne reste que cvln, .\i>paraliis sacer, t. i, Cologne, p. 210-2H, cite deux frères mineurs du même nom 1608; Oudin, lu scriptéribus ecclcsiasllda, t. m. ad ann. et du même prénom, qui ont été provinciaux d’\ngle1320, Ixip/ig, 1722 ; E. Longpré, O. M., Zx· conuncntairc sur In Sentence^ dt Guillaume de Nottingham. O. F. M , terre. L’un aurait succédé A Haymon, qui, en 1239. dans Arch, franc, hlslor , I. xxu, 1929. p. 232-233. fut élu ministro général de l’ordre; atteint de la A. Ti.i-.tai ht. peste à Gênes, il serait mort Λ Marseille. L’autre, le NOUET Jacques, (1605-1680), naquit a plus important, a vécu pendant la première moitié Mayenne, le 25 murs 1605; il entra au Noviciat des du xiv siècle. Originaire d’Angleterre, il fut chanoine jésuites de Boucn, le l Paris, ibid., t. xxviii, p. 1-35. Les évêques, Jésus, ou Nouveau cours de lectures spirituelles, à approbateurs du livre, exigèrent une rétractation l'usage du clergé, des communautés religieuses et des du P. Xouet, et il parut une Lettre circulaire de Mgrs les âmes qui aspirent à la perjection chrétienne, I vol. in-12, prélats assemblés à Paris, le dimanche. 29 novembre Paris, 1873 (parle P. Poltier). 1613, ibid., t. xxvjii, p. 605-623: sur cette affaire, Michaud, Biographie universelle, t. xxxi, p. 75-76; voir Alb. de Meyer, Les premières controverses jansé­ llœfer. Nouvelle biographie universelle, L xxxvui, col. 310nistes en Prance, de 1610 à 1619, p. 211-219; Gazier, 311; Quénird, La France littéraire, t. vi, p. 153-154; Histoire du mouvement janséniste, 1.1, p. 51, et Cécile Mémoires du P. Bnpin, édit. Aitblneaii, t. n, p. 102-410; Gazier. Histoire du monastère de Port-Royal, p. 93-91. Mémoires do (r. Herman!, édit. Gazier, t. 1, p. 211-215, Nouct publia plusieurs brochures contre les jansé­ 221-225; Sainte-Beuve. Port-Royal, t* édit., 7 vol. in-8·, nistes : Première réponse aux lettres que les jansénistes Paris, 1878, l. n, p. 179-182; lUchnnl ct Giraud, Biblio­ thèque sacrée, t. xvni, p. 118-119; Desportes, Bibliogra­ publient contre les jésuites, 1657; Impostures provin­ phie du Maine, in-8n, Le Mans, 181 I, p. 120-121 ; Ilauréau, ciales du sieur de Montalle, secrétaire des jansénistes, Histoire littéraire du Maine, 2' édit., Paris, 1876, t. vm. découvertes ct réjutées; Lettre écrite à une personne de p. 230-239; De Backer, Bibliothèque des écrivains de la condition sur le sujet de celles que les jansénistes publient Compagnie de Jésus, t. ni. p. 538-513; Sommcrvogel, contre les jésuites; 1 cltre écrite à une personne de condi­ Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, l. v, col. 1813-1818; tion sur la conformité des reproches et des calomnies Hurler, Nomenclator, 3· édit., t. iv, col. 72-73. que les jansénistes publient contre les PP. de la Com­ J. Cahkeyrb. pagnie de Jésus, avec celles que lr ministre Du Moulin a NOULLEAU Jean-Baptiste, oratorien français publiées, devant eux, contre l'Êgtise romaine, dans son (1601-1672). Il est né à Saint-Brieuc le 21 juin 1604 livre des Traditions ; Réponse aux impostures des de parents distingués parmi le corps des échevins et lettres que tes jansénistes publient contre les jésuites; des magistrats. Il fil ses humanités dans sa \llle Continuation des Impostures, 'lotis ces écrits sont natale, sa rhétorique et sa philosophie à Bennes, puis résumés dans des Réponses aux Lettres provinciales. trois ans de théologie i Nantes chez les Pères de Comme le ministre Claude avait publié une Réponse l'Oratoire où il entra â 20 ans, 5 janvier 1621. aux deux traités intitulés : La perpétuité de la foi de En 1639, il est nommé archidiacre, puis théologal l'Églisc catholique touchant l'eucharistie, ln-8°, Paris, de Snint-Brieuc; en 1611, il travaillait sous M. de 1665 et 1666, le P. Nouct répliqua par un ouvrage qui Harlay, évêque de Saint-Malo, avec plusieurs de scs u pour titre : La présence de Jésus-Christ dans le confrères, prêtres de l’Oratoire; il vient de là prêcher Très-Saint-Saci ement, pour servir de réponse au mi­ à Paris où il parait avec distinction à Saint-Paul, à nistre qui a écrit contre la Perpétuité de. la loi de l'Église Saint-Laurent. catholique louchant l'eucharistie, in-l·, Paris, 1666, et 1® Le réjormatcur anti-gallican. M. de Vilazcl, son in-8®, 1667. Le Journal des Savants en février 1667, évêque, étant mort cn 1611, Noulleau composa Le p. 121-123, ayant publié une analyse élogleuse de cet modèle d'un grand évéque en la personne de jeu écrit du P. Nouct, le ministre Claude répondit à cet M. Etienne de Vilazcl, brochure dans laquelle il article par la Lettre d'un provincial à un de ses amis sur raconte (pie le défunt « méditait depuis longtemps de le sujet du Journal du 28 juin 1667 et le Journal faire à la Cour une prédication pour dénoncer le répliqua, le 26 décembre 1667, p. 187-195. Nouct concordat de François Irr qui avait tiré la sainteté de répondit, lui aussi, par une Lettre à M. Claude, l'Églisc, el y avait jeté la mondanité. Le successeur, ministre de Charenton, in-8®, Paris, 1668. Plus tard, M. de la Barde, très gallican, ne goûta pascet esprit le ministre Claude publia un gros ouvrage, sous le de rélorme <, car Dieu « n'a dans le fermeté du prédicateur évangélique, avec trois disserta­ cœur que Jésus-Christ ». Tout se ramène donc a « ne tions : 1° De la liberté de saint Ambroise, de saint Jean respirer sans cesse que Jésus-Christ, comme la vie de Chrysoslorne et de saint Basile; 2° De la liberté aposto­ notre vie. < S’étendant sur Jésus-Christ tout le long lique de saint Bernard et du bienheureux Pierre Damien; de l’année on tin* vie de tous ses mystères, comme le 3° De celle de Pierre de Blois et de Gerson. Nouvel corps de I enfant la lirait de tous les membres du interdit fulminé en 1053 ou 1054. 11 ne faut pas à cause prophète qui s’était raccourci sur lui. ■ de cela faire de Noulleau un · maniaque de réforme, On pourrait l’appeler le théologien du pur amour, jouant â cache-cache avec son évêque », mais · un . sublime génie, un h< mme de Dieu, une définition vi- | tant il parle de l’rmour pur avec éloquence, avec vante et brûlante, aussi tendre que passionnée, aussi i enthousiasme. Pour lui. le pur amour n’est autre que la parfaite piété : · O grand Dieu, que je ne me persuade judicieuse qu'intrépide du christianisme... Higide, donc Jamais qu’on ne soit pas oblige de vous aimer si l’un veut, et obstiné, mais toujours maître de soi, humain, surnaturel à un haut degré et d’une sagesse 1 d'amour, de sous aimer de cœur et de toute lu puis­ sance affectueuse de son iiiuc. · C’est un hymne en­ parfaite ». Bremond, Hist. lilt, du sentiment religieux, t. vu, p. 199, 212. thousiaste qu’il chante à la pénitence qui lui rend 2° Le théologien mystique. A cause de cette rigi- i l'amour, « seule table de mon naufrage, seule espé­ dite même, A cause de la très grande austérité de sa ! rance des pécheurs comme mol, que désormais tu me seras aimable.» - «Je ne vous demande point, dit-il vie, ceux qui lui en voulaient le firent soupçonner de encore, comme Philippe : · .Montrez-moi la face de jansénisme; mais, six mois avant la condamnation votre Pcre.... ■ Ce serait vous demander par là quelque des cinq propositions par Innocent X. il lit imprimer un Traité de l'amiable composition des différends du I chose pour mol en quelque façon plus que pour vous. temps sur le su jet de la fréquente communion et de ta ' Non, Seigneur, donnez moi seulement votre pur grâce, où il parle ouvertement contre les partisans , amour, ct il me suffira à lui seul pour toute sorte de paradis. · Brémond, op. cil., p. 2 IS, 260-. d'Arnauld rt de Jansénius; il imagina même un sys­ Avant Fénelon, il est préoccupé de ce que nous tème sur la grâce, pour réunir les deux partis opposes, appelons la question sociale dont 11 ne voit la solu­ thomistes et molinistes. \ oir Batten*!, Mémoires, t. in, tion que dans l’esprit del’Évangllc, l'accomplissement p. 117. On n’en peut davantage faire un gallican : il écrivit un Traite de l’autorité du Saint-Siège où, dit j de la loi de Dieu qu’il appelle· le plus grand des poli­ tiques -, Personne, grand ou petit, ne saurait « être Bal terri, il en veut à ceux des évêques de Franco qui, dans la charité parfaite » qu'il n’ait le souci de pro­ A la tête de leurs mandements, ne sc disent pas évêques curer le bien public. De Vidée du parlait ihrélien se Sancta Sedis gratia. M. de Salnl-Brieuc était dans le dégage sa Théologie des grands, puissants seulement cas. · Ibid., p. 111. pour établir le règne de Dieu par Jésus-Christ, « pour Dans l’exposé du véritable esprit du christianisme, faire de grands biens, empêcher de grands maux ·. il arrive immédiatement après les plus grands écri­ Dans ce que Noulleau appelle « La tragédie de ce vains de l’Oraloire. Bérulle, Condrcn...C’est du reste monde ·. Dieu se garde bien d’exposer ses vrais en­ le nom de quatre de ses ouvrages. Après une Pratique fants au danger comme il lait pour les grands, · les de l'oraison, Snint-Brieuc, 1615. il donne : L'esprit du roturiers de 1a maison de Dieu et de son règne... ce ne christianisme dans l’exposé de la toi de Moïse selon «ont qqc des personnages de théâtre.» Pour se sauver, l'Evangile...; L'esprit du christianisme dans le saint ils sont tenus à plus de vertu que les petits. Faites, sacri fice de la messe...; L'esprit du christianisme dans leur dit-il, de longues prières, visitez les lieux suints, la conduite de la vraie pénitence.... A ces livres parus la même année, Paris, 1661, avec L'idée du vrai chré- | servez les pauvres de vos mains; cela ne sullit pas. il tien, un des plus beaux, il faut ajouter De religione ( vous faut · des actions hérofquvs de charité et de chris/iana, sive de Christo et christianismo ex meris el I justice chrétienne... Les petits ne sont au monde que solis Scriptura, Patribus ct Doctor i bus Ecclesia·, doni ' comme des enclumes sur lesquelles on frappe inces­ samment. ce qui fait que, n’ayant pus le loisir de on nr prill dire s'il a été imprimé; Politique chrétienne respirer, ils n’ont pas le temps de pécher. · On doit dans les exercices de piété de Mgr le Dauphin, Paris. 815 NOULLEAU — NOVATIEN ET NOVATIAN ISM E contraindre au repos dominical aussi bien les garçons dc café que les pharmaciens. · Il est impossible qu’un royaume ne soit divisé... quand on n’y lait pas justice ε un chacun... Il ne faut jamais mettre tout le bon d’un côte, toutes les richesses, tous les honneurs... car tous voulant avoir part... à la félicité de leur siècle... si on les dépouille de tout... ils n’aiment dans la répu­ blique où ils sont si mal traités que sa désolation... Il ne faut pas les réduire ô ce point de désespoir qu’ils ne craignent pas, à l’exemple de Samson, d'abattre la maison sur eux-mêmes. » Brémond. p. 229-217. ui-mème a caractérisé son style : ■ J’ai tâché qu’il I. n'y eut pas une parole superline... Tout y est pressé, tout concis .. I ne parole abrégée, verbum abbrevialuni, toute substance de vérité, toute essence de Vente. Ibid.. p. 265. Depuis 1653, que tout ministère lui avait été interdit dans son diocèse, il s était retiré près d’une chapelle appelée Notre-Damc-de-Bon-Bepos, menant une vie très mortifiée, sc faisant donner In discipline à midi ct le soir. En 1666, défense lui lut signi liée dc dire la messe dans celte chapelle. Désormais, U ira tous les jours â trois lieues ct demie de là, au bourg dc Saint-Qucl ou Salnt-Qué au diocèse de Dol : « Il y renouvela, dit Batlerel, l’esprit du christianisme - H mourut vers 1672; son corps fut inhumé à Saint-Brieuc « sous sa chaire théologale ». 1 816 solide », au dire du P. J.-IL Hossl, S. .L, dans l’appen­ dice aux Opuscula spiritualia .s’. /lonavenhirir, 1651. — Le P. Novati avait préparé pour l’impression des Dilucidaliones de illibata conceptione 13. Mariic V.. qui n’ont pas vu le jour. Ph. \rgvlati, llibliothcca scriptorum Mediolanensium, t. n,Milan, 1715, col. 997, qui renvoie lui-mênic nu P. Domi­ nique Bcgi, Memorie historicité de* Chltrlci regolari minis­ tri degi' in/ermi, Naples, 1676; M. Endrizzi, Hildingra/ta Camilllana, Vérone, 1910; Ikcnmeyrr-Wiescn-Reintges, Der hrilige Kainillus and sein Orden, Fribourg-cn-B.. 1911 P. Ch. Gautier, 1/ordre dc S. Camille de Lellis, Paris. 1926; L. da Gnttco, O. M. Cap., La peste u Holagna nd IdJO, Forli. 1029. É. Λμλνν. NOVATIEN ET NOVATIANISME Prêtre fort en vue de l’Église romaine au milieu du ni· siècle, Novatien s’est laissé entraînera déclencher dans l’Église, après la persécution de Dècc, une crise fort grave, qui aboutit à la formation d’une Église schismatique. Celte Église nova tienne lui a survécu pendant plusieurs siècles. I. Novation. IL La crise novatienne. HL L’Église nova tien ne. I. NOVATIEN. — De ce docteur nous étudierons successivement:!. La personne. IL Les œuvres (col. 817). III. La doctrine (col. 821). ’ L La peiisonne. - Elle est bien mal connue, sauf Bat terri, .Mémoires domestiques.... t.in, p. 109-112, qui pour ce qui concerne le moment assez bref où se s’appuie sur les Mémoires dc M. le curé de Saint-Michel ct déclenche la crise novatienne. Les renseignements qui les Hegistres dc l’Oratoire; Brémond, Histoire littéraire du proviennent de cette date ct dont la critique sera sentiment religieux. t. vu. p. 197-263; Correspondant, faite ci-dessous, apportent peu de lumière sur les 10 octobre 1928; Morérl. Le grand dictionnaire, édit, de 1759. antécédents du personnage de Novation. Aussitôt A. Mou ex. après cette crise la personnalité de Novation rentre NOVATI Jean-Baptiste, né à Milan cn 1585, également dans l’ombre. d'une illustre famille apparentée aux Médicis, entra Dans les dernières années du pontificat de saint cn 1606 dans l’ordre des clercs réguliers ministres des Fabien (236-250), le prêtre Novation était dans la infirmes (c unilliens), dont il devint un des hommes communauté romaine un personnage de premier plan, les plus éminents par sa science, ses travaux et ses surtout a cause n put enfin songer ô donner un successeur ô Fabien. ayant trait a la sainte Vierge. Le P. Novati est rangé Novation, , le P. Fabcr ct le P. Terrien le citent ù plu­ de lui un nombre assez considérable d'adhérents, sieurs reprises - 2° Eucharistici amores ex Canticis trouva le moyen de se faire consacrer évêque. L’anti­ canticorum enucleati, 2 vol in-fol., t. i, Milan, 1615; pape, il faut bien lui donner cc nom. se préoccupa dès le t. n fut publié longtemps après la mort de l'auteur, lors de dresser son Église schism illquc en face de a Vittoria (Espagne), 1726, par le P. Dlégo de Enciso, l’Eglise catholique. Best vraisemblable que, durant la qui réédita éga’crncnt le t. t. Commentaire remarqua­ courte persécution de Gallus (253). il n été, comme le ble du Cantique des cantiques appliqué à la sainte pape Corneille, éloigné de Home Peut-être est-c·· là Eucharistie, ce fut le premier travail composé er procelte confession ou ce martyre· dont parle So­ few sur cc sujet. 3° Adnolationes rt decisiones mo­ crates (ci-dessous, col. H 12). Nous ignorons tout des der­ rales pro opportuno infirmis rt moribundis auxilio nières années de Novatien, et l’Église qui porta son praestando, in-8 , Bologne, 1638; trad. liai., par le nom, semble bien, elle aussi, avoir laissé s'obscurcir sa mémoire. P Diego Mand, Milan, 1616. Ouvrage < éloquent et 817 NOVATIEN, ŒUVHES Il I.es œuvres. — Lu notice In plus complète sur l’activité littéraire (le Novatien est celle que fournit saint Jérôme, />< viris ill., txx. P. L., t. xxm, col. 718 : Novatianus, Romunie urbis presbyter... scripsit dc Pascha, dc Sabbato, dc Circumcisione, de Sacerdote, dc Oratione, de Cibis judaicis. de Instantia, dr Attalo, multaque alia, ct de Trinitate grande volumen, quasi epi­ tomen operis Tertulliani jaciens, quodplerique nescientes Cypriani existimant. De cette liste Imposante, deux ouvrages seulement ont été identifiés avec certitude : le De cibis judaicis cl le Dc Trinitate. Les autres semblent perdus définitivement ; toutefois, guidée par l'indication de Jérôme sur le fait que le De Trinitate a été attribué Λ saint Gyprien, la critique moderne s’est demandé si, dans le lot d'ouvrages plus ou moins douteux mis sous le nom de l’évêque de Carthage, ou parmi un certain nombre d’écrits anonymes, ne se cacherait pas quelqu'un de ccs multa alia dont parle le De t’iris. 1° Ouvrages attribués à Novatien par saint Jérôme. — 1. De cibis judaicis. — Texte dans P. L·., t. m (éd. de 1865), col. 981-992; voir aussi l’édit, de G. Landgraf ct C. Weyman dans Archiu jiir latcinischc Lcxikographie und Grammatik, t. xi, p. 226-239(ct aussi cn tirage à part, Leipzig, Teubner, 1898). C’est une lettre pasto­ rale dont l'auteur, séparé dc son troupeau pour «les raisons indépendantes de sa volonté, met ses ouailles cn garde contre la tentation d’attacher quelque impor­ tance aux observances juives en matière d’aliments. S'inspirant des mêmes idées qui forment la trame de VBpUtola Barnaba, il montre que la Loi doit être interprétée de manière spirituelle; ce qu’elle prohibe, ce sont les vices et les défauts dont les animaux inter­ dits sont le symbole. Sans aller jusqu’à dire, comme pseudo-Barnabé, que les Juifs ont compris leur loi a rebours, l'auteur pose cn principe que cette loi, quoi qu’il cn soit de l’obligation qu’elle imposait dans l'nndènhe économie, est abolie dans la nouvelle. Ce qui ne veut pas dire, qu’à titre de mortification et d’ascèse, les chrétiens ne puissent s’interdire, à cer­ tains jours, tels ou tels aliments; quant aux viandes immolées aux idoles, ils doivent de toute évidence s’en abstenir. - - Le début de la lettre, i, col. 983 A, fait allusion à deux écrits précédents où l’auteur exposait quid sit vera circumcisio, quid sit verum sabbatum. Ces deux écrits, signalés par saint Jérôme, sc mouvaient dans le meme ordre d’idées, comme aussi le Dc Pascha. Ils appartiennent, de toute évidence, à la période schismatique de la vie de Novatien. 2. De Trinitate. - Dès l’époque de saint Jérôme, il y avait quelque incertitude sur l’attribution de cc traité. Au dire de Bu fin, les macédoniens de Constan­ tinople, pour répandre leurs erreurs sur le Saint-Esprit, avaient mis en circulation un traité Dc Trinitate dc Tcrtulllen qu'Os avaient accolé à un recueil do lettres de saint Gyprien; de la sorte l’œuvre contestable passerait sous le couvert d’un nom vénéré de tous. De adulter, libr. Origenis, 2, P. (i., t. xvn, col. 628. Dans sa riposte nu livre de Hulin, Jérôme relève la bévue dc son adversaire ; Dicit Tertulliani librum, cui titulus est dc Trinitate, sub nomine ejus Constantinopoli a Macedoniarue partis hicreticis lectitari. In quo crimine mentitur duo. Nam nec Tertulliani liber est, net Cypriani dicitur, sed Novationi cujus inscri­ bitur titulo. A pol. contra Ilufin, II, 19, P. L·., t. xxm, coi. 16I Jérôme est bien sévère pour ce pauvre Hulin : n’avail-il pas écrit lui-même dans le Dc viris que plu­ sieurs (pterique) attribuaient ce De Trinitate a Cypricn? pourquoi certains ne l'auraient-ils pas attribué a Terlullien? C’est sous le nom de cc dernier que le traité a été publié d’abord par Gagny. Quoi qu’il en soit d'ailleurs dc la bonne fol de Hulin, celui-ci se trompait; le traité en question n’était ni de Cypricn, 818 ni dc Terlullien, cl c’csl Jérôme qui avait raison, encore que le signalement donné par lui dans le Dc viris ait risqué d’égarer la postérité. Quasi epi­ tomen Tertulliani jaciens, écrit-il. H pense à coup sûr à VAdversus Praxcan, le seul des ouvrages dc Tertullien qui traite cx professa la question trinitairc. Or, le De Trinitate est presque double dc VAdv. Praxean (71 col. dc Aligne contre 13), cc n’csl donc point un abrégé cl, s’il s'inspire dc Terlullien, Novatien le fait cn toute indépendance. Mais une inexactitude dc cc genre n’csl pas surprenante dc la part de saint Jérôme. Malgré quelques doutes émis ça et là, la critique mo­ derne a ratifié son jugement de fond. L’attribution du De Trinitate n’csl plus contestée par personne (l’opi­ nion dc Hugcrninn, qui y voit la traduction latine d’un ouvrage d’Hippolytc, manque de toute probabi­ lité). D’ailleurs la comparaison du texte au point de vue stylistique avec le De cibis est tout à fait favo­ rable b l’unité d’auteur. Texte dans P. L„ t. ni (éd. dc 1865), col. 911-982; excellente édition de W. Yorke Fausset, Cambridge, 1909 (dans les (Cambridge patris­ tic Texts, édités par A. J. Mason). Le litre actuel (que Jérôme lisait déjà), ne semble pas primitif. Il risque d’ailleurs d’induire cn erreur sur la signification générale de l’ouvrage. C'est beau­ coup moins un traité sur la Trinité qu’une explica­ tion de la Begula veritatis c’est-à-dire du symbole de fol. A la suite de celui-ci. Novatien affirme la croyance au Père (i-vm), au Fils, dont la divinité et l’humanité sont affirmées (ix-xxvm), au Saint-Esprit dont les attributions sont rapidement énoncées (xxix). Les deux derniers chapitres (xxx-xxxi) expliquent dc manière assez somm lire comment la triplicité des personnes ne met pas en ciusc l’unité divine. Le tout clairement exposé, dans un style qui vise à l'élégance ct y atteint souvent, qui risquerait pourtant dc fati­ guer par certaines accumulations voulues de tour­ nures identiques. La composition est soignée et l’or­ donnance à peu près impeccable. Ce traité dc Ihéc· logic, le premier qui ait paru à Home cn latin, est vraiment remarquable de tous points. N'oublions pas que, trente ans plus tôt, Hippolyte s’exprim iit encore en grec ct qu’il était loin dc soigner aussi attentive­ ment la composition ct le style. La date ne peut être fixée avec certitude. Les deux allusions faites à Sabcllius ct à son hérésie (C. xn, col. 933 D ct 931 A) invitent ô placer l’écrit un peu avant 250. Nulle allusion, d'ailleurs, à une situation schismatique de l’auteur. Un traité dc cc genre n’aura pas peu contribué, sans doute, à donner à Novation lu place prépondérante qu’il avait en 250-251 dans le presbyterium romain. 3. Saint Jérôme semble avoir connu une correspon­ dance dc Novatien. Écrivant à Paul de Concordia, il lui dem mde. entre autres volumes : Epistolas Nooatiani. Epist., x. 3, P. !... t. xxn, col. 31 L II est possible qu’il s’agisse ici d’uno collection de lettres pastorales à laquelle appartenaient le De cibis, le De circum­ cisione, le Dc sabbato, et peut-être les autres petits écrits dont fait mention la notice du De viris. En dehors de cela, deux lettres de Novatien se sont con­ servées dans la correspondance de saint Cypricn; lettres xxx (31) et xxxvi (30) de Hurle), Cypriani opera, vol. 2, p. 519-556, 572-575 (/’. t. m. col. 993· 1000; t. iv, col. 311-31 i). L’attribution dc la première à Novatien ne fait aucun doute, Gyprien la donnant comme dc lui dans Epist., i.v (52), n. 3, Hartcl, p. 625. L’authenticité de celle-ci entraîne comme conséquence l’authenticité dc la seconde; c’est certainement la même plume qui les a rédigées l une et l’autre. 2’ Ecrits attribués avec plus ou nnins de sécurité à Novatien par les critiques. — Le grand nom dc Gyprien h attiré autour des œuvres authentiques de l’évêque 819 NOVATIEN. Œ U VH ES 820 raisons de Fausset devraient emporter pièce dans le de Carthago, datis la tradition manuscrite, un lot con­ sens de l'attribution â Novatien. sidéra bled Veri Is qui ont toutes chances de ne lui point •L De laude martyrii. - Texte dans Martel, vol. 3, appartenir. Réunis pour la plupart dans l’édit. Martel, vol. 3. De ccs opuscules quelques-uns onl été reven­ p. 26-52; P. I.., t. iv, col. 817-83-1. C'est un discoure diqués, avec plus ou moins de raison, avec plus ou cn trois points sur le martyre : quid sit, quantum sit, moins de fermeté aussi, pour Novatien. Les problèmes cui rd prosit; la division est nuire]liée extérieurement, que soulève telle ou telle de ccs attributions sont loin bien que les idées chevauchent un peu d’une partie d être définitivement résolus cl les critiques sont loin sur l’autre. Remarquer quelques pensées nettement d’être d'accord. Nous allons énumérer ces petits stoïciennes : nihil detestabilius dedecore, nihil fwdius traités, en indiquant les solutions le plus généralement servitute, η. 8, col 822 C; une sévérité très marquer â l’endroit de ceux qui renient le Christ : negatores adoptées. L De spectaculis. — Texte dans Martel, vol. 3, p. 1Kternus ignis inardescit, n. Il, col. 821 A; l’idée fré­ 13; A Λ., I. iv, coi. 811-818. Lettre écrite par un quemment exprimée que le martyre est le plus sûr pasteur séparé provisoirement de ses ouailles, pour moyen de se mettre à l’abri de l'éternité malheureuse : les mettre en garde contre les dangers de tout genre ait hune gloriw titulum metus excitat futurorum, η. 19, que présentent les spectacles: danger d’idolâtrie, peril col. 828 C. de racheter les fautes du passé. Bref, le d’immoralité. Qu’il s'agisse de cirque ou de théâtre, martyre est conçu d’un point de vue très utilitaire, ct un cl rcticn est déplacé en ccs sortes d’endroits Les je ne vois pas qu'il y soit fait grand état de l’amour spectides majestueux de la nature, les scènes magni­ parfait de bleu qu’il suppose El que dire de la chris­ fiques des Livres saints sont, pour lui. infiniment pré­ tologie qui sc manifeste dans la péroraison, où l’ora­ férables — Le prologue rappelle de très près celui du teur montre la passion du Christ comme l'exemple De cibis; ur.e comparaison stylistique attentive relève qu’il faut avoir sans cesse devant les yeux : Si justiu nombre de parallèles avec les écrits authentiques de es ct Deo credis, quid pro eo sanguinem fundere metuis Novatien. C’est à lui que l'attribuent la plupart des cri­ quern pro te toties passum esse cognoscis, in Isaia tiques: Harnack, Ammundscn, Yorke Fausset, Schanz, sectus, in A bel occisus, in Isaac immolatus, in Joseph d’Alès, bien d'autres. Contre, Monceaux, Hist, litter, venundatus, in homine crucifixus? N. 29. coi. 833 B. de ΓAfrique chrétienne, t. n, p. 109. Phrase d’orateur, sans doute, et qu il ne faut pas trop 2. De bono pudicitia. — Texte dans Martel, ibid., presser, mais qui ne laisse pas d'inquiéter et que l'on p. 13-26; P. t. iv, col. 851-860. Lettre pastorale rapprocherait volontiers de telles idées qui s’expri­ écrite dans les mimes conditions que la précédente ment au De Trinitate. Le style pourtant est moins ct que le De cibis. Del éloge de la pudicité, avec quel­ clair que dans cc dernier traité, l'argumentation moins ques emprunts fort visibles au lie pudicitia de Tertulserrée; il y a de l'enflure ct de la déclamation, la dilTéllen, Lien que le sujet soit assez dilTérent. II ne s'agit rcncc qui sépare, en somme, un discours d'un traite. — pas seuil ment d’ailleurs de la chasteté conjugale, mais Harnack ct Fausset sont très fermes pour l’attribution encore de hi parfaite continence; la première s’impose à Novatien; Ammundsen hésite. Pour A. d’Alés, ce ne comme un commandement, la seconde n’est que de peut être un écrit de Cypricn, encore moins de Nova­ conseil, mais quelle admirable préparation à la vie tien; il faut l'attribuer au diacre Pontius, le biographe future, quid aliud est quam futur a vita gloriosa medi· de saint Cypricn. Voir llechcrchcs de science religieuse, fatio..Λ Le tout se termine par des conseils pratiques 1918, t. vin, p. 319-355. Contre lui, M. Koch. op. cit., sur la simplicité cl la pudeur qui sont les gardiennes p. 354-357. B de la chasteté. — La comparaison avec les écrits 5. Adversus Judicos. — Texte dans Martel, vol. 3, authentiques de Novation est favorable â l'attribution p. 133-1-11; P. L·., t. iv, col. 999-1007. La facture que lui en font la plupart des critiques (les mêmes que rappelle le De idolorum vanitate : démonstration rapide ci-dessus). du changement d'économie opéré par le Christ. Par 3. Quud idola DH non sint, ou, comme portait un la faute des Juifs, Panciennc alliance est devenue autre titre, De idolorum vanitate. - Texte dans I iartcl. caduque, une autre a été instaurée par Jésus, ct les vol. 1, p. 19-31 ; P. L., t. iv, col. 585-601. Tract destiné apôtres cn ont porté aux Gentils la bonne nouvelle; à la propagande chrétienne parmi les païens : critique â tous la rémission des péchés est promise, ct le rapide, du point de vue evhéméristc, de la mytho­ repentir pourra sauver les Juifs eux-mêmes. Peu de logie classique ct des arguments . 167-168; 515-578, et surtout II. .Ionian, op. c/L L’iitlribullon Λ Gregoire (i’Elvirc est proposée par dom Morin, dans Revue bénédic­ tine, 1000, t. .wii, p. 232, et dans Revue d'hisl. rt dr litter, religieuses, 1900, t. v, p. I 15; solidement établie par dom Wilxnart, Les Tiiactati s sur lr CanUqur attribués à Gré­ gaire d'Elvire, dans Bulletin dr litter. ccclés, (Toulouse), 1906, p. 233-200 ; C. Wvyman n’est llnalenx ni rallié Λ cette thèse. Voir, nu contraire, H. Koch, dans Zeitschrift fur Kirrhengcschichle, 1922, t. XLl. p. 132-139. Sur In théologie* dc Novalicn, outre* les travaux déjà cités, \mniiiiielscn. Jordan, A. d’Alês, voir l’excellente Introduction ele* Yorke l’ausset, ct 1rs notes très sugges­ tive* ehi commentaire. Sur In Bible* ele* Novalicn, e lude asse/, fouillée elans A. d’Alès, op. cil., h corriger d’après les obser­ vations de· dom (ùiprllc, dans le* Bullet. d’une, tilt. chrél. latine, annexé .Ί la Revue bénédictine, n. 236 «lu Bulletin (1924). Pour Γ.·Ι; δέ τη συμφορά ττεριπεπτωκότζς των αδελφών Ιχσϋχι καί θεραπεύειν τοΐς της μετάνοιας φαρμάκοις La sentence romaine contre Novaticn fut reçue, explicitement semble-t-il, par les évêques d'Orient; cf. Sozomène, H. E., HI, vm, P. G., t. lxviî, col. 1053 C, et sans doute aussi la décision de principe. Aussi bien c'était la question de doctrine qui avait le plus d'importance ct bientôt, de part et d'autre, Ici doctrines allaient se formuler avec une précision qu’elles n’avaient pas eue jusque-là. 1° La doctrine catholique. — Elle prend son point de départ dans les mesures pratiques qui furent suc­ cessivement adoptées. La lettre lv (52), de saint Cy­ prien expose assez bien l’évolution parallèle de la dis­ cipline el de la doctrine D'abord une distinction est faite entre libellatici et sacrificati. Λ l’encontre de certains stoïciens (Novalien?) qui professent l égalité de toutes les fautes, ibid., n. 16, les chefs des Églises, dit l'évêque de Carthage, doivent établir des degrés dans la culpabilité, dès lors traiter avec plus d'indul­ gence ceux des chrétiens dont la bonne foi, dans l’affaire des libelli, a été plus ou moins surprise, ibtd., n. IL Parmi les sacrificati eux-mêmes n’y aurait-il pas des catégories à établir, ibid., n. 13. Mais,dès lors que l’on admet des degrés divers de culpabilité, II devient impossible de maintenir la vieille réserve, qui reviendrait â appliquer à des coupables si divers, le même châtiment. D'ou l'idée de proportionner la durée de la pénitence A l’importance de la faute Sans comp­ ter que, devant les lapsi à l’article de la mort, la com­ misération s’éveille. On a fléchi d’abord en faveur de ceux qu'un billet des confesseurs avait recomm indés à la miséricorde de l’Églisc; il serait injuste de ne pas étendre A tous les mourants la même faveur. Et sur ce qualificatif de mourants ou de gens gravement malades on pourra encore épilogucr. Faut-il attendre qu’ils soient a toute extrémité? (Voir ci-dessus, col. 835, les conditions mises par Novaticn encore catholique ) 11 y a a cc sujet une très jolie phrase de Cyprien : · Ceux qui sont attaqués par la mdadie, on vient A leur secours comme il a été convenu. Mais, quand on est venu A leur secours et qu’on leur a donné la plix. parce qu'ils étaient en péril, on ne peut tout de même pas les étrangler ou les étouffer, ou porter la main sur eux pour les forcer à mourir. · Ibid , n. 13. II y a de ces malades ainsi réconciliés qui peuvent guérir; les chas­ sera-t-on de nouveau de l’Eglisc quand ils seront rétablis? De toutes façons s’avère intenable la maxime que formulait jadis Cyprien : Non posse in Ecclesia remitti ci qui in De uni deliquerit. Et l’on commence A songer A ces paroles du Sau­ veur : · Ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, cc que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel.· Matth., xvm, 18. La lettre synodale du concile de Carthage do 252 y lait expressément allusion. Parlant de In réconciliation accordée aux mourants, elle s’exprime ainsi : « Il n’eût pas été légitime de 839 NOVATIEN. LE RIGORISME MORAL fermer ('Église â ceux qui frappaient à la porte, ni de refuser â ceux qui pleuraient ct demandaient pardon le secours des espérances salutaires, en les laissant partir vers le Seigneur sans la communion ct la paix. Lui-même n’a-t-ll pas permis ct réglé que ce qui aurait été lié sur la terre serait aussi lié dans le ciel, ct que là pourrait être pardonné ce qui l'aurait d’abord été ici dans l’Église, » Epist., lvii (54), n. 1. [C'est la seule allusion précise à toute la portée du texte qui sc ren­ contre dans l’œuvre de Cyprien. On remarquera que le texte si clair de Joa., xx, 21-23 : « Les péchés seront remis à qui vous les remettrez; ils seront retenus à qui vous les retiendrez, · ne sc trouve allégué qu'à propos de la rémission des péchés dans le baptême. Cf. Epist., lxix (76), η. 11; Lxxni (73), n. 7; lxxv (75), n. 16, celle dernière de Flrmillen de Césarée.J Si parcimonieux que paraisse l'emploi du texte de Matthieu, il est certain que sa mise en œuvre indique que l'on prend davantage conscience de la doctrine du pouvoir des clefs. Cette impression sc renforce, quand on fait état de cette autre idée développée par Cyprien â propos d’un problème différent, que seule l'appar­ tenance à l’Église donne droit au salut. Ci-dessus, col. 834 sq. Organe de la communication des dons divins, l’Église apparaît aussi comme l'inévitable dis­ pensatrice du pardon. Et dès lors le fait de retenir les péchés aux pénitents bien disposés n'apparaîtrai t-i J pas comme un acte de cruauté? C’est sur le devoir qui incombe à l’Église de sc montrer largement miséricor­ dieuse qu’insiste avant tout l’anonyme auteur de l’Ad Λ’ ovalia num ; mais à cette longue homélie est sous-jacente, encore que bien peu explicite, la doc­ trine du pouvoir des clefs. 11 faudra longtemps encore pour quelle prenne ses contours définitifs; du moins c'est en ces années que le besoin se fait sentir avec acuité dr reviser les fondements de la vieille pratique concernant la réserve de certains péchés. 2® La doctrine nova tienne. - Tout au rebours, Nova­ tion va être amené par sa position schismatique à se cramponner à ces vieux errements et à vouloir justi­ fier en droit ce que, jusqu'à un certain point, la pra­ tique avait établi en fait. Il est assez difficile, d'ailleurs, de préciser en quoi consiste son erreur théorique. A Antonianus qui lui demande : Quant hwresim Novatlanus introduxisset ? Cyprien ne répond que par une dérobade : · Sachez, lui dit-il, que nous ne devons même pas être curieux de connaître ce qu’il enseigne, puisqu’il enseigne hors de l’Église. » Epist., lv (52), n. 24. Et l’évêque de Carthage d’insister sur les manœuvres schismatiques de l’antipape et l’attitude rigoriste qu'il a prise, sans plus parler de doctrine. L'anonyme traité Ad Nova­ tionum se tient dans les mêmes généralités ct ne signale guère, comme point précis, que l’insistance du schis­ matique sur le texte évangélique, Math., x, 33 (« Celui qui m'aura renié devant les hommes, je le renierai devant mon Père ·), ct le peu de compte qu’il tient des textes plus miséricordieux de l’Écriturc. Dans la lettre fort courtoise qu'il écrit à l'antipape pour l’amener à résipiscence, Dcnys «l’Alexandrie ne fait étal d'aucun grief dogmatique, H. E., VI, xlv, P. G., t. xx, col 633. Un peu plus tard, écrivant au prêtre Dcnys de Home, qui bientôt après deviendrait pape, il récapitule les griefs que l'on a contre Novation : • C’est à juste titre, écrit-ii, que nous combattons Novatien:il a déchiré l’Église, entraîné au blasphème et à l’impiété certains des frères, a mis en circulation sur Dieu une doctrine très Impie, nous a représenté avec hypocrisie notre très bon maître Jésus-Christ comme cruel; ajoutez à tout cela qu’il rejette le saint b iplèrne (τό λουτρλν άΟετουντι), supprime la confes­ sion de foi avant celui-ci, ct bannit le Saint-Esprit de l’àmr de ses adhérents · Ibid , VII, vm, col. 652-653 840 Cette énumération (qui a sans doute pour objet de jeter le doute sur la validité du baptême des novations) a besoin de quelque exégèse. Nous entendons bien que Novation a mis le schisme dans l’Église; nous comprenons encore que son rigorisme semble mettre en échec la doctrine sur le Père très bon, le Fils très miséricordieux ct soit défavorable à l'action du Saint-Esprit (Denys semble vouloir entraîner Novatien en de fâcheuses erreurs antitrinilaires). Le rejet du baptême ne peut être que le refus d’admettre la vali­ dité du baptême des catholiques. Et nous ne voyons pas trop ce que signifie la suppression de la profession de foi avant le baptême. — Bref les contemporains ne se sont pas rendu un compte très exact de la doctrine professée par Novation. Si lui-même a pris la peine de l’expliciter en des formules, celles-ci ne sc sbnt point conservées; on est donc réduit à conjecturer sa pensée d'après ses actes Nous l’avons entendu, encore catholique, se réclamer avec vigueur de l'ancienne discipline. Col. 835. Cette discipline admet à la pénitence les pécheurs même coupables de l'une des fautes capitales; elle permet, u l'époque de Novation, de réconcilier après pénitence convenable ceux qui ont commis des fautes de lu chair; elle maintient Jusqu'au lit de mort (inclusive ment) l’exclusion des apostats ayant fait acte d'idulàtrie. Celte discipline, quelles que soient les nécessités d'y toucher qu’ont amenées les circonstances, Nova­ tion entend la maintenir : 1) Admission à la pénitence (c'est une erreur des controversis tes catholiques ulté­ rieurs de prétendre que Novation a rejeté l'institution pénitcnticlle, el qu'il a déclaré la pénitence sans effi­ cacité); 2) réconciliation en temps convenable de' pécheurs coupables de fautes charnelles [clairement Indiquée par saint Cyprien, Epist., lv (52), n. 27], quoi qu’il en soit des pratiques qui s'introduiront ultérieu­ rement dans l’Église novatlenne; 3) refus, jusqu'à lu mort, du pardon ecclésiastique aux apostats de toute catégorie, y compris les simples libel la tiques; si Nova­ tion catholique avait pu faire quelques concessions sur ce point, col. 835, il est revenu complètement à la sévérité ancienne; 4) dernière pratique à mentionner: rupture de la communion avec ceux qui ont accepté la réintégration des lapsi, quels qu’lis soient, dons leur communauté; c'est le prétexte Invoqué contre Corneille.Cf. S. Cyprien, Epist., lv(52), n. 10, 12. Et voici la doctrine que laissent entrevoir et cette pratique ct la réfutation des catholiques. L'Église est essentiellement l'assemblée des saints, des purs (d'où le nom de cathares que se donneront les schis­ matiques). Le fait de recevoir dans son sein des per­ sonnes souillées par le péché ne saurait manquer de la souiller elle-même, Epist,, lv (52), n. 25-27. Elle ne peut donc faire autrement que d’expulser les pécheurs, tout particulièrement quand elle accomplit le grand acte du sacrifice. Mais ccs pécheurs qu'elle rejette, elle ne les abandonne pas pour autant; elle sait que la miséricorde de Dieu peut être touchée par la péni­ tence, ct elle organise toutes choses pour que, par des moyens appropriés, les pécheurs reçoivent cette misé­ ricorde divine. Pour certains, qui ont péché seulement à l’égard de leurs frères, elle estime que le pardon divin a pu être obtenu après un laps de temps suffisant; elle se risque donc h les admettre de nouveau à la parti­ cipation de ses mystères. Ce n’est pas l’Église qui leur accorde un pardon qui serait ratifié d’en haut; elle estime seulement, eu égard aux circonstances extrin­ sèques, que le pardon divin a été accordé. Mais quant aux fautes qui atteignent directement Dieu 1 (idolâtrie, apostasie sous toutes ses formes), l’Église I S'arrête devant la terrible parole du Sauveur : · Celui qui m’aura renié devant les hommes, je le renierai I devant mon Père. » Matth., x, 33. Elle n'ose pas se pro- 841 NOVATIEN. LE SCHISME noncer sur le cas de ces malheureux. Elle ne leur interdit pas d'espérer; elle les engage à le faire, a apaiser la Justice divine, a sc concilier par leur péni­ tence un pardon toujours possible. Mais elle ne veut pas prendre sur elle de présumer, â aucun moment, de ce pardon. L’exclusion des apostats restera donc définitive. Aussi bien, ct cette considération est capi­ tale, l’appartenance a l’Église n’est pas une condition sine qua non de salut; on peut se sauver en dehors de l’Église, encore que le fait de lui appartenir soit un gage tout A fait sûr ct une condition suffisante de salut. A cette assurance absolue les malheureux que l’Église n rejetés n'ont plus de part sans doute, mais, a leurs risques ct périls, ils peuvent encore travailler A sc garantir du malheur éternel. C’est le cas de leur répéter le mot de Pierre à Simon : Age picnitentiam si forte remittatur tibi, Act., vin, 22. — Cette reconsti­ tution de la doctrine de Novation surtout d’après le Contra Nouatianum de pseudo-Augustin, P. L., t. xxxv, col. 2303-2313. III. L’ÉGLISE NOVATIENNE. I. Développement ct affermissement. II. Ère de dispersion (col. 845). III. Histoire ultérieure (col. 846). I. Développement et affermissement de l’Église novatienne. — Simple schisme romain, au début, le parti de Novation ne tarda pas à recruter des adhérents un peu dans toutes les parties de l’em­ pire ct sc constitua ainsi en une Église importante, rivale de l’Église catholique. C ost seulement après avoir pris cette extension que l’Église novatienne fixa definitivement scs doctrines. 1° La propagande novatienne. — Peu après la double élection de Corneille et de Novation, un synode romain, nous l’avons dit, col. 838, avait excommunié Novation ct les prêtres qui s’étalent joints à lui. La lettre du pape Corneille Λ Fabius d'Antioche repré­ sente le groupe schismatique fondant comme neige au soleil, surtout après que les confesseurs romains qui lui avalent d’abord été favorables s'en furent séparés. Elle parle des vains efforts faits par l’antipape pour conserver ses adhérents, dans //. £., VI, xljii, P. G., t. xx. col. 628-629. Peut-être y a-t-il un peu d’opti­ misme dans la manière dont Corneille décrit les déceplions de son rival. S'il avait été aussi restreint que le pape le dit, le petit troupeau groupé sous la houlette χριανού του βχσιλέως διωγμόν κττά χριστιανών κινήσαντος, έμαρτΰρησεν. Au νι· siècle, Euioge d'Alexandrie (ci-dessus, col. 831), avait entre les mains une ’ΆΟλησις Ναυατου έπιπκόπου qui circulait parmi les novations de sa ville épiscopale; 843 NOVATIEN. L’EGLISE NOVATIENNE II s’est donné, nu I. VI dc son grind traité, In peine, bien inutile, de réfuter les légendes dont fourmillait cette composition. Il fait la remarque qu'il n’y était pas question, d’ailleurs, dc supplices endurés par Novaticn, P. G., t. αν, col. 353. En somme tout cela confirmerait l’impression que laissent les lettres pastoraies de l'évêque schismatique. Novation n pu confes­ ser la fol; il n'aurait pas été · martyr » au sens plus moderne du mot; ct l'expression de Socrates, έμαρτύρησεν, pourrait tout aussi bien s’entendre d’une simple confession dc foi. Quoi qu'il en soit, le novatinnisme. dans les deux générations qui suivirent, dut faire, en Orient tout au moins, des progrès assez sérieux. En Asie .Mineure, spécialement, il subsistait de vieilles communautés monlanistcs, qui ne se distinguaient en somme dc in grande Église que par leur rigorisme intransigeant. Socrates, loc. cil., indique expressément que panni cc monde il sc recruta des adhérents à Novation. Ces communautés, semble-t-il dire, se sentient ralliées aux idées contenues dans l'encyclique dc Novaticn (ci-dessus, coi. 837). En somme, il y aurait eu fusion entre novations ct montanistes. 2° Doctrine ct constitution de l'Église novatienne. — Cette « contamination » devait amener quelques prédsions dans les doctrines dc la socle. Le rigorisme montanistc, en effet, avait pris position sur un certain nombre de points auxquels Novation lui-même n'avait pas touché ; il rejetait les secondes noces ct. s’il faut en juger par les imprécations de Tcrtullien montanistc contre « J'Édit dc Callisle », il n'admettait pas à la réconciliation ecclésiastique les personnes coupables dc fornication ou d’adultère, il n'admettait mime pas du tout à la pénitence certaines fautes particulière­ ment répugnantes. Quelque chose dc cc · puritanisme · va passer dans l'Église dc Novaticn. D'abord en cc qui concerne les secondes noces. Les témoignages du ni· siècle ne lalssscnt pas entrevoir que l'antipape lui-même les ait considérées comme illicites. C’est seulement à la fin du iv· siècle que nous entendons Hulin déclarer que Novaticn (il dit Novat), les a condamnées ; Kovatus lapsis picnitentiam denegando et secundas nuptias, cum forte iniri eas necessitas exegerit, condem­ nando. Jn symb. apost., n. 39, P. L., t. xxi, coi. 376. Ce renseignement tardif est de nulle valeur; il attribue à l’auteur dc la secte une condamnation qui, de fait, était assez générale panni les novations du iv« siècle. Éplphanc nous en est garant pour l’Orlent, Jlœrcs., ux, 3, ct son témoignage, qui pourrait être suspect, est confirmé par Socrates, Ii. E., V, xxij : ΟΙ Ναυατιανοί ol περί Φρυγίαν διγάμους ού δέχονται. 01 δέ έν Κωνσταντίνου πόλει, ούτε φανερώς δέχονται, ούτε φανερώς έκβάλλουσι. Έν δέ τοϊς έσπερίοις μέρεσι φανερώς δέχονται. Et les témoignages littéraires sont d’accord avec cette remarque de Socrates. Les sources strictement occidentales, en effet, n'attribuent pas aux novatiens la réprobation dc la bigamie successive (Philastre, Pseudo-Augustin). Il n'y a pour affirmer cette particularité que les sources orientales ct celles qui en dépendent : Epiphane, Augustin. De harresibus, le Pr&destlnatus, Théodoret. En somme, c’est surtout dans les réglons où les · Phrygiens » (montanistes) étaient nombreux que les secondes noces étaient for­ mellement réprouvées. Ailleurs, en Orient, on se montrait hésitant; en Occident, l’Église novatienne admettait le second mariage. La rigueur dc la discipline pénitvnticlle a pu être aggravée aussi, nu moins en certaines communautés. Novoticn, nous l’avons vu, col. 840, admettait u la pénitence el û la réconciliation les pécheurs coupables de certaines fautes charnelles. 11 semble que, dons la suite, on ait été plus sévère, l’inllucncc montanistc 844 ' aidant. Théodoret, qui â la vérité est fort tardif, déclare que chez les novatiens 11 n'est plus du tout question dc pénitence : παντελώς τόν της μετανοίας τών οίκείων συλλόγων έζορίζουσι λόγον, 1livret. fab, conf., Ill, 5, P. G., t. i.xxxni, col. 408 B. Le PseudoAugustin n un développement filandreux et peu clair, d'où 11 ressortirait que les novatiens ne pardonnaient pas aux fomica tours; Il leur reproche leur Inconsé­ quence car, semble-t-il dire, ils pardonnent ct l’homi­ cide ct l’adultère qui sont bien plus graves que la simple fornication, P. L., t. xxxv, col. 2305; édit. Souter, p. 201. .Mais il est difficile dc rien tirer de cc texte où tout est confusion. Ce que l’on aurait encore de plus clair sur le sujet, c'est un propos que prête Socrates a l’évêque novation de Nicéc, Asclépiadès. Dans une discussion, d'ailleurs fort courtoise, avec Atticus l’archevêque dc Constantinople, (105-425), Asclépiadès s'exprimait ainsi : < En dehors du fait de sacrifier, 11 y a encore d'après les Écritures d'autres péchés mortels, pour lesquels vous, catholiques, sous excluez les clercs, ct nous,les laïques, remettant â Dieu le soin de leur pardonner, δι ‘ άς ύμεις μέν τούς κλη­ ρικούς, ημείς δέ καί τούς λαϊκούς άποκλείομεν, Θεφ μόνω την συγχώρησιν αύτών έπιτρέποντες. » //. Ε., VII, xv, P. G.t I. LXVH, col. 796 D. En d'autres tenues, l'Église novatienne applique à tous scs membres la règle que les catholiques résenent aux membres du clergé. Chez ces derniers, le clerc coupable d'un péché « mortel · est définitivement exclu (non de l'Église, mais) dc sa fonction, chez les novatiens le laïque cou­ pable des mêmes fautes est définitivement exclu de la communauté. Cette remarque d'Asclépiadès confir­ merait, jusqu’à un certain point, I'bbservotlon dc Théodoret, ci-dessus mentionnée. C’est sensiblement la même impression que donneraient les lettres dc Paden à Sympronhmus. Ce rigorisme dans l’administration dc la pénitence suppose, nous l’avons dit, une conception dc l'Église ct une théorie du pouvoir des clefs fort différentes dc celles qu'avait précisées le catholicisme. Mais* en dehors dc cc point, l’on ne \oit pas qu'il y ait eu de sérieuses divergences dogmatiques entre novatiens cl catholiques. La question, toute disciplinaire* mais si grave Λ I époque, de la fixation de la date pascale* créa pourtant entre certaines communautés novatiennes ct la grande Église une séparation assez appa­ rente. Voir Pâque. Les montanistes d’Asle-MIncure se réglaient pour calculer la date dc Pâque sur le comput juif; ils furent suivis par les novatiens de Phrygie qui s’étalent plus ou moins fondus avec eux. A l’époque dc Valens (364-378) un concile rassemblé â Pazos décida que l’on se rallierait au comput pascal des Juifs ; ώστε ’Ιουδαίους έπιτηρειν ποιουντας τά άζυμα καί συν αύτοϊς τήν τού Πάσχα έπιτελείν έορτήν, Socrates, JL Ε., IV, xxvni, col. 540 B. .Mais c’était lù une particularité des Phrygiens; en Occi­ dent les novatiens ne s'écartaient pas de lu coutume traditionnelle, ct en Orient même, malgré les efforts faits par certains pour propager l'innovation phry­ gienne, il ne semble pas que cellc-cl ait dépassé beau­ coup les limites de son pays d’origine; tout au plus celte question pascale servit-elle dc prétexte â quelque agitateur. Un certain Sabbatius, qui n’avait pu arriver ù Constantinople au siège épiscopal, donna son nom ù une secte dc Sabbatiani qui maintinrent cet usage judaïsnnt. On voulut couper court â ces querelles en faisant déclarer par un synode rassemblé près d’Hélénopolis en Bythinic que c'était lâ une question · indif­ férente», αδιάφορα, où chacun pouvait se régler d’après scs convictions, Socrates, V, χχι, col. 624. Le parti des Sabbatiani n’en continua pas moins son existence séparée. Les récits dc Socrates sur ces démêles intérieurs 845 NOVATIEN. L’EGLISE NOVATIENNE de l’Égllse novatienne nous permettent d'apercevoir quelques traits de In constitution intérieure de celle-ci. Elle ne semble pas différer dc cc que l’on volt ώ la mime époque chez les catholiques. On y retrouve évêques, prêtres, diacres, synodes; une certaine prépondérance aussi reconnue aux titulaires des villes plus Importantes. Λ propos du concile phrygien de Puzos, Socrates fait expressément remorquer que l'absence Λ cette réunion des évêques dc Constanti­ nople, Nlcomédie, Cotyfl'um (KuUihla) était bien folle pour atténuer I importance des décisions prises : ύπδ τούτων γάρ ή Ναυατιαχ&ν Ορησχχία μάλιστα κανονίζεται. IV, χχνπι, col. 541. — Les sacrements étalent ceux do l'Église catholique: toutefois au dire de Théodoret, loc. cit., les novatiens ne pratiquaient pas la chrismation après le baptême, τοϊς ύπδ σφων βαπτι^ομένοις τδ πανάγιον ού προσφέρουσι χρίσμα. Même Idée dans Pndcn, Epist., ni, 3, P. i·.. t. xi’IL col. 1065 A : Vestra plebi unde Spiritum,quam non consi­ gnat uncius sacerdos ? Aussi avait-on prescrit parmi les catholiques, du moins en Orient, dc faire l’onction du chrême aux novatiens qui sc convertissaient. In­ versement et, dès les premières origines, les novations rebaptisaient les catholiques, qui passaient i leur secte. II. Ère de dispersion· — A. Harnack, art. Nova­ tion dc In Lcalcncyclopliidie, t. xiv, p. 240, n fait le relevé, par provinces ou régions, de tous les points dc l’empire où, dans les trois siècles qui suivent I explo­ sion de la crise, sc retrouvent des novations. 1° En Occident. — Gaule : affaire dc Marden, évêque d’Arles, vers 250 (ci-dessus, col. 842); Réliclus d’Aulun, vers 315, rédige contre Novaticn un grande volu­ men (S. Jerome, Vir. ill., 82); nu début du v* siècle, le pape Innocent l*r écrivant i· Victrice, évêque dc Kouen, lui signale entre autres règles canoniques, qu’il ne faut pas rebaptiser les novatiens qui reviennent r l’Église, mais seulement leur imposer les mains; quant aux catholiques qui, passés aux novatiens ct rebap­ tisés pur eux. reviendraient à résipiscence, ils seront soumis à une longue pénitence. Epist., n, 11, P, L·., I. xx, col. 475 — Espagne : Paden, évêque de Barce­ lone dans le dernier quart du iv· siècle, polémique contre un novaticn. Symprontanus, voir art. Paqen; mais, au début de la discussion, semble assez mal con­ naître la secte qu’il confond plus ou moins avec les montanistes. — Haute·! talie : vers 390, saint Ambroise consacre le traité De pænitentia a réfuter cx-professo les docteurs des novatiens.—Nome : a la fin du iv· siècle, les novatiens y avalent plusieurs églises et un évêque: au moment où Théodosc vainqueur dc Maxime entra à Home, 392, c’est chez l'évêque novaticn Léonce, que Symmaquc, fort compromis, se réfugie, c’est par Léonce qu’il obtient sa grâce do l’empereur. Socrates, H. E., V, xiv, col. 601 B. Sous le pape Célestin (422· 432), l'évêque schismatique sc nommait Rusticula. Ibid., VU, xi, col. 757. Quoi qu’il en soit dc l’appar­ tenance au juif converti Isaac (voir ici, t. vm, col. 1 sq.) des Quirstiones Veteris ct Novi Testamenti, parmi les quelles figure nu n en le Contra Novatianum, Il parait incontestable que l’auteur vivait Λ Rome el sous le pape Dainasc (366-381); cola montre l’importance que les novatiens avaient â cc moment dans la capitale. — Afrique : outre les renseignements fournis par saint Cypricn, ci-dessus, col. 842, faire état d’une lettre dc saint Léon ( i 10-461 ) donnant aux évêques de la Mauri­ tanie Césarienne des Instructions sur le cas d’un évêque (ou d’un prêtre) novaticn, Donatus, qui passe au ca thollclsmc avec tout son troupeau, Epist., xn, 6, L·., t i iv. col 653. 2° En Orient. — Égypte : Socrates signale la persé­ cution que saint Cyrille, dès son avènement nu siège patriarcal d’Alexandrie (112). dirige contre les nova- i 846 tiens : les églises qu’ils avalent ό Alexandrie sont fermées ct leurs trésors confisqués, l’évêque Théo· lemptos est dépouillé de tous ses biens. //. E., VII, vu, P. G., t. i.xvi, col. 752; mais les communautés novatienne» survécurent, puisqu’A la lin du vi< siècle. Eu loge éprouve encore le besoin de les réfuter. — Syrie : Eusèbc d'Émèsc, au milieu du iv· siècle écrit contre eux. — Asie Mineure : les novatiens y sont nombreux, ct Socrates donne sur eux d'assez abon­ dants renseignements; sont mentionnées les pro­ vinces ct les villes épiscopales suivantes : Hellespont (Cyzique), Bithynie (Nlcomédie, Mcée), Phrygie (Coty arum), Paphlagonie (où les novatiens étaient spécialement nombreux, surtout â Mnntinium), Gnlatle (Ancyrc). — Au début du νι· siècle, Cassiodore fait mention d’un novaticn originaire d'Asie et venu en Italie, De institut, divin litter., c. v, P. L., t. txx, col. 1116 B-D. — Constantinople : l’histoire de la com­ munauté novatienne de cette ville est racontée avec beaucoup de détails par Socrates qui donne rempla­ cement des diverses églises (il y en avait trois dans l’intérieur de la ville) et la succession des évêques novatiens jusqu’à son époque à lui. — Scythie : un évêque novation de celte province se trouvait a Cons­ tantinople lors dc la mort de Paul, évêque novation dc la capitale (139). Void les références â Socrates suivant l’ordre géographique adopté ici : J/. E., 11, xxxvin,col.329 A;—IL xni,col. 105-108; IV, xxvm, col. 540 B; — VU, xxv, col. 796 CD; — IV, xxvn, col. 537-511, 540 B; — II, xxxvni, col. 329 AB; — VI,xxn,col.729 A;—L x.col. 100-101. xnr, col. 105 C; — Il, xxxvth, col. 325 C-328 C; IV, ix, col. 477; V, x, col. 58-1 C-593 A; xu, col. 597 A; xxi, col. 621; VI, xxi, xxiî, col. 728-729; VII, xi, xn, col. 757; xvn, col. 772; xlvi, col. 837; — VII. xlvi, col. 837 C. — Nous n’avons pas de renseignements sur la diHusion des novatiens dans Γ Illyricum. Il est impossible de fixer, mime approximative ment, l’importance numérique dc ces diverses com­ munautés. I.c 8· canon de Nicéc suppose qu’en cer­ tains endroits les novatiens groupaient la totalité dc la population chrétienne. Ce devait être le cas dans certains cantons reculés de la Phrygie et de la Paphla­ gonie, où les communautés novalicnncs étalent sur­ tout formées de montanistes. III. Histoire ultérieure de l'Église nova­ ti ! NNE. — La fin du ni· siècle avait vu, nous l’avons dit, rafTcrmisscmcnt dc l’Égllse novatienne. Nous n'avons pas d’indications sur la manière dont elle sc comporta pendant la grande persecution. Quand la paix (ut rendue aux chrétiens, l'Église novatienne en profita comme sa rivale, mais sans participer aux faveurs que bientôt In protection Impériale consentit aux catholiques. Socrates, L x, col. 100-101 (suivi par Sozomtnc. I, xxn, ibid., col. 924), dit expressément qu’un évêque novaticn,Acéslus, sans doute celui dc la capitale, fut convoqué par Constantin au concile dc Nicéc. Inter­ rogé par l’empereur, il répondit qu’il ne voyait aucune difllculté Λ souscrire la formule dc foi conciliaire cl les règles établies pour la fêle dc Pâques; il n’y avait, c Isait-IL rien que de traditionnel en ces définitions. U expliqua néanmoins au souverain qu’entre son l'glisv ct l’Église catholique persistait le grave diffé­ rend sur la question j»énitentielle. H. Valois essaie de mettre en doute celte anecdote; elle n'a pourtant rien que de très vraisemblable, et il csl facile de com­ prendre que l’empereur ait voulu, ù l’occasion du concile, réduire une séparation religieuse qui, à scs yeux, n'avalt plus de raison d’être. C est dans cc sens, d'ailleurs, que sc prononçait le concile lui-même en son 8· canon, Mansi, Concit., t. n, col. 672, qui fait aux • cathares > revenant â I ÎZglise des conditions de 847 NOVATIEN L’ÉGLISE NOVATIENNE 848 faveur. Les clercs resteraient dons le clergé moyen­ à l’égard dc ceux qui avalent souffert pour In toi de nant une Imposition des mains ct un rejet explicite Nlcée. On le vit bien lors de la conférence qu’il assem­ des doctrines rigoristes de la secte relativement aux bla à Constantinople en juin 383, pour mettre un ternie bigames ct aux lapsi. Dans les agglomérations qui aux dissidences religieuses, Port embarrassé, l’évèqur seraient tout entières nova tiennes et où il n'y aurait catholique, Nectaire, prit langue avec son collègue donc pas dc clergé catholique, les clercs ainsi récon novation, qui lui délégua son lecteur Sisinnius. lbld.t ciliés conserveraient leur grade ct leurs fonctions. LA V, x, col. 584 sq. Peut-être le garant de Socrates où II y aurait déjà un évêque catholique, l’évêque donnc-t-II ici un trop beau rôle à Sisinnius, qui aurait novation ne ferait que les fonctions prcsbytéralcs, enseigné à Nectaire le vrai moyen de réduire les héré­ mais l'évêque catholique pourrait lui donner le titre tiques plus ou moins arianisants par un appel aux honoraire d'évêque ou de chorévêque. Celte dispo­ anciens Pères. Quoi qu’il en soit, le fait qu’Agélius sition sous-entend que les prêtres ct diacres venus du prit place aux côtés dc Nectaire pour défendre l’homo· schisme prendront rang parmi leurs collègues catho­ ousios, ne pouvait qu’impressionner favorablement liques. — Même libéralisme relatif dans les disposi­ Théodose. Les novations reçurent oillciellcmcnt l'au­ tions dc la loi civile à leur égard. Alors qu’une lui torisation de tenir leur réunions dans la capitale cl du 1er septembre 326 exceptait nettement les héré­ d'y avoir leurs lieux de culte; leurs églises jouiraient tiques cl schismatiques dc certaines faveurs accordées des mêmes privilèges que les églises catholiques. Voir aux catholiques, le souverain, par une loi du 25 sep­ Socrates, col. 592-593. tembre, faisait aux novations une situation plus tolé­ Cette tolérance ne devait pas durer longtemps; rable : Novalianos non adeo comperimus prædamnatos, bientôt le bras séculier, plus ou moins sollicité par ut his quæ petiverunt crederemus minime largienda. l’autorité ecclésiastique, sévit contre les novations. On leur accordait donc la possession incontestée des A Borne, au dire de Socrates, VII, ix, col. 756, le lieux dc culte ct de sépulture, Codex Theodos., XVI, pape Innocent Ier (401-117) fut le premier A persécuter v, 2, édlL Mommsen, p. 855. les novatlens auxquels il enleva beaucoup d’églises. S’il faut admettre l'authenticité des documents Célestin (422-432) fit de même, et l'évêque Rusticula contenus dans la Vita Constantini d’Eusèbc, ces dispo­ dut tenir ses assemblées en des maisons particulières. sitions favorables aux novations auraient fait place, Ibid., xi, col. 757. Les choses n’allaient pas mieux dix ans plus tant, à une hostilité résolue. Les nova- i' à Alexandrie, où saint Cyrille menait la vie dure tiens figurent en tète dc la liste d'hérétiques à qui est i aux novations. Ibid., vn, col. 752. Socrates fait la adressée la lettre impériale du 1. III, c. lxiv sq, P. G., remarque qu'à Constantinople, où sans doute l’on t. xx, col. 1110 sq. Le souverain interdit à tous ces perdit moins aisément le souvenir des souffrances gens de s’assembler, même en des édifices particuliers, communes, la situation de la communauté novatienne cl confisque leurs lieux de prière, εύκτηρίους Si elle resta bonne jusqu'à l’avènement dc Nestorius (128). a jamais été portée, cette loi ne fut certainement pas Aussi bien les évêques qui dirigeaient l’Église schis­ appliquée dans sa rigueur. L'es persécutions furent matique en imposaient-ils par leur science ou leur dirigées ultérieurement contre les novations, mais piété. Agélius, qui avait été si fort persécuté par les parce qu’ils faisaient cause commune avec les cathoariens, avait eu pour successeur Marcien, l’ancien iques nicéens. Socrates a conservé le souvenir des précepteur des filles de Valens, puis Sisinnius dont la cruels moments que passèrent à Constantinople tous science théologique était appréciée de l’évêque Nec­ ceux, catholiques ou novations, qui ne voulaient pas taire, et qui savait h l’occasion donner la réplique se rallier au credo de Macédonlus (voir ici, t. x, même à Jean Chrysos tome. VI, xxi , col. 729. Après col. 1471). 1.'évêque novation Agélius dut prendre la lui était venu Chrysanthe, fils dc Marcien, qui avail fuite; une de ses églises fut détruite et d’ailleurs fait antérieurement une brillante carrière dans l’admi­ promptement reconstruite dans un autre quartier, nistration civile, ct dont le prestige consolida fort la avec le concours des catholiques. position des novatlens dc la capitale. VII, xn, col. 760. Survint le règne de Julien (’Apostat; les novations Paul lui succéda, qui dc professeur dc rhétorique latine purent rebâtir l'église détruite et lui donnèrent le nom s’était fait moine, avait groupé autour dc lui un cer­ d'Anastasle. L'homéismc de Valens ramena la persé­ tain nombre d'ascètes ct continua sur le siège épiscopal cution; catholiques et novations connurent à nouveau une vie dc mortification et de prière admirable, si les pires ennuis. Ne voulant point se rassembler dans bien qu'on lui attribua divers miracles. Ibid., xvn, les lieux de culte des ariens (homéens), les quelques col. 772-773; ct xxix, col. 828. C’est Λ lui que s’attaqua catholiques demeurés fidèles fréquentaient les trois Nestorius dès sa prise dc possession de Constantinople; églises nova tiennes qui finirent par être fermées; Agé­ ayant fait détruire l’église des ariens, il pensa pouvoir llus fut une seconde fois exilé. Ces communes souf­ agir dc même contre les novatlens. Des personnes frances rapprochèrent novations et catholiques; peu considérables parvinrent a l'en détourner. Ibid., xxîx, s’en fallut, continue Socrates, que l’union ne se lit coL 805. Paul mourut en 439, entouré de la considéra­ complètement» μικρού τε έδέησευ ένωΟηυας αύτούς. tion de tous; scs funérailles furent un triomphe, l’on y Ce furent les novatlens qui déclinèrent l’invitation. voyait des représentants dc toutes les confessions reli­ Mais le maintien de la barrière entre les deux groupes gieuses, qui pour un instant ne formaient plus qu'une n’empêchrit pas qu'on ne se rendit mutuellement des seule Église. Ibid., xlvi, col. 837. Il fut remplacé par sendees Les mêmes persécutions qui atteignaient les Marcien II, avec lequel s'arrête pour nous l’histoire nicéens fidèles, â Constantinople, se répétaient dans des novatlens dc la capitale; les continuateurs dc les provinces voisines. A Cyziquc, l’église nov; tienne Socrates n’ont pas songé à la poursuivre, Évagro le fut détruite, une expédition militaire fut organisée scolastique ne prononce même pas leur nom. contre 1rs novatlens de Paphlagonie, qui aboutit à dc Il est probable que la loi de 428, rendue contre les sanglantes rencontres lout ceci dans Socrates fl. E., I dissidents à l’instigation dc Nestorius, ct qui men­ II. XXVIII. Il parait que, vers la fin dc son règne, tionne les novatlens (et nooattani sive sabbatiani) au Valons permit aux novatlens de Constantinople dc troisième rang entre les apollinaristcs ct les cunomlens, rouvrir leurs églises» a In requête d’un dc leurs prêtres, ne fut jamais strictement appliquée. A toutes les Marcianus, qui était le précepteur dc scs deux filles. sectes clic interdisait le droit de libre réunion, et pro­ Ibid., IV, ix. Dans les provinces la persécution dura hibait toutes les libéra) tés qu'on pourrait faire en leur faveur, Codex Theodos., XVI, v. 65, p 878 (insérée nu jusqu’à l'avènement de Théodosc. Code Justinien, I, v, 5). Tout cela resta théorique. Il Nlcéen fidèle, celui-ci ne pouvait sc montrer sévère 849 NOVATIEN — NUMAR est Incontestable néanmoins que Faction combinée de l’Église ct dc l’É-tat finit par faire disparaître pro­ gressivement. dans les grandes villes d’abord, pub dans les campagnes mémos, les communautés orga­ nisées, enfin les derniers représentants dc la secte. H n’est plus question des novatlens, comme d'hérétiques vivants A partir du vin· siècle en Orient. Et A ce moment il y avait bien longtemps qu’ils avalent dis paru dc l’OccIdent. I. Sources. — Elles ont été recensées el critiquée* col. 829-831. II. Travaux. — St. Kcnckeliux, Dr htrresi novattana rigue oppositis conciliis Carthaginiensi rl Romano, Stras­ bourg. 1651. plus théologique qu'hlttoriquc. discussion du point dc vue luthérien, sur le pouvoir des clefs et In pénitence; Tillcmont. Mémoires, t. in, nu litre 5. Corneille, p. 428 sq.; et nu titre Les novalicn», p. 471-493 (mène l'histoire de In secte jusqu'au vu· siècle); C. W. F. Walch, Historic der Keicrcfcn, Leipzig, 1764, t. n. p. 185-288, très complet Λ son habitude, nvre renvoi aux auteur* antérieurs (les principaux sont indiqués dan* t . Chevalier, Réper­ toire, Topobibliogr., nu mot Χονα tiens); H. llngemnnn. Die rômische Ktrche and Ihr Einfluss au/ Disclplln und Dogma, Fribotirg-cn-B., 1861; Λ. Harnack, nrt. A’oaatian, dans Protest. Reale ncyclopadic, 1904. t. xiv, p. 223242; Duchesne, Histoire ancienne dr I'Eglhe, t. i; le* travaux sur Novntlen, mentionnés d-dcssus, col. 828. Hugo Koch, Cyprianische Unlersuchungm, Bonn. 1926. spécialement le § G, Die Russfragr bei Cyprian, p. 211 285, et passim; voir hi table alphabétique nu mot ,\ovation. É. Amasa. NUGENT François, capucin irlandais (15691635). -— Né à Mayrath Castle (comté de Meat h en Irlande), en 1569, il fit scs études aux universités de Paris ct dc Louvain cl entra dans l’ordre des frères mineurs capucins, le 4 octobre 1591. Incorporé à la pro­ vince belge, il fut envoyé, après son ordination sacer­ dotale,en 1591, en France, pour y enseigner la philoso­ phie aux jeunes religieux. 11 fut un des plus ardents propagateurs du mouvement pseudo-mystique, qui sévit. A cette époque, panni les capucins belges. A peine rentré de Home, où il avait été appelé en 1598, pour se justifier, il fut suivi, en Belgique, par le général, Jé­ rôme dc Sorbo, canoniste connu, qui vint faire la visite rie la province. Il priva François Nugent de sa voix active ct passive, ainsi que le provincial sortant, Hippolyte de Bcrgamc. Mais Nugent sc justifia nu chapitre général dc 1599, devant le pape Paul V, de sorte que les peines dont 11 avait été frappé, furent levées. Nommé gardien du couvent de Tournai, en 1610, il fut chargé, en 1611, de propager les capucins en Allemagne. 11 partit, en qualité de commissaire général, avec quelques autres religieux et fonda le couvent dc Cologne. En 1615, le pape Paul V le nomma vicaire apostolique et commissaire général dc l’Irlande. Il vint habiter A Charlcvillc, où il rassembla plusieurs capucins irlandais. Il partit, en 1631, avec la première mission, composée de deux Pères, en Irlande. De retour A Charlcvillc, en 1625, Il repartit pour l’Irlande, en 1629, et, en 1634, il fonda un collège irlandais Λ Lille. Ayant démissionné, la môme année, comme commissaire général de la mission irlandaise, il cul comme successeur le P. Barnabe Barnewall. Il mourut A Charlcvillc le 18 mal 1635 ct fut enterré devant le maître-autel dc l’église des capucins. Fran­ çois Nugent ne s’est pas seulement rendu célèbre par son zèle A propager son ordre en Rhénanie ct en Irlande, mais aussi par scs nombreux ouvrages théolo­ giques, ascétiques ct mystiques. J. H. Sbaralca, Sup­ plementum, lui attribue les ouvrages suivants : I. Cursus theologicus;— 2. Cursus philosophicus; -3. Tractatus contra ministrum acatholicum , - 4. Epi­ tome Cocer y de controversiis ; — 5. Taulerus expensus m defensus, dans lequel, il sc justifie, nu chapitre général dc 1599, du pscudo-myslit Isme, pour lequel I S50 il avait été puni, en 1598, par le général; — 6. Secreta itinera orationis; ", Paradisus contemplationum; 8. Liber de meditatione et conscientise examine, qui aurait été trè* répandu parmi les rapucins de la Flandre; 9. Sermones plurimi; — 10. Tractatus de Hibernia, Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ordinis mino­ rum S. Franche! Capuecinorum, Venise, 1747, p, 97; .1. IL Sbnndea, Supplementum ad scriptores trium ordinum S. Francise!, t. ι,2· éclit.. Rome, 1903, p. 290; Michael « Tugio, Bullartum capuecinorum, L iv, Rome. 1746, p.279280; t.v, Rome, 1748, p. 271-281 ;Analecta ordinis minarum capuecinorum, t. xn, 1900, p. 150, 180-183 et p. 217; Father AngrliK, O. S. F. C., Pages from the Rory of the Irish capuchins, Cork. 1915; Father William, O. S. F. C... The stnry of the capuchin franciscans in England, Roch­ dale, 1924; A O’Flandm, Erin, Eenige bladzijdm ml Ireland's geschiedenis en zgn betrekkingen met Vlaandcren, Nieuport, 1922. p. 129 >q.; P. Hildebrand, I7n mouvement pseudo-mystique chez tes premier» capucini belge», dan* Franclscana, I vn. 1927, p. 256-263; Pater l·ranchrut Sugent, Ο M Cap. (IS69-143S), dan* Franriscaanwh l.ct'en, I. xi. 1928, p. 2!-28, A. Teetaert. NUMAR Christophe. frère mineur de l'obscr vance (t 1528). — Originaire de Forii, il fit scs étude* A Bologne. Après s’être enrôlé dans l’ordre des frères mineurs dc l’observance, Il continua et compléta se* études à Paris, où 11 devint docteur en théologie. Chargé d’abord dc l’enseignement auprès dc scs jeune* confrères. Il fut élu, en 1507, vicaire-général des pro­ vinces cisalpines dc l’ordre et, en 1517, il devint lr premier ministre général dc la branche franciscaine réformée des frères mineurs de l’observance. Vn mois plus tard, il fut créé cardinal dc Sainte-Marie m Aracœli, par Léon X. En 1520, H fut élevé au siège épis, copal dc Iscmla, en Italie, ct, en 1526, à relui de Hier, en Provence. Christophe doit avoir été chargé égale­ ment du diocèse d’Alatrl, puisque nou* lisons, dans les actes consistoriaux, que Philippe de Herculani* devint évêque d’Alatri. le 20 avril 1528. après la mort tic Christophe Numar. D'importante*- missions lui furent successivement confiées : délégué apostolique, d’abord, auprès du roi de France. Il devint ensuite nonce apostolique ct exerça les fonctions dc commis­ saire pour la construction dc la basilique vaticane Pendant le siège tic Borne, en 1527, par les soldats du duc dc Bourbon, Christophe fut insulté, maltraite cl fait prisonnier. Son héroïque conduite lui valut des lettres de condoléance, en même temps que de félici­ tation, dc la part dc Clément Vil, de François 1*. el dc Henri VIII. Il mourut à Ancône, le 23 mars 1528 ct fut enterré dans l’église du couvent d’Aracocli. A côté d’une exhortation, adressée A François F* pour l’engager A prendre les armes contre les Turrs : Exhortatio ad Galliarum regem Eranciscum l, in Tureos, Christophe a laissé plusieurs lettres, dans le* quelles il prie François Ier ct d’autres princes de li­ bérer le pape Clément VIL On peut les trouver dans Historia Foroliviensis, I. Il, ad ann. 1517, de Paulus Bonolus ct dans Vita' virorum illustrium Foroliviensium, lib. L c v, de Georgius V Marchesius. Il était aussi Fauteur de nombreux écrits théologlqucN et ascétiques qui, malhciirrtiMènent, onl péri pendant le siège do Rome. L. Wadding, Annales minorum, t. xvt, Rome, 1736. p IS, GO, 1 10, 236 ct 255; J. IL Sbaralca· Supplementum ad scriptores trium ordinum S, Franci sci, t. i, Rome, 1908, p. 207; Picconl, Cenni biografici sugli uoniini illustri della /ranccscana provincia dl Bologna, t. i, 1894. p. 380; Chris· lophor ιόπ Farli, dans Kirchlichcs Handler ikon, t. I, 1907, coi. 926; P. Robinson, Christopher Numar o/ Furii, dans The catholic cncycloiMrdia, t. xvrj New-York, 1911, p. 25. A. I l.l IAF.KT. S5I NUNEZ — N YD ER 852 NUNEZ Jcnn, frère mineur qui ne doit proba­ I d’anecdotes et rrdi(irr-Iir,i. Jahrhundcrt, dam Q/4/rn und l^idiun^ zut Gnch. K. Schlehr. A" · foire mnllrr* grnfruut der linrninlkaner, Ix-lpzitf. col. 312-:««: ,A:/' X;.,,». I. iv. Pari*. l'"»'·. i·· M.-XL Gorce. <" N. Vnloh./x! el le concile fllie-HSOJ. OBERHAUSER Benoît, moine bénédictin do P. Marc-Antoine de Hochstadt, capucin de Mayence. Lambach, théologien cl canoniste, fébronicn militant Il mourut en pleine lutte, des suites d'une hernie et théoricien du joséphisme (1719-1786).—■ Il naquit négligée, qui le fit s'aliter le 4 avril 1786, et l’enleva le 20 du même mois. le 25 Janvier 1719, à Weidcnholz, village situé en la paroisse de Wclzcnkirch. dans la Haute-Autriche, Dans son épitaphe, rédigée par un confrère ct con­ d’une famille distinguée .Après de brillantes études servée par la chronique de Lambach éditée cn 1865 littéraires au gymnase de KremsmOnster. il subit le (p. 46), on l'appelle celebratissimus canonici juris consultorum in Austria corlphœus, uttramontistarum cours de philosophie a l’université de Salzbourg, et fit de sérieuses études de droit civil et canonique à Ingol­ validissimus malleus. Il faut dire cependant que, même stadt et ô Vienne. Son année de noviciat accomplie, cn son pays, les ouvrages d'Oberhüuser ont perdu il fit profession à l'abbaye de Lambach, le 13 no­ beaucoup de leur crédit, depuis que la crise joséphistc vembre 1710, ct fut ordonné prêtre le 12 mai 1713. Les a montré la tendance de ces nouvelles théories théolo­ études philosohiqucsct canoniques auxquelles il conti­ giques rt canoniques, imaginées dans des vues hos­ nuait de se livrer le désignèrent h son abbé pour un tiles nu Saint-Siège ct au pouvoir ecclésiastique, ct vicariat à Neukirchen, près de Lambach, où il tra­ soutenues imprudemment par des écrivains au moins vailla à ramener à la vraie foi un groupe de fidèles malavisés. Il sera d'ailleurs difficile de faire admettre passes au protestantisme Mais, après un court passage l’entière bonne foi du théologien de Salzbourg, hien dans la chaire de philos» phic de Salzbourg (1753), i! qu’il faifie faire très grande ’a part de la tyrannie des préjugés d'école ct des méfaits de l’esprit nationaliste fut appelé par le prince-évêque Joseph, comte de en matière de théologie. On ne peut expliquer autre­ Thun, â enseigner le droit canonique ct l'histoire ecclé­ siastique au séminaire épiscopal de Gurk-Strasbourg ment la ténacité déployée par Benoît Oberhâuscr à défendre scs positions. Par le souci même qu'il apporta, en Carinthlc. Après trois ans d’enseignement, il obtint, rn 1760, le grade de docteur cn droit canonique à dans sa vieillesse, à publier les opinions avancées qui l’université de Salzbourg ct, à la demande de l’abbé lui avalent valu le blâme du pape, il a plus que mérité l’oraison funèbre de la chronique de Lambach : prin­ de Fulda, il fut nommé professeur de droit canonique à l’académie de cette dernière ville. cipiis Quesnellii ct Manespen deceptus iltorumque mordai Sa carrière professorale s’y trouva brisée moins de propugnator. trois ans après, à la suite des apologies qu’il fit de Voici la série de ses œuvres, avec un aperçu de sei Pierre de Marca, de Van Espen, ct autres théologiens principales thèses : jansénistes et gallicans, défenseurs du pouvoir civil, et 1° Ouvrages de philosophie, · Deux livres repro­ surtout 5 l’occasion de scs Leçons sur les décrétales duisant son cours de Salzbourg de 1753-1751 : 1. Syn­ publiées cn 1762, ct qui étaient toutes favorables â la tagma causarum, ex quibus nata, propugnata et emen­ nouvelle Jurisprudence canonique que Ton cherchait data philosophia, Salzbourg, 1754, ln-4°; 2. Sensations dès lors à introduire en Autriche, et à laquelle Jo­ natura et structura, ibid., 1755, in-le. seph Il allait donner force de loi (voir le mot José­ 2° Œuvres didactiques. — Son grand ouvrage cano­ phisme). Le livre de dom Obcrhtluscr et les thèses qu’il nique, qui le fit renvoyer de Fulda, parut en deux avait fait soutenir publiquement furent l'objet d’une séries : I Pra lectiones canonica: juxta titulos Decre­ condamnation de l’index du 16 février 1761 L'auteur talium, ex monumentis, auctoribus et controversiis fit une soumission publique ct solennelle. Cependant melioris notie in 1res primos libros Decretalium, parues le pape Clément XIII écrivit ύ M. de Bibra, évêque simultanément,en 3 vol. in-1°, ά Anvers, 1761-1763,et de Fulda, d’avoir à renvoyer ce professeur intempé­ Λ Lauterbach cn 1762-1763. L'édition d'Anvers porte rant, rt dom Oberhüuscr trouva asile d’abord à Lam­ en son titre In V libros Decretalium ; mais la note sc bach, son monastère de profession, puis à Salzbourg. trouva fautive, du jour où la publication du commen­ près du prince-évêque taire fut arrêtée par le décret de l’index de 1764 : il Il se mit a écrire contre scs adversaires personnels, no comprenait encore que les trois premiers livres des ct, cn premier Heu, contre L. Beck, bénédictin du mo­ I Décrétales —2. La fin du commentaire parut dans une nastère de Schwarzach en Franconle, qui était devenu autre série et dans un esprit légirement diflérent : M>n successeur ή Fulda et s < tait attaqué û l'une de scs Pru· lectiones canonica? in librum IV et V Decretalium, thèses favorites sur 1rs origines du droit de l'Églisc nu adauctu* et emendata· per Sebastianum Schaaf, Utrecht, sujet des empêchements de mariage Los libelles qu’il 17G5. Ce supplément fut réimprimé en 2 vol. in-8°, h publia Λ cette occasion, d< 1771 à 1777, lui attirèrent Francfort-sur-lc-Mein ct Λ Leipzig cn 1771, puis cn de sévères réponses du c;mp dp l'ultramontanisme 3 vol. in-8®. à Salzbourg, cn 1785, mais cette fols par t-t lui firent beaucoup d'ennemis. Ils lui valurent natu­ les soins de l’auteur, qui ajouta au titre : hodiernae rellement une ccrt . in» réputation parmi les défenseurs crudittonh genio et studio aliquando accommodatae, du joséphisme, et I·· prince Cnllorcdo, archevêque de nunc in correcttorem et uberiorem ordinem, plurimis, Salzbourg, le nomma conseiller ecclésiastique, en 1776 mutatis, digesta. Entendons par 15 que, dans cctle Les de rnière*années du religieux bénédictin s’épui­ réédition définitive et seule vraiment authentique, sèrent « n des libelles de plus cn plus violents contre B. Oherhftuser avait rétabli dans leur Intégrité origi­ ceux qui osaient critiquer son système théologlque, nelle certaine·» thèses gallicanes édulcorées par Schaaf en particulier contre le P. A. Schmidt, S. J.» et le dans l'un des coryphées du mouvement antiromaln; de plus on dit qu'un jésuite, qui avait eu communication du manuscrit y fit des corrections qui déplurent beaucoup nu traducteur. — 3. Manuale selectorum conciliorum et canonum aliarumque rerum memora­ bilium pula historiam ecclesiasticum D. abbatis de Fleury per breves epochas XVI siccatorum, Salzbourg, 177«·. m-Ι®. Le livre fut, nu rapport de Schulte, condamné par la Congrégation de l'index dès l’année suivante. JOcher-Hothermand, Gtlehrlen-Lexlcon, t. v, Brème, 1816. col. 838; Meusel, toxicon, t. x, p. 1 -t l-l 16; Scriplorei ordinis S. HtnedieU qui ir50-1880 fuerunt in imperio austriaca-himgurico. Vienne, 1881, p. 322-32J; Hurter, Xomenclalor, t. v. 3« élit., col. 500; Hoefer, Xouoelle bio­ graphie universelle, t xxxvm, 1862; Michaud. Biographie universelle ancienne et moderne, t. xxxi; Feller, Dictionnotre historique de biographie universelle, t. iv, Paris, 1837. p 170; \ de Ho^kovany. Homanus Pontitcx tam­ quam primas EccleslK, t. m, Nitrte, 1867, p. 735; Hinching. Histar lut. Huidbitch, t. vi a, p. 337. P. SÉJOUKNÉ. OBERNDORFER Cêlostin, bénédictin bavarois (1721-1765). —Né le 20 septembre 1721 a Landshut, fit profession à l’abbaye d’Obcrnaitaich, où il enseigna la théologie dogmatique et morale jusqu'aux envi­ rons de 1752. Vers celte époque, il devint professeur de logique au lycée épiscopal de Freising, puis pru 359 OBERNDORFER fcsseur ordinaire, préfet des écoles, enfin conseiller ecclésiastique du même évêché. Bien que son nom figure encore, par erreur, dans Γ Addresskalendar, [ ublié à Erlangen cn 1768. et dans celui de 1769, il faut maintenir avec il. Hurter, qu’il mourut, jeune encore, le 18 septembre 1765. Ses fonctions ramenèrent â traiter de la méthode théologique, et â défendre d’abord, contre les docteurs protestants d’Allemagne, J. Brucker, Wolf, Gottscheid el Jean-Ernest Schubert, le procédé dialectique usité en philosophie et en théologie scolastique. Dans les dix dernières années de son enseignement, prévenu par scs propres apologies contre les excès de la méthode déductive, il s'efforça de concilier dans ses ouvrages la scolastique ct la théologie positive. N'était cette orientation heureuse qu'il tenta de donner à l'ensei­ gnement théologique dans les écoles épiscopales de son pays, il faut bien avouer que les réalisations qu’il cn présenta ne méritent guère de sortir de l’oubli. Voici les principaux ouvrages sortis de sa plume féconde : De caritatis initio, dissertation théologique sur la qualité de la contrition nécessaire pour l’abso­ lution sacramentelle, in-4°, publié à Ratisbonne en 1751; De usa formic conditional^:, in-4°, édité a Frei­ sing en 1752, réédité cn 1757. Ce sont là deux frag­ ments de son cours de théologie morale en son monas­ tère. De son enseignement de la logique au séminaire de Freising, sont sortis deux opuscules polémiques : Schote catholicorum tum philosophia, tum theologia propter suam quam in docendo usurpant dialecticam, nola pedontismi, contra heterodoxos... vindicate, Frei­ sing, 1751. L’auteur avait adjoint à son apologie de la dialectique «les spécimens d’argumentations soutenues par ses élèves au séminaire de Freising. Il poussa sa pointe dans ses Vindicte continuahc, quibus J. Bruckeri duo asserta, unum quo S. Gregorium M. me­ lioris philosophia: ruinam, alterum quo Lutherum refor­ mate philosophia: ducem scribit, falsa ostenduntur, Frei­ sing, 1757. Dans les années suivantes, prémisses «le son cours de dogmatique, Oberndorfcr donna : Kesolutiones ex psijchotogia et theologia naturali, Freising, 1758, in—I·; De sacramento ordinis, 1759, réédité cn 1761. En 1760, il étudie les trois premiers lieux théolo­ giques : l'Écriture, la Tradition el l’Églisc, ct il cn fait un juste volume : Brevis apparatus eruditionis. Vienne, 1760; en 1762, il sc constitue une liste des meilleurs théologiens à consulter, ct 11 la fait Imprimer sous cc titre : Systema thrologico-dogmatico-historico-criticum, Freising, in-8®. Ces deux opuscules marquaient l’in­ tention du Jeune professeur d’adjoindre à la rigueur du raisonnement une sérieuse information positive; ils venaient à leur heure compléter logiquement son bagage méthodologique. Cc Juste équilibre faisait bien augurer de son enseignement magistral, lequel pour­ tant ne nous apporte qu’une déception de plus, cn cc siècle de décadence théologique. Il sc fixa cn douze vol. in-8·, publiés à Freising, sous le litre: Theo­ logia dogm ihco-hislorico-scolastica ad usum episcopalis hjcai Fr(singentis : les cinq pcnnlers tomes seuls furent édités par l’auteur, dans les années 1762 à 1765, avec la même régularité qu’il avait mise Jusque-là dans scs publications. Le premier tome contenait une mise au point des idées de l’auteur sur les fontes theologte; les sept derniers volumes de la collection parurent d'après scs notes, mais pur les soins de son collègue, dom Anselme Zachcrl.de 1768 à 1780,à Freising.Tout ce qu’on peut dire en faveur de cc traité, c'est que les prerogatives du souverain pontifical y sont vigoureuse, ment affirmées, et entre autres ΓInfaillibilité du pape Jôeh*r*IV>lcnntind.Getehrten-texicmi, t. v, 1816, col. 893, Meuw-I, Lexicon, t. x. p. 150; H. Hurter, Nomenclator, 3· edit., t. v, col. 29. P. SejovrmL OBERRAUCII 860 OBERRAUCH Antoino-Nlcolae, frère mineur (1728-1808), plus universellement connu sous son nom de religion Héhaclien, fut un adversaire acharné delà secte des illuminés et Jouit d’un grand prestige, tant comme moraliste ct canoniste que comme directeur spirituel. Né au Sarnthal, dans le Tyrol, cn 1728,11 fil ses études à Innsbruck, où il étonna, cn 1750, les fran­ ciscains par scs brillantes réponses. 11 entra, la même année, chez les frères mineurs, dans le couvent de Kaltern, sur les invitations répétées des religieux de cet ordre et fut ordonné prêtre, en 1753. Il enseigna la philosophie à Innsbruck, Fussen et Botzcn ct le droit canonique à Halle et à Innsbruck, il fut également, dans cette dernière ville, professeur de théologie morale ct de droit canonique depuis 1766 jusqu'en 1782. II exerça, à plusieurs reprises, dans l’ordre, les fonctions de déflniteur ct, depuis 1781. il fut le confesseur de l’archiduchesse Isabelle qui résidait à Innsbruck. Le P. Héradien fut surtout recherché comme directeur d’âmes. 11 mourut à Schwaz, le 22 octobre 1808, à l’âge de 80 ans. Malgré les nombreuses occupations qu'entraînaient le professorat ct la direction des âmes, Obcrrauch trouva encore les loisirs pour publier de nombreux ouvrages. Parmi eux, les Institutiones jus litte Chris­ tiana: vel Theologia moralis, occupent certainement une place d’honneur. Cet ouvrage, cn 4 volumes, parut à Innsbruck cn 1774 cl 1775. 11 fut mis à l’index cn 1796, parce que plusieurs assertions ne furent pas interprétées par tout le monde dans un sens catho­ lique, comme le déclara le cardinal Borgia sur la demande des évêques allemands. Une nouvelle édi­ tion. intitulée : Theologia moralis, cn huit volumes, parue ù Bamberg et Nuremberg, en 1791-1798, resta sans critiques. La première édition de cc travail fut fortement critiquée el violemment attaquée dans la Nova bibliotheca ecclesiastica de Klflpfcl, 1.i, Fribourg, 1775, p. 168 sq. Obcrrauch répondit non moins sévè­ rement ct se défendit dans : Vindicte theologte moralis contra recensentem Friburgensem, Innsbruck, 1776. Un autre ouvrage capital d'Obcrrauch est : Theon und Amyntas, oiler Gesprûche liber Iteligion und Gerechtigkeit, 4 volumes, Innsbruck, 1786-1788. (’.et ouvrage attaque surtout rinditTérentIsme ct le scepticisme; il attira à son auteur la lyiinc cl le courroux de la socle des Illuminés, qui essayèrent, à plusieurs reprises, de le faire partir d’Innsbruck. Toutes leurs tentatives furent vaines; le prestige d’Obcrrauch l'emporta sur les Ignobles accusations de scs adversaires. L'influence exercée par Obcrrauch autour de lui était si grande, qu’il réussit, après la mort de Joseph II, à réintro­ duire les séminaires épiscopaux à la place des séminai­ res généraux, institués par l’empereur. Quelques thèses défendues dans Theon und Amyntas, furent attaquées par la revue: Kritik (ïber geiuisse Kriliker, t. vin, Augsbourg, 1794, p. 89 sq. cl 337 sq. La réponse d'Obcrrauch ne se fil point attendre; elle porte comme Utre : Vom Stande der Vernichtung ar\, die Herren Kriliker :u Augsburg, s. !.. 1794. En dehors de ccs deux grands ouvrages, Obcrrauch a composé encore un certain nombre de traités de moindre Importance. Citons parmi eux : De eligendo vite statu tractatus, 1800; De contritione, 1794; Anleitung zur christlichen Vollkommrnhcit, 1800; De pas­ sione J esu Christi, 1800; Der heilige Kreuztveg, 1800; Dus allerwichtigste und einzig N'othmmdige, 1801,... tous publiés à Innsbruck, Dans tous ccs ouvrages, l'auteur combat principalement l’indifférence reli­ gieuse de scs contemporains. Th. Nelk, Hcrkulan Obcrrauch, Etne merkivûrdlge LcbensQeschichtr, 2* édit., Munich, 1831; XVurzbach, Biogruphtschrs Lr-rikon dri Kahertums Oesterretch. t. xx, Vienne, 1869, p. 462 *q.; Λ. Ester, art. Obcrrauch, dam Kirehenlexikon, 86! OBERRAUCII — OBREPTION ET SUBREPTION I. ix, 1805. COI. 592-593; Obcrrauch (Antonio Nicolas). dnnt Enclctopedia universal Ihutrada europeo-amrricana, I. xxxix, Barcelone, s. <1., p. 279. A. Τεεταεπτ. OBREPTION ET SUBREPTION. — Lorsque, dans une supplique adressée au Saint-Siège, ou A un Ordinaire, pour obtenir d'eux quelque faveur (dispense, privilège, etc.), le demandeur omet quelque circonstance importante, on dit qu’il y a subreption : reticenda veri, seu subreptio, can. 12, § 1. Si au con­ traire, dans l’exposé, il commet quelque erreur positive (volontaire ou involontaire), on dit qu’il y n obreption : expositio falsi, seu obreptio, can. 42, ί 2. Dans quelle iflcsurc l’obrcption ou la subreption nuisent-elles A la validité du reserit ainsi obtenu? Le Code de droit canonique répond A celte question aux canons 40 ct suivants, Normæ generates, tit. iv, De rescriptis. Il affirme tout d'abord que, dans tout reserit, une condition toujours sous-entendue, même quand elle n’est pas exprimée, est la suivante : pourvu que soit vrai cc qui est dit dans la supplique. In omnibus re­ scriptis subintclligenda est, ctsi non expressa, conditio : Si preces veritate nitantur. Can. 40. A ce principe, le Code prévoit cependant deux exceptions : l'une con­ cerne les reserit s qui contiennent la clause motu proprio, can. 45; l’autre concerne certaines dispenses de mariage, can. 1054; nous expliquerons tout à l’heure ces deux exceptions. Mais à quel moment doit être vrai ce qui est exposé dans la supplique? Est-ce au moment où la supplique est rédigée, ou lorsque le reserit est signé, ou lorsqu’il est exécuté! Le canon 41 fait ici une distinction : s'il s’agit de rescrits in forma gratiosa, qui ne comportent pas d'exécuteur, c’est au moment même où le reserit est donné que la sup­ plique doit être vraie; s’il s’agit au contraire de res­ crits in forma commissoria, qui comportent un cxécu leur, c’est au moment où le reserit est exécuté, ful­ miné, que la supplique doit être vraie. In rescriptis quorum nullus est exsecutor, preces veritate nitantur oportet (empore quo rescriptum datum est; in ceteris tempore exsecutionis. Can. 41. Quelle sera donc l’influence de la subreption (reti­ centia veri) et de l’obrcption (expositio falsi) dans la supplique sur la validité du reserit obtenu? — Trois cas sont A envisager: 1° les rescrits accordant la dis­ pense d'empêchements mineurs pour des mariages: 2e les rescrits munis de la clause motu proprio; 3e les autres rescrits. 1® Les rescrits accordant la dispense d'empêchements mineurs pour des mariages. — Les empêchements de mariage dits mineurs (gradus minoris) sont les sui­ vants : la consanguinité au troisième degré de la ligne collatérale, l’affinité au second degré de la ligne colla­ térale; l'honnêteté publique nu second degré: la parenté spirituelle; enfin l'empêchement de crime, mais seulement s’il n’y n pas eu conjugicide (cnn. 1075, n. 1) ; s'il y a eu conjugicide (cnn. 1075, n. 2 et 3), l'empêchement de crime est un empêchement majeur. Le canon 1042 (pii donne cette énumération (§2) ajoute (j 3) que tous les autres empêchements sont dits majeurs, impedimenta majoris gradus alla sunt omnia. Lorsqu’une dispense d'empêchement mineur est accordée, elle n'est jamais nulle pour cause de subrep­ tion ou (l’obrcption dans la supplique. même si l’uni­ que motif allégué pour obtenir la dispense se trouve être faux. Dispensatio a minore impedimento concessa nullo sive obreptionis sive subreptionis vitio irritatur, etsi unica causa finalis in precibus exposita /alsa fuerit. Can. 1051. Celte disposition. Introduite par l’ie X dans les Hcgles particulières données aux Congréga­ tions romaines lc29 septembre ïMS(Norma> peculiares, c. vn, art. iîi, n. 21), s’explique par cc motif qu’en 862 dispensant d’un empêchement mineur le Saint-Siège est censé concéder cette dispense ex motu proprio, el ex certa scientia, ex rationabilibus causis a S. Sede pro­ batis. Ces motifs raisonnables, ne serait-ce que la crainte de multiplier le nombre de mariages nuis, existent toujours, indépendamment de ceux qu'ont allégués les suppliants. 2® Les rescrits munis de la clause motu proprio. — 1. Ces rescrits ne sont jamais nuis pour subreption, et par conséquent, même si dans la supplique on a omis d’indiquer des circonstances importantes, qui norma­ lement auraient dû être indiquées sous peine de nul­ lité, le reserit est néanmoins valable. Cum rescriptis ad preces alicujus impetratis apponitur clausula : motu proprio, valent quidem ea, si in precibus reti­ ceatur veritas alioquin necessario exprinvnda... Can. 45. 2. Mais ccs rescrits — à moins qu’ils n’accordent dispense d’un ctnpêchcmcnt mineur cn vue d’un mariage (voir plus haut) — seraient nuis pour obrep­ tion dans le cas suivant : si le motif qui a déterminé la concession n’est pas exact, cl que le demandeur n’en ait pas allégué d'autres dans sa supplique, si falsa causa finalis eaque unica proponatur. Can. 45. Les canonistes distinguent deux sortes de motifs : ceux qui déterminent la concession (causa? motivæ, finales), cl ceux qui la rendent seulement plus facile (causse impulsion:). Pour que le reserit muni de la clause motu proprio soit nul pour obreption, il faut que tous les motifs déterminants, exprimés dans la supplique cl dans le reserit soient faux; si un seul était vrai, le reserit serait valable. Par contre, si tous ccs motifs étaient faux, le reserit serait nul, même si un certain nombre de motifs impulsifs exprimés dans le reserit ou dans la supplique étaient vrais. Nous dirons dans un instant comment distinguer les motifs détermi­ nants des motifs impulsifs. 3® Les autres rescrits. — il faut distinguer Ici encore les diets de la subreption et ceux de l’obrcption. 1. La subreption — ou omission, même volontaire, d’une circonstance dans la supplique — ne nuit pas A la validité du reserit, pourvu qu’on y ail exprimé ce qui est requis pour la validité par les usages adminis­ tratifs (le style) de la Curie. La curie dont il s’agit n’est pas uniquement, semble-t-il, la curie romaine (comme le pensent Toso, Commentaria minora, l. i, p. 12G; Vcrmecrsch, Epitome, i, n. 131 ; Ojelli. Normor generales, p. 225; Cappello, Summi juris canonici, i, n. 151; Cicognani, Norma? generales, n, p. 222), mais la curie (romaine, diocésaine, généralicc...) d'où émane le reserit. Ainsi pensent Marolo, Institutiones juris canonici, ι, η. 284; Blat, Commentarium, i, p. 107; Hilling, Die allgemcinen Normen, p. 92; Mallhæus a Coronata, Institutiones juris canonici, i, n. 63; Mlchiels, Norma? generales, i, p. 220. Quelles sont les circonstances qui doivent, d’après les usages administratifs (le style) de la curie, être nécessairement exprimées dans la supplique, sous peine d’invalidité du reserit? Cela varie suivant les curies, ct suivant la nature des nflaires· On trouvera quelques indications, pour la curie romaine, dans l'Orrfo servandus in SS. Congregationibus, Tribuna­ libus, Officiis cornante Curtor, du 29 septembre 1908 (Acta apostoliav Sedis, 1909, p. 36-108); dans le Kcgolamcnto delta Dataria apostolica, du 6 février 1901 ; dans di (Terentes instructions (v. g. Propagande, 9 mai 1877) relatives aux dispenses matrimoniales, etc. Le Code lui-même contient des précisions impor­ tantes. · I nc faveur refusée par une Congrégation ou un Office de la curie romaine ne peut pas validcment être accordée par une autre Congrégation ou Office, ou par l’ordinaire du lieu, même muni de pouvoirs spéciaux, sans l'assentiment de la Congrégation ou de Sb3 OBREPTiON ET SUBREPTION - IOffice qui avalent commencé à traiter l'a flaire. Les droits de la Pénitcnccric, en ce qui regarde le for interne, ne sont pas touchés par celte disposition. · Can. 43. — « Personne ne doit demander a un autre Ordinaire une faveur que son propre Ordinaire lui a refusé» 3O/u /aire mention de ce refus. (11 n’est pas dit cependant que l'omission de cette mention rendrait nul le reserit). Ce refus ayant été mentionné dans la supplique, (Ordinaire sollicité n’accordcra pas la faveur demandée sans avoir appris du premier Ordi­ naire les motifs de son refus. » Can. 44, § 1. — < l’ne grâce refusée par un vicaire général et accordée ensuite par l'évêque, sans que mention ait été /ai te du re/us, est nulle. Une grâce refusée par l'évêque ne peut pas être validement accordée par un vicaire général, même si mention est faite du refus dans la supplique, à moins que l’évêque ne soit consentant. » Can. 41, § 2. < La dispense d’un empêchement (même majeur) de consanguinité ou d'aflinilé est valable, même si dans la supplique ou dans le reserit, il y a eu erreur dans l’indication du degré dc parenté, pourvu que le degré réel soit Inférieur au degré signalé. La dispense est également valable si on a omis d’indiquer un autre empêchement existant dc même espèce, pourvu que cet autre empêchement ne soit pas d'un degré supé­ rieur. . Can. 1052. « Dans une demande dc dispense pour des irrégula­ rités ou des empêchements (cn vue dc la réception ou dc l'exercice des ordres), on doit indiquer toutes les irré­ gularités ct tous les empêchements. Faute dc cette indication complète, une dispense générale serait valable pour les irrégularités ct empêchements omis de bonne foi (àl'exception cependant des irrégularités provenant d’homicide volontaire ou d'avortement, cl des irrégularités déférées au tribunal ecclésiastique), mais clic ne serait pas valable pour les irrégularités ct empêchements omis de mauvaise foi. S’il s'agit d’irrégularités provenant d'homicides volontaires, le nombre des délits doit être exprimé sous peine dc rendre nulle la dispense. » Can. 991, § 1 cl 2. • Celui qui demande l’absolution dc plusieurs cen­ sures doit signaler tous les cas; sans quoi l'absolution ne vaudrait que pour le cas exposé. Cependant, si l'absolution, bien que demandée pour tel ou tel cas particulier, est donnée d’une manière générale, elle est valable pour tous les cas qui auraient élé omis de bonne fol, Λ moins qu’il ne s’agisse dc censures très spécialement réservées au Saint-Siège, mais elle n'est pas valable pour les cas qui auraient élé omis dc maudse fol. . Can. 2249, § 2. 2. l.'obreption — erreur ou mensonge dans la sup­ plique — ne nuit pas non plus à la validité du reserit, pourvu que, parmi les motifs allégués, un au moins soit vrai cl suffisant pour justifier la faveur demandée : nec obstat expositio falsi, seu obreptio, dummodo pel unica causa proposita pel ex pluribus propositis una 'altem motiva vera sit. Can. 42, § 2. Comment, prati­ quement, s’assurer que, parmi les motifs allégués dans la supplique, un au moins dc ceux qui étaient vrais était suffisant canoniquement (causa motiva, finalis) pour justifier la faveur demandée ? Si un seul motif vrai a été allégué, ct que la faveur ait été accordée, cct unique motif a été évidemment jugé canoniquement suffisant; si plusieurs motifs vrais ont été allégués, aucun d'entre eux n'aurait peut-être été suffisant, mais l’ensemble de ces motifs impulsifs a constitué un motif déterminant; si, panni plusieurs motifs allégués, les uns étaient vrais et les autres faux, quels sont ceux qui ont déterminé la concession, cl la concession estclle valable? Si parmi les motifs vrais, un au moins sc trouve être, de par les usages administratifs (le style) de la curie, suffisant à Justifier la faveur demandée, le reserit est valide. Or nous connaissons, sur plusieurs OCCAM 864 points, ccs usages administratifs; l’instruction dc lu Propagande du 9 mai 1877, par exemple, a énuméré les causes canoniques suffisant h Justifier une dispense d'empêchement de mariage (v. g. angustia loci, trim /eminæ superadulta, legllimatto prolis, etc.). A défaut d’usages administratifs précis, on ne peut recourir qu'à la sage appréciation d’un homme prudent el compétent. 4° Quelle que soit la nature du reserit, < l’obreplion ou la subreption dans une partie du rescril ne nuisent pas à l’autre partie du reserit, si le même rcscril accorde plusieurs faveurs : vilium obreptionis pel subreptionis in una tantum parte rescripti aliam non infirmât, si una simul piares gratia per rescriptum concedantur. · Can. 42, § 3. • Celui qui, dans une supplique pour obtenir un reserit du Saint-Siège ou de i’Ordinairc du lieu, n par fraude ou dol, caché la vérité ou menti (verum reti­ cuerit aut /alsum exposuerit), peut être puni par son Ordinaire suivant la gravité de la faute commise. » ( .m. 2361. F. Cl METIER, O’ BRIEN Timothée, dominicain irlandais, né à Cork, mort en 1717. Il séjourna à Toulouse au collège, des Irlandais; puis, dc retour à Cork, il y publia, en 1725, A bric/ historical and authentic account of the beginning and doctrine o/ the sects called Vaudois and Albigeois. 11 a laissé aussi, entre autres ouvrages, An explanation o/ the /ubi Ice. Ignoré de V Hibernia dominlcana de Thomas dc Burgo (1762); Hurter, Nomenclator..., t. ιν, 3· édit., col. 1372, qui cite Afént. de Trévoux, 1749, p. 85-97. M.-M. Gorce. OBSERVANCES (Vaines), voir Superstition, OCCAM (Guillaume d’), frère mineur, origi­ naire d’Angleterre, considéré comme le fondateur du nominalisme du xiv® siècle (t vers 1349). — I. Vie. IL Œuvres (eol. 872). III. Originalité (col. 876). IV. Influence (col. 888). V. L'Église et la doctrine d’Oc­ cam (col. 889). I. Vie. — La vie de Guillaume d’Occam reste fort mal connue, bien que les récents travaux de J. Hofer aient renouvelé le sujet, Biographische Studien ûber Wilhelm von Ockham, O. F. M., dans Archivum franciscanum historicum, t. vi, 1913, p. 209-233; 439-465; 654-669. Il n'est pas jusqu'à la graphie dc son nom qui ne revête les formes les plus fantaisistes, depuis celle d'Ockham, qui semble la meilleure, jusqu'à la forme Hothnin, qui se rencontre. Il existe dans le Surrey, au sud dc Londres, un petit village d’Ockham, c'est vrai­ semblablement le Heu dc naissance dc celui qui devait être le chef dc l’école nominaliste. 1® Avant 1324. — La date de la naissance de Guil­ laume ne peut être déterminée, même approximative­ ment. Los anciens biographes qui acceptaient l’idée qu’Occam avait été l'élève de Duns Scot (f 1308) étaient obligés dc la situer vers 1280. Cette supposi­ tion s'étant révélée inexacte, ct les autres raisons que l'on pouvait avoir dc maintenir une date aussi reculée ayant également disparu, il paraît plus indiqué de la placer entre 1290 et 1300. 11 faut renoncer également à faire usage, pour reconsI tilucr le curriculum vitæ d’Occam. d'une lettre de Bo­ niface VIII, cn date du 30 juillet 1302, autorisant un certain · maître Guillaume Occam, recteur dc Langton », à cumuler son bénéfice avec un autre, Registres de Boni/ace VIII, n. 4733. Les plus anciens renseigne­ ments que l’on possède sur le chef des nominalistes ne font aucune allusion au fait qu’il aurait été prêtre sé­ culier avant d’être reçu dans l’ordre de saint François. Comme tant d’autres, il a dù entrer en religion dès sa première jeunesse. Ce n’est donc pas à Merton College OCCAM 865 vu: 866’ d’Oxford qu’il a fait ses premières éludes el pris ses laume arrivait seulement au terme des études théo­ grades, comme on l’a pensé sur le vu d’une addition logiques que couronnait V inceptio, le doctorat. 11 avait faite après coup ù l’ancien catalogue des élèves dc dû les commencer vers 1315. comment expliquer cette maison. C’est au couvent des mineurs de la ville qu’elles ne l’aient pas mené à l'aboutissement normal, universitaire que s’est faite son éducation philoso­ alors que tout indique qu’il avait pris part aux exer­ phique et théologique. Duns Scot, quoi qu’en disent cices scolaires préparant l’acte définitif. C’est qu’en les biographes qui ont copie Trilhème, n'y a élé pour 1321 se place un événement qui va donner à la vie du rien. Les plus anciens auteurs ne connaissent pas ces jeune frère mineur un cours tout à fait imprévu. Guil­ laume est cité à la cour d'Avignon, pour répondre de relations. Du moins l'on peut affirmer que c'est A Oxford certaines dc scs doctrines. qu’Occarn a accompli le cycle dc ses études, ct pris le 2· En Avignon (1321-1328).— Un document capital grade de bachelier cn théologie, bachalarius formatus. éclaire celte période dc la vie d’Occam. C’est In lettre Chose (pii peut surprendre d’abord, il semble bien adressée par lui, peu avant la Pentecôte de 1331, au qu'il n’ait pas conquis le grade suprême de doctor theo­ chapitre général des frères mineurs qui vient dc sc logiæ, doctor in sacra pagina. La démonstration qu'ap­ réunir à Assise. Texte publié par K. Müller, dans porte dc ceci J. Ilofer paraît absolument convain­ Zeitschrift für Kirchcngeschichte, t vj, 1881. p. 108cante. Loc. cit., p. 219-223. Bien qu’ils le nomment par­ 112. fois ■ maître », les anciens documents ne lui attribuent En rupture avec l’ordre depuis plusieurs années,Oc­ jamais le titre spécltique dc ■ docteur », ct. quand ils cam y explique comment il a élé amené à prendre le veulent être précis, le nomment seulement bachelier. parti des frères révoltés contre le pape Jean XXII Il faut arriver Jusqu’il la fin du xvr siècle pour lui voir C’est au printemps de 1328, qu’il a fait,nul ne l’ignore attribuer les titres de Doctor invincibilis ou r motu, loco, tempore, rela­ Unbekannte kirchenpollttechr Xtreitschri/len, 2 vol.. tione, praedestinatione et pnrsctentia Dei, I 'ebcrwegBorne. 1911 ct 1911, et de AV. Mulder, dans Arch, Geyer, Die palristtsche und schohutlche Philosophie» franc, hist., t. xvi. 1923, p. 169 sq. 11· éd.. 1928, ρ. 573. dont le» trois premières parties L Opus nonaginta dierum, Goldast, t. n, p 993forment un tractatus de successivis et 1rs deux dernières 1236. écrit eu réfutation de la bulle de Jean XXII, un tractatus de pnedesttnatione et pncscieniia Dei, Quia vir reprobus, qui condamnait Michel de Césène. imprimé dans V Expositio aurea. Hochsletter, Studien Pour défendre le général, Occam discute point par sur Metaphysik und Erkeruitnistehre Wilhelm* non point les trois < onstitutions, ou comme il les appelle Okham, Berlin, 1927, p. 3. ironiquement, les trois destitutiones du pape : Ad con­ Aux œuvres logiques. Il faut Joindre un commen­ ditorem canonum. Cum inter cl Quia quorumdam, toute taire sur le traité Elenchorum Michalski, Les courants l'affaire en somme du débat sur la pauvreté. Badius a critiques et sceptiques dans la philosophie du Λ' / V· siècle, donné de cet ouvrage très volumineux un sommaire Cracovie, 1927. p. 6. qui permet de s’y orienter. Ibid., p. 977-992. Aux œuvres physiques, des Qinrstioncs super physi­ 2 De dogmatibus paper Johanna XXII, Goldasl, cam. Sur les manuscrits physiques on consultera t if. p. 740-770, écrit après qu’Occam eut été informé A. G. Little, The grey friars in Οχ/ord, Oxford, 1892, (janvier 1333) des opinions exprimées par le papr sur p. 225 sq.; L. Baur. Die philosaphischen Werke des le délai dc la vision béatiUquc : divisé en deux traités, Robert Grosseteste, dans 1rs Heitruge zur Geschiclde der le premier exposant les erreurs du pope, le second réfu­ Philosophie des Μ. A., t xi, p. 124·, n i, cl Michalski, tant les preuves alléguées par les · Johannites * pour Les courants, rtc. p. (i sqM ct Le criticisme et le scepti­ montrer que les Ames purifiées de leurs péchés ne cisme dans la philosophie du .\/ι· tiède, Cracovic, voient pas Dieu face à face dans le ciel. Cet ouvrage 192Γ». p. ! 5 assez court est devenu ultérieurement la seconde par­ D’après Michalski, Les courants, etc.,., p. 6, Occam tie du Dialogue (voir ci-dessous). ayant annoncé la publication dc commentaires sur le 3. Contra Johanncm XXII, Scholz. I. Il, p. 396-408 De anima ct sur la Métaphysique ne les a probablement (extraits reliés par des analyses), rédigé au lendemain jamais écrits. dc la mort de Jean XXII (I décembre 13311 : la re trac­ 3. Questions d’authenticité. - Sur l’authenticité des taction faite par le pape a son lit de mort dc scs erreurs œuvres imprimées, voici les données principales que relatives au délai dc la vision béatlffquc a été insuffi­ nous possédons: Pour le commentaire des Sentences, sante cl. dès lors, inopérante. Michalski a montré que le texte du premier livre est 1. Compendium errorum papa-, Go Idas t, t n. p. 957une ordinatio, revue par l’auteur; les livres 11. III, 976, a été certainement rédige après la mort de ct IV ne sont que des reportationes. Le criticisme et le Jean XXII (I décembre 1331) et probablement avant scepticisme, etc..., p. 2 sq. En cc qui concerne le pre­ 1338 : Jean XXII a commis deux erreurs essentielles, mier livre, les éditions imprimées ne diffèrent en rien il a tenté dc sc soumettre l’empire romain el il a déclaré du texte des manuscrits ·. Michalski. Les courants, de... erronée et illicite la profession que font dc la pauvreté p. 8. les frères mineurs. Hochsletter note des différences importantes entre 14’ Defcnsorium contra Johanncm papam, publié par les deux éditions des Quodlibct et tient celle dc Paris Brown, dans Easciculus rerum expetendarum ct fugien­ pour la meilleure, loc. cit., p. 2. darum, Londres. 1690, t. n, p. (39-165, et déjà aupara­ D’après Prantl, ni V Expositio aurea, ni la Summa vant, en 1512 et 1513. puis repris dans Bnluze-Mansi, totius logictr ne remonteraient a Occam lui-même dans Miscellanea. t. m. p. 3H-315. C’est un apjicl adressé tout leur texte. Gcschichte der Logik im Abcndtande, par les franciscains ,i l'ensemble du peuple chrétien ct t. m, p. 329. note 739 et 740 Michalski admet au con­ reprenant contre Jeun XXII les griefs ressasses par traire l'authenticité des deux logiques. Les courants philosophiques à Oxford et à Paris pendant le λ/γ· siè­ l'Opus A<. dierum. L. Oligrr a démontre que cc traité ne provenait ni d’Occam, ni dc son entourage, mais des cle, Cracovic. 1921. p. 7. Hochsletter fait encore des milieux frai icelles italiens de la seconde mollir du réserves pour VExpositio aurea, loc. cit., p. 1t. xiv· siècle. \rch. franc, hist., L iv, 1911, p. 16-23; t. vi, 4. Questions de chronologie Nous n’entrerons pas |‘H3. J». 712 745 I dans les discussions encore confuses sur la chronologie 5. Tractatus ostendens quod Benedictus papa XII des œuvres. Notons seulement que Hochsletter pro­ nonnullas Juhanyis A A 11 h.vrrses amplexus est et de­ pose l’ordre suivant : le Commentaire, le Dc sacramento fendit, en 6 livres, contenu dons le Paris, lut. altaris, les Quodlibct, la Summa totius logiar. loc. cit., fol. 21 I \’-262 r», où il ligure avec d'autres œuvres p. II. d’Occam de meme inspiration: extraits et analyse Michalski qui soutient l’authenticité de I’Expositio dans Si hui/, i π. p 103 117. aurea la considère ranime antérieure au commentaire 6. Allegationes dc potestate imperiali, contenu dans Les sources du criticisme d du scepticisme dans ta philo­ le Vatie putat, lut. 67*.ι, pars I. fol 177 v° 156 x ·. publié sophie du Λ7Γ· siècle, Cracovic. 1921. p. 20. de la même manière dans Scholz. I n, p. 117-132. Ju>2° Ouvrages relatifs à la politique ecclésiastique. li lient ion des décisions prises à Hense et à Francfort Nous avons indiqué dans la biographie d’Occam. (cidessus, col 870-1). Occam.qui jusque là.s’êluil can­ col 869 sq , les dates de composition des principaux tonne duns les récriminations contre les erreurs de ouvrages et les circonstances qui les ont fait naître. La Jean X\H. s’alta<(uc maintenant au problème plus majeure partie dr tes traités a été imprimée (ou réim­ général des rapports entre l’Eglise et l'Empire, ct tout primée) par Melchior Goldasl dans la Monarchia ro­ spécialement à l’origine de la juridiction impériale. mani imperii (3 in-fol., éd. d’Amsterdam, 1631 ; repro­ ( est la question qu’il va étudier dans les ouvrages duite à 1 ram-fort, 1668). A l’ordre arbitraire de Gol· dost il convient de substituer l’ordre chronologique; ( suivants. l.üclo quu stioncs super potestate ac dignitate pupuli, nous insérerons à leur place les ouvrages publiés ail­ Goldast, t. n, p. 31 1-391. qui date dc 1339-1312. Tout leurs ou demeurés inédits Nous nous appuierons sur l’art de IL L. Pool dans le Diction, of national biogra­ en se défendant dc prendre position et en faisant valoir avec une grande virtuosité dialectique le pour el le phy, t. xt.1, 1895. p. 357 sq.. rt sur le travail dc S. liiez.· 1er, Die literarisrhen W idertacher der Pdpsle zur Zeit contre de chaque opinion, l’auteur u’urrive pas à dissi­ Ludwig des Raters, Leipzig, 1871. surtout p. 213-278, muler son attachement à la thèse impérialiste. S. Hiezdont Pool s’est lui-même inspiré. Nous tiendrons Icr, loc. cit., p. 250. a attiré l’attention sur le fait que le 875 OCCAM. ORIGINALITÉ Doctor venerabilis, auquel renvoie plusieurs fois Occam, n’est autre que Lupoid de Bebcnburg (voir ici. t. ix, col. 1143) dont le traité De juribus regni et imperii avait paru en 1339. Occam, d’ailleurs, se sépare sur plu­ sieurs points de l’auteur allemand. S. An rex Anglia: pro succursu guerrre possit recipere bona ecclesiarum, Scholz, t. n, p. 132-153, doit dater de 1338-1310. La réponse d‘Occam est affirmative; l'autorisation du pape pour la levée de ccs subsisdes n’est pas nécessaire. 9. Tractatus de jurisdictione imperatoris in causis ma­ trimonialibus, Goldast, t. i, p. 21-24. très brève con­ sultation rédigée en 1312. comme le mémoire de même titre attribué à Marsilc de Padoue (voir ici. t. x, col. 158). L’authenticité de l’un cl de l’autre écrit a été contestée;S. Biezler croit que celle du traité d’Occam est vraisemblable, sinon au-dessus de toute contestation. Loc. cit., p. 256. La thèse de l’auteur est que, la preuve de la nullité du premier mariage de Marguerite Maultaschc étant faite, il n’y a pas lieu de recourir a l’autorité du pape pour une déclaration de nullité. Λ la vérité, il s’agit bien Ici d’une de ces causes que se réserve la curie romaine; mais cette réserve ne peut priver l’empereur de ses droits souverains. Ici l’auteur, élargissant le débat, comme il l’avait fait dans le traité précédent, explique de manière catégorique scs idées sur l’origine et les limites de l’autorité ponti­ ficale. 11 faut transcrire ce passage qui résume aux mieux les idées d’Occam â ce moment. Dicitur itaque, quod quamvis romanus episcopus sit vi­ carius Christi, non succedor proprie, ct ideo Christo in po­ testate sit inæqualls, cum potestas vicarii potestati illius cujus vices gerit non debeat adirquiiri ;undcct limitation ha­ bet a Christo, ut omnia possit de jure ousser9 formule ct que Pacte de connaître n’a point la réalité d’un ac­ une conception générale de V intentio : in omni inten­ cident, mais celle d’une relation. Deux perspectives tione emanat et procedit non aliquid aliud, *ed ipsamet opposées sur la connaissance dépendent ici dc l'oppo­ res cognita secundum quod habet terminare intuitum in­ sition de deux métaphysiques : pour le nominalisme tellectus. 1 Sent., dist. XXVII, q. m, C; dans l inteid’Occam. Il n’y a d’étre que dans les substances et acci­ lection, comme dans le sens d’ailleurs, l’acte dc con­ dents absolus; pour Durand, on en trouve dans les sub­ naître pose la chose connue dans un être intentionnel, tantes, les accidents ct les relations. distinct dc l’être réel : in actu intellectus de necessitate 5. Feckes, sans admettre une influence, montre dans res intellecta ponitur in quodam esse intenlionali conspi­ la théologie dc la grâce de Durand de Saint-Pourçain cuo et apparenti,... actus sensus exterioris ponit res in une certaine anticipation de la théologie nominaliste e.vse intentlonuh ut patet in multis experientiis. Ibid. d’Occam et dc Gabriel Blel, Die Recht/ertigungslehre Pierre d’Auriole veut que toute connaissance sc ter­ des Gabriel Blel und ihre Stcllung innerhalb der nomimine ά un être intentionnel de la chose, distinct de son nalistichen Schute, Munster, 1925, p. 96-101. On trouve être réel ct né de Pacte d’intellection. Occam ne veut sans doute chez Durand le thème de la pure libéralité pas de cet intermédiaire entre la chose ct l’acte de con­ de Dieu, que nous avons relevé dans le nominalisme. naître, esse quod s it medium aliquod inter rem el actum Voici le texte dc la première rédaction de son com­ cognoscendi ; il l'admettrait tout au plus dans le cas du mentaire : Nihil omnino nec gloriam nec qitodcumquc concept, notitia abstraction qua habetur universale in aliud bonum spirituale vel corporale, possumus mereri intellectu. Ibid., J. Cela suffit sans doute pour mettre apud Drum merito de condigno, sed solum de congruo; entre les deux théories de la connaissance une opposi­ quod patri, quia illud, quod quis assequitur ex sola libction essentielle. rutilate dantis, non cadit sub merito de condigno, quia, 3. Occam critique encore Auriolc dans les questions quod redditur pro merito dc condigno, redditur secun­ sur In justification. Nous avons vu que,sur le problème dum debitum et non secundum gratiam. Meritum enim dc la nécessité de bi grâce créée» Pierre d’Auriolc est condigni innititur justitia non gratia*. Sed quidquid a vraiment ■ l’adversaire · d’Occam, ct que. pour ce der­ Deo consequimur, sive sit gratia, sive gloria, bonum spi­ nier, c’est l’idée même du Dieu dc puissance ct de misé­ rituale vel temporale, totum est ex mera libcrahtate Dei. ricorde qui se joue dans cette discussion. Nomina­ Ergo, etc... Quicquid ergo a Deo recipimus, non reddi­ lism i . col. 775. Jusqu’à Gabriel Blel, tous les nomi­ tur ex aliquo debito, sed impenditur; et ideo, si decedenti nalistes reprendront l’attitude d’Occam. Feckes, Dtc in gratia Deus non daret gloriam vel habenti au/erret, nihil injustum /aceret. Sed deberet (alis dicere, quod scri­ 1 Recht/ertigungslehrc des Gabriel Riel, Munster, 1925, p. 91. Voilà une doctrine fondamentale ct caractéris­ ptum est Job, t : Deus dedit, Deus abstulit, sit, etc., dans tique du nominalisme, où s'affirme avec lu notion dc la Koch, Durandus de S, Porciano, p. 2G 27. Mais un grâce une conception dc Dieu ct de la nature humaine, thème spirituel n’est pas toute une théologie. Il faut qui s’est definie par opposition à la pensée dc Pierre considérer aussi la métaphysique A laquelle elle em­ prunte sa technique : la doctrine de Durand sur In jus­ 1 d’Auriole. I. Il semble qu’Occam ne connaisse Pierre d’Auriole tification est dépendante dc la doctrine dc la relation, «pic pour le critiquer. Cependant, quoi qu’il en soit qui n’a rien d’occamiste. ibid., p. 191. d'une influence que rien ne prouve ct que rend impro­ Au moins quant â l’essentiel de sa doctrine ct dc bable l’aveu roduisaicnl strictement le texte dc l’auteur incriminé, à plus forte raison n'nvuient-ils pas à se demander si l’accu­ sation avait etc fidèle à rendre l’esprit meme du texte original. Dans l’ensemble néanmoins il ne parait pas que ces disjecta membra défigurent la pensée même de Guillaume d’Occam. La présence, parmi les censeurs, dc l’ancien chancelier d’Oxford. Jean Lut terril, préoc­ cupe d’arrêter la marche envahissante dc cette doc­ trine pestilentielle ». si elle n’était pas. pour l’accusé, une spéciale garantie, permettait du moins a la com­ mission d’enquête d’être Informée par un témoin ocu­ laire dc la façon dont on entendait, a Oxford, les thèses soutenues par le jeune bachelier. las articles examinés sont présentés sans aucun ordre apparent. Si les premières propositions donnent a penser que l’on s’occupe d’abord de la doctrine de la Justification, elles sont interrompues par des textes relatifs a divers péchés, lesquels reviendront sous une forme analogue un peu plus loin. Des propositions d’ordre strictement philosophique viennent couper des développements théologiques, ct ainsi de suite. Pour la darle dc la présentation, il nous parait indispensable <891 OCCAM. LE PROCÈS DE 1326 de grouper ces articles de manière logique; l’on verra ainsi, du premier coup d’œil, les points de loccamlsme qui ont excité d'abord les soupçons, ct l’appréciation que, dès le principe, portèrent sur elles des théolo­ giens qui n’étalent pas sans valeur Nous modifions quelque peu le classement donné par A. Pclzcr. loc. cil, p. 242; nous étudierons d'abord les propositions se rapportant â la philosophie, puis celles qui ont trait à la théologie dogmatique ct morale. 1. Propositions relatives à la philosophie. Elles portent sur un procédé dialectique (39); le mouve­ ment (50); l’espace (47, 48); la connaissance (10, 13, 30. 31, 31, 38); les rapports de l'Amc et du corps (49). En exprimant leur jugement, les censeurs font remar­ quer qu’il s’agit là d’opinions qui ne touchent ni la foi. ni les mœurs, mais qui, en certains cas, pourraient, si l’on en tirait des déductions théologiques, conduire à l’erreur. Le procédé dialectique, signalé à l’article 39, est simplement qualifié ridiculosum nec dignum improba· Hone; l'article 50, qui ramène tout mouvement au mouvement local, provoque cette remarque : est mere philosophicus el conclusionem credimus esse /alsam: les art. 17, 18. relatifs à la possibilité pour une substance corporelle d’être à la fois en plusieurs lieux (per poten­ tiam divinam et non virtute propria), cl inversement pour plusieurs corps d'être à la fois dans le même lieu, amènent ce Jugement : reputamus /alsum ct impossibile etest mere philosophicum, — Les questions relatives à la théorie dc la connaissance soulèvent des problèmes plus délicats; les censeurs se rendent plus ou moins compte des conséquences agnostiques de certaines propositions d’Occam sur le caractère subjectif de l’intuition (art. 10), sur le caractère notionnel et non réel de la science (art. 13). De la première ils disent qu’elle est simpli­ citer /alsa, periculosa et erronea; de la seconde qu'elle est simpliciter sophistica continens multa /alsa quæ sunt expresse contra philosophiam et applicata ad aliqua theo­ logica essent huretica. Les ari. 30 el 31. cf. 13. sur Ia nature des idées (idea est ipsamel res singularis co­ gnita) et la distinction réelle entre les facultés sensi­ tives sont appréciées de manière plus bénigne : Depu­ tamus simpliciter /alsos. Sed quia sunt mere philoso­ phici, non reputamus eos continere aliquid erroneum contra fidem aut bonos mores. — L’art. 34 : aliquis po­ test habere fidem circa principium et noticiam eviden­ tem circa conclusionem, est simplement déclaré /alsus, ista tamen /alsitas non est contra fidem vel bonos mores. — L’art. 38 n’est pas réprouvé pour lui-même, car sa doctrine csl correcte: pour saisir l’évidence d'une pro­ position, il faut avoir la connaissance intuitive (voir col. 753) d'un des termes au moins dc la proposition. Dès lors, dans l’état de voie, il est des vérités contin­ gentes qui ne peuvent être connues avec évidence : l’incarnation, par exemple, ou la résurrection future. M ds, comme l'article se termine par un doute ; Utrum aliquis intuitive videns essentiam divinam possit eas (veritates) evidenter cognoscere dubium est. c’est contre ce doute que s’élèvent les censeurs, en qualifiant d’hé­ rétique semblable supposition. — L’art. 19, relatif au caractère naturel de la résurrection, qu’Occam d’ail­ leurs ne tranchait pas. amène ce jugement : Dicimus quod animam posse reunire sc corpori per se ipsam na­ turaliter est /alsum. — Mais, comme le lecteur l’a déjà remarqué, nous sommes passés, avec ces derniers ar­ ticles, du domaine de la philosophie dans celui dc la théologie. 2. Propositions relatives à Dieu et a la connaissance que nous en pouvons avoir (cf. col. 755 sq., et 779 sq.). Qjc sur Dieu nous ne puissions rien énoncer, comme le déduisent les art. Il et 12. c’est contre quoi s’élè vent les censeurs. Cet agnosticisme leur apparaît faux, ridicule, périlleux, car nous avons par les créatures S92 une certaine connaissance de Dieu et sur lui nous for mons des propositions qui sont vraies. Quant ή une supposition d’Occam, «railleurs d'ordre purement lo­ gique (de virtute sermonis) à savoir que ex puris natu­ ralibus potest ita bene cognosci trinitas personarum si­ cut essentia divina, elle est qualifiée d'error apertat, cl même d’hérésie, quia trinitatem personarum tenemus sola fide Deum autem esse est demonstratum a philoso­ phis ct in Sacra Scriptura testatur. L’agnosticisme occamlste est également réprouvé dans les art. 11-18. Li censure de 1’art. 1 I sc réfère d'ailleurs à celle dc l'art. 11. mais elle csl plus sévère encore ; dicere quod essen­ tia divina non possit cognosci in via nisi ipsa prius priecognoscatur hicrcticum reputamus. Quant aux art 15-18, qui sont examinés ensemble, les censeurs esti­ ment qu’ils se ramènent à ceci : Notre connaissance de Dieu sc termine exclusivement au concept que nous nous formons dc Dieu. C’est là. déclarent-ils, une hé­ résie manifeste. Erreur aussi de prétendre, art. 29, que les idées dans la pensée divine ne sont pas réellement l’essence divine (cf. col. 760) : Asserere essentiam nullo modo habere rationem idav respectu creaturarum esi erroneum; ct. art. 13. Occam, on l’a dit (coi. 757), est amené par sa cri­ tique dc la distinction de raison à nier toute distinc­ tion des attributs divins, art. 25, 26, 45. A quoi les cen­ seurs répliquent : X égaré attributa divina di/Jerre ra­ tione est /alsum in philosophia cl in theologia el clare contra dicta sanctorum, Quant au mode d’argumcnlation qui permet à Occam de jouer sur des propositions comme celle-ci : intellectus divinus est divina essentia et non est divina essentia, ils affirment que de tcllcssubtilités dialectiques sont subversives, tout autant delà philosophie que dc la théologie. Plus graves encore sont les conséquences relatives au dogme trinitaire qui résultent, chez Occam, dc la critique des idées dc relation el dc distinction (cf. col. 776 sq.). Cette critique est examinée dans les art. 27, 28. 37. Il, 42. 44. Notons d'abord l'examen, art. 28 (cf. art. 42. 2« partie), d'une assertion d’Occam, selon laquelle on peut mettre exactement sur le même pied le concept d’une nature finie, numérique­ ment une ct multipliée en trois personnes, elle concept de la nature infinie semblablement multipliée; simple jeu dc logique, auquel les censeurs n'attachent pas une capitale importance. Mais ils maintiennent avec fer­ meté, à l’art. 27 (cf. art. 44), la valeur ct l’utilité des formules réduplicativcs employées pour distinguer l’essence divine, suivant qu’elle est envisagée dans le Père ou dans le Fils. Dc même, tout en réservant les discussions d'école, ils maintiennent la valeur dc la distinction entre les quatre relations dans la Trinité, art. 37 : N égaré quatuor relationes inter se diflere in divinis est /alsum et erroneum. La concession faite par Occam que tout concept vrai dc l’essence est également vrai de la personne, art. 41, est jugée fausse el erronée, car. disent les censeurs : aliqui conceptus dc essentia sicut communicabite, indistinctum et similiter [sun/ incomposst biles persona·] et quidam conceptus de per­ sona sunt incompossibilcs essentia sicut incommunica­ bile, distinctum ct quidam alii. L’assimilation, tentée par Occam entre le rapport dc l’essence aux attributs et le rapport de l’essence aux relations personnelles, est également critiquée, art. 42, P* partie. — Un seul des articles examinés touche immédiatement la chris­ tologie. n. 24. l ue expression ambiguë d’Occam lais­ sait croire qu'il concédait l’existence dans l’humanité du Christ, a quelque degré, de la /ornes peccati, au moins sous la forme d’inclination cum rebellione et ali­ qua inobedientia ad rationem; pareille supposition csl qualifiée d’erronée. On en rapprochera l’art. 36, bien caractéristique de la manière d’Occam : Deus posset peccare si assumeret naturam humanam sine donis ah- 893 OCCAM. LE P II OC IsS DE 1326 894 quibus et natura esset sibl derelicta, nec est hoc magis scripturaires pour démontrer la transsubstantiation); col. 1310 (nature de la transsubstantiation); col. 1312 inconveniens. Les censeurs se montrent d'ailleurs in· (mode dc présence du Christ dans I eucharistie); cl â dulgents pour cette fantaisie dialectique, qui a sur­ tout l’inconvénient d’être mal sonnante aux oreilles l’art. Eucharishoues ( Accidents), col. 1394.Cette doc­ trine a été d'abord exposée dans le Commentaire des des simples; mais ils ajoutent sagement : Dc virtute Sentences, I. IV. q. vi, ct dans plusieurs questions des conclusionis sunt opiniones inter doctore*, H valait la Quodlibel : 11, q. χιχ; IV. q. xx-xxxix ; \ 1, q. m. peine dc relever cc libéralisme, 3 Propositions relatives à la justification. — La doc­ Le Iraité spécial t)e sacramento altaris nous par dt avoir été rédigé postérieurement au procès de 1321; d'une trine classique des habitus n’avait pas plus trouvé part, il s’efforce de tenir compte de certaines des cri­ grâce devant Occam que les théories sc rapportant tiques qui ont alors été faites; d’autre pirl. il mdn aux distinctions cl aux relations. Or, dès ce moment, lient énergiquement et défend à grand renfort de pour beaucoup de théologiens, la justification importe preuves l’idée qu’il n’est pas indispensable, du point l'infusion dans l’âme dc cet habitus surnaturel qu’est de vue dc la foi, de faire dc la qu mille une réalité dis­ la grâce sancti liante, véritable entité distincte dc la tincte dc la substance. Voir ici, t. v. col. 1395, l’éner­ substance même de l’âme. (Ici habitus est le fondement gique revendication qu’Occum émet de son droit à phi­ même du mérite; sans lui aucun acte n’a de valeur losopher sur ccs matières. K. Michalski situe pourtant pour la vie éternelle. Ces divers points étaient contes­ â Oxford la composition du petit traité De sacramento. tés par Occam (cf. col. 775 el 878), cl c’est de quoi il Voir Les courantt philosophiques a Oxford ct à Paris lui csl fait grief dans la critique des art. L 2, 3, I. G, 7, pendant le Λ7Γ· siècle, dans Bulletin de P Académie des 8. L’explication proposée, au moins a titre hypothé­ sciences et lettres de Cracovie, année 1919-1929, p. 61. tique, par Occam ct suivant laquelle la justification Quoi qu’il en soit, dans le rapport dc 1326, cinq ar­ doit s’envisager surtout a parte Del. comme le mouve­ ticles successifs, 19-23, sont examinés et censurés. ment de Dieu acceptant les démarches, plus ou moins Selon le n. 19, la doctrine de la persistance de la sub­ spontanées (col. 772), de l’homme est vivement prise stance du pain après la consécration (doctrine que à partie par les censeurs. Outre qu'ils croient remar­ l’Église réprouve) aurait au dire de I auteur, moins quer dans les explications d’Occam un relent dc péla­ d'inconvénients, au point de vue dc la raison, que gianisme, ils insistent sur l’opposition qui s’avère celle que tient l'Église; la transsubstantation, en entre elles et la doctrine désormais courante sur les effet, implique la plus grave des difficultés, c’est a sa­ rapports entre grâce sanclili into el mérite. Per totam voir celle qu’un accident peat demeurer sans sujet. Il deductionem (auctoris) apparet quod ipse intendit quod nullus est habitus caritatis... Quod intendat excludere I va dc soi qu’Occam ne nie pas cette transsubstantia­ tion enseignée par la foi; mus la comparaison qu’il caritatem a merito patet in singulis contentis in sua esquisse entre cette doctrine ct celle dc la · perma­ deductione (art. 1). Ils sont, comme de juste, moins nence · est qualifiée de téméraire, périlleuse, contraire sévères contre ceci que contre les tendances pélaà la révérence duc à l’Église. [Rapprocher d’une er­ glenncs qu’ils croient découvrir chez l’auteur, et qui reur relevée dans l’enseignement de Durand dc Saintsont expressément réprouvées aux art. 1, 2, L C’est Pourçain, voir Duplessis d'Argenlré, Collectio judicio­ du même point de vue que les censeurs envisagent les rum, t. i a, p. 330, n. v |. — D’ailleurs Occam estime, atllnnations ou les simples suppositions d’Occam rela­ contrairement à l’opinion commune, que dans l'eu­ tives à la coexistence possible dans une âme dc la charistie la substance du pain est vraiment anéantie, coulpc ct dc la grâce, art. 7 cl 8. Cette supposition est art. 20. — Il allègue, sans la combattre, l’opinion scion déclarée fausse et erronée. On rapprochera dc ccs art laquelle substance ct quantité s’identifient, art. 21, le n. 51, affirmant que le péché n’est pas la privation ce qui est, disent les censeurs, contre la pensée des dc quelque bien inhérent â l’âme, mais simplement la saints docteurs ct des philosophes, que nous estimons privation d’un bien futur qui arriverait â l’âme si clic vraie. Posée d’ailleurs cette assimilation de la sub­ n’avait pas péché. Cet article, pour des raisons que stance et de la quantité, continuent-ils, nous déclarons nous ignorons, n’a pas reçu dc qunllûcfltlon lliéoloerroné, périlleux cl contraire aux déterminations de gique, du moins le ms. ne l’a pas conservée. l’Église cc qu’il dit de l'eucharistie, à savoir que seule Par contre les censeurs sont revenus, â la lin dc leur la substance (du pain) est changée (au corps du Christ), mémoire, sur une proposition qu’ils avaient d’abord alors que demeurent la quantité et les autres accidents. qualifiée de manière assez bénigne. Il s’agit de l’art. II). — La critique (aile à l’art. 22 : « Le corps du Christ au Voulant prouver que l’acte dc la vision béatlllque est Saint-Sacrement peut être vu corporellement «s’adresse directement produit par Dieu, Occam critiquait le non â la proposition elle-même, mais à la doctrine concept du lumen gloriir, lequel joue en somme, par générale d’Occam sur les perceptions sensibles (dans le rapport â l'acte dc la vision béaliflque, le même rôle De sacramento, c. vu, Occam abandonne cette asser­ que l’habitus dc la grâce sanctifiante par rapport aux tion). — De même la critique dirigée contre l’art. 23: actes élicilés par celle-ci. Les censeurs n’avalent « la venue du Christ sur l’autel amène en celui-ci un d’abord retenu comme blâmable que cotte critique. Il leur apparut, â plus ample réflexion, que la proposi­ changement local», vise plus encore la théorie générale du mouvement que l’application particulière qui en tion d’Occam était plus dangereuse qu’il ne paraissait « st faite ici d’abord : ■ Si la majeure posée par lui était exacte, 5. Propositions relatives aux doctrines morales. — disent-Ils, Il s’ensuivrait que tous nos actes méritoires Nous avons déjà rencontré la proposition 51. relative ne tireraient leur caractère méritoire que de Dieu seul â la nature du péché, et qui tendait â faire de la coulpc ct non point de notre action personnel!©. » G’cst la cri­ plutôt un litre au châtiment qu’une réalité positive tique, en définitive, dc la théorie générale d’Occam, sui­ Inhérente â l’âme. — L’art. 9, omne positivum in pec­ vant laquelle le mérite repose avant tout sur l’accep­ cato potest caasari sine omni peccato, est sévèrement tation dc Dieu (cf. col. 772 et 879). jugé : hoc est falsum et hxrettcum dc illis peccatis qua I. Propositions relatives ά Peucharislie. — La dialec­ directe sunt contra Deum objective, sicut odire Deum. tique d’Occam n’avait pas épargné les concepts clas­ Tale positivum non potest esse sine deformitate peccati. siques, d’ordre dogmatique ou simplement théolo­ \ussl bien Occam professail-ll sur Podium Dei une gique. relatifs â l’eucharistie. Son enseignement sur le sujet n’a pas été touché â l’art. Nominalism!. Les doctrine que l’on retrouve, au même moment dans points essentiels ont déjà été traités â l'art. Eucha­ Kobcrt llolkot : Odire Deum, dit Part. 5. potest esse ristie, t. v, col. 1305-1306 (valeur des arguments actu* reclus, in via et a Deo præceptus; double asscr- «93 OCCAM ET L’UNIVERSITE DE PARIS lion fausse cl erronée, remarquent les censeurs. — Ils ion! plus indulgents, d’ailleurs, pour une déduction qui n'est pas sans analogie et sc rapporte à l'amour de Dieu dans l’étal de terme : Videns essentiam divinam et carens per potentiam divinam absolutam dilectione Dei potest nolle Deum (art. 46). lui réponse des cen­ seurs est à signaler, peut-être pourrait-elle s’appliquer a bon nombre des articles visés : Dicimus quod arti­ culus iste potest transire sicut disputabilis, accipiendo • nolle Deum » sub aliqua speciali ratione, s· tamen sup­ positio sit vera. - Même moderation dans l’examen de l’art. 35 : Existent in caritate potest habere, habitum odiendi Deum. A quoi les censeurs répondent : « S’il s'agit d’un habitus (odiendiDeum) qui ait precede l'in­ fusion de la charité (ou de la grâce), il peut y avoir dis­ cussion; mais s’il s'agissait d'un habitus s’installant dans l'âme après ladite infusion, habitus qui ne peut être engendré que par des actes mauvais, dont chacun détruit la charité, la proposition est hérétique. > 6. Conclusion. De cette revue des articles incri­ minés ct des qualifications portées sur eux, une con­ clusion parait dégager. La commission pontificale a .'oigneusement fait le départ entre les doctrines stric­ tement philosophiques d’Occam cl les opinions théo­ logiques avancées par cclui-cL Si elle ne dissimule pas l'aversion que lui causent beaucoup des premières, elle reste fidèle néanmoins a la théorie de la distinc­ tion des domaines et s’abstient d'in figer aux proposi­ tions de ce genre aucune censure théologique. Pour ce qui est des allégations d’Occam louchant aux ques­ tions de dogme ou de théologie, la commission dis­ tingue aussi, avec beaucoup de finesse, entre ce qui est enseigné par l'auteur, cl ce qui est simplement pro­ posé par lui à titre d'hypothèse, ou encore concédé au cours de l’argumentation. De ces suppositions beau­ coup sont écartées par les censeurs comme Incom­ patibles avec* l’enseignement courant, plusieurs néan­ moins reçoivent un transeat qui n'est pas sans intérêt. Pour ce qui est des afllrmatlons précises d’Occam, on aura remarqué que la commission a retenu surtout et censuré celles qui étalent relatives à la connaissance de Dieu, de son essence, de ses attributs, des rela­ tions personnelles dans la Trinité, ct d’autre part à la doctrine des habitus. Encore sur ce dernier point évite-t elle les qualifications extrêmes, réservant ses sévérités pour le pélagianisme larvé qu'elle c roit décou­ vrir cn l'auteur. En définitive, il faut cn rabattre quelque peu de l'affirmation d’A. Pelzer: «La commis­ sion d’Avignon, dit-il, atteint, au lendemain de ton apparition, le principal ouvrage théologique du nova­ teur et réprouve une cinquantaine de scs afllrmatlons, la plupart du chef d’erreur ou d’hérésie. · Op. cd., p. 248. A coup sûr, la commission s’est montrée sur­ prime de celle dialec tique souvent Intempérante el des propositions parfois effarantes qui cn découlaient. Elle s’est alarmée du péril que ces méthodes, qui n'étaient pas nouvelles, pouvaient c réer. Mais c’est sur un assez pclil nombre de points qu’elle est arrivée à prendre cn défaut le subtil dialecticien. Le fait qu'aucune con­ damnation précise n’a suivi ce rapport, si défavora­ ble tomme toute à l’accusé, n'inviterait-il pas ù penser que le bachelier d’Oxford a su sc défendre et justifie r par de sagaces argumentations les positions qu'il avait adoptées? En toute hypothèse, l’historien de la théologie médiévale doit tenir compte de ce fait, tout extr. ordinaire qu’il paraisse, que, maigre les désirs de plusieurs, l’ensemble du système occamiste n’a pas été atteint, lors de son apparition, d’une réprobation caté­ gorique, cjul nous semblerait aujourd’hui avoir dû aller de soi. 2· L’université de Paris et la doctrine occamiste Nous n axons pas de renseignements précis sur les dé­ buts de l’agitation occamiste à Oxford; nous n en 896 avons guère plus sur le moment ou la doctrine d'Or cam a pénétre1 dans l’université de Paris. On sait le suc­ cès triomphal quelle devait finalement y remporter. Or ce succès n’a été acquis qu'après des luttes asset vives. La première résistance vint de la faculté des arts C’est auprès des jeunes logiciens que la dialectique subtile du bachelier d’Oxford avait le plus de chances de trouver accueil. Quatre-vingts ans plus tôt, c'était dans la rue de Fouarre qu’on s'était passionné pour les argumentations dont les doctrines d’Averroès fai­ saient les frais; c’était maintenant autour des subti­ lités de la logique occamiste que l'on bataillait. Lee jeunes bacheliers, au cours de ces disputes, perdaient aisément le sens du respect qu'ils auraient dû témoi­ gner aux maîtres. In disputationibus qiuv fiunt in vico Straminum talis abusus inolevit quod bachellarii el alti in disputationibus dictis existentes propria auctoritate arguere présumant minus reverenter sc habentes ad ma­ gistros, qui disputant, tumultum faciendo adeo ct in tan­ tum quod haberi non potest conclusionis disputande ve­ ritas, nec dictu disputationes in aliquo sunt scalaribus audientibus fructuosa. Denifle ct Chatelain, Chartula rium universitatis Parisiensis, n. 1023, l. n, p. 485. L Le décret de 1339. Plus encore que ces désor­ dres. le caractère de nouveauté de la logique occamistc avait alarmé les dirigeants. Ils décidèrent de proscrire celle-ci, pour autant qu’elle était justiciable de la faculté des arts. C'est le sens du décret rendu par la faculté le 25 septembre 1339. Chartul. univ. Parts., toc. cil. Il va à faire respecter les anciens statuts rela­ tifs à l’admission des livres destinés aux leçons pu­ bliques ou privées : aliquos libros per ipsos (se. prxdecessores nostros) non admissos vel alias consuetos legere non debemus. Or. il est arrivé que plusieurs ont répandu la doctrine de Guillaume, dit Okam : nonnulli doctrinam Guillermt dicti Okam dogmatizare prtrsumpserunt publier ct occulte, super hoc in locis privatis con­ venticula facienda. Cette doctrine n’a pas été admise régulièrement par les dirigeants (ordinantes), par ail­ leurs elle n’est pas une doctrine courante, elle n’a été examinée ni par la faculté, ni par les autorités que ce soin regarde, toutes raisons qui la rendent suspecte, propter quod non videtur suspicione carere. En consé­ quent e, la faculté décide que nul dorénavant ne devra enseigner ladite doctrine : nullus de entero prœdidam doctrinam dogmatizare prœsumat audiendo vel legendo publice vel occulte, nec non conventicula super dicta doc­ trina disputanda faciendo vel ipsum (Il s’agit d’Occam) in lectura vel disputationibus allegando. Des peines sé­ vères étalent prévues à l’endroit des contrevenants Jean Buridan, qui avait été recteur de l’université cn 1328, ct qui continuait pour lors à régenter à la faculté des arts, était il spécialement visé par cette condamna­ tion. On l’a pensé, ci. dans Duplessis d’Argentré, Collectio judiciorum, l. i a, p. 337. K. Michalski conteste ce joint, estimant que Buridan a fort bien pu contresi­ gner le décret; il y a une nuance importante entre le nominalisme du docteur parisien el celui du bachelier d’Oxford. Art. cil., p. 76-77 ; cf. Criticisme ct scepticisme dans la philosophie du xrv* siècle, même recueil, année 1928. p. 118 sq. 2. Le décret de 1340. L’année suivante, la faculté fut amenée à renforcer ses prescriptions. Vole! cn quelles circonstances. Le 21 novembre, le. pape Be­ noît Xll avait cité à comparaître cn curie plusieurs membres de la faculté de théologie, pour répondre de diverses propositions avancées par eux, cl qui lou­ chaient ή des points de fol, catholicam fidem tangentia. Chartul. univ. Pans., n. 1011, l. n. p. 505. Parmi eux se trouvait Nicolas d'Autre» ourt, sur lequel nous au­ rons a revenir Les dites propositions rcllèlcnl, au moins en partie, l’enseignement d’Occam. Il est Vrai- OCCAM 897 ET L’UNIVERSITÉ semblable qu'en transmettant aux autorités universi­ taires lu citation pontificale, l’évêque fie Parti attira l’attention de celles-ci sur les conséquences fâcheuses qu’avuit déjà amenées la doctrine occamiste. Ceci expliquerait au mieux, nous semble-t-il.la délibération qui fut prise par la faculté des arts le 29 décembre suivant. Les considérants sont beaucoup plus sévères que ceux de l’année précédente; il ne s’agit plus seulement d'une doctrine qui s'est introduite sans l’assentiment des autorités, mais d’erreurs contre lesquelles c’est un devoir de prendre position. La faculté a appris que nonnulli quorundam astutiis perniciosis adhérentes... eu picnics plus sapere quam oporteat, qmrdam minus sana nituntur seminare ex quibus errores intolerabiles nedum circa philosophiam, sed el circa divinum Scripturam pos­ sent contingere in /uturum. Chartul univ. Paris., n. 1012. t. n, p. 505-507. En conséquence, la faculté promulguait quelques règles relatives aux procédés d’argumentation : · Dé­ fense de dire que telle proposition d’un auteur est fausse simplement ou de virtute sermonis, si l’on croit que l’auteur avait une Idée juste cn l’exprimant; il faut s’efforcer, par des distinctions opportunes, de faire apparaître le véritable sens de la proposition expri­ mée. — Défense de dire simplement ou de virtute ser­ monis (pie toute proposition est fausse qui serait fausse secundum suppositionem personalem terminorum (sur le sens de ce mot, voir ci-dessus art. Nomisausaii., col. 737). Cette erreur revient à la première; car les auteurs se servent fréquemment d'autres suppositio­ nes. — Défense de dire que nulle proposition ne doit être distinguée. - Défense de dire que nulle proposi­ tion ne doit être concédée, si elle n’est pas vraie dans son sens propre. » En définitive, contre l’abus d’une logique purement verbale et tropsouvent contentieuse, la faculté maintient les anciennes règles d'argumenta­ tion qui, sous les termes et les propositions, cherchent, par des distinctions appropriées, à retrouver les con­ cepts et les Jugements. Comparer ces prescriptions avec les règles rigides formulées par Nicolas d’Autrccourt, ci-dessus col. 564-565. Les dernières prohibitions de la faculté dépassent cette logique : · Que nul ne prétende enfermer la science dans les propositions ct les termes; la science atteint la réalité: in scientiis utimur terminis prorebus... ideo scientiam habemus de rebus licet jnediantibus ter­ minis vel orationibus. » Appliquant À un ras particulier et visant d’ailleurs un des articles mêmes reprochés a Nicolas d'Autre­ court. la faculté précisait : Que nul n’afllrme. sans les distinctions et 1rs explications convenables, que So• crate et Platon -ou bien Dieu et la créature ne sont • rien », car ces assertions sont de prime abord maisonnantes, une telle proposition ayant un sens faux, si l’on faisait tomber In négation, impliquée dans le mot nihil. non seulement surl’êtrc singulier, mais sur les êtres pris collectivement. - (En d’autres termes, les propositions visées n’ont un sens acceptable que si on leur fait signi­ fier qu’il n’y a pas une réalité commune à Socrate ct à Platon, ù Dieu et aux créatures, ce qui est la solution nominaliste du problème des universaux. Mais au pre­ mier abord elles semblent un défi a la raison ) La finale du décret édicte l’exclusion de la faculté contre les réfractaires, ct maintient d’autre part les mesures antérieurement prises Λ l’endroit de la doctrine d’Oc­ cam. salvis in omnibus quit de doctrina (iuillelmi dicti Ockarn alias statuimus. On remarquera cette finale; elle n’assimile pas entièrement les procédés condamnes par le décret avec la doctrine d’Occam. contre qui a été portée l’exclusive de l’année précédente; mais elle ne laisse pas d’établir un lien entre la logique occamiste ct les abus signalés ici. nier, ni: thôol. catii. L»E PARIS 898 3· Les interventions du Saint-Siège. 1 1s procès de Nicolas d’Autrccourt et ses suites La citation en curie de Nicolas d’Autrecourt, ci dessus, col. 896, aboutit finalement a une condamnation. Voir Nicolas d’Al rnneovar. col. 561 sq. Le 20 mal 1346. le pape Clément \ I adressait à l'unis mité de Paris la lettre Singularis dilectionis qui tirait de l'aventure de ce maître parisien des conséquences plus générales. Char­ tul univ Paris., n. 1125. I n. p. 587-589 Après avoir rappelé la singulière estime en laquelle le Saint-Siège avait toujours tenu l’université de Paris, le pape, ancien élève lui-même de cette glorieuse insti­ tution. ne pouvait s’empêcher de regretter tout ce qui était de nature a porter atteinte à sa lionne renom­ mée. Or il était obligé de constater que plusieurs maî­ tres et écoliers de la faculté des arts méprisaient le texte du Philosophe (Aristote) et des autres maîtres anciens, qu’lis devraient suivre, cn tant qu’il* ne sont pas contraires à la foi, méprisaient aussi les vraies expositions ct écritures (il doit s’agir des traités plus modernes par opposition aux textes des anciens), trai­ tés qui sont l’appui même de la science. Ils se tour­ naient vers des doctrines sophistiques et étrangères, enseignées, paraît-il, en d’autres universités, opinions selon toute apparence inexistantes et inutiles, qui ne peuvent mener â rien, ad alias varias et extraneas doc­ trinas sophisticas quir in quibusdam aliis doceri dicun­ tur studiis et opiniones apparentes non existentes et inu­ tiles. ct ex quibus /ructus non capitur se convertunt. Quelle indignité de mettre de la sorte Paris à la remor­ que d’universités étrangères (Oxford est certainement j visée; ne pas oublier que l’on est au début de la Guerre de cent ans), cn s’attachant â des opinions souvent inu­ tiles et erronées. Mais, chose bien plus regrettable, plusieurs théolo gicns aussi, sans égard pour le texte dr lu Bible, pour les dits des saints cl les expositions des docteurs,s’em­ pêtraient cn des questions philosophiques ct en d’au­ tres disputes de pure curiosité, cn des opinions sus­ pectes ct en des doctrines étrangères ct variées. Tout cela n’allait pas sons danger. Le pape exhortait, en conséquence, l’université â lais­ ser de côté tout ce fatras, quatenus hujusmodi pere­ grinis. variis et inutilibus, imo nocivis et periculosis doctrinis, opinionibus et sophislicationibus omissis tota­ liter et abjectis. Qu’elle s’attachât à la vérité, aux té­ moins, aux écrits, aux opinions qui appuient l’ortho­ doxie. 2. .Mesures contre Ilichard de Lincoln. — En même temps que Nicolas d’Autrccourt. d autres bacheliers de la faculté de théologie de Paris avaient été cités par Benoit XII cn cour d’Avignon (col. 896); nous ne voyons pas qu'ils aient été l’objet des peines qui frap­ pèrent Nicolas. La même citation visait un cistercien. Henri d'Angleterre (Henricus \nglicus) qui sans doute enseignait nu couvent de Saint-Bernard. Un acte pos­ térieur de Clement VI nous apprend qu’un nuire mem­ bre de celle communauté. Blchard de Lincoln avait été l’objet, lui aussi, d une dénonciation, « â cause de certaines opinions extravagantes soutenues par lui dans des argumentations >. Cité cn curie, il s’était vu inter­ dire l’accès aux grades, sauf permission spéciale du pape. Constatant d'ailleurs qu’il était venu à résipis­ cence el avait abandonné ces opinions suspectes, le pape Clément VI, â la requête des principales autorités cisterciennes, levait, le 12 novembre 1313, l’interdic­ tion portée par son prédécesseur el permettait a Ri­ chard de prétendre aux grades universitaires. Chartul. univ. Pans, n. 1076, t. n, p. 511; cf. n. 1111. p. 568 (23 juin 1315). 11 nous est. d'aillvur*. impossible de dire si les opinions reprochées à Richard s’apparentaient de près ou de loin a loccamlsmc. Ces mesures ne sont signalées ici que pour montrer l’attention que le SaintT. — XI — 29 899 OCCAM ET L’UNIVEHSITE DE PA1US Siège accorde, â cc moment, aux agitations plus ou moins profondes des docteurs parisiens. 1° Nouvelles instances de Γuniversité. — 1. L'aflaire de Jean dc Mirecourt. — Le dernier document cité nous apprend qu’en 1345, c’était le bachelier Jean de Mirecourt qui disait·, â Saint-Bernard, le Livre des Sentences. Or, cc jeune moine, qui avait été préféré à Richard dc Lincoln, allait sc trouver impliqué, à Paris tout au moins (nous ignorons si l’affaire eut un retentissement en curie) dans un procès dogmatique qui sc termina par une condamnation. Dc ce procès nous ignorons le détail, possédant seulement les Arti­ culi Johannis de Mirecuria, baccalarei in theologia Ordi­ nis Clstercicnsis, aliorumque Parisiis per 43 magistros in theologia reprobati tanquam erronei. CharluL, n.l 117, t. n, p. 610-613. La date même dc la condamnation n’est pas absolument certaine; c’est vraisemblable­ ment l’année 1317. Les articles censurés sc retrouvent, comme l’avait déjà montré Duplessisd’Argentré,Col­ lectio, t. I fl. ρ. 315-355, dans un commentaire inédit sur les Sentences, contenu dans les nus. actuels, lut. 13 882 et 13 883 de la Bibliothèque nationale. En atten­ dant de plus amples travaux sur ce personnage, voir K. Michalski, dans les deux articles cités précédem­ ment. p. 78-81 du premier, p. 46-17 du second. Il ne faudrait pas s’empresser de voir, dans l’ensem­ ble des articles attribués à Jean de Mirecourt, un reffet exact de la doctrine occamistc. Déjà Duplessis d’Argentré avait remarqué que plusieurs Idées dc Thomas Bradwnrdinc (né avant 129<>, t 1349) se retrouvaient dans notre cistercien, (’/est l'antipélagianisme dc Bradwardine qui inspire les théories si nettement déter­ ministes que trahissent les art. 9-19, 32-40. Mais l’inl uence d’Occam et, à l’estimation de K. Michalski, celle de Robert Ilolkol, sc manifestent également. El tout d'abord les art. 47-50 énoncent une doctrine de la prédestination qui parait contradictoire au détermi­ nisme cl-dcssus dénoncé : art. 48. Aliquis praedestinatur ab H'terno propter bonum usum liberi arbitrii quem Deus scivit ipsum esse habiturum, doctrine quo les autres articles reprennent sous une forme légèrement diffé­ rente. Les huit premiers articles, relatifs à la christolo­ gie ne sont guère qu’un développement de l’art. 36 re­ levé dans Occam parles censeurs dc 1326. Cf. ci-dessus, col. 892 sq. Les art. 20-23, sur les habitus, bien qu'ils aboutissent à des conclusions diamétralement oppo­ sées à celles du bachelier d’Oxford, se réfèrent visible­ ment à une idée analogue; cf. aussi l’art. 30, qui sem­ ble aboutir à la suppression du lumen gloria:, dans la vision intuitive. Le « voluntarism© · occamistc se re­ trouve dans des formules comme celles-ci : Odium pro­ ximi non est demeritorium nisi quia prohibitum a Deo temporaliter, art. 27; ponentes, ut communiter tenetur, quod intellectio, volitio, sensatio sint qualitates subjec­ tiva· eristentes in anima, quas Deus potest creare se.solo et ponere ubi vult, habent ponere seu concedere, quod Deus se solo potest jacere quod anima odiret proximum et Deum non demeritorie, art. 31. Cet article fuit allu­ sion. comme à une opinion commune,â la non-dislinctlon de l’àmc et des facultés, (‘.cite doctrine est expres­ sément enseignée à l'art. 28 : Probabiliter potest susti­ neri cognitionem vel volitionem non esse distinctam ab anima, imo quod est ipsa anima. Et sic sustinens non cogeretur negare propositionem per se notam nec negare aliquid auctoritatem admittendo. L’art. 29 s’apparente aussi plus ou moins étroitement à la doctrine occamiste : Probabile est m lumine naturali non esse acciden­ tia, sed omnem rem esse substantiam, et quod nisi esset fides, hoc esset ponendum et potest probabiliter poni. Voir ci-dessus, la doctrine eucharistique d’Occam, col. 893. On en dira autant de l’art. 44 qui tend a effa­ cer, et c’est bien là une idée occamistc, la distinction précise entre naturel et surnaturel : Suscitare aut vivifi­ 900 care mortuos seu etiam transsubstantiare panem in Christi carnem et cetera similia divina opera sunt rebm creatis naturalia, non potius supernataralia et mirabilia opera Altissimi. Bref, si les thèses soutenues par Jean de Mirecourt ne sont pus toutes, il s’en faut, des thèses occamistes, elles témoignent néanmoins que l'inlluencv du bachelier d’Oxford s'exerçait profondé­ ment à Paris, vers le milieu du xiv· siècle, ct que celte in 11 ucn ce préoccupait les autorités universitaires. A la lin du xve siècle, on considérait le Cistercien (c’est-àdire notre Jean de Mirecourt) comme un des représen­ tants de la doctrine nominaliste Ci-dessous, col. 901. 2. Autres condamnations. Faut-il attribuer à la même préoccupation le verdict prononcé, le 12 octo­ bre 13 18. parles maîtres parisiens contre plusieurs ar­ ticles d’un frère mineur, Jean Guyon? Chartul.,n. 1158, I. u, p. 622; cf. Duplessis d’Argentré, t. i a, p. 293. qui date celte condamnation de 1318 Les propositions du franciscain se rapportent a la Trinité. La I· nous pa­ raît bien rendre un son occamistc : Generare ct generari in divinis accepta notionaliter sunt idem inter se in divi­ nis. Les autres sont à l’avenant et tendent à nier l’existence des relations dans la Trinité. Dans les articles que le. franciscain Louis de Padouc est obligé de rétracter à Paris en 1362, sc retrouve un écho des propositions avancées par Jean dc Mirecourt. Charlul.. n. 1270, l. m. p. 95-97; comparer art. 11 de Jean el art. 8 de Louis. Mais nous n’avons point affaire ici à une doctrine spécifiquement occamislc. Ccs condamnations répétées témoignent du moins que l’université n'entendait pas laisser prescrire les interdictions faites dès 1339 et 1349. La faculté des arts, tout au moins, avait inscrit, sans doute à partir dc 1339, parmi les articles que les bacheliers devaient jurer d'observer, la prohibition dc la doctrine occamiste; jurabitis quod statuta jacta per facultatem arlium contra scientiam okarnicam observabitis, neque dictam scientiam ct consimiles sustinebitis quoquomodo, sed scientiam Aristotelis ct sui Commentatoris Averrois et aliorum commentatorum antiquorum et expositorum dicti Aristotelis, nisi in casibus qui sunt contra fidem. Chartul., t. ii. p. 680. 5· Les prohibitions universitaires de la fin du JD'· siècle. - Toutes ces mesures devaient demeurer ineffi­ caces. Dc très bonne heure,des hommes de la valeur de Buridan el dc Marsilc d’Inghen avalent, à Paris, adhé­ ré au nominalisme, sinon à l’occamlsme intégral. Le ralliement d’un Pierre d’Ailly ct d’un Jean Gerson, à la fin du xiv· et au début du xv· siècle, avait fait de l’université dc Paris la principale forteresse dc cc qu’on appelait désormais la nouvelle logique, la via moderna. L’adoption de celte logique amenait jus­ qu'à un certain point l’adoption dc la métaphysique et dc la théologie qui cn découlaient. Ge triomphe n’alla pas sans des résistances du parti attaché à la via antiqua. Nous n’avons pas à décrire ici les diverses phases de la lutte; signalons au moins qu’une vive réaction antinominaliste sc manifeste vers 1465. Le 12 mars de cette année, la faculté de théologie censure comme erronées trois propositions nominalistes d’un certain Jean Fabri, qui touchaient à la foi. Quant à d’autres thèses ct propositions ne relevant pas directement dc la théologie, elles sont renvoyées à l’assemblée géné­ rale de I université. Duplessis d’Argentré. op cit., t. 1 à. p. 255. Les facultés furent unanimement d’avis de renvoyer pour examen ccs propositions à la faculté des arts, avant d’en saisir à nouveau les théologiens. Du Boulay, Hist, univers. Paris., I v, p. 678. Nous ne connaissons pas l’issue de celle affaire. Le parti hostile au nominalisme continuait d'ailleurs t s inquiéter. En 1466, des visites des collèges sont 901 OCCz\M ET L’UNIVERSITÉ DE PARIS prescrites pour y découvrir les livres nominalistes qui pourraient s’y trouver : deputati sunt nonnutlt graves et docti viri qui collegia lustrarent idque ob doctrinam Guitlelmi Okam et consimiles, qutt, proh dolor, sicut mata zizaniir. radix in agro /crtilt universitatis Parlsiensis inceperat pullulare. Telle était du moins, sur la doctrine nominaliste, l’appréciation du procureur de la · na­ tion française », Roêr. Voir Du Boulay, ibid., p, 679; Duplessis d'A.» p. 256. En 1171. sc produisit un véritable coup d'État Aux élections du janvier pour la charge de procureur delà nation française, les luttes] avalent été vives entre les nominales ct leurs adversaires. Ccs derniers l'avaient finalement emporte. Jean de Monligny avait réussi à sc faire élire; il était le chef des reales; ceux-ci s’adres­ sèrent donc au roi Louis XI cl obtinrent de lui un édit, daté de Seniis le Pf mars. Texte dans Du Boulay, loc. cit., p. 706-709. Le roi y exprimait son regret de la décadence survenue cn l’université, sa tille bienaimée. Les mauvaises mœurs des écoliers le préoccu­ paient sans doute, mais aussi le fait que plusieurs, suo nimium ingenio /reti, aut rerum quidem novarum avidi, steriles doctrinas, minusque /ructuosas, omissis eorumdem Patrum rea Ii unique doctorum solidis salubribusque doctrinis, quanquam eas ipsas steriles doctrinas, in toto aut in parte, eorumdem statutorum tenore, dogmatizare prohiberentur, palam legere ac sustinere non verentur. Il fallait donc, et c’était l’avis qu’avalent donné les diverses facultés, remédier à ces abus.En conséquence, des réformes seraient faites dans le régime des exa­ mens dc la faculté des arts : les deux chanceliers de Notre-Dame ct dc Sainte-Geneviève nommeraient directement et pour le temps qu’ils jugeraient bon, les examinateurs (tentatures artium), qui seraient choisis parmi les personnes de bonnes mœurs et instruites dans la saine doctrine des docteurs réaux ci-dessous dé­ signés. Le décret continuait : Vlsuni est els (aux facultés) rursus doctrinam Aristoteli·» ej usque commentatoris A verrais. Alberti Magni, S. 'Ihomir dc Aquino, /Egidii de Borna, Alexandri de Halles, Scoti. Bona vent une, aliorumque doctorum realium, qu» quidem doctrina retroactis temporibus saim sccuraque comperta est tam in facultate arlium quam theologia·, in pnrdictn l nlversitate deinceps inore consueto osse legendam, dogma­ tizandam, discendam et imitandam, ac eamdcin ad sacro­ sanct οι Dei Ecclesia: ac fidei catholicas aedificationem, juve­ numque studentium eruditionem longe utiliorem esse et accoinodatiorem quam sit quoruudam aliorum doctorum renovatorum doctrina, ut puta Guillelmi Okam, monachi Clstercicnsis ( ■- Jean dc Mirecourt). de Ariininio (Grégoire do Bimini), Buridani, Petri dc Allinco, Mandlii (Marsilc d’lnghcn), Adam Dorp, Alberti de Saxonin. suorumque similium, quam nonnulli, ut dictum est, ejusdem universi­ tatis studentes, quos nominales seu trrniinlstas vocant, imi­ tari non verentur. Cette doctrine des nominales susdits, et de quicon- I que leur ressemble, il était désormais interdit, soit à Paris, soit dans le reste du royaume, de l'expliquer, enseigner, soutenir soit en public, soit cn secret Les chefs des collèges seraient responsables, chacun dans son établissement, de l’exécution du cette défense; les autorités universitaires et les régents des diverses facultés Jureraient corporaliter de garder inviolablcment l’édlt royal Des peines sévères étaient prévues contre les réfractaires, peines qui pourraient aller Jus­ qu’au bannissement Ix premier président du parle­ ment était chargé de recueillir les livres, ex quibus eadem ipsa nominalium doctrina procedit, d’en faire dresser l’inventaire; après examen par des personnes compétentes, on statuerait sur ce qu’il conviendrait d’en faire Rarement mesures plus vigoureuses avaient été pri­ ses contre une doctrine. Comment seraient-elles accep­ tées? I>e procureur de la nation française voudrait 902 bien nous faire croire que les résistances furent peu nombreuses; que sur le premier point, à savoir la ques­ tion du serment à prêter de non dogmatizando aut sus­ tinendo doctrinam Guttelmi Ockam, il n’y eut guère de difficultés, que la faculté de théologie,à quelques excep­ tions près, sc soumit aux prescriptions royales, que celle des arts sc rallia à l’idée d’un serment prêté sous certaines conditions. 11 est facile de voir que cette der­ nière sc soumit d’assez mauvaise grâce ct demanda un adoucissement des mesures : placuit mittere nuncios ad regem de singulis nationibus pro temperamento edidi. Quant à livrer â l’autorité les ouvrages des nominales, elle s’arrêtait à ccttc demi-mesure : ex qualibet libraria extrahere librum unum de quolibet doctor* nominale, iliumque tradere. Et. cornme le premier président du parlement jugeait insuffisante cette manière de faire ct voulait entrer en possession de tous les livres, on s’adressa encore au roi pour lui representer les incon­ vénients d’une mesure aussi généralisée. Du Boulay. loc. cil., p. 710-711. L’université qui, dans l'ensemble, avait demandé la modification dc celle partie de l’édlt, finit par obtenir gain dc cause. Sur le mémoire envoyé au roi â la suite de ccs événements par les magistri no­ minales; voir Fr. Ebrlc, Der Sentenzenkommentar Pe­ ters von Candia,des Pi saner Papites Alexanders V .dans Franziskanische Studien, Belhcft 9, 1925, p. 321-326. Le triomphe bruyant des reales devait être dc courte durée. Les élections dc janvier 1181 furent défavora­ bles à Jean dc Montigny ct à ses partisans, et le par­ lement, devant qui appel avait été interjeté, confirma la défaite de cclui-ci. Dès la fin d’avril, une lettre du prévôt dc Paris à l’université lui mandait que le roi avait donné l’ordre « de faire déclouer et défermer tous les livres des nominaux qui avaient été scellés el cloués dans les collèges de ladite université a Paris, ct de faire savoir que chacun y étudiât qui voudrait. Du Boulay, ibid., p. 738-739. La · nation germanique · exprimait sur le mode lyrique la satisfaction que lui causait cct heureux changement dans les décisions royales. Elle rendait grâce à Dieu qui avait, en ce temps pascal, éclairé le cœur du roi Très-chrétien et l’avait amené à réparer le crime commis contra doctrinam nominalium famosissimam. La « nation » sc félicitait de cc que ccttc doctrine salutaire, chrétienne, splendeur dei’université, flambeau du monde, était remise sur le chandelier, puisque le roi Très-chrétien voulait que les livres qui la contenaient fussent rendus à la liberté. Pour être moins enthousiaste, la délibération de la nation pi­ carde » ne laissait pas d'enregistrer avec satisfaction le retrait de l’ordonnance dc 1171; elle demandait au recteur de faire signifier à tous les collèges ut absque scrupulo omnes ad nutum vite et opinioni lam realium quam nominalium vacarent studentes. Du Boulay, ibid., p. 740-711. Il faut croire que le premier président du Parlement ne mit pas un très grand empressement Λ restituer les livres nominalistes qui lui avalent été remis sept ans auparavant. L’assemblée dc l’univer­ sité d’avril 1-182 cul encore à s’occuper de celle ques­ tion; au mois de mai enfin, les livres confisqués re­ vinrent ct furent remis à chacun des ayants droit. Du Boulay, p. 747-748. En définitive, le coup d’État de 1 171. qui devait porter le coup do grâce au nomina­ lisme n’avait abouti qu’à faire reconnaître celui-ci, d’une manière officielle, commcl'unc des doctrines qui avaient droit dc cite cn l’université dc Paris. Aussi bien ces manifestations brutales dc certains universitaires contre l’occamisme nu doivent pas faire oublier que l’Église s’est, cn somme, tenue cn dehors du conflit entre nominales et reales. L’occamisme, en tant que système, n’a jamais élé l’objet d’une condamnation globale; si l'autorité ecclésiastique est intervenue, et d ailleurs assez rarement, ce n’a été que contre dos thèses précises dérivant, en lignepiusou moins directe. 903 OCCAM 904 sil». de Papoue, t.x, col. 176, el ajouter R. Moeller, Ludvig des principes occa ni is tes et qui lui paraissaient der Bayer und die Kurie im Kampf uni dus Reich, 1911. compromettre le dogme. Il ne semble pas que jamais 2· Écrits. — Même bibliographie; l'ouvrage capital est l’on ait prêté attention â cc qui constituait le danger S. Riczler, Die literarischen Widrrsacher der Papslr zur /.cil réel du nominalisme, nous voulons dire à la distinction Ludwigs des Bayern, Leipzig, 1871; E. Knoltc, Unltrsuthabsolue entre le domaine dc la foi ct celui de la dia­ ungen sur Chronologie der Schriflen der Minoriten am Hop lectique. La revendication du droit, pour la raison, dc Ludwig des Bayern, Wiesbaden, 1903; Λ compléter par l’excellente énumération donnée par h' P. W. Mulder, b. J., tirer jusqu’à leur extrême limite les conséquences de dans Arch, franc, hist., t. xvi, 1923, p. 469 sq. l'argumentation, quitte A déclarer ultérieurement que 3· Doctrines. — Rcttbcrg. Occam und Luther, «bins Throcelte dialectique demeurait sans prise sur les objets log. Sludicn und Kritikm, année 1839, 1.1, p. 69-136 (étudie dc la foi,était autrement redoutable que telle ou telle surtout les doctrines eucharistiques); T. AI. Lindsay, ΠΊΙthèse particulière qui attira l'attention des autorités. liafH of Occam and his connexion with the english Reforma­ Il fallut le bouleversement causé par l’humanisme el tion, dans British quarterly Review, t. lvi, 1872; A. Dorner, la Réforme pour faire sentir aux théologiens la gran­ Das Verhaltniss von Kirche unit Slant nach Occam, dans Theotog. Studien und Krltiken, t. LVIH, 1885, p. 672-722; deur de ce péril. Mais on peut dire qu'alors l’occaJ. Silbcrnagl, Wilhelms Pon Ockham Ansichtcn uber Kirche misme, en tant que tel, disparut de lui-même ct sans und Stoat, dans Historisches Juhrbuch, t. vn, 1880, p. 423· aucune intervention dc l’autorité. Sans doute, il sc 133 (discute les diverse’» appréciât ions données sur Pecclcdotrouvera, même parmi les théologiens du concile de logie d’Occam). Trente, des partisans déclarés de telles ou telles thèses III. I.’cEUVHE PIIILOSOPIIICO-TIIÈOLOGIQUE DE GUIL­ nominalistes, celles en particulier qui sont relatives à la LAUME d’Occam et le nominalisme DBS χιν·-χν· siècles. Justification. Mais l'état d’esprit même qui nous paraît — 1· Les précurseurs. - On devra consulter sur Durand constituer le nominalisme a disparu pour toujours. dr Saint-Pourçain : Jos, Koch, Durandus de S. Parciano. 6° L’Église et les doctrines ecclesiastiques d’Occam. — Forschungcn zur Streit uni Thomas von Aquin zu Brginn de< 14. Jahrhunderts. I. Teil. Litcraturgeschichtliche Grand­ Si, dans l'ensemble, l'autorité officielle ne s'est pas ie g un y «lans Beitrage zur Gcschichle der Philosophie und Théo­ montrée autrement sévère pour ce complexe de doc­ logie des XHllelallers, t. xxvi, fasc. 1, Munster, 1927. — Sur trines métaphysiques el théologiques qui constitue Pierre d'Auriole : R. Drciling. Der Konzcplualismus in der proprement l'occamismc, elle s’est, par contre, mon­ Universalienlehndes TTanziskancrcrzbischofs Petrus Aureoli, trée intransigeante pour les productions d’Occam rela­ ibid, t. xi. fasc. 6, Munster, 1913. — Sur Henri de Hurtives au droit ecclésiastique. On a dit, col. 872, quels clay : P. Eelster, Heinrich van liarclay, Kanzlcr poh Oxford désaveux avaient été imposés à Occam comme condi­ und seine Quastionen, dans .Miscellanea Fr. Ehrle, t. I, tion de sa rentrée dans Γfiglisc. 11 convient dc remar­ 1921. 2° Occam. - Voici les principales études sur la doctrine quer, néanmoins, qu’il n’y a pas eu contre le francis­ d’Occam : l’r. Bruckmiiller, Die Golleslehre Wilhelm von cain révolté dc condamnation analogue à celle que, Okham, Munich, 1911 ; L. Kugler, Der BcgrifJ der Erkenntnis dès 1327, Jean XXII promulguait contre le Defensor bei Wilhelm non Okham, Breslau, 1913; E. Hochstctcr, pacis dc Mantle dc Padouc. Voir ici t. x, col. 167. Il Sludicn zur Melaphgsik und Erkcnntnislchre Wilhelms eon faut attendre jusqu’au xvi· siècle pour trouver une Okham, Berlin, 1927. réprobation explicite des ouvrages d’Occam. L’Index 3e i/occamisme. — Nous diviserons en trois classes les travaux sur la philosophie el la théologie des xiv· cl xv· librorum prohibitorum, publié le 24 mars 1561 par siècles. Paul IV en exécution des décrets du concile de Trente, 1. Éludes d'ensemble. — Ixi plus récente vue d’ensemble mentionne dc notre auteur les livres suivants : Opus des χιν-χν· siècles sc trouve dans l’ebenvcg-Gcycr, Die nonaginta dierum, item Dialogi et scripta omnia contra palristlche und scholastPhe Philosophie, Berlin, 1928, Johannem XXII. Remarquer cependant que ces écrits p. 583 sq. — On «loit lire ensuite 1rs études dc Michalski : Ixs figurent parmi les livres condamnés de la 2· catégorie, courants philosophiques d Oxford ct d Paris pendant te XD* tandis que le Defensor pacis est stigmatisé comme ou­ siècle, dans Bulletin international de ΓAcadémie polonaise vrage d’hérétique, rentrant dans la première catégorie. des sciences ct des lettres, Cracovic, 1922; l^cs sources du cri­ ticisme rt du scepticisme dans la philosophie du XII · siècle, Les éditions successives dc V Index ont conservé les extrait de La Pologne au Congres international dc Bruxelles, titres susdits, même après la suppression du départ Cracovie, 1921; 1^ criticisme el le scepticisme dans la philo­ ehtre les deux catégories. Ce n’est que depuis 1897 que sophie du XIV· siècle, dans Bulletin dc Γ Académie palanaisc les auteurs antérieurs à 1600 onl cessé dc figurer au des sciences et des lettres, (Iracovic, 1925. — Sur In distinc­ catalogue des livres prohibés. Voir Reusch, Der index tion encore mal précisée «le la i>lr saint Alphonse, après avoir redit (au n. 159) que l'on peut absoudre l’occasionnaire. dont nous parlons, • toutes les /ois que le pénitent apporte des signes extraordinaires de douleur, cc qui enlève tout soupçon de non disposition ►, adoucit encore sa première opi­ nion. cinquante lignes plus loin : · A cause de cela. toutes les /ois que le pénitent apporte de vrais signes de regret et de ferme propos, i) peut être absous. (’. est en définitive à cette seule exigence que s’arrête la deuxième opinion ne réclamant que des marques ordinaires mais sérieuses de repentir. Dès lors on cons­ tate (par allu­ sion au surnom d’Ochin), en vue de lui assurer sa succession. En effet, lors de l’érection de la cuslodie de Sienne en province au chapitre général dc Bur­ gos (1523), ce fut Bernardin Ochin qui en devint le premier supérieur. Depuis celte date jusqu’à sa défec­ tion en 1512, il se vit confier presque sans interrup­ tion des charges importantes : au chapitre général d'Assise (1526). il représente sa province et revendique pour elle, avec succès, la préséance sur son ambitieuse consœur dc Florence; en 1531, Je ministre général Paul de Panne nomme Ochin son commissaire à Ve­ nise, avec mandat d’y faire élire des supérieurs à sa dévotion; deux ans plus tard, Ochin est membre de la commission chargée dc remédier aux abus commis par cc général, ct, la même année, 1533, après le décès du commissaire général Benoit Gcneslus, il administre les provinces cismontanes en qualité , 1585, riis Rancnrur archiepiscopis, publiée à Kavennc. en p. 456 *q.; S'arrasione delToriginc dei I rati capucclnl, pur 1650; De conncntu Cirsaris Ferdinandi cum quibus­ Mario de Mercato Saraceno, 1380, p. 231 r·; Historia capuccina, par Mathias Bellintani, t. n, 1588, p, 16 sq.» dam Imperii electoribus 1630 epistola; Acta decanatus aux archive* générale* «le Punire dc* capucin* à Borne; P, F. Octaviani Camerani Ravennatis, Ord. Min. l'orw., Dionisio Pulinari da Firenze, Crunachc dri l'rati Minori ad S. Crucem studiorum regentis, saerre theologuc delta provincia di Toscana, édit S. Mencherini. Arezzo, docloris rt ejusdem facultatis professoris publici acu1913, p. 101,121 ; Antonio Tognocchi (la Tcrrinca. Theatrum dentici a dic 22 octobri t627 ad 29 aprilis I62S; Oratio flrusco-minoriticiim, Florence, 1682, p. 20, 16; Opusculi dum laurea ornavit P.Carolum Antonium Rarbenumdc t Irttcrr di rtformalori ilatiant del Clnquecenlo, éd. («. Pala­ dino, Bari. 1913. contient : 1. le Traitatu utilissima del Pasinis. Octavicn mourut â Kavenne» en 1658, beneficio di Gcsù Cristo; 2. un recueil de lettre* d’habitués ct fut enterré devant le maître-autel de l’église con­ du cénacle de Valdês; 3. In réédition des *cmion* d’Ochin ventuelle de son ordre. publie* (Un* le 1.1 de* Prtdtche; A. (ùitnnno. Reprobatione .1. II. Sbnnilea, Supplementum ad scriptores trium ordi­ dc la dollrina di Fr. Bernardino Ochino, rhtrrlta da lui num S. Francisci, 2· édit. t. IL Rome, 1921, p. 292; P. P. in una sua epistola al magnifico Magistratu di Balia dc la Ginannl. Memorlc storlco-crltichr dcgli scrillori ravc.nnati, Città di Siena, dans son Compendio d’trrorl, Home, 1311; t. i, Horcncc, 1769, p. 110-1 II. Mutio Justinopolitano, Le mentltr Ochlnlane, Venise, 1551; A. Tl J TAEHT J. Manzonl, Eslratto dei Processo di P. Carncsccchi, dan* Miscellanea di storia italiana, t x, 1870, p. 196, 189,501 sq., 2. OCTAVIEN PRÆCONIUS (et non Pm 516; Z. Bovcriu*, Annales cupuccinorum, I. r, 1311-1512 (il copius), de l’ordre des frères mineurs conventuels. rapporte lu légende de la prétendue conversion d’Ochin et (xvic siècle). Originaire de Castro Kcalc, en Sicile, il de su mort pour la foi), Lyon, 1632; Vittoria Colonna, appartint à la province des conventuels de Sicile. marcheia di Pescara, Cartcggin publié par E. Ferrero et Docteur en théologie, religieux à tous les points dc G. Muller, 2· éd., avec supplément par I). Tordl, Turin, vue exemplaire cl prédicateur recherché, Octavicn 1892. A. Hcuinont, Vittoria Colonna, vita, /ede c poesia, trad, italienne par G. Muller et E. Ferrero, 2· éd., Turin, fut élevé, en 1516» par Paul HI (ct non par Paul IV. 1892; Édouard d’Alençon, Gian Pietro Canifa c la rtforma comme l’écrit L. Wadding, Scriptores ordinis minorum, nclTOntinr dei Minori dclTosscriHinza, extrait de Miscella· 2* édit., Borne. 1906, p. 180) au siège épiscopal dc nea francrscana, 1911-1912; Z. Eizzcri, L’n’ambuscerla di Monopoll. Pie IV le nomma» en 1561, évêque d’Arlano N. Machiavelli al Capitola gen. di Carpi (1521)· dans Archi­ dans le royaume de Naples. Transféré, dans la suite, vum franc, hlsl., t. χνι, 1923, p. 119 *q.; Hildebrand, L*Or­ d’après quelques historiens, nu siège épiscopal dc dre de S. François dans les oeuvres d’Ochin, dan* \eirlandia Ccfalù, en Sicile, Octavicn devint, le 18 mai 1562. Irunciscana, t. Il, 1919, p. 209 *q.; F. (ùillucy, L'apostolat de* f r. mineurs capucins dans Liber memorialis Ordinis Fr. archevêque de Païenne. Conseiller, prédicateur ct Minorum rapuccinorum, Rome, 1928, p. 8 sq.; P. Picco­ confesseur dc Chnrles-Quint, il fut désigné par Phi­ lomini, Due ((Here inedite di IL O.,dan* Archiulo romano di lippe II, roi d’Espagne, pour assister au concile dc storia putria, t. χχνιιι, 1905; E. Solml, La fuga di IL O. Trente. Il y aurait adhéré â la these de l’archevêque irrondo t documenti dflTanhinio Gonzaga di Mantova, dan* de Laneiano relative a la communion à donner aux Dullftino senese di storia patria, t. xv, 1908 ; P. Negri, laïques sou* les deux espèces du pain ct du vin et il .Voir r documenti per la storia della Riforma in llalia, n. aurait confirmé celte thèse en alléguant plusieurs B. Orhlnodan* Atti della R. Academia dellc scienzc di Torino, exemples de I Église primitive, où la communion fut t. XLvit, 1912; P. Tacchi Venturi, Zxi vita religiosa in Italia durante la prima eta della Compagnla di Gcsii, Koine. donnée dc cette façon aux simples fidèle* Octavicn 1919; du même, Il ocscooo Gianmatlcn GiberIt ndIa fuga mourut à Païenne, le 18 juillet 1568. — Octavicn di b. O., dan* Civtlta caltolica, 1913, t. iv, p. 320 *<|.; est l autcur d’un grand nombre d’ouvrages : 1 Sum­ F l^uchrrt. Hie ilaltenischen Rlerarisehen Gegner Luthers, ma de •weramentis, imprimée ù Païenne en 1565; Fribourtf-en-B., 1912 ; G. Morpurgo, t’n umanista mar2. Constitutiones tynodalex Panormitana· Ecclcsitr. lire, Aon io Paleario e la Riforma Ivor ira liai tuna nr I Decreta habita fl acceptata in congregatione dicecesana <π/β AVZ. .t ente composuit, in quo solvit si unum idemqtte sit res et ens. I lérimann fait remarquer que, dans ccs livres, et aussi en d’autres opuscules, notre auteur se nommait Odart ct non Odon. Le litre du dernier écrit semble Indiquer «pie l’on y traitait le problème des 1· Textes. — Ix-s œuvres ont «l’abord été rassemblées Universaux qui était la grande question agitée Λ pardnm Harrier et A. Duchesne clans lu Ribliolhecti Clunial'époque. eefu/j, In-fni., Paris, 1614; quelques pièces dans d’Achery, Aes rruvret théologiques d’Odon sc sont mieux con­ Spicilegium, t. m, p. 381; et dans Mnrtènr, Thés, non. servées : oncaMorum, t. v, p. 621; les sermons seul* sont passés 1” La plus populaire a été une Expositio in canonrni dans In Maxima bibi. ott. Patrum dc Lyon, L xvii. p. 651668; édition complète dans P, L., I. CXl.il, col. 939-1038. missir. composée durant son pontificat. Elle explique, 2' Sot’HCi B. — Il y a unr vie (Γ Odilon par son disciple en quatre distinctions, le rannn de In messe, du Te Jotsaud. texte dans P. L., t. cxlii, col. 897-910; cf. Mon. igitur, à VA gnus Dei, h l'exception du Pater, qui, au Germ. hist., Script., t. xv, 1888. p. 812-820. Λ compléter dire de l’auteur, a él«' suilis.miment exposé par nombre par un fragment retrouvé |»nr E. Sackiir, dans Nettes de Pères. Odon sc tient très près des paroles consa­ Archio, t. xv, p. 118-121 ; une autre par S. Pierre Dnmlen, crées, ne cherche aucune des explications plus ou dans P. L., t. exuv, col. 925-941. 933 ODON DE CAMBRAI moins fantaisistrs qui, nu cours des Ages précédents, avaient trouvé dans In liturgie un décalque dc la passion. D’une magnifique sobriété, ccttc exposition est en même temps du plus haut intérêt pour l’histoire des dogmes dc la présence réelle, dc la transsubstan­ tiation (sacrificium mutatur in alium \ubstantiarn), du sacrifice. 2· Non moins curieux, mais dans un genre tout dUTércnt, sont les trois livres sur le péché originel, De peccato originali libri 1res, où se révèle avec une par­ faite netteté l'application do la méthode dialectique à l’étude du dogme. En deux mots est posée l’cxlstcncc dc celui-ci : le péché d’Adam sc transmet a tous ses descendants, l'autorité de l’Eglise nous en tient assurés. Au théologien maintenant de résoudre, si possible, les problèmes que soulève ccttc affirmation. Dc tous ceux qui pourraient se poser, Odon n’en élu· diera qu'un ; celui dc la transmission du péché d’ori­ gine à tous les fils d'Adam. Et cc problème U le creuse moins à la lumière des renseignements fournis par l'histoire qu'à celle dc la dialectique. Il ne peut faire autrement sans doute que de signaler les diverses solu­ tions proposées, mais c’est en tant que solutions théo­ riques, non en tant qu'opinions historiques. Le traducianisme, qui fait dériver l'Amo de l'enfant île celles des parents csl rejeté par lui au nom dc la logique. Le créntianisme, d'autre part, sc heurte à cette diffi­ culté considérable qu'il semble faire dc Dieu l’auteur du péché : Dieu crée une âme souillée par la faute ori­ ginelle. C'est ù chercher la réponse à cette objection que s’emploie surtout notre auteur, ct il arrive d'abord è poser une formule qui se ramène finalement à colle des théologiens postérieurs : le péché originel est moins une réalité qu'une privation, privatio fusttlte débite. Reste à expliquer sa transmission; la chose apparaît facile à notre auteur qui part des principes du réalisme absolu. Suivant cette doctrine philoso­ phique, qu’il appelle doctrina orthodoxorum (par oppo­ sition nu nominalisme qu'il quali fierait volontiers d'hérésie, comme le faisait son contemporain Anselme de Cuntorbéry), · l’universel csl une véritable réalité qui existe tout entière dans chacun des individus de la môme catégorie. Quand Adam seul existait, la nature humaine était tout entière en lui : c'est la même nature avec seulement des accidents individuels en plus, qui sc dilate lors dc la création d'Èvc. La faute des pre­ miers parents en qui se trouve alors rassemblée toute la nature humaine atteint donc celte n iture elle-même et, quand cette nature se dilatera Λ nouveau, nu furet ù mesure des diverses naissances hum lines, elle ne pourra être que souillée. Ainsi telle âme nouvelle (celle de CiTn ou d’Abel, par exemple), est en mémo temps nouvelle et ne l’est pas ; nouvelle quant ù la personne, ancienne quant a l’espèce (ct ù la substance); nouvelle par scs propriétés personnelles, ancienne par ses propriétés communes; <>n peut dire qu’elle est créée cl qu’elle ne l’est pas. Voir tout le développement du I. III, Quod anima citjusque hominis fleri nequit, nisi humarim natura·, I*. !... t. ci.x. col. 1090-1091 ct spé­ cialement les passages suivants : Facit ergo Deus ani· mam novam quii' naturam non habet noram. Est ergo eadem natura now et non now. tn persona nova est. in specie now non est. Now est proprietate personati, nnn now proprietate communi. Creatur a Deo de exstan­ tibus (rem irqucr le nouveau problème soulevé par cc mol) vcl de nihilo anima now personaliter ejus naturir qttir /ait ab Adam universaliter,... Creatur igitur non humana anima sed individua anima. Individua anima creatur, quia prius non erat, humana anima non creatur, quia prius erat ct in aliis personis erat... Dat Deus i:xisii xn aninut proprietatem novam et jacit novam personam, species subsistit, datur a Deo proprietas ct flt nova persona. A la vérité Odon sc rend bien comple 934 de ce que l'opinion qu'il présenté a de hasardeux : Vix audemus (le texte de P. L. lit audimus) dicere in creatione animarum Deum non creare substantiam sed proprietatem solam, fie derogare videamur omnipo­ tentiae summir si sola accidentia dicuntur in personis el non substantias creari (P. L. ; creare). Nous laissons nu lecteur, continue-t-il, le soin d'apprécier, mais telle est lu façon dont les orthodoxes (lisez 1rs < réaux ·) expliquent que tous les hommes ont péché en Adam, bien que les âmes ne naissent pas par transmission, quamvis anima· non fiant de traduce, 3° La Disputatio contra Judtcum de adoeniu Christi FHit Del, pour être moins originale que le traité pré­ cédent, · est néanmoins dans Ir même goût, tout s'y passe en raisonnements sans recours à l’autorité ·. (Oil lier). (l'est en somme une théorie de la rédemption (celle-ci étant considérée avant tout comme un sacri­ fice) ct dc son application. I· Le petit traité De blasphemta in Spiritum Sanc­ tum étudie, toujours du même point de vue. la ques­ tion si ardue du péché contre le Saint-Esprit qui ne peut être remis ni en ce monde ni en l’autre. Des con­ sidérations d’ordre exclusivement dialectique (voir le curieux tableau inspiré par celui de · l’opposition des prepositions » (amènent au résultat suivant : « Le blasphème contre l’Espnl c’est l’impénitence finale. » Un peu d’exégèse ferait peut-être mieux l'afTaire, et l’on sc demande avec (pielque anxiété où peut mener tout cet appareil syllogistique. Dans l’enthousiasme dc la découverte, ni Odon. ni ses contemporains ne sc sont rendu compte des limites auxquelles devait s ar­ rêter l’emploi exclusif dc la dialectique. 5· Odon ne négligeait pas cependant l’étude de l’Écriture, il a pris soin dc faire adapter à si bible latine, en les modifiant quelque peu, les tables ou canons qu’Eusèbe r/rmnn; B. Hauréau qui avait jadis croit au contraire que la forme longue a élé abrégée accepté celte identification (voir Notices et extraits de dans la recension courte.— Ie Collationum libri 1res, quelques mss. latins, t. 11, 1891, p. 83; t. v, 1892, p. 163) (pii portent dans les mss. des titres assez variés. Au nous parait avoir bien établi la distinction des deux auteurs danslc Journal des savants, 1896. p. 111-123 (compte rendu moment où il devait être élevé nu sacerdoce, Odon du livre de L. Ilcrxieux). Ces deux auteurs renverront aux S’en défendit longtemps cl Ht en présence dc l’évêque notices littéraires anciennes et modernes. dc Limoges, Turpion, qui devait l’ordonner, de vives É. Amans. représentations sur la dignité du sacerdoce ct les 4. ODON DE CLUNY (Saint), ainsi nommé désordres par lesquels trop dc mauvais prêtres la ravalaient en ce temps. Le tout fut postérieurement du monastère de Cluny dont il fut le deuxième abbé mis par écrit. C’est surtout le I. Ill qui insiste sur les (870*912). — Né dans le Maine, d'une famille hono­ désordres du clergé et des moines, les I. I ct H ayant rable. Odon fut destiné aux carrières séculières; mais, plutôt pour sujet les ch Aliments divins qui en sont attire dc bonne heure vers la vie religieuse, il entra la conséquence et qui retombent sur le peuple chré­ vers l’Age de dix-neuf ans dans le corps des chanoines tien en général, mais aussi sur les auteurs de ces pré­ dc Saint-Martin de Tours. Après avoir passe quelque varications. On relèvera, en ce qui concerne I histoire temps à Paris où il s’instruisit des arts libéraux sous de la doctrine du péché originel, une théorie qui Hemi d’Auxerre, il rentra à Tours, où il parait bien montre que le vieux rigorisme auguxlinkn n’avait qu’i! fut chargé du soin dc l’école attachée à la basi­ pas dit son dernier mot. L. II, c. xxiv, col. 563-569. lique. Désireux néanmoins d’une vie plus austère, il Voulant montrer la gravité de l impureté, l’auteur finit par entrer au monastère de Baunie-Ies-Messieurs, argumente ainsi : Pourquoi Dieu condamne-t-il, au pour lors dirigé par l’abbé Bernon, qui présidait en malheur étemel l’enfant mort sans baptême, même même temps aux destinées de Gigny, de Bourg-Dieu, issu de légitime mariage? manifestum est illud fieri dc Massay ct plus tard de Cluny (fondé en 920). Odon propter illud peccatum quod fit hora conceptionis. Si y reçut le sacerdoce vers 908 et fut chargé de l’instruc­ ergo tanta est culpa in conjugali concubitu, ut infans tion des jeunes gens. Bernon, sur le point de mourir, pro illa sola punin debeat, quanta in stupro est vel in résigna sa charge abbatiale, qui fut confiée à Odon pollutione qua ad solam libidinem explendam patratur ! (927). Celui-ci cul la conduite des monastères de On notera aussi l’usage abondant que fait notre auteur Cluny, de Massay et de Bourg-Dieu. Peu après ia mort du traité dc Paschase Itadbert sur l’eucharistie, L II, de Bernon, Odon alla s’établir à Cluny, dont il peut c. xxx sq., col. 575 sq. — 5® A. Swoboda a récemment être considéré comme le vrai fondateur. Par scs soins publié un poème considérable d’Odon, qu'avaient la jeune abbaye devint bientôt le modèle dc la vie connu Mabillon. les auteurs de VHistoire littéraire, el monastique, et c’est d’elle que l'observance régulière Ccillicr. mais qui n’avait pas trouvé d’éditeur au se communiqua à un très grand nombre dc couvents qui xvm* siècle. Le texte qu’il donne est. d’ailleurs, plus ne tarderont pas à former la < congrégation récédent‘est sur parchemin, ce­ lui-ci est sur papier. Il ne contient pas le même texte, mais bien celui dc fr. Henri de Gbitz. Celui-ci, se trou­ vant à Avignon cn 1331, y transcrivit une copie de ΓItinerarium que quelques compagnons d'Odoric, après In mort de celui-ci, avaient portée ù la Curie, pour la soumettre au souverain pontife. C’est le texte de fr. Guillaume de Solagna, complété avec l’aide des compagnons d'Odoric, particulièrement de fr. Mar· chesino de Bassano, qui y ajouta, à la fin, trois cha­ pitres Comme le fr. Guillaume dc Solagna, le fr. Mar­ chesi no faisait partie dc la même province que le bienheureux Odoric et, comme lui. l’avait connu. Celte première transcription,*Henri de Glatz, la revit neuf ans plus tard, en 1310, Λ Prague. C’est cette ' deuxième rédaction d’Henri dc Glntz, celle de Prague 1310, que donne le ms. 737 de Saint-Omer, l'n texte · analogue se trouve dans les mss. de In bibl. royale dc Berlin, cod. theol. qtt. 141, ct de la bibl. royale de Munich, cod. lat. 903. Le Chronicon compendiosum de mandi exordio usque ad annum 1331, que L. Wad­ ding, Scriptores ordinis minorum, 2· édit.. Borne, 1906, p. 181. attribue ù Odoric do Pordcnone, mais que J. 11. Sbaralea, op. cit., p. 297, donne sans preuves à lean do Mortiliano, est considéré par les continua­ 946 teurs de Sbaralea, op. cil., p. 298, sur la foi do cod. 341 dc la bibl. commun de d'Assise ct du cod lat. 5006 dc la BibL nationale de Paris, comme une œuvre d'un certain frère, appelé Elcmosina. Quant aux Sermones direni et aux Epistola: multae, que plusieurs auteurs attribuent à Odoric dc Perde· nonc (p. cx. : L. Wadding, op. cit., Fabrldus-Mansi, RibUotheca latina medier ct infimir irtalis, t. v, Padoue. 1754, p. 150), d’autres ou bien n’en font aucune mention, comme la Catholic encyclopedia, t. xn, col. 281, le Kirchentexikon, t. ix, col. 697-701 et le I Kirchlichrs Handlexikon, t. iî, col. 1193, ou bien, comme J. J. f.iruti.dans Xotizie def telferati del Friuli, t. i, Venise, 1760, disent n'en avoir pu rctrouscr ni exemplaires, ni copies. Les éd liions de V Itinerarium ont été faites sur l’un ou l’autre des texte* signalés ci-dessus. Citons les suivantes : 1· Celle de Bichard Hackluyt : Incipit Itinerarium frains Odortcl fratrum minorum dc mirabilibus orientalium Tar larorum, (Lan* le second volume de Bourrage, intitulé : Principal navigations, oogages, trafJIrjues and discoveries of the engltsh nalitm. p. 39-53, imprimé a Londres chez G. Bbhop, B. Newberry et R. Barker, en 1599. Le cod. lleg. 14, C. XI11 forme la base de celte édition, dc sorte que le texte est conforme Λ celui de Guillaume de Solagna. Après le texte latin soit, aux p. 53-67. la version anglaise, dans laquelle on a omis 1rs cl tu pitres ; Dr martyrio fratrum ct Dr miraculis quatuor fratrum occisorum; — 2· Celle du P. Giuseppe Venni. conventuel. Intitulée : Elogio itorico alie gesta del beala Odorico delTOrdine de* Minori conoen· tuait con la storia da lui drUata de* suoi viaggi asfatki illustrata da un religioso detl* Ordine stesso, à Venise, cn 1761, chez Antonio Zatta, grand ln-l“ dc vm-152 p. L’édition a été faite sur un manuscrit, donnant le texte dc Guillaume dc Solagna; — 3· Celle du P. Marccilino da Civrzza. O. F. 5L. intitulée : 11. Fratris Odortci de Foro Julii (Frioul) ordinis minorum Iter ad partes infidelium a fratre Henrico de Glars ejusdem ordinis descriptum, nunc vero primo in luce editum ad fidem mss, codicis bibliotheca regia Monucensts (cod. lut. 903). C’est un appendice à son ouvrage Storia unloersalc drllr missioni franeexcune, t. m. Borne, 1859. p. 739-781;— 4· Celle du colonel Henri Yule, dans son Cathay and the Way Thither, collection de notice* médiévale* sur la Chine, traduite* et éditées par le colonel Henri Yule, imprimée par la Hackluyt Society à Londres, cn 1866,’en 2 volumes In-8· de crité. mais que nous ne pourrons les regarder comme faisant partie «lu nombre de nos frères ct des membres du Christ. Enders, Luther's Eriefivrchscl, t. vu, p. 166. Le désaccord demeura cl les Églises luthérienne ct zwinglicnnc évoluèrent séparément, I Soi ne».s — Stâhchn. lîncfr und Aktcn zuni Lebtn Ockolainpuds. I. x de* Qucllrn und Forschungen :ur Re/ormal ions gnchichte. Cc tome contient les pièces de 1199 â 1526. Γη «econd volume, attendu pour 1931. donnera I» lin : «le 1521» Λ 1531; llcnninjarl. Correspondance des re/ormuleurs dans les pags dr langue française, t. i ct n; Jounnis Oeculanipadii et Huld. Zuflnglli epislolarum... avec biogra­ phie d’OccolAïupadc par sou unii Capito, |ui% toujours très sûre, surtout pour la chronologie, BAlc, 1336; Wurslisens Iladtr Chronik. éditée par Ilot/, Bâle. 1883; Baslrr C.hroniken uon liufj und Carpentarius, éditée* par Vischer et Stern. ladpzlg, 1872; Poster Hefortnationsaklm, en cour* de publication sous la direction «le E. Durr. 951 ŒCOLAMPADE — OFFICE (CONGRÉGATION DU SAINT-) — Ifrrzog. Is ben Joh. Oekotampads und die Re/nrnuilion drr Kirche za Basel, 2 vol., 1813; Hagcnbaeh, Oecnlanipads Is ben und aiugeunihlle Schri/ten, 1859; i-rlüchm, Joh. Oekotampad, Festschrift, Weinsberg* 1882; Burkluinlt, Dr. Joh. Oemtampad, dans BHder aus der GtsehfchU B ^rh, t m. B.il··. 1870·— Voir aussi : W. Kôh1er, Dos Marburger Religionsgcsprdch, 1529, Ixipzig, 1929. 2· 952 riale : espèce dc tribunal sans appel, attirant à lui les causes touchant la foi, mais ayant qualité pour désigner, partout où il l’estimerait utile, des juges qui en connaîtraient sur place. Les anciens tribu­ naux dominicains ou franciscains (de l’inquisition romaine) gardaient leur activité. Ce n’était donc pas une transformation dc l’inquisition préexistante, mais L. Cristiani. bien une création nouvelle, répondant à une con­ OEHNINGER Isaac, capucin dc la province ception nouvelle dc gouvernement. Alors que la vieille de Bavière (xvir siècle). — Originaire <1’Ochsenfurt, inquisition papale fonctionnait avec un personnel il fut avant tout un grand prédicateur ct un bon presque innombrable, disséminé dans toute la chré­ théologien. Il exerça les charges dc gardien ct dc tienté, recruté parmi de simples religieux ct tra­ dcflniteur el mourut à Munich, le 29 novembre 1681. vaillant en somme sans grande cohésion, la commis­ Isaac publia une traduction latine du célèbre ou­ sion instituée par Paul III, la Suprême et Universelle vrage du Père François Louis d'Argentan, capucin inquisition, consistait en un organisme central, forme français : Conférences théologiques el spirituelles du de princes dc l’Églisc en nombre restreint, chargés chrétien intérieur sur les grandeurs de Dieu, de Jésusdc surveiller, de Home même cl sous les yeux du Christ Dieu-Homme et de la très sainte vierge Marie, pape, non pas tel ou tel canton ( )b blttlo du pape Paul III. < < Ile-ci. provoquée cc principe pour en déduire que le Saint-Office avait par le souci d’opposer une barrière aux progrès de mission de veiller en tout à la pureté dc la foi ct des h Réforme protestante, porte création d’une com­ mœurs. Doctrines fausses téméraires, dangereuses, mission dc six cardinaux, munis des pouvoirs les plus exprimées dans des livres, ou enseignées de vive voix; Urges pour découvrir ct contraindre les fidèles que désolions nouvelles, révélations privées, supersti­ séduisaient les nouvelles idées. Il s'agissait là d’une tions, sortilèges, magie, divination, délits commis commission permanente, siégeant à Home, ct dont hi compétence ne »c heurtait à aucune limite territo­ par un prêtre dans l’administration des sacreΒιοόηαγιπι 953 OFFICE (CONGRÉGATION DU SAINT-) menis, etc., tout cela était En parcourant l’œuvre devait, au prix de durs sacrifices ct de mo­ les monographies des divers séminaires de France, Imprimées ou manuscrites, on y constate fréquem­ ment pénibles, prospérer au delà de toute prévision et la parole adressée aux premiers colons par le ment l'action d’anciens élèves de Saint-Sulpice, ou P. Vimonl, le jour de la prise de possession de Pile, l'influence de ses règlements ct de son esprit. D’autre devait avoir une pleine réalisation: «Ce que vous part l’épiscopat sorti de'Saint-Sulpice comptait une voyez n’est qu’un grain de sénevé. Je ne doute pas cinquantaine de sujets pour la fln du xvn siècle que ce petit grain ne produise un grand arbre et ne et plus de 200 dans le cours du xvnr. C'est ainsi, fasse un jour des men cilles. ■ beaucoup plus que par la date de l'établissement, que En racontant cette vie nous avons signalé plusieurs se réalisa la parole de la Mère Agnès de Langeae manifestations surnaturelles’, cependant il est a remar­ à M. Olier dans sa retraite de Saint-Lazare. · Dieu quer qu’une âme si mystique ne s’est jamais résolue à vous a choisi pour jeter les fondements des sémi­ agir d’après ccs interventions surnaturelles, mais naires de France. » toujours elle s'est déterminée par les règles de la pru­ Le Canada. Montréal. — La réforme de la paroisse, dence chrétienne ct sur le conseil des hommes les la fondation du séminaire ne suflirent pas au zèle plus sages el les plus vertueux. Olier y voyait cepen­ de l’Ame apostolique de M. Olicr. Il conçut le projet dant une indication, pleine de consolation ct d’ende bâtir, dans l'ile de Montréal, encore inoccupée, une ville nouvelle, consacrée à la sainte Vierge, d’y établir couragcmcnt, qu’il était bien dans la voie voulue de Dieu. Tout cc qu’elles lui avaient annoncé sur la des familles choisies qui, par l’intégrité de leur foi ct paroisse, le séminaire ct Montréal s’est réalisé a la la pureté de leurs mœurs, donneraient naissance à un lettre. Il avait mis M. de Bretonvilliers ù la tête de peuple nous eau, celui de la Nouvelle France. La ville la paroisse, placé M. Ragnicr de Poussé â la direction qui devait s'appeler Villemarle (cl qui est devenue du séminaire, envoyé un autre de ses disciples, Montréal) devait servir île barrière aux Incursions des M. de Queylus, à Montréal : pendant le temps qu’il sauvages, être un centre de commerce avec leurs tribus survécut» il oflril scs prières et scs souffrances pour et le siège des missions appelées à rayonner dans tout ces trois ouvres de son zèle. Sa mission achevée, il cet immense pays. On ne saurait écarter le côté mystique de cette ! mourut le 2 avril 1657, Age seulement de 49 ans. Bossuet (Mystici in tuto, c. xxx) appelle M. Olicr, entreprise sans fausser l'histoire. C'est A cent lieues de distance, sans sc connaître, que M. Olier ct M. Lc virum prrstanlUsimum ac sanctitatis odore parentem. Boyer de la Dauversiêrc, pieux gentilhomme de la En 1730, l'assemblée du clergé de France, dans sa Flèche, concourent à ce projet qu’ils regardent l’un ct lettre au pape Clément NI, fait de lui cet éloge : l’autre comme leur venant du ciel. Chacun d’eux y eximium sacerdotem, insigne cleri nostri decus et orna· fut préparé par des manifestations d’en-hnut. Lc mentum. 2 février 1636, en entendant chanter le Lumen ad | IL (Livres. — Ses œuvres littéraires sont des revelationem gentium de la ceremonie de la Chaude- manifestations de son zèle cornue curé ou fondateur leur,M. Olier avait r< · u «leNotre>S< igneur l’assurance du s< min.nr»· Sa sic les explique qu'un jour, il aurait lui aussi le bonheur de faire luire 1° La charge de la cure de Sainl-Sulpicc engagea le flambeau de la foi aux yeux des Gentils M. Olicr à composer des lleglcmcns peur la cen/rairtc Bientôt après, Dieu lui montra sa vocation sous de ta charité establie d 1 ans dans la paroisse Saint· l'image d’un pilier sur lequel venaient se Joindre Sulpice (en 1613) pour la visite et le soulagement deux églises, dont l’une était ancienne ct l'autre non- I des pauvres malades; un Réglement peur les mariages; velle. C’était le symbole des deux grandes a uvres qui 1 déclaration faite par un grand nombre de gentilsdevaient remplir sa vie : une action de renouvelle- ' hommes et de militaires (touchant le duel); L'erdre ment dans l’Eglise de France par la rèfojme de la établi dans ta paroisse Saint-Sulpice peur le soulageparoisse Saint Sulpice ct la fondation du séminaire, ment des pauvres honteux. Ces opuscules publiés a cl, d’autre part, l’établissement d’une nouvelle Église part en 1652, 1662. ont été reproduits dans les au Canada. En même temps, Jérôme de la Dauver- /teman/ues sur l'église et la paroisse de Saint Sulpice. sière sc sentait vivement pressé d'instituer nue congrê- par l’abbé Simon de Doncourt.au ton e n, pièces grégation de religieuses hospitalières pour l’ile de Justificative*. En collaboration avec plusieurs prêhis Montréal, où il n’y avait encore que quelques cabanes de Saint-Sulpice qui servaient ù hi paroiMc.il ccmpo&u de sauvages. Venu A Paris, M. de la Dauvcrslèro le Catéchisme des en/ants de la paroisse Saint-Sulpice. rencontra M. Olicr dans la galerie de l'ancien chA- ' publié en 1665 ct dans les pieces Justificatives de tenu de Mendon. Alors ces deux serviteurs de Dieu Simon de Doncourt. C’est un des plus pratiques et qui ne s’étalent jamais vus. et ne sc connaissaient des mieux adaptés à son but. au Jugement de plunullcmcnt, furent poussés l'un vers l’autre par une I sieurs éminents catéchistes. 971 OLIER. ŒUVRES 2® /.a lounice chrétienne, par un prêtre du clergé. in-21. Paris, J. Langlois, 1655. Dans la préface expli­ quant le but de Touvrngc 11 s’exprime ainsi : « Cette vérité qur nous devons vivre comme Jésus-Christ a vécu sur la terre, dans scs mœurs ct ses sentiments, m'a donné la pensée de former quelques pratiques ct de proposer diverses intentions pour faire sainte­ ment chacune dc ses œuvres. » L’ouvrage se divise en deux parties: 1° Actions dc pieté qui nous appliquent particulièrement Λ Dieu; 2° Actions communes qui sont pour la nécessité ou le soulagement dc la vie. Rééditions in-12, 1657, 1661. 1672. 1681. et in-32, 18 857. 1875, 1907, 1925. 3· Catéchisme chrétien pour la vie intérieure, par un prêtre du clergé, in-12, Paris, Langlois, 1656. en deux parties ; L De l’esprit chrétien : 2. d'un moyen principal pour acquérir et conserver l’esprit chrétien (la prière). En tête de quelques exemplaires, une très belle vignette d’après les dessins de Le Brun, gravée par Boulcnger; l’idée en avait été fournie au célèbre peintre par M. Oiler. Jésus-Christ, ins­ truisant ses disciples, est représenté debout, la main gauche levée et tenant dc la droite la croix et le saint Evangile. Rééditions in-12 en 1657. 1662, 1671,1692, 1697, 1703; et in-32. 1822. 1825. 1831. 1836. 1837. 1811. 1817. 1851. 1856, 1867, 1872. 1888 édition pré­ cédée d’une introduction par M. Goubin, prêtre de Sainl-Sulpicc, 1922,1925. On le trouve au t. n des Catéchismes édités par Aligne en deux in-Ie en 1812. 11 a été traduit en flamand, 1686, en italien. 1858. 4· Explication des cérémonies de la grand*messe de paroisse selon l'usage romain, par un prêtre du clergé, in-12, Paris, Langlois, 1656. ('.elle explica­ tion est dans le sens mystique Dom Guérangvr, (Institutions liturgiques, t. π, p. 1 10) dit que M. Olier • l’un des derniers écrivains mystiques de la France, avait reçu d’en haut l'intelligence des mystères de la liturgie, à un degré rare avant lui, nous dirions presque inconnu depuis. 11 fut en cela le digne con­ temporain du cardinal Bonn. · Le manuscrit origi­ nal conservé au séminaire a très peu dc ratures et de corrections. L’auteur semble avoir écrit d'inspira­ tion. Rééditions in-32, 1661. 1667. 1687, 1695. 1835. 1858. 5’ Introduction à la oie ct aux vertus chrcstirnncs. in 12. Paris, Langlois, 1658. L'approbation de M. de Maupas, évêque du Puy, est datée du 2 avril 1657, jour de la mort de M. Olier. Rééditions in-12, en 1659. 1661, 1672, 1684, 1692, 1698; ct in-32, 1828, 1830, 1833, 1837, 1853, 1859. 1875, 1880, 1927. Pour ces quatre derniers ouvrages, en plus des éditions authentiques, on rencontre plusieurs contrefaçons. Lyon. Rouen Toulouse, Bordeaux. Grenoble, Avi­ gnon, etc. 6e Traite des saints ordres par M Olier, ancien curé dc la paroisse Saint-Sulpice. Paris, Langlois. 1676. Publié par les soins dc M. Tronson qui enrichit l’ou­ vra îc d’un nombre considérable de textes latins, tirés des Pères, des conciles, des théologiens. Réé­ ditions in-12. 1681. 1685. 1817;en 1831. belle édition ln-8·; in-12.1831. 1856, 1861, 1868; in-32, 1873. 1879. L’édition 1896 a été publiée par M Branchcreau. et depuis édit., 1925. 1928. Traduction en italien 7e lettres de M. Olier. La lr* édition parut à Pnris.Linglois.cn 1672. in-8·, sous le titre dc Lettres spirituelles de M. Olier avec une préface dc M fron­ ton qui ne lit entrer dans son recueil qu'un nombre limité dc lettres (250) et encore souvent incomplètes sans indiquer les destinataires. Le but de celle publi­ cation était dc donner un abrégé des dispositions spirituelle* et des maximes de M Oller. Il v eut de ce recueil plusieurs rééditions en 1673, 1681, et In-32, 1831, 1854, 1862. Dans mïs Mystici in tuto, c xxx. 972 n. 99. Bossuet fait grand cas de ces lettres spiri­ tuelles cl de son auteur. En 1885, en 2 in-8®, Paris,LecolTrc, parut une édition aussi complète quo M. Gninoii, prêtre de Sainl-Sulpicc, avait pu la faire d’après le* autographes et les copies authentiques. Elle com­ prend 133 lettres. Pour le plus grand nombre, il indique le nom du destinataire et la date au moins approximative dc l’envoi. Il sc prépare en ce moment une nouvelle édition plus complète. 8‘ Pietas Seminarii Sancti Sulpitii. Ce petit opus­ cule très connu dans les séminaires dc Sainl-Sulpicc parut pour la première fols seulement en 1819, dans un recueil intitule : Pia exercitia ad usum seminani Sancti Sulpitii. Depuis il n été inséré dans des recueil* semblables, < i 1820, 1839, 1877. I90L fidité à part. in-32, Desclée, 1928. l ue édition critique en fut faite à Bourges en 1879 el rééditée en 1885 : Pictas semi­ narii Sancti Sulpitii opusculum ad /idem autographi Oleriani, explanatione perpetua et notis auxit F. Labbe de Champgrand. 9® Quelques autres opuscules ont été publiés dan* le Manuel du séminariste de M. Tronson, édition de 1823 : Examen sur les vertus chrétiennes ct ccclé· siastiques ct des Avis salutaires aux ministres du Seigneur. Γη petit opuscule de 32 pages ; Sentiments de M. Olier sur la dévotion <> Saint-Joseph fut publié en 1813: l'édition de 1858 in-32, fut très répandue en France et au Canada. On en tira plus dc quarante mille exemplaires. On trouve cet opuscule à la fin de la dernière édition de la Journée chrétienne cl dans le Pietas Seminarii, dernière édition. En 1845, à Lyon, fut imprimé un opuscule contenant avec le* Maximes chrétiennes et ecclésiastiques de M. Hourdoix, les Maximes sur l'obéissance de M. Olier. réé­ dition en 1862. 10· Œuvres complètes de M. Olier... réunies pour In première fols en collection... ct publiées par l’abbé Aligne, t vol. grand in-8·, 1856. < Le mot complètes s’entend de toutes les œuvres éditées en quelque lieu, en quelque temps ct en quelque format que ce soit, non de celles manuscrites qui peuvent exister dans les archives dc Sainl-Sulpicc. » (Note de l'éditeur,) 11® Des écrits autographes de AL Olier. AL Faillon tira deux volumes publiés à Rome : Vie intérieure de la très sainte Vierge, 2 vol. gr. in-8®. 1866. !.. 'ouvrage est revêtu de l'imprimatur du Maître du Sacré Balais ct en outre des approbations de trois membres de la Congrégation de l’index. Cependant quelques objec­ tions furent faites contre cet ouvrage. Comme les fragments sont tirés d’écrits différents dc date, dc style, de bid. et ne sont souvent que dc simples ébauches. M Faillon en les groupant a pu facilement leur donner une portée qui dépassait la pensée du serviteur de Dieu Cet éditeur répondit aux dlllicullc* qui lui furent laites dans un appendice imprimé.mais non publié : l)e quibusdam difficultatibus minoris momenti a PH. censoribus Olerlo obtectis. Il se proposait d’ailleurs de mettre les choses au point dans une nouvelle édition. La mort l’a empê­ j che dc la donner. En 1875, AL Icnrd donna celle ; édition, nuds abrégée, dégagée des réflexions dc M Faillon et des textes de Pires el de théologiens qu’il avait recueillis pour expliquer et justifier les expressions de AI. Olier. l ue nouvelle édition (ut publiée par AL Icard en 1880. Mgr Pelle!, évêque d’Acquapcndcntc, près «l’OrvIrto. a pulsé dans l’ou­ vrage édité par M Faillon, le fond d’un volume qui · a été traduit en français sous ce titre : La très sainte Vierge, fgnàatrléeen JéspA-Chrtsl de. ta sainte Église i 12® Γη bon nombre d’autres écrits plus ou moins achevés, quelques-uns simples fragments, sont res­ tés manuscrits, ils ont pour objet la création, les anges, les sacrements l’oraison, des sermons ct des ! 973 ULI EH. DOCTRINE SP I R IT L’E I.I.E panégyrique* <Ι<· saints; les mystères cl les files de In liturgie, les vertus chrétiennes, des esquisses ou essais relatifs au séminaire ct ù la Compagnie dc Saint-Sulpice. Des extraits de ces manuscrits sont entrés dans l’ouvrage suivant : L'esprit de M. Olier, où sont re présentés scs grâces, ses sentiments, scs dispositions, scs pratiques touchant les principaux mystères cl les vertus chrétiennes, tirés de scs écrits, dc scs entretiens, dc su vie. L’ouvrage fut commencé par M de Bretonvllliers, continué par M. Tronson. qui n’eut pas Je temps d’y mettre la dernière main. M. Goubin, supé­ rieur de ja Solitude, Γη complété ct publie en 2 vol. in-4·, lithographiés à cent exemplaires, En 1916. M. Letourneau, curé dc Saint-Suipice, en a extrait lui-même un petit volume in-18, Paris, Gabalda : Pensées choisies sur le culte dc Noire-Seigneur, de la sainte Vierge, des anges et des saints, 13· On conserve aussi, mais en copie (le*, autogra­ phes n’existant plus), divers écrits : La vie divine, les attributs divins, les musléres de Noire-Seigneur appli­ ques a chaque action de la journée. explication du Pater, l.a retraite d'un curé, opuscule désigné dans quelques copies sous le litre ; Le maître des exercices, litre qui est celui de l’introduction. Divers écrits pour la direction dc la paroisse. 14· Le premier dessein de l’ouvrage connu sous le nom d*Examens particuliers de M. Ttonson remonte â M. Olier, qui commença ·. le réaliser avec la colla boration de M, dc Poussé placé à la tête du sémi­ naire Saint-Sulpice. Une lettre d’octobre I(18. que le serviteur de Dieu lui écrivait, montre que les sujets d’examens concernant les vertus étaient sur le métier On conserve au séminaire un exemplaire manuscrit où les examens sont encore dans l’étal premier de leur composition. Les sujets sont nu nombre de 85 et traités d’une façon très brève sans les détails pratiques ct les citations des Pères ct des conciles qu’y ajouta M. Tronson. 11 porte le titre de : Méthode tris utile aux ecclésiastiques qui veulent arriver à la perfection de leur état ct qui leur enseigne comme ils doivent vivre dans une fonction si sublime, La P* partie traite des vertus; la seconde porte sur ce qui se pratique dans le séminaire de Saint-Sulpice (Cf. Préface de l'édition des Examens particuliers, de M Tronson. édition de 1927 ) 15° Le catalogue manuscrit de l’ancienne biblio­ thèque du séminaire conservé à la bibliothèque Mazarine signale ./. J Olier ecclesior Sancti Sulpitii pastoris et seminarii /undalcris Loci communes, in-4·. Le n. 3S82 de la Mazarine est bien l'autographe dc M. Olier. C’est un répertoire ou recueil de textes par ordre alphabétique des sujets, par exemple sur Γécri­ ture s uni.·, s.dut Ambroise, let révélations de sainte Brigitte, Denys l'Aréopngite. Ce sont les écrits dc ce dernier qui reviennent le plus souvent Les textes sont en français, en latin, ou même en grec, toujours exactement accentués. 16· Mémoires autographes.— Dans récrit qu’on ap­ pelle Mémoires de M. Olier. il y a deux parties dînèrent es une partie qui est un récit dr mi vie passée, »orle dc revue ou confession générale faite pour son direc­ teur; le ton en est simple et s’arrête aux choses prin­ cipales. Une autre partie plus longue est une sorte de confidence faite nu jour le jour Son directeur, le p. Bataille, alors ù Saint-Germaln-dcs-Prés, lui de­ manda d'y consigner toutes ses pensées, scs senti­ ments. meme ce qu’il n’acccpteralt pus entièrement, ce qui traversait son esprit, son imagination. comme 1rs rêves ct les songes. On y trouve les pensées théo­ logiques. mystique* qui l’occupaient dans l’oniiMm ou au cours de In journée : ce sont tantôt des vues sublime*, tantôt des ébauches imparfaites jetées nu 97 ό courant de la plume, avce des *ens mystiques parfois subtils et même un peu étrange s. N’écrivant pas pour le publie, mais pour son directeur. Il ne s’arrête pas Λ prêcher, b expliquer. Γη jour il jette sa pensée sur le papier, puis, une cause extérieure l’interrompant, il n'achève pas le lendemain rt paste â un autre ordre d’idées. Pour avoir sa vraie pensée sur les que-lions dogmatiques ou mystiques, i) est préférable de lire >rs lettres ct ses ouvrages imprimés ou traités manuscrits. D’ailleurs, il ne relisait pas les cahiers, qu’il remettait à son directeur pour qu’il en fil ce qu’il jugerait à propos, les jetât au feu, ou 1rs conservât s’ils devaient servir â la gloire de Dieu. In les écrivant i) s'arrête parfois ct se demande pourquoi son directeur l’oblige à écrire ct s'en excuse : « Mon courage est parfois abattu, voyant les impertinences que j’écris, qui ire paraissent de grandes pertes dc temps, cl me semble le même pour mon cher Directeur dont je plains les heures qu’il y doit employ er ct que j’ai crainte d’amu­ ser. Aussi il me semble à toute heure qu’il me doit défendre d’écrire, tout cela étant niaiserie* insuppor­ tables. > Mais en attendunt que son directeur lui dise dc cesser, il écrira tout par obéissance, sous Γimpres­ sion du morne ni dans l'état ou les chose* sc présentent â son esprit, même incomplètement. · Jc prie mon Sauveur, écrit-il le 15 juillet 1642, ne souffrir plus que jc perde ct consume mon temps en autre chose qu’en son amour » M. Olier resta en relations avec le P. Ba­ taille Jusque vers la fin dc 1646. lui congrégation de Cluny, après quelques années d union avec celle dc Saint-Maur, s’étant séparée, le P. Bataille quitta Sainl-Gcrinain-dcs-Prés ct devint prieur dc Saint-Martln-des-Champs (1645-1646). Après son départ â Cluny, M. Olier sc mit sous la direction de M. Picolé, qui semble l’avo rengage à continuer à noter scs pensées. Toutefois,de 1646 au 15 février 1652. les Mémoires sont dix fois moins amples cl beaucoup moins personnels que de 1642 à 1646. Durant les six dernières années dc sa vie, les Mémoires sont inter­ rompus. Après la mort de M Olier les cahiers ont été remis par dom Bataille à M. dc Brctonvillicrs, quel ques-uns depuis sc sont égarés. On les a ensuite réunis en 8 volumes très bien reliés. Mais Ils nnl alors été en partie disposés dans l'ordre chronologique des faits rapportés, nu lieu d’être laissés dan* l’ordre de leur composition. Une copie exacte en a été faite, ct plus complète que l’original actuel. III. Doctrine. - La doctrine de J. J. Olier est celle de l’école française dont les premiers maîtres furent le P. de Bérulle cl le P. de Condren. Voir cidessous l'art. Οηντοιηκ. Il a su en exprimer parfaite­ ment les principes et en faire les applications les plus pratiques. Dirigé pendant plusieurs années par lr P. dc Condren, il sc rattache plus étroitement Λ lui il dit lui-même qu'il hérita dc son esprit. Le centre de celte spiritualité de l’école française est le Verbe incarné dont le P dc Bérulle mérita d’être appelé l’apôtre par le pape Urbain VIII. En entendant des auteurs graves, comme le P. Bourgolng ou le P. Amclotc, affirmer dans ce même sens que le P. dc Bérulle eut pour mission de · faire con­ naître Jésus-f’.hrist au monde, qu’il a renouvelé l’application des esprits à Jésus-Chrbt · on n’est pas sans éprouver quelque étonnement. Toute spiritua­ lité ne converge-t-elle pas x ers Jésus-Christ, rUommeDleu. vers le mystère dc l’incarnation ? Les mys­ tiques du Moyen Age ont aimé singulièrement JésusChrist. le Verbe incarné. L’élude cl l’amour de JésusChrist sc seraient-ils ensuite obnubilés parmi les chrétiens sous l’influence de la Kcnaissuncc païenne, ou les spéculations métaphysiques des docteurs catholiques des xv* et xvi siècles, auraient-elles fait trop oublier Jésus-Chrht ? On l’a dit. Cependant le 975 OLIER. DOCTRINE SPIRITUELLE 976 à se convertir cl à servir Dieu. Cc rôle plus accessible sucrés du mouvement déterminé pnr les enseignements de la vie chrétienne est mis surfont en lumière, l’autre du P. dc Bérulle, du I1. dc Condren, de M. Olicr. restant à l’arrière-plan. tient surtout nu caractère même de cette doctrine Cherchant plus directement à conduire à la perfec­ spirituelle Cf. H Bremond, Hist, titt du sentiment tion les âmes déjà données à Dieu, Bérulle, Condren. religieux, t. ni, p. 16 sq. Oller ont mis l’accent sur lu vie d’union, la com­ Pour le mieux comprendre il nous faut remonter munion aux dispositions du Verbe incarne. Ils m à la source de toute spiritualité, l’Évangilc. Il appa­ rattachent directement à saint Paul dont ils avaient raît à première vue que In doctrine spirituelle dans fait une étude spéciale. Les ouvrages de M. Oiler saint Jean et dans saint Paul présente un autre sont tout parsemés dc textes de l’Apôtre. Cc n’est aspect que dans les synoptiques. Dans ccs derniers pas à dire qu’on ne puisse atteindre à la plus haute elle paraît plus simple, plus élémentaire, comme un perfection avec la première méthode, qui s'éclaire enseignement préparatoire par rapport à un enseigne­ plus ou moins consciemment des lumières de l'autre ment supérieur. C'est < renseignement élémentaire aspect plus profond de la vie chrétienne, dc même sur le Christ », Hcbr.,vi, 1, qui le considère plus par le que les synoptiques, qui furent écrits directement dehors et dans son action extérieure que dans sa na­ pour la première formation des fidèles, grâce à la ture ct son action intime. Les synoptiques sc tiennent pour ainsi dire au rez-de-chaussée cl ne montent pas lumière des enseignements de saint Paul et dc saint dans la chambre haute des mystères, des choses cé­ Jean, laissaient entrevoir des profondeurs d’abord in­ lestes. Ce sont les terrena par rapport aux arlestia. soupçonnées. Le principe fondamental dc la doctrine du P. de BéJoa., m, 12. Dans les synoptiques, la vie chrétienne nous est pré­ rullc et dc l'école française de spiritualité est lire dc l’intime même du mystère de l’incarnation. Cf Pour­ sentée comme une imitation dc la vie du Christ. 11 faut marcher à sa suite, imiter scs exemples, l'humi­ rai, La spiritualité chrétienne, t. ni, p. 516. En JésusChrist la nature humaine ne s’appartient pas; prix éc lité, l'obéissance, le sacrifice de soi, etc., qu’il a fait de personnalité propre, elle est à la personne divine paraître dans les diverses actions dc sa vie. Dans les du Verbe. · L’humanité sainte dc Notre-Seipneur, épltres de saint Paul surtout, et dans l’évangile de écrit M. Olicr, Pensées choisies, p. 40, est anéantie saint Jean, la vie chrétienne n’est pas seulement une comme personne; elle n’a pas d’intérêts particuliers imitation dc Jésus-Christ, elle est une communion dc ct ne peut agir pour soi. La personne du Verbe à vie avec lui. Toute la grâce est en Jésus-Christ dans laquelle elle appartient voit ct recherche en tout les sa plénitude; c'est dc lui que nous recevons tout; et intérêts dc son Père. Ainsi en est-il du vrai chrétien. > nous recevons cette grâce pour entrer dans les disposi­ Cf. Catéchisme chrétien, part. I, leç. xx. Il ne peut être tions mêmes du Christ, y communier, pour participer tout à Dieu qu’à la condition de renoncera lui-même, a scs mystères et en reproduire en nous les états. C’est cesser pour ainsi dire dc s'appartenir. Dc là les deux le Christ qui vit en nous. Dans un corps, c'est le même aspects de la vie chrétienne ; le renoncement et l’union sang qui circule dans la tête ct les membres, dit saint ou adhérence à Jésus-Christ. « La vie chrétienne a Paul. C’est la même sève, dit de son côté saint Jean, deux parties, la mort ct la vie. La première sert dc qui monte du cep dans les rameaux. fondement à la seconde. Cela est réitéré dans les écrits Les différentes écoles de spiritualité ont insisté de dc saint Paul, particulièrement dans le 6r chapitre préférence sur l’un ou l’autre de ces aspects. Mais la dc l’ÉpItrc aux Homains... ct en mille autres endroits recherche particulière d’un dc ccs aspects n’exclut pas il répète ccs deux membres de l’état chrétien, en l’autre. L’imitation aboutit â la communion; la com­ sorte toutefois que la mort doit toujours précéder la munion entraîne l’imitation; seulement l’accent est mis soit sur l’imitation soit sur la communion. La pre- , vie. Et cette mort n’est autre que la ruine entière de tout nous-même. afin que, tout ce qu'il y a d’opposé à mière méthode met plus en relief l'effort de l’homme Dieu en nous étant détruit, son esprit s’y établisse qui marche vers le Christ et tâche dc reproduire le dans la pureté et dans la sainteté de scs voies. · modèle Lu deuxième fait ressortir davantage la part Introd. à la vie chrél., c. ni. de la grâce. Les obstacles à cette grâce sont écartés Le renoncement s’impose donc. Il s’impose, à l’homme par le renoncement; ct on y répond en communiant à titre dc créature et à titre dc pécheur. La créature aux dispositions intérieures du Christ. Au lieu de mar­ tirée du néant tend au néant par sa condition. cher vers le Christ, nous l’attirons en nous. C’est sur cc néant de nature en face de l’infinie La catéchèse élémentaire, conservée dans les synop­ grandeur de Dieu, que le P. dc Condren insiste par­ tiques, ne parle guère que de suivre Jésus-Christ, au prix même de tous les sacrifices, ct d’imiter les vertus . ticulièrement. Dans son Catéchisme chrétien, part. I, leç. xi, et dans son Introduction à la vie ct aux vertus, dont 11 nous a donné l'exemple. C’est un évangile de c. xi, sect. 8 ct en parlant dc l’amour-propre, de conquête et dc première formation des fidèles. Saint l’esprit dc propriété, M. Oller touche cc motif. Mais Paul, après avoir prêché, comme les autres apôtres il insiste plutôt sur le néant dc grâce ou le péché, soit ou disciples du Christ, la première catéchèse dont on le péché originel, qui après le baptême laisse en nous trouve îles traces çà ct là dans scs lettres, s’attache des tendances nu péché, soit le péché actuel. surtout à mettre en relief le second aspect de la vie Avant sa chute, Adam sc trouvait établi par les chrétienne, plus profond, plus intime, plus mystique. dons dc Dieu dans un état d’innocence et de rectitude, Il en est de même dc saint Jean. dans un parfait équilibre dc sa nature : les sens Suivant que les Pères ou les auteurs spirituels s’at­ obéissaient à la raison cl la raison à Bleu. Le péché tachent aux synoptiques ou à saint Paul, ils appuient n rompu cet équilibre. Dc là l’opposition entre la chair sur l’un ou l’autre de ces deux aspects de la vie chré­ et l’esprit, plus ou moins violente selon les tempé­ tienne On peut dire qu’au xvf siècle les Exercices raments. Sur cette opposition, M Olicr, à la suite spirituels ont porté l’accent sur le premier aspect. dc saint Paul, insiste fortement. C atéchisme chrétien, Saint Ignace est un soldat qui conserve les Images leç. xvi xvm Le baptême sans doute a redressé dc la vie guerrière pour décrire la vie chrétienne. l’âme qui n’est plus en opposition avec Dieu. Mais In Le Christ est pour lui un chef, qui marche devant vie dc l'esprit qu’il communique à l’âme est combattue nous avec son étendard; il faut le suivre, l’imiter. par la vie de la chair. C’est le duel entre l’homme Les Exertires sont une œuvre de conquête, comme les nouveau cl le vieil homme lequel n’est jamais entière­ synoptiques il faut ramener à la pratique de la vie ment détruit. La lutte demeure plus ou moins vive chrétienne les gens du monde, Il faut les entrainer 9ΊΊ OLIER. DOCTRINE SPIRITUELLE seton to fidélité aux inclinations de I'Esprit, De lâ j i nécessité de la mortification. En parlant de la malignité dc la chair, dc to cor­ ruption dc la nature déchue, M. Olicr emploie par­ fois des expressions qui, prises â la rigueur dc la lettre, paraissent trop absolues, trop pessimistes. Il est vrai qu'elles sont dans le ton d’un bon nombre dc saints auteurs de son temps, par réaction sans doute contre les excès de l’humanisme de la Renaissance, l e cardinal Bonn, saint Vincent dc Paul, saint Jean Eudes ont des expressions semblables. Il en est de même des auteurs mystiques des temps antérieurs. Cl. leard, Doctrine dc M. Olicr, c. v, cl P. Faber, Progrès de Pâme, c. xx, note. Les auteurs mystiques n'ont pas toujours sur ccttc question la rigueur ct la précision de termes des théologiens : c'est que, se pla­ çant au point de vue, non uniquement du péché pro­ prement dit, mais de la perfection, la simple imper­ fection leur parait, comme aux saints, une énormité eu face de la sainteté infinie dc Dieu. Union, adhérence à Jésus-Christ.— Le renoncement, la mortification ne sont pas le but : ce n'est guère qu’un moyen pour écarter les obstacles à la vraie vie. Il faut dépouiller le vieil homme pour revêtir le nouveau qui est Jésus Christ. Cette doctrine dc l’apôtre est fortement commentée dans le Catéchisme chrétien, VIntroduction à la vie el aux vertus etc., « Quand nous nous dépouillons dc nous-mêmes, nous sommes revêtus dc Jésus-Christ par une consé­ cration totale à Dieu, car dans le moment où la sainte humanité était anéantie en sa propre personne, on lui donnait la plénitude de la divinité, cl une capacité infinie pour recevoir les opérations dc l’Esprit. » Pensées choisies, p. 40. Revêtir Jésus-Christ, c'cst lui être conforme, c’est reproduire en nous les disposi­ tions de Jésus-Christ, participer aux mystères de sa vie. Participation aux mystères du Christ. — Ccs mys­ tères sont les événements principaux de la vie du Christ comme son incarnation, son enfance,sa passion, sa mort, sa sépulture, sa résurrection, son ascension. Toutes les actions principales dc la vie de NotreSelgneur sont des mystères. Mais M. Olicr, dans son Catéchisme pour la vie intérieure, s'arrête à ceux que nous venons d’énumérer, sauf l'enfance dont il parle dans scs lettres. Dans ses Mémoires, H mentionne le mystère de la présentation de Notre-Selgneur au tem­ ple, uni à celui de la purification dc la sainte Vierge. Ces mystères extérieurs sont « des symboles efficaces dc la vie chrétienne », · comme des sacrements des mys­ tères intérieurs qu’il opère dans les Ames ». · Comme Notre-Selgneur a été crucifie extérieurement, il faut (pic nous le soyons intérieurement. Comme il a été mort extérieurement, il faut que nous le soyons inté­ rieurement, etc. » El cette vie intérieure exprimée par les mystères extérieurs ct les grâces acquises par ccs mêmes mystères doivent être en tous, puisqu’elles ont été méritées pour tous. Comme on le voit, c’est bien la doctrine même dc saint Paul. Avec lui 11 va plus avant encore. Nous devons aussi être conformes à l'intérieur dc JésusChrist en scs mystères, en sorte que nos Ames soient rendues conformes aux états, c'est-à-dire aux disposi­ tions ct sentiments intérieurs que Notre-Seigneur avait dans ces mêmes mystères. C’est là proprement la vie chrétienne. Le chrétien doit vivre intérieurement par l’opération dc l’Esprit en la manière que JésusChrist vivait. Introduction à la vie et aux vertus, c. n rt ni. Le serviteur dc Dieu se plait à exposer PcfTct, la grâce de chacun dr ccs mystères Dans Ir mys­ tère de l'incarnation, mystère d’anéantissement dc l'humanité en sa propre personne, appartenant à la 978 personne du Fils de Dieu, cette humanité est totale­ ment consacrée à Dieu. Ainsi le mystère de l'incar­ nation doit opérer en nous un entier dépouillement cl renoncement à tout nous-même, ct dc phis une consécration totale à Dieu. Par ce mystère d'anéan­ tissement devant l’infinie majesté dc Dieu, Je Christ est le seul vrai cl parfait adorateur dc Dieu, le reli­ gieux dc Dieu; il nous fait participer a cet état d’adoration. L'adoration, la religion, étant le princi­ pal devoir du prêtre, c’est dans son Traité des saints ordres et dans VExpltcation des cérémonies de la messe de paroisse qur M. Olicr sc complaît à développer cette doctrine. Le même sentiment lui a inspiré l’ad­ mirable prière · pour le saint office » dans to partie de la Journée chrétienne cl la merveilleuse lettre où il explique la signification du chant dc l'Église. Lettres de J. J. Olier, l. n, 1885, p. 587-589. Voir aussi la belle prière en l'honneur dc la Sainte Trinité,qui est donnée comme prière du matin dans la Journée chrétienne. Le second mystère est celui dc l'enfance du Christ, passé sous silence dans le Catéchisme chrétien, mais exposé dans les lettres exiv, αν, ccclxxji (édit. 1885). Ccs lettres ont été écrites à la suite dc l'union spirituelle, formée par la dévotion à l'Enfant Jésus, entre Marguerite du Saint-Sacrcmcnt, carmélite dc Beaune, ct le serviteur de Dieu. C'est alors qu’il manifesta une plus grande application a cc mystère. Aussi dans son Pietas seminarii il en fait une des dévotions de son séminaire. Les grâces dc ce mystère sont : l’innocence, la pureté, la simplicité, l'obéis­ sance. L’n des disciples dc M Olicr, Jean Blanlo, a exposé la doctrine dc l’enfance chrétienne dans un petit volume devenu classique sur la matière, inti­ tulé : L'enfance chrétienne qui csl une participation de l’esprit et de la grâce du divin Enfant Jésus, Verbe in­ carné, opuscule plein d'onction cl d'un fort bon style, très fréquemment et actuellement encore réédité. Les mystères de mort.— Les mystères du crucifiement dc la mort ct dc la sépulture du Christ expriment les degrés de l’immolation totale par lequelle nous devons crucifier le vieil homme, nous efforcer dc le faire mourir ct dan* Ixs vies des Saints... et grand nombre de nies nouvelles, etc Paris, Léonard, 1683-1685, 2 vol. in-fol., I I, col. 11911718, et publiée A part : Im vie de M. Jran-J arques Olier. s. I., 1687, petit in-12. Ιλ même notice est entrée rn 1773 dans 1rs Ilrmarques historiques sur réglisc et la jmroissr Sainl-Sulpire, par Simon de Doncourt, t. m. p. 198-570 En 1702, le P. Charles dc Saint-Vincent publia dans Γ/innée dominicaine, La vie dr Mcssirr Jean-Jacques Olier, prêtre du tiers-ordre dr Sa Int-Dom inique, fondateur et premier supérieur du séminaire de Sainl-Sulptce. 20 p . in-1·. Joseph Grandet, ami de M. Tronson et supérieur du grand séminaire d’Angers, n écrit unr vie de M. Olier dans h·* Saint» prêtres français, IIP série, p. 279-395, imprimée par M. G. laqournrati rn 1897. < h. Nngot, directeur nu séminaire Saint-SuIpire, puis fondateur du séminaire dr Sainte-Marie dc Baltimore, composa rn 171MI une Vie phi* étendue, dont II lit plusieurs copie* corri­ gées, complétée», imprimée A Versailles, I-rlx·!, ISIS, in-8·, sou* le titre : Vie de M. Olier. cur< de Satnl-Sulpice <> Pans, fondateur rt premier supérieur du séminaire du même nom. — M Faillon, Vie dr M. Olier, fondateur du séminaire de Saint-Sulptee. accompagnée de notices sur un grand nombre dr personnages contemporains. 2 vol. ln-8·, Paris, Poii**ielgur, 1812; ouvrage que lr cardinal Wiseman regardait comme · un très grand service rendu au ch rg<- ct A l’Eglisc ·. lin 1853, seconde édition. En 1813. il en parut un abrégé en I vol In-12; Lr pasteur modèle ou lr salut des peuples, in-12. Alx, 1819. abrégé anonyme dr l’ouvrage de M. Faillon. 1811 et 1843, Muni de «hvumi ni* noux<-au\ - OLIEli 982 M. Faillon donna une édition nouvelle en 3 gr. m-8®. M. Fail­ lon étant mort durant l’impression, M. Gamon continua dr corriger h-s épreuve*, d’ajouter dr* notes et rédigea U table. L’œuvre parut en 1873. - G. M. de Fruges, J.-J. Olier, Essai d'histoire religieuse sur te XVH· slèelr, ln-8®, Paris ; G. Letourneau, Ijj mission de J.-J. Olier rt lu fonditton des grands séminaires dr France, 1006, Pari». Leeoffre, in-12: F. Monter, Vic dr Jran-Jarques Olier. t. i”, l*an*. J. de Gigord, 1914 ; l’auteur est mort pendant qu’il corrigeait le* épreuve» du P' volume. — Sur le* œuvres et leurs diverse* éditions, cf. L. Bertrand, bibliothèque éulptetenne au Histoire littéraire dr la ntrnpagnie dr Saint-Sulpirr. I. i, l*aris, 1000, p. 1-10 et 523-524· — Sur la doctrine : H. -J. Irani, supérieur dr Saint-Sulplcr, Dorfrinrdr M. Olier expliquée par sa vie et par *r.< écrits, Paris. 1889, in-8·, vn-118 p ; deuxième edition, l*an*, 1891. vin-601 p. ; H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. m. Pari*. 1021, in-8’*, c. iv et v; P. Pourrai, La spiritualité chrétienne, l. in. Ixs temps modernes. Paris, 1925, c. xin ct xiv. E, Levesqub. OLIEU ou OLIV I (Pierre de Jean), frère mineur (1218-1298). I. Vie. II. Écrits ct doctrine. I. Vie. - Ne â Sérignan dans le Languedoc, vers 1218, Pierre dc Jean Olicu fut reçu, a l’âge de douze ans, au couvent des frères mineurs de Béziers. Après (pi’il cul passé les premières année* dc sa forma­ tion religieuse et scienti tique dans lu province francis­ caine dc Provence, *rs supérieurs renvoyèrent au Studium generule dc l’ordre a Paris. Il y suivit avec succès les leçons de maîtres éminents qui avaient été les disciples dc saint Bonaventure, tels que Guillaume dc la Mare, Jean Peckham ct Guillaume d’Acquasparta. Dès ce moment peut-être, ce dentier conçut pour Olicu l’estime particulière dont il devait donner longtemps après une preuve éclatante. Après avoir passé l’épreuve du baccalauréat· vers 1270, il débuta dans renseigne­ ment. d’après l’habitude courante, par un exposé sommaire dc la Bible ct des Sentences. Ensuite, ayant accompli dans cc professorat les quatre années requises, il devint bachelier formé, comme en témoi­ gne Barthélemy de Pise dans son De conformante. Mais, soit excès de modestie dc sa part, soit défiance dc la part dc scs supérieurs. Olicu ne parvint pas à la maî­ trise. Il n’en continua pas moins a traiter avec compé­ tence questions cl disputes dc toute espèce. Nul n’auniit songe ù I en reprendre, s’il ne s’était signale en même temps comme un chaud partisan des tendances rigoristes ct des aspirations joachimltcs qui depuis une vingtaine d’années troublaient l’ordre franciscain en Italie, en France el en Espagne. En lui le penseur scolastique se compliqua dès le début d’un spirituel ondoyant ct d’un subtil exporteur de l’Évnngile éternel. Sa personnalité complexe inquiéta bien vite les maîtres cl les ministres franciscains du groupe dc la communauté contraire aux zélateurs, ct les prévint en sa défaveur, tant au sujet dc sa vie religieuse dont ses admirateurs proclamaient la sain­ teté, qu’au sujet de scs écrits, qui pourtant sont pres­ que tous orthodoxes rt dont la plupart honorent l’école franciscaine. Jérôme d’Ascoli, devenu ministre gênerai en 1274, s’en prit, sans qu’on sache trap pounfuoi, ù sa disser­ tation sur la sainte \ ierge el lui ordonna de la briller : cc qu’il s’empressa de faire sans témoigner le moin­ dre ressentiment. Il eut encore a se justifier devant le meme supérieur d’autres erreurs qui lui étalent im­ putées, dont une concernait le sacrement du mariage (sixième question du traité Dc perfectione eoangrltca). Sous le ministre général suivant, Bonncgrâcc dc SaintJean in Perslcclo, Olivi eut un regain de faveur : en 1279 il était A Borne cl y rédigeait. A In demande dc son ministre provincial, un mémoire sur la pau­ vreté collective rt Individuelle promise dans la règle 983 ΟΙ. I E U 984 franciscaine· que les ministres ct les docteurs de Tordre I a Paris; mais la mort prématurée du général vint, une fois de plus, ajourner la sentence définitive. appelés par Nicolas ΠΙ à délibérer sur la décrétale Au chapitre général de Montpellier (1287), Olicu Ext il gui seminat curent très probablement sous les connut une éclatante revanche : devant toute l’assem­ yeux. Mais au chapitre général de Strasbourg (1282), blée, le ministre général nouvellement élu, Mathieu les accusations reprirent dc plus belle et, ccttc fois, on confia l’examen des écrits d’Olicu à sept docteurs d’Acquaspartn, approuva sans réserve tant sa doc­ trine théologique que son opinion cn matière de pau­ ct bacheliers dc Paris, parmi lesquels on remarquait vreté. De plus, voulant montrer toute la confiance que Arlotto dc Prato, Richard de Middletown ct .Jean de son enseignement lui inspirait, il le nomma lecteur do Murro. théologie au Studium franciscain de Santa-Crocc à A la suite de cct examen, ceux-ci remirent au mi­ Florence. Olicu y compta parmi ses disciples Libertin de nistre général une lettre munie dc leurs sceaux con­ Casale, qui se fera son éloquent défenseur au concile tenant, soi-disant cn opposition aux cireurs attribuées de Vienne. Deux ans plus tard (1289), Il fut promu à la à Olicu, 22 propositions orthodoxes auxquelles celui-ci chaire de théologie du Studium generale de Montpel­ devrait donner adhésion pleine et entière. Outre ccttc lettre, dite des sept sceaux, ils rédigèrent un Mémoire lier, où son séjour ralluma la querelle entre spiri­ tuels et modérés au sujet do l'observance dc la pau­ ou liotulus qui frappait dc censure 34 thèses extraites dc scs Questions. Dc plus, les examinateurs deman­ vreté. Appelé à s'expliquer sur cc thème brûlant au chapitre général dc Paris (1292), il le fit do façon â dèrent que la lecture dc ses écrits fût sévèrement contenter tout le monde, en se retranchant derrière la défendue. A cette condamnation, faite sans qu’il lui eût été pennis de s’expliquer, Olicu répondit avec décrétale Exiil gui seminat de Nicolas 11L Pleinement autant dc fermeté que dc prudence. Requis par le justifié, il se retira au couvent de Narbonne, d’où il continua à exercer une profonde influence sur les délégué du ministre général qui l’avait convoqué au milieux joachimitcs épris de rénovation religieuse, couvent d'Avignon (automne 1283), il signa la · Lettre des sept sceaux », tout cn distinguant, panni les qui, trop facilement ct contre son gré, traduisaient cn applications pratiques scs considérations imper­ propositions qui lui étaient soumises, celles qui étaient sonnelles sur la décadence de l’Église. Aussi, lors de dc foi ct demandaient une adhésion absolue, celles qui la révolte des spirituels d’Italie contre Boniface VIII, contredisaient certaines de scs thèses mal comprises, il condamna leur attitude en termes énergiques, dans ct enfin celles qui, étant purement philosophiques, une lettre au bienheureux Conrad d'Offida (il sep­ ne touchaient cn rien au dogme ct vis-à-vis desquelles tembre 1295). La même année, les trois fils dc Olicu professait un détachement absolu. Au Kotulus Charles II de Naples, Louis (le futur saint Louis dc qui censurait 34 de scs thèses, il répondit par un long Toulouse), Robert et Raymond Bérenger, retenus Mémoire justificati/ daté de Nîmes, 1285. Il y déclara que seules les décisions doctrinales du souverain pon­ comme otages en Catalogne, l’invitèrent à plusieurs tife doivent être admises avec une soumission sans reprises auprès d'eux, afin qu’il pût les réconforter dans leur épreuve. S'il ne put accéder à leur désir, réserve; les jugements prononcés cn matière de fol il leur envoya du moins une longue lettre dans laquelle par des docteurs privés, comme celui des maîtres il leur exposa cn s'appuyant surtout sur saint Paul, dc Paris, ne peuvent prétendre à d'autre adhesion qu'à celle qui découle dc l’évidence même des preuves In nécessité et le sens surnaturel de la souffrance Alléguées. Sans nier que des Inexactitudes pussent (18 mai 1295). Peu après, le 1 1 mars 1298, la mort l'enlevait cn s'être glissées dans certaines Questions, il s'efforça dc pleine maturité. La déclaration qu’il fit après avoir les rectifier par le contexte ct, tout en faisant une reçu l’cxtrème-onction, commence par une suprême rétractation conditionnelle des thèses censurées, il affirma le sens orthodoxe dans lequel il les avait ensei­ mise au point de son enseignement sur l’observance de la règle franciscaine, et finit cn profession illimitée gnées. dc foi catholique. Durant une vingtaine d'années, scs Ccs attaques avaient ému scs disciples qui, vers la même époque, le prièrent, par l’entremise dc Ray­ partisans purent â loisir le vénérer comme un saint. mond Gaudredi, dc s'expliquer sur ceux des articles Au témoignage d’Ange Clareno, la foule qui, le 14 man 1313, se porta à son tombeau, ne pouvait sc compa­ condamnés qui semblaient s’éloigner davantage dc renseignement scolastique traditionnel. Olicu leur ré­ rer qu'à celle qui annuellement sc voyait au jour pondit par une longue lettre d’allure spirituelle, dans de la Portionculc. Mais .Jean XXII ayant retiré aux laquelle il se justifia dc son mieux de dix-neuf propo­ spirituels les. couvents dc Narbonne ct de Béziers (1318), les frères dc la communauté curent vite fait sitions erronées que lui attribuaient ses adversaires. Au reste, il faut bien avouer que ceux-ci exagéraient de mettre fin â son culte : ils détruisirent son tombeau el dispersèrent ses cendres. Ses écrits n'eurent pal quelque peu, quand on songe que, sur trente-quatre articles dénoncés, le concile dc Vienne en retint seu­ un sort meilleur : les ministres généraux Jean de Murro ct Gonzalve dc Valboo les livrèrent au feu lement trois. Mais, si les explications du théologien provençal étaient admises sans réserve par ses admi­ ct punirent avec la dernière rigueur les religieux cou­ pables d'en détenir. Ce n’est que vers la fin du xiv· rateurs, le parti de la communauté au contraire, exas­ siècle, lorsque les ardentes polémiques engagées péré par son succès croissant, n’y voyait que fauxautour de sa doctrine se seront éteintes, qu’un trai­ fuyants ct sophismes. Le ministre dc Provence tement plus équitable sera fait à son œuvre cl à sa lui-même, Arnaud de Roccafolio, prit l’initiative mémoire. d'une nouvelle dénonciation, signée par lui et par IL Écrits et doctrine.- Les écrits de Pierre-Jean trente-cinq confrères, et remise en 1285 nu chapitre Olleu relèvent dc la scolastique, de l’exégèse et de général de Milan. Olicu y était traité dc chef d’une l’histoire franciscaine. secte superstitieuse qui semait la division et l’erreur. 1° \u sujet dc scs écrits scolasligues, on ignore jus­ Cette démarche ne resta pas sans succès: cn effet, le chapitre, où Arlotto de Prato, l'un des sept cen­ qu’ici s il n composé une Somme, complète, philoso­ seurs d'OIicu, fut élu général, ordonna aux provin­ phique el théologique, à moins d'entendre par là son ciaux de retirer dc la circulation tous les écrits dc ce , Commentaire des quatre livres des Sentences. Dc cc Commentaire le P. B. Jansen, S. J., a publié récem­ dernier, ct défendit aux religieux de s’en servir jusqu'à ment, d'après le ms. Vatic. lat. 1116, lis Quustioncs ce que le ministre général en eût décidé autrement. in secundum Librum Sententiarum (3 vol., Qmiracchl, Celui-ci comptait bien poursuivre le procès ouvert 1922-1026). Olicu écrivit cn outre des Quodlibeta, contre Olicu, qui déjà avait été cité à comparaître 985 OLl EU 986 édités nu début du xvi* siècle â Venise pur L. Soardl. erreurs qui lui étaient imputées pardos adversaires pas­ Les lis Questions empruntées nu If· Livre des Sen­ sionnés, le concile de Vienne n’en condamna qu’une tences embrassent presque toute la philosophie spé- seule, ct encore cn passant sous silence le nom de cula tlve et morale. Traitant delà création, Olleu rejette i celui qui l’avait formulée. les raisons séminales ainsi que la pluralité des mondes C est aussi dans les 118 Questions q(J'Olicu expose sa habiles, ct diffère d'avis avec saint Thomas sur l'ex­ théorie de la connaissance. Q. lx-lxxiv. 11 y définit le tension de la matière aux esprits créés. Sa théorie rôle des cinq sens, auxquels un sixième sens, interne sur la matière, acte par elle-même, séparable dc sa celui-là et qu'il nomme sens commun, sert de trait forme sans être homogène, precede celle de Scot qui I d'union avec l'entendement. Tout cn conservant son en sera tributaire. A la Question u, il expose sa théorie indépendance, il suit de près saint Augustin et saint sur le mode d'union de l’âme avec le corps, qui sou­ Anselme, ct fait dc l’évidence objective, basée sur leva une opposition bien Justifiée. A la thèse de la le réel atteint en lui-même ou dans ses effets, le cri­ pluralité des formes substantielles dc l’âme cl de tère de la certitude. Scs traités sur l'immortalité de l'existence d'une matière spirituelle, dans laquelle l'âme cl sur le libre arbitre (q. lu ct lvii) sont des s'accomplit leur union, professée aussi dc son temps modèles d'exposition. Les arguments sur lesquels par le dominicain Hobert Kilwardby ct le franciscain Olicu fonde le libre arbitre sont, les uns. directs, Kichnrd de Middletown, il cn ajouta une autre, d'après lumière manifeste dc la raison et fruits de l'expé­ laquelle seuls les principes dc la vie végétative et rience; les autres, indirects, exposé des conséquences sensible, formes substantielles distinctes, informent désastreuses qu'entraînerait l’absence du libre arbitre directement le corps humain ct s'unissent formelle­ dans la vie pratique, bans si démonstration indi­ ment avec lui. Quant au principe de la vie intellec­ recte, il réfute cn outre le déterminisme sous scs tuelle, il n'informe pas directement, par lui-même, différentes tonnes : physiologique, métaphysique, le corps humain, mais se lie à lui par une cohérence intellectualiste et théologique. Quant aux arguments substantielle au moyen du principe de la vie sensible. directs, il les tire du témoignage dc la conscience, de SI l'union delà forme d'être intellectuelle avec le corps la part qui revient à la volonté dans la recherche de la humain était directe et formelle, cc dernier devien­ vérité ct dans la réflexion, dc la maîtrise de la drait par le fait même, d'après Olicu, spirituel ct volonté sur elle-même ct du pnmat dc la volonté sur immortel. Car la forme, non seulement sc commu­ l’entendement. A le lire, on se croirait plutôt en pré­ nique â la matière, mais cn absorbe tout l’être. Cette sence d'un philosophe moderne que d’un scolastique thèse qui, panni les disciples d’Olicu ne trouva d'autre du xîh· siècle. A propos dc son traite des anges (q. xv: sq.), on peut partisan que Pierre de Trabibus, avait été blâmée dès 1283 par les sept censeurs de Paris comme malson­ noter que, cn vertu dc sa thèse sur le mode d'union nante et dangereuse; elle fut dénoncée au concile dc consubstantiel nuis non formel dc la forme intellec­ tive avec le corps humain, il nie que la forme intellec­ Vienne. Haymond Gaufredi ct Ubertln dc Cnsalc, tive dc l’âme soit spécifiquement distincte de l'esprit qui y assumèrent la défense d'Olicu, la représentèrent pur ou angélique. En psychologue averti, il fait la comme une opinion purement philosophique, qui n’en traîne pas communément une erreur dogmatique genèse du vice ct se livre à une profonde analyse chez qui professe en tout la doctrine de l’Église. C’est pour montrer que l’amour désordonné de sol-même est peut-être grâce à leur défense que la mémoire d'Olicu la racine de tout péché. Q. xcvm et an. Là ou il fut préservée d'une condamnation nominale. Mais, sans traite du péché originel, il suit la doctrine dc saint que sa personne fût mise cn cause, le concile réprouva Augustin au sujet de sa transmission et de la cul­ ht doctrine incriminée du mode d'union de l’âme avec pabilité implicite des mouvements involontaires de le corps, qu'OJicu avait enseignée au début de son pro­ la concupiscence. Q. cx sq.. Il en dépend aussi dans fessorat et qu'il semble n'avoir jamais formelle­ sa dissertation sur le péché véniel, où il lui emprunte ment rétractée. Le décret Fidel catholica: fundamento plusieurs thèses, comme celle sur la difficulté dc dis­ (6 mai 1312), déclara erronée et contraire â la doc­ cerner le péché véniel du mortel, sur l’accumulation trine catholique l'assertion d'après laquelle la subs­ des péchés véniels, ct sur la note variable de leur tance rationnelle ou intellective de l’âme n'informe gravité d'après le degré dc perfection qui caractérise pas vraiment ct par elle-même le corps humain. ceux qui les commettent. Q. cxvm. Toutefois, il n’a Quisquis deinceps asserere, defendere seu tenere pertina­ pas réussi à définir clairement l'essence du péché citer prirsumpserit quod anima rationalis seu intellectiva véniel, dont il exagère la indice, influencé qu'il est non sit forma corporis humani per se ct essentialiter, par les doctrines rigoristes des siècles précédents. Notons aussi l’intérêt spéculatif des Questions cx-cxn tanquam hærettcus sit censendus. Mais la question du nombre des formes dans l'homme y est laissée dans lesquelles, s'affirmant nettement théocentrique, il montre comment la Justice divine a pu permettre entière. Le même décret contient deux autres déclarations que le péché originel se commit ct se transmit. Dans concernant des opinions soi-disant erronées attribuées l'appendice De Dea cognoscendo, Olicu examine les trois questions suivantes: 1) Dieu est-il vu par nous? à Olleu, mais au sujet desquelles Lint lui-même que scs défenseurs s’étalent suffisamment expliqués: 2) L’homme connaît-il tout cn Dieu? 3) Dieu est-il I ) que dans sem récit de la passion, saint Jean a con­ connu par lui-même, ou démontrable par des raisons servé l’ordre historique des faits en rapportant quo le nécessaires, ou objet de croyance par la foi? Il y coup de lance fut donné après la mort du Christ; expose amplement la théorie de la connaissance dc Olicu avait émis l’hypothèse contraire, mais sans | saint Augustin et sc montre bien informé dc la doc vouloir contredire !'Évangile; 2) touchant la contro- | trine de saint Thomas sur la lumière de l’intellect verse sur l'effet spirituel du baptême administré aux ( agent et sur son rôle dans l'acte dc la connaissance. enfants en bas âge. le décret ne la tranche pas défi­ Les spéculations auxquelles se livre Olivi sur les nitivement, mais estime qu'il faut suivre comme étant vérités éternelles sont dignes des plus grands sco­ plus probable l’opinion, d'après laquelle ccs enfants lastiques : tout le sujet cn un mot est traité avec tant y obtiennent non seulement la rémission du péché de pénétration, de sobriété ct de mesure que le censeur originel mais aussi la grâce et les vertus habituelles moderne le plus averti y trouverait difficilement à (etsi non pro illo tempore quoad usum); Olicu avait | redire. Métaphysicien puissant et fin psychologue, il exposé les deux opinions, sans sc prononcer ni pour a exposé mieux qu'aucun autre scolastique l’influence l'une, ni pour l'autre. En somme, des nombreuses des corps sur l’esprit, la relation entre les forces 987 OLIEU physiques et les puissances vitales, par laquelle les premières agissent sur les secondes sans qu'intervienne entre 1rs deux une raison de causalité efficiente proprement dite. Su irez s’est mis à son école ct traite comme lui des degrés de. la connaissance, sensible et intellec­ tuelle, conduisant à réveil de l’affection dans les puis­ sances appétitives. De anima. I. Ill, c. ix. 2· L'œuvre scripturaire d’O lieu comprend des AposHiles sur tous les livres sacrés, restées inédites jus­ qu’à présent. Bon nombre dc manuscrits sont Indiqués dans la nouvelle éd. (te J. H. Sbaralea, Supplementum ad scriplores trium Ordinum S. Francisci, t. n, Home, 1921. p. 315 sq. Auparavant, le P. Ehrle en avait déjà donné une brève description dans son étude sur la vie ct les écrits d'OIlcu qui est le premier travail d'ensemble sur cc personnage. Olivis Le ben und Schriflens, dans VArchio fdr Litteratur-und Kirchengeschichie des Mittclallcrs, t. ni, 1887, p. 181 sq. De tous ces commentaires, celui qui fit le plus dc bruit fut J’Expo­ sition de l'Apocalypse dont Baluze a publié soixante ar­ ticles censurés vers 1318 par huit maîtres en théologie. Miscellanea, éd. Mansi, t. n, 1761, p. 258-270. Olieu y expose les théories de Joachim dc Flore sur la déca­ dence dcl’Églisc charnelle ct sur l’avènement du règne «le l’esprit, en faisant ressortir la part prépondérante qui reviendra aux franciscains spirituels dans la rénovation dc la chrétienté. Comme le voyant cala­ brais, il divise l'histoire du monde en trois époques, ct l'histoire dc l’Églisc en sept états, dont le sixième est celui dc la renaissance spirituelle, opérée par saint François ct scs fidèles. C’est durant cette période que les ministres dc l’esprit propageront la perfec­ tion ct la sagesse du Christ. Malgré la persécution déchaînée par l’Antéchrist mystique et l’Antéchrist réel, le sixième état sc terminera par le triomphe dc l'esprit ct la défaite dc la prostituée de Babylone, c'est-à-dire dc l’Églisc charnelle repue de richesses et dc jouissances. La pauvreté apostolique sera mise en honneur, el tout en protestant qu'il n'entend pas la confirmer, Olieu rapporte la rumeur d'après laquelle saint François ressusciterait à l’exemple du Christ, pour combattre les suppôts de l’Antéchrist. A l'ordre des frères-mineurs incombe la mission dc recommencer et dc parfaire l’œuvre des apôtres : c’est pourquoi ils ont à reprendre la prédication de ('Évangile dans le monde entier. D’après l’opinion commune, l’Anté­ christ mystique sera un antipape entouré de pseudo­ prophètes ct l’Antéchrist réel ct proprement dit un emjwreur â la manière de Néron, peut-être un des­ cendant dc Frédéric II, qui vaincra les souverains chrétiens ct. par la terreur, créera le vide autour du pape légitime. Alors l’Églisc chamelle régie par l’anti­ pape, ne sera plus que la synagogue de Satan dont il faudra sc hâter dc sortir afin de se préparer à la venue du Christ qui, à l’avènement triomphal du règne de l’esprit, célébrera scs noces mystiques avec l’Églisc régénérée. On peut dire qu’Olicu écrivit ses Apostilles de l’Apo­ calypse dans l’esprit de Joachim dc Flore : sans pré­ tention doctrinale ni intention hostile à l’Églisc ro­ maine. Attiré par le mirage d’un avenir idéalement parfait, il a fait crédit, comme tant d'autres, à l’oracle dc l’Italie mystique, ct fermant les yeux aux mérites dr son temps, il n’en voulut plus voir que les abus et les vices, qu’il transforma tendancieusement en signes indiscutables d'une décadence fatale. Mais il n'eut jamais le dessein, ni d’nttnqucr le pape régnant. Boniface VIII, ni dc s'en prendre à la hiérarchie ecclésiastique, ni dc se livrer à n'importe quelle allusion personnelle. Dans scs Apostilles comme dans ses Questions, il reste purement spéculatif. Si ses disciples s’étaient conformés à scs intentions, ils u'auralent lu les Apostilles que pour •’exhorter a 988 l'observance parfaite de la pauvreté ct à l'imitation fidèle dc saint François, en vue de coopérer à la ré| tonne de l’Églisc. Mais, avec la logique des simples, ils les interprétèrent conformément à leur mentalité étroite et rebelle : entre leurs mains, les contempla­ tions apocalyptiques du pieux rêveur provençal i devinrent un instrument de combat, tant contre les supérieurs de l’ordre que contre l’autorité ecclésias­ tique, dont ils proclamèrent effrontément la déchéance en vertu des Apostilles. C’est dans celles-ci que, au témoignage dc l'inquisiteur Michel Monachi, les quatre franciscains spirituels condamnés au bûcher en 1318 à Marseille, avaient puisé leurs erreurs. Dans son Arbor vitiv, l’bertin de Casnlc n'a fait qu'appli­ quer à Boniface VIII et â Benoit XI la description im­ personnelle de l’Antéchrist mystique donnée par Olieu. Aussi peut-on dire que toute l’œuvre de ce dernier a souffert durant longtemps du scandale soulevé autour des Apostilles, à cause surtout des interprétations subversives qu'en liront les spirituels ct les béguins. C'est ainsi qu’il faut expliquer la condamnation géné­ rale des écrits d'Olieu, faite en 1319 au chapitre géné­ ral de l’ordre à Marseille. Le 8 février 1326, Jean XXII réprouva les Apostilles sur l’Apocalypse en consistoire public, pour hérésie contre l’unité de l’Églisc catho­ lique et contre l'autorité du souverain pontife. Parmi les constitutions générales de l'ordre, celles de Fun­ nier (1351) et celles d'Alexandre VI (1500) en défen­ dirent la lecture. Mais le célèbre prédicateur francis­ cain Bernardin dc Busto ne craignit pas d'en faire usage dans son Rosarium (part. II, semi, xi, p.5) ct, nu témoignage de Marien dc Florence cité par Wadding (Annules minorum, an. 1325, n. 21), Sixte IV aurait permis de les lire avec discrétion. 3· Les Apostilles sur l’Apocalypse nous conduisent naturellement aux écrits franciscains d'Olivl. Ceux-ci se rattachent avant tout à deux questions qui, à son époque, furent chaudement discutées dans l'ordre : la parfaite observance dc la règle ct la renon­ ciation dc saint Célestin V à la tiare. — A propos de In première question, il convient de citer, outre les lettres ct mémoires déjà mentionnés, 1’Expositio in Regu· lam S. Francisa, les dlx-sept Quæstiones de perfee· tionc euangelica (à l’exception des Questions xn-xm qui traitent de l’infaillibilité pontificale cldc la renon­ ciation de Célestin V) ainsi que le Tractatus de pau­ pere rerum usu. Dans ces trois ouvrages édites seule­ ment en partie, Olieu, se faisant l’éloquent défen­ seur de la thèse des franciscains spirituels, réduit l’observance de la règle à l'usage étroit en matière dc pauvreté, accentue la vie contemplative au détriment de l'apostolat ct du travail manuel, ct identifie la pauvreté franciscaine avec la perfection apostolique. C’est dans ces traités que les porte-parole du parti rigoriste chercheront leur arguments lors de la grande controverse sur l’observance franciscaine nu concile devienne. -Du point dc vue de la théologie fondamen­ tale et dc l’histoire ecclésiastique, les Questions xn-xm du trdté Dc perfectione euangelica cl la lettre au bienheureux Conrad d’Offlda sur la renonciation . dc Célestin V (I I septembre 1295), dépassent en Im­ portance les dissertations sur la pauvreté francis­ caine. A la Question xn, Olieu se demande si tous les catholiques doivent obéissance en matière dc foi ct de mœurs nu pontife romain lanquam regain iner­ rabili. Il répond affirmativement, sans aucune ré­ . serve, rt examine successivement la nécessité d'un | seul souverain pontife dans l'Église; I i nécessité dc la création du siège dc Borne et l’étendue de son auto­ rité; le mode d'infaillibilité (modus inerrabilitatls) tant dc l’Église en général que du siège dc Borne ct du souverain pontife; la mesure ct la nécessité de l’obéissance que le monde catholique doit nu souverain 98 9 OLIEU pontife. C’est ainsi qu'il est amené logiquement à traiter de la renonciation de Célestin V et de l'obéisBance que les fidèles doivent à son successeur Boniface VIII : c’est le sujet de lu Question xm. composée peu avant la lettre à Conrad d’OIllda. Passant du fait personnel de Célestin V' A lu ques­ tion de principe, Olivi pose la question ; Le pape régnant peut-il renoncer a la papauté, dc telle façon que» lui vivant, un nouveau pape lui soit substi­ tué ? Suivant la méthode scolastique, il commence pur exposer douze arguments contraires A In licéité dr la renonciation, empruntés soit aux Décrets du Pseudo-Isidore, soit aux objections soulevées par les adversaires de Boniface %’III. Ensuite il prouve sa thèse, d'après laquelle le pape peut renoncer pour une cause légitime, eu égard à i utilité générale de l’Églisc. Son argumentation repose avant tout sur lu plénitude du pouvoir du souverain pontife, en vertu de laquelle il peut promulguer des lois nouvelles ct résoudre les doutes qui pourraient surgir : les fidèles doivent accepter en toute soumission les déclarations pontificales. Quant ù la renonciation en cause, clai­ rement définie par le pape démissionnaire lui-même, mise à exécution avec le conseil ct l'assentiment des cardinaux ct accueillie en esprit d'obéissance par l’Églisc universelle, elle ne s'oppose ni au droit divin ni au droit ecclésiastique. Λ cc propos, Olieu exa­ mine d'abord quel est le pouvoir dogmatique du pape et plus spécialement sa faculté d'établir des normes en vue de sa succession; ensuite, quelle est à cc sujet la compétence dc l'Égllse ct particulièrement du collège des cardinaux auquel revient l’élection du pape; comment la juridiction tant épiscopale que papale est et doit être mobile et par conséquent, d’après les cas possibles, indépendante des personnes et des lieux; enfin il montre que la juridiction n'est pas jointe nécessairement â l'ordre sacerdotal ou épiscopal, bien que de l’union de l’ordre avec la juri­ diction naisse la plénitude respective du pouvoir papal, épiscopal et sacerdotal. C’est surtout à la démonstration de la plénitude du pouvoir papal que s’arrête l’auteur, à l'appui dc laquelle il allègue une foule de citations canoniques. Là ou il détermine la part du collège des cardinaux dans la renonciation, il témoigne encore du vif souci de sauvegarder la plénitude du pouvoir pontitical : c’est une part pure­ ment passive, en ce sens que le collège des cardinaux peut accepter In renonciation quand celle-ci est évi­ demment aussi utile ct nécessaire que la création d'un nouveau pape à la mort du pontife régnant. Les cardinaux ne pourraient assumer un rôle actif en vue de la renonciation du pa|>e que dans le cas hypothétique, prévu par Je Décret de Gratien, où un pape ferait profession publique et obstinée d'hérésie. Celte Question xm, qui est un véritable traité De renuntiatione paper, editee pour la première fois en entier par L. Oliger O. F. M. (Archivum franc, hist., t. xi, 1918, p. 310-36(1) place Olieu parmi les meilleurs défenseurs dc la papauté, à une époque où le pape régnant, Boniface VIII, était combattu ôprement par les uns, tandis que l’étendue de la juridiction pontillcale était définie d’une façon indécise pur les autres. Même Gilles de Home, tout en admettant dans son Dr renuntiatione paper que la part principale dans l’acte dc renonciation revient A la volonté du pape, fonde son argumentation sur le principe : Quo quid factum rsf, eodem destruitur; celui que le consente­ ment des cardinaux u mis ù la tête dc l’Églisc, peut être amené par un consentement contraire ù céder la place à un successeur. Jean de Paris. O. P., ou­ vrant la voie aux prétentions erronées *i* nunquam interrupta serie continuatis, uni­ cum sub aspectu ponere sensum Societati* unlvenue atque conatum, quo sati* refelluntur obtrectatorum mendacia, tam fama· ntnlnr insultant Ium, quam veritati. Monet no* tamen h.xc ip*n maligni rumori* aura pro­ cludere querimoniis stain, et exquisitiore in dies delectu opinionum moralium, eam solidiori* rt securiori* doctrina* laudem, quam ab initio complexa « *t Socirtu*. et mordicus deinde retinuit, etiam ad posteras propagare. Sic prncul ab invidia seu laxitati* noxia* *ru novitati* j»rriculo*»r scopum nsseipicinur a S. l-rgidatnrr nobh in docendo propositum, qui rvmpc fuit : Proximo* ad cognitionem et amorem I>ri et salutem animaram juvare. Quare moralis cathedra· nbiqitr Profc**oribat, rt pra-strlim In quacumque l niversllate terto mandam i* (ut meo nomine Η. V. omni­ bus cl singali* Intra istam Provinciam commcrdubiti corum <|uir in hunc finem decrevere simul cum congrega­ tionibus generalibus decessore* mei, quaeque ipsr tolles addidi, cxcrutioriein, quam *i né gligerr quispiam comper­ tus fuerit, ac discipline rigorrm doctrinis mollioribus labefactare. Illum a docendi munere stiitlm removeant Provinciales pro tempore, quorum in re tanti monunti conscientium oneramu*. .Xon /deo lamrii aojinmr in gua· cunque controversia benigniores rapuere sententias. Imo r contrariis intentum aliqua- cirtcroqui admodum prlKmlir ne proferantur a Magistri* in Socirlatr ndrntin. Displicet igitur nimio in jun divino humanoqur interpretandi Indulgentia, moderatio justa di»|4icrt. \<>n enim duritiem *rd soliditah m exigimus doctrina*, prr qi.nm denique, ut S. Aug <*linu* monuit : Xon solum srrita* *cd etiam charita* exhibeatur a nobi*. Texte publié par .L I rirdrich, d’après le in*, latin. Monac. 26 47'2. dans //cif/agr zur (iro'hlchtr des Jrmitrn iirdmi. édité* fuirmile* Abhandliinqm dr l’Uuidèmic de Munich, hist. KLi**e, t xvi Munich. 1883. p. 170-171. Entre l’ordre formel donné par le Saint-Ollkc le 26 juin cl l'exécution par le P. Olivu le 10 août, le Quoi qu’il en soit des nuances assez importantes qui P. Brucker suppose une série de tractations entre séparent ers deux rédactions, une chose reste claire : i le général et le pape. Oliva réussit évidemment à on voulait, au S tint-OllIcc, que la Compagnie ne per­ faire comprendre au Souverain Pontife que cette sistât pas â considérer le probabilisme comme sa mesure (la lettre du 10 août) ét iit préférable à cc que doctrine propre et qu'elle permit à ceux de scs membres lui prescrivait le décret du 26 juin; car il n’a jamais (pii le voudraient (un l’hyrsc Gonzales par exemple) fail la notilic.ilion dennndve, cc qui ne s'expliquerait de s’en affranchir ct de soutenir l'opinion contraire, pas, si Innocent XI ne Peu avait dispense · Lu (mm· c’est a dire le probabillorisme. C’est bien d’ailleurs pagnir de JAtUs. Parie, 1919. p. 528. Seule la publi­ ce (pie comprit le général, comme en fait fol une cation des pièce* d’arehixes permettrait d’établir annexe nu précédent procès-verbal, datée du 8 juil­ le bien-fondé de ces conjectures. Il reste qu’à un mo­ let 1680. I ment grave le général n’a pas su donner le coup de barre que la plus haute autorité dc l’Eglisc jugeait Inlimito prrcdlcto online Sanctitati* suir P. <'tenendi nécessaire. Societati» Jesu per It. P. I>. Assessorem, respondit, *c in omnibus quanto citius pariturum, licet nrc per *e ipsum Prédicateur en renom, le P tiliva a laisse un cer­ nec per tuos pncdecossorrs fuerit unquam interdictum tain nombre dc volumes de Sermons (en italien) scribere pro opinione magis probabili cumque docere. prèchés les uns au Palais apostolique, 2 In-fo!., Home, Concino, ibid.; Den/.. ibid., note. 1659; d’autres en divers lieux, in-1·, Home, 1660, Pourtant I exécution de l’ordre ne fut pas tout â supplément en 1665: d’autres, ce sont les plus nom­ fait ce qu’on aurait pu attendra. Le général envoya breux. dans les maisons de la Compagnie (Sermoni bien ù la Compagnie une circulaire. le 10 août 1680; domestici. 10 vol. In-8·. Home, 1670-1682). On lui celte circulaire met bien les jésuites en garde contre le doit aussi six volumes in-fol. de comment lires (mo­ frirwnr, mais elle ne parle pas dans le sens précis du raux) sur l.i Sainte écriture : In selecta Scripturae décret du Saint-Office, elle ne donne pas aux membres loca commentationes, sur la Genèse et le Cantique, sur do lu Compagnie latitude d’abandonner le probabi­ Esdras, sur les évangiles du c irèine et des sujets divers, lisme et Λ plus forte raison de le combattre. En voici i 1677-1679. On a recueili aussi deux volumes de scs le texte intégral. Lettres. in-l°. Home, 1681, même édit, à Venise et â Bologne; quelques lettres nouvelles dans une édit, Cum sinceritatem doctrina*, she ad iklcin, wive nd mores de Bologne, 2 vol in 12, 1703 et 1701 Sommervogcl n perlinenti* Indefesso studio coluerit hucusque Societas, nusn nuper est nihilominus aditum contra no* tenture relevé les diverses lettres publiées en d’autres recueils. calumnia, rt inspirante fortasse nonnulliu* ex domesticis vel impudentia vrl imperitia, m»* apud supremum Eccle•lx tribunal reo* ngere, quasi compluribus in ncndemllf morum scientium profiteamur omnino degenerem, rt, relicto plerumque regio tramite, pro sententiis magi» pro-* mer. i»k τηι oi. catii Soinrncrvogel, Ihbliolhtquc de ta t'.omp. dt JZsiM.t.s, col 1881-1892, ct le* travaux mentionné* nu cour* de l'nrllrlc. É. Amsnn. XI 32 995 OLIVE B OLIVIER MAILLARD OLIVER (Jean d·). frère mineur déchaussé, (t 1599). — Né à Valence, il entra chez les frères mineur» déchaussés de la province de Valence cl passa ensuite à celle des Iles Philippines, où il devint définitcur. Prédicateur célèbre ct grand théologien, Jean d'Oliver nous a laissé plusieurs ouvrages : 1. Duodecim tractatus : de beneficiis ; de vilie htunanie miseriis ; de beatitudinibus ; de quatuor novissimis ; de peccatis; de pernitentia; de eleemosyna; de ss. sa­ cramento eucharistia et communione ; de fide ; de char itate; de consideratione ac meditatione cl de quin­ decim mysteriis ss. rosarii; -2. Quatuor catechismi : de bonis moribus Christian i ; de doctrina Christiana et ejus negligentia ; de modo communicandi rt de modo baptizandi infideles ; — 3. Dialogus de confessione ; L Catalogus indulgentiarum ; 5. Sermocinationes vurûr, imprimées à Manille; — 6. Platicas sobre los principales misterios de nuestra sanla Fc; — Ί. Ars lingiur taquhe; 7. Diccionario tagalog-espanol, escrito por el Fr. Juan de Plasencia, perfcccionado y aumentato por el Fr. Juan de Oliver. .1, 11. Sbunilca. Supplementum ad scriptores trium ordi­ num S. I runclsd, 2· édit,, Koine, t. η, 1921, p. 108-109. A. Τεετλεκτ. 1. OLIVIER CONRAD, frère mineur de la province de Paris. —Originaire de Meaux, il doit avoir vécu pendant la première moitié du xvi* siècle et il est mort vers 15I6. Il a composé les ouvrages sui­ vants : I. Le Miroiter (miroir) des pécheurs, imprimé à Paris, s. d. D'après la préface de l'auteur, cet ouvrage doit avoir été publié en I526. Nous y lisons : < Ex coenobio Magdunio ad Ligerim (Mehun-sur-Loirc). idt bu s decembris, anno a natali Christiana millesimo quingentesimo vigesimo sexto, · 2. La vic, fa icis rt louanges de saint Paul apostre, Paris. 15 I6; - 3. Epigrammata, orationes ad superos et epicedia, Paris. 1510; I. Xenia, Paris, 1510; 5. Pcnthalogtis : Saphicum carmen de conceptione Virginis Christi­ fero·, Paris, 1510; -6. Odæ aliquot de pnvfiguratione, conceptione, nativitate, assumptione Ii. V. Maria1, una filii Jcsu vitam complectentes, miraculum ejus­ dem virginis in defendendo ab hostibus oppidulo quod nunc pars est Aurcliie urbis : historia l). Sebastian i libri 11, cum aliis nonnullis, Orléans cl Paris, 1530; — 7. I.a vie et louenge du benoisl sainct Joseph espoulx de Ia 1res sacrer vierge Marie mère de nostre saulueur Jesus, Lyon, s. d., mais pas avant 1535. L. Wadding, Scriptores ordinis minorum, 2* édit., Homo, 1906, j». 181; .1. II. Sbanilea, Supplementum ad scriptores trium ordinum S. Fraruclscl, 2* édit., t. n, Home, 1921, p. 298; -L our tituée intelligente par une connaissance immédiate, qu’on maintienne bien en lui-même dans la défini­ quoique souvent irréfléchie, de ('Absolu, de Γ Infini; tion de l’ontologisme, parce que. dit-il. * c’est la seule el que nous voyons en Dieu les idées générales, éter­ formale qui exprime nettement la doctrine ontolo­ nelles et absolues, qui éclairent notre Intelligence... Si gique dans ce qu’elle nous parait avoir de contraire les platoniciens chrétiens de notre temps ont donné â la tradition chrétienne. Voir Dieu en lui-même un nom nouveau a cette théorie, c’est pour mieux c’est le voir sans aucun intermédiaire, non par une mettre en relief cette connaissance immédiate de idée, mais dans son être, de manière que l'intelligence l’Être infini... », ibid., p. 12-13: ct enfin : ■ pour enlever sc termine â l’être même de Dieu ct atteigne sa sub­ au sophiste néopéripatéticien (le P. RamUrc) un stance. quoique peut-être elle n‘atteigne pas certains vain prétexte d’ignorance, résumons encore l’Ontolo­ attributs de cette divine substance. La formule : con­ naître Dieu immédiatement ne rend pas du tout la gisme dans cette proposition : l'intellect humain même idée, puisque dans la langue scolastique une atteint essentiellement et immédiatement l’Être infini connaissance est immédiate dès qu’elle n’est pas le lui-même (non pas tel qu'il est cri lui-même ou au-de· dans de lui-même) ct voit en Lui les essences métaphy­ résultat d’un raisonnement, alors même que l’objet ne serait pas connu en lui-même, mais seulement dans siques ou idées universelles, éternelles el immuables, son idée. » ibid., 1861. t. x, p. 187. note. des choses créées... ·. ibid., p. 52. note. IL La tradition ontologiste. - Pour sc faire I baghs. rendant compte dans la Renue catholique recevoir dans les écoles catholiques, l’ontologisme de Louvain, « l’organe principal de l’école onlolos’est naturellement présenté sous le patronage de la giste », d’un autre ouvrage de Fabre, la Défense de « tradition ·; il s’est créé une généalogie. C’est elle que I'Ontologisme..., formule ainsi occasionnellement ce nous voudrions étudier maintenant, d’après les écrits qu’il appelle les propositions capitales de l’ontolo­ mêmes des ontologistes, sans rechercher s’ils ont eu gisme : « Saint Thomas enseigne la première proposi­ raison ou tort de sc réclamer de tel ou tel auteur. tion capitale de l'ontologisme : l'identité de toute Parlant de Malebranche, qu’il considère el que tout vérité intelligible avec l’être infini; mais il n'admet pas le monde regnnle comme le plus authentique des ontola seconde : la vue immédiate de la vérité ou de l'être logislcs. Globerti déclare qu’il continue la chaîne de infini, par l’esprit de l’homme. Cité par la Revue du la véritable science, et qu’il remonte, en sc rattachant monde catholique. 1863, t. vu. p. 262. note 2. a saint Bonaventure, à saint Augustin et aux Alexan­ Si de Belgique nous passons en Italie, voici la théorie drins. jusqu'à Platon. » intnHiuction..., t i, p. 137. du P. Gaetano Milone. * savant ontologistc ». qui Plus loin, il ajoute de nouveaux chaînons : < La doc­ serait aussi celle du P. \ creel lone el du ■ célèbre abbé trine des anciens et des nouveaux platoniciens. I.i François Seni : \ J intelligible n’esl pas une chose doctrine de saint Augustin, de saint Anselme, de saint créée, mais il exprime, rigoureusement parlant, tout Bonaventure, de Gerson. Solii., I. I, c. i; Discussion, p. 210. Saint Thomas n relevé encore dans les Soliloques celte autre parole qui paraît suscep­ tible d'une interprétation ontologiste : prius est Veritas cognoscenda per quam possunt alia cognosci. Solii., I. I, c. xv, Summit contra Gent., I. Ill, c. xuvn. « Découvrir, ce n’est ni faire, ni engendrer; autre­ ment l’esprit, dans une découverte temporelle, engen­ drerait Fétcrnel, cir souvent il découvre des choses éternelles. Qu'y a-t-il, en effet, de plus éternel que l’essence du cercle? De immortal, animæ, c. iv, cité par Hugonin. Ontologie, t. i, p. 182. — « Lorsque l'esprit perçoit (intuetur) des objets qui sont immua­ bles, il est uni à ces objets (satis ostendit se illis esse conjunctum) d'une manière admirable el incorpo­ relle. » Ibid., c. x; Discussion, p. 256. < La raison ne peut rien apercevoir d’étemel cl d’immuable sans y reconnaître son Dieu. » De lib. arbit., I. H, c. vi; Disc,, p. 295. — « Les vérités numé­ riques sont au-dessus de notre esprit; elles demeurent immuablement dans la Vérité même (incommutabiles in ipsa manere Veritate)·, c’est là que les savants les contemplent (in ipsa Veritate contuentur). » Ibid., c. xi ; Disc., p. 29 L — « Vous ne pouvez nier qu’il existe une Vérité immuable qui contient toutes les vérités immuables ct qui brille comme une lumière secrète ct publique à l’intelligence dc ceux qui voient ccs vérités (tanquam secretum et publicum lumen præsto esse et se prœberc communiter). · Ibid,, c. xu; Disc., p. 212. - « L'esprit comprend, dans la mesure où il peut s’approcher de et s’unir à l’immu ible Vérité (quantum propius adm tueri atque inhmrere potuerit incommutabili Veritati). ■ Ibid.; Disc., p. 256. ■ Toutes les fois que nous comprenons quelque chose, cc n’est p is celui qui parle extérieurement que nous consultons, c’est la Vérité (pii préside intérieu­ rement à notre intelligence (sed intus ipsi menti priest* dentem consulimus Veritatem)... Quand il s’agit des réalités physiques, nous nous servons de nos sens pour les conn Utre; ni ds quand il s’agit des choses intellec­ tuelles, nous consultons la Vérité intérieure par In raison... Quand il s'agit des objets connus par l’esprit, c’cst-à- lire par l’intellect ct par In raison, nous expri­ mons par la parole cc que nous voyons présent à notre intelligence dans celte lumière secrète de la Vérité qui éclaire l’homme intérieur (quæ priescntia contuemur in illa interiore luce Veritatis)... Dans toutes les sciences que les hommes enseignent, au moment où le maître parle, le disciple vérifie au-dcdiins de lui-même en regardant, nul mt qu’il le peut, la Vérité Intérieure (interiorem scilicet illam Veritatem pro viribus in· tuentes). De Magtst.,c. xi, xu, xiv; Disc., p. 215-216. Puisque la loi dc tous les arts est absolument immuable, ct que l’esprit humain, qui a le privilège de voir cette loi, est sujet au changement de l’erreur, il est manifeste qu’il y a au-dessus de notre intelligence une loi qu’on appelle la vérité. Or vous ne pouvez nier que la nature immuable qui est au-dessus de l’àmc i aisonn ible soil I )ieu lui-même De vera relig., c. xxxI xxxî; Disc., p. 213-211. Du chapitre xxxi de cc même traité, saint Thom is a relevé celle autre propo­ sition dc saveur ontologiste secundum veritatem divinam dc omnibus judicamus. Sum. cont. Gent., toe. cit. Hugonin. op. cit . p I 12-I I I. se réfère aux 1005 ONTOLOGISME. LES PRÉCURSEURS 1006 chapitres xxxn a xxxv, dont il tire cc raisonnement, ; cc que doit être l’esprit humain?... C'est de contempler si familier aux ontologistcs : < S’il en est ainsi, je pres­ la Vérité suprême, afin dc savoir ce qu’il doit être serai l'artiste de me répondre : où voit-il lui-même d'après les types éternels que cette Vérité contient cette unité, d'où la voit-il?... Si vous ne In voyez pas, en elle-même (neque enim oculis corporis multas comment pouvez-vous juger que les corps ne la réa­ mentes videndo, per similitudinem collegimus generalem lisent pas?... Nous voyons donc l’unité des yeux de vel specialem mentis humanor notitiam ; sed intuemur l’esprit. Mais où la voyons-nous? SI elle était là où inviolabilem Veritatem ex qua perfecte, quantum possu­ est notre corps, où In verrait celui qui, en Orient, juge mus, definiamus, non qualis sit uniuscujusque hominis dc l’unité des corps? Elle n’est donc point contenue mens, sed qualis esse sempiternis rationibus debeat). » par l’espace; elle n’occupe aucun lieu ct par sa puis­ Ibid., 1. IX, c. vi ; Disc., p. 240. — « C’est donc dans la sance elle est partout... Le principe dc toute unité est Vérité éternelle, d'après laquelle toutes les créatures l'Unité seule par laquelle toutccqui est un est un, qu'il ont été faites, que nous contemplons l'archétype sur lequel nous avons été créés (in illa igitur irterna Verila réalise parfaitement ou imparfaitement. » « Il n’y late... formam secundum quam sumus... visu mentis a rien de créé entre notre esprit qui conçoit (intelliaspicimus). · Ibid., c. vn ; Disc., p. 26G. Cf. Sum. gimus) Dieu comme père des hommes, ct la Vérité qui est la lumière intérieure par laquelle nous le c. G., loc. cit. — « Les raisons éternelles ne sont pas concevons. » De ver. relig., c. i.v; Disc., p. 255. fixées dans un lieu à la manière des corps, elles résident dans une nature incorporelle où elles sont intelligibles bu Dc diversis qiuest. LXXX1 //, les ontologistcs cl présentes aux regards de l’esprit (sed in natura extraient les passages suivants : · Les idées sont les incorfH/rali sic intelligibilia pnrsto sunt mentis aspecformes ou les raisons immuables des choses; ccs raitibus), comme les objets qui occupent un lieu sont sons n’ayant pas été formées sont par là-même éter­ visibles ou tangibles pour les sens du corps. > Ibid., nelles, identiques à elles-mêmes ct résident dans l'intel­ L XII, c. xiv; Disc., p. 279. —«Telle est la constitution ligence dc bien... Il n’y a que l’âme raisonnable qui de notre intelligence, qu’en vertu d’un ordre naturel puisse les voir, par scs plus nobles facultés, je veux établi par le Créateur, elle est si étroitement unie ct dire par son intellect el par sa raison, qui sont scs subordonnée aux choses intelligibles qu’elle les voit yeux intérieurs. » Q. xi.vi; Disc., p. 25 L —· En l’esprit dans une espèce dc lumière immatérielle (ut rebus de l’homme se trouve l’intelligence de la vérité,car il intelligibilibus... subjuncta, sic ista videat in quadam est uni à la Vérité sans l’interposition d’aucune créa­ luce sui generis incorporea), comme l’œil du corps volt ture (lucret enim Veritati nulla interposita creatura). > les objets dans la lumière materielle. » Ibid., c. xv ; Q. i.i; Disc., p. 255. « Ce qui comprend (intelligif) Disc., p. 281. — « Où donc les impies peuvent-ils voir Dieu est uni à Dieu. Or l’âme raisonnable comprend les principes de la justice? Est-ce dans la nature dc Dieu, puisqu’elle comprend ce qui est toujours le leur esprit? Non. sans doute, puisque ccs principes même. Si donc elle comprend ce qui est toujours le sont immuables, tandis que leur esprit est essentielle­ même, il est clair qu’elle comprend Dieu, Dieu qui ment variable. Où donc? Dans cette lumière qui est la vérité même à laquelle elle est unie en la connais­ s’appelle la Vérité (ubi ergo scriptie sunt nisi in libro sant (eut intelligcndo jungitur). » Q. i.v; Disc., p. 255. lucis illius qua* Veritas dicitur?). » Ibid., 1. XIV, c. xv; — L’union dc l’esprit humain à la Vérité sc retrouve Disc., p. 291. — « Nous avons essayé d’appliquer notre dans le De Genes, lib. imp., c. xvi, n. 60, cité par Hugo­ esprit à la connaissance dc la Nature parfaite et nin, op. cit., p. 391 : mens humana nulli cohæret nisi immuable. Nous la contemplions (intuebamur) non ipsi Veritati, qiur similitudo et imago Patris ct sapientia dicitur. pas comme une chose qui était loin dc nous, mais comme une chose qui était au-dessus dc nous par son • Si les hommes ne voyaient pas la Sagesse, ils ne excellence ct au-dedans dc nous par la présence dc sa préféreraient pas la vie immuablement sage à la vie lumière (apud nos esse suo priesenti lumine videretur). > variable. Ils voient, en etTet. que la règle de la vérité Ibid., 1. XV, c. vi; Disc., p. 244. qui leur fait préférer l’une à l'autre est immuable, el, « Autre chose est cc qui est vu dans notre âmc...» cette règle immuable, ils la volent au-dessus d’euxautre chose est la lumière même qui éclaire notre mêmes. puisqu’ils sont soumis au changement. » âme... : car cette lumière, c’est Dieu lui-même (illud De docte, christ., I. I, c. vm; Disc., p. 212. - - · J’ai vu jam ipse Drus), tandis que l’âme n’est qu’une créa­ au-dessus de mon esprit, la lumière immuable. Celui ture... Lorsqu’elle s’efforce de regarder cette lumière, qui connaît la vérité, la connaît. O Vérité éternelle, elle sent son infirmité et sa faiblesse. Et cependant vous êtes mon Dieu. » Confess., I. VII, c. x; Disc. c’est par elle qu’elle conçoit tout ce qu’elle peut con­ p. 276. — « Où donc vous ai-je trouvé pour vous con­ cevoir. » De Genesi ad litter., 1. XII, c. xxxt; Disc., naître, sinon en vous au-dessus dc moi? 11 n’y a pas p. 241. — · Nous voyons tout ce qui est présent aux de lieu où nous soyons séparés, dc lieu où nous soyons regards du corps ou de l'esprit (videntur qua· pries to rapprochés. O Vérité, vous êtes partout présente sunt, unde et pnesentia nominantur); ainsi je vois la (pries ides) à tous ceux qui vous consultent. · Ibid., lumière cl ma volonté, parce que la lumière est pré­ 1. X. c. xxvi; Disc., p. 278. —- « Si nous voyons tous sente à mon œil, cl ma volonté a mon sens intime. » deux que vous ct moi nous disons la vérité, où le De videndo Deo (epist. cxLvil), c. n; Disc. p. 285. voyons-nous? Moi, Je ne le vois pas en vous; et vous, Socrate, au dire de saint Augustin, aurait enseigné vous ne le voyez pas en moi. Nous le voyons tous que deprimentibus libidinibus exoneratus animus natu­ deux dans la Vérité immuable qui est au-dessus de rali vigore in n terna se attolleret, naturamque incorporei notre esprit. · Ibid., I. XII, c. xxv; Disc., p. 213. et incommutabilis luminis, ubi causse omnium facta­ Texte déjà versé par saint Thomas au dossier dc l'on­ rum naturarum stabiliter vivunt, intelligcntiiv puritate tologisme de saint Augustin, Sum. cont. G., loc. cit. conspiceret, Dc civit. Dei., 1. VIII, c. m; Disc., p. 259. • Si nous savons que les ministres de Dieu doivent - « Si l’homme est créé de telle sorte que, par ce qu’H vivre ainsi, cc n’est pas que nous le croyons sur le a de plus excellent en lui, il touche (attingat) celui qui témoignage d’autrui, c’est que nous le voyons audedans de nous, ou plutôt au-dessus dc nous dans la s’élève au-dessus de toutes choses, sans qui aucune Vérité elle-même (in ipsa Veritate conspicimus)... créature n’existe, aucune doctrine n’instruit, aucun Nous voyons en Dieu (in Deo conspicimus) le type acte n’est profitable, on doit chercher celui en qui tout éternel dc la justice, selon lequel nous jugeons que est solidement assis, on doit contempler celui en qui l’homme doit vivre. · De Trin., 1. VIH. c. ix; Disc.. tout nous est certain (ipse cernatur, ubi nobis certa p 290. — · Quel est le moyen Λ prendre pour savoir 1 sunt omnia), on doit aimer celui en Disc., p. 262; traduc­ tion libre de In Joan., tract, i. 19. — Le traité xcix, in Joan., compare ou plutôt assimile l’opération de l’intelligence aux opérations des sens : Ipsa mens nos­ tra... quando immutabilem veritatem intelligit..., ct lumen videt de quo dicitur : erat lumen verum; et verbum audit de quo dicitur : in principio erat verbum;... ct tactu /ruitur de quo dicitur : mihi adhierere Deo bonum est : nec aliud atque aliud, sed una inteltigcntia tot sensuum nominibus nuncupatur. Cité par Fabre, Réponse.... p. 100, note 1. Le Livre des Rétractations lui-même fournit encore des textes aux ontologistes : < si les ignorants euxmêmes répondent avec exactitude, lorsqu'ils sont bien interrogés, sur des sciences qu’ils ne connaissent pas, c’est parce que la lumière de l’éternelle liaison est présente â leur entendement, ct qu’ils y contemplent ccs vérités necessaires (quia pnvsens est els, quantum id capere possunt, lumen Rationis a ternir, ubi lure incom­ mutabilia vera conspiciunt). Retract., I. I, c. iv; Disc., p. 23G ct 282.· De même, pour expliquer la remarque qu’Augustin avait faite, qu’il semble que l'âme ap­ porte en cc monde tous les arts avec elle, « il peut bien sc faire, dit-il, que cela vienne de ce qu’elle est une nature intellectuelle et unie aux choses immuables (et conncctitur non solum intelligibilibus verum etiam immutabilibus rebus), de manière que c’est en se tour­ nant vers les choses auxquelles elle est unie qu’elle répond avec exactitude aux questions qu'on lui adresse. » Ibid., c. vm: Disc., p. 256-257. Voila quelques-uns des textes invoqués par les onlologistcs pour revendiquer saint Augustin comme leur authentique chef de tile. Ont-ils eu tort ou raison d'interpréter ces textes dans un sens onlologiste? En tout cas. cc faisant, ils déclarent suivre une tradition exégétique qui sc réclame de noms illustres : « Long­ temps avant Malebranche, on avait entendu la doc­ trine du saint docteur a la manière des ontologistes. Qu’il me sufllsc de vous citer saint Anselme, saint Bonaventure et, au xm· siècle, le P. Valcrien Magni. Dans les trois siècles suivants, d’éminents théologiens ct d’illustres philosophes ont entendu dans le même sens lu pensée de saint Augustin, entre autres le P. Ju­ venalis, Leibniz, le P. Thonmsiln, le P. Bcrti, le car­ dinal Gerdil, etc. · Disc., p. 230-231. Cf Gilson, Intro­ duction à l'étude de saint Augustin, Paris, 1929, p. 115125 Π. au / \ sol.. 1· Saint Anselme. - Lc seul texte où les ontologistes ont cru retrouver en saint Anselme leur propre doctrine est le chapitre xrv du Protlogium. Il est justement intitulé : Quomodo et cur videtur ct non videtur Deus a qua renhbus euni. On v 1008 lit : « Pourquoi, Seigneur Dieu, mon âme ne vous sentelle pas, si elle vous a trouvé? N'a-t-elle pas trouvé celui qu elle a trouvé être la lumière el la vérité? Car comment a-t-elle compris cela, sinon en voyant la lumière ct la vérité?... Si donc elle a vu la lumière et la vérité, elle vous a vu, et si elle ne vous a point vu, elle n'a vu ni la lumière, ni la vérité. · Cf. Disc., p. 299-307; Zigliara, op. cit., t. n, p. 383-396. 2° Saint Ronaventurc. — C’est ά ΓItinerarium mentis ad Deum que recourent surtout les ontologistes. pour retrouver leurs théories en saint Bonaventure, Voici quelques-uns des passages auxquels ils sc réfè­ rent : « Nos jugements doivent se faire d’après une raison immuable ct éternelle; or tout ce qui est éternel est Dieu ou en Dieu. Si donc nous jugeons par cette raison tout ce que nous jugeons avec certitude, il est clair que Dieu est lui-même la raison de toute chose, la règle infaillible et la lumière de la vérité, dans laquelle toutes choses brillent d’une manière intellectuelle... » Disc., p. 182, traduction libre du c. n, n. 29. — Après avoir montré que l'intelligence comprend immédiatement la vérité éternelle des axiomes, saint Bonaventure ajoute: < Ilrésultedecette connaissance (pic l’âme a présente à son intelligence la lumière immuable dans laquelle elle connaît ces vérités (habel lucem incommutabilem sibi pnrsentem in qua meminit invariabilium veritatum). C'est ainsi que par les opérations de la mémoire il est évident que l’âme est elle-même une image de Dieu tellement présente à elle-même ct ayant Dieu tellement présent qu’elle le perçoit actuellement (et eum habens priesentem, quod eum actu capit). Itin., m, 38; Disc., p. 183181. — On ne connaît l’imparfait que par le parfait : Nisi cognoscatur quid est ens per se, non potest plene sciri definitio alien jus specialis substantia:... Cum privationes et de/cctus nullatenus possint cognosci nisi per posi­ tiones, non venit intellectus noster ut plene resolvens intellectum alicujus entium creatorum, nisi juvetur ab intellectu entis purissimi... ct absoluti... Ibid., n. 39-10: Disc., p. 186-187, p. 175; Gioberti, op. cit., t.n, p. 133. Notre connaissance des vérités nécessaires prouve que nous sommes éclairés par la lumière divine : Scit enim (intellectus noster) quod veritas illa non potest aliter se habere. Scit igitur veritatem illam esse incom­ mutabilem. Sed cum ipsa mens nostra sit commutabilis, illam sic incommutabilitcr relucentem non potest videre nisi per aliquam aliam lucem omnino incommutabilitcr radiantem, quam impossibile est esse creaturam muta­ bilem. Scit igitur in illa luce qua· illuminat omnem hominem... Ibid., n. Il ; Disc., p. 185; Gioberti. p. 432. — Et un peu plus loin, a propos de la nécessité que l’on découvre entre la conclusion cl les prémisses d’un raisonnement : Ex quo manifeste apparet quod con­ junctus sit intellectus noster ipsi ademte veritati : dum nisi per illum docentem nihil verum potest certiludinaliter capere. N. 12; Disc., p. 212; Gioberti, p. 132. — Personne ne sait que telle chose est meilleure que telle autre, s’il ne sait qu’elle ressemble davantage â cc qui est tout à fait bon; mais personne ne sait qu’une chose ressemble davantage aune autre, si celle-ci ne lui est pas connue... Par conséquent, il est nécessaire que la connaissance du Bien suprême soit imprimée dans tous ceux qui consultent. < N. 13; Disc., p. 190. — La philosophie naturelle, la philosophie lalionnclle et la philosophie morale ont des règles certaines et in­ faillibles. qui sont comme des lumières et des rayons qui descendent dans notre esprit de la loi éternelle; et c’est pourquoi, étant éclairé et inondé de tant de splen­ deurs, notre esprit peut, s’il n’est pas aveugle, être conduit par lui-même ù contempler cette lumière éternelle. » N. 18; Disc., p. 191-192. Au c- v nous lisons : Contingit contemplari Deum, non solum extra nos rt intra nos verum etiam supra nos; 10U9 OATOLOGISME. LES PBECI RSEl ICS extra no> per vestigium, intra nos pre imaginem. ct supra nos per lumen quod est supra mentem nostrum, quod est lumen veritatis irtcrmr, cum ipse mens nostra immediate ab ipsa veritate formatur. N, 56; Disc., р. 211. C'est l’Êtrc divin qui est le premier objet aperçu par l'intelligence el ce sans quoi elle ne pourrait rien connaître : Volens igitur contemplari Dei invisi­ bilia, quoad essentia; unitatem, primo defigat aspectum in ipsum esse... Esse (igitur) est quod primo cadit in intellectu, et illud esse est quod est purus actus. Sed hoc non est esse particulare, quod est esse arctatum, quia permixtum est cum potentia, nec esse analogum, quia minime habet de actu, eo quod minime est. Itestat igitur quod illud esse est esse divinum. Mira igitur est are itas intellectus, qui non considerat illud quod piuus SIDET I T SINE QUO NIHIL POTEST COGNOSCERE. N. 5860; Gioberti, p. 131; Disc., p. 171, 177. — Mais nous ne remarquons pas que nous possédons cette intuition de l’Êtrc divin : de même que l’œil... ne voit pas la lumière par laquelle il voit tout le reste, ou, s’il la voit, ne la remarque pas, de même l’œil de notre esprit... ne remarque pas l'être même qui est en dehors de tout genre, quoique celui-ci se présente le premier à l’esprit (licet primo occurrat menti, et per ipsum alia, tamen non advertit)... Habitué aux ténèbres ct aux fantômes des choses sensibles, en voyant la lumière même de l’Êtrc suprême, il lui semble qu'il ne voit rien (cum ipsum lucem Summi esse intuetur, videtur sibi nihil videre). N. 60; Disc., p. 177. Ces textes ont paru si clairs que des philosophes non ontologistes n’ont pu s’empêcher de reconnaître en saint Bonaventure un précurseur de l’ontologisme. On reconnaît ici. dit A. de Margerie, les traits prin­ cipaux de la vision en Dieu que saint Augustin a em­ pruntée au platonisme épuré par le dogme chrétien, que Malcbranchc, en la popularisant par l’éclat de son style, a déconsidérée par ses exagérations idéa­ listes. à laquelle enfin Bossuet a donné sa forme lu plus sublime el la plus précise, et Fénelon ses plus magnifiques développements. Essai sur la philoso­ phie de saint lloiiuventurc, p. 201, cité par J. Sans-Fiel, Disc., p. 178. note. Zigliara lui-même avoue ingénu­ ment qu’il y a dans ce raisonnement de saint Bonnsent ure (il s’agit de ce que nous venons de voir au с. v de Γ Itinerarium |. identique au fond ct dans sa marche logique à celui du troisième chapitre, des expressions telles qu'au premier abord elles semblent n’avoir d’autre sens possible que l’ontologisme; je dirai même que, prises littéralement, elles sont onto· logisles. Je liens à fain· franchement cct aveu, parce que, avant tout, j’aime la vérité. » Op. cil., I. n, p. 176177. llcccmment encore, M. Menesson soutenait que V Itinerarium accorde à l’homme la connaissance immédiate de Dieu : « Il est possible que Bonaventure ait repoussé la connaissance immédiate de Dieu dans les Sentences; il parait indiscutable qu’il l’ait admise dans V Itinerarium. · Itev. de philos., 1910, p. 125, cité par Gilson. La philosophie de saint Honavenlurc, p. 382. note 2, Paris, 1921. Cf. encore l’interprétation de Peslalozza. disciple de Bosmini. reproduite par .1. Sans-Fiel. Disc., p. 185-186, note. Zigliara. op. cit., p. 397-181, Bamlèrc, Itcvue du monde catholique, 1861, t. vm. ρ. 115-123 (■ a mon avis, dit-il, c'est sur le ter­ rain de saint Bonaventure que la querelle de l’ontolo­ gisme a plus de chance de se vider », p. 123), longue­ ment réfuté par Fabre, Réponse aux Lettres d'un sensualiste contre l'ontologisme, p. 121-118, ct Gilson, Op. cit., p. 362-387. essayent de disculper saint Bona­ venture de l’accusation d’ontologisme. 3® Saint Thomas. Faut-il s’étonner que certains ontologistes se soient réclamés de saint Thomas luimême? J Sans-Fiel en nomme quatre : l abre t bughs, « t hs PP Mdonc et Vercellone, Disc., p. 161, et cite 1010 les textes du Docteur angélique sur lesquels ils s'ap­ puient, p. 158-163. Mais H développe avec une prédi­ lection évidente les preuves à l’appui du sentiment qui range saint Thomas au nombre des psychologistes-, p. 161-172. l'baghs lui-même « avoue qu'après s'être efforcé longtemps de s'étayer de l'autorité de saint Thomas, il avait été contraint de reconnaître l’oppo­ sition qui existe entre sa doctrine et l'ontologisme · Itev. du monde cath,, 1861, t. x. p. 186; cf d-dessus, col. IîmiI-1005. I” Henn de Gand est Invoqué par les ontologistes comme ayant distingué en Dieu deux espèces de quiddités ou essences, qui correspondent a l'essence rationnelle cl à l'essence réelle [des ontologistrsj Voila pourquoi il enseigne en même temps les deux propo­ sitions suivantes : Absolute concedendum est quod quidditas Dei et essentia ab homine est cognoscibilis, non solum in futuro sed in presenti ; ct : Deus non potest cognosci immediate cognitione visionis quid est per essentiam ex puris naturalibus, neque in vita ista de communi gratia. Disc., p. 116, note. Cf. Al. Schmid, Erkennlntsslehre. l. n. p. 387-389. 5· Gerson distingue trois espèces de visions divines « qu’il appelle, la première, facialis el intuition: la seconde, specularis et abstraction; la troisième, nubi­ laris et irnigmalica. Celle-ci lient le milieu entre 1rs deux autres; il la compare à l’aurore, tandis que l'abstractive ct l’intuitive sont assimilées par lui à la lune cl au soleil. Or la vision énigmatique n’est autre chose que l’appréhension immédiate de l’intelligible; cc fait résulte îles paroles suivantes : Visio Del nubitans^et amigmatica conromitatur quamlibet aliam cujuscumque rei risionem ; sicut colorum visioni aimes est visio lucis seu luminis, ita nihil videre possumus nisi per irradia­ tionem divini luminis directe vel oblique, absolute vel confuse sc monstrantis » Gioberti. op. cit., t. n, p. 138. 6° Denis le Chartreux est cité par les ontologistes comme un précurseur de leur identification entre la conception el la perception de Dieu. In omni intellec­ tione actuali, reati et rera est aliquod verum cl reale abfectum ; sed utraque ista Dei cognitio (il s’agit de la théologie ordinaire et de la théologie mystique) est vera realis et actualis intellectio Dei; ergo habet rerum el rcale objectum circa quod versatur et cui infigitur ac intendit... In omnibus his (il s’agit des propositions dogmatiques, par exemple : Dieu est l’acte pur) APPiiEHi xdo irtemum et increatum objectum de quo solo reri/Icantur, et illud aliquo modo inteluoo et agnosco, ergo et illud intueor, cum istud intelligere sit menlaliter intueri, ( lté par J. Sans-Ficl, Disc., p. 18. note Cf p 117-118 ///. P.i.vs /.A.S ZAJZ/’S .VO//A7Z.VAX- — I· Manile Eicin. - - C’est Thoniassin qui parait s’être appuyé le premier de l’autorité de FÎcin; la liste de la Theologia Platonica qu’il cite en scs Dogmata theologica, t. r, p. 2125 de l’édition Vivès. Paris, 1861. est simplement reproduit par les ontologistes postérieurs tel quelle se trouve en I homassin. En voici les principaux passages: Quod si veritas ipsa et bonitas Deus est, sequitur ut Deus toties hominum mentibus illucescat, quoties per Deum, tanquam normam, vera et bona dijudicamus... Ipsum ergo esse absolutum, qui Deus est, primum est, qut>d mentibus miro quintam pacto sese offert, quod Hiabitur, quod effulget, quod cirtera omnia patefacit... \on tamen istud animadvertimus, sicut neque oculus conside­ rat se videre solis lumen continue, cteleraque per ipsum atque in ipso. 2° Malcbranchc. —Gioberti s’est chargé de recueillir dans les œuvres de Malcbranchc les principaux pas­ sages qui se rapportent Λ la vision idéale -, c’est-àdire à l’ontologisme: cf. Introduction, t. n. p 357-365. Le princip * fondamental de l’ontologisme, l'identi­ fication de l’être en général et de Dieu, est expressé· 1 Oil ONTOLOGISME. LES PH EC 11 HSE U HS ment professe par Malchranrhc : · L’idée de Dieu ou de l'être en général. de l'être sans restriction, de l’être infini [ailleurs il dira l'être universel |, n’est point une fiction de l’esprit. Cc n’est point une idée composée qui renferme quelque contradiction; il n’y a rien de plus simple, quoiqu’e/fe comprenne tout ce qui est et tout ce qui peut être. » P. 359. Rosmini avait bien remarqué cette confusion et s’en était étonné de la part <Γ « un si grand homme ■ ; cf le texte cité par Globertl, ibid.. p. 407. Cette idéj générale de l’être est celle que nous possédons’la première, celle qui demeure toujours dans notre esprit, celle enfin dans laquelle seule nous apercevons tous les êtres en particulier, comma s’ils n’étaient que des’découpages de l’être en général. · Non seulement l'esprit a l'idée de l’infini, il l’a même avant celle du fini. Car nous concevons l’être infini de cela seul que nous concevons l’être, sans penser s’il est fini ou infini. Mais afin que nous concevions un être fini, il faut nécessairement retrancher quelque chose de cette notion générale de l’Êtrc, laquelle par conséquent doit’précéder. » Ibid., p. 358. < On peut bien être quel­ que temps sans penser à soi-même; mais on ne sau­ rait, cc me semble, subsister un moment sans penser à l’être; et dans le même temps qu’on croit ne penser à rien, on est nécessairement plein de Vidée vague cl lénérale de l'être. » Ibid., p. 359. Mais cette idée générale de l’être ou cette idée de l'être en général, de l’infini, de Dieu cnftn, d’où nous vient-elle? Cette idée en vérité n’est pas une idée, c’est une intuition : < On ne peut concevoir que quel­ que chose de créé puisse représenter l’inllni, que l’être sans restriction, l’être immense, l’être universel puisse être aperçu par une idée, c’est-à-dire, par un être parti­ culier, par u i être (liftèrent de l’être universel el infini. Lorsqu’on voit une créature, on ne la voit point en c!le-m} n ·, ni par elle-même... M iis il n’en est pas de même de l’être infiniment parfait: on ne peut le voir que dan» lul-mê no; car il n’y a rien de fini qui puisse représenter l’infini. · Ibid., p. 3G3. — H s’en suit que l’existence de D’.cu est chose facile à démontrer : « Je sui. certain que je vols l’inil ii. Donc l’inllni existe, puisque je le vois, ct que je ne puis le voir qu’en luimêna. » Ibid., p. 362. C’est même la chose la plus facile à connaître : Il n’y a que Dieu qu’on connaisse pa- lui-mê n? : car encore qu’il y ail d’autres êtres spirituels que lui ct qui semblent être intelligibles par leur nature, il n’y a que lui seul qui puisse agir clans l’esprit ct se découvrir ;ï lui. H n’y a que Dieu que nou; voyion» d'un· ou* unnUialc rt directe. 11 n’y a qu· lui qui puisse éclairer l’esprit par sa propre sub· stance. ctbid. Milebrancbe exploite aussi, en faveur de l'ontologism?, l’argument tiré des « vérités éternelles » : » .Je su!» certain que Dieu voit précisément la même chose que je vois. il même vérité, le même rapport que j’aparçMs münlenint entre 2 ct 2 ct L Or, Dieu ne v>il rien que dan* si substance. Dane cette même vérité qü3 je vols, c’est en lui que Je la vois. » Ibid., p 351. < Vous voyez une vérité immuable, nécessaire, éter idle... Or, si vos idées sont élcrnellesctimmuables, il est évident qu’elles ne peuvent se trouver que dans la substance éternelle cl immuable de la Divinité... C c*t en Dieu seul que nous voyons la vérité. · Ibid., p. 365. CLp MO-442. Malebranche a prévu l’objection que les théologiens pourraient lui adresser au sujet de celte vue immé­ diate ct directe de Dieu qu'il nous accorde ct y a répondu par une distinction qui sera reprise par tous leiontologlstes: « il faul bien remarquer qu’on ne peut pu conduce que le* esprits volent l’essence de Dieu de ce qu’ils voient toutes chose* en D’.cu de celte minière L’eisence de D.eu, c’est son être absolu, et 1012 les esprits ne voient point la substance divine prise absolument, mais seulement en tant que relative aux créatures ct participablc par elles. Ce qu'ils volent en Dieu est très-imparfait, ct Dieu est très-parfait. » Cité par J. Sans-Fiel, Discussion, p. 7. — Pour h réfutation de l’ontologisme de Malcbranche · défendu par Gerdil », cf. Zigliara, op. cit., t. n, p. 216-213. 3° Hossuct ct Fénelon. — Jean Sans-Fiel les rap­ proche cl leur attribue une espèce d’ontologisme qui ne diftère de celui de Malcbranche qu’en cc qui con­ cerne la connaissance des réalités individuelles. Pour Fénelon, comme pour Malcbranche, l’idée de l’infini c’est · l’infini même immédiatement présent à mon esprit », parce qu’aucune idée finie ne peut repré­ senter l’infini. · Il faut donc conclure invinciblement que c’est l’être infiniment parfait qui sc rend immédia· lement présent à moi quand je le conçois, ct qu’il est lui-même l’idée que j’ai de lui. » · O Dieu!... nous vous montrez à moi, ct rien de tout cc qui n’est pas vous ne peut vous ressembler. Je vous vois, c’est vous- même. · Cf. Discussion amicale, p. 10. — Les idées universelles, les types spécifiques des créatures, c’est encore Dieu lui-même : « Quand Dieu nous montre en lui ces divers degrés (de perfection, qui sont la règle cl le modèle de tout ce qu'il peut faire hors de lui), avec leurs propriétés et les rapports qu’ils ont entre eux éternelle­ ment. c’est Dieu même, infinie vérité, qui se montre immédiatement ù nous, avec les bornes ou degrés auxquels il peut communiquer son être. La perception de ers degrés de l'être de Dieu est cc que nous appelons la consultation de nos idées.» Ibid., p. 12-13. « L’objet immédiat de mes connaissances universelles est Dieu même. » P. 11. - ■ Mes idées ne sont donc point moi, ctjencsuis point mes idées. Que croirai-je donc qu’elles puissent être?... Quoi donc, mes idées seront-elles Dieu?... Elles ont le caractère de la divinité, car elles sont universelles ct immuables comme Dieu... Cc je ne sais quoi si admirable, si familier, si inconnu ne peut être que Dieu. » Ibid., p. 19-53. < Fénelon, au dire de Cousin, dégage assez mal le procédé qui conduit des idées, des vérités universelles ct nécessaires. A Dieu. Bossuet se rend parfaitement compte de cc procédé et le marque avec force : c’est le principe que nous avons nous-même invoqué, celui qui conclut des attributs au sujet, des qualités â l’être, des lois ù un législateur, des vérités éternelles à un esprit éternel qui les comprend ct les possède éternelle­ ment. » Du vrai, du beau rt du bien, 19· édition, Paris, 1875, p. 88. Cc procédé consiste en cftcl à conférer â ces « vérités » une sorte de subsistence, d’existence indépendante de toutes les intelligences créées, qui peuvent bien les découvrir, mais non les créer : « Si Je cherche maintenant où cl en quel sujet clics subsistent éternelles cl immuables, comme elles sont, je suis bien obligé d'avouer un être où la vérité est éternelle­ ment subsistante, ct où elle est toujours entendue... C’est donc en lui, d’une certaine manière qui m’est incompréhensible, c'est en lui. dis-je, (pie je vois ces vérités éternelles. Ces vérités éternelles que tout enten­ dement aperçoit toujours les mêmes, par lesquelles tout entendement est réglé, son/ quelque chose de Dieu, ou plutôt sont Dieu même. » Cf. Disc., p. 4 1-17. 59-60. Cousin a aussi rassemblé les textes de Fénelon cl de Bossuet où l’on peut retrouver leur ontologisme. Op. cit . p. 80-97. I” Leibniz. - « Sans être, à notre avis, dit Jean Sans-Fiel, ouvertement onlologistc, Leibniz sc rap­ proche au moins beaucoup de cc système. · Discussion, p. 62, note 2. Jules Fabre est plus catégorique : < Leibniz proclame à son tour la vérité de l’Ontologismo. Il commence par reconnaître que les idées existent en Dieu, et il affirme ensuite que cet être Infini est la lumière dans laquelle notre intelligence les 1013 ONTOLOGISME. EN FRANCE 1010 découvre. · Cité par Zigliara, op. cit., t. n, p. 379. • Cette simple perception est produite dans l'âme par Cousit! rapporte les principaux textes que l'on peut l’action de Dieu, non en ce sens que Dieu dévoile ou iuvoquer en faveur d’un certain ontologisme de présente à découvert son essence à l’esprit humain dans celle vie, comme un tableau chargé de figures Leibniz : · L’idéc de l'absolu est en nous intérieure* ment courue celle de l’être. Ces obsofus ne sont autre qu’on mettrait sous les yeux el où il serait libre à cha­ chose que les attributs de Dieu, cl on peut dire qu’lis ne cun d’arrêter la vue sur l'objet qu’il lui plairait de con­ templer; ainsi que bien des gens l’ont entendu d’après sont pas moins la source des idées que Dieu est en luil’expression figurée de Malcbranche ct en ont pris même le principe des êtres. · Du vrai, du beau et du occasion de le traiter de visionnaire; mais en ce sens bien, ρ. 98. < Je ne sais si l’homme peut sc rendre que Dieu, qui renferme éminemment les idées de toutes parfaitement compte des idées, sinon en remontant les choses. Imprime par son action sur l'esprit la ressem­ Jusqu'aux idées premières dont il n’y a plus à sc rendre blance intelligible qui est l’objet immédiat de la percep­ compte, c’est-à-dire aux attributs absolut de Dieu. · tion. Telle Cil la doctrine que le I*. Thomassin. entre Ibid., p. 97 Leibniz, comme Bossuet ct saint \ugustin. autres, a cru reconnaître dans un grand nombre de contrairement à « quelques scotlstcs », qui soutiennent passages de saint Augustin, qui lui ont paru peu sus­ • que les vérités éternelles subsisteraient «piand il n’y ceptibles de toute autre interprétation. » Ibid., p. 153. aurait point d'entendement, pas même celui de Dieu », Ce passage de V Avertissement de 1787, où cependant maintient que « ces vérités nécessaires étant ante­ Gerdil exposait la manière dont il avait envisagé le rieures aux existences des êtres contingents, il faut système de Malcbranche dans la Dé/ense de 1718. a fait bien qu’elles soient fondées dans l’existence d’une croire aux PP. Liberatore et R a mi ère ct aux rédac­ substance nécessaire. ■ Ibid., p. 98-99. teurs de la Cioiltà ratio!ira, que GerJil aurait, dans son Gioberti, pour montrer le « parfait accord de Leibniz Age mûr, abandonné le m ilebranchisme. qu’il avait pro­ avec saint Augustin et Malcbranche », mentionne le fessé dans sa jeunesse. Cf. Revue du monde catholique, texte suivant : Deus est enim tum*n illut, quoi illu­ 1861. I. vm, p. 123-125; Annales de phil. chréL, avril minât omnem hominem venientem in hune mundum. 1859, p. 262-279, extrait de la Cimltà eattolica du Et veritas quæ intus nobis lopiitur, cum æternæ certi­ 27 janvier 1859, répondant à deux articles de Claessens tudinis theoremata intelligimus, ipsa Dei vox est, quod dans la Revue catholique de Louvain. Il n’en est rien : etiam notavit D. Augustinus, Op. cit., t. i, p. 442. — Fabre le démontre aisément, op. cit., p. 119-160, el Enfin Jean Sans-Fiel appuyait encore son · ontolo­ Zigliara lui-même ne saurait quelle preuve donner de gisme modéré · sur les deux passages suivants de Leibniz : « Je suis persuadé que Dieu est te seul objet celle rétractation, op. cit., p. 382. — C'est qu'il ne faut pas isoler celte phrase de Gerdil de l’ensemble de sa imnvdiat externe des ùmci. puisqu’il n’y a que lui doctrine idéologique, mais l'interpréter d'après d’au­ hors de l'âme qui agisse immédiatement sur l’âme... tres passages où il parle plus longuement de celle Et c’est ainsi que notre esprit est a/Jeclé imm'diatentent action divine qui imprime dans l’esprit « la ressem­ par les idées éternelles qui sont en Dieu, lorsque notre blance intelligible ». Celui-ci, par exemple : « Tous esprit a des pensées qui s’y rapportent et qui en parti­ ces mots, présenter à l’esprit les idées, les lui décou­ cipent. » Potest dici objectum anime externum esse vrir. s’unir à lui d'une minière intelligible, ne signi­ solum Deum, copie sensu Deum esse ad mentem ut lux fient que celte même action de Dieu comme cause ad oculum llæc est illa divina in nobi* relucens veritas, exemplaire., ou représentative des différents êtres; de qu i lotie* AugmUnus, eumpte in ea re sequutus action qui produit (tans l’âme une passion, qui est la Matebranch Cf. Discussion, p. 48 note. —- Zigliara. perception de l'essence de Dieu, en tant que représen­ op, cil., t. ii, p. 379-381. s’cITorce d’enlever aux ontolotant) · de tel ou tel être. » Cité par Zigliara. op. cit., gistes le patronage de Leibniz, cl pense même qu’on ne p. 227. note. Cf. Fabre, p. 156-157. s éloignerait pas trop de la vérité en leur arrachant III. L’ovtolooisme au uix-neuvième siècle. — aussi celui de Bossuet ct de Fénelon, p. 382. /. A'.v FR.i.vrR. - L’ontologisme était fort répandu en 5' Gerdil, — El 1748, paraissait à Turin la Dé/ense l Yancc vers 1860; nous avons cité Λ ce sujet le témoi­ du sentimml du P. M debranch* sur la nature et l'orignage de D.iilhé de Slint-ITojet. col 1003: la lettre gin* des idées contre l'cxwvn de M. Locke, Dins la écrite (de Rome) à l’évêque de Nantes par Mgr Guipréface, Gir.lll écrivait : · J’ai entrepris ce petit ou­ bert, archevêque de Tours.au lendemain de la condam­ vrage, moins pour défendre le sentiment du P. Malenation des sept propositions ontologlstes, n’est pus branche, qu* je. crois très vrai dans le /ont, que pour moins slgnifiralive : l’enseignement philosophique relever un assez grand nombre de faux raisonnements donné au sé nin dre de Nantes par Br.inchere.iu « est cl de contradictions, non seulement dans l’examen du rede celui d’un gran I nombre d’établissements de M. Locke, mils aussi dans son gran I ouvrage de ecchslastiques. » Cf. Annales de phil. chrét., mai 1862, l’entendement humain. » Cité par Zigliara, op. cit., p.327. t.11, p. 382. Quarante ans plus tard, en 1787, GerJil Lu Préface mise par llugonin en tête de son Onto­ donna â Bologne une nouvelle édition de la Dé/ense, j logie nous apprend que c’est à M. Baudry qu’il doit précédée d'un Avertissen ent, où il indique comment • tout cc que ce livre renferme de bon ct d'utile. » il a enlcn lu el entend encore la pensée de MaleP. vu. · Non seulement il nous a confié les cahiers qu'il branchc : « Il tâcha (c'est de lui-même qu’il parle) avait ré liges lorsqu'il professait la philosophie au en même temps de déterminer et d'exposer l'idée précise séminaire de Nantes, nous les avons revus ct discutés voilée sous l'expression figurée que M débranché a em­ ensemble. » Ibid. Les doctrines que contient cc livre, ployée, el qui, présentant son système sous un point nous dit-il plus loin, sont professées par plusieurs des de vue trop va411c el peu facile à saisir, semble avoir membres de la société de S iint**Sulplcc; « le cours élé­ donné lieu à la plupart des difficultés qu’on lui a ob­ mentaire de philosophie publié à Clermont, en 1819, jectées... L’auteur de celte Dé/ense.,, a cru que, pour puis à Nantes, en 1855, en est une preuve. » P. x. 11 rectifier te sentinvnt d* M debranch?, il suffirait de s’agit des Pradectiones phitowphicæ de Branchcreau. l’énoncer avec plu» de précision ct de simplicité. » • M ds. Λ côté de cet ouvrage, nous en avons un autre Cité par Fabre, Réponse aux Lettres d'un sensuatiste contre rOntolojhm·, p. 151-152. j aussi répandu, écrit par un professeur de philosophie appartenant à la congrégation des prêtres de SaintSur cc, GerJil résume le système de M débranché. Sulpice, où l’on enseigne des doctrines opposées. · ■ d'après la minière au moins dont H l’a considéré ». Il s’agit de l.a perception ou simple appréhension, ' Ibid. Cet autre manuel de philosophie, aussi répandu que celui de Branchcreau, serait, d’après Bonnclty, première opération de l’intellect, où celui-ci est passif. 1015 ONTOLOGISME. EN FRANCE Annales de phil. chrét., avril 1868. p. 273. celui de Magnlcr. professeur au séminaire dc Brims, qui avait public en 1853 la troisième édition de son Com­ pendium philosophiae. Or. sur la question dc l'origine des idées, Magnlcr, au moins dans les premières éi itions de son livre, était certainement aussi ontologistc que Branchercau, si toutefois les Observations som­ maires sur l'ouvrage intitulé : Compendium philosophât9, auctore M...,oltm philosophia: pro/essore, qu’on lit dans les Annales de phil. clret., février 1852. p. 113-125. sc rapportent bien à l’ouvrage dc Magnlcr. Voici, en effet, ce qu’on y trouve : L’idée dc l’être, en tant qu’elle est l’idée dc l’être absolu et nécessaire, ne doit point être confondue avec l’idée de l’être en général... L’idée de l’être absolu, intérieurement présente Λ notre esprit, constitue l’essence même de l’intelligence ct de la raison humaine, et nous ne pouvons jamais affirmer quelque chose sans l’intervention de cette idée de l’être... L'être infini, perpétuellement présent à notre intelligence, est toujours perçu par elle, ct celte percep­ tion produit en nous les idées pures: c’est pourquoi les défenseurs dc celte théorie s'efforcent d’établir ceux choses, sur lesquelles toute leur doctrine repose : Ie toutes les idées pures ne sont rien autre chose que l’idée dc l’être simple, considérée sous ses divers aspects; 2° celte idée de Vélre simple est la perception même de cet être existant réellement, ct non l’idée pure, abstraite, de l’être en général. » P. 122-123. Outre ces cours de philosophie, continue Bonnetty, loc, cil., p. 27L l’ontologisme avait scs journaux ct sc* revues. La feuille officielle de ces enseignements était sans contredit Ami de la Religion. dont l’inllucncc était grande parmi le clergé, ct la parole redoutée... Le Correspondant lui venait en aide, ct sou­ tenait dc sa publicité tous les ouvrages qui propa­ gaient l’ontologisme. Enfin en 1861, les partisans dc celle doctrine voulurent avoir un organe propre, cl établirent â Toulouse : l.a Revue de Cannée religieuse, philosophique et littéraire, ou tableau annuel des prin­ cipales productions de la théologie, de la philosophie, dc Γhistoire et de la littérature,.. Cette revue cite les Éludes théologiqucs, rédigées a Paris par les Pères dc la compagnie do Jésus, comine adoptant ct propa­ geant l’ontologisme. > Ainsi, au dire de Bonnetly, quatre revues, dont l’une, il est vrai, celle de Toulouse, n’a vécu que trois ans. auraient plus ou moins favorisé la dillusion dc l’ontologisme en France. Ccs généralités dites, nous allons donner quelques détails particuliers sur quelques écrivains français donl les noms ont été mêlés à l’histoire de l’ontolo­ gisme Nous suivrons l’ordre alphabétique, car tous le auteurs dont nous allons parler sont sensiblement con­ temporains. 1° L’abbé Blampignon «ancien maître de confé­ rences â l’école des Cannes, ancien professeur de lo­ gique au grand séminaire de Troyes et au lycée d’An­ goulême -, publiait en 1862 une Élude sur Mule branche d'après des documents manuscrits, suivie d'une corres­ pondance inédite. C’est un dc ceux dont Bonnetty se vantait.cf. supra, col. 1063. d’avoir combattu l’ontolo­ gisme. Fut-il vraiment ontologistc pour son compte? Oui ct non, répondait Bonnetly, Annales, novembre 1862, p. 315: «oui, si l’on relit tous les éloges qu’il donne a Malcbranchc... Non. si on lit les pages où il dénonce le péril dc ses théories mystiques et de celles de ses disciples, entre lesquels il nomme Gerdil. Gioberti ct M, Branchercau. donl il blîbne In proposition suivante ; realitas quit- menti naslnv, lanquam idea, obi icitur, est Drus solus, proindeque Drum immédiate, et omnia in illo percipimus. 2· Ronald est cité par J. Fabre. Réponse..., p. 12. note : « Je ne saurais ns*cz le répéter, nous pensons l'être de Dieu dans 1rs idées générales, même lorsque 1016 nous ne pensons pas ù son existence, ou même que nous la nions par nos idées particulières... Il est |c Dieu caché, comme il s’appelle lui-même, caché dam le monde intellectuel sous le nom de vérité,.. · 3° Branchercau, nous l’avons dit plus haut, avait publié à Clermont-Ferrand en 1819, puis à Nantes en 1855, ses Prnlectiones philosophica' ; voir Annules de phil. chrét., avril 1868, p. 270-271, quelques détails sur ces deux éditions. En 1862. voulant en dinner une nouvelle édition, i) résuma sa doctrlre. ;u$sl fidèlement que possible, en 15 propositions, ct y joi­ gnit un Mémoire explicati! et apologétique. Le tout fut présenté nu souverain pontife par l’archevêqve dc Tours, au nom de l’évêque de Nantes, avec prière de déclarer si le jugement prononcé à Borne, le 18 sep­ tembre 1861, s’appliquait aussi aux propositions soumises ainsi au tribunal du Saint-Siège. » Extrait dc la brochure L'OntologRme jugé pur le Saint-Siège, par le P. Kleutgen, tn «luite par le P. Sierp, professeur au grand séminaire de Kouen, Paris, 1867, dans Annales, ibid., p. 265. Prrce que ces 15 propositions ne se trouvent pas facilement, nous croycns ben de les reproduire ici. 1. In cogitatione duo essentialiter distinguenda mal, subjectum cogitans r! objectum ccgitalvni.— 2. Objectum cogitatum iterum duplex dislingi Hi r, ens simpliciter ct ens secundum quid. — 3. Per ens simpliciter intcllIginnis ens reale, concretum et infinite ix rfecli.·m, prolndcqtc es­ sentialiter distincti m ab ente in gerere» qued nihil aliud csl quam abstract io mentis; i no verbo ens simpliciter est Deus. — I. Ens simpliciter est neci s*ario existens, entia nutem secundum qui erratas ab anima distinctas per Invincibile Ji «li­ cium in vcnicitatc divina fundati m. quo aliquam essen­ tiam affirmamus per creationem fuisse nclitnlam. Annalts, i bid., p. 265-267. 1° L’abbé Cauprrt, professeur «le philosophie au grand séminaire de Versailles, auteur «l’un savant ouvrage : la Théorie des relations considérée comme la base de la science el du progrès actuel, sc disait ancien éh ve de l’école Idéologlste de Louvain ·. Annales, janvier 1853. p. 80. 5° L'abbé Chussug. professeur «le philosophie au grand séminaire dc Baycux. auteur «l’une apologie «lu «hrislianisir.e qui s’intitule : i.· mgsliclsme catholique. 1 Ui 7 ONTOLOGISME. EN I HANCE cf. Annutes, décembre 1850. p. 196-126, était un admi­ rateur de GiobcrlL cf. Annales, juillet 1860, p. 75, 6· L'abbé Cognai, dans son Clément d'Alexandrie, su doctrine el sa polémique, croit découvrir en son auteur ct parait admettre à sa suite qu’il y a dans l’âme humaine trois facultés de connaissance : le .\rot)s ou la raison pure, le Logos ou la raison déductive, la Pietis ou la foi, qui tient du cœur autant que de l'intelligence. « La manière donl la liaison pure atteint son objet, n’est pas une opération discursive... Son mode de perception est Vemplme (Ιμφζσις)· c'est-àdire la contemplation, l'intuition: c’est la vue de l’œil qui perçoit une chose dans un miroir ou dans les eaux. Quant à l’objet perçu par le Note, c'ed l’F.tre absolu. l’Ètre par excellence. Dieu dont nous avons en nous l'image et cpii se reflète pour ainsi dire dans noire intelligence. · Annales, mars 1861, p. 231. Cognât avoue qu'il n emprunté celle théorie au P. Spcehnan, jésuite, qui l’avait exposée dans la Revue catholique de Louvain, en 1855. Ibid., p. 230. 7° Faut-il compter Cousin au nombre des ontologisles? Bonnetly lui reconnaît à tout le moins le rôle dc précurseur dans l’apparition de l’ontologisme en France : « c’est surtout en France que l’ontologisme a été enseigné, el où il semble être né sous In double influence de M. Cousin, ct de quelques professeurs des facultés ct des séminaires ecclésiastiques. Annales, avril 1868. p. 269-270. La Civiltà cattoRca, cf. supra, col. 1002, lui assignait aussi une place dans la tradition ontologistc. ct Hugonln s’inquiétait dc l'accusation de rationalisme qu'on pourrait porter contre lui, < sous prétexte que notre doctrine ressemble fort à celle des rationalistes éclectiques sur la même, matière. ■ Ontologie, t. i, p. 119. Enfin. Cousin lui. même ne s’est-i! pas inséré dans la grande lignée plato­ nicienne, à la suite de saint Augustin, dc .Malebranchc. dc Fénelon, Bossuet et Leibniz, dont il prétend n’ètrc que le continuateur? cf. Du vrai, du beau cl du bien, Ie leçon. < On sait très bien que l’école éclectique, ainsi que l'a très justement remarqué M. Bouillier, sc rat­ tache Λ l’école dc saint Augustin par sa théorie 5 ence rrfime, opposée â essence 1021 ONTOLOGISME. EN I B ANCE 1022 intime, pour caractériser par l’exemple dc n'est pas par l’intelligence que l’homme atteint direc­ saint Bonaventure. Ibid., p. 212. Le Docteur séra­ tement Dieu, c'est par la sensibilité; mais d l’atteint phique lui paraissait le meilleur guide à proposer aux directement ct, par là, si la théorie dc Gratry, reprise philosophes du xtx· siècle et. sous le couvert dc cc de Thomassin. n'est pas l’ontologfxmc proprement nom vénérable, dom Gardercau formulait un système «lit. elle s'en rapproche assez pour figurer ici. < Tho­ où l’ontologisme venait compléter le traditionalisme : massin pose donc ct affirme l’existence d'un sens divin < Là (dans l'itinéraire) ressort «l’une manière admi­ dans Pâme, sens du contact divin, distinct des idées rable, dans son unité primitive ct dans scs dévelop­ nécessaires qui sont aussi dans l’âme, ct qui sont une pements merveilleux, l'éclat de la lumière innée, qui. sorte de vision de Dieu. Scion Thomassin. l’ûme sent «l’abord latente ct à l’état d'idée informe, tant que les corps, elle sc sent elle-même, elle sent Dieu. Voilà l’éducation sociale n’a pas ouvert les yeux dc l'ârnc la sensibilité totale, «lui se distingue ainsi en sens qui la portait mystérieusement en soi. jaillit soudain externe, sens interne, sens divin. Mais le sens divin, au contact dc la parole humaine, sc lève, pour ainsi parler, comme une faible aurore à l’horizon dc l’intel­ qu'on le remarque, ne peut donner, par cc contact de Dieu, qu'une connaissance et un amour implicites dc ligence, grandit ensuite et lui révéle successivement toutes Dieu, double élément qu'ont à développer, à diriger les vérités que Γhomme est capable dc comprendre. Car en nous la raison et la liberté· Dès lors on connaît l'homme voit tout dans cette clarté primitive, qui illumine Dieu comme on connaît le monde. Lu sensation donne même les objets finis dont l’Amo acquiert la connais­ à la connaissance du monde une base expérimentale, sance par l’intermédiaire des sens; il voit tout en elle, mais obscure et confuse, la raison y ajoute scs clartés : ct cette lumière innée csl, dit saint Bonaventure, la dc même le sens divin donne une base expérimentale lumière émanée de l'Êlrc infini, quoique reçue dans à la connaissance dc Dieu, mais obscure cl confuse, et l’àme d’une manière objective et finie. » Ibid., p. 216la raison y ajoute scs clartés. Pendant que nous avons, 217. « Dans cette image «le l’infini, il (saint Bonaven­ en effet, ce sens obscur de la substance de Dieu, nous ture) a entrevu comme un éclair de l'essence de Dieu avons, «l'un autre côté, l’idée claire des vérités évi­ pénétrant la pensée humaine; il a reçu comme une intui· dentes, nécessaires, absolues, immuables, qui viennent lion directe de l'existence du Très-Haut. · P. 218. aussi de Dieu, qui sont une sorte de vue de ce Dieu. · Bonnctty critiqua vivement, selon son habitude, Connaissance de Dieu, t. u, p. 20-21. Paris, 1853. On voit le nouveau système philosophique qui surgissait A «pic Gratry n’a pas rejeté totalement l’ontologisme, l’horizon, ibid., p. 197-221 ; cc qui nous valut une Lettre de dom Gardereau, que Bonnctty publia, en la | mais qu'il l’a plutôt compliqué par l’adjonction d'une faculté mystique naturelle, qui nous donnerait une hachant d'observations, dans sept numéros des An­ connaissance expérimentale, obscure ct confuse, dc la nales, iixril, mai, août, déc. 1817. Le bénédictin y main­ substance de Dieu. Cf. ibid., p. 261-264., p. 351-352. tient scs positions : « Ainsi la connaissance informe du 12° Hugonin merite une élude spéciale: v. col. 1043. Vrai, du Bien, du Beau, «lu Juste, «te l’t’n, etc.. nous 13· L’ontologisme «le Lamennais a déjà été signalé est innée dans celte lumière Interne, dans ce jour qui ici. cf. t. vin, col. 2516-2517. On en trouve une expres­ éclaire primitivement notre Ame. Car où donc verrionssion. pure de traditionalisme; dans le livre De la société nous ces vérités-principes, quand la parole extérieure première ct dr ses lois ou de la religion, Paris. 1818, nous les révèle, s’ils ne nous étaient en même temps qui se présente comme une · partie inédite dc l'Esrévélés ou manifestés dans cette lumière ct par cette quisse d'une philosophie ·. « L’intelligence est radica­ lumière interne?... Sans aucun doute, renseignement lement inséparable «lu pouvoir d’affirmer ou «l’énoncer. extérieur développe, Informe, féconde; mais quelle Or. nulle afllrmalion. nulle énonciation «pie par le mot vérité nous mnnifcsleralt-il, si nous n’avions déjà est, ct l’idée qui y correspond. Cette i«lée est donc la dans notre intelligence la vue d'une vérité plus géné­ racine, la condition première et necessaire de l'intel­ rale, qui sert comme «le base A toute vérité intelli­ ligence. Mais l’idée correspondante au mot est, sans gible; si nous n'avions la vue d’une vérité éminemment universelle, notamment celle de Γfifre, qui est le fond laquelle il ne serait qu’un son vide, est la pure idée do dr toute idée, comme son synonyme la vérité, dans le l’être, ou l’idcc «le l’être illimité, absolu, infini dès lors, sens universel,est le Jour «pii éclaire toute idcc. n’étant et l’être infini, absolu, c’est Dieu, sous sa notion fonda­ elle-même que l’Etre en tant qu'intelligible? Annales, mentale Donc l’intelligence implique rlgoun ubcmont 1028 ONTOLOGISME. EN FINANCE l’hléc, la perception primitive de Dieu. Avant ccttc perception, elle n’est pas encore; c’est par elle qu’elle naît, et toute enonciation, toute affirmation ultérieure renferme ccttc premiere affirmation, puisqu’on pro­ nonçant le mol «/, en disant rr/α est, on affirme l'être, on affirme Dieu.* P. 111. L’intelligence humaine per­ çoit donc l’Êtrc infini cl. dans l’Êtrc infini, les idées, les causes nécessaires, tout ce qui échappe aux sens et n’est l’objet que dc la pure pensée, p. 61, « les essences les idées qu’affecte le caractère de nécessité, » p. 55. 1 Ie Parmi les onlologislcs que les Annates de philo­ sophie chrétienne sc glorifiaient d’avoir combattus, figure l’abbé Leqiteux, ct. supra, col. 1003. auteur, ou plutôt l’un des auteurs des Institutiones philosophica* ad usum seminarii Suessionensis, I vol. in-12, Paris, 18-17, cf. Annales, août 1850. p. 133. Il s’agit d’une controverse qui mit aux prises l’abbé Lcqucuxet l’abbé Gonzague à propos (’e la thèse soutenue dans 1rs Institutiones : Essentia*, prout distinguuntur a reali entium existentia, sunt ipsa Dei substantia. Ibid., p. 136. Cf. Annales, juin 1850. ρ. 116-118; août 1850. p. 133-150; août 1851, p. 128-111; octobre 1851. p. 311-318. Comparer celte thèse avec la troisième proposition du décret de 1861 : l’niversalia a parte rei considerata a Deo realiter non distinguuntur, 15° Le 25 avril 1815, l’abbé Muret publiait dans le Correspondant un article intitulé : Théorie catholique des rapports de la religion avec la philosophie, où l’on pouvait lire les déclaration suivantes : ♦ La raison humaine est un écoulement de celte éternelle ct intel­ ligible lumière qui éclaire Dieu lui-même; elle est une participation aux idées éternelles que l’intelligence divine pose comme les types immuables des choses; elle n’existe qu’à la condition d’une union réelle avec la raison infinie. Cette communication de la lumière intelligible du Veîbe a l’âme humaine est un fait interne, un fait qui s’accomplit dans les plus intimes profondeurs de Tdme humaine. Tous les grands théolo­ giens. depuis saint Jean jusqu’à Malebranche cl Bossuet, ont enseigné celle glorieuse origine de la rai­ son; mais l’aspect purement intellectuel dc cc magni­ fique phénomène avait surtout fixe l’attention dc ces grands hommes. Dc nos jours d’illustres philosophes ont remarqué que les idées intelligibles ne nous étaient perceptibles à nous-mêmes, cl n’étaient transmissibles aux autres qu’au moyen du langage ct de la parole. » Cité par Annales, mai 1815, p. 328-330. On reconnaît l'alliage du tr.i litionalisme à l’ontologisme, que Muret a pu pren Ire à Lamennais, comme il lui emprunta sa théorie de la Trinité, cf. Annales, avril 1816, p. 298318, et qu’on retrouve en Globcrti, où l’on peut douter que Marct l’ait pu lire, puisque la traduction française de ΓIntroduction à l'étude dc la philosophie ne parut qu’en 1817. — « Le premier homme n'étant pas d’une nature différente dc la nôtre, on est donc, conduit â penser que lu communication primitive des idées à l’intelligence humaine n’a pas été une simple révéla­ tion intérieure, mais encore une révélation extérieure, ct que les choses sc sont passées au premier jour comme elles se passent encore tous les jours sur la terre .. L’acte créateur et fécondateur de T intelligence est donc une révélation, une révélation interne et externe à la fias. »^Annale<. mai 1845, p. 334 I Aux critiques de Bonnetty, Marct répondit par une longue lettre explicative cl justificative, qui parut dans les Annales dc juillet 1815, p. 31-81. Il y accentue encore son ontologisme : Les vérités éternelles, im­ muables et nécessaires sont bien dans la raison hu­ maine, · mais elles ne sont pas elle. Elles appar­ tiennent donc à une autre intelligence, qui doit être comme elles éternelle, immuable, nécessaire, infinie, c’est-à-dire. Dieu. Ccs vérités sont donc cn Dieu; elle sont Dieu même; c’est cn lui que nous les voyons; c’est 102'« lui qui nous les communique. P. 35. - · .Mais voiri un nouveau fait : nous n’avons conscience de ccs idées, de ccs vérités que par lu parole. Sans la parole, lout cil ténèbres dans notre intelligence; avec elle, la lumière sc fait. P. 39. Voici qui rappelle Cousin el sa liai­ son impersonnelle : La raison est donc une lumière divine qui luit au milieu de la conscience humaine. La raison n’est donc pas l’âme humaine, ni l'entende­ ment humain, puisqu’elle est la lumière qui éclaire l'entendement lui-même, la vérité qui le perfectionne. * P. 12. Pour appuyer sa théorie. Muret fait appela toute la tradition, dont Thomassln a réuni les témoi­ gnages au < livre III·» du Traité de Dieu », ibid., p. 1516. 80; il invoque Bossuet et Fénelon, .Malebranche cl Leibniz, Joseph de Maistre et de Bernal I. — Sur la nature de cette · union réelle de la raison humaine avec la raison infinie », qui avait effarouché Bonnetty, Marct ne s’explique pas; mais il déclare qu’il n’y a pas lieu de s’effaroucher : « les plus grands théologiens vous dirons que la grâce, l'eucharistie et la gloire ne sont pas seulement une union réelle de l’homme avec Dieu, mais une union substantielle. · P. 65. Dans une leçon professée â la Sorbonne le I juin 1816, Maret est revenu sur cette question dc l’origine dix inc de la raison », qui est la doctrine dc Platon, de saint Jean, de Jésus-Christ lui-même, et (pii fut reçue, à peu d’exceptions près, par tous les Pères, tous les docteurs et tous les théologiens. Cf. Annales, juillet 1816. p. 73. - - Si l’idée de Dieu c’est Dieu lui-même, on comprend qu’il faut entendre à la lettre certaines formules de la Théodicée chrétienne relevées par Bon­ netty, Annales, novembre 1819, p. 393-396, telles que : Dans cette idée, comme sur un autre Sinai, T Éternel va nous apparaître... Osons maintenant élevèr vers elle des regards pleins de respect, osons envisager face u face l’infini, Dieu lui-même... .Vous avons vu l’Êtrc dans toute sa pureté. La face dc noire Dieu s’est un instant dévoilée à nos yeux étonnés. » 16° L’abbé Mau pied, auteur d’une thèse de doc­ torat en théologie, soutenue à l’université romaine de la Sapience, sous le litre de Réconciliation de la raison avec la foi. Défense des quatre propositions émanées dc la S. C. de l'index (ce sont sans doute les quatre propositions antitra iitionalistcs de 1855, Denzinger-Bannwarl, n. 1649-1652), est accusé d'on­ tologisme conjointement avec l’abbé Cognai, par l'abbé Peltier dans son Anti-Lupus, précédé des obser­ vations critiques sur les derniers écrits de MM. Maupied ct Cognai, ou Défense des I propositions contre leurs soi-disant défenseurs. Cf. Annulcs, mars 1861, p. 219-221. 17° Dans un des tout premiers numéros (le la Revue du monde catholique, 6 mai 1861, A. Mazure, sc de­ mandant : Où doit aller la philosophie et par quelle voie? propose aux réformateurs de la philosophie l'ontolo­ gisme le plus déclaré : ■ L’homme, né dc Dieu et cn Dieu, débute par avoir le sentiment, l’apcrception de Dieu; nous l’avons cette première aperceplion non pas en nous, dans notre propre âme, mais en Dieu luimême, dans sa substance vive. ■ P. 136. « La raison est passive, en ce sens qu'elle reçoit l’empreinte comme la cire sous le cachet, ou plutôt comme le miroir reçoit la lumière du ciel et la réfléchit. Ainsi la raison reçoit l’impression, lu vision de l’invisible; Dieu irradie en elle et lui verse son jour... Alors la région dc l’âma s’illumine, cl elle reçoit lu perception de ce <|iii est vrai, dc cc qui est beau, deeequi est juste, de ce qui est éternel. » P. 139. — Mais cette révélation première n’csl encore qu’en puissance; pour qu’elle passe à Pacte, il faut que Dieu lui-même parle à l'homme un langage humain et délie son intelligence par le don de la parole. > P. 140. Nous retrouvons ici l’alliage du traditionalisme et de l’ontologisme déjà signalé chez Lamennais et Marot- 1025 ONTOLOGISME. EN FRANCE |X« Le numéro du 31 janvier 1X39 des Annales de philosophie chrétienne s'ouvrait pur un petit article de 9 pages, signé F. Moigno, qui devait faire grand bruit après h· décret de 1861. · Dans mon livre (De l'unité dans renseignement de la philosophie), écrit le P. Ba­ mière, Itcvue dit monde catholique, t. vu, p. 263, j’avais montré le rapport étroit qui existe entre l'on­ tologisme et une théorie sur la création exposée jadis dans les Annules de philosophie chrétienne. C'est cette théorie qui parait assez évidemment censurée dans les deux dernières propositions du Saint-Ofllce. » Kleutgen est moins affirmatif que Bamière sur le rapport de ccttc théorie avec l’ontologisme; mais, parce que le P. Moigno était, selon lui, ontologislc, les défenseurs de l’ontologisme doivent toujours avouer que cette proposition (la 6*, qu’il trouve déve­ loppée dans la dissertation du P. Moigno sur la créa­ tion), quoique peut-être elle n’ait pas une connexion nécessaire avec leur système, appartient dc fait à leur école. » Cité par les Annales, mai 1X68, p. 333. L’abbé Moigno, sorti dc la Compagnie dc Jésus en 1X13, nous a longuement retracé la genèse de l’article dc 1X39 et les destinées ultérieures de la doctrine qu’il renferme : la lettre où il raconte ccttc histoire, Annales, Ibid,, p. 336-34 I, jetant un jour curieux sur renseignement dc la philosophie dans la Compagnie dc Jésus entre 1820 rt 1X68, nous croyons utile d’en donner ici le con­ tenu essentiel. Moigno avait eu pour maître cn théologie le P. Mar­ tin, · un théologien profond ·, le plus éminent, je devrais dire, le .seul éminent » des théologiens jésuites dc la province de France, p. 337. La doctrine renfermée dans l’article dc 1839 était celle du P. Martin, < ct comme le P. Martin était le seul théologien considé­ rable de la province de France, on peut et on doit dire qu’elle était la doctrine sinon de la Compagnie dc Jésus, du moins dc la province dc France. ■ /bid. L’article fut rédigé à Saint-Acheul pendant le second noviciat du P. Moigno (1X36-1X37), avec l’autorisation et les conseils du P. Fouillot, maître des novices du troisième an, philosophe el théologien distingué ». — Toutefois, l’enseignement du P. Martin rencontrait dc l’opposition dans la Compagnie, · dc la part dc ceux qui n’avaient pas assez de science pour arriver à subir l’examen de universa philosophia ct theologia, exigé des profès des quatre vœux. » p. 338. Moigno voulut · faire juger la grande controverse. · 11 envoya donc son manuscrit au B. P. Général, qui était alors le P. Boothan, en lui demandant de le soumettre « au jugement «les théologiens dans lesquels il avait le plus de confiance* » p. 339. Les juges choisis furent les Bit. PP. Dmowski et Ferrari, professeurs, l’un de philosophie, l’autre dc théologie, au Collège romain, Ct un troisième dont Moigno ne sc rappelle plus le nom « Leur jugement fut complètement favorable, et 1 un d’eux exprima le désir que la dissertation fût bientôt imprimée, parce qu'elle faisait honneur à la Compagnie, en donnant la solution simple dc la plus grande difficulté peut-être de la théologie, » p. 310. Le P. Boothan lui-même envoya au P. Moigno « une lettre charmante », faisant le plus grand éloge dc la dissertation, la rapprochant de la méditation de saint Ignace sur l'amour de Dieu, qu’elle éclairait d’un jour nouveau, » p. 339. — Grande surprise du P. Guidée, alors provincial «le la province de France* « un dc ceux qui avaient été le plus opposés à renseignement du P. Martin; » cc fut lui pourtant qui corrigea l’épreuve dc l’article ct donna le bon à tirer. Il résulte évidemment de ce court ct simple récit, ajoute l'abbé Moigno, que ma thèse Comment les êtres sont en Dieu », la doctrine d’abord du plus éminent théologien dc la province de France, puis la mienne, devint jusqu’il un certain point la doctrine de la Com­ met. DE THÉOL, CATIL 1026 pagnie de Jésus tout entière, · P. 310. Pourtant, le P. Bozavcn, alors assistant dc France, « théologien exercé, mais plutôt polémiste que philosophe et méta­ physicien », écrivit au P. Guidée une longue lettre de réfutation, à laquelle Moigno répondit, cn s'appuyant « des théologiens les plus célèbres, surtout de Suarez, et des écrits ascétiques d'un grand nombre de saints et de saintes, particulièrement de saint Ignncect de sainte Catherine de Gênes, » p. 341. Bozavcn répliqua, mais sa réplique ne fut pas communiquée à Moigno; cepen­ dant on ne lui demanda jamais dc rétracter les doc­ trines contenues dans sa dissertation. Sorti dc la Compagnie, Moigno n'en continua pas moins à aider le P. dc Bavignan dans la préparation de ses Conférences de. Notre-Dame, 11 nous révèle, à cc propos, que le programme des conférences phi­ losophiques que l’orateur donnait alors à Saint-Sévcrin, concurremment avec les conférences dogma­ tiques de Notre-Dame, programme que lui, Moigno. avait contribué à rédiger, « était conforme aux doc­ trines ontologistes, qui n’étaient pas alors repoussées par la Compagnie dc Jésus. · Ibid, Bavigmn était d'ailleurs, lui aussi, élève du P. Martin, ct lui était resté fidèle, p. 312. — En terminant sa lettre, l’abbé Moigno, constate, non sans surprise, que le P. Félix, dans sa 2* con/érence du carême de 1863 sur le mystère de la création, a repris, en propres termes, les doctrines dc l’article dc 1839; ct que le P. Bamière lui-même, l’adversaire dc l’ontologisme, les reproduit dans son livre Dc l'unité, « seulement dans un langage plus obscur et plus incorrect, > p. 312-343; c’est cc que d’ailleurs avait déjà constaté Bonnetty; cf. Annales, novembre 1863, p. 3X3. Et Moigno «le s’écrier : · Voici donc, sans compter le P. Bamière, que la doctrine du P. Martin, qui était un génie thcologiquc, le génie théologique de la Compagnie de Jésus, redevient bon gré mal gré la doctrine du P. Félix, qui est l’un des esprits les plus philosophiques de celle même Com­ pagnie. > Γ 13-344. Pour vérifier les dires de l’abbé Moigno sur la diffusion de l’ontologisme, du martinisme, dans la Compagnie de Jésus, on lira avec intérêt l’élude qu’en a faite le P. Burnlchon dans La Compagnie de Jésus en France. Histoire d'un siècle, 15H-1918, t. ni : Paris, 1919, p. 110-161, el t. iv : 18601880, Paris 1922, p. 46-51. On y trouve ceci : · la plupart des jésuites de la province de Paris, les plus remarquables par leur intelligence, s’étaient laissé séduire par le mirage ontologisle, cl leur esprit restait sous le charme (même après la sentence du Saint-Ofllce). Comme le disait le P. Matignon, qui lui-même ne fut pas exempt de tout reproche cn cette circonstance, · une adhésion plus ou moins consciente à «les principes clairement proscrits s’allie parfois aux sentiments les plus vrais de soumission vis-à-vis dc l’autorité ecclésiastique. » T iv, p. 51. Les Éludes se taisaient et, de Borne, on jugeait sévèrement cette attitude de « silence respectueux · (5 février 1X66). Le 6 janvier 1850, une Ordonnance pour les études supérieures, adressée par le P. Boothan au P. Mail­ lant, provincial de la province de Lyon, terminait chez les jésuites de 1·rance « la première phase de la querelle ontologistc; elle avait duré plus d’un quart de siècle. · T. m, p. 161. « Dans un bref préambule est résumée la doctrine ontologique (sic) avec les principales erreurs «pii en dérivent. Vient ensuite l'énoncé de dix-scpl propositions, neuf de théologie, huit dc philosophie, que les jésuites ne devront pas enseigner. » Ibid., p. 160. Voici celles dc philosophie qui sont plus propre­ ment ontologistes, telles qu’on les trouve aux Pièces /usliflcatioes, t. nt, p. 595 : T. - XI —- 33 1027 ONTOLOGISME. EN 1. Idea Del arhmlis ct formalis est ntdlt-ctiH hiimnno rsMinUalU, ejus constitutiva, prima omnium, soin positiva ne proprie idea. — 2. Existent la Dei est per sc nota, non tantum quoad sc, sed etiam quoad no». — 3. Deus in sim­ plicissima sun unitate continet militer. fleet absque forma, entia omnia distincta ct divena. I nde : n) Deus, ut ens «impliciter, est omne ens exhtens. b) Supra, exim et pnrlcr Deum nihil est. c) Deus est totum, ita ut non detur medium inter Deum ct nihil, d) Ens, quatenus ens, ita est ut nun­ quam possit non esse. Le P. Burnichon remarque « que les propositions visées dans l’ordonnance du général des jésuites se retrouvent dans la sentence dc condamnation du Saint-Office en 1861. » Ibid., p. 161. On s’explique difficilement alors qu’appuyé sur une lettre dc Mgr Jac­ quemot, évêque de Nantes, au P. Ramière, il se rallie à la thèse des ontologistes (voir col. 1018) sur les intentions des cardinaux el du pape promulguant cc décret : « Telle était donc la vérité objective sur la question dc fait. On avait visé les panthéistes alle­ mands, non les ontologistes catholiques. ·Τ. iv, p. 50. Mais alors comment ceux-ci auraient-ils su que leur doctrine philosophique · n’avait pas les préférences de l'Égllse » ? que, « s’ils ne sc sentaient pas en con­ tradiction avec elle », ils · ne pouvaient dire non plus qu'ils marchaient dans sa voie * ? Ibid. 19e « Parmi les ontologistes modernes, celui qui, à mon avis, expose l’ontologisme, sinon avec le plus de profondeur, au moins avec le plus de clarté, est l’auteur qui s’est donné le nom de Jean Sans-Fiel, dans deux opuscules imprimés sous les titres : Discussion amicale sur l'ontologisme, Paris ct Nancy, 1865, ct De l’ortho­ doxie dc l'ontologisme modéré cl traditionnel, Réponse au R. P. Kleutgen, Paris et Nancy, 1869. » Zigliara. op. cit., t. n, p. 205. Le but dc la Discussion amicale, déclare l’éditeur, « est de montrer d’abord qu’il y a différentes espèces d’ontologismes qu'il ne faut pas confondre; c’est de faire voir ensuite que l’une de ces théories est parfaitement conforme aux données dc la raison, ainsi qu’à la doctrine des grands philo­ sophes chrétiens; c’est de prouver enfin que ce sys­ tème n’a pas été flétri par les réponses émanées des Congrégations romaines. » P. 1. Les quatre espèces « principales » d’ontologisme distinguées par J. SansFicl sont : « l’ontologisme panthéiste, l’ontologisme rationaliste, l’ontologisme de Malebranche ct l’onto­ logisme dc Fénelon et dc Bossuet. · P. 5. · L'ontolo­ gisme panthéistiquv est la doctrine qui attribue à l’homme la perception directe de Dieu à raison dc l’identité de notre âme avec la substance divine... Sans identifier l’âme avec Dieu, l'ontologisme ratio­ naliste admet la perception directe dc Dieu, non seu­ lement dans ses attributs, mais encore dans sa nature Intime ct dans son essence elle-même... Malebranche n'enseigne pas, comme les ontologistes rationalistes, que nous voyons l’essence dc Dieu; il soutient seule­ ment que nous percevons scs idées ct scs attributs. Quant aux êtres materiels, il prétend que nous ne les voyons pas en eux-mêmes, mais seulement dans les idées divines qui leur ont servi dc types. · P. 5-7. L’ontologisme de Fénelon ct dc Bossuet, adopté par Sans-Fiel, ne se distinguerait dc celui de Malebranche que sur ce dernier point : < dans la théorie dc Fénelon, )h vision des types n’est pas le seul clément qui entre dans la connaissance du contingent; outre cette in­ tuition, il y a de plus la perception immédiate de la créature elle-même dans son individualité. P 8 Le système de l’ontologisme < modéré ct traditionnel » se ramené donc â ceci : · La perception Immédiate de l'infini, l'intuition des types éternels des créatures ct la connaissance directe des êtres contingents dans leur Individualité, » p. 11 ; ou encore « que les vérités nécessaires subsistent en Dieu et qu’elles s'identifient avec Dieu — que nous percevons ces vérités en Dieu ct ITALIE 1028 dans sa lumière — et que Dieu considéré comme vérité est toujours présent à l'intelligence humaine. C’est pré­ cisément la thèse que Je soutiens. » P. 17-18. //. z.’»V fTAi.ru. — A en croire les ontologistes ita­ liens, l’ontologisme serait la doctrine traditionnelle de l’Italie, la philosophie italienne, la philosophie nationale, et leurs efforts de restauration ou de réno­ vation de l’ontologisme leur paraissent nécessaires à la formation de l’unité politique Italienne. Telle est la thèse soutenue par Rosrninl dans son Il rinnovarnento della fllosofla in ilalia, proposlo dal conte Terenzio Mamiani cd esaminato da A. Rosmini Serbati, Milan, 1836. Mamiani, en effet, dans son Rinnovarnento della fllosofla antica in ilalia, publié â Paris en 1831, s’était proposé principalement « de montrer que, dans les livres des nombreux philo­ sophes de l'Italie ct surtout dans les écrits dc ceux qui ont fleuri pendant le xv· et le xvi· siècles, on trouve tous les éléments nécessaires pour composer une doc­ trine philosophique conforme aux exigences de l'es­ prit moderne; que cette doctrine ne peut être qu’expé­ rimentale, que depuis Laurent Valla ct Léonard de Vinci jusqu’à l’école de Galilée, ct de cette école à Galhippi, tous les bons esprits dc l’Italie l’ont connue, admise et enseignée. » L. Ferri, Essai sur Γhistoire de la philosophie en Italie au Λ/Λ’· siècle, Paris, 1869, t. i, p. 316. Rosmini s’efforça de montrer que la doctrine ontologistc se rattachait directement aux traditions les plus respectables ct aux plus grands noms dc la philosophie italienne : les philosophes des écoles de Pythagorc ct d’Éléc ont été les précurseurs ct les maîtres de Platon; au Moyen Age, saint An­ selme, saint Bonaventure, et. Jusqu'à un certain point, saint Thomas, qui concilie saint Augustin avec Aristote, sont les continuateurs du platonisme italien; la philosophie de la Renaissance, au xv· et au xvi· siècle, est toute platonicienne avec Marsile Ficin, Patrizzl et Giordano Bruno. Ibid., p. 323. La thèse historique dc Rosmini est reprise par Vincenzo di Giovanni, cf. Karl Werner, Die italicnische Philo­ sophie des ncunzehntcn Jahrhunderts, t. n. Vienne, 1885. p. 235 ct 215. Au xixe siècle, l’ontologisme italien est représenté par trois grands philosophes, Kosmini, Gioberti ct Mamiani, qui se rallia à l'ontologisme en 1811, dans son Delt'ontologÎa c del metodo, publié à Paris ; cf. Ferri, t. n, p. 21. 1° Rosmini ct son écrie. La doctrine dc Rosmini sera exposée dans l’article consacré à cc philosophe. 11 nous parait cepen tant opportun de signaler ici même l’opinion de certains ontologistes notoires, qui refusent dc compter Rosmini parmi les vrais onto­ logistes et en font un simple < psychologiste », une manière de péripatétlcicn. C’est d’abord Gioberti dans son Introduction à l'élude de la philosophie : ■ Rosmini, en établisnnt l’unité numérique de l’idée, se rapproche tellement de l’ontologisme, qu’on pour­ rait presque le croire partisan dc ce système, si d'autres endroits de ses ouvrages el en particulier la doctrine fondamentale de son Nouvel essai n’y étaient absolument opposes. » Γ. i, p. 357, de la traduction française. Ailleurs, t. n, p. 6, il lui reproche d’avoir suivi la méthode des psychologistes », d’avoir distin­ gué le » Premier psychologique » du ■ Premier onto­ logique , p. 7; enfin il ramène toute la théorie rosininienne aux quatre points suivants, où l’on ne peut reconnaître le véritable ontologisme : 1. Toutes les idées tirent leur origine de l’idée de l’Étrc. 2. L’idée piimitive de iT-trc représ» nie seulement VÊlrt pos­ sible. 3 La perception de l’existence réelle des choses < réées est une opération du jugement, par laquelle il s< fait une équation entre l’idée de l’Elro possible et la perception sensltlw. L læ concept de la réalité 1029 ONTOLOGISME. EN de l’Îïlre absolu. c’est-à-dire de Dieu, ne s'obtient pas immédiatement rt par intuition, mais seulement d'une manière médiate rt par démonstration. · Ibid., p. 7-8. Un peu plus loin : « Kosmini rejette expressé­ ment l'opinion dc saint Bonaventure, qui considère Dieu comme objet Immédiat dc la perception intui­ tive. » P. 18-19.Cf. t.m, p. 251, et llugonin, Ontologie, t. i, p. 329-330. Il ne sera pas hors de propos de jeter ici un rapide coup d'œil sur la dilTusion en Italie des doctrines rosininiennes. Kosmini hd-même dans son Jntroduzione alla fllosofla, 1850, relève les noms dc plusieurs de ses partisans: Sciolla, Cortc, Tardif I, professeurs à l’uni­ versité dc Turin, Pestalozza, professeur au séminaire de Monza, Gustave Cavour ct Manzoni. Cf» Werner, op. cit., t.i, Vienne, 188*1, p. 442. Wcmer cite encore Tominasco, Bonghl, Minghetti et Cantu, ct cnlln nomme ceux qui vécurent en la compagnie de Kosmini ct sc consacrèrent à la défense dc ses doctrines : Pa­ gani, Todeschi, Paoli, Perez, Calza, Petri ct Buroni. Le premier en date des disciples de Kosmini est Tommasco, son ancien condisciple à l'université de Padoue. · Il a exposé la doctrine de son ami sur la connaissance dans un excellent résumé publié à Turin en 1838 : Esposizione del sistema fllosoflco del Nuovo saggio su U’origine dette idee di Ant. Kosmini; Il l'a interprétée et présentée sous les aspects les plus variés ct les plus pratiques dans ses Studii filosofici, 2 vol. in-8e, Venise, 1840. · Ferri, op. cil., t. î, p. 309310. Enfin il l’a défendue contre les attaques de Gio­ berti dans scs Studii critici,Venise, 1843. Ibid., p. 467. Cf. Werner, p. 413-11·-. Le Dialogo dell'invenzione dc .Manzoni s’appuie sur la doctrine rosminienne de la connaissance qui y est citée, développée ou défendue selon l'occur­ rence. Ferri, p. 310; Werner, p. 443. Le marquis Gustave de Cavour, frère du ministre, a été un des propagateurs les plus actifs dc la philo­ sophie rosminienne, qu'il a résumée dans des Frag­ ments philosophiques, écrits en français cl publiés à Turin en 1811. Ferri, p. 311. Bonnetty n raconté dans les Annates de phil. chrél., juillet 1860, La philoso­ phie dc Rosmini en I'rance, p. 71-78, les tentatives faites par (’.avoue pour introduire en France la philo­ sophie dc Kosmini; il écrivit ΓIntroduction à la tra­ duction du Nouvel essai faite par l’abbé André à l'instigation de l’abbé de Valroger, professeur de philosophie nu séminaire dc Sommervieu (diocèse de Bayeux). Cavour prit aussi part à la défense dc Hosmlnl contre Gioberti dans V Univers du 15 janvier 1843. Ferri» p. 167. Corte publia en 1810 la traduction italienne, anno­ tée par Kosmini, des Principes d< philosophie pour les initiés aux mathématiques du comte Thomas Vnlpcrga de Caluso, (pii avaient été imprimes à Turin en 1811. Kosmini sc reconnaissait un précurseur en Galuso. Ferri, p. 311-312. - /\u reste, ajoute Ferri, celui Ferri, p. 158. Di Giovanni a aussi beaucoup écrit sur l’histoire de la philosophie : Severino Boezio e i suoi imitatori, 1880; Pico della Mirandola, fllosofo platonico, 1882, et sur­ tout Storia della fllosofla in Sicilia dà tempi antichi al sec, .v/.v, 2 vol., 1873, que Franck a résumée dans ses Philosophes modernes, p. 116-198. Sur di Giovanni, cf. Revue philosophique, novembre 1878 (Beaussire); Werner, p. 231-211. Selon Werner, p. 216, note, le sicilien Anl. Maugcri, O. M., aurait tenté la fusion du rosminisme ct du giobertisme dans son Corso di lezioni di fllosofla razionale, slslema psico-onlologico, 1856, et dans ses Elementi di fllosofla ad uso dei seminario arcivescovile di Catania, 1869. « Parmi les écrivains qui ont approprié l’exposition de celte doctrine (le giobertisme) â renseignement des écoles secondaires, Toscano et Vittorio Mazzini meritent une mention particulière. En lin le nom dc Fr. Bonucci, connu pour scs écrits relatifs aux sciences naturelles, prouve que la philosophie de Gioberti a aussi trouvé des partisans dans une classe dc per­ sonnes généralement hostiles à l’idéalisme. » Ferri, p. 161. I 34I/école de Miceli ou de Monrealc.— «Miccli n’a pas seulement attaché son nom à un système, il a fondé une école qui a été en Sicile, durant plus d'un demisiècle. le centre des esprits sérieusement épris dc métaphysique et qu’on appelle, en souvenir de son berceau, l’école de Monrealc. · Franck, op, cit., p. 1 13. Miccli (1733-1781), professeur de philosophie ct de droit naturel au séminaire de Monrealc, petite ville située à quelques kilomètres de Païenne, doit sa notoriété ù di Giovanni, qui publia scs écrits philo­ sophiques, restés manuscrits, le Specimen scienti fl­ eam et la Pre/azione 0 sia suggio historico di un sis· ténia melaflsico, en les encadrant de dialogues, â la Platon, dans ses deux ouvrages : Il Miceli ovvcro dell* Ente uno c realc, dialoghi (rc seguiti dalla Speci­ men scienti ficum di V. Miceli, 1861, ct II Miceli ovvero Γ Apologia del sistema, nuovl dialoghi seguiti da scritlure inedite di V. Miceli, 1865. A vrai dire, le système dc Miccli n’est rien de moins que le pan­ théisme, ci. Franck p. 111-155, mais H exerça une trop grande Influence sur l'ontologisme Italien pour qu'on ne lui accorde pas ici au moins une mention. CL Werner, p. 215, p. 80; Ferri, p. 459; Revue des Deux-Mondes, 1 mai 1865 (Perrons); Revue des cours littéraires de la France et de l'étranger, IV· année (1867), n. 17, Le mouvement philosophique en Sicile (Bc aus­ ure); Dictionnaire des sciences philosophiques. Le micélisme fut enseigné au séminaire de Monrejle par Fleres, le maître ct le prédécesseur immé­ diat de Miceli dans la chaire de philosophie, puis par Spedalleri, Rivalora, Zerbo, Guardi, Aruno ct Sca- IT A LIE 1032 fili; cf. Werner, p. 215; Franck, p. 155-158. Mais Ia plupart de ces professeurs n’ont pas publié leurs cours ou leurs ouvrages dc philosophie; di Giovanni en a seulement donné des extraits ou des résumés à la tin du deuxième volume de sa Storia delta fllosofla in Sicilia, p. 355-515. Comme bien on pense, le inlcélisme ne rencontra pas, même en Sicile, que des par­ tisans ct des admirateurs; il fut combattu, du vivant même de Miceli par deux théologiens Guglieri ct Bianchi, après sa mort par Raimondi et Rinaldi; le franciscain Scilla s’en constitua le défenseur. Franck, p. 158459. Des micéliens proprement dits, qu'il étudie au premier chapitre de son deuxième volume, di Glo· vanni distingue les ontologistes, qui font l'objet du chapitre quatrième; mais on nous avertit « que di Giovanni qualifie d’ontologistcs ceux qui, s’inspirant dc Miccli, s’efforcent en partie dc compléter, en partie de corriger sa doctrine pour la mettre d’accord avec les exigences, soit de la raison, soit de l’orthodoxie religieuse. 1 Franck, p. 179. Les deux principaux ontologistes siciliens qui se rattachent ainsi à l'école dc Miceli sont Rosario Castro (1783-1851 ) et Benedetto d’Acquislo (1790-1866), Rosario Castro, chanoine de Biancavilla, député au parlement sicilien, n’a publié, sur les six dont il devait être composé, que les deux premiers livres de son Schizzo di una cosmografla fllosoflca dcdolla dalla Genesi, 1851; « on dit que l’auteur, craignant les elTcts de la réaction monarchique â laquelle il assis­ tait, détruisit son manuscrit. Cf. Franck, p. 180. Cc n’est rien dc moins qu’une reforme générale dc toutes les sciences (pi’il prétendait offrir â scs con­ temporains, » p. 179. En réalité, son système méta­ physique se distingue à peine de celui dc Miccli. Cf. I». 18U-183. Benedetto iVAcquisto · est un des écrivains les plus féconds cl un des penseurs les plus éminents, non seulement de la Sicile, mais de toute l’Italie. » Franck, p. 185. Après ses premières études au séminaire de Monrcale, il entre au couvent des frères mineurs ré­ formés de Palermo, y étudié, puis y enseigne la philo­ sophie et la théologie. En 1811. il devient professeur dc philosophie morale et de droit naturel à l’univer­ sité dc Païenne, et en 1858, archevêque dc Monrealc; il se chargea lui-même dc l’enseignement dc la théo­ logie dogmatique dans son grand séminaire. De ses nombreux ouvrages, nous ne mentionnerons que ceux où l’on a Je plus de chance de rencontrer ses théories ontologistes : Elementi di fllosofla fondamentale : 1. Analisi dette /acolki dello spirito umano, o Psicotogïa, 2 vol., 1836; 11. Tratlato dette idee, 0 Ideologia, 1858; ni. Organo dello scibile umano, o Logica, 1871 ; Saggio suile legge fondamentale det commercio /ra Ranima e it corpo dell' uomo, 1837; Sistema delta scienza iinivcr.■//·, 1850. CL Franck, p. 185-187. Outre rinllucnce du micélisme, qui fut plus grande ιρι’οη ne le croit et «pic d’Acqulsto ne se l'avouait ù lul-mêmc, on reconnaît du premier coup d’œil dans les Éléments dc philosophie fondamentale de l'arche­ vêque dc Monrealc l’influence de Cousin. La méthode suivie par l’auteur est la méthode psychologique; pour lui, comme pour le chef de l’école éclectique, la raison est revêtue d’un caractère impersonnel, uni­ versel ct absolu. Cf. Franck, p. 187-188. Ferri voit en d’Acqulsto un précurseur dc Gioberti : « d’Acqulsto établit (pie l’autorité de l'intelligence humaine n pour condition un rapport naturel à la vérité absolue, tpic la vérité absolue ou Dieu esl l'objet de l’intuition de l'âme ct (pic ccttc intuition même est l’effet dc l’action créatrice dc la vérité P. 159. · D’Acqulsto a I» merite d’avoir prévenu Gioberti par sa théorie de la vision intellectuelle de l acté créateur, ct même dc 1033 ONTOLOGISME. EN ITALII 1034 ravoir renfermée dans des bomci plus sages ct plus I créateur cl de l’acte p.r lequel il crée... D'un autre côté, la connaissance directe d’un idéal qui n’est pas conformes aux hiils de conscience cl aux idées qui lui simplement possible, mais existe en soi, ct demeure servent dc brise. » P. 160. inséparable dc la réalité, donne a celte forme nouvelle |o Le comte Terenzio Mamiani defla pot ere, une dc l'idéalisme une valeur supérieure à celle qu’il peut fois rallié à l'ontologisme, lui a donné une forme avoir dans la philosophie de Kosminl. » P. 54. Sur particulière, qui n’est ni celle de Bounin), ni celle de Mamlanl, voir Werner. p. 277-381 ; Drbril, Histoire Gioberti. il l’a exposée surtout dans ses Diatoghi di des doctrines philosophiques dans l'Italie contempo­ scienza prima, Paris, 1816, ct dans scs Confessioni di raine, Paris, 1859. p. 97-175. un melaflsico, 2 vol., Florence* 1865. Sur les autres Parmi les philosophes italiens qui sc rattachent ouvrages de Mamiani, voir Werner, op. cit., p. 281 plus ou moins â l’idéalisme dc Mamiani ct collabo­ • Pour résumer en peu dc mots l'idéalisme de Mandant, rèrent à sa revue Im fllosofla dette scucle italiane, disons qu’il admet el démontre l’intuition directe de Worner cite particulièrement !.. Ferri, l’auteur de la présence interprétation erronée de cc fait idéologique que l’on­ Ibid.. p. 191. tologisme doit son origine. » Ibid. Mais le passage lit. HELCJKlUE, I baghs, Tits, Laforêt, Lcdu psychologisme a l'ontologisme fut « déterminé febve, Lubis, N. Mcoller, Clacssens ct Boucquillon : principalement par des préoccupations d'ordre épis­ tels sont les noms des ontologistcs belges d'après témologique, » p. 98, c’csl-a-dire par la préoccupation J, Henry, Le traditionalisme et l'ontologisme à l’uni de trouver une base solide â l’objectivité de nos Idées. versité de Louvain (/836-/864J, dans les Annales de Held avait démontré que l’intcnnédiarisme ouvre la ΓInstitut supérieur de philosophie de Louvain, 1921, voie au subjectivisme radical : ce fut un trait de lu­ t. v, p. 97. Entre tous ccs auteurs, on ne signale qu'une mière pour les professeurs de Louvain; Ubaghs reprit seule nuance : Laforêt cl Claesscns d'une part, la critique de Held, qui ne portait que sur la percep­ Ubagbs de l’autre conçoivent différemment le rôle tion, en l'étendant à toute connaissance : « il dira de renseignement ct de la parole par rapport ù l'in­ toutefois n’alladier pas grande importance à la tuition; cf. p. 106-108. L'ontologisme de Louvain question de la perception; ce qui imparte au premier n’ofîre rien de bien particulier que nous n'ayons déjà chef, c’est l’iinmédiatcté dans la perception des véri­ rencontré, et cela ne doit pas nous étonner puisqu’un tés d’ordre métaphysique et moral; ce sera là aussi nous apprend qu’il fut puisé dans les ouvres de saint l’ontologisme. » P. 95. Jusqu'ici pour assurer l'objec­ tivité de nos connaissances, il en appelait à la · foi Augustin, de saint Anselme ct de saint Bonaventure; naturelle », p. 76, au < sens commun objectif », p. 83, dans les écrits de Thomassin, Malebranchc, Bossuet, Fénelon, dom Land, (ierdil. André, mais principale­ à Dieu enfin comme auteur de la raison, p. 85; malgré tout, « un certain malaise persistait dans son esprit : ment dans Malcbrancbc, Bossuet et Fénelon. P. 98. il sc sentait emmuré dans la conscience : l'ontologisme Il consiste essentiellement à a dinner que les idées, le libère de cc cauchemar cn le mettant cn contact contrairement à ce que soutiennent les psychologistes, ne sont pas seulement de simples représentations des 1 direct ct immédiat avec la réalité. · P. 96. — On a noté, enfin, que. d’abord hésitant, Ubaghs fut en­ choses, mais sont des choses réelles; l’idée de Dieu traîné À l’ontologisme par son disciple Tils, p. 98, c’est Dieu lui-même. P. 100. Nous voyons donc Dieu, qui avait subi l'influence d’Ancillon, théologien pro­ non toutefois dans son essence, mais dans certains testant cn dépendance étroite de Jacobi. P. 88. de ses attributs. P. 102. De cette idée objective, il Quand parut le décret du Saint-Office, Ubaghs faut pourtant distinguer la notion de Dieu, image prétendit que les sept propositions n’avaient aucun intellectuelle que nous nous cn formons posterieure­ rapport avec l’ontologisme; cf. Revue catholique de ment à l’intuition par la puissance de la réflexion, Louvain, janvier 1862, cité par les Annales de phil. image que notre esprit « imprime dans sa mémoire chrét., mars 1862, p. 167-169. Il le soutenait encore pour l’y retrouver et s'en servir, quand cela lui con­ un an plus tard, cn janvier 186.3, cn rendant compte viendra, comme d’une copie faite sur un original plus de la Défense de l’ontologisme de Fabre; cf. Revue du ditllcile à déchiffrer pour lui que celte copie qui est monde cath., 1863, t. vu. p. 262-272; Annales, dé­ son propre ouvrage. » P. 103. cembre 1863, p. 440-446. Il fallut que la lettre du En adoptant l'ontologisme, les professeurs de cardinal Patrizzi à l’archevêque de Malines, en date Louvain n’ont pas pour cela sacrifié leur traditiona­ du 2 mars 1866, vint lui apprendre que scs ouvrages lisme : renseignement, la parole, ont encore un rôle contenaient · des doctrines tout à fuit semblables à à jouer dans l'acquisition par l’homme de la connais­ quelques-unes des sept propositions, que la Congré­ sance de Dieu. Mais, tandis que La forêt et Cl nesgation du Suint-Oillcc a jugé ne pouvoir s’enseigner sens reprennent à ce sujet la théorie de Globerti, sans danger. » Cf. Annales de phil. chrét., novembre p. 106, Ubaghs conçoit ainsi les rapports de l’ensei­ 1866, p. 378. gnement ct de l’intuition : « Dès que l’intelligence est. zr. /..v s( z.vsA’. Dans son livre : Xatûrliche GoltesDieu lui est présent, cl entre Dieu et elle il y a allinite crkenntnis. Slcllungnahme der Kirchc in den letzten profonde : elle est faite pour voir Dieu, est prédisposée hundert Jahrcn, Fribourg-cn-B., 1926, le P. H. Lcnà celle vue. y aspire naturellement. Toutefois, elle nerz. S. J., commence l’exposé de l’ontologisme par ne peut devenir attentive au divin immanent que si la théorie du P. Rolhenfliie, S. J., p. 76-80. C'est, selon l’enseignement l’avertit de sa présence, la mettant à lui, une forme passablement modérée de cc système même d’y réfléchir. D’un côté donc (Globerti) ren­ alors très répandu, p. 80. Voyons ce qu’il en est. seignement donne le znn/qui deviendra instrument de D'après Rothcnflue, Institutiones philosophiae theore­ clarification; de l’autre (Ubaghs), il donne à l’intelli­ tics?, l. π, 2· édit., Lyon ct Paris, 1846, de toutes nos gence d’être active actuellement. » P. 107. idées une seule, celle de l’être simpliciter, il ne dit pas Il est intéressant de rechercher comment s’est est innée, mais est perçue immédia lenient par la opérée, chez Ubaghs cl ses collègues, la conversion de raison, satiem reflexe occasione sensationis. P. 198. l’intcnnédiarisme ou psychologisme à l’ontologisme, Et celte idée n’est pas celle de l’être en général, qu'en 1841 on déchirait contraire à l’autorité de m iis celle de l’être absolu, cui esse simpliciter, sine l’Écriture cl de saint Thomas, aussi bien qu’à la ulla modiflcabilitale adeoque sine ulla restrictione actu sainte raison. P. 95. Or, cn 1850, la conversion est competat, p. 181, note; en un mot. c’est l'idée de Dieu. chose faite. « Cc qui donna le branle à ce mouvement P. 203. Cette Idée cependant n’est d’abord perçue (ontologistc) fut. sans conteste, l'apparition de l’Znque d’une manière confuse, mais à mesure qu'elle troduzlone allo studio della filosOfia de Globerti. Pu­ nous sert de règle cl de nonne |>our juger les objets bliée a Bruxelles, il n’esl pas étonnant qu’elle ait eu perçus par les sens, eo magis et ipsa evolvitur et dis­ un grand retentissement en Belgique. Les adhésions sans réserve qu’elle rencontra ne s’expliquent cepen­ tinctius cognoscitur, P. 199. Saint Thomas aurait admis celte jierccption immédiate de l'idée de Dieu dant pas. semble-t-il, à moins de supposer que, d’une à l’occasion de la perception sensible : du moins c'csl façon ou d’une autre, les esprits y aient été préparés. · ainsi que Rothcnflue entend la quatrième preuve P. 97. Or nos philosophes belges y étaient préparés par thomiste de l’existence de Dieu, er gradibus qui in leur fanatisme : « Innéisme et ontologisme sont deux rebus inveniuntur. P. 206. étapes dans une meme direction.l’ontologisme consom­ Mais nous n’en sommes encore qu'à l’idée; qni nous mant le divorce de l’idéologie d’avec le sensualisme; · dit qu'ù celle idée corresponde une réalité? Kothenet plus encore par les caractères de nécessité, d’uni- 1039 ONTOLOGISME. GIOBERTI 1040 chose ou propriété créée, mais la vérité absolue et flue prouve que non seulement une réalité lui corres­ éternelle, en tant qu’elle apparaît à l’intuition de pond, niais qu'elle est elle-même cette réalité, et donc que nous percevons Dieu. 1° Nam idea του esse I l’homme. » Introduction à l'étude de la philosophie, simpliciter percipitur ; atqui quidquid percipitur habet trad. Tourneur! )éfourn\. t. i, Paris, 1817, p. 252. esse. siquidem nihilum percipi non possit ; ergo idea Qu’on ne se trompe pas sur ce terme de < vérité »; του esse simpliciter habet esse.,, 3° Idea του esse sim­ puisqu’il ne s’agit pas d’un concept, ni de toute autre pliciter est idea του esse vel entis a se ; atqui ens a sc chose ou propriété créée, il ne peut donc s’agir que est ens rcatissimum ; ens pero realissimum ex ipsa de Dieu, l’Étre absolu et éternel. Adversaire du psy­ ratione sua subjectiva evincitur necessario actu erischologisme et de l'mtcrmédiarismc, disciple fidèle de tere ; ergo idea του esse simpliciter est objective et inde.Malebranche, Gioberti fait de l’idée, qui est bien pendenter a mente nostra real is el necessario actu en effet, en saine psychologie, le « terme immédiat existent. P. 204-205. - Rothenfluc peut maintenant de l’intuition mentale . non un concept, une réalité formuler cette proposition : Diîüs implicite per ideam mentale, mais une réalité cxtramcntale, l’objet même τοϋ esse simpliciter, immédiats a bâtions percep­ de la connaissance. L’idée de Dieu, c’est Dieu présent tus, est norma primnva omnis cognitionis objection, à notre intelligence el vu par elle. < Sous le nom d’Idéc p 205; et par principe objectif de toute connaissance, j'entends l'objet de la connaissance rationnelle pris il faut entendre quod per se ipsum immediate noscitur en lui-même ; toutefois à la notion de cet objet pris et intelligitur et per quod solum cictera omnia cognos­ cn lui-même, il faut ajouter celle d'une relation entre cuntur el intelliguntur. P. 212. Et Dieu n’est pas seule­ lui ct notre connaissance. · P. 253. ment le principe objectif de toute connaissance, 2® L'intuition, - Mais quelles preuves donneramais le principe objectif de toute certitude, c’csl-àt-on de l’existence de celte intuition, c’est-à-dire de dire illud quo non percepto nec ullum molivtim nec ulla l'identification de l’idée et de l’objet? Aucune, sinon motioorum cum veritate connexio cognosci et intelligi que cette intuition est nécessaire si l’on veut éviter potest. P. 21 I. I le scepticisme ou le subjectivisme. Cela est répété Rothenfluc se réfère à l'autorité de Clément d'A- ( à satiété au cours de l’ouvrage : ■ Si l’esprit n’ap­ lexandrie, Minucius Félix, saint Anselme, Fénelon, préhende pas Immédiatement l’objet, jamais il ne Philibert, de Bonald ct Staudennnier. P. 210. — pourra avoir la certitude logique de sa réalité. · Fabre, Réponse, p. 181, nous apprend que lorsque P. 358. < Hors de l’ontologisme, la science est incom­ les jésuites ont ouvert des collèges en France, en 1850, pétente à appuyer la vérité et la vertu, la certitude ils y ont introduit les Institutiones du P. Rothenfluc. et le devoir, sur des bases inébranlables. » P. 363. « Si r. £.v Ai/Xfl/QU/?. — L'ontologisme est représente l’ordre primitif de l’esprit, aussi bien en logique qu’en cn Amérique par Brownson, protestant converti au psychologie, ne s'identifie pas cn substance avec catholicisme, dont Bonnet ty reproduit les déclarations l’ordre ontologique, le scepticisme absolu devient dans les Annales de phil. chrét.. juin 1862, p. 131-161, fatal et inévitable. » T. n, p. 251. < La perception que juillet, p. 7-21, el août. p. 139-150. Il cn veut à In nous avons de la divinité correspond exactement logique d'Aristote, parce qu’elle est essentiellement à la perception admise par l’école écossaise à l’égard intennédiaristc el que, par là, elle crée entre le mun­ îles corps, cl elle s uive du scepticisme le système des idées représentatives, en lui donnant pour base la dus logicus et le mundus physicus un abîme que rien connaissance immédiate de l’Étre, dans lequel sc ne peut combler. P. 118. Et la philosophie thomiste, trouve contenu l’archétype de toutes choses. · P. 361. — si tant est qu’on puisse parler de philosophie tho­ < La question consiste à savoir si l’objet immédiat miste, p. 110, - héritière de l'aristotélicienne, s'en montre tout aussi incapable. P. 139. Sans intuition de l'intuition rationnelle, quelle que soit d'ailleurs immédiate de la réalité intelligible, on n'arrivera jamais l’imperfection de cette intuition, est Dieu ou une chose distincte de Dieu... Si ce n’est pas Dieu, si c’est a prouver qu'au monde idéal corresponde un monde une chose créée, contingente, finie, le scepticisme el réel : « les conceptions où il n'y a pas d'objet intui­ tivement appréhendé sont vides, de pures formes le nihilisme sont inévitables. · P. -110. On vient d'entendre rappcllcr le souvenir de l’école de pensée, dans lesquelles rien d'existant a parte rei écossaise; Gioberti y revient plusieurs fois pour mon­ n'est pensé. * P. 117. Brownson sc rallie à l’ontologisme trer que son perceptionnisme n’est qu’une extension et particulièrement à celui de Louvain : Dieu affirme de celui P. 33-31. s’en aperçoivent pas, cela ne prouve qu'une chose : On a toujours le droit de donner aux mots un sens c’est que l’analyse qu’ils font de leur intuition pour­ quelconque; reste à savoir si la perception ainsi en­ rait être meilleure; ct il n’y a là rien de surprenant, tendue existe. · Lorsque. Dieu crée une intelligence, car l'analyse de l’intuition n’csl pas l'œuvre de l'in­ il l’associe a cette conversation intérieure, à cette tuition, mais de la réflexion, ct la réflexion est tou­ affirmation qu’il fait de lui-même â lui-même, à cette jours capable d’une plus grande exactitude el d'un perfectionnement plus complet.. Que voulons-nous j aillrmation de toutes les essences que son essence contient. 11 s'établit alors une autre couver»dion, donc dire, en aflinnant quo l'homme est spectateur de la création?... Nous voulons dire qu'on appréhende non plus dc Dieu avec lui-même, mais de Dieu avec l'existence comme l’œuvre de l’Êtrc et que l’on con­ l’intelligence qu’il a produite. La perception est la parole (pic Dieu adresse à celte intelligence, le Jugement temple l Êlrc lui-même comme principe ct raison de ses créatures. » P. 70-71. —Sur Gioberti, soir Pafi.oriès, I est la réponse dc l'intelligence à Dieu... Ainsi, Dieu Gioberti, coll. Les gnnds philosophes. Taris, 1929; dit à l'intelligence créée : l’essence dc l’homme est, Ferri. Werner, etc. Cf. Annales de phit. chrét.. octobre c’csl la perception; l'intelligente répond : oui, l'es­ 1847. p. 215-267; déc. 181«, p. 434-158; fév. 1849, sence de l’homme est, c’est le jugement... Tel est le p 151-161; avril 1849, p. 307-316; oct 1849, p. 245secret de la pensée humaine : elle est une conversation 259; févr. 1854, p. 152-162; mars 1854, p. 174-187; avec Dieu, comme la pensée de Dieu est une converoct., 1854, p. 315-340; nov. 1854, p. 414-420. , sation avec lui-même. » P. 46-47. En d’autres termes, //. H V ou sis. — 1° La perception. — · Qui pour­ I la perception-intuition, dont Hugonin nous gra­ rait dire ce que c’est que percevoir?... Percevoir est tifie, serait une révélation ct une révélation des essences un acte si s mple qu’il échappe a toute analyse; des choses, des vérités, bien mieux de la Vérité : toute connais.·ance, tout sentiment, tout concept, toute « la vérité que je pense et dont je vis, n’est pas une representation qui se forme dans l'ame sont des per­ vérité abstraite, immobile, une vérité morte, un fanceptions... læ caractère propre te la perception est I tonte ou je ne sais quelles espèces intelligibles imaginées par les philosophes pérlpatétlciens; c’est une vérité la passivité. Il est facile de le comprendre pour qui­ conque admet qu’elle est le premier instant de la pensée. active, une vérité qui a dc l’être ou plutôt qui est l’être, une vérité vivante, puisque c’est par elle que Car le principe de notre vie intellectuelle, comme le principe de notre être, n’est pas en nous, il n’est pas je vis ct que je suis intelligent, une vérité infinie, nous; cc n’csl pas nous qui nous donnons l'être, qui une vérité qui est Dieu même. » P. 42. Voilà toutes les merveilles découvertes par Hugonin dans la per­ nous donnons la vie; nous recevons l’être avant d’être, ception-intuition, telle qu’il la définit, mais toutes ccs la vie avant de vivre, l'intelligence avant d’être intel­ ligents, la pensée avant de penser; nous sommes passifs ! belles élévations ne prouvent aucunement qu’elle avant d'être actifs. > Ontologie, t.i, p. 30; < La vérité existe ! 2° L'être. — « L'être est la loi de mon jugement, apparaît â mon âme, elle lui devient présente, c’est . comme il est la loi de mes perceptions. J‘affirme l’être, la perception. » Ibid. · La perception est un fait comme je le perçois; ct de même que je ne puis per­ intellectuel,un acte de vie. Mais il est produit en nous; cevoir le néant, de même je ne puis l’affirmer. L'être c’est le principe de notre être et de nolle intelligence est : tel est Vêlement ontologique que je cherche. · qui agit incessamment en nous, qui nous communique P. 53. · Quel est donc ccl être, lieu commun de toutes la vie comme l’être sans interruption. » P. 31. On les notions données par la perception, ct affirmé dans voit avec quelle rapidité Hugonin franchit les étapes. les jugements? cet être à la fois lumière, loi, force Un sentiment, un concept, une représentation sc forme dans Tiime; nous « percevons ■ quelque chose; ' essentielle de la pensée; ccl être qui est dans toutes mes perceptions et qui rend vrais tous mes jugements, el voila que d’emblée on nous déclare que c’est Dieu cet être qui est à la fois l'être et la vérité? Est-il multiple qui agit en nous, que dis-je? que c’est Dieu qui sc ou unique? Est-il une forme, une simple modification montre à nous : · O mon Dieu, si vous n’étiez pas, je de ce que j'appelle le sujet pensant, ou une réalité ne pourrais penser, car vous seul êtes à la fois vérité distincte de lui? .l’entrevois que la vérité est une, cl et immensité; vous seul, par votre secréte opération au-dedans de moi, pouvez me rendre participant de i qu'une seule loi l’exprime, la loi de l’être, Vctre est; mais cette loi est féconde, elle sc multiplie sans se vos divins attributs, me faire vivre et penser, donner diviser, elle se dilate sans se rompre... J’entrevois à ma pensée un objet. Et cet objet it est vous-même, ό encore que cette vérité n’csl pas moi ; elle est au-dessus tout être, toute vérité, véritable pain de mon intelli­ de moi, elle était avant (pic je fusse, clic serait quand gence! » P. 35. même je cesserais d’être. Elle n’a pas en moi son orl• Toute perception est impossible sans objet perçu Percevoir rien ou ne rien percevoir, comme le répète 1 gine. Mon intelligence serait plutôt son œuvre qu elle ne serait l’œuvre de num intelligence, car clic est si souvent Malebranche. sont des expressions syno­ universelle, indépendante ct nécessaire. Le n’csl pas nymes. · P. 32. Qu’on ne s’y trompe pas, qu’on n’inmoi (pii la domine, je suis dominé par elle, et je sais terprèlc pas cet aphorisme en psychologiste : il s’agit qu'elle règne sur toutes les Intelligences. · P. 54. — Quel bien d’objet réel existant réellement en dehors du chaos! quelle confusion! Parce que l'idée d’être est sujet qui perçoit : «Toute perception est objectivement Impliquée dans toutes les notions, parce (pie le réelle, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de perception qui ne soit perception de l’être; le rien ne peut être perçu. I verbe tire est renfermé dans tous nos jugements, parce (pie le principe d'identité est la loi fondamen­ Tout ce qui est perçu est, voilà la loi. Dans la percep­ tale de notre pensée, voilà que l'on c onçoit un je ne tion... nous sommes passifs; c’est la vér.té active, sais quoi qu'on appelle l’iùrc, · (pii est à la fois vivante, qui agit en nous, je dirais presque qui nous l’être ct la vérité, à la fois lumière, loi, force essen­ apt. qui nous fait être actifs d'une activité intellec­ tielle de la pensée! » Sans nul doute, ccl Etre c’csl tuelle. · P. 55. — Qui ne voit au milieu de quelles ambi­ Dieu; on T insinue ici assez clairement, on le dira tout guités nous nous trouvons? « Tout cc qui est perçu à l’heure ouvertement. Et voilà l’ontologisme, c’estest · : oui. par définition, si par la perception vous à-dire ridentillcntion de Dieu avec l’élre en général. entendez l’intuition; mais il s'agit précisément dc sa- 1045 ONTOLOGISME. INTERVENTIONS ROMAINES « Nous établirons, il est vrai, que l’être, loi dc la pensée, l’être vérité, est Dieu lui-même, ct non l'être purement idéal, l'image de l’être; mais 11 n'en est pas moins vrai que la pensée n'attache formellement cl avec réflexion l’individualité et l'existence ù Vêlre qu'elle pense toujours, que conséquemment à scs re­ cherches sur la nature de cet être mystérieux qui. pour nous, vit dans la pensée avant de vivre en luimême. Mais ce passage de l’être, loi de notre pensée, a l'être vivant ct personnel n’a rien qui ressemble à l’induction des psychologistes. Ce n’est pas le pas­ sage d’un objet à un autre objet, de l’être limité h l'être illimité..., c'est le passage d'une connaissance imparfaite de l’être et de la vérité à une connaissance moins imparfaite 50 prélats, ct sans doute aussi celui du pape, rassurant l’archevêque de Tours sur la portée du décret de 1861. S'appuyant sur le discours du P. de Bignano, pro­ noncé en août 1863, ct. supra, col. 1035, H croît Revue du monde cath.. 1864, t. x, p. 190. En d'autres termes, les pré­ lats ct le pape auraient usé â l'égard de l’archevêque de Tours de la restriction mentale! Quoi qu’il en soit de cette explication, ce n'est pas dans ccs déclarations verbales des prélats romain*, ou même du pape, qu’il nous faut chercher le sens général ct la portée du décret de 1861. 11 y aurait un moyen d’en avoir le coeur net : ce serait de consulter, aux archives du Saint-Oflice, le dossier de cette affaire, de voir dans quels livres ou quels cahiers manuscrits on a pris chacune des 7 propositions; mais ce moyen n’est pas ù notre disposition. Lc P. Klcutgcn parait assez bien renseigné sur les dessous de l’affaire : n’ayant pas rencontré textuellement les quatrième ct cinquième propositions dans les ouvrages publiés par les ontologistes, il affirme qu’elles se trouvent mot pour mot dans certains cahiers manuscrits qui circulaient ct servaient à l'enseignement dans les séminaires de France, ct 11 insinue que c’est la sans doute qu’on les a prises. Cf. Der Katholik, mai 1867. p. 533. Le Saint Siège lui-même, par trois déclarations, bien authentiques celles-là, nous renseigne suffisam­ ment sur la nature des doctrines que le décret de 1861 a voulu proscrire de l’enseignement des écoles ca­ tholiques : nous voulons parier des déclarations relatives aux ouvrages de Branchereau. d'L’bughs et d’Hugonin. — Nous avons dit ci-dessus, col. 1016, que, peu rassure par les indications données verba­ lement ù l’archevêque de Tours sur les intentions du Saint-Siège à l’égard de l’ontologisme Branchereau avait fait presenter au Souverain Pontife un résumé de sa doctrine en 15 propositions, avec prière de dé­ clarer si le Jugement du 18 septembre 1861 s’appli­ quait aussi à ces propositions. < Or, à la fln de sep­ tembre 1862. Mgr l’évêque de Nantes reçut une lettre du cardinal Patrizzl, dans laquelle le secrétaire du I Saint-Oflice disait « que les propositions soumises, différant à peine des 7 précédemment Improuvécs, tombaient sous la même improbation; qu’en consé­ quence. elles ne pouvaient être enseignées, ctfquc les Rralectiones qui n’etuient que le développement de ccs propositions, ne pouvaient être mises entre les mains des jeunes élèves du sanctuaire. · Klcutgcn, L’ontologisme pigé par le Saint-Siège. trad. Sierp. cite par Annales de philo, chrét., avril 1868, p. 267. Le 2 mars 1866, le cardinal Patrizzl adressait à l’archevêque de Malines une lettre où l’on pouvait lire les déclaration* suivantes : · Les t rninentissimes cardinaux, tant du Saint-Oflice que de l’index, s'étant réunis pour tenir conseil le 21 février dernier, ont examiné avec le plus grand soin les livres philoso­ phiques de Gérard-Casimir l’baghs et particulière­ ment la dernière édition de ses traités de Logique et de Théodicée, achevée par lui-même en 1865, quoique non encore publiée... Ils n’ont pu s’empêcher de voir qu on professe dans ccs livres des doctrines tout a fait semblables Λ quelques-unes des 7 propositions, 1051 ONTOLOGISME. SENS DES PROPOSITIONS que la Congrégation du Saint-Office. assemblée le 18 septembre 1861, a jugé ne pouvoir s’enseigner sans danger (r/ rrro perspicere debuerunt tradi in iliis libris doctrinas plane similes aliquot ex septem propositioni· bus, quas S. Officii Congregatio haud tuto tradi posse fudicant)... C'est pourquoi les ém. card, ont été d’avis que, dans les livres philosophiques publics jusqu'ici par Gérard Casimir Ubaghs ct surtout dans sa lo­ gique ct sa Théodicée, sc trouvent des doctrines ou des opinions rnhir<. 1929; Bouil­ 1863; La /ltoso/ia Ituttanu nclli sur retazioni m la fllosofïa lier, Théorie dr tarahon impersonnelle, 1811; De 'identité du eumpea. Bari, 1909; Stahl, Dic naturlichr (ioltrsrrkrnntnis principe philosophique accusé de panthètsme ur servir a l'histoire littéraire des lischen Kirehe, Wurzbourg, 1818, exposé très rapide t. xn. Louvain, 1768, p. 327-3JI; reproduit avec et sans aucune prétention de la constitution eccle­ quelque* modification* riel. Tauthabaolh, Erathaoth. Loc. cit., n. 30, col. I31O-I1. Mais, quoi qu’en pense E. de Faye, op, cil., p. 359, ccs diver­ gences ne tirent pas à conséquence. Origène nous donne aussi plusieurs mots de passe «pie l’initié, μύστης, aurait â prononcer en arrivant aux portes qui donnent entrée aux différents deux. N. 31, col. 1311-1315. Ce lui csl une occasion «l’en nommer les chefs : Jaldabaoth, Jao, Sabaoth. Astaphaios, Ailoaios, Horaios. Il ajoute qu’il pourrait décrire encore d’autre rites et «l’aulres talismans; il lui suf­ fit de faire remarquer «pie les inventeurs du système ne se sont piqués ni «le logique, ni d'originalité, fai­ sant intervenir en un singulier mélange des noms empruntés â la magie. Jaldabaoth, Astaphaios, ! loraios. cl les noms divers «pii sont «tonnés à Dieu dans I Ancien Testament : Jao (Jahvé), Sabaoth, Ailoaios (Elohim), Adonalos (Allouai). N 32. col. 1315-1318. Faisant allusion enfin Λ ces vocables que Celse avait accumulés: Eglise,Circoncision, Prounicos, Psyché, il ne peut s’empêcher «le les rapprocher de dén imi­ nations analogues qui se retrouvaient chez les Valenti­ niens. N. 35, col. 1319. Origène, on le remarquera, ne 1069 OPHITES dit pas que 1rs ophiens nient emprunté ccs notions aux Valentiniens, mais seulement qu'il y n «les ressem­ blances entre les mythes (les uns et de autres. Pourtant l’on ne voit pas. dans la description d’Origène, (Γοίι peut provenir aux * ophiens » leur nom; le culte du serpent n’est pas mentionné ct dans les mythes qui sont rapportes on ne voit pas qu’il joue un rôle, à moins que l’on ne veuille retrouver le ser­ pent dans le Léviathan, le grand dragon dont il est question au n. 25. col. 1329. On sc rappellera néan­ moins qu’Origène ne s’est pas propose dc décrire en detail la secte des ophiens et qu il a passé délibéré­ ment sous silence nombre de détails. 2. IrWe. - Sur la fol de Théodore!, Hieret. /ab., I. xiv, /*. G’., t. I.XXXUI, col. 36l-3b8, les éditeurs d’Irénée ont mis en tête du c. xxx du 1. 1 du Con/rci htrrescs, P. G’., t. vu. col. 691-701. qui dans le texte commence par ces mots. .A/ii autem rursus, le litre : Dc uphilis et sethianis. Mieux vaut faire abstraction du dernier mot qui préjuge une identité qui est loin d’étre démontrée. En fait, les sectaires décrits Ici par Irénée se révèlent les mêmes que les όφίται dont parle Epiphane, Hures., xxxvm.el qu’il distingue des arftwMjl dc Γ/ιητγλ. xxxix. D’ailleurs quelques-uns des traits ct des vocables qui sc rencontrent dans la secte des ophiens de Cclse-Origène sc retrouvent ici. Mais, tandis (pic les deux alexandrins s’attardaient plutôt aux talismans et à la théurgie de la secte, l’évêque de Lyon, négligeant entièrement cc point de vue. fait une description détaillée de la mythologie complexe (pii justifiait jusqu’à un certain point ccs pratiques. Au plus haut sommet des choses, le Père ou la Lumière, ou le Premier Homme, tous noms indiquant un seul el même être. De lui émane un deuxième principe, le l’ils de l'homme, le Second homme; à côté d’eux un troisième principe, celui-ci féminin : le Première femme ou le Saint-Esprit (dans les lan­ gues sémitiques le mol rdah, esprit , est féminin) L’union des deux premiers principes masculins avec le troisième féminin, donne naissance au Christ, quatrième principe, et la réunion de ces quatre n’est autre (pie l’Église ou l’êon incorruptible. En face de cette tétrade voici le chaos, l’eau téné­ breuse, l’abîme; c'est tout un. Mais du sein dc la Première femme va descendre une rosée de lumière : humectatio luminis, c’est Sophia, ou Prunlcos (appelée un peu plus loin lu Mère) (.’elle rosée tombe dans le chaos primordial ct les efforts qu’elle fait pour s’en dégager donnent naissance au firmament (pii sépare désormais les êtres d’en bas de la tétrade céleste, (’.'est dans cette région inférieure (pie naissent de la Mère les archontes, dont Origène a transcrit lui aussi 1rs noms ; Jaldabaoth. Jao. Sabaoth. Xdonæus Ehiæus, llorwus, Astaphæu*. Bientôt Jaldabaoth est devenu le père d’une Immense lignée d’anges, ar­ changes. vertus, puissances et dominations; ce sont 1rs organisateurs du monde ; alors, se dressant contre la Mère. Jaldabaoth se croit Dieu ct Père- Finale­ ment les six premiers archontes, fils de Jaldabaoth. s’essaient à créer l’homme; ils n'aboutissent qu’à former un être sans force (pii glt et rampe comme un ver. Mais à l’insu de Jaldabaoth. la Mère Introduit en lui un principe supérieur. IAc apparaît. Ce­ pendant, du désir dc Jaldabaoth pour la matière, était né un fils ayant la forme d’un serpent rl (pii est appelé .Vous. C’est lui (pii, à l’instigation dc la Mère, engagera Adam et Évc à mépriser les ordres de Jaldabaoth; ayant mange du fruit défendu, ceux-ci apprennent que Jaldabaoth n’est pas vraiment Dieu, qu'il y a au-dessus de lui une puissance supérieure. Ils sont punis néanmoins, ct placés dans le monde visible. La suite de celle mythologie entremêle au récit 1070 biblique l’action antagoniste du serpent et de Prounlcos ou Sophia, car le serpent qui semblait vouloir d’abord du bien à l’homme cherche maintenant a le dévoyer. On en arrive finalement à la lutte entre Sophia et Jaldabaoth autour de Jésus, lutte nu ce dernier succombe Mais sa défaite n’est qu’apparente, puisque Jésus ressuscite, sinon tout entier, du moins en celle partie de lui-même qui est susceptible de revivre. Remonté au ciel, il recevra les Ames dc ceux (pii l’auront reconnu ct auront su déposer la chair; elles échapperont ainsi à l’empire dc Jaldabaoth. Tout n’est pas également clair dans la description que fait Irénée dc ce mythe compliqué: le rôle du serpent apparaît assez différent aux divers stades. Mais n’est-ce pas un peu l’habitude des mythes dc se moquer dc la logique? Quoi qu’il en soit de certaines difficultés de détail, op ne voit pas que les mythes abondamment décrits par Irénée soient en contra­ diction grave avec ce que disent Oise et Origène de la secte des ophiens. 3. ('.Ument d'Alexandrie - Celse ct Irénée écrivent sensiblement a la même date; Clément les suit dc près. Mais les renseignements qu’il fournit sont bien maigres. Sans doute il donne, Strum., Ill, n. P. G., t. sin, col. 1129 sq., une énumération assez copieuse de sectes en lutte contre la morale : nicolaïtcs. adeptes de Prodicos, anti lactes; les ophites ne figurent pas sur celle liste. Mais, plus loin, Strom., VII. xvn. t. ix, col. 553. il indique l’origine des noms qui sont appli­ qués aux dilTércntcs sectes : les unes sont désignées par le nom dc leur fondateur (Valentiniens, marcionites), d'autres d’après leur pays (phrygiens = montanistes) d’autres d’après leurs dogmes, d’autres d’après les suppositions qu’elles font cl d’apres l’objet dc leur culte, comme les caianistes et les ophiens. al 3έ άπό υποθέσεων καί ών τετιμήζασ·., ώς ΚαΙανισταί τε καί ο*. Όφιανοι προσχγορευόμενοι. 11 peut Vagir ici du culte rendu par les ophiens au serpent et aussi des hypo­ thèses mythologiques par lesquelles se justifiait ce culte. L Hippolyte de Home. Le Syntagma d’Hippolytc est à peu près contemporain dc celte courte notice dc Clément, il contenait une notice sur les ophites » On sait que le texte du Syntagma est perdu, mais qu’il peut-être restitue à l’aide (les données fournies par Pseudo Tertullien. Epiphane cl Philastre dc Brescia. I )ans le cas présent. Philastre apporte peu de choses. Ihrres., i. P. L., t. xn. col. 1113-1115 : 1a·* ophite*, dit-il. sont ainsi nommés à cause du culte qu’ils rendent au serpent; le culte se justifie par le fait que le ser­ pent n communiqué à la femme la science du bien cl du mal; le serpent a été précipité du premier ciel dans le second (ou dans un autre). Pseudo-Tertuilieii est un peu plus explicite. De pnvscript., c. xlvh. /< /.. (éd. de 1866), l. il, col. 79-80 ; Les ophites, dit-il. pratiquent le culte du serpent pour la raison ci-dessus donnée; le serpent d’airain dressé par Moist*, en était une image ct le Christ lui-mcmc dans l'Évangile a fait allusion à la puissance du dit serpent. Joa.. m. I L Aussi le* sectaire* font-ils place au ser­ pent dans leur liturgie : ipsum introducunt ad bene­ dicenda eucharistia sua. Ccs pratiques cultuelles sont justifiées par toute une mythologie (celle-là même que rapportait Irénée, mais un peu simplifiée). Le rôle joué par la Mere (Sophia, I Touidcos) clan* la des­ cription de celui-ci csl attribué ici directement à Jaldabaoth. Ce *onl les efforts de celui-ci pour se dégager de la matière (pii donnent naissance au fir­ mament. lequel va Isoler le monde supérieur du monde d’en ba* où Jaldabaoth se prétend le seul maître. La création de l’homme est attribuée aux suppôts dc celui-ci, mais une étincelle de lumlèlrc est déposée en lui à l’insu de Jaldabaoth. Tout ceci est relativement 1071 OPHITES cohérent; mais on retrouve encore le serpent, vertu émise par Jaldabaoth pour nuire à l'homme, semblet-il : Jaldabaoth in indignationem conversum ex seme· , tipso edidisse virtutem et similitudinem serpentis; c’est le serpent qui révèle à Éve la science de bien ct du mal. En d’autres termes, le serpent, au lieu d’être défavorable à l’homme, lui est bienfaisant. PseudoTcrtullien, sans rien dire du rôle du Christ dans la mythologie ophite, ajoute simplement que ce dernier n'a pas eu une chair véritable : non in substantia cornis luisse; ct qu’il n’y a pas dc résurrection de la chair : salutem carnis sperandam omnino non esse. On remarquera, dans la description ici donnée, la même incohérence que dans celle d’Irénéc par rapport au rôle du serpent : il est à la fois l’agent de Jalda­ baoth ct son adversaire, le bienfaiteur de l’homme et celui qui doit lui nuire. Tout cela peut tenir à la complexité du rôle attribué au serpent par une mytho­ logie très ancienne et dont l’on ne retrouve plus ici que des débris. 5. Épiphane. - La notice que l’évêque dc Sala­ mine consacre aux ophites, H ivres., xxxvn, P. G., t. xu, col. 641-653, sc développe très sensiblement de la même manière que celle dc Pseudo -Tcrtulllen, elle dérive donc, comme celle-ci, du Syntagma d’Hippolytc. La mythologie ophite est expliquée un peu plus en détail, ct le nom dc Prounicos que Pseudo· Tertullicn ne prononçait pas intervient ici. Mais il n’y a pas de traits nouveaux. Seules les pratiques cultuelles des ophites sont exposées un peu plus au long, ct nous trouvons ici l’explication des mots dc la notice dc Philastre, serpentem introducunt ad benedicenda eucharistia sua. < Ils honorent le serpent, dit Épiphane, à cause dc la gnose qu’il a apportée aux hommes et ils lui offrent du pain. Ils ont en effet un vrai serpent qu’ils nourrissent dans une caisse. Au moment de leurs mystères on apporte ccttc caisse ct l’on dispose des pains sur une table; on ouvre la boite, le serpent sort, monte sur la table, s’enroule autour des pains. Telle est pour eux l’offrande par- i faite. Et, comme je l’ai entendu dire par quelqu’un, non seulement ils rompent ces pains, autour desquels s’est enroulé le serpent, et les distribuent aux com­ muniants, mais chacun d’entre eux baise le serpent lequel est rendu Inoffensif soit par quelque moyen charlatancsque, soit par l’action du diable qui veut en somme les maintenir dans l’erreur. Ainsi l’embrasscni-ils (ou i'adorcnt-ils,zpoo*zuvovni)ct ils magni lient cette eucharistie ainsi consacrée par les enroulements de la bête. Ils terminent leurs rites par une hymne adressée au Père suprême : τω 4νω ΠατρΙ Ομνου άνζπίμποντες. > Loc. cit., η. 5, col. 618. A lire ccttc description étrange, il semblerait, que la première partie en est transcrite du Syntagma. Épiphane n’y ajouterait que le détail du baiser au serpent, qu’il a appris d’un contemporain. 11 faut en conclure qu’a son époque, c'est-à-dire à la lin du n· siècle, certaines loges d'initiés pratiquaient encore le culte du serpent. Quant à la description du système mythologique, il est fort vraisemblable qu’Épiphanc l’emprunte tout simplement au Syntagma. Celui-ci, de son côté, peut bien dépendre plus ou moins direc­ tement d’Irénéc. 11 n'y a donc rien d’extraordinaire, à ce que l’on retrouve à deux siècles d’intervalle et sans dc grands changements, les mêmes descriptions. 11 ne faudrait pas se hâter d’en conclure à une fixité des mythe* qui serait bien invraisemblable. 2’ Les naasséniens d'Hippolyte. — La contexture de la notice de» Philosophoumena consacrée aux naasténlens, V, vi, 3-xi, éd. Wcndland, p. 77-101. P. G., t. xvi c, col. 3123-3159, parait au premier abord extrêmement enchevêtrée. Mais l’hypothèse faite par IL Beitzensteln, Poimandrès. p. 81 sq., permet 1072 dc la ramener â un certain nombre d’éléments, qui méritent d’être examinés chacun à part. Le début, vr, 3 -vu, 2, est une rédaction personnelle d Hippolyte. Ayant passé en revue dans scs premiers livres, les théogonies et les cosmogonies anciennes, le prêtre romain entreprend maintenant de comparer à ces billevesées les inventions des hérésiarques, ct il commence par ceux « qui ont eu l’amlace dc glori­ fier celui qui a été la cause même dc l’erreur, c’est à savoir le serpent. » En tête viennent donc les naas séniens, ainsi nommés d’un mot hébreu naas qui veut dire serpent; ils s’appellent eux-mêmes gnostiques. Leur dogme fondamental, attesté par de nombreuses hymnes dont Hippolyte donne quelques bribes, c’est la croyance en un être suprême qu’ils désignent sous le nom iVAnthrôpos (ou Adamas) c’cst-â-dirc le Premier homme, principe mâle ct femelle, doublé d’un P ils d’anthropos. Dc lui émanent l’intelligible, le psychique, le matériel et tout cela sc retrouve en Jésus, qui est lui aussi VAnthrôpos, et Jésus s’adresse aux trois catégories d’éléments, angéliques (ou intel­ ligibles), psychiques, matériels. Il y a en effet trois catégories d’éléments, comme il y a trois Églises, dont les noms sont respectivement : l’élue, l’appelée, la captive. — Ces indications, qui sont loin d’être claires, sont reproduites telles quelles dans le résumé du 1. X, c. ix, p. 268, col. 3119, comme aussi la donnée que les sectaires tirent tout cela dc soi-disant révé­ lations faites à Mariammc par Jacques frère du Seigneur. Quelle mensongère prétention! continue Hippolyte, car c’est aux mystères, τελετάς, des bar­ bares ou des Grecs que tout cela est emprunté. La deuxième partie, vu, 3-ix, 9, beaucoup plus longue que la précédente et que la suivante, doit pré­ cisément fournir la preuve dc cette assertion ct son idée essentielle est que cc sont les mystères dc la Mère des dieux (Cybèle) qui transparaissent à travers toute la mythologie des naasséniens. Pour le faire toucher du doigt, Hippolyte transcrit en effet un long texte religieux dc la secte. Ce texte, que IL Beitzcnstcin a étudié avec beaucoup dc soin, sc révèle, même à une lecture superficielle, comme formé de deux catégories d’éléments. La trame est purement ct simplement païenne, il s’agit d’une variation sur le thème fourni par une hymne à Attis qui termine le morceau, ix, 8 (on sait qu’Altis joue un rôle considérable dans le mythe de Cybèle, la Grande Mère). Sur ccttc trame s’insèrent des gloses dont plusieurs raccordent tant bien que mal les faits mythologiques recensés avec des passages dc l’Anclcn et même du Nouveau Testa­ ment. Quant à l’enseignement général qui doit s’en dé­ gager, il reviendrait ùccci.d’après Beitzcnstcin, op. cit., p. 98-99: 11 s’agit d’expliquer l’origine dc l’homme : celle dc son corps déjà est obscure, celle dc l’âme l’est encore plus; en réalité la Ψυχή est une parcelle dc VHonune céleste, d’ Ανθρωπος. El cela fait l’objet d’un discours qui, dc toute evidence, entend montrer que cette doctrine de Γ Άνθρωπος est la plus ancienne, la plus répandue des révélations, le noyau centrai de tous les mystères. Nous sommes, on le voit, en plein syncrétisme, et syncrétisme à la deuxième puis­ sance s’il faut considérer comme d'origine naassénienne les gloses bibliques Insérées dans le texte. Au syncrétisme païen qui conclut hardiment à l’iden­ tité des » mystères » de toute provenance, viennent s’ajouter des traits empruntés au judaïsme et au chris­ tianisme. Dans la troisième partie de la notice, ix, 10-xi, Hippolyte reprend lui-même la parole pour décrire, à sa façon, la secte qu’il vient de montrer en relation «-trotte avec les adorateurs de la Grande Mère. Elle tire son nom, dit-il, du cuite qu’elle rend au serpent. Or, le serpent, d’après eux. c’est l’élément humide, 1073 OPHITES 1074 τόν 6φιν λέγουσιν τήν ύγράν ούσίαν, mais c'est tout gnostiques ct crée entre eux des parentés plus on moins vagues. Mais il y aurait abus â forcer les rap­ aussi bien un principe de vie, d'ordre cl de beauté, une sorte dc logos (le mot n'est pas prononcé), immanent prochements. En des sectes où chacun philosophait au inonde. Et Hippolyte dc citer, pour conclure, une un peu à sa manière, où le contrôle de l’autorité diri­ hymne dc la secte, qui est encore ce qu’il y a dc plus geante était assez lâche, pour ne pas dire Inexistant, il clair dans cette farrago. On y voit paraître la loi faut bien s'attendre ù retrouver les plus grandes diver­ sités. éternelle des choses, la toute première intelligence, ct d’autre part le chaos, puis Psyché (l’âme) qui, ayant l’ne chose néanmoins reste surprenante, c’est que le prêtre romain, après avoir, dans le Syntagma, signalé quitté le monde supérieur, sc débat dans h· chaos. et caractérisé une secte d'ophites, n’en dise plus un .•Mors intervient Jésus : « Vois, Père, dit-il, tous ces mot dans les Philosophoumena ct s’étende aussi maux sur la terre... On cherche â fuir l’amer chaos, largement sur une confrérie dont le nom est étroi­ ct l’on ne sait comment en sortir. C'est pourquoi tement apparenté avec celui de la première. Chose envoie-moi. O Père, muni des sceaux je descendrai, je plus curieuse encore, il signale, à la suite des naassé­ traverserai tous les éons, je découvrirai tous les mys­ niens, des sectaires qu’il appelle les pérales. d’autres, tères, je montrerai les formes des dieux ct les secrets qu’il norpmc les séthiens. Or, chez les uns et les autres, de la sainte route, ccttc gnose je la ferai connaître. » le serpent revient sinon dans le culte, au moins dans Si l’on essaie maintenant dc reconstituer à l aide la mythologie. Chez les pérales. >1 est intermédiaire de ccs matériaux passablement hétéroclites l’idée entre le Père ct la matière, il est le logos, il est Jésus» générale du système naassénicn, on arrive ù peu près au résultat suivant. Au point de départ une mytho­ il est le pouvoir sauveur. Cf. Philos., V, xvi, 5-15. p. 112-113, col. 3171-1. La mythologie des séthiens a logie nettement païenne ct dont les adeptes n’ont point quelque chose d’analogue : le créateur est un dieu cherché â dissimuler le caractère syncrétislc; c’cst serpent; sous celte forme il pénètre dans la matrice une des nombreuses transformations du mythe d’An· Impure, qui est proprement le chaos; il crée l'homme. thrôpos, être suprême d'où dérive, par voie d’émana­ Or, pour délivrer l'étincelle divine prisonnière en ccttc tion, tout cc qui existe (J* compris même le chaos matrice, le Verbe dc la lumière d’en haut se déguise au moins d’après l’hymne). A la suite de catastrophes lui aussi en serpent, pénètre dans l'antre impur, y dont le détail n’est pas donné ici, des parcelles de vie délie les liens de l’élément divin. Voir les références divine sont tombées dans le monde chaotique; les dans E. de baye. op. cit., p. 207; la principale est ramener vers le premier principe, c’cst l’œuvre du V, xix. 18-21, édit. Wcndland, p. 120. P. G., col. 3183. rédempteur, de Jésus. Par la connaissance qu’il Enfin dans le système de Justin le gnostique, dont la apporte aux hommes, par les talismans aussi qu’il leur description termine le 1. V, on voit figurer un νάας communique (cf. σφραγίδας tyw de l'hymne), il dont l’aspect rappellerait plutôt le serpent des mys­ leur rend possible le salut. Le mythe païen s’achève tères ophites. D’ailleurs tout l’ensemble de la mytho­ en un mystère chrétien. Car les adeptes dc cc culte logie de ce docteur s’apparente â celle des mêmes qu’Hippolytc a connus sc réclament du litre dc chré­ sectaires. Voir V, xxvi, p. 126-133, col. 3191-3203. tiens : De tous les hommes, nous seuls, les chrétiens, Pour expliquer ccttc omission des ophites, alors nous savons exécuter le rite mystérieux à la troisième que sont mentionnées de nombreuses sectes faisant porte, oints que nous sommes de l'ineffable onction. ■ ix, 22. 1 une place au serpent dans leur mythologie, ne pourrail-on faire l'hypothèse suivante? Quant il rédigeait l’ne remarque finale s’impose: On ne voit pas bien le Syntagma, Hippolyte n’avait des ophites qu’une la place que tient le serpent dans les mythes et dans connaissance indirecte, empruntée soit au texte d’Iré­ 1rs observances cultuelles dc ccs naasséniens. A deux néc, soit à des conversations qu’il avait eues jadis, reprises, vi, 3, et IX, 11, Hippolyte déclare qu’ils avec celui-ci. Plus tard lui vinrent en main les diffé­ tirent leur nom de νάας, ct que νάας est l’équivalent rentes pièces qu’il a si largement utilisées dans les (Γδφις; la seconde fols il ajoute qu’ils n’adorent (?) Philosophoumena. Il s’aperçut alors qu’il existait rien d’autre que ce νάας : τιμώσι δε ούκ άλλο τι ή bien des variétés parmi les sectes qui. d’une manière του νάας, qu’à leurs yeux, d’ailleurs, νάας est le nom ou de l’autre, prêtaient attention au serpent. La secte générique dc la divinité, car tout νάος, tout temple de Justin, par exemple, lui rappelait, malgré d'assez lire son nom du νάας. Nous sommes en pleine fan­ graves divergences, les ophites d’Irénéc. mais chez les. taisie. Mais qui est cc naas? Il ne fait pas figure, autres i) s’agissait dc concepts assez différents. Dès comme chez les ophites décrits ci-dessus, de person­ lors il se décida à supprimer la rubrique générale des nage mythologique.il est bien plutôt l’un des principes ophites et à faire un sort â chacune des confréries du cosmos, générateur de vie, dc beauté, d’ordre, sorte dont l'existence lui avait été révélée. Le fait qu’il les. de logos immanent. On remarquera également que énumère â la suite l’une de l’autre montre d’ailleurs^ les noms étrangers des divers archontes cosmiques que, dans sa pensée, il existe un lien au moins logique que nous avons rencontrés dans Origène ct Irénéc entre ces diverses aberrations. Le court chapitre du ne sc retrouvent pas ici. A la vérité les premiers édi­ Syntagma sur les ophites serait ainsi devenu l'intermi­ teurs avaient cru lire le nom de Jaldabaoth dans nable livre V des Philosophoumena. vu, 30, tva δουλεύσωσι τω ταύτης της κτίσεως δημι­ Conclusions. En définitive, si l’on veut réca­ ουργό» ΊαΖδαδαώΟ (voir Crulce, ρ. 153, et cf. Ρ. G., pituler toutes les données ainsi rassemblées, on arrive col. 3135). En fait il faut lire Ίΐσαλδαίω, et ce Dieu au résultat suivant. Dès le n· siècle dc l’èrc chrétienne^ est qualifié dc Dieu du feu, le quatrième en nombre. ct déjà sans doute dès le i,r. on rencontre des sectes Bien qui rappelle le Jaldabaoth des ophites ci-dessus plus ou moins frottées de christianisme. , nias quibus theologos belgas aspersit Francotinus t. xxtii, col, 705. Saint Augustin rn fail mention Λ jcsittla, contra nimium rigorem munitus, In-12, Liège, diverses reprîtes < I parle de lui » t de «on œuvre avec 1700; dans cri écrit, l'auteur s'applique a montrer estime; par exemple : Legant qui volunt quir narret et que la doctrine de» théologien» belges n’est pas trop quibus documentis quum multa persuadeat venerabi­ rigoriste ct que celle de scs adversaires est en oppo­ lis inernornr Milcvtlanus episcopus catholicir. commu­ sition formelle avec l’esprit dc l’Églisc. et il dénonce nionis Optatus, Cont, rpisl. Parmeniani, L in, 5, la doctrine des jésuites (Journal des Savants, du /’. L., t. xi.in. coi 37 ; cf De doctrina christiana, 16 juillet 1708, p. 101-101, et Goujet, Bibliothèque IL XL, 61, t. XXXIV. coi. 63; Dr unit. Eccles , χιχ, 50, des auteurs du xvnr siècle, L ιι, p. 153-198). Ad t. Xian, coi. 130. Il a abondamment exploité son tirones in Acadcmiis et episcoporum seminariis theolo- (ruvre lors dc la controverse anttdonatlstc; les gilt alumnos institutiones theologiae, in-8·, Liège, donastistes eux-mêmes s’y sont référés â la prande 1705-1700 (Goujet, ibid,, t. n. p. 102-152). - Pot­ conference dc III. Brevir. collât., Ill, xx. 38. ibid , ior bonus, sett idea, of/lcium, spiritus rt praxis pastorum, col. 617; Ad donat post collât., xxxi, 51, ibid . col. 685; in-12, 16X7 ct 1699 : cet écrit a élé traduit en fran­ August, Epist, exu, 9, I. xxxin, co). 581. I n skcle çais par Hcrmanl, curé dc Mallot en Normandie, plus tard, saint Fulgence de Kuspc compare Optat 2 vol. in-12. - Theologus christianus, sioe ratio studii dc Milcvc a Augustin d'Iiippone et à Ambroitc dc Milan. Ad Monim., n, 13, 15, t. t.xv, col. 193, 195. ct utile instituenda? a tl.rologo, in-12, Louvain, 1692 Mais, pour précis qu'ils Oient, ccs rcmcigrements cl 1697, traduit par André dc Bochesne cl imprimé â Paris sous le litre : /.r directeur d'un jeune théologien, sont peu explicites. On en tirera qu’Oplat était in-12. Paris, 1723. -* Dc quitslione Facti Jante· évêque dc Milève (aujourd'hui Mila a une trentaine nia ni varia: gate st ion es juris et responsa, in-8°, de kilomètres au X.-O. dc Constantine), dans lu Anvers. 1708, condamné le 3 avril 1708; — Quits- , seconde moitié du ivr siècle; selon toute vraisem­ blance, il était mort en 392; Augustin ne l’a certaine Hones de Constitutione Unigenitus, in-8·, Anvers. 1719; ment pas connu vivant. Comme la date dr la con po­ il v a 25 questions. — Institutiones thenlogicir de sition dc son grand ouvrage peut sc fixer autour dc actibus humanis, 3 vol. in-12. 1709. - Theologia: dogmatiae, moralis, practiae el scholasliae pars 366, comme ù ce moment il est évêque depuis plu­ prima... 3 vol. in-12, Louvain. 1726. Antiquce sieurs années, il faut bien le faire naître Vers 320. /acu Halts lheologiæ Lonaniensis discipuli ad eos (’/esl tout ce que l’on peut dire dc lui. Il L’œiTVHR. - 1· Ulat du texte. - Sous sa fonce gui Louanis sunt de declaratione sacra: facultatis Lonaniensis retentions circa constitutionem Uni­ actuelle l’ouvrage d’Optat comporte sept livres; mais nous avons vu que saint Jérôme n'en connais­ genitus, in-12. Louvain. 1717: la troisième el dernière partie attaque l'infailllbité P. Monceaux, Histoire littéraire de Γ Afrique chrétienne, t. v, p. 255-256. 2· Occasion. - La date de cette révision peut être fixée aux environs de 385, puisque la liste des papes de Borne mentionne Siricc qui succéda à Damasc en décembre 384. Quant Λ la date de la premiere, P. Monceaux a bien resserré les deux termes entre lesquels les critiques antérieurs la situaient, soit 363-378 (règne commun de Valens ct de Valentinien); il aboutit par des considérations fort justes à assigner la composition dc l’ouvrage aux années 366-367. Op. cit., p. 249; Telle quelle, cette première édition de 3G6-367 sc présente comme une réponse an chef du donatisme, Pannénien, évêque de Carthage. Celui-ci, rentré en Afrique en 362, au lendemain du reserit dc Julien qui annulait l’arrêt de proscription rendu par Constant, avait reformé l’Église dissidente, mise fort mal en point par le Ills de Constantin. En même temps, dans une série dc pamphlets contre · l’Église des traditcurs », il avait violemment attaqué les catho­ liques. L’ouvrage d’Optat de Milèvc se propose dc répliquer aux accusations portées par le prélat donatistc. L vi, P. L·., t. xi, col. 895; éd. Ziwsa, p. 8, sans toutefois s’astreindre à suivre toujours le même ordre que cc dernier. D’autant que, résolu à élever le dé- I bat, révéque de Milèvc voulait discuter l’ensemble du système donatistc, rien ne valait mieux, pensait-il, qu’une franche explication pour supprimer en Afrique celte pénible division qui durait depuis plus d’un demi-siècle. Ccs divers points de vue s’entremêlent donc dans le traité d’Optat : réponse aux calomnies donatistes, discussion théologique des prétentions des schismatiques, invitation à l’union. 3· Analyse. — Pour clairement indiquée qu’elle soit, I, vn, col. 896, p. 9, la division d’Optat n’a peut être pas toute la rigueur logique que promet l’auteur, cl cela tient précisément aux divers points de vue auxquels il se place successivement. Après une observation préliminaire sur deux erreurs de détail de Pannénien qui avait qualifie dc pécheresse la chair du Christ, I, vni, col. 897, p. 9, cl avait affecté de confondre le» hérétiques avec les schismatiques, I, ix-xii, col. 898-908, p. 10-15, l’évêque catholique entre dans le vif de son sujet. Le prélat donatistc affectait de considérer les catholiques comme des schismatiques. Pièces en mains, Optât va démon­ trer que les schismatiques, ce sont proprement les donatistes. L'histoire même des événements qui se sont déroulés à Carthage au lendemain de la grande persécution est reconstituée par Optat à l’aide d’un dossier dont les pièces avaient été rassemblées anté­ rieurement. ct dont il possédait â tout le moins une partie. Ct. Monceaux, op. cil., p. 269-276. Elle montre, cette histoire, que les auteurs du schisme étaient euxmêmes des traditcurs: que ces traditcurs ont, sans aucune raison légitime, opposé Majorin à l’évêque dc Carthage, Cécillcn. ct que les jugements portés par eux contre les catholiques s’appliquent en toute exactitude a eux-mêmes. Ainsi le livre Irf d’Optat constitue une source importante dc l’histoire des origines du donatisme. Le livre II sc rapporte davantage à la théologie, puisqu'il tend â départager, nu nom des principes, les deux Églises qui, en Afrique, réclament l’obé­ dience des fidèles. Au témoignage dc P Écriture, la véritable Église doit sc reconnaître à son univer­ selle diffusion. Or. cantonnée en un coin de l'Afrique, l’Église donatistc ne saurait prétendre posséder ce 1080 caractère, II, i; vainement aussi réclame-t-elle In i possession des dotes : cathedra, angelus, Spiritus, fons, sigillum, qui, au dire même de Pannénien, sont In marque dc l’aiilhentique Église du Christ. Ni les dona­ tistes n’ont l’union avec la chaire de Pierre, établie à Home, ct centre même de l’unité : in qua una cathedra unitas ab omnibus servaretur, II, π, col. 917, p. 36; ni ils n’ont, dans chacune de leur commu­ nauté, « l’Ange du baptême >, lequel est en liaison nécessaire avec les « chaires » authentiques, II, vi, col. 958, p. 42. Dès lors ils ne peuvent avoir non plus i'Esprlt Saint, vn, col. 959. p. 43» ni la fontaine d’eau vive, ni le sceau dc sanctification, vin, col. 961, p. 44. On remarquera que la démonstration de la légitimité de l’Église catholique par ses notes ou caractères ne coïncide que partiellement avec celle qu’instituent les apologistes modernes. On y décou­ vrirait néanmoins l'amorce des développements ac­ tuels sur la catholicité, l’unité, l'apostolicité et la sainteté que doit posséder la véritable Église. Mais Optat est encore fort malhabile dans le maniement dc cette argumentation, ct son livre II tourne bien vite au récit des violences commises par les dona­ tistes à l’endroit des catholiques. Le livre III se meut dans Je même ordre d’idées, étant l’apologie par l’histoire des entreprises faites par le gouvernement impérial pour ramener en Afrique l’unité religieuse. Tout en reconnaissant que les artisans de cette politique ont eu parfois la main lourde, ab operariis unitatis multa quidem aspere gesta sunt, III, i, coi. 987, p. 67, Optat fait remarquer que, s’ils ont pâti, les donatistes ne doivent s'en prendre qu’à eux-mêmes. Ce sont eux qui, les pre­ miers, ont sollicité en ces querelles l’intervention de l’État; c'est leur indiscipline, cc sont leurs violences et leurs attentats, après qu’ils ont été déboutés de leurs réclamations, qui ont attiré sur eux la vindicte des lois. Vainement se poseraient-ils en martyrs. Quant aux catholiques, que les sectaires prétendaient traiter en pécheurs dont l'oblation ne mérite que mépris, le livre IV enteprend dc montrer qu’ils ne méritent pas semblable reproche. Les pécheurs, cc sont bien plutôt les schismatiques, cl les textes sacrés allégués par ceux-ci sc retournent contre eux. Beaucoup plus important aux yeux du théologien sc révèle le livre V relatif à la question du baptême ct des conditions de sa validité. I idoles à la vieille doctrine africaine que saint Cyprien avait si malen­ contreusement défendue, les donatistes considéraient comme nul le baptême conféré en dehors dc l’Église* véritable, en dehors dc la leur par conséquent, ct ils réitéraient le baptême aux catholiques qui, de gré ou dc force (ce dernier cas n’était pas rare)r venaient à leur communion. Depuis le concile d’Arles de 31 1. les catholiques africains s’étaient ralliés, au contraire, â la vieille doctrine romaine qui reconnais­ sait, sous certaines conditions, la validité du baptême conféré par les dissidents. Dc Africa autem, quod propria lege sua utantur, ut rebaptisent, placuit, ut, ad Hcclesiam si aliquis luerctlcus venerit, interrogent eum symbolum, ct si perviderint eum in Patre el Filio rt Spiritu Sancto esse baptizatum. manus tantum ti imponatur; quodsi interrogatus symbolum, non res­ ponderit Trinitatem hanc, merito baptizetur. Texte dans Ziwsa. App., p. 208. Optat s’est fort bien assi­ milé les arguments qui militent en faveur dc la doc­ trine romaine. Dans la collation du sacrement, ce n’est point à la personne du ministre qu’il faut avoir égard; les effets merveilleux qu’il opère et qu'Optat décrit avec complaisance, ne peuvent être attribués qu'à l’action dc Dieu : (fuis fldrlium nesciat singu­ lare baptisma virtutum esse vitam, criminum mortem, nativitatem immortalem, ceeteslis regni comparatio* 1081 OPTAT DE MILÈVE fieni, innocentiez portum, peccaturum naufragium : has res unicuique credenti non ejusdem rei operarius, sed credentis fides ct Trinitas præslat. V, i, coi. 1017, p. 121. Cf. Vili, coi. 1058, p. 131, ou le ministre du baptême est comparé nu fabricant dc pourpre, qui ne produit pas de lui-même la précieuse couleur, mais est obligé de remprunter aux coquillages marins : si igitur operarius iste per tactum solum dare colorem non potest, sic nec operarius baptismatis ex se sine Trinitate dare allquid potest. 1/action de Dieu est attachée à l'invocation du nom des trois personnes de la Trinité, nous dirions aujourd'hui à l’observation des rites prescrits. .Mais les dispositions personnelles de celui qui sc soumet â ccs rites entrent aussi en ligne de compte : Restât jam de credentis merito ali­ quid dicere, cupis est fides, Vin, col. 1060, p. 137. Par où l'on voit qu'Optat pose, avec un commence­ ment d’exactitude, les principes relatifs à l'cflicacité des sacrements (pic saint Augustin ne tardera pas à développer. On comprend dès lors l’âpreté avec laquelle il condamne la pratique donatistc de la rebapUsation, sans sc douter qu’elle pouvait sc réclamer du patronage de saint Cypricn. Les sacrilèges violences dont les donatistes ont use pour imposer leur baptême aux catholiques déjà baptisés, ne sont pas, hélas, les seules qu’on peut mettre à leur compte. Le livre VI accumule les récits des multiples attentats contre les choses saintes cl les personnes consacrées à Dieu dont les donatistes sc sont rendus coupables, tout spécialement depuis leur retour sous Julien Γ Apostat; autels ct calices brisés (noter en passant cc qui est dit des autels in quibus ct vota populi et membra Christi portata sunt, VI, i, col. 1065, p. 112), vierges sacrées con­ traintes, après pénitence, â une nouvelle profession religieuse, livres saints dérobés aussi bien (pic les objets de culte, cimetières enlevés aux catholiques. On sent passer dans ccs pages l’indignation de l’au­ teur, au souvenir d'événements tout récents et dont il a été le témoin. Mais cc qui, peut-être, lui tient encore plus à cœur, c’est le succès que la propagande donatistc a rencontré dans les milieux catholiques, la pénible transformation qu’elle a opérée chez ceux qui se sont laissés séduire : ex ovibus subito jacti sunt vulpes, ex fidelibus perfidi, ex patientibus rabidi, ex paci ficis litigantes, ex simplicibus seductores, ex verecundis impudentes, /croces ex mitibus, ex innocen­ tibus malitiic artifices. VI, vm, coi. 1080, p. 155. Nous nous sommes expliqué ci-dcssus sur la manière dont a pris naissance le livre \ II. C’est un conglomérat de morceaux d’origine diverse. Le début (une fois retranchées les interpolations signalées plus haut) est une protestation dc bienveillance adres­ sée par Optat aux dissidents; l’Église catholique est prête â les accueillir aujourd’hui, comme elle était prêle â accueillir leurs ancêtres dc la pre­ mière génération. (L'intcrpolatcur a Inséré dans ces déclarations une excuse en règle dc la conduite des traditcurs, qui détone singulièrement.) A la suite dc (’invitation d’Optat viennent « trois petites disserta­ tions sans lien entre elles, destinées probablement â être insérées dans d’autres parties de l’ouvrage : deux discussions sur l’interprétation des textes bibliques qu’avaient récemment allégués des dona­ tistes, et une apologie de Macairc, le terrible arti­ san de l’unité, que les dissidents reprochaient aux catholiques d’avoir admis Λ la communion. » Mon­ ceaux. op. cit., p. 263. i- Valeur. — Comme nous l’avons indiqué, la part faite â la théologie dans l’œuvre d’Optat n’est pas très considérable. Nous avons souligné au pas­ sage l'ébauche qu’il donne d’une théorie des notes ou caractères de la véritable Eglise ct l’amorce d’une 1082 discussion sur l’cflicacité des sacrements. Tout cela aura besoin d'être repris, complété, précisé, aussi bien que les Idées formulées par lui sur la répression de l’hérésie par la violence. Sur cc dernier point la pensée d’Optat hésite encore. L'évêque dc Miléve voudrait bien laisser a l’État seul la responsabilité des mesures coercitives prises contre les dissidents; il sc rend bien compte qu’il y a dans l’emploi dc la violence, mime au service dc la vérité, quelque chose qui n'est pas entièrement d'accord avec l’esprit dc l’Évangilc. 11 plaide, en faveur des sévérités mises en œuvre par les « artisans dc l’unité », les circons­ tances atténuantes : au fond cc sont les donatistes qui ont commencé. Il ne laisse pas dc trouver néan­ moins que la sévérité eut parfois de bons résultats, et qu’elle est dès lors moins haïssable qu'il ne sem­ blerait au premier abord. Arguistis operarios unita­ tis : ipsam unitatem improbate, si potestis ! Nam icstimo vos non negare unitatem summum bonum esse. Quid nostra, quales jucrint operarii, dummodo quod operatum est bonum esse constet ? Nam et vinum a peccatoribus operariis et calcatur et premitur et sic inde Deo sacrificium offertur... III, iv, coi. 1012, p. 85. Saint Augustin, dans la seconde phase dc sa lutte contre le donatisme, sc reconnaîtra en ccs pensées. C'est surtout comme historien qu’Optat présente de l'intérêt. Sa sincérité ct sa bonne foi, mises en doute fort imprudemment par les critiques allemands D Vœllerct O.Sccck, ont été magistralement démon­ trées par L. Duchesne. Soucieux d’opposer aux docu­ ments plus on moins apocryphes, fréquemment allé­ gués par les donatistes. des pièces d’une authenticité vérifiée, Optat s’est appliqué à réunir un dossier du donatisme aussi complet que possible, ct cc dos­ sier il s'en est servi avec beaucoup d’habileté. Insuf­ fisante ct présentant dc graves lacunes pour In période des origines du schisme (Optat, par exen pic, ne con­ naît pas l’existence du concile d'Arles), la docu­ mentation d’Optat est beaucoup plus complète pour l’époque qui suit. L'évêque dc Milèvc avait su réunir sur cc tcmps-lâ un ensemble de pièces de tout pre­ mier intérêt : édits impériaux, lettres et rapports des gouverneurs, pièces judiciaires» actes des conciles dcnatlstcs, mandements et lettres pastorales des évêques dissidents, rtc. A ces documents écrits, auxquels il renvoie fréquemment, s’ajoutaient les témoignages oraux cl les souvenirs personnels dc l’auteur. On com­ prend la haute valeur d’un écrit appu>c sur une telle masse dc preuves. L. Duchesne ct P. Monceaux l’ont admirablement mise en lumière: depuis leurs travaux, il n’y a plus â s’attacher aux objections qu’une cri­ tique un peu rapide avait accumulées contre l’œuvre d’Optat Sans doute les recherches ultérieures d’Au­ gustin. â l’époque dc la grande conférence de 111 ont-elles abouti à éclairer davantage une histoire, qui fut, dès les origines, Infiniment compliquée, mais c’est en prenant comme point de départ l’œuvre de l'évêque de Milèvc, que l’évêque d'Hipponc est arrivé â cc résultat. Comme le dit très justement P. Monceaux, Augustin « a perfectionné la machine dc ruerre, mais cette machine avait été conçue, exécutée, mise en mouvement, par Optat dc Milèvc. qui dans ce domaine a été le précurseur cl le maître d'Augustin. *Op.cil., p. 306. 5° Vn sermon nouvellement découvert d'Optat. En 1917, dom G. Morin, a publié, en appendice â un recueil de sermons inédits de saint Augustin, un «cr­ inon, Dc natale Domini, qu’il attribuait hypothéti­ quement â Optai dc Milèvc : S. Aurel. Augustini trac­ tatus sive sermones inediti, Kempten ct Munich, 1917, p. 167-178, cf. p. ut. Ce sermon était publié d’après un ms. dc Wolfenbüttcl du ix* siècle. En 1922, utili­ sant un ms. de Fleury-sur-Lolrc du vin· siècle (aujour- i u83 OPTAT DE Mil.EVE — OPUS OPERATUM 1084 Fribourg-cn-B., 1883; (). Seech. Oinllm und Urkundeu d'hui .i Orléans, biblloth. mtin., n. /J/), dom A. Wilfiber dir An/angc des Oonatisiniix, dans Zcllschr, /ur murt a donné une meilleure recension de ce texte Kirchengesch., t. x, 1889, p. 505; I rkundrn/dlschungtn drs ct s'est prononcé avec beaucoup de décision pour I. Jaltrh., i. Das I 'rkuiidrnburh dr.s Optalus, ibid., t. xxx, l’attribution â Optai. Texte dans Hevue des sciences 1909, p. 181 ; L. Duchesne, I e dossier du donatisme, religieuses, 1922. t. tf, p. 282-291; l'élude précède el dans Mélanges d'archéol, rf d'hist, publiés pur l'Êcvle *uit le texte, p. 271-302. Le sermon n'est pas destiné, française de Hume, t. x, 1890, p. 389-630; II. Schrôrs, Drri Aktenstückr in bclrcff des Konzils ron Arles. Textœr· comme il semblerait d’abord, à la fête des SaintsInnocents, mais bien à celle de Noël. Il est expressé- j besserungen und Erluutcrungcn, dans Zeitschr, der Saiflgny· Sli/tung /ùr Itrchlsgeseh., kanon. Abt., t. xr. 1921. p. 129ment attribué â Optai par le ms. de Fleury, ct non 139; Norman If. Bas nés. dans Journ, o/ theol. studies, seulement rien dans le texte ne s'oppose à cette I. x.xxi, 1921-1925, p. 37-11. ΙΟΙ-IO7; C. II. Turner. attribution, mais la comparaison avec la langue cl Adtmaria critica : Noles on the anlFdonatlst dossier and le· idée» du traité contre les donatistes est extrême­ on Optatus, books I, II, ibid., I. x.wn, p. 283-296. ment favorable â cette idée. Dans une note de la ft. Amass. Revue b nc'hciub'. 1923, Lxxxv, p 24 26, dom A· p· 238 RMLLE PAR LE Di: Tuente. — Depuis saint Thomas, hi formule opus opérai tint ou ex opere operato a pris droit de cite dans les écoles catholiques ct hnalcn cnl l’Eglisc lui n donné la suprême approbation de son autorité. Le concile de Trente s’exprime ainsi : Si quis dixerit per ipsa X'oviv Legis sacramenta ex opere operato non conferri gratiam, sed solam fidem ditdnæ promis­ sionis ad gratiam consequendam sufficere, a. s. Sess. vir, De sacramentis in genere, can. 8; Denz.-Bunnvv ., n 851. Dans le premier schéma proposé à l’approbation con­ ciliaire, l’expression ex opere operato était absente, cl le canon 8 était ainsi rédigé : Si quis dixerit per ipsa sacramenti opera nullo modo conlerri gratiam, etc... Mais, dans la discussion (pii suivit, plusieurs Pères proposèrent des modifications. Au lieu de per sacra­ mentorum opera, on demandait l’insertion de for­ mules plus expressives : per sacramenta ex opere operato; per opus operatum sacramentorum ; per ipsa sacran enta; ex id vet lirlute ipsorum sacramentorum. .Mais la congrégation des théologiens inférieurs et des prélats s’arrêta finalement à la rédaction qui fut approuvée par le concile el qui constitue aujour­ d’hui le canon 8. Conc. Trid., edit, de la GorrcsResells.. t. v, I ribourg-cn- B., 1911, p. 908-912; 950 cl surtout 989; 9Û1. Le sens conciliaire de l’expression ex opere operato ressort avec évidence des canons cpii précèdent, el qui préparent le canon 8. Tout d’abord le concile éta­ blit, can. 2. (pie les sacrements de la Loi nouvelle different des sacrements de l’ancienne Loi. Il déclare qu’ils sont nécessaires et que la foi seule ne suffit pas à obtenir de Dieu la grâce de la justification, can. L 11 définit que leur utilité ne consiste pas à exciter la fol cn nous, can. 5. Enfin, can. 6. il en­ seigne (pie les sacrements de la Loi nouvelle con­ tiennent In grâce qu’ils signifient et qu’ils la confèrent a ceux (pii les reçoivent sans apporter d’obstacle. .Mais Ils confèrent celte grâce par eux-mêmes, par leur elllcacilé propre, en un mot. r.r opere operato, can. 8. Le canon G prépare heureusement le sens du canon 8. En parlant explicitement de ceux qui n’apportent pas d’obstacle à la grâce, le concile exprime sa pen­ sée sur l’cfllcacllé ex opere operato. Il ne s’agit pas d’une sorte d'efficacité magique. indépendante de nos dispositions subjectives: comme les hérétiques l’ont reproché si souvent et si injustement â l’Eglisc. Voir Svcrkment. Le concile de Trente repousse» à propos de la pénitence, une Interpréta­ tion aussi fausse ct aussi Injurieuse : On calomnie indignement les écrivains catholiques, déclare le concile, en allirmanl qu’ils enseignent (pie le sacre­ ment de la pénitence confère In grâce sans aucun bon mouvement de la pari de ceux qui le reçoivent; jamais l’Eglisc de Jésus-Christ n’a enseigné ni pro­ fessé cette erreur. Sess. xrv, c. iv, Denz. -Baimw., n. 898 La où sont requises certaines dispositions subjectives, le sacrement ne saurait agir si ces dis concile 1086 positions sont absentes; mais celle condition rem­ plie, il agit par lui meme, ct non par la loi du sujet qui le reçoit. Ίel est le sens obvie de l’exprcsslcn ex opere operato dans le canon 8. HL PRÉCISIONS APPORTÉES AL’ SENS DE VEXPRES­ SION ΛΛ ορεκλύο La formule adoptée par l’Eglisc renferme trois vérités intimement unies entre elles. L La vertu de produln la grâce, cl par contéquent la grâce elle-même produite par le < serment, sont positivement attribute'» à Vopus op erutam. c’vt-adirc au signe sacramentel constitué par i union ct l’application prescrites de la forme et dr la nathre Le ministre du sacrement produit bien ce vacrin tnt, mais non ex propria virtute, scion l’expression de saint Thomas; il n'est que Γinstrument anime, cet; dire le serviteur de l’auteur ct du minlstn vupmrc de tout sacrement Le sacrement est donc, non pas une oeuvre humaine à proprement parier, mais une ouvre de Dieu : instrument de Dnu dans la rnnctl(liâtIon des âmes. Il reçoit de Dieu ct de l'institution divine sa vertu Instrumentale. 2. La formule ex opere operato a un autre sens négatif : elle signifie que ni la xirlu du rite sacra­ mentel, ni la grâce communiquée par le sacun.cnt ne viennent ex opere operantis, c’est-à-dirc de quelque mérite que ce soit du ministre ou du sujet du sacre­ ment. L’cllicaclté et les effets du sacrement ne peuvent cn aucune manière être regardés comme le fruit d’actes méritoires de la part de celui qui adminiHrc ou de la part de celui qui reçoit h k unirent : effi­ cacité cl effets ont leur unique source en Dku. leur seule cause méritoire dans la passion de Jisus < hr si. Illud quod est sacramenti effectus, dit saint Tl (mas, non impetratur cratione Ecclesia' vel minislrt, sed tx mento passionis Christi, cujus virtus operatur in sacra­ mentis. t'nde effectus sacramenti non datur mtliir per metiorem ministrum. S. Thomas, Sum. the·!.. Ill·, q. xt+CC a. 1, ad 2um. 3. Enfin, la formule n’exclut nullement les actes libres, moralement bons, du ministre ou du sujet. Au contraire, elle affirme» au moins indirectement, lu nécessité d’actes libres, surnaturellcmcnt bons, sou­ vent pour la validité, plus fréquemment encore pour la réception fructueuse des sacrements. Sans l’intention convenable du ministre ou du sujet, le sacrement ne saurail être vulidcment constitue et Vopus operatum n’aurait aucune efficacité. De plus, ainsi que l’affirme le canon 6, le sujet doit écarter tous les obstacles â lu collation de la grâce, ct c’est là une a uvre qui demande une série d’actes surna­ turels, condition, mais non aiuse, de l’cfllcacflé du sacrement. Aussi l’Eglisc rcpètc-l-cllc avec Insistance (pie les sacrements valide ment administres cominuliiqucnt la ^ràce, mais à ceux-là seulement qui les reçoivent dignement, digne, ou dûment, rite, c’est-àdire. (fui ne mettent aucun obstacle à la grâce. Certains théologiens catholiques n’ont donc pas compris exactement le sens de la formule ex opere operato lorsqu’ils v euh ni entendre pur la l’d-uvre même achevée par Jésus Cbr st. l’œuvre de la rédemp­ tion. Cf. .Mohler. Si/mbtdik, Hatlsbonnc. 1872. p. 255: Ex open operato, dit Mbhlcr, scilicet a Christo, au Heu de qiud operatus est Christus. Sans doute, comme toute grâce communiquée aux hommes, la vertu cl lu grâce des sacrements ont leur source dans les mérites de Jésus-Christ rédempteur; mais la for­ mule ex opere operato, dans l’intention de l’Ecole ct de l’Églisc» n'exprime pas celte vérité connue ct admise de tous; elle désigne, elle précise un mode d'action particulier aux sacrements, en l’opposant à l’obtention de la grâce par les mérites personnels de celui qui agit, rx opere operantia l.'opus (ptroluBi 1087 OPUS OPERATUM — ORANGE (DEUXIEME CONCILE D ) 1088 plicité, des opinions peu sûres ct en désaccord avec la fol catholique..., suivant l’avis et l’autorité du Siège apostolique, ii nous parut juste et raisonnable de publier cl de souscrire un petit recueil de propositions (pauca capitula) à nous transmis par le Siège apos­ tolique, ct tirées des saintes Écritures par les anciens Pères. » Mansi, t. vin, col. 712. La lettre que le pape Boniface II écrivit a Césaire pour approuver les déci­ sions d’Orange nous apprend que ceux qui < par simplicité «avaient des opinions peu sûres concernant la grâce et le libre arbitre, étaient des évêques des Gaules, qûi, < tout en admettant que les autres biens proviennent de la grâce de Dieu, voulaient que la foi soit œuvre de la nature et non de la grâce, et soit demeurée, pour les hommes descendants d’Adam, dans la puissance du libre arbitre, sans être conférée à chacun de nous par un don de la miséricorde divine ». Mansi, t. vm, col. 735. C'est donc la doctrine de Fauste de Riez qui est visée par le concile d’Orange. Sur Fauste, voir ici t. vi, col. 2101 sq. 2° Occasion. — 1. Opinion de Malnory, — Malnory croit pouvoir établir un lien direct entre le concile d’Orange et le débat sur Fauste, qui fut provoqué cn 520 par l'évêque africain Possessor, réfugié à Constantinople. Pour combattre la formule des moines scythes, Unus de Trinitate passus est in carne, celui-ci avait eu recours au traité de Fa u$ le De gratia Dei. Les Scythes l'embarrassèrent en lui rappelant l’opposition de Fauste à la doctrine de saint Augustin. Possessor s’adressa au pape Ilormisdas, qui lui recom­ manda la doctrine de saint Augustin, cn condamnant Fauste au moins implicitement. Lettre d* Hormisdas, Voir tous les traités des sacrements cn général; mais P. L., t. lxiii, col. 192 B. Feignant d’ignorer cette spécialement Gihr, Les sacrements de PÊgthe catholique, réponse du pape, les Scythes s’adressèrent aux évêques t. i, p. 99-105; Pourrai, La théologie sacrammlaire, Paris, africains exilés en Sardaigne el l’un d’eux, Fulgence 1907, p. 116 sq. de Kuspe, écrivit alors le De veritate praedestinationis A. Michel. et gratia. Selon Malnory, ce débat sur Fauste aurait ORAISON. — Voir Contemplation ct Prière. produit en Gaule « une réviviscence des idées scmlpélagiennes, que Césaire a jugé prudent d’arrêter ORANGE (DEUXIÈME CONCILE D’). — Le deuxième concile d’Orange a une importance parti- | dès ses premiers symptômes, de concert avec le Saint-Siège. » Malnory, op. cit., p. 151 sq. ÊUlièrc. Il a clos la controverse semi-pélagicnne, dont Celte hypothèse de Malnory ne nous semble ni pro­ on sait l’acuité dans la Gaule méridionale depuis le bable, ni nécessaire. Bien que Fauste fût mort depuis tempi de saint Augustin. Dix siècles plus tard, le concile de Trente aura recours aux décisions d’Orange | plus de trente ans, vu la grande autorité dont il avait joui durant sa vie, il avait sûrement encore des parti­ pour l’élaboration du décret ct des canons concernant sans en Gaule. D’autre part, Césaire d'Arles était un l i justification. Plus d’une fols aussi, les controverses augustinien convaincu, voire < de stricte observance », jansénistes invoqueront son autorité. Nous étudierons ; l Le but ct l’occasion du concile d’Orange. I L L’origine 1 comme dit P. Lejay, dans l’article Césaire, t. n, col. 2178. Il a très bien pu concevoir de lui-même le de ses canons (col. 1089). 11 (. Le texte des canons plan de donner le coup de grâce au semi-pélagianisme, d’Orange (col. 1093). IV. L’approbation des canons par sans avoir besoin d’y être excité par les écrits de le p ipe Bomface II (col. 1102)· Fulgence, et sans qu’il soit nécessaire d’admettre L But et occasion du concile d’Orange.— une réviviscence des opinions seml-pélagiennrs à 1’ But. — Ce concile fut célébré à l’occasion de la dédi­ celte époque. Sur l’augustinisme de Césaire, voir t. n, cace d'une b idlique édifiée dans la ville d’Orange par col. 21Ü8 sq.; cf. Lejay, Le rôle théologique de Césaire le préfet du prétoire des Gaules, Libère, gouverneur d'Arles, dans Bévue d'histoire ct de littérature reli­ de la partie de la Narbonnaisc, qui relevait alors du gieuses, t. x, 1905, p. 220 sq.; et l’opuscule Quid do· royaume des Ostrogoths. Prologue des Actes d’Orange, minus Cesarius senserit contra cos qui dicunt « quare M insi. Concit., t. vm, col. 711. Saint Césaire d’Arles, aliis det Deus gratiam aliis non ·, publié par dont Morin, qui présida, a ajouté à sa signature la date de cette dans Revue bénédictine, t. xm, col. 135 sq. assemblée die quinto nonas fulias, Decio /uniore viro 2. Opinion de Lejay, - D’apres Lejay, — mémoire flan consule, ce qui correspond au 3 juillet 52*1 de cl article précités, le concile d’Orange aurait été n >trc calendrier. Mansi, Condi., t. vm, coi. 718· la réplique de Césaire à un concile de tendances Les sièges des quatorze évêques qui souscrivirent semi-pélagiennes réuni à Valence. « Beaucoup de les Actes ne sont pas indiqués. A part Césaire d’Arles rivaux, dit le biographe de Césaire, s’élevèrent contre un seul est connu, Cypricn, l’évêque de Toulon, qui celui-ci, pour résister à sa doctrine de la grâce. Heu­ collabora à la biographic de Césaire, ct dont nous reuse rivalité! Des murmures et des mauvais propos auron» encore à nous occuper. Sur Cyprlen de Tou­ de certaines gens répandent cn Gaule contre la pré­ lon, voir Malnory, Sain! Césaire d’Arles, Paris, 1891, dication de l’homme de Dieu des soupçons vains. p. 2 cl passim. Le prologue des Actes du concile nous C’est pourquoi les évêques du Christ situés au delà lait connaître le but que sc proposaient les Pères de l’Isère, unis par l'amour qu’inspire la charité, d’Orange ct la manière dont ils l’atteignirent. On y s’assemblent dans la cité de Valence. A cette occasion, lit en cflet ces paroles . < Comme certaines gens avaient le bienheureux Césaire, à cause de son infirmité sur la grâce et le libre arbitre, par suite de leur sim­ est évidemment ici, l’œuvre faite, produite, opérée, c’est-à-dire, le sacrement lui-même, l’acte sacramen­ tel dûment accompli, le rite sacramentel cn lui-même dans son existence objective ». N. Gihr, Les sacrements de ΓÉglise catholique, tr. fr„ Paris, 1900, p. 101. IV. «rx opere operantis ». — A cet acte sacra­ mentel validcmcnl accompli d’après l’institution même du Sauveur, on oppose ici Vopus operans, ou mieux Vopus operantis, l’œuvre de celui qui agit, c’est-à-dire l’activité personnelle de celui qui reçoit le sacr.cmcnt ou de celui qui l’administre, cn tant que cet acte est surnaturellemcnt méritoire. Or, ex opere operato ne s’oppose pas â l’ex opere operantis, pour l’exclure. Quand la préparation qui dépend des actes libres d’un adulte atteint un tel degré de perfection qu’elle a pour suite immédiate ct infaillible la justification, — celte justification qu’on appelle précisément ex opere operantis, — les sacrements n’en demeurent pas moins, même pour cc juste, des moyens efficaces ct des instruments de sanctification La grâce peut être produite, ex opere operantis; les sacrements y ajouteront ex opere operato un accroissement de grâce. L'accroissement de la vie surnaturelle chez le juste résulte ordinairement du concours des deux éléments : ainsi donc l’un n’exclut pas l’autre; ils o eu vent même concourir simultanément et conjoin­ tement à la communication plus abondante de la grâce divine. Mais la grâce produite ex opere operantis est toujour^ méritée, au moins de congruo, s’il s’agit de la première grâce; la grâce produite ex opere operato demeure un don entièrement gratuit de Dieu. 1089 ORANGE (DEUXIÈME CONCILE D ) habituelle, ne put s’y rendre connue il l’avait résolu. Mais il envoya les plus éminents des évêques, avec des prêtres et des diacres. Parmi eux. saint Cypricn de Toulon, évêque remarquable et Illustre, sc montra brillant, appuyant toutes scs paroles sur les divines Écritures, prouvant par les très antiques institutions des Pères que personne ne peut par soi-même faire aucun progrès dans la divine perfection, s’il n’a d’abord élé appelé par la grâce prévenante de Dieu..., et que l’homme ne retrouvera une volonté vraiment libre que racheté par l’action libératrice du Christ, action qui lui permettra d'atteindre la perfection. De ccs propositions, l’homme de Dieu rendit un compte exact et évident fondé sur la tradition apos­ tolique. De plus, Boniface d’heureuse mémoire, pape de l’Églisc romaine ayant appris cette discussion, réprima l’accusation portée par scs adversaires cl confirma de son autorité apostolique le jugement de saint Césaire. Ainsi, par la grâce du Christ, peu â peu les chefs des Églises acceptèrent ce que le diable avait rêvé de supprimer par une soudaine opposition. > Vie de Césaire, I. I, c. xi.vi (xxxv), i*. L., t. î.xvn, col. 1023 (cf. t. xî.v, col. 1792); Mansi, l. vm, ci»! 72 I sq. Lejay prétend qu’en « écartant l’ouate pieuse de. ce récit », op. cit., p. 217, on doit reconnaître que l’issue du concile de Valence fut défavorable â Césaire, les évêques de la province ecclésiastique de Vienne, qui depuis longtemps voyaient d’un mauvais œil l’impor­ tance croissante du siège d’Arles, ayant voulu dimi­ nuer son titulaire par l’effet d'une condamnation dogmatique; le concile d’Orange aurait été la parade de Césaire à ce retour offensif des vieilles prétentions du siège de Vienne et des idées semi pélagiennes si répandues dans la Gaule méridionale nu v* siècle. Sans doute â Valence comme â Orange, i) (ut ques­ tion de la nécessité de la grâce prévenante, ct Cypricn de Toulon y défendit la doctrine canonisée à Orange. Mais, à notre avis, rien dans le récit du biographe ne nous autorise à conclure à une condamnation de Césaire à cc concile de Valence. El même si le fait de cette condamnation était prouvé, l'antériorité du concile de Valence ne s’ensuivrait pas. Il a pu être convoqué pour faire pièce â celui d’Orange, et. comme le remarque le biographe de Césaire, c’est la lettre du pape Boniface II «confirmant le jugement de Césaire », c’est-à-dire approuvant le concile d’Orange, mais près de deux ans après sa célébration, qui aurait fait taire l'opposition. Entre le 3 juillet 529, date du concile d’Orange el le 25 janvier 531. date de la lettre de Boniface, il y a de la place pour le concile de Valence.C’est aussi l’avis de L. Duchesne qui range le concile de Valence après celui d’Orange, tout en recon­ naissant qu’on peut trouver des raisons en faveur de l'opinion contraire. Duchesne, L*Église au VI' siècle, p. 5IG. Les hypothèses de Malnory ct de Lejay étant élimi­ nées. nous devons conclure que la réunion du concile d’Orange est due à l'initiative de Césaire qui voulait faire prévaloir la doctrine de saint Augustin contre les derniers tenants du semi-pélagianisme en Gaule. IL OmoiNK des canons d’Ohange. — Les actes du concile d’Orange comprennent une préface, vingt-cinq canons et une profession de foi. On admet communément que la préface el la procession de foi sont l’œuvre du concile ou plutôt de Césaire. Quant aux vingt-cinq canons, le passage de la préface des actes cité plus haut dit â leur sujet qu’ils onl clé envoyés de Home. Mansl, t. vm, col. 712. 1° Les dix-sept canons-sentences. - - Si les huit premiers onl la forme extérieure des canons conci­ liaires, débutant tous par la formule. · guis (fixe­ rit... - les dix-sept qui suivent se présentent sous la DICT. DK TIIÉOL. CATH. 1090 forme de sentences. De ccs dix-sept canons-sentences, seize sont tirés de la collection des 392 scnlcntisr tx Augustino delibulie, faite à Berne vers -150 par J rosper. Toutefois, telles que nous les liions dans les canons d’Orange, ccs seize sentences de Prosper ont subi des retouches. Nous en donnons le tableau : Le canon 9 reproduit la 22· sentence de 1 ro*pcr. Le canon 11 reproduit la 54* sentence de Pros­ per, mais augmentée d’une citation scripturaire. Le canon 12 reproduit la 56* sentence de Prosper· Le canon 13 reproduit la deuxième partie de la ! 152· sentence de Prosper; la première partie de celle-ci a été modifiée pour faire ressortir l’importance du baptême. Le canon 14 reproduit la 212* sentence de Prosper, augmentée de la citation scripturaire. Le canon 15 reproduit la 226* sentence de Prosper, avec l'addition secundum psalmistam, pour montrer que les quatre derniers mots de la sentence sont tirés d’un psaume. Le canon 16 reproduit lu 2C0* sentence de Pros­ per, avec l'addition sicut Apostolus dicti, avant la citation biblique, si per legem justitia... Le canon 17 reproduit la 297* sentence de I rosper. Le canon 18 reproduit la 299· sentence de Prosper, qu'il fait précéder de l’addition, Nullis meritis gra­ tiam provenientibus. Le canon 19 reproduit la 310 sentence de Prosper. Le canon 20 reproduit la 314* sentence de Pros­ per. cn ajoutant le mol bona à la deuxième phrase, et en changeant dans la même phrase le mot jacit cn prostat. Le canon 21 reproduit la 317· sentence de Prosper. Le canon 22 reproduit la 325* sentence de Prosper. Le canon 23 reproduit la 340* sentence de Prosper. Le canon 24 reproduit la 366· sentence de Prosper. Le canon 25 reproduit la 372· sentence de Prosper. Les sentences de Prosper insérées dans les canons d’Orange ont donc chacune un numéro d’ordre toujours supérieur au numéro de la sentence précé­ dente. Et, d’autre part, comme le classement de ces sentences, dans la collection de Prosper se fait, non d’après l’ordre logique des idées, mais d’après les écrits d’Augustin auxquels elles sont empruntées, il s’ensuit que très probablement un seul rédacteur a fait dans la collection de Prosper le choix de ccs seize sentences figurant aux canons d’Orange. Ce n’est pas Césaire qui a fait cc choix, car on ne relève en son œuvre littéraire aucun rapport avec Prosper. Ce serait donc plutôt â Home que les seize sentences auraient élé extraites delà collection de Prosper. Et ainsi, nous aurions en elles, en tout ou ou moins en partie, les pauca capitula dont parle la préface des actes du concile d’Orange. Quel est l’auteur des retouches que I on a fait subir aux seize .sentences pour qu’elles deviennent les canons d’Orange ? On ne voit pas pourquoi ccs retouches auraient élé faites â Home; et il n’esl pas probable non plus qu’elles soient l’œuvre du concile lui-même, car il ne semble pas qu’il y ail eu de véritables débats â Orange. Il s’ensuit donc que Césaire est l’auteur de ccs retouches. Cette conclusion peut être corroborée par l'élude des retouches elles-mêmes. Les canons 11, 14 el 15, qui accentuent la néces­ sité de la grâce prévenante, étaient susceptibles d’etre fortement combattus par les partisans des Idées de Fauste. Aussi le rédacteur a-t-il ajouté aux sentences 54 et 212 de Prosper, reproduites par les canons 11 et 11, la preuve scripturaire. Par l'addi­ tion de secundum psalmistam â l'avant-dernière ligne du 15· canon, il a voulu rappeler que les quatre der­ niers mots de la 226· sentence de Prosper reproduite T. — XI — 35 1091 ORANGE (DEUXIÈME CONCILE D’) 1092 n. 190. Les deux premiers de ces canons visent des doctrines pélagicnnes; les huit suivant. 3 10 du manus­ crit. reproduisent les huit premiers canons du concile d’Orange; les canons 11-11 traitent de la rétribution des méchants el de la prédestination; enfin les cinq derniers, canons 15-19. combattent des doctrines manichéennes. Voir le texte des capitula dans M.nisl, t vm. col. 722. Labbe, suivi par Hefele, Hist, des conciles, trad. Le­ Canon hl d'Orange, trn/e/ire de Prosper. clercq. t. n, p. 1989, suppose que ces 19 capitula sont ceux qui ont été envoyés de Home à Césaire pour Arbitrium vnluntnlis in Arbirriiim voluntatis tune l’aider à combattre le semipélagianisrnc. Césaire en est vcrc liberum, corn vi- primo homine infirmatum, tib peceathque non servit. nisi per gratiam baptismi aurait extrait ceux <|Ui figurent sous les numéros 3-10 T»dr donum est n Deo. quod non potest repaniri; quod ct qui sont devenus les huit premiers du concile Atnluum, nid n quo potuit amissum, nisi a quo potuit d’Orange, et il aurait négligé tes autres, Cette opi­ dari, non poteit reddi. Unde dari, non potest redd I. Unde nion ne nous parait pus admissible. Tout d’abord, Verlias dicit... Veritatis ipsa dicil... elle ne s'accorde pas avec la préface des actes du concile d’Orange, qui semble bien déclarer que tous La retouche que le rédacteur a fait subir à la les capitula envoyés de Home ont été promulgués à 152* sentence de Prosper a pour but de faire ressor­ Orange : Id nobis justum visum est... ut pauca capi­ tir l’importance du baptême. Comme la même préoc­ tula ab apostolica Sede nobis transmissa... ab omnibus cupation se retrouve dans la profession de foi du observanda proferre... deberemus. En outre, on nr concile, laquelle est communément considérée comme volt pas pourquoi un augustinlen décidé comme étant l'œuvre de Césairc, cf. I )enz.-Bannw., n. 200, Césairc aurait laissé tomber les capitula qui visaient il ne nous semble pas téméraire d’allinncr que Césairc le pélagianisme el le manichéisme, qui traitent de la est l'auteur de la modification susdite. Le canon LS prédestination et de la rétribution des méchants. d’Orange reproduit la 299* sentence de Prosper, en la faisant précéder des mots: Nullis pnecedentibus Enfin, en demandant au pape l’approbation des déci­ sions d’Orange. Césairc aurait nécessairement dû meritis gratiam praevenientibus. Cette locution sc retrouve fréquemment sous la plume de Césairc; s’expliquer sur le fait de cette grave mutilation du cf. P /.., I. xxxix, col. 1762, 1821, 1830, 1831, 1835, projet des canons envoyés de Home. Or, rien de pareil 1925, 2161, 2207. Elle a été aussi insérée dans la pro­ ne peut sc conclure de la lettre d'approbation que fession de foi du concile; cf. Denz.-Bannw.. n. 200. le pape Boniface II lui écrivit. On peut donc conclure que Césairc est l’auteur de Dans son mémoire sur le rôle théologique de Césaire l’addition. d’Arles, Lcjay propose une hypothèse ingénieuse La série des sentences de Prosper insérées dans les pour expliquer l'origine des capitula du manuscrit de Trêves. A son avis, ces dix-neuf capitula ont été canons d’Orange est interrompue par le canon 10. Le canon 9 qui reproduit la 22· sentence de Prosper rédigés par Césairc et envoyés à Itonie comme pro­ enseigne que nou> ne pouvons faire le bien et éviter gramme du concile qu’il voulait convoquer contre le mal qu’avec l’aide de Dieu. Lc canon 10 ajoute que le scmipéhigianismc. Le pape aurait rayé les deux les régénérés et les saints doivent eux aussi implorer premiers comme inutiles, le pélagianisme ayant déjà été condamné. Les propositions 11-11 qui traitent toujour*» l’aide de Dieu pour pouvoir persévérer dans le bien. Ce canon donne donc un complément d'ordre de la rétribution des méchants et de la prédestina­ plutôt pratique a celui qui le précède. Or. Césaire, tion auraient été écartées comme « étant d’une por­ dans ses sermons, rappelait souvent l'obligation qui tée pratique trop restreinte ». Op. cil., p. 255. Enfin, la partie antlmanichécnne aurait été éliminée parce incombe aux chrétiens d’implorer l’aide de Dieu pour obtenir In grâce de la persévérance : Dei adjutorium que le pape jugeait · qu’il ne fallait pas courir deux jugiter imploremus ; cum Dei adjutorio in ipso opere lièvres à la fois. * ibid., p. 255. hy^fdhèse de perdurare contendat, P. !... t. xxxix, coi. 2302. 2231. Lcjay nous semble très probable. En elTct, a «'cire Il semble donc que le canon 10 d’Orange soit l’œuvre époqîîr;ΤΤϊγγγγΈΤϊΤ^ c’est la nécessité de l’évêque d’Arles. de la grâce prévenante qui était combattue; pour 2e J.es huit canons conciliaires. - Les huit pre­ frapper plus sûrement cette erreur, le pape aura éli­ miné du projet de Césaire tout ce qui ne In concer­ miers canons d’Orange qui se distinguent des dixnait pas Les seize sentences de Prosper qu’il a ajou­ icpt autres par leur forme de canons conciliaires, se tées fi cc qui restait du projet de l’évêque d’Arles ne trouvent aussi dans les c. xxxviii-xlv du Liber de ecclesiasticis dogmatibus du marseillais Gennade. Les pouvaient que fort Hier la position de Césairc. Conclusion. - - L’origine «les canons peut donc être c. χιλι-L! du même ouvrage donnent aussi les ca­ conçue comme il suit : Voulant donner le coup de nons 13. 19 cl 21 d’Orange grâce à la doctrine semipélagienne, qui avait encore M ds déjà Elmenhorst a lait remarquer que les des partisans en Gaule, Césaire envoya au pape un c. xxit â r.i du Liber ne se rencontrent pas dans les projet de décisions conciliaires en 19 capitula. Ce bons manuscrits; voir la note d* Elmenhorst dans projet nous a été conservé dans les manuscrits de /*. t. i.vin, col. 1025. La doctrine nlliniiée dans Trêves et de Lucques. De ce projet, le pape élimina ccs canons est aussi trop opposée aux opinions théolotout cc qui ne concernait pas l’hérésie semipélagienne giqurs de Gennade pour qu’on puisse les considérer ct ne conserva que huit propositions qui devinrent comme le bien de cet auteur. Et. parce que les huit les huit premiers canons du concile d’Orange. A ce premiers canons du concile d’Orange visent surtout reste du projet de Césaire, le pape ajouta lf> *>rn Fauste de Hier, ainsi que nous le verrons encore, ils tcnccs de Prosper. Césaire retoucha certaines fie sont communément considérés comme l’œuvre de ces senlcHct^. Comme nous l’avons vu plus haut, Césairc. en ajouta une de son cru. qui devint le 10* canon Au xvir siècle, le jésuite Wilthcim a découvert d’Orange, mit comme appendice une profession de dans un manuscrit de Trêves, aujourd’hui perdu, foi qui faisait ressortir l’importance du baptême dix neuf canons, sous le titre Incipiunt capitula cl l’absolue gratuité de In grâce, soumit le tout au *anrti Augustini In urbe Roma transmissa (’.es canons concile d’Orange ct le lit adopter. •e trouvent aussi dans un manuscrit de Lucques, par cc canon, étaient une citation du ps. lxxvi, 11. Césaire, ancien moine de Lérins cl vivant parmi les tenants des idées scniipelagicnnc.s, est plus qualifié pour être l’auteur de ccs additions qu’un clerc romain vivant loin du foyer de la controverse. L’importance de la retouche que le rédacteur du canon 13 lit subir à la 152* sentence de Prosper ressort vivement de leur juxtaposition : 1093 ORANGE (DEUXIÈME CONCILE D ) III Les canons d'OiiaNuh, Nous allons don­ ner, d’après Mansi, L vin. col. 712 sq.» le texte des canons. La traduction est nouvelle. Comparer celle de E. Amann, /.e dogme catholique dan» les Pères de l'figlDc. Paris. 1922, p. 395 sq. (Lun. 1. Si quls per of­ Quiconque dit que par fensam pnevnricatlonh A- In faute dr la prévarication cundum corpus et animam, amoindri m tout son être, in delerim dicit hominem c’est-à-dire en son corp* commutatum, sed nnimæ li­ et en son Ame. mid* croit bertate llliesn durante, cor­ que le corp* seul r*t soumis pus tantummodo corruptio­ A la corruption· tandis (pie ni credit obnoxium. Pela­ la liberté de l’Ame demeure gii errore deceptus adver­ Intacte, trompé par l’erreur satur Scripturo? dicenti : de Péhigr, il *r met en Anima, quae peccaverit, Ipsa contradiction avec l’I-Lrrlmorietur (Ez., xvm, 20). ct : lure qui dit : L'âme qui Nescitis quoniam, cui exhibe· aura péché périra ; » et : lis uoj Acrixis ad obediendum, Ignort :-vous que, si vous servi estis ejus. cui obeditis vous livrez d quelqu'un com­ (Horn., vi, 16) ? et : .1 quo me esclaves pour lui obéir. quis superatur, ejus ct servus VOUS êtes esclaves de celui addicitur (II Pct., n. 19). Λ qui vous obéissez ? » cl : • On est esclave de celui par qui on s'est laissé vaincre. » On trouve quelque chose d'analogue h cc canon dans saint Augustin. De nuptiis el concupiscentia, 1. II. c. xxxiv, P. I.., t. xlv, col. 171. Ce canon vise ceux qui prétendent que le péché d’Adam n’a pas nui à la liberté de l’ûnic. Fa liste n’enseignait cette doctrine qu’avec des nuances; car il réfutait ceux qui afllrmaicnt arbitrii libertatem integram ct illicsam, De gratia, I. 1. c. t; I. II. c. IX» Corpus de Vienne, t. xxî, p. 7, 79. Il est probable que Césairc a introduit dans ce canon le tenue illasam pour montrer à ses adversaires scmipélagicns qu’ils sc mettaient en opposition avec leur maître Fauste. Can. 2. Si quis soli Adie Quiconque afllrme que In pne varicat Ionem suiun non prévarication d'Adam n’a et ejus propagini asserit no­ nul qu'A lui *rul cl non A cuisse, aut certe mortem sa descendance ou enseigne tantum corporis· qun pœ- que seule la mort du corp*, qui est lu punition du péché, mais non le péché lui-même, qui c*t la mort de l’Ame,a vie transmise par un seul hom­ me A tout le genre humain, cclul-lh ne rend pas Justice â Dieu el se moi en contra­ unum hominem peccatum in­ diction avec l’Apôtrr qui travit In rpundum ct per a «lit : Par un seul homme, nu peccati est, non autem ct peccatum, quod mors est nnimte, per unum hominem in omne genu* humanum Iransiisse testatur, injusti­ tiam Deo dabit, contradi­ cens Apostolo dicenti : Per le péché est entré dans le monde el par le péché, la mort.,, et ainsi la mort a passé dans tous 1rs hommes parce qu< tous ont péché, » L’idée de ce canon sc trouve dans saint Augus­ tin. Contra duas epistolas pctagtanoruni, I. IV. c iv, P. /,.. t. xliv, col. 612 sq. La doctrine visée par le canon n été exposée par Julien d’Éclnnr dans sa lettre à Unfits de TliOSsaloniquc. Fauste ne niait pas expres­ sément le péché originel qu’il appelle malum originale. De gratia, I. L c. n; mais comme, dans sa lettre â Paulin de Bordeaux, il dit que le péché d’Adam n causé la mort du corps, mais non celle de l’Ame. il est probable que c’est lui qui est visé dans ce canon. Voir ce passage de la lettre A Paulin de Bordeaux dans le Corpus de Vienne, t. xxt, p. 183 peccatum mors ct ita iri omnes homines mors perlransiit, in quo omnes peccaverunt! Horn., v. 12). Quiconque dit que la grâce peut être conférée A In suite de la prière de l’homme, mal* que ce n’est pas In grâce qui fait qu’elle soit demandée par non*. contredit h* prophète l*aie venins sum a non quaerenti- ainsi que l’Apôfrr qui lu Can. 3. Si quit ad invoeationcm humanam gratiam Del dicit posse conferri, non autem ipsam gndiam facere ut invocetur a nobis, contradicit f*niir prophetic, vrl Apostolo idem dicenti : /n- 1094 but me, palam apparui his. cite : « .Pal été tramé par qui me non inlrrmgabanl ceux qui ne me cherchaient ( Bom., x, 26, cf. I»., lxv, 1). pas rl je me suis manifesté a ceux qui ne me demandaient /MU. · Ce canon rappelle la phrase de saint Augustin, Enarrat, in ps, < j/i , 5, quis enim eum invocavit, ntst quem ipse prior vocavit. P. L., t. xxxvn, col. I 188. Il vise Fauste qui a écrit : Ita Dominus invitat vo­ lentem, adIrahit desiderantem, erigit adn tientem, cl qui enseignait que la volonté humaine devait préalable­ ment donner â la miséricorde divine une ansula pour la recevoir. Corpus de Vienne, t. xxt, p. 52, 53. (2m. I. Si qui», ut n Quiconque prétend que peccato purgemur volunta­ c’est Dieu qui attend noter tem nostram Deum exspe­ volonté pour nous purifier ctare contendit, non nutem de no* péché·*, cl nie que ut etiam purgari velimus, cc soit l'inspiration et l’in­ |ht Spiritus Sancti infusio­ fusion du Salnt-&pril en nem rl operationem in nous qui fait que non* vou­ nm fieri confitetur, resistit lions être puri lié*, celuiipsi Spiritui Sancto jwr lïi résiste au Samt-Rsprd Salomonem dicenti : Prae­ lui-même qui n dit par la paratur voluntas a Domino bouche de Salomon : La |l’n»v., vm, 35 (LXX)] rl volonté est préparer par Apostolo salubriter predi­ Dieu ·, et aussi A l’Apôtrr cant i : Deus est, qui offera­ qui, dans un salutaire en­ tur in vobis et velle et seignement, afllrme que r’r»f perficere pro bona voluntate Dieu qui opère en nous le (Phil., n. 13). vouloir rt lr taire selon «an bon plaisir. · Cc canon vise Fauste qui rappelait fréquemment que le bon mouvement doit venir de la nature humaine ct précéder la grâce divine. Ainsi, en commentant la question de Jésus au paralytique: Fis sanus fieri? Joa.. v. 7, il déclarait : Aperte ostendit ( Jesus i indi­ tum esse homtni bona voluntatis affectum. De qrutta, I. I, c. vin. Corpus de Vienne, t. xxt. p. 25. Can. 3. Si qui* sicut aug­ Quiconque dit que l'aug­ mentum, ita ellam initium mentation cl le commence­ lldcl ipsumqur credulitati* ment de la fol, ainsi que affectum, quo in cum cre­ l'attrait vers la croyance, dimus, qui Ju*tinmt impium, rt ad (rclgmcniUoncm *acn baptismati* perseniinu* non fier grntiœ donum, id r*t per Inspirationem Spiritu* Sanc­ ti corrigentem soluntntein nostram ab infidelitate ad thlcin, ab impietate ad pie­ tatem. mxI naturaliter nobis inesse dicit, apostollci* dog­ matibus adversarius appro­ batur, beato Paulo dicente : Confidimus, quia qui capit in nobis bonum opus, perfle iri usque fu diem Domini nostri Jesu Christi (Phil., î. 6), rt illud : \obis datum csl pro Christo non solum, ut in eum cmtatis, *rd rtinm ut pro illo /Mitiamini (1’hll., i, 29), ct : Gratia salvi /acti estis prr /idem, rt lute non rx robis .· Del mim donum csl (Eph., n, 8). Qui enim fidem, qua in Deum credimus, dicunt c*<>sse confirmat abs­ que illuminatione ct inspi­ ratione Spiritu* Sancti, qui dat omnibus suavitatem in consentiendo ct credendo ve­ ritati, hxrctico fallitur spi­ ritu. non intelligcns vocem l>t I It> 1 Λ,mg· Ip» Ce canon est l’œuvre dc Césaire. Voir plus haut. Il tend sans doule à purer le reproche adressé par Fauste à la doctrine augustinienne, qu’elle rend la prière Inutile. Faiïstc, De gratia, I. I, c. iii. Corpus de Vienne, p. 16 sq. Nul ne peut dignement Can. 11. Nemo quldqunni Domino recte voverit, nisi consacrer quoi que ce soit ab ipso acceperit quod vove­ à Dieu, s’il n’a reçu de lui ret, sicut legitur : Qtue de cc qu'il veut lui consacrer, manu tua accepimus, damus ainsi qu’il est écrit : · Ce que nous avons reçu dc ta libi ( I Par., xxix 1 I). main, nous te le donnons. » Ce canon reproduit la 51· sentence de Prosper, qui l’a extraite du De civitate Dei, L XVII, c iv, n. 7, P. L., t. xi î, col. 530. Césaire y a ajouté la citation biblique. Can. 12. Talcs nos ainat Dieu nous aime tels que Deus, quales futuri sumus nous serons par su grâce, Ipsius dono, non quales su­ non tels que nous sommes mus nostro merito. par notre mérite. Ce canon reproduit Ia 56 sentence de Prosper. Can. 13. Arbitrium vo­ luntatis in primo homine infirmatum, nisi per gratiam baptismi non potest repa­ rari : quod amissum. nisi a quo potuit dari, non potest liberté de la volonté ar v, 17) : ct (ut) natum per lui qui n dit : « Je ne suis Adam perdita per illum re­ pas venu pour détruire la loi, paretur, qui dixit, venisse se mais pour l'accomplir, * et qiurrcrc ct salvare quod pe­ afin que la nature perdue par Adam fût réparée par rierat (Lue., xix, 10). celui (pii a dit être venu pour chercher et sauver ce qui était perdu. Ce canon reproduit la 317e (al. 315·) sentence de Prosper, extraite du Dé gratia ct libera arbitrio dc saint Augustin, c. xiu, n. 25, P. L., t. xuv, col. 896. Cnn. 22. Nemo habet L’homme η’α de sien que dc suo nisi mendacium et péché ct erreur; mais cc peccatum. Si quid autem qu’il a de vérité ct dc Jus­ hnbet homo veritatis atque tice dérive de la source ù Justitia*, ab illo fonte est, laquelle nous devons dési­ quem debemus sitire in rer nous abreuver en cc hac cremo, ut ex eo quasi désert, afin qu’arrosés de 1099 ORANGE (DEUXIÈME CONCILE D') guttis quibusdam irrorati quelques g<»utt«*s provenant d’elle, nous ne succombions non deficiamus in via. pas rn chemin. Ce canon reproduit la 325e (al. 323·) sentence de Prosper, extraite elle-même des Tractatus in Joannem, tract, v, n. 19, P. I. xxxv, col. 1111. llcfele fait remarquer que cc canon, à première sur semblable aux prop. 25 ct 27 de Bains, condam­ nées par Pic V, est une veritable crux interpretum. Hist. des concites, trad, l.crlercq, t. h b, p. 1100. Bip.dda a donné de ce canon une explication que llcfele résume en ces tenni s : < Il n'y n dans le sys­ tème du inonde actuel que deux sorles d'œuvres humaines, celles qui sont virtuellement mauvaises cl celles qui sont surnaturellcmcnl bonnes. Il n’existe pas d’o uvrés naturellement bonnes qui puissent certai­ nement exister dans le genre humain cl à la produc­ tion desquelles la force naturelle de l’homme puisse suffire, car les forces morales naturelles de l’homme ne sont fias seulement concédées par Dieu lui-même, mais elles sont encore soutenues par la grâce de Dieu dans leur manifestation morale. Lors donc que les forces naturelles (le xuum, ainsi que le nomme le concile) de l’homme sont seules en jeu, il n’en résulte que le contraire de la moralité, c’est-à-dire le péché et le mensonge » Cette explication vaut cc qu'elle vaut; elle a été admise pourtant par un grand nombre de théologiens, entre autres par l’historien des dogmes Schwane. Dans une étude intitulée : Die \\ crke und Tugenden der Ungldubigtn nach S. Augustinus, nebst einrm Anhang fiber den 22 (en Canon des Arausicanum secun­ dum, Innsbruck, 1871, Jean Ernst rejette l’explica­ tion de flipnlda et propose la suivante : · Dieu a donné â l'homme un but surnaturel, le salut éternel. Par le péché d’Adam, l’homme a été écarte de celte destination cl de ce but voulu par Dieu, cc but a été perdu pour lui; c’est pourquoi rien de ce que l’homme déchu peut encore accomplir au point de vue moral n'.i de valeur réelle auprès de Dieu. Dp. cit., p. 1 10, 197 201, 215. D’après cette explication, les œuvres qui ne sont que naturellement bonnes sont appelées péché* par saint Augustin ct le concile d’Orange, parce qu’elles sont inefficaces pour le salut. Celte explication semble préférable à celle de Bipalda. Elle est plus conforme au texte du canon cl elle est dans la ligne de la pensée auguslinienne. Ernst se demande ainsi si le concile, après saint Augustin, concevait ces œuvres comme péchés formels ou simplement comme péchés materiels, et il sc décide pour la pre­ mière de ces alternatives. Nous croyons que cette question ne pouvait sc poser â l’époque du concile d’Orange. (Lan- 21. Sua m volunta­ Quand 1rs homines font tem homine* fuciunt, non ce qui déplaît ίι Dieu, c’est Dei. quando Id agunt, quod leur volonté qu’ils accom­ Deo dh pileet} quando nu­ plissent cl non celle de Dieu; tem id faciunt, quod vo­ niais quand Ils font cc qu’ils lunt. ut divinas icrvinnt vo­ veulent, en vue dr servir In luntati, quamvis volentes divine volonté, bien qu’ils agant, illius tamen voluntas agissent suivant leur volon­ r*t a quo et prepare! ur rt té, c’est par un effet «le la volonté de celui qui prépare fulxdur quod volunt. cl command»· ce qu’ils veu­ lent. C.· binon reproduit In 3 MK (al. 338·) sentence «le Prosper, extraite de sainl \ugusliti. In Joannrm, l. xxxv. col. 1555. tract xix. n. 19, P. Iz-s sarments sont sur le (Zan. 21 lia sunt In rit· ut vit! nihil con­ cep sans pouvoir rien lui front, srd indr accipiant donner; mais ils reçoivent und»· vivant . *ie quippe de lui ce qui les fait vivre; ▼Un r*l in palmitibus, ut le cep est dan* 1rs vannent s nUk alimentum submmis- »lc manière u lour donner fret iis non Minuit ab il», Ac per hoc el manentem in sc habere Christum cl ma­ nere in Christo, discipulis prodest utrumque, non Chris­ to, Nam preciso palmite, po­ test de viva radice nilus pul­ lulare. qui autem pneclsiis est. sine nidice non potest vivere. 1100 l’aliment vital sans le pren­ dre d’eux, C’rst uin»| que l’habitation du Christ dans le chrét len comme l’habi­ tation du chrétien dans le Christ est profitable au chré­ tien mais non au Christ. En effet, un sarment étant coupe, un mitre peut surgir de la racine vivante; mais le sarment coupé ne peut vivre sans la racine. Ce canon reproduit la 368* (al. 366·) sentence de Prosper,extraite du tractai, t.xxxt. in Joannem, n. 1. P t. x.xw . <·(·!. 18 11. Can. 25. Prorsus donum Dei est diligere Deum. Ipse ut diligeretur dedit, qui non dilectus diligit. Displicentes amati sumus, ut fleret in nobis unde placeremus. Diffundit enim charilatcm in cor­ dibus nnslris Spiritus (Ilum., v, 5) Patris el Filii, (piem cum Patre amamus ct Filio. C’est entièrement un dun de Dieu que d’aimer Dieu. Il nous a donné de l’aimer, lui qui, n’étant pas aimé, nous aime. Objets de déplai­ sance, nous avons été ai­ més, afin de recevoir en nous de quoi devenir ob­ jets de complaisance. Car II a répandu en nos cœurs la charité de FEsprlt du Pêro et du l'ils, que nous aimons avec le Père ct le Fils. Cc canon reproduit la 37Î (al. 370·) sentence de Prosper, extraite elle-même du tract, cil, in Joannem, n.5,/'. /,., I. xxxv, col. 1898. Selon les textes scrip­ Ac sic secundum supra scriptas sanctarum Scriptu­ turaires cl les définition» rarum sententias, vel anti­ des anciens Pères, que nous quorum Patrum definitio­ venons de citer, nous devons nes, hoc Deo propitiante el avec l’aide de Dieu ensei­ pnedicare delicious el cre­ gner cl croire que par le dere, quod per peccatum péché du premier homme primi hominis ita inclina­ le libre arbitre n été telle­ tum ct attenuatum fuerit liberum arbitrium, ut nul­ lus postra aut diligere Deum sicut oportuit, aut credere in Deum, aui operari prop­ ter Deum quod bonum est, possit, nisi cum grathi misericord la* divlnæ præs'cncrit. t nde et Abel justo ct Nocet \bndi«’ct Isaac ct Jacob, ct omni antiquorum Patrum multitudini illam price 1 aram fidem, quam in Ipsorum laudepnedicat Apos­ tolus Paulus (lleb., xi), non l»cr bonum nature·, quod prius in Adam datum fuerat, sed per gratiam Dei credi­ mus fuisse collatam : quam gratiam etiam post a : Miscricttrdium de lui-inénit* : « l'ai obtenu 1 ΙΟΙ cornet ut us sum, ni fldells ewm (I Cor., vu. 23; I Tim., i. 13). Non dlxlt, quht cram, scd ut essem. Et illud : Quid hiibra. quod non accepisti (I Cor., iv, 7)? El illud : Omne datum bonum, rt otnnr donum perfectum dcsur* ii un eut, descendent a Paire luminum (.Inc., I, 17). E! illud ; Nemo habet quid· quum, nht iltl datum fuerit desuper (Joa., ill, 27). In­ numerabilia Mint sancta­ rum Scripturarum testimo­ nia, qua’ possunt nd pro­ bandam gniliam proferri, sod brevitatis studio pnetcrmlsxn Mint, quia ct re­ veni, cui panai non siilllciunt, plurn non proderunt. Hoc cliam secundum Πdein catholicam credimus, quod accepta per baptismum gm! ia omnes baptizat 1 Chri­ sto auxlllantc et coopé­ rante, quæ nd salutem uninuc pertinent, possint et de­ beant, si fideliter laborare soluerint adimplere. Aliquo* vero nd malum divina po­ testate praedestinatos esse, non solum non credimus, sed etiam, si sunt, qui tantum nudum credere velint, cum omni detestatione illis ana­ thema dicimus. Hoc etiam salubriter profitemur et cre­ dimus, quod in omni opere bom» non nos incipimus, et postea per Dei misericor­ diam adjuvamur, seeiit avoir autre choir, que ce qui lui a été donné d'en-haut. · In­ nombrables sont 1rs té­ moignage* drs Saintes Écri­ tures qui |H?uvcnt être ci­ tés pour démontrer la grâce, mais pour être brefs, nous 1rs avons omis; air, en vérité, crux auxquels ces quelques textes nr suffisent pas ne tireraient aucun pro­ fil de nombreuses cita­ tions Nous croyons aussi selon In foi catholique, qu'avec l'aide rt In coopération du Christ, tous les baptises peu­ vent rt doivent, rn vertu dr la grâce reçue au baptême, accomplir tout cc <|ui est necessaire au salut de l'âme, s’ils veulent fidèlement y tra­ vailler. Quant â In doctrine dr la predestination par la puissance divine de cer­ tains homme* au mal. non seulement nous ne l’adniellons pas. mais s’il en est IV. L'approbation pontificale. — Apre* lu clôture du concile. Césairc envoya a Home l’abbé Annénlus avec une lettre pour le diacre romain Boni· face, afin d’obtenir par son intervention l’approba­ tion du pape pour les décisions d’Orange. Iioniface, devenu pape après la mort dr Félix IV. répondit à Césairc par une lettre datée du 25 janvier de l’année du consulat de Larnpadius ct Oreste. Comme l’année de ce consulat est .330 de notre coinput. ct comme, d’autre part. Boniface ne devint pape qu’en septembre de l’année .330. il est généralement admis, depuis Sirmond, qu’il faut lire la date de celle lettre, non pas : r/// kat, febr. Lampadio et Oreste consulibus. mais : r/// kal. febr. post consulatum Lampadii et Orestis, ce qui correspond au 2.3 janvier 531. Voir Jallé. Regesta pontificum, η. 881. Boniface II avait été choisi par son prédécesseur Eélix l\ pour lui succéder; il eul de cc fuit de graves dilllcultés pour sc faire reconnaître. < e fait explique bUfllsainment le relard qu’il mil à répondre à EéMiirc. Dans sa lettre, dont on trouvent le texte dans /< L.t I. i.xv, col. 31, ct dans Mansi, t. vm, col. 735. le pape rappelle l’envoi de l’abbé Arminius par t’.ésalrc pour demander, par l'intermédiaire de Boniface alors diacre, la confirmation de la décision conciliaire qui proclame que la fol vient de la grâce du Christ cl non de la nature. Le pape déclare ensuite que bien des Pères el. parmi eux, surtout saint Augustin, que bien des papes ont afllrmé que la fol vient de la grâce et n’est pas dans la puissance de lu nature, non de potestate nature. Comme preuves scripturaires de cette doctrine, il mentionne 1 Cor., vu,25; Phil., I, 29. Il sc réjouit que le concile de Césaire ait eu le sens de la foi catholique, surtout parce que les évêques ont été unanimes â confesser que la foi. pur laquelle non* croyons au Christ, nous est conférée par une grâce près enante et qu’il n’existe aucun bien, selon Dieu, qui puisse être voulu, commencé ct accompli sans l’aide de lu grâce, selon la parole du Sauveur, Joa., xv, 5 Car il est certain, continue le pape, que pour toute bonne action, el la foi est la première bonne œuvre, c’est la grâce divine qui nous prévient afin (pic nous voulions In faire lorsque nous ne le voulions pas, qui est en nous quand nous la voulons, ct qui la suit afin que nous persévérions dans In foi. Boniface s’étonne qu’il y ait encore des tenants de la vieille erreur qui prétend qu’on peut venir au Chrisl sans la grâce, alors que le Sauveur a dit : Nul ne peut venir à moi. *i mon Père ne l’attire, » Joa., vi, H, 1103 ORANGE (DEUXIÈME CONCILE I)’) — ORATOIRE et que saint Paul a appelé le Christ l'auteur ct le consommateur de la foi. Hcb., xn. Après avoir reconnu que la profession de foi envoyée par Césairc correspond aux règles catholiques des Pères et l'avoir approuvée» le pape démontre l’illo­ gisme des adversaires de l’évêque d’Arles. Ils doivent admettre, dit en substance le pape, que sans la foi aucun bien ne peut être accompli, car tout ce qui n'est pai de la /oi est péché. Or, si la foi elle-même n’est pas un don dc Dieu, aucun bien ne pourra être attribué A la grâce, puisque cc qui n’est pas dc la foi est péché. Si la grâce peut nous mener au bien, c’est donc que la foi elle-même, sans laquelle aucun bien n’est possible csl un don dc Dieu. Pour terminer, Boniface II déclare ne pas vouloir s’occuper des autres chefs d'accusation formulés par Césairc contre ses adversaires. Il fait confiance A l’activité de l'évêque d’Arles pour les amener à résipiscence. C. F. Arnold, Caesarius non Arelate, Ixipz.ig, 1891, A. Malnory, Saini Césairc d9Artes, Paris, 1891; P. I«ejny, rôle thêologiqne dc Césatre d'Arles, dans Heinie d'hts· loin ct de littérature religieuses, première série, t. x, p. 218 *q. ; Tueront, Histoire des dogmes, t. m, Paris, 1912. p. 301 sq. ; I Icfclc-Leclercq, Histoire des conciles, t. n, p. 1085 sq. G. Fritz. ORANTES (HORANTIUS) François» frère mineur dc l’observance. —Né, en 1516, à Cucllara, danslc royaume dc Castille,il entra,A l’âge de 19 ans, le 3 août 1535, dans l’ordre des frères mineurs dc l’obser­ vance, au couvent dc Valladolid. Dans scs éludes phi­ losophiques ct théologiques, il eut comme professeur le célèbre Alphonse dc Castro. Il enseigna lui-même, plus tard, la théologie à scs jeunes confrères, dans le couvent de Valladolid. Hautement apprécié par Phi­ lippe II, roi d’Espagne, il fut choisi, au début de 1561, par ce dernier pour remplacer Christophe Fernan­ dez, l’évêque de Palcntla, au concile de Trente. Il n’avait alors que 45 ans. Il y tint, à la Toussaint dc l'année 15G2, un sermon devant tous les Pères et les théologiens du concile. Il écrivit aussi, pendant le concile, un ouvrage remarquable contre les erreurs ct les hérésies de Calvin. Cc travail porte comme litre : Septem libri locorum theologicorum ou catholicorum. Revenu en Espagne, il devint supérieur des couvents de Valladolid ct fut institué, par Philippe II, inqui­ siteur pour tout le royaume d’Espagne. Élu provin­ cial en 1573, il fut, peu après, lors du chapitre intéri­ maire, tenu à Valladolid, envoyé par Philippe lien Belgique, avec don Juan d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas, dont il serait le confesseur, le conseiller ct le vicaire général. Pendant son séjour en Belgique, le roi songeait à instituer François Orantes chef de l’expédition militaire qu’il préparait contre Élisa­ beth d’Angleterre. Orantes fut retenu toutefois en Flandre par les controverses aigues qui sévissaient, vers celle époque, cuire Philippe Marnix, abbé dc Saintc-Ahlegondc, ct Michel Baïus, professeur à Lou­ vain, par rapport à l'autorité de l’Église. Consulté par les doux partis, il écrivit, le 8 janvier 1580. une longue lettre, ou un petit traité, dans lequel il relève plusieurs erreurs aussi bien du côté de ΓΙι. Marnix que de Baïus. Ven la même époque, il accompagna en Espagne les restes dc «Ion Juan d’Autriche, que la mort avait frappé en 1578, aux environs «le Namur. Il fut élevé, en 1581, au siège épiscopal d’Oviedo. Il n y resta que trois ans; il mourut, en 1581, âgé dc 68 ans. François Orantes, dans l’exercice «les hautes charges ecclésiastiques, qui lui furent confiées, trouva encore le temps d’écnre dc nombreux ouvrages théologiques ct exégétiques. Le sermon qu’il prononça, en 1562, 1104 au concile dc Trente, fut publié, avec d’autres .ser­ mons, en 1567, sous le litre : Oratio habita a Fran­ cisco Horantio in concilio Tridentino, anno 1562. 11 fut repris ensuite dans la collection des conciles «le Labbe. — Les Septem libri locorum catholicorum (ou theologicorum), cum libro de justificatione, pnreipue adversus hivretictim Joanncm Calvinum, dont nous avons déjà parlé, furent imprimés, d’abord, à Venise, en 1564, avec une dédicace à Charles d’Espagne, ct, ensuite, à Paris, en 1566. Un autre frère mineur, Fliiminius Maria Annibali dc Latera, revit cet ouvrage, en disposa les matières d'après un ordre plus logique, l'illustra dc nombreuses notes et en procura une nou­ velle édition, à Home, en 1795-1796. Le traité : Opus de justificatione, qui d’après J. IL Sbaralca, aurait paru séparément, n’a jamais été publié seul, mais avec l’ouvrage précédent, dont il fait partie. —- La lettre d’Orantes aux deux controversistcs Philippe Marnix et Baïus fut publiée à Cologne, en 1580, sous le titre : Epistola seu tractatus dc quibusdam quæslionibtis inter Philippum Marnix ium S. Aldegondœ abbatem et Michaelem Bajum Academiæ Eovaniensis cancellarium circa Ecclesia: auctoritatem et judicem controversia­ rum fidei. On trouve dans ce petit traité une réponse aux questions suivantes qui constituaient l’objet des controverses entre Marnix et Baïus : An Ecclesia, ejusque constitutiones seu traditiones aliud habeant critérium seu judicium, ex quo judicari possint, prieter solam consuetudinem eorum, qui sc profilentur romanam sectari religionem, quam vocant catholicam ? El an hoc critérium, si quid est aliud, constat sola pagina sacra Scriptura? an Patrum explanationibus, et com­ mentariis? an conciliorum decretis? an romanorum pontificum placitis? an scholasticorum pronuntiatis? an passim sequatur, ut ait Sati/ricus, cornos testaque, lutoque? An Ecclesia tribuat auctoritatem verbo Dei, an potius verbum Dei tribuat Ecclesia auctoritatem? A coté «le ces ouvrages théologiques, Orantes a composé encore «leux ouvrages cxégétîqucs : Commen­ tarii in librum Job ct Commentarii in Danielem, ainsi qu’un Tractatus dc ss. eucharistia ct un autre De sacris indulgentiis. Ces derniers ouvrages n’ont jamais été imprimés. Joseph Marie d’Ancône, Annales minorum continuati, t. vix, Rome, 1745, p. 105; Stanislas Melchlorri «le Ccrrcto, Annales minorum continuai!, t. xxi. Ancône, 1844, p. 161, 315 ct 141-442; L. Wadding, Scriptores ordinis minorum, 2· édit., Rome, 1906, p. 83; J. H.Sbaralca, Supplementum ad scriptores trium ordinum S. Francisai, 2* éd., t. i. Home, 1908,p.274 ; G.Gtiggcnblchlcr, HeilragezurKirclungeschlehle. des X Vf. and XVII. Ja/ir/miii/rrM, 1.1 (iinicuin),Bozcn, 1880, p. 46 sq.; KirchHches Handlcxikon, t. n, Munich, 1912, c«»l. 1221; Hurter, Nomenclator, .'Pédit., t. m, c«»L 162. A. Teetaeut. ORATOIRE DE JÉSUS (CONGRÉGATION de L’) ou Oratoire de Fkanci·. — L Fondation. IL Doctrine spirituelle (col. 1107). HL Prédication (col. 1130). IV. Théologie (col. 1131) V. Philosophie (col. 1131). VI. Le nouvel oratoire (col. 1136). L Fondation. — On ne dir.i Ici «le l’histoire «le cette congrégation «pie ce «pii Importe à l’intelligence de sa doctrine spirituelle qui a exerce une très grande influence au xvii· siècle et ensuite jusqu’à nos jours. 1° Hut poursuivi. — Dès 1601, deux ans après son ordination, Pierre dc Bérulle, né en 1575, s'était senti pressé «l’établir une congrégation «le prêtres I dont la mission serait < d’annoncer à toute la terre les desseins dc Jésus-Christ, Annuntiate inter gentes studia ejus, · Ps. ιχ, 12. Après avoir sollicité saint François «le Sales, César «le Bus, «les philippins de s’en charger, il réunit autour «le lui, le 11 novem­ bre 1611, cinq autres prêtres, dans une maison «te la i rue Saint-Jacques appelée Petit-Bourbon, à l’empla­ cement actuel du Val-dc-Grûcc. En 1616, on quittait 1105 ORATOIRE. FONDATION ce premier nsile pour s’installer rue Saint-Honoré près du Louvre et, en 1624, on fondait dans l'abbaye dc Sainl-Magloire une sorte dc séminaire où, dit Bossuet : « dans l'nir le plus pur... dc la ville un nombre infini d’cccléslasliqucs respirent un air encore plus pur de la discipline cléricale. » Oraison funèbre du J>. Hourgoing. Le fondateur manifeste ainsi son intention : « Le même Dieu qui a rétabli en nos jours, en plusieurs familles religieuses, l’esprit ct la ferveur dc leur pre­ mière institution, semble vouloir aussi départir In même grâce et faveur à l’état de prêtrise, qui est le premier, le plus essentiel et nécessaire à son Église, ct renouveler en icelui l’état ct la perfection qui lui convient selon son ancien usage ct sa première insti­ tution.· Œuvres de Rériille.ôd. Aligne, p. 1270.Cherchant avant tout ù · consolider ct étendre le règne de JésusChrist », Il veut, au moyen d'une congrégation que le P. Cotton déclarait « nécessaire à l'Église », restaurer et glorifier l’idée même du sacerdoce catholique, dc {’Ordre du Christ, appauvrie et comme avilie au cours des siècles. Dans l’Église primitive, « le clergé portait hautement gravées en soi-même l’autorité dc Dieu, la sainteté dc Dieu, la lumière dc Dieu... tellement que les premiers prêtres étaient et les saints ct les docteurs dc l’Église : Dieu conservant en un même ordre auto­ rité. sainteté ct doctrine, ct unissant ces trois per­ fections en l'ordre sacerdotal, en l'honneur et imita­ tion de la Sainte-Trinité où nous adorons l’autorité du Père, la lumière du Fils et la sainteté du SaintEsprit ». Mais, avec le temps, · l'autorité est demeurée aux prélats, la sainteté aux religieux ct la doctrine aux académies... Nous sommes rassemblés pour ren­ trer en nos droits. » (Elivres, p. I 173-1 175. Comme l’Oratoirc veut « avoir le Fils dc Dieu en partage », il renonce, comme autrefois la tribu dc Lévi, « à toutes les choses séculières el même à l’ambition des bénéfices... Ainsi, les maisons de l’Oratoirc de Jésus doivent être à l’égard des autres prêtres, cc que les monastères sont à l’égard des laïques... Il s’ensuit dc là que l’intention de Dieu... est que nous soyons autant élevés en pureté, en pauvreté, en humilité, en obéissance, en modestie, en charité, en zèle, en piété, en perfection, en sainteté dc vie. par dessus le commun des ecclésiastiques que les plus saints reli­ gieux sont élevés par dessus le commun des laïques. · P. de Condren, Lett., éd. Pin., p. 171. A l’exemple de son fondateur, chaque famille reli­ gieuse fait profession dc quoique vertu particulière : le capucin de la pauvreté, le chartreux de la solitude, le jésuite de l’obéissance. Jésus étant le souverain prêtre, l’Oratoirc, dit Bérulle. doit professer· le soin particulier d’aimer et d'honorcr intimement JésusChrist. » Œuvres. p. 1270. \ussi, la bulle de Paul V, Sacrosancta*. du 10 mal 1613, qui est comme la charte d'institution dc In con­ grégation, assigne aux prêtres de l’Oratoirc pour • premier ct principal dessein de tendre totalement à la perfection de l'état sacerdotal; » ensuite · d'avoir une dévotion spéciale ct particulière à Jésus-Christ Noire-Seigneur, prêtre éternel... et source du sacer­ doce dans l’Église... d'honorcr Jésus passant les nuits en oraison, de faire consister leur principal devoir de prier pour le peuple ct de célébrer les louanges de I >ieu. » La même bulle indique les principales fonctions de l’ordre nouveau : 1. Il peut embrasser toutes les fonctions ct tous les emplois qui conviennent propre­ ment ct essentiellement à l’ordre sacerdotal; 2. Il ne les exerce que par la permission ct dans la dépendance des évêques; 3. Il doit se consacrer Λ l'éducation des prêtres ct de ceux qui aspirent aux ordres sacrés, non pas tant dans l’acquisition dc la science que dans { HOG l’usage dc celle science, non tam circa scientiam gitam circa usum scientia: ritus et mores proprie ecclesiasticos se addicere. C’est donc une erreur de dire, comme l’ont fait trop d’historiens, M. Faillon dans la vie de .M. Olier, Henri Joly ct le P. Boulay dans leurs histoi­ res du P. Eudes, quo la mission dc ! Oratoire était de fonder les séminaires ct (pi’il y fut infidèle. Il n’est point dc fonction ecclesiastique qu’il ne puisse exer­ cer, prédication, formation des clercs, études; la bulle dc Paul V ajoute · l’instruction de la jeunesse ·, cc à quoi le P. dc Bérulle punissait plutôt opposé. Le bref d'innocent X, Ex Romani, du 19 novem­ bre 1651, confirme les constitutions à une époque où la congrégation dirigeait plusieurs collèges; c'est à cette date seulement, quand l’Oratoirc avait plusieurs séminaires,que la septième assemblée générale modifia les mots non circa scientiam en circa scientiam, comme aux séminaires. Auparavant, le P. de Condren à Paris, le P. Bourgoing à Malines établirent des retraites pour les ordlnands : c’est (Oratoire qui, le premier, a pra­ tiqué ces exercices ct frayé ainsi la voie à l’institution des séminaires. L’idée première du P. de Bérulle était donc de réha­ biliter l’état dc prêtrise, méprisé au point que les grands tenaient leurs prêtres pour leurs plus petits serviteurs; aussi, à la grande surprise du public, les premiers Pères tenaient à honneur dc porter partout la soutane ct sc croyaient, plus que d’autres, obligés à la perfection. A l’idéal chrétien, à l’idéal sacerdo­ tal, déjà si élevé, ils ajoutaient l’idéal oratorio»; tout prêtre, pensaient-ils, doit faire oraison, le prêtre de l’Oratoirc doit être un homme d’oraison continuelle. Avec les congrégations qui dérivent directement dc lui, Prêtres dc la Mission, Sulpicicns, Eudistes, l’Ora­ toire représente le point culminant dc la contreréforme en France. 2° Constitution. - Le P. de Bérulle n’avait laissé que peu de réglements pour codifier certains usages; c'est sous le P. de Condren (1629-1611) que la consti­ tution s'élabora dans les assemblées generales : 1. Comme l’Oratoirc appartient à l'ordre même établi directement par Jésus-Christ, il ne fera pas d’autre vœu que celui imposé par l’Église à ses prêtres. D'abord, le P. de Bérulle voulait demander le vœu d’obéissance aux évêques, cela fut écarté; dans une lettre du 18 Janvier 1612 il dit : · Cette compagnie se trouve dans cette dépendance du pape pour les statuts et dans lu soumission aux prélats pour l'exercice de scs fonctions. » Quand César dc Bus, fondateur des doctrinaires, exigea des vœux des membres de sa congrégation, le P. Komillion. voulant rester fidèle à la constitution primitive, s’unit en 1619 à l’Oratoirc dc France, qui s’adjoignit ainsi neuf maisons en Provence. L’assem­ blée générale dc 1631 décida que jamais, pour quel­ que raison que ce fût. les sujets ne pourraient être obligés à aucun vœu. · On doit avoir la vie commune pour cette seule raison qu elle favorise · la vie exem­ plaire que doivent mener les ecclesiastiques... Afin que tout fût soumis dans leur intérieur. Ils obéissaient à quelques règlements pour la distribution du temps. » 2. Au siècle précédent, saint Philippe de Néri avait fondé sous le même nom, une société de prêtres qui vivaient en commun, exerçant toutes sortes d’apos­ tolat. mais chaque maison restait isolée. Il existait autant d’Oratoires distincts ct Indépendants les uns des autres qu'il y avait dc groupes de prêtres associés dans le même but cl s’engageant à observer les mêmes règles. Saint François de Sales avait également con­ servé l’autonomie à chacun des monastères de la Visitation, le P. Eudes en fera autant en 1611 pour les Refuges. Le P. de Bérulle, obéissant à la tendance générale qui portait en France à la centralisation, 1107 ORATOIRE. SPIRITUALITÉ, BÉRULLE concentra entre les malin d’un supérieur général le gouvernement de toutes les maisons. 3. Mais· la puissancect autorité suprême ct entière de la congrégation réside dans le corps fJûzcre.*, p. 1052-1053. Cc sont ccs dispositions habituelles qu’il s’agit de mettre cn nous, ccs r/o/.s que nous devons essayer de reproduire, que M. Oller honorera dans la fêle de I Intérieur de Jésus et de Marie On peut, pour plus de clarté, faire quelques applica­ tions ainsi Λ In Presentation : « Cette fête est... la dédicace de celte oblation que vous faites de vous à Dieu le Père que vous avez commencée au jour de votre Incarnation .. Vous faites incessamment cette oblation de νοικ-même, mais nous ne sommes pas capables, cn cette vie mortelle, delà remémorer incessamment. » Ibid,, p. 1021. De même, des perpétuels hommages rendus à son Père : < Nous parlons d’une adoration, qui est par étal cl non par action, d'une adoration qui n'est pas simplement émanante des faculté* de l'eiprlt et dépendante de ses pensées, mais qui est solide, permanente cl indépendante des puissances et des actions, ct qui est vivement imprimée dans le fond de l’être créé. ct dans la condition de son étal. » Grandeurs, p. 493. Et surtout de sa passion : · Son cœur est perpétuellement ouvert, éternellement navré, cette navmrc de In lance n’est que marque de la vraie cl intérieure navmrc de son cœur. Www, p. 1046. Ces dispositions habituelles du Christ, ces états, il l’agit de les avoir, de les reproduire : < Cette manière d’honorcr Dieu par état est, non simplement dans les facultés de l’esprit comme dépendantes des pensées ct des actions de l’entendement cl de la volonté, mais dans toute la capacité de la créature solide, perma­ nente, Indépendante des puissances el des actions et comme Imprimée dans le fond de l’Ame.» IL Bremond. Hist. lift, du sent. reI., I νι·, p. 131. Le meme auteur ajoute : « Le sublime est le pays natal des béndlicns... Agents de liaison entre la grande théologie el hi foule dévote, ils ont inventé pour le traitement des plus humbles, une thérapeutique du sublime. · Ibid., p. 134 d) Pour en arriver là, il faut en diet une vertu plus qu’ordinaire: l’ascèse du P. de Bérulle, basée sur les Idées qu’il se fait du Verbe incarné, en particulier sur lu théorie des états de Jésus, sur le·» dispositions intérieures qu’il faut s’efforcer d’avoir cn sol est en effet plus crucifiante que l’ascèse ordinaire : a. Dans la vie habituelle, on ne doit sans doute rejeter aucun des moyens couramment indiqués pour corriger ses défauts, comme l’examen générai ou particulier, mais dans quel but : · Prenons vie, dit iWrulle. en cc mystère de vie (l’incarnation)... vie constante ct invariable, comme l’état de cc très haut mystère est invariable dans les variétés des temps, des lieux ct des accidents auxquels le l’ils de Dieu s’est trouvé sur la terre... tirons de l’état immuable de ce divin mystère, un étal de grâce invariable cn Dieu. » Otont, p. 952. b Dans ce que saint Ignace, appelle l’élection, le choix du genre de vie, le retraitant sc demande : quelle dérision vals-Je prendre? Avec Bérulle il se dit Dieu · veut que nous avons une part singulière en ses divers étals, selon In diversité de son élection ■ur nous et de notre piété envers lui. Ainsi, il $e par­ tage wi-même à scs enfants... appropriant aux uns *.· vie ct IIIX autres sa mort: aux uns son enfance, aux jutrès s.i puissance; aux uns sa vie cachée, aux autres s» vie publique.. C'est A lui de nous approprier aux ! état* . à nous de nous y lier ct d’en dépendre. I 116 Ibid., 910-941. A chacun de m· demander : · Quelle est la part de mon héritage? » r. En résumé, l’école bérulllcnnc >c plaît à contempler les merveilles de la vie divine dans l’Ame de Jésus, puis elle considère que celte vie divine doit découler dans chac un des membres du corps mystique de Jésus pour reproduire la vie et la mort du Christ, s'approprier scs dispositions Intérieures. îcs états. Chacun de nous est ct doit bien se représenter qu’il est une nue capacité pour recevoir; au contraire Jésus-Christ est une capacité divine des Ames et il leur est une sonne de vie dont elles vivent en lui... Il les affermit ct les fait croître jusqu’à leur pleine cl parfaite consommation cn celle unité sacrée (pii est le lien et la paix de Dieu cl des hommes. » Œuvres, p. 968-970. Cc thème splendide, il le développe avec enthousiasme : Nous devons regarder notre être comme un être manqué el imparfait, comme un vide (pii a besoin d’être rempli... nous devons regarder Jésus comme notre accomplissement ; car il l’est el le veut être, comme le Verbe est l’aciomplis^ement de la nature humaine qui subsiste cn lui... Il nous faut lier à Jésus comme â celui qui est le fond de notre être par sa divinité: le lien de notre cire à Dieu par son humanité: l’esprit de notte esprit, la vie de notre vie, la plénitude de notre capacité. » Ibid., p. 1180. d. Qui ne voit que cette doctrine demande une abnégation complète pour être comprise el vécue? Le même passage continue par celle conclusion : « Notre première connaissance doit être de notre condition manquée el imparfaite el notre ) render mouvement c’oit être à Jésus comme à notre accom­ plissement... Jamais nous ne devons agir que comme unis A lui, dirigés par lui, et tirant esprit de lui, pour penser, pour porter et pour opérer, faisant étal que, sans lui, nous ne pouvons ni être, ni agir pour notre salut ■ Œuvres, p. 1180. < Il ne siiflit A l’homme d’être subordonné, mais il doit être dési.pproprié et anéanti et approprie'· à Jésus. » Ibid., p. 91 1. Les supérieurs doivent · être adhérents à Jésus, adhérents A scs voles, adhérents A son amour ». Nous devons · nous démettre de toute notre suffisance ct industrie naturelle, comme n’étant qu’un néant devant Dieu. » Mémorial de direction, p. 50, 59. 11 sc sert fréquemment du mot adhérer, adhérence â Jésus, ce qui veut dire être uni. attaché à lui au point de ne faire qu’un avec lui : l’adhérence étant la liaison acceptée, voulue. Il emploie aussi appartenance, application, servitude; adhérence est plus expressif et plus exact, car celui (pii adhère A Dieu est un même esprit avec lui. I Cor., vi, 17. L’adhéreme en effet : 1° met l’Ame dans un état d’assujettissement qui se soumet A la puissame que Jésus a sur nous cl lui donne droit de faire cn nous et de nous ce qui lui plaira; 2° en um pureté de regard ct d’amour qui lui donne une vigi lance et une fidélité pour ne rien faire et ne rien désirer (pie l’honneur de Jésus; 3° elle élève le chré­ tien à une vraie imitation <’c sa vie et de scs vertus divines, pour en faire I'imagc expresse de Jesus. Il faut donc mourir à soi-même pour vivre A Jésus : mys 1ère de mort qui précède un mystère de vie, mort qui rappelle le suprême anéantissement cpi’cxigcnt le* mystiques pour arriver A l’union complète avec Dieu · < Il nous transforme en sc* qualités par sa puissant et il nous rend célestes, resplendissants, lumineux rl éternels comme lui. · Grandeurs, p. 317. Ces idées, il voulut que ses disciples eussent l’occa­ sion de les méditer dans roflice qu'il composa pour la fête qu'on appelle souvent des Grandeurs de Jésus. mais qui est proprement f.a /été de Jésus, n’ayant pu* pour objet un mystère particulier de sa vie, mais l'union même des deux natures rn sa divine personne. Λ rOniloirr, chaque maison, chaque chambre, porte 1117 ORATOIRE. SPIRITUALITÉ, BÉRULLE 1118 le nom «l’un dent mystères de Jésus Le P» de Bérulle Après le départ de l’ange : · Elle entre cn un <-t.it lisait chaque Jour ù genoux deux chapitres du Nou­ nouveau opéré cn clic et non par elle... Elle est cn un mouvement céleste, cn un repos divin : cn un mou­ veau Testament; on lui doit la coutume de porter sur soi le livre des évangiles; il demandait de mourir vement (pii est un repos, rn un repos qui est un mou­ en olïranl le saint sacrifice, ce qui arriva cn eflcl vement, » p. 462. Dans la visite à Elisabeth, quand < Jésus est eu le 2 octobre 1629, en face d’un tableau «pii représente la Vierge ct la Vierge est en Jésus », son action ce qu’il y u de visible dans le mystère de l’incarnation, n’altère point l’étal ce son âme : < clic va, elle vient, riiiinonciatlon à la sainte Vierge. Cc fut par l’Oralolre que s'établit l'habitude de dire la messe tous elle parle, cl parle plus qu’en aucun lieu de l’Écrilure les Jours, de faire la retraite annuelle d’une semaine, et cn aucun état de sa vie, ct In Parole éternelle du Père qui veut être sans parole, comme enfant, la fait la recollection mensuelle, l’examen particulier sur un parler... cl cette parole tire cl ravit à Jc*us et a la mystère de Jésus. 5. La très sainte \ terge. — Le P. de Bcrulle ne Vierge conjointement ·, p. 97«. A sa naissance, Jésus · sort du sein et des entrailles sépare pas le ills de la mère ; apres V Élévation à bénies de sa très sainte Mère, rt toutefois demeure Jésus, vient ['Élévation à la très sainte Vierge; dans divinement en elle au centre de son esprit. · (iron· la Vie de Jésus, qu’il n'eut malheureusement pas le deun, p. 436. temps d'achever, il est tout autant question d’elle que Désormais» In vie de Marie est un état perpétuel de Lui; le vœu de servitude qu’il fait â Jésus, i) le de vie cn Jésus : < vie conservante In vie de Jésus, cn fuit à Marie : « Jamais avant lui. dit l’abbé Houssayc, elle cl hors d’elle... vie consommante ct perfectionnante la langue française n’avait célébré dans un style si la vie naturelle de son Fils, en clic ct hors d’elle;... précis, avec une telle ampleur, les grandeurs Incom­ vie nourrissante de sa substance. de «on lait qui est préhensibles de la Mère de Dieu. » Op. cit., t . n, p. 253. un autre sang, ct de scs labeurs l.i vie de son 61s... Dans / a dénotion à ta Vierge dans la littérature eutho· Marie est toujours mère et mère de Dieu, toujours ligue au commencement du .rr//· siècle, Paris. 1916, (’hurles Flachairc aflirmc «pj’il a renouvelé la dévo­ en état, cn sainteté, en dianité. en amour de mère et de mère de Dieu, mais non toujours cn office de mi re... tion Λ la sainte Vierge. Marie régente el régissante Jésus... Marie dirigeante a) Pour lui, elle est avant tout la créature la plus Jésus pendant son enfance... Marie observante ct privilégiée, qui a le mieux réalisé l'union à Dieu, s’est considérante cn son cœur toutes 1rs paroles cl b s le mieux approprié les étals du Christ : ■ Le propre de particularités de la vie de Jésus,., écoutante ct sui­ la Vierge est «l’être attentive â la vie intérieure ct vante Jésus cn ses prédications... languissante après spirituelle de sen ills et d’etre une pure capacité de Jésus depuis son ascension nu ciel... régnante avec Jésus; remplie de Jésus. » Œuvres, p. 501. Il dit aussi : Jésus en sa gloire. » (Lucres, p 110K. ■ Elle est, non cn une action, mais en un «‘lat, car son r) Pour lui « c’est parler de Jésus que de parler occupation est permanente et non passagère... Elle de Marie. Aussi l’ouvrage, dans lequel il sc defend, est en un nouvel être, m iis en un être qui porte être contre des accusations malveillantes, «t’avoir fait le cl non être tout ensemble. Et la Vierge est comme en vœu de servitude à elle comme â son fils, a pour un non-être de soi-même pour faire place à l’Etre litre complet : Discours de l'état el des grandeurs de de Dieu et ά ses opérations. » P. 162. Jésus, par Lun ion ineffable de la divinité avec l'huma­ b) Suivons-Ja avec lui dans les principaux faits de nité et de la dépendance el servitude qui lui est due et sa vie : 1a même pensée se retrouvera sous les formes à sa très suinte Mère, ensuite de cet état admirable. les plus diverses. Avant même la création du monde : Les trois personnes divines, vivantes et opérantes A son exemple» la dévotion à la sainte Vierge ne fait en unité parfaite, éternellement heureuses cl pleine­ qu’un â l'Oratoirc avec la dévotion nu Verbe incarne, on y rend hommage · au Fils «le Dieu ct à sa Mût ment contentes en leur société, veulent étendre celle tout ensemble ·. (Lucres, p. 1019. Le nom de Marie société à une nouvelle personne... elles ont voulu ligure avec* celui «le Jésus, au-dessous et cn plus petit partager In gloire de celle œuvre entre la Vierge cl elles, el la choisissant entre toutes les créatures, elles dans les armes; la prière, dont les éléments *c trou­ vent dans 1rs «i uvres de Bérulle, qui fut composée par l’ont rendue digne ct capable de donner avec elles le P. de Condrcn, complétée el rédigée par M Ollcr cette nouvelle nature... Vous l'avez faite uniquement ct répétée après eux par tant de prêtres est tris pour vous, ô Trinité Sainte, vous l’avez faite comme un monc e cl un paradis à part .. Le Père éternel vous caractéristique â cet égard : O Jcsii, vivens in Maria, veni el vice in /emute tuo, approprie ù soi et s’approprie à vous, se rend tout in spiritu wncKtatÎs Hue, in pleniludtne virtutis lute vôtre el vous rend toute sienne, s’unit a vous ct vous in per/cdtone viarum tuarum, in veritate nirtutum unit â soi. vous communiquant son Esprit. · Élévation tuarum, in communicatione mysteriorum tuorum, domi­ à Dieu, en l'honneur de la sainte Vierge, (Lucres, |>. 521. nare omni adcersic patesluti, in spiritu luo ad gloriam A sa naissance elle · est en l’Eglisc ce que l’aurore Patris, En voir le commentaire dons Les Échos de est au firmament... Elle naît à petit bruit, sans que iiéthante, 1927-192«. le monde en parle... Dieu même «pii veut finitrv d'elle, G. Les saints rt tes anges (’.’est encore le culte du l’aime cl la regarde cn cette qualité... Il la comble de grâces... dès sa conception..· la consacre à son temple Verbe incarné que Bérulle nous propose dans h s saints : ils méritent gloire cl honneur dans · la propor­ pour marque ct figure qu'elle sera bientôt consacrée au sendee d’un temple plus auguste cl sucré que tion convenable » où. après Marie. Ils ont imité Jésus celul-lâ... Dieu est cl agit rn elle plus qu’cllc-même. flans scs états et scs dispositions intérieures. Ils sont Elle n’a aucune pensée que par sa grâce, aucun mou­ comme le myon émané du soleil, comme la voix, vement que par son esprit, aucune action que pour expression «'u verbe Intérieur ; Toute la sainteté créée son amour. · (Lucres, p. 130-132. a... vie cn Jésus comme celui «gui est et sc nomme la Au moment de l’incarnai ion. Dieu porte la ple­ vie. · (frondeurs, p. 3«. En lui, ils trouvent l’exemplaire nitude de la divinité dans l’humanité rl la plénitude «le leur vie : « La profession «lu christianisme... est un de Jésus dans vous-même.. (Marie) est cn un état art «’<* peinture qui nous apprend Λ |win«lre, mais en admirable rt Dieu est avec elle qui la dispose... Dieu nous-mêmes et non en un fonds étranger, et ύ v prévient cet ange... au cœur de cette Vierge par sa peindre un unique objet, celui sur lequel la peinture grâce ct puissance... il agit plus en la Vierge qu’en a le moins d’atteinte . le Soleil «lu soleil. Votre Sei­ l’ange, » p. 436. gneur Jésus-Christ. En ce noble exercice, notre âme 1119 ORATOIRE. SPIRITUALITÉ, CONDREN est l’ouvrière, notre cœur est In planche» notre esprit est le pinceau cl nus affections sont les couleurs qui doivent être employées en cct art divin, ibid., p. 317. Jésus lui-même veut sc peindre en nous-mêmes. C’est donc « Jésus dans les saints qu’il faut voir. » Pour cette raison, le fondateur du Carmel en France s’attache d’abord aux contemplatifs comme étant plus près de Jésus. De Marthe si affairée, il fait celle qui - adhère au Fils de Dieu non par quelques actions ou quelques services dc la vie active... mais par office et par état, par condition permanente ct par le dessein que Jésus a de lui conférer cet état et cet office en sa I maison qui est son Église. » Œuvres, p. 1116. Il a une dévotion spéciale, conservée à l’Oratoire qui en faisait l’office, pour les saints qui ont approché Noire-Seigneur dc plus près : le vieillard Simeon, Anne la prophétessc, saint Jean-Baptiste, saint Jean l’Évangéliste, Joseph d’Arimathie, Lazare, les saintes Femmes, le Bon Larron, par-dessus tout MarieMadeleine. Il a composé, en 1625. pour la jeune reine d'Angleterre : Élévation à Jésus-Christ, Noire-Seigneur, sur la conduite de son esprit et dc sa grâce vers sainte Madeleine, l’une des principales de sa suite et des plus signalées en sa faveur et en son Évangile, délicieux opuscule, dans lequel il admire en elle toutes les formes ct tous les degrés d’amour que les saints ont eus envers Jésus; elle est pour lui l’âme type; ce qu’il en dit pourrait servir dc résumé de théologie mystique. a) Selon lui, rien en elle de l'amour humain tel que le décrira plus tard Lacordaire : « Les délices de Made­ leine en la présence de Jésus ne sont en rien semblables aux sentiments humains... Jésus est un objet tout divin, tout céleste, et sa présence ne produit dans les cœurs que des effets divins. Œuvres, p. 1110. b) C’est d'abord un amour pénitent, mais Madeleine • commence où à peine les autres Unissent et, dès le premier pas de sa conversion, elle est au sommet de la perfection. · Élévation, éd. de la Vie spirituelle, p. 3. Cct amour · plus que séraphique » répare la faute des anges, · il n’est pas encore dans le ciel, et il est en la terre! Il n’est pas dans les séraphins ct il est dans le cœur de cette humble ct prosternée pénitente... pour faire hommage au mystère d’amour qui est l’incar­ nation ct pour rendre honneur nu triomphe d’amour qui est Jésus... L’amour fondé en cette grâce nouvelle et dépendante de l’IIomme-Dieu surpasse l’amour infus aux anges dans le ciçl. » Ibid,, p. 5, 10. c) Puis un amour tout ravi en Jésus : < Vous êtes chez elle, c’est-à-dire dans son cœur et dans son esprit... Vous lui êtes tout et tout ne lui est rien... elle ne voit que vous en cette salle, en ce banquet... Je m’éjouis dc voir ce chef-d'œuvre de grâce et d’amour... cette âme toute sainte et céleste aux pieds du Saint des saint P* 14-16. Ibid., p. 31 L Quand le Verbe est descendu en ce monde, · les anges com­ mencent à prendre part à Jésus ct commencent à le servir, non en ses ombres et serviteurs, comme aupa­ ravant, mais en lui-même et en sa propre personne. Et cc service ainsi rendu à Jésus est un des points le plus haut, le plus relevé, le plus délicieux en la dignité ct félicité angélique. » Vie dc Jésus, c. vin. Mais la sainte Vierge est au-dessus d'eux : « clic est leur souveraine et non pas leur compagne. · Celui auquel i) s’intéresse le plus, ct pour qui il composa un office, est Gabriel « vraiment grand ct heureux en sa personne et en ses offices... l’office qu’il fait maintenant en la terre est le plus grand que la turre recevra jamais du ciel de la part des anges... Ce mystère d’amour... méritait bien un ange d’amour pour l’annoncer. » Ibid. Toutefois, il n’y participe pas : « c’est assez de gloire à cet ange Gabriel de l’avoir annoncé. · Ibid., c. xviii. Et au ciel, le « cœur dc la Vierge rend plus d'hommage à l’essence et aux personnes divines que les neuf chœurs de tous les anges ensemble. » Élév. en l'honneur de la sainte Vierge, 7, Œuvres, p. 525. 2° Chez le P. tie Condren. — Le P. dc Bérulle no laissait presque rien à ajouter au système très cohérent qu’une intelligence dc génie au service d'une grande sainteté lui avait permis de composer. Malgré « l’oubli I où il a été, après sa mort · et que constate déjà Bourgoing, malgré le ridicule auquel l’a voué Richelieu dans ses Mémoires et qu’on pouvait croire sans appel, ORATOIRE. SPIRITUALITÉ, CONDREN H21 scs écrits ont dirigé» nourri, fécondé pendunt plus d’un siècle In religion d'une élite; ses disciples, ont conservé le fond, et, quelquefois, il est difficile de dis­ cerner ce que chacun d’eux a apporté d’original à l'exposition de la doctrine commune. Le P. de Condren, deuxième supérieur général, que Bremond appelle · le plus haut génie religieux des temps modernes », dont le P. Amelote disait : · C’csl un aigle que je perds de vue dans les nuées ct un chéru­ bin qui éblouit mon esprit de scs lumières. Préface dc la vie, dont Mme dc Chantal faisait l’éloge en ccs termes : « Il me semble que Dieu avait donné notre B. Père pour Instruire les hommes, mais qu’il a rendu celui-ci capable d’instruire les anges », le P. de Condren lient une place prépondérante parmi les disciples. 1. Le. P. de Bérulle avait fondé la nécessité dc l’abnégation sur cette Idée : Moins il restera dc nousmêmes en nous-mêmes, plus le Christ y vivra, comme une hostie qui, pour être consacrée, doit perdre son être entier cl ne conserver que les apparences. Le P. de Condren. qui, selon l’expression du fondateur, avait reçu l’esprit dc l’Oratoire dès le berceau. Insiste davantage sur l’abnégation qui s’impose à nous du fait de notre création ct la pousse beaucoup plus loin que son maître, chez qui le théocen trisme s’oriente spontanément vers l’adoration cantique, tandis que, chez Condren, il descend jusqu'au sacri lice d’adora­ tion. Pour rendre â Celui qui est tout, la gloire qui lui est duc, il faut que la créature lui offre tout cc qu’elle est, qu’elle détruise, autant qu’il est en elle, le sem­ blant d’être dont elle dispose. Ne pouvant pas sc dé­ truire lui-même, l’homme offre A Dieu des victimes comme celles de l’ancienne loi, mais, étant institué pour reconnaître · Dieu comme auteur dc tout l’être ct pour reconnaître son souverain domaine sur cet être ». le sacri hcc exigerait la destruction entière de la victime. Cc qui est Impossible, et du reste, l’offrande du néant ne sera jamais que néant. Heureuse faute du péché originel qui nous a valu un tel rédempteur, mais qui surtout a procuré à Dieu un sacrifice digne de lui : « Le sacri lice dc Jésus-Christ est... le (lender effort qu’a fait la divine Sagesse pour former Partifice dc toute la gloire qui sc peut donner à l’Êlrc infini. Amelote, op. ciL, p. 136. Aussi le Christ est venu, non pas d’abord pour être notre rédempteur, mais pour être hostie à son Père, hostie digne de lui parce qu’elle est infinie. LA où Bérulle parle d’un adorateur infini, Condren parle d’une victime dc valeur infinie : Jésus-Christ est avant tout hostie à son Père. (Sur le sacrifice de la messe tel qu’il le conçoit, voir art. Mbssi i I X. col. Il" Mais, si le Fils de Dieu s’est offert à son Père pour être consommé en Dieu », il faut que. nous aussi, nous soyons consommés ♦ tout à fait en lui. avec dessein dc perdre tout cc quo nous sommes , c’est-à-dire tout cc qui n’csl pas dc Dieu en nous. Jésus s’est offert A son Père · pour être tout en nous comme un autre nous-mêmes, » il faut donc que nous nous considérions comme victimes; d'où les expressions dont Condren sc sert fréquemment : Ayez l’intention dc vous dépos­ séder de votre nature... Votre occupation doit être tout pour Dieu... Nous devons nous laisser entre les mains de Dieu avec l’intention dc n’être rien en nousmêmes, mais qu’il soit tout en nous. Différence entre Bérulle el Condren : « l.e premier prêche surtout « une adhérence » qui permette Λ IΊ lomme-Dleu dc ■ s’ap­ proprier » nos · états ·; Condren une adhérence à l’anéantissement A la < consommation » de ΓΙ lommeDleu. <|ul nous* réduit » el ♦ consomme » dans le sacri­ fice même de l’incarnation cl du Calvaire. Bremond, Op. cit., t. ni. p. 36‘J. 2. Cette position fondamentale a des applications fréquentes : en ce qui concerne l’oraison d’abord, PICT. DE THÉOL. CATH. S 1 ' H22 laquelle a pour but · d’adorer la souveraine majesté dc Dieu, par cc qu’il est en soi, plutôt que par ce qu’il est nu regard de nous, cl d’aimer plutôt sa bonté pour l'amour d’elle-même que par un retour vers nous. · Bourgolng, V· avis sur l’oraison. Les méthodes en • usage, dit Condren. ne semblent pas » avoir de confor­ mité à notre institution... Nous aimons trop à agir dans l’oraison par discours cl Imagination. Il faut s'humilier devant Dieu, confesser son indignité, son impuissance A approfondir les sujets par sr\ pensées, « sc contentant de les regarder avec humilité, pour les honorer et révérer, jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de regarder notre bassesse cl notre pauvreté el nous donner sa lumière pour entrer en ces sujets... L'âme, qui n’a rien mérité que l’enfer par scs offenses, doit sc consumer ct s'abîmer devant lu majesté dc son Dieu... reconnaissant son néant et la grandeur de Dieu... Nous n’honorons pas Dieu, absolument parlant, par les pensées que nous formons de lui ct de scs mys­ tères... Mais notre âme... l’honore el le glorifie en quelque sorte, paire qu’elle témoigne soumission, amour, estime, respect ct révérence vers la grandeur ct majesté dc Dieu. » Dans la préparation : · Bien que, comme simple créature, vous n'en soyez pas digne (d'avoir accès auprès dc Dieu)... toutefois comme membre de JésusChrist, c’cst-â-dlre comme chrétien, vous avez droit dc vous approcher dc Dieu. Lettres, éd. Pin. p. 399 sq. Dans le corps dc l’oraison, les actes â accomplir sont : 1· L’adoration; 2° La donation de soi-même au Fils de Dieu; 3· L’action de grâces: I·L’amour; 5® Le zèle; 6° La demande. La méthode dc Saint-Sulplcc, dans laquelle celle du P. dc Condren trouvera son expression complète, emploie également le tenue ado­ ration, mais sc sert des mots communion ou applica­ tion à soi ; coopération ou participation pour traduire les autres actes. 3. Des méthodes, dont l’usage s’est conservé à l’Oratoire, servent à appliquer les mêmes pensées aux différents actes â accomplir : « Le réveil est le commen­ cement de notre vie en la journée, puisque par lui nous sortons du sommeil qui est une espèce dc néant et de mort... nous ne devons en sortir que pour com­ mencer à honorer Dieu, sa vigilance immuable, éter­ nelle cl Infinie... Offrir notre réveil au premier moment de liberté du Verbe entrant...dans l’être crée... Bcnoncer A nous-mêmes ct nous donner a lui dans cet usage qu'il lui plaît faire de l’homme. · < loyscault. Vies..., I. i, p. 271 sq. Le temps a été créé par Dieu, nous devons le rece­ voir · comme un don qu’il nous a fait... et le rapporter tout entier à sa gloire... Nous n'avons pas un seul moment de temps qui ne nous soit donné en considé­ ration de Jésus-Christ, cl qui ne nous ait été acquis par sa mort... Selon la justice divine, l’homme devait mourir incontinent après son péché... Cette sentence rigoureuse a été exécutée A la rigueur cl à la lettre contre les anges... Il n'est pas un instant qui ne soit dû A la rédemption du Fils de Dieu... La justice nous oblige A le rapporter» A Celui qui nous l’a acheté pretio magno. Lettres, éd. Pin. p. 212. Habituellement, on commence par s’élever jusqu’à Dieu un ct trine, pour s’adresser à Notre-ScJgneur. ensuite à soi-même et remonter dc sol A l’Église, au Verbe, à la Trinité. I. On fait dc même pendant le cours de l’année chrétienne : Ainsi, à l’Ascension : Je supplie NoireSeigneur Jésus-Christ dc vous unir a sa très sainte Mère, à ses apôtres, A scs disciples et à toute l’Église dans l’amour et l'adoration de son état parfait cl accompli dans lequel il est entré par son Ascension.» Lettres, p. 63. A la Pentecôte : ’ Dieu, en nous donnant son Esprit, nous donne l'Esplit de Jésus crucifié.. L'Esprit, qui nous est donné dans cette fêle, n’est pas T. —XI — 36 1123 ORATOIRE. SPIRITUALITÉ, LES SUCCESSEURS 1124 homme et, pour l’école française, dc compter Vincent seulement un esprit dc puissance et de gloire, mais H. Bre­ que les anges occupent au ciel dans la religion de mond, t. m, p. 257. 3. Le P. Eudes avait été dc I Oratoire jusqu’à l’âge Dieu. de 12 ans; entré cn 1623, à l’âge de 22 ans, i) avait Avec le P. dc Bérulle, il fonde la nécessité orts avec le hérullisme sur la Xativité de la sainte Vierge, dans l’élévation sur continuerait ce dire : Dévotion au Saint-Sacrement, ΓAnnonciation de la sainte Vierge, Salut de l'ange. Que a la sainte Vierge, à saint Joseph, aux saints, aux dc choses dans Bérulle qu'on admirerait, si elles anges, il n’en est pas une qui n’ait subi plus ou moins étaient de Bossuet On date le français moderne du l'influence théocentrisante, intériorisante de l’école Discours de la méthode ou des Provinciales; le P. de française; pas une. je le crois, non plus, qui n’ait plus Bérulle n admirablement écrit bien avant : Faites ou moins résisté a celte influence. » Bremond, ibid., vivre Bossuet un demi-siècle plus tôt. dit le cardln il p. 515. n 2. Perr.iud. ct il eût peut-être écrit comme le cardinal Le fondateur de l’Oratoire est donc A l’origine de de Bérulle; ct si celui-ci avait eu a son service une presque toutes les grandes Initiatives qui ont renou­ langur plus assouplie cl plus disciplinée, qui sait s’il velé le catholicisme; rien dc vraiment nouveau n’a élé n'nuralt pas. lui aussi, marqué sa place panni les clas­ ajouté au magnifique système qu'il a composé. Il est siques du wir siècle? L'Oratoire . p l’homme de l’Eglise universelle, sa doctrine s’adresse 2. Son influence est sensible sur plusieurs jésuites ; à tous ; dans un temps particulièrement difficile. Il a chez le P Saint-Juré, qui ne connaissait pas les écrits réussi à réaliser le retour â la primitive Eglise cn du P. de Bérulle quand il écrivait, en 1633, La connais­ servant admirablement l’Eglise, lorsque protestants sance et l'amour du Fils de Dieu, mais qui fut initié rt jansénistes ont obtenu un résultat tout contraire. à sa doctrine par un de scs pénitents Gaston dc Bcnty; On ne peut lire h· P. dc Bérulle avec «tésirde s’instruire. 1127 ORATOIRE. ÉCRIVAINS SPIRITUELS sans être saisi d'enthousiasme, c'est I homme du xvip siècle qui a exercé la plus grande influence sur la religion, depuis son temps jusqu’il nos jours. 5» En particulier chez les écrivains dc l'Oratoire. dis­ ciples moins grands qui, «divinement conduits font ù leur tour progresser la religion du monde, mais d’un tri progrès que depuis trois siècles, nous ne les avons pas dépassés. · Bremond, l. in, p. 91. « Sans manquer au respect qui leur « si dû (aux autres congrégations), l’on peut dire qu’il n’y en n peut-être pas qui, dans son commencement, ait eu de plus grands hommes que h congrégation de (Oratoire. » Cloyseault, op. cit., préface, p. xLvn. Aucune branche des connaissances humaines, sacrées surtout, profanes même n’était négligée. Le 1*. Ingold y compte 366 auteurs en moins dc deux siècles : · Eu égard, écrit Adry (f 1818), au nombre de scs établissements, il n’y a aucun corps ecclésiastique qui puisse lui disputer l’honneur d'avoir produit un aussi grand nombre d’écrivains célèbres. * Essai de bibliographie oratoricnne. p. 3. Les auteurs spirituels y tiennent une place de choix : « Les richesses que l’on découvre quand on sc met à feuilleter cc glorieux passé sont merveilleuses. » lions· save, op. cit., t. rn, p. 405. il faut y noter deux carne· ; tères principaux : 1. Une dévotion particulière au Verbe incarné que l’Oratoire a chèrement gardée jusqu’au dernier jour, sans s'écarter de la tradition nettement formulée par Bérulle ct ses premiers dis­ ciples. Batterel, peu mystique lui-même, s’émeut presque quand il parle du désir qu’il trouve chez ses auteurs « d’unir à Jésus-Christ les Aines », dc les faire prier « par les mérites d'une telle el telle action de sa vie ». Mémoires domestiques. t. ιι, p. 110-111. 11 dit cela A propos d’un livre du P. Foucault dont il est obligé de critiquer le titre et le style comme entachés de mauvais goût : « Le pain cuit sous la cendre apporté par un ange au saint prophète Élie pour conforter les moribonds el les aider à gagner le mont Oreb. Orléans. 1621. 2. Une tendance plutôt pessimiste qu’opti­ miste. assez habituelle dans la spiritualité du xvn· siècle ct même du xvm·, peu portée à l'indulgence envers la nature humaine telle qu’elle est depuis la chute originelle, tendance qui s’explique par la néces­ sité d'avoir prise sur les esprits plus ou moins impré­ gnés de rigorisme. Parmi les auteurs, il faut citer d'abord Bourgoing dont la Préface aux Œuvres du P. de Bérulle, 1611, el les xxtr Avis préliminaires aux méditations sur Vérités et excellences de J.-C. N.-.S., sont d'une impor­ tance capitale pour la connaissance de la doctrine. Amclote, dont la Vie du P. Charles de Condrcn, 1613, reste une des plus belles biographies psychologiques que nous ayons encore. Giblcuf. qui prépara l’édition (les œuvres dc son fondateur ct composa Eu vie et les Grandeurs de la T. S. V. Marie. 2 vol., in-8°, Paris, 1637, Catéchèse de la vie parfaite à laquelle les chrétiens sont appelés, in-12, Paris, 1653. Le P. Mctezeau, un des premiers compagnons du P. de Bérulle. (> en 1632, ù 50 ans) écrit Exercice inté­ rieur de l'homme chrétien. Paris, 1627, livre excellent ou il indique pour chaque jour de lu semaine un des attributs divins ù contempler, une des demandes de l’oraison dominicale à méditer; Traité de ta vie parfaite par imitation rt ressemblance de J.-C.. in-8°, Paris, 1627; surtout sur le conseil du P. Giblcuf, De sancto wrrrdotia ejus dignitate et functionibus sacris... in-8”, de 1200 pages, Paris. 1631. · La doctrine.dit Batterel, rn est excellente, sublime, exacte, pleine d’onction, ct partout l'expression fidèle des moeurs de celui qui In débite . il dit ce qu’il fait et fait précisément cc qu'il dit » Mémoire*.,., t. i, p. 80. Hugues Quarré (1590-1656), un des plus lucides parmi J. * premiers oratoriens, qui succéda a Bourgoing dans 1128 i les Flandres, était un homme dc grande valeur. Outre un Traité de la pénitence chrétienne, in-12. Paris, 1618. il composa un ouvrage qui eut beaucoup de succès, Trésor spirituel contenant les obligations que nous avons d'être à Dieu rt les vertus gui nous sont néces­ saires pour vivre rn chrétien parfait. ln-8°, Paris, 1631, 7· édition, 1660, livre qui respire un grand amour de Jésus-Christ el un vif désir de le faire connaître et imiter en tout : Nous devons nous anéantir devant lui, ct nous abaisser jusqu'au fond dc notre Ame, nous soumet taut volontiers à tout ce qu’il est. P. 506. Il donne en 1651, Direction spirituelle pour les âmes gui veulent se renouveler en la piété, avec des méditaitons, in-8°, Paris. En 1618, il avait écrit, Eu vie de la li. Angèle, première fondatrice de la Compagnie dc Sainte Ursule, in-12, Paris. Le P. François de Salnt-Pc (1599-1678), gen­ tilhomme converti en 1627 par le P. do Condrcn, un des orat oriens les plus représentatifs, écrit Dialogue sur le baptême ou la vie de Jésus communiquée aux chrétiens dans ce sacrement.... Paris, 1667, livre qui remet en honneur cc qu’on peut appeler la «lévotlon au sacrement du baptême: Le Nouvel Adam. 1661, longue paraphrase du Eelix CÎÙlpa de la liturgie, n’est fait, dit Cloyseault, que des abrégés ou des recueils des conférences du P. de Condrcn ». Vies..., t. i, p. 256. Le P. Scgucnot (1596-1675), qui paraît aussi avoir mis à contribution quelques manuscrits de Condrcn. compose, Conduite d’oraison pour les âmes qui n*y ont point facilité, in-18, Paris, 1631, où il s’clïorcc de montrer que · moins nous y avons de part cl mieux nous faisons oraison, parce que c’est l’Esprit-Saint qui la fait en nous » ; Elévations à J.-C. X.-S. au très saint Sacrement contenant divers usages dc grâces sur ses perfections divines. 1635, ouvrage dressé par articles ct sous les mêmes litres que le Chapelet secret du SaintSacrement. Son commentaire du traité dc saint Augus­ tin sur La sainte virginité, 1638, fut censuré, l’auteur enfermé à la Bastille; mais il désavoua les idées émises ct le P. dc Condrcn le maintint dans la congrégation où il exerça des charges importantes. Voir Bremond, l. vu. j). 112 sq. Pour J.-B. Noulleau (1601-1672). un grand oublié (voir son article), la religion consiste toute dans l'.U/oration dc Dieu selon ['Esprit de J.-C. L’admirable Thomassin (1619-1695), quitte un moment scs in-folio pour écrire Méthode d'étudier... les poètes... tes philo­ sophes... la grammaire... rhistoire.... où il s’efforce de montrer « que la même sagesse éternel h· qui n dicté l’Evangile, avait déjà dicté la loi naturelle dans le fond des Ames raisonnables; · Traité dc Ι’ο/Jlce divin... dc sa liaison avec l'oraison mentale que 1 Esprit-Saint produit en nous, puisqu’il est lui-même celle charité qui habile en nous. François dc Clugny (1637-1691), ·= encore un des fils, dit Bremond, op. cil., t. vu, p. 279, de ce prodigieux, de ce prodigue et inépuisable Oratoire -, n’a pu, ra­ conte Cloyseault,op. cit.,l. ni. p. 191. achever les sujets «l'oraison sur les évangiles ct les mystères qu’il s’était engagé de donner au public, il ne publia que L«i dévo­ tion des pécheurs, par un pécheur. 1685 ; Le manuel des pécheurs par un pécheur. 1686; Dr l’oraison des pécheurs par un pécheur, 1689 cl les trois premiers volumes des Sujets d'oraison pour les pécheurs sur les saints et les saintes les plus remarquables. Lyon, 1696. La première partie du quatrième, jusqu'il la page 223, est encore de lui. mais ce volume ne parut qu'après sa mort par les soins du P. Bourrée qui le compléta ct en composa un cinquième. Sa doctrine est très morti­ i fiante : il veut que l’on adore non pas tant par des actes intérieurs... que par une disposition Intime qui. étant «tans le fond de PAme, la tient dans un état d’ado­ ration. d’anéantissement el «l’oblation · Quand donc 1 129 ORATOIRE. ÉCRIVAINS SPIRITUELS serons-nous persuadés · que c'est pour Dieu, et non pas pour nous, que nous devons faire oraison... La prière est un sacrifice. n’est-ce pas tout dire... On bâtit dans sa tête une étable ct une crèche. . une mon­ tagne de Calvaire... Rien qui occupe, pour ne pas dire qui amuse mieux que ces petits fantômes... on sort de son oraison, très content dc soi-même... Dieu n'est rien de tout cela... La pauvre oraison que celle dont on peut faire une histoire, pour ne pas dire un conte. Voir Bremond, op. ci/., t. vu, p. 306-311. Après ceux-là. qui mériteraient une étude à part, on ne peut plus ici que citer quelques noms, nous le ferons en suivant à peu près l’ordre donné par Batterel, ordre qui ne peut avoir rien «l’absolu nl pour l'époque, ni pour la valeur. Le P. Lcspagnol écrit : Le directeur spirituel, contenu ni des instructions très utiles à toutes sortes de per­ sonnes, in-1 H. Rouen, 1632, 6· édition. 1680. .Jac­ ques Perrin (1620-1705), a laissé un Traité dc lu science des saints; Cloyseault dit de lui : « 11 n'y a eu personne dans l’Oratoire qui ait mieux connu Jésus-Christ... Pour en être pleinement convaincu, il n'y a qu'à lire cc qui a été écrit dans la huitième journée. · T. il, p. 260. Jean de Ncercasse! (1626-1686), vicaire apostolique en Hollande, fait imprimer à Utrecht, en 1673. un Traité du culte des saints et de la Vierge, pour défendre le culte raisonnable des saints contre les protestants; écrit en latin, l’ouvrage fut traduit en flamand ct en français: Traité sur la lecture de T Écriture Sainte et sur le juge gui a Ir droit de T interpréter, 1677; L'amour pénitent, 1683. Hugues Bouchard donne des Médita­ tions sur le baptême, in-12. Paris. 1679; Retraite sur les perfections de Dieu,,. Les vertus chrétiennes, etc. Après la mort du P. 5 van en 1651, Gilles Gondon a publié dc lui : L'amoureux des souffrances de J.-C. crucifié ou les lettres spirituelles du R. P. Antoine Yuan, fondateur cl instituteur des rei. de X.-l). de la Miséri­ corde, 2 in-12, 1661, 1666; Conduite de l'âme à la per­ fection, trompette du ciel qui éveille tes pécheurs, ln-8·. 1662. Nicolas l’Archcvèque a donné Les grandeurs suréminentes de la T. S. V. Marie, Mère de Dieu, parti­ cipées des grandeurs divines et fondées sur le mystère de l'incarnation. In-1·, Paris, 1639. ouvrage qui. â quelques « traits singuliers près, contient, dit Batterel, t. il, p. 150, ce que les Pères ont dit de plus élevé sur la Vierge. » Pierre Floeur ou Flour, Les grandeurs dc saint Joseph, in-1·, Paris, 1657; Le prince de paix ΓEnfant Jésus. In-12, 1662. Loins de Laurens, Trente journées de retraite en mémoire et ù l’honneur des trente années dc la vie cachée de X.-S. J.-C., in-l°, 1619; Quatre sermons pour le Vendredi saint, in-8·, 1651, Jacques Gnssat, L'office du saint Enfant Jésus, in-12, 1653; Explication (te la dévotion à la sainte Enfance dc Jésus, in-1®, 1660. Jacques Esprit, La fausseté des vertus humaines, 2 vol. in-12. Paris. 1678. Jacques Talon traduit Les exercices du très pieux Jean Thaulère. In-12, 1669; Les œuvres spirituelles du R. P. Louis de Grenade. 10 vol. in 8°. 1658; La vie ct les œuvres spirituelles de saint Pierre d'Alcantara, in-12. 1670; compose La vie de la Mère Madeleine de Saint-Joseph. in-1®. 1670. François Ruelle écrit Conduite facile pour la pratique de l'oraison, in-12. Lyon. 1670; Méditations sur la passion de X.-S. J.-C., 3 vol. In-12. 1671. Jean Hannrt. Recueil dc plusieurs ecclésiastiques, religieux et séculiers gui ont étr dévots aux âmes du Purgatoire, in-1®, Douai. 1670. Charles Desmarcts. t 1675, Élévations ù J.-C, sur sa passion et sa mort, In-18, Paris. 1676. Daniel Hervé, l.a vie chré­ tienne dr la V Sœur Marie de Γ Incarnation, fondatrice des carmélites en France, in-8·. Paris. 1666; Para­ phrase de la messe. Jacques Es tienne, Des fondements dc l'état et de l’ej/irit clérical et des obligations des ecclé­ 1130 siastiques, 2 in-12, Besançon, 1672; Catéchisme, dit de Besançon, que Batterel appelle · son chef-d'oeuvre », Mémoires, t. iv. p. 156. César le Blanc, Vie de sainte Fleur, in-1®, 1619; Le four du chrétien, in-12. Lyon. 1665. Batterel cite comme ayant une réelle valeur Ici ouvrages anonymes suivants : Élévations d'esprit sur les excellences de la vie de la grâce, par F. H. P. D. L., in-21, Paris, 1632, ct à la suite : Élévation ù X.-S. Jésus-Christ sur le mystère de sa croix, vive source de la vie de la grâce; L'homme de douleurs ou Jésus-Christ souffrant rt mourant continuellement pair les hommes, in-12. Bruxelles, 1658; Les principaux devoirs du chré­ tien envers .V.-.S’. J.-C., par un prêtre de l’Oratoire de J.-C. N.-S., in-16, Paris. 1663. Mémoires, t n. p 282/136. Le P. Richard, né en 1651, avait, dit Moréri. des opinions singulières qu’il lit passer dans scs ouvrages : Maximes chrétiennes pour le* demoiselles de Saint-Cyr; Choix d’un bon directeur ct les qualités qu’il faut avoir; Lettre de consolation à une dame de qualité sur la mnrt de son directeur, 1688; Vie de Jean-Antoine le Vachet prêtre Instituteur des Sœurs de T Union chrétienne. 1692; Histoire de la vie du P. Joseph du Tremblay, l'Éminence grise. Ednic Calabre (1665-171 U) a fait une très délicate Homélie ou paraphrase du psaume L, · Miserere met, De us ·, avec une pratique de piété, pour adorer Jésus Christ expirant, 1695. Jean Durand. Le véritable caractère des saints pour servir aux prédicateurs qui veulent faire leurs éloges. Au P. Thorentier (t 1713), on doit. Les bienfaits de Dieu dans l’eucharistie et la reconnaissance de l’homme. expliqués en 8 discours, in-8·, 1682; Consolations contre les frayeurs de la mort, in-12. Paris, 1695; Disserta­ tion sur la pauvreté religieuse, in-18, Paris. 1726. Le P. Vauge a rédigé le Catéchisme de Grenoble; Directeur des âmes pénitentes ou décisions de plusieurs questions importantes sur la pratique du sacrement de pénitence, in-12, Paris. 1721; De l’espérance chrétienne contre l'esprit dc pusillanimité et de défiance et contre la crainte excessive, in-12. Pans, 1730. Molinler, né en 1675. a écrit Instructions et prières propres à soutenir les âmes dans ta pénitence avec les paraphrases du « Dc profundis » et du < Dilexi », le • Pater et le psautier de la pénitence, In-12, Paris,172t. ouvrage qu'il donne comme une suite du Directeur des âmes pénitentes du P. Vauge; L'exercice du pénitent | avec un office de la pénitence, in-18. Campmas, Essai d’exhortations ainint et après l'administration du très sainl viatique, in-8·. Toulouse, 1718. Duranly de Bon Recueil (1662-1756). a traduit Les lettres de saint Jean Chrysostome, 2 vol. In-8·, Paris, 1732; les (Euvrcs de saint Ambroise sur la virginité. in-8°, Paris. 1729; Les lettres de saint Ambroise, 3 vol. in-12, Paris, 1711. Il a composé L'esprit dc l'Église dans la récitation de cette partie de l'office qu'on appelle Complus, in-12. Paris. 17.H. Le P. Guibaud (1711-1791) donne Gémissements d’une âme pénitente, In-18, 1777; Morale en action, in-12. 1787. HL Pni.mcATiox. — C’est encore avant tout JésusChrist que les prêtres dc l’Oratoire prêchaient dans leurs sermons Le fondateur leur répétait : · Les prédi­ cateurs sont les témoins de Jésus, qu’ils rapportent ce qu’ils ont vu ou cc qu’ils ont oui dc sa parole. * Il faut lin· sur ce sujet les avis qu'il donnait aux missionnaires. Maximes sur le ministère de ta chaire du P. Gaichie:; Directions pour les missions gui se font par la Congré­ gation dr l'Oratoire... par François Bourgoing, in-8·, Paris. 1616. L’éloquence de la chaire était alors enta­ chée de mauvais goût ! on citait beaucoup plus les auteurs profanes que les auteurs sacrés; Bérulle vou­ lait qu’on dtât peu les auteurs païens, peu les philo- 1131 oratoire, théologiens sopho, que même les extraits des Pères fussent rares et brefs : L'Écriture Sainte, telle était lu source à laquelle il voulait que l'on revint sans cesse. Par la, scs disciples rendaient à la chaire une auto­ rité. une simplicité, un sérieux qui* depuis longtemps, ue s'y rencontraient plus. Cette doctrine spirituelle si élevée, que nous avons expliquée, non seulement les prédicateurs des grandes villes, mais aussi les mission­ naires des campagnes sc faisaient un devoir et une joie de la proposer aux foules. Dans son merveilleux sermon pour Noël, /)« trois naissances du Verbe, le P. Lejeune suit presque mot à mol le chapitre des Grandeurs de Jésus qui porte le même titre. Jésus, principal objet de leur prédication, en était aussi le principe et, pour ainsi dire, l’auteur * Donnezlui, répétait Bérulle, votre esprit, voire cœur, votre langue pour devenir son organe. La première dispo­ sition est celle de la charité et de l’oraison, celle de la science ne vient qu'après. » (Euvrcs. p. 772. D'après Jacquinet, Les prédicateurs au .rr//e siècle avant liossuft. p. 197, Sénault (1601-1672), contribua plus que personne â cette restauration : chargé du cours d'éloquence sacrée à Saint-Ma gloire, il forma les PP. Le Boux. Mascaron, Hubert, de la Boche; de plenitudine ejus nos omnes accepimus, disait île lui l’aimable Fromenlières. vrai précurseur de Massillon. Xprès eux. il faut citer de cette période, avant tout saint Jean Eudes. Guillaume Dodo (1587-1651), Mi­ chel LeFèvref 1591-1658), Eustachc Gault(1591-1639), Jean-Baptiste Gault (1593-1613), deux frères, tous deux évêques de Marseille, Jean Jaubcrl. Le Blanc (16131703); un jhu plus tard Laisné: Depuis Métézeau, un des cinq premiers compagnons de Bérulle, l’Oratoire n’avait cesse de fournir aux chaires des principales villes «le France ct aux missions des campagnes des prédicateurs zélés, instruits, éloquents. - Pcrraud. L'Oratoire, p 328. Après la révocation de l'Édit de Nantes, la Congréga­ tion employa aux missions, qui furent données à celte occasion, plus de cent de scs membres dans trentecinq diocèses de France. L’abbé Arbelot ajoute que les nouveaux convertis avaient plus de confiance aux missionnaires de I Oratoire qu’a ceux des autres corps. > Cloyseault, t. ni, p. 225. La liste générale et véritable des prédicateurs dans les églises de Paris, de 1616 à 1788. renferme en moyenne dix â quinze noms d’oraloricns appelés â donner les stations de Carême el d'Avent. On ne peut pas même citer ici les noms de ceux qui ont publié leurs sermons, reproduits la plupart dans Migne, mais seulement ceux qui ont quelque chose de particulièrement intéressant : Paul Métézeau. donne sous le titre de Theologia sacra justa formam euangelica* prudicationis distributa, in-fol.. 1625. un cours de théo­ logie mis en desseins de sermons tin peu étendus. Pierre le Chartier. Dictionnaire apostolique plein de desseins pour les mystères, panégyriques, etc... ln-8°, 1685 : et sont des divisions de sermons toutes faites. Après, nommons Jean Durand, Edme Boutée. Pierre Cocqucrey, Jean Chnpuis, Jean Gabriel Chappuis son frère, Loriot, Claude Masson, Du Brueil, François Boyer. Jacques Thorcnlier, Pierre et Vincent Chalons, Lion, Mathieu. Mollnier, les trois Tcrrasson, Graveron. IX Thlologik. Fondé par un maître éclairé sur les mystères les plus sublimes de la foi d’une manière qui lient du miracle ct dont les premiers disciples, Bence, Gnstaud. Berlin. Gibleuf. de Morainvilllcrs, Philips. Alard étaient docteurs de Sorbonne, l’Oraluire s’occupa toujours tic théologie. î· U P. de Bérulle la voulait solidement appuyée sur I Écriture Sainte; s’il eût douté un instant de la nécessité d’unir intimement ccs deux sciences, la Bé­ tonne la lui aurait démontrée; aussi I*Écriture Sainte 1132 compte dans la congrégation d'illustres exégètes et commentateurs : Jean Bvnce, Pierre de Cadenel, Charles Dorran. Prévost d'Ilcrbeley, Houbiganl, Bichard Simon. Mauduit, Laurens Daniel, Bernard Lamy. Louis de Carrières Morin et Tiiomassin sont autant exégètes que théologiens; les autres auteurs appuient fortement leur doctrine sur la Bible. 2“ Bien qu’il laissât'aux Pères la liberté de leurs opinions : · tout ce que l’Eglise catholique a laissé libre devant l’être également dans une congrégation dont l’esprit était l’esprit même de l’Église, cepen­ dant le P. de Bérulle adoptait résolument la doctrine de saint Augustin qu'il appelait l ’aigle des docteurs ·, dont les écrits avaient été étudiés avec zèle par les théologiens, depuis que Luther en avait tant abusé. Il engageait scs disciples à soutenir contre le moli­ nisme les idées sur la grâce de saint Augustin et de saint Thomas. Dans son Discours sur l'abnégation intérieure, on trouve quelques traces du pessimisme augustinien. que l’on rencontre nu reste dans un grand nombre des meilleurs auteurs du xvn· siècle, mais chez lui cc pessimisme s’achèvera en extase, quand il aura pris pleine possession de son génie. Il convertit à son opinion le P. Gibieuf qui. en Sorbonne, dit Cloyseault, < avait puisé sur la grâce des sentiments beaucoup plus appuyés sur des raisonnements humains que sur les Écritures, l. j. p. 1 10. et qui composa De libertate Dei ct creatum', 1630, pour défendre lu théorie de saint Augustin. Les PP. Baynaud et Duchesne S. J.. <|tii l’accusèrent de calvinisme, furent mis à l'index en 1633. En morale. l’Oratoire penchait, comme au reste Bossuet ct Bourdalouc, pour une morale plutôt sévère que relâchée, sans aucune trace de rigorisme jansé­ niste. 3° Aussi, c’est une fausseté de prétendre, comme l’.i fait en particulier le P. Boulay. Vie du V.Jcan Eudes, c. xtx. i.e jansénisme et l’Oratoire, que la congréga­ tion était vouée â l’erreur par la doctrine de son fonda­ teur. la dépendance des évêques, la liberté plus grande laissée à chacun : 1. Bien, absolument rien de jansé­ niste dans le P. de Bérulle qui, avant 1629. dou;.e ans avant ΓAugustinus, seize ans avant que Porl-Boyal soit entraîné dans le schisme, dix ans avant que Vincent de Paul renonce â l’amitié de Saint-Cyran, découvre dans celui-ci · une pente si violente à la singularité... un tel orgueil qu’il sc demandait avec douleur quel fond on pouvait faire sur sa fidélité à l’Église. · Houssaye. op, cit,. I. m, p. 211. Il faut en dire autant de Condren qui acheva de décider Biclielicu â sévir contre Saint-Cyran, qui envoyait au combat scs dis­ ciples les plus chers, leur répétant · que leur première soumission ct leur principale obéissance est a l’Église el au souverain pontife. Lettres, p. 97; du P. Bourgoing qui fit, dès le principe ct durant toute sa vie, une énergique opposition au jansénisme. ► Houssaye, ibid., p. 215, n. 1. 2. Au contraire, les dévotions préférées à l’Oratoire. dévotion au X’erbe incarné, à la sainte Vierge cl aux saints, le soin qu'ils avaient de glorifier Dieu en tout, les éloignaient plutôt des jansénistes. Bérulle, non seulement ne se priva jamais volontairement de dire la messe, mais la disait tou­ jours en voyage; il entraînait les fidèles à la table sainte. 3. Apres Bichard Simon qui écrivait en 1666 : « J’appellerais plutôt ce parti (des oratoriens jansénistes) anti-jésuites que jansénistes. Car tous les Pères... ont signé le l'ormuluire et seraient bien fâchés | qu'on les traitât de jansénistes: » après Houssaye en ( 1872, Lehcrpeur, A. George, Bremond, montrent bien que, si des oratoriens sont devenus jansénistes, la cause première en est aux dilllcultés qui surgirent entre eux ct les Jésuites, â l’occasion surtout ries colleges. A tort ou a nison, ceux-ci ont pris peur et 1133 ORATOIRE. THEOLOGIENS ont attaqué; l’Oratoire a riposté, s’est trouvé dre leur rival. Et, comme les ennemis de nos ennemis sont nos amis, herpcur, lJOratoire de France, in-12. Pari*. 1926; Ixpin. IJidee du sacrifice dans la religion chrétienne, principalement d’apres le P. de Condren cl M. Olier, in-8% Pari». 1925; Ixtourncau.iS. S., La mission de J. J. Olier ct la fondation des séminaires rn France. Ihiri*. 1906; École» de spiritualité : l’école fran­ çaise au ΧΓΗ· siècle, Ihin*. 1913; Ixs origines historiques de lu méthode de Satnt-Sulpice; La méthode d’oraison men­ tale du séminaire de Saint-Sulpicc: Lhoumcau, Im vit spiri­ tuelle ά Γécole du R. Grignion de Montfurt, Paris. 1901; A. Ferrand, L’Oratoire de France un .Γ1 Z/· et uu XIX· siècle, Paris, ISfw». Pisani, Ix» compagnies dr prêtres au X l’Z· et au XVft· siècle, In-12, Puris, 1929; Aloys Potticr, lx P. Louis ÎMllemant et les grands spirituels de son temps, 3 sol. in-12. Pari*. 1927-1929; Pourrai. La spiritualité chrétienne, t. m. f». 186 sq.; Prunel, Sebastien Zaniel. In-12. I*aris. 1912; !x» premiers séminaires en France au XVII· siècle, extrait de* Étude» du 5 février 1909; Hichard Simon, Lettres choisies, nouv. cd. rcv. corr. ct augm. par M. Bnizen. I vol. in-12, Am*tcn!am, 1730. Sur le nouvel Oratoire : Mgr Baudrillart, Le cardinal Perraud, Paris. 1906; Éloge du cardinal Perraud, Parayle-Monial, 1923; A. Chauvin, Le P. Grutrg, L’homme et l’iruvrc. Pari*. 1901; Éloge funèbre du R. P, Nouvelle, Pari». 1018; Gralry, Souvenir» de ma jrttnes.se: Ix\ Source»; Henri Perrrgvc; t*. tergent. Notices *ur lr* PP. dc la Bustir 1867, Magnlrr. 1873. Gillet. 1880, Charte* Perraud. 1895. I.c*cd judicium aqua vel ferri vel duellum, écrit un auteur anonyme contemporain, nun­ quam fieri de errtero permittatur: cf. M irtène el Du­ rand. Veterum scriptorum..., t. v, p. 1(151 2· L*Église romaine. — L Documents à éliminer. — En faveur des ordalies, on a cité un certain nombre de documents pontificaux qu’il faut éliminer du débat. On n cité une lettre certainement apocryphe du pape Zèphyrin; un texte mal interprété de saint Gré­ goire le Grand (le mol judicium y étant, sans aucun fondement, appliqué au jugement de Dieu); deux pré­ tendues lettres de Nicolas Ier et de Jean \ ill, qui se lisent dans un manuscrit de In bibliothèque de Turin, mais que Pflugk-Harttung a cm pouvoir qualifier : une grande falsification de canons. · Cf. Zeitschrift fîlr Kirchenrecht, t. xix, 1881, p. 361-372. On trouvera tous détails utiles sur ccs documents dans Paletta, op. cit., p. 315-353. On allègue aussi la rubrique de nombreux formu­ laires des IX· ct x· siècles qui attribuent au pape Eu­ gène H (t 827) VOrdo judicii qui commence par ces mots : Si hommes vis mittere ad judicium. Jafïé, Re­ gesta, n. 2565. Les partisans dc l'authenticité de cette pièce croient qu’Eugènc H aurait autorisé en France, avec l’assentiment de Louis le Débonnaire, l'usage de l’épreuve de l’eau froide Or. Louis le Débonnaire in­ terdit au contraire celte épreuve. Et Hincmar parle des divini vin qui inventèrent ce jugement : cette ap­ pellation ne saurait, en tout état dc cause, se rappor­ ter à Louis et à Eugène II. Mus. en rapprochant ces mots dc la formule de certains Ordines du xi* siècle, où le nom d’Eugène est rapproché dc ceux de Léon ct de Charlemagne, Reatus Eugenius et Léo et Carolus, on peut sc demander avec Patctta, si le récit des canonistes, légendaire ou vrai en partie, ne sc rappor­ terait pas originairement à Eugène Ier (t 657) qui établit l’usage de l’aspersion avec l’eau bénite cl à Leon 11 (t 683), tous deux canonisés (de là les expres­ sions de beati cl l’ordre chronologique observé, Eu­ gène. Léon, Charles). On aura pu confondre ces deux papes avec leurs homonymes, el l'origine de l’asper­ sion dc l'eau bénite avec l’origine de la bénédiction de l’eau froide des ordalies. Quoi qu’il en soit, même en admettant l’origine pontificale du texte attribué à Eugène II. un doute sérieux planerait encore sur le sens qu’il lui faut accorder. Enfin, nous avons parlé des falsifications canoni­ ques qui surgirent en France au ιχ· siècle. Capitulaires de Henolt, Capitulaires d'Angilramne, Décrétales tsidoriennes. Ccs falsifications n’ont pas été sans influence sur les ordalies. Le but des faussaires est manifeste­ ment d'exempter les clercs des jugements dc Dieu. Les clercs étaient souvent assujettis au droit commun ct comparaissaient devant les tribunaux séculiers ; cf. concile d’Epaonc de 517, can. 11. Mon. Germ, hist., Concil., t. i, p. 22. Or, dans le pscudo-Bcnolt, on trouve, au contraire, la disposition suivante : Pere­ grina judicia generali sanctione prohibemus; quia indi­ gnum est ut ab externis judicentur, qui provinciales et a se electos debent habere judices. Le sens de ce capitu­ laire (extrait d'une constitution du Code théodosien) est obvie : il interdit aux tribunaux d’exercer leur ju­ ridiction en dehors des limites dc leur province. Mais notre faussaire détourne les mots peregrina judicia de leur sens naturel. Tout jugement séculier est peregri- 1147 ORDALIES num judicium pour les clercs Peu Λ peu» les peregrina judicia devinrent les ordalies, la purgatio oulgaris, qui finit par être opposée à la purgatio canonica, réservée tux clercs. La règle du pscudo-Bcnotl est répétée dans Angilmmne cl cinq ou six fols dans le pseudo-Isidore, qui l’attribue aux papes Anaclet, Vigile, Fabien, Fé­ lix 1er cl Sixte 111. Dans la prétendue lettre d'Anaclcl, on lit Leges Ecclesiic apostolica firmamus auctoritate et peregrina judicia submonemus. Peregrina pulicta, en­ tendez : les ordalies. Les Fausses-Décrétales passèrent dans les collections canoniques et c’est donc à elles qu’il faut faire remonter, en principe, la distinction de purgatio canonica ct de purgatio oulgaris. Pour plus dc détails, voir Patella, op. cit., p. 379-387. 2. Documents à retenir. a) Décret de Nicolas ltT (♦ 867). Nicolas l,r est le premier pape appelé à donner son sentiment sur les ordalies. C’est à propos dc l’usage qu’on en lit dans le procès intenté par Lo­ thaire à Thcutberge pour cause d’adultère. Le pape connaît remploi qui a été fait des jugements dc Dieu pour prouver l’innocence dc la reine, EpisL, xlviii, Jaffé, n. 2870; il accepte le fait acquis, mais évite dc se prononcer, comme l'avait fait llincmar, sur sa légi­ timité; bien plus, il reproche aux évêques Thcutgaud el Gunther, partisans de Lothaire, d’avoir voulu, contre toute loi divine el humaine, renouveler le juge­ ment dc Dieu, EpisL, lviii. Jaffé, n. 2886. Mais ce que le pape fait surtout entendre, c’csl que l’appel au juge­ ment ecclésiastique doit supprimer le jugement pro­ fane, l’ordalie. On sent Ici l’influence des FausscsDécrélalcs. C’est pourquoi, faisant allusion à l’offre faite par la reine de prouver son innocence en présence du légat pontifical, par l’intermédiaire d’un champion, Nicolas formule lu règle générale suivante : Monornachinin ver<> in Icgein nxMiini nuiquatn pneceptuin fuisse reperimus : quam licet quosdam inlisse legerimus, sicut sanctum Da­ vid et Goliani sacra prodit historia : nusquam tamen ut pro lege teneatur, alicubi di­ vina sancit auctoritas, cum hoc et hujusmodi sectantes Deum solummodo lentare vi­ deantur. P. /... t. cxix, col 1114; Jaffé, n. 2872. Que le duel puisse être pris comme loi nous n’en avons nulle part trouvé le précepte. Sans doute, quel­ ques-uns l’ont employé, com­ me la Sainte Écriture nous le rapporte du suint roi Da­ vid rt de Goliath. Mais nulle part l’autorité divine n’a sanctionné que ce moyen dût être tenu comme une loi. (’.eux qui s’y livrent ct em­ ploient des moyens analo­ gues paraissent plutôt tenter Dieu. L'expression hoc et hujusmodi sectantes, est-elle une condamnation de toutes les ordalies? Un fait est cer­ tain, c’csl que le décret vise à coup sûr les tribunaux ecclésiastiques, Avec Yves de Chartres et Burchard, on peut penser que le pape n’a pas voulu trancher la question pour les tribunaux civils. b) Hcponse d'fctienne V ff 891), à Liutbert de Mayence, Jaffé, n. 3113. Il s’agit de savoir si les parents qui trouvent leur enfant mort près d'eux, après avoir dormi avec hit dans le même lit. doivent subir l’épreuve du fer rouge ou de l’eau bouillante ou toute autre épreuve, pour se justifier dc l’avoir étouffé, comme l'exigeait un capitulaire attribué au concile de Worms de 868 La réponse du pape sc lient stricte­ ment dans la question posée : Ferri candenti* sel aquæ Obtcnir l’as en d’une faute ferventis examine confes- par l’épreuve du fer rouge ou tionmi extorqueri a quolibet dr l’ruu bouillante n’est pas *acn non cernent canon ch. rt prévu par le* Mints canon*. quod sanctorum Patrum do­ Et cc *rniit une nouveauté cumento Mincitum non r*t, superstitieuse d’employer un «i perd H iu mi adinventione moyen que n’a pas sanctionn >n <-»l pn» -umendum.Spon­ ne une autorité de* saint* tanea rnJm confodonc. vel Père*. A notre pouvoir est lr»liuni approbatione pu- confié le win dr Juger les dé­ b'Kjtji delicta .. conirni*- lits rendus public* *oil par sunt regimini nostro Ju­ dicare, occulta vero cl Inco­ gnita Ullus sunt Judicio relin­ quenda. Alexandre 111 (t 11K1), écrivant A Richard, évê­ que dc Cantorbéry, se contente d’interdire au clergé d'exiger des taxes pour la bénédiction de l’eau qui doit servir A l’épreuve. Jallé, η 1 I 315. Loin d’autoriser le* ordalies, le même pontife, écrivant A l’évêque d’Up s al, les interdit expressément, tout au moins en ce qui concerne leur emploi par les clercs. Il rappelle que les clercs ne doivent |>as subir les jugements des laïques cl être soumis aux épreuves des ordalies, qu’il appelle prohibitum et exsecrabile judicium Et il ter­ mine par cette déclaration qui n été insérée au Corpus juris. Decret. Greg. IX, Decter. pug. in duello, X’, xiv, I Quant au jugement dr Fervent I* veto nquæ vcl candent Is fcrrl judicium, sive l’eau bouillante ou du fer duellum, quod mono machia rouge, ou quant nu duel, dicitur, catholica Ecclesia l’Église catholique ne l'ad­ contra quemlibet etiam, ne­ met (comme preuve) contre dum contra episcopum, non personne, A plus forte raison admittit. P. t. cc, coi. contre un évêque. 838. El Alexandre rappelle ici les décrets d'Éllennc V el dc Nicolas I*r. Voir ci-dessus. g) Sans insister sur l'intervention dc Lucius III, contestant l’efficacité des ordalies ct opposant aux peregrina judicia la purgatio canonica, seule indispen­ sable, cf. Patetla, op. cit., p. 365, il est temps d’arriver au canon 18 du IV· concile du Latran, qui fixe l’al­ titude dc l’Église en ccs matières : nous le citons ici en entier, bien que seule la finale se rapporte aux orda­ lies : Aucun clerc nr doit dicter Sententiam uinguinh nul­ lus clericus dictet aut profe­ ou porter une sentence dc rat : sed nec sanguinis vin­ mort, ni exécuter une peine dictam exerceat, aut tibi de mort, ni assister A l’exé­ exercetur Intersit. SI qtilt cution. Si, A l’occasion dc ce autem hujusmodi occasione statuti, ecclesiis, vel perso­ nis ecclcdasticlsuliquod prae­ sumpserit inferre dispen­ dium, per censuram eccle­ siasticam compescatur. Nec b OH DA LIES pendant* les termes dont se servent les pontifes mar­ quent bien que In condamnation, dans leur esprit, tombe sur l'institution elle-même. Ils l’appellent une invention superstitieuse, /e produit d'une odieuse mal­ veillance, un moyen de dé/ense contraire aux lois ecclé­ siastiques. P. L., t. cxlvi, col. I lOtt; CbXXîX, col. 119. SI. en 967, une constitution d’Othon Ier el d’Othon II a été portée à l'assemblée de Vérone, prescrivant le duel dans un certain nombre de cas, il faut dire (pie le pape Jean XIII n’y était pas présent el que l’autorité de l’Églisc n’est pas engagée. Si, en 998, Hugues, abbé de Farfa, dans un plaid tenu à Saint-Pierre, obtint que son procès contre les prêtres de Saint-Eustacho de Home fût jugé selon les lois lombardes et par consé­ quent tranché par le duel, il faut dire que le pape n'était pas présent et que le cas fut tranché par l’em­ pereur Olhon 111. L’année suivante, l’abbé ayant osé demander au pape un nouveau duel, Grégoire V sc leva indigné el condamna sur le champ Hugues à signer sa renonciation à la propriété en litige. Les dispenses cl absolutions accordées par les papes après des duels, ne prouvent pas que ces papes aient approuvé l’institution même du duel. Ou plutôt, il faut dire que ces dispenses, ces absolutions prouvent que le duel était interdit. Ainsi doivent être jugées les dispenses accordées par Alexandre H ct Alexandre III. D’ailleurs, ces dispenses, insérées dans les Décrétales de Grégoire IX, déclarent en même temps que les clercs qui ont offert ou accepté le duel se sont rendus cou­ pables d’une faute très grave; cf. Decret. Gregorii IX, L I, tit. xx, c. 1 ; I. V, lit. xiv, c. 1. En fait d’approba­ tion positive, on ne peut guère citer que l'approba­ tion des statuts de la ville de Bénévent par Inno­ cent 111 (t 1216). N’est-il pas permis de dire que, comme prince temporel. Il n’a pas cru pouvoir interdire dans tous les cas le duel judiciaire. Celte solution cadre bien avec l'esprit qui anime toutes les décisions pontificales en matière d’ordalies. Chaque fois que les papes ont jugé le duel en leur qualité de chefs de l’Églisc, ils l’ont réprouvé positi­ vement cl dans les termes les plus énergiques. Voir ci-dessus les textes de Nicolas I·', d’Étienne V. d’Alexandre II relatifs aux ordalies en générai el au duel judiciaire en particulier. Alexandre III réprouve le duel, ce jugement exécrable, prohibé par les saints ca­ nons. P. L., t. cc, col. 855. Céleslin III le qualifie de véritable homicide. Decret. Greg. /X, I. V. lit. xiv, c. 2, tales pugiles homicidio veri existant. Honorius HI I appelle une procédure détestable, aussi contraire à l équité qu'au droit écrit. Au duel, on peut vraisembla­ blement appliquer cc qu’il proclame des ordalies en général : · Cette sorte de jugements est absolument interdite par les lois el les saints canons, parce qu’on ne fait ainsi que tenter Dieu, . Honorii HI Quinta compilatio, I. \, iit. χιν, cf. tit. vu. Aussi, quand Gré­ goire IX couvre de son autorité apostolique les Décré­ tales de 1234, la condamnation du Saint-Siège appa­ raît définitive et absolue. La rubrique sous laquelle sont réunis les documents de Céleslin III, <ΓInno­ cent III ct d’Honorius III l’indique clairement : Duella et aliæ purgationes vulgares prohibita sunt, quia per eos (sic) multoties condemnatur absolvendus rt Deus tentari videtur; cf. Diet, apol., art. cité, coi. 1202 1203. III. Conclusions. - Nos conclusions seront très brèves, car elles ressortent avec évidence de l’exposé qui vient d’être fait. Trois conclusions nous paraissent 1152 résumer l’attitude de l’Églisc en face de» ordalies .1 du duel Judiciaire : 1 1“ Tout d'abord, les ordalies furent en général bien acceptées de beaucoup d’Églises particulières et de la plupart des évêques. A cause de son caractère de jugement do sang, le duel judiciaire rencontra plus d'opposillon, mais finit par s’implanter dans les mœurs. I)e , cet état de choses, il ne faut pas rendre l’Églisc respon­ sable : il est le résultat de l’introduction, dans les loi» civiles, des coutumes importées par les peuples d’origine germanique. 2® Consultés, les papes et l’Églisc universelle (nu IV· concile du Lalran) sc placent, sous l’influence des canonistes, sur un terrain où les considérations juri­ diques apparaissent au premier plan. Les ordalies sont réprouvées en tant que moyen canonique de démon­ trer l’innocence ou la culpabilité d'un inculpé. Elles sont donc, à ce litre, interdites aux clercs et les tribu­ naux ecclésiastiques sont formellement invités à n'en point tenir compte : l’Églisc, toutefois, les tolère, comme purgatio vulgans, devant les juridictions ci­ viles. Néanmoins, les raisons morales qui, assez fré­ quemment, sont apportées â l’appui de cette attitude juridique, indiquent bien que l’Églisc considère les ordalies comme condamnables en soi. 3° Une condamnation absolue ct sans restriction est la conséquence logique des décisions du IV· concile du Lalran et de l’insertion des lettres pontificales dans la collection des Décrétales. En bref, après avoir toléré, l’Églisc a rejeté pour elle-même et les siens, puis condamné sans réserve les ordalies. Il ne restera plus, après le xni· siècle, qu’à faire pénétrer cette doctrine dans les lois civiles ct dans les mœurs. Γ J. P. Leiters berger, Dissertatio de Ordalii» seu purga­ tione vulgari, Strasbourg, 1716; F. Maier, Geschtehte der Or- dalten, insbesondert der gcrichlllchcn Zivelkümp/e in Deutsch­ land, lénn, 1795; Zwicker, Ueber die Ordalicn, Gœttinguc, 1818; V. Galtct, Étude historique sur les ordalies ou épreuves judiciaires, vulgairement appelées jugements de Dieu, dans le Bulletin de la société académique de Brest, II· série, t. π. 1874-1875, p. 44-121 ; F. Patelin, Le Ordalie, studio di storia del diretlo e sclcnta del diritto comparato, Turin, 1890 (ou Γοη trouvera d’innombrables références aux auteurs ayant traité la question des ordalies), ouvrage dont Vacandard a fait un court résumé, avec quelques con­ clusions divergentes, L*Église rt les ordalies, dans Études de critique et d*histoire religieuse, F· série, Paris, 1905. p. 189214. 2° E. Gerhardi, De judicio bellico, vulgo mm Kampf- und Kolbrngerichtr, lena, 1711 ; J.-J. Mader, De durllo rt ordalel quondam specie dissertatio. Helmstadt, 1662; E. H. Both, Dissertatio hlsforico-polittca de antiquissimo illo more, quo veteres innocentiam suam in duellis probare nitebantur, l Im, 1678; J.-D. Schcnpflin, Pnrlrctio dr duellis el ordaliis veleris Franciiu Hhrncnsis, dans Commentarii acad. Thcod. Palat., t. in. 1773, p. 281-281; Coulin, Der grrichtlichr ‘/.ineikampf im atlfranùsischen Proteu, Berlin, 1906; du même, Ver/all des gerichtlichen mid Entstehung des privaten Zivrikampjs in Prankreich, Berlin, 1908; Marchcgay, Duel judiciaire entre 1rs communautés religieuses,dans Biblioth. del'École des char­ tes, t. i, 1839-1840, p. 552-564 ; de Sincdt, Lr duel judiciaire cl Γ Église, dans Études religieuses, t. i xm (1891), p. 337 sq.» et t. i.xiv (1895), p. 35 sq. Voir aussi Palet ta, op. cil. Consulter l’. Chevalier, Bépertotrc,... Topoblbliographie, aux mois Dud, col. 931, Ordalies, col. 2183; Diet. apol. de la foi catholique, art. Duel, t. 1, col. 1196; et Ici Duel, t. iv, col. 1815. A. Michel.