LE PARADIS SPIRITUEL 'Ô s NIHIL OBSTAT : Lyon, 8 avril 1943 J. du BOUCHET, s. J. Præp. Prov. Lugd. IMPRIMATUR : Lyon, 10 avril 1943 ' A. ROUCI1E v. g. e B » SOURCES CHRÉTIENNES Collection dirigée par H. de Lubac, S. J., et J. Daniélou, S. J. XICÉTAS STÉTIIA'I OS Æ PARADIS SPIRITUEI ET Al TRES TEXTES ANNEXES TEXTE, TRADUCTION ET COMMENTAIRE PAR Marie CHALENDARD ÉDITIONS DU CERF, 29, bd de La Tour-Maubourg, PARIS z CITIONS DE L’ABEILLE, 9, rue Mulbt. :: ” " ” LYON fa Ο £>é> &Ί./0 / ALPHONSO DA IN MAGISTRO D-D AVANT-PROPOS Λ i celas St ét halos n'est pas le plus important des auteurs de spiritualité des grands siècles de l'époque byzantine; mais il a une figure très personnelle et a donné son empreinte à une façon de penser et de sentir les choses spirituelles : il marque vraiment une étape. On nous saura gré du dessein que nous avons eu de publier ici une partie de son œuvre restée inédite. Je dois à M. .1. Dain, mon ancien maître, à l'Institut Catholique de Paris et à Γ Ecole des Hautes Etudes, ht con­ naissance de ce document. Alors qu'il recherchait parmi les manuscrits de la IJibliothèque Nationale les écrits de spi­ ritualité byzantine capables d'offrir quelque intérêt, son attention fut arrêtée par le titre de l'ouvrage de Stéthatos. J dire vrai le « paradis " de notre Nicétas n'est pas un jardin d'agrément. Seuls les « spirituels » peuvent y cueillir des fleurs. Mais cela même était une raison d'étudier celte œuvre ainsi que les quelques documents qui y sont annexés. Aussi \l. /1. Dain me confia-t-il le soin de publier ce texte transcrit d'une écriture très soignée, dont la lecture ne nécessi­ tait pas des connaissances paléographiques approfondies. de remercie M. .1. Dain de -m'avoir abandonné les droits qu'il pouvait avoir sur ce texte. Je le remercie également de m'avoir guidée et encouragée jusqu'à l'achèvement de cette étude. Je ne dois pas moins de reconnaissance ü M. H. Guilland, professeur à la Sorbonne, qui a bien voulu accep­ ter de patronner ce travail, pour lequel il m'a fourni plus d un renseignement précieux et une directive dévouée. Je que Nicétas écrivit la l ie de Syméon le .\otivetiii l'héologien ’. Il est remarquable que les Bollandistes ne se trompèrent pas sur le caractère insidieusement tendancieux de l’œuvre. \ussi en refusèrent-ils la publication 12. On retrouvera plus loin la liste des autres écrits de Nicétas, tous d’ordre polémique ou d’ordre mystique comme la I ie de Syméon. ('.cite dernière devait être men­ tionnée ici même, parce qu’elle entre intimement dans la trame de l’existence de l’auteur. C’est à écrire et à dé­ fendre lesidées qui y sont contenues que Nicét as consacre, semble-t-il, toute son activité jusqu’en 1054. A cette date, il passe brusquement aux côtés du patriarche Michel Cérulaire 3. 3. Les événements de 1054. Nous sommes au temps du pape Léon IX et de Constan­ tin IX Monomaque. Depuis Pholius des questions de doctrine Iprocession du Saint-Esprit et de discipline (mariage des prêt res, jeûnes du samedi, usage des azymes) mettent aux prises les Crées et les Latins. Sur l’instigation du patriarche Be Constantinople, Nicé­ tas publie de fâcheux libelles contre le parti adverse, notamment à propos de la procession du Saint-Esprit. De plus en plus virulente, la polémique entraîna, par la vo­ lonté de Cérulaire, la fermeture de toutes les églises latines de la capitale. L’arrivée des trois légats du pape Léon IX, 1. I. ! Iavsiierk, lue. cil., p. xxi. 2. Ibid., p. vr. 3. Voir I,. BitÊiiiF.it, Le Schisme oriental du XI· slide, Puris, 1899 et. entre autres histoires générales, Ch. Dikhl et G. Mahçais, Histoire du moyen dye, t. Ill, Le Monde Oriental de 395 à 1081, Paris. 1930, p. 1053. l’auteik, sa vie, ses idées 13 loin dû calmer les esprits, les surexcita an plus haut point. Outrepassant sans doute leur mission, la faussant en tout cas gravement dans la forme, le cardinal Humbert et ses deux compagnons arbitraient avec hauteur, quand il aurait fallu user de diplomatie, de patience et de dou­ ceur. Ils obtinrent au moins la rétractation de Nicétas, en juin 1054. Cette victoire les illusionna-t-elle ? Toujours est-il (pi elle fut suivie, le mois d'après, à Byzance, de l’excom­ munication solennelle du patriarche, le 15 juillet, devant tout le peuple assemblé à Sainte-Sophie. Tenant leur œuvre pour accomplie, les légats quittent Constanti­ nople sans relard, cependant que les orthodoxes, relevant immédiatement la trie, brûlent en grande pompe, dès le 25 juillet, la bulle d’excommunication. Le schisme est dès lors consommé. Désireux de l'unité, Constantin Monomaquc fera bien­ tôt brûler les pages au relent hérétique que Michel Céru­ laire avait inspirées à Nicétas. La tradition veut que l’au­ teur ail reconnu de plein gré scs erreurs1. En tout cas, à partir de 1054, on perd sa trace pour toujours. 4. Personnalité et rôle do Nicétas Stéthatos. Tristement célèbres, les événements de 1054 ont mis en relief la personne et le rôle de Nicétas. Anti-latin convaincu et éloquent, Stéthatos avait assisté triomphant aux péripéties de la lutte, sans prévoir, comme la plupart de ses contemporains, les graves conséquences de la sépa­ ration des deux Églises. \ussi, très vraisemblablement, l’année du schisme mar­ qua-t-elle moins,, dans sa vie profonde, que celles où, jeune moine il se mettait si docilement à l’école de Syméon. Elle fut une surprise. Sa responsabilité est donc dégagée d’autant. Il doit encore bénéficier de la décharge qu'on accorde à tous ses contemporains. A l’époque, les faits 1. !.. Bni'.ioi.n, Le Schisme oriental e Natura actionum, De animae /aculluUbus et oratione. On voit que l’un <1e* textes a échappé à l'attention de Fabricius. 3. On connaît un autre texte de ce genre, de tout point semblable aux nôtres par le contenu et la brièveté. Le P. IIacsiiihk l’a édité dans Orien­ talia Christiana, vol. XII, η» ·Ι5 (1923), ρ. χχχιν et χχχν. LE PARADIS SPIRITUEL ET LES TEXTES ANNEXES 17 veaux écrits de Philippe le Solitaire et de Michel Psellos, d’Isidore de Péluse, la*ô«gesse de Jésus, fils de Sirach, le Psautier, des Cantiques bibliques et des Fragments d’Eusèbe. Peut-on tirer'quelque indication utile de ce groupe­ ment ? Peut-on découvrir l’idée du copiste, le plan qu’il avait en vue ? Le tout a un caractère nettement spiri­ tuel; il semble qu’on ne peut rien avancer d’autre. En tout cas, on ne saurait hésiter sur le classement des pages attribuées à Nicélas. Elles appartiennent au genre mys­ tique. L’auteur excelle en ce domaine au moins autant que dans la polémique, et c'est beaucoup dire. Qu’on se reporte, après lecture des écrits précités, au catalogue de ses ouvrages donné ci-dessous *, et l'on fera aisément cette constatation. 2. Les annotations. Le manuscrit de Paris présente différentes annotations marginales toutes écrites de la main à qui on doit, le texte proprement dit du Paradis. 1. La première de ces annotations se trouve en tète du traité. C’est la mention : Σ-ηΟάτου, qui est destinée à marquer le nom de l’auteur. 2. U y a en outre un certain nombre de scholies qui forment comme une chaîne. Ces scholies sont précédées de signes de renvoi au texte habituels. Elles sont au nombre de huit, toutes signées. Six portent le nom d’Isi­ dore. A priori, il ne pouvait s’agir que d’Isidore de Péluse. Les deux dernières sont dues respectivement à saint Jean Chrysostome et à Théodoret. On trouvera ces scho­ lies au bas de notre texte. Nous ne les avons pas toutes identifiées, soit que le texte n’ait pas été conservé, soit, plus probablement, qu’il se trouve trop changé. Les trois références que nous dormons montrent, en effet, que les textes dont se servait le copiste peuvent différer assez notablement de ceux que nous connaissons. I. Pages 19 et 20. 8. Nicétns Stéthatos. 2 18 INTRODUCTION Les huit scholies en question sont non seulement rela­ tives au Paradis Spirituel, mais elles portent aussi sur les textes annexes. 3. La troisième sorte d’annotation est. d’un caractère tout différent. (‘.’est au paragraphe 27 l’indication de; différentes formes de l’Esprit. Il y a : x', πνεύμα σοφίας; h . πνεύμα συνέσεως; γ?, πνεύμα γνώσεωςζ πνεύμα βουλής: ε', πνεύμα ισχύος; C', πνεύμα εΰσεοείας: ζ', πνεύμα φόβου θεού, C'est la liste bien connue des sept, dons du Saint-Esprit Quant aux chiffres ils renvoient au texte où ils sont repro­ duits. 4. Une quatrième série d’annotations placées dans l in· terlignc, sert à numéroter les fruits du Saint-Esprit : azj αγάπην ; β’, χαράν; γ', ειρήνην; o’, μακροΟυμίαν ; z', άγαΟοσω νην; Τ', χρηστότητα; ζ’, πίστινζη’. πραότητα; 0Ζ, εγκράτειαν, 5. Dans le morceau intitulé : ΙΙερί αύτεςουσιότητος, § 2j on a. dans l’interligne, d’alpha à iota, une série d< chiffres surmontant le nom d’une première catégorie d< vertus à pratiquer : x , την μετάνοιαν ; β’’, τήν ταπεινοφρο-J νην; γ\ ~ζ ζ-.τ,/ε/.'.ς πένθος; ζ', τήν αγάπην ; ζ, τήν προς τοι πλησίον οιάθεσιν; Τ', τήνζαΟαράν προσευχήν ; ζ', τήν άπάρνησιν η ', τ'ο προ οφθαλμών εχειν τον θάνατον εαυτού; 0ζ, το έχειν caul τον ύποζάτω πάσης κτίσεως; ·.’, οέεσθαι αυτού οιηνεζώς. 6. Au paragraphe 4 du même traite, la deuxième cala gorie de vertus à pratiquer est relevée de même par del chiffres mis en marge cette fois et non plus dans l’in ten ligne. Ces chiffres s’échelonnent d'alpha à sampi : a1, τΙ όμολογείν καί εξαγορευειν τά πλημμελήματα; δ', άφιέναι τοϊΐ όφειλέταις τά οφειλή ματαζ γ’, τδ μή πολυπραγμονεί τά άλλό| τρία; ο\ τ'ο έλεείν έκτων υπαρχόντων; ε\ τ'ο φε'ρειν τά λυπηρά Τ , το όμολογείν δωρεάν ζα: χάριτι σώζεσΟαι. Au premier aborl tous ces signes paraissent dépouillés d’intérêt : ils onl cependant un sens et une certaine import ance parce qu’il] montrent qu’il s'agit d’un schéma, d’un thème de pré] dîcation probablement. j Dans l’exposé relatif aux cinq facultés de l’âme. cel chiffres marginaux précédent chacun des cinq paragraphe qui les concernent. 7. Ce court morceau possède enfin une dernière anna talion marginale qui indique les trois catégories d’àmel LE PARADIS SPIRITUEL ET LES TEXTES ANNEXES 19 établies par l’ensemble de la doctrine de Nicétas : ψυχικός, σαρκικός, πνευματικός. Nous aurons à revenir plus loin sur la portée des scho­ lies qui font chaîne parce qu’elles indiquent quelquesunes des sources de notre auteur. 3. Place du Paradis Spirituel et des textes annexes dans l'œuvre de Nicétas. Si l’on néglige les factures qui ont trait aux discussions théologiques, notamment ceux qui louchent à la querelle anti-latine, voici les pièces restant.es, actuellement édi­ tées, de Nicétas Stéthatos : La Vie de Syméon le .Nouveau Théologien, sous la forme résumée, et résumée par l’auteur lui-mème, la forme longue paraissant perdue, éditée par I. Hausherr dans Orientalia Christiana, vol. XII, n° 45 (1928). Les Κεφάλαια πρακτικά, φυσικά, γνωστικά, Capita praclica, physica et gnostica, en trois Centuries. Avec la Vie pré­ cédente, c’est 1'écrit le plus important de Nicétas l. Le De. salute manibus facta 123*. Le Λόγος κατά πεΰσιν καί άπόκρισιν 5. Le Prologue pour l’édition des Amours des Hymnes di­ vins, ouvrage de Syméon le Nouveau Théologien Parmi les œuvres restées inédites, on citera surtout les deux lettres au syncelle Nicétas, où il est question de l'ante, du Paradis, de la Hiérarchie terrestre et de l'amour du prochain ; un traité de l’.d/ne, du Paradis, de la Foi orthodoxe en la Trinité ; trois Lettres apologétiques au syn­ celle Nicétas contre le sophiste Grégoire qui avait atta­ qué les traités sur Γ/b/te et le Paradis· toutes œuvres qui se trouvent dans le Vindob. Theol. grace. 12 du Sup1. P. G. CXX, 852-1009. 2. F. G. CXX, 1009-1012. 3. Dans Orientalia Christiana, toc. cil., p. χχχιν et xxxv. ■1. En partie seulement dans P. G. CXX. 310-311. Les Directeurs de In Collection Sources chrétiennes, ont fait connaître le projet de donner une traduction de cet ouvrage. Souhaitons qu'il leur soit possible de donner aussi une édition du texte. 20 INTRODUCTION plcmerd de Kollar et qui sont inabordables pour le mo ment. La Marcienne enfin possédait un De Paradiso Ter­ restri en cinq chapitres *. Il y a entre nos inédits et les Centuries notamment une parenté réciproque dans les idées et dans l'expression. Qu’on retienne quelques faits à l’appui. Le début du Paradis, par exemple, et le commencement de la première Centurie 12, où l'habitation de la Sainte Trinité en l’homme est donnée, ici cl là, comme tenant le premier rang dans la vie de perfection. Dans le premier écrit, la démonstra­ tion est seulement, plus longue et plus explicite. Qu’on rapproche de même le quatrième de nos inédits et le se tième numéro de la première Centurie 34 56: parmi nos soi explique ce dernier exposé, il en est de rationnels : la v et l’ouïe, ouverts à fa sagesse et à la soumission : les autres goût, odorat, loucher, irrationnels et pétris d’animalité s’insurgent contre la raison. Le deuxieme numéro de même Centurie 1 dit, comme notre cinquième texte il dit, mais plus brièvement, que notre àmc possède cin facultés. Ces deux passages souffrent une comparais· soutenue et fournissent une série de doublets inféressan On pourrait aussi trouver, dans les citations les pi affectionnées de l’auteur, l'indice que les différents texte qui les portent sont du même écrivain. Par exemple, la lin du Paradis Spirituel, ligure d’après saint Paul liste des fruits du Saint-Esprit ; on la retrouve dans deuxième Centurie s. Dans le Paradis revient, littérale o sons forme, de -glose, l’expression de saint. Paul : το γ; Πνεύμα ιτάντα iptuvx zri tx izfjr, τού (“)εοϋβ; on la lit auss dans la troisième Centurie7. Du fait qu’ils appartiennent au même genre, on décot 1. La liste de cc$ œuvre* inédites de Nicôtas Stéthatos se. trouve da M. Tu. Disdh.ii, Dictionnaire de Tlt&dogic catholique, t. XJ, 1»· partie, 193 col. 479-486, à l'article Nicétat StMhalos au Pcctoratus. On y trouve aussi ui excellente bibliographie d'ensemble sur notre auteur. 2. P. G. CXX, 852. 3. P. G. CXX. 853. 4. P. G. CXX, 856. 5. N’ 30, P. G. CXX, 913. 6. 1 Cor., II, 10. 7. N· 78, P. G. CXX, 995 LE PARADIS SPIRITUEL ET LES TEXTES ANNEXES 21 vrirait peut-être aussi un lien naturel entre nos textes. En tout cas, ils ne répugnent pas à se trouver ensemble. Rien n’empêche un auteur, qui vient de traiter dans le Paradis Spirituel de. I;» divinisation du chrétien, de s’in­ téresser au libre abritre chez l’homme : c’est notre n° 2. Affirmer l’un cl l'autre, c’est se donner un brevet d’or­ thodoxie, ou mieux d’antiaugustinisme et d’antipélagia­ nisme tout ensemble. Les actes que l'homme appelé à la divinisation pose, par le libre arbitre, souffrent discrimi­ nation, ils se hiérarchisent : on le prouve au n° 3. Car il reste en nous des vestiges de la nature animale : le n° 4 les relève. Notre être purement intellectuel, en tout cas, esl pourvu de cinq puissances ordonnées toutes à la vie propre dé l’âme : le n° 5 en décrit le fonctionnement. Il s’ensuit que pour juger pertinemment, de nos œuvres il faut tenir compte de cette complexité et les évaluer non d’après les résultats obtenus, mais d’après les intentions : on peut le constater d'après le raisonnement établi dans le n° 6. Entendez que nos réalisations sont limitées; il reste cependant que par l une des plus nobles fonctions de son âme, l’homme se met en rapport, avec plus haut que soi, avec la divinité, grâce à la prière : par la prière, il élève jusqu'à l’infini même SCS aspirations et ses désirs. 4. Aperçu sur les textes Inédits. a) « Le Paradis Spirituel ». Le mot Paradis se trouve fréquemment dans les titres d’ouvrages écrits pour les moines ou concernant les moines. Ainsi, lorsque Pascase, diacre de Γ Eglise de Rome, à la lin du Ve siècle, traduisit du grec ΓHistoire Lausiaque de Palladius, on appela son œuvre le Paradis d'IIêraclide \ Heraclide étant le nom de l’ermite à qui l’on attribuait faussement une version de ΓHistoire Lausiaque 12. 1. Dans P. L. LXX1V, 251-342. 2. Voir C. Dvti.eb, Tfte i.ausiac Histoni of Palladius. Cambridge. 1S9S. p 173. ·)·■> INTRODUCTION Le plus célèbre des Paradis connus reste celui de saint Jean Clima que : V Échelle du Paradis 1, écrite à la fin du vic siècle ou au début du vu®. C’est un titre et un ouvrage symboliques comme celui de Stéthatos. L’échelle dont il est question compte trente degrés, qui représentent les trente années de la vie cachée de Jésus-Christ. Ils sont gravis par des moines que l’auteur a connus pour la plupart. Plus près de Nicétas, au xe siècle, on donne, sous le nom de Jean lu Géomètre, encore un Paradis, qui se compose de quatre-vingt-dix-neuf é pigra mines 2. Enfin, Syméon le .Nouveau Théologien, dans son Divi­ norum Amorum Liber9, intitule un chapitre : Ιίερ'ι ττυ νιητοΰ Παρα3είσ:υ θεωρία καί ~=ζ·. τού έν αύτώ ςΰλω ζωής. Incipit : Ευλογητό; εί Κύριος, ευλογητός εί μου©;. Brillant expose sur le Paradis Spirituel et sur ΓArbre de Vie qui s'y trouve. C’est presque le litre choisi pour l’oeuvre de Nicé­ tas, disciple de Syméon. Aussi y viendrons-nous plus loin 4. A peu près contemporain de l’œuvre de Nicétas est un écrit anonyme, intitulé Jardin Spirituel, conservé dans le liod/eianus Clarkiartus XI d’Oxford, du xmR siècle. Le caractère symbolique et allégorique de ce morceau, qui est assez long, lui confère un prix particulier. Une édition en a été préparée par MUc Margaret II. Thomson, de Toronto. Mais ce texte n’a pas encore été imprimé. Bref, le mot de Paradis comme celui de Speculum, Miroir, chez les Latins, sert, d’enseigne à toutes sortes do pieuses dissertations, telles qu'on les écrit ou qu’on les médite dans les monastères du moyen âge. Est-il besoin de faire remacqucï* que ce ne sont pas les auteurs eux-mêmes, ni Syméon, ni Stéthatos, qui ont rédigé ces titres pompeux, ou du moins la glose de ces titres. La plus élémentaire modestie aurait retenu sous leur plume les épithètes louangeuses : σοφωτάτη και υψηλή τροπική θεωρία, d'une part ; et τηλαυγής θεωρία. 1. 2. 3. Cfi4. P. G. Lxxxvin, 631 1164. Dani P. G. CV1. Dans P. G. CXX. 301 cl 5X5. V. le Commentaire, p. 7'.·. LE PARADIS SPIRITUEL ET LES TEXTES ANNEXES 23 Quoi qu'il en soit, le genre littéraire désigné à l’époque sous le nom de Paradis devait, convenir assez à la manière de Nicétas, puisque ce vocable revient quatre fois dans le titre des autres inédits en dehors de celui qui nous occupe. Parce qu’il a choisi le genre symbolique, Nicétas évo­ lue simultanément sur deux terrains, au lil de la disser­ tation. Partant de la Genèse, il avance brièvement que ΓArbre de \ ie représente le Saint-Esprit et que nos corps en sont le temple. Ce qu’il développe ensuite plus longuement. • c’est l’équivalence entre l’Arbre de la Science du Bien cl du Mal et. cette faculté de connaissance que nous appelons la sensibilité ou les sens. Étant donné la dualité de sa nature, l’Arbre de la Science du Bien et du Mal produit des fruits de plaisir et des fruits de douleur. Autrement dit, suivant la qualité des intelligences, la science est un bien pour certains esprits et un mal pour d’autres. Deux paroles de Dieu au Paradis montrent que la con­ naissance du bien et du mal nous vient par les sens : en effet, si pour parler à notre raison Dieu emploie le singu­ lier et dit : « Tu mangeras de tous les arbres du jardin c’est ensuite du pluriel qu’il fait usage pour s’adresser à la partie irrationnelle de notre âme et lui défendre de manger les fruits de l’Arbre de la Science du Bien et du Mal. Par nature, les fruits de cet abre ne sont ni bons ni mauvais ; ils ne deviennent tels ou tels que par l’usage que l'homme en fait. A preuve, les exemples fournis par la Bible, par l’histoire monastique cl par l’expérience de tous les jours *. C’est dire que Dieu n’est pas l’auteur du mal. et que lorsque nos sens sont purs, 1a science qu’ils nous donnent est excellente et même enrichissante pour l’activité de l’homme. C’est encore la conduite de Dieu au Paradis Terrestre qui met en relief la supériorité de l’âme au regard du corps. Déjà très libéral pour ce dernier, le Créateur l’a 1. V. le Commentaire, p. 83-Sf. 24 INTRODUCTION été bien plus encore pour notre Aine. Il n’a pas voulu, en particulier, que le corps et scs instincts prissent, la direc­ tion de nos vies. Quand il a créé l'homme à son image, il en a fait un être divinisé qui devait être roi de scs pas­ sions, comme il l’est de la création. Bien plus, il a fait de l’homme un ange, et plus qu’un ange, un dieu par adoption. Sur ces questions, Γ Évangile fait, écho à la Genèse : trois paroles du Christ témoignent de la priorité essen­ tielle du monde spirituel : « Ne travaillez pas pour la nourriture périssable 1.— J’ai une nourriture que vous ne connaissez pas 12. — Cherchez d'abord le royaume des Ci eux 3. » Quant à l’obligation du travail et à la loi qui pesait sur Adam, elle consistait d’une part à contempler l’œuvre de Dieu et son plan sur h· monde 4 et, d’autre part, à aimer, à révérer et à connaître son Auteur. A remplir ces deux obligations, l’homme cueillait des plantes immortelles dans l’Édcn. Du jour où la femme le lit tomber, il perdit son unité foncière pour passer sous le joug de la chair et dans la dualité. Drame terrible, qui aurait pu être encore plus tragique, remarque fort élo­ quemment Nicélas, en haussant le Ion â la manière tics Pères de l’Église : si la mort de l'âme n’avait pas entraîné aussi celle du corps, Dieu eût été outragé sans fin dans son habitation en nous ! Ici 5 finit le premier développement du discours. 1. Joan. VI, 27. 2. Joan. IV. 32. 3. Maith. VI, 33. •I, Cette idée profonde que Nicélas entoure en passant : contempler pour découvrir le plan divin, on pressent qu’il aurait été capable de la développer et de retrouver, avec d'autres penseurs, les conditions de travail d'avant La chute ; conditions assurées par la raison, travail de contemplation pure, «pii est encore, en grande partie celui du savant authentique, c'est à-dire simplicité du regard jeté sur l'œuvre de Dieu, seule attitude qui puisse amener l'homme à capter les sources secrétes de la création â leur point de jaillisse­ ment initial. C'est cotte vue en profondeur qui explique, en partie, chez Nicétas, l'admiration pleine de déférence qu'il porte aux Spirituels qui sont tous des contemplatifs. Le comportement de ces hommes, lui semble-t-il, rappelle, parmi nous, la noblesse· de vie de notre premier père avant a chute. 5. Fin du paragraphe 21. LE PARADIS SPIRITUEL ET LES TEXTES ANNEXES 25 Dans la seconde partie, qui est moins spéculative, et moins étendue, il est question des vertus, notamment de l’humilité et de la charité. Ces deux vertus sont considérées tantôt comme les deux extrémités de la chaîne des vertus en général, tantôt comme les degrés extrêmes d’une échelle mystique. L’humilité et ses satellites restent le lot des chrétiens ordinaires, âmes qui se situent fort au-dessous des spi­ rituels dont on va parler maintenant. Voici en effet, semble-t-il, l’îdée maîtresse du discours, Très habilement présentée, elle vient à son rang et comme de soi. L’âme que conduit la charité entre dans le sanc­ tuaire de Dieu et ne peut, se résigner à se délecter seule dans les richesses qu’elle y trouve. Elle se porte donc à l’assemblée et, sous l’action de l’esprit, elle enseigne. Si puissante est dans l’âme l’œuvre du Saint-Esprit que, fût-il illettré, le spirituel devient capable de donner un enseignement universel qui embrasse les sept dons et les fruits des sept dons. Cet homme enrichi des charismes du Saint-Esprit est devenu un Paradis divin, puisqu’il est la demeure de l’in­ divisible Trinité et qu'il porte en son cœurl’Arbre de Vie, Dieu lui-même. II a su discerner l’arbre bon de l’arbre mauvais et passer sous la totale influence de l’esprit de Dieu. C’est dire qu'il est entré dans le royaume des Cicux, puisque le Christ a dit : « Le royaume des Cieux est au-dedans de vous » et ailleurs : « Que tou règne arrive sur la terre comme au ciel. » L’auteur termine par un souhait, qui est une aspiration vers le royaume dont il vient de décrire l’accès dans son exposé. On constate, dans cette dernière partie, que le senti­ ment de conviction qui soutient l’ensemble du discours s’intensifie encore. 11 y a désormais, dans le style, une chaleur plus ardente qui ne semble pas être artificielle', ni commandée par le métier. Ce n’est certes pas la flamme même, mais c’est le reflet authentique de la flamme apostolique qui brille tout à coup dans les péroraisons des Lettres les plus didactiques de l’apôtre saint Paul. 26 INTRODUCTION b) Sur le libre arbitre. L’auteur nous reporte au Paradis Terrestre. Lorsqu’il créa l’homme, Dieu le gratifia du libre arbitre, c’est-à-dire qu'il le mil en état de s’engager dans la Voie de la Vie ou dans celle de la mort. Nicétas tire une conclusion : tout ce qui se trouve hors du domaine du libre arbitre, tout en étant dans l’homme, la taille, par exemple, le teint, n’est susceptible ni de récompense ni de châtiment. De plus, les actes qui sont méritoires supposent non seulement notre libre choix, mais encore l'aide de Dieu. Dieu collabore donc avec nous, mais il ne nous fait jamais violence. Pour guider notre libre arbitre, il nous a donné une double série de commandements : les premiers nous déi­ fient dès cet te terre, les seconds nous obtiennent le pardon de nos péchés. Pour gagner scs lecteurs à la pratique des premiers com­ mandements, Nicétas leur promet les arrhes de l’Esprit : c’est l’entrée dans le cercle des Spirituels. 11 termine par une menace : l’homme qui transgresserait tous les corn-mandements serait un misérable qu’attend le châtiment réservé au Démon et à ses A^gcs. c) Vâleut des choses naturelles. Les idées de ce troisième exposé sont en connexion étroite avec celles des deux précédents. Il s’agit de reconnaître la qualité morale des choses : bonnes, mauvaises, indifférentes. C’est de ces dernières que Nicétas parle surtout. On remarquera qu’à propos de l’obscurité de vie, le fil du récit se trouve coupé brusquement. Il est probable qu’il faut supposer ici une lacune due à l’inadvertance des copistes : une ou deux lignes de l’original n’auront pas été copiées. LE PARADIS SPIRITUEL ET LES TEXTES ANNEXES 27 d) De. ce qui se trouve en nous de la nature irraisonnable. Spiritualiste fervent, Nicétas s'intéresse à tout pro­ blème qui concerne la vie de l’esprit, comme en témoigne ce schéma, écrit cri vers politiques de quinze pieds, sur les instincts et sur les substances organiques, éléments qui sont ennoblis par la présence de l’âme, mais qui lui sont étrangers. e) Qu il y a cinq puissances dans l’âme. Nicétas transcrit ici les distinctions établies de tout temps entre les diverses facultés de l’âme. Il joint à chacune d’elles une courte réflexion et termine sur des considérations morales qui ne sont plus dans la ligne du développement. Pourquoi cette rupture dans les idées ? Peut-être est-ce le fait d'un copiste qui aura glané les sentences finales dans les écrits de Nicétas cl qui les aura placées là pour ne pas les perdre. Peul-être est-ce une disposition prise par Nicétas luimême ? On aurait affaire, dans ce cas, à une sorte de canevas de nature psychologique en apparence, mais qui, une fois développé, aurait contenu assez d’idées d'ordre moral pour pouvoir se clore sur les apophtegmes en ques­ tion. f) La valeur de nos actes. L'auteur se révèle ici casuiste de talent : il sait porter, sur notre conduite morale, en termes clairs, dans le détail des circonstances, des principes et des conséquences, un jugement qui témoigne d’une appréciation juste en même temps que délicate des actes humains posés dans la lu­ mière, après mûre délibération : n’aflirmc-t-il pas avecforce le primat de l’intention dans la vie de l’homme, primauté pour lui si réelle qu’elle peut se suffire à ellemême, à l’occasion, sans autre adjuvant, pour réaliser le bien comme pour réaliser le mal. 28 INTRODUCTION g) Sur la prière. Dans ce dernier exposé, Nicolas établit d’abord une distinction de nature entre la prière et le vœu. Son rai­ sonnement tourne ensuite en exhortation morale el se termine par un conseil de prudence. 5. La portée de ces textes. Nonobstant le rôle tenu par’l’auteur et le caractère mouvementé du temps où d vécut, ou ne trouvera pas dans les quelques traités mineurs ici mis à jour une con­ tribution à l’histoire proprement dite de l'époque. L’inté­ rêt des pages ici éditées est ailleurs. Il est dans la ligne même des études portant sur la spiritualité monastique en Orient. On aperçoit ici le relict de disciplines fami­ lières : on y entend la voix d’Ignace d’Antioche, pour qui les chrétiens sont, des porte-Dieu. La spiritualité optimiste du Pasteur i TctlatnenU de I’. Zom.i.i,, S. J.. 2* édi­ tion, Paris, 1931, peut-il être d'un grand secours par les rapprochements de toute sorte qu’il fournit pour chaque mot. 2. Luc. cil., p. xcil. 8. Nicétas Stéthatos. 3 34 INTRODUCTION la plénitude de sens que le moine grec saisissait du pre­ mier coup dans les expressions correspondantes dérivées de Le lecteur doit toujours mettre le mot esprit, même quand il n’est pas écrit avec une majuscule, en relation avec ΓEsprit-Saint. L’esprit dans l’homme est cette partie de l’ânie supérieure à l’intelligence qui. ani­ mée par Γ Esprit d’En-llaul, devient le principe et le siège de la vie spirituelle. » Peu d’autres vocables, hâtons-nous de le dire, sont à l’égal de τζνευμα écrasés par la substance sémantique. Peut-être le mot χΐσΟησι; est-il lui aussi susceptible de tenir plusieurs rôles sous la plume de Stéthatos : sensibi­ lité, activité des sens, sens ? C’est cela tout ensemble. On voudra bien s’en souvenir en lisant le texte. Par endroits, le traducteur français aura don»· l’impression que pour rendre intégralement l’idée, il ne serait pas trop d’une ; paraphrase. Encore une fois, ce genre «le difficulté n’est pas absolument constant et le commentaire l’aplanira en partie, espérons-le. Nous n’avons rien dit de la composition, et pour cause Sans être tout à fait absente, elle a un dessin si lâche, si capricieux et si irrégulier qu’il ne sera pas aisé de décou­ vrir le plan suivi par l’auteur. L’allure «lu récit rappelle la marche de Sénèque : une progression zigzaganle. qui compense par l’imprévu des découvertes les accrocs faits à la logique. 7. Jugement d’ensemble. Résumons en terminant l’apport de Nicétas dans le. Paradis Spirituel et les brèves dissertations qui suivent. L’histoire proprement dite, celle pour qui les faits seuls ressuscitent le passé, ne glanera ici qu’un petit nombre d’épis. Elle fera cependant état des ouvrages mineurs d’un écrivain qui fut un moment, par la plume, un des prota­ gonistes du schisme d’Orient. c’est-à-dire de l’un des drames les plus marquants de l’histoire humaine, puisque neuf cents ans bientôt révolus ji’auront pu épuiser les conséquences dont il était et dont il reste encore la source. Ils seront curieux de connaître sous un autre jour que LE PARADIS SPIRITUEL ET LES TEXTES ANNEXES 35 celui de la grande histoire l’adversaire du cardinal Humbert, un peu comme ils s’intéressent à la pensée intime et secrète des homines publics de tous les temps. Les philologues eux aussi, malgré l'imperfection de ce travail, enregistreront, à côté et à la suite de la l ie de Syméon le .Nouveau Théologien éditée par le P. Hausherr, la parution de ces plus minces inédits, complément d’une œuvre et d’une activité relativement importante. Les personnes qui étudient les choses de la mystique recueilleront de même la déposition de notre auteur : Nicétas vient, à son tour, dire avec conviction son humble avis sur la contemplation. A la suite des plus profonds philosophes de l’antiquité, des Pères de l’Isglise — d’un saint Grégoire de Nazianze par exemple , des saints formés dans Γ Évangile, il la proqlaipc la forme de vie humaine, la plus haute, la plus féconde et la plus béati­ fiante. Tous ceux enfin qui s’intéressent au monachisme orien­ tal auront ici, par moments, l’impression de pénétrer un peu dans la vie intellectuelle des moines du xic siècle et de surprendre leurs préoccupations à longueur de jour­ née. Préoccupations un peu abstraites et quintcssenciées peut-être, mais si constamment tournées vers l’amélio­ rai ion nrnrale qu elles deviennent un spectacle bienfai­ sant et tonique au premier chef. Celte impression repose et ravit. Elle adoucit, aussi le verdict sévère porté par l’histoire sur l’inertie et presque sur la stupidité intellec­ tuelle et religieuse de la première génération des moines " orthodoxes » byzantins. Bibliographie sommaire. Λ. H. — Nous nous bornons à signaler dans la lisl ci-dessous les seuls ouvrages expressément mentionnés a Cours de notre travail. Balthazak 11. ! .. Kosmische Liturgie, Maximus d Bekenner, Freiburg i. B.. 1941. Bbéiiieb L., Le Schisme oriental du XIe siècle, Paris, 189 Βυτι,κκ C.. The Lausiac History of Palladius, Cambridg 1898. f Crampon A., La sainte Bible, édition revisée,Paris, 193 Cantabella R., 5. Massimo Confessore : La Mislagog ed alti scrilti. Testo c versione italiana, Florence, 193 Dain A., Leçon sur la Stylistique grecque, Paris, 1941. Dieui. Ch. cl G. Marçais, Histoire du moyen âge, I. II Le Monde Oriental de 395 à 1081, Paris, 1936. Disoif.b Μ. Th., Nicétas Stéthatos ou Pee.toratus, dans Di tionnaire de Théologie Catholique, I. XI, premiè pari i··. 1931, col. 479-486. Epipiianox io/, S. I... Matériaux pour l'étude de la vie des écrits de saint Maxime, Kiev. 1917 (en russe). Fabiuc.ii s-I I abt.ùs, Bibliotheca Graeca, Hambourg, 179 1809. Grumel \ .. [Saint Maxime de Chrysopolis ou Maxime Confesseur, dans Dictionnaire de Théologie Cath lique, I. X, Paris, 1928, col. 448-449. - Noles d·'lu foire et de chronologie sur la aie de saint Maxime, dai Echos d'Oricnt, 1927, t. 26, p. 448-449. Guii.i R., Essai sur Nicéphore Grégoras : ΓHomme TCEuvre, Paris, 1926. Lagbang e M. .T., Saint Paul. Épîlre aux Romains. Paris 1916, p. 215. Migne J. P., Palrologiac Graecae t. î.XXXVIII, X XCI. CXX. — Patrologiae Latinae t. LXXI1I. BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 37 Xicétas Stéthatos, Un grand Mystique byzantin. 1 w de Syméon le Aouveau Théologien, 949-1022, publiée par I. 1-Iausherr, Home, 1928 (Orientalia Christiana, vol. XII, num. 45). Paruuiiie J., Les débuts du Monachisme à Constantinople, dans Revue des filiales historiques, t. LXV, 1899, p. 67-143. Toussaint C., fipîtres de saint Paul. Leçons d'Exégèse. II. L'Epitre aux Romains, Paris, 1913. Vh.i.EK M-, Spiritualité, des premiers siècles chrétiens, Paris, 1930. — Jhx Sources de la Spiritualité de saint Maxime. Les (Euvres d’Evagrc le Politique, Toulouse, 1930. ZoREi-i· I ·· Lexicon Graecum A ovi Testamenti, 2e édition, Paris, 193 J. TEXTE ET TRADUCTION I Le paradis spirituel-1 Qu’est ce que le paradis spirituel?’ Quelles en sont les plantes et. les fruits divins? Très savant et profond exposé figuré. — De Stéthatos. ·> 1. 1.'arbre de Vie c’est le Saint-Esprit qui habile en l’homme fidèle comme saint Paul ’ le dit. : « Ne savez-vous pas que vos corps sont le temple du Saint-Esprit qui habite en vous ? * » L'arbre de la connaissance du bien et du mal c’est la sensibilité qui porte deux fruits contraires l’un à l'autre et qui ont une nature double. 2. Quels sont ces fruits ? Le plaisir et la douleur, ’ et chacun se divise encore en deux. Le premier se divise en besoin et nécessité naturels d’une pari, puis en libertinage et excès ; l'autre en crainte et tristesse d'abord, ensuite en luttes et fatigues imposées par l'esprit. 3. De ces fruits l’un est bon quand on le prend pour une nécessité naturelle et avec à propos. Car ce n'est pas malcncontreusementque la sensibilité se trouve implantée en nous *, et ce n'est pas par jalousie qu'on lui a fait une'12 1. Les astérisques renvoient ci-dessous aux paragraphes correspondants du Commentaire. Si un paragraphe donne lieu à plusieurs renvois, le premier renvoi se fuit par un seul astérisque, le second par deux astérisques, etc. I.es titres qui comportent un astérisque renvoient au commencement des chapitres respectifs dans le Commentaire. 2. 1 Cor., VI, 19. I ΤΙΣ Ο ΝΟΗΤΟΣ IΙΛΡΛΔΕΙΣΟΣ ν.Α -.i'i'x τα -V αΰτώ φυτά καί οί τούτων θείοι καρποί. Σοφωτάτη καί ύύηλή τροπική θεωρία. — ΣτήΟατου. 1. Το τύλον τής ζωής το άγιον II νεύμα έστι το ένοικοϋν έν τώ πιστώ άνΟρώπω, καθώς ό ΙΙαϋλός φησιν ‘ « Ούκ οιδατε ότι τά σώματα υμών ναός είσι τού άγιου Πνεύματος τού ένοικόδντος έν ύμίνζ » Ξύλον δέ γνωστόν καλού καί πονηρού ή αϊσΟησις ή ούο αντικειμένου; άλλήλοις φερουσα -.αρπούς τώ την φύσιν διττώ. 2. Ί'ίνες δε εισιν ουτοι; Ηδονή καί οδύνη, ών έκαστη διαιρεί­ ται αυΟις =·.; δύο. Διαιρείται δέ ή μέν =·ς χρείαν φυσικήν τε καί άναγκαίαν καί εις λαγνείαν καί πλησμονήν, ή δέ εις φόβον καί λύπην καί εις αγώνας καί πόνους πνευματικούς. 3. Γούτων ή μεν καλή έστι εις μετάληύιν φυσικήν τε και αναγκαιαν μεταβαλλόμενη εύκαίρως. Ουδέ γάρ κακώς έν ήμίν ή αϊσΟησις έφυτεύΟη, ουδέ φΟονερώς άπηγορεύΟη έν τώ ειπεΐν ’ « Ού φάγεσΟε άπ’ αύτοΰ » ’ εις γάρ απόπειραν τινα καί δοκιμήν 42 LE PARADIS SPIRITUEL défense, quand on lui a dit : « Vous ne mangerez pas de cel arbre » !. C’est pour mettre comme à l'épreuve, à l’essai et en exercice les tendances de l’homme et son obéissance ou son insoumission qu’elle a été implantée. 4. Aussi a-t-elle été appelée ΓArbre de la connais­ sance du bien et. du mal. C 'est qu elle donne la puissance de connaître à ceux qui participent à sa nature propre, puissance qui est bonne pour les parfaits, mauvaise pour les imparfaits. Elle est de plus, en ceux qui sont trop friands de sensations, comme une nourriture solide pour ceux qui ont encore besoin de lait2, lorsque c'est pour lê libertinage ou avec excès qu’on prend le plaisir. Elle produit aussi, en conséquence, la connaissance du mal qui est douleur, cause pour l'âme de crainte et de tristesse. 5. Le plaisir produit dans l’âme la connaissance du bien lorsque c'est pour un besoin et une nécessité naturels qu'il est pris. La douleur, au rebours, produit la connaissance du mal lorsque ce n’est pas pour un besoin naturel, mais en vue du libertinage ou avec excès qu’on1 prend le plaisir.Ainsi à tout plaisir succède une douleur. * C'est pourquoi on appelle connaissance du bien, du mal et du mauvais, l'arbre de la sensibilité, et c’est à bon droit. 6. Parmi les plaisirs il en est pour l'âme et il en est pourlecorps. Les plaisirs de l’âme ont trait h la contem-. plation * et aux études. Ceux du corps se prennent en conmunauté avec l’âme : ce sont ceux qui regardent la nourriture, les relations intimes et les chose! de ce genre. Telles sont du bien la nature et la connais-, sance. Dans l’usage des aliments, en tout cas, inter­ viennent le dégoût et l’insatiabilité ; dans la parure,,1 2 1. Genèse, Π, 17. 2. Hèbr., V, 12. ο ΝΟΗΤΟΣ ΠΑΡΑΔΕΙΣΟΣ 43 και γυμνασίαν τής τού ανθρώπου ροπής τε καί ύπακοής ή παρα­ κοής έφυτεύΟη. 4. Διά τούτο γάρ ζαΐ ξύλον του γιγνώσκειν καλόν τε και κακόν ζέζληται, δύναμιν διδοΰσα γνωστικήν τοίς μεταλαμβάνουσι τής οικείας φύσεως, ήτις καλή με'ν έστι τοίς τελείοις, κακή δέ τοίς άτελεστέροις* έτι καί τήν αϊσΟησιν λιχνοτέροις ώσπερ στερεά τροφή τοίς ετι γάλακτος δεομε'νοις έπη νίκα είς λαγνείαν ή πλησμονήν ή μετάληψις αυτής γένηται ‘ καθ’ ήν καί τήν γνώσιν του κάζου ποιείται τή μεταλήψει, ήτις έστί οδύνη ή πρόξενος τή ψυχή φόβου καί λύπης. 5. Ή μεν γάρ ηδονή τήν γνώσιν έν τή ψυχή του καλού ποι­ είται εις φυσικήν χρείαν καί1 άναγκαίαν μεταληφθεΐσα. Ή δέ οδύνη τήν γνώσιν άντικρυς τού κακού, όταν μή κατά χρείαν φυ­ σικήν, αλλά κατά λαγνείαν ή πλησμονήν ή μετάληψις τής ηδονής γένηται. ΚαΟ'ο καί πάσαν ηδονήν οδύνη διαδέχεται. Διά ταΟτα ουν γνωστόν καλού τε καί κακού καί πονηρού το τής αΐσΟήσεως ξύλον κέκληται, καί εικότως. 6. Καί των ηδονών αί μεν είσι ψυκικαί, α! δέ σωματικαί. Καί ψυκικαί μέν αί περί τήν θεωρίαν καί τά μαθήματα, σωμα"ίζαί δέ αί μετά κοινωνίας τής ψυχής γινόμεναι καί τού σώματος, οσαι περί τροφάς ζαΐ συνουσίας καί τά τοιαύτα. Αύτη τού καλού ή φύσις και γνώσις. Εν γούν ταίς τροφαΐς μεσάζε: à κόρος καί ή απληστία, έν τοίς ένδύμασιν ή πλεονεξία καί παράχρησις, έν "Λις νομίμοις καί φυσικαΐς συνουσία·.; αί παρά φύσιν καί ή κατά*Ζ?ή'··ξ· Αδτη ή γνώσις τού κακού. 44 LE PARADIS SPIRITUEL l’ambition et l’excès, dans les relations intimes et naturelles, celles qui sont contre nature ou abusives : voilà la connaissance du mal. 7. De ces deux choses la connaissance nous vient par la sensibilité. Or, quand Dieu dit, une première fois, comme s'il s'adressait à un seul : « De tout arbre du jardin lu feras ta nourriture ·> *, il parle à la partie raisonnable de l’âme, * en tant qu elle est seule appelée ' à un destin supérieur, il sépare le champ de la contem­ plation des choses divines do toutes les choses naturelles qui relèvent du domaine de notre connaissance et de I notre plaisir “. il meta l’épreuve, grâce à la contemplation pure, les pensées de ceux qui ont pris du fruit ainsi que leurs passions 8. En second lieu, comme si Dieu s’adressait à deux ou même à des parties plus nombreuses* | de l'homme irrationnel qui est tributaire de la dualité ’ matérielle, du désir et de la concupiscence, et qui n'a pas de peine à faire descendre l'esprit jusqu'au mal : « De l’Arbre de la connaissance du bien et du mal vous ne mangerez pas » dit-il. Qu'entend-il par là ? sinon plaisir et douleur, comme il a été dit. 9. Connaissance du bien et du mal, tel est le nom donné à la contemplation effective de cet arbre en tant qu'elle donne aux parfaits * une puissance pour connaître toutes les choses visibles et invisibles, humaines et divines. Et. cette puissance est capable, à partir non seulement de la contemplation des belles choses, mais encore à partir de celles qui sont contraires à la piété, en conformité avec la disposition dominante de l’esprit, «le devenir aussi chez le contemplatif un moyen «le capturer ses semblables. 10. Ainsi autrefois, chez les 1. Genèse, II. 1G. 2. Genite, II, 17. Ο ΝΟΙΙΤΟΣ ΠΑΡΑΔΕΙΣΟΣ 45 7. Τούτων δέ των άμφοτέρων ή γνώσις γίνεται ήμίν άπό τής αίσθήσεως ’ εν γουν τω ε’.πειν πρώτον τον Θεόν ώς τ.ζ'ζ: vrj. ■ « Άπό παντός τύλου τοϋ έν τώ παραδείσω βρώσ-ι ραγή », "<;» λογιστιζώ μέρει τής ψυχής ώς μόνω τής ζρείττονος ΰπάρχοντι μοίρας διαλεγόμενος ό θ«ός, απομένει την χώραν τής θεωρίας των θείων πραγμάτων άπό πάσης ρύσεως των οντων τής έμής γνώσεως καί τρυρής, διά θεωρίας ακραιφνούς μετά λαβής1, τούς λόγους εξετάζω* καί τάς κινήσεις αυτών (*). 8. Ε?τα ώς προς δύο ή καί πλείονας τώ άλογωτε'ρω μερει, ώς τής υλικής δυά­ δες ΰπάρχοντι θυμού ζαί επιθυμίας και προς τα πονηρά τήν διά­ νοιαν ζατασπώντι ραδίως ’ « Άπό δε τοϋ ξύλου τοϋ γινώσζειν ζαλδν ζαί πονηρόν οΰ οάγεσθε. >» Λπ αύτοϋ ποιον δε λίγων; Ηδονής ζα’ι οδύνης, ώς καί πρόσθεν είρηται. 9. Γνωστόν 2 δε ζαλοϋ ζαί πονηρού λέγεται ή του ξύλου τούτου τής θεωρίας μετάληψις ζαθο τοίς μεν τελείοις δύναμ-.ν παρέχει γνώσεως πάντων των ορατών τε και αοράτων, άνθρωπίνων τε ζα’ι θείων πραγμάτων, ζαι δυναμένην ού μόνον άπό τής θεωρίας των χαλώ*, άλλα ζαί άπό τής των εναντίων τή θεοσεβεία, ζζτά τήν έζάστω κρατούσαν έξιν τής διαθέσεως, ζαί τώ μεταλαμόάνοντι γενίσθαι τής αιχμαλωσίας των όμοζωής3 πρόξενον. 10. ΟΓόν ποτέ ό έν πατράσι Οεσπέσιος Χόννος έζεΐνος ειργά(*) ’Ισιδώρου. Τχ μιν ïçt/.τχ ράδιον θηραται, άτ: où πολλής διό•Λ'να πρα;ματ::α; ’ τά δί δυσ;φ«χτχ ούδαμώς άλώσιμχ οντα πόνον ;j?v προçty«î Ιάνίοιχτά ούδχμώ; άλώοιμα wt» πόνον μεν προξενεί ro?? τολμώσιν επί τςν Θήραν ίξελΟεΐν · καί νΐωδήποτι χαίρω πρχγμα, πάσης Θήρας κρεϊττον Θήιαν lr.\j ειροΰντε; το5 τελου; α;ααρτάνουσιν. I λαβή; Daln : λάβοι; coστόν not ; γνωστόν cod. 1 3. όμοξωήε cod- 46 LE PARADIS SPIRITUEL Pères, le divin Nonnus’ ’ eut à faire, pour la ramener de chez les courtisanes, à la bienheureuse Pélagie, et il la présenta, vierge pure, au Christ 1st l'ascète Vitalius 1 “ lit de même avec les courtisanes d'Alexandrie. 11. Pour les imparfaits touchant les choses divines, et pour ceux qui manquentd'expéricncc dans la participa­ tion à ce pouvoir, c'est au contraire la connaissance du mal qui se produit comme il arriva justement, un jour autrefois, aux fameux prêtres ot juges’ pour avoir regardé la chaste Suzanne. · Ainsi donc ce (pii pour le divin Nonnus fut cause de vie, dans la grâce, fut pour ces vieux prêtres et juges, cause <1 - mort. 12. Et non seulement il en fut ainsi autrefois, pour chacun, à la suite de la contemplation de l'une et l’autre plante, mais encore aujourd'hui, tous les jours, c'est la même chose pour tous. Non que la plante soit ainsi de nature, loin de là ! car elle n’a pas été méchamment plantée pour un mal — Dieu ne fait rien de mal — mais parce que manque le sens de la pureté pour la comprendre et la contempler. 13. De la même manière donc, pour ceux qui sont purs et mus par Γ Esprit-Saint, la contemplation des choses humaines et des propriétés de la nature divine à été bonne’, sûre, irréprochable et salutaire, communiquant toute bonté aux actions particulières proportionnellement au pouvoir reçu par chacun. 14. Combien l’âme est plus élevée que ce corps corruptible ■' et combien plus précieuse, c'est évident pour tous ceux qui marchent selon l'esprit. Et de quoi Dieu tient-il donc un plus grand compte, du corps ou de l'âme? C'est de l'homme douéd’in1. 2. 3. 4. 5. Voir le Commentaire, p. S3. îl Cor., XI, 2. Voir le Commentaire, p. 85. Voir Dan., XIII. Cf. Hom., VII, 25. Ο ΝΟΗΤΟΣ ΠΑΡΑΔΕΙΣΟΣ 47 σατο τήν μαζάριαν έζ πορνών Πελαγίαν αγνήν τώ Χριστώ -χρπαραστησά μένος, ζαί ό ασκητής Βιτάλλιοςτάς εν ’Αλεξάν­ δρειά πόρνας. 11. Τοίς δέ γε ατελεστέροις περί τα θεία κάί ~ρ'~: τήν ταύτης μετάληψιν άπείροις, τής εναντίας τού κακού πρόξενος γίνεται γνώσεως, ώσπερ δε γέγονέ ποτέ τοίς ίερεύσι ζαί κριταϊς έζείνοις πάλαι ή τής σώρρονος Χουσάνης’ θεωρία. Ό ούν τώ θείω πατρί Νόννω πρόξενον έγένετο ζωής έν τή χάριτι, τούτο τοίς παλαιοίς ίερεύσιν έζείνοις πρόξενον θανάτου έγένετο. 12. Καί ού μόνον ταύτα συνέβη τότε έζ τής -κατ’ άλλήλου τοΰ φυτού τούτου θεωρίας εις έκαστον, άλλα καί νυν καθ’ έκαστην συμβαίνει έν έζ.άστω · οΰχ ότι ουτω ρύσεως τό φυτόν έχει, άπαγε ' ού γάρ έρυτεύ'ΐη κακώς ώς κακόν — ο ύοέν γαρ κακόν έποίησεν ό Θεός — άλλ' ότι καθαρών τα αισθητήρια οέεται εις κατανόησιν καί οπτα­ σίαν αυτού. 13. Ί'ούτω τοίνυν τώ τρόπω τοίς ζαΟαροίς ούσι ζα· ό’.α Πνεύματος αγίου ένεργουμίνοις, ή θεωρία τών ανθρω­ πίνων πραγμάτων ζαί τών τής θείας ρύσεως ίοιωμάτων ζάλή τε καί άπταιστος, άνεπισραλής καί σωτήριος γέγονε, μεταοιόοϋσα παντός αγαθού τοίς οΐζείοις ποιήμασι κατά τήν έκαστου οεκτιζήν οϋναμιν. 14. 'Όσον 3έ ή ψυχή τού φθαρτού τούτου σώματος ΰψηλότεοα ζαί τιμιότερα, δήλον πάσι τοϊς κατά πνεύμα περιπατούσιν. Είτα τίνος άρ« ’ Θεός ποιείται λόγον πλείονα τού σιόματος ή τή; ψυχής: Τού ανθρώπου τού νοούμενου πλείονα άρα λόγον ποιείται ό πλάσας αυτόν ' καί δαψιλεστάτης μεν νοητής οα1 . Σουσάνηί nos : 'Άννης cod. 48 LE PARADIS SPIRITUEL telligence que son Créateur fait plus grand cas. Il l'a jugé digne de la prodigalité spirituelle la plus magnifique * — il a dit, en effet, : « De tous les autres arbres qu sont dans le jardin, tu feras ta nourriture » — 1 prodi­ galité point du tout inférieure à la prodigalité réservée aux sens. 15. Or. cette prodigalité sensible/ ce n’est pas seulement par le moyen des aliments qu’elle se manifeste à nous, mais elle tombe encore sous les sensi île beaucoup d’autres manières différentes. 16. Λ mon avis, ce n’est pas en conformité avec celte sensibilité brutale qu'au commencement Dieu voulut que l’homme se mit à l’action, et qu’il menât la vie à laquelle depuis la chute nous avons été condamnés, à savoii : â l'esclavage du ventre 12, et pire encore, mais qu’il fût divinisé pour ainsi dire, roi de lui-même et de ses passions, comme il l'était de la création entière. Sans quoi, Dieu aurait-il créé l'homme comme un ange et comme un Dieu en imprimant en lui spirituellement son image? 17. Non, le dessein de Dieu n'était pus que l'homme fût à ce point changé en bête, et qu’il recherchât la sensi· bilité et vécût pour elle. En voici la preuve dans cette suprême parole du Créateur : « Ne travaillez pas pour la nourriture périssable, mais pour celle qui demeure pour la vie » 3* 5, parole semblable â cell* qui fut dite, dans l’Eden, à Adam : de travailler et de garder le jar­ din · ’. 18. Et encore cette affirmation : « Moi. j'ai une nourriture à manger que vous ne connaissez pas» .à l’adresse de ceux qui tiennent leur esprit manifestement attaché aux choses visibles. Et à nouveau :« Cherchez' 1. 2. 3. •1. 5. Genèse, II. IC. Hom.. XVI. IS, Jean.. VI. 27. Gai.. II. 15. Joan.. IV, 32. Ο ΝΟΗΤΟΣ ΠΑΡΑΔΕΙΣΟΣ 49 πάνης ήξίωσεν — είπε γάρ ' « Εζ πάντων μεν των άλλων των εν τώ παραδείσω βρώσει οχγ^ » — ήττονος δε ή ούδ’ όλως τήτ αίσθησή^· 15. Ή γάρ αισθητή δαπάνη où διά των βρω■λχζω'/ μόνον νοείται ήμΐν, άλλα και πολυτρόπως άλλως διατό­ ρως ταίς αίσΟήσεσιν ύποπίπτουσα. 16. Οίμαι δέ οτι μηδέ κατά τήν κτηνώδη τούτην αίσΟησιν έβουλετο κατ' άρχάς τον άνθρωπον i Θεός κινεΐσίΐαι, κα'ι ζήν ήν μετά τήν παράόασιν κατεκριΟημεν, ώς είναι δουλον γαστρος καί των ύπο γαστέρα, άλλ' ώς θειον τινα και βασιλέα, ώσπερ δε πάσης τής κτίσεως ουτω καί εαυτού καί παθών ' έπεΐ σύδ άν ώς άγγε­ λον αΰτσν ή θεόν έποίησε θέσει, τήν ιδίαν εικόνα νσερώς εις αυτόν έντυπώσας. 17. Οτι δε ούκ ήν τούτο Θεώ βουληΥον ούτως άποκτηνωΟήναι τον άνθρωπον και των ύπό τήν αϊσΟησιν δρέγεσΟαι αυτόν και ζήν, οήλον έκ τού εΐπείν έσχατον τον δημιουργόν λόγον · « ΙδργάζεσΟε μ.ή τήν βρώσιν τήν άπολλυυ.ένην, άλλα τήν μηνού­ σαν ε·ς ζωήν. ^Οπερ έκείνου τούτο έστι ομοιον τοΰ ρηΟε’ντος έν τή Έδέμ τω Άδάμ * έργάζεσόαι και ουλάσσειν. 18. ΕΙτα πάλιν ■ « Έγώ, φησίν, ϊ,γω βρώσιν φαγείν ήν υμείς ούκ οΐδατε » περί τα δρώμενα δηλονότι προσηλωμένη·? τήν διάνοιαν οχοντες. 8. Niellas Stéthatos. -1 50 LE PARADIS SPIRITUEL d’abord le royaume des cieux et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît»'. C’est que la contemplation était pour la raison pure. 19. D'une part, la loi du travail qui fut donnée à l'homme c’était le travail intellectuel de l’esprit ’ comme de savoir quel est le plan de toutes les idées, quel est l’organisateur de l’uni vers, quelles sont les raisons des êtres, quelle est leur nature et quel est leur mouvement; d’où, de quoi et comment lui-même il a été créé; est-ce du néant ou des éléments préexistants. Voilà pour l'ordre de travailler le jardin. 20. 11 lui fut ensuite donné la loi de garder vis-à-vis du Créateur de l’univers l’amour de bienveillance, le respect cl le cdmmandement à lui signifie, et aussi de se livrer à la recherche de la nature divine de son Créateur. Voilà ce qu’était pour Adam travailler et garder le jardin, ainsi que le mystère du commandement à lui signifié. 21. Tant qu'il retint le souci de ces plantes immortelles, j'entends des idées divines, comme c’est aussi l'avis du Théologien *, et qu'il s'adonna à la contemplation des êtres, et qu'il se nourrit de celle nourriture des spirituels, il restait déifié. Mais lorsqu'il se lut révolté contre les règles qui le concernaient, lorsque ce qui était au-dessus de lui lui fut montré, parce qu'il ne pouvait supporter le poids de la gloire qui lui était présentée, et parce qu’il était déboulé de son esprit de sagesse etde délibération, il perdit pied. Aidé en cette chute par les tromperies de la femme, il céda miséra­ blement à cette dernière et souffrit ce qu'il souffrit : il fut vaincu par la concupiscence de la chair et des yeux -, et, malheur qui n'aurait jamais dû arriver, il devint le 1. ΛίαΚΛ., VI, 33. 2. I Joan., II, 10. Ο ΝΟΗΤΟΣ ΠΑΡΑΔΕΙΣΟΣ 51 Και αύϋις ' « Ζητείτε πρώτον tçj βασιλείαν τού Θεο5 καί τήν δικαιοσύνην αύτοΰ, καί ταύτα πάντα προστεΟήσετα·. ύμίν. " θεωρία γαρ ήν κατά τον τελειότερο? λόγον. 19. Καί έργάζεσθαι μέν έδόθη νόμος αύτώ τήν νοερόν τού νο'ος εργασίαν ' νΛ'> τό είδένα: τις ή των όλων λόγων κατασ­ κευή, τις ό πάντα παραγαγών, τίνες οί λόγοι των όντων, τίς ή ρύσις αυτών, τίς ή κίνησιο, πόΟεν καί έκ τίνος καί πώς αυτός έπλάσθη, ές ούκ όντων αρα ή ες υποκείμενων. Καί τά μεν τής εργασίας τοιαϋτα. 20. Φυλάσσει? οί έδόθη ό νόμος αύτώ τήν προς τον ποιητήν του πόντος εϋνοιαν καί τιμήν καί τήν δοθείσαν αύτώ εντολήν, καί τήν ερευνάν τής θείας ρύσεως του πεποιηκότος αυτόν. Καί τούτο ήν το εργάζεσθαι και ρυλάσσειν αυτόν καί το μυστήριον τής δοΟείσης αύτώ εντολής. 21. Κ«ί έως μεν ούν των αθανάτων ρυτών εκείνων επιμε­ λούμενος, των θείων ρημί εννοιών, ώς καί τώ θεολογώ οοκεί, ταΐς Οεωρίαις των όντων έσχόλαζε, καί τήν των νοητών εκείνην έτρέρετο τροφήν, τεΟεωμένος ήν. "Όταν δε των οικείων μέτρων κατεςανε'στη, καί τά ΰπερ εαυτόν έραντάσ&η τό βάρος τής υπο­ κείμενης αΰτω δόξης βαστάσαι μή δυνηΟείς, αυτός τε του βείηκότος αΰτοϋ καί σοφού φρονήματος έσαλεόΟη, καί τής συμβουλής ω τής απάτης έοεήΟη τής γυναικός, ή καί δοστυχώς πειθάρχησα; πϊπονθεν ο πέπονΟε ’ σαρκός κατακρατηθείς καί οφθαλμών επι­ θυμία καί ούο πολέμων μέσον, φέϋ τής έμής εύηΟείας, ώς ούκ ωρελε γεγονως σαρκο; τε καί πνεύματος ων τον ακήρυκτον και 52 LE PARADIS SPIRITUEL centre de deux combats, hélas pour mon innocence ! combat de la chair et combat de l'esprit. Leur guerre inopinée et inéluctable fut laissée en héritage au genre humain et elle entraîna, pour l'aine, la mort funeste consécutive à cette guerre, à la suite de laquelle vint la mort du corps, grâce â la bonté de Dieu : Dieu voulait éviter qu'à la suite de la mort de l’âme, le mal survenu ne fût éternel et qu'il no fût lui-même lésé dans son habitation en nous. 22. 11 nous reste encore à parler des voies qui conduisent pareillement au royame de Dieu. * Quelles sont-elles ?‘L'humilité et la charité sont de chacune des parties de la chaîne divine des vertus les sommets et les commencements extrêmes. L’humilité d’abord est le commencement extrême de cette chaîne, en bas, et la charité, quand elle est parfaite, y est à tous les degrés, (’’est le point extrême, en haut. Autrement dit, dans l’échelle sainte * des divines vertus, elle représente les degrés opposés les plus hauts et les plus parfaits. 23. L'humilité constitue le commencement de l'as­ cension de l'échelle, et la charité, quand elle est parfaite, faisant partie de tous les degrés de la vertu et de la montée de l’échelle, conduit celui qui a appuyé scs bases sur elle, dans les pâturages éternels et purs de la béatitude de Dieu, du chœur des anges et de l'union avec Dieu. 24. Quant au portier, c'est Γ Esprit-Saint. ’ On ne peut entrer autrement dans le royaume du Christ que par l’échelon d'en bas qui est la sainte humilité. *’ Grâce à l'humilité on entre, comme on l’a dit1 2, dans les portiques de la philosophie pratique qui sont : la soumission, 1. On retrouve ici, i’iinaxo chère à tons ceux qui lisaient Vlîcheite tie Paradis de saint Jean CHmnque. 2. L’auteur traite le sujet dans les Practica Capita de la Première Centurie et, ραί-sim. dans les deux outres Centuries, P. G. CXX, 852-1009. Ο ΝΟΗΤΟΣ ΠΑΡΑΔΕΙΣΟΣ 53 άφυζτσν ~ζ'/Λ\)Λί τή ανθρώπινη έγζαταλιπών φύσει μετέόωζεν ήμΐνείς ύυχήν καί τον έζ τοΰ τοιοϋτου πολέμου ζκί'ΐζ'.ζ·» Oiw.w, ον χάριν καί z ζΜϊΛζς έπηκολονΟησε θάνατος φιλανθρωπία Θεού, •να μή το L/. ')χ>άζζυ τής i-r/^z έπιγινόμενον καζόν αθάνατον γένηται ζαί ζημιωΟή Θεός τήν έν ήμιν κατασζήνωσιν. 22. Λείπεται ΐέ είπείν ημάς ζαί περί των ό’ών ωσαύτως των φερουσών ε":ς τήν βασιλείαν τού Θεού. Τίνβς αύται ; ή ταπείνωσις, ή αγάπη των έζατέρων μερών τής θείας σειράς πασών των αρετών άκραι καί τελευταία: ε:σ: καί άρχαί. II μέ> γαρ ταπείνωσις αρχή ταυτης άζροτάτη κάτω * ή ζζ y.^ir.rt τελείαούσα πασών των ραΟμίοων y.'j~.rtz το άζρότατον άνω * ή άλλως τής ■:ράς κλίμακες τίόν θείων αρετών α: αντίκρυ άζρότατα: ζαί τε­ λευταία·. βαθμίδες. 23. Ή μέν γάρ ταπείνωσις αρχήν τής άνόίου ποιείται και κλίμακες. II οέ αγάπη τελεία ούσα πασών των ραΟμίοων τής αρετής καί τής έπΐ το Λζζ άνόοου τής κλίμακες έςάγειτον έπ’αύτήν τάς ράσεις έρείσαντα έπ; νομάς άεΰ'ωους καί άκηράτους τής θείας μαζαριότητος ζαί αγγέλων χορείας καί Θεοΰ :·>ωτιν. 24. Ο ;έ γε θυρωρός έστ τ’ο 11 νεύμα το άγιον. Αλλως γάρ οΰ ούναταί τις είσ-λΟεϊν εις τα τού Χριστού βασίλεια, εΐ ;ζή σιά τής κάτω βαΟμίοος, ήτις έστίν ή άγια ταπείνωσις. Εισέρ­ χεται οε οιά τής ταπείνώσεως. ώσπερ εϊρηται,.είς τά τής πραζ· 51 LE PARADIS SPIRITUEL l’exercice des charges, le support des afflictions et des tentations, les mauvais traitements, le coucher sur la dure, la station debout pendant la nuit, les veilles, la psalmodie continuelle, la prière et le jeûne, la lecture des saintes Ecritures, l’obéissance et la soumission à tous. 25. Une fois arrivé là. grâce à l’humilité imitatrice du Christ, on entre, sous la conduite de lu charité, dans le sanctuaire de Dieu, * où ne supportant pas de jouir seul des richesses divines, l'homme fait monter de bonnes paroles de son cœur 1 dans l’Église du Christ et collabore avec FEsprit-Sainl qui lui fait signe “ et qui l’excite à parler. 26. Cet Esprit-Saint, en effet, par sa parole, suscité énergie et mouvement en ceux dans lesquels il se trouve grâce au repentir cl à la pureté* ; il rend clair leur langage pour leur faire exprimer ce qu'ils ont entendu de lui. et il dirige leur intelligence vers la recherche des choses divines et. humaines, vers l'élude des profondeurs de Dieu et, d’une manière générale, des énergies qu’ils portent en eux, savoir celles de ses charismes, bien qu’ils soient, si on peut dire, des hommes sans lettres **. 27. Il leur enseigne la sagesse* qui vient d’en haut1 234, qui n’est point envieuse ou jalouse. Il leur donne l’intelligence qui est pacifique et douce pour comprendre les profondeurs de Dieu, et quelle est la richesse de sa bonté·. Il leur donne la science des choses pour leur faire connaître les êtres et de quelle façon ils sont constitués. Il les gratifie du don de conseil “pour leur faire vouloir 1. Ps., -16,2. 2. I Cor.. IL 10. 3. La liste des dons du Salnt-Espjlt sc trouve initialement dans Isale, XI, 2-3. 4. Rom., II. 4. Ο ΝΟΗΤΟΣ ΠΑΡΑΔΕΙΣΟΣ 55 τ{κής φιλοσοφίας -ssx-jX'.x άτινά itm ' υποταγή, ή cix/.svix. τ, ύπ;υ.ονή τών θλίψεων καί πειρασμών, ή κακοπάθεια, ή χαμευνία, ή παννύχιος στάσις, ή αγρυπνία, ή ψαλμωδία, ή προσ­ ευχή ν.χ\ ή νηστεία, ή άνάγνωσις τών θείων γραφών ζαί ή προς πάντας ΰπαζοή καί εύπείθεΐα. 25. Εν τούτοις δέ είσελθών δ·.ά τής χριστομιμήτου ταπεινώ­ σεων, εισέρχεται διά τής αγάπης οδηγούμενος εις -b άγιαστήριον του Θεού · σΟεν καί μόνος μή στεγών τρυφαν τα περί Θεόν έρεύγετα·. λόγους αγαθούς άπό καρδίας έν τή τού Χρίστου εκκλησία ύπό τού νύσσοντος αυτόν και προς τό λέγειν διεγείροντος Πνεύματος συγχωρειται. 26. Τό γαρ άγιον τούτο Πνεύμα λαλούν, ενεργούν έστι ζαι κινοόμενον έν οϊς αν έγγένηται, δια τής μετάνοιας και καθαρότητος, τρανοί τάς γλώσσας αυτών εις τό λέγειν τα παρ’ αυτού ΰπηχούμενα ζαι κινεί την τούτων διάνοιαν εις την έρευναν τών θειων ζαί ανθρωπίνων πραγμάτων, καί εις τό τα βάθη τού Θεού έρευναν, ζαί καθολικός έν αύτοΐς τάς ένεργείας τών χαρισμάτων αίτοΰ, οίον φέρε είπεΐν αγραμμάτους όντας. 27. Την άνωθεν ζατερχομένην σοφίαν διδάσζει, την άφΟονον ζαί άζηλότυπον, τήν ειρηνικήν τε ζαί έπιειζη δίδωσι συνεσιν αύτοΐς ε’ις τό συνιέναι τα βάθη τού Θεού, τίς ό πλούτος αυτού τής χρηστότητος * παρέχει τήν τών οντων αύτοΐς γνώσιν εις τό είδέναι τα δντα ή οντα έστι ’ χαρίζεται βουλήν αγαθήν εις τό τα πάσης ώφελείας εαυτό βουλεύεσθαι καί τοΐ^ πλησίον ύποτιόέναι ’ ίσχύν δρέγει αύτοΐς εις 56 LE PARADIS SPIRITUEL tout ce qui leur est utile à eux-mêmes et pour le suggère» au prochain. 11 leur donne la force pour l’observation doi ses commandements et pour la lutte contre les démons elles passions funestes; il leur donne lu piété irréprochable ' et orthodoxe envers Dieu ; enfin, il leur octroie aussi! pour leur sauvegarde personnelle la crainte sacrée qui·; vient d’un grand amour pour Dieu. Ainsi quiconque· possède une riche participation à ces charismes s’est rempli des bons fruits de 1 Esprit-Saint. 28. L'homme â ce point accompli par les charismesdont on vient de parler possède 1 une charité parfaite: pour Lieu cl pour le prochain ; il ne préfère rien des? choses visibles ;i l'amour de Dieu, ni au repos du prochain le sien propre ; il a en partage une joie de l ame qui vient «le la liberté laissée par les passions et du mépris porté aux choses visibles, la paix avec tout homme, avec Dieu et avec toutes ses puissances, la patience dans les fatigues et les sueurs de la vertu. 29. la rectitude de! pensée réglant son intelligence et les mouvements de son esprit, Γ excellence de la conduite extérieure el en même temps des dispositions intimes de l'âme, la foi, aussi bien celle qui concerne HJ nique Trinité que celle qui a trait aux biens à venir dont Dieu nous a fait la pro­ messe et dans ce monde cl dans la vie future, la douceur qui le porte à endurer les épreuves qui surviennent el les afflictions, et. en outre, il possède, avec la puissance, accordée par Γ Esprit, lu maîtrise qui embrasse toutes les sensations en même temps. 30. Ainsi celui qui s'est enrichi de ces charismes ‘ de, 1 Esprit-Saint esl devenu tout entier un paradis divin *1 et lademcurc de l'indivisible Trinité, puisqu'il porte planté 1. A la liste des dons répond celle des fruits, comme s'expriment les mit eu» spirituels. 0 ΝΟΗΤΟΣ ΠΑΡΑΔΕΙΣΟΣ 57 τήν των εντολών αϋτοΰ εργασίαν, ν.ν. χατα δαιμόνων καί ολέ­ θριων πάθων ’ ευσέβειαν τήν άπταιστον χαί ορθήν εις θεόν καί τέλος δίδωσΐ εις φυλακήν αΰτοϊς χαί τον αγνόν φόβον τόν έχ πολ­ λής αγάπης ερχόμενον τού Θεού. Τούτων τοίνυυ ό έν πλούσια μετοχή γεγονώς μεστός έγένετο καρπών αγαθών του άγιου IIνεύματος. 28. Ό γάρ τοιοΰτος άποτελεσθεις παρά των «ψημένων χα­ ρισμάτων του Ιΐνεύματος, αγάπην έχει τελείαν εΐ: θεόν καί εις τον πλησίον, μή προτιμών τι των όρωμένων τής του Θεού αγάπης, ή τοϋ πλησίον άναπαύσεως τήν εαυτού ’ χαράν εις ψυχήν έξ Ελευθερίας παθών καί τής των όρωμένων καταορονήσεως ’ ειρήνην μετά παντός ανθρώπου, θεού τε καί τών δυνάμεων εαυτού ' μαζροΟυμιαν έν τοίς υπέρ αρετής πόνοις καί ίδρώσιν. 29. Αγα­ θοσύνην τών λογισμών τής οιανοίας αυτού, καί τών τού υοος κινημάτων ' χρηστότητα τών έκτος ηθών και τών τροπών άμα τών εντός τής ψυχής αυτού, πιστιν τήν οΰκ εις Τριάδα μόνον, αλλά καί περί τών μελλόντων αγαθών ων ό Θεός ήμίν έπηγγείλατο έν τε τώ παρόν τι αίώνι και έν τώ μελλοντι ' πραότητα πάντα φβρουσαν έν ύπομονή πειρασμών τών έπερχομένων θλίψεων, και προς τούτοις έχειν μετά τής δυνάμεως τής τού I Ινεΰματος και τήν περιεκτικήν έγκοάτειαν πάντων ©μου τών αισθήσεων. 30. Ο γοΰν τά χαρίσματα καταπλσυτησας ταύτα τοϋ Ιΐνεύματος τού άγιου όλος αΰτσς παράδεισος θείος έγένετο καί οίκος τής αδιαιρέτου Τριαδος. μέσον έχων τής καρδίας αύτου πεουτεύμενον το τής ζωής ςΰλον, αυτόν τον θεόν, σς άπό τοΰ γνωστού καλού τε καί πονηρού ξύλου, τής οικείας ταύτηςλέγω αίσθήσεως, 58 LE PARADIS SPIRITUEL au milieu de son cœur l’Arbre de Vie, Dieu lui-même. Ayant bien distingué entre le meilleure! le pire de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, j'en tends de la sen­ sibilité propre, il ne soutîrit pas de dommage et se trouva placé sous la seule et entière action de l'Espril de Dieu. 31. Ce que nous savons être le royaume des cieux * nous croyons aussi que c’est le royaume de Dieu. N'at-il pas dit lui-même: « Le royaume de Dieu est au dedans de vous » et, d’autre part, nous engageant à prier son Père: « Que ton règne arrive, que ta volonté soit faite comme au ciel,sur la terre» 3. 32. 1 Puissions-nous, dès ici-bas, déjà, l'atteindre* ainsi que l’a montré l'exposé ci-dessus.12 1. Luc.. XVII. 21. 2. 9-Π. Ο ΝΟΗΤΟΣ ΠΑΡΑΔΕΙΣΟΣ 59 χαλώς διακρίνας τδ κρείττον άτώ του χείρονο; ούκ έδλάθη, μονής και όλης τής ένεργείας το5 θείου γενδμενος [Νεύματος. 31. "Ο και βασιλείαν (*) οΐδαμεν ουρανών, καί Θεοϋ βασιλείαν πιστεύομε* είναι. ΙΝτε μεν λέγοντος αυτού ' « Ή βασιλεία τών ουρανών εντός ϋμών έστι », ποτέ δε ουτω ζροτρεπομενου προς τον πατέρα προσεόχεσθαι ’ « ΈλΟέτω ή βασιλεία σου, γενηθήτω το θέλημά σου ώς έν οΰρανω καί έπι τής γής. » 32. ΓΗς γένοιτο και ήμας εντεύθεν ήδη κακείθεν έπιτυχεΐν, ώς δραμών ό λόγος άπέδειςεν. (·) Ισιδώρου. — ’Επειδή έζήτησεν μαθείν τί; έστιν ή βασιλεία Θεοί» ζαϊ ή βασιλεία ουρανών, άντεπιστέλλω οτι τινε; μεν οϊυν-.αι τήν μέν του θιου αιίζονα είναι, την δε τών ουρανών ελάττονχ και καταδεεστίραν· τινέ; δέ φασιν μεν αυτήν rivat zaO’ υπαρξιν διάφοροι; δί -ιφωνήσΰαι, «οτΐ χ~ό τον βασιλεύοντος Θεού, .τότε δε άπο βασιλευοαενοιν αγγέλων ζα: άγιων χληΟεΐσαν (Isidore de l’ôlusc, Epistolarum liber 111. Epist. 206, Arabino Episcopo. P.G. LXXVII1. 889). "Λ λλως. - Βασιλεία Θεοί έστι ζαι ή εν τώ ~αραδείσω διαγωγή ζαϊ ή του πνεύματος ίπισζίασι;, ζαΐ ή του (-)εοϋ γνώσις, ζαι ή τών θείων λόγων Ιπίγνωσις ' και το ειδέναι λόγου; προνοίας καί κρίσεω; ζα· δικαιώσεω; · και ό καθαρό; λογισμο; περί ου οηβιν ό Κύριο; : « Ή βασιλεία τών ουρανών έντό; υμών ίστιν, » π Sur Je libre arbitre des homines. ' 1. Dieu a créé l'homme en possession du libri arbitre. Il l’a gratifié de la raison et de la sagesse. Il a placé devant ses yeux la vie et la mort,1 pour que, s'il veut, grâce au libre arbitre, parcourir le chemin de la vie, il vive pour l'éternité, cl si, à la suite d'un mauvai; choix, il parcourt le chemin de la mort, qu’éternelle;· ment il soit châtié. C'est qu'en effet les élément· immuables de notre nature ne méritent ni honneur, ni châtiment : personne n'a jamais été accusé pour ètr< blanc ou noir, grand ou petit, car cela ne dépend pas di notre choix. Pour les choses qui sont de notre choix le: châtiments et les honneurs existent. Cela étant, noln comportement, dans les deux hypothèses, dépend di notre choix,· de notre volonté, et de la coopération de Dieu et de son secours, 1. un des deux facteurs manquant, en etTet, l’autre aussi est inactif. Dieu a connu d'avance, prédestiné et appelé d'avance, mais j'entends bien ecu: (pii étaient appelés selon un dessein, au rapport d l’apôtre *, c’est-à-dire, selon la volonté et le choix de élus.’ Quant à ceux qui n’ont pas accepté, il les a laissé marcher suivant leur volonté, car il ne fait pas violénc· et il ne porte pas préjudice à notre libre arbitre que j 1. Deutirnnomc, XXX. 19 : « J’ai mis devant loi la vie et la mort. · ·, 2. Rom., VIII, 28-29. L'interprétation de l’auteur est ici en contradictio avec celle qu'on donne couramment «lu passage allégué· de saint Paul. Vol le Commentaire. p. 90. II ΙΙΕΡΙ ΑΠΈΞΟΓΣΙΟΤΗΤΟϊ ΤΩΝ ΑΝΘΡΩΠΙΝΩΝ 1. Ο Θεός τον άνθρωπον έπλασεν αυτεξούσιον, λόγω χαΐ ςζγ.τ. τιμήσας αυτόν, προ οφθαλμών αυτού Οείς τήν ζωήν ζα*ι τον θάνατον, ίνα ε·. μεν θελήσει τή αύτεξο-σιότητι τήν οδόν τής ζωής πορευΟήναι, ζήση εις τον αιώνα, εΐ δε από χαζής προαιρέσεως πορευθή τήν οδόν τού θανάτου, αιωνίως ζολάζηται. Τα γάρ τής φύσεως αμετάβλητα ούτε τίμιων, ούτε τιμωριών άξια. Ούδείς γάρ ένεχλήΟη ποτέ διά τό είναι λευχδς ή μέλας, ή μά­ κρος ή μ'-χρός * ού γάρ τής ήμετε'ρας είσί προαιρέσεως. 'I ών γάρ τής χροαιρέσεως ζαί αί κολάσεις ύπάρχουσι χαΐ αΐ τιμαι. 'Λμοοτέρων ουν χρεία ζα:. τής ήμετερας βουλής, ζαϊ Οελήσεως, za’c "ή; "3“ θε®5 συνεργίας χ«’< άντιλήψεως ’ ετέρου γάρ λείτοοντος άργεϊ xac το ετερον. Προεγνω γάρ ό Θεός ζαί προώρισε ζαί προεκάλεσεν, άλλα τούς ζατά ζρόΟησιν κλητούς όντας, κατά -;·/ ’Απόστολον, τούτ’ έστι /.ατά Οέλησιν ζαί βούλησιν. Τους •όρ μή β^ληΟέντας εϊασε τω εαυτών πορεύεσΟαι Οελήματι. Ού 62 SUR LE LIBRE ARBITRE dis avoir une double tendance, la tendance à la vertu el la tendance au ma). 2. Avec le libre arbitre nous avons reçu aussi des commandements de la pari de notre Dieu. Ces derniers nous déifient dès ici-bas, nous font vivre sans péché, nous font comporter comme des anges parmi les hommes. 'I cis sont le repentir, l’humilité, le deuil inces­ sant, l’amour de Dieu qui prend le cœur tout entier, la bienveillance pour le prochain* : la prière pure,** le renon­ cement à soi-même ; avoir en tout temps sa propre mort devant les yeux, marcher d’une manière continue dans la lumière de Dieu, se tenir au-dessous de toute la créa­ tion, et prier sans cesse le Seigneur. 3. Celui qui observe ces commandements divins avec foi, devient fils de lumière fils et héritier de Dieu, conforme à son image, de même nature avec Dieu, et ne formant qu’un corps avec lui, pour tout dire, Dieu par institution et par grace. 4. Ilya aussi d’autres commandements qui procurent le pardon, mais qui, certes, ne confèrent pas la perfection comme de confesser et déclarer scs fautes, de pardonnei les offenses reçues, de ne pas se mêler indiscrètement des affaires d'autrui, d'exercer la pitié en faisant part au prochain des ressources que l’on possède, de porter avec action de grâces les épreuves qui surviennent, de reconnaître «pi on est sauvé gratuitement et par grâce. 5 A ce compte, si quelqu'un observe les premiers commandements qui déifient, il reçoit dès ici-bas les arrhes de I Esprit ; sinon qu'il observe au moins avec soin les seconds pour obtenir le pardon de ses péchés. S’il s’écartait des uns et des autres, que cet homme misé­ rable, inutile et malheureux, attende aussi le châtiment préparé pour le diable et ses anges. 1. Joan., XI 1,36 et R»m., VIII. 17. ΠΕΡΙ ΑΥΤΕΞΟΤΣΙΟΪΙΙΤΟΣ 1 63 γάρ Τάζεται, ουδέ λυμαίνεται το αυτεξούσιον ημών’ τής γάρ επ' άμφω ροπής αρετής φημί καί κακίας τήν αΰτεξουσιότητα. 2. Έλάβομεν ωσαύτως δέ καίέντολάς παρά του Θεού ήμών, τάς άπεντεΰΟεν Οβουργούσας ημάς καί ποιουσας αναμάρτητους διάγειν καί ώς αγγέλους άνατρέφεσθαι μετά των ανθρώπων * οιον τήν μετάνοιαν, τήν ταπεινοφροσύνην, το διηνεκές πένθος, τήν προς αότον άγαπήν, τήν ές όλης καρδίας γενομένην, καί τήν προς τον πλησίον διάΰεσιν, τήν καΟαράν προσευχήν, καί τήν εαυτών άπάρνησιν, καί το διόλου προ οφθαλμών εχειν τον θάνα­ τον εαυτού, καί εν τώ φωτι αΰτοΰ άδιαλείπτως πορεύεσόαι, το εχειν εαυτόν υποκάτω πασής κτίσεως και δέεσΟαι αΰτοΰ διηνεχώς. 3. Ταύτας τάς θείας έντολάς ό μετά πίστεως έργαζόμενος υιός φωτός γίνεται, καί υιός, καί κληρονόμος Θεού, και σύμμορφος τής είκόνος αΰτοΰ, καί σύμφυτος, και σύσσωμος, καί απλώς εΐπείν, θέσει καί κατά χάρον Θεο'ς. 4. Εΐο'ι καί έ'τεραι έντολαι άφεσιν μέν προςενοϋσαι, οΰ μήν καί τελειότητος άξιοΰσαι, οίον το όμολογείν καί έξαγορεύειν τά πλημμελήματα, άφιέναι τοι'ς οφειλεταις τά όφειλήματα,. τό μή πολυπραγμονείν τά άλλότρια, το έλεεϊν εκ τών υπαρχόντων, τ'ο φέρειν μετά ευχαριστίας τά «περχόμενα λυπηρά, τό όμολογείν δωρεάν καί χάριτι σωζεσθαι. 5. Ε: μέν ούν τάς πρώτας καί Οεουργούσας έντολάς τις εργάσεται, άπεντεΰ&εν λαμβάνει τον αρραβώνα του IIνεύματος. Εί δέ μή καν τάς δευτερας μετ’ έπιμελείας έργαζέσΟω όπως τύχη τής τών πλημμελημάτων αΰτω συγχωρήσεως. Εΐ δέ άμφοτε'ρων τούτων έκπέσοι, άθλιος οΰτος, καί αχρείος, καί ταλαίπωρος, καί προσδοκάσΟω τήν άποκειμένην τώ διαόόλω κόλασιν καί τοίς άγγέλοις αΰτοΰ. in Valeur des choses naturelles. Parmi les choses il en est de foncièrement bonnes, de mauvaises cl d'intermédiaires. Sont foncièrement bonnes: la prudence, la justice, la tempérance, la force. Sont foncièrement mauvaises : le manque de prudence, de justice, de tempérance et de force. Sont intermé­ diaires : la richesse, la pauvreté, la gloire, l’obscurité, la santé, la maladie, l'instruction, l’ignorance et les choses de ce genre. On les appelle intermédiaires parce qu'en elles-mêmes elles ne sont ni foncièrement bonnes, ni foncièrement mauvaises. C’est l’usage qu'en font ceux qui s’en servent qui leur donne leur qualification. 2. Ainsi en est-il delà richesse : elle est bonne quand elle fait l’aumône, et mauvaise quand on la dépense pour le plaisir. De même aussi pour la pauvreté: elle est bonne quand elle nous enseigne l'endurance et l'ac­ tion de grace, mauvaise si elle engendre le blasphème et la bassesse par suite du manque d'endurance. Bonne est aussi la gloire quand elle nous enseigne l'humilité et le désir de la gloire future, mauvaise quand elle persuade la servilité et qu'elle fait tout faire par respect humain. 3. C’est une bonne chose que. l’obscurité,* et une bonne chose aussi la santé “ lorsque nous nous servons d'elle pour plaire à Dieu et pour observer ses comman­ dements ; mais elle est mauvaise lorsqu’on l’emploie pour la vaine gloire, ou en faveur des opinions fausses, Ill ΔΙΑΚΡΙΣΙΣ ΤΩΝ 11ΡΑΓΜΑΤΩΝ ΤΗΣ ΦΓΣΕΩΣ 1. Τών πραγμάτων τά μ«ν είσι κυρίως καλά, τά δέ κακά, ·« δέ μέσα ’ και κυρίως καλά φρόνησις, δικαιοσύνη, σωφροσύνη, Λνδρία. Κυρίως δέ κακά αφροσύνη, αδ’.κία, ακολασία, δειλία. Μέσα δέ πλούτος, πενία, δόξα, άδοξία, υγεία, νόσος, πολυμάθεια, άμαΟία καί τά τοιαΰτα. Μέσα δε λέγονται διά το καΟ’ίαυτά μήτε κυρίως καλά είναι, μήτε κυρίως κακά, άλλα παρά τήν χρήσιν τών χρωμενων ή τούτο ή εκείνο ονομαζόμενου *, 2. Οιον ό πλούτος καλός μέν προς ελεημοσύνην διδόμενος, κακές δέ προς ήδονάς δαπανώ μένος ' ώσαύτως καί ή πενία, καλή μεν καρτερείν καί εύχαριστείν ή μάς διδάσκουσα, κακή δέ βλασ­ φημίαν καί ανελευθερίαν έκ τού μή καρτερειν τίχτουσα. Καλή δέ καί ή δόξα όταν ταπεινοφροσύνην ήμας έκδιδάσκη, και τής μελλούσης δοξής έ'φεσιν ' κακή δέ όταν δουλοπρε'πειαν καί διά φόόον ανθρώπινον πάντα ποιεξν άναπείθη. 3. Καλόν άδοξία. Καλόν καί ή υγεία όταν εις εύαρεστησιν τού Η-ου καί εργασίαν τών εντολών αυτού ταύτη χρώμεΟα, κακή δέ όταν προς κενοδοξίαν καί κακοδοξιαν καί συνηγορίαν τής αδικίας. Καλή ή άμαΟία όταν παρασκευάζη ημάς ύποτάσσεσΟαι τοίς είδόσι καί παρ’ αυτών 1, ΰνομαζόμεναν tins : ήνορενον (sic) cod. 8. Nicétns Sthétatos. 5 66 VALEUR DES CHOSES NATURELLES ou pour défendre l'injustice. Bonne est l’ignorance lors­ qu'elle nous dispose à nous soumettre à ceux qui savent et à nous procurer près d'eux ce qui nous est utile, mauvaise lorsqu'elle nous conseille de nous régler sur noire propre ignorance, et de ne pas obéir à un supé­ rieur. 4. Semblablement aussi tout le reste : nais­ sance noble, naissance obscure, beauté, laideur, belle voix, voir désagréable*, force, faiblesse, vivacité, len­ teur, art, inhabileté, et aptitudes aux charges, tout cela, comme on l'a dit, fait partie des choses intermédiaires. Celui qui en fait bon usage ne souffre aucun dommage, comme le bienheureux Job qui mis à l’épreuve par l’une et l’autre catégorie, se montra irréprochable et invincible et plut à Dieu en tout. 5. En conséquence il ne faut pas incriminer les choses, car rien de ce· «qui est donné par Dieu n'est mauvais, mais notre choix fail­ lible et volontairement asservi, l'appréciation stupide portée sur les choses par notre âme qui, à leur occasion, glisse arbitrairement dans l'abus’ par suite de l'amourpropre, de la passion, du mépris de Dieu et de ses commandements. ΔΙΑΚΡΙΣΙΣ ΤΗΣ ΦΤ2Ε0Σ 67 ποριζεσΟαι τήν ωφέλειαν, κακή δε όταν πείΟη ή μας τή οΐζεία άμζΟ-.α στοιχείν, ζαί μή το:; ζρ;:ττοσι πείΟεσθαι. 4. Ομοίως 7.7.'. τα λοιπά πάντα * ευγένεια, δυσγένεια, εύμορφια. άμορφία, ζαλλιοωνία, ζαζωοωνία. :σχύ;, αδυναμία, ταχυτής, βραδύτης, τέχνη, άτεχνΐα, ζαί προ; διακονίαν έπιτηδειότης. Ί’αΰτα πάντα, ω; είρηται, των μέσων είσί, καί ό καλώς τούτοι; χρώμενος ούδέν παρά τούτων £λα6ήσεται, ώς ό μακάριο; Ίώ6 ' εις άμοότερα γάρ εξεταοθει; ευδόκιμο; έφάνη καί άζαταχιόνιστο; ζα’ι δ:ά πάν­ των ευαρέστησε τώ Θεώ. 5. "Ώστε ού δει τά πράγματα αΐτιάσθαι, ούδ'εν γάρ των παρά Θεού δοΟέντων κακόν, άλλα τήν έσφαλμένην ημών εθελόδουλου προαίρεσήν, ζαί τήν άναισΟητουσαν τή; ψυχή; ημών περί ταΰτα διάκρισιν ήτι; αύτεξουσίως προ; τήν τούτων ολίσθαινε: παράχρησιν (*) έξ ο'ζείας φιλαυτίας καί έμπαΟεία; ζαί τή; τού ΘεοΟ ζαίτών εντολών αΰτοϋ καταφρονήσει.»;. (*) 'Ισιδώρου. — II ©ΰσ·.; η χνΟρωπιία οΰτι άνεπίδιχτότ <στ« τοδ χα/.ου, οίτι φυσιζώ; ζί'ζτητα·. τζ ζαζχ. αλλά γνώμη ταΰτα Γ.ρνσιεμι'νη τήν τών ζάλών άποπτωσιν ύπομϊνε: · όπερ ζαί ό πρώτο; πίπονδεν άνθρωπο; χαι τών δρων τή; σωτηρία; έξίπ««ν, ζ,ναύτω πάλιν ό δεύτερο; iÇ ούρανον άπέδωχεν αΖ·'«' >πο; ό τήν αληθή ©ύσιν ή μενην ϊ.χυτώ ϊπιδίξάμενο;· θεό; γάρ ών Τ! ΠΕΝΤΕ ΕΙΣΙ ΤΗΣ ΨΥΧΗΣ ΛΙ ΔΥΝΑΜΕΙΣ’ νούς, διάνοια, 5όςα, φαντασία και αΐσΟ^σις ' ai δέ ένεργείαι μιας έκάστης είσιν αυται. 1. Νους μεν έστι ό θεόθεν κατά φύσιν κινούμενος καί πήγαζων τα νοήματα, ος γε καί τεχνίτου λόγον έπε'χει είγε ώς χροσήκε προάγεται. 2. Διάνοια δέ αυτή ή τού νους ενέργεια δ·.’ ής νοούνται τα νοήματα ώσ αν εϊποι τις τέχνη ούσα του τεχνίτου. 3. Δόςα ή των άθρύως νοηΟέντων τοιώσδε ή τοιώσδε εχουσα ΰπόληψις, καλώς μεν εΐ καλώς νοούνται, κακώς δέ ειτ’ ου πάλιν. 4. Φαντασία δέ ή του φανέντος νοήματος ένδειξις ’ ου πάντο>ς δέ το φαινόμενον και αληθές. Άκρίτως γάρ έστιν δτε παραπέμπεται τή διανοία το αληθές και το ψευδές ώς αληθές παραδεχόμενη δι’ έλλειψιν διακρίσεως. 5. ΛϊσΟησις δέ ή μετά τήν κρίσιν των νοηΟέντο>ν ακριβής δια'γνωσις ώς αν τύχοι δντατα νοήματα, εϊτε καλά είτε άλλως έχοντα. 72 qu’il y a cinq puissances dans l’ame 6. Telles sont les distinctions que l’on fait dans les puissances de l’esprit, et ce dernier les produit selon sa propre mesure. 7. Vivre selon la nature, c’est bien, et c'est se sau­ ver Vivre contre la nature c'est une honte, et l’on sera puni. Vivre au-dessus de la nature c'est grand et digne d une magnifique récompense. ΟΤΙ ΠΕΝΤΕ ΕΙΪΙ ΑΙ ΔΥΝΑΜΕΙΣ 73 6. Λυτά: δε y.\ διαιρέσεις δυνάμεις σύσαι του νσδς άς κατά ό αύτοΰ μέτρον προβάλλεται. 7. Το μέν κατά φύσιν ζήν καλόν και διασώζετα'.. Το ο-: παρά φύσιν αισχρόν καί κολάζεται. • Γο δέ υπέρ φύσιν αυτήν μέγα και τιμής μεγάλης άςιον. VI Que ce n'est pas le résultat obtenu mais l’intention qui établit d'ordinaire la valeur de nos actes’. 1. Quiconque a l'intention de pécher el a décidé dans son esprit de le l'aire, commence à pécher à partir du moment où il l'a décide, même s’il ne passe à l'acl que bien longtemps après, ou ne le pose même pas di tout pour avoir été empêché par des circonstances indé pendantes de sa volonté. 2. Car c’est d’après noj intentions et non d'après les résultats, qu'on juge, notr< conduite. C’est d'après l’intention et non d’après l'abou­ tissement qu’on t resse les couronnes. C'est d’après la volonté réfléchie et non d'après le résultat atteint qui l’on porte un jugement sur les actions, et ce procéda est admis pour les vertus el pour les vices. VI ΟΤΙ ΟΓΚ ΕΚ ΤΩΝ ΑΠΟΤΕΛΕΣΜΑΤΩΝ ΑΛΑ’ ΕΚ ΤΩΝ ΕΠΙΧΕΙΡΗΜΑΤΩΝ τα πράγματα ώς ·% πολλά κρίνεται. 1. Ο -:ςΐν βχων άμαρτητίκην και συγκατανεμένος εν διανοία άμαρτήτα·. απο τότε άρχεται τοΰ άμαρτάνειν άρ’ ού συγκατέΟετο, 'ίλ-~χ ”c'‘j T’îv πραξιν έργ-άσητα: ή καί μηο’ ολως έργάσητα·.· ζολυΟείς ου προαιρετικός, άλλ’ ύπό τίνος περιστάσεεος. 2. W.T.Z γάρ των επιχειρημάτων, οΰκ έζ των αποτελεσμάτων^*), τά έπι%«ιρημάτα κρίνεται, άπο τής γνώμης ( **) ουζ άπο τού τέλους οί στέφανοι πλέκονται. Από γάρ τής προαιρέσεως, ούκ άπδ τής έζόάσεως, τά πράγματα ζρίνετα·.. Τούτο καί έπί αρετών καί ζαζ·.«.■>ν έζλ η τ: τ έον. (·) ’Ισιδώρου. — Γχ/ήχαλλωπιζο;χ;νη ζάλε: πρός ίαυτ'ην τούςόρωντας, -ziv UT, έλη τον αποτ6>μ:ον. δ:ζην 3:δ<>7:ν ό>ς έλοΰσχ · τό γάρ χώνκον ζαταοζίυασ'ε καί τύ·, ζυ«ωνα ίκΐρχσε ζα· την κύλικα προσήγαγι. εϊ καί μή ιύρεΟη ό πίνων. (Isidore de Pélusc. Ερ^<· Eber V, Epist. 319 Hieroni Presbytero. P.G. L.XXVIU, 1521.) (‘•)Tou αύτοϋ. "ilzr.iz ό άμύνχτύαιέπιΟυμών, άδυνατώνδε, τό γι ε:ς αότόν ήμύνατο, οΰτω καί ό άμείύασΟα: βουλόμενο; μ : ν. μή δέναμενο; δέ. ήμείψατο · ->> αύτού παν ζχί αΰτό; ίποίησεν · επειδή γάρ οϋ πάντως τη βόυλήσει ή δυναμ- ίπετχ·., άλλ’ άπό της γνώμης τ« πράγματα χρΙνίται. VII Sur la prière. * 1. Autre chose est la prière, et autre chose le vœu La prière, est la demande des dons faits à nous par Dieu, selon sa grâce, l'ascension de l’esprit vers Dieu, et un entretien continu avec lui au sujet des biens dont forant se trouve dépourvu. 2. Le vœu est la pro­ messe et remise des biens que les hommes offrent géné­ reusement à Dieu, cl ce, conformément aux possibilités et à la promesse faite. 3. Ne tarde pas à accomplir la promesse faite à Dieu1, et donne tout ce que tu a promis. Il est bon pour loi de ne pas promettre * plutôt que de promettre et de ne pas donner. Qu’il est grand le châtiment de ceux qui ne tiennent pas leurs promesses ! l’exemple d'Ananie et de Saphire condamnés â mort le montre. Ne pas faire de promesse ù Dieu est sans danger ; en faire et les négliger est punissable. 1- Ecclésiasti, V, 3. Cf. Ecclésiastique, XVIII, 21. vu ΠΕΡΙ Ι1Ρ0ΣΕΓΧΙ1Σ Αλλο εστί προσευχή και ετερον ευχή. Καί ή μέν προ7£yZr. £-τ·. αίτησες τών διδομίνων ήμςν δώρων παρά Θεού κατά '>Λ προς Θεόν άνάδασις, καί ομιλία πρός αυτόν άμετάστρορος περί oj j προσευχόμενος πέσυκεν ένδεής. 2· Ευχή δε ύπόσχεσις καί συνταγή ών γνησίως Θεώ προσ- φερουσι άνθρωπο·.. τό κατά δΰναμιν καί καθώς αν εύςη. 3· Ευχήν τώ θεώ μή χρονίσης του αποδουναι αυτήν, καί οτα ΐΰςη άποδος. ’Αγαθόν γάρ τό μή ευςασθαΐ (*) σε ή ευςασθαΐ ~·- 7Μ μή άποδοΰνα·.. Όσον δε τό επιτίμιο? τών μή πληροΰντων "χ; εύχάς δηλοΰσ’.ν Άνανίας καί Σζπρεφα Οανάτω καταδικασΟέντες. Τό γάρ μή έπαγγεΟ.ασΟαι δώρον Θεω ακίνδυνο? · τό δε εύόασΟα·. καί άμελήσα·. κατάκριτον (**). (*) Χρυσοστόμου. — Μη χρονίσης άπο5ο·υνα< τά; ίύχάς σου, άλλ’ ο ΪΓ.τ,γ-;·λ(11 άπόδοί, μή ποτέ ό Ήνστο: επελΟών Sutxo^r, · zxï τ: προς ίμί, ©ησιν · ου γάρ ζύρ·.ο;'ήμτ.; της ζωής ‘'διά τούτο γάρ έχρήν μή χρονίσαι τό άδηλον ίννοοϋντες τής έξοδον, καί <·τ·. ζύρως ουκ εΐ τής ζοιής κα; τής ;ντευ'Jc-7 αποδημίας ■ ώστε ή δοκοΰσα απολογία κατηγορία έστίν · οΰ γάρ τοί θανά­ του λο:πόν τό μή άποοο-υναι γίγονεν, άλλα τής με(λ>λήσ«ο>ς καί άναοολής " (") Μίοδωρ. / -VJ. — Μηδέν ποτ’ ευςη μηδΐ τών μ:κρών τώ Ηεώ · Θεού -ρίί, ;στ· ποίν λαάίν ' τίούνλέγω; κ/.ίπτεις :α ααυτου μή ίιδους καιρού /ΐέους ' ’Ανανίας σε τ.νΛί-.ω Σάπφειρά τε. COMMENTAIRE I. Le Paradis Spirituel. 11 serait intéressant mais trop long de comparer, ici, pour le litre et pour les idées, un chapitre précité 1 du Divinorum Amorum Liber de Syniéon le Nouveau Théo­ logien, avec le Paradis Spirituel de Nicetas : on verrait que pour l’un cl l’autre auteur, l’homrne est un paradis, que l’Esprit-Saint est l’Arbredc Vie. autrement dit que la terre ou l’âme qui porte T Arbre de Vie est transformée en paradis par cette présence. Il est 1res possible que le présent chapitre du maître ait inspiré le traité du dis­ ciple. En tout cas, il serait facile de se rendre compte à quel point les deux écrivains ont mis en commun les thèmes de leurs réflexions et combien se ressemble leur manière d’écrire : vocabulaire figuré et svmbolisme. I. * Καθώς s llaî/.c;. (’.’est à l’autorité de saint Paul que Nicétas se réfère dans la majorité des cas : sur les seize textes qu'il a cueillis dans le Nouveau Testament, il en a pris neuf à saint Paul ". Cette prédilection s’explique : c’est l’apôtre des gentils qui a parlé le plus explicitement et le plus profondément du Saint-Esprit, et c’est au Saint-Esprit que Nicétas, à titre de spirituel 123, d'âme vouée à la troisième Personne de la Sainte Trinité, a consacré sa pensée et sa vie. 1. Introduction, p. 22. On trouve ce chapitre dans P. G. CXX, 301, et ibidctn, 585-586, d’abnrd te titre grec : π£ρ: τη-j νοητού r.maoiiwj Ονορία ζαί sept το5 έν αΰτΛ ξύλου ζωής. Incipit : Ευλογητό; ί·. κύριο;, ίΰλογητό; £: μόνος; puis la seule traduc­ tion latine du chapitre. 2. Joan., VI,32; I. II. 16.· Luc., XVII, 21, —Afatfft., VI, 33 ; VI, 9-11. — Paul., I Cor., VI, 19. — Ilebr., V, 12. — Il Cor., XI. 2. — Rom., VII, 25. I Cor., II. 10.— Rom., II, I. — Rom., VIII, 28-29. — Rom., VIII. 17. 3. Cf. ci-dessus, Introduction. passim. 80 COMMENTAIRE 2. * ήδονή zati :ούνη. Faut-il regretter que la traduction soit incapable de rendre la ressemblance des sons dans l’opposition des sens de ces deux vocables 1 ? En tout cas, ces jeux de mots et ces jeux de l’esprit, auxquels les Grecs de toutes les époques se sont complus, restaient une tradition pour les Byzantins ; formes voisines, vêtements d’idées toutes différentes, passant et repassant dans le discours, tantôt disjoints, tantôt accouplés, allitérations et refrains tout ensemble. I I I I I .11 3. * Ojcî γαρ ζαζώ; sv ή αίσΟησις εφυτεύΟη. « Le retour à l'étal naturel » 12, tel est au point de vue' K moral et intellectuel3, l’idéal proposé par Nicétas. Le texte témoigne en même temps du souci qu’a l’au- I tour de dégager la responsabilité de Dieu dans l’existence I du mal. Est-ce une mise en garde contre le manichéisme ? I Si oui, on retrouvera ci-dessous, d’autres allusions à ce; I péril redouté 4. 5. * KaO’o zxt -ίτζ'ΐ ήοονήν ::ύνη ζ'.χ'Αγζ~χ'.. La significat ion du Paradis Spirituel se précise dans le 1 même sens que plus haut : l’effort de l’ascèse consiste à fl revenir à la vraie nature, celle de l’Edcn. Il ne s’agit pas.· « de mortifier la nature, mais les passions, pour libérer· la nature » 5. 6. * Και ύυκιζαι μεν ai ζερι τήν θεωρίαν. La θεωρία de Nicétas semble devoir être rapprochée de· la contemplation des Néo-platoniciens. Le vocable, en tout· cas, présente un sens technique, intermediaire entre la 1 signification vulgaire du mot : contemplation d’un paysage· par exemple, et celle que nous donnons à la contempla-· 1. Consulter A. Dais, l.efon sur la Stylistique Grecque, Paris, l'.iil. p. 15, · ot passim. 2. Voir M. DisniKn, toc. cil., col. 481. 3. Introduction, p. 18. 4. Paragraphe 1'2 «tu Paradis Spirituel, et paragraphe 5 dans Valeur des 9 choses naturelles. 5. I. Haisherr. loc. cit., p. xxvni. LE PARADIS SPIRITUEL 81 tien des mystiques. Sous la plume de Stéthatos, et de tant d’autres auteurs spirituels, le mot est très riche de suggestions, si riche qu’il a, par son abondance même, provoqué force mises au point 1 dont aucune ne paraît donner entière satisfaction. 7. * Γφ λσγιστ'.ζω μέρει τής ψυχής... τω]άλογώτερω Ιμέρει. Nicétas considère dans l'âme deux parties : la partie raisonnable, qui est aussi la partie privilégiée : elle possède l’unicité, une destinée supérieure, et l’objet de son étude est la divinité. Puis la partie irrationnelle qui est double, et même multiple, elle se débat dans la dualité de la matière et des passions, cl menace de faire déchoir l’autre2. 7. ** Απβ ζάτης φΰσεως των ζντων τής έμ-ής γνώσεως ζ.ζ· La manière dont l’auteur semble se mettre en cause dans ce passage, en parlant de sa connaissance et de son plaisir, n’est qu’une façon, entre plusieurs autres, d’ex­ primer une idée générale. Le français emploie surtout, dans ce cas, croyons-nous, au lieu de singulier, le pluriel de la première personne. 7. ’** Και κινήσεις αυτών. Le rapprochement de texte établi, ici, par le scholiastc, nous transporte sur un nouveau terrain symbolique : celui de la chasse. On prend assez facilement, dit ce texte, ce qui est à portée de la main, parce que cela n’exige pas beaucoup de peine. Si la proie est inaccessible, on ne peut pas l’atteindre et les chasseurs qui osent partir à la < liasse ont â se donner fin mal. En toute circonstance, quand on T. Ou les trouverait et pourrait les regrouper on faisant le dépouillement de tu lùuue d'Ascétique et de Λίι/ftique, publiée à Toulouse depuis 1920. 2. On voit que sous le ternir ψν'/ή Nicétas enferme une Idée complexe, on du moins assez difficile a rendre en traduction, ('.’est que les mots de lu psychologie grecque sont extrêmement nuancés. Un auteur contemporain, C. Toi ss.ajnt, fcpilres de saint Paul, Leçons d'exégèse, II, l.’fipilre aux. Romains, Paris, 1913, a fuit, p. 192, 193. 200. 20«, 209 et passim. sur le voca­ bulaire de saint Paul, une étude qui rendra service aux lecteurs du Paradis Spirituel. 8. Nicétas St él halos. β 82 COMMENTAIRE entreprend de faire un butin qui surpasse toutes les possi-' liilités de la chasse, on manque son coup. Il y a donc trois catégories de chasseurs : les timides, les intrépides et les présomptueux. Lescholîastc semble suggérer que ce qui est vrai pour la chasse l’est aussi pour la cueillette des fruits. 8. * Προ; 505 ή και «λείδνχς. Nicétas semble ignorer, ou ne pas accepter, les conclu­ sions t irées par saint Jean Chrvsosloine du passage de la Genèse dont il est ici question. Pour l’un et pour Faulro| commentateur, l’emploi du pluriel, h l’adresse d’Adam encore seul dans le Paradis Terrestre, doit avoir d’autant plus sûrement un sens caché qu’il est plus inattendu.. Voici l'interprétalion de saint Jean Clirysostome : Dieu a fait à la femme un grand honneur quand elle n’était pas encore créée. Avant qu’il ne la tirât d’Adam, Dieu disait comme faisant un commandement à deux : « Vous ne mangerez pas de cet arbre. Du jour où vous en man­ gerez vous mourrez. « \insi Dieu déclarait-il, dés J·· coinmencement, que l’homme el la femme ne sont qu’un1, j Plus immédiatement pratique, on le voit, l’évêque de Constantinople donne une interprétation morale à un texte que Nicétas plicJégitimemcntd'ailleurs.à des formes de pensées toutes symboliques. 9. * Τδΐς tùv τελείί’.ς. Pour Xicélas comme pour ses maîtres, les fidèles forment deux classes : les parfaits, ou spirituels, et les imparfaits.., Les parfaits peuvent cueillir sans préjudice les fruits do l’arbre de la science du bien et du mal, leurs connaissances' les habilitent à l'apostolat. Loin d’avoir de semblables effets entre les mains des imparfaits, les mêmes fruits sont cause de la perle de ce® derniers. 10. * Θεσζέσιος Nôvvs?. Nicétas suppose connus les exploits de ses héros. On J. Saint Jean Clirysostoinc, In Cap. Il Gen. HumiliaXIV, P.G. LUI. 115. LE PARADIS SPIRITUEL <83 devait, en effet, les trouver dans toutes les anthologies de spiritualité monastique. Nonnus est un moine labennésiole 1 promu au rang (l’évêque par l’éclat de ses vertus. Appelé un jour à Antioche, avec d’autres collègues, par l’évèque du lieu, il devient, tout de suite l’oracle du synode. C’est qu'il est parlait ou spirituel, si l’on préfère, dans le sens très fort où l’entend Nice las. Tamlis que la respectable assemblée tient ses assises aux portes de la Basilique du martyr saint Julien, voici qu’une courtisane du nom de Pélagie passe devant les évêques, dans tout l’attirail de sa scandaleuse beauté. Les évêques gémissent à ce spectacle et détournent la tête. Seul Nonnus s'attarde à regarder Pélagie. C’est qu’à litre de parfait il sait tirer le bien du mal, comme il est écrit dans le Paradis Spirituel, et que < la contemplation de l’impiété » lui est moyen de conquête et de sanctifica­ tion. La leçon qu’il lire en effet, de ce déploiement de mondanité, est toute élévation cl. toute pureté. Voilà, s’écrie-t-il, en substance, apres avoir détaillé les servitudes auxquelles, pour plaire, s'assujettit la courti­ sane, voilà ce que fait une femme pour atteindre un but si éphémère ! Et moi que fais-je pour être agréable à Dieu qui m’a préparé une splendide et éternelle récompense ? Les jours suivants, lorsqu'il vient prêcher à l’église, amenée par l’Esprit, Pélagie est dans l’assistance. Dé­ pouillé de toute rhétorique et de toute philosophie hu­ maine, le discours de l’évèque respire la sagesse de Dieu meme. La pécheresse se convertit. Elle quille Antioche et s’enfuit à Jérusalem où elle s’enferme, pour la vie, dans uni· grotte, sur le mont des Oliviers 1 2. Le choix de ce premier exemple est pour nous tout à fait significatif : il met en plein relief les théories de Nicetas. un peu tendancieuses, comme on sait, sur la puis­ sance apostolique des hommes, fussent-ils illettrés, que 1. Le premier établissement cênobiliqiie de saint Pachôme ayant eu pour siège Tabenne, dans la limite-Égypte, on appelle tabcnnèslotes les fils de ce Patriarche. 2. Vila Sanctae Pelagiae λfertIricis, P. L. I.XXIII, 663-672. 84 COMMENTAIRE Γ Es prit-Saini lui-même inspire et. instruit. L’auteur évoque celte histoire en donnant le rôle de protagoniste au héros. L’héroïne ne tient que le second rang : son per sonnage est en fonction du premier et subordonné à lui De celle manière, la conversion de Pélagie devient uni preuve éclatante de la puissance apostolique dévolue au: parfaits par le Saint-Esprit. 10. ** *0 ασκητής Βιτάλλως. Quant à Vitalius il était moine du monast ère de Séridoi sis à Gaza. H vint à Alexandrie, au temps du patriarch saint Jean Γ Aumônier, dans les premières années γοΰν τα χαρίσματα ζαταζλουτήσας. Nicolas ne parle pas ici, semble-t-il, des charismes pro­ prement dits5, mais probablement des dons du Saint1. 2. 3. 4. 5. V. Introduction, p. 11. Hai’Siikrr, toc. cit., p. xxxvm. Chnp. XI, 2-3. Gai.. V, 22. Act., Π. 16-1X. SUB LE LIBRE ARBITRE ($9 r ( Esprit reçus avec leur maximum de plénitude par les âmes privilégiées. 30. ** <)>.·<; x'j-.'z: -χρχ$εΐ7θς θείος '.γενεεο. Graduellement préparée l’expression « paradis divin · > ne surprend pas ; bien mieux elle paraît tout à fait adé­ quate pour désigner l’âme humaine, habitacle de Γ in­ divisible Ί ri nilé ». 31. * Ό zxt 3«7·.λΐί.·χν Z'.ox’j.ty ουρανών. Ι/annotation du scholiasle nous invite à chercher dans l’œuvre des théologiens s'il y a une diil'érencc de sens entre le royaume de Dieu et le royaume des vieux. La pensée des théologiens modernes, en tout cas, est pré­ sentée dans A. Crampon, La Sainte fdible. Paris, 1930, p. 347-348. 1 * 32. ’ ! I; γίνο-.τ: ζχ· ήμζς ίντεύΟ-ν /.α/.ϊίΟεν έπιτυχείν. Le discours prend lin sur un souhait : puissions-nous atteindre le royaume de Dieu des maintenant et plus tard ! Former ce vœu c’est terminer sur la note d’enthousiasme qui se fait entendre en sourdine dans plus d’un passage du Paradis Spirituel. C’est que Nicétas est un convaincu. H est enthousiasmé des thèses qu'il expose, comme le montre la chaleur de ses allirmations. On dirait qu’il a été le premier· â bénéficier des richesses qu’il veut faire admirer et propager. C’est la conviction et la reconnais­ sance qui l’ont fait apôtre et qui lui ont donné l’éloquence du cœur *. II. Sur le libre arbitre. Nicétas envisage ici le problème du libre arbitre uni­ quement du point de vue moral. Le côté métaphysique 1. L'cntlioiisinsme -ΛΤ,ζ’.ζν τ*.άθεσιν. On attendrait un qualificatif à côté de Β-.άΟΐσνζ. L’omis­ sion vient-elle de l’auteur ou du copiste ? 11 paraît plus sûr que ce soit la faute de ce dernier. 2. ' * Τήν καΟαράν προσευχήν. I.,’expression pourrait bien avoir ici une significatioi technique. On la trouve déjà dans les écrits d’Evagre dt Pont, où il faut entendre une oraison supérieure, inacces: sible au commun des mortels et exigeant une prépara: lion tout à fait spéciale. Les praticiens de « la prièr< pure » restent des initiés 4. 1. Ikp? τοΰ αντίςουσίου, P. G. XVIII, 210-265. 2. Voir pur exemple lu traduction de A. Crampon. Jai Sainte Bible, p. 180 3. M.-.I. lAGitANiiB, Snirif Paul, Îïptlre aux Romains, Pari.*. p. 215 1. Considlri* I. I Iavsiieuk. Le. traité de (’Oraison d’Evagre le {Pontitfl dans Benne d'Ascitique. et de Sigstique, num. 57, et 58, p. 31 et 1. VALEUR DES CHOSES NATURELLES 91 III. Valeur deê choses naturelles. I. * Φρόνησις, '•.ζζ'.ισ-νη, σωφροσύνη, àvSpùc. Il est facile de reconnaître dans cette première énu­ mération les quatre vertus cardinales. 3. * Καλό··* ά?5;ία. Il est étonnant que l’écrivain réduise ici son apprécia­ tion à deux mots sans plus. On peut croire qu’un copiste aura laissé tomber une ou plusieurs lignes du texte de Nicétas. 3. ** Καλόν zat ή ύγεια. Nicétas ne parle pas ici de la maladie. Il l’a fait dans un ouvrage qu’on a déjà mentionné. Voici ce qu’il en dit : Les maladies sont utiles aux âmes qui commencent à pratiquer la vertu parce qu'elles contribuent à la morti­ fication et à l’humiliation de la vie de la chair... Mais dans la mesure où elles sont utiles à ces âmes, dans cette même mesure elles nuisent à ceux qui ont progressé dans les travaux de la vertu, qui se sont établis au-dessus des sens et qui ont avancé dans la contemplation céleste, lïllcs les empêchent, cri effet, de vaquer aux choses divines parce que la souffrance et. les difficultés qu’elles entraînent émoussent la pensée en leur âme ï. Cette page, un le voit, pourrait figurer tout entière dans le Paradis Spirituel. * Καλλ'.οωνία, ζαζο5-<·>νία. L’écrivain donne ici à la voix un rang qui n'est pas usurpé entre la beauté d’une part et la force d’autre part : l’entourage de .Nicétas est. en effet, composé de chantres puisqu’il est monastique et qu’il célèbre par conséquent l’office divin. «>· I Ιρος τήν τούτων όλ’.σΟαίνι·. παράχρησιν. Le texte copié en cet endroit par le scholiaste souligne 1. Pradlconmi Capitum Centuria I, 87, P. G. CX X. 892. 92 COM M ENTA I KE deux faits : 1° l’homme n’est ni impeccable, ni fatalement pécheur : 2° le premier homme a péché, de fait, et il s’est ■perdu, mais sa faute a été suivie de l’œuvre de restauration accomplie par Γ Homme-Dieu. IV. De ce qui se trouve en nous de la nature irraisonnable. Les quelques lignes rédigées sous ce titre sont trop peu explicites pour qu'on puisse pénétrer totalement la pen­ sée de l’écrivain. Nous avons affaire évidemment à un schéma qui n’a pas été développé. Ce qu'on peut pressen­ tir, en tout cas, c’est le but visé par Nicétas : comme son maître Syméon, le Nouveau Théologien ’, il s’est préoc­ cupé des influences qui agissent de l’extérieur sur l’âme. Bon nombre d’entre elles ne sont pas soumises au domaine d<· la raison. Aussi les réactions qu’elles produisent en nous échappent-elles à la responsabilité : « St autem irra­ tionalis et culpae expers, neque obnoxius Dei judicio », dit Syméon 1 2 : il n’y a pas de culpabilité pour les choses irra­ tionnelles et elles ne sont pas justiciables devant le tri­ bunal de Dieu. V. Qu’il y a cinq puissances dans l’âme. Nicétas parle dans scs grands traités aussi des puis­ sances de l’àme.. Le nom qu’il leur donne à chacune dif­ fère un peu de ceux qu'on lit ici. Elles sont, dit-il. au nombre, de cinq : vcû;, λ:γ;?, αίσΟητ·.?, νοερά γνώσις zz'c έ-ιστήμη, mais on peut les ramener à trois : νους, λίγος, αΐσΟησι?3. C’est dans le texte que nous commentons que les déno1. De alteration!bus animai· et corporis qnar ex varietate caeli aut arris quaryue ex elementis, ex cibis, interdum etiam ex daemonibus exsistere, in nobis soient, P. G. CXX, 687. 2. Ibid., P. G. CXX, 689. Le texte n’a pas ôté conservé en grec. Migne en donne la traduction latine seulement. 3. Praelitorum Capitum Centuria I. 10, P. G. CXX. S56. LE RÉSULTAT OBTENU ET L INTENTION 93 ruinations paraissent, plus heureuses. Elles sont en tout cas conformes aux distinctions établies par la psychologie courante. Ces textes dénotent chez Nicétas un goût marqué pour I analyse, goût qui peut cire en partie spéculatif, mais qui est plus encore, semble-t-il, tourné vers l’action. L’auteur paraît vouloir arriver à la connaissance de l’âme pour pouvoir assigner à ses diverses facultés leur fonction propre dans la vie morale. Par lâ s’expliquerait la pré­ sence des considérations morales qui terminent le cours. i. ’ l'i ;zkv κατά yjzw καλόν. La nature dont, il s’agit ici ( 'est évidemment la nature originelle, celle qui n'a point été altérée par le péché. En marge du manuscrit un copiste qualifie de ύυζικός, psychique. l'homme qui vit selon la nature; de σα:ζ·.κό;, charnel, celui qui vit contre les lois de la nature : de zvîu;ζατ·.ζ;ς enfin, spirituel, celui qui s’élève au-dessus de la nature. C’est là proprement « la carte des âmes » telle que permet de la dresser la spiritualité de Nicétas. C’est là d’ailleurs aussi un classement ti adil ionnel, qu’on trou­ vera notamment de façon assez développée dans une lettre «l’Isidore de Péluse *. Nouvel indice, parmi tant d’autres, pour le souligner en passant, que Nicétas goûte particuliérement les œuvres d’Isidore de Péluse à l’instar de celles de Maxime h; Confesseur. VI. Le résultat obtenu et l’intention. Aussi claires que brèves les quelques réflexions faites ici. par le ton de convict ion dans lequel elles sont expri­ mées, montrent l'importance absolument primordiale que Nicétas donne au sujet. Aussi a-t-il traité ailleurs la meme question 12. dans le même sens. Il fait ici. semble-t-il. un résumé succinct et rationnel 1. Epistolarum Hirer IV, Epist. 127, Nilo Diacono. P. G. I.XXVÎII, 12041205. 2. Physicorum Practica Centuria II, 33, P. G. CXX, '.'H'·. 91 COMMENTAIRE d’une lettre d’Isidore de Péluse. Ce dernier expose le sujet à laide d’exemples dont quelques-uns sont fictifs et d'autres tirés de la Bible. Un homme prend une épée et monte la garde sur le chemin. Son ennemi, qu'il veut tuer, passe et lui échappe. Cet homme, en dépit du fait, est devenu homicide. Une femme se pare avec étude, puis sort sur la place publique, ou bien se fait voir à la fenêtre et tâche d'aguicher les jeunes gens. Echoue-t-elle dans son entreprise, elle n'est pas moins condamnable. L'histoire de Sara et de Pharaon d'une part, celle de Joseph et de la femme de Putiphar d'autre part., comme aussi colle de Suzanne et des vieillards de Sus··. montrent que les victimes ont pu être la cause innocente de «rimes qui ne furent pas perpétrés et qui furent cependant coin- · mis L On doit reconnaître que. les deux derniers exemples sont choisis de façon remarquable et qu'ils illustrent à souhait les deux aspects de la thèse. L'autre lettre d’Isidore de Péluse que signale la note marginale «lu manuscrit est peut-être plus pittoresque, mais elle n’est pas aussi typique1 2. L'auteur pose le cas' suivant : une femme s’est faite belle pour attirer les regards. Or, elle échoue dans son dessein. Est-elle cou­ pable ? Oui, car elle avait préparé la ciguë, composé le breuvage et présenté la coupe. Le fait qu'elle n'a pas trouvé de buveur importe en rien à la qualité morale de son acte. Vil. Sur la prière. Dans un ouvrage aujourd’hui perdu, le maître de Nice­ tas, Syméori le Nouveau Théologien, confrontait pour les opposer : -zzzz/it et προσευχή 3. Bien que l'un des termes ne soit pas le même chez l’un et chez l'autre écrivain : -zzzzyr, d’une, part, et de 1. Isidore de Péluse, Epis/oMrum libre II, Epist. 289, Isidoro ScholaslicÔJ P. G. LXXVHI, 717-720. 2. Ibid., Episiolaram liber V, Epist. 319, Hieroni Presbytero, P. G. I.XXV1II, 5121. 3. Voir Sytneon ./unior, Notitia (Léo Allatius), P. G. CXX, 30G. Sl'R LA PRIÈRE 95 l’autre : ιύχή, il semble bien que l’initiative de Syméon soit à l’origine du présent exposé. I. ’ Αλλο έστ'ι προσευχή κα: ϊτ-psv £>χή. L'écrivain a-t-il remarqué dans son entourage un retour à l’esprit païen, ou bien veut-il. en éclairant ses lecteurs, 1rs prémunir contre une confusion indigne des chrétiens ? On sait qu’avant l’apparition du christianisme la prière était trop souvent un échange intéressé entre l'homme et la divinité. « Donnant, donnant », tel était l'état d’esprit des deux contractants. Le christianisme a bien conservé le vœu, mais il en a épuré lu pratique et il l’a distingué de la prière propre­ ment dite comme le fait ici Stélhalos. 3. ’ ΆγαΟϊν γάρ ~'z ;χή ευξασΟχί σε. Le seholiasle copie en cet endroit un passage de saint Jean Chrvsostomc qui est analogue à celui de Nicétas. mais plus circonstancié : Ne tarde pas à accomplir les promesses faites à Dieu de peur que la mort ne te sur­ prenne. Eh quoi ! diras-tu, étais-je le maître de ma vie ? Non, et c’est justement pourquoi il fallait te hâter. Ton excuse même sera ta condamnation. Le passage de Théodoret copié à la suite met aussi le lecteur en garde contre le vœu imprudemment fail, et il ramène l’exemple d’\nanie et de Saphire. CONCLUSION A fréquenter Nicétas Stéthatos, dans les présents iné­ dits, nous sommes entrés en contact, avec un écrivain qui m· sait pas toujours s’exprimer avec charme, mais dont la pensé·* reste const amment haute. Dans la première partie du Paradis Spirituel, l’auteur pose devant nous quelques problèmes philosophiques qu'il étudie avec un désintéressement et une sérénité qui font honneur à l’homme. Il descend ensuite des sommets de la spéculation pour entrer dans le domaine moral. Dans cette seconde partie, le souri de l’amélioration et du salut du prochain fait de l’écrivain un apôtre. L’erreur qu’il glisse, un moment, avec trop d’habileté, dans sa narration, n'est, pas non plus sans profit pour nous. Nous savons, en effet. par l’histoire,, que le manque d’orthodoxie de Nicétas, tout inconscient qu i) fût. probablement, a servi d’adjuvant au schisme du xie siècle. Et cette grave con­ séquence établit péremptoirement que la vérité est un absolu, qu’on ne lèse jamais impunément ses droits impres­ criptibles, qu'il y a de ce fait, une plus grande générosité d’âme à la respecter scrupuleusement qu’à rester fidèle à des doctrines erronées, fût-ce au nom de la piété filiale et de l’amitié. Aussi regrette-ton, pour l’intégrité de sa mémoire, que Nicétas n’ait pas appartenu à la première génération des moines <1* Orient qui supportaient stoïque­ ment toutes les injures, sauf celle d’hérétique, tant ils avaient à cœur de rester dans la vérité du dogme, non seulement devant leur propre conscience, mais encore, si besoin en était, devant le genre humain tout entier. Dans les textes annexes, Nicétas continue à se montrer spiritualiste militant et largement informé. Il y affirme : Que le libre arbitre existe, et que Dieu le respecte ; Que c’est l'homme qui donne aux choses une valeur S. Nicéta» Stéthatos. 7 98 CONCLUSION morale par l’usage qu’il en fail, et que bien n’a rien créé de mai : Que nous sommes des êtres complexes qui avons, par notre corps, des liens avec la nature irraisonnalde : Que noire âme est un organisme savant doué de facul­ tés différenciées ; Que dans le domain·.· moral l'intention vaut l'acte ; Qu’il > a une· différence de nature entre la prière et le vœu. Ce sont là, répélons-lc, allirmations bienfaisantes. De plus, ces allirmations sont faites par un homme qui puisait aux sources. Nicétas a beaucoup lu. cl les meil­ leurs auteurs. Toute la Bible, beaucoup de philosophes de l’antiquité, la plupart des Pères de Γ Eglise lui sont fami­ liers. Qu’on nous permette, ici. pour rendre l'impression dernière que laisse le commerce avec Stéthatos. une image qui terminera en l’illustrant cette étude austère : Nicétas ne présente pas ses quêtes spirituelles dans une coupe de pur cristal où l’eau garde encore (c jet <|e la source- et reste toujours l’eau vive, comme savent le faire quelquesuns de ses maîtres. Mais bien qu'elle soit un peu opaque, c'est aussi de Peau de source, en' la fraîcheur première, que sa coupe à lui nous présente. INDEX DES NOUS l’BOPBES ■V. β. Les chiffres arabes renvoient aux pages. S'ils sont accompagnés de la lettre n suivie d’un point, ils ren­ voient aux notes du bas des pages. Les chiffres romains renvoient à l avant-propos ou à l’un des sept, textes présentés dont les paragraphes sont désignés par des chiffres- arabes. Adam, 18; 82: I. par. 17. Allât ins Leo. 94 η. 3. Ananie, 76 : 95; VII, par. 3. Grégoire le Sophiste, 19. Grumel V., 29 η. 1 ; 31 η. 1 Guilland IL, I ; 31 n. 2. Balthasar. II. U., 31 η. 1. Barnabe. 28. Bréhier I... 12 n. 3 ; 13 η. 1. Butler C., 21 n. 2. Mariés (Fabricius-), 16 n. 2. Hausherr I.. 1: 9 n. 1 : 11 et η. 1 ; 12 η. 1 et 2 : 11 η. 1 : 15 η. 1 ; 16 n. 3 ; 19 : 29 n. 2 : 32 η. 1. 2 et 1 ; 33 ; 35 : 80 n. 5 ; 86 n. 2 et 4 : 88 n. 2 : 90 n. 3. Héraclide. 21. Hermas, 28. Hésychius, 31 n. 2. Humbert (cardinal), 13; 35. Cales J., I. Cantarella R., 31 η. 1. Clément d'Alexandrie, 28. Constantin IX. Monoinaque, 12: 13. Crampon A.. 89 : 90 n. 2. Dain A.. 1,80 η. 1 : 1. par. 7. Diadoque de Photicé. 28. Didyme, 28. Diehl Ch., 12 n. 3. Disdier M. Th.. 20 η. 1 : 31 η. 1 ; 80 n. 2. Epiphanovicz S. I... 31 η. 1. Evagre du l’ont, 28 : 31 n. 1 : 90 n. 3. l'abricius-I larlès, 16 n. 2. Grégoire 35. Grégoire Grégoire Grégoire de Nazianze. 28 : de Nysse. 28. Palamas, 31. le Sinaïte. 31 n. 2. Isaac (saint), 31 n. 2. Isidore de Péhisc, 17: 29; 93 : 91 : I. par. 7 et 31 : III, par. 5 ; VI, par. 1. Jean Climaque (saint), 22 : 31. n.2 : 52 n. 1. Jean Chrysost.onie (saint), 17 : 29 : \ 11 par. 3. Jean l’Aumônier (saint). 84. Jean le Géomètre. 22. Jésus lils de Sirach, 17. Joseph. 94. Kollar, 15 : 20. Lagrange M.-.I.. 90 n. 3. Leon IX (pape), 12. " 100 INDEX DES NOMS PROPRES Marçais G., 12 n. 3. Marlin I (pape), 29. Maxime le Confcsscur(saint), 29; 30; 31 et η. 1 ; 93. Méthode d'Olympe, 90. Michel Cérulaire, 12; 14; 31. Michel Psellos, 16. Paul (saint), 20, 40 ; 60 n. 2 ; 79 ; 88 ; I, par 1. Pégon J., 31 n. 1. Pélagie 46 ; 83-84 ; 1, par. 10. Philippe le Solitaire, 16. Philotée le Sinaïte, 31 n. 2. Photius, 12. Puliphar, 94. Nicéphore Grégoras, 31 n. 2. Nicétas Stéthatos, débuts, 9-11 ; doctrine, 11-13 ; per­ sonnalité et rôle, 11-15; textes inédits. 15-19; l’é­ crivain et l’œuvre, 33-35 ; commentaire des textes, 79-95 ; jugement d’en­ semble, 97-98. Nicétas le Syncelle, 19. Nonnus, 46 ; 83-84 ; I, par. 10 et 11. Saphire, 76 ; 95 ; VU, par. 3. Sara, 94. Sénèque, 34. Suzanne, 46 ; 84 ; I, par. 11. Syméon Eulabès, 9-10; 88. Syméon le Nouveau Théolo­ gien, 9 ; 10 ; 12 ; 14 ; 19 ; 22 ; 31 n. 2 ; 32. ; 35 ; 50 : 79 ; 86 ; 88 ; 92 ; 94. Ollier Μ., I. Origène, 28. Palladius. 21. Pargoirc .1., 9 n. 4. Pascal B., 15. Pascase, 21. Thalassius, 30 ; 31 n. 1. Théodore!, 17, ; 29 ; 95 ; VH par. 3. Thomson (Margaret H.), 22. Toussaint C., 81, n. 2. Viller Μ., I; 28 η. 1 : 31 n. 1.· Vitalius, 46 ; 84 ; I, par. 10. Zorell F., 33, n. 1. (INDEX DES MOTS GRECS -V- B. Nous relevons ici uniquement les mois importants du point de vue de Nicétas el de l'histoire des idées. i-i->. : 1, 22, 23, 25. 27, 28; il, 2. άγράιψατοε : I, 26. st-idro·.: : I, 1, 3, 4, 15, 16, 17, 30 ; V. 5. i-.e/.iïZ'Çoi : I, 4, 11. rJrtÇoJatov II, 1. γνωσ:;: I, 4, 5, 6, 7, 9, 11, 27. cl·// : V Π, 1, 2, 3. τ/ζ,ντ' : 1.2, 5, 6, 8. Οίωρία : I, 6, 7, 9, 12, 18, 21. 13, ÇâÀov γνωστόν καλού ζαί πονηρού I, 1, 1, 5, 8, 9, 30. ξύζον -.t\i ζωτ,ς : I, 1, 30. οδύνη : 1, 2, 4, 5, 8. ~χοάδ':σος Οίϊο;: I, 30 ; — νοη­ τό; : I, titre. πλησρΛνή : I, 2, 4, 5. .-.,ίύ.ζ (τό άγω/. : I, 1, 13, 24, 25, 26, 27, 28, 30 ; 11, 5. ,τνΐίαα : I, 14, 21, 29 ; “νίζματικό; : I, 2. πρακτική «*.λοσοφία : I, 24. -οοσ=./ή ■ I, 24; II, 2; VII, 1. λαγνιία : I, 2, 4, 5. τα:τηνωσι; : 1, 22, 23, 24, 25. τίληοι : I, 4, 9. νον;: I, 19 ; V, 1. χοφίσαατα : I, 26, 28, 30. TABLE DES MATIÈRES Avant-propos........................................................................ 7 Introduction : I. L’auteur, sa vie, scs idées................................... (I. Le Paradis Spirituel et les textes annexes... 9 15 Bibliographie sommaire..................................................... 36 Texte et Traduction : I. Le Paradis Spirituel......................................... II. Sur le libre arbitre....................... III. Valeur des choses naturelles............................. IV. De ce qui se trouve en nous de la nature irrai­ sonnable ............................. V. Qu'il y a cinq puissances dans l'âme......... V1. Que ce n’est pas le résultat obtenu mais l’inten­ tion qui établit d'ordinaire la valeur de. nos actes...................................................... 74 VIL Sur la prière........................................................ 40 60 64 68 70 76 Commentaire......................................................................... 79 Conclusion.............................................................................. 97 Index des noms propres...................................................... 99 Index des mots grecs.........................................................·. 101 IMPRIMERIE PROTAT I-R ÈRES, MACON ■ = c, O. !.. 3 .1908 ■ —■ JANVIER 1915, CENSURE PARIS N" 1.131 DÉPÔT I.IÎCAI. 1·' N TRIMESTRE 19 15 lÈOItDIlF. CHEZ l.’l.MPRlMEUn : 5.257 S" D’ORDRE CHEZ L’ÉDITEUR ! 1.289