« QUAND JÉSUS EUT DOUZE ANS... » © 1958, by I^s Éditions du Cerf. 2e tirage avec mise à jour ISBN ‘2-204-02695-6 ISSN 0750-1978 SO U R CES CI IR ÉTI EN N ES N ° GO AELRED de RIEVAULX « QUAND JÉSUS EUT DOUZE ANS...· INTRODUCTION ET TEXTE CRITIQUE DE Dom Anselme HOSTE, o. s. b. MOINR UK STKKNOItUGGB TRADUCTION FRANÇAISE DE Joseph DUBOIS DOCTEUR EX PHILOSOPHIE RT Ι.ΙΓΓΤΙΙΚΕ, PRAtRB DU DIOCESE DE NANIJR LES EDITIONS DU CERF, 29, di> de la Tour-Maubovrg, PARIS 1987 El? .sc (^o 6^ /?s7 NJ1I1L ODSTAT : IMPRIMI POTEST : Lyon, le 13 septembre 1958 Steenbrugge, le 8 août 1058 Ci., mon désert, s. j. t IS1DORUS, abbas. IMPRIMATUR : Paris, le 22 septembre 1958 f J. LE CORDIER, v. g. INTRODUCTION Le De Jesu puero duodenni n’est pas l’une des œuvres les plus marquantes de la littérature cistercienne du xh® siècle, ni de saint Aelred lui-même. De fait, le thème majeur des écrits de l'abbé de Rievaulx est l’amour spirituel, et c’est dans son Miroir de la Charité (Speculum Caritatis) — ample traité de l’amour de Dieu — et son De spiritali amicitia — dialogues sur l’amour du prochain — qu’il lui a consacré les plus riches développements. Dans le De Jesu puero, d’allure plus simple, ce double thème apparaît cependant comme un courant souterrain qui fait verdoyer un pré d'une rare fraî­ cheur parmi les sables souvent arides du commentaire exégétique médiéval. Cette simplicité dépouillée ne doit pas nous faire illusion. Le regretté P. de Ghellinck, s’il plaçait très haut le De spiritali amicitia, « qui s’inspire du dialogue de Cicéron, tout en le dépassant facilement «, notait aussi que « les mêmes qualités affectives, mêlées de pénétration, de finesse et d’élé­ vation de pensée, se retrouvent dans ce charmant petit écrit : De Jesu puero duodenni, trop peu connu, qui rappelle saint Bernard et prélude à saint Bonaventure ■> Il y aura lieu, toutefois, de préciser davantage, et le « char­ mant petit écrit » s'avérera une source, alimentée au grand courant patristique que résume saint Bernard, et qui fécon­ dera à son tour les écrivains postérieurs, tels Ludolphe de Saxe, le Pseudo-Bonaventurc et peut-être saint Ignace, par la façon si personnelle d'Aelred de méditer les mystères du Christ sicut praesens, avec l’application des sens. Si le prin­ cipe vient peut-être de saint Bernard, Aelred fut sans doute un des premiers à le mettre en pratique. Et il sut le faire I. J. de Ghellinck» L'essor de la littérature latine au * XII siècle, t. I, Bruxelles-Paris· 194C» p. 188. 8 INTROmXTIO.N avec une grâce si captivante qu’elle devait lui susciter une nombreuse postérité. A bon droit on a vu dans l’auteur du DeJesu puero un des précurseurs de l’oraison méthodique, laquelle, par l’intermédiaire de Ludolphe, de Gerson, de Cis­ neros, inspirera les Exercices de saint Ignace et n'a pas cessé de trouver des-fidèles *. Par elle aussi une louche infiniment délicate de la spiritua­ lité patristique nous a été transmise. La méditation des mys­ tères de la vie de Jésus sicul praesens n’est pas, en effet, une découverte du moyen âge. Cette dévotion à Jésus plonge des racines profondes dans l’antiquité chrétienne. Semence patristique, elle n’attendait que l’ardeur j uvénile du xn * siècle et l’orchestration d’un saint Bernard pour s’épanouir, ravis­ sante. Mais cette piété envers l’humanité du Christ savait déjà s’exprimer avec une tendresse discrète, mais profondé­ ment ressentie, sous la plume d’un Origène 1 23, d’un Jé­ rôme — qui le croirait ? ■' — et de tant d’autres, dont le calame, malgré toute la retenue qu’impose l’étiquette clas­ sique, sait à peine voiler les transports d’allégresse, de piété affective, de tendre commisération envers la passion du Sau­ veur 4. 1. M. Villrr. Compte rendu de l'ouvrage de Pourrai, dans R. 4. M.» III» 1922, p. 78-79 ; J. Maréchal» Applications des sens. Diet, de Spiritualité, t. I, 1937, col. 823-82-4 ; F. Cavallera, Quelques loca parallela relatifs aux Exercices, dans Mélanges Wairiganl, 1920» p. 27 sq. ; M. Olpiie-Galliard. Composition de lieu. Diet, de Spiritualité, t. II. 1953. col. 1321-1326 : P. Phi­ lippe. L'oraison dans Γhistoire^ dans L'oraison (Cahiers de la Vie Spirituelle), 1947, p. 8-59. surtout p. 20 : La genèse de l’oraison méthodique ; A. Le Bail. Les Exercices spirituels dans l'Ordre de Ctteaux, dans R. A, M. (1949). p. 260-269. 2. F. Bertrand, Mystique de Jésus chez Origine, Paris, 1951. voir surtout l'introduction, p. 5-11 ; G. BaRDY. La vie spirituelle d'après les Pères des trois premiers siècles, Paris. 1935. p. 262 sv. 3. A. Dumon, Grondleggers der Midddecuivsc vroomheid. dans Sacris Eru­ diri, I (1948). p. 206-224. On y trouvera nombre d’autres témoignages empruntés à d’nulres Pères, à la liturgie et Λ la dévotion populaire. 4. A. Mens, Oorsprong en Mckenis van de Nederlandse Begijnen- en Bcgardtnbcwcging. Leuven. 1947, notamment p. 11-13; S. Salaville, Un office grec du · très doux Jésus · antérieur au ■ Jubilas · dit de saint Bernard, dans R. A. M. (1949). p. 246-259 ; Id.. Christus in orientalium pietate, dans Ephem. Lit., 53 (1939), p. 13-59 ; 350-385. On y trouve quelques oraisons très frap­ pantes. INTRODUCTION 9 C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre la for­ mule si juste de Jean Dagcns : «C’est le xn·siècle... qui a vu s’épanouir cc nouvel art d’aimer », mais on peut regretter qu’il ait cru devoir ajouter : « Saint Bernard... est aussi le premier de ceux qui dans l’esprit de saint Paul ont intériorisé la vie du Christ ’. » Bien au contraire. On a même pu écrire, textes à l’appui, que la conception, selon laquelle le Christ naît dans le cœur des fidèles, y croît et s’y développe, est une doctrine proprement patristique que le moyen âge ne fera que transmettre 2, non sans ajouter toutefois à ce thème théologique une nuance de sensibilité plus ardente. Cette « nouvelle » sensibilité religieuse trouva son expres­ sion, plusieurs générations déjà avant saint Bernard, dans les écrits monastiques des xi -xn * e siècles 3. On glanera faci­ lement chez Williram d’Ebersberg, saint Anselme, Lanfranc, Jean de Fécamp, Pierre Damien, Candide de Fulda, Ambroise Autpert et d’autres *, des textes qui méditent ten­ drement les mystères de l'enfance de Jésus et de sa doulou­ reuse passion, qui s’adressent à l'homme Jésus avec cette exquise sensibilité qu’il est convenu d’appeler bernardine. Quoi d’étonnant, au fond ? N’en perçoit-on pas comme un premier élan chez saint Benoît lui-même, qui ajouta à l’office romain de Noël l’antienne Nato Domino ·, début encore timide et empreint d’une grave réserve de ce qui connaîtra une flo­ raison si luxuriante sous les plumes jeunes et ardentes des moines blancs ? On ne peut donc oublier que le moyen âge n’a pas inventé 1. J. Dagens» Bdrulle ei 1rs origines de la restauration catholique. Paris, 1952, p. 301. 2. H. Βλκνρ.π, Die Gattesgeburt ; Die Ishre der Kirchenvfiler von drr Gcburt Christi in Herzen der Glùubigen, dans Zeitschrift fûr Kalholische Théo· logic. Bd 59 (1935). p. 333-418. On peut y ajouter un texte expressif de S. CéMiire d’Arles, cite par A. Duhon, art. cil., p. 215. 3. J. Lrclkmcq, Drogon et saint Bernard. Appendice I Sur la dévotion d l'humanité du Christ, dans Heo. Bên., LXIÏI (1953). p. 128-13». 4. Comme l’a montré d’une manière convaincante le P. V. Vailati, La devozionc alVumanilà di Cristo nelle opère di San Fier Dominai, dans Divus Thomas (Piac.), 46 (1943), p. 78-93. 5. Cf. C. Cai.i.ewaeht, Les offices festifs avant S· Benoît. dans Sacris Eru­ diri. Fragmenta liturgica, Stccubrugge, 1940, p. 158 sv. 10 INTRODUCTIO* de toutes pièces la dévotion à l’humanité du Christ, tant il est vrai que « chaque période aime le Christ à sa manière, sans jamais épuiser toutes les façons humaines d’aimer que suscite ‘la charité répandue dans les cœurs’. Mais le cœur humain reste aussi toujours le même. Et à son dévouement au Christ, il ne saurait manquer aucune des nuances essen­ tielles de l’amour. Or, n’est-cc pas l'une d’elles que ce tendre sentiment pour son humanité et que cette possession amou­ reuse de sa Personne ? » *. Nous aurons à y revenir, quand nous parlerons des sources et de l’influence du De Jesu puero. Que ccs quelques remarques suffisent ici à situer le traité dans le courant de la spiritualité ou, plus simplement, de la dévotion à Jésus, dont il est à la fois un aboutissement et un générateur. On n’osera affirmer que l’humble abbé l’ait luimême pressenti en appelant son opuscule « piae meditationis et sancti amoris semina ■12. Mais les mots n'ont-ils pas sou­ vent une portée plus grande que ne le soupçonne leur auteur ? Ils ont leur magie propre, douce et victorieuse ; et pour de nombreuses générations ces pages si dépouillées sont restées « une pieuse semence de méditation amoureuse ». I. — L’Auteur. Depuis peu, grâce aux recherches diligentes de F. M. Powicke 3* , nos connaissances sur la vie d’Âelred de Rlevaulx se sont grandement accrues. Aelred naquit dans le Yorkshire, à Hexham, dans l’année 1110. C’est le pays d’Étienne de Salley et de Richard Rolle ; ce fut le siècle de saint Bernard. Tout fait supposer que ses parents sont à chercher parmi l'aristocratie du pays : son éducation soignée, son entrée comme tout jeune enfant à la cour du roi d’Écosse, David (1121-1153), où bientôt il exercera la fonction de sénéchal (economus). Ne nous faisons pas une idée trop chevaleresque de cette cour d’Écossc ni de ce titre sonore. Toutefois, il y 1. 2. 3. don. F. Bbrtrani», op. ciL, p. B. Prologue, 1» 3. F. M. Powicke, Walter Daniel9* Life o/ Allred* abbot of Kievaulx, Lon­ 1950, 1.H-S8 p. l’auteur π a un peu d’exagération et plus encore d’humour dans le mot d’Aclred, que saint Bernard lui rétorquera : « Vraiment, tu nous a prouvé ton incapacité d’écrire, disant que tu n’as rien d’un érudit, que tu n’es plutôt qu’un illettré ; que tu es venu au cloître, non de l’école, mais de la cuisine *. » Aelred avait vingt-quatre ans, quand il entra à Ricvaulx. Guillaume, qui avait vécu dans l'intimité de saint Bernard comme l’un de ses secrétaires, y était abbé. Le jeune moine fit ses délices de la lectio divina 12, mais il ne tardera pas à être désigné comme maître des novices. Pendant la courte durée de celte fonction (1142-1143) il écrit le a Miroir de la charité » (Speculum Caritatis), qui est regardé comme le plus important de ses ouvrages. C’est à ses jeunes novices que ce cœur aimant dédia son chef-d’œuvre 3. En 1143 il est élu abbé de Saint-Laurent de Revesby, fille de Ricvaulx. Scs serinons le firent connaître, meme au-delà de son auditoire monastique, et il fut invité à plusieurs reprises à monter en chaire devant des synodes diocésains 45. Revesby ne put le retenir que cinq ans. En 1147 les moines de Rievaulx le rappelèrent pour succéder à l’abbé Maurice dans la charge abbatiale. Il y restera jusqu’à sa mort, survenue le 12 janvier 1167. ♦♦* Ses contemporains le connurent comme un homme d’une sérénité inaltérable B. Écoutons Gilbert de Hoyland : « ... le 1. Ed. Λ. W1LXART» L'instigateur du Speculum Caritatis, dans K. Λ. M.» XIV (1933), p. 377 ; « Causas tuae impossibilitatis ostendisti, dicens le minus grammaticum. innno pcnc illitcratum, qui de coquinis, non de scholis ad heremum veneris. » 2. < Statim legendis sacris litteris operam dedi % De. spiritali amicitia, dans J. Dubois. Aelred de Rievaulx, L'amitié spirituelle, Bruges. 1950» p. 3. 3. Mullin. Λ History of the Work of the Cistercians in Yorkshire, Wash­ ington. 1932. p. 24. 4. Powicke. op. cit., p. 28 : < In synodis jubet illum (Aelrodum) antistes sermonem facere ad clericos, quod et facit. » C. H. Talbot a édité deux de ces allocutions panni les Sermones inediti B. Aclredi Abbatis Rieuallensis, Rome. 1952» p. 150 et p. 156. 5. J. Furnrss, Vita S· Wallhent abbalis, dans Acta Sanctorum, août I» éd. 1872. p. 257. 12 INTRODUCTION visage modeste et l’attitude de tout le corps respirant le calme, traduisaient les sentiments sereins de son âme » Et dans la mémoire de scs moines, il a survécu comme le « pas­ tor pius in Rievalle » *. On ne saurait mieux: résumer l’idéal qu’Aelred s'était fixé de l’abbé. Son biographe, Walter Daniel, le proclame : « O pastorem praedarem et prudentem... ô sage pasteur, digne d’éloges, qui affectionna la miséricorde bien au-dessus d’une justice intransigeante ’. » Le secret de cette rayonnante bonté si humaine tient en un mot : il sut aimer : « Le charme de ses amitiés fit le charme de sa vie ; pour lui toute la vie se base sur l’amitié ; elle lui permet d’en soutenir les épreuves ; elle confère à la vie, même à la vie monastique, la seule valeur qu’elle eut jamais à ses yeux », ainsi s'exprime, avec un tantinet d’engouement, mais dont certainement saint Aelred ne lui tiendrait pas rigueur, Bede Jarrett ‘. D’ailleurs un livre sur Aelred ne s’écrit-il pas instinctivement d’une autre encre qu’un livre sur Abélard ou saint Jérôme ? «Bernardo prope par Aelredus noster >, «C'est presque un autre Bernard que notre Aelred », disaient, par manière de dicton, les cisterciens de son temps. Éloge prestigieux quand on se rappelle la place que tenait saint Bernard déjà de son vivant dans 1’Ordre et dans l’Église tout entière. Et cette estime ne se perdra pas, même quand un siècle plus jansé­ niste aura succédé au douzième, et quand les cisterciens se­ ront devenus, après leur débordante jeunesse, un ordre établi et posé, qui savait s’exprimer avec mesure et pondération : « Vous sçaves », écrit le cistercien J. De Lannoy au grave mauriste dom Luc d’Achery, « que tout ce qui est imprimé de ce saint abbé est excellent », « ... que les pensées et senti­ ments de saint Bernard, d’Aelredus... ne sont que très bons pour former un parfait novice et mesme un bons profès 5. » 1. P. L„ 181» col. 216-217» cité par !.. Bouyer, La spiritualité de Cttcaux, Paris. 1955. p. 161. 2. Λ. Wh.mart. Les mélanges de Mathieu, préchanlre de lUevaulx au début du XIII· siècle, dans Beu. Bén.t LH (1940), p. 15-84. 3. Powickr. op. eiL, c. xi.iv, p. 51. 4. B. Jarrett, SL Aelred o/ Bievatilx, dans The English Way (Studies in English Sanctity from S. Bede to Newman), London. 1933. p. 87. 5. J. M. Besse, Les correspondants cisterciens de Dom Luc d'Achcrg cl de Dom Mabillon, dans Ecu. Mab., IX (1913), p. 225 ; ibid., X (1920), p. 135. AUTHENTICITÉ ET DATE II. — Authenticité 13 et date. On a déjà fait remarquer que deux des opuscules les plus répandus d’Aelred, le De spiritali amicitia et le De institu­ tione inclusarum, circulèrent longtemps sous des noms d’em­ prunt l. Le De Jesu puero connut le même sort. La tradition tant littéraire que manuscrite l’attribue presque invariable­ ment à saint Bernard. Il nous faut attendre le xvii· siècle et la sagacité d’un jésuite, le P. Richard Gibbons, pour en découvrir le véritable auteur. Malgré le témoignage presque unanimement négatif des manuscrits, l’authenticité du De Jesu puero n’est nullement douteuse. Walter Daniel, qui vécut longtemps aux côtés d’Aelred, nota soigneusement que l’abbé, avant de se retirer, malade, dans son « mausolée » *, composa pour son ami Yves de Wardon un a noble commentaire » sur la péricope de saint Luc : « Cum factus esset Jesus annorum duodecim ’. » L'opuscule fut donc terminé avant 1157. En effet, dix ans avant son décès 12345, l’état précaire de sa santé obligea Aelred à vivre un peu à l’écart dans une cellule spécialement aménagée de l’in­ firmerie. D'autre part, la narration du biographe suggère que le De Jesu puero ne fut pas composé bien longtemps avant cette date. On peut donc admettre les années 11531157, qu’adopte F. M. Powickc dans sa chronologie des œuvres d’Aelred °. Il précède de quelques années seulement le De spiritali amicitia, et il en annonce déjà l’affectivité 1. Cf. C. 11. Talbot. T/ie « De Institutis Inclusarum · of Aelred of Ricoaulx, dans Analecta Sacri Ordinis Cistereiensis. VII (1951), p. 167. 2. Le chapitre général de 1157 lui avait concédé quelques exceptions ù cause de sa maladie, cl Aelred fil construire un · mausoleum juxta commu­ nem cellam infirmorum % Powicke. op. clL, p. 39. 3. Powickk, op. clL, p. 41 : · Eciam ante illud tempus dc Icecionc euan­ gelica que sic incipit, cum factus essrf ih<3U$ annorum XIItfm9 cxposicioncm nobilem et Iripharia distinccionc, historien uldelicet et moruli atque mirtica, fulgentem cuidam monacho de Sortis, nomine Inoni, ex bibliotheca sui cordis transmisit. · Cf. Lue, 2, 42-52. 4. Powicke. ibid., p. 39. 5. Id., ibid., p. xcvn. 1-1 INTRODUCTION dépouillée de tout l'appareil ratiocinant du Spéculum Caritalis. Aclred composa son traité à la demande d’Yves, moine de Wardon, la fondation de Rievaulx dans le Bedfordshire. Aelred lui a toujours témoigné une amitié si affectueuse qu'on aurait mauvaise grâce à le passer sous silence. Aelred nous le dépeint dans ses dialogues sur l’amitié dont il sera l’inter­ locuteur, comme un moine silencieux et retiré, préférant le colloque spirituel aux récréations plus bruyantes : « Daigne ta bienveillance — lui dira Yves — m’autoriser, chaque fois que lu visiteras tes fils qui sont ici, à t’entretenir, ne fût-ce qu’une seule fois, à l’écart des autres et à te découvrir cal­ mement les tempêtes de mon cœur ». El Aclred de répondre : « Bien volontiers ! Ce m’est une très grande joie de te voir peu enclin à ces conversations vides et oiseuses et toujours disposé, au contraire, à t’entretenir de ce qui peut être utile ou nécessaire à ton progrès spirituel *. » On ne s'étonnera guère d’entendre Aelred lui adresser la parole en ces termes dans le De Jesu puero duodenni : «Tu es passé, je crois, du dénuement de Bethléem aux richessses de Nazareth ; lu es monté, âgé de douze ans, des fleurs de Nazareth aux fruits de Jérusalem. Aussi es-tu en mesure d'étudier les choses mys­ tiques moins dans les livres que dans ta propre expérience 123. » Avant que le second dialogue sur l’amitié ne fût entamé, on annonça à l’abbé de Rievaulx la mort de son ami. Il interrompit vivement son discours : « Oui, le souvenir de cet ami très cher, la tendresse de notre durable affection me sont toujours présents ; quoique affranchi de ce monde — il a fait sa part — il n’est pas mort dans mon cœur. C’est là qu’il vit toujours, que son image brille d’un religieux éclat, que son regard me sourit doucement, que ses paroles continuent à me charmer... ’. » Écrivant sous l’inspiration d’une telle amitié, un homme comme Aelred pouvait-il agir autrement que de déverser sans réserve ses sentiments les plus intimes et ses plus chères idées 1. De spiritali amicllia, éd. J. Dubois, op. cil., p. 9. 2. De Jesu puero, 19, 5-10. 3. J. Dubois, op. cil., p. 49-51. IA FORME CT LE CONTENU 15 dans l’écrit qu’il lui dédia ? L’âme vibrante d’allégresse, il lui parlera de leur doux Jésus, en qui s’abreuve leur amitié et auquel elle retourne, source et couronne à la fois de l’élan qui les unit. III. — La forme et le contenu du traité ’. ... Le De Jesu puero n'a rien d’un traité Lme doctrine , . ‘ , _ scolaire. Dans ces pages, c est un spirituel monastique. . .. , qui s entretient avec un autre spirituel, moins pour l’instruire que pour revivre avec lui ce que Guil­ laume de Saint-Thierry appelait « le souvenir enchanteur des consolations éprouvées » 1 2. Aelred ne veut y exprimer que ce qu’il a goûté, et Yves y reconnaîtra l’écho de ce qu’il a déjà ressenti au plus intime de lui-même (2, 14-16 ; cf. 19, 5). La métaphore bernardine de Verudatio, reprise ici, carac­ térise heureusement une œuvre ainsi jaillie du trop-plein d’une expérience intérieure : « gustata eructare ». L'attitude d’Aelred à l’égard des méthodes en usage dans les écoles séculières du temps est significative. Rencontrant la difficulté classique de la croissance de Jésus en sagesse (10), il note avec humour que « le nombre et la prolixité des com­ mentaires » que ce texte a suscités » n’a d’égal que la variété des opinions de leurs auteurs o. Renonçant à prendre parti, il conclut à l’adresse de son jeune ami : « Mais toi, mon fils, tu ne recherches pas des questions, mais la dévotion ; ni ce qui donne de la subtilité au discours, mais ce qui réveille l’âme (unde afledus excitetur) » (11, 1-3). Les quaestiones et la subtilité des joutes dialectiques d’une part, la devotio et Yaf­ fectus de l’autre : toute la différence entre la sagesse du cloître — schola Christi — et la science des écoles est évoquée par ces mots 3. 1. Pour ce chapitre nous avons utilisé des notes du regretté 1>. Anselme Le Bail, mises aimablement à notre disposition par le R. P. Ch. Dumont, O. C. R. (Scourmont). Nous devons également beaucoup à des suggestions du H. P. Placide Deseillc, O. C. R. (Bellefontaine). 2. « Festiva memoria de recordatione habitae consolationis > (Guillaume i>b Saint-Thibkuy, /n Cant., c. 1 ; P. L·., 180, 487 C). 3. La défiance à l’égard des méthodes scolaires prendra une signification 16 INTRODUCTION L’« intelligence de la foi * qui est ici recherchée est celle que le Maître divin communique directement à l’âme, dans le silence d’un « entretien intérieur et tout spirituel » ; en nous conformant au Christ, l’amour qu’il verse dans nos cœurs nous procure un contact savoureux avec lui, une con­ naissance expérimentale de ses secrets, lumineuse sans doute, mais profondément respectueuse du mystère : · Tandis que tu cherches de la sorte, le Maître sera là, ce maître qui seul enseigne à l’homme la science... ; dans sa droite, sa loi de feu pour t’éclairer... ; dans sa gauche, la verge d'équité, la verge de son royaume, pour reprendre la présomption de tes recherches et réprimer ta curiosité » (24, 24-28). Ces traits nous permettent de situer l’abbé de Rievaulx en bonne place parmi les représentants de cette * théologie mo­ nastique « du xii® siècle, sur laquelle de récents travaux ont attiré l’attention *. Le traité fut écrit — c’est Walter Daniel qui s’en porte garant * — sur un triple mode, historique, mystique et moral. Les plus anciens manuscrits ont soigneusement noté cette triple division, mais on en chercherait en vain la trace dans les éditions imprimées. L’ouvrage se trouve ainsi divisé en trois parties. A l’intérieur de chacune d’elles, l’auteur par­ court successivement les diverses étapes de l’enfance de Jé­ sus : Bethléem, l’Égypte, Nazareth ; il s’attache surtout au L’interprétation de l’Écriture. assez différente. Λ Ια fin du moyen ftge. chez les tenants de la Devotio mo­ derna; leur spiritualité, essentiellement affective, ne sera plus structurée par la grande vision biblique et patristique du mystère du salut qui reste partout présente chez les auteurs monastiques du xn· siècle. L’attitude de ceux-ci s’apparente davantage à celle des Pères, qui opposaient à la · science simple ·, connaissance purement notionelle et indépendante de la vie monde, la « science véritable ·. expérience des réalités divines, qui présuppose la pureté du cœur et l’effort ascétique soutenu par le don de la grâce (cf. J. Lemaître, Contemplation chez les orientaux chrétiens, dans Diet, de Spir., t. II. col. 18021806). 1. CL, p. ex·, Dom Jean Leclercq. L’amour des lettres et le désir de Dieu, Paris. 1957, p. 9-14 et 179-218; M. D. Chkxü, Moines, clercs et talcs au carrefour de la oie évangélique {XII· siècle) dans R. IL E., 19 (1954), p. 59 sq. 2. Powickr, op. cil., p. 41. LA FORME ET LE CONTENU 17 pèlerinage de Jésus à Jérusalem à l’âge de douze ans, épisode dont l’interprétation constitue l’essentiel du traité. Aelred empruntait la doctrine du triple sens des Écritures au patrimoine commun de son époque. Fidèles à la tradition patristique, les auteurs du moyen âge distinguaient dans les textes sacrés, dépassant la lettre mais prenant appui sur elle, un sens allégorique, qui en représentait la signification collec­ tive, l’application au mystère de l’Églisc, et un sens moral, relatif à la vie intérieure de l’âme chrétienne Dans l’emploi de cette méthode, Aelred fait preuve d’une grande liberté, qui contraste avec la rigueur didactique des productions scolaires 1 2. Ce sont manifestement les applica­ tions morales qui répondent à l’attrait dominant de ce spiri­ tuel : aussi affleurent-elles partout, et la division tripartite adoptée en principe est-elle facilement oubliée à leur avan­ tage. Le cadre des trois sens scripturaires n’est strictement respecté que pour le commentaire du pèlerinage de Jésus à Jérusalem ; des épisodes antérieurs, aucune application n'est faite à l’Églisc. Le terme de commentaire littéral ou Lc commentaire historique peut prêter à équivoque. Aelred historique. n’entend nullement nous donner une exégèse historique et critique de l’évangile de l’enfance ; son exposé des faits évangéliques reste inspiré par un souci d’édi­ fication. C'est une méditation, qui met en œuvre toute l’ima­ gination et l'affectivité d’un homme du xn· siècle ; les ques­ tions adressées â Jésus ou à sa mère se mêlent aux effusions : < Pendant ces trois jours, où étais-tu, bon Jésus ? Qui te procura à manger ou à boire ? Qui fit ton lit ? Qui t’enleva tes chaussures ? Qui réconforta ton tendre corps en le pom­ madant ?» Le P. Bouyer a relevé « l’humanité presque amu­ sante, et tellement britannique ! » de ces réflexions 3. Leur 1. Cf. H. de Ludac, Catholicisme* p. 127-170. 2. Sur In différence de méthode qui distingue l’exégèse monastique de l’exégèse scolaire au moyen âge, et. C. Spicq, Esquisse d'une. histoire de l'exégèse latine au moyen âge, Paris. 1944« ά compléter par la précieuse recen­ sion de Dont Jean Leclercq, dans Bull. Thom., 7 (1943-1946)« p. 62-63. 3. Op. cil., p. 163 $q. Le P. Bouyer a noté en mnrgc de ce texte : « On 18 INTRODUCTION exquise délicatesse ne pouvait manquer de leur susciter de fervents admirateurs. Aussi les retrouve-t-on chez Ludolphe le Chartreux, chez le Pseudo-Bonaventure, chez bien d'autres encore, qui se les transmettent, même sans en connaître la provenance *. La tendresse envers l’humanité du Christ n'empêche pas l’âme de s’élever vers « de plus profonds mystères ·< (7). Le récit du séjour de Jésus à Jérusalem fournissait deux don­ nées : Jésus était a chez son Père 3, et il fut retrouvé par ses parents « dans le temple ». Le premier trait suggère assez na­ turellement l'idée que Jésus s’est présenté devant son Père, à l’orée de sa mission terrestre, pour le consulter filialement sur l’ordonnance de l’économie rédemptrice. D’autre part, Aelred avait un sens trop vif des correspondances entre l’uni­ vers visible et le monde invisible, pour que la manifestation de Jésus aux docteurs ne lui fît pas conjecturer deux autres épiphanies parallèles, l'une aux anges — on sait l'importance que les anciens moines attachaient au thème de la restaura­ tion du monde angélique par la rédemption de l’homme, a ange de remplacement » — l’autre aux justes de l’Ancien Testament, préludant à la descente aux enfers qui suivra la crucifixion (7-S). Lc mystèrc rédempteur tout entier se ' reflète dans l’évangile de l’enfance. Les Pères l’avaient pressenti, et l’exégèse la plus récente a confirmé Israël et l’élise notera le souci de l'hydrothérapie... Walter Daniel nous apprend qu’Aelred s'était aménagé un petit appareil à douche dans sa cellule, pour se rafraîchir les nerfs, semble-t-il, quand les fâcheux avalent trop abusé de sa patience bien connue · (ibid.. p. 101. note 1). C’est peut-être traduire en langage trop moderne une coutume médiévale que Walter Daniel explique ainsi : < Aqua frigidissima totum corpus huinitans calorem in scsc omnium extinxit uiciormn · (Powiou·, op. cil., p. 25) : il s’agit d'immersions ascétiques, très usitées dans l’Angleterre, monastique aux xr, xn· et xni * siècles (cf. L. Govgaud, Dénotions et pratiques ascétiques du moyen dye, Marcdsous, 1925, p. 162 sq.) ; on peut rapprocher du texte de Walter Daniel un passage vrai­ semblablement autobiographique de Y Institutio inclusarum : « Novl ego monachum, qui... plerumque vero se frigidis aquis iniciens, tremens aliquandiu psallebat ct orabat · (6d. Talbot, dans Analecta S. O. C.» VII, (1951), p. 192. L 10-11). 1. Cf. infra. p. 32. LA FORME ET LE CONTENU 19 ces intuitions *. L’attitude de Jésus enfant à l’égard de- ses parents (Luc, 2, 49) n’cxprime-t-elle pas son exigence fonda­ mentale envers tous ceux qui lui sont proches selon la chair : dépasser les vues humaines, pour accéder au plan transcendant où se situe sa mission ? Et sa montée pascale au temple, à l'âge de douze ans, ne figure-t-ellc pas son « mystère pascal », cette entrée du Grand-Prêtre éternel dans un tabernacle non fait de main d’homme, dont celui de Jérusalem n’était que le type (cf. Ilcbr., 9, 11-14) ? Aelrcd ne propose pas explicitement ces considérations ; mais elles nous expliquent comment il a pu reconnaître dans cet épisode particulier de la vie du Christ une image de la destinée totale de l’Église et de l’âme con­ templative. La donnée fondamentale de l'histoire de l’Église, pour Ael­ rcd comme pour les Pères, est la relation de l’Église et de la Synagogue. A l’origine, l’infidélité du peuple élu a donné occasion à la conversion des gentils (13-14) ; la réunion des deux peuples à la fin des temps sera le signe de la victoire définitive du Christ sur toutes les divisions, fruits du péché (15, 17, 18). Entre ces deux extrêmes se développent les trois « âges » de l’Église (16), qu’Aelred met en parallèle avec les trois jours de Jésus à Jérusalem, au terme desquels sa parenté le retrouve « en entrant dans le temple, c’est-à-dire dans l’Église » (16, 33-34). La belle latinité d’Aelrcd le sert ici admirablement ; on remarquera en particulier les clausules rythmiques, qui donnent à ces pages la sobre harmonie des compositions litur­ giques romaines. La relation qu’Aelred établit entre les phases du progrès spirituel de l'âme croyante, et la croissance corporelle du Christ, ne repose pas sur de simples analogies extérieures. Elle est fondée sur la doctrine commune à toute la patristique de la restauration de l’image de Dieu dans l’homme, de la déifica­ tion de la nature humaine par l’incarnation du Verbe. Le fils prodigue est a parti pour un pays lointain, le pays de la dissiL’itinéraire de l’âme. I. CL C. Spicq, L'Èptlrc aux Hébreux, Paris, 1055, t. I, p. 104. 20 INIBOUL'CTIOJÎ militudc » \ où il a contracté une e ressemblance animale » ; mais le Dieu éternel et immuable a voulu lui rouvrir le chemin de son éternité et de son immutabilité, en assumant la muta­ bilité de sa créature. Le Verbe est né selon la chair, afin que nous naissions spirituellement en recouvrant la participation à sa nature divine (3, 21 sq ; 11, 9-21). C’est en nous confor­ mant intérieurement aux divers états corporels, qu’il a suc­ cessivement revêtus pour nous, que nous parviendrons a à la perfection de l’adulte, à la mesure de la plénitude de l’âge du Christ ». Aelred nous donne ainsi, selon l’expression de Dom Anselme Le Bail, « un traité de la grâce sacramentelle des mystères du Christ infusant en l’homme la ressemblance au Verbe» (11-12). Les étapes principales de cet itinéraire sont la naissance à Bethléem, qui représente la conversion de l’âme ; l’enfance à Nazareth, image du progrès dans les vertus ; la montée à Jérusalem et les trois jours passés dans la Ville sainte, figure des délices de la contemplation. Entre les deux premières, Aelred situe une phase d’épreuves purifiantes, qui corres­ pond à la persécution d’Ilérode et à la fuite en Egypte : après les premières consolations, Dieu semble se retirer, tandis que les tentations accablent l’âme (4, 5-13 ; 12, 21 sq ; 20, 1-2). Dans le Speculum caritatis, la même doctrine est illustrée par des images empruntées à l’Exode : après avoir franchi à pied sec les flots bouillonnants du siècle (conversion), l’âme doit connaître l’épreuve aux eaux amères de Mara avant de goûter la douceur de la manne et de parvenir aux douze sources d’Elim *. Aelred nous livre ici le fruit de son expé­ rience de directeur d’âmes. Psychologue très avisé, il apporte une attention particulière aux faits de cet ordre ; toutefois, il ne faudrait pas majorer l’importance de cette désolation éducative dans sa synthèse doctrinale ; le climat général en reste celui de toute la mystique occidentale ancienne, qui met plus volontiers l’accent sur les joies que sur les souffrances de la vie spirituelle. Joies trop rares et trop brèves néanmoins, tant que nous 1. Sur ce thème, ci. in/ra. p. 53 avec la note. 2. Spec. Car., I. II, c. 15; F. L., 195, 569-561. LA FORME ET LE CONTENU 21 sommes en cette vie : « rara hora, parva mora », redit Aelred, faisant écho à saint Bernard *. Dans l’intervalle, l’âme est la proie de ce tourment suave du désir de Dieu qui est aussi un lieu commun de la mystique occidentale depuis saint Grégoire le Grand, mais dont l’abbé de Rievaulx nous trace une description originale, dans un style qui eût ravi IL Bre­ mond (21). La doctrine d’Aelred est empreinte d’une forte unité. Sa théologie trinitaire, sa cosmologie, son anthropologie, telles que nous les révèlent le Spéculum caritatis et les Sermones, sont construites selon un schéma tripartite, d’inspiration augustinicnne, dont la trilogie Puissance-Sagesse-Bonté divines constitue l’élément de base 12. Ici, ce schéma est mis en rela­ tion avec les trois jours à Jérusalem, et sert à analyser la « triple lumière » — c'est-à-dire les différents genres ou as­ pects — de la contemplation (23-28). A la considération de la puissance de Dieu (rapprochée de sa justice), correspond le tremblement de l’adoration, la crainte mystique qui purifie l’âme ; à celle de sa sagesse, l’illumination intérieure ; à celle de sa bonté et de sa miséricorde, la suavité du baiser de l’Époux. La contemplation des mystères terrestres du Christ garde ici tous ses droits (25-27) : ces mystères sont les signes, adaptés à notre condition charnelle, à travers lesquels les yeux d'une âme intérieurement illuminée par l’Esprit-Saint (25,2 sq.) peuvent fixer la lumière des perfections incréées. La contemplation aeirédienne de l’humanité du Verbe n'est pas pure effusion sentimentale : elle met l’être tout entier en communion avec sa divinité. « Il viendra à toi dans l’arôme des parfums et des aromates, il imprimera sur ton âme comme un céleste et divin baiser, il emplira tes entrailles d’une inef­ fable suavité... » (24, 35-38). 1. Cf. saint BERNARD, In Cant., ΧΧΠΓ, 15 ; P. L., 183, 892 B. 2. Cf. Spec. Car., 1. I, c. 2-3 ; P. L.. 195, 506-508 ; Sermones inert., éd. Talbot, ρ. 107-108. 22 INTRODUCTION IV. — Les sources du De Jesu puero. , , L Ecriture sainte. Dans un raccourci intraduisible, Walter Daniel nous indique la source principale du De Jesu puero : «... expositionem nobilem... ex bibliotheca sui cordis transmisit ‘. . Ce noble exposé, Aelred le puisa dans la « bible de son cœur >. C'est bien ainsi qu'il faut comprendre, ce nous semble, cette « bibliotheca cordis sui » : le traité n’est pas simplement un commentaire de saint Luc, 2, 42-51, mais c’est un enchaînement de réminiscences bibliques qui surgissent spontanément de son cœur a. De fait, parmi les sources du De Jesu puero, les Saintes Écritures ont la part du lion. Aelred y témoigne d'une con­ naissance approfondie, tant de Γ Ancien que du Nouveau Testament. En cela encore Aelred est de son temps et en continuité directe avec la tradition patristique. Ce qu’il sent, ce qu’il pense, tout est exprimé avec des termes et des images bibliques. Pour l'homme du moyen âge, l’Écriture est un miroir : « Speculum namque nostrum scriptura sacra ’. » Elle lui reflète scs propres pensées et ses propres sentiments. Aelred est un passionné de la Bible. Sans aucune recherche, avec un naturel qui dénote une familiarité soutenue avec la pagina sacra, les réminiscences, la citation appropriée, coulent de sa plume. La Bible est vraiment devenue la moelle de sa pensée. Elle lui est source de toute sagesse *, mais sur1. POWICKR, Op. CtL, p. 41. 2. L’on pourrait aussi traduire avec Powicke : · out of the library of his heart » cl interpreter bibliotheca dons !c sens obvie de bibliothèque : Aelred composa son Indlé, non pas en consultant les ouvrages des Pères à ce sujet, mais se contentant de ce qu’il avait retenu de lectures antérieures. Voir tou­ tefois sur révolution sémantique de bibliotheca — Bible-, A. Mundo, « BiWîoIhcca · Bible cl lecture du Carême d'après S. Benoft, dans /try. Bén., I.X (1950), p. 65-82 ; G. Penco, « Bibliotheca » e · Opus Dei · nella Hegula Monasterio­ rum, dans Biuista Liturgica, XXXVIII (1951), p. 210-217. 3. Joannes l-tscmnncnsis, Confessio Theologica, *III pars, v. 667 sv.» éd. J. Leclercq el J. P. Bonnes, Un maître de la oie spirituelle au X/· siêde, Jean de Fècamp, Paris, 1946, p. 163 ; ci. Saint Grùgoiîie le Grand, Morat, in Job, II, 1 (P. L., 75. 553 D) : « Scriptura sacra mentis oculis quasi quod­ dam speculum opponitur... · 4. Aelred, Sermones de Oneribus, P. L.» 195, col. 363 C. LES SOURCES 23 tout il n’en est pas une page qui ne lui fasse retrouver son Jésus *. Si quelque malheur nous atteint, si quelque amer­ tume nous inonde le cœur, dès qu’une page sacrée nous touche le fardeau devient léger à porter *. Pendant ses longues an­ nées de pénibles souffrances corporelles, il est ravi de la visite de ses frères avec lesquels il peut s'entretenir des ineffables joies spirituelles de la lecture biblique Sentant sa fin ap­ procher, il fait apporter à son chevet son « psautier glosé >, l’évangile de saint .Jean et les Confessions de saint Augustin. Il n’avait pas de trésor plus cher ♦. Doin Leclercq décrit ainsi la « culture biblique » du moine du xh· siècle : a II s'est assimilé la Bible, il l’a faite sienne, il ne peut plus penser et il n’est plus capable de s’exprimer sans le faire par elle : elle fait partie de lui-même \ » Portrait qui cadre parfaitement avec la physionomie spirituelle du < pius pastor in Rievalle ». _ _ Aelred a-t-il puisé aussi à d’autres 1-cs Pcrcs ùrecs ® sources ? Nous nous aventurons ici à marquer quelques textes parallèles de Pères grecs, Origène, Denys l’Aréopagite. Maintes fois, on a signalé, non sans étonnement, l’absence de toute citation d’un Père grec dans l’œuvre aelrédicnnee, si bien que la seule référence au Pseudo-Denys que remarque C. H. Talbot dans le De anima, est interprétée par lui comme une citation de seconde main, reprise à quelque œuvre latine ’. Elle n’est cependant pas 1. Aelred, ibid., col- 412 B. 2. Id., ibid., col. 476 B-C. 3. Powicke, op. cil., c. xxxi, p. 40. 4. Id., ibid.9 c. li. p. 58. 5. J. Leclercq, Les méditations d'un moine au XII9 siècle, dans Reu. Mab., XXXIV (1944), p. 1-9. 6. Voir encore dernièrement Dont Br. Griessbh dans sa recension du De anima (Cistcrcicnser-Chronik, juin 1952, p. 60) : · Ueberraschcnd ist dnss Aelred keinc Bekanntschaft mit den gricchlschcn Vfttcrn und PseudoDionysius auiwcist. Autorcn, die auf dns clstercicnsischc Schrifttum jener Zcit crhcblichen Einfluss ûbten. · Sur l’iidluence dOrigène sur les cisterciens du temps de S. Aelred, surtout S. Bernard, Guillaume de Saint-Thierry. GeofTrol d’Auxerre, voir J. Leclercq. Origine au Xll9 siècle,dans Ircnikon, XXIV (1951). p. 425-439. 7. De anima, éd. Talbot, p. 51. Voir cependant M. A. Pracueuoud, Dcnys VAréopagitc en Occident, 3 : Les Cisterciens, dans Diet, de Spir., t. II, 1954, 24 INTRODUCTION unique. Dans le De oneribus, on retrouve un passage du De caelesti hierarchia et du De dioinis nominibus ». Le terme « supcresscntialis » et la formule « omnium quae sunt », qui sont ceux de la traduction de Jean Scot Érigène, font sup­ poser qu’Aelrcd s’est servi de celle-ci 2. Rappelons encore l’usage de « superadditum », un terme de saint Grégoire de Nysse qu’Érigène introduira dans la théologie latine ’.· S’il n’est pas douteux qu’Aelrcd ignorait le grec, il lui arrive cependant de préférer nommément la traduction des Septante à la Vulgate *. Cependant cela fait supposer une source latine intermédiaire, probablement saint Jérôme ou saint Augustin. La bibliothèque de Rievaulx dis­ posait d’ailleurs de plusieurs ouvrages d’Origène dans les tra­ duction de Rufin ou de saint Jérôme 8. Quoi d’étonnant alors d'en rencontrer quelques réminiscences dans le De Jesu puero ? Oiugène, Hom. XVIII (PG 13, 1848 B). ... invenerunt ilium in templo, non ubicumque in alio loco, sed in templo. Aei.red, De Jesu puero, 29, 3. ... invenerunt eum in templo... non in quolibet loco, sed in templo. — Hom. XIX (PG 13, 1850 G). Dolentes quaerebamus te... Numquam fieri pote- — Ibid., 2, 3-5. Denique dolentes quae­ rebamus te. Immo... cur coi. 329-340 : · Remarquons qu’Aelrcd cite Denys nommément, Ce qu’on no trouve même pas chez son compatriote Isaac de KÉtoilc, le pins marqué pourtant par l’influence dionysienne dans l'école de Cîtcaux (col. 337). · 1. P. L.t 195. col. 363 A-B ·. De cacl. hicrarchia. 4, 1 (P. G.. 3.177) ; Dédia, nom., 5, 4 (P. G., 3. 818). 2. P. G. ΤιιΛηυ, Études Dionysiennes, J, Hilduin, traducteur de Dmys (Études de Phil, médiévale, XVI), Paris, 1932, p. 43, n. 3. 3. Aclrcd. Serm. de On., P. L., 195, col. 391 C ; cf. H. i>k Luhac, l.a ren­ contre de superadditum et supernalurale dans la théologie médiévale, dans Rev. Moyen Age Latin, I (1945), p. 27-34. 4. Aelred, Serm. de On.. P. L.. 195. col. 428 C; cf. J. Dubois, op. cîf., p. lx : < A noter qu’il lui arrive de s’écarter ù quelques reprises de lu Vulgate pour donner un texte conforme au grec des Septante ou de l'original. ■ 5. L’ancien catalogue de Rievaulx, dressé peu de temps après la mort d’Aelrcd, comprend les œuvres d’Origène ; cf. M. R. James. A descriptive catalogue o/ Mss in Jesus College, Cambridge, 1895, p. 47. LES SOURCES rat, ut perditum formida­ ret infantem, quem divi­ num esse cognoverat ? 25 puerum quaerebas, quem deum esse non ignorabas ? — Ibid., 8, 27-28. ... non inediam timebas puero, quem deum noveras. Origène s’est rendu compte que les paroles de l'évangéliste : « et ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait » font supposer un sens caché sous la réponse de Jésus : « Ne savez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père » : μυαλών αίνίττετα-, un mystère plus profond est voilé par ces mots dont le sens littéral désigne simplement le temple de Jérusalem x. « Incipit reserare secretum », dira saint Aelred, et, en com­ mentant le verset, les idées d’Origène se pressent sous sa plume *. Toutefois, l’influence des Pères latins est bien plus nette, encore qu’il s’agisse sou­ vent « d'emprunts grapillés au hasard des souvenirs de lec­ ture » *, ce qui rend difficile l’identification des sources. C’est parfois une expression savoureuse qu’il emprunta à saint Jérôme, tel le « in angulis monasterii susurrare » 4, ou une simple réminiscence de lecture, comme ■> huc illueque dis­ currere d s. D’autres fois c’est l’explication d’un nom hébreu, qu’il est allé chercher dans le De nominibus hebraicis ou le Liber quaestionum hebraicarum du docteur de Bethléem ·. Saint Jérôme. 1. Jn Luc. Horn., XX, id. Rauer, 132, 1-7 ; cf. F. R. Smothers, Λ note on Luire, 2, 49, dans The Harirard Theological Review, XLV (1952), p. 67-69. 2. De Jesu pucro, 9. 1-1. 3. M. Hélin, Recherche des sources r! tradition littéraire, dans Mélanges J. de GheUinek, l. Π, Gcmbloux, 1951, p. 412. 4. De Jesu puero, 21. 1 1 ürron.,epist., 75,22, cd. Hilbwg, dans C. S. E. L., p. 393, LV, v 10. 5. De Jesu puero, 30. 35. Hieron., epist., 133. 4, id. Hilberg, dans C. S. E. L., I.V1, p. 24S, v. 12-14 ; cf. Aclred, Sermones, cd. Talbot, p. 88. 6. Hieron., De nominibus hebraicis, id. P. de Lagarde, Leipzig, 1887 ; Liber quaestionum hebraicarum in Gcncsim, éd. P. de Lagarde, Leipzig, 1868. 26 INTRODUCTION ο . . . , .. Si saint Jérôme est souvent consulté, Saint Augustin. , » . . . .. . . , , , c’est saint Augustin qui imprègne le plus profondément son esprit: » Ut Augustini mei sententiam lo­ quar », dit-il familièrement *. Les paroles de saint Augustin, adaptées au contexte, sont retravaillées d’une manière per­ sonnelle qui dénote une grande connaissance de l’œuvre au­ gustinienne et tout autant une grande indépendance d’es­ prit s. En effet, c’est bien plus la façon de citer, d'assimiler une pensée et d’intégrer une citation dans un nouveau con­ texte, qui trahit l'écrivain de talent3. Nulle part chez Aelred cette manie d’égrener des loci similes copiés servilement et cousus bout à bout avec des raccords de fortune. Il sait s’abreuver à une source et ensuite faire lui-même œuvre ori­ ginale ; il est bien plus qu'un canal impersonnel4. L’apparat des sources signale aussi quelques textes paral­ lèles rencontrés dans l’exégèse augustinienne du verset 6 du Psaume 18 : < Processit sponsus de thalamo suo et exultavit ut gigas ad currendam viam » ; Aelred y voit avec Augustin l’annonce de la naissance du Sauveur du sein de la \rierge *. Le commentaire du verset 52 de Luc, 2 : « Proficiebat sa­ pientia, aetate et gratia » se rattache également à l’explica­ tion augustinienne, qui sut réagir si vivement contre toute exégèse professant que le Christ aurait passé π d’une bonté non possédée à une bonté possédée » e. 1. Aelred. Sermones. éd. Talbot, p. 133. 2. · The easy manner in which hc links up. without the slightest hiatus, a series of passages from S. Augustine’s works, and the evident reliance he places on his memory for these quotations, clearly demonstrate that he had not only completely assimilated the material hc had studied, but suc­ ceeded in imprinting upon it the stamp of his own personality. ■ C. H- Taj/· dot, De anima, p. 53. 3. M. IIÉUN, art. cit.. p. 411. 4. H. Thamin, Saini Ambroise et ta morale chrétienne du IV· siècle, Paris, 1895. p. 184-185 : < ... Mais Je goût qu’Aelrcd a ressenti pour l’œuvre de Cicéron, et le choix qu’il a su faire, pour se les approprier, des plus belles pensées témoignent hautement en sa faveur. · ; et. J. Dubois, op. cit., p. ux : « Toutefois son œuvre n’est pas un décalque servile. Λ la lire, on res­ sent une tout autre impression qu’à la lecture de Cicéron.» 5. Cf. M. Pontet, L'exégèse de S. Augustin prédicateur, Paris, 1941. 6. Augustin, Contr. Maxim. arian. episc., 2, 23 (P. L., 42. 802) ; cf. M. Pontet. ibid., p. 293, n. 193. LES SOURCES 27 Christus medicus x. Encore une idée que visiblement Ael­ red a reprise à son «naître préféré, qui y revient souvent pour montrer que le Christ médecin est venu nous apporter, en s’incarnant dans l'humble nature humaine, le principal « mé­ dicament » d’une véritable vie chrétienne, l’humilité L'influence de saint Augustin est plus nette encore dans l’emploi que fait Aelred de l'image augustinienne Christus mons. Il suffit de comparer le contexte aclrédien de la dispute avec les docteurs juifs et les passages correspondants dans les sermons d’Augustin Les points de contact avec Saint Ambroise et saint Ambroise ou saint Gré­ saint Grégoire le Grand. goire sont moins nombreux. Ce sont plutôt quelques idées qui reviennent que des réminis­ cences textuelles. Comme il a été dit plus haut, d’après saint Aelred, les faits de la vie du Christ ont la capacité de produire dans l’âme la grâce qui rendra cette âme capable à son tour de réaliser dans sa propre vie les dispositions qui animaient Jésus dans sa vie terrestre. Or, c’est une idée qui est chère à saint Ambroise. Confrontons les deux textes suivants : Ambroise, Ep. LXXI, 4 (PL 16, éd. 1880,1295 B) Omnes isti (c’est-à-dire, les faits de la vie du Christ) processus animae nostrae sunt, per quos exercitata gratiam piae institutionis invenit. Aelred, De Jesu pue.ro, 11, 22-24. ... et ea quae ab eo in cunctis aetatibus acta des­ cribuntur, in nobis per sin­ gulos profectuum gradus spiritaliter agi a bene pro­ ficientibus sentiuntur. _ , , - Qu Aelred ait cherché volontiers Isidore de Séville et . . ,. . , t . . χα-a i.» son inspiration chez les tenants de Bède le Vénérable. „ . . 1 . .. , _ . . , 1 exégèse spirituelle, les Origène, les Augustin, les Ambroise, les Grégoire, cela n’apparaît plei1. De Jesu puero, 3, 6. 2. R. Arbesmann, Christ the Medicus humilis in St. Augustine, dans Augustinus Maÿister (Congrès International Augustinicn), Paris, 1954, t. II. p. 623-629. 3. A. Lauras. Deux images du Christ et de l*Église dans la prédication augustinienne, dans Augustinus Magister, t. II, p. 667-675. 28 INTRODUCTION nement que lorsqu’on recherche l’influence qu’aurait exercée sur lui le courant plus philologique de saint Isidore et de saint Bède. Le fait qu’on ne peut aligner que deux réminiscences d'Isidore, est déjà caractéristique *. Encore a-t-on pensé que le texte sur la tourterelle aurait été repris à quelque bestiaire, car on ne trouve dans aucune autre œuvre d’Aelred une in­ fluence quelconque des Etymologiae de l’encyclopédiste de Séville s. Le commentaire sur saint Luc de Bède n’est mis à profit qu’une seule fois : Bède, PL 92, col. 349 B. Aelred, De Jesu puero, 5, 6-8. ... quia filiis Israel moris fuerit, ut temporibus festis vel Jerosolima confluentes, vel ad propria redeuntes, seorsum viri, seorsum au­ tem feminae choros du­ centes incederent ’. ... sciendum id moris fuisse Judaeis, ut ascen­ dentes ad diem festum, seorsum viri, seorsum in­ cederent feminae. A Isidore, à Bède comme aux lexiques hébreux de saint Jérôme, Aelred empruntera, le cas échéant, quelques données positives, mais les vraies sources de son inspiration sont ail­ leurs. 1. De Jesu puera, 27, 5 : «... ib! pardus deponit varietatem suam. » Isjnong, Etymologiae, éd. W. M. Lindsay, Oxford, lOll.lib. XII, n, 10 : · Par­ dus est genus varium » : De Jesu, 21 2-3. Isinoniç, éd. Lindsay, lib. XII, vir, 60. 2. J. Morson. The English Cistercians and the Bestiary, dans Bulletin of the John Bylands Library, Manchester, 39 (1956), p. 146-170. 3. II est assez, curieux de noter que ce même texte de saint BMo revient encore sous la plume de deux auteurs contemporains, dans le commentaire sur saint Luc de Zacharie de Besançon (f 1150) et les « Deflorationes ■ de Werner de Küssenbcrg (f 1174). Au sujet de Werner, voir P. Glorieux» Les Deflorationes de Werner de S. Biaise, dans Mélanges J, de. Ghellinck, LU, Gcmbloux, 1951, p. 699-721 : ·... ni saint Anselme, ni saint Bruno, ni saint Aelred n’ont fourni de copie à Werner et les pointes poussées en ces diverses directions ont été vaincs. » Toutefois, l’interprétation morale de · post tri­ duum invenerunt cum > semble s’inspirer du De Jesu puera (29 et P. L., 157, 820 B). LES SOURCES 29 Nous avons déjà noté quelques termes * qu Aelred emprunte à Jean Scot Erigene» probablement à son ouvrage De divisione, naturae, lequel trouva une si large audience au moyen âge et particulière­ ment au xne siècle. « L'âge d’or de l’influence érigienne est l’époque préscolastique L » Aelred lui aussi s’inspirera d’un passage de Scot Eri gène : „ J. Scot, Dio. Nat., II, 33 (PL 122, 611 CD). Quotidie igitur Christus in utero fldei veluti castis­ simae Matris visceribus et concipitur et nascitur et nutritur. Aelked, De Jesu puero, 4, 13-20. Sicut enim Dominus Je­ sus in nobis nascitur et con­ cipitur, ita profecto crescit et nutritur in nobis. Mais Aelred sut éviter la conception un peu singulière du baptême qu’avance le philosophe carolingien *. _ . Dom Anselme Le Bail s est posé la question : « Saint Bernard est-il ( inspirateur du traité du Bienheureux Aelred 3 ?» Sa réponse fut plutôt hésitante : « La manière est certainement la meme ; et d’ail­ leurs la considération de l’humanité du Christ et des gestes de son enfance était un thème courant dans l’école cister­ cienne de ce temps 4. » Loin de nous de vouloir minimiser l’influence qu’eut le docteur melliflue sur la première génération d’écrivains cis­ terciens. D’une part sa facilité créatrice à s’exprimer dans cet inimitable « latin chanté » du xnc siècle, et d’autre part sa vive sensibilité et sa dévotion christocentrique montrèrent la voie sur laquelle allaient s’engager avec tant de bonheur Aelred, Isaac de l’Étoilc et Adam de Perseigne. . 1. M. Capfoyns, Jean Scot Êrigènc, sa vie, son œuvre, s« pensée. LouvainParis, 1933» p- 245. On cite souvent les cisterciens Isaac de l’iùolle. Garnier de Rochefort et Alain de Lille comme propagateurs des idées érigicnnes. 2. Ci. H. Rahner, art. cit., p. 404. 3. Λ. Le Bail. Saint Bernard, Docteur de la Dévotion ά N.-S. Jésus-Christ, Gcnibloux» 1931» p. 14» n. 2. 4. Ibid., p. 14» n. 2. INTRODUCTION 30 L'influence de saint Bernard sur le De. Jesu puero est d’ail­ leurs indéniable. Certaines expressions comme « verbum abbreviatum », « regio dissimilitudinis » rappellent de trop près sa terminologie L Toutefois ressemblance n’implique pas nécessairement dé­ pendance, et il est difficile de distinguer exactement ce qui est dû à une influence directe du précurseur de ce qui a jailli spontanément de deux cœurs unanimes. Il nous semble pour­ tant que la personnalité d’Aelred est suffisamment caracté­ ristique pour faire saisir son originalité *. Tout d’abord, Aelred a été le premier à traiter explicite­ ment un épisode de l’enfance de Jésus. Ce que le tempéra­ ment enflammé de saint Bernard ne pouvait qu’eflleurer en passant, l’âme plus pondérée, plus méditative d’Aelred en fit un sujet d'oraison méthodique. Dira-t-on qu’il a mis en pratique des principes bernardins ? Ce serait parler philoso­ phie. Mais il a su capter des étincelles jetées au vent par saint Bernard ; et de ce qui eût risqué de n’etre qu’un feu de paille, son esprit pondéré — il faut lire les conseils si sages de son Institutio inclusarum. — et tout autant son cœur aimant ont su faire un foyer qui ne s’éteindra plus. V. — L’influence du De Jesu puero duodenni. Sous l’égide de saint Bernard, l’école spirituelle de Cîteaux s’orientera vers un contact plus intime avec l’humanité de Jésus. Avec la passion, ce sera l'enfance de Jésus qui formera le sujet le plus habituel de la méditation. A côté d’Aelred, Guerric d’Igny ’, Isaac de l’Étoile 4, Adam de Perseigne 5 se 1. Ci. tn/ra, p. 53. note 1. 2. Cf. A. Le Bail, Les exercices spirituels dans FOrdre de CUeaux, dans R. A, Ai. (Mélanges Villcr), XXV (1919). p. 260-269 ; P. Philippe, op. ciL, p. 20. 3. Glerricus. P. L.9 185. col. 29-32. 4. Isaac de Stella, P. L., 194, col. 1713-1719. 5. Aoanus Perseniae. ep. 8. P. L., 211, col. 603 sq ; ep. 15. col. 627 sqq.; cf. J. Bouvet, Lettre inédite d'Adam, abbé de Perseigne, à Simon ancien Abbé de Sauigntj, dans Collectanea Ordinis Cist. Ref.,1. XVIII (1956), p. 276289. l’influence du de jesu puero 31 mettent à composer sermons et traités sur les mystères du Puer Jesus. Au xm®, et plus encore aux xiv® et xv® siècles, ils trouveront de nombreux imitateurs. Dès le xive siècle le De Jesu puero circula sous le nom de saint Bernard : pas moins de douze manuscrits, parmi les vingt et un qui nous l’ont conservé, l’attribuent à l’abbé de Clairvaux. Le patronage de ce grand nom lui vaudra une popu­ larité durable. Mais déjà au xm® et peut-être au xn® siècle, on en perçoit des échos. Ainsi dans les méditations d’un moine inconnu du xn® siècle, où l’on retrouve l’inquiétude d’Aelred sur la détresse de l’enfant Jésus à Jérusalem *. Plus nette est l’influence d’Aelred sur Étienne de Salley (t 1252), commentant pour ses novices le même verset de saint Luc 1234. Étienne ne se cache pas d’ailleurs d’avoir gran­ dement mis à profit les ouvrages de l'abbé de Rievaulx. Il est un des témoins les plus importants de l’influence aelrédicnne sur la spiritualité monastique du xm® siècle *. Vers la même époque on a signalé un écho du De Jesu puero dans la Vita Idae Nioellensis, une moniale cistercienne de La Ramée (Brabant), morte en 1231 ou 1232 *. 1. J. LECLERCQ, Les méditations d'un moine au XII* siècle, dans Rco. Mal·., XXXIV (1911). p. 13 : « Meditatur in cordc suo quomodo filius dei lerit in Jerusalem... hits tribus diebus, quid faciebant Jesus ct monachus ? · 2. E. Muckers, (In Speculum Novilit inédit d'Étienne de Salley, dons Colled. Ord. Cist. Ref., VIII (1946), p. 52 : · In inquisitione triduana, cum Joseph et mater eius quaerentes quaerebant eum, ubi fuerit (Aelred : ubi cras), utrum ad ostia mendicaverit (Aelred : stipem per ostia mendicabas), utrum angelis se praesentaverit per triduum illud (Aelred : paternis xe vul­ tibus praesentavit... angelicis choris suavitatem sui vultus induisit). · 3. On s’étonne de ne pas Je voir mentionné dans la récente édition du De institutis inclusarum, M. Talbot. Anoleet. S. O. C., VII (1951), p. 167217. Étienne s’y réfère explicitement : · Quae hic sub brevitate succincta transcurruntur, diffusius invenies in meditationibus Aelred i, quas scribit in opusculo suo. quod Institutio inclusae titulatur. · Notons aussi que le témoignage d’Étienne est un argument de plus en faveur du titre original du traité : · Institutio inclusae > (ou < inclusarum ·), auquel l’éditeur a pourtant préféré la forme donnée par le Ms. Brlt. Mus. du xjii· siècle : « De institutis inclusarum. » L’ancien catalogue de Kicvaulx a comme titre du traité : De institutione inclusarum. Concluons avec A. Wilmamt, Auteurs spirituels et textes dévots du Moyen Age latin, Paris, 1933, p. 196, n. 3 : · Le titre primitif est sûrement De institutione inclusarum. · 4. S. Roisin, L'Hagiographie Cistercienne dans le diocèse de Liège au 32 INTRODUCTION Les xivc et xv° siècles sont l'âge d’or de l'oraison métho­ dique. Englebert d'Admont \ le Pseudo-Bonaventurc *, Lu­ dolphe le Chartreux 3 nous acheminent lentement vers la devotio moderna. On sait que les Meditationes vitae Christi du Pseudo-Bonaventure sont passées presque entièrement dans la Vita Christi de Ludolphe. Mais Ludolphe y ajouta de nombreuses citations de Y Institutio inclusarum d'Aelred, qu’il attribue à saint An­ selme, et aussi quelques passages du De Jesu puero, ceux-ci sous le nom de saint Bernard 4. C'est par l’intermédiaire de Ludolphe que le De Jesu puero exercera son influence sur la devotio moderna. Celle-ci cepen­ dant s'inspirera plus directement de son traité plus théo­ rique Institutio inclusarum, que ces docteurs lisaient sous le grand nom de saint Augustin et, partiellement, sous celui de saint Anselme 6. XIII· siècle. Louvain, 1947. p. 173. Ajoutons qu’au xme siècle, dans le diocèse de Liège (La Rainée en fil partie sous Γ Ancien Régime), les œuvres d’Aelred sont plus d’une fois mentionnées, voir A. Wilmart, Traités de Gérard de Liège, dans Analecta Reginensia (Studfi c Testi» 59). Rome, 1933. p. 201. On peut comparer aux visions d’Ide de Nivelles l’apparition de l’enfant Jésus aux moniales de Tôsz pendant la lecture do l’évangile Cum fadas essd.... ci. S. Hii.pisch, Chorgcbet und Frommigkeit tm SpàlmiVdaller, dans Heiligc Ucbcrliefcrung (Festschrift Hcrwegen), 1938, p. 271. 1. G. B. Fowlijr. Ven. Engclberti abbatis Amontensis Tractatus de officia ancillari B. V. Afariue, dans Mitteilungen des Instituts fur Oestrrreichischc Gcschichtsforschung. LXU, 1954, p. 379-389. 2. Meditationes Vitae Christi. Cf. C. Fischer, Bonaventure (Apocryphes attribués à saint B.), dans Diet, de Spiritualité, t. 1, 1937. col. 1848-1853. 3. Vitu Christi. Nous renvoyons toujours à l’édition de Paris» 1534, apud Claudium Chevallonlum. Cf. Sr. Μ. I. Bodenstedt, The Vita Christi of Ludolphus The Carthusian. Washington, 1944. L’auteur n’a pas remarqué que Ludolphe a repris presque en entier les Méditations XV-XVI-XVII attribuées h saint Anselme, mais qui sont, de fait. d’Aelred. 4. Vita Christi, 1, 15 (ί. 38 r) : · Unde Bernar. Ut te domine Icsu Christe nostrae paupertatis per omnia conformares, quasi unus in turba pauperum stipendia per ostia mendicans quuesisti. Quis dabit mihi bucelkirum Illarum mendicatarum participem Heri, et illius sacri eduliis saginari. Hec Bernar. CL De Jesu, 6, 23-28. Vita Christi, Prolog, (f. 3 B) : « Nunc tundunt pectus, nunc fletus, nunc gemitus» nunc suspiria emittentes.Cf. De Jesu» 21. 13-15. 5. M. van Wobhkvm» liet Libdlus · Omnes, inquit, artes ·. Een rapiarium wm Florentius Hadeutijns. dans Ons Gceslclijk Er/. XXV, (1931), p. 113-158; 268. *2X5 A la page 110 ΓΑ. montre que Radcwijnsa copié la Méd. XVI de MANUSCRITS ET ÉDITIONS 33 VI. — Manuscrits et Éditions. Le De Jesu puero a partagé le sort de plusieurs autres œuvres de l’abbé de Rievaulx. Si l’on gratifia volontiers saint Augustin de l’institut io inclusarum, Cassiodore, Pierre de Blois et le docteur d’Hippone du De spiritali amicitia *, c’est de préférence à saint Bernard qu’on prêta le De Jesu puero duo­ denni. Pour le moine» ce n'est pas un mince honneur de voir ses œuvres refléter si fidèlement l’esprit du fondateur qu’elles finissent par passer sous son nom ; mais à l’historien incombe le devoir de restituer le De Jesu puero au véritable auteur. Le jésuite anglais Richard Gibbons s’y emploiera, mais, en attendant, scribes et éditeurs en auront déjà gratifié, en dehors de saint Bernard, Pierre Damien et Richard de SaintVictor. , _ Dans son catalogue des manuscrits Les manuscrits. , z. c ·- u d Aclred, C. M. Sage a signalé onze manu­ scrits du De Jesu puero ’. Depuis, dix autres sont venus s’y ajouter â. Cette liste qui n'est sans doute pas exhaustive, n’en est pas moins suffisamment fournie pour permettre une édition critique : Durham, University Library, Cosin, V. r. 11, début du xni° siècle (= D). 230 folios, d’une écriture régulière sur deux colonnes de 35 lignes, avec des initiales en couleur. Le manuscrit contient uno collection 1. saint Anselme (qui est d’Aelred) dons son Tractatulus Devotus, éd. Vregt, p. 383-162 ; ci. !i>km, linige opmerkingen aangaande. de Methodische medltatie bij de Moderne Deooten, dans Ons Geeslelljk Erf, XXIX (1955), p. 222227 ; E. Raitz von Fkentz. Ludolphe le Chartreux et les exercices de S. Ignace de Loyola, dans R. A. M. (Mélanges Viller), XXV (1949), p. 375-38«. 1. C. IL Talbot, The De Institutio incl., p. 167-168. 2. C. M. Sage, The Manuscripts of St Aelred, dans The Catholic Historical Review. XXXIV (1919), p. 440. 3. Je tiens à remercier les RR. PP. J. Leclercq, O. S. B. (Clervnux) et E. Mikkers. O. C. R. (Achcl) qui eurent la grande obligeance de me signaler, le premier les manuscrits de Hciligcnkrcuz, Melk, Padoue, Prague, Salzbourg et Trévisc, le second ceux de Bamberg cl 1 leidelberg. Quand Jésus eut douze ans. 34 INTRODUCTION des sermons authentiques d’Aelred 1. Le De Jesu puero occupe les folios 12r-20r sous le titre : « Sermo Venerabilis Acircdi abb. de Rie. de evangelica lectione cum factus esset ihesus xii annorum et ce­ tera. » Lc scribe a noté soigneusement la triple subdivision (histo­ rique, allégorique et morale) d’une initiale en couleur ; toutefois, insérant le traité dans une collection homilctiquc, il ajouta de son crû : sermo de leccione evangelica cl, en marge : historialiter ; au fol. 14 * sermo secundus, et dans la marge supérieure : de eodem lec­ cione allégories ; au fol. 16 * : sermo tercius, et en haut : tractatus tercius secundum moralem sensum. Après les mots « fili carissime * du début est intercalé l’abréviation Y., sans doute l’initiale d’Yves de Wardon, auquel Aelred dédia son traité. Nous retrouverons cette abréviation dans les manuscrits G L P * P *. La provenance du manuscrit de Durham est inconnue. On sait seulement qu’il fut offert à la bibliothèque universitaire par George Davenport, un « officiai » de l’évêque de Durham. « Probable con­ nection with a Cistercian house of the North *. n 2. Douai, Bibliothèque municipale 392, (indu * xii ou début du xiue siècle (= G). Provient de l’abbaye d’Anchin. Écrit sur deux colonnes do 37 lignes, encadrées de belles initiales en rouge, bleu et vert. Notre traité qui fait suite au Speculum Caritatis 1 23 occupe les fol. 63r-72 *. La lettre-dédicace à Yves s’ouvre sur une grande initiale. Une ini­ tiale C plus petite marque le début du commentaire proprement dit. La suite du volume contient un traité de Richard de SaintVictor sur a Quid est tibi, maie, quod fugisti », un ftithmus de laude virginitatis, attribué a Aelred, et quelques autres écrits de la même époque ou un peu plus anciens 4. Gibbons a édité d’après ce manu­ scrit le Spec. Caritatis et le De Jesu puera, ainsi que le Rithmus. 3. Paris, Arsenal 550, xme siècle (= P·1)· Provient des Grands Augustins de Paris. Écrit sur deux colonnes ; initiales rouges et bleues, titres des traités en rouge, titres-courant: en noir. Contient des opuscules de Richard et d'Hugues de Saint- 1. Analysé par C. H. Talbot, Sermones inediti B. Aclredi Abbatis Rio· vallensts. Home. 1952, p. 26. 2. Ibid., p. 26. 3. E. A. Escalil-.ii, L'abbaye d'Anchin. Paris-Lille, 1852. 4. Analysé par C. Drhaisxf.s, Catalogue des Manuscrits de ta bibliothèque de Douai (Catal. général des Mss des Bibl. des Départements, vol. VI), Douai-Paris, 1878. p. 223-225. MANUSCRITS ET ÉIMTIONS 35 Victor, do saint Augustin, lo Speculum Caritatis et le De Jesu puero d’Aelred (fol. 28v-37«j. I.ô « Tractatus magistri Ricardi de versiculo ‘quid est tibi, marc, quod fugisti'x, qui, dans le manuscrit de Douai, fait suito au De Jesu, le devance dans celui de Paris. Le DeJesu, éga­ lement attribué à Richard, est intitulé Sermo magistri Ricardi. Aux fol. 31' et 33r des sous-titres (de eodem allegorice ; de eodem moraliter) le divisent en trois sermons 4. Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève 1199, xih® siècle (= P»)· Recueil d’écrits théologiques. Provenance inconnue : «c Ex libris 5. Genovcfae Paris? 1783. » Lettrines en couleurs ; larges lignes sans divisions en colonnes. Le De Jesu, sans titre ni nom d’auteur, fait suite aux quatre homélies de saint Bernard Super Missus est (fol. 90-95}. Suivent de courtes dissertations sur les vertus et les vices 1 2. 5. Paris, Bibliothèque Nationale, Nouv. acq. lat. 217, xnic siècle (= P*- ’). Recueil de miracles, provenant de Savigny ; contient, en dehors des sermons, quelques vers composés par Je troisième abbé du mo­ nastère, Serlon, et, aux fol. 141-149, le De Jcsu puero 3. 6. Durham, Cathedral, Ms. B 2.31, première moitié du xve siècle ( =3 /<). Homiliaire patristique, écrit sur deux colonnes de 57 lignes. Les fol. 55T-60r donnent le De Jesu puero. Le titre manque dans le texte mais il est ajouté par une autre main du xv° siècle, et répété une seconde fois par une main récente 4. Le traité est suivi de l'homé­ lie XIV do saint Bède, destinée également au premier dimanche après l'Épiphanie 5. 1. Voir H. Martin, Bibl. de ΓArsenal (Cat. gén. des Mss des Blbl. Pübi. de f'rancc). t. ï. Paris, 1885, p. 413-415. 2. Cf. Ch. Kohler, Calai, des Mss de la Bibl. Sic· Geneviève, t. I, Paris, 1893. p. 559-560. 3. Analysé par C. Delisle, Mélanges de Paléographie et de Bibliographie, Paris, 1880. p. 481. 4. Cf. R. Rud, Catalogue of Dean and Chapter Manuscripts. Durham Cathedral, 1825, p. 129-138. 5. Ed. I). Hurst, Bedac Venerabilis Homeliarum evangelii libri II. dans Corpus Christianorum, CXXII, Turnhout, 1955, p. 95-104. 36 INTRODUCTION 7. Uppsal, Bibliothèque de l'Université, C 79, * xv siècle (= ω· Avec le manuscrit 11 ύ de Charte ville, celui d'Uppsal est seul à nous avoir conservé le Speculum fidei, les Aenigma fidei et le commen­ taire sur le Cantique de Guillaume de Saint-Thierry. Cela pouvait faire naître des espérances bien grandes quant au texte du De Jesu puero, sur lequel s’ouvre actuellement notre codex, H est seulement un témoin ordinaire de la première famille. Mutilé au début, le ma­ nuscrit n’a plus les 53 premières lignes du De Jcsu, et nous no savons pas non plus à quel auteur il l’attribua. Dans le catalogue de la bibliothèque d’Uppsal le texte acéphale est décrit vaguement comme une « Expositio de persona Christi deque ejus imitatione». C’est Fr. Stcgmülter qui sut l’identifier L Les pages mesurent 18,5 X 12,5 cm ; le texte est écrit d’une main claire sur 29 lignes longues la page. La provenance du manuscrit n’est pas connue. Une main récente a noté : « Fuit Magni Gabrielis Dclagardie. * 8. Utrecht, Rijksuniversiteit 205, * xv siècle (= V). Provient probablement de la chartreuse « St Andries ter saeligher Havene» [Portus Salutis) d'Amsterdam. Contient des opus­ cules de Denys le Chartreux et d’Henri de Cocsfelt, O. Cartb. Fai­ sant suite au Paradisus animae d’Albert le Grand *, le De Jesu y est transcrit aux fol. 228r-242r, sous le titre Epistola pétri damiani °. .9. Londres, Brit. Muséum, Royal 5 A xn, xv« siècle ( L). Ce volume, écrit sur deux colonnes dé 36 lignes, a appartenu à William Noël, " vicar » de Blocklcy (diocèse de Worcester). Apres sa mort en 15'10, il fut donne à l’abbayc cistercienne de Hayles (Glou­ cester) 4. Parmi les traités théologiques qui en forment le contenu, il faut signaler le / iber magistri hugonis de virtute orandi et une Omelia bcali Ansélmi sur Luc, x, 38. Le De Jesu puero occupe la place entre les deux (fol. 152v-163rJ. Le titre est remarquable : a In­ cipit tractatus aelredi abbatis Rievallis ad Ivoncm monachum de 1. Er. STJRGMUiu-r.KH, Repertorium Blbltcum Medii Acui, t. II, Madrid, 1950. p. 26. ii. 913. 2. Inauthentique. Cf. P. G. Meehsseman, Introductio in opera omnia B. Alberti Magni. Bruges, 1931, p. 124. 3. Cf. P. Λ. Tie le ct Λ. Ilorsmip, Catalogus Codicum Mss Rhcno-Traicc· (ensi, t. I. u. 205. -1. G. Γ. Waiinrr and J. P. Gilson. Catalogue of Western Mss in the Old Royal and Kings Collections. 1921, vol. I, p. 98-99. MANUSCRITS ET ÉDITIONS 37 lectione cvangelica ‘Cum factus esset...’ ». Le scribe aurait-il lu la Vita Aelredi de Waller Daniel ? Dans un second groupe de manuscrits manque la seconde partie du De Jesu puero, la « pars allegorica ». Tous ces ma­ nuscrits attribuent notre traité à saint Bernard, sauf celui de Prague. 10. Bamberg,Staatl. Bibl., Pair. 39.1, fol. 93M01v, xv® siècle. Recueil en deux volumes dont le premier contioni des sermons de saint Bernard. 11 provient des Augustins de Neunkirchen am Brand (diocèse de Bamberg). Le De Jesu est tronqué au début. 11. Bologne, Biblioteca Comunale, A 157, fol. 127r-133’, xv® siècle. Note au-dessus du texte de saint Luc : Lectio sancti evangetii se­ cundum Iohannem. Les dernières lignes du texte manquent. 12. Florence, Biblioteca Laurenziana, Plut, xvi, 1, fol. 287296, xiv® siècle. Recueil d’écrits apocryphes do saint Bernard. 13. Heidelberg, Universitiitsbibl., codex Salemensis 9.33, xiv® siècle. Provient de l'abbaye cistercienne de Salem (diocèse de Constance). Non folié. Le De Jesu puero, intitulé * Oinclia sancti Bernardi abba­ tis » occupe les derniers folios faisant suite à un liber florum Ber­ nardi. 14. HeïlïoêNKREüz, Stiftsbibliothck 214, xiv® siècle. Le texte d’Aelred est suivi d'une homélie du Pscudo-Origêne sur Matlh., 8, 1-13 ». 15. Melk, Klosterbibl. 791, fol. 128,-137r, xv« siècle. Au texte d’Aelred s’adjoint, $ous le titre κ ex libro do vita ihcsn cbrisli », un extrait de Ludolphc le Chartreux (I, chap, xvt) sur la vie do Jésus à Nazareth. 1. Cf. Clavis Patrum Latinorum, η. 673. 38 INTRODUCTION 16. Munich, Bayer. Staatsbibl., Clm 2689, fol. 29-36, XIVe siècle. Le De Jau puero est transcrit sous lo Icmme Secundum Mat­ thaeum l. 17. Padoue, Bibl. Univers. 984, xvn siècle. Double incipit : Expositio S. Bernardi avant la péricopc évangé­ lique, et Omelia S. Bernardi Clareo, abbatis au début, du texte. 18. Prague, NUK xi h E. 2335, fol. 221'-239r, xiv« siècle. N’a pas de titre. Suit une homélie d’Origènc, intitulée « de planctu beate marie magdalene » {inc. : De praesenti solcmnitate...). 19. Salzbourg, Sankt Peter a.xi.ll, xive siècle. Nous n’avons pas de reproduction photographique de ce manu­ scrit à notre disposition. 20. Trévise, Bibl. Comunale 332, fol. 73v-78r, xv® siècle. Titre : expositio spiritualis beati Bernardi abbatis. La souscription est assez curieuse : « Explicit epistola sive omelia beati bernardi abbatis. » 21. Zurich, Car. C 107, fol. 110r* , -115 xv® siècle. lioiniliaire patristique. Lc De. Jesu pucro est donné pour le pre­ mier dimanche après l’octave de l’Épiphanie, sous le titre : Omelia beati bernardi abbatis de cl. 1 2. Des quelques remarques que nous avons données sur le contenu de nos 21 manuscrits, il ressort que le De Jesu nous est transmis chaque fois dans un ensemble différent. Cepen­ dant on le trouve surtout parmi des écrits attribués à saint Bernard et aux Victorins. L’extrême variété des recueils qui nous l’ont gardé ne per­ mettant guère de conclusions sur la ramification des manu­ scrits c’est uniquement par le jeu des variantes qu’ils peuvent être classés. 1. Suit une lettre de Rhaban Manr à l'empereur Lothûtre» éd. E. Dvkmx· Mon. Germ. Hist., Epist., V, p. 506 (qui n’a pas eu connaissance du ms. de Munich). 2. Cf. L. C. MOHitBBRO, Catalog der Handschrlftcn der Zcntralbibl. Zürich, L Mlttdalt. Handscbr.. Zurich. 1051. lf.r. MANUSCRITS ET ÉDITIONS 39 Une première distinction s’impose de suite : seuls les ma­ nuscrits 1-9 donnent le texte complet, avec la pars aUegorica ; les mss 10-21 suivent une recension plus brève et beaucoup plus fautive ; ils omettent la seconde partie et quelques autres passages, très caractéristiques du style d’Aelred, comme par exemple 1. 8, 23: « Bue in collum ejus, amplectere, osculare... », nomment saint Bernard comme l'auteur et donnent un expli­ cit interpolé. On pourrait encore subdiviser cette famille des deteriores en un groupe italien (Bologne, Florence, Padoue, Trévise) et un groupe allemand ou nordique (Bamberg, Hei­ delberg, Heiligenkreuz, Melk, Munich, Prague, Salzbourg, Zurich), mais la distinction n’est pas nette : si les deux groupes ont chacun des variantes propres, il n’est pas rare qu’un manuscrit italien donne parfois des lectures « alle­ mandes », et des allemands une lecture italienne. Aussi avonsnous préféré les donner simplement dans l’ordre alphabé­ tique. Il est difficile de dire pour quelle raison la seconde partie a été omise dans un si grand nombre de manuscrits. On ne peut penser à une double rédaction par Aelred lui-même, pratiquement exclue par la narration de son biographe 1 ; de plus les manuscrits qui l’omettent sont trop récents. Il n'y a rien dans le texte qui aurait pu inciter un copiste à l’omettre. Il est bien probable que tous ces manuscrits ont un ancêtre commun, qui date au plus tard du xivc siècle. Cet ancêtre doit être assez proche du ms. de Paris Pb, le seul parmi les manuscrits anciens qui donne l’explicit interpolé. Du premier groupe D G K L P» P- V U, le ms. D est sans contredit le plus important. Sa date, sa provenance probable d’une abbaye cistercienne du Nord, son contexte aelrédien pur, le nombre restreint de lectures fautives lui assurent la première place. Les mss G P· et P< lui sont très apparentés, surtout G, provenant d’Anchin, et P-’, provenant de Savigny. Le ms. K, auquel se rattache V et U, représente une autre branche de la même famille ; ils donnent un bon texte, plus distant toutefois de l’original que D et ses congénères. 1. Cf. ci-dcssus, p. 13. 40 , , Les éditions. INTRODUCTION Les divergences que nous avons cons, .. , . .. , tâtées entre les manuscrits se reflètent dans les imprimés. L’editio princeps semble être celle de Brescia, imprimée entre le 11 février 1494 et le 18 mars 1495 : Opuscula S. Ber­ nardi... x. Le De. Jesu puero y figure sous le titre : Homelia sive libellas super euangelio in octavam epiphanie. De la même année date l’édition de Venise, où notre traité figure comme Sermo unicus pour le dimanche pendant l’oc­ tave de l’Épiphanie 1 2. Jusque et y compris l’édition complète de saint Bernard de 1609 3*, tous les éditeurs omettent la seconde partie. Ils n’eurent donc à leur disposition que des manuscrits de la seconde famille. Comme les premiers éditeurs sont des Ita­ liens, rien d’étonnant qu’ils se soient servi de quelque manu­ scrit de leur pays. Le jésuite anglais Richard Gibbons * fut le premier à com­ bler celte lacune. Il put se servir de l’excellent manuscrit de Douai alors à l’abbaye d'Ancliin 56 . Quoique le manuscrit ne lui révélât pas le nom de l’auteur, il réussit pourtant à le décou­ vrir e. Gibbons ajouta en appendice les variantes de l’édition parisienne de 1609 : Variae lectiones juxta excusum exemplar operum D. Bernardi. Le tout passa dans la Magna de Co- 1. Cf. L. Janavsckek» Bibliographie Bcrnardina. Vindobonae» 1891, p. 172-173 ; M. L. PÔlain. Catalogue des livres imprimés au quinzième siècle des bibl. de Belgique, L. I, 1932« n. 596 bis. p. 359-360. 2. Sermones de tempore et de sanctis cum omeliis beati Bernardi abbatis clarevallensis ordinis cistereiensis cum nonnullis epistulis eiusdem. Venctiis, per Joanncm Etticriciun dc Spira nlmnnmnim, 1495, i, 46r-50·; cf. M. L. PoLAIN, op. cil.. t. IV, n. 4084 (606 bis). p. 280-281. 3. J. Janauschrk, op. ctt., 818. I. Sur B. Gibbons, voir Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, nouv. édi­ tion par C. SoMMF.nvoc.KL, S. J., t. 111 (1892), col. 1494-1408. 5. Opera Divi Aclrcdi Bhicvallenxis quondam in Anglia ex ordine cisfercicnsi Abbalis. cl D. Bernardi contemporalis, omnia. opr et studio K. P. Bichardi Gibk»ni..., Duaci, apud Vldumn Laurentii Kellam.... 1616. Une deuxième édition parut quinze ans plus tard : Duac.i, typis Gerardi Pinchon, 163!. El enfin une troisième, Duaci et Parisiis, Fredcr. Leonard» 1654. 6. Ce qui n’empêchera pas des éditeurs postérieurs dc l’imprimer encore sous le nom de saint Bernard, p. ex. S. Bernardus, Opera, t. V, Parisiis, 1642. Cf. Janauschek, 1008. MANUSCRITS ET ÉDITIONS 41 logne *, et de là dans la Maxima Bibliotheca Patrum de Lyon a. Le xvn° siècle connut en outre les éditions de F. Combefis 3 et de B. 'l issier «. Ces éditeurs ne suivirent pas littéralement le texte de Gibbons, mais ne s’en expliquent guère. Il semble que ce soit un texte intermédiaire entre Gibbons et les édi­ tions de saint Bernard. Dom J. Mabillon, rééditant saint Ber­ nard, inséra parmi les spuria le traité d’Aelred d’après l’édi­ tion de Cologne 5, mais remit dans le texte quelques variantes de l’édition de 1609 que Gibbons avait rejetées à bon droit. Le texte de Mabillon fut repris dans la Patrologie de Migne ♦. Ainsi la recension aujourd’hui la plus répandue de notre traité est-elle aussi la moins sûre des éditions complètes. Le stemma codicum (et editionum) se présentera donc selon la figure de la page 43. VII. — L’établissement du texte. L’ancien manuscrit de Durham (D) forme le manuscrit de base ; il sera cependant plusieurs fois nécessaire de lui préférer des leçons d’autres témoins, surtout, lorsque des manuscrits de son groupe s’accordent contre lui avec le second groupe de la première famille. Nous n’avons retenu que les variantes des manuscrits de la première famille ainsi que celles de Pb, le seul manuscrit complet qui peut représenter l’archétype de la seconde famille. Certaines variantes majeures de cette seconde famille ont ce­ pendant été admises dans l’apparat critique. 1. Afagna BîM. Patrum, Cologne. 1618. t. XIIT, p. 113 D-150 D (et les variantes p. 150 D-153 F).— Janauschek, 889. 2. Maxima Bibi. Patrum, Lyon. 1677. t. XXII1. p. 153 B· 159 II (les variantes p. 160 A-164 D). 3. Fr. Comdefss» Bibliotheca Patrum Condonatoria, vol. I. Paris, 1662. p. 610-616. 4. B. Tisnieîi, Bibliothecae Patrum Cisterciensium, t. V, Bonnefonbiine, 1662, p. 380-38$. 5. J. Mabillon. S. Bernardi abb. primi Claraeuallenxix Opera Omnia, vol. Π. Faris, 1690. col. 577-590. Janauscitsk, 1306. 6. J. P. Migne, Palrologia Latina, 1854, t. 184. col. 849-870. 42 1STR0DÜCTI0X Les variantes purement orthographiques ont été négligées et — étant donné le but que vise la collection « Sources chré­ tiennes » — nous avons normalisé tacitement l’orthographe et complété la ponctuation très déficiente des manuscrits. * ♦ ♦ Les us et coutumes de la république des lettres veulent qu’on réserve les remerciements pour la fin. On aurait aimé pouvoir commencer par là, surtout quand on a été aidé avec une charité prodigue (mais que saint Aelred n'aurait certes pas désavouée). Avant tout je dois exprimer ma dette à l’égard de M. l’abbé .Joseph Dubois, traducteur délicat, qui a réussi à me faire aimer davantage un texte dont pourtant je croyais connaître toutes les nuances, et au R. P. PI. Deseillc O. C. R., qui a voulu insérer mon texte parmi les premiers volumes de la série mo­ nastique de « Sources chrétiennes n. Je remercie également MM. les bibliothécaires qui m’ont procuré des reproductions des manuscrits confiés à leurs soin, et m’ont maintes fois fourni tous les renseignements qui pouvaient m’etre utiles. En dernier lieu —je sais que leur charité ne s’en offensera pas — j’exprime toute ma vive gratitude au Dr C. H. Talbot et aux RR. PP. Ch. Dumont O. C. R. et E. Dekkers O. S. B., qui m’ont prodigué aide et conseils. Retribuet Dominus. l’établissement du texte STEMMA CODICUM ET EDITIONUM original 43 NOTE ADDITIONNELLE Depuis 1958, date de l’édition ici reproduite, Doin Anselme Hoste, aujourd’hui Abbé de Saint-Pierre de Stecnbruggc, a publié une précieuse Bibliotheca Aelrediana (StecnbruggeDen Haag, 1962), complétée dans Ctteaux, 18 (1967), p. 402-407, et dans Aelrcdi Rieuallensis Opera omnia, I Opera ascetica (Corpus Christianorum, Continuatio mediaeualis I, Turnhout, 1971), p. xi-xii. Dans ce même volume des Opera omnia, Doni Hoste a édité à nouveau le De lesu puero duodenni, p. 245-278. Dans une courte préface, p. 247, il renvoie pour la descrip­ tion des manuscrits à la présente édition de 1958, tout en signalant 3 nouveaux témoins, qui tous trois attribuent le traité à saint Bernard et appartiennent à la 2® famille, défectueuse : Paris, Arsenal, 316, xiii· s. ; Gôttweig, Klosterbibliothek 292, xv‘ s. ; Nürnberg, Stadtbibliothek, Cent. I, 69. Le stemma codicum du CCM s’en trouve complété, mais non modifié par rapport à celui de SC. Dans la nouvelle présentation de l’apparat, les sigles Q, R, S ont été substitués à Pa, P>, P *. Des rares variantes introduites dans l’édition du CCM par rapport à celle de SC, nous n’avons retenu pour la présente réimpression, d’accord avec Dom Hostc, que oim patiens, p. 98, 1. 6, et la répétition de ad, p. 102, 1. 11. Nous avons par ailleurs adopté agitur, p. 62, 1. 11, et modifié quelques détails de ponctuation. La traduction de l’abbé Joseph Dubois (t) n’appelait pas de retouche. B. V. TABLE DES SIGLES Famille 1. D G K L * P : : : : ; : U : V ; Durham, University Lihr., Ms. Cosin V. 1. 11 (xm® s.). Douai, Bibliothèque municipale 392 (xit-xni® s.). Durham, Cathedral, Ms. B. 2. 31 (xv® s.J. London, Prit. Mus., Ms. Royal 5. A. XII (xv® s.). Paris, Arsenal 550 (xine s.). Paris, Bibl. Nat., Nouv. Acq. lat. 217 (xin® s.). Uppsala, Univcrsitetsbibl., C. 79 (xy * s.). Utrecht, Rijksuniversiteit 205 (xv® s.). Famille 2. Pb : Paris, Bibl. Sainte-Geneviève 1199 (xm® s.). F : Florence, Bibl. Laurenziana, Plut. XVI. 1 (xiv® s.). m : J. P. Migne, Palrologia latina, t. 184, col. 849-870. EXPOSITIO VENERABILIS AELREDI ABBATIS DE RIEVALLE DE EVANGELICA LECTIONE CUM FACTUS ESSET JESUS ANNORUM DUODECIM (HISTORIALITER) I, 1. Petis a me, fili carissime Yvo, quatenus ex lectione evangelica, qua duodennis pueri Jesu pia gesta narran­ tur, aliqua piae meditationis et sancti amoris eliciam semina, et sportulis litterarum commendans, tibi colli5 genda transmittam. Adhuc nuntius ista loquebatur, ct ecce sensi in ipsis medullis cordis mei, ex quanto, ex quali, ex quam ardenti, ex qua dulci tua id fraternitas petebat affectu ; cum subito mihi venit in mentem ubi aliquando fuerim, quid senserim, quid in me ipsa evangelica verba 10 nonnumquam egerint, vel cum legerentur vel cum canta­ rentur. Respexi, respexi miser, respexi, et vidi quam longe post tergum meum illa suavia ac jucunda reliquerim, Titulus : Sermo venerabilis Aelredi abbatis de Hievalle de evangelica lec­ tione cura factus esset Jésus xii annorum et cetera D; Incipit tractatus cuiusdam super evaugdium cum factus esset dominus Jésus annorum duo­ decim G ; Incipit expositio Aelredi abbatis K ;n«n. rcc.; Incipit tractatus Ailrcdi abbatis Ryevalle ad Ivonem moruichum de lectione evangelica cum factus esset Jésus annorum duodecim L ; Sermo magistri Kicbardi de evangclio cum esset Jésus annorum duodecim P * ; Incipit tractatus Λ lured i abb. tttevall. de evangelica lectione cum esset Jésus annorum xii * 1"» pe. Epistola Petri Damianl de puero Jesu duodenne V ; Omelia beati Bernardi super cum factus esset Jesus annorum xii F; Aelredi abluatis lUevallis tractatus de Jesu puero duodenni m ; U ct nullum tllulutn prae se ferunt. historiali ter D in marg. prima manu, om. crt. 1, 1 1-2 Yvo om. KUVPFm | duodenni! Z* || pia om, m || 4-5 tibi colligenda transmittam ZJ in marg. pr. m. j| 7 quam ] qua L j| qua | quam EXPOSÉ DU VÉNÉRABLE AELRED, ABBÉ DE RIEVAULX, SUR CE PASSAGE DE L’ÉVANGILE : ■ QUAND JÉSUS EUT DOUZE ANS - » PREMIÈRE PARTIE LE SENS LITTÉRAL DU RÉCIT ÉVANGÉLIQUE 1 I, 1. Tu me demandes, très cher fils Yves, d’extraire de la page d’Évangile où sont rapportées les saintes actions de Jésus à l’âge de douze ans, quelques semences de pieuse méditation et de saint amour ; tu voudrais que je les confie à récriture comme à des corbeilles, et que je te les envoie à recueillir. Ton messager n’avait pas encore fini d’exposer cette demande, que déjà je ressentais, jusqu’à la moelle du cœur, toute l’étendue, la qualité, l’ardeur, la douceur du sentiment qui te portait à m’adresser cette fraternelle prière ; tout à coup, il me revint à l’esprit où j’en étais jadis, ce que j’éprouvais, ce que produisirent plus d’une fois en mon âme les mots de l’Evangile, quand on les lisait ou chantait. Je me retournai, malheureux que je suis ! je me retournai et vis combien loin derrière moi j’avais laissé ces suaves douceurs ; à quelle distance de Prologue : occasion et sujet de l’ouvrage. (r K m I' petabat K corp, in marg·, patebat P * '| 8 venit rnilil P * [| in mente K D 9 in mo ipso Fm || 10-11 tegeretur..cantaretur 2* || 11 prius Respexi om. I* m (I 12 meum om. P * F || ac ] et P* rn, ftUpie P* 1. En réalité les deux premiers paragraphes sont un prologue, et l’expli­ cation du sens littéral commence au § 3. 48 AEI.REDI quam longe ab his deliciis occupationum ac sollicitudinum me funes abstraxerint, adeo, ut quae tangere tunc nolebat 15 anima mea, nunc prae angustia cibi mei sint. Haec recor­ datus sum et effudi in me animam meam, cum emissa ad me manus Domini tetigit cor meum, et unxit illud unctione misericordiae suae. Cernis in ipso tuae inquisi­ tionis modo, quid luminis, quid splendoris tuus mihi 20 scintillabat affectus, cum insinuari tibi flagitares puer Jesus triduo illo quo quaerebatur a matre, ubi fuerit, quo sit usus hospitio, quibus cibis alitus, quorum delec­ tatus consortio, quibus negotiis occupatus. Sentio, fili mi, sentio ea ipsa quam familiariter, quam affectuose, cum 25 quibus lacrimis in orationibus tuis sanctis ab ipso Jesu soleas sciscitari, cum ante oculos cordis tui illa dulcis pueri dulcis in corde versatur imago, cum illum speciosissi­ mum vultum spiritali quadam imaginatione depingis ; cum oculos illos suavissimos simul ac mitissimos in te jucundius 30 radiare persentis. Tunc, ut mihi videtur, intimo clamas affectu : o dulcis puer, ubi eras ? ubi latebas ? quo ute­ baris hospitio ? quorum fruebaris consortio ? utrum in caelo an in terra, an in domo aliqua interim morabaris ? vel certe cum aliquibus tuae tunc aetatis puerulis secreto 35 loco consistens, eis secretorum mysteria profundebas, secundum tuam in evangelio vocem : Sinite pueros venire ad me, et nolite prohibere illos ? Felices si qui fuerunt T, 1 15-16 Ct. Ps. 41.5. || 17 Ct. .Job 19. 21. || 26-27 Cf. Akliirdus, SermXVIII — PL 195. 310 B. | 36-37 Luc 18, 16 (Vg : parvulos) 13 ac ) et F m || 14 tunc tangere D Z* F tn || 15 mea om. V || 17 ad mc em. V || 18-19 inq. tuae modo F m, tuae om. L|| 20 stillabat Z* scintillat m I 21 illo om. D || quo om. F· |, 21 sentio add. 2» || 26 siscilari D, suscitari G P* I tui D sup. tin. || 27 in corde D. om. co(. || versetur D || speciosum D K 29 ac | et m || 30 ut videtur mihi F m|| intimo ] et praem. V | 32 quorum ] quo L m |, 33 an in terni | utrum in terra m || versabaris L. mciabaris 2* || certe dub. Z* || 34-35 vel certe usg. profundebas | an puerorum tuae tunc aetatis niimixtus choris aliqua eis caelestium secreto- DE J ESU PUERO I, I 49 ces délices m’avaient entraîné les liens des affaires ct des soucis, au point que ce que mon âme dédaignait alors d'ef­ fleurer est devenu ma nourriture dans mon angoisse pré­ sente. A cette évocation, j’ai répandu mon âme en moimême : la main du Seigneur s’est portée jusqu’à moi, elle a touché mon cœur, elle l’a parfumé de l’onction de sa miséricorde. Tu vois quelle lumière, quelle splendeur, a fait étinceler en moi ta dévotion, qui sc révèle au simple énoncé de ta requête. Tu me pries en effet de t’enseigner où se trouva l’enfant Jésus, pendant ces trois jours où sa mère le cher­ cha ; de te dire qui l’accueillit, comment il sc nourrit, en quelle société il prit plaisir, à quoi il s’occupa. Je devine, mon fils, je devine avec quelle familiarité, avec quelle dévotion, avec quelles larmes, tu es accoutumé de questionner Jésus en personne dans tes saintes oraisons, quand sc présente devant les yeux de ton cœur, dans ton cœur, la douce image du doux enfant ; quand tu te dépeins ses traits si gracieux en une sorte de représentation spiri­ tuelle ; quand tu sens avec bonheur rayonner sur toi son regard à la fois plein de suavité et de douceur1. Alors, me semble-t-il,tu t’écries en un transport intérieur: « O doux Enfant, où étais-t u ? Où te cachais-tu ? Où avais-tu trouvé refuge ? De quelle société jouissais-tu ? Était-ce au ciel, ou sur la terre, ou en quelque maison, que tu demeurais en attendant ? Ou, du moins, n’étais-tu pas caché, avec quelques garçonnets de ton âge, en une retraite où tu leur versais les mystères de tes secrets, selon ta parole dans l’Évangile : Laissez les petits enfants venir à moi, et ne les en empêchez pas ? Heureux, s’il s’en trouva, ceux à qui, nim raysteria profundebas L |; 36 parvulos L. VP^Fm || 37 ad me venire F II fuerint V 1. Nous avons ici les deux éléments essentiels de la méthode de médita­ tion qui se constitue au xn* siècle dans les milieux monastiques : · Sc mettre en présence du Christ aux différents moments de son existence terrestre, et produire des actes » (Dom Jean Leclkkcq, Les méditations d'un moine au ΧΠ· siècle, dans Revue Mabillon, XXXIV-XXXV (191*1-1915), p. 4). 50 Λ EL» EDI illi, quibus tot diebus tuam tam familiariter praesentiam indulsisti. 2. Sed quid est, mi dulcis domine, quod sanctissimae matri tuae quaerenti, dolenti, suspiranti, non compatie­ baris ? Denique ipsa et pater tuus dolentes quaerebant te. Immo tu, domina mea dulcissima, cur puerum quae­ ri rebas, quem Deum esse non ignorabas ? An ne cruciaretur fame, ne frigore vexaretur, ne a quolibet aetatis suae puero injuriaretur, formidabas ? Nonne ipse est qui pascit omnia, omnia nutrit ? qui fenum agri, quod hodie est et cras in clibanum mittitur, gloriosius a Salomone vestit io et ornat ? Quin potius, domina mea, pace tua dico, dulcis­ simum filium tuum cur tam facile amisisti, tam incuriose custodisti, tam sero quod deerat animadvertisti ? Utinam mihi inspirare dignetur ipse Jesus, quid tibi sic quaerenti, sic flagranli, sic aestuanti, interno ac spiritali sermone res15 ponderit, ut nota tibi scribere ac gustata eructare suffi­ cere m. 3. Videamus tamen, si placet, quidnam sit quod Domi­ nus Jesus in Bethlehem nascitur, latet in Aegypto, nutri­ tur in Nazareth, et inde duodennis ad templum et metro­ polim civitatem ascendit. Nec solus tamen, sed sub paren5 tum disciplina. Utquid ista omnia ? Quia profecto dux est Dominus meus Jesus, quia medicus, quia doctor ; et 2 3 Cf. Luc 2, 48. || 3-5 vide 8 27-28. || 8-9 Cf. Mat th. β, 29-30. || 3 6 Cf. Augustinus. 8«νπ. 142, 2 -- PL 38, 778 ; Se/τη. 88, 7 — PL '38, 543 ; Cf. Aki.begus, Oratio Pastoralis — Wilmabt, ïteu. Bin. 37 (1925), p. 268, 74. 38 tam familiariter tuam F m, tam (corr. ex causa) fam. praesent. tuam P· 2 1 mi K sup. lin. alt. man. || 4 post dulcissima incipit U J 4.5 hinno tu w«jr. ignorabas om. || 5 An no fame cruciaretur || 6 quolibet J ab alio praein. m | aetatis suae Dm, suae aetatis cel. || 8 agri om. P» || 9 a Salomon D, Salomone m <| 10 mea om. P» || 12 custodivisti P-> || 13 mihi ] meus 17 V, mihi et P*. ct mihi m || dignaretur P· P* P* p rn || jpsc j doin|. nusD H quid] quod UV || sibim || 14 fragranti D.lingluritl 2*. Jiugitanti m DE JESU PUERO I, i-3 51 pendant tous ces jours, tu daignas accorder en toute familiarité ta présence ! 2. Mais pourquoi, mon doux Seigneur, n’as-tu pas eu compassion de ta très sainte mère, qui te cherchait, qui souffrait, qui soupirait ? De fait, elle et ton père, angois­ sés, te cherchaient. Mais plutôt, ô ma très douce Dame, pourquoi cherchais-tu l’enfant, puisque tu n’ignorais pas qu’il était Dieu ? Avais-tu peur qu'il ne fût tourmenté de la faim,qu'il ne souffrit de la froidure, qu'il ne fût mal­ traité par quelque enfant de son âge ? Mais n’est-il pas celui qui donne à tous la pâture, à tous la nourriture ? L’herbe des champs qui est aujourd’hui et qui, demain, sera envoyée au four, ne la vêt-il pas, ne la décore-t-il pas plus somptueusement que Salomon ? Mieux encore, ma Dame — je le dis avec tout le respect que je te dois — pourquoi as-tu si facilement perdu ton très doux fils ? Pourquoi l’avoir si négligemment surveillé, s’être aper­ çu si tard de son absence ? Daigne Jésus lui-même m’inspirer aussi ce qu’il répon­ dit, en un entretien intérieur et spirituel, à tes questions, à tes instances, à tes transports : je pourrai alors t’écrire ce que je saurai, et rendre ce que j’aurai goûté h 3‘ ^°ϊοη8 toutefois, s’il t’agrée, pour<’uoi >« Seigneur Jésus naît à Bethléem, se cache en Egypte, grandit à Nazareth, d’où, à l’âge de douze ans, il monte au temple et à la capi­ tale. Il ne le fait pas seul cependant, mais sous la vigilance de ses parents. Quelle est la raison de tout cela ? Sinon que mon Seigneur Jésus est guide, qu’il est médecin, qu’il est docteur. En tant que notre guide, il a bondi comme Bethléem et Nazareth. Il ac 1 et F m || sermone ) amore L |( 15 vota K || setibem P\ scriberem F m || ne ] et rn || eructuare K Lt tibi cruet. U V 3 3-1 metropolim ] ad pracm. U || 4 tamen solus zn | 6 Dominus J deus K sed corr. in marg. alt, man· || et om. m 1. « llle solus potest eructare, qui novit gustare · (Sermones Inediti. éd. Talbot, p. 10G) ; cf. S. Bkhnabo, Scrm. Ill in Ado., 2 ; P. L.» 183. 44 B. 52 AELREDl ut dux noster exsultavit ut gigas ad currendam viam, quoniarn a summo caelo egressio ejus, et usque ad Be­ thlehem descensus ejus. Ubi plena caelestium odoramen10 torum relinquens vestigia, posuit tenebras, id est Aegyp­ tum latibulum suum. Et cum sedentibus in tenebris et umbra mortis lucem supernae gratiae infudisset, et Naza­ reth sancta sua nobilitavit praesentia. Sicque Nazareus effectus, templum ingreditur quasi puer discens, non 15 docens, audiens et interrogans, et in his omnibus a paren­ tum disciplina non recedens. Sic. Domine, sic praecedis miseros, sic sanas aegrotos ; hanc viam errantibus, hanc ascendentibus scalam, hunc exsulibus reditum prae­ monstras. Quis dabit mihi, .Jcsu bone, tuis inhaerere ves20 tigiis et sic currere post te, ut quandoque apprehendam te ? Ego, ego prodigus ille filius, qui accepi ad me substan­ tiam meam, nolens custodire ad te fortitudinem meam, profectus sum in regionem longinquam, regionem dissimi­ litudinis, comparatus jumentis insensatis, et similis red25 ditus illis. Ibi dissipavi omnia mea vivendo luxuriose, et sic coepi egere. Infelix egestas, cui et panis defuit, et por- 7 Cf. Augustinus. Serm. 195.3 —PL 38. 1018. || 7-8 Cf. Ps. 18. 6-7. |, 10-11 Cf. Ps. 17, 12 ; cf. 2 P>cr. 22. 12. || 11-12 Cf. Ps. 106. 10. || 14-15 Cf' GnBCOMius, Horn. in lïzech., lib. Γ, ΓΓ, 3 — PL 76. 769 B. | 19-20 Ct. Cant. 8. 2. || 21-23 Cf. Luc. 15, 13-14. |j 23-24 Cf. Augustinus, Con/wioncs, VII, c. X, 16 — Skutella, p. 141, 8 ; Bernardus, Serm. dedw.9 XL, 4 — Pl. 183, G49 Λ ; Aemiedus, Sertn. de On.. VIII — PI. 195. 391 A-D. || 24-25 Cf. Ps. 48. 13 (Vg : lomentis insipientibus) ; Augustinus, En. in Ps. 48 — Corp. Chris!. 38, p. 583. 7 ut gigas o/n. If 9 ubi ] ibi F nt || 9-10 odoramentorum caelestium P- I H prius et ] qui G | 12 el om. K h U V. ctfam F ni || 12-13 Na­ zareth sanctam L || 13 praesentia nobilitavit U V F m || Nazarenus V F m || 14 affectu* m || templum ] in pracm. m || 15 audiens ) et praern. K 18 reditum exulis /), exulis red. K | 18-19 praemonstrans L P» U V ni, demonstras I* || 19 bone Jcsu Fm || 2Î prius rgo om. G h P* U P* F m || ad me ont. L | 22 ad le custodire D || ait. meain om. P* || 24 insensatis KUV cum Augustino, insipientibus cet. || 25 omnia | bona add. F m DE J ESU PUERO 1, 3 53 un géant sur la route à parcourir : du haut du ciel il est sorti, et c’cst jusqu’à Bethléem qu’il est descendu. Y laissant une trace pleine de parfums célestes, il fit des ténèbres, c’est-à-dire de l’Égypte, sa cachette. Enfin, lors­ qu’il eut répandu sur ceux qui étaient assis dans les té­ nèbres et l’ombre de la mort, la lumière de la grâce d’en haut, il honora encore Nazareth de sa sainte présence. Devenu de la sorte « nazaréen », il entre dans le temple, comme un écolier, non comme un maître, écoutant et inter­ rogeant, ne s’écartant en rien de la tutelle de ses parents. C’est ainsi, Seigneur, que tu marches devant les malheu­ reux, c’est ainsi que tu guéris les malades ; telle est la voie que tu indiques aux égarés, l’échelle que tu proposes à qui veut monter, le chemin de retour que tu désignes aux bannis. Qui me donnera, bon Jésus, de m’attacher à tes pas et de courir derrière toi, de façon à te rejoindre un jour ? Je suis, moi, ce fils prodigue, qui ai pris pour moi ma for­ tune, refusant de garder pour toi ma force ; je suis parti pour un pays lointain, le pays de la dissimilitude 1 ; ravalé au rang des bêtes de somme, je suis devenu semblable à elles s. Là, j’ai dissipé tous mes biens, en vivant dans la débauche : ainsi, je suis tombé dans l’indigence. Misé­ rable dénuement ! Le pain me manqua, et la nourriture 1. Chez les auteurs chrétiens, la regio dissimilitudinis do Platon et de Plotin est souvent assimilée à la regio longinqua de la parabole de l'enfant prodigue ; cf. P. Courgeli.e, (...) La ■ région de dissemblance ». dans A.H.D.L. M.A., 1957, p. 5*33. Sur cette question, la pensée d’Aclrcd diffère légèrement de celle «le saint Bernard. Pour l’abbé de Rtcvaulx, la notion de ■ région de la dissemblance · implique celles de · faute · (uitiuni) et de ■ peine · (miseria) ; par la vertu, en attendant la béatitude, l'homme est dès Ici-bas réintégré dans la · région de la ressemblance · ; selon saint Ber­ nard au contraire?, la · région de la dissemblance ■ est surtout lu condition terrestre, animale, qui reste celle de l'homme, même Justifié, tant qu’il est ino/or (et. Dom Drchaket, Aux sources de la pensée philosophique de saint Bernard, dans Saint Bernard théologien. Borne, 1953, p. 69-72). 2. Dans son commentaire du récit «le la création (Spec. Car., I, 32 ; 536 D537 A), Aelred assimile les passions mauvaises aux animaux sauvages qui doivent être soumis à l'homme ; celui-ci se métamorphose en bête quand 11 s’abandonne à elles (ibid., 2 et 26 ; 507 B et 528 C). Sur le caractère tradi­ tionnel de cette doctrine, ef. J. Daniélou, Platonisme et Théologie mystique 12, Paris, 1953. p. 74-77. 54 AELREDI corurn cibus non profuit. Sequens quidem animalia im­ mundissima erravi in solitudine, in inaquoso, viam civi­ tatis habitaculi non inveniens. Esuriens et sitiens anima 30 mea in malis contabuit. Et dixi : Quanti mercenarii in domo patris mei abundant panibus, ego autem hic fame pereo. Dum sic clamarem ad Dominum, exaudivit me, dedu­ cens in viam rectam, ut irem in civitatem habitationis. 35 Quam, nisi illam quae abundat pane et domus panis dicitur, id est Bethlehem ? Confiteantur tibi, Domine, misericordiae tuae, quia satiasti animam inanem, et ani­ mam esurientem satiasti bonis ; pane utique illo, qui de caelo descendit et positus in praesepi, spiritalium factus 4o est jumentorum. 4. Et haec quidem conversionis quasi spiritalis cujusdam nativitatis initia, ut conformemur parvulo, pau­ pertatis suscipiamus insignia, et facti ut jumentum apud te, Domine, praesentiae tuae deliciis perfruamur. Sed quia 5 scriptum est : Fili, accessisti ad servitutem Dei, sta fortiter, et praepara animum tuum ad tentationem. abscondit modi­ cum faciem suam a nobis Dominus Jesus, non ut discedat, sed ut lateat. Et ecce .Aegyptus, ecce tenebrae, ecce tur­ batio. Sedentes quippe in tenebris et umbra mortis, laboto rantes expertae jucunditatis inopia, vincti et compediti ferro, proprii videlicet cordis duritia, necessc est ut cla­ memus ad Dominum cum tribulamur, et ipse de necessi­ tatibus nostris eruet nos. Lucc enim suae consolationis 28-29 Cf. Ps. 106, 1-5. '| 30-32 Luc 15, 17 (Vg : mcrcenn. putris mei). || 33-34 Ct. Ps. 106, 4-5. || 35-36 Cf. Aelredus, Serm. II — PL 195, 227 B. ,| 35-39 Cf. Ambrosius, Epist. 70. 13-16 — PL 16. 1237 B ;1238 A ; Cf. Hie­ ronymus, Traelatus de psalmo XCV — PL 26, 1181-1182 — Morin, A necd. Mareds., III, 2. p. 138, 11-19. || 36-38 Cf. Ps. 106. 8. || 4 3 Cf. Ps. 72, 23. |l 5-6 Eccli. 2, 1 (Vg : accedens... animam tuam). || 7-18 Cf. Aelredus, Spec. Caritatis, c. XV — PL 195.560-561. || 9 Cf. Ps. 106,10. || 10-13 Ct. Ps. 106, 10; 13. DE JESU PUERO 1, 3-4 55 des porcs ne nie profita pas 1 A la suite de ces animaux immondes, j’ai erré dans le désert, sans eau, ne retrouvant plus le chemin vers les cités habitées. Souffrant de la faim et de la soif, mon âme s’est desséchée dans le malheur, et j’ai dit : Combien d'ouvriers dans la maison de mon père ont du pain en abondance, et moi, je meurs ici de faim ! Tandis que je criais ainsi vers le Seigneur, il m’exauça et me conduisit par la voie droite pour me mener à la cité habitée. Quelle cité, sinon celle qui regorge de pain, qui a nom la « Maison du Pain », Bethléem ? Que l’on proclame, Seigneur, tes miséricordes : car tu as rassasié une âme défaillante ; l’âme affamée, tu l’as rassasiée de bonnes choses, de ce Pain qui descendit du ciel et qui, déposé dans la crèche, est devenu l’aliment des animaux raisonnables. 4. Commençons donc l’œuvre de la conversion, laquelle est une manière de naissance spirituelle : afin de devenir semblables à l’Enfant, prenons les insignes de la pauvreté, et, devenus devant toi, Seigneur, comme une bête de somme, puissions-nous jouir des délices de ta présence ! Mais parce qu’il est écrit : Mon fils, tu es passé au ser­ vice de Dieu : tiens-loi fort et prépare ton âme ά l'épreuve, le Seigneur Jésus nous cache un peu son visage, non pour nous abandonner, mais pour se dissimuler. Et voilà l’Egypte, voilà les ténèbres, voilà le trouble ! Assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort, douloureusement privés de la douceur jadis éprouvée, garrottés et entraves de chaînes — celles de la dureté de notre propre cœur — il nous faut crier vers le Seigneur dans notre détresse, et il nous délivrera de notre angoisse. 27 quidam L. siquidem U Vy animalia quidem || 28 in aquoso V || 31 mei om. P * | ct ego hic F m || 33 dominum J deum m || 33-34 dedu­ cens ) me add. Fm || 35 illam J in praem. F m || abundans F ni || panibus If 3G dicatur P * | id est ] idem /< || 39 praesepe Lt praesepio V VFm 4 1 et hoc K K 2 nativitatis ] Mini add. Gm |· 5 accedens D cum Vulg. || 0 animum tuum I) G corr. K L * i. animam tuam G ante corr. U V *P F m cum Vulg. |[ 7 Dominus Jesus a nobis m || ut non P· *P || 8 ut om. Fm || 10ex portae ) ex parte L || It duritia coniis F m | cordis om. *P || 12 tribula­ tionibus Pa H 13 cruci ] liberabit U (liberavit Vulg.) | consolationis suae P* F m I 56 AELRED! dissipans tenebras hujus tentationis, et gratia internae 15 compunctionis rumpens vincula duritiae interioris, sere­ niori vultu nos praecedit ad Nazareth, ut ibi inter flores scripturarum ct virtutum fructus, sub seniorum disciplina nutriti, duodecimi anni delicias sortiamur. Sicut enim Dominus Jesus in nobis nascitur et concipitur, ita pro­ so fecto et crescit et nutritur in nobis, donec occurainus omnes in virum perfectum, in mensuram aetatis pleni­ tudinis Christi. 5. Cum ergo jactus esset Jesus annorum duodecim, ascen­ dentibus Ulis Jerusalem, secundum consuetudinem diei festi, consummatisque diebus, cum redirent, remansit puer Jesus in Jerusalem. :> Primum itaque, ne nos praetereat sanctissimae hujus historiae mira suavitas, sciendum id moris fuisse Judaeis, ut ascendentes ad diem festum, seorsum viri, seorsum incederent feminae, ne forte aliquid coinquinationis sur· riperet, praescribente lege divina, ut mundi tantum sacris io sollemniis intéressent. Unde credibile est puerum Jesum in illo itinere, nunc patri et viris adhaerentibus ei, nunc matri et mulieribus comitantibus eam, suae praesentiae dulcedinem induisisse. Cogitemus, rogo, quanta fuit eorum felicitas, quibus datum est tot diebus videre faciem ejus, et 15 mellifluos illius audire sermones ; considerare in homine et puero signa quaedam caelestis radiare virtutis, ct inter confabulationes mutuas mysterium sapientiae salutaris inserere. Stupent senes, juvenes admirantur, et suae tunc 10-22 Cf. Oiuoknes. 1/1 I.tic. Horn. XX — PG 13. 1853 C ; Scorrus ElUCG., Dit». Nat., IT, 33 — PL 122. $11 C-D. |i 20-22 Ct. Ep)i. 4, 13. || 5 1-4 Luc. 2. 42-43. || 6-8 Cf. Beda, In Luc. euang. cxp.— PL 92, 349 B ; Lvdolpkus Carth.. Vr7a Christi (Parisiis, 1534), p. 37 T. *15 14 ct gratia internae compunct. om. P * |’ 15 interioris duritiae F m || 15-16 sereniore D 16 ad | in rn !| 20 ait. et om. U V Fm '| 21 alt. in J et m 5 1 duodecim annorum P< | 2 in Jerusalem *P F m || 3 conxummatisque diebus ont. F m || 5 sanctissimae orn. F m || 7 seorslm *P m '| 3 incederent DE JESU PUERO I, 4-5 57 En effet, la lumière de sa consolation dissipera les ténèbres de cette épreuve ; la grâce de la componction du cœur brisera les liens de la dureté intérieure ; 1 air rasséréné, il nous précédera à Nazareth. Là, nous pourrons ainsi, parmi les fleurs des Écritures et les fruits des vertus, croître sous la discipline des anciens et jouir des délices de la douzième année. Car, de même que le Seigneur Jésus naît et germe en nous, de même assurément il y grandit et s’y développe, jusqu’à ce que nous parvenions tous à la perfection de l’adulte, à la mesure de la plénitude de l’âge du Christ. 5. Or, lorsque Jésus eut atteint l'âge a mont e douze ans, ils montèrent à Jérusalem rusa em. selon la coutume du jour de la fête ; à leur retour, l'enfant Jésus demeura à Jérusalem. Et tout d’abord, car il ne faut pas que l’admirable sua­ vité de cette très sainte histoire nous échappe, sachons que les Juifs avaient coutume, quand ils montaient au jour de la fête, de marcher séparément, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, pour prévenir tout danger de dérèglement : la loi divine prescrivait en effet que seuls les purs assisteraient aux saintes solennités. Il est donc loisible de penser que durant ce voyage l’en­ fant Jésus accordait la douceur de sa présence, tantôt à son père et aux hommes de son entourage, tantôt à sa more et aux femmes qui l’accompagnaient. Aussi, essayons d’imaginer tout le bonheur de ceux à qui il fut donné, pendant tous ces jours, de contempler son visage et d’ouïr scs paroles douces comme le miel ; d’observer en cet en­ fant des hommes le rayonnement d’une vertu céleste, et d’entremêler leurs conversations de réflexions sur le mystère de la sagesse qui sauve. Les vieillards sont dans feminae D G K P* U, feminae incederent L P· P*, mulieres incederent Fm, fem. sc faced. V || 8-9 subriperet G P* U V P\ subreperet Fm || 10 sollemniis | mysteriis P* || Jcsum J istum L || 11 in om. U m || itinere ) tem­ pore F m K 13 rogo ] ergo F m || fuerit K L U V F, eorum fucrit m || 15 illius om. m || homine J nomine K | 16 irradin re U V | 18 stupes | admirantur juvenes F m 58 AELRKDI aetatis pueri, morum gravitate et sermonum illius pon20 (Iere deterrentur. Credo enim in illo speciosissimo vultu tantam gratiae caelestis elegantiam refulsisse, ut omnium in se converteret aspectum, auditum erigeret, excitaret affectum. Cerne, quaeso, quemadmodum a singulis rapi­ tur, a singulis trahitur. Senes osculantur, amplectuntur 25 juvenes, pueri obsequuntur. Et quae lacrimae a pueris, cum diutius a viris teneretur ? Quae sanctis mulieribus querimoniae, cum paulo plus cum patre ct ejus sociis moraretur ? Credo singulos intimo proclamare affectu : Osculetur me osculo oris sui. Et pueris ejus praesentiam 30 suspirantibus, sed senum contuberniis se inserere non audentibus, illud facillime coaptatur : Quis mihi det te fratrem meum, sugentem ubera matris meae, ut inveniam te foris et deosculer ? 6. Cum hac igitur jucunditate ingredientibus cunctis sanctam civitatem, contemplare, rogo, inter singulas familias, quam pia fuerit ac sancta contentio, cunctis desiderantibus sibi ejus dulcissimam ac jucundissimam 5 praesentiam indulgeri. Felix qui vincit. Forte ob hanc causam, consummatis omnibus, cum redirent, remansit puer Jesus in Jerusalem, et- non cognoverunt parentes ejus. Arbitrans enim unusquisque quod esset cum altero, utpole qui amabatur ab omnibus, ab omnibus petebatur, io non cognoverunt parentes ejus quod abesset, donec itinere diei unius expleto, per singulas familias, quae simul ascen­ derant, quaereretur inter cognatos ct notos. 29 Cant. 1. 1. || 31-33 Cant. 8, ! || 6 6-7 Lue 2. -13. 20 In illo ] immo || 21 effulsisse P» || 22-23 auditum tisq. affectum om. /'· 1 23-21 rapiatur K |l a singulis trahitur om. P" |! 21 ct amplec­ tuntur K 25 et <>m. m a wn. Lm || 21 cum ] dum l'm || teneretur a viris D j 27 a paire l» || sociis 1 solaciis P * || 28 singulis P * 30 sed em. V l| concisberniis dab. Pc || 31 facile P * ΙΛ F m 6 f hac D add. in marf/. alt. man. || jncmidicc Pe j 2 civitatem sanctam m J singulas | cunctas D || 1 cjus sibi Fm || dulclssam K || -1-5 praesen- 1>E JESU PUERO t, 5-6 59 la stupéfaction, les jeunes gens dans l’admiration, et les enfants de son âge s’effraient du sérieux de ses mœurs et de la gravité de scs paroles. Car je crois que son ravissant visage reflétait d’une façon si charmante la grâce du ciel, qu’il attirait sur lui tous les regards, arrêtait l’attention et excitait la sympathie générale. Vois, je t’en prie, com­ ment chacun se le dispute, comment chacun l’attire à soi : les vieillards lui donnent des baisers, les jeunes gens l’em­ brassent, les enfants lui font mille prévenances. Que de larmes chez les petits, quand ce sont les hommes qui l’ac­ caparent ; que de récriminations chez les saintes femmes, quand il s’attarde trop auprès de son père et de ses amis ! Je crois entendre chacun s’écrier du fond du cœur : Qu’il me baise d'un baiser de sa bouche ! Quant aux enfants qui soupiraient après sa présence, mais n’osaient se glisser dans le groupe des anciens, on leur appliquera facilement cette autre parole : Qui me donnera de l’avoir pour frère, suçant le sein de ma mère, de te rencontrer au-dehor$ et de te couvrir de baisers ? 6. Tandis qu’ils entrent ensemble, ainsi transportés de joie, dans la sainte cité, contemple, je te prie, quelle pieuse ct sainte émulation règne entre chaque famille, tous désirant bénéficier de sa charmante et très douce présence. Heureux qui l'emporte ' C’est peut-être pour cela que, la fête terminée, alors qu’ils s'en retournaient, l'enfant Jésus demeura à Jérusa­ lem, sans que ses parents s’en aperçussent. Chacun en effet pensait qu’il se trouvait, avec une autre compagnie, tant il était chéri de tous, recherché par tous. Ses parents ne s’aperçurent point de son absence, jusqu’au moment où, ayant fait route toute une journée, ils essayèrent de le découvrir parmi les différentes familles qui étaient mon­ tées avec eux, parmi leurs proches et leurs connaissances. Les trois jours à Jérusalem. liant dulcissimam m. dulc. praesent. ac jucund. U || 5 Hacc felix quae vicit felix qui vicit K /. dub. P* U V P* || 6 curn redirent orn. V V || 8 arbi­ trantes m K 9 ail, ab ] et prdem. m | potabatur K (vide l. 7), patebatur oorr. P * (j M unius om. || semel P* corr. 60 AELRED! El non invenientes, regressi sunt in Jerusalem. Post triduum autem invenerunt eum in templo. Per illud itaque 15 triduum ubi eras, Jesu bone ? Quis tibi cibum ministra­ vit ac potum ? Quis lectulum stravit ? Quis detraxit calceamenta ? Quis membra puerilia unguentis fovit et balneis ? Scio certe quia sicut voluntate nostram infirmi­ tatem suscepisti, ita, cum velles, propriam virtutem 20 ostendisti ; et ideo, cum velles, his obsequiis non eguisti. Ubi cras ergo, Domine ? De his omnibus aestimare vel conjicere seu opinari aliquid libet ; affirmare autem temere nihil licet. Quid dicam, Deus meus ? An ut te per omnia nostrae conformares paupertati, et omnes in te humanae 25 miseriae calamitates susciperes, quasi unus e turba pau­ perum, stipem per ostia mendicabas ? Quis dabit me bucellarum illarum mendicatarum participem fieri, vel sal­ tem divini illius edulii reliquiis saginari. 7. Sed ut ad sublimioris opinionis secreta veniamus, prima forte die paternis se vultibus praesentavit, non ut consederet, sed ut de ordine susceptae dispensationis pa­ ternam voluntatem consuleret. Nec absurda videtur talis 5 opinio, si aestimetur Dei filius de his, quae in divina natura ipse simul cum patre et spiritu sancto, coaequalis et consubstantialis utrisque disposuerat, in forma servi 13-14 Luo 2, 41-46. || 15 Qf. Ps. Boxaventura, Meditationes Vitae Christi. VF (Moguntiae, 1609), p. $46. || 17-18 (A. Px. Bonavrntura, Jtyfhm., Quaracchi, t. VTII, p. 674. || 23-28 Cf. Lvdolph. Carth., Vrïa Christi. p. 38 v. K 26 Cf. Stkpu. Sai.mensis, Speculum Nomtii — Mikkbrs, Coli. O. C. R. VIII (1946), p. 52, 247. || 7 2 sq. Cf. Steph. Sall., Spec. Λ'ου., p. 52, 247-248. | 2-3 Cf. Ps. Bonavbntura, Med. Vit. Chr.. p. 346. | 7-8 Cf. Phil. 2, 7 14 Ulum Z. U illud ] autem add. V || 15 Jesu bono D (vide 3 19), domine Jesu P». bone Jesu cel. | 15 cibum libi L, cibum nut potum ministr. m || 16 ac } aut P * || quis lectulum stravit om. P * || traxit || 16-17 cnlccamenta detraxit D || 17 quis | et K || voluntate om. U V. voluntarie m || DK JESU PUERO 1, 6-7 61 Mais ne l’ayant pas trouvé, ils revinrent à Jérusalem. Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple. Pen­ dant ces trois jours, où étais-tu, bon Jésus ? Qui te pro­ cura à manger ou à boire ? Qui fit ton lit ? Qui t enleva tes chaussures ? Qui réconforta ton tendre corps en le pommadant et en le baignant ? Je sais bien que, de même que tu pris volontairement sur toi notre faiblesse, ainsi tu montrais, quand tu le voulais, ta propre force ; et c’est pourquoi, quand tu le voulais, tu n’avais pas besoin de ces services. Où étais-tu donc, Seigneur ? On aime, sur ce sujet, avancer quelque idée, quelque conjecture, quelque opinion ; mais on ne peut rien affirmer témérairement. Que dirai-je, mon Dieu ? Est-ce que, pour te conformer entièrement à notre pauvreté et endosser toutes les mi­ sères de l’humaine nature, tu n’aurais pas, confondu dans la foule des malheureux, demandé l’aumône de porte en porte ? Qui me donnera de partager ces bouchées ainsi mendiées, ou, du moins, de me rassasier des reliefs de ce repas divin ! 7. Mais nous pouvons conjecturer de plus profonds mys­ tères. Peut-être, le premier jour, se présenta-t-il devant la face de son Père, non pour s’asseoir à ses côtés, mais pour consulter la volonté paternelle sur l’ordonnance du plan rédempteur qu’il avait accepté. En effet, il ne semble pas absurde de penser que le Fils de Dieu, qui avait, dans sa nature divine, dressé un plan conjointement avec le Père et l’Esprit Saint, étant égal et consubstantiel à l’un et à l’autre, ait, dans la « forme d’esclave » qu’il avait IX-19 sumpsisti infirmitatem ni '| 19-20 propriam ostend. virt. m || 20 non om. K LU V H 21 ergo om, U V, ergo cras G K L P· F || domino J Jesu add. m || 22 seu J vel cc/. '| libet aliquid F m || 23 quid ] autem add. P * || 25 misertae ] naturae rn | miseri K || susciperes calamitates F*» || unus om. K II e ] ex P * || 26 hostiaKLF )[ me ] mihi U V || 27 illarum 1 sic add. m II mc participem 7 1 Sed ut sublimioris opinionis secreta inveniamus L, sed ut haec ad sublimioris sensus secreta vertamus m || .ad D sup. Un. | 2 prima J et praem. K || se om. K || 3 consederet D corr. in marg.9 consideret *P | de om. * I P m U 4 videatur U V || talis om. U V || Dei ] quod prawn. m || 6 simul ipse P m | 7 utriusque L U V, utrique P m 62 AKLHKOI quam susceperat., homo Deum, parvus magnurn consu­ luerit, non ut disceret quod ipse cum patre in forma Dei 10 aeternaliter noverat, sed ut patri per omnia deferret, oboedientiam offerret, praeferret humilitatem. Ibi agitur in illo secreto cubiculo patris, de baptismate suscipiendo, de eligendis discipulis, de condendo evangelio, de mira­ culis faciendis, postremo de tolerantia passionis et resur­ ir, rectionis gloria. Cunctis divino modo dispositis, altera die angelicis et archangelicis choris suavitatem sui vultus induisit. Referensque antiquam civium supernorum rui­ nam post modicum reparandam, universam laetificavit civitatem Dei. Jam tertia dic cuneos patriarcharum et 20 prophetarum invisens, ea quae a sancto sene Simeone jam dudum audierant, proprii vultus manifestatione probavit. Sicque exspectationis illorum moras, instantis jam redemp­ tionis promissione consolans, animaequiores et alacriores reddidit universos. 8. Merito igitur post triduum invenitur in templo, in medio doctorum et seniorum, ut paternae pietatis de hominum reparatione consilium, sicut angelis et. sanctis carne exutis, quantum videbatur, propalaverat, in om5 nium mundialium locorum sacratissimo, templo scilicet Jerosolimitano, et his primo qui pretiosissimum hujus promissionis thesaurum in sacris litteris conservabant, 18-19 Cf. Ps. 45. 5. II 10-11 Luc 2, 47. || 21-22 Cant. 3. 4. || 25-26 Luc 2, 18. II 27-28 Ci. OniCEXBS, /n Luc. Hom., XIX PG 13, 1850 C. 8 magnum K in marg. all. man. || 8-9 consuluisse U || 9 ut non K U V, nonno *F corr. discederet Pa |l 10 patri | Ipsi pracm. m || 11 agitur 1 igitur codd. agitur m 13 de discipulis eligendis * ] 15-16 altera dic Π, altera jam die cel. (serf aide 7 9) ’I 16 el ont. /< 17 supernorum civium Pe || 18 post modicum ] post modum U V | IS laetificavit I), Inetificat cel. cum Vulff. || 20 Immiscens F tn, invises vaque K corr. in marg. alt. man. |[ ca oni. U |! seno on». L. Simeone sene G | jam om. F m || 22 exspectationes D | eorum D H jam D in marg. || 23 ct } atque F m || 21 reddit K 8 3 de repar, hoininurn P° || 4 in ) ita prnem. m || 5 mundialium orn. F m, mumlulium P< || scilicet om. F tn j 6 .lerosolimitico F m || primum D DE J ESU PUERO 1, 7-8 63 reçue,.dans son humanité, consulté Dieu ; qu’il ait, dans sa petitesse, interrogé la grandeur, au sujet de ce plan. Non pour s’instruire de ce que lui-même savait de toute éternité, étant avec le Père dans la forme de Dieu, mais pour déférer en tout à ce Père, lui présenter son obéis­ sance, lui offrir ses abaissements. Là, dans les apparte­ ments secrets du Père, il traite du baptême à recevoir, du choix de ses disciples, de rétablissement de l'Evangile, des miracles à accomplir, enfin de la passion à subir et de la gloire de la résurrection. Tout étant divinement réglé, il accorda le lendemain la douceur de sa vue aux chœurs des anges et des ar­ changes ; il leur annonça que l’ancienne défection des citoyens d’en haut serait bientôt réparée, et il réjouit ainsi toute la cité de Dieu *. Enfin, le troisième jour, il se mêla à la troupe des pa­ triarches et des prophètes ; ce qu’ils avaient déjà appris du saint vieillard Siméon, il le leur confirma en leur décou­ vrant son visage ; il les consola dans les longueurs de leur attente par la promesse de l’imminence de la rédemption et. les rendit tous plus patients et plus allègres. 8. C’est donc à juste titre qu’après trois jours il est retrouvé dans le temple, au milieu des docteurs et des anciens : après avoir révélé, aux anges et aux saints dépouillés de la chair, autant qu’il semble, les desseins de la bonté paternelle sur la restauration des hommes, il allait peu à peu les dévoiler, dans le lieu le plus sacré de toute la terre, le temple de Jérusalem, et à ceux-là d’abord qui conservaient dans les saintes Lettres le trésor très préLe recouvrement au temple. 1. Selon l’antiquité chrétienne, l’homme a été créé pour combler les vides creusés dans les chœurs angéliques par la défection de Lucifer c! de ses satellites ; déchu lui-même, il est réintégré par la Rédemption dans sa condi­ tion d’· ange d<· remplacement » ; cf. L. Bouvnn. Le sens de la aie monastique^ Turnhout· 1950, p. 19-59. Le P. M.-D. Chenu, Car Zio/rio, dans AfeL de Sc. rcî., 10 (1953), p. 191-204. a montré combien ccttc conception était liée à une vision monastique du monde. 64 10 10 20 25 30 AELKEDl paulatim inciperet reserare ; primo audiens et interro­ gans, deinde interrogatus, sacratissima mysteria prodens. Denique : Mirabantur omnes super prudentia et respon­ sis ejus. Data est pueris ct adolescentibus humilitatis et verecundiae forma, ut in medio seniorum taceant, ut au­ diant, interrogent, ut discant. Indica mihi, o dulcissima domina mea, mater Domini mei, quid tibi tunc fuerit animi, quid stuporis, quid gaudii, cum dulcissimum lilium tuum puerum Jesum invenires, non inter pueros, sed inter doctores, cum omnium oculos intentos in ipsum, omnium cerneres aures erectas ad ipsum, cum de prudentia ejus ct responsis, pusilli et magni, docti pariter et indocti loquerentur. Inveni, inquit, quem diligit anima mea, tenui illum nec dimittam. Tene, o dulcissima domina, tene quem diligis, rue in collurn ejus, amplectere, osculare, et triduanam absentiam ejus multiplicatis deliciis recompensa. Fili, quid est quod jecisti nobis sic? Ecce pater tuus et ego dolentes quaerebamus te. Iterum dico tibi, o domina mea, quid dolebas ? Credo, non famem, non sitim, non inediam timebas puero, quem Deum noveras, sed tantum subtrac­ tas tibi vel ad modicum ineffabiles praesentiae ejus delicias querebaris. Tam enim dulcis est Dominus Jesus gus­ tantibus eum, tam speciosus videntibus, tam suavis amplectentibus, ut brevis ejus absentia maximi doloris mate­ ria sit. 8 primum m || 9 deinde ] et add. K ,'| interrogatus em. F m || 10 pru­ dentiam V |[ 11 est ] haec add. m, Om. K U || 12 verecundiae ] reverentiae F m O 13 interrogent J ut praeni. U V || ut ] ct add. m || 14 dilectissima m U mea om. D || 15 fuerit tunc P», aitlnit furcit F* || animi D sup. Un. II 16 puerum ] dominum F m '| 18 in ipsum intentos m || ad ipsum erectas m U 19 de om. P* F | prud. ct resp. ejus 2* || pusiltini P* || 19-20 docti ct indocti, pusilli ct magni paritor loquerentur D || 2! tenui ] tcnet>o F nt || DE JESU PLERO !, 8 65 cieux de cette promesse, en écoutant et en interrogeant, puis, interrogé à son tour, en livrant les très sacrés mys­ tères. Il est dit ensuite : Tous étaient stupéfaits de la prudence de ses réponses. Voilà pour les enfants et les adolescents un exemple d’humilité ct de respect : qu’ils se taisent au milieu des anciens, qu’ils écoutent, interrogent ct s’ins­ truisent. Révèle-moi, ô ma très aimée Dame, mère de mon Sei­ gneur, quels furent tes sentiments, la stupeur, ta joie, au moment où tu découvris ton très doux fils l’enfant Jésus, non parmi les enfants, mais parmi les docteurs ; où tu vis les regards de tous dirigés sur lui, les oreilles de tous tendues vers lui ; où tu entendis petits et grands, sa­ vants ct ignorants, parler à l’envi de son intelligence et de ses réponses. J'ai trouvé, dit-elle, celui que chérit mon âme; je le tiendrai et ne le lâcherai pas. Tiens-le, ô douce Dame, tiensle, celui que tu aimes, jette-toi à son cou, étrcins-Ic, baise-le et trouve, dans ces délices multipliées une com­ pensation pour les trois jours de son absence. Fils, pourquoi nous as-tu fait cela ? Voici que ton père et moi, angoissés, nous te cherchions. Je te le demande à nouveau, ô ma Dame, pourquoi t’afiliger ? Ce n’est pas la faim, je pense, ni la soif, ni le dénuement, que tu redou­ tais pour l’enfant que tu savais être Dieu ; mais tu te plaignais seulement d’être privée, si peu que ce fût, des ineffables délices de sa présence. Car le Seigneur Jésus est si doux pour ceux qui le goûtent, si beau pour ceux qui le voient, si suave pour ceux qui l’embrassent, que son absence, même courte, donne sujet à une peine extrême. 22 dulcissima D, dulcis eef. | 23 rue in collum ejus, amplectere, osculare om, l* F II 24 ejus absentiam F rn || 26 Iterum J Interim P* || tibi dico P-, tibi ozn. V (I 28-29 subtractus I* || 29 ν<·1 om. U || ineffabiles praesen­ tiae ejus delicias om. K || 31 videntibus J eum add. P*> ad videndum P* F y 32 maxima F m Quand Jésus eut douze ans. 66 AELREDI 9. Quid est, inquit, quod me quaerebatis? Nescitis quia in his quae patris mei sunt oportet me esse? Jam hic caeles­ tium mysteriorum, in quibus per triduum fuerat obser­ vatus, incipit reserare secretum ; ut humilitatis et oboe5 dientiae, simul et propriae voluntatis deserendae, senio­ rumque praeceptis, etiam utilibus praetermissis, obtem­ perandi exepressius et excellentius commendaret exem­ plum; cum his sublimibus, tam utilibus, tam denique necessariis praetermissis, seniorum se subdiderit volunio tati, ut ait evangelista : Et descendit cum eis, et erat sub­ ditus illis. Sed quid est quod ait evangelista, quia scilicet : Ipsi non intellexerunt verbum quod locutus fuerat. Non hoc de Maria dictum arbitror, quae, ex quo spiritus sanctus supervenit in eam et ei virtus altissimi obumbravit, nul­ ls lum filii sui potuit nescire consilium. Sed ceteris non intel­ legentibus quae dixerat, Maria, ut sciens et intellegens : Conservabat omnia verba haec, conferens in corde suo. Memoria conservabat, meditatione ruminabat, et haec cum ceteris quae de eo viderat et audierat, conferebat. 20 Ita beatissima virgo etiam tunc nobis misericorditer pro­ videbat, ne tam dulcia, tam salubria, tam necessaria, aliqua neglegentia laberentur et proptcrca nec scriberen­ tur nec praedicarentur, et sic sequaces hujus spiritalis mannae deliciis fraudarentur. Omnia igitur haec virgo 25 prudentissima fideliter conservavit, verecunde tacuit, opportune prodidit, et sanctis apostolis et discipulis prae­ dicanda commisit. 9 1-2 Luc 2, 19 (Vg: Nesciebatis...). || 1-1 Cf. Origenes, In Luc. Horn. XX — Raueu, 132, 4-7 — PC. 13, 1851 C. |i 10-11 I.uc 2, 51. || 12 Luc 2, 50. (I 13-14 Cf. Luc 1, 35. || 17 I.uc 2, 19. 9 1 Inquit om. F· F m || quaerebaris *P || nescitis D * I, nesciebatis ccf. eum Vulff. H 3 h> D SUp. Un. || in quibus fuerat U V || 3-4 observatus K m, obseratus U F, observata V | 4-5 ut oboedientiae simul et hum. ct OK JESU PUERO I, 9 67 9. Et pourquoi, dit-il, me cherchiez-vous ? Ignoriez-vous qu'il me faut être aux affaires de mon Père ? A présent, il commence déjà à entr’ouvrir le secret des célestes mystères où il s’était plongé pendant trois jours. Pour donner un exemple plus formel et plus excellent d’humi­ lité et d’obéissance, en même temps que de renoncement au vouloir propre et de soumission aux ordres des anciens, fallût-il négliger pour cela une occupation utile, il quitte ces hauteurs, si utiles, si nécessaires même, et se soumet à l’autorité des plus âgés, comme le dit l’Évangéliste : Et il descendit avec eux, et il leur était soumis. Mais que signifie ce qu’ajoute l’Évangéliste : Eux, ils ne comprirent pas la parole qu'il avait dite ? Je ne pense pas que cela s’applique à Marie, car, depuis que ΓEsprit Saint est survenu en elle et que la vertu du Très-Haut l’a couverte de son ombre, elle n’a pu ignorer aucun dessein de son Fils. Mais tandis que les autres ne compre­ naient pas ce qu’il avait dit, Marie, elle, sachant et com­ prenant, conservait tout cela et le comparait en son cœur. Elle le conservait dans sa mémoire, le ruminait dans ses réflexions, et le comparait avec tout ce qu’elle avait vu et entendu de lui. Ainsi, la toute bienheureuse Vierge, dès ce temps-là, songeait miséricordieusement à nous : il ne fallait pas que des paroles si douces, si salutaires, si indispensables, se perdissent par négligence et ne puissent plus, par conséquent, être écrites ni prêchées. 11 ne fallait pas que les générations à venir fussent privées des délices de cette manne spirituelle. La Vierge très prudente con­ servait donc tout cela fidèlement ; elle le tut modestement, le découvrit en temps opportun, et le confia aux saints apôtres et aux disciples pour qu’ils le prêchassent. P” H 5 simulque F m || 6 praeceptis K in marp. corr. alt. man. || utilibus K in tnarg. corr. nil. man., utilitatibus P* corr. pr. manu || 3 excellentius K in marg. corr. alt. man. || 9 se om. P * || subdidit P * F, subdit m || 11 illis F* Il 11 scilicet quod zn || 13 dictum om. L || 14 superveniet K || ci ] cam * Il 15 sui om. U P P * F || 15-16 Sed nescientibus sive non intcllîRcntibus quod m || 16 ut D sup. lin. || 17 omnla G sup. lin. pr. m. || 2(1 ctiam ] et 1. (f miserlc. providebat nobis F * m || 21 necessaria ] verba add. m, on UV 68 5 io 15 2o 25 AELHEDl 10. De his quae sequuntur : Jesus proficiebat sapientia, aetate et gratia coram Deo et hominibus, inulti inulta dixe­ runt, et diversi diversa senserunt, de quorum sententiis non est meum judicare. Alii animam Christi, ex quo creata est et assumpta in Deum, aequalem cum Deo sapientiam habuisse putarunt. Alii quasi creaturam Creatori adae­ quare timentes, sicut aetate, ita eum et sapientia profe­ cisse dixerunt, evangelicae adnitentes auctoritati, quae ait : Jesus autem proficiebat sapientia, aetate et gratia. Nec mirum, inquiunt, si minor dicatur fuisse sapientia, cum mortalis atque passibilis, ac per hoc beatitudine minor tunc fuisse veracissime praedicetur. De horum sententiis judicet quisque ut volet. Mihi sufficit scire et credere Dominum Jcsum, ex quo in unam cum Deo est assumptus personam, perfectum fuisse Deum, ac per hoc perfectam sapientiam, perfectam justitiam, perfectam beatitudinem, perfectam insuper fuisse et esse virtutem ; et quidquid de Deo secundum substantiam dici potest, de Christo potuisse dici, etiam cum in utero esset matris, non ambigo. Nec ideo ante resurrectionem, aut mortali­ tatem ei aut passibilitatem abrogamus, cum eum non phantastice sed vere hominem fuisse confitemur, et veram hominis habuisse naturam, in qua potuit proficere aetate. Utrum autem sapientia, ipsi viderint qui de hujusmodi contendere norunt. 11. Tu autem, fili mi, non quaestiones quaeris, sed devo­ tionem ; nec unde lingua acuatur, sed unde affectus exci- 10 1-2 l.uc 2. 52 (Vg: apud deum et homines). || 9 Lue 2, 52. || 13 CL Ahlrf.dus, Semi. IX — PL 195. 263 C ; Serm. de On. XIII — PL 195, 410 A : · quisque ut volet ·. || 24-25 Ci. Augustinus, Contra Maxim. Arian, ep. 2. 23 — PL 42, 802. 10 ! his ) vero add. m '| t-2 aetate et sap. et grat. m || 2 coram Deo et hominibus U V, apud deum et apud homines GKP, apud deum ct homines cct. cum Vulff. || 3 sentiunt Fm || 4 meum ] nostrum Fm | 5 cum D sup. tin. pr. m. || sapientiam hab. c. deo U || 6 putaverunt P» | 7 eum om. m |[ DE JESU PUERO I, iO-iî 69 10. Quant au verset suivant : Jésus progressait en âge, en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes, le nombre et la prolixité des commentaires qu'il a suscités n’a d’égal que la variété des opinions de leurs auteurs. Il ne m’appartient pas d’en faire la critique. D’aucuns ont estimé que l’âme du Christ, aussitôt créée et assumée par Dieu, a possédé une sagesse égale à la sagesse divine. D’autres, redoutant d’aligner une créature sur le Créa­ teur, ont enseigné qu’il avait progressé en sagesse comme en âge ; ils s’appuient sur l’autorité de l’Évangile : Or Jésus progressait en âge, en sagesse et en grâce. Il n’y a point lieu de s’étonner, ajoutent-ils, qu’on le dise infé­ rieur en sagesse, puisqu’on affirme très justement qu’il était morte], passible, et par suite inférieur en béatitude. De ces opinions, on pensera ce qu’on voudra. Il me suf­ fit de savoir et de croire que le Seigneur Jésus, dès l’ins­ tant de son union personnelle avec Dieu, a été parfai­ tement Dieu ; et par conséquent, a été et est sagesse parfaite, justice parfaite, béatitude parfaite, et, de plus, parfaite vertu ; tout ce que l’on peut affirmer de Dieu selon sa nature, on a pu le dire du Christ, même quand il était encore dans le sein de sa mère : cela ne fait point de doute. Et cependant, nous ne lui refusons pas, pour autant, avant sa résurrection, la mortalité ou la possibilité ; car nous confessons qu’il fut homme véritablement, et non en appa­ rence seulement, et qu’il posséda vraiment la nature humaine, selon laquelle il put progresser en âge. Progressat-il en sagesse ? Qu’ils en décident, ceux qui savent dis­ puter de ces choses. 11. Mais toi, mon fils, tu ne recherches pas des questions, mais la dévotion ; ni ce qui donne de la subtilité au dis8 innitentes F m || 9 aetate, sap. et grat. F m || gratia ] apud deum et ho­ mines add. Pc μ io dicatur D add. in marg. pr. m. || sap. fuisse L P>, fuisse οπι. K V V y 11 ac ] atque F * F m || 13 unusquisque D (sed vide. super. appa· ratum) || 14 cum dco in unam m || est ] etiam praetn. G P° P' || 14-15 as­ sumptus est U V H 19 Christo ) quo P» || 21 et D sup. lin. pr. m. |l 22 vere ] verum P * | fuisse ] esse F m || confiteamur m || veram ] verum P* || 24 modi om. P* 11 1 ml om. F ni || 2 affectus J animus Fm 70 AELREDI tetur. Ea propter, his quae ad historiam pertinent prae­ termissis, ad spiritalem intellegentiam enucleandam, sicut 5 ipse de quo loquimur inspirare dignabitur, transeamus. (ALLEGORICE) II. Dominus Deus noster, Deus unus est. Non potest variari, non potest mutari, dicente David : Tu semper idem es, ei anni tui non deficient. Hic igitur Deus noster aeternus, intemporalis, incommutabilis, in nostra factus 10 est natura mutabilis et temporalis, ut mutabilibus et tem­ poralibus ad suam aeternitatem et stabilitatem viam faceret eam, quam pro nobis assumpsit mutabilitatem ; ut in uno eodemque Salvatore nostro, et via esset qua ascenderemus, et vita ad quam veniremus, et veritas qua 15 frueremur, sicut ipse ait : Ego sum via, veritas et vita. Magnus itaque Dominus in sua natura persistens, par­ vulus natus est secundum carnem, per certa temporum spatia profecit et crevit secundum carnem, ut nos mente parvuli, immo paene nihili, spiritaliter nasceremur, et 20 per spiritalium aetatum distinctiones cresceremus et pro­ ficeremus. Ita ejus profectus corporalis, noster est pro- 11. 6 Cf. Deut. 6. 4. || 7-8 Ps. 101, 28. || 15 Joh. 11, 6. 3 et propterea F m |' praetermissis ] interim praeni, omnes codd. praeter Ο II 4 eunde andam K || 5 post transeamus graviter distinx. eodd. praeter L F et m ; < sermo> secundus D et in marg. superiori : allegorlce ; Da eodem allegories P·. Hanc partem allegorlce scriptam om. F. 11.11 1-8 igitur | ergo IJ V || 9 aeternus om. U V || 10-11 et tempora­ libus om. m. temporablllbus P* P* V || 12 instabilitatem U V || 13 essent p* II 16 dominus om. P». deus V || 17 temporum J membrorum U V || 17-18 per certa usq. carnem om. K P» per homoMel., sed add. K in marg. man. || spatia temporum D || 21-22 profectus om. P*. prof, est noster DE JESU PUERO I, H-Π 71 cours, mais ce qui réveille l’âme *. C’est pourquoi, lais­ sant de côté la lettre du récit, nous passerons à l’explica­ tion du sens spirituel, dans la mesure où celui de qui nous parlons daignera nous inspirer. DEUXIÈME PARTIE INTERPRÉTATION ALLÉGORIQUE II. Le Seigneur notre Dieu est le Dieu un. Il ne peut varier, il ne peut changer ; David le proclame : Tu toujours le même et tes années ne passeront point. Notre Dieu, ce Dieu éternel, hors du temps, im­ muable, est donc devenu, en notre nature, muable et soumis au temps ; aux êtres muables, il a voulu ouvrir la route à son éternité et à sa stabilité, et cette route, c’est la mutabilité qu’il a assumée en notre faveur ; de sorte que dans un seul et même sauveur, notre Sauveur, nous trouvions la voie par où monter, la vie à laquelle parvenir et la vérité à savourer, selon ce qu’il a dit lui-même : Je suis la voie, la vérité et la vie. Ainsi donc, notre Haut Seigneur, sans quitter sa propre nature, est né petit enfant selon la chair, s’est développé dans une durée temporelle déterminée et a grandi selon la chair, afin que nous qui, selon l’esprit, sommes de petits enfants, ou, pour mieux dire, des façons de néants, nous naissions spirituellement, nous croissions selon la succes­ sion des âges spirituels et y progressions. Ainsi, son pro- De Bethléem à Nazareth : les mystères du Christ, principes de régénération et de croissance spirituelles. 1. On perçoit comme un écho de cette réflexion significative dans uno lettre d’/\lcxandrc de Jumiêgcs : « Tu tamen qui non verborum superficie falso definiri, sed interiore veritatis medulla refici queris... » (cité dans Ph. Dei.hayr, Un exemple de théologie monastique au XII· siècle, dans Jumiègcs, Congrès ue scientifique VIII· centenaire, t. II, 1955, p. 786). Ci. Introd., p. 15. 72 AELKEDI foetus spiritalis, et ea quae ab eo in cunctis aetatibus acta describuntur, in nobis per singulos profectuum gradus spiritaliter agi a bene proficientibus sentiuntur. Sit igitur 25 corporalis ejus nativitas, spiritalis nostrae nativitatis, id est sanctae conversionis, exemplum ; persecutio, quam passus est ab Herode, illius, quam in initio nostrae conver­ sionis sustinemus a zabulo, tentationis indicium ; educa­ tio ejus in Nazareth, nostrum exprimat in virtute pro­ so fectum. In primo prodigus filius fame tabescens, ad do­ mum panis invitatur, ubi non similagius sed subcinericius invenitur, ut cinerem cum pane manducet et potum cum fletu temperet. Est enim panis similagius : purus, mundus, sine cinere, sine fermento, sine paleis : in principio erat 35 Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum. 12. Sed ad haec quis idoneus ? Panis est angelorum, quorum palatum ad gustum uvae acerbae non obstupuit. Ideo plene et perfecte gustant et vident quoniam dulcis est Dominus. Sed ut panem angelorum manducaret homo, 5 susceptis paleis nostrae paupertatis, susceptis cineribus nostrae mortalitatis, suscepto fermento nostrae infirmi­ tatis, panis angelorum factus est homo, magnus factus est parvulus, dives pauperculus ; ut tu magnus in oculis tuis, humilitate fias parvulus, dives cupiditate, faculta10 tum abjectione fias pauperculus, nec ubi spiritaliter nas- 22-24 Cf. Ambrosius, Epist. 71, 4 — pi. 16 (1880). 1295 B. || 30 Cf. Luc 15, 10-17. J 32-33 Cf. Ps. 101, 10. | 31-35 Joh. 1, 1. il 12 3-4 Cf. Ps. 77,25. " 22 co ] ipso /*> |f cunctis ] certis U V, Incertis L || acta aetatibus D || 2b conversationis p* ρ·> || 26-27 quam passus est ab Herode, Illius om. D P' II 22 in om. V | 27-28 conversationis P * || 30 prima P" || 31 panis ] patris U I similagineus U V m |; 32 ct om y |lûtura j potuum suum K> poculum suum V || 33 similagineus U V Z* m 12 1 panis angelorum est *P || 3 ait. et om. K || quoniam ) qui K || 5-7 susceptis paleis u$q. est horno om. *Z per homoioltl. || 8-9 dives pauperculus DE JESU PUERO U, 11-12 73 grès corporel est notre progrès spirituel ; ce qui nous est rapporté de lui à scs différents âges, se passe spirituelle­ ment en nous dans les divers degrés de l’avancement : ceux qui progressent dans le bien l'éprouvent x. Sa nais­ sance corporelle sera donc le modèle de notre naissance spirituelle, c’est-à-dire d’une sainte conversion ; la persé­ cution qu’il a endurée de la part d’IIérode est la figure des tentations que nous subissons au début de notre con­ version, de la part du diable ; son éducation à Nazareth représente notre progrès dans la vertu. Au premier degré, le fils prodigue, rongé de faim, est invité à la Maison du Pain ; il y trouve, non du pain de fleur de farine, mais du pain cuit sous la cendre, afin de manger la cendre avec son pain et de mêler ses pleurs à son breuvage. Car le pain de fleur de farine est un pain pur, net, sans cendre, sans levain, sans paille : Au commence­ ment était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. 12. Mais qui est capable de goûter de ce pain ? C’est le Pain des Anges : leur palais n’est pas émoussé par le goût du verjus ; c’est pourquoi ils goûtent et voient plei­ nement et parfaitement combien le Seigneur est doux. Mais pour que l’homme puisse le manger, le Pain des Anges a pris les pailles de notre pauvreté, il a pris les cendres de notre mortalité, il a pris le levain de notre infir­ mité ; le Pain des Anges est devenu homme ; la grandeur s’est faite petitesse ; la richesse, pauvreté, afin que toi, qui es grand à tes propres yeux, tu deviennes petit par l’humilité ; qui es riche par convoitise, tu deviennes pauvre en te dépouillant de tes biens ; afin que, pour naître spiusq. fias parvulus om. F“ per homoiotel. || 9 parvulus ] humilis add. U V || 9-10 dives cupid. usq. pauperculus om. P * || 10 ubi ] nisi P * U V 1. Une double idée est ici exprimée : les mystères de la sainte humanité du Verbe ont la vertu de produire en nous des états spirituels correspondants ; le progressait reçoit ainsi une connaissance intime, expérimentale. de ces mystères que le Christ revit en lui (cf. supra, 4, 18-22). 74 15 20 25 so Λ KL REDI ceris, locum habeas in diversorio ; dum non tuae volun­ tati, tuo sensui, tuae scientiae, tuae industriae, sed alieno judicio inniteris. Tunc cinerem cum pane manducabis, quando cibabit te Dominus pane lacrimarum, et potum dabit tibi in lacrimis in mensura. Sic tu nasceris in Christo et in te sic nascitur Christus. Turbatur Herodes, scilicet diabolus, quod suum Christus invasit imperium. Nec aequis aspicit oculis suum domicilium in Christi hospi­ tium commutatum. Vibrat gladium, tendit arcum, et in eo parat vasa mortis ut sagittet in obscuro rectum corde. Inflammet carnem naturalibus incentivis, turbat mentem cogitationibus noxiis, et parvulos cogitatus priori suavi­ tate lactentes, multiformi tentationc confodit. Tunc vide­ tur tibi Christus defuisse, donec Herode, non tuis viribus, sed gratia divinae miserationis exstincto, cum ampliori tranquillitate redeat, tuumque in Nazareth praestoletur occursum. Post tentationem namque necesse est ut ad virtutum studia spiritaliaque exercitia mentis alacritate conscendas quasi ad Nazareth, id est florem ; quia sicut flos non quidem fructus est sed ex eo fructus producitur, ita exercitia haec non quidem purae virtutes sunt, quam­ vis ex eis verae virtutes, Deo operante, nascantur. Inde ascendendum est Jerosolimam, sed modo congruo ct tempore opportuno. 13. Cum enim factus esset Jesus annorum duodecim, ascendit Jerusalem. Plane secundum leges allegoricas, Christus de Nazareth ascendit Jerusalem, quando relicta synagoga, ecclesiae gentium praesentiam suae pietatis 13-15 Cf. Pe. 7», 6. II 19-20 Cf. Ps. 7,13 ; 14 ; 10,3. |[ 13 1-2 Cf. Luc 2. 12. 11-12 voluntatis P4 |' 13 tunc 1 tu P» |l 14 quando I ct pracm. K || dom. te pane D | 15 tibi orn. P» tn || 16 ct in te sic D, sic In tccef., sic Christus In te nase. U V | 17 Christus suum D || 19 commutari Γ* |’ 22 parvu­ lorum m H 23 lactantes L m | 24 defuisse ] fugisse KI.U V || 26 sedeat K I 28 specialiaque L || exercitia ] ct pracm. P * || 32 coopérante P* || nascuntur I*· | 33 est om. P9 || 34 tempori P* DE JESU PUERO Π, 12-13 75 rituellement, tu ne trouves point de place à l’hôtellerie, en ne t’appuyant ni sur ta propre volonté, ni sur ton propre sentiment, ni sur ta propre science, ni sur ta propre activité, mais sur le jugement d’autrui. Alors, tu mangeras la cendre avec le pain, lorsque le Seigneur t’aura nourri du pain des larmes ct abreuvé de larmes largement. Ainsi tu naîtras dans le Christ, ainsi le Christ naîtra en toi. Hérode, c’est-à-dire le diable, se trouble, parce que le Christ a envahi son empire ; il ne voit point d’un œil égal sa demeure transformée en habitation du Christ. Il bran­ dit son épée, il tend son arc et il y prépare des instruments de mort, pour transpercer de ses flèches dans la nuit ceux qui ont le cœur droit. Il enflamme la chair aux amorces de la nature ; il trouble l’esprit par des imaginations nuisibles, et crible de mille tentations les bonnes pensées dans leur enfance, tandis qu’elles sucent encore le lait des premières douceurs. Alors, il te semble que le Christ t’abandonne ; mais voici qu’Hérodc s’éteint, non par tes propres efforts, mais par la grâce de la divine miséricorde ; le Christ revient, ramenant une plus grande tranquillité, et il attend ton arrivée à Nazareth. Car, après la tentation, il te faut passer allègrement à l’étude des vertus et aux exercices spirituels, monter à Nazareth, c’est-à-dire à la Fleur : la fleur n’est point le fruit, sans doute, mais c’est de la fleur que vient le fruit ; ainsi, ccs exercices ne sont pas exactement des vertus, quoique, par l’opération divine, ils donnent naissance aux vraies vertus. De là, il faut monter à Jérusalem, mais de la manière convenable et en temps opportun. La montée à Jérusalem : le rejet d’Israël et la vocation des gentils. 13 1 factus em. 13. Lorsque Jésus eut atteint l’âge de douze ans, il monta à Jéru­ salem. Il est clair, d’après les lois de l’allégorie, que le Christ est monté de Nazareth à Jérusalem, lorsque, ayant abandonne la Syna- y 2 legem U || 4 ecclesiae om. U 76 AELREDl 5 exhibuit. Merito tunc duodennis erat, quia qui legem non venit solvere sed adimplere, denariurn legis binario auxe­ rat evangelicae perfectionis. Verbum abbreviatum sed consummans, et consummatum faciens super terrarn, et legem et prophetas bipartito caritatis praecepto con­ io eludens. 14. Remansit itaque puer Jesus in Jerusalem, et non cognoverunt parentes ejus. Est adhuc in Ecclesia Chris­ tus, et Judaei, parentes scilicet ejus secundum carnem, ignorant. Est adhuc in Aegypto Joseph, et lingua aegyp5 tiaca, non judaica, dicitur salvator mundi, et ipso fru­ menta sapientiae suae Aegyptiis, id est gentibus, divi­ dente, fratres ejus inter Chananaeos, immundos scilicet spiritus, verbi Dei fame tabescunt. Existimantes, inquit, eum esse in comitatu. Quid est hoc ? Adhuc, o Judaei, io Christum in vestro comitatu praesumitis, cum jam secun­ dum Jeremiam vestrum reliquerit domum suam, dimi­ serit hereditatem suam, quoniam facta est ei hereditas ejus quasi spelunca hyaenae ? Quibus indiciis, quibus myste­ riis, quibus sacramentis in vestro est comitatu ? Ubi 15 templum, ubi juge sacrificium, ubi sacerdotium, ubi altare illud quod solum vobis in sola Jerosolima conces­ sum est ? Ubi ignis ille perpetuus, quo exstincto, omnia pariter holocaustomata perierunt, quae non possunt alieno 5-6 Cf. Mattii. 5, 17. || 7-10 Cf. Bernardus, Serm. — PL 183, 115 B; Aklrrdus, Spec. Car., c. XV I — PL 195, 520 Λ-B. || 8 Cf. Rom. 9. 28. || 14 1-2 Cf. Luc 2, 43. || 8-9 Luc 2, 44. || 11-13 Cf. Jcr. 12. 7-8. II 17 Cf. Lev. 6. 13. 5 qui ont. P * || 7 verbum ] et pracm. K || adbreviaturn G K P * II 8 ait. et ] sed P» 14 2 in om. *F || 3 ct parentes ejus Judaei secundum carnem scilicet D, scilicet parente» ejus L' V, par. ejus scilicet P· || 5-6 frumento F» Ί 6 gentilibus {/, gentium *P | 8-9 eum. inquit, esse * f || 9oom. U || 9-10 quid est usq. comitatu add. V in mart}. infer, alt. man. || 10 praesumitis Christum D II 11-12 dimiserit hacrcditatcni suam om. I) P» || 12 ei om. D m || 13 DE JE3U PUERO II, 13-14 77 gogue, il se montra à Γ Eglise des gentils, en sa bonté. Il convenait qu’il eût. alors douze ans : car il ne venait pas détruire la Loi, mais l’accomplir ; au dizain de la Loi, il ajoutait le binôme de la perfection évangélique : parole abrégée, mais efficace, apportant la perfection sur la terre, et renfermant la Loi et les prophètes dans le double pré­ cepte de la charité. 14. L’enfant Jésus resta donc à Jérusalem, et ses parents ne s’en aperçurent point. Aujourd’hui encore, le Christ est dans l’Églïsc, et les Juifs, ses parents selon la chair, l’ignorent. Joseph est encore en Égypte 1 ; c’est encore en langue égyptienne, non en langue judaïque, qu’on l’appelle Sauveur du monde. Tandis qu’il distribue le blé de sa sagesse aux Égyptiens, c’est-à-dire aux gentils, ses frères demeurés parmi les Chananéens — entendez, les esprits impurs — meurent affamés de la parole de Dieu. Ils pensaient, continue l’Évangile, qu'il se trouvait dans la compagnie. Qu’est-ce à dire ? Vous vous imaginez, Juifs, que le Christ est encore en votre compagnie ! Et pourtant, selon votre Jérémie, il a quitté sa maison, il a renoncé à son héritage, parce que son héritage est devenu comme la caverne de l’hyène. Sous quelles figures, sous quels mystères, sous quels sacrements est-il en votre compagnie ? Où est le temple, où sont le sacrifice ininterrompu, le sacerdoce, et cet autel, le seul qui vous ait été concédé, dans la seule ville de Jérusalem ? Où est ce feu perpétuel dont l’extinction a entraîné la fin de tous les holocaustes, qu’un leaenae U V m || judiciis K || 15 ubi juge sacrificium om. V || ubi sacerdo­ tium om. P» y 16 solum om. U V, Jer. sola P· || 17 Hie ignis DP * 1. Le patriarche Joseph, rejeté par ses frères selon la chair, établi chef d'une nation païenne, et sauveur des deux peuples, a été considéré par les Pères comme un type du Christ (cf. p. ex. saint Ambroise, De Joseph patriar­ cha ; P. L·., 14, 641A-672C). Aelred reprend et développe d'une façon originale ces données traditionnelles. Au xvn· siècle, Duguct estimera encore que, pour qui lit ΓÉcriture « selon la méthode des saints Pères », · il n’y a point d’endroit de i'Êcriturc qui paroisse plus clair pour le retour des Juifs que celui-ci » (Expîicn/ion du Hure de ta Genèse, Paris, 1732, t. VI, p. 5). 78 AEi.REDl igne consumi ? Ergo aut nihil horum habetis, aut si forte 20 vos ca habere praesumitis, non secundum Dei praecep­ tum habetis, ac proinde nec Christum habetis. In his enim omnibus secundum prophetica mysteria Christum aliquando habebatis, sed apparente eo quem praenuntia­ bant, ipsa praenuntia sublata sunt, de quibus frustra 25 post ejus adventum praesumebatis. 0 mira perversitas. 0 mira caecitas. Haec omnia noti attendentes, Judaei adhuc cum esse in suo aestimant comitatu, et requirunt cum inter cognatos et notos. Quem quaeritis, o Judaei ? Quem quaeritis ? Jam lapis abscisus de monte sine mani30 bus, universam implevit faciem terrae, et adhuc quaeri­ tis ? Ecce ubique terrarum dispersi, ubique Christum offenditis, et adhuc quaeritis ? Ubique inter gentes in laudibus Christi vestrum amen resonat, vestrum alleluia cantatur, vestrum hosanna resultat, et adhuc quaeritis ? 35 In sole posuit tabernaculum suum, nec est qui se abscondat a calore ejus, et adhuc quaeritis ? Quaeritis eum inter cognatos ct notos. Quaeritis eum apud Isaiam, sed sicut ipse ait : Cognovit bos possessorem suum, et asinus praesepe domini sui. Israel autem non 4o cognovit me, populus meus non intellexit, ideo non inveni­ tis. Quaeritis eum apud sanctum David, sed et secundum ipsum : Facta est mensa vestra coram vobis in laqueum, ideo non invenitis. Obscurati sunt enim oculi vestri ne videant, ct dorsa vestra incurvantur. Quaeritis eum 45 apud Jcrcmiam, sed ipso teste : Sacerdotes ignorant legem, 29-30 Cf. Dan. 2, 34-35 ; Cf. Augustinus, Enarr. in Ps. 42 — C. C. 38, p. 470 ; in Ps. 47, p. 539 ; in Ps. 57, p. 716 ; Tract, in Joli. IX, 15 — c. C. 3C, p. 98 ; Arlhedus. Serin. VIII — PL 195, 252 1). || 35-36 Ps. 18, 6-7. || 38-40 Is. 1. 3 (Vg : me non cognovit). || 42 Ps. 68, 23; Rom. 11, 9. || 43-44 Cf. Ps. 68, 24. || 45-46 Cf. Jcr. 2, 8 (Vg : ct tenentes legem nescierunt me). 20 ea vos I), ea om. /*> || 20-21 praeceptum del K U V || 22 enim om. IJ V II 27 aestimant esse in suo com. D, existimant K U V, in suo esse DE JESU PU BRO U, U 79 autre feu ne peut consumer ? De deux choses l’une : ou bien, vous ne possédez rien de tout cela ; ou bien, si vous avez par hasard la prétention de le posséder, vous ne le possédez pas selon les intentions divines, et par con­ séquent vous ne possédez pas davantage le Christ. Car, en tout cela, sous forme de mystères prophétiques, vous possédiez jadis le Christ ; mais le Christ est apparu, que ces figures annonçaient, et les figures messagères ont dis­ paru. C’est en vain qu’après son avènement vous vous prévalez de leur possession. Quelle étonnante perversité ! Quel étonnant aveuglement ! A tout cela, les Juifs ne prêtent point attention ; ils le croient encore en leur compagnie ct le recherchent parmi leurs parents et leurs connaissances. Qui cherchez-vous, ô Juifs, qui cherchez-vous ? Déjà, la pierre arrachée de la montagne sans que l’homme y mil la main, a rempli la face entière de la terre, et vous cherchez encore ! Vous voici dispersés en tous lieux ; en tous lieux vous vous heurtez au Christ, et vous cherchez encore ! Partout, parmi les nations, c’est votre Amen qui retentit, c’est votre Alleluia qui se chante, c’est votre Hosanna qui résonne à la louange du Christ, et vous cherchez encore ! Il a dressé sa tente dans le soleil, personne ne peut se déro­ ber à sa chaleur, et vous cherchez encore ! Vous le cherchez parmi vos parents et vos connaissances. Vous le cherchez chez Isaïe ; mais, comme Isaïe lui-même l’a dit : Le bœuf a connu son maître, et l'âne la crèche de son maître; mais Israël ne m'a pas connu, mon peuple n'a rien compris. Voilà pourquoi vous ne le trouvez pas ! Vous le cherchez chez le saint David, mais, selon sa propre parole, votre table est devenue pour vous un piège. Voilà pourquoi vous ne le trouvez pas ! Car vos yeux se sont obscurcis pour ne point voir, et votre dos s’est courbé. Vous le cherchez chez Jérémie ; mais, au témoi­ gnage de Jérémie lui-même, les prêtres ignorent la Loi, l* Il 29 abscisus ] est add. D P· || 30 ct implevit universam D I 34 can­ tantur P< I 35 nec ] non D dub. || 39 autem om. |î 3‘ || 15 desperab. rursus P» || 16 et ] est || iriquit om. LU V I) 19 ebristum pati P» 1* || 20 prius in om. K || 21 per ] in DE JESU PUERO il, 18 89 la cessation du sacre des rois et des pontifes. Tout cela témoignait de ta venue ; néanmoins, nous n’avons pas cru que tu nous aies abandonnés et daigné prendre loge­ ment ailleurs. Voilà pourquoi, angoissés, nous te cherchions. Nous ne pensions pas que celui qui nous avait été pro­ mis, qui nous était donné, ait déserté pour le salut d’un peuple rival ceux qu’il engendra, ait dédaigné ceux qu’il entoura de sa sollicitude, ait préféré les nations impures et idolâtres à ceux devant qui la mer recula, que le ciel nourrit, que le rocher abreuva, pour qui l’onde se dressa comme un mur, pour qui le mur devint un chemin, pour qui le soleil se fit obéissant et pour qui la lune s’arrêta dans sa course. Voilà pourquoi, angoissés, nous te cherchions. Il arrivait bien, sans doute, que les signes s’accumu­ laient pour nous prouver ton avènement ; mais la voca­ tion des gentils et notre propre rejet nous replongeaient dans la désespérance. Voilà pourquoi, angoissés, nous te cherchions. Et lui de répondre : Pourquoi me cherchiez·vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? O insensés, cœurs lents à croire tout ce qu'ont dit les pro­ phètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît de la sorte, qu'il entrât ainsi dans la gloire, et que L'on prêchât en son nom la pénitence parmi toutes les nations ? Ainsi donc, vous n’avez pas entendu, dans la bouche de David, la voix du Père à son Fils : Demande, et je te donnerai les nations en héritage, et j'étendrai ton domaine jusqu'aux confins de la terre ? Pourquoi me cherchiez-vous et ne m'avez-vous pas aussitôt trouvé parmi les nations ? N’at-il pas été dit à Abraham : En ta postérité seront bénies toutes les tribus de la terre ? Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? Oyez le Père me déclarant par Isaïe : C'est trop peu que tu sois mon serviteur pour rele­ ver les tribus de Jacob et ramener les résidus d'Israël. Je t'ai donné pour lumière aux nations, afin d'être mon salut KP»U V aim Vulg. || 22 ad inc l» j| 25 habrae F» || 26 tribus tcrrac ] gentes D F *, terrae om. K 90 AELREDl usque cul fines terrae. Nonne ego sum apud patriarcham Jacob : Exspectatio gentium, ct apud Malachiam : Deside­ ratus earum? Et sicut idem ait : A solis ortu usque cui occa­ sum, magnum nomen meum in gentibus. Tumuistis mune * 35 ribus meis, invidistis visceribus meis, et quia nequam oculus saluti paen i lentis invidit, livore caecatus propriae salutis auctorem videre non potuit. Ideo naturalibus ramis non peperci, sed illis a radice naturalis olivae decisis, ramos alienos inserui. Sed nunc exsurgens miserebor Sion, quia 40 tempus miserendi ejus, quia venit tempus. Revoco quos abjeceram, recolligo quos disperseram, suscipio quos repu­ leram. Et ecce ego oobiscum sum omnibus diebus usque cui consummationem saeculi. Haec interim allegorice dicta sufficiant. (SECUNDUM MORALEM SENSUM) III, 19. Nunc redeundum mihi est ad te, fili carissime, cui animus est conformari Christo et vestigiis Jesu arctius inhaerere; si forte sufficiam in evangelica lectione tuum tibi explicare profectum, ut hoc ipsum in his legas sche5 dulis, quod in temetipso ab intus suavius experiris. Credo enim te de bethlchemitica paupertate ad nazarenas tran­ sisse divitias, et jam duodennem effectum, de floribus 32 Cf. Gcn. 49. 10 || 32-33 Agg. 2, 8. || 33-34 Mal. 1. Il (Vg : Ab ortu enim solis). || 39-10 Cf. Ps. 101, 14. || 12-43 Matth. 28. 20. 31 a patriarcha U V |J 32 Malachiam Ita omnes codd.. sed lapsus esi memoriae !| 3G creatus P* J| 35.39 ramos inserui alienos P» || 14 dicta om. P4 (I suillciunt G P* P* rn ; post sufficiant oravit, dixtinx. omnes codd. ; Sermo tertius I) ei in mar/j. super, secundum moralem sensum ; De eodem moraliter P*. Prosequitur F. IJI, 19 1 est mihi P· m || est om. P* | te om. P< || 2 conformari D sup. lin. U conf. est Christo V l| 3 in ) do F m || 6-7 te transisse ad nnxarenas Γ>Ε J ESU PUERO π, 18-111, 19 91 jusqu'aux extrémités de la terre. Ne suis-je pas appelé par le patriarche Jacob : L'Attente des nations ; et par Malachie : Le Désiré des nations. Ce dernier dit aussi : Du lever du soleil au couchant, mon nom est grand parmi les nations. Vous vous êtes soulevés contre mes largesses, vous avez été jaloux de ma compassion ; et l’œil qui a pris ombrage du salut du pécheur repentant, aveuglé par la jalousie, n’a pas été capable d’apercevoir l’auteur de son propre salut. Voilà pourquoi je n’ai pas épargné les rameaux francs ; je les ai retranchés de la souche naturelle de l’oli­ vier, j’y ai greffé des rameaux étrangers. Mais aujourd’hui, je me dresse et j’aurai pitié de Sion, car c’est le temps de la miséricorde, car le temps est venu. Je rappelle ceux que j’avais rejetés, je rassemble ceux que j’avais disper­ sés, j’accueille ceux que j’avais repoussés. Et voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation du siècle. En voilà assez, pour le moment, sur ces allégories. TROISIÈME PARTIE INTERPRÉTATION MORALE 111,19. Il me faut à présent reve­ De Bethléem nir à toi, fils très cher, qui as à cœur à Nazareth : de te conformer au Christ et de conversion t’attacher plus étroitement aux pas et progrès spirituel. de Jésus. Serai-je capable, en com­ mentant l’Évangilc, de te montrer la route qu’a suivie ton progrès spirituel, et de te faire retrouver dans ccs pages, quand tu les liras, les sentiments que tu éprouves avec tant de suavité au plus intime de toi-même ? Car tu es passé, je crois, du dénuement de Bethléem aux ri­ chesses de Nazareth ; tu es monté, âgé de douze ans, des de bethlehcnütica paupertate divitius m || 7 divitias ) delicias U V || affec­ tum P* 92 AELREDI nazareis ad fructus jerosolimiticos ascendisse, ut non tarn in codicibus, quam in propriis moribus mystica valeas 10 lectitare. Sicut enim Bethlehem, ubi Christus parvus et pauper nascitur, bonae vitae est inchoatio, Nazareth, ubi nutritur, virtutum exercitatio, ita Jerusalem, ad quam duodennis ascendit, caelestium secretorum est contem­ platio. is In Bethlehem anima pauperascit, in Nazareth ditescit, in Jerusalem deliciis affluit. Pauperascit perfecta mundi abrenuntiatione, ditescit virtutum perfectione, deliciis aflluit spiritalium saporum dulcedine. Ascendendum quippe est a convalle plorationis, inter aspera tentationis, so per plana exercitii spiritalis ad alta luminosae contempla­ tionis. In Bethlehem novae conversationis dedicatur in­ fantia, quae rationis impotens, neminem laedit, neminem fallit ; libera cupiditatis, suae voluntatis inscia, neminem judicat, nulli detrahit, nihil cupit ; nec de praesentibus 25 anxia, nec dc futuris sollicita, alieno tantum sustentatur judicio. Hanc nobis infantiam vas electionis commendans : Si quis, inquit, voluerit inter vos sapiens fieri, stultus fiat ut sit sapiens. Et Dominus in evangelio : jVisi conversi fueritis et efficiamini sicut parvuli, non intrabitis in regnum 30 caelorum. 20. Hac itaque anima quaelibet initiata infantia, post herodianas persecutiones, si coeperint in ea. quasi in agro fertilissimo, virtutum flores uberius pullulare, non imme­ rito Nazareth, quae flos interpretatur, quasi septennis 5 inhabitans, duodecimum annum feliciter exspectabit. ΠΙ, 19 16 Cf. Cant. 8, 5. || 26 Cf. Act. 9, 15. | 27-28 I Cor. 3, 18 (Vg : Si quis videtur inter vos sapiens esse). || 28-30 Matth. 18, 3. 8 nazarenis F m || jcrosolimitanos U V J ut J ubi Fm || 10 parvulus m K 11 Nazareth J sicut praetn. m || 12 virtutum ) est add. F m || 13 duodennis ] dominus pracm. F m || 16 aflluit deliciis F m || pauperascit] quippe praeni, m || 17 ditescit ] ct praeiit. G Pa l* P * |( profectione U V || DE JESU PUERO III, 19-20 93 Heurs de Nazareth aux fruits de Jérusalem. Aussi es-tu en mesure d’étudier les choses mystiques moins dans les livres que dans ta propre expérience. En effet, de même que Bethléem, où le Christ naît petit et pauvre, c’est le début de la vie spirituelle et que Naza­ reth, où il est élevé, c’est l’exercice des vertus, ainsi Jéru­ salem, où le Seigneur monte à l’âge de douze ans, est la contemplation des mystères du ciel. A Bethléem, l’âme se dépouille ; à Nazareth, elle s’enrichit ; à Jérusalem, elle surabonde de délices. Elle se dépouille dans un com­ plet renoncement au monde, elle s’enrichit par le perfec­ tionnement des vertus, elle surabonde de délices dans la douceur des saveurs spirituelles. Il faut donc monter de cette vallée de larmes, parmi les aspérités de la tentation ct par le chemin uni de l’ascèse spirituelle, au sommet de la lumineuse contemplation. A Bethléem s’inaugure l’enfance d’une vie nouvelle : n’ayant point l’usage de la raison, on ne lèse personne, on ne trompe personne ; libre de convoitise, n’ayant pas de vouloir propre, on ne juge personne, on ne médit de personne, on ne souhaite rien. Nulle anxiété pour le pré­ sent, nul souci pour l’avenir ; on ne s’appuie que sur le jugement d’autrui. C’est ce genre d’enfance que le « Vase d’élection » recommande en ces termes : Si l'un de vous veut être sage, qu'il se rende fou pour devenir sage. Et le Seigneur dans F Évangile : Si vous ne vous convertissez et ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des deux. 20. Si donc l’âme qui a été initiée à cette enfance et a traversé les persécutions d’Hérode, commence à porter en abondance, tel un champ fertile, les fleurs des vertus, on dira justement qu’elle habite Nazareth, qui signifie « fleur » ; âgée de sept, ans, elle y attendra heureusement sa douzième année. deliciis ] ct pratm. m | 18 spiritalium om. L | dulcedinum sapore U V || 20 plena m || 22 neminem laedit om. K || 27 si quis ait inter vos sapiens voluerit fieri m 20 I quaelibet anima m || initiatus G K L, initia P* 94 AELREDl Primo quidem necessc est ut ager cordis nostri, pecca­ torum nostrorum recordatione, et infirmitatis nostrae consideratione, quasi stercoretur, deinde tentationum vomere multipliciter fatigetur, et sic virtutum semina io flores parturiant spiritalium exccrcitiorum. Ergo illum, a quo spiritus timoris antiqua vitia et inolitas cupiditates resecaverit, unius anni puerum aestimato. Si deinde mitem eum et oboedientem spiritus pietatis effecerit, bimum cum spiritaliter judicato. Jam si spiritus scientiae suae 15 infirmitatis cognitionem, et auxilii divini desiderium infu­ derit, annum tertium non dubites accessisse. Quem si contra omnes tentationes et carnales delectationes, quae militant adversus animam, spiritus fortitudinis immobi­ lem reddiderit ac robustum, annorum quattuor puerum 20 admirare. Accedat spiritus consilii et virtute discretionis eum quiquennem efficiet. Cui si spiritus intellectus medi­ tationem sacrae legis indulscrit, ad sexti aetatem anni felici progressu pervenit. Septimum annum spiritus sapien­ tiae adA-ehit, quae de legis divinae meditatione proccdit, 25 quattuor virtutes quasi quattuor annorum lucem animae invehens proficienti, quibus nihil est utilius in vita homi­ nibus, sicut de ipsa sapientia scriptum est : Sobrietatem docet et prudentiam et justitiam et virtutem, quibus nihil est utilius. Hae sunt enim praecedentium virtutum mode * 30 ratrices, sine quibus ceterae nec honeste haberi, nec per20 17-18 Cf. I Pelr. 2. 11. || 27-29 Sap. 8. 7. 6 quidem ] Itaque LT V || 9 et ] ut m l| sic ) in add. P» || io pnriant K/rt If 11 quo ] jam praem. m || timoris J timens P* || vitia antiqua Fm || antiqua ] aliqua U V |( solitas U V || 12 existimato m || 13 eum om. K || biennem m || 14 cum om. F m || spiritaliter om. U V || 15 auxilii deside­ rium divini G, auxilium divini desid. K || 16 annum tertium D, tert. ann. ce/., ter enim aim. P>' || accesse P» || 20-21 virtute discret, eum 1), virt. eum discret, cet. | 21 quinquennem J cum add. P* ,| Intelligcntlae F m || 22 aetatem anni D. anni aetatem cet. || 26 vita | terra P* || in vita utilius hominibus G || 29 utilius est P·, est om. ni | entai om. Fm 30 haberi ] possunt proem. P·» DE JESU PUERO III, 20 95 Le champ de notre cœur doit, en effet, recevoir d’abord l’engrais du souvenir de nos péchés et de la considération de notre propre faiblesse ; puis, être fréquemment remué par le soc des tentations ; et ainsi, les graines des vertus germent en fleurs d’exercices spirituels. Celui donc, dont l’esprit de crainte 1 a retranché les vices anciens et les con­ voitises invétérées, regarde-le comme un enfant d’un an. Puis, si l’esprit de piété l’a rendu doux et obéissant, tu lui donneras spirituellement deux ans. Si l’esprit de science a répandu en lui la connaissance de sa faiblesse et le désir du secours divin, tu ne douteras pas qu’il ait atteint la troisième année. Si, contre toutes les tentations et les dé­ lectations de la chair qui combattent l’âme, l’esprit de force l’a rendu insensible et résistant, admire en lui un garçon de quatre ans. Que l’esprit de conseil s’en empare, et il en fera, par la vertu de prudence, un enfant de cinq ans. Si l’esprit d’intelligence daigne lui accorder de médi­ ter la Loi sainte, il parvient, par un heureux progrès, à l’âge de la sixième année. La septième, c’est l’esprit de sagesse qui l’amène. Cette sagesse procède de la médita­ tion de la Loi. L’esprit de sagesse apporte à l’âme en pro­ grès les quatre vertus, comme la lumière de quatre années : rien de plus utile dans la vie humaine, comme il est écrit de la sagesse elle-même : Elle enseigne la sobriété, la pru­ dence, la justice et la vertu; rien de plus utile. Ces quatre vertus règlent les précédentes ; sans elles, les autres ne peuvent ni se posséder comme il faut, ni se conserver 1. A la suite de saint Augustin, les Pères latins ont souvent vu dans le texte d’Isaïe» 11» 2-3» · la synthèse de l’influence de l'Esprit Saint sur l'ûme fidèle pour la conduire à la sainteté, ... l'indication des sept étapes nue le chrétien parcourt dans son ascension vers le ciel · (J. Touzard, Isafc, XJ. 2-3 et les sept dons du Saint-Esprit, dans R. B., 8 (1899), p. 264). Pour atteindre le chiffre des onze années qui précèdent l'accès A la contemplation, Aelred ajoute aux sept dons les quatre vertus cardinales. On pressent d’ailleurs, à l'arrière-plan de ces développements oü la progression virtutum semina· spiritualia exercitla-verac virtutes (cf. supra, 12» 28 ss) et la définition des ver­ tus cardinales (20. 29 ss) ont un caractère quasi technique» une opinion d'école sur la relation des dons avec les vertus (cf. p. ex. Hvgubs db SaintVictor, Summa Sententiarum, Tr. Il I, c. 17; P. L., 176,114 D, · Dona sunt... quasi quaedam semina virtutum »). Aelred évite cependant le terme de « dons · et s’en tient à la terminologie biblique des spiritus d’Isaie. 96 AELREDI severanter possunt servari .Agit enim sobrietas, quae alio nomine dicitur temperantia, ne sit ipsarum virtutum immoderata progressio. Prudentia, ne sit carum indiscreta confusio. Justitia, ne sit virtutum usus inordinatus. Vir35 tus, quae et fortitudo dicitur, ut perseveranter ejus tenea­ tur affectus. Sequitur annus duodecimus, lux videlicet contemplationis, quae ad ipsam Jerusalem caelestem ani­ mam sublevat aestuantem, quae caelum reserat, quae portas aperit paradisi, quae ipsum sponsum speciosum 40 forma prae filiis hominum, quasi per cancellos prospi­ cientem, purae mentis oculis exhibet contemplandum, ut vocem illam suavissimam mereatur audire : Tota pulchra es, amica mea, et macula non est in te. Emaculata enim sor­ dibus passionum evolans a retibus occupationum, abo45 lita memoria praeteritorum, evanescentibus imaginibus exteriorum, decoram sui cordis faciem ad cernendum quem diligit, summa aviditate sustollit. Et ideo audire meretur : Tota pulchra es, et cetera. Hiems, inquit, transiit, imber abiit et recessit. Flores 50 apparuerunt. Hi sunt flores odoriferae nimirum, licet adhuc in quadam novitate, virtutes, quae post hiemem persecutionum et imbres tentationum in agro pectoris bene proficientis feliciter oriuntur ; quorum Christus decore simul et odore delectatus, ab inferioribus eam ad supe55 riora invitans : Hiems, inquit, transiit, imber abiit et reces­ sit. Flores apparuerunt. Et quoniam per gemitum compunc­ tionis aperitur via contemplationis, adjecit in consequen­ tibus : Vox turturis audita est in terra nostra. 39-40 Cf. Ps. 44, 3 || -10-11 Cf. Quit. 2. 9. I| 42-43 Cant. 4. 7. II 49-50 Cant. 2, 11. 32 tem[>erant ia dicitur m || 34 sit om. P- || immoderatus P» F, inordi­ nata V J 35 ejus I carum m || 36 effectus U || 37 caelestem Jerusalem m || 39 paradisi aperit m || speciosum om. K || 43 Emaculata usg. I. 48 pulchra es om. K per homoiotel. serf add. in marg. super, alt. man., immaculata U V 2· m I; 43-14 sordibus ) sororibus F* || 44 passionum ] peccatorum vel praem. F m || 4G decorem P· P* || cordis sui G F m, sui cordis sui P* || DE JESU PUEKO 111, 20 97 durablement. En effet, la sobriété, que l’on appelle aussi tempérance, interdit tout excès dans le progrès même des vertus ; la prudence empêche d’employer, sans discerne­ ment, l’une pour l’autre ; la justice s’oppose à leur usage désordonné ; la vertu, dite aussi force, fait qu’on s’y affec­ tionne avec persévérance. S’ensuit la douzième année, c’està-dire la lumière de la contempla­ tion, qui soulève l’aine débordante jusqu’à la céleste Jérusalem, qui force le ciel, qui ouvre les portes du paradis ; l’Époux en personne, beau entre les fils des hommes, aux aguets derrière le treillis, elle l’offre à contempler aux regards d’une âme purifiée, pour méri­ ter d’entendre cette parole si suave : 7’u es toute belle, mon amie, et il n'y a point de tache en toi. Cette âme n’est pas souillée par les ordures des péchés ou des passions ; elle s’est échappée du filet des affaires ; elle a perdu le souvenir du passé ; les images des objets extérieurs s’effacent, et elle lève avidement le beau visage de son cœur pour apercevoir celui qu’elle aime. Voilà pourquoi elle mérite d’entendre : Tu es toute belle... Et encore : L'hiver est passé, la tempête s'en est allée et nous a quittés, les fleurs se sont montrées. Ces Heurs parfumées, ce sont les vertus, nouvelles encore il est vrai, qui, après l’hiver des persécutions et les tempêtes des tentations, poussent heureusement dans le champ du cœur en bon progrès. Leur parfum et leur éclat réjouissent le Christ. Il invite cette âme à monter : L'hiver, dit-il, est passé, la tempête s'en est allée et nous a quittés, les fleurs se sont mon­ trées. Et parce que le gémissement de la componction ouvre la voie à la contemplation, il ajoute aussitôt : Le chant de la tourterelle s'est fait entendre en notre terre. La montée à Jérusalem : l’accès à la contemplation. 48 et cetera D, et macula non est in te add. cet. ; cl add. F et m: Favus distillant Inbia tua || 50 apparuerunt ] in terra (add. L) nostra add. m | odoriferi P· F ni || 51 virtutes ] virentes P· || 52 et imbres tcntationuin om. [I 53 quarum L m !| 56 apparuerunt J in terra (add. L) nostra add. m H et ] qui Γ* || pro gemitu m || 57 via ] vita m || sequentibus L ni Quand Jêtus cul douze ans. 98 AELREDI 21. Recole, fili, quid soleas in angulis susurrare, cum instar turturis, quae avis castissima est et solivaga et gemebunda, latebras quaeris, et licet inter multos consti­ tutus, solitudinem tibi aedificas cotidianam. Quomodo 5 gemis, quomodo aestuas, quomodo quaeris quem diligit anima lua, et amoris vim patiens jam optas videre quem amas. Quomodo nunc blandiris, nunc ad majoris desiderii incentivum suaviter indignaris. Nunc moras accusas, nunc te causaris contemptum, nunc te ejus visitatione io confiteris indignum, ct iterum de ejus toties experta boni­ tate praesumis. Nunc quasi ulterius non sustinens spiri­ tali quodam litigio, vel luctamine evincere retardantem conaris. Quae tunc lacrimae, qui gemitus, quae suspiria, quae voces ? Nunc oculi fletu graves, cum imis singulti15 bus eriguntur ad caelum ; nunc manus expandiuntur et brachia ; nunc pectoris tunsione animae tarditas accusa­ tur. Proferuntur interim verba sine principio, sine fine, quorum nec sententiae cohaerent sibi, nec rationes similes sunt, nec alicujus linguae sensus vel idioma servatur, 20 quando vox aliquando respondet affectui, et iterum vocem affectus intercipit. Gaudet certe pius ille Jesus tali cer­ tamine superari, et talis animae tanta constantia delecta­ tus, ad circumstantes angelos gloriatur : Vox turturis audita est in terra nostra. In terra enim viventium talis 25 vox animae aestuantis auditur, et tanti desiderii odor suavissimus universam demulcet civitatem Dei. Sic tibi in 21 1 Cf. Hieronymus, Epia. 112. 22 —Hilberg, CSEL 55, p. 393, 10. | 2-3 Cf. Isidorus, Etymologiae — Lindsay. XII, vu, 60. || 2-4 Cf. Aklredus. Serra, de On.. XXIX — PI. 195, 182 B-C. || 23-24 Cant. 2, 12. 21 1 angelis G | 2 instor ) scilicet ad add. I7 m || prius ctom. m || 3 quae­ ras ΙΛ I 6 vim patiens ] impatiens codd. || 7 blandieris P" II majoris ] amoris P* II 8 suaviter D sup. Un. pr. m. || 9 causeris m || ejus om. F m || 11-12 speciali I* y 12 retardantem ) tarditatem LT V || 13 qui ] tunc add. P» || 14 cum j nunc U V || imis ] intimis m | 17 sine principio om. K || 18 quo- DE JESU PUERO HI, 2i 99 21. Rappellc-toi, mon fils, ce que tu as l’habitude de murmurer dans les coi ns, lorsque, à l’exemple de la tour­ terelle, cet oiseau très chaste, solitaire et gémissant *, tu te cherches des cachettes, tu te construis, malgré la foule qui t’entoure, une quotidienne solitude ; quels gémisse­ ments, quels transports, quelle recherche de celui que chérit ton âme, quel désir, sous la violence de l’amour, de voir enfin celui que tu aimes ; quelle caresse ou quelle suave indignation, pour allumer une plus grande aspira­ tion ! Tantôt, tu lui reproches ses délais ; tantôt, tu te plains de son mépris ; tantôt tu te proclames indigne de sa visite ; puis tu présumes de nouveau de sa bonté, si sou­ vent éprouvée ; tantôt, comme si tu ne pouvais le suppor­ ter davantage, tu tentes de vaincre son retard en un com­ bat, une lutte spirituelle. Que de larmes, alors ! Que de gémissements ! Que de soupirs ! Que de cris ! Tantôt, les yeux alourdis par les pleurs se lèvent vers le ciel avec des sanglots étouffés ; tantôt, les mains se tendent, ct les bras ; tantôt, on accuse la pesanteur de son âme en se frappant la poitrine. En même temps, ce sont des discours sans queue ni tête, des paroles incohérentes, des raisonnements contradictoires ; aucune attention au sens ni aux particu­ larités du langage : les mots correspondent quelquefois au sentiment, puis le sentiment les étouffe. 11 se réjouit, certes, ce bon Jésus, d’être vaincu en un pareil combat, il se délecte d’une telle insistance de la part d’une telle âme, il s’en glorifie auprès des anges qui l’entourent : Le chant de la tourterelle * sest fait entendre en notre terre. C’est en effet dans la terre des vivants que s’entend ce cri d’une âme ardente, ct que le parfum suave d’une aspiration si vive charme toute la cité de Dieu. rurn Jet prac/n. C K || 19 linguae ] nunc proem. K || 21 ille pius Jesus P* || 22 toll instantia F m || 25 tanti J tali P* '| 2G dcmu'cet ] demisset K corr. in marg. alt. man. 1. Sur ces caractéristiques traditionnelles delà tourterelle, cf. J. Morson, The English Cistercians and the Bestiary, dan» Bull, of the J. Jtylands Library, 39 (1956). p. 162-163. 100 AELREDI angulo domatis quasi Eliae in spelunca : primo transii spi­ ritus grandis et fortis, subvertens montes et conterens petras, sed non in spiritu Dominus. Et post spiritum commotio, sed 30 non in commotione Dominus. Et post commotionem ignis, sed zton in igne Dominus. Et post ignem sibilus aurae tenuis. Hi sunt quidam gradus, per quos in oratione mens compuncta conscendit, quasi virgula fumi ex aromatibus myrrhae et turis et universi pulveris pigmentarii. 5 10 15 20 22. Sed haec tibi ipsi non tam investiganda, quam in ipsa tua oratione animadvertenda committo, ut diligen­ ter attendas cum qua primum difficultate nonnumquam ingrederis cubiculum pectoris tui, ut invenias ibi spelun­ cam, in qua quodammodo ab omnibus quae mundi sunt sepeliaris, et ores patrem tuum in abscondito. Videtur aliquando cor in modum silicis duruisse. Videtur quasi mons aliquis interjacens interiorem aspectum ab omni­ bus spiritalibus exclusisse, donec spiritus grandis et fortis pertransiens, subvertat montes et conterat petras ante Dominum. Quem nimirum spiritum sequitur commotio, quando mens quadam compunctione resolvitur, et pro­ fluentibus lacrimis, quidquid in se sordidum sentit, adver­ sum se commota interiori contritione detergit. Unde orta spe, igne ineffabilis desiderii exardescit, et spiritale quoddam certamen init cum Deo, donec -sibilus aurae tenuis illapsus praecordiis leni tactu perstringit affectum ; cunctisque motibus, cunctis distensionibus, cunctis verbis, cunctis cogitationibus imponens silentium, usque ad ipsas portas Jerusalem caelestis, animam sublevet contemplan27 Cf. III Reg. 19. 9. || 27-32 III Reg. 19. 11-12. || 22 β Cf. Matth. C. G. 27 domatis ] dogmatis P*. om. P* F || 29 non om. K || 31 non om. K || 32 tenuis ] et ibi dominus add. F m || quidem F m || mens in oratione D || 33 ascendit U V F || 34 universi ] generis add. F m 22 2-3 ut diligenter attendas J Diligenter ergo attendas F m || 4 ibi | tibi F m U 5 quae sunt mundi U V || 5-6 sepeliaris in omnibus q. inund. s. DE JESU PUERO III, 21-22 101 Ainsi se produit pour toi, dans ta retraite, ce qui arriva à Élie dans la caverne : d’abord passe un vent violent et fort, renversant les montagnes et brisant les rochers : mais le Seigneur n'est point dans ce vent. Après le vent, vient un ébranlement : mais le Seigneur n'est point dans l'ébranlement. Après l'ébranlement, le feu : mais le Seigneur n'est point dans le feu. Et après le feu, un souffle de brise légère. Voilà comme des degrés par lesquels, dans l’oraison, l’âme péné­ trée s’élève comme les volutes de la fumée des aromates et de la myrrhe, de l’encens et de toutes sortes de poudres odoriférantes. 22. Mais je laisse tout cela, moins à tes investigations, qu’à tes expériences dans la prière. Remarque donc atten­ tivement comme il t'est parfois difficile, au premier abord, d’entrer dans la chambrette de ton cœur pour y trouver une caverne où t’ensevelir, en quelque sorte, loin de tout ce qui est du monde, et prier ton Père dans le secret. Il semble parfois que le cœur s’est durci comme un caillou. On croirait qu’une montagne s’est interposée et a bouché la vue intérieure sur toutes les choses spirituelles, jusqu’à ce qu’un vent violent et fort ait passé, renversant les mon­ tagnes et brisant les rocs devant le Seigneur. Vent violent suivi d’un ébranlement, lorsque l’âme fond en componc­ tion et que, sous le flot des larmes, elle lave tout ce qu’elle sent en elle de souillure, soulevée contre elle-même par un brisement intime. Puis l’espoir point, et elle brûle du feu d’un ineffable désir ; elle engage avec Dieu une façon de combat spirituel, jusqu’à ce que le souffle d’une brise légère, se glissant au fond de son cœur, saisisse d’une douce caresse ses affections, impose silence à tous ses mouvements, à tous ses soucis, à tous ses discours, à toutes ses pensées, et l’élève dans la contemplation, jus­ qu’aux portes mêmes de la Jérusalem céleste. Alors, F m K 9 et fortis ont, F m || 10 subvertit U V || et conterat petras D in mara.. conterit h\ covertit V [| 12 revolvitur m || 15 ineffabili F* || 16 donccom, P»> '| 18 que |j 19 cunctisque cogit, add. m posit. 17 affectum (I 20 portas om. || animum m || sublevat U V m || 20-21 con­ templandam P* 102 AELKED1 torn. Tunc ille diu quaesitus, toties rogatus, tam ardenter desideratus, speciosus forma prae filiis hominum, quasi per cancellos prospiciens, invitat ad oscula : Surge, inquiens, propera, amica mea, et veni. Tunc ingredicns Jeru25 salem, transit in locum, tabernaculi admirabilis usque ad domum dei, in voce exsultationis et con/essionis. Tunc am­ plexus, tunc oscula, tunc : Inveni quem diligit anima mea, tenui illum nec dimittam, tunc in Jerusalem affluit deliciis et fruitur bonis, et diem festum cum exsultatione ct 30 gaudio colit. 23. Obsecro itaque, fili carissime, memento mei cum bene tibi fuerit ; ut suggeras dilecto tuo, regi tuo, qui est in sancto, ut educat me de isto carcerc, dc his tenebris, dc his vinculis, ut tandem aliquando respirem in purioris 5 gaudii libertatem. Sentiamque et ego, quam magna mul­ titudo dulcedinis illius quam abscondit timentibus se. Sed heu, heu, rara hora et parva mora. Felix qui triduo in his poterit commorari deliciis. In his tribus diebus tri­ plicem contemplationis lucem non inconvenienter intcllego, quoniam quidquid de Deo poterit mens illuminata sentire, aut ad potentiam ejus aut ad sapientiam aut ad bonitatem credimus pertinere. Cernitur itaque Dominus Jesus, aliquando fortis et potens, cernitur potens in proelio, ut scias te, si dilexeris 15 illum, contra mundum, contra diabolum, contra omnem principatum et potestatem ejus dextera protegendum. Cui resistere nemo potest ; sub qua curvantur qui por22 Ps. 44, 3. H 22-24 Cnnt. 2.9-10. || 25-26 Ps 41. 5. !| 27-28 Cant. 3. 4. || 28 Cf. Cant. 8. 5 || 23 1-2 Cf. Gen. 40. 14. || 5-6 Cf. Px. 30. || 6 Cf. Ber­ nardus, In Cani. XXIII, 15 — Leclercq, p. 148, v. 20. || 13-14 Cf Ps 23. S. H 16 Cf. ! Cor. 15. 24. || 17 Cf. Job 9, 13. 23 invitat ) se add. U V || 24 mwi om. m || Indiens K corr. in marg. all. man. |l 25 in ) ad U V || admirabilis om. G K l* P* || 27 poni ali. tone J canit add. m || 29-30 ct gaudio om. I* F m DE JESU PUERO III, 22-23 103 celui qu’elle a cherché si longtemps, si souvent supplié, si ardemment désiré, celui dont la beauté l’emporte sur celle des fils des hommes, semble la regarder par le treillis et l’invite aux baisers : Lève-toi, dit-il, hâte-tai, mon amie, et viens ! Alors, pénétrant dans Jérusalem, elle passe au lieu du tabernacle admirable, jusqu'à la maison de Dieu, avec des cris de triomphe et de reconnaissance. Alors, ce sont des étreintes, des baisers ; alors l’àme chante : J'ai trouvé celui que chérit mon âme, je le tiens et ne le lâcherai pas. Alors, en Jérusalem, elle surabonde dc délices, elle jouit du bonheur et célèbre un jour de fête avec des tressaille­ ments de joie. 23. Je t’en supplie donc, très læs trois jours cher fils, souviens-toi de moi lors­ à Jérusalem : qu’il te sera arrivé du bien, suggère la triple lumière à ton bien-aimé, à ton Roi, qui de la contemplation. réside dans le sanctuaire, de me ti­ rer de cette geôle, de ces ténèbres, deces entraves, que je respire enfin dans la liberté d’une joie plus pure. Puissé-je éprouver, moi aussi, toute l’étendue de cette douceur cachée à ceux qui le craignent. Mais hélas, hélas ! c’est un moment bien rare, une halte bien courte ! Heureux qui peut s’attarder, ne fût-ce que trois jours dans ces délices ! Par ces trois jours, j’entends, non sans raison, la triple lumière de la contemplation : car tout ce qu’une âme illu­ minée peut percevoir de Dieu se rapporte, croyons-nous, ou à sa puissance, ou à sa sagesse, ou à sa bonté. C’est pourquoi le Seigneur Jésus se montre quelquefois dans sa force et sa puissance, il se montre puissant au combat, afin que tu saches que, si tu l’aimes, il te proté­ gera de sa droite contre le monde, contre le diable, contre toute principauté ct puissance. Car à lui personne ne peut résister ; sous lui ploient les soutiens de l’univers ; retient23 4 purioris ] prioris F m || sententiamque K corr. in marg. all. man., que om. F m |l 7 morn ] hora V || 11 post alt. aut J nd add. /) H l[ 12 aut add. D PFm | 13 itaque ] aliquando P * |j 14 cernitur potens om. m K 15 cum F m || contra muudum om. U V || 17 quo L P * I* Ù V Σ * Fm 104 AKi.REDl tant orbem ; qui, si tenuerit aquas, omnia siccabuntur ; si emiserit eas, subvertent terram. 24. Si igitur spiritus potestatem habens ascenderit super te, si stimulos acediae exagitaverit, si aculeos diver­ sarum passionum accenderit, si adversus te commoverit mundum, si inflammaverit persecutiones, si times, si tre5 pidas, si per singula momenta vinci formidas et ita ad Jesum tuum anxius curris, ploras, exponis pericula, opem flagitas, aderit tibi quem diligis, in specie regis potentissimi, quoniam secundum orationem sancti David : Appreprehendet arma et scutum, et exsurget in adjutorium tibi, io audiesque : Ne timeas a /acie eorum, quia ego tecum sum. At si secretorum cognitionem vel quaestionis alicujus solutionem tibi desideres revelari, si mundanae confusio­ nis causas et rationes anxius admiraris, si moventur pedes quia pacem peccatorum vides, qui in labore horni15 num non sunt et cum hominibus non flagellantur, quaeris diversorium ubi cum Jesu, solus cum solo, fabuleris, clamasque cum Habacuc : Justus es tu, Domine, si disputem tecum. Verumtamen justa loquor ad te. Quare via impio­ rum prosperatur, et cetera. Sic itaque quaerenti aderit 20 magister ille, qui solus docet hominem scientiam, qui reve­ lat oculos nostros ut consideremus mirabilia de lege ejus, qui habet elavem sapientiae et aperit et nemo claudit, claudit et nemo aperit. Aderit autem in specie doctoris suavissimi, in cujus dextera ignea lex, ut te et legis cogni18-19 Cf. Job 12, 15. I 24 8-9 Ps. 34, 2. |; 10 Jcr. 1, 8. || 14 Ct. 1’3. 72, 3. U 15 Cf. Ps. 72, 5. | 17-19 Jcr. 12, 1 (Vg : Justus quidem tu es). || 20 Cf. Ps. 93, 10. d 21 Cf. Ps. 118, 18. || 22 Cf. Apoc. 3, 7. 24 1 Igitur om. P« || habentis UV || 3 adversum U I' V m || 6 tuum om. D J 7 aderit L * f U V F, nd...t 1) lac. sed alt. man. scripsit in mart). inter. : erit, adhacrit K, ndhaeret G * I P» m (vide l. 19) || in specie K U F nt. In spe D L, in spem G */> P» p» y l. 23) || potent, regis r |' 8 quoniam ] DK JESU PUERO 111, 23-24 105 il les eaux, tout se dessèche ; les lâche-t-il, elles submergent la terre. Si donc un esprit., ayant puissance, s’élève contre toi, s’il brandit les aiguillons de l’acédie, s’il embrase les pointes des diverses passions, s’il soulève le monde contre toi, s’il enflamme les persécutions, si tu as peur, si tu trembles, si, à tout instant, tu redoutes la défaite, et qu’alors tu accours, anxieux, auprès de ton Jésus, si tu pleures, si tu dis tes dangers, si tu cries au secours, celui que tu aimes sera à tes côtés sous l’apparence d’un roi très puissant, et, selon la prière du saint David, il prendra ses armes et son bouclier et se dressera pour t'aider ; tu l’entendras te dire : Ne crains pas devant eux, car je suis avec toi. Mais si tu désires que te soit révélée la connaissance des mystères, ou la solution de quelque problème ; si tu t’étonnes anxieusement des causes et des raisons du dé­ sordre de ce monde ; si ton pas chancelle à la vue de la tranquillité des pécheurs, qui échappent aux peines et aux fléaux dont, les autres sont accablés, que fais-tu, sinon chercher un abri où parler seul à seul avec Jésus, et crier avec Habacuc : Tu es trop juste, Seigneur, pour que j'ose discuter avec loi; et cependant, ce que je te dis est juste : pourquoi la voie des impies prospère-t·elle? et ce qui suit. Tandis que tu chercheras de la sorte, le Maître sera là, ce maître qui seul enseigne à l’homme la science, qui ôte Je voile de nos yeux pour nous laisser considérer les mer­ veilles de sa loi, qui tient la clef de sapience : il ouvre, et personne ne ferme ; il ferme, et personne n’ouvre. Il sera à ton côté sous la figure d’un docteur très aimable : dans sa droite, sa Loi de feu, pour t’éclairer par la connaissance adjutus stabilis cris, non commovebis pr«em. Π '| quoniam J ct cei. || ora­ tionem) ordinem I. || 12 desideras F m || 13 anxius f) el G sup. lin. pr. rn., om. K U V II 11 pedes ] lui add. I! m || laboribus U V '| 15 flagellabuntur U V F I] 17 que om. in !| 17 Habacuc D G P3 P * P * (lapsus memoriae). Jere­ mie K L V V F m U justus ] quidem add. m || 19 et cetera om. F m || 20 illc magister F m || 22 sapientiae ) et scientiae add. h || prius et ) qui D || 23 in specie doctoris Z. U m, in specte decoris D G In spem doctorls K P * F, In spem decoris V I* 106 AELREDI 25 tione illuminet, et caritate, quae ex legis meditatione pro­ cedit, inflammet. Porro in sinistra ejus virga aequitatis, virga regni sui, ut et quaerentis praesumptionem arguat et curiositatem compescat. Postremo, si haec omnia, etsi magna, etsi splendida, etsi sublimia, unius tantum osculi 30 desiderio ac suavissimorum labiorum illius uno tantum tactu fastidias, incipiasque querulis vocibus cum pro­ pheta clamare : Quaesivi vultum tuum, vultum tuum, Do­ mine, requiro. Et illud : Quis mihi det te fratrem meum su­ gentem ubera matris meae, ut inveniam te foris et deosculer? 35 Veniet certe tibi in odore unguentorum et aromatum ; sicquc caeleste quoddam ac divinum tuae menti impri­ mens osculum, omnia viscera tua caelesti et ineffabili ju­ cunditate perfundet, ut te clamare delectet : Diffusa est gratia in labiis tuis. Cum legem et prophetas legeris, ani4o madverte diligenter, et invenies has ipsas apparitiones sive contemplationes multoties in figuris quibusdam et aenigmatibus designatas. 25. Sunt enim multa genera contemplationum ac spi­ ritalium visionum, quae tamen omnia, ut credo, vel ad Dei potentiam vel sapientiam vel benignitatem pertinere noscuntur. Nam si cogitetur Deus rerum omnium causa, 5 ut quolibet modo sint, quarumdam autem ut etiam ratio­ nales ct per hoc sapientiae capaces sint, multarum quoque ut etiam bonae sint, primum illud potentiae, alterum sapientiae, ultimum ascribitur bonitati. Potentiae quippe est, quod sine illo nulla natura subsistit. Sapientiae, quod to sine ipso nulla doctrina instruit. Bonitatis, quod sine illo 20-27 CC. Uebr. I, 8. || 32 P$. 26, 8. || 33-34 Cant. 8. 1. || 38-30 Ps. 44, 3. I, 40-13 CL ArlreduS, Ser/ri. de On. XXIX — PL 195. 478 A. 29 tantum ] tamen m [| 30 desidero V || ejus F· |f 31-32 clamare cum propheta F m || 33 requiram F m cum Vulg· || 34 deoseukr ] tc add. F m || DE J ESU PUERO III, 24-25 107 de la Loi et t’embraser par la charité qui procède de la con­ naissance de la Loi ; dans sa gauche, la verge d’équité, la verge de son royaume, pour reprendre la présomption de tes recherches et réprimer ta curiosité. Enfin, si tout cela, toute cette grandeur, toute cette splendeur, toute cette sublimité te paraissent fades, tant tu aspires à un seul de ses baisers, à un seul attouchement de ses douces lèvres ; si tu te mets à gémir et à t’écrier avec le Prophète : J'ai cherché ta face; ta face, Seigneur, je la chercherai; ou : Qui me donnera de t'avoir pour frère, suçant le sein de ma mère, de te rencontrer au-dehors et de te couvrir de baisers ? Oui, certes, il viendra à toi, dans l’arôme des parfums et des aromates, il imprimera sur ton âme comme un céleste et divin baiser, il remplira tes entrailles d’une ineffable suavité, et tu crieras, ravi : La grâce est répandue sur tes lèvres ! Quand tu lis la Loi et les prophètes, fais attention, et tu remarqueras que ces apparitions et ces visions furent maintes fois symbolisées en ligures et en énigmes. 25. Il est, en effet, bien des espèces de contemplations ît de visions spirituelles ; toutes cependant ont rapport, comme on sait, je crois, soit à la puissance de Dieu, soit à sa sagesse, soit à sa bonté. Car, si l’on considère Dieu comme la cause de tous les êtres, donnant à tous l’exis­ tence, sous des modalités diverses ; à certains, la raison, et par suite la capacité d’être sages ; et à beaucoup d’être bons, l’on attribuera ce don-là à sa puissance, celui-ci à sa sagesse, ce dernier à sa bonté : à sa puissance, parce que, sans lui, nulle créature ne subsiste ; à sa sagesse, parce que, sans lui, nulle doctrine n’instruit ; à sa bonté, parce que, 35 in ociorem m || 36 divine P * | encleste et divinum quoddnm F m || 37 caelesti et D. om. cet || 35 te om. /·* “ F m || 39 legis ni || 39-40 adverte D K 41 sivc } et F m || 41-42 in figuris et aenigmatibus quibusdam F m 25 2 vol om. U V || 3 vel ad Dei sapientiam *F || 5-6 ut quolibet modo J quorumdam ut sint, quorumdam autem ut rationales» «c per hoc cap. s.» nmltonnuque ut bene sint m || 7 bene ] beatae K L || illud ] ille K, illius U V y 9ipsoFm || natura ] créât uni *P Fm || 10 Hlo ] ipso Fm 108 AKI.REDl nullus usus expedit. Apud ipsum secura sunt omnia, cum nihil sit quo ejus perturbari possit potentia. In ipso certa sunt omnia, cujus non potest falli sapientia. Ex ipso recta sunt omnia, cujus naturam nulla potest depravare malitia. 15 Ergo in rerum creatione contemplamur ejus potentiam, in forma sapientiam, bonitatem in usu. Sane si in his quae secundum carnem gessit eum contemplari malueris, hunc ipsum triduanae lucis splendorem facile intueberis. Si jacentem in praesepio, si in brachiis vagientem, si 20 pendentem ad ubera, si inter ulnas Simeonis parvulum oculis illuminatae mentis aspexeris, bonitatis illius opera admirare. Si vultum illum igneum, flagellum quoque de resticulis, vocemque terribilem quibus vendentes in tem­ plo terruit et ementes, quibus evertit cathedras nummu25 lariorum et aes effudit, quibus insuper columbarum ven­ ditores ejecit, considerare delectat, tantae virtutis poten­ tiam expavesce. At si jucundum ducis insidias scriba­ rum et pharisaeorum toties deprehensas, callidas eorum objectiones responsionum illius prudentia confutatas, 30 oculata mente perspicere, sapientiae ejus lucem clarius emicare persenties. Ita quoque potentiae fuit quod fuga­ vit daemones, quod turbas pavit, quod calcavit maria, quod Lazarurn vocavit de monumento, cum non minoris fuerit sapientiae quod ut princeps mundi falleretur, inter 35 divina miracula a diabolo se tentari permisit, quod velut egens esuriit, quod in navi dormivit, quod cruccm mori­ turus ascendit. 25 23-24 Cf. Matth. 21. 12. 11 nullius rei usus m. usus om. U V || 12 possit perturbari G K L P· f* PU V, turbari possit m |l 14 ulla J* || depravari P» F || 17 secundum carnem ) in came F m || cum om. D F '| 20 parvulum ) paululum U || 21 ejus m || 22 mirare P· || illum ] ejus P» F || ignitum U V || flagcllumque U V || 24 et ementes In templo terruit Fm || 25 insuper J etiam D U 26-27 potentiam ] patientiam D || 27 expavesco U, expavesces V || DE JESU PUERO HI, 25 109 sans lui, nul usage ne profite x. Près de lui, tout est assure, car il n’est rien qui puisse troubler sa puissance ; en lui, tout est certain, car sa sagesse est infaillible ; de lui, tout est bien, car nul mal ne peut dépraver sa nature. Donc, dans la création des êtres, nous contemplons sa puissance ; dans leur forme, sa sagesse ; et sa bonté dans leur usage. Sans doute, si tu préfères le contempler en ce qu’il fit dans sa chair, tu fixeras facilement l’éclat même de la lumière de ces trois jours. Si, des yeux d’une âme illumi­ née, tu le regardes, couché dans la crèche, vagissant dans les bras de sa mere, suspendu à son sein, petit enfant porté par Siméon, admire les œuvres de sa bonté. S’il te plait de considérer son visage enflammé, le fouet de cordelettes, sa voix formidable, quand il terrifia les vendeurs ct les acheteurs du temple, renversa les sièges des changeurs et répandit leur monnaie sur le sol, quand il chassa encore les trafiquants de colombes, tremble devant tant d’énergie et de puissance. Mais si tu trouves de l’agrément à voir des yeux de l’âme les embûches des scribes ct des pharisiens si souvent découvertes, leurs objections malignes confon­ dues par la prudence de ses réponses, tu perceras plus clai­ rement l’éclat de la lumière de sa sagesse. Ainsi encore, ce fut dans sa puissance qu’il mil en fuite les démons, qu’il nourrit les foules, qu’il marcha sur les flots, qu’il rappela Lazare du tombeau. Et il n’a pas montré une moindre sagesse quand, pour tromper le Prince de ce inonde, il permit au diable de le tenter ; quand il eut faim, tel un vagabond ; quand il dormit dans la barque ; quand il monta sur la croix pour y mourir. 29 responsorum U V || 30 occulta P* F || 32 tertius quod ] quo P * || 33 non D sup. lin. pr. m. | 33-31 et tamen non minoris sapientiae fuit m | 34 principes mundi hujus fallerentur m || 35 divina J haec praem. G K *P U V *P m 1. Cf. Introd., p. 21. Selon la terminologie d’Aelred, Γ< usage » (usas) désigne l’aptitude de chaque être à concourir ou bien des autres êtres: en tant qu’il est un clément de Γ· ordre » de l’univers, il doit être référé à la sagesse divine (Spec. Carit., I. I. 2 ; P. L., 505 B), niais par sa nature propre, U a plutôt rapport à la bonté divine (Sermones incMi, éd. Talbot, p. 106-112). 110 AELREDI 26. Verum quia in bonitatis ejus meditatione libentius immoraris, ingredere quaeso domum Simonis pharisaei ; intuere attentius quam pio, quam suavi, quam jucundo, quam clementi vultu humi prostratam respicit peccas tricem, quam compatienter sanctissimos illos pedes paenitentis lacrimis praebeat irrigandos, capillis quos sibi hactenus superbia ac lascivia vendicaverant detergendos, labiis tot scelerum foeditate pollutis dulciter osculandos. Osculare, osculare, osculare, o beata peccatrix, osculare io pedes illos dulcissimos, suavissimos, speciosissimos, qui­ bus caput serpentis conteritur, ante quos antiquus hostis egreditur, quibus calcantur vitia, quibus omnis mundi hujus sternitur gloria, quibus superborum et sublimium colla mira virtute premuntur. Osculare, inquam, et feli15 cibus labiis adlambc vestigia, quae nullus post te pecca­ tor exhorreat, nullus quantumlibet criminosus refugiat, nullus expavescat indignus. Osculare, complectere, stringe et angelis et hominibus veneranda vestigia perfunde paenitentiae et confessionis unguento, ut tota domus implea20 tur ex unguenti odore. Vae tibi, o pharisace, cui odor iste est odor mortis in mortem, qui times alienis maculari peccatis, cum te tumor proprius deterius foediusque com­ maculet. Nescis quam suave redoleat misericordiae con­ fessa hujus peccatricis miseria, quam dulce sapiat pietati 25 confessio pura peccati, quam gratum sit illi sacrificium cordis contritio, quantum consumat peccatum ardens dilectio. Denique : Dimissa sunt ei peccata inulta, quo­ niam dilexil multum. 26 11 Cf. Gcn. 3. 15. || 19-20 Cf. Joh. 12. 3. | 21 Cf. II Cor. 2. 16. || 27-28 Luc 7, 47. 26 1 Hilus F m ;| 2 Simonis om. L. Symconis K || 3 intuere ] ct prar.tu. 1» F [| tertius quam ] jnm P' || 4 humi ] humili y || 5 quam compatlenti processu suos illos pedes paeultentinc lacrimis /.· | jnos sanctissimos P« J 6 praebebat U V |i capillis ] et praeut, *P F/n ]| 7 ac ] et F m || vendicavcrat L F, vindicaverat m, vcndicaverit *P || 3 labilsquo m || osculando DE JESU PUERO III, 26 Hl 26. Mais, comme lu t’attardes plus volontiers dans la méditation de sa bonté, entre, je te prie, dans la maison de Simon le Pharisien, ct observe attentivement : quelle bonté, quelle douceur, quelle amabilité, quelle indulgence sur son visage, tandis qu’il regarde la pécheresse proster­ née à terre ; avec quelle compassion il abandonne à la péni­ tente ses pieds sacrés pour qu’elle les arrose de scs larmes, les essuie de ses cheveux dont l’orgueil ct la luxure s’étaient jusque-là réservé l’usage, ct les baise doucement de ses lèvres polluées par la souillure de tant de fautes. Baise-lcs, baise-les, heureuse pécheresse, baise-les, ces pieds si doux, si suaves, si beaux, qui écrasent la tête du serpent, mettent en fuite l’antique adversaire, foulent les vices, renversent toute gloire de ce monde, ct pressent, avec une force étonnante, la nuque des orgueilleux et des puissants. Baise-les, dis-je, et presse sur ces pieds tes lèvres fortunées : nul pécheur après toi n’aura peur, nul criminel, si abject soit-il, ne reculera, nul scélérat ne trem­ blera de frayeur. Baise-les, embrasse-les, étreins-les ! Ces membres adorés des anges et des hommes, oins-les de l’onguent de la pénitence et de l’aveu, que toute la de­ meure soit remplie du parfum de l’onguent. Malheur, malheur à toi, pharisien, pour qui ce parfum est un parfum de mort, donnant la mort ; qui redoutes de te souiller des péchés d’autrui, alors que la tumeur de ton orgueil te souille d’une plus fétide puanteur ! Tu ignores comme elle fleure bon à la miséricorde, la confession que la pauvre pécheresse lui fait de sa misère ; comme il plait à la bonté, l’aveu de la faute : comme il lui est agréable, ce sacrifice, ce broiement du cœur ; combien vite le péché est consumé dans cette ardente dilcction : Beaucoup de péchés lui ont été pardonnes, parce qu'elle a aimé beaucoup. m U 9 tertius ct quart, osculare om. L F m || osculare osculo oris U V || ο beata peccatrix om. L j| 10 illos om. Fm || 11 serpentis caput U V |[ anti­ quis K II 12 mundi hujus omnis F m || 17 complectere ] -implectere P· || 18 veneranda ) adoranda F m || perfunde ] profunde /, U V | 20 ex un­ guenti odoro D, ex odore unguenti ceU odore ung. F m || vae ] vae add. m |{ est odor iste cct, || 21 in mortis mortem Z * || 22 timor P» F || 21 pecca­ tricis ] miserae praeut, m || hujus peccatricis miseria D, peccat. huj. mis. cet. y 25 pura ont. m || 26 contrkio cordis P * ,| quantum ] quam cito m 112 AELREDl 27. Gratias tibi, o beatissima peccatrix, ostendisti mundo lutum suis peccatoribus locum, pedes Jesu, qui neminem spernunt, neminem rejiciunt, neminem repellunt, suscipiunt omnes, omnes admittunt. Ibi certe Aethiopissa 5 mutat pellem suam, ibi pardus deponit varietatem suam, ubi solus pharisaeus non exspumat superbiam suam. Quid agis, o anima mea, o misera mea, o peccatrix mea ? Habes certe ubi tute lacrimas tuas libes, ubi foeda tua oscula sacris osculis purges, ubi totum tuae affectionis unguen­ to tum secure, sine aliquo tactu vel motu vitii lentantis effundas. Quid dissimulas ? Erumpite, o dulces lacrimae, erumpite, cursum vestrum nullus impediat. Rigate sacra­ tissimas plantas Salvatoris mei, susceptoris mei. Non curo si quis pharisaeus submurmuret, si me a suis pedibus 15 arcendum censeat, si fimbriae suae tactu indignum me judicet. Subsannet, rideat et irrideat, avertat oculos ; contineat nares, nihilominus vestigiis tuis inhaerebo, Jesu meus, stringam manibus, premam labiis, nec a lacrimis cessabo vel osculis, donec audiam : Dimissa surd 20 ei peccata multa, quoniam dilexit multum. 28. Est ergo dies prima, qua anima Deum sitiens, in speculativis amoenitatibus quasi in Jerusalem commora­ tur, potentiae divinae contemplatio. Secunda, sapientiae illius admiratio. Tertia, bonitatis ejus et dulcedinis suavis 27 -1-5 Cf. Jer. 13,23 (Vg ; mutare pellem suam) : cf. Isinonus, Etym. — Lindsay, XII, ii, 10. 27 2 tutum ) tuum K ’| suis ] *sati m || suis tu.um peccat, loc. D || pedes ] scilicet add. m |' 3 neminem spernunt K in marg. alt. man. | ali. neminem D in marg. infer. pr. m. || 5 ibi ] ubi D || deponit ] mutat D m ;| β ubi] ibi m II Stuteom. m | tuas lacrimas eet. || oscula tua P»m l| 10 tactu vel om. P« H lentantis om. *Λ F || n infundas *F || o om. *P |f 13 plantas ) domini met add. F· F m || cura *P || 14 prius si om. L || submurmurat F» F |j ait. si ] et praem. K. || sedibus m || 15 me om. F. m || 16 rideat et om. m, et om. P· || oculos ] suos add. P· || 17 nares ) aures P || 4 prius iu om. D II 5 habet | ct add. */· || 6 etiam om. K F || 6-7 portae autem patefaciunt DE JESU PUERO III, 28-29 117 pour les trésors de sa sagesse, il proclame : O profondeur des richesses de Ici sagesse et de la science de Dieu !... Enfin, rappelant les richesses de sa bonté, il ajoute : Méprisestu les richesses de sa bonté ? 29. Donc, après trois jours, ils le trouvèrent dans le temple. Sans aucun doute, il s’agit de Marie et de Joseph, l’une, sa mère, l’autre, son père nourricier. Par conséquent, celui qui contemple en esprit les choses spirituelles ne se trouve pas en un lieu quelconque, mais bien dans le temple. Jérusalem, en effet, possède un parvis, elle pos­ sède des portes, elle possède aussi un temple. Le parvis s’ouvre quelquefois même aux ennemis ; les portes ne cèdent qu’aux seuls amis ; quant à l'entrée du temple, elle n’est accordée qu’aux parfaits. Ainsi donc, celui qui est capable de découvrir l’éternel dans le temporel, le céleste dans le terrestre, le divin dans l’humain, c’est-à-dire le Créateur dans la créature, celuilà est pour ainsi dire introduit dans les parvis de la céleste Jérusalem et il y tressaille de joie. C’est jusque-là, dans les parvis, que les philosophes — tels des ennemis — pou­ vaient étendre les forces de leur esprit. L’apôtre l’en­ seigne : Ce qui peut se découvrir de Dieu, ils l'ont connu, car ses perfections invisibles sont devenues visibles par la connaissance que ses créatures nous en donnent... Quant à celui qui, dans les saintes Écritures, le voile enlevé, peut contempler à visage découvert la gloire de Dieu, qu’il se glorifie d'avoir franchi les portes de Jérusalem ! Mais si la flamme du céleste désir a embrasé sur l’autel du cœur la graisse de la dilection intérieure et la moelle de ton affec­ tion, si la fumée des aromates s’est élevée des braises de la prière, si l’œil de l’âme a dardé son rayon jusqu’aux secrets solis amicis m '| 9 id est om. F m || 10 creatura ] creaturis F m || Jerusa­ lem ] caelestis praern. m || 12 poterant F m || 13 quod ] enlni add. m [' 14 invisibilia usq. t. 15 ct cetera add. G in marg. super, ait. mon. || cjus J ip­ sius m cum Vutg. el add. a creatura mundi eum Vg. || 15 et cetera om. m xed add. cum Vg. : sempiterna quoque virtus ejus et divinitas || 1# sublato U V J 17 poterit contemplari F m | 20 flagrantia U V P* F. fragrantia L P· m, fraglancia D G K P* || 21 orationis F m 118 AELREDI dium porrexerit, cordis quoque palato ipsius divinae dul­ cedinis felix tactus sapuerit, cum holocausto gratissimo templum Jerusalem frequentasti. 30. Sed anima sancta in his deliciis commorante, dolent mater et nutritius, conqueruntur et quaerunt ; inventum tandem et levi increpatione castigatum reducunt ad Nazareth. Haec maxime viris illis spiritalibus congruunt, 5 quibus dispensatio verbi Dei vel animarum cura com­ missa est. Porro nutritium nostrum nihil libentius dixe­ rim quam spiritum sanctum, nec matrem nihil rectius quam caritatem. Hi nos fovent et promovent, pascunt et nutriunt, et geminae affectionis, Dei videlicet et proximi, io lacte reficiunt. Hi nos in studiis sanctis, quasi in Nazareth, tenent et sustinent, hi nos consolantur in tristibus, hi in dubiis consulunt, hi fessos roborant, hi sanant contritos corde ct alligant contritiones eorum. Horum auxilio de Nazareth transimus in Jerusalem, de labore ad requiem, «5 de fructu bonae actionis ad secreta contemplationis. Hi nobis aeterna lege praescribunt ut pro cura proximi non neglegamus ex toto contemplationem Dei, nec rursus pro deliciis contemplationis curam proximi neglegamus. Unde non immerito, si quieti plus quam oportet indulgea20 mus, quasi de nobis caritas fraterna conqueritur, nec gratam habet nostram in Jerusalem commorationem si aliis, quos nostra sollicitudine prospicit, senserit immi­ nere ex nostra quiete perniciem. 30 3 C.f. Lue 2, 46 ; 2. 51 ; cf. Aelbbdus, De. instil, inelus. — Talbot. p. 202. v. 6-7 ; I.UDOLP. Carth., Vila Christi, p. 38 ’. |[ -1 Cf. Reg. S. Bene­ dicti. c. 2. |i 12-13 Cf. Ps. 116. 3. || 16-18 Cf. Abi.rbous, Serm. XVII — PL 195. 306-307. 22 cordis J et praem. m '| illius F m || dulcedinis ] dilectionis F m 30 1 dolet F m || 3 tandem ] .Jesurn add. m || leni U |l 4 illis om. F m || 6-7 dixerim ) dixerunt K | 7 matrem vero nil rectius F m || nec ) et V || 8 tertius et om. *P || 10 nos DU V F m, nobis cet. j 11 vos K || in tris- DK JESU PUBRO ΠΙ, 29-30 119 du ciel ct si le bienheureux attouchement de la douceur divine elle-même a rempli de sa saveur le palais du cœur, c’est que tu te trouves, avec un holocauste très agréable à Dieu, dans le temple de Jérusalem. 30. Mais tandis que l’âme sainte Le recouvrement s’attarde en ces délices, la mère au temple : s’afflige, ainsi que le père nourri­ union de l’action et cier. Ils sc lamentent de conserve de la contemplation. ct partent à la recherche. Quand enfin ils ont trouvé celui qu’ils cherchaient, ils lui adressent de doux reproches et le ramènent à Nazareth. Cela s’applique excellemment aux hommes spirituels qui ont reçu en dépôt la dispensation de la parole de Dieu ou le soin des âmes. Ainsi donc, j’appellerai de pré­ férence notre nourricier, (’Esprit Saint ; et qui mieux que la charité mérite le nom de mère ? L’Esprit Saint et la charité nous réchauffent et nous meuvent, ils nous rassa­ sient et nous nourrissent, ct, du lait du double amour de Dieu et du prochain, ils nous réconfortent. Ils nous main­ tiennent et nous soutiennent dans les saints exercices, comme en un Nazareth ; ils nous consolent dans la tris­ tesse, nous conseillent dans le doute, nous raniment dans la fatigue ; ils guérissent les cœurs broyés et pansent leurs blessures. C’est avec leur appui que nous passons de Naza­ reth à Jérusalem, du labeur au loisir, du fruit de l’action méritoire aux secrets de la contemplation. Ils nous pres­ crivent, au nom de la loi éternelle, de ne pas négliger entièrement, pour le soin du prochain, la contemplation de Dieu, et, inversement, de ne pas omettre d’assister le prochain par attachement aux délices de la contempla­ tion. Aussi est-ce à bon droit que la charité fraternelle se plaint de nous, si nous accordons à la quiétude plus qu’il ne convient, et qu’elle n’agrée point notre séjour en Jérusalem, quand elle devine que notre inactivité pro­ longée menace de causer la perte de ceux qu’elle voit confiés à notre sollicitude. Souvent en effet, il nous arrive tibus consolantur D || 17 negHgimus Γ* (| 1« neglegamus J omittamus m || 20 fraterna caritas P· | 21 gratam om. P» || in Jcrus. nostram comm. D 120 AELREDI Plerumque enim nobis, vel secretis meditationibus, vel 25 privatis orationibus, omni postposita actione intentis si plus quam subditis expedit, immoremur in mediis de­ liciis, Spiritu nimirum operante et caritate suggerente, subito venit in mentem memoria infirmorum, et illum cogitamus contristatum exspectare a paternis visceribus 30 consolationem, alterum tentatum explorare, quando pro­ cedens ad publicum aliquod ei pater afferat suo sermone solamen ; illum irae stimulis agitatum, quia non habet ubi conceptum virus salubri confessione evaporet, adver­ sus patrem submurmurare; alterum spiritu acediae vic35 tum ut inveniat cui loquatur, quem consulat, huc illueque discurrere. Tali itaque suggestu progressi ex fraternis cordibus, quasi increpantem audimus matrem caritatem: Fili, quid fecisti nobis sic? Ego et paler tuus dolentes quae­ rebamus te. Nec injuria dicimus spiritum sanctum, vel 40 caritatem in sanctis, etsi adhuc minus perfectis, aut dolere aut conqueri, cum ipse spiritus gemitibus inennarrabilibus interpellet pro nobis, qui et loqui et contristari et cetera talia in sanctis agere consuevit. 31. Quod si contra hujusmodi necessitates amor quietis in ipsius animae affectibus murmuret quasi dicens : j\'onne in his quae patris mei sunt oportet me esse, nihilo­ minus considerans spiritus rationalis quod ideo mortuus 5 est Christus, ut qui vivit non sibi vivat, descendit cum illis et subditur illis. Secure descendit qui cum tali nutritio 35 Cf. Hieronymus, Epist. 133, 4 — Hujiero. CSEL 56, p. 218. v. 1211 ; cf. Aelredus, Scrm. — Talbot, p. S8. || 38-39 Luc 2,48. ,'| 41-42 Cf. Rom. 8, 26. || 31 3 Luc 2. 49. |! 6 Cf. Luc 2. 51. 25 postposita ] proposita G |[ postposita omni actione /n l| 26 subditis *P sup. lin. ,| 29 exspectare ] explorare I) P * | exspectare usq. I. 30 tentatum explorare ont. I) P< per homoiotel. || 31 ad J in Fm | 31 pater allq. ei afT. m I' irac ] relre P» " 32 quia ] quando m || 33 salubri confessione D dub. in marg. U V, confess, salubri cet. |! 34-35 alium victum spiritu acediae D, aced. spiritu m || 35 consolat consulat V || 36-37 paternis m j| quasi ] quia DE J ESU PUEHO 111, 30-31 121 de nous appliquer à des méditations intimes ou à des prières privées, en laissant de côté toute activité, et nous nous attardons au milieu de nos délices. Mais si nos su­ bordonnés risquent d’en souffrir, soudain — assurément par l’opération de l’Esprit et l’inspiration de la charité — le souvenir des faibles nous revient à la pensée : nous songeons que tel affligé attend qu’un cœur de père vienne le consoler ; qu’un autre, dans l’épreuve, guette le moment où son père, se montrant en public, lui apportera par sa parole quelque réconfort ; que celui-ci, troublé par les aiguillons de la colère, ne trouve pas où rejeter, par un aveu salutaire, le poison qu’il fabrique, et va murmurer contre son supérieur ; que celui-là, vaincu par l’esprit d’acédie, court à droite et à gauche, à la recherche d’un confident, d’un conseiller. Lorsqu’un semblable appel, venu du cœur de nos frères, monte en nous, nous croyons ouïr notre mère la charité nous blâmer en ces termes : Fils, pourquoi nous as-tu fait cela ? Moi et ton père, angoissés, nous te cherchions. Et nous n’avons pas tort de dire que l’Esprit Saint ou la charité, dans les âmes saintes quoique encore imparfaites, s’afflige et se plaint, puisque l’Esprit lui-même intercède en notre faveur par des gémissements inénarrables, accou­ tumé qu’il est à parler et à s’attrister et à opérer sembla­ blement dans les âmes saintes. 31. Que si l'amour de la quiétude murmure contre les nécessités de cette sorte et s’écrie : Ne faut-il pas que je sois aux choses de mon Père ? c’est le sentiment qui parle ; mais la raison, elle, considère que le Christ est mort pour que celui qui vit ne vive pas pour soi-même, et « il descend avec eux et leur est soumis ». Il descend avec securité, m II 39 te om. V l| injugurin P* || 40-11 dolcrc] dolore K V || 43 agerc in sanctis m 31 1 modi om. *F || amor ] amator m || 2 ipsius ] ipsis U V || affectibus animae l> || animae om. *P || quasi om. F m |' 4 considerans ] vero praem. P» Il 4-5 Christus mortuus est m || 5 ut qui vivunt Jam non sibi vivant D L, ut qui vivunt sibi vivant *P || 6 prius Illis J cis m || subditur ] est subditus rn H qui om. F m 122 AELRF.DI et cum tali matre descendit. Feliciter descendit, qui spi­ ritu Dei actus caritative inferioribus condescendit. Des­ cendam libens his ducibus etiam in Aegyptum ; tantum 10 si ducunt reducant, si cogunt descendere et reascendcrc faciant. Libenter subdar talibus magistris, libens suppo­ nam humeros oneri quod imposuerint, libens excipiam jugum cui me subdiderint, sciens quia jugum eorum suave est et onus eorum leve. Sed et tibi, fili mi, licet 15 a talibus curis liberum adhuc sub alis suis te Christus abscondat, quod praelatis incumbit facere ne subditi pcriclitentur, hoc ipsum expedit providere, ne socii scan­ dalizentur. Illi necessitates subditorum nonnumquam praeponunt deliciis contemplationis, tu eas non praeponas 20 unitati et paci congregationis. Praecipue haec ipsa spiri­ talium vicissitudinum tempora, quando videlicet vel des­ cendas ad Nazareth vel ascendas in Jerusalem, numquam solus, id est propriae voluntatis arbitrio, sed semper senio­ rum distingue consilio. 32. Ecce habes, carissime, quod petisti ; licet tuo desi­ derio, tuo affectui, tuae exspectationi nihil dignum, volun­ tatis tamen meae et qualiscumque conatus, aliquod ni fallor indicium. Sciasque quod non tam evangelicam lec5 tionem exponere, quam ex ea aliqua tibi meditationum semina sicut rogasti, elicere curavimus. 12-13 Cf. Matth. 11. 30. 8 inferioribus ] In foribus K, in floribus U V fortasse recte || 11 libens J libenter G || 12 imponunt P·, Imposuerunt K '| excipiam ] suscipiam I* F m, accipiam U || 13 quin | quod P* || onus ) bonus K || 15 te om. Fm || 18 necessitates quandoque praeponunt contemplationis deliciis Fm 32 1 carissime | fili praem. m || 2 tuaeque m || 3 meae tamen I) || et ) aut rn || 4 scias igitur m | lectionem evangelicam D | 5 reponere K || 6 post curavimus add. G : Explicit tractatus super cvangelium cum factus esset Jesus annorum duodecim ; *P : Explicit tractatus magistri Richard! de evangclio cum factus esset Jesus annorum duodecim ; V : Explicit tractatus de DE JESU PUERO lit, 3 i-32 123 celui qui descend avec un tel nourricier et une telle mère. Il descend heureusement, celui qui, poussé par l’Esprit de Dieu, condescend charitablement à ses inférieurs. Avec de tels guides, je descendrais volontiers, fût-ce en Égypte, pourvu que, s’ils m’y mènent, ils m’en ramènent ; que, s’ils me forcent à y descendre, ils m’en fassent remonter. C’est avec joie que je me soumettrais à de tels maîtres ; avec joie, j’inclinerais les épaules sous le fardeau dont ils me chargeraient ; avec joie, je recevrais le joug qu’ils m’imposeraient, sachant bien que leur joug est doux et leur fardeau léger. Et toi, mon fils, tu es sans doute affranchi de ces soucis, et jusqu’à présent le Christ te cache sous ses ailes. Néan­ moins, ce qu’il incombe aux supérieurs de faire pour ne pas mettre en péril leurs sujets, il t’importe aussi d'y prendre garde, de peur que tes compagnons ne se scandalisent. Les supérieurs font passer quelquefois leurs obligations avant les délices de la contemplation ; toi, ne fais pas pas­ ser celles-ci avant ce qui doit assurer l’union et la paix de la communauté. Et surtout, pour ce qui est de discer­ ner Je moment des « vicissitudes » spirituelles — comme de descendre à Nazareth ou de monter à Jérusalem — ne le fais jamais seul, au gré de ta propre volonté, mais toujours suivant l’avis des anciens. 32. Voici, très cher fils, tu tiens ce que tu as demandé. Ce n’est guère digne de ton désir, de tes aspirations, de ton attente ; mais, si je ne m’abuse, tu y trouveras une preuve de ma bonne volonté et de mes efforts. Et sache que nous n’avons pas tant pris soin de commenter ce pas­ sage d’Évangile, que d’en tirer, comme tu nous en priais, quelques semences de méditation. puero Jesu duodenne; addunt autem P * F et m : et legentibus Incitamenta devotionum ex hujus serie lectionis evan gel icac composuimus ; Ipsius adju­ vante gratia, de cujus loquimur Infantia, qui plenus est (erat P*) virtute et gratia et sapientia, Jesus Christus Dominus noster, qui cum Patre ct Spiritu Sancto vivit et regnat. Deus, per omnia saecula saeculorum. Amen. Add. F : Omelia beati Bernardi super cum factus esset Jesus et cetera. Explicit foo Ucitcr. Τώ θω χάρις .ΑΜΗΝ. INDEX DES CITATIONS BIBLIQUES (· : allusion.) Chap, ct verset Parngr. ct ligne Genèse. 3, 15 4, 11 4, 12 22, 18 40, 14 45, 26 49, 10 Psaumes. 26 11 15 16-17 15 15-16 18 25-26 23 1-2 17 4-5 18 2-3 ; 32 Exode. 3, 5 18 2-3 Lévitique. '6, 13 14 17 Deutéronome. 6, 4 32, 14 11 6 17 24-25 2 Rois. *22, 12 8 1041 3 Rois. 21 27 21 28-32 *19, 9 19, 11-12 Job. *9, 13 *12, 15 *19, 21 Paragr. ct ligne Chap. ct verset 23 17 23 18-19 1 17 2, 8 18 22-23 *7, 3 15 20-21 7, 13-14 12 19-20 *8, 7 15 21-22 *10, 3 12 19-20 •17, 12 3 10-11 18, 6-7 3 7-8 ; 14 35-36 *23, 8 23 13-14 26, 8 24 32 •30, 20 23 5-6 34, 2 24 8-9 *35, 7 28 29 41, 5 *115-16 ; 22 25-26 •44, 3 20 39-40 ; 22 22 ; 24 38-39 *45, 5 7 18-19 *48, 13 3 24-25 50, 8 28 9 62, 4 28 10-11 68, 23 14 42 •68, 24 14 43-44 70, 16 28 8 *72, 3 24 14 •72, 5 24 15 *72, 23 4 43 *77, 25 12 3-4 •78, 12 15 18 79, 6 12 13-15 126 INDEX DES CITATIONS BIBLIQUES Chap, et verset Paragret ligne *93, 10 •101, 10 *101, 14 101, 28 ‘106, 4-5 •106, ‘106, ‘117, ‘118, *131, ‘146, 10 13 15 18 6 3 24 20 11 27-28 18 39-40 11 7-8 3 28-29 ; 33-34 ; 36-38 3 11-12; 44, 10-13 4 10-13 17 1-2 24 21 17 33-34 30 12-13 Chap. et verset Paragr. cl ligre ‘3, 9 12, 1 •12, 7-8 •13, 23 •46, 21 17 20 24 17-19 14 11-13 27 4-5 17 24 Daniel. Osée. ‘1, 11 *3| 5 5 29 20 40-41 22 23-24 20 49-50 21 23-24 22-23 ; 22 27-28 20 42-43 15 1 5 31-33; 24 33-34 3 19-20 19 16 ; 22 28 1 9 9-10 11 12 4 8 21 ; 17 4, 6, 8, *8, ‘8, 7 12 1 2 5 Sagesse. 8, 7 20 27-29 Ecclésiastique. 2. 1 Hi, 4 Isaïe. 4 5-6 24 1-2 14 38-40 15 6 18 28-31 15 14-15 1, 3 *10, 22 49, 6 58, 7 Jérémie. 1, 8 2, 8 15 10-11 15 9-10 Aggée. Cantique. 1, •2, 2, 2, 2, 3, 14 29-30 •2, 34-35 24 10 14 45-46 18 32-33 2, 8 Malachie. 18 33 1, 11 Matthieu. 13 5-6 22 6 2 8-9 31 12-13 15 2-3 19 28-30 15 19 25 23-24 16 13-14 ‘5, 17 •6, 6 ’6, 29-30 ‘11, 30 •12, 46 18, 3 ‘20, 26 ‘21, 12 *28, 20 Luc. 9 13-14 *1, 35 9 17 2, 19 13 1-2 ‘2, 42 5 1-4 2, 42-43 6 6-7 ; 141-2 2, 43 14 8-9 2, 44 6 13-14 2, 44-46 15 5 * 30 3 2, 46 8 10-11 2. 47 2.48 2 3 ; 8 25-26 ; 17 6-7, 29 ; 18 1 ; 30 38 127 INDEX DES CITATIONS BIBLIQUES Chap, et verset Paragr. et ligne 2.49 9 1-2 ; 1816-17 ; 31 3 2. 50 9 12 2, 51 9 10-11 ; 31 6 2. 52 10 1-2, 9 26 27-28 7. 47 3 30-32 15, 12 *15, 13 17 18-19 3 21-23 •15, 13-14 11 25 *15, 16-17 2 36-37 18, 16 18 17-20 24, 25-26 16 26 24, 29 18 20-21 24, 47 Jean. 11 34-35 26 9-10 11 15 1. 1 *12, 3 14, 6 Chap, et verset il. 9 11, 33 19 26 16 4-5 3, 18 •15, 24 19-20 23 4 26 4-5 20 27 28 19 27-28 23 16 2 Corinthiens. •2, 16 3, 15 •3, 18 26 21 14 47-48; 29 16 29 17 Éphésiens. 4, 13 5, 29 4 20-22 15 12-13 Philippiens. *2, 7 7 7-8 1 Timothée. *2, 5 16 35 Hébreux. Romains. 1, •1, 2, 8. *9, 9, 9, *9, 14 42 28 33 1 Corinthiens. Actes. •9, 15 13, 46 Paragr. cl ligne 29 13-15 17 21-22 28 35-36 30 41 17 26-27 28 30-31 15 6 13 8 24 26-27 •1, 8 1 Pierre. •2, 11 20 17-18 Apocalypse. •3, 7 •8. 4 24 22 29 20 TABLE DES AUTEURS CITÉS DANS L’APPARAT Les chiffres en gras indiquent les paragraphes» les autres, les lignes. Aelredus 1 26-27 ; 3 6, 23-24, 35-36 ; 4 7-18: 10 13 ; 13 7-10 ; 14 29-30 ; 21 2-4 ; 24 40-43 ; 30 3, 16-18. 35. Ambrosius 3 35-39; 11 22-24. Augustinus 3 6-7, 23-24, 24-25; 10 24-25; 14 29-30. Beda 5 6-8. Bernardus 3 23-24 ; 13 7-10 ; 23 6. Gregorius 3 14-15. Hieronymus 3 35-39 ; 21 1 ; 30 35. Isidorus 21 2-3 ; 27 4-5. Ludolphus Garth. 5 6-8 ; 6 23-28 ; 30 3 Origcncs 4 19-22 ; 8 27-28 ; 9 1-4 ; 29 3. Pseudo Bonaventura 6 15, 17-18; 7 2-3. Scottus Briugena 4 19-22. Stephanus Sailiensis 8 26. 7 2. 1 TABLE DES MOTS ET EXPRESSIONS aenigmata 24 42. affectio : affectionis adipes 29 19 ; alT. unguentum 27 9. affectus : 32 2 ; dulcis affectus 1 7, 20 ; excitare affectum 5 23 ; intimo affectu clamare 1 30 ; 5 28 ; vox respondit affectui, et affectus vocem intercipit 21 20 ; affectuoso 1 24. ager : a. cordis nostri 20 6 ; a. pectoris 20 52. amor quietis 31 1. amplectere 8 23, 32. anima : a. Christi creata ct assumpta in Deum 10 4. balneis fovero et unguentis 6 17. Bethlehem, domus panis 3 36. bucellae mendica tao 6 27. calceamenta detraxere 6 16. caritas fraterna 30 16. cibum ac potum ministrare 6 15. complectere 26 17. confessio pura 26 25. congregatio : unitas et pax congregationis 31 20. contritio cordis 26 26. cubiculum pectoris 22 4. cura : c. animarum 30 5 ; 31 16 ; c. proximi 30 16. Deus : D. aeternus, intemporalis, incommutabilis 11 9; Dei filius 7 7 ; Dei potentia, sapientia, benignitas 25 3. diabolus 12 17 ; 25 35. dilectio ardens 26 26. discurrere huc illueque 30 35. dispensatio verbi Dei 30 5. Dominus Jesus 4 19 ; 8 30 ; 10 14. dulcis : d. affectus 1 7; d. domine 2 1; d. imago 1 27; d. puer 1 26, 31 ; dulcia verba 9 21 ; dulces lacrimae 27 11 ; dulcissimus filius 130 TABLE DES MOTS ET EXPRESSIONS 2 10; 8 16; dulcissima domina 8 14, 22; dulcissima praesentia β 4; dulcissimi pedes 26 10 ; dulciter 26 8. enuclearo spiritalem inlclligcntiam 11 4. eructare gustata 2 15. evangelica : e. lectio 1 1 ; e. perfectio 13 7 ; o. verba 1 9. familiariter 1 24, 28. fermontuin nostrae infirmitatis 12 6. fraterna caritas 30 16. fraternis cordibus 30 36. geminatio verborum dupiez : caeleste... caelesti 24 36-37 ; cordis... cordc 1 27 ; dulcis... dulcis 1 26 ; ego... ego 3 21 ; osculare, oscu­ lar·... osculare 26 9 ; respexi, respexi... respexi 1 11 ; scio, scio... 15 21 ; sentio... sentio 1 23. homo Christus Jesus 16 35. iniquitas superabundant 16 29, 31. interno ac spiritali sermone respondero 2 14. Jesu bone 3 19 ; 6 15. Jesus : abscondit se a nobis 4 7 ; an potest proficere sapientia 10 7, 24 ; brevis ejus absentia maximi doloris materia ; 8 32 ; J. doctor 3 5 ; doctor suavissimus 24 23 ; dux 3 5 ; fabulari solus cum solo Jesu 24 16 ; lapis abscisus de monte 14 29 ; magister 24 20 ; me­ diator Dei et hominum 16 35 ; medicus 3 5 ; prodens sacratissima mysteria 8 9. justitia 20 34 ; 28 5. lectitare mystica 19 10. lectulum sternere 6 16. legos allegoricac 13 2. medicus : m. Christus 3 6. medullae cordis 1 6. melliflui sermones 5 15. mens : m. compuncta 21 32 ; 28 22 ; m. illuminata 23 10 ; 25 21 ; m. oculata 25 30. mira : m. caecitas 14 26 ; m. perversitas 14 25 ; m. suavitas 5 6. misericordia 28 7. moderatrices virtutum 20 30. TABLE DES MOTS ET EXPRESSIONS 131 Nazareth, flos 12 29 ; 20 4. nobilitare praesentia 3 13. oculis acquis aspicere 12 18. osculare 8 23 ; 26 9, 14. osculum 24 37 ; oscula 22 23, 27 ; 27 8, 9, 19. pardus 27 5. pauperculus 12 8, 10. pedes Jesu : tutum peccatoribus locuin 27 2. philosophi 29 11. pietas : p. patorna 26 24 ; 8 2. pius : p. Jesus 21 21 ; pia contentio 6 3 ; pia gesta 1 2 ; pia medita­ tio 1 3 ; pio vultu 26 3. praelibatio suavis 28 5. praesentia : p. Domini dulcissima ac iucundissima 6 4 ; praesentiae Domini perfruari deliciis 4 4 ; 8 29 ; exhibuere praesentiam pie­ tatis suae 13 4. prudentia 20 33. puerulus 1 34. regio dissimilitudinis 3 23. ruminare meditatione 9 18. sacrae litterae 8 7. sacramenta 14 14. saginari divini edulii 6 28. scientia 28 6. semina (plur.} : s. amoris 1 3 ; s. meditationum elicere 32 6. sobrietas : quae alio nomine temperantia dicitur 20 32. solitudinem cotidianam aedificare 21 4. spiritalis : s. nativitas 4 1 ; 11 25 ; spiritalem intelligentiam enu­ clearo 11 4; spiritali imaginatione depingere 1 28. sportulae litterarum 1 4 stipem per ostia mendicare 6 26. suavitas : s. vultis Jesu 7 16 ; mira suavitas sanctissimae historiae 5 5. suavis ; s. est Dominus Jcsus amplectontibus 8 31 ; suavis praeli­ batio 28 5 ; suavi vultu 26 3 ; suavia 1 12 ; suavissimus doctor 24 24 ; suavissima labia 24 30 ; suavissimi oculi 1 29 ; suavissimi pedes 26 10 ; suavius experire 19 5. susurrare in angulis 21 1. 132 TABLE DES MOTS ET EXPRESSIONS tormentorum genera : cruces, bestiae, equulei, ferrae manus, igni­ tae sartagines, ardentes laminae 16 II. turtur 21 2. verbum abbreviatum 13 7. verecundia : verecundiae forma 8 12 ; verecunde 9 25 . virgo prudentissirna 9 25. virtutes : virtutum studia spiritualiaque exercitia ... non quidem purae virtutes sunt, quamvis ex eis verae virtutes, Deo operante, nascantur 12 2S ss. ; virtutum semina flores parturiant spiritua­ lium exercitiorum 20 9-10 ; spiritus timoris, pietatis, scientiae, etc- 20, 11-24 ; quattuor virtutes 'cardinales] 20 25 ss. TABLE DES MATIÈRES Pages ............................................................................. 7 L'auteur............................................................................. Authenticité et date.......................................................... La forme et le contenu dutraité.................................... Les sources.......................................................................... L'influence du De Jesu pueroduodenni........................... Manuscrits et éditions...................................................... L'établissement du texte................................................. 10 13 15 22 30 33 41 Sigx.es............................................................................................... 45 Texte 46 Introduction I. II. HL IV. V. VI. VIL et Traduction................................................................. Tables et Index : Index des citations bibliques.............. .................................... Table des auteurs cites dans l’apparat................................. Table des mots et expressions................................................. 125 128 129 SOURCES CHRÉTIENNES Fondateurs : H. de Lubac, s.j. t 7. Daniélou, s.j. C. Mondésert, s.j. Directeur : D. Bertrand, s.j. Directeur-adjoint : J.N. Guinot Dans la liste qui suit, dite « liste alphabétique ·, tous les ouvrages sont rangés par nom d'auteur ancien, les numéros précisant pour chacun l'ordre de parution depuis le début de la collection. Pour une information plus complète, on peut se procurer deux autres listes au secrétariat de « Sources Chrétiennes » — 29, rue du Plat, 69002 Lyon (France) — Tél. : 78 37 27 08 : 1. la « liste numérique », qui présente les volumes et leurs auteurs actuels d'après les dates de publication : elle indique les réimpressions et les ouvrages momentanément épuisés ou dont la réédition est préparée. 2. la < liste thématique », qui présente les volumes d'après les centres d'intérêt et les genres littéraires : exégèse, dogme, histoire, corres­ pondance. apologétique, etc. Liste alphabétique (1-333) Actes de ui Conférence de Carthago : 194, 195, 224. ADAM De 1*ERSEIÜNE. Lettres, 1 : 66. AULRED Dfl RlEVAULX. Quand Jésus eut douze ans : 60. La vie de recluse : 76. Ambroise de Milan. Apologie de David : 239. Des sacrements : 25. Des mystères : 25. Explication du Symbole : 25. La Pénitence : 179. Sur saint Luc : 45 et 52. AmCdée de Lwsannb. Huit homélies mariales : 72. Anselme de Cantorbéry. Pourquoi Dieu s'est fait homme : 91. Ansexaîb de Havelberg. Dialogues, I : 118. Apocalypse db Baruch : 144 Cl 145. Aristéb (lettre d’) : 89. Athanasb d’Alexandrie. Deux apologies : 56. Discours contre les païens : 18. Voir « Histoire acéphale » : 317. Lettre à Sérapion : 15. Sur l'incarnation du Verbe : 199. Athénagore. Supplique au sujet des chrétiens : 3. Augustin. Commentaire de la première Épitrc de saint Jean : 75. Sermons pour la Pâque : 116. Barnabe (ÊrfTRE DB) : /72. Basile de Césarée. Contre Eunome : 299 et 305. Homélies sur l’Hexaéméron : 26. Sur l'origine de l'homme : 160. Traité du Saint-Esprit : 17. Basile de Séleucdl Homélie pascale : 187. Baudouin de Ford. Le sacrement de l'autel : 93 et 94. Benoît (RUglb db S.) : 181-186. Callinjcos. Vie d’Hypatios : 177. Cassxen, voir Jean Cassien. Césajlrb d’Arles. Sermons au peuple : 175, 243 et 330. La Chaîne paibstinienne sur ιέ psaume 118 : 189 et 190. Chartreux. Lettres des premiers Chartreux : 88 Z74. CHR0MAŒ η'ΛΰυΠ^Ε. Sermons : 154 et 164. Clure d’assise. Ecrits : 325. Chôment d'Alexandriil Le Pédagogue : 70, 108 et 158. Protreptjque : 2. Stromate I : 30. Stromale II : 38. Stromate V : 278 et 279. Extraits de Théodote : 23. Clément mj Rome. Êpître aux Corinthiens : /67. Conciles gaulois du iv sitaR : 241. Constance de Lyon. Vie de S. Germain d'Auxerre : 112. Constitutions apostoliques, I : 320. II : 329. CüSMAS iNDICOPLEUSTfcS. Toy>ographic chrétienne : 141, 159 et Cytrtrn dh Cakthagb. A Donat : 291. La vertu de patience : 291. Cyrille D'ALEXANDRIE. Contre Julien, I : 322. Deux dialogues christologiqucs : 97. Dialogues sur la Trinité : 231, 237 Cyrille db Jérusalem. Catéchèses mystagogiques : 126. Defensor dc LiGVGÉ. Livre d'étincelles : 77 et 86. Denys l’Aréopacittl La hiérarchie céleste : 58. Dhuoda. Manuel pour mon fils : 225. Dlwoqub de PhOTICÉ. Œuvres spirituelles : 5. Didyme l Aveugle. Sur la Genèse : 233 et 244. Sur Zacharie : 83-85. A DiocnFte : 33. La Doctrine des douze Apôtres : 248. Dorothée de Gaza. Œuvres spirituelles : 92. ttÈRlt. Journal de voyage : 296. fiPHRBi DE NlSÎRP.. Commentaire de l’évangile concor­ dant ou Diatessaron : 121. Hymnes sur le Paradis : /37. Eunome. Apologie : 305. EUSÈHB DE CfiSARÉE. Contre Hiéroclès : 333. Histoire ecclésiastique. I-IV : 31. V-VII : 41. VIII-X : 55. — Introd.et Index : 73. Préparation évangélique, I : 206. — II-III ........ : 223. — IV-V, 17 : 262. V, 18 - VI : 266. VII : 215. — XI : 292. XII-XI1I : 307. ÉVACRP. LE PONTÏOUB. Traité pratique : /70 et 171. ÉVANGILE DE PIERRE ; 201. Expositio totius mundi : 124. François d'Assisr. Écrits : 285. Gélasb I". Lettre contre les lupcrcalcs et dixhuit messes : 65. Gertrudr d'Helfta. Les Exercices : /27. Le Héraut : 139. 143, 255, 331. GRÉGOIRE de Narix. Le livre de Prières : 78. GRÔGOIRO PB ΝλΖΙΑΚΖΒ. Discours 1-3 : 247. 4-5 : 309. 20-23 : 270. — 24-26 : 284. — 27-31 : 250. 32-37 : 318. Lettres théologigucs : 208. La Passion du Christ : 149. Grégoire w Nysse. La création de l'homme : 6. Traité de la Virginité : 1/9. Vie de Moïse : 1. Vie de sainte Macrine : /78. Grégoire le Grand. Commentaire sur le Cantique : 314. Dialogues : 251. 260 et 265. ~ Homélies sur Ézéchie). I : 327. Morales sur Job. Ml 32. — XI.XIV 212. XV-XV1 : 221. Grégoire le Thaumaturge. Remerciement à Origène : 148. GUERRIC D'iGNY. Sermons : 166 et 202. GUIGVfS Ie*. Les Coutumes de Chartreuse : 313. .Méditations : 303. GuicvBS II lu Chartreux. Lettre sur la vic contemplative : Douze méditations : 163. GviuMMn de Bourges. Livre des guerres du Seigneur : 288. QutUAVHM de Saint-Thierry. Exposé sur le Cantiouc : 82. Lettre aux Frères du Mont-Dieu : 223. 1-c miroir de la foi : 301. Oraisons méditatives : 324. Traité de la contemplation de Dieu : 61. Hermas. Le Pasteur : 53. Hésyckius db Jérusalem. Homélies pascales : 187. Htiaire d'Arles. Vie de S. Honorat : 235. HlIAIRE DP POITIERS. Contre Constance : 334. Sur Matthieu : 254 et 258. Traité des Mystères : 19. HmoLYTE de Rome. Commentaire sur Daniel : 14. La tradition apostolique : 11. HisruiRB « Acéphale · ct index Syriaque dès Lettres kestales d'Athanase d’Alexandrie : 317. Deux Homélies akoméennes pour l’octavu ve Pâques : 146. Homélies pascales : 27, 36, 43. Quatorze homélies du ïx· stéclb : 16J. Hugues de Saint-Victor. Six opuscules spirituels : /55. Hydacl Chronique ; 213 et 2/9. Ignace d'Antioche. Lettres : 10. Irénéb de Lyon. Contre les hérésies. I : 263 et 264. ■s H : 293 et 294. — ΠΙ : 210 et 211. IV : 100. — V : 152 et 153. Démonstration de la prédication apostolique : 62. Isaac de l'étoile. Sermons, 1-17 : 130. — 18-39 : 207. Jean d'Apamée. Dialogues et traités : 311. Jean cm Bérytk Homélie pascale : 187. Jean Cassien. Conférences : 42, $4 et 64. Institutions : 109. J ΕΛΗ ChRYSOSTOMB. A Théodore : 117. A une jeune veuve : 138. Commentaire sur Isaïe : 304. Homélies sur Ozias : 277. Huit catéchèses baptismales : 50. Lettre d'exil : 103. Lettres à Olympias : 13. Panégyriques de S. Pau! : 300. Sur l’incomprébensibilité de Dieu : 28. Sur la Providence de Dieu : 79. Sur la vaine gloire et l'éducation des enfants : 188. Sur le mariage unique : 138. Sur le sacerdoce : Ï72. La Virginité : 125. Pseudo-Chrysostome. Homélie pascale : 187. JUAN Damascene. Homélies sur la Nativité et la Dor­ mition : 80. Jean Moschus. Le Pré spirituel : 12. Jean Scot. Commentaire sur l'Evangile de Jean : 180. Homélie sur le prologue de Jean : 151. JÉRÔME. Apologie contre Rulïti : 303. Commentaire sur S. Matthieu : 242 et 259. Commentaire sur Jonas : 323. JULIEN DU VftZELAY. Sermons : 192 et 193. L1CTANŒ. De la mort des persécuteurs : JP (2 vol.). Institutions divines, I : 326. — V : 204 et 205. La colère de Dieu : 289. L'ouvrage du Dieu créateur : 213 et 214. Léon le Grand. Sermons, 1-19 : 22. LÉONCE de CONSTANTI NOM £. Homélies pascales : 1X1. LlVRJB DES DEUX PRINCIPES : 198. Pseudo-Macaire. Œuvres spirituelles, I : 275. Manuel II Palîologub. Entretien avec un musulman : //5. Marius Victorinus. Traités théologiques sur la Trinité : 68 et 69. Maxims lb Confesseur. Centuries sur la Charité : 9. Mélanie : voir Vie. Mélttdn de Sardes. Sur la Pâque : 123. MÉTHODE DOLYMPH. Le banquet : 95. Nersès Snorhali. Jésus, Fils unique du Père : 203. Nicétas Stéthatos. Opuscules et Lettres : 81. Nicolas Cabasilas. Explication de la divine liturgie Origënb. Commentaire sur $. Jean. I-V : 120. VI-X : 157. XIII : 222. XIX-XX : 290. Commentaire sur S. .Mathieu. X-XI ; 162. Contre Celse : L 136, 147, 150 et 227. Entretien avec Héraclite : 67. Homélies sur la Genèse : 7. Homélies sur Γ Exode : 321. Homélies sur le Lévitique : 286 et 287. Homélies sur les Nombres : 29. Homélies sur Josué : 71. Homélies sur Samuel : 328. Homélies sur le Cantique : 37. Homélies sur Jérémie : 232 et 238. Homélies sur saint Luc : 87. Lettre à Africanus : 302. Ixttre à Grégoire : 148. Philocalie : 226 et 302. Traité des principes : 252, 253, 268, 269 et 312. Patrick. Confession : 249. Lettre à Coroticus : 249. Paulin de Pella. Poème d'action de grâces : 209. Prière : 209. Philon d'Alexandrie. La migration d’Abraham : 47. Pseudo-Philon. Les Antiquités Bibliques : 229 et 230. Piiiloxênb De Mabboug. Homélies : 44. Pierre Damien. Lettre sur la toute-puissance di­ vine : 191. Pierre de Celle. L’école du cloître : 240. POLYCARFB DE SMYRKE. Lettres et Martyre : 10. PlÛLÉMÉB. Lettre à Flora : 24. QUOOVULTOeUS. Livre des promesses ; 101 et 102 La Règle du Maître : 105-107. Les Règles oes saints prres : 297 et 298. Richard de Saint-Victor. La Trinité : 63. Richard Roue. Le chant d'amour : 168 et 169. Rituels. Rituel cathare : 236. Trois antiques rituels du Baptême : Romanos tu Méloof. Hymnes : 99, 110. 114, 128, 283. Rufin d’Aouilée. Les bénédictions des Patriarches : 140. Rupert db Deutz. Les œuvres du Saint-Esprit Livres MI : 131. — IIIJV : 165. Salvien de Marsetij-b. Œuvres : 176 ct 220. SCOLIES ARIENNES SUR LE CONCILE d’Aquoéb : 267. SOZOMÈNB. Histoire ecclésiastique, I : 306. SULPICS SÉVÈRE. Vic de S. Martin : 133135. Syméon LD Nouveau Théologien. Catéchèses : 96. 104 et 113. Chapitres théologiques, gnostiques ct pratiques : Si. Hymnes : 156. 174 et 196. Traités théologiques et éthiques ; 122 et 129. TARCUM du Pentateuoub : 245, 256. 261, 271 et 282. TeRXUIJJEX. A son épouse : 273. Contre les Valentiniens : 280 et 281. De la patience : 310. De la prescription contre les héré­ tiques : 46. Exhortation à la chasteté : 319. La chair du Christ : 216 et 217. La pénitence : 316. Les spectacles : 333. La toilette des femmes : 173. Traité du baptême : 35. Théoüoret ra Cyr. Commentaire sur Isaïe : 276, 295 et 315. Correspondance, lettres I-LII : 40. — lettres 1-95 : 98. — lettres 96-147 : 111. Hist, des moines de Syrie : 234 et 257. Thérapeutique des maladies hel­ léniques : 57 (2 vol.). TuTudote. Extraits (Clément d'Alex.) : 23. Théophile d'Anhocioî. Trois livres à Autolycus : 20. Vœ d’Olympias : 13. Vœ DE SUINTE MElanie : 90. VlB DES PÈRES DU JURA : 142. SOUS PRESSE Grégoire c® Nazianzb : Discours 38-41· P. Gallay et C. Moreschinî. Athanasb d'Alexandrie : Deux apologies (2· éd.). Jan M. Szymusiak. Les Constitutions apostoliques, tome III. M. Metzger. EusfeBE db CÉSARÎB : Préparation évangélique. Livres XIV-XV. É. des Places. Lactanoj : Êpitomé. M. Perrin. I$aac de L'Étoile : Sermons, tome III. G. Raciti. Palladios : Vie de S. Jean Cbrysostocnc. 2 tomes. A.-M. Malingrcy. Également aux Éditions du Cerf LES ŒUVRES DE PHILON D’ALEXANDRIE publiées sous la direction de Arnaldez, C. Mondésert, J. POUILLOUX. Texte original et traduction française. R. 1. Introduction générale. De opificio mundi. R. Arnaldez (1961). 2. Legum allegoriae. C. Mondésert (1962). 3. De cherubim. J. Gorez (1963). 4. De sacrificiis Abells et Calnl. A. Méasson (1966). 5. Quod deterius potiori insidiari soleat. I. Feuer (1965). 6. De posteritate Calnl. R. Arnaldez (1972). 7-8. De gigantlbus. Quod Deus sit immutabilis. A. Mosès (1963). 9. De agricultura. J. Pouilloux (1961). 10. De plantatione. J. Pouilloux (1963). 11-12. De ebrietate. De sobrietate. J. Gorez (1962). 13. De Confusione linguarum. J.-G. Kahn (1963). 14. De migratione Abraham!. J. Cazeaux (1965). 15. Quis rerum divinarum heres sit. M. Harl (1966). 16. De congressu eruditionis gratia. M. Alexandre (1967). 17. De fuga et inventione. E. Starobinski-Safran (1970). 18. De mutatione nominum. R. Amaldcz (1964). 19. De somniis. P. Savincl (1962). 20. De Abrahamo, J. Gorez (1966). 21. De loscpho. J. Laporte (1964). 22. De vita Mosis. R. Amaldcz, C. Mondésert, J. Pouilloux. P. Savincl (1967). 23. De Decalogo. V. Nikiprowetzky (1965). 24. De specialibus legibus. Livres I-II. S. Daniel (1975). 25. De specialibus legibus. Livres III-IV. A. Mosès (1970). 26. De virtutibus. R. Arnaldez, A.-M. Vérilhac, M.-R. Servcl et P. Delobrc (1962). 27. De praemiis et poenis. De exsecrationibus. A. Beckaert (1961). 28. Qu<>d omnis probus Uber sit. M. Petit (1974). 29. De vita contemplativa. F. Daumas ct P. Miquel (1964). 30. Dc aeternitate mundi. R. Amaldcz et J. Pouilloux (1969). 31. In Flaccum. A. Pelletier (1967). 32. Legatio ad Calum. A. Pelletier (1972). 33. Quaestiones In Genesim et in Exodum. Fragmenta graeca. F. Petit (1978). 34 A. Quaestiones in Genesim, I-II (e vers, armen.). Ch. Mercier (1979). 34 B. Quaestiones in Genesim, III-IV (e vers, armen.). Ch. Mercier et F. Petit (1984). 34 C. Quaestiones in Exodum, I-II (e vers, armen.) (en prép.). 35. De Providentia, I-II. M. Hadas-Lebel (1973). 36. De animalibus. A. Terian et J. Laporte (en prép.). 37. Hypothetica. M. Petit (en prép.). IMPRIMERIE λ. U O N T E M P S LIMOGES (FRANCE) Registre des travaux : dépôt légal : Février 1987 imprimeur N- 21659-86 éditeur x» 8310