LA TRINITÉ SOURCES CHRÉTIENNES Collection dirigée par H. de Luboe, S. J., et J. Daniélou, S. J. Secrétariat de Direction : C. Mondéeert, S. J. Série des Textes Monastiques d'Occident, N· 111 RICHARD dis SAINT-VICTOR LA TRINITÉ TEXTE LATIN txTnoovcTion. tkadvctiok et hôtes de Gaston SALET, s. j. LES ÉDITIONS DU CERF, 29, .ο 0B ΙΛ Tou«-Mauboum, PARIS 1959 NIHIL OBSTAT : Lyon, le 24 juin 1058 B. ARMINJON, s. j. Praep. Prov. Lugd. imprimatur : Paris, le 18 octobre 1958 P. GIRARD, s. s. Vie. geo. INTRODUCTION 1 L’ambiance. De la vie de Richard de Saint-Victor l’histoire n’a pas retenu grand’chose. Elle ignore la chronologic de ses œuvres cl par conséquent la date du De. Trinitate. Des raisonnements plausibles le situent après le Concile de Reims, qui, en 11-18, examina la doctrine de Gilbert delà Portée Par la puissance de la réflexion, la fermeté de la synthèse et la maîtrise du style, le livre donne nettement l’impression d’une œuvre de maturité. Mais à quel moment fixer la maturité d'un homme dont la date de naissance est inconnue ? Et surtout, com­ ment déterminer la maturité du génie ? Toutefois, en admettant que l’ouvrage appartient à la seconde moitié du xip siècle, on peut marquer au moins quelques rapprochements et souligner quelques synchro­ nismes. C’est l’époque de la floraison du grand enseignement dans les écoles de Laon, de Chartres, d'Orléans et. de Paris. Abélard n'a guère survécu au Concile de Sens : il a terminé en 1142 sa carrière éblouissante et équivoque, après avoir passionné la jeunesse universitaire et empêché pour long­ temps la théologie de s’assoupir. 1. Notre travail était completcnicnt achevé — introduction» traduction et notes — et dftjà envoyé à l’éditeur lorsque nous avons pu avoir con­ naissance du livre de P. Rwaillier, Richard de Saint*Victor> De Trinitate. texte critique avec introduction, notos cl tables, publié par Jean Rlbaillicr, attaché de recherches au C. N. R. S.. Paris» Vrin» 1958. Il nous a été possible d’ajouter à noire texte quelques notes se référant à cet ouvrage capital. 2. Ci. G. Dumimgb» Richard de Saint-Victor et l'idée chrétienne de Contour, Paris, 1952. p. 169. D’après J. Ribatlï.ibk, · le traité est bien postérieur à 1162 ·. «C’est assu­ rément une œuvre assez tardive cl dont l’élaboration a pu s’étendre sur un certain nombre d’années.» ()p. cif., Introduction, p. 12 et 13. La pensée difficile de Gilbert continue A exercer l'ingénio­ sité des commentateurs et A susciter les admirations et les engouements, comme aussi les critiques souvent partiales et inintelligentes. Bernard de Clairvaux est mort en 1153, après avoir lait gnement son influence prudentielle. Pierre Lombard, A Notre-Dame de Paris, dispense une théologie sage et équilibrée, promise à de longs avenirs. Les architectes des premières Sommes ou des « Sententiae ·, tels Robert de Melun ou Alain de Lille, et les canonistes do Bologne entreprennent leurs œuvres monumentales. L'abbayc de Saint-Victor, en dépit do certains ennuis intérieurs assez graves, est encore dans toute sa gloire, avec sainteté de Richard : des visiteurs illustres, S. Thomas Becket et Alexandre lit en portent témoignage. Tous les historiens du xn· siècle ont été émerveillés par l'ambiance de jeunesse ardente qui y règne ; Ils sont restés sous le charme do ce climat do printemps du monde ; ils ont parlé de Renaissance '. A celte époque oh l’on ne son­ geait pas A construire l’Europe, mais où les rideaux sépara­ teurs étaient Inconnus, où les écoles et les monastères de notre pays rassemblaient Italiens, Anglais, Ecossais, Saxons, Norvégiens même, où un Lombard pouvait devenir évêque de Paris et un dignitaire de Cantorbéry. évêque de Chartres, les échanges d'idées étaient faciles. C'est alors une fermen­ tation des esprits, un bouillonnement, une effervescence qui promettent les belles fécondités. Une curiosité univer­ selle, s'inspirant de la maxime augustinienne . Intellectum valde ama ■ et qui s’exprime dans l'adage d'Hugues de SaintVictor · Omnia disce*», une confiance jeune quelque peu absolue en la dialectique, cotte « disciplina disciplinarum 1 » et en même temps, chez les mômes penseurs, un élan de piété 3. S. Augustin, O* ordtne. 3.13. 33 <33,1013). Incomparable, ce qu’il faut appeler une ferveur de l’intelli­ gence et un Intellectualisme mystique, bref une sorte d’état de grilco qui représente une réussite de haute qualité et peut-être un moment unique dans l’histoire de la théologie. En dépit de quelques conscrvatistes qui, par principe. temps de lire les ouvrages écrits par les saints tine tendance puissante emporte les esprits vers la recherche. Λ la suite de S. Anselme, Ils veulent parvenir à l’intelligence do ce qu’ils nlère lucide en ralliant ces professeurs de dialectique < qui Jugent inexistant ce qui dépasse leurs petits raisonnements... ne croient qu’il eux-mfimes, comme s’ils avalent seuls une vue pénétrante ■ . ; il a parfois outrepassé les limites qu’il s’était fixées : ■ Nous ne promettons pas de démontrer le dogme et nous croyons que ce n’est possible h personne ; mais nous voulons proposer quelque chose qui soit, pour le moins vraisemblable, conforme il la raison humalno et non con­ traire à la fol sacrée ·. » Il a provoqué les réactions vives, souvent assez brutales do Guillaume de Saint-Thierry et de S. Bernard : · On se moque de la foi des simples, on éventre les secrets de Dieu, on agite des disputes téméraires sur les réalités les plus hautes, on Insulte les Pères ·. ■ Mais l’im­ pulsion n’est pas arrêtée et llldiard do Saint-Victor s’avance avec Intrépidité sur la route Jalonnée par S, Anselme. Par une sorte d’ironie do l’histoire, c’est un des successeurs do Richard, Gauthier, qui écrira le Contra qunluor labyrintho» Franciat, où la dialectique est déclarée Impiété et Invention du diable. Mais Jean de Salisbury, biographe de S. Anselme, 3. Id. (ITS. 1237}. 4. £p., ISS (1S2, 333). saura détendre vigoureusement la logique et la culture intellectuelle ’. Que Richard ait été influencé par cette ambiance, voilà qui n'est pas douteux. Prétendre qu'on échappe à un climat intellectuel serait dire que notre organisme est indifférent à la qualité de l'air que nous respirons, à la nourriture que nous devons assimiler. De fait, dans le De Trinilale, l'auteur réagit aux problèmes de ses contemporains et ces problèmes ont été pour lui l'oc­ casion de singuliers enrichissements. On a l'impression qu'il a toujours dans l'esprit et, pour ainsi dire, devant lui Gilbert de la Porréc contre lequel il argumente, Abélard qu’il redresse ou explique avec bienveillance, Pierre Lombard qu'il malmène assez durement et aux dépens duquel il exerce Pas davantage Richard ne fait abstraction de scs grands prédécesseurs. Comme toute l'école de Saint-Victor et, l'on pourrait dire, comme tout le Moyen Age, Il est sous l'influence ou la fascination d'Augustin. Dans la spéculation trinitairo, le grand docteur a frôlé, sans d’ailleurs s'y arrêter et en s'engageant bientôt sur d'autres voles, l'explication de la amatur et amor ■· » Richard se réfère à un passage célèbre de S. Grégoire ’, exprimant l’idée fondamentale de l’altérité nécessaire à l'amour, Idée qui sera un thème majeur et comme le leitmotiv de tout le traité. On trouve également chez lui, comme chez les autres docteurs de l'époque, une phrase du Pseudo-Jérôme sur les personnes divines ·■ Enfin la défini­ tion de la personne donnée par Boècc est critiquée avec vivacité ·. Les SOURCES Quant aux Pères grecs, leur Influence, qui semblait notoire au P. de Régnon * dans les Idées de Richard sur la personne, sur les processions immédiate et médiate, sur le Verbe, paraît à d’autres beaucoup plus douteuse ou décidément contestable ’. En particulier Ils rejettent une Influence même diffuse du Pscudo-Denys. au moins sur le De Trinitate : ces deux pensées leur semblent se développer sur des lignes parallèles. Incapables de se rejoindre ·. On rencontre, çà et là, dans notre traité quelques rémi­ niscences des autours païens, telle la définition do l’amitié ou la remarque sur l’impossibilité d'un bonheur parfait qui on lisait l'antiquité profane. Mais ces quelques phrases ne vont pas au-delà de ce que tout homme cultivé se devait de connaître. Chez l’un cl chez l’autre, c’est le même désir · fides quaerens tion divine anime toute la dialectique du De Trinitate ·. Hugues de Saint-Victor, < le second Augustin », a égale­ ment marqué Richard d’une forte empreinte, même s'il n’a pas été longtemps son maître. Il lui a certainement transmis l’esprit qui caractérisait l'école, le goût et le désir de la con­ templation, de cette connaissance qui est en continuité avec la science humaine et la dépasse, de < cette vivacité de l’in­ telligence qui a tout au grand jour devant elle et saisit tout dans une vision sam ombre · ». De plus, s'agissant de la , se développe valeur et l'oriRinalilê de Klchard. même mesure, les démonstrations présenter, à l’appui de notre croyance, des raisons non seu­ lement plausibles mais nécessaires, pour mettre en valeur les enseignements de notre foi '. » Il a raison : de sa part ce n’est pas fanfaronnade que de prétendre à l'originalité ; reconnaissons le courage do son propos et la hardiesse de sa synthèse. Ce n'est pas lui qui a taillé toutes les pierres ; mais c’est bien lui qui a bâti la cathédrale. Analyse du « De Trinitate ». Prologue. De la foi, qui est le fondement et l’origine de tout bien, nous devons, avec toute notre ardeur, nous élever ft l’intelli­ gence de la toi en montant du visible aux réalités spiri- Livre premier. — La substance divine. Sujet et méthode de l'ouvrage. Étant donné qu’il y a pour l’homme trois moyens de connaissance : l’expérience, le raisonnement, la foi, on considérera parmi les vérités de foi celles-là seulement qui concernent Dieu, l’Ètre nécessaire, et on les mettra en valeur par des raisons non seulement plausibles mais nécessaires (raisons dont les Pères ont peu parlé mais qu’on doit pou­ voir découvrir) (I-IV). Il y a trois modes possibles d'existence : exister éternelle­ ment cl do soi-même, exister sans être ni éternellement ni de soi-même, exister éternellement mais non de soi-même (on ne traitera ici que du mode d’être éternel) (Vf). Il existe une substance suprême. et donc qui n’est pas de lui-même — nous devons bien con- dure ù l’existence d’un Être qui est de lui-même et. par te fait, Éternel : autrement rien n’existerait (VII, VIII). En réservant la question de l'être éternel mais non de lui-même (IX), il faut poser au sommet des êtres et pour les plus grande ni de meilleure et qui existe par elle-même (X, XI). Unique et absolument parfaite. elle est elle-même Puissance, Sagesse. Essence suprême et elle tient tout d’ellc-mèinc (XII, XIII). Cette substance primordiale est nécessairement unique (xiv, xv). Elle est la divinité même. Dieu est donc nécessairement un en substance (XVI), qu’il y ait en lui une ou plusieurs personnes (XVII). Dieu ne sachant rien qu'il no puisse et qu’il ne soit luimême, aucun autre être meilleur que Dieu n'est possible ni concevable ; il laul donc attribuer à Dieu tout ce qu'il y a de meilleur (XVIII-XX). En lui, la puissance souveraine est la Toute-Puissance, la sagesse est la Sagesse parlaite (XXI-XXII). Qui possède la perfection en plénitude et non en y parlidpant est seul a la posséder ; l'hypothèse contraire est absurde (XXIIIXXV). Livre deuxième. — Les attributs divins. Certains attributs divins sont tacitement admis par la raison, d’autres le seraient moins facilement sans la toi (I). Dieu étant de lui-même est incréé, donc sans commence­ ment. Il n'a pas non plus de lin, car II est la vérité, qui n’a ni commencement ni lin : il est donc sempiternel (II). Il est Immuable, tout changement par diminution, nugdo lui-même (III). Dieu étant sempiternel et immuable est donc éternel (IV),’ Infini par l'éternité, 11 l'est aussi par 1a grandeur, cnr éternité, grandeur, etc. s'identifient en Dieu avec la sub­ stance elle-même, qui ne peut être à la fols Infinie et finie : Dieu est donc immense (V). Seul éternel el immense. Il ne peut y avoir qu’un être immense. Imaginer un autre immense est contradictoire, qu’il soit incommensurable au premier ou mesurable par lui (VII). Et puisque Immensité et éternité sont Identiques réellement. Il ne peut y avoir qu’un Éternel (VII). Dieu ne peut produire, par activité do nature, un être qui ne soit pas Dieu. El puisqu'il est un en substance, il ne peut produire un autre Dieu. Tout ce qui vient de Dieu par don gratuit est contingent, créé du néant et a un commencement dans le temps ; tandis que l’incréé est indépendant du temps. Autre argument pour prouver l’immensité de Dieu : pos­ séder une grandeur mesurable, c’est participer à la grandeur, non être la grandeur ; or Dieu est la grandeur. Il en est de même pour la Toute-Puissance (X). Pas plus que la divinité les attributs no sont communi« substantiality ■ individuelle et singulière d’un homme n’est communicable à plusieurs hommes. Le créé n’a qu’une participation à la sagesse ou ù la puissance de Dieu (XI-XIV). Comme U ne peut y avoir qu’un Dieu (bien d’autres argu­ ments le démontrent), il ne peut y avoir qu’un Soigneur ; Dieu étant Tout-Puissant est nécessairement le Souverain Bien et la Perfection totale. Il est souveraine simplicité et unité, puisque tous les attributs s'identifient avec la sub- et la simplicité divine (XIX). XXI). La substance divine est une essence supersubstanticlle. de son activité, de son immutabilité (XXH-XXIV). qui est de luf-méme et éternel (XXV). Livra troisième. — Pluralité et Trinité en Dieu. Questions à trailtr. raison qu'il y a dans l'unité divine pluralité de personnes et Trinité. Ëludier l'origine de ces personnes (1). En Dieu il y a plénitude do charité parfaite et souveraine. d'un antre — exige une pluralité. Et la charité divine souve­ raine, pour être parfaite et parfaitement ordonnée, ne peut une personne divine (11). En Dieu 11 y a plénitude de félicité. Or ce qu'il y a de plus délectable est l'amour mutuel qui exige celui qui aime. communiquer généreusement tout ce qu'on p< suppose un associé à la gloire (IV). C'est là un triple argument irrésistible (V). La seconde personne est nécessairement coétemellc Λ la première, puisque Dieu est Immuable (VI). Elle est nécessairement égale on tout Λ la première : autre­ ment elle ne mériterait pas d'être souverainement aimée et la charité divine ne serait pas ordonnée (VII). Les doux possèdent la même perfection, la seule et unique substance et ne sont qu’un seul Dieu (VIII). La pluralité dans l’unité de substance est un mystère ; mais c’est aussi un mystère (d'ailleurs antithétique) qu’en (IX). THnili des Personnes. La charité suprême et parfaite demande qu'on veuille communiquer le bonheur qu’on goûte dans l’amour et ainsi qu’on veuille qu’un autre soit aimé comme on l'est soi-même : chacune des deux personnes doit donc désirer avoir un objet de dlleclion commune (XI). Et ce désir doit être concordant et égal dans les deux : autrement U y aurait défaillance dans la charité, porte de la téliclté, atteinte û la gloire (XIII). Sans une dualité de personnes, pas do communication de la grandeur, pas d’amour vrai, ce qui serait contraire a la plénitude de bonté, de bonheur, do gloire (XIV). Sans une trlnité de personnes, pas de communication des de l’amour en chacune des deux personnes (XV). S'il n'est pas manileslcmcnt contradictoire qu'il y ait plénitude do sagesse et de puissance en une seule personne, impossible qu'il y ait félicité parfaite sans dualité de per­ sonnes, Impossible qu'il y ait bonté suprême sans une troi­ sième personne (XVI, XVII). La perfection de l'amour, on exigeant la condilcctlon, donc la troisième personne, fait que, dans la Trinité, l’amour est société et concorde, jamais exclusivisme (XVIII-XX), Les mêmes principes valant pour la seconde et la troisième personne, les trois personnes sont absolument égales et coétcrLs Trinité. 3 nellcs : clics possèdent en commun l elre souverainement simple, l'unique essence divine (XXI). L’égalité entre les personnes divines est dans la possession plénière du même être souverainement simple, tandis que, dans les créatures, l’égaillé suppose plusieurs substances et reste toujours imparfaite (XXII-XXV). Problème d résoudre. Même une fois démontrées l’unité de la nature divine et la pluralité des personnes, l’intelligence ne voit pas, entre elles, d’accord possible : de là les erreurs, les hérésies, les obscurités Mais incompréhensible n’est pas Incroyable : dans l'homme bien des choses sont incompréhensibles, que nous impose l'expérience ; en Dieu bien des choses sont incompréhen­ sibles, que nous impose le raisonnement (II, III). Toutefois pour résoudre la difficulté, il importe d’abord de définir clairement Ut personne (IV). Il faut chercher le sens de ce terme qui a été voulu par l'Esprlt-Saint (V). Le mot personne dit substance, mais n’est pas synonym de substance ; il implique une substance douée de raison il signifie aussi une propriété singulière Incommunicable. Substance dit plutôt « quelque chose a ; personne dit plutôt « quelqu’un · (VI, VII). Trois personnes signifient trois a quelqu'un » de natu raisonnable. Ce qui ne suppose pas nécessairement divers! de trois substances mais exige altérité de trois « quelqu'un Puisqu’en l’homme deux natures extrêmement dissem­ blables et inégales constituent une seule personne, pourquoi en Dieu trois personnes en tout égales ne seraient-elles pas 20 ne s'applique pas è Dieu, car la Trinité, qui'est une substance Individuelle de nature raisonnable, n'est pas une personne (XXI). Tandis qu’on peut définir sans Inconvénient la personne divine · une existence incommunicable de la nature divine . (XXII, XXIII). Comparaison entre personnes divines et créées. A toute personne on peut appliquer la définition « un existant par soi seul selon un certain mode singulier d’exis­ tence raisonnable La nature divine et la nature humaine, au point de vue de l’unité et de la pluralité, se répondent en une symétrie antithétique : la nature angélique, qui est incorporelle, est Intermédiaire (ne comportant ni pluralité de substances dans l'unité do personne ni pluralité de per­ sonnes dans l’unité de substance) (XXIV, XXV). Livre cinquième. — Los processions. Sujet du livre, Une fois démontrées l'unité de la substance divine, la pluralité des personnes, la compatibilité entre unité et plu­ ralité (plusieurs possédant l'étre sans distinction au titre d’origines distinctes), il faut étudier ces origines propres à chaque personne (I). Une personne — et une seule — lient l’élre d'elle-mé/ne. ι En Dieu la félicité suprême exige que les personnes soient unies par une parenté. Et la beauté suprême exige qu'il y ait entre leurs propriétés un ordre harmonieusement disposé seule : autrement il y aurait série indéfinie et sans prliictp la puissance en plénitude elle est le principe de toute autre essence, existence et personne. Cette première · existence ■ i est donc Incommunicable (IV). Au contraire, exister d'un autre que de soi n’est pas une ΛΝΛΙ.1ΉΚ existence Incommunicable : autrement II n’y aurait pas trois personnes divines. Deux personnes possèdent donc ce mode d'exister qui est d’être éternellement sans être de solmèinc (V). Procession immédiate et procession à ta fois immédiate et médiate. Pour les distinguer entre elles, 11 Inut voir comment se vérifient en Dieu les processions humaines (VI). En Dieu 11 faut une procession immédiate : autrement il n’y en aurait aucune. La personne qui est d’elle-même en exige une autre qui lui soit égale, à raison de la plénitude de charité (VII). La troisième personne ne procède pas do la première seule ; donc également principe de la troisième. D’ailleurs la per­ fection do l’amour dans les deux premières personnes exige la troisième, aimée conjointement par l’une et l’autre (VIII). Remarques sur les processions. Il ne peut y avoir de procession seulement médiate car la personne procédant ainsi n’aurait pas la vision immédiate de la première personne, n’aurait donc pas la science divine (IX). Il n’y a qu’une personne en chaque mode de procession. La nécessité d’un lien immédiat entre les personnes montre qu’il ne peut y avoir deux personnes procédant d’une seule ou des deux premières. Donc chacune des « existences · ainsi discernées est incommunicable (X). La troisième personne ne peut être le principe d’aucune autre; sinon on irait à l'infini (XI, XII). Puisqu’une seule personne est sans principe, puisqu'une seule n’est pas principe d’une autre, seule la seconde per­ sonne a cette propriété d'avoir un principe et d’être prin­ cipe : et c’est là aussi une existence Incommunicable (XIII). Exclusion de la quaternité. celui dont le propre est de donner sans recevoir et celui dont INTRODUCTION le propre est de recevoir sans donner il y ail celui dont le propre est de recevoir et de donner (XIV). L'hypothèse d’une quatrième propriété qui serait de posséder sans rece­ voir ni donner est écartée, car il n'y a qu'une personne exis­ tant sans recevoir ; on outre une personne ne recevant ni ne donnant resterait solitaire. Ainsi est exclue toute quaternilé (XV). L’analyse de l'amour conduit aux mîmes conclusions. L'amour est ou bien « gracieux « quand il donne sans recevoir — ou bien < obligé · quand il reçoit sans donner — ou bien · gracieux et obligé > quand il donne et reçoit. La première personne est la plénitude de l'amour gracieux ; la troisième est la plénitude do l'amour obligé ; la seconde est la plénitude de l'amour à la lois gracieux et obligé. Dans les trois, c'est la mémo dilection souveraine, avec laquelle elles sont identifiées, mais que chacune possède à un titre distinct (XVI-XX). Il n'y a aucune supériorité ù posséder l’amour à un titre ou à un autre, car c’cst. la même plénitude qu’on possède. Estimer plus généreuse telle personne ou plus honorable telle propriété est une Illusion (XXIV). Récapitulation des propriétés soit communes à plusieurs, personnes soit exclusivement propres ή chacune (XXV). fl Livre sixième. — Les noms des Personnes. On peut distinguer les processions divines d’après l'ana­ logie avec les processions humaines (I). Paternité et filiation. Dans la nature humaine la première et la principale est la procession naturelle Immédiate des parents engendrant les enfants. Par une transposition légitime, on dit que pour l'Innasclhle produire, c'est vouloir, par amour, une autre personne consubstantielle, et cela par un vouloir immuable. sont diflércntes, bien que toutes deux de l’Innascible, l’une par la communication de l'amour (VI). Il y a priorité (de sième ne peut l’être ; il n’est pas davantage fils du Fils, (VIII). cable, on appelle la troisième personne Esprit-Saint par ana­ logie avec le souille vital chez l’homme, mieux encore par sa paternité (XI-XIII). L’Esprit-Saint est appelé Don de Dieu, parce qu’il est donné à l’homme comme l'amour « obligé » et l’assimile è sa propriété personnelle (XIV). Appropriations et noms propres des personnes. Pour penser la Trinité, il est légitime d’attribuer au Père origine dans aucun autre — le Fils, engendré, puisqu’il INTRODUCTION l’Esprlt ni incngondré, car 11 procède, ni engendré, car 11 n'y a qu’un Fils. Le terme engendrer, au sens strict, signifie : produire do sol un être consubstantiel, selon lo mode prin­ cipal de procession. Pour le Père, engendrer, c’est vouloir un autre soi-mômo on vertu do la raison principale, c’est produire volontairement de sa substance une personne particulièrement conforme il sa propriété caractéristique (xvi-xix). Le Plis seul est Image et figure du Père. En ce sons propre, seul le Fils est engendré et est appelé image du Père. Lo Saint-Esprit ne peut être appelé Image du Fils : s'il reçoit tout comme le Fils, il no donne pas, alors que le Fils donne (XIX). Le Fils est appelé Imago du Père, non parce qu’il lui est semblable ot égal en puissance, sagesse, cto. — co qui est vrai aussi du Saint-Esprit — mais en raison do la propriété personnelle qui le fait il la fois semblable et diflércnt': Il reçoit et il donne (XX). El cola justifie aussi l’expression • figure do la substance · du Père — ce qui revient Λ dire « ligure do la substance Inongendréo ». Car, 4 l’exemple dos Pères ot malgré l’opposition do certains modernos, il est légi­ time de dire « la substance engendre la substance ». Do ce que la substance do l’un est inongendréo, la substance do l’autre engendrée, Il ne suit pas qu'il y ait deux substances différentes, mais seulement deux personnes distinctos (XXI, XXII). De même que dans lo maître qui enseigne il y a une science donnée, dans le dlsclplo une science reçue : science donnée et science reçue se distinguent et s’opposent ; et pourtant 11 n’y a qu’une seule science. El tout cela inet on lumière le dogme do l’unité divine et do la Trinité (XXIIIMÉTHOOB, PBINOIPBS BSSBNTIBtS BT THfcMBS MAJEURS. L’analyse précédente permet d'apercevoir les lignes maî­ tresses de l’édiiice, les principes de sa construction ot aussi la personnalité de l'architecte. MÉTHODE, FlUNOrES BT THÈMES Richard est de la lignée de « ces mystiques éperdument dialecticiens » dont parlait le P. Rousselet Ce qui frappe d'abord chez lui, c'est lo désir ardent de mieux connaître Dieu pour vivre de Dieu, on même temps que l'exigence rigoureuse de la raison qui ne veut pas sc contenter d'argu­ ments au rabais, de déductions approximatives. dércr comme un grand X, comme un rébus indéchiffrable ou comme un mur hostile dressé devant la raison humaine, voilà qui serait pour Richard un scandale. L’article de foi n'est pas un point d'arrivée mais un stimulant et une impulaller de l’avant. ■ Rides quaerit, intellectus invenit... Et rursus intellectus eum quem Invenit adhuc quaerit *», avait dit S. Augustin. La paresse intellectuelle ne saurait être un hommage à la vérité ; c’est pour le chrétien un péché et une honte. Relire cl répéter ce que les Pères ont écrit est insuffisant. Et tout cela s’applique avant tout au dogme majeur de notre fol. Nous sommes créés par la Trinité divine et pour elle. Or · on no peut aimer parfaitement ce dont l’âme n’a qu'une connaissance brumeuse · ■- Si Dieu a voulu révéler le mystère, c'est bien pour sc faire connaître et par là nous enrichir. Le dogme trinitalre a pour nous une valeur en lui-même et non pas seulement dans ses conséquences. Richard aurait sans doute jugé minimiste la position de S. Thomas, dans le passage de la Somme, où II assigne à cette révélation deux utilités : « Nous faire penser juste de la créa­ tion des choses » et « nous donner une vraie notion du salut du genre humain *. · Pour Richard, entre la toi et la vision du ciel, il y a un entre-deux Illimité, une ascension désirable et combien merveilleuse, que la réflexion et la contemplation nous permettent d’entreprendre et de poursuivre. Aux ter­ riens que nous sommes les ailes manquent, mais une échelle est dressée devant nous et c’est notre devoir d’y monter. 2. De Trinitate, 1S, 2. 2 <42, 1OSS). sablement, sur la créature visible, révélation du Dieu invi­ sible. A côté de la Bible, le livre par excellence, la nature est un autre livre, qui nous donne le môme enseignement : « Natura interrogata vol Scriptura consulta unum eumdemquo sensum pari loquuntur concordia '. » Mais de tous les chapitres de ce livre, le plus instructif est celui do l'homme. En l'homme Dieu est vraiment lisible. Qu'on n'aille pas trembler devant les dangers de l'anthro­ pomorphisme. L'anthropomorphisme n'est plus â craindre dès lors qu'on en a pris pleinement conscience ·. Au reste il n'est est réellement à l’image de Dieu. En considérant dans l'homme la vie spirituelle la plus haute, particulièrement l'ainour qui est charité, on est assuré d’avoir sur Dieu une lumière authentique. Il y a là un centre d'observation pri­ vilégié et un miroir fidèle : « Haec porta, haec scala, hac Intratur ad Intima, hac elevatur ad summa... Praecipuum et principale speculum ad videndum Deum anima rationalis ’. » On opérera la « translatio » de l’humain au divin en excluant principe ■ maxima propositio, communis animi conceptio », que la piété tait admettre spontanément aux simples, que la réflexion Impose à tous les doctes : attribuons au Parfait ce qui est parfait, au Meilleur ce qui est le meilleur, à la Beauté On trouve dans le De Trinitate un emploi notable de ce qu'on peut appeler l'argument esthétique. Richard, qui est déjà si sensible à l'ordre et à la beauté du monde s, n’a pas 1. Benjamin major. 5.7 (IM. 170). MÉTHODE, PRINCIPES BT THÈMES de peine à croire au sens fort ù la Beauté divine. Dès lors, à la différence du timide, qui, pour n’ètre pas dupe de l’illu- soit vrai *, Richard estime que le principe : < c'est trop beau pour que ce ne soit pas vrai · a, lorsqu'il s'agit de Dieu, valeur probante. Peut-être n'aurait-il pas signé la formule paradoxale d’un autour moderne : « Ce n'est pas la vérité du croire qui ino décide, e'est sa beauté s, mais il aurait sans doute approuvé ce qui suit : « Il y a une sorte de beauté qui mérite et exige d’être vraie. » En tout cas, il aurait fait sien Mais l’argumentation, fût-elle d'ordre esthétique, doit être rigoureuse : on n’a pas le droit de se contenter trop vite et à bon marché ; il faut dépasser le convenable et le plau­ sible. S’agissant de la Trinité, nous sommes dans le domaine des vérités nécessaires, ce qui suppose des raisons nécessaires. Ces raisons nécessaires, que peut-être nous n’apercevons pas, existent indubitablement. 11 faut donc essayer de les décou­ vrir. Même si l'effort n’aboutit pas. Il apporte avec lui sa récompense. Aristote lui-même n’avait-il pas déclaré : s La moindre lumière sur les réalités supérieures est plus dési­ rable que la connaissance la plus certaine des réalités infé­ rieures · > ? Et S. Augustin n'a-t-il pas affirmé que · la recherche dans le domaine de l’incompréhensible rend de plus en plus parfait celui qui est en quête d’un si grand bien ’ ■ '? Au reste, cet enrichissement, même s’il est consi­ dérable, ne doit pas arrêter prématurément notre effort dialectique : nous devons tout taire pour qu’il nous mène le plus haut possible. Est-il besoin de souligner que l’exposé de Richard traite dlull : . La MU10 virilό solido cl rllgno <14 . d'abord longuement de la Substance suprême et de l’unité divine ? On a dit en des formules un peu simplifiées que la Personnes pour retrouver ensuite l'unité de nature, tandis que la uogmatiquc latine partait do l imité de nature et s'efforçait en un second temps do distinguer les Personnes *. qu’on lui a parfois attribuée avec les Pires grecs, serait un latin, un augustinien. En tout cas, sa doctrine ne se pré­ sente pas du tout comme une sorte de semi-trithéisme qu’il essayerait tant bien que mal de réduire à l'unité. Le De Tri· nllate, qui se développe autour du Symbole Quiciimque, est d’abord et vigoureusement un traité Uiéologique « De Deo trois Personnes. En réalité, c'est tout le donné révélé indivisible qu'il a constamment devant les yeux : « Unum Deum in Trinitate ot Trinitatem in unitate veneremur », et pour lui, comme tlon infinie de Dieu qui toujours oriente la réflexion, ses longues analyses n’ayant d'autre but que de dégager les implications de la grande vérité essentielle. vrai que chez lui les Personnes sont en pleine lumière. Ce d'une · réalité évanescente ■ et il est aux antipodes du déisme lité de ces Personnes distinctes avec l'unité de la Substance suprême. De là ses développements pour définir la personne comme une « existence », c’est-à-dire quelqu'un qui posside cherchant à prouver que dans l'unique nature divine il peut y avoir trois personnes distinctes, du moment que chacune MËTIIOtlK, principes KT THÈMES d'elles ■ oblient > cette nature à un titre qui lui est exclusi­ vement propre C'est la perfection môme de la Substance divine qui exige la pluralité des Personnes. Car cette perfection qui est à la fois plénitude de bonté, de félicité et de gloire, ne saurait se réaliser dans la solitude ■. Triple raison éclatante, triple rayon dans lequel se décompose, à nos yeux, la simplicité do colle lumière parfaite, Mais dans la « déduction » de la plu­ ralité divine, c'est la charité qui apparaît comme le moyen termo par excellence. * Assurément il n’y a rien de meil­ leur, rien absolument de plus savoureux, rien de plus magni­ fique que la charité véritable, authentique et souveraine. Or elle ne saurait exister sans une pluralité de personnes ·. ■ La charité est la valeur absolue. 11 y a là pour Richard un axiome fondamental, l'objet d'une sorte d’intuition, une évidence première qui domine toute la démonstration et n’a elle-même besoin d'aucune preuve *. La charité est don et communication. Cette charité, par­ faitement ordonnée pur la Sagesse avec laquelle elle s'iden­ tifie réellement, cette générosité, à la fois équilibrée par la « discrétion ■ et totale tiens son élan, requiert non seulement la communication parfaite de l'amour entre deux personnes, mais la communicat ion a une troisième personne de cet amour réciproque et de cette Joie Indicible *. C’est encore la charité qui rend compte de la différence entre les processions et de l'originalité des personnes dis- rte par l'Evangile et le* 1‘tra* >. I'hUowphie en Moyen Age, Parla, 1053, Et c’est finalement la charité qui donne la raison la plus profonde de l’unité divine, puisque cette charité est unique dans les trois et, par sa nature même, souverainement uniA travers les lenteurs pédagogiques de certains développe­ ments, les digressions et les reprises, cette Idée de la charité l'enchantement de sa lumière. ligne de son génie qu'on s’étonne d’avoir â constater qu’il ne l’ail pas développée Jusqu'au bout ’. Elle avait été entre­ vue, nous l’avons remarqué, par Hugues de Saint-Victor. « Λ ccs recherches nous devons apporter d’autant plus d’in­ tense application et d’ardeur persévérante que chez les Pères on trouve, sur ces problèmes, moins de démonstra­ tions rationnelles rigoureuses ·. ■ Sur ce point il est apparu comme un maître à ceux qui homme ·. On sait l'influence profonde qu’il a exercée sur l’école franciscaine, l'auteur de la Summa Italesiana et S. Bonaventure, sans d’ailleurs étonner l’originalité propre de cos docteurs ·. S. Thomas, dans les Sentences, parlant de l’idée du Pseudo-Denys sur la bonté, avait accepté l'argu­ mentation de Richard (. Et si plus tard il lui a préféré Γοχ- I posé augustinicn, c'est sans aucun sectarisme : il no le con­ sidère pas comme l’unique chemin de la vérité, par opposition 1. Livre S. XX. XXIII. Trinitatis, Irnet. unicus (Quamcclil). METHODE, PBIXCIPBS ET THEMES aller au mystère, une analogie qui personnellement lui semble meilleure que la voie suivie par Richard. Ce n’est pas S. Thomas qui qualillerait de téméraires ceux qui aujourd'hui charité entre personnes. Les familles d'esprits sont diverses. Dans le cas, certains voient un as-antage à ne pas prendre comme point de départ de la réflexion trinitalre l'être spi­ rituel qui se connaît et s'aime lui-même : Il leur semble qu'il y a là comme un solipsisme ou un égocentrisme gênant, difficile à éliminer. L’idée de la parfaite charité, qui exige et pose des personnes s’aimant dans un amour mutuel, leur semble plus satisfaisante. Ils estiment aussi que cette Idée est plus religieuse, plus proche do la révélation du Nouveau Testament on ce qu'elle a de profondément original, puisque seule cette révélation a défini Dieu comme la Charité *. Parmi les thèmes majeurs et fréquemment repris au cours de l’exposé n'omettons pas de signaler aussi le groupe ter­ naire des attributs : Puissance. Sagesse, Bonté, auquel Richard accorde une importance spéciale. On ne trouve pas vole d’accès il la Trinité, Mais 11 s’attache à redresser la thèse abélardlenne qui semblait identifier les Personnes ellesmêmes avec ces trois attributs essentiels ; et d’autre part 11 légitime l'appropriation de ces attributs aux Personnes ; Il fait appel Λ cette idée même pour exposer les caractères do la Substance souveraine, les processions, les noms divins ; et U est significatif que la mention des trois attributs revienne dans le résumé final du traité. Raisonnablement on ne doit pas attendre que. dans un L'ordonnance majestueuse de l'ensemble ne va pas sans 32 INTRODUCTION quoique confusion dans le détail ni sans bien des redites fatigantes, ce qui est explicable si la composition du traité a demandé plusieurs années ou si, A l'origine du livre, il; y a un enseignement oral, comme beaucoup d’indices nous 10 suggèrent. De plus, qu'il y ait des problèmes désormais périmés, qu'il y ait aussi des polémiques fastidieuses sur des questions qui nous paraissent secondaires, c'est l'évidence mime. Que dans la construction symétrique chère à l'auteur apparaissent ici et là quelques fausses fenêtres, c’est égale* La déduction, qui se présente comme rigoureuse, ne nous satisfait pas toujours. L’argument que nous avons appelé esthétique : « c’est plus beau, donc c’est ainsi., est toujours d’un usage délicat et certaines de ses applications nous semblent contestables. SI l’emploi du langage anthropomor­ phique, par exemple les expressions qui mettent Dieu dans le temps, ne nous choque guère, car nous sentons bien que Richard n’en est pas dupe, en revanche certains arguments par l’absurde : · à supposer qu’il y ait deux tout-puissants... », nous paraissent un peu enfantins. Il y a aussi des subtilités auxquelles l’auteur se complaît et qui nous agacent : je songe par exemple au tableau récapitulatif sur les propriétés des personnes qui termine le livre cinquième. Mais nous devons lui Être indulgents, tant il s’y complaît en toute inno­ cence : dans notre sagesse de vieillards, nous devons admettre que les enfants aiment les jeux et d’ailleurs admirer l’intelli­ gence qu’ils y révèlent ; pour les penseurs du xn" siècle, la dialectique, qui était chose fort sérieuse et qu’ils maniaient comme un puissant moyen d’investigation, prenait, à certains· moments, l’aspect d’un jeu et nous allions dire d’un sport.·! En somme toutes ces critiques — et bien d’autres qu’on y pourrait ajouter — no portent que sur des détails cl des détails assez négligeables. Nous pardonnons presque tout; à un auteur, h condition qu'il soit suggestif. Le penseur vain par son intuition fondamentale ; c’est là son apport , que rien no pourra dévaluer. Or y a-t-il intuition plus pré­ cieuse et plus suggestive que celle qui nous aide à mieux voir et penser la Trinité comme l’Amour inlini, comme la Charité subsistante ? LA OgtlABCIIIt TIIÊOLOGIQUR La nfiMARCIIB THÉOLOCIQUB. Trop bien réussir peut être un danger et même un malheur. En tout cas, trop prouver, nous disent les logiciens, c’est finalement ne rien prouver. Démontrer par la raison un mystère, ajoutent les théologiens, c’est donner dans l'hérésie. Est-ce l'infortune de Richard dans le De Trinitate ? Quel est au juste le sens et la valeur de sa démarche intellectuelle ? Pour certains commentateurs la question ne se pose même pas : d’après eux, il n’y a lù ni démonstration ni, ù propre­ ment parler, démarche Intellectuelle. De Cousin ù Ilauréau, Λ Pouillée, Janet et tant d'autres, on a traité les Victorins de mystiques exaltés, on leur a imputé un sentimentalisme antirationncl ’. Pareille accusation nous laisse confondus. Peut-on bonnement lire dix pages du De Trinitate et soute­ nir encore pareille assertion ? Par contre, le reproche de rationalisme est autrement grave et il mérite d’être examiné avec soin. On serait tenté de résoudre le cas de Richard par un rapprochement avec celui de S. Anselme. De fait, citez l’un et citez l’autre, malgré des nuances qu’il ne faut pas négliger, les tendances et les méthodes sont comparables. Mais la remarque n’apporte guère de solution facile : car sur la pensée d’Anselme comme sur celle de Richard, on discute et les commentateurs se toyait inconsciemment le rationalisme * ». « C'est un ratio­ naliste, peut-être un rationaliste mystique. » Et des appré­ ciations analogues ont été portées sur Richard. Le griet de rationalisme nous parait cependant injustifié, même si l’on devait taire des réserves sur la manière dont l’auteur pré­ sente son argumentation. Remarquons d’abord — et il est essentiel de le souligner La Trinité. — que toute la dialectique du De Trinitate, comme celle de S. Anselme, se place délibérément à l'intérieur de la foi, entre les données de celte fol et la vision dit ciel. Son objet est la vérité même que la toi nous révèle, que la vision doit un jour nous dévoiler. Au cours du processus rationnel, selon le mol de Bartli, · on no quille pas un instant le sol et le toit de l'isglise ■. > C'est la foi, bien entendu, qui procure à la réflexion tous scs éléments : Dieu souverainement parfait. Dieu en trois Personnes, Dieu charité, valeur absolue de l'amour, homme créé à l'image de Dieu. C'est la foi qui constitue le fondement indispensable de toute la déduction et qui lui donne sécurité et valeur. Aucune connaissance, si élevée soit-elle, ne dépasse en fermeté la connaissance de foi : celte fermeté est absolue *. On doit ajouter que toute la connaissance ultérieure qu'on peut acquérir ne dépasse pas non plus en extension le donné révélé : elle ne nous fait pas traverser une frontière et péné­ trer en pays inconnu, car clic ne découvre pas de vérités nouvelles, mais elle fait apparaître plus lumineuses les véri­ tés déjà possédées ; c’est un inventaire, non une invention. Finalement on reviendra toujours à l'article de foi, à la formule définitive du Symbole Quicumque, mais qui dès lors sera mieux comprise et par conséquent plus enrichis? '■ Le rationalisme au contraire est une indépendance qui se veut totale vis-à-vis de la foi. Quand il s'applique à la reli­ gion, il lui demande seulement de lui nu loumir fournir un oiijci objet αο de ji vocabulaire pensée, un < matériau · comme on dit d" dans ’’— le ---aussi indépendant de la'religion que l'architecte l'est irduestcarrier. Pour lui, la losophie. La raison humaine, par scs propres principes et; scion ses méthodes, peut traiter librement de tous les dogmes ; elle étend sa compétence même aux mystères! LA DÉMARCHE TIIËOLOUIQUI-: qu'elle se flatte d’ailleurs, par ses explications de ramener ou, comme elle le pense, de promouvoir au plan rationnel. Évidemment Richard serait excusable de n'avoir pas prévu Froschammcr et autres théologiens aventureux du xtxe siècle et de ne s’être pas mis en garde contre leurs erreurs. Mais il laut reconnaître qu'en fait sa position est cherchant l'intelligence * est aux antipodes du rationalisme. Sans doute la raison a des droits, qui sont aussi des devoirs. Un chrétien, s'il n’est pas un « minus habens », no peut prendre comme idéal la foi du charbonnier. Le respect pour la vérité qu’elle est pour l’homme la vraie vie exige Impérieusement qu’on la trouve et qu’on la possède. Or, disait S. Augustin, » on ne peut dire qu'on a trouvé ce que l’on croit sans le connaître * ». Richard, il est vrai, considère la fol surtout comme une certitude et une assurance : Il ne nie pas pourtant qu’elle soit déjà une lumière : c’est l’aurore, c’est la promesse du plein midi qui, elle-même, est déjà rayonnante, mats qui est surtout une promesse ·. Ou encore, selon la comparaison d'un autre Victorin, les articles de fol sont les rudiments qui apprennent aux enfants à former tes mots d une manière correcte ; et si ces mots ont déjà pour eux un sens, ils n’ont pas encore toute leur valeur *. Mais cela no veut pas dire que la foi est dépassée par la spéculation à la manière dont la connaissance de l'enfant est dépassée et s’évanouit dans la science de l’adulle, « evacuavi quae erant parvuli ». La raison n’est pas supérieure à la foi. Et dans la démarche qui lui est demandée, la raison n’est pas extérieure à la toi, ni seulement juxtaposée à elle. « Dans la recherche, dans la discussion, dans l’affirmation de ces vérités, la raison humaine ne fait rien si elle n’est soutenue par la foi qui la pénètre s. » D'ailleurs la raison elle-même n’cst-cllc pas foncièrement une 2. De Utero arMfrto.3. 2. β (30, 1243). 3. De slots tnleriorb hominis. 1, 23 <100, 1134). 1014-1015). S. Ben/omln mofor. 4, 3 <100. 137-138). Clwlsll (100. LES MAISONS NÉCESSAIRES formule pourrait avoir de résonances fâcheuses, elle serait démarche complexe de Richard. Cette poursuite ardente « il la trace de Dieu », indaffallo, aboutit à une connaissance valable de la réalité suprême. En s’appuyant sur le principe que toute la création est une sorte de miroir de Dieu (et l'on sait la fortune de cette idée en ce xir« siècle que passionne le symbolisme), en con­ templant surtout l’homme, image authentique du Créateur, on étudiant le jeu subtil des « ressemblances dissemblables », en essayant par une critique Judicieuse de discerner ce qui des mystérieux rapports de symétrie et d’opposition entre le fini et l’infini, qui, les uns et les autres, sont révélateurs, on arrive finalement à opérer cette délicate transposition des concepts humains à la réalité divine et à utiliser les vocables de notre langue indigente et rudimentaire. Telle est la méthode d’analogie, dont Richard n’a Jamais parlé en technicien, mais qu’il utilise avec virtuosité, en particuet distingue les processions, où il explique et Justifie les noms donnés par l’Écriture aux Personnes divines ·. Les raisons nécessaires. Le mystère de Dieu doit être jusqu’à un certain point Intelligible, car Dieu est Lumière. Or la lumière divine, même • aveuglante », ne rend pas aveugle : elle éblouit, elle force à penser Dieu, raisonner sur lui et môme, affirme notre auteur, apporter dans l’argumentation des ■ raisons nécessaires .. L’attitude intellectuelle de Richard, disions-nous, n’est pas un raiionahsme. Mais la démonstration qu'il propose de la Trinité ne devient-elle pas en fait, contre son gré, rationaliste ? Ici encore, la discussion s’ouvre à perte de vue. Entend-Il 38 présenter une démonstration sion ambitieuse pour désigu LES RAISONS NÉCESSAIRES mystère, celui-ci demeurant toujours inviolé. De tait, il maintient résolument, dans scs démonstrations les plus vic­ torieuses, rincompréhcnslbilité divine. Mais au vrai la dis­ tinction entro le -an est»et le “quid est» est-elle suffisante1 ? Si la pluralité en Dieu, tout en restant · mettable », est rigou­ reusement « Inévitable », le mystère est-il encore respecté ? L'affirmation même de la Trinité, dès qu’elle n'est pas un pur verbalisme, est bien une certaine connaissance du « quid est » ; et c'est l'existence mémo do la Trinité qui déjà cons­ titue le mystère Impénétrable à la raison. Il ne suffirait pas d'ajouter que Richard se contente de démontrer la possibilité do l'énoncé de la toi ’. S. Thomas veut qu'on se borne à < détendre la non-impossibilité des mystères proposés par la toi ’ », c'est-à-dire à montrer que les objections formulées contre les mystères au nom de la raison ne sont pas contraignantes. On no pourrait alléguer non plus que les arguments de Richard sur la Trinité sont uniquement négatifs. La théo­ dicée est incapable de démontrer positivement et directement l'immensité de Dieu ; et cependant elle la démontre vraiment : en prouvant qu'un Dieu non Immense serait absurde, elle ne donne qu’une preuve négative, mais qui est une preuve rigoureuse. Richard a-t-il prétendu démontrer la proposition : « Un Dieu unipersonnel est absurde » de la même manière et avec la même certitude qu’il démontre la proposition : < Un Dieu non immense est absurde » ? Nous ne pensons pas que dans le De Trinitate on trouve la première formule littéralement exprimée par l'auteur ; reconnaissons toutefois que dans IMHODOCTIOX certains passages elle semble bien près de sa plume. Ilcconnalssons aussi que les conclusions triomphantes se pressent tout au long des six livres. « Ainsi, pour affirmer la Trinité, de partout se présentent des témoignages multiples et de s'aleur si exceptionnelle qu’on semblerait frappé de démence à ne pas se satisfaire de pareilles garanties '. » Evidemment Et pourtant s’aglt-ll au vrai d'une démonstration pure­ ment rationnelle ? Et d’abord s’agit-il d'une démonstration proprement dite ? Dans l'assurance Incontusible do Klchard, Il y a peut-être lieu do tenir compte du « genre littéraire ". Le xn· siècle est féru de technicité ratiocinante, la déduction se veut toujours mas — et dans toute la scolastique — les syllogismes se déroulent imperturbables, mime quand II s’agit de montrer que la seconde Personne est le Verbe ou qu'il ne peut y. avoir que doux processions en Dieu ·. mas est respectueux du mystère et il Interprète ces . démons­ trations · conformément aux principes du saint Docteur sur Il est possible do trouver dans notre auteur lui-même les correctifs indispensables à certaines outrances. Tout comme; Anselme cl Abélard il a protesté avec vigueur, en d'autres pages de son œuvre, contre les dialecticiens Intempérants ;;; et ces diatribos mollirent qu'il avait conscience du périli Mais de plus, dans le De Trinitate lui-même, il énonce des; principes qui doivent servir de clefs pour comprendre ses! textes et qui permettent de nuancer les conclusions trop. il rappelle que tous les mots humains — et par conséquenl des profondeurs d’ablme. L’homme arrivera a peine ou n'arrivera jamais A découvrir des termes aptes A l'ex­ poser ’. · On ne parviendra pas, en dépit de toutes les recherches, A une connaissance oil l’esprit se reposerait : on lui donne entière satisfaction sur des vérités si pro­ fondes ·. » Impossible d'enfermer Dieu dans une définition : • Manifestement il ne saurait y avoir de définition propre de l’infini ·. · Même lorsqu'il s'agit de certains attributs divins, l'esprit se refuserait ou du moins hésiterait, si la foi no l'in­ citait à les admettre *. Bien que l'homme soil it l'image de Dieu et il sa ressemblance, « entre la nature humaine et la nature divine, la dissemblance l'emporte Incomparablement sur la ressemblance (Incomparabiliter copiosior)6 ». Il faut toujours rester modeste et rester à notre place, qui est la dernière dans l'ordre do l'intelligence «homo tenet imum ·». « Gardons-nous de porter A la légère un jugement trop humain sur un mystère d'une telle profondeur ’. » Enfin il est à noter que, pour Richard, la vérité trinitalro est l'objet de la sixième contemplation, qui est une grâce proprement mystique et tout A tait privilégiée ■. Quand on a pris cons­ cience â cc point de l'inadéquation des termes, de l'imper­ fection do l'analogie, do l'incompréhensibilité du mystère, de tout ce qui empoche d'enclore l’infini dans un raison­ nement, peut-on encore avoir l'espérance et l’illusion de présenter uno démonstration au sens strict et qui serait contraignante 'I Et peut-on la considérer comme purement rationnelle et susceptible do convaincre par elle-même l’incroyant ? Il ne scmblo pas d'ailleurs que Richard — et moins encore que S. Anselme — veuille faire œuvre apologétique et qu’il s’adresse tellement A l'incroyant. Son exposé a pour but S. Beniamin ηφτ, L. 4, 7, 0. etc. (100,140 «l->. d'éclairer les « simpliciores », parmi lesquels, avec une ceraidcr les âmes chercheuses, les âmes fidèles dans leur montée vers Dieu, Mais â l'intérieur même de la dialectique la fol reste nécessaire. Même après les démonstrations irrécusables des premiers livres sur l'unité et la pluralité en Dieu, re­ marque Richard, ■ dès que nous nous demandons comment il peut y avoir entre ces vérités accord et compatibilité. vite mettre en doute la conviction que nous avait inspirée tous ces raisonnements ■ ». Si Richard est moins en garde que S. Thomas contre les raisonnements qui sembleraient contestables aux infidèles cl provoqueraient leur dérision, c'est sans doute qu'il parle â des croyants et mise sur leur fol d'un bout â l'autre do sa déduction, il apporte une argu­ mentation qu'il affirme comme pleinement convaincante,, parce qu’il sait qu'elle doit l’ètre, étant donné la nature du dans notre condition actuelle, pouvons-nous la saisir comme pleinement convaincante 7 Et pouvons-nous la communi­ quer à la manière d une démonstration pleinement ration­ nelle et qui se suffirait â elle-même ? Mieux vaudrait dire que les « raisons nécessaires » sont un enchaînement logique de propositions, nous donnant une expression cohérente do ces vérités que la foi nous présente comme nécessaires. Fina­ lement ces raisons no sont tout â fait lumineuses que pour le fidèle. Et n'est-co pas Justement parce que ccs lumières, sur Dieu sont elles-mêmes une lumière de Dieu daignant se A considérer l'un des arguments essentiels du De Trini­ tate, celui qui conclut de la charité souveraine â la pluralité des pcrsonnes.il est clair qu'il s'appuie sur deux propositions relevant de la foi : Dieu est Charité, il y a en Dieu pluralité de Personnes et sur une proposition donnée par l’expérience chrétienne : la charité exige une pluralité do personnes. Voir note ■ Rultoiiw MOomrtM .. p. SCS. Rien n'est plus facile, à partir do ces propositions, et rien n'est plus séduisant que de bâtir le syllogisme : dans la charité Il faut qu’il y ait pluralité de personnes — or Dieu est Charité — donc II faut qu'il y ait en Dieu pluralité do Per* sonnes. Sur quoi un logicien remarquera Immédiatement : le syl­ logisme ne conclut que si la majeure est universelle et signi­ fie : toute charité, divine et humaine, exige une pluralité de personnes. Or on ne peut affirmer cette proposition a partir do l'expérience humaine, car entre la charité en Dieu et la charité dans l’homme II n'y a qu'une analogie lointaine. C'est seulement parce que la foi nous enseigne que Dieu est charité et qu'il y a pluralité do Personnes en Dieu que nous pouvons affirmer que toute charité exige une pluralité do personnes. Donc la pluralité dos Personnes divines n'est pas une conclusion rigoureuse du syllogisme. El ces remarques sont justifiées. .Mais au-delà de cet appa­ reil logique, décidément critiquable, reste l’intuition pre­ mière, dont II n'est que la présentation et la mise en oeuvre ; cette Intuition est dans le rapprochement même des trois énoncés et elle projette sur la Trinité une lumière singuliè­ rement bienfaisante. S. Thomas voulait que l'on se contentât de ■ manifester la Trinité par des analogies 1 ·. C'est en elTct le seul parti possible. 11 faut renoncer délibérément â démontrer. Mais dans le cas montrer n’cst-ll pas aussi précieux que démon­ trer · 1 El faire entrevoir la beauté trlnltalre pour attirer les âmes n'est-il pas plus efllcaco que tous les triomphes des logiciens sur les esprits rebelles ? Beaucoup estimeront précisément que le De Trinitate, dans son mouvement d'ensemble, réussit à nous donner ce genre de < preuve > et que c'est lâ un mérite incomparable. En fait, Richard — pas plus d'ailleurs que S. Anselme — n'a été considéré par ses contemporains et par les penseurs venus après lui comme un téméraire, un sacrilège, un viola­ teur des secrets divins. Ne soyons pas plus sévères que S. Thomas ou Petau. Certes, ce n'est pas l’aspect « apophatique » de la théologie qui domine chez les Victorins, comme Il dominait chez Scol Ërlgène ■· Le tempérament intellec­ tuel de Richard le pousse Λ dire : ■ Je cherche de tout mon cœur », plutôt qu'à dire, suivant la formule de Bossuet : « J'ignore de tout mon cœur. » Mais, en dépit do ses audaces dialectiques, il sait bien que les raisonnements sont de simples chemins pour aller vers Dieu. 11 est d'ailleurs persuadé que ce sont des chemins qui mènent au but, que se mettre en route, c'est déjà arriver, parce que Dieu est sur le chemin et est lui-même le chemin ; tout comme S. Augustin, il est con­ vaincu que toute recherche est déjà une possession désirable. Richard aurait sans doute retrouvé avec bonheur l’ex­ pression de son propos fondamental dans le texte du Concile du Vatican sur » l'intelligence très fructueuse des mystères, que nous pouvons atteindre, par un don de Dieu, grâce à l’analogie des choses connues naturellement et grâce à la connexion des mystères entre eux 1 ». Mais assurément, s’il avait pu lire cette constitution De fide catholica, il aurait adouci bien des affirmations péremptoires, bien des formules audacieuses. C’est que, depuis S. Augustin, S. Anselme et les Victorinsy il y a eu le rationalisme et la laïcisation de l’intelligence, les distinctions plus accusées entre la connaissance religieuse et le processus rationnel, et les textes du Magistère qui ont dft être portés en fonction de nette situation nouvelle. Il nous est difficile, au xx° siècle, de retrouver exactement la pro.·, blématique, l’état d’esprit et le comportement des docteurs du xn° siècle a. Nous n’avons plus le droit d’utiliser toutes leurs formules. Il faut nous garder cependant de condam­ ner une pensée · totalement soumise à la fol mais ambi­ tieuse de tout démontrer 4 ». Et nous devons admirer leur 1. Do diotiiont notante, pnwSn. Cf. Dem M. Cuwrxs, Sean Scot Sri- effort vigoureux pour mettre dans une contemplation Inté­ rieure à la foi une structure logique intelligible à l’esprit, ce qui est essentiel à une connaissance religieuse authentique. Dans ces pages, à plusieurs reprises, nous avons employé des métaphores d'ordre architectural. Elles se présentent spontanément à l'esprit. Un des meilleurs connaisseurs do Richard nous faisait remarquer il quel point l’architecture romane nous aide à comprendre cette théologie. Rappro­ chement combien suggestif ! L’une et l’autre sont bien des œuvres authentiques du xn<* siècle, sa marque y est Imprimée indiscutable. Ici et là c'est le même sens monumental, la mime puis­ sance de synthèse, la même vigueur d'inspiration. De part et d’autre il y a la forte idée d'ensemble, la gravité, la symé­ trie majestueuse : et dans les détails, l'inattendu et parfois le cocasse, l’humour inépuisable des chapiteaux avec le regard malicieux de l’ânesse de Balaam. Dans le De Trinitate comme dans la basilique romane, tout est géométrie et rai­ son, tout veut être solide et authentique, tout vise à être probe et probant. Mais aussi tout est ferveur religieuse ; tout cet effort rationnel est identiquement mystique. Tout veut être humain et bien appuyé sur la terre, mais pour mieux s'élever jusqu’à Dieu. Texte, tiuduction, notes, meuociuraiB. L'édition critique, déjà mentionnée, établie par J. Rlballller, répond enfin aux désirs des lecteurs de Richard, qui souffraient de l'imperfection manifeste des textes imprimés jusqu'ici. Ayant su que ce travail était en préparation mais ne pouvant nous-même l’utiliser, nous avons dû nous con­ tenter de donner le texte de l’édition de Jean de Toulouse (Rouen, 1650), qui est reproduit par Migne, non sans quelques fautes supplémentaires ". Nous avons corrigé les lapsus évidents et la ponctuation, qui est assez habituellement 1. Pulrologie laline, lomo ISS. col. SS7-9æl. l.Vdlllon Vous voyez le 52 dk τηΐΝίτλτκ, i-noLosus erimus, quia videbimus eum siculi est. Vides unde quo pervenitur, vel quibus gradibus ascenditur, medianto spo et caritate, do fide ad cognitionem divinam et per cogni­ tionem divinam ad vitmn aolcrnam : Haec est autem, in­ quit, vita aeterna, cognoscere te verum Deum, et quem mi· fido vita illa qua interim vivimus bene ; ex cognitione vita icntuin. initium ost —Ί—---------------Quam studiosos ergo in Udo esse nos convenit, a qua omno bonum et fundamentum sumit et fn-uiauiontiim capit ! Sed sicut in tide totius boni inchoatio, sio in CO­ SSO B gnitionc totius boni consummatio atque perfectio. Fo­ ramur itaque ad perfectionem et, quibus ad profectum gradibus possumus, properemus de fide ad cognitionem : satagamus, in quantum possumus, ut inteUigamus quod studuerunt vel quousque profecerunt mundi hujus philosophi ; et pudeat nos in hac parte inferiores illis inveniri : Quod enim notum est Dei manifestum esi illis, tosto Apostolo, çuiu, eum cognovissent Deum, non sicut, Deum glorificaverunl. Cognoverunt ergo. Quid ergo nos accepimus ? Amplius aliquid debet in nobis ainor veri­ tatis quam in illis potuit amor vanitatis; amplius aliquid point de départ, le terme ', les degrés qui nous font monter de la foi, par l’espérance et la charité,Jusqu'à la connaisétemelle. « La vie éternelle, dit Noire-Seigneur, c’est île te connaître, toi, le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ·. » Ainsi donc la vio provient do la foi, la vio provient aussi do la connaissance : de la foi, la vie intérieure ; de la connaissance, la vie éternelle : do la foi, de la tunnaisuiin-, la vin qui, plu- tard, nous fera vivre de tout bien. Aussi, quelle ardeur doit nous animer pour cette foi où tout bien a son fondement et trouve son affermis­ sement ! Mais si la foi est l'origine de tout bien, la cori­ ssi B naissance en est la consommation et la perfection. Porprogrès possibles, allons hâtivement de la foi jusqu'il la connaissance, faisons tous nos efforts pour atteindre y ont réalisés et rougissons de nous révéler, sur ce point, inférieurs à eux. ■ Car ce qui est connaissable de Dieu leur est manifesté », au témoignage do l'Apôtre, « ils ont connu Dieu, mais ne l'ont pas glorifié comme Dieu *. » Ainsi donc ils l’ont connu ®. Mais que faisons-nous alors, nous qui, dès le berceau, avons reçu par la tradition la vraie foi ? L'amour de la vérité doit être on nous plus efficace qu’en eux l’amour de la vanité ! Il faudra bien que, dans ces questions, nous nous montrions plus ca- ll. Plusieurs Uutologlens du Moyen Age, v. g. Abilurd, pmisunl d’ollleurs ■’appuyer sur la doctrine do· Pires, attribuaient aux philosopha· païens, à Jixtnel· et per philosopho» gentibus dignote est revotera (dlvlnna Tri­ M DE TRINITATE, PBOLOr.CS SS9 C nos in his posse oportebit quos fides dirigit, spes trahit, caritas impellit. Parum ergo debet nobis esse quae recta est, quae credimus intelligere. Nitamur semper, in quantonemus ex fide. Sed quid mirum si ad divinitatis arcana mens nostra caligat, cum omni pene momento terrenarum cogitationum pulvere sordescat ? Excutere de pulvere, virgo filia Sion. Si filii sumus Sion, sublimem illam con- hoc ascendit in coelum ut provocaret et post se traheret desiderium nostrum. Christus ascendit et Spiritus Christi descendit. Ad hoc Christus misit nobis Spiritum suum, ut spiritum nostrum levaret post ipsum ; Christus asccn- asccnsionis nostrae doclorem atque ductorem Spiritum in nobis futura est, veniet ipse corporaliter in ea carne quam assumpsit pro nobis, secundum illud : Sic veniet K sso C pables, nous que dirige la foi, qu'entraîne l'espérance, qu’anime la charité ! Nous devons juger encore insuffi­ sant d’avoir sur Dieu, par la foi, des idées justes et vraies ; efforçons-nous, comme nous le disions, de com­ prendre ce que nous croyons. Employons-nous toujours, dans les limites du licito et du possible, à saisir par la raison co que nous tenons par la foi. Au reste quoi d’élonnant si devant les profondeurs divines notre intelligence est obscure, elle qui est presque à tout mo­ ment salie par la poussière des pensées terrestres ? • Secoue la poussière, vierge, fille de Sion ·. » Puisque nous sommes fils de Sion, dressons cette échelle sublime de la contemplation, comme l'aigle prenons des ailes *, capables de nous faire planer au-dessus du terrestre et de nous élever vers le ciel. Goûtons les réalités du ciel et non celles de la terre ■, les réalités du ciel où lo Christ I est assis à la droite de Dieu. Suivons Paul pour lo ■ 8SD l> troisième ciel, où il a entendu des mystères qu'il n'est pas permis à l'homme do redire ·. Et montons à la suite do notre chef. Car s’il est monté au ciel, c’est pour sti­ muler et entraîner après lui nos désirs 5. Lo Christ est monté et l'Esprit du Christ est descendu. Si le Christ nous a envoyé son Esprit, c'est pour élever notre esprit à sa suite. Le Christ est monté avec son corps ; monascension corporelle, que la nôtre soit spirituelle ' Pour­ quoi nous a-t-il présenté l'Esprit comme docteur et conducteur dans notre ascension, sinon parce qu’il a qu’il a prise pour nous, suivant la parole : « Il viendra tout comme vous l'avez vu montant au ciel ·. » Élevons1 Sto A nous donc par l’esprit, élevons-nous par l'intelligence, ■mouxtUB là même où l'ascension avec notre corps, entre temps, ne nous est pas permise ■. Mais il doit nous paraître insuffisant de monter par la contemplation de l’esprit, jusqu'aux secreta du premier ciel. Élevons-nous donc du premier ciel au second et du second au troisième. Ceux qui, par la contemplation, s’élèvent du visible à l'invisible, du monde physique au monde spirituel, voient se présenter à leur réllcxion d'abord l'immortalité, ensuite l'incorruptibilité, enfin l'éternité. Telles sont les trois régions : l’immortalité, l'incor­ ruptibilité, l’éternité La première est celle de l’esprit huinum, la seconde celle de l’esprit angélique, la troi­ sième celle do l’esprit do Dieu. Car, pour l'esprit humain, l'immortalité est comme un héritage auquel il a droit : aucun temps écoulé, aucune durée no peut à la (in l’on 89) B déposséder. Cost pour toujours qu’il doit ou bien vivre dans la gloire, ou bien subsister dans la souffrance. Ainsi, toutes les fois, que, dans cette vie, l’esprit s'attache au terrestre et au transitoire, il se déserte, pour ainsi dire, lui-méme, il se ravale au-dessous de lui-môme. Pour lui, monter au premier ciel, c’est donc tout simplement revenir à lui-même, tourner sa pensée et son action vers l’immortel, vers ce qui est digne de lui ·. L'incor­ ruptibilité au contraire dépasse l’homme do très haut : actuellement., il no peut la posséder. Mais co qu'il n’a pas aujourd'hui, il peut le conquérir par le mérite do scs oB τπιχιτατε, 58 prologus vertus : pour lui, monter au second ciel, c’est se préparer par les mérites la gloire de l'incorruptibilité. Colle incor­ ruptibilité, l'ange lu possède maintenant, comme par droit d’héritage ; il l'a conquise par le mérite de sa porSSOC severance; désormais elle est pour lui inamissible. Quant talis gloriam meritis comparare. Hanc utique angelicus spiritus quasi hereditario jure jam possidet, quam per890 C severanliac suae merito ea conditione obtinuit ut de celero in perpetuum amittere non possit. Tertium autem coelum ad solam pertinet divinitatem ; nam de eo scriptum est quia solus habitat aeternitatem. Cetera vero omnia quae ex tempore esse coeperunt eo ipso aeternitatem habere non possunt quo ab aeterno non fuerunt. Sed singulare do­ num et prae omnibus praecipuum est usque ad hoc coelum penna contemplationis volare et intellectuales oculos ejus étres qui ont commencé dans le temps sont incapables de posséder l'éternité, par le fait même qu’ils n’ont pas existé toujours. Mais c'est un don singulier et supérieur è tous les autres de pouvoir, sur l’aile de la contemplation, voler jusqu'il ce ciel et fixer le regard de l'esprit sur sa lumière radieuse. Notre ascension au premier ciel est actuelle, au second elle est virtuelle, au troisième intellectuelle s. liter, ad secundum virlualiter, ad tertium mtellectuahler. Ad hoc utique ultimum coelum spirituales viros Spi­ ritus Christi sublevat, quos revelantis gratiae praerogativa élève les hommes spirituels qu’une grâce privilégiée d’il­ lumination éclaire d’une manière plus sublime et plus piationis gratiam ad aeternum intelligentiam promo­ vemur. Parum itaque debet nobis esse quae vera sunt de aeternis credere, nisi detur et hoc ipsum quod creditur cum rationis attestatione convincere. Nec nobis sufficiat illa aeternorum notitia quae est per fidem solam, nisi apprehendamus et illam quae est per intelligentiam, si necdum ad illam sufficimus quae est W b les fois que la grâce de la contemplation nous fait par- hier insuffisant d’avoir une foi authentique aux réalités vérités de foi par le témoignage de la raison. Sans nous satisfaire de celte connaissance de l’éternel que donne la seule foi, essayons d’atteindre celle que donne l’intelligence, n’étant pas encore capables de celle que donne l’expérience *. Toutes les réflexions de ce prologue ont pour but de rendre nos esprits plus attentifs et plus ardcnls à celle étude ; c’est un grand mérite, croyons-nous, d’ôlrc remplis de zèle dans cette recherche, môme si les résultats no répondent pas entièrement à nos désirs ·*. Haec in operis nostri praefatione praemisimus, ut ani­ mos nostros ad hujusmodi studium attentiores et arden- in hujusmodi exercitio multum studiosos fore, etiamsi non detur idipsum quod intendimus pro voto perficere'. i. Isolé, 57,1S. I ttal.'. Oe Saeram.. I. 10. 3 (175, 330). 4, Cl. S. Aucvsriu, »e TrtnU., Prière anale, 1S, 25. 51 (42, 1007-1008). CAPITULA PRIMI LIBRI I. II. III. IV. V. VI. VII. VIII. IX. X. XI, XII. XIII. Quod rerum notitiam triplici apprehendimus modo : experiendo, ratiocinando, credendo. Quod nihil firmius tenetur quam quod con­ stanti fide apprehenditur. Quod do his agitur in hoo opero quae jubemur do aeternis erodero. Modus agendi in hoc opero : non tam auctori­ tates inducere quam ratiocinationi insistere. Breviter praelibatur de quibus in sequentibus Quod universaliter omnis modus ostendi potest sub triplici distributione oomprohondi. Do illo essendi modo qui non est ab aeterno et, eo ipso, neo a semetipso. De illo essendi modo qui ost a semetipso et, eo ipso, ab aeterno. Do illo essondi modo qui ost ab aeterno, nec tamen a semetipso. Quod circa duos tantum modos qui sunt ab aeterno versatur tota hujus operis intentio. Do substantia summa : quod sit a semotipsa ot,, oo ipso, ab aotorno ot sino omni initio. Itom quod una sola substantia sil a semetipso, a qua et colora omnia ; ot quod non nisi a sometipsa habet lotum quod habet. Quod summa «obstantia sil idem quod ipsa potentia, idem quod ipsa sapientia ; undo et quaelibet illarum est idem quod altera. SOMMAIRE DU LIVRE PREMIER I. Nous avons trois moyens pour connaître la réalité : l’expérience, le raisonnement, la foi. II. Rien de plus ferme que l’adhésion donnée aux 111. Cet ouvrage traite do ce que noua impose la IV. Méthode do l’ouvrage : ne pas se contenter d’al­ léguer les autorités, mais insister sur le rai­ sonnement. Bref aperçu des questions à traiter. Tous les modes d'élre en général peuvent se ranger dans trois catégories. V. VI. n’est pas de lui-même. VIII. De l’être qui est de lui-même et, en conséquence IX. De l’être qui est éternel sans être pourtant de lui- XI. XII. XI11. d’être qui sont éternels. De la substance suprême : elle est d'elle-même, donc éternelle et sans aucun commencement. Même sujet. Il n’y a qu'une substance qui soit d'cllc-inèine ; toutes les autres sont par elle ; elle a d’elle-môme tout ce qu’elle a. La substance suprême est identiquement la puissance même, la sagesse même ; chacune d'elles s'identifie donc avec l'autre. XIV. Quod summa substantia non possit habere parem sieut nee superiorem. propriae naturae consortem habere. XVI. Quod summa substantia sit idem quod divi­ nitas ipsa ; ct quod Deus non sit nisi substan­ tialiter unus. XVII. Item, quod non sit Deus nisi unus ; quod ab ipso est omne quod est ; quod nonnisi a so habet totum quod habet ; quod idem sit XVIII. Quod omnino sit impossibile vel ipsum Deum quod Deo sit melius definire posse. XIX. Si Deus ipse non potest per intellectum attin­ gere aliquid melius Deo, multo minus humana cogitatio. XX. Investigantibus cl disputantibus de Deo quid soleat esso quasi maxima propositio et velut Quod Deus sil summe potens, ut etiam sit omni­ potens. Quod Dei sapientia sic sil summa, ut sit usque­ quaque perfecta. XXIII. Quod do Dei sapientia dicitur alia adhuc ra­ tione confirmatur. XXIV. Confirmatur aedem ratione quod superius .di­ ctum est de divinae potentiae plenitudine. XXI. XXII. solus et, quod consequens est, nec Deus nisi LIVIIK I. LA SUBSTANCE DIVINE XIV. La substance suprême ne peut admettre une autre substance qui lui soit égale ou supé- XV. Impossible pour la substance suprême d'ad­ mettre une autre substance de même nature. La substance suprême est identique à la divi­ nité même. Dieu n’existe que substantiel­ lement un. Même sujet. Dieu est nécessairement un. De lui est tout ce qui est. Ce n’est que de luimême qu’il a tout ce qu’il a. Il s’identifie avec la puissance même, avec la sagesse même. Il est absolument impossible, même pour Dieu, do rien concevoir de meilleur que Dieu. Dieu lui-même no pouvant par l'intelligence atteindre rien de meilleur que Dieu, la pensée humaine le peut bien moins encore. Axiome suprême ct conception commune de XVI. XVII. XVIII. XIX. XX. cherches ct les argumentations sur Dieu. La puissance souveraine en Dieu est la toutepuissance. La sagesse souveraine en Dieu est absolument pariaitc. XXIII. Autre argument pour confirmer l’assertion sur la sagesse de Dieu. XXIV. Confirmation par ce même argument de l’as­ sertion précédente sur la plénitude do la puis­ sance divine. XXV. Il ne peut exister qu’un seul Tout-Puissant, il no peut donc exister qu’un Dieu. XXI. XXII. DE TBINITATB, LIB. 1 LIVRE 1. LA SUBSTANCE DIVINE, 1 LIVRE PREMIER LIBER PRIMUS LA SUBSTANCE DIVINE Si ad sublimium scientiam mentis sagacitate ascen­ dere volumus, operae pretium est primo nosso quibus modis rorum notitiam apprehendere solemus. Rerum itaque notitiam, ni fallor, modo triplici apprehendimus. Nam alia experiendo probamus, alia ratiocinando col­ ligimus, aliorum certitudinem credendo tonemus. Et temporalium quidem notitiam per ipsam experientiam apprehendimus ; nd aeternorum vero notitiam, modo ratiocinando, modo credendo, assurgimus. Nam quae­ dam ex his quae credere jubemur, non modo supra ra­ tionem, verum etiam contra humanum rationem osso 891 B videntur, nisi profunda et subtilissima indagatione discutiantur vel potius divina revelatione manifestentur. In horum itaque cognitione vel assertione magis inniti solemus fide quam ratiocinatione, auctoritate potius quam argumentatione, juxta illud propheto) : Nisi cre­ dideritis non inlelligetis. Sed et hoc in his verbis dili­ genter attendendum videtur, quia horum quidem inlelligentia, hac nobis auctoritate, non generaliter sed conditionaliter neganda proponitur, cum dicitur : Nisi credideritis non inlelligetis. Non ergo debent exercitatos sensus habentes de talium intclligontia comparanda de­ Lus mois MOYENS DE CONNAISSANCE POUE l’kOMME. 891 Λ ne Sacram.. L 10, 3 <170, 327-330). classiques, est Irdquent «liez les Pères, Augustin. Ortsolre, *>*«· :on 10 trouve croyez pes. vous no subsisterez pns · ou · St vous ne tenez pas ή mol. vous no Si nous voulons nous élever par une intelligence per­ spicace jusqu’à la science des réalités sublimes, il est avantageux de nous rappeler d’abord quels sont nos moyens habituels de connaissance. Nous avons, si je no me trompe, trois moyens pour connaître les choses. Certaines réalités nous sont données par l’expérience ; d’autres sont atteintes par le raisonnement ; d’autres enfin nous sont garanties par la foi *. C'est l'expérience qui nous fait saisir les réalités temporelles. C'est tantôt le raisonnement, tantôt la foi qui nous élève à la con­ naissance de l’éternel. En effet, parmi les vérités que nous sommes tenus de croire, quelques-unes nous paraissent non seulement dépasser, mais contredire la raison hu891 B rnaine, tant qu’elles ne sont pas soumises à une enquête pénétrante et minutieuse, ou plutôt tant qu’elles ne sont pas manifestées par une révélation divine s. Ainsi, pour connaître ou affirmer ces vérités, nous nous appuyons d’ordinaire sur la foi plutôt que sur le raisonnement, sur l’autorité plutôt que sur l’argumentation, suivant i cette parole du prophète : « Si vous ne croyez pas, vous ne pourrez comprendre ·. » Mais ici nous" devons bien remarquer, je crois, que la parole de l’Ecriturc ne nous refuse pas l’intelligence de ces vérités d’une manière absolue, mais seulement d’une manière conditionnelle : il est dit en effet : « Si vous ne croyez pas, vous ne pourrez comprendre. » Ceux donc qui ont l’esprit bien 1 exercé ne doivent pas désespérer d’acquérir l'intelli• tiendrez pas.. Le texte cité let est celui des LXX. passe dane 1‘anelonno ver- probatae constantiae in fidei suae assertione. LlvnR I. LA SUBSTANCE DIVINE, l-ll 67 genco de ces vérités, à condition, bien entendu, qu’ils épreuve dan» 1'aflirmation de cette foi *. SSI C Ce qu’il y a ici d'admirable, c'est que, pour nous tous, révélation faite d’en haut à nos pères a été confirmée divinement par des signes et des prodiges si multiples, si éclatants, si extraordinaires, qu'il semble que ce serait une folie caractérisée d'éprouver à leur sujet le moindre doute. Les miracles innombrables et d’autres faits qui ne peuvent être que divins emportent ici la conviction et rendent le doute impossible. Quand il s'agit d'attester et aussi de confirmer ces vérités, les signes sont, pour nous, des arguments, les prodiges tiennent lieu d'expérience. (aient y réfléchir ! Avec quelle sécurité de conscience sur ce point nous pourrons comparaître au tribunal de Dieu. Ne serons-nous pas fondés ù lui dire en toute assurance : « Seigneur, s'il y a erreur, c'est vous-même qui nous avez trompés : devant nous, pour confirmer ces dogmes, il y a eu de tels signes, de tels prodiges, que vous seul pou­ viez accomplir ! Assurément ce sont des hommes d'une sainteté éminente qui nous les ont transmis ; c'est un témoignage authentique, de valeur suprême qui les a garantis : vous-même coopériez et confirmiez «s pa­ roles par les signes qui les accompagnaient *. · Et voilà DK TRINITATE, 1.1B. I 892 A Hinc est utique quod perfecto fideles paratiores sunt mori pro fide quam fidem abnegare. Nihil enim procul dubio firmius tenetur quam quod constanti fide appre­ henditur. Ill Ad eorum itaque notitiam de quibus recte dicitur, nobis : Si non credideritis non intdligetis, oportet quidem per fidem intrare, nec tamen in ipso slatim introitu sub­ sistere, sed semper ad interiora et profundiora intolli-: gentiae properare et cum omni studio et summa dili— gentia insistere, ut ad eorum inlelligentiam quœ per fidem tenemus quotidianis incrementis proficere valea­ mus. In hornm plena notitia et perfecta intelligentia 892 B vita obtinetur aeterna. In hac sano acquisitione summa utilitas, in eorum contemplatione summa jucunditas. Hae sunt summae divitiae, hae sempiternae deliciae, in delectatio. De«d«Trtn.,l(lSS,3®J>. In BoMh. une pareille ardeur '. Bien ties lectures m’ont appris qu'il n’y a qu'un Dieu, qu’il est éternel, incréé, immense, qu'il est tout-puis; seul cl Seigneur universel, que pur lui existe tout ce qui existe, qu’il est partout et que partout il est tout entier et non pas divisé en parties. Je sais, par mes lectures, 893 B que mon Dieu est un ct trine, un on su substance, trine en ses personnes ; tout cela je l’ai lu ; mais les preuves de ces assertions, je ne me rappelle pas les avoir jamais lues. Je sais, pur mes lectures, que dans le vrai Dieu il n’y a qu’une substance, que dans l’unité de la subi stance il y a plusieurs personnes dont chacune est dis­ tinguée des autres par sa propriété ; qu’en Dieu il existe ' une personne qui est d’elle-mûmc ct non pas d’une autre ; . une personne qui est d'une seule autre personne et non f pas d’elle-méme ; enfin une personne qui est de deux autres personnes ct non pas d’une seule. Tous les jours, , I tutior, olo. * Speculum fidei (ISO, 370). H DE ΤΒΙΧΙΤΛΤΒ. UB. i aeterni, sed unus aeternus ; quod non tres incroati, nec tres immensi, sed unus increatus et unus immensus. Audio de tribus quod non tres omnipotentes, sed unus omni393 c potens ; audio nihilominus quod non tres dii, sed unus est Deus, nec tres Domini, sed unus est Dominus. Invenio quod Pator non sit factus nec genitus, quod Filius non sit factus sed genitus, quod Spiritus sanctus non sit factus nec genitus sed procedens. Haec omnia frequenter' ’ audio vel lego, sed undo haec omnia probentur me legisse I non recolo : abundant in his omnibus auctoritates, sed non aequo ot argumentationes ; in his omnibus oxporimenta desunt, argumenta rarescunt. Puto itaque me non nihil fecisse, sicut superius jam dixi, si in hujusmodi’., studio studiosas mentes potero vel ad modicum adjuvare et si non detur posse satisfacere. 393 D Ut igitur planae et perspicuae veritatis solido et velut immobili fundamento insistat, inde ratiocinationis no­ strae ordo initium sumat, unde nemo dubitare valeat,., vel resilire praesumat. Omne quod est vel osse potestJ aut ab aeterno habet esso, aut esse coepit ex tempore.^ Item omne quod est vel osso potest, aut habet esse ai semotipso, aut habet osse ab alio quam a somotipso. Uni­ versaliter itaque omne osse triplici distinguitur ratione.^ Erit enim esso euique exsistenti, aut ab aeterno, neo a somotipso ; aut o contrario, nec ab aeterno ncc a semote ipso ; aut mediato inter haec duo, ab aeterno quidem nec tamen a semetipso. Nam illud quartum, quod huic tortio. 2. Voir nolo · Auctorlutn. rationes . LIVRE 1. U SUBSTANCE DIVINE, V-VI 75 de ces trois, j’entends proclamer qu’ils ne sont pas trois éternels, mais un seul éternel ; qu’ils ne sont pas trois incréés, ni trois immenses, mais un seul incréé et un seul trois tout-puissants mais un seul tout-puissant ; j’entends SS3 C proclamer également qu'ils ne sont pas trois dieux, mais ' un seul Dieu ; ni trois seigneurs, mais un seul Seigneur. On m’apprend que lo Père n’est pas fait ni engendré ; que le Eils n’est pas fait mais qu’il est engendré ; que le Saint-Esprit n’est pas fait ni engendré mais qu’il pro­ cède ■· Tout cela, bien souvent, je l'entends dire et je le pas d’avoir jamais rien lu. Sur toutes ccs questions, les autorités abondent, mais non point dans la même mesure les démonstrations ; sur tous ccs problèmes les consta­ tations font défaut, les arguments sont plutôt rares ·. couvre inutile si, dans cette recherche, j'arrive S33D Pour appuyer la suite de nos raisonnements sur une vérité claire et manifeste qui soit un fondement solide et inébranlable, commençons par une affirmation qui ronde impossible le doute, qui décourage toute résis­ tance. Tout ce qui existe, tout ce qui peut exister, ou bien a son être dès l'éternité, ou bien a commencé d’être dans lo temps 3. De même, tout ce qui existe, tout ce qui peut exister ou bien a l’être de soi-même, ou bien a l'être d’un autre que de soi. En conséquence, on peut, d'une manière générale, distinguer trois modes d’être. Tout existant, quel qu’il soit, ou bien a Titre éternellement et de luimême : ou bien, au contraire, n’a l’ètre ni éternellement ni de lui-même ; ou bien, comme au milieu de ces deux 76 BE TRINITATE, LIB. 1 membro videtur e contrario respondere, nullo modo ipsa 894 Λ natura patitur osso. Nihil enim omnino potest esso a semetipso, quod non sit ab aeterno. Quidquid enim ex tempore esse coepit, fuit quando nihil fuit ; sed quamdiu nihil fuit, omnino nihil habuit et omnino nihil potuit ; nec sibi ergo nec altori dedit ut esset vel aliquid posset. Alioquin dedit quod non habuit et fecit quod non potuit. Hinc ergo collige quain sil impossibile ut aliquid omnino sit a semetipso, quod non sit ab aeterno. Ecce ergo quod superius jam diximus manifesta ratione colligimus, quia omne esso triplici distinguitur ratione. VII Ab illo itaque rorum genero incipere debemus, de quibus nullo modo dubitare possumus ; ct per illa quae per experientiam novimus ratiocinando colligere quid de his quae supra experientiam sunt oportet sentire. De illo sane essendi modo qui non est ab aeterno et eo ipso utique, juxta praedictam rationem, nec a semetipso, quotidiano et multiplici certificamur experimento. In­ cessanter alia videmus secedere, alia succedere et quae nibus, hoc in animalibus incessanter videmus ; idem in arbustis et herbis quotidianis probamus experimentis. Quod in operatione naturae, idem videmus in operibus industriae. Quod igitur innumera sint quae ab aeterno non 89» C fuerunt, quotidiana experimenta latere non sinunt. Supe­ rior autem ratio invenit quia quidquid ab aeterno non fuit a semetipso esse non possit. Alioquin aperte convin­ citur quia aliquid sibi initium exsistendi dedit sub illo , (122. 441-443). En lon* eat, Klchnrd. à Ia diOirvaco do Scot. LIVKB I. LA SUBSTANCE DIVINE, Vl-Vll extremes, a l’être éternellement mais non de lui-même. Le quatrième terme qui semble s’opposer à ce troisième est radicalement impossible, d’après la nature même dos 894Λ choses. En effet, aucun être no peut exister par lui-même, qui ne soit éternelx. Car tout ce qui commence dans lo temps, à un moment donné n’était rien ; mais aussi longtemps qu’il n'était rien, il ne possédait absolument rien, il ne pouvait absolument rien ; il n'a donc donné ni à lui-même ni à un autre l'existcnco ou un pouvoir quelconque. Car alors il aurait donné ce qu’il n’avait pas et fait ce qu'il no pouvait faire ; comprenez donc par là combien il est impossible d'être de soi-même sans être do toute éternité. Voilà donc prouvée par une raison manifeste notre assertion do tout à l'heure, qu'il n’existe que trois modes d'être. 394 B Nous devons prendre comme point do départ ces réa­ lités qui sont pour nous indubitables ot, à partir dos données de l'expérience, tirer de justos conclusions sur co qui dépasse l'expérience. Ce mode d'existence do la raison donnée plus haut, n’est pas de lui-même, nous est attesté pari expérience multiple do tous les jours ; sans cesse nous voyons des êtres disparaître, d'autres les remplacer, nous voyons des êtres qui n'étaiont pas encore venir à l’existence; sans cesse nous lo constatons dans lo monde humain et dans lo monde animal ; une expérience quotidienne nous le montre chez les arbustes et les végétaux. Ce que nous voyons dans l’œuvre do la nature se retrouve dans les œuvres de l’art. 11 y a des êtres innombrables qui n’ont pas toujours existé, l’ex894 c péricncc quotidienne lo révèle. Or, la raison déjà alléguée montre qu’un être qui n’a pas été toujours ne peut être do lui-même : autrement on aurait la preuve manifeste qu’une réalité s’est donné le commencement de l’exis- instanti quando nihil habuit, quando omnino nihil potuit : quod quam sit omnino impossibile, sunaa montis hominem nullatenus potest lutere. Omnia itaque illa, quae esso coeperunt ex tempore, constat habere commune, quod non est ab aeterno et eo ipso, ut jam dictum est, nec a somelipso. Ecce de illo essendi modo jam diximus, de quo dubitare non possumus, utpote de illo quem quo* tidiano usu probamus. VIII 894 D Sed cx illo esse quod non est ab aeterno neo a semetipso ratiocinando colligitur ct illud esse quod est a semetipso, et eo ipso quidem etiam ab aeterno : nam, si habent nec habere valent. Convincitur itaque aliquid esse a semelipso et co ipso, uti jam dictum est, etiam dem futurorum nihil luturum fuit, quia qui sibi vel aliis initiuin exsistendi daret vel potuisset dare tunc omnino non fuit. Quod quam falsum sit ipsa evidentia ostendit et rerum exsistentium experientia convincit. Sic sane ex his quae videmus ratiocinando colligimus et ea esse quæ non videmus ; ex transitoriis, aeterna ; ex 895Λ mundanis, supermundane; ex humanis, divina : Invi­ sibilia enim Dei a creatura mundi per ea quae facta sunt intellecta conspiciuntur. LIVRE I. LA SUSSTAXCK DIVISE, VU-V111 79 Unce Λ l'instant mime où elle n'avait rien, où elle ne pouvait absolument rien : impossibilité radicale qui ne peut échapper ù un homme sain d'esprit. En conséquence il est clair que tous les êtres, indistinctement, qui ont commencé dans le temps possèdent l'être qui n'est pas éternel et qui, dès lors, répétons-le, n'est pas de soimême. Et voilà tout ce que nous avions ù dire de ce mode d'être qui est, pour nous, indubitable, puisque VIII C’est précisément ù partir de cet être qui n'est pas éternel et n’est pas de lui-même que le raisonnement déduit l'cxisUnce de l'être qui est de lui-même et qui, par le fait, est aussi éternel. Car s’il n’y avait eu aucun être existant de soi-même, il n'y aurait absolument aucun principe capable de faire exister les êtres qui ne tiennent et ne peuvent tenir leur existence d’eux-mêmes. Il faut donc admettre une réalité existant par elle-même et, en conséquence, nous le disions, existant depuis tou­ jours. Sinon il y eut un temps où rien n'existait ; et alors, rien no serait jamais venu h l'existence ; dans cette hypo­ thèse, on effet il n'y a eu absolument aucun être qui donnât ou pùt donner à soi-même ou aux autres le com­ mencement de l'existence. Hypothèse totalement fausse, c’est l’évidence même et l'expérience des choses qui existent le démontre ·. Ainsi, du visible le raisonnement nous fait conclure à MSA l'invisible, du transitoire à l'éternel, du terrestre au supra-terrestre, de l'humain au divin. Car « ce qui est invisible de Dieu, depuis la création du monde, se révèle l'esprit par les créatures ·. » SSI l> Fuisse autem aliquod osse ab aeterno quod tamen non sit a semetipso nemini videatur impossibile, quasi sit necessarium causam semper effectum praecedere ct omne quod est de alio suo principio semper succedere oportere. Certe radius solis de sole procedit et de illo originem trahit ; et tamen soli coaevus exsistit. Ex quo enim fuit, de se radium producit et sine radio nullo tem­ pore fuit. Si igitur lux ista corporalis habet radium sibi 893 B coaevum, cur non habeat lux illa spiritualis et inaccesquid de natura increata pensare vel aestimare debeamus. Videmus quotidie quomodo naturae ipsius operatione exsistentia exsistentiam producit et exsistentia de exsistentia procedit. Quid ergo ? Numquid in illa superexcellenti natura operatio naturae nulla erit, aut omnino nihil poterit ? Numquid natura illa, quae huic naturae nostrae fructum fecunditatis donavit, in se omnino ste­ rilis permanebit ; ct quae aliis generationem tribuit nun­ quid sine generatione et sterilis erit ? Ex his itaque videtur probabile, quod in illa superessentiali incommulabililate sit aliquid esse quod non sit a semetipso et fuerit ab aeterno. Sed super hoc, ampliori et eflicaciori ratione, suo dis­ putabitur loco. Ptrci, vg. S. Gnitooine DR X’vsse, Contre Eunomlue, 1, S (P. C.. 43, 7SS)i • enixior «l lucii nelrrnoo · (42. 006) : Contra term. Arian., 3 (42, 630-636). 1070-1071). Boni- major, S, 1 (100, 176). od .■ t I.IVBE t. LA SUBSTANCE DIVINS, IX SI IX On ne saurait toutefois regarder commo impossible l'existence d'un être éternel et qui pourtant n'est pas de lui-même, comme s’il était nécessaire que la cause précé­ dât toujours son effet, comme s'il fallait que tout être procédant d’un autre vînt toujours après son principe. II est bien certain que le rayon de soleil procède du soleil, qu'il a en lui son origine ; il existe cependant en même il a produit de lui-même son rayon, jamais il n’a existé sans aucun rayon. Si donc cette lumière matérielle a un 893 B rayon qui lui est contemporain, pourquoi cette lumière spirituelle et inaccessible n’aurait-ello pas un rayon qui lui soit coéternel ? La nature créée est un livre nous apprenant ee qu'il faut estimer et juger de la nature incréce ·. Tous les jours nous voyons comment par l’acti­ vité de la nature elle-même une existence produit une existence, comment une existence procède d'une existence. Faudra-t-il que cette nature suréminente n'ait et ne puisse avoir aucune activité do nature ? Ainsi donc cette nature qui a donné à notre nature le fruit de la fécondité restera en elle-même absolument stérile ? Elle qui accorde aux autres la génération demeurera sans génération dans sa stérilité’ ? Voilà qui nous fait apparaître comme plausible que, dans cette immutabilité superessentiolle, il existe un être qui no soit pas de lui-même et qui soit éternel. Mais nous discuterons ce sujet en temps opportun avec plus d'ampleur et do manière plus concluante ‘. AuBLAnn, Sic el Non, 111 <178, 13791. 10 considérerons les réalités temporelles (qui se rattachent au troisième mode d’être) que dans 1 la mesure où nous l'estimerons nécessaire ou utile pour k étudier les réalités éternelles, suivant cette parole do l’Apôtre déjà citée : « Ce que Dieu a d’invisible, depuis considération du visible à la contemplation de l’invi­ sible, que faisons-nous, sinon dresser comme une échelle, pour nous élever pur l’esprit à ce qui nous dépasse ? de l'expérience. Ainsi, dims notre ouvrage, ce que nous disons de l’éternel appartient proprement à notre sujet ; ce que nous disons du temporel est dit occasionnellement ; car, ici, tout notre effort est consacré aux deux modes d’être des réalités éternelles. Nous devons maintenant parler d'une manière plus '< étendue de l’être qui est do lui-même et qui, par une I 8»û Λ conséquence évidente, nous le disions, est éternel. C’est , une vérité très certaine, et, jo crois, pour tous indubi* h table que, dans la multitude immense des êtres exis. tants et dans la diversité multiple des degrés d’être, ' >1 existe nécessairement une réalité suprême ; melius. Absque dubio autem melior est natura rationalis quam natura irrationalis. Oportet itaque ut aliqua rationalis substantia sit omnium summa. Quam autem constat in hac rerum universitate summum locum tenere non potest hoc ipsum quod est a suo inferiori utrumquo habeat et summum videlicet locum tenore et a sometipsa esse. Nam, sicut superius jam diximus 890 B atque probavimus, si nihil esset a semotipso, nihil esset ab aeterno ; et tunc quidem nulla rerum origo, nulla esset rerum successio. Convincit itaque rorum expartarum tipsa. Nam, si nulla a sometipsa esset, nullum omnino eorum iorct, quae aliunde originem trahunt et a semetipsis osso non possunt. Pertinet itaque substantia illa quae non est nisi a semetipsa, pertinet, inquam, ad illud osse, quod est ab aeterno et sine omni initio. XII Sed illud quod de summa substantia dictum est tissimum est quod in tota rerum universitate nihil esse potest, nisi possibilitatem essendi vel de seipso habuerit vel aliunde acceperit. Quod enim esse non potest, om­ nino non est. Ut igitur aliquid exsistat, oportet ut ab essendi potentia posse esse accipiat. Ex essendi itaquqJ potentia osse accipit omne quod in rorum universitati sometipsa, nec aliquid habet nisi LIVRE I. LA SUBSTANCE DIVISE, Xt-XIl *>-> assurément, la nature raisonnable est meilleure que la naturo sans raison. 11 faut donc qu’il existe une sub* stance raisonnable suprême par rapport à toute autre. De toute évidence occupant le sommet dans l'univer­ salité des choses, elle no peut recevoir son être mémo do ce qui lui est inférieur. Il faut donc qu’il existe une substance ayant ce double caractère d’être au sommet do tout et d’être par elle-même. Car, nous l’avons dit 890 B et prouvé déjà, si rien n'existait de soi-même, rien n’existorait depuis toujours et, dès lors, il n’y aurait ni origine, ni succession des choses. Ainsi, la réalité même des choses qui est une donnée évidente de l'expérience, nous convainc que nécessairement il y a une substance existant par elle-même. Car s’il n'y avait aucune sub­ stance existant par elle-même, il n’y aurait absolument aucun de ces êtres qui ont leur origine au dehors et ne peuvent exister par eux-mêmes. Cette substance no tenant son être que d'elle-même relève donc bien de ce modo d’être qui est éternel et sans commencement. XII Nous pouvons démontrer encore avec plus d'ampleur 8M C nos affirmations sur la substance suprême. Il est abso­ lument certain que dans l'universalité des êtres rien no peut exister s'il n'a on lui-même la possibilité d'exister ou s’il ne l’a reçue d'ailleurs '. Car ce qui ne peut exister est néant : pour qu'une chose existe, il faut qu'elle reçoive l'être de la puissance de l’être. C’est donc la puissance de l’être qui donne l’être ù tout ce qui sub­ siste dans l’univers. Mais si tout dépend de cette puis­ sance. elle-même no dépend que d'ellc-méme, ot elle n'a rien que d'ello-mème. Si elle est l’origine de tout, elle est l’origine do toute essence, de toute puissance, do toute sagesse. Si tout être vient d'elle, elle-même est l'essence suprême. Si tout pouvoir vient d'elle, elle-même essentia est ; si ab illa omne posse, summe potens ; si omne sapere, summo sapiens est. Est enim impossibile 896 D majus aliquid dare quam habere. Sapientia quidem a possidente tota potest dari, simul et a danto tota reti­ neri ; sed majorent sapientiam quam habes omnino im­ partira non vales. Summo sapientem itaque esse oportuit, unde omnis sapientia originem trahit. Sed ubi substantia.! rationalis non est, sapientia omnino inessc non potest ; soli enim rationali substantiae potest sapientia inesse. Est itaque rationalis substantia et omnium summa, cui inest summa sapientia. Est, inquam, omnium summa, a qua est omnis essentia, omnis utique tam rationalis quam irrationalis natura. Non itaque aliud est essendi potentia quam summa substantia. Quam igitur non est nisi a semetipsa ipsa essendi potentia, tam non potest esse nisi a semetipsa summa quidem substantia, quae 897 A non est aliud aliquid quam ipsa essendi potentia. Constat itaque quod a sumina quidem substantia est omne quod est. Sed si ab ipsa sunt omnia, praotcr illam solam nulla est a semetipsa. Et si ab ipsa est omne esse, omne posse, omne habere, procul dubio a seipsa habet totum quod habet. Recto ergo hacc substantia primordialis dicitur, a qua omne quod ost principium ot originem sortitur. XIII Nunc illud consideramus quod jam dictum est, quia summa substantia summo potons ost. Sed illud cortis··; 897 B simum est quoniam hoc ipsum quod potens est, illi est de ipsa potentia; hoc ipsum quod sapiens est, de ipsa.··, sapientia. Probatum est autem quia totum quod habet, nonnisi a semetipsa habet. Ut igitur habeat nonnisi a semotipsa quod habet de ipsa potentia, quod habet do ipsa sapientia, nocosso ost ut illao omnino non sint aliud aliquid quam ipsa. Alioquin quae sine potentia atque LIVHE I. Ι.Λ SUBSTANCE DIVINIS, Xll-XIII 87 est la puissance suprême. Si toute sagesse vient d’elle, elle-même est la sagesse suprême. 11 ost impossible, en effet, de donner plus qu’on no possède. Celui qui 8911D possède la sagesse peut bien la donner tout entière et en même temps la garder tout entière. Mois il ost abso­ lument impossible de donner une sagesse supérieure à celle qu'on possède. Celui done qui est l’origine de toute sagesse est nécessairement souverainement sage. Mais où il n’y a pas substance raisonnable, il ne peut y avoir sagesse, car la sagesse ne peut se trouver que dans la substance raisonnable. Celui qui a la sagesse suprême est assurément une substance raisonnable et supérieure b toute autre. Oui cette substance ost supérieure è toutes les autres, qui est à l’origine do toute essence et donc de toute nature raisonnable et non raisonnable. Ainsi la puissance de l’être s’identifie avec la substance suprême. Dès lors, aussi vrai que la puissance mémo do l’être n'est que par elle-même, ainsi la substance suprême no peut être que par elle-même, n’étant pas une réalité diffé897 A rente de la puissance de l’être. Il apparaît donc que la substance suprême est l'origine do tout ce qui est. Mais si tout vient d'elle, il n'existe en dehors d’elle aucune autre substance qui soit par elle-même. Et si c’est d’elle que vient tout être, tout pouvoir, tout avoir, indubita­ blement elle lient d’cllc-mêmo tout ce qu'elle a. On a donc raison de l’appeler substance primordiale, elle qui donne à tout être son principe et son origine. XIII Reprenons maintenant notre assertion précédente, que la substance suprême est souverainement puissante. S97 B Qu’elle soit puissante lui vient assurément de la puis­ sance même, qu’elle soit sage lui vient do la sagesse même. Or, nous l’avons prouvé, tout ce qu'elle a, elle no le tient que d’elle-même. Pour qu'elle no tienne que d’elle-même ce qu’elle tient de la puissance môme, de la sagesse même, il faut bien que puissance et sagesse s’identifient avec elle. Autrement, puisqu’elle ne saurait DB ΤΝΚΙΤΛΤΒ, Ull. i sapientia potens vel sapiens esso non valet, quod ab ipsis habet non tam a se quam aliunde habet. Consequens autem est quoniam si utraque illarum est idem quod summa substantia, quaelibet illarum est idem quod altera. XIV 807 C Hoo autem in loco nuno illud summopere attendendum est quia, si substantia hoo ipsum quod summa potentia est, diversa aliqua substantia idipsum esse non potest. Alioquin diversae substantiae essent una et una diversae ; quod est utique omnino impossibile. Sed dicis ad ista fortassis : Quid si potest diversa aliqua substantia sum­ mam potestatem habere, etsi non possit summa potentia osso ? Nonno aoquipotentos erunt, si ambae summam potestatem habuerint ? Absque dubio et incunctanter affirmo quia, si una earum summam potentiam habere potest et osse non potest, aequipotens ci non est quae utruraquo potest. Ex parte enim posse et ex parte non 807 D posse quod altori est ox toto possibile, hoc non ost do potentiae ipsius plenitudine sed do ejus participatione: gaudere. Multo autem est majus multoquo excellentius magnae alicujus rei habere plenitudinem quam obtinere, participationem. Ex his igitur aperte colligitur quod primordialis substantia non potest habere parem, siciiti ex superioribus patet non posse habere superiorem. 1. Ct. S. Augustus, De Trln„ IS, 5, 7 et 8 <42. 1001-1002) i S. ANSBUH. Monol.. 10 (158, 104-105). I.IVIIE I. I.* SUBSTANCE DIVINE, Xlll-XiV 89 être puissante et sage indépendamment de la puissance et de la sagesse, ce qu’elle tiendrait de ces perfections, elle le tiendrait non pas d’ollc-mêmc, mais d’ailleurs. Cos doux perfections s'identifient donc avec la substance et il on faut conclure, que chacune d’elles s’identifie avec 1'aulro Ici nous devons remarquer avec la plus grande at­ tention que si cotte substance est identique ù la puis­ sance suprême, il no peut exister une autre substance qui elle aussi lui soit identique. Autrement, plusieurs substances différentes seraient une seule substance et une seule substance serait plusieurs : ce qui est radica­ lement impossible. Peut-être allez-vous répliquer : Et s’il peut exister une autre substance ayant la puissance suprême sans pouvoir cependant être la puissance su­ prême, n'y aura-t-il pas, en ce cas, deux puissances égales, les doux ayant la puissance suprême ? Sur quoi je maintiens sans le moindre doute et sans hésitation : si l'une des deux est capable d’avoir la puissance suprême tans toutefois être la puissance suprême, elle n'a pas une puissance éçalo ù celle qui est capable et d'avoir et d’être la puissance suprême. Car pouvoir partiel897 D lement et partiellement ne pas pouvoir ce qu’un autre peut totalement, ce n’est pas jouir de la puissance même en plénitude, mais seulement en participation. Or il est incomparablement supérieur et plus excellent d’avoir la plénitude d’un bien que d’en obtenir une participation. La conclusion s’impose : il côté de la substance primor­ diale, il ne peut y avoir de substance égale, pas plus ’ qu’il ne peut y en avoir de supérieure, ainsi que nous l’avons montré. S9“ C s.-.p«mt«n <·>>? ; noimisl .,η,.μοII u.llite, .piac est Ipse tiens. mnspiuni esse ; Inse : ia est. setpso mplenUm, magnum, neUmum, unum Doum. XV Substantiae itaque primordiali videtur naturaliter incsse omnibus praesidere et parem vel superiorem habere non posse. Quod enim inest substantialiter, absque dubio et naturaliter inest. Ex eo namque quod ipsa primorSOS Λ dialis substantia idem omnino quod summa potentia est, ei naturaliter inest quod summe potest et quod potentiorem vel aeque potentem habere non potest. Videamus ergo si vel inferiorem possit habere propriae stantia primordiali essentia inferior osse poterit, si naturaliter cum illa commune habuerit quod parem vel superiorem habere non possit ? Juxta haec erit una quae- major et minor. Est ergo impossibile primordialem substantiam propriae naturae consortem habere. 80S B Juxta superiorem disputationem jam pro certo tenemus quod a summa et sola substantia est omne quod est et quod a semetipsa habet totum quod habet. Sed si ab ipsa sunt omnia, ergo et divinitas ipsa. Si vero illam alteri dedit nec sibi retinuit, superiorem habet, quae, J juxta quod superius probatum est, superiorem habere non valet. Constat itaque illam sibi retinuisse simul et habere. Deus autem est qui deitatem habet et hoc ipsum quod Deus est ex deitate habet. Sed si summa substantia hoc ipsum quod Deus est habet ex divinitate sua, quae ' nihil habet nisi a semetipsa, profecto ipsa deitas non aliud aliquid est quam summa substantia. Non ergo XV Il appartient donc évidemment â la nature même reste et de ne pouvoir admettre une autre substance qui lui soit égale ou supérieure. Car co qui appartient è la substance appartient sans aucun doute. à la nature. WSA est. absolument identique à la puissance suprême, il est dans sa nature do pouvoir tout et d’exclure une associée à sa propre nature. Mais, je le demande, com­ ment une substance pourra-t-elle être inférieure à l’es­ sence primordiale, si par nature elle possède en commun avec elle cela même qui n'admet ni égal ni supérieur ? Dans cette hypothèse l'une des deux sera, par rapport à l’autre, bien plus, chacune sera, par rapport à elle-même, supérieure et inférieure, plus grande et plus petite. Il est donc impossible qu’il existe, avec la substance primor­ diale, une autre substance associée à sa propre nature. Dieu est NÉCESSAtnnMENT us SSS B en substance. XVI D’après l’argumentation précédente, nous avons main- stance suprême et unique et qu’elle tient d’elle-même tout ce qu'elle est. Puisque tout existe par elle, par elle aussi existe la divinité. Mais, à supposer qu’elle ait donné à un autre la divinité sans la conserver elle-même, il existe un être qui lui est supérieur, alors que, cependant, d’après nos arguments, rien ne peut lui être supérieur. 11 est donc évident qu’elle a conservé elle-même la divi­ nité et qu’elle la possède. Or celui-là est Dieu qui possède la déité; et qu'il soit Dieu lui vient de la déité. Mais si c’est en vertu de sa divinité que la substance suprême est Dieu, du moment qu'elle tient tout d’elle-même, il est clair que la divinité même est identique à la substance 92 OB TBISITATB, 1.1». I potuit alicui alteri substantiae dare, non dicam ut dci898 C tatem haberet, sed ut ipsa deltas csset. Alioquin, quod impossibile est esse, parem haberet. Hinc ergo colligitur quod vera divinitas est in unitate substantiae et vera substantiae unitas in ipsa divinitate. I Non est itaque Deus nisi substantialiter unus. XVII Audi nunc quam do Facili possumus probaro quod non sit Deus nisi unus. Ex eo quod nihil habet nisi a so, constat quia divinitas ipsa non ost aliquid aliud quam ipse, ne convincatur habere aliunde quam a seipso quod 8981) habet ex divinitate. Divinitas itaque ipsa, aut erit incommunicabilis, aut aliquibus communis. Sed si est incommunicabilis, quod consequens est, non est Deus nisi unus. Si autem ali· quibus communis luerit, communis itaque erit et sub­ stantia illa, quae non est aliud quam divinitas ipea. Sed substantia una non potest esse communis plu­ ribus substantiis : alioquin una cadcmquc substantia cssct plures, et plurcs una : quod quam falsum sit ratio latore non sinit. Si vero dicitur esse communis pluribus personis, juxta id quod dictum est, erit eis utique communis et sub­ stantia illa, quae non est aliud quam divinitas ipsa. Juxta hoc utique erunt in divinitate una plures personae sed nonnisi una substantia. 899 A Sive ergo una tantum, sive plures personae dicantur LIVRE 1. LA SUBSTANCE OlVlttE, XV1-XV1I il donner à aucune autre avoir la déité. mais d'être implique la divinité même. Par conséquent, Dieu est nécessairement un en substance. XVII Constatez maintenant avec quelle facilite nous pouque de lui-même, il est clair que la divinité même n'est pas une réalité distincte de lui : autrement il faudrait conclure qu'il a d’ailleurs que de lui-même ce qu'il a en vertu de la divinité- identique é la divinité même, leur sera commune égaMais il est impossible qu’une seule substance soit commune il plusieurs substances : car alors une seule et même substance serait plusieurs ot plusieurs substances seraient une seule, ce qui est d’une fausseté notoire. Si l’on dit au contraire que la divinité est commune il plusieurs personnes, il faut aflirmer, d'après nos asser­ tions précédentes, que cette substance, identique ù la divinité même, leur sera commune. Mais alors dans n'y aura pourtant qu'une seule substance. esse in una divinitate, nihilominus non erit Deus nisi substantialiter unus. ab aeterno. Et juxta quod de summa substantia, quae non est aliud quam ipse probatum est, ab ipso est omne idipsum est quod ipsa potentia, quod ipsa sapientia. XVIII Si itaque Dei sapientia el Dei potentia unum idemque sunt per omnia, nihil perfectionis, nihil consummationis comprehenditur ab una, quod sub eadem integritatis 899 B mensura non comprehendatur ab alia. Nihil itaque ejus posse quam ejus esse. Quidquid ergo optimum, quidquid praecipuum ab ejus sapientia deprehenditur vel definitur, totum hoc juxta camdem integritatis plenitudinem ab ejus potentia comprehenditur, totum : in ejus essentia concluditur. Nam quantum ad perfec­ tionis culmen, si aliquid per intelligentiam attingeret, I quod per efficaciam apprehendere non posset, jam se procul dubio magnificentius per sapientiam quam per . potentiam extenderet, essetquo una eademquo sub­ stantia ct seipsa major et seipsa minor. Nam Dei qui·. 899 C dem substantia, cum nihil sit aliud quam ejus potentia^ vel sapientia, si se latius per sapientiam quam per pe- ! tentiam extenderet, si se per illam quam per istam latius. I LIVRE I. LA SUBSTANCE DIVISE, XVII-XVIII nité, l’existence d’une souk personne ou de plusieurs, Dieu ne sera jamais qu’un en substance ’. Ainsi donc il existe un seul et unique Dieu qui est do lui-même ct par conséquent éternel. Et selon ce que nous avons prouvé de la substance suprême identique à Dieu, tout ce qui est de Dieu, tout ce qu’il a, il l’a de luimême; et lui-même s’identifie avec la puissance comme avec la sagesse ·. Perfection absolue de Dibu. XVIII Puisque la sagesse do Diou ot la puissance do Dieu sont absolument une souk ot mémo réalité, aucune per­ fection, aucune excellence n’est incluse on l'une qui no soit, dans la même mesure ct intégralement, incluse en Wï B l’autre. 11 n’y a donc rien de plus grand, rien assurément de meilleur dans son savoir que dans son pouvoir et par le fait même dans son être. Toute excellence, toute supé­ riorité comprise ou déterminée par sa sagesse appartient totalement, intégralement, dans la même plénitude, à sa puissance ; et tout cela est contenu dans son essence. Car si Diou atteignait par l’intelligence un clément de efficace, alors, sans aucun doute, la sagesse en lui aurait une amplitude plus magnifique que la puissance ; ct une seule et même substance serait à la fois plus grande ct plus petite qu’elle-même a. Car en Dieu la substance SM C n'est rien autre chose que la sagesse ot la puissance. Si donc elle s'étendait plus loin par la sagesse que par la puissance, si elle avait pu s'étendre plus loin par l'une que par l’autre, assurément une seule ot même substance DB THIXITATIC, Uli. stantia, potentiae comparatione, seipsa per sapientiam major, esset eadem ipsa, sapientiae comparatione, seso utique per potentiam minor. Nihil ergo Deo majus, nihil utique melius vel ab ipso· Deo potest definiri, vel per intelligentiam attingi. XIX Si itaque nihil quod Deo perfectius sil potest per 899 1) intellectum capere scientia divina, quanto minus aliquid Deo majus, aliquid Deo melius posset excogitare scientia humana. Nam, quod humana cogitatio per intellectum caperet, divinam intelligentiam latere non posset. De­ mentiae genus est credere hominem supra id quod est Deus cogitatione posse ascendere, qui nec hoc ipsum quod Deus est potest ulla investigatione attingere. Quanto itaque melius, quanto est perfectius quod humana cogi­ tatio attingit, tanto ad id quod Deus est vicinius accedit neo tamen pertingit. XX Contingere itaque videtur, quadam quasi dole na900 A turae, quod cuncti pene tam eruditi quam minus eruditi solent habere familiare et quasi pro regula tenere, Deo videlicet quidquid optimum judicant incunctanter attri­ buere ; et quod quosdam do hac regula perspicua ratio ratiocinando non docet, sine dubietatis ambiguo devotio; 1. CI. S. Axsbisib, Monol.. 10 (153. 10I-10S) l Prosi., 2 « 3 (1SS, 227-2'28). ■ Sis eruo vero est aliquid quo majus cogllnrl non palest ut noo cogltm-l poult ' non esse : el hoc os tu, Domino Deus noster. . II ajoute, pour eonOrmcr son argument : ■ SI enim aliqua mens posset eosHuro mallus te. ascenderet ejus Intellectus ultra Deum, quod nullus polesl Incero IntoUeotiis. ■ De pde Trtnll., 3 (1SS, 271). uvas I. LA substance DIVINS, xvm-xix-xx 97 serait plus grande qu’clle-même à raison de la sagesse comparée à la puissance; et la même substance serait plus petite qu’clle-mémc à raison de la puissance com­ parée à la sagesse. Par conséquent, rien de plus grand, rien do meilleur que Dieu ne peut être conçu même par Dieu, ni atteint par son intelligence ■. XIX Si donc la science divine ne peut rien saisir intellec899 D tuellement de plus parfait que Dieu, combien moins encore la science humaine pourrait-elle excogiter une réalité plus grande et meilleure que Dieu. Car ce que la pensée humaine saisirait par l’intelligence ne saurait échapper à l’intelligence divine. C'est une vraie folie d’imaginer que l’homme soit capable, par la pensée, de s’élever au-dessus de Dieu, lui qui, avec toutes scs recherches, reste incapable d’atteindre la réalité même de Dieu *. Plus est excellent, plus est parfait ce qu’atteint la pensée humaine, plus près aussi elle s’approche de Dieu, sans toutefois parvenir jusqu’à lui ·. C’est un fait avéré que, par une sorte de don de la 900 A nature, tous les hommes, pratiquement tous, savants ou non, admettent couramment et posent en principe qu’il faut d’emblée attribuer à Dieu tout ce qu’on estime le meilleur. El ceux qui ne tiennent pas ce principe en vertu d’un argument rationnel évident, l’admettent sans le moindre doute sous l'influence de la piété. Aussi babel eidius. ■ De Trtn.. 14. 8. 11 (42. 1044). S. Akseuse : · Tento altius Mur.. Motel.. SO (ISS. 212-213). t>B TRINITATE, LIU. 1. a. Ilvovn o« Saixt-Voctor : .suadet ratio opllmo date quod mcllu! out bonum. . De Sacram.. 1.3.12 <17S. 20». Vote note . Mulum praptxltio, cmnmums animl concopllo .. p. 070. I.IVhE I. U SUBSTANCE DIVINE, XX-XXI 99 aflirme-t-on avec assurance que Dieu est immenso, éternel, immuable, souverainement sage, tout-puissant, même si l’on ignore la manière de le prouver. Pour les doctes, c’est comme un axiome premier, pour tous, c’est une idée universellement reçue d’attribuer à Dieu tout ce que la pensée humaine atteint de plus sublime. Ce principe inébranlable et qui va au cœur même de la MOB vérité est généralement pour les plus grands maîtres eux-mêmes la base solide, le point de départ do leurs recherches, lorsqu’ils se proposent de disserter avec plus Que Dieu soit souverainement puissant, nous l'avons assez, démontré. Mais une question ultérieure peut se poser : l’expression souverainement puissant veut-elle dire que personne ne lui est supérieur en puissance, ou bien est-il souverainement puissant en ce sens qu’il peut tout et en vérité est tout-puissant ? Mais si nous n'admettons pas qu'il soit tout-puissant, c’est la preuve que nous sommes capables de penser une réalité supé­ rieure h Dieu. Car c'est une supériorité de posséder la toute-puissance plutôt que toute autre puissance qui n’aurait pas intégralement la plénitude de lu toutc900 c puissance. Or ce qu’il est si facile à l'homme do com­ prendre no saurait échapper h la sagesse divine. Si donc Dieu atteint par l’intelligence, mais sans pouvoir le pos- pouvoir no sont rien autre chose que son être même; ainsi, conformément h nos réflexions précédentes, une seule et même réalité sera à la fois plus grande et plus petite qu’ellc-même : rien de plus absurde. La conclusion indubitable est donc que Dieu peut tout, là du moins où pouvoir est réellement puissance. Car bien souvent on dit « pouvoir », où il serait beau- 100 OH TB1SITATE, till. 1 ______ , posse deficere, posse destrui et in nihfeI lum redigi, et quaelibet hujusmodi, majus est omnino non posse quam posse. Magis enim sunt ista infirmitatis 900 D indicia quam majestatis insignia. Omnia itaque illa et sola utique illa potest, quae, uti jam diximus, posso potentia aliqua est. Et eo rectius atque verius cum omni­ potentem esso dicimus, quo ejus potentiae omnia mfirmitatis argumenta detrahimus. XXII Quod de divinn potentia jam dictum est simili quidem ratione de divina sapientia quaeri potest. An inde dicatur illa, an ita veraciter est summa, ut sit usquequaque per­ fecta ? Sed certissime constat quoniam ubi omnipo­ tentia est, plenitudo sapientiae deessc non potest. Nam 901Λ si ei de sapientiae plenitudine aliquid perfectionis deesset quod babere non posset, absque ulla ambiguitate omni­ potens non esset. Constat itaque de Dei sapientia quod de omni omnino scientiae et prudentiae perfectione nihil ei desit, cujus adjectione major vel melior esse possit; Notandum quod ex consideratione divinae sapientiae^, plenitudo potentiae ipsius deprehenditur. Et rursus ex omnipotentiae consideratione, sapientiae plenitudo mani­ festatur atque convincitur. XXIII Sed quod de divinae sapientiae plenitudine jam diximiiS 901 11 alia adhuc ratione convincere possumus. Constat siquiden nihil per Impolontliun el nihil potes contra te. ■ Prailos·, 7 (IM. 230). q AhSlnrd dOvoloppe lonsucmenl Ia nihno Wo et conclut l . Pomo iloquo LIVRE I. LA SUBSTANCE DIVINE, ΧΧΙ-ΧΧΙΙ-ΧΧ1Π 101 coup plus exact de diro « ne pouvoir pus » : pouvoir diminuer, pouvoir défaillir, pouvoir être détruit, pouvoir être anéanti et autres choses du même genre ; en tout ce sont lu bien plutôt marques de faiblesse que signes 900 0 de grandeur. Dieu peut donc tout cela et cela seul, repotons-lc, qui implique une puissance on qui peut le puissance tout ce qui dénoterait une faiblesse ·. XXII La question peut se poser do la môme manière pour la sagesse divine que pour la puissance. Est-cc qu’on la souveraine en ce sens qu'elle est absolument parfaite ? Mais, c'est là une certitude et une évidence, où existe In toute-puissance ne peut manquer la plénitude do la SOI A sagesse. Car, à supposer que de la plénitude de la sagesse il manque à Dieu un degré de perfection qu'il ne pour­ rait posséder, alors sans aucun doute il ne serait pas tout-puissant. Il apparat! donc qu’à la science de Dieu il ne manque pas le moindre élément de la science et do la prudence parfaite, dont l’acquisition le rendrait plus grand et meilleur. Notons que la considération de la sagesse divine amène à affirmer la plénitude de la puissance et, inversement, que la considération de la toute-puissance manifeste et démontre la plénitude de la sagesse. XXIII Nous pouvons donner une autre preuve encore de ce Mi b que nous disions sur la plénitude de la sagesse divine. 111. 4 OIS. 1031-1033). DE ΤΒΙΧΙΤΛΤΕ, LIB. I quoniam quisquis sapiens est aut sapientiae ipsius pleni­ tudine aut sapientiae participatione sapiens est ; sed jam ex superioribus habemus quod ipsa sapientia idem sit quod divina substantia. Quis ergo nisi demens dicat quod Dei substantia sapientiam quidem, hoc ost scipsam, ex parte habeat et ex parte non habeat ; et pleni­ tudinem sui ipsius habere non valeat ? Quam igitur non potest Dei substantia se totam non habere, tam non potest sapientiae plenitudine carere. XXIV Simili ratione confirmatur quod superius de oninipo902 Λ tentia dicitur. Sicut enim sapiens quisque aut sapientiae plenitudine aut ipsius participatione est sapiens, sic sane potens quisque plenitudine potentiae seu ipsius partici­ patione est potens. Est autem impossibile aliquid seipso participare. Quod igitur Deus potens ost, potentiae participatione esse non potest ; siquidem potentiae plenitudo non est aliud aliquid quam ipse. Constat itaque eum potentem esse potentiae plenitudine. Ubi autem plenitudo potentiae est, nullum posse deesse potest. Consequens est ergoomnipotentiam cum habere et veraciter omnipotentem esse, cui inest omne posse. XXV 902 B Est autem impossibile plures omnipotentes esse. Qui enim vere omnipotens fuerit facile efficere poterit ut ceterorum quilibet nihil possit ; alioquin vere omnict do aetemluio et <10 omnipotentia dictum *11. » De Trtn., S, 10.11 (-12,01S>. Ct. S. Asiscus. Mono!., 10 (ISS, ΐω-lOS). LIVRE I. LA SUBSTANCE DIVINE, XX1II-XXIV-XXV 103 11 est clair qu'on est sage ou bien par la plénitude mémo de la sagesse, ou bien par une participation à cotte sagesse. Mais, d’après ce qui précède, nous tcno'ns que la sagesse même est identique à la substance divine. Qui donc pourrait prétendre, à moins d'être fou, que la substance divine possède la sagesse (c’est-à-dire se possède elle-même) en partie, mais en partie seulement, et qu’elle est incapable do se posséder clic-même en plénitude ? Autant il est impossible à la substance do ne pas se posséder elle-même totalement, autant il est impossible que lui manque la plénitude de la sagesse. XXIV Une raison semblable confirme ce que nous avons W2A dit plus haut de la toute-puissance. Do même qu’on est sage ou bien par la plénitude de la sagesse ou bien on y participant, de même évidemment on est puissant ou bien par la plenitude de la puissance ou bien en y participant. Mais il est impossible de participer à soimême. En conséquence Dieu ne peut être puissant par une tude de la puissance. 11 est donc manifeste qu il est puissant par la plénitude de la puissance. Or où il y a plénitude de puissance, aucun pouvoir ne saurait man­ quer. La conséquence est que Dieu possède la toute-puis­ sance, qu’il est véritablement tout-puissant, ayant en JW B 11 est d’ailleurs impossible qu’il existe plusieurs toutpuissants. Car celui qui est réellement tout-puissant sera aisément capable de réduire tous les autres à l'im­ puissance ; autrement il ne serait pas réellement tout- 105 DE ΤΒΙΜΤΛΤΕ, LIB. i LIVBE I. L* SUBSTANCE DIVINE, XXV potens non erit. Ecce quales omnipotentes, qui do facili fieri possunt nullipotentos ! Ecce quam facile convincitur quod nonnisi unum omnipotentem esse ipsa rerum natura patitur. Deum autem omnipotentem esse perspicua ratione collegimus et jam indo dubitare non possumus. Quam igitur non potest esso omnipotens nisi unus, tam non potest esse Deus nisi unus. Constat itaque quod credimus cl quod superius jam diximus, quia vera divinitas manet in unitate substantantino, et substantiae unitas in vora divinitate. Eoco de divinitatis unitate mulla jam diximus ; superost nunc ut do naturae ipsius singularitate aliqua dicamus. puissant. Mais quels sont ces tout-puissants qui de­ viennent si aisément des tout-impuissants ! Ah ! comme il est facile do montrer que la nature môme des choses interdit qu'il y ail plus d'un tout-puissant 1 Or une raison très claire nous a fait conclure que Dieu est toulpuissant : conclusion, pour nous, désormais, indubi­ table. Par conséquent, aussi vrai qu’il ne peut y avoir qu’un tout-puissant, il ne peut y avoir qu’un Dieu. Ainsi appuraîl ce qu’affirme la foi et ce que nous avons déjà dit précédemment, que la divinité véritable réside dans l'unité de la substance ot l’unité de la sub­ stance dans la véritable divinité ·. Voilé quo nous avons traité longuement de l’unité divine. Reste maintenant il dire quelque chose des carac­ tères exclusivement propres ù la nature divine. 104 1. Cf. snpro, XVI. CAPITULA LIBRI SECUNDI Quod in hoo libro agitur de divinis proprieta­ tibus ; et primo, quod Deus sit incroatus. II. Quod sempiternus sit Deus. III. Quod sit incorruptibilis ct oinnino incommuta­ bilis. IV. Unde colligere possumus quod sit aeternus. V. Quod sit infinitus ; et eo ipso immensus. VI. Quod non sit, imo esse non possit immensus nisi, unus solus. VII. Quomodo, ex eo quod non sit nisi unus immensus, probatur quod non sit nisi unus aeternus. VIII. Quod solus Deus sitincrealus, solus ab aeterno; cetera omnia creata ex nihilo. IX. Alius de Deo modus probandi quod sil aeternus et quod non sit aeternus nisi unus. X. Alius do Deo probandi modus quod sit immensus et quod non sit immensus nisi unus. XI. Quod immensitas et aeternitas sint incommuni­ cabiles ; nec possint esso pluribus substantiis communes. XII. Quod divinitas superius incommunicabilis di­ citur, hic enucleatius ct plenius exprimitur. XIII. Quod, secundum diversos modos dicendi, possit sapientia seu potentia modo cominunicabihs, modo incommunicabilis dici. XIV. Multiplex probandi modus quod non sit Deus nisi unus. I. SOMMAIRE DU LIVRE DEUXIÈME I. Ce livre étudie les attributs divins. Et d’abord Dieu est inoréé. IL Dieu est sempiternel. III. 11 est incorruptible ct absolument immuable. IV. D’où nous pouvons conclure qu’il est éternel. être immense. VII. A partir de l'existence d'un sou! immense com­ ment on prouve qu'il n'existo qu'un seul VIII. Dieu étant seul incrcé, seul éternel, tout le reste IX. Autre manière de prouver que Dieu est étemel Autre manière de prouver que Dieu est immense et qu’il n'existe qu'un seul immense. L’immensité et l'éternité sont incommunicables et ne peuvent appartenir à plusieurs sub­ stances. XII. Exposé plus développé ct plus complet sur le caractère incommunicable de la divinité. XIII, Selon diverses manières de s’exprimer, on peut dire de la sagesse ou do lu puissance tantôt qu’elles sont communicables, tantôt qu'elles sont incommunicables. XIV. Multiples façons de prouver qu'il n’y a qu’un X. XI. OB TRINITATE, LIB. S IOS XV. Quod non potest esse nisi unus Dominus, sicut nec nisi unus Deus. XVI. Quod Deus ipso sit suum bonum ; quod ipso sit summum bonum ; et quod summum bonum sit universaliter perfectum. XVII. Quod in illo summo bono univcnalitorque per­ fecto sit vera unitas cl summa simplicitas. XVIII. Quod de summi boni simplicitate vel unitate dictum est, quomodo alia ratione confirmari XIX. XX. XXI. Quod illud bonum universaliter perfectum sit summe unum ct unice summum. Quod sit incomprehensibilis simplicitas illa verae et summae unitatis. Quomodo quisque possit, in sua scientia, ex comparatione, colligere quid debeat do illa supereminenti incomprehensibilitate sentire. late bonus. XXIII. Quod sit in omni loco incomprehensibiliter ; et in omni tompore invariabiliter ; ot quo· modo uniformis et quomodo multiformis. XXIV. Quod ejus facere sil a se fieri velle, et ejus pali non nolle Geri ; et quod aeque habet et quod aclualiter est et quod actualiter non est. 3 XXV. Quod quidquid dictum est de divinis proprie­ tatibus usque modo videtur pertinere ad illud esse quod est ab aetemo et a semetipso. XV. XVI. XVII. Il ne peut y avoir qu'un Seigneur, tout comme il ne peut y nvoir qu’un Dieu. Dieu est lui-même son propre bien. Il est luimême le souverain bien et le souverain bien est absolument parfait. Dans ce souverain bien, absolument parfait, XVIII. Autre argument pour confirmer l’assertion sur la simplicité ou l'unité du souverain bien. XIX. Ce souverain bien absolument parfait est sou­ verainement un et souverain unique. XX. Impossible de comprendre la simplicité de cette vraie et souveraine unité. XXI. Comment chacun peut, d'après ce qu’il con­ naît, conclure par comparaison ce qu'il doit penser de cette incompréhensibililé surémiXXII. Énoncés plus rigoureux sur la substance de Dieu. Sa grandeur exclut la quantité; et sa bonté, la qualité. XXIII. Il est en tout lieu sans y être contenu et on tout temps sans être modifié. Comment il est uni­ forme, comment il est multiforme. XXIV. Pour Dieu, faire c'est vouloir que les choses soient faites par lui ; permettre c'est ne pas refuser que les choses soient faites. A lui appartient également et ce qui a et ce qui n a pas l’actualité de l'existence. XXV. Toutes les assertions précédentes sur les at­ tributs divins peuvent se référer à ce modo d'être qui est étemel et de lui-même. 110 OK TRINITATE, LIO. 2 UBER SECUNDUS 901 C Postquam do divinitatis unitate quae dicenda vide­ bantur superius jam diximus, superest ut de ejusdem naturae proprietatibus aliqua dicamus et maxime de his quae in laudibus divinis quotidiano usu frequentamus. In quibus quidem quaedam ejusmodi sunt ut animus eis facile acquiescat et ultroneus acceptet, quamvis qua ratione probentur ignoret. Quibusdam vero minime vel minus firmiter inhaereret, nisi in hoc ipsum catholice tradita fidos ipsa dirigeret. Nam quod Deus sit increatus, aeternus, immensus facile suscipit et libenter acquiescit 901 D animus humanus. Esso autem impossibile plures aeternos, plurcs immensos esse non facile eroderet, nisi hoc ipsum fidei regula persuaderet, maximo cum tres esse cre­ dantur quorum aeternitatem et immensitatem omnium ora fateantur. Quod autem Deus increatus sit, satis ex superioribus patet et nova expositione non indiget. Si enim creatus esset, creatorem haberet. Sed qui nonnisi a semetipso est creatorem habere non potest. Quid enim dicimus ( creatum, nisi do nihilo factuin ? Do nihilo vero fieri 90S C non potuit qui nunquam nihil fuit, qui a semetipso ct ab aeterno esse habuit. Eecc jam constat increatum osse qui est ab aeterno < et caret omni initio. Nunc illud quaerendum est utrum; 1. D’nprts ks luietei» livres Uturglqucs do 1'sbbayo do Salnl-vklor. le op. ell., p. IOS. a. a. s. anisuu. jionoi.. e | U humain l’accepte facilement cl y souscrit volontiers. Mais qu’il ne puisse exister plusieurs éternels, plusieurs im­ menses, il ne le croirait pas facilement si la régie de foi ne l’en persuadait ; d'autant que nous croyons, comme toutes les voix le proclament, qu'ils sont trois Indn 2. CL S. AUOUSTiX. In Joan., Ir. 33.10 (35,1630) i In Ρί., Ο, 11 (36, 122) ; S. Assnixœ, Monol,, 21 (153,171-173). 126 DE ΤΒ1ΧΙΤΛΤΒ, LIB. 2 dcrala proprietate, colligere possumus. Quidquid enim ad mensuram habetur majus esset si ejus mensura dupli­ caretur. Multo autem majus, si cresceret in decuplum, vel potius in centuplum. Quod si cumularetur in millies, imo in millies millies, cresceret tantum. Hinc ergo, ut 90S 0 credo, potes animadvertere quod magnitudinem ad men­ suram habere, hoc est ipsam participare, non magnitu­ dinem esse. Deus autem, ut superior ratio monstravit, ipsa magnitudo est ; et nulla res omnino soipsa partici­ pare potest et hoc ipsum quod est cx parte esse et ex parte non esse. Deus itaque, qui magnitudo ipsa est, magnitudinem ad mensuram habere non potest Supra omnem itaque mensuram et eo ipso immensum esse deprehenditur, quod nulla mensura comprehenditur, seu etiam comprehensibile perpenditur. Stat ergo incon­ cussum quod credimus, quod quotidiana confessione clamamus, quod Deus sit immensus. Hoc ipsum ex omnipotentiae consideratione probari valet. Sed quoniam hoc ipsum ad perpendendum perfa­ cile est, in eo immorari non oportet. Habemus autem 907 Λ cx superioribus quod non est aliud omnipotentia quam immensitas, quam aeternitas ipsa. Consequens ergo est ut qui immensitatem, qui aeternitatem habet, simul et omnipotentiam habeat. Quam igitur non potest esse omni­ potens nisi unus, tam non potest esse nisi unus immensus, nisi unus actemus. Longe superius monstravimus quod divinitas sit omnino incommunicabilis, nec possit esse pluribus millesies milito lanium ? · Op. <«., p. 116-117. LIVIIB 2. LES ATTRIBUTS DIVINS, X-Xl 127 l’analyse môme de ce qui est propre il l’immensité. En effet tout ce qui a une grandeur mesurée serait plus grand si on doublait scs dimensions ; il augmenterait bien plus encore s’il décuplait, plus encore s’il centuplait. Et si on le multipliait par mille ou par un million, il ne eos D ferait jamais que grandir '. Par là vous pouvez remarquer, je pense, que posséder une grandeur mesurée, c'est par­ ticiper à la grandeur et non pas être la grandeur. Mais Dieu, nous l’avons déjà montré, est la grandeur même. Et il est impossible qu’une réalité participe à elle-même, qu'elle soit partiellement et que partiellement elle ne soit pas cela même qu’elle est. Par conséquent Dieu, qui est la grandeur même, ne saurait posséder une gran­ deur mesurée. Il s’avère donc comme au-dessus de toute mesure et, par le fait même, comme immense ; il n’est compris, on ne peut l’imaginer compréhensible par aucune mesure. Ainsi se dresse inébranlable la vérité de la foi que chaque jour nous proclamons : Dieu est immense ·. L’analyse do la toute-puissance conduit à la même affirmation. Mais comme celte considération est très facile, inutile do nous y attarder. Les raisonnements 907 Λ antérieurs nous ont montré que la toute-puissance n’est rien autre chose que l’immensité mémo, que l’éternité même. 11 faut conclure : qui possède l’immensité et qui possède l’éternité possède nécessairement la toutepuissance. Aussi vrai qu’il ne peut y avoir qu’un seul tout-puissant, il ne peut y avoir qu’un seul immense et qu’un seul éternel. Incommunicabilité des attiubuts divins. XI Nous avons démontré, dans nos tontes premières con­ sidérations, que la divinité est absolument incommuni- DB TRINITATE, UH. 2 substantiis communis. Quod ibi jam dictum est de divi­ nitate simili ratione dici potest de Doi immensitate; nihilominus autem de ejus aeternitate. Quam non potest 007 B enim esso communicabilis pluribus substantiis substantia quaelibet una, tam non potest esse communicabilis plu­ ribus substantiis immensitas ipsa, aeternitas ipsa, cum non sint aliud aliquid quam divina substantia. Nullus ergo immensus, nisi solus et unus Deus. Nullus aeternus, nisi solus et unus Deus. movere potest, nisi aperta enodatione solvatur. Pro­ batum est superius quod divina substantia sit idem quod ipsa potentia, idem quod ipsa sapientia. Quis autem non sit pluribus substantiis communis ? Si idcirco in­ communicabiles dicuntur immensitas et aeternitas ipsa, quod idem esse probantur quod divina substantia, cur 907 C non eadem ratione ipsa potentia atque sapientia dicuntur incommunicabiles et pluribus substantiis non posse esso communes ? Ubi enim eadem ratio praemittitur, cur similis consequentia non merito subinfertur ? Sed, ut hunc perplexionis nodum facilius dissolvamus, quod do divinitatis singularitate superius diximus altiori Sciendum itaque do omni substantia quod habeat esse ex substantialitate sua. Nam cui substantialitas nulla inest, substantia recto dici non potest. Substantialita907 0 torn namque dicimus illam proprietatem subsistentiae, 1. Cl. !.. 1, XVII. Vicronises, ΛΛ>. Ar., 1, S2 (8, 1US0) ; également S. Jérôme et Caule- LIVRE 2. LES ATTRIBUTE DIVIM, XI-XII 129 cable ’, qu'elle ne peut exister dans plusieurs substances. Ce que nous avons dit alors do la divinité est valable tout aussi bien do l’immensité do Dieu et également de 90; (I son éternité. De même que n’importe quelle substance une est incommunicable à plusieurs substances, tout aussi bien l'immensité elle-même, l'éternité elle-même sont incommunicables à plusieurs substances, n’étant rien autre chose que la substance divine. Ainsi, pas d'être immense, sinon le seul et unique Dieu, pas d'éter­ nel, sinon le seul et unique Dieu. Mais voici maintenant une gronde question qui pour­ rait inquiéter les auditeurs un pou simples, si elle n’était explicitement résolue. Nous avons prouvé naguère que ■ la substance divine est identique h la puissance, identique à la sagesse. Or comment soutenir que la puissance soit incommunicable, que la sagesse ne se trouve pas en plu­ sieurs substances ? Puisqu'on déclare incommunicables 1 identiques ù la substance divine, pourquoi ne pas dire. sont incommunicables et ne peuvent se trouver en plumisses : pourquoi n’aurait-on pas le droit d'en tirer une conclusion semblable ? Pour dénouer plus facilement ce nœud enchevêtré, nous devons reprendre, dans une discussion encore plus approfondie, ce que nous avons expose sur l'unité singulière de la divinité. 11 faut savoir que toute substance tient l’être de sa substantïalité a. Où il n'y a pas substantïalité, on ne peut correctement parler de substance. Nous appelons SO" D en effet substantïalité, cetto propriété de la subsistence 1 130 alia specialis, alia individually. Substantialitas autem illa quam inanimatis. Illa voro est specialis, quae competit unius tantum spooioi omnibus individuis, ut huma­ nitus. quae est omnibus hominibus communis. Indivi­ duelle autem est illa, quae uni soli quidem individuo inest et pluribus substantiis omnino communis esse non 908 Λ potest. Ad designandum individualcm aliquam substandiccndorum evidentiam ponere et a proprio nomino tra­ here possumus. Dicatur itaque a Daniele daniclitas, sicut ab homine humanitas. Daniclitas itaque intelli- stentia ex qua Daniel esso habet illa substantia quae ipso est et quam participaro non potest aliqua alia. Huma­ nitas itaque sicut corporalitas est communis inultis ; daniclitas vero omnino incommunicabilis. Incommuni­ cabilem voro idcirco dicimus, quia sic est ejus ut non possit esso alterius. Nam qui hanc subsLantialiiai.om ha­ buerit, prolecto Daniel erit ; qui voro non habuerit;:'· 908 II idem Daniol esso non poterit. Diversa namque substan­ tialitas facit substantiam diversam. Singularis autem et individua non potest facere nisi unam. Incommunica­ bilis itaque est daniclitas, ut diximus, quia sic est subsii, stentia substantiae unius ut non possit esso ultorius. Si igitur idcirco incommunicabilis dicitur esso, quia non qui lui donne d'être appelée et d’être substance. La substantially de la substance humaine, c’est l'huma­ nité elle-même, car une substance qui ne possède pas l'humanité ne peut véridiquement être appelée homme. Et ce que nous disons de cette substance s'applique éga­ lement aux autres. La substantialité peut être ou bien substantially générique est celle qui est commune à iité spécifique est celle qui appartient à tous les individus d’une seule et même espèce, par exemple l'humanité qui est commune à tous les hommes. Quant à la substan- individu exclusivement et no peut absolument pas être W8 Λ commune h plusieurs substances, Pour désigner une substantialité individuelle, nous n'avons pas do vocable en usage ; mais pour être plus clair dans notre exposé, nous pouvons créer un terme dérivé d'un nom propre. Disons donc la < daniélité ■ du mot Daniel comme nous disons l'humanité du mot homme ’■ Ainsi il faut com­ prendre la daniélité comme cette substantialité même ou, si vous aimez mieux, commo cotte subsistence qui et qu'aucune autre ne peut participer. Dès lors, tandis que l'humanité, comme la corporéilc, est commune é un grand nombre d êtres, la daniélité est absolument incommunicable, incommunicable en ce sens qu'elle lui appartient, à lui, de manière h ne pouvoir appar­ tenir ù un autre. Celui qui aura celle substantialité sera certainement Daniel, celui qui ne l'aura pas ne pourra lialités qui fait la diversité des substances ; mais une substantialité singulière et individuée ne peut faire qu'une seule substance. Ainsi la daniélité est incommu­ nicable, nous le disions, parce qu'elle est tellement la subsistence d’une seule substance qu'elle ne peut l'être d'une autre. Si donc on la dit incommunicable pour cette raison qu'elle ne peut appartenir à une autre substance. 132 DB TSUSITATE, LIB. S substantia esset idem ipsum per omnia quod substan. , tialitas sua. Divinitas autem ipsa est idem ipsum per I omnia quod divina substantia; idem, inquam, quod sin- I gularis ilia substantia quae sola est el a semetipsa el a4 qua sola sunt cetera omnia. Tam igitur non potest ipsa divinitas communicabitis esse, quam non possunt di­ versae substantiae esse una et una diversae. 008 C Ecce quomodo divinitas ipsa sit incommunicabilis tam aperte monstravimus, ut lector qui super hoc dubi­ taverit non tam hebes videatur quam caecus. Immensitas autem et aeternitas, juxta praedictam ' ratiocinationem, sic sunt unius ut non possint esse alterius ; et eo ipso incommunicabiles perpendimus. 1 Addamus quod idem ipsum per omnia quod divina . substantia sunt, undo et constat quod incommunicabiles 1 exsistunt. XIII Sed ut ad id redeamus propter quod ista digessimus, 008 n cur non eadem ratione potentia ipsa atque sapientia incommunicabiles dicuntur, si idem ipsum quod divina substantia veraciter osso comprobantur ? Sed sciendum est quod tam nomine potentiae quam nomine sapientiae mur, ut non tam unicam quam aequivocam praedica­ tionem fecisse videamur. De Deo dicimus quod sapientia ! sit, de homine non dicimus quod sapientia sit, sed quod η ei sapientia insit : ibi sapientiae nomine designatur tale quid quod sit substantia et plus quam substantia ; hic nomine sapientiae designatur tale quid quod sit sub­ stantia nulla. Utrobique dictio una, sed ratio nominis ■ LIVRE 2. LES ATTRIBUTS DIVtitS, XII-XIII 133 combien le serait-elle plus encore si la substance de Daniel était cela même, à tous points de vue, qu’est sa subslantialité. Or la divinité, elle, est à tous points de elle-même et qui seule est l'origine de tout le reste. Îar I est donc impossible que la divinité soit communicable, exactement autant qu'il est impossible que des substances stance des substances différentes '. ce point le moindre doute s’avérerait non seulement Quant à l'immensité et à l'éternité, d'après l'argu­ mentation précédente, elles sont tellement la propriété d’un seul qu'elles no peuvent appartenir à un autre. Par le fait même nous constatons qu’elles sont incommuni­ cables. Ajoutons qu'elles sont identiques en tout à la substance divine ; il est clair que, de ce chef également, elles sont incommunicables. XIII Mais revenons à la question même qui a provoqué ce 2WD développement : pourquoi ne pas déclarer tout aussi incommunicables la puissance et la sagesse puisqu’il est prouvé qu’elles sont réellement identiques à la substance divine elle-même ? Il faut remarquer ici que c’est un abus d’employer les termes de puissance et de sagesse tour à tour en parlant de Dieu et de l'homme ; il y a là, évidemment, prédication équivoque et non univoque. De Dieu nous affirmons qu’il est la sagesse : de l'homme nous disons non pas qu'il est la sagesse, mais désigne une réalité qui est substance et mémo plus que substance ; dans l’autre cas, il désigne une réalité qui n’est pas du tout substance ; ici et là c'est le même mot. 134 OE ΤΒΙ.ΊΙΤΛΤΒ, LIB. S diversa. Si acquivocatio est ubi nomen unum sub diversa significatione designat substantiam diversam, quanto 909 Λ magis cum unum nomen distrahitur ad designandum et id quod negamus et id quod dicimus substantiam. . Dicimus item ipsum hominem, dicimus nihilominus Deum sapientiam habere; et videtur enuntiatio acquivoca esse ; sed de Deo non dicitur nisi abusive : nec sed hominem habere diceretur. Haec dicendi abusio, vel dictionum aequivocatio sensum confundit et poten* tiam atque sapientiam incommunicabiles dici non sinit. Denique demus tale nomen quod non possit nisi divinae potentiae vel divinae sapientiae convenire, et videbimus utramque incommunicabilem esso. Nam nomen ipsum convenire, omnino deprehenditur incommunicabile. Si909 B quidem, sicut jam probavimus, non potest esse omni­ potens nisi unus. Sed ad exprimendam divinam sapien­ tiam, omnipotentiae simile nomen non habemus ; sed saepe eam ex adjuncto determinamus, cum sapientiam summam, cum sapientiam ipsam vel plenitudinem sapientiae nominamus. Sed quovis modo exprimatur divina et increata potentia vel sapientia, ita ut non possit omnino subintelligi aliqua alia, absque dubio utraque erit incommunicabilis, neo poterunt esso com­ munes pluribus substantiis, non dicam angelicis, non dicam humanis, sed nec aliquibus quasi divinis. gl« véritaWe, In eaUg. ArhM,. !.. 1 (8*. 143*187). I LIVRE 2. LES ATTRIBUTS DIVINS, XIII 135 mais en deux sens différents *. S’il y a expression équi­ voque quand un seul mot, employé en deux sens, désigne deux substances différentes, combien plus encore quand 909 A un seul mot est écartelé pour désigner et ce qui, dans notre pensée, n'est pas une substance, et ce qui est une sub­ stance. Ainsi nous disons que l'homme lui-même possède sagesse ; il est clair que cette formulation est équivoque ot, appliquée ft Dieu, elle ne peut être qu'abusive. Abus aussi grave que si l’on disait d’Abraham, non pas qu’il a est ■ un homme, mais qu’il « a s un homme. Cet abus du langage et cette équivoque de l’expression embrouillent le sens et ne permettent plus de déclarer incommuni* cables la puissance et la sagesse ·. Mais employons un mot qui convienne exclusivement ft la puissance divine ou à la sagesse divine et immédiatement nous aper­ cevrons que l’une cl l’autre sont incommunicables. Ainsi le terme même do toute-puissance, qui ne peut convenir qu’ft la puissance divine, apparaît strictement soy B incommunicable puisque, nous l'avons montré, il no peut y avoir qu’un seul tout-puissant. Pour designer la sagesse divine, nous n'avons pas de terme analogue à toute-puissance ; mais souvent à ce mot nous en ajoutons suprême, ht sagesse même, la plénitude de la sagesse. Dès qu'on désigne la puissance et la sagesse divine par n'importe quelle expression inapplicable aux autres, il apparaît sans le moindre doute qu’elles sont toutes deux incommunicables; qu’elles ne peuvent être com­ munes ft plusieurs substances, jo ne dis pas seulement ft des substances angéliques, je ne dis pas seulement à des substances humaines, je dis aussi ft des substances qui seraient quasi-divines ·. DK Τ8Ι8ΙΤΛΤΚ, I.IB. 2 XIV Excepto co quod de divinitatis singularitate superius jam diximus, cccc quam multis modis probare possumus quod non sil Deus nisi unus. Unus incrcatus, unus aeternus, unus immensus, quorum singula probant atque convincunt quod non sit Deus nisi unus. Si bone attendis, idem probaro poteris ex consideratione unitatis. Nam si quis dicat plures deos esse, convinci poterit ex hac consideratione unum quemlibet ab allero quolibet esso, quorum singulis sit proprium nonnisi a semolipsis exsi­ stere. Sed quoniam hoc ox ante jam dictis perpendi et probari posse cognovimus, ex industria praeterimus ot lectoris sagacitati elicienda relinquimus. 000 D Nunc illud quaeramus utrum, juxla quotidianam confessionem, non possil esso Dominus nisi unus solus. Illo utique voraciter Dominus dicitur, cujus libertas nulla potestate promitur, cujus potestas vel dominium nulla impossibilitate praepeditur. Voraciter autem Do,i minus dici non poterit, qui alienae voluntati invitus deservit vel cedit. Videtur itaque impossibile plures dominos esso. Nam si plures osso dicuntur, vide quid. inconvenientis inde consequatur, Nam, si aliquis eorum alium quemlibet suae servituti addicere velit, si ille qui impetitur oppressoris violentiam repellere non poterit, . quomodo non potius servus quum dominus erit ? Si vero' : oppressionis praesumptor violenter repulsus ot vicius ad lilleram, 8, 11, 24 <34. 382). 137 XIV En dehors même de ce que nous avons dit plus haut seul éternel, un seul immense'; autant d'allirmations dont chacune prouve manifestement qu’il n’y a qu'un Dieu. A bien y réfléchir, vous pourrez trouver encore l’on prétend qu'il y a plusieurs dieux, celte considé­ ration pourra faire apparaître que , n’imporlc kt|ucl de lui-mème. Mais voyant bien qu’on peut scruter cl dé­ montrer cette vérité à partir de ce que nous avons déjà exposé, délibérément nous omettons ce sujet de réflexion, Demandons-nous maintenant s'il ne pent exister qu'un notre profession de foi a. Celui-là mérite véritablement le nom de Seigneur dont la liberté ne subit la pression d'aucune puissance, dont la puissance ou la domination n’est limitée par aucune impossibilité. On ne pourra véritablement appeler Sei­ gneur celui qui obéit contre son gré et cède à une autre volonté. Il s’avère donc impossible qu’il y ait plusieurs seigneurs. Danscelte hypothèse, voyez quelles messéances vont en résulter. Supposons en effet que l'un d'entre eux veuille en asservir un autre, si celui qui est attaqué ne peut repousser la violence de l’agresseur, ne sora-l-il pas esclave bien plutôt que seigneur ? Si, au contraire, l’auteur de l’agression est repoussé par la violence, s’il DK TRIXITATK, LIB. 2 910 Λ cedit, quomodo verus dominus erit qui repellentis vo­ luntati, invitus quidem, cedendo tamen, subservit ?Sic fit ut si plures aeque potentes plures dominos esse contendimus, nullum procul dubio voraciter dominum^ efficimus. Sed quod ex considerata dominationis ipsius proprietate^ matur. Quam enim non poterit osso omnipotens nisi unus, tam non poterit esse Dominus nisi unus. Quis enim poterit ejus violentiae resistere, quem vcraciterï constiterit omnia posse ? Pro certo itaque tenendum quod non sit, sed nec esse possit Dominus nisi unus, sicut Deus nisi unus et solus. 5(0 λ est vaincu et cède, comment sera-t-il véritablement sei­ gneur, lui qui se soumet à la volonté de son vainqueur, tulant ? Ainsi à prétendre qu'il existe plusieurs êtres de même puissance et plusieurs seigneurs, nous aboutissons à celte conséquence indubitable, qu’aucun d'eux n'est véritablement seigneur. i l'idée de seigneurie est confirmé par la réflexion sur la toute-puissance. Aussi vrai qu’il ne pourra y avoir qu'un seul lout-puissanl, il ne pourra y avoir non plus qu'un seul Soigneur. Qui donc, en effet, sera capable de résister à la force de celui qui, par hypothèse, peut véritablement tout ? II faut donc tenir pour certain qu’il n’y a et même a qu’un seul Dieu. Ei autem qui vere omnipotens est expetendorum nihil deesse potest. Ubi enim omnipotentia est, nulla plenitudo, nulla perfectio deesse potest. Alioquin, si vel aliquid de qualicumque perfectione summe potenti deesset quam habere non posset, voraciter omnipotens omnino non esset. Universaliter autem perfectum est, cui in nullo nulla perfectio deest, sed nec deesse potest. Nihil autem melius, nihil potest esse majus eo quod est plenum et perfectum in omnibus. Constat itaque de omni­ potente quod ipso sit summum bonum et, quod conso-i quens est, quod ipse sil sibi suum bonum. Sicut enim superiorem habere non valet qui supremum locum tenetj j 910 C sic omnium summus dc suo inferiori bonus fieri vel beari non valet. Quomodo autem aliunde bonus vel beatus fieri posset, qui a semetipso habet totum quod habet ? Est itaque de semetipso bonus, est et de semetipso bea­ tus. Ipse ergo sua, ipse summa bonitas ; ipso sua, ipso· summa felicitas. Constat itaque quod dictum est, quod; ipse sil summum bonum et quod ipsum sil universaliter 010 B A celui qui est vraiment tout-puissant rien ne peut manquer dc ce qui est désirable. Car, où existe la touleperfeclion. S’il lui manquait le moindre élément d’une perfection quelconque, il ne serait pas véritablement tout-puissant. Or ne manquer, ne pouvoir manquer ne peut être meilleur ni plus grand que la plénitude et la perfection totale. Il apparaît ainsi que le tout-puissant est hii-meme le souverain bien et par conséquent qu'il celui qui occupe le rang suprême ne peut avoir de supé­ rieur, dc même celui qui est au-dessus de tout ne peut recevoir d’un inférieur sa bonté ou sa béatitude. Comment recevrait-il d'un autre sa bonté ou sa béatitude, celui est lui-même sa propre bonté, il est la bonté souveraine. Il est lui-même son propre bonheur, il est le souverain bonheur. Et voilé qui met en lumière notre assertion, qu’il est lui-même le souverain bien, c'est-à-dire la por- perfectum. Quid enim est beatitude, nisi bonorum omnium plenitudo atque perfectio ? Constat itaque quia bono illi summo universalilcrquo perfecto nihil omnino desit cujus adjectione meliorari possit. XVII Sed si in illo voro et summo bono univcrsaliterquc perfecto plenitudo est omnium bonorum, numquid· illud bonum usquequaque perfectum est ox multis bonis compositum ? Sed quod ox pluribus compositum ost na­ turaliter ol divisibile est ; et quod naturaliter est divisi­ bile naturaliter est ct commutabile ; et ubi est commutabilitas, non potest esso aeternitas et sic nec vera felicitas. Sed in bono quod universaliter perfectum est, nihil horum deesso potest. Nam, ut de ederis taceam, ex solius omnipotentiae consideratione convincitur nihil perfectionis ct, quod consequens est, nihil horum ibi deesso potuisse. Constat itaque quia in illa aeterna feli­ citate ct vere felici aeternitate sit vera incommutabilitas ct consequenter vora ct summa simplicitas. 911A Ubi autem summa simplicitas, ibi vora ot sumina unitas. Quidquid ergo in summo bono est voro ot summo unum ost, nec ibi aliud ot aliud osso potest, sed idem ipsum ost totum quod est. 910 D 141 faction totale. En effet qu'est-ce que la béatitude, sinon la plénitude et la perfection de tous les biens 1 ? C'est donc une évidence qu’à ce souverain bien totalement parfait il ne manque absolument aucun bien, dont l’acqui­ sition pourrait le rendre meilleur. 910 D Si dans ce bien véritable, souverain et universellement parfait se trouve la plénitude de tous les biens, faudrat-il penser que ce bien, absolument parfait en tout, est composé de biens multiples ? Mais ce qui est composé de plusieurs élénicnls est aussi par nature divisible ; ce qui est par nature divisible est aussi muablc ; cl toute mutabilité exclut l’éternité et, par lé même, la félicité véritable !. Or dans 1e bien totalement parfait, ni l’une ni l’autre ne sauraient manquer. Car, abstraction faite des autres arguments, la seule réflexion sur la toutepuissance nous assure qu’aucune perfection ct par con­ séquent cellos-lh non plus ne peuvent lui faire défaut. Il est donc évident que cette éternelle béatitude et celte éternité vraiment bienheureuse impliquent l’immuta­ bilité véritable ot par conséquent la véritable ct. souve­ raine simplicité. 911Λ Or souveraine simplicité dit véritable et souveraine unité. Ainsi tout ce qui existe dans le souverain bien ost > véritablement ct souverainement un. 11 ne peut y avoir en lui de réalités distinctes ; il est lui-même tout ce qu’il slmplleltd divine ot do la perlwUon mta : · Cum Isltur llln nutum nulle Proahffim, 21 (153, 333). 142 DK ΤΒΙΧΊΤΛΤΚ, LIB. XVIII Quod autem de summi illius et veri boni simplicitate, vel unitate hic dicimus alia adhuc ratione convincere possumus, sicut cx his colligi potest quae jam superius posuimus. In superioribus namque ratio invenit quod divina substantia sit idem quod ipsa potentia, idem quod quod sit idem quod ipsa aeternitas. Attende itaque quo­ niam omnia ista unum et idem ipsum sunt et adinvicem quidem de alterutris praedicari possunt. Quod de istis dicimus, hoc de ejus bonitate, hoc de ejus beatitudine, simili consequentia, convincere possumus. Nam ista mutuam praedicationem suscipiunt ; ct omnino omnia quae divinae substantiae dicuntur inesse vel unde dicitur aliquid habere in eamdem consequentiam curin summa substantia, imo quidquid summa substantia est, non est ei aliud esse quam vivere, nec vivere quam 911 C intelligere, nec ab his aliud atque aliud potentem vel sapientem lore ; sed nec ab cis sicut nec a semelipsis' diversum aliquid bonum vel beatum esse. Rationis itaque hujusmodi consideratione colligi potest, quoniam quidquid in summo bono et vera divinitate est vere et substantialiter et sumine unum est. LIVRE 2, LES ATTIUHUTS LIVIES, XVIII 143 XVIII Co quo nous disons ici do la simplicité ou de l'unité de cet être souverainement et véritablement bon peut se prouver d'une autre manière encore, à partir de nos constatations antérieures. Car le raisonnement nous a déjà fait découvrir que la substance divine est identique h la puissance, identique h la sagesse : d’où il suit que sagesse ct puissance s'identifient entre elles. Nous avons dit également, bien plus, nous avons prouvé par un rai011 B sonnemenl analogue que cette même substance est l’im­ mensité véritable et qu’elle est identique à l’éternité même. Romarquez-le bien, toutes ces propriétés sont une seule et mémo réalité et peuvent être affirmées mutuel­ lement l’une de l’outre. Un raisonnement semblable montre que le même principe s’applique à la bonté ct à la béatitude en Dieu : car, tout commo les premières, elles sont susceptibles d’être affirmées l'une de l’autre et aussi des précédentes. Tout, absolument tout ce qu’on dit exister dans la substance divine ou lui donner ce qu'elle possède relève du même raisonnement *. Ainsi, puisqu’il y a véritable et suprême unité en tout MIC liquement vivre, vivre est identiquement connaître; et ce sera identiquement aussi être puissante ou sage ; en elle enfin bonté et béatitude ne sont pas non plus des réalités distinctes des précédentes ni distinctes . entre elles. Celte réflexion nous permet ainsi de conclure que tout ce qui existe dans lo souverain bien et la véri­ table divinité est véritable, substantielle et souveraine dlellur illiquid hnbere ·. leçon adopUe parl’MItlon do J. de Toulouse (J. Ill- DK τιιικιτατκ, U». 2 XIX Esse itaque oportet summe bonum, summe unum ; et non solum summe unum, sed et unice summum. Non enim possunt osse duo summa bona, sieut noe duo universaliter perlecta. Nam, si duo aeque perfecta esse ftif D concedimus, oportet ut et consequenter concedamus quoniam quidquid plenitudinis, quidquid perfectionis est in uno, lotum juxta eumdem modum atque men­ suram erit et in allero. Erit itaque ulrobique una et ea­ dem plenitudo, erit ulrobique una mdifferensque per­ fectio. Sed ubi differentia nulla est. pluralitas omnino recte dici sicut cl inveniri non potest. Plura itaque uni­ versaliter perfecta sicut omnino non sunt, sic ct omnino esse non possunt. Et quidem sicut et ante nos dictum est, si unum universaliter perfectum est, ad omnia suf­ ficit : alioquin usquequaque perfectum non erit ; et si unum omnino sufficit, alterum superfluum erit ; ct si omnino est superfluum, quomodo utile ; Vel si inutile, quomodo bonum ? Bonum igitur illud universaliter per­ fectum erit, ut dictum est, non solum summe unum, 912 Λ sed et unice summum. Ecee, ut vides, quod dc summo bono dicimus, in eumdem consequentiam currit quam superior ratio de divinae substantiae unitate ratioci­ nando invenit. Nam si Deus veraciter est summum bonum, quam non potest esse suminum bonum nisi suat Illas 1res res quibus Indlnel Deus, mil nd quid Dlls liidlgel 1 Crmllmus enim Fisum nullo Indigere. » De flile Tri»., 3 <1CS. 271). superfluum >11. Superfluus aulom idlus vol creator vol reelor, si unus ad omnia aequo sulDclat ill plures. » TUnd. ebrlsi., S (ITS. ISIS). II faut donc que le souverain bien soit souverainement un et non seulement souverainement un mais souverain unique. Car il ne peut exister deux souverains biens, pas plus que deux perfections totales. En effet, si nous Lott D admettons deux êtres également parfaits, nous devons ' admettre logiquement que toute la plénitude, toute la i tout entière, selon un mode et dans une mesure iden- tude, une seule ct même perfection sans distinction. Mais, où il n’y a aucune distinction, on ne peut affirmer ni d’ailleurs découvrir aucune pluralité. Ainsi il n’existe pas et il ne peut exister plusieurs êtres absolument parfaits. Et d’ailleurs, on l'a dit avant nous, s'il existe un être absolument parfait, il suffit à tout : autrement il ne serait pas absolument parfait. Et si un seul être est pleinement suffisant, l’autre sera superflu ; s’il est vraiment superflu, comment sera-t-il utile ? s'il est inutile, comment sera-t-il bon 1 ? En conséquence, ce bien totalement parfait sera, comme nous le disions, non seulement souverainement 912 A un, mais souverain unique. Vous le voyez, nos considé­ rations sur le souverain bien aboutissent ù la conclusion même de nos raisonnements antérieurs sur l'unité do la substance divine. Si en effet Dieu est véritablement le 1 souverain bien, tout comme il ne peut y avoir qu’un avec les Grecs sur la procession «1« Saint-Esprit . a Patro et Plllo '. rapporte IXalopl. II. t (18S,110S). 146 de τβιμγλτκ, ua. 2 unum, tam veraciter constat quod credimus, non posse esse nisi unum Deum. Est itaque in illa vera et summa felicitate et vere en summe felici divinitate, est, inquam, summo et substaiiy tialis unitas ot in ipsa unitate vera ot summa simpli­ citas, ubi, ut superius probatum ost, idem ipsum est totum quod ost. Sed si in ista unitate vera et summa simplicitas est, nihil ipsi ad illam quae est cx compositione partium in ·. substantium unam. Si idem ipsum est totum quod in ea est, nihil ipsi ad illam quae est cx conformitate mul-· tarum substantiarum in unam naturam. Si voro ct summo?' simplex ost, quid ipsi ad illam quae ost in uniono diyçrsi-.'l fermium substantiarum in personam unum ? Si simplex identitas in ipsa ost, quid ipsi ad illam quae est in con-1 crotiono subsistontis ct subsistentiae m unam ? Nihilo-· minus et longe est supra unitatem illum quae est ex i collectione mullarum proprietatum in unam formam. 1 Incomparabiliter autem ct incomprehensibiliter supra hujusmodi omnes constat hanc fore, quao in infinitatis 912 C identitato habet summe simplex ct incommutabile esséi In illo itaque summo bono univcrsaliterque perfecto; 912 B summo simplex identitas. Ibi, quod adhuc mirabiliqS;' est, vora unitas cum plenitudinis universitate ; ibi summit' simplicitas cum perfectionis immcnsitato ; ibi summo? | simplex identitas cum lotius consummationis infinitato. Attende ergo quam sit incomprehensibilis ct om- LIVRE 2. LES ATTRIBUTS DIVINS, XtX-XX 147 souverain bien, véritablement il ne peut y avoir qu’un Dieu, selon l'affirmation do la foi. Ainsi, dans cette vraie et souveraine béatitude, · dans cette divinité vraiment et souverainement bienheureuse, il y a une souveraine et substantielle unité ot, dans cotte unité elle-même, une vraie ot souveraine simplicité. En effet, nous l’avons prouvé, cet être est lui-même identiquement tout ce qu'il est. Simplicité ht iuciibssb db la katuiib divine. Si l'unité divine est vraie et souveraine simplicité, elle n’a rien à voir avec oette unité d’une substance qui résulte d’une composition des parties. Si elle est ollemôine tout ce qui ost en elle, elle n’a rien il voir avec l’unité do plusieurs substances s’unissant pour former une seule nature. Si elle ost véritablement et souverai­ nement simple, quel rapport entre son unité ct l'union de substances aux formes diverses, aboutissant à une seule personne ? S’il y a en elle simplicité par identité, quoi rapport entre elle et l’unité qui résulte de la com­ position du subsistant et do la subsistence ? Son unité est également do très loin supérieure ù colle qui provient do l’union do propriétés multiples on une seule forme. 11 est clair qu’elle transcendera d'une manière incompa­ rable et incompréhensible toutes cas unités, puisque, DISC dans l’identité de l’infini, elle possède l’être souverai­ nement simple et immuable *. Ainsi, dans ce bien souverain cl absolument parfait, il y a unité véritable, en lui il y a simplicité souveraine, on lui il y a identité véritable ot souverainement simple. Et, ce qui est plus admirable encore, il y a unité véri­ table avec intégrale plénitude ; il y a simplicité souve, raine avec perfection illimitée; il y a identité souveraine­ ment simple avec infinité dans le suprême achèvement. > Remarquez à quel point est incompréhensible et 148 i»; τκιχιτΛτε, lib. 2 nino inaestimabilis simplicitas illa verae et summae XXI 912 D Sed, ne quis ex simplicioribus existimet me contraria et sibi invicem repugnantia astruere, quasi ea quae dicta sunt non possint simul stare, ostendo ci qui ejusmodi est, quomodo possit quasi per speculum videre et in semetipso ex comparatione colligere quid debeat de illa supereminenti incomprchensibililate sentire. Si gra­ num aliquis in manu teneret, nonne veraciter sentiret et incunctanter affirmaret quod nihil ceterorum omnium esset numero idem quod ipsum ? Si igitur interrogaretur segetis, nonne constanter responderet diversum esse ab omnibus et singulis ? Idem sentiret de omni pilo, idem affirmaret de omni capillo. Quid de qualibet gutta maris ? 913 Λ Quid de quolibet folio cujuscumque arboris ? Si tota terra solveretur in pulverem, et de singulis illius minutis interrogari potuisset, ad singulas interrogationes idem tam constanter quam veraciter responderet. Si mensura terrae in infinitum cresceret, de minutissimis partibus Haec studui diligentius exprimere, ut quilibet quan­ tumvis simplex propria scientia legat et intelligat quo- infinitae. Quid ergo mirum, si in illa sapientia, quae Deus : est et in qua omnis veritas est — alioquin perfecta non esset si cam anqua ventas lateret—.qmu,im|uum, uuruui ; si in illa est ct juxta aliquid summa simplicitas et juxta aliquid sumina infinita multiplicitas ? Quid, inquamj LIVRE 2. LES ATTRIBUTS DIVINS, XX-XXI impénétrable cette simplicité de la vraie et souveraine XXI mes affirmations incohérentes et contradictoires, je vou­ drais lui indiquer le moyen de voir comme dans un miroir et de découvrir en lui-méine pur comparaison ce qu il doit penser de cette incoinpréhcnsibilité suréminentc. Si quelqu’un tenait dans la main une graine, ne penserait-il pas en vérité et n'affirmerait-il pas sans quement identique à celle-ci ? Si donc on lui posait successivement la même question do chaque graine des divers légumes ou céréales, ne répondrait-il pas inva- cime ? Même idée à propos de tous le» poil·, même réponse à propos de tous les cheveux. Que dirait-il de n'importe cune de ces particules, constamment et très justement les dimensions de la terre augmenteraient à l’infini, il penserait la même chose de ses éléments infinitésimaux. Je me suis appliqué à donner ces précisions pour que n'importe qui, même le moins savant, découvre dans ce qu'il connaît et comprenne comment une seule vérité simple en contient une infinité d'autres. Dès lors, quoi d'étonnant si, dans cette sagesse qui est Dieu et où se quelque vérité lui échappait), quoi d'étonnant, dis-je, si, dans cette sagesse, il y a souveraine simplicité à un point de vue et, à un autre point de vue, multiplicité mte wnum diaœtor. arrra» tract UnltM TrOUtati*. qua Ins penoue 013 B mirum, si ibi concordet et in unum concurrat identitas eum multiplicitatis infinitate, simplicitas cum magni­ tudinis immensitate, vera unitas eum totius plenitudinis universitate ? Ecce habet quisque quomodo potest in sua scientia legere quid debeat do illa supereminenti ; incomprchcnsibilitatc aestimare. XXII Ex superioribus agnovimus quod in illa natura, quae ibi compositio, nulla concretio ; ipsa nulli, nihil ipsi inest velut in subjecto. Dicitur et est summa potentia ; dicitur et est summa sapientia ; et ne in subjecto esse tiarum naturam nihil ei volui in subjecto inhaerere deprehenditur, non tam substantia quam supersubstan- si non excidit, quod non sit aliud aliquid ejus bonitas, et aliud aliquid ejus immensitas. Quid ergo ? Si idem est ejus immensitas quod bonitas, numquid erit im­ mensitate sua bonus ? Si idem est ejus bonitas quod immensitas, numquid erit bonitate sua magnus ? Sed DIC TRINITATE, T4U. 2 bonitas videtur pertinere nd qualitatem, immensitas ad quantitatem. Quid ergo ? Erilnc qualitate magnus et quantitate bonus ? Et ad haec, quis idoneus ? An quia non est aliud immensitas sua vel bonitas sua quam sub­ stantia sua, numquid erit et sino qualitate bonus et sino quantitate magnus ? Et ad haec, quis idoneus ? 913 D Ex his, ut arbitror, perfacile est inlelligere quam ineffabile imo et incomprehensibile quod ratio ratioci­ nando compellit de Deo nostro sentire. XXIII Tenemus ex ante jam dictis quod Deus omnipotens sil et absque dubio omnia possit. Si ergo voro omni­ potens est, consequenter et ubique potest. Si ubique potest, potentialiter et ubiqiio est. Si ubique potentialiter, et ubique essentialiter. Neque enim est aliud ejus potentia atque aliud ejus essentia. Si autem essentialiter ubique est, ergo et ubi locus est, et ubi locus non est. Erit itaque et intra omnem locum, erit et extra omnem 011 Λ locum ; erit supra omnia, erit infra omnia ; intra omnia, extra omnia. Sed quoniam simplicis naturae est Deus, non erit hio et ibi per partes divisus, sed ubique totus. Erit itaque in quantulacuinquo cujuslibet parte totius totus et in toto totus et extra totum totus. Si igitur extra omnem locum est totus, in nullo loco concluditur. Si in omni loco est totus, a nullo loco secluditur ; localiter igitur nusquam est, qui a nullo loco concludi, a nullo patientem. ‘Df THn.. S. 1.2 02,9121. Ct. S. OnltoolMK neas, qui sine slhi réfère à la qualité ; l'immensité, à la quantité. Eh quoi ! tité ? Qui peut suffire é le comprendre1 ? Ou bien encore, puisqu'on lui l’immensité et la bonté s’identifient à la substance, va-t-il être bon sans qualité et grand sans quantité ? derechef, qui peut suffire à le comprendre ? 913 D Autant do considérations qui nous font saisir aisément, je crois, à quel point est ineffable et mémo incompréhen1 sible ce que pourtant l’argumentation rationnelle nous contraint d'allirmer sur notre Dieu. XXIII Les réflexions précédentes nous ont assuré que Dieu est tout-puissant, que sans nul doute tout lui est possible. S’il est vraiment tout-puissant, il est donc puissant partout. S’il est puissant partout, il est aussi partout par sa puissance ; et s'il est partout par sa puissance, il est done partout aussi par son essence ; car en lui puissance et essence ne sont pas deux réalités distinctes. Mais s’il est partout par son essence, il est donc et dans le lieu et où il n'y a pas de lieu. 11 sera donc il l'intérieur 314 Λ de tout lieu et en dehors de tout lieu; il sera au-dessus de tout et au-dessous de tout, en tout et en dehors de tout. Mais comme la nature do Dieu est simple, il ne sera pas ici et lit, divisé et partiellement ; mais partout il sera tout entier. 11 sera donc tout entier dans la plus infime 1 partie du tout et tout entier dans le tout et tout entier en dehors du tout. Si donc il est tout entier en dehors ’ de tout lien, en aucun lieu il n’est inclus ; s’il est tout entier en tout lieu, d'aucun lieu il n'est exclu. Il n’est donc pas présent localement, ne pouvant être inclus en aucun lieu et d'aucun lieu ne pouvant être exclu ·. 4, 33.07 <75. 074) ; 2. 12. 20 <75. 505). Et sicut in omni loco est praesentialiter, in nullo localiter, sic in omni tempore est aeternaliter, in nullo temporaliter. Sicut enim per loca non distenditur, qui summe simplex et incompositus est, sic nee per tempora variatur, qui aeternus et incommutalibilis est. Sicut 91* B igitur eorum quae nondum sunt nihil est ei futurum, sic eorum omnium quae jam non sunt nihil est praeteritum, sic eorum omnium quae jam praesentialiter sunt nihil est ei transitorium. Est igitur in omni loco incomprehen-. sibiliter et in omni tempore invariabilitcr. Et miro modo, qui quantum ad sc semper est uni­ formis, in aliis et aliis invenitur multiformis. Nam si situm quaeris ejus qui situ caret, quantum ad se, juxta simplicitatem naturae, ubique uniformiter se habet. Et tamen, secundum participationem grntiae, in aliis et aliis multiformem se exhibet. In aliis est secundum participationem potentiae, nec tamen secundum parti­ cipationem vitee. In aliis etiam secundum participa­ tionem vitee, non tamen secundum participationem 911 i: sapientiae. Quibusdam inest secundum participationem bonitatis, nec tamen secundum participationem beatitudinis. Quibusdam vero constat cum inesse secundum participationem utriusque. Et qui in se uniformis est et inutari nescit, largitatis suae manum in aliis con­ trahit, in aliis largiter, in aliis largius extendit. XXIV Et cum vero omnipotens sit, quidquid ost aut ejus ope­ ratione aut ejus permissione subsistit. Nam quidquidJ 155 El do môme qu’il est en tout lieu par sa présence, qu’il n’est, en aucun lieu localement, de même il ost dans tous les temps éternellement, dans aucun temps il n’est temporeUonicnt. En effet, pas plus qu’il n’est distendu par les distances, lui qui est souverainement simple et sans composition, pas davantage n’est-il modifié par la SU u succession, lui qui est éternel et immuable. En consé­ quence, pour lui, de tout ce qui n’existe pas encore rien n'est futur ; do tout co qui n'oxistc plus rien n'est passé ; do tout oo qui existe aujourd'hui rien n’est éphémère. 11 est donc présent en tout lieu sans y être enfermé, en tout temps sans être muoble. lui-même, il se révèle multiforme dans la variété des êtres. Si vous cherchez la ■ disposition > de celui qui n’a pas de disposition ', en hii-mème, selon la simplicité de sa nature, il demeure partout uniforme. Mais par ailleurs, selon la mesure qu’il accorde de ses dons, il se 914 C ciper à sa vio, mais non point à sa sagesse. Il est en quel­ ques-uns, en les faisant participer à sa bonté, mais non point il sa béatitude. Manifestement il est on quelques Ainsi Dieu, qui en lui-même est uniforme et immuable, en certains êtres resserre la générosité de sa main, en d’autres il l'ouvre plus largement, en d'autres plus lar­ gement encore '. XXIV Étant donné que Dieu est vraiment tout-puissant. • UüposUlon ·. La viseur de Dieu est · raultUonno -, tipMs., 3,10 ; la grOeo d« Dieu «l 156 fit, nisi ad nutum ejus fieret, procul dubio omnipotens »IS 1> non esset. Ejus itaque facere est a se fieri velle, ejus autem pati non nolle ab alio fieri. Et sicut omne ejus sic omne ejus agere est sine sui agitatione et indeficiens Sed, si ejus facere est idem quod a se lieri velle, num­ quid, quando aliquid fecit quod prius non fuit, numquid, inquam, aliquid vult quod prius noluit ? Sed qui vere immutabilis est velle suum variare non potest. Quod ergo semel voluit, semper voluit. Numquid ergo quae volendo fecit ab aeterno fecit, quia ut fieret ab aetemo voluit ? Et si fecit quae futura sunt, numquid adhuc facit et erunt ? Numquid perseverat faciendo sicut ct volendo ? Et cum aliquid esse desinit, numquid habere desinit »15 A quod prius habuit ? Vel habere incipit, quando aliquid nit vel nondum esae coepit nihil est ; et quod nihil est possideri non potest ; sed omnipotens possessor nec potest ditescere nec in sua ditione decrescere. Quid ergo ? Nam hic cal transitorium, ibi aeternum ; et quod factum qusc voluerit ΠακοΙΙΙ· format ut In tUvsrallatls umbriini η IM Incommutabtlltatls luce non transeat, · MonUla, 3,3 (7S, OOt) ; a, 13.20 (7S, SSS). mission. Car, si tout ce qui sc produit no se produisait pas scion sa volonté, il est clair qu’il no serait pas loutSIIO puissant. Pour lui, agir c'est vouloir faire que les choses soient ; les souffrir, c’est ne pas refuser qu'un autre les fasse '. Et de même que Dieu toujours · souffre · sans aucune souffrance et compatit sans propassion ·, ainsi toujours il agit sans aucune agitation de soi, il travaille incessamment sans fatigue ·. Mais si, pour lui, faire est identique à vouloir faire, est-ce que par hasard, lorsqu’il fait quelque chose qui n'existait pas encore, est-ce que, dis-je, il veut quelque chose qu'il ne voulait pas encore ? Mais non, l'être réel­ lement immuable ne peut changer dans son vouloir. Ce qu'il a voulu une fois, il l'a voulu toujours. S’ensuitil alors qu’il a fait depuis toujours ce qu’il a fait par son vouloir, pour cette raison que depuis toujours il a voulu le faire ? Et s'il a fait ce qui est encore à venir, main- qui n’est plus à venir ? Son agir est-il permanent comme son vouloir ? Et lorsqu’un être cesse d’exister, Dieu SIS Λ cesse-t-il de posséder ce qu’il possédait auparavant ? Ou lorsqu’un être commence d’exister. Dieu commence-t-il de posséder ce qu’auparavant il ne possédait pas ? Car ce qui cesse d'exister ou n’a pas encore commencé d'exister n’est rien ; et il est impossible de posséder ce qui n’est rien. D'autre part, le possesseur tout-puissant ne peut pas s’enrichir, ne peut pas s’appauvrir. Que dire alors ? Mais ici, réfléchissez : l’être même qui existe actuellement n'a-t-il pas plus de valeur là où il n’existe pas dans son actualité qil’ici où il existe dans cette ac­ tualité ? Car ici, il est transitoire ; là, il est éternel. Ce qui a été créé était vie on Dieu *, alors même qu’il n'avait DF. TKIXITATB. est ibi vita erat, etiam tunc quando necdum actualiter erat. Qui ergo nihil amittere vel acquirere potest aeque habet et quod actualiter est et quod actualiter non est. XXV De his quae de Deo dicuntur relative volumus hoc loco supersedere ; nam eorum significatio latius se extendit quam quae sub compendiosa brevitate comprehendi 916 A possit. Ut enim mihi videtur, eorum significatio ad omnia praedicamenta evagatur. Nam cum ea quam significant relatione, quod consignificant solet modo ad haec, modo ad illa praedicamenta pertinere. Substantive namque dicitur unus alteri consubstantialis ; quantitative, aequa­ lis vel inaequalis ; qualitative, similis vel dissimilis ; ubi consignificat superior et inferior ; quando, anterior et posterior ; situm, consessor et consessio ; habere, pos­ sessor et possessio ; pertinet ad facere et pati generator et genitus, amator et amatus. Melius est itaque de his interim supersedero quam attentare quod non possumus debita brevitate succingere. Notandum est autem hoc loco quod quidquid de 916 B divinis proprietatibus dictum est usque modo ad illud esse pertinere videtur quod est a semetipso et eo ipso ab aeterno. Nam quidquid dc hujusmodi hucusque dictum est nihil minus constaret, etiamsi nihil ab aeterno esset quod aliunde quam a semetipso originem traheret. 915 B LIVRE 2. LES ATTRIBUTS DIVINS, XX1V-XXV pas encore d’existence actuelle. En conséquence celui qui ne peut rien perdre ni rien acquérir, possède tout aussi bien et ce qui existe cl ce qui n'existe pas nctuel- Dos propriétés relatives en Dieu nous ne voulons pour le moment rien dire ; elles sont en effet trop riches de signification pour qu'on puisse en traiter dans un abrégé rapide. Car, il mon avis, leur signification va rejoindre tous les prédicaments. En plus do la relation qu'elles signifient, elles connotent tantôt l'un, tantôt l'autre do ces prédicaments. On évoque la substance on disant que l'un est consubstantiel ù l'autre, lu quantité on disant égal ou inégal, la qualité en disant semblable ou dissem­ blable, le lieu en disant supérieur cl inférieur, le temps en disant antérieur et postérieur, la disposition on disant « siégeant » et « session avec », l’état on disant possesseur et possession, l’action et la passion en disant engendrant et engendré, aimant et aimé Aussi est-il mieux, pour le moment, de ne pas en traiter, plutôt que d’aborder ce sujet qu'on ne peut étudier d’une manière succincte. Il faut le noter ici : tous les développements pré­ cédents sur les attributs divins semblent bien s'ap­ pliquer h l’étre qui est de lui-même et par conséquent éternel. Ainsi toutes nos assertions garderaient leur valeur, même s’il n’existait aucune réalité éternelle ayant son origine en dehors d’elle-môme B. I. Voir nolo ■ Ab aotemo volait ·. R. 47B. 3. il'est-â-dlro i mtmo s’il n'y avait auoniw pmeoMlon on Dion. CAPITULA LIBRI TERTII I. II. III. IV. V. VI. VII. VIII. IX. X. Quod hucusque actum sit do divinae substantiae unitate, quodammodo quaerendum quid sen­ tiendum sit de divinarum personarum plu­ ralitate. Quomodo, ex caritatis proprietate, plenitudo bonitatis convincit quod in vera divinitate personarum pluralitas dcesso non possit. Quod idem, quod de divinarum personarum pluralitate plenitudo bonitatis loquitur, ple­ nitudo divinae felicitatis attestatur. Quod de personarum pluralitate in dictis duobus testibus astruitur, ex considerata divinae gloriae plenitudine confirmatur. Quod jam dictae divinae pluralitatis assertio triplici confirmatur testimonio. Quod personas divinas oportet omnino osse coaeternas. Quod in illa personarum pluralitate oportet tam summam aequalitatem quam summam similitudinem esse. Quam miranda ratione sit substantialis unitas in illa pluralitate ; et personalis pluralitas in vera unitate substantiae. Quod in divina natura pluralitas personarum sit in unitate substantiae ; et in humana pluralitas substantiarum in unitate personae. Quomodo, ex pluralitate et unitate quam in­ venit in sometipso, docetur homo quid, quasi SOMMAIRE DU LIVRE TROISIÈME I. April avoir considéré l'unité do la substance de la pluralité des divines personnes. IL La plénitude de bonté, impliquant la charité, exige dans la divinité véritable une plura­ lité de personnes. III. Celle pluralité de personnes divines, affirmée par la plénitude de bonté, est do même at­ testée par la plénitude de la félicité divine. IV. Ce double témoignage en faveur de la plura­ lité des personnes est confirmé pur la consi- V. Cette pluralité divine est ainsi confirmée par VI. Les personnes divines sont nécessairement coéternelles. Dans cette pluralité des personnes il faut suprême égalité autant que suprême similitude. Admirable manière dont se réalise l'unité sub­ stantielle dans cette pluralité ot la plura­ lité personnelle dans la vraie unité do sub- V11. VIII. IX. Dans In nature divine il y a pluralité de per­ sonnes dans l'unité de la substance ; dans dans l’unité de la personne. X. La pluralité et l'unité que l'homme découvre en lui-même lui apprennent comme par con­ is Trinité. il UB ΤΒΙΚΙΤΛΤΒ, LIB. ox opposito, existimare debeat de his quae sibi credenda proponuntur de Deo suo. 3 XI. Quomodo convincitur, ex caritatis integritate, ; quod vera Trinitas sit in vera unitate et vera unitas in vora Trinitate. XII. Quomodo summa bonitas et summa felicitas Trinitatis assertionem concorditer clamant, et mutua attestatione confirmant. XIII. Quod plenitudo divinae gloriae in contesta-'· tiono summae bonitatis et felicitatis videatur acclamare. XIV. Quod communicatio amoris non potest esse omnino minus quam in tribus personis. XV. Quod oporteat geminam personam in divini­ tate, pari volo, consimili ratione, tertiam per- Quod plenitudo potentiae ct sapientiae videatur posse consistere in singularitate personae. Quod completio felicitatis non videtur posse subsistere sine geminatione personae. XVIII. Quod consummatio verae ct summae bonitatis videtur non posse subsistere sine comple-1 tionc Trinitatis. XIX. Quomodo, ex inspecta solum proprietate condilec··· tionis, deprehendi possit vestigium Trinitatis,., XX. Quod ox tertiae personae consodalitate in illa Trinitate agitur ut concordialis ot consocialis· XVI. XVII. XXI. Quod summa aequalitas sit in illa Trinitate,, ubi oportet omnes aeque perfectos esse. ■ XXII. Quod in singulis personis sit summa simpli-, citas ; ot in omnibus simul vera et summd· unitas ; ot ulrobique miranda identitas. Quomodo in his personis sit intclligenda dicta XXIII. aequalitas, ubi est tanta unitas et talis idon^ IJVHB 3. PLUHALITÎ ΒΓ THISITÉ BS DIEU 163 trasto h concevoir ce que la foi lui enseigne sur son Dieu. XI. La perfection de la charité prouve qu’il y a Trinité vraie dans une vraie unité ct unité vraie dans une vraie Trinité. XII. La bonté suprême ct la suprême félicité s’ac­ cordent à proclamer la Trinité et la corro­ borent par leur témoignage mutuel. XIII. La plénitude de la gloire divine joint manifes­ tement son acclamation au témoignage de la bonté et de la félicité suprême. XIV. La communication d’amour est absolument impossible en moins de trois personnes. XV. Deux personnes divines doivent nécessairement, d'un vouloir égal et pour une raison sem­ blable, requérir une troisième personne. XVI. Il semble qu’il pourrait y avoir plénitude do puissance et de sagesse en une personne XVII. Mais il ne semble pas qu’il puisse y avoir achè­ vement de la félicité sans une dualité do per­ sonnes. XVIII. Et il semble qu’il no puisse pas y avoir consom­ mation de la vraie ot suprême bonté sans l’achèvement de la Trinité. XIX La seule considération de ce qui est propre è la condilection permet de saisir un vestige de la Trinité. XX Grâce à l'association de la troisième personne dans la Trinité, on y trouve partout la con­ corde dans la charité, la société dans l’amour, nulle part l'individualisme. XXI. Dans la Trinité il y a égalité suprême, tous devant y être également parfaits. XXII. En chaque personne il y a suprême simplicité ; en toutes ensemble vraie et suprême unité ; ici et là, admirable identité. xxiii. Comment il faut concevoir l'égalité des personnes dans une si grande unité et une telle identité. 164 de tbimtate, lib. 3 XXIV. Quam incomprehensibilis sit illa omniformitas: summae coaequalitatis. XXV. Quod in illa Trinitate nusqam aliquis est dis­ similis sibi nec inaequalis in aliquo alicui UBBR TERTIUS In his quae usque hue dicta sunt do divinae sub* 015 C stantiao unitate vol proprietate, secundum quod nobis videbatur exsecuti sumus. De reliquo vero investigaro proposuimus quid de divinarum personarum pluralitate Primo itaque quaerendum' videtur utrum in illa vera et simplici divinitate vera pluralitas sit et si ille personarum numerus, prout credimus, in ternarium assurgit. Deinde quomodo possit convenire unitas substantiae.: cum personarum pluralitate. Tertio vero loco quaerere oportebit utrumnam, juxtm fidei nostrae documenta, sit ubi una sola persona quae sit a semetipsa, ceterarum vero quaelibet procedat ex alia ; et si qua sunt alia circa camdem considerationem*! quaerenda. Quod si detur nobis ct ista ex ratione con915 D vincere, ultimo loco oportebit adhuc quaerere an in illis , duabus personis aliunde quam a se procedentibus sit diversus procedendi modus, et quis cuique sit proprius, I ct quod consequens est juxta propria singularum de earum nominibus. Oportet autem in his quae ad quaerendum restant UVBB 3. PLURSUTg ET TBIXITÎ EN DIEU, 1 165 XXIV. Celte égalité suprême et totale est incompré­ hensible. XXV. Dans la Trinité, aucun n'est en rien dissem­ blable de soi-même ni en rien inégal à un LIVRE TROISIÈME PLURALITÉ ET TRINITÉ EN DIEU Questions λ ètudiek. Jusqu'ici nous avons parlé, selon nos lumières, de la C substance divine, do son unité, do scs attributs. Notre dessein est maintenant de rechercher ce qu'il faut pen­ ser do la pluralité des personnes divines et de leurs propriétés. Nous devons donc, semble-t-il, étudier les questions suivantes : Premièrement, dans cette divinité véritable, qui est simplicité, y a-t-il véritable pluralité ? et le nombre des personnes va-t-il jusqu'il trois comme nous le dit la Deuxièmement, comment l’unité de substance est-elle compatible avec la pluralité dos personnes ? Troisièmement, y a-t-il en Dieu, conformément au dogme, une seule personne qui soit d’ellc-mème, les deux autres ayant leur origine ailleurs qu'en elles-mêmes ? Et nous examinerons éventuellement les questions connexes. Si nous parvenons à élucider rationnellement ces problèmes, nous devrons enfin nous demander si les deux personnes dont l’origine n’est pas en elles-mêmes ont deux modes différents de procession, quel est le mode propre è chacune d'elles et quels noms leur conviennent d’après leurs propriétés singulières. Dans ces recherches qui nous restent h poursuivre. 166 tanto majorem diligentiam impendere eoque ardentius insistere, quanto minus in Patrum scriptis invenitur undo possimus ista, non dico ex Scripturarum testimoniis, sed cx rationis attestatione convincere. In hoc autem inquisitionis meae proposito, qui vo­ luerit rideat et qui voluerit irrideat et digne quidem. Nam, ut verum fatear, ad tentandi ausum non me qui­ dem tam scientia elevat quam aestuantis animi ardor instigat. Quid si non detur pervenire quo tendo ? Quid si currendo deficio ? Gaudebo tamen, inquirendo faciem Domini mei semper, pro viribus cucurrise, laborasse, desudasse. Et si contingat prae nimia viae prolixitate, asperitate, arduitate deficere, nonnihil effeci, si veraciter 916 C mihi dicere contingat : feci quod potui, quaesivi et non inveni illum, vocavi et non respondit mihi. Et eccc asina illa Balaam, quae sessorem suum in suo itinere retar­ davit, nescio quo pacto me ad currendam viam inceptam urget et impellit. Audio et ego eam adhuc loquentem et dicentem mihi : qui quod loquerer potuit dare mihi poterit procul dubio dare et tibi. Sed nunc ad id quod proposuimus cum omni diligentia intendamus. LIVRE 3. PLURALITE CT TRINITÉ BN DIEU, nous devrons mettre d'autant plus d’intense application sur ces problèmes moins de démonstrations rationnelles rigoureuses (je ne parle pas des témoignages scriptulibrc à qui le voudra de rire et de se gausser de moi! Il aura sans doute raison ! Mais, à dire vrai, ce n’est pas tant la science qui me stimule à cette tentative auda- en mon âme ·. Et s'il ne m'est pas donné de parvenir au but ? et si, dans ma course, j’ai une défaillance ? Eh bien ! j'aurai tout de même la joie d’avoir cherché la face de mon Seigneur · et d'y avoir sans trêve employé toutes mes forces il courir, à peiner, à m’épuiser ! Et si la longueur, l’aspérité, la difficulté excessives de la route me font défaillir, j'aurai pourtant obtenu un résultat, 916C si je puis me dire en toute vérité: j’ai fait mon possible. meuse ànessc de Balaam, qui empêchait son cavalier de poursuivre sa marche, me presse, moi, mystérieusement et me pousse il courir sur la roule où je suis engagé ·. Elle reprend la parole et je l’entends me dire : « Celui qui a pu me faire parler, pourra sans aucun doute te faire parler toi aussi. » C’est donc bien le moment d’appli­ quer tout notre effort à notre propos. oculus. Libenter aspicimus que» mullum aiuglmos. · Bai/, miner. 13 <106, de Dieu, cl. S. ta»», in CnnL. SL I <183. 1183». 168 Didicimus cx superioribus quod in illo summo bono 916 D universaliterque perfecto sit totius bonitatis plenitudo atque perfectio. Ubi autem totius bonitatis plenitudo est, vera ct summa caritas deesse non potest. Nihil enim caritate melius, nihil caritate perfectius. Nullus autem pro privato et proprio sui ipsius amore dicitur proprie narum deest, caritas omnino esse non potest. Sed dicis fortassis : etsi sola una persona in illa vera divinitate esset, nihilominus tamen erga creaturam suam caritatem quidem ct habere posset, imo ct haberet. Sed summam certe caritatem erga creatam personam habere geret qui summe diligendus non esset. Est autem impos­ sibile in illa summe sapienti bonitate caritatem inordi­ natam esse. Persona igitur divina summam caritatem habere non potuit erga personam quae summa dilec­ tione digna non fuit. Ut autem caritas summa ct summe perfecta sit, oportet ut sit tanta qua non possit esse major, oportet ut sit talis qua non possit esse melior. Quamdiu autem quis In Cani.. 60, C (183, 1113). Ct. In Cani.. S3, -1 (133, 1183). Impartial et droll, In P>.. XXV (108,217). On doli le (empirer per In modes* Brnjalnin mejor. 4,13(106,152). Ct. G. DvMSIOS, op.cll., p. 41.42. LIVRE 3. PLURALITÉ BT TRINITÉ EN blEtl, EXIGE UNE PIVBaXITé PERSONNES. Nous le savons déjà, en Dieu bien suprême et abso2161) lument parfait, se trouve la bonté totale dans sa pléni­ tude et sa perfection. Mais où il y a plénitude de la bonté totale, il y a nécessairement vraie et suprême charité ; car rien n'est meilleur que la charité, rien n’est plus parfait que la charité *. Or jamais on ne dit de quelqu’un qu’il possède proprement la charité à raison de l’amour exclusivement personnel qu’il a pour soi-même ; pour qu’il y ait proprement charité, il faut que l'amour tende vers un autre ’. Par conséquent, où manque une plura­ lité de personnes, impossible qu'il y ait charité. Peut-être allez-vous dire : « Λ supposer même que dans celte vraie divinité il n'y eût qu’une seule personne, elle pourrait encore avoir et de fait elle aurait la charité à l’égard de ses créatures. » Oui, mais envers une personne créée, il lui serait du moins impossible d’avoir une cha- d'aimer souverainement qui ne serait pas souveraine­ ment aimable9. Or il est impossible qu'en cette bonté , souverainement sage il y ait désordre dans la charité. 91" A Une personne divine ne pouvait avoir une charité sou­ veraine à l’égard d’une personne qui n’était pas digne Pour que la charité soit souveraine et souverainement parfaite, elle doit être d’une telle intensité qu’il ne puisse y en avoir de plus intense, d’une telle qualité qu’il ne nullum ahum quantum scipsum diligit, ille quem erga se habet privatus amor convincit quod summum cari­ tatis gradum necdum apprehendit. Sed persona divina profecto non haberet quem ut seipsam digno diligeret, si condignam personam omnino non haberet. Divinae autem personae condigna non esset persona quae Deus non osset. Ut ergo in illa vera divinitate plenitudo cari­ tatis possit locum habere, oportuit aliquam divinam' 917 II personam personae condignae et, eo ipso, divinae con­ sortio non carere. Vide ergo quam de facili ratio convincit quod in vera divinitate pluralitas personarum deesse non possit. summe diligendus est. Summam ergo dilectionem divina persona exhibere non posset personae quae divinitate careret. Plenitudo autem divinitatis non potuit esse sine plenitudine bonitatis. Bonitatis vero plenitudo non potuit esso sine caritatis plenitudine: nec caritatis pleni­ tudo sine divinarum personarum pluralitate. III Sed quod de pluralitate personarum plenitudo boni­ tatis convincit et probat, plenitudo felicitatis simili ratione approbat. Et quod una loquitur, altera attes­ tatur. Et in una eademque veritatis attestatione una clamat, altera acclamat. Conscientiam----- — LIVRE 3. PLUBALITÉ BT TBISITÈ BN DIEU, ll-lll 171 être n’en aime pas un autre autant que soi-même1, cet amour personnel limité à soi révéle qu'il n’a pas encore atteint le degré suprême de la charité. 11 est clair, d’autre part, qu'une personne divine n’aurait aucune autre per­ sonne à aimer dignement comme clic-même, si elle n’en avait aucune qui fût d’une dignité égale à la sienne. Or, une personne qui ne serait pas Dieu ne serait pas do dignité égale à une personne divine. Ainsi donc, pour que dans cette divinité véritable la plénitude de charité fût possible, il était nécessaire qu’à une personne divine 17 B fût associée une personne de dignité égale et, par le fait même, divine a. Voyez avec quelle facilité le raisonnement nous con­ vainc que dans la divinité véritable existe nécessai­ rement une pluralité de personnes. Assurément Dieu seul est souverainement bon ; donc Dieu seul doit être aimé souverainement ; dés lors une personne divine no saurait témoigner un souverain amour à une personne qui ne serait pas Dieu. Impossible qu'il y ait plénitude de divinité sans plénitude de bonté ; impossible qu’il y ait plénitude do bonté sans plénitude de charité; impos­ sible qu’il y ait plénitude do charité sans pluralité do per­ sonnes divines. La plûnitudb dis la réMcnit EXIGE AUSSI UNE l'LUHALlïÙ DB l’BBSONXBS. III La pluralité des personnes, que prouve do manière convaincante la plénitude do la bonté, se voit approuvée, pour une raison analogue, par la plénitude de la félicité. Ce que l’une affirme, l’autre le confirmo. Toutes deux unissent leurs voix pour rendre un soul et mémo témoiIci que chacun rentre en soi-même : sans le moindre Voir la note ■ Carllas ordinata -, n. 4SI. caritate melius, sic nihil caritate jucundius. Hoc nos docet ipsa natura, idem ipsum multiplex experientia. Sicut igitur in plenitudine verae bonitatis non potest id Nccosse est itaque in summo felicitate caritatem non deesse. Ut autem caritas in summo bono sit, impossi- In illa igitur vera et sumina felicitate, sicut nec amor jucundus, sic nec amor mutuus potest deesse. In amore nutem mutuo oportet omnino ut sit et qui amorem impendat et qui amorem rependat. Alter itaque erit amorem impendens et alter amorem rependens. Ubi autem unus et alter esse convincitur, vera pluralitas pluralitas personarum non potest deesse. Constat autem quia nihil aliud est summa felicitas quam ipsa divinitas. satio indubitanter convincit quod in vera divinitate ■ personarum pluralitas deesse non possit. pluralité dc personnes *. 174 Certe, si dixerimus in illa vora divinitate osso solam per­ sonam nnam, quemadmodum solum unam substantiam, juxta hoc procul dubio non habebit cui communicare;·! possit infinitam illam plenitudinis suae abundantiam. Sed, quaeso, ut quid hoc ? An quia communicantem. habere non possit cum velit ? An quia habere nolit cum possit ? Sed qui absque dubio omnipotens est 918 B per impossibilitatem excusari non potest. Sed quod constat non esse ex defectu potentiae, numquidnam erit ex solo defectu benevolentiae ? Sed si communicantem vellet, isto in divina persona benevolentiae defectus Certe, ut dictum est, nihil caritate dulcius, nihil cari­ tate jucundius, caritatis deliciis rationalis vita nihil dulcius experitur, nulla unquam delectatione delecta­ bilius fruitur : his deliciis in aeternum carebit, si con­ sortio carens in majestatis solio solitaria permanserit. Ex his itaque animadvertero possumus qualis quantusve esset isto benevolentiae defectus, si plenitudinis suae abundantiam mallet sibi soli avare retinere, quam posset, dllocllo. Soeiindmn solam grutlnni Oil quod, pro beneploclto tribuentis, Justo Impendi vel non Impondlpolos'. Sed n divina excollonlln omnino nllonom M quidquid eorundum gralbim dlol potest. Item amor gratuitus non errnllque. 11 est mnlaM de dire s’il s’agit, par rapport au De Trlnllnle.d’une anllelpntlon et d’une esquisse on nn contraire d’un résumé et d’un ruppol. de In générallon du ΠΙβ i . Prorsus ad hunc articulum ros colligitur ut Deus Paler aoqimlom slbl gignere Filium nul non polnerll ant non voluerit. SI est. . Contra Maximinum, 2, 7 <42. 702). (RaérenM donnée par J. nmsltnntn, op. cd.> 2. Aciiaud ou SAim-Vtcron avail noté, préludant aux arguments do Livni·: 3. pluiulitiS κτ teikité εκ died, iv 175 Là PLÉNITUDE DE LA GLOIRE DIVINE EXIGE ÉGALEMENT UNE PLURALITÉ DE PERSONNES. Certes, si nous posons on principe que dons la vraie divinité il n’y a qu’une seule personne comme il n’y a qu'une sonie substance, il s'ensuivra manifestement que Dieu n’aura pas ù qui communiquer la richesse infinie de sa plénitude. Mais, je le demande, pourquoi en seraitil ainsi ? Est-ce qu’il voudrait bien, mais ne pourrait pas avoir d’associé ? Est-ce, au contraire, qu’il pourrait, mais ne voudrait pas ? 11 est trop clair que, pour le ToutPIS B Puissant, l'excuse de l’impossibilité ne vaut pas. Alors, ce qui évidemment ne résulte pas d’un manque de puis­ sance pourra-t-il d’aventure s’expliquer par un manque do bienveillance ? Mais dans l’hypothèse où il refuserait catégoriquement d’avoir un associé alors qu’il le pourrait s'il le voulait, songez, je vous prie, à la nature et à la gra­ vité de ce manque de bienveillance dans une personne divine 1 ! Nous l’avons dit, certainement rien n’est plus doux que la charité, rien n’est plus savoureux dans la vie de l'esprit, il n’y a pas de joie meilleure que les délices de la charité, aucun bonheur n’est plus délectable que cette délectation Et il faudra que ccs délices manquent ù cette personne divine pour toujours, si elle demeure sans compagnie, trônant dans sa majesté solitaire ! Voilé qui nous fait comprendre la nature ct la gravité de ce manque do bienveillance dans l'hypothèse où Dieu préférerait garder pour lui seul, comme un avare, la 176 gaudiorum cumulo, cum tanto deli­ »18 C ai vellet, cum ciarum incremento alteri communicare. Si sic esset, merito angelorum, merito omnium aspectum subterfu­ geret, merito sc videri, merito se agnosci erubesceret, si Sed absit, absit ut supremae majestati illi aliquid insit, undo gloriari nequeat, undo glorificari non debeat ! Alioquin ubi erit plenitudo gloriao ? Nam ibi, ut supe­ rius probatum est, nulla poterit plenitudo doosso. Quid autom gloriosius, quid vero magnificentius quam mini habere quod nolit communicaro ? Constat itaque quod in illo indeficienti bono summequo sapienti consilio, tnm non potest esse avara reservatio quam non potest esso inordinata effusio. Eccc palam habes, sicut videro potes, quod in illa 918 Γ1 summa et suprema celsitudine ipsa plenitudo gloriae compellit gloriae consortem non deessc. Eccc de pluralitate divinarum personarum tam aperta docuimus ratione, ut insaniae morbo videatur laborare qui tam evidenti attestationi velit contrarie. Quis enim, nisi insaniae morbo laborans, dicat summae bonitati id deessc quo nihil perfectius, quo nihil est melius ? Quis, quaeso, nisi mentis inops, contradicat summae .felicitati id inesse, quo nihil jucundius, nihil est dulcius ? Quis, inquam, nisi rationis expers, in plenitudine gloriae putet posse id deesse quo nihil est gloriosius, nihil magni­ ficentius ? Certe nihil melius, nihil corte jucundius^ 01» A omnino nihil magnificentius est vera ol sincera et summa livre 3, ri.i'«Al.(TÉ et trisité ex dieu, iv-v 177 ISC richesse de sa plénitude, alors qu’il pourrait, à son gré, la communiquer h un autre et goûter ainsi un tel achè­ vement do bonheur, un tel surcroît de délices. Dans ces conditions il aurait bien raison de se dérober ù la vue des anges cl des autres êtres, il aurait bien raison d’avoir honte de se laisser voir, de se faire connaître s'il manquait à ce point de bonté ! Mais, arrière de telles pensées ! Loin de nous l'idée se faire gloire, dont on no doive lui rendre gloire ! Au­ trement, où serait la plénitude de la gloire ? Or, en Dieu, nous l’avons prouvé, aucune plénitude ne saurait manmagnifiquc que de ne rien posséder qu'on ne veuille communiquer ? De toute évidence, dans cette bonté iné­ puisable et cette raison souverainement sage, l'avare repliement sur soi est impossible, autant que la généro­ sité déréglée. Il est donc manifeste, et vous le constatez, que dans la gloire exige un associé à la gloire ‘. Ainsi, touchant la pluralité des personnes divines, nous avons apporté des raisons si claires qu'on donnerait des signes Je folio ù vouloir récuser des témoignages aussi manifestes. Qui pourrait bien prétendre, ù moins d’être fou, qu’il manque ù la bonté suprême ce qui est justement le comble de la perfection et du bien ? Qui donc, je vous prie, ù moins d'étre stupide, pourrait nier qu’on trouve dans la félicité suprême ce qui est préci­ sément le comble de In joie et de la douceur ? Qui donc, dites-moi, ù moine d'être absolument dépourvu de raison, imaginerait que, dans la plénitude de gloire, peut man­ quer ce qui est le comble de la gloire et de la magnifi­ cence ? Assurément il n’y a rien de meilleur, rien absolu*A ment do plus savoureux, rien de plus magnifique que pluralitate. Ecco super hunc fidei nostrae articulum triplex habemus sapientia, fortiter alligetur. 179 la charité véritable, authentique et souveraine. Or elle ne saurait exister sans une pluralité de personnes. La pluralité que nous affirmons est donc corroborée la félicité suprême clament en parfait accord, la pléni­ tude de gloire, Λ son tour, vient l'acclamer en le con­ firmant, le confirmer en l’acclamant. Voilà donc que, sur cet article de notre foi, nous possédons un triple témoignage, témoignage sublime sur le sublime, témoi­ gnage divin sur lo divin, témoignage profond sur la pro­ fondeur, témoignage lumineux sur le mystère. Nous savons que toute cause se décide sur la parole de doux ou trois témoins ·. Voilà le triple lien, difficile à rompre, capable, par une faveur de la sagesse de Dieu, d'enchaîner solidement n'importe quel fou furieux ennemi de notre De ce qui précédé il faut manifestement conclure que la perfection d'une personne exige la société d'une autre personne. Nous l’avons reconnu, rien n'est plus glorieux, communiquer. Cotte personne n'a donc pas voulu rester sans une autre personne associée à sa majesté, car elle était souverainement bonne. Et sans aucun doute, il a fallu que s’accomplît ce qu'elle voulait, car sa volonté était toute-puissante. Mais ce qu’elle a voulu une fois, elle l'a voulu toujours, car sa volonté était immuable. 180 Olt TUIXITATK, 1.111. 3 ternam habere, ncc potuit una alleram praecedere, nooi una alteri succedere, Nam in illa aeterna et incoinmu91'9 C tabili divinitate nihil potest valut antiquatum transire,. nihil novum supervenire. Personas itaque divinas impos­ sibile est omnino non esse coaeternus. Ubi namque vera divinitas, ibi summa bonitas, ibi. plena felicitas. Summa autem bonitas, sicut dictum est, non potest esso sino perfecta caritate, ncc perfecta ca­ ritas sino personarum pluralitate. Plena voro felicitas:, non potest osse sino vora incommutabilitalo, nec vora, incommutabilitas sine aeternitate. Personarum pluralitatem exigit vera caritas, perso­ narum aeternitatem vora incommutabilitas. 919 D Notandum sano quod, sicut caritas vora exigit perso­ narum pluralitatem, sio caritas summa exigit personarum, aequalitatem. Sumina autem caritas necdum esso con­ vincitur, ubi vero dilectus summo non diligitur. Dis­ cretus vero amor non est ubi summe diligitur qui summe, diligendus non est. Sed in summo sapienti bonitate,, amoris flamma, sicut non alitor, sic non amplius flagrat; quam summa sapientia dictat. Quem itaque secundum, illam summam cantatis abundantiam oportet summe: diligere, necesse est absque dubio secundum summana illam discretionis regulam summo diligendum esso. Sed' ipsius amoris proprietas convincit quoniam suinmia diligenti non suflioit, si summe dilectus summam dile-J In mutuo itaque amore plenitudo caritatis exigit Lra 920 Λ utorque ab altero sit summe dilectus et consequenter;^ I.IVBK 3. PUiKALHf: BT TIUMTÉ KN DIEU, Vl-VII 181 Personne éternelle, il a fallu que l’autre personne lui fût coeternellc. Impossible que l’une ait précédé, que l'autre «19 C ait suivi : car, dans celle divinité éternelle ct immuable, il no peut y avoir aucune vieillerie qui passe, aucune nouveauté qui survienne. Impossible donc que les per­ sonnes divines ne soient pas coéternelles. En effet, où est la divinité véritable, là est la bonté souveraine et la félicité parfaite. Mais, comme on l'a dit, il ne peut y avoir bonté souveraine sans parfaite charité, ni parfaite charité sans pluralité de personnes. D’autre part, il no peut y avoir pleine félicité sans vraie immuta­ bilité, ni vraie immutabilité sans éternité. La charité authentique exige- la pluralité des per­ sonnes. L’immutabilité authentique exige l’éternité des personnes. 919 D Remorquons·!® bien, de même que la charité exige, pour être authentique, la pluralité des personnes, ainsi, pour être souveraine, elle exige l’égalité entre ces per­ sonnes. La charité ne se révèle pas encore souveraine si l'on aime vraiment sans toutefois aimer souverai­ nement. D’autre part, il n'y a pas amour ordonne si l'on aime souverainement qui ne mérite pas d'être souve­ rainement aimé ·. Or, dans cette bonté qui est aussi sagesse souveraine, la flamme de l’amour no brûle pas autrement, ne brûle pas davantage que ne le demande souverainement, selon toute l’opulence de la charité souveraine, doit, sans aucun doute, être digne d'être aimé souverainement, selon la loi suprême do la discrétion. De plus, comme nous le fait comprendre la nature même satisfait, si celui qui est souverainement aimé ne lui répond par un souverain amour ■· Ainsi, la plénitude de la charité duns l’amour mutuel 920 Λ exige que chacun des deux soit aimé par l’autre souve­ rainement et pur conséquent, en vertu do la loi do la 182 secundum praedictam discretionis normam, uterque sit gendus, oportet uterque sit aeque perfectus. Oportet itaque ulrumque esso aeque potentem, aequo sapientem, aequo bonum, aeque beatum. Sic summa plenitudo dilectionis in mutue dilectis exigit summnm aequali* Sicut itaque in vora divinitate caritatis proprietas oxigit personarum pluralitatem, sic ejusdem caritatis integritas in vora pluralitate requirit summnm perso­ narum aequalitatem. Ut autem sint per omnia aequales, oportet ut sint per omnia similes. Nam similitudo potest haberi sino aequalitate, aequalitas voro nunquam sino mutua similitudine. Qui enim in sapientia nihil simili020 B tudinis habent, quomodo in ea pares esse valent ? Quod vero invenies in ceteris omnibus, si curras per singula. dilectis muluoque diligendis, ut merito debent esse summa dilectio, oportet ut in singulis sit summa per­ fectio totiusquo perfectionis plenitudo. Erit itaque in utrisquo plenitudo potentiae, in utrisquo plenitudo·! sapientiae, plenitudo bonitatis, plenitudo divinitatis.. 920 C- Ecco undo longe superius mentionem fecimus, nec tamen aliquid definivimus, quod divinitas — quam ibi invenimus non posse esse communem pluribus sub- personis. Sed, si mutuo dilectis omnis, ut dictum est, omnipotens est unus, omnipotens erit ct alius ; si immen-j sus est unus, immensus erit et alius ; si Deus est unus, LIVRE 3. PLURALITÉ CT TRINITÉ KN D1B0, VI1-VIÙ 183 discrétion que nous avons rappelée, elle requiert que l’un et l’autre méritent d’être souverainement aimés. Mais si les deux méritent également l’amour, il faut bien que les soient également puissants, également sages, egalement bons, également heureux. Ainsi la plénitude suprême de l’amour exige on ceux qui s annent mutuellement une suprême égalité de perfection. Concluons, tout comme dans la divinité véritable la nature même de la charité exige une pluralité de per­ sonnes, ainsi la perfection do celte charité requiert, dans la pluralité réelle, une suprême égalité des personnes. Et l'égalité totale demande la totale similitude. Car il peut bien y avoir similitude sans égalité, jamais toutefois égalité sans similitude mutuelle. Ceux qui n’ont en Ute B sagesse aucune similitude, comment pourraient-ils être égaux en sagesse ? Ce que je dis de la sagesse est vrai de la puissance. Et vous pourrez faire la même remarque pour toute la série dos autres attributs. VIH Notre recherche nous a fait découvrir que pour jus­ tifier le souverain amour entre les doux qui mutuellement s’aiment ot doivent s’aimer, il faut en chacun la per­ fection souveraine cl la plénitude do toute perfection. Il y aura done on l’un ot on l’autre plénitude de puis­ sance, plénitude de sagesse, plénitude do bonté, pléni­ tude do divinité. 920 C Et nous retrouvons ici ce que nous avions signalé, mais sans lo préciser davantage, au cours de nos réflexions précédentes 1 : la divinité qui, nous le constations, ne peut être commune ù plusieurs substances, s’avère ici manifestement commune à plusieurs personnes. Si toute la perfection, comme nous l’avons dit, est commune à ceux qui s’aiment d’un amour mutuel, il est clair que, si l’un est tout-puissant, l’autre aussi sera tout-puissant, si l’un est immense, l’autre aussi sera immenso, si l’un est DE ΤΒΙΧΙΤΛΤΕ. MB. 3 Deus erit et alius. Sed, sicut in superioribus satis evi­ denter ostendimus, non potest esse omnipotens nisi unus, non potest esse immensus nisi unus, nec Deus nisi unus. Quid ergo ? utique, absque omni dubio, sic erit utorque omnipotens, ut ambo simul non sint nisi 020 D unus omnipotens ; sic erit ulcrquo immensus, ut ambo erit uterque eorum Deus, ut ambo simul non sint nisi unus Deus. Ei quis ad haec idoneus ? Sed si divinitas ipsa, ut diximus, pro certo est communis ambobus, pro certo ct ambobus communis erit divina substantia, quae ut supra probatum est, nihil aliud est quam divinitas ipsa. Convincitur itaque utrumque unam camdcmque substantiam communem habere vel, si hoc melius sonat, convincitur ambos simul unam eamdemque substantiam esse. Quid itaque mirum si simul ambo non sunt nisi nisi unus Deus et Dominus, quando ambo simul non sunt nisi substantialiter unus ? Vide ergo quam admiranda ratione sit substantialis unitas in illa personarum pluritale et personalis plura921A litas in vera unitate substantiae, ita ut sit et in personis proprietas et in substantia unitas et in majestate aequaIX Miraris fortassis qui hoc audis vel legis, miraris, in­ quam, quomodo possit esse plus quam una persona, ubi ijvre 3. pluralité κτ TRisrrK ex died, viimx 185 Dieu, l'autre aussi sera Dieu. D’autre part, nous l'avons déjà montré abondamment, il ne peut y avoir qu’un seul tout-puissant, il ne peut y avoir qu’un seul immense, il ne peut y avoir qu'un seul Dieu. Alors que conclure ? Sans aucun doute possible, chacun d’eux sera toutpuissant de telle manière que les deux ensemble no 02011 soient qu'un seul tout-puissant; chacun d’eux sera immense de telle manière que les deux ensemble ne soient qu’un seul immense; chacun d’eux indubitablement sera Dieu de telle manière que les deux ensemble ne prendre 1 ? En tous cas, s’il est certain que la divinité même, comme nous le disions, est commune à tous deux, certainement aussi la substance divine sera commune que l’un et l’autre possèdent en commun une seule et même substance ou, pour mieux dire, que les deux sont une seule et même substance. Pourquoi donc s’étonner que les deux ensemble ne soient qu’un seul tout-puissant, un seul éternel, un seul immense, un seul Dieu et Soi­ gneur, du moment que les deux ensemble ne sont qu'un en substance ? Voyez comment se réalise admirablement l’unité substantielle dans cette pluralité de personnes et la plu­ ralité personnelle dans la vraie unité de substance, de Wl A sorte qu’il y ait < cl dans les personnes les propriétés, et dans la substance l'unité ct dans la majesté l'éga­ lité*»! Unité et pluralité en Dieu et dans i’Stee humain. IX Vous êtes peut-être tout étonné, auditeur ou lecteur, oui, vous vous demandez avec étonnement comment il qui mirabilis est in tam multis operibus suis, quid, inquam, mirum, si super omnia est in semetipso mira­ bilis ? Miraris quomodo in natura divina sit plus quam una persona, ubi non est plus quam una substantia; 921 K sit plus quam una substantia, ubi non est plus quam una persona. Constat namque homo ex corpore et anima ; et haec duo simul nonnisi una persona. Habet itaquo i trarium aestimare debeat de Deo suo. Conferamus in unum, si placet, quae ratio ratioci­ nando invenit in natura divina ot ea quae experientia rcpcril in natura humana. Utrobique unitas, utrobique pluralitas ; ibi unitas substantiae, hic unitas personae ; ibi pluralitas personarum, hic vero pluralitas substan­ tiarum ; ibi siquidem pluralitas personarum in unitate substantiae, hic autem pluralitas substantiarum in unitate personae. Ecco quomodo natura humana atque divina videntur se mutuo ct quasi ex opposito respicere, alterutra alteri voluti per contrarium respondere. Sio invicem respicere habent ot mutuo respondere debent natura creata et natura inoreala, temporalis et aeterna, corruptibilis et incorruptibilis, mutabilis ot incommuta­ bilis, tantilla et immensa, circumscriptibilis ct infinita. Addamus quia in illa personarum pluralitate est plena' similitudo ot summa aequalitas ; in hac autem plura9211> Nam in illa personarum pluralitate, incorruptibilis una, incorruptibilis ct alia ; incommutabilis una, incommutabilis ct altera ; inoircumscriptibilis una, incircum·1 peut y avoir plus d'une personne où il n'y a qu'une seule et unique substance. Mais pourquoi s'étonner que celui qui est étonnant dans la multiplicité de ses œuvres soit souverainement étonnant en lui-méme ? Avec éton­ nement vous vous demander, comment il y a plus d’une personne en la nature divine où il n’y a qu'une seule substance. Et cependant vous n’éprouvez pas le même étonnement à vous demander comment, dans la nature 921 II humaine, il y a plus d'une substance, alors qu’il n'y a qu'une seule personne. Car l’homme est composé d'un corps ct d’une âme ct les deux ne sont ensemble qu’une seule personne. Ainsi l’homme trouve en lui-même à lire et à apprendre ce qu’il doit, par contraste, penser de son Dieu. Établissons un parallelo, si vous le voulez bien, enlro les conclusions de nos raisonnements sur la nature divine Mais, ici, unité de substance ; là, unité do personne. Ici, pluralité de personnes ; là, pluralité de substances. Car, ici, il y a pluralité de personnes dans l'unité de substance ; mais, là, pluralité de substances dans l'unité de per­ sonne. Voilà comment la nature humaine ot la nature divine paraissent sc regarder l’une l'autre, s’opposer pour Ht C ainsi dire cl se répondre l’une à l'autre en une symétrie antithétique. C’est ainsi que doivent se regarder et sc répondre le créé et l’incréé, le temporel et l'éternel, lo corruptible et l'incorruptible, le muablc ot l'immuable, le minuscule ct l’immense, le limité ct l’infini. »il l> I Ajoutons quo, dans la pluralité des personnes divines, il y a similitude et suprême égalité, tandis que, dans la pluralité de l’étre humain, il y a dissemblance multiple cl llagrantc inégalité. Car dans celle pluralité de personnes, l’une est in­ corruptible, l’autre aussi est incorruptible; l’une est immuable, l'autre aussi est immuable; l’une est illimitée, LIVRE 3. PLURALITÉ KT TRINITÉ EK DIEU, X DE TRINITATE, Lin. 3 scriptibilis et altera ; haee et illa aeque potens, haec et illa aeque sapiens, aeque bona, aeque beata. In hac veni substantiarum pluralitate ex quibus constat humana, persona, alia est corporea, alia incorporea : alia visi­ bilis, alia invisibilis ; alia mortalis, alia immortalis, dis­ solubilis una, indissolubilis alia, exterminabitis una, inexterminabilis alia. Nihilominus tamen personali pro­ prietate ita in unum conjuncta sunt, ut in patiendo vel condelectando, ne dicam separari, sed nec secerni possint. Ecco vidisti quanta dissimilitudo vel diversitas sub­ stantiarum sit in humana natura ; audisti nihilominus; 922 A divina. Explica mihi, obsecro, quomodo personalis unitas sil in tanta substantiarum dissimilitudine et diversitate ; et ego dicam tibi quomodo substantialis unitas sit in tanta personarum sunihtudmc et aequuhNon, inquis, cupio, non comprehendo ; sed quod non capit intelligent^, persuadet mihi tamen ipsa experentia. Bene utique et recte : sed si experientia te docet aliquid esse supra intclligontiam tuam in natura humana, nonne eo ipso te docuisse deberet aliquid osse supra.· intclligentiam tuam in natura divina ? Potest itaque homo discere ex semetipso quid, quasi ex opposito, existimaro debeat de his quae sibi credenda " * ment de les diviser, mais même de les distinguer. Ainsi vous aveu constaté quelle dissemblance et quelle diversité de substances présente la nature humaine, égalité entre les personnes' présente la nature divine. Eh bien ! expliquez-moi, je vous prie, comment il y n unité personnelle malgré une si grande dissemblance cl diversité do substances ; et je me chargerai, moi, do vous expliquer comment il y a unité de substance dans une si grande ressemblance et égalité de personnes. Voue allez IM dire : « Je ne saisis pas, je ne comprends pas, mais ce que mon intelligence ne saisit pas, l'expé­ rience me l’impose. « Très bien et très juste ! Mais puisque l'expérience vous révéle, dans la nature humaine, une réalité dépassant votre intelligence, ne devrait-elle pas du même coup vous révéler, dans la nature divine, une réalité dépassant votre intelligence · ? Ainsi l'homme, à partir de lui-même, peut apprendre ce qu’il doit penser, pour ainsi dire par contraste, des De /kte Tria.. 2 (IOS. 203). Abélard lul-mteno Invective contre les dlalccllclem laUmptraiiU : ■ Mill «nom» : · Oral.. XX, 11 (ή. 6, 33, ιόϊ7-1θ70). Dt Tria., IS, 7. 13 (42, 1007). 189 l'autre aussi est illimitée ; l’une et l’autre sont également puissantes ·, également sages, également bonnes, égale­ ment bienheureuses. Au contraire, dans la pluralité des substances qui composent la personne humaine, l'une est corporelle, l'outre incorporelle; l’une est visible, l’autre invisible ; l'une est mortelle, l’autre immortelle ; l'une dissoluble, l'autre indissoluble; l’une est périssable, l'autre impérissable. Et cependant, à raison de la personne, il y a entre elles une telle union que, dans la souffrance et ’''°"' ,Ml' proponuntur dc Deo suo. Haec propter illos dictassunt, qui altitudinem divinorum secretorum nituntur defi922 B nine vel determinare juxta capacitatis suae modum, non juxta traditionem sanctorum Patrum, quos constat didicisse et docuisse per Spiritum sanctum. XI Sed nunc ordine quo coepimus ratiocinationis nostrae modum prosequamur. Constat jam de divinarum per­ sonarum pluralitate, necdum tamen de Trinitate. Nam pluralitas esse potest etiam ubi nulla Trinitas est. Ipsa namque dualités pluralitas est. Eosdem itaque testes 922 C super Trinitatis assertione interrogemus, quos superius in attestationem pluralitatis adduximus. Et prius qui­ dem quid super hac re tostotur, summa, si placet, caritas interrogetur. Oportet autem caritatem summam universaliter esse perfectam. Ut autem summo perfecta sit, sicut oportet osso tantam qua non possit osso major, sic necesse est talem fore qua non possit esse melior. Nam, sicut in summa caritate non potest deesse quod est maximum, sic nec deesse poterit quod constat esso praecipuum.; Praecipuum vero videtur in vera caritate alterum vello diligi ut se : in mutuo siquidem amore multumque fer­ vente nihil rarius, nihil praeclarius quam ut ab eo, quem ' summe diligis et a quo summo diligeris, alium aeque 922 D diligi velis. Probatio itaque consummatae caritatis est votiva communio exhibitae sibi dilectionis. Sano summe diligenti summequo diligi desideranti'praecipuum gaudium solet esse in desiderii sui adimple-J LIVRE 3. PLURALITÉ BT TRINITÉ BN DIEU, X-XI 191 affirmations que la foi lui propose sur son Dieu. Tout cela soit dit à l’adresse de ceux qui voudraient mesurer 922 B et déterminer la profondeur des mystères divins d'après leur propre capacité et non point d’après la tradition des Pères qui, bien évidemment, ont reçu dc l’EspritSainl ce qu'ils ont appris et enseigné De la dualité a la Trinité. La PARFAITE CHARITÉ BXXCB LA T1UN1TÉ DANS t’uNITÉ. XI Suivant le programme que nous nous sommes fixé, poursuivons nos déductions. Nous avons maintenant la certitude qu’il y a en Dieu pluralité de personnes, mais ralité sans qu’il y ait Trinité : la dualité mémo est plura92-2 C lité. Sur l'affirmation dc la Trinité, interrogeons donc les mêmes témoins que nous avons cités pour attester la pluralité. Et d’abord, si vous le voulez bien, demandons La charité souveraine doit être ii tous égards parfaite, telle intensité qu’il ne puisse y en avoir dc plus intense, d'une telle qualité qu’il ne puisse y on avoir de meil­ leure. Car à la charité souveraine ne peut manquer ce qui est la grandeur suprême ; pas davantage ne peut manquer ce qui est manifestement l’oxcollcnco suprême. Or, dans la charité véritable, l'excellence suprême est, semble-t-il, dc vouloir qu’un autre soit aimé comme on l’est soi-même : dans l'amour mutuel, dans l’amour brûlant, rien n’est plus rare ni plus admirable : vouloir que l'être qu’on aime souverainement et dont on est souverainement aimé en aime un autre d'un égal amour. 032 D Ainsi la preuve dc la charité consommée est le désir que soit communiquée la dilection dont on est aimé. Assurément, pour celui qui aime d’un amour sou­ verain et désire être aimé d’un souverain amour, la joie OB TRINITATE, LIB. tionc, optatae videlicet dilectionis adeptione. Probat itaque se in caritate perfectum non esse, cui necdum potest in praecipui sui gaudii communione complacere. Est itaque indicium magnae infirmitatis, non posse pali consortium amoris. Posse vero pati, signum magnae perfectionis. Si magnum est pati posse, majus erit gra­ tanter suscipere. Maximum autem, ex desiderio requi­ rere. Bonum magnum illud primum, melius secundum, sed tertium optimum. Demus ergo summo, quod prae­ cipuum est ; optimo, quod optimum est. In illis itaque mutuo dilectis quos disputatio superior 923 Λ invenit, utriusque perfectio, ut consummata sit, exhi­ bitae sibi dilectionis consortem aequa ratione requirit. Si enim nolit quod perfecta bonitas exigit, ubi erit ple­ nitudo bonitatis ? Si autem velit quod fieri nequit, ubi erit plenitudo potestatis ? Hinc ergo manifesta ratione colligitur quod prae­ cipuus gradus caritatis et eo ipso plenitudo bonitatis esse non possit, ubi voluntatis vel facultatis defectus dilectionis consortem praccipuique gaudii communionem excludit. Summe ergo ' pari concordia pro voto possideat. LIVRE 3. PLURALITÉ ET "IIUMTÉ ES DIW, j ’ i > ■ parfaite est de réaliser ce désir, on obtenant la dilcction qu’il appelle- Et par conséquent on trahit une charité encore imparfaite en refusant do se complaire dans la communication de la plus précieuse joie qu’on goûte soi-même. l’amour est un signe de grande faiblesse. Pouvoir l’ad­ mettre est un signe de grande perfection. Mais si pouvoir l’admettre est déjà une grande chose, l’accepter sera [lus grand encore, lo désirer sera la grandeur suprême. c premier degré est un grand bien, le second un bien meilleur, le troisième un bien parfait. Sachons accorder à l’être souverain ce qui est suprême, au meilleur ce qui Nos déductions précédentes nous faisaient poser deux 19S3 Λ êtres unis par l’amour mutuel; mais lu perfection con. sommée de chacun d’eux exige, et pour la même raison. > i I 3 Car s’il ne veut pas ce que requiert cependant la bonté parfaite, que deviendra la plénitude de la bonté ? Et s’il le veut sans le pouvoir, que deviendra la plénitude Ainsi une raison manifeste nous amène à conclure qu’il ne peut y avoir charité au degré suprême, ni par conséquent bonté en plénitude, si, faute de lo vouloir ou de le pouvoir, on refuso d’avoir un associé dans la dilection et de communiquer la joio la meilleure. Ceux done qui sont aimés souverainement et méritent do l’être doivent, l’un et l’autre, réclamer d’un mémo désir un ami commun 1 qui leur appartienne, selon ce désir, dans DE TRIKITATIi, LUI. 3 Vities ergo quomodo caritatis consummatio perso­ narum Trinitatem requirit, sine qua omnino in plenitu­ dinis suae integritate subsistere nequii. Ubi ergo totum 923 B quod universaliter perfectum est, sicut nec integra ca­ ritas, sic nec vera Trinitas abesse potest. Est igitur non solum pluralitas, sed etiam vera Trinitas in vera-' unitate et vera unitas in vora Trinitate. XII Si quis autem solos illos mutuo dilectos quos superior ratio invenit in vera divinitate esso contenderit, quam, quaeso, attestationis suae rationem reddere poterit ? Numquid, quaese, utnquc eorum praecipui gaudii con- ubi erit illa, quae semper veris et perfectis amicis inesse solet el semper inesse oportet, ubi, inquam, erit indi­ vidua illa intimi amoris praerogativa, animorum videlicet unanimitas et intima concordia ? Et certo, si quis dixerit alterum velle et alterum nolle, quemoumquo in sua voluntate non posse praevalere concesserit, summo, potentem negabit. Si vero neutrum dixerit exhibitae sibi dilectionis communioni posse acquiescere, quomodo, quaeso, do superius assignato dilectionis defectu poterit cos excusare ? Scimus autem quia summe sapientes nihil potest latere. Si itaque vere et summo se invicem ddiguiit,. LIVRE 3. PLURALITÉ ET TRINITÉ EN DIEU, XI-XII 195 Vous lo voyez donc, la consommation de la charité requiert une Trinité de personnes, sans laquelle 1a cha­ rité ne peut exister dans sa plénitude intégrale. Ainsi, 923 B la perfection totale et plénière ne va pas sans la parfaite charité cl pas davantage sans la Trinité véritable. Il n’y a donc pas seulement pluralité, mais Trinité véritable dans la véritable unité et véritable unité dans la véri­ table Trinité. La suprême félicité requiert la Trinité. Si l'on prétend que dans la vraie divinité il n'existe à s’aimer mutuellement que les deux dont nous avons établi l’existence, comment, dites-moi, va-l-on bien jus­ tifier cette assertion ? Pourquoi leur manquera-t-il un associé dans la joie suprême ? Serait-ce que l’un et l'autre 923 c l’ont refusé ? ou bien serait-ce que l’un a voulu, que l'autre n’a pas voulu ? Mais si l’un a voulu et l’autre n’a pas voulu, que va devenir ce que l’on trouve normalement, ce qu’il faut toujours trouver dans l'amitié authentique et parfaite, que deviendra, dis-je, cette prérogative caractéristique de l'amour profond, à savoir l’unanimité et la concorde profonde des âmes * ? Assurément, si l'on dit que l'un veut mais que l’autre ne veut pas, en recon­ naissant que l'un ou l’autre est incapable de faire pré­ valoir sa volonté, on nie sa puissance souveraine. Si l'on dit au contraire que ni l’un ni l'autre ne peut admettre que soit communiqué l’amour qui lui est témoigné, comment, je le demande, pourra-l-on les dis­ culper do cette défaillance dans la charité que nous : avons soulignée naguère ? De plus, nous lo savons, rien ne peut échapper à ceux qui possèdent la sagesse parfaite. S’ils s’aiment l’un unusquisque 923 b et non dolere ? Num, si alteruter alterius defectum videt, nec dolet, ubi erit plenitudo dilectionis ? Si videt et dolet, ubi erit plenitudo felicitatis ? Constat autem quoniam ubi causa dolendi nunquam deerit, plenitudo felicitatis esse non poterit. Hinc ergo colligitur ct indubitata ratione deprehen­ ditur quod plenitudo felicitatis omnem caritatis defe­ ctum excludit, cujus consummatio, ut dictum est, perso­ narum Trinitatem exigit nec posse deesse convincit. Eccc quomodo summa bonitas ct summa felicitas Tri­ nitatis assertionem concorditer clamant et mutua atte­ statione confirmant. Grandis procul dubio defectus caritatis non posse 924 Λ pati consortium amoris, quis hoc nesciat vel dissimulare Si hic itaque defectus saepe jam dictis illis mutuo dilectis incssel, haberet uterque non solum quod in altero doleret, sed ct simul quod in seipso erubesceret. Nam venis ct intimus amicus, sicut non potest intime dilecti defectum videre et non dolore, sic sane de proprio defectu ante amici conspectum non posset non erube­ scere. Sed si illi personarum pluralitati inest unde merito debeat erubescere, ubi erit, obscuro, plenitudo gloriae' quam verae divinitati deesse omnino est impossibile ? Sed sicut summae felicitati non potest inesse causa inesse materia erubescendi. Quis namque non videat quam sit extremae dementiae vel tenuiter suspicari illi 7. 23 (170, 333). s'il lo voit et n’en souffre pas que deviendra la plénitude de l'amour ? Mais s'il le voit et en souffre. que deviendra la plénitude du bonheur ? De toute évidence, où persisDo là il faut déduire, en vertu d'une raison indubi­ table, que la plénitude do la félicité exclut toute défail­ lance dans la charité ; cl la perfect tnn de la charité, Voilà comment suprême bonté ct suprême félicité proclament d’une seule voix la Trinité et corroborent cotte affirmation par leur double témoignage. La rtéNiTuna ne la cî.oine ArVBLtU ÉGALEMENT LA TuiNlTÉ. Sans aucun doute il y a grave défaillance dans la cha934 A rité à ne pouvoir admettre une communauté dans l’amour, comment l’ignorer ou le dissimuler ? A supposer pareille défaillance dans l'amour mutuel de ceux dont il a été souvent question, chacun d'eux trouve­ rait en l'autre un motif de souffrance, mais il trouverait aussi en lui-même un motif de honte. Un véritable ami intime no peut apercevoir un défaut on son ami intime sans en souffrir; mais évidemment aussi, on présence do son ami, il ne pourrait voir en lui-inémo un défaut sans rougir. Or sera donc, je vous le demande, cette plénitude de gloire, qui de toute nécessité no saurait manquer à la divinité véritable ? tout comme la félicité suprême est incompa­ tible avec un motif do souffrance, la plénitude do la gloire suprême ost incompatible avec un motif do honte. Comment ne pas voir qu'il y a uno extrême folio à soup- OE TBIStTATE, Lta. 5 921B summo felici majestati aliquid inesse potuisse, quod possit tantae gloriae splendorem vel in modico obnu- Eccc quomodo plenitudo divinae bonitatis, plenitudo felicitatis et gloriae in una veritatis attestatione invicem sibi occurrunt et quid de divinae caritatis plenitudine in illa personarum pluralitate sentiendum sit evidenter ostendunt. Totius defectus suspicionem in illa summa caritate pariter damnant, lotius in illa consummationis plenitudinem concorditer clamant. Caritas autem, ut esse vera possit, personarum pluralitatem exigit ; ut vero consummata sit, personarum Trinitatem requirit. XIV Si autem concedimus unde post tot praemissas raunam aliquam personam in vera divinitate esse tantae benevolentiae, ut nihil divitiarum, nihil deliciarum habere sil ei impossibile, tantae felicitatis ut nihil sit ei difficile, consequens est ut fateri oporteat divinarum personarum Sed ut hoc melius elucescat, quod diffusius diximus ; in unum colligamus. 3 Certe si sola una persona in divinitate esset, non haberet cui magnitudinis suae divitias communicaret; > 924 D Sed et o converso, illa deliciarum ct dulcedinis abun­ dantia, quae ex intimae dilectionis obtentu ei accrescere potuisset, in aeternum careret. Sed summo bonum plenitudo bonitatis non sinit illas · avaro retinere ; nec summo beatum plenitudo beatitu-. dinis istas non obtinere ; ot ad honoris sui magnificentiam,I LIVRE 3. PLURALITE CT TRI.UTÉ ES DIEU, Xtll-XIV 199 92» B çonner le moins du monde que, dans cette majesté sou­ de nature à voiler de l'ombre la plus légère une gloire Voilà comment la plénitude de la bonté divine, la pléni­ tude de la félicité, la plénitude de la gloire viennent s asso----S η...* —:—age en faveur do cier l'une- à i»feutre dans—una---------même témoignas la vérité : elles nous montrent à l’évidenc ralité de personnes. Elles interdisent tout soupçon du défaillance dans la charité suprême ; elles réclament à fenvi la plénitude et la perfection de cetto chanté. Or la charité, pour être authentique, exige une pluralité de personnes ; pour être parfaite, elle requiert une tri- XIV ,921 C Après tant d’arguments qui viennent d’être présentés, nous ne saurions tergiverser, nous devons bien le recon­ naître : dans la divinité véritable, chaque personne est si joie sans vouloir les communiquer ; elle est si puissante, que rien ne lui est impossible ; elle est si heureuse quo rien ne lui est pénible. Il suit do là, on doit le reconnaître, que la Trinité des personnes divines s'impose absolument. Pour le mettre en meilleure lumière, essayons do con­ denser nos longs développements. A supposer que dans la divinité il existât une seule per­ sonne, assurément elle n’aurait pas à qui communiquer 9210 les richesses do sa grandeur. El, à l’inverse, elle-même et de douceur dont un profond amour l'aurait enrichie ’. Mais la plénitude de bonté no permet pas au souverai­ nement bon do garder en avare cos délices : la plénitude de bonheur no permet pas au souverainement heureux 200 OB TIHSIWB, LIB. 3 tam do illarum largitate lactatur quam do istarum fruitiono gloriatur. quoin sit impossibile unam lersonam consortio societatis sociam haberet, ei utique non deesset cui magnitudinis suae divitias communicaret, sed cui ias impertiret omnino non haberet. Dileline nihil jucundius invenitur, nihil in amplius delectetur. Hujusmodi dulcedinis it, qui in exhibita sibi dilectione non habet. Communicatio itaque sso omnino minus quam m tribus i, ut dictum ost, gloriosius, nihil quidquid habes utile ot dulce in Non potest voro hoc summam noc summae benevolentiae non eomnon potest, summe potentis felicitas potestas suo beneplacito carere, tam •sonae in divinitate tortio non am. >Do ΤΠ·ιΙΙ„ 7, s (10, aoe). 1‘alvls 01 1ΊΙΙΙ ol Sillrltns Sancti LIVRE 3. PLURALITÉ BT TRINITÉ EX DIEU, XIV 201 joie de les communiquer ot aussi la gloire d’en jouir luimême. Par là, vous le constatez, il est radicalement impossible commun '. Mais à supposer qu'elle soit associée à une autre per­ sonne seulement, elle aurait bien alors à qui faire part des richesses de sa grandeur ; toutefois elle n'aurait abso­ lument pas à qui communiquer les délices de la charité. Cependant on ne peut rien trouver do plus savoureux que la douceur de l'amour, rion pour le cœur de plus délec023 Λ table. Et il reste seul à goûter la douceur do pareilles déi lices celui qui n’a pas un compagnon associé à l’amour dont il est l’objet ·. Ainsi Ια communication do l’amour ne requiert pas moins de trois personnes. Or, nous l'avons dit, rion do plus glorieux, rien do plus magnifique quo do Il ne se peut que la sagesse suprême l'ignore, que la suprême générosité ne l'ait pour agréable. Dès lors, autant il est impossible que la béatitude do l’infinimont puissant, que la puissance do l’infinimont heureux no réalise pas sonnes divines une troisième ne soit pas associée ·. .lenlpma^dcl (ISO. -1341. q ** correction peu satlslalsante : ■ Seul, il est prive des dCUcoi... celui qui n’n que In béatitude divine est In . condelectatio * dtt Peru, du plu, do l’EsprlI. (Bd. VlvW, t. 23, p. 4171. 025 B Notandum sane quod in divinis illis personis perfe- in geminis perfectio ulriusquo requirit cohaerentiam tertiae. Nam in geminis personis, sicut alias jam diximus, ut utraque ab altera merito sit summo dilecta, oportet ut ulraque sit summo perfecta. Sicut itaque utrubique sapientia una, potentia una, sic sano oportebit ut utrobique sit benevolentia una et summa. Est autem pro­ prium summae et usquequaque perfectae benevolentiae omnem plenitudinis suae abundantiam in commune deducere. Ubi autem in alterutra persona aequa bene­ volentia exstat, neccssc est voto pari, ratione consimili, praecipui gaudii consortem ulraque requirat. 925 C Nam, ubi se duo mutuo diligentes summo desiderio amplectuntur et in alterutro amoro summo delectantur, summum gaudium istius est in intimo amoro illius ; et c converso, praecipuum gaudium illius est in amoro istius. Quamdiu iste ab alio solus diligitur, praecipuae dul­ cedinis suae delicias solus possidere videtur ; similiter et alius, quamdiu condiloctum non habet, praecipui gaudii communione caret. Ut autem uterquo possit isliusmodi delicias comma-, nicaro, oportet eos condiloctum habere. Ubi itaque’ muluo diligentes tantae, ut diximus, benevolentiae sunt,, ut quidquid perfectionis est commune esse velint, oportet;, ut dictum est, utrumque pari voto, aequa ratione, condilectum requirere et juxta potestatis quae plenitudi­ nem pro voto possidere. LIVRE 3. PLURALITÉ ET TRINITÉ EX DIEU, Dans le cas de ces personnes divines, remarquons-le bien, c'est la perfection infime do l'une qui exige la position de l'autre ct, en conséquence, pour les deux personnes, c’est la perfection infime do chacune d’elles qui demande qu’une troisième leur soit associée. Comme nous l’avons dit plus haut, dans la dualité des personnes, chacune ne peut filro légitimement aimée par l’autre d’un amour souverain que si l'une et l’autre est souverainement par­ faite. Il faut donc qu’il y ait dans les deux une seule sagesse, une seule puissance ; ct de même assurément une seule générosité ct une générosité souveraine. Or c’est le propre de la générosité souveraine et absolument par­ faite d’offrir pour la communiquer toute l’opulence de sa plénitude. Si donc il existe dans les deux personnes une générosité égale, nécessairement un égal désir et une raison semblable les porteront l’une et l’autre à exiger une associée à leur joie suprême. Car lorsque deux personnes s'aiment mutuellement dans l’embrassement d'un souverain désir et qu’elles se délectent souverainement dans leur mutuel amour, la joie souveraine do celle-ci est dans l’amour intime de celle-là et réciproquement, la joie parfaite de celle-là est dans l’amour de celle-ci. Tant que l’un est seul à être aimé par un autre, il est seul à posséder, semble-t-il, les délices de la douceur la plus exquise ; ct de infime cet autre ne peut communiquer le meilleur de sa joie, tant qu’il n'a pas un associé à son amour ·. Pour qu'il puissent, l'un et l'autre, communiquer ces délices, il leur faut un troisième pareillement aimé. Ainsi nous le disions, lorsque les deux, dans leur mutuel amour, sont assez généreux pour vouloir communiquer leur per­ fection totale, il faut, répétons-lc qu'un égal désir ct une même raison les porte l’un et l’autre à exiger un ami com­ mun,îqu’ils possèdent, selon leur désir, grâce à la plénitude'dejeur puissance. DK ΤΒΙΧΙΤΛΤΒ, LIB. Inter delicias caritatis et sapientiae hoc solet maxime intéressé, quod sapientiae deliciae valent ct solent hauriri do cordo proprio, intimae autem caritatis deliciae hauriuntur do corde alieno. Nam qui intime diligit et intime diligi concupiscit non tam delectatur quam anxiatur, si do dilecti sui corde non haurit dilectionis dulcedinem quam sint. Sapientiae voro deliciae tune magis delectant, quando do cordo proprio hauriuntur. Nihil ergo delinitur contrarium naturae, si plenitudo sapientiae dicatur posse subsistere in singularitate per­ sonae. Nam, quantum videtur, etiamsi sola una persona 026 A in divinitate esset, nihilominus plenitudinem sapientiae habere potuisset. Plenitudo autem sapientiae non potest esso sine pleni­ tudine potentiae, sicut nec plenitudo potentiae sino ple­ nitudine sapientiae. Sapientiae namque plenitudinem procul dubio non haberet, qui ignoraret quomodo obti­ nere potuisset quod ci do omnipotentia doessot. E con­ verso autem absque dubio careret potentiae plenitudine, qui aliquem sapientiae defectum posset invitus sustinere; Plenitudo itaque unius non potest haberi sine plenitu­ dine alterius. Quod igitur do sapientia diximus, consequens est ut idem de potentia intclligamus. Nam, si omnipotentia deessc non potest ubi plenitudo sapientiae est, videtur 026 U utique quod plenitudo tam potentiae quam sapientiae possideri possit in singularitate personae. On EBVT CONCEVOIR LA PLÉNITUDE DB PUISSANCE BT DE SAGESSE 925 U Entre les délices de la charité ct colles de la sagesse, il existe cette différence majeure : on peut puiser et on puise habituellement les délices de la sagesse dans son propre cœur, tandis qu’on puise les délices de la charité pro­ fonde dans un autre cœur. Celui qui aime profondément ct désire être profondément aimé éprouve moins une dé­ lectation qu’une angoisse, s'il ne puise dans le cœur de son bicn-aimé la douceur de celle dilcclion dont il a soif. Au contraire, les délices de la sagesse sont plus délec­ tables quand on les puise dans son propre cœur. On n’allirme donc rien qui aille contre la nature dos choses en disant que la plénitude de sagesse pourrait sub­ sister dans une personne unique. A supposer qu’il y eût 925 A en Dieu une seule personne, même alors, semble-t-il, elle pourrait avoir la plénitude de la sagesse. Or la plénitude de sagesse no peut aller sans la plé­ nitude de puissance, non plus que la plénitude de puis­ sance sans la plénitude do sagesse. Assurément, celui-là n’aurait pas la plénitude do la sagesse, qui ignorerait le moyen d'obtenir ce qui lui manquerait do la toute-puis­ sance. A l’inverse, la plénitude de la puissance fait défaut certainement à celui qui devrait contre son gré se· résigner à une sagesse imparfaite. On no peut avoir la plénitude de l’une sans avoir la plénitude do l'autre. Ainsi, ce que nous avons dit de la sagesse, nous devons logiquement l'entendre de la puissance. Si la toute-puis­ sance est inséparable de la plénitude do sagesse, il appa»2β B raît qu’il pourrait y avoir plénitude ot do la puissance et de la sagesse dans uno personne unique. XVII Completio autem verae felicitatis ct summae nullo modo videtur posse subsistere sine geminatione per­ sonae. Constat hoc jam luce clarius ex his quae in supe­ rioribus diximus. Nam, si in illa vera divinitate sola una persona esset, utique non haberet cui summum amorem impenderet, ncc qui sibi summum amorem reponderet. Unde ergo illi sumine dulces illae deliciae abundarent quae, ut dictum est, non tam de proprio quum do alieno 826 C corde hauriri solent ? Nihil enim, ut jam praefati sumus, his dehciis dulcius, nihil delectabilius, nihil hac suavi­ tate salubrius, praeclarius atque jucundius. Quomodo obtinuisset, cui summa suavitas, summa jucunditas semper deesset ? citas exigit, ut in omni plenitudinis integritate subsistere XVIII Neminem conturbet. nemo indignelur. si ad cvidentiorem ventatis intelhgentiam de divinis ot supormunOM l> danis humano more loquamur. Hunc autem loquendi modum in usum nostrae inopiae tanto fidentius assu­ mimus quanto eum in Scripturis sacris frequentissime^ invenimus. livre 3. pluralité Br trixité es dieu, xvii-xvm 207 NB PEUT Y AVOIR FÉLICITÉ PARFAITE SANS DUALITÉ DB PERSONNES. Au contraire l’achèvement de la félicité réelle et suprême semble absolument irréalisable sans dualité de personnes. Ce que nous avons dit auparavant le montre plus clair que le jour. Car, il supposer qu’il existât une seule personne dans la vraie divinité, elle n’aurait pas à qui communiquer l’amour suprême, elle n’aurait pas de qui recevoir en retour l’amour suprême. Dès lors, où serait pour elle la source féconde de ces délices aux dou­ ceurs souveraines, qu’on puise d’ordinaire, nous le savons, moins dans son propre cœur que dans le cœur d’un autre ? «6 C Or, répétons-Ie, il n’y a rien do plus doux que ces délices, rien de plus savoureux, rien do meilleur que cotte suavité, rien de plus beau, rien de plus délectable. Comment la félicité divino aurait-elle atteint la plénitude absolue et son opulence, si toujours lui avaient manqué la douceur suprême et la suprême joie ? Ainsi, nous le disions, la félicité requiert la dualité des personnes pour exister intégralement dans sa pléII ne peut y avoir bonté parfaite sans la Trinité des personnes. XVIII Que personne ne se trouble, que personne no s'emporte si, pour donner une intelligence plus claire des réalités SîSD humain. Dans notre pauvreté nous recourons à ce langage avec d'autant plus d’assurance que nous lo voyons conti­ nuellement en usage dans la Sainte Écriture l. 208 Summus bonitatis gradus esse videtur, quando sum­ mus amor ibi impenditur, unde ad felicitatis suae ple­ nitudinem nihil obtinetur. Sed hic summae perfectionis gradus, ut ex ante jam dictis evidentissimum est, inter duos tantum dilectos mutuo inveniri non potest. Ibi namque dilectorum uterque amorem impendit, unde absque dubio melliflua illa dilectionis oblectamenta haurit, quae undo haurire posset omnino non haberet si solus esset et solitarius viveret. Magnus itaque cumulus gaudiorum et jucunditatis accrescit cuique ex consortio exhibitiao ot acceptae dilectionis. Hinc ergo manifesto colligitur quod summus ille benignitatis gradus in divi92* A nitato locum non haberet, si in illa personarum plura­ litate tertia persona deossel ; et certe in sola geminatione personae non esset cui possot quivis duorum praeci­ puas jucunditatis suae delicias communicare. Hinc datur intelligi quod consummatio verae et sum­ mae bonitatis non possit subsistere sine conplctione Trinitatis. Quod do Trinitatis assertione multiplici rationis atto. statione probatum est compendiosa satis mullumque perspicua consideratione confirmari potest. Virtutem itaque ac proprietatem oondilcctionis dili- , 027 B genti consideratione perpendamus et citius inveniemus. quod quaerimus. Quando unus alteri amorem impendit et solus solum diligit, dilectio quidem est, sed condilectio non est. Quando duo se mutuo diligunt, et summi desiderii affectum invicem impendunt et istius in illum)' illius vero in istum affectus discurrit ot quasi in diversa tendit, utrobique quidem dilectio est, sed condiloctiq’. non est. Condilcctio autem jure dicitur, ubi a duobiis': LIVRE 3. W.URAIJTÉ CT TRlMTB ES DIEU, XVUt-XIX 209 La bonté au suprême degré consiste bien à donner un amour suprême dont on n’attend rien pour la plénitude de son propre bonheur Mais ce degré do perfection suprême, nous l'avons montré avec une entière évidence, ne peut être réalisé dans l’amour mutuel limité à doux personnes. Car alors, chacun dos doux donne son amour et ainsi goftto assurément ces charmes de la dilection aux douceurs do miel, qu’il ne pourrait puiser à aucune source s’il était seul ot vivait solitaire. Chacun s’enrichit done d’un surcroît merveilleux de joie et de bonheur dans la communion de l’amour qu'il donne et qu’il reçoit. Do i là il faut conclure manifestement qu’on no trouverait ■J2* Λ pas en Dieu la bonté au degré suprême, si la pluralité n’allait pas jusqu'à une troisième personne. Car assuré­ ment, dans la seule dualité, aucun des deux n’aurait personne à^qui il pût communiquer les suprêmes délices Et cela nous fait comprendre qu’il ne saurait y avoir perfection de la bonté véritable et souveraine sans l’achè­ vement de la Trinité. XIX Les raisons multiples apportées en faveur de la Trinité peuvent être confirmées par une réflexion assez brève et S!7 11 la condilection et bien 'vite nous découvrirons ce que ■ nous cherchons. Lorsqu’un être donne son amour à un autre, et que seul il l'aime seul, il y a dilection, mais non pas conddection. Quand doux êtres s aiment mutuelle­ ment ot se donnent leur alfection dans une aspiration ardente, lorsque 1’aflection va de celui-ci à celui-là, de celui-là à celui-ci, comme en des courants do sens con­ traires, il y a do part et d’autre dilection, mais pas encore condilection. Il y a condilection, à proprement parler, corde de la dilection, dans une communauté de l’amour DK ΤΒΙΧΙΤΛΤΒ, MB. 3 tortius concorditer diligitur, socialiter amatur ot duorum ; affectus tertii amoris incendio in un ' "·■Ex his itaque patet quod in ipsa __ ... _______ locum non haberet, si duobus tantum consistentibus' tertia persona deesset. Non enim hic de qualicumque,' sed de summa condileclione loquimur et qualcin crea- Quis, quaeso, digno explicaro valeat quanta sit virtus benevolentiae summae et usquequaque perfectae ? Quis, quaeso, digne aestimare sufficiat quae vel quanta sit dignitas intimae et summae concordiae ? Si tanta itaque dignitas est in his duabus virtutibus cuique ex semetipsa, quid, quaeso, virtutis, quid dignitatis inerit ubi quaevis conditur ex altera, ubi una magnificatur ex alia, ista consummatur ex illa ? Quid autem aliud est intima et summa condilcclio, nisi intimae benevolentiae et summao concordiae mutua concursio ? Virtus itaque tantae dignitatis et supereminentis excellentiae, sicut non potest in summo bono universaliterquc perfecto deesso, sic nec potest sine personarum Trinitate subsistere. Attende nunc quomodo tertiae personae copula concordialcm affectum ubique comparat et consocialem’ amorem per omnes et in omnibus confoederat. Si unam aliquam o tribus personis attendis, videbis et ibi aeque invenies quoniam reliquae in ejus amore LIVRE 3. PLURALITÉ BT TRINITÉ EN DIEU, l’incendie do co troisième amour ‘ Voilà qui montre bien que, dans la divinité mémo, il n'y aurait pas placo pour la condileetion, s’il n’existait que deux personnes, si une troisième leur faisait défaut. , D’autant qu’il s'agit là, non pas d’une condileetion quel­ conque, mais de la condileetion suprême, celle que jamais 927 C la créature no mérite de la part du Créateur, colle dont jamais elle ne se trouve digne ·. Qui pourrait suffire, dites-moi, à exprimer la valeur do la bonté souveraine et absolument parfaite? Et qui pourrait estimer à son prix la concorde intime et souve­ raine, la qualité, le degré de son excellence ? Si telle est elle-même, quelle va être leur valeur, leur excellence, lorsque chacune d’elles est relevée par l’autre, quand l'une reçoit do l'autre sa splendeur, quand celle-ci trouve en celle-là son achèvement ? El qu’csl-ce donc que la condileetion intime ct parfaite, sinon la convergence de la bonté profonde ct de la concorde souveraine ? Il est impossible que cotte perfection de valeur sureminente et d’excellence incomparable ne sc trouve pas dans l'être souverainement bon et absolument parfait ; mais il est egalement impossible qu'elle existe sans la Trinité des personnes. ,H7 D Et maintenant voyez comment le lien qu’est la troiI sième personne crée partout la concorde dans l’affection r- et établit une communion d’amour entre toutes les per­ sonnes et en elles-mêmes. Considérez l’une quelconque des trois personnes, vous voyez les deux autres l’aimer en plein accord. Regardez la seconde, ici encore vous allez constater que les deux tumon Ipso amatur qui non videtur. * Serm., 34. 4 <3S. 211). La réciprocité des signes d’affcclloa et ootle sorte de va-ot-vlcnt a'nbouUt pas ft l'unltd 212 pari voto concordant. Si tertiam ab his in considera­ tionem adducis, procul dubio ceterarum affectum pari concordia in illam confluere videbis. 9.’S Λ catur, ut ubi dc defectu amoris suspicio facilius oriri poterat, majori confoederatione certitudo consolidetur. Ecce quomodo ex tertiae personae consodalilate in illa Trinitate agitur, ut coneordialis caritas et consocialis amor ubique, nusquam singularis inveniatur. Ecce in Trinitatis assertione tanta, tam rara veritatis attestatio undique occurrit, ut mento captus videatur XXI Quod superius probatum est dc duobus, puri ratione inferri potest et de tribus, singulos scilicet a singulis summe diligendos, summe dilectos, quia summe perte- 928 B summae jucunditatis. Plenitudo summae jucunditatis requirit plenitudinem summae caritatis. Plenitudo summae curitatis exigit plenitudinem summae perte- LIVRE 3. PLURALITÉ ET TRINITÉ EX DIEU, XX-XXI 213 autres raiment dans une concordance parfaite do leurs affections. Venez-en à considérer la troisième, vous ver­ rez, sans aucun doute, confluer vers elle, dans le même Dans celte concorde nous voyons tripler le lien de 9t8 A l’amour : et ainsi là même où nous étions enclins à soup­ çonner une défaillance de l’amour, une plus grande soli- ment, grâce à l’association dc la troisième personne, dans celte Trinité, la charité est concorde, l’amour est par­ tout société, cl jamais exclusivisme rait frappé de démence à ne point se satisfaire do pareilles garanties. Égalité parfaite dans la Trinité. XXI Ce que naguère nous avons prouvé des deux personnes est valable des trois et pour la même raison : chacune d’elles mérite d’être souverainement aimée et elle est sou­ verainement aimée par les deux autres parce que toutes sont souverainement parfaites. La plénitude de la suprême féliS23 B cité requiert la plénitude dc la joie suprême. La pléni­ tude dc la joie suprême requiert la plénitude do la charité suprême ·. La plénitude de la chanté suprême exige la plénitude do la suprême perfection. DE TRINITATE, Lin. 3 Ubi itaque oportet omnes aequo perfectos esse, necesse est omnes in summa aequalitate congruere. Erit itaque omnibus aequalis sapientia, aequalis potentia, indifferens gloria, uniformis bonitas, aeterna felicitas, : ut veraciter constet quod quotidiana professio chriest divinitas, aequalis gloria, coaeterna majestas. Nullus ibi altero major, nullus ibi altero minor, nullus ibi ante­ rior, nullus ibi posterior. Constat itaque in illa Trinitate omnes personas coaequales simul et coaeternas esse. Nam si coaeternae non essent, eo ipso coaequales non essent. XXII 933 C In illa itaque summa et usquequaque perfecta perso­ narum aequalitate, summum illud et summe simplex osso est omnibus commune. Idom orgo ost omnibus osse quod vivere, vivere quod intclligcrc, intclligcro quod posso. Non igitur ibi ost aliud sapientia quam potentia, potentia quam essentia et juxta hunc modum similis in similibus sententia. Vides ergo quoniam idem ipsum est totum quod in qualibet persona est. 033 1> omnibus summa plenitudo sapientiae, erit singulis simul et omnibus summa plenitudo potentiae. Sed quid est summa et plena potentia, nisi omnipotentia ? Novimus·! autem quod omnipotentia inde dicta sit quod omnia LIVIIE 3. ΓΙ.ΙΙΙΙΛΙΙΤΕ CT TEIKITÉ BS DIEU, XXl-XXIl 215 Mais puisqu'ils doivent tous être également parfaits, il faut qu’ils s'accordent tous dans une souveraine éga­ lité. Us auront donc tous sagesse égale, puissance égale, gloire sans dilfércllcr, bonté identique, félicité éternelle. Ainsi apparaît la vérité do la profession do foi que nous récitons chaque jour : s dans les trois, unique est la divi­ nité, égale la gloire, eoéternello la majesté1 ». foi, aucun n’est plus grand quo I autre, aucun n’est plus petit; aucun n’est avant, aucun n’est après. Il est évident que dans cette Trinité les différentes personnes sont abso­ lument égales et aussi coélcrnolles : car si elles n'étaient pas coéternelles, par là même elles ne seraient pas XXII 928 c Dans cette égalité souveraine et absolument parfaite, les personnes possèdent toutes en commun l’être sou­ verain et souverainement simple. Pour elles toutes, être est identiquement vivre, vivre est identiquement con­ naître, connaître identiquement pouvoir. La sagesse n'est pas une réalité distineto do la puissance, ni la puissance une réalité distincto do l’essence et ainsi du reste. Vous lo ment le tout. Mais puisqu'il y a souveraine perfection dans cette égalité et souveraine égalité dans cette perfection, il y its 0 aura, en chaque personne et en toutes, souveraine plé­ nitude de sagesse, il y aura, en chacune et en toutes, souveraine plénitude do puissance. Or qu’ost-ce quo lo puissance souveraine on plénitude, sinon la toute-puis­ sance ·. Nous lo savons, le mot toute-puissance signifie scilicet dM» Soploalla »11 do rtlvlnn Omnipotentia. cum sil Ipsa quoquo aliqua potentia... · Inlr, ad llwl, I. 10 (Id. 9M). Mais 11 (lisait aussi : . Non 21Ô OB TIUNITATE, LIB. 3 possit. Si vero omnipotentiam omnia posse veraciter constiterit, de facili edicere poterit ut quaelibet alia potentia nihil possit. Hinc ergo manifestum est quod omnipotentia non potest osse nisi una. Superius autem probatum est quod omnipotentia idem ipsum est quod personis omnipotentiam habere imo et esse, quia ibi non est aliud esse quam habere, commune erit et omnibus unam et eamdem essentiam esse. Nam divina essentia, sicut et omnipotentia, non potest osso nisi una. Non 325 Λ solum itaque idem ipsum ost totum quod est quaelibet persona, verum etiam idem ipsum est quaevis una quod quaelibet alia. simul vora et sumina unitas, utrobique autem, si bene XXIII Quod autem dictum est de personarum aequalitate possumus et bene et malo intelligere. In tanta namque personarum simplicitate cl unitate videtur potius iden­ titas quam aequalitas esso. Tros statuas aurons, si sint ejusdem puritatis et ponderis et per omnia ejusdem simi029 1Î litudinis, possumus et solemus aequales dicere ; sed hujusmodi aequalitas inultum peregrina est ad illam quae ost in divinarum personarum Innilato. Nam in illa statuarum aequalitate, alia ost massa auri statuae I unius, alia ost massa auri statuae alterius et juxta hoc,j j aliquid aliud ost una ct aliud aliquid est alia. Nihil autem tale debemus cogitare de illa vora ot summa I Trinitate, quasi sit ibi aliud et aliud sed unum alteri aequale. Nam, sicut jam demonstratum est, quod est in una aliqua persona, idem ipsum ct lotum est et in' I qualibet altera. Tres rationales spiritus aequales non UVBB 3. PLURALITÉ KT THIXITÉ ES UIKU, XXII-XXlll 217 pouvoir tout. Si la toute-puissance consiste réellement à pouvoir tout, elle aura vile fait de réduire n'importe clairement qu’il ne peut y avoir qu'une toute-puissance. Nous avons prouvé'd’autrc part que la toutc-puisance est identique à l’essence divine. Si donc il appartient h toutes les personnes ensemble de posséder ou mieux d’être la toute-puissance, car en Dieu avoir c’est être, il appar­ tiendra aussi à toutes les personnes ensemble d’être une seule et môme essence. Car il ne peut exister qu’une seule essence, comme une seule toute-puissance. Et ainsi, non seulement chaque personne est identiquement ee qu’est le tout, mais elle est identiquement ce qu’est n'importe Par conséquent, on chaque personne il y a parfaite simplicité, dans toutes les personnes ensemble il y a réelle et parfaite unité, partout, h bien y réfléchir, il y a merveilleuse identité. XXIII Ce que nous venons de dire de l’égalité entre les per­ sonnes est susceptible d’être bien ou mal compris. Étant faudrait dire identité plutôt qu’égalité. De trois statues d’or de même or, de môme poids et absolument seinWO U blablcs nous pouvons dire et en fait nous disons qu'elles sont égales. Mais celte égalité ne donne qu'une idée loin- nité. Ces statues sont égales cl cependant la masse d’or d'une statue n’est pas la masse d’or d’une autre : à ce point de vue, l’une n’est pas ce qu’est l’autre. N'imagi­ nons rien de pareil quand il s’agit de la véritable ct rentes et toutefois égales entre elles ’. Car, nous l'avons démontré, cela même qui se trouve en une personne se trouve identiquement et totalement dans les autres. De 1. Ct. S. Augustis, De Trinil., 7.0.11 (-12,013), où Von trouve la compa­ raison dos statues d'or ; S, 1,2 (Id. 047-048). DE TBIXITATS, LIB. 3 immerito dicimus, si sint ejusdem potentiae, ejusdem hac spirituum trinitate, sicut sunt tres personae, sic 929 C constat ibi et tres substantias esse. Summa autem Tri­ nitas constat in unitate substantiae. Aliud itaque et aliud, quamvis aequale, invenitur in trinitate illa ; sed talis aequalitas longe est a Trinitate divina. Sed in illa summa Trinitate ea ratione personas aequales dici­ mus, quia illud summuin ct summe simplex esse in ea plenitudine ct perfectione qua est personae unius, in plenitudine ct perfectione est cujuslibct personae alterius. XXIV Certo una eademque substantia non est majus aliquid i vel minus, melius deteriusvc scipsa. Non igitur erit majus 929 0 vel melius aliquid quaevis in Trinitate persona quam quaelibet alia, cum veraciter sil singulis una eademque substantia.Est autem singulis simul et omnibus eadem ; ipsa. Unde nec majus vel melius aliquid erunt quaelibet duae quam quaelibet sola, nec tres simul pariter acceptae quam quaelibet duae vel quaelibet sola per se. In illa 930 A autem personarum trinitate ubi sunt plures substantiae, minus aliquid est una sola quam duae : et quibuslibet·' duabus majus aliquid totae tres pariter acceptae. Nunc ergo attende, illa omniformis ct omnifaria magni- ; tudinis coacqualitas in illa summa Trinitate quam incom­ prehensibilis sit, ubi unitas pluralitati non cedit nec plu­ ralitas unitatem excedit. 1. Bosseur so seni -I’tiM ravie-devant-celte uniU si Inviolable quell LIVRE 3. PLURALITÉ ET TRINITÉ ES DIEU, XXIll-XXIV 219 trois êtres spirituels nous avons raison de dire qu’ils sont égaux, s’ils ont la même puissance, la même sagesse, la même pureté, la même bonté ; mais dans celte trinité 919 C d’esprits, s’il y a trois personnes, il y a évidemment aussi trois substances. Au contraire, la Trinité suprême sub­ siste dans l’unité de substance. Dans la trinité (créée) nous trouvons des êtres égaux mais différents ; avec cette égalité, nous sommes très loin de la Trinité divine. 1 Dans la Trinité suprême nous affirmons l’égalité des personnes pour cette raison que l’être souverain et sou­ verainement simple, dont la plénitude ct la perfection appartiennent à une personne, appartient aux autres personnes dans la même plénitude et la même perfection. XXIV Il est clair qu’une seule ct môme substance n’est pas plus grande ou plus petite qu’clle-mêmo, ni meilleure 929 I> ou moins bonne qu’elle-même. Par conséquent, dans la Trinité, une personne no sera pas plus grande ni moil* leure qu’une des doux autres, puisque réellement cha­ cune possède une seule ot mémo substance. Cette sub: stance, la môme on chacune, est la même en toutes : ainsi deux personnes ne seront pas plus grandes ni mcilplus grandes ni meilleures que doux ou une seule consi‘930 Λ dérée en elle-même. Au contraire, dans cette autre trinité de personnes comportant plusieurs substances, une seule personne est moins que deux ; et deux de ces per­ sonnes sont moins que toutes les trois prises ensemble. Reconnaissez, maintenant combien est incompréhen­ sible celle égalité dans la grandeur, égalité & tous points , de vue et sous tous les rapports, qui caractérise la Tri­ nité suprême, où l’unité no cède pas à la pluralité, où la pluralité n'oxoèdo pas l'unité ·. De coiuideraltone, S. S <182. 799-800). DB TRINITATE, Ul. 3 XXV Sod ut hano divinarum personarum aequalitatem' amplius admiraris, attende ct illud in omnibus aliis per* ; sonis, quoniam in unaqualibet eademquo persona, neo 1 930 B singularitas est sine pluralitate, nec unitas sine inaequa­ litate. Taceo quod potest crescere vel minui et sibi ipsi inaequalis fleri. Taceo quod aliud est ejus potentia, aliud est ejus sapientia, aliud est ejus justitia ; ct potest esso secundum aliud maior, secundum aliud minor, melior 1 sive deterior. Certo sola ejus potentia, sola ejus sapientia ' est sibi ipsi dissimilis, est sibi ipsi inaequalis. Idomquo ; ipsum contingit in celeris : potentiam ejus attendo et invenies quia aliud est ei facile, aliud dillicilc. aliud im­ possibile ; et sic deprehenditur etiam sibi ipsi dissimilis et inaequalis esse. Similiter ct ipsi sapientiae aliud est comprehensibile, aliud vero incomprehensibile. Namque ., humana, vel angelica intelligenlia poterii nunquam, ut 930 C de ceteris taceam, ipsam Divinitatis immensitatem com­ prehendere. Dum itaquo una cademquc natura in aliis est efficacior, in aliis infirmior, in parte est minor et in parte est major; et ipsa sibi dissimilis et ipsa sibi invenitur : inaequalis. Ex his itaquo colligi potest quia ubi vera simplicitas non est, vera aequalitas osse non potest. I In illa autem Trinitate nusquam aliquis est dissimilis sibi nec inaequalis in aliquo alicui altori. Sane ubi vera aeternitas est, non potest osse prius aut posterius ; sic ubi inoommutabilis immensitas est, non potest esse ' majus vel minus. Quibus itaque linque cuuein eadem aeternitatis aeternitati^ . et immensitatis ratio inest, nulla n aliquatenus .... '.___ inaequali* ' . tatis vicissitudo vol alternatio tin inesse potest. Quia nuiiua nulla ? LIVIUS 3. I'LUllAl.lTlt BT TIUNITfi BS DIEU, XXV 221 XXV sonnes divinos, réfléchissez a co que l’on constate on sonne, quelle qu’elle soit, la singularité ne va pas sans pluralité, ni l imité sans inégalité. Passons sur le fait qu'elle peut croître ou diminuer et devenir inégale b ollo-mCmo. Passons sur le fait qu'on elle puissance, sa­ gesse, justice no sont pas identiques ct qu’ainsi elle peut être, scion les points do vue, plus grande et plus petite, loment la puissance ou la sagesse, elle est différente d’cllc- qualités. Voyez par exemple sa puissance : vous consta­ tez que ceci lui est facile, cela difficile, cela impossible : elle s’avère donc dissemblable et inégale à elle-même. Pareillement pour la sagesse ; ceci lui est compréhensible, cola incompréhensible. Car 1 intelligence humaine ou l'intelligence angélique ne pourra jamais comprendre, divinité. Ainsi, du moment qu'une seule ct mémo nature iei plus grande et elle 30 révèle dissemblable d’elle-même, réelle simplicité, il n’y a pus réelle égalité ‘. Dans la Trinité au contraire une personne n’est aucune­ ment dissemblable d’olle-mêmo, elle n’est en rien inégale h aucune autre. De louto évidence, où il y a éternité réelle, il no peut y avoir avant et après ; de même où il y a immensité immuable, il no peut y avoir plus grand et plus polit. Ceux qui possèdent de la même manière l'éternité et l’immensité no peuvent subir aucune vicis­ situde d’inégalité, aucun changement. Ici, a aucune muta­ tion ni l’ombre d’une vicissitude1 », ici ni avant, ni après, (■la. oos-oao). LIVRE 3. PLURALITÉ ET TRINITÉ EN DIEU, XXV 930 D prius, nihil posterius, nihil majus aut minus, sed totael' tres personae coaeternae sibi sunt et coaequales. Ecee jam manifesta et multiplici probavimus ratione;··' licet Deum in Trinitate et Trinitatem in unitate vene­ remur. 223 930 0 ni plus grand, ni plus petit : les trois personnes, l’une par rapport à l’autre, sont totalement coétcrnclles et Voilà que nous avons prouvé par des raisons très claires et multiples la vérité de la formule de foi : « qu’il faut adorer un seul Dieu dans la Trinité ct la Trinité dans l’unité » a. CAPITULA LIBRI QUARTI Quam incomprehensibile videatur humanae intolligentiao quod pluralitas personarum sit in unitate substantiae. II. Quam multa sunt, quae mtelligentia non com­ prehendit, quae tamen propria experientia ipsnm latere non sinit. III. Quam.multa incomprehensibilia sunt, ad quae experientia deficit, quae tamen ratio mani­ festa latere non sinit. IV. Quod ad doctrinae evidentiam oporteat per­ sonae significationem determinaro et, secun­ dum datam determinationem, Trinitatis uni­ tatem assignare. V. Quod ante nos quaesitum est qua necessitate, quod restat quaerendum qua ventate tres illi in Trinitate dicti sunt personae. VI. Quod multum differant inter se significatio subslanliae et signilieulio personae. VII. Quod non tam aliquis quam aliquid signifi­ catur nomine substantiae ; nec tam aliquid quam aliquis denominatione personae. VIII. Quod non sit necesse, ubicumque sunt plures personae, etiam plures substantias credere. I IX. Quod nihil delinimus sibi contrarium in eo quod dicimus Deum nostrum et substantialiter' I. X. Quod nec pluralitas substantiarum dissolvit unitatem personae in natura humana ; nec SOMMAIRE DU LIVRE QUATRIÈME I. II. Combien parait incompréhensible i> l'intelligence humaine une pluralité de personnes dans l'unité de substance. Que de choses incompréhensibles h l'intelli­ gence humaine et que cependant lui impose III. Que de choses incompréhensibles, échappant à l'expérience et qu'impose cependant une rai­ son manifeste. IV. Pour la clarté de l'exposé doctrinal, il faut pré­ V. VI. VII. VIII. IX. X. précision, caractériser l'unité dans la Trinité. Avant nous on a cherché ce qui a nécessité l'emploi du mot personne pour désigner les trois dans la Trinité ; reste à chercher le vrai sens de cette appellation. Il y a une grande différence de signification entre substance et personne. Le mot substance dit plutôt quelque chose que quelqu’un ; le mot personne, plutôt quoiqu'un que quelque chose. Il n'y a pas nécessité d'admettre plusieurs sub­ stances dans tous les cas où il y a plusieurs personnes. Nous pouvons, sans contradiction, affirmer de notre Dieu qu'il est un en sa substance et trine en ses personnes. Dans la nature humaine la pluralité des sub­ stances ne dissout pas l'unité de la personne ; 226 DE TRINITATE, LIB. i XI. XII. XIII. XIV. XV. XVI. XVII. XVIII. XIX. XX. XXI. XXII. pluralitas personarum dividit unitatem sub­ stantiae in natura divina. Quod in discernendis personis opus est gemina consideratione, hoc est ut sciamus quale quod sit et unde habeat esse. Quod sub nomine exsistentiae possumus utram­ que considerationem subintelligere : et illam . quae pertinet, ad rationem essentiae, vel quae pertinet ad rationem obtinentiae. Quod generalis exsistentiarum variatio triplici distinguitur modo. Juxta quid variatur personarum exsistentia in humana natura ; et juxta quid variatur in natura angelica. Quod divinarum exsistentiarum differentiam oportet quaerere circa originem solam. Quod in natura divina sil exsistentia quae est pluribus communis ; et exsistentia quae est omnino incommunicabilis. Qua ratione in divinitate possint esse incommu­ nicabiles exsistentiae ; et quod tot sunt quot personae. Quod, quantum ad divina, nihil aliud persona est quam incommunicabilis exsistentia. Quod possunt esse plures exsistentiae ct, quod consequens est, plures personae, ubi non est nisi unitas substantiae. Quomodo intelligcndum sit vel quomodo con­ venire possit quod quidam dicunt : tres substantias et unam essentiam ; quidam : 1res subsistentias et unam substantiam ; alii autem : tres personas et substantiam vel es­ sentiam unam. Definitio personae, non cujuscumquc, sed solius creatae. Descriptio personae, non cujuscumquc, sed solius increatae. LIVRE 4. LES PERSONNES XI. XII. XIII. XIV. XV. XVI. XVII. XVIII. XIX. XX. XXI. XXII. 227 pas davantage dans la nature divine la plura­ lité des personnes ne morcelle l’unité de la substance. La distinction des personnes requiert une double considération : il faut savoir ce qu’est la per­ sonne et d’où elle tient l’être. Le terme «existence»» peut nous faire entendre les deux considérations, celle qui a trait à la substance, celle qui a trait à la manière de l’obtenir. Généralement parlant, il y a trois variétés dif­ férentes d’existences. Ce qui distingue les existences personnelles dans la nature humaine ; ce qui les distingue dans la nature angélique. C’est dans la seule origine qu’il faut chercher la distinction entre les existences divines. La nature divine comporte soit l’existence com­ mune à plusieurs, soit l’existence absolument incommunicable. Comment il peut y avoir dans la divinité des existences incommunicables ; il y en a autant que de personnes. En Dieu la personne n’est pas autre chose que l’existence incommunicable. Il peut y avoir plusieurs existences et donc plu­ sieurs personnes, là même où il n’y a qu’une seule substance. Comment interpréter et accorder les différentes formules en usage : trois substances et une essence, trois subsistences et une substance, trois personnes et une substance ou une essence. Définition de la personne applicable non à toute personne mais seulement à la personne créée. Description de la personne applicable non à toute personne mais seulement à la personne in créée. mc TRINITATIS, 1.10. 4 XXIII. Descriptio personae quae videtur soli et omni posse convenire. XXIV, Item descriptio personae quao videtur soli et omni posse convenire. XXV. Quod proprium sit divinae naturae personarum pluralitalbm habere in unitate substantiae : et eo ipso habet ab aliis differre. LIBER QUARTUS Eccc in hujus operis exordio ea qttae de divinae sub· Statiliae unitate credimus tam evidenti demonstrationi et perspicuis rationibus monstravimus, ut diligcntci intuentibus nihil dubitationis remanere debeat, unde cos vel in modico haesitare oporteat. Similiter et sut loco de personarum pluralitate fidei nostrae assertionoit tam rara ratio persuasit, tam multiplex ratio confirmavit ut mentis inops videatur, cui tanta veritatis attesta® satisfacere non possit. Et quidem quaelibet harum con031 Λ siderationum et assertionum, cum per semetipsam sola» et seorsum attenditur, nihil credibilius, nihil veriul videtur. Sed quando unam eum alia conferimus et quomdtK concorditer et simul stare possit attondimus, nisi fide: firmitas obsistat, protinus in ambiguum venit quidquid multiplex ratiocinatio persuasit. Non enim facile capti 1. U pliiiinrl do» mï* ont · Inin rnta ratio - ct non pu ■ tam rtvriv leçon ndoptdc par LoKvrc d'BtltplM et Jean do Toulouse (J. IliRAiLtmi LIVRE *. LES PERSONNES, I 229 XXIII. Description do la personne semblant applicable à la seule personne ct h toute personne. XXIV. Autre description de la personne semblant appli­ cable à la seule personne et à toute personne. XXV. C’est le propre de la nature divine de comporter pluralité de personnes dans l’unité de sub­ stance ; ce qui la distingue de toute autre LIVRE QUATRIÈME LES PERSONNES Comment Acconotin PLURALITÉ DBS PERSONNES BT UNITÉ DB SUBSTANCE ? Au début de cet ouvrage, nous avons établi notre croyance à l’unité de la substance divine par des raisons considérer attentivement, on ne peut garder aucun doute qui puisse motiver la plus légère hésitation. De mémo, le moment venu, nous avons présenté à l'appui de l’article de notre foi sur la pluralité des personnes, des raisons si probantes ct si multiples1 qu’il faudrait, semble-t-il, avoir l’esprit obtus pour ne pas se satisfaire de pareils témoignages en faveur de la vérité. Examinons-nous chacune de ces considérations ct de ccs affirmations pour 931A elle-même et isolément, rien no semble plus croyable, rien ne semble plus vrai. Mais aussitôt que nous les rapprochons l’une de l’autre et que nous nous demandons comment il peut y avoir entre elles accord et compatibilité, il faut toute la solidité de la foi pour nous empêcher de bien vite mettre en doute la conviction que nous avaient inspirée tous ces raison­ nements. Car il n’est pas facile pour l’intelligence humaine humana intelligentia ut possit esso plus quam una per­ sona ubi non est plus quam una substantia. Hinc illi innumeri infidelium errores, hinc multiplices' illae schismaticorum haereses, hinc est quod alii divinae substantiae unitatem scindunt, alii personarum plura-·' litatcm confundunt ; hinc est quod Ariani et Sabclliam per contrarias secias sunt invicem divisi ; hinc est etiam 931 B quod aliqui ex rcccntioribus personae nomen sub multi­ plici significatione accipiunt et tam profundae veritatis intelligentiam, quam explicare debuerant, majori ambi­ guo involvunt. Nam, si quis velit personae nomen sub communi et propria acceptione intelligent, nullo modo putet plures personas sub ea acceptione intellectas posse subsistere in unitate substantiae. Verum haec assignata, quaeso, unitas Trinitatis ot Trinitas unitatis, numquid, quia comprehendi non potest, idcirco esse non potest ? Quis, nisi mentis inops, hoc 931 c sentiat ? quis dicere praesumat ? Quam, multa sunt quae humana intclligcnlia non comprehendit, quae tamen quam vera sint mentem humanam multiplex experientia latere non sinit ! Explica mihi, quaeso, si potes, de quo où n’existe qu’une seule substance '. Voilà l’origine «les erreurs innombrables des infidèles ot dos multiples hérésies des schismatiques. Voilà pour­ quoi les uns morcellent l’unité do la substance divine, les autres confondent la pluralité dos personnes. Voilà pourquoi Ariens ot Sabelliens s’affrontent on sectos adverses. Voilà aussi pourquoi certains, do nos jours, , 931 B multiplient les sens du mot personne et, au lieu de don­ ner par leurs explications l’intelligence de celle vérité si profonde, l’enveloppent de plus d’obscurités. Car si dans le mot personne on veut trouver une notion com­ mune et une différence propre, on no saurait admettre qu’il puisse y avoir plusieurs personnes, ainsi enten­ dues, à subsister dans l’unité de substance ’. Mais, dites-moi, oetto unité que nous affirmons dans la Trinité, oetto Trinité dons l’unité, suffit-il qu'elle soit incompréhensible pour Cire impossible ? Qui donc le penserait, à moins d’èlro dénué d’intelligence ? Qui incompréhensibles à l’esprit de l’homme et qui pourtant sont absolument vraies, comme le révèlent à l’intel­ ligence humaine de multiples expériences 3 ! Expliqiicz- I»E ΤΒΙΧΓΓΛΤΕ, 1.1*. 4 omnino dubitare non potes, quid sit quod oculus cor­ poreus ibi videndo non sentit ubi Cst cl videndo sentit ubi omnino non est. In cœlo, ubi utique non est, stellam sola adhaerentia sentiunt atque discernunt, solus ocu­ lorum sensus ad adhaerentia hebet, ad longinqua et remotissima viget. Numquid quia quomodo hoc sit non plica mihi, si potes, quod negare non audes, quomodo 931 J> in teipso corpus et anima tam diversa utique natura sint una eademque persona ; et tunc a me quaeras quo- narum Trinitas sit una eademque substantia. Sed si illud incomprehensibile est quomodo sit quod tamen humana mens per experientiam novit, quanto magis quod nulla humana experientia attingit ! in Sed, si te dicis expertis nullo modo posse dubitare, etiamsi videantur humanae —J— ---dere, addo quod quaedam, quae sunt incomprehensi­ bilia, esse non dubitas, quae tamen per experientiam 932 Λ non probas. Multa namque ratio manifesta latere non sinit, ad quae tamen comprehendenda mens humana non sufficit. Numquid Dei aeternitatem comprehendis ? Nec tamen dc ejus aeternitate diffidis. Numquid de Dei immensitate dubitas, quamvis eam comprehendere non valeas ? Numquid Dei omnipotentia ab omnibus com­ prehenditur a quibus praedicatur et creditur ? Si singulos theologos interroges, ab omnibus id responsi accipies quod idem sit Dei potentia quod ejus sapientia, quod ejus I.ivni' 4. LES PZnSONXES Il-Ill 233 moi, si vous lo pouvez, ce fait indubitable, pourquoi, l’endroit même où il se trouve et atteint l’endroit où il y voit une étoile. Il est place sous la paupière et ne de notre corps no connaissent et no perçoivent que ce qu’ils touchent. Seuls les youx, insensibles ù ce qu’ils touchent, ont toute leur ollicacilé pour les objets dis­ comment dc ce fait. Allez-vous pour cela en contester la réalité ? Expliquez-moi d’abord, si vous pouvez, ce 331 D fait indéniable, comment en vous-même. le corps et l’âme, et alors vous pourrez me demander comment, dans une nature souverainement simple et qui leur est commune, la Trinité des personnes est une seule et môme substance. Voyons ! s’il est impossible à l’esprit humain de com­ prendre le comment d’une réalité qui est cependant, pour lui, une donnée d’expérience, l> plus forte raison est-il impossible do comprendre ce qui est hors do portée tés expérimentales, même si elles dépassent notoirement la capacité de l’homme. J’ajoute donc : il y a des choses pas douteuse et qui cependant ne vous sont pns données 032 A dans l’expéricnco. Car il existe bien des réalités que des raisons manifestes imposent h l’esprit humain et. qu’il est cependant incapable de comprendre. Pouvez-vous comprendre l’éternité do Dieu ? Et cependant vous ne doutez pas de cette éternité. Allez-vous douter dc l'im­ mensité dc Dieu, que vous êtes bien hors d’état de Interrogez successivement tous les théologiens, ils vous répondront à l’envi que la puissance de Dieu est iden- 234 DK ΤΜίΙΙΤΛΤΚ, un. 4 bonitas nihil aliud sit quam ista vel illa. Si quaeras quid sint haec tria, nihil aliud invenies quam divina sub­ stantia. Haec omnia ratio manifesta convincit et latere non sinit ; in hoc sano omnes theologi consentiunt ; hoc omnes in commune defendunt. 032 B Quid, quaeso, horum magis capabile, quid magis comprehensibile, quod substantia una sit dicta tria, an quod tres personae sint substantia una ? Utrumque incomprehensibile, neutrum tamen incredibile. Ex hac tamen, ut mihi videtur, incomprehcnsibdilate efficitur ut, secundum quosdam, personae significatio per mullas acceptiones varietur. Nam sunt qui dicunt sistentias, aliquando personarum proprietates signifi­ care. Significat autem secundum quod volunt substan­ tiam, quandoque in singulari, nunquam vero in numero plurali, ne tres personas confitcntcs videantur etiam 1res substantias confiteri. Ab comprobandum autem quod personarum proprietates personae sint, Hieronymi auc932 C toritatem in haec verba dicentis adducunt : Sabelliani haeresim declinantes, 1res personas expressas sub pro­ prietate distinguimus. Non enim nomina tantummodo, sed etiam nominum proprietates, id est personas, vel, ut Graeci exprimunt, hypostases, hoc est subsistentias, confitemur. Sed, ut inibi videtur, Hieronymus in his verbis non dicit personas esso proprietates personarum sed proprietates nominum, hoc est quod proprie signi­ ficant nomina personarum. I.IVIIU 4. USS PBBSOXXES, III tique ή la sagesse ; qu'en lui la bonté s’identifie avec la puissance et avec la sagesse. Si vous vous demandez quelle ost la réalité do ces trois attributs, vous n’en trou­ verez pas d’autre que la substance divine. Tout cela s'impose h nous, en vertu de raisons manifestes. Sur ce point il y a unanimité entre les théologiens, tous font cause commune pour le soutenir. S32 B Eh bien ! voyons, qu’est-ce qui est le plus saisissable, le plus compréhensible ? Qu'une seule substance soit ces trois réalités, ou bien que les trois personnes soient une seule substance ? Les deux affirmations sont incom­ préhensibles ; aucune des deux pourtant n’est incroyable Toutefois, c’est, ύ mon avis, pareille incomprehensibilité qui explique que le mot personne, au gré de certains, est susceptible d'étro entendu en des sons très divers. Selon quelques-uns, le mol personne signifie tan­ tôt la substance, tantôt les subsistences, tantôt les propriétés personnelles. D'après eux, il signifie parfois substance, au singulier, jamais au pluriel, pour qu’on n’ait pas l’air d’affirmer trois substances en affirmant trois personnes*. Pour prouver que les personnes sont les propriétés personnelles, on s'appuie sur l’autorité de saint Jérôme qui déclare : « Évitant l’erreur sabollionnc, nous distinguons trois personnes caractérisée· par leurs propriétés. Car ce ne sont pas seulement des noms que nous affirmons, mais aussi les propriétés exprimées par ces noms, c'est-à-dire les personnes ou bien, comme disent les grecs, les hypostases ou subsistences. » Tou­ tefois, dans cette phrase, Il mon avis, Jérôme n’iden­ tifie pas les personnes avec les propriétés personnelles, mais avec les propriétés dos noms, c’est-à-dire avec les réalités que signifient proprement les noms des personnes ’. Le texto nllôcuô n'otl pot ilo S. JôrOino. Il tait parllo do Γ* Bpltlole XVI, oArltL, 3 (178, 1354) ; Summa Sent., I, il (176, S9) : LOMBARD, toil, I, »Β ΤΒΙΧΙΤΛΤΚ, LIB. 4 RÉFLEXIONS sur Ut autem de nomine hypostasis taceamus, in quo, 032 B secundum Hieronymum, veneni suspicio est, ut, inquam, de nomino Graeco taceamus qui Graeci non sumus, de nomino subsistentiae tacite praeterire non debemus. Quidam personas subsistentias esso exponunt ; et tres subsistentias et unam substantiam in una divinitate dicunt magis quam ostendunt : siquidem sic haec tran­ seunt sine explanatione, ac si legentibus omnibus constat -tres subsistentias esse potuisse, etiam ubi constat nonnisi unam substantiam esse. Hanc vero eorum sententiam non arguo, non reprehendo, non falsam esse contendo. Sed quod verum est compellor confiteri, quia haec eorum doctrina non satisfacit meae simplicitati. Si vultis mei similibus satisfacere, oportet primum tam substantiae quam subsistentiae significationem dili­ genter determinaro ct, secundum datam determina933 A lionem, assignare quomodo possit esse plus quam una subsistentia, ubi non est nisi una substantia. Alioquin, quaeso, quid prodest mihi ignotum per ignotius ostendi ? Nomen personae in ore omnium, otiam rusticorum, ver·· salur; nomon vero subsistentiae nec ab omnibus saltem litteratis agnoscitur. Quomodo ergo, quaeso, ex ejus pro­ prietate quam ignorant, simpliciores quique colligere poterunt quod tres subsistentiae ot oo ipso tres personae possint osse m unitate substantiae ? Quomodo, quaeso, illa doctrina satisfacere poterit, quae litem lite resolvit il Quoniam ergo intentionis meae est in hoc opero sim­ plicioribus deservire, ot, ut sic dicam, non Minervam docere, studebo, prout Dominus dederit, non tam sub· la personne. Laissons de côté le mot hypostase, où, selon Jérôme, ' grec, puisque nous ne sommes pas grecs. Par contre, nous no pouvons traiter par prétérition le mol de sub­ sistence. Quelques-uns expliquent que les personnes sont des subsistences ct affirment, sans trop le montrer, que dans la divinité unique il y a trois subsistences et une seule substance. Tout cela est dit en courant sans aucune explication, comme si, pour tout lecteur, il élail évident tainement il n'y a qu'une seule substance. Cotte position je ne prétends pas qu’elle soit fausse ; mais je suis bien pour le simple que jo suis ’. Si vous voulez nous satisfaire, mes pareils et moi, il faut d’abord préciser avec soin la signification de sub­ stance cl de subsistence ct, à partir de cette précision, 933 Λ montrer comment il peut y avoir plusieurs subsistences Le mol personne, tout le monde l’emploie, môme les gens sans culture ; le mot subsistence, au contraire, n'esl jo vous prie, à partir do la signification propre de co mot, ignorée des simples, le premier venu pourra-t-il conclure qu’il peut exister trois subsistences et donc trois personnes dans l'imité du la substance ? Comment. se satisfaire d'une doctrine qui résout une difficulté par une autre difficulté3 ? Quant à moi, mon propos, dans cet ouvrage, étant de venir en aide aux simples ct non pas, comme on dit ·, 1.IVBE 4. LES PEhSOXNES, 933 B sistentiae quam personae significationem determinare et, juxta propositae determinationis assignationem, osten­ dere quomodo possit personarum pluralitas cum sub­ stantiae unitate convenire. Dicam, dicam certe quod sentio et quod firmiter et indubitanter credo, quod in illo tam sublimi et supere­ minenti Trinitatis mysterio nomen personae nullatenus assignatum est sine instinctu divino et Spiritus sancti magisterio. Attendamus quomodo idem Spiritus tot sacramenta fidei nostrae, redemptionis nostrae, sanctificationis et glorificationis nostrae per ora prophetarum praedixit, 933 C per ora cvangclistarum descripsit, per ora doctorum expo­ suit. Qui istud attendit nullo modo credere poterit quod secretissimum Trinitatis mysterium, quod nomen illud quod voluit ab omni corde credi, ab omni ore confiteri, Ecce dicamus quia hi qui hoc nomen personae primo ad divina transtulerunt, ecce dicamus quoniam hoc ipsum ex necessitate fecerunt, ut haberent quid responderent quaerentibus quid tria tres illi in Trinitate essent, cum ClammU, 1 Sed qui ad fidem dormitat saltem ad apertam rationed evigilet. Monstravimus jam aperta ratione quod non si nccesse ubicumque sunt plures personae etiam plurt substantias credere. IX Certe ubicumque sunt tres personae, illud omnrni est necesse ut alius aliquis sit iste, alius aliquis sit illo ot alius aliquis qui est tortius ab utroquo, ot quilibet LIVRE 4. LES PERSONNES, VIII-IX 247 BT PLURALITÉ DB PERSONNES. Quand nous disons trois personnes, que voulonsnous dire sinon trois « quelqu'un » ? Que personne soit employé au singulier ou au pluriel, le sons du mot est exactement le môme ; seulement, dans un cas, nous fai­ sons comprendre qu'ils sont plusieurs, dans l’autre cas, qu’il y en a un seul. Quand nous disons une personne, il s’agit certainement de quelqu’un qui est un et qui est une substance douée do raison. Qunnd nous nommons 935 C trois personnes, indubitablement nous entendons trois « quelqu’un » dont chacun est une substance de nature raisonnable. Mais que plusieurs ou tous soient uno seule ot même substance, cola no change rien au caractère propre et à la réalité de la personne. Seulement les hommes, dans leurs jugements, sa lais­ sent guider bien plus par les données do l’expérience que par los exigences de la raison. Ce sont· les personnes humaines que nous voyons, les personnes divines sont invisibles. Or dans la nature humaine, autant do per­ sonnes, autant do substances. Et l’expérience quoti­ dienne amène les hommes à estimer qu’il en est do même on Dieu. L'esprit charnel adhère tellement aux données do l'expérience qu’il ne peut guère admettre une réalité qui no soit pas à peu près semblable à co que l’expé93511 rionce fait connaître. Mais du moins qu’une raison mani­ feste vienne réveiller celui dont la toi est somnolente! Or, nous l’avons déjà montré par une raison manifeste, il n’est pas nécossairo d’admettre que dans tous les cas où il y a plusieurs personnes, il y a aussi plusieurs sub­ stances. Assurément, partout où il y a trois personnes, il faut de toute nécessité que celui-ci soit quoiqu’un, que celuilà soit un autre quelqu’un et lo troisième encore un 248 DB TRINITATE, LIB. 4 eorum per se solus sit et a ceteris duobus propria dis­ tinctione ct distincta proprietate discretus. Sic procul dubio ubicumque sunt 1res substantiae, ■ omnino est necessc ut aliud aliquid sit una, aliquid sit alia et aliquid 930 Λ aliud ab cis sit illa quae est ab eis tertia. Naiit, si in nullo a se invicem differrent, utique plurcs esse non possent. Siquidem ubi differentia nulla est, pluralitas esse non potest. Invenimus autem superius quod in illa summa Trini­ tate sil omnibus in commune summum et summe sim­ plex esse, neo aliud aliquid sit quilibet unus quam qui­ libet alius ; et idcirco in illa Trinitate tres substantias esse negamus. Nam in rationali natura esse aliud ct aliud facit diversitas substantiarum ; osse alium ct alium facit alteritas personarum. Sed quia in illa divina ct summe sapienti natura, istam alteritatem, nec ta­ men antedictam diversitatem invenimus, idcirco plurcs personas ibi esse credimus et plures substantias esse negamus. Eccc jam perspicua et compendiosa satis, ut arbi936 B tramur, ratione ostendimus, quod nihil sibi contrarium delinimus in eo quod dicimus Deum nostrum et substan­ tialiter unum ct personaliter trinum. Diligenter notandum mutuaque consideratione con­ ferendum quod, sicut esse substantialiter aliud et aliud non tollit ubique unitatem personae, sic esse personaliter alium et alium non scindit ubique uni­ tatom substantiae. Nam in humana natura, alia sub936 C stantia est corpus et alia est anima, cum tamen non sit nisi una persona. In divina vero natura, alius aliquis est persona una et alius aliquis persona altera. «utre quelqu’un ; el il faut que chacun d’eux existe individuellement en lui-même ct soit discerné des deux autres par une distinction propre et une propriété dis­ tincte. De môme, sans aucun doute, partout où il y a trois substances, il est absolument nécessaire que l’une soit quelque chose, que la seconde soit autre chose, 536Λ que la troisième, par rapport aux deux premières, soit > encore autre chose. En effet, s’il n’y avait entre elles aucune différence, assurément clics ne pourraient être plusieurs. Car où n’oxisto aucune différence, il n’existe i aucune pluralité. Or, nous l'avons constaté plus haut, dans cette Tri­ nité souveraine,.tous possèdent en commun l’être souve­ rain et souverainement simple, chacun d’eux n’est pas 1 une réalité différente de cot être, ni une réalité difféI rente do celle des autres ; et on conséquence nous avons nié que, dans cette Trinité, il y eût trois substances. I Car, dans notre nature raisonnable, la distinction entre ceci et cela est lo fait do la diversité des substances, la distinotion entre colui-ci et celui-là est le fait de l’alté­ rité dos personnes. Au contraire, dans cette nature 1 divine qui est Sagesse suprême, nous trouvons bien cette altérité, mais non point pareille diversité. Aussi nous professons qu’il existe en elle plusieurs personnes, nous nions qu’il y ait plusieurs substances. Voilà je crois, un argument assez clair dans sa brièveté Wi II pour montrer qu’il n’y a pas contradiction à affirmer de notre Dieu qu’il est un on substance et trine en ses per­ sonnes. , ' ’ 1 11 faut ici réfléchir attentivement »ur oc parallèle : de mémo que lu pluralité do substances dans un être ne détruit pus toujours l’unité de la personne, de mémo l’altérité dos personnes no morcelle pas toujours l’unité de la substance. Ainsi, dans l’homme, le corps est une substance, l’âmo est une autre substance et cependant il n’y a qu’une personne. En Dieu, au contraire, ce quel­ qu’un est une personne, cet autre quelqu’un est une DB TRUSITATIS, 1,10. 4 cum tamen non sint nisi una cademque substantia. Et quidem scimus et superius jam monstravimus quod in illa divinarum personarum pluralitate sit summai similitudo ot summa aequalitas ; in humanae autem naturae substantiarum pluralitate sit multa dissimilitudo ct magna inaequalitas. Quid ergo mirum si in illa tanta ‘ personarum aequalitate maneat vera unitas substantiae, quandoquidem in tam contrariae qualitatis diversitate; invenitur unitas identitasque personae ? In humana., namque natura, una eadem persona ex Uno corporea ct ex alio incorporea ; ex uno visibilis et ex alio invisibilis ; ex uno mortalis et ex alio immortalis : nihilominus tamen 936 D unitas personae consistit in tam diversis substantiis.; in humana natura ; noc pluralitas personarum facit aliud et aliud in natura divina. Addamus autem et id quod consequens est, quoniam nec pluralitas substan­ tiarum ibi dividit unitatem personae, nec pluritas per­ sonarum hic dissolvit unitatem substantiae. XI Ecco invenimus non esso impossibile plures personas-i esso in unitate substantiae; consequens est autem ,ut: :W 037 Λ quaeramus quomodo possit esso alteritas personarum sino alteritate substantiarum. In discernendis ituqud personis opus est, ut arbitror, gemina consideratione; ut sciamus videlicet et quale quid sit ct unde habeat ossei Una istarum considerationum versatur in discernendi rei qualitate, alia vero versatur in investiganda rei ori*'; gine. Ad illam pertinet diligenter quaerere quid sibi sit cum quibus commune, quid generale, quid speciale;:,» 1. Exemple do eo* · Kjrmétrle* antllbéllqnes >, volontiers relevées péffl 1.IVBB ». LES PEESOXXES, X-Xl autre personne ; cependant ils ne sont qu’une même substance ·. Au reste, nous lo savons et nous l'avons montré plus haut, dans cette pluralité des personnes divines il y a ressemblance suprême et suprême égalité ; tandis que dans la pluralité dos substances qui forment la nature humaine il y a extrême dissemblance et inégalité consi­ dérable. Dès lors, pourquoi s’étonner que, dans une si parfaite égalité des personnes, soit maintenue la véri­ table unité de la substance, puisque, même dans une opposition qualitative si marquée, on constate l'unité et l'identité de la personne ? Dans la nature humaine, une seule et même personne est, à des titres divers, corporelle et incorporelle, visible et invisible, mor936 l> telle et immortelle ; néanmoins l’unité de la personne est maintenue malgré une telle diversité de substances. Dans l’homme, la pluralité des substances ne constitue pas plusieurs personnes. En Dieu, la pluralité des per­ sonnes ne constitue pas plusieurs substances. Ajoutons encore cette conséquence logique, puisque, dans un cas, la pluralité des substances ne morcelle pas l'unité de la personne, pas davantage, dans l'autre cas, la pluralité des personnes ne dissout l’unité do la substance. AnALVUB PLUS APPROFONDIE DB LA PERSONNE. Nous venons do le constater, il n’est pas impossible qu'il existe plusieurs personnes dans l'unité do sub­ stance. Il est donc logique de rechercher comment il Ml Λ peut y avoir altérité de personnes sans altérité do subtances. Pour distinguer les personnes, une double consi­ dération est, je crois, nécessaire. Il faut savoir et ce qu’est la personne ot d’où elle tient l’cxistonco. La première considération vise 11 discerner la nature do l'être ; la seconde, son origine. Dans la première, on doit rechercher attentivement ce que l’être possède, avec qui il l’a en DIS TRINITATIS, bill. 4 quid denique proprium assignatae naturae. Ad istam considerationem perlinet subtiliter indagare hoc ipsum quod est unde habeat esse, a semelipso an aliunde ; et alio quocumque exsistendi modo. Illic itaque quaeritur rei ipsius definitio vel qualiscumquc descriptio proprieta937 B tisque assignatio. Hic vero naturae ordo, rei ipsius origo consideratio versatur circa modum essendi, ista vero versatur circa modum oblinendi ; illa circa rationem essentiae, ista, ut sic dicam, circa rationem obtinentiac. Ut taceam de ceteris, scio quod oblinentia minus digne dicitur de divinis. Sed nominem scandalizet si verbis tpiibus valeo explico quod do divinis sentio. Illud autem gratantor accipio et pro' magno munere habeo, explicatur. Obtinenliam dico hoc loco modum quo quis obtinet quod substantialiter est vel naturaliter habet. 937 C Obtinendi siquidem modus in aliis et aliis est multum sive in dandi vel accipiendi modo. XII Possumus autem sub nomino exsistentiae ulramqua. considerationem subintelligcro, tam illam scilicet quae pertinet ad rationem essentiae quam scilicet illam quasi pertinet ad rationem oblinentiao. Tam illam, inquam,· I (42,939). LIVRE 4. LES PERSONNES, Xl-Xll commun, ce qui est générique, ce qui est spécifique, ce qui enfin est propre à la nature étudiée. Pur la seconde considération on s’attache à déceler d’où il lient ce qu’il est, si c'est de lui-même ou d’un autre et, dans co cas, s'il tient l'être selon ce mode ou cet autre ou tel autre mode possible d'existence. D’une part, on recherche une définition de l’être lui-même ou quelque 937 B description, quelque détermination de sa nature propre ; d’autre part, on étudie le processus de la nature, l’ori­ gine de l’être lui-même cl toute autre précision de ce genre. Dans un cas on considère la manière d’être, dans l’autre la manière d’obtenir l'être. Ici on considère l’essence ; là pour ainsi dire, « l’obtention. » Je sais bien que ce mol d’obtention, sans parler des autres termes, no convient guère è la réalité divine. Mais qu'on ne soit pas scandalisé, si, pour exposer ma pen­ sée sur Dieu, je m’exprime vaille que vaille Je mo sons d’ailleurs plein de gratitude et vraiment comblé si, au lieu des termes inexacts ct mal adaptés qui mo servent à exprimer une pensée juste, un autre utilise une termi­ nologie mieux adaptée et plus exacte. Ici par le mot obtention, j’entends la manière dont on obtient ce qu’on est substantiellement ou ce qu’on possède par nature. Il y a, selon les cas, bien dos différences dans 937 C la manière d’obtenir, selon qu’on reçoit ou ne reçoit pas, selon aussi la manière de donner et de recevoir. L'existence et les moues d’existence. XII Le mot. « existence » peut nous faire entendre ces doux considération : et colle qui se réfère 5 l'essence et-colle qui se réfère il l’obtention ; colle, dis-je, qui en tout être recherche ce qu’il est et cello qui recherche d’où il tient nouonumt 1« met : Hpmn.. 3 (W. 1143). XIII Exsistcntia autem, ut cx antcdiclis potest colligi’ *3S B tribus generaliter modis potest variari. Variari namque potest aut secundum solam rei qualitatem aut secundum solam rei originem aut secundum utriusque concur­ sionem. Secundum solam rei qualitatem variatur exsistentia,'· quando pluribus personis est una eademque origo per ‘ omnia, singulis tamen singularis propriaquo substantia.! Plurcs namque substantiae omnino non possunt esse sino differenti qualitate. Est autem haec talis variatim exsistentiae secundum solam qualitatem, nihil varietatis; habens secundum originem. Secundum vero solam originem est illa varietas exsi­ stentiae, quando pluribus personis est unum idemque . et indifferens esse, inveniuntur tamen secundum ori- ■ 933 C ginem mutuam adinvicom differentiam habere. Sceun-t dum originem vero differunt, si unus originem habet, i alter origine caret, vel si originem habentium origo unius differt ab origine alterius. Hujusmodi ergo exsi­ stentia variatur secundum originem solam, non secundu^ aliquam qualitatis differentiam. Tam secundum rei qualitatem quam secundum ejus' originem variatur exsistentia, ubi singulis personis est substantia singularis et propria ot origo diversa. Ecco quod jam diximus, quia generalis exsistentiarum variatio ' triplici distinguitur modo, aut secundum solam exsis· tentis qualitatem, aut secundum solam ipsius originem, aut secundum utriusque alterationem. XIV In humana pro certo natura, quam per experientiam ' novimus, personarum exsistentiam tam secundum per- XIII tas B Comme il est possible de le conclure de ce que nous avons dit, l'existence en générai peut comporter trois modes differents, soit d’après la nature de l’être, soit d'après son origine, soit d’après l’une et l'autre à la fois. 11 y a diversité il raison de la seule nature de l'être lorsque plusieurs personnes ont absolument une seule et même origine, mais que chacune possède une substance singulière et propre. Car il ne peut y avoir aucune plu­ ralité de substances sans différence qualitative. Voilà donc une diversité d’existences fondée sur la seule qua­ lité, sans aucune différence dans l'origine. Il y a au contraire diversité d’existences à raison de la seule origine lorsque plusieurs personnes possèdent un seul et même être sans distinction, mais se révèlent pourS3SC tant comme distinctes entre elles par l'origine. Il y a distinction à raison de l’origine si l’une a une origine et que l’autre n’en ait pas ou bien si, parmi celles qui ont une origine, les origines sont différentes. Dans ce cas, il r y a diversité d’existence à raison do la seule origine ct non pas du tout à raison d’une différence qualitative. jEnffn il y a diversité d’existence et selon la qualité ct une substance singulière et propre et que leurs origines aussi sont différentes. Ainsi, comme nous l’avons dit, les existences en général se diversifient de trois manières : ou bien seulement par la qualité do l'existant, ou bien seulement par son origine, ou bien par une différence dans l’une et dans l'autre. Dans la nature humaine que nous connaissons par l’expérience, il est certain que les existences des por­ 258 nx τηιμτλτε, us. 4 sonarum qualitatem, quam secundum ipsarum originem gui tale diffci I a qualibet alia. Sic cliam singulis quibusque est origo propria, ab omnibus aliis diversa ot singulari proprietate discreta. Nam aliud principium est isti et aliud illi, quoniam alius est pater istius ct alius est pater illius. Et ubi unus pater est pluribus, alia tamen est alia paternae substantiae decisio unde propagatus est alius. 030 Λ Videmus itaque, ut dictum est, in humanis personis exsi­ stentiarum proprietatem variari quidem tam secundum singulorum qualitatem quam secundum ipsorum singu­ lorum originem. In angelica autem natura nulla est propagatio, sed sola simplexque creatio. Est ergo singulorum simul et siquidem principium habent omnes solum Creatorem ot singuli ot simul omnes secundum solam creationem. Sunt autem in angelica natura tot substantiae quot personae ot idcirco oportet eas qualitate differre. Nam, stantiac non essent. Variatur exsistentiarum differentia in angelica natura secundum solam qualitatem ; in humana 930 B vero, ut jam dictum est, tam secundum qualitatem quam In divinis autem, ut probatum est, personis nihil omnino dissimilitudinis, nihil est inaequalitatis. Qualis est persona una, talis est et alia, talis nihilominus et tertia. Ubi itaque omnes sibi invicem consimiles et coae­ quales sunt, secundum qualitatem quidam differre non possunt. Quibus enim per omnia ct unum et idem et, sicut perspicua ratio probavit, summe simplex esse, gine. Assurément, chaque personne humaine possède une nature singulière qui lui est propre et qui la distingue sans aucune ambiguité de n’importe quelle autre. El cha­ cune d'elles a également une origine propre, différente de toutes les autres, se distinguant par une propriété exclusive. Celui-ci a tel principe, celui-là, tel autre, parce que l’un a pour père tel homme, le second, tel autre. Et lorsque plusieurs ont le même père, ils ne proviennent pas du même élément de la substance paternelle. Ainsi nous constatons, comme nous le disions, que dans les ΙΛ personnes humaines les existences propres se diversi­ fient et d’après leurs qualités ct d’après leurs origines. Au contraire, dans la nature angélique, il n'y a aucune propagation de la vie, mais création pure et simple. Tous et chacun n’ont donc qu’un seul et même principe sans distinction : tous ont comme unique principe le seul créa­ teur, tous ct chacun sont produits uniquement par créaqualitativement différentes ; car s'il n’y avait aucune différence qualitative, il n'y aurait évidemment aucune pluralité de substances. Chez les anges, les existences ne se distinguent que par la qualité, tandis que chez > B les hommes, nous le disions, elles se distinguent et par la qualité et par l’origine. Apvucatiox DE ces notions a dieu. Dans les personnes divines, nous l'avons montré, il n’existe aucune dissemblance, aucune inégalité. Telle est une personne, telle est aussi la seconde, telle exacte- blables entre elles ct égales, elles ne peuvent différer selon la qualité. Possédant un seul être identique et souverainement simple, nous l’avons prouvé avec évi­ dence, clics ne peuvent être séparées l’une do l'autre nullo modo possunt aliqua qualitatis differentia ab 030 C invicem distare. Qui igitur nullatenus possunt juxta' aliquam qualitatis proprietatem altornatim differre,1 relinquitur ut credantur juxta modum originis aliquam' differentiam habere. Nam ubi nulla differentia est, nulla omnino pluralitas esse potest. Pluralitas itaque personarum convincit quod in illa Trinitate discrctiva, proprietas proprietatumque differentia deesse non possit. Sed quoniam identitas substantiae omnem qualitatis: differentiam penitus excludit, differentes personarum , proprietates circa solam originem quaerere oportebit. , mus, patet quod in divina natura variatur exsisten· tiaram pluralitas secundum solam originem, in angelica autem natura secundum solam qualitatem, in humana 939 D vero natura tam secundum qualitatem quam secundum originem. Ecco jam invenimus quod superius quaerere propo-; suimus, quomodo videlicet possit esse alteritas persoj narum sine omni alteritate substantiarum. Invenimus I namque quod plures illae in divinitate personae, quamvis , habeant unum et idem et per omnia indifferens esse. secundum originalem causam, mutuam differentiam habere, si unus exstet a seipso, alter originem trahat ab alio et si originem habentes differant in oblinendi modo. Unde autem alteratur proprietas personarum, inde procul dubio aequo variatur propria exsistentiarum. In divina namque natura circa originem solam oportet quaerere, tam personarum quam exsistentiarum differentiam. H t. LES PERSO* X ES, XV 281 IC par aucune différence qualitative. Mais, puisqu'elles ne peuvent aucunement se distinguer par un caractère qua­ litatif, reste qu’il faut leur reconnaître quelque diffé­ rence dans l'origine. Car où n'existe aucune différence, il ne peut exister absolument aueuno pluralité. La plu­ ralité mémo des personnes oblige ù admettre que dans cette Trinité se trouvent nécessairement des proprié­ tés distinctives et une différence entre les propriétés. Mais, puisque l'identité de substance exclut radicale­ ment toute différence qualitative, on devra chercher les propriétés différentes des personnes dans la seule Résumons donc brièvement cette longue explication : il est clair que dans la nature divine la pluralité des existences so diversifie seulement par l'origine ; dans la nature angélique, seulement par la qualité ; dans la 19 D nature humaine, et par la qualité et par l'origine *. Ainsi nous avons trouve ce que nous recherchions : comment il peut y avoir diversité do personnes sans aucune diversité de substances. Car nous avons décou­ vert que ces personnes divines, qui sont plusieurs, tout en possédant un seul être identique sans distinction au­ cune — ce qui se réfère à l'identité de substance — peuvent néanmoins se distinguer entre elles par leur leurs elles obtiennent l’être de deux manières diffé­ rentes. Ce qui diversifie le caractère propre des per­ sonnes modifie également, sans aucun doute, le carac­ tère propre des existences. En Dieu, c'est uniquement dans l'origine qu'il faut chercher la distinction d sonnes ou des existences. BE TRINITATE, LIB. XVI 940 Λ Nomine exsistentiae, ut ex superioribus patet, intelligitur quod habeat substantiale esse et ex aliqua pro- esso ex sola propagatione. Proprium est hominum habere substantiale esse ex propagatione simul et ex procrca-.'i tiono ; nam caro propagatur, anima procreatur. Pro- i prium est angelorum habere substantiale esse ex solat I creatione. Proprium est divinae naturae habere super-'? substantiale esse, sed sino creatione et inchoatione. -n Exsistentia vero alia pluribus communis, alia autem 940 B omnino incommunicabilis. Nam, ut de illis taceam quae I non communicant nomen personae, ot commune est divinae simul ot angelicae et humanae naturae habere-j rationale osse ; sed tam angelicae quam humanae pro- Ί prium est non esso ex se sed aliunde ; solius autem divinae I naturae non aliunde sed ex seipsa esse. uni alicui personae convenire potest. Sed, ut de ceteris taceamus, in divina procul dubio ; natura ost exsistentia quae est pluribus communis.;! et est ibi exsistentia quae omnino est incommunicabilis^ Exsistentiam demonstratum est superius substantiam^ significare, non tamen simpliciter, sed cum proprietatis;, 940 C originalis causae. Ad considerationem vero originalis’ causae pertinet, non solum quaerere et invenire originomi esse ubi ost, imo etiam quaerere ct invenire eam non ossei ubi non est. Divinae itaque exsistentiae est habere !S$bg stantialo imo supersubstantiale esse sine creatione, sine; inchoatione, quoniam proprium est omni substantial LIVRE 4. LES PERSONNES, XVI SIOA 263 Le terme d’« existence», comme on le voit par ce qui cela en raison d’une certaine propriété. Le propre des animaux est do posséder l'être substantiel par la seule propagation do la vie ’. la; propre de l’homme est de posséder l’être substantiel à la fois par propagation et par création, puisque la chair est transmise et que l’âme est créée. Le propre de l'ange est de posséder l’être sub­ divine est do posséder l’être supersubstantiel, mais sans création ni commencement. L’existence peut être soit commune à plusieurs, soit Sio B absolument incommunicable. Car. en faisant abstrac­ ta nature divine, la nature angélique, la nature humaine ont toutes on commun do posséder l’être doué de raison. do lu nature humaine est d'être non pas de soi mais d’un autre. Tandis qu'il appartient à la seule nature di­ vino d'être non pas d'un autre mais d’olle-même. Quant il l’existence incommunicable, c’est celle qui no peut convenir qu’à une seule personne. Laissons do côté les autres pour considérer seulement la nature divine. Sans aucun doute, on trouve en elle l’oxistoncc commune à plusieurs et aussi l’existence abso­ lument incommunicable. L'existence, nous l’avons mon­ tré, désigne la substance, non pas purement et simple­ ment mais avec référence a une propriété ayant trait SSOC ô son principe originaire. Or, étudier le principe origi­ naire, co n'est pas seulement chercher et découvrir l’origine quand il y en a une ; c'est aussi constater l’absence existence divine de posséder, sans création ni commen­ cement, l’être substantiel on plutôt supersubstantiel. 264 □e TBIKITATH, LIB. 4 quae vere nomen habet ex re, habere quidem esso com­ positum ct accidentibus subcase. Sola autem divina substantia, quod est supra naturam substantiae, habet jectuni. Et idcirco recte dicitur habere non tam substan­ tiale, quam supersubstantiale esse. Sciendum vero est quod exsistentia designat substan940 D lialo esse, sed aliquando quod sit cx communi, aliquando quod sit ex incommunicabili proprietate. Communem autem exsistentiam dicimus, ubi intelligitur esse habens intelligitur esse habens cx proprietate incommunicabili. Tam vere est proprium divinae substantiae non esse ab alia aliqua substantia sed solum a semetipsa, quam vero est proprium personae originem non habenti non esse ab alia aliqua persona. In una autem intelligitur proprietas communis, in altera vero proprietas incommu­ nicabilis. Commune est autem omnibus personis divinis esse substantiam illam quae non est ab alia aliqua substantia sed a semetipsa. Substantia igitur divina, quando dicitur vel intelligitur esse a semetipsa, idem est quod communis exsistentia. 941 A Eccc do exsistentia communi, nunc videamus de exsi­ stentia incommunicabili. XVII Illud veraciter incommunicabile est quod commune quidem non est sed ncc esso potest. Considerandum, itaque utrum vel quomodo in divinitate possit incommu­ nicabilis exsistentia esse. Sed in illa absque dubio Trinitate oportet tot perso­ nales proprietates osso quot sunt personae. Proprietas autem personalis pro certo est incommunicabilis. Pro­ prietas personalis est ex qua unusquisque habet osso is LIVRE 4. LES PERSONNES, XVI-XVlt 265 Car c’est lo propre de toute substance dont le nom ex­ prime vraiment la réalité de posséder un être composé et d'étre sujet d'accidents. Seule la substance divine, transcendant la nature de la substance, possède un être simple, sans composition et qui n’est sujet d'aucun acci- l’être est supersubstanticl plutôt que substantiel *. Il faut savoir que l’existence désigne un être substan­ to Dtiel, mais qui existe en vertu d’une propriété soit commune, soit incommunicable. Nous parlons d'exis­ tence commune, pour désigner celui qui a l’être en vertu d’une propriété commune ; nous parlons d’exis­ tence incommunicable, pour désigner celui qui a l’être on vertu d'uno propriété incommunicable. Or il est véri­ tablement propre il la substance divine do n’Ôlro pas d’une autre substance mais d’elle-mêmc, tout comme il est véritablement propre à une personne n’ayant pas d'origine de n’étro pas d’une autre personne. Dans un cas, nous avons une propriété commune ; dans l’autre, une propriété incommunicable. Toutes les personnes divines ont on commun d’être cette substance qui n’est pas d’une autre substance mais d’clle-méino. Ainsi, la substance divino dont on dit ot pense qu’ello ost par elle-même est précisément l’existence commune. Ill A Après avoir parlé do l’existence commune, venonsen à l'existence incommunicable. XVII L'incommunicable, à proprement parler, est ce qui n’est pas commun ot mémo ne peut l’être. Il faut donc examinor, si ot comment, dans la divinité, il peut y avoir existence incommunicable. Dans cctto Trinité, sans aucun doute, il doit y avoir autant do propriétés personnelles que do personnes. Or certainement, une propriété personnelle est incommuI B nicable. La propriété personnelle est cello qui donne à I)K TRINITATE, LUI. 4 041 B qui ipse est. Personalem proprietatem dicimus, per quam; quilibet unus est ab omnibus aliis discretus. Nunquam enim personam dicimus nisi aliquem solum a ceteris' omnibus singulari proprietate discretum. Si igitur per■ sonalom proprietatem communicabilem esso contendas,' idem est ac si dicas unam personam posse esso duas.j Sed si una dicitur gemina et gemina una, facile con-, vincitur quod neutra carum sit ulla persona, quia neutra ab alia est singulari proprietate discreta. Hinc ergo aperte colligimus, quod superius jam diximus! quod proprietas personalis omnino sit inciiimunica-■ bilis. In illa personarum Trinitate absque dubio est nccesse 1 personales hoc est incommunicabiles proprietates esse. MIC Sed, sicut est probatum, eadem est differentia perso-,1 narum ct exsistentiarum. Si igitur proprietatibus incom-’ municabilibus differunt personae, utique et incommuni­ cabilibus differunt et exsistentiae. Oportet autem ut sil incommunicabilis exsistentia cui 'est incommunica­ bilis differentia. Quot igitur in divinitate personae tot XVIII Et si diligentius consideremus, quantum ad divina, nihil aliud ibi Usi persona quam incommunicabilis exsi? stentia. Ut superius probatum est, omnis proprietas per­ sonalis omnino est incommunicabilis ; et item eadem est in divinis differentia personarum, et differentia exsi941 D stentiarum. Quid itaque ibi erit incommunicabilis exsi­ stentia, nisi habens supersubstantiale esso cx proprietate^ p..r '."‘° nisi habens personali ? Et quid est persona divina, nisi divinum esse cx proprietate incommunicabili ? Sed quid Lives 4. LES PKBSONNSS, XVII-XVIU , chacun d’être celui qu’il est. Nous appelons propriété personnelle celle par laquelle chacun est un ct distinct do tous les autres. Car jamais nous n’appelons personne qu’un être unique, distinct do tous les autres à raison d’une propriété singulière. Prétendre qu’une propriété personnelle est communicable reviendrait II dire qu’une seule personne pout être deux personnes. Mais si l’on dit d’une seule personne qu’elle est deux personnes ou do deux personnes qu’elles sont uno seule, il apparaît clairement qu’aucune des deux n’est personne, car aucune des deux ne se distinguo do l'autre par uno pro­ priété singulière. La conclusion évidente, déjh énoncée plus haut, est qu’une propriété personnelle est absolu­ ment incommunicable. Dans la Trinité des personnes il est nécessaire indu­ bitablement qu’il y ait des propriétés personnelles, c ostà-dire incommunicables. Mais, nous l’avons montré, »41 C ce qui distinguo les personnes distinguo les existences. Si donc les personnes se distinguent par des propriétés incommunicables, c’est également par des propriétés incommunicables que se distinguent les existences. Or, en celui qui possède une différence incommunicable, néces­ sairement l'existence est incommunicable. Il y a donc dans la divinité autant d’existences incommunicables que de personnes. La personne divine EST UNE EXISTENCE INCOMMUNICABLE. XVIII Λ une réflexion plus attentive il apparaît que la per­ sonne, en Dieu, n’est rien autre chose que l'existence incommunicable. Comme nous l'avons prouvé, toute pro­ priété personnelle est absolument incommunicable. Et en Dieu différence entre personnes et différence entre 941D existences coïncident exactement. Que sera donc en Dieu i une « existence incommunicable », sinon quelqu’un pos­ sédant l'être supcrsubstanliel en vertu d'une propriété personnelle ? Et, d'autre part, qu’est-ce qu’une personne divine sinon quelqu'un possédant l'être divin en vertu OB TBIItlTATB, Lin. 4 est divinum esse nisi supersubstantiale esso ? Nam, sive dicas divinum, sive supersubstantiale, sive summe simplex, sive omnipotens osse, vel quidlibet ejusmodi, ad idem videtur respicere. Tam itaque persona divina quam divina exsistentia habet divinum esse ; tam ista quam illa habet esse supersubstantiale ; ulraque pro­ prietatem personalem, utraquo incommunicabilem. Vides quia totum quod dicitur dc una potest dici et de alia. Itaque, sicut dictum est, quantum ad divina, nihil aliud est persona divina quam incommunicabilis exsi­ stentia. XIX Λ Quoniam ex antcdictis tenemus quod in divinitate possunt esso plures exsistentiae, nunc est considerandum si possunt ibi esse salva unitate substantiae. Si hoc usus haberet, dici utique posset, sicut ab eo quod est esse essentia, sic ab eo quod est sistere sistentia. Rides for­ tassis qui haec audis vel legis, sed malo te ridere quam quae dicere velim parum intolligcre et incaute deridere. Si itaque sistentiam dicere usus haberet, quemadmodum essentiam, simpliciter rei esse significaret. Nunc itaque 942 B sub nomine exsistentiae aliquid amplius oportet intelligere. Sicut enim subsistentia recte dicitur ex eo quod alicui subsistat, sic exsistentia ex eo recte dici potest quod ex aliquo esse habeat : exsistentia igitur significat rei esse et hoc ipsum ex aliqua proprietate. Quis autem 942 omnipotentem ex proprietate ista ct alium esso omnipo­ tentem ex propriotale alia. Quamvis enim utrisque sil 1. Ct S. Augustin. De Trln.. 5, 2. 3 (42, 012). Le mot · Quentin ■ était LIVRE 4. LES EERSOSSES, XVIII-X1X d’une propriété incommunicable ? Et qu’est-cc que l’être divin sinon l’être supersubstanticl ? Qu’on dise en effet divin, supersubstanticl, souverainement simple, toutpuissant. ou autres expressions analogues, tout cela, on somme, revient au môme. Par ailleurs, soit la personne divine, soit l’existence divine possède l’êtro divin ; soit l'une, soit l'autre possède l’être supersubstanticl ; en l'une et l’autre il y a propriété personnelle ; en l'une et l'autre il y a propriété incommunicable ; tout ce que Concluons donc en répétant qu’une personne divine n'est rien autre chose qu'une existence incommunicable. Pluralité des existences XIX Nos réflexions précédentes nous amènent à tenir qu'en Dieu il peut y avoir plusieurs existences. Reste è exa­ miner si elles ne compromettent pas l’unité de substance. Si toi était l’usage, tout comme on dit essence, du mot être, on pourrait dire « sisteneo » du mot exister (ex­ sistere) *. Peut-être riez-vous, auditeur ou lecteur ! Mais j’aime mieux vous voir rire que mal comprendre ce que je voudrais exprimer ot en rire sottement. Si l’usage permettait de parler de a sistcnce » comme on parle d’essence ce mot signifierait seulement l'être do l’objet. Et par conséquent le mot existence nous 942 B oblige à entendre davantage. De même qu’on a raison do parler de a subsistence » pour désigner ce qui sou­ tient un être, de mémo on a raison do parior d'« exis­ tence » pour désigner ce qui est l’origino d’un être. Exis­ tence signifie donc qu’uno, chose est, ot cela à un litre particulier. Comment ne pas voir qu’un être tout-puis­ sant à un certain titre ot un être tout-puissant è un autre titre sont deux existences distinctes ? Chez l'un et chez 942 Λ 270 ΟΕ ΤΒΙΝ1ΤΛΤΒ, LIB. 4 unus modus essendi, non tamen utrisque est unus modus exsistendi. Quis, quaeso, dicat impossibile seu etiam incredibile, si duo vel tres dicantur aeque potentes, ct aequo sapientes esse ? Vel quid dicitur impossibile seu etiam incredibile, si hoc ipsum quod communiter sunt, unus dicatur habere ex proprietate una et alius habere 942 C dicatur ex alia ? Non itaque videtur impossibile vel incredibile plurcs exsistentias et, quod consequens est, plurcs personas esse in divinitate. Quas si acquepotcntcs dicimus, quod manifesta ratione convincimus, fateri oportebit quod, si omnipotentiam habet una, omnipotentiam habebit ct alia. Constat autem apud omnes theologos indubita­ bili ratione, quod in vera divinitate sit summe simplex esse. Erit ergo necesse ut idem ipsum sit ibi omnipo­ tentiam esse quod omnipotentiam habere ct quod non aliud aliquid sit omnipotentia quam divina substantia. Omnipotentia autem, ut alias probavimus, non potest esso nisi una. Ergo nec divina' substantia potest esse nisi una. Ecce ergo, ex eo quod est cunctis probabile et ex eo quod secundum theologos est ncecssc, colligitur quod 942 D quaerimus, quia possunt esso plurcs exsistentiae, ubi non est nisi unitas substantiae. Ut autem propter subtiliores adhuc aliquid subtilius loquamur, in rebus naturalibus ct creatis diversum est esse et id quod est ; in rebus autem increalis, idem ipsum est esse et id quod est. Constat itaque divinam substan­ tiam nihil aliud esse quam substantiale imo supersub- ; stanliale esse. Substantiale in quantum tale quid est k principe : < Divrnum MI «w et id quod Ml > ot II a|out« * < Ipsum mlm I.1VIIK 4. LES reilSONSBS, XIX 271 l’autre, il y a un seul modo d’être, mais non pas un seul mode d’existor. Qui donc, je lo domande, pourrait estimer impossible ou mémo incroyable qu’on affirme de deux ou do trois qu’ils sont également puissants ct aussi éga­ lement sages ? Et pourquoi déclarer impossible ou mémo incroyable l'affirmation quo l’étro mémo qu’ils sont l’un ct l’autre, so trouve on l’un, ù raison d’un caractère ; propre ot on l’autre, à raison d’un caractère propre dif­ férent ? II n’apparatt donc pus impossible ni incroyable que, dans la divinité, il y ail plusieurs existences ct, par voie do conséquence, plusieurs personnes. El du moment que nous les déclarons égales, ce que nous prouvons invin­ ciblement, il faudra bien convenir que si l'une a la toutcpûissancc, l’autre a aussi la toute-puissance. D’autre pari tous les théologiens admettent pour une raison indubitable que dans la vraie divinité l’étro est souve­ rainement simple. Par une conséquence nécessaire, c’est une seule ot mémo chose pour Dieu d’être la toutepuissance ct d’avoir la toute-puissance ; cl il est néces­ saire également que la toute-puissance ne soit pas une autre réalité que la substance divine. Or, nous l’avons prouvé par ailleurs, il ne peut y avoir qu’une seule toute-puissance : par lo fait mémo il no peut y avoir qu’une seule substance divine *. Ainsi, une assertion qui ost, pour tous, plausible, ot, pour les théologiens, nécessaire, nous amène à la ) conclusion recherchée: il peut y avoir plusieurs existences là même où il n’y a qu’une seule substance. Ajoutons, è l’usage dos plus subtils, celte remarque encore plus subtile : dans les réalités do la nature créée il y a distinction entre l’être et CO qui est ; mais dans lu réalité divine, l’étro mémo est identique à ce qui est *. 11 apparaît donc que la substance divine n'est rien autre chose que l’étro substantiel ou plutôt supersubstanliel : substantiel on tant qu’il est telle réalité sub- csm nondum «il i «l v«ro quod «si. «septa osiondl forma. «si nique conslitlt. · Quomodo subllaiillae (0*1.134). 272 db trinitate, un. 4 quod consistit in seipso ; supersubstantiale in quantuiq ei nihil inest vellit in subjecto. Timentes itaque ubi non est timor recte timerent fateri personas secundum substantiam dici, si persona simpliciter substantiale esse significaret nec aliquid consignificarct. Significat autem habentem substantiale esse ex aliqua singulari proprietate. Ideo ergo fidenter M3 A fatemur personas in divinitate secundum substantiam dictas ct substantiam significare; et plures ibi personas, unum ct indifferens esse ex differenti proprietate. Unitas itaque ibi est juxta modum essendi, pluralitas juxta modum exsistendi. Unitas essentiae quia unum ot indifferens esse ; plures personae quia plures exsistentiae. Pie quaerentibus ista, ut puto, debent sullicere. Nam, ut ad plenum in tanta profunditate sibi satisfiat in hac vita, nemo debet expetere vel exspectare. Notandum autem de persona atque exsistentia quo; modo se habeat una cum altera. Quod enim dubitatur ex alterutra vicissim probatur cx altera. Nam quod in 943 B divinitate oporteat plures esse, facilius probatur ox notione personae ; sed quod possint plures esso in unitate substantiae, levius convincitur ox consideratione exsi* stentiae. LIVRE 4. LES PERSONNES, XIX-XX 273 sistant en elle-même, suporsubstantiel on tant qu'il n’est pas sujet d’inhérence. pourraient avec raison craindre d’affirmer que le mot personne est dans la ligne de la substance, si personne une autre signification ; mais justement ce mot signifie celui qui possède l’être substantiel à raison d’une carac* téristique propre. C’est pourquoi nous maintenons har­ diment cette double assertion : d’une part que le mot Hi personne en Dieu est dans la ligne de la substance ct désigne la substance ; d’autre part qu’il y a plusieurs personnes sans qu’il y ail plusieurs substances, étant donné qu’on Dieu ils sont plusieurs ù posséder l’être un et sans distinction, mais il raison do caractères dis­ tincts. Il y a donc unité selon l’essence, pluralité selon l'existence : unité d’essence parce qu’il y a être unique et sans distinction; pluralité de personnes parce qu’il y a pluralité d’existences. Voilà qui doit suffire, je crois, aux pieux chercheurs. Car personne ne doit exiger ni espérer que, dans la vio présente, on lui donne entière satisfaction sur des véri­ tés si profondes. Remarquons les rapports mutuels entre personne et existence. Ce qui demeurerait douteux à considérer l’une des doux notions se prouve en revanche à partir de l’autre. La nécessité d’une pluralité en Dieu so prouve 43 B plus facilement à partir de la notion de personne ; tan­ dis que la possibilité d’une pluralité dans l’unité de sub­ stance est plus admissible à considérer l’existence. XX Forte a me aliquis exspectat audire quomodo oporteat intelligere vel quomodo possit convenire, quod quidam! dicunt tres substantias et unam essentiam ; quidum tres 1. Piaume, 13, 5 (Villg.). Comparaison ENTBB 1RS OIFFÉnENTBS FORMULBS TBINITAIBBS. Peut-être voudrait-on que j’explique comment il faut comprendra et comment il est possible d’accorder les diverses formules, certains disant « trois substances et une LIVRE 4. LES PERSONNES, XX 275 BB TBISITATB, LIB. 4 274 essence»,d’autres disant «trois subsistences et une sub­ subsistentias et unam substantiam ; alii' autem tres por-Λ' Ij stance », d’autres encore disant « trois personnes et une 943 C sonas ot substantiam vol essentiam unam. ou une essence ». Multum dissentire ct omnino contrarium videtur Wt' |i3 C substance Il semble y avoir opposition caractérisée ot contra­ quod Latini unam in divinitate substantiam, Graeci T diction absolue, entre les latins qui affirment une seule 1res esso fatentur. Sed absit ab cis diversa credere et i hos vol illos in iido erraro ! In hac ergo verborum varie-; tale mtelligonda est veritas una, quamvis apud diversos; sit nominum acceptio diversa. Quod personae ab aliis substantiae, ab aliis subsi- ! stentiao dicuntur, ad idem respicere videtur. Certum ost . quod respectu eorum quae eis solent inesse dicuntur , substantiae vel subsistentiae quibus videntur subesse. , Scimus autem quod ubique terrarum Christi Ecclesia' psallit quia in personis est proprietas, in essentia unitas. ■ Propter ejusmodi proprietates quae personis divinis »43 D inesse videntur, quibus ab invicem distinguatur, juxta, : nonnullam eoruin similitudinem quae veraciter sibi inhaerentibus subsunt, quamvis minus proprie, substan- , tiae vel subsistentiae dici possunt. Nam tres illos in Tri­ nitate, sive dicantur personae, sive substantiae, sive subsistentiae, nihil aliud oportet inlelligero quam habentes.substanliale esse sub discretiva ot differenti proprietateS Idcirco autem nominibus alludendo, dixi sub discre- ,■ tiva, non ex discretiva proprietate, ut intelhgas unde' illi in Trinitate dicantur substantiae vel subsistentiae^ quamvis improprio. Dicimus quidem proprietates pels sonis inesse ; sed illarum inesse, si bene perpendimu^ non dat subsistere sed exsistere. Et idcirco personae rectius dicuntur exsistentiae, quam substantiae veli subsistentiae. »44 A inveniunt qua divina essentia differat ab alia aliqui divina, quia non est in divinitate nisi una sola, sicut pro- 2. Preface do la Sainte Trinité. de nous cependant la pensée que leurs croyances soient dissemblables et que chez les uns ou les autres il y ait une erreur dans la foi ! Dans la diversité des formules, il faut saisir la vérité unique ; les mots ici et là sont pris en des sens différents ‘. Que les personnes soient appelées, par les uns, sub­ stances, par les autres, subsistences, cela revient au mémo. Assurément on parle des substances par rapport à ce qui d'ordinaire leur est inhérent, à ce qu’elles paraissent soutenir. Or nous savons que dans tout l’univers l’Église du Christ chante : « dans les personnes la propriété, dans l'essence l’unité 1 ». Étant donné que ces propriétés 043 D semblent inhérentes aux personnes divines qu’elles dis­ semblance avec ce qui est réellement sujet d’inhé­ rence ; ct à ce titre on peut, assez improprement d’ail­ leurs, les appeler substances ou subsistences. Ces trois dans la Trinité, qu’on les nomme personnes, substances ou subsistences, il ne faut les entendre que comme pos­ sédant l'être substantiel sous une propriété distinctive et singulière. C’est pourquoi, en tenant compte de la structure des mots, j’ai soin de dire « sous » une pro­ priété non «par» une propriété, voulant faire comprendre pour quelle raison dans la Trinité on les appelle, bien qu’improprement, substances ou subsistences. Nous disons, il est vrai, que les propriétés, sont inhérentes cette « inhérence » leur donne non de subsister, mais d'exister. El voilà pourquoi il est plus exact d’appeler les personnes existences que substances ou subsistences. Ceux qui envisagent la seule réalité divine no déMa couvrent aucune propriété qui distinguerait l’essence divine d’une autre essence divine ; car dans la divinité, prietatibus ibi differt una persona ab alia., Non igitur juxta hanc considerationem inveniunt quomodo illam unitatem substantiam dicant, et eam idcirco simpliciter ubi proprietates insunt, quamvis minus proprie, sub­ stantias nominant. Et quidem in illa essentia incrcata, proprietas nulla .invenitur qua differat ab alia increala, ubi, ut jam di­ ctum est, non est nisi una sola ; invenitur tamen pro certo proprietas in ea, per quam differat a qualibet creata essentia, lloc quidam attondentes non solum essentiam sed etiam substantiam nominant ; nomon voro subsis­ tai B tentiao a propria significatione nd personarum designa- Ut autem inter substantiam at subsistentiam juxta horum acceptionem breviter distinguam, per substantiam intellige quod superius dixi exsistentiam communem ; per subsistentiam quod dixi exsistentiam incommuni­ cabilem. Qui igitur, ex his quae superius posui, novit quomodo in unitate substantiae pluros possint esse exsistentiae, novit nihilominus quomodo ibi possint plures esse subsistentiae. Non me latet subtiliori ratione ista discuti posse, sed puto haco simplicioribus et qualibus Illud autem notandum firmilerquo retinendum ut tres illos in Trinitate, sive substantias, sive subsistentias, Oti C sive personas nominare audias, secundum substantiam dictum intelligas. Nam in his omnibus, quantum ad rei veritatem, nihil aliud oportet intelligere quam 1res habentes rationale esse ex differenti et personali pro­ prietate. Constat enim quod ubi rationalis substanti; non est, rationale esse haberi non potest. Convenit autem omni personae habere rationale esse ex incommunicabil proprietate. Non dicam apud Graecos qui, ut scribit LIVRE ». LES ratSOKXES, XX 277 il n’y a qu'une seule essence divine ; rien de sem­ blable aux propriétés distinguant une personne divine d’une autre personne. No voyant pas comment, à cet égard, on pourrait appeler substance l'unité divine, ils la nomment donc simplement ct assez exactement es­ sence. D’autre part, ils appellent substances cette plu­ ralité de personnes auxquelles, en un sens approxima­ tions cette essence incrééc, on ne découvre, il est essence incrééo, puisque, nous l'avons dit, elle est abso­ lument unique. Néanmoins il est certain qu’on trouve en elle une propriété qui la distingue do toute essence créée. Colle remarque amène quelques-uns il l'appeler non seulement essence, mais substance ; et c’eut le mot SUB de subsistence qu’ils font passer do sa signification propre ù la désignation des personnes. Bref, pour distinguer dans leur terminologie entre substance et subsistence, il faut comprendre par sub­ stance ce que plus haut j’ai appelé existence commune Ct par subsistence ce que j’ai appelé existence incom­ municable. Quand on a compris par nos explications précédentes comment dans l’unité de substance il peut y avoir plusieurs existences, on a compris tout aussi bien comment il peut s’y trouver plusieurs subsistences. Je n’ignore pas qu’il y a lé matière h discussions plus subtiles ; toutefois j’estime en avoir assez dit pour les simples et ceux auxquels je consacre mes services. Mais notez-lc bien ct relenez-le fermement, que les trois dans la Trinité soient appelés substances, subsistences H4C ou personnes, tous ces termes doivent être entendus comme impliquant la substance >. En réalité tous ces termes signifient exactement : trois qui possèdent l’être doué de raison, chacun selon une propriété distincte et personnelle. Car, do toute évidence, où il n’y a pas substance douée de raison, il no peut y avoir être rai­ sonnable ; de plus, toute personne doit posséder l'être raisonnable en vertu d’une propriété incommunicable. I Ne parlons pas des grecs qui, selon la remarque d’Augus- 278 DE TB1X1TATE, LIB. Augustinus, aliter accipiunt substantiam quam nos, sed apud Latinos puto nullum nomen inveniri posse quod possit melius aptari pluralitati divinae quam nomon; personae. Et quidem fideli animo nihil magis authenti­ cum esse debet quam quod in oro omnium sonat et cathos lica auctoritas confirmat. XXI Ecce quod superius proposuimus, prout potuimus, exsecuti sumus, quid videlicet ad invicem differant ' significatio substantiae ot significatio personae ; et qua Ï ratione plures personae consistere valeant in unitate substantiae. Consideremus nunc itaque, si placet, utrum , data illa do persona definitio Boetii possit convenire omni ct soli. Nam si inventa fuerit generaliter cl suffi- ■ cienter data, frustra procul dubio quaeritur alia. Definitio ; autem, ut perfecta sit, oportet ut totum'ot solum defi- 'i nicndao rei osse comprehendat. Nam, ut ox re nomon ha­ beat, oportet ut se usque ad definiti fines extendat nec 045 Λ excedat, ut conveniat omni et soli et ut possit in seipsam ' née par la mention de la naturo divino. Uno réflexion attentive nous fora découvrir dans cetto nature divine et une existence commune Λ plusieurs et une existence convenant il une seule personne déterminée et qui, par le fait mémo, est incommunicable. Mais l'cxistonoc com­ mune ù plusieurs est exclue par le terme incommuni­ cable. Nous pouvons donc dire sans inconvénient, jo crois, qu'une personne divino est une existence incom­ municable de la naturo divine. XXIII Dans notre vocabulaire le mot divisible («dividuum») signifie ce qui peut être réparti soit ontro plusieurs per­ sonnes soit ontro plusieurs substances ct peut être pos­ sédé en commun par plusieurs et intégralement par cha­ ste Λ cnn ; tandis quo lo mot individuel signifie ce qui no pout convenir qu’il un seul. En prenant dans cotte acception divisible et individuel, peut-être sorons-nous fondés il dire : aussi vrai que toute personne créée est une sub­ stance individuelle do. nature raisonnable, aussi vrai toute personne est une existence individuelle do naturo raisonnable *. Pour mettre on meilleure lumière notre proposition essayons de l'examiner avec plus do soin. Nous avons dit que le mot existence signifie l’être substantiel. Il signi­ fie indubitablement, comme nous l’avons précisé, non LIEB, op. Cil., p. ISS. 284 OE TUKITATE, Lia. 4 unde substantia dicitur, sed quod est in ea principale et convenit omni substantiae. Est autem ei principale, non quod habet subesso ct quod aliquid habet ei vclut 046 B subjecto inhaerere, sod quod talo quid ost, quod consistat in seipso et nulli haereat valut in subjecto. IIoc utique commune ost omni substantiae humanae, angelicae, divinae. Recte hoc sano in substantia creata dignius ct principalius dicitur, in quo divinae similitudini magis appropinquatur. Nam in eo ipso quo accidentibus subest, a divina similitudine degenerare videtur. Ab eo itaque quod omni substantiae principale est, rectius essentia quam substantia dici potest. Notatur nutem, ut dictum ost, nomino exsistentiae et quod habeat in seipso esso ot quod habent esse ex aliquo. Et hoc ipsum omni substantiae constat esso commune. Nam omne quod est vel est a semetipso vel ab alio aliquo. 946 C Cetera quae sunt in eadem descriptione satis ex supe­ rioribus patent et nova exposione non indigent, cur vide­ licet non quaelibet exsistentia, sed sola individua vel incommunicabilis dicatur persona. LIVRE 4. LES PEItSOSXES, XXII1-XXIV XXIV XXIV Fortassis erit planius et ad intclligendum expeditius, si dicimus quod persona sit exsistens per se solum, juxta singularem quemdam rationalis exsistentiae modum. ! Quomodo quod dicitur exsistens accipiendum sit, satis ex superioribus innotuit. Ideo autem per se solum adjun-i gimus, quia persona nunquam recte dicitur uisi unus. 940 D aliquis solus a ceteris omnibus singulari proprietate dis­ cretus. Sed exsistere per se solum commune est omnibus; individuis tam animatis quam inanimatis. Nunquam. 285 pas ce que veut dire étymologiquement le mot sub­ stance, mais oe qu’il y a de principal duns la substance ot ce qui convient h toute substance. Or ce qu’il y a de principal dans la substance, ce n’est pas de soute­ nu B mr et d'être sujet d’inhérence, mais d’être telle réalité , ot de subsister on elle-même sans inhéror h un sujet. Tels sont les earactères communs à toute substance : humaine, angélique et divine. Il est juste d’estimer plus précieux et plus essentiel dans la substance créée ce qui la rapproche davantage de la ressemblance avec Dieu ·. Or, en tant que sujet des accidents, elle semble déchoir de la ressemblance divine. Λ considérer ce qui est principal dans toute substance, il serait mieux de dire essence que substance ·. Le mot d’existence, nous l’avons dit, exprime et qu’on possède on soi-même l’être et qu’on le tient de quel­ qu’un. Et cela aussi se vérifie en touto substance : car tout être est ou par soi-même ou par un autre. Quant 516 c aux autres éléments de cette description de la per­ sonne, ils sont assez clairs d’après ce que nous avons dit : inutile d’exposer à nouveau pourquoi on appelle per­ sonne, non point toute existence, mois seulement l’exis­ tence individuelle ot incommunicable. soi seul, selon un certain modo singulier d’existence raisonnable. explications. Nous ajoutons « par soi seul » car on n’emH6D seul être distingué de tous les autres par une propriété singulière. Mais exister par soi seul est un caractère commun à tous les individus animés ct inanimés. Tandis Et comment pourrait-on nier qu’une créature incor­ porelle, étrangère à toute union avec l’agglomérat cor­ porel, ressemble davantage, par cette propriété, à la simplicité divine et, à ce titre, en est plus proche ? qu’elle USA lui est unie par une parenté plus étroite que la naturo composée d’une substance corporelle et d’uno substance incorporelle, en qui la simplicité de la personne pro­ vient do l'union de deux essences ? Sans aucun doute la la pureté unique et simple d'une nature spirituelle. DE TRl.MTATE, LIB. 4 Quod ergo est in operatione humana humani corporis effigies sine capite, hoc esse videtur in operatione divina universitatis fabrica sino optimo genero creaturae. Ad hoc illud accedit quod superior ratio do angelica proprietate disseruit. Quis tibi, quaeso, videtur ordo' dcccntior, quis summe sapientis dispositioni conve-: nicnlior, si in illa naturarum trinitate, divinae videlicet, angelicae et humanae, dicantur duarum proprietates tertiae omnino por contrarium oppositae, nulla ibi media 948 B interveniente, an vero si dicatur quod duas extremas tertia interveniat et, altrinscca similitudine altornatim conjuncta, dictam contrariotatom in unam harmoniam componat ? Sed si hoc nostrae demonstrationis documentum sit adhuc alicui forte suspectum, attendat quid sibi persua­ dere debeat evangeheum testimonium. Nonne ex Evangelio innotuit quod Dominus ab uno homine legionem daemonum ejecit ? Continet autem una legio sex millia sexcenta sexaginta sex. Si tot ab uno homine ejecti sunt, tot in eo ante ejectionem fuerunt. Si daemones corpora habent, ubi, quaeso, in eo fuere ? En spiritu an in corpore ? Constat autem quia omne corpus longitudinem, latitudinem, altitudinem, locales 048 C videlicet dimensiones habet et eo ipso sine locali capa­ citate subsistere non valet, qualem quidem spiritus omnino non habet. Ergo non in spiritu sed in corppffl fuerunt. Sed quomodo vel in qua hominis parte tot cor­ pora esso potuerunt ? Sed dicis fortassis quod angelic: spiritus, tam boni quam mali, subtilia corpora habentj Supposez un ouvrage humain qui représenterait lo corps d’un homme mais sans tète : telle serait il peu près l'œuvre divine, l’univers créé, s’il y manquait la créature la plus parfaite *. Λ quoi il faut ajouter nos considérations précédentes sur lo caractère propre de l’ange. Quel est, .’i votre avis, l’ordre qui paraît le plus convenable, qui paraît s’ac­ corder le mieux avec les dispositions de l'être souvei rainoment sage : que dans eotte trinité do natures, la nature humaine, la nature angélique, la nature divine, I les caractères propres do deux do ces natures s'opposent à la troisième, d’une manière absolument contraire, 'SIS B sans qu’il y ait entre elles aucun intermédiaire — ou bien qu’entre les deux natures extrêmes, une troisième soit interposée, qui, unie symétriquement aux deux ’ par une ressemblance avec l'une ot l'autre, accorde . leurs oppositions on une harmonie ? Et si quoiqu'un trouvait encore un pou suspect cet argument pour notre thèse, qu'il se laisse convaincre, à la réflexion, par le témoignage do l’évangile. L’Évangile no nous apprend-il pas que lo Seigneur a expulsé d’un seul homme une légion de démons · ? Or une légion comprend 6 666 individus. Puisqu’un si grand ' nombre de démons a été expulsé d’un seul homme, I i où étaient-ils dans cet homme, dites-moi ? dans son esprit ou dans son corps ? Il est clair que tout corps a I «les dimensions spatiales et par le fait môme ne peut I18C tenir que dans une capacité spatiale' : l’esprit ne possède rien de tel. Par conséquent, ce n’est pas dans l’esprit qu’étaient les démons, mais dans lo corps. Bien, mais alors comment et dans quelle partie du corps de l’homme tant do démons ont-ils pu tenir ? Vous allez me dire peut-être que les anges, bons ou mauvais, ont des corps 292 DE TRINITATE, LUI. 4 Sed quantumcumquc subtilia, duo ejusdem praesertim quantitatis corpora unum eumdemque locum occupare non valent. Cujus ergo, quaeso, exiguitatis putas ange­ licum corpus esso, si credas vel solam hominis pellem' corpori detractam tot angelica corpora posse comprehen­ dere ? Sod occo hoc dum per excessum diximus, a nostro' proposito longius evagati sumus. Puto autem pio ct simplici animo debere ot posse sufficere ea quae diota 1 948 D sunt de proposita quaestione, quomodo videlicet nihil dissonat rationi, quod jubemur unum Deum in Trinilateji et Trinitatem in unitate venerari. LIVRE 4. LES PERSONNES, XXV 293 subtils. Muis pour subtils qu’ils soient, deux corps, sur­ occuper un seul et même lieu ·. Ditcs-moi, quelle peti­ tesse vous attribuez au corps angélique, si vous ima­ ginez que la seule peau qui enveloppe un corps humain peut contenir tant de corps angéliques a ! Mais voilé qu’avec ccttc digression, nous avons vagabondé loin de notre sujet. .Te pense qu’un esprit pieux ct simple doit ct peut se contenter de cc que nous avons dit sur la ques9(8 9 tion proposée : comment il n’y a rien de contraire à la raison dans l’obligation qui nous est faite d’adorer un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’unité ·. CAPITULA LIBRI QUINTI I. II. Quoniam jam constat de divinae substantiae unitate et personarum pluralitate, constat ct do concordi unitatis et pluralitatis ad invicem habitudine, superest de personarum proprietatibus quaerere. Quod jucundissima personarum germanitas non possit deesse in summa felicitate : ncc ordi­ natissima proprietatum habitudo in summa III. Quod exigit rerum natura ut sit aliqua persona quae sit a semetipsa et non ab alia aliqua. IV. Quod non possit esse nisi una sola persona quae sit a semetipsa. V. Quod duae in divinitate personae habeant aliunde quam a semetipsis esse, juxta illum exsistendi modum qui est ab aeterno nec tamen a semetipso. VI. Quod processio personae do persona alia sit tantum immediata, alia tantum mediata, alia, mediata simul et immediata. VII. De processione tantum immediata ; et quod' oporteat esse in divinitate personam quae sit ab una sola. VIII. De processione quae est mediata simul < immediata ; et quod oporteat esse in divini­ tate personam quae sit a gemina. IX. Quod processio quae sit ad aliquam personan tantummodo mediata non possit esso in divina natura. SOMMAIRE DU LIVRE CINQUIÈME I. Une lois établies l’unité de la substance divine, la pluralité des personnes et la relation d’ac­ cord mutuel de l'unité et dc la pluralité, reste à étudier les propriétés dos personnes. II. La félicité suprême requiert une parenté très délectable entre les personnes. La beauté suprême requiert un ordre très harmonieux entre les propriétés. ΠΙ. La nature des choses demande qu'il existe une personne qui soit d’olle-même et non pas d’une autre. IV. Il ne peut y avoir qu’une seule personne qui soit d’ollo-mômc. V. Dans la divinité il y a deux personnes qui ont l’être d’ailleurs que d’clles-mômos, selon ce mode d'existence qui est éternel mais non de VI. VII. VIII. IX. La procession d’une personne issue d’une autre personne peut être ou bien seulement immé­ diate ou bien seulement médiate ou bien à la fois médiate et immédiate. De la procession qui est seulement immediate. Dans la divinité il y a nécessairement une personne issue d’une seule personne. De la procession qui est h la fois immédiate ct médiate. Dans la divinité il y a nécessaire­ ment une personne qui procède de deux per­ sonnes. Dans la nature divine il no peut y avoir de pro­ cession personnelle seulement médiate. 296 DK ΤηΐΚΙΤΛΤΒ, LIB. 5 Quod in divinitate non possit esso plus quam una quae sit ab una tantummodo persona ; nee nisi una sola quae esse non habeat nisi ex gemina. XI. Quod oportet ut in divinitate sit persona a qua non sit alia aliqua, cum tamen eadem non sit a semetipsa. XII. Quod non possit esse nisi una sola in divi­ nitate persona, a qua non sit alia aliqua. XIII. Quod oportet ut in divinitate talis persona exsistat, quae ab alia procedat ct de so pro­ cedentem habeat. XIV. Quod in divina natura non possit esse nisi una sola persona, quae el do alia procedat et do so procedentem habeat. XV. Quod in divina natura non possit esso quarta persona. XVI. De veri amoris plenitudine ; ot quae circa illum consideratur propriotatum distinctio. XVII. Cui conveniat in Trinitate personae solius gra­ tuiti amoris plenitudinem possidere. XVIII. Cui conveniat in Trinitate personae solius debiti amoris plenitudinem habere. XIX. Cui proprie proprium sit in Trinitate personae tam gratuiti quam debili amoris plenitudinem obtinere. XX. Undo ratio manifeste convincit quod quarta. in divinitate persona locum habere non possit. XXI. Ex novissime posita speculatione quam multa possimus colligere. XXII. Quod dicitur plenitudo amoris gratuiti esse in solo dando, plenitudo debiti in solo acci-piendo, non sic oportet intelligerc quasi sit opus gratiae et non potius operatio naturae. XXIII. Quod, quantum ad substantiam dilectionis, in omnibus est amor summus ot unus, quamX. X. Dans la divinité il ne peut y avoir qu'une per­ sonne issue d'une seule personne ; et il ne. peut y avoir qu'une personne recevant l’être de deux personnes. XI. Dans la divinité il y a nécessairement une per­ sonne qui no soit pas d'ello-mémo et do la­ quelle aucune autre ne procède. XII. Dans la divinité il ne peut y avoir qu'une per­ sonne de laquelle aucune autre no procède. XIII. Dans la divinité il y a nécessairement une per­ sonne procédant d'une autre et de laquelle XIV. Dans la nature divine il ne peut y avoir qu’une seule personne procédant d'une autre et de XV. Dans la nature divine il no peut y avoir une xvi. De la plénitude de l'amour véritable et de la distinction des propriétés considérées par rap­ port à cet amour. XVII. A quelle personne de la Trinité il convient de XVIII. A quelle personne de la Trinité il convient do posséder la plénitude du seul amour obligé. XIX. A quelle personne do la Trinité il est exclusi­ vement propre d'obtenir la plénitude de l'amour qui est à la lois gracieux ot obligé. XX. Raison manifeste pour laquelle dans la divinité il n'y a point place pour une quatrième per­ sonne. XXI. Multiples conclusions & recueillir de notre der­ nière considération. XXII. Cette plénitude de l’amour gracieux qui consiste seulement a donner, cette plénitude do l’amour obligé qui consiste seulement à recevoir ne sont pas à entendre d'une œuvre de grâce mais bien d’une activité do nature. XXIII. Quant à la substance do la dilection, il y a on 298 DB ΤΠΙΧΙΤΛΤΒ, LIB. 5 vis sit in singulis proprietatum distinctioni distinctus. XXIV. Quod, quantum ad integritatem perfectionis, nulla sit differentia amoris vol dignitatis. XXV. Quae quibus sint personis communia vel quaê sint singularum propria ; et quae sint quae UBER QUINTUS Quemadmodum alias jam diximus, convenit omni personae habere rationale esse ex incommunicabili proprietate. Persona autem divina supra id adhuc am­ plius exigit, ut merito divina dici possit. Proprietas autem divinae personae exigit divinum esse ; divinum esse idem est quod supersubstantiale, idem quod summe simplex esse ; summe simplex esse cui idem ipsum est esse quod sapere. Hoc autem solummodo habet esse substantia divina ; ct idcirco merito dicitur supersubstan940 Λ tialis essentia. Et quoniam in divina natura non est nisi unum solum summe simplex et indifferens esse, ideo ibi confitemur unitatem substantiae. Sed quam constat dc unitate substantiae, tam veraciter constat de perso­ narum pluralitate. Ubi autem nulla est alteritas, nec potest esse pluralitas. Sed ncc alteritas esse potest, ubi nulla differentia est. Quomodo ergo pluralitas potest convenire cum indiffe­ renti esse ? Sed ubi non est diversum esse, potest esse differens et discretum exsistere. Ubi enim plures habent indifferens osse ex differenti origine, sic servant uni­ tatom substantiae, ut tamen non desint plures exsi- tous amour suprême et un, mais distingué on chacun par une différence de propriétés. Trinité, aucune différence dans l’amour ou la valeur. XXV. Ce qui est commun à plusieurs personnes cl LIVRE CINQUIÈME LES PROCESSIONS Toute personne, nous l’avons dit, doit posséder l’être doué de raison ct cela en vertu d’une propriété incom­ municable. Mais une personne divine requiert autre divine. De par son caractère propre, une personne divine exige l’être divin, identique à l’être supersubstantic), identique à l’être souverainement simple ; l’être souve­ rainement simple c’est-à-dire celui en qui l'être même s’identifie avec la sagesse. Or cet être appartient exclu­ sivement à la substance divine, qui mérite, en consé­ quence, d’être appelée essence supcrsubstanticllo. C’est parce que, dans la nature divine; il n’y a qu'un seul être, souverainement simple et sans aucune distinction que nous affirmons l’unité de celte substance. Par ailleurs, la plu­ ralité des personnes est tout aussi certaine que l'unité de substance. Or pas de pluralité sans altérité ct pas d’altérité sans distinction. Comment alors concilier la pluralité avec l'indistinc­ tion de l’être ? C’est que, là même où il n’y a pas diver­ sité dans l’être, il peut y avoir différence ct distinc­ tion dans l’existence. En effet, dans le cas où plusieurs possèdent un être sans distinction, mais en vertu d’ori- 300 949 B nd TBIHtTATR, LIB. 5 stcntiac. Sicut autem superius monstravimus, nihil aliud est persona divina quam incommunicabilis exsistentia. Notandum itaque quod quaelibet exsistentia divina,, si vel unum aliquid invenitur habere incommunicabile^ ex eo utique solo deprehenditur atque convincitur per­ sona esse. Nam, etiamsi plura habeat incommunicabilia* sufficit tamen unum solum ad comprobandum quod sit aliis omnibus ex illa ximus, ut ad ea quae adhuc inquirenda restant quanto exercitatiores tanto promptiores accedamus. Sed quoniam constat do divinae substantiae unitate, constat de personarum pluralitate, constat et dc con­ cordi unitatis et pluralitatis mutua habitudine, locus postulat nunc de singularum personarum proprietatibus 949 C quaerere et singulorum propria singulis assignare. Nam . quod tres illi in Trinitate, sive dicantur personae, sive exsistentiae, sive alio quolibet nomine, quod tres illi, inquam, quibusdam proprietatibus distinguantur jam novimus ; et quod eas circa solam originalis causae dif­ ferentiam quaerere debeamus agnovimus. Sed qunoj quibus sigillalim conveniant, necdum ratiocinando ap< prehendimus. Studeamus itaque nuno in his sicut et in aliis ante jam dictis, ut quod tenemus ex fido detur nobis ratione appre­ mise ct il y a cependant pluralité d'existences. Or nous l'avons montré, une personne divine n'est rien autre chose qu’une existence incommunicable. Romarquons-le bien, dès lors qu'on découvre on une existence divine une seule propriété incommunicable, par lo fait môme elle s’avère d’une manière concluante comme une personne. En clic il peut y avoir plusieurs propriétés incommunicables ; mais il suffît d'une seule pour prouver qu'elle est une personne. Car elle se révèle ainsi comme quelqu’un qui est distinct individuellement de tous les autres en vertu de celte propriété. Tout cela a déjà été dit ; nous le résumons ici pour pouvoir aborder la suite de nos recherches avec d'autant plus d’ardeur que nous y serons mieux exercés. Dès maintenant nous sommes certains de l'unité do la substance divine, certains de la pluralité des personnes. certains aussi de l’accord mutuel entre l'unité et la pluralité. Il y donc lieu d'etudier maintenant les propriétés 9WC des diffère tes personnes et de préciser leur attribution à chacune d'entre elles. Car ces trois dans la Trinité, qu’on les appelle personnes, existences ou autrement, ces trois d ns la Trinité se distinguent, nous le savons, par oertai es propriétés ; ct nous savons aussi qu'il faut les chorch ' seulement dans la diversité do leurs origines, Mais nous n’avons pas encore découvert par le raison­ ncmenl qu nes propriétés conviennent à chacune d'entre elles *. Appliquons-nous donc à cette question comme aux précédentes, pour qu’il nous soit donné de saisir par la 119 B henderc ct demonstrativae certitudinis attestatione firmare. 919 0 Primo itaque illud dicamus quod naturali quodam' instinctu omnes in commune agnovimus et usu conti-' nualo quotidianis experimentis probamus. Patet perfecto quod personarum pluralitas quanto germanior tanto est'., conjunctior et quanto conjunctior tanto et jucundior. Quis autem attestari audeat vel aestimare praesumat: quod in illa summae felicitatis plenitudine desit quod·, magis jucundum agnoscitur, illud insit quod minus'· jucundum nullatenus dubitatur ? Si itaque unaquaeque persona a scipsa esse dicitur, talis utique pluralitas null£ sibi affinitate conjungitur, nulla mutuo germanitate.’ copulatur. Quis autem credere possit, vel affirmare ausit,., quod illa summae unitatis pluralitas tam sit ox uno conΟΰΟ Λ juncta, ex alio tam longinqua et ad invicem velut omnino* peregrina, ut ex ea parte qua unum sunt sit summe indifferentia, ex ea vero parte qua in pluros secernitur ab omni sit conjunctione aliena ? Quae tibi, quaeso, pluralitas pulchrior, quae tibi, quaeso, convenicnlior videatur, an illa quae ordinatis­ sima quadam proprietatum varietate distinguitur et decentissime quodam proportionahtatum modo miranda ratione contexitur, an illa quae nulla differentiarum con/ nem puto aestimare quod magis pulchrum est summae LBS PROCESSIONS, 1-11 le témoignage d’une démonstration certaine. Commençons par affirmer ce que nous savons tous par une sorte d’instinct naturel, ce que viennent confir­ mer la pratique de la vie ct nos expériences quotidiennes : il est manifeste que plusieurs personnes sont d'autant plus unies que leur parenté est plus proche et d’autant plus heureuses qu’elles sont plus unies Dès lors, qui aurait l’audace de soutenir ou la pré­ somption d’imaginer que dans cotte plénitude de bonheur suprême il manque ce qui est évidemment le plus délec­ table mais qu’on y trouve ce qui, ù coup sûr, est moins délectable ? Or si l’on affirme que chaque personne tient l'être d’ellc-mémc, il n’existe dans leur pluralité aucune affinité pour les lier, aucune parenté pour les unir. Qui donc pourrait croire ou oserait dire que celle pluralité dans l’unité suprême est, d’une part, si unie et, d’autre part, si dispersée ct comme étrangère fl cllc-mèmo ; que, dans leur unité, il y a indistinction absolue et que, par ailleurs, dans leur distinction, il n’y a aucune sorte Dites-moi, quelle est, λ votre sens, la pluralité la plus belle ? quelle est, selon vous, la pluralité préférable : celle où la distinction vient de propriétés diverses en parfaite ordonnance, où l'union est réalisée par des rap­ ports de proportions admirablement disposés ? ou bien, au contraire, celte pluralité où n'existent pas les liens mutuels de l’accord dans la distinction, de la distinction dans l'accord, où il n'y a pas belle ordonnance de réalités diverses ? Personne, je pense, n’estimera qu'il puisse pulchritudini posse déesse et quod minus pulchrum est ipsi inesse. Credi itaque oportet quod nec jucundissima perso-* nec ordinatissima proprietatum varietas in summa pul­ chritudine. Sed, ne haec quam proposuimus ratio alicui forte pro­ babilis magis quam necessaria videatur, hoc ipsum quod dicimus altiori adhuc ratione investigetur. Quod in primordio hujus operis dictum est de sub­ stantia, idem ipsum hoc loco, absque ulla haesitatione,* dici potest de persona. Utrobique namque eadem ratio Dictum est ibi de substantia, dicatur hic dc persona,, quod oportet ut aliqua exsistat, quae sit a semetipsa et OSO C non ab alia -aliqua ; alioquin in una divinitate essent* absque dubio personae inlmilae. Nam, si ista esset ab illa et illa ab alia et juxta hunc progressionis mo dum quaelibet una esset ab alia aliqua, hujusmod concatenationis productio absque dubio in infinitum procederet et hujusmodi productionis terminus nullus occurreret; sicque fieret ut rerum series ct ordo, qui sine principium, inquam, non tam temporis quam originis; vel ctijuscumquc auctoris. Sed in his ct hujusmodi aliis est ipsa veritas adeo ma­ nifesta et ratio perspicua, ut omnino non egeant proba­ tione aliqua. Nam quod nullus facit quod facere non valet ; quod nullus potest dare quod ipse non habet ; 1. Ct. sepra, livre 1. XI, XII. LIVIIK 5. LES l-ROCESSIOXS, Il-Ill 305 manquer ίι la beauté souveraine précisément ce qui est le plus beau ct que ce soit le moins beau qui se réalise nécessairement une parenté très délectable entre les personnes, que la beauté souveraine comporte nécessai050 B renient des propriétés différentes en un ordre parfait. Peut-être cependant la raison donnée ici risque-t-elle de paraître seulement plausible et non pas rigoureuse ; il nous faut donc aller plus profondément dans notre QUI EXISTS PAR ELLE-MÊME. Le principe que nous formulions au début de cet ou­ vrage il propos de la substance peut ici être appliqué réso­ lument h la personne. Dans les deux cas la même raison vient il l’esprit ; leur ressemblance motive une affirma­ tion semblable >. Ce que nous disions alors de la substance, redisons-Ie ici do la personne : il faut qu’il en existe une qui tienne l'être d’ello-même et non pas d’une autre : sinon dans ISO C l’unique divinité il y aurait évidemment une infinité de personnes. Car si celle-là était d’une autre et celle-ci d’une autre encore ot si, d’après ce processus, toute personne était d’une autre, l’enchaînement ainsi prolongé irait sans nul doute ù l’infini, celte suite ne trouverait aucun point d’arrêt; ot ainsi la série des êtres et leur déroulement, i qui, do toute nécessité, exige un principe, n'aurait aucun principe, je parle d'un principe non pas temporel mais originaire ou causal. Ici ct dans les considérations de ce genre, la vérité elle-même est tellement manifeste et la raison donnée personne no fasse ce qu’il lui est impossible de faire, qu’on ne puisse donner ce qu’on n’a pas, que tout ce La TrMli. ΊΟ 306 DK ΤΒΙΜΤΛΤΕ, LID. Ii 9501> quod quidquid csso cœpit aliquando non fuit ; quod quidquid Mt quod aliquando non fuit, hoc ipsum ex tempore osso coepit ; quod nulla compositio sine compo­ nente, nulla partitio sine distribuente ; quod sit quo nihili est majus, quod sit quo nihil est melius, patet omnibuSj intellectum habentibus el ratione utentibus. Haec el hujusmodi qui audit, si sensum verborum percipit, stalim acquiescit, nec est unde dubitaro possit. Ne igitur, contra conscientiam nostram, divinarum! personarum numerum in infinitum extendamus, oportet procul dubio ut concedamus quod aliqua persona ex semetipsa exsistat ot aliunde omnino originem non trahat. Personam autem cum constet esso non do alia aliqua... persona quam de semetipsa, consequenter quaerere oportet utrum sit commumcabihs an incommunicabilis.'. 951 A exsistentia, hoc est si sit solius unius ex semetipsa per-: sonam esse, an hoc ipsum possit esse pluribus commune. Quoniam diligentiorom considerationem locus iste expostulat et nos ad sublimiorem inlelligentiam vocat,, aedincaniium moro oportet nos ibi quasi altilis foder» et in profundo certitudinis solido ratiocinationis nostra» fundamentum locaro, ubi nccossc est operis nostri stru­ cturam ad secretioris intolligentiae sublimiora consurgere. Indo ergo incipiendum est unde a nemine dubitari potest. omne quod habetur aut secundum participationem aut ■ secundum plenitudinem habetur. Aliud est ex pluribu et diversis unum aliquid componere atque aliud quoi unum est in plura dividere et per multos pro arbitri uvbe s. les processions, m-iv 307 01> qui commence d'être, à un moment n'ait pas existé, 3ne tout ce qui à un moment n’existait pas ait commencé ans le temps à être ce qu'il est, qu'il n’y ait pas compo­ sition sans quelqu’un pour composer, pas de réparti­ tion sans quelqu’un pour répartir, autant d’affirmations évidentes pour tous les êtres doués d’intelligence ot so servant do leur raison. Au simple énoncé des propo­ sitions de ce genre, pourvu qu’on perçoive le sens dos mots, on donne d’emblée son acquiescement, aucun doute n’est possible. Ainsi, à moins d’aller à l’encontre de notre sens intime en multipliant à l’infini le nombre dos personnes divines, il nous faut admettre indubitablement qu'il existe une personne tenant l’être d’ellc-inêmo, sans avoir ailleurs son origine. Une fois admis qu’il y a certainement une personne n'ayant son origine qu’en cllo-mémo, logiquement il faut rechercher si cette existence est communicable ou IA incommunicable, c'est-à-dire s’il n’appartient qu’à une seule personne d’avoir l’étre d’cllo-mèino ou si cette pro­ priété peut se trouver en plusieurs. Cette question réclamant une considération plus atten­ tive et nous invitant à une connaissance plus sublime, il nous faut ici, à la manière des bâtisseurs, creuser plus avant et établir les bases de notre déduction profon­ dément sur le terrain solide de la certitude ; car il s’agit pour nous maintenant d’élever notre construction jus­ qu'à l'intelligence sublime des réalités mystérieuses. Aussi notre point de départ doit-il Mro incontestable. Il est clair que tout existant possède ou un être comIB posé ou un être simple. 11 n’est pas moins clair que tout bien qu’on possède, on le possède ou en participation ou en plénitude. Sans doute, autre chose est de compochose de diviser une unité en pluralité et de la répartir à son gré entre plusieurs : toutefois, redisons-le, pas de 308 DE TRINITATE, distribuero. Sed, sicut jam diximus, nec compositio1, sine componente, nec partitio est sine distribuente. Videamus ergo si illud, quod veraciter deprehenditur a semetipso esse, possit habere compositum esse. Constat autem quia omnis compositio compositore eget. Et quod sine beneficio compositoris esse non valet procul dubio idipsum quod est a semetipso non habet. Patet ergo quia quod a semetipso est compositum esse habere non po951 C test. Quod ergo omni origine ct auctore caret summe simplex esso habere oportet. Cui vero est summe simplex esse oportet ut idem ei ; sit esse quod posse, sapientem quod potentem esse. . Ecee do ejus esse habemus quod quaerimus, nunc do posse videamus. Quaeramus itaque de ipsius posse, utrum ci sit an secundum plenitudinem, an secundum participationem. Sed ubi est participatio, simul ot distributio. Nam nec participatio sine distributione, nec distributio sine distributore. Qui ergo possibilitatem qui est a semetipso quoniam, si posse accepit partiel· OSI D Sed si ox alterius beneficio est ejus posse, profecto et esse, quoniam, sicut jam probatum est, non ipsi aliud ipso habet, aut utrumque a semetipso non habet. j Hinc ergo colligitur quod is qui a semetipso est posse' ex potentiae participatione habere non potest. Quod ergo non potest habere secundum participationem habe secundum plenitudinem. Sed ubi est plenitudo potentiae,’ ibi omne posse ; personae igitur cui est idem esse quod , posse, si cx semetipsa est ei suum esse, ex semetipsa est ei ct suum posse ; sed suum posse est omno posse, ergo »1 omno osse, cx ipsa omne exsistere. Ex ipsa itaque es omno quod est, cx ipsa omnis essentia, omnis exsistent'" i.ivsK S. les raocessioxs, iv 309 composition sans quelqu’un pour composer, pas de répar­ tition sans quelqu’un pour répartir. Examinons donc si, tenant véritablement l’être de soi-même, on peut avoir un être composé. Il est certain que toute composition exige quelqu'un pour composer ; ct si l’on ne peut exister que par faveur de celui qui compose, indubitablement on ne lient pas do soi-même ce qu'on est. Dès lors, c’est bien clair, qui tient l'être do lui-mêmo no peut avoir un être composé. Qui n'a ni origine, ni principe possède, de toute nécossilé, l'être souverainement simple. De plus, en celui dont l’être est souverainement simple, êtro ct pouvoir sont identiques ainsi que sagesse ot puissance. Une fois réglée la question pour l’être, examinons celle du pouvoir. Voyons donc s'il a lo pou­ voir on plénitude ou en participation. Mais où il y a par­ ticipation, il y a aussi répartition : pas do participation sans répartition, pas de répartition non plue sans répar­ titeur. Celui donc qui ne saurait posséder qu’un pouvoir participé a besoin, sans nul doute, de l'intervention d'un répartiteur. Dès lors, qui tient l’être do lui-même, mais aurait reçu un pouvoir participé, tient manifestement son pouvoir do la faveur d’un autre. Maie si c’est de la faveur d’un autre qu’il lient le pouvoir, c'est d'elle aussi qu’il tient l'être. Car, nous l’avons prouvé, on lui êtro et pouvoir ne sont pus doux réalités différentes : en consé­ quence, ou bien il lient do lui-même l’un ot l’autre ou bien il ne tient de lui-même ni l’un ni l'autre. Nous devons conclure : celui qui existe do lui-mêmo no peut avoir la puissance en participant ù la puissance ; ce qu’il ne peut avoir par une participation, il l’a en plénitude ; niais plénitude de puissance signifie tout pouvoir. Par conséquent, dès là qu'une personne, en son être, elle tient d'elle-mème aussi son pouvoir. El son pouvoir ; si clic est l'origine de lout pouvoir, elle est l'origine do tout Sire, l’origine de toute existence. Pur conséquent o’est d’elle qu’est tout CO qui est, d'elle qu’est 932 A omnis persona, omnis, inquam, persona humana, ange­ lica et divina. Si'ergo ceterarum quaelibet ex ipsa esse habet, constat .; pro certo quia sola ipsa principio caret, constat nihilo- ; omne posse. Vides certe quia ejusmodi exsistentia omnino est incommunicabilis, nec potest esso pluribus communis. Habemus jam pro certo quod esse personam ex scmclipsa omnino sil incommunicabilis exsistentia. Possumus ergo inde manifeste colligere quod non sil incommuni032 B cabilis exsistentia esse personam aliunde potius quam a se. Alioquin in divinitate non cssenl sed nec esse possent plus quam duae personae. Proprie proprium itaque est ex semetipsis non esse. Vides ergo quod incommunica­ bilis exsistentia communicabilem imo communem pro­ ducit el quomodo illa ex ista procedit ct originem trahit. Ecce illum exsistendi modum jam indubitata demons- ' trationc collegimus, dc quo in hujus operis exordio locuti i sumus, ubi probabili magis quam necessaria ratione. usi sumus. Ut enim ibi praelocuti sumus, triplex est ; exsistendi modus : unus qui est ab aeterno ct a semetipso ; alius qui noc est a semetipso nec ab aeterno ; et inter hos ■ medius, qui est ab aeterno nec tamen a semetipso. Sicut .1 932 C enim superius probatum est, totae 1res personae sibi sunt coaequales ct coaeternae. Sicut ergo ab aeterno) est exsistentia illa quae a semetipso exsistit, sic ot ab LIVIIR 5. CBS raOCBSSIOSS, 1V-V 311 toute essence, toute existence, toute personne, je (lis bien toute personne, qu’elle soit humaine, angélique, ou divine. Être, il est bien certain que seule elle est elle-même sans principe ; il est non moins certain qu’aucune autre n’a le pouvoir d’exister sinon par elle qui est l’origine de tout pouvoir. _ b 1 incommunicable ot no peut être réalisée en plusieurs. Nous en sommes donc maintenant convaincus : être une personne ayant en soi-même son origine constitue une existence absolument incommunicable. Nous pou­ vons en tirer cette conclusion manifeste : être une per­ sonne ayant son origine ailleurs qu’en soi-même no cons932 B tituo pus une existence incommunicable ; autrement, dans la divinité, il n’y aurait et il ne pourrait y avoir plus de doux personnes ’. C’est donc la propriété exclu­ sive d’une seule personne d’être - d’ello-même, tandis que c’est une propriété commune aux autres de n’ètre pas d'elles-mômcs. Ainsi, vous le voyez, une existence incommunicable produit une existence communicable ou plutôt une existence commune ; ct celle-ci procède de celle-là, ayant en elle son origine. El voilà que nous avons retrouvé, en conclusion d’arguments indubitables, ce mode d’existence dont nous avions traité au début de cet ouvrage en nous appuyant sur des raisons plausibles plutôt que rigou­ reuses a. Comme nous l'exposions alors, il y a un triple mode d’existence : l’un qui est d’exister éternellement ct de soi-même ; un autre qui est d’exister sans être ni de soi-même ni éternellement ; un troisième, intermé­ diaire, qui est d'exister éternellement mais non de soi952 C même. Car, nous l’avons prouvé, les trois personnes sont toutes égales ot coétornelles. Par conséquent, tout comme cette existence qui existe d’ello-mômc est do DE TRINITATE, MB. 5 aeterno esse habet quae ab eadem procedit. Ille itaque exsistendi modus, qui est communis personis duabus, habet esse ab aeterno nec tamen a somotipso. Vide ergo ceterorum proprietates quantum sunt diversae, imo omnino contrariae. Harum proprietatum contrarieraient tertius exsistendi modus proportionali quadam ratione connoctit et ad mutuam concordiam sua mediatione duo extrema componit, habens commune cum uno osso ab aeterno, commune habens cum alio non esso a somotipso. Habemus jam proprie proprium personae unius ; 952 D habemus quid sit commune duabus ; sed quae sint sin­ gularum propria ratiocinando necdum apprehendimus. Ex rebus quae per experientiam novimus, admo· nemur quid circa inexperta ot divina quaerere debeamus : Invisibilia enim Dei per ea quae facta sunt intellecta conspiciuntur.· Ubi ad alta quidem ascendero volumus, scala quidem uti solemus, nos qui homines sumus et volare non possumus. Rerum ergo visibilium similitug dine pro scala utamur, ut quae in semetipsis per speciem videro non valemus, ex ejusmodi specula ot velut per speculum videre mercamur. 953 A In rebus humanis videmus quod persona de persona? procedit ; et ejusmodi processio tribus procul dubio modis fieri contingit. Procedit namque persona de p.era sona, quandoque quidem tantummodo immediate, quam, doque tantummodo mediate, quandoque autem mediate! simul et immediato. Tam Jacob quam Isaac de substantia' LIVRE 5. LBS PROCESSIONS, V-VI il 313 toute éternité, ainsi celle qui en procède a l'étro do toute éternité. Ce modo d’existence qu’on trouve on deux personnes comporto l’étro qui est éternel mais non de Ainsi, vous le constatez, dans les doux premiers modes d'existence, les propriétés sont très différentes, voir# absolument contraires. Or, dans lo troisième modo d'existence, ces propriétés contraires so trouvent comme unies suivant un rapport de proportions : par sa média­ tion, il établit un accord entre les deux extrêmes : commo le premier, il est éternel ; comme le second, il n’est pas Nous connaissons désormais un caractère exclusi­ vement propre ù une seule personne : nous connaissons 9S2D lyse ne nous a pas encore fait saisir ce qui est propre.à chacune de ccs dernières. Lbs divers modes de procession. Les réalités que nous connaissons par l'expérience l'expérience dans la réalité divine, car « ce que Dieu a nous voulons monter, nous utilisons une échelle, nous les hommes, incapables de voler. Utilisons donc comme une échelle la ressemblance du monde visible : et ainsi, ce que nous ne pouvons voir en soi-mémo ot immédia· ment, obtenons de le voir de ce point d’observation et comme dans son image 8. Dans le monde humain, nous le constatons, une perB3 A sonne procède d’une autre personne ; et cette procession peut évidemment se réaliser de trois manières. Car une personne procède d’une autre personne, parfois d'une manière seulement immédiate, parfois d’une manière ensemble médiate et immédiate. Jacob, aussi bien 314 Dit TRINITATE, , LIB. » Abrahao processit, sed unius processio mediata tan­ tum, alterius autem tantummodo immediata fuit. Nam, medianto Isaac, Jacob de lumbis Abrahae exivit. Do · substantia Adae, Eva, Seth, Enoch processere ; sed; prima processio ex his fuit tantummodo immediata, media voro mediata simul et immediata : nam Seth qui- dem processit do substantia Adae immediate utique in quantum fuit do proprio semine, mediate vero in quantum! 933 B fuit do semino Evac. Eoce in humana natura quomodt personalis processio triplici distinguitur modo. Et quamvis ista videatur multa peregrina ab illa sin; gulari et superoxcellcnti natura, est tamen similitudi nonnulla, utpoto in ea quae est ad similitudinem illius facta. Oportet itaque ex hac natura sc ad illam contcm-., piationis speculam erigere ct, juxta dictam considéra tionem, quid ibi sit vel quid ibi non sit, proportion similitudinis vel dissimilitudinis, cum summa diligentia' investigare. Sed si 1res ejusmodi exsistentias ibi cssqi dicamus, qualos jam superius distinximus, excepta ea. quae a semetipsa osse deprehenditur, procul dubio in ; illam naturam quaternarium personarum numerum intro? ducere videmur. Quapropter quaerendum est diligenter 933 C quaonam ex his proprietatibus veracitor ibi sunt,,-si omnes ibi simul osso non possunt. t'hÿposliue, lettre 38, 4 (P. G., 38. 380-303) fsùr’ Ii le Sulnl-E»»r«, SulHl-Espril, 45 (P. tr.,· ; 32, 143-132); S, JSAN DamascBnb, Fut orUiodon, I, 12.(P. fi.. 04, 818-340^ Subvl«ntlulll4 des personnes. Discours ΙΜΛ, 5, 11 (P. fi., 38. 144-145). De meme, S. Juan Damascènu, Poî orlhoilosx, I,8(P. G., CH, 817). S. Annum sion de l’autre, seulement immédiate. Car c'est par l'intermédiaire d’Isaac que Jacob est issu des reins rdiate ; la seconde a Ht à cession a été la fois médiate et immédiate : car Seth a procédé dc la substance d’Adam immédiatement, en ce qu'il est pro­ lit bien que pareille nature semble fort éloignée de la nature unique et ires excellente, on y trouve pour- à la ressemblance de Dieu. Il faut donc, à partir dc ccttc nature, s’élever à cet observatoire dc la contemplation et, suivant la considération indiquée, rechercher avec s'y trouve pas, d’après les rapports de ressemblance ct de dissemblance. Or si nous disons qu'en Dieu il y a ces trois existences que nous avons distinguées, en plus de l'existence qui est d’clle-méme, manifestement nous semblons introduire dans cette nature une quaternité dc personnes. Aussi faut-il examiner avec attention lesK>C quelles de ces propriétés se trouvent en Dieu réellement, puisqu'elles ne peuvent se trouver en lui toutes ensemble. DE TUIX1TATB, Illud autem constat certissime ct do quo nullo modo possumus dubitare, quod ab illa principalissima exsi­ stentia necasse sit unam aliquam immediato procedere ; alioquin oportebit eam solam remanere. Constat namque quod ceterarum nulla omnino esso valeat, quao non ab illa immediate vel mediate procedat. Ubi autem non est immediata, non potest esse processio mediata, sicut nec illa quao paritor est mediata ot immediata. Sed nihil 953 0 prohibet ut immediata sit quandoque, etiam ubi modia-· tam deossc contingit. Processio immediata consistit in personarum dualitate, mediata voro nunquam sino personarum trinitate. In immediata siquidem proces­ sione oportet ut sit tam illa quae aliam producit, quam illa quae ex ipsa procedit. Mediata processio, exceptis illis personis in quibus incipit ct desinit, habet et tertiam in qua mediatio consistit. Naturaliter autem prior est dualitas quam trinitas. illa. Naturaliter itaque et illa processio prior est quae potest subsistere in personarum duolitatc, quam illa quae non potest esse sine personarum trinitate. Sed in illa personarum pluralitate ct vera aeternitate! nihil ibi aliud praecedit, nihil ibi alteri succedit ; et oo ipso nihil 0S4 Λ ibi tempore prius, nihil ibi tempore posterius. Sed quod non potest esse prius temporaliter potest osso prius eau-1 salitor ot eo ipso naturaliter. Sicut enim longe superius diximus, perfectio personae j unius exigit utique consortium alterius. Et ita fit ut una sit causa alterius. Ubi est enim plenitudo divinitatis. nitudo caritatis. Plenitudo autem caritatis exigit ut unus 11 est certain ot indubitable que de l'existence qui est absolument premiere une autre existence doit pro­ céder d'une manière immédiate ; sinon cotte existence sera condamnée à demeurer solitaire : il est clair en ciTct qu’aucune autre no peut exister sans procéder d'elle ou immëdiutomont ou médiatament ; or s’il n'y a pas de procession immédiate, il ne peut y avoir de procession médiate ct pas davantage do procession qui soit à la fois médiate et immédiate. Rien n’empècho au contraire sa 0 qu’il y ait procession immédiate là même où il n’y en diale exigo on elïel ct la personne qui produit l'autre ct cette autre qui procède d’elle ; la procession médiate, en plus des personnes où elle commence ot s'achève. médiation. 11 y a priorité de nature de la dualité sur la trinilé ; car la première est réalisable sans l’autre, jamais l'autre Sans doute dons la pluralité des personnes Sivine. et dans l’étornité véritable rien no précède, rion no suit ; 9SIA et, par lo fait mémo, il n’y a ni priorité ni postériorité temporelle. Mois où il n’y a pas de priorité temporelle il peut y avoir une priorité causale et par le fait mémo une priorité do nature. où il y a plénitude do la divinité, il y a plénitude de la bonté et en conséquence plénitude de la charité. Or la plénitude de la charité exige quo l'un aime l’autre tout DE ΤΜΧΙΤΛΤΕ, alterum sicut scipsum diligat ; alioquin illius amor adhuc habere, ut sil quem possit et merito debeat ut scipsunil diligere. Si igitur primordialem personam veraciter, quod summa caritas exigit. Et si veraciter constat eam 934 B omnipotentem esse, quidquid esso voluerit non poterit non esse. Exigente itaque caritate, condignum habero volet ; ct exhibente potestate, habebit quem habere placet. Ecce quod diximus, quod perfectio personae unius est causa exsistentiae alterius. A quo autem ost ei exsistentiae causa, ab ipso et exsistentia. Nec enim potuit, ab illa non osso a qua, ut jam diximus, est omne posse.; Ecce quomodo ratio rationi attestatur et quod ex una? convincitur ex alia confirmatur. Ecce habes personam de persona, exsistentiam de exsistentia, unam de una sola, processibilcin de improcessibili, nascibilem de quia unam do una immediate procedentem. Quod in 934 C divina natura talis exsistentia sit indubitanter agnovi­ mus : sed utrum communicabilis vel incommunicabilis, sit, nondum demonstrativa ratione colligimus. VIII Quoniam constat tertiam in Trinitate personam;, aliunde quam a sc originem trahere, oportet ut ab una Utre, soit appliqué nu Flhct Λ l*Bsprlt. il est sénéralcmcnl réservé au l'érar 1.1 VER 3. LES PROCESSIONS, VII-VIll 319 comme soi-méme ; autrement son amour serait suscep- pour avoir quelqu'un qu’il puisse et doive à juste titre aimer comme soi-méme. Si donc il est très véritable que la première personne est souverainement bonne, elle ne pourra pas ne pas vouloir tout ce qu'exige la charité souveraine. Et s'il est très véritable qu'elle est ISl B toute-puissante, tout ce qu'elle voudra sera nécessaire­ ment réalisé. De par l'exigence de la charité, elle vou­ dra posséder un égal en dignité; et grâce à l'action de sa puissance, elle possédera celui qu’elle veut possé­ der. Comme nous le disions, c'est la perfection mémo d’une personne qui est la cause de l'existence de la seconde. Celle-ci lient évidemment l'existence do ce qui est la cause do son existence. El en effet elle a nécessairement son origine en celle qui, nous le disions, est la source de tout pouvoir. Voilé comment une raison apporte h une autre raison son témoignage, comment la conviction donnée par l’une est corroborée par l’autre. Vous le voyez mainte­ nant, une personne vient d'une personne ; une existence, d'une existence ; une seule personne, d’une personne unique ; le processible, de l’improcessible -, celui qui naît, de l'innascible 1 ; une seule personne enfin unie immédiatement à une seule, du fait qu’une seule pro­ cède immédiatement d’une seule. Nous avons reconnu, 54 C à n'en pouvoir douter, que la nature divine comporte pareille existence. Mais est-elle communicable ou incom­ municable, c'est ce que nous n'avons pas encore conclu par raison démonstrative. POIS IMMÉDIATE BT MÉDIATE. VIII Il est certain que dans la Trinité la troisième personne a son origine en dehors d'cllc-mémc ; par conséquent il 320 DE TRIXtTXTE, UB. S aliqua dictarum aut ab ambabus simul habeat esse; Et quid horum qua ratione convinci possit restat inqui- Quod persona summe digna condignum habere opor­ tuerit, superius prolata perspicuae rationis demonstratio 9S4 l> invenit. Ut autem omnipotenti personae condigna esset,, oportuit ut ab omnipotente omnipotentiam accipere^ ut aequam, imo camdem omnipotentiam haberet. Nam, ut saepe dictum est, omnipotentia non potest esse nisi una. Si autem idem posse accepit, illud utique posse accepit a quo est omnium posse, omnium esse, omnium exsistere, a quo, ut superius dictum est, habet esse omnis essentia, omnis exsistentia. Si igitur idem posse est absque Trinitate personam cx ambobus et esse accepisse et Sed ad haec fortassis dicturus est aliquis : Si idem posse quod habet innascibilis accepit et habet persona nasci­ bilis, ergo accepit et habet posse a semetipsa esse, quod est proprie proprium innascibilis personae. Verum qui quod dicit. Sed, ut melius elucescat quod dicimus, hoe ipsum diligentius discutiamus. Dicitis quia si innasci­ bilis immediate tantum a se procedenti dedit plenitu­ dinem potentiae suae, ergo et posse a semetipso exsi­ stere, ulpote qui omnipotens est ct omnia potest. Ad hoc ipse respondeo et fidenter afllrmo quia a semet­ ipso est, si a semetipso esse potest. Nam natura divina omnino invariabilis est. Si ergo est a semetipso, constat eum esse quod est sine alterius dono. Sed si hoc posse ei livre 5. LES miocbssioxs, vin faut bien qu’elle tienne l’être ou d'une seule des doux nous reste ù voir. Une personne d’une dignité souvoraino requiert une personne égale en dignité, nous le savons déjà par uno 1SID démonstration lumineuse Mais pour être égale on dignité à uno personne toute-puissante, il a bien fallu qu’elle reçût de cello personne toute-puissante la toutepuissance, de manière à avoir une puissance égale ou plus exactement la mémo toute-puissance. Cor, nous l'avons dit souvent, la toute-puissance est nécessaire­ ment unique s. Si elle a reçu le même pouvoir, elle l'a reçu de celui qui est partout l'origine du pouvoir, de l'être, de l’existence, do celui qui, nous l'avons dit, donne l'être à toute essence, ù toute existence. Si donc indubitablement les deux possèdent en commun lo même troisième personne do la Trinité a reçu l'être et tient l'existence ■· On va peut-être objecter : si la personne qui est née a reçu et possède identiquement lo pouvoir mémo do l’Innaseiblo, clic a donc reçu et possède le pouvoir d’exis­ ter d'elle-même, qui est exclusivement propre à l’InI nascible. Au vrai, faire cette objection, c’est, je crois, ,9SSA no pas bien comprendre ce qu’on dit. Toutefois, pour mieux mettre en lumière notre assertion, discutons co i i 1 ) à celui qui procède immédiatement de lui la pléniludo do sa puissance, il lui a donné aussi on conséquence do pouvoir exister de soi-même, puisqu’il est tout-puissant et u tout pouvoir. Λ quoi jo réponds avec la plus formo assurance : oui, il est de lui-même s’il est possible qu’il soit do lui-même, Car dans la nature divine tout est nécessaire. Si donc il est de lui-même, très certainement il est ce qu'il est sans /..' Trirt/W. 322 ηκ τβιχιτλτε, ub. 5 innascibilis dedit, ergo ex alterius dono hoc habuit. Quid ergo ? Numquid ex scmelipso et eo ipso sine alterius, dono habet quod ex alterius dono habet ? Vides jam,, 055 It erodo, quam sil sibi ipsi contraria ista assertio. Est enim omnino contrarium rem oamdem et omnino idem ipsum haberi ex alterius dono et haberi sine alterius dono. Quid autem magis impossibile quam unum aliquid simul esse et non esso ? Sicut ergo superius jam diximus, ut summe digna per­ sona condignam haberet, prout plenitudo bonitatis' poscebat, de so immediate procedenti exsistentiae dedit quidquid ab omnipotente veraciter dari potuit. Est itaque cis commune illud posse, a quo est ceterorum· omnium et esso ct posse. Ab hac itaque gemina cxsislentii est omnis essentia, omnis persona, omnis exsistentia ergo et illa quae est tertia in Trinitate persona. Huic procul dubio assertioni attestatur quod illa, 955 C cinatione convincitur. Ibi namque manifesta ratione probatur, imo multiplici demonstratione convincilul quod, sicut perfectio unius est causa alterius, sic sane perfectio geminae causa est tertiae in Trinitate personae. Sicut perfectio unius requirit condignum, sic certo per­ fectio ulriusquc exigit condilcctum. Sed quoniam haec superius diligenter exsecuti sumus, non oportet eadem hoc loco iterum ponere, cum possit quisque eum voluerit ex illo loco repetere. Illud autem certissimum esse debet et hoc est quod de tertia persona firmiter retinere oportet, quoniam Ecco jam ex ratione tenemus quod tertia in Trinitate LIVRE 5. LES PROCESSIO**, Vtll 333 le recevoir do personne. Mais si ce pouvoir même lui a été donné par l’Innasciblo, c'est bien par le don d'un autre qu'il l'a obtenu. Que dire alors ? Est-ce qu'il possède do lui-même et par conséquent sans donation d'un autre ce qu’il possède par donation d'un autre ? Vous voyez, je pense, à quel point cet énoncé est contradictoire. Car 933 B il est absolument contradictoire do posséder une seule et suns la donation d'un autre. Quoi do plus impossible Ainsi donc, répélons-Ie, pour que la personne d'une souveraine dignité eût avec elle une personne d'une dignité égale, ainsi que le réclamait la plénitude do la niquer lo tout-puissant. En conséquence, elles ont on commun ce pouvoir qui donne Λ tous les autres l'être et le pouvoir. Cette double existence est donc l'origine de toute essence, de toute personne, do toute existence et par conséquent aussi de cette existence qui est la troi- Sans nul doute cette assertion est corroborée par la conclusion du raisonnement apporté précédemment ISS C dans notre recherche do la Trinité. Là, on effet, nous le prouvons par une raison manifesto ou plutôt nous on apportons plusieurs démonstrations convaincantes, do même que la perfection do la solde première personne est la cause de la seconde personne, de mémo assuréi mont la perfection de ces doux personnes est la cause perfection d’un seul exige un second, égal en dignité, do mémo la perfection des deux exige un autre pareil­ lement aimé ■· Mais puisque cet exposé a déjà été bien fait, inutile do lo reprendre ici ; il est loisible il chacun do s’y reporter ’. Co qui est absolument certain, oo qu'il faut rolonir fermement sur la troisième personne, c'est qu’ollo est uno existence dépendant do ceux-là mêmes qui lui donnent d'exister. Nous avons dès lors une raison pour 324 DE ΤΒΙΝίΤΛΤΕ, LIB. 5 persona esse habeat ex ceteris duabus. Quod igitur oriOKS D ginem ex duabus trahat habemus ; sed utrum hujus­ modi exsistentia communicabitis sit an vero incommuni­ cabilis, necdum ratiocinando tenemus. IX Eccc jam ex majori parte invenimus quod superius quaerendum proposuimus. Invenimus oportere esse diate tantum conjunctam. Invenimus et aliam eidem exsistentiae tam immediata quam mediata germanitate cohaerentem. Illud nunc igitur quaerendum restat utrum aliqua sit vel esse possit, quae ei mediate tantum ad- Unum est quod neminem sanae mentis credo posse' 956 A sentire, quod videlicet sit aliqua persona in divinitate cui non liceat vel quae nolit innascibilem immediate' ut sic dicam, facio ad faciem videro. Quid autem aliu< ibi est videre, quam videndo cognoscere, et cognoscendi videre ? Quid autem est innascibilem cognoscere quam sapientiae plenitudinem habere ? Nihil autem aliud est ibi sapere quam esse. Unde igitur accipit ut sapiat, inde accipit ut exsistat. Unde igitur ei sapientia, inde ot exsii tentia ; et si immediate ab illa accipit ut sapiat, et immt diate quidem ab illa accipit ut exsistat. Si quis vero dicat uvns 5. les processions, vm-ix affirmer que la troisième personne de la Trinité tient SS5 O l’être des deux autres. Mais cotte existence est-elle com­ municable ou incommunicable ? C’est ce que nous n’avons pas encore conclu par raisonnement. Exclusion nu toute autiie viiocession en Dieu. IX Voilé que maintenant nous avons découvert, pour la plus large part, ce que nous nous étions proposé do rechercher. Nous avons découvert la nécessité d’une existence et d’une seule, qui fût unie à l’Innascible d'une manière seulement immédiate. Nous on avons découvert une autre, rattachée il cette môme existence par une parenté ti la fois immédiate ot médiate. Il nous reste donc maintenant il examiner s’il y a ou s’il peut y avoir une existence qui no soit unie que médiatement à la première. Aucun homme sain d’esprit no saurait admettre, je 950 A pense, que dans la divinité il se trouve une personne qui ne puisse ou no veuille pas voir l’Innasoiblo immédia­ tement ct, pour ainsi dire, face il face >. En ollot, qu’estce que voir, dans le cas, sinon connaître on voyant ot voir en connaissant ? Et qu’est-ce que connaître l’Innascible, sinon posséder la plénitude du savoir ? Or en Dieu savoir et être sont identiques. Par conséquent, qui donne le savoir donne l’être ; celui dont on reçoit la sagesso est colui dont on reçoit l’existence ’. Do plus, si c’est immédia­ tement qu’une personne tient d’une autre le savoir, e’est d’elle immédiatement aussi qu’elle tient l'existence. Si CI. In/ro, livre 0, XII. quod immediate non videt, consequens est ut concedat quod omniformem veritatis contemplationem non habet. Juxta id ergo non habet plenitudinem omnem ot quod consequens est, nec veram divinitatem. persona videt de se procedentem, sic quaelibet pro­ cedens videt producentem. Cur ergo non eadem ralioneconvincalur illam esse ab ista, qua probatur atque con­ spondeo ot dico, quod quaelibet divina persona, ad ■ aspectum alterius divinae, accipit plenum sapere ct eo', ipso divinum osse, nisi habeat aliundo ; nocesse est nam­ que ut indo habeat, si aliunde non habet. Sed si habet/ aliunde, non necessc est etiam indo habere. Et ut id : exemplo melius elucescat, cccc veritatem scriptam uni. aliunde cognitam, alteri autem aliunde minime notam ; uterque tamen legit et intclligit ; sed solus ille veritatis: 956 C scriptae cognitionem ex inspecta lectione percipit, qui. eam aliunde non habuit. Quoniam igitur omnes divinae personae invicem se , i et immediate conspiciunt, radium summae lucis in alter­ utrum effundunt aut excipiunt. Et quia immediato, vident, immediate adhaerent. Impossibile itaque est in ; natura divina esse aliquam personam mediata lantum- ratiocinalionc confirmatur quod de tertiae personae processione superius dicitur. Quis enim eam neget videre ? Est autem utraque persona una eademque sapientia. Quoniam ergo constat cam nihil habere ex se,. Monol.. 63 (1SS, 209) ; ct M., 61.62 207. SOS). LES PROCESSIONS, IX 327 l’on dit qu’elle ne la voit pas immédiatement, il faut admettre en bonne logique qu’elle n'a pas la contemégard, toute la plénitude et par conséquent ne possède jïé B pas la divinité véritable. Peut-être va-t-on objecter : de même que toute perqui procède voit cilk }ui la produit. Pourquoi le rai[ sonnemont qui démontre que ccllc-là procède do celleI ci no démontrerait-il pas aussi bien que celle-ci procède I do celle-là ? Λ quoi je réponds brièvement : toute porI sonne divine, en contemplant une autre personne, reçoit f d’elle le savoir plénier ct, par le fait môme, l’être divin, [ à moins qu’elle ne le possède à un autre titre. Néccsleurs; mais si clic l’a par ailleurs il n'osl pas necessaire ailleurs ; tous les deux lisent et comprennent ; mais la lecture n’apprend la vérité contenue dans lo texte qu’à celui qui ne la connaissait point par ailleurs Les personnes divines se contemplent toutes mutuel­ lement ct immédiatement, elles projettent donc l’une dc la lumière souveraine. Et parce que leur vision est immédiate, immédiate est leur union. Il est donc impossible que dans la nature divine il y ait une per­ sonne qui soit unie, à une autre par une parenté seule­ ment médiate. Et ce raisonnement confirme ce que nous avons dit sur la procession de la troisième per­ sonne. Qui pourrait bien nier qu’elle connaisse les autres personnes en les voyant ct qu'elle les voie on les connaissant ? Or ces deux personnes ne sont qu’une seule ot même sagesse. Puisque, manifestement, elle no pos- LIVRE 5. I.KS l’HOCESSIOSS, 1X-X consequens est ut ex inspectione sapientiae accipiat 936 D sapore et eo ipso accipiat et esse, ubi non est aliud esso quam sapero. Ecce jam quaesitum est et inventum quod superius·, propositum fuerat ad quaerendum. Invenimus quod in divina natura sit processio tantummodo immediata, quod ibi sit quae est mediata simul et immediata, quod mediata tantum omnino ibi non sit sed nec esse possit. sèdo rien d’ello-môino, c’ost donc de la contemplation do la sagesse qu'elle reçoit le savoir et par le fait même jo l'être, qui, en Dieu, est identique au savoir. Et voilà que nos réflexions nous ont fait trouver ce qui était proposé à notre recherche. Nous avons décou­ vert que dans la nature divine il y a une procession uni­ quement immédiate ot une procession à la fois médiate et immédiate, mais qu’il n’y a pas et ne peut y avoir de procession seulement médiate. EN CHAQUE HODS DE mOCESSIOX. divinitate persona esse potuisset, procul dubio ex celeris; tribus eam originem trahere immediate oporteret. Alio-1 957 A quin alicui carum nonnisi mediata germanitate cohae­ reret, nec eam nisi mediate videret. Et si quinta persona , ibi esse potuisset, simili ratione de ceteris quatuor imme­ diate procederet. Juxta hunc ratiocinationis modum tumcumque hujusmodi progressionis series intellectua- Confirmatur autem quod hic dicimus ex his quae jam superius praelibavimus, Sicut enim duabus personi" commune est illud posse undo constat tertiam origincri trahere, sic procul dubio illud posse tribus commun· esset unde quartam esse oporteret, si quarta in divini tale locum haberet. Alioquin duae avare sibi rescr957 B possent. Quod de istis dicimus absque dubio invenies in consequentibus. Nam quantumcumque hujusmodi prosecutionis lineam produxeris, eamdem semper con­ gruentiam ubique provenire videbis. De ce que nous avons dit nous sommes fondés à tirer cette conclusion véridique cl indubitable : si dans la divinité il pouvait exister une quatrième personne, sans nul doute elle aurait son origine immédiatement dans les trois autres. Autrement il y aurait une personne liS’A avec laquelle elle n’aurait qu'un lien do parenté médiate et . qu’elle no verrait que médiatement. Et s’il pouvait exis’ ter une cinquième personne, pour la même raison elle procé­ derait immédiatement des quatre autres. Ce raisonnement I amène toujours il la même conclusion, aussi loin que par I la pensée on prolonge ccttc^ progression dans- la série. l I • pouvoir commun aux deux personnes qui est évidemment J l’origine do la troisième ; et tout de même, sans aucun i doute, ce serait un pouvoir commun aux trois personnes I qui serait l’origine do la quatrième si on Dieu il y en I avait une quatrième. Autrement, de la part des deux 1 personnes, ce serait uno avarice de se réserver à ellesI mêmes co qu’elles pourraient donner à une troisième f sans perdre leurs propriétés personnelles. Le même rat•B; B sonnement vaudrait assurément pour les suivantes. II Aussi loin que vous continuerez dans cette ligne, vous ! rencontrerez toujours et partout la même disposition. LIVRE 5. LES PROCESSIONS, X-Xl 330 Notandum autem quomodo hujusmodi differentiaj proprietatum in solo constet numero producentium.! Nam prima earum habet esse a nulla alia, secunda ab' una sola, tertia vero a gemina. Et si numerus eorum m plures abundaret, cumdem progressionis tenorem per omnes inveniri oporteret. Ecce quomodo hic ordo diffe­ rentiarum surgit et excurrit juxta modum et ordinem; numerorum. Illud quoquo notandum, quod juxta quamlibet ejus­ modi differentiam impossibile est esso plus quam unam.; 957 C personam. Nam a sola una persona non potest esse nisi' tantummodo una ; similiter quae sit tantum a gemina non potest esso nisi una sola. Nam si gemina de una tan­ tum procederet, pro ccrlo procedentium neutra alteri immediate adhaereret. Quod quam impossibile sit supe­ rius quidem ratio manifesta perdocuit. Juxta quod dictum est de una differentia, inlelligi datur ct de qua­ libet alia. Ecce in his geminae quaestionis solutionem habemus, quas superius sine solutione reliquimus. Constat siqui­ dem quoniam si ab una sola persona non potest esso nisi una tantummodo exsistentia, nec a gemina nisi ■ esse nisi una sola persona quae sit a semetipsa, sic non 957 t> potest esse plus quam una quae sil ab una tantummodf persona ; nec nisi una sola, quae esse non habeat nisr S XI Invenimus in superioribus differentias pcrsonaliiiir 331 Il faut remarquer que les propriétés ne diffèrent que selon lo nombre dos personnes qui communiquent l’être. La première personne no tient son être d'aucune autre ; la seconde lo tient d’une seule uniquement ; la troisième le tient do doux. Dans l'hypothèse où lo nombre des personnes serait plus considérable, il faudrait retrouver pour toutes lo mémo genre do progression. Voilà cc qui explique la série des différences et comment elle se développe do la mémo manière que la série des nombres. Il faut lo remarquer aussi : il no peut exister plus I d’une personne selon chacun do ces modes différents. |s57C II no peut y avoir qu’une seule personne procédant I d'une seule personne ; do même il no peut y avoir I qu'une seule personne procédant do deux personnes, î Car dans l’hypothèse où il y aurait deux personnes pro. cédant d’une seule, assurément aucune de ccs deux no I serait unie immédiatement à 1’autro. Or c’est là une ) impossibilité absolue, comme nous l'avons montré par I une raison manifeste Et ce que nous disons d'un des I modes do procession, il faut lo dire des autres. Par là nous avons la solution do doux questions que [] nous avions laissées en suspens ’. Car si d’une seule 8 personne il ne peut y avoir qu’une seule existence L et si de doux personnes il ne peut y avoir également J qu’une seul© existence, il est certain que cos deux exis[ tenecs sont incommunicables. En conséquence, tout I comme en Dieu il no peut y avoir qu’une seule personne I qui soit d’clle-mômc, ainsi no peut-il y avoir qu’une IS; 0 seule personne qui soit d'une seule personne ; et il ne ] peut y avoir qu'une seule personne qui tienne son être B de deux personnes. ! j I | I I I B I Il vaut une rnnsoxxE et une seule qui NE SOIT PRINCIPE u’aucune autre. Nous avons déterminé précédemment les différences entre les propriétés personnelles, nous avons vu corn- 332 l>B TRINITATE, t,IB. 5 l.lVBE 5. LES PROCESSIONS, XI 333 ment les personnes sont unies l’une ii l’autre, comment elles procèdent suivant la série des nombres et leur progression. Mais s’il y avait autant de personnes divines qu’il peut y avoir de différences de ce genre, il y en aurait assurément un nombre infini. Nous devons donc étu­ dier avec plus d'attention les propriétés des personnes, pour qu’il no puisse s’élever aucun doute fâcheux quant à leur nombre. non habeat aliunde quam a sc originem trahere. Sed, Nous l’avons montré, dans cette pluralité des persicut neeesse est ibi esso aliquam quae non sit ab alia, BSA sonnes divines, il faut qu’il en existe une qui ne tienne sic ibi esso oportet aliam a qua non sit aliqua alia. son origine que d’clle-même. Mais tout comme il en existe nécessairement une qui ne vient pas d’une autre, pari quidem demonstratione comprobatur. Nam si in nécessairement aussi il on existe une de laquelle aucune illa vera divinitate non esset aliqua persona a qua non 3 autre ne vient. Dans les deux cas, c’est la même raison procederet aliqua alia, sed quaelibet ex alia procedens de qui vaut, la mémo démonstration qui le prouve. Car se procedentem haberet, ejusmodi deductionis prosi dans cette divinité véritable il n’existait pas une per­ tractio in infinitum procederet et personarum series, in sonne qui n'en produisît aucune autre, si de toute per­ infinitum ducta, numerositatis suae nullum finem acci- i sonne qui procède une autre personne procédait, cet enchaînement continuerait à l’infini, la série des per­ peret. Sed nulla opinio hoe recipit, nec ratio aliqua usque- I sonnes prolongée â l’infini ne trouverait pas de terme quaque admittit. Oportet itaque ut in divinarum perù sa multiplicité. Mais aucun penseur n’admet cette 558 B sonarum pluralitate talis aliqua exsistat de qua nulla ™ position ct elle est ù exclure absolument ·. alia originem trahat. Oportet nihilominus ut eadem ipsa Il faut bien, dès lors, que dans la pluralité des perexsistendi principium ex alia habeat; sicut et illa quae; S3S B sonnes divines il en existe une qui ne soit l’origine d'au­ ox alia aliqua non est oportet ut alteri exsistendi causam I cune autre. Il faut également que celte même personne ait son principe d’existence en une autre ; tout comme il convincitur non dissimili argumento. Cum enim con­ faut que la personne existant par elle-même soit prin­ vincat ratio manifesta nonnisi unam personam po?sé-j__ cipe d’existence pour une autre. Les deux affirmations esse a semetipsa, si illa quae ab alia non est nullam de se j se justifient par la môme raison ; dans les deux cas l'argument est semblable. On démontre avec évidence qu’il n’y a qu'une personne à pouvoir exister par elleSimili quidem ratione et illa quae de se procedentem non I même : si cette personne qui no vient pas d’une autre n’était le principe d'aucune autre, elle demeurerait à tout jamais solitaire. Pour une raison semblable, si la personne qui n’en produit pas d’autre ne procédait procedant juxta modum et consequentiam numerorum.· Sed si lot essent personae divinae quot possunt esse I hujusmodi differentiae, essent utique infinitae. Oportet itaque personarum proprietates diligentius perscrutari,, ne do earum numero possit aliqua sinistra suspicio oriri. Superius probavimus quod in illa divinarum perso- petuum careret. Sed, ut superius satis evidenter oste® dimus, multiplex ratio a vera divinitate solitudinem excludit et personarum pluralitatem convincit. Oportet? 938 C itaque ut ibi sit qui exsistendi principium aliunde non· sumat sed exhibeat ; oportet aeque ut ibi sit qui c con: verso ipsum quod est ab alio accipiat et nulli alii impendat.· XII Oportet pro certo ut ejusmodi aliqua in divinitate persona exsistat, a qua, ut jam diximus, nulla alia pro­ cedat. Sed potest adhuc alicui in dubium venire, utrum Sed si duae personae essent quae hoc commune ha­ berent, procul dubio neutra illarum ab alia procederet. ' 958 Γ1 Sj neutra ab aha procederet, nec una quaelibet alteri immediate adhaereret. Si vero neutra altori adhaereret., immediate, forent utique adinvicom sola mediata germa­ nitate conjunctae. Quod quidem quam impossibile sit Est itaque proprie proprium unius tantummodo per­ sonae, de se procedentem nullo modo habere. Quemadmodum ergo non potest esse in divinitate nisi, una sola persona quae non procedat ab alia, sic absque· ambiguo non potest esse nisi una sola a qua non pro- : cedat alia aliqua. Erit itaque ista quemadmodum et esse personis aliquibus communis. Solus enim unus in illa personarum pluralitate sic accipit et habet esse ex alio, ut nullus alius omnino aut accipiat aut esso habeat * ab ipso. Eccc duarum in Trinitate personarum proprictatM I.IVBE 5. CES PROCESSIONS, Xl-xu 335 elle-même d'aucune autre, elle serait privée à tout jamais de la communauté divine. Mais, nous l’avons montré asses clairement, des raisons multiples excluent de la divinité véritable la solitude et prouvent la pluI ralité des personnes ·. Il faut donc qu'en Dieu il y ait fi8C une personne qui no reçoive pas d'ailleurs le prin­ cipe do l'existence et qui elle-même la communique ; , il faut aussi qu'il y ail une personne qui inversement reçoive d’un autre ce qu cite est et no le communique 1 à aucun autre. XII On doit tenir pour certain qu’il existe dans la divinité une personne de laquelle nulle autre no procède, nous venons de le dire. Mais on peut se demander encore : ce caractère même est-il propre h une seule personne Si ce caractère appartenait à doux personnes, évi­ demment aucune d'elles no procéderait de l'autre. Si aucune d’elles ne procédait do l’autre, elles ne seraient pas unies entre elles immédiatement. Si elles n'étaient 938 D pas unies entre elles immédiatement, elles no seraient rattachées l’une à l’autre que par une parenté médiate. entière évidence que c’est une impossibilité absolue. En conséquence c’est la propriété exclusive d'une seule personne do n’ôtre le principe d’aucune autre. Ainsi, de même que dans la divinité il no peut exister de même, sans aucun doute, il ne peut exister qu’une seule personne de laquelle aucune autre ne procède. Il y aura donc ici et là existence incommunicable ot elle ne pourra absolument pas se trouver en plusieurs per­ sonnes. Dans cette pluralité de personnes, il n'en existe qu’une seule qui reçoit et lient l’ètre d’une autre, sans être elle-même le principe et l’origine d’aucune aulro. _ El ainsi nous sommes arrives, touchant les proprié- LIVRE S. LES VROCESSIOSS, ΧΙΙ-ΧΙΙΙ tam aperta ratione collegimus, ut nullo modo vel in 337 clairement prouvées et qui ne nous laissent pas la pos- XIII De hac gemina dictarum proprietate personarum, possumus absque omni scrupulo colligere quid do illius quao inter has modia est debeamus proprietate sentire! Nam «i ibi nonnisi unus solus esse potest qui non sil ab alio aliquo, consequens est ut hic de quo [modo agimus non sit a somotipso. Item, si ibi nonnisi unus solus esse potest qui do se procedentem non habet, hunc do quo 959 B modo loquimur qui de se procedat habere oportet. Sic itaque procedit de alio, ut nihilominus tamen alius pro· cedat ex ipso. Ecce ergo, ut diximus, absque ambigui­ tate habemus quid de ejus proprietate sentire debeamus. Haec procul dubio attestatio illi assertioni concinit, quam praemissa superius disputatio invenit. Nam per­ sona illa quae de innascibili procedit tantummodo imme­ diate videtur imo convincitur utrumque habere. Nam esso quod est in ea plenitudine quam ab innascibili accipit, alteri utique sino ulla integritatis diminutions bili simul et innascibili procedit. Ecce quomodo ratio rationi occurrit et attestati' 959 C tres in tribus proprietatum distinctiones invenimus I unius est ab alio non procedere, de se tamen procedentes habere ; alterius tam ab alio procedere quam de se proce dentem habere ; tertii vero ab alio procedere, nec tamen qui de se procedat habere. Et duas quidem ex his pro­ prietatibus incommunicabiles esse jam novimus ; sed quid de tertia sentiendum sit, necdum raliocinandf apprehendimus. XIII Λ partir de la double propriété de ces doux personnes, la propriété intermédiaire. S’il no pout exister on Dieu qu'un seul qui ne soit pas d'un autre, la conséquence , est que celui dont il s'agit mnintominl n'est nas de luimême. D’autre part, s’il ne peut exister on Dieu qu’un ’ seul qui ne soit pas principe d’un autre, il faut bien que gg II celui dont nous parlons maintenant soit le principe d'un autre. Comme nous le disions, nous voilà fixés sans le I r 1 priété personnelle. Cette raison vient confirmer l'asser­ tion que nous avions reconnue valable dans nos réflexions antérieures. En effet, cotte personne qui procède immédiatoment du seul Innasciblo a bien ce double caractère, nous le constatons et même le démontrons : ear de l'innascible, elle le communique à un autre sans dimi­ nution ot intégralement. Dans la Trinité, en effet, la troisième personne divine procède à la fois de celui qui est né et de l'innascible. , s'appellent l'une l’autre. Il apparati maintenant plus foc clair que le jour que dans les trois nous découvrons I trois caractéristiques distinctes. La caractéristique de I l’un est de ne pas procéder d’un autre et d'ètro cepcncipe d'un autre ; la caractéristique du troisième est de De ces propriétés nous avons reconnu déjà que deux sont 338 »8 ΤηΐΚΙΤΛΤΚ, UB. Ο XIV Sed quia duas cx dictis proprietatibus rationis attes959 D tatione incommunicabiles esse jam novimus, co ipso idem de tertia sentire admonemur. Sed, ne haec ratio probabilis potius quam necessaria videatur, hoc ipsum quod dicitur altius investigetur. Imprimis itaque notandum diligenterque conside­ randum quomodo gemina duarum personarum pro·, prietas una alteram quasi ex opposito respiciat ct una alteri velul per contrarium respondeat. Nam unius est plenitudinem non accipere sed dare ; alterius econtra non dare sed accipere. Ubi autem est summa pulchri­ tudo, ibi nulla potest deesse perfectio. Constat, quod' consequens est et unde mens sana nullatenus dubitare sit congruentissime venustato conjuncta et ' ordinatis-I sima alteritate distincta. Oportet itaque ut, in divina illa i ΟβΟΛ personarum pluralitate summe pulchra et omnium! ordinatissima, sit mutuo hinc inde in alterutrum dif­ ferens concordia, et concors differentia. Videtur itaque osso necesse ut, inter illam cujus est plenitudinem dare: nec accipere et eam cujus est accipere nec dare, sit sola una modia cujus sit proprie proprium tam dare quam accipere, ut constituta in medio, uni altrinsecarum iohaeroat ex uno ct alteri earum conncotatur ox altero,; Sicquo fiet ut ex datione concordet cum danto ot ex acceptione concordet cum accipiente ; et e converso ex datione differat a non dante et cx acceptione differat^1’ a non accipiente, ut sit in alterutrum, siout superius jams diximus, ct differens concordia ot concors differenti^ léiulbla. Trois propriétés caraclérlsllques. oh les oxlréinos sont unis par iu I.IVBE 5. LES FIIOCESSIOXS, xtv 339 XIV Ayant déjà constaté par une preuve rationnelle que deux do ces propriétés sont incommunicables, nous 9591) sommes par là inclinés à avoir la mémo idée sur la troi­ sième. Mais pour ne pas avoir l’air do nous en tenir à uno raison seulement plausible et non rigoureuse, exa­ minons ccttc assertion d'une manière plus approfon- II faut remarquer d'abord et considérer avec atten­ tion comment les propriétés des deux personnes sont en relation d'opposition mutuelle ct sc répondent l’une à l’autre comme par une symétrie inversée. Ce qui carac­ térise l’un est de ne pas recevoir la plénitude, mais de i la donner ; ce qui au contraire caractérise l’autre est de no pas la donner, mais de la recevoir. Or, dans la beauté suprême, aucune perfection ne saurait manquer. La conséquence est manifeste, indubitable pour un homme I sain d'esprit : la pluralité des personnes divines doit I réaliser l’union dans la beauté la plus harmonieuse, la [ distinction dans l’altérité lu mieux ordonnée. Il faut ilfld Λ donc que dans cette pluralité divine des personnes, ' qui est souverainement belle et de toutes la mieux I ordonnée, il y ait, par les relations mutuelles de l’un à l'autre, différence dans l’accord, accord dans la dif­ férence. Dès lors, il paraît nécessaire d’admettre qu’entre la personne dont la propriété est de donner sans recevoir ct celle dont la propriété est de recevoir sans donner, il existe une autre personne intermédiaire de donner et de recevoir ; de manière que, placée entre les deux, elle se rattache d'une part à la première, que d'autre part elle soit unie à la seconde. Donnant, elle s’accordera avec celle qui donne ; recevant, elle s'accor­ dera avec celle qui reçoit. Et inversement, donnant, elle différera de celle qui ne donne pas ; recevant, elle diffé­ rera de celle qui ne reçoit pas. Ainsi, vis-à-vis de l'une et de l'autre, il y aura, comme nous l’avons dit, diffé­ rence dans l’accord et accord dans la différence ’. »Ε ΤΚΙΝΙΤΛ1Έ, 1.111. S 060 B Si autem duae mediae inter duas altrinsecas personas, esse dicantur, videamus quid inconvenientis hanc assecu­ tionem sequatur. Certe prima cx eis erit a nulla, alteraab una sola, tertia a duabus, quarta ex tribus, sicut superius satis diligenter explanavimus. Et haec quidem dispositio, juxta hanc considerationem, videtur habere aliquid cum arithmetica medietate. Sed modo videamus quomodo geometricae medietatis speciem, quam, ut superius palet, personarum Trinitas praetendit, quaternitatis ista dispositio, juxta aliam con­ siderationem, confundit. Certe personae causaliter primae proprium erit plenitudinem solummodo dare ; duarum mediarum tam dare quam accipere ; quartae vero tan960 C tummodo accipere non etiam dare. Ecce ex his primain solo uno concordat cum altera. Altera vero illa, non Tertia autem non in duobus quidem, sed in solo uno concordat cum quarta. Vides certo quomodo unius pro­ prietatis geminatio atque communio proportionalitatis : rationem non tam praetendit quam confundit, ordinis pulchritudinem non tam auget quam minuit. Quis autem dicat in illa summa pulchritudine aliquid esse vel esse potuisse, quod pulchritudinem minuat ordi­ nemque confundat ? In illa autem superiori proprie-J tatum dispositione, juxta unam considerationem medietas arithmetica, juxta considerationem aliam medietas geo-1 metrica, juxta Trinitatis ct unitatis collationem medietas 960 D harmonica specielenus occurrunt, ct miranda ratione'invicem sibi alludunt. Constat itaque ex his unius personae, proprie proprium esse plenitudinem tam dare quam accipere ; et hanc pro­ prietatem, sicut et ceteras duas, incommunicabilem' B Supposons au contraire qu'entre les extrêmes il existe deux personnes intermédiaires et voyons les inconvé­ nients qui s’ensuivront. Assurément la première per­ sonne ne viendra d'aucune autre, la seconde viendra d'une seule, la troisième de doux, la quatrième de trois, nous l’avons assez clairement expliqué. Et. la dispo- chose d’une proportion arithmétique. métrique, que nous avons remarquée dans la Trinité des personnes, est troublée du fait de la quatemité intro­ duite par un point de vue différent. Certainement la propriété exclusive de la personne qui est première dans l’ordre causal sera uniquement de donner la plénitude ; celle des deux personnes intermédiaires sera et de donner et de recevoir ; celle de la quatrième personne sera de sonnes, il y a accord de la première avec la seconde sur un seul point ; il y a accord do la seconde avec la troi­ sième, non su. un seul poiiil nuns sur deux. ; il y a accord de la troisième avec la quatrième, non sur deux points mais sur un seul. Et vous voyez comment le redouble­ ment et la communication d'une môme propriété, loin d’établir la proportion, la bouleverse et loin d’augmenter que dans cette beauté suprême il y ait ou puisse y avoir rien par quoi la beauté serait amoindrie et* l'ordre bou­ leversé ? Au contraire, dans la disposition des propriétés envi­ sagée plus haut, la proportion arithmétique suggérée par une considération, la proportion géométrique suggérée >D le rapprochement de la Trinité et de l’unité convergent de façon manifeste ct s’appellent l’une l’autre d'une manière admirable. Voilà qui montre clairement que c’est la propriété caractéristique d’une seule personne de communiquer aussi bien que de recevoir la plénitude ; et que cette pro­ priété, tout comme les deux autres, est incommunicable. 312 Omnibus absque dubio divinis personis constat osso commune omnem plenitudinem habere. Proprietatum autem distinctio versatur circu duo. Constat namque in dando et accipiendo. Unius namque personae pro· 901 Λ priotas, ut ex praemissis patet, consistit in solum dando, in dando quam accipiendo. Sed ad ista fortassis dicturus· est nliquis : Si una proprietas constat in sola datione,altera in sola acceptione, media inter hos in datione, simul ot acceptione, cur non sit quarta sino datione -ct acceptione in solo habere ? Quod si recipimus, quatornitatom divinarum personarum fateri videmur. Sed hujus quaostionis nodum in superioribus tarii-' apertu ratio dissolvit, ut diligons lector, quanlumlijii® idiota, indo in aliquo dubitaro vix possit. Ut onim supe-, , rius monstratum est, ratio manifesta convincit quod nisi ; una sola in divinitate persona a semetipsa esso non 1 possit. Quae igitur aliunde non accipit ut sit vel aliquid possit, si nulli impenderet quod habet, absque dubio, 061 B ut alius dictum est, in perpetuum solo remaneret. d Nullum itaque in divinitate locum quarta propriété habere cognoscitur ; unde et quatornitatis suspicior omnino secluditur. Constat itaquo quod in divina natura omnino osse non possit quarta persona. XVI Ea quae superius ' dicta sunt de amovenda a divina natura quatornitatis suspicione possumus adhuc altioriç et ovidentiori ratione confirmaro. Nam, si veri amoris LIVRE S. LES PROCESSIONS, XV-XVI Exclusion de la quaternité. Indubitablement les personnes divines ont toutes en commun de posséder la plénitude totale. La distinction entre les propriétés tient à deux modalités qui la cons­ tituent : donner et recevoir. Nous l’avons expliqué déjà, une personne a comme propriété de donner seuKl Λ lement, une autre a comme propriété de recevoir seument ; entre les deux il y a la propriété intermédiaire de donner et de recevoir. A cela on va peut-être objecter : si une propriété consiste à donner seulement, une autre à recevoir seulement, une autre, intermédiaire, tout il pas une quatrième, consistant à posséder seulement sans donner ni recevoir ? El dans cette hypothèse, nous paraissons bien admettre une quaternité de perMais la raison manifeste exposée plus haut dénoue si bien le problème qu’un lecteur attentif, fût-il sans culture, ne peut avoir à ce sujet le moindre doute. Notre argu­ mentation a prouvé à l'évidence que dans la divinité il ne peut y avoir qu’une seule personne existant par ellemême. Ne recevant pas d'un autre l'être et le pouvoir, si elle ne communiquait à personne ce qu'elle possède, sans nul Kl B doute, nous l’avons dit, elle resterait à jamais solitaire. Ainsi dans la divinité il n’y a pas place pour une qua­ trième propriété ; en conséquence toute crainte de qua­ ternité est exclue. Il apparaît impossible que dans la nature divine existe une quatrième personne. Distinction DBS personnes FAR LA RÉFLEXION SUR l’aMOUR. XVI Ce que nous venons de dire pour écarter de la nature divine tout soupçon de quaternité peut être corroboré DE TRINITATE, LIB. 5 plenitudinem in considerationem adducimus proprictatumque ad eam considerationem pertinentium dis901 C tinctionem diligenter attendimus, quod quaerimus for- ' tassis citius inveniemus. Verae autem dilectionis plenitudo in solo constat amore summo univcrsaliterque perfecto. Solus vero amor summus ille jure nominatur, qui tantus est quo non potest esse major, simul ct talis quo non potest esse melior. Unde et animadvertere licet quia veri amoris ple­ nitudo haberi non potest ab aliqua persona quae Deus non est. Alioquin, si praeter Deum aliquis veri amoris plenitudinem habere praevaluisset, utique in caritate et eo ipso in bonitate aequalis Deo esse potuisset persona quae Deus non esset. Sed quis hoc dicat, vel tenuiter aestimare praesumat ? Constat autem quia verus amor potest esse aut solum gratuitus, aut solum debitus, aut ex utroque permixtus ( 9S1 D id est ex uno debitus et ex alio gratuitus. Amor gratuitus est, quando quis ci a quo nihil muneris accipit gratanter ; impendit. Amor debitus est, quando quis ei a quo gratis accipit nihil nisi amorem rependit. Amor ex utroque permixtus est, qui allcrnatim amando ct gratis accipit ct gratis impendii. Plenitudo autem amoris gratuiti, : plenitudo amoris debiti, quemadmodum et plenitudo in utroque perlecti a persona quae Deus non est nullo modo potest haberi. Sed quoniam hoc satis ex superioribul patet, adjuncta expositione non indiget. Manifestissimum esse jam constat quod una in Trini-: tale persona nihil nisi a semetipsa habeat. Nihil omnino LIVRE 5. LUS PnOCBSSIÔNS, XVI-XVII méditant sur In plénitude de l’amour véritable et en étu­ diant avec attention, à ce point de vue, les distinctions dos propriétés, peut-être découvrirons-nous bien vite ce que nous cherchons '. La plénitude do la dilootion véritable ne se trouve que dans l’amour souverain et absolument parfait. Or seul mérite lo nom d'amour souverain celui qui est d’une telle intensité qu'il no peut y en avoir de plus intense et d'une telle qualité qu’il ne peut y en avoir de meilleur. D’où il suit, notons-lc, qu’une personne qui n’est pas Dieu no saurait posséder la plénitude de l’amour véri­ table. Autrement, ù supposer qu’en dehors de Dieu quoiqu'un eût réussi ù posséder la plenitude de l'amour véritable, il pourrait exister alors une personne égalé à Dieu en charité et donc en bonté, qui ne serait pas Dieu. Et comment lo prétendre, comment oser le moins du monde l’imaginer ? 11 est certain que l’amour véritable peut être ou bien exclusivement gracieux ou bien exclusivement obligé ou bien unissant l’un et l’autre, c'est-à-dire gracieux d'une part et d'autre part obligé. L’amour est gracieux quand on donne gratuitement à celui dont on n'a reçu aucune largesse. L’amour est obligé quand à celui dont on a reçu g ti ite r ont οι i c rend en échange que l’amour. L'amour est mixte lorsque, dans une double attitude de l'amour, gratuitement on reçoit et gratuitement on donne. Mais la plénitude de l’amour gracieux, pas plus que la plénitude de l'amour obligé et la plénitude de rumour mixte parfait, no saurait être possédée par une personne qui n'est pas Dieu. Cela ressort de ce que nous avons dit, inutile do lo développer davantage a. Il est désormais on ne peut plus manifeste que, dans la Trinité, il y a une personne qui tient tout d’elle-même. ΟΒ ΤΙΙΙΜΤΛΤΕ, LIB. 3 062 A accipit ab alio aliquo, nihil prorsus possidet ex munero alieno. Amorem itaque debitum et qualem ibi superius descripsimus nullo modo videtur posse habere qui a nullo ! alio deprehenditur aliquid accepisse unde ei obnoxius fieret vel in aliquo debitor exsisteret. Gratuitum autem amorem se habere ostendit qui pro* ; cedentibus de se plenitudinis suae abundantiam tam lar-. giter, tam libenter ct gratis impendit. Quid enim ab ipso ' personae procedentes, ab ipso quid, inquam, quasi ex debito exigere possunt, qui ipsum debitum amorem,i quem gratuito dilectori rependunt, ex ejus dono acci­ piunt ? Alioquin aliquid haberent quod ex ipso non accipissent. Quod quam falsum sit superiora docent. 962 B Habet itaque amorem gratuitum et gratuitum solum. Habet, inquam, gratuitum amorem, et, quod amplius est, gratuiti amoris plenitudinem ; amoris gratuiti ple­ nitudinem se habere demonstrat, qui ex illa plenitudine, quam habet nihil sibi soli reservat sed totum commu- care vellet cum posset, plenitudinem gratuiti amoris non haberet. Convincitur ergo amoris plenitudinem habere, cui ad omnem benevolentiae efiectum non deest ; nonPateeloUuwt. * Pe Trln.. 0,01 <10.^330). Maximinum, Π, 24, 7 <42. SOI). , „ ,l| i LIVRE 5. LES PROCESSIONS, XVII 347 βΛ Elle ne reçoit absolument rien d’aucun autre, elle ne possède absolument rien par donation d’un autre. En conséquence, l'amour obligé, tel que nous venons de le décrire, s'avère impossible en celui qui, n'ayant rien reçu, ne saurait être aucunement obligé ou débiteur à l’égard d'un autre. Au contraire, il révèle bien qu’il possède l'amour gra­ cieux, lui qui communique il ceux dont il est le principe la richesse de sa plénitude avec tant do générosité, tant de libéralité et dc gratuité. Que peuvent bien exiger de lui, oui que peuvent bien exiger é titre d’obligation les personnes qui procèdent dc lui, puisque même l'amour obligé, qui est leur réponse è son amour gracieux, est un don qu'elles reçoivent de lui ? Autrement, elles pos­ séderaient quelque chose sans l'avoir reçu de lui ; et nos remarques précédentes montrent toute la fausseté d’une parodie idée. 962 B 11 possède donc l'amour gracieux ct uniquement gra­ cieux. Oui, il possède l'amour gracieux, et, mieux encore, la plénitude de l’amour gracieux. Il montre bien qu'il possède la plénitude dc l’amour gracieux, lui qui ne se réserve rien exclusivement pour soi dc la plénitude qu’il possède, mais la communique tout entière ’. Si, ayant toute la plénitude ct pouvant la communiquer, il’ s’y refusait, il n'aurait pas la plénitude dc l'amour gracieux. Ainsi done, il possède manifestement la plé­ nitude dc l’amour gracieux, lui à qui ne manque ni I vouloir ni pouvoir pour excreer une générosité totale ·. cl JnlIlluanU du bleu qui «t caché en elle- > Foi ertli., 1.12 (P. C., 04, S4S). ThrsauruR, I, <7é, 701. 348 DE TRINITATE, US. XVIII Illam autem personam, cujus est proprium procedere, 90S C nec tamen de se procedentem habere, quoniam aliunde accipit totum quod habet, plenitudinem debiti amoris habere oportet : alioquin, si summe diligentibus summum Summo sane amore ab ipsis diligitur, a quibus omnem plenitudinem accepisse cognoscitur. Quid itaque indebiti amoris possit eis rependere, a quibus constat eum omnem plenitudinem gratis accepisse ? Et quoniam proprium est ipsius, ut ante jam diximus, de se procedentem non habere, non est in divinitate cui possit plenitudinem gratuiti amoris exhibere. Et quidem erga creatam personant, gratuitum amorem habere potest, sed gratuiti amoris plenitudinem erga creaturam habere non potest, quae enim amor esset, si summo amore diligeret qui summe diligendus non esset. Summo siquidem amore omnino . dignus non est qui summe bonus non est. Persona vero Deo aequari non potest. Plenitudinem itaque debiti amoris diota persona, juxta supradictain rationem, et habere valet et habet.;.. Plenitudinem vero gratuiti amoris omnino non habet?, sed nec habere valet. Solius itaque debiti amoris plenitudinem habere oportet; personam illam, quae de se, quemadmodum dictum est, procedentem non habet. XIX Ex his quae de duabus personis circa instantem consi943 Λ derationem jam diximus, satis elucescit quid de reliqua LIVRE 3. LES PROCESSIONS, XVll'-XIX 349 XVIII 12 C du moment qu'elle reçoit d'ailleurs tout ce qu’elle a, ment, si & l’amour souverain dont elle est aimée elle ne répondait pu» par un amour souverain, elle ne serait souverain qu'elle est aimée par ceux qui, nous le savons, lui communiquent toute la plénitude. Or que pourraitelle donner en lait d'amour non obligé à ceux dont il est certain qu'elle a reçu gratuitement toute la plé­ nitude ? Et puisque sa propriété, nous l'avons dit, est de n’avoir personne qui procède d’elle, elle ne peut trou­ ver dans lu divinité à qui témoigner la plénitude de l’amour gracieux. Sans doute elle peut bien avoir un amour gracieux .> l'égard d’une personne créée ; mais elle ne peut avoir à l’égard d'une créature l’amour gra­ cieux en plénitude ; car son amour ne peut être déréglé; qui ne serait pas digne d’un amour souverain. Celui-là pas souverainement bon : or une personne qui n’est pas Dieu ne peut être souverainement bonne, ne pouvant être égale il Dieu ·. Ainsi, d'après la raison alléguée, celle personne est capable do posséder el possède la plénitude do l’amour obligé tandis qu'elle ne possède absolument pas la plé­ nitude do l’amour gracieux et même est incapable do la posséder. C’est done bien la seule plénitude de l'amour obligé qu'on doit trouver en cette personne de laquelle, nous l'avons dit, aucune autre ne procède. XIX Les réllexions que nous venons de faire sur ces deux personnes nous montrent assez clairement ce qu'il faut 350 OB TIIIX1TATB, ii». 5 ipsius tam ab alia procedere quam de se proceden tem habere, oportet cam tam gratuito quam debit amore abundaro ot utnusque plenitudinem, utpot unius amoris uni, alterius alteri, intcgraliler exhibere Debitum quippe est quod summo amore diligit a qu totum accipit et nihil impendit ; gratuitum vero quod summe diligit a quo nihil accipit sed totum im Ecco jam npcrta ratione tenemus quomodo singu lorum propria juxta hanc considerationem distinguai debeamus. Constat namque quia in uno cx tribus es amor summus ct solum gratuitus ; in allero vero si 963 B summus ut sil solum debitus ; in tertio autem sic summu ut sit ex uno debitus, ox altero omnino gratuitus. Ecc in amore summo trina proprietatum distinctio, cum si tamen una eademque in omnibus, utpolo summa et ver aeterna dilectio. Nunc itaque ox hac veri et summi amoris specula lione, possumus colligere utrumnam, in illa divinanti personarum pluralitate, quarta possit persona locum habere. Superiora salis probant atque demonstrant quod in divinitate non possit osse nisi una persona quae sit semetipsa. Hinc etiam potest diligens veritatis indagato 963 C indubitata rationo colligere quod in illa mutua perso narum caritate non possit amor esse qui non sil aut solum gratuitus, aut solum debitus, aut simul utrumque debitus atque gratuitus. Constat nihilominus de dictis tribus quod gratuiti amoris plenitudo sit in solo uno uvnn S. LES PROCESSIONS, XIX-XX 351 dire de la dernière. Sa propriété exclusivement personpersonne qui procède d'elle. Il faut, en conséquence, qu'elle ail toute la richesse et de l'amour gracieux et de l'amour obligé ct qu'elle témoigne ce double amour dans sa plénitude intégrale, le premier à une personne d'aimer d'un amour souverain celui dont elle reçoit tout ct à qui elle no donne rien ; par ailleurs c’est une gra­ tuité d’aimer souverainement celui dont elle no reçoit rien ct é qui elle donne tout. Voilé que nous savons maintenant par une raison mani­ feste comment, dans celle perspective, nous devons dis­ tinguer les propriétés de chacune des personnes. Il est avéré qu'il y a dans l'un des trois amour souverain ct uniquement gracieux ; dans l'autre, au contraire, amour ça B souverain mais uniquement obligé ; dans lo troisième, amour souverain, mais obligé, à un titre, et, à un autre, entièrement gracieux. Telle est, dans l'amour souverain, la triple distinction des propriétés. En tous néanmoins c’est une seule ct même dileclion, la dilcction souveraine et vraiment éternelle. Et maintenant cotte considération sur le véritable et souverain amour nous permet de résoudre la question : dans cette pluralité des personnes divines, y a-t-il place pour une quatrième personne ? Exclusion du la quateunité Nous avons suffisamment prouve et démontré qu en Dieu il ne peut y avoir qu'une personne qui soit d'elleK3 c même. De lé lo chercheur é la poursuite de la vérité peut conclure aussi par une raison indubitable que, dans la charité mutuelle des personnes, il ne peut y avoir un amour qui ne soit ou bien uniquement gracieux ou bien uniquement obligé ou bien tout ensemble obligé et gra­ cieux. 11 n'est pus moins clair que des trois dont nous 352 debiti vero amoris plenitudo sit in solo altero, tam debiti Sed quid ad ista dicemus ? Numquid aliquis ex his tribus aliud aliquid est et aliud aliquid amor suus ? Numquid eorum alicui aliud est esse quam diligere, diligere quam esso ? Ubi ergo est vera illa et summa simplicitas quam superius quaesivimus, invenimus et multa rationum attes­ tatione probavimus ? talc idem ipsum sit esse quod diligere. Erit ergo uni- csse quam plures imam camdcmquc utpote summam dilectionem habere, quin potius esse ex differenti proprie- hac proprietate distincta. Nihil aliud persona altera quum dilectio sumina aha proprietate distincta. Nec . aliud aliquid est persona tertia quam dilectio sumina, tertia proprietate distincta. Juxta numerum itaque proprietatum erit ot numerus personarum. Quoniam» ergo quaelibet persona, ut diximus, est idem quod amor jam dictis tribus, sicut quartam proprietatem sic quartam 004 Λ personam nullatenus ibi invenire poterimus. Ne autem aliquis nos parum inlelligal et eapropter inconsulte reprehendat in eo quod gratuitum vel debitum posuimus, non nos utique latet quod hoc non semper sub . eadem significatione accipimus. Dicimus quia hic illum» amaro debet eo quod dignus sit. Dicimus nilulominusi parlons, l’un possède seul la plénitude de l'amour gra­ cieux, un autre possède seul la plénitude de l'amour obligé, le troisième possède seul la plénitude de l’amour obligé et gracieux. Mais alors que dire ? Chacun de ccs trois et son amour sont-ils des réalités différentes ? Pour chacun d’eux, l’être est-il distinet de l’amour cl l’amour distinct de l’être ? Que devient alors cette véritable et suprême simplicité que plus haut nous avons cherchée, trouvée ot démontrée par le témoignage de raisons multiples ? Il faut évidemment que dans la suprême simplicité 111 être et aimer s'identifient. En conséquence, pour chacun des trois, sa personne est son amour même. Qu’il y ait plusieurs personnes dans une seule divinité signifie exactement qu’ils sont plusieurs à posséder une seule et même dilection, la dilection souveraine, ou mieux qu'ils sont plusieurs ii être cette dilection, on vertu de pro­ priétés différentes En Dieu, par conséquent, cotte per­ sonne n’est rien autre que l’amour souverain distingué par telle propriété ; la seconde personne n’est rien autre rente ; la troisième personne n'est rien autre que l’amour souverain distingué pur une troisième propriété. Au nombre des propriétés correspondra le nombre des per­ sonnes. Étant donné que choque personne, nous l'avons dit, est identique à son amour et que les distinctions propres à chacune d’elles no se trouvent que dans les trois propriétés énumérées, nous ne pourrons découvrir IA en Dieu une quatrième propriété et pas davantage une quatrième personne. Qu’on évite de mal nous comprendre pour nous repro­ cher ensuite indûment l'emploi des mots : gracieux et obligé. Nous savons fort bien que ces mots n’ont pas toujours la môme signification. Nous disons : celui-ci est obligé d’aimer celui-là parce qu’il en est digne ; nous disons également : celui-ei est obligé d’aimer celui-là doni vel beneficii merito debitorem reddiderit. Sic et gratuitum, alias et alias, sub alia et alia significatione, accipi poterit. Sed sub qua significatione utrumquo hoc 9M B descriptione determinavimus. Nemo autem miretur, nemi indignetur, si ea quae do tanta profunditate sentimus verbis eloquimur quibus possumus. Ecce jam explicavimus quomodo ad superiorum con firmationem ratio manifesto convincit, quod quarta in divinitate persona locum haboro non possit. XXI Verum si huic novissimae speculationi velit quis i ejusmodi exercitatos sensus habens diligenter insistere,* multa superius disputata ct diversis demonstrationibus probata poterit fortassis ex hac sola indubitantor colh gere ct probabili assertione convincere. Si quis unum Deum esse altius intclligit, ipsum summe bonum, summe boatum esso manifesta ratione depre-; quod jam credit in id quod nondum apprehendit per liant speculam assurgere poterit. Ex hac una, ut arbitror, speculatione, personarum pluralitatem, imo totam Tri­ nitatem poterit elicere ct documentis probabilibus 'as·'; Haec speculatio, ut superior ratio docuit, suspicionen quaternitatis excludit. Haec veram divinitatem crcden- litatcm commendat, ut et substantiae unitatem coi vincat. LIVHB 5. I.KS PROCESSIONS, XX-XXI 355 parce qu'un don ou un bienfait l'a rendu son débiteur '. De même le mot gracieux pourra être employé ici ot là en des sens différents. Aussi, pour éviter de donner I prise aux attaques, avons-nous déterminé par nos expli­ cations le sens où nous voulons qu’on entende ces deux mots. Qu’on ne s’étonne pas, qu’on ne s'irrite pas si, pour exprimer notre sentiment sur un mystère si pro­ fond, nous utilisons les mots que nous pouvons. JM l> Ainsi d’après nos explications, une raison manifeste vient corroborer ce que nous avions démontré : que dans la divinité il n’y a pas place pour une quatrième per­ sonne. I I I * I Cette dernière considération, attentivement méditée, est susceptible à elle seule de fournir à un esprit exercé 1 des conclusions fermes et des arguments valables sur bien des points déjà examinés et démontrés par nos divers raisonnements. Si l’on a une intelligence un peu profonde de l’unité de Dieu, on saisit, par une raison manifeste, qu’il est lui-même souverainement bon ct souverainement heuHC roux. Mais si l'on a quelque difficulté sur la pluralité ) , I I I Ί de ce que l’on croit déjà à ce que l’on ne saisit pas encore. Celte considération permettra, à elle seule, je pense, de tirer au clair ce qui concerne la pluralité des personnes et même la Trinité tout entière et de l’établir par des raisons satisfaisantes. Cette considération, nous l’avons montré, exclut toute apparence de quaternité. Au regard de ceux qui croient et proclament sincèrement la divinité véritable, elle met en valeur la pluralité des personnes, mais en prouvant aussi l’unité de substance. ratio rooUtudinli. · Soi!.. r, dise. 10, q. 3. 356 DK ΤηΙΧΙΤΛΤΒ, LIU. S Ex hac speculatione, cujusquo personae proprietas cluscescit et in manifestationem exit. Nam diligenter sit persona quae ab alia aliqua esse non habeat, quod 964 U ibi sit quae a sola una et alia quao a duabus originem} trahat. Cogitet qui haec legit quam magnum ct utile sit prompt tum et familiare habere, ad haec omnia posse ex una speculatione omni poscenti rationem reddere. Sedi quoniam ex his quao jam diximus ad horum indagat tionem pervium iter exstruximus, haec diligentioribus perscrutatoribus plenius discutienda relinquimus. j XXII Quod autem diximus unam personam habere vel esse plenitudinem amoris gratuiti, alteram vero pleni­ tudinem amoris debiti, nemo ad id trahat quasi una aliqua 965 A quamlibet aliam in aliquo praecellat, vel melius aliquid perfcctiusque habeat, vel exsistat. Nulla ibi differentia graduum, nulla diversitas digni­ tatum. Ecce constat quoniam proprietas unius est pleni­ tudinem dare nec accepisse, alterius vero accepisse nec dare : numquid idcirco oportet unam altera meliorem; unam altera digniorem ? Absit, absit omnino hujusmodi aliqua suspicio ! Hujusmodi suspicio multos supplant tavit ct per varios errores dispersit. Nihil habet majus, nihil omnino melius qui nihil oorum quae habet ab alio accepit, quam qui nihil habet quod non accepisset Quidquid perfectionis, quidquid bonitatis, quidquii beatitudinis habet cujus est solum dare, in ea plenitu- Moyci A«e- LIVRE 5. LES l'ROCF.SSIOXS, XXI-XXII 357 Elle fait apparaître et met en belle lumière la pro­ priété do chaque personne. A qui prend soin do l’inter­ roger, elle proclame, pour une raison manifeste, que, dans la divinité, il existe une personne ne tenant l'être d’aucune autre, qu'il existe aussi une personne ayant son origine en une seule et qu’il en existe une troisième ayant son origine en doux personnes. Songez, lecteur, combien il est important et avanta­ geux d’avoir immédiatement à sa portée une consi­ dération permettant à elle seule de rendre raison à qui le demande de toutes ces vérités '. Mais, puisque nos réflexions précédentes ont frayé un chemin à ces inves­ tigations, nous abandonnons cette enquête approfondie au zèlo ot à la perspicacité des chercheurs. ÉcAI.ITlt PARFAITE OES l’EHSOXNES. XXII Quand nous disons qu’une personne possède ou est elle-même la plénitude de l’amour gracieux, une autre la plénitude de l'amour obligé, qu’on ne nous fasse pas dire que l’une aurait sur l’autre une supériorité quelconque, qu'elle posséderait ou serait une réalité meilleure ou En Dieu, aucune différence de degrés, aucune hiérar­ chie de prérogatives. Il est bien certain que la propriété d’une personne ost de donner la plénitude sans la recevoir, que la propriété de l’autre est de recevoir sans donner : faudra-t-il pour autant que l’une soit meilleure que l'autre, que l'une soit supérieure à l’autre ? Écartons, écarlons| absolument cette idée, qui a fait perdre h beau­ coup l’équilibre et les a égarés on dos erreurs diverses. Celui qui possède tout sans avoir rien reçu d’un autre ne possède rien de plus grand, rien de meilleur que celui qui possède on ayant tout reçu. Toute perfection, toute bonté, toute béatitude appartiennent è celui qui ne fait que donner ; mais elles appartiennent aussi, en cette plé- 965 B dine possidet et ille cujus proprium est totum accepisse.; Quod autem dicitur plenitudinem gratuiti amoris esse in solo dando, plenitudinem debiti in solo acci·' piendo, nemo debet sic accipere quasi hoc in illa indif­ ferenti aequalitate sit opus gratiao et non potius ope­ ratio naturae. Sed tanti mysterii altitudo nimis profunda est et vue vel nunquam ab ullo homine verbis idoneis explicari; potest. Nemo ergo miretur, nemo indignotur si, moro: Virginis matris, conceptam veritatem edendo, verboruml panniculis involvo, qui diserti sermonis sericis non valeo; quae mc non habere cognosco. Sed ubi constat de veri-', tate sententiae, nihil restat sagacis lectoris prudentiae'; nisi verba idonea, quod cum omni gratiarum actione; suscipio, veris assertionibus adhibere. XXIII 965 C Proprium est veri et intimi amoris illud efficere, in illis etiam personis quibus est diversum esse, ut sit in eis idem velle et idem nolle. Quanto magis identitas.J voluntatis illis inerit personis quibus est idem esse quod velle ot, quod consequens est, sicut unum esso ita et unum velle ! Est itaque in illa Trinitate omnibus una voluntas, una caritas, una ct indifferens bonitas. M Quantum igitur ad substantiam dilectionis erit unus. atque idem amor in omnibus personis. Et eum sit in omnibus unus atque summus, non potest esse in uno LIVRE 5. LES PBOCBSSIOXS, XXIl-XXIII 55 b nitude, à celui dont le propre est d’avoir tout reçu Do plus, quand on dit que la plénitude de l'amour gracieux consiste il donner seulement ct la plénitude de l’amour obligé seulement à recevoir, ces expressions ne sont pas à entendre comme si, dans cette égalité sans aucune différence, il y avait œuvre de grâce cl non actiMais ce mystère a des profondeurs d'abîme. L’homme arrivera à peine ou n'arrivera jamais il découvrir des termes aptes à l'exposer. Qu’on ne s’étonne donc pas, qu’on ne s’irrite pas si, à l’exemple do la Vierge Mère, mettant au jour lu vérité que j’ai conçue, je l’enveloppe de ces langes de mes paroles : je ne puis la revêtir des étoffes de soie d'un langage disert, je reconnais mon dénuement *. Mais quand une pensée est certainement vraie, il ne reste vive reconnaissance. XXIII C’est le fail d’un amour authentique el profond de réa­ liser en ceux-là mîmes dont l’être est différent un seul vouloir, un seul non-vouloir ·. Combien plus encore y aura-t-il identité de volonté dans ees personnes en qui l’être s’identifie avec lo vouloir ot en qui, par conséquent, il y a un seul vouloir comme il y a un seul être. Dans la Trinité ils ont tous une seule volonté, une seule charité, une seule bonté indivisible. Ainsi, quant h la substance de la dilection, il y aura en toutes les personnes un seul ot identique amour. Et comme en toutes col amour est un et suprême, impossible qu’il tenuiter eentlo verborum Inopia inboro. Sed quoniam parvulus Jouis lu ρ,ιιιηΐι lotero non erubuit, tenuitatis moao pauperem sensum sub verborum turmis tmnrmlttoro minimo puduit. Tolles Morbi parvulum suum pannis Involvit quelles mons ousla vorlluUm quam vel lenulter senili verbis sim­ plicibus «xponll. 1(100,1011-1012). Lo début du Da «uperexwlknU bapUimo — · - - -- —------- ' "·-*—■· —-x qu'il nlt eU dOplaeO et soit . CXVlll (CL J. Chatillos, 3. Ct. Sallusti. Cellttna, 20,5. 300 »B TKIMTATB, LIU, II quam in allero in aliquo major, non potost osse in uno) quam in altero in aliquo melior. Corio si inest omnibus; 96SD per omnia idem voile, unusquisque amat altorum quo-v diligit alterum ut se, totum quod cominunicabilc ost> ibi, vult cuilibet alteri ut sibi. Si diligit quantum se, quidquid ibi est communicabile nec ardentius desiderat sibi quam altori neo tepidius altori quam sibi. Ejusmodi itaque amor ex uno erit talis quo non potest esse melior, ex altero tantus quo non potest osse major... Erit itaque, ut dictum ost, quantum ad substantiam dilectionis, unus ct idem in omnibus amor, verumtamen'. modo mirabili in singulis propriotalum discretione dii stinctus. Nam, secundum eam acceptionem quam superius: assignavimus, erit in isto ad illum tantum graluilus, et 96β A in illo ad istum tantummodo debitus, in tertio debitus: ad unum, et ad altorum graluilus. Juxta humanum namque loquendi modum, recte dicimus amorem gra­ tuitum, qui nihil accipiens totum impendii ; debitum vero, qui nihil impendit u quo totum accepit. Dicatur itaque illa divinitatis unda ct summi amoris^ affluentia in alio tantum effluens noc infusa, in alio tam effluens quam infusa, in tertio non effluens sed solum, infusa, cum sil tamen in omnibus una et eadem ipsa j β, Io Elis ol Iu li.ul^lno. , LIVRE S. LES RI10CESS10X8, XXlll 361 soit on rien plus intense chez, l’autre, impossible qu’il soit I 0 meilleur, En vérité, puisqu’il y a on tous absolument le mémo vouloir, chacun aime l’autre comme soi-même et autant que soi-même ‘, Si chacun d’eux aime l’autre comme soi-même, il veut pour n’importe A voilà que chacune des personnes divines nous apparaît plus généreuse ct moins généreuse que les autres, plus digne ct moins digne que les autres : comme cette idée fausse révèle sa contradiction interne I Nous devons donc chasser de nos cœurs ces rêveries et tenir avec une fermeté absolue la vérité do foi que nous ne pouvons encore saisir par l’intelligence : il est certain et indubitable que dans la Trinité, au point de vue de la perfection totale, il n’y a aucune différence d'amour ou de valeur. sonnaille almCo. Π n’y a ph» do sown. I'SUe s’ast vidé do lid-mémo. » Cot exposa brillant, stylisé ot aysUmallquo, ao traduit pas la pensée de Richard et par conséquent ne saurait l’atteindre. 1. De nombreux mss ont < de On * issu de scs parents : elle exclut toute autre personne I intermédiaire. La procession médiate est celle que nous [seso I j I i I I nature, n'est paspridililtaC- · Contre ta Artais,11, SI . 378 DB ΤΜΚΙΤΛΤΚ, LID. 0 est illa quam videmus in solo hominis alicujus nepote, quae non fit nisi medianto ipsius prole. Est autem ibi processio mediata simul et immediata, ubi contingit unum eumdem hominem osso alicujus filium ct nepotem..1In humana natura, mediata processio multiplex et multiformis est, quae in divina natura omnino esse non potest. Secundum varium vero procedendi ordinem et modum affinitatis variantur et multiplicantur in humana1 natura gradus et nomina germanitatis. Alia enim est habet ad nepotem suum. Secundum quod dico de istis, 969 B intelligi potest et de aliis. In tanta autem germanitatum ' multitudine primum locum tenet ct principalem germa- . humana natura illa praecessisset, ceterarum omnium omnino nulla fuisset ; cl si eeterannn omnium omnino nulla foret, nihilominus tamen absque dubio ipsa esso potuisset. Ubi autem contingit unum oumdemque multos liberos habere, omnes utique idipsum dicuntur una ct eadem ratione. Et si contingit unum cumdcmquc hominem esse nepotem et filium ejusdem personae, utrumque quidem dicitur, non tamen eadem sed diversa valde.· ratione. Notandum autem quod Eve immediate producta est 969 C de substantia Adac, non tamen, ut superius jam diximus^ secundum operationem naturae. Et inde est quod nec illa proles istius nec iste dicitur parens illius. Sed ubi persona alicujus producitur de substantia alterius, pro-· ducitur, inquam, principali procedendi ordine et secun--. dum operationem naturae, solemus absque dubio unam Quoniam igitur solemus, juxta divinarum Scriptu-· constatons seulement dans le cas d’un homme ayant un petit-fils : elle exige l'intermédiaire de son fils. Il y a pro­ cession médiate et immédiate tout ensemble dans le cas où un seul et mémo homme est, par rapport à un autre, son fils ot son petit-fils >. ' Dans la nature humaine, la procession médiate est mul­ tiple et multiforme, ce qui est absolument impossible dans la nature divine. Et ce sont les divers ordres de processions ct les divers modes d'affinité qui, dans la nature humaine, diversifient et multiplient les degrés et les noms de parenté. La parenté d'un homme avec son fils est différente de sa pareulé avec son petits-fils ; et la même remorque s'applique aux autres cas. Mais entre 969 B toutes ces parentés multiples, la première et la principale est celle qui unit parent ct enfant. Car à supposer que, dans la nature humaine, il n’y ait pas eu d'abord£celle-là,jil n’en aurait existé absolument aucune. Tandis que dans l'hypothèse où il n'en aurait existé absolument aucune autre, même alors, sans nul doute, il y aurait pu y avoir celle-là. Dans le cas où un seul et même homme a beaucoup d'enfants, assurément tous sont appelés ses enfants à un seul ct même titre. Et s’il arrive qu'un seul ot même homme soit petit-fils ct fils do la même personne, les deux termes lui sont applicables, non certes au même titre, mais à des titres différents. Rcmarquons-le, Ève a été produite immédiatement de ! la substance d’Adam, mais, nous l’avons déjà dit, non 169 C point selon l'activité do nature. Et c’est pourquoi elle n'est pas fille d'Adam et l’on n'appelle pas Adam son > père. Mais lorsqu'une personne est produite de la sub­ stance d'une autre, je dis bien produite dans le mode principal de procession et selon l’activité de nature, l’usage incontestable est d'appliquer respectivement à ! ces deux personnes les termes de parent et d'enfant. Dès lors, puisque nous avons l'habitude, à l'exemple des divines Écritures, de transférer à la divinité, en vertu ' 380 DE TRIMTATK, LIO. 6 rarum morem, humanae germanitatis nomina pro si­ militudinis ratione ad divina transumere, possumus non inconvenienter dicere quod illa germanitas est inter innascibilem et personam de ipso principaliter proce­ dentem, quae est inter parentem ct prolem. Processio enim illa personae de persona usquequaque est imme­ diata et est secundum principalem procedendi ordinem 969 r> ct secundum naturae operationem. Quod quia satis ex superioribus liquet, ampliori expositione non indiget. III Quod autem diversus sit modus in producenda prole pro diversitate naturae, neminem puto posse ambigere. Si autem seire volumus quis sit singularis ille producendi modus in illa deitatis supereminenti ct superexcellenti natura, innascibilis bonitatem, sapientiam, potentiam rimus. Pro certo cui summe sapiens bonitas inest, nihil omnino velle potest, et maxime circa divina, nisi ex 970 Λ ratione, ut sic dicam, intima ot summa. Et si vere con­ stat cum omnipotentem esse, quidquid ibi esse vo­ luerit erit pro voluntate. Nam si in solo volendo non poterit obtinere quod voluerit, quomodo, quaeso, omni- substantialcm et conformem producere, ratione exigente, idipsum immobiliter vello. Hoc procul dubio erit ei prolem producere in eo ipso sibi per omnia complacere. I.IVIIB β. LES NOMS DBS fBUSOXXES, 11-111 381 de la similitude, les vocables de la parenté humaine, nous Fouvons dire sans inconvénient que la parenté entre Innascible et la personne qui procède de lui est celle qui existe entre parent ct enfant. Car cette procession d'une personne à l’autre est absolument immédiate et elle se réalise selon l’ordre principal de procession et selon l’ac- plus haut, inutile d’y insister davantage. La façon d’engendrer varie avec les diverses natures : personne, j’imagine, n’en peut douter. Or donc si nous voulons connaître le mode de production exclusivement propre à cette nature divine, qui transcende toute perfection ct excellence, songeons h la bonté, à la sagesse, à la puissance de l'innascible ct peut-être aurons-nous tôt fait de découvrir ce que nous cherchons ·. Il est clair que ( celui dont la bonté est souverainement sage ne peut absolument rien vouloir — ct moins encore en ce qui touche à la divinité — sinon pour une raison que je dirais SX! Λ volontiers intime et sublime a. D’autre part, si en vérité i, il est tout-puissant, tout ce qu’il aura voulu sera réalisé à son gré. Car, à supposer qu’il ne puisse, par son seul vou­ loir, obtenir ce qu'il veut, comment, dites-moi, pounat-on avec vérité l’appeler tout-puissant ? Ainsi, produire I de lui-même une personne consubstantielle et semblable, • sera, pour lui, le vouloir immuablement, en vertu d’une ( raison qui l’exige. Sans aucun doute, pour lui, engendrer J un fils sera trouver en ce fils lui-même toutes ses complaiI sances8. i I ' i 3. UtUrakmoil 11 tmKlmU Irndnlre : · pour lui engnnUror un ni*, «era Notandum quod in humana natura sexus geminatur 070 B et idcirco, secundum diversum sexum, germanitatis’ nomina variantur : parentem in uno sexu patrem, in alio dicimus matrem : prolem in uno sexu lilium dicimus,’ in alio filiam nominamus. In divina autem natura, ut in commune novimus, omnino nullus est sexus. Dignum ergo fuit ut ab eo sexu qui dignior osso cognoscitur ad Vides ergo quam convenienter obtinuit usus ut unus ex duobus in Trinitate diceretur Pator et alius diceretur Filius. Sed, ne in his aliquid a nobis indiscussum remaneat quod infirmum auditorem justo movere debeat, idipsum quod de transumptione nominum diximus diligentior. adhuc consideratione discutiamus. Mirabitur aliquis I fortassis, quare ad divina indo transferuntur nomina 970C ubi ratio similitudinis obviat ct non potius indo ubi , habitudinum collatio ex nonnulla parte concordat. Non enim habet humana natura ut filius procedat de solo patro secundum operationem naturae. Solus unus homo in genere humano processit de sola matre sino carnali patre, nec tamen sine operatione naturae. Si igitur indignum est germanitatis vocabula transferre ad divina, ex sola parte qua nonnulla similitudinis ratio alludit, quomodo congruum erit indo transumere ubi proportio; nalitatis congruentia nulla occurrit ? Notandum itaque in primis, si merito in illa deitatt dicitur Filius qui ab uno solo procedit, si merito dicitu Mmol.. 40-12 (ISS, 104). LIVRE β. LES SOMS DES PEIISOXXES, IV 383 IV Il faut le noter, comme dans la nature humaine il v a t'O B deux sexes, les noms qui désignent la parenté varient avec l'autre, mère ; l’enfant s’appelle, dans un sexe, fils, dans l’autre, fille. Au contraire, dans la nature divine, tout le monde le sait, il ne peut être question de sexe. Il conve­ nait donc que l’on empruntât les vocables au sexe considéré comme le plus digne pour les appliquer à l’Être dont la dignité est suprême ■· Ainsi, vous le voyez, se trouve parfaitement justifié l’usage qui a prévalu de désigner, dans la Trinité, l’un des deux comme le Père, l’autre comme le Fils *· Et cependant ne laissons pas sans exa­ men une question qui pourrait il juste titre émouvoir la faiblesse de quelque lecteur. Examinons donc plus attonI tivcmenl ce que nous avons dit do la transposition des I vocables. On pourrait se demander avec étonnement pourquoi on applique à la divinité certains termes au vu KO C d’une simple ressemblance et non pas d'après un accord, I au moins partiel, des manières d'être comparées entre I I . ! I naturellement de son père seul. Et il n’y a qu’un homme dans le genre humain qui ait procédé de sa mère seule, sans avoir de père selon la chair, mais non point toutefois indépendamment de l'activité de nature. Or s’il est incorreel d'appliquer à l’Être divin les termes de parente que suggère une simple ressemblance, comment cette transposition sera-t-elle légitime lorsque les êtres ne présentent aucune convenance de proportions · ? Faisons donc cetto remarque importante : si, dans la divinité, on a raison d’appeler Fils celui qui procède d’un seul, si l’on a raison d’appeler Père celui qui est sa soûle 384 LIVBE 6. LES sons UES rEBSOXXES, 385 970 D Pater a quo solo et unico originem trahit, admonemur ex his vocabulis quod principalis procul dubio germanitas ibi est quemadmodum hic in nostra natura omnino esse non potest. Ex his, inquam, vocabulis compellitur carnalis animus de divina generatione nihil carnale sapere; sed ad altiorem intelligentiam corde ascendere et de tantae profunditatis mysterio nihil temere secundun hominem judicare. :■) I> ct unique origine, ccs vocables mêmes nous signalent qu’en Dieu existe indubitablement cette parenté principale, tout comme elle existe nécessairement dans notre nature à nous. Et ces vocables obligent aussi notre esprit char­ nel à ne rien penser de charnel quant à la génération divine, mais à nous élever par le cœur à une intelligence plus haute ct à ne pas porter à la légère un jugement trop humain sur un mystère d’une telle profondeur '. Sed si ad illud recurrimus quod superius jam indui» tata ratione collegimus, quid ad hujus perplexitati enodationem Sufficiat clieerc poterimus. Quaesivimus et Il nous suffira d’ailleurs de reprendre les conclusions très fermes auxquelles nous étions parvenus pour dénouer ce problème de manière très satisfaisante. Notre réflexion a A nous a fait découvrir que, pour l’Innascible, produire de soi une personne, c’est le vouloir en vertu d’une raison qui l’exige. Λ supposer que le premier homme, Adam, eût dans sa nature le pouvoir de produire à son gré et de lui seul un être consubstantiel et entièrement semblable à lui, l’un ct l’autre, sans aucun doute, seraient unis par la parenté principale et il serait légitime dc leur appliquer les termes de cette même parenté, à l’un celui de père, à l'autre celui dc fils. D’autant que, s’ils étaient semblables en tout, ils seraient aussi du même sexe. Cette considération nous montre, vous le voyez par une raison manifeste et avec une pleine évidence, combien il est juste que, dans cette Trinité dc personnes, l’un des deux, soit nommé Père de l’autre; et le second, fils de ce même ct unique Père. . Voilà comment, dans la profondeur d'un si grand mys- exigente ratione, hoc ipsum vello. Procul dubio si proto plaslus ille Adam naturale haberet ut pro voluntati etiam do so solo consubstantialem sibi et per omnia con formem producere potuisset, principali nihilominus ger inanitate jungerentur et eisdem germanitatis nominibus hic pater, ille filius recte dicerentur. Nam si omnint conformes essent, nec in sexu quidem discreparent. Vides ergo quomodo ex hac consideratione ratio mani; festa occurrit et evidenter ostendit, quam convenient^ in illa personarum Trinitate, ex duobus unus ad altenug Pater dicitur, altor ad unum cumdom ipsum Filiui nominatur. Ecco in tanti mysterii profunditate, quomodo, in simu' lacro similitudinis divinae et nostrae infirmitatis consi9*1 B deratione, elucescit quidem ncc dissimilitudo sine simi­ litudine, nec similitudo sine dissimilitudine. Dissimili­ tudinis absque dubio est, quod in nostra natura filius de solo patre procedere non potest; similitudinis autem,. dération de notre infirmité mettent en lumière une dissemi B blance qui ne va pas sans ressemblance, une ressemblance qui ne va pas sans dissemblance *. Dissemblance indubi- dc son père seul. Et toutefois ressemblance, car, supposée Fils, z>.· «HoUione nul- 1.10 (122, ·ιω>. mnhlablM A men «I d>SΫ1»blalilM. ■ (P. C. 3. 016). 386 OK ΤΒΙΧΙΤΛΤΚ, MB. 6 nirent. Eccc jam, ut credo, ccrta et manifesta ration* ijBsius qui est ab ipso solo. Habemus jam quae sil germanitas unius persona sit do germanitate amborum ad tertiam. Existimabili fortassis ab aliquo quod amborum Illius merito di possit, qui ab utroque immediate procedit. Sed si est ipsius erit innascibilis et nepos et filius ? Haec autem tanto sunt diligenliori indagatione inquirenda quanto sunt occultiora ct necdum inveniuntur ratiocinationis Illud autem jam constat certissime quod sil celer duabus personis commune do innascibili persona proce doro. Quaerendum itaquo in primis, juxta intenlionot 0*1 I) cessionem alterius. Quamvis enim uterque procedat processione causa diversa. Sed, si mente relinemus quoi 387 possible et réalisée cette hypothèse, les mêmes termes de parenté seraient applicables à l'un ct è l'autre pour dési­ gner une parenté semblable. Dès lors, nous comprenons, Nous connaissons désormais la parenté qui unit la première et la seconde personne, il nous reste encore il la troisième. Peut-être va-t-on estimer légitime d'appeler leur (ils ή tous deux celui qui procède immédiatement de grand-père ? El lui-mème sera-t-il fils et petit-fils de l’innascible ? Questions à examiner d'autant plus soigneupas encore résolues par la suite do nos déductions ·. Dès maintenant une chose est pour nous certaine : la. deuxième ct la troisième personne ont ceci de commun qu'elles procèdent de l’innascible. Il faut donc chercher 171 η qui distingue leurs doux processions. L'un et l'autre, il est vrai, procèdent de la volonté du Père ; mais à cette double procession, il peut y avoir des motifs différents ■. Le rappel de nos conclusions précédentes nous dispensera Dees r · II· Tri»., IS, 30, lis <13,1087). Ct. S. GKiiumiie os Nasiahsb, Ditnm IMol» 3. 0-7 (P. C„ 30, ISO). superius ratiocinando invenimus, in hac fortassis alle­ gatione non oportet nos diu vel multum laborare. Manifesta namque ratio ibi evidenter deprehendit quod innascibilis condignum habere voluit et pro volun-.tate habere oportuit, ut esset cui suminum amorem? impenderet ot qui sibi summum amorem rependeret.? Nec solum condignum sed etiam condilectum habere? voluit et pro voluntate habere oportuit, ut consortem; amoris haberet, nc vol aliquid sibi soli reservaret quod in commune deduci potuisset. Condignum itaque habere voluit ut esset cui communicaret magnitudinis suae? 072 Λ divitias ; condilectum voro ut haberet cui communi-; caret caritatis delicias. Communio itaque majestatis' amoris videtur valut quaedam causa originalis alterius.; ul diximus, de voluntate paterna, est tamen in hac pro* ductione vel processione gemina, ratio alia et alia et causa diversa. VII Interest autem multum, per omnem modum, inter velle habere condignum cl velle habere condileclum| Videamus autem nunc quid horum sit prius, quid horum; 9*2 B vero posterius. Prius autem et posterius hoc loco intel- naturac. Quid ost autem velle habere condignum nisi? velle habere quem intime diligat et coaequalitatis merito digne diligere debeat ? Quid est vero velle habere Condilectum, nisi velle? habere qui secum a suo dilectore pariter diligatur et exhibiti sibi amoris deliciis secum fruatur. Sed illud; primum potest consistere in sola personarum dualitate; LIVRE β. LES ROMS DES EESSOXNBS, Vl-Vll peut-être dans la question présente do longs et pénibles efforts. Une raison manifeste et évidente nous a fait comprendre quo rinnasciblo a voulu et, selon cetto volonté, a dû possé­ der un égal on dignité, pour avoir quelqu’un à aimer d’un amour souverain et qui lui rendit un souverain amour. En plus de cet égal en dignité, il a voulu et, selon sa volonté, 11 a dû posséder un ami qu’ils aiment ensemble, pour qu’il était possible de communiquer. Ainsi il a voulu un égal en dignité, pour avoir é qui communiquer les ri- deux, pour avoir à qui communiquer les délices de la ;Λ charité '. C’est donc la communication de la grandeur qui a été, pour ainsi dire, la cause originaire de l'un ; mais tion des doux personnes ait comme principe, nous l’avons dit, la volonté du Père, à cette double production ou pro­ férantes. Ordre des deux processions. entre vouloir posséder un égal en dignité cl vouloir pos­ séder un ami commun. Examinons d’abord quel est lo B premier, quel ost le second de ccs vouloirs, en compre­ nant priorité et postériorité non d’une succession tempo­ relle mais d’un ordre de nature. Qu’ost-cc que vouloir pos­ séder un égal en dignité sinon vouloir quelqu’un qu’on aime d’un amour intime et qui par sa valeur égale exige et mérite ce juste amour ? D’autre part, qu’est-ce que vouloir posséder un ami commun, sinon vouloir quelqu’un qui soit aimé autant qu'on l’est soi-même pur son ami ot qui goûte avec soi les délices de l'amour dont on est comblé ? Or le premier de ces vouloirs peut se réaliser dans la seule dualité des per- LIVRE 6. LES NOMS DES EKIISONKES. VII-VIII DE ΤηΙΧΙΤΛΤΒ, LIB. C istud autem posterius omnino subsistere non potest sine personarum trinitate. Quantum vero ad ordinem trinitas non potest deesso dualitas ; potest autem dualilas esse etiam ubi contingit trinitatem deesse. Con­ stat itaque naturaliter prius dilectum esse quam condi072 C lectum habere. Quantum ergo ad naturae ordinem,' principalior est processio illa cqi inest principalior pro­ cedendi causa. Scimus autem quod secundum ordinem humana pro certo natura, primum locum tonet gorm» nilas illa quae est hominis ad filium, secundum autem illa quae est hominis ad nepotem suum, tertium locuin tonet quam homo quilibet ad suum pronepotem habet, et consequenter idem in consequentibus videre licet,' Quid autem in hac nostra natura facit hos differentes germanitatis gradus, nisi diversus in diversis procedendi modus ? Nam, ubi non est in pluribus procedendi multi? formitas, nec ulla in germanitate diversitas. Contingit namque unum oumdemquo hominem habere libet® 0121) plurcs, sed propter oumdem procedendi modum una est germanitus quam habet ad omnes. Sed utique sic pro simili vel dissimili modo processionis, variat™ procul dubio ct qualitas germanitatis. Sed jam luco clarius constat quod uterque duorum de Patro procedat. Est tamen alius procedendi modus in uno ct alius procedendi modus in alio, Oportet ergo? ut alia sil germanitas quam habet ad unum et alia quamS innascibilis habet ad alium. VIII Principalior autem est illius processio pro modo naturae, quem constat ab innascibili solo procede^ 391 sonnes : le second au contraire est absolument irréalisable en dehors d’une trinité do personnes. Il y a donc priorité de nature de la dualité par rapport h la trinité : car la triI nité suppose nécessairement la dualité, tandis qu’il peut ! v avoir dualité sans trinité. Do toute évidence, celui qu’on ' aime précède naturellement l’autre qu’avec lui on aime ’. ’lise Ainsi, dans l’ordre de nature, cette procession est piin1 cipale dont la cause mémo est principale. Or nous savons i que l’ordre de procession va régler indubitablement l’ordre de parenté. Il est certain que, dans ht nature humaine, la l parenté qui vient lu première est ocllo d'un homme avec i son Gis ; la seconde, colle d’un homme avec son petit-fils ; ' la troisième, cello d’un homme avoc son arrière petit-fils i et ainsi de suite. Or qu'ost-cc qui constitue, dans notre I nature, ces divers degrés do parenté, sinon la diversité [ dans les modes de procession i1 Car, entre plusieurs indiI vidus, s’il n'y a pas divers modes de procession, il n’y a i aucune différence do parenté. Un seul cl mémo homme H12D peut avoir plusieurs enfants : comme ils procèdent de la même manière, sa parenté avec tous est la mémo. Ainsi : donc, c’cst évidemment le mode de procession, semblable I ou dissemblable, qui fait varier la nature do la parenté. Il nous apparaît maintenant plus clair que le jour qu'en I Dieu l’un et l’autre procèdent du Père, mais scion doux I modes différents do procession. Par uno conséquence ! nécessaire l'Innasoible a des parentés différentes avec I l’un et avoc l’autre. [ f La raocnssiON de n’est vas la tiioisiùme veesonne une filiation. VIII La procession principale Solon la nature est la proces­ sion do celui qui, nous lo savons, procède du seul. Innas- Ubi vero est principalitas processionis, ibi ct principa­ litas germanitatis. Obtinet autem principalem locum germanitas illa quae est patris ad filium. Merito ergo, ut superius jam diximus, filius ipsius dicitur, qui ab innascibili principaliter procedere comprobatur. Sed si alia germanitas ost quam innascibilis habet ad unum ot alia, ut jam probavimus, quam habet ad alium, si unus ex iis ejus filius veraciter dictus est, alius ipsius filius veraciter dici non potest. Quid est enim dictuir unum alterius esse filium, nisi principali germanitat illi esse conjunctum ? Sed ille qui tertia in Trinitat. persona est principali, ut probavimus, germanitate innascibili conjunctus non est ; undo nec ejus filius recte Sed scimus, sicut sufficienter in superioribus proba­ vimus, quod ille in Trinitate tertius procedit a ceteris duobus. Si igitur non est filius unius, nec erit filius al­ terius. Nam prorsus uno eodemque modo procedit tam a Patre quam a Filio. Siquidem ulrobique una cademquo ri bus patet, eadem replicare non oportet. suum, nulla occurrit media in humana natura. Quae ergo, quaeso, erit germanitas illa quam habet Pater ct Filius LIVRE I'·. LES NOMS DES l-KRSOXXES, VIII cible celui dont il est prouvé qu’il procède de lui ti titre principal. Mais du moment que les parentés de l’Innos· cible avec l’un et avec l’autre sont différentes ct nous input, nu premier, il est impossible qu’il convienne véri- l’avons montré. En conséquence on ne peut correctement l'appeler son fils ·. D’autre part nous savons, pour l’avoir suffisamment deux autres. Si donc il n’est pas fils de l’un, il ne sera pas tous égards; ce que nous avons dit le lait clairement res­ sortir, inutile de reprendre cotte explication. Mais s’il n’est pas fils du Fils, lo Père du Fils ne sera pas son petit-fils. Or entre la parenté du père avec son fils et sa parenté avec son petit-fils, il n’y a, dans la nature humaine, aucune parenté intermédiaire. Quelle sera donc. sième personne de la Trinité · ? LIVRE 6. LES NOMS DES FEnSOXXBS, VIII-IX 395 } Assurément, dans la nature humaine, toute procession p3 C personnelle immédiate est procession principale. Mais dans la nature divine, nous en avons déjà la pleine évidence, le cas est dilTérent. Lé, vous trouvez bien une procession qui est immédiate et principale ; mais vous en trouvez aussi une autre qui est immédiate sans être principale. Etant donné que, dans la nature humaine, il n’existe aucune procession qui soit immédiate sans être princid’ôtre transposé en Dieu pour exprimer cette parenté. Vous le constatez, pour désigner la parenté du Père et du Fils avec cette personne qui procède de l'un et de l'autre, le vocabulaire usuel est absolument déficient. TROISIÈME PERSOXNR. IX 9'3 l> Ainsi donc on n’a pu attribuer à cette personne, selon notre usage habituel, un des termes de parenté. Néan­ moins les expressions des Saintes Écritures ■ Souffle de Dieu » ou « Esprit-Saint ■ 1 ne sont pas sans impliquer quelque similitude. Le mot souffle désigne ce qui procède de l’homme et sans lequel l'homme ne peut vivre. Mais si de Dieu celui dont nous parlons, cette dénomination semtoute évidence, le souille qui procède de l'homme n'est pas consubstantiel 11 l’homme. Tandis que l’Esprit de Dieu est et lui est absolument égal en tout. Cependant pourquoi s'étonner que, par analogie, on appelle Souille du Père celui qui, dans les divines Ecritures, est appelé le Doigt de Dieu * ? L’expression « Doigt de Dieu » n’insinue en lui prictatis suae similitudinem refertur. Digitum sane pro­ tendimus, cum aliquid alicui ad oculum ostendere volumus. Quando igitur Deus alicui interna et occulta sapientiae suae Spiritus sui illustratione revelat, quid aliud quant sui inspiratione, docet nos de omnibus. Nonne magister veritatis Spiritum sanctum divinum esso spiramen vclut per similitudinem docuit, quando discipulis apparens, insufflavit ct dixit : Accipite Spiritum sanctum? Sicut superius diximus, spiritus de homine procedit ct sine ipso homo omnino non vivit. In eo igitur quod Spiritus: 974 B sanctus Spiritus Dei dicitur, aeterna de eo qui aeternus. est processio denotatur. Imo et in eo ipso quod est ei de Deo aeterna processio, in eo ipso, inquam, intelligi dore ct aeternitatem habere non potest quod Deus non prietas exprimatur in eo quod Dei llaincn vel spiramen vel Dei Spiritus dicitur, in sequentibus commodius explicabitur. Ad profundiorem mlelligcnltam nos vocat ot magno, mysterio non vacat, quod ille qui procedit do duobus, 974 C ut diximus, dictus est Spiritus sanctus. Nam Pator Spi­ ritus ost ot Filius Spiritus est, sicut ox Evangolio didi-1 cimus, quoniam Spiritus est Deus, Similiter ot Putor sanctus est ot Filius absque dubio sanctus ; et ulriiinqùg de utroque voraciter dici potest. Quod igitur utrique pari ratione convenit, quomodo solus ille quasi proprium nomen accepit ? Sed appropriatio ejusmodi denomina LIVRE 6. LES NOMS BBS PERSONNES, IX-X 397 caractère propre. Nous tendons le doigt pour guider lo regard de quelqu'un vers un objet. Eh bien ! lorsque Dieu révéle h quelqu'un, par la lumière de son Esprit, les Mvrids intimes de sa sajrM·. qm iml-il mnm ei.mme montrer du doigt ce qu’il veut faire voir ? Car le Père et le Fils, qui sont absolument un seul et môme Dieu, nous enseignent tout par l’inspiration do leur Esprit. Le Maître une similitude que le Saint-Esprit est un Souille divin, lorsque, apparaissant à ses disciples, il souilla sur eux en disant : « Recevez le Saint-Esprit ' ? » Connue nous l’avons SUB de Dieu, on indique qu’il procède éternellement de celui qui est éternel *. Bien plus, en cela même qu’il procède éter- sible à qui n’est pas Dieu de procéder de Dieu et d’être éternel. Nous allons expliquer plus à loisir comment les mots : Souffle, Emission ou Esprit de Dieu, expriment un Nous sommes conviés à une intelligence plus profonde comme nous l’avons dit, soit nommé le Saint-Esprit. Car le Père est Esprit et le Fils est Esprit, nous lo savons par l’Évangile qui déclare : « Dieu est Esprit3 ». De même le et pour l’autre. Comment alors cotte expression, qui leur convient également, lui est-elle réservée comme son nom propre 4 ? Si pareille dénomination lui est appropriée, Ut, propre à une seule personne ΐ Oe Trtn,, S, 11, 13 (42, 91S-OIO) ; 15, 10, 37 (42. 10S6-10S7). 398 1>8 ΤΒ1Κ1ΤΛΤΚ, l.lll. 6 tionis omnino non videtur esse praeter rationem expri­ mendae cujuscumquc proprietatis. Si vero simile quid habet divinae proprietatis spiritus illo qui do humano corporo procedit et est corporalis, cur non multo magis in aliis levius, in aliis vehementius spirat, in his tepidius, 9741> in illis ardentius flagrat, nisi intimus anum affectus ot aestuantis amoris impulsus ? Hinc est quod illi quidem dicuntur unum spiritum habere, uno spiritu incedere, quibus inest unum consilium, idem propositum ; qu idem amant, idem affectant ct pari voto desiderant lilur ct secundum veritatem movetur. Sine hoc spiriti nullus spirituum est sanctus, neque spiritus humanus, procul dubio sanctus esse incipit, quando quod pietati: pietatis affectus, hic sane spiritus, quando spirat, de mul- Ad hujus itaque spiritus similitudinem qui procedit et spirat de multorum cordibus, dictus est Spiritus sanctus ille qui in Trinitate personarum procedit ex duo­ bus. Quis enim dubitet, nisi summa insania ductus quod in Patre in Filio sit idem pietatis affectus ct amor LIVRE 6. LBS MOMS DES l-EBSOXXES, X 399 c’est bien sans aucun doute pour exprimer i'une do ses propriétés *. S’il existe déjà une ressemblance avec la propriété divine en ce souille d’ordre matériel qui pro­ cède de l’organisme humain, comment la ressemblance ne serait-elle pas bien plus réelle encore en cc souffle qui procède de l’esprit humain et qui est spirituel ? Qu’ostee donc que ce souffle du cœur humain, chez les uns plus léger, chez les autres plus fort, en ceux-ci plus tiède ct en 0UO ceux-là d’une ardeur plus brillante, sinon une affection intime de l’âme, une impulsion de l'amour embrasé ? C’est pourquoi l'on dit que ceux-là ont un seul esprit, agissent en un seul esprit, qui ont un seul dessein ot le mémo pro­ pos, qui ont les mêmes affections, les mêmes sentiments, les mêmes désirs. Et lorsque ce souffle do nature spiri­ tuelle est animé par la piété et qu'il se meut selon la vérité, c’est alors qu’il est saint véritablement , c'est alors qu’on peut véritablement le qualifier de saint. Sans un tel esprit, aucun esprit n'est saint, ni l’esprit do l’homme, ni l'esprit de l’ange. Il est clair que l'esprit de l'homme commence à être saint, quand il aime ce qui est pieux, quand il déteste et abhorre ce qui est impie. Et e’est bion co sen­ timent de piété, c’est véritablement le souffle de ce même esprit qui, d’une multitude de cœurs, fait un seul Ainsi donc, c'est à l’image de cet esprit qui procède et s'exhale de cœurs multiples qu'on appelle Esprit-Saint celui qui, dans la Trinité, procède des deux personnes. Qui donc, en effet, pourrait douter, à moins d'être complète­ ment fou, qu’il y ail dans le Père ct le Fils un même senti- Ailleurs. nrauKD. suivant une ligne do nenide dllTdronU. explique pour­ quoi on attribue epdclnkmont au Satal-Beprll lee termes do · concordln ■ dlaEler ellam quantumad erratums. S'nm quod In erraturis connexio eolcl Inveniri eel de Imitallono vol slmllltutllna Spiritus innotl. · De Irlbtu appro­ priate (IM. M3). 400 DE TSIRITATB, Lia. 0 veraciter idem et unus ? Hic igitur amor, qui communis est ambobus, dictus est Spiritus sanctus ; hic est ille qui a Patre ct Filio sanctorum cordibus inspiratur, iste per quem sanctificantur, ut sancti esse mercantur. Sicut, spiritus humanus vita est corporum, sic Spiritus iste vita est sanctificans. Merito ergo Spiritus sanctus dicitur; ■ sine quo nullus spiritus sanctus officitur. Habet itaque? nomen ex re, habet nomen pro rationis similitudine. XI Hoc itaque nomon quod est Spiritus sanctus soli uni quasi proprium attribuitur, quamvis juxta rationem substantiae omnibus commune videatur. Notandum quod sunt quaedam proprietatum nomina quae nulla ratione possunt convenire nisi uni soli per* sonae. Hinc est quod solus unus dictus est Pater, solus unus dictus est Filius, sicut superius jam satis osten­ dimus. Hinc est quod solus Dei Filius imago Patris dicitur, hinc item quod solus ipse Verbum Dei nomi-· natur. Fides catholica latetur cl ratio multiplex altes?, tatur quod qualis Pater, talis Filius, talis Spiritus? 973 C sanctus. Absque dubio uterque Patri consimilis, uterque Patri per omnia coaequalis. Si sapientiam, si potentiam? penses, si bonitatem, si bealiludinein cogites, nihil majus in uno, nihil minus in altero, omni remota ambiguitate,* reperies. Si igitur Dei Filius recte dictus est imago Patris, pro ratione expressae in co similitudinis, cur non etiam Spi- 973 B MVlili S. LUS NOMS DES l'I'.KSONNNS, 401 nient de piété et véritablement un seul ot même amour ? C’est donc cet amour commun il tous doux qui est appelé le Saint-Esprit. C’est lui qui est insufflé par le Père et le 1 Fils au cœur des saints, c’est lui qui les sanctifie pour leur donner le mérite de la sainteté. Tout comme le souffle do l’homme est la vie du corps, ce Souffle divin est la vie des esprits. L’un est la vie qui donne In sensibilité ; l’autre, la vio qui donne la sainteté. On est bien fondé à appeler Esprit-Saint celui sans lequel aucun esprit n'est saint. Ainsi il tient son nom de lu réalité, son nom est justifié par une similitude *. Ln Saint-Esfuit n’bst pas l’image du Pèbe. comme son nom propre, bien que, du point de vue de la substance, il apparaisse comme un nom commun ù tous. Nolons-lc bien, certains des termes désignent les pro­ priétés qui conviennent exclusivement ù une seule permème, seul le Fils de Dieu est appelé Image du Père, seul il est appelé Verbe de Dieu. Or la foi catholique affirme et tel aussi le Fils et tel l’Esprit-Saints ». Indubitablement KC l’un et l'autre est semblable au .Père, l'un ot l’autre est. en tout égal au Père. Pensez à la sagesse, è la puissance, son­ gez il la bonté, ù la béatitude, vous ne trouverez rien de plus grand chez l'un, rien de moindre chez l’autre : là-des­ sus aucune hésitation possible. Mais alors, puisqu’il est exact d’appeler le Fils de Dieu Image du Père, pour la raison qu’il exprime en lui-même (ISO, 439-140). DK TniMTATE, Lia. 6 ritus sanctus imago Patris recto dictatur, cum utrique similis et coaequalis inveniatur ? si ad proprietatum considerationem recurrimus. Comquam daro. Proprium autem Spiritui sancto habere neq. hoc igitur solus Filius expressam 975 D alicui dare. In h;; ----------- in sip iitioin habot ot imaginem tenet, quod sicut divinitatis plenitudo manat de uno, sic et endom ,Ί plenitudinis largitio manat dc alio. Nec minus aliquid 1 nec alio modo accipit Spiritus sanctus ab uno quam ab alio. Nulla autem persona omnino a Spiritu simoto Patris in seipso non exprimit. Ecce habes cur imago Patris dicatur solus Filius et non etiam Spiritus sanctus, adhuc expressius, vel. ut sic' dicam, grossius loquamur. Imago, juxta eoiisuetudinem humanam, magis solet 976 Λ litudinem oxtrinsecam. Nam si interiora statuae cogites, non tani similitudinem quam dissimilitudinem invoniesljç Ut igitur de illa personarum Trinitate aliquid loquamur juxta humanum modum, quasi intrinsecus eiuque est, quod est apud somelipsum, quasi vero extrinsecus est ; habitudo quam habot ad alium. Eaindem autem habi­ tudinem quam habet Pator ad Spiritum sanctum, eam-' dem, inquam, constat habere ct Filium. Quoniam igitljfl Patris habitudinem in plenitudinis suae largitione prae· LIVRE 6. LES NOMS RES PERSONNES. XI 403 Nous aurons bien vite, je crois, dénoué ce problème en cn ce que la plénitude de la divinité qui découle de l'un s'épanche également et découle de l'autre. Le Saint-Esabsolument à aucune autre personne In plénitude divine : il n’exprime donc pas en soi l’image du Père. Vous savez maintenant pourquoi seul le Fils est appelé Image du massive. Habituellement, dans le langage humain, on parle d’image plutôt à cause d’une ressemblance exté­ rieure que d'une ressemblance intérieure. Nous disons quement, bien sûr, à raison de la ressemblance extérieure ; car si vous songez à l'intérieur do la statue, vous y trou­ verez dissemblance plus que ressemblance. Eh bien ! pour ce qui est, pour ainsi dire, intérieur à chacune d’elles. dire, extérieur, c’est son rapport a une autre. Or )c rap- toute évidence, identiquement le même. Étant donné qu’il manifeste cette relation du Père en communiquant sa propre plenitude, on a bien raison do réserver au Fils l'expression : Image du Père *. De l’Esprit, au contraire, •104 ηκ τηιχιτΛτκ, r.m. 0 Nam Spiritus sanctus nec Patris nec Filii imago dicitur, quoniam in habitudine quam dixunus neutri assumlatur. Ecce in tanta mysteriorum profunditate, ubi clare; 97β B videro non possumus, similitudinum attrectatione pal­ pamus. Sed nec illud praetereundum quod idcirco fortassis, non immerito Spiritus sanctus dicitur, ut eo ipso falsads opinioni obvietur, ne quis, propter praedictam ejus pro·? prielatcm, de ejus benignitate minus digne sentire? videatur. XII Item si quaeratur qua ratione solus Dei Filius Verbum; dicatur, ex proprietatum nihilominus considerationeI hoc ipsum eliciendum videtur. Ecce dicamus quod prbferentis verbum sensus ot sapientiae ipsius a quo pro­ fertur solet esso indicativum. Recto ergo Verbum dici­ tur, per quem Patris, qui fons sapientiae est, notitia manifestatur, Sed ad ista fortassis respondes et dicis quia nomen' . Patris manifestatur non solum per Filium verum etiam por Spiritum sanctum, siquidem ipse Spiritus sanctus, est illa unctio quae nos docet do omnibus, ipse qui nés. omnia docet et suggerit ot in omnem veritatem intro-; ducit. Si juxta hanc rationem Verbum dicitur Filius, cur non similiter Vcrbmn dicatur etiam Spiritus sanctus Addamus itaque quia verbum nascitur dc cordo solo et ipso propalatur proferentis intentio. Jure igitur solius’?. = . iΐ r:S |lj i!s th î-l noire*coniialssaiîco .Iu mviUra ilo Ilion. on onnouinl In ri*hnmhn tslonr&ruar LIVRE β. LBS NOMS DBS I'EIISONNBS, Xl-XII 405 on ne dit pas qu’il est l’image du Père, ni l'image du Fils, puisque, à cet égard, il ne ressemble ni à l'un ni ù l’autre. Dans une telle profondeur de mystères, où la claire vision 97GB nous est impossible, nous cherchons comme è tâtons, il l’aide des similitudes ·. Ici n’omettons pas une remarque : peut-être la raison pour laquelle on dit « le Saint-Esprit » est-elle de prévenir une idée fausse : qu'on n’en vienne pas, à cause de son caractère propre indiqué plus haut, à mésestimer sa bonté ·. XII De même si l’on cherche la raison pour laquelle seul le les propriétés qui semble devoir la fournir. Disons d’abord que le verbe qu'on profère est habituellement révélateur des sentiments ct de la sagesse do celui qui le profère. Il connaissance du Père, lui-même source de la sagesse !. nom du Père est manifesté, non seulement par le Fils *, mais aussi par le Saint-Esprit, puisque le Saint-Esprit est lui-même cette Onction qui nous instruit de tout », puis­ qu’il est lui-même celui qui nous enseigne tout, nous sug­ gère tout, et nous introduit dans toute la vérité e. Si c’est la raison pour laquelle le Fils est appelé Verbe, pourquoi le Saint-Esprit ne le serait-il pas également ? Faisons donc cette remarque complémentaire : le verbe naît du cœur seulement et il manifeste au dehors la pensée de celui qui le profère. C’est done à juste titre que 3. CL Ealâlailiqiie. 1, S. Λ propos do ootto «source. S- Avoosrrx «lit (contre les ariens) : ■ Fons fontem gonull... l’ons orgo <10 tonte, Filius do Patre ot slmul ambo tons unus.· Contra Maximinum, il, 23, 1 (42, SOI). Patris sola genitura Verbum nominatur, per quod ipse, qui principalis est sapientia, manifestatur. Juxta hoc convenire. Filio soli. Sed adhuc fortassis iterum dicis quia aliud videtur, esse verbum cordis ct aliud videtur esse verbum oris 976 D illud do cordo oritur, istud vero ore profertur ; illud' interius latet, per istud cordis cognitio patuliori solet,: Et neutrum eorumquo utratnquo diotarum proprie-! tatum habet, sed una unius, altera videtur alterius. I Sed dico quia, si subtilius pensos, idem verbum osso invenies ct quod corde concipitur ot quod vocc pro· * fertur. Quid est enim vox, nisi verbi vehiculum, vel, si magis placet, verbi indumentum ? Numquid est alius i Numquid, quaeso, verbum quod ore profers proferre potuisses, nisi ipsum prius per cogitationem in corde intellectum, nonne idem verbum incipit esse in corde 977 Λ ad locutionem cordis, quemadmodum habet ad loeu-' tionem oris, non omnino opus haberet ut ei exterior* locutio fieret. Ex his, ut credo, patenter inlolligis quod idem verbum ost oris quod cordis ; sed in cordo est sili» voco, in oro vero cum voco. Absque dubio una et eadem veritas corde concipitur, verbo profertur, auditione addis­ citur. Verbum esso habet ex solo cordo, auditio aulerrii ab utroque. Quoniam ergo verbum do solo cordo procedit ct per LIVRE 6. LES SOMS DES OEnSOXXES, XII 407 le Fils unique de l'unique Père est nommé le Verbe, car il manifeste celui qui est la sagesse primordiale. Ainsi l'appellation de Verbe ne semble convenir à raison de l'analogie qu'au Fils seul. $7SI> différentes : celui-là vient du cœur, cclui-ei est articulé par les lèvres ; l'un est intérieur cl caché, l'autre, habi­ tuellement, révèle la pensée du cœur. Ni l'un ni l'autre no possède à la fois celle double propriété : l'un, semble-t-il, a la première ; l'autre, la seconde. A quoi je réponds : une analyse plus déliée vous fora découvrir que c'osl lo même verbe, qui est conçu par le cœur et exprimé par la parole. Qu'esl-cc que la parole, sinon le véhicule du verbe ou, si vous aimez mieux, lo vêlement du verbe ? Allez-vous dire que l'homme vêtu et l’homme une fois dévêtu sont deux hommes différents ? Ditcs-moi, le verbe que vos lèvres profèrent, auriez-vous pu le proférer, s'il n'avait existé d'abord par la pensée dans votre cœur ? Et quand le s-erhe ainsi proféré a été saisi par l'auditeur, n'est-cc pas le même verbe, qui exis­ tait d'abord en votre cœur et commence d'exister en son besoin de lui parler au dehors. Voilà qui montre claire- les lèvres cl dans le cœur, mais sans paroles dans lo cœur, sur les lèvres avec des paroles. Très certainement c'est une existence du cœur seulement ; l'audition dépend du cœur et du verbe l. Ainsi, puisque le verbe procède du cœur seulement et ipsum cordis sagacitas innotescit, recte a simili Dei Filius Verbum Patris dicitur, per quem paterna claritas mani­ festatur. In Patre omnis veritatis conceptio, in ejus Verbo omnis veritatis prolatio, in Spiritu sancto omnis veritatis 97" B loquHur. Non igitur Pater potest dici Verbum, qui non omnis veritatis manifestatio. De hoc verbo habes in psalmo : Erudafil cor meum' verbum bonum. In hoc secundum superius dicta, alia intrinseca, alia extrinseca. Intrinseca vero est illa quam capit solus Spiritus flatus cooperatione, exterior autem omnino non Iit nisi ipso coopérante, sic sane in illa supereminenti natura, 97" C interna illa locutio agitur auctore Patre solo : nam solus locutio peragitur auctore etiam flamine divino, hoc est Spiritu sancto. Hinc est etiam quod idem Spiritus nunc flamen, nunc spiramen, nunc Spiritus Dei dicitur, per quem spiritibus angelicis et spiritibus humanis Dei Verbum inspiratur. Ecce habes quod superius proposuimus, cur unus solus tes sous οι» rensosxes, xu 409 qu'il révèle la sagesse du cœur, on a raison d’appeler, par analogie, Verbe du Père ce Fils de Dieu qui manifeste lu gloire paternelle. Dans le Père se trouve la conception do toute vérité, dans son Verbe l’expression dc toute vérité, dans l’Esprit-Sainl l’audition, de toute vérité, suivant ce <|iie nous lisons de lui dans l’Éyangile : · Il ne parlera pas sonne. Le Saint-Esprit, non plus, car il ne procède pas d’un seul. Il n’y a que le Fils qui soit Verbe, car il procède d'un seul qui est l'origine de la manifestation dc toute vérité. C'est de ce Verbe qu’il s’agit dans le psaume : · Do mon cœur jaillit une parole excellente ’. ■ C'est en ce Verbe intérieure est eelle qui n’est comprise que du Saint-Esprit; la parole extérieure est celle qui est comprise par l'esprit créé. Et tout comme, en nous, la parole intérieure est produite sans la coopération du soulllo humain, tandis quo la parole extérieure requiert absolument celle coopéra­ tion, de même, assurément, dans celle nature suréminentc Esprit -est appelé tantôt Souffle, tantôt Haleine, tantôt Esprit dc Dieu : c'est lui en effet qui inspire aux esprits angéliques ct aux esprits humains le Verbe de Dieu. Dès lors vous avez la réponse à la question posée : pour­ quoi dans la Trinité un seul est appelé Esprit de Dieu ; et «0 ΟΕ ΤΜΧΙΤΛΤΚ, LIB. β in Trinitate dictus sit Dei Spiritus, habes nihilominus cur Verbum Dei dictus sit solus Filius. XIII Ecce dum unam quaestionem solvere laboramus'; 077 D aliam incidenter incurrimus. . Diximus quod Dei Filius loquitur; ct qualis vel quanta por ipsum manifestatur Sed, sicut Filius clarificat Patrem suum, nonne ot Pater revelatione sua clarificat Filium suum, juxta hoc quod caro et sanguis non revelavit tibi, sed Paler meus qui in i coelis est? Sed attende no forte secundum quemdam clarificandi modum Filius clarificet Patrem suum, Pater a Filio. Apparet itaque in Filio paternae proprie­ tatis gloria quanta sil, qui Filium talem ot per omnia 078 Λ sibi aequalem et habere voluit et potuit. Quantae ; reservavit, nihil habere voluit quod non illi communi-. caverit ! Ecce habes singularem quemdam clarificandi; modum, secundum quem Filius clarificat Patrem suum. -, Sed forte ad haec objicis ct dicis quia codom clarifi­ candi modo Pater clarificatur etiam a Spiritu sancto, i Ont.. 4, 20 (P. c.. 30. i»>. FUs esi olorine par lo qui lui donoo do les accomplir ; lo PCm act glorind LIVRE 6. LES ROMS DES rnSOXXIS, XII-XIII vous comprenez également pourquoi seul le Fils est appelé Verbe de Dieu XIII Mais en essayant de résoudre un problème, voici que est appelé Verbe, disions-nous, parce qu’il proclame la gloire du Père et manifeste par lui-même la nature ct la rifie son Père, n’est-il pas vrai aussi que le Père glorifie son Fils en le révélant, selon la parole du Fils lui-même à Pierre : « Bienheureux es-tu, Simon, fils de Jean, car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux ! » ? Itemarquez-lc pourtant, son Père, mais non pas le Père de son Fils. Ainsi le Fils révèle dans toute sa magnificence la gloire propre du Père ΙΛ même. Quelle bonté, quelle aménité, quelle bienveillance de ne s’être rien réservé pour soi de toutes les richesses de communiquer ! Telle est la manière absolument unique lui aussi, glorifie le Père de la même manière. Tout comme gt-neiilu In hananu nawantls «l. · /X· Tria, 3.13 <10. S3). DE ΤΠΙΧΙΤΛΤΕ, UB. 6 Sicut onim Filium coesse sibi voluit, ut haberet cui communicaret magnitudinis suae divitias, sic ct Spi-. ritum sanctum cohaerere sibi voluit ut esset cui com­ municaret caritatis suae delicias. Utrumque paternam gloriam loquitur, in utroque paterna proprietas decla­ ratur. Sod nota quod praedicta paternae proprietatis: 0*8 B clarificatio, quam habet Palor in Filio, non est ei com3 munis cum aliquo, quoniam Filius est a Patro solo. Illa autem clarificatio, quae relucet in Spiritu sancto, non est declaratio paternitatis, nec est solius Patris, sod est ei cum suo Filio communis. Nam Spiritus sanctus non est a Patre solo, sed prorsus pari modo tam a Patro quam Recte ergo Filius Verbum vel lingua Patris dicitur, in quo solo, juxta praedictum modum, paternitatis gloria declaratur. ΧΠ' Diligenti consideratione dignum videtur qua ratione, Spiritus sanctus donum Dei dicatur. Sicut in superio*! »78 eribus evidenti explanatione ostendimus, in Patre est plenitudo amoris gratuiti, in Spiritu sancto plenitudo,' amoris debiti, in Filio plenitudo amoris debili simul et gratuiti. Quomodo autem haec omnia oporteat intclligi, satis ibi diligenter expressi. In illa vero summe simplici natura, ubi non potest esse compositio aliqua, pro ccrtol non est aliud aliquid Spiritus sanctus ct aliud aliquid amor ipsius. Quid itaque est Spiritus sancti datio vel missio, nisi debiti amoris infusio ? Spiritus sanctus ergo tunc homini divinitus datur, quando debitus deitatis, amor menti humanae inspiratur. Cum onim hic Spiritu^ spiritum rationalem intrat, ipsius affectum divino ardore , 1.1VllΕ ». LES NOMS OKS PEKSOSSBS, Xlll-XlV 413 le Père a voulu le Fils coexistant avec lui, pour avoir li qui communiquer les richesses de sa grandeur, ainsi il a voulu le Saint-Esprit uni ù lui étroitement, pour avoir il qui com­ muniquer les délices de sa charité. Les doux processions proclament la gloire du Père ; les deux processions (ont apparaître le caractère propre du Père. Notcz.-le toutefois, celle glorification de sa paternité que le Père trouve dans 118 II le Fils lui appartient exclusivement, puisque le Fils a son origine dons le Père seul. Au contraire la glorification qui resplendit aussi dans le Saint-Esprit n’est pas une mani­ festation de la paternité ; et elle n’appartient pas exclu­ sivement au Père, mais tout aussi bien à son Fils. Car le Saint-Esprit ne procède pas seulement du Père, il procède absolument de la même manière ct du Père ot du Fils. Il est donc légitime d'appeler lo Fils Verbe ou Langue du Père, puisque lui seul mot en lumière de la façon que nous avons dite la gloire de la paternité. ? XIV Nous devons examiner avec tout le soin qu’elle mérite la question de savoir, à quel titre le Saint-Esprit est appelé Don de Dieu. Nos explications antérieures ont « C montré avec évidence que dans le Père se trouve la pléni­ tude de l’amour gracieux, dans le Saint-Esprit la pléni­ tude de l’amour obligé, dans le Fils la plénitude de l’amour à la fois gracieux et obligé. Et j’ai déterminé alors assez î soigneusement le sens précis de ces expressions ·. Or dans la nature divine souverainement simple, où aucune com­ position n’est possible, il est absolument certain que le I Saint-Esprit et son amour ne sont pas deux réalités dis­ tinctes. Dès lors, qu’cst-cc que 1e don ou la mission du où l’amour obligé qui se trouve dans la divinité est inspiré ù l’âme humaine. Car lorsque cet Esprit entre dans 1 âme raisonnable, il enflamme ses affections de l’ardeur divine DE ΤΚΙΧΙΤΛΤΚ, LIB. 6 inflammat et ad proprietatis suae similitudinem trans­ format, ut auctori suo amorem quem debet exhibeat. Quid enim est Spiritus sanctus nisi ignis divinus ? Omnis enim amor est ignis sed ignis spiritualis. Quod quo loquimur circa cor foedum, frigidum ct durum. Nam nigredinem, frigiditatem, duritiam paulatim deponit et totus in ejus a quo inflammatur similitudinem transit; Nam ex succensione ignis divini, incandescit totus, exar­ descit pariter ct eliquescit in amorem Dei, juxta illud Apostoli : Caritas Dei diffusa est in cordibus nostris per Spiritum sanctum, qui datus est nobis. quam per Patrem et Filium ? Sed scimus quia Pater auctorem vel datorem non habet, unde nec nisi gea979 A tuitum amorem habere valet. Filius autem, ut superius In divino itaque amore, proprietati Filii vel proprietati Patris conformari non possumus, qui simul utrumque'. non valemus. In quo enim, quaeso, utero. creatura Creatorem suum gratis diligere valet,a quoi hhabet · · lotum · - quod··habet? .· .. LIVRE 6. LES NOMS DES PERSONNES, XIV 415 ct la transforme à la ressemblance de sa propriété perqu’elle lui doit '. Qu’est-ce que le Saint-Esprit sinon le feu divin ? Car tout amour ost un feu, mais un feu spirituel. Ce que le fou matériel réalise pour le fer, le feu dont nous parlons l'opère dans le cœur impur, glacé, endurci. Pénétrée par ce feu, l'iline humaine perd progressivement toute noirceur, toute frigidité, toute dureté. Elle passe tout entière h la res­ semblance de celui qui l’enflamme. Brûlée par ce feu divin, elle devient tout entière incandescente, elle est tout entière embrasée, elle se liquéfie dans l’amour de Dieu, suivant co mot de l’Apitre : « La charité de Dieu a été répandue dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné a.» Mais pourquoi cette expression « par le Saint-Esprit s nous le savons, le Père n’ayant ni principe ni donateur, USA Fils, lui, nous l’avons dit, possède il la fois l'amour gra­ cieux et obligé. C’est pourquoi, dans l’amour divin, nousmêmes ne pouvons être conformes au caractère propre du Fils, ni au caractère propre du Père, car, vis-à-vis do Dieu, nous ne pouvons avoir ce double amour, nous ne pouvons du moins avoir l’amour qui n’est que gracieux ·. Comment, dites-moi, une créature pourrait-elle aimer d'un amour gracieux son Créateur de qui elle lient tout ce qu’elle possède ? rem spiritalem Ignem me ? · Den). major, 5, 6 (loo. 175); In I‘»„ 2S (id.. 200)1 De aaerlficlo Dauldtld., 1011) ; t>e dlnrrmUa auerlfirll Abrahu,,. tld,. 1056-1057). Ct. IIUOOKS im Saint-Victor : - Sdmut quod amor ΙκηΙο ml · <176, 054). suivant l’expression do 1·. Vioxacx ■ la spteulallon trlnllalro so lie a I'liWal S. Atkanasb :. L’Bsprll mt appelé (par l’Ëcrllure) el est vraiment lo Menu. El lo sceau Imprime lo Pm, do manière quo celui qui est ainsi seelW possido la formo du Christ.. A Sbraplan, 3. 3 (P. G„ 26, 620). In quantum igitur auctori nostro debitum amorem red- j dilnus, in tantum pro certo Spiritus sancti proprietati] illi inspiratur, ut illi in quantum sibi possibile est conii- ' guretur. Mittitur autem haec datio vel datur hacc missio I 9*9 B namque sanctus ab utroque habet totum quod habet. I velit venire et nobis inesse. attribuitur ingenito, sapientia genito, bonitas Spiritui 1 sancto ? caritas, omne in commune novimus et quotidiano expo- I rimcnto probamus. In his itaque quae manifesta et I 979 C nobis nota sunt erudimur, ni fallor, ad eorum notionem 1 enim his forma quaedam et imago summae Trinitatis exprimitur. Et quoddam nobis velut speculum propo- conspiciuntur. Quae igitur sunt in trinitate ista re- j spondent his quae sunt in Trinitate illa, tria tribus, ] Videmus quia potest esse multiplex potentia, etiam ubi UVaE 0. I.KS NOMS DES FEHSOXXES, _ Ainsi, pour autant que nous faisons remonter il notre la propriété du Saint-Esprit que nous sommes configurés. C'est justement à cette fin qu'il est donné, qu’il est ins­ piré à l'homme, pour que celui-ci, dans toute la mesure du cet envoi nous est donné en même temps et de la même manière par le Père ct par le Fils. Car c’est de l’un cl do l’autre que le Saint-Esprit tient tout ce qu’il possède. Et puisque c’est, de l'un et do l’autre qu’il lient être, pou- voient ou le donnent, lui qui a reçu d’eux de pouvoir ot vouloir venir en nous et y habitor *. Il me plaît de reprendre ici une question que je me sou­ viens d’avoir traitée ailleurs. Pourquoi les expressions qui attribuent spécialement la puissance à l'inengendré, la sagesse à l’Engendré, la bonté à l’Esprit-Sainl ’ ? la bonté ou la charité, nous le savons tous, instruits par une expérience quotidienne. Nos connaissances très i C claires ù ce sujet nous aident, je crois, il connaître ce qui dépasse les capacités de l’homme. Cos trois qualités sont comme uno figure et une image do la Trinité : nous avons là comme un miroir permettant h l'esprit de voir par les créatures ce qui est invisible en Dieu ■- Entre ment au nombre ternaire, aux similitudes, aux pro­ priétés. aux termes individuels. C’est un fait qu'il et ne peut y avoir sagesse. Ne parlons pas des éléments 2. De tribus appropriait* personi* En Trinitate (100, 001-091). vel quibuslibet rebus insensatis. In rebus etiam ani­ matis et brutis est potentia audiendi, videndi ; potentia ambulandi, comedendi ct bibendi et cetera hujusmodi. 070 0 In his vero nulla sapientia est, nulla naturaliter inesso potest. Constat ergo, quod superius dictum jam est, esse sapientia. Econtra autem ubi nulla potentia est, nulla sapientia inesso potest. Nam posse sapore absque dubio est aliquid posse. Dat itaque osse posse, non , sapientia potentiae, sed potentia sapientiae. tam habet potentiam, multam sapientiam, sed nullam’ omnino voluntatem bonam. Bonitatis est autem bene1 velle : quid est enim bonitas nisi bona voluntas ? Testis itaque est Lucifer ille, obduratus in sua perversitate, quod possit osso multiplex potentia, simul et multi-.; formis sapientia, ubi nulla manent bonitatis vestigia. ; Econtra autem nulla bonitas inesse potent, ubi sapientia^ 080 Λ vel potentia omnino defuerit. Nam posse bene velle est aliquid posse. Sapientiae vero est discernere inter bonum' et malum. Et sine hujusmodi discretione, nescit voluntas, quid sit eligendum. Ut possis ergo bonitatem habere, posse, sapientia dat nosse, sine quibus bonitas non pro-* dit ad esse. Contrahit itaque suum esse bonitas vera tam a sapientia quam a potentia. In hac itaque rerum trinitate, sola potentia non est de reliquarum aliqua"; sapientia autem est de potentia sola ; bonitas vero de potentia simul et sapientia. Vides certe quomodo in hac rerum trinitate expressae sunt proprietates Trinitatis illius summae ct aeternae. Ibi est persona ingeniti, quae 080 B ab ingenito solo. Ibi est persona Spiritus sancti, quae est tam ab ingenito quam a genito. Quoniam ergo in LES NOMS DES PglUOKKKS, ni des objets insensibles. Mais dans les êtres vivants et les sance de se mouvoir, de manger, de boire et d’autres du ;9D ter naturellement aucune sagesse. Ainsi apparaît ce que nous affirmions : il peut y avoir puissance multiple, là même où il ne peut y avoir aucune sagesse. Tout au contraire, où il n’y a aucune puissance, il ne peut y avoir aucune sagesse. Car pouvoir être sage est indubitablement un pouvoir. Ce n'est donc pas la sagesse qui donne à la puissance, mais la puissance qui donne à la sagesse de De même, il est certain que Lucifer « qui s’élevait à l'aurore 1 » possède une grande puissance, une grande sagesse, mais ne possède absolument aucune bonne vo­ lonté. La bonté consiste à bien vouloir ; qu’est-ce que la bonté, sinon la bonne volonté ? Ainsi Lucifer lui-même, endurci dans sa malice, atteste qu’il peut exister puissance multiple et sagesse multiforme, là même où il n'y a plus trace de bonté. Tout au contraire, il ne pourra y avoir aucune bonté où manquera totalement sagesse ou puisIA sance. Car pouvoir bien vouloir est un pouvoir. D'autre Erl, c’est la sagesse qui discerne entre le bien et le mal. sans ce discernement, la volonté ne sait que choisir. Pour être capable d’avoir la bonté, il vous faut savoir ct pouvoir choisir le bien ; c’est la puissance qui donne dc pouvoir, la sagesse qui donne de savoir : sans elles la tient son être et de la sagesse et de lu puissance. Dans celle trinité, seule la puissance ne procède d’aucune autre ; la sagesse procède delà puissance seule; la bonté procède certainement comment cotte trinité d’ici-bas exprime les propriétés de la Trinité suprême et étemelle. Il y a en celle-ci la personne de l’Incngendré qui ne procède d'au­ cune autre ; la personne de l’Engendré qui procède du IB seul Inengendré ; la personne de l'Esprit-Saint qui pro­ cède à la fois dc l’Inengendré et de l’Engendré. Ainsi, du moment que la puissance exprime le caractère propre de 0K TRINITATE, LIB. 6 LIVRE 6. LES NOMS DES PERSOXXES, XV-XVI ___ .......ur proprietas ingeniti, speciali quodam considerationis modo, merito ascribitur illi. Sed, quoniam in sapientia exprimitur proprietas geniti, merito ct illa, rinengendré, il y a une raison de la lui attribuer d'une manière spéciale ; du moment que la sagesse exprime le caractère propre de l’Engendré, il y a aussi une raison de la lui attribuer d'après le même principe; ainsi encore, puisqu'on découvre dans la bonté le caractère propre du Saint-Esprit, on a raison de lui assigner plus spéciale­ ment la bonté. Voilé comment celte trinité naturelle sug­ gère une réflexion qui nous montre, dans un exemple, une manière possible de comprendre ce qu'on nous enseigne des propriétés divines '. ot ei bonitas specialius assignatur. Ecce quomodo ex hac rerum trinitate surgit consideratio, cx qua per exem­ plum ostenditur qualiter inlclligi valet quod de divinis 421 Justification des termes EncENDRÉ RT IxENCBNDllé. OSO C Quarc autem Pater dicatur ingenitus. Filius vero genitus, perfacile est videre nec eget laboriosa expos!· Solus Pater a nullo alio est ; et idcirco genitus nulla ab alio accepisset. Merito ergo ingeniti nomen accepit, qui ab alio aliquo originem non habuit. Si vero Filium non genuisset, Pater nullatenus dici debuisset. Quod autem Filium ab aeterno habuerit ex praedictis jam patuit. Filius itaque, quem ab aeterno habuit, ab aeterno genitus fuit ct merito dici debuit quod ab aeterno esse XVI Pourquoi le Père est appelé Inengendré et le Fils Engen­ dré, rien de plus facile à saisir, nul besoin d’exposé laboLc Père seul ne procède d'aucun autre : impossible donc absolument de l’appeler engendré ; car, s'il était quence, il mérite le nom d* Inengendré, n'ayant pas son origine dans un autre. Par ailleurs, s’il n'avait pas engendre de Fils, il aurait été abusif de l’appeler Père. Mais il a eu un Fils éternellement, cela ressort de ce que nous avons dit. Le Fils qu’il a eu éternellement a cté éternellement engendré cl il faut dire qu'il a reçu l’être éternellement ·. C'est pourquoi on l'appelle Engendré et Filius. Germanitatem namque illam quam habet Patet non seulement Engendré, mais Uniquc-engendré : car 980 D ad Filium, nec Pater, nec Filius habet ad Spiritum san-’_ . dans la Trinité il n’y a qu'un Fils. Cette parenté du Père ctum. In humana natura, ubi persona de persona gignitur, IlSOI) avec le Fils, ni le Père ni le Fils ne l'ont avec le Saintunus pater, alter filius nominatur. Recte ergo Spiritus 'I Esprit. Dans la nature humaine, quand une personne sanctus genitus non dicitur, ne qui filius non est Clius I engendre une personne, l'une est appelée père, l'autre fils. * On a donc raison de no pas donner au Saint-Esprit le i nom d’engeudré, pour qu'on ne voie pas un fils en celui I qui n’est pas fils. El, d'autre part, on ne lui donne pas le SeaeraUonfe Ml nuclor Mterau» ML > De THntlolf, 12, 2S (10, 448). 422 DB TIUBITATB, I.IB. 6 esse putetur. Nee tamen ingenitus dicitur, ne eo ipso is qui a semelipso non est aliunde originem habere negetur. Nomen enim geniti, quandoque strictius, quandoque; largius accepimus. Non enim omnibus quae gignere vel nitatis vocabula attribuimus. Cum homo hominem gignit, hunc parentem, illum prolem ; hunc patrem, illum filium ; hunc genitorem, illum genitum norma loquendi dicere consuevit. Arbor ramum gignere dicitur ; nec tamen arbor parens, neo ramus proles dims nominatur: 081 Λ Ramus florem gignit ; nec tamen illo pater, hio filius dici consuevit. Vermis ex fructu gignitur ; noc tamen hic genitor, illo hujus genitus nominatur. Ecce vermem secundum unam aeccptionom genitum dicimus et sccuntj dum aliam acceptionem genitum nogamus. secundum operationem naturae. Productio vero, quae, secundum operationem naturae non est, generatio generata. Quaedam autem naturalis productio praedicta illa germanitatis nomina suscipit ; quaedam, ut jam diximus, omnino non suscipit. 981 B Quoniam igitur productio Spiritus sancti, prout diximus, talis non ost ut debeat dici filius, merite quidem non dicitur genitus. Sed quia ejus processit secundum naturae productionem est, non debuit dic ingenitus. Rationabiliter itaque, sicut jam diximus uvnB «. r.us koms nus pbbso.xsbs, xvi nom d’inengondré : ce serait par le fait même nier qu’il ait son origine on dehors do soi, lui qui pourtant n'est pas de lui-même. Car le terme d'engendré ost pris tantôt au sens strict, tantôt au sens large. Dans lo langage usuel, nous n’em­ ployons pas les mômes termes de parenté pour désigner tous ceux dont nous disons qu’ils engendrent ou sont engendrés *. Quand un homme engendre un homme, nous parlons de parent ot d'enfant; l’un est père, l’autre fils, l’un engendrant, l’autre engendré : tel est l'usage ordi­ naire do la langue. On dit que l’arbre engendre le rameau ot pourtant on n'appelle pas l’arbre père, ni le rameau son 981 A fils. Le rameau engendre la fleur, dans le cas on n’a pas coutume do dire parent et enfant. Le ver est engendré par le fruit ; cependant on ne dit pas alors engendrant ot engendre. Ainsi scion les divers emplois du terme, tantôt nous disons, tantôt nous no disons pas du ver qu’il est engendré ·. La génération au sens large n’est pas autre chose que la production d'un existant par un existant, selon l’acti­ vité de nature. Une production qui n’est pas selon l’ac­ tivité de nature ne peut être, d’après l’usage, appelée vité de nature : aussi ne dit-on pas qu’il l’a engendrée. De plus, comme nous l’avons remarqué, pour telle de ces productions naturelles on peut employer les termes de parenté déjà indiqués, pour telle autre on ne le peut pas. 981 n Ainsi, puisque la manière dont le Saint-Esprit est pro­ duit n'autorise pas, nous l’avons dit, à l’appeler fils, on a raison de ne pas l’appeler engendré. D’autre part, puisque sa procession est une production de nature, on ne doit pas l'appeler inengendré. En conséquence, il est rai­ sonnable, nous le disions, de ne pas l’appeler engendré : ce a. I.’exomple de la · génération spontanée . du ver. admlsa par l’auteur tel. tn/ra. e. XVtll). montre bleu la diversité des sons possibles des mots I, q. 27. art. 2 : I. q. 93. art. 2. 424 DR ΤΚΙΝΙΤΛΤΒ, LIB. β genitus non dicitur, ne qui filius non ost filius osso cre­ datur. Rationabiliter nihilominus ingenitus non dicitur, ne in hoc naturalem originem habuisse negetur. XVII Quantum ad humanam naturam spectat, consub- I 981 C stantialcm sibi do seipso producere, idem videtur esse quod prolem gignere, quod filium generaro. In natura autem divina, si bone perpenditur, multo/1 aliter invenitur. Pator siquidem tam Filium quam Spi- j ritum sanctum de seipso producit, uterquo autem consub- , stantialis sibi exsistit. Et tamen utorquo ejus filius dici· \ non potest, quoniam utriusque productio uniformis non est. Si enim utraque uniformis esset, una, secundum ordinem naturae, altera principalior non fuisset. Quod, autem una principalior altera sit. superior disputatio' invenit. Scimus autem quoniam in propagatione humanarum personarum multiformis est modus, secundum diversos germanitatis gradus, sicut superius jam diximus. Nam alius est procedendi modus filii dc patre suo, alius nepotis/1 981 D ab avo, alius autem pronepotis a proavo. Quod vero dico de istis videri potest et in reliquis. Inter omnes·, autem procedendi modos constat primum locum tenere/ et ceteris principaliorem esso illum procedendi modum' ceterorum nullus exsistendi locum omnino habebit. Quando autem transumuntur nomina de humanis ad divina, constat utique hoc fieri similitudinis gratia, juxta id quod in Apostolo legitur : quia invisibilia Dei per ea quae [acia sunt, intellecta conspiciuntur. Juxta rationem, ergo similitudinis propositae, quid aliud intelligitur cum Deus dicitur Deum gignere, Pater Deus Deum Filium generaro ? Quid, inquam, aliud oportet intelligcre quam LIVRE 0. LES ROMS DBS PEIiSOSSES, XVÏ-XVI1 425 terme suggérerai!, qu'il ost fils, alors qu'il ne l’est pas ; il est raisonnable également de ne pas l’appeler inen­ gendré ce terme nierait qu'il ait une origine naturelle. XVII Dans la nature humaine, produire de soi un être çiSl C consubstantiel it soi, avoir une progéniture, engendrer un fils, c’est, à ce qu'il semble, la même chose. Dans la nature divine au contraire, on découvre à la réflexion qu'il en va tout autrement. Certes le Père produit de lui-mème et le Fils et le Saint-Esprit ; l’un ct l’outre lui est consubstantiel ; et pourtant ils ne peuvent tous deux être appelés fils, cax* la production n'est pas la môme pour l'un ot pour l’autre. S’il y avait unilormité dans les deux productions, l’une ne serait pas, dans l’ordre de la nature, principale par rapport 4 l’autre. Or l’une est principale, nous l’avons constaté au cours de nos réflexions précédentes ‘. Nous savons que, dans la propagation des personnes humaines, il y a bien des modes divers, en accord avec les divers degrés de parenté, nous l’avons déjà expliqué. Le fils procède de son père, le petit-fils de son grand-père, SI D l'arrière-petit-fils do son arrière-grand-père selon des modes différents; ct cela se vérifie dans les autres cas. Entre tous les modes de procession le premier évident- fils procédant de son père. Car où il n’y a pas celui-ci d'abord, aucun des autres ne pourra se réaliser. Or la transposition des vocables de l’humain au divin se lait évidemment en vertu de la ressemblance, selon le l'esprit par les créatures !. » D'après la ressemblance qui s’offre à nous, que laut-il comprendre par ccttc expression que Dieu engendre Dieu, que le Père qui est Dieu engendre le Fils qui est Dieu, oui, que faut-il comprendre sinon que 426 OB ΤΒΙΝΙΤΛΤΒ, LIB. 6 illum qui producit alium de se procedentem, juxta prini 982 A cipalcm procedendi modum producere ? Credimus et rationis attestatione consecuti sumus Patrem gignere' et, quod consequens est, Filium nasci dc Patro. Creditur, ex generatione esso processio Filii, smo generatione esse processio Spiritus sancti. Si quaeris quid sit Deum divi? nam personam gignere, do se sibi conformem et consub­ stantialem, secundum principalem procedendi moduri» producere. Si quaeris quid sit. Filium nasci de Patre,, hoc est unum de allero, secundum principalem proco, dendi modum, procedere. Ex generatione procéder! idem videtur quod in procedendo principalem proce? dendi modum habere. Sine generatione procedere idem! videtur quod in procedendo principalem procedendi modum omnino non habere. Generationem, nativitatem, 982 B processionem per omnia oportet intolligcro pro modo' ot dignitate tantae excellentiae et proprietate supers eminentis noturae. Si igitur quaeris quis sit producendi modus, illo pro certo quem superius jam diximus. Producenti procul dubio qui est ipsa omnipotentia, idem erit do se alium producere quod ox ordinatissima causq idipsum vello. Ex principaliori autem causa id velle; idem erit quod generare. Nam, cum uterque procedendi modus constet in voluntate, differunt tamen pro causai) alteritate, undo ot in causa principaliori constat principalior modus procedendi. audi™ ■ Vultis super his quao diffusius jam diximus -------- ---verbum ahbroviatum ? Ingenitum vello habere do se sibi conformem atque condignum, idem mihi vidotu 982 C quod gignere Filium. Tam genitum quam ingenituri vello habere condilectum, idem videtur quod prodit cero Spiritum sanctum. In illo nota communionen honoris, m isto communionem amoris. 1. CI. iupra. livra 0. Ut i et. aussi 1.3. II at XV. LIVBE 6. LBS NOMS ORS PEBSOSSES, XVII 427 la personne produisant l'autre qui procède d'elle la pro« Λ duil selon le mode principal do procession ? La foi nous déclare ct la raison nous a confirmé que le Père engendre et donc que le Fils naît du Père. La foi nous déclare que la procession du Fils est une génération, tandis que la procession du Saint-Esprit n'est pas une génération. Vous demandez. : “ Qu’est-ce que, pour Dieu, engendrer une personne divine ?» — C'est produire de soi une autre per­ sonne semblable ct consubstantielle à soi, selon le mode principal do procession. Vous demandez : « Qu’est-co, pour le Fils, que naître du Père ?» — C’est procéder d'un autre selon le mode principal de procession. Procéder par génération, c'est identiquement, semble-t-il, avoir dans la procession le modo principal de procession. Pro­ céder sans être engendré, c’est., dans la procession, n’avoir aucunement le modo principal de procession. Bien entendu, USt l> génération, naissance, procession doivent être comprises, è tous égards, selon le mode qui convient à une telle excellence ot selon le caractère propre do la nature suréininontc. Vous demandez quel est ce mode de production. C’est assurément celui que nous avons dit plus haut. Sans nul doute, celui qui produit étant la Toute-Puissance mémo, pour lui, produire un autre de soi-même, c’est identiquement le vouloir on vertu d’une raison parfaite­ ment sage *. Et le vouloir en vertu de la raison principale, c’est identiquement engendrer. Car si, dans les deux pro­ cessions, il y a csscnliellemontvouloir, elles diffèrent cepen­ dant comme diffèrent les raisons du vouloir : c'est la raison principale qui constitue le mode principal do procession. Désirez-vous de ce long développement une expres­ sion condensée? Lu génération du Fils, à mon sons, est identiquement lu volonté do l’Inengendré. d’avoir de soimême une personne semblable à lui ct de valeur égale. La production du Saint-Esprit, semble-t-il, est identiSS2 C quement la volonté de l’Inengendré et do (’Engendré d’avoir une personne h aimer ensemble. Dans un cas, rcmarquoz-le, il y a communication de lu gloire, dans l’autre, communication de l’amour !. 3. On sait que, devant le probl'mo de la dldéronce outre les deux pro- 428 DS ΤΜΚΙΤΛΤΚ, US. 6 Quod autem conformem diximus, diligens lector in quo. juxta quamdam proprietatum conformitatem, solus Filius Patris imaginem portat. XVIII Sicut jam superius notavimus, paupertas humanae loquelae compellit nos saepe dictionum significationem variare. Hinc est illud, ut jam diximus, quod genera981 i> tionis significationem modo extendimus, modo restrin­ gimus. Quod dictum est de generatione, idem dicimus ot de processione. Quod enim dicimus procedere, non ralem acceptionem, idem esso videtur gigni quod exsi­ stens de exsistente secundum naturalem operationem produci. Juxta hanc acceptionem, solus in Trinitate Pater ingenitus dicitur, Spiritus sanctus ingenitus esse negatur. Productio autem exsistentis de exsistente, pro diversis naturis, procul dubio invenitur esso multiformis. Prae ceteris autem omnibus, pro dignitate naturae, ille pro­ ductionis modus praecipuus videtur, qui secundum natu­ ralem, qui inanimatis inesse non potest, appetitum agitur et secundum quem solum genitor ct pater dicitur ille qui generat, genitus et filius ille qui generatur. $S3A Juxta hanc considerationem possumus dicere quod idem videtur esse naturalis productio animantis de ani­ manto in conformitatem substantiae, quod parenti prolem generare. Non autem omnis productio animantis:, do animante secundum operationem naturae potest in hanc definitionem concurrero. Vermis enim cum cx ' cculoni problane que mclianl Sludu avec InlrCpIdltC - LIVRE 0. LES NOMS DES PERSONNES, chinez bien, lecteur attentif, ce terme ne peut-il pas, ne doit-il pas suggérer cette ressemblance dans les pro- Sevl le Fils est l'imace du Père. XVIII Nous l’avons déjà remarqué, l’indigence du vocabu­ laire humain nous oblige fréquemment à employer les mots en plusieurs sens. Ainsi, nous le disions, le terme de 582 U génération a une signification tantôt large, tantôt stricto. Ce qui est vrai de la génération est vrai delà procession : le mot procéder n’a pas pour nous un sens uniforme. Au sens le plus large, être engendre parait signifier qu un existant est produit d’un existant suivant l’activité de nature. En ce sens, du Père seul, dans la Trinité, on dit qu’il est inengendré ; on ne le dit pas du Saint-Esprit., Bien entendu, la production d'un existant par un exis­ tant se réalise très diversement dans les diverses natures. Par comparaison avec tous les autres modes de produc­ tion, au point de vue do In dignité de la nature, le prin­ cipal nous paraît être celui qui se réalise selon l’appétit naturel, qu'on ne peut trouver chez les êtres inanimés, et qui seul permet d'appeler progéniteur et père celui qui engendre, progéniture cl fils celui qui est engendré. 583 Λ D'après ce principe, la génération d'un fils par son père semble être identiquement la production naturelle d'un vivant pnr un vivant en conformité avec sa substance. Cependant toute production d’un vivant par un vivant selon une activité do nature no rentre pas dans oetto défi­ nition. Quand un vor nuit d'un homme, comment dire LES RONS DES FEnSOXSBS, XVIII ipsius parentem fateatur ? Sciendum ost autem quod si homo non peccasset, si naturae suae integritatem servasset, in producenda animalem quam secundum consensum rationalem. Esset itaque homini, in generis sui propagatione, non tam appetitiva quam votiva productio prolis, juxta con983 B formitatem imaginis suae. Si itaque homo primordialis puritatis integritatem servasset, ad divinae similitudinis rationem in ejusmodi magis accederet. Sed, ut ad id redeamus propter quod ct ista interpo­ suimus, videtur idem esse Deo Patri Filium gignere, quod personam de sua persona naturaliter et pro voto producere, juxta singularem quamdam configu­ rationem proprietatis suae. Commune est omnibus in illa Trinitate plenitudinem divinitatis habere. Proprie proprium autem Spiritui sancto habere nec personae alicui dare. Commune autem Patri et Filio tam habere quam dare. Merito quidem ejus Filius dici debuit, cui Pater hanc proprietatis suae figuram et imaginis formam intime impressit et pleno expressit. Propter hanc conformitatis 983 C expressionem, solus Filius imago Patris dicitur ; propter hoc, solus Filius figura substantiae illius recte nominatur. Quoniam ergo Pator in producendo Spiritum sanctum ' ei, ut sic dicam, imaginis figuram non impressit, ejus filius dici non debuit, quamvis de eo naturaliter proexsistente secundum operationem naturae, solet usus uni prolis, altori parentis nomen accommodare. 431 péché —___ —----------------- , - —---amené il engendrer, moins par l'impulsion animale que par la volonté raisonnable. Dans la propagation de l’es­ pèce, l'acte générateur de l'homme serait moins instincB est l’image. Si le premier homme avait gardé intacte sa pureté primitive, il approcherait davantage en cela de la ressemblance divine *. Mais revenons à la question qui a provoqué ces re­ marques. Pour Dieu le Père, engendrer lo Fils semble être identiquement produire do sa personne, naturelle­ ment ct selon son vouloir une personne ayant une con­ formité singulière avec sa propriété caractéristique *. Or toutes les personnes de la Trinité ont en commun de posséder la plénitude de la divinité. Le Saint-Esprit a exclusivement en propre de la posséder sans la donner à commun do la posséder et de la donner. Ainsi on a été amené par une bonne raison à nommer Fils celui en qui le Père a imprimé au plus intime et pleinement exprimé celte empreinte de sa propriété perC sonnelle, cette forme de sa ressemblance. A raison de la conformité ainsi exprimée, seul le Fils est appelé image sa substance ·. Au contraire, le Père en produisant le Saint-Esprit ne lui a pas donné, pour ainsi dire, l’em­ preinte de son image : on ne doit donc pas l'appeler son fils, bien qu'il procède de lui par nature. Tous les cas de procession d’un existant h partir d'un existant selon d'enfant et de parent. LIVRE e. LES NOMS DES PERSONNES, XIX 432 433 XIX Sed, sicut commune est Patri et Filio divinitatis pie- ί;ί I 983 Ι> nitudincin naturaliter dare, sic est commune Filio et Spiritui sancto plenitudinem divinitatis a scmelipsis 91* non habere. Si igitur Filius recto dicitur Patris imago, Md propter proprietatis similitudinem quam habet cum B j Patro suo, cur non eadem ratione Spiritus sanctus':^B dicatur imago Filii, propter proprietatis similitudinem quam habet cum ipso ? Itaque tam Filio quam Patri videtur esse commune de sua persona personam produ- Vj cero ad imaginem similitudinis suae : utrobique pro- Si cedens de altero videtur esse producentis imago. Si igitur Sj recto ingeniti Filius dicitur, quem producit de se ad ima-;^B ginem similitudinis suae, cur Spiritus sanctus eadem XIX Par ailleurs, de même que le Père et le Fils ont tous deux ce caractère de communiquer par nature la pléni- tous deux ce caractère de ne pas posséder d’eux-mèmes cette plénitude de la divinité. Si donc on est en droit d’appeler le Fils image du Père à cause de la ressem­ blance que cotte propriété commune lui donne avec son image du Fils à cause de la ressemblance que la propriété commune lui donne avec le Fils ? Il appartient donc, semble-t-il, au Fils tout comme au Père de produire de sa personne une personne qui soit à son image et ressem­ blance. Dans les deux cas celui qui procède de l’autre qu’on a raison d’appeler Fils de l’Inengendré celui que producit de se sub imagine similitudinis suae ? l’Inengendré produit de soi à son image et ressemblance, Sed res rei imago dici non solet pro eo quod utraque S' pourquoi ne serait-on pas fonde à dire de la même ma­ 98» A similiter non habet, sed pro eo quod utraquo simile habet. nière que le Saint-Esprit est fils de l’Engendré, du moment Quomodo ergo unus dicatur alterius esse imago ex co J r quod uterque dicitur non habere ? Neuter enim habet a ‘Bi / blance 1 ? Et toutefois on n'a pas coutume d’appeler un objet scmclipso esse vel aliquid a semetipso habere. Alioquin lapis recte dicitur imago hominis et homo recte dicitur f '»A image d’un autre objet à raison d’un caractère qui leur manque semblablement è tous deux, mais bien à raiimago lapidis, quoniam neuter a semetipso habet quod B I habet sed nec habere valet. Quod quam frivolum sit 4 ■ Comment affirmer que l'un est l’image de l’autre à raison nemo non intclligit. de ce qu’on dit leur manquer à tous deux ? En effet ni l’un Sed dicis ad ista fortassis : sicut commune est Patrii 1 ni l’autre ne tient de soi-même être ou avoir quelconque. Avec ce principe on a le droit de dire que la pierre est l’image de l’homme ct l’homme l’image de la pierre, du moment que ni l’un ni l’autre n’a rien, ne peut rien avoir de soi-même. C’est absolument ridicule, tout le monde le comprend. maniée d'affirmer contre 1rs Arleru la dlvlnllS du VU» al . Enfin l'expression même que l'Eaprit, peut correctement l’appeler image d'un autre à raison de BiC ce qu'on le dit ne pas posséder. Or quand celui qui pro­ cède n’est pas engendré à l'image cl ressemblance do celui engendre, de fils qui est engendré. Nous lisons d'Adam qu'il engendra à son image et ressemblance ·. Il n'y a que ies termes principaux de parenté. De tout ce que nous avons dit nous concluons qi Saint-Esprit n’est pas l'image'de l'unique Engendr EST APPELÉ IMAGE DU PÈEE. le Fils est appelé image du nce parfaite, de son égalité 436 bis tiunitate, lio. 6 bonitate per omnia similis et omnino aequalis. Sed si ex hae consideratione diceretur Filius imago Patris sui, cur non eadem ratione Spiritus sanctus dicitur imago Patris simul ct Filii ? Nam ubi dictum est : qualis Pator, talis Filius, statim adjunctum est : talis Spiritus sanctus Ubi praemittitur : omnipotens Pater, omnipotens Filius illico et subjungitur : omnipotens Spiritus sanctus Dicitur quia Deus Paler, Deus Filius, ubi et adnectitu: quod Deus sit Spiritus sanctus. Si Filius itaque dicitur imago Patris pro hujusmodi similitudine vel aequalitate quare non oportet de Spiritu sancto pro similibus similiaj sentire ? 983 A Sed valde notandum ot cum summa diligentia consi­ derandum, quid pro capacitatis nostrae exiguitate de divinis dicatur minus proprie vel quid magis dicatur expresse. In Scriptura siquidem sacra, multa quidem ct velul cx industria minus proprie dicuntur, ut ab quae dicit minus proprie, solet evidentiori expressione corrigere. Hinc est quod ubi praemittitur : aeternus Pater, aeternus Filius, aeternus Spiritus sanctus, quasi ad veri­ tatis expressionem statim adncctitur : ct tamen non tres aeterni, sed unus aeternus. Sic sane ubi dictum est omni­ potens Pater, omnipotens Filius, omnipotens Spiritus sanctus, subsequenter quasi corrigendo adjungitur : « tamen non très omnipotentes, sed unus omnipotens, 989 B Dicto similiter quia Deus Pater, Deus Filius, Deus Spi­ ritus sanctus, statim subjungitur : et tamen non 1res dii, sed unus est Deus. Ubi itaque est simplex unitas et summa simplicités; ipsi aequale Ubi vera unitas est, non tam aequalitas quam identitas convenienter dici potest. Pater polcnti- LIVBE 6. LES NOMS DES PERSONNES, XX 437 absolue avec lui, en puissance, en sagesse, en bonté. Mais si c’était là le motif permettant d'appeler lo Fils image du Père, pourquoi ne pas appeler aussi le Saint-Esprit image du Père et du Fils tout ensemble ? Car la formule qui pro­ clame : « Tel le Père, tel lo Fils » ajoute immédiatement : « Tel le Saint-Esprit » ; on commence par dire : « ToutPuissant est le Père, Tout-Puissant le Fils » ct aussitôt « Dieu est le Père, Dieu le Fils n et là encore on ajoute : « Dieu le Saint-Esprit 1 ». Si donc le Fils est appelé image du Père en vertu de cette ressemblance ou égalité, pour­ quoi ne doit-on pas avoir sur lo Saint-Esprit dans un cas semblable une idée semblable ? 85 A Mais ici nous devons remarquer et discerner avec la plus grande attention ce qu’on nous dit de la réalité divine d’une manière moins rigoureuse, eu égard à nos faibles capacités, et ce qu’on affirme plus formellement. Dans la Sainte Écriture, bien des expressions sont employées comprises de notre faiblesse ; ct d'ailleurs assez souvent ces impropriétés sont corrigées par des expressions plus claires. Et ainsi, dans notre formule qui dit d'abord : « Éternel est le Père, éternel lo Fils, éternel le SaintEsprit », on ajoute aussitôt, comme pour préciser la vérité : « El pourtant il n’y a pas trois éternels, mais un seul Éternel » ; de môme, après avoir dit : « Tout-Puissant est le Père, Tout-Puissant le Fils, Tout-Puissant le SaintEsprit », immédiatement on ajoute par manière de correc­ tion ; « Et pourtant il n’y a pas trois tout-puissants mais un seul Tout-Puissant ». De même encore, après avoir dit : 85 B « Dieu est le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit », on continue on disant : « Et pourtant il n’y a pas trois dieux mais un seul Dieu ·. » Toutefois, dans le cas de la simple unité, de la suprême simplicité, quo viennent, faire les mots « tel » et. a tel » ? L’expression « égal à soi-même » est incorrecte. Où il y a réelle unité, ce n’est pas d'égalité qu’il faut parler mais d’identité. Le Père est la Puissance, le Fils est la Puis- s 1 XXI LIVRE «. LES HOMS MS l-ERSORNES, sance, le Saint-Esprit est la Puissance ; et pourtant le Père, 1e Fils et le Saint-Esprit ne sont qu’une seule et même Puissance. Ce que nous disons de la Puissance divine vaut aussi de la Sagesse divine, vaut à tous égards aussi de la Substance divine -, on Dieu Puissance et Sagesse où il y a réelle unité ? Dans l’unité souvcrainementsimple chercher l’image du Père dans une conformité qui ne va pas sans quelque diversité, dans une diversité qui implique un parfait accord. Pour en savoir davantage sur cette question, il faut donc revenir h la considération des propriétés. Nous posséder la plénitude de la divinité ; mais le Père a en propre de n’avoir pas reçu et de donner ; le Fils a en propre d’avoir reçu et de donner. Il y a donc en lui confor­ mité avec le Père du fait qu'il donne, mais diversité du 9S51> fait qu'il reçoit. C’est de par celte conformité entre eux que lo Fils porte en lui l'image du Père, la raison donnée XXI Une réflexion pénétrante nous est nécessaire si nous voulons savoir plus nettement ή quel titre le Fils de Dieu, Dieu lui-même, est appelé s figure de sa substance slantiae, possumus hoc ipsum, ni fallor, duobus modis intelligere. Nam, si ad humana recurrimus, ut per spe­ culum videre possimus, alia videtur hominis figura, quae ejus substantiam informat et alia est figura imaginis, quae eum repraesentat. Utraque tamen figura est, utraque ipsius figura dici potest. Ubi itaque est sub98(1 Λ stantia gemina, potest esse hinc informans, illinc reprae­ sentans figura. Sed Patris et Filii est una eademque substantia. Juxta itaque hunc modum, non potest Filius diei paternae substantiae figura. Sc'd si non potest dici figura juxta hunc modum repraesentans, numquid dici poterit figura informans ? Sed si Filius Patrem informaret, cum utique eo ipso formosum redderet ; et tunc non tam Filius a Patre quam Pater a Filio pulchritudinem acciperet. Sed in hoc ncc ratio consentit, nec fides catholica hoc recipit. Testante Veritate, didicimus quoniam Spiriha est Deus. Super his itaque quae quaerimus, spiritualem naturam interrogemus. Spiritualis autem natura est anima tua ; anima voro tua aut formosa est aut defor-· 986 B mis ex voluntate sua. Formosam facit voluntas bona, ' deformis fit ex voluntate mala ; formosam eam facit sua benignitas, deformem sua malignitas. Ex his licet' perpendere quae sit figura spiritualis substantiae. Procul; dubio, danto Domino, eadem perfectionis forma potest informare animam tuam et animam meam. Si itaque ■ΙΙφίΜ *1 an quaedam omiilpolaalla alqut MplenlU Del. picea omnium LES XOMS DES PEESOXNES, XXI 441 L’expression « figure d’une substance » peut être, je crois, entendue do deux manières. Car, pour en revenir à la un miroir, tout autre est la figure de l'homme qui est la forme dc sa substance, tout autre la figure qui le repré­ sente. Ici ct là néanmoins il y a figure, ici et là on peut parler dc figure de l’homme. Et ainsi dans le cas dc doux ΙΛ substances il peut y avoir d’une part une figure qui est forme, d’autre part une figure qui est représentation *. Mais dans le Père et le Fils il n'y a qu'une seule et mémo substance ; ce n’est donc pas de celte manière qu'on peut dire du Fils qu’il est figure de la substance du Père. Si on ne peut le dire en ce sens dc figure représentative, va-l-on pouvoir dire qu’il est figure au sens de forme ? Mais dans l’hypothèse où le Fils serait la forme du Père, c’est lui assurément qui, par là même, lui donnerait sa beauté ; et mais bien plutôt le Père qui recevrait sa beauté du Fils. Or c’est là une idée que la raison n'admet pas et que repousse la foi catholique *. Le témoignage de la Vérité nous a enseigné que « Dieu . nature spirituelle qu’il faut interroger. Votre âme est une nature spirituelle : ct votre âme est belle ou difforme dc S6 B par sa volonté : c’est la volonté bonne qui la rend belle, la volonté mauvaise qui la rend difforme ; elle est belle par sa propre bonté, difforme par sa propre malignité. Et voilà qui nous permet dc comprendre ce qu’est la figure d’une substance spirituelle. Sans aucun doute, par la grâce du Seigneur, la même forme de perfection pout informer et votre âme et mon âme. Si donc c’est dans lu ressemblance apWAWlh (50, (MO). DH TniKITATB, Ul. G juxta voluntatis similitudinem Patris ac Filii conformitatem vel configurationem quaerimus, absque dubio ct sine omni contradictione inveniemus quod sicut Pater vult habere personam procedentem de se, cui possit ' impensae sibi dilectionis delicias communicare, ita ct Filius per omnia similiter ct habere vult ct habet pro voluntate. Sicut ergo superius diximus de imagine, sic ct configuratio colligenda est ex proprietatum conside-, 9S6 C ratione, ubi, ut jam diximus, invenitur mutua conve· nientia, nec tamen sine aliqua differentia ; nec diffe­ rentia sine permaxima convenientia. XXII Sed dicis ad ista fortassis : ubi non est pluralitas, non potest esso conformités. In vera autem divinitate nulla ’ est pluralitas substantiarum, cum tamen veraciter ibi sit pluralitas personarum. Quid ergo est, quod Filius dicitur figura paternae substantiae, cl non potius pa­ sse D ternae personae ? Nam, sicut dictum est, non potest dici paternae substantiae figura quasi ipsum informans; ncc, si utriusque est una cadcmque substantia, videtur , posse dici figura paternae substantiae figuram ropraesen Sed notandum quoniam quod dicitur Filius ab ApOv stolo figura paternae substantiae, idem valet ac si dice**tac. Nihilominus autem retur figura ** ' * ‘‘ si diceretur .. ______ . „ o. , Si Patrem dicis, * si ingenitam substantiam, si ingenitam personam nominas’, eamdem procul dubio personam designas. Procul dubio. ? I.tvnii 0. LES NOMS DBS PERSONNES, XXI-XXll 44S de la volonté que nous cherchons la conformité, la confi­ guration entre lo Père et lo Fils, indubitablement ct sans contestation possible nous découvrirons que tout comme le Père veut avoir une personne procédant de lui, Λ qui il puisse communiquer les délices de la charité dont il jouit, de môme lo Fils, d'une manière parfaitement semblable, veut posséder et possède on fait cette personne, selon son vouloir. Comme nous le disions .’i propos de l'image, il faut expliquer do môme cotte configuration par les caractères propres dos personnes. C’est lè, disions-nous, que se trouve SSC C une conformité mutuelle n’allant pas sans quelque diver­ sité, mais aussi une diversité n’allant pus sans la plus grande conformité possible. Il est lùcitimb as taelee »B SUBSTANCE INBNCBNDnÙB BT DE SUBSTANCE ENGENDREE. XXII A tout cela vous objecterez peut-être : sans pluralité, il ne peut y avoir conformité; or dans la divinité authen­ tique, il n’y a pas pluralité de substances, mais bien plu­ ralité de personnes ; pourquoi dire alors que lo Fils est figure do lu substance du Père ot non pas plutôt figure de 986D la personne du Père? Nous l’avons dit, on ne peut l’ap­ peler ligure de la substance du Père au sens où il serait sa forme ; d’autre part, puisqu’ils ont tous deux une seule ct même substance, il est clair qu'on ne peut pas le dire figure do la substance du Père au sens où il on serait l’image représentative. Mais il faut remarquer ici que l'expression de l’ApÔtre sur le Fils « figure do la substance paternelle 1 » est équi­ valente è l’expression « figure de la substance inengendrée s. Or dire « figure de la substance inengendrée » reviendrait exactement Λ dire « figure de la personne inen­ gendrée ». Que vous disiez Père ou que vous parliez de substance inengendrée ou de personne inengendrée, indu­ bitablement c’est la même personne que vous désignez. 444 DE TRINITATE, 1.IB. 6 nihil aliud est Patris persona quam substantia ingenita, nihil aliud Filii persona quam substantia genita. hoo dicere ; quin potius, quod multo periculosius est, 987 A contra sanctorum Patrum auctoritatem et tot attes­ tationes paternarum traditionum, audent negare et modis substantia gignat substantiam, vel sapientia sapientiam. Pertinaciter negant quod omnes sancti affirmant ; ad id quod ipsi dicunt auctoritatem invenire non possuntAfferant, si possunt, auctoritatem, non dicam plores;4 sed saltem unam, quae neget substantiam gignere sub-: stantiam. Nam ad hoc quod dicimus, auctoritates mtdtas ,etiam ipsi adducunt et in morem Goliae, gladium: ex quo jugulentur deferentes, ad certamen procedunt., Sed sic intolligendum est, inquiunt, quod Patres dicunt : bone Patres dicunt quod substantia substant 987 B damus quod substantia substantium non gignit. Fidelis, expositio et omni acceptione digna, quae hoc quod sancti Patres pariter clamant contendit esso falsum et quod nomo sanctorum asserit contendit esse verum. Sed dicunt : Si Filii substantia est genita, Patris vero ingenita, quomodo utriusque erit una eadcmquc sub­ stantia ? Absque dubio substantia Filii est genita, substantia Patris ingenita ; nec ingenita substantia est genita, nec genita est ingenita. Nec tamen sequitur ut UVBK C. LBS SOWS DBS PERSOXXKS, XXII Indubitablement la personne du Père n'cst rien autre quo la· substance incngcndréo; la personne du Fils, rien autre que la substance engendrée. Et cependant, de nos jours, beaucoup ont surgi qui n’osent pus employer ces formules ou qui même, ce qui est JS7 A beaucoup plus dangereux, b l'encontre de l’autorité des Saints Pères ot do tant d’allinnalions de la tradition ancienne, osont bien repousser ccs formules et multiplient les efforts pour les réfuter ·. Ils refusent absolument d’ad­ mettre que la substance engendre la substance, que la sagesse engendre la sagesso. Ils s'entêtent à nier ce que tous les saints affirment, bien incapables d’ailleurs de découvrir une autorité <1 l’appui de leurs allégations. Qu’ils apportent, s’ils 1c peuvent, une autorité, je ne dis pas plu­ sieurs, mais du moins une seule, pour nier que la substance engendre lo substance. Au reste, eux-mftmos citent on faveur do notre doctrine un grand nombre d’autorités ; ot tel Goliath, ils s'en vont Λ la bataille en portant lo glaive qui les égorgera ·. Mais, disent-ils, voici comment il faut comprendre l'en­ seignement des Pères : Bien! les Pères affirment que la substance engendre la substance ; notre exposé3 va è OS* B montrer qu’on doit croire que la substance n’engendre pas la substance. Exposé fidèle et méritant toute créance *. On déclare faux ce que les Saints Pères clament d’une seule voix ot on déclare vrai ce que n’affirme aucun des saints ! Mais ils objectent : si la substance du Fils est engendrée et la substance du Père inengendree, comment l'un ct l’autre possèdent-ils une seule et même substance ? Très certainement la substance du Fils.est engendrée et la sub­ stance du Père inengendree ; très certainement une sub­ stance incngcndréo n’est pas engendrée, une substance engendrée n’est pas inengendrée ; et pourtant il ne s’en- Pro certo aliter est in natura divina et aliter in natura humana. In humana natura, si substantia unius alicujus sit genita, alterius vero ingenita, absque omni 987 C contradictione consequens erit ut alia sit substantia unius et alia omnino substantia alterius. In divina vero natura, procul dubio unius substantia est ingenita, alterius genita ; nec tamen consequens est ut alia sit substantia unius ot alia alterius, sed ut alia sit persona istius et alia persona illius. Non capio, inquis, non intelligo ; sed quod per intelligentiam capere non potes, per fidei devotionem credere, potes. Alioquin tibi tuisque similibus dicitur : Si non· credideritis, non intelligelis. Cur non creditis quod uni­ versalem Ecclesiam quotidie de Christo confitcnlem! agnoscitis : Deus est ex substantia Patris ante saecula’ genitus ? Sed forte non vultis hoc credere, eo quod non potestis exemplo probare vel per intclligentiam capere.. 987 D Numquid per intclligentiam capitis vel exemplo pro­ batis quod unitas substantiae possit esse in personarum pluralitate ot personarum pluralitas in unitate sub­ stantiae ? Numquid magis excedit humanam intclli­ gentiam illud quod pertinaciter negatis quam istud quod' nobiscum voraciter affirmatis ? Si vero, ejus assertionis! enodationem nostis quam astruitis, cur eam in lucem non profertis ? Cur eam fratribus invidetis ? Et si vos latet utriusque enodatio, cur eroditis sanetis Patribus in uno: et non aeque eis eroditis in altero ? Si ipsis jure creditur,, non aliud est Patris persona quam substantia ingenita,] nec aliud Filii persona quam substantia genita. Ut autem breviter dicamus quod super propositam quaestionem sentimus, in hoc genita substantia inge­ nitae figuram gerit, quod eamdem quam ista do se per- 1. cr. liate, 7. 0. L1VUZ 8. tas NOMS DBS PERSONNES, XXII 447 suit pas qu’il y ait là deux substances distinctes, mais bien Il est clair qu’il en va tout autrement dans la nature divine et dans la nature humaine. Dans la nature humaine, si la substance d’un être est engendrée et la substance d’un autre incngcndréo, par une conséquence irrécusable il fau17 C dra bien que la substance de l’un soit absolument différente de la substance de l’autre. Dans la nature divine, au gendréc, que la substance de l’autre est engendrée ; et pourtant il ne s’ensuit pas qu’entre l’un et l’autre il y ait différence de substances, mais seulement différence de per­ sonnes. « Je ne saisis pas, dites-vous, je ne comprends pas. » Eh bien ! ee que vous ne pouvez saisir par l’intelligence, vous pouvez, le croire par la foi. C'est h vous et à vos pareils qu’il est dit : « A moins do croire, vous ne comprendrez pas ’. » Pourquoi ne croyez-vous pas cc que l’Église uni­ verselle, chaque jour, vous le savez bien, proclame du Christ : « Il est Dieu engendré de la substance du Père avant les siècles 8 » ? Peut-être refusez-vous de le croire sous prétexte que vous ne pouvez trouver d’exemple pour l’appuyer, que vous ne pouvez le saisir par l’intelligence. Mais pouvez-vous saisir par l’intelligence ou montrer par 87 D un exemple la compatibilité do l'unité de substance avec la pluralité des personnes et de la pluralité des personnes avec l’unité do substance ? Ce que vous niez avec entête­ ment dépasso-l-il davantage l’intelligence humaine que cc que vous confessez loyalement avec nous ? Si vous avez une explication do la thèse que vous échafaudez, pour­ quoi ne pas la faire connaître ? Pourquoi la refuser jalou­ sement à vos frères ? Et si dans les deux cas la solution vous échappe, pourquoi croyez-vous aux Saints Pères dans un cas et non point aussi dans l'autre ? Or s’il faut les en croire, la personne du Père n’est rien autre que la substance inengendrée, la personne du Fils rien autre que la substance engendrée. Pour résumer notre pensée sur la question à résoudre : la substance engendrée est la figure de la substance inen- et origo, auctor ot principium exsistit. Eadem sano lotius' XXIII Quando ad sublimium ct invisibilium investigationem, ot demonstrationem nitimur, similitudinum senia li­ benter utimur, ul habeant qua ascendero possint qui; contemplationis pennas nondum acceperint. In illa itaque natura, quam ad divinam imaginem et simili-· tudinem factam agnovimus, ad divinum simile libenter quaerimus ct elicimus, unde ad divinorum intelligcntiam. sublevari valeamus. Ecco sint duo quorum unus alicujus roi scientiam, vel alicujus artis notitiam per scipsum excogitando invenit et quidquid inde adinvenire potuit alteri tradidit quid non eadem sciontia, eadem veritas, absque ambi­ guitate aliqua, constat esse tam in cordo unius quam in cordo alterius ? Alioquin alium non docuit scientiam.’ quam alter invenit. Ecco unus eorum scientiam tra­ didit, altor accepit. Vides certo quod istius scientia sit ab alio accepta ; illius, ut sic dicam, omnino inuccopta. Numquid tamen aliud aliquid est ista quam illa ? Si quidquid veritatis ost in ista, totum nec aliud ost in illa, procul dubio utriusquo scientia erit essentialiter una. MS C Constat tamen nihilominus quod accepta scientia non sil inaccepta, nec inaccepta possit dici accepta, cum LIVRE 6. LES NOMS DES PERSONNES, XXU-XXIII 449 gendréc en ce qu'elle produit de soi la même personne que et de l'autre, et de la substance engendrée et de la sub­ stance inengendrée ’. Comparaison : la science donnûb bt reçue. XXIII Dans notre effort pour découvrir ct démontrer les réa­ l'échelle des similitudes, pour faciliter l'ascension à ceux C'est donc dans cette nature créée, nous le savons bien, chercher quelque similitude avec le divin, que nous aimons emprunter de quoi nous soulever jusqu'à l'intel­ ligence des divines réalités. Soit donc deux hommes, dont l'un a découvert par sa un autre homme tout ce qu'il a pu acquérir, qui lui en a donné une connaissance complète ct intégrale. Eh bien ! dans ce cas, n'est-ce pas indubitablement la même science, n'a pas enseigné λ l'autre la science qu'il a découverte. Ainsi donc l'un a transmis la science, l’autre l'a reçue. Certainement, vous le voyez, la science de l'un est une science reçue de l'autre, tandis que la science du premier science du second ? Si toute la vérité qui se trouve dans l’une sc trouve totalement ct identiquement dans l'autre. C ticllement une. 11 reste vrai néanmoins qu’une science non reçue no peut être appelée science reçue ; toutefois, Lt Trlulli, » DB TaiSlTATE, III. tamen inaccepta et accepta, ut dictum est, sil essen- 1 tialiter una. Ex hac rerum, ut credo, speculatione, possumus 1 perpendere quid oporteat de divinis sentire. Huic ergo | speculae innitendo, videamus si ex his quae nobiscum fl credunt convinci possit quod de ingenita et genita i substantia quidam necdum crediderunt. Credunt no- -1 biscum quod Pater quidquid habet a semetipso habet. J Credunt nobiscum quod Filius a Patre accepit quidquid a ab aeterno habuit. Constat itaque quod plenitudinem 1 sapientiae Filius accepit a Patre. Concedunt nobiscum 1 quod non sit alia sapientia Patris et alia sapientia Filii, J sed una eadomque per omnia tam Patris quam Filii. 1 accepta, sapientia Patris inaccepta. Constat aeque quod-3 inaccepta non sit accepta, nec accepta sit inaccepta, J sapientia divina quod possibile videt in scientia humana S3 Sed, ut adhuc diligentius huic speculationi insistamus^ esse a Patro, ex Patris generatione ; si ox generation» habet esse, ergo ct saperc ; nam non aliud est ei esse et Quod autem accepit esse ex generatione, constat ot ipsum genitum esse. Constat quod Filii sapientia, vel 989 Λ potius Filius sapientia sit cx Patro genita. Nec aliud' est Patrem Filio sapientiam dedisse vel Filium acoopissM quam Patrem cum qui sapientia est generasse : Pater-' siquidem Filio et generando donat et donando generat Recte ergo de Filio dicitur quod sit genita sapienda nous venons do le dire, reçue ot non reçue, cotte science est essentiellement une >. sc résignent pus à croire touchant la substance inengentirée et engendrée. Avec nous ils croient que le Père a de le Fils a reçu du Père tout ce qu'il a possédé depuis tou­ jours. Il est donc évident que lo Fils a reçu du Père la plé­ nitude de la sagesse. Avec nous ils admettent que la sagesse du Père cl la sagesse du Fils ne sont pas diffé­ rentes, mais qu’il n’y a qu'une seule sagesse absolument du Père est non reçue. 11 est clair également qu'une sagesse non reçue n’est pas une sagesse reçue, qu'une sagesse doute, reçue ou non reçue, la sagesse soit une essentiel­ lement. Et qui donc serait assez stupide ct obtus pour nier de la sagesse divine ce dont il constate la possibilité Mais poussons plus avant cotte analyse. Nous savons qu'il tient aussi lo savoir, puisqu'on lui être et savoir ne sont pas deux réalités différentes. Pour lui, l’origine de tiré. Il est clair que la sagesse du Fils est engendrée ou plutôt que le Fils est la sagesse engendrée par le Père. Dire que le Père a donné au Fils la sagesse ou que le Fils l'a reçue, c’est dire exactement que lo Pere a engendré Par conséquent il est légitime do dire du Fils qu'il est la sagesse engendrée ct du Père qu’il est la sagesse inengendrée. Toutefois l’on ne sait absolument rien que l'autre 452 DE TTUXITATE, LIB. 6 sicut ct de Patre quod sit sapientia ingenita. Nihil vero omnino sapit unus, quod non aeque sapiat et alius. Utrobique itaque una eademque sapientia, cum tamen nec ingenita sit genita, nec genita sit ingenita. Si voro Filius est genita sapientia, consequenter ct genita substantia. Neque enim aliud est ejus sapientia quam ejus substantia. Quod igitur dictum est de genita ct ingenita sapientia, juxta eamdem conse­ quentiam concedere oportet do genita ot ingenita sub­ stantia. 989 B Frustra itaque quidam timent dicere quod substantia gignat substantiam, sapientia sapientiam et quod Pater sil substantia ingenita, Filius substantia genita, quasi inde convinci possit quod alia substantia sit ingenitus, alia' sit genitus. Sicut enim superius jam diximus, ex eo quod Pater est substantia ingenita, Filius genita, non ex eo sequitur quod sit alia et alia substantia, sed XXIV Sed, ut plenius elucescat quod de geminatione per­ sonae sino geminatione substantiae jam diximus, supe989 C rius posito oxomplo adhuc diligentius insistamus. Supe­ rius docuimus quod una eademque scientia possit esso in duobus, si artis alicujus notitiam, quam unus appre­ hendit. alterum ad plenum docuerit. Si itaque nomon doctrinae tam passivo quam active accipiatur, ut doc­ trina dicatur tam ojus qui docet quam ojus qui docetur, profecto si hoc gemino modo doctrinam accipiamus, alia erit doctrina unius ot alia absque dubio doctrina alterius. Sicut scientia dicitur ab eo quod est scire, sic sane doctrina ab eo quod est docere. Utrobique est idem scire, utrobique autem non est idem docere : nam unus docet, alter docetur ; unus erudit, alter eruditur. In uno LIVRE 6. LES NOMS DES PEIISONNES, XXIII-XX1V 453 no sache également. Ainsi, de part ot d’autre, il y a une seule ot mémo sagesse. Et par ailleurs une sagesse inengondrée n’est pas une sagesse engendrée, une sagesse engendrée n'est pas une sagesse inongendrée. Mais si le Fils est la sagesse engendrée, il est donc la substance engendrée. Car en lui la sagesse n'est pas une réalité différente de la substance. Ainsi ce que l'on dit de la sagesse engendrée et inongendrée, il faut bien, d’après le môme raisonnement, l’admettre de la substance SS91> C’est donc une crainte futile que d’avoir peur do la for­ mule : la substance engendre la substance, la sagesse engendre la sagesse, ou encore : le Père est la substance inengendrée, le Fils est la substance engendrée ; comme si, par là, on était amené à conclure que l’Inengendré ct répétons, de ce que le Père est la substance inengendrée et le Fils la substance engendrée, il ne s'ensuit pas qu’il y ait deux substances distinctes, mais bien qu’il y a deux personnes distinctes. XXIV Toutefois, pour mettre eu meilleure lumière notre assertion, supposer que moi, vous ct un tiers ayons une même science, strictement I B égale, ma science avec la sienne serait-elle plus grande que votre seule science ? on bien ma science serait-elle plus grande que sa seule science ? ou bien sa science avec la vôtre serait-elle plus grande que ma seule science ? et !Λ enfin ma science ot la vôtre et la sienne seraient-elles plus grandes quo nui seule science ou votre seule science entendre à ce qu’on dit ? Do mémo, assurément, dans la Trinité, deux personnes, n'importe lesquelles, ou toutes les trois prises ensemble, no sont pas plus grandes que la seule personne do l'Incngondré ou la seule personne de l'unique Engendré ou la seule personne du Saint-Esprit. graver dans la mémoire, comme nous l’avons plus haut mis en belle lumière : à considérer la Toute-Puissance on prouve facilement qu’il n’y a et ne peut y avoir qu’un DE TRINITATE, LIB. facile convincitur quod non sit sod nec esse possit Deus, nisi unus ; ex bonitatis plenitudine quod sit personaliter' trinus ; ex plenitudine vero sapientiae liquido colligitur 992 B quomodo conveniat unitas substantiae cum personarum LIVRE 6. LES NOMS DBS PERSONNES, XXV 461 Dieu ; la plénitude de Bonté révèle qu’il est trine en ses raîlre clairement l’accord entre l'unité de substance et 192 B la pluralité des personnes NOTES COMPLÉMENTAIRES ASCENSIO NOSTRA SPIRITUALIS (Prologue.) béatift^ue, qui esi la connaissance expérimentale et savoureuse do Hgence des vérités de la loi. Cl. aussi Declarations adB. Bernardum Beniamin. Cl. Bwqatnm minor. 87 (126, 62). On pourrait dire de Richard ee que nota un commentateur de S. Augustin : « 11 y a un vrai mysticisme dans cello théologie. Celle- riencc religieuse doDiou. EÙc ^exclut aucune, vraie et solide consdans Œuvrto do S. Augustin, 16, la TrinM (Bibliothèque augusti- ROTES COMPLEMENTAIRES, PllOLOGUE guslin, do S1. Anselme, d'Hugues do Saint-Violor, d^Abélard, etc. ^^CC|S._ Auoustix, De Tria., 9,^1, 1 (42, 959-9111).; 15, 2,.2 (id., NOIES COMPLÉMENTAIRES, L. 1, 465 1, iv SUPRA RATIONEM, CONTRA RATIONEM lus fide s 15, 27^49 (i^., 1C9I>H^15, 28, 51 < Desideravi1 intellectu eamdem fidem indubitanter tenendo, amando/et secundum illam sil. > Id., 2 (158, 263). Et encore : « Non tento, Domine, penetraro sed desidero aliquatenus intelligere veritatem luam.quem credit ct 3?Wl(R't.rm riliS).''U"m comPr,’l“"‘il1 ’· D‘ Sacr·· l· HUUUBS, De Sacr., 1,10, 2 (176,*327-329) ; Riciiann, Benjamin ma· /er, L 3, c. 9 (196,118-119). 11 s'agit non de nouvelles vérités révélées, tare s Intr. ad ' '■ ' " 1 " '1 " 1"111' ’ mn <-r >.·, u> .mplation mystique, rien n'est plus fructueux que î'ollort vers celle TriniU, Benjamin major, I. 4, o. 21 (196, 163-164). l’objet de In* foi par un traitement rationnel du donné. » C. Pané, MCO siècle, d,eoirt I Μλ/Ρ îâsni ' ï/ftoi· dirai., 3 l178, 1226) RATIONES NECESSARIAE (L. 1, IV.) L'expression appartient au vocabulaire dos logiciens ot dos rhé­ teurs do l'antiquité. C'est peut-être Cassiodoro qui Γη transmise au Moyen Age, comme tant d'autres éléments do la culturo antique. Le Trinitd. so NOTES COMPLÉMENTAIRES, L. I, IV objective et capables par là mime do provoquer la certitude, par opposition aux arguments seulement vraisemblablcs.susçeptib)csde sSola sufficit probabilitas bis qui proponunt. Tain bene enim fiden Dialectica, ΙΠ, 429, éd. Cousin. 4 (158, 272-273), Cur Dcuc homo. praei. (153. 361-362), il no saurait être question d’une démarche rationaliste. J/intention^d'Ansclme major non monstret auctoritas, sio volo accipi ut, quamvis ratio nibus quae mihi videbuntur quasi necessarium concludatur, non ob hoc tamen omnino necessarium, sed tantum sic flerim videri poss l'E^senee suprême Jomouro Ineffable. \lonol., 65-66 (158, 211-213) montrer son existence, « an OSI ? », Ιο " quoinodo » seul restant voilé Monol., 64 (158, 210). Voir Introduction, Py39. _ ,'j grâce petit connaître et l’unité divine et la Trinité, De Saer., ΙΙΙ,ο (176, 218). El il admet, non sans nuances, qu’on peut donner Λ preuves rationnelles dc ce» vérités, Id., 11 (176, 220) et enertt » Ratio vera probat quod Dons umts est... Deinde etiam argu 19 (176, 224). La raison peut même comprendre pourquoi (qi en Dieu mens, sajiienlia,amvr sont des personnes, id., 25 (176, 11 reconnaît, d'autre part, que la connaissance do Dieu * U grâce, W.. 31 (176. 23'.)- ’ dc S. Anselme. Il a' évidemment une série de textes où il sembli présenter une démonstration rigoureuse sur la pluralité des pe seul le < quomodo · nous échappe, 4, III. les vénlés « supra ralionom », l'autre, les vérités « praolor rationem », Benjamin ma/or, 1, 12 (196, 78). Ct. I, 6 : nSujra rationem, neo Sexta...quan^ithoxdiviiu luminis irradiatione cognoscit et conÿ- violerait le mystère, !.. 5. ΧΧΙΙ,οΰ., bien que la dblinctioii entre nando coni/iellil de Deo nostro sentira. » Dans ce passage il est ques- étro l'objet d'unedéduction,' L. 1, III et IV. la foi sous la lumière do la gr^ce — "sont irréfragables : Dieu est NOTES COMPLÉMENTAIRES, L. NOTES COMPLÉMENTAIRES, L. 1, Inconcussa probabîlisquà auctoritas s, Id., 2, 3G (id., 6171, «aucto­ ritas humana s, 15 (**· 810), ol d’autre pari, la dômonslrabiis est lirmatum. » Id. 5, 36 (id., 961) ; « Nil libentius' accipio quam rationem firmissima auctoritate roboratam.» Id., 1, 64 (id., 509}. îtVve/'q? 14° tn°9^dCl’.COmml’d a"^lt*le ‘em’"'U° ’ pcrscrutoliono 'ut*enodentur, palat qnod*modiis poeserulotorius AUCTORITATES, RATIONES (L-l.V.) gang. Domini, 7 (150, 417) do nighgor les* a autorités s ot do se réfu■.............. I"·" . primauté ---marchas K.. ralic---- jU„,oi_, 64-67 (208, 210-213}; Do concord. roboret expositorum sagacitas, quartam figat eonuoverao*:^ Quoniam neque, sanctorum lulquo philoso*phorum wJstifcle, p. 29 ; ci. Z/wlôrta cnlamit., 9*(178,140ptoyés amissi au ^n» concret. ^CL s nosl^a ^ouvont présenté ^nme Hru^da dfaleclique^ dfclaro avec modestie. callo qualité, pt ement Tautor/tà^do^l^criture*, qui fflst 472 NOTES COMPI.ÉMBNTAIBES, optimum cl maximum oil ot summum omnium quae sunt. » Id,, 3 (ut, 148). Cf. 15, 16 W., 161-1M)]. , . g NOTES COMPt.E.MRNTAlBBS, L. 2, X ; L. S, ΧΙΠ 473 AETERNUM CREARI NON POTUIT nnlre? choses,, l'unité divine, Do^Sacr,, I, 3, 12 (176,220). ’ Damleseliagilres XVIII-XX1 ,lu L, 1, Richard affirme que Dieu pue !''°u""'*He *C' mira0.~^ pulvero vestitum'facit, quod tamen 'posterius pede noti est 01 tamen dium )T>°"^^(M°' ‘,^J"j”ra3 'jh) DEUS VERITAS AETERNA L’idée do in vérité, immuable ot indépendante du tamps, présente; dans l'esprit humain et transcendante a lui, ost spécialement chère à. S. Λνουιτιχ : elle ost â la hase do la s démonstration augusliConfeeriono, 7, 10, 16 (32, 742); Dr libero arbitrio, 1, 2, c. 12 ot 13* (32, 1250-1261) ; Enarr. in Pi„ 134, G « Est cnim cl vorc cl eo ipso quod veto est, sino initio ot sine tormino ost » (37, 1743). Conlrd· advers. legio el prophet., I, 2, 3 (42, 604). (I58,°168),'cL Do VerS?i\°a.?468-469B'ÏÔ |ΪΛ. 47M79j!bMl " Comparer S. Thomas, Contra genlee, L. 2, 84 « Ex hoe quod veri­ tates iiilclleeiao sint aeternae quantum ad id quod inlelligitur, non polosl concludi quod anima sil aeterna, sod quod veritates inlellocL’argument sera repris par Bossukt (Logium;, I, 36) ; par Leutr? Ν*ϊ*ΐ'κΗι;^1 *SUr ",e?n .pnr λ|ΛΙ·'1ΒηΛΝ€’^ SUBSTANTIIS QUASI DIVINIS TxtiTuxunis avail écrit : s Vull enim Plato esso, quasdam sub­ ans, quas appellat Ideas, id ost formae., s De α"ίπι"(· la l2> |^8)· NOTES COMPLÉMENTAIRES, L. 2, ΧΙΠ NOTES COMPLÉMENTAIRES, L. 2, XXIV 475 AB AETERNO VOLUIT (L. 2, XXIV.) tin*Cf°De 2, 20 (<Λ. 556).θ ν 5-17-5°8h /rf^™2° (ίΑ, S29H ίϊ, ! «Be^d·^ et ^"('llTsa) ; ef.De sÔCT.^'l'li'î'lVe.'Îs?)."”1 Ρ°’ '" 813) ; at. Do Trin.iΰ, 16, 17^42,922-924) où il montra quo Dieu no 8 (122^ 639-642) ; ilj mîmollail rûternité du mondo, pour In miso'n Μ~' vil aliquid extra se Doua qui omnia habebat in sc ». De Saer., I, 2, 15J17^ 212). CI. IA,. 14-19 (M., 211-213).^ . vite, arec in arlo viia est, quia' vivil anima artificis...1» In Joan., u. 1,16-17 (35. 1387) ; tr. 3, 4 (35,1398) ; of. De Trin., 4,1, 3 : Les nd^'oram,^^ ΙΜ^Γ· Se^., I. ρ. ?, 11 et . .j i DeGenat jj jb rationem ». M., 3, S (122, 640). CL aussi S. Ansulmu, Monol.. 36 (158, 190) : » Omnis creata substantia verius in verbo, id est in intolligontia Creatoris quam in seipsa ». Cost la doctrine reprise par Richard. 476 NOTES COMPLÉMENTAIRES, I. 2, XXIV ; lio. lilac sunt intellectuales, istae actuales Γ illae immutabiles et rf« TMoiogie ancienne et médiévale, 19M, p. 306. PRAEDICAMENTA substance*011 niiuxV^teeiic^^ Λ., 5.^ 2.^ 3 (42, 912L 7, 5. 10 (4^,, s’agisse de la substance qui on Dieu^ost < ultra substantiam », quii . mais ne divise ni lia multiplie l'essence (64, 12S2-1256). P ’? La question des predicaments so^ralUcho à colle do la cognosci^. Sep ÉnioÈsc fait une clique drasliqp des dix^catégories arts- ! mot de < relation ■ ot il le fallait bien. Tout notes coupi.Sventaires, l. 2, BONITAS. CARITAS (L. 3, II.) L'idée do Bonté divine se rencontre assez naturellement chez les Conté. Ç'iméo. 29 DE. * ** P ('X 4Ï5).d*"’ " " ”"°Γ ’d* R”h"r<1· D’ ""U' D“" 2’ que c'osl la Bonté qui' explique la création dos êtres, spécialement des êtres raisonnables, cotte Bonté pouvant et voulant se commudum s. Zla Soer.,^1, 2,^ c. 4 ot 5 (476^208). _ mûiZ", x'viîi. G‘'‘cl"chu Λ" llrs tien nécessaire, Thtoloÿ. chrisl., 5 (178,4330). Assurément, Dieu est live qu'à l'égard de' la créature. Epitome, 22 (178, 4729-1730). 478 NOTES COUPLBMENTAIRES, !.. 3, II commêntaires^d'Hugues, In Hirrunlnnm rorlntem (175, 923-1154), >_Tnniuir. Î'.mi Trinitatem si caritatem vides ■, Dt Trin., 8.8,12 (42, 958). Il énonce NOTES COMPLEïIENTAIRES, L. 3, Il NOTIS COMTI.ÈMENTAIRKS, L. 3, Il CARITAS ORDINATA. AMOR DISCRETUS BOTKS COMRLf.UK.XrAI««, u 3, n ; L. 3, XX 483 CONSOCIALIS AMOR (U 3. XX.) rt »,"lKsus, an personae essent... suppressum est. » sont on Dieu éternellement sont Dieu (bu.NZ., 391), Gilbert y avait Union ratio fuerit intollocta », J. o« Sattsnimr, Hist. Pont., Ronanr de Mi:ion développe très longuement l'idée que les per­ sonnes saut les propriétés mêmes et réfute les arguments des advorLoituAiio dentela même doctrine et, comme les autres, cite le psoudo-Jêrôme pour déclarer s proprietates esse personas et perso­ nas osse subsistentias». Sent., I, dist. 23, 2 cl 3. il parle cependant de * proprietas qua Pater est Pater et proprietas qua Filius est Fi- 486 SÛTES COMPLÉMENTAIRES, !.. 4, III ; L. 4, IV SÛTES COMI'l.ÉMESTAiaES, L. 4, IV ; L. 4, VI-XVIll 487 grecques Selon lui? ils Otaient vaniteusement une fausse science. determinatum est.» Thad. christ., 1, 2 (178, 1238). Ci. Alain *οη pas grâce devant lui, SentMlMO, Praefatio, td.lt. M. Martin, p. 36 sq. Cf. aussi S. Bkhnaiio, In Cent., 61, 7 (183, 1028). 4,10, 24 (34, 100). ° 1 INCOMMUNICABILIS EXSISTENTIA (L. 4, VI-XVIII.) inter hominem et Détint.’ » De Trin-, 7, 4, 7 (42, 540}. GRAECI NON SUMUS (L. 4, IV.) bulaire théologïquo grec. Cf. D.M. Chknv, l.a Ihtdîogte au XI/· siècle, ■< explique minuliousomenl ceux qu'il « ùté oblige d'employer. Il est sans.doute do l'avis d'Alain nr. Ln.r.R^qui, tout on reconnaissant:. inteïkclu ait percibilis, débet enim verborum involucra cavaro catho­ licus; ut ellam rei do qua loquimur sit consonus. » Thcol, Reg., 34' (210,637). m nlrlsmt. „ N vitas Pour S. Augustin, « personne » est un terme absolu, d'ordre essen­ tiel : « Ad se quippe (Pator) dicitur persona, mm ad Filium vel Spi­ ritum sanctum, sicut ad so dicitur Deus et magnus et bonus et jus­ tus et si quid hujusmodi», De Trin., 7, 6, 11 (42, 943) ; ct. 7, 1, 2 (id„ 934) ; 7, 4, 9 (srf-, 942). Augustin n'a aucune peine h admettre la formule grecque : trois hypostases ou trois substances, ld„ 8. prooom. (id, 947). Le mot personne a l'avantage d'éviter certaines quam tres substantiae». Id., 7, 5, 10 (id, 943). D'autre part, bien évidemment, Père, Fils, Esprit sont dos termes relatifs, mais on voit assor, mal qu'Us nient, comme relatifs, uno consistance. Augus- mas : s Los notions do relations et do substance semblent se "heurter dons uno sorte d'anlitypio qui les rond non seulement irréductibles mois imperméables l'une Λ l'autre », I. Cuevalikh, S. Augustin et la pensée grecque, Fribourg, 1940. $ ■ t t lem, rclatïo multiplicat trinitatem1» ; il enseigne que s personne » implique s substance», mais que les relations, qui distinguent^Ics ΐ'ϊίΜΜδ)?1 '°’ PCr’°' ηΜ °" ' *Ul0 ’ 1 S. Anselme enseigne lui aussi que les relations distinguent irré­ ductiblement les personnes : » Sic sunt oppositi relationibus ut alter nunquam suscipiat proprietatem alterius.» Monet., 43 (158. 195). s’arrête devant la mémo difllculté :? Sic est alius Pator, alius Filius, 488 NOTES COUPLÉSIENTAIRES, L. 4, Vl-XVIH NOTES COMPlAUENTAtRES, L. 4, Vl-XVlll ; !.. 4, XX 489 dans une autre ligno que · aliquid >, lequel est nécessairement un. réponde que col arbre u été planté ou lion, cette réponse nous in- rum oppositione · (id., 1296). Toutes ces explications ont été mal do pensée qui conduira S. Toomas k définir la personne divine : de S. Thomas d'Aquin, Paris, 1956, I, ch. 2. manière*dont il la possède. Dès lors, pourvu qu'il y ait plusieurs IN VERBORUM VARIETATE VERITAS UNA çitm, qui n’estpusextrinsèque ot secondaire, rlcviciil caphole dan^ l'inconvénient do* dire en latin s 1res Substantiae ". Cf. Pktau, De Tria., 1V1j3. fi. C'est uno^ormuh qu'on^trouve dans les eoncilos^t Dieu ü'implique la réalité substantielle, il indique le'caractère Diou, Sent., I, disl. 8, c. 7. 492 NOTUS COXrLtXBNTAIIlKS, " . ...... i ..... mÿ"ό,'ίΤμΟΜβ;'1 ^Adnmolmn", '.™p"'‘ΟχίίΓ('Γ|Ιιί. Ws’-Su" Ct. J. Cuatillon, Richard de Sriinl-Victor, Sermone el opuscules spi­ rituel/ inédite, l'édit d’Alexandre, Ilexaem. Coll. 22, 21 (Ed. Quur. V, 440). S. Thomas réduira pure­ ment et simplement la « speculatio ■ à la ■ mcdilalio ·, S. th, 2, 2, g. ISO, art. 5, ad 2. MEDIETAS ARITHMETICA, GEOMETRICA, HARMONICA . (L. 5, XIV.) toutes les deux. On compare et les doux extrêmes et*la différence du grand terme ot du moyen ot la différence du moyeu et du petit. SOTKS COUrLÉMESTAlHES, t. 5, XIV ; L. », 1 NONNULLA IMO MULTA SIMILITUDO (U 6, I.) 493 496 BOTES COXN.É.MBNTAlimS, L. 6, I ; !.. β, XI ressemblance notable1» (6, 1 ; fif V)? Entre la Trinité divine et telle ce myslése ■ (S, XXII). CL aussi 3, XVIII FILIUS IMAGO PATRIS «ire”®û.dI,Té^ete.)?PP,,<*U* *" 4*'ld * '3mrae“‘ “r,p“" . S. Atjianasr, De tirerai. Nie. syn.i 30 (25, 472). CL S. Bassin : : gendréc, la beauté inengcndré'e ·, Ep., 38.8 (32,340), De Spir. simeu. 18, 43 (32. 149). CL S. Ilttaine, De Tria., 7. 37 (10, 230). S. Jean 3, 16 (94, 13S7). S. Auovstih fait seulement remarquer l'équiva­ lence des termes Image, Verbe, Fils. De 7>m„ 6, 2, 3^(42, NOTES COMPLÉMENTAIRES, L. β, XI ; L. 0, XII 497 chard, en essayant d’en "appeler aux Pères, Lie Tria., L.G, e. G cl 7. et avec lui, il commumqiie mi Saint-Esprit la^plGnitudo (XI). « Le dans le Pire et" le pis et que ne possède pus le Saint-Esprit et qu’il procède ^ar voie de nature, soit*p^reopu'i|Pproduit le Saintnonce η. I, q. 31, p. 2, a. 1, q. 2. FILIUS VERBUM (U β, XII.) La TriniU. S3 î.% 10*et 11 ΙίϊΓ1069-1073).* Oa trouve celte"hUe augustiaienna chez S. Amsbbmb, Menet., 48 (158. 199-200) et. au «il· siècle, par exemple chez Huquks h Saixt-Victob, De Sacr„ I, 3, 20 (176, fiOTKS COMPLÊaE5TAlRK3, L, 6, XIV 490 SPIRITUS SANCTUS DONUM DEI 4 Sém/'iim, 1, 201>(P. G., 26, 2?7-S8?”| S. Cvuilik d'Albxakouib, 3° dinlopua sur ta Trinild^P.G., 75, 844). , tC^DTrriÎ^.TfW, ” proprement Ια pertenue — à la différence des vocables Spirilua, Sancti", Caritas, nom» essentiels qui conviennent aux trois ot peuvent seulement être approprié» ù tollo personne. Do plus Je terme dÎtitur FE^DsVnTÎ. 14,Ί 5 ‘(42. j'-’ï)'; Λ s'il Γ,’12(^919)" 15, 19, 36 (U„ 1086). procedebat ni rssot donabile, jam donum oral cl antequam esset cui daretur». Id., S, 15,16 (id., OOlJ.^Le termo don ne tsâpasplu» Lee théologiensi du xn· siècle muni dan»,h ligne d'Augustin, 500 NOTES COMPLÉMENTAIRES, L. 0, XIV ; L. 6, NOTES COMPLÉMENTAIRES, L. 6, XV 501 el · benevolentia o^Throl, ehrirt. (178, 1128), Inlrod. nd Uml. (178. ^^'b?2^””Zf*079"æ!"U D‘ Tri"" 7’ ' |4!' 951 (id.. 200); 1.3. 26 (id.', 227-228);!, 3, 29 (id., 231) ;'s..mmo S^l., 1. 10 (id., 56-58) ; Gilubut ntt la PonnÉs, in Botlh. (64, 1257) ; trod, nd Urol. lit, 17 (178, 1082-1083). -Mais poue lui, qui voit’sur- Summi Boni, I, 4. 5. 6; Epilomo (178, 1705, 1713, 1715). Mais il va FORMA QUAEDAM ET IMAGO SUMMAE TRINITATIS ' (U 8. XV.) soM bonnes ^JnCr.jMl Ibral..^·, ^(ΠβΓοΚ). est bon. CI. S. Jutnann, Vrael. de rr'ror. AbarT, s'ilBO, 1058 sqj ; NOTES COMPLEMENTAIRES, !.. 0, XV 502 ratio, non otioin sopioni in et bonlgnius », DsNZ., 381. Tout cola adversairesd’Abélard o^ légitime les n^proprialions. SanL^I, 3, 17el thMogit/we, XII, p. 308-333. Richard, dont on sait les relations avec Renert do Melun, expliqua lui oussUo biondondé dos appropriations abélnnllenno^, joU dans 009-10001 et la oncurorenvoie pour 1’explication anDtirtbiuaijpn· poivrai. Do mémo il y* a une priorité do ,1a sagesse sur U bonté, do la jsropriSté persoiino^lo d|> rlnengondré^ la Sagesse peut servir v^teur’lris supérieur/! collo^quo^no^is^rouv^ns^obozrjonitnr ns allribuéo au Fils, pour^qu’on no se lo ligure pas moins morphique/on no Irouvo^d’nijlcurs h\o ΛΜ^οι, dans ............. Pater.' » Conlra Maximinum, 11, 14, 6 (42, 773). Il faut ajouter que Hugues et Robert indiquent aussi une explication qui préluda ai eoho dOjRiohard.|, J . . (. 1Λ j S. Thomas’, Jènl., 1, dul.’ 31, q. 1, art. 2 ; Do vèrit., q. 7. art. 3 î q. 30, arl.[8. ’ ** , 1 . 1 NOTES COMPl.ÎlIKNTAIItES, L. 6, XV, L. 0, XIX 503 lait abstract ion do toute pluralité et alUrmo Λ un titre spécial l'unité divine. La subsistence du Fils, qui osl du Pèr^, implique In plura^lé avoir^ta mémo relation aux^doux a^l^os personnes? ^osquollos^nt la_ Spiritum Sanctum ; et ideo in Trinitate omnia connexa propter ip­ sum . (186, 993). idée majeure du Ite Trinitate ; diantre part, dane le grand traité do Richard, io schème trinitairo indiqué ici no réparait plus. En re­ vanche, ces considérations sont tout h fait dans la ligne d’Acuann toute as « déduction s trlnilaire d'après lo schème : a unitas, aoquacnlrè autres, Regulus lèeotogiece, III et IV (210, 624, 625). Ct. M. T. n'Atventtv, art. cil., p. 302-304. SPIRITUS NON IMAGO UNIGENITI semble on ce que, comme le Fils, il no possède pas d’o iui-mtme la divinité. Un objet n'est pas l'imago d'un autre objet parce quo ni image’: ce n'est pas parce que ni l'homme ni l'élépitant no peuvent voler que l'éléphant serait l'imago do l'homme. Peut-on dire du moine que T Esprit soit l’image du Fils on ce que, commun posilit ? Non, car l’Espril procédant du Père et du Fils comme d'un seul principe, a exactement lo môme rapport avec lo Fils qu'avec lo Père : n’étant pas Fila et Imago du Père, il no peut être Fils et Imago du Fils. Il semblait qu'il y eût deux groupes bi- 504 NOTES complEmentaipes, !.. », XIX ; L. 6, XX ; L. 6, XXII AEQUALITAS Fils. De TrinSat^ 3, 23 (10, 92). Il avait dit aussi : ■ Similitude «sondas s De S)nalie.°h (KL 528). En Conséquence, Anéi-ann enseignait que le mot a égalité », dans le casdos personnes divines, a lin sens négatif : il signifie quo dans n’e^lM^sVi^^uianoi&nLr /."db ""sL S. Tnossas déclarera qu'on est fondé à parler d'égalité, où il y a distinction dos personnes et unité d'essence, S. ΙΛ., I, q. 42, art 1, Richard a plus d’uno lois insisté sur l’égalité dan* la Trinité, par exemple dans sa « déduction » des pertonne* en vertu de la « caritas On peut noter que, dans le De tribut appropriais, notre auteur, reprenant la pensée do S. Augustin, légitime l’attribution spéciale do l’« égalité » au Fils, parce qu'il est seul l'imago du Père, ce qui implique * spécialement o l'altérité ot la conformité parfaites (196, 991-00'2). SUBSTANTIA GENITA (L. 6, XXIL) SÛTES COMFLÉMEXTA1BES, L. β, ΧΧΠ démontrant que le De supermeUtnti baptismo Christi, sauf le début. deux mots « sagesse née », un*seiddes λ/οηοΐ., 44 » essentia natas (158, 196). le moM née ·suggère 506 NOTES cOMPLBMUNTAlRliS. L. 6, XXII . ............................. vigilanti, cautela ’’P11’ °**-’ Sent., I, ' 22-28. , NOTES COMPLÉMENTAIRES, I.. bunt ? » Quomodo Spiritus ΛητΙι» rd amor Pairie ei Filii ? (196, 1011-1012). |U β, XXV.) lard) cl cur lesquels lui-mémo a insistf é plusieurs amour obligé et gracieux) : U taul u l’uuioi/dans lu beauté la plus liarmonicuso, lu distinction dans l'altérité la mieux ordonnée ». CL NOTES COMPI-ÉMENTélltES. U 6, XXV INDEX RERUM (Los deux chllïres désignent le livre ot le chapitre.) L'égalité vraie demande une similitude totale, 3, VII. L’égalité parfaite dos personnes consiste dans la possession du mémo Etre souverain et souverainement simple, 3, XXIII. Elle est exigée par la plénitude do la félicité et do la charité, 3, donne seulement, que l'autre reçoit seulement, que l'autre reçoit et donne, 5, XXII ; 5, XXIV. ΛηΤΚβΝΙΤΛΟ, ABTBUXUS. L table,Ι2.”χ lî· prér°e" { ( ’ ] 1 VI Rien de ce qui n’est pas éternel n'est do soi-même, 1, VI rl, VIL L'existence d'un éternel n’ayant pas en lui-même son origine n'est pas impossible, 1, IX. Dieu est éternel, étant la Vérité, 2. II. Dieu n'est pas seulement sempiternel, n'ayant ni commencement ni Un; mais éternel, étant immuable, 2, III; 2, IV ; 2, IX. Dieu est éternel, étant indépendant du temps, 2. IX. 2, XXIV. INDEX REKCM Sil Icelion, 3, XI. 3, III I 3. V ; 3, XIII ; 3, XIV. Ln charité suprême oxigo la Trinité, 3, XI ; 3, XIII ; 3, XIV. aimée, 5, XVII. 3, VII; 3, VIII; 3. XXI; ol ï'unité'do la subsUnoe, 3, Communio animi concbotio. Elio notio luit attribuor A Diou tout eo quo noue estimons Io moii- Colui qui, par ea valeur, mérite d’étro aimé ; la poreonno qui, étant divino, mérita l'amour souverain, 3, 11. la toulo-puissanco, 5, VII. I.a raison qui expliqua Io condignus cot la communication do Ia priorilé do nature dano la production du condignus, C, Il reçoit do ton principe tout pouvoir, donc celui do produire le troisième, 5, VIII. Pour le Père, engendrer, o'oel identiquement vouloir un condi­ gnus. β, XVII. 512 l'amour, A la joie d’élro aimé par celui La production du condiloctus cet seconde relativement à celle du lonlé du Père ct du Filé d'avoir un condlloolus, 6, XVII. I Dbfbctvs. plénitude, 3, IV. C*eloiro, 3, IV.° “l'“mp“libl· Ί P de «liciti, de gloire, 3, ΧΠ ; 3. XIII. “ 5 ‘ “ d“l P J Dieu rit unique cl un en substance, mémo si la divinité est com- Les existants peuvent avoir ou bien l'esse éternel ot do soi-même i L'être qui est do lui-même ne peut avoir un esse composé, 5’IV w xxiii. 511 1 E"'ieu' 4’XX- U"”° P1U" P P 4’ P0" ’ /3 | INDEX RERUM 513 .Elle est le point dodépart de, tous nos raisonnements, 1, IX Exprimant la nature cl l’origine do l’être, il peut designer la per­ sonne, 4, Xll ; 4, XIX. l’origine {en Dieu) ; ou bien par les doux (chez les hommes). ' suprême", 4, XVI, tés’ 4,°XVÎÎ, "°”' "CM"mU" °* “ ra"°" ° “““ Ι>Ι0|’Γ " Procéder immédiatement ost une existence incommunicable, 5, La plénitude de la félicité exige l’amour mutuel ot donc une plu- drue ; le Fils, Sagesse engendrée, est la Substance engendrée, G, XXII-XXV. Ce termo s’appliqua vraiment ù celui qui est produit par la pro-·;; Pour lo Fils, entire, c'est procéder du Péro Solon lo modo princi-^ grâce, 2, VIII. Il est dit engendré et seul engendré, G, XVI. grâce, 6, I. les loreos intrinsèques de la nature ost de la naturo, 5, XXII. 6, XX; mais parce qu’il est configure A sn propriété personnelle : fl lé’galivΔ XIX. propriété du Péro, 6, XXI ; 6, XXII; fl Comme Sagesse ongondréc de lu Sagesse inongondréo, G, XXII, 1 du mot, au sons largo et au sons propre,; En Dieu, l’image e: ’ P <φη*Μ’ 520 Ces propriétés s’identifient avec la Substance oî entre allés; se CoH« unité cut pour nous incompréhensible, 4, III. ' cette raison, appellent subsistences, 4, XX. La beauté serait détruite par l’adjonction d’une quatrième per-' sonne, 5. XIV, XV. Dieu lui-même ne peut rieu concevoir de meilleur ou do plus grand que lui, 1, XVliL Pour que la charité toit suprême, il faut qu’il n’y ait rien do plus L’amour souverain est d’une telle intensité que rien ne peut lui Certaines vérités de toi sont supra rationem, d’autres paraissent 521 XXI i I, XXII. Elle oui plénitude do sagosso ol non participation, 1, XXIII. 2, ΧΓ; 2, XII 1*2, ΧΙΠ. La plénitude do sagesse pourrail subsistor on un Diou uniperson­ nel, 3, XVI. QuHIonno l. une personne la ago.se lut donne I exist On attribuo spécialement au Fils lo Sagesse divine, comme dé- 1.0 Kilo ©il Sagesse engendrée de la Sagesse inengendrée, 6, XXII. unité ol Trinité, 6, XXV. 1.'échelle do le contemplation nous éiôvo vers lo oiol, Prol. °χχπΐ° °’ ""° ° ” ° I’°"r Les similitudes sont une échelle pour qui n'n pas lots ailes do la L’homme est une imago do Dieu, peinte par Dieu lui-mémo, 6, L’imago exige la ressemblance, mais toute ressemblance ne cons­ titue pas une Imago, 6. XIX. 3 blanco est notable, 6, I. ', .. ;; dans la génération, IlfXVIII. I Dans la souveraine unité, il no pout y avoir ni ressemblance ni dissemblance, 6, XX, toute composition, 2, XX ; 2, ΧΧΠ. ' | Il n'est pas produit a clou Io mode principal de procession, 6, XVII. lui eondileolus, 6, XVII. On lui attribue spécialement la Bonté, qui dépend de la Puissance^ | '| /' j1' ; INDEX llEEUM 523 C'est un terme savant qui réclame explication, IV. Il dôsigno oo qui existe comme substance on vertu do sn substnnlillliU, 2, XII; "xiX onlto < et nnto on composition Ce qui entre on composition avec le subsistant pour former une Elio no peut servir dû matière nux êtres créés, 2, VIII. Ella s'idontitio avec la divinité, 1, XVI. Elle est incommunicable Λ d'autres substances, bien plue encore XII. “ ' "" " ' ' "’"""° “ L'unique SubsUiuco est commune aux personnes divinos, 3, On pont appeler las personnes divines, substances (hypostases), La Pêro est In Substance inengendrée ; io Fils, la Substance engen­ drée. 6, XXII-XXV. Sa portoolkiu est souveraine simplicité, 2, XVII; 2, XVIII. INDEX ItERUM 524 XXIII ; 2, XXIV. Seul le Fils est Verbe, 6, XII ; et par lui seul, le Père parle Λ tous les autres, 6, XII. Dieu est ht Vérité, 2, II. Le fouille vital est la vio du corps, donne la sensibilité ; l’Esprit' de Dieu est la vio de l'esprit, douas la sainteté, 6, X. TABLE DES MATIÈRES L'ambiance La demarebe iMotoKique ... .. LE DE ΤΠΙΝΙΤΑΤΕ. Texte et traductleo. Ltvae I.rree Lirae Liras Liras Il (Lot etuibuts divine!.... lit iPluralrtO et Trûuvï en Dieu .... IV iLot Personne·) V (Lot proejsskne V| tLee noms des Personae·) Notes soMstSMOnrsiase. Aesanro .-os·-» splr.tje;» .ProX^jo Sapra re ücaem. <>r.ve rationem Livre 1.1;. A isuiitatOT. ratier-.ee L. I. V)....... Maxima .rôccs'.t'.e. sommeras anuni oaniepiio Γ. '., XX, Dose Ventes aeitroa (L. 2. Il* Subslantjis qossl dlvtnïs (L 2. XIII). AL sotera» voluit (L 2. XXIV; ... Praediaemeata IL. 2, XXV).... IfouitAs. «arilas (L 3. 11}.......... . . .... 4M 4M achevé d'imprimer LE 8 DÉCEMBRE 1959 SDK LES PRESSES DE PBOTAT FRÈRES, A MACOR