SOURCES CHRÉTIENNES Collection dirigée par H. de Lnbac, S. J., et J. Danièlou, S. ]. Secrétariat Je Direction : C. Mondésert, S. J. N« 6$ I GÉLASE Ier I LETTRE CONTRE LES LUPERCALES ET DIX-HUIT MESSES DU SACRAMENTAIRE LÉONIEN INTRODUCTION, TEXTE CRITIQUE, TRADUCTION ET NOTES DE G. POMARES DOC1KUX EX THÉOLOGIE, PRÊTRE DU DIOCÈSE DB XOXTPELLIER » R Cet ouvrage est publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique. ■ ' LES ÉDITIONS DU CERF, 29, bd de 1959 Latour-Maubourg, PARIS NIHIL OBSTAT : Montpellier, le 36 août 1957 A. BON JEAN, c. d. IMPRIMATUR I Montpellier, le 14 septembre 1957 F POURSINES, v. g. AVANT-PROPOS Ce volume veut présenter au lecteur une partie de l'œuvre du pape saint Gélasc 1er (492-496). Son existence même implique la solution d’un problème de paternité littéraire, de sorte que le travail d'édition, relativement aisé dans le cas à cause de la rareté des manuscrits, a dû être précédé d’une recherche litté­ raire et historique dont il faut nous expliquer. Les textes ici retenus appartiennent à deux genres très diffé­ rents. Le premier est une lettre ouverte, adressée à des chré­ tiens romains qui, au mépris de la discipline de Γ Église et de la foi chrétienne, persistent à prendre part à la fête païenne des Lupercales. Qu’elle soit bien de Gélasc, la tradition manuscrite l’affirme unanimement ; on n’a pas essayé d’en établir autre­ ment la preuve. Les autres textes relèvent d’un genre tout autre : ce sont des formulaires de messes extraits du Sacramentaire dit léonien ; textes liturgiques par conséquent, destinés à la prière officielle. Le lien qui unit l’ensemble de ces textes est un lien historique très étroit ; leur occasion à tous fut un événement précis, que nous aurons souvent à désigner d’un mot : l’affaire des Luper­ cales. Si la chose est claire pour la lettre ouverte, où Gélase expose l’affaire, une telle affirmation appelle au contraire, en ce qui concerne les formulaires extraits du léonien, une solide démonstration. C’est à quoi notre introduction s’emploiera. Si l’origine gélasicnne de ces formulaires apparaît à la fin comme acquise, une étape aura été franchie dans l’exploration du Sa­ cramentaire léonien, et ce volume aura apporté sa petite contri­ bution à l’étude d’un des plus anciens livres liturgiques de l'Église. La genèse de ce travail est facile à retracer. Le R. P. Dom Capelle publiait en 1945, dans la Revue bénédictine *, un article i. Dom B. Capellb, » Messes du pape S. Gélase dans le Sacramentaire léonien», dans Revue bénédictine, t. LV1, Maredsous (1945-X946), p. 12-41. 8 AVANT-PROPOS particulièrement intéressant où il étudiait deux formulaires de messes du léonien. Il y prouvait par des arguments d’ordre phi­ lologique que ces formulaires étaient dus au pape Gélase, et remarquait en passant que ces deux messes devaient être en rapport avec l’affaire des Lupercales. Il disait en terminant : a Dans le Sacramcntaire léonien, d’autres messes encore viennent de Gélase. Elles devront être reconnues et scrutées *. » M. l’abbé A. Chavasse, mon professeur à la Faculté de théologie de Lyon, tenta de vérifier l’intuition de Dom Capello. Il lui apparut vite que plusieurs autres messes avaient, avec les deux messes déjà découvertes, une étroite parenté littéraire, et qu’elles conte­ naient des allusions à l'aflaire des Lupercales, telle que la fait connaître la lettre polémique de Gélase. Tout un ensemble de textes du léonien pouvait donc être isolé, unifié plus encore par sa référence au même fait historique que par sa forme littéraire. M. l'abbé Chavasse fit part de sa découverte dans un article des Ephemerides liturgicac 2 sur les messes du pape Vigile contenues dans le léonien. « Doin Capelle a démontré, disait il, que le léonicn renferme deux messes du pape Gélase... Nous avons la preuve qu’il faut porter ce nombre au moins à dix-sept. » Il ajoutait en note : « Peut-être aurons-nous le loisir d’en pu­ blier bientôt la démonstration, « C'est cette démonstration que M. Chavasse m'offrit de tenter en 1951, alors que j’étais étu­ diant à Lyon, Dom Capelle ayant renoncé très aimablement au droit qui lui revenait de la mener jusqu’au bout. Sous une première forme, ce travail fit l’objet de la thèse pour le doctorat en théologie, que je soutins devant la Faculté de Lyon le 26 juin 1952 ’. Les exigences du ministère m’empêchèrent depuis lors d’achever plus tôt ma tâche. r. Outre les messes que cette édition va attribuer à Gélase, le léonien en contient d'autres, œuvres de Gélase ou retouchées par lui en d’autres occa­ sions que l’affaire des Lupercales. Dont Capelle a étudié plusieurs retouches gélasicnncs (< Retouches gélasicnncs dans le sacramcntaire léonien », Rev. bénéd., t. LXI, Maredsous, 1951). Dom C. Coebrrgh signale également deux séries de textes très certainement gélasiens (dans les deux premiers para­ graphes de son article : < Le pape saint Gélase 1·', auteur de plusieurs messes et préfaces du soi-disant sacramcntaire léonien ·, dans Sacris Eru­ diri, t. IV, Bruges, 1952, p. 46-102). 2. A. Chavasse, · Messes du pape Vigile (537-555) dans le Sacramentaire léonien », dans Ephemerides liturgicae, t. LXIV, 1950, p. 162. 3. G. Pomarès, Dix-sepi messes du Pape Gélase dans le Sacramenlaire léonien, 1952 (thèse dactylographiée). / j 9 AVANT-PROPOS Je ne pourrai jamais assez remercier M. l’abbé Chavasse pour l’aide irremplaçable qu'il m’a apportée. Je veux exprimer aussi ma reconnaissance à Mgr G. Jouassard, doyen de la Faculté «le théologie de Lyon, qui voulut bien revoir de près mes premiers essais dans cette étude et ne cessa de m’encourager à la pour­ suivre, ainsi qu’à tous mes maîtres de cette Faculté, de qui j'ai tant reçu et sans qui ce travail n'eût pas été possible. Montpellier, le 25 décembre IQ57· G. P. NOTE SUR LES RÉFÉRENCES Pour permettre au lecteur de se reporter plus facilement au texte latin, les références données dans Γ Introduction, les notes et les index comportent : — pour la Lettre (L), le numéro du paragraphe en chiffres gras, suivi du numéro de la ligne dans la présente édition (ex. : L 3, 4 = 4° ligne du 30 paragraphe de la Lettre de Gélase) ; — pour les Messes (M), le numéro en chiffres gras de la page dans l’édition Feltoë, suivi du numéro de la ligne de cette page (ex. : M 57, 15 15® ligne de la page 57 de l'édition Feltoë). Les lignes de Feltoë sont exactement reproduites dans notre édition, et la numérotation de ses pages rappelée en marge. INTRODUCTION Relativement riche parait déjà au regard du chercheur le patrimoine littéraire que nous a légué le pape saint Gélase 1er et dont l’histoire littéraire lui reconnaît, au moins d’une façon traditionnelle ou tacite, la paternité. Son œuvre nous vient par différentes sources et une édition moderne qui s’attacherait à la restituer dans son ensemble et d’une manière critique serait la bienvenue. Cette édition devrait grouper les très nombreuses lettres de ce pape et les quelques traités qu’il a composés, par quoi sa pensée, sa personnalité, les grands événements de son règne sont parvenus jusqu’à nous. Mais penserait-on à grouper aussi ses productions liturgiques ? Il y a longtemps cependant qu’il est permis de supposer que Gélase a également touché à ce domaine. Le Liber Pontificalis, dans sa première édition qui date du début du vt· siècle, quelques décades tout au plus après la mort de Gélase, signalait déjà qu'il fit des préfaces et des orai­ sons, autrement dit qu’il composa des formulaires de messes: hic fecit sacramentorum prefationcs cauto sermone L’histoire littéraire, pourtant, ne s’est tournée vers cette par­ tie de l’œuvre de Gélase que depuis fort peu de temps. La rai­ son d’un tel retard s'explique : les compositions liturgiques d’un auteur sont le plus souvent anonymes et sont collectionnées, mêlées à beaucoup d’autres compositions semblables, dans les livres de prières de Γ Église, les Sacrainentaires ; elles y sont dif­ ficiles à identifier. C’est en s'essayant à percer les nombreux mystères soulevés par l’existence et le contenu des Sacrameni. L. Duchesse, le Liber Pontificalis, texte, introduction et commentaire, tome I. Paris, 1S86, p. 95. Le texte de cette citation est celui de la première édition du Liber Pontificalis, tel que le donnent les abrégés fclicien et cononicn. Cette première édition s’arrêtait avec la notice du pape Félix IV (γ 530)· Une édition postérieure du I.ibcr Pontificalis a ajouté un mot : hic fuit... sacramentorum prefationcs et orationes cauto sermone (ρ. 255 cn Du­ chesne, op. cit.). Pour la justification de tout cela, voir l’édition critique de Duchesne. 12 INTRODUCTION takes que les chercheurs ont proposé diverses hypothèses sur leurs auteurs. Un des gains principaux de ce volume, nous en avons l'espoir, sera de rendre certain un de ces fructueux rap­ prochements. Nous présenterons, en effet, une lettre de Gélase bien connue dans l’histoire littéraire, et nous lui comparerons dix-huit formulaires 1 de messes extraits du Sacramentaire léonicn. Ixj lien commun entre le premier texte et la série des se­ conds est un fait historique : l’effort tenté par Gélase pour ame­ ner certains chrétiens de Rome à abandonner le culte païen des Lupercales. Avant donc d’éditer les textes qui nous intéressent et afin d’en permettre au lecteur la pleine intelligence, nous de­ vons rappeler clairement les faits et surtout démontrer la vali­ dité du rapprochement proposé. C'est à quoi s’emploiera la pré­ sente Introduction, que nous diviserons en six articles : i) Tout d’abord nous présenterons brièvement le pape Gélase, les faits essentiels de son pontificat et les grandes lignes de son œuvre littéraire : La personne et l'œuvre de saint Gélase Z«. 2) 11 faudra évoquer en second lieu, aussi véridiquement que possible, l’événement précis que fut l’essai de réforme tenté par Gélase et que nous appellerons par la suite * l’affaire des Luper­ cales ». Nous le ferons en deux étapes. Glanant divers renseignements dans les auteurs anciens, nous rappellerons ce que fut ce vieux culte des Lupercales, depuis ses origines dans l’antique religion romaine jusqu’à la forme où nous le voyons pratiquer sous Gélase grâce aux allusions de sa lettre. Puis, prenant cette lettre elle-même, nous en ferons une analyse détaillée, ce qui nous permettra de saisir l’affaireM des Lupercales au moment important dont la lettre est le témoin, et ceci dans la perspective de Gélase lui-même, à travers scs propres termes et son propre jugement : La fêle des Lupercales et la lettre ouverte de Gélase. 3) Nous nous tournerons alors vers le Sacramentaire léonien et nous dirons quelle méthode, essentiellement littéraire, nous a permis d’isoler, à travers ce livre d’apparence désordonnée, toute r. Une dix-huitième préface pour l’Ascension est en effet venue s’ajouter aux dix-sept formulaires d’abord identifiés. INTRODUCTION IS une couche littéraire formée d'un nombre relativement grand de formulaires, couche originale par rapport au reste du livre et homogène en elle-même tant dans sa forme littéraire que dans les thèmes qu’elle développe : Une couche littéraire originale et homogène dans le Sacramentaire léonien. 4) En jiossession de la lettre de Gélase et de ce grouj>c de for­ mulaires du léonien, nous en pourrons tenter alors la comparai­ son littéraire. Cette comparaison se révélera assez riche pour nous permettre de conclure que Gélase est bien l’auteur de ces for­ mulaires, et qu'il les composa, tout comme sa lettre, à l'occasion de sa lutte contre les Lupercales. L’interprétation de chaque messe en fonction de l'affaire des Lupercales viendra d'ailleurs confirmer, à chaque étape de la comparaison littéraire des textes, la validité de cette conclusion : Comparaison littéraire entre la lettre de Gélase et les messes du Sacramentaire léonien, et interprétation de chaque formulaire par l'affaire des Lupercales. 5) Nous aurons dès lors en main tous les éléments nécessaires à la reconstitution de l’affaire des Lupercales. Si, en effet, la lettre de Gélase n'est le témoin que d’un moment, sans doute important mais unique, de l'affaire, les messes nous permettent par contre de retrouver l’évolution de l’affaire, en nous mettant à peu près dans la situation des auditeurs de Gélase écarter le loup du bétail ·. Plusieurs hypothèses sont possibles (par exemple : · loup-bouc », lupus + Atrcwj, que propose J. Carcopino). De toutes façons, < certaine (est) l’appartenance au loup : Luperca était la louve qui avait nourri les jumeaux... ; le Lupercal est l’antre de l’animal. Des « préues-loups » du Palatin on rapprochera alors ceux (AtïpïJ du Soracte. Non moins sûre la liaison au bouc : outre leur mise, le nom populaire des luperques l’atteste : erepi = capri. Les groupements animaux antithétiques sont connus (du loup ou de l’ours avec le renne, par exemple), autant que les déguisements zoomorphes hybrides (dés la période paléolithique). D’autre part, l’antique ambiguïté du sacré conçoit comme nécessaire qu’un dieu-loup protège contre les loups. » J. Bayet, Histoire politique ci psychologique de la Religion ro­ maine, Paris, 1957, p. 79-80. bacii, 22 INTRODUCTION figure plus tard ; le cercle décrit par les coureurs devait être un cercle magique qui repoussait tous les maux hors de son tracé. Peu à peu la fête reçut des sens nouveaux. On attendit d'elle la fécondité du bétail, les cultivateurs lui demandèrent la ferti­ lité de leurs terres : la fête était devenue une fête de bénédiction. 11 n'y avait qu’un pas à franchir pour demander aux dieux, à cette occasion, la fécondité humaine, qui est la plus grande des bénédictions ; ce fut fait très tôt : les rites soulignent surtout ce symbolisme de la fécondité. Enfin, parallèlement à sa valeur de bénédiction, la fête eut aussi un rôle de purification, ce der­ nier davantage souligné par sa place à la fin de l’année. Ainsi présentée et expliquée, la fête des Lupercales serait assez simple à comprendre. Mais cette simplicité risque d’être le fait d’une interprétation par trop systématisée de l’historien mo­ derne. Elle ne rend pas compte des antiques origines de la fête, des éléments obscurs qu’elle contient. « Les Lupercalia sont pleins d’obscurité *. » Une chose seule est certaine : la fête concerne, à l’origine, le seul site du Palatin et le groupe humain qui le peupla aux temps préhistoriques. Ce fut la fête religieuse de la Routa quadrata primitive, dont tout le territoire était enserré par la course des luperques. Mais peutêtre y eut-il à l’origine un sacrifice humain l. Quel sens donner aussi à ce fait qu’il y avait deux collèges de luperques, les Quitte· tialcs et les Fabianiavant que César ne créât le sien, les Julii ? Pourquoi la présence de ces hommes de noble naissance, aux­ quels Gélase fera allusion dans sa lettre quand il leur opposera les êtres de basse extraction qui accomplissent cette course à son époque ? A coup sûr les Lupercales sont une fête antique. Les anciens Romains le sentaient d’instinct. Les quelques témoignages que nous allons entendre nous montreront l’idée 1. J. Bayet, <·/>. cil., p. 79. 2. Le rite que nous entendrons Plutarque nous rappeler (les jeunes gen! touches au front par le couteau sanglant) invite à le penser. Cf. p. 28. 3. · La bipartition du collège des luperques en Quinctiales et Fabian nous laisse dans d’antres incertitudes. Union religieuse d’une famille d< « loups > (les (îutnefir) et d’une de « boucs » (les FaWi)... ; ou de deux « fà milles (fictives) de loups », l'une latine, l’autre Sabine ? ou collège doubl· dés l’origine, et fonctionnellement, sous des noms gentilices réels ou usur pés ? ou jonction d'une goisdu Quirina l avec une du Palatin, antéricuremcn eu possession du culte (comme il en fut pour les Saliens) ?... » J. Bayrt 0f>. cil., p. So. LA FÊTE DES LUPERCALES 23 qu’ils sc faisaient eux-mêmes de leur fête et nous permettront de comprendre ce que Géiase, par la suite, en dira. § i. — La fête des Lupercales au témoignage des auteurs païens anciens. Quand les anciens parlent de leur religion, ils fournissent deux séries bien distinctes de renseignements : les uns, sur les rites, sont à peu près concordants d’un auteur à l'autre : les autres sont très imprécis et souvent divergents, i«>rtant sur le sens religieux de la fête tel qu’il ressort des légendes auxquelles chacun fait appel. Imprécisions et divergences tiennent aux particularités mêmes de l'antique religion romaine. Tout d'abord au caractère éton­ nant de son évolution, sa plus grande originalité à coup sûr : elle n'a cessé de se développer, de pair avec la puissance poli­ tique de Rome et grâce à elle ; elle n’a cessé de s'accroître en apports étrangers à mesure que, sous les anciens Rois, la Répu­ blique;, l'Empire enfin, la Ville rayonnait davantage sur le monde. Large accueil des dieux et des cultes, par conséquent ; mais non moins totale et parfaite assimilation de tous ces apports religieux par l’universel génie de Rome, juridique et légaliste. Les rites sont fixés par l’autorité politique, tout est réglementé et lui est soumis. Autre caractère : dans cette religion si diverse dans ses sources et pourtant si unifiée, nombreux subsistent les éléments très archaïques venant du vieux fonds religieux latin, ces primitifs ntonina qui étaient moins des divinités personna­ lisées que des formes ou des forces divines: les Lupercales à cet égard sont privilégiées. Conséquence enfin des deux caractères précédents, la religion romaine fut l’objet d'un perpétuel effort théologique pour préciser la personnalité des dieux et pour éla­ borer cette pseudo-histoire romaine où le rite ancien, bien sou­ vent inchangé, cache sous un récit s historique » le mythe dont il perpétue l'existence. On comprend quel point l'antique religion romaine, autant que l’histoire de Rome, est difficile à retracer. On voit aussi les raisons de l'apparente incohérence qui pourrait nous suqircndre chez les auteurs anciens ; à côté de rites fixés et relativement stables, chaque fête entoure ses origines de plusieurs légendes, revêt plusieurs symbolismes et une efficacité diverse, les per­ sonnes même des dieux qu'on honore, ne tirant leur relative consistance que des fonctions qu'on leur attribue, restent impré- 24 INTRODUCTION ciscs et confondues entre elles. La fête des Lupercales n’échappe pas à cette situation. Pour la décrire, nous nous bornerons à présenter, dans leur ordre chronologique, quelques témoins de la grande littérature latine. La vénérable antiquité de la fête «les Lupercales est notée par Cicéron, écrivant en l'an 56 avant Jésus son plaidoyer Pro Cae­ lio : « Cette sodalité sauvage, toute pastorale et agreste, des frères en façon de loups (germa non· m lufrercorum), dont le ras­ semblement silvestre s'institua avant la civilisation (humani­ tas) et les lois *. » Au sujet du rite, nous retenons d’abord le témoignage de Vairon, qui écrivait son ouvrage De lingua latina entre 50 et 27 avant Jésus-Christ. La fête est (>oiir lui une fête de purifica­ tion. et le mois de février doit son nom à ce jour où le peuple est purifié par les lupcrques nus qui. semblables à des troupeaux humains, entourent le Palatin dans leur course, pour en faire la lustration 2. Le rite essentiel est ici indiqué, avec une des inten­ tions religieuses de la fête : c'est un rite de purification. Virgile écrivit les chants de l’Énéide entre les années 29 et 19. Au chant huitième, Évandre, qui vient d’Arcadie, fait visi­ ter à Itnée les lieux où Rome doit s'élever : >: Puis il montre le vaste bois sacré que l’impétueux Romulus appela Asyle, et sous la roche glacée le Lupercal ainsi nommé de Pan Lycéen, selon la mode arcadicnne \ » Virgile rattache donc le nom du Luper­ cal à une légende grecque : le dieu Pan et sa montagne d’Arca­ die, le Lycée. C'est là un des grands rattachements légendaires que nous retrouverons plusieurs fois, trace profonde de l'influence 1. Pro Caelio 26 : Fera quaedam sodalitas et plane pastoricia atque agrestis germanorum Lupercorum, quorum coitio ilia silvestris ante ex! instituta quam humanitas atque leges... Traduction de J. Bayet {op. ei!., p. Sr). 2. Varkon, De lingua latina, livre 6, n" 34 : Fo magis arbitror Februa­ rium a die februato, quod tum februatur populus, id est lupercis nudis lustra­ tur antiquom oppidum Palatinum gregibus humanis cinctum. (Texte établi par C. O. Müller, cd. Weidman, Leipzig, 1833, p. 86). 3. Enéide, Vili, 343’345 : Hinc lucum ingentem, quem Romulus acer asylum Rettulit, et gelida monstrat sub rope Lupercal. Parrhasio dictum Panos de inore Lycaei. (Texte établi par R. Durand, traduction de Λ. Bcllessorl, Coll. Bude, Paris, 1936). LA FÊTE DES LUPERCALES 25 séculaire de l'hellénisme et de l’Oricnt sur lo vieux fonds reli­ gieux latin. Denys d’Hal ica masse, présent à Rome en 30 avant J.-C., est le témoin de la même légende : la fête existait au temps de la fondation de Rome et lui est par conséquent antérieure; les bergers de Numitor, voulant se saisir des Jumeaux Romulus et Remus. allaient profiter des circonstances offertes par les Luper­ cales : ·; Les gens de Numitor, prévoyant que les jeunes gens allaient célébrer les Lupercales — ce sacrifice arcadien à Pan tel qu'Évandre l'avait importé — tendirent une embuscade à ce moment favorable de la cérémonie où il fallait que les jeunes gens habitant autour du Palatin et venant de sacrifier dans le Lycée fissent à la course le tour du village, nus et ayant ceint n leurs reins <· des peaux des récentes victimes. Cela équivalait à une sorte de purification ancestrale des villageois, comme cela se fait même encore actuellement » Même rattachement donc à Pan du Lycée ; chez Denys pourtant est présente l’autre grande légende, nationale celle-là, qui rattache la fête aux Ju­ meaux fondateurs et à leur Louve déifiée. Dans la grotte du sa­ crifice (qu’il appelle le Lycée et qui est le Lupercal), la Louve, selon cette tradition, avait allaité les jumeaux : Denys ne l’igno­ rait pas, pour y avoir vu lui-mêmo une statue de la Louve, «œuvre antique d’airain 2 ». En témoignant toujours des mêmes rites essentiels de la fête, Ovide, qui écrivait ses Fastes vers l’an 5 de notre ère, fait plus large place encore, sans chercher à les harmoniser entre elles, aux diverses origines légendaires qu’il connaît. Avec lui nous aurons déjà une vue d'ensemble de la pensée des anciens Ro­ mains sur les Lupercales. Tout d’abord il affirme que la fête est une célébration en l’honneur de Faunus : « La troisième aurore après les Ides (soit le 15 février) voit les luperques nus céléj. Dexys p’Hamcarxasse, AnttquiiJs romaines, livre 1, n» 80: 11',οηcί vfavloxoj», ΙΙαν: rr.v 'Aszaitz.r/, ώ: Εύ'ανδ»; Ουσίαν, Ινήδίίυσαν χαφόν ίΖ£:νο· τη; ΐίρουογ:α;, ίνίζ' i/σήν τούς ζ£ρ·. τό Παλ·αντιω> ©-.χούντα; yôîv >£<>·/ £ζ τον Λυχαίον τΐΟνζότα; KlpizOsiv ζ'·*υ.ην γυμνου:, νη£ζ'ι)3^£·»ουί τ*?' α·'δ<Γ> ταί; Suçai; ν;ο(Ετων. I οντο δί ζαΟα·.νΛν πνα των χωρτ,των TixTctov 1 δυνατό, <·ι; ζα: νϋν ίτ·. δράται. flcx te établi par Kiessling, revu par Prou, coll. Didol. Paris, 1886). 2. Ant. rom., livre I, n" 79: Xxâxî ποιήαατα -αλαιά; ίργασια^. (Ibid.}. INTRODUCTION 26 brant les mystères de Faunus aux deux cornes l. o Mais quelle est. se demande-t-il, l’origine de cette fête ? Aussitôt il laisse Faunus pour rappeler, d’après la légende hellénisante, que ce culte est celui du dieu arcaxlien l’an du Lycée, culte introduit en Italie par Évandre dès avant l'existence de Rome 2. Puis, sans , transition, il donne l’explication de la nudité des luperques : ■ d’une part. Pan était nu. afin d’être plus agile pour surprendre les bêles sauvages, et aussi en souvenir de la vie sauvage et libre que menaient les Arcadiens au commencement des temps, avant que Jupiter lût né ; d’autre part, Faunus (qui reparaît soudain) est nu lui aussi et ne peut souffrir de vêtement. Les deux divi­ nités sont donc nommées. Ovide a d’ailleurs une troisième expli­ cation : cette course sans vêtement est le souvenir de celle que fournirent Romulus et Remus, un jour de fête de Faunus, pour­ chassant les voleurs de leurs troupeaux et rivalisant entre eux d’agilité. Ovide ne choisit pas davantage quand il s'agit d’expliquer le nom des Lupercales. Ce’ nom a été donné à la grotte, aux célé­ brants et à la fête en souvenir de la Louve qui recueillit les Jumeaux après leur exposition sur le Tibre et en souvenir de l'antre où ils s'abritèrent tous trois : x La 1-ouve donna son nom au lieu, et le lieu aux luperques 3 λ, bien que, ajoute-t-il aussitôt, on puisse faire dériver ce nom d’une montagne d’Arcadie, le Lycée, où Faunus lycéen a ses temples *. Enfin, pour expliquer le but de la fête, Ovide fait intervenir une dernière légende, sans rapport avec ce qui précède. La fête i. Ovine, les Fastes, livre 2, vers 267 : Tertia post idus nwaoy aurora Lupercos Aspici!, e! Faun: sacra bicornis eunt. (Texte établi par H. Peter, éd. Teubner, Leipzig, 1889). 2. ibid., vers 271 : Pana deum pecoris veteres coluisse feruntur A rcades Vers 279 : 3. Vers 421 ; Transtulit F.vander silvestria numina sccum Hic ubi nunc urbs est Zuwi locus urbis erat. Illa loco nomen fecit : locus ipse Luperci». |. Vers 423 : Quid vetui A rcadio dictos a monte Lupercos ? LA FftTE DES LUPERCALES 27 est destinée à, favoriser les maternités. Il fut un temps où les Sabines enlevées par les compagnons de Romulus demeuraient stériles, frustrant ainsi l'attente de leurs époux. Elles curent recours à une bonne déesse (Lucine pour Ovide, Junon pour d’autres) qui consentit à leur donner un conseil : Halidas maires, inquit, caper hirtus inito (vers .|.ji). L’oracle était difficile à comprendre ! Tl se trouva heureusement un augure capable de le saisir : >1 prit et sacrifia un bouc, puis frappa les femmes avec la peau découpée en lanières, ôtant ainsi leur stérilité. Telle est l’origine de la fête des Lupercales : « Jeune épouse, qu'attends-tu, dit Ovide ? Ce ne seront pas les herbes magiques ni les prières ni les incantations qui te rendront mère. Reçois patiemment les coups d'une main qui féconde et bientôt ton l>eau-père aura le nom d'heureux aïeul 1. » Nous avons désormais rencontré les principales légendes qui cacheront, sous l'apparence d’une histoire des origines, l'antique démarche religieuse et son intention profonde. Nous avons de­ viné les efforts d’une théologie s'essayant constamment à pré­ ciser et à nommer les personnes des dieux. Ce qui ne change pas, ce sont les rites ; c’est par eux que nous avons chance d'atteindre à une connaissance plus profonde de la fête. C'est pourquoi nous allons demander à Plutarque quelques détails sur la célébration de la fête telle qu’il l'a connue. Plutarque écrivait ses l'tes d’hommes illustres à la fin du pre­ mier siècle ou au début du second ; dans la vie de Romulus, il décrit les Lupercales, au cours d'une notice assez brève. Sur leur origine, il n'est pas plus riche qu’Ovide : «A en juger par leur date, les Lupercales semblent être une fête de purification ; le nom de la fête, en grec, désigne le Lycée, et elle semble à cause de cela tout à fait ancienne, venant des Arcadiens, compagnons d'Évandrc ; mais ce n’est que l’opinion commune : ce nom peut aussi avoir été tiré de celui de la Louve. Car nous voyons les i. Ovide, ibid., vers 425-428 : .Vup.M fuid expeelas ? non tu pollentibus herbis Nec- prece, nec magico carmine mater eris. Excipe fecundae patienter verbera dextrae. : Jam socer optatum nomen habebit avi. 28 INTRODUCTION luperques commencer leur course à partir du lieu où l’on raconte que Romulus fut exposé. 12» Pour les rites cependant, Plutarque donne une description plus complète, et sans doute exactement observée, de ce qu'il a vu. x Les actions qui s’y passent, commence-t-il, ne laissent pas facilement deviner leur motif 3. » Et il nous les décrit : * Ils (les lujxirques) égorgent en effet des chèvres ; puis deux jeunes gens de bonne naissance étant conduits vers eux, ils leur touchent le front avec le couteau ensanglanté, après quoi d’autres les essuient rapidement avec delà laine imbibée de lait; les jeunes gens doivent rire après qu’on les a essuyés ; ensuite, ayant dé­ coupé les peaux des chèvres, ils se mettent à courir en cercle, nus et frappant de leurs lanières celui qu’ils rencontrent. Les jeunes femmes sont loin de fuir leurs coups, pensant que ces coups favorisent la grossesse et l’accouchement. Une particula­ rité de la fête est que les luperques sacrifient aussi un chien 3. o Dans une autre occasion, Plutarque donne une description ana­ logue, un peu plus brève cependant, quand il raconte, soit dans la Vie de César, soit dans celle d’Antoine, l’épisode du couronne­ ment de César, aux Lupercales de 44. Voici sa description dans la Vie de César : » C'était donc la fête des Lupercales, au sujet de laquelle beaucoup ont écrit, la décrivant comme étant autre­ fois une fête de bergers et ayant quelque rapport avec les Arca­ dicas du Lycée. Parmi les jeunes gens de bonne naissance et les chefs, beaucoup y courent nus à. travers la ville, frappani de leurs lanières poilues, par manière de jeu et pour rire, ceux 1. Plutarque, Kws des hommes isiustres, Vie de Romuius, 21 iTiSi Λουπερζάλια, τω μ v χρόνω δο'ςειεν αν είννι καΟάραια' του^ομα δ'ε τής εορτής ελληνιστί σημαίνει λϋζαια καί δοχεί διά τοΰτο παμπάλαιο; in’ ’Αρκάδων είναι τών παρ' Ε-ανδρον. ’Αλλά τούτο υ';ν κοινόν sare δύναται γάρ από τής λυκαΐνης γεγονίναι τούνομα. Καί γάρ αο/ομένους τής περιδρομή< τούς λ /υπέρκους ρώμεν εντεύθεν όπου τόν 'Ρωμΰλον έζτ.Οήναι λί'γουβι. (Texte établi par Cl. Lindskog, éd. Teubner, Leipzig, 19x4. 1’· 69). 2. Τά οξ δρώμενα τήν αιτίαν π.ιε: δυστόπαστον. Ibid. 3. Σράττουσι γάρ αίγας, είτα μειράκιο» δυοίν άπο γίνου; προσα/Οεντων αύτοϊς, οι μίν ήμαγμϊνη μα/αιρχ του μ τόπου 'ΐιγγάνουσιν, ετεροι δε αποαάττονσιν'εύΟυς. εριον 3=6ρεγμένου γάλακτι προσφέροντες· γελάν δε δει τά μειράκια μετά την άπόματιν. Έκ οε τούτου τχ δέρματα τ»2ν αιγών ζατατεμόντες, δ-.αΟεουσιν ένπεριζοίματι γυμνοί, τοίς σκύτεσε τον εμπνδών παίοντες. Λί δ' :.ν ήλικίε γυναίκες οϋ φεΰγουσι τό παιεσΟαι, νομίζουσαι προς ευτοκίαν και κυησιν συνεργεϊν. Ίδιον δε τής εορτής τό καί κυνχ Ιΐύειν τού; λουπίρκους. Ibid. I.Λ FÊTE DES LUPERCALES 29 qu'ils rencontrent ; et aussi beaucoup de femmes de haut rang vont à dessein au-devant d’eux et tendent les deux mains aux coups comme on fait chez le maître d'école, persuadées que cela est bon pour celles qui sont enceintes en vue de leur accouche­ ment, et que c’est bon aussi pour celles qui sont stériles en vue de leur grossesse *. » Dans la Vic de Romulus enfin, Plutarque explique le sacrifice du chien ; ■> Quant au chien, on pourrait dire, si vraiment le sacrifice est un sacrifice expiatoire, qu’il y est immolé pour purifier ceux qui le célèbrent ; les Grecs en effet emportent de jeunes chiens dans les sacrifices expiatoires et pra­ tiquent en beaucoup d'endroits ces sacrifices canins dont nous parlons ; si au contraire ces sacrifices d’action de grâces à la Louve ressuscitent l'allaitement et le sauvetage de Romulus, ce n’est pas sans raison qu’on égorge le chien, car, pour les loups, il est l’ennemi ; et aussi, par Zeus, on peut punir cet animal qui gene les luperques quand ils courent 12. :< Tels étaient les rites qu'a connus Plutarque, plus longuement décrits mais non point différents de ceux dont témoignaient les auteurs précédents. Nous sommes là sur un terrain plus stable où il est possible de dégager les sens religieux de la fête et son caractère primitif : fête pastorale (bouc ou chèvres, allusion cons­ tante au loup), magie de protection et de défense (la course cir­ culaire, la joie de ceux qui sont sauvés), fête sans doute de purifi­ cation et d’expiation (le sacrifice du chien), fête certainement de fécondité, non seulement animale mais humaine. Λ coup sûr • . g 1. Plutarque, Vies des hommes illustres, Vie de César, n’ 6/:rHv μεν yio η τών Αουπιρκχλίω·/ ;o,cr>i, “tpi η; πολλοί γοάρουσνζ ώ; ποιμί’ζων τό πάλι: iv εϊη. ζα: τ: χα? ποοτήζει τοί; Άοκαδιχο:; Αυχαίο:;. Τ ·>ν δ’ εύγενών νεανίσκων καί άο/όντων πολλο: δ:α(Ρ·.υσ:ν άνά την πολ:ν γυμνοί, σζ.ύτεσ*. λασίο:: το>; έυ.”0>ώ·ζ επί παιδιάκαί γελωτε παίοντε;· πολλά: δε καί των ίν τε’λπ γυναικών έπίτηδεζ υχχντωσα: πάρε/»υσ:ν, ώσπερ εν διδασκάλου, τώ ■/<:« ται; πληγα·;, πεπεισμένα' πρ; εύτοχίαν χυουσαις, άγόνο:; δε προ; χόησιν αγαθόν είναι. (Texte établi par Κ. Ziegler, éd. Teubner, Leipzig, 1934, Ρ· 370). 2. Plutarque, Vies des hommes illustres, Vie de Romulus, n° si : Γο·ζ 81 χάνοι pair, τ:: αν, εΐ μΐν ή Ουσία καΟατμό; έστ:, ΟάεσΟαι καθα;σ·ω /'μ· μενών αύτω- καί γάο ”Ε λην<« εν τε τοί; καΟαρσίο:; σκάλακας έζσίρουσι, ζαι πολλαχου γρώνται τοϊ; λεγομίνο:; περ:σκυλακισμο:<· εΐ δε τη λυκαίνη ■/αοωτητια ταΰτα, καί τροφεία και σωτήρια 'Ρωμζλου τελοΰσ:ν. ουζ. άτόπως ό χάων σφάττεται· λΰκοις γάρ έστι πολεμώ;. Ε· μή νή Δία κολάζετα: τό ζβοζ 4>; παο£νο/λου·ζ τούς Λουπετκου;, ότανπεριΟέουσι. (Textede Liadskog, iuf>. Cit.}. JO INTRODUCTION fete antique venue d’un lointain passé religieux, évoquant des forces naturelles si vitales que l'élite romaine se doit d'y parti­ ciper. Plutarque et Ovide resteront nos deux témoins principaux ; nous ne trouverons pas dans les auteurs postérieurs d’indica­ tions beaucoup plus complètes sur les Lupercales. Que devint ensuite cette fête, durant les longs siècles qui séparent Plutarque de Gélasc ? Il est certain qu’avant d'être proscrit par Théodose en 392, le paganisme classique s’était jalousement défendu à Rome, pieusement conservé avec tout le patrimoine d’art et de pensée légué par un très grand passé. Longtemps les auteurs païens relurent et méditèrent les textes, s’efforçant de les inter­ préter et notamment de préciser les personnes, les formes et les forces divines. Les dieux des Lupercales ont bénéficié de ce tra­ vail. Prenons-en un exemple chez. Festus, qui tente de préciser l'identité de la déesse à laquelle Ovide fait allusion en lui donnant le nom de Lutine. Festus, grammairien du t h® siècle, s’est appliqué à étudier l'étymologie d’un bon nombre de mots latins. Dans sa notice sur le nom de Février, il met l'accent sur le caractère de purification de la fête des Lupercales : Februarius mensis dictus quod tum, id est extremo mense anni, populus februabatur, id est lustraretur ac purgaretur ; vel a Junone Februata, quam alii Februalem, Romani Februlim vocant, quod ipsi eo mense sacra fiebant, «jusque feriae erant Lupercalia, quo die mulieres februabantur a lu percis amiculo Junonis, id est pelle caprina ; quam ob causam is quoque dies Februatus appellabatur. Quaecumque denique purgamenti causa in quibusque sacrificiis adhibentur, februa appellantur. Id vero, quod purgatum, dicitur februatum ‘. Cctte Juno Februata est le correspondant féminin de Februus, dieu de la purification, dont « les antiques Lupercales semblaient représenter de façon éminente les vertus 2 0. Autre effort de rapprochement entre des noms ou des per­ sonnes divines chez le grammairien Servius Grammaticus, qui s’appliquait à commenter Virgile dans les dernières années du iv® siècle. Virgile, dans l’Énéide, nommait Castrum d’Innuum i. Festus. Sexti Pompei Festi de verborum significatione quae supersunt. (Texte établi par C. 0. Muller, Leipzig, 1839). «. J. Bayet, op. cil., p. 93. a ; J | I j j ΐ I I LA FfcTE DES LUPERCALES 31 une ville qui s'appelait en réalité * Ville neuve ». Servius cherche la raison : à des gens communs et vulgaires, homines de rebut, de bas étage (L 16, ir) ». En refusant d’y courir, « vous-mêmes, leur dit-il, vous rendez leur culte vil et leur solennité vulgaire (L 16, 2) ». Comment ne pas voir là i. Cf. J. Bayet, ap. cit., p. 175. Lettre et Mf.ftet. > 34 INTRODUCTION le signe que les temps ont changé, que les collèges de luperques d'autrefois ont vraiment disparu ? Une chose d'ailleurs est frappaule : ce sont des chrétiens qui s’obstinent maintenant à participer à un culte spécifiquement païen ! Le peuple va y courir, chanter, crier, mais des chrétiens s’y mêlent : des personnalités chrétiennes prennent la défense de la chose. A coup sûr les Lupercales, au temps de Gélase, avaient perdu de leur sens religieux ; elles étaient moins senties comme un acte de culte que comme une manifestation populaire du folklore romain. Pourtant elles gardaient encore beaucoup trop de saveur païenne au goût de Gélase ; elles n’étaient pas non plus sans dangers au plan moral et donnaient certainement lieu à bien des excès et des débauches (L 19 et 20). Elles étaient aussi contraires aux exigences sans partage du christianisme. Il était grave que quelques chrétiens ne sentissent pas cela, voulussent conserver au moins le souvenir de cette fête (L 27), lui eussent même gardé au fond de leur cœur une certaine confiance superstitieuse incompatible avec leur foi. Tout cela, le pape ne le voyait que trop clairement et se chargea de le rappeler dans sa lettre. La victoire du Christ sur les ténèbres diaboliques devait, être totale et ne souffrir aucun accommodément. Pour détourner ses fidèles de leur résolution de participer encore aux Lupercales, il leur écrit la lettre ouverte que nous allons analyser. B. — La lettre ouverte de ) '1 j W ■] I 5 j ■ 9; 1 | j 1 l| J 1 j 1| H Gélase sur les Lupercales;· Cette lettre est le témoin d’un moment important du conflit.' qui opposa le pape Gélase à tout un groupe de ses chrétiens qui, malgré une défense antérieure certainement portée, pré·;, tendaient continuer à participer au culte des Lupercales. Au cours de l’analyse, nous retiendrons déjà les quelques indications susceptibles de nous indiquer la phase du conflit dont la lettre est le témoin. Mais l’essentiel de notre effort sera d’entrer dans la perspective de Gélase lui-même, de relever scs idées et see sentiments ainsi que les mots qui les expriment. C’est pourquoi nous étudierons toujours conjointement le fond et la forme, les idées et leur expression verbale. En effet, s'il est théoriquement possible de les séparer par une démarche logique, il nous serait peu utile d'isoler ainsi le vocabulaire d’un auteur de la vie dont LA LET RE DE GÉLASE 35 il l'a animé ; nous nous enlèverions du même coup le plus grand moyen de comprendre ce vocabulaire, et par suite de l'utiliser dans un quelconque travail de comparaison. Dans la réalité vivante, en effet, les événements font naître une pensée qui, à son tour, cherche à s'exprimer ; on ne peut pas séparer cette pensée des mots qu'elle utilise et anime, et qui lui offrent en retour l’appui de leur matérialité. Nous essaierons donc de déga­ ger la pensée de Gélase telle qu’il l’a exprimée au contact des événements au milieu desquels il s'est trouvé. Bien que la lettre de Gélase soit une pièce de polémique dont la véhémence et le mouvement se soumettent mal à un plan rigoureux, nous suivrons pour l'analyser les trois grandes divi­ sions que le texte lui-même suggère : 1) Le pape a été pris à partie pour une affaire d’ordre disci­ plinaire : il aurait négligé de punir un clerc coupable d'adultère. Il se défend de cette accusation et attaque à son tour son adver­ saire pour un motif similaire mais beaucoup plus fondé et infi­ niment plus grave : la participation à un culte païen. 2) Le pape juge et condamne la fête des Lupercales au cours d'un long réquisitoire. 3} 11 dicte enfin ses décisions de chef : si ses adversaires veulent à tout prix célébrer cette fête, qu'ils la célèbrent, mais qu’ils sachent que leur action va à l'encontre de leur profession chrétienne. Quant à lui, il interdit à tout chrétien d’y prendre part et, ce faisant, il a conscience de remplir son devoir. Nous suivrons ce plan aussi fidèlement que possible, ne fai­ sant exception que pour quelques idées maîtresses sur lesquelles le pape revient tout au long de sa lettre et dont il convient de ne pas briser l'unité. Première partie : Attaqué sur un point de discipline, Gélase sc défend et attaque à son tour ses adversaires. La lettre n’a plus sa suscription. Le titre que nous lisons au­ jourd'hui dans les manuscrits n’est qu'une indication de copiste, d'archiviste ou de bibliothécaire. Cependant les indications qu'il fournit, à savoir que Gélase écrivait au sénateur Andromaquc et aux autres romains qui voulaient le maintien de la fête des Lupercales, doivent être exactes car on constate, par l’étude directe du texte, que telle était bien la situation : tout au long de la lettre, nous voyons Gélase s’attaquer plus vigoureusement 36 INTRODUCTION à un adversaire principal, auquel seul il s’adresse durant toute cette première partie, mais derrière lequel sc profile un groupe anonyme, auquel il s'en prend également par la suite. Les premiers mots nous introduisent d'emblée au cœur de l’affaire et nous précisent le point d'évolution où en est arrivée la querelle. La lettre témoigne en effet d’une situation que des événements antérieurs ont déjà préparée. A travers le texte de Gélase qui nous plonge tn medias res. nous essaierons de remonter à ce qui fut l’amorce du conflit, après avoir brièvement analysé les deux principales affirmations qui font la matière de cette première partie. A) Gélase a élé attaqué le premier pour une affaire d'ordre disci­ plinaire. La phrase initiale nous fait entrevoir l'obscure agitation de gens qui, sans pondération ni réflexion, ont osé juger et accuser, et sont allés même jusqu’à vouloir anéantir ce qui était déjà fait et bien fait. Nous reviendrons dans un instant sur cette première et très longue phrase ; ne retenons pour le moment que ceci : on a jasé sur le compte de Gélase; on a même porte contre lui une accusation précise ; «... ils nous accusent d’être des censuum lents à réprimer les fautes qui souillent l’Église... » Ainsi Gélase aurait mis de la négligence à punir un coupable. 11 est fort possible que dans le cas le grief fût un peu fondé ; une faute grave en effet avait été commise : un clerc, un ministre de l’Église, avait commis un adultère, et le pape n’avait pas encore puni l. Gélase reconnaît la gravité de la faute et promet d’agir ; d'ailleurs on est en train d'instruire l’affaire et elle aura ses suites juridiques normales : «On n'escamote pas la procé· dure : on le juge et. s'il est convaincu, il sera soumis au châti­ ment qui convient (L 7, 5). » 1. Nous n’avons pas trouvé dans l'œuvre de Gélase d’autre allusion à cc clerc. Par contre nous avons trouvé un petit billet du pape invitant un évêque à être sévère dans un cas tout à fait semblable. Gélase lui demandé d'instruire l’affaire et de punir avec justice puisqu'il y a eu scandale. Une telle satisfaction, dit-il, apaise l’Église, et une faute publiquement sanction née demeure pour inspirer la crainte : Si postquam oriri scandalum contigerit pro crimine, nullo modo esi praetereundum quia Ecclesia et satisfactione pac' quiescat, et sedata remaneat culpa sic publiciter punita, ut etiam habeant tii rem. Migne, P. L. 59, coi. 156 B. LA LETTRE DE GÉLASE 37 Une fois réglée, cette affaire secondaire sortira définitivement de la perspective de la lettre. B) Gélase condamne à son tour son adversaire pour une faute beaucoup plus grave, la participation à un culte païen. Gélase a donc concédé un premier point ; mais il ne se bor­ nera pas à se défendre. Car il a lui aussi à se plaindre de scs détracteurs ; il doit les attaquer, dans la personne du principal d'entre eux, pour un crime de même nature, un adultère, mais situé cette fois au plan de la vie chrétienne. Il existe, en effet, un genre de fornication et d'adultère bien plus grave, qui con­ siste à renier pratiquement sa foi par le sacrilège. Or ce crime est celui de ses adversaires : eux chrétiens, ils encouragent la participation au vieux culte païen des Lupercales. Nous voici maintenant capables de comprendre la première et très longue phrase de la lettre, et par elle de remonter à l'ori­ gine du conflit. Les adversaires de Gélase ont manqué évidem­ ment de mesure en reprochant au pape sa négligence à punir un clerc coupable : Gélase, en effet, est tout disposé à faire son devoir. Mais ils ont manqué bien davantage de clairvoyance en ne comprenant pas qu'ils attiraient ainsi l'attention sur leur propre conduite, infiniment plus grave que le crime qu’ils dénon­ çaient. Enfin, n'ont-ils pas, par-dessus tout, manqué de sens chré­ tien ? L’accusation de négligence portée contre Gélase n'est qu'un moyen pour eux de se venger : en réalité ils protestent ainsi contre une mesure antérieure du pape qui les arrachait à leur propre scandale en interdisant désormais à tout chrétien de participer aux Lupercales. C'est là leur plus profonde malice : » Voilà jusqu'où ils en sont arrivés : meme ce qui a été bien fait, ils tâchent, dans leur parti pris de malveillance, de le mettre en pièces. * Nous tenons l'amorce du conflit : Gélase avait pris une bonne décision (rccte facta}, l’interdiction des Lupercales aux chrétiens ; mais les partisans de la participation, dans leur folie et leur orgueil, veulent casser cette mesure (etiam rccte facta... lacerare contendant}, et emploient dans ce but une arme déloyale, la diffamation de l’autorité légitime. Gélase est donc contraint de reprendre solennellement la parole, un peu pour se laver de toute accusation, mais surtout pour revenir sur la question essentielle, celle des Lupercales. Tel est le mouvement de cette première partie. Gélase débute 3S INTRODUCTION sur un ton impersonnel et ne nomme pas tout de suite ses adver­ saires, ce qui diminue la brutalité de l’attaque, mais également la prépare en forçant peu à peu les coupables à prendre cons­ cience de leur faute : dès les premiers mots ils se savent visés ; la tension va toujours croissant jusqu'à ce qu'éclate l’inter­ pellation directe du principal d’entre eux : « Tu veux prendre et c’est toi qui es pris, presser et c'est toi qui es pressé, déclarer coupable et c’est toi qui es déclaré coupable (L 5, 12). » Reprenons en détail, dans leur fond et dans leur expression littéraire, quelques points de l'argumentation plus intéressants pour nous. a) Dans la pensée de Gélase, un double sentiment domine : celui de la dignité du chrétien, celui de la grandeur et de la sainteté de l'Église. Quand Gélase veut parler du chrétien et le définir par ce qu'il a de plus grand, il évoque son baptême, et plus précisément la profession solennelle de sa foi que le chrétien lit lors de son bap­ tême. Le chrétien, pour lui, est celui qui a confessé sa foi, c’est un confesseur : il a confessé la providence et la puissance de Dieu, il a confessé la vérité, c’est-à-dire Dieu lui-mème *. Cette profession l’a uni étroitement à Dieu, par un lien sans doute spirituel et invisible, mais extrêmement fort, si fort que, pour le rompre, il faut commettre un crime énorme, le retour au paganisme. Retourner au paganisme, c’est commettre un sacri­ lège, c’est-à-dire un adultère spirituel {sacrilegium, id est for­ nicationem et adulterium spiritale. L 5, 2), c'est s’unir aux dé­ mons et briser ainsi l'union avec Dieu : « D'autant plus grave, en effet, est le crime de sacrilège que la fornication de l'âme est pire que celle du corps ; car par la fornication de i'àmc on quitte l’union avec Dieu lui-même et l’on passe aux esprits impurs par une sorte d’adultère spirituel. » Entre l'union avec Dieu et l'union avec les démons, l’incompatibilité est absolue. Comment ne retombe-t-il pas au pouvoir des démons {in hanc partem reci­ dit) celui qui ose soutenir la nécessité du culte des idoles ? Comi. L 3, 7 :... abjurata unius Dei providentia cl potestate quant confessus... L 4, i : Secundum apostolum longe deterius... confessam veritatem deserere quam si in eam nullatenus credidisset L 8, 2 :... numquid et tu reus non cs qui post confessionem veritatis ad prava... L 8. 3 :... quibus te renuntiare professus es... LA LETTRE DE GÉLASE 39 ment n’CSt-il pas prévaricateur, celui qui retourne au paga­ nisme ? Comment n’est-il pas sacrilège, celui qui se laisse séduire par le culte païen ? Quomodo non ? 11 y a là, pour Gélase, une évidence. En succombant à la tentation du paganisme, en retournant aux démons, le chrétien a en quelque sorte « défait son baptême », désormais il n'est plus chrétien ni païen : dicite nobis nec Christiani nec pagani... (L 19, 1). Aussi la punition de son crime est l’excommunication : Ilaque etiam tu, post blasphctnias palam publicequc profusas, a sacro corpore modis omnibus abstinendus es (L 9, 1). Cette sanction n'est pas une peine quelconque arbitrairement choisie par le chef de Γ Église; elle n'est que l'aspect visible de la rupture consommée avec Dieu. C'est pourquoi l'excommunication est totale : modis omnibus. Gélase, sc référant à saint Paul *, en souligne un aspect fonda­ mental, la privation du repas eucharistique. Sa profession de foi avait aussi uni le chrétien à l'Églisc, quia membrum omnis Christianus ecclesiae est (L 2, 5). Qu’il soit clerc ou laïque, il fait partie du peuple saint, il est membre du Christ, il participe au sacerdoce de l'Église 2. Au sens fort du mot, il est, dans le Seigneur, le frère de tous les autres chrétiens (in oculo fratris, L 6, 2). Aussi est-il solidaire de toute Γ Église, avec l’obligation d'un double devoir : dénoncer chez autrui les fautes qui souillent l'Église (tw vitiis ecclesiae cohercendis, L 2, 1), afin que cette Église reste sans tache (ne maculetur ecclesia, L 6. 8); éviter lui· même toute faute grave, dans le même souci r. I Cor. 10, 20-21 : Non potestis calicem domini bibere et calicem daemo­ niorum. Non potestis mensae domini participes esse cl mensae- daemoniorum. Le texte de Gélase est tres voisin : jVon poles enim mensae domini participare et mensae daemoniorum, nec calicem domini bibere et calicem daemoniorum. Cette réminiscence de la première lettre aux Corinthiens n'est pas isolée. Déjà la comparaison de l'apostasie du chrétien avec l'adultère s'inspirait de 1 Cor. 6, 15 sq., où saint Paul montre que les fornicatcurs deviennent un seul être en s'unissant, comme celui qui adhère à Dieu devient un seul esprit avec Lui. Ici la citation du texte sur l’Eucharistic est à remarquer, non seulement parce que bien choisie et adaptée (saint Paul menace ceux qui mangent des idolothytos), mais aussi parce que Gélase cite volontiers ce même texte dans plusieurs de scs écrits, ainsi que le remarque Dont Capclle {«Messes du PapeS. Gélase...», dans Rev. binéd., vol. LVI, p. 12-41). 2. L 7, 7 : Numquid quia m ministerio sacro non es, in plèbe sacra non es ? An nescis et te membrum esse summi Pontificis ? An ignoras totam ecclesiam sacerdotium vocitatam ? 4o INTRODUCTION de la sainteté du peuple de Dieu. S’il trahit cette deuxième obli­ gation en commettant une laute aussi lourde qu’un retour au paganisme, il devient lui-même coupable (nionçutô et tu reus lion es... L 8, 2) ; il perd tout droit à poursuivre son frère chré­ tien l, coupable d'ailleurs, dans le cas, d’une faute moindre. Il tombe à son tour sous le coup de la poursuite et du jugement du chef de l’Églisc, sans pouvoir espérer y échapper, dans la pleine conscience où il est de son crime d’aj>ostasie : «... puisque tu te rends compte que mauvais est l’attachement qui te tient et pervers ton dessein d’apostasier... L 10, 4. » Toute faute d’un chrétien atteint et souille l’Églisc entière : en rappelant l’histoire de la femme adultère, Gélase souligne une belle leçon de loyauté dans la culpabilité, mais il veut surtout montrer que tout péché sans exception intéresse le Christ et atteint l’Église. Or cette Église doit rester sainte ; c’est pourquoi le chrétien infidèle sera poursuivi et puni. b) Dans l’Église, la fonction coercitive est exercée par le pape. Il se doit d'y être fidèle, sous peine d’etre accusé de négligence : ne segnitia pontificis accusetur (L 6, 8). Ce devoir lui vient de sa fonction de chef et de gardien de l’Églisc, chargé d’en surveiller la pureté et d’en sauvegarder la bonne renommée : ecclesiae fama (L 6. 10). Vis-à-vis des fautes et des vices, son attitude doit être la vigilance et la sévérité, vigilance et sévérité universelles : debei ergo et pontificis in omnibus malefactis sollicitudo et seve­ ritas non deesse et ab omnibus ecclesiae fama purgari (L 6, 9). C’est son devoir absolu de sanctionner toute faute : ■> Le pontife doit-il en effet sévir contre ceux qui commettent un adultère charnel et ne doit-il pas le faire contre ceux qui accomplissent un sacrilège, c’est-à-dire un acte de fornication et d’adultère spirituel (L 5, 1) ? >· Son devoir aussi de ne faire aucune accep­ tion de personne et de traiter chaque fidèle d’autant plus sévè­ rement qu’il occupe dans l’Église une fonction plus haute (L 7). c} T.a fonction de juge de l’Église appartient en propre au pontife, et Gélase a conscience de l’exercer de plein droit. Cette oeuvre de justice chrétienne est semblable à l’œuvre de justice humaine. Pour la décrire, les termes de droit abondent dans la lettre : reus, crimen, defendere, causa, censor, censura, assertio. i. L 6, 1 : Nnmquid non etiain leges humanae dicunt quod reus reum facere non possit ? LA LETTRE DE GÉLASE 41 arguere, addici, accusare, judicare, competenter, sententia, coer­ cere, vindicari, discuti, puniri. Soulignons seulement quelques termes plus intéressants pour nous : la faute commise l'a été d'une façon publique et officielle, palam publicequc ’. Gélase emploie fréquemment le terme jure, ·. Le résultat du jugement est la condamnation : damnare, condemnare ». Celle-ci se traduit par la peine, poena, infligée à bon droit, consequenter 4. Ainsi est lavée, purgari 4, la réputation de l’Églisc. d) Terminons ces quelques remarques en étudiant rapide­ ment la manière dont Gélase voit la fête des Lupercales, com­ ment il la décrit et la qualifie. Pour lui, la célébration de cette fête est l’acte d’une religion véritable, mais démoniaque : l’envers du christianisme. On y adhère par une » autre o profession de foi : professio ac praedi­ catio jure damnanda (L 4, 4). Les dieux de cette religion sont les dieux du paganisme, c'est-à-dire les démons, et de même que, par le culte chrétien, on entre en communion avec Dieu, de même par les Lupercales on entre en communion avec les dé­ mons : nam per animae fornicationem... ad immundos spiritus spiritalis adulterii genere transitur (L2, 8). Dans cette religion, les adeptes apportent leur dévotion à célébrer leur culte selon les rites, ou bien au contraire négligent ceux-ci et se mettent en faute “. 1. L 3, i : qui, cum se Christianum videri velit... palam tamen publiceqtcc praedicare non horreat... L 9. i : Itaque etiam tu post blaspbemias palam pubiicequc profu­ sas... 2. L 2, 3 : quod ct discuti debeat ct jure, puniri... L 4. i : longe deterius jureque damnandum... L 4, 4 : professio ac praedicatio jure damnanda... L to. : : quibus cs jure plectibilis... 3. L 4. 5 : qui in alium sententiam damnationis vult sine dilatione pro­ ferri... L 4. 7 : semet ipsum se condemnare cognoscat. L 5, 10 : Nemo te condemnavit, nec ego te condemnabo. 4. L 2, 2 : et a nobis consequenter agnoscant... L 6, fi ; peccantem cupis discuti et poenae consequenter addici L 7, 6 : ct si convictus fuerit, vindictae consequenter addicitur... 5. L 6, ro : ct ab omnibus ecclesiae fama purgari. 6. L 16. 5 : et non longe impari cultu ct devotione... L 17, 2 : ipsi celebrate more majorum... L zo, ro: per quandam laetitiam et celebritatem numinum... (Voir suite p. 42.) INTRODUCTION 42 Pour qualifier cette religion démoniaque, Gélase use de termes, substantifs et adjectifs, qui se groupent diversement entre eux pour former de multiples expressions. Laissons de côté la série complète et passons seulement en revue les termes principaux. Une seule expression nous en fournit cinq : ad prava et perversa et profana et diabolica... figmenta reduceris (L 8. 3). Figmentum désigne étymologiquement toute représentation, statue aussi bien que culte, tout ce que l'homme jæut façonner et figurer par le travail de scs mains ou l’attitude de son corps : les Impercales sont donc bien des figmenta puisqu’elles sont un rite ; mais ce mot qui n’implique de soi aucune nuance péjorative en com­ porte cependant une ici et c’est pourquoi Gélase éprouve le besoin de toujours le qualifier {ridiculosa, prava, perversa, profana, diabolica) *. Par ailleurs, fingere signifie à la fois fa­ çonner et tromper, et Gélase sait la déloyauté de ses adver­ saires i. Les termes pravus et pravitas désignent ce qui est mauvais parce que s'écartant de la vraie foi. Perversus, per­ versitas expriment l’idée de ce qui est totalement retourné, sens dessus dessous, par conséquent pervers au sens propre de ce mot français. Profanus, profanitas désignent dans la bouche de Gélase le païen et par extension tout le paganisme. Enfin les Lupercales sont dites diabolica parce qu’elles se réfèrent aux démons. L’arsenal de Gélase contre les Lupercales se complète encore de quelques autres termes : en particulier il les appelle par déri­ sion un remède, remedium, remède évidemment mauvais par rapport aux bons remèdes que sont les sacrements du Christ ; 20, 12 : ut sit unde numinum sollemnia celebrentur... tû, 2 : vos eorum cultum celebrilatemque vilem... redditis. 17, 3 : ut rite vestrae salutis ludibria peragatis. 24 a, 2 : his temporibus quibus dicitis agitata et rite ac plena sui, sicut vobis videtur, devotione completa sunt... L 27. 3 : quando ritu integro, sicut dicitis, tractabatur... L 30, 2 : ct soli hoc pagani, quorum ritus est, exsequantur. L 26, 7 : cur tractasse sit dedecus ? 1. Dans la langue chrétienne de la polémique contre les hérétiques ou contre les païens, le mot figmentum est couramment employé pour dési· I gner simplement leurs « folles inventions « qui ne répondent à rien. Ici il semble avoir gardé son sens premier : représentation. La préface de la messe XVIII-χχχνπ (p. 229} impose le même sens. 2. L 10, 3 : voluntatem habere te mentiendi, artem fingendi non habere.» J L 15, 5 : Deo fictae mentes... L L L 1. LA LETTRE DE CÉLASE 43 il les déclare enfin vaines, vanus, vanitas, c’est-à-dire vides et creuses, n'apportant à leurs adeptes aucun bienfait *. Deuxième partie : Le réquisitoire contre les Lupercales. Dans la première partie de sa lettre, Gélase a donc stigmatisé l'attitude de ses adversaires et il les a mis en facq de leur culpa­ bilité. Pourtant, en reprenant la plume, le pape se proposait d'aller beaucoup plus loin ; puisque l'occasion lui en est fournie, il va s'employer à porter au culte des Lupercales un coup qu'il voudrait décisif et mortel : c'est l'objet de cette seconde partie. Pour dévaluer à jamais dans l'esprit des chrétiens ce vieux reste de paganisme, il va mettre en œuvre toute son éloquence et sa force de persuasion. Le réquisitoire qu’il élabore a la rigueur d'une démonstration. Nous pouvons y distinguer quatre parties : inefficacité cons­ tante des Lupercales (L 10-151 ; inconséquence des chrétiens qui les défendent et qui pourtant rougissent de les célébrer par eux-mêmes (L 16-17) · les Lupercales causent la ruine des mœurs et tous les autres maux (L 18-22) ; Gélase met ses adversaires au défi de lui citer un seul bienfait dû aux Lupercales (L 22, 23, 24 a et 25 a) ». A) L'inefficacité constante- des Lupercales (L 10-15). Gélase commence son réquisitoire par une démonstration his­ torique serrée et précise. Cette démonstration nous retiendra peu. Remontant à l'institution des Lupercales, puis faisant allu­ sion à quelques grandes épidémies et calamités du passé, Gélase montre que ces fêtes n’ont servi à rien ni pour combattre les pestes, ni pour procurer la fécondité des femmes, ni pour remédier à la stérilité des terres. Elles n’ont profité ni à Rome ni aux pro­ vinces qui se sont rattachées à Rome au cours de l'histoire. Tous les maux dont les Romains ont souffert s'expliquent assez par leurs péchés et par les mœurs blâmables des mauvais chrétiens. 1. L 24 .1. 10 : vana hujus remedii convincitur esse praesumptio. L 25 b. 4 ; cum ipsi remedia vestra calcetis L 3, 9 : et vana figmenta seducitur ? L io, 5 : ut tibi materia prorsus ναηίάϋΰ illius nulla suppeditet... L 28, 3 ·. et in Capitolio profana vanitas celebretur ! L 28, 5 : Si plurima genera vanitatum... 2. Voir note 2, p. 183. 44 INTRODUCTION Profitons cependant de cette démonstration de Gélase pour souligner au passage quelques aspects de l'état d’âme de ses adversaires ; a) La phrase d'introduction du § 10. en même temps qu'elle est une habile transition, évoque une de leurs attitudes les plus caractéristiques : leur évidente mauvaise volonté, que décèlent leurs contradictions et leur incapacité à justifier leur conduite. Gélase les invite à constater leur maladresse (imperitia) ; elle consiste en ceci qu’ils ne peuvent trouver à ce culte ni bienfait consistant (nulla materia), ni motif personnel valable (nec possis adstruerc) qui expliqueraient leur obstination J.e durcissement de leur attitude est donc le fruit de leur mauvaise volonté. Déjà la première phrase de la lettre avait mis en évidence leur volon­ taire obstination : «... (ils) foui tout pour porter un jugement sur autrui... ils veulent accuser avant de savoir et enseigner avant d’apprendre... dénonçant ce qu'ils ignorent en s'appli­ quant à médire... (L i). » Tout au long de la lettre abondent les affirmations de ce mauvais vouloir. b) Autre trait de leur état d’âme : bien que chrétiens, et ceci est grave aux yeux du pape, ils ont dans le culte des Lupercales une véritable confiance. Ce sont eux qui énoncent les merveil­ leux bienfaits qu'ils attendent de leur fête s: ce sont eux qui insisteront, jusqu’à la fin, pour qu'on la conserve. Ils craignent surtout que sa suppression n’attire sur eux beaucoup de maux : terreur vaine évidemment, que Gélase s’efforce de calmer (quid inani turbatione jactamini ? L 13, 4), mais terreur réelle. Ils sont troublés, et ce trouble révèle leur confiance superstitieuse. Dans le secret de leur cœur, ils ont gardé leur confiance aux X. Le debut du $21 offre une phrase en tout point parallèle à celle que nous analysons : «... vous qui voulez ce rite païen dont vous ne pouvez justifier les fondements (justification objective et concrète), vous qui avez projet de protéger une erreur que vous ne pouvez pas défendre (justifica­ tion subjective)... » 2. Il faut noter le soin avec lequel Gélase, chaque fois qu'il reproduit les affirmations de ses adversaires touchant leur fête, veille à bien mettre ces affirmations à leur compte. Ce souci est manifeste par la fréquence, dans la lettre, d'expressions telles que : w dicilis, ut putatis, sicut vobis videtur. Donnons-en un exemple typique : An dicitis illic nocere, ubi per plurima saecula fuerant celebrata et repente sublata sunt ? Videamus ergo si his temporibus quibus dicitis agitata el rite ac plena sui, sicul vobis . videtur, devotione completa sunt... (24 a. >)· LA LETTRE DE GÉLASE 45 plus honteuses pratiques de magie : Deo fictae mentes et saevi' legia artesque magicae etiam paganis horrendae (L 15, 5). En réalité, dira Gélase, ce sont ces tares religieuses, et non la sup­ pression des Lupercales, qui causent les malheurs de Rome. B) L'inconséquence des chrétiens qui défendent les Lupercales et qui pourtant rougissent de les célébrer par eux-mêmes (L 16-17). Après la démonstration historique de l'inutilité des Luper­ cales, Gélase continue son réquisitoire en montrant à ses inter­ locuteurs la contradiction profonde de leur conduite : ils veulent que l’on maintienne la fête et ils ont honte de la célébrer par eux-mêmes. Or «personne ne professe une religion qu'il rougit et évite entièrement de pratiquer par lui-même (L 17. 8) ». Eux pourtant agissent ainsi : « Ce culte pour vous vénérable et, pensez-vous, salutaire, vous l'avez abandonné à des gens com­ muns et vulgaires, hommes de rebut, de bas étage (L 16, 10). » Avec une piété presque égale à celle des anciens païens, ils abandonnent leur fête à des mains indignes ! Gélase a beau jeu d’appuyer sur leur inconséquence. Si vraiment ils mettent leur salut dans cette fête (.si vere profitemini, L 17, i), qu’ils courent donc eux-mêmes. Mais ils ne le feront pas car ils ont honte ! Comment dès lors considérer comme divin, salutaire, utile, ce qu’eux-mêmes tiennent pour une infamie : Si pudet e! dedecus est, itane salutiferum est et divinum et profuturum quod vos ipsi dedecus esse fateamini (L 17, 6) ? La phrase qui achève le § 17 prononce déjà la condamnation définitive ; « Que votre réserve elle-même vous apprenne que c’est un crime public et non votre salut, non pas un culte rendu à la divinité, dont aucun homme sensé ne rougit, mais bien des instruments d’aberration...» Elle introduit ainsi la démonstra­ tion de la positive nocivité de ce culte. C) Les Lupercales causent la ruine des mantrs et tous les autres maux (L 18-22). Loin d’être en effet une cause de salut, la fête des Lupercales ruine la vie morale de scs adeptes (quae tantam moribus labem perniciemque proponit, L 19. 8). Déjà le pape avait affirmé (L 14 et 15) la relation étroite des mauvaises mœurs des Romains aux maux divers dont ils sont accablés. A la manière de saint Paul, il avait dressé (L 15) la longue liste de ces péchés qui 4ύ INTRODUCTION rendent aux Romains a toutes choses contraires et hostiles». Or les Lupercales font bien partie de ces péchés : elles sont une grave occasion de scandale. Le changement des exécutants, Gélase l’avait constaté, avait altéré leur célébration. A présent, loin d’édifier les spectateurs comme le prétendent inutilement leurs défenseurs (uec es! quod dicatis, L 20, 1), elles les incitent plutôt au mal (non tam deterrere quam admonere, L 20, 4). En effet ce ne sont plus que réjouissances populaires fort grossières ; on y chante, en les inventant au besoin, les crimes les plus hon­ teux (crimine publicato expositaque verecundia. L 20, 7), avec uon ne sait quelle joie et pour célébrer les dieux». Celui qui tient un rôle (persona) à cette fête est lui-même victime de ce scandale : désormais il sera dans la vie tel qu’il fut chanté aux Lupercales, pensant meme tirer «le sa mauvaise conduite matière à célébrer de pareilles solennités. Comment ne pas penser, dans de telles conditions, que les Lupercales sont cause de tous les malheurs ? ·> Que direz-vous de la sécheresse, de la grêle, des orages, des tempêtes et des maux divers qui nous viennent à cause de nos mœurs (L 21, 3) ? » Les hommes prétendent superstitieusement que leurs maux viennent d’obscures influences célestes ; ils ne sont en réalité qu’un juste châtiment infligé par Dieu à leurs mauvaises mœurs. ; j j ·» j 1 1 π D) Gélose met ses adversaires au défi de lui citer wn seul bienfait du aux Lupercales (L 22. 23, 24 a, 25 a). Gélase va enfin achever son réquisitoire en réduisant ses ad- r versaires au silence. Sa verve maintenant bien échauffée, son j ton va devenir véhément. 1) accable ses lecteurs de questions de plus en plus courtes et serrées auxquelles ils ne pourraient répondre quand bien même ils en auraient le loisir. Tout à l’heure, pour démontrer l’inutilité des Lupercales, il avait ap- 3 porté des faits historiques précis; à présent il demande à ses antagonistes des faits précis susceptibles de défendre leur culte (L 22). Or, ils n'en ont aucun à produire, pas un seul (L 23). B. Car les Lupercales, même au temps où elles étaient célébrées I correctement, furent toujours aussi inutiles pour la peste que pour la stérilité, ne protégèrent jamais Rome des horreurs de la guerre. Vaine est donc la confiance qu’on met en elles (L 24 a). Gélase achève son réquisitoire par quatre courtes questions où il fait allusion à des désastres guerriers de plus en plus ré­__ LA LETTRE PE GÉLASE 47 cents que les Lupercales n’ont pu prévenir. Il ne lui restera plus, dans la troisième partie de sa lettre, qu'à définir respectivement l'attitude de ses adversaires et la sienne propre. Cependant, avant d’aborder cette dernière partie, soulignons ici, tel que l’a vu Gélase, un autre trait de la psychologie deses lecteurs, leur déloyauté. Nous en avons déjà rencontré quelques indices. Dès le début de la lettre on les voit faire bon marché de la vérité (L i). Ils ne sauraient être loyaux vis-à-vis de Gélase : s'ils le diffament, c'est pour le contraindre sournoisement à rap­ porter sa décision au sujet des Lupercales. Ils ne sont pas plus loyaux vis-à-vis de leur foi, puisqu'ils tentent de la concilier avec le paganisme. ■> Dites donc, les interpelle Gélase, vous qui n’êtcs ni chrétiens ni païens... qui ne pouvez tenir les deux rôles tant ils sont opposés l’un à l'autre (L 19,1).· Gélase sait faire sentir avec ironie, au principal d’entre eux, la déloyauté de son attitude : « Vraiment, tu réclames un jugement, homme scru­ puleux, rassis, religieux ! Tu ne veux pas que quelqu'un pèche dans l’Église ; tu souhaites que le délinquant soit jugé, et con­ damné en conséquence à une peine (L 6. 4)! » Mais il sait aussi lui dire sans détour qu'il est un menteur : a Tu as la volonté de mentir, tu n'as pas l'art d'inventer (L 10, 3). » D’ailleurs leur comportement à tous dans la célébration de leur fête témoigne des contradictions intérieures qui divisent leurs consciences : ils croient en leur culte et ils en mutilent la célébration. « Pour­ quoi affaiblir les causes de votre salut ? Pourquoi les estomper, pourquoi les tronquer, pourquoi les ramener à tout ce qu’il y a de vil (L 25 b) ? » C'est que, par sa honte, leur conscience porte témoignage contre elle-même : a... instruments d'aberra­ tion au sujet desquels votre esprit porte témoignage contre luimême, rougissant d'exécuter ce qu’il déclare devoir être accom­ pli (L 17, 11). 0 11 n'est pas étonnant qu’ils cherchent, par leurs affirmations gratuites et leurs nombreux arguments, à abuser les autres comme ils s’abusent eux-mêmes. Parfois l’affirmation présentée est si énorme que Gélase trouve qu'il était inutile de la formuler ; nec est quod dicatis (L 20, 1). Tout à l'heure, ils don­ neront leurs derniers arguments, dont aucun ne tiendra. C’est au plus profond d'eux-mêmes, en effet, que se trouve la source de leurs erreun» : ils sont aveuglés, ils ne savent pas ce qu’ils disent. « Il en est qui siègent dans leurs maisons, qui ne savent 48 INTRODUCTION ni ce qu’ils disent ni ce sur quoi ils dogmatisent, qui font tout pour porter un jugement sur autrui alors qu’ils ne se jugent pas eux-mêmes... (L x, i). » Troisième partie : Prises de position. Attaquer ses adversaires et montrer leur culpabilité, pronon­ cer sur les Lupercales un réquisitoire définitif, Gélase vient de s’y employer. On peut penser qu’une argumentation aussi soi­ gneusement menée et vigoureusement poussée pouvait con­ vaincre ses lecteurs. Pasteur et père autant que chef, Gélase eût préféré convaincre que condamner. Pourtant il n'a pas le senti­ ment d’avoir atteint son but : sur le point d’achever sa lettre, il se trouve devant des interlocuteurs dont l’obstination reste entière, qu’il doit encore fustiger de son ironie et dont il doit réfuter les derniers arguments avant de prendre lui-même ses décisions. En prenant la plume, Gélase savait qu’il s’adressait à des chrétiens aveuglés et butés. Tl ne lui reste plus qu'à pré­ ciser leurs positions respectives. A) Gélase invite ironiquement ses adversaires à célébrer selon les règles la fêle des Lupercales, ci répond à leurs derniers argu­ ments (L 24 b. 25 b-29). Au cours de son réquisitoire, Gélase avait montré l'inconsé­ quence de ses interlocuteurs qui défendaient la célébration des Lupercales tout en l’abandonnant à des gens indignes. Repre­ nant la même idée, il les presse ironiquement de célébrer euxmêmes leur culte (L 24 b). Si c’est un culte divin, pourquoi ne pas le célébrer ? Pourquoi le dénaturer ? Avec une ironie mor­ dante, Gélase accable ses adversaires sous une pluie d’interro­ gations sans réponses. Et il ajoute ; vos ancêtres étaient plus logiques, eux qui recommençaient une cérémonie < μι and ils la jugeaient mal célébrée. Pourquoi vous-mêmes ne pas entre­ prendre la restauration authentique de ce culte que vous dé­ fendez ? Avant de poursuivre cette analyse, essayons de préciser, avec les éléments dont nous disposons maintenant, le moment où a dû être écrite la lettre que nous étudions. Gélase adresse à ses adversaires, nous venons de le voir, toute une série d’invitations pressantes à célébrer eux-mêmes leur fête. Le 15 février, date LA LETTRE DE GÉLASE 49 des Lupercales, ne serait-il pas tout proche ? Ses adversaires ne seraient-ils pas décidés à faire célébrer leur fête cette année encore, malgré la défense du pape ? Ne serait-ce pas pour tenter une dernière fois de les en empêcher que Gélase a pris la plume ? Nous le pensons. Déjà, en analysant la toute première phrase de la lettre, nous avions essayé de restituer les événements qui avaient amené la situation dont le texte témoigne : Gélase, avant la date où il rédige sa lettre, avait certainement donné aux chrétiens ordre de ne plus participer aux Lupercales ; les tenants de la fête avaient alors murmuré contre lui et l’avaient sour­ noisement attaqué. Λ présent la fête est proche et nous com­ prenons que Gélase écrive : Verumtam&n cur non hoc ETIAM NUNC experiamini (L 24 b) ? La suite des faits se reconstitue donc assez bien : Gélase a interdit aux chrétiens la participation aux Lupercales ; mais à mesure que le temps passe et que la date approche, les adver­ saires du pape s’agitent davantage ; ils essaient par tous les moyens de le faire revenir sur sa décision ou au moins de forcer la consigne ; leur influence va grandissant et, lorsque Gélase se voit obligé de leur répondre, le 15 février est tout proche. A la fin de la lettre, plusieurs phrases confirment cette impression : K ...que seuls les païens l’accomplissent, dont c’est le culte (L 30, 2) ! » Et encore : κ Pour moi certainement je dégagerai ma conscience : ceux-là verront, qui auront négligé d'obéir à de justes avis (L 30. 6). » Les Lupercales sont bientôt là et elles risquent d’être une fois encore suivies par des chrétiens. Ayant invité ses adversaires à prendre personnellement part à leur fête, Gélase veut encore répondre à trois mauvaises ob­ jections, les dernières : «) S’ils refusent de célébrer eux-mêmes leur fête, c’est qu’ils estiment qu’à défaut de la célébration authentique, il importe seulement d’en conserver le simulacre. Mais comment espérer, leur demande le pape en guise de réponse, que cette célébration imparfaite aura plus d’efficacité que n’en eut le culte authen­ tique (L 27) ? b) Les adversaires ont une autre instance : il ne faut pas supprimer un usage si vieux. Mais le paganisme tout entier, répond Gélase, avait vécu lui aussi de longs siècles ; il est ce­ pendant presque entièrement supprimé, sans que son passé ait Lettre el Meitet. 4 50 INTRODUCTION pu le défendre. Pourquoi vouloir garder une partie seulement d’un ensemble désormais disparu ? c) Finalement les adversaires font valoir l’argument que Gé­ lasc est le moins capable d’accepter : les Lupercales sont com­ patibles avec le christianisme, puisqu’elles ont coexisté avec lui depuis son origine : Sed dicis etiam Christianis temporibus haec fuisse (L 29, 1). Or toute la lettre s’est efforcée de mettre en lu­ mière leur radicale incompatibilité Si les Lupercales, ainsi que bien d’autres cultes païens, ont coexisté avec le christianisme pendant un temps, l’explication est autre : c’est que le remède du christianisme, tout comme un remède corporel, ne pouvait pas guérir à la fois toutes les maladies religieuses, à cause de la faiblesse de l’homme : il les guérit peu à peu, mais sûrement. Les adversaires de Gélase n’ont plus d'arguments. Le pape fait un dernier appel à leur conscience : si le paganisme était bon — car en définitive c’est lui qui est en cause — il n’eût pas fallu le supprimer ; mais s’il est superstitieux et vain, et incompatible avec la profession chrétienne, pourquoi tarder à lui j>orter un nouveau coup ? Qu’ils jugent donc loyalement les Lupercales et qu’ils conforment leur conduite à ce jugement. B) Gélase dicte enfin sa décision (L 30-32). Il ne reste plus à Gélase qu’à formuler nettement sa position par rapport aux Lupercales. Il renouvelle sa défense avec la conscience de toute sa responsabilité : Postremo, quod ad me per­ tinet, nullus baplizatus, nullus Christianus hoc celebret et soli hoc pagani quorum ritus est exsequantur (L 30, 1). Le libellé de cette phrase appelle une remarque. A moins de prêter à son auteur une inutile tautologie, ce texte nous invite à nous demander : qui sont ces christiani, qui sont ces baptizati ? Si nous lisons la suite, nous voyons la distinction se poursuivre : d'une part les Lupercales sont mauvaises pour les « chrétiens » : Me pronuntiare convenit Christianis ista perniciosa et funesta in­ dubitanter existere {L 30, 3) ; d'autre part Gélase estime agir logiquement en éloignant de ceux qui partagent la profession chrétienne, les ■> baptisés » sans doute, ce qui est mauvais pour eux : Quid me incusas si quod professis minime inimicum est a consortibus professionis christianae pronuntio submovendum (L 30, 4) ? Ainsi les ■> chrétiens χ seraient ceux qui n'ont pas en­ core professé leur foi et les «baptisés», ceux qui l’ont professée LA LETTRE DE GÉLASE 51 au baptême ; les « chrétiens * seraient donc les catéchumènes. Cette exégèse paraît satisfaisante, malgré le paragraphe 3 de la lettre où Gélase, employant le terme Christianus dans un sens général, s'en servait pour désigner un chrétien baptisé, son ad­ versaire, et pour lui rappeler sa profession de foi baptismale qu’il était en train de renier. Ici, Christianus a le sens de catéchu­ mène et Gélase affirme que les Lu percales sont néfastes tant pour eux que pour ceux qui ont confessé leur foi au baptême *. Par sa ferme décision, Gélase libère sa conscience et se déso­ lidarise des mauvais chrétiens qui s'obstinent : Ego certe absol­ vam conscientiam meam; ipsi videant qui justis admonitionibus oboedire neglexerint (L 30, 6). 11 sait qu'il fait son devoir et il est prêt à rendre compte de ses actes : unusquisque nostrum adminislrationis suae redditurus est rationem (L 32. 2). Il n'a pas l'intention, en agissant ainsi, d'adresser un blâme implicite aux papes ses prédécesseurs : il sait qu’ils n’ont pu, eux non plus, tolérer le paganisme et qu’ils ont peut-être même essayé auprès des empereurs de faire supprimer les Lupercales ; mais ils venaient trop tôt et le pouvoir civil ne les aura pas écou­ tés. Lui-même ne peut prendre de décision que sur le plan de la discipline de l’Église, en interdisant aux chrétiens de participer à la fête. Il lui reste encore à obtenir, sur le pian civil et légal, l'adhésion et l'appui de l’autorité : c’est pourquoi il demande (suadeo) la suppression des Lupercales, après en avoir démontré l'inutilité et la nocivité pour la vraie religion. Il espère, pour finir, que l’obstination de ses adversaires, qu'il n'a pu réduire, n’entravera pas l'aboutissement de sa demande. t. Ces divers sens de Christianus sont classiques dans ta langue chré­ tienne. Souvent le mot a eu un sens très général, voisin du mot français « chrétien » (c’est le cas au § 3 de la lettre). Mais il a été aussi synonyme de catéchumène (au v* $, en Orient et en Afrique, plus tard en Gaule), dé­ signant le catéchumène officiellement inscrit cl sur le front duquel fut tracé le signe de la Croix lors de son admission au catéchiiniénat (saint Augustin, In Joann, tract. X1.1V, 2 : Interroga hominem, Christianus es I... Si autem dixerit,Sum; adhuc quaeris ab eo, Catechumenus an fidetis ?). Seul par contre le baptise a « professé sa foi » au baptême et ceci le caractérise indubitable­ ment par rapport au catéchumène. D’où l’expression de Gélase : a consor­ tibus professionis Christianae. IIT. UNE COUCHE LITTÉRAIRE ORIGINALE ET HOMOGÈNE DANS LE SACRAMCNTAIRE LÉONIEN Le moment est venu d'ouvrir le Sacramentairc léonien, puisque c'est de cet ancien livre liturgique que nous devons dégager la série des formulaires de messes qui font, avec la lettre, l'objet de la présente édition. Ce Sacramentairc léonien, curieuse collection de textes litur­ giques, a longtemps exercé — et il continue encore à le faire — la patience des chercheurs. A son sujet, on ne s’accorda d’em­ blée que sur un seul point : ce livre était né à Rome. Mise à part cette conviction, toutes les observations que l’on pouvait y faire étaient de nature à dérouter les recherches. Sans cloute, beaucoup de sections du livre, en dépit d’un cer­ tain désordre, ont un contenu assez compréhensible, et nombre de formulaires livrent spontanément leur date d'utilisation dans le calendrier liturgique, on tout au moins la circonstance qui les a fait naître et le souvenir qu'ils sont chargés de perpétuer : messes de martyrs, messes pour des fêtes d’apôtres ou de saints connus, formulaires de jeûne, de quatre-temps, d'ordinations, de consécrations de vierges ou d’anniversaires de consécrations épiscopales, messes de grandes fêtes comme l’Ascension, la Pen­ tecôte, Noi l ou Pâques. Ces premières indications liturgiques ne résolvent pas pour autant les problèmes littéraires et histo­ riques que soulèvent ces formulaires ; du moins les placent-elles d'emblée dans un cadre déjà familier. D’autres sections, au contraire, apparaissent h première vue énigmatiques. On ne discerne pas l’occasion qui a fait naître leurs I formulaires, on comprend mal leur contenu. Certaines préfaces auraient, dit-on, un caractère si » scandaleux :< qu'il a semblé impossible à beaucoup 1 que ces prières aient été un jour lues Felîoë, par exemple, en 1896, dans son édition du léonien à Cam- I LE SACRAMENTA1KE LÉONIEN 53 publiquement. Par ailleurs, il est manifeste que beaucoup de ces formulaires sont originaux : loin d'être tributaire des autres Sacramentaires, le léonien est la source où souvent ont puisé les autres livres liturgiques, en particulier le gélasien '. La diffi­ culté était grande d’éclairer ces parties difficiles du livre, spécia­ lement les sections XVIII et XXVI1II *. Or il se trouve que ce sont particuliérement ces deux sections qui nous intéressent. La voie à suivre pour leur étude a été tracée par ceux qui déjà ont opéré entre tous ces textes des rappro­ chements d’expressions et de pensée. Un examen attentif com­ mence en effet par découvrir à travers ces pièces des analogies intéressantes, quelquefois remarquables ; peu à peu, à mesure bridge, pensait qu’il était impossible que ce Sacramentairc ait été compilé sur l’ordre d’un pape pour servir Λ l'usage public, en raison des expressions qu’on y rencontre. · And further a great many of the expressions used (c. g. in the section XVIII orationes ft preces diurnal) could never have found a permanent place in a sacramentary compiled by or with the sanction of a Pope for public use » {Introduction, p. xv). Duchrsne émet un juge­ ment semblable : « Il faut ajouter qu’il (le léonien) contient un certain nombre de pièces dont la présence ne s’expliquerait guère en un tel livre... Du reste, il est sûr que de tels propos liturgiques n'ont pu être tenus que dans des assemblées restreintes, dans de petits conciliabules prives, où l'officiant, profilant de la liberté dont jouissait encore, en ces matières, l’improvisation individuelle, pouvait donner carrière A scs rancunes. On a eu tort d’écrire pareilles choses. Qu’on les ait recueillies après coup et insérées dans un recueil de textes liturgiques, c'est une maladresse que l'on ne sera pas tenté d’imputer aux chefs de l'église romaine « (Origines du culte chrétien, 5" éd., Paris, X925, p. 143 et 145). Il est possible que Feltoc et Duchesne aient raison en ce qui concerne la compilation du livre. Mais les formulaires qu'ils citent ont bien été composée par le pape Gélase pour un usage public : la présente étude voudrait le prouver, t. C’est la conclusion de Dom Caprii-i; dans son article sur les retouches gélasiennes dans Je Sacramcntaire léonien, et elle vaut pour toutes les messes du pape Gélase que ce livre renferme et que nous entreprenons d'étudier. Aucune d'elles n’est reprise en entier dans le gélasien. Beaucoup en sont totalement absentes (par exemple les messes π 1, νΐιι,χχ, xxiinct xxxvn de la section XVIII). Par contre les oraisons que le gélasien leur emprunte y sont toutes éparpillées. 2. Une messe du Sacramentairc léonien est désignée par le numéro de sa section suivi du son numéro d'ordre. Ex. : messe XVlII-u signifie messe n® 2 de la section XVIII. Les sections XVIII et XXVII1I sont uniquement composées de messes écrites par les papes Gélase et Vigile. Le repérage des messes de Gélase a préparé et facilité celui des messes vigilicnnes qu'a réalisé M. l'abbé A. Cha­ vasse (cf. note 2. p. 8). 54 INTRODUCTION que s'accroît le nombre des rapprochements, des formulaires s’organisent en petits groupes homogènes ; finalement il est pos­ sible de dégager de grands ensembles littéraires, unifiés à la fois par leur forme littéraire, vocabulaire et style, et par leur fond commun, pensées et thèmes exploités. C’est un de ces ensembles littéraires originaux et homogènes que nous nous proposons de mettre en lumière. Pour présenter et étudier ici cette couche littéraire du léo­ nien, nous ne pourrons évidemment pas suivre la marche tâton­ nante que nous avons suivie pour parvenir à l’isoler. En parti­ culier nous ferons abstraction pour le moment de ce que nous savons de la lettre de Gélase contre les Lupercales, alors que, en réalité, au temps où nous scrutions le Sacramentaire, nous étions « prévenus o déjà par l’étude de cette lettre et cherchions des formulaires se rapportant à l’événement dont elle est le témoin. Il n’en reste pas moins vrai que la seule méthode des rapprochements littéraires peut conduire, à la condition d’être suffisamment exploitée, à l'isolement d'une couche littéraire bien caractéristique, et cette nécessaire étape «le travail alla toujours de pair, en fait, avec notre recherche historique, pour nous interdire de prospecter arbitrairement à travers tout le léonien, avec grand risque d’erreurs, les textes qui nous auraient paru à première vue évoquer l’affaire des Lupercales. Il est manifeste en effet que, même si l’on n’est pas conduit par une hypothèse historique à vérifier, une lecture attentive du léonien permet d’effectuer d’intéressants rapprochements littéraires *. Dès l’abord, par exemple, on se rend compte que les cinq premières messes de la section XVIII sortent de la même plume ; ou encore que les grandes préfaces, si curieuses, des messes xx et xxxvn de la même section évoquent des circons­ tances analogues ; ou enfin, que telle et telle messes de la sec­ tion XXVI111 sont de la même veine. Si, poursuivant l’étude, on exploite systématiquement cette méthode des rapprochements, on s’aperçoit finalement qu’un style commun et un vocabulaire suffisamment caractéristique unifient entre eux tous ces petits groupes de messes, et que. de plus, un même fond commun les i. 11 est remarquable que Fcltoé et Duchesne, entre autres, aient été précisément frappés par l’allure des formulaires que nous allons étudit sans pourtant être conduits par l’hypothèse de l’affaire des Lupercal (Cf. note r, p. 52). LE SACRAMENTA1RE LÉONIEN 55 apparente : les situations concrètes que supposent leurs formules suggèrent une circonstance historique unique, et les sentiments qui s'y reflètent s'expriment, dans toute la série, selon des thèmes majeurs que l'analyse peut dégager Forme et fond identiques permettent de conclure que ces messes composent une couche littéraire originale, qui tranche sans erreur possible sur le reste du Sacramentaire. Pour la clarté de l’exposé, nous systématiserons les résultats acquis et chercherons à démontrer que. à l'intérieur du Sacra­ mentaire léonien, dix-huit formulaires de messes forment une couche littéraire caractéristique, à la fois originale par rapport à l'ensemble du livre et homogène dans toutes ses parties. Pour ne pas allonger démesurément une étude en soi bien aride, nous esquisserons seulement la démonstration en nous bornant aux rapprochements littéraires les plus significatifs. Après avoir montré X'originaliU de cette couche littéraire par rapport à l’ensemble du léonien en nous bornant à l’étude pure et simple de son vocabulaire (A), nous mettrons en évidence son homogénéité par l'étude des expressions caractéristiques, des tournures de style et des citations scripturaires, et ces rappro­ chements manifesteront l'unité d'auteur (B). A. — Originalité de la couche littéraire. Les formulaires du léonien qui retiennent l’attention dès la première lecture doivent une grande part de leur intérêt au vo­ cabulaire qu'ils mettent en œuvre. A travers les termes qu'ils emploient, on voit clairement qu’ils parlent de ·; choses ■» pour :. I.a série des messes qui contient le vocabulaire original que nous allons étudier est évidemment l'œuvre d'un même auteur (cc que nous mettrons en relief dans la deuxième partie de cet article en étudiant l’homo­ généité de son style), mais elle est aussi le souvenir d’une circonstance unique de la vie de cet auteur, cc que manifestera le vocabulaire en sc cris­ tallisant spontanément autour de quelques thèmes voisins. C'est pourquoi nous pensons que cette couche littéraire se borne strictement aux messes que nous énumérons, â l’exclusion de tonte autre pièce du léonien. Son centre d’intérct est unique, l’événement dont elle est le témoin est unique ; c'est en ce sens que nous la disons originale. Nous ne voulons pas affirmer par là que l'auteur de ces messes n’a écrit aucune autre pièce du Sacra­ mentaire. Nous avons déjà dit dans l'avant-propos (voir note i, p, 8) que nous sommes persuade du contraire. Mais aucune antre pièce n'est l’écho de la situation concrète qui Sous-tcnd la couche littéraire que nous étu­ dions, à savoir l'affaire des Lupercales. 56 INTRODUCTION le moins inhabituelles dans un livre de prière qu’a priori l’on pourrait souhaiter paisible et serein : il est question d'ennemis, de malveillance, de paganisme, de fourberie. Lorsqu'on veut vérifier cette première impression et qu’on étudie soigneuse­ ment les messes les plus caractéristiques, on en arrive, tie proche en proche, à isoler dans le Sacramentaire tout un vocabulaire original qui n’appartient, sauf rares exceptions, qu’à un nombre bien déterminé de formulaires. Sans doute, la présence d'un tel vocabulaire ne saurait per­ mettre <1 die seule d’importantes conclusions. En particulier il serait bien imprudent de demander à une liste de mots de nous révéler l'auteur des textes qui les contiennent. Cette ultime con­ clusion, à laquelle nous souhaitons aboutir, dépasse sensiblement la portée d'un relevé matériel et statistique des termes d’une œuvre, d'un auteur ou d'une époque. Pour nous en convaincre, il suffit de nous rappeler comment un même auteur — nousmêmes lorsque nous écrivons—varie son vocabulaire suivant la diversité des sujets qu’il aborde. Mais parce que précisément sujet traité et vocabulaire em­ ployé sont étroitement liés, l'étude du vocabulaire retrouve, par ce biais, toute son importance. Elle constitue alors un premier moyen de dégager le contenu original d’un texte. S’il y a dans le Sacramentaire léonien toute une série de textes pourvus d’un vocabulaire original par rapport au reste «lu livre, c'est que les événements et les idées qui se relatent ou s'expriment à travers ces textes sont eux-mêmes originaux, toujours par rapport au reste du livre : on est en droit de parler d’une couche littéraire originale. Les mots ne sont plus étudiés selon leur sens commun et universel ; ils sont étudiés en fonction de ce qu’ils sont char­ gés concrètement de nous apprendre, et nous les voyons en fait se réunir spontanément autour de quelques thèmes majeurs qui révèlent le fond même des textes. Pour que cette méthode de regroupement de textes par le vocabulaire fût valable, il fallait nécessairement s’en tenir au vocabulaire propre à ces textes. C'est la règle que nous avons suivie : tantôt il s'agit de termes qui ne sont employés qu’une seule fois dans le Sacramentaire, tantôt de termes qui, employés plusieurs fois, ne figurent pourtant que dans la couche littéraire que nous étudions ; nous n’avons fait exception que pour quelques termes qui, tout en reparaissant ici ou là dans le reste I du léonien, ne sont cependant fréquemment employés que dans les textes que nous avons isolés, parfois avec des sens absolu­ ment originaux *. i. Durant tout le cour, de nos recherches dans le Sacramentaire léonien, nous avons sans cesse utilisé la Concordance verbale de Dom P. BruylantS, O. S. B. Concordance verbale du Sacramentaire léonien », dans Archivum Latinitatis Medii Λίΐ'ί, t. XVIII ci XIX, Louvain}. Elle a été pour nous un instrument de travail extrêmement précieux, désormais i LE SACRAMENTAIRE LÉONIEN 57 i) Un premier thème s'afïirme clairement dans tout un groupe de messes de la section XVIII ; celui de tromperie, de simula­ tion. Autour de lui se rassemblent plusieurs termes caractéris­ tiques : in ludamur M 54, 20 * insimulare M 60. 18 simulatio M 67, 4 lingere M 54, 19 et 67, 5 figmenta M 79, 14 fallacia M 56, 33 fallaciter M 58, 12 fictionibus M 54. 20 Des hommes participent au culte chrétien, mais ils le font avec un cœur double : duplici... corde M 58, 13 Us veulent se cacher : se celare se velare M 56, 32 M 57, 3 abscondi M 56, 27 2 Us se trompent eux-mêmes : l’expression ipsi se non vident M 56, 30 est unique dans le Sacramentaire. Pris à leur propre fourberie, tantôt ils pensent ne pas être vus, tantôt ils ne s’en soucient plus : la forme videri ne se trouve que dans les messes indispensable à toute recherche sur le léonien pour les économies de temps et de peine qu’elle permet de réaliser. Nous avons seulement déplore Tabser.ee de quelques mots qui n’eussent pas épaissi l’ouvrage outre mesure : par exemple les pronoms noster et ipsr, les prépositions swé, post, cum, pro, per, les conjonctions cum, nec, neque. Dans le relevé qui va suivre, nous ne tiendrons jamais compte des termes contenus dans les notations marginales «lu Sacramentaire, notations dont nous ignorons les dates. Nous signalerons toujours en note les textes du léonien où se rencontrent, bien qu’en dehors de la couche littéraire étudiée, les termes auxquels nous nous arrêtons. Nous ne forons aucun commentaire si ces termes ne carac­ térisent pas suffisamment les textes qui les contiennent : ainsi mortiferis sc lit encore dans la toute dernière pièce du léonien (XLllI-v tn jejunio mensis decimi). Si au contraire les textes en question nous paraissent carac­ téristiques du style et «les idées de Gélase, nous le signalerons aussi pour ne plus y revenir. Ainsi le même terme mortiferae sc trouve dans un texte corrigé vraisemblablement par Gélase (ci. article de Dom Capelle cité, note i, p. 8}. t. Dans le présent volume, nous avons fidèlement respecté la disposi­ tion du texte latin des messes tel qu’il est dans l’édition Fcltoc. Pour notre système de références, voir la note préliminaire, p. 10. Toutes les messes que nous étudions (sauf une seule : la messe VIIII-v) sont présentées dans l’ordre meme qu’elles occupent dans le Sacrante»· taire léonien. On $e rappellera que les références de la Concordance de Dom Bruylants se rapportent aussi à l’édition Feltoë. 2. Autre exemple dans le livre : absconsa, p. 172, li. tx. 58 INTRODUCTION que nous étudions, et à deux reprises : M 56. 31 et 68. 24. Ils ne voient pas leurs infamies et leurs laideurs : dedecora sua notasque non ceniunt M 56, 29 1 Avec leur esprit obnubilé (stulta mente M 68, 16), ils ne peuvent saisir les choses de Dieu. Ils ne savent pas, nescientes M 57, 5 et 68, 17, qu'ils sont aveuglés et qu’ils ne peuvent parler de façon sensée s. Ils ne reculent pas devant les calomnies et les injustes attaques : calumniantibus M 58, 18 3 Tout en eux est fausseté. 2) L’erreur dans laquelle ils essaient d’attirer les autres et par laquelle eux-mêmes se sont laissés prendre se double chez ces hommes d’une grave attitude d’orgueil : (laceratio) superborum Μ 6o, 23 qui superbis resistis M 58, 5 Ils vont jusqu'à se glorifier de leurs fautes : de pravis conversationibus suis etiam gloriantur Μ 68, 25 4 Quelques mots dépeignent cet orgueil, uniques dans le léonicn : inquietos M 55, 5 tumentium M 56, 20 adfiatus M 56,21 elati M 58, 7 inflati M 68. 13 L’Église doit progresser dans l’humilité et se garder de telles pensées d’orgueil : non superbe saperc M 57, 11 3) Un troisième thème se dégage d’une façon constante de ces messes et d’un bon nombre d’autres de la section XXVIIII : celui «lu péché. Une faute grave a été commise ; le vocabulaire employé pour la décrire permet de fixer sans erreur possible son espèce : elle a consisté dans la célébration d’un rite païen : Ί ri tu pestiferae vetustatis Μ 79, ι8 X. Seul exemple du tenue dedecora au pluriel, avec le sens d’actions honteuses. 2. 11 y a un autre exemple du verbe nescio, employé aussi au participe présent. Mais le Contexte, et donc le sens, sont tout différents : il s’agit des saints Innocents égorges pour le Christ etiam nescientibus meritum, p. x66, li. 33· -tl 3. Ces injustes attaques sont évoquées encore dans la section XXVIIII : obloquia M 137, 6. 4. Cas unique dans le Sacramcntaire d'une gloire de ce genre prenant appui sur quelque chose de honteux. LE SACRAMENTAIRE LÉONIEN 59 Tout dans les messes tend à désigner le paganisme. L'adjectif diabolicus jouit dans tout le Sacramcntaire d’un assez large emploi, mais il est représenté dans la couche littéraire que nous dégageons pour la moitié des cas (huit exemples sur seize). On y trouve : diabolico convivio M g, 4 (à quoi s'opposent les epulas aeternae salutis) diabolica figmenta M 79, 14 diabolicam servitutem M 66,31 diabolica simulatione M 67, 4 diabolicis laqueis M 9. 14 diabolicae fraudis incursus M 55, 19 diabolica incursione lacerari M 67. 14 diabolica vestigia M 22, 8 On peut ajouter à la liste : tyranni jura M 22, 11 spiritus inmundi M 80, 1 Le terme diabolus qualifie évidemment ce qui a rapport avec le démon mais notamment, pour le chrétien, tout ce qui touche au paganisme. Or le vocabulaire employé dans les messes est celui qui servit souvent à désigner le paganisme dans la langue chrétienne : profanitas M 79. 12 et 9.6 profanis vanitatibus Μ 66. 26 12 vanae superstitionis M 79, 13 1 abominationibus M 79, 19 in pietatibus M 137. 14 3 vetustas M 79, 18 et 131. 15 4 1. Le léonien offre deux autres exemples de remploi de profanitas et profanus. P. 19, li. 15, la messe entière est une messe en l'honneur de martyrs, et profanitatem mundi désigne le paganisme, comme dans nos messes. P. 27, li. 3, il est également fait .illusion à la victoire totale du chris­ tianisme sur les ténèbres païennes, profanas mundi caligines. Dans le léonicn, le sens de ces termes est donc constant. 2. Le second exemple du terme superstitio, p. 26, 1. 13, désigne aussi le paganisme, l'ensemble des fausses religions. 3. Les ternies abominatio et vipietas seraient moins caractéristiques, ayant servi Λ désigner aussi les hérésies dans les controverses du v" s. Il en est de même pour quelques-uns des termes que nous allons encore rele­ ver : falsitas, iniquitas, sacrilegus. Cela n'mfirme en rien la force du thème, que nous dégageons : le sens de ces mots ne paraît pas douteux ici. 4. Les autres exemples du terme vetustas, dans le Sacramcntaire, semblent toujours désigner le < vieil homme » blessé par le péché originel, et non pas se référer à un culte païen, comme c’est le cas pour les deux exemples que nous citons. 6o INTRODUCTION Le paganisme est la fausse religion : laqueos falsitatum M 60, 20 falsitatibus iniquorum M 137, 8 Il procure de fausses joies, /alsis gaudiis M 67, 2. lin chrétien qui y retourne est un faux chrétien, un faux frère, un apostat : sic veris confessoribus falsisque falsos fratres Μ 68, 11 1 lout est y sacrilège : Μ 9,8 sacrilegiis voluntates Μ 79. 8 sacrilegis oblectationibus M 79, 3 Pour celui qui est dans l'itglise, le paganisme est par excellence le péché « extérieur » : et (peccata) externa depellat Μ 138, 24 ab externis erroribus M 138, 15 nec externis obligata peccatis M 137, 21 2 De même il est le péché des <1 Autres * : dolos caveamus alienos Μ 55. 4 alienisque... delictis Μ 6o, 29 alienis peccatis M 67, 11 alienis inpietatibus M 137, 14 ab alienis pravitatibus M 137, 18 34 Ainsi tout ce qui s'y réfère est exécrable, mandit : nimis est exsecrandum Μ 79, IJ Le péché qui consiste à accomplir un rite païen définit ses au­ teurs : il en fait des artisans d’iniquité, des hommes religieuse­ ment pervertis : operariis iniquitatis Μ 137, 13 ‘ falsitatibus iniquorum Μ 137. 8 os iniqua loquentium Μ 6o, 17 1. Les termes .tafsits et /alsilas se retrouvent plusieurs fois dans le léonicn (par exemple p. 36, li. 17 et p. 42, lï. 21), mais Dom Capclle y reconnaît chaque fois des retouches de la main de Gélase (ci. art. cité, note 1, p. S). 2. Il est encore remarquable de voir que le quatrième exemple de ce mot rx.Vrm' au sens de : extérieur à (’Église, se trouve dans un texte que Dom Capclle attribue aussi à Gélase, p. 40. 1>- 27. 3. Tous les cas OÙ α/.vmc qualifie un péché, uue faute, font partie des messes que nous étudions. 4. L’expression operariis ini/juilatis est unique dans le Sacramentaire, et d’autre part l'adjectif sniÇKWS ne se trouve que dans les deux exemples cités. LE SACRAMENTAIRE LÉO NI EN reprobum sensum Μ 57, 5 reprobi circa fidem M 68’ 17 mentium reprobarum obloquia 6l M 137, 5 4) Ce sacrilège est aggravé, s’il est possible, par le caractère impur de sa célébration. Le vocabulaire des messes fait une large part à cet aspect de la faute, en meme temps qu’il souligne, parallèlement, la chasteté qui doit régner dans la vie chrétienne. Les coupables sont animales et carnales M 68. 15 Ils sont pleins de pourriture comme des tombeaux, referti suni M 68, 26, sans être propres comme eux extérieurement, dealbati vcl loti M 68, 24. Ils n’ont plus de pudeur, pudore calcato M 68, 25 Nombreux sont les termes péjoratifs qui qualifient leur action : terrenis allectionibus Μ 22, 5 infimis voluptatibus M 22, 7 spurcitiam M 68, 26 feed itate M 69, 6 obscura, nigra M 69, 3 Leurs mœurs sont mauvaises, improbos mores Μ 57. 4· ^eur væ tombe dans une honteuse licence : quae etiam turpe sit dicere Μ 69, 4 in turpem redigant servitutem M 68. 20 A cette impureté étalée au grand jour s'oppose la vie chaste du chrétien : crimina canere Μ 79, 17 sancta voce cantemus M 79, 21 mortiferis oblectationibus delectatione aeternitatis M 79,3 M 79. 2 corporeis delectationibus Regis celsitudine delectari M 22. 10 M 131, 24 proterva M 57, 12 matura M 57, 12 iniquitatibus M 58, 21 modesta et sana M 58. 22 improbos mores M 57, 4 probos mores M 58, 23 castis gaudiis M 79, 24 castis jucunditatibus M 79, 9 5) Ce sacrilege impur commis par de mauvais chrétiens ne cause pas seulement leur propre ruine, il est encore un scandale qui se glisse dans la communauté et entraîne les fidèles. Cette idée de scandale est une des principales lignes de force du voca­ bulaire des messes. En premier lieu, le sacrilège est la ruine de ceux qui le com­ mettent : interitum M 60, 26 excidium M 138, 21 Mais il est aussi porteur de mort pour les autres parce qu’il vient du démon : mortiferae prophanitatis M 9, 5 62 INTRODUCTION mortiferis oblectationibus Μ 79, 2 pestifera... jura Μ 22, ίο pestiferae vetustatis M 79. 18 Ceux qui le commettent deviennent une pierre d'achoppement (offendiculum M 69, 7) pour la communauté chrétienne, d'au­ tant plus dangereuse qu’ils mettent à détruire la foi toute leur application : fidem... saepe subvertere conati sunt ct conantur M 68, 17· Un abondant vocabulaire dépeint le scandale qu'ils provoquent, scandale qui se glisse, qui flatte, envab.it et finalement dévore et tue : captiosis adulationibus Μ 58, ίο per dulces sermones suos seducentes corda fallacia 33 ‘ qui fallaciter blandiuntur M 58, 12 3 explorare M 68, 19 inficiant, infecta M 80. 1 et 137. 21 facult;us laedendi M 55, 11 3 labem moribus in rogare M 79. 16 subripiat, subripientium M 58, 17 et 133, 20 devorantes M 68, 23 captivas mulierculas M 68, 21 M 56, L'Église risque d'en être déchirée : inepta laceratio superborum Μ 6o. 23 lacerationibus injustis M 58, 10 * Le paganisme est dangereux comme un filet, et les chrétiens doivent y échapper : declinantes laqueos falsitatum Μ 6o. 20 subripientium delictorum laqueos evadamus M 133, 20 a diabolicis... laqueis abstinere M 9, 14 5 On souhaite que l’Église ne soit pas enchaînée (obligata M 137, 21) par les péchés «du dehors ». 6) C'est pourquoi un autre thème majeur des messes est celui de la mise en garde des fidèles. Les fidèles sont les chrétiens x. Cet emploi de dulces dans un sens péjoratif est unique dans le léonicô. Seducentes y est unique lui aussi. 2. Le verbe WenJior est employé une antre fois, p. 120, li 7. 3. Le verbe laedo est employé une seule fois en dehors de la couche lit­ téraire, p. 65, li. il. et trois foi» dans les messes étudiées. 4. Le verbe lacerare ou le substantif laceratio sont uniquement employés dans les messes de la couche littéraire. 5. Le tenue laqueus se rencontre encore p. 52, li. 1, dans une messe de martyrs, contre les trois fois ci-dessus. LE SACRAMENTAIRE LÉONIEN 63 qui ont professé publiquement leur foi, lors du baptême : con­ fessoribus M 9, 8, en ce sens très spécial, unique dans le Sacramentairc. Ce sont des frères chrétiens : le terme frater ne se rencontre que trois fois avec ce sens, et uniquement dans la couche littéraire dont nous essayons de montrer l'originalité : M 68, il ; 69, 6 et 69, 9. Ce que l’on combat constitue pour les fidèles un grave danger dont il faut se garder : simplices... astutos Μ 55, 2 separate vos Μ 69, 9 praecavere Μ 6ο, 24 cavere Μ 55· 4 i 9-10 ; 69. 8 ; >1138,13 sollicite Μ 55- 4 sollicitudine Μ 138, 13 vitaro Μ 56. ίο ; 5$. 28 ; 79- 12 ! Ι38. ίο ; 138. 26 1 discernere Μ 66. 3« ; 67, 5 ·’ 68, ιι 2 prohibeat Μ 55· 9 circumspecta Μ 57· circumspice Μ ΐ37> 20 La charité vis-à-vis des adversaires ne doit jamais faire oublier la prudence : cautelae nostrae... (socienda benignitas) Μ 58, ι6 indiscreta... facilitas Μ 58, 17 ne per improvidam benignitatem M 55, 6 Sinon la chute reste toujours possible : rcccidant M 66. 31 divellimur M 136. 28 discrepare M 131, 18 ct 137, 2 consensum praebere Μ 137, 15 7) Pour le chrétien qui est retombé, la conversion (conversio) reste elle aussi possible : nullius sit desperanda conversio M ç, 10 Les mauvais peuvent désapprendre le mal si on leur supprime les occasions de péché : mali esse dediscant vel impossibilitate peccandi Μ 55. 12 Dieu donne le repentir (resipiscentiam M 9, 12) une fois sup­ primées les abominations : amputatis M 79, 3 abdicatis M 79, 20 Mais j>our celui qui s’endurcit dans son péché, la condamnation est inéluctable : condemnare M 58, 14 et 138. 9 r. L·· terme vitare n'a qu’un seul autre emploi dans le léonicn, p. 8.|, li. 25. 2. Le tenue discernere sc rencontre aussi p. 16. li. 22, dans une préface où nous sommes tenté de voir encore la marque de Gélase. 6,| INTRODUCTION Autour de ce double thème de conversion et de condamnation, nos messes utilisent volontiers un certain nombre de termes empruntés à la langue juridique : consequenter M 56, 4 jure M 134. 25 palam inanifesteque M 57, 1 sub specie gratiae Μ 54. 3° sub specie religionis Μ 138. ι8 non reputans Μ 67, 7 et 71· 16 8) Le vocabulaire propre à la couche littéraire s’organise enfin autour de quelques autres rhemes secondaires. D’abord le thème de la charité fraternelle : consorte natura Μ 57, 25 communes Μ 57, 27 consortes nostri generis M 56, 5 legitimae dilectionis... mensuram M 55. 27 mites M 55-4 fida societate M 54,21 dissentiunt M 55, 28 imprecari M 58, 20 Le thème aussi de la vie chrétienne idéale : cuncti vere fideles tui Μ 69. ίο 1 amare quae recta sunt M 137, 12 et 138, 10 collaudare Μ 69, 11 sancta voce Μ 79· 21 redempta vasa Μ 79, 27 vera fides M 55, 15 spiritali sanctificatione M 79, 23 alacritate mentis M 71, 11 atria (supernae civitatis) M 71, 12 Le thème encore do la route, du chemin : le mot via n'est pas I spécial aux messes que nous étudions, mais le mot trames est déjà plus caractéristique : concessae... viae tramite Μ 6ο, 20 tramites veritatis Μ ΐ33· 20 ab aequitatis tramite Μ 136, 27 2 D’autres termes illustrent encore ce thème de la route : errare M 9, 1 et 55, 9 3 1. Cette expression nous parait très caractéristique. L’expression /«0rum vere fidelium p. :6, li. 23, qui la rappelle, lions est un nouveau motif de considérer comme une œuvre gclasiennc la préface de la messe VIIIxxxvi dans laquelle nous avions trouvé aussi le verbe discernere (note 2, p. 63). 2. 1λ· mol trames sc lit p. 42. li. x. dans un·· preface dont nous n’avous rien Λ dire. Mais il sc lit aussi p. 40, H. 26, dans un texte où Dom Caieui a reconnu une retouche gélasienne (ci. art. rit. note x. p. 8|. 3. Le verbe errare se rencontre une fois encore dans deux textes parai· Jèles, p. 36, li. 18 et p. 42, li. 22, où il semble s'appliquer aux hérésies. Ces textes, nous l'avons déjà signalé, ont subi des retouche» de Gélase. LE SACRAMENTAIRE LÉON 1 EX 65 digressos M 134. 25 ordine veritatis Μ 136, 28 inordinate ambulante Μ 69. 9 diabolica... vestigia Μ 21, 8 Nous signalons pour finir une dernière expression caractéristique, l’association des termes conscientia et fama : a quo rationabilis conscientiae bonaeque famae donum Μ 09.ii integritatem conscientiae et famae M 136, 21 conscientiae fainacque nostrae profutura M 137. 9 Nous avons relevé à peu près tout le vocabulaire original des messes, exception faite de quelques autres termes, uniques eux aussi dans le Sacramentaire mais moins caractéristiques. Nous arrêterons ici ce rapide examen. Nous pensons avoir noté un nombre de mots suffisant pour avoir le droit de conclure à un vocabulaire original, nettement distinct par son ensemble du reste du Sacramentaire et dont l'importance autorise à accor­ der à la couche littéraire qu’il supporte une véritable autono­ mie. Bien plus, nous avons vu ce vocabulaire spécial s’organiser spontanément autour de quelques thèmes précis assez proches les uns des autres : par eux nous avons entrevu les aspects les plus caractéristiques de la situation réelle que les messes évoquent. Sans avoir encore précisé le sens de chaque terme, nous devinons que l’originalité du vocabulaire et par conséquent celle de la couche littéraire que nous étudions viennent de cette situation unique elle-même originale. Les thèmes qui sc sont dégagés convergent vers cet unique centre d’intérêt, celui-là même que nous avons pris pour tâche d’identifier. B. — Homogénéité de la 1 f couche littéraire. Le vocabulaire original qui, dans le Sacramentaire léonien, vient de retenir noire attention, est contenu dans dix-huit for­ mulaires de messes d’allure générale fort diverse : les uns violents, les autres plus paisibles, les uns parlant d'attaques per­ sonnelles subies par le célébrant, d’autres parlant de pardon et de sainteté de l'Eglise. A première vue, la couche littéraire ainsi dégagée semble peu homogène. Pourtant elle l'est profondément et une courte étude de sa forme littéraire suffira à le montrer, Déjà l'étude du vocabulaire nous avait laissé pressentir cette unité foncière à travers les thèmes exploités et leur liaison lo­ gique. Une rapide analyse du style de toutes ces pièces montrera mieux encore leur homogénéité ét surtout manifestera davantage la personnalité de l'auteur. Les mêmes thèmes, les mêmes idées sont exploités de même façon : nous trouverons des tournures caractéristiques semblables, des citations scripturaires identiques Lettre. t! Menet. $ 66 INTRODUCTION ou au contraire variées mais voisines quant à leur contenu, des expressions semblables ou seulement équivalentes au service du même mouvement de pensée. Nous pourrons conclure alors que toutes ces messes, constituant par leur fond un ensemble origi­ nal, sortent de la même main. Pour mettre en lumière cette homogénéité, nous nous borne­ rons à opérer les rapprochements d’expressions, de tournures ou de citations les plus caractéristiques. N'était la parenté de leur vocabulaire, les formulaires se groupent en trois petits ensembles littéraires d’allure apparem­ ment bien différente. Pour mettre en évidence l’homogénéité de toute la couche littéraire, il faudra donc procéder par étapes successives. Nous montrerons tout d’abord l'homogénéité, assez facilement perceptible, de chacun des trois groupes : nous recher­ cherons en dernier lieu les liens principaux qui font de ces trois groupes un tout homogène dont la forme, en dépit d’une première apparence, est d'une seule venue. § i. — Le premier groupe de formulaires. Un premier ensemble sc dégage spontanément du léonien, qui groupe les formulaires i, 11, m, mi, v et vin de la section XVIII. Ces six messes ont entre elles une parenté littéraire évi­ dente dont nous ne donnerons que quelques exemples. Leur fond commun manifeste d’emblée une situation géné­ rale identique : l'auteur a des adversaires, et il proteste en même temps de son amour pour eux. Nous reprendrons plus loin ce thème de la charité et les citations scripturaires qui l’illustrent, car il se retrouve tout au long de la couche littéraire. Mais ici, dans ce groupe de formulaires, le thème revêt une forme spé­ ciale. il faut exercer une libre charité ; liberam caritatem Μ 54, 22 et 57, 13 Toute l’humanité doit être unie par la concorde en une seule société d’amour car c'est la volonté de Dieu : M 54, 21 ! Ds qui humani generis fida societate lactari M 55, 26 : D-s qui prudentem sinceramqne concordian tuorum cordibus inesse voluisti M 56, 4 : ut... universos homines sicut nosmet ipsa tamquam consortes nostri generis diligamul M 57, 22 : V. D. qui fideles tuos mutua faciens lege con cordes M 57, 26 : quatenus dum per alterutram pietatem serep periunt communes in singulis fieret seme ipsam diligens esset mens una cunctorut La charité sc manifeste en ce que l’on désire pour autrui ce qu l’on désire pour soi-même : soit la correction des vices, soi l’acquisition de mœurs saintes : LE SACKAMENTAIRE LÉONIEN 67 : ut quemadmodum nos purgari desideramus a vitiis ita et eorum quos amamus optemus M 58. 22 : Cum enim docente te Dee probos mores nobis optare debeamus tunc proximos nostros sicuti nosmet ipsos vere diligimus si eis quae nos habere cupimus expetamus M 56, 6 Jl s'agit aussi de ne pas tomber dans les embûches des ennemis : M 54. 19 : nec aliorum fictionibus inludamur M 54. 29 : non incidamus insidias... declinemus... mali­ tiam M 55» -I : ut sollicite dolos caveamus alienos M 58,9 : ut nec terrori nos lacerationibus patiaris in­ justis nec captiosis adulationibus inplicari Surtout il ne faut pas rendre le mal pour le mal, mais désirer la conversion des méchants : M 55. 3 · «on utique ut cuiquam noxii simus Μ 58, 2o : non utique ut in iisdem nequitiis perseverent quia hoc imprecari est potius quam saluta­ ria postulare Il faut pardonner et oublier, tout en restant prudent : M 54. 28 : relaxare... offensas..., dissimulare culpas Μ 55, 6 : Longe aliud quippe est contumeliam praete­ rire aliud ne per improvidam benignitatem capiamur intendere M 58, 16 : ut et cautelae nostrae non desit socianda be­ nignitas et indiscreta non subripiat facili­ tas caritati. Praecipis enim ut pro nostris oremus inimicis... I.e même mouvement de pensée exprime à la fois le dédain de l’injure et la pitié que l’on doit conserver au coupable : '■ Quapropter hujusmodi declinantes actu et solo miserantes quo debemus affectu Μ 6o, 22 : ut non tam nos exagitet inepta laceratio su­ perborum quam potius moveat miseratio lacerantum M 57· 7 Pour être délivré par Dieu des ennemis, il faut d’abord opérer sa propre conversion : M 55, 22 : ut nos ab hostibus dignanter eripias a tibi non placitis prius moribus benignus emunda Μ όο, 15 : Ab omnibus nos quaesumus Due peccatis pro­ pitiatus absolve et eos qui nos impugnare nituntur expugna Le même parallèle met en comparaison l'orgueil des méchants et l'humilité des bons : 68 INTRODUCTION Μ 5ό, 20 : Praesta Dite quaesumus ut toto tibi corde subjecti tumentium voluntatum respuamus ad flatus M 57, 11 : Da ecclesiae tuae Dite non superbe sapore sed in tibi placita humilitate proficere ut pro­ terva despiciens... M 58, 5 : Omp semp Ds qui superbis resistis et gra­ tiam praestas humilibus tribue quaesumus ut non indignationem tuam provocemus elati sed propitiationis tuae capiamus dona subjecti On exprime par deux fois, mais en deux formules dillérentes, la volonté de rester hors d’atteinte de toute critique : M 55, 28 : in nobis tamen quod merito debeant lacerare non habeant M 60, 24 : sicut nos convenit praecavere ne veraciter im­ petamur Bien d'autres rapprochements littéraires pourraient être ten­ tés. Plus loin nous en relèverons qui intéressent toute la couche littéraire. Nous nous sommes borné ici à quelques exemples propres à ce premier groupe de formulaires, et nous pensons qu'ils suffisent à montrer leur homogénéité. §2. — Le deuxième groupe de formulaires. Ce groupe comprend les messes xvni, xx, xxim et xxxvn de la section XVIII. desquelles nous rapprocherons, sans vou­ loir pour autant la déplacer mais seulement en raison de son caractère. la messe VIII-xx bis. Ces cinq messes ont aussi entre elles une étroite parenté littéraire, que nous essaierons encore de mettre en lumière à l’aide de quelques exemples qui leur soient propres. Le fond de ces messes reflète une situation identique : l’auteur cherche à éviter (messe VI11-XX bis), ou au contraire juge, une fois accompli (messes de la section XV]II), un rite païen exécuté par des fidèles. Avant qu’ils n'aient commis leur sacrilège, on demandait à Dieu de les aider à repousser cette tentation : M 9, 2 : da cunctis qui Christiana professione censentur et illa respuere quae huic inimica sunt no­ mini et ea quae sunt apta sectari Après leur faute, c’est Γ Église que l’auteur demande à Dieu de préserver, et toujours au nom du même principe : il faut qu’il y ait harmonie totale entre la profession (et la foi) et l'action : M 66, 25 : Omp semp D$ da nobis voluntatem tuam fideli mente retinere et pia conversatione de­ promere ut ecclesia tua a profanis vanita- LB SACRAMENTAIRE LÉONIEN 69 tibus expiata non aliud profiteatur verbis aliud exerceat actione M 79, 12 : quod professione respuimus actione vitemus Car la faute essentielle des mauvais chrétiens est d’être en con­ tradiction avec leur profession chrétienne. L’auteur traduit toujours 'o ut eam secum in tur- i pem redigant servitutem M 69. 6 : sed etiam intrinsecus fratribus constitutis pro quibus Xius est mortuus offendiculum suae < perversitatis opponunt Dans toutes ces constructions de phrases, le mouvement de pensée est le même : de» baptisés risquent de tomber dans l'apos­ tasie, et des ennemis cherchent à les faire tomber. Mais les caté­ chumènes eux aussi sont en danger : trois textes les mentionnent spécialement : M 67, 2 : nec falsis gaudiis inhaerere patiaris quos ad veritatis tuae praemia venire promittis M 69. 5 : isti... ad tuam gratiam venientes sui foeditate deterrent M 71, 10 ; ad cujus beatitudinem sempiternam non fra­ gilitate carnis sed alacritate mentis ascen­ ditur fac nos atria supernae civitatis et te inspirante semper ambire et tua indulgen­ tia fidenter intrare Ces quelques rapprochements d'idées et d’expressions suffisent à montrer l’homogénéité de ce groupe de formulaires, il faut y souligner encore quelques analogies littéraires intéressantes, telle cette construction. : M 67, i : ab omni quaesumus eum contagio perversi­ tatis emunda M 79, 25 : ab omnibus contagiis pravitatis emunda Tant pour le fond que pour le style, les cinq messes que nous venons de parcourir sont d’une seule venue. §3. — Le troisième groupe de formulaires. Un troisième groupe enfin se dégage spontanément de la couche littéraire : il comprend les messes vmi, xm. xv, xvnn xx et xxii de la section XXVI111, auxquelles il faut joindre, pour sa parenté d’allure, la messe VIII l-v pour la fête de l'Ascen­ sion. Par son atmosphère générale, ce groupe est très différent des deux précédents. la: fond des messes qui le composent sc pa tage entre deux idées principales : d'une part des fidèles co pablcs reconnaissent leur faute, reviennent a Dieu et demande leur pardon (messes vint, xm, xv. xvnn et VlIII-v) ; d’aut part l’Église rejette hors de son assemblée et abandonne à eu mêmes d’autres coupables qui se sont endurcis et ne veulent p se repentir (messes xx et xxn). Mais ces deux idées sont con LE SACRAMENTAIRE LÉONIEN ?! latives. exprimant deux attitudes opposées devant une même situation, de sorte que ce troisième groupe offre à son tour une unité littéraire fortement accusée, perceptible jusque dans son style. Une même citation scripturaire, allusion au Psaume 18, 13, y est exploitée deux fois : M 137, 18 : Ab occultis nostris munda nos Dâe M 138. 15 : Ab occultis nostris tua nos Dûosca purificent Les deux dernières messes xx et xxu sont proches l'une de l'autre, ainsi que nous l'avons dit. par les allusions qu’elles font aux coupables endurcis : M *37· 5 : tit mentium reprobarum non curemus oblo­ quia Μ 137. 5 : despectis falsitatibus iniquorum Μ 137. J3 · operariis iniquitatis M 138, 13 : Ct vexare molientium caveamus incursus M 138, 19 : sibi modis omnibus inimici sunt qui... Les autres messes traduisent les mêmes sentiments de repentir ct de retour à Dieu. Si les coupables ont péché, c’est que l'homme est faible dans les voies de Dieu : M 131, 18 : et qui faciles a tua rectitudine discrepamus Μ 134, 22 : secl a peccatis abstrahe fragiles Le retour a Dieu exige en premier lieu la reconnaissance ct l'aveu du péché. Des chrétiens s'accusent ct avouent leurs fautes, d’où l'emploi très remarquable dans ces messes de l’adjectif noslcr : M 131, 19 : nec relinquamur nostris excessibus M 133, 17 : Peccata nostra Due prop tiatns absolve M 134.21 : ne multitudinem nostrae pravitatis adt-ndas Μ 134, 30 : quam delictis nostris incessanter offendimus M 133, 25 : non nostris sensibus relinquamur C'est Dieu seul qui peut ramener à lui les coupables et les con­ duire avec mesure : M 136, 20 : tuo semper moderamine dirigamur Μ 137, 15 : sed mores nostros ct moderatione conponas Le même appel à la miséricorde se fait entendre : M 134, 25 : protege tua miseratione correctos Μ 131, ι8 : ad eam (rectitudinem) tua miseratione revo­ cemur De multiples rapprochements littéraires pourraient encore être soulignés entre ces formulaires. Or il se trouve que nous avons été embarrassé pour en trouver quelques-uns qui leur soient exclusivement propres. Txs principales caractéristiques de ces messes se retrouvent dans les messes des deux premiers groupes, de sorte que cette dernière famille de formulaires, qui paraissait (XTRODUCTION 72 de prime abord assez étrangère aux deux antres, sc révèle à l'examen apte à entrer avec elles dans une seule couche littéraire dont nous allons voir à présent l’homogénéité d’ensemble. §4. — Homogénéité de toute la couche littéraire. Cette couche littéraire constitue un ensemble fortement uni­ fié dont le fond et le style tranchent sur le reste du Sacramentairc. Pour en montrer l’homogénéité, nous glanerons comme précé­ demment, mais cette fois à travers toutes les messes, des listes de tournures et d'expressions caractéristiques qui manifestent un même mouvement de pensée et une même préoccupation. ΪΛ main unique qui a composé tous ces formulaires se révèle à maints détails de construction et de style. Ainsi il est aisé de rapprocher deux à. deux les phrases suivantes : M 57, i : palam manifesteque declarant quid et dictis exsequantur et jadis M 79, 15 : non dubium est quo jadis probantur et didis M 57, 19 : Consecra quaesumus Due quae de terrenis frudibus nomini tuo dicanda mandasti M 71, 15 : accipe propitius quae de tuis bonis tibi nos of­ ferre voluisti : nescientes quod traduntur in reprobant sensum ut faciant quae non conveniunt M 68, 16 : De his sunt reprobi circa fidem quam ne­ scientes. .. Un mouvement de conversion identique s’exprime à l'aide des mêmes images : on va du vieux paganisme à la nouvelle vie, de ce qui est terrestre à ce qui est céleste : M 79, 17 : promptius debemus omni ritu pestiferae ve­ tustatis abolito caelestis vitae αβνϋαΖβ gau­ dere M 131, 14 : ut a terrenae vetustatis ton versatione mun­ dati caelestis vitae profectibus innovemur M 57, 5 M 134, 27 : nos a cupiditatibus terrenis expediant et ins­ tituant amare caelestia M 22, 5 : ne terrenis affectionibus inhaerendo oculos ad caelestia non levemus Ou bien encore la demande d'être préservé du mal se formule selon le même schéma et souvent dans les mêmes termes : M 56, 10 : Da nobis Due quaesumus ambire quae recta sunt et vitare quai: noxia Μ 138, 9 : nobis quaesumus et amare quae recta sunt et perversa vitare M 138, 26 : ut omnia vitando quae mala sunt et bona cuncta sedando LE SACRAMENTAIRE LÉONIEN 73 On peut encore rapprocher ces deux phrases. Bien que cons­ truites au moyen de matériaux différents et prises dans deux contextes fort éloignés, elles reproduisent pourtant le même mouvement de pensée : M 60, 25 : sic eorum qui a veritate sunt devii flere debe­ mus interitum quaesumus vel illis correc­ tionem suppliciter exorando subvenire pos­ simus vel... M 134, 25 : sed quos jure corripis a veritate digressos pro­ tege tua miseratione correctos L’antithèse du vrai et du faux est souvent exploitée de la même manière : M 9, 1 : Ds qui errantes... veritatis lumen ostendis M 9, S : sic veris confessoribus falsisque pormixta nunc agitur M 58, 11 : potius amare concedas qui veraciter arguunt quam qui fallaciter blandiuntur M 60. 20 : declinantes laqueos /alsit alum ad wnfato tuam... dirigamur M 67, 2 : nec /alsis gaudiis inhaerere patiaris quos ad veritatis tuae praemia venire promittis M 68, ii ; a fidelibus tuis falsos fratres discerneremus L’auteur des messes conçoit la vérité comme un chemin, et il choisit souvent cette image du chemin pour dépeindre l'éloigne­ ment des âmes, ou au contraire leur retour à la vérité sous la conduite de Dieu : M 9, i : Ds qui errantes ut in viam possint redire M 60, 20 : ad veritatem tuam concessae nobis divinitus viae tramite dirigamur M 60. 25 ; qui a veritate sunt devii M 133.25 : sed ad tuae reducti semper tramitem-veritatis M 134, 25 : a veritate digressos La vie chrétienne aussi est conçue comme un chemin oii l'on doit courir, mais dont ou peut aussi s’éloigner : M 79. 20 : ad verae divinitatis salutaria mandata car­ rentes Μ 133' l9 : 1lt viam tuam devota mente currentes M 69. 9 : ab omni fratre inordinate ambulante M 55, 8 : ut nos denuo... errare prohibeat Vie chrétienne et vérité sont en définitive en étroite corrélation : le juste participe à. la vie de Dieu et la vérité dans laquelle il vit le rend semblable à Dieu : M 136, 26 : certum est et tanto nos a tua participatione discedere quantum ab aequitatis tramite deviamus et tantum in tua similitudine 74 INTRODUCTION permanere quantum non divellimur ab or­ dine veritatis M 22, 8 : ne dialmlica sectando vestigia a Xri consor- j tio recedamus Conduite par Dieu, la vie chrétienne est tout entière chose mesu­ rée, juste, droite, raisonnable. L'auteur des messes a un sensj aigu de cette rectitude foncière, de celte loyauté totale à l’ordre divin : M 136. 25 : V. D. qui cum summa sis Ratio nosque ratio-i nates effeceris Μ 137, 6 : quae domui tuae conveniunt rationabiliter exsequamur M 69, ii : a quo rationabilis conscientiae bonaeque fa­ mae donum omne perfectum optimumque descendit M 55, 27 : legitime dilectionis tenere mensuram M 133. 31 : ut et tibi semper exhibeant debitam servitu­ tem M 131, 18 : qui faciles a tua rectitudine discrepamus M 136, 21 : Fac nos quaesumus Due quae sunt reda sec­ tari integritatem conscientiae diligere sem­ per et famae M 134. 22 : et ad ea quae recta sunt tuorum dirige volun­ tates M 57, 10 : circumspecta moderatione vivamus M 136, 20 : tuo semper moderamine dirigamur M 137. 15 : sed mores nostros et moderatione conponas La vie chrétienne est encore une soumission sincère, totale à la volonté de Dieu ; nombre d’expressions diverses répètent, sous forme de prière, cette meme affirmation ; M 9. 14 : Da quaesumus Diie populo tuo... toto tibi corde prosterni M 66, 25 : Omp setnp D$ da nobis voluntatem tuam fideli mente retinere M 131,9 : ut... secundum te vivere valeamus M 131, 20 : sed tuae subdamur clementer et incessabiliter voluntati M 133, 26 : haec studeamus exercere quae praecipis M 137. 2 : a tua voluntate nunquam faciat discrepare Quand on est docile à la volonté de Dieu, on est sûr de son aide : M 55. 24 : quia sine dubitatione defendes quos tuis per­ spexeris convenire mandatis M 79, >9 ■ qu>a tunc propitiatio superna non deerit si... ad verae divinitatis salutaria mandata cur­ rentes... Pour l’auteur des messes, la grande faute des mauvais chrétiens qu'il poursuit est d’avoir opposé à la volonté divine leur mau­ LE SACRAMENTAIRE LÉONIEN 75 vaise volonté. En faisant le contraire de ce que Dieu attend, ils sc sont séparés de Lui et se sont nui à eux-mêmes de toutes manières : : ad te perlinere non reputans quos vel dissi­ mulare quae tua sunt vel his contraria per­ spexeris operari M 138. 19 : sibi modis omnibus inimici sunt qui tuae voluntati nituntur esse contrarii M 67, 6 C’est ainsi que. soustrait à l'influence divine qui sanctifie, tout cc qui était bon dans l’économie chrétienne se corrompt, s'inflé­ chit vers le mal et tombe sous le pouvoir du démon. L’auteur des messes a souffert intensément de cette universelle corrup­ tion née d’une excessive complaisance pour le paganisme ; il l'a dépeinte tout au long de scs formulaires en des expressions qui ne figurent pas ailleurs dans le Sacramentaire eL qui mani­ festent sa constante douleur pour ce mal : M 57, 4 : improbos mores M 57. 5 : in reprobum sensum Μ 56. 27 : malis actibus Μ 6?, 2 : falsis gaudiis M 68, 13 : inflati sensu carnis suae M 68, 2o : in turpem servitutem M 66, .31 : in diabolicam servitutem M 9, 4 : diabolico convivio M 22, 8 : diabolica vestigia M 69, 3 : malae famae M 9. 5 : gustu mortiferae prophanitatis M 68, 25 : de pravis conversationibus suis etiam glo­ riantur M 131. 15 : terrenae vetustatis conversatione M 22, 5 : terrenis affectionibus M 22, 7 : infimis voluptatibus M 79. 15 : pravi spiritus M 80, i : spus inmundi t t Vis-à vis de tout ce qui est mauvais, le chrétien doit avoir un mouvement de refus, pour se tourner vers l'idéal de vie ebrétienne qu’il a entrevu. Cette réaction de la conscience chrétienne s'exprime, le plus souvent dans les messes au moyen d'un ablatif absolu, de construction classique il est vrai, mais dont la fré­ quence ainsi que l’utilisation jxmr opposer deux manières de vivre totalement différentes deviennent caractéristiques du style et des préoccupations de l’auteur : M 9, 5 M 79· 1 ; ut gustu mortiferae prophanitatis abjecto puris mentibus ad epulas aeternae salutis acce­ dant ’· ut mortiferis oblectationibus amputatis aeter­ nitatis tuae potius delectatione laetentur 7θ INTRODUCTION Μ 79, i7 : promptius debemus omni ritu pestiferae ve­ tustatis aboiito caelestis vitae novitate gau­ dere M 79, 19 : si cunctis abominationibus abdicatis axi verae divinitatis salutaria mandata currentes laudes ejus sca voce cantemus M 137. 6 '· scd cade»! pravitate calcata quae domui tuae conveniunt rationabiliter exsequamur M 137, 8 : ut despectis falsitatibus iniquorum conscien­ tiae famaeque nostrae profutura sectemur [ | I i Le paganisme est véritablement en dehors de 1’ltglise, il fait partie du domaine du démon, le seul domaine que l'Église n’as­ sumera jamais. Un chrétien a sans doute la possibilité de com­ mettre des fautes graves, dont il peut demander d’être préservé par la grâce de Dieu s’il n'est pas encore tombé, et dont il doit demander le pardon s'il a eu le malheur de les commettre ; mais : ce sont là des fautes de chrétien. S’il tombe dans le paganisme, il défait son baptême, en un sens il n’est plus chrétien, il est de nouveau du dehors. L’auteur des messes a exprimé cette coupure totale entre les deux domaines, celui de Dieu et celui des démons, en de nombreuses formules où le style laisse deviner la même main, où les idées, les antithèses manifestent les mêmes pensées et les mêmes soucis. Sans vouloir encore interpréter ces textes dans le détail, leur simple énumération est significative de leur origine commune : M 54,19 : ut nec fingamus aliis nec aliorum fictionibus inludamur M 55, 3 : non utique ut cuiquam noxii simus sed ut sollicite dolos caveamus alienos Μ 6θ, 29 : Quos refecisti Diie caelesti mysterio propriis alienisque propitius absolve delictis M 67. 10 : Adesto nobis omp et misericors Ds et sacra­ menta quae sumpsimus nec nostris exces­ sibus nec alienis permittas violari peccatis I M 137, 14 : nec proprio reos neri patiaris excessu nec alienis inpietatibus praebere consensum Λ M 137, 17 : Ab occultis nostris munda nos Due et ab alienis pravitatibus benignus absolve M 137, 20 : ut nec suis infecta sit vitiis nec externis obli­ gata peccatis M 138, 15 : Ab‘occultis nostris tua nos Due sca purificent et ab externis erroribus perpetua virtute defendant M 138. 23 : Muneris divini perceptio quaesumus Dite semper a nobis et peccata nostra submo­ veat ct externa, depellat Pour achever cette rapide étude sur l’homogénéité littéraire des messes qui nous occupent, nous mettrons en lumière quelques LE SACRAMENTAIRE LÉONIRN 77 citations larges de textes scripturaires illustrant surtout le thème de la charité et nous constaterons de quelle manière uniforme ces allusions sont faites. Tout d’abord on trouve à deux reprises une allusion claire au double commandement de charité qui se réfère à Matth. 22, 37 1 et aux passages parallèles, et c'est de part et d'autre la même facture de phrase : : praecipiens ut te principaliter toto corde vene­ rantes consequenter et universos homines sicut nosmet ipsos tamquam consortes nos­ tri generis diligamus tunc circa eos verum probantes affectum ut... M 57. 17 : Concede nobis Due Ds noster ut et te tota mente veneremur et omnes homines rationa­ bili diligamus affectu M 56, 3 Trois textes de nos formulaires font encore allusion à un texte de Tobic 4.16 : quod ab alio oderis fieri tibi, vide ne tu aliquando alteri facias Or ces trois passages exploitent cette citation d'une manière également large et a peu près dans les mêmes termes : : Oinp semp qui nulli nos inferre mandasti quod nobis non optamus inferri M 57· 23 : ut nec alteri quisquam moliretur infligere quod sibi nollet inferri M 138, 13 : ut nulli noxia cupiamus inferre M 54, 18 Enfin quelques textes des messes ne sont meme plus des allu­ sions à des textes scripturaires, tant leur libellé diffère de ces derniers, mais sont tout au plus un écho du diliges proximum tuum sicut teipsum de Mattii. 19, 19, ou de la Règle d'or du Sermon sur la montagne (Omnia ergo quaecumque vultis ut fa­ ciant vobis homines et vos facite illis, Matth. 7, 12). Mais c’est par­ tout, donnée à peu près de la même façon, la même leçon d'éga­ lité et de réciprocité : M 56, 6 M 57, 24 M 58, 22 : ut quemadmodum nos purgari desideramus a vitiis ita et eorum quos amamus opte­ mus : et bona quae suis utilitatibus tribui cupiret a consorte natura haec eidem ipse quoque praestaret : Cum enim docente te Dnc probos mores no­ bis optare debeamus tunc proximos nos­ tros sicuti nosmet ipsos vere diligimus si eis quae nos habere cupimus expetamus i. Mallh. 22, 37 : Ait illi Jésus : diliges Dominum Deum tuum ex loto corde tuo ct in tota anima tua et in lota mente tua. 7« INTRODUCTION Μ 137. I(> : 111 ta,n >n nobis quant in aliis quae sunt justa servemus Arrivés au terme est patent, ct elles ne présentent pas un lien liés serré avec le formulaire où elles fi­ gurent. Nous les laisserons cependant à leur place, car il n'y a aucune raison de ne pas les attribuer à Gélase, puisqu'elles sont nécessaires à la régularité du formulaire où elles entrent; mais nous ne prétendons pas que Gélase n'ait pas pu les emprunter Λ quelque devancier. 2. Nous m- ferons exception â cet ordre que pour le formulaire VITÏI-v. 11 est d'ailleurs très remarquable que l'ensemble des messes s’ordonne ainsi selon h- développement probable de l'affaire des Lupercales. Quand nous essaierons plus loin, par manière de contre-épreuve, de · raconter « toute la suite du conllit cl de le dater, nous n’aurons rien à changer à l'ordre des formulaires. La seule exception de la messe VIlll-v s'explique aisément Lettre et Mer tel. 6 82 INTRODUCTION Nous mettrons seule la messe VlII-xx bis « hors série » et nous lui consacrerons le premier paragraphe car elle sert d'intrtxiuction à toute l'affaire. § i. — La messe VIlI-xx bis. En tête de toutes les messes que nous étudions par la place qu’il occupe dans le Sacramentaire, perdu dans une partie du léonicn consacrée à des messes pour des saints martyrs, retran­ scrit sans numéro d’ordre à la suite d’un autre formulaire sur lequel pourtant son ton tranche d'une façon absolue *, ce for­ mulaire nous apparaît volontiers comme une introduction. Il semble en effet faire le point d’une situation fâcheuse à laquelle on va désormais songer pour y porter remède. Dom Capelle exprimait ainsi l’impression qu’il lui avait faite : «On l'intitu­ lerait volontiers : missa pro errantibus. Toutes ses prières res­ pirent la lutte du chrétien contre les influences païennes et le danger, pour les fidèles, de se laisser entraîner à des actes incom­ patibles avec leur baptême 2. » Or la comparaison de ce formulaire avec la lettre contre les Lupercales apporte la certitude que l’un et l'autre se situent dans la même perspective, visent le même événement et sont de la même main. Opérons d’abord leur rapprochement littéraire. Dans les quatre pièces qui composent la messe, on prie Dieu en faveur du peuple chrétien, et ce peuple est défini comme le rassemble ment de ceux qui ont professé leur foi au baptême : M 9, 2 : da cunctis qui Christiana professione censentur Mais nous savons combien Gélase, dans sa lettre, fait de cas de cette même profession chrétienne : L 3, i : cum se Christianum videri velit et profiteatur et dicat L 29. 14 : quod certe christianae professioni non conve nirc manifestum est L 30. 5 : a consortibus professionis Christianae pronun­ tio submovendum L’auteur de la messe a. comme Gélase, le sens de l’unité de l'Église : M 9, 2 : da cunctis qui... car, étant une messe pour la fête de l’Ascension, clic a été déplacée par le compilateur du léonicn et réunie à d’autres formulaires concernant la même i- ·... 1. Visiblement cette messe » embarrasse le compilateur du léonien. Il est permis de supposer qu'il l'a placée lâ à cause du mot confessoribus de la préface qu'il a pris, à contre-sens, dans le sens de < saints martyrs ». 2. Rev. bMi., vol. LVI, 1945, p. >5- COMPARAISON LITTÉRAIRE S3 L 2, 5 : in quolibet Christiano (quia membrum omnis chrislianus ecclesiae est) Tous deux mettent en pleine lumière l’incompatibilité absolue qu’il y a entre la profession chrétienne et l'attache aux démons : M 9, 14 : Da quaesumus Due fiopulo tuo a diabolicis fliobus renuntiavit laqueis abstinere L 8, 3 : ad... diabolica quibus te renuntiare professus es figmenta reduceris Mais d’autres rapprochements sont plus significatifs encore, et il est remarquable que tous tendent à éclairer de part et d’autre une même situation. En particulier, les chrétiens pour qui on prie tout au long de la messe ont renié leur profession chrétienne en retournant au démon, c'est-à-dire au paganisme. Tous les termes employés sont classiques dans la langue chrétienne, il est vrai, pour désigner le paganisme (diabolico, mortiferae profhanitatis) ; mais ils comptent aussi parmi ceux qu'emploie la lettre de Gélase, laquelle témoigne de la même situation. La préface parle de vrais et de faux chrétiens, veris falsisque confessoribus 1 ; les premiers sont restés fermes dans leur foi, firmis, bien qu’ils aient toujours le devoir d’être vigilants ; les seconds, au contraire, sont tombés par faiblesse, infirmis, bien qu’il ne faille désespérer de la conversion de personne. Or la lettre de Gélase s’efforce de son côté de montrer combien est réel le danger, pour les chrétiens demeurés jusque-là fidèles, de se lais­ ser entraîner à la célébration d’un culte païen, en même temps qu’elle exhorte ses lecteurs, mauvais chrétiens, à revenir de leur obstination impie. La secrète du formulaire offre avec la lettre un rapprochement encore plus remarquable. On y lit que Dieu ordonne à ceux qui mangent à sa table de s’écarter résolument de la table (les dénions : f M 9, 4 : Ompscmp Ds qui tuae mensae participes a dia­ bolico jubes abstinere convivio • Manifestement il est question ici de la communion eucharistique et il est permis de voir en ce texte une allusion au texte de saint Paul, / Cor. io, 21. Or la lettre de Gélase · excommunie r· elle aussi, nous l’avons vu -, les mauvais chrétiens qui ont consenti par le passé à célébrer les Lupercales et qui s’apprêtent encore a le faire ; mais de plus elle utilise pour cela une citation large plus évidente encore du même passage paulinien (L 9). Ainsi donc la comparaison littéraire du formulaire avec la lettre s’est révélée fructueuse. S’il v a entre les deux textes une grande différence de ton. elle tient à la différence de leurs genres x. Cf. messe VIll-xx bis, n. 3 «le la traduction 2. Cf. p. 39. INTRODUCTION 84 respectifs : la lettre accuse et combat, la messe au contraire se tourne vers Dieu et prie pour des coupables. Nous sommes donc invités à interpréter cette messe en fonc­ tion de l’affaire des Lupercales, et. ce faisant, nous voyons toutes ses données prendre leur plein relief. Les Lupercales ont déjà été célébrées par le passé, puisqu'il y a de ·■ faux confesseurs · qui ont renié leur foi (préface). Il ne faut pas que sc renouvelle ce scandale ; ceux qui errent doivent au contraire revenir dans le chemin lumineux de la vérité (oraison i). Remarquons com­ bien est heureuse dans la circonstance l’image du mauvais che­ min, le rite principal des Lupercales étant précisément le par­ cours d'un certain itinéraire. On demande à Dieu que tout s’arrange, le repentir des mauvais chrétiens les ramenant dans la communion de l'Église. Ainsi le peuple chrétien tout entier sera fidèle à son baptême, avec la grace de Dieu sans qui ne peut sub­ sister aucun engagement durable. Mais ce retour à l'ordre n’est qu’un souhait et se projette dans le futur : M 9, i.j : Da... populo tuo... toto tibi corde prosterni Présentement, nunc (préface), il y a de mauvais chrétiens. Ce nunc nous paraît gros de sens. A quel moment de l’affaire des Lupercales se situe cette messe, sinon à ses débuts ? Pour intro­ duire dans la fonction liturgique une intention de prière si impor­ tante à ses yeux, Gélase ne pouvait composer une messe qui résumât mieux que celle-ci la situation concrète de l’Église de Rome en cette occasion, en même temps que ses propres désirs de pasteur. f.a situation est triste, mais, en ce jour où l’affaire s’engage, l’espoir d’un prompt retour se lit dans chaque pièce : M 9, io : nullius sit desperanda conversio La dure lettre contre les Lupercales n’est pas encore écrite et rien n’est encore irrémédiablement perdu. § 2. - Les messes i, ii, ni, un, v et vm de la section XVIII. Au cours de notre rapide enquête littéraire, nous avons cons­ taté l’étroite parenté des formulaires de ce groupe. Cette parenté s'est manifestée dans les thèmes évoqués par leur vocabulaire propre et aussi par la façon dont les mêmes pensées sont exploi­ tées à travers toute la série *. C>r la situation dont témoignent ces messes rappelle irrésistiblement celle que Gélase nous lait connaître par sa lettre : on l'a attaqué, il répond ; sa vigilance de pasteur doit cire attentive à tous les vices qui souillent l’Église ; il ne faillira pas à sa mission contre ses adversaires, pas plus qu’il n'omettra de pousser jusqu’au bout le procès du clerc coupable, dont scs ennemis prennent prétexte pour l’attaquer. i. Cf. p. 66-68. COMPARAISON LITTÉRAIRE »5 Cette analogie de situation nous invite à comparer d’abord les textes sur le plan littéraire, avant de nous livrer à l'interpréta­ tion de chaque formulaire par l’a flaire des Lupercales. A) Comparaison des textes. Dès l’abord, les points de rencontre littéraire, bien qu’assez nombreux pour n’èlre pas fortuits, ne semblent pourtant inté­ resser que des éléments de détail, vocabulaire ou expressions. En réalité les grands thèmes et le fond de ces textes sont iden­ tiques, mais il faudra le montrer davantage. a) Comparaison des mots et des expressions. Plusieurs termes du vocabulaire propre aux messes que nous étudions se retrouvent dans la lettre de Gélase, utilisés depart et d’autre dans des sens identiques, ce qui renforce l’intérêt do la comparaison. Voici ces termes : sollicite : M 55, 4 : sollicite (138, 11 : sollicitudo) L 6. 10 : sollicitudo L 7. 3 : tanto sollicitius examinandus est fingere : Μ L L L 54. : fmgarnus (67. 5 ’· fictis ; 79, 14 : figmenta) 15. 5 : Deo lictae mentes 3, 9 et 4, 3 : vana figmenta, ridiculosa figmenta 10. 3 : artem figendi non habere lacerare, laceratio : M 55. 29 : lacerare M 58, 10 : lacerationibus M 60, 23 : laceratio M 6o, 24 ; lacerantum (67. 15 : lacerari) L i, 8 : etiam recte facta... lacerare contendant consequenter : M 56, 4 L 2, 2 L 6, 6 L 7, 6 : : : : consequenter et a nobis consequenter agnoscant ct poenae consequenter addici vindictae consequenter addicitur dedecus : M 56, 29 : dedecora (69, 3 : dedecore) L 17, 6 : si pudet et dedecus est L 2Ù. 7 : cur tractasse sit dedecus 86 INTRODUCTION seducere : M 56, 33 : seducentes L 3, 8 : ad... vana figmenta seducitur condemnare, : M 58, 14 : condemnat (138, 9 : condemnas) Μ 57. 5 : damnent * L 4. 7 : semetipsum se condemnare cognoscat En outre, ce sont des expressions caractéristiques ou même des membres entiers de phrases que l’on retrouve dans chaque série de textes ; leur comparaison offre un intérêt accru et devient assez significative pour faire songer à l'identité d'auteur. Entre les messes et la lettre, ce sont déjà des points d'attache privi­ légiés : M 54. 30 : ut... declinemus in qua student perseverare ma­ litiam L i, 7 : stadio cacologiae, malivolentiae proposito : quemadmodum nos purgari desideramus a vitiis L 6, 10 : et ab omnibus (malefactis) ecclesiae fama purgari Μ 56. 6 M 57. 5 : nescientes quod traduntur in reprobum sensum L i, i : nescientes neque quae loquantur L i, 7 : quae nesciunt arguentes M 57, 6 : ut faciant quae non conveniunt L 29. 14 ; quod certe Christianae professioni won conve­ nire manifestum est M 57, 1 : palam manijesteque declarant L 3. 2 : palam tamen publiceque praedicare L 9, i : post blasphcmias palam publiceque profusas M 5^. 30 : quia ipsi se non vident aestimant nec ab aliis se videri L i, 2 : de aliis judicare nitentes cum se ipsi non judi­ cent On le voit, ces points de rencontre matériels sont assez impor­ tants pour qu’on doive désormais en tenir compte et essayer de vérifier ce premier résultat. Mais on peut pousser plus loin le rapprochement littéraire : par-delà ces rencontres verbales, c'est la meme situation qui est évoquée de part et d'autre, vue et décrite par le même témoin. La comparaison des principaux thèmes des messes qui nous occupent avec la situation définie par la lettre de Gélase essaiera de le montrer. i. Toutefois le ternie damnatae sc lit une autre fois dans le léonicn, dans un contexte tout différent, p.- 15 t. li. 28. COMPARAISON LITTÉRAIRE 87 b) Comparaison des thèmes. Une lecture attentive de nos six formulaires permet de déga­ ger leurs thèmes principaux, thèmes que l’étude de leur voca­ bulaire nous avait déjà révélés *. Or ces thèmes sont ceux-là même que développe la lettre de Gélase, surtout en sa première partie. Nous le montrerons en analysant quatre d'entre eux : le thème le thème le thème le thème des injustes attaques, de la tromperie et de l’aveuglement, de l’orgueil, de la charité. Thème des injustes attaques. On se rappelle comment Gélase exprime, au début de sa lettre, son amertume d’avoir été accusé de négligence dans l'affaire du clerc adultère ; celle attaque était tout de même un peu fondée puisqu'il reconnaît qu’il faut punir le coupable : verum dicis nec ego diffiteor... (L 7. 2). Or l'auteur des messes affirme lui aussi l’intérêt qu’il y a à ne prêter le liane à aucune attaque : M 55, 28 : in nobis tamen quod merito debeant lacerare non habeant M 60. 24 : sicut nos convenit praecavere ne veraciter im­ petamur Il dit encore que l’Église ne saurait être délivrée par Dieu des ennemis sans opérer d’abord sa propre conversion ÎM 55, 22 et 60, 15). Pourtant l’attaque que Gélase a subie était injuste, l’affaire du clerc adultère n’étant qu'un prétexte ; en réalité ses adver­ saires l’attaquent à cause d’une bonne décision (recte facta, L 1). Or l’auteur des messes sent lui aussi l’injustice des attaques (M 58. 10 : lacerationibus injustis ; Μ 58. 18 : calumniantibus). Il voit qu’on essaie de lui rendre le mal pour le bien : M 54, 22 : et illi non pro bonis mala reddere moliantur Il est attaqué parce que son ennemi a perdu le moyen de faire le mal : M 55. » • ii : si facultas eidem potius subtrahatur subsiciva laedendi Gélase, dans sa lettre, souligne la persévérante malice et la folie avec lesquelles ses adversaires veulent le faire revenir sur sa décision (studio cacologiae, malivolentiae proposito, nescientes, nesciunt, qui si sapèrent, L 1). Or l’auteur des messes constate que ses ennemis ont perdu la tète et s'acharnent à nuire sous prétexte de religion : x. Cf. p. 57-65. 88 INTRODUCTION : nescientes quod traduntur in reprobum sen­ sum M 54, 29 : ut sub specie gratiae nocere cupientium decli­ nemus in qua student perseverare malitiam Μ 57· 5 Gélase enfin a fait de sa lettre, avec éloquence, un long plai­ doyer, tant pour se justifier lui-même que pour condamner les Lupercales. Sans doute les messes étudiées ne redisent pas tout ce que dit la lettre ; pourtant nous avons pu dégager Lout un vocabulaire original 12où il est question de se garder des attaques, de se prémunir, d’être prudents. Ainsi de part et d’autre se révèlent un même contexte et une même situation. Thème de la tromperie et de I’atieuglenienl. Les messes et la lettre s'accordent ici encore pour qualifier l'attitude des adversaires : ils sont déloyaux. Tout d’abord ils essaient de tromper les autres. L’auteur des messes parle à maintes reprises île la prudence qu'il doit déployer pour ne pas être joué : M 54, 19 : ut nec fingamus aliis nec aliorum fictionibus inludamur M 54. 28 : ut eorum tamen non incidamus insidias M 55, 4 : ut sollicite dolos caveamus alienos M 58, 10 : nec captiosis adulationibus inplicari... qui fal­ laciter blandiuntur Or nous savons par la lettre de Gélasc comment l'attaque qu'il a subie a propos du clerc coupable n'était qu’une feinte, com­ ment on a fait bon marché de la vérité : non veritatis... (L I, 6). Surtout les adversaires se trompent eux-mêmes, se plongent volontairement dans l'erreur, portent en eux-mêmes contradic­ tion et inconséquence -. La préface de la messe XVJII-πι décrit avec une admirable précision leur déséquilibre spirituel : ils ne sauraient se cacher ni au regard de Dieu, ni à celui des hommes ; incapables de se voir eux-mêmes et de reconnaître leurs erre­ ments. ils essaient de justifier leur conduite par les Écritures, mais leur jugement est faussé. Or la lettre de Gélasc témoigne d'une meme attitude. Scs adversaires croient aux Lupercales ; leur insistance à les défendre le prouve. Pourtant ils ont honte de les célébrer et poussent d'autres personnes à le faire ; ils sont incapables de montrer le bien-fondé de ce culte, et surtout de prouver qu'il est compatible avec leur baptême. C'est le même aveuglement : dicite nobis, nec Christiani nec pagani (L 19, 1}. En ces points encore, la rencontre des textes est bonne. 1. Ci. p. 63-63. 2. Cf. p. 45. Sur la déloyauté des adversaires, cf. p. 47*48. COMPARAISON LITTÉRAIRE S9 Thème de l'orgueil. L’attitude des adversaires se complète enfin d'un élément d'orgueil. Dans les messes, tout un vocabulaire original exprime ce sen­ timent l. A cet orgueil, d'ailleurs, répond l’humilité qui plaît à Dieu : M 57, 11 : Da ecclesiae tuae Dfie non superbe sapere M 58. ΰ : ut non indignationem tuam provocemus elati Mais toujours cet orgueil, quand on le décrit, se manifeste à l’acharnement qu'ils mettent à attaquer : M 56, 20 : tumentium voluntatum respuamus adflatus Μ 58. 5 : qui superbis resistis Μ 6o. 23 : inepta laceratio superborum Or la lettre de Gélase, avec un vocabulaire différent, montre à satiété l'orgueilleux acharnement des ennemis du pape à main­ tenir leur position, contre toute logique et tout esprit chrétien 23. Thème de la charité. Ce dernier thème enfin, largement exploité dans les messes, semble presque absent de la violente lettre de Gélase. Pourtant les intentions qui, dans les messes, le caractérisent se retrouvent toutes dans la lettre. A plusieurs reprises, par exemple, rameur des messes parle de la clairvoyance qui doit guider sa charité : M 55, 6 : ne per improvidam benignitatem capiamur Μ 5§, ι6 : ut et cautelae nostrae non desit socianda be­ nignitas et indiscreta non subripiat facilitas caritati Or on sait de quelle prudence Gélase doit faire preuve pour ne pas tomber dans le piège de ses adversaires et retourner contre eux une situation où il commençait par avoir le dessous L’auteur des messes souligne surtout deux caractères de la , ' 1. Cf. p. 5$. 2. Les expressions abondent qui expriment leur mauvaise volonté : etiam rcctc facta inalivolenliac proposito lacerare contendant (L r, 8), cuin sic te inteiligas nwfion haberc afjeelum pcrversxmquc apostalandi pnposilwn (L 10, 4), dicite nobis itaque qui vohinlalens profanitatis habetis cujus causas asse­ rere non poles! ts (L 21, :), qui tuendae habetis propositum falsitatis quam defendere non potestis (L 21, 2), quasdam extitisse... contrarias voluntates..., sicut ne nunc quidem vos ipsos absistere insanis conatibus velle perpenditis (L 32, 6}. 3. il reconnaît notamment la gravité de la faute du clerc et promet de Sévir (L 7). 90 INTRODUCTION charité chrétienne : son universalité et sa réciprocité. Four expri­ mer l’universalité, l’auteur semble faire allusion au double com­ mandement d'amour de Matth. 22, 37-40 : M 56. 3 : praecipiens ut te principaliter toto corde vene­ rantes consequenter et universos homines sicut nosmet ipsos tamquam consortes nos­ tri generis diligamus M 57, 17 : Concede nobis Dite Di noster ut et te tota mente veneremur et omnes homines ratio­ nabili diligamus affectu Quanti la réciprocité, les messes font allusion au texte de Tobie 4.16 pour l'exprimer dans sa forme négative (ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît à toi-même), et au texte de Matth. 7, 12 pour l’exprimer dans sa forme positive (fais à autrui ce que tu voudrais qu’on te fit à toi-même) *. Gélase, au contraire, dans sa lettre, cite textuellement et commente deux autres textes scripturaires, celui de (o. S, 7 (çni sine peccato est vestrum primus i» illam lapidem mittat) et celui de Matth. 7, 3 (quid autem vides festucam in oculo fratris tui et trabem in oculo luo non vides). Mais il ne les utilise que pour infliger à son adver­ saire le même traitement que celui-ci réclame pour autrui, et pour lui rappeler que l'attention du pape doit se tourner vers toutes les fautes qui souillent Γ Église. Ainsi dans les messes et la lettre, malgré la diversité des cita­ tions. c’est la même leçon et le même point de vue. Seules les applications sont différentes : l'auteur des messes souhaite traiter tous les hommes avec un égal amour ; Gélase souhaite traiter tous les coupables avec une égale justice. la: genre littéraire de chaque texte explique assez ces différences ; mais, des deux côtés, ce sont les mêmes préoccupations. Avec ce thème de la charité, nous terminons la comparaison des textes. 11 y a entre eux une parenté littéraire indéniable qui, par-delà des analogies nombreuses de vocabulaire et d'expres­ sions, semble intéresser le fond même des textes. Déjà nous sommes en droit de pressentir la conclusion qui ne fera que se confirmer avec la suite de notre travail, à savoir que ces messes furent écrites par Gélase à propos de l'affaire des Lupercales. Il nous reste pourtant un moyen de corroborer tout de suite cette conclusion, pour ce premier groupe de formulaires, grâce à une contre-épreuve d'ordre historique : l’interprétation de chaque formulaire en fonction de la situation précise dont té­ moigne la lettre contre les Lupercales. x. Tob. 4, 16: quod ab aliu oderis fieri libi, vide ne tu aliquando alteri facias. Matth. 7, 12 : Onuua ergo quaecumque vultis ut faciant vobis ho­ mines, ct vos facite illis. Cf. les citations dans les messes, p. 77· COMPARAISON LITTÉRAIRE 9« B) Interprétation de chaque formulaire. Messe XVII1-I. Ce formulaire très complet n'offre pas. tout au long des six Êièccs qui le composent, une unité immédiatement évidente l. ijvcrses lignes de pensée s’y croisent : loyauté, charité, pru­ dence, sans lien apparent entre elles. Encore moins le sens de 1 ces pièces, surtout celui de la longue préface, est-il accessible à celui qui ne connaît pas les circonstances où elles furent com­ posées. Au contraire toute la messe devient claire quand on la lit à la lumière des événements que l’on sait. Chacune de ses r pièces y prend un sens très précis et l’ensemble, unifié par une même intention, se montre d’une remarquable homogénéité. Les deux premières oraisons témoignent de la malveillance dont Gélase a été l'objet depuis qu’a été portée la défense de célébrer les Lupercales. Sans doute a-t-on déjà essayé de le dé­ nigrer en l’accusant de partialité dans l’affaire du clerc adultère : on s'efforce de lui rendre le mal pour le bien (oraison 2). Gélase cependant n'a pas voulu tromper les autres (oraison 1). Trom■, per scs adversaires, il aurait pu être tenté de le faire en refusant de reconnaître la culpabilité du clerc ; il aurait pu surtout les tromper en les laissant à leur péché sans entreprendre la difficile condamnation des Lupercales. Mais il accomplit son devoir de pasteur et n'abandonne pas les chrétiens fidèles au danger d’être séduits et entraînés par de mauvais chrétiens. L'impartiale cha­ rité que souhaite avoir Gélase (oraison 2), c’est la charité cou­ rageuse qui ose traiter chacun selon son cas. pour la guérison de son âme, même s’il devait arriver que les coupables, ne compre­ nant pas les intentions du pasteur, essaient de rendre le mal pour le bien. ) > A la lumière de la lettre, la secrète à son tour prend un sens précis. L’offrande du chrétien n'est agréable à Dieu que si elle procède de la droiture du cœur. Or les partisans des Lupercales, et Gélase le leur dira abondamment, ont perdu toute rectitude chrétienne. Mais la préface surtout gagne à être ainsi éclairée. Nous avons en mémoire la situation précise qu’évoque la lettre de Gélase. Le pape a été attaqué par ses ennemis dans une double inten; , tion : en premier lieu on a essayé de ruiner sa réputation de pasteur vigilant ; en second lieu, on voudrait le faire revenir sur Sa décision au sujet des Lupercales. Or, toute la première partie de la préface, dans le balancement parallèle de ses phrases, évoque exactement la même situation. I) est possible d'en dis’ tribuer le texte en deux colonnes parallèles, la première faisant i. Dans le Sacramentaire léonien, un formulaire de messe complet compte six pièces : oraison i, oraison 2, secrète, préface, postcominunion et orai­ son sur le peuple. 92 INTRODUCTION allusion aux attaques injustes dont Gélase est l'objet, l'autre se référant à l'intention plus grave de conserver le culte des Lupercales : relaxare... offensas Gélase pardonne les injustes critiques ut... non incidamus insidias sans prendre le change aux in­ tentions dissimulare culpas il fait moins attention aux fautes commises ut... declinemus... malitiam qu'à la malice tenace de ceux (pii, sous la couleur de reli­ gion, veulent le maintien des Lupercales Hû» utique ul cuiquam noxii si­ mus Gélase écarte l'idée de ven­ geance sed u! sollicite dolos caveamus alienos mais se garde avec soin de la ruse des autres ita mites ad omnes esse nos in­ puts il veut bien être doux avec tous ut pariter corripere praecipias i nquielos mais pouvoir réprimander ceux qui troublent l’Églisc longe aliud... contumeliam prae­ terire On peut passer outre à l’ou­ trage aliud ne... capiamur intendere impossible tout de même de le négliger au risque d'être vic­ time. Expliquée par la lettre, la deuxième partie de la préface n'est pas moins claire. En interdisant aux chrétiens de participer aux Lupercales, Gélase a imité l’action de Dieu qui supprime les erreurs humaines et prévient à tout jamais leur retour en empê­ chant les hommes d'errer. Ainsi Gélase a coupé la tentation à la racine. Mais il devra encore essayer de convaincre ceux que touche sa décision et dans ce but écrira sa lettre, pour leur démontrer que ce culte est mauvais au regard de la foi chré­ tienne et nuisible dans ses conséquences au lieu d'être un bien­ fait. A la lumière des événements, le simple mot de la postcommu­ nion se charge lui aussi de tout le désir de Gélase de préserver son peuple des dernières atteintes païennes : tides semper vera. Enfin l'oraison sur h: peuple évoque la tentation des chrétiens pris entre la faiblesse de leur condition humaine et les ruses du démon. Ainsi interprété par ce que nous savons de l’affaire des Luper­ cales, cc premier formulaire présente une remarquable cohé­ rence. Aucune de ses six pièces n'apparaît comme une prière passe-partout : chacune a été l’occasion pour l'auteur de redire sa préoccupation essentielle. Précédemment, nous avions mis en COMPARAISON LITTÉRAIRE 93 lumière, entre les messes et la lettre, des rapports de vocabu­ laire et de fond assez nombreux pour nous faire pressentir une même origine. L’interprétation de ce formulaire par la lettre, en nous montrant maintenant qu’il s'agit du même événement historique, nous permet de le signer en toute sécurité du nom de Gélase. Nous devons procéder à la même vérification pour les autres formulaires de la série. Messe XVIH-U. Ce formulaire présente au lecteur qui l’aborde un sens général plus facilement compréhensible que celui île la messe précédente, mais aussi moins original. On pourrait l’intituler : de l’attitude que doit inspirer un véritable amour des ennemis. Une telle intention de prière est de soi assez commune, et c'est pourquoi l’interprétation de cette messe par la lettre de Gélase va nous paraître moins éclairante que dans le cas précédent, dans la mesure même où nous en sentons moins le besoin. Du moins verrons-nous que cette interprétation, loin de forcer les textes, leur donne une portée qu’ils paraissent tout naturellement prêts à soutenir. Si, comme on vient de le dire, l’interprétation d'un texte par un autre apparaît d’autant moins intéressante que ce texte est moins original, cette même règle se vérifie encore à l’intérieur de la messe que nous étudions ; parmi les six pièces qui la com­ posent, toutes n’offrent pas un égal intérêt. Sans doute la messe témoigne-1. elle d’une réelle unité d’inspiration : les mêmes thèmes de conversion et de charité traversent toutes ses pièces et se font écho de l'une à l’autre. Cependant la secrète, la post­ communion et l’oraison sur le peuple, tout en se rattachant très logiquement à l’ensemble, sont moins typiques dans leur libellé que les deux oraisons ou la préface. Ce manque de couleur va rendre pins difficile leur attribution indubitable à Gélase. Nous faisons des maintenant cette remarque, tout en reconnaissant que ces pièces entrent suffisamment dans le mouvement d'en­ semble du formulaire pour avoir très bien pu être écrites par Gélase : il est seulement plus malaisé de le montrer. Arrêtons-nous d’abord aux trois pièces les plus expressives, à savoir les deux premières oraisons et la préface. Leurs princi­ pales données se complètent assez bien. Les ennemis dont parle la première oraison se sont éloignés d'une paix juste (oraison 2) et ont commis des fautes dont on souhaite qu’ils se purifient (préface). Si l'oraison x les nomme hostibus, la préface avoue qu'on les aime. Les aimer est même la seule chose à faire (pré­ face), car Dieu désiré une concorde parfaite entre ceux qui sont siens (oraison 2). Ces ennemis ressemblent donc fort à des frères égarés dont on pleure les erreurs et dont on souhaite le retour. Reconnaissons qu’en soi ces données n'ont rien de radicalement original : une expression entre mille de la grande loi de charité. 94 INTRODUCTION Mais pourquoi ne pas reconnaître également que, jusque dans i leurs détails, elles s'adaptent étroitement à la situation que nous j fait connaître Gélase ? Les adversaires du pape ne sont-ils pas . aussi des chrétiens que Gélase va tenter de sauver de leurs cr- J reurs ? Les « mœurs qui ne plaisent pas à Dieu » (oraison i) et I les déficiences dont des ennemis pourraient tirer parti (oraison 2) 1 ne sont-elles pas allusions à l'affaire du clerc adultère ? I.cs exi- 1 gences d’universel et juste amour de la préface ne sont-elles pas les soucis constants que Gélase exprime dans sa lettre ? I ne , telle interprétation, sans doute, exige qu'on soit à l'avance averti ; ! du moins satisfait elle parfaitement aux données de ces textes. J Achevons l'intcqwétation de ce formulaire en nous arrêtant 3 aux trois autres pièces : la secrète, la postcommunion et l’oraison I sur le peuple. Moins caractéristiques que les précédentes, elles 1 donnent l’impression «l'être des formules passe-partout, au sens I vague et général. Aussi bien seront elles par la suite facilement j utilisées : la postcommunion se retrouve en partie dans un autre endroit du léonien, une messe du pape Vigile (XVI11 x 1111, poste.). J Pourtant elles se rattachent facilement aux autres pièces du formulaire et, même si l’auteur les avait, par avance à sa dispo- j sition, il les a du moins judicieusement employées. En effet, toutes les trois font la distinction entre le transitoire et l’éternel, les biens d’ici-bas et les biens d’en haut : ce faisant elles déve- ; loppent directement la dernière demande de la préface. Mais il reste encore à les bien comprendre. Doit-on se contenter de leur sens général et ne pas chercher ce que désignent concrète­ ment des mots tels que terrena, noxia, terrenis erroribus ? Là encore, il n’existe aucun moyen de trancher pour préférer une interprétation à une autre ; mais, lus dans la perspective de " l’affaire des Lupercales, ces mots revêtent un sens parfaitement clair et intelligible. Ainsi interprété, tout ce formulaire a donc un sens satisfai­ sant. Divers points «le ressemblance avaient tout à l’heure mon­ tré, sur le plan littéraire, sa parenté avec les formulaires voisins et avec la lettre. A présent son interprétation par l’affaire des Lupercales rend compte de toutes ses données. Il ne nous scmbl pas audacieux de l’attribuer à son tour à Gélase, et cela dan son ensemble. Un pas de plus est fait dans la vérification de notn hypothèse. Messe XVlII-Iir. Le formulaire précédent permettait son interprétation pa l’affaire des Lupercales ; la messe dont nous abordons l’analy» va presque jusqu'à l’exiger. Si nous nous rappelons que, d'un part, elle possède de nombreuses attaches littéraires tant ave< les formulaires voisins qu’avec l’ensemble des formulaires étu diés et que, d’autre part, la comparaison textuelle déjà eff< tuée avec la lettre de Gélase a puisé chez elle maints exempli ce résultat ne sera pas pour nous étonner. Il n’en reste f COMPARAISON LITTÉRAIRE 95 moins extrêmement précieux pour la vérification à laquelle nous sommes en train de procéder. La pièce la plus remarquable de cette messe est sa longue pré­ face. C'est elle que nous devons d'abord inteq>réter. Bien difficiles seraient à identifier les hommes dont elle nous donne une abondante description si nous n’avions pour le faire aucun terme de référence. A coup sûr. ce sont des chrétiens : ils cherchent le Christ, ils lisent les Écritures ; mais combien est trouble leur attitude spirituelle ! L’auteur de la messe fait d'abord remarquer que nous ne pouvons pas nous cacher do nos fautes, ni au regard de Dieu quand ces fautes sont intérieures, ni au regard des hommes quand elles sont extérieures. Mais, pour eux, aucun espoir de se cacher : ils ont beau ne pas voir euxmêmes leurs laideurs, il n’y a qu’à les regarder en face (ainsi qu'y invite l’apôtre Paul) pour savoir ce qu'ils valent : ils égarent les autres par leurs paroles, ils cherchent le Christ en se cachant 1 et font même connaître au grand jour toutes ces mauvaises paroles et ces mauvais actes. Malgré cette évidente culpabilité, ils essaient encore de se justifier en invoquant le témoignage de l’Écriturc, sans voir, plongés qu’ils sont dans leur erreur, que l'Écriture les condamne. Qui sont ces hommes ? A vertis comme nous le sommes, leur portrait évoque à nos yeux celui des adversaires de Gélase. Tous les détails de la préface nous invitent à faire ce rapprochement. Les destinataires de la lettre sont eux aussi des chrétiens ; eux i. La façon dont les adversaires de Gélase cherchent le Christ est expri­ mée d'une manière assez inattendue. Avec Feltoê nous pensons que ce texte est une allusion à Afatth, 24, 26, et presque une citation. Ce que la Vulgate a rendu par ;n penriralibus, une ancienne version latine l'avait traduit par f»i cubiculis, synonyme de in domibus (ci. P. Sahatjer, Bibliorum sacrorum laitnac verswnes antiquae, t. III. p. X47). Gélase ne s’est donc pas tellement éloigné du texte de Matthieu et jx-ut-étre ne disposait-il que du texte de l'ancienne version. Quant à l’interprétation de cette expression dans le contexte, il paraît clair que in eubile s’oppose à falam manifcsUquc. Une semblable oppo­ sition est notée dans In préface de la messe XVlII-xx : domt forisque. Gé­ lase rapproche ce que ses adversaires font chez eux, privement, en se ca­ chant, tic ce qu'ils font et disent publiquement et au grand jour; or, au grand jour, ce ne sont que chants obscènes et étalage de scandales (XVIIIxx et L 20). L'expression ικ cubite, cependant, ne semble pas préciser davantage. Duchesse, intuitivement, était allé beaucoup plus loin en expliquant ce passage (Origines du culte chrétien, p. 150) : · Us ont beau tenir des discours doucereux, compulser les saintes Écritures, on sait que c’est surtout dans le lit des autres qu’ils vont chercher le Christ. » Malgré la rudesse de cette explication, nous y souscririons presque, mais c’est parce que, par-delà l'expression in cubiic, nous savons déjà quels désordres occasionnaient les Lupercales. 96 INTRODUCTION aussi égarent leurs frères et les poussent à célébrer le culte des Lupercales ; eux aussi essaient avec obstination de concilier leur christianisme avec ce culte païen ; eux non plus ne sauraient se cacher et nous entendons Gélase dire à l'un d’eux : fit tamen sceleris lui pondus non potes declinare (L 9, 7). Par-dessus tout, c'est le même aveuglement spirituel qui les empêche de juger sainement et de se rendre aux raisons du pape. On ne pourrait souhaiter plus satisfaisant rapprochement. Comme la lettre, enfin, la préface s’achève sur une note pessi­ miste : à la veille de la célébration des Lupercales, la lettre n’ar­ rivera pas à faire revenir les mauvais chrétiens sur leur décision de les célébrer : de même la préface se contente d’avoir pitié d’eux et les abandonne au jugement de Dieu désormais tout proche : au moment ou elle fut écrite, les adversaires de Gélase se durcissent déjà dans la position qui devait motiver l’ultime effort de la lettre. Les autres pièces de ce formulaire, qui sont loin d’offrir le même intérêt que la préface, restent cependant très significatives et concourent à faire de l’ensemble un tout assez homogène. Toutes, sauf la première oraison l2 , opposent à l’orgueil de ceux que l’on critique l’humilité qui doit distinguer les vrais fidèles. Or nous savons quel orgueil la lettre de Gélasc révélera dans l’attitude des adversaires *. Par contraste, il convenait à des textes de prière d'exalter l’humilité, la soumission et la mesure des vrais chrétiens. Par là elles achèvent la peinture des adver­ saires du paj>e, si bien esquissée déjà par la préface. Ce formulaire se réfère indubitablement à l’affaire des Luper­ cales, et c’est avec certitude que nous pouvons l'attribuer à Gélasc. Messe XVIH-II1I. Moins intéressante pour notre propos que la précédente, la messe que nous abordons maintenant rappelle davantage le for­ mulaire XVIII-11. Ses pièces sont peu originales et donc peu caractéristiques. Elle offre même au premier abord un manque d’unité assez déconcertant : la première oraison parle d’iniqui­ tés et de justice, la deuxième oraison et la préface traitent de la charité fraternelle, la secrète dit un mot sur la matière du sacrifice, la postcommunion et l’oraison sur le peuple ne pré­ sentent rien de remarquable. J Dans toutes ces pièces, nous ne trouvons que peu d'indices qui puissent nous aider à les interpréter ; en particulier nous avouons volontiers qu’il n’y a aucun moyen d’attribuer comme 1. Cette première oraison est du type des pièces que nous avons appel lécs · neutres ». Nous n'avons aucun moyen de dire si clic est ou non de Gélase, et nous ne pouvons que nous appuyer sur sa présence dans le for­ mulaire pour le supposer. 2. Cf. n. 2, p. 89. COMPARAISON LITTÉRAIRE 97 telles à Gélase certaines pièces o neutres» comme l’oraison i ou la postcommunion. Les indications les plus précieuses touchant l'origine de cette messe sont les analogies d’ordre littéraire déjà relevées, qui la rattachent assez étroitement aux formulaires précédents, au sein d’une même couche littéraire. Pourtant son interprétation par l’affaire des Lupercales lui donne un sens satisfaisant. Nous avons dit par exemple à pro­ pos du formulaire XVllI-u comment le thème de la charité fraternelle et de la justice, que sa préface reprend, s’adapte par­ faitement à la situation respective de Gélase et de ses adversaires telle que nous la révèle la lettre du pape. L’allusion de la secrète au culte chrétien tel que Dieu l'a ordonné fait penser, dans l’op­ tique de la lettre, au faux culte des Lupercales que Dieu ne veut certainement pas et qui lui déplaît. Les iniquitates nostrae de l’oraison i font penser à l’affaire du clerc adultère. Les expres­ sions de l’oraison sur le peuple (populus fidelis... te. instruente dispositus... conversatione tibi placeat) éclairent la situation que nous connaissons. En somme, si l’interprétation de cette messe est satisfaisante, elle ne semble pas toutefois permettre une con­ clusion d’une évidence parfaite. Il nous a fallu rattacher à la lettre de Gélase, comme nous avons pu, chacune de ses pièces. Or, il nous paraît précisément, si nous voulons rendre ferme l’attribution de cette messe à Gélase, que là se trouve le côté intéressant du rapprochement que nous tentons. La messe est disparate, au point qu’il serait difficile de préciser son objet par un titre. Au lecteur non averti, elle ne présente rien de caracté­ ristique. Mais voici que, interprétée par l’affaire des Lupercales, elle retrouve une réelle, unité : chacune de ses pièces, même les plus xneutres» comme l’oraison i, évoque un des aspects de l’affaire, un des soucis majeurs de Gélase en celte conjoncture. Pour saisir cet aspect de la messe, il fallait évidemment être prévenu ct le chercher. Pourtant il est réel et nous n’hésitons pas, malgré la relative pauvreté des indices, à attribuer à son tour tout le formulaire an pape Gélasc. Messe. XVIII-V. Cette messe est au contraire un beau formulaire d’une seule venue ; son interprétation par l’affaire ties Impercales va lui donner l’unité, la simplicité et la clarté de sens qu'avaient retirés de ce rapprochement les formulaires XVlII-i et XVIII-iii pré­ cédemment étudiés. En même temps que nous aurons fait ainsi un pas de plus en acquérant la certitude de son origine gélasienne, nous commencerons à apprécier la solidité de l’ensemble de la preuve, en raison des liens nombreux qui unissent les six formulaires que nous sommes en train de parcourir. Mise à part l’oraison sur le peuple, un peu moins caractéris­ tique (encore que ses attaches littéraires avec les formulaires précédents soient nettes), toutes les pièces de cette messe évoquent une situation qu’un lecteur de la lettre de Gélase Lettre et Messet. 7 98 INTRODUCTION reconnaît aussitôt. En particulier le portrait des ennemis qui y sont dépeints répond en tout point à celui des adversaires de Gélase tels que celui-ci les voit et les combat. f.es principaux aspects de leur attitude se retrouvent tous, auxquels répond la charitable fermeté de l'évêque de Rome. Ainsi l’oraison i. qui de soi n'est qu’une supplique pour demander l'esprit d'humilité, est en réalité, transposée dans le genre de la prière, la condam­ nation de l’orgueil dont font preuve les chrétiens fauteurs de paganisme, orgueil que toute la lettre dénonce. L’oraison 2 est encore plus significative, et plus claires y sont les allusions à la situation du pape : scs ennemis mettent injustement en pièces (lacerationibus injustis) ses justes décisions, ils essaient d’attirer les fidèles au culte des Lupercales par de flatteuses tromperies (captiosis adulationibus) ; mieux vaut écouter l'évêque qui ac­ cuse avec vérité plutôt que ces hommes qui flattent et mentent (qui fallaciter blandiuntur}. La secrète et la postcommunion ne laissent, elles non plus, aucun doute sur la situation qu'elles évoquent : ces hommes au cœur double qui participent au culte chrétien (duplici sumentes corde), ne sont-ils pas les nec Chris­ tiani nec pagani (L 19. 1) que la lettre songe à exclure de la com­ munion eucharistique (L 9) ? Quant à la préface, elle reçoit de cette interprétation la même limpidité de sens : les ennemis calomniateurs et persécuteurs pour lesquels on prie sont chargés, tout comme les adversaires du pape, de lourdes iniquités personnelles faites d’insanités et de mœurs mauvaises. Mais surtout cette préface est remarquable par les liens littéraires évidents qui la rattachent aux préfaces XVIII-i, XVIII-11 et XVLII-in : l’auteur y présente en parallèle la charité et la justice dont il ne doit pas se démunir : charité, bonté et bienveillance pour prier, supplier, obtenir le pardon divin en faveur de scs adversaires, mais justice, prudence et clairvoyance pour demander qu’ils ne restent pas dans leurs péchés mais sc convertissent. Le rapport est frappant avec la préface XVITI-i : bonté et prudence, colombe et serpent. La dernière phrase de la préface rapj>elle â son tour, d'une manière très étroite, la préface XVUi-ix ; l’expression probos mores remet en mémoire l’autre expression improbos mores de la préface XVIIL-ni. Nous tenions à souligner a nouveau de tels liens litté­ raires pour montrer comment, à mesure qu’avance notre travail de vérification, les résultats s’affirment et deviennent indubitables. Remarquons enfin que cette préface laisse deviner une cer­ taine évolution dans l’attitude de Gélase par rapport aux messes précédentes : il affirme la nécessité de prier plus que jamais pour les chrétiens obstinés, pour qu'ils reviennent à une sainte con­ duite, mais non, souligne-t-il, pour qu’ils persévèrent dans leurs dérèglements. Les adversaires auraient ils donc une occasion prochaine de persévérer dans leur attitude ? La date des Luper­ cales serait-elle proche ? Tout en notant que la messe enferme encore un peu d'espoir dans le retour des égarés, constatons combien la prière du pape se fait pressante. COMPARAISON LITTÉRAIRE 99 L'interprétation par la lettre de Gélase s'est révélée trop claire pour que nous hésitions à reconnaître dans ce formulaire les memes circonstances historiques et à l'attribuer à Gélase. Il nous reste encore à éprouver de la même façon la dernière messe de la série. Messe XVTII-V1H. Malgré une sobriété certainement recherchée, cette messe ne va pas être pour nous d'un intérêt moins grand que les formu­ laires précédents. Nous allons constater d’abord que son inter­ prétation par l’affaire des Lupercales est absolument satisfai­ sante ; mais surtout nous verrons que cette messe rend avec bonheur l’atmosphère très particulière de la lettre de Gélase. En premier lieu, l’auteur de la messe est attaqué par des ennemis (oraison i). Or ces ennemis ressemblent passablement à ceux rie Gélase : comme eux, ils cherchent à accuser fausse­ ment (oraison 2) ; avec orgueil, ils mettent stupidement en pièces (;inepta laceratio superborum) une chose que la préface ne pré­ cise pas mais que nous savons être la décision de Gélase au sujet des Lupercales ; la préface précise du moins qu’ils ont quitté le chemin de la vérité. Comme dans sa lettre, Gélase avoue ici que, dans les attaques dont il est l'objet, des griefs justes pourraient se glisser (nous pensons à l’affaire du clerc adultère) et qu’il faut donc veiller à ne pas être justement attaqué (cf. messe XVlII-n, or. 2). La secrète enfin évoque de la façon la plus heureuse, dans l’image du chemin et du sentier à laquelle elle fait appel, le « mau­ vais » chemin que suivent ceux qui célèbrent les Lupercales. Mais, plus que ces fructueux rapprochements, ce qui frappe dans ce formulaire, c’est son style sec et dépouillé, une allure générale qui rappelle irrésistiblement l'atmosphère dans laquelle Gélase achève sa lettre contre les Lupercales. L’auteur y prend avec fermeté, vis-à-vis tic ses adversaires, une attitude nouvelle, très sensiblement différente de celle qu’il avait dans les messes précédentes et certainement commandée par les circonstances : désormais il n’espère presque plus qu'ils se soumettront; s’il prie encore pour eux, c'est que la prière n’est jamais vaine, même si elle n'obtient pas ce qu'elle demande ; a présent, on ne peut qu'avoir pitié d’eux et pleurer leur perle (flere debemus interitum]. Or un pessimisme semblable imprègne la finale de la lettre : le pape sait qu’il n’a pas convaincu scs lecteurs : il ex­ prime à nouveau sa défense et puis les laisse à leur choix : ipsi videant qui justis admonitionibus oboedire neglexerint (L 30, 7). Ainsi ce formulaire semble se situer au même moment que la lettre dans l’évolution de l'affaire : la fête des Lupercales est proche, le pape a tenté un ultime effort, les positions sont prises de part et d’autre. Plus que la lettre de Gélase, pourtant, le formulaire souligne la rupture qui se consomme entre le pape et les chrétiens obstinés ; face à la tentation imminente des Lupercales, Gélase paraît avoir le souci de préserver la partie saine IOO INTRODUCTION de son troupeau {expugna, confuta, propriis alienisque absolve deliciis ‘) en la séparant des mauvais chrétiens. Par la suite, il n'hésitera pas à prendre les décisions qui s'imposeront. Ainsi cette messe forme transition avec la série des formulaires dont nous allons aborder l'étude. Nous avons achevé la lecture de la première série de formu­ laires. La comparaison de leur texte avec celui de la lettre de Gélase, puis leur interprétation par l'affaire des Lupercales ont donné des résultats assez positifs pour nous permettre de con­ clure à l'identité de l’auteur Le pape Gélase a écrit toutes ces messes, et cela à l’occasion de l’affaire des Lupercales, dont elles jalonnent l’évolution. Notre démonstration a paru valable à tous ses moments ; mais elle acquiert une valeur nouvelle à me­ sure qu’elle prend plus d’ampleur. Un travail similaire nous reste à accomplir sur les deux séries de formulaires que nous avons encore a parcourir. §3. — Les messes xvhi, xx. xxihi et DE LA SECTION XVII L. xxxvn Ce deuxième groupe nous introduit dans une atmosphère toute différente de celle où nous avait plongés le premier. Les messes précédentes laissaient seulement entrevoir une situation tendue, évoquaient assez bien le malaise général annonciateur d'un con­ flit ; si des griefs précis étaient invoqués contre les ■« ennemis o, le ton restait modéré dans l'ensemble et les appels à la charité étaient fréquents. Au contraire, le ton des présentes messes at­ teint une telle violence qu'il a souvent étonné ceux qui, comme Duchesne, ont essayé «le percer leur mystère et qui ont tout d’abord hésité à y voir des pièces liturgiques, tant elles sont directes et dures. Λ coup sûr, si ces messes se réfèrent elles aussi à l'affaire des Lupercales, quelque chose s'est produit qui a fait entrer le conflit dans une phase nouvelle. Comme pour le groiqx: précédent, nous conduirons notre tra­ vail de comparaison en deux étapes. Nous relèverons d'abord les principaux points de rencontre littéraire entre ces messes et la lettre du pape, puis nous interpréterons chacune d’elles en fonction de l'affaire des Lupercales. Λ) Comparaison des textes. Relativement nombreux, nous allons le voir, sont les points de rencontre littéraire entre la lettre et les messes de cette série. Les allusions à la célébration d’un culte païen étant fréquentes dans les messes, la comparaison littéraire intéressera principa­ lement, non toutefois exclusivement, la deuxième partie de la x. Cf. note de la traduction sur alienis, p. 2x5. COMPARAISON LITTÉRAIRE ΙΟΙ lettre, où Gélase décrit et condamne le culte des Lupercales. Afin d'opérer un rapprochement aussi complet que possible, nous instituerons successivement la comparaison aux divers plans de l’analyse littéraire : vocabulaire, expressions et thèmes développés. a) Comparaison du vocabulaire. Nous l’avons souvent dit : la valeur de cette base de compa­ raison est difficile à mesurer. Relever la liste complète des termes communs aux deux séries de textes ne servirait pas à grandchose, car il resterait encore à interpréter une telle liste. Aussi nous laisserons de côté toute une tranche de vocabulaire jugée moins .significative parce que trop commune. Un mot employé de part et d’autre est d’autant plus intéres­ sant que sa relation avec le fond et le sens du texte est plus étroite. C’est pourquoi, avant de dresser la liste des termes les plus évocateurs, nous voulons d’abord relever toute une série de mots dont la présence dans nos textes est déjà, encore que de loin, une première indication sur leur parenté. depromere .. profiteri .... pronuntiare . subvertere... redigere........ discedere.... deterrere ... tractare......... currere......... purgare......... pudor............. Léonien M 66,16 1 M 66. 27 M 66. 30 ; 68, 12 M 68, 18 M 68, 20 M 79, 11 M 69. 6 M 79, 15 M 79. 20 M 67, 5 M 68, 25 dedecus......... contrarius... constitutus.. conscientia.. Μ 69, 3 Μ 67. 7 Μ 69, 6 Μ 69.. ii Lettre L i, n et io, 7 5 fois L 30,3 et 6 L 25, 5 L 26. 4 (reduceris L 8. 4) L 2, 9 et 5, 9 L 20, 4 L 26,6 et 7 ; 27, 4 L i6, 8 L 6, i r L 17, 5. 6 ; 20, 3, 8 (pudor, pudeat) et 26. 6 L 17, 6, 7 et 26, 7 L 19, 3 ; 31. 7 ; 32, 6 L 7. 4 L 30, 7 Nous ajoutons quelques synonymes : conati sunt......... non dubium est. Μ 68, 18 M 79, 15 contendant.......... L i 9 non dubium est. L 23, 7 indubitanter.... L 30, 4 D’autres termes touchent plus immédiatement au fond même des textes et se distinguent quelquefois par un emploi original. « Il faut noter encore, avec Koch, comme un usage de Gélase, le grou­ pement rcSiwrc-d^proïKW, moins au point de vue des mots que de l’idée : alliance du cœur et de la bouche, de la croyance et de sa confession. · (Dom CSpelle, ΚΛ>. dMd., LVI, 1945, art. dt., p. 26}. INTRODUCTION 102 Dans les messes, leur spécialisation se manifeste en ce qu’ils appartiennent exclusivement ou à peu près à la couche litté­ raire que nous avons isolée dans le léonicn. Aussi leur présence dans les deux séries de textes est déjà significative de leur étroite relation. Léonien Lettre recidere............. M 66. 31 L 3, 1 vitare.................. M 79, 12 L 13. 3 cancre, cantare . M 79. 17 : 79. 21 decantare L 20.11 fratres.................. M 68. 11 ; 69, 6; 69. 9 L 6. 2 domus.................. M 68, 21 ; 68. 26 L 1, 1 fama..................... M 69, 3 ; 69, 12 L 6, 10 ritus.................... M 79, 18 ritus, rite, 5 fois figmenta............. M 79, 14 nombreux exemples turpis................... M 68, 20 ; 69, 5 L 19. 5 perversitas......... M 67. 2 ; 69, 7 L 15, 5 ; 22. 5 sacrilegus............ M 79, 3 ; 79, 8 L 3, 7 profanus............ M 66, 26 L 8, 3 et 28. 3 profanitas......... M 79, 12 L 3. 6 ; 16, 6 et 21,1 vanus.................. M 79. 13 L 3, 9 ; 18, 6 : 22, 2 ; 24, 10 ; 29, 14 vanitas................ M 66, 27 L 10. 5 et 28, 4, 5 Nous ajoutons à cette liste tous les synonymes remarquables que l’on peut relever : falsis (gaudiis). Μ 67. 2 figmenta, fingendi, lictae, 5 fois simulatio........... M 67, 4 mentiendi L 10, 3 j>estifer............. M 79, 18 pestilentia 6 exemples spurcitia........... M 68,26 ludibrium, obscenitas, fiagitium L 19. 5. 7 exsecrandum... M 79. 13 execramenlum L 17. 1 b) Comparaison des expressions caractéristiques. Instituée à ce plan de l’analyse littéraire, la comparaison des textes offre déjà un intérêt beaucoup plus grand, suffisant pour poser nettement la question de l’umte d’auteur. Relevons quelques expressions, uniques dans le léonicn et présentes dans la lettre : profanis vanitatibus Μ 66. 26 profana vanitas L 28. 3 spus inmundi M 80. 1 adque immundos spiritus L 2, 9 labem moribus inrogare Μ 79, ι6 quae tantam moribus labem perniciemque proponit L 19, 8 Certaines phrases présentent, des deux côtés, les mêmes élé­ ments principaux : COMPARAISON LITTÉRAIRE 103 : qui ecclesiam tuam a diabolica simulatione vis esse purgatam L 6. 10 : et ab omnibus (malefactis) ecclesiae fama pur­ gari Telle citation d’Écriture ’ est reproduite dans la même forme : M 67, 4 M 68. 17 : nescientes quae loquantur neque de quibus ad fi rment L i, i : nescientes neque quae loquantur neque de quibus affirment Telle autre citation, littérale dans la messe *, inspire peut-être telle phrase de la lettre : M 69, i L 9, 5 : si lumen quod in te est tenebrae sunt, ipsae tenebrae quantae sunt : lux simul et tenebrae in te convenire non pos­ sunt c) Comparaison des thèmes. Les rapprochements effectués aux plans du vocabulaire et des expressions caractéristiques ont déjà laissé deviner, entre la lettre et les messes, une intéressante identité de fond, ces rap­ prochements n’ayant d’ailleurs de valeur et de signification que dans l’hypothèse de cette identité foncière. La comparaison des thèmes que les textes exploitent va rendre plus manifeste encore leur étroite relation. Un terrain de rencontre s’offre immédiatement : la lettre de Gélase a pour unique objet le culte païen des Lupercales ; or les messes témoignent toutes (sauf la messe XVIII-xxini, moins caractéristique) de désordres causés par la religion païenne. C'est donc sur ce terrain commun du paganisme que nous allons cher­ cher les principaux thèmes qu'exploitent parallèlement messes et lettre. Nous en analyserons cinq : thème du paganisme ; thème de l’incompatibilité entre profession chrétienne et paga­ nisme ; thème du retour au démon : thème de l’orgueil et des volontés endurcies ; thème des Lupercales. Thème du paganisme. Nous ne nous attarderons pas à montrer que les messes xvm, xx et xxxvii font allusion à un culte païen. C’est dans leurs textes principalement que nous avons déjà relevé 9 tout un voca­ bulaire spécial qui appartient au matériel habituellement utilisé :. / Tim. i, 7 : non intelligentes neque quae loquuntur neque de qui­ bus affirmant 2. Mallh. 6. 23 : si ergo lumen quod in te est tenebrae sunt, ipsae tene.brae quantae erunt. 3. Cf. p. 58-60. INTRODUCTION 104 ar les auteurs chrétiens anciens pour leurs descriptions du paganisme : cela suffit déjà à placer les messes sur le même ter­ rain que la lettre de Gélase, d’une manière d'autant plus immé­ diate que ce vocabulaire, dans le Sacramentaire, leur appartient le plus souvent en propre. Thème de ('incompatibilité entre profession chrétienne et paga­ nisme. Ce retour au paganisme est le fait de chrétiens. La préface d’une des messes considère comme abominable un tel état de choses : M 79, 13 : nimis est exsecrandum... a fidelibus tuis dia­ bolica figmenta tractentur Or Gélase dans sa lettre, et en termes très proches, fonde la grave culpabilité de son interlocuteur sur la même constatation : L 8, 2 : numquid ct tu reus non es qui, post confessio­ nem veritatis, ad... diabolica... figmenta re­ duceris Retourner au paganisme est grave parce qu’en contradiction avec la profession baptismale. Souvent les messes, pour souligner cette contradiction, parlent de l'harmonie qui doit s’établir entre profession chrétienne et conduite : M 66,25 : Omp semp Ds da nobis voluntatem tuam fideli mente retinere et pia conversatione depromere M 66, 27 : non aliud profiteatur verbis aliud exerceat actione M 79, 1- : quod professione respuimus actione vitemus Or nous nous souvenons de l’insistance avec laquelle Gélase, dans la première partie de sa lettre, souligne la même contra­ diction pour condamner son interlocuteur : L 3. 7 L 4, i : 1 s'agit coïncident toutes avec les caractéristiques de la fête des Lupercales telle que Gélase nous l'a fait connaître. Nous avons en mémoire la façon dont Gélase décrit les Luper­ cales. L'essentiel de cette description est contenu dans les § 19 et 20 de la lettre : ce sont des chants obscènes et la publication au grand jour de fautes cachées que la pudeur devrait interdire de révéler, tout un ensemble île réjouissances grossières dont la publicité est une cause de scandale pour les chrétiens ; le fait que les organisateurs fassent célébrer par d'autres ce culte hon­ teux aggrave encore leur culpabilité et iis sont responsables de la ruiné des mœurs qui suit une telle célébration ; aucun chré­ tien, aucun catéchumène n'y doit participer. Or les messes nous invitent à retrouver, dans maints détails et allusions, l'écho de la même situation et la description indi­ recte et voilée du même culte des Lupercales. Nous avons déjà relevé dans une messe une expression semblable à celle de la lettre pour souligner la ruine des mœurs : M 79. 16 : labem moribus inrogare Mais voici maintenant les particularités essentielles de la célé­ bration des Lupercales. Ce sont d'abord des chants, des réjouis­ sances qui défient toute pudeur : : falsis gaudiis (auxquelles s’opposent les saintes joies chrétiennes : M 79, 2,| : castis gaudiis Μ 79, 9 : castis jucunditatibus) M 79. 16 : dum scilicet vel aguntur crimina vel canuntur M 67, 2 Ιθ8 INTRODUCTION M 68, 24 : sed palam pudore calcato de pravis conversa­ tionibus suis etiam gloriantur Ce sont estilentia (nombreuses fois) pestiferus Μ 22, ίο participare L 9, 3 participatio Μ 136. 26 Des expressions intéressantes peuvent également être rappro­ chées : mentium reprobarum Μ 137, 5 quibus mens vestra contra semetipsam testimonium fe­ rens L 17, xi nos a tua participatione discedere M 136, 26 ab ipsius Dei conjunctione disceditur L 2, 8 Mais ces textes sont surtout proches par leur contenu foncier. Avec des mots parfois différents, ils exploitent les grands thèmes qui nous sont désormais familiers. Thème des adversaires. Dans ces messes où s’exprime Γ Église entière, rares sont les allusions à des adversaires ; il y en a pourtant, suffisantes pour rappeler leur présence et leur importance. Ce sont des ouvriers d’iniquité, des esprits faussés, des méchants : operariis iniqui­ tatis Μ 137, *3· mentium reprobarum Μ 137, 5, iniquorum Μ 137. 9· Sans doute, aucune de ces expressions ne se retrouve dans la lettre et aucune ne serait assez explicite pour nous per­ mettre île reconnaître là les adversaires de Gélase. Les formu-j laircs heureusement complètent leur portrait. Dans la messe xxn, par exemple, la description de leur acti-j vite est davantage suggestive : sous prétexte d'accomplir un acte religieux, ils s'en prennent à la vie île la grâce que procure le christianisme : M 138, 18 : sub specie religionis sacros iupugnarc... effec­ tus Or la lettre exprimait clairement l’intention religieuse de celui qui célébrait les Lupercales : L 20. 12 : irnrno et religione se praestare confidit Dans la messe, les coupables sont à eux mêmes et de tonte ma­ nière leurs propres ennemis, eux qui s’efforcent de contredire la volonté divine : M 138, 19 : quoniam sibi modis omnibus inimici sunt qui tuae voluntati nituntur esse contrarii COMPARAISON LITTÉRAIRE II7 Dans la lettre, on affirme non seulement l’inutilité des Luper­ cales mais leur nocivité pour ceux qui les célèbrent : L 30, 3 : Me pronuntiare convenit Christianis ista perni­ ciosa et funesta indubitanter existere L 31, 7 : tanquam contraria verae religioni noxia potius extitissc pronuntio On y dénonce aussi les volontés rebelles (L 32, 6 : contrarias voluntates') qui se fixent en des choix absolument incompatibles avec la foi chrétienne : L 19. 2 : qui tam utrumque tenere non potestis quam sibi utrumque contrarium est Dans cette même messe xxn, les adversaires courent à leur ruine : M 138, 20 : propriae... salutis operantes excidium Dans la lettre, les Lupercales ne les sauvent d’aucune ruine : L 23, i : ad quod vestrum excidium dicatis haec prodi­ gia fuisse reperta Dans les messes, ceux qui s’écartent de la vérité sont à juste titre punis de Dieu : M *34· 25 : quos jure corripis a veritate digressos La lettre affirme que la même faute doit être à bon droit con­ damnée par Γ Église : L 4, i : longe deterius jureque damnandum confessam veritatem deserere Ici et là l’adhésion à Dieu sup]x>se l’attachement à la vérité, le passage aux démons est procuré par son abandon : M 136, 27 : tantum in tua similitudine permanere quan­ tum non divellimur ab ordine veritatis L 3, 7 : abjurata unius Dei providentia et potestate quam confessus ad prodigiosas... L 8. 2 : qui post confessionem veritatis ad prava... L 9, 3 : participare... mensae daemoniorum esse... templum diaboli De part et d'autre enfin, l'attitude à adopter en face des adver­ saires est la même : une sollicitude sans repos pour Γ Église en même temps qu’une grande justice et une grande prudence : : hoc enim facis ne segnitia pontificis accuse­ tur... debet ergo et pontificis in omnibus malefactis sollicitudo et severitas non <1 cesse M 138, xi : qui nos et sollicitudine non pigros esse... praesta... ut... vexare molientium cavea­ mus incursus L ô. 8 ιι8 INTRODUCTION Thème de ce qui est droit et conforme à la vérité. Largement exploité clans les messes, comme on va le voir, ce thème qui paraît absent de la lettre de Gélase, nous rappelle cependant une de ses exigences foncières. L'étude de cette lettre avait jeté un jour très vif sur l’attitude d'âme de Gélase. Quand nous l'entendions dénoncer la volonté perverse de ses adversaires {perversum propositum L ίο, 4) ou expliquer combien il est grave d’abandonner la vérité chrétienne confessée au baptême [longe deterius jureque damnandum L 4, 1), nous pouvions devi­ ner par contraste quel était son idéal. Or voici que les messes nous le livrent dans son expression claire. Nous ne voulons pas prétendre que des termes comme veritas, voluntas ou rectus soient caractéristiques d’un auteur : ils sont trop communs pour cela. Nous pensons simplement reconnaître, dans des thèmes si lar­ gement exploités, une même pensée appliquée aux mêmes préoc­ cupations. La volonté de Dieu est la grande règle de toute conduite : M 131, 20 : sed tuae subdamur clementer et incessabiliter voluntati M 135. 2 : quae tibi sunt placita toto corde sectantes Μ 137. 2 : a tua voluntate nunquam faciat discrepare La volonté humaine doit y collaborer et s'appliquer fermement à la réaliser : M 131, 24 : spiritali facias vigere proposito Μ 133, 2b : haec studeamus exercere quae praecipis M 138.17 : ut nos divinis rebus tribuas studere veraciter Ainsi se réalisera la rectitude de l'action humaine qui évite le mal et suit le droit chemin : M 134. 22 : ad ea quae recta sunt tuorum dirige volun­ tates M 136, 21 : quae sunt recta sectari M 137, 12 : praestet nobis amare quae recta sunt M 137, 16 : tam in nobis quam in aliis quae sunt justa servemus M 138. 10 : amare quae recta sunt et perversa vitare M 138, 26 : omnia vitando quae mala sunt ct bona cuncta sectando T.a conduite sera alors conforme à la profession chrétienne et donc à la vérité : M 131. 21 : ut quae sacris mysteriis profitemur piis ac­ tionibus exsequamur M 131, ii : ut in tua gratia veraciter confidentes M 133· 25 : aon et de le pratiquer plus promptement encore! (promptius et agendi); dans la préface, l’Église se réjouit d'avoir été rappelée à une vie juste par la miséricorde divine et d'être] désormais soumise à la volonté de Dieu ; l'oraison sur le peuple] implore de Dieu l’assainissement complet de son peuple et la grâce de persévérer dans sa résolution spirituelle (spiritali /.-imis vigere proposito). Or il est remarquable que ce renouveau de vie chrétienne! fruit de la miséricorde de Dieu (tua miseratione, prêt.), récom·] pense l’abandon d’un culte païen. Sans doute les Lupercales ne COMPARAISON LITTÉRAIRE I23 sont pas explicitement nommées ; pourtant une expression comme celle de la secrète vise sans erreur possible le vieux paga­ nisme (a terrenae vetustatis 12* conversatione inundati), et on ne peut refuser à une expression de l’oraison sur le peuple {corpo­ reis... delectationibus) de peindre les mauvaises jouissances des Lupercales. Constatons enfin l'insistance avec laquelle la messe exploite l'idée chère à Gélase de l’harmonie qui doit régner entre la pen­ sée et l’action (sfini cogitandi... et agendi, or. 1), la profession de foi chrétienne et la conduite pratique (quae... profitentur piis ac­ tionibus exsequamur, poste.), l’intérieur et l’extérieur (interius exter susque restaura, or. sur le peuple). Un tel accord foncier avec la situation que nous connaissons ne laisse place à aucun doute. Toutes ces prières ont dû être dites par les chrétiens naguère coupables et revenus désormais à l’Église, car l’Église entière prie en se mettant à leur place et en adoptant leur point de vue. Tout nous oblige à cette inter­ prétation, jusqu’à l'humble aveu que fait la préface de la fai­ blesse passée (çt« faciles a tua rectitudine discrepamus). Sans doute toutes les pièces du formulaire ne sont pas égale­ ment caractéristiques, l’oraison 2 en particulier 8. I.’unité de toute la messe nous invite pourtant à attribuer l'ensemble au pape Gélase. Dans le développement de l’allairc des Lupercales, une nouvelle et ultime phase s'inaugure. Messe XXV1III-XIU. Ce nouveau formulaire n’opposera pas de grandes difficultés à son interprétation par l’aflairc des Lupercales car, prenant la suite de la messe précédente, il trouve tout naturellement sa place dans l’évolution logique des pensées de Gélase et des évé­ nements. De la messe précédente, il emprunte à peu près tous les thèmes, aussi nombre d’expressions : on y sent le même récent retour à la vie chrétienne, obtenu par le même abandon d’une faute passée ; littérairement, les deux préfaces sont de facture 1. Dans les deux messes où nous l’avons rencontré (XVIII-xxxvn et ici) le terme vetustas désigne le paganisme. Partout ailleurs dans le léonien, il désigne le vieil homme (ci. n. 4, p. 59). 2. Celte oraison se trouve dans le Sacramentairc gélasien (lll-n, or. 2) Le pronom te de l’expression quae te digna sunt y manque, qui sc trouve dans le texte certainement original du léonien. De même l’oraison x (Gélasien 111-tv, or. 1). Le mot propitius du texte du gélasien est une variante moins heureuse que l'original promptius du léonien. L’oraison sur le peuple enfin se lit dans le gélasien (I-xxvxi, feria vil, or. sur le peuple), mais sa place authentique est celle qu’elle occupe dans la présente messe. INTRODUCTION 124 très voisine Le rappel du péché passé y est peut-être plus appuyé et confère à l'ensemble de la messe un certain caractère de tristesse. L*Église, se souvenant de scs souillures, tempère un peu dans l’humilité la joie du retour à l’ordre. Sans doute, toutes les pièces de cette messe qui parlent de péchés ou de choses nuisibles {peccata, or. i, deliciorum, or. 2, noxia, jmstc.) pourraient s'entendre de route autre faute que de la participation aux Lupercales. Pourtant nous avons trouvé littérairement caractéristique l'expression de l’oraison 2 : su­ bripientium delictorum laqueos. De plus cette même oraison, cer­ tainement la plus intéressante pour confirmer notre interpréta­ tion, décrit la vie chrétienne comme une course dans la voie de Dieu ; l’expression, rejoignant celle de la préface ad tuae... tra­ mitem veritatis, évoque d’une manière intentionnelle, croyonsnous, la course coupable des Lupercales. Ainsi orientée, la lecture du reste de la messe est facile. Le retour à la vie chrétienne est si récent que le mouvement de conversion intérieure se poursuit encore : la miséricorde de Dieu doit écarter «les convertis les conséquences de leur péché {quid­ quid pro peccatis meremur averte, or. 1), la protection divine doit continuer à repousser les choses nuisibles ρισχία semper a nobis cuncta depellat, poste.), les chrétiens ont encore à se délier d’euxinêmes {non nostris sensibus relinquamur, prêt.) et à s’appliquer au culte dû à Dieu {debitam servitutem, or. sur le peuple). Une telle interprétation contribue à donner à ce formulaire une unité de sens qui serait mal perceptible sans elle. Par ailleurs sa parenté littéraire avec les autres messes de Gélase, la place toute naturelle qu’il prend dans l’évolution de l’affaire nous invitent à l’inscrire an compte de Gélase. 11 est moins joyeux et confiant que le précédent parce que plus prudent et humble au souvenir de la gravité de la faute commise. Gélase poursuit son œuvre de redressement spirituel. Messe XXVLUT-XV. La messe que nous abordons se prête avec plus de Imnheur que les messes précédentes à son interprétation par l’affaire des Lupercales. Sans doute, le thème qu’elle développe tout au long de ses pi ces avec une assez grande régularité ne diffère pas es­ sentiellement du thème général de conversion déjà, exploité par les formulaires vim et xiii. Pourtant, outre les nuances parti­ culières qu’elle lui ajoute et qui augmentent son originalité, elle i. M 131, 17 : ut qui te Auctore sumus conditi te Reparatore salvemur... Μ 133, 24 : ut qui te Auctore subsistimus te dispensante dirigamur... Μ 131, 19 : ncc relinquamur nostris excessibus $ed tuae subdamur... voluntati... M 133, 25 : non nostris sensibus relinquamur sed ad tuae reducti... tramitem veritatis... COMPARAISON LITTÉRAIRE 125 le développe dans quelques-unes de ses pièces d’une façon telle que sont irrésistiblement évoquées à la fois la manière de Gélase et la situation concrète que nous connaissons. Toutes ses pièces ne sont pas également caractéristiques. Quelques-unes supportent, sans plus, leur interprétation par l’affaire des Lupercales. I-es cupiditatibus terrenis de la secrète, ab omni errore de la postcommunion peuvent s’entendre de ce culte païen ; l'oraison sur le peuple décrit l’idéal de la vie chré­ tienne selon des thèmes que Gélase affectionne : connaissance de Dieu, soumission cordiale il sa volonté. En raison de ces in­ dices, en raison aussi de l’homogénéité de ces pièces avec les autres prières de la messe, nous pensons que ces trois oraisons, par ailleurs assez peu originales, sont là à leur place authentique et sont par conséquent l’œuvre de Gélase. Mais les autres pièces sont beaucoup plus caractéristiques et s’accordent si bien avec les événements dans leur nouvelle phase et avec le style, la pensée et la manière de Gélase qu’il n'est plus possible, une fois l’hypothèse formulée, de les lire dans un autre contexte. L'oraison 1, par exemple, a un vocabulaire et des thèmes trop familiers désormais pour que nous ne les comprenions pas d’emblée. Les chrétiens repentis mesurent la grandeur de leur égarement passé (nostrae pravitatis), reconnaissent humblement leur fragilité (en termes proches de la préface XXVIIII-vint), espèrent de Dieu qu’il «litige avec fermeté la volonté des siens, naguère chancelante. L’oraison 2 et la préface, très voisines l’une de l’autre de fac­ ture, laissent deviner encore plus facilement leur origine. Plus que la rareté ou l’originalité de tel ou tel mot. c'est l’ensemble de ces pièces qui frappe le lecteur averti. L’oraison 2 note que c’est à bon droit que Dieu a puni les siens ; la préface rappelle que la faute était une iniquité et une perversion devant Dieu (perversis, ab iniquitate cessantibus), tandis que l’oraison 2 précise que la faute consistait en l'abandon de la vérité (a veri­ tate digressos). Toutes deux sont une humble et repentante pro­ testation de culpabilité (quae malis operibus promeremur, justi­ tiam tuam quam delictis nostris incessanter offendimus). Enfin, et surtout, ces deux pièces résument en «leux phrases rigoureu­ sement parallèles le fond de la situation : elles implorent la miséricorde ou le pardon divins (protege tua miseratione, indul­ gentia tribuatur) en opposant l’attitude coupable d'autrefois à la présente soumission des chrétiens. Le contexte historique que nous connaissons parfaitement éclaire de telles prières. Pour nous, l’origine gélasienne de toute la messe et son rap­ port avec l'affaire des Lupercales ne présentent aucun doute. Dans l’évolution des événements telle que nous essaierons de la retracer, ce formulaire marque d'ailleurs une étape originale et nécessaire ; nous l’intitulerions volontiers : la grande demande de pardon. Une telle intention de prière avait sa place marquée dans l’œuvre de réhabilitation entreprise par Gélase. 126 INTRODUCTION Messe XXVIIIT-XVHII. Après la grande demande de pardon, voici maintenant arri­ vée, avec ce nouveau formulaire, l’heure des énergiques résolu­ tions. On va demander à Dieu la grâce de la persévérance dans la vie chrétienne. Le texte de cette messe est littérairement si caractéristique que son interprétation par l'affaire tics Luper­ cales s'impose dcmblée. Sans doute cela n'est-il pas vrai de toutes ses pièces. Il serait pratiquement impossible, devant la secrète ou la postcommu­ nion présentées isolément, de décider de leur origine, alors qu’au contraire, prises dans le contexte de cette messe, il nous devient possible d'éclairer à la lumière de notre interprétation telle ou telle de leurs expressions : la secrète parle de purification (expiari) et de remèdes (remedia promereri) ; la postcommunion parle de renouveau et de vie : autant de thèmes adaptés à la situation. Ixis autres pièces, par contre, ne laissent pas place au doute. L’expression de l'oraison 2, par exemple (integritatem conscien­ tiae... et famae) est absolument caractéristique du style et de la personnalité de Gélase tels qu’ils se sont exprimés en cette affaire. Rappelons-nous seulement la manière dont il défendait dans sa lettre la bonne renommée (fama) de l'itglise et comment il pre­ nait position, en terminant, pour dégager sa conscience. Quant à la préface, il est impossible de la lire dans un autre contexte historique, une fois donnée la clé de son interprétation : elle est le reflet exact de la pensée de Gélase. Dans ce texte admira­ blement balancé, les expressions se répondent et s'éclairent mu­ tuellement : « dévier du sentier de la justice > (noter l’image du sentier), c'est aussi « se détacher de la règle de la vérité » : deux expressions proches du style de la lettre et qui dépeignent exac­ tement Γ« adultère » du chrétien qui va aux Lupercales ; le résul­ tat de ce reniement est la séparation d’avec Dieu (a tua partici­ patione), la perte de sa ressemblance (similitudine) : la lettre disait : ab ipsius Dei conjunctione disceditur. Plus le reniement de la loi chrétienne est profond, plus la séparation est grande (tanto... discedere quantum... deviamus, tantum... permanere quan­ tum non divellimur) : incompatibilité absolue que la lettre avait si fortement soulignée *. L’invocation elle-même à l’intelligence divine, qui commence la préface, est en harmonie avec la pensée habituelle de Gélase. Gomment refuser de reconnaître un texte si opportun et circonstancié ? L’oraison 1 et l’oraison sur le peuple seraient peut-être moins intéressantes. Cependant l’oraison sur le peuple a une expression r. Il y a dans le léonten un autre lisons : et hi qui ab illorum tramite préf.}. Il s’agit de ceux qui s’écartent Capellc reconnaît dans ce texte une binld., LXI, i$5i> art. cii < P· &)· texte assez proche de celui que nous déviassent haberentur externi (XVl-x, de la foi de l’iiglise romaine. Or Dom retouche de la main de Gélase (Rev. COMPARAISON LITTÉRAIRE I27 qui retient notre attention : a tua voluntate nunquam... discre­ pare '. Quant à l’oraison 1, les «innombrables erreurs » qu’elle désigne peuvent très bien s’entendre des fausses croyances païennes, et de plus le terme moderamine est très intéressant, jjosant la règle de l'équilibre chrétien que seule obtient la con­ duite de Dieu *. Au total, nous pouvons conclure que la messe entière est l'œuvre de Gélase. Dans le long travail de conversion que ja­ lonnent les formulaires de cette dernière série, elle marque l’étape des résolutions : il ne restera plus qu'une ultime tâche à remplir, à quoi s’emploieront les derniers formulaires : con­ sommer la rupture avec ceux qui ne sont plus d’Églisc. Messe XXVIHI-XX. Plus remarquable encore que les messes précédentes, ce for­ mulaire se rattache à la lettre de Gélase et aux autres messes étudiées par des liens littéraires trop nombreux pour ne pas être reconnu tout de suite comme gélasien. Par ailleurs il ne contient pas une seule pièce qui ne puisse être rapportée à l’af­ faire des Lupercales. Une brève analyse suffira à le montrer. On pourrait intituler cette messe : la séparation définitive. Cette séparation, Gélase la marque d’abord entre l’Églisc désor­ mais rassemblée et fidèle et les chrétiens endurcis qui ont refusé de revenir. Ces coupables impénitents sont désignés en des termes que nous connaissons bien : mentium reprobarum (or. 2). iniquo­ rum (or. 2), operariis iniquitatis (préf.). A leur sujet, Gélase réaf­ firme aussi que leurs vaines attaques ne sauraient atteindre l’Église : mentium reprobarum non curemus obloquia (or. 1). Séparation encore d’avec les Lupercales et tout le paganisme. Ce sont là les impiétés et les déviations « du dehors « auxquelles un chrétien ne saurait donner son accord : praebere consensum (préf.). Les expressions qui les désignent sont claires : eadem pravitate, calcata (or. 1), despectis falsitatibus iniquorum (or. 2), tibi non placita (secrète), alienis inpietaiibus (préf.), alienis pra­ vitatibus (poste.), externis... peccatis (or. sur le peuple). Séparation enfin des chrétiens d’avec le mal et le péché quel qu’il soit. 11 est remarquable toutefois que toujours Gélase, dans cette messe, nomme ces péchés personnels des chrétiens conjoin­ tement avec le péché de paganisme dont certains s’étaient ren­ dus coupables. Nous trouvons trois exemples de ce procédé : nec proprio... excessu nec alienis inpietatibus, préf. Ab occultis nostris... et ab alienis pravitatibus, poste, nec suis... vitiis... nec externis... peccatis, or. sur le peuple 1. Cf. Μ Μ 2. Cf. M M 131, 20 138, so 57, io 137, 15 : : : : sed tuae subdamur dementer et incessabiliter voluntati qui tuae voluntati nituntur esse contrarii circumspecta moderatione vivamus sed mores nostros ct moderatione couponas 128 INTRODUCTION Pourquoi une telle présentation des choses ? La préface l'ex­ plique : ·> Afin que nous puissions maintenir la justice en nous comme chez les autres. » L’autorité est toujours d'autant plus forte pour dénoncer une faute que le reste de l’Église vit de façon irréprochable. Cela nous remet en mémoire les débuts de l’affaire quand Gélase voyait opposer à ses décisions disciplinaires la faute du clerc adultère. Nous retrouvons ici la même grande leçon de réciprocité que donnaient la lettre ou les formulaires du début. Le résultat de cette triple séparation sera une plus grande sain­ teté : quae domui tuae conveniunt (or. i), quae reda sunt (secrète), quae sunt justa (préf.), pura mente (poste.), libera... et purgata (or. sur le peuple). Surtout ce sera tout ce qui permet une bonne conscience et une intacte renommée : conscientiae Jamaëque nos­ trae profutura (or. >). Les conditions de la sainteté seront réali­ sées (ce que notait déjà l’oraison i de la messe précédente) lorsque l’ensemble de la vie chrétienne {mores nostros) sera placé sous la sage conduite de Dieu : et moderatione conponas (préf.). Cette très belle messe livre donc facilement le secret de scs origines. Elle nous fait constater en outre avec quel soin Gélase s’est appliqué à guérir son Église du paganisme. Désormais son action pastorale dans l'affaire des Lupercales était à peu près terminée. En plus de la messe de l'Ascension que nous allons lire, le pape devait consacrer un dernier dimanche à cette inten­ tion de prière, pour en tirer les grandes conclusions. Messe VI11I-V. Dans la série des messes que nous étudions, ce formulaire pour la fête de l’Ascension, dont nous n’avons plus que la secrète et la préface, se situe un peu à part. Non que sa place dans le Sacramentaire puisse nous étonner : elle s'explique, nous le savons *, très facilement. C’est bien plutôt sa place dans l’évo­ lution de l’affaire des Lupercales (pii est difficile à déterminer. Aussi bien, si nous considérons sa préface comme un texte de Gélase se rapportant aux événements que nous connaissons, c’est uniquement en raison des indices littéraires que nous allons mettre en valeur. Quant à la place que nous lui assignons ici, nous la justifierons en retraçant le déroulement des faits. Que la préface soit bien de la plume de Gélase, cela nous semble certam. Nul autre que lui ne pouvait adapter plus heu­ reusement à la fête de l’Ascension des préoccupations aussi inat­ tendues. Chacune des expressions qu’il emploie nous est fami­ lière : terrenis affectionibus, infimis voluptatibus, pestifera... jura. 11 n’est pas jusqu’à l’image du chemin qui ne soit ici évoquée : diabolica sectando vestigia. Enfin l'auteur déclare, et ceci encore nous est une idée familière, qu'en suivant ainsi les traces du démon on quitte l’union avec le Christ : a Xfi consortio recedamus. i. Ci. h. 2, p. Sx, et n. i de la traduction, p. 245. COMPARAISON LITTÉRAIRE 129 Ces indices nous ont paru suffisants pour nous autoriser à attribuer celte préface au pape Gélase. Messe XXVIIII-XXJI. Cet ultinie formulaire va conclure toute l’affaire. Son rapport avec les faits est évident et son interprétation si obvie pour la plupart de ses pièces qu'elle ne pose pas de problème. Bien mieux, nous sentirons à maints indices que le pape Gélase pro­ nonce là son dernier mot. Les principales leçons des événements vont être tirées une à une, celles-là même que Gélase souhaitait graver dans la mémoire de ses chrétiens de Rome. Tl nous suffira de la relire à notre tour pour connaître quelle conclusion eut l’affaire des Lupercales. L’oraison i est très peu caractéristique. Sans doute elle s’in­ terprète parfaitement par la situation connue, surtout si Ton entend le mot perversa des Lupercales. Ses formules sont toute­ fois par trop générales pour être probantes. Deux pièces sont plus intéressantes : la secrète et la postcom­ munion. Toutes deux mettent en parallèle les péchés personnels des chrétiens et ces péchés « du dehors « que fut l’adhésion aux Lupercales : ab occultis nostris... et ab externis erroribus et peccata nostra... et externa Les précédentes messes nous avaient habitués à cette compa­ raison. Deux autres pièces sont enfin absolument caractéristiques, l'oraison 2 et la préface. L’oraison 2 redit une dernière fois la volonté de Gélase de ne porter ton à personne tout en se gardant avec soin des attaques de ceux qui le tourmentent. Une telle intention de prière nous reporte à la première phase du conflit et aux premières messes de la section XVIII ; entendue à nou­ veau ici. elle nous apprend que les adversaires de Gélase n’ont pas désarmé. Tout le texte de cette oraison est caractéristique ; remarquons, par exemple, combien l’accusation de négligence portée naguère contre lui avait été sensible à Gélase : sollicitu­ dine non pigros esse... voluisti ' La blessure n’est pas encore gué­ rie. La très significative préface, elle, envisage avec quelque tris­ tesse le sort que sc réservent par leur folle obstination les chré­ tiens insoumis : propriae,... salutis... excidium, la ruine de leur propre salut. Cette expression évoque pour nous le mot interi­ tum de la messe XVIÏI-νπι ; mais alors tout espoir n'était pas entièrement perdu d’obtenir par la prière la conversion de ces mauvais chrétiens. A présent on constate qu'ils ont persévéré dans les mêmes dispositions coupables de jadis, en particulier dans leur folle obstination : tuae voluntati nituntur esse contrarii, luis dispositionibus adversa mente nocituri. En s'attaquant ainsi à la volonté divine, ils sont de tontes manières leurs propres Lettre et Mettes. 9 IBO INTRODUCTION' ennemis : sibi modis omnibus inimici sunt. Nous reconnaissons au passage en quoi consista leur faute : attaquer, sous prétexte de célébrer un culte religieux (sub specie religionis), l’œuvre de grâce du christianisme (sacros inpugnare... effectus). En opposi­ tion avec cette attitude mortelle, Gélase demande à Dieu la grâce de s’appliquer (studere) de tout cœur (veraciter) aux choses divines : autant de termes qu'il affectionne. Π nous reste à lire l'oraison sur le peuple. Moins caractéris­ tique «pie les pièces précédentes, elle contient le mot final qui vient tout conclure. La perspective s’élargit bien au-delà de l'affaire des Lupercales. C'est le mot du pasteur qui relance dans la vie son troupeau en lui souhaitant d’éviter tout ce qui est mal, de rechercher tout ce qui est bien, afin d’attirer sur lui non pas l'indignation mais la miséricorde de Dieu. Avec l’étude du troisième et dernier groupe de formulaires s'achève l’essentiel de la démonstration à laquelle nous souhai­ tions aboutir : montrer que dix-huit messes du Sacramentairc léonien ont trait à l’affaire des Lupercales et sont l’œuvre du pape Gélase. Nous pensons avoir mené la démonstration avec assez de prudence et de soin pour que ce résultat ne puisse être contesté dans son ensemble. Pourtant une contre-épreuve est encore possible, qui viendra fortement confirmer notre conclusion : un essai de reconstitu­ tion chronologique, liturgique et canonique de tonte l’aliaire. L'idée qu’un tel essai était possible nous est venue quand nous avons constaté à de nombreux indices que l'ordre des messes qui jalonnent l’affaire des Lupercales n'avait pas dû être troublé (sauf en ce qui concerne la messe Vllll-v) du fait de leur inser­ tion dans le Sacramentairc. On pouvait alors tenter, à partir d’elles, de a raconter 0 la suite des événements. De fait, l’essai est possible et il nous reste à le présenter. V. UN ESSAI DE RECONSTITUTION CHRONOLOGIQUE, LITURGIQUE ET CANONIQUE DE L’AFFAIRE DES LUPERCALES Lorsque nous nous efforcions plus haut d’isoler dans le Sacra­ mentairc léonien une couche littéraire originale et homogène, nous nous sommes aperçu que les messes qui la composent se groupaient en trois petits ensembles littéraires de caractère assez distinct. Lorsque ensuite nous avons procédé à l’interprétation de chacune des messes en fonction de l’affaire des Lupercales, nous avons pu faire d’utiles remarques sur les indices té­ moignant d'une évolution dans les événements. Toujours ces indices suggérèrent trois phases principales. Ainsi les messes XVIII-i à XVlIl-vm laissaient pressentir l’approche d’une grave crise; les messes XVHI-xvni à XVHI-xxxvii mon­ traient que l’événement redouté avait bien eu lieu ; enfin les messes de la section XXVII11 témoignaient d'une réconciliation et d’un retour à l'ordre. D’ores et déjà nous soupçonnions que l’ordre des messes tel que l’a conservé le léonien était bien l’ordre dans lequel elles avaient été composées. Le moment est venu de rassembler les remarques faites alors et de tenter un essai de reconstitution historique de ce qui fut l'affaire des Lupercales, en prenant pour hypothèse de travail la supposition que l’ordre des messes (sauf en ce qui concerne la messe VIIll-v pour l’Ascension) ne fut pas changé par le compilateur du léonien. Nous pensons qu’effectivement il en fut ainsi, tant est satisfaisante la reconstitution qu’il est possible de faire des événements. Nous grouperons d’abord toutes les indications chronologiques et liturgiques fournies par les messes ; nous essaierons ensuite de dater avec précision l’ensemble des événements et nous « ra­ conterons » enfin l’affaire selon scs aspects canoniques et discipli­ naires. 132 Λ. — INTRODUCTION Les indications chronologiques et liturgiques FOURNIES PAR LES MESSES. 11 est important de réunir l’ensemble des indications fournies par les messes, puisqu’elles sont les matériaux mêmes de la reconstitution proposée. Ces indications sont de deux sortes. Les unes, que nous appel­ lerons « chronologiques », sont les remarques éparses dans les textes, qui permettent de préciser le point d’évolution de l’af­ faire au moment où tel formulaire fut composé. Elles sont à la fois nombreuses et peu précises. Elles permettent néanmoins de retracer d'une manière sûre l’évolution générale des événements. Nous nous contenterons de les rappeler ici brièvement. Les autres, que nous appellerons liturgiques, sont les allusions aux temps ou aux événements liturgiques, qui permettent de préciser la place de tel formulaire par rapport au temps liturgique. Elles sont moins nombreuses mais beaucoup plus précises. Elles seront d'une grande importance pour dater les événements, et c’est pourquoi nous les relèverons avec soin. i) Les indications chronologiques. Avant de les regrouper, rappelons d’abord une chose certaine : l'évolution de l’affaire des Lupercales a connu des moments cru­ ciaux, entre autres le jour où parut la lettre de Gélase et le jour où furent effectivement célébrées les Lupercales, malgré la défense portée. Ceci rappelé, nous pouvons relire les messes : a) Nous avions remarqué combien la messe VIII-xx bis pouvait heureusement servir d’introduction à toute l’affaire. Retenons un mot de la préface : nunç. Gélase expose la fâcheuse situation où se trouve l’église de Rome, mais il espère que tout rentrera bientôt dans l'ordre. Rien de grave ne s’est encore passé; Gélasc n’a pas encore écrit sa lettre. Pourtant l'affaire est désormais entrée dans le domaine de la prière publique. b) T.e premier grotqxî de messes de la section XVIIT (messes i à vin) ne laisse aucun doute sur le moment de l’évolution de l’affaire dont il est le témoin. 11 s’agit de la période pendant laquelle se noue et s’envenime le conflit qui oppose Gélase à scs adversaires, période dont la lettre et la messe XVIlI-Vin sont la conclusion. Les thèmes développés sont les mêmes que ceux L’AFFAIRE DES LUPERCALES ’33 de la première partie do la lettre : on a attaqué le pape sur un point de discipline, lui-même doit reprendre sévèrement ses accu­ sateurs et, ce faisant, il proteste de sa justice et de sa charité. Quand fut écrite la lettre ? Vraisemblablement au terme de cette période ; comme la messe XVIIl-vm, elle constitue un dernier effort pour faire revenir les adversaires sur leur décision. Mais l'espoir d’être entendu est faible et on envisage plutôt leur perte : inli-rilum (préf. XVlII-vin). Une chose est certaine (et c’est la grande différence avec les messes du groupe suivant), la fête des Lupercales n'a pas encore eu lieu cene année-là.. Ces messes se situent donc avant le 15 fé­ vrier. c) Avec les autres messes de la section XVIII, la situation a totalement évolué car il est manifeste qu’elles se situent après la célébration de la fête. Gélase condamne avec force ce retour au paganisme ; désormais il va distinguer entre deux sortes de coupables : d’une part ses adversaires irréductibles, et d’autre part les chrétiens entraînés par faiblesse. Avec la messe XVIIIxxxvn, l’espoir et la joie du pardon luisent déjà pour les se­ conds. d) Enfin les messes de la section XXVIIII sont des messes de retour à l’ordre. L’Église accueille à nouveau ses enfants un instant égarés, mais entretient dans leurs cœurs des sentiments de repentir et de bon propos. Dans le même temps elle prononce l'exclusion définitive de ceux qu’elle no peut plus regarder que comme des étrangers. Nous possédons ainsi, nettement dessinée par les textes, la ligne générale d’évolution de toute l’affaire. 2) Les indications liturgiques. Bien plus précieuses que les précédentes, ces nouvelles indi­ cations vont nous permettre de préciser la place dans l’année liturgique des formulaires qui nous les livrent. Nous les présen­ tons dans l’ordre où nous les avons découvertes. a) Le. débat liturgique de l'affaire. Redisons qu’il est marqué par la composition de la messe VHI-xx bis. Nous préciserons tout à l'heure sa place dans l’année. 134 INTRODUCTION b) Les messes de Carême. De précieuses indications liturgiques, les plus nettes que nous aurons à relever, nous permettent de situer en Carême toute une série de formulaires. Nous allons les repérer avec soin afin de situer à leur place exacte dans l’année liturgique les messes qui les renferment. L'organisation du Carême romain à la fin du v® siècle et au début du vi® nous est connue *. Scs six dimanches avaient cha­ cun une destination liturgique bien précise : le premier dimanche de Carême était réservé à l'inauguration de la sainte quaran­ taine ; le sixième et dernier dimanche était tout entier consacré à la >■ passion » du Seigneur (c’était le dimanche de Passione, notre actuel dimanche des Rameaux) ; le deuxième dimanche n’avait pas de synaxe liturgique (dimanche vacant s) ; les troi­ sième, quatrième et cinquième dimanches, enfin, étaient les di­ manches consacrés aux scrutins prébaptismaux, c’est-à-dire qu'ils comportaient une séance d’exorcisme sur les catéchu­ mènes (le cinquième dimanche, le plus important, faisait suivre l’exorcisme de la « tradition » du Symbole de foi, Traditio sym­ boli ’). Ce rappel va permettre l’intelligence du classement que nous proposons. i. Le dimanche de Passione. Une des messes que nous avons étudiées fut en effet certai­ nement écrite pour ce dernier dimanche du Carême, c’est la x. Cf. notamment l’article de A. Chavasse : « Le Carême romain et les scrutins prébaptismaux avant le IX* s.», dans Recherches de Science reliRieuse, XXXV, 1948, p. 325-381. 2. En effet la veille de ce dimanche, qui était le x" samedi de Carême, était pourvue dès avant saint Léon (440-461) d'une synaxe eucharistique. Gélase prit même un decret pour réserver ce jour aux ordinations, et la réunion liturgique avait lieu ce jour-là dans la soirée, circa vesperam (A. Thiel, Epist. Rom. Poni., 1.1, p. 368). Cette messe «le vigile tenait lieu en même temps de messe dominicale, et le deuxième dimanche de Carême, de ce fait, était vacant, c'est-à-dire n’avait pas de réunion liturgique. 3. Les témoignages concordants du Sacramentaire gélasien ancien et du diacre Jean dans sa lettre à Senarius confirment cette organisation des scrutins (cf. A. Chavasse, art. cü.}. Le Sacramentaire gélasien, Liber sacramentorum romanae ecclesiae, [Va!. Reg. 316), (ut édité par H. A. Wilson à Oxford en 1894· L’AFFAIRE DES LUPERCALES 135 messe XVIII-χχχνιι. Deux de ses expressions le prouvent, la seconde venant préciser l’indication fournie par la première. La postcommunion, en effet, souligne tout d’abord l’importance de la - solennité vénérable du mystère « célébré en ce jour. Le terme sacramentum est fréquent dans la langue liturgique du v« siècle pour désigner un mystère de la vie du Seigneur. De quel mystère s’agit-il ? L'oraison sur le peuple le précise en par­ lant des âmes «rachetées par la passion de leur Seigneur». Nous sommes donc au dimanche de Passione. Notons, pour confirmer cette conclusion, que les sermons do saint Léon contiennent nombre d’expressions parallèles à celles-ci, par exemple : Sacramentum, dilectissimi, dominicae passionis, quam Dominus Jesus, Dei Filius, pro humani generis salute suscepit (P. L. 54, coi. 313 C) Notons encore que la même oraison sur le peuple est reprise par le Sacramentaire gélasien, avec quelques variantes, pour le dimanche de Passione (I-xxxvn, or. sup. pop.}. z. Les dimanches de scrutins. Le Carême romain avait deux buts principaux : préparer les catéchumènes à la réception du baptême lors de la Vigile pascale, et préparer les pénitents publics à leur réconciliation officielle avec l'Église le Jeudi saint. De ces deux préoccupations, plu­ sieurs messes conservent la trace. Pour ce qui est des catéchumènes, leur préparation liturgique avait lieu lors îles trois dimanches de scrutins. Nous avons relevé, en analysant les messes, toutes les allusions aux catéchu­ mènes qu'elles contiennent. Or ces allusions sont au nombre de trois, chacune dans un formulaire différent, et de plus dans trois formulaires qui se succèdent immédiatement dans la série des messes étudiées. Cette observation, jointe à la détermination précédemment faite du dimanche de Passione, permet déjà de proposer pour les dimanches de Carême le classement suivant : — 3e dimanche de Carême (premier de scrutin) : messe XVIJI-xvin : nec falsis gaudiis inhaerere patiaris quos ad veritatis tuae praemia venire promittis (M 67, 2) — 4'· dimanche de Carême (deuxième de scrutin) : messe XVIll-xx : isti... ad tuam gratiam venientes sui foeditate deterrent (M 69, 5) 136 INTRODUCTION — 5° dimanche de Carême (troisième de scrutin) : messe XVHI-xxïiii : fac nos atria supernae civitatis et te inspirante semper ambire et tua indulgentia fidenter intrare (M yi, 11) — 6e dimanche de Carême (de Passione) : messe XVIII-xxxvn. Nous avons ainsi déterminé la place de quatre messes de Carême. Deux indices font apparaître comme particulièrement heureuse cette classification. En premier lieu il faut remarquer que le formulaire XVIII-xxiiii trouve sa place au cinquième dimanche, jour de l'important scrutin de la Traditio symboli; sa première oraison, qui manque, devait être empruntée à la litur­ gie du scrutin *. L'autre indice concerne les allusions aux chré­ tiens qui se repentent. Elles sont nombreuses ct nous les avons relevées en analysant les messes. Or elles se font de plus en plus précises d'un formulaire à l’autre, jusqu’à ce que, dans la messe XVIII-xxxvn, la réconciliation apparaisse comme im­ minente. Ces allusions sont parfaitement à leur place pendant le Carême : dès le dimanche de Passione aliloure déjà la joie du pardon, quelques jours seulement séparent du grand renouveau de Pâques. 3. Le début du Carême. Pour achever de reconstituer grâce aux messes étudiées la série complète des dimanches d’un Carême, il nous reste à pour­ voir au premier dimanche do Carême, le second étant vacant. La messe XVIIl-vin semble avoir été utilisée ce jour-là ; une de scs expressions conviendrait bien en eflet à l’ouverture de la sainte quarantaine : M 60. 20 : ad veritatem tuam concessae nobis divinitus viae tramite dirigamur c) Les messes post-pascales. Tout un groupe de formulaires, nous venons de le montrer, a trouvé en Carême sa place liturgique. Or ce groupe est constitué par des formulaires de Gélase contenus dans la sec­ tion XVIII. Le groupe suivant des messes gélasicnnes, dans l’ordre proposé par le léonien, est celui de la sect ion XXV11LI ; la i. Cf. a. 2, p. 112. L’AFFAIRE DES LUPERCALES '37 tentation était facile d’essayer de trouver dans les dimanches après Pâques une place favorable à ces messes. Or deux indices confirment cette hypothèse : d’une part, leur nombre de six cor­ respond exactement an nombre des dimanches post Pascha ; d'autre part, tous ces formulaires laissent supposer, on s’en sou­ vient, que la réconciliation des coupables a eu effectivement lieu. Nous sommes donc bien après Pâques, nous assistons à la réorganisation spirituelle de l’Église d'où seuls les pécheurs en­ durcis ont été définitivement exclus Quant à la messe VIIII-v pour l’Ascension, sa place entre le 5e ct le 6e dimanche post Pascha est obvie, malgré son déplacement dans le léonien. d) Les messes du début de l’année. Seuls la messe VlIT-χχ bis et les premiers formulaires de la section XVI II n’ont pas encore trouvé leur place dans l’année liturgique. Or ces messes se situent certainement, vu leur con­ tenu. au début de l’affaire des Lupercales. Si toutes nos re­ marques précédentes sont exactes, il est donc logique d’assigner à ces messes, en respectant leur ordre, les dimanches qui pré­ cèdent le Carême. Précisément une remarque liturgique très intéressante nous invite à fixer au premier janvier la date de célébration de la messe VIH-xx bis, la première de toutes : c’est à. ce jour, en effet, que le Sacramentaire gélasicn ancien 2 réemploie une de ses oraisons, la secrète. Nous avons à présent utilisé toutes les indications chronolo­ giques et liturgiques fournies par les messes, et ces indications nous ont donné le moyen à. la fois de restituer l’évolution de l’affaire et de situer à leur place exacte dans l’année liturgique une grande partie des formulaires. Un tableau (tableau I) résume l’ensemble de nos déductions ; remarquons en particulier que l’analyse des textes faite au moment tic leur interprétation nous contraignait à situer le 15 février (date de la célébration des Lupercales) entre la messe XVlli-vin ct la messe XVlII-xvm. 1. Un rapprochement liturgique intéressant nous invite Λ situer après Pâques la messe XXVlIII-χν. L’expression de la dernière oraison, spm veritatis c! pacis est une allusion à Jrt. 14, 17. Or l’évangile de Jn. 14, 1-13 est la lecture du s* dimanche après Pâques dans l’ancienne liturgie ro­ maine ; ci. le comes de Naples post albas paschae dominica II (H. Leclercq art. Naples, dans DACI., col. 760). 2. Sacramentaire gclasien. 1-tx ad populum (p. 9, édit. Wilson}. L ’évolution liturgique d e l ’affaire des L upercales . 138 INTRODUCTION L'AFFAIRE DES LUPERCALES B. — »39 Essai de reconstitution chronologique DE TOUTE L’AFFAIRE. Les indications fournies par les messes viennent do nous per­ mettre déjà une reconstitution de l’affaire des Lu percales. Pou­ vons-nous aller plus loin et essayer de déterminer l’année où curent lieu ces événements ? Ce serait du même coup dater avec précision chacun des dimanches qui jalonnèrent l'évolution litur­ gique de l'affaire. Une seule voie nous était ouverte pour tenter ce calcul : l’examen des années du règne de Gélase. Un second tableau (tableau TI) permet de les étudier rapidement ; nous l’avons facilement établi en connaissant les dates du règne de Gélase (icr mars 492-21 novembre 496) et les elates de la fête de Pâques pour ces années ». L’année 492 n’est pas à retenir, Gélase ayant été intronisé le icr mars de cette année-là. Pour choisir parmi les quatre années restantes, il nous reste un seul moyen : c’est le nombre des for­ mulaires dont nous disposons et qu’il faut placer dans le présent tableau ; non pas évidemment le nombre des dimanches de Ca­ rême. qui ne varie jamais d'une année à l’autre, ni celui des dimanches post Pascha, fixe lui aussi, mais le nombre des di­ manches allant du début de l’année au début du Carême. Or, aussitôt que l'on compare le tableau 1 et le tableau II, il saute aux yeux qu’une seule année permet de les faire coïncider, c'est l’année 495. Seule, elle offre du icr janvier au Ier dimanche de Carême (exclu) le nombre de six dimanches qui nous est juste nécessaire pour inscrire la messe VIII-xx bis et les cinq premiers formulaires de la section XVIII ; seule elle fait tomber le ior jan­ vier un dimanche, jour de synaxe liturgique, ce 1er janvier qui esi le jour probable de l’emploi de la messe VIII-xx bis ; seule enfin elle fait tomber le 15 février (jour des Lupercales) entre les messes XVllI-vm et XVIll-xviii, condition qu’exi­ geait l’analyse des textes *. Σ. On trouve toutes ces indications chronologiques dans un ouvrage comme celui de Π. Libtzmanx, Zeiirechnung der rümischcn Kaiserseit, des Mütelaltcrs und der Neuxeit /tir die Jahre 1-2000 nach Christus, éd. Wal­ ter de Gruyter, Berlin-Leipzig, 1934. 2. D'autres rapprochements liturgiques pourraient confirmer que nous sommes sur la bonne voie. Par exemple l’épistolier romain «le Würzbourg (édit. G. Morin, · Le plus ancien cornes ou lectionnaire de l'Églisc romaine», 140 INTRODUCTION La détermination de l’année permet du même coup de con­ naître la date exacte de chacun des dimanches qui jalonnèrent le déroulement liturgique de l’affaire des Lupercales ; il suffit de fondre le tableau I et le tableau II : la reconstitution chronolo­ gique offerte par le tableau 111 est trop satisfaisante pour n'etre pas très vraisemblablement exacte L C. — Les aspects canoniques et disciplinaires DE L’AFFAIRE. Ayant en mains le deroulement liturgique et chronologique des faits, nous pouvons désormais retracer à grands traits toute l’histoire de l'affaire des Lupercales, en situer exactement les phases principales. Au début du règne de Gélasc, le culte des Lupercales est une des dernières survivances du paganisme à, Rome ; il y est d’ail­ leurs célébré en bonne partie par des chrétiens peu délicats dans leur foi. qui le fréquentent au titre de vieille fête locale traditionnelle et porte-bonheur. Le pape supporte avec peine une pareille coutume, mais de multiples affaires l'empêchent probablement de remédier tout do suite à la situation ·. Les Lupercales de 494 seront cependant les dernières qu'il tolérera. Dès la fin de cette même année il dut exprimer sa volonté, car la vive opposition qu’il soulève contre lui paraît avoir commencé antérieurement à la série des messes que nous avons étudiées. Toujours est-il que le icr janvier 495, en même temps que, par la voie de la prière liturgique, il portait l’affaire à la connaissance de toute la communauté chrétienne de Rome, Gélase devait Rev. bW 7 fév. 14 21 28 2 janv. i janv. 8 15 22 29 5 fév. I Quadr......... H Quadr. (vai mars cat)........... Ill Quadr......... 8 IV Quadr......... »5 V Quadr......... 22 VI Quadr......... 29 Pascha ............. 23 30 6 fév. 13 20 = - 7 mars 27 12 7 janv. 14 21 28 4 fév. 11 18 25 3 mars 10 6 mars KJ 14 21 26 17 13 5 mars 24 20 28 4 avril 27 12 31 3 avril 19 7 avril 11 5 avril 18 avril 10 avril 26 marSj 14 avril 1 post Pascha 12 Il post Pascha 19 TH post Pascha 26 IV post Pascha 3 mai V post Paschal ro in Ascensione Dni................. U VI post Pascha 17 « I 17 2 avril’ 21 28 2 mai 24 9 i mai 16 5 mai 9 16 12 8 23 19 3° 23 ’5 27 30 19 p 22 1 4 mai 23 7 I'26 Pentecostes ... i4 mai i 6 juin ' 29 mai 1 4 mai 1 2 juin promulguer officiellement la défense à tout chrétien de partici­ per aux prochaines Lupercales. La décision était d'ordre disci­ plinaire, ct il est remarquable de constater que précisément la contre-attaque à laquelle passent les partisans des Lupercales se situe elle aussi sur le terrain disciplinaire : le pape aurait né­ gligé de punir un clerc coupable d'adultère et on lui en fait grief FT I42 INTRODUCTION Tableau IT I. Chronologie de Messes 1 l’affaire des Année 495. Lettre Temps LITURGIQUES XVII ï-vin.......... I 2'2 29 5 février Quadr. II III IV V VI DOMINICALE : A i janvier 8 15 VIlI-xx bis......... XVIII-i................ XVHT-ii............... XVIII-ui............. XVIII1111........... XVIII-v............... XV11I-XVIII......... XVUT-xx............ XVIII-xxmi .... XVIII-xxxvn ... Lupercales. Quadr. (vacat) Quadr. Quadr. Quadr. de Passione Pascha XXVIIlI-viin... I post Pascha XXVIIII-χιπ.... TI post Pascha XXVIIII-xv . ... III post Pascha XXVniI-xvim. . IV post Pascha XXVIIII-xx . .. 1V post Pascha VIIII-v.................. in Ascensione Dili XXVlIlI-xxii.. VI post Pascha Pentecostes 12 15 (mercredi) : fête des Lupercales 19 26 5 mars 12 19 •26 mars 1 2 avril 1 2 16 1*3 30 4 mai (jeudi) I7 _ ' 14 mai Les premières messes étudiées témoignent toutes de la lutt< ainsi engagée ; le pape s'cflorcc de montrer la disparité «les deu? fautes du point de vue de leur gravité : si le crime du clcr< coupable mérite l’exclusion de l’Église, la participation d’ui L'AFFAIRE DES LUPERCALES I43 chrétien à un culte païen dépasse le plan disciplinaire et engage la foi elle-même, c’est un véritable sacrilège témoignant d’un total aveuglement du sens chrétien. L’agitation grandit à mesure qu’approche le 15 février, date des Lupercales. Pour dissuader d’y participer les chrétiens obs­ tinés, Gélase tente un dernier effort en écrivant au sénateur Andromaque et aux autres partisans des Lupercales la longue lettre que nous connaissons. Mais il sent bien qu’il ne sera pas entendu : la messe qu’il compose pour le premier dimanche de Carême rend le même son que la finale de la lettre : il est probable que cette année encore des chrétiens iront assister ou se mêler aux Lupercales. De fait, les Lupercales ont lieu et des chrétiens s’y trouvent, entraînés par les adversaires du pape. Ayant ainsi enfreint une défense formelle, ils tombent sous le coup des sanctions cano­ niques dont Gélase les avait menacés. Mais qui est allé à la fête ? Les grands fautifs sont évidemment les adversaires obstinés du pape et c’est eux que condamne la préface de la messe XVIIIxx ; contre eux la sanction n’est pas douteuse : ils sont exclus de la communauté chrétienne, excommuniés. Par contre il ap­ paraît vite à Gélase que d’autres chrétiens sont allés aux Luper­ cales par entraînement. Or nous sommes en Carême. En même temps que le pape fulmine son indignation contre la désobéis­ sance commise, il songe au renouveau spirituel des fêtes pascales toutes proches et inspire peu à peu à son auditoire des senti­ ments de repentir. La messe du dimanche de Passione respire déjà la joie de Pâques. Les messes post-pascales enfin travaillent à consolider le résul­ tat obtenu. Gélase s'efforce d'affermir dans une vie chrétienne inébranlable scs chrétiens défaillants. Dans le même temps il réaffirme l'exclusion définitive de ceux qui n’ont pas voulu se soumettre. A la Pentecôte de l’an 405. l’affaire des Lupercales, semblet-il, était close. VI. CONCLUSIONS 11 est temps de tirer les conclusions de cette longue mais né­ cessaire Introduction et de faire le compte des quelques acqui­ sitions réalisées sur le triple terrain littéraire, liturgique et his­ torique. I. — Conclusions littéraires. Notre espoir, disions-nous, était de contribuer un peu à l’ex­ ploration du Sacramentairc léonien. Au terme de notre travail, nous nous croyons en droit d’affirmer que dix-huit formulaires de messes de ce Sacramentairc sont l'œuvre du pape Gélase et ont été écrits à propos de l’affaire des Lupercales, très vraisem­ blablement en 495. C'est là le gain le plus important de cette étude. Même si telle ou telle oraison particulière de ces formu­ laires est moins caractéristique, ce résultat nous paraît ferme et nous ne pensons pas qu’il puisse être contesté dans son en­ semble. Du même coup s’accroît d’autant le patrimoine litté­ raire qu’on peut avec certitude attribuer au pape Gélase. A cette première et principale conclusion, nous ajoutons une remarque littéraire sur le caractère inhabituel de la lettre de Gélase contre les Lupercales. C’est une lettre ouverte et pu­ blique, écrite par un pape. Il serait faux de «lire qu’une lettre de ce genre, davantage controverse ou traité de polémique que lettre proprement dite, soit un fait littéraire totalement nouveau (le genre de la lettre-traité était déjà classique au ive siècle) ; mais qu'une telle lettre soit l’œuvre d’un pape est chose nou­ velle et étonnante. De même que la littérature chrétienne ne nous donnait guère, avant ceux de saint Léon, île sermons pro­ noncés par des papes, de même elle ne nous offrait, dans le genre épistolaire émanant de papes, que des lettres d’affaires. Τλ lettre contre les Lupercales, lettre de polémique adressée à un petit groupe de chrétiens dissidents pour discuter leur position et les inviter à revenir, est un fait littéraire assez nouveau et remar­ quable pour que nous ayons pensé devoir le souligner. CONCLUSIONS *45 Π. — Conclusions liturgiques. a) Touchant la vie liturgique de l’Église, notre étude permet de saisir sur le vif, avec autant de vérité que s'il s'agissait d'un événement d'actualité, la façon dont s’est élaborée, on une cir­ constance bien déterminée, la prière de la communauté chré­ tienne de Rome à la fin du v® siècle : un événement important pour la vie de l’Église trouve un écho direct dans les formules de prières que le pape compose pour le dimanche suivant. Ainsi les oraisons de la Messe (dans lesquelles il faut compter la grande prière de la Préface) sont encore improvisées à cette époque et reflètent les préoccupations majeures du Pontife qui les pro­ nonce. Telle était et telle sera encore pendant la première moitié du vi· siècle la part importante mais normale prise par le Pon­ tife dans la célébration liturgique. Ce fait était bien connu et nous n'en avons ici qu'une nouvelle et vivante illustration. Le pape Vigile (537-555) composera de la même façon, au gré des circonstances, les formulaires de messes qui constitueront les mêmes sections XVIII et XXV11IÏ du Sacramentairc léonien ou nous avons puisé la plupart des messes de Gélase '. Λ cette é|>oque, la prière liturgique continuait encore à jaillir de l'actua­ lité. ’ b) Un autre fait digne d’attention intéresse au premier chef l'histoire des formules de prière liturgiques : les formulaires de messes composés par un pape à l'occasion d'événements bien précis ne sont pas tombés dans l'oubli ; passé ces événements et leur fièvre, les textes sont restés : c’est la preuve formelle qu’ils lurent soigneusement conservés. Nous aimerions pouvoir aujourd’hui accéder à toutes ces anciennes archives ou collections du Vatican qui conservèrent ces textes liturgiques : nous ne le pouvons pas, en l’absence de tout document connu. Il est seu­ lement certain qu’elles existèrent : là put puiser, vers 560 z, le compilateur du Sacramentairc léonien. La reconstitution chro­ nologique de l'affaire des Lupercales a montré en effet que ce compilateur consultait des documents : tout en mélangeant, :. Cf. article cité de A. ChavaSSB : · Messes du pape Vigile dans le Sacra­ mentairc léonien «, F.ph. lit., LXIV, 1950, p. 161-2x3. 2. La compilation du léonien est postérieure au pape Vigile (537-555} puisque ce Sacramentairc contient des messes de ce pape (cf. A. Ciiavassr, art. tit., Ephemerides I.ilurçicac, LXIV el LXVI}. Lettre et Meurt. :o 146 INTRODUCTION dans les sections XVIII et XXVllIl, les messes de Gélase et celles de Vigile, il respecta cependant V ordre même clans lequel étaient classées les messes de Gélasc clans la source qu’il avait sous les yeux, cet ordre étant celui de leur parution. Aussi bien le Sacratnentaire léonien n’avait pas encore pour dessein d’organiser systématiquement les oraisons de la Messe de façon invariable pour toute l’année liturgique : il n’est encore lui-même qu’une collection de textes liturgiques, offrant seulement un choix de prières. 11 était réservé au vi° siècle de voir les premiers essais tentés pour fixer les oraisons de la Messe sinon pour toute l’an­ née, du moins d'abord jiour le Carême : l’époque de l’improvisa­ tion liturgique touchait à sa fin l. c) Nous sommes très loin de cette liturgie improvisée de jadis. Au hasard des fêtes et des temps liturgiques, nous devons lire, dans notre Missel romain telle oraison que Gélasc composa autrefois dans le feu de sa lutte contre les Lupercales ; mais nous en avons totalement oublié le sens d'actualité, d’ailleurs si peu facile à reconnaître aujourd’hui qu’il a fallu cette longue Introduction pour le faire revivre. D'aucuns pourraient s'éton­ ner que, par le fragile hasard de la conservation des textes dans de vieilles collections romaines et de la compilation des premiers livres liturgiques, des formules de prières aussi particulières que celles-là puissent à présent nourrir notre piété, porter notre propre prière et apparaître avec un caractère religieux de valeur universelle et intemporelle. Pourtant une attitude spirituelle authentique est de droit universelle. La Bible elle-même, qui :. Nous «levons rappeler d’un mot la façon dont le compilateur du léo· nien a inséré les messes de Gélase dans son travail : — la messe VHI-xx Ws, grâce à un contre-sens sur le mot ccw/morc-s, est au milieu de formulaires pour des fêles de saints : — la messe VIIIl-v a été rangée avec d’autres formulaires pour la fêté de l’Ascension ; __ les messes des sections XVIII et XXVIIIl furent insérées au milieu de messes de Vigile · en des points où la messe vigilienne qui précède 01 qui suit présente des idées analogues ■ {et A. Chavasse, art. suf>. citt P- 212) ; — les messes de la section XXVllll sont toutes post-pascales. 2. Par exemple l’oraison 1 de la mette VHI-xx bis est actuellcmen l’oraison du 3* dimanche après Pâques. Toutes les références au Misse romain sont d’ailleurs notées dans l’apparat critique du texte latin de formulaires. CONCLUSIONS 147 est la Parole de Dieu, nous fournit maints exemples similaires : la foi d’Abraham, telle exclamation de douleur d'un Psaume, telle parole du Seigneur Jésus se sont exprimées en des circons­ tances très précises et n’en ont pas moins une valeur intempo­ relle et universelle. Toute parole religieuse intense devient ainsi une formule < typique » que l’Église peut nous proposer et en laquelle nous pouvons couler notre propre prière. Ainsi en est-il des oraisons du Missel quand nous en oublions l’origine pour leur faire porter l’expression de notre vie religieuse person­ nelle. III. — Conclusions historiques. Cette étude peut enfin apjmrter à l'Histoire de l’Église quelques précisions utiles. «) En ce qui concerne d’abord l’histoire du pape Gélase, nous connaissons maintenant avec assez de détails une des principales actions menées par lui sur le terrain pastoral. t) Le caractère de son intervention appelle en second lieu une importante remarque : des textes liturgiques ont pu être utilisés par un pape pour exercer dans l’Église le magistère ordi­ naire. Quand il intervient pour interdire aux chrétiens la parti­ cipation au culte des Lupercales, Gélase ne prend pas en effet une simple décision disciplinaire : il engage son autorité sur une question qui intéresse la foi et la profession chrétienne ellesmêmes, sa lettre l’affirme abondamment. Si bien que, lorsque des chrétiens lui désobéissent formellement et suivent la fête, le 15 février, le pape se juge en droit de les rejeter de l’Église. Plus tard encore, après les fêtes de Pâques, ces mauvais chré­ tiens qui ne se sont pas soumis sont définitivement abandonnés à leur solitude. N’y a-t-il pas là une indication évidente que le pape Gélase engageait dans sa décision son magistère ordinaire ? 11 est clair que, non seulement dans sa lettre mais aussi dans les textes liturgiques qu’il composait pour chaque dimanche, Gé­ lasc redisait avec autorité la foi commune de l’Église et en pré­ cisait les exigences en face du «langer concret qui la menaçait. De son côté la communauté chrétienne de Rome, qui entendait ainsi chaque dimanche les prières composées par son chef, y puisait l'enseignement même de l’Église en dehors duquel il n’y a pour un chrétien aucune vie de foi possible et avait donc l'obli­ gation d’y adhérer intérieurement. i48 INTRODUCTION Pourtant lorsque Gélase, à la fin de sa lettre, redit sa déci­ sion, il affirme vouloir ainsi dégager sa propre conscience : ego certe absolvam conscientiam meam (L 30, 6). « Pour ce qui me regarde, dit-il, qu'aucun baptisé, aucun catéchumène ne célèbre cela (L30, 1) »; et encore : a II me faut déclarer que... » Pour­ quoi tant d'application à se mettre seul en cause ? Est-ce pour donner sa décision comme un avis personnel et quelque peu arbitraire ? Certainement pas, et lui-même nous interdit de le penser. S'il met tant de soin à présenter sa volonté, c’est unique­ ment en raison des circonstances : il entend dégager la respon­ sabilité de scs prédécesseurs qui ne liront pas ce qu'il va faire maintenant, qu’il ne veut d’ailleurs pas juger et même qu'il excuse. C'est aussi pour engager à fond sa responsabilité person­ nelle en tant que chef de l’Église : « Chacun de nous aura à rendre compte de sa gestion (L 32, 2). > Quand il commande et parle ainsi, il le fait donc de sa pleine autorité apostolique et entend engager les chrétiens jusque sur le plan de leur conscience et de leur foi. c) Enfin, notre dernière remarque historique concerne l’his­ toire du paganisme à Rome. La fête des Lupercales continuat-elle à se célébrer dans les années qui suivirent l’intervention de Gélase ? Nous ne le savons pas. Du moins nous est-il permis de penser que le pape lui avait porté un rude coup. Ce qui est plus sûr, c’est que l’ensemble du vieux paganisme romain était en train d’expirer au moment où Gélase était sur le siège de Pierre. Pour nous en assurer, il n’est que de relire sa lettre : on ne sacrifie plus dans les temples païens, il n’y a plus de culte au Capitole, presque tous les cultes ont été peu à peu suppri­ més (L 28). Pourquoi, demande Gélase à ses adversaires, vou­ loir conserver les Lupercales au nom de la tradition, alors qu< tout le reste du paganisme a presque disparu ? Gélase espèn même obtenir du pouvoir civil une décision officielle supprimani cette fête. Le fait même que les chrétiens défendent les Luper­ cales est révélateur pour nous ; c'est le signe que la fête avait à peu près tout perdu de sa signification religieuse pour n'etre plu qu’une manifestation du folklore local. Même ainsi édulcorée Gélase ne l’accepte évidemment pas, mais ses arguments son surtout d'ordre moral : il est sévère parce que la fête est ur grave occasion de scandale et de licence. l’a autre fait liturgique bien connu confirme l’état de déc; CONCLUSIONS I49 dcnce où était tombé le paganisme : c’est au cours du vi» siècle que va s’accomplir à Rome un changement profond dans la disci­ pline baptismale. Jusque-là fonctionnait l'institution du catéchuinénat et les baptêmes d'adultes étaient la règle quasi géné­ rale ; bientôt les baptêmes d'enfants seront le plus grand nombre, et par suite l'institution du catéchuménat va régresser, le rite même d’administration du baptême sera modifié. Or ce grand changement n’est que le signe et la conséquence d’une situation nouvelle de l’Église de Rome. Des familles en grand nombre sont chrétiennes ; le milieu ambiant est chrétien ; des petits baptisés pourront sans danger grandir dans leur foi. N'est-ce pas nous assurer équivalemment que le vieux paganisme a désormais perdu toute virulence et que Rome est devenue chré­ tienne ? VIL LES TEXTES Les textes du pape Gélase présentés dans cette édition ne sont pas le résultat d’un nouveau travail critique. L'excellence des éditions dont nous disposons et le peu d’ampleur de la tra­ dition manuscrite rendaient superflue la reprise d’un tel travail, qui par ailleurs, au moins en ce qui concerne la lettre do Gclase, eût dépassé nos possibilités. Aussi nous sommes-nous contenté de redonner ici les textes des meilleures éditions, nous réservant seulement le droit de proposer nos conjectures pour les rares passages où il était permis d’hésiter et où celles des éditeurs ne semblaient pas satisfaisantes. Nous présenterons successivement le texte de la lettre de Gé­ lase et celui des messes du Sacramcntairc léonien. I. — Le texte de la lettre de Gélase. La lettre de Gélase contre les Lupercales est parvenue jus­ qu'à nous par une seule voie : elle n’est qu’une pièce particulière parmi les nombreuses autres pièces d’une longue collection de documents d'archives connue dans la littérature chrétienne sous le nom de Collectio Avellana ». L’histoire de son texte est donc liée à l’histoire de la collection entière *, dans laquelle elle s’insère sous le numéro d’ordre too. La Collectio Avellana, la plus longue des archives similaires que nous possédions par le nombre et l'étendue de ses docu­ ments, a dû être réunie à Rome peu après le temps du pape 1. Ce nom fut donné pour la premiere fois à cette collection par les frères Bal’.crini ; leur texte s’appuyait principalement sur le Codex AvcllanuS, dont nous dirons l'histoire. 2. La plus complète et la meilleure histoire du texte, des manuscrits et des éditions de la Coüeciio Avellana est celle que donne, dans le Corpus de Vienne, Otto Günthcr, son principal éditeur, oj>. infra cit. Nous tirons de lui tout cc que nous rappelons ici. LES TEXTES ,5I Vigile ’. Elle contient 244 pièces numérotées selon leur ordre de classement, émanant soit d'empereurs, de magistrats romains ou byzantins, soit de papes, d’évêques ou de synodes, et écrites entre les années 367 et 553, la dernière en date de ces pièces, colligée sous le n° 83 et dite ·> Constitution des trois chapitres «·, ayant été en effet donnée à Rome par Vigile le 14 mai 553. Dans quel but cette collection fut-elle réunie par l’archiviste qui la constitua ? On no peut que formuler des hypothèses. Comment, d’autre part, une collection de pièces aussi impor­ tantes ne nous est-elle parvenue que par une seule famille de manuscrits, émanant d’un seul archétype relativement récent ? Te! est parfois le sort précaire de certains grands monuments de l’histoire et on ne peut que le déplorer. Pour présenter le texte de cette Collectio Avellana, il nous suf­ fira de faire brièvement état de la tradition manuscrite et des principales éditions. Nous aurons présenté du mémo coup le texte de la lettre de Gélase contre les Lupercales. 1) La tradition manuscrite de la « Collectio Avellana ». Deux manuscrits sont au départ de cette tradition, tous deux du début du xie siècle : fl) le Vaticanus latinus 3787, sur parchemin ( V) ; b) le Vaticanus latinus 4961, sur parchemin (= a). L’histoire de chacun de ces manuscrits ne nous est pas éga­ lement connue : alors que nous ne savons à peu près rien de V -, nous connaissons avec assez de précision l’origine et les aventures successives de t. Ce dernier fut peut-être écrit sur l’ordre de Pierre Damien, mais certainement peu de temps avant que celui-ci ne l’acquît pour le monastère dont il fut l’abbé entre les années 1043 et 1058, avant son cardinalat. C’est ainsi que le manuscrit entra dans le monastère ombrien de Sainte-Croix près de la fontaine Avellana, d’où il prit le nom de Codex Avellanus. 11 devait rester environ quarante ans au monastère avant d'être offert par les moines au pape Marcel II. Puis il fut acquis par le cardinal Guillaume Sirletus, familier des papes Marcel II 1. C'est l’opinion, très vraisemblable, des frères Ballerini. 2. L'examen du manuscrit montre seulement qu'il est une copte d’un archétype en minuscules, copie simultanément exécutée par neuf copistes se partageant le travail, comme il était fréquemment d'usage pour la trans­ cription des très longs documents. 152 INTRODUCTION Ct Pic IV. Il entra enfin à la bibliothèque vaticane entre la mort de Sirletus (1585) et l’année 1591 où le cardinal Antoine Carafe en recensa la plus grande partie. Cette situation privilégiée du manuscrit fit que les éditeurs le préférèrent longtemps à V, en le considérant comme le plus ancien. Pour percevoir clairement leur erreur, il fallait que quel­ qu’un reprît ab ovo l'étude du texte à partir de tous scs témoins manuscrits connus : c’est ce que lit personnellement leur der­ nier éditeur, Otto Günther : il en tira la conclusion que non seulement V était légèrement antérieur à t, mais que a était une copie de V *. 11 fut ainsi amené à établir sa propre édition à partir de V pris comme texte de base, et c'est son édition que nous utiliserons. En ce qui concerne le manuscrit x, il nous suffît de signaler pour finir que son texte fut à plusieurs reprises retou­ ché par des copistes postérieurs. Quelques retouches (a2), du xiv« on du XVe siècle, n'intéressent que la pièce n° 105 de la Collectio Avellana. D’autres (za et x4), qui intéressent entre autres la pièce n° 100, c’est-à-dire la lettre de Gélase, sont du xvi° siècle ; elles rétablissent quelques conjectures assez faciles et n’offrent pas un très grand intérêt, inspirées qu'elles furent par une copie de x dont nous allons parler, l’Ottobonianus 1105, sur papier, du xvi® siècle. Outre les deux manuscrits primitifs V et x, nous devons en effet mentionner au moins deux autres témoins, beaucoup plus tardifs, dont les conjectures seront cependant quelquefois pré­ férées aux leçons de V par trop corrompues. Ce sont : c) l’Ottobonianus 1105, sur papier, du xvi« siècle (= t>) ; rf) le Vaticanus latinus 5617. sur papier, du xvi’ siècle (— c-). Le premier dérive de a, non pas directement mais par l’inter­ médiaire d’une autre copie de a perdue. 11 serait sans intérêt pour la recension du texte s’il ne contenait de nombreuses con­ jectures, souvent judicieuses et intéressantes, imaginées à titre personnel par un ou plusieurs copistes du xvip siècle utilisant une encre plus pâle, quelquefois aussi inspirées des leçons de V. Ces conjectures seront signalées dans l'apparat critique par le siglc o*. Ixï deuxième manuscrit, œuvre de deux copistes différents, appartient également à la famille de x. 11 est certainement une copie de l’Ottobonianus. Lui aussi serait sans intérêt si le copiste r. Günther justifie cela par de nombreux exemples. LES TEXTES 153 qui en a transcrit la plus grande partie ne s’était risqué à son tour, sur l’ensemble du manuscrit, à des conjectures, d’inégale valeur il est vrai, la plupart téméraires mais quelques-unes inté­ ressantes. Le siglc f. signalera les leçons où les deux copistes s’accordent contre 0, et y2 celles où le principal copiste fait œuvre personnelle. L'ensemble des quatre manuscrits (V, a, 0 et suffit à faire la critique textuelle de la lettre de Gélase contre les Lupercales. 2) Les éditions de la « Collectio Avellana ». Jusqu'à l’édition complète de 1895 donnée par Otto Günther dans le Corpus de Vienne et sur laquelle nous avons travaillé, la Collectio Avellana n’avait jamais été éditée in extenso et pour clic même, bien que la plupart do ses pièces eussent été souvent éditées ici ou là à titre de sources historiques. Tæ caractère com­ mun à toutes ces éditions partielles fut un certain manque de rigueur dans l’établissement du texte, dû à une critique textuelle souvent insuffisante, qui a notamment ignoré ou négligé, dans quelques cas, le témoin important qu'est le V’aticanus V. Il nous suffira, pour notre propos, de citer l’une après l'autre les éditions où figure la lettre de Gélase contre les Lupercales, en indiquant brièvement leur valeur resj>ective. «) Le premier éditeur important de la Collectio Avellana fut le cardinal Antoine Carafa dont l’ouvrage Epistolarum decreta­ lium summorum pontificum tomus primus, paru en 1591, recen­ sait dans sa dernière partie 186 pièces de la collection, parmi lesquelles la pièce n° 100. Cet éditeur déclare avoir tiré son texte ex vetusto codice Vaticano, et il est facile de voir, par comparai­ son avec les manuscrits, qu'il a recensé le V’aticanus a. Mais on trouve aussi dans son édition de très nombreuses leçons qui montrent avec évidence qu’il recensa aussi l’Ottobonianus. Ainsi, par le truchement de quelques retouches 0’ de ce dernier témoin, on trouve dans le texte de Carafa quelques leçons de V, sans que, semble-t-il, il l’ait connu lui-même. b) L’édition de Carafa fut suivie de très près par celle du cardinal Baronius qui, dans ses Annales (aux tomes IV et VII, parus à Rome entre 1593 et 1596), éditait la presque totalité de la Collectio Avellana, y compris presque toutes les pièces omises par Carafa. Outre le Vaticanus a, Baronius déclare avoir recensé un autre ancien V’aticanus ; il est possible que ce second codex «54 INTRODUCTION soit V, mais plus probablement il s'agit d'un autre manuscrit car Baronius le considère comme beaucoup moins ancien que a. Enfin Baronius utilise encore un codex de la famille de o, auquel il doit quelques leçons propres au Vaticanus V. Bien qu'ayant eu au moins deux manuscrits à sa disposition, Baronius s’est malheureusement trop souvent contenté de reprendre le texte de Carafa, dont il n’a souvent pas évité les fautes et dont il reprend la numérotation marginale. Malgré quelques bonnes conjectures, son édition reste plus fautive que celle de Carafa. c) Les deux éditeurs précédents ayant fait connaître la Col­ lectio Avellana, de nombreuses pièces de ce recueil devaient être par la suite plusieurs fois éditées par tous les éditeurs qui s’at­ tachèrent à réunir des collections de conciles. Ces éditeurs n’al­ lèrent pas aux manuscrits, mais se contentèrent de répéter les textes de Carafa et Baronius, les harmonisant selon leurs propres conjectures. Il suffira ici de citer les principaux ; — Severinus Binius, Concilia generalia e! provincialia, Cologne, 1606 ; — Editio regia, Paris, 1644 : — Éditions Philippe Labbe, Lutetiae Parisiorum, 1671 ; — Harduin, Paris, 1715 ; — Dominique Mansi, Florence. 1759 et suiv. L'édition de Pierre Constant, Epistolae Romanorum ponti fi­ cum tomus primus (Paris, 1721 ), s’arrête à l'an 400 et ne contient pas la lettre de Gélase. Le Bullaire de Turin de 1867 édita à son tour, en appendice, la plus grande partie de la Collectio Avellana (Bullarum diploma­ tum et privilegiorum sanctorum Romanorum pontificum, Taurinensis editionis appendix, vol. 1). Mais cette édition ne présente aucune valeur, mêlant à plaisir les leçons de six manuscrits et les conjectures des précédents éditeurs, sans aucune justification critique. d) Un dernier éditeur doit être nommé avant Günther. André Thicl, qui utilisa un bon nombre de pièces de la Collectio Avellana, parmi lesquelles la lettre de Gélase, pour son édition de lettres de papes : Epistolae Romanorum pontificum genuinae et quae ai eos scripta sunt a S. Hilario usque ad Pelagium II (Tom. I a S. Hilario usque ad S. Hormisdam), Braunsberg, 1868. Cette édi­ tion garde une certaine valeur pour l’historien car Thicl. outre LES TEXTES Iis qu’il a classé les documents par ordre chronologique, s’est atta­ ché à les expliquer, continuant ainsi le travail qu’avait entrepris Pierre Coustant et utilisant parfois même ses notes. Mais l'édi­ tion de Thiel est nettement insuffisante pour l'établissement du texte, bien qu’il ait prétendu avoir recensé lui-même le Vatica­ nus Trop de fautes déparent son texte, et même de malheu­ reuses conjectures puisées dans Baronius. r) L’édition à laquelle nous nous sommes arreté est celle d’Otto Günther: Collectio Avellana, Corpus scriptorum ecclesias­ ticorum latinorum, vol. XXXV, Vindobonae, 1895-1898. Il est le premier éditeur à nous avoir donné pour elle-même la Collec­ tio Avellana en son entier et à avoir personnellement, dans ce but, recensé tous les témoins manuscrits de cette collection. Il est également le premier, non seulement à établir son texte en prenant pour ba^e le Vaticanus V, mais encore à justifier toutes les leçons qui s'en écartent en nous permettant la comparaison avec les autres manuscrits, grâce à un apparat critique soigné. Le travail qu’a fourni Günther n’était absolument pas à notre portée et nous ne pouvions faire mieux que de choisir son texte. Nous y avons été fidèle pour l’ensemble de la lettre de Gélase ; si. ici ou là, nous proposons une autre conjecture ou une autre ponctuation, l’apparat critique le signalera. Nous conservons les numéros de ses paragraphes. Contre son habitude, cependant, nous mettons une majuscule aux mots qui commencent une phrase et nous écrivons j et v les lettres qu’il maintient dans leur forme i et n (par exemple, juvat au lieu de iuual). Quant à l’édition de Migne (P. L. 59, col. 110-116 pour notre texte) dont nous n’avons rien dit, il suffit de mentionner qu’elle reproduit le texte de l’édition de Mansi (VIII, 95). H — Le texte des messes du Sacramentaire léonien. Les messes que nous avons étudiées et attribuées au pape Gélase sont extraites du Sacramentaire léonien, dont le texte est beaucoup plus facile à établir que celui de la lettre de Gélase contre les Lupercales. Le Sacramentaire léonien ne nous vient en effet que par un unique manuscrit, bien que plusieurs de ses prières liturgiques se retrouvent dans d’autres Sacramentaires, le gélasien et le grégorien en particulier. Nous présente­ rons donc brièvement cet unique témoin avant d’en citer les principales éditions. τ 56 INTRODUCTION 1) La tradition manuscrite du Sacramentaire léonicn. Cette tradition se borne à un seul témoin, connu actuellement sous la cote suivante : Veronensis LXXXV, 80. Ce manuscrit fut découvert en 1713 dans la bibliothèque capitulaire de Vé­ rone, parmi tout un lot de vieux et importants manuscrits latins ; Scipion Maüei. son inventeur, lui donna le nom de Sacramentarium Veronense 1 et en dicta le texte à un alumniste : c’est cette toute première recension qui, par le truchement du chancelier du Chapitre de Vérone, B. Campagnola, arriva aux mains de Joseph Bianchini, lequel l’éditait pour la première fois dans le quatrième tome des œuvres d'Anastase le Bibliothécaire, édition commencée mais laissée inachevée par son oncle Francis Bian­ chini, mort en 1729*. Scipion Maffei avait songé à éditer luimême son texte ; pourtant l’édition princeps de Bianchini offre une très grande garantie pour la précision du texte et l’intérêt de la plupart de scs conjectures. Malheureusement elle se pré­ sente dans un tome énorme et incommode, de surcroît peu acces­ sible. Par elle cependant le manuscrit de Vérone était désor­ mais entré dans l’histoire de la littérature chrétienne, sous le nom assez mal justifié de Sacramentaire léonicn. nom que lui avait donné Joseph Bianchini et qui lui est resté 3. Écrit en onciales, le manuscrit fut sans doute exécuté dans la seconde moitié du vi° siècle. 11 est très bien conservé, très lisible, à quelques pages près, et assez légèrement retouché pour que jamais le texte original ne soit détruit. Il devait être consti­ tué à l'origine de vingt cahiers de huit feuilles, avec trois feuilles additionnelles à la fin. mais le début du manuscrit est perdu, soit la valeur de trois cahiers. Peut-être ce début contenait-il le Canon de la Messe, ce qui rendrait sa perte d'autant plus re­ grettable. Toujours est-il que les formulaires de messes qui le commencent partent de la messe vi du mois d'avril. 1. Quelques éditeurs (Assemani par exemple) ont continué à l'appeler le Sacramentaire de Vérone, désignation facile qui indique sa localisation actuelle et non son origine. 2. Francis Uianciusi. Anasiasii Bibliothccarii de Vilis Romanorum Pon­ tificum, t. IV, Vérone i7353. L’Introduction de Bianchini, en effet, présente ainsi le Sacramentaire léonicn : Codex Sacramentorum Vetus Romanae Ecclesiae, α Sancto Leone Papa I confectus, primum prodit ex manuscript©· libro numeralis notae XL1. ante mille annos conscripto, qui extat in Bibliotheca ejusdem amplissimi Capituli Veronensis. LES TEXTES 157 2) Les éditions du Sacramentaire léonien. a) I/Editio princeps, nous l’avons dit, est due à Joseph Bian­ chini et parut à Vérone en 1735. De l’aveu de Feltoë, l'avantdernier éditeur du léonicn, elle reste la meilleure que nous ayons. b) En 1748. à Venise, A. Muratori reprenait l’édition dans le volume I de son ouvrage Liturgi a romana vetus, sous le titre suivant : Sacrante.ntanum Leonianunt sive Liber Sacramentorum Romanae Ecclesiae a sancto Leone papa I, ut videtur, conjectus, et il lui donnait une Introduction {de rebus liturgicis dissertatio). Mais Muratori n’était pas allé au manuscrit et son édition est remplie de fautes. Elle devait néanmoins être rééditée deux fois, en 1760 et en 1771. c) En 1754. à Rome, c’était au tour de Jos. Al. Assemani d’éditer le Sacramentaire, au tome 6 (1754, p. 1-180) de son Codex liiurgicus Ecclesiae universae (13 tomes, Rome, 17491766), sous le titre : Sacrantenlarium Veronense, vulgo Leonia· num. d) Deux ans plus tard, en 1756, les frères Ballerini, dans leur édition des œuvres de saint Léon le Grand (Opera S. Leonis, t. 11, Venise, 1756, p. 1-160), éditaient à leur tour le léonien et c’est leur texte qu'utilisa Migne pour le volume 55 de sa l’atrologic latine, en 1846. Dans leur introduction, les frères Ballerini laissent entendre qu'ils ont colligé le manuscrit », mais Feltoë en doute et pense qu'ils sc contentèrent, comme Muratori, de reproduire le texte de Bianchini, en ajoutant aux siennes leurs conjectures personnelles souvent malheureuses. e) En 1896, à. Cambridge (University Press), paraissait enfin l'édition de Charles Lett Feltoë, celle même que nous reprodui­ sons ici et dont nous avons conservé, pour leur commodité, la pagination et les lignes. Feltoë a personnellement recensé le manuscrit et déclarait qu’il avait travaillé à réduire au mini­ mum le nombre des fautes. On peut penser qu’il avait réussi à atteindre son but car V. de Zanche ne put relever que quelques rares erreurs ou omissions quand il revit le manuscrit (de Zanche, de sacramentariô leoniano dentio edendo, Archiv. lat. Medii Aevi, 1, 1924-1925, p. 245-249), dont aucune dans les messes que nous i. Nos semper lectionem manuscript! vel proferemus in textu, vel in adnotationibus exhibemus, paucis locis exceptis ubi mauifestus librarii lapsus deprehenditur. 158 INTRODUCTION étudions. Sans doute l’édition de Feltoë n’est-ellc pas parfaite. Scs notes en fin de volume sont incommodes. A. Stuiber {Libelli Sacramentorum Honiara, 1950) lui reproche d’avoir omis bien des indications paléogéographiques contenues dans le manuscrit ct précieuses pour l’intelligence de diverses notices. /) La dernière édition du léonien date de 1956 : Sacramenta­ ri uni Veronense, par L. C. Mohlbcrg O. S. B. (édit. Herder, Rome). C’est une recension très minutieuse du manuscrit, où rien ne semble avoir échappé. Nous avons confronté avec elle le texte que nous tenions de Feltoë et nous avons rectifié ainsi quelques détails orthographiques, une fois ou l’autre même des leçons fautives, ce que nous avons alors signalé à l’apparat. La plupart du temps, Feltoë corrige sans le dire l’orthographe défectueuse du manuscrit. Grâce à l’édition de Dom Mohlbcrg, nous avons pu signaler dans chaque cas l’orthographe du manus­ crit, excepté cependant pour les quatre mots suivants où nous avons corrigé sans le signaler : Ecclesia au lieu de Aeclesia praestare au lieu de prestare preces au lieu de praccès inhaerere au lieu de inhererc Nous avons conservé par contre les abréviations liturgiques que le manuscrit emploie et (pie Dom Mohlberg a cru devoir supprimer : en voici la liste en ce qui concerne les messes étu­ diées : Omp sernp DS = Omnipotens sempiterne Deus Vere digû — Vere dignum Due, Diii, Dftm Domine. Domini, Dominum Sca, scac = sancta, sanctae Xfus = Christus Scificatio = sanctificatio Spus, spin ■- spiritus, spiritum Nous mettons une majuscule au début des phrases et nous écrivons j la lettre que Feltoë transcrit i. En regard des textes, les petites notes marginales que porte le manuscrit sont postérieures et écrites par une main différente ; nous les avons conservées en les faisant passer dans l’apparat critique. LES TEXTES I59 Nous avons enfin établi trois étages de notes critiques : — le premier étage (lettres grecques) signale les emplois du même texte liturgique dans le Sacramentaire gélasien ou dans le Missel romain actuel ; — le deuxième étage (lettres minuscules) est consacré aux références ; — l’étage intérieur enfin est l’apparat critique. LA LETTRE DE GÉLASE CONTRE LES LUPERCALES SïGLES DE L'APPARAT CRITIQUE. a) Les manuscrits : V ο o2 a a3 P ç2 = . = = = = = Vaticanus 3787, début 11e siècle Ottobonianus 1105, 16e siècle conjectures sur 0 Vaticanus 4961, début 11e siècle, copie do V conjectures sur a, du i6° siècle Vaticanus 5617, 16® siècle, copie de 0 conjectures sur p b) Les éditions : Carafa Baronius Labbe Tl 1 ici Günther — Antoine Carafa, Epistolarum decretalium summorum pontificum, t. I. Rome 1591. = César Baronius, Annales ecclesiastici, t. IVVII, Rome 1593-1596 = Édition Philippe Labbe, Paris 1671 = André Thiel, Epistolae Romanorum Ponti­ ficum genuinae, t. I, Braunsberg 1S68, p. 598-607. = Otto Günther, Collectio Avellana, Corpus de Vienne, t. XXXV, Vienne 1895-1898, p. 453-464· — Dans Migne, la lettre de Gélase se lit au tome 59 de la Patrologic la­ tine, col. 110-116. — Les paragraphes de la présente édition sont ceux de l’édition de Gün­ ther. — Tant pour la lettre de Gélase que pour les messes du léonicn, nous avons conservé â l’apparat critique les sigles employés par les édi­ tions sur lesquelles nous avons travaillé, ou bien les sigles les plus habituellement employés. Λ ce sujet, il suffit d’observer que : — dans la lettre, V désigne le principal manuscrit, Vat. 3787. — dans les messes au contraire, V désigne le Sacramcntaire gélasien ancien, le Vat. Rég. 316. î-ftire ti Mwei. h 162 COLL. AVELLANA, EPIST. ΙΟΟ EJUSDEM PAPAE GELASII ADVERSUM ANDROMACHUM ET CETEROS ROMANOS QUI LUPERCALIA SECUNDUM MOREM PRISTINUM COLENDA CONSTITUUNT 1. Sedent quidam in domibus suis nescientes neque quae loquantur neque de quibus affirment -, de aliis judicare nitentes cum se ipsi non (ju)dicent et velint prius accusare quam nosse ac docere quam discere et indiscussis rebus nec inveslis 5 causis nec rerum ratione quaesita, quod eis ad buccam venerit inconsideranter effundere et praecipitanter evomere, non veri­ tatis adsertione prolata censentes sed studio cacologiae quae nesciunt arguentes, coque progressi sunt ut etiam recte facta malivolentiae proposito lacerare contendant, qui si saperent io non praecipitarent omnino sententiam sed perscrutatis ante rebus loquenda depromerent. 2. Verum quia nos arguunt segnes esse censores in vitiis eccle­ siae cohercendis, et a nobis consequenter agnoscant non tan­ tum corporalis adulterii esse peccatum, quod et discuti debeat ct jure puniri, sed esse longe majus fornicationis et adulterii 5 genus, quod in quolibet Christiano — quia membrum omnis Christianus ecclesiae est — competenter debeat vindicari : tanto enim sacrilegii majus est crimen quanto animae fornica· i a. I Tim. i, 7- TiSuJ. EJUSDEM a INC1P EJUSDEM V 1.3 judicent o* : dicent V || nosce V || 4 investigatis Caraja : investi! V I’ 9 qui 0 : qua V. 2.4 fornicationis ct adulterii : fornicariis ct adulteris V. 1. Ce titre est celui des manuscrits de la CoUtilio Avellana mais tie fail pas partie du texte authentique de Gélase. Nous rappelons que la division en paragraphes est empruntée à l'éditiol de Güntber (Corpus de Vienne). 2. La lettre de Gélase utilise fréquemment des termes empruntés à la langue juridique. En particulier, les termes dixeussio et discuti ont ici le LETTRE, 1-2 Du même pape Gélase contre Andromaque et Romains qui maintiennent qu’on doit, selon coutume, célébrer les Lupercales 163 les autres l’ancienne Première partie : Attaqué sur un point de discipline, Gélase se défend et attaque à son tour ses adversaires. 1. il en est qui siègent dans leurs mai­ sons, qui ne savent ni ce qu'ils disent, ni ce sur quoi ils dogmatisent, qui font tout pour porter un jugement sur autrui alors qu'ils ne se jugent pas eux-mêmes, alors qu'ils veulent accuser avant «le savoir et enseigner avant d’apprendre, alors qu'ils veulent, sans examiner les faits, ni scruter les causes, ni rechercher la portée des questions, lâcher inconsidérément et vomir précipitamment ce qui leur vient à la bouche, sans contrôler ce qu’ils avancent aux exigences de la vérité, mais dénonçant ce qu’ils ignorent en s’appliquant à divagu r ; voilà jusqu’où ils en sont arrivés : même ce qui a été bien fait, ils tâchent, dans leur parti pris de mal­ veillance, de le mettre en pièces, eux qui, s’ils avaient quelque bon sens, ne précipiteraient certainement pas leur sentence mais au contraire, après avoir d'abord approfondi les questions, en déduiraient ce qu'il faut dire. A) Gélase a été at­ taqué le premier pour une affaire d’ordre discipli­ naire. 2. En vérité, puisqu’ils nous accusent, nous, d’être des cen­ seurs lents à réprimer les fautes qui souillent l’Église, qu’ils ap­ prennent donc aussi de nous qu’il n'y a pas seulement un péché d’adultère charnel, qui doit être à la fois et instruit et justement puni -; il y a aussi une forme beaucoup plus grave de fornica­ tion et d’adultère, qu'en un chrétien — parce que tout chrétien est membre de l’Église — on doit normalement punir : d’autant plus grave, en effet, est le crime de sacrilège que la fornication sens de jugement, d'examen, d’action de juger, en parallèle avec la sentence finale qui clôt le jugement ou avec le châtiment que cette sentence énonce (jîi/z· ; ils sont synonymes par conséquent de jiulicarc et jialiciitm. i6.j COLL. AVELLANA, EPIST. I OU tio pcjor est corporis ; nam per animae fornicationem ab ipsius Dei conjunctione disceditur adque immundos spiritus spiriιυ talis adulterii genere transitur ». 3. Quomodo autem non (in> hanc partem recidit qui. cum se Christianum videri velit et profiteatur et dicat, palam tamen publiceque praedicare non horreat, non refugiat, non pavescat ideo morbos gigni quia daemonia non colantur et deo Februario 5 non litetur, ei deo ubi haec deliramenta compererit ? Quomodo praevaricator non est, qui in has blasphemiae profanitates incur­ rit ? Quomodo sacrilegus non aestimetur, qui abjurata unius Dei providentia et potestate, quam confessus, ad prodigiosas superstitiones et vana figmenta seducitur ? 4. Secundum apostolum « longe deterius jureque damnan­ dum confessam veritatem deserere quam si in eam nullatenus credidisset. Quamvis enim ridiculosa sint figmenta quae pro­ ferat, tamen ipse affectus et voluntas in crimine est et pro5 fessio ac praedicatio jure damnanda, ac per hoc, qui in alium 2 a. cf. I Cor. 6, i6 sq. 4 a. cf. II Petri 2, 20 sq. 2,<) adque scripsit Gunther : atque V atquc(ad) o*. 3.1 in addidit Baronius || 3 publiceque p* Baronius : publiceque suppllceque V i| 4 morbos gigni corr. α man. 1 ut videtur : morbo signi V || 5 ei deo scripsit Giinlker : deo 0 ideo V video Baronius Thiel | 6 has corr. 0 ; hac V H 9 vanas V. reus 4.1 deterius jureque damnandum scripsit Gunther : deterius jureque dam­ nandus V II 2 in eam 0 : ineam V || 3 credidisset o : credidisse V. 1. Cet étal est l'union aux esprits impurs, aux démons, à laquelle on passe, comme on vient de le dire, par l'adultère spirituel. 2. L'expression palam publiceque· se rencontre deux fois dans la lettre (ici et au paragraphe 9}. Palam signifiant déjà · publiquement «. au sens affaibli de notre mot français, le terme publiée doit être pris au sens tech­ nique du droit : publiquement, officiellement. 3. Dans le paganisme, le mot profanus a parfois désigné le sacré, le con­ sacré. A l’époque classique, il a aussi désigné ce qui est hors du concept de sacré, le profane (très fréquemment chez Cicéron par exemple}, et, par ex­ tension, ce qui est impie et sacrilège. Aux yeux du christianisme, il est vite devenu le terme désignant le sacré païen. Ainsi profanitas a désigne le paga­ nisme lui-mcmc. LETTRE, 2-4 165 de l'âme est pire que celle du corps ; car par la fornication de l’âme on quitte l'union avec Dieu lui-même et l’on passe aux esprits impurs par une sorte d’adultère spirituel. 3. Mais comment ne retombe-t-il pas dans cet état 1 l'homme qui, tout en voulant paraître chrétien, en le pro­ fessant, en le déclarant, cependant ne tremble pas, ne répugne pas, n’a pas peur de proclamer ouvertement et offi­ ciellement 2:1: Les maladies viennent de ce qu’on n'honorc pas les démons et qu'on ne sacrifie pas au dieu Februarius», à ce dieu chez qui il a puisé toutes ces folies ? Comment n’est-il pas prévaricateur, celui qui en arrive à ces blasphèmes de païen3? Comment ne pas­ serait-il pas pour sacrilège celui qui, ayant abjuré la providence et la puissance du Dieu unique, qu’il avait confessées, se laisse entraîner vers ces monstrueuses superstitions et la vacuité de ces représentations ? B) Gélase condamne à son tour son ad­ versaire pour une faute beaucoup plus grave, la par­ ticipation à un culte païen. 4. Selon l’apôtre il est bien pire, et justement condamnable, d'abandonner la vérité qu’on avait confessée que de n'avoir jamais cru en elle 45. Quoique en effet soient ridicules les figu­ rations auxquelles il se livre, cependant l’attachement qu'il y met et son intention sont matière à poursuite », comme sont justement condamnables leur profession publique et leur diffu­ sion ; et voilà pourquoi cet homme qui exigo sans retard une 4. Il faut lire avec Günther damnandum au lieu de damnandus. En au­ cune façon d'ailleurs la traduction littérale de cette phrase ne serait cor­ recte en français car la phrase latine elle-même est incorrecte, passant de l'impersonnel a·.: personnel. Gélase énonce un principe général (inspiré de II Pierre 2, 20 et suiv.) mais, dans le deuxième terme de la comparaison, tl fait déjà l'application du principe à la personne de son adversaire. Il fau­ drait traduire littéralement : selon l'apôtre il est bien pire... d'abandonner la vérité qu’on avait confessée que s'il n'avait jamais cru en elle. 5. Esse in trimiiu signifie eu termes de droit «être l’objet d'une accu­ sation». Ici cette expression rappelle le terme distuli déjà employé; elle est mise en parallèle avec la sentence finale (damnanda) et s'en distingue. Au contraire le terme crimen employé seul se retrouvera huit fois encore dans la lettre, mais désignera toujours la faute elle-même. 166 COLI.. AVELLANA, EPIST. IOO sententiam damnationis vult sine dilatione proferri, in quo alium judicat semet ipsum se condemnare cognoscat. 5. Numquid enim pontifex vindicare debet in eos qui adulte­ rium corporale committunt, et in cos qui sacrilegium, id est fornicationem et adulterium spiritale gerunt, non debet vindi­ care ? Nonne ipse Dominus, cum adultera ad eum esset adducta, 5 accusantibus dixit · : si quis vestrum sine peccato est, primus in eam lapidem mittat ? Non ait e si quis vestrum non simili modo adulter est » sed « si quis sine peccato est » ; quolibet ergo obstri­ ctus quisque peccato in alterius peccati reum lapidem non audeat mittere. Quibus tunc pro sua conscientia discedentibus mundi io Salvator adjecit : mulier, ubi sunt accusatores tui ? Nemo te · condemnavit, nec ego te condemnabo. Sed vade, ulterius jam ' noli peccare ». Tenes et teneris, urges ct urgeris, obstringis et obstringeris ; pontificis discussionem flagitas vindictamque deposcis : memento idem adversum omne crimen esse profe15 rendum. 6. Numquid non etiam leges humanae dicunt quod reus reum facere non possit·· ? Festucam vides in oculo fratris et in tuo trabem non vides* ? Qui moechos accusas adulterium facis et corporales adulteros spiritalis adulter incessis ? Certe discussio5 nem poscis, homo diligens, maturus, religiosus, non vis aliquem in ecclesia peccare, peccantem cupis discuti et poenae conse­ quenter addici : quaecumque in alium promis, ct in te proferre cogeris ; hoc enim facis ne segnitia pontificis accusetur, ne ma­ culetur ecclesia : debet ergo et pontificis in omnibus malefactis 1O sollicitudo ct severitas non deesse et ab omnibus ecclesiae fama purgari. 5«. Jo. 8. 7 sq. 'I b Jo. 8, 10 sq. 6 a. Digest. XLVIII i,5;Cod. Theod. IX 1, ia; Cod. Just. IX 1, 19 || b Mattb. 7. 3· 5,6 simili modo scripsit Giinthcr : similitudo V similiter o* [| 7 quolibet corr. Carafa ; quodlibet V. || 14 idem scripsit Giinlhcr : in V. 6,5 non vis <> : novis V | (> cupis corr. o : cupi V | pene V || 7 in te p* : inter V. LETTRE, 4-6 167 sentence de condamnation contre autrui doit reconnaître qu’il se condamne lui-même (en accomplissant le crime) sur lequel il juge l’autre. 5. T-c pontife doit-il en ellet sévir contre ceux qui com­ mettent un adultère charnel ct ne doit-il pas le faire contre ceux qui accomplissent un sacrilège, c'est-à-dire un acte de fornica­ tion et d’adultère spirituel ? Le Seigneur lui-même, alors qu’on lui avait amené une femme adultère, n’a-t-il pas dit aux accu­ sateurs : «Si quelqu’un de vous est sans péché, qu’il lui jette le premier la pierre » ? Il ne dit pas ; n Si quelqu’un de vous n'est pas de la même façon adultère », mais : ·■ Si quelqu’un de vous est sans péché » ; ainsi, quel que soit le péché dont quel­ qu'un s’est rendu coupable, qu’il n'ait pas l’audace de jeter la pierre à celui qui a commis un péché différent. Chacun alors se retirant d’après sa culpabilité, le Sauveur du monde ajouta : 1: Femme, où sont tes accusateurs ? Personne ne t’a condamnée, moi non plus je ne te condamnerai pas. Mais va et désormais ne pèche plus. » Tu veux prendre et c’est toi qui es pris, pres­ ser ct c'est toi qui es pressé, déclarer coupable et c'est toi qui es déclaré coupable; tu sollicites l'examen du pontife et tu réclames le châtiment : sou viens-toi qu’on doit de même porter sentence contre tout crime. 6. Les lois humaines elles-mêmes ne disent-elles pas qu'un coupable ne peut pas agir en justice contre un coupable ? Tu vois la paille dans l'œil de ton frère, et la poutre dans le tien, tu ne la vois pas ? Toi qui accuses les adultères, tu commets l'adultère ; et toi, adultère spirituel, tu attaques les adultères charnels ? Vraiment tu réclames un jugement, homme scrupu­ leux, rassis, religieux ! Tu ne veux pas que quelqu'un pèche dans l’Église ; tu souhaites que le délinquant soit jugé, ct con­ damné en conséquence 1 à une peine : ce que tu exprimes contre autrui, contre toi aussi tu es contraint de l’appliquer ; tu fais cela en effet pour qu’on n'accuse pas la négligence du pontife, pour que l’Église ne soit pas souillée : il faut donc que tout méfait soit, sans faute, objet de l’attention et de la sévérité du pontife et que de tous soit lavé le lx>n renom de l’Église. i. Le mot consequenter, ici et paragraphe suivant, a un sens fort : « en conséquence ». La peine sera en rapport avec la gravité de la faute. l68 COLL. AVELLANA, EPIST. IOO 7. Sed dicas forsitan laicum, illum ecclesiae ministrum ct eo gravius crimen exaggeres. Verum dicis nec ego diffiteor : tanto sollicitius examinandus est «pianto magis propinquus est, tanto magis reus est quanto in illo ministerio constitutus, et 5 haec facere minime debuisset. Ecce censura non deest : auditur et, si convictus fuerit, vindictae consequenter addicitur. .Age modo, quid vis de te ? Numquid quia in ministerio sacro non es, in plebe sacra non es ? An nescis et te membrum esse summi Pontificis ? An ignoras totam ecclesiam sacerdotium vocitaio tam · ? 8. Postremo si ille reus est, qui accedens ad ministerium eccle­ siae delinquit, numquid et tu reus non es, qui post confessio­ nem veritatis ad prava et perversa ct profana et diabolica, qui­ bus te renuntiare professus es, figmenta reduceris ? 9. Itaque etiam tu post blasphemias palam publiceque pro­ fusas a sacro corpore modis omnibus abstinendus es. Non potes enim mensae Domini participare et mensae daemoniorum, nec calicem Domini bibere et calicem daemoniorum ·, non potes 5 templum Dei esse et templum diaboli, lux simul et tenebrae in te convenire non possunt. Viderim utrum urgeas atque compel­ las in alio maleficium vindicari : tu tamen sceleris tui pondus non potes declinare et, quanto in alio transire crimen non pate­ ris impunitum, tanto quid etiam in te pro rerum ratione facere io debeamus ostendis ». 7 α. I Petri a, 5. 9 α. ί Cor. 10, 20 || à cf. Matth. 7, 2 et Rom. 2, 1. 7,1 te addidit Baronius : om. V' forsan te o2 '| 2 co scripjtf Günther : ego V I 5 auditur corr. Guniker : auditu V |’ 9 sacerdotium corr. Baronius : sacerdotum V. 9,6 urgeas corr. Baronius : urgues V '| 7 maleficium correxerunt Tnicl et Günther : maleficio V || 8 pateris corr. Caraja : poteris V. LETTRE, 7-9 Ιθ9 7. Mais peut-être diras-tu que tu es un laïc, et lui, le coupable, un ministre de l’Église, et tu aggraves d’autant son crime. Tu dis vrai et moi-même je n'en disconviens pas : il doit être jugé d’autant plus soigneusement qu'il est davantage d’Église, il est d’autant plus coupable qu’il est plus élevé dans ce ministère et qu’il aurait dû d’autant moins commettre ces choses. Eh bien, on n’escamote pas la procédure : on le juge et. s'il est convaincu, il sera soumis au châtiment qui convient. Et maintenant, qu'es­ pères-tu pour toi ? Est-ce que, pour n’etre pas du ministère sacré, tu n’appartiens pas au peuple sacré ? Ne sais-tu pas que toi aussi tu es membre du Pontife suprême ? Ignores-tu que l’Église entière est appelée un sacerdoce ? 8. Finalement, si celui-là est coupable qui. accédant au mi­ nistère de l’Église, commet une faute, est-ce que toi aussi tu n'cs pas coupable, qui, après avoir confessé la vérité, vas retour­ ner aux représentations dévoyées, perverses, païennes, diabo­ liques, auxquelles tu as fait profession de renoncer 12? 9. C’est pourquoi toi aussi, après ces blasphèmes proférés ou­ vertement et officiellement, tu dois être écarté de toutes manières du Corps sacré s. Tu ne peux en effet participer à la fois à la table du Seigneur et à la table des démons, ni boire le calice du Seigneur et le calice des démons ; tu ne peux être le temple de Dieu et le temple du diable, la lumière et les ténèbres ne peuvent à la fois se rencontrer en toi. Je l'ai bien vu : tu insistes et tu presses pour qu’on châtie le méfait chez autrui ? Toi cepen­ dant tu ne peux rejeter le poids de ton forfait et, en ne tolérant pas que chez autrui le crime passe impuni, par là tu nous montres ce que nous devons faire contre toi aussi en tenant compte des faits. 1. Allusion à la cérémonie baptismale où le chrétien renonçait solen­ nellement au démon. 2. H s’agit de l’Eucharistic, cc que la suite immediate du texte va dire clairement. 170 COLL. AVELLANA, El’IST. lOO 10. Vcrumtamen in ipsis blasphemiis tuis, quibus es jure plectibilis, imperitiam tuam evidenter agnosce et. sicut ait ille : voluntatem habere te mentiendi, artem fingendi non habere °, cum sic te inteliigas malum habere affectum perver5 sumque apostatandi propositum, ut tibi materia prorsus vani­ tatis illius nulla suppeditet nec possis adstruere quod cordo concipis et ore depromis. 11. Dic mihi, cum saepenumero in romanis historiis legatur Livio ora(to>re saepissime in hac urbe exorta pestilentia infi­ nita hominum milia deperisse atque eo frequenter ventum, ut vix esset unde illis bellicosis temporibus exercitus potuisset 5 adseribi : illo tempore deo tuo Februario minime litabatur an etiam cultus hic omnino nil proderat ? Illo tempore Lupercalia non cclebr71 Deuxième partie : Le réquisitoire contre les Lupercales. .. T ,. «· ’θ· Mais pourtant, jusque dans tes Λ) L inefficacité ,, . , . , , . blasphèmes eux-memes, pour lesquels tu constante des Lu. ‘ Λ ‘ . 1 » jrc des mérites justement d être puni, reconpeica es. cjajrement ton manque d'habileté; comme dit l'autre : ■; Tu as la volonté de mentir, tu n'as pas l’art d'inventer 1 ·· puisque tu te rends si bien compte que mauvais est rattachement qui te tient et pervers ton dessein d’apostasier, puisque rien absolument ne t’est procuré par ce culte vide et que tu ne peux apporter aucune preuve à ce que ton cœur conçoit et ta bouche exprime. î 1. Dis-moi : alors qu'on lit à bien des reprises dans l'histoire romaine de Tite-Live que la peste s'est très souvent déclarée dans cette Ville, faisant périr les hommes par milliers et allant même souvent jusqu'à rendre impossible, en ces âges si adonnés à la guerre, la levée d'une armée, à cette époque, (dis-moi), n'offrait-on aucun sacrifice à ton dieu Februarius, ou bien alors ce culte ne servait-il strictement à rien ? Λ cette époque, ne célé­ brait-on pas les Lupercales ? Car tu ne diras pas qu’à ce momentlà ces cultes sacrés n'avaient pas encore commencé, eux dont on rapjiorle qu’ils furent introduits en Italie par Évandre, dès avant Romulus. 12. Les Lupercales, par ailleurs, pourquoi ont-elles été insti­ tuées ? Pour autant qu’il s’occupe des inventions de cette supers­ tition même, Tite-Live le dit dans sa seconde décade : et il rappelle qu'elles n’ont pas été instituées pour enrayer les mala­ dies, mais furent créées, à ce qu’il lui semble, à cause de la stérilité dont les femmes étaient alors affligées Si donc, au ciés - num mentiri me, num fingere aliquid? (Verr. 6, 14“) — num finfio, uti.n mentior ? (Tusc. 3, 46). Fingere signifie alors » inventer faussement >. î. Les éditeurs du texte ont essayé de remplacer par plusieurs conjec­ tures h- mot exhibenda des manuscrits. Leur désir évident était de trouver un terme qui pût se mettre en parallèle avec le mot inhibendos. Si au con­ traire on met en parallèle exhibenda et instituta, le texte est satisfaisant, aussi bien grammaticalement que pour le sens. 172 COLL. AVELLANA, EPIST. ΙΟΟ aliquid hoc valeret, hoc intermisso non morbus acciderit, contra quem Lupercalia reperta non sunt, sed feminae nequaquam generare debuerant, pro quarum fecunditate concinuntur inventa. 13. Quid dicturi estis de peste, de sterilitate, de bellorum tempestate continua ? Numquid et haec propter sublata Luper­ calia contigerunt ? Si autem non propter ista vel vitanda vel curanda Lupercalia sunt provisa, quid inani turbatione ja5 ctamini ? Quid Tuscia, quid Aemilia cetcraeque provinciae, in quibus hominum prope nullus existât, ut bellica necessitate consumerentur Lupercaliorum fecit offensio, quae longe ante vastatae sunt, quam Lupercalia tollerentur ? Quando Anthe­ mius imperator Romam venit, Lupercalia utique gerebantur xo et tamen pestilentia tanta subrepsit ut toleranda vix fuerit. Numquid per Campaniam Lupercalia gerebantur, quae sublata morbos illic ct pestilentiam procrearent ? 14. Sed dicturi estis ad Romam tamquam ad caput omnia pertinere et quod hic factum non est diversis provinciis ad eam pertinentibus obfuisse. Cur ergo, antequam ad Romam istac provinciae pertinerent, praeter Lupercalia propriis opibus flo. ruerunt ? Ut sterilitas sit continuata terrarum, Lupercalia sublata fecerunt an nostrorum merita peccatorum, de quibus olim dictum est : ...et Quidquid Romani meruerunt perdere mores - ? 1O Sterilitas certe feminarum debuit provenire, propter quam aufe­ rendam Lupercalia instituta jactantur, non sterilitas terrarum, 14 a. Lucan., Phan. II, 513. 12,8 concinuntur corr. GHnihcr ; concinantur V, 13,5 Aemilia corr. 0 : demilia V || 6 bellica corr. o2 : vellica V j| xx Cam­ paniam corr. α : Campania V '| 12 pestilentiam corr. 0 pestilentia V |, pro­ crearent corr. p : procrearet V. 14,1 dicturi estis corr. Carafa : dicitur iestis V LETTRE, I2-I4 I73 moins pour co but précis, ce culte avait quelque efficacité, après son interruption la maladie ne serait pas survenue, contre la­ quelle les Lupercales ne furent pas trouvées, mais par contre les femmes n'auraient en aucune manière dû concevoir, puisque c’est pour leur fécondité qu'on s'accorde à les proclamer inven­ tées. 13. Que direz-vous alors de la peste, de la stérilité, de l’inces­ sant malheur des guerres ? Est-ce que cela aussi est arrivé à, cause de la suppression des Lupercales ? Mais si ce n'est pas pour éviter ces malheurs ni pour les guérir que les Lupercales ont été prévues, pourquoi vous laisser agiter d'un trouble sans objet ? En quoi la Toscane, en quoi l'Émilie et les autres pro­ vinces, où il n’y a presque plus d’hommes, doivent-elles à l’aban­ don des Lupercales d’être épuisées par les épreuves de la guerre, elles qui furent dévastées bien avant que les Lupercales fussent supprimées ? Lorsque l’empereur Anthemius vint à Rome, les Lupercales étaient bien célébrées, et pourtant une peste si grande se répandit soudain qu’elle en fut à peine supjmrtablc *. Est-ce qu’on célébrait les Lupercales en Campanie, pour que leur sup­ pression y engendrât maladies et peste ? 14. Mais vous allez dire que tout se rattache à Rome comme à sa tête, et que ce qu’on a omis là a porté préjudice aux diverses provinces qui lui sont rattachées. Pourquoi dès lors, avant qu’elles ne fussent rattachées à Rome, ces provinces ont-elles abondé de leurs biens propres, sans Lupercales ? La persistance de la stérilité des terres, vient-elle tic la suppression des Luper­ cales ou bien est-elle le salaire de nos péchés, dont on a dit autrefois : «...et tout ce que les Romains ont obtenu, leurs mœurs le dissipent ? » A coup sùr, la stérilité des femmes eût dû se produire, pour l'éloignement de laquelle on prétend les Lupercales instituées, ï. Anthemius fut donné pour empereur à l'Occident en 467 par l'empe­ reur d’Oricnt Mon. Rome lui fit un accueil enthousiaste. Nous avons encore son panégyrique en vers, prononcé à Rome par Sidoine Apollinaire lors de son accession au trône. Il devait périr assassiné Λ Rome le xi juillet 472, vaincu par le patrice barbare Ricûucr (cf. L 25 a, p. 183.) 174 COLL. AVELLANA, EPIST. ΙΟΟ propter quam Lupercalia non sunt instituta removendam. Quid in Africa unde sterilitas ? Quid in Galliis ? 15. Lupercalia ista fecerunt an nostri mores, furta, homici­ dia. adulteria, injustitiae, iniquitates, ambitiones, cupiditates, perjuria, falsa testimonia, oppressiones miserorum, bonarum causarum impugnatio malaruinquc defensio et in omnibus inau5 dita perversitas, postremo, quod supra omnia est, Deo fictae mentes et sacrilegia artesque magicae etiam paganis horrendae ? Ecce quae faciunt omnia adversa et inimica nobis, non Luper­ calia quae sunt pro vestra salute sublata. 16. Sed quid dicitis vos ipsi, qui Lupercalia defenditis et agenda proponitis ? Vos ea depretiatis, vos eorum cultum cele­ britatemque vilem vulgaremque redditis. Si offensio Luper­ caliorum nobis adversa procuravit, vestra culpa est, qui quod 5 vobis singulariter prodesse putatis, neglegentissime et non longe impari cultu et devotione ea ducitis celebranda quam pro­ fanitatis vestrae celebravere majores. Apud illos enim nobiles ipsi currebant et matronae nudato publice corpore vapulabant. Vos ergo primi in Lupercalia commisistis ; satius fuerat non xo agere quam ea cum injuria celebrare ; sed deduxistis veneran­ dum vobis cultum et salutiferum quem putatis ad viles trivialesque personas, abjectos et infimos. 14,12 removendam corr. Thiei : removenda V. 15,1 nostri corr. z2 : nostris V. x6,j offensio corr. Baron·,us : ostensio V | 5 et non longe V . tam longe Baronius cum longe Thiel non (sicut decuit observantes) longe Günther || ix ct salutiferum quem corr. 0 : ct salutiicrumque quem V. x. Il faudrait lire dans le texte : Lupercalia sublata ista jecerunt ct tra· duire : serait-ce la suppression des Lupercales qui a fait cela ? Quelque: lignes plus haut (§ 14) nous lisions d'ailleurs : Lupercalia sublata fecerunt an nostrorum merita peccatorum. 2. C*est la même négligence de style. Le sens exigerait cette autre tra duction : ... mais non point la suppression des Lupercales, qui s'est opéré* pour votre salut. 3. Cette phrase est difficile ct sa difficulté explique le nombre des conjec turcs proposées par les éditeurs. La leçon des manuscrits est pourtant ferra· LETTRE, 14-16 VS niais non pas cette stérilité des terres, qu’on n’avait pas cherché à écarter en instituant les Lupercales. A quoi l'Afrique doit-elle sa stérilité ? Et la Gaule ? 15. Est-ce les Lupercales qui ont fait cela’, ou bien nos mœurs : vols, homicides, adultères, injustices, iniquités, ambi­ tions. cupidités, parjures, faux-témoignages, oppression des mal­ heureux, attaque des causes justes et défense des mauvaises, et en tout une perversion inouïe ; finalement, par-dessus tout, nos esprits qui mentent à Dieu, nos sacrilèges et nos pratiques ma­ giques qui doivent faire horreur même aux païens ? Voilà ce qui nous rend toutes choses contraires et hostiles, mais non point les Lupercales, qu’on a supprimées pour votre salut ®. 16. Or vous-mêmes qu’avez-vous à dire, vous qui défendez les Lupercales et prêchez qu’on doit les faire ? Vousmêincs les dévaluez, vous rendez leur culte vil et leur solennité vulgaire. Si la dégradation des Lupercales nous a valu des adversités, la responsabilité vous en revient car cette fête que, vous, vous pensez vous être particulièrement utile, c’est avec une extrême négligence «pie vous estimez qu’on doit la célébrer, et pourtant par des rites et dans un esprit qui ne sont pas tellement inférieurs à ceux qu’apportèrent à leur célébra­ tion les ancêtres de votre paganisme a. De leur temps, en effet, les nobles eux-mêmes cornaient, et les matrones, dépouillées en public de tout vêtement, recevaient les coups. Vous donc les premiers vous vous êtes rendus coupables envers les Lupercales ; il eût mieux valu ne rien faire que les célébrer en manquant à i.i règle ; au contraire, ce culte pour vous vénérable et, pensezvous, salutaire, vous l’avez abandonné à des gens communs et vulgaires, hommes de rebut, de bas étage. B) L’inconséquence des chrétiens qui défendent les Lupercales et qui pourtant rou­ gissent de les célébrer par euxmêmes. ci c’est pourquoi nous avons préféré la garder. Tel qu’il est, nous pensons que le texte sc suffit à lui-même, condition de donner à et (ct non longe impari cultu) la nuance fortement adversative que celte conjonction est capable d’exprimer parfois. Gélase souligne ainsi la culpabilité de ses inlocutcurs : ■ Avec la même dévotion que vos anciens, vous apportez plus de négligence qu’eux dans la célébration effective de vos mystères. > La suite va détailler ce laisser-aller. 176 COLL. AVELLANA, EPIST. ΙΟΟ 17. Si vere ergo profitemini hoc sacram ac potius execraxnentum vobis esse salutare, ipsi celebrate more majorum, ipsi cum resticulo nudi discurrite, ut rite vestrae salutis ludibria peragatis. Si magna sunt, si divina, si salutifera, si in his vitae 5 vestrae pendet integritas, cur vos pudet per vos ipsos talia celebrare ? Si pudet et dedecus est, itanc salutiferum est et divinum et profuturum quod vos ipsi dedecus esse fateamini ? Nemo religionem profitetur quam per se exsequi prorsus eru­ bescit et refugit : ipsa verecundia vestra vos doceat crimen esse ro publicum, non salutem et non divinitatis cultum, de quo sapiens nullus erubescit, sed instrumenta pravitatum quibus mens vestra contra semetipsam testimonium ferens, quod gerendum profitetur erubescit implere. 18. Castores vestri certe, a quorum cultu desistere nolui­ stis, cur vobis oportuna maria minime praebuerunt, ut hiemis tempore venirent huc navigia cum frumentis et civitas inopia minime laboraret ? An diebus sequentibus hoc futurum est 5 aestatis ? A Deo constitutum beneficium est, non Castorum vana persuasio. 19. Dicite nobis, nec Christiani nec pagani, ubique perfidi nusquam fideles, ubique corrupti nusquam integri, qui tam utrumque tenere non potestis «piam sibi utrumque contrarium est; dicite inquam, Lupercaliorum patroni et re vera digni 5 talis ludibrii et cantilenarum turpium defensores, digni magistri vesaniae et qui non sine causa sana capita non habetis, digni hac religione quae obscenitatum et flagitiorum vocibus celebra­ tur : videritis ipsi quid vobis salutis impendat, quae tantam moribus labem perniciemque proponit. 17.1 hoc Baronius : in hoc V || 3 resticulo scripsi! Gardner : ridiculo V amiculo Carafa Thicl | 4 peragatis corr. 0 : peragratis V. 19.2 nusquam corr. Carafa : nuntquam V J 4 digni talis scripsit Cünihcr : dignitati V divinitatis Carafa. x. Ce jeu de mots semble traditionnel dans la polémique contre les héré­ tiques. Cf. par ex. Augustin, De kaercsibus ad quodvuttdcum, XLVI : ad iila non sacra sed exsecramenta perveniunt. 2. Ci. p. 32, η. x. LETTRE, I7-I9 >77 17. Si vraiment donc vous professez que ce rite sacré— ou plutôt exécrable 1 — vous est salutaire, célébrez-Je vous-mêmes à la façon des anciens, courez vous-mêmes tout nus avec une la­ nière, afin d'accomplir selon le rite les jeux méprisables de votre salut. S’ils sont grands, s'ils sont divins, s’ils sont salutaires, si d'eux dépend l’intégrité de votre vie, pourquoi avoir honte de les célébrer par vous-mêmes tels quels ? Si c’est honteux et infa" mant, est-ce vraiment salutaire, et divin, et profitable, ce que vous-mêmes tenez pour une infamie ? Personne ne professe une religion qu'il rougit et évite entièrement de pratiquer par luimême ; que votre réserve elle-même vous apprenne que c’est un crime public et non votre salut, non pas un culte rendu à la divinité, dont aucun homme sensé ne rougit, mais des instru­ ments d'aberration au sujet desquels votre esprit porte témoi­ gnage contre lui-même, rougissant d'exécuter ce qu’il déclare devoir être accompli. 18. Vos Dioscures eux *, au culte des­ C) Les Lupercales quels vous n’avez pas voulu renoncer, causent la ruine pourquoi ne vous ont-ils pas donné des des mœurs et tous mers favorables pour que, en plein hiver, les autres maux. arrivent ici les navires chargés de blé, et que la Cité ne souffre pas de disette ? Est-ce dans les jours qui suivront, en été, que cela se produira ? Mais c’est là un bienfait établi de tout temps par Dieu, non le fait inexistant qu'on a persuadé les Dioscures ’. 19. Dites donc, vous qui n’êtes ni chrétiens, ni païens, partout renégats et nulle part croyants, partout corrompus et nulle part sans déficience, qui ne pouvez tenir les deux rôles tant ils sont opposés l’un à l'autre ; dites-nous donc, protecteurs des Luper­ cales et en vérité dignes défenseurs d'un pareil jeu et de chansons licencieuses, dignes maîtres de folie et qui non sans raison n’avez pas la tête d'aplomb, dignes de cette religion qu'on célèbre par des propos obscènes et dissolus : vous avez bien vu vous-mêmes quel genre de salut elle vous offre, cette religion qui expose les mœurs à une ruine et à une destruction si grandes. 3. Comme les historiens anciens et le langage jjopulaire, Gélase garde la division simple de l’année en deux saisons : la mauvaise saison (hunts) et la bonne saison (etionem sed potius per quandam laetitiam et celebritatem numinum decantata est, quaelibet illa persona, immo et religione se praestare confidit, ut sit unde numinum sollemnia celebrentur, quae nisi criminum decantationibus non coluntur. 21. Dicite nobis itaque, qui voluntatem profanitatis habetis cujus causas asserere non potestis, qui tuendae habetis propo­ situm falsitatis quam defendere non potestis : quid dicturi estis de siccitate, de grandine, de turbinibus, de tempestatibus 5 variisque cladibus quae pro morum nostrorum qualitate pro­ veniunt ? Numquidnam haec omnia pro sublatis Lupercalibus contigerunt an malis moribus castigandis meritis retributio­ nibus inferuntur ? 20«. Cf. Cicero, de do/no sua ad pontifices oratio § 127 | b Juvenal, Sai. VI, vers 285. 20.2 deterreri corr. a3 *: deterrire * 6 * * V deterrere o2 '| 5 haec corr. o : hac V || 6 iram corr. 0 : ira V |’ 7 expositaque corr. 0 : expositnmquc V 11 9 exertat corr. Günther : exerat V || :o cohercitioncm corr. Raronius : cohcrtionem V || xi numinum corr. Thiel : nominum V || 12 numinum corr. Baronius : nomi num V. 21.3 quid dicturi corr. 0 : dicitur V | 4 turbinibus corr. x3 : turbinis V tut bine 09 j| 7 an malis 0 : animalis V an in malis Carafa. i. Cf. Cicéron, de domo sua ad pontifices oratio, ξ 127 : neque erat c.iu$i cur prohibendo non lam deterrere videretur quam admonere. I.e contexte es tout différent mais le sens de l'expression est le meme : la loi Papiria, affirm1 Cicéron, n'a pas pu interdire de consacrer les biens des citoyens romain! LETTRE, 20-.’I >79 20. Et inutile que vous disiez qu’en accomplissant tout cela et en divulguant les méfaits d’un chacun, on détourne plutôt les esprits de commettre de telles fautes et on les retient par la pudeur de chanter ces choses en public alors que ces jeux mé­ prisables semblent bien, comme dit l'autre *, moins « les détour­ ner qu'attirer l'attention >■ des esprits, alors que, comme dit cet autre, « colère et passions, ils les puisent dans le crime « *, et qu’ils deviennent d’autant plus impudents qu’une fois le crime publié et la honte mise à nu, il ne leur reste absolument plus rien dont ils puissent rougir ; car il n'a plus rien dont il craigne la publication (celui qui a tenu un rôle aux Lupercales) ; au contraire, il s’affiche désormais avec assurance tel que, aux yeux de tous, sans aucune contrainte mais plutôt avec on ne sait quelle joie et pour célébrer les dieux, il a été chanté, quel qu’ait été son personnage ; bien plus, il est même sûr de servir ainsi la religion en donnant matière à célébrer ces solennités divines qui ne peuvent se fêter que par des crimes mis en chansons. 21. C’est pourquoi dites-nous, vous qui voulez ce rite païen dont vous ne pouvez justifier les fondements, vous qui avez projet de protéger une erreur que vous ne pouvez pas défendre, que direz-vous de la sécheresse, de la grêle, des orages, des tempêtes et des maux divers qui nous viennent à cause de nos mœurs ? Est ce que par hasard toutes ces choses sont arrivées à cause de la suppression des Lupercales, ou bien sont-elles ap­ pliquées en juste paiement pour châtier nos mauvaises mœurs ? pour la raison qu’une telle consécration ne s’était jamais produite. En por­ tant une telle interdiction, la loi eût paru davantage y inviter les esprits que les en détourner. Il semble bien que Gélase cite ce texte. L"n article de R. Mbrkelvach (· Zur Epistola Papae Gelasii Adversum Andromachum % dans l'igiliae Christianae, juin 1955, p. 176-177) propose «le considérer l'incise sictd üle ail comme une interpolation. 2. Dans Juvénal, d'où cette citation est tirée, il s'agit de femmes et il eût fallu traduire par · elles ». Ici le sujet est animos. Notons que ce vers semble liés connu au v’ s., joint ou non à son con­ texte (cf. Dracontius, De laudibus Dei, III, 462 : animes de crimine sumunt; le poète CvrxiEN, Heptateuchos genesis, 1200: viresque a crimine sumit). 180 COLL. AVELLANA, EPIST. ΙΟΟ 22. Sed non mirum est homines non judicio divino velle ista contingere sed vanae superstitionis incursu, qui. ut sua cri­ mina ct malefacta cooperiant, auctoritatem caeli sidera perhi­ bent adhibere et fatalem indu (cere> errorem necessitatemque 5 peccandi facinoraque sua non de cordis proprii perversitate procedere sed caelo auctore pendere. Proponite igitur pro quibus aut submovendis malis aut pro­ merendis bonis Lupercalia vestra fuerint instituta, et videamus quae illa bona provenerint cum Lupercalia gererentur, et quae 30 mala successerint cum Lupercalia viderentur ablata. 23. Figite gradum : ad quod vestrum excidium dicatis haec prodigia fuisse reperta, digni qui monstrum nescio quod pecu­ dis hominisque mixtura compositum sive vere sive false edi­ tum celebretis ? Si propter pestilentiam summovendam, ut 5 antiquiora praeteream, ecce, antequam meis temporibus tolle­ rentur, pestilentiam gravem tam in urlie quam in agris homi­ num pecudumque fuisse non dubium est ; si pro sterilitate ja­ ctatis, cur in Africa vel Galliis ista contingunt, ubi nec fuerunt aliquando Lupercalia nec constat fuisse sublata ? Cur nunc 10 Oriens omnium rerum copiis exuberat et abundat, qui nec cele­ bravit umquam Lupercalia nec celebrat ? 24 a. An dicitis illic nocere, ubi per plurima saecula fuerant celebrata ct repente sublata sunt ? Videamus ergo si his tempo­ ribus quibus dicitis agitata et rite ac plena sui, sicut vobis videtur, devotione completa sunt, numquam fames, numquam 5 pestilentia prorsus extiterit. Si vero saepenumero his cladibus ad extremum periculi ventum est, apparet his malis summoven· 22,2 qui ut ThM : quibus V || 4 iuducete scripsit Giinlker : indu V indu­ cit x inducunt liaronius. 23,6 in urbe quam in agris corr. Carafa : urbem quam in agros V | 10 qui o12 : quae V. 24 a,4 fames scripsit Güntkcr : famis V 1. Gélase a déjà porté le décret interdisant aux chrétiens de partiel· per aux Lupercales : cette phrase y fait clairement allusion. 2. Cotte peste eut peut-être lieu en 472. son» le pontificat de Simplicius LETTRE, 22-24 a l8l 22. Mais il n'est pas étonnant que les hommes veuillent que ces maux leur viennent non d’un arrêt divin mais de l’atteinte qu'a reçue leur vaine superstition, eux qui, pour couvrir leurs crimes et leurs mauvaises actions, prétendent que l’autorité du ciel use des astres et nous entraîne en des erreurs voulues par le destin, nous obligeant à pécher, ct que leurs forfaits ne pro­ cèdent pas de la perversité de leur propre cœur, mais dépendent du ciel qui en est l’auteur. D) Gélase met scs adversaires au défi de lui citer un seul bienfait dû aux Lupercales. Expliqucz-nous donc quels maux on voulait éloigner ou quels biens obtenir en instituant vos Lupercales ; voyons quels furent ces biens qui survinrent quand on célébrait les Lupercales, quels maux arrivèrent quand on voyait les Lupercales supprimées. 23. Prenez fermement positioni Dites-nous donc pour quelle catastrophe, selon vous, ces merveilles ont été découvertes, hommes bien dignes de célébrer un monstre fait de je ne sais quel mélange de bête ct d'homme, qu’il ait véritablement ou non vu le jour ? Est-ce pour chasser la peste ? Pour laisser de côté des faits plus anciens, voici, avant que sous mon règne les Lupercales fussent supprimées *, qu'une peste terrible 2 frappa hommes ct troupeaux, tant à la Ville qu'à la campagne : c’est un fait incontestable. Si vous prétendez que ce fut à cause de la stérilité, pourquoi en .Afrique ou dans les Gaules ces mal­ heurs arrivent-ils, où il n’y a jamais eu de Lupercales et où on ne voit pas qu’on les ait supprimées ? Pourquoi aujourd’hui l’Orient regorge-t-il de biens de toutes sortes, lui qui n'a jamais célébré ni ne célèbre les Lupercales ? 24 a. Ou bien dites-vous que cela est nuisible là où elles furent célébrées durant beaucoup de siècles, puis brusquement suppri­ mées ? Voyons donc si aux époques où vous nous dites que tout cela fut fait ct accompli selon les rites et avec une dévotion, à votre avis, parfaite, voyons s'il ne s'éleva absolument jamais ni famine, ni peste. Mais si en réalité on en vint très souvent, à (468-483)· La Chronique de Marcellin signale cette annéc-là toutes sortes de calamités (édition Mommsen, Afou. grr. hist., A. A. xi, Berlin 1893). IS2 ΙΟ COLI.. AVELLANA, El’IST. ΙΟΟ dis nihil Lupercalia profuisse etiam eo tempore quo, sicut dictum est, ut putatis, competenti ordine gererentur. Sic de singulis quibusque necessitatibus, propter quas dixeritis fuisse provi­ sum, si constiterit etiam illis non desisse, vana hujus remedii convincitur esse praesumptio. 25 a. Numquid cum haec celebrarentur, a Gallis Roma nor capta est et saepenumero ad extrema quaeque pervenit ? Numquid bellis civilibus sub hac celebritate non concidit ? Numquid Lupercalia deerant quando urbem Alaricus evertit ? Et nuper, 5 cum Anthemii et Ricimeris civili furore subversa est, ubi sunt Lupercalia ? Cur istis minime profuerunt ? 24 b. Verumtamcn cur non hoc etiam nunc experiamini utrum valeant aliquid rite celebrata ? Et vos per ludibria ista discurrite vestrorum more majorum, ut divinam rem ei salutarem vobis, ut dicitis, devotius celebrando saluti vestrae 5 prospicere magis magisque valeatis ! 24 a,9 quas Baronius : quam V l| 11 vide 24 b intra. 24 b,2 valeant corr. Baronius : valeat V’. 1. Le même article de R. Merkeluach (cf. n. i, p. 179! propose de placci l'incise sicut dictum al une ligne plus haut, après ventum est, cette incise renvoyant alors à tous les arguments fournis par Gélase au début de sa démonstration. Cette conjecture améliore la suite logique de tout le passage La traduction de la phrase devient alors : « Mais si en réalité on en vint très souvent, à cause de ces fléaux, à un péril extrême, comme nous l’avont dit, il est clair que les Lupercales n'ont servi en rien à les repousser, mèm< au temps oit vous estimez qu'elles turent célébrées dans les formes voulues.· 2. En cet endroit, le texte de la lettre, tel que l’ont conservé les manus­ crits de la Collectio Avellana, paraît avoir souffert dans sa disposition cat la suite logique des idées n’est plus satisfaisante. Nous avons tenté de réta­ blir l’ordre logique en suivant l’hypothèse proposée par Günthcr. Le ü 24 est divisé en deux parties : 24 a et 24 b. La partie 24 b s'insère au milieu du §2' et constitue le debut delà troisième grande partie du plan général de la lettre 3. C’est vers 390 av. J. C. que les Gaulois Sénons, après avoir battu les Romains sur l’Allia, près de Véïes, prirent et brûlèrent Rome à l’exccp tion du Capitole (cf. épisode des oies du Capitole). Cette prise de Rome demeura l'un des souvenirs les plus cuisants et les plus humiliants de toute l’histoire romaine. Pareil malheur ne devait revenir qu'en 410 «p· J· G. avec le wisieoth Alarie. LETTRE, 243-24!) 183 cause de ces fléaux, à un péril extrême, il est clair que les Luper­ cales n'ont servi en rien à les repousser, même au temps où l’on a dit *, ainsi que vous l'estimez, qu'elles furent célébrées dans les formes voulues. Ainsi, pour chacune des diverses nécessités auxquelles vous nous avez dit qu’on avait pourvu, s’il faut cons­ tater qu’on ne put en finir précisément avec elles, la preuve est faite que vaine est l’espérance mise en ce remède *. 25 a. Du temps où on les célébrait, Rome n’a-t-elle pas été prise par les Gaulois et n’a-t-elle pas été bien des fois réduite aux dernières extrémités 3 ? N’a-t-elle pas succombé sous les guerres civiles, au temps de cette fête ? N'y avait-il plus de Lupercales quand Alaric fit le sac de la Ville 45? Et plus récem­ ment, quand la Ville a été retournée par le déchaînement de la guerre civile d’Anthemius et de Ricimer 6, qù étaient les Luper­ cales ? Pourquoi n'ont-elles servi à rien dans ces circonstances ? Troisième partie : Prises de position. 24 h. Mais cependant pourquoi ne faites-vous pas, encore à présent, l’expérience de ce qu’elles valent, célébrées selon le rite ? Et vous-mêmes, dans ces jeux méprisables, courez à la mode de vos ancêtres, afin que, en célébrant plus dévotement cette chose divine et qui vous est, dites-vous, salutaire, vous soyez de plus en plus à même de pourvoir à votre salut ! A) Gélase invite iron i q u e m c n t ses adversaires à cé­ lébrer selon les règles la fête des Lupercales, et ré­ pond à leurs der­ niers arguments. 4. Survenue le 34 août 410, la prise de Rome provoqua l’effroi dans tout le monde romain et apparut â certains (saint Jérôme par exemple) comme l’écroulement du monde civilisé. Elle provoqua aussi une réaction anti­ chrétienne de la part des païens : ceux-ci allaient répétant que tout cela n’était arrivé que parce qu’on avait abandonné les dieux du paganisme. Saint Augustin y répondra par le De Civitate Dei, en montrant que de bien plus grandes catastrophes s’étaient produites quand on honorait les dieux païens. Gélase adapte au cas des Lupercales une argumentation semblable. 5. Ci. p. 173. Quand Anthemius fut envoyé par l’empereur Léon, le maître de la milice Ricimer le reconnut et épousa meme sa fille. Mais ils sc brouillent en 472. Ricimer proclame un nouvel empereur, Olybrius, et prend Rome d’as­ saut. Anthemius est assassiné. Ricimer et Olybrius meurent quelques mois plus tard. 184 COLL. AVELLANA, EPIST. ΙΟΟ 25 b. Certe . Mais, dis-tu, les Lupercales ont existé également à l'époque chrétienne. Mais ccs autres rites aussi ont été célébrés assez longtemps, à l’époque chrétienne elle-même. Est-ce parce qu'ils n’ont pas été enlevés sous les premiers chois de la religion chrétienne qu'ils n’ont nullement dû être supprimés sous leurs successeurs ? Nombreuses sont les choses qui, nuisibles ou ab­ jectes, ont été supprimées à des époques différentes par chaque pontife , car la médecine ne guérit pas à la fois toutes les mala­ dies du corps, mais ce qui lui apparaît menacer le plus, de peur que ou bien l'organisme ne résiste pas au remède, ou bien le remède, à cause de notre condition d’êtres mortels, soit impuis­ sant à tout écarter à la fois. Demande-toi de quelle nature est ce dont tu traites : si cela est bon, si cela est divin, si cela est salutaire, à bon droit il n’eût pas fallu le supprimer, à quelque moment que ce fût ; mais si ce n'est ni salutaire, ni divin, c’est à loi plutôt d’expli­ quer pourquoi on supprime si tard ce qui est manifestement superstitieux et vain, ce qui ne s'accorde évidemment pas avec la profession chrétienne. P°“r “ Φ" ™ «' ‘|n au,:™ **1*«*·. aucun chumène ne célébré ce rite, mais que seuls les païens l’accomplissent, dont c'est le culte. Il me faut déclarer que, pour les catéchumènes, ces choses sont indubita­ blement dangereuses et funestes. Qu’as-tu à m'accuser si, ce qui n’est pas du tout détestable pour ceux qui en font profes­ sion l. je déclare qu’il faut l'éloigner de ceux qui partagent la profession chrétienne ? Pour moi certainement je dégagerai ma conscience : ceux-là verront, qui auront négligé d'obéir à de justes avis. B) Gélase dicte enlin sa décision. 3°' 31. El cela, je suis porté à croire que mes prédécesseurs euxmêmes l'ont peut-être fait, et qu’ils ont essayé auprès des empe­ reurs de faire supprimer ces choses ; ct c'est parce qu’on ne voit pas qu’ils aient été écoutés, puisque ces mauvaises coutumes durent encore aujourd’hui, c’est pour cela que ce pouvoir impépounaut celle de Tliicl, plus difficile à interpréter mais plus proche des textes des manuscrits. 188 COLL. AVELLANA, F.PIST. ΙΟΟ 5 non remotis etiam Lupercalibus usque ad extrema quaeque pervenit. Et ideo nunc ea removenda suadeo, quae cum nihil profuisse cognosco, tamquam contraria verae religioni noxia potius extilissc pronuntio. 32. Postremo si de meorum persona praescribendum aestimas decessorum, unusquisque nostrum administration is suae reddi­ turus est rationem, sicut etiam in publicis dignitatibus fieri pervidetis. Ego neglegentiam accusare non audeo praecesso* 5 rum, cum magis credam fortasse temptasse cos ut haec pra­ vitas tolleretur, et quasdam extilissc causas ct contrarias voluntates quae eorum intentiones praepedirent, sicut ne nunc quidem vos ipsos absistere insanis conatibus velle perpenditis. 31.7 verae corr. 0 : vera V. 32.5 credam fortasse corr. Gunther : credam fuisse fortasse V | 7 inten­ tiones corr. Uaronius : intentionibus V | 8 perpenditis EXPL V. LETTRE, 3I-32 189 rial lui-même a sombré, pour cela que même le nom romain, quand bien même on n'ait pas supprimé les Lupercales, en est venu à la dernière extrémité. Et c’est pourquoi à présent je demande qu'on les rejette, elles que, sachant leur inutilité, je déclare avoir été plutôt nuisibles parce que contraires à la vraie religion. 32. Enfin, si tu penses tirer prescription de la conduite de mes prédécesseurs, chacun de nous aura à rendre compte de sa ges­ tion, comme vous veillez à ce qu’on le fasse dans les charges publiques. Pour moi, je n'ose accuser de négligence mes prédé­ cesseurs, quand je crois plutôt qu’ils ont probablement essayé d'enlever cette monstruosité et qu’il se trouva quelques causes et volontés contraires qui ont entravé leurs desseins, de même que vous, après mûre réflexion, vous décidez ne pas vouloir, même aujourd’hui, renoncer vous-mêmes à vos tentatives in­ sensées. LES MESSES DU SACRAMENTAIRE LÉON1EN S1GLES DE L’APPARAT CRITIQUE. = Veronensis T.XXXV, 80 (Sacramentaire léonien) = Vaticanus Reginae 316 (Sacramentaire gélasien ancien) Miss. Rom. = Missalc Romanum Feltoë = Sacramentarium Leonianum, C. L. Feltoë, Cambridge 1896 Mohlberg - Sacramentarium Veronense. L. C. Mohlberg, Rome 1956 ms V ENTRE L'ÉDITION DE Concordance FeLTOK ET CELLE DE MOHLBERG. — Pour chaque formulaire, nous donnons les pages et lignes de Fcltoé, puis les pages et lignes de Mohlberg. Mais Dont Mohlberg a eu de plus l'excellente idée de numéroter de façon continue toutes les prières du léoiiicn ; nous donnons donc à la suite les numéros d'ordre des pièces extrêmes de chaque formulaire (généralement l'oraison 1 et l’oraison sur le peuple). Nous avons bloqué ensemble les cinq for­ mulaires de la section XVIII qui se suivent. FbltoP. VIII-xx bis XVTII-i à v XVUI-viu XVHI-xvni XVITT-xx XVIIl-xxnu XV II I-xxxvit XXVnil-vmi XXVllII-xni XXVIin-XV XXVini-XVJiH XXVIIII-XX Vini-v ΧΧνίΓΤΙ-χχιι 9,1 à 9.15 54.17 5'8.32 6o, 14 à 61,3 66,24 à 67.15 68,3 à 69,18 71,9 à 7’.23 79.1 à 80.2 131,7 à 131,26 133.16 à 133.32 134.20 à 135.3 136.18 à 137.3 ’37.4 à 137,22 22,1 à 22,11 138,8 à 138.27 Mohlberg 11.4 à 56.1 à 61,18 à 67.26 à 69.4 à 71.26 à 79.li à 130,1 à 132,10 à 133.14 à 135.16 à 136, i à 23.L5 à I37·1 * 11,17 η0· 75-78 60.7 n°* 413-442 62,6 n°· 455-460 68,16 n°’ 515-520 70.12 n08 527-532 72,9 n®· 550-552 80,5 n°» 620-625 130,19 η0* IQ15-IO2O 132,25 n°» 1039-1044 133-31 d0" 1051-1056 I35-32 n®· 1074-1079 136.19 n0· 1080· 108 5 23.24 η0· i8i-i82 I37»21 n°* 1091-1096 192 9,1 SACRAM. LEON., MENSE APRILI Ds errantes (ut) in via(m; poss(int> redire veritatis lu[men ostendis da cunctis qui Christiana professione censentur et illa respuere quae huic inimica sunt nomini et ea quae sunt apta sectari per «. Omp semp Ds qui tuae mensae participes ·· a diabolico jubes 5 abstinere convivio, da quaesumus plebi tuae ut gustu mortiferae prophanitatis abjecto puris mentibus ad epulas aeternae salutis accedant per A. Vere digit cujus ecclesia sic veris confessoribus falsisque permixta nunc agitur ut tamen et fragilitatis humanae semper io cavenda mutatio et nullius sit desperanda conversio : quo magis supplices te rogamus ut quia sine te non potest solida constare devotio et firmis perseverantiam et resipiscentiam largiaris in­ firmis per. Da quaesumus Dne populo tuo a diabolicis quibus renunti­ is avit laqueis 6 abstinere et toto tibi corde prosterni per. a. Dominica 111 post Pascha Γ Affix Rom. {or.}. β. In octavas (natalis) Domini V (J-ix ad populum}. a. Cf. I Cor. io, zi. f>. Cf. II Tim. 2, 26. 9,i Di qui errantes ut iu viam possint corr. Caprile \op. cit.] : Ds errantes in via posse redire »nx Ds qui errantes ut in via possint redire V (1-r.vm or.) Ds qui errantibus, ut in viam possint redire justitiae, veritatis tuae lumen Afiss. Rom. J] 3 quae scripsit Feltoc : qui m$ j' 6 aepulas ms. 1. Ce formulaire a été utilisé par Gélasc le 1·’ janvier 495. (Pour la jus tification «les dates attribuées aux messes, voir l’art. V «le l’introduction) La secrète se trouve d’ailleurs reprise au i’r janvier dans les Sacratuen taircs gélasien (Vat. 316) et ambrosicn. 2. Les prefaces commencent toutes par une formule de louange inva riable dont le léonien n’indique que les premiers mots. 3. « Dans la langue chrétienne, confiteri a trois sens : reconnaître se péchés..., confesser la foi (dans ce sens il répond au grec μαρτυ«ΐν ; pri mitivement confessor est synonyme de martyr) ; enfin, sons l'influence de 193 MESSE VHI-XX bÎS MESSE VHI-xx bis [Oraison I O Dieu qui, afin de permettre à ceux qui errent de revenir dans le chemin, leur montrez la lumière de la vérité, donnez à tous ceux qui se réclament de la profession de foi chrétienne de rejeter tout ce qui est hostile au nom chrétien et de suivre ce qui y est conforme. Par... [Secrète] Dieu tout-puissant et étemel, qui ordonnez à ceux qui partagent votre table de s’écarter du banquet des démons, donnez à votre peuple, nous Vous en prions, qu'après avoir perdu le goût du paganisme qui donne la mort, il s’approche avec un cœur pur des mets qui confèrent le salut éternel. Par... ; Préface] 11 est vraiment digne 2*(de Vous louer)..., Vous dont l’Église présente pour l’instant un tel mélange de vrais et de faux chrétiens a qu'on doit cependant être toujours en garde contre l'inconstance due à la fragilité humaine sans jamais désespérer de la conversion de personne : autant de motifs de Vous demander avec plus d’insistance — puisque sans Vous la piété ne peut se maintenir stable — d’accorder à la fois la persévérance à ceux qui sont demeurés fermes et le repentir à ceux qui ont faibli. Par... [Oraison sur le peuple] Nous Vous en prions, Seigneur, donnez à votre peuple de s’écarter des pièges du démon, auxquels il a renoncé 4, et de se prosterner devant Vous de tout son coeur. Par... Septante, il a pris le sens de louer, surtout dans le Psautier» (L'Ordinairede la .Messe, texte critique, traduction et études, par B. Botte, O. S. B. et Christine Mohrmaxn, éditions du Cerf, Paris; Abbaye du mont César, Louvain, 1953). Dans notre texte pourtant, et ce sens est très normal, ce mot confessor désigne le chrétien qui a été agrégé A l’église par la profession de foi de son baptême (cf, l’oraison 1 : cunctis qui Christiana professione censentur}. Tant dans sa lettre que dans les messes, Gélase se réfère cons­ tamment à la profession de foi baptismale. 4. Allusion A la renonciation solennelle au démon, le matin du Samedi saint. Lettre et Messes. 15 194 54,17 SACRAM. LEON., MENSE JULIO XVIII. Inc orationes et preces diurnae. Omp semp Ds qui nulli nos inferre mandasti quod nobis non optamus inferri ·> praesta quaesumus ut nec fingamus aliis nec 20 aliorum fictionibus inludamur per. Di qui humani generis fida societate laetaris da quaesumus ut ct nos liberam praebeamus omnibus caritatem et illi non pro bonis mala reddere » moliantur per. Oblatio tibi Dfic nostra defertur quae ut sit digna con25 spectu te quaesumus largiente mentis nostrae sinceritate pro­ matur per. Vere digfi qui nos spiritalibus erudiens institutis sic doces illorum jugiter relaxare qui nobis adversantur offensas ut eorum tamen non incidamus insidias, sic dissimulare culpas ut sub 30 specie gratiae nocere cupientium declinemus in qua student 55.: perseverare malitiam. Tu etenim Dfic mittens in medium nos luporum manere vis simplices similitudine columbarum et astutos lien more serpen tum f non utique ut cuiquam noxii simus sed ut sollicite dolos caveamus alienos : ita mites ad 5 omnes esse nos inbuis ut pariter corripere praecipias inquietos J. a. Cf. Tob. 4, 16; Matth. 7, 12 ct Lue. 6, 31. Rom. 12,17. c. Cf. Matth. 10, x6cl I.uc. 10.3. b. Cf. Prov. 17, 13 et rf. Cf. I Thcss. 5, xj| 54,22 praevcanius mi || 25 mentes ms || 27 culpas relaxare fratri torri pere etiam inquietos non omitti, sicut scribtum est in margine | 30 speci» ms. 55,5 inbucs ms 1. Remarquons ici que les formulaires : à v de cette section, qui se son révélés très homogènes à l’analyse, sc trouvent dans le léonien immédiat ment à la suite les uns des autres. Ce formulaire XVllI-t a été utilisé par Gélase le 8 janvier 495. 2. Gélasc ne veut tromper scs adversaires ni dans l'affaire du clerc adt tire, ni en omettant d'éclairer leur conscience au sujet des Lupercali Mais il ne veut pas non plus $e laisser circonvenir par leur mauvaise foi. MESSE XVIII-I 195 MESSE XVIII-i ». [Oraison i] Dieu tout-puissant ct étemel, qui nous enjoignez de ne faire subir à personne ce que nous ne souhaitons pas qu’on nous fasse subir, faites, nous Vous en prions, que nous ne trompions pas les autres, ni que nous ne soyons joués par les tromperies d'autrui*. Par... [Oraison 2] O Dieu qui vous réjouissez de l'union sincère du genre humain, donnez-nous, nous Vous en prions, à nousmêmes de témoigner à tous une impartiale charité, et à ceuxlà de ne pas tout mettre en œuvre pour rendre le mal pour le bien *. Par... [Secrète] Notre offrande Vous est présentée. Seigneur ; et, afin qu’elle soit digne de paraître à vos yeux, que, grâce à Vous, nous le demandons, elle soit issue de la droiture de notre cœur. Par... [Préface] Il est vraiment digne (de Vous louer), Vous qui, nous instruisant par des règles de vie spirituelle, nous apprenez à remettre indéfiniment les offenses de ceux qui s'opposent à nous sans pourtant tomber dans leurs pièges ; à ne pas tenir compte des fautes tout en esquivant la malice en laquelle s’appliquent à persévérer ceux qui, sous prétexte de bienfait religieux 3 4, cherchent à nuire. Vous en effet, Seigneur, en nous envoyant au milieu des loups. Vous voulez que nous restions simples comme des colombes et que nous devenions avisés comme des serpents, non certes pour nuire à qui que ce soit mais pour nous garder soigneusement de la ruse des autres ; Vous nous formez à être doux envers tous mais en nous ordonnant aussi do réprimander les fauteurs de troubles. 3. Le mal, ce sont les injustes accusations des adversaires ; le bien est la défense faite aux chrétiens de participer aux Lupercales. 4. Les Lupercales sont une fête religieuse et leurs défenseurs prétendent qu’on leur doit de grands bienfaits. Cette expression sub specie gratiae est à rapprocher de celle de la préface de la messe XXVIIIl-xxit : sub specie religionis. SACRAM. LEON’., MENSE JULIO 55,6 Longe aliud quippe est contumeliam praeterire aliud ne per im­ providam benignitatem capiamur intendere quoniam et tua clementia ea lege nostros resolvit errores ut nos denuo ne deteriora subeamus errare prohibeat nec sibi quisquam aut non io cessum indicet luisse delictum aut laesum se fortassis exsistimet si facultas eidem potius subtrahatur subsiciva laedendi cum hoc ipso magnum beneficium talibus conferatur ut mali esse dedis­ cant vel impossibilitate peccandi per. Redemptionis nostrae munere vegetati quaesumus Due ut 15 hoc nobis perpetuae salutis auxilium fides semper vera perficiat per «. Salva quaesumus Due plebem tuam et benedictionis scae super eam effunde clementiam ut inter condicionis humanae et diabolicae fraudis incursus indulgentia tua laboranti continuata 20 succurrat per. a. Sabbato in Albis Λ/im. Jtam. (posicom.). 55,7 capiamus ms || 17 plevcm w || see »«. MESSE XVIII-I 197 Ainsi, c'est une chose de passer outre à l’outrage, c'en est une autre bien différente d’y faire attention afin de n'êtrc pas victime d’une imprévoyante bonté 12; votre clémence ellemême, en effet, a dissous nos erreurs en usant de cette règle que. pour que nous ne tombions pas dans le pire, elle nous empêche d’errer à nouveau, et que personne ne puisse décla­ rer que pour lui le péché n'a pas pris fin ni ne puisse peut-être s’estimer lésé si on lui enlève plutôt à lui-même tout loisir pos­ sible de mal faire, alors que par là on octroie à de tels gens le grand bienfait de leur désapprendre à être mauvais en les mettant dans l’impossibilité même de pécher 3. Par... [Postcommunion] Vivifiés par le don qui opère notre Rédemtion, nous Vous demandons, Seigneur, qu’une foi toujours conforme à la vérité en fasse pour nous une aide pour l'éternel salut. Par... Oraison sur le peuple] Nous Vous le demandons. Seigneur, sauvez votre peuple et répandez sur lui la douceur de votre sainte bénédiction afin que. parmi les assauts venant de la condition humaine et de la fourbe diabolique, votre bienveil­ lance le soutienne constamment dans ses difficultés. Par... t. Comme an début de la ineme préface, quelques lignes plus haut, Gélase déclare qu’il consent volontiers ύ pardonner l’outrage subi personnellement, mais qu’il ne peut le négliger à cause du danger caché que l’attitude de scs adversaires contient pour l’Église, 2. La Providence divine nous arrache au péché en nous enlevant le moyen même de le commettre ; ainsi personne ne peut plus dire qu’il peut encore pécher puisque la cause même, l’occasion de faire le mal, est sup­ primée. Gélase agit de même en interdisant â tout chrétien de participer aux Lupercales. 3. On ne peut porter atteinte au droit de quelqu’un en l’empêchant de faire le mal. Ιλ-s adversaires du pape, loin de sc sentir lésés, devraient reconnaître le bienfait qui leur est accordé. SACRAM. LEON., MENSE JULIO ig8 π. Item alia. 55.21 Adesto Due supplicationibus nostris et ut nos ab hostibus dignanter eripias a tibi non placitis prius moribus benignus emunda quia sine dubitatione defendes quos tuis perspexeris 25 convenire mandatis per. Ds qui prudentem sinceramque concordiam tuorum cordibus inesse voluisti da nobis legitimae dilectionis tenere mensuram ut qui a justae pacis puritate dissentiunt in nobis tamen quod merito debeant lacerare non habeant per. 30 Praesta nobis quaesumus Dite terrena despicere et amare caelestia ut per haec sacra quae gerimus et a transituris desi­ deriis expiari mereamur et incipiamus inhaerere perpetuis per. Vere digii qui sic rationabilem non deseris creaturam ut et quibus moilis placere tibi et qualiter jmssit impetrare quae poscit ostendas, praecipiens ut te principaliter toto corde venerantes consequenter et universos homines sicut nosmet ipsos tamquam 5 consortes nostri generis diligamus · tunc circa eos verum pro­ bantes affectum ut quemadmodum nos purgari desideramus a vitiis ita et eorum quos amamus optemus ». Quibus praeceptis duobus totam legem sine difficultate complentes bona prae­ sentia sumamus et aeterna per. 56.1 a. Cf. Matth. 22, 37-40 et Luc. 10, 27. b. Cf. Mactb. 7. 12 et Luc. 6, 3«· 55.28 juste ·/. ms ·/. pacis puritate in marg. 56,: pro dilectione fraterna orandum in margine || 2 inpctrarc ms || 8 conplentes wis 1. Ce formulaire a sans doute servi le dimanche 15 janvier 495. 2. Allusion probable à l'affaire du clerc adultère. 3. Les adversaires de Gélase qui l’attaquent injustement. MESSE XVin-Il 199 MESSE XVIII-11 ». Oraison 1] Soyez attentif. Seigneur, à nos supplications et, pour que votre bonté nous arrache à nos ennemis, qu’elle nous purifie d'abord des moeurs qui ne Vous plaisent pas », car Vous prendrez sans retard la défense de ceux que Vous aurez vus vivre conformément à vos commandements. Par... [Oraison 2] O Dieu qui voulez qu'une sage et sincère concorde emplisse les cœurs des vôtres, donnez-nous de garder la mesure d’un amour conforme à votre loi afin que ceux qui s'écartent 3 d'une paix juste et sans mélange ne trouvent du moins en nous rien qu’ils aient à juste titre le devoir de mettre en pièces*. Par... [Secrète! Accordez-nous. nous Vous en prions. Seigneur, de mépriser les choses terrestres et d’aimer les choses du ciel afin que, par la célébration de ces mystères, nous obtenions d'être purifiés des désirs qui passent pour commencer de nous fixer dans les désirs éternels. Par... [Préface] Il est vraiment digne (de Vous louer)... Vous qui, bien loin d’abandonner votre créature spirituelle, allez jusqu'à lui montrer par quels moyens elle peut Vous plaire et comment aussi elle peut obtenir ce qu'elle demande. Vous ordonnez en effet que. Vous vénérant de tout notre cœur Vous avant tout, nous aimions aussi en conséquence tous les hommes comme nous-mêmes en tant que membres de notre race humaine, prouvant la vérité de notre amour pour eux lorsque, de la même façon que nous désirons être lavés de nos fautes, nous souhaitons que soient aussi purifiés des leurs ceux que nous aimons s. Par ces deux commandements accomplissant ainsi toute la loi sans erreur possible, puissions-nous obtenir les biens de la vie présente et ceux de la vie éternelle. Par... I. Ici l’allusion à l’affaire du clerc coupable est évidente. Les adver­ saires du pape auraient beau jeu à l’attaquer s’il ne faisait pas son devoir en cette circonstance et laissait impunie cette faute d’Église. 5. Gélase instinctivement se met « du côté » du clerc coupable en disant : • nos fautes ». Mais < il aime > tout de même ceux qu’il appelait, dans l’oraison i, scs «ennemis». 200 56,io SACRAM. LEON., MENSE JULIO Da nobis Diie quaesumus ambire quae recta sunt et vitare quae noxia ut sca quae capimus non ad judicium nobis sed proficiant potius ad medelam per «, Tuere Due quaesumus famulos tuos et a terrenis erroribus expeditos ad virtutum tuarum fac instituta proficere sicque 15 temporalibus auxiliis foveantur ut magis gaudeant sempiternis per. «· Orationes ad Missas pro irreligiosis F (III-lxvih poste.). 56,12 medellam »ts. MESSE XVIH-Π 201 [Postcommunion] Donnez-nous Seigneur, nous Vous en prions, de tendre vers ce qui est droit et de nous garder de ce qui est nuisible, afin que les choses saintes que nous recevons ne tournent pas à notre condamnation mais plutôt à notre gué­ rison. Par... [Oraison sur le peuple. Veillez Seigneur, nous Vous en prions, sur vos serviteurs et faites que. débarrassés des erreurs ter­ restres, ils progressent dans les vertus qui viennent de Vous, et qu’ils soient favorisés des secours temporels de telle façon qu'ils se réjouissent plus encore des secours étemels. Par... 202 SACRAM. LEON., MENSE JULIO ni. Item alia. 56,17 Ecclesiae tuae Dûe voces placatus admitte ut destructis adversitatibus universis secura tibi serviat libertate per ·. 20 Praesta Dfie quaesumus ut toto tibi corde subjecti tumentium voluntatum respuamus adflatus per >. Hostias quaesumus Dûe nosirae devotionis assume et per sacrificia gloriosa subditorum tibi corda purifica per. Vere digü cujus inspiratione beatus Paulus apostolus cccle25 siae dicens : providentes bona non solum coram Deo sed etiam coram hominibus - evidenter ostendit non esse prorsus quo malis actibus vel in hac vita possimus abscondi dum te non latemus interius et extrinsecus humanos quoque non vitamus aspectus. Nihil ergo juvat cos qui dedecora sua notasque non jo cernunt et quia ipsi se non vident aestimant nec ab aliis se videri. Cum enim idem clamat apostolus quae secundum facien sunt videte » quemadmodum se celare posse confidunt qui sicu scriptum est per dulces sermones suos seducentes corda « fallaci 57, r et sicut evangel iunx ait Xrum in cubile requirentes ■· palam mani a. Contra persecutores Ecclesiae Λ/iss. Rom. (or.). Missa contra judict male agentes P (Ul-txiti or.}. $. Item alia Missa V (111-cxtv or.}. a. Cf. Rom. 12, Matth. 24, 26. b. II Cor. to, 7. c. Cf. Rom. 16, 18. d. C 56,22 adsume ms |] 24 arguit improbos sed et orat pro eis in margine 26 homibus ms '| 29 jubat ms | 33 scribtum ms. e 57, t cubilis ms 1. Ce formulaire de messe a servi le dimanche 22 janvier 495. La dat des Lupercales approche (15 février) et Gélase ne voit pas s’affaiblir l’obsl nation des chrétiens qui veulent y participer : d'où sa violence, 2. Les adversaires du pape pouvaient aisément se reconnaître dans ce portrait qui définit leur attitude spirituelle MESSE XVni-IH 2OJ MESSE XVIII-ni ». [Oraison i] Accueillez avec clémence, Seigneur, les prières de votre Église afin que, une fois détruite la totalité de ses adversités, elle Vous serve dans une liberté sans menaces. Par... Oraison 2] Faites, Seigneur, nous Vous en prions, que, soumis à Vous de tout cœur, nous puissions repousser les exhalaisons des volontés gonflées d'orgueil 2. Par... [Secrète! Recevez, nous Vous en prions, Seigneur, les offrandes de notre piété et, par le moyen de ce glorieux sacrifice, puri­ fiez les cœurs de ceux qui Vous sont soumis. Par... [Préface] Il est vraiment digne (de Vous louer).... Vous sous l'inspiration de qui le bienheureux apôtre Paul déclare à l’Église : « Veillez à faire le bien non seulement devant Dieu mais aussi devant les hommes », montrant ainsi avec évidence que, même en cette vie. nous n’avons absolument aucun moyen de nous cacher de nos mauvaises actions puisque, audedans, nous ne Vous sommes pas cachés et que, extérieure­ ment, nous n’évitons pas non plus le regard des hommes. Rien par conséquent ne vient avantager ceux qui ne per­ çoivent pas leurs propres infamies ni leurs taches et qui, parce qu’eux-mêmes ne se voient point, estiment qu’ils ne sont pas vus non plus des autres *. Dès lors en effet que le même apôtre crie : « Regardez en face ce qui se voit », comment ont-ils es­ poir de pouvoir se cacher eux qui, au moyen de leurs discours doucereux, comme il est écrit, égarent les cœurs en les trom­ pant. qui cherchent le Christ dans un endroit retiré *, comme le dit l'Évangile, et qui font connaître publiquement et ouver{. Les adversaires ne voient pas leurs propres erreurs et péchés, et la fin de la préface dira de cet aveuglement qu’il est déjà châtiment de Dieu, la lettre de Gélase, dont le premier paragraphe dénonce le même aveu­ glement, témoigne tout entière de cette même incapacité de comprendre, doublée d’obstination à se justifier (L ro, 21). 4. Voir note de l'introduction, p. 95. 204 SACRAM. LEON., MENSE JULIO 57,2 fcsteque declarant quid et dictis exsequantur et factis. Nec eos fulcit aut munit quia ut se velare contendant volumina divina percurrunt cum per haec ipsi potius improbos mores suos et 5 profiteantur et damnent nescientes quod traduntur in reprobum sensum ut faciant quae non conveniunt * jam de poena divini venire judicii. Quapropter hujusmodi declinantes actu et solo miserantes quo debemus affectu et ideo etc. Annue quaesumus Dne Ds noster ut per hoc tuae sapientiae io sacramentum circumspecta moderatione vivamus per. Da ecclesiae tuae Dne non superbe sapere t sed in tibi placita humilitate proficere * ut proterva despiciens et matura quaeque desiderans exerceat liberam caritatem per. e. Rom. i, 28. /. Cf. I Tim. 6,17. 57,4 inprobos ws '| :i superbae «s. g. Ct. Rom. 12, MESSE XVHI-HI 205 tentent le but qu'ils poursuivent en paroles et en actes. Et cela ne les soutient pas ni ne les protège, dans leur effort pour se dissimuler, de parcourir les Livres divins 12* puisque, par l'intermédiaire de ces textes, eux-mêmes confessent au con­ traire et condamnent leurs mauvaises mœurs, ne sachant pas que d'etre ainsi livrés à ce jugement faussé qui leur fait faire ce qui ne convient pas leur vient déjà du châtiment porté par le jugement de Dieu. C'est pourquoi, nous détournant d’une conduite de cette sorte et pleins de cette pitié qui doit seule nous animer 8, c'est ainsi que... etc... ■Fostcomniunion] Nous Vous en prions, Seigneur notre Dieu, accordez-nous de trouver dans ce sacrement issu de votre sagesse le moyen de vivre avec une prudente mesure. Par... [Oraison sur le peuple] Donnez à votre Église, Seigneur, de ne pas avoir l’esprit d’orgueil mais d’avancer dans l’humilité qui Vous plaît afin que, méprisant ce qui manque de mesure et désirant tout ce qui est sage, elle fasse preuve d’une libre charité. Par... 1. Lire l'Écriturc est le devoir de tout chrétien. Si les adversaires de Gélase lisent les Écritures, c’est pour agir en chrétiens et le paraître, alors que leur at lâchement aux Lupercales fait qu’ils tic le sont plus en fait. Dés lois ce qu’ils lisent condamne ce qu’ils font. 2. Plus violent de ton que les précédents, ce formulaire est aussi plus pessimiste dans toutes ses prières : Gélase n’y souhaite pins la conversion de sc. adversaires, mais se détourne d’eux et les plaint. 2Ob SACRAM. LEON., MENSE JULIO «Π. Item alia. 57,14 15 Absolve Dite quaesumus iniquitates nostras et ut tua dona mereamur percipere fac nos amare justitiam per. Concede nobis Due Ds noster ut et te tota mente veneremur et omnes homines rationabili diligamus affectu per. Consecra quaesumus Dfte quae de terrenis fructibus nomini 20 tuo dicanda mandasti ut et gratam tibi nostram facias servi­ tutem et sacramentum nobis perpetuae salvationis instituas per. Vere dign qui fideles tuos mutua faciens lege concordes, veram pacem tuam tali foedere nexuisti ut nec alteri quis­ quam moliretur infligere quoti sibi nollet inferri · et bona quae 25 suis utilitatibus tribui cupiret a consorte natura haec eidem ipse quoque praestaret quatenus dum per alterutram pietatem se repperiunt communes in singulis fieret semet ipsam diligens esset mens una cunctorum per. Satiati participatione caelesti et gratias tibi referimus Due 30 DS noster et ut nobis liat perpetua deprecamur per. 58,i Beneficiis tuis Dne quaesumus populus fidelis semper ex­ sultet ut te instruente dispositus et conversatione tibi placeat et quae votis expetit salubriter .assequatur per. a. Cf. Tob. 4, 16; Matth. 7, 12 et Lue. 6, jr. 57.22 orandum pro iis qui malevoli sunt »n margin* || 25 naturae legit Mohlberg |j 27 fieres m$. 58,3 adsequatur ms. 1. Ce formulaire de messe a servi le dimanche 29 janvier 495. Toujours en butte aux attaques de ses adversaires et voulant encore justifier son interdiction faite aux chrétiens de participer aux Lupercales, Gélase rap­ pelle une fois de plus les grandes lois de charité cl d’unité. 2. Ces iniquités dont Gélase accepte de partager la responsabilité sont sans doute allusion à la faute du clerc. 3. Ιλ! mot rationabilis (déjà rencontré dans la préface de la messe XVIIIU, dont la présente oraison redit la leçon essentielle) a dans le latin clas sique, dans des contextes souvent juridiques ou philosophiques, le sens d< MESSE XVHI-IIII 207 MESSE XVIII-uu x. [Oraison i] Nous Vous en prions. Seigneur, absolvez nos ini­ quités 1 et, pour que nous méritions de recevoir vos dons, faites-nous aimer la justice. Par... [Oraison 2) Accordcz-nous, Seigneur notre Dieu, et de Vous vénérer de toute notre âme, et d'aimer tous les hommes d’un amour spirituel s. Par... [Secrète] Nous Vous en prions, Seigneur, consacrez ces pro­ duits de la terre que Vous avez ordonné de dédier à votre Nom, afin de Vous rendre agréable notre service et de prépa­ rer pour nous le sacrement du salut sans fin. Par... [Préface] Tl est vraiment digne (de Vous louer)..., Vous qui, établissant vos fidèles dans la concorde en les obligeant à la réciprocité, avez lié la paix véritable qui est vôtre à cette clause que personne ne chercherait à infliger à autrui ce qu'il ne voudrait pas qu’on lui fît à lui-même, et les biens que chacun souhaiterait que son semblable lui accordât pour son profit personnel, qu'il les lui procurât lui-même également, à tel point que, trouvant leur unité par l’un ou l’autre de ces égards, il arriverait qu’eux tous ne fussent qu’une seule âme s’aimant elle-même en chacun d’eux Par... ■postcommunion] Rassasiés par la céleste communion, nous Vous en rendons grâces. Seigneur notre Dieu, et nous Vous demandons qu'elle devienne pour nous la communion éter­ nelle. Par... .Oraison sur le peuple] Que votre peuple fidèle, nous Vous en prions, Seigneur, se réjouisse toujours de vos bienfaits, afin que, établi dans l’ordre par vos propres enseignements, il Vous plaise par sa conduite et obtienne pour son salut ce qui fait l’objet de ses vœux. Par... raisonnable, conforme à la raison. Dans la langue chrétienne, il en est venu à signifier simplement : spirituel. C’est du moins l’opinion de Dom B. Botte ("Ordinaire de la Afrsw, o/>. ci/., p. : 17-122). Ce dernier sens convient mieux au texte présent. 4. Peut-être allusion λ un texte de saint Augustin : kwms Christus amans seipsum (ln Epistolam Joannis, tract. X, P. !.. 35, col. 2055). 2OS 58.4 5 SACRAM. LEON., MENSE JULIO v. Item alia Omp semp Ds qui superbis resistis et gratiam praestas humilibus “ tribue quaesumus ut non indignationem tuam pro­ vocemus elati sed propitiationis tuae capiamus dona subjecti per ·. Majestatem tuam Dûe supplices exoramus ut nec terreri xo nos lacerationibus patiaris injustis nec captiosis adulationibus inplicari sed potius amare concedas qui veraciter arguunt quam qui fallaciter blandiuntur per f. Offerimus libi Due munus quod sicut duplici sumentes corde condemnat ita sincera capientes mente justificat per. Vere digô qui nos sic pietate pariter atque justitia vis esse perfectos » ut et cautelae nostrae non desit socianda benignitas et indiscreta non subripiat facilitas caritati. Praecipis enim ut pro nostris oremus inimicis pro calummantibus * supplicemus nec desinamus misericordiam tuam persequentibus inpetrarc : non 20 utique ut in iisdem nequitiis perseverent quia hoc imprecari est potius quam salutaria postulare sed ut ab his iniquitatibus ex­ pediti ad modesta sese sanaque convertant. Cum enim docente te Dflc probos mores nobis optare debeamus tunc proximos nostros sicuti nosmet ipsos vere diligimus < si eis quae nos 25 habere cupimus expetamus per < 15 a. Orationes in contentione ad Missas lz {Ill-ι,χν or.}. Ji. Ci. Orationes ad Missam contra obloquentes f' (Ill-txvn or.}. a. Cf. I Petri 5, 5 Jac. 4,6. b. Cf. Mat th. 5,44-4819, 19. d. Cf. Matth. 7, 12 et Luc. 6, 31. c. Cf. Matth. 58,5 non esse elatos in margine 9 contra lacerantes vel adulantes in marg. || 13 pro duplici corde :u marg. | 15 orandum pro persequentibus »» marg. | adque legit Molhberg ,| 20 hisdein ms |j impraccari ms | 22 ses naque 1. Ce formulaire de messe a servi le dimanche 5 février 495. 2. Le verbe correspondant lacerare est celui qu’emploie Gélase. au u° de sa lettre, pour désigner l’action de ses adversaires. 209 MESSE XVII1-V MESSE XVIII-v [Oraison 1] Dieu tout-puissant ct étemel, qui résistez aux su­ perbes et donnez votre grâce aux humbles, accordcz-nous, nous Vous en prions, de ne pas attirer votre colère par notre orgueil mais d'obtenir les bienfaits de votre sollicitude par notre soumission. Par... ’Oraison 2] Seigneur, nous prions en suppliant votre majesté de ne pas souffrir que nous soyons effrayés d'être injustement critiqués *, ni que nous soyons circonvenus par de captieuses flatteries, mais de nous accorder de préférer ceux qui accusent véridiquement à ceux qui flattent en mentant ’. Par... [Secrète Nous Vous offrons, Seigneur, un présent qui con­ damne ceux qui le prennent avec un cœur double *, comme il justifie ceux qui le reçoivent avec une âme loyale. Par... [Préface] 11 est vraiment digne (de Vous louer).... Vous qui nous voulez parfaits en bonté tout autant qu’en justice de telle sorte qu’à notre prudence ne fasse pas défaut la bienveil­ lance qui doit l’accompagner ni qu’une indulgence sans discer­ nement ne surprenne notre charité 5. Vous nous ordonnez en effet de prier pour nos ennemis, de supplier pour ceux qui nous calomnient et de ne pas cesser d'obtenir votre pitié pour ceux qui nous persécutent : non certes pour qu'ils persévèrent dans les mêmes dérèglements — car c'est souhaiter du mal au Heu de demander ce qui est salutaire — mais pour que, délivrés de ces iniquités, ils se tournent vers ce qui est mesuré et sain. Puisqu'on effet nous devons, selon votre enseigne­ ment. Seigneur, souhaiter pour nous de bonnes mœurs, c'est alors que nous aimons vraiment notre prochain comme nousmêmes quand nous réclamons pour lui ce que nous-mêmes désirons avoir. Par... 3. Celui qui accuse véridiquement est Gclase lui-même. Ceux qui flattent en mentant ct usent de captieuses flatteries, ce sont ses adversaires quand ils invitent les chrétiens â participer aux Lupercales. 4. Les partisans des Lupercales ont vraiment un cœur double, eux à qui Gélase dira, dans SA lettre : net chrittiani, nec pagans (L 19, 5. Bonté ct charité pour pardonner les injures personnelles et prier pour les coupables, niais prudence ct discernement pour déjouer le danger qu’ils représentent ct tenter de les convertir. Lettre et Messes. »4 210 58.26 SACKAM. LEON., MENSE JULIO Recreati Dnc sacri muneris gustu quaesumus non inde sumentibus nobis vertatur ad poenam sed fideliter libantibus prosit ad veniam per r. Tua Dfte protectione confidens benedictionem suppliciter 3O imploratam devota tibi familia consequatur ut tuo secura muni­ mine nec temporalibus destituatur auxiliis et bonis aptetur aeternis per. γ. Ci. infra XVllbxxitll (poslcotn.). 58,26 quaesumus Due wis '| 27 ponam mt || 3« inploralam «w. MKSSE XVHI-V 211 [Postcommunion] Restaurés par la réception de ce don sacré, nous Vous demandons. Seigneur, que pour nous qui en avons pris notre part il ne tourne pas au châtiment, mais qu'il serve au pardon de ceux qui l'ont goûté avec foi Par... [Oraison sur le peuple] Parce qu'elle se confie en votre protec­ tion, Seigneur, que cette famille qui Vous est consacrée ob­ tienne la bénédiction humblement implorée afin que, en sûreté sous votre défense, elle ne soit pas frustrée des secours tempo* rois et soit préparée aux biens étemels. Par... i. Le mot fideliter s’oppose aux duplici sumentes corde de la secrète. 212 SACRAM. LEON., MENSE JO 1.IO g0fI4 15 vni. Item alia. Ab omnibus nos quaesumus Dite peccatis propitiatus absolve et eos qui nos impugnare nituntur expugna per. Comprime Dne quaesumus os iniqua loquentium - et eos qui nos moliuntur insimulare confuta per. Quaesumus Dne D$ noster ut per haec caelestis vitae com20 mercia declinantes laqueos falsitatum ad veritatem tuam con cessae nobis divinitus viae tramite dirigamur per. Vere eligit qui famulos tuos informare dignaris ut non tam nos exagitet inepta laceratio superborum quam potius moveat miseratio lacerantum quoniam sicut nos convenit praecavere ne 35 veraciter impetamur sic eorum qui a veritate sunt devii flere debemus interitum quaesumus vel illis correctionem suppli­ citer exorando subvenire possimus vel nobis fructum pietatis adquirere per. a. Cf. Ps. 62 (63), r». 60.16 inpugnarc ms '| 17 Cor.prime Due quaesumus ds iniqua w | iS muliuntur wis |' 20 laquaeos nw || 21 concessa nobis divinitus via et tramite scripsit Fcltoc jl 22 pro lacerantibus orandum m margine : pro lace­ rantes legit Mohlberg '| 23 superborum ms i' 25 inpetauiur n;x 1. Cctte messe a été lue le : autres 1 », afin que nous jouis­ sions du don divin avec des âmes purifiées. Par... [Oraison sur le peuple] Tendez votre droite, nous Vous en prions. Seigneur, au peuple qui implore votre miséricorde ; que par clic il écarte l'effroi 2 qui vient des hommes, reçoive les secours pour cette vie mortelle et entre en possession des joies éternelles. Par... 1. Nous rencontrons ici pour la première fois une très caractéristique expression des messes que nous étudions. Au premier abord, elle est pour le moins étonnante : on demande à Dieu d’absoudre les chrétiens des fautes des « autres · ! Il faut donc, que ces fautes « étrangères » aient quelque rap­ port avec l’Église. Or c’est précisément le cas : l’expression alienis delic­ tis désigne des actes de païens (exactement la célébration des Lupercales, qui appartient de droit aux païens, cf. la lettre : soli hoc pagani, quorum rilus est, exsequantur, L 30) exécutés par des chrétiens. Gélase, par la suite, soulignera souvent cette grave opposition : proprius-alienus, nosler-exlermus. Il considère en effet que des chrétiens qui retournent à un culte païen ne sont plus d’Église : leur séparation d’avec le Corps du Christ est abso­ lue (cf. L 7 et 9}. Ils « cessent · d’etre chrétiens en posant un acte auquel un chrétien a renoncé λ son baptême. L'Église — qui est une — ne recon­ naît plus pour ses propres enfants ceux qu’elle voit commettre des actes de païens, les actes des « autres ». Par la suite, nous verrons que quelques-unes de ces expressions sont rémi­ niscences du Ps. 18 (rq), 13-14 (messes XXVIllI-xx et xxti). 2. Cet effroi est le fruit des menaces des adversaires de Gélase. I 216 66,24 25 SACRAM. LEON., MENSE JULIO xviii. Item alia. Omp semp Ds da nobis voluntatem tuam fideli mente reti­ nere et pia conversatione depromere ut ecclesia tua a profanis vanitatibus expiata non aliud profiteatur verbis aliud exerceat actione per «. Exaudi nos Dne T)s noster et a pravitatibus mundi tuorum 30 discerne corda fidelium ut qui Diim sua voce pronuntiant in diabolicam non reccidant servitutem per. Ut tibi grata sint Dne munera populi tui ab omni quaesumus cum contagio perversitatis emunda nec falsis gaudiis inhaerere patiaris quos ad veritatis tuae praemia venire promittis per ’. Vere digit qui ecclesiam tuam a diabolica simulatione vis 5 esse purgatam atque ut a fictis sincera discernas ex operum qualitate fructus intclligi praecipis voluntatum <· ad te pertinere a. Prohibendum ab Idolis V (I-x or.), β. Ibid, secret. a. Cf. Maith. 7, :6 ct 20. 67,3 promittit >ns ,| 5 adque iegil Mohlberg 1. Ce formulaire, du lait de la vacance du a® dimanche de Carême, a dû être utilisé le 3e dimanche, soit le 26 février 495. La fête des Lupercales a eu lieu comme d’habitude ct des chrétiens y ont encore pris part. Tous les formulaires de messes vont désormais porter la trace de <# scandale. 2. A plusieurs reprises dans ce formulaire, Gélase va demander il Dieu que son Église {ou bien ses fidèles, ou bien sou peuple) soit délivrée de la souillure du paganisme. Sous ers termes : ecclesia, fidelium, populi, Gélase désigne donc l’Êglise en tant que coupable, par conséquent les chrétiens qui ont participé aux Lupercales. Dans tous ces cas (or. or. 2, secrète, or. sur le peuple), Gélase désigne eu bloc ces coupables, sans faire de dis­ tinction entre eux. et il souhaite le retour de tous. Dans d’autres cas, au contraire {comme dans la préface ou la postcom.), il condamnera certains MESSE XVIII-χνπΐ 217 MESSE XVIII-xvm ». [Oraison i] Dieu tout-puissant et étemel, donnez-nous de gar­ der votre volonté avec une âme fidèle et de la traduire dans une pieuse conduite, afin que votre Église -, lavée des vains cultes païens, ne confesse pas une chose en paroles 3 et ne fasse pas autre chose dans la pratique. Par... Oraison 2] Écoutez-nous, Seigneur notre Dieu, et séparez des égarements du monde les cœurs de vos fidèles, afin que ceux qui de leur voix proclament le Seigneur ne retombent pas dans l'esclavage du démon «. Par... [Secrète] Pour que Vous soient agréables. Seigneur, les pré­ sents de votre peuple, purifiez-le, nous Vous en prions, de toute atteinte de la perversion et ne souffrez pas que s'at­ tachent aux joies trompeuses 3 ceux qui ont votre promesse de parvenir aux récompenses que procure votre vérité ·. Par... [Préface] 11 est vraiment digne (de Vous louer).... Vous qui voulez que votre Église soit purgée des contrefaçons diabo­ lici ties 7 et qui. afin de distinguer l'authentique du simulé, ordonnez d’apprécier à la qualité des œuvres les fruits des vod’entre eux sans appel. Cette distinction entre des coupables définitivement endurcis et d'autres coupables qui se convertiront et reviendront à l’Église va aller en s'accentuant dans toute la suite des formulaires. 3. Allusion claire à la profession de foi baptismale des chrétiens cou­ pables. De même dans l'oraison suivante : qui Dn>n jim voce pronuntiant. L'accord avec la lettre est parfait. 4. Retourner au paganisme quand on est chrétien, c'est proprement retomber dans l’esclavage du démon. L'oraison sur le peuple redit la même vérité. 5. Ces joies trompeuses sont les réjouissances grossières des Lupercales. 6. Allusion aux catéchumènes, en joute vers leur baptême. Le. verbe traire est peut-être intéressant dans une telle allusion : dès le 3e siècle en Afrique (chez saint Cyprien par exemple) entrer au catéchuménat se disait: traire ad Christum, venire ad Ecclesia»:. Cf. messe XVIII-xx, préface, Û9.5. 7. Le paganisme est une fausse religion, une contrefaçon de religion, la religion du démon ; il faut savoir distinguer l'authentique du simulé. 2l8 SACRAM. I.EON., MENSE JULIO 67.7 non reputans quos vel dissimulare quae tua sunt vel his contraria perspexeris operari. Unde benedicimus tc Diic tcque debita ser­ vitute laudamus per. ιυ Adesto nobis omp et misericors Ds et sacramenta quae sumpsimus nec nostris excessibus nec alienis permittas violari peccatis per. Gregem tuum Diie Pastor bone * placatus intende et oves quas pretioso sanguine redemisti diabolica non sinas incursione 15 lacerari per τ. γ. Fcria Hcbdom. quinta V (Ι-χχνιπ ad. pop. ). Ordo agentibus publi­ cam poenitentiam V (I-xxxix ad pop.) Item Benedictiones super pupulum post communionem V (ΤΠ-χνιι). b. Cf. Jo. 10, ii. 67,11 alienis nos permittas |1 14 practioso m$ || rediraisti ms. MESSE XVIlt-XVlH 219 lontés \ ne comptant plus comme rattachés à Vous 2 ceux que Vous avez vus clairement négliger ce qui est vôtre ou faire ce qui y est contraire. C’est pourquoi nous Vous bénis­ sons, Seigneur, et Vous louons en Vous servant comme il se doit. Par... 'Postcommunion] Assistez-nous, Dieu tout-puissant et misé­ ricordieux, et ne laissez souiller les sacrements que nous avons reçus, ni par nos excès propres, ni par les péchés des « autres » Par... [Oraison sur le peuple] Seigneur, bon Pasteur, prêtez à votre troupeau une attention clémente et ne permettez pas que les brebis déjà rachetées par votre sang précieux * soient mises en pièces par l'incursion du démon. Par... 1. Si l'on peut désormais apprécier à la qualité des résultats la valeur de cc à quoi s'obstinent les adversaires de Gélase, c'est que les Lupercales ont tu Heu. Effectivement elles ont été célébrées, et la messe XVIII-xx détail­ lera ces scandaleux résultats. 2. Ici le langage de Gélase est beaucoup plus dur qu'il ne l'était dans les trois premières oraisons. Le pape vise des chrétiens plus gravement cou­ pables et endurcis, ceux auxquels s'adressait sa lettre ; il déclare à leur su­ jet qu'ils ne sont plus rattachés à Dieu .’ Par la suite, ceux-là refuseront toujours de se repentir. 3. Ces « autres » sont encore les adversaires endurcis du pape qui ont cessé «l'être d’Eglisc et d’appartenir à Dieu. (Cf. messe précédente, n. 1, p. 8x5). Notons que dans tous les formulaires, alienus et externus qualifient toujours des fautes, des péchés, des déviations. Une fois seulement nous avons laissé à alienus h· sens plus simple d'« autrui », dans l'expression dolos alienos (messe XVIII-t préface) ; encore est-il pennis de penser que ces ■ autres » que nommait alors Gélase et qui sont ses adversaires étaient bien déjà hors de l'Église. 4. Autre façon pour Gélase de désigner les baptisés, pour qui le Christ a répandu sou sang (cf. messe XVIII-xx préface : pro çuibus Xrus est >norluus). Les catéchumènes, eux, n'ont pas encore profité de la Rédemption. 220 63.3 SACRAM. LEON., MENSE JULIO xx. Item alia. Exaudi Due preces nostras ct celeri nos propitiatione laeti5 fica per. Intende Dne quaesumus supplices nos ct pariter nobis indulgentiam tribue benignus et gaudium per. Hostias Dne suscipe placatus oblatas quas scificando nobis quaesumus efficias salutares per. Vere digit qui caelestibus disciplinis ex omni parte nos instruens qualiter a fidelibus tuis falsos fratres · discerneremus ostendens Unigeniti tui voce pronuntias : ex fructibus eorum cognoscetis eos * De his sunt enim inflati sensu camis suae et non tenentes caput «. De his sunt qui terrena sapientes ■* ideo ‘5 deprecandum te verba fastidiunt quia animales atque carnales quae sunt spiritus Dei stulta mente non capiunt *. De bis sunt reprobi circa fidem f quam nescientes quae loquantur neque de quibus adfirrnent t saepe subvertere * conati sunt et conantur. k> n. Cf. Gal. 2, 4. b. Matth. 7. 20. e. Coi. 2, 18-19. d. Cf. Phil. 3, 19. e. Cf. I Cor. 2, X4· /· Π Tim. 3, 8. g. I Tini, x, 7. h. Cf. Ii Tim. 2, 18. 68,:o dc falsis fratribus in margis : de falsos fratres MoUberg i| dens ms '| tua ws '| 13 cognoscitis osten­ ! 15 dc fastidiosis in marg. ,| fas· tidunt mi || animalis me | carnales ms |' 18 sepe ms x. Ce formulaire a été lu le 4· dimanche dc Carême 195, soit le 5 mars. 2. Gélase implore le pardon divin dans les trois premières oraisons dc cette messe (propitiatione, or. 1, indulgentiam, or. 2. pï-rcafas, salutares, secrète). Il le fait au nom des chrétiens tombés qui se repentent. Les deux premières oraisons mentionnent également la joie qui suivra ce pardon [laetifica, gaudium). 3. L’expression caelestibus disciplinis désigne les Écritures, qui suffisent à toute instruction, ct ici plus précisément les Évangiles, puisqu'il s’agit des paroles du Christ et qu'on en cite un passage. 4. Gélase, dans l’expression /aisos iraires, désigne les chrétiens cou­ pables ct les distingue des fidèles qui n'ont pas participé aux Lupercales. MESSE χνηι-χχ 221 MESSE XVIII-xx *. [Oraison i| Écoutez favorablement. Seigneur, nos prières, et réjouissez-nous par une prompte sollicitude 2. Par... [Oraison 2] Seigneur, nous Vous en prions, soyez attentif à nos supplications et accordez-nous aussi dans votre bonté le pardon et la joie Par... Secrète] Seigneur, recevez avec clémence les offrandes que nous Vous présentons et, en les sanctifiant, rendez-les nous salutaires, nous Vous en prions par... [Préface] Tl est vraiment digne (dc Vous louer).... Vous qui, nous instruisant de multiples façons par des enseignements spirituels 3 ct nous indiquant comment nous distinguerions les faux-frères des fidèles restés vôtres 4, avez proclamé par la voix de votre Fils unique : ··. Vous les connaîtrez à leurs fruits. » Ceux-là en sont, en effet, qui sont gonflés d’orgueil dans leurs pensées charnelles et n’adhèrent plus à la Tète 5. Ceux-là en sont qui, pleins de goût pour les choses terrestres, n’ont pour cette raison que répugnance pour les paroles de ceux qui Vous prient ". car ceux qui sont brutaux et charnels ne saisissent pas dans leur esprit stupide ce qui est de l’esprit dc Dieu. Ceux-là en sont qui, perdus pour ce qui est dc la foi 7, souvent se sont efforcés et s'efforcent dc la renverser, sans savoir ni ce qu'ils disent, ni ce sur quoi ils dogmatisent. Ceux-là Il est clair pourtant, vu lu dureté de ton dc toute la préface, qu'il vise les coupables obstinés. L'emploi de frater au sens dc frère chrétien ne se renciintre que trois fois dans le léonien, ct uniquement dans la présente pré­ face, 5. Ils n'adhèrent plus au Christ. Echo dc la préface dc la messe précé­ dente : ad te pertinete, non reputans. 6. Ces «paroles» de ceux qui prient Dieu ne seraient-elles pas la let Ire dc Gélase, restée sans effet ? 7. Leur fol chrétienne a perdu toute valeur puisque, après avoir confessé la vérité au baptême (comme le soulignait la lettre), ils ont redonné leur confiance au paganisme. Voulant concilier foi chrétienne ct paganisme, ils ne sont plus ni chrétiens, ni païens, ils ne peuvent · tenir les deux rôles tant ils sont opposés l'un à l'autre » (L >9). Mais, ce qui est plus grave en­ core, ils ont voulu entraîner les autres (la suite dc la préface y insiste) et ont fait œuvre dc scandale. 222 SACRAM. LEON., MENSE JULIO 68,19 De his sunt subdoli operarii * qui introeunt explorare ecclesiae 20 libertatem quam habet in Xro ut eam secutu in turpem redigant servitutem f. De his sunt qui penetrant domos et captivas ducunt mulierculas oneratas peccatis * non solum viduarum facultates sed devorantes etiam maritarum '. Isti jam nec justos appetunt se videri nec saltem deforis sunt vel dealbati vel loti sed palam 25 pudore calcato de pravis conversationibus suis etiam gloriantur et domi forisque spurcitiam contrahentes non tam referti sunt ossibus mortuorum quam. magis ipsi sunt mortui m. Quibus 69,i evangelica sententia convenienter exclamat : si lumen quod in te est tenebrae sunt ipsae tenebrae quantae suntn. Nam cum in his quae videntur obscura sint ct malae famae nigra dedecore satis evidenter apparet haec eos in occulto gerere quae etiam 5 turpe sit dicere Isti non solum ad luam gratiam venientes sui foeditate deterrent sed etiam intrinsecus fratribus constitutis pro quibus Xfus est mortuus offendiculum suae perversitatis oppo­ nuntl’. Tales cavere nos jubes per apostolum tuum docens : separate vos ab omni fratre inordinate ambulante’. Et ea nos 10 praecipis operari quae videntes cuncti vere fideles tui te caelestem i. II Cor. xr, 1 j. j. Cf. Gal. 2, 4. k. II Tim. 3, 6. I. Cf. Matth. 23, 14. w». Cf. Mattb. 23, 27. n. Matth. 6, 23. o. Ephes. 5, 12. ρ. I Cor. 8, 9 et ii. i- Ci. II Thess. 3, 6. 68,19 de subdolis s« marg. || 22 honoratas xms ,| devoratores viduarum et maritarum in wuirg. || 24 saltim »is, 69,8 subversores fratrum cavendum a talibus in merg. x. Idées classiques quand i) s’agit du paganisme : l’attachement au Christ est liberté, rattachement aux démons est esclavage. 2. I-c terme oouius est particulièrement intéressant. Sans doute il entre ici dans la citation textuelle de II Tim. 3, 6. On le lit cependant deux lois dans cette préface et il désigne (ce sont les deux seuls exemples de cet emploi dans le léonicn) les maisons d’habitation, les demeures privées. Pour nous, il rappelle irrésistiblement les premiers mots de la lettre de Gélasc : sedent guidant in domibus suis, comme aussi Xrum in cubile requi­ rentes de la préface XVIII-m. Ici, l’auteur s’ensert pour comparer ce qui se passe dans les maisons, d’une façon privée, cachée (rfowrns, «’oui:, in oc­ culto) et ce qui apparaît publiquement, au dehors, ce qu’on voit (deforis, MESSE XVHI-XX 22 3 en sont, ces fourbes ouvriers qui entrent dans l’Église pour éprouver la liberté dont elle jouit dans le Christ, afin de la ramener avec eux dans leur honteux esclavage Ceux-là en sont qui pénètrent dans les maisons2 et réduisent en esclavage des femmelettes 2 chargées de péchés, dévorant non seulement le bien des veuves mais aussi celui des femmes mariées. Ces gens-là, désormais, ne travaillent plus à paraître justes 4, ni ne sont, même extérieurement, blanchis ou lavés; au contraire, piétinant publiquement toute pudeur, ils vont jusqu’à se glo­ rifier de leur conduite dévoyée ct, drainant la fange à la mai­ son comme au dehors, ils ne sont pas tant remplis d'ossements de morts que plutôt morts eux-mêmes. A leur sujet la maxime évangélique proclame opportunément : « Si la lumière qui est en toi est ténèbres, que sont alors tes ténèbres ! » Si en effet dans ce qu'on peut voir règne l’obscurité et la noirceur qui résulte de la honte d’une mauvaise réputation, il est suffi­ samment évident qu'ils font dans le secret ces choses qu’il est honteux même de dire. Ces gens-là non seulement détournent par leur laideur ceux qui s'approchent de votre grâce s, mais encore, à l’intérieur de l’Église, font buter contre le scandale de leur perversité les frères déjà agrégés pour qui le Christ est mort. Vous nous commandez de nous défier de tels gens, en nous enseignant par votre apôtre : « Séparez-vous de tout frère qui marche dans le désordre «, ct Vous nous ordonnez de produire des œuvres telles qu'à leur vue tous ceux qui sont vraiment vos fidèles Vous louent ct Vous exaltent. Vous le falam, iorisque, in his quae vidtnlur}. Or les Lupercales comportaient la publication, la mise en chansons de fautes cachées et honteuses, commises dans le secret ct que la pudeur interdit habituellement de révéler (L zo). 3. Cf. le rôle des femmes dans la fête des Lupercales, p. 33. 4. Les adversaires de Gélase, avant la fetc, essayaient encore de justi­ fier leur position aux yeux de l’Eglise (ci. messe XVIII-iu, préface) : ils discutaient argument par argument avec Gélase, la lettre en témoigne. Mais, en participant aux Lupercales, ils ont perdu toute possibilité de pa­ raître justes car leur corruption a éclaté au grand jour : ils ne sont même plus des sépulcres blanchis ! 5. Allusion claire aux catéchumènes, que Gélase distingue nettement des < frères déjà agrégés, qui sont Λ l’intérieur de l’Eglise, pour qui le Christ est mort », ct qui sont les baptisés. Cf. aussi n. 6, n. 231. 224 SACRAM. LEON., MENSE JULIO 69,11 Patrem conlaudent atque magnificent ' a quo rationabilis con­ scientiae bonaeque famae donum omne perfectum optimumque descendit · per. Quod ore sumpsimus Diie quaesumus mente capiamus cl de 15 munere temporali liat nobis remedium sempiternum per ». Famulos et famulas Dtie quaesumus intuere quibus in te sperare donasti ac pariter eis et quae tibi placeant postulare et potius postulata concede per. a. Ferta vi i Hehdom. tertia V (I-xxvt postcom.). Foria V post Domini­ ca:» Passionis Afjss. Rom. (postcom.}. r. Ci. Matth. 5, 16. $. Jac. x, 17. 69,11 rationabiles legit Monlberg ,| 17 postolarc legit Mohlberg. MESSE XVIII-XX 225 Père céleste, de qui descend tout don pariait ct excellent, celui d’une conscience en paix spirituelle et d’une bonne re­ nommée. Par... I Postcommunion] Ce que nous avons pris de notre bouche. Seigneur, nous demandons de le prendre avec notre âme, et que ce don temporel devienne pour nous un remède étemel. Par... [Oraison sur le peuple] Regardez, Seigneur, nous Vous en prions, vos serviteurs ct vos servantes à qui Vous avez donné d'espérer en Vous; accordez-lcur également, et de demander ce qui Vous est agréable, ct surtout (d'obtenir) ce qu’ils auront demandé. Par... I.tlire fi Mf-fm. 226 71.9 jo SACRAM. LEON., MENSE JULIO xx mi. Item alia. Omp et misericors Ds ad cujus bcatitudinem sempiternam non fragilitate camis sed alacritate mentis ascenditur fac nos atria supernae civitatis ct te inspirante semper ambire et tua indulgentia fidenter intrare per ». Ds qui cum muneribus nullis indigeas ipse nobis munera 15 cuncta largiris accipe propitius quae de tuis bonis tibi nos offerre voluisti non solum nostrae reputans devotioni quae tua sunt sed etiam per haec nos ad caelestia regna perducens per. P. S. F. E. Gratias tibi Dde laudesque persolvimus qui nos corporis et 20 sanguinis dilectissimi Filii tui Domini nostri communione vege­ tasti misericordiam tuam suppliciter exorantes ut hoc tuum Due sacramentum non sit nobis reatus ad poenam sed liat intercessio salutaris ad veniam per a. Orationes et Preces in Dominica Octavomm Pentecosten V (I-cxxxiv or. 3). Ê. Orationes Diversae, 11*35, Pro vivis et defunctis Afiss. J?o»n. Ifiosicom.). 71,15 concta ms dnnis .'r^si Afoklberg J 16 devotionis scripsit Felloe | iS P. S. F. E. — praefatio supra facta est. MESSE XVIII-ΧΧΠΚ 227 MESSE XVIII-xxun [Oraison 2] Dieu tout-puissant et miséricordieux, vers l'éter­ nelle béatitude de gui on s'élève non par la faiblesse de la chair mais par l'élan de l'âme, faites-nous, sous votre inspi­ ration, tendre toujours vers les parvis de la cité d'en haut et, grâce à votre bonté, y pénétrer par la foi * 2*. Par... [Secrète] O Dieu qui, n’ayant besoin d'aucun présent, nous fournissez Vous-même tous les présents, recevez favorable­ ment ce que de vos biens nous Vous offrons, sur votre ordre 8, à Vous qui non seulement mettez au compte de notre piété ces biens qui Vous appartiennent mais encore nous conduisez, par leur entremise, jusqu'au royaume du ciel. Par... La préface a été donnée plus haut. [PostcommunionJ Nous nous acquittons envers Vous, Seigneur, de nos remerciements et de nos louanges. Vous qui nous avez vivifiés par la communion au corps et au sang de votre Fils bien-aimé notre Seigneur, et nous prions en suppliant votre miséricorde de faire que ce sacrement qui est le vôtre. Sei­ gneur, ne soit pas pour nous un motif d’encourir le châtiment mais devienne le moyen sauveur d'obtenir le pardon. Par... :. Ce formulaire a dû être utilisé le 5« dimanche de Carême, soit le 12 mars 495. Ce dimanche était celui du troisième scrutin (ci. Sacramentaire gélasien, 1-xxvm) au coins duquel on livrait le Symbole de foi aux catéchu­ mènes (tradilio symboli). Il manque à cc formulaire la première oraison, à cause du scrutin, et l’oraison sur le peuple ; quant à la préface, Gélase reprit celle d’une messe précédente, peut-être la XVIII-xx. 2. Allusion très probable aux catéchumènes qui attendent leur entrée dans l’Église, parvis du ciel, et qui déjà commencent à entrer en prenant possession du Symbole de foi qu’on leur livre, en attendant l’entrée defi­ nitive par la profession de foi baptismale. j. Cf. messe XVllI-ti, préface, et messe X VI Π-mt, secrète, p. 198 et 206. 228 79.» SACRAM. LEON., MENSE JULIO xxxvii. Item alia. Omp scmp Ds ecclesiae tuae concede propitius ut mortiferis (sacrilegis) oblectationibus amputatis aeternitatis tuae potius delectatione laetentur per. 5 Auxiliare nobis misericors Ds et ut cunctos hostes ex­ pugnare possimus praesta quaesumus ut nostros vincamus errores per. Repelle Due quaesumus a nobis sacrilegas voluntates et tribue ut divina (beata) mysteria castis jucunditatibus ccle10 bremus per. Vere digit suppliciter exorantes ut omnis a nostro discedat corde profanitas et quod professione respuimus actione vitemus quia nimis est exsecrandum ut, cum vanae superstitionis ipsos quoque removeris sectatores, a fidelibus tuis dialmlica figmenta ’5 tractentur, qui hoc ipso pravi spiritus non dubium est, quo factis probantur et dictis, labem moribus inrogare, dum scilicet 79.3 mortiferis sacrilegis ms l| 5 ut et »:s |, 9 divina, beata, mysteria J ix orandum ne profanitas in nobis subripiat m werg. i. C'est le dernier formulaire de la section XVII1 que nous étudierons. Il a dû être utilisé le 6* dimanche de Carême, dit dimanche rfr Passion*, le 19 mars 495. a. Ces divertissements mortels sont les Lupercales. Deux épithètes figurent dans le texte : omrir.wfs et saertiltgis. Il s'agit d’une double reac­ tion dont vraisemblablement Gélase lui-mème fut l'auteur. Le pape devait hésiter entre ces deux adjectifs et s’était réservé la possibilité de choisir le plus adapté au moment même de la 1 élébratiun. 3. Étudié isolement, le texte de cette oraison ne permettrai: pas d'inter­ préter avec précision les termes Aw.’cs et rrrows. Si l'on tient compte au contraire du développement de l'affaire, il est clair que ces · ennemis » sont les coupables endurcis partisans acharnés des Lupercales et que » nos propres erreurs » désignent le péché des chrétiens tombés par faiblesse et dont le pardon est imminent. MESSE XVin-XXXVn 229 MESSE XVIII-xxxvii [Oraisjn i] Dieu tout-puissant et éternel, accordez avec bonté à votre Église que, une fois supprimés les divertissements mor­ tels (sacrilèges) -, vos fidèles se réjouissent du charme de votre éternité. Par... [Oraison 2] Prêtez-nous secoure, ô Dieu miséricordieux, et, afin que nous puissions venir à bout de tous nos ennemis, donneznous, nous Vous en prions, de vaincre nos propres erreurs a. Par... [Secrète] Repoussez loin de nous. Seigneur, nous Vous on prions, les volontés sacrileges x, et accordez-nous de célébrer dans des joies chastes 5 ces divins (bienheureux **) mystères. Par... Préface] Tl est vraiment digne (de Vous louer)..., en Vous demandant dans une prière suppliante que toute trace de pa­ ganisme s'éloigne de notre cœur et que nous évitions dans nos actes ce que nous avons rejeté lors de notre profession chrétienne, car c'est une chose tout à fait abominable, alors que Vous avez fait disparaître les adeptes ’ eux-mêmes de la vainc superstition, que ces représentations diaboliques 8 soient pratiquées par vos propres fidèles, eux qui, devenus par làmême des esprits dévoyés °, entraînent indubitablement — comme le prouvent leurs actes et leurs paroles — la ruine des mœurs, lorsque précisément ils accomplissent leurs crimes •1. Expression caractéristique pour dépeindre l’obstination impie de adversaires. 5. Ces joies pures s'opposent aux joies malsaines des Lupercales. 6. Une double rédaction encore. 7. Il s'agit des païens, qui n'avaient presque plus de place religieuse dans la Rome du v" s. finissant. 8. C'est la célébration des Lupercales : ces actes et ces paroles que le pape incrimine. n. Les chrétiens qui ont défendu, voulu, favorisé la célébration des Lupercales sont devenus des esprits dévoyés, c'est-à-dire détachés de l’union avec Dieu et passes Λ l'union avec les démons : c'est l'adultère spirituel dont parlait la lettre (L 2). 230 SACRAM. LEON., MENSE JÜLIO 79.17 vel aguntur crimina vel canuntur, promptius debemus omni ritu pestiferae vetustatis abolito caelestis vitae novitate "gaudere, quia tunc propitiatio superna non deerit si cunctis abomina20 tionibus abdicatis ad verae divinitatis salutaria mandata cur­ rentes » laudes ejus sca voce cantemus per. Laetificet nos quaesumus Dne sacramenti veneranda sollem­ nitas pariterque mentes nostras et corpora et spiritali scificationc fecundet et castis gaudiis semper exerceat per ■>. Purifica Dne quaesumus familiam tuam et ab omnibus contagiis pravitatis emunda (... ...) ut redempta vasa sui Dili passione non 8O.1 spus inmundi rursus inficiant sed salutatio sempiterna pos­ sideat per >. 25 a. Orationes et Preces in Dominica Octavorum Pentecosten F {Iposteo»;.). 'i. Dominica in Palmis P (I-xxxvn ad pop.). lxxxiv a. Cf. Rom. 6,4· 79.>8 pestifere vis conlaudent ut ms. 80,1 salvatio n«. &· Cf. Ps. 118 (1:9), 32. 26 emunda tuis donis exultent te semper ubique MESSE XVIH-XXXVH 23I ou bien les chantent *. Et nous devons d’autant plus vite, une fois aboli tout rite de la vieille pestilence ·, nous réjouir de la vie céleste toute nouvelle, car l’assistance d’en haut ne nous manquera pas d s lors que, ayant renié toutes les abo­ minations et courant vers les salutaires commandements du vrai Dieu 8, nous chanterons ses louanges d’une voix sainte ‘. Par... [Postcommunion Que nous réjouisse, nous Vous le demandons, Seigneur, la solennité vénérable du mystère de ce jour ; qu'elle féconde aussi nos âmes et nos corpspar une sanctification spi­ rituelle et qu’elle les stimule toujours par de chastes joies. Par... [Oraison sur le peuple] Seigneur, nous Vous le demandons, purifiez, votre famille et nettoyez-la de tous les contacts avec l’égarement, afin que ces vases spirituels 5 rachetés par la passion de leur Seigneur ·, les esprits impurs ne recommencent pas de les envahir mais qu’un salut sans fin les habite. Par... 1. C'est le même contexte que la preface XVIH-XX. Les acteurs des Lupercales proclament et chantent, niais aussi ils font, dans le secret : factis et didis, aguntur vei canuntur. 2. Le terme vetustas a servi fréquemment, dans les textes chrétiens, à désigner le paganisme. Le présent texte ne dit pas qu'il s’agit déterminé· nient des Lupercales ; celles-ci sont implicitement visées, comme élément d'un ensemble plus vaste. (Cf. aussi messe XXVlIII-vnit, secrète.) 3. Il est permis de penser que l’allusion à la parole du Psaume est inten­ tionnelle. Cette course chrétienne s'oppose à la course des Lupercales. 4. Toute cette phrase témoigne de l’imminence du pardon qui va être accordé aux chrétiens repentants. Gélase parle en leur nom, car ils sont déjà presque revenus à l’Église. T’ne fois de plus la distinction est claire entre les chrétiens qui rejettent leur erreur et leur faute, et ces pravi spiri­ tus que l'on nomme à part. Cela nous aide à comprendre que le sujet exact des verbes vincamus (oraison 2) et celebremus (secrète) est bien l’Église, mais l’Église où sont expressément comptés les chrétiens coupables qui se repentent et reviennent. 5. Les âmes chrétiennes : cf. Act., <), 15 dont l'expression vas electionis est passée en français : vase d’élection. 6. Ce rappel de la Passion du Seigneur, venant préciser à quel mystère se référait l’expression de la postcommunion [sacramenti veneranda so!· lemnitas), permet d’identifier avec une certitude presque parfaite la date d'utilisation de cc formulaire : le dimanche de Passione, le 6" du Carême, notre actuel dimanche des Rameaux. — Remarquons aussi cette façon de désigner les chrétiens baptisés comme ceux que la Passion du Seigneur a ra­ chetés. Cf. messe XVIII-xx : fratribus constitutis pro quibus Xi us est mortuus. 232 SACRAM. LEON'., MENSE SEPTEMBRI 131.7 νππ. Item alla. Largire nobis Due quaesumus spin cogitandi quae bona sunt promptius et agendi ut qui sine te esse non possumus 10 secundum tc vivere valeamus per ». Da nobis Dne quaesumus ut in tua gratia veraciter con­ fidentes et quae te digna sunt postulemus et jugiter postulata sumamus per ?. Dicatae tibi Diie quaesumus capiamus oblationis effectum ut I5 a terrenae vetustatis conversatione mundati caelestis vitae pro­ fectibus innovemur per. Vere dign ut qui te Auctore sumus conditi te Reparatore salvemur, et qui faciles a tua rectitudine discrepamus ad eam tua miseratione revocemur nec relinquamur nostris excessibus so sed tuae subdamur clementer et incessabilitcr voluntati per. Perfice Dne quaesumus benignus in nobis ut quae sacris mysteriis profitemur piis actionibus exsequamur per r. a. Item alia Missa V (ΙΠ-iv or. 1). Dominica VIII post Pentecosten Mins. Rom. {or.). β. Item alia Missa V (ΠΙ-it or. a). γ. Orationes in Natali Presbyteri qualiter sibi missam debeat celebrare V (Ill-xxxvn secret.}. 131,15 terracnae ms ,| 17 reparante legit Mohlber^ | exsequamus ms facile |’ 22 1. Ce formulaire a dû être utilisé le dimanche 2 avril 495, Ier dimanche après Pâques. 2. Dans tous les formulaires qui vont suivre, c’est désormais l’Église entière qui s'exprime à la première personne du pluriel, c’est-à-dire l’en­ semble des chrétiens parmi lesquels sont expressément comptés ceux qui participèrent aux Lupercales et se sont repentis. MESSE XXVIII t-VUIt 233 MESSE XXVIIII-vtin ». [Oraison 1] Seigneur, nous Vous le demandons, accordez-nous » l’inspiration de concevoir ce qui est bon et de le faire avec pins d'empressement encore, afin que nous qui sans Vous ne pouvons subsister, nous soyons capables de vivre selon Vous. Par... [Oraison 2] Donnez-nous, Seigneur, nous Vous le demandons, à nous qui mettons véritablement notre confiance dans votre grâce, d'implorer ce qui est digne île Vous et d’obtenir sans cesse ce que nous demandons. Par... [Secrète] Nous Vous le demandons. Seigneur, faites que nous ressentions les effets de cette offrande qui Vous est consacrée afin que, purifiés de tout commerce avec le vieux paganisme terrestre, nous nous renouvelions 3 dans les progrès d'une vie céleste. Par... [Préface] 11 est vraiment digne (de Vous louer), afin que nous qui avons été créés par Vous, notre Auteur, nous soyons sau­ vés par Vous, notre Rédempteur, et nous qui facilement nous désaccordons d’avec votre justice, soyons rappelés à elle par votre miséricorde, que nous ne soyons pas laissés à nos propres excès mais soyons soumis avec douceur et sans trêve à votre volonté. Par... [Postcommunion] Seigneur, nous Vous le demandons, agissez en nous avec bonté afin que nous réalisions par de vertueuses actions ce que nous proclamons en célébrant ces mystères sacrés4. Par... 3. Le pardon des chrétiens coupables et leur retour à l’Église est récent : C’est un renouveau dont ou jouit Λ présent, après lequel on soupirait encore dans la préface de la messe XVIII-xxxvn (caelestis vitae novitate gaudere). 4. Une fois de plus est souligné l'accord qui doit toujours sc réaliser entre la profession de foi chrétienne et la conduite. 234 SACRAM. LEON., MENSE SEPTEMBRI Plebem tuam Diic quaesumus interius exteriusque restaura ut quam corporeis non vis delectationibus impediri spiritali 25 facias vigere proposito et sic rebus foveas transituris ut tribuas potius inhaerere perpetuis per 131,2j 5. Feria vi: Hebdotn. quarta V (Ι-χχνπ ad 131,24 inpediri m$. MESSE xxvini-νππ 235 [Oraison sur le peuple] Nous Vous le demandons. Seigneur, renouvelez votre peuple intérieurement et extérieurement ; lui que Vous ne voulez pas voir entravé par les jouissances charnelles Vous le ferez ainsi s'affermir dans ses résolutions spirituelles ct Vous le favoriserez des biens qui passent tout en lui donnant de s’attacher plutôt aux biens durables. Par... 1. Cette allusion à de mauvais plaisirs s'applique bien aux réjouissances malsaines des Lupercales. 236 SACRAM. I.EON., MENSE SEPTEMBRI xin. Item. 133,16 Peccata nostra Diic propitiatus absolve et quidquid pro peccatis meremur miseratus averte per. Concede quaesumus omp Ds ut viam tuam devota mente 20 currentes· subripientium delictorum laqueos evadamus per«. Purificet nos Due caelestis exsecutio sacramenti et ad tuam magnificentiam capiendam divinis effectibus semper instauret per f. Vere digit ut qui te Auctore subsistimus te dispensante diri25 gamur non nostris sensibus relinquamur sed ad tuae reducti semper tramitem veritatis haec studeamus exercere quae praecipis ut possimus dona percipere quae promittis per. Sumpti sacrificii Dne perpetua nos luitio non relinquat et noxia semper a nobis cuncta dejiellat per 7. 30 Adesto Dne fidelibus tuis et tua sca celebrantibus auge devotionis effectum ut et tibi semper exhibeant debitam servi­ tutem et ad remedia jugiter aeterna proficiant per. a. Item alia Missa P (Ili-tv or. 2). β. In Natale consecrationis Presbyteri qualiter sibi missam debeat celebrare V (f-xcvtu posicom.). γ. In vigil, sanctorum martyrum Gcrbasi et Protasi K (Il-xxiv postcom.). In Natali sancti Agapiti F (11-xt.vitt postcom.). Orationes in Tribulatione f' (Ill-xxvni postcom.). Peria VI post Dominicam Passionis Λ/iss. Rom. (postcom.). a. Cf. Ps. 1:8 (1x9), 32. x 33,24 autoro »»$ '| 26 tramite ms ,1 31 devitant ms. 1. Ce formulaire fut sans doute utilisé le 2« dimanche après Pâques de l'année 495. soit le 9 avril. Il est empreint d’une certaine tristesse ; au sou­ venir de l'enormité de la faute commise, Gélase implore pour son Eglise purification et pardon. MESSE ΧΧνΠΠ-xiu 237 MESSE XXVIIII-xm >. [Oraison 1] Seigneur, absolvez avec bienveillance nos péchés, et tout ce que nous méritons pour ces péchés, détourncz-le avec miséricorde. Par... Oraison 2] Accordez-nous, nous Vous le demandons. Dieu tout-puissant, qu'en courant dans votre voie 2 avec une âme soumise nous échappions aux pièges des péchés de surprise. Par... [Secrète] Seigneur, que la célébration céleste de ce sacrement nous purifie et, pour que nous entrions en possession de votre gloire, qu'elle nous rétablisse toujours par ses divins effets. Par... [Préface] Il est vraiment digne (de Vous louer)..., afin que nous, qui subsistons par votre action et qui nous dirigeons sous votre conduite, ne soyons pas abandonnés à nos propres jugements 34, niais qu'au contraire, toujours ramenés sur le sentier de votre vérité *, nous nous étudiions à, pratiquer ce que Vous commandez, afin de pouvoir recevoir les dons que Vous promettez. Par... [Postcommunion] Que la protection constante du sacrifice que nous avons reçu, Seigneur, ne nous abandonne pas, et qu'elle écarte toujours de nous toutes les choses nuisibles. Par... [Oraison sur le peuple] Seigneur, assistez vos fidèles et, pour eux qui célèbrent vos mystères sacrés, accroissez les effets de leur piété, afin que toujours ils Vous rendent les devoirs qui Vous sont dus et qu’ils s'avancent sans arrêt vers les re­ mèdes éternels. Par... 3. Courir dans la voie de Dieu est le siïr moyen d'échapper â la course des Lupercales. La citation du Psaume est intentionnelle. 3. Nous savons comment les adversaires de Gélase, eux, avaient leur jugement aveuglé et corrompu (messes XVIII-m et XVIII-xx, préfaces), livrés qu'ils étaient â l'obsiination de leur propre volonté. 4. Une autre image einc méritée tant qu’ils restent dans leur perversité, le pardon soit accordé quand ils s'arrêtent de commettre l’ini­ quité. Par... [Postcommunion] Seigneur, nous Vous le demandons, que les sacrements que nous avons reçus nous purifient de toute erreur 3 et qu'ils versent dans nos âmes la douceur de votre bienveillance. Par... [Oraison sur le peuple] Donnez à votre peuple, Seigneur, nous Vous le demandons, l’esprit de vérité et de paix, afin qu’il Vous connaisse de toute son âme ct que, cherchant de tout son cœur ce qui Vous est agréable, il jouisse toujours du don de vos bienfaits. Par... 1. Ce formulaire a dû servir le 3* dimanche après Pâques, le 16 avril 495. 2. Les chrétiens revenus à i’Église ont conscience de la gravité des fautes passées ct sc savent encore fragiles. Nous ne nous étonnons pas non plus d'entendre Gélase demander pour eux que Dieu dirige leurs volontés, ces volontés qui un temps furent < mauvaises >. 3. L’adhésion à un culte païen est une erreur fondamentale pour un chrétien (cf. a veritate digressos, or. 2}. Gélase a utilisé ce mot error six fois dans les messes étudiées. 2 .|O 136,ιβ SACRAM. LEON., MENSE SEPTEMBRI xvim. Praesta quaesumus omp Di ut inter innumeros vitae prac2o sentis errores tuo semper moderamine dirigamur per. Fac nos quaesumus Dne quae sunt recta sectari, integritatem conscientiae diligere semper et famae per. Sacrificii tui Dne servimus effectibus et nos expiari et tua nos confidimus remedia promereri per. 25 Vere dign qui cum summa sis Ratio nosque rationales effeceris certum est et tanto nos a tua participatione dis­ cedere quantum ab aequitatis tramite deviamus et tantum in tua similitudine permanere quantum non divellimur ab ordine veritatis per. 30 Sca tua nos Dne quaesumus et vivificando renovent et reno­ vando vivificent per «. 137,i Fideles tuos Dne benedictio desiderata confirmet quae cos et a tua voluntate nunquam faciat discrepare et tuis semper in­ dulgent beneficiis gratulari peri. «. Feria vi Hebdom. quarta Γ (I-xxvn pestcom.). Feria ii Hebdom. sexta V (I-xxxvn posteam.). fi. Feria vit V (I-xvm ad pop.). Sexta Dominica post clausum Paschae l' (I-lxu ad pop.). Sabbato quatuor Temporum Quadragesimae .Vi». Rom. (sup. pop.). 136.26 efficeris ws | 28 permaneamus ms f dibellimur ms. 2.jr MESSE XXVIXII-XVHH MESSE XXVIIII-xvnit *. [Oraison i] Nous Vous le demandons. Dieu tout-puissant, faites qu'à travers les innombrables erreurs » de la vie présente nous soyons toujours conduits par votre direction. Par... [Oraison 2] Nous Vous le demandons. Seigneur, faites-nous chercher ce qui est droit et toujours aimer l’intégrité de la conscience et de la réputation ’. Par... [Secrète] Nous nous livrons. Seigneur, aux effets de votre sacri­ fice et nous avons l’assurance d’être purifiés et de mériter de Vous la guérison. Par... [Préface] Il est vraiment digne (de Vous louer). Vous qui êtes l’intelligence suprême et qui avez fait de nous des êtres spi­ rituels ; aussi est-il sûr que nous nous séparons d’autant de votre communion que nous dévions du sentier de la justice, que nous demeurons d’autant dans votre ressemblance que nous ne sommes pas arrachés à la règle de la vérité 4. Par... [Postcommunion) Seigneur, nous Vous le demandons, que vos saints dons nous renouvellent en nous vivifiant et nous vivi­ fient en nous renouvelant. Par... Oraison sur le peuple] Que votre bénédiction tant souhaitée. Seigneur, fortifie de telle sorte vos fidèles qu’elle ne leur per­ mette jamais d’être en désaccord avec votre volonté et qu’elle leur donne toujours de Vous remercier de vos bienfaits. Par... 1. Ce formulaire a sans doute été utilisé le 4· dimanche après Pâques, le 23 avril 495. La phase nouvelle dans laquelle est entrée l'affaire des Lupercales s'affirme : le moment des résolutions est venu. 2. Il est permis d’entendre par là l'ensemble des erreurs du paganisme. 3. Expression très caractéristique, écho direct de la finale de la lettre de Gélase. où le pape, prenant sa décision en pleine conscience, $e déclarait prêt Λ être jugé par les hommes et par l'histoire. 4. Toute cette préface est caractéristique des sentiments et des expres­ sions de Gélase en cette affaire : a tua participatione discedere (ci. ab ipsius Dei conjunctione disceditur, L 2, 8), ab ordine veritatis (cf. confessam veri­ tatem deserere, L 4, 2, post confessionem veritatis, L 8, 2). lettre et Mesus. :6 242 137,4 5 jo SACRAM. LEON., MENSE SEPTEMBRI XX. Praesta Due quaesumus ut mentium reprobarum non cure­ mus obloquia sed eadem pravitate calcata quae domui tuae conveniunt rationabiliter exsequamur per °. Quaesumus virtutum caelestium Ds ut despectis falsitatibus iniquorum conscientiae famaeque nostrae profutura sectemur per. Da quaesumus omp Ds ut hujus oblationis effectus et tibi non placita refutare et praestet nobis amare quae recta sunt per. Vere dign ut nos ab operariis iniquitatis dignanter expedias · et nec proprio reos fieri patiaris excessu nec alienis inpictatibus 15 praebere consensum sed mores nostros et moderatione conponas ut tam in nobis quam in aliis quae sunt justa servemus per. Ab occultis nostris munda4 nos Dnc et ab alienis pravi­ tatibus benignus absolve ut tua sca pura mente sumamus per. 20 Familiam tuam Dne propitiata majestate circumspice ut nec suis infecta sit vitiis nec externis obligata peccatis sed ab utris­ que libera tibi semper et purgata deserviat per. x. Cf, Orationes ad Missam contra obloquentes V (ίΙΙ-ιχνπ or.). a. Cf. Ps. 58 (59). 3 ct Lc 13, 27. b. Cf. Ps. 18 (19), 13. s 137,7 exequamur »:s || 8 dispectis ms |1 15 praevere ms. 1. Ce formulaire dut être utilisé le 5’ dimanche après Pâques, le 30 avril 495· 2. Nous reconnaissons bien, λ cette désignation, les adversaires de Gél: 3. Il s’agit des Lupercales. 4. Même expression qu’à la messe précédente, oraison 2. 5. Ces < autres · sont les chrétiens endurcis qui ont refusé de se repentir. 6. Dans cette fin de préface, Gélase sc souvient peut-être des délits que scs adversaires lui reprochaient de ne pas punir (cf. messe XXVHIl-xxti, or. 2), ct particulièrement de la faute du clerc adultère. Ces · fautes qui MESSE XXVIIII XX ^43 MESSE XXVIIII-xx [Oraison 1] Seigneur, nous Vous le demandons, faites que nous ne nous mettions pas en peine des critiques d’esprits faussés 2, mais qu’ayant précisément foulé aux pieds ce dérèglement3, nous accomplissions raisonnablement ce (pii convient à votre maison. Par... [Oraison 2] Nous Vous demandons, ô Dieu (dispensateur) des vertus célestes, qu’ayant méprisé les faussetés des méchants, nous recherchions ce qui servira notre conscience et notre réputation *. Par... (Secrète] Nous Vous le demandons, Dieu tout-puissant, faites que cette offrande ait pour effet de nous faire rejeter ce qui ne Vous plaît pas ct aimer ce qui est droit. Par... [Préface] 11 est vraiment digne (de Vous prier)..., afin que Vous daigniez nous délivrer des ouvriers d’iniquité et que Vous ne tolériez ni de nous voir devenir coupables d’un écart de con­ duite personnel, ni de nous voir donner notre accord aux im­ piétés des 0 autres » s, mais que Vous ordonniez nos mœurs avec mesure pour que nous maintenions la justice en nous comme chez les autres ·. Par... ’Postcommunion] De nos fautes cachées puriiiez-nous. Sei­ gneur, ct des déviations des « autre» » ayez la bonté de nous absoudre 7, afin que nous prenions vos saints mystères avec une âme pure. Par... [Oraison sur le peuple] Seigneur, considérez votre famille, du haut de votre majesté devenue propice, afin qu'elle ne soit ni souillée par ses propres fautes, ni compromise par les péchés du dehors a, mais qu’elle Vous serve toujours en étant exempte et purifiée des unes et des autres. Par... souillent l’Église (L 6) » sont le proprio excessu de la préface, les occultis nostris de la postcommunion 011 les suis viliis de l’oraison sur le peuple. 7. Cette prière distingue nettement entre les fautes personnelles ct secrètes des chrétiens (occultis nostris) et leur participation de naguère aux Lupercales (alienis pravitatibus), participation dont ils demandent expres­ sément le pardon (absolve). 8. Même distinction que précédemment : suis viliis... externis peccatis. 24.| SACRAM. LEON., MENSE MAIO 22.1 v. Item alia. Exaltationem nostrae condicionis humanae substantiae respice Ds ut tua dignatione mundati sacramentis magnae pietatis * aptemur per. Vere dign ut sensibus nostris dignanter infundas ne terrenis affectionibus inhaerendo oculos ad caelestia non levemus, nc infimis voluptatibus occupati mentes non valeamus attollere quo Salvator noster ascendit, ne diabolica sectando vestigia a Xri consortio recedamus quia nemo potest summi verique m Regis celsitudine delectari nisi qui pestifera destructa sub­ versa tyranni jura calcarit per. 5 a. Cf. I Tim. 3, x6. 22,2 exaltatione mt | 6 adfcctionibns »:s | ï infimi »is || adtollcre 9 quavis ' virique >ns io .destructa. n:s. | MESSE VIIH-V 245 MESSE VlIII-v [Secrète] Considérez, ô Dieu, l’élévation qu’a reçue la naturo issue de notre humaine condition afin que, purifiés par votre bonté condescendante, nous soyons rendus dignes des sacre­ ments de votre grand amour. Par... [Préface] Il est vraiment digne (de Vous prier) pour que Vous daigniez pénétrer nos sentiments, de peur que, nous attachant aux charmes de la terre, nous ne levions plus les yeux vers les biens du ciel ; de peur que, absorbés par les plaisirs les plus bas, nous ne soyons plus capables d'élever nos âmes là oii notre Sauveur est monté ; de peur enfin que, en suivant les traces du démon, nous ne quittions l'union avec le Christ, car personne ne peut être charmé par la grandeur du Roi suprême et véritable sinon celui qui a foulé aux pieds les droits perni­ cieux, déjà abolis (renversés -), du tyran 3. Par... Ce formulaire, dont il ne reste que la secrète et ht préface, adrt servir en la fête de l’Ascension de l’an 495, le 4 mai. Sa place dans le Sacramen­ taire s'explique aisément : il a été collationné avec d'autres messes pour l’Ascension. Pour cette raison, il est le seul de toutes les messes étudiées 1 avoir été déplacé. 2. Double rédaction, certainement de Gélase lui-même. 3. Le démon. 246 SACRAM. LEON., MENSE SEPTEMBRI xxii. Item alia. 138,8 Ds qui justitiam diligis et injusta condemnas · da nobis 10 quaesumus ct amare quae recta sunt et perversa vitare per. Veritatis Auctor et misericordiae Ds qui nos ct sollicitudine non pigros esse et neminem laedere voluisti praesta quaesumus ut nulli noxia cupiamus inferre 4 et vexare molientium caveamus incursus per. 15 Ab occultis nostris « tua nos Dne sca purificent et ab externis erroribus perpetua virtute defendant per. Vere dign misericordiam tuam D:ie deprecantes ut nos divinis rebus tribuas studere veraciter nec sub specie religionis sacros inpugnare patiaris effectus quoniam sibi modis omnibus 20 inimici sunt qui tuae voluntati nituntur esse contrarii propriae potius salutis operantes excidium quam tuis dispositionibus adversa mente nocituri per. Muneris divini perceptio quaesumus Dne semper a nobis et peccata nostra submoveat ct externa depellat per. 25 Populum tuum Dne quaesumus posside caelestibus institutis ut omnia vitando quae mala sunt et bona cuncta sectando non indignationem tuam sed jugiter misericordiam consequatur per. a. Cf. Ps. ro (11), 8. f>. Cf. Tob. 4, 16. c. Cf. Ps. 18 (19), 13. 138,12 nemine m |l 21 propriae potius salutis scripsit Bianchini : pro­ priae salutis ms. r. Ce dernier formulaire a dû être utilisé le 6· dimanche après Piques, soit le 7 mai 495. Il récapitule ct conclut toute l’affaire. 2. Rappel parfaitement clair de l'accusation dc négligence portée contre Gélase tout au début de l'affaire, au sujet du clerc adultère (L 2). 3. Si nous avions pu l'oublier, cc mot nous rappelle que l'agressivité des adversaires du pape ne s'est pas éteinte avec le temps. Bien au contraire, ils sont en pleine révolte, au sujet des Lupercales cette fois. MESSE XXVlltl-XXH 247 MESSE XXVIIII-xxn Oraison 1] O Dieu qui aimez la justice ct condamnez la déme­ sure, donnez-nous, nous Vous le demandons, d’aimer ce qui est droit et de nous garder de ce qui est dévié. Par... 'Oraison 2] Auteur dc la vérité, Dieu de miséricorde, qui ne voulez pas que nous soyons paresseux 2 dans l’exercice de la sollicitude ni que nous lésions personne, faites, nous Vous le demandons, que nous ne désirions causer de tort à personne ct que nous nous gardions des attaques de ceux qui s’efforcent de nous tourmenter *. Par... [Secrète] Seigneur, que vos saints mystères nous purifient de nos fautes cachées et que sans cesse leur pouvoir nous pro­ tège des erreurs du dehors *. Par.... [Préface] Il est vraiment digne (de Vous louer)..., implorant votre miséricorde. Seigneur, pour que Vous nous donniez de nous appliquer sincèrement aux réalités divines et que Vous ne souffriez pas que, sous prétexte de religion B, on attaque leurs saints effets ; car c’est d’eux-mêmes qu’ils sont dc toutes manières les ennemis ces gens qui s’efforcent de s'opposer à votre volonté et qui travaillent ainsi bien plus à la ruine de leur propre salut qu’ils ne sont près de porter atteinte, avec leur esprit adverse, à vos desseins. Par... [Postcommunion] Que la réception du don divin, nous Vous le demandons, Seigneur, écarte toujours de nous nos propres péchés et éloigne ceux du dehors. Par... [Oraison sur le peuple] Seigneur, nous Vous le demandons, rattacliez-Vous votre peuple par des règles de conduite cé­ lestes, afin qu’évitant tout ce qui est mal et s’appliquant à toutes les bonnes œuvres il attire non pas votre indignation mais votre constante miséricorde. Par...45 4. Ces erreurs du dehors sont les croyances païennes. 5. Nous reconnaissons l’expression au'j spuic gratiae dc la préface XVIIII. Ici comme là, il s’agit des Lupercales. BIBLIOGRAPHIE LES ÉDITIONS DE TEXTES a) La lettre de Gélase contre les Lupercales. C. Baronius. Annales ecclesiafici, t. IV à VU, Rome, 1593-1596. Édite la presque totalité de la Collectio Avellana. Λ. Carafa, Epistolarum decretalium summorum pontificum, t. I, Rome, 1591. Editio princeps de r86 pièces de la Collectio Avel­ lana. Éditions partielles de la Collectio Avellana dans les grandes Collections de Conciles (en particulier D. Mansi, Florence, 1759 et suiv.). O. Gvnther, Collectio Avellana. Corpus scriptorum ecclesiastico­ rum latinorum, vol. XXXV, Vienne, 1895-1808. Le premier éditeur à donner pour elle-même et en son entier la Collectio A vellana. J. P. Mignk, P. L. 59, Paris, 1847. Il reproduit l’édition de Mansi. La lettre de Gélase se lit col. 110-116. A. Thiel. Epistolae Romanorum pontificum genuinae ct quae ad eos scripta sunt a S. Hilario usque ad Pelagium II, 1.1. Braunsberg, 1868. Tl édite une grande partie de la Collectio Avellana. b'\ Lc Sacramentaire léonien. J. A. Assemani, Codex liturgicus Ecclesiae universae, t. VI, Rome, 1754. P. et J. Ballrrim, Opera S. Leonis, t. IT, Venise, 1756. J. Bianchini, dans le tome IV de l'édition de F. Bianchini, Anastasii Bibliothccarii de Vitis Romanorum Pontificum, Vé­ rone. 1735. Editio princeps. Ch. L. Feî.toë, Sacramentarium leonianum, University Press, Cambridge, 1S96. J. P. Migne, P. L. 55, Paris, 1846. Reproduit l'édition des Ballerini. 2 50 BIBLIOGRAPHIE L. C. Mohlberg, Sacramentarium Veronense, éd. Herder, Rome, 1956. A. MuRatori, Liiurgia romana velus, t. I, Venise, 1748. c) Autres textes liturgiques. Dom B. Botte et C. Mohrmann, L'Ordinaire de la Messe, texte critique, traduction et études, Paris et Louvain, 1953. G. Morin, « Le plus ancien Cornes ou lectionnaire de l’Église romaine »( = l'épistolier de Würzbourg), Rev. bénéd., XXVI11, Maredsous, 1910. II. A. Wilson, The Gelasian Sacramentary, Liber Sacramen­ torum Romanae Ecclesiae, Clarendon Press, Oxford, 1894. d) Éditions consultées pour les auteurs païens anciens. Cicéron, pro Caelio (texte établi par G. Austin, Oxford, 1933). Denys d’Halicarnassr, Antiquités romaines, livre I (texte établi par Kiessling, revu par Prou, collect. Didot, Paris, 1886). Festus, Sexti Pompei Festi de verborum significatione quae su­ persunt (texte établi par C. O. Müller, Leipzig, 1839). Ovide, les Fastes, livre 2 (texte établi par H. Peter, éd. Teubner, Leipzig, 1889). Plutarque, Vie de Romulus (texte établi par Cl. Lindskog, éd. Teubner, Leipzig, 1914). — lzw de César (texte établi par K. Ziegler, éd. Teubner, Leipzig, 1934). Servius Grammaticus, Servit Grammatici qui feruntur in Ver­ gilii carmina commentarii, Enéide, VI (texte établi par G. Thil et 1Γ. Hagen, Leipzig, 1922). Varron, de lingua latina, livre 6 (texte établi par C. O. Müller, éd. Weidman, Leipzig, 1833). Virgile, Enéide VIII (texte établi par R. Durand, traduct. do A. Bellcssort, collect. Budé, Paris, 1936). CONCORDANCE ET PHILOLOGIE Dom P. Bruylants, ·> Concordance verbale du Sacramentain léonien o, dans Archivum Latinitatis Medii Aevi, Bulletin di Cange, t. XVIII et XIX, Γ-ou vain (sans date). BIBLIOGRAPHIE 25I H. Koch, ■; Gelasius im Kirchenpolitischen Dienste seiner Vorg.inger der Pâpstc Simplicius und Felix III », dans Siizungsber. dsr bayer. Akad. der Wiss., Phil.-IIist. Abteilung, Heit 6, 1935· TRAVAUX UTILISÉS OU CONSULTÉS J. Bayet, Histoire politique et psychologique de la Religion ro­ mains, Paris, 1957. Dom B. Capelle, «Messes du Pape S. Gélase dans le Sacramentaire léonien », dans Rev. bénéd., LVI, Maredsous, 19451946. — » Retouches gélasiennes dans le Sacramentaire léonien », dans Rev. bénéd., LX1, Maredsous, 1951. Λ. Chavasse, « Le Carême romain et les scrutins prébaptismaux avant le ixB siècle », dans Recherches de Science religieuse, XXXV, Paris, 1948. — x Messes du pape Vigile (537-555) dans le Sacramentaire léonien », dans Eph. liturg., LXIV, Rome, 1950. Dom C. Coebergh, « Le pape saint Gélase I01 auteur de plu­ sieurs messes et préfaces du soi-disant sacramentaire léonien », dans Sacris Erudiri, IV, Bruges, 1952. L. Duchesne, Origines du culls chrétien, 50 édition, Paris, 1925. P. Fabre, La religion romaine (dans Histoire des religions, par M. Brillant et R. Aigrain, t. 3, Paris, 1955). P. JaFFÉ, Regesta Pontificum Romanorum, Berlin, 1851. H. Leclercq, art. Naples. D. A. C. L., 1.12, Paris, 1935, col. 756762. II. Lietzmann, Zeitrechnung der rômischen Kaiscrzeit, des Millelalters und der Neuzeit /ür die Jahre 1-2000 nach Christus, Ber­ lin-Leipzig, 1934. Marbach, article Lupercalia, Pauly-Wissowa, Rcal-Encyclopâdie der classischen Alterlumtvissenscha/l, t. XIII, Stuttgart, 1927, col. 1815 et suiv. R. Merkelbach, k Zur Epistola Papae Gelasii Adversum Andromachum», dans Vigiliae Christianas, Amsterdam, juin 1955. G. Pomares, Dix-scpt messes du pape Gélase dans le Sacramen­ taire léonien, Lyon, 1952 (thèse dactylographiée). P. Sabatier, Bibliorum sacrorum latinae versiones antiquae, t. III, Florence, 1743. INDEX DES PRINCIPAUX MOTS LATINS Les références sont données : peur la lettre (L) aux numéros et aux lignes des paragraphes et pour les messes (M) aux pages et ligues (reproduites ici) de l'édition de Feltoë. Abjicere, L x6, :a ; 29, 6. M 9, 6. abjurare, L 3, 7. abominatio, M 79, 19. abscondere, M 56. 27. abstinere, L 9, 2. M 9, 5, 15. accusare, L x, 3 ; 5, 5 ; 6, 3, 8 ; 33. 4accusalor, L 5. xo. actio, M 66, 27; 79, 12; xjx, 22. addicere, L 6, 7 ; 7, 6. adulatio, M 58, 10. adulter, L 5, 4, 7 ; 6, 3, 4. adulterium, L 2, 3, 4, 10 ; 5, x, 3 ; 6> 3! «5> 2. adversari, M 54, 28 ; 56, 19. adversus, L 5, 14; 15, 7; 16, 4. M 13«, 22. aestimaro, L 3, 7 ; 32, 1. M 56, 30. affectio, M 32, 6. affectus, L4. 4; xo, 4. M 56, 6; 57. 8, 18. affirmare, L 1, 2. M 68, 18. afflatus, M 56, zx. alienus. M 55. 4; 60, 29; 67, xx; 137. >4- 18. alius, L x, 2 ; 4, 5, 7; 6, 7 ; 9. 7, 8. M 54. «9 I SS. 6; 56, 30; 66. 27; 137. *6. alter, L 5, 8. M 57, 23. alteruter, M 57, 26. animalis, M 68, 15. arguere, L x, S ; 2. x. M 58, xx. üaptizatus, L 30, x. bellicosus, L xx, 4· bellicus, L 13, 6. bellum, L 13, x ; 25, 3. beneficium, L 18, 5· M SS. 12 · 58. x ; 137. 3benignitas, M 55, 7 ; 58, x6. benignus, M 55, 23 ; 68, 7 ; *37, I^· blandiri, M 58, ta. blasphcmia, L 3, 6; 9. xî 10’ *' bona, L 22, 8, 9. M 54» 23 56’ 8· 25 ; 57> 24 ; s». 31 ’· 71· ,3 ’ *35. 3bonus, L X5, 3; 29, xx. M 67, *3» 69, t2 ; 131, 26. Calcare, M 22, xx ; 68, 25 ί χ37· 6· calumniare, M s8· in­ cancre, Μ 79, t7cantare, L 20, 3. M 79, 2t· cantilena, L 19, 5captiosus, M 58, xo. captivus. M 68. 21. g caritas, M 54. 22; 57, *31 ■> ’ carnalis, M 68, 15. caro, M 68, 13; 7X> n· castus, M 79, 9, 24. A * 2·· 2 f causa, L x, 5 ; 15, 4 1 *9> Q ' 25 b. 2 ; 26, 5 ; 3a> 6· cautela, M 58, x6. , .. · 69, - · cavere, M 9, 10 ; 55, 4 · *38, 13. INDEX DES MOTS LATINS 254 celare, M 56, 32. censeri, M 9, 2. censor, L 2, 1. censura, L 7, 5. certe, L6, 4: H. 10 ; »8, x ; 25 b, i ; 26, 2 ; 27, 3 ; 29. i.| ; 30, 6. Christianus, L 2. 5, 6; 29, 1, 2, 3, 14 ; 30, 2. 3- M 9. 2. circumspicere, M 57. xo; 137, 20. communis, M 57, 27. competenter, L 2, 6. competere, L 24 a. 8 ; 26, 5. conari, M 68. x8 (dis), condemnare, L 4, 7; 5, 11 (Ms). M 58, 14; 138. 9confessio, L 8, 2. confessor, M 9, 8. confiteri, L 3, 8 ; 4, 2. confutare, M 60, 18. conscientia, L 5, 9 ; 30, 7· M 69, h ; 136, 22 ; 137, 9. consensus, M 137, «5· consequenter, L 2, 2 ; 6, 6 ; 7, 6. M 56, 4. consors, M 56, 5 ; 57, 25. constate, L 23, 9 ; 24 a, to ; 29, *4 ; 31» 3· M 9. xx· contagium, M 67, 2 ; 79. 26. contendere, L 1, 9. M 57, 3· contingere, L 13, 3 ; 21, 7 ! 22» 2 ί 23, S. contrarius, L 19, 3 ; 31, 7 î 32> 6- M 67, 7 ; 138, 20. convenire, L 9, 6 ; 29. *5 î 3°· 3· M 55. 25 ; 57, 6 ; 60, 24 ; ’37> 7conversio, M 9, xo. convivium, M 9, 5. corporalis, L 2. 3 ! 5· 2 > 6· 4' corporeus, M 131, «4· corpus, L 2. 8 ; 9.2 ; 29. 7· 8;7 ’ 9' corripere, M 55. 5 ; 134. «5crimen, L 2, 7 ; 4. 4 ; 5, X4 ; 7» 2 ■’ 9, S ; 17, 9 ; 20, 6, 7» *3 ; 22. 2· M 79. X/. cubile, M 57, x. culpa, L 16, 4. M 54, 29. cultus, Lit, 6; 16. 2, 6, xo ; 18, x ; 26, 4. cupiditas, L 15, 2. M 134. cupire, L 6, 6. M 54. 3« ! 58, 25-. 138. 13· currere, L 16, 8. M 79, 20 ; xx ; x^ 27. 57. 25 ; 133, 2o. Daemon, L 28, 3. daemonium. 1. 3, 4 ; 9. 3» 4· damnare, L 4. 1, 5. M 57· 5· damnatio, L 4, ô. «lealbatus, M 68. 24· debere, L 2. 3, 6 ; 5, 1, 3 ; 6, 9 ; 7, 5 ; 9, xo ; 12. 8 ; 14, 10 ; 27, 1 ; 28, 9 ; 29, 5, 12. M 55, 29 ; S7, 8 ; 58, 23; 60, 26; 67, 8; 79, 17; 133. 3x ; 134. 3Xdecantare, L 20. xx. decantatio. L 20, 13. decimare, L 9. 8. M 54. 3«»; 57. 7 60. 20 ; 61, 2. dedecus, L 17, 6, 7 ; 26, 7. M 56, 29 ; 69, 3. déesse, 1.6, 10; 7, 5:25 a. 4. M 58, 16 ; 79, 19 ; 131, 6. defendere, L x6, 1 ; 21. 3; 28, 4. M 55, 24 ; 138. 16. defensio, L 15, 4. defensor, L 19, 5. deforis, M 68. 24. delectare, M 22. 10. delectatio, M 79, 4 ; 131, 24. delictum, M 55, 10; 60. 30; 133 20 ; 134, 30. delinquere, L 8. 2. deterrere, L 20, 2, 4. M 69, 6. deviare, M 136, 27. devius, M 60, 25. devorare. M 68, 23. devotio, L 16. 6; 24 a, 4· M 9, 56. 23 î 7X· xb. diabolicus, 1- 8, 3. M 9. 4, 14 ί 22 INDEX DES MOTS LATINS 8 ; 55. >9 ; 66, 31 ; 67, 4. 14 ; 79. >4. dignanter, Μ 22, 5; 55, 23; :37· 13digredi, Μ 134. 25discedere, L 2, 9 ; 5, 9. Μ 79. 1 > ί 136. 26. discere, Lx, 4. discernere, Μ 66, 3° ; 67. 5 ! 68, ii. discrepare, M xji, 18 ; »37. 2· discurrere, L 17, 3; 24 b, 3. discussio, L 5, 13 ; 6, 4. discutere, L 2, 3 ; 6, 6. dissimulare, M 54. 29; 67, 7divellere, M 136, 28. divinitus, M 60, 21. divinus, L 17. 4, 7 ; 22, 1 ; 24 b, 3 ; 25 b, i ; 26, 7 ; 29, ii, 13· M 57, 3. 6 ; 79, 9 ; 133, 22 ; 134. 29 ; 138. x8, 23. docere, L 1, 4 ; 17, 9 : M 54. 27 ; 58. 22 ; 69. 8. dolus, M 55, 4. domus, L i, i ; M 68. 21, 26 ; 137, 6. dubitatio, M 55, 24. dubius, M 79, 15. dulcedo, M 134, 34. dulcis, M 56. 33. duplex, M 58, 13. Effectus, M 131, 14: 133, 12, 31; «36. 23 ; 137, 11; 138. 19. elatus, M 58, 7· epula, M 9, 6. enare, M 9, 1 ; 55, 9. error, L 22, 4. M 55, 8 ; 56, 13 ; 79. 7; »34. 33; »36. 20; 138. 16. erubescere, L 17, 8, xx, 13. evidenter, L 10, 2. M 56. 26 ; 69. 4. evomere, L 1, 6. excessus, M 67. 11 ; 131, 19; 137, 14. excidium, L 23, 1. M 138, 21. 255 explorare, M 68, 19. expugnare, M 69, 21; 79, 5. exsecramentum, L 17, x. exsecrandum, M 79, 13. exsecutio, M 133, 21. exsequor, L 17, 8 ; 26, 4 ; 30, 3· M 57, 2 ; 131. 22 ; 137, 7· exsistere, L 13. 6; 24 a, 5; 30, 4; 32, 6. externus, M 137, 21 ; 138, 15, 24. Facilis, M 131, x8. facilitas. M 58, 17. factum, M 57, 2 ; 79. »6facultas, M 55. xx ; 68, 22. fallacia, M 56, 33. fallaciter, M 58, 12. falsitas, M 60. 20 ; 137, 8. falsus, M 9. S ; 67, 2; 68, 11. fama, L 6, xo. M 69, 3, 12 ; 136, 22; 137, 9femina, L 12. 7 ; »4. IOfictio, M 54, 20. fictus, L 15, 5. fidelis, L 19. 2. M 57, 22; 58, 1; 66, 25, 29 ; 68, ii ; 69, 10 ; 79, 14. fideliter, M 58, 27. fidenter, M 71, 13· fides, M 55, 15 ; 68, 17. fiducialiter, L 20, 9. figmenta, L 3, 9 ; 4> 3 î 8, 4. M 79, 14. fingere, L xo, 3· M 54. »9 ; 67, 5. firmus, M 9, 12. flagitare, L 5, X3· flagitium, L 19, 7foeditas, M 69, 6. foris, M 68, 26. fornicatio, L 2, 4> 7. 8 ; 5, 3. fragilis, M 134. 22. fragilitas, M 9, 9; 71· JIfrater, L 6, 2. M 68, 11 ; 69, 6, g. fructus. M 57, 19 i 60, 27 ; 67, 6 ; 68, 12. 256 INDEX DES MOTS LATINS Gaudere, Μ 56, 15 ; 79, sg. gaudium, M6t, 3; 67, 2; 68, 7", 79. =4· genus, La, 5.10; 28, 5. M54, ai ; 56,5· gerere, L 5. 3; *3. 9, 11; 17, 12; 22» 9; 24 a, 8; 28, 1. M 55, 31 ; 69. 4, gloriari, M 68. 25. gratia, M 54, 30 ; 57, 29 ; 58. 5 ; ù9, 5 ! 134, 29. gravis, L 7, 2 ; 23, 6. gustus, M 9, 5 ! 58, 26. Illudere, M 54, au. imago, L 27, i, 2, 4. immundus. L 2, 9. M 80, 1. imperitia, L 10, 2. impietas, M 137, 14. improbus, M 57, 4. impugnare, M60, 16; 138, 19. incurrere, L 3, 6. incursio, Μ 67, ι.|. incursus, L 22, 2. Μ 55, 19 ; 138. indignatio, Μ 58. 6 ; 138, 27indiscretus. Μ 58, «7indiscussus, L 1, 4· indubitanter, L 30, 4· indulgentia, Μ 55. >9 ; 68. 7; 13; 134. 31ineptus. M 60, 23. inficere, M 80, 1 ; 137, 21. infimus, L 16, 12. M 22. 7. infirmus, M 9, t2. inflatus, M 68, 13. infligere, M 57, 24. inimicus, Lis, 7. M 9. 3 I 5®, 138, 20. iniquus, M 60, 17; 137. 9. injustus, M 58, 10 ; 138, 9. inordinate, M 69. 9. inquietus, M 55, 5. inrogare, M 79, x6. insimulare, M 60, 18. instituere, L 12, 1, 3; 14. 11, 22, 8. M 57. 21 ; »34, 28. institutum, M 54, 27 ; 56, 14 ; 138, 25· instrumentum, L 17, n. integritas, M 136, 21. interitum, M 60, 26. intrare, Myx, 13. investigare, L x, 4. Jactare, L 13, 4; 14, xx ; 23, 7· jucunditas, M 79, 9. judicare, L 1, 2, 3 ; 4, 7. judicium, L 22. 1. M 56, 11 ; 57. 7· jus, L 2, 4 ; 4, i, 5 ! io, i. M 22, xx i 134. 25justitia, M 57, :6 ; 58, 15 ; 134. 29! X3». 9· justus, L30. 7· M 55, 28; 68. 23; 137. l6juvare, M 56, 29. it· yi, 18 ; 12; Labes, L 19, 9. M 79. 16. lacerare, L 1, 9. M 55, 29 ; 60, 24; 67. 15· laceratio, M 58, to ; 60, 23. laedere, M 55, 10, 11 ; 138, 12. laetari, M 54. 21 ; 79, 4. laqueus, M 9, 15; 60, 20; 133, 20. legitimus, M 55, 27. lex, L 6, i. M 55. 8 ; 56, 8 ; 57, 22. liber, Ms4, 22: 57, 13 i »37. 22. libertas, M 56, 19 ; 68. 20. litare, L 3, 5; 11, 5longe, L 2, 4 ; 4, i ; 13, 7 ! »6, 6. M55. 6. ludibrium, L 17. 3 i >9. 5 i 20, 5; 24 b, 2. lumen, M 9, : ; 69, x. Maculare, L 6, 8. magis, L 7. 3, 4 ; 24 b. 5 (tw) ; 39 13 32, 5· M 9, 10 ; 56» »5 i 68, 27 majores. L 16, 7; 17, 2 : 24 b, 3 25 b, 2 ; 28, 8. malefactum, L 6. 9 ; 22, 3. INDEX DES MOTS LATINS maleficium, L 9, 7· malevolentia, L 1, 9· malitia, M 55, 1. malum, L 22, 7, to; 24 a. (> < 3’, 3- M54, 23. malus, L 10, 4 ; 15, 4 ; 2’. 7· M 55. *2 ; 56. 27 ; 69, 3 ; ’34. -4 .‘ ’38. 26. manifeste, M 57, 1. marita, M 68, 23. matrona, L 16, 8. maturus, L 6, 5. M 57. ’-· medela, M 56, 12. medicina, L 29, 7, 9. membrum, L 2, 5 ; 7, 3. mens, L 17, r 1. M 9, 6 ; 54. 25 ; 57. 28; $8, 14 ; 60, 30; 66, 25; 68, x6 ; 69. 14 ; 7’· ’’ » 79. 23 : ‘33. >9 ; ’34, 34 ; ’35. 2 i ‘37, 5, 19 ; ’38, 22. mensa, L 9, 3 (Ms). M 9, 4· mensura, M 55, 27. merito, L 29, 12. M 55, 29. meritum, L 14, 6. meruere, L 14, 9 ; 2t, 7. M 55, 3- ; 57, ‘6 ; 134. 31. minime, L 7, 5 ; x 1, 5 ; t8. 2, 4 ; 25 a, <5 ; 29. 5minister, L 7, ministerium, L 7, 4, 7 ; 8, 1. miseratio, M 60, 24 ; 131,19; 134. 2(>misereri, M 57. 8 ; 133, :S. mitis, M55, 4. moderamen, M 136. 20. moderatio, M 57, 10; 137, ’5· modestus, M 58, 22. moechus, L 6, 3. moliri, M 54, 23; 57, 24 ; 60, 18; ’3», »3. morbus, L 3, 4 ; 12, 3, 6; 13, li­ mo: tifer, M 9, 5 ; 79, 2. mns, L 14, 9 ; 15, 1 ; 19. 9 ; 21, 5. 7· M 55. 3, 23 ; 57. 4 ! 5». 23 i 79, 257 mulier, L 5, 10 ; 12, 4· muliercula, M 68, 22. mutatio, M 9, 10. mutuus, M 57, 22. Necessitas, L 22, 4 ; 24 a, 9. neglegentia, L 32, 4. nescire, L 1, 8 ; 7, 8 ; 23, 2. MS7. Si 68, 17· niger, M 69, 3. nocere, I. 24 a, r. M 54, 30; 138, 22. nesse, L i, 3. nota, M $6, 29. noxius, I.31, 7· M 55, 3! 56, ri; ’33. 29; ’38. ’3· nudatus, L x6, 8. nudus, L 17, 3. nunc, M 9. 9. Obfuisse, L 14. 3. oblectatio, M 79. 3· obligare, M 137, 21. obloquium, M 137, 6. obreptio, M 69. 22. obscenitas, L 19, 7. obscurus. M 69, 3. occultus, M 69, 4 ! ’37. ’8 ; 138, i3. oculus, L 6, 2. M 22, 6. offendiculum, M 69, 7. offensa, M 54. 28. offensio, L 13, 7 ! ’6, 3. omnino, L x, 10; 11, 6; 20, 3. onerare, M 68, 22. operari, M 67, 8 ; 69, xo ; 138, 2U operarius, .M 68, 19; 137, 13, opponere, M 69, 7. Paganitas, L 28, 2. paganus, L 15. 6; 19, : ; 30, 2. palam, L 3, 2 ; 9, 1. M 57, 1 ; 24peccare, L 5, ’2 ; 6, 6 (My) ; 22, 5. peccatum, L 2, 3 ; 5, 5, 7, S ; 14, 6. M 60, 15 ! 67, 12 ; 68, 22; 133, ’6; ’37» ’5. Lettre tt Mtiiti. V 258 INDEX DES MOTS LATINS x7, *8 ; 134, 22 ; 137, 21 ; 138, 24· percurrere, M 57, 4. persona, L 16, 12; 20, 11 ; 26, 5 ; 32. ’■ persuasio, L 18, 6. pertinere, L 14, 2, 3, 4 ; 30. «· perversitas, L 15, 5 ; 22, 5. M 67, 2 ; 69. 7· perversus, L 8, 3 ; 10, 4. M 134, 31 ; 138. xo. pestifer, M 22, 10 ; 79, 18. pestilentia, L 1:, 2; 13, 10, 12; 23. 4, 6; 24 a, 5. pictas, M 57, 26; 58, 15; 60, 27. piger, M 138, 12. poena, L 6, 6. M 57. 6; 58, 27; »34. 31. pondus, L 9, 7. potius, L «7, r ; 20. 1, ro ; 27. 2 ; 31» 8. M 55, xx ; 56. 12 ; 57» 4 ! 58» H, 21 ; 60, 23 ; 69, 18 ; 131, 26; 138, 21. praecavere, M 60, 24. praecipitanter, L x, 6. praecipitare, L 1, 10. praedicare, L 3, 3. praescribere, L 28, 7; 32, x. praescriptio, L 28, 8. pravitas, L 17, x: ; 32, 5· M 66. 29 ; 79. 26; «34, 21; 137. 6, 18. pravus, L 8, 3. M 68, 25; 79. «5probare, Μ 56, 5 ; 79, «6· probus, Μ 58, 23. prodesse, Lix, 6; 16. 5; «7· 7» 24 a, 7; 25 a, 6; 27, 2, 3, 5! 3’» 7. M58, 28; 134, 27; 137. 9· proferre, L 1, 7 ; 4. 3, 5· I4'' 6' z· 7. professio, L4, 4; 29, X5Î 30. 5· M 9, 2 ; 79, X2. profiteri, L 3, 2; 8, 4; 17, x, 8, X3; 30, 5- M57, 5; 66, 2713’. 22. promere, L 6, 7 ; 22, 7. M 54. 35' promptius, M 79, 17; 131, 9pronuntiare, L 30, 3, 6; 3’· 3' M 66, 30; 68, 12. propatulum, L 20, 9. proponere, L >6, 2 ; 19, 9 ; 22, 7· propositum, L x, 9; to, 5; 2«. 3· M 131, 25, proprius, L 14, 4 ; 22, 5· •',I 29; «37, X4Ï ’38, 20. protervus, M 57, 12. publicare, L 20, 7, 9. publice, L 3, 3 ; 9, x ; 16, 9. publicus, L 17, io ; 20, 3 ; 33· pudere, L 17, 5, 6 ; 20, 8 ; 26, 6. pudor, L 20. 3. M 68, 25. purgare, L 6, xx. M 56, 6; 67. 5ί 137, 22. puritas, M 55, 28. purus, M 9, 6 ; 137, 19. Qualitas, L 21, 5. M67, 6. qualiter, M 56, 2 ; 68, ir. Ratio, L x, 5 ; 9, 9 ; 32, 3. Μ 136· 26. rationabilis, M 56, 1 ; 57, 18 ; 69. ’ «· rationabiliter, M 137, 7. rationalis, M 136, 25. reatus, M 71, 22. recidere, L 3, x. M 66, 3:. recte, L 1, 8. rectitudo, M 131, 18. rectus, ?Λ s6, 10 ; 134, 22 ; 13^. 21 ; 137, 12 ; 138, xo. reddere, L 16, 3 ; 32, 2. redigere, L 26, 3. M 68, 20. refugere, L 3, 3 ; 17. 9. refutare, M 137, 12. religio, L 17, 8 ; 19, 7 ; 20, 12 ; 29, 4 ; 3«, 7. M 138 18. religiosus, L 6, 3. remedium, L 24 a, xo; 25 b, 4. M 69, 15 ; X33» 311 «36, 24. INDEX DES MOTS LATINS removere, L 14, 12 ; 28, 9 ; 31, 5. 6. M 79. 14. renuntiare, L 8, 4. M 9, 14. rcpcrirc. L 12, 7; 23, 2. M 57, 27. reprobus, M 57, 5 ; 68, 17 ; 137, 5· reputare, M 67, 7; 71. 16. res, L x, 4. 5» «« î 9. 9 î 23. to ; 27. t; 28, x. M 131, 25; 138, 18. respuere, M 9, 2; 56, 21; 79, 12. rens, L 5. 8 : 6, : (6£$) ; 7, 4 ; 8, x, 2. M 137. 14. ridiculosus, L 4, 3. rite, L x?, 3 ; 24 a, 5 ; 24 b, 2. ritus, L 27, 3 ! 30. 2. M 79, x8. Sacer, L 7, 7. 8; 9, 2; xx, 7; 17, î ; 26, 3. M 55, 3x ·, 58, 26 ; 131, 2: ; 138, «9· sacerdotium, L 7, 9. sacrilegium, L 2, 7· 5, 2; 15, 6. sacrilegus, L 3. 7. M 79, 3, 8. salubriter, M 58. 3salus, L 15· 8 ; ‘7. 3. xo; 19. 8; 24 b. 4 î 25 b, 3 ; 26, 6. M 9, 6; 55. «S ’ »3«. «· salutaris, L 17, 2 ; 24 b, 4 ; 35 b, î ; 26, 7 ! 27, 2. M 58, 20 ; 68. g ; 7X, 23 ; 79, 20. salutatio, M 8o, x. salutiferum, L 16, n ; 4, 6. salvatio, M 57. 21. sanus, L J9, 6. M 58. 22. sapere, L 1, 9 î «7. xo. M 57. 11; 68, 14· satius, L x6. 9 ; 26, secundum, L 4, 1. M 56, 31; 13X, xo. sertorc, L x, x. seducere, L 3, 9· M 56, 33. segnes, La, Xsegnitia, L 6, 8. sensus, M 22, 5 1 57, 6 ; 68. 13 ; *33» »5· sententia, L x, xo ; 4, 259 separare, M 69, 9. sermo, M 56, 33. serpeus, M 55, 3. servare, M 136, 33 . I37> j6 servitus, M 57. 20; 66, 3: ; 67, 6; 68, 21 ; X33, 31. severitas, L 6, 10. similitudo, M 55, 2 ; 136, 28. simplex, M 55, 2. simulatio, M 67, 4. sinceritas, M 54, 25. sincerus, M 55, 26; 58, 14 ; 67, 5. singulariter, L 16. 5. sollicite, L 7. 3. M 55. 4. sollicitudo, L 6, 10. M 138, xx. species, M 54, 30; 138, :8. spiritalis, L 2. 9 ; 5, 3 ; 6, 4· M 54, 27 ; 79. 23 ; 131, 24. spiritus, La, 9. M 68, 16; 79, 15; 80, x ; X3«. 8 ; X35, x. spurcitia, M 68, 26. sterilitas, L 12, 4 ; 13, 1 ; 14, 5, 10, xx, 13 ; 23. 7. studere, M 54. 3° ; «33. 26; 138, x8. studium, L x, 7. stultus. M 68, x6. subdolus, M 68, «9. submovere, L 22, 7! 23,4; 248,6; 28, xo ; 30. 6 ; 3«, 2. M 138, 24subripere, M 58, «7; «33» 20. subsicivus, M 55, xx· subvertere, M 22, «o; 68, x8. superbe, M 57, ««■ superbus, M 58, 5 : 60, 23. superstitio, L 3. 9 ; I2· 3 '· 23« s ' 28, 2. M 79, X3· superstitiosus, L 29· H Templum, L 9, 5 (bis) ; 28. 3. temptare, L 26, 1 ; 3«» 2 · 32, 3· tenebrae, L 9, 5. M 69, 2. tenere, L 5, I2(bis) ; 19. 3· M 5527 ; 68, 14. 2βθ INDBX des mots latins terrenus, M 22, 5 · 55· 30; 56, 13; 57, :o : 68. t » ; »3«. 15 ; 134.28. terrere, M 5®· 9· terror, M 6x, 2. tollere, L 13. » : »3· 5 ; 29. 5. 12 ; 32. 6· trabs, L 6, 3. tractare, L 26, 6, 7; 37. 4. M 79. X5· tradere, M 57· 5trames, M 60, 2: ; 133. 26 ; 136, 37. transire. L 2, 10. tumere, M 56, 20. turbatio, L 13. 4. turpis, L 19, 5· M 68. 20 ; 69. 5. tyrannus, M 22, tr. Universus, M 56, 4, 19. urgere, L 5, 12 (6w) ; 9, 6. utilitas, M 57, 25. Valere, L 12, 6; 24 b, 2, 5. M 22, 7 ; 131, »0. vanitas, L 10. 5 ; 28, 4, 5. M 66. 27. vanus, L 3, 9; x8, 6; 22, 2; 24 a, 10 : 29. 14. M 79. 13. velare, M 57, 3. velle, L r, 3 ! 3- 2 ; 4. 6 ; 6, 5 7· 7; 32. 8· M 55, 2, a7; 58, 15 ; 67, 4 ; 71. x6 ; 13t. 24 ; 138, 12. venire, L », 5 ; 11, 3 ; 13, 9 ; x8. 3 ; 34 a, 6. M 57. 7 ; 67. 3. ventilare, L 28, 2, 7, veraciter, M 58, u ; 60. 35; X3>. IX ; »38, X8. vere, L 17, i ; 23, 3. M 58· 24 ' 69’ xo. verecundia, L 17. 9 ; 20. 8. . veritas, L 1, 6 ; 4. 1 ; 8, 3 · *'1’ ' 5- M 9. x : 60, 20, 25 î 67’ & X33. 20 ; 134. 25 ; 135· 1 ’ 13 29 ! 138. verum, L 2, 1 ; 7, 2. verus. L 31, 7. M 9, S ; 55· S ’ s ; 57· 23 ; 79. 20. vesania, L 19, 6. vetustas, M 79. 18; 13:. «5via, M 9. t ; 60, zi ; 133. *9· videre, L 6. 2, 3: 9. 6; 19, 8 ; 22, 8 , 24 1», 2 ; 30, 7. M 5*5, 3°· 3’ · 69. 3. ‘°videri, L 3, 2; 12. 4 : 20, 5î 22· 10; 24 a, 4; 26,2. M 5<», 3*1 68, 24. vilis, L 16, 3, ir ; 25 b. 3. vindicare, L 2. 6 ; 5. r. 3 : 9, 7· vindicta, L 5. rj ; 7, 6. vitare, L r3, 3. M 56, ro, 28 ; 79, 12; 138, :o, 26. vitiosus, L 26. 2. 4. vitium, L 2, r. M 56, 7 : X37· 21. volumen, M 57, 3. voluntas, L 4. 4 : 10, 3 ; 2i, 1 ; 33, 7. M 56, 21 ; 66. 25 ; 67, 6 ; 79, 8 ; X3X. ’Ο; X34. 231 J37, 2: 138. 20. voluptas, M 23. 7. vox, L 19. 7 î 20, 3. M $6, 18 ; 65, 30 ; 68, 12 ; 79, 21. vulgare, L 20, 2. TABLE DES CITATIONS D’ÉCRITURE (Les références précédées d'un astérisque renvoient à de simples allusions.) Tob. 4, l6 Ps. xo (XX), 8 — 18 («9), X3 — 58 (59). 3 — 62 (63), X2 — 1:8 (, J2 Prov. 17, 13 Matth. — — — — — — —· — — — — — -c «. xo, 10, 13, 0 8, 10, Pages Σ94, 206. 246 246 342, 346 242 2X2 23O. 236 X94 x<» 324 44-48. 208 23 232 2 168 7, 3 î66 7, ;2 194, 198, 206, 208 7, 16 et 30 2:6. 220 10, :6 194 19. X9 208 22. 37.40 198 23, 14 222 23, 27 222 24, 26 202 3X 194, 198, 206, 208 3 194 27 198 27 243 7 sq. X66 XI 218 5. 5. 6. 7, ora. x, 28 — 2, I 6, 4 — 12, 16 — X2, 17 — x6, 18 204 x68 230 204 194, 202 202 •I Cor. • — — — • — 2, X4 6, 16 sq. 8, 9 et xr xo, 20 XO, 21 Il Cor. xo, 7 — XX, 13 •Gai. 3, 4 Éphés, 5, 12 •Phil. 3, 19 Col. 2, 18-X9 •I Thcss. 5, 14 •II Thess. 3, 6 I Tira. î, 7 * — 3. x6 ' — Λ. 17 •II Tim. 2, x8 * — 3, 26 — 3. 6 — 3, 8 Jac. r, X7 ·— 4, 6 I Pierre 3, 3 * — 5, 5 Pages 220 164 232 168 X92 202 222 220, 222 222 220 320 194 222 x62, 320 344 204 320 X92 223 220 224 208 168 208 X64 •II Pierre 2, 30 «Φ INDEX DES INCIPIT LITURGIQUES Page» Ab occultis nostris munda nos Dne et ab alienis pravitatibus Ab occultis nostris tua nos Dne sca purificent Ab omni errore nos Dne quaesumus expient sacramenta Ab omnibus nos quaesumus Dne pec­ catis Absolve Dne quaesumus iniquitates nostras Adesto Dne fidelibus tuis et tua $ca celebrantibus Adesto Dne supplicationibus nostris Adesto nobis omp et misericors Ds Annue quaesumus Dne DS noster ut per hoc Auxiliare nobis misericors Ds ct ut cunctos hostes XXVIIII-xx poste. 242 XXVHII-xxu secr. 246 XXVIIII-xv poste. 238 XVIII-vrn or. x 2x2 XVlII-ini or. 1 206 XXVIlll-xui or. sup. pop. XVIII-11 or. x XVIII-xvnt poste. 236 198 218 XVIII-xti poste. 204 XVIII-xxxvn or. 2 228 Beneficiis tuis Dne quaesumus populus fidelis XVIII-int or. sup. pop. Comprime Dne quaesumius os iniqua loqnentiuin Concede nobis Dne Ds noster ut et te tota mente Concede quaesumus omp Ds ut viam tnarn Consecra quaesumus Dne quae de ter­ renis fructibus 206 XVIll-vin or. 2 axa XVIII-im or. 2 206 XXVlIII-xni or. 2 236 XVIII-mt secr. 206 Da ecclesiae tuae Dne non su|>erbe sapere XVIIl-in or. sup. pop. Da nobis Dde quaesumus ambire quae recta XVIII*» poste. 204· 200 264 INDEX DES INCIPIT LITURGIQUES Pages Da nobis Dite quaesumus ul in tua gratia veraciter confidentes Da populo tuo Dfic quaesumus spru veri· tatis Da quaesumus Dite populo tuo a diabo­ licis Da quaesumus omp Ds ut hujus obla­ tionis effectus Dicatae tibi Dite quaesumus capiamus oblationis effectum Ds qui cura muneribus nullis indigeas D$ (qui) errantes (ut) in via(m> Ds qui humani generis fida societate lactaris Ds qui justitiam diligis et injusta con­ demnas Di qui prudentem sinceratnque concor­ diam XXVllII-vitxi or. 2 232 XXVIlII-xv or. sup. pop. 238 VIII-xx bit or. sup. pop. X92 XXVIIII-xx seer. 24a XXVUll-vitu seer. XVHI-xxitu seer. VIII-xx Ms or. x 23a 226 J 92 XVlII-x or. 2 194 XXVIlll-xxu or. 1 XVIII-ti or. a Ecclesiae tuae Due voces placatus ad­ mitte ΧνΠΙ-ιιι or. r Exaltationem nostrae condicionis huma­ nae substantiae VIIIl-v secr. Exaudi Dfic preces nostras et celeri nos propitiatione XVIII-xx or. 1 Exaudi nos Dne Ds noster et a pravita­ tibus mundi XVIIl-xvnx or. 2 Fac nos quaesumus Dfic quae sunt XXVnil xviiti or. 2 recta sectari Familiam tuam Dfic propitiata majes­ XXV11II xx or. sup. pop. tate circumspice Famulos et famulas Dfic quaesumus XVHI-xx or. sup. pop. intuere Fideles tuos Dite benedictio desiderata X X V1111 · x vxxt 1 or. sup. pop. confirmet Gratias tibi Duc laudesque persolvimus Gregem tuum Dfic Pastor bone XVUI-xxiiix poste. XVIlI-xvHi or. sup. pop. Hostias Dite suscipe placatus Hostias quaesumus Dfic nostrae devo­ tionis assume XVIII-xx secr. XVlII-nr secr. 198 202 244 220 2t6 224 240 INDEX DES INCIPIT LITURGIQUES 265 XVIII-xx or. 2 Pages 220 Intende Diic quaesumus supplices nos Laetificet nos quaesumus Dfic sacra­ menti veneranda sollemnitas XVIII-xxxvti poste. Largire nobis Dfic quaesumus spin cogi­ tandi quae bona sunt XXVIlII-vini or. 1 230 232 Majestatem tuam Dne supplices exu­ ramus XVIII-v or. 2 Muneris divini perceptio quaesumus Dite XXVllII-xxn poste. 246 Non retribuas nobis quaesumus Dne quae malis operibus promeremur XXVIlII-xv ΟΓ. 2 238 Oblatio tibi Dfic nostra defertur Offerimus tibi Dne munus quod Omp et misericors Di ad cujus beatitudinem Omp semp Dsda nobis voluntatem tuam fideli mente retinere Omp semp Ds ecclesiae tuae concede propitius ut mortiferis Omp semp Ds qui nulli nos inferre man­ dasti Omp semp Ds qui superbis resistis et gratiam praestas humilibus Omp semp Ds qui tuae mensae parti­ cipes XVIII-t sccr. XVIII-v secr. Peccata nostra D:ic propitiatus absolve Perfice Dfic quaesumus benignus in nobis Plebem tuam Dne quaesumus interius exteriusque restaura Populum tuum Dfic quaesumus posside caelestibus institutis Porrige dextram quaesumus Dite plebi tuam misericordiam postulanti Praesta Dfic quaesumus ut mentium reprobarum non curemus obloquia Praesta Dfic quaesumus ut toto tibi corde subjecti Lettres et Mesut. 20S 194 208 XVIIl-xxnn or. 2 226 XVIII-xvm or. 1 2x6 XVIII-xxxvn or. i 228 XVJlI-t or. i 194 XVIII-v or. 1 208 VIII-xx bis secr. X92 XXVIlII-xni or. 1 236 XXVHII-vnii poste. 232 XXVIIH-νππ or. sup. pop. 234 XXVIIII-xxti or.sup. pop. 246 XVlII-vnr or. sup. pop. 214 XXVUII-xx or. 1 20;ξ XVUI-lti or. 2 :8 266 INDEX DES INCIPIT LITURGIQUES Pages Praesta nobis quaesumus Dne terrena despicere XVIII·» secr. Praesta quaesumus omp Ds ut inter innumeros vitae praesentis errores XXVIIIl-xviifi or. i 24O Prosint nobis Dne frequentata mysteria XXVlHI-xv sccr. 23g Purifica Dne quaesumus familiam tuam XVIII-xxxvit or. sup. pop. 230 Purificet nos Dne caelestis exsecutio sacramenti XXVIIII-xnt secr. 23g Quaesumus Dne Ds noster ut per haec caelestis vitae commercia Quaesumus omp Ds ne multitudinem nostrae pravitatis adtendas Quaesumus virtutum caelestium Ds ut despectis falsitatibus iniquorum Quod orc sumpsimus Dne quaesumus mente capiamus Quos refecisti Dne caelesti mysterio XVIII-vni sccr. 2I3 XXVlllI-xvor. x 238 XXVIIII-xx or. 2 34» XVIII-xx poste. XVlII-viti poste. 224 3x4 Recreati Dite sacri numeris gustu XVI II-v poste. Redemptionis nostrae munere vegetati XVIIl-i poste. Repelle Dne quaesumus a nobis sacri­ legas voluntates XVIII-xxxvit secr. Sacrificii tui Dne servimus effectibus Salva quaesumus Dne plebem tuam Sancta (Sca) tua nos Dne quaesumus ct vivificando renovent Satiati participatione caelesti ct gratias tibi referimus Sumpti sacrificii Dite perpetua nos tui­ tio non relinquat 210 ’96 228 XXVIIIl-xvnil secr. XVIII-t or. sup. pop. 240 196 XXVIllI-χνππ poste. 240 XVIII-mi poste. 206 XXVIIII-xilI poste. 23d Tua Dne protectione confidens bene­ dictionem XVIlI-v or. sup. pop. Tuere Dne quaesumus famulos tuos XVIII-ix or. sup. pop. 2x0 200 Ut tibi grata sint Diie munera populi lui XVIII-xvnt secr. 2t6 Vere dignum cujus ecclesia sic veris confessoribus VIII-xx fit's V. D. cujus inspiratione beatus Panins XVIII-111 V. D. misericordiam tuam Diie depre· cantes XXVIUI-xxil 193 202 246 INDEX DES INCIPIT LITURGIQUES Z&J Pages V. D. qui caelestibus disciplinis ox omni parte nos instruens XVIII-xx V. D. qui cum summa sis Ratio nosque rationales effeceris XXVIIIl-xvuit V. D. qui ecclesiam tuam a diabolica simulatione vis esse purgatam XVIII-xvni V. D. qui famulos tuos informare di­ gnaris XVIII-vni V. D. qui fideles tuos mutua faciens lege concordes XVIII-xm V. D. qui nos sic pietate pariter atque justitia vis esse perfectos XVIII-v V. L). qui nos spiritalibus erudiens ins­ titutis XVHI-x V. D. qui sic rationabilem non deseris creaturam XVIII-11 V. D. suppliciter exorantes ut omnis a nostro discedat corde profanitas XVIII-xxxvit V. D. ut divinam jugiter gratiam sub­ séquentes XXVIIII-xv V'. D. ut nos ab operariis iniquitatis dignanter expedias XXVIIII-xx V. ». ut qui te Auctore subsistimus te dispensante dirigamur XXVIIII-xm V. D. ut qui te Auctore sumus conditi XXVIllI-vrrii V. 1>. ut sensibus nostris dignanter infundas VJUI-v Veritatis Auctor et misericordiae Ds XXVIIII-xxxi or. 2 220 240 2x0 2X2 200 208 X9+ 198 228 238 242 2^2 216 TABLE DES MATIÈRES Pages AVANT-PROPOS........................................................................ 7 INTRODUCTION.......................................................................... il I : La personne et l’œuvre de saint Gélase Ier. 1) L’œuvre doctrinaleet disciplinaire de Gélase.. 2) Son œuvre pastorale................................................. 15 17 18 H : La fête des Lupercales et la lettre ouverte de GÉLASE............................................................................ 20 A. — La fête des Lupercales...................................... § i. — La fête des Lupercales au témoignage des auteurs païens anciens......................... § 2. — La fête des Lupercales au temps de Gélase.................................................................. B. — Txi lettre ouverte de Gélase sur les Luper­ cales ............................................................................ Première partie : Attaqué sur un point de dis­ cipline, Gélase se défend et attaque à son tour ses adversaires...................................... A) Gélase a éré attaqué le premier pour une affaire d'ordre disciplinaire........... B) Gélase condamne à son tour son adver­ saire pour une faute beaucoup plus grave, la participation à un culte païen. Deuxième partie : Le réquisitoire contre les Lupercales............................................................... A) L’inefficacité constante des Lupercales B) L'inconséquence des chrétiens qui dé­ fendent les Lupercales et qui pourtant rougissent de les célébrer par euxmêmes............................................................. 21 23 31 34 35 36 37 43 43 45 ajO TABLE DES MATIÈRES C) Ixîs Lupercales causent la ruine des mœurs et tous les autres maux........... D) Gélasc met ses adversaires au défi de lui citer un seul bienfait dû aux Luper­ cales ............................................................... Troisième partie : Prises de position................ A) Gélasc invite ironiquement ses adver­ saires à célébrer selon les règles la fête des Lupercales et répond à leurs derniers arguments.................................................... B) Gélase dicte enfin sa décision............. ΠΙ : Une couche 45 46 48 48 50 littéraire originale et homo­ Sacramentaire léonien................ 52 A. — Originalité de la couche littéraire............... 1) Thème dc la tromperie et dela simulation. 2) Thème de l’orgueil........................... 58 3) Thème du péché et du démon..... 58 4) Thème de l’impureté........................ 61 5) Thème du scandale......................... 61 6) Thème dc la mise en garde des fidèles... 7) Thème dc la conversion.................. 63 8) Autres thèmes secondaires............................. B. — Homogénéité de la couche littéraire........... 55 57 gène dans le § § § § i. — Le premier groupe de formulaires.. 2. — Le deuxième groupe de formulaires. 3. — Le troisième groupe dc formulaires. 4. — Homogénéité de toute la couche litté­ raire .......................................................................... 62 64 65 66 68 70 72 IV : Comparaison littéraire entre la lettre de Gélase et les messes du Sacramentaire léonien et interprétation de chaque formulaire par Lupercales......................................... 80 § i. — La messe VIII-xx bis..................................... 82 § 2. — Les messes 1, n, m, mi, v et vin de la section XVIH............................................................ 84 Λ) Comparaison des textes................................. 85 a) Comparaison des mots et des expressions. 85 l’affaire des TABLE DES MATIÈRES b) 2?! Comparaison des thèmes.......................... 87 Thème des injustes attaques............... 87 Thème de la tromperie et de l’aveu­ glement.................................................. 88 Thème de l’orgueil..................................... 89 Thème dc la charité................................. 89 B) Interprétation dc chaque formulaire......... Messe XVIII-i.................................................... Messe XVIII-n................................................... Messe XVlIl-in.................................................. Messo XVIII-un................................................ Messe XVIII-v..................................................... Messe XVIII-vin............................................... 91 91 93 94 96 97 99 §3. — Les messes xviii, xx, xxim et xxxvn do la section XVIII...................................................... 100 A) Comparaison des textes................................. 100 a) Comparaison du vocabulaire..................... 101 b) Comparaison des expressions caractéris­ tiques ............................................................. 102 c) Comparaison des thèmes........................... 103 Thème du paganisme.............................. 103 Thème dc l’incompatibilité entre pro­ fession chrétienneetpaganisme.... 104 Thème du retour audémon.................... 105 Thème de l’orgueil et des volontés en­ durcies .................................................. 106 Thème des Lupercales............................. 107 B) Interprétation de chaque formulaire......... Messe XVIII-xvui............................................ Messe XVIII-xx.................................................. Messe XVIlI-xxini........................................... Mcsso XVIII-xxxvii......................................... 10S 108 no ii2 113 §4. — Les messes vim, xm, xv, xvnn, xx et xxn dc la section XXVIHI, et messe VIIII-v........... 114 A) Comparaison des textes.................................. 115 «) Comparaison littéraire des messes avec la lettre de Gélase...................................... 115 Thème des adversaires.............................. 116 272 TABLE DES MATIÈRES Thème de ce qui est droit et conforme à la vérité............................................ Thème des Lupercales............................. Thème de la conscience........................... b} Comparaison littéraire des messes avec les messes des deux premiers groupes... B) Interprétation de chaque formulaire......... Messe XXVIIH-viiii........................................ Messe XXVTTII-xni.......................................... Messe XXVIIIT-xv............................................. Messe XXVllII-xvini...................................... Messe XXVlIlI-xx............................................ Messe VIIII-v..................................................... Messe XXVIIII-xxn........................................ V : Un essai de reconstitution chronologique, liturgique BT canonique de l’affaire des Lupercales...................................................................................... 118 119 120 121 122 122 123 124 126 127 128 129 131 A. — T-es indications chronologiques et liturgiques fournies par les messes.............................................. 132 1) Les indications chronologiques................... 2) Les indications liturgiques............................ 132 133 B. — Essai de reconstitution chronologique de toute l'affaire................................................................. 139 C. — Les aspects canoniques et disciplinaires de l'affaire.............................................................................. 140 VI : Conclusions.................................................................... 144 L — Conclusions littéraires......................................... II. — Conclusions liturgiques...................................... ΠΙ. — Conclusions historiques................................. 144 145 147 VII : Les textes.................................................................... 150 I. — Le texte de la lettre de Gélase........................ 1) La tradition manuscrite de la Collectio Avel­ lana................................... 2) Les éditions de la Collectio Avellana........... 150 151 153 II. — Le texte des messes du Sacramentaire léo­ nien............................................................................... 155 TABLE DES MATIÈRES 273 1) La tradition manuscrite du Sacramentaire léonien.................................................................... 2) Les éditions du Sacramentaire léonien......... 156 157 LA LETTRE DE GÉLASE CONTRE LES LUPER­ CALES ......................................................................................... Siglcs de l'apparat critique.......................................... Texte et traduction....................................................... 161 161 162 LES MESSES DU SACRAMENTAIRE LÉONIEN... içr Sigles de l'apparat critique.......................................... Concordance entre l'édition de FeltoiS et celle de Mohlberg........................................................................ Texte et traduction....................................................... 191 191 192 Bibliographie..................................................................................... 249 Index des principaux mots latins............................................. Table des citations d’Écriture................................................... 253 261 Index des incipit liturgiques...................................................... Table générale des matières..................................................... 263 269 SOURCES CHRÉTIENNES LISTE COMPLÈTE DE TOUS LES VOLUMES PARUS .V. R. — L’ordre suivent est celui de la date de parution (η* 1 en 1942), et il n’est pas tenu compte ici du classement en séries : grecque, latine, byzantine, orientale, textes monastiques d'Occidcnt; et série annexe : textes para-chrétiens. Sauf indication contraire, chaque volume comporte le texte original, grec ou latin, souvent avec un apparat critique inédit. La mention bis indique une seconde édition. NF I bis. Gnso-Ήΐικ db Ntssn : Vie de Moiso. J. Daniëlou, S. J., prof, à l’Insl. cath. de Paris (1956)............................................ 14,10 2bïs. Clbmrmt o'Albxanukib : Protroptique. C. Mondésert, S. J., prof, aux Fac. cath. de Lyon, avec la collaboration d’A. Plassarl, prof, â la Sorbonne (1949)............................... 12,00 Atiikxaoohk : Supplique au sujet des chrétiens. G- Bardy (trad, seule) ‘1943;............................................................................. Épuisé i. Nicolas Caoasilas : Explication de la divine Liturgie. S. Salaville, A. A. de l'Insl. fr. des Et. byz. (trad, seule) (1943)...................................................................................................... Épuisé 5bis. DiAnoqvB uu Photick : Œuvres spirituelles. E. des Places, S. .1., prof, à l'Insl. biblique de Rome (1955).... 6. 14,10 Ghkgoiiuc me Nyssk : La création do l'homme. J. Laplace, S. J., et J. Daniëlou, S. J. (trad, seule) (1914).................... Épuisé Ohigùsb : Homélies Sur la Genèse. 11. de Lubac, S. J., prof. Λ In Eac. deThéol. de Lyon, et L. Doulrelcau, S. J., prof, au Caire (trad, seule) (1914)........................................... Épuisé s. Nu:ktas Stbthatos : Le paradis spirituel. M. Chalcndard, dont, és lettres i 1915).............................................................. Épuisé 9. Maxime ».b CoxFP.RsKru : Centuries sur la charité. J. Pegon, S. J., prof. « la Fac. de Théol. de Fourvière (Irad. seule) (1945)......................................................................................... Épuisé 10. Ioxacr d’Axtiochb : Lettres. — Lettre et Martyre de Polvcarpk »b Smvk.vk. P.-TIi. Camelot, O. P., prof, aux Fac. dominie, du Sanlchoir (3* édition, 1958)........................ 12,00 11. IIifi'Olyt· db Komk : La Tradition apostolique. B. Botte, O. S- B., au Mont-César (1946)..................................................... Épuisé 12. Jban Moschus : Le Pré spirituel. M. J. Rouet de Journet, S. J., prof, à l'Insl. calh. de Paris (trad, seule) (1946).... Épuisé 13. Jkav Ciirvsostonk : Lettres à Olympias. A. M. Malingrey, egr. de J'L'niversité (194").............................................................. Trad, seule .... 14,10 8,70 N’F li. IIippolytr : Commentaire sur Daniel. G. Bardy ct M. Le­ fèvre (1957)........................................................................... 15,30 Trad, seule .... 15. Athaxask d'Albxaxohib : Lettres à Sérapion. .L Lebon, prof, ά FUniv. de Louvain (trad, seule) ,1917........................... 16. Oriokwb : Homélies sur l'Exode. il. de I.uhac. S. J., et J. Fortier, S. .L (trad, seule; (1917)........................................... 9.60 8,10 10,50 17. Basilic or Cbsarbb : Traité du Saint-Esprit. B. Proche, O. P (1917).......................................................................................... Épuisé Trad, seule.... 10.50 18. Athaxask i>'Ai.rxaxdhik : Discours contra les païens. Do l’incarnation du Verba. P.-Th. Camelot. O. P- >9»":.. 12.30 19. lIiLAtRK ou Porrinas. Traité des Mystères. P. Brisson, agr. de l'üniversité (1917)..................................................................... 7.50 20. Thûopiih.k o'Aktiochii Trois livres à Autolycus .1. Sender (1918)..................................................................................................... 10.80 Trad, seule.............. 7,20 21. Ëthkrir : Journal de voyage. H. Pétri, prof, é SainteMarie deNeuilly(réimpression 1957)....................................... 11,70 22. Liios le Gram» : Sermous, l. 1. J. Leclercq. O. S. B-, et R. Dolle, O.S. B., à Clcrvaux(19Î9).......................................... Épuisé 23. ClAmknt dAlrxaxihur : Extraits de Théodotc. F. Sagnard, O. P., prof. mix Fac. du Saulchoir (1948).................................... Épuise 21. Ptolkxkp. : Lettre à Flora. G. Quispcl, prof. Λ l L'niv. d Utrcchl (1919)..................................................................... Épuisé 25 bis. Amuroisb ou Milax : Des sacrements. Des mystères. B. Botte. O. S. B.................. Sous presse 26. Basilkdb Cksahkb : Homélies sur l'Hexaéméron. S. Giel. prof, â rUniv. de Strasbourg (1950)........................................ 19,50 27. Homélies Pascales : t. 1. P. Naulin, charge de recherches uuC.N.R.S. (1951}.......................................................................... 8.40 28. Jbax CmtvsosTOMB : Sur l'incompréhensibilité de Dieu. F. Cavallera, S. J-, prof, à l'Inst. calh. de Toulouse, J. Daniélou, S. J., el R. Flucelièrc. prof, à la Sorbonne (1951)................................................................................................... 12.90 29. OniaitM : Homélies sur les Nombres. J. Méhat, agr. de rUniv. {trad, seule) 1951)........................................................ 21,00 30. Ci.ûmrvt d'Alhxanorib : Stromate I. C. Mondcscri. S. J., et M. Caster, prof, à l’Univ. de Toulouse (1951) ............... 14.40 31. Euskuk or Cbsakku : Histoire ecclésiastique- t. I. G. Bardy (1952)..................................................................................................... 47.40 32. Giikguirk i.r Gramd : Morales sur Job. R. Gillet. O.S.B.. cl A. de Gaudciuari», O.S.B., à Paris 11952)..................... 14,40 33. A DioguétO. H.-L Marron, prof, à la Sorbonne (1952)............. 11,70 NF 51. Irbnbk ne Lyon : Contre les hérésies, livre III. F. Sagnard, Ο. P. (1952}........................................................................................ 35. Tbutoi.i.ikn : Traité du baptême. F. Refoulé, O. P................ 36. Homélies Pascales. I. Π. P. Naulin (1953)............................... 37. Orkik'îk : Homélies sur le Cantique. O. Rousseau, O.S.B., à Çhêvclugnc (1954)........................................................................ 38. Clëxbxt d’Alrxaxdrib : Stromate II. P. Camelot. O. P., cl C. Moudéserl, S. J. (J954J............................................................ 39. LACrxs'CK : De la mort dos persécuteurs. 2 volumes. J. Moreau, prof.àl’L’iiiversilé delà Sarre (1954).................... 40. Throdorrt : Correspondance, t. 1. Y- Azéma, agr. de l’L’niv, (1955)...................................................................................................... 11. Eiskiii: ns Cbsaubb : Histoire ecclésiastique, t. II. G. Bardy (1955).................................................................................................... 12. J bas Cassikn : Conférences, I. I. E. Pichery, O.S.B., û Wisques (1955)................................................................................. <9,20 5.70 5.85 6,30 10.80 25.80 7,80 19.20 19.50 «3. S. JénA.MR : Sur Jouas. P. Anlin. O.S.B., à Ligugé (1956).. 8.10 41. Pmij.oxènr ne Mahuouo : Homélies. E. Lemoine (trad. seule) (1956)........................................................................................ 21,00 15. AumtOisK uk Milan : Sur S. Luc. t. J. G. Tissot, O.S. B., à Quarr Abbey (1957)........................................................... 21,00 *«i. Τκηιυι.ι.ιιΐΝ : De la prescription contre les hérétiques. P.de Labriollcet F. Refoulé, 0. P. (1957)................................ 47. PniLoN d Ai.kxanuhie : La migration d Abraham. R. Cadiou, prof, â l lnsl. calhol. de Paria . 1957........................................... 48. Homélies Pascales, I. III. P. Natitïn <-t F. Fldcri (1957). .. 9,60 6.00 7.80 49. Lkon lb Ghand : Sermons, t. 11. R. Dolle, O.S.B. (1957) . 7.20 50. Jsax Chuysostoxk : Huit Catéchèses baptismales inédites. A. Wenger, A. A., de l’inst. fr. des El. byz. (1957).......... 16,50 51. Sy.mhon i n novvkau Thkolooiux : Chapitres théologiques, gnostiquos et pratiques. J. Darrouzès, AA. (1957)............. 9.60 52. Amdkoisk i»r. Milan : Sur S. Luc. t. II. G. Tissot, O.S.B. (1958)................................................................................................... 18.00 53. Hurmas Le Pasteur. R. Joly 1958)............................................ 19,50 51. J has Gassikv : Conferences, l ILE. Pichery. O.S.B. (1958)., 21,00 55. Ersé.ne ■>>< Cbsahkk ; Histoire ecclésiastique. I. 111. G. Hardy (1958)................................................................................ 17,50 5u. AthaNash ii'Alp-xanukik : Deux apologies. J. Szymusiak, S. J. (1958'.......................................................................................... 12,90 57, TtiBononRT db Gyh : Thérapeutique des maladies hellé­ niques. 2 volumes. P. Canivet, S. J. (1958)............................ 48.00 58. Dkxys l'Arûopagitb : La hiérarchie céleste. G. Heil, R. Roques. prof. A la Fac. de Théo), de Lille, cl. M. de Gandillac, prof. A la Sorbonne (1958).................................... 24,00 NF 59. Trois antiques rituels (in baptême. A. Salles, de l'Oratoire(l958)......................................................................................... 3,60 60. Ablred du Riêvaulx : Quand Jésus out douze ans... Dom Anselm Hoste, O.S.B., A Slcenbruggc et J. Dubois (1958).................................................................................................... 6.60 6t. Guu.i.aumr de Saint-Thirrhy : Traité de la contemplation de Dieu. Dom Jacques llourlier, O. S. B., à Solesmes.... 8,40 62. ΙηίίΝέβ ne Lyon : Démonstration do la prédication aposto­ lique. L. Froidevaux, prof. Λ ΓInstitut catholique de Paris. Nouvelle traduction sur l'arménien (Irad. seule; .. 9,60 S 6.3. Richard de Saint-Victor : La Trinité. G. Salet, S. J., prof, à la Fac. de Thcol. de Lyon-Fou rviére............... 24, 8 64. Jean Cassibn : Conferences, t. 111. E. Pichery, O.S.B. 15, 65. Gri.ase l·', Lettre contre les Lupercales et dix-huit messes du sacramentaire léonien. G. Pomarèg, D’ en thcol..................................................................................................... 13,80 66. Adam de Pbrskionh : Lettres, I. I. J. Bouvet, sup· du grand séminaire du Mans......................................................................... 10,50 SOUS PRESSE : Marsus Victorinus : Œuvres théologiques. P. Henry, S. J., prof, à l'institut catholique de Paris, et P. Hadol, atta­ ché au C.N.R.S. Cernent d'Alexandrie : Le Pédagogue, t. I. II.-I. Marrou et M. Ilarl, prof. A la Sorbonne. OrigiInr : Entretien avec Héraclide. J. Scherer, prof. A l’Univ. de Besançon. Amkukr de Lausanne ; Huit homélies mariales. G. Bavaud, prof, A Fribourg, .1. Dcshusscs et A. Dumas, O.S.B. Λ Hautccombc. Léon le Grand : Sermons, I. HI, R. Dolle, Û.S.B. ACHEVÉ D’IMPRIMER LE 9 JANVIER i960 SUR LES PRESSES DE PROTAT FRÈRES, A MACON NUMÉROS d’ordre : IMPRIMEUR, 5871 ; ÉDITEUR, 4983. DÉPÔT LÉGAL Ier TRIMESTRE i960.