ŒUVRES SPIRITUELLES 1963, by Les Editions du Cerf. SOURCES CHRÉTIENNES Directeurs-fondateurs : H. de La bac, s. j., et J. Daniélou, s. j. Directeur: C. Mondéserl, s. J. N° 92 DOROTHÉE DE GAZA OEUVRES SPIRITUELLES introduction, texte grec, TRADUCTION ET NOTES PAR Dom L. REGNAULT et Dom J. de PRÉVILLE Moines de Solesmcs LES ÉDITIONS DU CERF, 2Û, Bo de la Tour-Maudourg, PARIS 1963 .st >ί.ύ IMPRIMI POTEST : Solesmes, le. 25 octobre 1961 t fr, JEAN PROU Abbé do Saint-Pierre de Solesines : Le Mans, le 28 octobre 1962 t PAUL CHEVALIER Evêque du Mang imprimatur C7$4 JUL-S’S ABRÉVIATIONS AM G = Annales du Musée Guirnet. ApopM. = Apophtegmes des Pères. Aug. = Του όσιου πατρός ημών άδβα Ήσαίου λόγοι κθ'... (Édition des Discours de l’abbé Isaïe, par le moine Augustinos), Jérusalem 1911. Dousset = W. Bousset, Apophtegmata, Tübingen 1921. CC — Corpus Christianorum, Series latina, Turnhoult, 1953 s. CSCO — Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, Louvain. CSEL = Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latino­ rum, Vienne. DII G E — Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclé­ siastiques. Dorothée = Instructions et Lettres de la présente édition (avec le n° du §). Dos. = Vie de Dosithée, avec indication du paragraphe de la présente édition. DS = Dictionnaire de Spiritualité. EO — Échos d’Oricnt. Frank. = W. Frankeneerc, Evagrius Ponticus, Berlin 1912. GCS = Die griechischen christlichen Schrittsteller... Leipzig et Berlin. 8 ABRÉVIATIONS Hausherr, Penitos = Penthos, La doctrine de la com­ ponction dans Γ Orient chrétien, OCA 132, Rome 1944. — Philatdie = Philautie, De la tendresse pour soi à la charité selon saint Maxime le Confesseur, OCA 137, Rome 1952. — Direction = Direction spirituelle en Orient autrefois, OCA 144, Rome 1955, Nie. = Βίβλος ψυχωφελεστάτη... Βαρσανουφίου και Ίωάννου (Édition des Lettres de Barsanuphe et Jean par Nicodème ITIagiorite), 2e édition, Volos 1960. OC = Orientalia Christiana, Rome. OCA = Orientalia Christiana Analecta, Rome. OCP =s Orientalia Christiana Periodica, Rome. PE == Συναγωγή των θεοφΟόγγων ρημάτων καί διδασκαλιών των... Πατέρων... (Édition d’un recueil systématique d’extraits des Pères par Paul Evergctinos), Constantinople 1861. PG = Patrologie grecque de Migne. PL = Patrologie latine de Migne. PO = Patrologie Orientale de Graffin-Nau. DAM — Revue d’ascétique et de mystique. RÔC = Revue de l’Orient chrétien. SC = Sources chrétiennes. Taûachovitz, Éludes = Études sur le grec de basseépoque, Upsal 1943. TU = Texte und Untcrsuchungen zur Gcschichte der altchristlichen Literatur, Leipzig et Berlin. * » · Dans l’introduction et les notes de ce volume, une indication comme § 110 renvoie au paragraphe correspondant des ïnelrticlioni et Lettres de Dorothée. INTRODUCTION I. LA VIE DE SAINT DOROTHÉE Dans P Orient chrétien, de nombreux personnages ont porté le nom de Dorothée. Le Dictionnaire d*Histoire et de Géographie ecclésiastiques en mentionne treize1, dont trois martyrs, plusieurs évêques et quelques moines ou ascètes. Parmi ceux-ci, le plus célèbre est saint Dorothée de Gaza, auteur des Διδασκαλίαν ψυχωφελείς. Avec toute la tradition manuscrite et les récents articles de Diction­ naires12, nous pouvons lui maintenir son titre de saint - ίσως. Car si les Bollandistcs n'ont retrouvé aucune trace ancienne de son culte ni dans les Ménées et Synaxaircs grecs, ni dans les Martyrologes latins, ils ont cependant pensé que cctle sainteté ressortait suffisamment de scs œuvres et de l’estime générale dont elles ont constamment joui au cours des siècles. Plusieurs pages sont consacrées à Dorothée dans les Acia Sanctorum3. N’ayant pas de biographie à reproduire, le P. Conrad Janninck s’est contenté de rassembler les indications autobiographiques fournies par Dorothée dans ses œuvres, en y joignant quelques rensei­ gnements complémentaires tirés de la vie de son jeune 1. Sources et chronologie 1. T. 14, fasc. 80 (1958), c. 684-692. 2. DHGE, Dorothée de Gaza (5.) par D. Stibrnon, a.a. (c. 686687) ; DS, Dorolhêe (S.) par ,J. M. Szymusiak, s. j., cl Dorn J. Lkhôt (t. 3, 1651-1664). 3. Acta SS. Junii, t. I, Antverp. 1695, p. 591-613. 1—1 10 INTRODUCTION disciple Dosithcc. C’est également ce qu’avait fait quelques années plus tôt l’abbé de Rancé au début de son édition française de Dorothée1. Mais il faudra attendre le début de notre siècle pour que soit précisée l’époque à laquelle vivait Dorothée. Les historiens étaient sur ce point en désaccord : ve, vi®, vu® siècle? En confrontant les données autobiographiques de Dorothée avec les indications fournies par [‘Histoire ecclésiastique d’Évagre, le Pré spirituel de Jean Moschus et une vie latine de Barsanuphe123, le P. S. Vailhé, a.a., a établi que la naissance de Dorothée devait se situer dans les premières années du vi® siècle, la fondation de son monastère peu après 540, et sa mort entre 560 et 580*. Les auteurs récents qui ont repris l’étude de cette question chronologique n’ont pu que se rallier aux conclusions du P. Vailhé4. Le P. Vailhé a eu surtout le mérite de révéler à l’Occidcnt l'existence d’une correspondance importante échangée entre Dorothée et ses pères spirituels Jean et Barsanuphc5. Parmi les œuvres de Dorothée se trouvaient déjà quelques- 1. Les instructions de saint Dorothée, Paria 1886, p. 1-62. 2. Vio publiée par les Bullandistes (Acta SS. April., p. 22-27, ou·mieux ; Calai. Cad. lat. H. Λ'. Paris., Bruxelles 1808, I, p. 525535). < Quoiqu’elle abonde en légendes incroyables, elle nous a laissé certains traits puisés sans aucun doute à des documents originaux » (S. Vailké, KO 1005, p. 159}. Ce doit être le cas des détails qui n’ont aucun caractère d’édification, par exemple la mention d’Antioche comme lieu d’origine do Dorothée. 3. S. Vailiiû, Saint Dorothée et saint Zozime: HO 1901, p. 359-363. 4. Cf. P. M. Brun, De Dorothea archimandrite seu Gazaeo, thés, dactylogr. Romae, Pont. Inst. Orient., 1932, p. 13 s., et J. Wwmbn, Dorotheas uan Gaza, Prolegomena tot cen teksluilgave... Univ. Calh. de Louvain, 1954, dactylogr., p. 23-49. 5. S. Vau.kè, Les lettres spirituelles de Jean et de Barsanuphc: EO 1904, p. 271-272. LA VIE DE S. DOROTHÉE 11 unes de ces lettres1. En les retrouvant dans le recueil de lettres publié à Venise en 1816 par Nicodème l’Hagioritc1 23 , le P. Vailhé a pu identifier une centaine de lettres adressées à Dorothée. Ce sont les lettres 252-338, 339-343, 344-345, 506-523, 544-545. Pour le groupe 252-338, celte identi­ fication est confirmée par un manuscrit de l’Alhos, Iviron 1307, où cette section est précédée d’une note indiquant qu’il s’agit de Dorothée2. Dans la plupart des autres manuscrits que nous possédons des lettres de Barsanuphe et Jean, les numéros 247-251 ont même destinataire que 252-338. On peut donc les considérer comme adressées également à Dorothée. D’autre part, il est certain que nous n’avons plus toutes les lettres échangées entre cclui-ci et ses Pères. Dans la lettre 328, Barsanuphe rappelle une parole qu’il lui a dite, et une autre dite par Jean : ni l’une ni l’autre ne se retrouvent dans le recueil de Nicodème. Dans ses Instructions (§ 25, 6G)4, Dorothée lui-même cite deux fois une lettre de Jean qui n'est pas non plus dans ce recueil. En revanche, il est possible que d’autres lettres 1. Groupées sous le titre de Dodrina XXI : PG 88, 1812-1821. 2. Réédition récente par S. N. Schoinas, Volos 1860. La numéro­ tation des lettres n’y est pas la même, les erreurs de l’édition do Venise ayant été corrigées. C’est toujours à celte édition de I960 que nous nous référerons, l’édition de 181G étant rarissime en Occident. 3. Pour les autres groupes, l’identification est moins sûre, étant fondée uniquement sur le fait que certaines lettres se retrouvent dans la Doclrina XXL Celle-ci provient d’emprunts à une recension secondaire abrégée des lettres. Tous ces renseignements que nous donnons ici sur la tradition manuscrite des lettres de Barsanuphe et Jean nous ont été aimablement communiqués par le Rév. D. J. Chitty, qui prépare une édition critique de ces lettres. Nous espérons pouvoir en publier nous-mêmes un jour une traduction française. 4. En général les références aux œuvres de Dorothée seront ainsi indiquées dans le texte même par les numéros des paragraphes de la présente édition. Exceptionnellement nous nous référerons ïi l’édition de Migne (PG 88), lorsque nous reproduirons les indications des catalogues de manuscrits. 1? INTRODUCTION éditées par Nicodème concernent Dorothée, telles les lettres 359 et 360 adressées à un frère portier, car nous savons par la lettre 288 que Dorothée remplissait cette fonction. Pour apprécier ù leur juste valeur les indications fournies par ces lettres, il importe de remarquer aussi qu’elles ne portent que sur une courte période de la vie de Dorothée, quelques années seulement, les premieres qu’il passa au monastère de l’abbé Séridos. Mais elles n’en sont pas moins d'un intérêt considérable pour connaître le jeune moine, son caractère, les dispositions de son âme surtout et sa vie spirituelle. Vraisemblablement originaire d’Antioche1, Dorothée est donc ne dans les premières années du vie siècle. De sa famille, nous savons seulement par la Vie de Dosilhée12 qu’il avait un frère « très bon chrétien et grand ami des moines », qui se chargera des dépenses de la construction d’une infirmerie au monastère de Scridos. Famille chré­ tienne et assez aisée, semble-t-il, ce qui ressort aussi de la bonne éducation reçue par Dorothée. Ses œuvres témoigneront d’une culture étendue. Il parcourut le cycle des études classiques — είς την έξω παιδείαν —, et il raconte lui-même avec bonhomie l’ardeur qu’il mit à l’étude, apres y avoir eu au début quelque répugnance. Ardeur telle qu’il en oubliait nourriture, boisson, sommeil, et qu’il devait baigner fréquemment son corps desséché (§ 105). Il possédait une bibliothèque qu’il apportera avec lui au monastère et qui devait contenir en particulier des livres de médecine3. Scs connaissances médicales se refléteront plus tard dans scs Instructions à scs moines. ?· 1. Cf. Vila Bargan. 9 (Caf. Cod. lal. B. Λτ. Paris. I, p. 530, 0}. 2. Dos. I, p. 123. 3. Nic. 326 ot 327. LA VIE DE S. DOROTHEE 13 Nous aimerions avoir d’autres renseignements sur cette jeunesse de Dorothée, spécialement sur sa vie chrétienne et spirituelle. Durant son noviciat, il déplorera «ses nombreux péchés », demandant à saint Barsanuphe comment en faire pénitence1, mais il n’est pas nécessaire de voir là un aveu de graves dérèglements : mieux vaut y reconnaître simplement l’expression d’une humilité pro­ fonde et d’une grande délicatesse d’âme. Dorothée nous dit d’ailleurs que, durant sa jeunesse studieuse, il ne trouvait aucun plaisir en dehors de la lecture et de l’étude (§ 105). A défaut d’une piété que nous ignorons, cet attachement passionné à l’étude aura suffi à le preserver des écarts de conduite si fréquents dans la vie des étudiants de son temps. Dorothée n’était pourtant pas sauvage ni misanthrope. Il se reconnaît au contraire très sociable, et il aimait la compagnie de scs amis, mais jamais ceux-ci n’auraient pu obtenir de lui qu’il sacrifiât une partie du temps réservé à l’étude pour un divertissement quelconque, pas meme pour un bon dîner (§ 105). Ceci manifeste déjà une fermeté de caractère peu commune. En revanche, il est permis de penser que ces excès de travail intellectuel n’ont pas été sans porter préjudice à la santé du jeune étudiant. Déjà débile de tempérament, il en ressentira toute sa vie le contrecoup. Dans l’une de ses Instructions (§ 113), il parle de la difficulté que l’on éprouve à recouvrer une santé longtemps négligée : ne l’avait-il pas expérimentée lui-même? Du moins était-il ainsi préparé à mieux compatir aux souffrances des malades qu’il aurait à soigner au monastère. Cette faiblesse phy­ sique aura aussi, nous le verrons, l'avantage de l’arrêter sur la voie des grandes austérités, où sa générosité l’aurait facilement entraîné trop loin. Obligé de limiter ses morti­ fications corporelles, il s’appliquera davantage à l’ascèse intérieure, à l’humilité et à l’obéissance. 1. Nie. 257. Il INTRODUCTION Nous ignorons les circonstances ^ans ^quelles Dorothée fut appelé par Dieu à la vie monastique. Ses lettres nous laissent seulement pressentir les motifs qui déterminèrent sa vocation. Il voulait suivre l’exemple des Apôtres et pouvoir dire avec eux au Seigneur : « Voici que nous avons tout quitté et que nous t’avons suivi... ». Et, par ce renoncement, il entendait être sans souci et avoir le loisir de s’occuper de Dieu, de «vaquer à Dieu’ ». « Il en est assurément parmi nous, dira-t-il plus tard à ses moines, qui avaient pour but l'acquisition des vertus, quand ils ont quitté le monde pour entrer au monastère » (§ 107). Ce dessein ne fut pas non plus étranger à sa propre vocation, et il décida de consacrer à l’acquisition de « l’art spirituel» toute l'ardeur avec laquelle il s’était appliqué jusque-là à l’étude des sciences profanes (§ 105). Le monastère où Dorothée résolut d'entrer, avait été fondé à la fin du vc siècle par l'abbé Séridos12 qui continuait de le diriger. D’après un texte publié par Nau3, il était situé à quelques kilomètres au sud de Gaza, à Thawata, village mentionné plusieurs fois dans l’hagiographie byzantine. « C’est le Magdel Thoutha de Pierre l’ibère. Une palmeraie avec quelques ruines, repeuplée par des familles arabes, au sud du wâdi Ghazzeh, a conservé l’ancien nom sous la forme Khirbct Oumm ct-Toût. Près de là le tombeau de Sbeikh esh Shobûni marque probablement sur une éminence sablonneuse la place du monastère de Séridos. Aucune fouille n’a été exécutée en ces lieux...4 ». 3 do Sér?do3Cfe 1. Afic. 252. 2. Sur l'abbé Séridos cl son monastère, voir S. Vailhè, EO 1905, p. 159-160. 3. PO, t. S, p. 176. 4. Communication du R. P. F.-M. Abel, o. p., » l’abbé Brun, en date du 15 juillet 1937. LA VIE DE S. DOROTHÉE 15 Lieux riches en souvenirs bibliques et monastiques. Saint Hilarion, né à Thawala, avait installé son monastère à vingt stades plus au sud, dans le site actuel de Deir-elBalah. Celui de Séridos devait se trouver non loin de l’emplacement présumé de l'antique Gérera1, où survivaient encore le souvenir et la vertu du grand patriarche Abraham, pour lequel les anciens moines avaient une grande dévotion, le considérant comme un précurseur du monachisme12. Mais très précieuse aussi était la vertu des saints moines qui vivaient là au moment où Dorothée embrassa la vie monastique. La prière fervente et constante de plusieurs « grands vieillards3 » était une grâce pour toute la commu­ nauté45 . Deux d’entre eux jouissaient, à juste titre, d’un renom extraordinaire, deux reclus qui menaient la vie contemplative6, sans toutefois se désintéresser de leurs frères : l’un, d’origine égyptienne, Barsanuphc, « le Grand Vieillard» par excellence; et l’autre, Jean, dit «le Pro­ phète », en raison de dons charismatiques éminents. Ces deux vieillards vénérables étaient les véritables supérieurs du monastère, l’abbé Séridos, leur disciple, n’étant qu’un instrument docile entre leurs mains. Il ne faisait rien sans les consulter, ce qui était d’autant plus facile que Séridos était le propre secrétaire de Barsanuphc, l’unique intermédiaire par lequel le saint reclus commu­ niquait avec l’extérieur. 1. CL F.-M. Abel, Géographie de la Palestine, t. II, Paris 1938, p. 330-331. Voir aussi Revue 1956, p. 625. CL Gcn. 20, 1. 2. CL Nie. 259, 456, 459, 469. 3. Dos. 1 p. 123. Cf. Dorolhce § 163 p. 453. 4. Nie. 261. 5. On connaît d’autres reclus ayant vécu en Palestine au v« et au vi« siècle, tels le célèbre abbé Isaïe cl son disciple Pierro dans un autre monastère, non loin de Gaza, ou encore Sévère, le futur patriarche d’Antioche, dont il est dit dans sa Vie qu’«il habitait au haut du monastère et ne parlait avec personne, si ce n’est avec quelques-uns qui lui apportaient des questions écrites... ». Cola sc passait en 512 (S. Vailhé, E() 1906, p. 82). INTRODUCTION le Un long récit inséré parmi les lettres de Barsanuphe1 nous donne quelques renseignements intéressants sur l’abbé Seridos et spécialement sur la rude formation qu’il avait reçue de son Père et Maître, Barsanuphe. Celui-ci l’éprouvait de mille manières, le rouant de coups à l’occasion, « afin, dit le texte, qu’il sortît pur de ses mains comme l’or de la fournaise ». Il ne semble pas que le jeune Dorothée ait jamais été traité de la sorte, lorsqu’il vint se mettre à l’école des deux reclus. « Il s’abandonna à eux en toute confiance2. » Il paraît même s’être montré à leur égard plus confiant qu'envers l’abbé Séridos. Mais la première consigne qu’il reçut d’eux fut de s’en remettre complètement à celui-ci pour la destination des biens auxquels il renonçait3. Ce renoncement n’a pas dû être accompli d’un seul coup. Le postulant avait gardé un lopin de terre pour son entre­ tien, parce qu’il était malade4. Il avait conservé aussi la propriété d’un autre petit fonds, dont sa famille avait la jouissance5. Une autre lettre à l’abbé Jean nous révèle qu’il resta quelque temps en possession des livres qu’il avait apportés au monastère®. Lui-même désirait un détachement effectif, total et absolu. Mais Barsanuphe et Jean, tenant compte de sa faiblesse et faisant preuve de leur discrétion coutumière, lui rappellent que ce qui est beaucoup plus important, c’est le renoncement complet à ses propres pensées et volontés, qui constitue la perfection et une sorte de « martyre7 ». Nous allons voir avec quelle ardeur et quelle générosité Dorothée s’appliqua à réaliser cet idéal. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Nie., p. 268-270. Dos. 1, p. 123. Nie. 252. Nie. 256. Nie. 318. Nie. 326. A’ifi. 254. LA VIE DE S. DOROTHÉE 17 La correspondance de Dorothée avec scs pères spirituels constitue en effet un magnifique témoignage de ce renoncement parfait au jugement et à la volonté propres. Le novice confie tout à ses pères, il ne leur cache rien de scs pensées intimes, de ses tentations, de ses luttes, de scs difficultés même insignifiantes en apparence. Et en se livrant aussi à nous par Ιά-même, il nous instruit par son exemple avant de le faire par ses Instructions. On ne saurait trop marquer l’intérêt de ce cas privilégié entre tous dans la tradition monastique, où il nous est possible d’assister en quelque sorte à la formation d’un jeune moine destiné à devenir l’un des plus grands maîtres de spiritualité. Des ses débuts dans la vie monastique, Dorothée connut les épreuves et les tentations. La première difficulté vint pour lui de sa faiblesse physique lui interdisant les grandes mortifications corporelles qui étaient spécialement en honneur au monastère de Séridos1, et qui répondaient à ses propres désirs de perfection. A cela s’ajoutèrent des tentations d’impureté. Le novice découragé risquait d’être entraîné dans le désespoir. Heureusement, Barsanuphe lui prodigua scs consolations et ses conseils1 2. Il lui recom­ mande avant tout de ne pas se laisser aller au désespoir, ce serait la grande joie du diable3. Dorothée peut boire un peu de vin à cause de sa faiblesse45 , mais doit veiller cependant ù ne pas accorder à son corps absolument tout ce qu’il demande, et à faire son possible pour opérer quelque petit retranchement : ce modeste sacrifice, comparable à celui de la veuve de l’Évangilc avec scs deux piécettes, fera plus de plaisir à Dieu que toutes les autres offrandes0. 4. Tentations et épreuves 1. 2. 3. 4. 5. Dos. 11, ]>. 139-141. Nie. 255-2G0. Nie. 255. Nie. 255. Nie. 257. . 18 INTRODUCTION Quant aux tentations d’impureté, les remèdes sont la retenue des sens, des yeux surtout, la vigilance à discerner les pensées mauvaises et à les rejeter. Il faut se garder de rechercher et éviter même de rencontrer ceux qui sont pour nous l’occasion de ces tentations. Le corps doit être tenu en bride, comme le cheval par son cavalier. Mais les armes de la victoire sont principalement spirituelles : le « penthos » qui chasse la «parrhesia l’humilité, le retranchement de la volonté propre, et par-dessus tout la prière, notre prière personnelle constante et persévérante, renforcée et couverte par celle de nos saints Pères1 2. Si la parole bienfaisante du « Grand Vieillard » apaisa Pâme tourmentée du jeune novice et calma scs scrupules, elle ne supprima pas d’un seul coup les tentations. Il fallut maintes interventions. «Tiens bon, lui disait saint Barsanuphe. Les athlètes ne sont couronnés que s’ils com­ battent... Toute la gloire des soldats vient des épreuves subies pour leur roi... C’est dans la lutte que l’on montre sa valeur. 'Ici est le labeur du moine : supporter les combats et résister d’un cœur viril, sans crainte, puisque nous savons que Dieu est fidèle et qu’il ne permet pas que nous soyons j éprouvés au-delà de nos forces.» Et pour mieux relever le courage de son disciple, le saint vieillard lui fait cette humble confession : « Souvent moi aussi, frère, dans ma I jeunesse, j’ai été tenté violemment par le démon de la fornication, mais je luttais laborieusement contre ces , pensées et je leur résistais sans y consentir, en me repré-1 sentant les supplices éternels. Et, après avoir fait ainsi à i chaque tentation durant cinq ans, Dieu me délivra... ; Si les démons te tentent, c’est par envie ; et, s’ils lel pouvaient, ils te chasseraient de ta cellule...3» De fait, après l’avoir jeté dans le découragement, lej 1. Parrhr.sia: cf. p. 232, ij. 1. — Pour Penthos, ci. I. Hausherh, Penthos, surtout p. 9-13 et 25-34. 2. Nie. 255-256. 3. Nie. 25S. LA VIE DE S. DOROTHÉE 19 diable inspira Λ Dorothéc l’idée de se soustraire à ccs épreuves en quittant le monastère. Mais le novice révéla la tentation à son Père spirituel, qui anéantit aussitôt le piège de l’ennemi : « Sois assuré que sans la main du Seigneur et les prières des vrais serviteurs de Dieu ici présents, tu n’étais pas capable de rester une année entière dans le monastère. Sois persuadé que, en quelque lieu que tu ailles d’une extrémité à l’autre de la terre, tu ne seras nulle part aidé comme tu l’es ici. Comme l’ancre au navire, ainsi sera pour toi la prière des Pères qui sont en ce lieu1. » « L’autre Vieillard », l’abbé Jean, consulté lui aussi par Dorothée au cours de ccs tentations, répondait par des avis analogues, avec les mômes images et les mêmes termes parfois1 23 . C'est sans doute à cette période d’épreuves et de troubles qu’il convient de rapporter la détresse dont Dorothée lui-même nous a fait la touchante confidence et dont il fut délivré par un personnage mystérieux (§ 67). A la suite de cette délivrance miraculeuse, Dorothée jouit d’une telle paix qu’il en conçût quelque inquiétude : la sainte Écriture ne diUcllc pas qu'il faut passer par bien des tribulations pour parvenir au Royaume de Dieu? L’abbé Jean calma aussitôt ses scrupules et scs perplexités : il n’y a pas lieu de s’étonner de cette paix, elle est le fruit normal de la parfaite soumission aux Pères, qui nous délivre de tout souci et de toute inquiétude (§ 25, 66). Il ne faudrait d’ailleurs pas se méprendre sur le caractère de cette « insouciance » — άμεριμνία*. Elle n’exclut ni la tentation, ni même la souffrance, mais elle les domine et tes surmonte aisément par l’abandon plénier et absolu aux pères spirituels. Ceux-ci fournissent à tout instant le conseil opportun, la solution du problème, le remède à la tentation, la consolation de la souffrance. Dorothée ne parvint pas d’un seul coup à la perfection de ce repos 1. A’tc. 260. 2. Mc. 261. 3. Cf. p. 79-SO. INTRODUCTION 20 laborieux de l’obéissance, mais le soin extrême «avec lequel il menait « le combat de la soumission selon le Christ», pour reprendre une expression du biographe de Dosilhéc1, devait l’y acheminer sûrement et rapidement, le rendant ainsi apte aux fonctions qui allaient lui être confiées. De bonne heure en effet, alors qu’il se juScait lui-^me « encore novice1 2 », Dorothée reçut des charges impor­ tantes. Il eut la garde de la porte du monastère3, et fut chargé de recevoir les hôtes (§ 119) : l’abbé Séridos l’avait préposé à ce double office4 sur l’avis favorable des saints Vieillards Barsanuphe et Jean. C’est également sur leur conseil que l’higoumène confia à Dorothée le soin d’établir et d’administrer une infirmerie pour les frères malades56 . A ces occupations déjà accaparantes, vint s’ajouter bientôt la direction spirituelle des frères : a Lorsque j'étais au monastère (de l’abbé Séridos), les frères, je ne sais pourquoi, prenaient plaisir à me manifester leurs pensées en toute simplicité. Au reste, l’abbé, sur le conseil des Vieillards, me chargea du soin de les entendre» (§ 121)°. Dorothée eut à assurer spécialement la formation du jeune Dosithéc. Plus tard, il fut choisi comme serviteur de l’abbé Jean, qu’il assista jusqu’à sa mort 56)7. On devine aisément quelle croix continuelle fut pour dansDleT ‘charges 1. Cf. p. 121. 2. Nie. 262. 3. jVtc. 238. 4. Les deux charges de porlier et d’hôtelier étaient souvent liées dans les monastères anciens, surtout en Palestine. 5. Dos. 1, p. 123. Cf. Nie. 313 et Dorothée § 121, p. 371. 6. Cf. Nie. 289, où l’on voit qu’il ne s’agissait pas seulement des frères do l’infirmerie. 7. Peut-Ôlre Dorothée fut-il au service d’un autre vieillard, au début de sa vie monastique : Nie. 248 et 250-251. LA VIE DE S. DOROTHEE 21 Dorothée l'exercice de ces charges, lui qui semble n’avoir aspiré jamais qu’à une vie humble et cachée, dans le silence et l’obéissance. Seule sa soumission aveugle à ses Pères put lui faire accepter de bon cœur et remplir avec fruit ces fonctions. Mais ce ne fut pas sans difficultés. Car comment concilier un ministère si absorbant avec les exigences de sa vie spirituelle? Du matin jusqu’au soir, il est tiraillé de tous côtés1 : comment, dans ces conditions, garder le « penthos », pourtant si nécessaire1 2? Comment garder la pensée de Dieu3? D’autre part, étant chargé de distribuer aux frères les objets dont ils ont besoin, nourri­ ture, vêtement..., il se laisse vaincre parfois par la vainc gloire, la gourmandise4 ou l’avarice5. Si nous ajoutons à ces difficultés les persécutions de frères jaloux, qui se conduisaient comme des goujats envers lui®, et ses fréquentes maladies789, on ne s’étonne pas que Dorothée ait été de nouveau et à plusieurs reprises tourmenté du désir de quitter le monastère pour s’en aller mener la vie érémitique6. Il voulut au moins réduire ses rapports avec les frères en dehors de l’infirmerie·. Mais l’abbé Jean, à qui il fait part de cette idée, l’en détourne résolument : l’« hésychia », la vie purement contemplative, est bonne, mais seulement pour les parfaits ; pour les autres, elle est occasion d’orgueil et de ruine10. Ce qui convient à Dorothée, c’est une «voie moyenne», une «vie mixte» pourraiUon dire, qui consiste à unir la contemplation et la pratique 1. Nie. 269. 2. Nie. 285. 3. Nie. 267 cl 328-329. 4. Nie. 299, 298-299, 302-303, 305, 307, 324, 328, 330, 335... 5. Nie. 33G-338. 6. Nie. 286 ; Dorothée § 57. 7. Nie. 267; Dorothée § 119, 124. 8. Nie. 314 cl 343-345. 9. Nie. 286. 10. Nie. 311. Sur l'hcjrfchia, cf, p. 78 cl p. 122. :i. 2 INTRODUCTION 22 des œuvres de charité dans l'obéissance, «en gardant l’humilité dans Γ * hésychia ’ et la ‘ nepsis ’ dans le tracas des affaires1 ». Il ne s’agit pas de rester enfermé dans sa cellule et de se soustraire aux importunités de tous ceux qui viennent le voir, moines ou séculiers. Il s’agit de compatir à leurs peines, de les aider, de les réconforter ; et tout cela ne nuit en rien à la vie spirituelle, bien au contraire, pourvu qu’on soit vigilant, qu'on ne fasse rien pour plaire aux hommes, et qu’on demeure toujours dans l’humilité et l’obéissance12. « Plusieurs entendent sans cesse parler d’une ville, et il se trouve qu’ils y entrent sans s’en apercevoir» : c’est ainsi que Dorothée est toute la journée dans la μνήμη Θεού sans s’en apercevoir. Car «avoir un commandement et s’appliquer ù le garder, c’est à la fois soumission et souvenir de Dieu3 ». Ces paroles consolantes auraient dû calmer complète­ ment les inquiétudes de Dorothée, mais le démon continua de le harceler. La direction de l’infirmerie était pour lui une occasion permanente de tentations45 . Ne devait-il pas y renoncer pour un office plus humble et mieux propor­ tionné à sa faiblesse? Non, répond encore Darsanuphc, car c’est le Seigneur qui, par l’intermédiaire des saints vieillards, a confié cette charge à Dorothée, et lui-même la dirige, lui qui disait à scs Apôtres : « Voici que je vous envoie », et : « Voici que je suis avec vous. » Que Dorothée veille seulement à ne pas agir par lui-même, et qu’il s’en remette toujours à scs Pères dans l’humilité et la crainte de Dieu6. Outre ce problème crucial qu’elles posaient par rapport à sa vie spirituelle, les charges étaient pour Dorothée; 1. 2. 3. 1. 5. Nie. Nie. .Vie. JVrc. Nie. 315. Sur la « nepsis >, et. p. 52 et p. 336 η. 1. 316. 326. Sur lu μνήμη Οεοΰ, ci. p. 74-75. 330. 328, 330, 333. LA VIE DE S. DOROTHÉE 23 l’occasion de bien d’autres cas de conscience qu’il soumet­ tait scrupuleusement au jugement de scs directeurs. Par exemple, pour le soin des malades, devait-il lire des livres de médecine, ou se contenter de remèdes simples et communs? Barsanuphc lui répond d’étudier et d’utiliser la médecine, mais sans y mettre sa confiance, car c’est Dieu seul qui frappe et qui guérit1. Mais le traitement des âmes malades est plus délicat encore. Comment Dorothée, qui n’est encore que disciple, peut-il remplir cette mission de diriger et corriger ses frères? S’il a la volonté divine profondément gravée dans son cœur, il ne sera pas trouble, mais se comportera comme scs Pères2, proportionnant son action au degré d’intelligence de chacun2, sans jamais parler avec irritation ni avec cris4. Quant à la distribution de ce qui est nécessaire à chacun, voilà encore un beau sujet de scrupules : comment savoir si l’objet de telle demande est justifié par un besoin réel6? Comment se garder à la fois de l’avarice qui pousse à donner moins, et de la vaine gloire qui, avec le désir de plaire, pousse à donner davantage®? A ccs questions, le bon abbé Jean ne répond d’abord que par de sages recommandations de fermeté, de pru­ dence et d’humilité, sans donner de véritable solution aux problèmes posés par Dorothée. Il ajoute toutefois un souhait, précieux en vérité puisque c’est le vœu d’un saint : a Que Dieu éclaire ton cœur, frère7 ! » Jointe à cette prière, celle du Grand Vieillard va 6. Sous la protection de ses Pères 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Nie. Nie. Nie. Nie. Nie. Nie. Nie. 327. 331. 332. 331 et 333. 262 et 317. 335. 335. Cf. 317. 24 INTRODUCTION obtenir précisément pour Dorothée la lumière qu’il demande, et non pas de façon transitoire et passagère, mais sous la forme d’un charisme, qu’il est permis de quali- ! fier d’extraordinaire, et que l’humilité meme de Jean lui | interdisait de demander directement pour son disciple, j Quelle touchante rivalité d’humilité entre les deux reclus ! j Barsanuphc confesse son impuissance à obtenir le don que 1 Dorothée sollicite, et lui recommande seulement, comme 1 son ami Jean, la confiance et l’humilité’. Mais Jean de j son côté nous dévoile d’autant plus volontiers la puissance | de l’intercession de Barsanuphc que cela lui permet de | s’effacer derrière elle : en toute occasion où Dorothée doit j parler ou agir, qu’il se souvienne seulement du nom du 1 « Grand Vieillard », et Dieu l'éclairera1 23 . Enfin voilà, j semblc-t-il, le vrai remède, et Dorothée ne doit-il pas | s’estimer comblé par ce don capable de résoudre infaillible-! ment tous scs problèmes ? De fait, il confesse d’abord que | « cela va bien » ; mais malheureusement, par sa négligence, 1 il lui arrive d’oublier d’invoquer le nom du Saint, ou parfois >1 il n’en a pas le temps, ou même en certaines circonstances 1 cette invocation ne lui donne pas toute la lumière suffisante. 1 Avec une admirable condescendance, le bon Vieillard le I suit dans tous ses scrupules pour les dissiper et l’assurerl de nouveau «qu’il prie Dieu de lui accorder tout don 1 précieux et de rester avec lui à jamais..8. » Dorothée! revient à la charge une fois, deux fois... Assurément, ill n’avait pas l’âme aussi simple que Dosithée, dont il est! dit qu’il acceptait avec une telle assurance les réponses del son directeur qu’il ne revenait jamais sur le même sujet4.1 Dosithée, il est vrai, n'avait pas les charges et les responsa-1 bilités de Dorothée. Heureusement, Barsanuphe avait! 1. 2. 3. 4. Nie. 262. Nie. 263. Nie. 263. Dos. 12, p. 143 il LA VIE DE S. DOROTHÉE 25 une patience merveilleuse : sans se lasser, il redit à son fds spirituel que l’oubli, fruit, de la negligence, sera vaincu en lui par l’ascèse intérieure, le πόνος ou le κόπος du cœur1, qui s'identifie à la prière continuelle12. Dieu lui donnera alors de façon permanente la grâce de la « nepsis » et du discernement. Quant aux négligences et aux fautes que Dorothée commet ou croit commettre, finalement Barsanuphe prend tout cela sur lui. Par une sorte de contrat, le père assume et prend à son compte les péchés de son enfant, à charge pour celui-ci de garder scs comman­ dements3, c’est-à-dire éviter les bavardages et les paroles blessantes, fuir les plaisirs du ventre et la « parrhesia », garder « l’apsephiston4 », la charité envers tous et le souvenir continuel de Dieu567. A ce contrat, Barsanuphc ajoutera encore des garanties* et l’assurance solennelle de ne pas retrancher Dorothée de scs «vrais enfants qui sont sous la protection divine’». Dorothée sera-t-il enfin satisfait? Non, pas avant d’avoir obtenu de Jean la même assurance que lui a donnée Barsanuphc. Et Jean de répondre simplement : « Si nous sommes tous un, j’ose dire : le Vieillard est en Dieu et moi avec lui. S’il t’a donné cette assurance, moi aussi par lui. Car je me sais, moi, faible et le dernier des hommes, mais je suis inséparable du Vieillard, puisqu'il m’accorde cette grâce de ne faire qu’un avec lui8. » Que Dorothée revienne à la charge, et Jean lui répliquera : « Frère, dans les lettres qu’il L’a adressées, le Vieillard n’a absolument rien laissé sans réponse, mais il t’a fermé la bouche sur 1. 2. 3. •1. 5. 6. 7. 8- Nie. 265. Nie. 266. Nie. 270. Apsephisten : et. p. 64-C5. Nie. 271. Nie. 273. Nie. 274. Nie. 305. INTRODUCTION 26 tous les points. Car, après ce qu’il t’a dit : ‘ Conserve mes commandements, et le contrat que j'ai passé avec toi sera gardé que veux-tu de plus? Fais tout ce qui est en Ion pouvoir pour observer ce contrat, car c’est lù que se trouve pour toi l’héritage du Royaume et le Paradis de délices, * ce que l’œil n’a pas vu, ni l’oreille entendu, ni le cœur de l’homme soupçonné, mais que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment’1.» Apres tout ce que Dorothée avait entendu dire par Jean et Barsanuphe de la vertu attachée A ce saint lieu où Scridos avait établi son monastère, il peut sembler surprenant qu'il ait pu un jour le quitter, pour s’en aller fonder à son tour un monastère. Pourtant, le fait est certain, nous en avons l’attestation dans le titre des Instructions, tel que nous le donnent les manuscrits anciens : « Instructions données par l’abbé Dorothée à ses disciples, lorsqu’il eut quitté le monastère de l'abbé Séridos et fondé avec l’aide de Dieu son propre monastère, après la mort de l'abbé Jean le Prophète et le dernier silence (c’est-à-dire la réclusion complète et définitive) de Barsanuphe. » Selon Jean Moschus2, ce « monastère de l'abbé Dorothée», c’est-à-dire fondé par l’abbé Dorothée, se trouvait entre Gaza et Maïoumas. Il n'est pas absolument nécessaire de voir une relation entre la mort de Jean, la réclusion définitive de Barsanuphe et le départ de Dorothée. Cependant celte relation est suggérée par le titre que nous venons de citer, et il est permis de penser que la disparition de scs deux maîtres, ainsi que de l’abbé Scridos, mort quinze jours avant Jean, rendait la situation de Dorothée assez délicate, tant vis-à-vis du nouvel abbé Élien, encore novice dans la 7. Dorothée fondateur et abbé 1. Nie. 3(iï. %. Cf. Prt spirituel, 1G6 {PG 87, 3033 A). LA VIE DE S. DOROTHÉE 27 vie monastique, que des autres moines, qui le jalousaient et le persécutaient. Peut-on aller plus loin et supposer une rupture entre Dorothée et la communauté? Rupture par laquelle on serait tenté d’expliquer le silence quasi total de la tradition manuscrite des lettres de Barsanuphe et Jean au sujet de Dorothée. Il est certain d’autre part que les Instructions ne font pas la moindre allusion ù des relations que Dorothée aurait gardées avec son ancien monastère. Chaque fois qu’il est question de ce dernier, c’cst toujours au passé : « Quand j’étais au monastère1... » Mais en revanche tout ce que nous savons du tempérament doux, humble et effacé de Dorothée, nous interdit de penser à une dissension qui l’aurait amené à quitter sans regret des Pères vénérés, des frères aimés, et un lieu béni dont la vertu lui avait été tant vantée. Encore moins peut-on imaginer qu’il aurait quitté ce monastère en embrassant le monophysisme, car aucune raison sérieuse n'appuie l’identification de notre Dorothée avec son homonyme hérétique123. Tout au plus pourrait-on supposer que l’opposition de certains moines s’accentua apres la mort de Jean et de Séridos et la retraite de Barsanuphe, opposition non seulement à la personne de Dorothée, par jalousie, mais davantage peut-être à sa spiritualité, que quelques-uns ne comprenaient pas. On s’en rend compte par les brèves réflexions consignées dans la Vie de Dosithée*. Les cham­ pions de l’ascétisme, des jeûnes et des veilles, qui avaient 1. Une fois en passant, il mentionne même son départ du monastère (§ 80). 2. Celle identification contre laquelle s’élevait déjà saint Théodore Studitc, a été réaffirmée au xvm· siècle par Oudin et Doin Ceillier, mais les modernes la jugent sans fondement. Cf. S. Vaighô, EO 1905, p. 15; 19ÛG, p. 88-89; et DTC, art. Dorothée (t. 4, c. 1785). Plus récemment P. M. Brun et J. Wljnen dans leur thèse, ainsi que D. SriBRNON dans DH&E (t. 14, c. 686). 3. Dos. U et 13, p. Ml et 113. 28 INTRODUCTION été scandalisés de l’éloge rendu à la sainteté de Dosilhée, ne devaient pas apprécier davantage la spiritualité de son directeur, qui n’avait fait que le former à sa propre image ; et Dorothée lui-même, toujours plus ou moins malade, i devait certainement mener un régime assez tempéré pour paraître relâché aux yeux des grands ascètes du monastère, j Il n’est donc pas impossible que, l’hostilité de ces moines rigides et austères s’étant accentuée, Dorothée ait voulu ! rétablir la paix en se sacrifiant lui-même. Mais l'explication la plus satisfaisante de ce départ reste encore celle que proposait Rancé : «... il y a grande 1 apparence que Dieu l’ayant purifié dans les exercices de j l’obéissance, dans les pratiques et dans les mortifications j d’une vie soumise et dépendante, et l’ayant sanctifié J par cette patience si constante et si ferme, dont il avait.| donné tant de marques dans la société de scs frères, voulut I s’en servir pour la sanctification des autres... et l’on peut j croire qu’il se retira dans la solitude ». mais « qu’une vertu· aussi relevée que la sienne n’ayant pu longtemps être'· cachée et sa réputation s’étant répandue, plusieurs.· personnes le vinrent trouver pour se mettre sous sa I conduite, et que n’ayant pu se dispenser de leur tendre» les bras, il se vit obligé de bâtir un monastère et de se 1 mettre à leur tète1 ». N’est-cc point ainsi que sont nés la.1 plupart des monastères d'autrefois, surtout en Orient?! Et en cela encore, Dorothée se serait montré fidèle à lai tradition des Pères. De ce monastère cénobitique123* fondé par Dorothée et· de la vie qu’il y mena, nous ne savons à peu près ricn.l Si les historiens5 peuvent glaner dans les f/isfruc/tons· 1. Rangé, Les Instructions de saint Dorothée, p. 58-59. 2. Ce monastère était un véritable coenobium; ci. § 77, p. 285;· 3. V. g. J. Paagoirr qui a soigneusement relevé ces détails dons! son ouvrage L'Église byzantine de S27 ù 847, Paris 1905, p. 104, | 107, 111, 11β, 117, 210, 222, 229... LA VIE DE S. DOROTHÉE 29 quelques indications sur le vêtement, la nourriture, les offices..., de brèves allusions à certains usages monastiques ou liturgiques, ce n’est pas dans ces détails que réside l’intérêt des œuvres de Dorothée, mais dans leur richesse doctrinale. Ce précieux trésor qu’il nous faut maintenant inventorier, est la seule relique qui nous soit restée de saint Dorothée, puisque de son corps, de son tombeau, de son monastère même, aucun vestige n’a subsisté jusqu’à nous : « Etiam pericrc ruinae... » II. L’ŒUVRE DE DOROTHÉE Telle qu’elle se présente dans Pcdi1 a ‘u lion la plus complète, celle de Galland, reproduite par Migne au torne 88 de sa Patrologie grecque, l’œuvre de Dorothée comprend une série de 24 Doctrines ou Didascalies, suivies de 8 courtes lettres. Mais de ces 24 Doctrines, il faut éliminer la 24e, qui ne se trouve ni dans les manuscrits ni dans les plus anciennes éditions. Comme l’a montré le P. Haushen1, elle n’est pas de Dorothée, mais de Jean de Daljatha, dit Jean Saba (le vieux), auteur mystique nestorien du vin« siècle1 234. Parmi les 23 autres, des distinctions s’imposent. Les quatorze premières sont de véritables Exhortations ou Instructions ascétiques de Dorothée à ses moines. I! est à remarquer que ce groupe de quatorze se retrouve dans presque tous les manuscrits et, à part une exception accidentelle3, dans le même ordre1, alors que pour les autres Doctrines, le 1. OC P 1940, p. 220-221. 2. Ci. J. S. Asskmani, RiblMh. Orient., t. I, p. 437. 3. 11 s’agit d'une famille de manuscrits dont le témoin le plus ancien est le Hicrosolym. Palriar. 32 (xe s.) : les Doctr. I el X y sont interverties. Exception accidentelle, puisqu'on fait, dans les témoins anciens de ce groupe, le titre général se trouve avant la Doctr. I et non avant la Xe placée en tête. Pour rétablir ce titre au début de la série, le copiste du Vaiopedi 1 (xn‘ s.) a replacé I au début, avant X. 4. Ce qui ne veut pas dire que cet ordre primitif du recueil soit l’ordre mémo dans lequel les bi Instructions ont été prononcées par Dorothée. Ainsi un passage de la Doctr. XII (§ 131} renvoie î la Doctr. XIII {§ 145) : celle-ci serait donc antérieure à XII. L’ŒUVRE DE DOROTHÉE 31 nombre et l’ordre varient beaucoup. Certains manuscrits1 ne contiennent que ces quatorze instructions, qui ont pu constituer un « bloc » fondamental et primitif, auquel auraient été ajoutées postérieurement d'autres pièces1 2. Celles-ci se trouvent cependant aussi dans des manuscrits anciens. De ces autres Doctrines, trois sont encore des instructions de Dorothée à ses moines, mais données dans des circons­ tances spéciales : XV au début d’un Carême, ΧΧΠ et XXIII pour Pâques et la fête des Saints Martyrs qui se célébrait dans l’octave pascale. Ces deux dernières peuvent être considérées un peu comme des homélies, car elles commentent des textes liturgiques inspires de sermons de saint Grégoire de Nazianzc. En revanche les Doctrines XVI, XVII et XVIII appa­ raissent plutôt comme des instructions adressées par écrit à divers moines ou groupes de moines3. Aussi convient-il de les grouper avec les Lettres, ainsi que la Doctrine XX qui, dans les manuscrits, n’est que la première des lettres rejetées par les éditeurs après la Doctrine XXIV. Quant à la Doctrine XIX. c'est un recueil de dix-huit sentences, dont quelques-unes se retrouvent dans les Instructions, les autres provenant sans doute de discours ou d’écrits perdus. Reste enfin la Doctrine XXI. Très peu de manuscrits anciens la donnent4. Elle ressemble à XVII en ce qu’elle 1. 11 faut reconnaître qu’ils sont rares. Nous ne pouvons citer que Paris, gr. 1090 (x« s.) cl Ambrosian. 278 (xn« s.). 2. Ct. DS, l. 3, 1655. 3. XVI cl XVII ont même comme titre dans certains manuscrits, v.g. le Vatic. gr. 730 : Έκωτολή πρός... Noter cependant que le style de XVI ferait parfois penser à un discours oral ; ώς λέγω ύ$ΰν (§ 182}. 4. A notre connaissance, six seulement parmi les manuscrits antérieurs un xut« siècle : Const. S. S. 45 (X(“ £.), Mosq. 198 (xtc s.), 32 INTRODUCTION est formée de demandes et de réponses. Mais ici ce sont les demandes qui sont de Dorothée, adressées par lui à son père spirituel Jean le Prophète. Comme nous l’avons vu plus haut en etudiant les sources de la vie de Dorothée, ce n’est qu’une toute petite partie de la correspondance du jeune moine avec les saints reclus qui le dirigeaient. Mis,à part donc la Doctrine XXIV qui n'est aucunement de Dorothée et XXI qui ne contient que quelques phrases de lui, toutes les autres pièces qui lui sont attribuées dans les éditions sont bien de Dorothée, il n’y a aucun motif d’en douter. Tout, au contraire, donne lieu de penser qu’elles sont d'un seul et même auteur. On retrouve partout les mêmes particularités de style et de vocabulaire, les mêmes procédés d’exposition et d’argumentation autour de textes scripturaires et patristiques. Les indications et allusions autobiographiques données ici ou là concordent absolument entre elles. Les mêmes idées se retrouvent aussi souvent dans des instructions différentes, exprimées parfois en termes équivalents. A plusieurs reprises, j Dorothée lui-même se réfère à cc qu’il a dit en une autre occasion. C'est ainsi que dans chacune des deux Doctrines I XXII et XXIII, il renvoie ά P. Certains manuscrits des œuvres de Dorothée donnent. quelques pièces supplémentaires, dont l’authenticité est] beaucoup moins certaine. Ainsi Je Paris, cjr. 1093 (xvc s.)l contient un discours assez long, commençant par les] mots Πολύς δ πόνος. Un manuscrit de l’Escorial (21-3 H. H. 1, xne s., f. 32-35) donne une autre pièce sous le j titre Λόγος ... εις αρχαρίους καί τελείους. Mosq. 321 | (428/CCCCI, xv° s.) a deux discours supplémentaires. Dans ! un autre manuscrit de Moscou, le 418 (363/CCCL, xv® s.), ί des « capita » de Zosime nous sont présentés par Dorothée. I Mosq. 199 (xii® s.), Sinait. 412 (xn« ε.}, Monac. 276 (xti· s.) et| Paris. CoiSlin. 281 (xn* s.). 1. § 173, cf. 7 ; § 176, ci. 15. L’ŒUVRE DE DOROTHÉE 33 Dans Cryplofer. B a XX et Cassin. 431 (xie s.), c’est un texte de saint Jean Chrysostomc ajouté à la Doctrine XIX. Deux manuscrits de 1’Athos (Valopédi 1 et 3) semblent aussi contenir une pièce assez longue de Dorothée se rapportant à saint Jean Chrysostomc1. Notons enfin la présence dans le Coislin. 260 (xi° s.) de quelques sentences supplémentaires. Un examen minutieux et exhaustif de la tradition manuscrite serait nécessaire pour porter un jugement sur l'authenticité de ces pieces et des autres qui, peut-être, attendent encore d’etre mises au jour. L'édition de Galland-Migne fait précéder les Doclrines de deux préfaces : l’une, d’un disciple de saint Théodore Studite, sous forme d’un avertissement «sur les deux Dorothée et les deux Barsanuphe», l’autre, du moine inconnu, collectionneur des œuvres de Dorothée, sous forme d’une lettre d’envoi à un autre moine, lui aussi fervent admirateur de Dorothée. Mais la pièce la plus fréquemment annexée aux Doclrines dans les manuscrits est la Vie de Dosithéc, malheureusement omise par Galland et Mîgne. Telle qu’elle se présente, cette vie n’est pas de Dorothée lui-même, mais il en fut certainement l’inspira­ teur. Car, comme Notre Dame pour l’Évangile de l’enfance du Christ selon saint Luc, Dorothée seul a pu livrer au biographe les éléments de son récit. Aussi peut-on consi­ dérer cette vie comme une œuvre de Dorothée, voire même comme son chef-d’œuvre. Les Instructions et les Lettres qui £Ont Parv«nues jusqu’à nous, ne sont qu’une partie de l’œuvre de Dorothée. Le moine qui les a réunies prend soin de le noter dans sa Lettre d'envoi : il avoue n’avoir pu trouver que ces « quelques discours recueillis çà et là par des disciples zélés ». A quelle époque remonte celte lettre, et donc aussi le premier du Recueil 1. Le titre est donné dans le Catalogue de S. Eustratiadcs, p. 1. 2 34 INTRODUCTION recueil des œuvres de Dorothée? Il est difficile de le déterminer avec précision. Nous avons vu que Dorothée est mort entre 560 et 580. Gaza a été prise par les Arabes en 634. C’est probablement à cette date que le monastère de Dorothée a été détruit et les moines massacrés ou dispersés avec ce qui pouvait rester des œuvres de leur fondateur. D’autre part, au temps du patriarche Taraise (t 806), ces œuvres étaient déjà répandues, puisqu’elles donnaient lieu à des controverses, au témoignage de saint Théodore Studite1. On peut donc conjecturer que le recueil a été constitué à la fin du vnc siècle ou au commencement du viiic. Dans sa Lettre d'envoi, le collectionneur ne fait pas la moindre allusion à des relations personnelles qu’il aurait eues avec Dorothée. Il semble qu’il ait vécu quelques dizaines d’années après lui, et que ce n’était même pas un moine de son monastère. On n’est pas mieux renseigné sur l’origine du texte qui nous a été ainsi transmis. Nous n'avons plus toutes les Instructions de Dorothée ; nous n’avons pas non plus le texte intégral de celles qui nous sont parvenues. Dans Y Instruction XI (§ 114), Dorothée remarque en passant que la conférence est commencée depuis deux ou trois heures, alors qu’il n’y a même pas deux pages de texte. On pourrait donc penser qu’il s’agit seulement de résumés ou de schémas. Cependant l’allure en est si vive, le style si direct, avec ses interjections, les développements si libres, avec de nombreuses digressions, qu’on y verrait sans doute plus justement des notes fragmentaires prises à l’audition et plus ou moins revues et remaniées ensuite soit par l’auteur lui-même, soit plutôt par l’un de ses disciples. Car il semble difficile de supposer chez Dorothée la moindre prétention littéraire, et on le voit mal tra­ vaillant en vue de la publication. Aussi souscririons-nous, volontiers à l’opinion de Sadjak qui pense « que Dorothée 1. Cf. PG 88, 1612 cl PG 90, 1818 B. L’ŒUVRE DE DOROTHÉE 35 n’est pour rien dans la rédaction- de ces résumes1 ». Mais y eut-il vraiment travail de «rédaction»? Il faut recon­ naître en tout cas que les disciples quels qu’ils soient, tachygraphes ou réviseurs, ont gardé au texte son allure familière et très vivante, et qu’ils se sont conformés au Maître, « préférant toujours le style simple et le langage sans apprêt1 2 ». Te! est en effet l’un des caractères qui frappe le plus le lecteur moderne des Instructions de Dorothée : il y découvre une simplicité, un naturel, une spontanéité qui ne sc retrouvent peut-être nulle part ailleurs au môme degré dans les écrits monastiques anciens. C’est qu’en fait il ne s’agit aucunement d’écrits, mais des paroles vivantes • d’un grand maître formant ses disciples à l’ascèse monas­ tique. Il n’y a même pas la part de fiction littéraire qu’on est bien obligé de reconnaître dans les Conférences de Cassicn, à qui Dorothée a parfois, et ù juste titre, etc compare3. Cassien reste un auteur, un écrivain, et à ce point de vue Dorothée lui ressemble moins qu’aux Pères du désert mis en scène avec tant d'art par fauteur des « Collationes ». On retrouve chez Dorothée la bonhomie charmante des grands moines d'Égypte, leur sens du réel, leur souci constant de rester simples4 et profondément 3. Aspects littéraires 1. DS, t. 3, 1656, qui renvoie au Bulletin international de {'Académie des Sciences de Cracovie, 1916, p. 87. 2. Lettre d'envoi 7, p. 119. 3. Cf. v.g. M. Villiîh, La spiritualité des premiers siècles chrétiens, Paris 1930, p. 85. 4. « Ce grand homme a dit les choses les plus hautes cl les plus élevées sous des expressions communes et ordinaires, soit qu’il ait voulu s'expliquer à ses disciples comme un père Λ ses enfants, soit qu’il ait eu le dessein d’apprendre aux solitaires et aux religieux que la simplicité est leur ornement ot leur caractère, et qu’ils doivent la garder dans leur discours et dans leurs paroles aussi bien que dans lo reste de leur conduite » (Raxcé, Avertissement, en tête des Instruc­ tions). 30 INTRODUCTION vrais dans leur enseignement comme dans leur conduite. Enseignement toujours direct, concret et pratique, mer­ veilleusement adapte à la mentalité des auditeurs. Et sous des apparences simples et familières, les Instructions de Dorothée, comme les Verba Seniorum, laissent appa­ raître des trésors de finesse et de profondeur psycho­ logiques. « A travers ces récits si naïfs, d’une teinte si douce et si délicate, il y a de ces traits qui se gravent et qui restent, de ces regards jetés jusqu'au fond de la nature humaine, de ces aperçus neufs, pleins de forme et d’ori­ ginalité1. » Dorothéc se montre en effet observateur pénétrant et psychologue remarquable dans ses analyses du cœur humain, habile à y déceler tous les germes des mauvaises tendances, à dénoncer les illusions subtiles de l’amour-propre et de l’orgueil12 et à démasquer les artifices du diable3. En cela encore, il sc montre, comme Cassicn, le digne héritier des Pères du désert. S’il faut sc refuser à admettre chez Dorothée la moindre visée littéraire, il n’en est pas moins vrai que la plupart de scs Instructions révèlent de réels talents oratoires4. Elles sont solidement charpentées, et l’exposé se développe harmonieusement. Selon un usage traditionnel chez les moines5, Dorothée part fréquemment d'un texte de la sainte Écriture qui lui fournit le thème de son discours, tel I Jn 4, 18 pour Y Instruction IV, ou Prov. 11, 14 pour V, ou encore Ex. 1, 21 pour XIV. Quelquefois c’est un apophtegme des Pères qu’il explique et commente, pour en faire ressortir tout le sens profond6, ou bien il 1. Dunois, Histoire de l'abbé de Rancé, Paris 1366, t. Il, p. 101. 2. V. g. § âD-CO, 82, 85, 101. 3. V. g. § 62, 97. 4. C’est la véritable éloquence, < toute naturelle on plutôt toute divine » (Rangé, p. 15). 5. Voir par ex. l’explication de Êphés. 6, 12 dans la Coniér., huitième de Cassicn. Cf. aussi Palladr, Hisl. Laos. 47. 6. Ct. Instr. II (§ 26), VIII (§ 89) ou XIII (§ 136). L’ŒUVRE DE DOROTHÉE 37 prend occasion d’un événement de la vie journalière1, ou encore il a remarqué chez scs moines quelque mauvaise habitude (§96). Au début de Y Instruction VII, il commence par poser une question pour exciter l’attention de ses auditeurs, pour allumer leur curiosité (§ 79). Une fois son sujet introduit, il le développe avec ordre, selon un plan assez net, malgré de nombreuses digressions. Dorothée exprime quelque part son admiration pour la logique qui se trouve dans les paroles des Pères (§63) : elle ne manque pas non plus dans ses propres discours. On a même pu relever chez lui « une sorte de souci, presque scholastique, de classer et de cataloguer12 ». De fait, il aime, comme Évagre, les divisions, les énumérations, les distinctions. Ainsi remarque-t-il des étapes dans l’histoire de l’humanité (§ 1-5) ; il distingue préceptes et conseils (§ 11-12), péchés et passions (§ 5), deux renonciations au monde (§ 13). 11 y a selon lui trois sortes de pochés (§ 55, 93. 164), trois vices capitaux, sources de tous les autres (§ 101, 113, 131), trois especes de mensonge (§ 96-103), trois formes de parrhesia (§ 53), trois façons de manquer à la bienveillance fraternelle (§ 70), deux sortes d’humilité et d’orgueil (§ 31-33), deux craintes de Dieu (§ 47), cinq degrés de colère (§ 90), deux espèces de gourmandise (§ 161). La vigilance de la conscience doit s’exercer en trois domaines (§ 43-45 ; cf. 187) ; il y a trois motifs de sortir de sa cellule (§ 181). La vie spirituelle comprend trois degrés ou trois états suivant l’attitude qu’on observe en face des passions (§ 108), les sentiments qu’on a pour Dieu (§ 48, 157) ou les dispositions scion lesquelles on accomplit la volonté divine (§ 155). Ces distinctions et classifications concourent à l’ordon­ nance du discours, mais l’exposé reste cependant très 1. V. g. une visite à un frère malade pour XI (§ 113) ou un maJ de pieds pour XII (§ 124). 2. DS, l. 3, 1658. 38 x ’ INTRODUCTION libre et très varié. Outre les arguments d’autorité, scriptu­ raires ou patristiques, il est fait constamment appel au témoignage de l’expérience, parfois à quelques notions philosophiques. Mais ce qui domine, ce sont les anecdotes et les comparaisons. Histoires édifiantes puisées soit dans le Geronlicon, soit dans les souvenirs personnels de Dorothée. C'est ainsi qu’il rappelle l’exemple d’obéissance d’un moine d’Ascalon (§ 22), l’exemple d’un frère remar­ quable par sa patience (§ 80), les leçons de deux entretiens sur l’humilité avec un notable de Gaza et un sophiste en présence de l'abbé Zosime (§ 34, 36), le profit spirituel procuré par une visite à un grand vieillard (§ 163), l'histoire d’un moine délivré de tentations d’impureté en servant un malade (§ 153), les fâcheuses dispositions de deux frères irrités l’un contre l'autre (§85), les tristes mésaven­ tures d’un moine soupçonneux (§ 99), d'un cleptomane, (§ 121) et d’un orgueilleux qui en vint peu à peu jusqu’au mépris de Dieu (§ 31). Beaucoup de ces anecdotes concernent des moines que Dorothée a connus au monastère' de l’abbé Séridos. D’autres lui ont été racontées, telle l’histoire des deux fillettes vendues comme esclaves (§ 73), : la vision de l’ange qui marquait les frères à l’Ofiicc divin (§ 118) ou le bel exemple du moine qui jugeait toujours: favorablement ses frères (§ 183). En toute simplicité et; humilité, Dorothée se laisse aller parfois à rappeler certains) actes de vertu qu’il a lui-même accomplis (§ 55, 57, 117-: 119), mais il sait aussi à l’occasion évoquer ses faiblesses,' par exemple lorsqu’il a jeté les yeux sur une femme et: soupçonné sa conduite (§ 98). A côté de ces récits pleins de vie et souvent pittoresques,] d’innombrables images et comparaisons contribuent aussi] à l’agrément des Instructions. Elles sont empruntées aux| domaines les plus divers, aux éléments naturels, feu (§ 89-] 91), vents et pluie (§ 148) ; au comportement des animaux! chien (§ 88), bêtes de somme (§ S3) ou de trait (§ 23) aux sciences, aux arts et aux sports : la géométrie (§ 78)/ L’CEÜVRE DE DOROTHÉE 39 l’architecture (§ 149-158), les constructions navales (§ 151, 154), la navigation (§ 124), la pêche (§ 76), la chasse (§ 123), la guerre (§ 112), la lutte (§40), la natation (§ 140), la marche (§ 20, 106-107) ; aux sciences médicales : la pathologie (§ 39, 106, 122, 127), la thérapeutique (§ 3, 77, 94, 102, 113), voire même la diététique (§ 122-123, 182); à l'agriculture et au jardinage (§ 33, 57, 114-115, 130-137) ; aux exigences de l’état militaire (§ 15) ; aux conditions de la vie en prison (§ 126) ou à la cour de l’empereur (§ 179). Classifications, distinctions, anecdotes, comparaisons, Dorothée utilise tout cela avec un art consomme pour frapper l’esprit de scs auditeurs, pour séduire et entraîner leur cccur, pour faire pénétrer son enseignement dans leurs âmes doucement, de façon aimable et souriante, avec «je ne sais quel charme de candeur, de vérité, de grâce ingénue1 ». Au fond, sans trop en avoir l’air, tout en discourant « fort rondement et familiaircmcnt », « ce très débonnaire et très mansuète Dorothcus1 2 » met en œuvre les ressources de la rhétorique, à laquelle il avait été initié durant sa jeunesse. A ce point de vue, ses Instructions rappellent parfois les Entretiens d’Épiclète, où les mêmes procédés se trouvaient déjà employés en vue de la forma­ tion morale des disciples : « images saisissantes et compa­ raisons ingénieuses, variété du ton, ... exhortations pressan­ tes, récits pleins de verve et anecdotes pittoresques, ... tous ces procédés tendent en effet uniquement à éclairer les intelligences et surtout à exciter les volontés3. » Ceci est vrai de Dorothée bien plus encore que d’Êpictètc, et en définitive, la valeur littéraire qu’on peut lui reconnaître est négligeable à côté de l’intérêt considérable que présente en elle-même sa doctrine spirituelle. 1. Dubois, Histoire de l'abbé de Hancé, t. Il, p. 100. 2. Dumont, La doctrine spirituelle de saint Dorothée, p. 5-6. 3. J. SOUILHÊ, Introduction â son édition des Entretiens d'Épictèle, l. 1, Paris 1943, p. xxvur. in. LA DOCTRINE SPIRITUELLE De bons juges ont noté le caractère très classique · et traditionnel de la doctrine de Dorothée : « C’est la bonne doctrine des céno­ bites, traditionnelle et sage1. » On ne saurait décerner de meilleur éloge à ce fidèle disciple des Pères, dont le premier souci fut de transmettre intégralement renseignement reçu. Mais cela ne doit pas nous faire méconnaître son intérêt propre dans l'histoire de la spiritualité. Il ne suffit pas d’affirmer qu’une doctrine est des plus traditionnelles, il faut encore montrer sa place exacte dans cette tradition. Même s’il ne s’y trouve rien d’absolument nouveau et si tout y est héritage du passé, il reste cependant à inventorier cet héritage, à rechercher scs origines diverses, à examiner si certaines sélections n’ont pas été opérées, à relever les développements cl les précisions qui ont pu être apportés. Prenons un seul exemple : lorsqu’on lit la page où Dorothée explique la distinction des deux craintes de Dieu (§ 47-48), on croirait facilement ne trouver là qu’un banal exposé de l’enseignement traditionnel. On se rappelle les beaux développements de saint Augustin sur ce sujet, et on pense à un lieu commun de la patristique. Or, la tradition grecque antérieure à Dorothée ignore cette . _ 1. Ville», La spiritualité des premiers siècles chrétiens, p. 85. Cf. Oi.pkb-Galj.iaro : « Les conférences de Dorothée qui valent surtout par le classicisme de leur doctrine » (D-S, t. 2, 1392) et I. HauSiœkr : «Saint Dorothée, un dca plus classiques écrivains spirituels orientaux» {OCP 1935, p. 131). LA DOCTRINE SPIRITUELLE 41 distinction. Sans doute, saint Irénéc avait montré de façon admirable que les esclaves devenus fils devaient d’autant plus craindre et révérer le Père qu’il leur accordait une plus grande liberté1. De son côté, Clément d’Alexandrie distinguait bien deux craintes1 2, mais son point de vue était différent, et de ces deux craintes, une seule était bonne, l’autre impliquant une certaine haine. En fait, les Pères grecs qui, avant Dorothée, avaient parlé de la crainte de Dieu et de son rôle dans la vie spirituelle, n’envisageaient que la crainte servile des débutants opposée à l'amour des parfaits, selon la parole de saint Jean : « La charité parfaite chasse dehors la crainte » (Z Jn 4, 18). Tels les Cappadociens, qui n’étaient d’ailleurs là que les disciples des Alexandrins34 . De même Diadoque qui cite pourtant le verset du Psaume 18 sur la crainte chaste, qui demeure éternellement·1. Si donc Dorothée ne connaissait ni saint Augustin ni Cassien qui développent comme lui la distinction des deux craintes5, son exposé est original et il nous apparaît surtout comme le fruit de 1. PG Ί, 1018-1019. 2. Ptdag. I, § 87 (PG 8, 353 ; SC 70, p. 2C3-265). 3. Cf. les références données au § 48, p. 222, n. 2. 4. Cf. Cent., chap. 16, 17, 100 (SC 5 bis, p. 92-94 et 162-163). Diadoque cite Je P$. 18, 10 au ch. 35, p. 105. 5. Cf. DS, t. 2, 2483-2488. 11 n’est pas impossible que Dorothée ait connu une partie des couvres de Cassien traduites on grec. Au vn« siècle, ecllcs-ci étaient appréciées do Jean Climaque (cf. PG 88, 717 B), mais greck translations must have been made as early as the fifth century, as the Apophtegmata show » (O. Chadwick, John Cassian, Cambridge 1950, p. 172, n. Ç). Certaines idées com­ munes Λ Cassien et à Dorothée ont pu leur venir d’une source unique, Évagre par exemple, mais une influence directe du premier sur le second expliquerait mieux certaines expressions identiques. Nous signalerons dans les notes les rapprochements les plus caractéristiques, mais cette question mériterait une étude spéciale. De son côté, le R. D. J. Chitty a également relevé dans les lettres de Barsauupho des passages paraissant inspirée plus ou moins do Cassien. 2—1 42 INTRODUCTION ses propres réflexions sur les textes scripturaires et patristiques. La sainte Écriture et les Pères, telle est en elïet la double source où Dorothée a puisé constamment la substance de son enseignement. Pour lui, comme pour saint Basile, la sainte Écriture est la grande Règle du chrétien et du moine, mais la sainte Écriture expliquée1, commentée, illustrée et vécue par les Pères. A la suite de saint Barsanuphe*, Dorothée rccommande.de lire continuelle­ ment rÊcriture et les Pères (§ 192). Il admire leur accord parfait 117), et on peut dire que dans toutes ses œuvres, il a le souci de montrer cette harmonie. Sans prétendre donner ici une énumération complète des Pères dont nous avons pu reconnaître l’utilisation par Dorothée1234, nous devons cependant noter dès maintenant qu’il avait une connaissance étendue de la tradition, patristique. Il ne cite expressément que la «Secunda Clementis », saint Basile, saint Grégoire de Nazianze,’ Évagre, les Apophtegmes des Pères, saint Jean Chrysos^ tome, Marc l’Ermite et Zosime. Mais les citations implicites! et les réminiscences témoignent qu’il devait connaîtra aussi Clément d’Alexandrie, Origcne, saint Irénéc, saint: Athanase, saint Grégoire de Nysse, et surtout parmi les grands maîtres du monachisme l’abbé Isaïe. Nous avons vu Dorothée faire son noviciat à l’école des saints reclus] Barsanuphc et Jean : il n’est pas étonnant que nous! retrouvions souvent leur enseignement dans les lns/ruo-1 lions de leur disciple4. Le recueil de leurs lettres nous donnel d’ailleurs quelques indications précieuses sur les auteurs 1. Dorothée retient surtout les explications morales et ascétiques Cf. § -11, 142-144, 166-167, 1752. Cf. A’re. 4Gp. 3. Cf. Index des auteurs, à la fin de la présente édition. 4. Dorothée ne cite que deux lettres de Jean : une seule citation se retrouve dans le recueil de Nicodème : § 28 = Nie. 277. L’autre lettre est citée deux fois (§ 25 et GG). LA DOCTRINE SPIRITUELLE 43 connus spécialement au monastère de Séridos et que Dorothée a dû y lire : saint Jean Chrysostome, saint Athanase, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianzc1. l’« Asceticon » de saint Basile1 2, les Apophtegmes et Vies des Pères34 , les œuvres de l’abbé Isaïe*. Quant aux « livres dogmatiques », c'est-à-dire les écrits d’Origène, de Didymc et d’Évagrc, saint Barsanuphc en déconseillait la lecture56 , mais la manière dont il en parle, lui et Jean son compagnon, montre que tous deux les connaissaient, qu’il s’en trouvait des exemplaires dans les monastères et que certains bons moines ne les rejetaient pas3. A côté des innombrables citations scripturaires et patristiques, on ne relève dans toute l’œuvre de Dorothée qu’une seule référence aux auteurs païens, παρά τοϊς έξω (§ 161). Pourtant une lecture attentive révèle de nombreux emprunts à cette sagesse « de l’extérieur7 ». Nous savons que Dorothée avait suivi le cycle des études classiques et qu’il possédait une vaste culture. Tl n’est pas trop surprenant que des réminiscences de moralistes païens apparaissent ici ou là dans son enseignement. L’auteur de la « lettre d’envoi » avait déjà noté le fait. De nos jours, on a pu écrire qu’« un des intérêts de Dorothée est d’avoir essaye, très timidement il est vrai, d’appliquer aux enseignements de l'expérience monastique — qu’il s’agisse de la sienne ou de celle des saints Pères, — quelques rayons de lumière jaillis de la sagesse païenne8». II est 1. Ces quatre Pères sont nommés à Ja lettre 604. Λ la lettre 461, il y a une citation du Commentaire de saint Jean Chrysostome sur .Matthieu. 2. M’c. 318-319 : ces lettres témoignent que Dorothée lui-même a lu VAscclicon de saint Basile. 3. V. g. Nïc. 291, 385, 413, 432, 468, 469, 546, 549, 690, 708, 733... 4. jVZc. 311 cl 528. 5. Nie. 547 et G00. 6. Nie. 601-607. 7. CL DS, l. 3, 1658. 8. DS, t. 3, 1658. 44 INTRODUCTION assez difficile de repérer ces rayons, car ils sont rarement clairs et distincts. Les influences les plus nettes sont celles d’Aristote et d’Épictètc. Mais le plus souvent, il est impossible de reconnaître un emprunt direct à tel auteur déterminé et de donner une reference précise1. Il est des cas où l’influence s’est sans doute exercée seulement par l’intermédiaire des Pères de l’Êglise qui, avant Dorothée, avaient déjà « butiné chez les philosophes païens123», tels saint Basile pour la doctrine aristotélicienne du juste milieu8 ou pour l’enseignement stoïcien de notre identi­ fication au vouloir divin4. Outre ses lectures sacrées et profanes et l’enseignement reçu de ses maîtres, Dorothée semble avoir beaucoup profité dés leçons de l'expérience. Son savoir n’eut rien de livresque. On sent que tout ce qu'il dit a été longuement ruminé, assimilé et vécu en profondeur. Esprit à la fois éveillé et réfléchi, curieux et pénétrant, il analysait, approfondissait et développait. La tradition n'était point pour lui quelque chose d’inerte et de figé ; il s’y insérait lui-même en la vivant et en la faisant vivre chez ses disciples. Il en confrontait sans cesse les données avec les circonstances concrètes, en vue d’une sage adaptation au réel. Et c’est là surtout qu’apparaissent son originalité féconde et sa riche personnalité. L’exemplaire fidelité de Dorothée à 2flénér3U l’héritage des Pères ne doit donc pas nous faire illusion : son génie propre est loin de pouvoir se ramener à celui d’un simple compila-1. Cf. la remarque très juste de M. Sfanneut : < Il est souvent impossible de distinguer l’origine précise de ces notions. Comme tant d’autres, elles appartiennent à la koiné intellectuelle de Γ Empire » (/.« stoïcisme des Pères de Γ Église, Paris 1957, p. 203). 2. Cf. Lettre d’envoi 4, p. 115. 3. Cf. DS, t. 3, 1GG3. 4. Dorothée § 187 : ci. S. Basile, Ëp. 151 (PG 32, 008 AB). LA DOCTRINE SPIRITUELLE 45 tour, comme il s’en trouve tant dans la tradition byzantine. Outre les trésors d’analyse déjà notés, il faut aussi recon­ naître chez lui a un effort de synthèse1 » assez rare dans celte tradition pour devoir être souligné123. Tout en restant toujours très proche du réel, concret et pratique, il semble avoir eu parfois quelque préoccupation de dégager des données de la tradition cl de l’expérience les éléments essentiels, d'esquisser les lignes maîtresses de la spiritualité chrétienne et monastique. C’est pourquoi il convient, avant d’étudier en détail sa doctrine, d’en donner un bref aperçu d’ensemble. Sans doute notre documentation est incomplète, puisque nous savons que la plupart des œuvres de Dorothée sont perdues. Toutefois, panni celles qui nous restent, il en est plusieurs dont le sujet est très large et qui embrassent d’une certaine façon toute la vie spirituelle. Telles sont surtout les Instructions I et XIV, ainsi que la lettre aux préposés d’un monastère et à leurs disciples. A défaut d’une synthèse complète, nous essaierons d’en extraire ce « quoddam vitae asccticae compendium » que les Bollandistes voyaient spécialement contenu dans la première Instruction*. Cette première Instruction est d’ailleurs remarquable à plus d’un titre. Elle nous révèle notamment chez son auteur le souci de situer l'enseignement ascétique des moines égyptiens par rapport à la théologie des Pères grecs. Dorothée semble avoir voulu replacer cet enseigne­ ment dans les grandes perspectives du Mystère du salut, telles que les avaient dessinées saint Irénée, Origène, saint Athanase et les Pères Cappadociens. Pour expliquer et justifier le renoncement chrétien et monastique, Dorothéc 1. DS, t. 3, 1CGO. 2. A co point de vue aussi, Dorothée sc montre digne héritier des Pères du désert, dont Je P. Hausherr a pu écrire : «Analyse et synthèse vont de pair chez nos ascètes psychologues » (Direction, p. 95). 3. Cf. Acla SS. Junii, t. I, p. G00. 46 INTRODUCTION remonte jusqu’aux origines de l'humanité, au premier péché et à scs fatales conséquences : «Quand, au commence­ ment, Dieu créa l’homme, il le plaça, orné de toute vertu, dans le paradis... L’homme vivait dans les délices du paradis, dans la prière et la contemplation, comblé d’honneur et de gloire, possédant l’intégrité de scs facultés... » (§ 1). Sa désobéissance au précepte divin cl son orgueil lui firent perdre tous ces biens et le rendirent esclave du péché, du démon, des passions et de la mort. Le mal étendit peu à peu son empire et devint si profond cl si universel que les efforts de la bonté divine ne purent l’enrayer ni par la Loi, ni par les Prophètes. Il'fallut que Dieu vint lui-même parmi les hommes, se faisant homme comme nous, pour nous libérer de cet esclavage. C’est en analysant l’œuvre libératrice du Christ que Dorothée montre les bases de l’ascèse chrétienne. Le Seigneur ne s’est pas contenté de nous délivrer de la tyrannie du démon et de nous purifiei' du péché par sa mort, dont le baptême nous applique les fruits (§ 167, 172). Comme un sage médecin (§ 113), il nous a donné un moyen merveilleux pour éviter dorénavant de retomber dans le péché et pour pouvoir accomplir le bien, ce sont ses «saints commandements», qui réveillent et raniment notre conscience (§ 6, 40) et qui nous purifient non seule­ ment du péché, mais aussi de ses racines en nous, c’est-àdire des passions. Dorothée marque bien la distinction entre péché et passion, à l’encontre de l’erreur des Messaliens, pour qui « péché, passion, concupiscence sont une seule et même chose et tout intérieure1 ». Il insiste aussi, à la suite d'Évagrc et de Marc Γ Ermite4, sur l’efficacité merveilleuse des « Commandements du Seigneur » pour prolonger et achever en nous l’œuvre purificatrice du12* 1. I. IIavskkur, OCP 1935, p. 343. 2. Évagru, v.g. Cent. Il, 9 (PO 28, p. 61-65) ; Marc, De lege spir. 28-31 (PG 65, 909). LA DOCTRINE SPIRITUELLE •17 baptême. El il entend par là toute la doctrine de perfection contenue dans les enseignements du Christ, spécialement dans le Sermon sur la montagne (§ 6). A la différence de la Loi ancienne, qui interdisait seulement le péché, les » Commandements du Seigneur » condamnent aussi la passion qui est à l’origine du péché. Bien plus, d’une seule parole, le Christ nous a montré la cause profonde du péché, source de tous nos maux, et indiqué en même temps le seul remède, l’unique voie du salut : a Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes» (§ 7). C’est dire que notre malheur vient de l’orgueil et de scs rejetons : la manie de se justifier, la confiance en soi, l’attachement à la volonté propre. Au contraire par l’humilité du cœur qui engendre le blâme de soi, la défiance de son jugement et le retranche­ ment de ses volontés, on parvient à s’éloigner du mal, à pratiquer les commandements, à acquérir les vertus et à retrouver la paix de l’âme (§ 10). Dans ce bref résumé de la première Instruction, on entrevoit déjà la place capitale que tiennent dans l’enseigne­ ment ascétique de Dorothée la lutte contre les passions, l’humilité, Je renoncement à la volonté propre. Ce qu’il faut surtout noter avec soin, c’est le caractère absolument chrétien de ccttc ascèse, fondée sur le baptême, sur l’œuvre du Christ, sur ses préceptes et son exemple. Il s’agit de prendre au sérieux notre rédemption, de ne pas la rendre vaine (§ 122, 186). Le Christ est mort pour nous ramener à la vie, pour nous libérer du péché et de l’esclavage du démon : non seulement nous ne devons pas retourner à cette servitude, mais il nous faut nous conformer à la mort du Christ, mourir à notre tour pour lui par le renonce­ ment. nous offrir avec lui à Dieu comme l’ont fait les saints, ne vivant plus pour nous-mêmes, mais pour le Seigneur (§ 168-169). Ainsi, toute l’ascèse sc rattache au Mystère pascal, c’est une « pâque », un passage du péché à la vertu (§ 166), 43 INTRODUCTION c’est une participation au Mystère de mort et de rcsurrec- i tien du Sauveur (§ 160, 167), c’est un crucifiement du monde à nous et de nous au monde (§ 13), c’est une . offrande, l’offrande de tout nous-même à Dieu, un sacrifice ; constant, quotidien, un holocauste (§ 168).. Le Christ ' est le Roi, le Maître que nous servons, nous sommes ses I soldats (§ 15), il a remporté la victoire pour nous, il nous i faut la remporter à notre tour par lui (§ 165). Dans notre exposé de la doctrine de Dorothée nous ’ aurons l’occasion de signaler quelques rapprochements 1 avec l’enseignement des moralistes païens. Aussi I convenait-il de marquer nettement dès le début son | caractère chrétien. L’affranchissement des passions pré­ senté par Dorothée comme le terme de l’ascèse est tout ■ autre chose que l'apatheia stoïcienne. C’est simplement | IjC repos promis par le Christ aux doux et humbles de 1 cœur, c’est la liberté spirituelle des enfants de Dieu qui j ont restauré en eux l'image divine, en lui rendant toute 1 sa ressemblance (§ 170). Chez les moines d’Égypte, l'ascèsc I 3 battre18 «était principalementcnvisagéc comme 3 une lutte avec les démons et avec leur I chef Satan, le Diable ou l’Enncmi par excellence1».! Cependant on constate déjà dans les anciens documents, j que le contact direct et à découvert avec le démon 1 était réservé aux anachorètes et à ceux qui étaient J parvenus à une certaine perfection12. Pour Dorothée, le. 3 diable est aussi notre grand «ennemi et antagoniste»! (§ 27). Mais dans les Instructions, il est beaucoup moins! question des démons que des passions. Ainsi on n’y trouve | jamais l'expression «pensées démoniaques», si frequente | 1. A. Goîllaumont : DS, t. 3, 189-100. 2. Zô. 191. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 49 chez Évûgrc1, alors qu’il esl plusieurs fois parlé de « pensées passionnées» (§ 54, 120. 142, 144, 145, 190). De même, Dorothée connaît chacun des vices auxquels se rattachent les huit « mauvaises pensées n du catalogue évagrien12, mais il ne les nomme jamais «démons» ni « esprits n345. Il est significatif aussi que les tentations soient considérées par Dorothée beaucoup moins comme des pièges et des embûches du démon que comme des occasions de progrès spirituel*. Cette place relativement réduite faite au démon par Dorothée est la conséquence normale de son optimisme surnaturel, qui voit surtout en lui le grand adversaire vaincu par la mort du Christ. Le démon a perdu alors tout son pouvoir sur nous, et il n’en récupère que dans la mesure où nous suivons nos passions (§ 4, 172), notre jugement et notre volonté propre (§ 62)\ Nos ennemis les plus redoutables ne sont donc pas les démons, mais les intelligences, les complices qu’ils trouvent en nous, c’est-àdire les mauvaises tendances que nous gardons en nous comme suites fatales du péché originel6 et que nous développons par nos fautes personnelles. Les passions ne sont pas l’œuvre du Créateur, elles n’ont même pas d'être 1. Cf. DS, l. 3, 202. Dorothée emploie seulement cette expression dans une lettre (§ 193). Au lieu do nous inspirer directement des pensées, le démon préfère agir sur celles quo nous avons, pour les • captiver » et les utiliser ù ses fins (§ 147). 2. Cf. Index des mots grecs. 3. Cf. DS, t. 3, 200-201. 4. Cf. Instr. XIII. 5. «Celui qui fait sa volonté propre devient fils du diable», disait saint Barsanuphc (JVxc. 551). 6. Comme l'enseignait Jean à Dorothée, le baptême nous a donné lo pouvoir de vaincre ces tendances, mais ne les a pas enlevées radica­ lement (iVic. 304). Cf. Diadoque, chap. 78-79 : par l’incarnation du Christ et lo Baptême ont été réparées la faute d’Adam et scs consé­ quences, mais nous avons encore ù lutter contre les passions et les démons (SC 5 Ms, p. 135-137). 50 INTRODUCTION à proprement parler (§ 134) ; comme le mal, elles appar­ tiennent à la catégorie du non-être (§ 106, 116). Ce sont des maladies de l’âme privée de sa santé naturelle qu’est la vertu (§ 106). Et elles sont d’autant plus redoutables que souvent leur présence échappe à notre conscience. Elles sont en nous cachées comme la pourriture secrète d’un pain de froment qui a belle apparence (§ 82). Évagre l’avait noté : « Beaucoup de passions sont cachées dans notre âme, mais échappent à l’attention. C’est la tentation survenant qui les révèle1. » Dorothée dénonce sans cesse l’insensibilité des âmes inconscientes des passions aux­ quelles elles sont asservies (§ 91, 108, 114, 121-122) : c’est Γαίχμαλωσία. la captivité de Babylone (§ 116, 142) ; ou de l'Égypte (§ 145). Heureusement, l'ennemi caché sej manifeste par les pensées — λογισμ,οί —, les volontés! — θελήματα—, les prétentions de justice— δικαιώματα —, et pratiquement, c’cst contre ccs manifestations que va· s’exercer le combat spirituel. Le mot λογισμός, au singulier ou au pluriel, est Îréquem-I ment employé par Dorothée, et presque toujours, comme, chez Évagre, dans un sens péjoratif1 2. Sans doute, il existe? de bonnes pensées qu'il faut cultiver et garder avec soin, mais alors Dorothée précise : καλοί λογισμοί (§ 129).] Il est beaucoup plus souvent question des λογισμοί? à retrancher et à rejeter, et presque toujours, même} lorsque le qualificatif εμπαθείς n’est pas ajouté, il s’agig de « pensées passionnées», c’est-à-dire inspirées par une! passion. En fait pensées mauvaises (§ 116), pensées pas! sionnées (§ 54, 120, 142, 144, 145, 190), pensées humaines: (§ 111, 137, 155. 193, 199), pensées démoniaques (§ 193),1 pensées ennemies (§ 193) ou pensées tout court, ne sont· 1. Évagre, Cent. VI, 52 (Frank., p. 393), trad. Ilausherr, Direct spir., p. 93. Cf. PO 23, p. 233-239. 2. Ct. DS, t. 3, 201-202. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 51 que formes multiples de la «pensée personnelle», ϊδιος λογισμός {§ 63, 193, 202), contre laquelle il faut lutter. Au λογισμός s’adjoint presque toujours le θέλημα, une volonté propre, plus dangereuse encore. Le terme doit être bien compris. Selon la juste remarque du Dictionnaire de Spiritualité, « Dorothée, comme la plupart des saints Pères du monachisme oriental, entend par volonté propre non seulement, comme beaucoup de spirituels modernes, un attachement au jugement propre, mais toutes les volontés ou, pour mieux dire, les désirs qui naissent spontanément dans l’âme et sont généralement le fruit d’un logismos1 ». Ces volontés propres sont les manifesta­ tions variées de la « volonté propre », c’cst-à-dirc de notre volonté en tant qu'elle se porte vers quelque chose à l’encontre de la volonté de Dieu ou même seulement indé­ pendamment d’elle. Qu’elles soient nommées ίδια θελήματα (v. g. § 23) ou θελήματα tout court (§ 20, 169, 202), qu’elles viennent de la chair (§ 142, 163) ou de nos pensées (§ 168), ces volontés sont haïssables (§ 10). Non seulement il ne faut pas les suivre (§58), mais il faut les combattre (§ 13), les quitter (§ 169), les couper, les retrancher (§ 20, 23, 55, 187, 192, 202). Ce qui est pire que tout, c’est lorsqu’à la volonté — θέλημα — vient s’ajouter la complicité du δικαίωμα, c’est-à-dire la prétention de faire acte de vertu, tandis qu’on accomplit sa volonté propre. Alox'S c’est la grande joie du diable, qui est assuré de sa proie (§ 62-64). Aussi cherche-t-il toujours à nous égarer par là (§ 97, 137). Il faut donc se méfier par-dessus tout de ces δικαιώματα et les mépriser. Sinon il est radicalement impossible de retrancher les volontés propres (§ 202). En parcourant les lettres de Jean et Barsanuphe, il est facile d’y retrouver ces mêmes enseignements. Les deux reclus mettaient souvent leurs correspondants en garde 1. DS, t. 3, 1655. 52 INTRODUCTION contre la pensée propre : il ne faut jamais s’y fier, mais la considérer comme venant des démons1. La volonté propre est la racine de toutes les passions12, il faut donc la « couper », même si elle semble bonne34 . Tous les θελήματα et δικαιώματα. doivent être retranchés·1, et Barsanuphe dénonçait à Dorothée le δικαίωμα que le diable semait en lui pour le tromper et le troubler56. Nos ennemis sont donc en nous et se manifestent par ces rejetons de malice que sont les λογισμοί, θελήματα et δικαιώματα- Encore faut-il que l’âme soit attentive et vigilante pour les discerner. C’est pourquoi Dorothée, comme tous les spirituels orientaux, recommande fréquemment la νήψις0, c’est-à-dire la sobriété de l’âme bien éveillée, parfaitement présente à elle-même et soucieuse de ne pas se laisser surprendre par l’ennemi. Et plus encore que les autres Pères, il souligne le rôle important de la conscience dans la vie morale78: il faut la garder avec soin (§ 40-46), il faut avoir le continuel souci de soi-même, se surveiller, s’examiner, afin de connaître son état et sa condition (§ 107). Outre cet examen général et constant, il faut aussi s’examiner avec plus de diligence à certains moments. Parmi les anciens, Dorothée est l’un de ceux qui a insiste le plus sur cet examen de conscience périodique. Ses devanciers recommandaient le doublé examen quotidien, matin et soir (§ 52}$. Lui demande de 4. Connaissance de soi. Nécessité d’un guide 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Nie. 373. Nie. 462. jVtc. 380. Nie. 379. Nie. 259 Cl 330. Sur la nepsis, voir la citation du P. Hausherr à la p. 336, η. 1 Cf. DS, t. 3, 1660. Ci. les références données au S 52. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 53 s’examiner toutes les six heures (§ 117), et également à intervalles réguliers chaque année, chaque mois et chaque semaine (§ 111). La conscience est un précieux auxiliaire « pour éclairer l'esprit et lui faire discerner le bien du mal ». Malheureuse­ ment par nos péchés nous l’avons foulée aux pieds et enfouie de telle sorte que nous restons plus ou moins aveugles (§ 40, 187), tant que nous n’avons pas recouvré complètement la vue par la parfaite purification de l’âme (§ 11). Notre volonté propre fait écran et nous empêche de voir «la voie de Dieu» (§ 63). D'où la nécessité d’un guide, d’un conseiller. C’est la doctrine que Dorothée développe dans l’Instruction V. Nous avons à renoncer à nos pensées, â nos volontés et à nos prétentions de justice, mais comment pourrions-nous y parvenir seuls, alors que nous leur sommes encore attachés ? Aussi avons-nous besoin de quelqu’un qui nous aide à voir clair en nous et à arracher de notre cœur la malice qui s’y cache. On pourrait être surpris de ne pas trouver chez Dorothée d’avis concernant le discernement des pensées, point important pourtant de l’enseignement monastique tradi­ tionnel depuis saint Antoine. Aucune allusion dans les Instructions à l’interrogatoire recommandé par Évagre pour chaque pensée qui se présente : « Es-tu des nôtres ou du parti adverse1 ? » C’est que toute pensée, même bonne en elle-même, dès lors qu’elle vient de nous et qu’elle est Ιδιος λογισμός, doit nous être suspecte et à rejeter au moins provisoirement, en attendant la sanction du père spirituel. Dorothée nous rapporte à ce sujet un souvenir personnel très significatif. Lorsqu’il était au monastère de l’abbé Séridos, il avait l’habitude de révéler toutes ses pensées à l’abbé Jean. « Parfois ma pensée me disait : le vieillard I. Evacue, Anlirrft., «Orgueil» 17 [Frank.. p. 539) et Lettre 11 (Frank., p. 575). Cf. Jos. 5, 13. 5Ί INTRODUCTION ne te dira-t-il pas telle chose? Pourquoi vouloir l’impor­ tuner? Mais je répliquais : Anathème ù toi, à ton discernement, à ton intelligence, à ta prudence et à ta science ! Ce que tu sais, tu le sais des démons. Je m’en allais donc interroger l’abbé Jean et il arrivait parfois que sa réponse était précisément celle que j’avais prevue. Alors ma pensée me disait : Eh bien ! quoi? C’est ce que je t’avais dit. N’as-tu pas dérangé le vieillard inutilement? Et je répondais : Oui, maintenant c’est bien, maintenant cela vient de l’Esprit-Saint. Car ce qui est tien est mauvais,cela vient des démons, cela vient d’un état passionné, »i (§66)Dorothée jette là l’anathème à la a diacrisis », cette vertu tant vantée par les Pères. Il lui fait pourtant ailleurs une; place dans l’édifice spirituel, mais seulement comma «chaînages», au terme de la construction (§ 151), et nous·; savons que Barsanuphc avait sollicité cette grâce précieuse pour Dorothée1. Mais pour un novice, rien ne serait si] périlleux que de s’autoriser d’une prétendue « diacrisis »] pour s’affranchir du contrôle de son père spirituel. Ceci estë exactement conforme à l’enseignement de Barsanuphe,] qui à un hésychaste n’hésitait pas à recommander l’interl rogatoire des pensées à la façon d’Évagre12, mais quü à un autre moine moins avancé, disait : u Frère, ne te) lance pas dans le discernement des pensées qui te viennent! Ce n’est pas à ta mesure. Sinon elles t’agiteront à leur guisl comme quelqu’un qui ne connaît pas leur fourberie. Su elles le troublent, dis-leur : Moi, je ne sais pas de quelle! espece vous êtes. Dieu qui vous connaît ne me permettra pas de m’égarer. Jette devant Dieu ton impuissance cui disant : Seigneur, je suis en vos mains ; secourez-moi et| arrachcz-moi de leurs mains. Mais la pensée qui s’attarda en toi et qui te fait la guerre, dis-la à ton abbé, et il tel 1. Cf. A’rc. 265. 2. Nie. 91. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 55 guérira de par Dieu1. » Ailleurs Barsanuphe dit expressé­ ment qu'il est réserve aux parfaits de laisser les pensées entrer dans le cœur pour les examiner, avant de les rejeter. Les autres ne doivent même pas les laisser entrer1234. Dorothea sembla faire de cette nécessité d'un conseiller spirituel une loi absolue, selon l’enseignement qu’il avait reçu de Jean le Prophète : « Celui qui veut être vraiment disciple du Christ n’a absolument aucune liberté de faire quoi que ce soit de lui-même, mais doit observer le pré­ cepte : Fais tout avec conseil’. » De son côté, Barsanuphe citant la meme sentence : « Fais tout avec conseil et ne fais rien sans conseil », ajoutait : « Dieu seul, auteur de la sagesse, n’a pas à prendre conseil'1. » Jean écrivant à un pieux laïc est tout aussi catégorique : a Si quelqu’un fait une action bonne de son propre mouvement sans prendre conseil, il n’est pas « en règle » — έ'ννομος — et ne fait rien de légitime. Celui qui au contraire interroge, accomplit la Loi et les Prophètes, et il imite le Christ qui s’est humilié jusqu’à la mort. Car c’est un signe d’humilité de prendre conseil5. » Pensées et désirs, λογισμοί et 5' L?i^elnaS<^irent θελήαατα, révèlent l’existence d’un attachement de l’ame — προσπάθεια6 — à la créature, au monde que nous avons quitté par le baptême et l’entrée dans la vie monastique (§ 14-19). 1. Nie. 143. 2. Auc. 69. 3. Nie. 308. Cf. 535, lettre adressée probablement aussi â Dorothéc et où est citée également la parole : Paie tout avec conseil. 4. Nie. 162. 5. Nie. G96. 6. Ce terme désignait déjà chez Μλκο-ΑοβΛι.ε toute attache qui trouble la paix de l’âme : Pensées, Xll, 3,4. Ci. saint DaSilk, PG 31, 792, 840, 936, 1000, 1164. S. Grec. Nyss., Opera ascelica, éd. Jaeger, p. 276, 8 ; 279, 19 ; 285, 17 et 25 ; 286, 14 ; 293, 6 et 19. 56 INTRODUCTION Qu’il s'agisse d’une personne (§ 17, 79) ou d’une chose matérielle (§ 188), meme de peu de valeur (§ 14. 19), cela rend notre âme prisonnière. Il faut rompre l’attache (§ 131), et cela sans délai. Déjà les Stoïciens exhortaient leurs disciples à arrêter les mouvements des passions dès leur apparition1. Si, en effet, on les néglige au début, si on les laisse se fortifier et se développer, il ne sera plus possible d'en venir à bout. Dorothée insiste souvent sur le péril auquel on s’expose ainsi (§ 108, 114-115, 120-122, 131), et pour mieux en persuader ses moines, il illustre son enseignement de plusieurs anecdotes et comparaisons. Il rappelle par exemple l’aimable leçon donnée par un vieillard à son disciple, auquel il fait arracher des arbustes de plus en plus grands (§ 115). Ou bien il présente l’image très expressive des mauvaises herbes qu'on laisse pousser dans un champ en friche (§130), ou celle des petits désordres de santé que l’on néglige de soigner (§ 113). De même qu’une seule griffe accrochée au filet retient l’aigle prison­ nier, une habitude vicieuse entretenue en nous peut causer notre perte (§ 123). La moindre petite négligence nous expose à de graves dangers (§ 113). Il ne s’agit souvent à l’origine que de choses insignifiantes, mais qui risquent de nous entraîner très loin (§ 69). Hâtons-nous donc de combattre les passions dès qu'elles se mani­ festent (§ 108), arrachons ces méchantes petites plantes avant qu’elles ne deviennent des arbres (§ 91, 114-115),= tuons dès leur naissance ces maudits rejetons de Babylone que sont les pensées passionnées (§ 116-117). Cette lutte contre les passions, ce travail d'extirpatioiî de nos mauvaises tendances exige, au début surtout, de rudes efforts. Nous ne devons pas compter être sauvés en dormant (§ 125). Il faut se faire violence (§ 104, 187)i Mais si on se met à l’œuvre avec courage et résolution, 1. V. g. Marc-Aukêle, Pensées IX, 7. Cf. S. Cnec. Nyss., PG'.4« 353 ΛΒ cl '124 D. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 57 le labeur s’adoucira bientôt : « En vérité, si nous voulions un peu combattre, nous n'aurions pas à souffrir ni à peiner longtemps, car si dans les débuts on doit se forcer, on avance du moins peu à peu en combattant, et on finit par agir dans la paix, Dieu voyant la violence qu’on se fait et accordant son secours» (§ 104). Il peut bien y avoir au cours du combat des faux pas, des chutes. L’essentiel est de ne pas rester à terre (§ 92), de ne pas se décourager, mais de se relever aussitôt (§ 123. 146) pour continuer la lutte (§ 92), de ne jamais se laisser aller au trouble, mais de garder continuellement la paix de l’âme (§58, 186). C’est ainsi que peu à peu nous progres­ serons dans le détachement — «προσπάθεια —, pour parvenir finalement à la parfaite άπάθει« (§ 20). On peut se demander si Dorothée a cru vraiment à la possibilité de réaliser ici-bas cet affranchissement total des passions. Il est certain qu’il nous dit avec insistance qu’il ne suffit pas de résister à l’entraînement des passions, qu’il faut vouloir les extirper complètement (§ 110). De meme que Je cultivateur ne peut se contenter de couper les mauvaises herbes, mais doit les arracher et déraciner, sinon elles repousseraient (§ 130). C’était déjà l’enseignement d’Évûgre : « Il faut déraciner les passions. Si l’on ne fait que couper les rameaux, ils repoussent1. » Cependant de son côté, un Père du désert disait : «A l'endroit des passions, nous ne sommes pas des déracincurs, mais des lutteurs1 2. » Mais cela dépend évidemment de ce que l’on entend par « racines » des passions. Dorothée dit qu’il faut lutter non seulement contre les passions, « mais contre leurs causes, qui en sont comme les racines » (§ 131), et il désigne par là les mauvaises tendances les 1. De ocId spir. malit., PG 79, 1152 B. 2. Apopht. Nau 167 : ROC 19ÛB, p. 54. Cf. Abraham 1 : < Les passions restent vivantes : elles sont seulement enchaînées par les suints » (PG 65, 132 B). INTRODUCTION 58 plus profondes en nous, les trois passions maîtresses mères de toutes les autres : l’amour du plaisir, l’amour de l’argent et la vainc gloire (§ 101, 131, 145, 168). C’est là, dit-il, l’enseignement de tous les Pères (§ 131), qui correspond à celui de saint Jean sur le triple renoncement à la convoitise de la chair, à la convoitise des yeux et a l’orgueil de la vie (§ 168). Les saints, eux. ont réalisé ei perfection ce renoncement et Dorothée a toujours leu exemple devant les yeux. Mais il sait aussi condescendre à notre faiblesse : « Que Dieu nous donne, sinon de déracine les passions, au moins de ne pas les exercer et de le contenir» (§ 112). Il n’ignore pas d’ailleurs que l’apathei est un don de Dieu1. Comme le disait le Pscudo-Macaire « Lutter, résister, frapper durement, être maltraité, cela oui, dépend de toi. mais déraciner est l’œuvre de Die seul1. » Si du moins nous luttons de notre mieux, à l’cxempl des saints et avec leur secours, Dieu nous donnera, dan une certaine mesure, part à leur récompense. Dorothée se garde bien de réduit i’ascèsc à ce travail négatif de lutt . , , contre les passions. Pour reprendr sa comparaison, de môme que le cultivateur, après avoi nettoyé son champ, sc hâte d’y jeter une bonne semcnci afin d'éviter le retour des mauvaises herbes (§ 132), ains devons-nous, une fois les passions extirpées de notre ami y replanter les vertus (§ 134-135)123. « Declina a malo è fac bonum », dit le Psalmistc. Il ne faut pas seulement s détourner du mal, mais accomplir le bien {§ 133). En fail déraciner une passion « avec science » implique déjà qu’ô 6. L’acquiaition des vertus 1. C'était aussi la pensée d’IÎvACHE (Cfni. 1, 37 : Frank., p. 81 PO 28, p. 34-35) et de Barsanuphr (JŸîc. 72). 2. PG 34, 469 C. 3. Remarquer d’ailleurs quo de ces vertus que nous avons perdu par Je péché, les germes demeurent en noos Indestructibles, seïê l’enseignement d’i'vagre repris par Dorothée (§ 122). LA DOCTRINE SPIRITUELLE 59 fait les actes contraires à cette passion (§ 111), c'est-à-dire les actes de la vertu opposée. Car, selon Dorothée, « chaque passion a sa vertu contraire : pour l’orgueil, c’est l’humilité ; pour l’amour de l’argent, l’aumône ; pour la luxure, la tempérance ; pour le découragement, la patience ; pour la colère, la douceur ; pour la haine, la charité... » (§ 133). Ce qui n’empêche pas Dorothée de retenir aussi la concep­ tion aristotélicienne de la vertu1, ajuste milieu entre l’excès et le manque », de même que la santé du corps est l’équilibre des humeurs entre la pléthore et la carence, a Par exemple le courage est le milieu entre la lâcheté et l’audace ; l’humilité entre l’orgueil et la servilité ; le respect entre la honte et l’insolence... » (§ 106). Et la vertu, comme la passion, s’acquiert par les actes (§ 122) : encore un enseignement d'Aristotc12, mais aussi de Barsanuphc3. L’acquisition des vertus — τό κτήσασθα·. τάς άρετάς (§ 104} — est en effet un art, « l’art spirituel » (§ 105), a l’art des arts» (§ 95), qui, comme tout art, s’apprend non pas seulement par la parole, par un ensei­ gnement théorique, mais par la pratique (§ 36, 95)4. Quiconque désire sc rendre maître d’un art, s’y applique avec ardeur, courage et persévérance, sans se préoccuper d’autre chose. Ainsi doit-on faire pour la vertu (§ 105). On ne saurait l’acquérir en se contentant de l’admirer et de la louer (§ 103). -Il faut avant tout le vouloir vraiment, sincèrement (§ 104) et réfléchir sans cesse sur les moyens d’y parvenir (§ 105). Il faut « chercher », examiner comment vient chaque vertu, ce qui nous l’apporte, ce que nous devons faire pour l’acquérir ; de plus il faut « frapper », c’est-à-dire pratiquer 154). Il faut se faire violence et se mettre résolument à l’œuvrc avec zèle (§ 95). Il faut 1. 2. 3. Ί. Akistotr, Elh. iXicom., Il, S, 1107 a. Elh. Nicom., U, 1, 1103 a. jVic. 269. Cf. Aristote, Elh. Nicom., 1105 b. . GO INTRODUCTION aussi de la persévérance, car un seul acte ne suffit pas à engendrer une habitude. Il faut une pratique longue et assidue (§ 122). C’est un édifice spirituel qu’il s’agit de construire (§ 149), c’est-à-dire un ensemble équilibré et harmonieux. Un mur ne suffit pas à constituer une maison : de même une vertu seule ne sert de rien, si on neglige les autres. Il faut que toutes se développent et grandissent ensemble progressivement, comme s’élèvent les murs de la maison (§ 150). A la base doivent sc trouver les vertus fonda­ mentales : la crainte de Dieu (§ 149), la foi, dont ΓApôtre nous dit que sans elle il est impossible de plaire à Dieu (§ 151, 26), foi au Christ qui, scion Évagre. surmonte et couvre tous les obstacles (§ 17), l’espérance, qui nous retiendra de dire : les vertus sont trop élevées, je ne puis les atteindre. Comptons sur le secours divin qui ne nous manquera pas. Gardons-nous seulement de vouloir arriver d’un seul coup au sommet de l’échelle1, il faut monter échelon par échelon (§ 154), ajouter les pierres une a une pour élever progressivement tous les murs de notre édifice (§ 151). Dorothée énumère un certain nombre de vertus, mais on voit bien qu’il n’a pas la prétention d’être exhaustif : l'obéissance, la patience, la tempérance, la' compassion, le retranchement de la volonté propre, laj mansuétude... Il faut prendre soin surtout, dit-il, de lai constance et du courage, qui sont comme les pierres; angulaires (§ 151). L’humilité est le mortier qui joint les pierres entre clics, la discrétion joue le rôle de « chaînages », resserrant tout le bâtiment et lui donnant sa belle appa-j rencc. La charité, achèvement des vertus, en constitue la toit, avec sa balustrade, qui est encore l'humilité (§ 151).;. Avant de revenir sur quelques-unes de ces vertus qui) ont une importance particulière, notons la dernière condi­ tion requise pour que la construction soit menée à bien 1. Cf. Lettre de Barsanuphc, AT»c. 85. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 61 et pour que l’édifice soit solide : le bâtisseur doit être habile et agir « avec science », έν γνώσει1 ou μετά γνώσεως. Que faut-il entendre par là? Dorothée prend soin de nous l'expliquer longuement à l’aide d’exemples (§ 152-157). L’expression est probablement empruntée par lui à Ammonas ou à l’abbé Isaïe12. Elle ne désigne pas seulement les conditions intellectuelles requises pour la vertu, la science théorique de ses exigences et la pleine conscience de ce qu’on fait3, mais aussi l’intention pure4, et meme de façon compréhensive tout ce qui est requis pour que l’acte vertueux soit vraiment parfait, tant du point de vue surnaturel que du point de vue naturel5. Cela est clairement expliqué par Dorothée dans les derniers paragraphes de V Instruction XIV h propos de l’aumône que l’on doit faire «sans parcimonie ni lenteur ni froideur, mais de tout son pouvoir et de tout son cœur... : ce que Dieu veut de bon, ce qui lui est agréable, ce qui 1. Dorothée emploie très fréquemment cotte expression, v.g. à propos des labeurs corporels (§ 37), des ministères à remplir (§ 59, 153), de la lutte contre les passions (§ 111), du support des épreuves (§ 194), de l’« apsephiston » (§ 1S7), du silence (§ 152), de l’aumône (§ 155-157). Έν γνώσει est employé concurremment avec μετά γνώσεως dans les mômes paragraphes 110-111 et 153-155. 2. On la trouve en effet dans des textes attribués à la fois à Ammonas et à Isaïe : Aug. p. 43 = PO XI, p. 473 ; Aug. p. 91 = PO XI, p. 475. Elle se rencontre aussi dans un apophtegme de Sisoês : PG 65, 373 B. 3. Ce qui pourrait sc traduire par « en connaissance de cause », «selon les règles* ou «sciemment» (cf. Hausherr, P AM 1959, p. 152 et DS, t. 2, 1311). 4. Dorothée relève l’importance de l’intention : un même acte est bon ou mauvais selon l’intention de l’agent (§ 162). 5. Cf. les conditions de la vertu selon Aristote : « Il faut que celui qui accomplit les œuvres conformes à la vertu, les accomplisse w connaissance de cause ; ensuite, qu’il les accomplisse intentionnelle­ ment en raison d’eltes-mômes ; troisièmement, il faut que, dans son action, il demeure ferme et inébranlable » (Elh. Nicom. II, 4, 1105, a 31. Trad. Gauthior-Jolif, Louvain 1958, p. 40). Έν γνώσει implique ces conditions, mais transposées sur )o plan surnaturel. INTRODUCTION 62 est pariait : c’est cela, agir «avec science» (§ 155). C’est pratiquer la vertu qui imite Dieu, en ayant les yeux fixes . sur ce but-là (§ 156), «en vue du bien lui-même, ayant! compassion les uns des autres comme de nos propres., membres», en fils qui font la volonté de leur père non par.: crainte ni pour la récompense, mais simplement pour lui'· faire plaisir : telle est l’aumône accomplie « avec science »,j έν γνώσει ou μετά γνώσεως (§ 157). Et « celui qui agit ainsi . est le bâtisseur expérimenté et habile qui construit solide-s ment sa maison. L’homme avisé, dit l’Évangile, bâtit sag maison sur le roc, et rien ne peut l’ébranler» (§ 158). Dorothée ne s’est pas contenté dei donner à l’humilité sa double place* dans l’édifice des vertus, comme· mortier et comme balustrade du toit (§ 151) ; il en parle très souvent et lui a même consacré; toute une instruction, la seconde, où nous voyons quepour lui, comme pour tous les anciens, il s’agit de Γhumilité) dans son acception la plus large : plutôt qu’une vertuj spéciale, e’est une disposition foncière qui conditionne toute vertu (§ 26), un esprit, un tempérament, une attitude? d’âme en face de soi-même, de Dieu et des hommess Elle sc recommande à nous tant de l’exemple que de 1® parole du Seigneur : « Discitc a me quia mitis sum et; humilis corde» (§ 8, 186). « Avant tout, disait l'abbé Isaïe, nous avons besoin! de l’humilité, car c’est par elle que sont anéantis tous k maléfices du diable » (§ 26). Commentant longuement cetlf. maxime qui lui avait été recommandée par Barsanuphe* Dorothée montre la nécessité absolue et première d< l’humilité. Sans doute, il reconnaîtra que, sous sa Îomi< parfaite, elle est le propre des saints 33), et nous avow vu qu’il lui donne une place au faîte de l’édifice spiritue 7. Humilité et crainte de Dieu 1. Nie. 255. Cf. 614. LA DOCTRINE SPIRITUELLE k r 63 (§ 151 )*, mais elle est tout aussi nécessaire à la base de cet édifice, comme dans toute la construction. Sans elle, en effet, aucune vertu ne saurait exister (§ 26), sans clic il est impossible de pratiquer les commandements (§ 10), mais, d’autre part, elle naît de la pratique des commandements (§ 33). Elle est à la fois grâce de Dieu (§ 39) et ce qui attire la grâce (§ 29-30)12. Fruit de la prière, elle est aussi condition préalable de toute prière (§ 38). N’y a-t-il pas là contradiction? C’est qu’il faut distinguer deux sortes d’humilité (§ 33)3 : la première, encore imparfaite, s’abaisse et s’efface devant les hommes ; la seconde regarde Dieu, c'est celle des saints, qui leur fait attribuer à Dieu toutes les bonnes œuvres qu’ils accomplissent4. L’humilité vraie et parfaite ne saurait consister en attitudes exté­ rieures et en paroles, elle est une disposition profonde du cœur (§ 7), comme l’indique bien la parole du Seigneur : < Mitis sum et humilis corde5. » Au fond la première espèce d’humilité est plutôt préparation, moyen, elïort volontaire d’abaissement et d’effacement, alors que l’humilité vraie consiste dans la claire vue de notre néant et de notre misère devant Dieu. N’cst-il pas significatif que Dorothée nous dise de l’humilité (§ 33) ce qu’ailleurs il dit de la gnose (§92), à la suite des Alexandrins, Clément et Évagre? «Plus les saints approchent de Dieu, plus iis se voient pécheurs» (§ 33-34) : eux seuls possèdent la 1. Barsanuphe considérait la « sainte humilité ► comme un sommet auquel conduisent la foi, l’espérance cl la charité : Nie. 497. 2. L'humilité, grâce de Dieu : ci. Nie. 553. L’humilité altiro la grâce : Nie. 262, 268, 455. Ci. 236 et 359. 3. Diadoquc distinguait aussi l’humilité des commençants cl celle des parfaits : Chop. Gnosi. 95. Cf. Intr. du P. des Places à l’édit. SC, p. 59. 4. Cf. jVic. 411-412. 5. Bareanupho cite aussi cette parole du Christ pour apprendre à un correspondant comment parvenir à l’humilité parfaite : Nie. 79. Cf. 228. 64 INTRODUCTION véritable gnose, c’est-à-dire la vraie connaissance de Dieu et d’eux-memes, fruit de la pratique des commandements.' a C’est en effet par l’observation des commandements que les saints s'approchent de Dieu ; et plus ils s’approchent de lui, mieux ils le connaissent et sont connus de lui ». (§ 178). Si cette humilité des saints est quelque chose de divin,, de mystérieux et d’inexplicable (§ 35-37), Dorothée peut· du moins, à la suite des Pères, nous indiquer les voies qui y conduisent : les labeurs corporels, l’abaissement) au-dessous de tous et la prière continuelle. Au sujet des^ labeurs corporels, Dorothée explique comment l'humilia-'; tion du corps peut porter l’âme elle-même à l’humilité (§39,$ 153). Il sait que la vertu est chose d’âme et que la conduit^ morale doit procéder de l’intérieur, de l’intime, mai» toujours réaliste et équilibré, il sait aussi l'influence du* corps sur la partie spirituelle de notre être. C’est en’ s’abaissant, en s’humiliant devant les autres en gestes* et en paroles, en faisant des « métanics » et en demandanti pardon, que l’on parvient peu à peu à s’ancrer dans la] conviction de son néant et de sa nullité, dans ce que; Dorothée appelle, comme son maître Barsanuphe, l’« apsea phiston» (§ 187). Λ vrai dire le mot n’est pas de Barsa'| nuphe, on le trouve déjà dans un apophtegme de l’abbq Sisoès1 et chez l’abbé Isaïe12, mais le Grand Vieillard l’« fait sien et l’affectionne particulièrement. C’est d’ailleura dans sa correspondance avec Dorothée qu’il l’emploie lej plus fréquemment3. « Terme intraduisible qui ramassa des trésors d’analyse et d’expérience : ne s’accorder à soi ni réclamer des autres un suffrage pour une priorité pour une distinction quelconque. Consentir par conséqueml 1. Apopht. rapporté par l'abbé Pistos : PG 65, 373 B. Ci. PB b 45, p. 163. Nous en donnerons le texte p. 504, η. 1. 2. Cf. Aug., p. 72. 3. Ci. A’ic. 257, 259, 271, 272, 278... LA DOCTRINE SPIRITUELLE 65 à n’êtrc rien de rien, bien plus s’y attacher, κρατειν, s'y installer, κατέχειν1. » Comme les Pères encore1 2, comme l’abbé Isaïe3 et Barsanuphe, Dorothée emploie aussi l’expression équivalente μή μετρεΐν έαυτ^ν (§ 152)4, ne pas se mesurer, c’esL-ù-dirc ne pas s’attribuer de mesure, de perfection, ne pas avoir trop haute opinion de soi. En toutes circonstances, il faut se blâmer et s'accuser soi-même (§ 79-8I)5, car il y a toujours motif (§ 82, 84). Au lieu d’accuser les autres (§ 69, 71, 72, 75), humilions-nous devant eux (§ 60, 192). Ces humiliations, jointes à une prière constante, attireront sur nous la miséricorde divine et nous vaudront la grâce de la véritable humilité (§ 28-29, 38-39). Une autre disposition fondamentale tient une place importante dans l'enseignement de Dorothée, et elle est en si étroite connexion avec la précédente qu’elle semble parfois se confondre avec elle : la crainte de Dieu. Nous la retrouvons avec l’humilité au faîte comme â la base de 1. I. II.wsherr, Penlhos, p. 104-105. 2. Cf. Apopht. Bcssarion 10 (PG 65, 141 C}, Poetnen 36 (PG 65, 332 B), Pœmcn 73 (PG 65, 340 C), Pœmcn 79 (PG 65, 341 C), Papbttuce 3 (PG 65, 3S0 A). 3. CL Aug., p. 43, 46, 64, 90, 105, 118, 140. 4. CL iVic. 43, 604, où Ton voit les deux expressions jointes : c τό άψή.φιστον. τό μή μετρειν Εαυτόν, τό έχειν εαυτόν γην καί σποδόν», à quoi s’oppose : τό έχειν εαυτόν y/ωστικόν, τό φέοειν είς φυσίωσιν, το ψηφίζει» έαυτόν καί μετρίιν εν παντ'ί πράγματι. Il ne semble pas que cotte expression implique comparaison avec autrui. Ello ne signifie pas non plus : s’abstenir do tout regard sur soi, de tout examen, puisque Dorothée recommande au contraire de se rendre compte fréquemment en que) état on se trouve au point de vue spirituel, si on a progresse on reculé (§ 107). Au fond, comme Γ* apsephislon t·, c’est quelque chose de tout à fait positif : se consi­ dérer comme insignifiant, se traiter comme quantité négligeable, n’avoir pas d’importance à ses propres yeux. CL Sophocles : « not to overrate one’s self. > 5. CL Nic. 17, 349, 757-760. S 66 INTRODUCTION l'édifice spirituel1. L’édifice en effet se construit par la pratique des commandements, mais c’est la crainte de Dieu qui dispose l’âme à cette pratique (§ 149). La crainte. de Dieu est le fondement de toute vertu (§ 191), «les commencement de la sagesse », selon la parole du psalmislel (§ 49). Mais un autre psaume exhorte tous les saints àj posséder cette crainte : « Timete Dominum, omnes sancti!· ejus. » Et la conduite des saints, d’un Agathon par] exemple (§ 37, 68), montre bien que cette crainte subsiste* toujours chez eux. C’est qu’il existe deux sortes dej crainte, comme il y a deux espèces d’humilité : i’une| initiale, celle des débutants, dont saint Jean dit qu’elle est chassée par l’amour ; l’autre parfaite, « celle des saints^ parvenus au sommet du saint amour ». La première est] plutôt la crainte des châtiments divins que la crainte del Dieu môme ; la seconde, inspirée par l’amour, a vraiment? Dieu pour objet, elle redoute de le perdre (§ 47, 137). Nous avons déjà signalé l’originalité de cet enseignement^ de Dorothée : il commande toute sa conception de l’itiné^ rairc spirituel. Dorothea reprend la division tripartite des? Pères cappadociens : esclaves poussés par la crainte du' châtiment, mercenaires mus par l’attrait de la récompense! fils agissant par amour, mais en soulignant qu’il ne s’agiH pas de trois categories, de trois voies distinctes, mais de; trois étapes, de trois degrés à franchir sur la voie unique qui mène à la perfection. Λ deux reprises (§ 47, 49), iü affirme qu’il est impossible de parvenir à la crainte parfait» sans passer par la crainte initiale. La crainte parfaite implique en effet, nous l’avons vu, l’accomplissement dej» commandements dont elle est le fruit, mais cette pratiqua cllc-mcme suppose la crainte initiale. Dorothée se monUfl toujours plein de réalisme, de prudence et de discrétion soucieux à la fois d’attirer les âmes à la perfection et de· 1. Comme l'humiliU, la crainte de Dieu est aussi comparée à $ gnose : et § 49. L'humilité et la crainte de Dieu à la base : cf. jVfc 234Ï LA DOCTRINE SPIRITUELLE 67 les mettre en garde contre une dangereuse présomption qui leur ferait brûler les étapes. .4. Crainte et amour se fondent ensemble dans une parfaite harmonie aux sommets de la vie spirituelle, chez les saints (§ 47). Pour Dorothée, comme pour Barsanuphe1, la charité est le toit de l’édifice spirituel, la perfection des vertus (§ 151, 191). Cependant, si la charité est le but de l’accomplissement de tous les commandements (§ 186), elle est aussi l’objet du premier de tous les préceptes, et cela dès l’Ancien Testa­ ment {§ 2). Selon une interprétation allégorique du rituel des sacrifices, l’offrande du lobe du foie exprimait cette obligation d’aimer Dieu de toute son âme, de ne rien aimer plus que lui, et de préférer à tout autre désir le désir de Dieu (§ 176). Mais les saints sont les seuls à avoir réalisé vraiment cet idéal (§ 177). Aussi, par crainte d’illusion et par souci de sincérité et d'humilité, Dorothée, comme tous les anciens moines, parle très peu de l’amour de Dieu lui-même. « On dirait qu'ils craignaient toujours de confondre l’amour de Dieu avec la pensée de l'amour de Dieu. Méfiants des paroles qui contreferaient la charité, ils s’étudient aux œuvres qui la produisent123.» Sans doute, c’est bien la charité qui inspire leur conduite, « mais dans leur pensée consciente, plutôt l'amour désiré que l’amour possédé8 ». Voilà pourquoi dans les Instructions de Dorothée comme dans les Apophtegmes, il est beaucoup moins question de l’amour que de la crainte de Dieu et de la pratique des commandements. « Aimer, disait Barsanuphe, c’est retrancher sa volonté pour accomplir celle du Seigneur », « c’est observer les commandements4 ». Non que o . 8. La chanté 1. 2. 3. 4. A’ïc. 122. I. Hausukru, Penlhos, p. 55. Ib., p. 57. Nie. 410; 27. 68 INTRODUCTION celle pratique soil confondue avec l’amour, puisqu’on fait elle peut exister sans qu'il y ait vraie charité : ainsi chez ceux qui font la volonté divine uniquement par crainte: du châtiment, comme des esclaves, ou par désir de la récompense, comme des mercenaires. La perfection consiste essentiellement à accomplir celle volonté de Dieuj comme des fils, par amour, à l’exemple et dans l'esprit du Christ (§ 48, 51, 157}. Si Dorothée parle rarement de l’amour de Dieu, il esn au contraire intarissable sur lout ce qui touche la charity fraternelle. En expliquant une sentence de l’abbé Poemenl il semble même réduire la charité à la bienfaisance envers' le prochain (§ 191)1. C’est que lui et tous «nos ancêtre^’ avaient plus que nous, le sens de l’unité vitale dans la charité1 2x>, par laquelle «nous sommes membres les uns des autres dans le Christ» (§ 77), rachetés tous ensemble par lui (§ 185), unité réalisée et entretenue par la commu? nauté de joies el de sentiments (§ 208). Ils comprenaient mieux que nous qu’il y a vraiment unicité d’objet dans ce double précepte d’amour de Dieu et du prochain^ Le prochain est l’image de Dieu (§ 185). «Voir son frère; c’est voir son Dieu », dit un logion recueilli par les Pères et repris par Dorothée (§ 181). La liaison nécessaire de l’amour du Seigneur et de la charité fraternelle nous est montrée par une image très expressive que Dorothée noua présente aussi comme venant des Pores : l’image d'uni cercle dont Dieu est le centre, vers lequel convergent tou» les rayons, c’est-à-dire les diverses voies des hommes Plus ceux-ci s’approchent de Dieu, plus ils se rapproche» les uns des autres, et plus ils sc rapprochent les uns dq autres, plus ils s’approchent de Dieu (§ 78). 1. Comme le remarque cixcore le P. Havsherr, dans les Pqijs Seniorum V, libellus XVII, « de charitate », sauf aux η°· 1 et 3, il n’w question que do charité fraternelle (Penlhos, p. GO). 2. I. Hausuerr, OCP 1956, p. 22. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 69 à. L’obéissance La Pcriection consistant dans la charité, dans une soumission filiale à la volonté divine, dans une constante bienveillance et bienfaisance à l’égard d’autrui, le grand obstacle à la réalisation de cet idéal est évidemment la volonté propre, qui constitue, disait l’abbé Pcemen, comme « un mur d’airain entre l’homme et Dieu, un roc de répulsion » (§ 63). Pour détruire cet obstacle, rien n’est plus efficace, on le comprend, que l’état de soumission totale, continue et absolue où l’on se met en se livrant, en s’abandonnant complètement à un père que l’on regarde comme tenant la place de Dieu. Si « Dorothée ne traite nulle part ex professo de l’obéis­ sance1 », il est facile de constater dans son enseignement l’intérêt qu’il y attache. Ceci ressort aussi bien de la place essentielle du retranchement de la \;olonté propre que de l’importance primordiale de l’humilité. L’humilité engendre l’obéissance (§ 7), et Dorothée considère ces deux vertus comme inséparables : il en est comme d’un attelage qui se disloquerait, si l’un des deux chevaux devançait l’autre : ainsi l’humilité doit aller de pair avec l’obéissance (§ 23)1 2. Le grand Docteur de l’obéissance monastique, saint Théodore Studite, reprendra cette, doctrine. Obéissance et humilité sont pour lui les deux ailes pour monter au ciel, et l’humilité est la «conjointe», 1. DS. I. 3, 1657. Le mot ύπακοή se rencontre une dizaine de fois dans les Instructions, mais il s'agit le plus souvent soit de l’obéissance aux commandements de Dieu (§ 7-8), soit d’une simple mention en passant (§ 61, 66, 118, 151). Dorothée ne s’étend un peu sur l’obéissance qu’à la Un de l’instruction I (§ 21-26) et dans sa lettre aux Préposés et à leurs disciples (§ 187). où se trouve la seule mention de Γύποταγή. 2. Cf. Nie. 226, 553, 576 : » Doux charismes ont été donnés par Dieu aux hommes, par lesquels ils peuvent être sauvés et se purifier de toutes les passions du vieil homme, l’humilité et l’obéissance. > 70 INTRODUCTION la «compagne de joug» — σύζυγος — de l’obéissance1. Ailleurs Théodore dira : « Là ou est l’exagoreusis, là est la confiance ; où est la confiance, là est le renoncement à la volonté propre ; où est le renoncement à la volonté propre, là est l’obéissance1 2. » Or, si Dorothée a rarement nommé l’obéissance, il a en revanche beaucoup parlé' d’cxagoieusis, de confiance et de renoncement à la volonté propre. Sur ce sujet de l’obéissance comme sur tous les autres Dorothée se montre disciple des Pères, des anciens moine· dont il rapporte plusieurs anecdotes édifiantes (§ 22-24) mais aussi de son maître Barsanuphe qui lui avait dits « Frère, que celui qui aspire à être enfant de Dieu, acquière une grande humilité, la soumission et l’obéissance3.· ή « Attache-toi à l’obéissance qui fait monter au ciel et renç semblable au Fils de Dieu4. » a Celui qui veut être vra disciple du Christ ne peut plus rien faire de lui-même567.,: Après avoir pratiqué lui-même cet idéal, Dorothéi l’enseigna à son jeune disciple Dosithée et le conduisi ainsi rapidement à la perfection3. Devenu abbé, il n pouvait proposer à scs moines de plus bel exemple de cett obéissance « qui ne raisonne pas », αδιάκριτος ύπακοή (§25·) - Cette expression, ignorée, semble-t-il, de saint Basil et des autres auteurs monastiques du iv« siècle, a éj empruntée par Dorothée aux documents pachômiens’, i son sens doit être cherché dans la formule copte corre pondante qui signifie littéralement «obéir sans cœi 1. Grande Catéchèse, éd. Papadopoulos, Saint-Pâtcrsbourg 190 p. 691. 2. PG 99, 836 B. 3. Nie. 247. 4. Nie. 251. 5. Nie. 303. 6. Dox., in fine, p. 145. 7. Sandi Pachomii Vita prima, éd. Halkin, Bruxelles 1932, p. 2 1. 9. Cf. p. 71,1.9 et p. 85,1.21. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 71 double », c’cst-à-dire de tout son cœur, sans la moindre hésitation ni réserve. Lefort traduit « obéissance aveugle1 », mais cette formule, couramment employée par les auteurs modernes, risque d’être ma! comprise. Comme le dit très bien le P. Hausherr, « les Pères ne considéraient pas comme aveugle celui qui se laisse mener par un guide doué d’une clairvoyance charismatique... ». L'obéissance est άδιάκριτος, « sans discernement, hic el nunc, quant à telle action particulière. Mais le discernement a précédé, lors du choix du père spirituel, et il est garanti perpétuellement par la certitude que Dieu parle en lui... L’αδιάκριτος ύπακοή ne doit pas être séparée de sa raison d’être, qui est préci­ sément la nécessité de la diacrisis. C’est parce qu’on est persuade de ne pas l’avoir que l’on s'ouvre de ses problèmes à qui la possède : il n’est que logique de se soumettre aux décisions de celui-ci. Jean Climaque dira : Obéir, c’est exclure le discernement par surabondance de discerne­ ment1 23 .» Dorothée décrit avec complaisance la paix et la parfaite liberté procurées par cette «obéissance indiscutée» (§ 25, 66-68) : paix avec Dieu, paix avec le prochain (§ 187), car le vrai obéissant se soumet non seulement aux pères spirituels, mais à tous, cédant toujours devant la volonté d'autrui (§ 55-56, 60, 192, 200). Voyant le Seigneur en tout homme et en tout événement, il est heureux de tout, il ne désire pas autre chose, sa volonté est toujours satis­ faite, «en tout ce qui n'implique pas violation d'un com­ mandement de Dieu ou des Pères» (§ 187)2. La formule 1. Lefort, Les vies copies de saint PacMme, Louvain 1943, p. 102, I. 22 et note 2. Cf. texte copte dans S. Pachomii Vita bohairice scripta (CSCO, Sec. 3 a, t. VII, 1925), p. 33, I. 19. 2. I. Hausherr, Direction..., p. 197. 3. Ces mots pourraient s’entendre d'une réaction de Dorothée «contre une conception abusive de l'obéissance» (DS, t. 3, 1658). Mais il ne semble pas que ce soit leur sens, si on les considère dans leur contexte. η INTRODUCTION en laquelle Dorothée condense cet idéal est typiquement'] stoïcienne1, mais ce qui en fait quelque chose de radica-J lement différent, ce sont les deux petites incises « μετά-' πίστεως» et « χάρντι Χριστού n. Il s’agit d’une soumission i dans la foi et la grâce du Christ. Les œuvres de Dorothée ne con-j . , ... j tiennent aucun enseignement theo3 rique et systématique sur la prière, rien qui soit compa-l rable au célèbre traité d’Évagrc, longtemps attribué ài saint Nil. A ce point de vue, elles sont moins riches quel­ les lettres de Barsanuphe et Jean*. Lorsqu’il y est parlé; de prière, c’est surtout pour en dire la nécessité absolue^ et constante : « parce que, sans le secours de Dieu, l’hominj ne peut accomplir le moindre bien, même si, craignants Dieu, il le veut et s’y applique. Il faut absolument era notre effort et la collaboration de Dieu. L’homme a donc? toujours besoin de prier pour demander à Dieu de l’aideN et de coopérer avec lui en tout ce qu’il fait» (§ 191)3 Dorothée n’est donc pas pélagicn, même s’il semble parfois] « accorder plus de crédit qu’il ne convient peut-être àj l’effort et ά la volonté » (cf. § 104)3. Tout en se donnera beaucoup de peine, on doit implorer sans cesse le secoursj de Dieu (§ 177), lui demander par une humble priera qu’il ait pitié de notre faiblesse et nous protège de toute! tentation (§ 123, 148). Avant chaque parole et chaque action, il faut «jeter en Dieu son impuissance» (§ 187)3 «jeter en Dieu sa faiblesse » (§ 135), « le supplier de noue donner sagesse et intelligence pour connaître sa volons et aussi la force de l’accomplir» (§ 192). Montrons-luy notre désir et notre bonne volonté, et nous verrons 13 .. _ 10. La prière ]. Dorothée cite presque liltCrolement Épiclète. Cf. Note sur oM passage, p. 502, η. 1. 2. Cf. DS, L. 2, 1259-1261. 3. DS, t. 3, 1660. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 73 secours qu'il nous accordera pour réussir, à condition que nous ayons confiance en lui (§ 154). La prière est spécialement recommandée comme remède à la rancune, pour faire disparaître les germes de discorde (§ 90), prière faite avec humilité, charité et compassion à l'égard de celui qui nous a offensés (§94) cl que nous devons considérer comme un grand bienfaiteur et un médecin de nos passions (§ 192). Aux supérieurs, Dorothée propose une belle formule de prière pour obtenir la grâce de la douceur et de la paix dans l'cxcrcice de la correction (§ 186). Il faut prier non seulement pour soi. mais pour les autres, en particulier pour nos frères malades spirituelle­ ment (§ 77). Dans les cas difficiles, les prières des saints surtout sont indispensables (§ 108, 115, 120), car elles ont une efficacité spéciale, Dorothée en est convaincu autant que Jean et Barsanuphc1. Et ces «saints» ne sont pas tant les élus déjà entrés dans la gloire céleste que les familiers de Dieu ici-bas, et en particulier «nos Pères12». Ce sont leurs prières qui nous obtiennent le secours de Dieu (§ 199), la protection divine (§ 201) : il faut donc nous appuyer sur clics (§23). C’est ce que faisait Dorothée : il attribuait aux prières de scs pères spirituels la protection dont Dieu l’avait toujours entouré (§ 67). De même Dosithée3. C’est par les prières des saints que nous rempor­ tons la victoire (§ 165), que nous obtenons les consolations divines (§ 200) et que nous espérons entrer un jour au paradis (§ 179). Dans la pensée de Dorothée, l’action de grâces est inséparable de la prière de demande. Il nous l’explique d’une manière admirable : « Celui qui prie Dieu sans cesse, quelque bonne œuvre qu'il lui soit donné d’accomplir, il 1. 2. pour 3. Cf. Nie. 112, 374, 544, 778. Cf. I. Hausiikrr, Direction..., p. 130-131, sur la prière des Pères leurs fils spirituels. Cf. Dos. 5, p. 129. 3—1 74 INTRODUCTION en connaît la source et il ne peut en concevoir d’orgueil ni l’attribuer à ses propres forces. C'est à Dieu qu’il attribue . toute bonne œuvre, et il ne cesse de le remercier et dés l’invoquer, craignant que la perte d’un te! secours ne! laisse apparaître sa faiblesse et son impuissance à lui.l Ainsi l’humilité le fait prier et la prière le rend humble ;■ et toujours plus il fait de bien, toujours plus il s’humiliéïa Et plus il s’humilie, plus il reçoit de secours et progresse! par son humilité» (§ 38). Mais ce bel idéal ne serait-il pas réservé aux saints·^ Étant novice, Dorothée se demandait s’il ne devait pas* attendre d’être entièrement purifié du péché pour rendra grâces a Dieu1. Barsanuphc avait résolu la question para le précepte de l’Apdtre qu’il se plaisait à rappeler «Rendez grâces en tout?. » Dorothée retiendra la leçon a En tout il faut rendre grâces à Dieu (§ 138), pour tout la mal dont il nous a préservés (§ 181), pour tout le bien qu’il nous donne d’accomplir (§ 70), pour tout ce qui nous’ arrive de bon ou de mauvais (§ 84, 187). dans la pénurie comme dans l’abondance (§ 84), dans les maladies (§ 195)/ les souffrances (§ 125), les tribulations (§ 194), les épreuve»? (§ 198) et les tentations (§ 143. 148). Le précepte est universel, jamais personne n’en est dispense. Dans les œuvres de Dorothée qui nous sont parvenues^ on ne trouve mentionnée nulle part l’invocation du noira de Jésus que ses Pères lui avaient pourtant enseignée* et que lui-même avait apprise à Dosithéc12345. En revanche, lé. souvenir de Dieu, μνήμη τού θεού, qui est d’ailleurs le but et le fruit de la «prière de Jésus6», est plusieurs loi» 1. Nie. 267. 2. Êphis. 5, 20. Cf. Nie. 2, 6, 29, 45, 142, 166, 351, 384, 404, 41 « 574... 3. Nie. 255, 268, 304. Cf. DS, t. 3, 1660. 4. Do». 10, p. 139. 5. Cf. Dos: 10 ; Mc. 266, 271, 328-329. Voir DS, t. 2, 1260. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 75 rappelé’. Dorothée le recommande dans l’une de ses lettres (§ 197). Dans ses Instructions, il montre qu’il est provoqué et entretenu par les épreuves (§ 148), mais qu’en retour il est pour l’âme source de joie et de consolation, selon la parole du Psaume : « Memor fui Dei et delectatus sum η (§ 126) ; et dans le beau passage qui suit, Dorothée laisse entrevoir que, pour lui, la grande tristesse de l’âme est d’être privée de cette consolation du « souvenir de Dieu » (§ 126). Gomme dans les lettres de Barsanuphc et Jean, la psalmodie est mentionnée dans les Instructions à côté de la prière et de la μνήμη του θεού (§ 120, 126)1 23 . Dorothée parle aussi plusieurs fois de l’office liturgique. Nous nous y rendons « pour nous entretenir avec Dieu, prier pour nos péchés et être illuminés » (§ 117). Nous devons y être attentifs au sens des paroles que nous chantons, afin que « ce ne soit, pas seulement la bouche qui chante, comme dit le Géranticon, mais notre cœur avec notre bouche » ( § 174). Enfin dans sa « lettre aux kelliotes », Dorothée mentionne la prière privée dans la cellule (§ 180), qui doit accompagner la méditation des paroles des Pères (§ 189), prière avec larmes, en pénitence des fautes commises (§ 180). Le P. Hausherr a très bien marqué et contemplation la Placc ’’«portante tenue par Jean et Barsanuphc dans le courant hostile à la mystique spéculative d’Ôrigène et d'Évagre, bien qu’ils fussent eux-mêmes de grands mystiques8. Jamais 1. Sur la μνήμη τοϋ θεού chez les Pères, et 1. Hausherr, RAM 1956, p. 55-58 et DS, t. 2, 1860-1861 (I. Hausherr) et 2286-2287 (Guillaumont). Il faut noter que la μνήμη του Οεοΰ était déjà connue et recommandée par les Stoïciens, v. g. Marc-Auréle (Pensées, VI, 7; X, S) et Épictète (Entretiens II, 18, 29). 2. Ct. Nie. 74, 90, 126... 3. Cf. DS, t. 2, 1261. 76 INTRODUCTION les deux reclus ne mentionnent la θεωρία1, et s’ils nomment la gnose deux fois, c’est en référence à saint Paul, pour en dénoncer le clanger12. Il ne semble pas que leur disciple Dorothée se soit montré un aussi farouche adversaire d’Évagrc : nous savons qu’il le cite à plusieurs reprises, et sans jamais faire à son sujet la moindre réserve. Il n’y a donc pas lieu de les opposer l’un à l'autre3 quant à l'usage des mots désignant les formes supérieures de la prière. Pour γνώσις, en dehors des expressions spéciales έν γνώσει, μετά γνώσεως déjà expliquées, et ώς έχων γνώσιν (§ 39, 88), il est incontestable que le mot est employé par Dorothée au sens évagrien dans le paragraphe 92. Quant à θεωρία, on ne voit pas pourquoi il faudrait lui refuser le sens de « contemplation » aux deux endroits où l’emploie Dorothée : d'abord au début de Γ/nsfr. I, pour décrire la condition d'Adam au paradis (§ 1), et surtout au para­ graphe 176 : Évagrc est explicitement cité dans ce passage où il est précisément question du retour à cet état originel de l'homme — κατά φύσω. Le péché a eu pour conséquence 1'ignorancc de Dieu (§ 1) ; la pratique des commandements purifie l'âme, et ainsi l’esprit recouvre la vue (§ 11) : n’est-ce pas exactement la doctrine d’Évagre, au sujet dé laquelle le P. Ilaushcrr remarque : « Notons bien que c’est l'âme qui est purifiée, tandis que l'cfïct de cctté purification se produit sur l’intellect4 », qui peut de nouveau contempler. Ceci reconnu, il reste vrai que, en dehors de ces « allusions 1. Cf. DS, t. 2, 1258. Sans nommer jamais la contemplatloig Bsrsanuphe sait bien en parler. V. g. Arcc. 22 et 120. 2. Cf. Nie. 69 (Barsanuphe) et 373 (Jean). 3. D’autant moins qu’il faut tenir compte du caractère trS different de leurs œuvres. Alors que Dorothée ne nous a guère laissé que des exhortations destinées à l'ensemble d'une communauté de cénobites, Évagre a écrit surtout pour de? anachorètes et des ftineâ déjà avancées dans les voies spirituelles. 4. RAM 1959, p. 12. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 77 à la contemplation entrevue comme un lointain paradis1 », on ne retrouve pas chez Dorothée les spéculations abstraites et les « théories » mystiques des Alexandrins. Et somme toute, lorsqu’on lit par exemple son commentaire si simple, si riche et si dense à la fois, de la parole de saint Grégoire de Nazianze (le maître d’Évagre 1) sur les saints, a brebis connaissant Dieu et connues de lui » (§ 178). on n’est pas tenté de le regretter, et on comprend les préférences non déguisées du P. Hausherr. Il est certain que, pour Dorothée comme pour saint Irénéc. la perfection consiste à « s’approcher de Dieu par la charité » (§ 78, 49}123, à «être uni à Dieu» (§ 96). mais, comme Origènô et Évagrc, Dorothée voit aussi la vraie gnose, la connaissance réciproque de Dieu et de ses saints, comme le fruit de cette union (§ 178). A défaut d’un enseignement théorique sur la mystique, on trouve dans les œuvres de Dorothée de nombreuses allusions où transparaît discrètement l’expérience person­ nelle « de la douceur d’être avec Dieu » (§47), d’un « goût », d’un «certain sentiment du vrai bien dont on ne veut plus se séparer» (§ 49), de la joie d'une âme qui est parvenue à la perfection de l’amour : « Qui connaît cette joie, sinon celui qui en a l’expérience?» (§ «51), joie de l’âme complètement détachée d’cllc-même et pratiquant l’obéissance parfaite : en toute simplicité, Dorothée nous avoue l’avoir ressentie lui-même (§ 66). Nous savons qu’il a connu aussi l’épreuve de la désolation spirituelle, véri­ table u nuit » de l’âme, provoquée par la jalousie des démons, et que ccs ténèbres furent chassées par une apparition extraordinaire, qui remplit son cœur de lumière, de joie, de consolation, de douceur (§ 67). Coïncidence curieuse : la description se termine par les mêmes mots que le récit de la vision de Dosithéc à Gethsemani2. 1. I. HAusHEnn, DS. L 2, 1261. 2. Ct. I. Hauskbkr, OCP 1935, p. 118. 3. Cf. Dos. 3, p. 127. 78 INTRODUCTION Le maître et le disciple ont été formés à la meme spiritualité qui ne recherche pas les dons mystiques, mais l’un et l’autre ont été favorisés de ccs dons. On le voit, Dorothéc est loin de 12 ύθ HP°S borner scs perspectives spirituelles à vie monastique1 un ascétisme exclusif. La vie monas- i tique a été instituée en vue de ' l’apatheia (§ 11), de la libération totale des passions et j des sollicitudes mondaines, mais c’est afin de a vaquer à 1 Dieu seul » — θεω μόνω σχολάσαι — assidûment et sans | distraction {§ 15). Sans doute on ne trouve pas dans les J Inslruclions d’allusion nette à l’idéal anachorétique123. ■ Ε’ήσυχια n’y est mentionnée que deux fois en passant (§ 61, 82)’. On peut donc dire que Dorothée a est plus : éloigné de l’hésychasme... que n'en était Barsanuphe45 »..! Au début de sa vie monastique, nous le savons, il avait î été fortement attiré par Γήσυχία, mais ses pères spirituels»! l’en avaient détourné5, et il avait appris d’eux à trouver·:? dans une vie d’obéissance et de dévouement au prochain^ Γάνάπαυσις auquel il aspirait. C’est à ce repos que Dorothée j ne cesse d’inviter scs moines, en leur indiquant le chemina le plus sûr qui y conduit. Les Alexandrins, Clément surtout, parlaient souvent de ce repos, « le suprême désirable », auquel aboutit des i ci-bas d l’ascèse, mais il était lié pour eux à la jouissance de lal 1. Cf. L. Rbgxault, «Théologie de la vie monastique selon! Barsanuphe et Dorothée >, dans le recueil Théologie de la oie mo/iaj-3 itçue, Paris 1961, p. 315-322. 2. C’est seulement dans la lettre aux Kclliotes qu'il est question.! de la solitude dans la cellule (§ 180-181). 11 y a cependant tout lieu·? de croire que l’usage de la cellule individuelle existait au monastèrèji de Dorothée comme dans celui de Séridos. Cf. A.-J. FestuGiftREj Antioche païenne et chrétienne, Paris 1959, p· 322-32S. 3. Sur le sens de ce mot, ci. Dos. 1, p. 122, n. 2. 4. DS, t. 3, 1661. Cf. t. 2, 1258-1260. 5. Cf. Nie. 314. 1 LA DOCTRINE SPIRITUELLE 79 gnose. Chez Dorothée, c’est aussi presque toujours1 un repos obtenu en ce monde, le repos dans le Christ (§ 206), le repos retrouvé du paradis (§ 1, 170), mais il est présenté comme le fruit de l'humilité (§ 8, 30), de la contrition du cœur (§ 10), du blâme de soi-même (§ 81, 83), du retran­ chement de la volonté propre (§ 20, 24), de l'obéissance sans discussion (§ 23-25) et de l’abandon à Dieu (§ 86, 124) et aux pères spirituels (§ 25, 66, 68)123. Ce n’est pas le repos du corps (§ 142) : le Christ a promis seulement le repos des «âmes : «invenietis requiem anima bus vestris» (§ 8). Ce n’est pas non plus le repos apparent de l’âme privée des tentations et qui se croit ainsi délivrée des passions (§ 82), repos détestable celui-là, qui amollit l’âme et la dissipe (§ 148). Le a saint repos » loué par Dorothée est le fruit du combat spirituel (■§ 104) et il faut passer par beaucoup d’épreuves pour y parvenir (§ 148). Il n'est troublé par aucun événement même fâcheux (§ 30), ni par les injures et les outrages (§ 80-81). C’est le repos de l’âme qui est libérée des passions (§ 82) et qui a recouvré sa santé naturelle, la vertu (§ 122). Ce repos est presque toujours associé à l’insouciance — άμεριμνία. —, notion familière aussi aux hésychastes : « L’œuvre propre de l'hésychia, c’est l’amerimnia2 ». Chez Dorothéc, le mot garde « la bivalence qu’il a dans le Nouveau Testament4 ». C’est ainsi qu’il désigne plusieurs 1. Sauf au § 125. 2. Il n’est pas impossible qu’ici encore Dorothéc ait à dessein modifié — voire même rectifié — certaines formules des Alexandrins, comme il l’avait fait en appliquant â la charité 78), à l’humilité (§ 33, 92) ou à la crainte de Dieu (§ 49), ce que ceux-ci disaient de la gnose. 3. Saint Jean Cmmaqvc : PG 88, 1109 B. Cf. Havsherr, OCP 1956, p. 263 et 269. 4. J. Havsherr, OCP 1956, p. 266. Il convient de rectifier sur ce point OS, t. 3, 1662, ou la citation de YEuchologion est d’autant plus malheureuse qu’on y trouve le rnot άνοσκ; associé aussi par Dorothéc à Γάαεριμνία au sens défavorable (§ 148). 80 INTRODUCTION fois (§ 68, 124. 137, 148) une «insouciance» coupable, le désintéressement « à l’égard de ce qui devrait constituer l’objet de notre grand souci, le salut1 », il est alors ù peu près synonyme de άδιαφορία (§ 60, 105, 136-137) ou de αμέλεια (§ 122-123, 150, 160) : cette insouciance-là ressemble à celle des Messaliens, non au sens de vie oisive éliminant tout travail, mais au sens de relâchement venant d’une présomption orgueilleuse et d’une fausse sécurité123. Autant celle-ci est à fuir, autant est désirable la vraie άμεριμνία, qui se trouve être précisément le contraire, puisqu’elle suppose chez Dorothée comme che?! Clément2, la νηψις, une attention, une vigilance et une , circonspection continuelles (§ 105)4. Rien ne montre mieux le prix qu’attache Dorothée à« cette paix — ειρήνη —, à cette tranquillité d’âme nommée'· aussi par lui comme par Évagre κατάστασής5, que les derniers paragraphes de Vlnslruclion IV ; il y envisage les cas où elle pourrait se trouver compromise par l’exercice des charges. Il vaut mieux alors renoncer à une affaire même pressante et grave plutôt que de perdre son calmei et de le faire perdre aux autres (§ 58-60). Là encore, il? souligne qu’il ne faut pas, sous prétexte d’amerimnia,· tomber dans la négligence et la désobéissance (§ 6Ô)| Mais il reste que pour lui, dans la vie monastique, la vrais paix des âmes a une valeur supérieure à laquelle il conviens de tout sacrifier. Ceci ressort aussi nettement des consignes: qu’il donne au cellérier au sujet de l’administration des» biens du monastère (§ 188). Aucune considération écono-> 1. I. Hausherr, OCP 1056, p. 266. 2. Cf. I. Hausherr, OCP 1956, p. 267. 3. Cf. Strom. II, 20 (SC 38, p. 124). 4. Cf. I. Haushehh, OCP 1956, p. 267. 5. Cf. Viller, HAM 1930, p. 254, rt. 175-176; J. Hausherm OCP 1956, p. 34 et HAM 1956, p. 41-42. Un apophtegme attribué à Ammonas emploie déjà le mot dans ce sens : Ammonas 6 : PG 65j> 121 A 6. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 81 mique ou sociale ne vient altérer tant soit peu chez lui l’idéal monastique. Idéal monastique certes, puisque torites les œuvres de Dorothée s’adres­ saient ά des moines. Pourtant il est remarquable, comme nous Pavons noté plus haut, que son enseignement ascétique est fondé uniquement sur le baptême, sur l’œuvre du Christ, sur ses préceptes et son exemple. Tous les baptisés ont à lutter contre les passions pour s’en affranchir, tous sont tenus d’acquérir les vertus, spécialement l’humilité, la craintc de Dieu, la charité ; tous aussi doivent observer le commandement de prier sans cesse, tous doivent pouvoir marcher par « la voie la plus libre de soucis et la plus sûre, la voie de l’espérance en Dieu » {§ 193). Seule l’obéissance peut sembler réservée aux moines. Cependant lorsque Dorothée parle des obliga­ tions supplémentaires que ceux-ci s’imposent en plus des préceptes imposés à tous les chrétiens, il ne mentionne que le renoncement aux richesses et au mariage (§ 12) : c’est qu’il a en vue l’ensemble des moines, y compris les premiers anachorètes, qui ne menaient pas une vie de soumission constante et totale à un supérieur. Celle-ci ne s’avère donc pas absolument nécessaire au salut, ni dans le monde, ni hors du monde. Ce qui est nécessaire à tous, c’est le renoncement à la volonté propre pour accomplir la volonté de Dieu dans des dispositions d’amour filial et de parfait abandon. Mais Dorothée n’a pas de peine à montrer l’eiïicaeité souveraine de l’obéissance pour réaliser cet idéal (§ 21-24). Pour devenir plus parfaitement et plus facilement enfant de Dieu1, «fils de Dieu par le Christ» (§ 48)1 2, n’agissant que par amour, le moine sc fait enfant ^chrédenne16 1. L’oîoOcoia en laquelle consiste aussi, scion Barsanuphc, la perfection (A’ic. 497). 2. Saint TjcÉoiiOHii Studjte dira : * Par Je combat de la soumis- 32 INTRODUCTION devant un homme qui représente Dieu, un père qui est pour lui l’image du Père céleste. Il aura pour lui les mêmes dispositions de docilité et de confiance, d’amour et de respect qu’il doit avoir pour le Seigneur, et l'abandon dont il fera preuve à son égard sera abandon à Dieu même. De son côté, le père spirituel réalisera en lui l’œuvre do Dieu : l'acheminer du vice à la vertu (§ 50), lui apprendre la crainte de Dieu pour le conduire ensuite de la craintt à l’amour {§ 50-52) et former ainsi le Christ en lui. Et il h fera en déployant les mêmes industries de douceur, de condescendance et de miséricorde dont Dieu use avec nous (§ 76, · 184-186)*. I! est aisé de voir combien l'obéissanc* monastique, située ainsi dans son contexte spirituel réalise merveilleusement la perfection de l’idéal chrétien qui peut se définir : « la révélation de la Paternité d< Dieu », et la réalisation en nous de la filiation divine pai le Christ2. Il faudrait souligner combien, pour Dorothée, la vii commune dans le monastère favorise aussi cette réalisation Il cite quelque part la sentence de saint Antoine : « Di prochain viennent la vie et la mort » (§ 60), parole qui peu justifier également l’érémitisme et le cénobitisme, seloi que l'on voit davantage le péril ou le profit des relation avec autrui : ou bien nous aidons le prochain et nou collaborons ainsi avec les saints anges, ou bien nous lu causons dommage et nous sommes alors complices de démons (§ 75). Mais si Dorothée ne méconnaît pas le dangers de la funeste « parrhesia » (§ 52-53), dont le terrain d’élection est précisément les rapports avec nos frères sien, nous rendons témoignage que Jésus est le Fils de Dieu » (Port Catech., éd. Auvray, p. 39). 1. Dorothée, nous le savons, parlait d'expérience : expérience d fils à l'égard do Jean et de Barsanuphe, expérience de père vis-à-w de Dosithte. 2. Il faut lire à ce sujet les belles pages de I. Haüshf.kr dar Direction..., p. 300-311. LA DOCTRINE SPIRITUELLE 83 il considère surtout les précieux avantages de ces rapports. C'est par eux que nous nous rendons compte de notre état (§ 180-181), des passions cachées en nous (§ 80-82) ; ils nous procurent des occasions de luttes et de victoires, des occasions surtout d’exercer notre charité (§ 181). On peut dire que tout l’enseignement de Dorothée est d’inspiration communautaire. C’est pourquoi il sera parti­ culièrement apprécié des milieux cénobiliques1 et des communautés religieuses. Mais son caractère « social » le fera estimer aussi des chrétiens soucieux de mener, au milieu même du monde, une vie de perfection. Si Dorothée a eu l’extraordinaire rayonnement que nous allons voir, n'est-cc pas parce que sa spiritualité, avant d’être ascé­ tique, monastique et orientale, est, en définitive, avant tout, simplement chrétienne? 1. C’est sans doute aussi pour cette raison qu’il a été au contraire dédaigné des moines syriens, qui so sont toujours distingués par leur individualisme et leur particularisme. Λ part quelques fragments, les œuvres de Dorothée ne semblent pas avoir été jamais traduites en syriaque. IV. DIFFUSION 1. La tradition manuscrite. La seule liste clos manuscrits connus des œuvres de Dorothée, avec l'indication de leur date et de leur origine'/ suffirait à montrer la grande diiïusion de ces œuvres au' cours des siècles. Les catalogues imprimés de manuscrits; grecs en mentionnent près de 2001, s’échelonnant du ixc au xxc siècle et dispersés aujourd’hui dans les princi­ pales. bibliothèques d'Europe et du Proche-Orient. La; Bibliothèque Vaticane et la Bibliothèque Nationale de Paris en possèdent chacune une quinzaine. A côté de la tradition grecque, il existe une tradition arabe et une tradition géorgienne. De la tradition arabe; subsistent au moins 25 témoins12, dont l'un surtout est intéressant par son ancienneté, le Sinait. ar. 329, du ixe/xe siècle, peut-être antérieur à tous les manuscrite: grecs connus. Les autres sont d’époques diverses, certains; du xvuie ou du xixe siècle, attestant encore la faveun constante dont a joui Dorothée. Quant à la tradition 1. Il en existe certainement d'autres. Le R. P. G. Nowack, a. a./ nous a signalé par exemple que, parmi les codd. 1857-3120 de la B. NS d’Athènes, pour lesquels il n'existe pas de catalogue imprimé, plusieurs renferment des œuvres de Dorothée. 2. En dehors de quelques fragments dispersés à Birmingham,^ Cambridge, Oxford, Paris, Le Caire et Tübingen, ces manuscrite; sont conservés à Jérusalem, au Sinaï et au Vatican. Cf. G. GrafS Geschichte ter christlicken arabischcn Litcralur, Erster Band, Citlài dei Vaticano 19-14 (Sludi c Testi 118), p. 405-4Û6. DIFFUSION 85 géorgienne1, elle remonte à la fin du Xe siècle1 23 , et il en subsiste au moins huit manuscrits, à l’Athos (luiron, géorg. 40 et 4P), au Sinaï (Géorg. 35 et 854) et à Tiflis (Géorg. 57, 116, 126 et 146). 2. Editions du texte grec. a) Monumenta SS. Patrum Orlhodoxographa, I, 195-368, par J. J. Gryneus, Basilcae 1569. b) Auctarium Bibliothecae Palrum Ducaenum (Supplé­ ment de Fronton du Duc, s. j., à la Bibliotheca Patrum de Marguerin de Ia Bigne), t. II, 742-869, Parisiis 1624. c) Bibliotheca Palrum..., éditée par G. Morel, t. XI, Parisiis 1644. d) Bibliotheca Palrum... (G. Morel), Parisiis 1654. e) Bibliotheca uelerum Palrum... (A. Galland, de l’Oratoire), t. XII, 369-469, Venetiis 1778. f) Bibliotheca uelerum Palrum..., Venetiis 1788. g) Palrologiae Cursus completus... series graeca accurante J. B. Migne. t. 88. 1609-1844, Parisiis I860. 3. Traductions latines. A) Des le xte siècle, les œuvres de Dorothée étaient partiellement traduites en latin, au Mont-Gassin. Cette traduction est conservée dans le manuscrit Cassinensis 1. Cf. G. Peradzb, « Die all-chrislliche Litcralur in (1er georgischen Ueberlicfcrung », Oriens Christianus 1930, p. 80-85. Kbkp.udzb-Tarchn(sviu, Gtschichlc der kirçMichen georgischen Litcralur, Città det Vaticano 1055 (Sludi e Testi IS5), p. 143. 2. Cette traduction géorgienne est l’œuvre de saint Eulhyme, fondateur du monastère d’Iviron au Mont-Atbos. Cf. .4naf. Rolland. 1917-1919, p. 34. 3. Cf. Blake, «Catalogue des manuscrits géorgiens de la Bibl. d’Iviron », ROC 1933-34, p. 230-235. 4. Cf. G. Garittk, Catalogue des manuscrits géorgiens littéraires du MonlSinal (CSCO 165), p. 99 et 259-260. 86 INTRODUCTION 143 kk. Elle a été publiée dans la Bibliotheca Cassinensis, Cassino 1877, III, p. 317-329*. B) Traduction d'Hilarion de Vérone, moine bénédictin de la Congrégation de Sainte-Justine de Padoue. Cette traduction, faite entre 1467 et 1476, resta manuscrite jusqu’à sa publication en 1523 par un moine de Viccnce, Laurent2, sous le titre : Sermones Sancti Dorolhaei Abbatis de vita monastica, Venetiis 1523’. Elle a été ensuite fré­ quemment reproduite dans les grandes collections palristiques, seule ou avec le texte grec, depuis l’édition des Monumenta Orlhodoxographa, Basileac 1569, jusqu’à la Patrologie de Mignc. I\Tous avons énuméré plus haut ces éditions gréco-latines, mentionnons seulement ici les éditions de la traduction latine seule : — Bibliotheca Veterum Patrum, de Margucrin de la Bigne. Parisiis 1575, 1589 et 1609. — Magna Bibliotheca Veterum Patrum. Coloniae Agrij pinae, 1618, t. IV, 762-800. — Maxima Bibliotheca Veterum Patrum, Lugduni 1677 C) Traduction de Chrysoslome de Calabre, moine di Mont-Cassin, qui participa comme théologien au conci! de Trente et mourut Archevêque de Raguse (t 1574)? On en connaît au moins cinq éditions : a) Sancti Dorolhaei Sermones XXI, Venetiis 1564. b) Cremonac 1595. 1. Cf. A. Siegmund, Die Ueberlicfcrunrj (1er griechischen chrû lichen Lileralur in der laicinischen Kirchc bis zum zurflften Jahrhundi Munich 1949, p. 179. 2. CL Armeumni, Dibliolhcca Dcnediclino-Cassinensis, As» 1731-1732, I, p. 224-225 cl Π, p. 72-73. 3. De cette edition princeps de Dorothée, il existe encore au ma trois exemplaires, l’un à la Bibliothèque Vaticane, un autro à Mil: à la Bibliothèque Ambrosienne, le troisième â la B. N. VIct Emmanuel de Rome. 4. CL Armellini, op. cil., I, p. 117 el II, p. 13. DIFFUSION 87 c) Sancti Dorolhaei Sermones sive Epistolae, editio nova et aucta. Ingolsladii 1616. d) Beati Dorolhaei Doctrinae, expositiones sacrae, epistolae, sententiae..., Lugduni 1627 et 1640’. D) Traduction de Balthasar Cordior, s. j. : deux éditions : Antvcrpiae 1646 et Pragac 172612. 4. Traductions françaises. A) De Paul Dumont, La doctrine spirituelle de saint Dorothée. Douay I5973. B) De Jean Moue : Doctrine spirituelle de saint Dorothée contenant une orage et solide, dévotion cl un chemin très asseuré pour s*advancer en ta perfection... Paris 16254. C) De François Bouton, s. j. (1577-1628) : traduction restée manuscrite et disparue à la Révolution5. D) Anonyme : Les œuvres de saint Dorothée, auteur grec et célèbre, pour la direction des Ames en la oie spirituelle et religieuse... par L. A. P., Paris 1629. Une édition revue et corrigée de cette traduction parut à Paris en 1654 sous les initiales N. C. D. M. qui doivent désigner le Père J.-B. Saint-Juré, s. jA E) De l’abbé de Rancé : Les Instructions de saint Dorothée..., Paris 1686. 1. Ces deux éditions sont l’œuvre de Théophile Raynaud, s. j., Ct. K AM 1957, p. 143-144. 2. Cf. RAM 1957, p. 145. 3. Cf. PaQuot, Mémoires pour servir à {'histoire littéraire... (les Pays-Bas, l. 18, Louvain 1770, p. 46-54, et DS, t. 3, 800. Celte première édition française de Dorothée est très rare. Nous n'en connaissons que deux exemplaires, l'un à Solesmes, l'autre à la Biblio­ thèque municipale de Douai. 4. Cf. P. -M. Brun, OC XXVI, 1932, p. 97. Un exemplaire de cette traduction subsiste à la B. N. de Paris. 5. Cf. RAM 1957, p. 144. G. Cf. RAM 1957, p. 144-145. 88 INTRODUCTION 5. Traductions néo-grecque, slavo-russes et bulgare. A) Une traduction en néo-grec, parue d'abord dans le Kalekhelikon à Venise en 1676, a été rééditée à Venise en 1770 et à Volos en I9601. B) Traduction slavonnc1 2 de P. Berynda, éditée par Pierre Moghila, archimandrite de Kiev (f 1644). Au moins trois éditions : a) Kiev 1628. b) Moscou, janvier 1652 : in-quarto. c) Moscou, septembre 1652 : in-folio (avec des oeuvres: de saint Éphrem). C) Traductione russes: a) De Théodore Orlov : Moscou 170134. b) De D. S. Versinskij, dans Christianskoie êtenie (Lecture chrétienne), Revue de FAcadémie Ecclesiastique· de Saint-Pétersbourg. 1826-1830. c) De Clement Sedergholm, moine d’Optina : nofH breuses éditions : la première à Moscou en 1862, la dixième1' a Moscou en 1913*. d) De longs extraits des œuvres de Dorothée ont ét$ insérés par Theophane le Reclus dans sa traduction russe'· de la Philocalie, le Dobroioliubie, 1877, t. 2. p. 599-642. D) Traduction bulgare, faite sur le russe par l’archi-^ mandritc Joseph : Sofia 1954. 1. Éd. S. N. Schémas. Cf. c. r. dans Irenikon 1981, p. 113. 2. Pour les traductions tlavonnes et russes, cf. C. Kern, Le»· traductions russes des textes patriotiques: Guide bibliographique,j Chevctogne 1957, p. 29, et I. Dujcrv, Byzantinoslavica XIX, 1958$ p. 182. 3. Cf. PniLARETR, Obzor ruskoj duchounoj titeralury (Aperçu dti la littérature spirituelle en Russie), Saint-Pétersbourg, l. 2, p. 4. 4 4. D'après le DliGE, t. XIV, o. 687, une traduction russe aurait paru à Kalouga en 1895. Est-ce celle de Clément Sedergholm ou uofl autre ? DIFFUSION 89 S. Autres traductions. A) Espagnole: par Francisco Antonio, s. j., dans Tratados cspiriiuales de algunos sanlos anliguos, Madrid 16081. B) Néerlandaise: par P. Kribbe, Gheesilelyckdccringhe, Kortrijk 1639, traduction faite sur le texte français de Dumont. C) Allemande: par Dom Basilius Hermann. Des ht. Abies Dorotheas Geislliche Gespràche..., Kevelaer 19281 2. D) Anglaise: des extraits contenus dans le Dobroioliubie, traduits du russe par E. Kadloubovsky et G. Palmers dans Early Fathers from the Phitokaiia, Londres 1954, p. 150-177. 1. Cf. RAM 1957, p. 143. 2. Cf. Zeitschrift für Asztse u. Myslik, 1928, p. 362-363. V. INFLUENCE Du nombre de manuscrits, traductions et éditions qv nous ont transmis l’œuvre de Dorothée, il est permi d’inférer que son influence a été considérable. Il est plus difficile d’apprécier exactement l’étendue et la portée d cette influence. Nous nous contenterons de transcrire ici les résultats de l’enquête restreinte à laquelle nous avoij dû nous borner. On aimerait pouvoir affirmer ave Rance1 que le célèbre higoumène d Sinaï, Jean Climaquc (vu· siècle), a connu les œuvres d Dorothée. Malheureusement, aucun des textes allégué ne prouve de façon certaine une influence directe, du moiii si l’on s’en tient au texte grec édité. Bien des rapprochi monts de vocabulaire et de doctrine s’imposent, mais il s’expliquent souvent par les sources communes. C’est aim que le σιωπή έν γνώσει se trouve déjà chez l’abbé Isa! ou Ammonas1 2. De même la doctrine de l’humilité et k comparaisons qui s’y rapportent3. Pour la théorie d mensonge réclamé par la charité, mais auquel il ne faut s résoudre qu’une fois en passant et avec crainte (théori qui se rencontre avant Jean Climaque, non seulement che 1. Au Sinai 1. Cf. Les Instructions de Saint Dorothée..., p. 6-9. 2. PG 88, 852 B, ctlé par DS, t. 3, 1663. CL Isaie, Aug., p. 90 Anunonas, PO XI, p. -175. 3. Cf. PG 88, 989 A = 1649 C (§ 37) ; 1000 A = 1645 CD ($ 33] 1001 A = 1652 B (§ 39) ; 1001 B = 1649 C (§ 37). Voir aussi 841 D ■ 1728 A (le bois produisant les vers) (§ 106). INFLUENCE 91 Dorothée, mais chez Cassie n1 que Cliinaque connaissait)123, il est possible qu’il faille la faire remonter à Origène5. En tout cas, le rapprochement de Jean Cliinaque avec Dorothée s'impose si bien que les Scholiastes de L’Échelle sainie ont fait plusieurs fois appel aux œuvres de l’higouinène de Gaza4. Un autre auteur célèbre du Sinaï, Anastase (t v. 700), peut avoir lui aussi connu les œuvres de Dorothée. En effet, dans ses Interrogationes et responsiones, selon un manuscrit du xine siècle5, sont insérées une dizaine de citations de Dorothée. Mais il n'est pas sûr que cela soit le fait d’Anastase lui-même. Vu la proximité du Sinaï par rapport ù Gaza, il est probable que les œuvres de Dorothée y furent connues assez tôt. C’est là que, des le ixe siècle, elles seront traduites en arabe. Aujourd’hui encore, la Bibliothèque du monastère de Sainte-Catherine est celle qui contient le plus grand nombre de manuscrits de Dorothée, grecs, arabes ou géorgiens. Quelle que soit l’influence que Théodore seucllu Dorothée a pu exercer sur les auteurs sinaïtes, c’est, à notre connaissance, saint Théodore Studite qui a été le premier et le plus grand de tous ses disciples. En prenant sa défense et en faisant 1. PG 83, 85G C - 1721 C (§ 102) : cf. Cassien, Collât. XVII, 17. 2. Cf. PG 88, 717 B = Collai. II, 10. 3. Cf. S. Hieronym., ΛροΙ. adv. lib. Puf., PL 23, 412. 4. V. g. 648 AB = 1765 B(§ 142) ; 660 D = 1636 C (§20' ; 760 C = 1661 R (§ 50) ; 837 D = 1809 C (§ 202)... 5. Il s’agit du Cod. Vindob. Pons. 10 (X. 116) aujourd’hui au Vatican. Les citations de Dorothée sont aux folios 124-126 et correspondent à PG 88, 1645 A 10; 1820 C 1 ; 1724 D 2-7; 1621 D 4-10 ; 1624 A 9-B 2 ; 1745 C 4 ; 1748 B 10-13 ; 1645 D 11-1648 A 6 ; 1832 B 13-15 ; 1688 D 6-1689 A 8. Ci. Gor.i.oc, Die gritchiscke Lileralur in der Handschriflen (1er Rossiana in Wien (Sits, der Akad. dtr Wissensch. in Wien, Phil. Hist. Kias. 164, 3, Vienne 1910, p. 23). INTRODUCTION 92 son éloge dans son testament1, il lui a acquis d’emblée une popularité et un crédit considérable dans le monachisme byzantin. Les citations textuelles de Dorothée sont nombreuses dans les Catéchèses de saint Théodore3. Mais plus que les citations, les réminiscences verbales et les emprunts de vocabulaire, ce qui montre surtout cette influence profonde exercée par l’higoumene de Gaza sur l’abbé du monastère de Sloudios, c’est leur communauté de pensée sur les points essentiels de l’idéal monastique3, idéal si bien incarné dans l'aimable disciple de Dorothée;· Dosithée, dont Théodore se plaît souvent à évoquer la lumineuse image4. Ainsi adopté et recommandé pai saint Théodore. Dorothée prenait rang parmi les maîtres du monachisme oriental. C’est ainsi que le mentionné au xn« siècle Jean l’Oxite5. Aussi n’est-il pas étonnanj qu’il soit fréquemment cité et utilisé par les auteurs d( « Catenae », de chaînes exégé tiques ou de florilèges ascé­ tiques. Dans ces compilations, les auteurs sont difficiles 3. Dans les « Catenae » et les florilèges ascétiques J. PG 99, 1816 B cité dans ΓAvertissement en tête des Œuvres de Dorothée. 2. Grande Catéchise, éd. Cozza-Luzi dans Mai, Nova Patriu Biblioth., t. IX, 2 ep., p. 71, 114, 117; t. X, p. 12; éd. Papadopoulcx Keramcus, p. 147, 321, 547, 869. Petite Calée/ι., éd. Auvray, p. 461 Ci. PG 99, 673 D. Toutes ces références sont données dans le DS t. 3, 16633. Sur ce point, nous ne pouvons que renvoyer aux travaux d P. Hausherr (OC VI, 1926 ; OCP 1935, p. 131) et de Dom J. Lem'i (DS, t. 3, 1663 ; OCA 153, 1958, p. 189-190 ; cf. p. 268, note 217). 4. Ci. Ep. I, 8 (F G 99, 935 B) ; Grande Catéchise, Cozza-Luzi da Mai, t. IX, p. 3 et 212 ; t. X, p. 12 et 14. Papad.-Ker., p. 31 et 815? 5. Dans son opuscule De disciplina monastica et de monasièr iaîcis non trahendis (PG 132, 1125 A) et peut-être aussi dan» t Eclogis asceticis, œuvre inédite conservée dans le cod. Vindob. Th.ty f«» 1-136. INFLUENCE i ‘ ! 93 à identifier, et les attributions restent souvent douteuses. Les études en ce domaine sont d’ailleurs peu nombreuses et très fragmentaires. Un certain nombre d’emprunts à Dorothée ont cependant été déjà identifiés : a) Dans la Catena in Psalmos de Nicétas de Serres (xc/xie s.)1, contenue dans de nombreux manuscrits, entre autres le Voss. gr. in-f° 42 à Leyde et le Marcianus gr. 536 à Venise, on trouve quatre extraits de Dorothée, com­ mentant le Ps. 29, 9 et le Ps. 30, 9, 14 et 15. b) Dans la Calena in Mailhaeum attribuée à tort à Nicétas de Serres, on a pu relever huit extraits de Dorothée4. c) Dans la Calena in Marcum attribuée à Victor d’Antioche, Dorothcc est aussi cité pour commenter Mc 6, 28123. d) Dans la Calena in Lucam attribuée à Titus de Bostra ou à Nicétas d’Hcraclée, sont insérés plusieurs passages de Dorothée, commentant Le 16. 19 ; 18, 9 et 134. Dorothcc a été utilisé davantage par les auteurs de florilèges ascétiques, par exemple celui du moine Marc, contenu dans le cod. Vaticanus Chis. gr. 27 ou Alhous1. Ci. R. Devreessb, Did. Ribl., Suppl., t. 1, art. Chaînes exèg. grecques, col. 1119 et 1133, et KarO-LietzmàKX, Catenarum graec. catalogus (Nachrichltn der Gesellschaft der Wisserischaftcn zu Gottingen, 1902. Phil. Hist. Klasse, licite 1, 3, 5), p. 34. 2. Cette Catena a été éditée par B. Cordier, Symbolorum in Ml., tomus alter..., Tolosae 1647. Dorothée est. cité p. 91, 170, 181, 182, 232, 259, et 652-653. Cf. Dbvreessb, op. cil., col. 11.64 et 1171; Karo-Lietzmann, op. cit., p. 567 ; et surtout J. Rp.uss, Matthaus·, Markus·, and Johanncs-Kalcnen {Ncutcstam. Abhandlungcn, XVIÏl Band, 4-5, Munster 1941), p. 105-106. 3. V. g. Vatican, gr. 1229, f® 96 v et Palat, gr. 5, C° 199 *. Ci. Rruss, op. cil., p. 124. 4. V. g. Vatican. gr. 1611 et 1633. Cf. Df.vreessb, op. cil., col. 1192; Karo-Ljktzmann, p. 576 et 578 ; et Sickencerger, Die Ltdcas· Kalene des Nicolas von Ileradeia {TU, t. 22, p. 99). 94 INTRODUCTION Panteleimon 571. Nicon de la Montagne-Noire le cite abondamment dans son Commentaire des Commandements divins1. On pourrait être surpris de ne pas trouver d’extraits I de Dorothée dans le célèbre recueil de Paul de l’Évcrgetis, | mais dans des Catéchèses que Dom Leroy vient de lui.| restituer, on relève quantité d’emprunts aux Instructions*. | C’est au Mont-Athos et en Russie 3 fluc l'influence de Dorothée semble J avoir été la plus grande. Pour l’Athos,’ I le nombre de manuscrits qui en proviennent ou qui y sont.9 conservés suffirait à le montrer. De meme pour la Russie, j le nombre d’éditions : au moins quinze entre le xvu® et le j xxc siècle. C’est d'ailleurs l’Athos qui a dû transmettre-J à la Russie, avec ses traditions monastiques, l’estime des-.#·'.1 œuvres de Dorothée. A la fin du xiv® siècle, un évêque ■] Cyprien écrivait à un higoumene du nom d’Athanase : | « Il faut lire à l’église les Commentaires de l’Êvangile, et au | réfectoire, le Geroniicon ainsi que les œuvres d’Éphrem® et de Dorothée1234.» C'est ce qui explique pourquoi Dorothée j | était joint à saint Ephrem dans les anciennes éditions 1 , slavonnes, comme dans certains manuscrits athonites1. | Cette lecture habituelle de Dorothée dans les réfectoires $ I monastiques a certainement exercé une influence considé-jp | rable sur la spiritualité des moines de l’Athos et de Russie..£ ' Il est intéressant de relever cette influence spécialeme: chez saint Nil Sorskij (1433-1508), «le grand Staretf l’un des saints russes les plus aimables, et dont la physiop mie spirituelle présente tant de traits communs, avec cell 4 et^'cn^Ruslie °S 1. Cf. Farricivs-Harlus, Bibliolh. graeca, t. 11, Hambourg 1 p. 277. 2. Cf. DS, t. 3, 1603. 3. A. Pavlov cl V. Brxsbvjc, Monuments de l'ancien Dr canonique russe, col. 259-260, n’ 32. 4. V. g. Athous Haÿios Paulos 3 (xtt· siècle). INFLUENCE Ô5 de Dorothée, bien qu’il n’ait jamais embrasse ni prêché l'idéal cénobitiquc. Dorothée est l’un des auteurs le plus souvent cites par saint Ni!1. En Russie, où les moines ont toujours joué un rôle important dans la vie de l’Églisc, le rayonnement de Dorothée s’est naturellement étendu largement hors des cloîtres, surtout au χιχθ siècle, comme en témoigne la publication de ses œuvres dans la revue Lecture chrétienne. Le titre même : Traitée et lettres sur la perfection chrétienne et monastique manifeste le souci des traducteurs de voir l'ouvrage accueilli non seulement des moines, mais de tous les chrétiens. , μ Répandues au x« siècle dans les 5 CdOccide™rn€S monastères grecs de l’Italie méri­ dionale, les œuvres de Dorothée ne devaient pas tarder à être connues dans les abbayes bénédictines. Dès le xic siècle, nous l’avons vu, elles étaient partiellement traduites en latin au Mont-Cassin. C’est également à des fils de saint Benoît que nous devons les premières éditions latines. Celle d’Hilarion de Vérone, moine de la Congrégation de Sainte-Justine de Padouc, fut publiée en 1523, à Venise, par les soins de son confrère Laurent, moine de Vicence. Puis une autre traduction latine fut entreprise par un moine cassinicn, Chrysostome de Calabre, et éditée à Venise en 1564. Notons aussi que la première traduction française, celle de Paul Dumont, fut dédiée à un abbé bénédictin, « Dom Jean Carton, abbé de Saint-Amand, et à tout son sacré troupeau », et que la seconde fut faite par Jean Moue pour les moniales bénédictines de Montmartre dont il était le chapelain. C’est encore à un moine bénédictin que nous devons la 1. Ct , I. Kologbivof, Essai sur la sainteté. en Russie, Bruges 1053, p. JS8, et 1. Smolitsch, Russisches Münehlum, Würzburg 1953, p. 114. ’ 96 INTRODUCTION plus récente édition de Dorothée en Occident, l’édition allemande de Dom Basilius Hermann, parue en 1928. Dans son célèbre Traité des Éludes monastiques. Mabillon^ recommande aux moines la lecture de Dorothée1, pleine- ' ment d’accord sur ce point avec son adversaire de lafl Trappe, qui venait précisément de publier une nouvelle.-j traduction française, traduction que Mabillon lui-même^ loue et recommande, sans d’ailleurs nommer le traducteur1 2.» Avant l’abbé de Rancé, un autre grand moine cistercien! avait fait scs délices des œuvres de Dorothée : le Cardinal] Jean Bona, qui avait été général de la Congrégation des Feuillants (1609-1674). Dans son Hortus coelestium delicia-· rum, opuscule resté manuscrit jusqu'en 1918, on trouve de nombreuses citations de Dorothéc34. Chartreux et Carmes ne restaient pas non plus en dehors de l’influence de Dorothéc. C’est au Prieur des Chartreux de Lyon qu’est dédiée l'édition publiée dans cette ville, en 1627, édition agrémentée d'un quatrain dû au fr., Guillaume Jobcrt, vicaire de la Chartreuse. Quelques, années plus tard, Dorothée est recommande aux novices: carmes par Dominique de Saint-Albert1. Nous savons auss.ij qu'il était l'un des auteurs préférés d'un autre Carmi célèbre, Maur de l’Enfant-Jésus5. Mais l’influence de Dorothéi déborda largement les milieux monas tiques. Religieux et laïcs surent profiter aussi de ses enseigne­ ments. Le plus grand prédicateur de l’Ordrc dominicain , 1. TraiU des Études monastiques, Paris 1691, p. 179. 2. Jb., p. 347. Rancé n’avait pas mis son nom sur l'édition, male il semble inconcevable que Mabillon n’ait pas été renseigné à ce sujet Ailleurs (p. 437), Mabillon mentionne l’édition de ChrysosLome de Calabre de 1595. 3. Cf. Slttdi e Testi 32, Rome 1918, n°“ 77-80, p. 33 et 81-8$ p. 34. 4. Exercitatio Spiritualis, Paris 1650. Référence donnée dans, le DS, t. 3, 1664. 5. Cf. RAM 1959, p. 275. INFLUENCE || 97 au xvi« siècle, Louis de Grenade, cite Dorothée dans un sermon anterieur à 15801. De même saint Vincent de Paul au sujet de l’ouverture de conscience1234. La Compagnie de Jésus surtout a beaucoup reçu de Dorothée et contribué à étendre son rayonnement3. Six Jésuites ont été traduc­ teurs ou éditeurs de ses œuvres, et beaucoup d’autres l’ont abondamment utilisé dans leurs propres ouvrages. Dorothéc put ainsi être connu des innombrables laïcs qui vivaient de la spiritualité ignatienne. Un excellent témoin de cette influence exercée par Dorothéc hors des cloîtres est son premier traducteur français, Paul Dumont, secré­ taire de la ville de Douai. C’est également un laïc, P. Kribbe, qui traduisit en flamand le texte de Dumont. Nous savons que, dès son vivant, Dorothée instruisait et édifiait des laïcs de Gaza qui venaient le visiter (§ 34, 36). Les éditions de scs œuvres prolongent à travers les siècles ce fécond apostolat. Celle des a Sources chrétiennes o, qui ne s’adresse pas seulement aux spécialistes, rendra accessible aux chrétiens de notre temps cet enseignement toujours actuel, parce que ce « n’est rien qu’un abrégé des maximes les plus pures de l’Évangile : tous les chrétiens y apprendront à vivre selon l’esprit de J. C.1 ». , • 1. Condones, Anvertp. 1614, t. IV, p. 214 ; tr. fratiç., éd. Vivès, t. V, Paris 1864, p. 236. 2. Entretiens, éd. Coste, t. XII, p. 358-359 ot 361. 3. Cf. L. Régnault, « Monachisme oriental et spiritualité igna­ tienne. L’influence de saint Dorothée sur la Compagnie de Jésus », RAM 1957, p. 141-149. Dorothée fut longtemps l’un des classiques des noviciats de la Compagnie. Aux témoignages rapportés dans cet article on peut ajouter celui du Père de la Chaize écrivant Je 30 mars 1691 à Huet, ôvâque d’Avranchcs, pour le dissuader de léguer sa bibliothèque au noviciat des Jésuites oïi ses livres seraient «la plupart inutiles et de nul usage..., abandonnés à la poussière, aux vers et aux souris, à la réserve des Soliloques de Saint Augustin, des Conférences de Cassien, des Doctrines' de Saint Dorothéc... ■ (G. Gu inox, s. j., Le Pire de lu Chaize, confesseur de Louis XIV, Paris 1959, t. 2. p. Ill}. 4. Rancé, Les Instructions de saint Dorvlhce..., Avertissement 4 VI. LA PRÉSENTE ÉDITION bauf quelques corrections plus ou · u , r. F moins heureuses des éditeurs succès sifs, le texte imprime des œuvres de Dorothée est rest substantiellement le meme, de l’édition de 1569 à cell de Migne. Reposant sur une base manuscrite insuffisant* il est trop défectueux pour que l’on puisse se contente de le reproduire. Pour l’établissement d’un texte correci nous avons utilisé neuf manuscrits qui nous ont sembl représenter assez bien l’ensemble des témoins connus d’après les recherches faites par M. Je chanoine P. M. Brui et M. l’abbc J. Wijnen en vue d’une édition critique Celle-ci devant fournir l’étude détaillée de la tradition dû texte, il suffira de donner ici un résumé de nos propres constatations. Parmi les manuscrits des œuvres de Dorothée, deux groupes se distinguent nettement. Le plus nombreux est celui qu’on peut qualifier de « studite », émanant du célèbre monastère de Constantinople. Les manuscrits d* ce groupe se signalent surtout par la présence du péti Prologue-Avertissement, dont nous avons déjà parlé ai chapitre II, et des Doctrines 22 et 23, ainsi que par la plac de la Doctrine 15, immédiatement après 14. Le plus anciè. semble bien être le Paris, gr. 1089, daté de l’année 99( dont dérivent entre autres le Coislin. 123, les Bodl. Cromu 14 et 25, le Dodl. Land. 84 et le Vatie. Palat. 69. Maj l’examen des autres témoins du groupe ne permet pas d considérer le Paris, gr. 1089 comme l’ancêtre commun d tous. C’est pourquoi nous avons cru nécessaire deilu 1. Le texte grec LA PRÉSENTE ÉDITION ÛÛ adjoindre le Coislin. 2841, représentant une tradition secondaire caractérisée par la présence de la Lettre d’envoi du collectionneur anonyme et de la Doctrine 21. Le Coislin. 260 retenu aussi pour témoin de la recension sluditc, est l’un des rares manuscrits12 contenant toutes les lettres connues de Dorothée, y compris la correspondance avec un ccllérier formant la Doctrine 18. Très important est aussi le groupe italo-grcc, qui se caractérise, quant à l’ordonnance des Doctrines, par la succession : 1-14, 18, 16, 17, 15, 19 et 2034. Son prototype semble être le Sinail. 416 (ix®-xe s.), malheureusement mutilé et très incomplet. Le Cryplof. B a XX, daté de l’année 965*, lui a été adjoint ainsi que le Valic. gr. 1274 (xi* s.). En face de la tradition studite, dont dérive le texte publié par Migne, le groupe italo-grcc paraît donner davantage de signes d’antiquité et d’authenticité, sans qu’on puisse cependant le suivre aveuglément. Le plus souvent notre choix a été déterminé par le témoignage de deux manuscrits du Xe s. qui représentent des traditions mêlées, mais très anciennes aussi, le Valic. gr. 826 et le . 1. Nous avons choisi le Coislin. 234 parce qu’il nous était le plus accessible, mais nous connaissons au moins tleux témoins plus anciens de cette tradition, le Sinail. 412 et le Mosq. 199, l’un et l’autre du XIIe s. 2. Les autres sont le Sinail. 412, le Valic. gr. 730, le AfOSf. 198, l'AMen. 509, le Hieros. Pair. 77 et le Sinail. 414. Mais le Coislin. 260 est le plus ancien de tous. 3. C’est du moins ce que l’on constate dans tous les témoins non mutilés du groupe, le Cryplof. B a XX, le Cassin. 431, le Mosq. 162 et le Paris, gr. 1093. 4. Manuscrit autographe de saint Nil, fondateur de l’Abbayc de Groltaferrala. Cf. S. Gassjxi, I Mss. autograft di S. Nilo Juniore (Oriens Christianus IV, 1904, p. 308-370) et R. Devheesse, Les manuscrits grecs de Γ Italie méridionale (Sludi e Testi 183), Rome 1955, p. 27. Le Cassin. 431 (xi« s.) et Je Valic. Chis. R IV 7 (xt« s.) sont des copies du manuscrit de saint Nil. 100 INTRODUCTION Hieros. Pair. 321. Le premier semble avoir été notablement y contaminé par la tradition studite. Le second est beaucoup plus proche des témoins du groupe italo-grec, il contient! les mêmes pièces et selon le meme ordre, sauf l’interversion I déjà signalée des Doctrines 1 et 10, ainsi que l’interversion a de 19 et 20. Quoique de contenu très différent, le Vatic.·>| gr. 730 (xive s.) possède en commun avec lui de nombreuses | leçons. Nous l'avons surtout retenu parce qu’il contient ^ toutes les Lettres, comme le Coislin. 260. Le petit tableau suivant permettra de se rendre compte « aisément du contenu des manuscrits que nous avons utilisés» et de l’ordre où s'y présentent les diverses pièces, compa­ rativement à l'édition de Mignc12 : A D E G H P S T V Paris. gr. 1089 Coislin. 284 Coislin. 260 P Valic. gr. 730 Vatic, gr. 826 Hieros. Pair. 32 Sinail. 416 Cryplof. ΰ a XX Vatic. gr. 1274 1-14 15 19 20 P V 22 23 16 17/Jj 15 19 20 P V 22 23 16 17J L 21 1-14 LV 1-11 15 22 23 16 17 18 19 20 E'. 15 16 17 18 19 20 E 22 J 1-14 V LVP 1-14 19 15 20 16 17 LV 10 2-9 1 11-14 18 16 17 15 20 19 LV 1-5... 1-14 LV 18 16 17 15 19 20 ...4-14 18 16 17 Pour l’ordre des pièces si différent selon les manuscrits/^ nous «avons jugé préférable d’adopter celui du manuscrit, f qui est le seul à contenir exactement toutes les pièces. I 1. Le Hieros. Pair. 32 est le témoin le plus ancien d’un groupe, nombreux dont font partie le Mosq. 198 (χι· s.), les Valoped. 1 (xti« 3.) et 3 (xt* 3.), VAmbr. 278 (XIIe s.), les Vindob. l.j.rn.gr. 238 et; 239, Y Alex. Pair. 251, YAthen. 509, le Hieros. Pair. 77 et le Sinail. 414. 2. Nous utilisons les abréviations suivantes : P = Prologue-Avertissement : PG 88, 1612-1613. L ·= Lettre d’envoi : PG 88, 1613-1617. V = Vie de Dost IMe. 1-23 =- Doctrines: PG 88, 1617-1836. E = Épitres: PG 88, 1837-1841. La majuscule précédant le nom du manuscrit est le aigle cholil'< pour le désigner dans notre édition. LA PRÉSENTE ÉDITION * i 101 publiées dans la présente édition, c’est-â-dire celui du Coislin. 260. Cet ordre est d’ailleurs le plus logique, puis­ qu’il groupe ensemble toutes les Instructions de Dorothée à ses moines, y compris les Doctrines 22 et 23, dont la place vient naturellement apres 15. Nous modifions seulement la place de la Doctrine 19 (= Sentences) que nous rejetons en dernier lieu afin de réunir toutes les lettres. Pour que l’on puisse retrouver facilement dans notre édition les citations données en référence à celle de Migne, nous indiquerons toujours en marge du texte grec la colonne du Ume 8$ de la Palrologie grecque. En outre, à la fin du volume, une table donnera la concordance exacte des deux éditions. Ce texte de Migne jouit, malgré ses defauts, de l’autorité attachée au lexlus receptus. C'est pourquoi nous avons cru pouvoir nous y référer encore dans l’apparat restreint de la présente édition, en attendant l’apparat complet qui appar­ tiendra à l’édition critique définitive des Œuvres de Dorothée. Les divergences entre notre texte et celui de la Pûlrologie étant nombreuses — en moyenne une douzaine par colonne—, nous avons jugé inutile de mentionner celles qui sont garanties par l’ensemble des manuscrits utilisés. Mais pour les autres, nous indiquons la leçon de Migne avec les manuscrits qui l’attestent, et les autres leçons, s'il y en a. Pour la Vie de Dosiikêe qui ne se trouve pas dans Migne, nous signalons seulement les cas où nous nous sommes écartés du texte publié par P.-M. Brun3 sans avoir l’appui de tous nos manuscrits. Enfin, pour les autres pièces qui manquent aussi dans Migne, notre apparat indique toutes les variantes qui nous semblent présenter quelque intérêt. 1. Orientalia Christiano, XXVI, 2, p. 102-122. 102 INTRODUCTION Dans notre traduction française, ' nous avons recherché surtout la simplicité et la fidélité. Soucieux' de ne pas encourir le reproché-' adressé par Balthasar Cordicr aux premiers traducteurs] latins de Dorothée, nous nous sommes gardés d’affecterv « une élégance de style que Dorothée avait délibérément:· négligée », et nous nous sommes efforcés de conserver aux Instructions leur allure vivante et familière, sans nous! astreindre toutefois à un mot-à-mot trop servile. ParriiiJ les anciennes traductions françaises, seule celle de ' Paul Dumont nous a été de quelque utilité. Remarquables surtout par son pittoresque savoureux, clic est aussi, et, de beaucoup, la plus exacte. Pour quelques termesa techniques du jargon monastique, nous n’avons pas hésitéj à transcrire simplement le grec en français, ajoutant auj besoin en note toutes les explications utiles, empruntées souvent aux ouvrages du P. I. Hausherr. Dorothée n’est pas un auteur très difficile. Sauf quelques particularités de vocabulaire et de style, sa langue est celles des auteurs de son temps. Mais l’on sait que les études sur? le grec byzantin sont rares et insuffisantes. Bien des. remarques philologiques eussent été utiles ici ou là, rhaiw faute de compétence personnelle, nous nous sommés;, contentés de renvoyer aux travaux des spécialistes, epj particulier à ceux de M. David Tabachovitz. La plupart] des notes sont consacrées à l’indication des sources. Dm laborieuses recherches nous ont permis d’identifier pres.qufji toutes les citations explicites, mais nous avons jugé utile;, de signaler également les textes dont Dorothée semble s’êtrc inspiré plus ou moins largement et qui révèlent ainsi; chez leurs auteurs une certaine parenté spirituelle avec lui; ' Les Indices placés à la fin du volume permettront de;: retrouver aisément ces renseignements qui ne visent, en définitive, qu’à une meilleure intelligence du texte même' de Dorothée. 2. La traduction française et les notes LA PRÉSENTE ÉDITION 103 Au terme de cette trop longue introduction, il nous est impossible de mentionner les noms de tous ceux qui nous ont aidé de quelque manière dans la préparation du présent ouvrage. Nous avons déjà évoqué notre dette à l’égard de M. le chanoine P. M. Brun et de M. l'abbé J. Wijnen, qui ont mis si complaisamment à notre disposition les fruits de leur travail. A eux surtout va notre reconnais­ sance, ainsi qu'au R. P. I. Haushcrr qui, après avoir si longtemps désiré cette nouvelle édition de Dorothée, ne nous a ménagé ni ses encouragements ni ses conseils pour la mener à bien. SIGLES A a D E G H P S T V = Puris, gr. 1089 (an. 990). — Paris, gr. 1089 (pars recentior : xn® s. ?). = Paris. Coislin. 284 (xive s.). = Paris. Coislin. 260 (xie s.). = Valic. gr. 730 (xiv® s.). — Vatic. gr. 826 (xe $.}. = Hierosol. Palriarc. 32 (xe s.). = Sinail. 416 (ixc/xe s.). = Crypl. B a XX (an. 965). = Valic. gr. 1274 (xi® s.). Mi — Migne (Palrologie grecque, t. 88). Br = P. M. Brun (Orientalia Christiana, XXVI, 2, p. 102122). 4—1 PG8S, 1612A 5 JO B 15 20 *Ιστέον οτι δύο γεγόνασι Δωρόθεο·, καί δύο Βαρσανούφιοι οΐ μεν τά Σεβήρου νοσήσαντες, οι δέ ορθοδοξίαν καί τελεία; άσκησιν άσπασάμενοι. Καί ούτοί εισιν οί έμφερόμενοι έν τηδε τη βίολφ ' οθεν καί άποδεκτέαν ταύτην εχομεν καί ένάρετον καί ψυχωφελή οτι μάλιστα, ώς του μακαρίου Δωροθέου του ορθοδόξου καί επισήμου φανέντος έν τοϊς Πατράσιτω οντι ύπάρχουσαν πόνημα, καί ού τού έτερόφρονοί καί σκαιου. Καθώς καί ό πατήρ ημών καί τού Χριστοί ομολογητής Θεόδωρος ό των Στουδίου πεφηνώς πάνσοφο; ηγούμενος έν τη διαθήκη τη προς τούς έαυτού μαθητάς ευ μάλα έδίδαξε μετά τδ ύποσημήνασθαι τής εαυτού πίστεω τδ φρόνημα καί άποκηρύξαι συλλήβδην τούς άΟέους αίρετι κούς, φήσας ούτως. Προσέτι καί πάσαν βίβλον θεόπνευστο' Παλαιός τε καί Νέας Διαθήκης αποδέχομαι, ετι μήν κα πάντων των θεσπεσίων Πατέρων διδασκάλων τε καί άσκητώ τούς βίους τε καί τα Οεια συγγράμματα. Τούτο δέ είρηζι διά τδν φρενοβλαβή Πάμφιλον τδν άπδ ανατολής φοιτήσαντα καί τούσδε τούς οσίους διαβάλλοντα, λέγω δή Μάρκον 'Ησαΐαν, Βαρσανούφιον, Δωρόθεόν τε καί 'Ησύχιον · ο’ μεν Βαρσανούφιον καί 'Ησαίαν καί Δωρόθεον, τούς τώ Άκεφάλων συνακεοάλους καί τού λεγομένου Δεκακεράτοι Mss : ADEHMi 3 έν om. ADMi. 1. Les manuscrits anciens ne donnent aucun titre à cet avertisse ment. Quelques rcccnthres ont ; « περί τής όμωνομίας των δύο Δώρο ^'AVERTISSEMENT^·1 11 faut savoir qu’il y eut deux Dorothée et deux Barsanuphe, les uns infectés des erreurs de Sévère, les autres attachés à la saine doctrine et- à une parfaite ascèse. C’est de ces derniers qu’il s’agit dans le présent livre. Aussi jugeons-nous qu’il faut le recevoir comme recom­ mandable et extrêmement utile à l’âme, puisqu’il est certainement l’œuvre du bienheureux Dorothée l’ortho­ doxe, l’un des plus illustres parmi les Pères, et non de l’autre Dorothée, ce sinistre hérétique. C’est ce que nous a si bien appris le Confesseur du Christ, notre Père Théodore, le très sage higoumène du monastère de Stoudios, dans le testament laissé ù ses disciples2. Après avoir exprimé la croyance de sa foi et stigmatisé en bloc les hérétiques impies, il ajoute en effet ceci : « De plus, je reçois tous les livres inspirés de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que les Vies et les divins ouvrages de tous les admi­ rables Pères, docteurs et «ascètes. Je le dis à cause du pernicieux Pamphile qui, de l’Oricnt, est venu attaquer ces saints, â savoir Marc, Isaïe. Barsanuphe. Dorothée et Hésychius : non pas ce Barsanuphe, cet Isaïe et ce Dorothée qui. acéphales parmi les acéphales3 et cornes de ce monstre Οέων και των δύο Βαρσανουφίων :·, v. g. Ve/jcanw gr. 663 (xv« s.). Ct. R. Devkeesse, Catalog. Cod. Vatic, gr., t. III, p. 105. 2. Le texte integral de ce testament se trouve dans PG 99 18131816. 3. Au témoignage de Sophrone, Isaie avait fondé cune secte acéphale parmi les acéphales » (PG 87, 3192). Cf. s. Vailhê dans DHGE, t. I, col. 285. 108 1613 A 25 30 35 Β 40 ŒUVRES SPIR1TUEI.I.ES συνομοχερώτους καί υπό του έν άγίοις Σωφρονίου εν τώ λιβέλλω αυτού άναθεματιζομένους, ετέρων δηλονότι παρά τούσδε δντων των προειρημένων, ούς εγώ πατροπαραδότως αποδέχομαι δι’ έρωτήσεως τού ήδη άρχιερατεύσαντρς' Ταρασίου τού άγιωτάτου πατριάρχου ετέρων τε αξιόπιστων προσώπων αύτοχΟόνων τε και ά νατολικών ' ν.σ.'ϊν. τό καί την εικόνα Βαρσανουφίου έν τη Osier. ένδυτη τη της Μεγάλης Εκκλησίας συνίστασΟαι άγίοις Πατράσιν, Άντωνίφ, Έφραίμ καί έτέροις ' και ώς μ.ή τι έν ταΐς διδασκαλίαις αύτών εύρηκώς άσέυημα, τουναντίον δε και πολλήν ψυχικήν λυσιτέλειαν. ’Ιδού τοίνυν διευκρινήσατο ό μέγας πατήρ ήμών Θεόδωρος την των έκατέρων Δωροθέων δόξαν, καί την τού ένταΰθα έμφερομένου διδασκαλίαν ώς ώφελιμωτάτην είναι άπεφήνατό, ώσπερ ούν και ίστιν αληθώς ψυχωφελής πάνυ ’ καθ’ ήν ό άκριδαζόμενος τον εαυτού βίον, εις τδ τέλειον μέτρρν έν Χριστώ της αρετής έλάσειε * καί τς> της άπαθείας στεφάνω ό έφθακώς έγκοσμηΟήσεται καί της αιωνίου ζωής μετά των άγίων άξιωθήσεται. 1. Allusion à la bâte aux dix cornes dont parle le Prophète Daniel {Dan. 7, 7-8) cl dont trois cornes se sont détachées, image du trio hérétique qui s'ust séparé du resté do la secte acéphale. 2. Episl. Synod, ad Sergium : PG 37, 3102-3193 et note 17. 3. C.-à-d. la basilique Sainte-Sophie de Constantinople. Sur la AVERTISSEMENT 109 aux dix cornes1, ont etc anathématisés par saint Sophrone dans son libelle2 et qui sont manifestement des personnages différents. Ceux que j’ai nommés, je déclare les recevoir selon la tradition des Pères, sur le témoignage du hiérarque actuel, le très saint patriarche Taraise, et d’autres person­ nages dignes de foi, grecs ou orientaux. Barsanuphe n’est-il pas représente sur la nappe d’autel, dans la Grande Église5, avec les saints Pères Antoine, Éphrem, et d’autres encore? Aussi bien n’ai-je trouvé aucune impiété dans leurs enseignements, mais au contraire beaucoup de profit spirituel4. » Ainsi notre grand Père Théodore distinguait bien ce qu’il faut penser de l’un et l’autre Dorothée et déclarait extrêmement utile l’enseignement de celui dont il s’agit ici. De fait, le profit pour l’âme en est vraiment considé­ rable. Puisse-b-il s’y conformer, celui qui est soucieux de bien régler sa vie, pour marcher vers la perfection de la vertu dans le Christ ! Parvenu au but, il aura pour couronne J’apatheia et obtiendra la vie éternelle avec les saints. nappe d'autel dont il est question ici, ci. J. Pargoire, L'Église byzantine de, 527 d 847, Paris 1905, p. 92. 4. PG 99, 1816. Vers 809, saint Théodore avait été accusé d'admettre les hérétiques Barsanuphe, Isaïe et Dorothée parmi les orthodoxes. 11 s’était défendu avec ardeur, distinguant comme dans son testa ment, les trois hérétiques et les trois orthodoxes. Cf. PG 99, 1028. ΕΠΙΣΤΟΛΗ ■rrpôs τον αίτησαντα αδελφόν -πάμφθηνοι αύτω τούς εύρεθέντα$ λόγους τού οσίου ττατρός ήμων αξξά Δωροθέου 1613 Β 5 C 10 15 1. Επαινώ σου την προαίρεσιν, μακαρίζω τής περί τδ αγαθόν σπουδής την εύλογημένην σου καί φιλόκαλον ώς; αληθώς ψυχήν, άδελφε ποθεινότατε. Τό γάρ οΰτω φιλοπόνως; έρευναν καί γνησίως έπαινεΐν τά κατά τον όντως μακάριο» καί άξιόθεον ημών πατέρα, τον τής δωρεάς του Θεού φερώλ| νυμον, άρετήν έστιν έπαινεΐν καί Θεόν αγαπάν καί μέριμνα» περί της όντως ζωής ' Ζήλου γάρ, κατά τδν ρίγαν Γρηγόριου,; ό έπαινος πρόξενος * ζήλος δέ, αρετής ' αρετή δέ, μακαριό-:· τητος. Χαίρειν οΰν έστι καί συγχαίρειν ώς αληθώς επί τήί τοιαότη σου προκοπή ' εκείνον γάρ εοικας ίχνηλατεϊν τον'· του πράου μιμητήν καί ταπεινού τή καρδία * ος την νοητήν Πέτρου καί τών κατ’ αύτδν άποταγήν Οεωρήσας, ουτωςΐ εαυτόν της τών δρωμένων έξέδυσε προσπάθειας, ούτω τοίς; εαυτού κατά Θεόν εαυτόν έξέδωκε πατράσιν. ώς μετά παρρησίας, εδ οίδα, καί αυτόν πρδς τόν Σωτήρα λέγεινή οτι · ’Ιδού ημείς άφήκαμεν πάντα καί ήκολουθήσαίχέν σοιλ ιΌθεν έν όλίγω συν Θεώ τελειωθείς έπλήρωσεν χρόνους ; μάκρους, ούκ αίσΟηταΐς μεν έρημιαις καί ορεσιν ένδιαιτώη Mas : DEHPSTMi Tit. : άβυϊ om. DPMi. 1. 7 μέγαν : μακάριον DE Mi. 1. S. Grégoiku de Nazianziî, Oral. XXV, 1 (PG 35, 1200 Λ). 2. Expression souvent employée par les anciens auteurs mena» LETTRE au frère qui avait demandé que lui soient envoyés les discours retrouvés de notre saint Père l’abbé Dorothée 1. J’approuve ton intention, je félicite de ton zèle pour le bien ton âme bénie et vraiment éprise de la vertu, frère très aimé. Car rechercher ainsi laborieusement et louer sincèrement les œuvres de notre Père réellement bienheureux et digne de Dieu, si bien nommé « Don de Dieu », c’est louer la vertu, c’est aimer Dieu, c’est se soucier de la vie véritable, puisque, selon le grand Grégoire, ola louange suscite l'émulation; l'émulation, la vertu; et la vertu, la béatitude1 ». Il y a donc lieu de se réjouir et de se congratuler, oui vraiment, pour ce progrès qui est le tien ; car tu parais suivre les traces de cet imitateur du a Doux et Humble de cœur2» (Mallh. 11, 29), de cet homme qui, ayant considéré le renoncement spirituel de Pierre et de scs compagnons, se dépouilla de l’attachement aux choses visibles et s’abandonna à ses Pères en Dieu, au point de pouvoir sûrement, lui aussi, dire au Sauveur avec assurance : « Voici que nous avons tout quitté et que nous t'avons suivi3» (Mallh. 19, 27). Aussi «parvenu en peu de temps à la perfection avec l’aide de Dieu, il a fourni une longue carrière» (Sag. 4, 13), sans vivre dans tiques pour qualifier lo vrai moine. Voir par exemple dans les Alloquia de Zosime : < disciple du Doux et Humble · (PG 78,1689 C) et dans ta lettre 36 d'Évagre : «Je prie pour obtenir de devenir le disciple du Doux i (cité par I. Hauskbrr, MM 1934, p. 64, ou 1959, p. 135). 3. Cf. ci-dessus inlr., p. 14. 112 ŒUVRES SPIRITUELLES D μένος, ούδδ το άοχειν σωματοοόρων θηρίων έν μεγάλω 20 τιθέμενος, τής δέ ψυχής την έρημίαν «σπαζόμενος και βρεσιν έγγίζειν έπιποθών αίωνίοις φωτίζειν θαυμαστός έπισταμένοις, καί ψυχοκτόνων μάλλον κεφαλας πατειν όφεωυ καί σκορπιών. *Ων καί συντόμως τή του Χρίστου συνεργία τυχεΐν ήξιώΟη διά τής του ίδιου θελήματος 25 αθλητικής άναιρέσεως, ήτις αύτφ την απλανή των Πατέρων δδδν προεξένησεν, ήτις έλαφρόν αύτφ τδ μακάριον απέδειξε φορτίον, καί τον σωτήριον Χρίστου ζυγόν χρηστδν ώς αληθώς έφανέρωσεν. 1616 A 2. Έξ ής άρίστην εμαθεν ύψους οδόν, την ταπείνωσιν, καί τδ Έλεήμων γίνου καί πράος, έργφ κατά τον λόγον των αγίων γερόντων παραλαβών, πάσαις διά τούτο ένεκοσμήθη ταΐς άρεταϊς * οΟεν επί στόματος εκείνο άει τδ γερον5 τικδν &ρερεν ό μακάριος * '0 φθάσας, λέγων, εις τδ κόψαι τδ ίδιον θέλημα, έφθασεν εις τδν τόπον τής «ναπαύσεως. ’Επειδή γάρ εύρε, καθώς καί άξίως έζήτησεν, πάντων μέν ρίζαν ούσαν των παθών την φιλαυτίαν, ταύτην δδ τώ γλυκυπίκρω ημών συνισταμένην θελήματι, τώ δραστηρίω τούτω 10 φαρμάχφ χρησάμενος, συναπομαραίνει τή ρίζη καί τά πονηρά βλαστήματα, καί γίνεται αθανάτων φυτών ειλικρινής 1. 22 έπισταμένοίς : έπιστάμενος ΙΙΡΜί || μάλλον om. DHPMi || 27 Χρίστου : καί χρηστόν EHPSTML 2. 3 τούτο : τούτων DEIIPTMi || ένεκοσμήθη : έκοσμήΟτ, DEHPMi H 7 καθώς : καΟδ HPTMi || 11 φυτών om. DIIPSTMi. 1, Ce mot et la sentence qui suit ne semblent pas 3e trouver les recueils d’apophtegmes édités. Dans son Praclicos, Évagrc recom­ mande conjointement la douceur et l'exercice de la miséricorde pour réprimer la colère : PG 40, 1224 C. 2. Cironticûf», de γέρων =■ Vieillard, * est le nom sons lequel les anciens désignent d’ordinaire les Apophtegmes » (M. Viller, La spiritualité des premiers siècles chrétiens, Paris 1930, p. 67). Dorothée lui-même remploie plusieurs fois {§ 17, 18, 37, 60, 71, 125, 151, 174)', mais le plus souvent il introduit ses citations d’apophtegmes par là formule οί Πατέρες είπον. CL Index des mots grecs, s. v. Πατέρες. ; , : LETTRE D’ENVOI, 1-2 113 des déserts matériels ni dans les montagnes, sans faire grand cas de commander aux bÔtcs voraces, mais en embrassant la solitude de l’âme, avec Fardent désir d’approcher des montagnes éternelles qui savent merveil­ leusement illuminer (cf. P$. 75, 5), et d’écraser plutôt la tête des serpents et des scorpions (ci. Le 10, 19) qui font périr les âmes. En peu de temps, avec l'assistance du Christ, il a mérité d’y parvenir par les combats du retran­ chement de la volonté propre, retranchement qui lui a ouvert la voie sûre des Pères, qui a rendu léger pour lui le bienheureux fardeau et lui a montré qu’il est doux, vraiment, le joug salutaire du Christ (cf. Matth. 11, 30). 2. Par ce retranchement, il a appris la meilleure route du ciel, l’humilité, et, selon le mot des saints Vieillards1, « faisant sienne en pratique » la sentence : « Sois miséri­ cordieux et doux », il fut par là orné de toutes les vertus. Voilà pourquoi le bienheureux avait toujours à la bouche ce Géroniicon2 qui dit : « Quiconque est parvenu à retran­ cher la volonté propre, est parvenu au lieu du repos8. » Car ses recherches lui ayant fait à bon droit découvrir que toutes les passions ont pour racine la philautie* et que celle-ci est liée à l’amère douceur de notre volonté, il se servit de ce remède énergique et fit perir avec la racine les rejetons maudite. Puis il devint remarquable « cultivateur des plants immortels0 » et produisit le fruit 3. Nous n'avons pas trouvé cette sentence dans les recueils imprimés. L'idée du moins est exprimée dans un apophtegme de l’abbé Sisoés (Sisoés 43 : PG 65, 405) et dans des discours de l’abbé Isaïe (Aug., p. 56-57, 101, 140-141). 4. C.-à-d. l’amour de soi. Le mot grec n’est plus â traduire depuis que le P. I. Hausbekh l’a pris pour titre de sa magistrale étude : Philaulie. De, la tendresse pour soi tï la charité scion saint Maxime te Confesseur, Rome 1052 (OCA 137). 5. Adam « cultivateur des plants immortels > au paradis : S. Grégojke i>e NasiâNM, Orat. XLV, 8 (PG 36, 632 C). 11-1 ŒUVRES SPIRITUELLES γεωργός και καρποφορεί την όντως ζωήν, τον έγκεκρυμμενον τφ άγρω θησαυρόν καλώς ύπ* αύτοΰ ζητηθέντα καί εύρεθέντα B κτησάμενος και πλουτήσας όντως τά μή κενού μένα. 3. Έβουλόμην μέν ούν ικανός είναι καί γλώσση καί διανοία, ώς άξιωθήναι καί τόν άγιον αύτοΰ κατά μέρος έκθέσΟαι βίον, εις κοινόν όφελος καί τύπον αρετής ακρι­ βέστατου, όπως τε την στενήν και ευρύχωρου οδόν καί b παράδοξον ό μακάριος εκείνος άνέδραμε · τό μβν, δια τό απλανές καί άδιάχυτον καί της κρημνώδους εφ* έκάτερα παρεκβάσεως φυλακτικόν · ούτω γάρ ό του Θεού φίλος καί μέγας όντως Βασίλειος τό στενόν τής τεθλιμμένης όδοΰ καί σοηηριώδους βρίζεται ' τό δέ, διά τό άπροσπαθές καί τό 10 πρός τούς άγοντας αύτόν επί τόν Θεόν ελευθέριον καί μάλιστα τό τής ταπεινώσεως ύψηλόν, τό μόνον, κατά τόν μέγάί C ’Αντώνιον, πασών των του διαβόλου παγίδων ανώτερου; Διό καί έπ’ αύτω ώς αληθώς έπληροΰτο τό Πλατεία ή εντολή σου σφόδρα. 4. ’Αλλά τούτο μέν ώς άδυνάτως έχων ύπερβήσομαι; Οίδα γάρ πρός άπασι τοίς του μακαρίου καλοίς, καί ταΰτά δή τα των έξωθεν λεγομένων φιλοσόφων, άπερ κατά τη\ σοφήν όντως μέλισσαν άνθολογών φέρουτά τι χρήσιμοι 5 εύρισκεν, άόκνως αύτόν εις διδασκαλίαν έν καιρω προβαλλό­ μενου, οιον τό Μηδέν άγαν, τό Γνώθι σεαυτόν, καί το τοιαύτα, πρός άπερ, εΐ καί μή προαίρεσής εύγνώμων, άλλο γε τό τής αδυναμίας άναγκαίόν με, καθώς εϊρηται, συν· ελαύνει. "Ο δέ μοι ή σπουδαία καί φιλόκαλος ύμών έκέλευσι D 10 ψυχή, τούτο δή θαρρών καί πεποίηκα, τό τε βαρύ τήι 3. 9 τδ’ cm. DHTML 4. 5 προβαλλόμενου : προβαλλόμενος ΕΗΡ προβαλόμενος Mi. 1. S. Basile, Kej. br. tract. 241 (PG 31, 1244 BC). 2. Apopkl. Antoine 7 : PG 65, 77. 3. Sentences attribuées à deux des sept Sages de la Grèce, Thatë de Milet et Cléobule. CL Platon, Protagoras, 343 a. Le γνώθι σεαυ'όν LETTRE D’ENVOI, 2-4 115 de la vie véritable, étant entré en possession du trésor caché dans le champ, après l’avoir si bien cherché et trouvé (cf. Matth. 13, 44), et s’étant vraiment enrichi des biens impérissables. 8. J’aurais donc voulu posséder la langue et l’intelligence nécessaires pour pouvoir exposer en détail sa sainte vie comme modèle achevé de vertu utile à tous, et montrer comment ce bienheureux a parcouru la route paradoxale, à la fois étroite et spacieuse (cf. Malik. 7, 13-14) : étroite, parce qu’elle est sans déviation ni dispersion et qu’elle empêche de tomber dans le précipice qui la borde des deux côtés — c’est ainsi en effet que l’ami de Dieu, le très grand Basile, définit l’étroitesse de la route resserrée qui conduit au salut1 —, route spacieuse aussi, en raison de l’affranchissement des passions et de la libre confiance envers ceux qui le conduisaient à Dieu, et surtout à cause de l’élévation de l’humilité, qui seule, selon le grand Antoine, surmonte tous les pièges du diable2. Aussi s’est-cllc vraiment réalisée pour le bienheureux Dorothée cette parole : « Ton commandement est excessivement large » (Ps. 118, SG). 4. Mais je laisserai de côté ce travail, m’en jugeant incapable. Je sais en effet qu’en plus de toutes scs propres richesses, le bienheureux n'hésitait pas à proposer à l’occasion dans son enseignement ce qu’il trouvait de profitable chez les philosophes païens, où il butinait comme l’abeille industrieuse, par exemple le « Rien de trop », le «Connais-toi toi-même3», et autres sentences semblables, auxquelles je suis acculé, comme on dit, sinon par une sage détermination, du moins par la nécessité de mon impuissance. En revanche, ce que m’a demandé votre âme fervente et zélée, j’ai osé l’accomplir, redoutant la a été transposé dans la spiritualité chrétienne par Clément d’Alexandrie (Péd. Ill, 1) cl Origène (Cù. Cani. Il, 8). Ct. PG 4-1, 508 et 804. 116 ŒUVRES SPIRITUELLES παρακοής ύφορώμενος και τό τής οκνηρίας δεδοικώς επιτιμίου · καί δή τοις παρούσι συναπέστειλα γράμμασιν ύμΐν τοϊς φρονίμοις συν Θεώ τραπεζίταις τό κείμενον παρ’ έμοί αργόν τάλαντον, τάς εύρεΟείσας λέγω του μακαρίου 15 διδασκαλίας, &ς τε αύτός έκ των εαυτού παραλαβείν ήξιώθη I πατέρων καί άς τοΐς ιδίοις μαθηταις παρέδωκε, κατά τον πρώτον ημών και αληθινόν καθηγητήν και Σωτήρα ποιων τε και διδάσκων. Εί δέ μή και πάντας αυτού τούς άγιους εύρεϊν δεδυνήμεθα λόγους, πάνυ δέ όλίγους, και τούτους 20 σποράδην ύπό σπουδαίων τινών προνοία Θεού συνειλεγ1617 A μένους, άλλ’ οδν ικανόν εσται σου τή δβξιότητι καί το βραχύ παραστησαι, κατά τό Δίδου σοφω αφορμήν, καί σοφότερος εσται. 5. Οίος μέν ήν δ μακάριος την πρόθεσιν επί τόν μοναδικόν ύπό τού θεού βίον οδηγούμενος, οΐον δέ αρμόδιον τώ σκοπώ καί τόν βίον άνέλαβε ' προς μέν γάρ τούς πατέρας τούς έαυτοΰ, την άκραν τής ύλης άποταγήν, την γνησίαν κατά υ Θεόν ύποταγήν, τό καθαρόν τής εξαγορεύσεως, τό άκριβές της συνειδήσεως, καί μάλιστα τό έν γνώσει της ύπακοής άδιάκριτον, πίστει βεβαιούμενον καί άγάπη τελειούμενον ‘ προς δέ τούς συνασκουμένους άδελφούς, τό αίδέσιμον δμου καί εύπρόσιτον. τότε άτυφον καί άπαρρησίαστον, καί 10 προηγουμένως τό άνυπονόητον καί άπερίεργον καί άφιλότ νεικον, τάς τής εύλαβοΰς άκατακρισίας ρίζας καί τής υπέρ μέλι γλυκείας ομοφροσύνης μητέρας ’ καί περί μέν τά έργα, τό σπουδαΐον, τό νουνεχές, τό μετά επιείκειας άτάραχον, τής τού ήθους πήξεως τό γνώρισμα ' περί δέ τάς ύλας, το 4. 16 παρέδωκβ : παραδέ&ωκε DEPMi. (5-6-7 om. Mi) 5. 5 τό* : τύ άδιίχριτον καί DP || 7 αδιάκριτου om. DHP || 9 καί» : και τό ΙΊΡΤ 1. Noter le pluriel. L’envoi, adressé â un moine, est destiné en fai* à une communauté. La comparaison des changeurs ou banquier expérimentés est classique dans la littérature profane depui LETTRE D’ENVOI, 4-5 117 gravité du refus et le châtiment de la paresse. Voici qu’avec la présente lettre je vous envoie, ά vous, changeurs avisés de Dieu1, ce talent demeuré chez moi sans rapport, je veux dire les enseignements retrouvés du bienheureux, ceux que lui-même a mérité de recevoir de scs Pères et ceux qu’il a transmis à ses propres disciples, à la fois par la pratique et la parole, comme notre premier vrai Maître et Sauveur (cf. Ad. 1,1). Si nous n’avons pu trouver tous ses saints discours, mais seulement un très petit nombre, avec ceux qui ont été recueillis çà et là par des hommes diligents grâce à la divine Providence, il suffira du moins à tes bonnes dispositions que ce peu leur soit présenté, selon la parole : « Donne occasion au sage, et il deviendra plus sage » (Prou. 9, 9). 5. Tel était le bienheureux, guidé par Dieu dans son propos de vie monastique, telle fut la vie qu’il adopta, conforme à son but : envoi’s scs Pères, le plus profond renoncement aux choses matérielles, la soumission sincère selon Dieu, la limpidité de l’ouverture d’âme, la délicatesse de la conscience, et surtout la spontanéité de l’obéissance «avec science », appuyée sur la foi et rendue parfaite par la charité ; envers les frères, ses compagnons d’ascèse, la vénération mêlée d’affabilité, sans orgueil ni familiarité, et principalement la fuite des soupçons, des curiosités indiscrètes et des rivalités, ce qui est la racine d’une religieuse bienveillance et la mère de la concorde plus douce que le miel ; dans les travaux, le zèle, la prudence, le calme joint à la pondération, marques de la fermeté de son caractère ; pour les choses matérielles, le soin, le Epictete (cf. Entretiens, III, 3) et dans la littérature ecclésiastique depuis Clément d’Alexandrie et Origène qui citent à ce sujet un logion du Christ : « Soyez des changeurs éprouvés. * La comparaison a été surtout développée par Cassicn dans sa première Conférence (PL 49, 510 s. avec la longue note de Gazée). Cf. Λ. Resch, Aÿrapha, TU 30, p. 112-128. 118 ŒUVRES SPIRITUELLES 15 επιμελές, τδ σεμνόν, το φιλόκαλ.ον άμα και άπέρπερον, άλλήλοις τη θεία διακρίσει συντρέχοντα ' προ πάντων καί έπί πασι, τδ ταπεινόν, τδ εΰχαρι, το. μακρόθυμου, το εύσταθές, τδ νηφάλεον, τδ μελητητικόν. 6. ’Αλλά τι δει με τα καθ’ έκαστον έπιχειρούντα λέγειν ; "Ομοιόν τι πάσχειν του σταγόνας ύετού καί κύματα θαλάσσης άριθμειν. Δέον καί τού λόγου προεθέμην όρον, μή κατατολμαν άλλοτρίων, ύμχν δε μάλλον της γλυκείας τούτων έρεύνης 5 παραχωρείν, καί όσοι τρυφάτε τα τοιαΰτα, και καταμανθάνειν j εξ οΐας αγωγής καί μακαρίας πολιτείας επί την θείαν · διδασκαλίαν καί ψυχών επιμέλειαν ύπδ της πάντα καλώς οίκονομούσης άγεται προνοίας δ συμπαθής εκείνος καί · φιλόστοργος πατήρ, ό τού διδάσκειν όντως καί φωτίζει?! 10 ψυχάς άξιος, δ πολύς έν συνέσει καί πλείων έν συγκαταβάσει, ό μέγας έν σοφία καί μείζων έν εύλαβεία, ό υψηλός έν , θεωρία καί υψηλότερος έν ταπεινώσει, ό πλούσιος έν θεώ : καί πτωχός έν πνεύματι, ό ήδύς τω λόγω καί ήδύτερος την; απαντήσει, δ επιστήμων ιατρός ήν βούλει νόσον καί ίατρείαν, 15 ό πλουσίοις, πένησι, σοφοϊς, άμα,Οέσι, γυναιξίν, άνδράσίΜ γέρουσι, νέοις, Θλιβομένοις, εύθυμούσι, ξένοις, ίδιοις, μιγάσιψ' μοναδικοΐς, άρχουσιν, άρχομένοις, δούλοις, έλευθέροις, την αγίαν εκείνην καί μυριόμορφον άντιταλαντεύσας οικονομίαν/' πάσιν άεί τά πάντα γινόμενος καί κερδάνας τούς πλείονας; ‘ 7. ’Αλλ’ ήδη καιρός, άγαπητέ, την γλυκείαν των πατρικών/ λόγων παραθήναι σοι τράπεζαν, ής ούδέ τδ της λέξεως> άκαλλώπιστον ολίγον εις ωφέλειαν ’ τοιούτος γάρ ών κάί.·, τον λόγον ύψηλός, εκείνος ό θείος όντως άνήρ καί έν τούτφ'ί 5 διά την έντολήν όμως τοίς ταπεινοίς συναπάγεται, τδ πεζόν’.; της λέξεως καί τό της φωνής άκατάσκευον πα'ζταχού ■ προτιμήσας. Σύ δέ τής -(Λίησίας καί μακαρίας σπουδής τή’$ 5. 1S μελητηπκόν : με>«ητικόν 11 PS. 8. 3 Δέον : Δέον $ DHP Δέον ον Ε |] 7 καλώς οω. PST || 13 έν τφ DEH τω Ρ. LETTRE D’ENVOI, 5-7 119 respect, l’amour du beau, mais sans frivolité, tout cela s’accordant par un divin discernement ; avant tout et par-dessus tout, l’humilité, la bonne grâce, la longanimité, la constance, la vigilance, l’habitude de la réflexion. 6. Mais pourquoi faub-il que j’essaye d’énumérer chacune de scs vertus? C’est comme si on comptait Les gouttes de pluie et les vagues de la mer. Je m’étais d’ailleurs fixé comme règle obligée de ce discours, de ne pas oser entre­ prendre ce qui ne me convient pas. C’est à vous plutôt que revient la douce recherche de tout cela, à vous qui faites vos délices de telles choses, afin d’apprendre de quelle conduite et sainte vie a été amené à l’enseignement divin et au soin des âmes par la Providence qui dispose tout parfaitement, ce Père compatissant et affectueux, vraiment digne d’instruire et d’éclairer les âmes, débordant de science et plus encore de condescendance, grand par la sagesse et plus grand par la piété, sublime en contem­ plation et plus sublime encore en humilité, riche en Dieu et pauvre en esprit, agréable par la parole et plus encore par la présence ; médecin connaissant chaque maladie et son remède, qui a appliqué ce traitement saint et multi­ forme aux riches, aux pauvres, aux savants, aux ignorants, aux femmes, aux hommes, aux vieux, aux jeunes, aux affligés, aux heureux, aux étrangers, aux compatriotes, aux gens du monde, aux moines, aux maîtres, aux sujets, aux esclaves, aux hommes libres, se faisant toujours tout à tous cl en gagnant le plus grand nombre (cf. 1 Cor. 9, 22). 7. Mais il est temps, très cher, de te présenter la table savoureuse des discours paternels, dont l’absence même d'ornement littéraire n’est pas d’un faible avantage. Si grand qu’il soit en effet et si sublime que soit sa parole, cet homme vraiment divin s’y montre pourtant «condes­ cendant aux humbles », selon le précepte (Rom. 12. 16), préférant toujours le style simple et le langage sans apprêt. Quant à toi, trouvant le profit digne de ton zèle sincère 120 ŒUVRES SPIRITUELLES άπόλαυσιν εύρών αξίαν, ένδαψιλεύου το'ις έμοϊς έφοδίοις, την αγίαν έπιβατεύων του καλώς ποθου μενού σοι πολιτείαν 10 καί της έμής νωθρότητος ύπερευχόμενος. Πρότερον δέ έν συντόμφ έρώ καί τά κατά τον μακάριον Δοσίθεον, τδν γενόμενον πρώτον μαθητήν του μακαρίου άβοα Δωροθέου, ετι οντος αύτοΰ έν τοις του άββα Σερίδου καί τον άγώνα της κατά Χριστόν ύποταγης έξανύοντος. 7. S έμοις : καλοϊς DE HP. LETTRE D’ENVOI, 7 121 et bienheureux, sers-toi largement des provisions que j’ai amassées, applique-toi à la sainte vie de celui que tu aimes tant, et prie pour ma nonchalance. Auparavant je dirai en résumé ce qui concerne le bienheureux Dosithée, qui fut le premier disciple du bien­ heureux abbé Dorothée, alors que celui-ci était encore au monastère de l'abbé Séridos, menant victorieusement le combat de la soumission selon le Christ. ΠΕΡΙ TOY ABBA ΔΟΣΙΘΕΟΥ 1. Ό μακάριος όντως άοβάς Δωρόθεος τδν μονήρη σύν Θεω βίον άσπασάμενος είς τδ του άοβα Σερίδου κοινόβιό άνεχώρησεν ’ ένθα μεγάλους τινάς καί πολλούς εδρί άσκητάς ησυχάζοντας, έν ο'ίς ή σαν διαπρεποντες δύο μεγάλο γέροντες, ο τε αγιότατος Βαρσανούφιος καί ό αύτ<$ μαθητής ήτοι συνασκητής ό άοβάς ’Ιωάννης, ό έπικληθεί Προφήτης διά τδ διορατικόν χάρισμα ο εϊχεν παρά τοΰ Θεού. Οις μετά πάσης πληροφορίας εαυτόν παραδεδωκ τώ μέν Μεγάλφ Γέροντι διά τού έν άγίοις άοβά Σερίδοίο 10 διελέγετο, τω δέ άβοφ ’Ιωάννη τώ Προφήτη καί ύπηρετησα κατηξιώθη. Συνεϊδον ούν οί προειρημένοι άγιοι γέροντε ποιήσαι αύτδν έκεΐσε νοσοκομειον καί φροντίζειν αύτοϋ! πάνυ γάρ έκοπίων οί αδελφοί οτε ήρρώστουν, μή έχοντ τδν έπιμελούμενον αύτών. Έποίησεν ούν συνεργεία Θεοϋ _ 15 τδ νοσοκομειον, τού ίδιου αδελφού τού κατά σάρκα χωρή γούντος αύτώ τάς δαπάνας ‘ ήν γάρ πάνυ φιλόχρ ιστός καί; ; φιλομόνακος δ άνήρ. Καί ήν αύτός, ώς ειπον, ό άβ|ί Δοίρόθεος. μετά καί άλ>»ων τινών αδελφών εύλαοών, θερά§3 πεύων τούς αρρώστους · αύτδς δέ είχε την φροντίδα τη^ 20 τοιαύτης διοικήσεο>ς. Mss : AEGHPSTBr 1. 1-2 ordo βίον σύν Θεφ AGBr || 10 τφ δέ άδβά Ιωάννη τφ Πρ<^ φήτη : τδν δέ άβδάν Ίωάννην τδν Προφήτην AGHPBr. 1. Pour la i'ie de saint Dosilkée, nous suivons souvent Vexceliefl traduction de P. M. BnuN (OC XXVI, 2, 11)32, p. 103-123). No avons tenu compte des corrections du P. F. Hai.kin (Anal. Botta 1934, p. 414). '( 2. Sur le sens de ce mot, et. I. HaushkkR, OCP 1956, p. VIE DE SAINT DOSITHÉE1 1. Ce vrai bienheureux que fut i’abbé Dorothée, embrassant avec la grâce de Dieu la vie monastique, se relira dans le monastère de l’abbé Séridos. Il y trouva beaucoup de grands ascètes qui vivaient en hésychaslcs2. Parmi eux brillaient deux Vieillards remarquables, le très saint Barsanuphe et son disciple ou plus exactement son compagnon d’ascèse, l’abbé Jean, surnommé le Prophète à cause du don de discernement qu’il avait reçu de Dieu. En toute confiance Dorothée s’abandonna à eux : il commu­ niquait avec le Grand Vieillard par l’intermédiaire du saint abbé Séridos, et il fut même jugé digne de servir l'abbé Jean le Prophète. Ces saints Vieillards décidèrent ensemble qu’il bâtît là une infirmerie et qu’il en eût la charge ; car les frères souffraient beaucoup lorsqu’ils étaient malades, n’ayant personne pour s’occuper d'eux. Il fit donc l’infirmerie avec l’aide de Dieu, son propre frère selon la chair pourvoyant aux dépenses — cet homme était en effet très bon chrétien et grand ami des moines. Et, comme je l’ai dit, c'était l’abbé Dorothéc qui soignait les malades avec quelques autres frères craignant Dieu, lui-même ayant la responsabilité de ce service. U vient de ήσυχία qui < désigne principalement la solitude à la recherche de Dieu par la contemplation » (I. Hausherr, Phtlaulie, p. 91). De façon générale, hésychastc s'oppose à cénobite. 11 s'agit du moine parvenu déjà à une certaine perfection, qui mène en marge de la vie commune une vie de solitude pouvant aller jusqu’à la réclusion complète, comme c’était le cas de Barsanuphe et de Jean le Prophète. 124 ŒUVRES SPIRITUELLES 2. Έν μια οδν των ήμερων μεταστέλλεται αύτδν ό ; ηγούμενος ό άββάς Σεριδος ’ και έλΟών ευρίσκει παρ’ j αύτω τινα νεώτερον, στρατιωτικά φοροΰντα, τρυφερώτατον. I πάνυ καί εύειδέστατον. Ούτος δέ ήν έλΟών τότε εις το I 5 μοναστήριον μετά τινων αγαπητών του άβυά, άνΟρώπώ^Μ τού Δουκός. 'Ώς ούν ήλθεν ό άβοάς Δωρόθεος, λαμοάνενΛ αύτόν κατ’ ιδίαν αύτδς ί> άββάς καί λέγει αύτω · Ούτοι οι ;d άνθρωποι ήνεγκαν τον νεώτερον τούτον, λέγοντες ότι θέλει | μεΐναι ώδε εις το μοναστήριον, καί φοβούμαι μήπως ούτός,ΐ 10 τινός έστιν τούτων των μεγάλων, καί ή έκ?%εψεν ή τίποτε I έποίησεν και θέλει φυγεϊν και εύρεθώμεν εις πειρασμόν, J Ούτε γάρ τδ σχήμα αύτού ούτε ή ιδέα αύτού έστίν τινο^ηϊ θέλοντος μονάσαι. 3. ΤΗν δε ούτος δηλίκιόν τίνος στρατηλάτου, διάγων έν ό πολλή τρυφή ’ άέι γάρ έν πολλή βλακεία εισί τά δηλίκια των I τοιούτων · ούδέποτε δέ ήν άκούσας λόγον Θεού. Τινές δέ:..., άνθρωποι τού στρατηλάτου διηγήσαντο επί αύτού τά περί I 5 τής * Αγίας Πόλεως, καί έπεΟύμησεν ιδειν τά εκεί. ’Έιτησεν , ούν τον στρατηλάτην πέμψαι αύτδν ίστορήσα.ι τούς αγίους τόπους. '0 δέ μή θέλων λυπησαι αύτόν, ευρέν τινα φίΐ.ον | αύτού γνήσιον απερχόμενον επί τά έκείσε, καί λέγει αύτω · Χάρισαί μοι καί λαβέ τον νεώτερον τούτον μετά σου, 1νί· 10 ίστορήσ'/) τούς άγιους τόπους. Ό δέ, ώς παρά στρατηλάτου/· δεξάμε-νος τον παιδα, εΐχεν αύτδν έν πά<τη τιμή καί αναπαύσει^ συνεσΟίοντα αύτφ καί τή γυναικί αύτού. 2. 12 τίνος om, ΛΊ Br. 1. Nous retrouverons fréquemment chez Dorothée cet emploi : particulier de άδβϊς (avec l’article et non suivi d’un nom propre): comme synonyme d’higoumène, très rare chez les byzantins. De «le rnot abbé n'entraîne point l’idée du supériorat > (J. Pahgoiw; " L'Église byzantine, p. 69). «En saint Dorothée, abbas conserve s·' nuance antique de moine avancé en perfection ; s’il désigne ûuid.'.' parfois le supérieur, cc n’est pas en vertu du mot lui-même comiM· VIR DE S. DOSITIIÉE, 2-3 125 2. Or un jour, il est mandé par l’higoumène, l’abbé Séri­ dos. Il vient et trouve auprès de lui un adolescent portant l’habit militaire, et d'un aspect très délicat et très gracieux. Ce jeune homme venait d’arriver au monastère avec quelques amis de l’abbé1, gens du Duc. Lors donc que Dorothée se présente, l’abbé le prend à part eb lui dit : «Ces hommes ont amené cet adolescent et disent qu’il veut rester ici dans le monastère, mais j’ai bien peur qu’il n’appartienne à l’un de ces grands personnages, qu’il n’ait voulu fuir après avoir commis un vol ou quelque autre méfait2, et que nous n’ayons des ennuis. Il n’a en effet ni l’allure ni la mine de quelqu’un qui veut se faire moine. » 3. De fait, page d’un general, il avait mené une vie très amollissante — les pages de Lels personnages sont en effet toujours d’une grande mollesse —, et jamais il n’avait entendu dire un mob de Dieu5. Mais quelques soldats du général ayant décrit devant lui la Ville Sainte, il avait désiré la voir et prié le général de l’envoyer visiter les Lieux Saints. Celui-ci, ne voulant pas le contrister, avait trouvé un de scs bons amis qui s’y rendait, et lui avait dit : « Fais-moi la grâce de prendre ce jeune homme avec toi, pour qu’il visite les Lieux Saints. » Ayant donc reçu le garçon des mains d’un général, ceb homme le traitait avec beaucoup d’egards et de ménagements, le faisant manger avec lui et sa femme. chez les latins, mais parce que, de fait, le supérieur se trouve être un saint ; Séridos, Barsanuphe ou Jean le Prophète » (1. Hæusherr, Direction, p. 37). 2. Ceci correspond aux prescriptions de la Règle Pachômienne : «Si quelqu’un a frappé à la porte d’un monastère dans le désir de renoncer au siècle et de s’adjoindre aux frères, il no lui sera pas permis d’entrer (immédiatement)..., ear il est à craindre que, après avoir commis quelque crime, troublé pour un temps, il ait quitté le monde par frayeur... » (Praec. 49, édit. Boon, Louvain 1932, p. 25). 3. Cf. Dorothée $ 21, p. 179. J 26 15 20 52 30 35 •10 ŒUVRES SPIRITUELLES ‘Ως ούν ήλθον εις την 'Αγίαν Πόλιν καί προσεκύνουν τούς αγίους τόπους, ήλΟον εις Γεθσημανεί. ΤΗν δέ έκεϊ ιστορία της κολάσεως. Ώς ούν ιστατο προσέχων ο νεότερος καί έκπληττόμενος, δρα γυναίκα σεμνήν, φορούσαν πορφυρά ■μάτια, ίσταμένην πλησίον αύτού καί ύποδεικνύουσαν αύτω έκαστον των κρινομένων, καί άλλα δέ τινα ώς άφ’ έαυτης ένουθέτει αύτόν. Ό δέ παϊς άκούων παρ’ αυτής άπηνεοΰτο καί έθαύμαζεν * καθώς γάρ εΖπον, ούδέποτε ήν άκούσας λόγον Θεού, ή ότι έστιν κρίσις. Λέγει ούν αύτη · Κυρία, τί ποιήσει τις ίνα έξειλήση των κολάσεων τούτων ; Ή δέ άποκριθεϊσα εϊπεν αύτω ' Νήστευε καί μή τρώγε κρέα καί εΰχου συνεχώς, καί έξειλεϊς των κολάσεων. Μετά δέ τδ δούναι αύτω τας τρεις έντολάς ταύτας, ούκ έτι έφάνη αύτω, άλλ’ έγένετο αφανής. "Εκτοτε ούν έμεινεν ό παϊς κατανενυγμένος και φυλάσσων τάς τρεις έντολάς άς έ'δωκεν αύτω. Ό δέ φίλος τού στρατηλάτου βλέπων αύτόν νηστεύοντα καί μή τρώγοντα κρέα, έθλίβετο διά τδν στρατηλάτην ' ήδει γάρ οτι εϊχεν αύτόν ώς μέγα τίποτε. ()ί δέ μετ’ αύτού στρατιώται βλέποντες αύτόν έν τοιαυτη διαγωγή λέγουσιν αύτω · Τέκνον, ταΰτα ά. ποιείς ούκ είσίν τίνος θέλοντας είναι εις τδν κόσμον · εΐ δέ ούτως θέλεις, ύπαγε εις μονασ­ τήριον καί σώζεις την ψυχήν σου. Ό δέ ούδέ τίποτε κατά Θεόν ήδει, ούδέ τί έστιν μοναστήριον ' μόνον δέ έφύλαττεν ά ήκουσεν παρ’ εκείνης. Λέγει ούν αύτοϊς εκείνος · ‘Όπου οϊδατε, λάοετέ με ’ έγώ γάρ ούκ οϊδα πού ποτέ άπελΟεϊν. Τινές δέ αύτών, ώς εϊπον, ήσαν άγαπητοί τού άββά Σερίδου, καί ήλθον εις τδ μοναστήριον φέροντες τδν παϊδα μεΟ’ εαυτών. 4. Ώς ούν έπεμψεν ο άββας τδν μακάριον Δωρόθεον λαλήσαι αύτω, περιηργάζετο αύτόν, καί ούδέν άλλο ήδει είπεϊν εί μή μόνον ' Σωθήναι θέλω. "Ερχεται ούν καί λέγει τ<ρ άβοα ■ Έάν όλως συνορας δέξασθαι αύτόν, μηδέν 5 φοβηθής · ούδέν γάρ φαύλον εχει. Καί λέγει αύτώ ό άββας ’ 3. 14 ιστορία : ή Ιστορία HSTBr. VIE DE S. DOSITHÊE, 3-4 ÿ S B 127 Parvenus à la Ville Sainte et vénérant les Lieux Saints, ils se rendirent à Gethsémani. Or, il y avait là une repré­ sentation de renier. Tandis que le jeune homme regardait, attentif et surpris, il voit une femme majestueuse, vêtue de pourpre, qui se tenait près de lui et lui donnait des explications sur chacun des damnés. Et, comme d'ellcmême, elle l’instruisait encore sur différents autres points. Le garçon l’écoulait, dans l'admiration et l’étonnement. Comme je l’ai dit, jamais il n’avait entendu dire un mot de Dieu, ni qu’il y eût un jugement. Il lui demanda donc : « Madame, que faut-il faire, pour échapper à ces châti­ ments?» Elle lui répondit : «Jeûne, ne mange pas de viande, prie continuellement ; et tu échapperas aux châtiments, n Après qu’elle lui eut donné ces trois comman­ dements, il ne la vit plus, mais elle devint invisible. Des lors, le garçon resta pénétre de componction, et il gardait les trois commandements qu’elle lui avait donnés. L’ami du général, le voyant jeûner et s'abstenir de viande, s’inquiétait à cause du général, car il savait en quelle estime celui-ci le tenait. Quant aux soldats qui raccom­ pagnaient, le voyant vivre ainsi, ils lui disent : « Petit, ce que tu fais ne convient pas à qui veut rester dans le monde ; si tu y tiens, va dans un monastère et tu sauveras ton âme. » Mais lui n’avait pas la moindre idée de Dieu ni de ce qu’était un monastère ; il observait seulement les commandements de la Dame. Il leur dit donc : « Menez-moi au lieu que vous connaissez, car moi je ne sais pas du tout où aller. » Or quelques-uns d’entre eux, comme je l’ai dit, étaient amis de l’abbé Séridos, et ils vinrent au monastère, amenant le garçon avec eux. 4. Envoyé par l’abbé pour parier avec lui, le bienheureux Dorothée l’examina avec grand soin ; et. l'enfant ne savait dire que ces seuls mots : « Je veux être sauvé. » Dorothée revint donc dire à l’abbé : « Si lu es vraiment d’avis de le recevoir, n’aie aucune crainte ; il n’y a rien de mauvais 128 ŒUVRES SPIRITUELLES Ούκοΰν ποίησον άγάπην καί λαοέ αύτόν παρά σοί ίνχ σωθή ' ού θέλω γάρ αύτόν είναι μεταξύ των άδελφών. Ό δέ από εύλαβείας έμεινεν παραιτούμενος και λέγων δτι · 'Υπέρ τήν κατάστασίν μου έστίν τό άναδέξασθαι 10 βάρος τίνος ' καί ούκ έστιν τούτο των μέτρων μου. Λέγει αύτφ ό άβοας ' Έγώ τό βάρος σου καί αύτού βαστάζω · σύ διά τί Ολίοη ; Τότε λέγει αύτω · Ούκοΰν άπότε τούτο πάντως £κρινας, έάν συνορας, άνάΟου τφ Γέροντι. Καί λέγει αύτω ' Καλώς, έγώ λέγω αύτω. Απέρχεται οΰν καί λέγε», τω Μεγάλω Γέροντι, καί 15 δηλοϊ αύτω ό Γέρων ούτως · Δέξαι αύτόν, διά σου γάρ έχει ό Θεός σώσαι αύτόν. Τότε έδέξατο αύτόν μετά χαρας, καί εϊχεν αύτόν μεθ’ εαυτού έν τω νοσοκομείω. Έλέγετο δέ τό όνομα αύτοΰ ΔοσίΟεος. 5. *Οτε δέ ήλθεν ό καιρός τού φαγείν, λέγει αύτω ’ Φάγε ΐνα χορτασθής, μόνον μάθε μοι πόσον τρώγεις. Καί ήλθεν λέγων αύτω ’ Έφαγον ένα ήμισυ άρτον. Είχεν δέ ό άρτος τέσσαρας λίτρας. Καί λέγει αύτω ' Καλώς έχεις, 5 Δοσίθεε ; ’Αποκρίνεται ’ Ναί, καλώς έχω, κύρι. Λέγβι αύτω · Μή πείνας ; Λέγει ' Ούχί, δέσποτα, ού πεινώ. Τότε λέγει αύτω ' Ούκοΰν τρώγε τόν ένα άρτον καί τό τέταρτον τού άλλου άρτου ' καί ποίησον τό άλλο τέταρτον εις δύο, καΐ φάγε τό ήμισυ καί άφες τό ήμισυ. Καί έποίησεν 10 ούτθ)ς. Λέγει αύτω ' Πείνας, Δοσίθεε ; Καί αποκρίνεται ' Ναί, κύρι, πεινώ μικρόν. Μετ’ όλίγα-ς ημέρας πάλιν λέγει αύτω · Πώς έχεις, Δοσίθεε ; Έμεινας πεινών : Λέγει * Ούχί, κύρι, διά των εύχών σου καλώς έχω. Λέγει αύτω · Ούκοΰν έπαρον τό 15 άλλο ήμισυ τοΰ τετάρτου. Καί έποίησεν ούτως. 4. 10 τούτο om. ATBr. 1. « Il s'agit évidemment de livres romaines de 12 onces, soil 327 grammes. Le pain était d’environ 1.300 grammes. Bosithée en mangeait prés de 2 kilogrammes « (P. M. Brun, note b, p. 109). 2. Ce mot n'est pas facile à rendre en français. Il « ne comporte VIE DE S. DOSITHÉE, 4-5 î > - 129 en lui.— Eh bien, dit alors l’ahbé, fais-moi la charité de le prendre avec toi pour son salut, car je ne veux pas qu’il soit mêlé aux frères. » Mais Dorothée, par modestie, résista longtemps, disant : « Il est au-dessus de mon état de recevoir la charge de quelqu’un, et cela n’est pas à ma mesure. — C'est moi qui me charge de toi et de lui, reprit l’abbé ; pourquoi te mettre en peine ? — Allons, dit Dorothée, puisque déci­ dément tu y tiens, si tu le juges bon, expose la chose au Vieillard. — Bon ! je vais lui en parler. » Il va donc le dire au Grand Vieillard. Et celui-ci fit savoir au bienheureux : « Accepte-Ic, car c'est par toi que Dieu Je sauvera. » Alors Dorothée l’accueillit avec joie et l'eut avec lui à l'infirmerie. El son nom était Dosithée. 5. Quand arriva l’heure de manger, Dorothée lui dit : « Mange à ta faim ; seulement dis-moi ce que tu manges, d Et il revint disant : a J’ai mangé un pain et demi. » Or, le pain était de quatre livres1. Dorothée lui dit : « Te sens-tu bien, Dosithée? — Oui, seigneur2, je me sens bien. — N’as-tu pas faim? — Non, maître, je n’ai pas faim. — Eh bien, désormais, mange le premier pain et le quart de l’autre. Quant à l’autre quart, partage-le en deux ; manges-cn la moitié et laisse l’autre moitié. » Et il fit ainsi. Dorothée lui dit : « As-tu faim, Dosithée? — Oui, seigneur, un peu.» Quelques jours après, Dorothée lui demande encore : «Comment vas-tu, Dosithée, as-tu toujours faim? — Non, seigneur, grace à tes prières, cela va bien. — Alors, dit Dorothée, retranche l'autre moitié du quart. « Et il fit ainsi. aucune nuance d'ordre spirituel. C'est un simple terme de déférente politesse, mime quand les enfants lo disent à lour père (Cf. Antoine Hepjtbs, Diet. grec-français, s. v. κύρης). La vieille traduc­ tion de P. Du Mont le rend par «sire» (I. Haushebh, Direction, p. 119). Ici nous pouvons adopter la traduction de P. M. Brun : < seigneur ». Mais lorsque Dorothée l'emploie en parlant à ses moines, il exprime beaucoup plus la familiarité que le respect. 130 ŒUVRES SPIRITUELLES Πάλιν μετ’ ολίγος ημέρας λέγει αύτώ * Πώς εΐ άρτι ; μή πείνας ; Αποκρίνεται ' Καλώς είμί, κΰρι. Λέγει αύτώ · ΙΙοίησον τδ άλλο τέταρτον είς δύο, καί φάγε τδ ήμισυ καί άφες τδ ήμισυ. Καί έποίησεν ομοίως. Καί 20 ούτως του Θεού συνεργούντος, κατά μικρόν μικρδν άπδ εξ λιτρών κατέστη είς δκτώ δγκίας ’ καί γάρ συνήθειά έστιν καί έν τω φαγεϊν. 5 10 15 20 6. *Ην δέ αύτδς δ νεότερος επιεικέστατος είς παν έργον δ έποίει * ύπηρέτει δέ τοΐς άρρώστοις έν τω νοσοκομείο, καί έκαστος έπανεπαύετο τη ύπηρεσίφ αύτοΰ ’ πάντα γάρ καθαρός έποίει. Εί συνέβη δέ αύτδν δλιγωρήσαι πρός τινα τών άρ ρόστων καί είπεϊν ρήμα μετ’ όργής, ήφιεν πάντα καί είσηρχετο είς τδ κβλλάριον κλαίων. ‘Ως οΰν είσήρχοντο οί άλλοι ύπηρέται του νοσοκομείου παραμυθήσασθαι αυτόν, καί ου παρεκαλεΐτο, ήρχοντο καί έλεγον τω άβοα Δωροθέω · ΙΙοίησον άγάπην, κυρι, μάθε τί έχει ούτος ό άδελφός, δτι κλαίει, καί ούκ οϊδαμεν διά τί. Καί είσηρχετο καί ηύρισκεν αύτδν χαμαί καθήμενον καί κλαίοντα ’ καί έλεγεν αύτώ · Τί ένι, Δοσίθεε ; Τί έχεις ; Διά τί κλαίεις ; Καί έλεγεν · Συγχόρησον, κύρι, δτι ώργίσθην καί έλάλησα κακώς τφ άδελφώ μου. Καί έλεγεν αύτώ · Ναί, Δοσίθεε, έπεί όργίζη καί ούκ αισχύνη όργιζύμενος καί λαλών κακώς τω άδελφώ σου, ούκ οϊδας δτι αύτός έστιν δ Χριστός καί θλίβεις τδν Χριστόν ; Καί έβαλλεν κάτω τήν οψιν κλαίων καί μηδέν λέγων. ‘Ως δέ έβλεπεν δτι εκλαυσεν ίκανώς, έλεγεν αύτώ είτα * Ό Θεός συγχώρηση σοι. ‘Έγειρε, άπδ του νυν βάλωμεν άρχήν. Σπουδάσω μεν του λοιπού καί ό Θεός βοηθεϊ. Εύθέως δέ ώς ήκουεν, ήγείρετο τρέχων μετά χαράς είς την υπηρεσίαν, ώς δτι άληθώς παρά Θεού έδεξατο την συγχόρησιν. 6. 4 ζαΟχρώς : -ρίως ASTBr || 17 έυαλλεν : έβαλεν AHBr || 22 άληθώς om. ASTBr. 1. « Huit onces, c’est-à-diro 218 grammes » (P. M. Brun, note C, p. 109). VIE DE S. DOSITHÉE, 5-6 j·’ ; » l. ' ’ S ,, 131 De nouveau, au bout de quelques jours : «Comment vas-tu maintenant ? As-tu faim ? — Cela va bien, seigneur. — Partage donc l’autre quart en deux ; mangesen la moitié et laisse la seconde moitié. » Ce qu’il fit. Et ainsi, Dieu aidant, petit à petit, il descendit de six livres à huit onces1 ; car même dans le manger, il y a une accoutumance. 6. Le jeune Dosithée était très habile2 en tout travail qu’il faisait. Il servait· les malades à l’infirmerie, et chacun était content de ses services, car il faisait parfaitement toutes choses. S'il lui arrivait pourtant, de s’impatienter contre l’un des malades et de dire un mot avec humeur, il laissait tout et entrait dans le cellier en pleurant. Les autres servants de l’infirmerie y venaient pour le récon­ forter, mais il ne se consolait point. Alors ils allaient dire à l’abbé Dorothée : « Seigneur, aie la bonté de voir ce qu’a ce frère : il pleure et nous ne savons pourquoi. » Il entrait et le trouvait assis par terre, tout en larmes. Il lui disait : «Qu’y a-t-il, Dosithée? Qu’as-tu? Pourquoi pleures-tu? — Pardonne-moi, seigneur. Je me suis fâché et j’ai mal parlé à mon frère. — Ainsi, Dosithée, tu te fâches ! Et tu n’as pas honte de te mettre en colère et de mal parler à ton frère ! Ne sais-tu donc pas qu’il est le Christ, et que c’est au Christ que tu fais de la peine?» Et Dosithée baissait les yeux, en pleurant, sans rien dire. Quand Dorothée voyait qu’il avait suffisamment pleuré, il lui disait alors : « Que Dieu te pardonne ! Allons, debout ! Reprenons tout à partir de maintenant. Soyons attentifs désormais, et Dieu nous aidera 1 » Aussitôt qu’il avait entendu, Dosithée se levait et courait avec joie à son service, persuadé qu'il avait vraiment reçu de Dieu son pardon. 2. Traduction de F. Ilalkin (loc. cil.). Cf. plus loin, au § 7 : μετά πολλής έπιεικείας. 132 ŒUVRES SPIRITUELLES Μάθοντες ούν οί του νοσοκομείου τό έθος αύτοΰ, οτε εβλεπον αύτόυ κλαίοντα, έλεγον · Τίποτε έχει Δοσίθεος ; 25 Τίποτε έσφάλη ; Καί έ'λεγον τω μακαρίω ΔωροΟέω ’ Κΰρι, εισελΟε είς τό κελλάριον, ότι έχεις έκεϊ έργου. ‘Ως οδν είσήρχετο καί ηΰρισκεν αύτόυ χαμαί καθήμενον καί κλαίοντα, ένόει δτι κακώς έλάλησε ρήμα, και ελεγεν αύτώ ' Τί ένι, Δοσίθεε ; Πάλιν τόν Χρίστον εθλιψας ; Πάλιν ώργίσθης ; 30 Ούκ αισχύνη ; Ού διορθοΰσαι λοιπόν ; Καί έμενεν κλαίων επί πολύ · πάλιν ώς έβλεπεν δτι έχορτάσθη κλαίων, ελεγεν αύτώ ' “Εγειρε, ό Θεός συγχώρηση σοι · πάλιν βάλε αρχήν. Διόρθωσαι λοιπόν. ‘0 δέ εύθέως μετά πίστεως άπετινάσσετο τήν λύπην καί άπήρχετο εις τό έργου αύτοΰ. 7. ’Εστρώννυεν δέ τοϊς άορώστοις καλώς πάνυ. Τοιοΰτος δέ ήυ περί τόν λογισμόν έλευθέριος καί έξαγγελτικός δτι πολλάκις, έν δσω έφιλοκάλει στρωμνήν, έΟεώρει τόν μακάριον παρερχόμενον καί ελεγεν αύτώ · Κΰρι, Κΰρι, λέγει ό 5 λογισμός μου · καλώς στρωννύεις. Καί άπεκρίνατο εκείνος ' Βαδαί, κΰρι ’ ίδοΰ εΐ καλός δούλος, έγένου καλός βρεγκάριος * μή γάρ καλός μοναχός ; Ούδέποτε δέ εϊασεν αύτδν προσπαθήσαι πράγματι ή οΐα δήποτε όλη. Πάντα γάρ έδέχετο μετά χαράς καί πίστεως, καί εις πάντα προθύμως 10 ύπήκουεν. “Οτε δέ έχρηζευ ίματίου, παρεΐχεν αύτώ ' και άπερχόμενος έρραπτεν αύτό μετά πολλής επιείκειας καί φιλοκαλίας. Καί μεθ’ δ έποίει αύτό, ελεγεν αύτώ ’ Δοσίθεε. έρραψας έκεινο τό ίμάτιον ; Καί έλεγευ · Ναί, κΰρι, καί έφιλοκάλησα αύτό καλώς. Καί ελεγεν · “Υπαγε δός αύτό 15 τωδε τω άδελφώ ή τώδε τω άσθενοΰντι. Καί άπήρχετο, 6. 30 κλαίων έπΐ πολύ : έκεΣνος κλαίων ΛΕΒγ || 34 λύπην : λυπήν ineirrfj ΛΕΒγ. 7. 12 Ιλεγβν : έκάλε·. αύτόν και έλεγε'? ΑΕΒγ. 1. Litt. : un bon vannier, un vannier fin. C(. Du Cangr {Gloser.. I.ugd. 1G87, I, 226) qui «rapproche le mot Λ* επειδή ούκ ήθελεν αύτον έχειν προσπάθειαν είς οΐαν δήποτε ύλην, ούκ ήθέλησεν ΐνα κρατήση αύτό. Λέγει οδν αύτώ · Δοσίθεε, ούτως άρέσκει σοι ; Θέλεις είναι δούλος τού μαχαιριού τούτου καί ού 15 δούλος τού Θεού ; Ναί, Δοσίθεε, άρέσκει σοι ; ΐνα δέδεσαι τη προσπαθείς τού μαχαιριού τούτου ; Και ούκ αισχύνη ότι θέλεις ΐνα τδ μαχαίριον τούτο κυριεύση σου, καί μή δ Θεός ; ‘Q δέ άκούων ούκ άνένευεν, άλλ* έβαλλε κάτω την βψιν σιωπών. 'Ύστερον δέ μεθ’ δ έμεινεν έγκαλών, λέγει 7. 21 αύτδ om. ΑΕΒγ. 8. 8 αύτό ΟΠΕ ΑΕΒγ || 18 έβαλλε ; έβαλε APBr. 1. « Nul dictionnaire ne semble avoir signale ce mot... ». Le copiste du Cassinensis 431 (xc-xi" s.) u noté en marge : έκ του λεξικού κλύσται ' άρτοσπογγίται : · m. à in. éponges do pain. Nous avons en vain cherché de quel Lexicon il s’agissait. Quoi qu'il en soil, la dépendance de la racine κλύζω ne semble pas douteuse. Il s'agit de bouchées de pain destinées à être trempées dans les sauces, et à nettoyer des fonds d’assietto ; de celles qu’on appelle des VIE DE S. DOSITHÉE, 7-8 135 allait le donner avec empressement. Dorothée lui en fournissait un autre, et, de la même façon, quand il l’avait arrangé avec soin, il lui disait : « Donnc-lc à tel frère. » Et il le donnait aussitôt, sans jamais s’attrister ni dire en murmurant : «Après que j'ai pris la peine de le raccom­ moder et de le remettre à neuf, il me le prend et le donne à un autre. » Mais tout ce qu’il entendait de bien, il s’empressait de l’accomplir. 8. Une autre fois, un commissionnaire apporta un couteau très bon et de belle apparence. Dosithée le prit et le porta à l’abbé Dorothée : « Le frère, un tel, lui dit-il, a apporté ce couteau, et je l’ai pris afin qu’avec ton assenti­ ment, nous le gardions à l’infirmerie, car il coupe très bien les mouillettes1. » Or jamais ce bienheureux n’acquérait de belles choses pour l’infirmerie, rien de plus que la qualité convenable. 11 lui dit donc : «Apportc-le, que je voie s’il est bon. » Dosithée le lui donna en disant : « Oui, seigneur, il est bon pour les mouillettes. » Dorothée vit bien, lui aussi, qu’en vérité le couteau était bon pour cet usage ; mais comme il ne voulait pas qu'il eût aucune attache pour un objet quelconque, il ne souffrit pas qu’il le gardât. Il lui dit donc : «Ainsi, Dosithée, il te plaît tellement? Veux-tu être l’esclave de ce couteau et non pas l'esclave de Dieu2? Vrai, Dosithée, il te plaît? Et te voilà lié par une attache à ce couteau ? Et tu n’as pas honte de vouloir avoir pour maître ce couteau plutôt que Dieu?» Lui écoutait sans broncher et baissait les yeux en silence. Après l’avoir longtemps sermonné, Dorothée lui dit enfin : « mouillelies » dans le français commun. Nous avons conservé ce mol à cause de son allure populaire et de la fidélité avec laquelle il rend l’idée de la racine κλύζω > (P. M. Brun, noie b, p. 113-115). 2. Cf. Zosimb : PG 78, 1689 : le moine qui s'attache à une épingle, à une cuculle, à un manteau ou à un livre, devient esclave de cet objet an lieu d’être esclave de Dieu. Voir plus loin, p. 168, note 2. 136 ŒUVRES SPIRITUELLES 20 αύτω ‘ 'Ύπαγε Οές αύτδ καί μή άύη αύτου. Καί τοσουτον έφύλαξε του μή άψασθαι αύτου ώς μηδέ έπιδούναι αύτό τινί ποτέ, άλλα των άλλων ύπηρέτων κεχρημένων αύτω αύτος μόνος ούκ ήγγιζεν αύτου. Καί ούδέποτε είπεν ότι ' Τι εί μή απλώς έγώ από πάντων. ’Αλλά πάντα όσα ήκουεν μετά 25 χαράς έποίει. 5 10 15 20 25 9. Ούτως ούν διετέλεσεν τον μικρόν χρόνον δν έποίησεν είς τό μοναστηριον · έποίησεν γάρ ώς πέντε έτη * καί ούτως έτελεύτησεν έν ύπακοή, μή ποιήσας μήτε έν θέλημα αυτού έν τινι πράγματι, μήτε κατά προσπάθειαν ποιήσας τίποτε. ‘Ότε δέ ήσθένησεν καί αίμόπτυσεν (φθισικός γάρ άπέΟανεν), ήκουσεν παρά τίνος δτι τά ώά τά όπτοροφητά ώφελοΰσι τούς αίμοπτυικούς. Ήιδει δέ τούτο καί ό μακάριος Δωρόθεος, καί ήδέως είχεν την θεραπείαν αύτου · άλλ’ άπό τού περισπασμού ούκ ήλθεν εις τόν νουν αύτου. Λέγει ούν αύτφ εκείνος * Κΰρι, θέλω είπεϊν σοι δτι ήκουσα περί πράγματος ώφελούντός με ’ άλλ’ ού θέλω ίνα δώσγς μοι άπ* αύτου, έπειδή όχλεΐ μοι ό λογισμός μου. Λέγει αύτω ’ Είπέ μοι τί έστιν, ΔοσίΟεε ' είπέ μοι τί έστιν τό πράγμα. Καί λέγει * Δός μοι λόγον δτι ού παρέχεις μοι 1 επειδή, ώς εΖπον, όχλεί περί αύτου ύ λογισμός μου. Λέγει αύτω ’ Καλώς, ώς θέλεις ποιώ. Τότε λέγει · Ήκουσα παρά τινων ότι τά ώά τά όπτοροφητά ώφελούσι τούς αίμοπτυικούς * άλλά, διά τόν Κύριον, έάν κελεύης, έξότου ούκ έφθασας άφ* έαυτού δοΰναί μοι, μή δώσης μοι ώς διά τόν λογισμόν μου. Λέγει αύτω . Καλώς, άφού ού θέλεις, ού παρέχω σοι, μή Ολίβης. Έσπούδαζε δέ διδόναι αύτω άλλα πράγματα ώφελούντα αύτόν άντί των ωών, έπειδή ήν είπών δτι · Όχλεϊ μοι ό λογισμός περί τών ώών. ’Ιδού καί έν τοιαύτη άρρο>στία ών ήγωνίζετο κατά του ίδιου θελήματος. 9. 12 μοι om. ΛΡΒγ || 21 Έσπούδαζε : -δασεν HTBr. 1. Traduction de .1. Moue, qui rond le terme grec (ύπτός-ροφητός = cuit et facile à humer) avec autant de saveur que d’exactitude. VIE DE S. DOSITHÉE, 8-9 137 < Allons, posc-lc et n’y touche plus ! » Et Dosithée garda à ce point le souci de n’y plus toucher qu’il ne le prenait pas même pour le donner à quelqu’un, mais, alors que tous les autres servants l’utilisaient, lui seul n’en approchait pas. Et jamais il ne dit : « Pourquoi seulement moi parmi tous? » Mais tout ce qu’il entendait, il le faisait avec joie. 9. Ainsi passa-t-il le peu de temps qu’il vécut au monastère — il y vécut en effet environ cinq années —, et ainsi finit-il dans l’obéissance, sans avoir jamais, en quoi que ce soit, fait une seule fois sa volonté propre, ni agi par passion. Quand il fut malade et. cracha le sang — car il mourut phtisique —, il entendit quelqu’un dire que les œufs mollets1 sont bons pour ceux qui crachent le sang. Le bienheureux Dorothée le savait aussi et il aimait beaucoup À soigner son malade, mais par suite de ses préoccupations, cela ne lui était pas venu à l’esprit. Dosithée lui dit donc : « Seigneur, je voudrais te dire que j’ai entendu parler de quelque chose qui me ferait du bien, mais je ne veux pas que tu m’en donnes, car ma pensée m’obsède à ce sujet. — Dis-moi ce que c’est, Dosithée ; dis-moi de quoi il s’agit. — Donne-moi ta parole que tu ne me l’accorderas pas ; car, je te l’ai dit, ma pensée m’obsède à ce sujet. — Bien, je ferai comme tu veux. » Alors Dosithée lui dit : « J’ai entendu certains dire que les œufs mollets sont bons pour ceux qui crachent le sang ; mais, par le Seigneur, si tu le veux bien, puisque de toimême tu n’as pas eu l’idée de m’en procurer, ne m'en donne pas à cause de ma pensée. — Bien, puisque tu ne veux pas, je ne t’en donne pas. Sois sans inquiétude. » Et il s'efforçait de lui procurer, ά la place des œufs, d’autres choses bonnes pour lui, puisqu’il disait : « Je suis obsédé par la pensée des œufs, » Ainsi, même dans une telle maladie, il luttait contre la volonté propre. 5—1 138 5 10 15 20 ŒUVRES SPIRITUELLES 10. Εϊχεν δέ άει καί μνήμην Θεού * ήν γάρ παραδούς αύτώ τό άεί λέγειν ' Κύριε * Ιησού Χριστέ, έλέησόν με · και μεταξύ' Υιέ του Θεοΰ, βοήθησόν μοι. Εϊχεν ούν πάντοτε ταύτην τήν εύχήν. "Οτε δέ ήσΟένησεν, λέγει αύτώ · ΔοσίΟεε, φρόντισαν της ευχής, βλέπε μή άπωλέσης αύτήν. Ό δέ άποκρίνεται · Καλώς, κύρι, εΰχου ύπέρ έμου. Πάλιν ώς έβαρήΟη μικρόν, λέγει αύτω · Τί ένι, ΔοσίΟεε, πώς ή εύχή ; ’Ίσταται ακμήν ; Καί λέγει ' Ναι, κύρι, διά των εύχών σου. *Ότε δέ πλέον έβαρήΟη (εις τοιαύτην γάρ άσΟένειαν ήλΟεν ώστε έν σινδόνι βαστάζεσΟαι), λέγει αύτώ · Πώς ή ευχή, ΔοσίΟεε ; Τότε λέγει ' Συγχώρησαν, κύρι, ούκ έτι ισχύω κρατησαι αύτήν. Λέγει αύτώ · Ούκαΰν άφες τήν εύχήν ' μόνον δέ μνημόνευε τού Θεοΰ καί κατανόει αύτόν ώς όντα ένώπιόν σου. Έκοπία δέ πάνυ, καί δηλο'ί τφ Μεγάλω Γέροντι · Άπόλυσόν με, ότι ούκ έτι δύναμαι. Δηλο'ί αύτώ δ Γέρων ' Ύπόμεινον, τέκνον, έγγύς γάρ τδ έλεος του Θεοΰ. Ό δέ μακάριος Δωρόθεος έολεπεν αύτόν κάμνοντα καί έμερίμνα μήπως βλάβη. Πάλιν μχΟ’ ημέρας δηλοϊ τώ Γέροντι ’ Δέσποτά μου, ούκ έτι ισχύω. Τότε δηλο'ί αύτώ ό Γέρων "Ύπαγε έν ειρήνη, παράστηΟι τη 'Αγία Τριάδι καί πρέσβευε ύπέρ ημών. | I 11. Άκούσαντες δέ οι αδελφοί τήν άπόκρισιν του Γέροντας, ήρξαντο άγανακτειν καί λέγειν · Τί άπλώς έποίησεν ή τί 10. 1 δέ άεί : γάρ ΑΒγ 11 2 τύ om. ΛΕΒγ 11 Χριστέ : Χριστέ, ό Θεός ημών ΑΒγ || 3 καί μεταξύ om. ΑΒγ. || 20 μου om. ATBr. 11. 1 άπόκρισιν : άπόλυσιν ΑΗΒγ. 1. Le verbe παραδιδόναι a bien ici son sens précis de passer à quelqu’un ce qu’on » reçu. Dorothée avait été initie à cette prière par ses pères spirituels Barsanuphe et Jean, cl il renseigne à son tour à son disciple. Ci. p. 74. Dans son récent ouvrage Noms du Christ et voies d'oraison (OCA 157, Rome 1960, p. 237-2391, le P. I. Hausuehh a analysé en détail ce paragraphe de la vie.de Dosithie, d’un intérêt capital pour fhisloire de la Prière de Jésus. Malheureu­ sement son argumentation est en partie caduque, du fait qu’il a cru pouvoir se lier au texte donné par P. M. Brun, c’est-à-dire s VIE DE S. DOSITHÉE, 10-11 139 10. Il gardait aussi toujours le souvenir de Dieu, car Dorothée lui avait transmis1 l'usage de dire sans cesse : « Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi », et par intervalles : « Fils de Dieu, viens à mon aide. » Telle était sa prière conti­ nuelle. Lorsqu'il fut malade, Dorothée lui dit : a Dosithéc, attention à la prière, veille à ne pas la laisser t'échapper. » Et lui de répondre : «Bien, seigneur, prie pour moi.» De nouveau, quand il fut un peu accablé par le mal, Dorothée lui demanda : «Alors, Dosithéc. comment va la prière? Tient-elle toujours? » Et il dit· : «Oui, seigneur, grâce à tes prières. » Quand il fut accablé davantage — il devint si faible qu’on le portait dans un drap —, Dorothée lui dit : «Comment va la prière, Dosithée? — Pardon, seigneur, je n’ai plus la force de la soutenir. — Laisse donc la prière ; souviens-toi seulement de Dieu et pense qu’il est. devant toi. » Il souffrait beaucoup, et manda au Grand Vieillard : «Laisse-moi partir, je n’en peux plus!» Le Vieillard lui fit répondre : « Patience, mon enfant, car la miséricorde de Dieu est proche. » Le bienheureux Dorothée le voyait souffrir beaucoup et craignait qu’il n’en eût détriment. De nouveau, après quelques jours, Dosithée fit dire au Vieillard : « Maître, je suis à bout de forces ! » Alors le Vieillard lui répondit : « Va en paix ! Prends place auprès de la Sainte Trinité, et intercède pour nous2. » 11. Apprenant la réponse du Vieillard, les frères se mirent à s’indigner et à dire : « Franchement qu’a-t-il fait ou quelle était sa pratique particulière pour qu’il se soit à la version du Puris, gr. 1089 qui diffère ici de tous les témoins plus anciens. 2. Le recueil des Lettres de Barsanuphe contient quatre courtes lettres relatives à la maladie et à la mort de Dosithée. La première, adressée au malade lui-même, lui donne l’assurance de la rémission totale de scs péchés. Les trois autres sont des réponses à quelques moines qui demandaient au Grand Vieillard d’obtenir par ses prières la guérison de Dosithée (Nie. 147-150). 140 5 15 20 2δ ŒUVRES SPIRITUELLES Tjv τό έ'ργον αύτοΰ, 6τι ταΰτα ήκουσεν ; Κατά αλήθειαν γάρ ούκ έβλεπον αύτόν ή δύο δύο νηστεύοντα ώς έποίουν τινές των έκει, ή άγρυπνοΰντα πρό της αγρυπνίας · άλλ’ ούδέ εις αυτήν την άγρυπνίαν ήγείρετο, εΐ μή μετά δύο άκολουθίας. Ούδέ έ'ολεπον αύτόν ποιοΰντα μίαν άσκησιν, ά/Λ’ εολεπον αύτόν τρώγοντα μικρόν, εί τύχη, ζωμόν έκ των άρρώστων, καί, ζΐ έπερίσσευσεν, έκ των δψαρίων εν κεφαλίδων ή άλλο τι τοιοΰτον. ΤΗσαν δέ εκεί τινες, ώς εΐπον, τοσοΰτον χρόνον δύο δύο νηστεύοντες καί διπλας αγρυπνίας ποιοΰντες και άσκουντες. 'Ως ούν ήκουσαν τοιαύτην άπόκρισιν πεμφθεΐσαν παρά τού Γέροντας νεωτέρω πέντε ετη έ'χοντι εις τό μονασ­ τή ριον, έταράσσοντο άγνοοΰντες τήν εργασίαν αύτοΰ καί τήν κατά πάντα αύτοΰ ύπακοήν οτι ούδέποτε έποίησεν εν θέλημα αύτοΰ, καί τήν άδιάκριτον αύτοΰ ύπακοήν <5τι, εί έτυχέν ποτέ τόν μακάριον Δωρόθεον είπε'ίν αύτω ρήμα ώς διασύρων αύτόν, άπήρχετο τρέχων καί έποίει αύτό άδιακρίτως. Οιόν τι λέγω · Ουτος παρά τάς άρχάς ώς άπό συνήθειας έλάλει τραχυτέρως. '0 ούν μακάριος, ώς διασύρων αύτόν, έν μια λέγει αύτφ · Βουκακράτου χρήζεις, ΔοσίΟεε · καλώς, ύπαγε λαβέ βουκάκρατον. Εκείνος άκούσας απέρχεται και φέρει φιάλην έχουσαν οίνον και άρτον, καί έπιδίδωσιν αύτφ, ώς ϊνα λάοη εύλογίαν. '0 δέ άγνοήσας προσέσχεν αύτω ώς ξενιζόμενος καί λέγει · Τί θέλεις ; Αποκρίνεται αύτω ’ Έκέλευσάς με λαβε'ίν βουκάκρατον ’ δός μοι εύλογίαν. 11. 22 και om. AEBr || 25 αύτφ om. AEBr || 26 Έκέλαχτάς : Επειδή έκέλευσάς AEBr. 1. Selon un usage .courant chez les moines d'Égypte. Ci. PG 65, 113 C, 132 D, 301 A, 32!) G, 368 G, etc. Un apophtegme de l’abbé Sisoès montre bien le sons de l’expression δύο δύο νηστεύειν qui ne signifie pas «jeûner deux jours sur trois» (tr. P. M. Brun, p. 119)» mais < jeûner un jour sur deux », ou « manger tous les deux jours > : Επειδή δέ δύο δύο ένήστε<ίε καί ήν ή ήμέοα ό/ ή ούκ ήσΟιε : c’était le jour où il ne mangeait pas (Sisoès 32 : PG 65, 401 D). 2. Le mot άγριχτνία signifie soit, la vigile nocturne, c’est-à-dire l'office liturgique de ta nuit, comme c’est le cas ici, soit la veille, VIE DE S. D0S1THÉE, il 141 entendu dire cela?» Et en vérité ils ne le voyaient ni jeûner un jour sur deux, comme faisaient quelques-uns d’entre eux1, ni veiller avant la vigile nocturne2; au contraire, il ne se levait pour cette vigile qu’après deux acoloulhies3. Jamais ils ne le voyaient accomplir une seule mortification ; ils l’apercevaient plutôt mangeant à l’occasion un peu de bouillon des malades, une petite tête de poisson qui était de reste, ou quelque chose d’analogue. Or, il y en avait là, comme je l’ai dit, qui depuis longtemps jeûnaient un jour sur deux, doublaient leurs veilles et se mortifiaient. Quand donc ils entendirent pareille réponse envoyée par le Vieillard à un jeune homme qui n’était au monastère que depuis cinq ans, ils s’indignèrent, ignorant l’œuvre qu’il avait accomplie : son obéissance en toutes choses — il n’avait jamais fait une seule fois sa volonté propre —, et son obéissance spontanée telle que, s’il arrivait au bienheureux Dorothée de lui donner un ordre comme pour le plaisanter, il partait en courant et l’exécutait sans raisonner. J’en donne un exemple. Dans les débuts, le jeune novice, comme par habitude, parlait assez rudement. Un jour donc, le bienheureux lui dit, comme pour le plaisanter : « Il te faut du pain trempé4, Dosithéc ; parfai­ tement ! va, prends du pain trempé ’ » Celui-ci, ayant entendu, part et rapporte un vase contenant du vin avec du pain, et le présente à Dorothéc pour recevoir la bénédic­ tion. Ce dernier ne comprenant pas, se tourne vers lui, l’air étonné, et dit : a Que veux-tu?» Il lui répond : « Tu m’as dit de prendre du pain trempé ; donne-moi la bénédiction. » — « Bêta ! répartit Dorothée, c’est parce que c’est-à-dire la nuit passée volontairement sans dormir par mortifi­ cation. Co second sens se trouvera quelques lignes plus loin. 3. On nomme acoloulhic l’ensemble des psaumes, leçons, versets, réponses etc... qui constituent soit un office, soit la partie d’un office liturgique. En Occident, nous parlons de même des nocturnes do nos Matines. 4. Cf. Meubsius (Glossar. Graeco·Barb., Lugd. Batav. 161-1, p. 89) qui traduit : · Bucca panis vino intincta. · 142 ŒUVRES SPIRITUELLES Τότε λέγει αύτω ' Μωρέ, έπειδή κράζεις ώσπερ και οί Γότθοι * καί, γάρ έκεΐνοι, όταν έκχολοΰνται, χολούσιν καί κράζουσιν * δια. τούτο είπόν σοι ' λαβέ βουκάκρατον, ότι 30 καί σύ ώς Γότθος κράζεις. 'Ως ούν ήκουσεν ταύτα, βάλλει μετάνοιαν καί άπέρχεται καί τιθεΐ αύτό. 5 10 15 20 12. "Αλλοτε πάλιν έρχεται καί έρωτ^ αυτόν ρήμα τής 'Αγίας Γραφής · ήρξατο γάρ άπό καθαρότητος νοεϊν τινα τής Γραφής. Ό δέ ούκ ήθελεν αύτόν τέως εις ταύτα έπιβάλλειν, άλλα μάλλον διά τής ταπεινώσεως φυλαχθήναι. "Οτε ούν ήρώτησε αύτόν, λέγει αύτω ’ Ούκ οίδα. ’Εκείνος μηδέν νοήσας, πάλιν έρχεται έρωτών αύτόν άλλο κεφάλαιον. Τότε λέγει · Ούκ οϊδα, άλλ’ άπελθε, έρώτησον τόν άββαν. Ό δέ άπήλθεν μηδέν διακρίνας. ΤΗν δέ εκείνος προειπών τω άβοα έκτος αύτού ' ’Εάν έλθη Δοσίθεος πρός σέ έρωτήσαί σε τίποτε γραφικόν, στύψον αύτόν μικρόν. 'Ως ούν άπήλθεν καί ήρώτησεν αύτόν, ήρξατο στύφειν αύτόν καί λέγειν ’ Ούχ ησυχάζεις, μηδέν είδώς ; Σύ ταύτα τολμάς έρωταν, καί ού μέριμνας την ακαθαρσίαν σου ; Καί άλλα τινά τοιαΰτα είπών, άπέλυσεν δεδωκώς αύτω καί δύο κόσσους. ‘Ο δέ ύποστρέφει πρός τόν άο&άν Δωρόθεον δεικνύων αύτω τάς παρειάς αύτού πυρράς έκ των κόσσων καί λέγων · "Εχω, καί στερεάς. Καί ούκ εΐπεν αύτω ' Διά τί συ ού διωρθώσω με, άλλ* επεμψάς με πρός τόν άβοαν ; Ούδέν τοιοΰτον εΐπεν, αλλά πάντα έδέχετο τά παρ’ αύτού μετά πίστεως καί έποίει αδιακρίτως. 'Ότε δέ ήρώτα αύτόν λογισμός, μετά τοιαύτης πληροφορίας έδέχετο ά ήκουεν καί ούτως έφύλαττεν, ώς μηκέτι δευτερώσαι αύτόν περί τού αύτού λογισμού. 13. Ταύτην ούν άγνοούντες, ώς εϊπον, την θαυμαστήν αύτού εργασίαν, έγόγγυζόν τίνες έπί τή άπολύσει τού Γέροντος. "Οτε δέ ήθέλησεν ο Θεός φανερώσαι την έτοιμασ12. 6 μηδέν : μή ΛΕΒγ || έρωτόν : έρωτα ΑΕΒγ || 22 αύτόν : αύτω ATBr. 1. Pour te sens «le « méLunie ·. cf. p. 162, n. I. 2. Cf. ΛρορΜ. Antoine 17 : PG 65, 80 D. | VIE DE S. DOSITHEE, 11-13 143 tu t’égosilles comme les Goths... — et en effet, chaque fois que la bile leur tourne, les Goths s’irritent et vocifèrent. Voilà pourquoi je t’ai dit : Prends du pain trempé I parce que toi aussi tu cries comme un Goth !... » Ayant donc entendu cela, Dosithée fait une métanie1 et s’en va remettre le vase en place. 12. Une autre fois, il vient interroger Dorothéc sur une parole de la sainte Écriture. Il commençait en effet, à cause de sa pureté, à comprendre certains passages de l’Écrilure. Mais le bienheureux ne voulait pas jusqu’alors qu’il s’appliquât à cela, mais bien plutôt qu’il se gardât par l’humilité. A son interrogation, il répond donc : « Je ne sais pas2. » Dosithée, sans réfléchir, revient une autre fois et l’interroge sur un autre chapitre. Dorothée lui dit alors : « Je ne sais pas, mais va donc le demander à l'abbé. » Il partit sans se douter de rien. Or, le bienheureux avait auparavant, à son insu, dit à l’abbé : «Si Dosithée vient te trouver pour te questionner sur quelque texte de l’Écriturc, rabroiie-le un peu. » Quand donc il arriva et l’interrogea, l'abbé se mit à le rabrouer et à lui dire : «Veux-tu bien rester tranquille, toi qui ne sais rien? Tu as l’audace de poser ces questions? Tu ne penses donc pas à ton impureté? » Et ajoutant encore d’autres paroles de ce genre, il le renvoya apres lui avoir même donné deux soufflets. Dosithée revint vers Dorothée et, lui montrant ses joues encore rouges des soufflets, il dit : « Je les ai reçus, et solides ! » Et il ne lui dit pas : « Pourquoi ne m’as-tu pas corrigé loi-même, au lieu de m’envoyer à l’abbé?» Il ne dit rien de semblable, mais il acceptait tout de lui avec confiance et l’accomplissait sans raisonner. Et quand il l’interrogeait sur une pensée, il accueillait la réponse avec une telle assurance et lu gardait si bien qu’il ne revenait jamais sur la même pensée. 13. Ignorant donc, comme je l’ai dit, cette admirable pratique qui était la sienne, d’aucuns murmuraient du congé donné par le Vieillard. Mais lorsque Dieu voulut 1ί4 ŒUVRES SPIRITUELLES θεισαν αύτω δόξαν έκ της αγίας εκείνης ύπακοής, καί τό 5 χάρισμα δ είχεν ό μακάριος Δωρόθεος, καί έτι μαθητής ών, περί τό σώζειν ψυχάς, ό ούτως άπλανώς αυτόν καί συντόμως όδηγήσας πρός τον Θεόν, τότε, μετ’ ού πολύν χρόνον της μακαρίας αύτού τελευτής, έπεθύμησέν τις των αγίων μέγας γέρων, παραβολών τοϊς έκείσε ξένοις, ΐδεΐν 10 τούς έν τω κοινοβίφ προκοιμηΟέντας αγίους, καί ήτησεν τόν Θεόν περί τούτου άποκαλύψαι αύτω. Και δρα αύτούς πάντας όμοΰ ώς έν χορω ίσταμένους και μεταξύ αύτών τινα νεώτερον έστώτα, καί ελεγεν · "Αρα τίς έστιν ό νεότερος δν εΐδον μετά των Πατέρων ; Καί ώς διέγραψεν τα σημεία 15 τού χαρακτηρος αύτού, εγνωσαν πάντες δτι ΔοσίΟεός έστιν ’ καί έδόξασαν τόν Θεόν, θαυμάζοντας άπό ποίου βίου καί οίας πρώτης άγωγής εις ποια, μέτρα κατηξιώθη φθάσαι, καί έν ολίγο» ούτως χρόνορ, διά τού κρατήσαι αύτόν την ύπακοήν καί κόψαι τό ίδιον θέλημα. 13. 7 όδηγήσας : άξιωΟεΐς όδηγήσαι AGBr ]| 9 ξένοις : ξένος EHDr. 1. Cf. Apophl. Antoine £8 (PG 65, 84 D) où l'on voit un vieillard demander à Dieu une faveur analogue. VIE DE S. DOSITHÉE, 13 145 manifester la gloire qui lui avait été réservée à cause de cette sainte obéissance, et le don qu’avait le bienheureux ! Dorothée, quoique disciple encore, pour sauver les âmes, lui qui avait conduit Dosithée ù Dieu si droit et si vite, alors, peu de temps après la fin bienheureuse du jeune moine, un grand et saint Vieillard, hôte de passage au ‘ I monastère, conçut le désir de voir les saints qui y reposaient, et il pria Dieu de lui accorder cette vision1. Il les vit tous I ensemble, comme rangés en chœur, et, parmi eux, se tenait un jeune homme. Il demanda : « Quel est donc le jeune homme que j’ai vu avec les Pères?» Et, quand il eut décrit ses traits caractéristiques, tous reconnurent que c’était Dosithée. Et ils glorifièrent Dieu, admirant comment, de la vie qu’il avait menée d'abord, il avait été jugé digne de parvenir à une telle perfection, et cela en un temps si court, pour s’être attaché à l’obéissance et avoir brisé sa volonté propre2. I 2. Cf. Dorothée, au § 21. Dans certains manuscrits, les copistes ont cru bon d'ajouter ici un bref épilogue ou une formule édifiante. Cf. v. g. dans F. Hai.kin, Bibl. hagiogr. graeca, 3« édit., Bruxelles 1957, t. III, p. 25. ΤΟΥ ΟΣΙΟΥ ΠΑΤΡΟΣ ΗΜΩΝ ΔΩΡΟΘΕΟΥ ΔΙΔΑΣΚΑΛΙΑΙ ΔΙΑΦΟΡΟΙ ΠΡΟΣ ΤΟΥΣ ΕΑΥΤΟΥ ΜΑΘΗΤΑΣ άναχωρήσαντος αύτοΰ έκ των τού άξξά Σερίδου και το ’ίδιον σύν Θεω συστησαμενου μοναστήριον μετά την τού άβζα Ίωάννου τού προφήτου τελευτήν καί τελείαν σιωπήν τού άζζά Βαρσανουφίου Α'. ΠΕΡΙ ΑΠΟΤΑΓΗΣ 1. Έν άρχή δτε έποίησεν ό Θεός τόν άνθρωπον, έθετο αύτόν έν τω παραδείσιο, καθώς λέγει ή αγία Γραφή, κοσμήσας άπάση αρετή, δούς αύτω εντολήν τού μή φαγειν έκ τού ξύλου τού έν μέσω τού παραδείσου. Καί ήν έν τρυφή τού 5 παραδείσου, έν εύχή, έν θεωρία, έν πάση δόξη καί τιμή, έχων σώας τάς αισθήσεις καί ών έν τφ κατά φύσιν καθώς καί έκτίσθη. Κατ’ εικόνα γάρ Θεού έποίησεν ό Θεός τόν άνθρωπον, τούτ’ εστιν αθάνατον, αύτεξούσιον, κεκοσμημένον πάση άρετή. 'Ότε δέ παρέοη την εντολήν καί εφαγεν έκ τού 1617 D Tit. Mss : a DG Η PST : 1 όσιου πατρός ήμών : άδβα PST || 4 των om. PST || 7 άβδα : αγίου πατρός ήμών PST. Mss : aDEGHPSTMi 1. Ce début rappelle celui d’un discours de l’abbé IsaIk {Disc. '2 : Aug. p. 4 ; cf. PG 40, 1107 C et PE IV, 22, p. 81). 2. Plusieurs Pères ont parlé de cotte contemplation d’Adam au paradis, par exemple S. Athanasb {PG 25, 5-8). 3. Comme tous les Pères, Dorothée parle ici de « naturel » et ilo INSTRUCTIONS DIVERSES DE NOTRE SAINT PÈRE DOROTHÉE A SES DISCIPLES lorsqu’il eut quitté le monastère de l’abbé Séridos et fondé avec l’aide de Dieu son propre monastère, après la mort de l’abbé Jean le Prophète et la réclusion définitive de l’abbé Barsanuphe. I. DU RENONCEMENT 1. Quand au commencement, Dieu créa l’homme, « il le plaça dans le paradis », comme dit la sainte Écriture (Gen. 2, 15), après l’avoir orné de toute vertu, et il lui donna le précepte de ne pas manger de l’arbre qui se trouvait au milieu du paradis (Gen. 2, 16-17)1. Et l'homme vivait dans les délices du paradis, dans la prière et la contemplation2, comblé de gloire et d’honneur, possédant 1’intégrité de ses facultés, dans l'état naturel où il avait été créé3. Car Dieu a fait l’homme à son image (Gen. 1, 27), c’est-à-dire immortel, libre et paré de toute vertu4. Mais quand il eut transgressé le précepte en mangeant de «contre nature » en référence à la nature historique, telle que Dieu l’a réalisée, avec ses dons surnaturels. Cf. I. Haushbrr, Philaulie, p. 135-1 il et Mélanges Cavallera, Toulouse 1948, p. 238-239. De même A. Gujllaumont. L'axcclicon copie de l'abbé /sale, Lo Caire 1956, note 2, p. 49. 4. Au § 131, Dorothée distinguera l'image cl la ressemblance de Dieu, l'image consistant dans l'immortalité et la liberté, la ressem­ blance dans la vertu. 148 ŒUVRES SPIRITUELLES 10 ξύλου ού ένετείλατο αύτώ ό Θεός μή φαγείν άπ’ αύτοΰ, τότε έξεβλήθη του παραδείσου * έξέπεσε γάρ έκ του κατά φύσιν 1620 A καί ήν έν τω παρά φύσιν, τοΰτ’ έστιν έν τη αμαρτία, τη φιλοδοξία καί φιληδονία του βίου τούτου καί τοϊς λοιποΐς πάθεσι, κατακυριευόμενος ύπ* αυτών ' κατεδούλωσε γάρ 15 αύτο’ίς εαυτόν διά της παραβάσεως. Τότε λοιπόν ηύξήθη κατά μέρος ή κακία καί έβασίλευσεν ό θάνατος ’ ούδαμοΰ ήν θεοσέβεια, πανταχοΰ δέ άγνωσία Θεού · όλίγοι τινές, ώς είπον οί Πατέρες, έκ του φυσικού νόμου κινούμενοι, έγίνωσκον τόν Θεόν · οιος ήν ό ’Αβραάμ καί οί λοιποί πατριάρχαι, 20 Νώε καί ’Ιώβ, καί άπλώς είπεϊν ολίγοι τινές καί πάνυ σπάνιοι ήσαν οί γινώσκοντες τόν Θεόν ' τότε γάρ ήπλωσεν ό εχθρός πάσαν την κακίαν αύτοΰ, καθότι έβασίλευσεν ή αμαρτία, τότε ήρξατο ειδωλολατρία, πολυθεία, γοητεία, φόνοι καί ή λοιπή κακία τού διαβόλου. Β 2. Τότε λοιπόν ό άγαθός Θεός έλεήσας τό πλάσμα αύτοΰ, έδωκε τόν γραπτόν νόμον διά Μωϋσέως, έν ώ τά μέν άπηγόρευσεν, τά δέ διηγόρευσεν, οϊόν τι λέγω * Τόδε ποιήσατε, τόδε μή ποιήσατε. Έδωκεν έντολάς καί εύθέως λέγει · 5 Κύριος ό Θεός σου Κύριος εις έστιν, ινα τέως άποστήση τόν νουν αύτών άπό πο?ιυθειας. Καί · ’Αγαπήσεις Κύριον τόν Θεόν σου έν όλη τη ψυχή σου καί έν όλη τη διανοία σου. Πανταχοΰ κηρύσσει δτι ο Θεός είς έστι καί ούκ έστιν άλλος. ΕΙπών γάρ βτι · ’Αγαπήσεις Κύριον τόν Θεόν σου, έδειξεν 10 ότι ό Θεός είς έστι καί εις Κύριός έστι. Καί πάλιν εις τούς δέκα λόγους * Κύριον τόν Θεόν σου προσκυνήσεις καί αύτώ μόνφ λατρεύσεις καί προς αύτόν κολληθήση καί τφ δνόματι αύτοΰ όμή ' λοιπόν έπάγει τό · Ούκ έσονταί σοι C θεοί έτεροι, ούδέ παντός ομοίωμα όσα έν τω ούρανώ άνω 15 καί όσα έπί τής γης κάτω. Έσέβοντο γάρ πάντα τά κτίσματα. 1. 11 έξέπεσε γάρ έκ : καί έξέπεσε aMi έξέπεσε DGH. 1. Cf. S. Atuanase : PG 25, 101-104. 2. Cf. S. Irénée, Démonslr. de la Prêd. Apost. 18, PO 12, p. 76'· ou SC G2, p. 58-59. Sur celte aggravation progressive du mal dans le inonde après Adam, lieu commun de la tradition patristique, et. INSTRUCTIONS, I, § 1-2 149 l’arbre dont Dieu lui avait interdit de manger, il fut chassé du paradis (cf. Gen. 3, 23). Déchu de son état naturel, il se trouvait dans l’état contre nature, c’est-à-dire dans le péché, l’amour de la gloire, l’attachement au plaisir de cette vie et dans les autres passions qui le dominaient, puisqu’il s’en était fait l'esclave par sa transgression. Dès lors, le mal augmenta progressivement et « la mort régna n {Rom. 5, 14). Nulle part on ne rendait de culte à Dieu, partout on l'ignorait1. Comme l’ont dit les Pères, seuls quelques hommes, inspirés par la loi naturelle, connais­ saient Dieu : tels Abraham et les autres Patriarches, Noé et Job. Bref, ils étaient peu nombreux et fort rares ceux qui connaissaient Dieu. Alors {’Ennemi déploya toute sa méchanceté et «ce fut le règne du péché n {Rom. 5, 21). Alors parurent l’idolâtrie, le polythéisme, la sorcellerie, les meurtres et les autres maléfices du diable2. 2. Mais le bon Dieu enfin eut pitié de sa créature et lui donna par Moïse la loi écrite, dans laquelle il interdit Certaines choses et en prescrivit, d'autres : Faites ceci, ne faites pas cela. Il donna des commandements et ajouta aussitôt : «Le Seigneur ton Dieu est seul Seigneur» {Deul. 6, 4), afin de détourner du polythéisme l’esprit des Israélites, puis : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme et de tout ton esprit» {Deul. 6, 5). Partout il proclame que Dieu est unique et qu’il n’en est point d’aulre. Car en disant : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu », il montre qu'il est seul Dieu et seul Seigneur. Il dit encore dans le Décalogue : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul. Tu t’attacheras à lui et jureras par son nom » (Deul. 6, 13). Et enfin : « Tu n’auras pas d’autres dieux, ni aucune image de ce qui est en haut dans le ciel et de cc qui est en bas sur la terre » {Deul. 5, 7-8). Car les hommes adoraient toutes les créatures. J. Daniêlou, Comble du mal el eschatologie chez Grégaire de Ntjsse, dans Feslgabe Lorlz, 11, p. 36 (Baden-Baden 1957). 150 5 10 D 15 ŒUVRES SPIRITUELLES 3. ”Εδωκεν οΰν τόν νόμον ό αγαθός Θεός πρός βοήθειαν, πρός επιστροφήν, προς διόρθωσιν τής κακίας ' καί όμως ού διωρθώθη. Έπεμψε προφήτας, καί ούδ’ αύτοί ήδυνήθησαν. Ύπερίσχυσε γάρ ή κακία, ώς λέγει ό Ήσαιας ’ Ούτε τραύμα ούτε μώλωψ ούτε πληγή φλεγμαίνουσα ' ούκ εστι μάλαγμα έπιθεϊναι οΰτε ελαιον οΰτε καταδέσμους · οΐον είπεϊν, ούκ εστι μερική ή κακία, ούδέ έν ένί τόπω, άλλ’ έν 6λω τω σώματι, δλην περιέχει την ψυχήν, δλας τάς δυνάμεις αύτής συνέχει · ούκ εστι μάλαγμα έπιθεϊναι, καί τά έξης · οίονεί, πάντα δεδούλωται τη αμαρτία, πάντα κεκράτηται ύπ’ αύτής. Λέγει δέ καί ό 'Ιερεμίας · Ίατρεύσαμεν την Βαβυλώνα καί ούκ ίάθη · τούτ’ εστι ’ Τό όνομά σου έφανερώσαμεν, τάς έντολάς σου άνηγγείλαμεν, τάς ευεργεσίας, τάς επαγγελίας, έχθρών έπαναστάσεις προεμηνύσαμεν τη Βαβυλώνι, καί όμως ούκ ίάθη · τούτ’ έστιν ού μετενόησεν, ούκ έφοοήθη, ούκ έπέστρεψεν άπό τής κακίας αύτής. "Ωσπερ καί άλλαχού λέγει οτι · Ούκ έδέξαντο παιδείαν, τούτ’ έστι νουθεσίαν, διδασκαλίαν. Καί έν τώ ψαλμω λέγει · Παν βρώμα έβδελύξατο ή ψυχή αύτών, καί ήγγισαν εως των πυλών τού θανάτου. 4. Τότε λοιπόν ο άγαθός καί φιλάνθρωπος Θεός πέμπει τόν Υιόν αύτοΰ τόν μονογενή. Θεού γάρ ήν μόνου τό ίάσασθαι καί περιγενέσθαι τοιούτου πάθους ’ καί ούκ ήγνόησαν τούτα οί προφήται. "Οθεν καί φανερώς έλεγεν ό Δαβίδ · 'Ο 5 καθήμενος επί των Χερουβίμ, έμφάνηθι, έξέγειρον την δυναστείαν σου καί έλθέ εις τό σώσαι ήμας. Καί * Κύριε, κλϊνον ούρανούς καί κατάβηθι ' καί βσα τοιαΰτα. Καί οι άλλοι δέ προφήται πάντες έκαστος αύτών διαφόρως τοιαύτα πολλά έκραξον, τά μέν παρακαλούντες ίνα κατέλθη, τά δέ 10 πληροφορηθέντες ότι πάντως κατέρχεται. 1621 Λ 4. 7 οί om. ûDGHMi H 8 πάντες: πάντως aDGHMi || τοιαΰτα cm. aDGHMi. 1. Le même verset d’Isaïe est cité avec Jêr. 28, 9 par INSTRUCTIONS, I, § 3-4 151 3. Le bon Dieu a donc donne la loi pour secourir, pour : convertir, pour corriger le mal : pourtant le mal ne fut pas corrigé. Dieu envoya des prophètes, mais eux-mêmes ne purent rien. Car le mal dépassa toute limite. Selon la parole d'Isaïe : « Ce n’est ni une blessure, ni une meur­ trissure, ni une plaie vive : point d’onguent à y appliquer, ni huile, ni pansements1 » (Is. 1, 6). Autrement dit, le mal n'est pas partiel ni localisé, mais répandu dans tout le corps, il enveloppe l’âme tout entière et enserre toutes scs facultés. « Point d’onguent à y appliquer », etc., puisque tout était asservi au péché, tout était en son pouvoir. Jérémie déclarait aussi : «Nous avons soigné Babylone, et elle n’a pas guéri » (Jér. 28, 9), comme s’il disait : Nous avons manifesté ton nom, nous avons proclamé tes com­ mandements, tes bienfaits, tes promesses ; nous avons annoncé à Babylone des assauts d’ennemis, et pourtant « elle n’a pas guéri », c’est-à-dire, elle ne s’est pas repentie, elle n’a pas eu peur, elle ne s’est pas détournée de sa malice. Il est encore dit ailleurs : « Ils n’ont pas accepte la leçon » (Jér. 2, 30), c’cst-à-dire, l'avertissement, l’instruction. Et dans le psaume : « Leur âme prit en horreur toute nourriture, et ils louchèrent aux portes de la mort. » (Ps. 106, 18). 4. Alors donc, dans sa bonté et son amour des hommes, Dieu envoie son Fils unique (cf. Jn 3, 16), car Dieu seul pouvait guérir et vaincre un tel mal. Les prophètes ne l'ignoraient pas. David le disait clairement : « Toi qui trônes sur les Chérubins, montre-loi. Réveille ta force et viens nous sauver ! » (P$. 79, 2-3). « Seigneur, abaisse les cieux et descends ! » (Ps. 143, 5), et tant d’autres paroles semblables. Tous les autres prophetes, chacun à sa manière, ont ainsi souvent élevé la voix, soit pour le supplier de venir, soit pour se dire assurés de sa venue. Marc L'Ermite, Disp, aim Causid. 7 : PG 65, 1081 ΛΒ. Ci. aussi Cassien, Conf. Vil : SC 42, p. 273. 152 ŒUVRES SPIRITUELLES Ήλθεν ούν ό Κύριος ημών, γενόμενος δι’ ημάς άνθρωπος ίνα, ώς λέγει ό άγιος Γρηγορίος, τω όμοίφ τό βμοιον Ιάσηται, τη ψυχή την ψυχήν, τή σαρκί την σάρκα. Πάντα Β γάρ γίνεται χωρίς αμαρτίας άνθρωπος. Αύτήν την ούσίαν 15 ημών έλαυεν, την άπαρχήν αύτοΰ τοΰ φυράματος ημών, καί γίνεται νέος Άδάμ κατ’ είκόνα τού κτίσαντος αύτόν · άνανεον γάρ τό κατά φύσιν και σώας πάλιν ποιεί τάς αισθήσεις ώς έξ αρχής έγένοντο ’ άνενέωσεν τόν πεσόντα άνθρωπον γενόμενος άνθρωπος, τόν καταδουλωΟέντα τή αμαρτία 20 ήλευθέρωσε, τόν δία ύπ’ αυτής άγόμενον. Βία γάρ καί τυραννίδι ήγετο ύπό τοΰ εχθρού ό άνθρωπος, καί σχεδόν και οί μή Οέλοντες άμαρτησαι βία ήμάρτανον, ώς λέγει ό Απόστολος έκ προσώπου ημών · Ού γάρ δ θέλω άγαθόν. τούτο ποιώ ' άλλ’ δ ού θέλω κακόν, τούτο πράσσω. C 5 10 D15 5. Γενόμενος ουν ό Θεός άνθρο^πος δι’ ήμας, ήλευθέριοσε τόν άνθρωπον τυραννίδος τού έχΟρού. Πάσαν γάρ την δύναμιν αύτοΰ καθείλεν, αύτήν την ίσχύν αύτοΰ συνέτριψε καί έρρύσατο ήμας τού είναι ύποχειρίους αύτοΰ, τοΰ είναι καταδεδουλωμένους αύτώ, εί μήτοι γε ήμεϊς αύτοί έκουσίως Οελήσωμεν άμαρτησαι. Έδωκε γάρ ήμϊν έξουσίαν, καθώς είπε, πατεϊν επάνω $φε<ον καί σκορπιών καί επί πάσαν τήν δύναμιν τοΰ έχθροΰ, καθαρίσας άπό πάσης αμαρτίας διά τοΰ αγίου βαπτίσματος. Πάσαν γάρ αμαρτίαν συγχωρεϊ τό άγιον βάπτισμα καί εξαλείφει. Πάλιν δέ ό αγαθός Θεός γινώσκων την ασθένειαν ήμών καί προειδώς οτι μέλλομεν καί μετά τό άγιον βάπτισμα πάλιν άμαρτησαι, ώς γέγραπται · 'Ότι έγκειται ή διάνοια τοΰ άνθρώπου επιμελώς επί τα πονηρά έκ νεότητος αύτού, έδωκεν ήμϊν κατά την αγαθότητα αύτοΰ έντολάς άγιας καθαιρούσας ήμας, ίνα εάν θελήσωμεν, δυνηθώμεν πάλιν καθαρθήναι διά τής φυλακής τών 4. 16 κτίσαντος : πλάσαντος aDGIIMi || 18 έγένοντο : έγένετο aDEGHMi II 23 έκ προσώπου : έν προσώπω aDGPMi. 5. 13 διάνοια : καοδία DGIIPMi | ( ' / ' I 1 ( ' î INSTRUCTIONS, I, § 4-5 153 ' Notre Seigneur est donc venu, se faisant homme à cause de nous, « pour guérir, dit saint Grégoire, le semblable par le semblable, l’âme par l’âme, la chair par la chair. Car il s’est fait homme en tout, sauf le péché1. » Il a pris notre être même, les prémices de notre nature, et il est devenu un nouvel Adam « à l’image de celui qui l’avait créé » (Col. 3, 10), restaurant l'état de nature, et rendant aux facultés leur intégrité premiere. Homme, il a renouvelé l'homme déchu, il l’a délivré de l’esclavage et de l’entraî­ nement violent du péché. Car c’est par une contrainte tyrannique que l’homme était entraîné par l’ennemi, et ceux-là mêmes qui voulaient éviter le péché étaient presque forcés de le commettre. Comme le disait l’Apôtre en notre nom : « Le bien que je veux, je ne le fais pas, et le mal que je ne veux pas, je le commets » (Rom. 7, 19). 5. Dieu, fait homme pour nous, a donc libéré l’homme de la tyrannie de l’ennemi. Il a renversé toute sa puissance, brisé sa force même, et nous a soustraits à son emprise et à son esclavage, pourvu que nous-mêmes nous ne consentions pas à pécher. Car il nous a donné, comme il l’a dit, « le pouvoir de ioulcr aux pieds serpents, scorpions et toute la puissance de l’ennemi » (Le 10, 19), en nous purifiant de toute faute par le saint baptême. Le saint baptême, en effet, remet et efface tout péché. De plus, connaissant notre faiblesse et prévoyant que, même après le saint baptême, nous commettrions encore le péché — n’est-il pas écrit : « L’esprit de l'homme est porte au mal dès sa jeunesse»? (Gen. 8, 21) —, Dieu nous a donné dans sa bonté de saints commandements qui nous purifient12. Ainsi nous pouvons, si nous le voulons, être de nouveau purifiés par la pratique des commandements et non 1. S.Grf.G. Naz... Oral. 28, 13 (PG 30, 325 B) cl Oral. 45, 9 (PG 36. 633 C). 2. Cf. Zosime '.PG 78, 1685 A) : dans sa bonté, N. S. nous a donné les commandements pour nous puriflor. 154 ŒUVRES SPIRITUELLES έντολών ού μόνον από των αμαρτιών ημών, άλλα και εξ αύτών των παθών. ‘Άλλα γάρ είσι τα πάθη και άλλαι είσίν αί άμαρτίαι ‘ τά πάθη είσί θυμός, κενοδοξία, φιληδονία, 20 μίσος, επιθυμία κακή καί όσα τοιαύτα · αί δέ άμαρτίαι είσίν αύται αί ένέργειαι τών παθών, βτε τις ένεργώς ποιεί αυτά, βτε πράττει διά τού σώματος εκείνα τά έργα ά ύπαγορεύουσιν αύτώ τά πάθη. ’Λμέλει ένδέχεται τινά έχειν μέν τά πάθη, μή ένεργείν δέ αύτά. 1Α δ 10 Β 20 6. ‘Έδωκεν ούν ήμίν, ώς εϊπον, έντολάς καθαιρούσας καί απ’ αύτών τών παθών ημών, αύτών τών κακών δια­ θέσεων τού έντός άνθρώπου ημών. Παραπέμπει γάρ αύτω την διάκρισιν τού καλού καί τού κακού, έξυπνίζει αύτόν, δεικνύει αύτώ τάς αιτίας ύθεν έρχεται εις τό άμαρτάνειν, καί λέγει * Ό νόμος είπε ‘ Μή μοιχεύσης ' εγώ δέ λέγω · Μηδέ έπιθυμήσης. Ό νόμος είπε '· Μή φονεύσης · εγώ δέ λέγω ■ Μηδέ όργισθής. Έάν γάρ έπιθυμήσης, καν σήμερον μή μοιχεύσης, άλλ’ ού παύεται έσωθεν όχλουσα ή επιθυμία έως ού ρίψη σε καί εις τήν ένέργειαν. Έάν θυμούσαι καί έρεθίζης σεαυτδν κατά τού άδελφοΰ σου, βτε δή ποτέ έμπίπτης καί εις τό καταλαλήσαι, ειτα εις τό έπιδουλεΰσαι · καί ούτω προβαίνων κατά μικρόν έρχη λοιπόν καί εις τό φονεύσαι. Πάλιν ο νόμος λέγει * ’Οφθαλμόν αντί όφθαλμού καί ύδόντα άντί όδόντος, καί τά έξης. Αύτός δέ παραινεί μή μόνον δέχεσθαι μετά μακροθυμίας τήν πληγήν τού ραπί­ ζοντας ήμας, άλλα, καί τήν άλλην σιαγόνα στρέφειν αύτω μετά ταπεινώσεως. Τότε γάρ ό σκοπός ήν τού νόμου διδάξαι ήμας μή ποιείν ά μή θέλωμεν παΟείν. ’Λνέκοπτεν ούν ημάς τού ποιείν τό κακόν διά τού φόβου τού μή παθείν. Άρτι τό ζητούμενόν έστιν, ώς εϊπον, έκβαλεΐν αύτό τό μίσος, αύτήν τήν φιληδονίαν, αυτήν τήν φιλοδοξίαν, καί τά λ.οιπά πάθη. 7. Σκοπός έστιν άπλώς άρτι τώ Δεσπότη ήμών Χριστώ διδάξαι ημάς πόθεν ήλθομεν εις όλας τάς αμαρτίας ταύτας. 1. La formule de Dorothée est exactement celle de Pi,at<>5 ό έντός άνθρωπος (IMpubl. IX, 589). S. Paul a : ό εσω ά’Ζ)ρωπος. INSTRUCTIONS, I, § 5-7 155. seulement de nos péchés, mais même de nos passions. I Car les passions sont différentes des péchés. Les passions sont la colère, la vaine gloire, l'amour du plaisir, la haine, le désir mauvais, et toutes dispositions de ce genre. Les péchés, eux, sont les actes mômes des passions, lorsqu’on met à exécution et qu’on accomplit corporellement les œuvres impérées par les passions. Et certes, il est possible ! d’avoir des passions et de ne pas les mettre en œuvre. 6. Dieu nous a donc donné, comme je l’ai dit, des préceptes qui nous purifient même de nos passions, des mauvaises dispositions de notre homme intérieur (cf. Rom. 7, 22 ; Ephés. 3,16)1. II donne à celui-ci le discernement du bien et du mal, il lui fait reprendre conscience et lui montre les causes de son péché : « La loi disait : ne commets pas d’adultère ; et moi je dis : N’aie pas de mauvais désirs (Matlh. 5, 27 ; cf. Ex. 20, 14). La loi disait : Ne tue pas ; et moi je dis : Ne te mets pas en colère» (Mallh. 5, 21 ; cf. Ex. 20, 13). Car si tu as de mauvais désirs, bien qu’actucllcmcnt tu ne commettes point d’adultère, la ; convoitise ne cessera de le harceler intérieurement jusqu’à ce qu’elle t’ait entraîné à l’acte même. Si tu t’irrites et t’excites contre ton frère, il arrivera un moment où tu diras du mal de lui. puis lu lui dresseras des embûches, et ainsi peu à peu tu en viendras finalement au meurtre. La loi disait encore : e Œil pour œil, dent pour dent », etc. (Ex. 21, 24). Mais le Seigneur exhorte non seulement à recevoir avec patience le coup de celui qui nous gifle, mais encore à lui présenter humblement l’autre joue {cf. Mallh. 5, 38-39). Car le but. de la loi était de nous apprendre à ne pas faire ce que nous ne voulions pas souffrir. Elle nous empêchait donc de faire le mal par la peur de souffrir. Mais ce qui est demandé maintenant, je le répète, c’est de rejeter la haine même, l'amour du plaisir, l’amour de la gloire et les autres passions. 7. En un mol, le dessein du Christ notre Maître est précisément de nous apprendre comment nous en sommes 156 ŒUVRES SPIRITUELLES C πόθεν ένεπέσαμεν είς 0λας τάς κακώς ημέρας. Πρώτον μεν ούν ήλευθέρωσεν ημάς, ώς ήδη ε'ίπον, διά τού άγιου βαπτίσματος, 5 δούς ήμϊν την άφεσιν τών αμαρτιών ' καί εδωκεν ήμϊν έξουσίαν ποιεϊν τδ καλόν, έάν θέλωμεν, καί μηκέτι έλκεσθαι, ώς άν εϊποι τις, μετά βίας είς τδ κακόν. Ό γάρ δεδόυλωμενος άμαρτίαις βαρεϊται καί έλκεται ύπ’ αύτών, καθόις λέγει · Σειραϊς δέ τών εαυτού αμαρτιών έκαστος σφίγγεται. ΕΙτα 10 διδάσκει ημάς διά τών αγίων έντολών πώς καθαρθήναι καί άπ’ αύτών τών παθών, (να μή διά τούτων πάλιν τοϊς αύτοϊς άμαρτημασι περιπίπτωμεν. Λοιπόν δεικνύει ήμϊν καί τήν αιτίαν όθεν έρχεται τις είς καταφρόνησιν καί παρακοήν καί αύτών τών έντολών τού Θεού · καί ούτως παρέχει 15 ήμίν καί ταύτης την ίατρείαν, ΐνα δυνηθώμεν ύπακοΰσαι D καί σωΟήναι. Τίς ούν έστιν αύτη ή ιατρεία καί τίς ή αιτία της κατα­ φρονήσεων ; ’Ακούσατε τί λέγει αυτός ό Κύριος ήμών · Μάθετε άπ’ έμού ότι πράός είμι καί ταπεινός τη καρδία, 20 καί εύρήσετε άνάπαυσιν ταΐς ψυχαϊς υμών. ’Ιδού ώδε έν συντόμω δι’ ενός λόγου εδειξεν ήμϊν τήν ρίζαν καί αιτίαν πάντων τών κακών, καί τήν ίατρείαν αυτής, τήν αιτίαν πάντων τών αγαθών, εδειξεν ότι ή επαρσις κατέβαλεν ημάς καί οτι αδύνατόν έστιν άλλως έλεηθήναι, εί μή διά τού 25 εναντίου, όπερ έστιν ή ταπεινοφροσύνη. ‘II γάρ έπαρσις γεννά τήν καταφρόνησιν καί τήν παρακοήν τήν όλεθρίαν, 1625 Λ ώσπερ καί ή ταπεινοφροσύνη γεννά τήν ύπακοην καί τήν σωτηρίαν τών ψυχών. Εκείνην δέ λέγω τήν όντως ταπεινο­ φροσύνην, ού τήν έν λόγω μόνον ή σχήματι ταπείνωσιν, 30 άλλα διάθεσιν ίδικώς ταπεινήν γενομένην έν αύτη τη καρδία. έν αύτφ τώ φρονήματι ’ ούτως γάρ λέγει ' ότι πράός είμι καί ταπεινός τη καρδίφ. 7. 17 ή1 om. DPAft H 22 τήν αιτίαν om. alIMi || 29 μόνον : μόν<ο aHMl. 1. Cf. Evagbc : « Do même que la racine de tons les maux, c’csl INSTRUCTIONS, I, g 7 157 venus à commettre tous ces péchés, comment nous sommes tombés dans tous ces mauvais jours. Il nous a donc d’abord libérés par le saint baptême, comme je l’ai déjà dit, en nous accordant la rémission des péchés ; puis il nous a donné le pouvoir de faire le bien, si nous voulons, et de n’êtrc plus entraînés comme par force dans le mal. Car les péchés oppriment et entraînent celui qui leur est asservi, selon la parole : « Chacun est enserré dans les liens de ses propres fautes » (Prov. 5, 22). Le Christ nous apprend ensuite par les saints commandements comment être purifiés même de nos passions, afin qu’elles ne nous fassent plus retomber dans les mêmes péchés. Il nous montre enfin la cause qui fait aller jusqu’au mépris et à la transgression des préceptes de Dieu ; il nous en fournit ainsi le remède pour que nous puissions obéir et être sauvés. Quel est donc ce remède et quelle est la cause du mépris? Écoutez ce que dit Notre Seigneur lui-même : < Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trou­ verez du repos pour vos âmes » (Mallh. 11, 29). Voici que brièvement, d'une seule parole, il nous montre la racine et la cause de tous les maux, avec son remède, source de tous les biens1 ; il nous montre que c’est relèvement qui nous a fait tomber, et qu’il est impossible d’obtenir misé­ ricorde sinon par la disposition contraire, qui est l’humilité. De fait relèvement engendre le mépris et la funeste déso­ béissance, tandis que l’humilité engendre l’obéissance et le salut des âmes, j’entends l’humilité véritable, non pas un abaissement tout en paroles et en attitudes, mais une disposition vraiment humble, dans l’intime du cœur et de l’esprit2. C’est pourquoi le Seigneur dit : « que je suis doux et humble de cœur ». l’orgueil, de môme lu cause de tous les biens, c’est l'humilité » (J. Muyldbkmans, Euagriana Syriaca, Louvain 1952, p. 148). 2. CL Cassirn, Conf. XVIII, 11 (SC 64, p. 24). 158 5 ΒΙΟ 15 20 c 25 ŒUVRES SPIRITUELLES 8. Ό θέλων ούν εύρεϊν αληθινήν άνάπαυσιν τή ψυχή αύτου μαθή τήν ταπεινοφροσύνην και βλέπη δτι έν αύτή έστι πάσα ή χαρά καί πασα ή δόξα και πάσα ή άνάπαυσις, ώσπερ καί έν τη ύπερηφανία πάντα τά εναντία. Πόθεν γάρ ήλθομεν εις δλας τάς θλίψεις ταύτας ; Διά τί γάρ ένεπέσαμεν εις ύλην τήν άθλιότητα ταύτην ; Ού διά τήν ύπερηφανίαν ήμών ; ού διά τήν άπόνοιαν ημών ; ού διά τό άνασχέσθαι ήμας της κακής προαιρέσεως ήμών ; ού διά τό κρατησαι τήν πικρίαν του θελήματος ήμών ; ’Αλλά πόΟεν ; Ούκ έκτίσθη ό άνθρωπος έν πάση τρυφή, έν πάση χαρα, έν πάση αναπαύσει, έν πάση δόξη ; Ούκ ήν έν τώ παραδείσφ ; Έκέλευσε ’ Μή ποιήσης τόδε ’ καί έποίησε. Βλέπεις ύπερηφάνειαν ; βλέπεις τράχηλον ; βλέπεις ανυποταξίαν ; Λοιπόν ό Θεός ίδών τήν αναίδειαν εκείνην λέγει ’ Οΰτος μωρός έστιν, οΰτος ούκ οίδε Χ«ρήναι. Έάν μή ποιήση κακάς ήμερος ούτος, ύπάγει τελείως άπόλλυται. Έάν γάρ μή μάθη τί έστι θλίψις, ού μανθάνει τί έστιν άνάπαυσις. Τότε έδωκεν αύτω τά άξια αύτου καί έξέοαλεν αύτόν τού παραδείσου. Παρεδόθη λοιπόν τή ιδία φιλαυτία καί τοίς Ιδιους θελήμασιν, ίνα συντρίψωσι τά οστά αύτου, ίνα μάθη μή στοιχεΐν έαυτω, αλλά τή έντολή του Θεοΰ, ίνα αυτή ή ταλαιπωρία της παρακοής διδάξη αύτόν τήν άνάπαυσιν τής ύπακοής, ώς λέγει έν τώ προφήτη · Παιδεύσει σε ή άποστασία σου. 'Όμως ή άγαθότης τού Θεού, καθώς πολλάκις εϊπον, ού παρείδε τό ίδιον πλάσμα, ά?»λά πάλιν προτρέπεται, πάλιν παρακαλεϊ ' Δεύτε πρός με πάντες οί κοπιώντες καί πεφορτισμένοι, κάγώ αναπαύσω ύμας ' olov είπεϊν · ’Ιδού έκοπιάσατε, ιδού έταλαιπωρήσατε, ιδού έπειράσθητε τού κακού τής άνυποταξίας υμών · δεύτε λοιπόν έπιστρέψατε, 8. 1 αληθινήν : άληΟινήν ταιτείνωσιν καί aDEHMi || 7 άνασχέσθα·. : άνέχεσΟαι aPMi. 1. Sur col emploi paratûcllque άούπάγω sans conjonction, fréquent chez Dorothée, cf. D. Tauackovitz, Études, p. 1. 2. Litt. philautie. Cf. ci-dessus, Lettre d'envoi, p. 113, n. 4. INSTRUCTIONS, I, § S 159 8. Que celui qui veut trouver le vrai repos pour son âme, apprenne donc l’humilité ! Puisse-t-il voir qu’en elle se trouvent toute la joie, toute la gloire et tout le repos, comme dans l’orgueil se trouve tout l’oppose ! Et en effet com­ ment sommes-nous venus dans toutes ces tribulations ? Pourquoi sommes-nous tombés dans toute cette misère ? I N’est-ce pas à cause de notre orgueil ? Λ cause de notre folie ? N’cst-cc pas pour avoir suivi notre mauvais propos et pour nous être attachés à l’amertume de notre volonté ? Mais pourquoi cela ? L’homme n'a t-il pas élé créé dans la plénitude du bien-être, de la joie, du repos et de la gloire ? N’était-il pas au paradis ? On lui a prescrit : ! Ne fais pas ceci, et il l’a fait. Voyez-vous l’orgueil ? Voyez-vous l’arrogance ? Voyez-vous l’insoumission ? e L’homme est fou, dit Dieu en voyant cette insolence ; il ne sait pas être heureux. S'il ne traverse pas des jours mauvais, il ira1 se perdre tout à fait. S’il n’apprend pas ce qu’est l’affliction, il ne saura pas ce qu’est le repos. » Alors Dieu lui donna ce qu'il méritait·, en le chassant du paradis. Il fut désormais livré à son égoïsme2 et à scs volontés propres, afin qu’en s'y brisant les os, il apprît à suivre non plus son propre sens, mais le précepte de Dieu. . Ainsi la misère même de la désobéissance lui enseignerait le repos de l’obéissance, selon la parole du prophète : «Ta rebellion t'instruira» (Jér. 2, 19)3. Cependant la bonté de Dieu, comme je le répète souvent, n’a pas abandonné sa créature, mais elle se tourne encore vers elle et de nouveau la rappelle : « Venez à moi, vous tous qui êtes las et accablés, et je vous soulagerai » (Mallh. 11, 28). C'est-à-dire : Vous voilà fatigués, vous voilà malheureux, vous avez fait l’expérience du mal de votre désobéissance. Allons, convertissez-vous enfin ; allons, » 3. S. Irénêe citait déjà ce verset de Jérémie dans un contexte semblable : PG 7, 1104 C et 1109-H10. Cette même pédagogie divino est exposée par Origène et S. Grégoire de Nysse. Cf. .J. Daniélou, Origine, p. 277-278 ; Platonisme et théologie mystique, p. 60. 160 ŒUVRES SPIRITUELLES 30 δεύτε έπίγνωτε την άδυναμίαν καί την ατιμίαν υμών, ινα έλθητε είς την άνάπαυσιν καί τήν δόξαν ύμών. Δεύτε ζήσατε διά τής ταπεινοφροσύνης, άνΟ’ ών έθανατώθητε διά της ύψηλοφροσύνης. Μάθετε άπ’ εμού ότι πράος είμι καί ταπεινός τη καρδία, καί εύρήσετε άνάπαυσιν ταΐς ψυχαϊς 35 ύμών. Ο 5 1628 Λ 10 15 20 Β 9. Βαβαί, άδελφοί μου, τί ποιεί ή ύπερηφανία ; Βαβαί, τί δύναται ή ταπεινοφροσύνη ; Τίς ήν χρεία όλων των κύκλων τούτων ; Έξ αρχής γάρ εί έταπεινώθη και ύπήκουσε τού Θεού καί έφύλαξε τήν έντολήν, ούκ είχεν έκπεσεϊν. Πάλιν μετά τό ασχημόνησαν, εδωκε πρόφασιν τού μετανόησαν καί έλεηθήναι, καί έμεινεν ό τράχηλος αυτού ύψηλός. ΤΗλθε γάρ λέγων αύτω · Άδάμ, που ει ; άντι τού ’ ’Από ποιας δόξης εις ποίαν ήλθες αισχύνην ; Καί λοιπόν έρωτα αυτόν ' Διά τί ήμαρτες ; διά τί παρέβης ; προτρεπόμενος αύτόν ίδικώς είς τό είπεΐν · Συγχώρησον. Καί πού έστι τό Συγχώρησον ; Ούδαμοΰ ταπείνωσις, ούδαμοΰ μετάνοια, αλλά τό εναντίον. Καί άντέρει * ‘H γυνή ήν δέδωκάς μοι, ούτε λέγει ’ 'Η γυνή μου έχλεύασέ με, άλλα · ή γυνή ήν δέδωκάς μοι, ώς άν τις εϊποι ’ *ΙΊ συμφορά ήν ήνεγκας κατά τής κεφαλής μου. Ούτως γάρ έστιν, άδελφοί, όταν μή κράτη άνθρωπος τό έαυτόν μέμφεσθαι, ούκ οκνεΐ ούδέ αύτόν τόν Θεόν αίτιάσθαι. Εϊτα έρχεται πρός εκείνην καί λέγει αύτή · Διά τί καί σύ ούκ έφύλαξας τήν έντολήν ; ώς τί ποτέ ίδικώς λέγων ' Είπέ καν σύ ' Συγχώρησον, ίνα ταπεινωθή ή ψυχή σου καί έλεηθής ’ καί πάλιν ούδαμοΰ τό Συγχώρησον ’ αποκρίνεται καί αύτή λέγουσα ' Ό οφις ήπάτησέ με · ώς άν · Εί ούτος ήμαρτεν, έγώ τί έχω πράγμα ; Τί ποιείτε, άθλιοι ; βάλλετε μίαν μετάνοιαν, έπίγνωτε τό πταίσμα 9. 2 χρεία: ή χρεία aDElI.Mi || 10 ordo Ούδαμοΰ ταπείνωσις. Καί που έστι τό Συγχώρησον ; aDHMi || 22 ούτος : αυτός oDEIIMi. 1. Sur le sens de ούκ έχω πράγμα, Cf. D. Tauachovitz, SpracMtche INSTRUCTIONS, I, § 8-9 161 reconnaissez votre impuissance et votre honte, pour revenir ià votre repos et à votre gloire. Allons, vivez par l'humi­ lité, vous (pii étiez morts par l’orgueil, a Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes» (Mallh. II, 29). 9. Oh ! mes frères, que ne fait pas l’orgueil ? Oh ! Quel pouvoir possède l’humilité ! Qu’avait-on besoin de tous ces détours ? Si dès le commencement, l’homme s’était , humilié et avait obéi â Dieu en gardant son commande­ ment, il ne serait pas tombé. Après sa déchéance, Dieu '1 lui a encore fourni une occasion de se repentir et d’obtenir miséricorde, et il a gardé la tête haute. Dieu, en effet, est venu lui dire : « Adam, où es-tu ? » (Gen. 3, 9), c’est-à-dire : De quelle gloire es-tu tombé ? Et dans quelle honte ? Puis il lui demanda : « Pourquoi as-tu péché ? Pourquoi as-tu désobéi ? » voulant par là lui faire dire : « Pardonne-moi ». Mais où est-il ce « Pardonne-moi »? Il n’y a ni humilité ni repentir, mais le contraire. L’homme fl réplique : « La femme que tu m’as donnée, s’est jouée de ! moi » (Gen. 3, 12). Il ne dit pas : e Ma femme », mais « La femme que tu m’as donnée », comme on dirait : « Le far­ deau que tu m’as mis sur la tête. » Il en est ainsi, frères : quand un homme ne s’attache pas au blâme de soi, il ne craint pas d’accuser Dieu lui-même. Dieu s’adresse ensuite à la femme et lui dit : « Pourquoi n’as-tu pas gardé, toi non plus, le commandement ? », comme s’il disait préci­ sément : « Toi au moins, dis : Pardonne-moi, pour que ton âme s’humilie et obtienne miséricorde. » Mais là encore pas de « Pardonne-moi » ! La femme répond à son tour : «Le serpent m’a trompée» {Gen. 3, 13), comme pour dire : « Si lui a péché, en quoi suis-je coupable, moi1 ? n Que faites-vous, malheureux ? Faites au moins une [ und texlkrilixche Studien sur Chronik des Theophanes Confessor, üpsal 1926, p. 29-30C 162 ŒUVRES SPIRITUELLES ύμών, ελεήσατε την γύμνωσιν ύμών ’ και ούδέ είς έξ αύτών 25 ήξιώθη μέμψασθαι εαυτόν, ουδέ είς εύρέθη έ'χων μικράν ταπείνωσιν. 5 C 10 15 10. Καί λοιπόν ιδού απλώς βλέπετε που εφθασεν ή κατάστασις ήμών · ιδού εις ποια καί πόσα κακά ήνεγκεν ήμας τύ δικαιούν έαυτούς, τύ στοιχειν έαυτοϊς, xb κρατεϊν τύ ίδιον θέλημα, άπερ είσί τέκνα της έχθράς του Θεού ύπερηφανίας * ώσπερ καί της ταπεινοφροσύνης τέκνα είσί τύ έαυτόν μέμφεσθαι, τύ μή πιστεύειν τη ιδία συνέσει, τύ μισεΐν τύ ίδιον θέλημα. Έκ τούτων γάρ άξιούταί τις άναλαβέσθαι έαυτύν καί έπανελθειν εις τύ κατά φύσιν δια της καθάρσεως τών αγίων εντολών του Χριστού. Δίχα γάρ ταπεινώσεως, ού δύναται ύπακοΰσαι τανς έντολαΐς, ούδέ έλθεϊν εις τί ποτέ άγαθόν, ώς είπεν ό άββας Μάρκος ’ "Ανευ συντριβής καρδίας, άδύνατον άπαλλαγηναι άπύ κακίας, άδύνατον τύ καθόλου κτήσασθαι άρετήν. Ούκοΰν διά της συντριβής τής καρδίας καταδέχεται τις τάς έντολάς, απαλλάσσεται τής κακίας, κταται τάς άρετάς καί λοιπύν επανέρχεται εις τήν ιδίαν άνάπαυσιν. 11. Τούτο καί οι άγιοι πάντες έπιστάμενοι, εσπευδον διά πάσης ταπεινής αγωγής ένώσαι έαυτούς τώ Θεώ ' έγένοντο γάρ τινες φιλόθεοι οίτινες μετά τύ άγιον βάπτισμα ού μόνον τάς ένεργείας τών παθών περιέκοψαν, άλλα καί 5 αύτά τά πάθη νικήσαι ήβουλήθησαν καί γενέσθαι άπαΟεΐς ’ οίος ήν δ άγιος ’Αντώνιος καί Παχώμιος καί οι λοιποί U Οεοφόροι Πατέρες. Έπεί οδν έσχον σκοπύν καθάραι εαυτούς, ώς λέγει ό Απόστολος, άπύ παντός μολυσμοΰ σαρκος καί πνεύματος, έγίνωσκον δέ δτι διά τής φυλακής τών εντολών, 1. Mémo ici, il semble qu’il faille garder à l’expression βάλλε·?; μετάνοιαν, le sens qu’elle a habituellement dans la tradition monas­ tique : il s'agit de se prosterner à terre pour témoigner soit de son repentir après une faute, soit simplement de son respect pour Dieu ou un frère. Cf. D. Taraciiovitz, Éludes, p. 53-55. 2. Selon Jean le Prophète, le δικαίωμα consiste précisément à nier la faute commise, comme l'ont fait Adam et Ève (A'ic. 477). INSTRUCTIONS, I, § 0-11 163 métanic1, reconnaissez votre faute, ayez, pitié de votre nudité ! Mais aucun des deux ne daigna s'accuser, et ni l'un ni l’autre ne montra la moindre humilité. 10. Et maintenant, vous voyez clairement à quel état nous sommes parvenus, dans quels maux nombreux nous a portés la manie de se justifier2, la confiance en soi, et l’attachement à la volonté propre : ce sont lù rejetons de l’orgueil, ennemi de Dieu, comme ceux de l’humilité sont le blâme de soi, la défiance de son jugement et la haine de la volonté propre qui, eux, permettent de se reprendre et de revenir à l’état de nature par la purification des saints commandements du Christ. Car sans humilité, il est impos­ sible d’obéir aux commandements ni d’arriver à un bien quelconque, comme le dit l’abbé Marc : «Sans contrition du cœur, il est impossible de s’affranchir du mal, il est absolument impossible d’acquérir une vertu3. » C’est donc par la contrition du cœur qu’on accepte les commande­ ments, qu’on s’éloigne du mal, qu’on acquiert les vertus, et qu’on revient enfin dans son repos. 11. Cela, tous les saints le savaient; aussi cherchaientils, par une vie toute d’humilité, à s’unir ά Dieu. Car il y eut des amis de Dieu qui, après le saint baptême, non seulement renoncèrent aux actes des passions, mais vou­ lurent vaincre les passions elles-mêmes et devenir impas­ sibles : tels saint Antoine, Pacôme et les autres Pères théophores4. Ayant pour dessein de se purifier « de toute souillure de la chair et de l’esprit», comme dit l’Apôtre {II Cor. 7, 1), et sachant que c'est par la gardc des com­ mandements, nous l’avons déjà dit, que l’âme est purifiée, 3. Marc L’Ermite, Dr. his qui putant... 197 : PG 6a, 961 A. Cf. P G 68, 1009 Λ. 4. · Théophore » : in. à ni. qui porto Dieu, ou qui est porté par Dieu (suivant l’accent) «=» ■ uni à Dieu, inspiré de Dieu, plein de Dieu, spirituel » (I. IIausherr, Direction, p. 321). 164 ŒUVRES SPIRITUELLES 10 ώς ήδη είπομεν, καθαίρεται ή ψυχή καί οιον είπεϊν καθαίρεται ό νους και άναβλέπει καί έρχεται εις τό κατά φύσιν · ή έντολή γάρ Κυρίου τηλαυγής φωτίζουσα οφθαλμούς · κατενόησαν δτι έν τώ κόσμφ οντες, ούκ εύχερώς δύνανται κατορθώσαι τήν αρετήν, καί έπενόησαν έαυτοϊς ξένον βίον, 1G29 Λ 15 ξένην τινά διαγωγήν, λέγω δή τού μονήρους βίου, καί ήρξαντο φεύγειν τόν κόσμον καί οίκεϊν έν ταϊς έρήμοις, έν νηστείαις καί χαμευνίαις καί άγρυπνίαις καί τη λοιπή κακοπαθεία, καί άποταξία πάση πατρίδος καί συγγενών, χρημάτων, κτημάτων · καί απλώς έσταύρωσαν έαυτοϊς τόν •20 κόσμον. Καί ού μόνον τάς έντολάς έφύλαξαν, ά?Λά καί δώρα προσήνεγκαν τώ Θεω. Καί λέγω πώς · Αί έντολαί τού Χριστού πάσι τοΐς χριστιανούς έδόΟησαν, καί ύπόκειται πας χριστιανός φυλάξαι αύτάς ’ άννωνχί είσιν, ώς άν είπη τις, βασιλει κεχρεωστημέναι. Τίς λέγων · Ού διδώ άννώνας 25 τώ βασιλει, έκφεύγει κόλασιν ; Είσί δέ έν τώ κόσμφ μεγάλοι άνθρωποι καί λαμπροί οίτινες ού μόνον άννώνας παρέχουσι τώ βασιλει, άλλα καί δώρα προσφέρουσιν αύτώ * καί άξιούνται οί τοιοΰτοι μεγάλης τιμής, μεγάλων δωρεών καί άξιωμάτων. 12. Ούτως οδν καί οί Πατέρες ού μόνον τάς έντολάς έφύλαξαν, άλλα καί δώρα προσηνεγκαν τώ Θεω. Δώρα δέ είσι παρθενία καί άκτημοσύνη · ταύτα ούκ είσίν έντολαί, δώρα είσιν · ούδαμού γάρ γέγραπται * Μή λάοης γυναίκα, 5 μή παιδοποιήσης. Ουδέ πάλιν εδωκεν εντολήν ό Χριστός λέγων ' Πώλησόν σου τά ύπάρχοντα. Άμέλει, δτε προσηλΟεν αύτώ ό νομικός λέγων * Διδάσκαλε, τί ποιήσας ζωήν αιώνιον κληρονομήσω ; άπεκρίΟη ’ Τάς έντολάς οίδας ’ Ού Β 11. 10 καθαίρεται’ : καθαίρεται καί aDEHMi || 18 πάση : πάσης aDEHMi II 28 οί towjtoi : οδτοι aDHMi. 12. 7 Διδάσκαλε : Διδάσκαλε άγαθέ aDHMi. 1. Ceci correspond exactement à l’enseignement d’Évagre, au sujet duquel le P. Hausberr écrit : · c’est l’âme qui est purillée, tandis que VeiTet de cette purification se produit sur l'intellect » (HAM 1934, p. 47, ou 1959, p. 12). INSTRUCTIONS, I, §11-12 165 » et que l’esprit, purifié aussi pour ainsi dire, recouvre la j vue et revient à son état de nature1 — n’cst-il pas écrit : I a Le commandement du Seigneur est limpide, il illumine les yeux » (Ps. 18, 9) —, les Pères comprirent que, dans (le monde, ils ne pourraient facilement parvenir à la vertu. ? Ils conçurent donc pour eux-mêmes une existence à part, tune conduite spéciale, je veux dirc la vie monastique, * et ils commencèrent à fuir le monde pour habiter les déserts I et vivre dans les jeûnes, les chamcunies2, les veilles et autres macérations, dans un renoncement total à la patrie, aux □ parents, aux richesses et aux biens. En un mot, ils cruci!fièrent le monde à eux-mêmes. Et non seulement ils gar­ dèrent les commandements, mais ils offrirent à Dieu des présents. Voici comment : Les commandements du Christ ont été donnés à tous les chrétiens, et tout chrétien est tenu de les observer. Ce sont, pourrait-on dire, des impôts dus à un roi. Celui qui refuse de payer des impôts au roi, échappera-t-il au châtiment ? Mais il y a dans le monde de grands et illustres personnages qui, non contents de payer des impôts au roi, lui font encore des présents, et méritent par là beaucoup d’honneur, de faveurs et de dignités. 12. Et c'est ainsi que les Pères, non contents de garder les commandements, offrirent à Dieu des présents ; ces présents sont la virginité et la pauvreté. Ce ne sont pas des commandements, ce sont des présents. Nulle part il n’est écrit : «Tu ne prendras pas femme', tu n’auras pas d’enfant, d Le Christ n’a pas non plus donné un comman­ dement, lorsqu’il a dit : « Vends ce que tu possèdes. » Certes quand le docteur de la loi l’aborda en disant : «Maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle? », il répondit : « Tu connais les commandements : tu ne tueras 2. C’est-à-dire · coucher sur ia dure ». Sur celte pratique ascétique qui a toujours été en honneur chez les moines, cf. I. HaUSHehk, art. Chameunic dans DS, t. 2, 451-454. 166 1υ c 1;ι ° 10 D 15 1632 A 5 ŒUVRES SPIRITUELI.ES φονεύσεις, ού μοιχεύσεις, ού κλέψεις, ού ψευδομαρτυρήσεις κατά του πλησίον σου, καί τά έξης. Τού δέ είπόντος δτι Ταύτα πάντα έφυλαξάμην έκ νεότητάς μου, έπιφέρει τό Ei θέλεις τέλειος είναι, πώλησόν σου τά υπάρχοντα και δδς πτωχοις, και τά έξης. ’Ιδού ούκ είπε · Πώλησόν σου τά ύπάρχοντα ως έντελλόμενος, άλλ’ ώς συμβουλεύων. Τδ γάρ είπεΐν · Εί θέλεις, ούκ έστιν έντελλομένου, ά?λά συμβουλεύοντας. 13. Καθώς ούν εϊπομεν, προσήνεγκαν οι Πατέρες τώ Θεώ πρδς ταϊς άλλαις άρεταϊς δώρα τήν παρθενίαν καί την ακτημοσύνην, καί, καθώς προείπομεν, έσταύρωσαν έαυτοίς τδν κόσμον καί ήγώνιζον τδ λοιπδν ίνα καί έαυτούς τω κόσμφ σταυρώσωσι, καθώς λέγει ό ’Απόστολος · Έμοί κόσμος έσταύρωται, κάγώ τώ κόσμφ. Τίς ούν ή διαφορά ; Ό κόσμος σταυρούται τω άνθρώπφ, 0τ’ άν άποτάσσηται άνθρωπος τώ κόσμφ, καί δήθεν μονάζη και άφή γονείς, χρήματα, κτήματα, πραγματείας, δοσοληψίας * τότε σταυρούται αύτφ ό κόσμος * άφήκε γάρ αύτόν, καί τούτο έστιν δ λέγει δ ’Απόστολος · Έμοί κόσμος έσταύρωται. Εϊτα έπάγει · κάγώ τώ κόσμφ. Πώς λοιπδν σταυρούται δ άνθρω­ πος τώ κόσμο» ; "Οτ’ άν μετά την άπαλλαγην τών έξω πραγμάτων άγωνίζηται και πρδς αύτάς τάς ήδονάς, πρδς αύτάς τάς έπιθυμίας τών πραγμάτων καί πρδς τά θελήματα αύτού, καί νεκρώση τά πάθη αύτού, τότε καί αύτδς σταυ­ ρούται τφ κόσμω, καί άξιούται κατά τδν ’Απόστολον εΐπεΐν * Έμοί κόσμος έσταύρωται, κάγώ τώ κόσμω. 14. Οί Πατέρες ούν, καθώς εϊπομεν, σταυρώσαντες έαυτοϊς τδν κόσμον, έσπούδασαν δι’ αγώνων σταυρώσαι καί έαυτούς τώ κόσμφ. ‘Ημείς μέν έδόξαμεν σταυρούν έαυτοίς τδν κόσμον, δτι άφήκαμεν αύτόν καί ήλθομεν εις τδ μοναστήριον, έαυτούς δ’ ού Οέλομεν σταυρώσαι τώ κόσμφ · έτι γάρ έχομεν τάς ήδονάς αύτού, ακμήν έχομεν τάς προσ12. 15 αλλά : άλλ’ ώς aDHML 13. 18 είττεϊν : είττειν τό aDEHMi. 14. 2 σταυρώσαι καί : καί έσταύρωσαν a D EG Mi. INSTRUCTIONS, I, § 12-14 167 pas, lu ne commettras pas d’adultère, Lu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton pro­ chain », etc. Mais son interlocuteur lui disant qu’il avait observé tout cela depuis sa jeunesse, le Christ ajouta : < Si tu veux être parfait, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres », etc. (Malth. 19, 16-21 ; cf. Mc 10, 17-20). Vous voyez, il n’a pas dit : « vends ce que tu possèdes » comme un ordre, mais comme un conseil. Car dire « si tu veux », n’est pas commander, mais conseiller. . • 13. Nous disions donc que les Pères offrirent à Dieu comme présents, on plus des autres vertus, la virginité et la pauvreté, et, comme nous l’avions dit auparavant, ils crucifièrent le monde à eux-mêmes et luttèrent ensuite pour se crucifier au monde, selon la parole de F Apôtre : < Le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde » (Gai. 6, 14). Quelle est donc la différence ? Le monde est crucifié pour l’homme, quand un homme renonce au monde pour vivre dans la solitude, et qu’il abandonne parents, richesses, biens, occupations, affaires : le monde est alors crucifié pour lui, puisqu’il l’a abandonné, et c'est ce que dit ΓApôtre : « Le monde est crucifié pour moi. » Puis il ajoute : « et moi pour le monde ». Comment l’homme est-il crucifié au monde ? Quand après avoir quitté les choses extérieures, il fait la guerre aux plaisirs et aux convoitises des choses ainsi qu’à ses volontés, et mortifie ses passions, il est alors lui-même crucifié au monde et peut dire avec l'Apôtre : « Le monde est crucifié pour moi, et moi pour le inonde. » 14. Ainsi les Pères, disions-nous, après avoir crucifié le monde à eux-mêmes, s’efforcèrent par des combats de sc crucifier aussi au monde. Nous, nous avons paru crucifier le monde à nous-mêmes, en le quittant pour venir au monastère, mais nous refusons de nous crucifier au monde : car nous jouissons encore de ses plaisirs, nous gardons ses 168 10 Β 15 20 25 ŒUVRES SPIRITUELLES παθείας αύτοΰ, προσπάσχομεν τη δόξη αύτοΰ, προσπάσχομεν βρώμασιν, ίματίοις. ’Εργαλείου καλόν εάν έστι, προσπάσχομεν αύτφ καί άφίεμεν τό μικρόν έργαλειον εκείνο ποιήσαι έν ήμιν, ώς εΐπεν ό άββάς Ζωσιμάς, τόπον κεντηναρίου. Καί έδόξαμεν έξελθεϊν τοΰ κόσμου καί άφεΐναι τά αύτοΰ, καί έρχόμεθα είς τό μοναστήριον, καί δι’ εύτελών πραγμάτων πληροΰμεν τήν προσπάθειαν αύτοΰ ' τοΰτο δέ πάσχομεν άπό πολλής άφροσύνης, οτι άφέντες μεγάλα καί πολύτιμα πράγματα, είς έλάχιστά τινα πληροΰμεν τά πάθη ήμών. 'Έκαστος γάρ ήμών δ είχεν, άφήκεν, ο £χων μεγάλα, τά μεγάλα, καί ό εχων ει τι δήποτε, καί αύτός δ είχεν άφήκεν, έκαστος πρός τήν δύναμιν αύτοΰ, καί έρχόμεθα εις τό μοναστήριον, καί καθώς είπον, δι’ εύτελών πραγμάτων καί μηδαμινών, πληροΰμεν τήν προσπάθειαν ήμών. Ούκ όφείλομεν δέ ούτως ποιεϊν, άλλ’ ώσπερ άπεταξάμεθα τώ κόσμω καί τοΐς πράγμασιν αύτοΰ, ούτως όφείλομεν καί αύτή τη προσπαθείς τη περί τάς ύλας άποτάξασθαι καί είδέναι τί έστιν αύτη ή άποταγή καί διά τί ήλθομεν εις το μοναστήριον καί τί έστι τό σχήμα δ λαμβάνομεν, καί πρός αύτό καταρτίζειν έαυτούς καί άγωνίζεσθαι κατά τούς Πατέρας ήμών. 15. Τό σχήμα δ φοροΰμεν, κολόβιόν έστι μή εχον χειρίδια καί ζώνη δερμάτινη καί άνάλαβος καί κουκούλλιον. Ταΰτα δέ σύμβολά είσι, καί όφείλομεν μαθεΐν τί σημαίνουσιν ήμιν τά σύμβολα τοΰ σχήματος ήμών. 5 Διά τί φοροΰμεν κολοβών μή εχον χειρίδια ; Τών άλλων C 1. Κεντηνάριον mol d'origine Inline = άκατόν χρυσίου λίτρα: (cent livres d’or) (Η. Zilliacus, Byzanlinische Zeitschrift, t. 37, 1937, p. 329 cl 340). On trouve aussi le mot dans des documents coptes. Cf. Lefoht, Vies coptes de S. Pachôme, p. 385. 2. « Il arrive en effet parfois qu’aprés avoir méprisé des centoniers, on en vient à s'attacher à une petite épingle ; et cet attachement désordonné fait que l’on est troublé et que cette petite épingle nous tient lieu de centenier : on devient esclave de la petite épingle, do la INSTRUCTIONS, I, § 14-15 169 affections, nous éprouvons de l’attrait pour sa gloire, du I goût pour des aliments, pour des vêtements. Qu’un outil £ soit bon, et nous nous y attachons : nous laissons cet outil de rien prendre chez nous la place d’un centenier1, comme dit l’abbé Zosime*. Apparemment nous avons • quitté le monde et abandonné ce qui est du monde en venant au monastère, et par des bagatelles nous assou­ vissons la convoitise du monde ! C’est une grande sottise de notre part de souffrir qu’aprés avoir renoncé à des choses considérables, nous satisfaisions nos passions avec les plus insignifiantes. Chacun de nous, en effet, a laissé ce qu’il possédait, de grands biens si nous en avions, ou le peu qui nous appartenait, chacun selon ses moyens ; puis nous sommes venus au monastère, et là, comme je l’ai dit, nous satisfaisons notre convoitise par des choses misé­ rables et sans valeur. Nous ne devons pas agir ainsi. Nous avons renoncé au monde et aux choses du monde ; il faut de même renoncer à l’attachement aux choses matérielles. Il faut savoir ce qu’est ce renoncement, pourquoi nous sommes venus au monastère, et aussi quel est l’habit que nous prenons, afin de nous y conformer et de lutter à l’exemple de nos Pères. 15. L’habit que nous portons se compose d’une tunique sans manches, d'une ceinture de cuir, d'un scapulaire et d’une cuculle. Mais ce sont des symboles, et nous devons savoir ce qu’ils signifient pour nous3. Pourquoi portons-nous une tunique sans manches ? cuculle, du manteau uu du livre auquel on s'attache, au lieu d’étro esclave de Dieu. Comme l’a dit un sage : * Autant do passions, autant do despotes pour l’ftnie. » Et le Seigneur : « Où est ton trésor, là sera ton cœur. > (Zosimk, Allot). I, 5 : PG 78, 1689 B. Cf. PE II, 37, P- Π7). 3. Dans son exposé du symbolisme de l’habit monastique, Dorothée s'inspire beaucoup d'É.vagre : PG 40, 1220-1221. Cf. Cassi kn, De Inst. Coenob. I (CSEL 17, p. 8-16). 6—1 170 10 D 15 20 1633 A 25 30 ŒUVRES SPIRITUELLES έχόντων πάντων χειρ ίδια, ημείς διά τί ούκ εχομεν ; Τά χειρίδια σύμβολά είσι των χειρών. Αί δέ χεϊρες λαμβάνονται εις την πρακτικήν. "Οτε ούν έρχεται ήμϊν λογισμός ένεργήσαί τι του παλαιού ανθρώπου διά των χειρών ημών, ύπόθου κλέψαι ή δεϊραι ή απλώς οίαν δήποτε αμαρτίαν ποιήσαι διά τών χειρών, όφείλομεν προσέχειν τώ σχήματι ημών καί μαθεϊν δτι ούκ έχομεν χειρίδια · τούτ’ έστιν, ούκ εχομεν χεϊρας του ένεργήσαί τι τού παλαιού ανθρώπου. "Εχει δέ τό κολόβιον ημών καί σημεϊόν τί ποτέ πορφυρούν · τί θέλει είναι τό σημεϊ'ον τό πορφυρούν ; 'Έκαστος στρατευόμενος τω βασιλεϊ πορφύραν έχει εις τό χλανίδιον αυτου. Επειδή γάρ ό βασιλεύς πορφύραν φορεϊ, πάντες οί στρατευόμενοι αύτω βάλλουσιν πορφύραν είς τά χλανίδια αύτών, τούτ’ έστιν τό βασιλικόν ένδυμα, Ενα διά τούτου δείξωσιν ότι τού βασιλέως είσί και οτι αύτω στρατεύονται * ούτως καί ήμεϊς λαμβάνομεν τό σημεϊον τό πορφυρούν είς τό κολόβιον ήμών, δεικνύοντες οτι τώ Χριστώ έστρατεύθημεν και χρεωστούμεν ύπομεϊναι όλα τα παθήματα αύτοΰ, όσα ύπέμεινε δι’ ημάς. Καί γάρ δτε επαθεν ό Δεσπότης ήμών, έφόρεσε τό πορφυρούν ιμάτιον. Πρώτον μέν ώς βασιλεύς · αύτός γάρ έστιν ό βασιλεύς τών βασιλευόντων καί Κύριος τών κυριευόντων ' έπειτα δέ καί ώς έμπαιζόμενος ύπό τών δυσσεβών εκείνων. Καί ήμεϊς ούν έχοντες τό σημεϊον τό πορφυρούν, έπαγγελλόμεθα, ώς είπον, ύποφέρειν πάντα τά παθήματα αυτού · καί ώσπερ ο στρατιώτης ούκ άφίησι την στρατιάν αύτού καί ύπάγει γίνεται γεωργός ή πραγματευτής, έπεί έκπίπτει τής στρατιάς αυτού, ώς λέγει ό ’Απόστολος ' Ούδείς στρατευόμενος εμπλέκεται ταϊς τού βίου πραγμα­ τείας, ίνα τφ στρατολογήσανε, άρέση ’ ούτως καί ήμεϊς 15. 32 στρατιάς : αξίας aEMi. 1. Cf. Clément ο’Alexandrie, Strom. IJ, 19 (SC 38, p. 109)’ S. GnÈcoiuic de Nysse, Vie. de Moïse (PG 44, 392; SC 1 bis, p. 96). 2. Cf. Cassien, De Inst, Coeriob. I, 4 (CSEL 17, p. 12). 3. Cf. Pallade, Histoire Lausiaque 32, 3 (éd. Butler-Lucol, INSTRUCTIONS, 1, § 15 171 Pourquoi n’avons-nous pas de manches, alors que tous les autres en ont ? Les manches sont le symbole des mains, et les mains signifient la pratique1. Aussi quand nous vient la pensée d’accomplir par les mains quelque chose du vieil homme, par exemple voler, frapper ou commettre n’importe quel autre péché par les mains, nous devons être attentifs A notre habit et reconnaître que nous n’avons pas de manches, c’est-à-dire que nous n’avons pas de mains pour faire ce qui est du vieil homme2. De plus, notre tunique porte une marque de pourpre. Que signifie cette marque ? Tous les soldats au service du roi ont de la pourpre sur leur manteau. Le roi en effet portant la pourpre, tous scs soldats mettent sur leur manteau de la pourpre, c’est-à-dire l'insigne royal3, pour montrer qu’ils sont au roi et font la guerre pour lui. Nous aussi, nous portons la marque de pourpre sur notre tunique, pour montrer que nous sommes soldats du Christ et que nous devons supporter toutes les souffrances qu'il a endurées pour nous. Car pendant sa Passion, noire Maître a porté le manteau de pourpre (cf. Jn 19. 2) : d’abord comme Roi, car il est « le Roi des Rois et le Seigneur des Seigneurs » (Apoc. 19, 16) ; ensuite parce qu’il fut tourné en dérision par ces impies. En portant la marque de pour­ pre, nous faisons donc profession, comme je le disais, d’endurer toutes ses souffrances ; et, de même que le soldat ne quitte pas son service pour se faire cultivateur ou com­ merçant — ce qui serait déchoir de son métier, puisque, selon l’Apôtrc, « aucun soldat ne s’embarrasse des affaires de la vie civile, s’il veut donner satisfaction à qui l’a enrôlé » (11 Tim. 2, 4) —, ainsi devons-nous, nous aussi, p. 214-215), où il est fait mention de celte marque de pourpre sur lo vêtement des moiucs pachômiens. D'après R. Dracuet (Le Muston 1944, p. 110), cette marque n'était peut-être pas eu forme de croix. Pour le symbolisme de la pourpre, signe de la dignité royale, cf. S. Grégoire i>e Nysse : PG 44, 136 CD. 172 ŒUVRES SPIRITUELLES 35 θέλομεν άθλήσαι του άμεριμνήσαι άπό πάντων των τού κόσμου τούτου, καί Θεώ μόνω σχολάσαι, ώς λέγει, ίνα ή η παρθένος εύπάρεδρος καί άπερισπαστος. 16. “Εχομεν δέ καί ζώνην ' ζώνην διά τί φορούμεν ; 'Η ζώνη ήν φορούμεν, σύμοολόν έστι πρώτον μέν ότι έσμεν εύτρεπισμένοι εις έργον · έκαστος γάρ θέλων έργάσασΟαι, πρώτον ζώννυται καί ούτως άρχεται τοΰ έργου, ώς λέγει · 5 *'Εστωσαν αί όσφύες ύμών περιεζωσμέναι. Καί πάλιν, ίνα ώσπερ έστιν από νεκρού δέρματος ή ζώνη, ούτως καί ήμεϊς νεκρώσωμεν την φιληδονίαν ημών. "Εστι γάρ ή ζώνη κατ’αύτής της όσφύος ημών ’ εκεί δέ είσιν οί νεφροί, έν οϊς λέγεται είναι τό έπιθυμητικόν της ψυχής. Καί τοΰτό 10 έστιν δ λέγει ό Απόστολος * Νεκρώσατε τά μέλη τά επί της γης, πορνείαν, ακαθαρσίαν, καί τά έξης. Β 17. "Εχομεν καί άνάλαβον ' ό άνάλαβος τίθεται σταυροειδώς έπι τούς ώμους ημών ' τούτ’ έστι, του σταυρού τό σύμβολον βαστάζομεν εις τούς ώμους ημών, καθώς λέγει · C Άρον τόν σταυρόν σου καί άκολούθει μοι. Τί δέ έστι 5 σταυρός ά?λ’ ή τελεία νέκρωσις ήτις κατορΟούται έν ήμϊν διά τής εις Χριστόν πίστεως ; ‘II γάρ πίστις, ώς λέγει πάλιν εις τό Γεροντικόν, περιστέλλει άεί τά κωλύοντα καί άνεμπόδιστον ποιεί ήμϊν την εργασίαν, τήν φέρουσαν ημάς εις τοιαύτην τελείαν νέκρωσιν * τούτ’ έστιν, ίνα νεκρώση τις 10 εαυτόν από πάντων τών τοΰ κόσμου τούτου, καί εάν άφήκε γονείς, ίνα άγωνίσηται καί πρός τήν προσπάθειαν αύτών, 15. 35 τοΰ ; καί aDEPMi || 37 ή οτπ. aDSMI. 16. 6 δέρματος : σώματος DEGHPMi || 10 μέλη : μέλη ύμών EGPML 17. 5 έν ora. nDEll.Mi || 11 αύτών oin. aDGPMi. 1. La fin de ce paragraphe semble inspirée d’un apophtegme copte de Maeaire : AM G, t. 25, p. 170. 2. Le port de la ceinture, signe de disponibilité pour le travail : S. Basu.ii, Reg. fus. tr. 23 (PG 31, 981 B). Cf. Cassien. De Inst. Qoenob. I, U (CSEt. 17, p. 15). INSTRUCTIONS, I, § 15-17 173 lutter pour n’avoir plus aucun souci des choses de ce inonde et vaquer à Dieu seul, assidûment et sans distraction, comme il est dit de la vierge (cf. 1 Cor. Ί, 34-35)1. 16. Nous avons aussi une ceinture. Pourquoi portons-nous une ceinture ? La ceinture que nous portons est d’abord le signe que nous sommes prêts au travail8. Quiconque en effet veut travailler commence par se ceindre, puis se met ainsi à l’ouvrage, selon la parole : « Que vos reins soient ceints > (Le 12, 35). D’autre part, la ceinture étant faite d’une peau morte’, montre que nous devons morti­ fier notre amour du plaisir345. Car la ceinture se place sur les hanches : or, c’est là que sont les reins, où réside, dit-on6, la puissance concupiscible de l’âme. C’est ce que dit l’Apôtrc : « Mortifiez vos membres terrestres, forni­ cation, impureté, etc. » (Col. 3, 5). 17. Nous avons également un scapulaire. Il sc place sur les épaules à la manière d’une croix ; c’est dire que nous portons sur nos épaules le symbole de la croix, suivant la parole : « Prends ta croix et suis-moi » (cf. Mallh. 16, 24). Et qu’est-ce que cette croix, sinon la mort parfaite que réalise en nous la foi au Christ? Car a la foi, dit encore le Géronltcon, couvre toujours les obstacles et nous rend aisée la pratique® », celle qui nous conduit à cette mort par­ faite, laquelle consiste à mourir à tout ce qui est de ce inonde : après avoir quitté ses parents, il faut aussi lutter 3. S. Grégoire de Nysse parle souvent des peaux mortes, Symbole de mort ou de mortification. Cf. PG -1-1, 333 A, 385 D, 392 D, 456 C... et J. DΑΝJ É LOU, Platonisme et théologie mystique, p. 56-60. 4. Selon S. Grégoire de Nysse, la ceinture est symbole de la tempérance, parce qu’elle est serrée autour des reins : PG 44, 357 B. Cf. Cassien. De Inst. Cocnob., I, II (CSEL 17, p. 15-16). 5. Cf. Pseudo-Origëne (Évagre ?), Select, in Ps. (PG 12, 1273 A) ; S. Basile, in Ps. 7, 6 (PG 29, 244 A); S. Grég. Naz., Oral. 40, 40 (PG 36, 416-417). 6. Évagre, Pradicos: PG 40, 1221 A. 174 ŒUVRES SPIRITUELLES ομοίως καί χρήματα ή κτήματα, καί έκαστον πράγμα ώ δ’ αν άποτάξηταί τις, θέλη καί αύτη τη προσπάθεια αύτοΰ άποτάξασθαι, καθώς καί ήδη εΐπομεν ‘ ν.χι αύτη έστιν ή 15 τελεία άποταγή. Γ> 5 10 1G3C A 15 18. Λαμβάνομεν δέ καί κουκούλλιον · τούτο δέ έστι σύμοολον της ταπεινώσεως. Τά νήπια γάρ τά μικρά τά άκακα φοροΰσι κουκούλλια * άνθρωπος δέ τέλειος κουκούλλιον ού φορεϊ. c Ημείς οΰν διά τούτο φορουμεν, ίνα νηπιάζωμεν τη κακία, ώς λέγει ό Απόστολος * Μή παιδία γίνεσθε ταϊς φρεσίν, αλλά τη κακία νηπιάζετε. Τί δέ έστι τό νηπιάζειν τη κακία ; Τδ νήπιον το μή έχον κακίαν, εάν άτιμασθη, ούκ οργίζεται, καί εάν τιμηθή, ού κενοδοξει " èiv λάδη τις τά αύτοΰ, ού θλίβεται · νηπιάζει γάρ τη κακία · ούκ έπεκδικει πάθος, ούκ αντιποιείται δόξης. ‘Έστι πάλιν τό κουκούλλιον σύμβολον τής χάριτος τού Θεού, δτι ώσπερ τό κουκούλλιον σκεπάζει καί θάλπει τήν κεφαλήν τού παιδιού, ούτως καί ή χάρις τού Θεού σκεπάζει τόν νουν ημών, ώς λέγει είς τό Γεροντικόν δτι · Τό κουκούλλιον σύμοολον έστι της χάριτος τού Σωτήρος ημών Θεού σκεπαζούσης ήμών τό ηγεμονικόν καί περιθαλπούσης τήν έν Χριστώ νηπιότητα διά τούς ραπίζειν αεί καί τιτρώσκειν έπιχειρούντας. 19. Ιδού έχομεν τήν ζώνην έπί τής όσφύος ήμών, ό έστιν ή νέκρωσις της άλογου επιθυμίας, καί τόν άνάλαβον κατά των ώμων, δ έστι σταυρός. Τδού καί τό κουκούλλιον, δ έστι σημειον της ακακίας καί τής έν Χριστώ νηπιότητος. 5 Πολιτευσώμεθα ούν πρός τό σχήμα ήμών, ώς ειπον οί Πατέρες, ίνα μή άλλότριον σχήμα φορώμεν, άλλ’ ώσπερ 19. 1 τήν : χαΐ τήν oDIIPMi || 5 ήμών om. sDEGHPMi. 1. Cf. Abb6 Isaïe. Aug., p. 154 (PG 40, 1176 D). 2. Évagre. Praclicos: PG 10. 1220 C. INSTRUCTIONS, I, § 17-19 175 i contre l'affection qu’on a pour eux ; de même après avoir renoncé à scs richesses, à ses biens et à toute chose, il ! faut encore renoncer à leur attrait même, comme nous l’avons déjà dit. Tel est le parfait renoncement. 18. Nous prenons aussi une cuculle : c'est un symbole de l’humilité. Car les petits enfants, qui sont innocents portent des cuculles, mais l’homme adulte n’en porte pas. Si donc nous en portons, c'est pour être comme des petits enfants quant à la malice, selon la parole de ΓApôtre : « Ne soyez pas enfants par le jugement, mais montrez-vous petits enfants quant à la malice » (/ Cor. 14,20). Que signifie donc « être petit enfant quant à la malice » ? Le petit enfant, étant sans malice, ne se met pas en colère si on l’injurie il n'éprouve pas de vanité si on l’honorc1, et il ne s’afflige pas si on lui prend ses affaires, car il est petit enfant quant à la malice ; il n’entretient pas une passion, il ne revendique pas de gloire. La cuculle est encore un symbole de la grâce de Dieu. De même que la cuculle protège et tient au chaud la tête de l’enfant, ainsi la grace divine protege notre esprit, comme le dit le Géronlicon : « La cuculle est le symbole de la grâce de Dieu notre Sauveur, qui protège la partie supérieure de l’âme et entoure de soins notre enfance dans le Christ, à cause de ceux qui s’efforcent toujours de frapper et de blesser2. » 19. Ainsi nous avons sur les hanches la ceinture, ce qui signifie la mortification de l’appétit irrationnel. Nous avons sur les épaules le scapulaire, qui est une croix. Et nous avons aussi la cuculle, qui est un symbole de l’innocence et de l’enfance dans le Christ, a Vivons donc conformé­ ment à notre habit, comme disent les Pères, pour ne pas porter un habit qui nous soit étranger3. » Nous avons 3. Apophl., Nau 55 : HOC 1907, p. 180 (cl. PE I, 32, p. 99 ; PL 73, 933 A). 176 ŒUVRES SPIRITUELLES άφήκαμεν τά μεγάλα, ούτως άφήσωμεν καί τά μικρά ' άφήκαμεν τόν κόσμον, άφήσωμεν καί τάς προσπάθειας Β αύτού · αί γάρ προσπάθειας καθώς εϊπον, καί διά μικρών 10 τινων καί εύτελών και μηδενός λόγου άξιων πάλιν συνδεσμούσιν ήμας τω κόσμω, καί ού νοοΰμεν. 5 10 C 15 20 0 25 20. Έάν ούν θέλωμεν τελείως άπαλλαγήναι και έλευθερωθήναι, μάθω μεν κόπτειν τά θελήματα ήμών, και ούτως κατά μικρόν μικρόν σύν Θεω προκόπτοντες έρχόμεθα είς τήν άπροσπάθειαν. Ούδέν γάρ ούτως ώφελεί τούς άνθρώπους, ώς τό κόπτειν τό ίδιον θέλημα · όντως προκύπτει τις έκ τούτου του πράγματος σχεδόν ύπέρ πάσαν άρετήν. Καί ώσπερ άνθρωπος όδεύων έν δδώ και εύρίσκων έν αυτή κοπενδάριον καί ύπάγων αύτό, δι’ έκείνου του κοπενδαρίου προλαμβάνει πολύ μέρος έκ της όδού έκείνης, ούτως έστιν ό όδεύων ταύτην τήν οδόν της κοπής του θελήματος · έκ τού γάρ κόπτειν τινά τό θέλημα αύτου, κτάται τήν άπροσπάθειαν, καί έκ της άπροσπαθείας έρχεται σύν Θεώ εις τελείαν άπάθειαν ' δύναται δέ τις εις μικρόν διάστημα κόψαι δέκα θελήματα, καί λέγω πώς ' Περιπατεΐ τις μικρόν καί βλέπει τί ποτέ, καί λέγει αύτώ ό λογισμός ' Πρόσχες έκεϊ, καί λέγει τώ λογισμώ ’ "Οντως ού προσέχω, καί κόπτει τό θέλημα αύτού, καί ού προσέχει. Πάλιν εύρίσκει τινάς λαλούντας, καί λέγει αύτώ ό λογισμός · Είπέ καί σύ τόδε τό ρήμα, καί κόπτει τό θέλημα αύτού καί ού λέγει. Πάλιν λέγει αύτώ δ λογισμός ’ "Ύπαγε έρώτησον τόν μάγειρον τί έψει, καί ούχ ύπάγει, άλλα κόπτει τό θέλημα αύτού. Βλέπει τί ποτέ, καί λέγει αύτώ ό λογισμός ’ Έρώτησον τίς ήνεγκεν αύτό, καί κόπτει τό θέλημα αύτού καί ούκ έρωτα · καί ούτως κόπτων κόπτων εις συνήθειαν έρχεται τού κόπτειν, καί έκ τών μικρών άρχεται καί τά μεγάλα μετά άναπαύσεως κόπτειν, καί 19. 10 καί εύτελών om. ADMi. 20. 3 προκόπτοντες : προκόπτομεν καί aDEGPMi || 9 προλαμ­ βάνει : -νων ΜΙ καί προλαμβάνων IIST 11 18 λαλούντας : καταλαλουντας aDMI. INSTRUCTIONS, I, § 19-20 177 1 abandonné les grandes choses, abandonnons aussi les ? petites. Nous avons quitté le monde, quittons aussi ses / affections, car, comme je l’ai dit, ccllcs-ci, par des choses t infimes et misérables qui ne méritent aucun intérêt, nous attachent encore au monde à notre insu. 20. Si donc nous voulons être parfaitement affranchis et libérés, apprenons à retrancher nos volontés, et ainsi progressant peu A peu avec l'aide de Dieu, nous parvien­ drons au détachement. Car rien n’est aussi profitable à l’homme que de retrancher sa volonté propre. En vérité, par ce moyen, on progresse pour ainsi dire au-delà de toute vertu. Comme le voyageur qui, en chemin, trouve un raccourci et l’empruntant gagne ainsi une bonne partie de la route, tel est celui qui marche par cette voie du retranche­ ment de la volonté : car en retranchant sa volonté, on obtient le détachement, et du détachement, on parvient, Dieu aidant, à une parfaite apatheia1. Or, il est possible, en un court espace de temps, de retrancher dix volontés. Voici comment : Un frère fait un petit tour, il aperçoit quelque chose. Une pensée lui dit : a Regarde là », mais lui répond : « Non, je ne regarde pas. » Il retranche sa volonté et ne regarde pas. Il trouve ensuite des frères en train de parler. Une pensée lui suggère : • Dis, toi aussi, ton mot. » II retranche sa volonté et ne parle pas. Une autre pensée surgit alors : a Va donc demander au cuisinier ce qu’il prépare. » Il n’y va pas, mais retranche sa volonté. Il voit par hasard un objet : l’idée lui vient de demander qui l’a apporté. Il retranche sa volonté et n’interroge pas. Ainsi par ces retranchements répétés, il acquiert une habitude, et, après les petites choses, il se met à retrancher même les grandes avec 1. Passage cité dans les scolia de Jean Climaque : PG 88, 660 D. Sur l’apatheia parfaite, cf. Évagre, Praclicos: PG 40, 1248 D. 178 œuvres spirituelles ούτως λοιπόν έρχεται μήτε έχειν ολως θέλημα, άλλ’ ει τι δ’ άν γένηται αναπαύει αύτόν, ώς ότι αυτού έστι. Καί αύτού μή θέλοντος ποιήσαι τδ θέλημα αύτού, εύρίσκεται πάντοτε 30 ποιων αύτό. *0 γάρ ίδιον ούκ έχει, έκαστον γινόμενον ίδιον αυτού έστι. Καί ούτως εύρίσκεται, ώς είπομεν, μή έχων προσπάθειαν, καί έκ τής άπροσπαθείας, ώς είπον, έρχεται είς την άπάθειαν. 21. Βλέπετε κατά μικρόν μικρόν είς ποίαν φέρει προ­ κοπήν τδ κόπτειν τδ ίδιον θέλημα ' ποιος ήν δ μακάριος εκείνος ΔωσίΟεος, άπδ ποιου βίου, άπδ ποίας τρυφής, άπδ ποιας βλακείας άνθρωπος μηδέ άκούσας ποτέ λόγον Θεού, 5 καί όμως ήκούσατε είς ποϊα μέτρα ήνεγκεν αύτόν δι’ ολίγου χρόνου τδ κρατησαι τήν ύπακοήν καί κόψαι τδ ίδιον θέλημα πώς δέ καί έδόξασεν αύτόν ό Θεός καί ούκ άφήκεν είς 1637 A λήθην έλθείν τήν τοιαύτην αύτού αρετήν, άλλα άπεκάλυψε τφ άγίω γέροντι, καί είδεν αυτόν μεταξύ όλων εκείνων τών 10 αγίων άπολαύοντα τής μακαριότατος αύτών. 22· Λέγω ύμίν καί άλλο πράγμα ύμοίως έπί εμού γινόμε­ νον, ίνα μάθητε ότι καί άπδ θανάτου ρύεται άνθρωπον ή ύπακοή καί τδ μή έχειν ίδιον θέλημα. Ποτέ όντος μου έν τοΐς τού άοβα Σερίδου, ήλθεν έκεί μαθητής μεγάλου γέροντος 5 έκ τών μερών Άσκάλωνος είς τινα άπόκρισιν τού άοβά αύτού. Είχε δέ εντολήν παρά τού γέροντος ύποστρέψαι άπδ έσπέρας είς τδ ίδιον κελλίον. Έν τοσούτω γίνεται χειμών σφοδρότατος καί όμβροι καί βρονταί, καί ήν ό παραπλήσιον χείμαρρος είς δλην τήν πλημμύραν αυτού · 10 εϊτα έκείνος ήθελεν άπελθεϊν διά τδ ρήμα τού γέροντος. 20. 27 έρχεται : αρχεται aDEGPMi. 21. 1 μικρόν om. HSTM1 || 2 ποιος: οίος aDHMi όποιος EGP || 6 κρατησαι: κρατησαι αύτόν aDEGPMi. 1. Epictete donnait Ιο même enseignement nu sujet du détache* ment : il faut s’exercer dans les petites choses, et, commençant par elles, passer ensuite Λ de plus grandes (Épictîïte, Entretiens I, 18, 18 et Manuel XII, 2). INSTRUCTIONS, I, § 20-22 179 ! aisance1. De la sorte il parvient enfin à n’avoir plus du tout de volonté propre. Quoi qu’il arrive, cela le contente, i comme si cela venait de lui. Alors qu’il ne veut plus faire 1 sa volonté, il se trouve la faire toujours. Car tout ce qui arrive et ne dépend pas de lui, lui convient23 . Il se trouve ainsi sans attache, et de ce détachement, comme je l'ai dit, il parvient à l’apatheia. 21. Voyez à quels progrès conduit peu à peu le retran­ chement de la volonté propre, voyez ce qu’était ce bienheureux Dosithée ! De quelle vie molle et sensuelle ne venait-il pas, lui qui n’avait même pas entendu dire un mot de Dieu8? Et pourtant, vous savez à quels sommets l’ont porté en peu de temps la pratique fidèle de l’obéissance et du retranchement de la volonté propre. Vous savez aussi comment Dieu l’a glorifié et n’a pas laissé tomber en oubli pareille vertu. Il l’a révélée à un saint Vieillard qui vit Dosithée au milieu de tous les saints, jouissant de leur félicité4. 22. Je vais vous conter un autre fait5*dont je fus aussi le témoin, pour que vous appreniez que l'obéissance et l’absence de toute volonté propre delivre l’homme même de la mort. Alors que j’étais au monastère de l’abbé Séridos, un disciple d’un grand Vieillard de la région d’Ascalon vint y faire une commission de la part de son abbé. Celui-ci lui avait donné l’ordre de rentrer le soir même dans sa cellule. Mais survint alors une très violente tempête, des averses et des coups de tonnerre ; le torrent voisin était en pleine crue. Pourtant, le frère voulait repartir à cause 2. Cf. plus loin, au § 187, p. 503, n. 2. 3. Cf. Dos. 3, p. 125-127. 4. Cf. Dos. 13, p. 145. 5. Celte histoire sc retrouve avec quelques variantes dans divers recueils, par ex. dans PE I, 34, p. 123, ou dans le manuscrit Paris. B,N. grec 1596, 1° 609, dont le texte a été publié par Nau dans PO 8, p. 176-177. S. THÉonoiui Stuoitr y fait allusion dans une catéchèse. Cf. Petile catéchise 125, éd. Auvray, p. 435. 180 ŒUVRES SPIRITUELLES B Ημείς δέ παρεκαλούμεν αύτόν μεϊναι, έχοντες οτι άδύνατόν έστι σωθηναι αύτόν έκ τού ποταμού. Εκείνος δέ ούκ έπείθετο ήμϊν μεϊναι. Λέγομεν ύστερον ’ Άπέλθωμεν μετ’ αύτου έως τού ποταμού * έάν γάρ ϊδη αύτόν, άφ’ εαυτού έχει άνα15 κάμψαι. ’Λπήλθομεν ούν μετ’ αύτοΰ, καί οτε έφθάσαμεν τόν ποταμόν, άποδύεται έκεϊνος τά ίμάτια αύτοΰ καί δεσμεϊ αύτά εις τήν κεφαλήν αύτοΰ καί ζώννυται τό μαφόριον αύτοΰ καί βάλλει έαυτον εις τόν ποταμόν εις ολον τό φοβερόν ρεύμα εκείνο. ‘Ημείς δέ ίστάμεθα εκπληττόμενοι καί τρέμοντες 20 μήπως άποθάνη · εκείνος δέ έμεινε κολυμβών καί εύρίσκεται παραχρήμα εις τό άλλο πέραν καί ένδύεται τά ίμάτια αύτού καί βάλλει ήμϊν έκεϊθεν μετάνοιαν καί λαμβάνει παράθεσιν καί άπέρχεται τρέχων · ήμεϊς δέ έμείναμεν θαυμάζοντες C καί έκπληττόμενοι τήν δύναμιν της αρετής, οτι ήμεϊς 25 μετά φόβου προσείχομεν, εκείνος δέ άκινδύνως διήλθε διά τήν ύπακοήν αύτοΰ. 23. ‘Ομοίως καί δ αδελφός έκεϊνος δν έπεμψεν ό άυβάς αύτοΰ διά τάς χρείας αυτών πρός τόν άποκρισάριον αύτοΰ εις τήν κώμην, πώς οτε εϊδεν έαϋτόν έλκόμενον υπό της Ουγατρός αύτού εις αίσχράν μίξιν, ίνα μόνον εΐπη · Ό Θεός, 5 διά των ευχών τοΰ Πατρός μου έξελοΰ με, εύθέως εύρέθη εις τήν όδόν της Σκήτεως ύπάγων πρός τόν Πατέρα αύτοΰ. Βλέπετε δύναμιν άρετής, βλέπετε ενέργειαν ρήματος, πόσην βοήθειαν έχει καί τό έπικαλέσασθαί τινα τάς εύχάς τού D Πατρός αύτοΰ · ίνα ειπη · Ό Θεός, διά των εύχών τού 10 Πατρός μου έξελοΰ με, εύθέως εύρέθη εις τήν όδόν. Κατα­ νοήσατε δέ τήν ταπείνωσιν καί τήν εύλάβειαν άμφοτέρων. ΤΗσαν έν στενώσει, καί ήθελεν δ γέρων πέμψαι τόν αδελφόν πρός τόν ποιοΰντα αύτοϊς τήν άπόκρισιν καί ούκ ελεγεν 22. 25 προσείχομεν : καν προσείχομεν aDEMi εκεί προσείχομεν ST. 23. 1 'Ομοίως om. aDEMi || 5 διά των εύχών om. aDGIIP STMi U U των εύχών : τάς εύχάς aDGPMi. I. En grec μαφόριον : selon Cassi un, il s’agit d’un petit manteau INSTRUCTIONS, I, § 22-23 h j i : ' ' 181 de la parole du Vieillard. Nous lui demandions de rester, tenant pour impossible qu’il se tirât du fleuve sain et sauf ; mais lui ue voulait pas se laisser convaincre. Nous finîmes par dire : « Allons avec lui jusqu’au fleuve. Quand il l’aura vu, de lui-même il fera deini-tour. » Nous sortîmes donc avec lui. Quand nous atteignîmes le fleuve, le frère ôta ses vêtements, les attacha sur sa tête, se ceignit de sa pèlerine1 et se jeta dans le fleuve, en plein dans ce courant terrible. Nous restions là, frappés de terreur et tremblant pour sa vie, mais lui continua de nager et se trouva bientôt sur l’autre rive. Il remit ses vêtements, nous fit de loin une métanie, prit conge et partit en courant. Nous, nous demeurions stupéfaits et remplis d'admiration devant la puissance de la vertu : alors que nous avions eu peur, rien qu’à regarder, lui avait traversé sans danger grâce à son obéissance. 23. Il arriva quelque chose de semblable à un frère que son abbé avait envoyé pour leurs besoins au bourg, chez son commissionnaire. Se voyant entraîné au mal par la fille de ce personnage, il dit seulement : « O Dieu, par les prières de mon père, délivre-moi ! » Aussitôt, il se trouva sur la route de Scétc, revenant vers son père2. Voyez la puissance de la vertu, voyez le pouvoir d’une parole, quel secours procure le seul fait d’en appeler aux prières de son père ! Ce irère a dit : α O Dieu, par les prières de mon père, délivre-moi l » et aussitôt, il s’est trouvé sur la route. Considérez leur humilité et leur prudence à tous deux. Ils étaient dans la gène et le vieillard voulait envoyer le frère chez celui qui faisait leurs commissions. Il ne lui étroit, sorte d'écharpe couvrant le cou et les épaules (cf. De Inst. Coenob. l,6:CSEL 17, p. 13). Cf. S. Jêkômk, Episl. 22,13 (éd. Labourl, t. I, p. 123 cl note p. 165). 2. Apopht. Amoun 3 : PG 65, 128 D. Cf. PE I, 39, p. 134-135 ; Nau 293 {HOC 1909, p. 377) cl PL 73, 788 C, 951 A-C. 182 15 20 1640 A 25 30 ŒUVRES SPIRITUELLES αύτω ' "Υπαγε ’ άλλ* έλεγεν αύτω · Θέλεις άπελθεϊν ; ‘Ομοίως καί ό άοελφος ούκ είπεν · ‘Υπάγω, άλλ’ έλεγεν αύτω · Ώς θέλεις ποιώ. Έφοβεϊτο γάρ καί δια τά σκάνδαλα καί διά τό μή παρακοΰσαι του ΙΙατρός αύτοϋ. ΕΙτα ώς πλέον έστενώθησαν, λέγει αύτω ό γέρων ' Έγείρου, ύπαγε ' καί ούκ ε'ίπεν αύτω · ’Ελπίζω εις τον Θεόν μου ότι σκεπάζει σε · άλλά λέγει · Ελπίζω εις τάς εύχάς τού Πατρός μου ότι σκεπάζει σε. ‘Ομοίως καί ό άδελφός ότε έπειράσθη, ούκ είπεν * ‘0 Θεός μου, έξελοΰ με, άλλά · '0 Θεός, διά τών εύχών τού Πατρός μου έξελού με. Καί έκαστος αύτών εις τάς εύχάς τού Πατρός αύτού ήλπιζε. Βλέπετε πώς έζευξαν τη ύπακοή τήν ταπείνωσιν ' ώσπερ γάρ ζεύγνυται το άρμα, καί ού δύναται ό ίππος ό είς προλαοεΐν τόν άλλον, έπεί κλάται, ούτως χρήζει ή ύπακοή έχειν συνεζευγμένην αύτή τήν ταπείνωσιν. Καί πώς δύναταί τις άξιωθήναι ταύτης τής χάριτος, εάν μή, καθώς είπον, βιάσηται κόψαι τά ίδια θελήματα καί έκδώ εαυτόν μετά Θεόν τώ έαυτοΰ Πατρί έν μηδενί διστάζων, αλλά πάντα ποιων ώσπερ κάκεϊνοι μετά πληροφορίας ώς ότι τώ Θεφ υπακούει ; Τις άξιος έλεηθήναι, τις άξιος σωθήναι. 24. Φέρεται ποτέ τοιοΰτος λόγος ότι παρερχόμενος Β ό άγιος Βασίλειος διά τών κοινοβίων αύτού, λέγει ένι των ήγουμένων · "Εχεις τινά τών σωζομένων ; Λέγει αύτω ο άβοάς · Διά τών εύχών σου, δέσποτα, πάντες θέλομεν 5 σωθήναι. Λέγει πάλιν αύτω ο άγιος Βασίλειος ' Τών σωζομένων έχεις τινά ; Εκείνος νοήσας, ήν γάρ καί αύτός πνευματικός, λέγει · Ναί. Λέγει αύτω ό άγιος · Φέρε μοι αύτόν. "Ερχεται εκείνος ό αδελφός καί λέγει ό άγιος αύτω · 23- 25 τη ύπακοή τήν ταπείνωσιν : τήν ύπακοήν τή ταπεινώσει aDESTMi || 26 ό εΓς orn. aDEGPSTAIi. 24. 7-8 Λέγει αύτω... αδελφός καί : ΈλΟόντος δέ αύτοΰ aDEMi. 1. Dans le texte 5, 137 B. 184 10 15 C 20 ŒUVRES SPIRITUELLES Δός, νίψωμαι. ’Απέρχεται καί φέρει αύτώ νίψασθαι. Μετά δέ τδ νίψασθαι τόν άγιον Βασίλειον, λαμβάνει και αυτός ό άγιος τό νίμμα και λέγει τω άδελφφ ' Δέξαι, καί αύτός νίψαι. Δέχεται εκείνος τό νίμμα αδιακρίτως παρά του αγίου ' μετά ούν τό δοκιμάσαι αύτόν έν τούτοι, λέγει αύτώ πάλιν ’ "Ότε εισέρχομαι είς τό ίερατειον, δεύρο ύπόμνησόν με ινα χειροτονήσω σε. Πάλιν εκείνος αδιακρίτως ύπακούει. Και δτε είδε τον άγιον Βασίλειον έσο> είς τό ίερατειον, απέρχεται καί ύπομιμνήσκει αύτόν, καί χειροτονεί αύτόν καί λαμβάνει αυτόν μετ’ αύτοΰ · τίνι γάρ έπρεπεν μετά του αγίου εκείνου τού Οεοφόρου εί μή τω τοιούτω εύλογημένω αδελφοί ; 25. ‘Υμείς ούκ έχετε πείραν ύπακοής άδιακρίτου, ούδέ οιδατε τήν άνάπαυσιν αύτης. Ήρώτησά ποτέ τόν γέροντα τον άββαν Ίωάννην τόν τού άοβά Βαρσανουφίου καί είπον · Δέσποτα, επειδή ή Γραφή λέγει δτι διά πολλών θλίψεων 5 δεϊ ημάς είσελθεΐν είς τήν βασιλείαν τών ούρανών, καί βλέπω δτι ούδέ μίαν θλίψιν έχω, τί οφείλω ποιήσαι μήπως καί άπόλλω τήν ψυχήν μου ; ‘Ότι ούκ είχον ούδέ μίαν θλίψιν ούδέ μίαν μέριμναν. Εί δέ καί συνέβη με έχειν λογισ­ μόν, έλάμβανον τό πινακίδων καί εγραφον τω γέροντι. D 10 Διά γραμμάτων γάρ ήρώτων αύτόν πρό τού με ύπηρετησαι αύτώ · καί πριν πληρώσω, γράφων ήσθανόμην κουφισμού και ώφελείας. Τοσαύτη ήν ή άμεριμνία καί ή άνάπαυσις ' εγώ δέ μή είδώς τήν δύναμιν της άρετης καί άκούων οτι διά πολλών θλίψεων δεί ή μας είσελθεΐν είς τήν βασιλείαν τών 15 ούρανών, έφοβούμην δτι ούκ είχον θλίψιν. ‘Ώς οδν έδήλωσα τω γέροντι, δηλοί μοι ούτως ‘ Μηδέν Ολιοής ’ σύ ούκ έχεις πράγμα, άλλ’ έκαστος βάλλων εαυτόν είς ύπακοήν Πατέρων, ταύτην τήν άμεριμνίαν καί τήν άνάπαυσιν έχει. 25. 10 ήρώτων : ήρώτων και aDEHPMi. 1. Cf. Inlr., p. 70-71. 2. Barsanuphc cl Jean citent souvent ce texte, v. g. Nie. 27, 102, 191 INSTRUCTIONS, I, § 24-25 185 I arrive el 1c saint lui dit : « Donne de quoi me laver. » f'Le frère s’en va et lui rapporte le nécessaire. Après s’être lavé, saint Basile prit l'eau à son tour et dit au frère : « Accepte, et lave-toi aussi. » Sans discuter, le frère reçut l’eau versée par le saint. Après l’avoir ainsi éprouvé, saint Basile lui dit encore : «Quand j’entrerai dans le sanctuaire, viens me rappeler que je veux t’imposer les mains. » Le frère obéit encore sans discuter. Quand il vit saint Basile dans le sanctuaire, il vint le lui rappeler. L'évêque lui imposa les mains et le prit avec lui. Qui en effet méritait plus que ce bienheureux frère de vivre avec ce saint homme de Dieu? 25. Quant à vous, vous n’avez pas l’expérience de cette obéissance qui ne raisonne pas1, et vous ne connaissez pas non plus le repos qu’on trouve en elle. J’interrogeai un jour le vieillard, l'abbé Jean, disciple de l’abbé Barsanuphe : « Maître, l’Écriturc dit que c’est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le Royaume des cicux (Ad. 14, 22)2. Or, je constate que je n'ai pas la moindre tribulation. Que dois-je donc faire pour ne pas perdre mon âme3? » Car je n’avais aucune tribulation, aucun souci. S’il m'arrivait d’avoir une pensée, je prenais ma tablette et j’écrivais au vieillard, — c’est en effet par écrit que je l’interrogeais, avant d’être à son service — et je n’avais pas fini d’écrire que j’en ressentais déjà soulagement et profit. Tels étaient donc mon insouciance et mon repos. Cependant, comme j’ignorais la puissance de la vertu et que j’entendais dire que c’est par beaucoup de tribulations qu’on entre dans le Royaume des deux, je m'inquiétais de n'être pas éprouvé. Mais quand je fis part de ma crainte au vieillard, il me déclara : « Ne te tracasse pas : toi, tu n’es pai en cause. Tous ceux qui se livrent à l'obéissance des Pères, possèdent celte insouciance et ce repos. » 3. Cette lettre que Dorothée cite aussi au § GG ne se trouva pus dans le recueil de Nicodôme. Β'. ΠΕΡΙ ΤΑΠΕΙΝΟΦΡΟΣΥΝΗΣ 1611 λ 5 10 15 Β 20 26. ΕΙπέ τις τών γερόντων * Πρό παντός χρήζομεν της ταπεινοφροσύνης, έτοιμοι ίντες έν παντί λόγιο ώ άκούομεν λέγειν ’ Συγχώρησον. Διά γάρ της ταπεινοφροσύνης πάντα τά τού εχθρού καί άντικειμένου διαφθείρεται. Ζητήσωμεν τί έστιν ή δύναμις τού λόγου τού γέροντος. Διά τί λέγει ' Πρό παντός χρήζομεν της ταπεινοφροσύνης, και μή μάλλον · Πρό παντός χρήζομεν εγκράτειας ; Λέγει γάρ ό ’Απόστολος ’ Ό άγωνιζόμενος πάντα έγκρατεύεται ' ή διά τί μή λέγει ’ Πρό παντός χρήζομεν τού φόβου τού Θεού ; Λέγει γάρ ή Γραφή * ’Αρχή σοφίας φόβος Κυρίου. Καί πάλιν ’ Τω φόβω Κυρίου έκκλίνει πας άπό κακού. Διά τί δέ ού λέγει * Πρό παντός χρήζομεν της ελεημοσύνης ή της πίστεως ; Λέγει γάρ ’ Έλεημοσύναις καί πίστεσιν άποκαθαίρονται άμαρτίαι · καί ό ’Απόστολος λέγει · Χωρίς πίστεως άδύνατον εύαρεστησαι τω Θεφ. Εί ούν άδύνατον εύαρεστησαι χωρίς πίστεως, καί έλεημοσύναις καί πίστεσιν άποκαθαίρονται άμαρτίαι, καί τώ φόβφ Κυρίου έκκλίνει πας άπό κακού, καί άρχή σοφίας φόβος Κυρίου, καί ό άγωνιζόμενος πάντα έγκρατεύεται, πώς λέγει οτι ’ Πρό παντός χρήζομεν της ταπεινοφροσύνης, καί άφηκε ταύτα πάντα ούτως άναγκαΐα βντα ; Θέλει δειξαι ήμιν ό γέρων ότι ούτε αυτός ό φόβος Mas : a DEG H PST Μ i 1. Tel ôtait l’usage courant chez les moines d’Égypte. Théodore de Phcrmé considère comme < dégénérés » les moines qui ne disaient pas Συγχώρησον (PG 65, 188 D). 2. Apophtegme de l’abbé Isaïe (dans PE I, 44, p. 160) dont le II. DE L’HUMILITÉ 26. e Avant tout, dit un vieillard, nous avons besoin de l'humilité, et devons être prêts ô dire : Pardon1 ! pour toute parole que nous entendons, car c’est par l’humi­ lité que sont anéantis tous les maléfices de notre ennemi et antagoniste2. » Cherchons quel est le sens de cette parole du vieillard. Pourquoi dit-il : « Avant tout, nous avons besoin de l’humilité », et non pas plutôt : « Avant tout, nous avons besoin de la tempérance»? L’Apôtre dit en effet : « Le lutteur se prive de tout» (/ Cor. 9, 25). Ou pourquoi le vieillard ne dit-il pas : « Avant tout, nous avons besoin de la crainte de Dieu », puisque l’Écriture affirme que « le commencement de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur» (Ps. 110, 10) et qu’a on se détourne du mai par la crainte du Seigneur» (Prou. 15, 27)? Pourquoi pas non plus : « Avant tout, nous avons besoin de l’aumône, ou de la foi »? Il est écrit en effet : a Par les aumônes et la foi, les péchés sont purifiés » (Prou. 15, 27). L'Apôtre dit aussi que a sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu » (Héb. 11, 6). Si donc «il est impossible de plaire sans la foi», si « par les aumônes et la foi les péchés sont purifiés », si « par la crainte du Seigneur l’homme se détourne du mal », si « la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse », si enfin a le lutteur se prive de tout », pourquoi le vieillard dit-il : « Avant tout, nous avons besoin de l'humilité », en laissant de côté tout cela, qui est si néces­ saire ? C’est qu’il veut nous montrer que ni la crainte de texte correspond au début du Discours troisième de l’édition Aug. p. 7 (PG 40, 1108). 188 OEUVRES SPIRITUELLES τοΰ Θεού ούτε ή ελεημοσύνη ούτε ή πίστις ούτε ή εγκράτεια ούτε άλλη μία των αρετών δύναται κατορθωθήναι χωρίς της ταπεινοφροσύνης. Διά τούτο λέγει ’ IIρδ παντός χρήζομεν 25 της ταπεινοφροσύνης, έτοιμοι δντες έν παντί λόγο,) ώ άκούομεν λέγειν ' Συγχώρησον. Διά γάρ τής ταπεινοφροσύνης πάντα τά τοΰ έχΟροΰ και αντικειμένου διαφθείρεται. 27. ’Ιδού βλέπετε, αδελφοί, πόση έστίν ή δύναμις τής ταπεινοφροσύνης. Βλέπετε ποιαν ένέργειαν έχει τδ λέγειν · C Συγχώρησον. Διά τί δέ καλείται δ διάβολος ού μόνον έχθρός, άλλά καί άντικείμενος ; Εχθρός λέγεται, καθότι μισάνθρωπος 5 έστι, μισόκαλος, έπίοουλος ’ άντικείμενος δέ λέγεται, έπειδή εις παν πράγμα καλόν έπιχειρεϊ έμποδίσαι. Θέλει τις εύξασθαι ; έκεΐνος άντίκειται έμποδίζων διά κακών ενθυμήσεων, δι’ αιχμαλωσίας, διά άκηδίας. Θέλει τις έλεήσαι ; έκεΐνος εμποδίζει διά φιλαργυρίας, διά κνιπίας. 10 Θέλει τις άγρυπνήσαι ; έκεΐνος εμποδίζει δι’ δκνηριας, διά ραθυμίας * καί εις έκαστον πράγμα ούτως έναντιοΰται ήμιν, εις δ έπιυαλλόμεθα καλόν · διά τούτο λέγεται ού μόνον έχθρός, άλλά καί άντικείμενος ' διά ούν της ταπεινοφροσύνης πάντα τά τοΰ έχθροΰ καί αντικειμένου διαφθείρεται. 28. Μεγάλη γάρ έστιν όντως ή ταπεινοφροσύνη, καί έκαστος δέ τών άγιων δι’ αύτης τής ταπεινοφροσύνης D ώδευσεν καί διά τοΰ κόπου συνέτεμεν τήν οδοιπορίαν, καθώς λέγει * "Ιδε την ταπείνωσίν μου καί τόν κόπον μου, 5 καί άφες πάσας τάς αμαρτίας μου. Δύναται μέν γάρ καί ή ταπείνωσις μόνη είσενεγκεΐν, ώς ελεγεν δ γέρων ό άθοάς 1. Litt. » captivité », mais non au sens le plus courant du mol dans la tradition monastique {«le dernier stade de la passion devenue tyrannique et quasi invincible», 1. IIausherr, Direction, p. 317). Dans PG 65, 197 A 8, on trouve le mol employé dans le mémo sens qu'icî. Il s'agit des distractions dans la psalmodie. Plus loin, au § 120, p. 370, Dorothée emploiera le verbe correspondant pour exprimer clairement la même idée : εις τήν ψαλμωδίαν και εις τήν εύχήν... ήχμαλωτίσθη ύπό λογισμών έμπαΟών. INSTRUCTIONS, II, § 26-28 189 Dieu elle-même, ni l’aumône, ni la foi, ni la temperance, ni aucune autre vertu, ne peut exister sans l’humilité. ; Et c’est pour cette raison qu’il dit : « Avant tout, nous avons besoin de l’humilité, et devons être prêts à dire : Pardon ! pour toute parole que nous entendons, car c’est par l’humilité que sont anéantis tous les maléfices de notre Ennemi et antagoniste. » 27. Vous voyez, frères, quelle est la puissance de l’humilité. Vous voyez combien il est efficace de dire : « Pardon ! » Mais pourquoi le diable est-il appelé non seulement a ennemi», mais encore «antagoniste»? On l’appelle « ennemi » à cause de sa haine insidieuse pour l’homme et pour le bien ; « antagoniste », parce qu’il s’efforce d’entraver toute bonne œuvre. Quelqu’un veut-il prier? Il s’y oppose et y met obstacle par des mauvaises pensées, par la distraction obsédante1, par l’acédie*. Un autre veut-il faire l’aumône? Il l’arrête par l’avarice, par la ladrerie. Un autre veut-il veiller? 11 l’empêche par la paresse, par la nonchalance. Bref, il s'oppose à tout ce que nous entreprenons de bon. C'est pourquoi on l'appelle non seulement «ennemi», mais aussi «antagoniste». Donc « par l’humilité sont anéantis tous les maléfices de notre ennemi et antagoniste ». 28. Car elle est vraiment grande, l’humilité. Tous les saints ont marché par cette voie de l’humilité et en ont abrégé le parcours par la peine, selon la parole : « Vois mon humilité et ma peine, et enlève tous mes péchés » (Ps. 24, 18). «Même seule, l’humilité peut, comme le disait l’abbé Jean2 3, nous introduire, quoique plus lente2. < Le mot acédic n’esl pas français, mais nous nous servons de ce mot, faute d’un terme qui lui corresponde » (J. Bremond, Pires du deseri, t. II, p. 308). « C'est l'accablcmcnt, le découragement, le vague à l'âme universel, sans cause précise » (I. Hausherr, Direc­ tion, p. 317). 3. Jean le Prophète, Nie. 277, lettre adressée à Dorothée. Cf. PG 88, 1816 A. 190 ŒUVRES SPIRITUELLES ’Ιωάννης, βραδυτέρως δέ. Ταπεινωθώμεν ούν καί ημείς μικρόν, καί σωζόμεθα ’ καν ού δυνάμεθα κοπιάσαι ώς άσθενείς, σπουδάσωμεν ταπεινωθήναι. Καί πιστεύω εις τό 10 έλεος τοϋ Θεού ότι δι’ αύτό τό μικρόν τό μετά ταπεινώσεως γενόμενον εύρισκόμεθα καί ημείς εις τόν τόπον των άγιων εκείνων των πολλά πάνυ κοπιασάντων καί δουλευσάντων 1611 A τώ Θεω. Ναι άσθενοΰμεν καί ού δυνάμεθα κοπιάσαι, μή ταπεινωθήναι ού δυνάμεθα ; 5 10 Β 15 29. Μακάριός έστιν, αδελφοί, ό έχων ταπείνωσιν. Μεγάλη έστίν ή ταπείνωσις * καλώς δέ έσήμανεν ό άγιος έκείνος τόν έχοντα αληθινήν ταπείνωσιν διά τό είπείν ότι * ‘Η ταπείνωσις ούκ όργίζεται ούδέ παροργίζει τινά. Καί δοκεί ώς ξένον είναι τό πράγμα · ή ταπείνωσις γάρ τη κενοδοξία μόνη έναντιούται καί άπ’ αύτης δήθεν φυλάττει τόν άνθρωπον. ’Οργίζεται δέ τις καί διά χρήματα καί διά βρώματα ' πώς ούν λέγει ότι · Ή ταπείνωσις ούκ οργίζεται ούδέ παροργίζει τινά ; ‘H ταπείνωσις μεγάλη έστίν, ώς εϊπομεν, καί δυνατή έστιν ώστε έπισπάσασθαι τήν χάριν του Θεοΰ εις τήν ψυχήν. Λοιπόν αύτή ή χάρις του Θεοΰ έλθοΰσα σκεπάζει τήν ψυχήν έκ των άλλων δύο παθών τούτων τών βαρέων · τί γάρ έστι βαρύτερον τοΰ όργίζεσθαι καί του παροργίζειν τόν πλησίον, ώς είπεν ό Εύάγριος ότι ' Ξένον παντάπασι μοναχώ τό όργίζεσθαι ' όντως εί μή ταχέως σκεπασθή ό τοιοΰτος διά ταπεινώσεως, κατά μικρόν μικρόν έρχεται εις κατάστασιν δαίμονος, ταράσσων καί ταρασσόμενος. Διά τοΰτο ούν λέγει ότι ' Ή ταπείνωσις ούκ δργίζεται ούδέ παροργίζει τινά. 29. 3 τύ είπεϊν : τούτο εϊπεν a Η.Mi || II εϊπεν ό Εύάγριος ότι : είπε τις «DEMI είπε γέρων τις GP εϊπεν ύ άγιος Μακάριος Η. 1. La même idée est exprimée par l'abbé Isaïe : PL·' 1, 45, p. 1682. ApopM. Nau 115 (HOC 1907, p. 402) ; PE I, 45, p. 165; PI. 73, 1037 A. 3. Cet Apophtegme ne se trouve pas sous le nom d’Évagrc, mais INSTRUCTIONS, H, § 28-29 191 Epient. » Humilions-nous donc un peu, nous aussi, et nous serons sauvés. Même si nous ne pouvons, faibles ■comme nous le sommes, accomplir de pénibles travaux, ' tâchons de nous humilier. Et j’ai confiance en la miséricorde de Dieu que le peu que nous aurons fait humblement nous vaudra d’être, nous aussi, parmi ces saints qui ont beaucoup peiné au service de Dieu1. Oui, nous sommes faibles et incapables de nous livrer à ces labeurs, mais ne pouvonsnous pas nous humilier? 29. Bienheureux, frères, celui qui possède l’humilité ! Grande est l’humilité, et il désignait fort bien celui qui possède une véritable humilité, ce saint qui disait : « L’humilité ne s’irrite pas et n’irrite personne2. » Ceci pourtant ne semble pas convenir, car l’humilité s’oppose à la seule vainc gloire, dont elle préserve l’homme. Or, on s’irritc à propos de richesses et à propos de nourritures. Comment peut-on dire alors que « l’humilité ne s’irrite pas et n’irrite personne»? C'est que l'humilité, nous l’avons dit, est grande. Elle est si puissante qu’elle attire la grâce de Dieu dans l’âme, et la grâce de Dieu une fois présente, protège l’âme contre ces deux graves passions. Qu’y a-t-il en effet de plus grave que de s’irriter et d’irriter le prochain ? Évagrc le disait : « Il ne convient absolument pas au moine de sc mettre en colère8. » Oui, vraiment, si celui qui s’irrite n’est pas aussitôt défendu par l’humilité, il glisse peu â peu dans un état démoniaque4, troublant les autres et se troublant lui-même. EL c’est pour cette raison que le vieillard dit : « L’humilité ne s’irritc pas et n’irrite personne. » cité par Zosime sous le nom de Macoirc dans PE 11, 35, p. 112. On le retrouve également dans le» «Vertus de S. Macairo », .4 M G, t. 25, p. 171-172. Dorothée 1« cite encore au début de sa huitième Instruction (§ 89). 4. · État troublé » opposé à « état pacifique » : cf. ÉVAGRE, Pract. I, 52 {PG 40, 1233 B). Cf. ci-après § 58, p. 241, η. 1. 102 5 C 10 15 D 5 10 1645 Λ 15 ŒUVRES SPIRITUELLES 30. Τί δέ λέγω οτι άπό τών δύο παθών σκεπάζει ; Αλλά καί άπό παντός πάθους, από παντός πειρασμού σκεπάζει ή ταπείνωσις τήν ψυχήν. 'Ότε έθεώρησεν ό άγιος ’Αντώνιος πάσας τάς παγίδας τού διαβόλου ήπλωμένας καί στενάξας ήρώτησε τόν Θεόν ότι * Τίς άρα παρέρχεται αύτάς, τί άπεκρίθη αύτώ ό Θεός ; ότι · Ή ταπείνωσις παρέρχεται αύτάς. Καί ποιον άλλο θαυμαστόν προσέθηκε ; τό ' Καί οΰτε άπτονται αύτής. Βλέπεις δύναμιν, κΰρι, βλέπεις χάριν αρετής ; Τώ δντι ούδέν Ισχυρότερου τής ταπεινοφροσύνης, ούδέν περιγίνεται αύτής. Et τι 3’ αν συμβή λυπηρόν τώ ταπεινφ, εύΟέως χωρεϊ καθ’ εαυτού, εύθέως κατακρίνει εαυτόν οτι έστιν άξιος ' ούκ ανέχεται μέμψασθαί τινα, ούκ ανέχεται βαλεΐν επάνω άλλου τήν αιτίαν καί λοιπόν παρέρχεται άταράχως, άθλίπτως, μετά πάσης άναπαύσεως. Διά τούτο οΰτε οργίζεται οΰτε παροργίζει τινά. Διά τούτο καλώς είπεν ό άγιος ότι ’ Πρό πάντος χρήζομεν τής ταπεινοφροσύνης. 31. Δύο δέ είσι ταπεινώσεις, ώσπερ καί δύο ύπερηφανίαι. «Η πρώτη ύπερηφανία έστιν όταν έξουδενεϊ τις τόν αδελφόν, όταν εύτελίζει αύτόν ώς μηδέν όντα καί έαυτόν έχει ύπερέχοντα αύτού. ‘O τοιούτος έάν μή ταχέως νήψη καί σπουδάση. κατά μικρόν μικρόν έρχεται καί εις τήν δευτέραν ύπερηφανίαν, ίνα καί κατ’ αύτού τού Θεού ύπερηφανεύηται καί έαυτώ έπιγράφη τά κατορθώματα αύτού, καί ού τώ Θεώ. •Όντως, άδελφοί μου, οίδά ποτέ έλθόντα τινα εις ταύτην τήν έλεεινήν κατάστασιν · καί παρά μεν τήν αρχήν εϊ τι έλάλησεν αύτώ τις τών άδελφών, κατέπτυεν έκαστου καί έλεγε · Τίς έστιν εκείνος ; Ούκ έστιν εϊ μή Ζωσιμάς καί οί κατ’ αύτόν. Εϊτα ήρξατο καί τούτους εΰτελίζειν καί λέγειν ’ Ούδείς έστιν εί μή Μακάριος. Καί μετ’ ολίγον ήρξατο λέγειν ' Τίς έστι Μακάριος ; Ούδείς, εί μή Βασίλειος καί Γρηγόριος. Εϊτα μετά μικρόν ήρξατο και τούτους εύ30. 10 ούδέν περιγίνεται αύτης om. aDMi || 16 πάντος : πάντων •DEIIML INSTRUCTIONS, II, § 30-31 193 30. Mais que dis-je? Est-ce seulement de ces deux passions que l’humilité protège? C’est bien plutôt de toute passion, de toute tentation qu'elle protege l’âme. Quand saint Antoine eut contemplé toutes les embûches tendues par le diable, il demanda à Dieu en gémissant : « Qui les surmontera ? » Que lui répondit Dieu ? « L'humilité les surmontera. » Et quelle autre parole admirable ajouta Dieu? «Et elles n'ont pas prise sur elle1.» Voyez-vous, Révérends, la puissance, voyez-vous la grâce d’une vertu ? En vérité, rien n’est plus puissant que l’humilité, rien ne l’emporte sur elle. Si quelque chose de fâcheux arrive à l’humble, aussitôt il s'en prend à lui-même, aussitôt il juge qu’il l'a mérité, il ne souffre pas d’en faire reproche à quelqu’un, ni d’en rejeter la faute sur un autre. Il supporte simplement·, sans trouble, sans accablement, et en toute quiétude. C’est pourquoi « l’humilité ne s’irrite pas et n’irrite personne ». Aussi le saint a-t-il bien fait de dire : « Avant tout, nous avons besoin de l’humilité. » 31. Il y a deux espèces d’humilité, comme il y a deux espèces d’orgueil. La première espèce d’orgueil consiste à mépriser son frère, à ne faire aucun cas de lui, comme s’il n'était rien, et à se croire supérieur à lui. Si l’on ne fait pas preuve aussitôt d’une sérieuse vigilance, on en vient peu à peu à la seconde espèce qui consiste à s’élever contre Dieu même, et à attribuer ses bonnes œuvres à soi et non à Dieu. En vérité, mes frères, j’ai connu quelqu’un qui était tombé dans cet état pitoyable. Au début, quand un frère lui parlait, il le méprisait et disait : « Qu’est-ce que celui-là? Il n’y a au monde que Zosime et ses disciples. » Puis ceux-là aussi, il se mit à les mépriser et à dire : « U n’y a que Macaire», et peu après : «Qu’est-ce que Macaire? Il n’y a que Basile et Grégoire ! » Mais il les méprisa I. Apopht. Antoine 7 : PG 65, 77 AB ; PL 73, 785 BC. 7 194 ŒUVRES SPIRITUELLES τελίζειν λέγων · Τίς έστι Βασίλειος καί τίς έστι Γρηγόριος ; Ούδείς, εί μή Πέτρος καί Παύλος. Λέγω αύτω ' ’Όντως, άδελφε, καί τούτους έχεις έξουδενώσαι. Πιστεύσατε μοι 20 ότι μετ’ ολίγον καιρόν ήρξατο λέγειν ' Τίς εστι Πέτρος καί τίς έστι Παύλος ; Ούδείς, εί μή η αγία I ριάς. "1 στερον κατ’ αύτοΰ τού Θεού ύπερηφανεύΟη, καί ούτως έξέστη. Διά τούτο οφείλομεν άγωνίζεσθαι, αδελφοί μου, προς τήν πρώτην ύπερηφανίαν, ϊνα μή κατά μικρόν έμπέσωμεν καί είς τήν 25 τελείαν ύπερηφανίαν. Β 5 10 15 C 20 32. "Εστι δέ καί κοσμική ύπερηφανία καί μοναχική ύπερηφανία. 'H κοσμική ύπερηφανία έστιν βτε τις ύπερηφανεύεται κατά τού αδελφού αυτού ώς πλουσιότερος ή ώς εύμορφότερος αύτοΰ ή ώς καλώς φορών πλέον αύτοΰ ή ώς γενναιότερος αύτού. 'Όταν ούν βλέπωμεν εαυτούς κενοδοξούντας έν τούτοις ή ότι τό μοναστηριον ήμών μείζον ή εύπορώτερον ή ότι εχομεν πολλούς αδελφούς, οφείλομεν είδέναι ότι ακμήν έσμεν έν τή κοσμική ύπερηφανία. "Εστι δέ οτε καί είς φυσικά τινα κενοδοξεί τις. Οιόν τι λέγω ' Κενοδοξεί τις ότι καλλίφωνός έστι καί καλώς ψάλλει, ή ότι έστιν έπιεικής καί καθαρίως εργάζεται, καθαρίως ύπηρετεΐ. Ταυτα σεμνότερα μέν είσι τών πρώτων · όμως καί αύτά τής κοσμικής ύπερηφανίας. Ή δέ μοναχική ύπερηφανία έστιν οτε κενοδοξεί τις ώς άγρυπνων, ώς νηστεύων, ώς εύλαοής, ώς ποιων πολιτείας, ώς σπουδαίος. "Εστι δέ οτε καί ταπεινούταί τις διά δόξαν. Ταύτα τής μοναχικής ύπερηφανίας έστίν. Διέχει δέ εί όλως ύπερηφανευόμεθα, ίνα καν είς τά μοναχικά ύπερηφανευόμεθα και μή είς τά κοσμικά. ’Ιδού εϊπομεν τίς έστιν ή πρώτη ύπερηφανία καί τίς έστιν ή δευτέρα ’ ομοίως εϊπομεν τίς έστιν ή κοσμική καί τίς έστι μοναχική ύπερηφανία. Μάθωμεν λοιπόν ποίαί είσι καί αι δύο ταπεινώσεις. 31. IS ordo Παύλας καί Πέτρος DEGPSMi || 21 “Υστερον : •Ύστερον καί GPMi "Υστερον δέ ST cm. Η. 32. 11 καθαρίως έργάζετοω oin. aDMi. INSTRUCTIONS, H, g 31-32 195 bientôt, eux aussi : « Qu’est-cc que Basile? Qu’est-cc que ' Grégoire, disait-il. 11 n’y a que Pierre et Paul. »— « Certai­ nement. frère, lui dis-je, tu mépriseras aussi Pierre et Paul. » Et croyez-moi, peu de temps après, il se mil à dire : a Qu’est-ce que Pierre et qu’est-ce que Paul? Il n'y a que la Sainte Trinité. » Finalement, il s’éleva contre Dieu J même, et ce fut sa ruine. C’est pourquoi, mes frères, nous (devons hitter contre la première espèce d’orgueil, pour ne pas tomber peu à peu dans l’orgueil complet·. 1 82. Il y a aussi un orgueil mondain et un orgueil monas­ tique. L’orgueil mondain consiste à s’élever contre son frère parce qu’on est plus riche, plus beau, mieux vêtu ou plus noble que lui. Quand nous voyons que nous nous glorifions de ces choses, ou de ce que notre monastère est plus grand, plus riche ou plus nombreux, sachons que nous sommes encore dans l’orgueil mondain. Il en est de même quand on tire vanité de qualités naturelles : par exemple, on se glorifie d’avoir une belle voix et de bien psalmodier, ou d’être habile, de travailler et de servir correctement. Ces motifs sont plus élevés que les premiers, pourtant c’est encore de l’orgueil mondain. L’orgueil monastique consiste à se glorifier de ses veilles, de ses jeûnes, de sa piété, de scs observances, de son zèle, ou encore à s’humilier par gloriole. Tout cela est de l’orgueil monastique. Si nous devons nécessairement, nous enorgueillir, il convient que notre orgueil porte du moins sur des choses monastiques et non sur des choses mondaines. Nous avons donc expliqué quelle est la première espèce d’orgueil et quelle est la seconde ; nous avons défini égale­ ment l’orgueil mondain et l'orgueil monastique. Montrons maintenant quelles sont les deux especes d’humilité. 196 5 D 10 15 1648 A 5 10 ŒUVRES SPIRITUELLES 33. 'H πρώτη ταπείνωσές έστι τδ εχειν τινά τδν άδελφδν αύτού συνετώτερον έαυτοΰ καί είς πάντα ύπερέχοντα αύτού, καί άπλώς, ώς ειπεν εκείνος δ άγιος, τδ είναι ύποκάτω πάντων. 'II δέ δεύτερα ταπείνωσές έστι τδ έπιγράφειν τώ Θεω τά κατορθώματα. Αύτη έστιν ή τελεία ταπείνωσίς τών αγίων. Αύτη φυσικώς έγγίνεται τη ψυχή έκ της εργασίας τών έντολών. "Ωσπερ γάρ τά δένδρα όταν βαστάζει καρπόν πολύν, αύτδς ό καρπδς κάμπτει κάτω τούς κλάδους καί κατασπά αύτούς, δ δέ κλάδος ό μή βαστάζων καρπόν, ύψούται άνω καί άνέρχεται δρθδς ' εϊσί δέ τινα τών δένδρων, καί έφ’ ίσον μέν άνέρχεται ό κλάδος αύτών άνω, ού βαστάζει καρπόν · έάν δέ λάοη τις λίθον και κρεμάση αύτδν είς τδν κλάδον καί κατασπάση αύτδν κάτω, τότε ποιεί καρπόν · ούτως έστι καί ή ψυχή ’ δταν ταπεινούται, τότε καρποφορεί, καί όσον ποιεί καρπόν, τοσούτον ταπεινούται. ‘Όσον γάρ έγγίζουσιν οί άγιοι τώ Θεω, τοσούτον βλέπουσιν εαυτούς αμαρτωλούς. 34. Μέμνημαι ότι έλαλούμέν ποτέ περί ταπεινώσεως, καί τις τών λαμπρών Γάζης άκ.ούων ήμών λεγόντων τούτο οτι όσον έγγίζει τις τώ Θεω, τοσούτον βλέπει έαυτδν άμαρτωλόν, έξενίζετο καί έλεγε · Πώς ενδέχεται τούτο ; καί ήγνόει Οέλων μαθείν τδν λόγον. Λέγω αύτώ · Κυρ». ό πρωτεύων, είπέ μοι, τί έχεις σεαυτδν είς την πόλιν σου : Λέγει μοι έκείνος * ‘Έχω έμαυτδν μέγαν καί πρώτον τής πόλεως. Λέγω αύτώ ’ Έάν δέ άπέλθης είς Καισάρειαν, τί έχεις έαυτδν εκεί ; Λέγει ’ Έχω έμαυτδν ευτελέστερου τών μεγάλων τών έκεί. Λέγω αύτώ ’ Έάν δέ άπέλθης είς Αντιόχειαν, τί έχεις σεαυτόν ; Λέγει μοι ' Έχω έμαυτδν ώς ένα παγανόν. Λέγω αύτώ · Έάν δέ είς Κωνσταντίνου 33. 6 έγγίνεται : γίνεται έν aEGHP γινομένη έν Mi || έργασίας : ένεργείας a DEM i. 1. Apopht. Nau 323 (HOC 1912, p. 209) ; PE I, 45, p. 165; PL 73, 967 C. Ct. Siaoùs 13 (PG 65, 396 B). INSTRUCTIONS, Π, § 33-34 197 33. La première consiste à tenir son frère pour plus intelligent que soi et supérieur en tout ; c’est en somme, :comme le disait un saint, « se mettre au-dessous de tous1 ». La seconde espèce d’humilité, c’est d’attribuer à Dieu les bonnes œuvres2. Telle est la parfaite humilité des saints. Elle naît naturellement dans l’âme de la pratique des commandements. Voyez en effet les arbres abondamment chargés de fruits : ces fruits font plier et baisser les branches. Au contraire, la branche qui ne porte pas de fruit se dresse en l’air et pousse droite. Il y a même certains arbres dont les branches ne portent pas de fruit, tant qu’elles poussent droit vers le ciel3. Mais si on y suspend une pierre pour les attirer en bas, alors elles produisent du fruit. Ainsi en est-il de l’âme : quand clic s’humilie, elle porte du fruit, et plus elle en produit, plus elle s’humilie45 . Car plus les saints approchent de Dieu, plus ils se voient pécheurs3. 34. Je me souviens que nous parlions un jour de l’humi­ lité, et un notable de Gaza nous entendant dire que plus on approche de Dieu, plus on sc voit pécheur, était dans l’étonnement : « Comment est-ce possible? » disait-il. Il ne comprenait pas et voulait avoir l’explication. — Monsieur le notable, lui demandai-je, dites-moi, que pensez-vous être dans votre cité? — Un grand personnage, me répondit-il, le premier de la cité. — Si vous alliez, à Césarée, pour qui vous tiendriez-vous là-bas? — Pour inférieur aux grands de cette ville. — Et si vous alliez à Antioche? — Je m’y considérerais comme un villageois. — Et à Constantinople, 2. Djadoqoe {Chap. Gnosi. 95) distinguait aussi deux espèces d’humilité (SC 5 bis, p. 157-158). 3. Telle est la nature des citronniers, selon S. Jean Climaque, qui utilise également cette image à propos de l’humilité. Cf. PG 88, 1000 A. 4. Cf. Pseudo-Njl (Ëvaghe), De oclo spir. malil.: PG 79, 1101 C. 5. Cf. Apophl. Matoês 2 : PG 05, 289 C. 198 15 Β 20 25 5 C 10 15 ŒUVRES SPIRITUELLES πόλιν άπέλθης εγγύς τοΰ βασιλέως, έκεΐ τί έχεις σεαυτόν ; Λέγει μοι έκεΐνος ' Έχω έμαυτον ενα πένητα. Ίότε λέγω αύτώ ' ’Ιδού ούτως είσίν οί άγιοι ’ όσον έγγίζουσι τω Θεω, τοσοΰτον αμαρτωλούς βλέπουσιν εαυτούς. Ά€ρααμ γάρ οτε είδε τόν Κύριον, γην και σποδόν εαυτόν έκάλεσεν. Ήσαιας δέ έλεγεν · *Ω τάλας καί άκάθαρτός είμι εγώ. ’Ομοίως καί ό Δανιήλ ότε ήν εις τόν λάκκον μετά των λεόντων, καί άπηλθεν Άββακούκ εχων τό άριστόν, λέγων αύτω · Δέξαι τό άριστον δ άπέστειλέ σοι ό Θεός, τί φησίν ό Δανιήλ ; Έμνήσθη γάρ μου ό Θεός ; Όρας οίαν ταπείνωσιν είχεν ή καρδία αύτοΰ, οτε ήν εις τόν λάκκον μεταξύ των λεόντων, καί ούκ έβλαπτον αύτόν, και ού μόνον άπαξ, άλλα καί δεύτερον · και μετά ταΰτα έθαύμασε λέγων ’ Έμνήσθη γάρ μου ό Θεός ; 35. Βλέπετε τήν ταπείνωσιν των αγίων, πώς διάκεινται αί καρδία·. αύτών ; ’Λλλ’ ουδέ πεμπόμενοι παρά τοΰ Θεού πρός βοήθειαν των ανθρώπων, κατεδέχοντο άπό ταπεινώσεως φεύγοντες τό δοξασθήναι. "Ωσπερ γάρ τις ένδεδυμένος όλοσήρικον, εάν ριφή κατ’ αύτοΰ ράκος ακάθαρτον, φεύγει ίνα μή μιανθή τό ένδυμα αύτοΰ τό τίμιον ' ούτως είσί καί οί ένδεδυ ι ·μένοι τάς άρετάς φεύγουσι τήν άνθρωπίνην δόξαν α μή μιανθώσιν άπ’ αύτης. Οί δέ Οέλοντες τήν δόξαν όμοιοι είσί τινι γυμνώ δστις άεί θέλει εύρείν μικρόν ράκος ή εί τι δήποτε, ίνα σκεπάση τήν άσχημοσύνην αύτοΰ 1 ούτως καί ό γυμνός άπό άρετών ζητεί τήν δόξαν των ανθρώ­ πων. Πεμπόμενοι ούν οί άγιοι παρά τοΰ Θεοΰ πρός βοήθειαν | άλλων, άπό ταπεινώσεως ού κατεδέχοντο. ’Λλλ’ ό μέν Μωθσης έλεγε ' Δέομαι σου προχειρίσαι άλλον δυνάμενον 1 1 έγώ γάρ είμι ίσχνόφωνος καί βραδύγλωσσος. ’Ιερεμίας δέ έλεγε ' Νεώτερός είμι εγώ. Καί έκαστος απλώς των αγίων 34. 21 άπέστειλέ : έπεμψί aDEGPMi || τί φησίν ό Δανιήλ ; άπεκρίθη λέγων ADEGPMi || 22 Όρας οπι. aDEGHPMi || 23 εΐχεν : ίσχβν aDEGHPMi. 35. 14 άλλων : των άνθρώπων aDMi. ) INSTRUCTIONS, il, § 34-35 199 K auprès de l’Empereur? — Comme un miséreux. — Et voilà, I lui dis-je. Tels sont les saints : plus ils approchent de I Dieu, plus ils se voient pécheurs. Abraham, quand il vit Lie Seigneur, s'appela «terre et cendre» (Gen. 18, 27). I Isaïe disait : « O misérable et impur que je suis1 !»(/$. 6, 5). r De même lorsque Daniel était dans la fosse aux lions et qu’Habacuc arriva avec le déjeuner, en lui disant : « Prends i le déjeuner que Dieu t'envoie», que dit Daniel? «Le L Seigneur s'est donc souvenu de moi!» (Dan. 14, 36-37). E Voyez-vous quelle humilité possédait son cœur? Il était I dans la fosse, au milieu des lions, ceux-ci ne lui faisaient ■I I aucun mal, et cela non seulement une première fois, mais une seconde (cf. Dan. 6 et 14) ; cependant, après tout cela, il s’étonnait et disait : « Le Seigneur s’est donc souvenu de moi ! » 35. Voyez l’humilité des saints ! voyez les dispositions de leur cœur ! Même envoyés par Dieu au secours des hommes, ils refusaient par humilité et fuyaient l’honneur. Si l’on jette une loque malpropre sur un homme tout habillé de soie, il cherche à l'éviter pour ne pas salir son précieux vêtement. De meme les saints, revêtus des vertus, fuient la gloire humaine de peur d’en être souillés. Au contraire, ceux qui désirent la gloire ressemblent à un homme nu qui ne cesse de chercher un lambeau d’étoffe ou n’importe quoi pour couvrir son indécence. Ainsi celui qui est dénué de vertus recherche la gloire des hommes. Envoyés par Dieu au secours d'autrui, les saints refusaient donc par humilité. Moïse disait : u Je vous en supplie, prenez un autre qui soit capable ; moi, je suis bègue, et ma langue est embarrassée. » (Ex. 4, 10). Et Jérémie : « Je suis trop jeune ! » (Jér. 1, 6). Tous les saints 1. Apopht. Matoès 2 rappelle aussi cette humilité d'haie. 200 ŒUVRES SPIRITUELLES ταύτην την ταπείνωσιν έκτήσατο έκ του ένεργησαι, ώς εϊπομεν, τάς έντολάς. Ταύτην τήν ταπείνωσιν ούδείς D 20 δύναται λόγω φράσαι πώς έστιν ή πώς έγγίνεται τη ψυχή, εάν μή από πείρας μάθη αυτήν άνθρωπος ' λόγ<·) δέ ούδείς δύναται μαθεΐν αυτήν. 5 1649 A 10 15 20 Β 36. Ποτέ ό άύοάς Ζωσιμάς έλάλει περί ταπεινώσεως, καί τίς ποτέ σοφιστής εύρεθείς έκεϊ, άκούων ά έλάλει, θέλων μαθεΐν τήν ακρίβειαν, έλεγεν αύτώ · Είπε μοι, πώς έχεις εαυτόν αμαρτωλόν ; ούκ οίδας οτι άγιος εΐ, ούκ οΐδας ότι έχεις άρετάς ; Ιδού βλέπεις πώς ενεργείς τάς έντολάς ; πώς τοιαϋτα ποιων έχεις οτι αμαρτωλός εΐ ; Ό δέ γέρων ούχ ηΰρισκε πώς φράσαι αύτώ τήν άπόκρισιν, αλλά έλεγεν αύτώ ‘ Ούκ οίδα πώς είπω σοι, άλλ’ ούτως εχω. Ό σοφιστής οδν ήναντιοϋτο αύτώ θέλων μαθεΐν πώς έστιν. Ό δέ γέρων μή εύρίσκων πώς παραστησαι αύτώ τό πράγμα, ήρξατο λέγειν μετά τής αγίας άπλότητος αύτου ' Μή διαστρέψης με, έγώ τέως ούτως έ'χω. Ώς οδν εΐδον εγώ τόν γέροντα άπορουντα πώς άποκριθή, λέγω αύτώ · *Λρα μή τούτο έστιν ώσπερ ή σοφιστική καί ιατρική ; όταν καλώς μανθάνει αύτήν τις καί πράττει αύτήν, κατά μικρόν έκ τού ένεργεΐν αύτήν γίνεται τις έξις τω ιατρώ ή τω σοφιστή ' καί ού δύναται είπεΐν ούδέ οίδε φράσαι πώς έγένετο έν έξει τού πράγματος ' κατά μικρόν, ώς εΐπον, άνεπαισθήτως προσελάβετο αύτήν ή ψυχή έκ τού ένεργεΐν τήν τέχνην. Ούτως έστιν εύρεΐν καί έπι τής ταπεινώσεως ότι έκ τής εργασίας τών έντολών γίνεται τις έξις ταπεινή, καί ού δύναται λόγω ρηθήναι. Ώς οδν ήκουσεν ό άοβάς Ζωσιμάς τούτο, έχάρη καί ευθέως περιέλαοέ με καί λέγει μοι · Ευρες τό πράγμα, ούτως έστιν ώς είπες. 36. 21 εργασίας : ένεργείας aDMi. 1. Cf. p. 338, n. 2. 2. « Habitus ου έξις est un ternie philosophique au sens très précis : il désigne une habitude ou un état stable tenant fortement au sujet, par opposition à ίιάΟεσις qui est une qualité transitoire. 1i INSTRUCTIONS, II, § 35-36 201 :n général, ont acquis celte humilité, nous l’avons dit, par a pratique des commandements. Comment elle est ou lomment elle naît dans l’àme, nul ne peut l’exprimer par les mots à quiconque ne l'a pas apprise de l'expérience ; lersonne ne saurait l’apprendre par de simples paroles. Cf. Aristote, Catégories VI ■ (I. HaUshf.rr, RAM 1959, p. 262). C'est « plus qu’une simple habitude psychologique, plus que l’habitus théologique · (M. Villbr, DS, t. 2, 550. Cf. t. 4, 1374). 7— 1 202 ŒUVRES SPIRITUELLES 25 Έθεραπεύθη δέ καί ό σοφιστής άκούσας, καί άπεδέξατο καί αυτός τον λόγον. 5 C 10 15 20 37. Ειπον μεν γάρ καί οί γέροντες τινα ποιοϋντα ή μας νοήσαι ταντην τήν ταπείνωσιν · αύτήν δέ την έγγινομένην διάθεσιν, ώς έστιν, ούδείς εύρεν είπεΐν. Έπεί ό άθθάς Αγα­ θών, οτε έμελλε τελευτάν, καί ειπον αύτω οί αδελφοί ' Καί σύ φοοή, Πάτερ ; είπε * Τέως έποίησα τήν δύναμίν μου φυλάξαι τάς έντολάς, άλλ* άνθρωπός είμι. ΠόΟεν οίδα εί τό έργον μου ήρεσε τω Θεω ; άλλο γάρ έστι το κρίμα τού Θεού καί άλλο το τών άνθρώπων. ’Ιδού ώμμάτωσεν ημάς εις τό νοήσαι αύτήν καί έ'δωκεν ήμϊν όδόν εις τό καταλαβεΐν αύτήν. Πώς δέ έστιν ή πώς έγγίνεται τή ψυχή, καθώς πολλάκις ειπον, ούδείς εύρεν είπεΐν, ούδέ ήδυνήθη λόγω καταλαβείν, εί μή τι ή ψυχή ή άξιωθεΐσα άπό έργων μαθεϊν αύτήν. Τί δέ έστι το φέρον αύτήν, ειπον οί Πατέρες. Λέγει γάρ εις το Γεροντικόν ότι ήρώτησεν αδελφός γέροντα λέγων Ίί έστιν ή ταπείνωσις ; καί είπεν ό γέρων ' 'Π ταπείνωσις μέγα έργον έστι καί θεϊκόν ' ή δέ οδός τής ταπεινώσεώς έστιν οι κόποι οί σωματικοί έν γνώσει καί τό είναί σε υποκάτω πάντων καί τό δέεσθαι του θεού διά παντός. "Αυτή έστιν ή οδός της ταπεινώσεώς * αυτή δέ ή ταπείνωσις θεϊκή έστι καί ακατάληπτος. 38. Διά τί δέ λέγει βτι οί κόποι οί σωματικοί τήν ψυχήν φέρουσιν εις ταπείνωσιν ; ΙΙοίω λόγω οί σωματικοί κόποι τής D ψυχής είσιν αρετή ; Τό μέν γάρ είναι ύποκάτω πάντων, και ανωτέρω είπομεν οτι άντίκειται τή πρώτη ύπερηφανιφ. Πώς 5 γάρ δύναται έ'χειν εαυτόν μείζονα τού αδελφού αύτού ή έπαρθήναι έν τινι ή μέμψασθαι ή έξουδενωσαι τινα, ό έχων εαυτόν ύποκάτω πάντων ; ’Ομοίως καί τό ευχεσθαι διά 37. 1 μεν om. GST.ML 38. 7 ευχεσθαι : δύξασύαι uDEMi: 1. Apaphl. Agathon 29 : PG 65, H7 B. Le texte cité par Dorothée est plus proche de celui qui est donné dans PE I II, 9, p. 23. INSTRUCTIONS, 11, § 36-38 203 Eau sophiste, il fut satisfait et admit lui aussi le raisonne,•ment. 37. En effet, certaines paroles des vieillards nous font bien entrevoir cette humilité, mais la disposition psychique I elle-même, nul ne saurait dire ce qu’elle est. Lorsque l’abbé Agathon fut près de sa fin, les frères lui dirent : « Toi aussi, Père, tu as de la crainte? » Il répondit : a Sans doute, j’ai fait mon possible pour garder les commande­ ments, mais je suis un homme ; et comment, pourrais-je savoir si mes œuvres ont plu à Dieu? Car autre est le jugement de Dieu, autre celui des hommes1, n Voyez, ce vieillard nous a ouvert les yeux pour entrevoir l’humilité et nous a indiqué une voie pour l’atteindre. Mais comment elle est ou comment elle naît dans l’âme, je l’ai dit souvent, nul ne saurait le dire ; et on ne peut non plus la saisir par un raisonnement, si l’âme par ses œuvres n’a pas mérité de l’apprendre. Ce qui la procure, les Pères l’ont dit. 11 est raconté en effet dans le Géronlicon2 qu'un frère demanda à un vieillard : « Qu’est-ce que l’humilité?» Le vieillard répondit : a L’humilité est une œuvre grande et divine. La voie de l’humilité, ce sont les labeurs corporels accomplis ■ avec science ’, c’est se tenir au-dessous de tous, et prier Dieu sans cesse. » Telle est la voie de l’humilité, mais l’humilité elle-même est divine et incompréhensible. 38. Mais pourquoi est-il dit que les labeurs corporels portent l’âme à l’humilité? Comment les labeurs corporels sont-ils vertu de l’âme? Car se tenir au-dessous de tous, nous avons dit plus haut que cela s’opposait à la première espece d’orgueil. Comment, en effet, celui qui se met au-dessous de tous, pourrait-il se croire plus grand que son frère, s’élever en quelque chose, blâmer ou mépriser quelqu’un? De même pour la prière continuelle, c’est 2. A pop/il. Nau 323 (HOC 1912, p. 208-209); PE 1, 45, p. 165; PL 73, 967. Ci. Isaïe, Aug., p. 91. •204 10 15 1652 A 20 5 Β 10 15 ŒUVRES SPIRITUELLES παντός φανερόν έστι διά τό άντικείσθαι τη δεύτερα ύπερηφα­ νία. Πρόδηλον γάρ δτι ό ταπεινός, ό εύλαβής, ώς γινώσκων δτι ούδέν έγχωρεί κατορθωθήναι αγαθόν τη ψυχή άνευ της βοήθειας και σκεπής του Θεοΰ, ού παύεται άδιαλβίπτως δεόμενος τού Θεού, ΐνα ποιήση μετ’ αύτού έλεος. Καί ό διά παντός δεόμενος τού Θεού, ει τι δ’άν άξιωθή κατορθώσαι, οΖδε πόθεν κατόρθωσε, και ού δύναται έπαρθήναι ούδέ έπιγράψαι τή ιδία δυνάμει, άλλά τω Θεω επιγράφει παν κατόρθωμα καί αύτω αεί εύχαριστεΐ καί αύτόν αεί παρακαλεϊ, τρέμων μή έκπέση της τοιαύτης βοήθειας, καί φανερωθή ή άσθένεια καί ή αδυναμία αύτοΰ. Καί ούτως διά της ταπεινώσεως εύχεται καί διά της εύχής ταπεινουται, καί όσον αεί κατορθοι, αεί ταπεινουται, καί οσον ταπεινουται, βοηθεΐται καί προκύπτει διά τής ταπεινοφροσύνης. 39. Διά τί ούν λέγει δτι καί οί σωματικοί κόποι φέρουσι τήν ταπεινοφροσύνην ; Τί έχει ό σωματικός κόπος εις διάθεσιν ψυχής ; Έγώ λέγω ύμΐν ' ’Επειδή έκπεσούσα ή ψυχή άπό τής εντολής εις τήν παράβασιν, παρεδόθη ή άθλια, ώς λέγει ό άγιος Γρηγόριος, τη φιληδονία καί τή αύτονομία τής πλάνης, καί ήγάπησε τά σωματικά, καί τρόπον τινά ώς έν τι εύρέθη μετά τού σώματος καί έγένετο δλη σάρξ, καθώς λέγει ' Ού μή καταμείνη τό πνεύμα μου έν τοίς άνθρώποις τούτοις, διά τό είναι αύτούς σάρκας ’ καί οίον συμπάσχει καί συνδιατίθεται ή άθλια ψυχή αύτη τοίς γινομένοις υπό τού σώματος ' διά τούτο είπεν ό γέρων οτι καί ό σωματικός κόπος οδηγεί εις ταπείνωσιν · άλλως γάρ διατίθεται ή ψυχή τού ύγιαίνοντος καί άλλως τού άρρωστοΰντος, άλλως τού πεινώντος καί άλλως τού κεκορεσμένου · ομοίως πάλιν άλλως διατίθεται ή ψυχή τού έπικαθημένου 38. 19 όσον : οίον aDGHPMi. 39. I καί om. aDEIIMi || 4 ή άθλια ο in. aDEMi. 1. Le progrès tie Time correspond au progrès de l'humilité, selon S. Basile, Serm. d<: renunl. saec. 10 : PG 31, 643 AB. INSTRUCTIONS, II, § 38-39 205 [évident aussi, puisqu’elle s’oppose à la seconde espèce | d’orgueil. Car il est manifeste que l’homme humble et [ pieux, sachant que rien de bon ne peut se faire en son âme sans le secours et la protection de Dieu, ne cesse jamais ■de l’invoquer pour qu’il lui fasse miséricorde. Et celui qui prie Dieu sans cesse, quelque bonne œuvre qu’il lui soit donné d'accomplir, il en connaît la source et il ne peut en ■ concevoir de l’orgueil ni l’attribuer à ses propres forces. C’est à Dieu qu’il attribue toute bonne œuvre, et il ne cesse de le remercier et de l’invoquer, craignant que la perte d’un tel secours ne laisse apparaître sa faiblesse et son I impuissance à lui. Ainsi l’humilité le fait prier et la prière le rend humble, et toujours plus il fait de bien, toujours plus il s’humilie ; et plus il s’humilie, plus il reçoit de secours et progresse par son humilité1. 39. Pourquoi donc est-il dit que les labeurs corporels aussi procurent l’humilité? Quelle influence peut avoir le labeur du corps sur une disposition de l’âme? Je vais vous le dire. Lorsque l’âme s’est écartée du précepte pour tomber dans le péché, elle a été livrée, la malheureuse, dit saint Grégoire, à la concupiscence et à la pleine liberté de l’erreur2. Elle a aimé les biens corporels et, d’une certaine manière, s’est trouvée faire comme une seule chose avec le corps, devenue chair tout entière, selon la parole : a Mon esprit ne demeurera pas dans ces hommes, car ils sont chair» (Gen. 6, 3). Ainsi la malheureuse âme souffre avec le corps, clic est affectée elle-même de tout ce qu’il fait. C’est pourquoi le vieillard dit que meme le labeur corporel conduit à l’humilité. De fait, les dispositions de l’âme ne sont pas les memes chez le bien portant et chez le malade, chez celui qui a faim et chez celui qui est rassasié. Elles ne sont pas les mêmes non plus chez l'homme monté sur 2. S. Gréc. Naz. Oral. 39, 7 : PG 36, 341 C. 206 20 C 25 30 ŒUVRES SPIRITUELLES ίππω καί άλλως τού έπικαθημένου δνω, άλλως του καΟημένου εις θρόνον καί άλλως τού καΟημένου χαμαί, άλλως τού φορουντος καλά {μάτια καί άλλως τού φορουντος σαπρά. Ό κόπος ουν ταπεινοί τό σώμα · τού δέ σώματος ταπεινουμένου, συνταπεινούται αύτω καί ή ψυχή, ώστε καλώς εϊπεν ότι καί ό σωματικός κόπος όδηγεϊ ε·ζ ταπείνωσιν. Διά τούτο οτε έπολεμήθη Εύάγριος ύπό της βλασφημίας, ώς εχων γνώσιν καί είδώς δτι ή βλασφημία άπό ύπερηφανίας έρχεται, ταπεινουμένου δέ τού σώματος συνταπεινούται καί ή ψυχή, έποίησε τεσσαράκοντα ημέρας μή είσελθών ύπό στέγην, ώστε τό σώμα αύτού, καθώς λέγει ό συγγραφεύς, έκοαλεϊν κρότωνας ώς τά άγρια ζώα ' ώστε ό κόπος ού διά τήν βλασφημίαν έγένετο, άλλά διά τήν ταπείνωσιν. Καλώς οδν εϊπεν ό γέρων ότι καί οί σωματικοί κόποι όδηγούσιν εις τήν ταπείνωσιν. Ό Θεός ό αγαθός χαρίσεται ήμιν τήν ταπείνωσιν, ότι καί άπό μεγάλων κακών ρύεται τόν άνθρωπον καί σκεπάζει αύτόν άπό μεγάλων πειρασμών. 39. 16 άλλως τού έπικαθημένου βνω om. aDEHSMI |[ 19 σαπρά: σαπρά Ιμάτια aDEMi || 29 καί om. aDMi || 3ü τήν orn. aDMi || 31 μεγάλων : πολλών aDEMi. INSTRUCTIONS, Π, § 39 207 run cheval et chez l’homme monté sur un âne, chez celui qui est assis sur un trône et chez celui qui est assis par ; terre1, chez celui qui porte de beaux vêtements et chez celui qui est vêtu misérablement. Donc, le labeur humilie le corps, et quand le corps est humilié, l’âme l'est aussi avec lui, de sorte que le vieillard a eu raison de dire que même le labeur corporel conduit à l’humilité. C'est pourquoi quand Évagrc fut tenté de blasphème, n’ignorant pas dans sa sagesse que le blasphème vient de l'orgueil et que l’humiliation du corps entraîne l'humilité de l’âme, il passa quarante jours sans entrer sous un toit, de sorte que son corps, rapporte le narrateur, produisait de la vermine comme les bêtes sauvages1 2. Cette peine n’était pas pour le blasphème, mais pour l'humilité. Le vieillard a donc bien fait de dire que les labeurs corporels aussi conduisent à l’humilité. Que le bon Dieu nous donne la grâce de l’humilité qui arrache l’homme à de grands maux et le protège de grandes tentations ! 1. Cf. Jean Climaquf. : PG 88, 1001 A. 2. Cf. Pallade, Hist. Laus.f éd. Butler-Lucot, p. 273. Γ. ΠΕΡΙ ΣΊΓΝΕΙΔΗΣΕΩΣ D 5 1653 A 10 15 20 Β 40. "Οτε έποίησεν ό Θεός τόν άνθρωπον, ένέσπειρεν αύτώ τί ποτέ θειον, ώσπερ λογισμόν τινα θερμότερον και φωτεινόν σπινθήρας λόγον έπέχοντα, φωτίζοντα τόν νουν καί δεικνύοντα αύτώ τό καλόν από του κακού. Τούτο καλείται συνείδησις, δς έστιν ό φυσικός νόμος. Οδτός έστι τα φρέατα ά ώρυττεν ο ’Ιακώβ, ώσπερ εϊπον οί Πατέρες, καί κατεχώννυον αύτά οί Φιλιστιείμ. Τούτω τω νόμω, τούτ* εστι τή συνειδήσει εϊξαντες οί πατριάρχαι καί πάντες οί άγιοι προ τού γραπτού νόμου εύηρέστησαν τφ Θεώ. Ταύτης καταχωσθείσης καί καταπατηθείσης ύπό τών ανθρώπων διά τής κατά πρόσοασιν αμαρτίας, έδεήθημεν τού γραπτού νόμου, έδεήθημεν τών αγίων προφητών, έδεήθημεν αυτής τής επιδημίας τού Δεσπότου ήμών ’Ιησού Χριστού είς τό άνακαλύψαι καί άνεγεϊραι αύτήν, είς το άναζωοποιήσαι εκείνον τόν καταχωσθέντα σπινθήρα διά τής φυλακής τών άγιων αύτού εντολών. Έν ήμϊν οδν έστιν άρτι ή τό καταχώσαι αύτόν πάλιν ή τό έασαι αύτόν έλλάμπειν καί φωτίζειν ημάς, εάν πειθώμεθα αύτώ. "Οταν γάρ ή συνείδησις ήμών λέγει ήμϊν ποιήσαι τόδε τι, καί κατα.φρονώμεν, καί πάλιν λέγει, καί ού ποιώμεν, άλλα μένωμεν καταπατούντες αύτην, λοιπόν καταχωννύομεν αύτην, καί ούκ ετι δύναται τρανώς λαλείν ήμϊν έκ τού βάρους τού επικειμένου αυτή ’ άλλ’ Mss : aDEGHPSTMi 1. S. Jérôme parle de lï:liucelle de la conscience qui n'était même pas éteinte chez Caïn : in E:ecf>. 1,4: PL 25, 22. 2. Dieu a donné à l'homme la conscience pour discerner les choses : BahsaxNuphe, A’tc. 84. HI. DE LA CONSCIENCE 40. Quand Dieu créa l’homme, il déposa en lui un germe divin, une sorte de faculté plus vive et lumineuse comme l’étincelle1, pour éclairer l’esprit et lui faire discerner le bien du mal2. C'est ce qu’on appelle la conscience, qui est la loi naturelle3. Elle est représentée, selon les Pères, par les puits que creusa Jacob et que comblèrent les Philistins (cf. Gen. 26, 15)4. C’est en se conformant à cette loi de la conscience que les Patriarches et tous les saints avant la loi écrite ont été agréables à Dieu. Mais les hommes l’ayant progressivement enfouie et foulée aux pieds par leurs péchés, il nous fallut la loi écrite, il nous fallut les saints prophètes, il nous fallut même la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ pour la remettre au jour et la réveiller, pour ranimer par la pratique de ses saints commandements celte désor’ étincelle· ■ensevelie. 11 est donc * ? : mais en notre pouvoir, soit de l’ensevelir à nouveau, soit de la laisser briller et nous éclairer, si nous lui obéissons. Si, en effet, notre conscience nous dit de faire telle chose et que nous la méprisons, si elle parle de nouveau et que nous ne faisons pas ce qu'elle dit, persistant à la fouler aux pieds, nous finissons par l’ensevelir, et la charge qui pèse sur elle l’empêche désormais de nous parler clairement. 3. La conscience, loi naturelle, selon Origënf. (in Rom. : PG 14, 1081 A) et S. Jean Chrysostoms (PG 49, 131-133 ; PG 55, 452 BCj. 4. Cf. Origène, Horn. 12 in Gen.: GCS, l. 6, p. 112 ; SC Ί, p. 212. Pseudo-Basile (Évacre), lettre 8, n<> 2, éd. Courtonne, Paris 1957, p. 23. 210 ŒUVRES SPIRITUELLES ώσπερ λύχνος φαίνων διά σφέκλων, ούτως άρχετα·. δεικνύειν ήμιν άμαυρότερον, οίονεί σκότεινότερον, τά πράγματα, καί 25 ούτο>ς κατά πρόσοασίν ώσπερ έπί ΰδατος τεθολωμένου άπό πολλών χωμάτων ούδείς δύναται κατανοήσαι τό πρόσωπον εαυτού, ούτως εύρισκόμεθα μή αισθανόμενοι ών λέγει ήμιν ή συνείδησις ήμών, ώς νομίζειν ήμας σχεδόν μηδέ έχειν αυτήν. Ούδείς δέ έστιν ό μή έχων αύτήν ' τί ποτέ γάρ 30 θειόν έστιν ώσπερ είπομεν ήδη, καί ούδέποτε άπόλλυται, άλλά πάντοτε ύπομιμνήσκει ή μάς τό όφειλόμενον · άλλ’ ήμεϊς ούκ αίσθανόμεθα έκ τού ήμας, ώς είπον, καταφρονείν καί καταπατείν αύτήν. 41. Διά τούτο ό προφήτης πενθεί τόν Έφραιμ καί λέγει ' G Κατεδυνάστευσεν Έφραιμ τόν άντίδικον αυτού καί κατεπάτησε κρίμα. Άντίδικον λέγει τήν συνείδησιν. "Οθεν καί εις τό Εύαγγέλιον λέγει ’ ‘Ίσθι εύνοών τώ άντιδίκω σου 5 έως εί έν τη όδφ μετ’ αύτοΰ, μή ποτέ σε παραδω τώ κριτή, καί ό κριτής τοίς ύπηρέταις, καί βάλωσί σε εις φυλακήν. Αμήν λέγω σοι, ού μή έξέλθης έκείθεν έως ού άποδφς τόν έσχατον κοδράντην. Διά τί δέ καλεί τήν συνείδησιν άντίδικον : Άντίδικος λέγεται, έπειδή αύτη άντίκειται πάντοτε τώ 10 θελήματι ημών τώ κακοί καί ελέγχει ήμας εις δ όφείλοντες ποίησα»., ού ποιούμεν ' καί πάλιν, εις δ μή όφείλοντες ποιήσαι, ποιούμεν, καί αύτη κατηγορεί ήμών. Διά τούτο καλεί αύτήν άντίδικον, καί παραγγέλλει λέγων · "Ίσθι 40. 23 σφέκλων ; σπέτλων a HP σφέτλων Ε (ρ. Corr.) ST πέτλων F. (a. corr.) πετάλων D ύελων G σπέκλων Mi || 25 έπί om. aDMi. 1. Traduction conjecturale d’un texte douteux. Aucune variunt» ne donne un sens satisfaisant. Nous lisons σφεκλων, terme pouvant signifier les impuretés de l'huile qui encrassent la lampe. 2. Cf. Lefort, Fies copier de S. Pachômc (p. 232; : < 11 en est comme d'une lampe allumée, dont la lumière est encore forte ; si on la néglige, peu à peu sa lumière s'éteint., et l'obscurité se fait dans la maison. « 3. Cf. Apopldegme dans PE IV, 14, p. G2 {- PL 73, 942 D). INSTRUCTIONS, III, § -10-11 211 J Mais telle une lampe dont la clarté est troublée par des r impuretés1, elle commence à nous faire voir les choses plus ’confusément, pour ainsi dire plus obscurément2 ; J et de même que dans une eau bourbeuse nul ne peut B reconnaître son visage3, nous en arrivons progressivement à ne plus percevoir la voix de notre conscience, au point K de croire presque que nous n’en avons plus1. Il n’est I'personne pourtant qui en soit privé, car, nous l’avons dit déjà, c’est quelque chose de divin qui ne meurt jamais ; (elle nous rappelle sans cesse le devoir, mais c’est nous qui ne l’entendons plus, comme je l'ai dit, pour l’avoir méprisée et foulée aux pieds. 41. Le Prophète pleure pour cela sur Éphraïm en disant : < Éphraïm a opprimé son adversaire et piétiné le jugement * (Os. 10, U). C'est la conscience qu’il appelle « adversaire ». De là vient qu’il est dit dans l’Évangile : « Mcts-toi d’accord au plus tôt avec ton adversaire, tandis que tu es en chemin avec lui, de peur qu’il ne te livre au juge, le juge aux gardes, et qu’ils ne le jettent en prison. En vérité, je te le dis, tu n’en sortiras pas que tu n’aies payé jusqu’au dernier centime » (Mallh. 5, 25-26)®. Pourquoi appeler la conscience «adversaire»? Parce qu’elle s'oppose constam­ ment à notre volonté mauvaise ; elle nous blâme si nous ne faisons pas ce que nous devons faire, et de même, si nous faisons ce que nous ne devons pas faire, c’est elle encore qui nous accuse. Voilà pourquoi on l'appelle « adver­ saire » et on nous donne ce conseil : « Mcts-toi d'accord 4. Cf. Lefort, Vies coptes de S. PachtoM (p. 24) : « La conscience a été mise en l’homme par le Seigneur... « mais si quelqu'un méprise fies avertissements, « il corrompt sa propre conscience et la brûle, au point que désormais elle nu l’avertit plus...... 5. Dorothée emprunte à l’abbé Isaïe ces deux citations d'Oséc et de Mallh. avec leur application à la conscience : Aug. p. 25 (PG 40; 1117 C). Cf. aussi Pseuoo-Athanase : PG 28, 717 D. 212 ŒUVHF.S SPIRITUELLES εύνοών τώ αντιδικώ σου, εως εϊ έν τη όδώ μετ’ αύτοΰ. 15 ' Η οδός έστιν, ώς λέγει ύ άγιος Βασίλειος, ό κόσμος οδτος. D 5 10 165€Α 15 20 25 Β 42. Σπουδάσωμεν ούν, αδελφοί, φυλάττειν τήν συνείδησιν ημών, έν οσω έσμεν έν τώ κόσμω τούτω, μ,ή ά.φιέντες αύτήν έλέγξαι ήμας έν τινι πράγματι, μή καταπατούντες αύτήν εΐς τί ποτέ όλως κάν έλάχιστον ή · ΐνα γάρ οϊδατε οτι έκ των μικρών τούτων καί φησίν εύτελών, έρχόμεθα εις το καταφρονεϊν καί τών μεγάλων. 'Όταν γάρ άρξηταί τις λέγειν 1 Τί γάρ έστιν, εάν λαλήσω τούτον τον λόγον ; Τί γάρ έστιν, εάν φάγω τούτο το μικρόν ; Τί γάρ έστιν, εάν πρόσχω εις τόδε τό πράγμα : έκ του Τί έστι τούτο καί τί έστιν έκεϊνο, λαμβάνει τις κακήν καί πίκραν νομήν, καί άρχεται καί εις τα μεγάλα καί βαρύτερα καταφρονεϊν καί καταπατεΐν τήν ιδίαν συνείδησιν · καί ούτως λοιπόν κατά μέρος προκόπτων κινδυνεύει καί εις τελείαν αναισθησίαν έμπεσεϊν. Διά τούτο βλέπετε, αδελφοί, μή αμελή σωμεν τών μικρών, βλέπετε μή καταφρονήσωμεν αύτών ώς μηδαμινών · ούκ είσί μικρά, νομή έστι, κακή συνήθειά έστι. Νήψωμεν, φροντίσωμεν τών ελαφρών έν όσω εισίν ελαφρά, ίνα μή γένωνται βαρέα. Καί τό κατορθώσαι καί το άμαρτήσαι από μικρών άρχεται καί εις μεγάλα φέρει ή αγαθά ή κακά. Διά τούτο παραγγέλλει ήμϊν ό Κύριος τηρεϊν τήν συνείδησιν. ώς τί ποτέ ίδικώς διαμαρτυρόμενός τινα καί λέγων αύτώ · Βλέπε τί ποιείς, άθλιε · νηψον, *Τσ0ι εύνοών τώ αντιδικώ σου, έ’ως εΐ έν τη όδώ μετ’ αύτού. Καί επιφέρει καί τόν φόβον καί τόν κίνδυνον τού πράγματος λέγων ' Μή ποτέ σε παραδώ τώ κριτή, καί ό κριτής τοϊς ύπηρέταις, καί βάλωσί σε εις φυλακήν. Καί τί ; ’Αμήν λέγω σοι. ού μή 42. 5 φησίν : δήθεν Ε φύσει Mi om. DΗ 11 6 και om. aDEMi. 1. S. Basile, Horn. in Ps. 1 : PG 29, 220-221. CL PG 31, 54-1 A. 2. Le rnüt grec νομή est l’un des nombreux termes empruntés par Dorothée au langage médical. Aux références données par Sophocles et par Liddcll-Scott {éd. 1932, p. 1178) ajouter : Makc INSTRUCTIONS, III, § 11-12 213 j au plus tôt avec ton adversaire, tandis que tu es en chemin avec lui. » Le chemin, comme l’explique saint Basile, c’est I le monde présent1. 42. Efforçons-nous donc, frères, de garder notre consI cience, tant que nous sommes en ce monde, prenant soin de ne pas encourir son blâme en quoi que ce soit, et de ne jamais la fouler aux pieds pour la moindre chose. Car vous savez que, de ces petites choses soi-disant sans importance, on en vient à mépriser aussi les grandes. On commence par dire : Qu’importe, si je dis ce mot? Qu’importe, si je mange ce petit morceau? Qu’importe, si je m'occupe de cette affaire? A force de dire : Qu’importe ceci, qu’importe cela, on contracte un chancre2 mauvais et irritant, on se met à mépriser jusqu’aux choses importantes et plus graves, à piétiner sa conscience, et finalement on court le danger de tomber degré par degré dans une totale insen­ sibilité. Veillez donc, frères, à ne pas négliger les petites choses, veillez à ne pas les mépriser comme insignifiantes. Elles ne sont pas petites, c’est un chancre, c’est une habitude mauvaise. Soyons vigilants, prenons garde aux choses légères, tant qu’elles sont légères, pour qu’elles ne deviennent pas graves. Vertu et péché commencent par de petites choses, mais conduisent à de grandes, soit bonnes, soit mauvaises3. Aussi le Seigneur nous exhorte-t-il à garder notre conscience, sous la forme d’un avertissement adresse à quelqu’un en particulier : Vois ce que tu fais, malheureux, attention 1 « Mets-toi d’accord au plus tôt avec ton adversaire, tandis que tu es en chemin avec lui. » Puis il ajoute, pour montrer le caractère redoutable et dangereux de la situation : « De peur qu’il ne te livre au juge, le juge aux gardes, et qu'ils ne te jettent en prison ·■>. L’Ermite, De Punit. IX (PG 65, 977 D) : De his qui pillant... 78 (PG 65, 941 B). 3. Ci. Marc L'Ermite, De lege spir. 172 (PG 65, 926 C; ; Abbé (Isaïe, Aug., p. 189-190) ; Apophl. dans Bousset, p. 118. 214 30 5 C 10 (EUVRES SPIRITUELLES έξέλθης έκεϊθεν, έως ού άποδφς τον έσχατον κοδράντην ; Λύτη γάρ έλέγχβι ήμας, ώς εϊπον, είς το καλόν και εις τό κακόν, καί δεικνύει ήμϊν τί ποιήσαι καί τί μή ποιήσαι. Καί αύτη πάλιν κατηγορεί ημών καί έν τω μέλλοντι αιών·. · διά τούτο λέγει ’ Μή ποτέ σε παραδω τώ κριτή, καί τά εξής· 43. Τό δέ φυλάξαι αυτήν πολλήν έχει διαφοράν. Θέλει γάρ τις φυλάξαι συνείδησιν προς τόν Θεόν καί πρός τόν πλησίον καί πρός τάς ύλας. Πρός μέν τόν Θεόν, ίνα μή καταφρονή τών έντολών αύτού, άλλ’ ίνα καί εις ά ού βλέπει αύτόν άνθρωπος καί εις ά ούκ απαιτείται παρά τίνος. Αύτάς φυλάττει τφ Θεώ συνείδησιν έν τώ κρύπτω * οϊόν τι λέγω ’ Ήμέλησεν εύχής, άνέοη λογισμός εμπαθής εις τήν καρδίαν αύτού, καί ούκ ενηψε καί έσφιγξεν εαυτόν, άλλα συγκατέθετο ' είδε τόν πλησίον λέγοντά τι ή ποιούντο, ώς είκός καί ύπενόησε καί κατέκρινεν αύτόν ' καί απλώς είπεΐν, ίσα έστιν έν τώ κρύπτω γινόμενα, ά ούδείς οϊδεν εί μή ό Θεός καί ή συνείδησις ήμών, χρήζομεν φυλάττειν. Καί αύτη έστιν ή πρός τόν Θεόν συνείδησις. 44. Ή δέ πρός τόν πλησίον έστιν ίνα μή ποιή τίς τί ποτέ παντελώς είς δ οϊδεν οτι θλίβει ή πλήσσει τόν πλησίον, είτε έν έργω, είτε έν λόγφ, είτε έν σχήματι, είτε έν βλέμματι. Έστι γάρ καί σχήμα, ώς πολλάκις άεί λέγω, πλήσσον τόν 5 πλησίον ' εστι καί βλέμμα δυνάμενον πλήξαι ’ καί απλώς είπεΐν, οσα οϊδεν ό άνθρωπος οτι έπιτηδείως ποιεί διά τό δούναι λογισμόν τώ πλησίον, καί αύτη ή συνείδησις αύτού μολύνεται, είδυϊα οτι διά τό βλάψαι ή θλίψαι έπιτηδεύει * ίνα φυλάζη τού μή ποιήσαι, καί τούτο έστι τό φυλάξαι 10 συνείδησιν πρός τον πλησίον. 44. 0 Ινα φυλάςη του μή ποιήσαι orn. a DEM i. INSTRUCTIONS, III, § -12-44 215 i-El après? a En vérité, je te le dis, lu n’en sortiras pas que Eu n’aies payé jusqu’au dernier centime. » Car c’est elle, la conscience, comme je l’ai dit, qui nous instruit du bien et du mal par ses reproches et nous montre ce qui est à faire ou à ne pas faire. Et c’est elle encore qui nous accusera dans le siècle à venir. C’est pourquoi le Seigneur dit « De peur qu’il ne te livre au juge... » et la suite. i 43. Mais garder sa conscience présente une grande diversité d’applications. On doit la garder à l’égard de Dieu, à l’égard du prochain, à l'égard des choses matérielles. A l’égard de Dieu d’abord, en prenant soin de ne pas mépriser ses commandements même dans les choses qui échappent au regard des hommes et dont aucun d’eux ne demandera compte. Celui-là garde sa conscience pour Dieu dans le secret, qui évite par exemple de négliger la prière, de manquer de vigilance lorsqu’une pensée passionnée surgit dans son cœur, de s’y arrêter et d’y consentir ; qui évite de soupçonner et de juger le prochain sur les apparences, quand il le voit dire ou faire quelque chose ; en un mot, tout ce qui se passe dans le secret et que personne ne connaît sinon Dieu et notre conscience doit être l’objet de notre vigilance. Et c’est cela, la conscience à l’égard de Dieu. 44. La conscience à l’égard du prochain consiste à ne faire absolument rien de ce que l’on sait devoir l’affliger ou le blesser, que ce soit une action, une parole, une attitude ou un regard. Car il est des attitudes blessantes pour le prochain, je vous le répète souvent ; un regard aussi peut le blesser. Bref, toutes les fois que l’homme sait qu’il agit dans le dessein de troubler le prochain, sa propre conscience en est souillée, puisqu’elle voit bien qu’il a l’intention de nuire ou d’affliger. Il faut prendre soin de ne pas agir ainsi. Et c’est cela, garder sa conscience à l’égard du prochain. 216 ŒUVRES SPIRITUELLES D 45. Τό δέ πρός τάς ΰλας φυλάξαι έστιν ί'να μή κακώς κέχρηταί τις πράγματι, ίνα μή άφή πράγμα άχρειωθήναι ή ριφηναι, αλλά καν ϊδη τί ποτέ έρριμμένον, μή παρίδη, καν εύτελές ή, άλλα συστείλη καί θήση είς τον ίδιον τόπον · 5 ίνα μή παρακέχρηται τοίς ίδίοις ίματίοις. νΕστι γάρ, ύπόθου, οτε δύναταί τις φορέσαι τό ίμάτιον αύτοΰ άλλην μίαν ή δύο εβδομάδας καί άπέρχεται, άφαρή πλύνει αύτό προ καιρού καί κατακόπτει αύτό. καί άντί του χρησιμεΰσαι αύτό άλλους πέντε μήνας ή καί πλέον, πλύνων πλύνων παλαιοί 10 αύτό καί ποιεί αύτό άχρήσιμον ’ καί έστι παρά συνείδησίν. Όμοίως καί έν στρώματι ’ πολλάκις δύναταί τις ποίη­ σα·. τήν χρείαν αύτοΰ είς έν κεροηκάριον καί ζητεί μέγα 1657 A στρώμα ’ έχει τρίχινου έ’σΟ’ οτε, καί θέλει άλλάξαι αύτό καί λαβείν άλλο ή νέον ή εύμορφον άπό περπερείας ή άπό 15 ακηδίας. Δύναταί άρκεσθήναι ένί κεντωνίφ καί ζητεί λανάτον, είκός καί φιλονεικεί, έάν μή λάοη. Εί δέ καί άρξηται προσέχειν τω άδελφω αύτοΰ καί λέγειν · Διά τί οΰτος τόδε εχει, κάγώ ούκ έχω ; ό τοιοΰτος μακάριός έστι · μεγάλη προκοπή. Πάλιν άπλοι τις τό ιμάτιον αύτοΰ ή τό σκέπασμα 20 είς τον ήλιον καί άμελεί του έπάραι αύτό καί αφή αύτό καήναι · καί τούτο παρά συνείδησίν έστιν. Όμοίως καί έν βρώμασι · δύναταί τις ποιήσαι τήν χρείαν αύτοΰ είς μικρόν λάχανον ή οσπρίου ή όλίγας ελαίας καί ούκ ανέχεται ποιήσαι. άλλα ζητεί άλλο βρώμα ήδύτερον 25 ή πολυτελέστερου · ταΰτα πάντα παρά συνείδησίν έστιν. Β 46. Οί δέ Πατέρες λέγουσιν δτι ούκ ύφείλει ό μοναχός έάσαι ποτέ τήν συνείδησίν αύτοΰ καταπονήσαι αύτόν έν 45. 6 αύτοΰ om. aDEMi || 9 καί om. aEMi || 17 τω : καί τω aDEllMi II 18 μακάριός : ούκ aDMi μακάριος ούκ Ê || έστι ’ μεγάλη : έστιν έν aDMi έστιν αυτή Ε || 19 τις om. aDMi. 1. Les Règles Pachôniicaaes interdisaient de laisser un vêtement exposé trop longtemps au soleil : Praec. 103 (Boon, p. 41); Prae>:. el Inst. 6 (Boon, p. 55). INSTRUCTIONS, III, § 45-4G 217 45. Enfin garder sa conscience à l'egard des choses materielles, c’est éviter d’en faire mauvais usage, ne rien laisser se perdre ou traîner, ne pas dédaigner de ramasser et de remettre à sa place un objet qu’on voit traîner, si vil soit-il ; c'est éviter aussi de maltraiter scs vêtements. Quelqu’un pourrait, par exemple, porter encore son vêtement une ou deux semaines, et, sans attendre ce délai, il s’empresse d’aller le laver et le battre. Alors qu’il aurait dû lui servir cinq mois ou même davantage, il l’use à force de lavages et le rend inutilisable. C’est agir contre sa conscience. De même pour la literie. On pourrait souvent se cont enter d’un simple chevet, et on désire un grand matelas. On a une ! couverture de poils, et on veut la changer contre une autre, neuve ou plus belle, par frivolité ou par dégoût. On pourrait 1 se contenter d’un manteau fait de plusieurs pièces, mais on réclame un lainage, et peut-être même se fâchera-t-on, si on ne le reçoit pas. Si, de plus, on se met à jeter les yeux sur son frère et à dire : « Pourquoi lui a-t-il ceci, et pas moi ? Celui-là est heureux » ! Voilà un grand progrès ! Ou bien encore, on étend sa tunique ou sa couverture au soleil, on néglige de la reprendre et on la laisse s’abîmer1. C’est aussi agir contre la conscience. Il en est de même pour les aliments. On pourrait se satisfaire avec un peu de légumes verts ou secs2, ou avec quelques olives. Mais au lieu de s’en contenter, on recherche une autre nourriture plus agréable ou plus coûteuse. Tout cela est contre la conscience. 46. Or, les Pères disent que le moine ne doit· jamais laisser sa conscience le tourmenter pour quoi que ce soit3. 2. « Ces deux (λάχανον et δσπριον) reviennent constamment dans les textes sur les moines ; en latin holcra et legumina, par exemple Hier. cp. I.V1IÏ, 6; ep. I.IV, 10» (A.-J. FesTUGIÈRE, Antioche païenne et chrétienne, Paris 1959, p. 342, n. 2). 3. Apophl. Agathon 2 : Pli G5, 109 B. Cf. PE III, 8, p. 22. ‘218 ŒUVRES SPIRITUELLES οίωδήποτε πράγματι. Χρεία οΰν έστιν, αδελφοί, νήφειν ημάς πάντοτε καί φυλάττειν εαυτούς άπδ πάντων τούτων, 5 ίνα μη έμπέσωμεν είς τδν κίνδυνον. Καί αύτδς ό Κύριος προεμαρτύρατο ημάς, καθώς άνωτερω εϊπομεν. Ό Θεός δωη ήμϊν άκούειν καί φυλάττειν ταυτα, ίνα μή είς κρίμα γένωνται ήμϊν οί λόγοι τών Πατέρων ημών. 4β. 5 Καί : Καί γάρ aDML INSTRUCTIONS, III, § 46 219 Il nous faut donc, frères, demeurer toujours vigilants et nous garder de toutes ces fautes pour ne point nous mettre • en péril. Le Seigneur lui-même nous en a prévenus, comme nous le disions plus haut. Que Dieu nous donne d’entendre et de garder ces choses, pour que les dits de nos Pères ne deviennent pas pour nous un sujet de condamnation. Δ'. ΠΕΡΙ ΘΕΙΟΥ ΦΟΒΟΥ C 5 10 D 15 20 25 47. Λέγει έν ταΐς ΚαΟολικαίς ύ άγιος Ιωάννης ' ‘II τελεία άγάπη έξω βάλλει τόν φόβον. ”Λρα τί θέλει διά τούτου σημαναι ήμίν ό άγιος ; ποίαν άρα λέγει αγάπην καί ποιον φόβον ; Ό μέν Προφήτης έν τφ ψαλμω λέγει * Φοβήθητε τόν Κύριον, πάντες οί άγιοι αύτού ’ καί άλλα δέ μυρία τοιαύτα εύρίσκομεν έν ταΐς άγίαις Γραφαϊς. Εί οδν καί οί άγιοι ούτως άγαπώντες τόν Κύριον φοβούνται αυτόν, πώς λέγει ' Ή άγάπη έξω βάλλει τόν φόβον ; Δεϊξαι ήμίν θέλει ό άγιος οτι δύο είσί φόβοι, εις εισαγωγικός και είς τέλειος, και οτι ό μέν είς των άρχομένων έστιν, ώς άν εϊποι τις, του Οεοσεβείν, ό δέ άλλος των αγίων έστι των τελειωθέντων, των φθασάντων είς τό μέτρον της αγίας άγάπης. Οίόν τι λέγω ' ΙΙοιεϊ τις τό θέλημα του Θεού διά τόν φόβον των κολάσεων · ουτος, ώς ειπομεν, άκμήν αρχάριός έστιν, ουτος ού ποιεί άκμήν δι* αύτό τό καλόν, αλλά διά τόν φόβον των πληγών. "Αλλος δέ ποιεί τό θέλημα τού Θεού αγαπών αυτόν τόν Θεόν, αγαπών ίδικώς τό εύαρεστεΐν τώ ΘεώΟυτος οίδε τί έστιν αύτό τό καλόν, ουτος εγνω τί έστι τό είναι μετά τού Θεού. ’Ιδού ούτός έστιν ό έ'χων την αληθινήν αγάπην, ήν λέγει ό άγιος τελείαν, καί αύτη ή άγάπη φέρει αυτόν είς τόν τέλειον φόβον. Φοβείται γάρ ο τοιούτος καί φυλάττει τό θέλημα του Θεού, ούκ έτι διά τάς πληγάς, ούκ ετι διά τό μή κολασΟηναι, άλλ’ ώσπερ ειπομεν, γευσάμενος αύτης της γλυκύτητος τού είναι μετά τού Θεού, φοβείται μή έκπέση αύτης, φοβείται μή στερηθη αύτης. Οδτος οδν ό Mes : A(a)DEGHPSTMi 47. 17 αγαπών : αγαπών αύτό aDEH αγαπών αύτον SML IV. DE LA DIVINE CRAINTE 47. Saint Jean dit dans les épîtres catholiques : « L'amour parfait bannit la crainte» (/ Jn 4, 18). Que veut-il nous signifier par là? De quel amour parle-t-il, et de quelle crainte? Car le Prophète dit dans le Psaume : a Craignez le Seigneur, vous tous, ses saints» (P$. 33, 10), et nous trouvons dans les saintes Écritures mille autres passages semblables. Si donc les saints qui aiment ainsi le Seigneur, le craignent, comment saint Jean peut-il dire : « L’amour bannit la crainte »? 11 veut nous montrer qu'il y a deux craintes, l’une initiale, l’autre parfaite ; la première ôtant celle des débutants dans la piété, pourrait-on dire, l’autre, celle des saints parvenus à la perfection et au sommet du saint amour. Quelqu’un, par exemple, fait la volonté de Dieu par crainte des châtiments : c’est encore un débutant, comme nous le disions, il ne fait pas le bien pour lui-même, mais par crainte des coups. Un autre accomplit la volonté de Dieu parce qu’il aime Dieu lui-même1 et qu’il aime tout spécialement lui être agréable. Celui-là sait ce qu’est le bien, il connaît ce que c’est que d’etre avec Dieu. Voilà celui qui possède l’amour véritable, « l’amour parfait n, comme dit saint Jean, et cet amour le porte à la crainte parfaite. Car il craint et il garde la volonté de Dieu, non plus à cause des coups, ni pour éviter le châtiment, mais parce qu’ayant goûté la douceur d’être avec Dieu, comme nous l’avons dit, il redoute de la perdre, il redoute d'en I. Cf. Clûmext d'Alex. Strom. III, 59, 4 (GCS, t. 2, p. 223). 222 (E U V KES S PIHI TU EL L ES 1660 Λ τέλειος φόβος ό έκ της άγάπης ταύτης γινόμενος έξω βάλλει τον εισαγωγικόν φόβον. Και διά τούτο λέγει οτι ' 'Η τελεία αγάπη έξω βάλλει τόν φόβον. ’Αδύνατον δέ έστιν έλθεΐν τόν τέλειον φόβον, εί μή διά τοΰ εισαγωγικού. 5 Β 10 lâ 20 48. Τρεις γάρ είσι διαθέσεις, ώς λέγει ό άγιος Βασίλειος, δι’ ών δυνάμεθα εύαρεστησαι τω Θεω. *Η γάρ φοβούμενοι την κόλασιν εύαρεστοΰμεν και έσμέν έν τη καταστάσει τού δούλου ' ή τά έκ τοΰ μισθοΰ κέρδη διώκοντες, της εαυτών ένεκεν ώφελείας πληρούμεν τά προστεταγμένα καί κατά τοΰτο προσεοίκαμεν τοϊς μισθίοις * ή δι’ αύτό τό καλόν καί έσμέν έν τη καταστάσει τοΰ υίου. Ό γάρ υιός όταν έλθη εις φρόνησιν, ποιεί τό θέλημα τοΰ πατρός αύτοΰ, ού φοβούμενος μή δαρή, ούδέ διά το λαοειν μισθόν παρ’ αύτοΰ, άλλα αγαπών αύτόν, φυλάττο>ν αύτω ίδικώς αύτήν τήν άγάπην καί τήν τιμήν τήν πατρικήν, καί πεπεισμένος έστιν ότι πάντα τά υπάρχοντα τοΰ πατρός, αύτοΰ έστιν. Ό τοιοΰτος άξιοΰται άκοΰσαι · Ούκ έτι εΐ δούλος, άλλα υιός καί κληρο­ νόμος Θεού διά Χριστού · ό τοιοΰτος ούκ έ’τι φοβείται, ώς εϊπομεν, τόν Θεόν κατ’ έκεϊνον δήλον δτι τόν εισαγωγικόν φόβον, αλλά άγαπα, ώς λέγει ό άγιος ’Αντώνιος · Έγώ ούκ έτι φοβούμαι τόν Θεόν, άλλα άγαπώ αύτόν. Καί ό Κύριος λέγων τω ’Αβραάμ μετά τό προσενέγκαι τόν υιόν αύτοΰ, τό Νΰν έ'γνοϊν οτι φοβή σύ τόν Θεόν, εκείνον σημαίνει τόν τέλειον φόβον τόν έκ της άγάπης έγγινόμενον. Πώς γάρ είχεν είπεϊν τό Νύν βγνων ; Έλέησον, τοσαΰτα έποίησεν. ύπήκουσε τού Θεού καί άφήκε τα. ίδια πάντα καί παρώκησεν 48. 1 Βασίλειος : Γρηγόριος aDEHMi || 17 αλλά άγαπώ αύτόν om. aDGPMi. 1. Sur les deux craintes, cf. Cassien, Conf. XI, 13 (SC 54, p. 115118). 2. S. Basile, Proem, in Rcg. fus. tract.: PG 31, 896 B. S. Grég. Naz. : PG 35, 584 Λ ; PG 36, 373 CD. Cf. S. Grég. Nyss. : PG 44, 429, 765 et 1112. Voir d'autres références patristiques sur ces trois états dans DS, art. Charité (M. Villhr) : l. 2, 535-536. Ci. spécia­ lement Cassien, Conf. XI, 6-7 (SC 54, p. 104-107}. -Pf .b· . INSTRUCTIONS, IV, § 47-48 223 être prive. Cette crainte parfaite, née de cet amour, bannit la crainte initiale. Et c’est pourquoi saint Jean dit que t l'amour pariait bannit la crainte ». Mais il est impossible de parvenir à la crainte parfaite, sans passer par la crainte initiale1. 48. Il y a en effet, dit saint Basile, trois états en lesquels æous pouvons plaire à Dieu2. Ou bien nous faisons ce qui plaît à Dieu par crainte du châtiment, et nous sommes dans la condition de l’esclave ; ou bien poursuivant le profit d’un salaire, nous accomplissons les ordres reçus en vue de notre propre avantage, et par là nous ressemblons aux mercenaires ; ou enfin nous faisons le bien pour lui-même, et nous sommes dans la condition de fils. Car le fils, quand il est parvenu à un âge raisonnable, fait la volonté de son père non par crainte d’être châtié ni pour obtenir de lui une récompense, mais parce que, aimant son père, il garde précisément envers lui cette affection et l'honneur dû à un père avec la conviction que tous les biens paternels sont à lui. Celui-là mérite de s’entendre dire : < Tu n’es plus esclave, mais fils et héritier de Dieu par le Christ» {Gai. 4, 7). 11 ne craint plus Dieu de cette crainte initiale dont nous parlions, c’est évident, mais il aime, comme le disait saint Antoine : « Je ne crains plus Dieu, je l’aime34 . » De même le Seigneur, déclarant à Abraham, après qu’il eut offert son fils : « Maintenant, je sais que tu crains Dieu* » (Gen. 22, 12), voulait parler de cette crainte parfaite née. de l’amour. Sinon, comment auraiUil pu lui dire : « Maintenant, je sais... » Abraham — Pardonnez-moi ! — avait fait tant de choses, il avait obéi à Dieu, il avait 3. Apophl. Antoine 32 : PG 65, 85 C. 4. Cf. Apopht. Pœmen : · Le commencement et la fin, c’est la crainte du Seigneur, car il est écrit : Le commencement de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur. Et lorsqu’Abraham eut accompli son sacrifice parfait, le Seigneur lui dit : Maintenant je sais que tu crains Dieu · (PL 73, 936 G}. 2-24 ŒUVRES SPIR1TUEI.I.ES C εις γην άλλοτρίαν καί εις έθνος ειδωλολάτρων, οπού ούκ ήν ούδέ ίχνος Οεοσεβείας, καί επί τούτοις ύπήνεγκε καί τόν 25 τοιούτον φοβερόν πειρασμόν της θυσίας του υιού. καί μετά ταύτα πάντα έλεγεν αύτω ' Νυν έγνων οτι φοβή σύ τόν Θεόν ' δήλον ότι τόν τέλειον φόβον έλεγε τόν τών άγιων. Ούκ έτι γάρ διά φόβον κολάσεως ή διά τό λαβείν μισθόν ποιούσι τό θέλημα τού Θεού, αλλά άγαπώντες, καθώς 30 πολλάκις είπομεν, φοβούμενοι ποιήσαί τι παρά τό θέλημα τού αγαπητού. Καί διά τούτο λέγει " ‘II άγάπη εξω βάλλει τόν φόβον. Ούκ έτι γάρ άπό φόβου ποιοΰσιν, άλλ* έκ τού άγαπαν φοβούνται. D 5 16Ô1 Λ 10 15 49. Ούτός έστιν ό τέλειος φόβος, άλλ’ ού δυνατόν τόν τέλειον έλθειν, ώς προείπομεν, εί μή σχή τις πρώτον τόν εισαγωγικόν φόβον. Λέγει γάρ ’ ’Αρχή σοφίας φόβος Κυρίου ‘ καί πάλιν λέγει ' ’Αρχή καί τέλος έστιν ό φόβος τοϋ Θεού. ’Αρχήν λέγει τόν εισαγωγικόν φόβον, μεθ’ ον έστιν ό τέλειος ό τών αγίων. ‘Ο ούν εισαγωγικός φόβος τής καταστάσεως ημών έστιν ' ουτος φυλάττει τήν ψυχήν ώσπερ ή γάνωσις άπό πάσης κακίας. Λέγει γάρ ' Τώ φόβοι Κυρίου έκκλίνει πας άπό κακού. ’Εάν ουν έκκλίνη τις άπό κακού διά τόν φόβον τής κολάσεως, ώς ό δούλος φοβούμενος τόν δεσπότην, έρχεται κατά μέρος καί εις τό ποιήσαι τό άγαθόν, καί ποιων τό άγαθόν κατά μικρόν μικρόν άρχεται καί άνταπόδοσίν τινα της εργασίας τού άγαΟού έλπίζειν, καθάπερ ό μισθωτός. ‘Όταν ούν έμμείνη φεύγων τό κακόν, ώς είπομεν, διά τόν φόβον ώσπερ ό δούλος, καί πάλιν ποιών τό άγαθόν διά την ελπίδα ώσπερ ό μισθωτός, χρονίζων σύν 48. 24 ούδέ : ούτε a DEMI om. GP. 49. 9 τις : πάς aDGMi || 12 ποιών τό άγαθόν om. aDEGHPMi || 15 ό ; καί Mi om. ST. 1. Nous avons gardé 1c mot γάνωσις donné par les manuscrits· Mais selon la suggestion de C-oteliek (Eccles. Gr. Monum., t. H.· p. 554), nous lirions volontiers γνώσις, en nous référant à Évagiie qui voit dans la gnose le bouclier spirituel de Time. Ct. Centuries V, INSTRUCTIONS, IV, § 48-49 225 quitta tous scs biens, il s’était établi sur une terre étrangère, chez un peuple idolâtre, où il n’y avait nulle trace de culte divin. Surtout, il avait supporté cette terrible épreuve du Sacrifice de son fils. Et après tout cela, le Seigneur lui dit : « Maintenant, je sais que tu crains Dieu ! » Il est bien clair qu’il parlait là de la crainte parfaite, celle des saints. Car ceux-ci font la volonté de Dieu non plus par crainte d’un châtiment ou pour obtenir une récompense, mais par amour, comme nous l’avons dit souvent, craignant de faire quelque chose contre la volonté de celui qu’ils aiment. Et c'est pourquoi saint Jean dit : « L'amour bannit la crainte. » Les saints n'agissent plus par crainte, mais craignent par amour. 49. C'est là la crainte parfaite, mais il est impossible d’y parvenir, je le répète, sans avoir eu d’abord la crainte initiale. Car il est dit : « Le commencement de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur o (Ps. 110, 10), et encore : « Le commencement et la fin, c'est la crainte de Dieu » (Cf. Prov. 1, 7 ; 9, 10 ; 22, 4). L’Écriture appelle « commen­ cement » la crainte initiale, à laquelle succède la crainte parfaite, celle des saints. Cette crainte initiale, c’est donc la nôtre. Comme un émail (sur le métal)1, elle garde l’àme de tout mal, selon ce qui est écrit : « Par la crainte du Seigneur, tout homme se détourne du mal » (Prou. 15, 27). Celui qui se détourne du mal par la crainte du châtiment, comme l’esclave qui redoute son maître, en vient progressi­ vement à faire le bien et se met aussi peu à peu à espérer une rétribution de ses bonnes œuvres, comme le merce­ naire. Et s’il continue à fuir le mal par crainte, comme l’esclave, puis à faire le bien dans l’espoir du gain comme 31 et 31 : éd. Guillaumont dans PO 28, p. 189 et 191. Voir aussi un texte attribué é Origène, mais qui pourrait bien être d’ÉvACRE : « Rien ne garde notre cœur comme la crainte de Dieu > (Select. in Ps. 140, 3 : PG 12, 1666 A). De son côté, S. Paghôme compare la crainte de Dieu à une huile versée sur l'âme : PO 4, 480. 3 226 ŒUVRES SPIRITUELLES Θεφ έν τώ άγαθφ καί κατά άναλογίαν συναπτό μένος τώ Θεώ, γεύεται, λοιπδν και εις αΐσθησίν τινα έρχεται αύτού του όντως άγαθοΰ καί ούκέτι θέλει χωρισθήναι άπ’ αύτού. Β 20 Τίς γάρ αύτόν έτι δύναται χωρίσαι, ώς εΐπεν ό ’Απόστολος, άπό της αγάπης τού Χριστού ; τότε φθάνει εις τό μέτρον τού υιού καί άγαπα δι’ αυτό τό καλόν και φοβείται επειδή αγαπά. Καί ούτός έστιν ό μέγας καί τέλειος φόβος. 5 10 C 15 20 50. Διά τούτο καί ό Προφήτης διδάσκων ημάς τήν διαφοράν τούτων τών φόβων έλεγε · Δεύτε, τέκνα, άκούσατέ μου, φόβον Κυρίου διδάξω ύμάς. Θέτε τόν νοΰν υμών εις έκαστον ρήμα τού ΙΙροφήτου, πώς έκαστη λέξις αύτού έχει δύναμιν. Πρώτον λέγει ” Δεύτε πρός με, προσκα­ λούμενος ήμάς έπί τήν αρετήν. ΠροστιΟεΐ καί τέκνα ' τέκνα καλοΰσιν οι άγιοι τούς διά τού λόγου αύτών μετα­ μορφωμένους άπό τής κακίας εις τήν αρετήν, ώς λέγει ό ’Απόστολος ' Τεκνία ούς πάλιν ωδίνω μέχρις ού μορφωθή Χριστός έν ύμϊν. ΕΙτα μετά τό προσκαλέσασΟαι ημάς καί προτρέψασθαι έπί τήν τοιαύτην μεταμόρφωσιν, λέγει ' Φόβον Κυρίου διδάξω ύμαί. Βλέπετε τήν παρρησίαν τού αγίου. ‘Ημείς όταν θέλωμεν είπεΐν τί ποτέ καλόν, αεί λέγομεν · Θέλετε διαλεχθώμεν μικρόν καί γυμνάσωμεν περί φόβου Θεού ή περί άλλης αρετής ; Ό δέ άγιος ούχ ούτως, άλλα μετά παρρησίας έλεγε ' Δεύτε, τέκνα, άκούσατέ μου, φόβον Κυρίου διδάξω ύμας. Τίς έστιν άνθρωπος ό θέλων ζωήν, άγαπών ημέρας ίδεΐν άγαΟάς ; Ειτα, ώς τίνος άποκρινομένου ότι ‘ ’Εγώ θέλω, δίδαξόν με πώς ζήσαι και ίδεΐν ημέρας άγαθάς, διδάσκει καί λέγει ’ Παύσον τήν γλώσσάν σου άπό κακού καί χείλη σου τού μή λαλήσαι δόλον. ’Ιδού τέως τήν ένέργειαν άνακόπτει τού κακού διά τού i INSTRUCTIONS, IV, § 49·ό0 227 le mercenaire, perseverant ainsi dans la vertu avec le secours de Dieu et s'attachant à lui à proportion, il finit par goûter le vrai bien, par en avoir une certaine expérience, et il ne veut plus s'en séparer. Qui pourrait désormais, comme dit l'Apôtre, le séparer de l’amour du Christ? (Cf. Rom. 8, 35). Il atteint alors la perfection du fils, il aime le bien pour lui-même et il craint parce qu’il aime1. C’est la crainte grande et parfaite. 50. Pour nous apprendre la différence de ces craintes, le Prophète disait : « Venez, enfants, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur» (Ps. 33, 12). Appliquez votre esprit à chaque mot- du Prophète, et voyez comment chacun à sa signification. U dit d’abord : « Venez à moi », pour nous inviter à la vertu. Puis il ajoute : «enfants» : les saints appellent «enfants» ceux que leur parole fait passer du vice à la vertu, tel l’Apôtre disant : « Mes petits enfants, pour qui j’endure à nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous » (Gai. 4, 19). Ensuite, apres nous avoir appelé et invité à cette transformation, le Prophète nous dit : « Je vous enseignerai la crainte du Seigneur. » Voyez l’assurance du saint. Nous autres, quand nous voulons dire quelque bonne parole, nous commençons toujours par demander : « Voulez-vous que nous nous entretenions un peu et que nous dissertions sur la crainte de Dieu ou sur une autre vertu? » Le saint, lui, ne parle pas ainsi, mais dit en toute assurance : « Venez, enfants, écoutez-moi, je vous ensei­ gnerai la crainte du Seigneur. Quel est l’homme qui veut la vie et désire connaître des jours heureux? n (Ps. 33, 13). Et comme si quelqu’un répondait : « Moi, je le veux ; apprends-moi comment vivre et connaître des jours heureux », il le lui enseigne en disant : « Garde ta langue du mal et les lèvres des propos trompeurs» (ib. 14). Voyez, c’est toujours par la crainte de Dieu qu’il empêche 1. Cf. Clément d'Alex. Slrom. II, 53, 4-5 (SC 38, p. 77) et Zosime dans PE 11, 2, p. IGG. 228 ŒUVRES SPIRITUELLES D φόβου τού Θεού · τδ Παύσαι τήν γλώσσάν σου άπδ κάζου, έστι τδ μή πλήξαι διά τίνος τήν συνείδησήν τού πλησίον, 25 τδ μή κακολόγησα’., τδ μή παροξύναι ' τδ δέ Τά χείλη μή λαλήσαι δόλον, έστι τδ μή δολιεύσασθαι τδν πλησίον. ΕΪτα έπάγει * Έκκλινον άπδ κακού. Είπε πρώτον μερικάς τινας άμαρτίας, τήν καταλαλιάν, τήν δολιότητα, καί ούτως έπήγαγε περιεκτικώς περί πάσης κακίας τδ 30 "Εκκλινον άπδ κακού · olov, φύγε απλώς παν κακόν, έκκλινον άπδ παντός πράγματος φέροντος αμαρτίαν. Καί 1664 A ούκ είπε τούτο μόνον καί έσιώπησεν, άλλα προσέθηκε · Καί ποίησον άγαθόν ' εστι γάρ δτε ού κακοποιεί τις, ού μέντοι καί άγαθοποιεί ’ εστι. πάλιν ότε ούκ άδικεϊ τις, ού 35 μέντοι καί έλεεΐ ' έστιν οτε ού μισεί τις, ού μέντοι καί άγαπα. Καλώς οδν είπεν ό προφήτης · "Εκκλινον άπδ κακού καί ποίησον άγαθόν. ’Ιδού δεικνύει ήμιν τήν ακολουθίαν εκείνην τών τριών καταστάσεων ών προείπομεν, πώς διά τού φόβου τού Θεού 40 έχειραγώγησεν είς τδ έκκλίναι άπδ κακού, καί ούτως προτρέπεται έπιβήναι καί τού άγαθοΰ. ’Εάν γάρ άξιωθή τις άργησαι άπδ τού κακού καί φυγείν άπ’ αύτού, φυσικώς λοιπόν ενεργεί τδ άγαθόν οδηγούμενος υπό τών άγιων. Ταύτα είπών πάνυ καλώς καί ακολούθως έπιφέρει τδ 45 Ζήτησον ειρήνην και δίωξον αύτήν ’ καί ούκ ειπεν · ζήτησον μόνον, άλλα δρομαίως καταδίωξον, ίνα καταλάοης αύτήν. 51. Θέτε πάνυ τδν νουν ύμών είς τδ ρητόν τούτο καί βλέπετε άκρίβειαν τού αγίου. "Οταν άξιωθή τις έκκλίναι άπδ τού κακού καί σπουδάση σύν Θεώ λοιπόν ένεργησαι τδ άγαθόν, εύθέως έπιφέρονται αύτώ οί πόλεμοι τού εχθρού. 5 Λοιπόν αγωνίζεται, κόπια, συντρίβεται, ού μόνον φοβούμενος άποστρέύαι πάλιν είς τδ κακόν, ώς είπομεν περί τού δούλου, άλλα καί έλπίζων, ώς προείπομεν, τδν μισθόν τού άγαθού Β 50. 29 πάσης : πάσης της aEGP.Mi 11 31 καί om. aDGMi || 32 τοϋτο μόνον : τούτο πάλιν aDII πάλιν τοϋτο EG τούτο Ρ τοϋτο πάλιν μόνον Mi H 39 ών : ήν a HP.Mi. 51. 4 έπιφέρονται : έπέρχονται aDHMi. I ' INSTRUCTIONS, IV, § 50-51 229 l'accomplissement du mal. « Garder sa langue du mal », c’est ne blesser d’aucune manière la conscience du prochain, ni médire de lui, ni l’irriter, a Garder ses lèvres des propos trompeurs », c’est ne pas tromper le prochain. Le Prophète poursuit : « Détourne-toi du mal » (ib. 15). Après avoir parlé d’abord de fautes particulières, la médi­ sance, la fourberie, il en vient maintenant au vice en général : « Détourne-toi du mal », c’est-à-dire, fuis absolu­ ment tout mal, délourne-toi de tout cc qui entraîne un péché. Il ne s’en tient pas là, mais ajoute : « Et fais le bien. » Il arrive en effet qu’on ne fasse pas le rnal, sans pour autant faire le bien. On peut ne pas être injuste tout en n’exerçant pas la miséricorde, ou ne pas haïr sans pour cela aimer. Aussi le Prophète a-t-il eu raison de dire : « Détourne-toi du mal et fais le bien. » Voyez, le Prophète nous montre cette succession des trois états dont, nous parlions : par la crainte de Dieu, il amène l’âme à sc détourner du mal, et la provoque ainsi à s’élever jusqu’au bien. Car, dès lors qu’on est parvenu à ne plus commettre le mal et à s’en éloigner, tout naturelle­ ment on fait le bien sous la conduite des saints. A ces paroles, le Prophète ajoute fort à propos : « Cherche la paix et poursuis-la» (ib. 15) : il ne dit pas seulement : «cherche », mais poursuis-la en courant, pour t’en emparer. 61. Appliquez bien votre esprit à cette parole et voyez la précision du saint. Lorsque quelqu’un est arrivé à se détourner du mal et s’efforce, Dieu aidant, de faire le bien, aussitôt fondent sur lui les attaques de l’ennemi. Il lutte donc, il peine, il est accablé : non seulement il craint de retourner au mal, comme nous le disions de l’esclave, mais il espère aussi la rétribution du bien comme un mercenaire. 230 10 C 15 20 25 D 30 ŒUVRES SPIRITUELLES καθάπερ μισθωτός. Έν τώ οΰν πολεμείσθαι και πολεμείν και πυκτεύειν μετά του εχθρού, ποιεί τό αγαθόν, άλλα μετά πολλής θλίψεως, μετά πολλής συντριβής. 'Όταν δε γένηται αύτω βοήθεια παρά του Θεού, και άρξηται λοιπόν έν εξει τινί γίνεσθαι περί τό αγαθόν, τότε βλέπει τήν άνάπαυσιν, τότε κατά πρόσοασιν γεύεται τής ειρήνης, τότε αισθάνεται τί έστιν ή θλίψις του πολέμου καί τί έστιν ή χαρά καί ή εύφροσύνη τής ειρήνης ’ λοιπόν ζητεί αύτήν, σπουδάζει λοιπόν και τρέχει καταδιώκουν, ίνα καταλάβη αύτήν, ίνα τελείως κτήσηται αύτήν, ίνα είσοικήση αύτήν έν έαυτώ. Καί τί λοιπόν μακαριώτερον τής ψυχής έκείνης τής άξιωθείσης τούτου του μέτρου ; Ό τοιοΰτος, καθώς πολλακις είπομεν, εις τό μέτρον έστιν του υιού. Μακάριοι γάρ όντως οι είρηνοποιοί, οτι αύτοί υίοί Θεού κληθήσονται. Τις ποιεί την ψυχήν εκείνην έτι δι* άλλο τί ποτέ ποιεϊν τό αγαθόν, εί μή διά τήν άπόλαυσιν αύτοΰ του αγαθού ; Τίς οίδε τήν χαράν εκείνην, εί μή ό εχων αυτής πείραν ; Τότε και τόν τέλειον φόβον ό τοιοΰτος γνωρίζει, καθώς πολλάκις ειπομεν. ’Ιδού ήκούσαμεν τί έστιν ό τέλειος φόβος των αγίων και τί έστιν ό εισαγωγικός φόβος ό τής καταστάσεως ήμών καί πόθεν φεύγει τις καί που έρχεται διά του φόβου τοΰ Θεού. Θέλομεν λοιπόν μαθείν άρτι καί τό πώς έρχεται ό φόβος τοΰ Θεού, θέλομεν είπείν τί έστιν τά άφορίζοντα ημάς άπό τοΰ φόβου τοΰ Θεού. 52. ΕΙπον οί Πατέρες οτι κτάται άνθρωπος τόν φόβον τοΰ Θεού έκ τού έχειν τήν μνήμην τοΰ θανάτου καί τήν μνήμην των κολάσεων, καί έκ τοΰ καθ’ εσπέραν έρευναν εαυτόν πώς παρήλθε τήν ήμέραν και κατά πρωί πάλιν 51. 17 post τελείως incipit A |[ 18 έκείνης om. ADEGMi. 1. Cf. Apopht. Nau 182 (ROC 1908, p. 267) el 264 {ROC 1909, p. 369). La pensée de la mort, déjà recommandée par les philosophes paiensfv. g. Épictète, Entretiens XXi ; Marc-Aurèle, Pensées 11, 1;. l’est encore bien davantage par les anciens moines (v. g. Apopht. INSTRUCTIONS, IV, § 51-52 231 Dans les attaques et contre-attaques de ce pugilat avec l’ennemi, il fait le bien, avec toutefois beaucoup de souf­ france et de tourment. Mais quand lui vient du secours de I Dieu et qu’il commence à s'habituer au bien, alors il entrevoit le repos et goûte progressivement la paix, alors il réalise ce qu’est l'affliction de la guerre, ce qu’est la joie et le bonheur de la paix. Il recherche enfin cette paix, se hâte, court à sa poursuite pour la saisir, pour la posséder en plénitude et la faire demeurer en lui. Et quoi de plus heureux que l’âme arrivée à ce degré? Elle est alors dans la condition de fils, comme nous l’avons dit souvent. Oui vraiment, « heureux ceux qui font la paix, car ils seront appelés fils de Dieu m (Mallh. 5, 9). Qui pourrait dire de cette âme qu’elle fait encore le bien pour un autre motif que la jouissance du bien meme? Qui connaît cette joie, sinon celui qui en a l’expérience? Alors celui-là découvre aussi la crainte parfaite, dont nous avons souvent parlé. Nous voilà instruits de ce qu’est la crainte parfaite des saints, et de ce qu’est la crainte initiale, la nôtre ; nous savons ce que la crainte de Dieu fait fuir et où elle conduit. Il nous faut maintenant apprendre comment vient la crainte de Dieu, et dire aussi ce qui nous en éloigne. 52. Les Pères1 ont dit qu’un homme acquiert la crainte de Dieu en se souvenant de la mort et des châtiments, en examinant chaque soir comment il a passé la journée et Cronios 3 : PG 65, 248 C; Psbudo-Nh. : PG 79, 1120 B). Sur le double examen quotidien, cf. Apophl. Nisteros 5 : PG 65, 308; S. Éphrkm, dans PE III, 10, p. 28; S. Jean Chrysostome (PG 50, 659-660} ; Jban Le Prophète, Lettre à Dorothée (Nie. 291). Barsanuphe ne veut pas qu'on s'examine à d'autres moments de la journée : Nie. 395 et 112. 232 (ΕυVUES SPIRITUELLES 5 έρευναν πώς παρήλθέ την νύκτα, καί έκ του μή παρρησιάζεσθαι καί έκ του προσκολληθήναι άνθρώπω φοβουμένω τον Θεόν. Λέγε», γάρ ότι ήρώτησεν αδελφός τινα τών γερόντων Τί ποιήσω, Πατερ, ίνα φοβούμαι τόν Θεόν ; Καί λέγει αύτώ ό γέρων · "Υπαγε κολλήθητι άνθρώπω φοβουμένω 10 τόν Θεόν, καί έκ τού φοβεΐσθαι αύτόν τόν Θεόν, διδάσκει καί σέ φοβεΐσθαι αύτόν. 1665 A Έκδιώκομεν δέ τόν φόβον τού Θεού άφ’ ήμών έκ του ποιεϊν ήμας τα εναντία τούτων, έκ τού μή εχειν μνήμην θανάτου μηδέ κολάσεων, έκ τού μή προσέχειν εαυτοΐς, έκ 1 τού μή έρευναν πώς παρήλθομεν, αλλά άδιαφόρως ζην καί μετά αδιαφορών άναστρέφεσθαι, έκ τού παρρησιάζεσθαι · τοΰτό έστιν χείρον πάντων, τούτο έστιν ή τελεία απώλεια. Τί γάρ ούτως εκδιώκει τον φόβον τού Θεού άπό τής ψυχής ώς ή παρρησία ; Διά τούτο οτε ήρωτήΟη ό άββας ’Λγάθων 20 περί τής παρρησίας, είπεν ότι έ'οικε καύσωνι μεγάλω, όστις όταν γένηται, πάντες φεύγουσιν άπό προσώπου αύτού καί τών δένδρων δέ τον καρπόν διαφΟείρει. Βλέπεις, κυρι, δύναμιν πάθους ; βλέπεις οργήν ; Καί πάλιν έρωτηθείς · Ναί, ούτως χαλεπή έστιν ή παρρησία ; λέγει ’ Ούκ εστι 25 πάθος χαλεπώτερον τής παρρησίας · γεννήτρια γάρ έστι Β πάντων τών παθών. Πάνυ καλώς εΐπεν καί μετά συνέσεως πολλής τό γεννήτρια έστι πάντων τών παθών, επειδή αύτη έκδιώκει τον φόβον τού Θεού άπό τής ψυχής. Εί γάρ τω φόοω Κυρίου έκκλίνει πας άπό κακού, πάντως όπου ούκ 3θ εστι φόβος Θεού, έκεϊ έκαστον πάθος. Ό Θεός ρύσεται τάς ψυχάς ήμών άπό τού ολέθριου πάθους τής παρρησίας. 52. 26-27 Πάνυ ... παθών om. ST.ML 1. Purrhisia: < Ce mol, de par l’étymologie, signifie le droit on l'habitude de tout dire. De la l’évolution sémantique a tiré deux sens, l’un excellent, la confiance et l'audace devant Dieu, fondée sur une bonne conscience, l’autre fâcheux, l’excessive liberté des paroles ou des allures avec les gens, la désinvolture du personnage conscient de sa valeur» (I. Haushehr, Penlhos, p. 107). Chez Dorothée on ne INSTRUCTIONS, IV, § 52 233 chaque malin comment il a passé la nuit, en se gardant de la parrhésia1, et en s’attachant à un homme craignant Dieu. On rapporte en effet qu’un frère demanda à un vieillard : « Père, que dois-je faire pour craindre Dieu ? ». Le vieillard lui répondit : « Va, attache-toi à un homme craignant Dieu, et par le fait même qu’il craint Dieu. il t’apprendra à craindre Dieu toi aussi2. » Au contraire, nous chassons loin de nous la crainte de Dieu en faisant l’opposé de tout cela, en ne pensant pas à la mort ni aux châtiments, en ne prenant pas garde à nous-mêmes, en n'examinant pas notre conduite, en vivant n'importe comment et en fréquentant n’importe qui, et surtout en nous abandonnant à la parrhésia, ce qui est Je pire de tout et la ruine achevée. Qu’est-cc qui chasse en effet la crainte de Dieu de l’àme comme la parrhésia ? C’est pourquoi l’abbé Agathon interrogé sur lu parrhesia disait qu'elle ressemble à un grand vent brûlant qui, lorsqu’il se lève, fait fuir tout le monde devant lui et anéantit les fruits des arbres3. Voyez-vous, Révérends, la puissance d’une passion? Voyez-vous sa fureur? A une seconde question : la parrhésia est-elle donc si malfaisante? l’abbé Agathon répondit : Il n’est pas de passion plus malfaisante que la parrhésia, car elle est la mère de toutes les passions. Le vieillard dit fort bien et avec beaucoup de sagacité que la parrhésia est la mère de toutes les passions, puisqu’elle chasse de l’âme la crainte de Dieu. Si c’est en effet toujours par la crainte de Dieu qu’on se détourne du mal, nécessairement là où elle n’est plus, se trouvent toutes les passions. Que Dieu préserve nos âmes de cette passion fatale de la parrhésia ! trouve qu’une fois le premier sens (ci-dessus § 50, où nous avons traduit le mol par «assurance»). Cf. H. Jakoer, s.j., Παρρησία et fiducia (Studia Patrist. I : TU 63, p. 221-239). 2. Apopht. Pœmen 65 : PG 65, 337 B. 3. Apopht. Agathon 1 : PG 65, 101) A. 8—1 * 1 234 5 G 10 15 20 D 25 ŒUVRES SPIRITUELLES 53. Έστι δέ κα.ί πολύτροπος ή παρρησία. Παρρησιάζεταί τις καί διά λόγου καί δι’ αφής καί διά βλέμματος. ’Έρχεται τις άπό παρρησίας καί εις τό άργολογεΐν καί εις τό λαλεΐν τά κοσμικά καί εις το ποιείν γελοία καί κινεϊν γέλωτας ασέμνους ' παρρησία έστί καί τό άψασΟαί τίνος δίχα ανάγκης, τό έκτεϊναι χεϊρα κατά τίνος γέλωτος χάριν, τό ώΟήσαί τινα ή άρπάσαι τι παρ’ αύτού, το προσέχειν τινί άναιδώς. Ταύτα πάντα ή παρρησία ποιεί ’ ταύτα πάντα έκ τού μή είναι φόβον Θεού έν τη ψυχή · έρχεται δέ έκ τούτων κατά μικρόν τις καί εις τελείαν καταφρόνησιν. Διά τούτο δτε παρεδίδου ό Θεός τάς έντολάς τού νόμου, έλεγεν · Εύλαοεϊς ποιείτε τούς υιούς Ισραήλ. Δίχα γάρ εύλαόείας ούδέ αύτόν τον Θεόν τιμά τις, ούδέ προσέχει άπαξ οίαδήποτε εντολή. Διά τούτο ούδέν δεινότερον τής παρρησίας · διά τούτο γεννήρτιά έστι πάντων τών παθών, επειδή εκβάλλει τήν εύλάοειαν, επειδή διώκει τόν φόβον τού Θεού, επειδή γεννά τήν καταφρόνησιν. Έκ τού εχειν ύμάς παρρησίαν μετά άλλήλων, καί άναιδεύεσύε πρός άλλήλους καί λαλεϊτε άλλήλοις κακώς καί πλήσσετε άλλήλους. Καί έάν ίδη τις έξ υμών τί ποτέ μή ώφελούν, απέρχεται, φλυαρεί αύτό καί βάλλει εις την καρδίαν άλλου άδελφοΰ ' καί ού μόνον ότι αύτός βλάπτεται, αλλά βλάπτει καί τόν αδελφόν αύτού, βάλλων είς την καρδίαν αύτού ιόν πονηρόν. Καί πολλάκις είχε τόν νούν είς προσευχήν ή εις άλλο καλόν πράγμα, καί απέρχεται εκείνος, παρέχει αύτώ εις τι άδολεσχήσαι, καί ού μόνον εμποδίζει τή ώφελεία αύτού, αλλά καί πειρασμόν φέρει αύτω. Καί ούδέν τούτου βαρύτερου, ούδέν όλεΟριώτερον τού τινα μή μόνον εαυτόν, αλλά καί τόν πλησίον βλάπτειν. 53. G γέλωτος χάριν: γελώντος ADEGIIMi oro. P || 22 αδελφού αδελφού αύτου ADEGHPMi. ι INSTRUCTIONS, IV, § 53 235 53. La parrhésia est. d’ailleurs multiforme : clic se manifeste par parole, par attouchement ou par regard. C'est, la parrhésia qui pousse à tenir de vains discours, à parler de choses mondaines, à faire des plaisanteries ou à provoquer des rires malséants. C'est encore de la parrhésia de toucher quelqu’un sans nécessité, de porter la main sur un frère pour s’amuser, de le pousser, de lui prendre quelque chose, de le regarder sans retenue. Tout cela est ? l’œuvre de la parrhésia, tout, cela vient de ce qu’on n’a pas la crainte de Dieu dans l’âme, et de là on en arrive peu à peu à un complet mépris. C’est pourquoi lorsqu’il donnait, les commandements de la Loi, Dieu disait : «Rendez respectueux les tils d’Israël» (Léo. 15, 31). Car sans respect on ne peut même pas honorer Dieu, ni obéir une seule fois à un commandement quel qu’il soit. Aussi n’y a-t-il rien de plus redoutable que la parrhésia ; clic est la mère de toutes les passions, puisqu’elle bannit le respect, chasse la crainte de Dieu et engendre le mépris. C’est parce que vous avez de la parrhésia entre vous, que vous êtes effrontés les uns envers les autres, que vous parlez mal les uns des autres et que vous vous blessez mutuellement. Que l’un de vous aperçoive quelque chose qui ne soit pas profitable, il va en bavarder et jeter cela dans le cœur d’un frère. Et non seulement1 il se nuit à lui-même, mais il nuit aussi à son frère en jetant, dans son cœur un venin pernicieux, il arrive même que ce frère avait l’esprit, appliqué à la prière ou à quelque autre bonne œuvre : l’autre survient et lui offre un sujet de bavardage : non seulement il entrave son profit, mais l’induit en tentation. Et. rien n'est, plus grave ni plus funeste que. de faire du tort à son prochain en meme temps qu’à soi-même. 1. Sur la construction ού μόνον ίτι, cf. D. Tadachovjtz, Études, p. 44. 236 ŒUVRES SPIRITUELLES 54. Ίνα έχωμεν εύλάβειαν, αδελφοί. ίνα φοοώμεθα τήν βλάβην εαυτών καί άλλήλων, ίνα τιμώμεν άλλήλους καί ίνα 1668 A σπόυδάζωμεν μηδέ άνανεύειν εις τα πρόσωπα άλλήλων · καί τούτο γάρ, ώς είπε τις τών γερόντων, είδος έστι παρ6 ρησίας. Καί εάν συμβή τινα βλέπειν τόν άδελφόν αυτού άμαρτάνοντα, μήτε καταπτύση αυτού καί σιωπηση καί άφήση αύτόν άπολέσθαι, μήτε πάλιν λοιδορήση αύτόν καί καταλαλήση αύτού, άλλα μετά συμπάθειας καί φόβου Θεού εϊπη 10 τώ δυναμένω διορθώσασΟαι αύτόν ή αυτός λαλήση αύτώ μετά αγάπης καί ταπεινώσεως λέγων ' Συγχώρησόν μοι, άδελφέ μου. ότι ώς άσύστροφος βλέπω ότι τάχα ού καλώς ποιοΰμεν τόδε τό πράγμα. Καί εάν μή άκούση, είπη άλλω, εις δν βλέπει οτι έχει πληροφορίαν, ή είπη τώ επιστάτη 15 αύτού ή τώ άβοα πρός τήν δύναμιν τού σφάλματος, καί αμέριμνη ' άλλ’ ώς είπομεν, σκοπώ τού διορθωθήναι τόν Β αδελφόν αύτού εϊπη καί μή κατά φλυαρίαν, μή καταλαλών, μή έξουδενών αύτόν, μή θέλων αύτόν, φησίν, παραδειγμά­ τισα»., μή κατακρίνων αύτόν, μή σχηματιζόμενος ώς δήθεν 20 διά διόρθωσιν, έσωθεν δέ έχων τίποτε τούτων ών είπον ’ όντως γάρ αύτφ τώ άββίί αύτού εάν λέγη τις καί μή λέγη διά τήν διόρθωσιν τού πλησίον ή διά ίδιαν βλάβην, αμαρτία έστί * καταλαλιά γάρ έστιν. ’Αλλά ψηλαφήσει τήν καρδίαν εαυτού καί εί έχη κίνησίν τινα έμπαθή, μή είπη. ’Εάν δέ 25 καί βλέπει εαυτόν μετά ακρίβειας οτι διά συμπάθειαν καί ώφέλειαν θέλει είπειν, όχλεϊ δέ καί λογισμός τις έσωθεν έμπαθής. άναγγείλη τώ άοβα μετά ταπεινώσεως καί τό 54. 1 "Ινα : Ού Οέλομεν γάρ (γάρ : δέ G) ούτως ποιειν. άλλ’ ίνα Ε(ρ. COrr.JGH Πλήν ί'ζα ST(p. ΟΟΓΓ.}Διά τούτο καλόν έστιν ίνα Mi II 8 καί : μή ΑΕΡ μηδέ II ή DG μήτε Mi || 11 μοι om. ADEPMi II 13 sine HPSTMi || 11 είπε HPST.Mi || 19 ώς om. AD GHMi H 24 και om. ADEHPSTMi || μή : καί μή ADEHPSTMi. INSTRUCTIONS, IV, § 54 237 54. Ayons donc du respect, frères, redoutons de nous nuire à nous-mêmes, et aux autres, honorons-nous mutuelle­ ment et prenons soin de ne pas même nous dévisager les uns les autres, car c’est là aussi, selon un vieillard, une forme de parrhésia1. S’il arrive à quelqu’un de voir son frère commettre une faute, qu'il se garde de le mépriser ou de le laisser périr par son silence, ou encore de l’accabler de reproches et de parler contre lui, mais qu'avec compassion et crainte de Dieu, il rapporte la chose à qui possède le pouvoir de le corriger, ou bien que lui-même s’adresse à ce frère et lui dise avec charité et humilité : « Pardon, mon frère, tout négligent que je suis, il me semble qu'en cela peut-être nous ne faisons pas bien. » S’il n'écoute pas, il en parlera à un antre qu’il verra avoir la confiance de ce frère. OU bien il s’adressera à son préposé ou à l'abbé, selon la gravité de la faute, et il ne s’en inquiétera plus. Mais, nous l’avons dit, qu’il parle en se proposant comme but l’amendement, de son frère, en évitant les racontars, le dénigrement, le mépris, sans vouloir lui donner soi-disant une leçon, sans le condamner, sans feindre non plus d’agir pour son bien, alors qu’inlérieurcmcnt il est animé de l’une de ces dispositions dont je viens de parler. Car vraiment s’il parle à son abbé et ne le fait pas pour l’amende­ ment du prochain ni parce qu’il a été lui-même scandalisé, c’est un poché, car c’est de la médisance. Mais qu’il examine son cœur, et s’il y trouve un mouvement de passion, qu’il se taise. S’il voit clairement que c’est par compassion et par utilité qu'il désire parler, mais que cependant une pensée passionnée le harcèle intérieurement, qu’il s’en ouvre humblement à l’abbé, lui disant son affaire et celle 1. Cf. finale d’une lettre de Jean le Prophète à Dorothée : Nie. 340. Les avis donnés dans le paragraphe suivant pour la correc­ tion fraternelle se retrouvent aussi en substance dans les lettres de Jean à Dorothée : Nie. 293-301. 238 CE U V B ES S PIB ITUE Ll. ES ίδιον καί το τού πλησίον λέγων ότι · Ή μέν συνείδησίς μου μαρτυρεί μοι ότι διά διόρθωσιν θέλω είπεϊν, άλλ’ αισθάνομαι C 30 οτι καί έσωθέν τί ποτέ ώς λογισμός μέμικται ’ είτε επειδή έσχον ποτέ κατά τού άδελφού, ούκ οίδα ’ είτε συκοφαντία έστι θέλουσα έμποδίσαι με είπεΐν καί γενέσθαι διόρθιοσιν. ούκ οίδα. Καί λοιπόν ό άββάς λέγει αύτω εί ύφείλει είπείν ή μή είπείν. 35 Έστι δέ οτε λέγει τις ούτε διά ωφέλειαν τοΰ αδελφού αύτοΰ, ούτε διά ιδίαν βλάβην, ούτε δέ κατά μνησικακίαν τινά, άλλ* ούτως απλώς διηγούμενος ώς άπό άργολογίας. Καί τις χρεία τής φλυαρίας ταύτης ; Πολλάκις δέ καί μανθάνει ό αδελφός ότι είπε περί αυτού, καί ταράσσεται, 40 καί γίνεται έκ τούτου θλίψις, γίνεται καί άλλη προσθήκη βλάβης. 'Όταν γάρ λέγη τις δι’ αύτήν τήν ωφέλειαν, ώς είπομεν, καί μόνην, ού συγχωρεί ό Θεός γενέσθαι ταραχήν, ούκ άφή παρακολουθήσαι θλίψιν ή βλάβην. θ 5 10 1669 A 1ϋ 55. Σπουδάσατε δέ, ώς είπομεν, καί τηρεΐν τήν γλώσσαν ύμών, ίνα μ.ή λαλή τις κακώς τώ πλησίον, μήτε πλήσση τινά ή λόγω ή εργω ή σχήματι ή οίωδήποτε τρόπω * μήτε δέ εσεσθε ευκν.στοι, ίνα μή όταν άκούση τις υμών παρά τού άδελφού αύτοΰ ρήμα, εύθέως κνίζηται ή άποκρίνηται καί αύτός κακώς ή μένη Ολιοόμενος κατ’ αύτοΰ. Ούκ είσί ταΰτα άγωνιζόμένων ' ούκ είσί ταΰτα Οελόντων σωθήναι. Κτήσασθε τόν φόβον τού Θεού, άλλά μετά εύλαβείας, ΐνα άλλήλοις άπαντάτε, έκαστος κλινών τήν κεφαλήν αύτοΰ έμπροσθεν τού αδελφού αύτοΰ, καθώς είπομεν, έκαστος ταπεινούμενος ενώπιον τοΰ Θεού καί ενώπιον τού άδελφού αύτοΰ, καί κόπτων αύτω τό θέλημα αύτοΰ. ’Όντως καλόν. εάν τις ποιή πράγμα καί παραχώρηση τώ άδελφώ αύτοΰ καί προτιμήση αύτόν · ωφελείται αύτός ό παραχωρήσας πλέον εκείνου. Έγώ ούκ οίδα έμαυτόν ποιήσαντά τί ποτέ άγαθόν, άλλά εΐ ολως εσκεπάσθην, έκ τούτου οίδα ότι έσκε- 54. 36 δέ om. APSTMi. 55. 3 μήτε δέ : μηδέ ADEGMi. INSTRUCTIONS, IV, § 54-55 239 K du frère en ces termes : « Ma conscience me rend témoignage que c’est pour le bien que je désire parler, mais je sens qu’il s’y mêle intérieurement quelque pensée trouble. Est-ce parce que j'ai eu une fois quelque chose contre ce frère, je ne sais. Est-ce une imagination trompeuse qui veut m’empêcher de parler et de procurer son amendement, je ne sais pas non plus. » Et l’abbé lui dira s’il doit parler ou non. Il arrive aussi qu’on parle non pour l’utilité de son frère, ni parce qu’on a été soi-même scandalisé, ni parce qu’on est poussé par la rancune, mais simplement par . bavardage. Or, quelle est l’utilité de ccs vaines paroles? Souvent meme le frère apprend qu’on a parlé de lui, et il en est· troublé. 11 ne sort de tout cela qu’affliction et accroissement du mal. Au contraire, quand on parle pour l’utilité, comme nous l’avons dit, et pour elle seule, Dieu ne permet· pas qu’il en naisse du trouble, ni.qu’il en résulte affliction ou dommage. 55. Ayez soin aussi, comme nous le disions, de garder votre langue. Que personne ne parle méchamment à son prochain ni ne le blesse par parole, par action, par attitude, ou de n’importe quelle autre manière. Ne soyez pas non plus susceptibles. Si l’un de vous entend de son frère une parole, qu’il ne sc froisse pas aussitôt, qu’il ne réponde pas méchamment ni ne reste fâché contre lui. Cela ne convient pas à des lutteurs, cela ne convient pas à des gens qui veulent être sauves. Ayez la crainte de Dieu, mais jointe au respect. Quand vous vous rencontrez, que chacun] de vous incline la tête devant son frère, comme nous l’avons dit, que chacun s’humilie devant Dieu et devant son frère, et retranche pour lui sa volonté. C’est vraiment bien de faire cela, de s'effacer devant son frère et de le prévenir d’honneur. Celui qui s’efface retire plus de profit que l’autre. Pour ma part, j’ignore si j’ai fait quelque bien, tuais si jamais j’ai été préservé, je sais que je l’ai été 240 ŒUVRES SPIRITUELLES πάσθην, δτι ούδέποτε προέκρινα έμαυτόν του άδελφού μου, άλλ* άεί τόν αδελφόν έβαλον έμπροσθεν μου. 56. Ποτέ ουτος μου έτι έν τοΐς τού άοοά Σερίδου, ήσθένησεν ό ύπηρέτης τού γέροντος τού άβοα Ίωάυνου τού κατά τδν άββαυ Βαρσανούφιον, καί έπέτρεψέ μοι ό άοθας ύπηρετησαι τω γεροντι. Ούτως δέ ήσπαζόμην τήν θύραν τού 5 κελλίου αύτοΰ έξωθεν, ώσπερ προσκυνεΐ τις τον τίμιου σταυρόν. Πόσο) μάλλον τδ ύπηρετησαι αύτη» ; τίς γάρ ούκ ήθελεν άξιωθήναι τοιούτου άγιου ; Είχε δέ καί λόγον θα.υμάΒ σιον, καί καθ’ έκάστην άεί μετά τδ πληρώσαί με τήν ύπηρεσίαυ αύτοΰ, έδαλλον αύτ<7> μετάνοιαν ϊνα λάοω παραθε­ ίο σιν παρ’ αύτού καί αναχωρήσω, καί έλάλει μοι πάντως τί ποτέ. Είχε γάρ ύ γέρων τέσσαρα ρήματα καί, ώς εϊπον, καθ’ εσπέραν ώς ήμελλου άναχωρεϊν, έλεγε μοι πάντως έν έκ των τεσσάρων, καί έλεγεν ούτως φησίν ' "Λπαξ, ούτως γάρ ήν ή συνήθεια τού γέροντος έν έκάστω ρήματι λέγειν φησίν ' 15 "Απαξ, άδελφε, ό Θεός φυλάξη τήν αγάπην. Εϊπον οί Πατέρες ’ Τδ φυλάξαι τήν συνείδησιν τού πλησίον τίκτει τήν ταπεινοφροσύνην. Είς τήν άλλην έσπέραν έλεγε μοι φησίν · "Λπαξ, άδελφε, ό Θεός φυλάξη τήν αγάπην. Είπον οί Πατέρες ' Ούδέποτε έοαλον τδ θέλημά μου έμπροσθεν τού 20 αδελφού μου. Άλλοτε πάλιν ελεγε φησίν · "Λπαξ, άδελφε, C ό Θεός φυλάξη τήν αγάπην. Φεύγε τά άνθρώπινα καί σώζη. Πάλιν έλεγε φησίν · "Απαξ, άδελφε, ύ Θεός φυλάξη τήν αγάπην. Άλλήλων τά βάρη βαστάζετε, καί ούτως άναπληρώσατε τόν νόμον τού Χριστού. 25 Πάντως είχεν ό γέρων δούναι μοι μίαν παραγγελίαν έκ των τεσσάρων τούτων, ώς άνεχώρουυ καθ’ έσπέραν, ώς τί ποτέ παρέχων τινί εφόδια ’ καί ούτως εϊχον αυτά είς 55- 18 άδέλφδν : αδελφόν μου G Η Μ». 56. C Πόσω : Πόσω γε ADML 1. Le φησίν n’est qu’un équivalent <Γοτι recttulivum. Cf. D. Τλβαchovitz, Eludes, p. 73-74. INSTRUCTIONS, IV, § 55-56 241 parce que jamais je ne me suis préféré à mon frère et. que toujours je l’ai fait passer avant moi. 56. Lorsque j’étais encore chez l’abbé Séridos, le frère charge du service du vieil abbé Jean, compagnon de l’abbé Barsanuphe, se trouvant malade, l'abbé m’envoya servir le vieillard. J’embrassais déjà de l’extérieur la porte de sa cellule, tout comme on adore la Croix vénérable ; combien plus amoureusement embrassai-je son service ! Qui n’eût désiré en effet être admis auprès d’un tel saint ! Ses paroles étaient admirables. Chaque jour, quand j’avais fini de le servir et que je lui faisais une métanie pour prendre congé et. m’en aller, il me disait toujours quelque chose. Il avait en effet quatre sentences, et chaque soir, comme je l’ai dit. quand j'étais sur le point de me retirer, il m'en disait toujours une, et il s’exprimait ainsi1 : « Une fois pour toutes, frère, que Dieu garde la charité ! — car avant chaque sentence il avait l’habitude de dire ces mots. — Les Pères ont dit : Respecter la conscience du prochain engendre l'humilité2. » Un autre soir il me disait : σ Une fois pour toutes, frère, que Dieu garde la charité ! Les Pères ont dit : Jamais je n'ai préféré ma volonté à celle de mon frère34 . » Et une autre fois : « Une fois pour toutes, frère, que Dieu garde la charité ! Fuis tout ce qui est de l'homme et tu seras sauvé*». Enfin : « Une fois pour toutes, frère, que Dieu garde la charité ! « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ» (Gai. 6, 2). » Le vieillard me donnait donc toujours l'une de ces quatre sentences, quand je me retirais le soir, comme on remet à quelqu’un un viatique. Et c’est ainsi que je 2. Apopht. de l'abbé Isaïe, dans PE I, 45, p. 168 (Auj., p. 92 ; PG 40, 1148 D). 3. Cf. Apopht. Jean Eunuque 2 (PG 65, 233 A) et un apopht. d'Antoine, dans PE III, 36, p. 109 (cf. PI. 73, 791 A). 4. Cf. Apopht. Macairc 41 (PG 65,281 B) et Arsène 1 (PG 65, 88 B). 242 CEI.' V R ES SP IRI TU H LL ES φυλακήν δλης της ζωής μου. Καί όμως καίπερ τοιαότην πληροφορίαν έχων είς τόν άγιον καί ούτως διακείμενος περί 30 τήν υπηρεσίαν αύτοΰ. ίνα αίσθωμαι μόνον ότι τίς ποτέ τών αδελφών έΟλίβετο ζητών ίνα αύτός ύπηρετήση αύτω, Ο άπήλθον πρός τον άοβάν καί παρεκάλεσα αύτόν λέγων ότι · Τωδε τώ άδελφω μάλλον πρέπει τούτο εάν συνορας, κύρι. Καί ού συνεχώρησέ μοι ούτε ό άβοάς ούτε αύτδς ό γέρων. 35 Πλήν τέως έγώ έπλήρωσα τήν δύναμίν μου εις τό προτιμηθήναι τον αδελφόν. Καί οτι έποίησα έκεϊ εννέα έτη, ούκ οϊδα λαλήσας τινί ρήμα σαπρόν, καίτοι έχων διακονίαν, ΐνα μή τις είπη οτι ούκ εϊχον. "> 1672 Λ 10 15 Β 20 57. Καί πιστεύσατε, οϊδα οτι έποίησεν είς αδελφός από τού νοσοκομείου έ'ως τής εκκλησίας περίπατων ύπίσω μου ύβρίζων με, κάγώ έμπροσθεν αύτοΰ μή φθεγγόμενος αύτω ρήμα ’ αλλά καί οτε εμαΟεν ό άοοάς, ούκ οϊδα τίνος είπόντος αύτω, καί ήθέλησεν έπιτιμήσαι αύτω, έγώ έμεινα κρατών τούς πόδας αύτού, λέγων · Μή, διά τόν Κύριον, έγώ έσφάλην, τί πράγμα έχει ό αδελφός ; Καί άλλος πάλιν είτε άπό πειρασμού είτε άπό άπλοτητος, ό Θεός οίδεν πόΟεν, έποίησε χρόνον κατά νύκτα ποιων τό ύδωρ αύτοΰ πρός κεφαλήν μου, ώστε καί αύτήν τήν στρωμνήν μου βρέχεσθαι. ‘Ομοίως καί άλλοι τινές τών άδελφών ήρχοντο ήμέριον καί έτίνασσον τά ψιάθια αύτών έμπροσθεν τού κελλίου μου, καί έβλεπαν τοσούτον πλήθος κορίδων εισερχομένων είς τό κελλίον μου, ώς μήτε περιγενέσΟαι τού φονεύειν αύτάς · ήσαν γάρ άπειροι έκ τών καυμάτων. Λοιπόν ώς άπηρχόμην κοιμηθήναι, συνήγοντο όλαι έκεϊναι επάνω μου, καί ήρχετο μέν ό ύπνος μου έκ τού πολλοΰ κόπου · εγειρόμενου δέ μου από τού ύπνου, ηβρισκον ολον τό σώμά μου καταβεβρωμένον · καί ούδέποτε είπόν τινι αύτών ' Μή ποίησης ούτως, ή ■ Διά τί ούτως ποιείς ; Ούτε οϊδα έμαυτόν, καθό>ς εΐπον. λαλήσαντά ποτέ ρήμα πλήττον ή λυπούν τινα. Μάθετε καί ύμεις βαστάζειν τά βάρη άλλήλων, μάθετε INSTRUCTIONS, IV, § 56-57 2-13 .Regardais ces sentences comme la sauvegarde de toute ma vie. Cependant malgré cette confiance que j’avais à l’égard ■u saint et le contentement que j’éprouvais d’être à son service, ayant seulement pressenti qu’un frère était en peine parce qu’il désirait lui-même le servir, je m’en allai trouver l’abbé et lui fis cette demande : Ce service convien­ drait mieux à ce frère, si votre Révérence le trouvait bon. Mais ni lui, ni le vieillard n’y consentirent. J’avais pourtant fait tout ce qui était en mon pouvoir pour que ce frère me lût préféré. Pendant les neuf années que j’ai passées là-bas. je n’ai dit. à personne, que je sache, une parole désagréable ; cependant j’avais une charge, ceci dit pour i qu’on n’aille pas alléguer que je n’en avais pas. 57. Et je sais bien, croyez-moi, ce que fit un frère qui me poursuivit depuis l’infirmerie jusqu'à l’église en m'injuriant, mais moi, marchant devant lui. je ne répondis pas un mot. Quand l’abbé l’apprit, je ne sais par qui, et voulut châtier ce frère, je restai longtemps à ses pieds, le suppliant : « Non, par le Seigneur, c’est ma faute ; en quoi ce frère est-il coupable?» Un autre encore, par suite soit d'une épreuve, soit de la bêtise, Dieu le sait, durant un certain temps urinait la nuit auprès de ma tête au point que mon lit en était inondé. De même, d’autres frères venaient chaque jour secouer leurs nattes devant ma cellule, et je voyais une si grande quantité de punaises pénétrer chez, moi que je n’arrivais pas à les tuer : elles étaient innombrables à cause des chaleurs. Lorsque j’allais me coucher, elles se rassemblaient toutes sur moi, le sommeil me venait par suite de mon extreme fatigue, mais à mon réveil, je trouvais mon corps tout dévoré. Cependant, je n’ai jamais dit à l’un do ces frères : Ne fais pas cela ! ou : Pourquoi agis-tu ainsi? A ma connaissance, je n’ai jamais eu un mot qui pût blesser ou affliger quelqu’un. Apprenez, vous aussi, à u porter les fardeaux les uns 244 ŒUVRES SPIRITUELLES εύλαβεϊσθαι άλλήλους. Καί έάν άκούση τις ύμών ρήμα παρά τίνος άπαρέσκον αύτφ ή εάν πάθη τί ποτέ παρά προαίρεσιν, 25 μή εύΟέως όλιγωρήση, μή εύΟέως κνισθη, μή εύρεθή έν καιρω άγώνος καί ώφελείας έ’χων καρδίαν έκλελυμένην. άμελέτητον, άτονον, μή δυναμένην δέξασθαι οίανδήποτε προσβολήν, ώσπερ έπί του πέπονος, οτι μικρόν βιζάκιν έάν έγγίσγι αύτφ, εύΟέως ποιεί τραύμα καί σήπεται · άλλά 30 μάλλον ινα εχητε καρδίαν στερεάν, ίνα έχητε μακροθυμίαν, ϊνα νικά πάντα τά συμοαίνοντα ή αγάπη ύμών ή είς άλλήλους. C 5 10 D15 58. Καί έάν £χη τις διακονίαν ή καί εάν εύρεθή τις έξ ύμών εχων οίανδήποτε άπόκρισιν είτε προς τόν κηπουρόν είτε πρός τόν κελλαρίτην είτε πρός τόν μάγειρον είτε απλώς πρός εί τινα δήποτε τών συνδιακονούντων ύμΐν, 'ίνα σπουδάζη καί αύτός ό τήν άπόκρισιν ζητών καί αύτός ό διακονητης ό παρέχων προ παντός πράγματος φυλάξαι τήν ιδίαν κατάστασιν, καί μηδέποτε άφιέτω εαυτόν εϊτε είς ταραχήν είτε είς αντιπάθειαν ή προσπάθειαν ή οίονδήποτε ίδιον θέλημα ή δικαίωμα έκκλίναι άπό της έντολής τού Θεού ' άλλά οίον εύρεθή τό πράγμα εϊτε μικρόν είτε μέγα. καταφρονήση αύτού καί άμελήση. Κακή γάρ έστιν ή αδιαφορία. Μήτε πάλιν προτιμήσει αύτό τής ίδιας καταστά­ σεως είς τό καταβλαβήναι, εί τύχη, τήν ψυχήν αύτού, διά τό περιγενέσθαι τού πράγματος. Είς οϊον γάρ πράγμα έάν εύρεθήτε, καν πάνυ κατεπείγόν έστιν καί σπουδαΐον, ού θέλω υμάς ποιεΐν ποτέ μετά φιλονεικίας τί ποτέ ή μετά ταραχής ’ άλλ’ ίνα έστέ πεπληροφορημένοι οτι παν έργον 57. 2-1 τί : τις ADGPSMi τις τι Τ. 58. 4 st τινα δήποτε : οίονδήποτε ST τινα δήποτε GP βντινα δήποτί Mi H 13 καταδλαδήναι : καί βλαοήναι ΑΕ(ρ. Corr.JHPMi βλαδήναι G. 1. Sur le sens de κατάστασις, cf. L Hausherr, RAM 1956, p. 41-42 : » Ce n’est que secondairement qu’il h pris le sens indifférent de notre · état ». Primitivement il a une nuance favorable... : ordre, stabilité, tranquillité, fermeté dans un état conforme à la noture, à la loi, ù la perfection... Cette nuance de stabilité, de tranquille INSTRUCTIONS, IV, § 57-58 245 des autres » (Gai. 6, 2), apprenez à vous respecter mutuel­ lement. Et si l'un de vous entend un mot désagréable ou s’il endure quelque chose contre son gré, qu’il ne perde pas cœur aussitôt.· ni ne s’irrite sur-le-champ ; qu'il ne i se trouve pas, au moment du combat et devant cette occasion de profit, avec un cœur lâche, négligent, sans vigueur, incapable de supporter le moindre coup, tel un melon que le plus petit- caillou suffit à blesser et- à faire pourrir. Ayez plutôt un cœur solide, ayez de la patience et que votre charité mutuelle surmonte tous les événements. 58. Si l’un de vous a une charge ou s'il se trouve avoir quelque chose à demander soit au jardinier, soit au cellcricr, soit au cuisinier ou à n’importe quel autre frère chargé d'un service, efforcez-vous avant tout, aussi bien celui qui demande que celui qui répond, de garder votre calme’, et de ne jamais vous laisser aller au trouble, à l’antipathie, à la passion ni à aucune volonté propre ou prétention de justice’, qui vous détourneraient du com­ mandement de Dieu. Quelle que soit l'affaire, petite ou grande, mieux vaudrait la mépriser et la négliger. Certes, l’indifférence est mauvaise, mais, par ailleurs, il faut se garder de préférer cette affaire à sa tranquillité au point de nuire éventuellement à son âme en la menant à bien. Donc, en quelque affaire que vous vous trouviez, même fort pressante et grave, je ne veux pas que vous agissiez avec contention ou avec trouble, mais soyez pleinement con­ vaincus que toute œuvre que vous accomplissez, grande possession s'exprime souvent en une épithète, telle que ειρηνική, paisible, pacifique ; mais le mot κατάστασή sans plus suffit à exprimer ce sens. » 2. Cf. I. Hauskerr, OCP 1947, p. 211, note 3 : «δικαίωμα ne signifie pas justice, mais justification de soi, la manie de vouloir avoir raison contre quelqu'un. » Nous traduisons « prétention de justice », car c’est bien la disposition d'esprit de celui qui prétend voir juste et avoir le droit pour lui. 246 ŒUVRES SPIRITUELLES ô εάν ποιείτε, κάν μέγα, ώς είπον, έστί, καν μικρόν, τό όγδοόν έστι τοΰ πράγματος τοΰ ζητούμενου ' τό δέ φυλάξαι 20 τήν Ιδίαν κατάστασιν, καν συμβή διά τοΰτο άποτυχεΐν τοΰ διακονήματος, το ήμισυ τέταρτον όγδοόν έστι. Βλέπετε πόσον έστί τό διάφορον. 1673 A 5 10 15 Β 20 59. 'Όταν οΰν ποιείτε πράγμα, έάν Οέλητε αύτό τέλειον καί ολόκληρον ποιήσαι, ίνα σπουδάζητε καί αύτό τό πράγμα ποιήσαι, οπερ έστίν, ώς εϊπον, τό όγδοον, καί τήν ιδίαν κατάστασιν φυλάξαι άβλαβη, οπερ έστί τό ήμισυ τέταρτον όγδοον. Ei δέ παρακολουθήσει ανάγκη τοΰ παρασυρήναι καί έξελθειν τής έντολής καί βλαβήναι ή βλάψαι διά τό τήν χρείαν πληρωΟηναι τής διακονίας, ούκ έστι καλόν ϊνα τό ήμισυ τέταρτον όγδοον άπολέση τις, διά τό φυλάξαι το όγδοον. Έπεί έάν οϊδατε οτι τοΰτο ποιεί τις, ού ποιεί έν γνώσει τήν ιδίαν διακονίαν ό τοιοΰτος ’ ή γάρ διά κενο­ δοξίαν ή διά άνθρωπαρέσκιαν επιμένει φιλονεικών καί κολάζων καί εαυτόν καί τόν πλησίον, ώς ίνα μετά ταΰτα άκούση οτι ούδείς ήδυνήθη νικήσαι αύτόν. Βαοαί, μεγάλη άνδραγαθία ’ ούκ έστιν αΰτη νίκη, αδελφοί, αΰτη ζημία έστίν, αΰτη άπώλειά έστιν. ’Ιδού έγώ λέγω ύμίν ότι έγώ έάν πέμψω τινά έξ ύμών εις οίανδήποτε χρείαν, καί ίδη ταραχήν άνακύπτουσαν ή οίανδήποτε άλλην βλάβην, κόψη ' καί μηδέποτε βλάψετε εαυτούς ή καί άλλους · άλλα άπέλΟη ή χρεία, μή γένηται, καί μόνον μή ταράσσετε άλλήλους. Έπεί, ώς ειπον, τό ήμισυ τέταρτον όγδοον άπόλλετε, ϊνα ποιήσητε τό όγδοον ' έστι δέ τοΰτο προφανής άλογία. 60. Ταΰτα δέ λέγω ύμΐν, ούχ ίνα εύθέως μικροψυχήτε καί κόπτητε τά πράγματα, ή ίνα άδιαφορήτε καί ρίπτητε άφαρή τάς υλας καί καταπατήτε τήν συνείδησιν ύμών Οέλοντες άμεριμνείν, ουδέ πάλιν ίνα παρακούητε, καί λέγη 59. 18 άλλους : άλλήλους ADEMi || 20-21 ίνα ποιήσητε τό όγδοον om. ADGHPSTMi. 1. Β. Cordier note ici très justement : «Locus hic admoduru i INSTRUCTIONS, IV, § 58-60 ‘247 ou petite, n'est, que la huitième partie de ce que nous recherchons, alors que garder son calme, même si par le fait il arrive des manquements dans le service, c’est, la (moitié ou les quatre huitièmes du but recherché*. Voyez 59. Ainsi quand I quelle différence ! vous faites une chose et que vous la B»voulez parfaite et achevée, mettez votre zèle à la faire, ce qui est. je l’ai dit, le huitième, et gardez, intact votre calme, ce qui équivaut ά la moitié ou aux quatre huitièmes. Si l’on doit être entraîné et s’écarter du commandement, se nuire à soi-même ou nuire aux autres pour remplir sa charge, il n’est pas bon de perdre la moitié pour sauve­ garder le huitième. Celui que vous voyez agir de la sorte, ne s'acquitte pas de son service avec science. Par vaine gloire ou désir de plaire, il passe son temps à disputer, à se tourmenter et. à tourmenter le prochain, pour entendre, dire ensuite que personne n’a pu mieux faire que lui. Oh ! la grande vertu ! Non, ce n’est pas une victoire, frères, c’est une défaite, c’est un désastre. Voici ce que, pour ma part, je vous dis : Si l’un de vous, envoyé par moi en cevoit sortir du trouble ou un 60.ύ Siquelque je vousaffaire, dis cela, n’est pas pour que, perdant dommageaussitôt, quelconque, ’il coupe court. Ne vous courage vousqurenonciez aux affaires ou faites que jamais négligiez de tort, à vous-mêmes à autrui, sur-le-champ mais que l’affaire vous et laissiez outomber les soit, laissée et ne sevotre fasse conscience point, pourvu choses, piétinant dansquele vous désirnedvous ’être troubliez pasdelestout uns souci. les autres. vouspour perdriez débarrassés C’estAutrement encore moins que la moitié, comme je l ’ ai dit, pour accomplir le huitième, vous refusiez d'obéir, chacun de vous se mettant à dire : ce qui est manifestement, déraisonnable. intricatus est, sed cognitione dignissimus propter utilitatem spiri­ tualem circu cujusque oilicii observationem... » (p. 118, note e). •248 ŒUVRES SPIRITUELLES 5 έκαστος ύμών · Ού δύναμαι τόδε ποιήσαι, βλάπτομαι · ούκ άπαντα μοι · έπεί τώ λόγω τούτω ουδέποτε ποιείτε οίανδήποτε διακονίαν, ούδέ δύνασθέ ποτέ πληρώσαι εντολήν Θεού. ’Αλλ’ ί'να πάρέχητε πάσαν τήν δύναμιν ύμών εις τό C ποιήσαι μετά αγάπης έκάστην διακονίαν ύμών, μετά 10 ταπεινοφροσύνης ύποκλινόμενοι άλλήλοις, τιμώντες, παρακαλουντες. Ούδέν δυνατότερου τής ταπεινοφροσύνης * εί μέντοι ϊδη τις τόν πλησίον προς τήν ώραν θλιοόμενον ή έαυτόν, κόψατε, παραχωρήσατε άλλήλοις, μή έπιμείνητε έως ού καί βλάβη παρακολουθήσει. Κρεϊσσον γάρ έστιν, 15 ιδού μυριάκις λέγω, μή γενέσθαι τήν χρείαν ώς θέλετε, άλλ’ ώς άπαντα πρός τήν άνάγκην καί μή διά μονοτομίαν ή διά δικαίωμα, καν έστιν εύλογοφανές ταράξαι υμάς ή θλίψαι άλλήλους, καί άπολέσαι τό ήμισυ τέταρτον όγδοον. Πολλή γάρ έστιν ή διαφορά τής ζημίας. Συμβαίνει δέ οτι 20 πολλάκις καί αύτό τό όγδοον άπόλλει τις καί ούδέν ολως ποιεί · τοιαύτα γάρ είσι τά τών φιλονεικιών. Αύτήν τήν D αρχήν πάντα τά έργα ά ποιοΰμεν, διά τό ώφεληΟήναι έξ αύτών ποιοΰμεν · ποία δέ ώφέλεια, εάν μή ταπεινούμεθα άλλήλοις ; άλλα τό εναντίον καί ταράσσομεν καί θλίβομεν 25 άλλήλους. Καί οϊδατε ό τι λέγει εις τό Γεροντικόν ότι · Έκ τού πλησίον έστιν ή ζωή καί ό θάνατος. "Ινα μελετάτε ταύτα αεί καθ’ έαυτούς, αδελφοί, ΐνα γυμνάζητε τούς λόγους τών άγίων γερόντων, ίνα σπουδάζητε μετά άγάπης καί φόβου Θεού ζητείν τήν ωφέλειαν εαυτών 30 καί άλλήλοιν. Ούτως δύνασθε έκ πάντων τών συμοαινόντων ώφελεισθαι καί προκόπτειν διά της βοήθειας τού Θεού. Αυτός δέ ό Θεός ημών ό φιλάνθρωπος χαρίσεται ήμϊν τόν 1676 A φόβον αύτού · λέγει γάρ ’ Τόν Θεόν φοοού καί τάς έντολάς αύτού φύλασσε ότι τούτο πας άνθρωπος. 60. 34 τούτο : τούτο άπαιτεϊται A DE II ΜΙ. 1. Apophl. Antoine 9 : F G 65, 77 B. INSTRUCTIONS, IV, § 60 240 « Je ne peux faire cela, je nie ferai du tort. Cela ne me convient pas. » Avec de tels propos, vous n'assumeriez jamais aucun service, et ne pourriez remplir un commande­ ment de Dieu. Appliquez au contraire toutes vos forces à accomplir chacun votre service dans la charité, vous soumettant humblement les uns aux autres, vous hono­ rant et vous stimulant mutuellement. 11 n’est rien de plus puissant que l’humilité. Si donc l'un de vous voit- sur le moment son frère dans la peine ou s’y voit lui-même, coupez court, cédez l’un à l’autre et n’attendez pas que le mal s’ensuive. Car, je l’ai dit mille fois, il est plus avan­ tageux que l'affaire ne se fasse pas à votre gré, mais qu’elle se réalise selon la nécessité, non par obstination ni par de prétendues raisons, meme s’il paraît raisonnable de vous troubler ou de vous affliger mutuellement, et de perdre ainsi la moitié. Car le dommage est alors bien différent. 11 arrive souvent d’ailleurs que l’on perde même le huitième, en ne faisant rien du tout. Telles sont en effet les œuvres de ceux qui agissent par mauvais zèle. Il est absolument certain que toutes nos œuvres, nous les accomplissons pour en tirer quelque profit. Or, quel profit pouvons-nous en tirer, si nous ne nous humilions pas les uns devant les autres ? Nous y trouvons au contraire le trouble et nous nous affligeons mutuellement. Vous savez aussi qu'il est dit dans le Gironlicon : « Du prochain viennent la vie et la mort1. j> Méditez donc sans cesse ces conseils en vos cœurs, frères. Étudiez les paroles des saints Vieillards. Efforcezvous, dans l’amour et la crainte de Dieu, de rechercher votre profit· et celui des autres. Ainsi vous pourrez profiter de tous les événements, et vous progresserez par le secours de Dieu. Que notre Dieu lui-même dans sa bonté nous gratifie de sa crainte, car il est dit : « Crains Dieu et garde ses commandements : c’est là le devoir de tout homme » (Eccl. 12, 13). Ε'. ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΜΗ ΟΦΕΙΛΕΙΝ TINA ΣΤΟΙΧΕΙΝ ΤΗ ΙΔΙΑ ΣΥΝΕΣΕΙ δ Β 10 15 20 C 61. Έν ταις Παροιμίαις λέγει ' Οις μή υπάρχει κυβέρνησις, πίπτουσιν ώσπερ φύλλα ' σωτηρία δέ υπάρχει έν πολλή βουλή. Βλέπετε τήν δύναμιν του λόγου, αδελφοί, βλέπετε τί διδάσκει ήμάς ή αγία Γραφή ’ άσφαλίζεται ήμας, ίνζ μή στοιχώμεν έαυτοις, Ινα μή έ’χωμεν εαυτούς συνετούς, ίνα μή πιστεύωμεν ότι δυνάμεθα εαυτούς διοίκησα'.. Χρήζομεν βοήθειας, χρήζομεν τών μετά Θεόν κυβερνώντων ημάς. Ούδέν έστιν άθλιώτερον, ούδέν εύαλωτότερον τών μή έχόντων τινά όδηγούντα αυτούς είς τήν οδόν του Θεού. Τί γάρ λέγει ■ Οΐς μή υπάρχει κυοέρνησις, πίπτουσιν ώσπερ φύλλα ; Τό φύλλον έξ αρχής άεί έστι χλωρόν, ευθαλές, τερπνόν, εϊτα κατά μικρόν ξηραίνεται καί πίπτει, καί λοιπόν περιφρονειται καί καταπατειται. Ούτως έστί καί ό άνθρωπος ό μή κυβερνώμενος ύπό τίνος. Έξ αρχής μέν άεί έχει θέρμην είς νηστείαν, είς άγρυπνίαν, είς ησυχίαν, είς ύπακοήν, είς άλλα τινά αγαθά ' εϊτα κατά μικρόν της θέρμης έκείνης σδεννυμένης καί μή έχοντος αύτού τόν κυοερνώντα αύτόν, τόν πιαίνοντα καί έξάπτοντα τήν θέρμην έκείνην, ξηραίνεται ούτως άνεπαισθήτως καί πίπτει καί γίνεται λοιπόν ύποχείριος τοϊς έχθροίς, καί ποιούσιν είς αύτόν εί τι θέλουσι. Περί δέ τών έξαγγελλόντων τά καθ’ εαυτούς καί μετά βουλής πάντα ποιούντων λέγει ’ Σωτηρία δέ υπάρχει έν Mss : ADEGHPSTVMi 1. L'Histoire Lausiaque (ait ia même application de ce verse', du livre des Proverbes (ch. XXVII, éd. Butler-Lucot, p. 201 J. 2. Le recours à un sage conseiller était déjà recommandé par les V. QU'IL NE FAUT PAS SUIVRE SON PROPRE JUGEMENT 61. Il est dit dans les Proverbes : a Ceux qui n’ont point de guide tombent comme des feuilles. Le salut se trouve dans beaucoup de conseil» (Prou. 11, 14)1. Exa­ minez, frères, le sens de ces paroles, et voyez ce que nous apprend la sainte Écriture. Elle nous met en garde contre la confiance en nous-mêmes et contre l’illusion de nous J. croire avisés et capables de nous diriger nous-mêmes. Nous avons besoin d’aide3, nous avons besoin de guides après Dieu. Il n’est rien de plus misérable ni de plus vul­ nérable que ceux qui n’ont personne pour les conduire sur la voie de Dieu. Que dit en effet l’Écriture ? « Ceux qui n’ont point de guide tombent comme des feuilles. » La feuille, à sa naissance, est toujours verte, vigoureuse et belle ; puis elle se dessèche peu à peu, tombe, et finale­ ment on la piétine sans y faire attention. Ainsi en est-il de l’homme qui n’a pas de guide. Au début, il ne cesse d’avoir de la ferveur pour le jeûne, les veilles, la solitude, l’obéissance, et autres bonnes œuvres. Puis cette ferveur s’éteignant progressivement, comme il n’a pas de guide pour l’alimenter et l’enflammer, il se dessèche insensible­ ment, tombe, et se trouve pour finir entre les mains de ses ennemis, qui font de lui ce qu'ils veulent. De ceux au contraire qui révèlent leurs pensées et font tout en prenant conseil, l’Écriture dit : « Le salut se trouve Stoïciens, v. g. Marc-Auhêle : Pensées X, 12. Cf. DS, t. 3, c. 1002* 1008. 252 ŒUVRES SPIRITUELLES πολλή βουλή. Ού λέγει πολλή βουλή, ώς ίνα μετά έκαστου βουλεύηταί τις, άλλ’ ίνα εις πάντα βουλεύηταί, δήλον ότι 25 μεθ’ ού οφείλει έ'χειν πληροφορίαν, καί μή τά μέν σιωπά, τά δέ λέγει, αλλά πάντα εξαγγέλλει, καί εις πάντα, ώς εϊπον, βουλεύεται. Τώ γάρ τοιούτω ακριβώς σωτηρία 'υπάρχει έν πολλή βουλή. 5 D J0 15 1677 A 20 62. Έάν γάρ μή πάντα ανατίθεται άνθρωπος τά καθ' εαυτόν καί μάλιστα έάν εύρεθή τις από κακής συνήθειας ή καί ανατροφής, εύρίσκει ό διάβολος έν αύτω έν θέλημα ή έν δικαίωμα, καί δι’ αύτοΰ καταβάλλει αύτόν. "Οταν γάρ βλέπει ο διάβολός τινα μή θέλοντα άμαρτήσαι, ούχ ούτως έστιν αφυής περί το κακοποιήσαι, ώστε ύποοάλλειν αύτω τί ποτέ ούτως άφαρή των προφανών αμαρτημάτων · ού λέγει αύτω ' "Υπαγε πόρνευσον, ούδέ · "Υπαγε κλέψον. Οΐδε γάρ οτι ού θέλομεν ταΰτα, καί ούκ ανέχεται είπεΐν ήμϊν ά ού θέλομεν · άλλα εύρίσκει ημάς έχοντας, ώς εϊπον, έν Οέ/νημα ή έν δικαίωμα, καί δι’ έκείνου μετά εύλογοφανείας βλάπτει ημάς ' βθεν πάλιν λέγει ' Πονηρός κακοποιεί, δταν συμμίξη δικαίωμα. *0 πονηρός έστιν ό διάβολοί τότε δέ κακοποιεί, όταν συμμίξη δικαίωμα, τοΰτ’ έστι τώ δικαιώματι ήμών. Τότε γάρ πλέον ισχύει, τότε πλέον βλάπτει, τότε πλέον ένεργεϊ. ‘Όταν γάρ κρατώμεν τό ίδιον θέλημα καί στοιχώμεν τοϊς δικαιώμασιν ήμών, τότε λοιπόν ώς καλόν πράγμα ποιοΰντες έαυτοϊς έπιβουλ^ύομεν καί ούτε οϊδαμεν πώς άπολλύμεΟα. Πώς γάρ δυνάμεθα γνώναι τό θέλημα τοΰ Θεού ή ολως ζητησαι αύτό πιστεύοντας έαυτοϊς καί κρατούντες τό ίδιον θέλημα ; 63. Διά τούτο ό άββάς Ποιμήν έλεγεν οτι * Τό θέλημα 61. 25 σιωπά : σιωπάν Ε (ρ. Corr.} TVMi || 26 λέγει : λέγειν Ε(ρ· corr.) TVMi. 62. 11 μετά : μετά καί ADEGHSMi Η 14 κακοποιεί : -ποιήσει Λ -ποιήσαι DPMi -ποιήσαί έστιν 11 || 17 θέλημα om. STV.Mi. INSTRUCTIONS, V, § 61-63 253 dans beaucoup de conseil. » Par « beaucoup de conseil », elle ne veut pas dire qu'il faille consulter tout le monde, mais consulter pour tout manifestement celui en qui on doit avoir pleine confiance ; il faut non pas taire cerI taincs choses et dire les autres, mais tout révéler et en tout demander conseil. Pour qui agit de la sorte, vraiment < le salut se trouve dans beaucoup de conseil ». 62. Si, en effet, un homme ne confie pas tout ce qui est en lui, surtout s'il vient de quitter une vie et des habitudes mauvaises, le diable découvrira chez lui une volonté propre ou une prétention de justice qui lui permettront de le renverser. Car lorsque le diable voit quelqu'un décide à ne pas pécher, il n’est pas assez sot dans sa méchanceté, pour lui suggérer d’emblée des fautes mani­ festes. Il ne lui dira pas : « Va forniquer », ni : « Va voler. ». Il sait que nous ne voulons pas ces choses et il ne tient pas à nous parler de ce que nous ne voulons pas. Mais voici qu'il nous trouve en possession d'une seule volonté propre ou d’une seule prétention de justice, et c’est par là qu’il nous nuit avec de belles raisons. De là vient qu’il est écrit encore : « Le Mauvais fait du mal, quand il s’associe une prétention de justice» (Prou. 11, 15). Le Mauvais, c’est le diable ; il fait du mal quand il s’associe une prétention de justice, c’est-à-dire quand il s’associe à notre prétendue justice. Car alors il est plus fort, il peut agir et nuire davantage. Chaque fois que nous nous attachons obstinément à notre volonté propre et que nous nous fions à nos prétentions de justice, alors tout en pensant faire merveille, nous nous tendons des pièges à nous-mêmes, et nous ne savons pas que nous allons à notre perte. Com­ ment ponrrions-nous en effet connaître la volonté de Dieu, ou la chercher vraiment, si nous mettons en nousmêmes notre confiance et tenons ferme notre voloni/, propre ? 63. C’est ce qui faisait dire à l’abbé Pœmen que la volonté *254 5 10 Ü 15 20 C 25 (EU VR ES S PIR I TU EI ,L ES τείχός έστι χαλκοΰν άναμέσον ανθρώπου καί τού Θεού. Βλέπετε δύναμιν λόγου. Καί πάλιν προσέθηκε ?.έγων · Πέτρα έστιν άντιδέρουσα, οίονεί έναντιουμένη, άντικρούουσα τω θελήματι τού Θεού. Έάν ούν καταλείπή αυτό άνθρωπος, λέγει καί αύτός ' Έν τω Θεώ μου ύπερβήσομαι τείχος. '0 Θεός μου, άμωμος ή οδός αυτού. Πάνυ θαυμασίως είπε. Τότε γάρ βλέπει τις τήν οδόν τού Θεού μή έχουσαν μώμον, όταν καταλείψη τύ ίδιον θέλημα ' όταν δέ σύμπεισθή τω ίδίω θελήματι, ού βλέπει άμωμον τήν οδόν τού Θεού · άλλ’ εϊτι δ’ άν άκούση περί ασφαλείας, εύθέως μέμφεται, καταπτοεί, άποστρέφεται, άντικρούει. Πώς γάρ έχει άνασχέσθαι τίνος ή πεισθήναι οΐαδήποτε συμβούλια ό κρατών το ίδιον θέλημα ; ΕΙτα λέγει ύ γέρων καί περί τού δικαιώματος ' Έάν δέ καί το δικαίωμα συνεργήση τω θελήματι, ούκ εύσυστροφή ό άνθρωπος. Βάβαί, ποιαν ακολουθίαν έχουσιν οί λόγοι τών αγίων. Θάνατος ίδικώς έστι τύ εύρεθήναι δικαίωμα μετά τού θελήματος, μέγας κίνδυνος, μέγας φόβος. Τότε πίπτει τελείως ύ άθλιος ' τίς γάρ πείθει τόν τοιούτον πιστεύσαι ότι οϊδεν άνθρωπος πλέον αυτού το συμφέρον αύτώ ; Τότε τελείως έκδίδωσιν εαυτόν άκολουθήσαι τω ίδίω λογισμώ 1 καί λοιπόν, ώς θέλει ό εχθρός, πτωματίζει αυτόν. Διά τούτο λέγει · Πονηρός κακοποιεί, όταν συμμίξη δικαίωμα ‘ μισεί δέ ήχον ασφαλείας. 64. Μισεΐν δέ ήχον ασφαλείας λέγει, επειδή ού μόνον αύτην τήν ασφάλειαν μισεί ό πονηρός, atàà ούδέ τήν φωνήν αυτής δύναται άκούσαι, άλλα καί αύτόν τόν ήχον τής ασφαλείας μισεί, τούτ’ έστιν αύτό τύ λαλεισθαί τί ποτέ 5 περί ασφαλείας ' οίόν τι λέγω ’ Προ τού ένεργήσαί τι τόν έπερωτώντα περί ώφελείας, πρό τού γνώναι τόν εχθρόν 64. 4 ποτέ οπι. HTVMi.1 2 1. Apopht. Pœmen 54 : PG 65, 333-336. 2. Cf. .Makc L’Ehmite, De lege spirit. 31 : PG 65, Ό09 B. INSTRUCTIONS, V, § 63-64 2ô5 est un mur d’airain entre l’homme et Dieu1. Vous voyez le sens de ce mot. Et il ajoutait : « C’est un roc de répul­ sion », en tant qu’elle s’oppose et fait obstacle à la volonté de Dieu. Si donc un homme y renonce, il peut dire lui aussi : « En mon Dieu je passerai le mur. Mon Dieu, dont la voie est irréprochable» (Ps. 17, 30-31). Quelles paroles admirables ! C’est en effet quand on a renoncé à la volonté propre qu’on voit sans reproche la voie de Dieu2. Mais si on lui obéit, on ne peut s’apercevoir que la voie de Dieu est irréprochable. Reçoit-on une mise en garde, aussitôt on récrimine, on se détourne avec mépris, on se rebelle. Comment, en effet, celui qui est attaché à sa volonté propre, pourrait-il écouter quelqu’un et suivre le moindre conseil ? L’abbé Pœmen parle ensuite de la prétention de justice: «Si la prétention de justice prèle son appui à la volonté, cela tourne mal pour l’homme. » Oh ! quelle logique dans les paroles des saints 1 C'est proprement une mort que celte liaison de la prétention de justice avec la volonté, c’est un grand péril, un grand fléau. La ruine est complète pour le malheureux (qui se laisse prendre). Qui en effet parviendrait à le persuader qu’un autre sait mieux que lui ce qui lui est avantageux ? Il se livre donc tota­ lement à sa propre pensée, et finalement l'ennemi le ren­ verse à son gré. C'est pourquoi il est écrit : « Le Mauvais (ait du mal quand il s’associe une prétention de justice ; et il déteste la parole de sécurité » (Proo. 11, 15)8. 64. Il est dit qu’« il déteste la parole de sécurité ». parce que, non seulement il a en horreur la sécurité, mais il ne peut même pas en entendre la voix et déleste sa parole, c’est-à-dire le fait même de parler pour sa sécurité. Je m’explique. Celui qui a interrogé sur l'utilité (de ce qu’il veut faire) n’a encore rien fait, et l’ennemi, avant même 3. Cassien cite aussi ce verset en donnant la mime interprétation : Conf. I, 21 (SC 42, p. 104-105). 256 10 D 15 20 25 ŒUVRES SPIRITUELLES st φυλάττει δ άκούει, ή ού φυλάττει, μισεί αύτό τό δλως έπερωτησαί τινα καί άκούσαί τίποτε τών συμφερόντων · αυτήν τήν φωνήν, αύτόν τόν ήχον τών τοιούτων λόγων μισεί καί άποστρέφεται. Καί λέγω διά τί ’ Οϊδεν ότι τέως νοείται ή κακουργία αύτου St’ αυτού τού έπερωταν καί γυμνάζειν λόγον περί ώφελείας, καί ούδέν ούτως μισεί και φοβείται ώς τό γνωσΟήναι, έπειδή ούκ ετι εύρίσκει έπιβουλεϋσαι ώς θέλει. Έάν γάρ άσφαλίζηται ή ψυχή διά τού άναγγείλαι πάντα καί άκούσαι παρά τίνος είδότος · 'Γούτο ποίησον, τούτο μή ποίησής, τούτο καλόν έστιν, τούτο ούκ έστι καλόν, τούτο δικαίωμά έστι, τούτο θέλημά έστι, πάλιν ακούει ' Ούκ έστι καιρός τούτου τού πράγματος, άλλοτε ακούει * "Αρτι καιρός έστιν · ούχ εύρίσκει ό διάβολος διά ποιας προφάσεως βλάψαι αύτήν, ούδέ πώς ρίψαι αύτήν, επειδή πάντοτε, ώς εϊπον, κυβερνάται καί πανταχόθεν ήσφάλισται, καί γίνεται έν αύτη τό Σωτηρία υπάρχει έν πολλή βουλή. Ό πονηρός δέ ού θέλει τούτο, άλλα μισεί. Θέλει γάρ κακο­ ποίησα·. καί μάλλον έκείνοις χαίρει οίς μή υπάρχει κυβέρνησις. Διά τί ; έπειδή πίπτουσιν ώσπερ φύλλα. 1680 Α 65. *Ίδε έκεϊνον τόν αδελφόν ήγάπα ό πονηρός περί οδ έλεγε τω άββά Μακαρίω ' Έχω ένα αδελφόν, καί οτε βλέπει με, στρέφεται ώς ανέμη. Τούς τοιούτους αγαπά, τοις τοιούτοις άεί χαίρει, τοις άκυοερνήτοις, τοίς μή άνα5 τιθεμένοις τω δυναμένω μετά Θεόν βοηθήσαι καί δούναι αύτοϊς χεΐρα. Μή γάρ ού πρός πάντας τούς αδελφούς άπήλθεν τότε ό δαίμων έκεινος, δν είδεν ό άγιος βαστάζοντα ολα τά γεύματα έκεΐνα έν τοις ληκυθίοις ; μή ού προσέβαλεν δλοις ’· &>Χ έκαστος αύτών αισθανόμενος τής επιβουλής αύτού, 10 έτρεχε καί ανήγγειλε τούς ίδιους λογισμούς καί ηύρισκε Β βοήθειαν έν τω καιρώ του πειρασμού, καί λοιπόν ούκ ίσχυδ 64. 20 προφάσεως : αίτιας Λ Mi μεθόδου Ε όδοΰ GP οιη. DH. 1. Cf. Apophl. Pœmcn 101 : < Nul ne réjouit autant l'ennemi qu* celui qui ne manifeste pas ses pensées · (PG 65, 345 D). I INSTRUCTIONS, V, § 64-65 257 ' de savoir s’il observera on non ce qui lui sera répondu, éprouve de la haine pour le fait même d’interroger et d’écouter un conseil utile. Il a en horreur le son et le bruit de telles paroles, et s’enfuit. Pourquoi ? Parce qu’il sait I que sa machination sera découverte par le seul fait de questionner et de s’entretenir de l’utilité (de la chose). Or, il ne déteste ni ne redoute rien tant que d’être reconnu, car alors il ne trouve plus le moyen de tendre des pièges ά sa guise. Que Pâme se mette en sûrelé en révélant tout et en s’entendant dire par quelqu’un de compétent : « Fais I ceci, ne fais pas cela ; telle chose est bonne, telle autre est mauvaise ; ceci est prétention de justice, cela est volonté propre » ; et encore : « Ce n’est pas le moment de faire cela n ; une autre fois : « Maintenant il est temps » ; alors le diable ne trouvera plus par quel prétexte lui nuire, ni comment la faire tomber, puisqu'elle est constamment guidée et protégée de toutes parts. En elle se vérifie que « le salut se trouve dans beaucoup de conseil ». Cela, le Mauvais ne le veut pas, mais le déteste. Ce qu'il veut, c’est faire du mal, et il se réjouit plutôt en ceux qui n’ont point de guide1. Pourquoi ? Parce qu’« ils tombent comme des feuilles ». 65. Voyez, le Mauvais aimait ce frère dont il disait à l'abbé Macaire : « J'ai un frère qui tourne comme une girouette, dès qu’il m’aperçoit2. » Il aime de tels moines, il trouve toujours son plaisir en ceux qui ne sont point guidés et ne s'en remettent pas ά quelqu’un qui peut, après Dieu, les secourir et leur donner la main. N’allat-il pas vers tous les frères, ce démon que le saint vit un jour portant toutes ses drogues dans des fioles ? Ne les présenta-t-il pas à tous ? Mais chacun d’eux, sentant le piège, courut révéler scs pensées et trouva du secours au moment de la tentation, de sorte que le Mauvais ne put rien 2. Apophl. Macaire 3 : PG 65, 261-264. 9 258 15 20 (' 23 30 ŒUVRES SPIRITUELLES κατ’ αύτών ό πονηρός. Τόν άθλιον εκείνον μόνον ηΰρισκεν έαυτω στοιχούντα καί μή έχοντα παρά τίνος άντίληψιν, καί είχεν αύτόν παίγνιον καί άνεχώρει εύχαρ ιστών αύτω καί καταρώμενος τούς άλλους. Άμέλει δτε είπε τώ άγίφ Μακαρίω τό πράγμα και το όνομα τού άδελφού, καί δδραμεν ό άγιος πρός αύτόν, εΰρεν ότι αύτη ήν ή αίτια της άπωλείας αύτού, εύρεν αύτόν μή θέλοντα όμολογήσαι, εΰρεν αύτόν μή έχοντα συνήθειαν τοΰ έξαγγέλλειν · διά τούτο γάρ καί έστρεφεν αύτόν όπου ήθελεν ό έχθρός. Έρωτώμενος γάρ ύπό τοΰ αγίου * Πώς τα κατά σέ, άδελφε ; ελεγεν ' Εύχαΐς σου καλώς · καί πάλιν αύτού λέγοντος ’ Ού πολεμούσί σε οί λογισμοί ; άπεκρίνατο ' Τέως καλώς είμι ' καί ούδέν ήθελεν όμολογήσαι, έως ού μετά τέχνης έπεισεν αύτόν ό άγιος έξειπεΐν τά καθ’ εαυτόν, καί λαλήσας αύτω τόν λόγον τοΰ Θεού ήσφαλίσατο αύτόν καί ύπέστρεψεν. *ΗλΟεν ούν πάλιν κατά τήν συνήθειαν ό έχθρός θέλων £ίψαι αύτόν, καί ήσχημόνησεν. Εΰρε γάρ αύτόν έστηριγμένον, εΰρεν αύτόν μηκέτι χλευαζόμενον. ’Λπήλθεν λοιπόν άπρακτος, άπήλθε κατησχυμμένος καί παρ’ αύτού. Διά τούτο έπερωτηθεις πάλιν ύπό τοΰ άγιου · Πώς έχει έκεΐνος ό αδελφός ό φίλος σου ; ούκ έτι εΐπεν αύτόν φίλον, άλλ’ έχθρόν, καί κατηράσατο αύτόν λέγων οτι ' Καί αύτός διεστράφη καί ούδέ αύτός μοι πείθεται, άλλά πάντων έγένετο αγριότερος. D 66. "Ιδε διά τί μισεί ό έχθρός τόν ήχον τής ασφαλείας * έπειδή θέλει πάντοτε τήν απώλειαν ήμών. "Ιδε διά τί αγαπά τούς στοιχοΰντας έαυτοΐς · έπειδή τώ διαοόλω συνεργοΰσιν, αύτοί έαυτοΐς έπιοουλεύοντες. Έγώ άλλην πτώσιν ούκ οίδα υ μοναχού, άλλ’ ή έκ τοΰ πιστεύειν τή ίδία καρδία. Τινές λέγουσι · Διά τόδε πίπτει ό άνθρο>πος ή διά τόδε. Έγώ δέ. καθώς εΐπον, άλλην πτώσιν γινομένην τινί ούκ οίδα εί μή έκ τούτου. ΕΙδές τινα πεσόντα ; Μάθε ότι έαυτω έστοίχησεν. Ούδέν βαρύτερον τοΰ στοιχεΐν έαυτφ, ούδέν τούτου όλεθριώ’θ τερον. 1. Sur ce sens de τέως, cf. D. Tabachovjth, fondes, p. 70. INSTRUCTIONS, V, § Co-66 '259 contre eux. 11 ne trouva que ce malheureux frère qui se confiait en lui-même et ne recevait de secours de personne. 11 se joua de lui et sc retira en le remerciant et en maudis­ sant les autres. Quand il eut raconté la chose à saint Macaire avec le nom du frère, le saint courut vers celui-ci et trouva la cause de sa chute. Il s’aperçut que ce frère ne voulait pas confesser sa faute, et n’avait pas l’habi­ tude de s’ouvrir. C’est pour cela que l’ennemi le faisait pirouetter à son gré. Le saint lui demanda en effet : « Comment vas-tu, frère ? — Bien, grâce à tes prières. — Les pensées ne te font-elles pas la guerre ? — Pour le moment1 je vais bien. » Et il ne voulut rien avouer jus­ qu’à ce que le saint parvienne habilement à lui faire dire enfin ce qu’il avait dans le cœur. Alors, il le fortifia par la parole de Dieu et s’en retourna. L’ennemi revint selon son habitude avec le désir de le faire tomber, mais il fut décontenancé, car il le trouva solidement affermi et ne parvint pas à le tromper. Il s’en alla donc sans avoir rien fait ; il s’en alla, humilié par ce frère. Aussi quand le saint demanda ensuite au diable : « Comment va ce frère, ton ami ? », il ne le traita plus d’ami, mais d’ennemi, et le maudit en disant : « Lui aussi s’est détourné de moi et ne m’écoute plus ; il est devenu le plus farouche de tous. » 66. Vous voyez pourquoi l’ennemi « déteste la parole de sécurité » : c’est qu’il veut constamment notre perte. Vous voyez pourquoi il aime ceux qui ont confiance en euxmêmes : c’est que ceux-là collaborent avec le diable, se tendant à eux-mêmes des pièges. Pour ma part, je ne con­ nais aucune chute de moine qui n’ait été causée par la confiance en soi. Certains disent : l’homme tombe à cause de ceci, à cause de cela. Mais moi, je le répète, je ne con­ nais pas de chute qui soit arrivée pour une autre raison que celle-là. Vois-tu quelqu’un tomber ? Sache qu’il s’est dirigé lui-même. Rien n’est plus grave que de sc diriger soi-même, rien n’est plus fatal. 260 1681 A 15 20 D 25 30 35 ŒUVRES SPIRITUELLES Έσκέπασέ με ό Θεός, καί άεί έφοβήΟην τόν κίνδυνον τούτον. *Ότε ήμην εις τό κοινόβιον, πάντα άνετιθέμην τω γέροντι τω άββα ’Ιωάννη · ούδέποτε γάρ, καθώς είπον, ήνεσχόμην ποιήσαί τι δίχα γνώμης αύτού. Καί έστιν οτε ελεγέ μοι ό λογισμός ’ Ού τόδε σοι έχει είπεϊν ό γέρων. Τί θέλεις όχλήσαι αύτω ; καί ελεγον τω λογισμω · ’Ανάθεμά σοι καί τη διακρίσει σου καί τη συνέσει σου καί τη φρονήσει σου καί τη είδήσει σου, ότι δ οίδας, άπό δαιμόνων οίδας. Καί άπηρχόμην και ήρώτουν τόν γέροντα, καί ένίοτε άπεκρίνετό μοι τόν λόγον έκεΐνον δν ένεθυμήΟην, καί λοιπόν έλεγέ μοι ό λογισμός ' Τί ένι ; Ιδού αύτό έστιν δ εϊπον, μή ούκ άκαίρως ώχλησας τω γέροντι ; Καί ελεγον τφ λογισμω ' ’Αλλ’ άρτι καλόν έστιν, άρτι άπό Πνεύματος αγίου έστί. Τό σόν γάρ πονηρόν έστιν, άπό δαιμόνων έστίν, άπό εμπαθούς καταστάσεως έστι. Καί ούτως ούδέποτε συνεχώρουν έμαυτω πεισΟήναι τω λογισμω μου άνευ έπερωτήσεως ’ καί πιστεύσατέ μοι, άδελφοί, ότι ή μην έν μεγάλη άναπαύσει, έν μεγάλη άμεριμνία, ώστε με καί δυσχεραίνειν επί τούτω, καθώς καί άλλοτε οΐδα είπον ύμιν. *Ήκουον γάρ ότι ' Διά πολλών θλίψεων δει ή μας είσελθεϊν εις τήν βασιλείαν τού Θεοΰ, καί έβλεπον έμαυτόν μή έχοντα μηδεμίαν θλίψιν, καί έφοοούμην καί έν άπορίφ ήμην, μή γινώσκων τήν αιτίαν της τοιαύτης άναπαύσεως, έως ού έδήλωσέ μοι ό γέρων οτι ’ Μή θλιβής. Έκαστος γάρ βάλλων εαυτόν είς ύπακοήν Πατέρων, ταύτην τήν άνάπαυσιν καί τήν άμεριμνίαν έχει. C 67. Σπουδάσατε καί ύμεΐς έπερωταν, άδελφοί, καί μή στοιχεΐν έαυτοϊς · μάθετε ποίαν άμεριμνίαν έχει τό πράγμα, ποίαν χαράν, ποίαν άνάπαυσιν. ’Αλλ’ έπειδή είπον ότι ούδέποτε έΟλίδην, άκούσατε καί 5 περί τούτου ποιόν μοι συνέβη τότε. Έτι δντος μου έκει 1 66. 14 αύτου om. ADPSTVMi || 19 Καί άτνηρχόμην : ’Ακηρχύμην ούν ADEMI. 1. Cf. Lettre 373 de Barsanuphr où il est dit de no jamais se INSTRUCTIONS, V, § 66-67 261 Grâce à la protection de Dieu, j’ai toujours redouté ce danger. Quand j’étais au monastère (de l’abbé Séridos), je confiais tout au vieillard, l’abbé Jean, et jamais je n’admettais de faire quelque chose sans son avis. Parfois ma pensée me disait : « Le vieillard ne te dira-t-il pas telle chose ? Pourquoi vouloir l’importuner ? » Mais je répliquais : « Anathème à toi, à ton discernement, à ton intelligence, à ta prudence et à ta science ! Ce que tu sais, tu le sais des démons1. » Je m’en allais donc interroger l’abbé Jean, et il arrivait parfois que sa réponse était précisément celle que j’avais prévue. Alors ma pensée me disait : « Eh bien, quoi ? C’est ce que je t’avais dit. N’astu pas dérangé le vieillard inutilement ? » Et je répondais : « Oui, maintenant, c’est bien, maintenant cela vient de I'Esprit-Sainl. Car ce qui est lien est mauvais, cela vient des démons, cela vient d’un état passionné. » Ainsi, jamais je ne me permettais de suivre ma pensée sans prendre conseil. Et croyez-moi, frères, j’étais en grand repos, en grande insouciance, à tel point que j’en conçus de l’inquiétude, comme je crois vous l’avoir dit en une autre occasion2, car je savais que «c’est par beau­ coup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (Acf. 14, 22), et je me voyais sans aucune tri­ bulation ! J’étais dans la crainte et l’anxiété, ne connais­ sant pas la cause d’un tel repos, jusqu’à ce que le vieil­ lard m'eût éclairé en disant : « Ne te tracasse pas. Qui­ conque se livre à l'obéissance des Pères, possède ce repos et cette insouciance. » 67. Ayez soin, vous aussi, frères, d’interroger et de ne pas vous diriger vous-mêmes. Sachez quelle insouciance, quelle joie, quel repos il y a là. Mais puisque je vous ai dit que je n’étais jamais éprouvé, écoutez aussi à ce propos ce qui m’arriva un jour. Étant fier à sa propre pensée cl de la considérer comme venant des démons. 2. Ci. plus haut § 25, p. 184. 262 10 D 15 20 1G81 A 25 30 Β 35 ŒUVRES SPIRITUELLES έν τώ κοινοβίφ, άπαξ έγένετό μοι μεγάλη καί αφόρητος λύπη, καί ήμην έν τοιούτω κόπφ καί στενώσει, ώς ύπάγων σχεδόν παραδοΰναι αύτήν τήν ψυχήν μου. ΤΗν δέ ή Ολίψις έκείνη έξ έπιβουλής δαιμόνων, καί έστιν ό τοιουτος πειρασμός έκ του φθόνου των δαιμόνων έπιφερόμενος · βαρύτατος μέν, όλιγοχρόνιος δέ, βαρύς, σκοτεινός, άπαράκλητος, μή έχων ποθέν μηδεμίαν άνάπαυσιν ’ άλλά πανταχόθεν στένωσις, πανταχόθεν πνιγμός. Ταχέως δέ έρχεται ή χάρις του Θεού είς τήν ψυχήν, έπεί ούδεις ήδύνατο βαστάσαι. *Ήμην ούν, ώς εϊπον, έν τοιούτω πειρασμοί καί έν τοιαύτη στενοχώρια. Έν μια ούν των ημερών έν δσω ίστάμην είς τό αϊθριον τού μοναστηριού όλιγωρών καί παρακαλών περί τούτου τόν Θεόν, αίφνίδιον προσέχω έσω είς τήν εκκλησίαν και βλέπω τινά έν σχήματι έπισκόπου φοροΰντα ώς μυίνον, είσερχόμενον είς τό ίερατεϊον. Ούδέποτε δέ έπλησίαζον ξένφ δίχα άνάγκης ή έπιτροπής, άλλ’ ώς τί ποτέ έσυρέ με τότε, καί εισέρχομαι όπίσω αύτού · καί μένει ίστάμενος επί Ικανόν, έχων τάς χεϊρας αύτοΰ εκτεταμένος είς τόν ούρανόν, κάγώ όπίσω αύτοΰ ίστάμην μετά πολλοΰ φόβου ευχόμενος · έγένετο γάρ μοι δειλία πολλή έκ της θέας αύτοΰ. Μετά δέ τό παΰσαι αύτόν τήν εύχήν, στρέφεται καί έρχεται πρός με, καί καθόσον ήγγιζέ μοι, ήσθανόμην ώς ύποχωρούσης καί της λύπης καί της δειλίας. Εϊτα ώς έστάΟη έμπροσθεν μου, έκτείνει τήν χεϊρα αύτοΰ καί άπτεται του στήθους μου καί κρούει τοϊς δακτύλοις αύτοΰ είς τό στήθος μου λέγων * ‘Τπομενων ύπέμεινα τόν Κύριον, καί προσέσχε μοι καί είσήκουσε τής δεήσεώς μου καί άνήγαγέ με έκ λάκκου ταλαιπωρίας καί από πηλού ίλύος. Καί έστησεν επί πέτραν τούς πόδας μου καί κατεύθυνε τά διαβήματα μου καί ένέβαλεν είς τό στόμα μου ασμα καινόν, ύμνον τω Θεώ ήμών. Καί λέγει ολους τούς στίχους έκ τρίτου, κρούων, ώς είπον, είς τό στήθος μου, καί ούτως εξέρχεται. Καί γίνεται εύθέως εις τήν 67. 12 ποθέν om. STVMi || 11 ούν : δέ ΛΜΙ om. EGP || 25 Post δειλία desinit S. I | INSTRUCTIONS, V, § 67 ’ ) 263 encore au monastère (de l'abbé Séridos), je fus, une fois, assailli d’une tristesse immense et intolérable. J’étais si abattu et dans une telle détresse que j'en aurais presque rendu l’âme. Ce tourment était un piège des démons, et semblable épreuve vient de leur jalousie ; elle est très pénible, mais de courte durée ; pesante, ténébreuse, sans consolation ni repos, avec de toutes parts l’angoisse et l’oppression. Mais la grâce de Dieu vient promptement dans l’âme, sinon personne ne pourrait tenir. En proie donc à cette épreuve et à cette détresse, je me tenais un jour dans la cour du monastère, découragé et suppliant Dieu de venir à mon secours. Tout à coup, jetant un regard à l’intérieur de l’église, je vis pénétrer dans le sanctuaire quelqu’un ayant l’aspect d’un évêque et portant un vêtement d’hermine1. Jamais je ne m’approchais d’un étranger sans une nécessité ou un ordre. Mais alors quelque chose m’attira, et je m’avançai sur scs pas. Longtemps il demeura là debout, les mains tendues vers le ciel. Je me tenais derrière lui et priais avec beaucoup de crainte, car sa vue m’avait rempli d’effroi. Quand il eut cessé de prier, il se retourna et vint vers moi. A mesure qu'il s'approchait, je sentais s’éloigner ma tristesse et ma peur. Arrêté devant moi, il étendit sa main jusqu’à toucher ma poitrine et la frappa de ses doigts en disant : « Je n’ai cessé d’attendre le Seigneur. Il s’est incliné vers moi, il a écouté ma prière, il m’a tiré de la fosse de perdition et de la fange du bour­ bier ; il a établi mes pieds sur le roc et affermi mes pas. Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, une louange à notre Dieu » (P$. 39,2-4). Trois fois il répéta tous ces versets en me frappant la poitrine. Puis il s’en alla. Et aussitôt mon cœur fut rempli de lumière, de joie, de 1. Nous retenons In sens proposé par Du Cange, qui fait dériver μυίνον de μυς, de préférence à l'interprétation d’Hilariori du Vérone récemment reprise par Dotn Leroy (DS, t. 4, 347) : « sacra manibus ferre *, · il portait les oblals ». 264 ŒUVRES SPIRITUELLES καρδίαν μου φως, χαρά, παράκλήσις, γλυκύτης, καί εύρίσκομαι άλλος έξ άλλου. *Ως ούν έξήλθον τρέχων όπίσω αύτού 40 Οέλων αύτόν εύρεϊν, καί ούχ εΰρον, άλλ’ έγένετο αφανής. Έξ εκείνης της ώρας, διά τών οίκτιρμών τού Θεού, ούκ ετι οϊδα όχληθεις οΰτε ύπό λύπης οΰτε ύπό δειλίας, άλλ? έσκέπασέ με ό Κύριος μέχρι του νυν διά τών εύχών εκείνων τών άγιων γερόντων. 5 C 10 15 D 20 25 68. Ταύτα είπον ύμϊν, αδελφοί, θέλων παραστησαι ύμΐν πόσην έχει άνάπαυσιν καί άμεριμνίαν μετά καί πάσης ασφαλείας τό μή στοιχειν τινα έαυτφ, άλλ’ έπιρρίπτειν τά καθ’ έαυτόν έπί τόν Θεόν καί έπί τούς δυναμένους μετά Θεόν όδηγήσαι αύτόν · μάθετε ούν καί ύμεϊς έρωταν, άδελφοί, μάθετε μή στοιχειν έαυτοίς · καλόν έστι ’ ταπείνωσίς έστιν, άνάπαυσίς έστι, χαρά έστι. Τίς χρεία του συντρίβεσθαί τινα είς μάτην ; Ούκ ένδέχεται άλλως σωθήναι εί μή ούτως. "Ισως δέ ενθυμείται τις οτι έαν μή έχει τίς τινα έπερωτησαι, τί έχει ποιήσαι. "Οντως έάν έν αλήθεια θέληση τις τό θέλημα τού Θεού έν όλη καρδίφ, ούδέποτε άφή αύτόν ό Θεός, αλλά πάντως όδηγεΐ αύτόν κατά τό θέλημα αύτού. "Οντως έάν κατευθύνη τις τήν καρδίαν έαυτοΰ πρός τό θέλημα τού Θεού, παιδίον μικρόν φωτίζει ό Θεός είπεΐν αύτώ τό θέλημα αύτοΰ. Έάν δέ μή θέλη τις μετά άληθείας τό θέλημα τού Θεού καί πρός προφήτην έάν άπέλθη, πρός τήν καρδίαν αύτοΰ τήν στρεβλήν δίδει ό Θεός είς τήν καρδίαν τοΰ προφήτου άποκριθήναι αύτώ, καθώς λέγει ή Γραφή * Έάν πλανηθή και λαλήση ό προφήτης, έγώ ο Κύριος έπλάνησα τόν προφήτην εκείνον. Διά τούτο οφείλομεν πάση δυνάμει κατευθύνειν εαυτούς πρός τό θέλημα τού Θεού καί μή πιστεύειν τή ιδία καρδί^, άλλά καί καλόν πράγμα έάν έστιν, καί άκούσωμεν παρά τίνος άγιου οτι καλόν έστιν, όφείλομεν έχειν μέν ότι καλόν έστι, μή πιστεύειν 87. 40 αύτόν ou). ADEHMi || 42 όχληθεις : έμαυτόν όχληΟέντα ADEMi. 88. 18 δώεΐ : δίδωσιν DEGM1 || 20 ό· om- HPTVMi. INSTRUCTIONS, V, § 67-68 265 consolation, de douceur : je n’étais plus le meme homme. Je sortis en courant à sa recherche, mais ne le trouvai pas ; il avait disparu. Depuis cette heure, par la miséri­ corde divine, je ne me rappelle pas avoir jamais été tour­ menté par la tristesse ou la crainte. Le Seigneur m’a pro­ tégé jusqu’à maintenant, grâce aux prières de ces saints vieillards. 68. Je vous ai raconté cela, frères, pour vous montrer de quel repos et de quelle insouciance jouissent en toute sécurité ceux qui ne mettent pas leur confiance en euxmêmes, mais s'en remettent de tout ce qui les concerne à Dieu et à ceux qui après Dieu les peuvent guider. Apprenez donc vous aussi, frères, à interroger, apprenez à ne pas vous fier à vous-mêmes. Gela est bon, c’est humilité, repos, joie. Λ quoi bon se tourmenter en vain ? Il n’est pas possible de se sauver autrement. Mais, pensera-t-on peut-être, que doit faire celui qui n’a personne à qui demander conseil ? En fait si quelqu’un cherche vraiment de tout son cœur la volonté de Dieu, Dieu ne l’abandonnera jamais, mais le guidera en tout selon sa volonté. Oui, réellement, si quelqu’un dirige son cœur vers la volonté divine, Dieu éclairera plutôt un petit enfant pour la lui faire connaître. Si quelqu’un au contraire ne cherche pas sincèrement la volonté de Dieu et va con­ sulter un prophète, Dieu mettra dans le cœur du prophète une réponse conforme à la perversité de son cœur à lui, selon la parole de l'Ecriture : a Si un prophète parle et s’égare, c’est moi le Seigneur, qui l’ai égaré» [Ez. 14, 9). C’est pourquoi nous devons, de toutes nos forces, nous diriger selon la volonté de Dieu et ne pas faire confiance à notre propre cœur. Si une chose est bonne et que nous entendions un saint dire qu’elle est bonne, nous devons la 9—1 266 ŒUVRES SPIRITUELLES δέ έαυτοΐς ότι ήδη καί καλώς ποιοΰμεν αύτό καί ώς δικαίως όφείλει γενέσθαι. ’Αλλά οφείλομεν ποιεϊν μέν τήν δύναμιν ημών, πάλιν δέ άνατίθεσθαι καί τό πώς έποιοΰμεν, καί μανθάνε'.ν εί καλώς αυτό έποιήσαμεν, καί μετά ταΰτα μήτε 30 ούτως άμεριμνεϊν, άλλ’ έκδέχεσΟαι και τήν του Θεοΰ κρίσιν, 1685 Λ ώσπερ ό άγιος εκείνος ό άβοας Άγάθων, οτε ήρωτήθη · Και σύ φοβή, Πάτερ ; άπεκρίνατο οτι · Τέως εγώ τήν δύναμίν μου έποίησα, ούκ οίδα δέ εί ήρεσε τό έργον μου τώ Θεώ. "Αλλο γάρ έστι τό κρίμα του Θεοΰ καί άλλο τό τών 35 άνθρώπων. Ό Θεάς σκεπάσει ημάς άπό του κινδύνου τών στοιχούντων έαυτοϊς και αξιώσει κρατησαι την όδόν τών πατέρων ήμών. 68. 29 εί : εί καί ADEGML INSTRUCTIONS, V, § 6S 267 tenir pour telle, sans croire pour cela que nous la faisons bien et comme elle doit être faite. Nous devons la faire de notre mieux, puis en référer de nouveau pour savoir si nous l’avons bien faite. Après quoi, il ne faut pas encore être sans inquiétude, mais attendre le jugement de Dieu, comme ce saint abbé Agathon à qui Ton demandait : « Père, tu crains toi aussi ?» et qui répondit : « .J'ai fait du moins ce que j’ai pu, mais je ne sais si mes œuvres ont plu à Dieu. Car autre est le jugement de Dieu, autre celui des hommes’. » Que Dieu nous protège contre le danger de nous diriger nous-mêmes et qu’il nous accorde de tenir ferme la voie de nos Pères ! 1. Apophl. Agathon 29 : PG 65, 117 B. Cf. PE HI, 9, p. 23. Apophtegme déjà cité plus haut § 37, p. 202, η. 1. (De Oratione, RAM 1934, p. 43 ; 1959, p. 9). 2. Cf. PG 17, 196 D : · Par la gnose, les saints sont unis à Dieu et les uns aux autres. » Ce texte se trouve dans un commentaire du INSTRUCTIONS, VI, § 78 287 je vous dis. Imaginez que ce cercle, c’est le monde1 ; le centre, Dieu ; et les rayons, les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l’intérieur, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s’approchent de Dieu, plus ils sc rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu. Et vous comprenez qu’il en est de meme en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l’extérieur : il est évident alors que, plus on s’éloigne de Dieu, plus on s’éloigne les uns des autres, et que plus on s’éloigne les uns des autres, plus on s’éloigne aussi de Dieu. Telle est la nature de la charité. Dans la mesure où nous sommes à l’extérieur et que nous n’aimons pas Dieu, dans la même mesure nous avons chacun de l’éloignement à l’égard du prochain. Mais si nous aimons Dieu, autant nous approchons de Dieu par la charité pour lui, autant nous sommes unis à la charité du prochain, et autant nous sommes unis au prochain, autant nous le sommes à Dieu2. Que Dieu nous rende dignes d’entendre ce qui nous est avantageux et de le réaliser ! Car autant nous aurons soin d’accomplir avec empressement ce que nous entendons, autant Dieu nous donnera toujours sa lumière et nous enseignera sa volonté. livre des Proverbes qui est attribue à Origine, mais qui, selon le P. Haushcrr, « risque bien lui aussi d’étro d'Évagro » (DS, t. 2, 1810). Ί!. ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΕΑΥΤΟΝ ΜΕΜΦΕΣΘΛΙ 79. Ζητησωμεν, αδελφοί, πόθεν ποτέ μέν ακούει τις ρήμα θλιβερόν καί παρέρχεται αύτό άταράχως, ώς μηδέ άκούσας σχεδόν ' ποτέ δέ ακούει καί εύθέως ταράσσεται. Τις έστιν ή αιτία τής τοιαύτης διαφοράς ; νΑρα δέ και μίαν 1697 Λ 5 εχει αιτίαν τό πράγμα τοΰτο ή καί πολλάς ; Έγώ βλέπω βτι πολλάς μέν έχει αιτίας · μία δέ έστιν ή γεννώσα, ώς αν εϊποι τις, ολας τάς λοιπάς αίτιας ' καί λέγω πώς ‘ Πρώτον μέν συμβαίνει τινά εύρεθήναι άπό εύχής ή άπό καλού καθίσματος, καί εύρίσκεται, ώς αν εϊποι τις, έν 10 καλή καταστάσει, καί βαστάζει τόν αδελφόν αύτοΰ καί j παρέρχεται άταράχως. Πάλιν δέ συμβαίνει οτι εύρίσκεται τις έχων προσπάθειαν πρός τινα, καί διά τοΰτο άθλίπτως βαστάζει τά παρ’ αύτοΰ έπιφερόμενα αύτώ. ‘Έστι πάλιν οτι καταφρονεί τις τόν θέλοντα αύτόν θλίψαι, καί ώς 15 εύτελίζων τά παρ’ αύτοΰ καί μηδέ προσέχων αύτώ ώς άνθρώπω, μηδέ ποιούμενος αύτοΰ λόγον έπί τοίς παρ’ αύτοΰ λεγόμενόις ή γινομένοις. 80. Καί λέγω ύμΐν τι τοιοΰτον, ίνα θαυμάσητε ’ ΤΗν τις Β άδελφός έν τώ κοινοβίω πρό τοΰ με άναχωρήσαι έκείθεν, καί εβλεπον αύτόν μηδέποτε ταρασσόμενον ή θλιβόμενον πρός τινα " καίτοιγε διαφόρως είδον πολλούς τών άδελφών 5 ύβρίζοντας καί σιαίνοντας αύτόν · ούτως δέ εφερεν ό νεότερος εκείνος τα παρ’ έκάστου αύτών, ώς μηδενός παντελώς Mm : ADEGHPTVMi 1. LilUralemenL: une bonne «session *. Κάθισμα vient de καθίζω VII. DU BLÂME DE SOI-MÊME 79. Recherchons, frères, comment il se fait que parfois on entende une parole désagréable et qu’on la laisse passer sans se troubler, comme si on n’avait rien entendu, et que d’autres fois on en est aussitôt troublé. Quelle est la raison d’une telle différence? Y a-t-il à cela une ou plusieurs raisons? Pour moi, j’en vois beaucoup, mais une seule engendre, pour ainsi dire, toutes les autres. Je m’explique. Voici d’abord un frère qui vient de prier ou de faire une bonne méditation1 ; il se trouve, comme on dit, en bonne forme. II supporte son frère et passe outre sans se troubler. En voici un autre qui a de l’attachement pour un frère ; à cause de cela il endure tranquillement tout ce qui lui vient de ce frère. Il arrive aussi que tel autre méprise celui qui veut lui faire de la peine, regardant comme rien ce qui vient de lui, ne faisant même pas attention à lui comme à un homme, et ne tenant pas compte de lui, de ce qu’il dit ou de ce qu’il fait. 80. Je vais vous raconter une chose admirable. Il y avait au monastère, avant que je le quitte, un frère que je no voyais jamais troublé ni fâché contre quelqu’un, et pourtant j’apercevais beaucoup de scs frères le maltraiter et l’outrager de diverses manières. Ce jeune moine suppor­ tait ce qui venait de chacun d’eux, comme s’il n’y avait qui, comme καθίσταμαι, exprime dans le langage monastique le fait de se tenir tranquille dans lo solitude de la cellule, l'esprit appli­ qué à la prière et ù la méditation. Cf. I. Haushf.hr, OCP 1954, p. 18-21. 10 290 ŒUVRES SPIRITUELLES όχλούντος αύτώ. Έγώ ούν έθαύμαζον άεί τήν ύπερβολήν της άνεξικακίας αύτού καί έπεθύμουν μαθεϊν πόθεν έκτησατο τήν άρετήν ταύτην ’ καί λαμβάνω αύτόν άπαξ παρά μίαν 10 και βάλλω αύτώ μετάνοιαν, παρακαλών είπειν μοι ποιον άεί λογισμόν έχει έν τη καρδία αύτού είτε ύβριζόμενος είτε οίονδήποτε έπαχθές πασχών υπό τίνος, ότι τοιαύτην ένδείκνυται μακροθυμίαν. Ό δέ αποκρίνεται φύσει μετά C άπονο ίας καί λέγει μοι * Άλλ’ έγώ έχω προσέχειν τοις 15 τέλμασι τούτοις καί δέξασθαι τά παρ’ αύτών, ώς παρ’ άνθρώπων ώραϊοι κύνες. Άκούσας έγώ τούτο εοαλον κάτω τά ώτά μου καί λέγω έμαυτώ · Εύρε τήν όδόν ό αδελφός οδτος ' καί σφραγίσας έμαυτόν άπηλΟον ευχόμενος ίνα ό Θεός καί εμέ καί αύτόν σκεπάση. 5 D 10 15 1 “00 a 81. "Ωστε συμβαίνει, ώς είπον, καί άπό καταφρονησεως μή ταραχθήναί τινα. Τούτο δέ προφανής έστιν άπώλεια. Τό δέ ταραχθήναί τινα πρός άδελφόν θλίβοντα αύτόν συμβαίνει ή έκ τού μή εύρεθήναι κατ’ εκείνην τήν ώραν έν καλή καταστάσει, ή έκ τού έχειν άηδίαν τινά πρός αύτόν. Είσι δέ καί άλλα πολλά αίτια τούτου, άπερ διαφόρως είρηται. Τό δέ αίτιον πάσης ταραχής έστιν, έάν μετά άκριβείας ζητήσωμεν, τό μή μέμφεσθαι έαυτούς ‘ έκειθεν εχομεν όλην τήν συντριβήν ταύτην, έκειθεν ούδέποτε εύρίσκομεν άνάπαυσιν. Ούκ έστι γάρ θαυμάσαι δτι άκούομεν παρά πάντων τών αγίων μή είναι άλλην οδόν πλήν ταύτης ' καί βλέπομεν οτι ούδείς ώδευσέ ποτέ άλλην όδόν καί εύρεν άνάπαυσιν * καί προσδοκώμεν ήμεϊς άναπαύεσθαι ή ολως όδόν εύθεϊαν κρατεϊν, μηδέποτε άνεχόμενοι έαυτούς μεμφεσθαι ; ‘Όντως έάν ποίηση άνθρωπος μυρίας πολιτείας, μή κράτηση δέ τήν όδόν ταύτην, ού μή παύσεταί ποτέ θλίβων καί θλιβόμενος καί άπόλλων όλους τούς κόπους αύτού. Ποιαν δέ χαράν, ποιαν άνάπαυσιν ούκ έχει, οπού δ’ άν 80. 15 τέλμασι : άτελέσμασι ADEHMi άτελείμασι G άτελέμασι P II καί : ή ADEMi || 17 έμαυτφ : h έμαυτώ DGIIPMI. 81. 18 έχει : ίχα ό τοιοΰτος AGMi. INSTRUCTIONS, VH, § 80-81 291 absolument personne à le tourmenter. Je ne cessais d’admirer son excessive patience et désirais savoir comment il avait acquis cette vertu. Je le pris un jour à part, et lui faisant une nié ta nie, l’invitai à me dire quelle pensée il gardait toujours en son cœur, au milieu des outrages et de toutes les peines qu’on lui faisait endurer, pour montrer une telle patience. Il me répondit simplement et sans détours : a J'ai l’habitude d’être à l’égard de ceux qui me font toutes ces injures, comme de jeunes chiens à l’égard de leurs maîtres. » A ces mots, je baissai les oreilles et me dis à moi-même : « Ce frère a trouvé la voie. » Apres m’être signé, je le quittai en demandant à Dieu de nous protéger l’un et l’autre. 81. Je disais donc que c’est parfois aussi par mépris que l’on ne se trouble pas : et cela est manifestement un désastre. Mais de se troubler contre un frère qui nous fait de la peine, peut venir soit d’une mauvaise disposition du moment, soit de l’aversion que l’on éprouve pour ce frère. Il y a aussi beaucoup d’autres raisons diverses que l’on peut alléguer. Mais la cause du trouble, si nous la recherchons soigneusement, c’est toujours le fait de ne pas s’accuser soi-même1. De là vient que nous avons tout cet accablement et que nous ne trouvons jamais de repos. Il n’y a pas à s'étonner si tous les saints disent qu’il n’existe point d’autre voie que celle-là1 2. Nous voyons bien que nul n’a trouvé le repos en suivant une autre route, et nous, nous pensons le trouver et suivre une voie parfaitement droite, sans jamais consentir à nous accuser nous-mêmes ! En vérité, eût-on accompli mille bonnes œuvres, si l'on ne garde pas cette voie, on ne cessera jamais de faire souffrir et de souffrir soi-même, en perdant ainsi toute sa peine. Quelle joie au contraire, quel repos ne goûte-t-il pas, 1. Ci. Mahc-Aurêi.e : Il faut s’accuser soi-inêtne au lieu d’accuser les autres (Pensées IX, 42). 2. Apopht. Théophile I : PG 65, 198 D. Cf. autres apopht. cités dans PE I, 46, p. 170. 292 ŒUVRES SPIRITUELLES άπέλθη, ώσπερ είπε και ό άββας Ποιμήν, ό έαυτδν μεμφό20 μένος ; Εί τι γάρ συμβή αύτω είτε ζημία είτε άτιμία είτε οίαδήποτε Ολίψις, προλαβών έχει έαυτδν άξιον και ούδέποτε ταράσσεται. ‘'Εστι τούτου τί ποτέ άμεριμνότερον ; 5 R ΐυ 15 20 C 25 82. ’Αλλά λέγει τις ' Και έάν θλίβη με ό άδελφός, καί ερευνήσω έμαυτόν καί εΰρω οτι ούκ έδωκα αύτω οίανδήποτε πρόφασιν, πώς δύναμαι μέμψασΟαι έμαυτόν ; ‘Όντως έάν έρευνήση τις εαυτόν μετά φόβου Θεού, ευρίσκει δτι πάντως έδωκεν αιτίαν είτε έργω είτε λόγω είτε σχήματι. Εί δέ και βλέπει εαυτόν, ώς λέγει, οτι έν ούδενί τούτων έδωκεν βλως αιτίαν πρός τδ παρόν, εικότως άλλοτε έθλιψεν αύτόν ή εις αύτδ τδ πράγμα ή είς άλλο, ή άλλον άδελφδν έθλιψεν καί έχρεώστει δια τούτο παθειν, ή πολλάκις και δι* άλλην αμαρτίαν · ώστε έάν, ώς εΐπον, μετά φόβου Θεού έρευνήσει τις εαυτόν καί ψηλαφήσει τήν (δίαν συνείδηση» ακριβώς, ευ­ ρίσκει έαυτδν πάντως αίτιον. Πάλιν έστιν οτε βλέπει τις έαυτδν ώς μετά εΙρήνης και ησυχίας καθεζόμενον, καί δτε εΐπη αύτω άδελφδς τδ £ήμα τδ λυπούν αύτόν, ταράσσεται, καί ώς έκ τούτου νομίζει εύλόγως ΟλίβεσΟαι, κατ’ αύτοΰ λέγων ότι · El μή ήλθε καί έλάλησέ μοι καί έτάραξέ με, ούκ είχον άμαρτησαι. Καί τούτο χλεύη έστι καί τούτο παραλογισμός έστι. Μή γάρ ό είπών αύτω τδ £ήμα ένέβαλεν αύτω τδ πάθος ; Τδ πάθος τδ έν αύτω έδειξεν αύτφ, ίνα έάν θέλη, μετανοήσει ύπέρ αύτού. Ούτος γάρ έοικε σιλιγνίω καθαρω, έξωθεν λαμπούθιόν τι καί όταν κλάσει αύτό τις, τότε φαίνεται ό βόρβορος αύτού. Ούτως καί αύτδς έκάθητο μετ’ ειρήνης, ώς ένόμιζεν, είχε δέ έσωθεν αύτού τδ πάθος καί ούκ ήδει. "Εν ρήμα είπεν αύτω ό άδελφδς αύτού καί εξέβαλε τδν βόρβορον τδν κεκρυμμένον έσω. Έάν ούν θέλη έλεηθήναι, μετανοήση, καθαρίση, 82. 7 εικότως : είκός ADGMi || 8 ή· : είκύς ADGPMi. 1. ΑρορΜ. de l’œtnen cité par Zoslme : PE L 46, p. 1'^· Cf. Pcemen 95 (PG 65, 345 A). 2. Cf. CaSSIEN, Conf. XVIII. 13 (SC 64, p. 25). INSTRUCTIONS, VII, S 81-82 293 partout où il va, celui qui s’accuse soi-même, comme l'a dit l’abbé Pœmcn1 ! Qu’un dommage, qu’un outrage ou une peine quelconque lui survienne, il s’en juge digne a priori et n’est jamais troublé. Y a-t-il un état qui soit davantage exempt de soucis? 82. Mais, dira-t-on, si un frère me tourmente, et qu'en m'examinant, je constate que je ne lui ai fourni aucun prétexte, comment pourrai-je m’accuser moi-même? En fait si quelqu’un s’examine avec crainte de Dieu, il s’aper­ cevra qu’il a certainement donné un prétexte par une action, une parole ou une altitude. Et s’il voit qu’en rien de tout cela, il n’a, soi-disant, fourni de prétexte dans le cas présent, c’est vraisemblablement qu’il a tourmente ce frère une autre fois, pour le même sujet ou pour un autre, ou bien encore qu’il a tourmenté un autre frère, et c’est pour cela, souvent même pour un péché différent, que la souffrance lui était due. Ainsi, comme je l’ai dit, si l'on s’examine avec crainte de Dieu et que l’on scrute soigneu­ sement sa conscience, on se trouvera de toutes manières responsable. Il arrive aussi qu’un frère, croyant se tenir dans la paix et la tranquillité, se trouble néanmoins d’une parole désobligeante que vient lui dire un frère, et il juge que c’est à bon droit, sc disant en lui-même : « Si ce frère n’était pas venu me parler et me troubler, je n’aurais pas péché, d C’est une illusion, c’est un faux raisonnement. Celui qui lui a dit le mot, a-t-il donc mis en lui la passion ? Il lui a simplement révélé la passion qui était en lui, pour qu’il s'en repente, s’il le veut. Ainsi ce frère ressemblait à un pain de pur froment, extérieurement de bel aspect, mais qui, une fois rompu, laisserait voir sa pourriture. Il se croyait dans la paix, mais il avait en lui une passion qu’il ignorait2. Un seul mot de son frère a mis au jour la pourriture cachée dans son cœur. S’il veut obtenir misé- 294 ŒUVRES SPIRITUELLES προκόψη, καί βλέπει δτι μάλλον εύχαριστήσαι οφείλει τώ άδελφώ ώς αίτίω γινομένφ αύτώ τοιαύτης ώφελείας. D 5 •° 15 1701 λ 83. Ούκ έτι γάρ ομοίως βαρούσιν αύτόν οι πειρασμοί, άλλ’ όσον προκύπτει, τοσούτον εύρίσκονται αύτώ ελαφρότε­ ροι. ‘Όσον γάρ προκύπτει ή ψυχή, γίνεται Ισχυρά καί έχουσα δύναμιν βαστάσαι τά έπερχόμενα. "Ωσπερ έάν έστι ζώον ισχυρόν, καί φορτώσει τις αύτό γομάριν μέγα, μετά άναπαύσεως βαστάζει ’ εί δέ καί συμοή αύτώ προσκόψαι, ευθέως έγείρεται καί σχεδόν ούδέ αισθάνεται δτι προσέκοψεν · έάν δέ έστι ζώον ταλαίπωρον, καί τό είτι δήποτε βαρεϊ αύτό ’ εί δέ καί πέση, δέεται πολλής βοήθειας είς τό έγεϊραι αύτό ’ ούτως έστί καί τό τής ψυχής · όσον ένεργεϊ τήν αμαρτίαν, ταλαιπωρεί έξ αύτής. Ή γάρ αμαρτία ταλαιπωροποιός έστι καί σαθροί τόν έχοντα αύτήν, λοιπόν εϊ τι δήποτε εάν συμδή, βαρεϊ αύτόν · έάν δέ προκόψη άνθρωπος, γίνονται αύτώ κατά πρόσβασιν έλαφρότερα έκεϊνα τά ποτέ βαρουντα αύτόν ’ ώστε πάνυ ή μας εύεργετει καί είς πολλήν άνάπαυσιν καί προκοπήν φέρει τό εαυτούς καί μηδένα άλλον -οις συμβαίνουσιν αίτιάσθαι. Καί μάλιστα δτι ούδέν έγχωρεϊ άνευ τής προνοίας του Θεού γενέσθαι ήμϊν. 84. Ούκοΰν κάν λέγει τις δτι ’ Πώς ού δύναμαι Ολιβήναι, έάν χρήζω πράγματος καί ού λαμβάνω ; ιδού γάρ χρήζω αύτού κατά τό άναγκαίον. Ούδέ ούτως έχει λόγον τό μέμψασθαι αύτόν τινα ή θλιβήναι κατά τίνος ’ άλλά. έάν τφ δντι 5 ΖΡ7)ζ'Π πράγματος, ώς λέγει, καί ού λαμβάνει, όφείλει λέγειν δτι · Ό Χριστός οίδε πλέον μου εί οφείλω άναπαήναι, καί αύτός γίνεται μοι άντί τούδε τού πράγματος ή άντί τοΰδε τού βρώματος. 01 υιοί ’Ισραήλ έφαγον τό μάννα έν τή έρήμφ τεσσαράκοντα έτη ’ καί εν μέν είδος ήν τό μάννα, έκάστω δέ έγίνετο καθώς έχρηζε * τώ χρήζοντι άλμυρού Β έγίνετο αλμυρόν * τώ χρήζοντι γλυκέος έγίνετο γλυκύ ' καί έκάστω άπλώς ούτως έγίνετο άρμόζον πρός τήν κρασιν 1. Cf. Marc L’Ermite, De lege spirit. 2 (PG 65, 905) ; De his qui pulant... 108-109 (PG 65, 945). INSTRUCTIONS, VII, § 82-84 295 ricordc, qu’il se repente, qu’il se purifie, qu’il progresse, et il verra qu’il doit plutôt remercier son frère d'avoir été pour lui la cause d’un tel profit. 83. Car les épreuves ne l’accableront plus autant. Plus il progressera, plus elles lui paraîtront légères. A mesure en effet que l’âme grandit, elle devient plus forte et capable de supporter tout ce qui lui arrive. C’est comme une bête de somme : si elle est robuste, elle porte allègrement le lourd fardeau dont on la charge. Qu’elle vienne à trébucher, elle se relève aussitôt ; à peine s'en ressent-elle. Mais si elle est faible, toute charge l’accable, et une fois tombée, il lui faut beaucoup d’aide pour se relever. Ainsi en est-il de l’âme. Elle s’affaiblit chaque fois qu’elle pèche, car le péché épuise et corrompt le pécheur. Qu'un rien lui survienne, le voilà accablé. Si un homme au contraire s’avance dans la vertu, ce qui jadis l’accablait lui devient progressivement plus léger. Ainsi ce nous est un grand avantage, une source abondante de repos et de progrès, que de nous rendre nous-mêmes responsables et personne d’autre de ce qui arrive, d’autant que rien ne peut nous survenir sans la Providence de Dieu. 84. Mais, dira quelqu’un, comment puis-je ne pas être tourmenté, si j’ai besoin de quelque chose et que je ne le reçois pas? Car me voici pressé par la nécessité. Même alors il n'y a pas lieu d’accuser un autre ni d’être fâché contre quelqu’un. S’il a réellement besoin d’une chose, comme il le prétond, et qu’il ne la reçoive pas, il doit se dire : « Le Christ sait mieux que moi si je dois obtenir satisfaction, et lui-même me tient lieu de cette chose ou de cette nourriture’. » Les fils d’Israël ont mangé la manne au désert pendant quarante ans, et bien qu’elle fût d’une seule espece, cette manne devenait pour chacun telle qu’il la désirait : salée, pour qui la désirait salée ; douce, pour qui la désirait douce ; se conformant, en un mot, au 296 15 20 C 25 30 35 I) 40 ŒUVRES SPIRITUELLES αύτού. Ούτως οδν έάν χρήζη τις ώού, καί ού λαμβάνη εί μή λάχανον, εϊπη τφ λογισμώ αύτου βτι ' Εί συνέφερέ μοι, είχε πάντως πέμψαι μοι αύτό ό Θεός * πλήν δύναται καί αύτό το λάχανον ποιήσαι μοι ώς ώόν ’ καί πιστεύω τώ Θεφ βτι γίνεται αύτω είς μαρτύριαν. Και γάρ μετά αλήθειας έάν έστί τις άξιος του άναπαήναι, καρδίαν Σαρακηνών πληροφορεί ό Θεός ποιήσαι μετ’ αύτου έλεος κατά τήν χρείαν αύτου ' έάν δέ ούκ έστιν άξιος του άναπαήναι ή ού συμφέρει αύτ<5, καινόν ουρανόν καί καινήν γην έάν ποίηση, ούχ εύρίσκει άνάπαυσιν ’ άμέλει, ποτέ μεν εύρίσκει τις καί υπέρ τήν χρείαν αύτού, ποτέ δέ ούδέ τήν χρείαν. Επειδή ό Θεός ώς έλεήμων έκάστω παρέχει την χρείαν αύτού, έστι δέ 0τε οίκονομεϊ τινα καί ύπέρ τήν χρείαν, δεικνύων αύτω τήν υπερβολήν τής φιλανθρωπίας αύτού καί διδάσκων αυτόν τήν ευχαριστίαν. "Οταν δέ ού παρέχει αύτω τήν χρείαν αύτού, ποιεί διά τού λόγου αύτού τήν ενέργειαν τού πράγμα­ τος ού χρήζει, καί διδάσκει αύτόν τήν ύπομονήν * ώστε είς πάντα άνω όφείλομεν προσέχειν καν καλώς πάθωμεν παρά τίνος, άνω προσέχειν καν κακώς πάθωμεν, άνω προσέχειν καί εύχαριστεϊν έπί τοις συμβαίνουσι, βαστάζοντες άεί τήν μέμψιν εαυτών καί λέγοντες καθώς εϊπον οί Ιίατέρες * Εί μέν καλόν τί ποτέ συμβή, ότι οικονομία έστί τού Θεού ' εί δέ κακόν, ότι διά τάς αμαρτίας ήμών. ’Εν άληθεία γάρ παν δ έάν πάθωμεν, έκ τών αμαρτιών ήμών πάσχομεν. Οί γάρ άγιοι κάν πάσχουσιν, ύπέρ τού όνόματος τού Θεού πάσχουσιν ή διά τό άναδειχθήναι τήν άρετήν αύτών εις πολλών ώφέλειαν ή διά τό πληθυνθήναι παρά τού Θεού μισθόν αύτών. Περί ήμών δέ τών αθλίων πώς δυνάμεθα είπεϊν τούτο ; καθ’ έκάστην ούτως άμαρτάνοντες καί έκδικούντες τά πάθη ήμών άφήκαμεν τήν εύθεϊαν 1. Cf. S. Basile : PG 32, 700 C ; S. Grégoire de Nysse : PG i l,. 368 C. 2. Dorothée, en prononçant ces paroles, pouvait penser à Dosithée qui, sur son lit de mort, avait désiré des œufs et s’en était privé volontairement. Cf. Dos. 9, p. 1.36. INSTRUCTIONS, VH, § 84 297 tempérament de chacun (cf. Sag. 16, 21)1. Si donc quelqu’un a besoin d'un œuf et ne reçoit qu’un légume, qu’il dise à sa pensée : a Si l'œuf m’était utile, Dieu me l’aurait certainement envoyé. D’ailleurs, il est possible que ce légume soit pour moi comme un œuf2, n Et j’ai confiance en Dieu que cela lui sera compté comme martyre. Car s’il est vraiment digne d’être exaucé, Dieu déterminera le cœur des Sarrasins à exercer la miséricorde à son égard selon ses besoins. Mais s’il n’en est pas digne ou que cela ne lui soit pas utile, il n’aura pas satisfaction, quand bien même ferait-il un ciel nouveau et une terre nouvelle8. Il est vrai qu’on trouve parfois au-delà de ses besoins et parfois en-deçà. Puisque Dieu, dans sa miséricorde, fournit à chacun ce qui lui est nécessaire, s’il donne à quelqu’un du superflu, c’est pour lui montrer l’excès de sa tendresse et lui apprendre l’action de grâces. Quand au contraire il ne lui donne pas le nécessaire, il supplée par sa parole à la chose dont il a besoin et lui enseigne la patience. Ainsi pour tout, nous devons regarder en haut, que nous recevions du bien ou du mal, et rendre grâces pour tout ce qui survient, sans jamais cesser de nous accuser nous-mêmes et de dire avec les Pères : σ S’il nous arrive du bien, c’est par une disposition de Dieu ; s’il nous arrive du mal, c’est h cause de nos péchés3 4. » Oui, vraiment, toutes nos souffrances viennent de nos péchés. Les saints, eux, quand ils souffrent, souffrent pour le nom de Dieu ou pour la manifestation de leur vertu au profit d’un grand nombre, ou pour 1’accroissement de la récompense qui leur viendra de Dieu. Mais comment pourrions-nous en dire autant de nous, misérables? Chaque jour nous pêchons et suivons nos passions ; nous avons quitté la voie droite que les Pères ont indiquée et 3. Cf. Apopht. Pœmen 48 : PG 65, 333. 4. Apophl. Sisoés 34 : PG 65, 404 B. 10—1 298 ŒUVRES SPIRITUELLES ό8ον ήν είπον οί Πατέρες, τδ μέμφεσθαι έαυτούς · καί δδεύομεν τήν στρεβλήν δδδν μεμφόμενοι τδν πλησίον, καί 45 έκαστος ήμών σπουδάζει έν παντί πράγματι βαλεϊν τήν αιτίαν κατά του άδελφοΰ αύτοΰ καί ρίψαι κατ’ αύτοΰ τδ βάρος. "Εκαστος αμελεί καί ούδέν φυλάττει, καί τδν πλη­ σίον άπαιτοΰμεν τάς έντολάς. 170-1 a 5 10 Β 15 20 25 85. ΤΗλθον εγγύς μού ποτέ δύο άδελφοί θλιβόμενοι πρδς άλλήλους ' καί έλεγεν δ μείζων περί τοΰ μικρότερου δτι ' Επιτάσσω αύτώ πράγμα, καί θλίβεται καί θλίβομαι κάγώ ένθυμούμενος δτι εί είχε πίστιν και άγάπην πρδς με, έδέχετο άν τά παρ’ έμοΰ μετά πληροφορίας. "Ελεγε δέ καί ό μικρό­ τερος * Συγχώρησον, κΰρι, δτι τάχα ού λέγει μοι μετά φόβου Θεοΰ, άλλ’ ώς θέλων κελεΰσαί μοι, καί νομίζω δτι διά τοΰτο ού πληροφορείται ή καρδία μου, ώς λέγουσιν οί Πατέρες. Θέτε τδν νουν ύμών πώς οί δύο άλλήλους έμέμψαντο, καί ούδείς αύτών έμέμψατο εαυτόν. "Αλλοι δύο θλιβέντες πάλιν πρδς άλλήλους καί βάλλοντες άλλήλοις μετάνοιαν έμειναν άπληροφόρητοι ' καί ό μέν εις έλεγεν δτι · Ούκ άπδ καρδίας έβαλέ μοι μετάνοιαν, καί διά τοΰτο ούκ έπληροφορήθην · ούτως γάρ εϊπον οί Πατέρες. '0 δέ άλλος έλεγεν δτι ' Επειδή ούκ ήν κατηρτισμένος είς άγάπην πρδς εμέ πρίν έγώ μετανοήσω αύτώ, διά τοΰτο ούδέ εγώ έπληρο­ φορήθην. Βλέπεις χλεύην, κΰρι ; βλέπεις διαστροφήν λογισμού ; Ό Θεός οϊδεν, εκπλήττομαι δτι καί τάς χρήσεις τάς τών Πατέρων λαμβάνομεν πρδς τά θελήματα ήμών τά πονηρά καί άπώλειαν τών ψυχών ήμών. Δέον έκαστον αύτών βαλεϊν επάνω αύτοΰ τήν μέμψιν, καί τδν μέν είπεϊν δτι ’ Ούκ άπδ καρδίας εβαλον μετάνοιαν τώ άδελφώ μου, καί διά τοΰτο ούκ έπλ,ηροφόρησεν αύτδν ο Θεός * τδν δέ άλλον είπεϊν δτι ’ Έγώ ούκ ή μην κατηρτισμένος έν άγάπη πρδς τδν άδελφόν μου πρδ τοΰ αύτδν μετανοήσαί μοι, καί διά τοΰτο ούκ έπληροφόρησεν αύτδν ό Θεός. ’Ομοίως έδει 85. 5 fiv om. ADEHMI. INSTRUCTIONS, VU, § 81-85 299 qui consiste à s’accuser soi-même, pour suivre la voie tortueuse où l’on accuse le prochain1. Chacun de nous, en toute circonstance, s’empresse de rejeter la faute sur son frère et de lui imputer la charge. Chacun vit dans la négligence, sans se soucier de rien, et nous demandons compte au prochain des commandements ! 85. Deux frères fâchés l’un contre l’autre vinrent un jour me trouver. Le plus âgé disait du plus jeune : « Quand je lui donne un ordre, il en a de la peine, et moi aussi, car je pense que s'il avait de la confiance et de la charité pour moi, il recevrait de bon cœur ce que je lui dis. » Et le plus jeune disait à son tour : a Que ta Révérence me pardonne : sans doute ne me parle-t-il pas avec crainte de Dieu, mais avec la volonté de me commander, et c’est pour cela, je pense, que mon cœur n’a pas confiance, selon le mot des Pères1 2. » Remarquez comment ces deux frères s’accusaient réciproquement, sans que ni l’un ni l’autre ne s’accusât lui-même. Deux autres encore, irrités l’un contre l’autre, se faisaient métanie, mais demeuraient en défiance. Le premier disait : « Ce n’est pas de bon cœur qu’il m’a fait métanie, c’est pour cela que je n’ai pas eu confiance, scion le mot des Pères. » Et l’autre reprenait : α II n’avait pour moi aucune disposition de charité avant que je lui fisse mes excuses ; aussi n’ai-je pas eu confiance, moi non plus. » Quelle illusion, mes Révérends ! Voyez-vous la perversion d’esprit? Dieu sait comme je suis effrayé de voir que nous prenons même les paroles des Pères pour servir nos volontés mauvaises et perdre nos âmes. Il fallait que chacun rejetât le blâme sur soi. L’un devait dire : «Ce n’est pas de bon cœur que j’ai fait métanie à mon frère. C’est pourquoi Dieu ne l’a pas mis en confiance. » Et l’autre : « Je n’avais aucune disposition de charité à son égard avant sa métanie. Aussi Dieu ne l’a-t-il pas 1. Cf. Zosimr : PG 78, 1688-1689. 2. Apophl. Pœmcn 80 : PG 65, 311 C. Cf. PE I, 21, p. 71-72. 300 ŒUVRES SPIRITUELLES C καί τούς άλλους ποιήσαι, τούς πρό τούτων · ο γάρ πρώτος ώφειλεν είπεϊν οτι ' Έγώ μετά αύθαδείας λαλώ, καί διά τούτο ού πληροφορεί ό Θεός τόν άδελφόν μου. Καί ό άλλος 30 ώφειλε λογίσασθαι ότι · Ό αδελφός μου μετά ταπεινώσεως καί αγάπης έπιτάσσει μοι, άλλ’ έγώ εΐμι άνυπότακτος καί ό μή ίχων φόβον Θεού. Άλλ* ούδείς αύτών εδρε τήν οδόν καί έμέμψατο έαυτόν · άλλ’ έκαστος τον πλησίον αύτού έβάρησεν. 5 D 10 15 1705 Λ 20 86. *Ίδε, διά τούτο ούχ εύρίσκομεν προκόψαι, διά τούτο ούχ εύρίσκομεν ώφεληθήναι είς τί ποτέ, άλλα μένομεν όλον τόν χρόνον ήμών σηπόμενοι έκ τών λογισμών ημών κατ’ άλλήλων και συντρίοοντες εαυτούς. Έπειδή έκαστος έαυτόν δίκαιοι ’ έκαστος άφίησιν έαυτόν, ώς προεϊπον, μηδέν φυλάττοντα, καί έκ τού πλησίον άπαιτούμεν τάς έντολάς. Διά τούτο ούτε συνετιζόμεΟα είς τό άγαθόν, οτι μικρόν τί ποτέ έάν φο>τισΟώμεν, εύθέως έκ τού πλησίον άπαιτούμεν αύτό, μεμφόμενοι αύτόν καί λέγοντες ότι · ’Οφείλει τόδε ποιήσαι, καί διά τί τοιώσδε ούκ έποίησε ; Διά τί μή μάλλον εαυτούς άπαιτούμεν τάς έντολάς καί έαυτούς μεμφόμεθα ώς μή φυλάττοντες ; Πού ό γέρων εκείνος ό έρωτηθείς · Τί πλέον εύρες έν τή όδω ταύτη, Πάτερ ; καί άποκρίθείς καί είπών τό Έν παντί έαυτόν μέμφεσθαι, δπερ καί ό έρωτήσας έπήνεσε. Καί λέγει αύτώ ' Άλλη οδός ούκ έστι πλήν ταύτης. ’Ομοίως καί ό άββάς Ποιμήν είπεν μετά στεναγμού δτι ’ Πάσαι αί άρεταί είς τόν οίκον τούτον είσήλΟον παρά μίαν αρετήν, και εκτός αύτής κόπω ίσταται ό άνθρωπος ' καί ήρώτησαν αύτόν ποία έστιν αύτη, καί λέγει · 'Ίνα ό άνθρωπος μέμψηται έαυτόν. Είπε δέ καί ό άγιος Αντώνιος ότι αύτη έστιν ή μεγάλη εργασία τού άνΟρώπου, ίνα τό σφάλμα αύτού έπάνω αύτού βάλη ενώπιον τού Θεού καί προσδοκήση πειρασμόν 86. 7 δτι : ότι καν ADEMI || 8 έάν οπι. ADMi. 1. ΑρορΜ. Théophile 1 : PG 65, 197 CD. 2. ΑρορΜ. Pœincn 134 : PG 65, 356 B. IX ST Η υ CTI ON S, vil, § 85-80 301 mis en confiance. » Il aurait fallu que les deux premiers fissent de même. L’un aurait dû dire : « Je parle avec suffisance ; c'est pourquoi Dieu ne donne pas la confiance à mon frère. » Et l’autre : « Mon frère me donne des ordres avec humilité et charité, mais moi je suis indocile et n’ai pas la crainte de Dieu. » En fait, aucun d’eux n’a trouvé la voie et ne s’est blâmé lui-même. Chacun au contraire a chargé son prochain. 86. Voyez, c’est pour cette raison que nous n’arrivons pas à progresser, à être tant soit peu utiles, et que nous passons tout notre temps à nous corrompre par les pensées que nous avons les uns contre les autres, et à nous tour­ menter nous-mêmes. Chacun se justifie, chacun se. néglige, comme je l'ai dit, sans rien observer, et nous demandons compte au prochain des commandements. C’est pour cela que nous ne nous habituons pas au bien : pour peu que nous recevions quelque lumière, nous en demandons compte aussitôt au prochain, et nous le blâmons en disant : ο II devrait faire ceci, et pourquoi n’a-l-il pas agi ainsi?» Pourquoi ne pas plutôt nous demander compte ά nousmêmes des commandements, et nous blâmer de ne pas les observer? Où est ce saint vieillard à qui on demandait : « Que trouves-tu de plus grand dans cette voie, Père?» Ayant répondu : « Se blâmer soi-même en tout », il fut loué par celui qui l’avait interrogé, et il ajouta : « Il n’y a pas d’autre voie que celle-là1. » De même l'abbé Pœinen disait avec un gémissement : « Toutes les vertus sont entrées dans cette maison sauf une seule, et sans elle l’homme a de la peine à se maintenir debout. » Comme on lui demandait quelle était cette vertu, il répondit : « Se blâmer soimême2. » Saint Antoine disait aussi que la grande affaire de l’homme était de rejeter sa faute sur soi devant Dieu, et de s’attendre à la tentation jusqu’à son dernier souffle8. 3. Apophl. Antoine 1 : PG 65, 77 A. Cf. Pœmen 125 : P G 65, 353. 302 ŒUVRES SPIRITUELLES έως έσχάτης αναπνοής. Και πανταχού εύρίσκομεν οτι οί 25 Πατέρες τούτο φυλάξαντες και άνάγοντες πάντα έπί τόν Θεόν έως καί των λεπτών άνεπάησαν. Β 5 ίο 15 C 20 5 87. Οϊος ήν ό άγιος γέρων έκεΐνος δτε ήσθένησε, καί έβκλεν ό άδελφός εις τό βρώμα αύτού αντί τού μέλιτος τό ελαιον τό άπό τού λινοσπέρμου ’ έστι δέ πανολέΟριον · καί όμως ό γέρων ούδέν εϊπεν, άλλά έφαγε σιωπών τό πρώτον λακέντην καί τό δεύτερον τα ποιήσαντα τήν χρείαν αύτού, μή μεμψάμενος τόν άδελφόν έν έαυτω, λέγων ότι κατεφρόνησεν. Καί ού μόνον τούτο ούκ εϊπεν, άλλ’ ούδέ λόγω έλύπησεν αύτόν. ‘Ότε δέ έ'μαθεν ό άδελφός τό τί έποίησε, ήρξατο θλίβεσθαι λέγων · Έφόνευσά σε, άδβα, καί σύ τήν αμαρτίαν έθηκας έπ’ εμέ, ότι έσιώπησας. Πώς μετά πραότητος άπεκρίθη αύτω λέγων · Μή θλιβής, τέκνον · εί ήθελέ με ό Θεός φαγεΐν μέλι, μέλι είχες βαλεΐν ’ καί εύθύς άνήγαγε τό πράγμα έπί τόν Θεόν. Τί έχει πράγμα ό Θεός, καλόγηρε ; ό αδελφός έσφάλη καί λέγεις ’ Et ήθελεν ό Θεός τί πρός τό πράγμα ; Καί λέγει’ Ναί ’ εί ήθελεν ό Θεός ίνα μέλι φάγω, μέλι είχε βαλεΐν ό άδελφός. Καί τούτο, ότι τοσαύτην άσθένειαν εϊχεν ό γέρων, τοσαύτας ημέρας μή δυνάμενος δέξασΟαι τροφήν, καί όμως ούκ έθλίόη πρός τόν άδελφόν, άλλ’ άνήγαγε τό πράγμα έπί τόν Θεόν καί άνεπάη · και καλιάς έλεγεν ό γέρων ’ ήδει γάρ ότι εί ήθελεν αύτόν ό Θεός ίνα μέλι φάγη, καί τό όζόμενον ελαιον μετέτρεπεν είς μέλι. 88. ’Ημείς δέ έν έκάστω πράγματι κατά τοΰ πλησίον έρχόμεθα έγκαλούντες, μεμφόμενοι ώς καταφρονοΰντα καί παρά συνείδησιν ποιούντα ’ καν ρήμα άκούσωμεν, ευθέως διαστρέφομεν αύτό λέγοντες ’ Εί μή ήθελε πλήξαί με, ούκ έλεγε. Πού ό άγιος έκεΐνος ό είπών περί τοΰ Σεμεεί 87. 14 έσφάλη : ίλαΟε ADEGPMi. INSTRUCTIONS, VII, § 86-88 303 Partout nous trouvons que les Pères, en observant cette règle et en rapportant tout à Dieu, même les petites choses, ont trouvé le repos. 87. Ainsi sc comporta ce saint vieillard qui était malade et dont le disciple mit dans la nourriture au lieu de miel de l’huile de lin, ce qui est très nocif1. Le vieillard pourtant ne dit rien, il mangea en silence une première et une deuxième portion, ce qu’il lui fallait, sans blâmer son frère intérieurement en se disant qu’il avait agi par mépris, sans dire non plus un seul mot qui pût l’attrister. Quand le frère s’aperçut de ce qu’il avait fait, il commença à s’affliger et à dire : « Je t’ai donné la mort, abbé, et c’est toi qui m’as fait commettre ce péché par ton silence. » Mais avec douceur le vieillard répondit : « Ne t’afflige pas, mon enfant, si Dieu avait voulu que je mange du miel, c’est du miel que tu aurais mis. » Et ainsi, il rapporta tout aussitôt la chose à Dieu. Mais, bon vieillard, que vient faire Dieu en cette affaire? Le frère s’est trompé, et tu dis : « Si Dieu avait voulu... » Quel est le rapport? « Oui, dit le vieillard, si Dieu avait voulu que je mange du miel, le frère aurait mis du miel. » Il était si malade, ayant passé tant de jours sans pouvoir prendre de nourriture, et néanmoins, il ne sc fâcha pas contre le frère, mais, rapportant la chose à Dieu, il demeura en repos. 11 a bien parlé, le vieillard, car il savait que, si Dieu avait voulu qu’il mangeât du miel, il eût transformé en miel même cette huile infecte. 88. Quant à nous, frères, c’est en toute occasion que nous nous portons contre le prochain, l’accablant de reproches et l’accusant d'avoir du mépris et d’agir contre sa conscience. Entendons-nous un mot? Aussitôt nous le tournons en mauvaise part et disons : « S’il n’avait pas voulu me blesser, il ne l’aurait pas dit. » Où est ce 1. Apophl. Nau 151 : ROC 1908, p. 51. Cf. PE II, 23, p. 67; PL 73, 871. 301 D 10 15 20 1708 Λ 25 30 ŒUVRES SPIRITUELLES "Αφετε αύτόν καταράσασθαι, ότι Κύριος είπεν αύτφ κατα­ ράσασθαι τδν Δαβίδ ; ΆνδρΙ φονει έλάλει ό Θεός ίνα καταράσηται τδν Προφήτην. Πώς ούν ό Θεός είπεν αύτω ; ’Αλλά δ Προφήτης, ώς έχων γνώσιν και είδώς οτι ούδέν ούτως τδ έλεος του Θεού έπί τήν ψυχήν φέρει ώς οί πειρασμοί, καί μάλιστα έν καιρώ θλίψεως καί περιστάσεως προσ­ τιθέμενοι, έλεγεν ’ "Αφετε αύτδν καταράσασθαι τδν Δαβίδ, βτι Κύριος είπεν αύτφ. Διά τί ; Εί πως ϊδοι Κύριος τήν ταπείνωσίν μου καί επιστρέφει μοι αγαθά άντί της κατάρας αύτού. ‘Ορας πώς έν γνώσει έποίει δ προφήτης ; 'Όθεν και διεπονεΐτο πρδς τούς θέλοντας άμύνασθαι τδν καταρώμενον λέγων · Τί έμοί καί ύμΐν, υιοί Σαρούϊας. "Αφετε αύτδν καταράσθαι, δτι Κύριος είπεν αύτω. ‘Ημείς δέ ούκ άνεχόμεθα είπεΐν περί αδελφού ημών δτι ' Κύριος είπεν αύτω · άλλ’ έάν άκούσωμεν ρήμα, εύΟέως τδ τού κυνδς πάσχομεν. ‘Ρίπτει τις κατ’ αύτού λίθον, καί άφίει τδν ^ίψαντα καί απέρχεται δάκνει τδν λίθον. Ούτως καί ήμεϊς ποιοΰμεν, άφίεμεν τδν Θεδν τδν συγχωρούντα έπενεχθηναι ήμΐν τάς έπιφοράς πρδς κάθαρσιν τών άμαρτιών ημών, καί χωρούμεν κατά τού πλησίον λέγοντες ’ Διά τί είπέ μοι ; καί διά τί έποίησέ μοι ; Καί δυνάμενοι έκ τών τοιούτων μεγάλως ώφεληθήναι, τδ έναντίον έπιβουλεύομεν εαυτούς, άγνοούντες δτι πάντα προνοίφ Θεού γίνεται πρδς τδ συμφέρον εκάστω. Ό Θεδς συνετήση ημάς εύχαΐς αγίων. ’Αμήν. 1. L’image est empruntée t\ saint Rasili: : Hom. ado. iralos{PG 31, 308-369). INSTRUCTIONS, VII, § 88 305 saint qui disait au sujet de Séméi : « Laissez-le maudire, puisque le Seigneur lui a dit de inaudire David» (/Z Sam. 16, 10). Dieu commandait-il à un meurtrier de maudire le prophète? Comment Dieu le lui aurait-il dit? Mais dans sa sagesse, le prophète savait bien que rien n’altire autant la miséricorde de Dieu sur l’âme que les tentations, surtout celles qui surviennent dans les temps d’accablement et de persécution. Aussi répond-il : « Laissez-Ic maudire David, parce que le Seigneur le lui a dit. » Et pour quel motif? « Peut-être le Seigneur regardera-t-il mon humiliation et. changera-t-il pour moi en biens sa malédiction. » Voyez comme le prophète agissait avec science. Il se fâchait contre ceux qui voulaient châtier Séméi qui le maudissait : * Qu’y a-t-il de commun entre vous et moi, fils de Sarouïa, disait-il, laissez-le maudire, puisque le Seigneur le lui a dit. » Nous autres, nous nous gardons bien de dire au sujet de notre frère : « Le Seigneur le lui a dit », mais à peine avons-nous entendu un mot de lui, que nous avons la réaction du chien auquel on jette une pierre : il laisse celui qui l’a lancée et va mordre la pierre1. Ainsi faisonsnous : nous abandonnons Dieu qui permet que les épreuves nous assaillent pour la purification de nos péchés, et nous courons sus au prochain, en disant : « Pourquoi m’a-t-il dit ceci? Pourquoi rn’a-t-il fait cela?» Alors que nous pourrions tirer grand profit de ccs souffrances, nous nous tendons des embûches, en ne reconnaissant pas que tout arrive par la Providence de Dieu selon ce qui convient à chacun. Que Dieu nous donne l’intelligence par les prières des saints ! Amen. H'. II EPI ΜΝΗΣΙΚΑΚΙΑΣ Β 5 10 15 C 20 89. Ό Εύάγριος είπεν δτι ’ Ξένον μοναχοϊς τδ δργίζεσθαι, όμοίως καί τδ λυπεϊν Τινα. Καί πάλιν * Et τις θυμοΰ κεκράτηκεν, ούτος δαιμόνων κεκράτηκεν * εί δέ τις τω πάθει τούτω ήττηται, παντάπασι τοΰ μοναδικού βίου έστίν άλλότριος, καί τά έξης. Τί ούν όφείλομεν ήμεϊς είπεϊν περί εαυτών, μηδέ μέχρι θυμου καί ύργης ίσταμένων, άλλα καί εις μνησικακίαν εαυτούς έσθ* οτε συνελαυνόντων ; Τί άλλο, εί μή πενθήσαι τήν τοιαύτην ημών ελεεινήν καί άπάνθρωπον κατάστασιν ; Νήψωμεν ούν, άδελφοί, καί βοηθήσωμεν έαυτοϊς μετά Θεόν, ίνα δυσθώμεν άπδ της πικρίας τούτου του δλεθρίου πάθους. Έστι γάρ δτε βάλλει τις μετάνοιαν τω άδελφω αύτοΰ, ταραχής, ώς είκός, ή Ολίψεως μεταξύ αύτών έμπεσούσης, και μένει καί μετά τήν μετάνοιαν λυπούμενος καί έχων λογισμούς κατ’ αύτοΰ. Ούκ όφείλει ό τοιοΰτος καταφρόνησα·., άλλα, κόψαι αύτούς ταχέως. Μνησικακία γάρ έστι, καί χρεία νήψεως πολλής, ώς ε'ίπον, χρεία μετάνοιας, χρεία άγώνος, (να μή χρονίση έν τοΰτοις καί κινδυνεύση. Βαλών γάρ με­ τάνοιαν ώς διά τήν εντολήν έβαλε, καί τήν μέν όργήν προς τδ παρδν έθεράπευσε, πρδς δέ τήν μνησικακίαν οΰπω ήγωνίσατο ’ καί διά τοΰτο έμεινεν έχων τήν λύπην κατά Mes : ADEGHPTVMI 89. I '0 Εύάγριος εϊτζεν : 01 πατέρες εϊπον ADEGHMÎ Εϊπέν τις τών γερόντων Ρ || 17 χρεία μετάνοιας, χρεία άγώνος om. ADGMi. 1. Apopht. de Mncaire cité par Zosimc dans PE II, 35, p. 112. VIH. DE LA RANCUNE 89. Évàgre a dit : « C'est chose étrangère aux moines que de se mettre en colère et de contrister quelqu’un1. » Et encore : « Quiconque a triomphe de la colère, a triomphé des démons. Celui qui est au contraire sous l’emprise de cette passion est absolument étranger à la vie monas­ tique2 », etc. Que dire alors de nous-mêmes qui, sans nous en tenir à l’irritation et à la colère, nous portons parfois jusqu’à la rancune? Que faire, sinon déplorer notre état si pitoyable et indigne de l’homme? Soyons donc vigilants, frères, aidons-nous nous-mêmes après Dieu, pour nous préserver de l’amertume de cette funeste passion. Parfois en effet, quelqu’un fait métanic à son frère poul­ ie trouble ou le froissement qui a dû se produire entre eux, mais même après la métanic il demeure fâché et garde des pensées contre ce frère. Celui-là ne doit pas tenir pour rien ces pensées, mais les retrancher aussitôt. Car c’est de la rancune, et pour ne pas se mettre en péril en s’y attardant, il faut, comme je l’ai dit, beaucoup de vigilance, il faut la métanie, il faut le combat. En faisant une métanie simplement pour s’acquitter du précepte, on a bien guéri la colère pour le moment, mais on n’a pas encore lutté contre la rancune ; aussi gardc-t>on de l’humeur On le trouve aussi en copte dans les Vérins de saint Macaire, AM G, t. 25, p. 171-172. 2. Pseuüo-Nil (Évaorb), De malignis cogitationibus XIV : PG 79, 121 fi BC. Cf. Barsanupub, Lettre 489 : « Lu colère est la pire de toutes les passions. » 308 ŒUVRES SPIRITUELLES του αδελφού. "Αλλο γάρ έστι μνησικακία καί άλλο οργή καί άλλο θυμός καί άλλο ταραχή. D 5 10 15 1709 A 20 25 90. Καί λέγω ύμΐν υπόδειγμα, ίνα νοήσητε. Ό άνάπτων ίστίαν πρώτον μέν έχει μικράν άνθρακιάν, οπερ έστί £ήμα άδελφού θλίψαντος ' ιδού ακμήν μικρά άνθρακιά έστι ’ τί γάρ έστι τό ρήμα τοϋ άδελφού σου ; Έάν βαστάσης αύτό, έσοεσας τήν άνθρακιάν. Εί δέ μείνης λογιζόμενος δτι ’ Διά τί είπέ μοι ; καί έχω είπεϊν αύτώ * και ει μή ήθελε Ολίψαι με, ούκ έλεγε · καί πίστευσον έχω κάγώ θλίψαι αύτόν. Ιδού έβαλες μικρά ξυλάρια ή et τι δήποτε, ώσπερ ό άνάπτων, καί έποίησας καπνόν, οπερ έστίν ή ταραχή. Ταραχή δέ έστιν αύτη ή κίνησις καί συμβολή τών λογισμών, ήτις διεγείρει καί θρασύνει τήν καρδίαν. Θρασύτης δέ έστιν ή άνταποδοτική έγερσις κατά τού λυπήσαντος, ήτις καί τολμηρία γίνεται, ώς ε'ίπεν ό άββας Μάρκος · Κακία έν λογισμοϊς μελετωμένη θρασύνει καρδίαν, άναιρουμένη δέ διά προσευχής καί έλπίδος συντρίβει αύτήν. Εί γάρ έβάστασας τό μικρόν £ήμα του αδελφού σου, είχες σοέσαι, ώς είπον, καί αύτήν τήν μικράν άνθρακιάν, πριν γένηται ή ταραχή. "Ομως καί ταύτην έάν θέλης, δύνασαι εύχερώς σοέσαι, ώς έστι ταχύ, διά σιωπής, διά προσευχής, διά μιας μετάνοιας άπό καρδίας · έάν δέ μείνης καπνίζων, οίονεί Ορασύνων καί διεγείρων τήν καρδίαν σου διά τού ένθυμηθήναι · Διά τί εϊπέ μοι ; καί έχω είπεϊν αύτώ ' εξ αυτής, ώς άν τις είποι, τής συμβολής καί τοΰ συγκρουσμοΰ τών λογισμών, έκτριβομένης οίονεί καί περιθερμαινομένης τής καρδίας, γίνεται έξαψις τού θυμού. Θυμός γάρ έστι ζέσις τού περι­ καρδίου αίματος, ώς λέγει ό άγιος Βασίλειος. ’Ιδού γέγονε 90. 5 δπ : Καί ADEPMI δτι’ΚαΙ G oui. II. 1. Sur la différence entre θυμός et όργή, ci. S. Basile : 7’G 31, 369. Cassten, Conf. V, il (SC 42, p. 201). 2. Marc L’Ermite, De lege spirit. 14 : PG 65, 908 A. 3. S. Basile, In Isaiam: PG 30, 424 A (ci. PG 31, 356 C). Cf. S. Grégoire de Naz. : PG 37, 948. S. Grèg. de Nysse : PG 44, INSTRUCTIONS, VIH, § 89-90 309 contre son frère. Car autre chose est la rancune, autre chose la colère, autre chose l'irritation1 et autre chose le trouble. 90. Je vous donne un exemple qui vous fera comprendre : Quelqu’un allume un feu, il n’a d’abord qu’un petit charbon. Celui-ci représente la parole du frère qui vous offense. Voyez, ce n’est encore qu’un petit charbon, car qu’cst-cc qu’un simple mot de votre frère? Si vous le supportez, vous éteignez le charbon. Si au contraire vous vous arrêtez à penser : «Pourquoi m’a-t-il dit cela? J’ai de quoi lui répondre ! S’il n'avait pas voulu m'offenser, il ne m’aurait pas parlé de la sorte. Qu’on sache bien que je peux, moi aussi, lui faire du mai ! » Comme celui qui allume le feu, vous jetez là des brindilles ou n’importe quoi, et vous faites de la fumée, ce qui est le trouble. Car le trouble n’est pas autre chose que le mouvement, l’afflux des pensées qui excite et exalte le cœur. Et c’est cette exaltation, nommée aussi lolmêria, qui pousse à se venger de l’offenseur. Selon la parole de l'abbé Marc, « la malice entretenue dans les pensées exalte le cœur ; mais dissipée par la prière et l’espérance, elle le brise2 ». En supportant le simple mot de votre frère, vous pouviez donc, je vous le disais, éteindre le petit charbon, avant que n’apparaisse le trouble. Mais même ce trouble, vous pouvez encore l’apaiser facilement, lorsqu’il vient de se produire, par le silence, par la prière, par une seule métanic qui vienne du cœur. Si, au contraire, vous continuez à faire de la fumée, c’csL-à-dire à exalter et à exciter votre cœur en pensant : « Pourquoi m’a-t-il dit cela? Moi aussi, je peux lui en dire ! », l’afflux et le choc des pensées, pourrait-on dire, travaillant et échauffant le cœur, provoquent la flamme de l’irritation. Celle-ci n’est autre, selon saint Basile, que l’ébullition du sang autour du cœur3. Voilà donc l'irritation, qu’on appelle aussi 160 D et 1161 C ; PG 16, 56 A. Évac.rf. : PG 40, 1*273 A. Voir aussi PG 88, 836 D. 310 ŒUVRES SPIRITUELLES θυμός, αύτη έστιν ήν λέγουσιν όξυχολίαν. ’Εάν οδν Οέλης, δύνασαι σδέσαι καί αυτόν, πριν γένηται οργή ' εί δέ μείνης ταράσσων καί ταρασσόμενος, εύρίσκη ώς ό βαλών ξύλα είς 30 τήν ίστίαν καί πλεϊον έκκαίων τό πυρ, καί ούτως λοιπόν γίνονται άνθρακες, οπερ έστιν ή ύργή. Β 5 10 C 15 20 25 91. Και τούτό έστιν δ έλεγεν ό άβοας Ζωσιμας οτε ήρωτήθη τί έστι τό ρητόν τό λέγον * 'Όπου ούκ έστι θυμός, ήσυχάζει μάχη. Έάν γάρ έν τη αρχή της ταραχής, ότε άρξηται, ώς εϊπομεν, καπνίζειν καί ποιείν σπινθήράς τινας, προλαδών τις μέμψηται έαυτόν καί βάλη μετάνοιαν πριν έξαφθη καί γένηται θυμός, ειρηνεύει. Πάλιν μεθ’ δ γένηται θυμός έάν μή ήσυχάση, άλλα μένη ταρασσόμενος καί θρασυνόμενος, εύρίσκεται, ώς εϊπομεν, όμοιος τω χορηγούντι ξύλα τω πυρί, καί μένει καίων έως ού ποιήσει μεγάλους άνθρακας. "Ωσπερ ούν οί άνθρακες γίνονται κάρβωνες καί άποτίθενται και ποιοΰσι πόσα έτη μή φθειρόμενοι, καί ούδέ έάν βάλλη τις είς αύτούς ύδωρ, σηπονται * ούτως καί ή οργή έάν χρονίση, γίνεται μνησικακία, καί λοιπόν έάν μή στάξη τις το αίμα αύτου, ούκ άπαλλάσσεται αυτής. ’Ιδού εϊπον ύμΐν τήν διαφοράν, έννοήσατε · ιδού ήκούσατε τί έστιν ή πρώτη ταραχή καί τί ό θυμός καί τί ή οργή καί τί ή [ίντρΜπάα.. Βλέπετε πώς από ενός ρήματος είς τοσούτον κακόν έφθασεν ; Εί γάρ έξ αρχής έδαλεν έπάνω έαυτοΰ τήν μ.έμψιν καί έυάστασε τό ρήμα τού αδελφού αύτου καί μή ήθέλησεν έκδικήσαι έαυτόν καί άντί ενός λόγου είπεϊν δύο ή καί πέντε λόγους, καί άποδούναι κακόν άντι κακού, εϊχεν έξηλήσαι άπό όλων των κακών τούτων. Διά τούτο άεί λέγω ύμΐν · ώς είσί νεαρά τά πάθη, έκκόψατε αύτά πριν στερεωθώσι καθ’ ύμών καί μέλλετε ταλαιπωρεϊν. Άλλο γάρ έστι τό άνασπάσαι μικράν βοτάνην καί άλλο τό έκριζώσαι μέγα δένδρον. 91. 20 έκδιχήσαι : έπεκδικήσαχ EGP άπεκδικήσα». Mi. 1. Cette parole ne se trouve pas dons les Alloquia de Zosixe publiés duns PG 78, mois elle est donnée dans PE il, 35, p. 11 J. INSTRUCTIONS, VIII, § 90-91 311 oxucholia. Si vous voulez, vous pouvez l'éteindre encore, avant qu'elle ne devienne colère. Mais si vous continuez à vous troubler et à troubler les autres, vous faites comme celui qui jette des morceaux de bois dans le foyer et active le feu : c'est alors qu’ils deviennent des charbons. C’est la colère. 91. C’est aussi ce que disait l’abbé Zosime, quand on lui demandait d’expliquer la sentence : a Où il n’y a point d’irritation, il n’y a point de combat1, d Si en effet à l’origine du trouble, dès qu'apparaissent la fumée et les étincelles, on prend les devants en s’accusant soi-même et en faisant une métanie, avant que ne jaillisse la flamme de l’irritation, on reste en paix. Mais si, l’irritation une fois provoquée, on ne sc calme pas, et qu’on persiste dans le trouble et l’exaltation, on ressemble à celui qui fournit du bois au feu et continue de le faire brûler, jusqu’à ce qu’il devienne de belles braises. Et de même que les braises devenues charbons et mises de côté, subsistent des années sans pourrir, même si on jette de l’eau dessus, ainsi la colère qui sc prolonge, devient de la rancune, et dès lors on n’en sera délivré qu’en versant son sang. Je vous ai dit la différence (de ces quatre degrés), comprenez-la bien. Vous savez maintenant ce qu’est le premier trouble, ce qu’est l'irritation, ce qu’est la colère et ce qu’est la rancune. Voyez-vous comment d’une seule parole on parvient à un si grand mal. Si dès le début on avait jeté le blâme sur soi, si on avait supporté patiemment la parole de son frère, sans vouloir sc venger, ni repondre deux ou même cinq paroles pour une seule, et rendre le mal pour le mal, on aurait pu échapper à tous ces maux. Aussi, je ne cesse de vous le dire, arrachez vos passions tant qu’elles sont jeunes, avant qu’elles ne se soient fortifiées en vous et que vous n’ayez à peiner. Car autre chose est d’arracher une petite plante, autre chose de déraciner un grand arbre. 31« D 5 1712 Λ 10 15 20 μ 25 30 ŒUVRES SPIRITUELLES 92. Ού ξενίζομαι άλλο ή οτι οΰτε οϊδαμ,εν τί ψάλλομεν · καθ’ έκάστην ψάλλομεν και καταρώμεΟα έαυτούς καί ού συνιοΰμεν. Ούκ οφείλομεν είδέναι τί ψάλλομεν ; 'Ότι άεί λέγομεν ‘ El άνταπέδωκα τοΐς άνταποδιδοΰσί μοι κακά, άποπέση μοι άρα άπό τών εχθρών μου κενός. Τί έστι, άποπέση μοι ; Έν οσω τις ϊσταται, έχει δύναμιν άντιστήναι τω έχΟρώ αύτού, δέρει, δέρεται, νικά, ήττάται ' άκμήν γάρ ϊσταται. Έάν δέ φθάση πεσειν, πώς ετι δύναταί χαμαί κείμενος παλαΐσαι πρός τον εχθρόν αύτοΰ ; Και κατευχόμεΟα εαυτών μή μόνον πεσειν άπό τών εχθρών ήμών, άλλ? ίνα και κενοί πέσωμεν. Τί δέ έστι τό πεσειν τινα κενόν άπό τών εχθρών αύτού ; Εϊπομεν οτι τό πεσειν έστι τό μηκέτι έχειν δύναμιν άντιστήναι. τό παρά χαμαί κεΐσθαι. Τό δέ κενόν έστι το μηδέ τί ποτέ αγαθόν έχειν, ίνα τέως καν άναστήναί τις δυνηθή. Ό γάρ άνιστάμενος δύναταί πάλιν έπιμελήσασθαι έαυτου, καί οτε δήποτε πάλιν έρχεται είς συμβολήν. Εϊτα λέγομεν ' Καταδιώξαι άρα ό εχθρός τήν ψυχήν μου και καταλάοοι ' μή μόνον καταδιώξαι, άλλά καί καταλάβοι, ινα έσμέν ύποχείριοι αύτοΰ, ίνα είς πάντα ήττώμεθα αύτώ και έν έκάστφ πράγματι καταβάλλη ήμας, εί ανταποδώσομε'/ τοΐς άνταποδιδοΰσιν ήμΐν κακά. Και ού μόνον τούτο εύχόμεθα, άλλά και καταπατήσαι είς γην τήν ζωήν ήμών. Τί έστιν ή ζωή ήμών ; Ή ζωή ήμών έστιν αι άρεταί, και εύχόμεθα καταπατηθηναι είς γην την ζωήν ήμών, ινα γένηταί τις όλος γηϊνος, 6λον τό φρόνημα αύτοΰ έχων κάτω είς τήν γην · Καί τήν δόξαν μου είς χοΰν κατασκηνώσαι. Τί δέ έστιν ή δόξα ήμών, εί μή ή γνώσις ή διά τής φυλακής τών αγίων εντολών έγγινομένη τή ψυχή ; Τούτο ούν λέγομεν, ίνα ποίηση τήν δόξαν ήμών, ώς λέγει ό * Απόστολος, έν τή αισχύνη ήμών, ίνα είς τόν 92. 21 καί om. ADEGHPMi. I. Ct-éMHNT ij’Alkx., Strom. Ill, 5, 44, éd Stiihlin, t 2, p. 216. INSTRUCTIONS, VIII, § 92 313 92. Rien ne m’étonne davantage que notre ignorance de ce que nous chantons. Chaque jour, dans la psalmodie, nous nous chargeons de malédictions, et nous n'en avons pas conscience. Ne devrions-nous pas savoir ce que nous psalmodions? Nous disons toujours : «Si j’ai fait du mal à ceux qui m’en ont fait, que je tombe anéanti devant mes ennemis ! » (Ps. 7, 5). « Que je tombe » : qu’est-ce à dire? Tant qu’on est debout, on a la force de s’opposer à son adversaire ; on donne des coups, on en reçoit ; on a le dessus, on a le dessous : on est toujours debout. Si l’on tombe au contraire, comment peut-on, à terre, lutter encore contre son adversaire? Et nous nous souhaitons à nous-mêmes non pas simplement de tomber devant nos ennemis, mais de tomber anéantis. Qu’est-ce que « tomber anéanti» devant ses ennemis? Nous avons dit que « tomber », c’est ne plus avoir la force de résister et être étendu par terre. « Tomber anéanti », c'est n’avoir plus la moindre vertu qui permette de se relever. Car celui qui se relève peut encore se remettre et revient ensuite au combat. Puis nous disons : « Que l’ennemi poursuive et saisisse mon âme » (Ps. 7, 6) : non seulement qu’il la poursuive, mais qu’il la saisisse, c'est-à-dire que nous tombions entre ses mains, que nous lui soyons asservis en tout et qu’il nous abatte en toute occasion, si nous faisons du mal à ceux qui nous en ont fait. Mais sans nous arrêter là, nous ajoutons : « Qu’il piétine à terre notre vie 1 » Qu’est-ce que «notre vie»? Ce sont nos vertus, et demander que notre vie soit piétinée à terre, c’est souhaiter devenir tout terrestre et avoir notre pensée toute fixée sur la terre. « Et qu’il réduise ma gloire en poussière ! » (Ps. 7, 6). Qu’est-ce que « notre gloire », sinon la gnose engendrée dans l'âme par l’observance des saints commandements1? Nous souhaitons donc que l’ennemi fasse de notre gloire « notre honte », comme dit Cf. fevACKE, Centuries 1, 81 ; il, 9; IV, 89; V, 35; VI, 1 (PO 28, p. 54, 64, 174, 190, 216}. 314 ŒUVRES SPIRITUELLES χούν κατασκήνωσή αύτήν καί ποιήση τήν ζωήν ήμών καί τήν δόξαν ήμών γηΐνην, ίνα μηδέν κατά Θεόν φρονώμεν, άλλα πάντα σωματικά, πάντα σαρκικά, ώσπερ εκείνοι περί 35 ών έλεγεν ό Θεός ' Ού μή καταμείνη τό πνεΰμά μου έν τοϊς άνθρώποις τούτοις διά τό είναι αύτούς σάρκας. Ιδού όλα ταύτα ψάλλοντες, εαυτούς καταρώμεθα, έάν C άποδιδώμεν κακόν άντί κακού, καί πόσα άποδιδοΰμεν κακά άντί κακών, καί ού μέλει ήμϊν, άλλα άδιαφορούμεν. 5 10 D 15 1713 Λ 20 93. Έστι δε άποδουναι κακόν άντί κακού, ού μόνον έργφ, άλλα καί λόγω καί σχήματι. Καί δοκεΐ τις £ργω μέν μή άποδιδόναι κακόν, εύρίσκεται δέ λόγω, ώς εϊπον, ή καί σχήματι άποδιδούς. Έστι γάρ ότε ποιεί τις έν σχήμα ή κίνημα ή βλέμμα, καί ταράσσει τόν άδελφόν αύτού · δύναται γάρ τις καί διά βλέμματος ή κινήματος πλήξαι τόν άδελφόν αύτού · καί έστι καί τούτο άποδουναι κακόν άντί κακού. "Αλλος σπουδάζει μήτε έργω, μήτε λόγω, μήτε σχήματι ή κινήματι άποδουναι κακόν άντί κακού · έχει δέ λύπην έν τη καρδία αύτού πρός τόν άδελφόν αύτού καί θλίβεται κατ’ αύτού. Βλέπετε πόση διαφορά καταστάσεων. Άλλος ούτε λύπην τινά έχει πρός τόν άδελφόν αύτού ’ εάν δέ άκούση δτι έθλιψεν αύτόν εί τις δήποτε ή έγόγγυσε κατ’ αύτού ή έλοιδόρησεν αύτόν, άεί τέρπεται άκούων και εύρίσκεται καί οδτος άποδιδούς κακόν άντί κακού έν τη καρδία αυτού. Άλλος ούτε κακίαν κρατεί ούτε χαίρει άκούων λοιδορίαν κατά τού Ολίψαντος αύτόν, ά?λά καί θλίβεται έάν Ολιβή ‘ ούχ ήδέως δέ έχει ίνα καί καλώς πάθη, άλλ* έάν ίδη αύτόν δοξαζόμενον ή άναπαυόμενον, θλίβεται ’ καί έστι καί τούτο είδος μνησικακίας, κουφότερον μεν όμως έστί. Θέλει δέ τις καί χαίρειν τη άναπαύσει τού άδελφού αύτού καί πάντα ποιεϊν πρός θεραπείαν αύτού καί έκαστον πράγμα έπιτηδεύειν πρός τιμήν καί άνάπαυσιν αύτού. 93. 2 έργφ’ : ένίργω ADEHMi. 1. CL ΑρορΜ. Pœmon 34 : PG 65, 332 A. INSTRUCTIONS, VIH, § 92-93 315 l’Apôtre (Phil. 3, 19), qu’il la réduise en poussière, qu’il rende terrestres notre vie et notre gloire, en sorte que nous n’ayons plus de pensées selon Dieu, mais toutes corporelles et charnelles, connue ceux dont Dieu disait : « Mon esprit ne demeurera pas dans ces hommes, parce qu’ils sont chair » (Gen. 6, 3). Voilà toutes les malédictions dont nous nous chargeons en psalmodiant, si nous rendons le mal pour le mal, et quel mal ne rendons-nous pas? Mais peu nous importe, nous n’en avons nul souci ! 93. On peut rendre le mal pour le mal non seulement par une action, mais encore pur une parole et par une attitude1. Tel paraît ne pas rendre le mal par une action, qui le rend d’un mot ou même d’une attitude. Il arrive en effet que par une seule attitude, un geste ou un regard, on trouble son frère. Car on peut très bien blesser son frère par un regard ou un geste : c’est donc aussi rendre le mal pour le mal. Un autre prend soin de ne rendre le mal ni par une action, ni par une parole, ni par une attitude ou un geste, mais dans son coeur il a de la tristesse vis-à-vis de ce frère et il est fâché contre lui. Voyez toute la diversité de ces états. Un autre n’a même pas de tristesse à l’égard de son frère, mais s’il entend dire que quelqu’un lui a fait de la peine, a murmuré contre lui ou l’a injurié, il s’en réjouit toujours en l’apprenant, et il se trouve, lui aussi, rendre le mal pour le mal dans son cœur. Un autre encore ne garde en lui nulle méchanceté, il ne sc réjouit pas d’entendre injurier celui qui lui a fait du mal, il s’afflige même s’il est dans la peine ; cependant, il n’a pas pour agréable que ce frère soit heureux, il s’attriste de le voir honoré ou satisfait. C’est là encore une forme de rancune, plus légère toutefois. On doit au contraire se réjouir du bonheur de son frère, on doit tout faire pour lui rendre service et s’appliquer en toute circonstance à l’honorer et à le contenter. 316 5 ιο Β 15 20 C 2ύ 30 (EU V R ES S PIRI TU ELI. ES 94. Είπομεν δέ έν τη άρχή του λόγου δτι έστι τις βάλλων μετάνοιαν τω άδελφω αύτου καί μετά τήν μετάνοιαν μένει άκμήν εχων λύπην κατ’ αύτού, καί λέγομεν δτι βαλών την μετάνοιαν, τήν μέν όργήν δι’ αυτής έθεράπευσε, πρός δέ τήν μνησικακίαν οΰπω ήγωνισατο. Εστι δε άλλος δτι έάν συμοή τινα Ολίψαι αύτόν καί βάλωσι μετάνοιαν καί διαλλαγώσιν άλλήλοις, ειρηνεύει πρός αύτόν καί ούδεμίαν μνήμην κακήν έχει έν τή καρδία αύτού περί αύτού · έάν δέ συμβή αύτόν μεθ’ ήμέρας είπεϊν αύτω τί ποτέ θλίβον αύτόν, άρχεται καί τών πρώτων μνημονεύειν καί ταράσσεσθαι ου μόνον περί τών δευτέρων, άλλά καί περί τών πρώτων. Ουτος έοικεν άνΟρώπω έχοντι τραύμα καί βάλλοντι έμπλαστρου · καί τέως διά τής εμπλάστρου έθεράπευσε τό τραύμα καί συνούλωσεν, έτι δέ άσθενέστερός έστιν ό τόπος, καί δτε δήποτε ρίψει τις λίθον κατ’ αύτού, πλέον ολου τού σώματος εκείνος ό τόπος εύχερώς πλήσσεται καί άρχεται εύθέως αίμορροεϊν · ούτως έπαθε καί αύτός · έσχε τραύμα καί έπέθηκεν έ'μπλαστρον, ήτις έστιν ή μετάνοια, καί τέως μέν έθεράπευσε τό τραύμα, ώσπερ καί ο πρώτος, τούτ’ έστι τήν όργήν, ήρξατο καί τής μνησικακίας έπιμελεϊσθαι διά τού σπουδάσαι μηδεμίαν κακήν μνήμην κρατήσαι έν τή καρδία αύτού ’ τούτο γάρ έστι τό συνουλώσαι τό τραύμα. Οΰπω δέ τελείως έξήλειψεν, άλλ’ δτι έχει έλλειμμα τής μνησικακίας, δπερ έστιν ή ούλή έξ ής εύχερώς άναδαροΰται ολον τό τραύμα, όταν δέξηται μικράν πληγήν. ’Οφείλει ουν άγωνίσασθαι, ίνα καί τήν ούλήν τελείως έξαλείψη, ώστε καί τριχώσαι τόν τόπον και μήτε άμορφίαν τινά ύπολειφΟήναι, μήτε νοεϊσθαι δλως δτι έγένετο έν τώ τόπφ έκείνω τραύμα. Πώς δέ δύναται τούτο κατορθώσαι ; Διά τού προσεύχεσθαι έξ όλης καρδίας ύπέρ τού λυπησαντος αύτόν καί λέγειν · Ό Θεός, βοήθησον τφ άδελφω μου κάμοί δια τών εύχών αύτού. Καί εύρίσκεται ύπερευχόμενος τφ άδελφφ αύτου, δπερ έστί συμπαθείας καί άγάπης τεκμήριου, καί ταπεινούΜ. 18 έπέθηκεν : έβαλεν ADEGMi. INSTRUCTIONS, VIII, § 94 317 94. Nous disions au début de cet entretien qu’un frère peut garder de la tristesse contre un autre, même après avoir fait une métanie, et nous expliquions que, si par la métanie il avait guéri la colère, il n’avait cependant pas encore combattu la rancune. En voici un autre qui, recevant une offense de quelqu’un, fait aussitôt la paix avec lui par une métanie et des paroles de réconciliation, il ne garde en sod cœur mil ressentiment contre l’auteur de l’offense. Mais que celui-ci vienne dans la suite à lui dire quelque chose de désagréable, il se remet alors le passé dans l'esprit et se trouble à la fois des anciennes et des nouvelles injures. Celui-là ressemble à un homme qui a une blessure cl y met un emplâtre : grâce à l’emplâtre, la blessure s’est bien guérie cl cicatrisée, mais l’endroit reste plus sensible : il s’écorche plus facilement que tout le reste du corps s'il reçoit une pierre, et commence aussitôt à saigner. Tel est l’état du frère dont nous parlons : il avait une blessure et y a mis un emplâtre, la métanie. Comme celui dont il avait été question en premier lieu, il a bien guéri la blessure, c’est-à-dire la colère ; il a commencé aussi à soigner la rancune en s’appliquant à ne garder en son cœur aucun ressentiment, ce qui correspond à la cicatrisation de la plaie. Mais il n’en a pas encore effacé complètement la trace, il garde toujours un reste de rancune, c'est-à-dire la cicatrice, par laquelle la blessure se rouvre facilement tout entière au moindre coup. Il doit donc s’efforcer de faire disparaître tout à fait meme celte cicatrice, en sorte que les poils y repoussent, que nulle difformité n’y soit laissée cl que l’on ne puisse absolument plus s’apercevoir qu’il y avait là une blessure. Comment pourra-t-il y parvenir? En priant de tout cœur pour celui qui lui a fait de la peine et en disant : « O Dieu, porte secours à mon frère et à moi par scs prières. » Ainsi d'une part, il prie pour son frère, et c’cst là un témoignage de compassion et de charité ; d'autre part, 318 ŒUVRES SPIRITUELLES 35 μένος διά τοΰ αίτεϊν βοήθειαν διά τών εύχών αύτοΰ. "Οπου δέ συμπάθεια και αγάπη και ταπείνωσις, τί δύναται ίσχυσαι D θυμός ή μνησικακία ή έτερον πάθος ; καθώς ειπεν ο άββάς Ζωσιμάς οτι · Έάν κινήσει πάντα τά μάγγανα της κακίας αύτοΰ ό διάβολος μετά πάντων τών δαιμόνων αύτοΰ, άργοΰσι 40 πάσαι αί μεθοδείαι αύτοΰ και συντρίβονται υπό της ταπεινωσεως της εντολής τοΰ Χριστοΰ. Λέγει δέ καί έτερος γέρων Ό προσευχόμενος υπέρ εχθρών, αμνησίκακος έσται. 95. Έργάσασθε καί νοήσατε καλώς ει τι άκούετε. "Οντως γάρ έάν μή έργάσησθε, λόγω ού δύνασθε ταΰτα παραλαβεϊν. Ποιος άνθρωπος θέλων μαθεϊν τέχνην, λόγω μόνω παραλαμυάνει αυτήν ; Πάντως πρώτον παραμένει 5 ποιών και άσυστροφών καί πάλιν ποιών καί άφανίζων, καί ούτως κατά μικρόν κοπιών καί ύπομένων μανθάνει τήν τέχνην, τοΰ Θεοΰ βλέποντος τήν προαίρεσιν καί τόν κόπον αύτοΰ, καί συνεργοΰντος αύτώ. 'Ημείς δέ τήν τέχνην τών 1716 Λ τεχνών λόγω θέλομεν παραλαβεϊν, μή έπιβαλλόμενοι ίργω ; 10 Καί πώς ένδέχεται ; Πρόσχωμεν ουν έαυτοϊς, αδελφοί, καί έργασώμεθα μετά σπουδής, ώς έτι έχομεν καιρόν. Ό Θεός δώη ήμϊν μνημονεύειν καί φυλάττειν σ. άκούομεν, ίνα μή είς κρίμα ήμϊν γένωνται έν ημέρα κρίσεως. 94. 35 διά : έκ ADEM1. 95. 1 νοήσατε : νοείτε ADEGMI || 5 καί πάλιν orn. ADEGMi || 12 δώη : δώσει ΑΕΡΜί. 1. Cf. PG 78, 1688 Λ cl PE 1, 4G, p. 171. A défaut du texte exact, on trouve la même idée duns Psiîupo-Νπ. (Évagiie) : PG 79, 1128 C et PL 73, 957 A. Pour comprendre les derniers mots de la citation, il faut se reporter à un apophtegme, auquel Zosimc les emprunte. C’est la finale de Daniel 3 (PG 65, 156 A). 11 s’agit d'un moine qui se fait gifler par une possédée et qui présente l’autre joue « selon le précepte du Seigneur « (Maith. 5, 39). Le démon s’enfuit en criant : INSTRUCTIONS, VIII, § 94-95 319 il s'humilie en demandant du secours par les prières de ce frère. Or, là où se trouvent compassion, charité et humilité, comment pourraient prévaloir la colère, la rancune ou toute autre passion? C’est ce que dit l’abbé Zosimc : « Même si le diable avec tous scs démons met en mouvement toutes les machinations de sa méchan­ ceté, tous ses artifices sont vains et sont anéantis par l’humilité du commandement du Christ1. » Et un autre vieillard : « Celui qui prie pour ses ennemis, ne connaîtra pas la rancune2. » 95. Mettez en pratique et comprenez bien les enseigne­ ments que vous recevez. Car si vraiment vous ne les accomplissez pas, la parole ne peut vous les faire saisir. Quel est l’homme qui, voulant apprendre un art, se contente qu’on lui en parle? 11 commencera sûrement d’abord par s’attacher à faire, défaire, refaire, démolir, et ainsi, par un labeur persévérant il apprendra peu à peu son art avec l’aide de Dieu qui voit sa bonne volonté et son effort. Mais nous, nous voudrions acquérir « l’art des arts3 » par la parole, sans nous mettre à l’œuvre ! Comment serait-ce possible? \'cillons donc sur nous-mêmes, frères, et travaillons avec zèle, tandis que nous le pouvons encore. Que Dieu nous donne de nous rappeler les paroles que nous entendons et de les garder, afin qu’au jour du jugement, elles ne soient pas notre condamnation I «Le commandement do Jésus me chasse. · En apprenant la chose, les vieillards glorifient Dieu et disent : « C’est chose habituelle que l’orgueil du diable soit abattu par l'humilité du commandement du Christ. » 2. Évagrb, Serti, aux moines 14, éd. Grossmann, TU, t. 39, p. 154. Cf. PG 40, 1277 D. 3. S. Grèg. de Naz. : PG 35, 425 Λ. Cf. PG TJ, 718-749 (Nil). Θ'. ΠΕΡΙ ΨΕΥΔΟΥΣ 5 Β 10 15 96. Θέλω ύμας ύπομνήσαι, άδελφοί, περί τού ψεύδους ύλίγα. Βλέπω γάρ υμάς μή πάνυ σπουδάζοντας τηρεϊν τήν γλώσσαν υμών, καί έκ τούτου εύχερώς εις πολλά κατασυρόμεθα. Βλέπετε, αδελφοί μου, ότι εις παν πράγμα, καθώς άεί λέγω ύμϊν, συνήθειά έστι καί εις τδ καλόν καί εις τδ κακόν. Χρεία ούν πολλής νήψεως, ίνα μή κλεπτώμεθα ύπδ τού ψεύδους. Ούδείς γάρ ψευδόμενος ήνωται τω Θεω ’ άλλότριόν έστι τού Θεού τδ ψεύδος. Γέγραπται γάρ ότι · Τδ ψεύδος έκ τού πονηρού έστι ' y.cd πάλιν οτι · Ψεύστης έστι καί ό πατήρ αύτοΰ. Ιδού πατέρα λέγει τού ψεύδους τδν διάβολον. 'II δέ αλήθεια έστιν δ Θεός ' αύτδς γάρ λέγει · Έγώ είμι ή όδδς καί ή αλήθεια καί ή ζωή. Βλέπετε οΰν πόθεν χωρίζομεν έαυτούς καί τίνι προσκολλώμεθα διά τού ψεύδους, δήλον ότι τω πονηρώ. Εί ούν θέλωμεν τώ οντι σωΟήναι, οφείλομεν πάση δυνάμει καί πάση σπουδή άγαπαν τήν αλήθειαν καί φυλάττειν έαυτούς άπδ παντός ψεύδους, ίνα μή χωρίση ή μάς άπδ τής αλήθειας καί τής ζωής. 97. Είσί δέ τρεις διαφοραί ψεύδους ’ έστιν ό ψευδόμενος κατά διάνοιαν καί εστιν ο έν λόγφ ψευδόμενος καί έστιν ό C εις αύτόν τδν βίον αύτοΰ ψευδόμενος. ‘Ο κατά διάνοιαν ψευδόμενος έστιν ο δεχόμενος τάς ύπονοίας. Έάν ίδη ούτός 5 τινα λαλούντα μετά τού αδελφού αύτού, ύπονοει καί λέγει δτι ' Δι’ έμέ λαλοΰσι. Καί έάν κόψωσι τήν όμιλίαν, πάλιν Mss : ADEGHPTVMi 98. 12 οδν om. ADMi. 97. 1 ψεύδους : του ψεύδους Λ DEI I Mi || ίσην : έστι γά* ADEGMi. IX. DU MENSONGE 96. Je désire, frères, vous rappeler quelques petites choses au sujet du mensonge. Car je ne vous vois nullement soucieux de garder votre langue, et ceci nous entraîne facilement dans de nombreuses fautes. Comprenez bien, mes frères, que l’on contracte des habitudes en tout, pour le bien comme pour le mal, je ne cesse de vous le dire. Il nous faut donc beaucoup de vigilance pour ne pas nous laisser surprendre par le mensonge. Car nul menteur n’est uni à Dieu ; le mensonge est étranger à Dieu. Il est écrit en effet : « Le mensonge vient du Mauvais », et : a U est menteur et père du mensonge d (Jn 8, 44). Ainsi le diable est appelé père du mensonge. Au contraire, Dieu est la Vérité, car lui-même dit : «Je suis la Voie, la Vérité et la Vie» (Jn 14, 6). Voyez de qui vous vous séparez et à qui vous vous attachez par le mensonge, au Mauvais assuré­ ment. Si donc nous voulons réellement être sauvés, nous devons de toute notre force et de toute notre ardeur aimer la vérité et nous garder de tout mensonge, pour ne point être séparés de la vérité et de la vie. 97. Il y a trois manières différentes de mentir : par la pensée, par la parole ou par la vie elle-même. Il ment par la pensée, celui qui accueille les soupçons. Voit-il quelqu’un parler avec son frère, il pense : « C'est pour moi qu’ils parlent.» Cessent-ils leur entretien? Il soupçonne encore il 322 1Û 15 D 20 25 1717 Λ 30 ŒUVRES SPIRITUELLES ύπονοεϊ βτι δι’ αύτόν έκοψαν. Έάν είπη τις ρήμα, υπονοεί οτι διά τό Ολίψαι αύτόν είπε, και απλώς είς έκαστον πράγμα ούτως ύπονοεϊ τόν πλησίον λέγων * Δι’ έμέ τόδε έποίησε, δι’ έμέ τόδε είπε · διά τόδε, τόδε έποίησεν. Ούτός έστιν ό κατά διάνοιαν ψευδόμενος. Ούδέν γάρ άληθές λέγει, άλλά πάντα άπό ύπονοίας. Έκ τούτου λοιπόν περιέργεια!, καταλαλιαί, τό παρακροάσΟαι, τό μάχεσθαι, τό κατακρίνειν. "Εστι δέ δτε ύπονοεϊ τις πράγμα καί εύρίσκεται έκ τού συμβάντος άληθές, καί ώς έκ τούτου φησί Οέλων εαυτόν διορθώσασΟαι, αεί περιεργάζεται λογιζόμενος οτι · Έάν κατ’ έμου λαλεϊ τις, βλέπω τί έστι τό σφάλμα μου έν ώ διαβάλλει με, καί διορθοΰμαι έμαυτόν. Πρώτον μέν ούν αύτη ή άρχή έκ τού πονηρού έστι · διά γάρ του ψεύδους ήρξατο, μη είδώς ύπενόησεν δ ούκ ήδει. Πώς ούν δύναται δένδρον πονη­ ρόν καρπούς καλούς ποιήσαι ; Εί δέ ολως θέλει διορθώσασΟαι, δταν εϊπη αύτω άδελφός · Μή ποιήσης τόδε, ή Διά τί τόδε έποίησας ; μή ταραχθή, άλλά βάλλει μετάνοιαν καί εύχαριστησει αύτώ * καί τότε διορΟώσεται. Καί έάν ?δη ό Θεός οτι τοιαύτη έστιν ή προαίρεσις αύτού, ούδέποτε άφή αύτόν πλανηθήναι, άλλα πέμπει πάντως τόν όφείλοντα αύτόν διορθώσασΟαι. Τό δέ είπεϊν 6τι * Διά τό διορθωθήναι πιστεύω ταϊς ύπονοίαις μου, καί λοιπόν παρακροάσΟαι καί περιεργάζεσΟαι, δικαίωμά έστι τού διαβόλου θέλοντος έπιβουλεύσαι. 98. Ποτέ βντος μου έν τώ κοινοβίω, έπειραζόμην ίνα έκ της κινήσεως τού ανθρώπου καταλαμβάνω τήν κατάστασιν αύτοΰ. Άπαντα μοι ούν τοιούτον πράγμα ' άπαξ ώς ίσταμαι, παρέρχεται μία γυνή βαστάζουσα ύδρίαν ΰδατος, καί ούκ 5 οίδα πώς συνηρπάγην καί προσέσχον τοϊς όφθαλμοϊς αύτης ' καί ύποβάλλει μοι εύθέως δ λογισμός βτι πόρνη έστίν. ’Ως ούν ύπέοαλε τούτο δ λογισμός, έθλίβην πάνυ, 97. ϋ ύπονοεϊ : λέγει AD.M1 άεί EGP άε). λογίζεται κατά Η 16 άεί om. ADMI || 24 καί om. ADEGMi || 30 έπιβουλεύσαι : έπιβουλεύειν ADEGMi. 98. 5 συνηρπάγην : ήρπάγην AD ήρπάσθην Mi. INSTRUCTIONS, IX, § 97-98 323 que c’est à cause de lui. Si quelqu’un dit un mot, il soupçonne que c'est pour lui faire de la peine. Bref, à tout propos, il soupçonne le prochain et dit: « C’est à cause de moi qu'il a fait ceci, c’est à cause de moi qu’il a dit cela ; >. c’est pour telle raison qu’il a fait cela. » Tel est celui qui ment par la pensée : il ne dit ricn selon la vérité, mais tout par conjecture. De là des curiosités indiscrètes, des médisances, l’habitude d’être aux écoutes, de discuter, de juger. Il arrive d’ailleurs que quelqu'un forme des soupçons et que l’événement en manifeste la vérité ; de ce fait, alléguant sa volonté de s’amender, il ne cesse d’enquêter autour de lui, se disant : « Lorsqu'on parle contre moi, je me rends compte de la faute qu’on me reproche, et je me corrige. » Mais d’abord le principe même (de ccttc conduite) est du Mauvais. Car c’est par le mensonge qu’il a commencé : dans son ignorance il a conjecturé ce qu’il ne savait pas. Or, comment un mauvais arbre pourrait-il produire de bons fruits? S'il veut vraiment se corriger, qu’il ne se trouble pas, quand un frère lui dit : « Ne fais pas cela», ou : «Pourquoi as-tu fait cela?» Mais qu’il fasse une métairie en le remerciant. Alors il s’amendera. Et si Dieu voit que telle est bien sa volonté, il ne le laissera jamais s’égarer, mais lui enverra certainement celui qui doit le corriger. Quant à dire : « C’est pour mon amende­ ment que je me fie à mes soupçons », et sc mettre ensuite à épier et à enquêter partout à l’entour, c’est une fausse justification inspirée par le diable qui veut nous tromper. 98. Quand je me trouvais au monastère (de l'abbé Séridos), j’étais tenté de juger de l’état de chacun d’après son allure extérieure. Mais il m’arriva l’aventure suivante : Une fois, devant moi, une femme passa, portant une cruche d’eau ; je me laissai surprendre, je ne sais comment, et la regardai dans les yeux. Aussitôt l'idée me vint que c'était une femme de mauvaise vie. A cette pensée je fus 324 R •θ 15 20 C 5 10 D 15 ŒUVRES SPIRITUELLES καί δηλώ τώ γέροντι τώ άββά ’Ιωάννη ούτως ' Δέσποτα, έάν μή θέλων ιδω κίνημά τίνος, και ύποοάλλει μοι ό λογισμός τήν κατάστασιν αύτοΰ, τί βφειλω ποιήσαι ; Καί δηλοϊ μοι ο γέρων ούτως ’ Τί ούν ; Ούκ έστιν βτε άεί έχει τις φυσικόν ελάττωμα καί δι’ άγώνος κατορθη αύτό ; ούκ έστιν έκ τούτου μαΟειν κατάστασιν τίνος. Μηδέποτε ούν πιστεύσης ταϊς ύπονοίαις σου ’ σκαμοός γάρ κανών καί τά ορθά σκαμβά ποιεί. Ψευδείς είσιν αί ύπόνοιαι καί βλάπτουσιν. Έκ τότε εί εϊπέ μοι ό λογισμός περί του ήλίου ότι ήλιος έστιν, ή περί του σκότους ότι σκότος έστίν, ούκ έπίστευον αύτφ. Ούδέν γάρ βαρύτερου τών ύπονοιών ’ τοσοΰτόν είσιν έπιολαοεΐς, ότι χρονίζουσαι έν ήμϊν άρχονται πείθειν ημάς καί έναργώς δοκεϊν βλέπειν πράγματα μήτε όντα, μήτε γενόμενα. 99. Καί λέγω ύμϊν πράγμα θαυμαστόν περί τούτου ώ τινι έγώ παρηκολούθησα £τι ών έν τφ κοινοβίω. ’Αδελφόν τινα εϊχομεν εκεί πάνυ ύχλούμενον υπό του πάθους τούτου, καί ούτως έπείθετο ταΐς ίδίαις ύπονοίαις, ώστε πληροφορεΐσθαι αύτόν περί έκάστης ύπονοίας αύτοΰ ότι ούτως έστι πάντως ώς υπογράφει ό λογισμός αύτοΰ, καί ούκ ενδέχεται άλλως ' τώ ούν χρόνω προκόπτοντος του κακού, ούτως αύτόν έπεισαν οί δαίμονες πλανάσθαι, ώστε είσελθεΐν αύτόν άπαξ εις τόν κήπον κατασκοποΰντα · άεί γάρ καί παρετη ρεΐτο καί παρηκροάτο · καί έδοξε βλέπειν τινά τών αδελφών κλέπτοντα σΰκα καί τρώγοντα. rHv δέ καί παρασκευή, καί ακμήν ουδέ ώρα δευτέρα. Ώς ούν επεισεν έαυτόν ώς ότι ίδικώς μετά άληθείας είδε τό πράγμα, κρύβει εαυτόν φησίν καί εξέρχεται σιωπών καί επιτηρεί πάλιν εις τήν ώραν τής συνάξεως ίδεΐν τί ποιεί ό άδελφός εις τήν κοινωνίαν, ό δήθεν κλέψας καί φαγών τά σΰκα. Καί ώς είδεν αύτόν νίπτοντα τάς χεΐρας, ινα είσέλΟη καί κοινωνήση, τρέχει καί λέγει τώ άβυα οτι ' ‘Ο δείνα ό αδελφός, ίδε ποΰ εισέρχεται μεταλαβεΐν της 99. 12 έαυτύν : αύτόν ADEHMi || 13 κρύβει : κρύπτει GPMi || 14 έπιτηρει : παρατηρεί ADM i. INSTRUCTIONS, IX, § 98-99 4 ( , 325 fort troublé et m’en ouvris au vieillard, l'abbé Jean : a Maître, dis-je, si malgré moi, en voyant les maniérés d'une personne, mon esprit en déduit son état, que dois-je faire? — Hé quoi ! répondit le vieillard, n’arrive-t-il pas que quelqu’un ait un défaut naturel et qu’il combatte pour s’en corriger? Il n’est donc pas possible d’après ce defaut de connaître son état. Aussi ne te fie jamais à tes soupçons, car une règle tordue rend tordu même ce qui est droit. Les soupçons sont trompeurs et nuisibles. » Dès lors, si ma pensée me disait du soleil : c’est le soleil ; et des ténèbres : ce sont les ténèbres, je ne m’y fiais pas. Rien n’est plus grave en effet que les soupçons. Ils sont si prejudiciables qu’à la longue ils arrivent à nous persuader et à nous faire croire avec évidence que nous voyons des choses qu i ne sont pas et n’ont (jamais) été. 99. Je vais vous rapporter à ce propos un fait stupé­ fiant dont je fus le témoin quand j’étais encore au monas­ tère. Nous avions là un frère fort sujet à ce vice. Il se fiait si bien à scs soupçons, qu’il avait chaque fois la con­ viction que les choses étaient exactement comme son esprit les imaginait et n’admettait pas qu’il en fût autre­ ment. Le mal grandissant avec le temps, les démons réussirent à l’égarer complètement. Un jour qu’il était entré dans le jardin pour observer ce qui s’y passait — il ne cessait en effet d’épier et d’être aux écoutes —, il crut voir un frère voler des figues et les manger. C'était un vendredi, un peu avant la deuxième heure. S'étant per­ suadé qu'il avait réellement vu la chose, il se cacha, soidisant, et sortit sans rien dire. Puis, à l’heure de la synaxe, il épia encore afin de voir ce que ferait pour la communion le frère qui avait volé et mangé les figues. Le voyant se laver les mains pour aller communier, il courut dire à l’abbé : « Vois le frère un tel, il va recevoir la sainte corn- 32G 20 25 1720 Λ 30 35 40 Β 45 50 ŒUVRES SPIRITUELLES αγίας κοινωνίας μετά τών αδελφών · άλλα κέλευσον μή δοθήναι αύτώ. ’Εγώ γάρ εϊδον αύτόν άπό πρωί κλέπτοντα σύκα έκ του κήπου καί τρώγοντα. Έν τοσούτω εισέρχεται ο αδελφός εκείνος μετά πολλής κατανύξεως εις τήν αγίαν προσφοράν ' ήν γάρ καί τών εύλαβών. Ώς ούν εϊδεν αύτόν ό άοβας, καλεΐ αύτόν πριν ή πλησιάσει τφ πρεσουτέρω τφ μεταδιδοΰντι, καί λαμβάνει αύτόν παρά μίαν καί λέγει αύτώ · Είπέ μοι, άδελφε,. τί έστιν δ έποίησας σήμερον ; Εκείνος έξενίσΟη καί λέγει αύτώ · Πού, δέσποτα ; Λέγει αύτώ ο άυβάς ' Εις τόν κήπον δτε είσήλΟες πρωί, τί έποίεις έκεϊ ; Λέγει πάλιν ώς έκπληττόμενος ό άδελφός ' Δέσποτα, ούτε τόν κήπον εϊδον σήμερον ούτε ώδε ήμην εις τό κοινόβιον πρωί, άλλα άρτι ίδε ήλΟον άπό τής οδού. Εύθέως γάρ μετά τό άπολυσαι τήν αγρυπνίαν, έπεμψέ με ό οίκονόμος εις τήνδε τήν άπόκρισιν. ΤΗν δέ ή άπόκρισις περί ής εϊπεν άπό πολλών μιλίων καί κατ’ αύτήν τήν ώραν τής συνάξεως ήν φθάσας ό άδελφός. Μεταστέλλεται ό άοβας τόν οίκονόμον καί λέγει αύτώ * Που έπεμψας τόν άδελφόν τούτον ; ’Αποκρίνεται ό οίκονόμος όπερ εϊπε καί ό άδελφός 6τι · Εις τήνδε τήν κώμην έπεμψα αύτόν ' καί βάλλει μετάνοιαν λέγων ' Συγχώρησαν, κύρι, βτι άνεπαύου άπό τής άγρυπνίας, καί διά τούτο ούκ ήνεγκα αύτόν λαβεΐν παρά σου άπόλυσιν. Ώς ούν έπληροφορήΟη ό άββάς, άπέλυσεν αύτούς μετ’ εύχής άπελΟεϊν κοινωνήσαι. Καί καλεΐ τόν άδελφόν τόν τάς ύπονοίας έχοντα, καί επίτιμα αύτφ καί άφορίζει αύτόν άπό τής άγιας κοινωνίας ’ καί ού μόνον τούτο, άλλα καί καλέσας τούς άδελφούς πάντας μετά τήν σύναξιν, έξήγγειλεν αύτοΐς μετά δακρύων τά συμβάντα καί έστηλίτευσε τόν άδελφόν έπί πάντων, τρία έκ τούτου πραγματευόμενος, τό καταισχυνθήναι τόν διάβολον καί παραδειγματισΟήναι τόν σπείροντα τάς ύπονοίας, καί τό συγχωρηθήναι τήν αμαρτίαν τοΰ άδελφοΰ διά τής άτιμίας εκείνης καί λαβεΐν παρά του Θεού βοήθειαν εις τό εξής, καί τό ποιήσαι τούς άδελφούς άσφαλεστέρους πρός τό μηδέποτε άνασχέσΟαι ταϊς ίδίαις ύπονοίαις ' καί πολλά νουΟετήσας περί τούτου καί ήμας INSTRUCTIONS, IX, § 99 327 munion avec les frères. Empêche qu’elle ne lui soit donnée, ' car je l’ai vu ce matin voler des figues au jardin et les I manger. » Le frère s’avançait alors vers la sainte Eucha1 ristie avec beaucoup de componction, car il était des plus fervents. L’abbé le vit et l’appela avant qu’il ne s’appro­ chât du prêtre qui donnait la communion. Il le prit à part et lui demanda : « Dis-moi, frère, qu’as-tu fait aujourd’hui ? — Où donc, Maître ? » répondit le frère \ étonné. — a Dans le jardin où tu es allé cc matin, reprit l’abbé. Que faisais-tu là ? » Stupéfait, le frère répondit : « Maître, je n’ai pas vu le jardin aujourd’hui, je n’étais même pas dans le monastère ce matin. Me voilà seule­ ment de retour : aussitôt après la fin de la vigile nocturne, l’économe m’a envoyé à tel endroit faire une commis‘ sion. » Il s’agissait d’une course de plusieurs milles, et il n’était revenu qu’à l’heure de la synaxe. L’abbé manda l’économe et lui dit : « Où as-tu envoyé ce frère ? » L’éco­ nome répondit, comme le frère, qu’il l’avait envoyé dans tel village. Puis il fit une métanie en disant : « Pardonnemoi, Père, tu te reposais après la vigile, et c’est pour cela que je ne l’ai pas envoyé te demander la permission. » Pleinement convaincu, l’abbé les envoya communier avec sa bénédiction. Puis il appela celui qui avait eu les soup­ çons, lui fit des reproches et lui interdit la sainte Com­ munion. De plus, il convoqua tous les frères après la synaxe, leur raconta en pleurant ce qui s’était passé, et devant tous flétrit le frère (coupable), poursuivant par là un triple but : confondre le diable et le dénoncer comme le semeur des soupçons, procurer au frère le pardon de sa faute par cette humiliation et le secours de Dieu pour l’avenir, rendre enfin les autres plus attentifs à ne jamais s’arrêter à leurs soupçons. Dans la longue admonition qu’il nous adressa à ce sujet à nous et au frère, il dit que rien n’était 328 55 C 5 10 D 5 10 15 1721 Α ŒUVRES SPIRITUELLES y.ai τόν άδελφόν, έλεγεν μηδέν είναι βλαβερώτερον τών ύπονοιων, καί έδείκνυε διά του συμβάντος υποδείγματος. 100. Καί άλλα δέ τοιαΰτα διαφόρως εϊπον οΐ Πατέρες άσφαλιζόμενοι ήμας περί της βλάβης τών υπονοιών. Σπουδάσωμεν ούν, άδελφοί, πάση τη δυνάμει ημών μηδέποτε πιστεύειν ταϊς ίδίαις ύπονοίαις ' ούδέν ούτως άφιστα άνθρωπον άπό τού προσέχειν ταϊς ίδίαις άμαρτίαις, καί ποιεί αύτόν πάντοτε περιεργάζεσΟαι τα μή άνήκοντα αύτώ · καί έκ τούτου ούδέν καλόν, έκ τούτου μυρίαι ταραχαί, μυρίαι θλίψεις, καί έκ τούτου ούδέποτε σχολάζει άνθρωπος κτήσασΟαι τόν φόβον τού Θεού ' κάν σπαρώσιν ούν ήμϊν ύπόνοιαι διά την κακίαν ήμών, εύθέως μεταστρέψωμεν αύτάς είς καλοεννοησίας, καί ού βλάπτωσιν ήμας. Κακαί γάρ είσιν αί ύπόνοιαι καί ούδέποτε άφίουσι την ψυχήν είρηνεύσαι ’ ιδού τοΰτό έστι τό κατά διάνοιαν ψεύδος. 101. Ό δέ έν λόγω ψευδόμενός έστιν, όταν, ύπόΟου, όκνεϊ τις άναστηναι είς τήν άγρυπνίαν καί ού λέγει · Συγχώρησόν μοι, ότι ώκνησα άναστηναι · άλλά λέγει ’ Έπύρεξα, έσκοτώθην, ούκ ήδυνήΟην άναστηναι, ήτόνουν · καί λέγει δέκα ρήματα ψευδή, ινα μή βάλη μίαν μετάνοιαν καί ταπεινωθή. ’Εάν δέ τις μέμψηται αύτόν έν πράγματι, μένει άλλάσσων τά ρήματα αύτού καί φιλόκαλων, ϊνα μή βαστάση τήν μέμψιν. ‘Ομοίως, έάν συμοή αύτόν έχειν λόγον τινα πρός άδελφόν αύτού, ού παύεται δικαιολογούμενος καί λέγων * Άλλά σύ εϊπας, άλλά σύ έποίησας, άλλ’ έγώ ούκ εϊπον, άλλ’ έκεϊνος εϊπεν, άλλα τούτο, άλλ’ εκείνο, ίνα μή μόνον ταπεινωθή. Πάλιν έάν έπιθυμήση πράγματος, ούκ ανέχεται είπειν δτι ' ’Επιθυμώ τοΰδε, άλλά μένει στρέφων τούς λόγους αύτού καί λέγων οτι ' Τόδε πάσχω και τοΰδε χρήζω, ή Τφδε έπετάγην, καί λέγει πόσα ψεύδη έως ού πληρώσει τήν έπιθυμίαν αύτού. 100. 3 τή oui. ADGPMi || 5 του : τοϋ μή ADE.M1 || 7 έκ! : καί έκ Λ DEMI H μυρίαι ταραχαί oin. ADMi || 9 τόν φόβον τοΰ : φόβον ADEPMi || ούν om. ETVMI || 10 ύπόνονχι : ύπόνοιαι πονηροί AD EG Μ ί || Il καλοεννοησίας: -αν GHPT καλονοησίαν Mi. 101. 8 μέμψιν : μέμψιν αύτου ADEGMi || 11 καί’ ΟΙΠ- ΑΕΡΜΐ. INSTRUCTIONS, IX, § 99-101 329 plus nuisible que les soupçons et nous en donna pour preuve ce qui venait d’arriver. 100. Sous diverses formes d’autres choses semblables ont été dites par les Pères pour nous mettre en garde contre le danger des soupçons. Appliquons-nous donc, frères, de toutes nos forces à ne jamais nous fier à nos soupçons. Rien ne détourne autant l’homme du souci de scs propres péchés en le faisant s’occuper constamment de ce qui ne le regarde pas. Il n’en sort rien de bon, mais mille troubles, mille souffrances, et l’homme n’a plus jamais le loisir d’acquérir la crainte de Dieu. Lors donc que notre méchanceté sème en nous des soupçons, transformons-lcs sur-lc-champ en bonnes pensées, et ils ne nous feront point de mal. Car les soupçons sont pleins de malice et ne laissent jamais l’âme en paix. Voilà ce qu’est le mensonge de pensée. 101. Le menteur en parole, c’est par exemple celui qui tarde à se lever pour la vigile, et qui, au lieu de dire : « Pardonne-moi, j’ai été paresseux pour me lever », dit : « .J’avais de la fièvre et des vertiges, je ne pouvais me mettre debout, j’étais sans force. » Il prononce dix paroles fausses au lieu de faire une seule métanie et de s’humilier. Si quelqu’un lui a adressé un reproche, il s’obstine à déguiser scs paroles, et à les arranger pour ne pas encourir le blâme. De même, s'il lui arrive d’avoir quelque contes­ tation avec son frère, il ne cesse de se justifier en disant : « Mais c’est toi qui l’as dit, mais c’est toi qui l’as fait, mais ce n’est- pas moi qui l’ai dit, mais c’est un tel qui a parlé, mais ceci, mais cela », uniquement pour éviter l'humiliation. Enfin s’il desire quelque chose, il ne se résout pas à dire : u J’en ai envie », mais il usera encore de détours : » Je souffre de ceci et j’ai besoin de cela », ou: «on me l’a prescrit», et il mentira jusqu’à ce qu’il ait satisfait son désir. 11—1 330 ŒUVRES SPIRITUELLES Πάσα γάρ αμαρτία ή διά φιληδονίαν ή διά φιλαργυρίαν ή διά φιλοδοξίαν γίνεται. Όμοίοις και τό ψεύδος διά τούτων τών τριών γίνεται ' ή διά τό μή μεμφθήναι καί ταπεινωθήναι 20 ψεύδεται τις, ή διά τό άνύσαι θέλημα ή διά τό κερδάναι 1 καί ού παύεται στρέφων ώδε, στρέφων έκεϊ, πάντα μαγγανεύων τί είπείν έως άνύσει τόν σκοπόν αύτού · ό τοιούτος ουδέποτε πιστεύεται, άλλά καί άληθές ρήμα εάν εΐπη, ούδείς δύναται πιστεΰσαι αύτώ, άλλά καί τό αληθές αύτού άμφίβολον 25 εύρίσκεται. Β 5 10 15 C 20 102. νΕστι δέ δτε γίνεται ανάγκη πράγματος, καί έάν μή κρύψη τις μικρόν, έρχεται τό πράγμα είς πλείονα ταραχήν καί θλίψιν. *0τε ούν τοιαύτη περίστασις γένηται, καί ϊδη τις έαυτδν άναγκαζόμενον, διά τούτο άλλάξαι ρήμα, ίνα μή γένηται, ώς είπον, πλείων ταραχή καί θλίψις ή κίνδυνος ’ ώσπερ είπεν ό άββας ’Αλώνιος τώ άββα Άγάθωνι * ’Ιδού δύο άνθρωποι επί σού φόνον έποίησαν, καί ό εις έφυγεν είς τό κελλίον σου · καί ιδού ό άρχων ζητεί αύτόν καί έρωτα, σε λέγων · ’Επί σου φόνος γέγονεν ; Έάν μή οίκονομήσης, παραδίδως τόν άνθρωπον είς θάνατον. "Όταν ούν μεγάλη τις ανάγκη συμβή, θέλει τις μηδέ ούτως άμεριμνήσαι, άλλά μετανοείν καί κλαίειν ενώπιον τού Θεού καί έχειν τδ τοιοϋτον ώς καιρόν πειρασμού, καί ούδέ τούτο συνεχώς, άλλ’ άπαξ διά πολλών. "Ώσπερ έπί της θηριακής καί τού καθαρσίου, δτι συνεχώς λαμβανόμενα βλάπτουσιν, εί δέ λάβει τις άπαξ διά χρόνου διά πολλήν άνάγκην, ώφελοΰσιν αύτόν ' ούτως όφείλει τις χρήσασθαι τώ πράγματι τούτω, ίνα καν δι’ άνάγκην θέληση άλλάξαι, άλλάξη, εί άρα έστιν άπαξ διά πολλών, έάν ϊδη, ώς είπον, πολλήν άνάγκην, καί αύτό δέ τό διά χρόνου μετά φόβου καί 102. 1·1 "Ωσπερ : "Ωσπερ γάρ ADE.Mi || 19 άλλάξη : μή συνεχώς, άλλ’ ADEMI μή συνεχώς τοϋτο ποιή, G.2 1 1. CL § 131, ρ. 393, note 3. 2. ΛρυρΜ. Alonius 4 : PG 65, 133 B. INSTRUCTIONS, IX, § 101-102 331 Tout péché vient soit de l’amour du plaisir, soit de l’amour de l’argent, soit de la vaine gloire1. Le mensonge vient pareillement de ces trois passions. On ment soit pour éviter d’être repris et humilié, soit pour satisfaire un désir, soir pour réaliser quelque gain. Le menteur ne cesse de tourner et retourner dans son imagination tous les subterfuges possibles pour atteindre son but. Aussi n’est-il jamais cru : même s'il dit une parole vraie, personne ne peut lui faire confiance, et sa vérité à lui est douteuse. j > 102. Il peut se présenter pourtant quelque nécessité où, si l’on ne dissimule en partie, il s’ensuivra plus de trouble et de mal. En ce cas, et si l’on s’y voit contraint, que l’on déguise sa parole pour éviter, comme je l’ai dit, un trouble, un mal ou un péril plus graves. C’est ce que disait l’abbé Alonius ά l’abbé Agathon : « Deux hommes ont commis un meurtre devant toi, l’un d’eux s’enfuit dans ta cellule. Le magistrat le recherche, il t’interroge : «As-tu été témoin du meurtre? » Si tu n’uses pas d’artifice, tu livres cet homme à la mort2. » Si l’on se trouve ainsi pressé par une grande nécessité, on ne doit pas pour cela tenir le mensonge pour négligeable, mais le regretter, le pleurer devant Dieu, et regarder cela comme occasion d’épreuve. Il faut surtout que cela n’ar­ rive que rarement, une fois entre mille. C’est comme le thériaque et les purgatifs : pris continuellement, ils font du mal, mais utilisés de temps en temps, en cas de néces­ sité pressante, ils sont profitables3. Ainsi doit-on faire dans la question qui nous occupe : même si l’on doit mentir par nécessité, que ce soit rare, une fois entre mille, et si l’on y voit, je le répète, une grande nécessité. Il convient alors dans la crainte et le tremblement de montrer à Dieu 3. Cassi en fait la même recommandation : il faut user du mensonge comme de l’ellébore : Conf. XVII, 17 (SC 54, p. 260-261}. 332 ŒUVRES SPIRITUELLES τρόμου δεικνύων τώ θεώ και την προαίρεσιν αύτοΰ καί τήν άνάγκην, καί σκεπάζεται ’ έπεί να.1 είς αύτό βλάπτεται. 5 D 10 15 1724 A 20 25 30 103. ’Ιδού εΐπομεν τίς έστιν ο ψευδόμενος κατά διά­ νοιαν καί τίς έστιν ό έν λόγω ψευδόμενος ’ θέλομεν λοιπόν είπεϊν τίς έστι και ό είς αυτόν τόν βίον αύτοΰ ψευδόμενος. Ό είς αυτόν τόν βίον αύτοΰ ψευδόμενός έστιν όταν τις άσωτος ών προσποιείται έγκράτειαν, ή πλεονέκτης έστι καί λαλεϊ περί έλεημοσύνης καί έπαινει την συμπάθειαν, ή ύπερήφανός έστι και θαυμάζει τήν ταπεινοφροσύνην, και ούχ ώς θέλων τήν άρετήν έπαινέσαι, θαυμάζει αύτήν. Εΐ γάρ έλεγε τω σκοπώ τούτφ, πρώτον μετά ταπεινώσεως ώμολόγει τήν ιδίαν ασθένειαν λέγων · Οϊ μοι τώ άθλίω δτι μεματαίωμαι άπό παντός άγαθοΰ. Καί μετά τό όμολογησαι την ιδίαν ασθένειαν, ούτως είχε θαυμάσαι καί έπαινέσαι τήν άρετήν. Άλλ’ ούδέ σκοπόν έχων τοΰ μή σκανδαλίσαι τινά έγκωμιάζει τήν άρετήν. ’Οφείλει γάρ καί ούτως λογίσασθαι δτι ’ Ναι έγώ άθλιός είμι καί έμπαΟής, διά τί tvz καί άλλον σκανδαλίσω ; διά τί ίνα βλάψω καί άλλην ψυχήν, καί ένέγκω έμαυτφ καί άλλο βάρος ; καί είχεν εί καί είς έαυτόν ήμάρτανεν, άλλ’ οδν άψασθαι τοΰ καλού. Ταπεινώσεως γάρ έστι τό έαυτόν ταλανίζειν, καί συμπαθείας τό φείδεσθαι τοΰ πλησίον. ’Αλλ’ ό τοιοΰτος ού κατά τινα τούτων των είρημένων θαυμάζει, ώς εϊπον, τήν άρετήν, άλλ* ή διά τό σκεπάσαι τήν ίδιαν άσχημοσύνην προσλαμ­ βάνεται τό δνομα τής άρετης καί λαλεΐ περί αύτης, ώς δτι καί αύτός τοιοϋτός έστιν, ή πολλάκις διά τό βλάψαι καί δελεάσαι τινά. Ούτε μία γάρ κακία ούτε μία αιρεσις ούτε αύτός ό διάβολος δύναται άπατήσαί τινα εί μή διά τοΰ σχηματίσασθαι τήν άρετήν, καθώς ό ’Απόστολος λέγει δτι αύτός ό διάβολος μετασχηματίζεται είς άγγελον φωτός. Ού μέγα οδν εί καί οί διάκονοι αύτοΰ μετασχηματίζονται ώς διάκονοι δικαιοσύνης. Ούτως οδν καί ό ψεύστης, είτε φοβούμενος τήν αισχύνην διά τό μή ταπεινωθηναι, είτε, 103. 2! τούτων om. ADEGMi. INSTRUCTIONS, IX, § 102-103 333 à la fois sa bonne volonté et la nécessité où l’on sc trouve, et l’on sera couvert. Sinon, même en ce cas on sc ferait du tort. 103. Nous avons parlé du menteur en pensée et du menteur en parole. Il nous reste ù dire quel est celui qui ment par sa vie même. Celui qui ment par sa vie, c’est le débauché qui se targue de chasteté, l’avare qui parle d’aumône et fait l’éloge de la charité, ou encore l’orgueilleux qui admire l’humi­ lité. Ce n’est pas dans l'intention de louer la vertu qu’il l’admire, sinon il commencerait par confesser humblement sa propre faiblesse en disant : « Hélas, malheur à moi ! je suis vide de tout bien ! » Après avoir ainsi confessé sa misère, il pourrait admirer et louer la vertu. Mais ce n’est même pas dans le dessein d'éviter le scandale qu’il fait l’éloge de la vertu, car en ce cas il devrait sc dire : a Misé­ rable que je suis, rempli de passions ! Pourquoi irai-je scandaliser mon prochain ? Pourquoi irai-je nuire à l’âme d’un autre et m’imposer une charge supplémentaire ? » Et il pourrait alors, tout en étant lui-même pécheur, approcher du bien. Car se regarder soi-même comme un misérable, c’est de l’humilité, et ménager le prochain, c’est de la compassion. Mais le menteur n’admire pas la vertu avec de tels sentiments. C’est pour couvrir sa propre honte qu’il met en avant le nom de la vertu et en parle comme s’il était vertueux lui-même ; c’est aussi souvent pour faire du mal et séduire quelqu’un. En effet nulle malice, nulle hérésie, ni le diable lui-même ne peuvent tromper qu’en simulant la vertu, selon la parole de l’Apôtre : Le diable même « se métamorphose en ange de lumière » (II Cor. 11, 14). Il n’est donc pas étonnant que ses serviteurs sc déguisent aussi en serviteurs de justice. Ainsi, soit qu’il veuille éviter l’humiliation dont il redoute 334 ŒUVRES SPIRITUELLES ώς εϊπον, Οέλων δελεάσαι καί άπατησαί τινα, λαλει περί τών Β αρετών καί έπαινεϊ καί θαυμάζει, ώς ιδιοποιούμενος αύτάς καί πεπειραμένος αύτών · οΰτός έστιν ό ψευδόμενος είς 35 αύτδν τον βίον αύτοΰ, ούτος ούκ έστιν απλούς άνθρωπος, άλλα διπλούς ' άλλος έστιν έσωθεν, καί άλλος έξωθεν · διπλοΰν έχει καί ολον έκχλευασμένον τόν βίον αύτοΰ. ’Ιδού ειπομεν τά περί του ψεύδους δτι έκ τοΰ πονηρού έστιν * ειπομεν καί περί της άληθείας δτι η αλήθεια ό Θεός •10 έστι. Φύγωμεν ούν τό ψεύδος, άδελφοί, Ενα ρυσθωμεν εκ της μερίδος τοΰ πονηρού, καί άγωνισώμεθα κτήσασθαι την άλήθειαν, ίνα ένωθώμεν τφ είπόντι * Έγώ είμι ή αλήθεια. Ό Θεός άξιώσει ημάς της άληθείας αύτοΰ. 103. 38 τά oin. ADEMI. j INSTRUCTIONS, IX, § 103 335 la honte, soit qu’il ait le dessein de séduire et de tromper quelqu’un, le menteur parle des vertus, les loue et les admire, comme s’il les avait faites siennes par la pratique. Tel est donc celui qui ment par sa vie meme. Il n’est pas simple, mais double : autre au-dedans, autre au-dehors. Toute sa vie n'est que duplicité et comédie. Nous avons dit ce qu’il en est du mensonge, qu’il vient du Mauvais. De la vérité nous avons dit : la Vérité, c’est Dieu. Fuyons donc le mensonge, frères, pour échapper au parti du Mauvais et efforçons-nous de posséder la vérité pour être unis à Celui qui a dit : «Je suis la Vérité» (Jzt 14, 6). Que Dieu nous rende dignes de sa vérité I » Γ. ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΜΕΤΑ ΣΚΟΠΟΥ ΚΑΙ ΝΗΨΕΩΣ ΟΔΕΥΕΙΝ ΤΗΝ ΟΔΟΝ ΤΟΥ ΘΕΟΥ C 5 ίο D 15 104. Φροντίσωμεν εαυτών, άδελφοί, νήψωμεν. Τίς δώσε·, ήμϊν τόν καιρόν τούτον, έάν άπολέσωμεν αύτόν ; "Όντως έχομεν ζητησαι τάς ήμέρας ταύτας καί μή εύρεϊν αύτάς. Ό άοβάς ’Αρσένιος έλεγεν έαυτώ πάντοτε ’ ’Αρσένιε, διό έξήλθες ; * Ημείς δέ έν τοσαύτη έσμέν άμελεία ότι ούτε οίδαμεν διά τί έξήλΟομεν, ούκ οίδαμεν ούδέ τί έστιν δ ήΟελήσαμεν · διά τούτο ού μόνον ού προκόπτομεν, αλλά και θλιβόμεθα πάντοτε. Τούτο δέ γίνεται ήμϊν έκ τοΰ μή έχειν προσοχήν έν τή καρδίςι ημών · καί όντως εί ήθέλομεν μικρόν άγωνίσασθαι, ούκ είχομεν επί πολύ Ολιοήναι ούδέ κοπιαν · καν γάρ παρά τάς άρχάς βιάζηταί τις έαυτόν, άλλα άγωνιζόμενος κατά μικρόν μικρόν προκόπτει, καί λοιπόν μετά άναπαύσεως ποιεϊ, τοΰ Θεού βλέποντος ότι βιάζεται έαυτόν καί παρέχοντας αύτω βοήθειαν. Και ήμεϊς ούν βιασώμεθα έαυτούς, βάλωμεν αρχήν, Οελήσωμεν τέως τό καλόν. Κάν γάρ οΰπω έν τελείοτητί έσμεν, &>Χ αύτό τό θέλειν αρχή σωτηρίας ήμϊν έστιν ' έκ τού γάρ θέλειν έρχόμεθα σύν Θεώ καί είς τό άγωνίζεσθαι, Mss : ADEGHPTVMi 1. Sur lû vigilance, la nepsis, cf. I. Hausiierr, OCP 1956, p. 273· 285, spécialement p. 274 : «Le verbe neutre νήφειν signifie l’étal de sobriété par opposition à μεΟύειν, qui marque l’état d’ébriété. De ce premier sens matériel il a passé aisément à un sens plus relové, nû il désigne l’état d’une intelligence maîtresse d’elle-même, sage, pondérée, par opposition a cette espèce d’ivresse mentale qui ôte â l’esprit son équilibre, pour quelque cause que ce soit, la μανία. · X. DE LA VIGILANCE AVEC LAQUELLE IL FAUT MARCHER SUR LA VOIE DE DIEU. SANS PERDRE DE VUE LE BUT 104. Ayons souci de nous-mêmes, frères, soyons vigi­ lants1. Qui nous rendra le temps présent, si nous le perdons? Nous pourrons bien chercher ces jours perdus, mais non les retrouver. L’abbé Arsène se disait sans cesse : « Arsène, pourquoi es-tu sorti (du monde)2 ? n Mais nous, nous sommes si négligents que nous ne savons pas pourquoi nous en sommes sortis, nous ne savons mémo pas ce que nous voulions. C’est pourquoi nous ne faisons pas de progrès, et de plus nous sommes toujours dans l’affliction. Cela vient de ce que notre cœur n’est pas attentif. En vérité si nous voulions un peu combattre, nous n’aurions pas à souffrir ni à peiner longtemps, car si dans les débuts on doit se forcer, on avance du moins peu ά peu en com­ battant et on finit par agir dans la paix, Dieu voyant la violence qu’on se fait et accordant son secours. Faisons-nous donc violence nous aussi, mettons-nous à l’œuvre et ayons au moins la volonté du bien. Si nous n’avons certes pas encore atteint la perfection, le fait même de vouloir est pour nous le commencement du salut. Car du vouloir nous en viendrons avec l’aide de Dieu à Et p. 276, pour «saint Dorothée chez qui nous constatons toujours la même parenté entre la nepsis et l’attention, l'application, le bon sens ; tandis que s’y oppose Γ αδιαφορία, indifférence, la fausse amérimnia ·. 2. Apopht. Arsène 40 : PG 65, 105 C. 338 20 1725 Λ 5 10 R 15 20 25 ŒUVRES SPIRITUELLES καί έκ του άγωνίζεσθαι βοηΟεϊταί τις είς τό κτήσασθαι τάς άρετάς ’ διά τοΰτό τις τών Πατέρων λέγει ' Δός αίμα καί λάβε πνεύμα ' τοΰτ’ έστιν άγώνισαι καί γένη έν έξει της αρετής. 105. "Οτε άνεγίνωσκον είς τήν εξω παιδείαν, έκοπίων έξ αρχής πάνυ, καί βτε ήρχόμην λαβεΐν τό βιβλίον, ούτως ήμην ώς τί ποτέ ύπάγων άύασθαι θηρίου. Ώς ούν εμεινα βιαζόμενος εαυτόν, έβοήθησεν ό Θεός, καί ούτως έγενόμην έν εξει τού πράγματος, ώστε μήτε είδέναι με τί έτρωγον ή τί επινον ή πώς έκοιμώμην έκ τής καύσεως τών αναγνωσμά­ των ' καί ούδέποτε έλκύσθην είς άριστον μετά ενός τών φίλων μου · άλλ’ ούδέ είς συντυχίαν ήρχόμην μετ’ αύτών έν τώ καιρώ τού αναγνώσματος, καίτοι φιλοσυνηΟης ών καί αγαπών τούς εταίρους μου. Ώς ούν άπέλυεν ήμας ό σοφιστής καί έλουόμην (έ'χρηζον γάρ καθ’ ημέραν ένυγραίνεσθαι, έπειδή άνεξηραινόμην έκ τής υπερβολής τών άναγνωσμάτων), άνεχώρουν όπου έμενον, μήτε είδώς τί έχω φαγεϊν ’ ούκ ήδυνάμην γάρ άπασχοληθηναι ούδέ είς τό έπιτάξαι αύτό τό φαγεΐν μου. Πλήν είχόν τινα πιστόν, καί αύτός ήτοίμαζέ μοι εί τι ήθελεν. Έλάμβανον ούν εί τι ηύρισκον αύτόν ποιήσαντα, έ'χων καί τό βιβλίον έκ πλαγίου μου είς τόν κραβάτην, καί κατά μικρόν ένέκυπτον είς αύτό * καί έν τώ κοιμηΟήναι ομοίως πλησίον μου είχον αύτό είς τό Ορον ίο ν μου, καί ώς ήρπαζον μικρόν, εύΟέως άνεπήδων είς τήν άνάγνωσιν * πάλιν έσπέρας, ώς άνεχώρουν μετά τό λυχνικόν, ήπτον τόν λύχνον καί έποίουν εως τού μεσονυκτίου άναγινώσκων, καί ούτως ήμην οτι ούκ ήσθανόμην οίας δήποτε ήδύτητος έκ τών άναγνωσμάτων. "Οτε ούν ήλθον είς τό μοναστήριον, έλεγον έμαυτφ ' Εί έπί του έ’ξω λόγου έγένετο τοιούτος πόθος 105. 16 ήθελεν : ήθελον ADEGΗ P.Mi || 25 πόθος: πόνος PTV πάθος ΜΙ. 1. Apophl. Longin 5 : PG 65, 257 B. 2. Sur σοφιστής professeur do rhétorique, cf. A.-.L Fbstugièrb, Antioche..., p. 447, note 1 cl p. 449, note 4. 3. Sur cet usage du bain chez les étudiants entre la leçon et le repas, Cf. A.-J. FestugiÈRE, Anliûchc..., p. 448, n. 5 et p. 477, n. 6. INSTRUCTIONS, X, § 104-105 339 la lutte, et dans la lutte nous trouverons du secours pour l’acquisition des vertus. C'est ce qui faisait dire à l’un des Pères : « Donne ton sang et reçois l’esprit1 », c’est-à-dire lutte et entre en possession de la vertu. 105. Quand j'étudiais les sciences profanes, j'y trouvais d’abord beaucoup de peine, et lorsque je me disposais à prendre un livre, j’étais comme si j’allais mettre la main sur une bête féroce. Mais comme je me contraignais avec persévérance, Dieu m’aida, et je pris si bien l’habitude du travail que mon ardeur aux éludes me faisait oublier le repos, le boire et le manger. Jamais je ne me laissais entraî­ ner à déjeuner avec l’un de mes amis ; jamais non plus je n’allais converser avec eux pendant le temps de l’étude, et pourtant je me plaisais en société et j’aimais mes com­ pagnons. Dès que le professeur2 nous congédiait, j’allais prendre un bain3, car j'avais besoin de me baigner tous les jours à cause du dessèchement produit par l’excès de travail. Puis je me retirais chez moi, sans savoir ce que je mangerais. J’étais en effet incapable de me laisser distraire même par le choix de ma nourriture. Au reste, j’avais quelqu’un de sûr qui me préparait lui-même ce qu’il vou­ lait. Je prenais donc ce que je trouvais apprête par lui, mais à mon côté, sur le lit, j’avais mon livre sur lequel je me penchais de temps en temps. Pendant mon repos, je le gardais encore près de moi, sur mon tabouret, et dès que j’avais pris un peu de sommeil, je me jetais aussitôt dans la lecture. De même le soir, quand je me retirais après le lucernaire4, j’allumais la lampe et je lisais jusqu’au milieu de la nuit. Ainsi je ne goûtais d’autre plaisir que celui des études. Lors donc que je vins au monas­ tère, je me disais : « Si pour la science profane on ressent 4. En grec : τύ λυχνικόν. signifiant étymologiquement < ce qui a lieu quand on allume les lampes ». Au vt« siècle, sur les lèvres de Dorothée, le terme ne pouvait signifier que l’ofllce liturgique du soir, correspondant à nos Vêpres. 310 ŒUVRES SPIRITUELLES καί τοιαύτη θέρμη έκ τοΰ σχολάσαι τινά τή άναγνώσει καί C γενέσθαι έν έξει αύτής, πόσω μάλλον έπί της αρετής ; καί έλάμβανον πολλήν δύναμιν έκ τούτου του πράγματος. Ούτως έάν θέλη τις κτήσασθαι άρετήν, ούκ δφείλει 30 άδιαφορείν ούδέ μετεωρίζεσθαι ' ώσπερ γάρ τις θέλων μαθεϊν τεκτονικήν, ού προσέχει άλλη τέχνη · ούτως έστι καί έπί των θελόντων κτήσασθαι έργασίαν πνευματικήν. Ούκ ύφείλουσι προσέχειν άλλω τινί πράγματι, αλλά νυκτδς καί ήμέρας μελετάν έν αύτή, πώς δυνηθώσι κτήσασθαι αυτήν. 35 Οι δέ μή ούτως προσερχόμενοι τφ πράγματι, ού μόνον ού προκόπτουσιν, άλλα καί συντρίβονται, ούτως άσκόπως περι­ φερόμενοι. Έάν γάρ μή νήφη τις και άγωνίζηται, εύχερώς έκπίπτει εις τάς παρεκβάσεις των άρετών. 108. Αί γάρ άρεταί μέσαι είσίν, ή βασιλική οδός έστι, περί ής είπεν ό άγιος γέρων εκείνος · Όδω βασιλική πορεύεσθε καί τά μίλια μετρειτε. Μέσαι οΰν είσιν, ώς εΐπον, αί άρεταί ύπεροολών καί έλλείψεων. Διά τούτο γέγραπται ’ 5 Μή έκκλίνης εις τά δεξιά, μηδέ εις τά άριστερά, αλλά δδώ βασιλική πορεύου. Καί ό άγιος Βασίλειος λέγει ' ΕύΟύς έστι τή καρδία ο τδν λογισμόν μή έχων ρέποντα προς υπερβολήν μήτε ελλειψιν, άλλά άπευθυνόμενος πρδς τδ μέσον τής άρετής. ίο ΟΙόν τι λέγω ' Ή κακία καθ’ έαυτήν ούδέν έστιν * ούτε γάρ ούσία τίς έστιν, ούτε ύπόστασίν τινα έχει ' μή γένοιτο. ο 105. 28 τούτου om. ADEGIIPMi. 1, Cf. EpictèTk : «Quand quelqu'un se destine à un métier quelconque, il commence par se faire une idée précise des aptitudes qu’il réclame, puis il s’entraîne ft les acquérir» {Entretiens III, 23). Cf. aussi un apophtegme dans PE 1,13, p. 45 : · Si l’on veut apprendre un art, on quitte tout souci pour vaquer uniquement ft cela... · Cf. Cassie N, Conf. XVIII, 2 (S'C 64, p. 12). 2. Apophl. Benjamin 5 : PG 65, 145 A. Sur les vertus, juste milieu, cf. .ληΐδΤΟΤΕ, Ethique à Nicom. 11, 7, 2. Sur ■ la voie moyenne et royale des vertus», cf. S. Ghég. de Naz., Oral. 42, 16 (PG 36. 476 C) ; ÉvAiiRR, Ep. 16 (Prank., p. 577) ; S. Basile, In 1$. (PG 30, t INSTRUCTIONS, X, § 105-106 341 une Ulle soif et une telle ardeur du (ait qu’on s’applique à l’étude et qu’on en acquiert l’habitude, combien plus pour la vertu ? d Et de cette pensée je retirais une grande force. Si quelqu'un désire acquérir la vertu, il ne doit pas être distrait ni dissipé. Celui qui veut apprendre la menui­ serie ne s’adonne pas à un autre art ; ainsi est.-il de ceux qui veulent acquérir l’art spirituel : ils ne doivent pas s’occuper d’autre chose, mais s’appliquer nuit et jour aux moyens de s’en rendre maître*. Ceux qui n’agissent pas ainsi, non seulement ne font aucun progrès, mais n’ayant pas de but, ils se fatiguent et s’égarent, d’autant que sans vigilance ni combat, on tombe facilement en dehors des vertus. 106. Car les vertus sont un milieu, c’est la voie royale dont parle un saint vieillard : «Suivez la voie royale, et comptez les milles2. » Les vertus sont le milieu entre l’excès et le manque. Aussi est-il écrit : « Ne dévie ni à droite ni à gauche » (Prov. 4, 27), mais suis « la voie royale » (cf. Nombr. 20, 17). « Il est droit de coeur, dit saint Basile, celui dont la pensée ne penche ni vers l’excès ni vers le manque, mais se dirige vers ce milieu qu’est la vertu3. » Voici ce que je veux dire : le mal de soi n’est rien, puis­ qu'il n’a ni être ni substance4, — A Dieu ne plaise ! — 409 C) ; S. Ghêg. dr Nysse, In Cant. (PG 44, 972 A) ; Cassi en, Conf. 11, 2 (.SC 42, p. 113) ; IV, 12 (SC 42, p. 178) ; XXIV, 2-1 (SC 64, p. 197). Le thème a été abondamment, étudié par F. Tailubz, s. j., Pasiliki Odos: OCP 1917, p. 299-354. Cf. aussi La Vie Spirituelle 1948, Supplément, p. 339-352. 3. S. Basile, In Ps. Vil, 7 : PG 29, 244 I). Los lettres de Bahsanüïuie et Jean purlonL aussi de la voie royale (iVi'c. 226) cl du juste milieu de lu vertu no s'écartant ni à droite ni à gauche (A7c. 140). 4. Le mal n'a pas d'existence en soi : üiaooqve, Chap, gnosl. 3 (SC5 bis, p. 86). Cf. Évagrh, Deocta vitiis (PG 40, 1276 D) ; Cent. III, 59 (PO 28, p. 120-122). 312 20 Β 25 30 3Γ· C 40 ŒUVRES SPIRITUELLES Άλλά κλίνουσα ή ψυχή άπό της άρετής γίνεται έμπαθής καί αποτελεί τήν κακίαν · δθεν καί κολάζεται ύπ’ αύτής, μή εύρίσκουσα φυσικήν τινα άνάπαυσιν έν αυτή. 'Ώσπερ, ύπόθου, τό ξύλον ' μή γάρ σκώληκα εχει έσωθεν αύτοΰ, άλλά ποιεί μικράν σήψιν, καί έκ τής σήψεως εκείνης γίνεται ό σκώληξ, καί ούτως αύτός ο σκώληξ βιβρώσκει τό ξύλον. ‘Ομοίως καί ό χαλκός αύτός ποιεί τόν ΐόν καί αύτός πάλιν άναλίσκεται ύπό τού ίου. Καί το ίμάτιον αύτό ποιεί τόν σήτα, καί αύτός ό έξ αύτοΰ γινόμενος σής φθείρει αύτό. Ούτως ούν καί ή ψυχή αυτή ποιεί τήν κακίαν, μηδέν προ τούτου οΰσαν, μηδέ εχουσαν, ώς εϊπον, ύπόστασιν, και αύτή κολάζεται ύπό τής κακίας. Καί καλώς εϊπεν ύ άγιος Γρηγόριος ' Πυρ γάρ ύλης γέννημα καί δαπανά τήν ύλην, ώς τούς κακούς ή κακία. "Ωσπερ καί έπί τών άρρο>στούντων σωμάτων έστιν εύρείν * όταν άτακτήση τις καί μή διοικήση έαυτόν έν τή ύγεία, γίνεται ή πλεονασμός ή ελλειψις, καί λοιπόν έκ τούτου άνωμαλεΐ. "Ωστε πρό τούτου ούδαμοΰ ήν ή άρρωστία, ουδέ τί ποτέ ήν * καί πάλιν μεΟ’ ού ύγιαίνει τό σώμα, ούδαμοΰ εύρίσκεται ή άρρωστία. 'Ομοίως καί ή κακία άρρωστία έστι τής ψυχής στερουμένης τής ιδίας αύτής καί κατά φύσιν υγείας, ήτις έστιν ή άρετη. Διά τούτο είπομεν ότι μέσαι εϊσίν αί άρεταί * olov ή ανδρεία μέση έστι τής δειλίας καί τής θρασύτητος * ή ταπεινοφροσύνη μέση έστι τής ύπερηφανιας καί τής άνθρο>παρεσκίας * όμοίως ή εύλάβεια μέση έστι τής αισχύνης καί τής άναιδείας * ούτως κατά αναλογίαν καί αί λοιπαί άρεταί. Έάν ούν εύρεθή άνθρωπος άξιούμενος τούτων τών άρετών, οϊος εύρίσκεται τίμιος παρά τφ Θεώ, καί άεί φαίνεται μέν τρώγων καί πίνων καί κοιμώμενος ώσπερ και οί λοιποί τών ανθρώπων * έστι δέ ό τοιοΰτος τίμιος διά τάς άρετάς &ς έχει. Εί δέ μή νήφη τις καί φυλάττη έαυτόν, έκκλίνει εύχερώς άπό τής όδοΰ ή είς τα δεξιά ή 106. 33 αί om. A DEM i. 1. Cf. Isaïe : Aug. p. 93 el 219. > INSTRUCTIONS, X, § 106 343 Mais l’âme le produit lorsque, s’écartant de la vertu, elle est envahie par les passions. Et c’est précisément par le mal qu’elle est tourmentée, ne trouvant pas en lui son repos naturel. C’est, par exemple, comme le bois : il n’a point de ver en lui, mais s'il pourrit un peu, de cette pourriture naît le ver qui le ronge. Le fer aussi produit la rouille et lui-même à son tour est rongé par la rouille, ou encore le vêtement donne naissance aux mites, par les­ quelles il est ensuite dévoré*. Ainsi l’âme produit d’ellememe le mal qui n’avait auparavant ni être ni substance, et elle est à son tour dévorée par le mal. C’est ce qu’a bien dit saint Grégoire : « Le feu produit par le bois, consume le bois, comme le mal, les méchants2. » Et ceci est encore visible chez, les malades. Si on vit de façon désordonnée, sans veiller sur sa santé, il se produit soit pléthore soit carence (d’humeurs), et de là s’ensuit un déséquilibre. Ainsi auparavant la maladie n’était nulle part, elle n’existait même pas. Et de nouveau quand le corps a recouvré la santé, on ne trouve mille part la maladie. Pareillement le mal est la maladie de l’âme privée de sa santé naturelle, c’est-à-dire de la vertu3. Voilà pourquoi nous disons que les vertus sont un milieu. Par exemple, le courage est le milieu entre la lâcheté et l’audace4, l’humilité, entre l’orgueil et la servilité ; le respect, entre la honte et l’insolence ; et ainsi respectivement toutes les autres vertus. L’homme qui se trouve orné de ces vertus, est précieux devant Dieu ; et bien qu'il paraisse toujours manger, boire et dormir comme le reste des hommes, scs vertus le rendent précieux. Au contraire, s’il manque de vigilance et ne prend garde à lui, il s'écarte facilement de 2. S. Gnèc. Naz. : Oral. 23, 1 (PG 35, 1152 G). Cf. Oral. 40, 38 (PG 36. 412 A}. 3. Le mal, maladie de l’ftme : S. Basile, Hom. in Hexam. (PG 29, 196 BC) ; Évagre, Cent. I, 41 (PO 28, p. 36-37}. 4. Cf. Aristote, Éthique à Nicom. II, 7, 2. 342 15 20 Β 25 30 3·Γ> C •10 ŒUVRES SPIRITUELLES ’Αλλά κλίνουσα ή ψυχή άπό της άρετης γίνεται εμπαθής και αποτελεί τήν κακίαν ' βθεν και κολάζεται ύπ’ αύτης, μή εύρίσκουσα φυσικήν τινα άνάπαυσιν έν αύτη. "Ωσπερ, ύπόθου, τό ξύλον ' μή γάρ σκώληκα έχει έσωθεν αύτοΰ, άλλα ποιεί μικράν σήψιν, καί έκ της σήψεως εκείνης γίνεται ό σκώληξ, καί ούτως αύτός ό σκώληξ βιβρώσκει τό ξύλον. ‘Ομοίως καί ό χαλκός αυτός ποιεί τόν ιόν καί αύτός πάλιν άναλίσκεται ύπό τοΰ ίου. Καί τό ίμάτιον αυτό ποιεί' τόν σήτα, και αύτός ό έξ αύτοΰ γινόμενος σης φθείρει αυτό. Ούτως ουν καί ή ψυχή αύτη ποιεί τήν κακίαν, μηδέν προ τούτου ούσαν, μηδέ έ'χουσαν, ώς είπον, ύπόστασιν, καί αύτή κολάζεται ύπό της κακίας. Καί καλώς εϊπεν ό άγιος Γρηγόριος ' ΙΙΰρ γάρ ύλης γέννημα καί δαπανά τήν ύλην, ώς τούς κακούς ή κακία. "Ωσπερ καί έπί των άρρωστούντων σωμάτων έστιν εύρείν ' όταν άτακτήση τις καί μή διοικήση εαυτόν έν τη ύγεία, γίνεται η πλεονασμός ή ελλειψις, καί λοιπόν έκ τούτου άνωμαλεί. "Ωστε πρό τούτου ούδαμοΰ ήν ή αρρώστια, ούδέ τί ποτέ ήν ' καί πάλιν μεΟ’ ου ύγιαίνει τό σώμα, ούδαμοΰ εύρίσκεται ή άρρωστία. ‘Ομοίως καί ή κακία άρρωστία έστι της ψυχής στερούμενης τής ιδίας αύτης καί κατά φύσιν ύγείας, ήτις έστιν ή αρετή. Διά τούτο είπομεν βτι μέσαι είσίν αί άρεταί ' οϊον ή άνδρεία μέση έστι τής δειλίας καί τής θρασύτητος ' ή ταπεινοφροσύνη μέση έστι τής ύπερηφανίας καί της άνΟρωπαρεσκίας ' ομοίως ή εύλάοεια μέση έστι τής αισχύνης καί τής άναιδείας · ούτως κατά αναλογίαν καί αί λοιπαί άρεταί. Έάν ουν εύρεΟή άνθρωπος άξιούμενος τούτων τών άρετών, οϊος εύρίσκεται τίμιος παρά τώ Θεώ, καί άεί φαίνεται μέν τρώγων καί πίνων καί κοιμώμενος ώσπερ καί οί λοιποί τών άνθρώπων · έστι δέ ό τοιοΰτος τίμιος διά τάς άρετάς άς έχει. Εί δέ μή νήφη τις καί φυλάττη έαυτόν, έκκλίνει εύχερώς από τής οδοΰ ή είς τά δεξιά ή 106. 33 αί om. ADEML 1. Cf. Isaïe : Aug. p. 93 et 219. INSTRUCTIONS, X, § 106 343 Mais l’âme le produit lorsque, s’écartant de la vertu, elle est envahie par les passions. Et c’est précisément par le mal qu’elle est tourmentée, ne trouvant pas en lui son repos naturel. C’est, par exemple, comme le bois : il n’a point, de ver en lui, mais s’il pourrit un peu, de cette pourriture naît le ver qui le ronge. Le fer aussi produit la rouille et lui-même à son Lour est rongé par la rouille, ou encore le vêtement donne naissance aux mites, par les­ quelles il est ensuite dévoré1. Ainsi l’âme produit d’ellemèmc le mal qui n’avait auparavant ni être ni substance, et elle est à son tour dévorée par le mal. C’est ce qu’a bien dit saint Grégoire : « Le feu produit par le bois, consume le bois, comme le mal, les méchants2. » Et ceci est encore visible chez les malades. Si on vit de façon désordonnée, sans veiller sur sa santé, il se produit soit pléthore soit carence (d'humeurs), et de là s’ensuit un déséquilibre. Ainsi auparavant la maladie n’était nulle part, elle n’existait, même pas. Et de nouveau quand le corps a recouvré la santé, on ne trouve nulle part la maladie. Pareillement le mal est la maladie de l’âme privée de sa santé naturelle, c’est-à-dire de la vertu3. Voilà pourquoi nous disons que les vertus sont un milieu. Par exemple, le courage est le milieu entre la lâcheté et l’audace4, l’humilité, entre l’orgueil et la servilité ; le respect, entre la honte et l’insolence ; et ainsi respectivement toutes les autres vertus. L’homme qui se trouve orné de ces vertus, est. précieux devant Dieu ; et bien qu’il paraisse toujours manger, boire et dormir comme le reste des hommes, ses vertus le rendent précieux. Au contraire, s’il manque de vigilance et ne prend garde à lui, il s’écarte facilement, de 2. S. GrÉo. Naz. : Oral. 23, 1 (PG 35, 1152 C). Cf. Oral. 40, 38 (PG 36, 412 A). 3. Le mal, maladie de l’âme : S. Basile, Hom. in Hexam. (PG 29, 196 BC) ; ÉVAORB, Cent. I, 41 (PO 28, p. 36-37). 4. Cf. Aristote, Éthique â Nicom. II, 7, 2. 341 ŒUVRES SPIRITUELLES είς τά αριστερά, τοΰτ* έστιν έπί ύπερβολήν ή έλλειψιν, καί αποτελεί τήν αρρώστιαν ήτις έστιν ή κακία. D 5 10 15 1729 a 20 25 107. ’Ιδού αΰτη έστίν ή οδός ή βασιλική ήν ώδευσαν πάντες οί άγιοι · τά δέ μιλιά είσιν αί διάφοροι καταστάσεις άς όφείλη τις μετρεΐν πάντοτε καί βλέπειν πού έστιν, εις ποιον μίλιον έφθασεν, εις ποίαν κατάστασίν έστιν ' οίόν τι λέγω ' ούτως έσμέν ημείς πάντες ώσπερ τινές έχοντες σκοπόν οδεύσαι έπί τήν αγίαν πόλιν · καί έξελθόντες άπό μιας πόλεως, οί μέν ώδευσαν πέντε μίλια καί άπέμειναν ' οί δέ ώδευσαν δέκα · οί δέ καί έως τού ημίσεως της όδοΰ · οί δέ ούδέ δλως ώδευσαν. άλλ’ έξήλθον μέν της πόλεως, έμειναν δέ έ'ξω τών πυλών εις τήν δυσωδίαν α.ύτής ' οι δέ έν τη όδώ οντες, έστιν οτε οδεύουσι δύο μίλια καί πλανώνται καί ύποστρέφουσιν αυτά, ή δύο ποιούσι καί ύποστρέφουσι πέντε · οι δέ ώδευσαν έως αυτής της πόλεως, έμειναν δέ έξω και ούκ είσήλθον έσω εις τήν πόλιν. ’Ιδού ούτως έσμέν καί ήμεϊς. Είσί γάρ τινες έξ ήμών οτι άφήκαν τόν κόσμον καί έξήλθον εις τό μοναστηριού σκοπόν έχοντες εις τό κτήσασθαι τάς άρετάς ' καί οί μέν κατόρθωσαν ολίγον καί έναπέμειναν ' άλλοι έτι μικρόν, άλλοι καί εως τού ημίσεως τοΰ πράγματος καί έστάθησαν άλλοι ούδέν δλως κατόρθωσαν, άλλά εδοξαν μέν έξελθεΐν έκ τοΰ κόσμου, έμειναν δέ εις τά τού κόσμου καί είς τά πάθη καί είς τήν δυσωδίαν αυτών ' άλλοι κατορθούσι μικρόν καλόν και πάλιν άναλύουσιν αύτό, είσί δέ τινες καί πλείον ού κατόρθωσαν άναλύουσιν ’ άλλοι κατόρθωσαν μέν τάς άρετάς, έσχον δέ ύπερηφανίαν καί έξουδένωσιν είς τόν πλησίον, καί έμειναν εξω τής πόλεως καί ούκ είσήλθον έσω, καί όμως ούδέ αύτοί έ'τυχον τοΰ σκοπού αύτών · καν γάρ εφθασαν τήν πύλην τής πόλεως, άλλα έξωθεν 107. 21 καί είς τά om. ADGMi || 22 αύτών : αύτοΰ ADEM! || $5-26 είς τδν πλησίον : τών πλησίων ADEGMi. 1. ÉvAGftE comparait la vie spirituelle à une marche vers la ciU INSTRUCTIONS, X, § 106-107 315 la route, soit à droite, soit à gauche, c’est-à-dire vers l’excès ou le manque, et provoque cette maladie qu’est le mal. 107. Telle est la voie royale qu’ont suivie tous les saints. Les « milles « sont les différentes étapes que l’on doit toujours mesurer pour se rendre compte où l’on en est, à quel mille on est parvenu, dans quel état on se trouve. Je m’explique : Nous sommes tous, comme des voyageurs qui ont pour but la cité sainte1. Sortis d’une même ville, les uns ont fait cinq milles, puis se sont arrêtés ; d’autres en ont parcouru dix ; certains sont allés jusqu’à la moitié de la route ; d'autres n’ont pas fait un pas : sortis de la ville, ils sont restés aux portes, dans son atmosphère nau­ séabonde. 11 arrive aussi que certains fassent deux milles, puis s’égarent et reviennent sur leurs pas, ou ayant fait deux milles, ils reculent de cinq. 11 en est encore qui ont marché jusqu’à la cité même, mais sont restés dehors et n’ont pas pénétré à l’intérieur. Voilà bien ce que nous sommes. Il en est assurément parmi nous qui avaient pour but l'acquisition des vertus, quand ils ont quitté le monde pour entrer au monastère. De ceux-là, les uns ont progressé un peu, puis se sont arrêtés ; d’autres ont avancé un peu plus, certains ont· même fait la moitié du trajet, et ils en sont restés là. Il y en a qui n’ont rien fait du tout : ils ont paru quitter le monde ; en fait, ils sont restés dans les choses du monde, dans ses passions et sa puanteur. Certains réalisent un peu de bien, puis le détruisent, ou même ils en détruisent plus qu'ils n’en ont fait. D’autres ont acquis les vertus, mais ils ont eu de l’orgueil et du mépris pour le prochain : ils sont demeurés à l’extérieur de la cité et n’y ont point pénétré ; ceux-là non plus n’ont pas atteint leur but, car bien qu’ils soient parvenus jusqu’à la porte de la cité, sainte, celte cité étant la contemplation : Lettre 39 {Frank., p. 591). Cf. Cent. VI, 49 (PO 28, p. 236). 346 Β 30 35 ·■ c 10 15 20 D (E l i V B ES S PIRIT1J ELI, ES εμειναν, ώστε καί αύτοί έξέπεσον του ίδιου σκοπού. 'Έκαστος οδν ημών μάθη που έστιν · εί έξέβη έκ της ιδίας πόλεως, έμεινε δέ έξο) τής πόρτης εις τήν δυσωδίαν τής πόλεως · εί προέοη μικρόν ή πολύ ' εί έφθασε τό ήμισυ τής όδοΰ · εί δύο μίλια ποιεί καί αναλύει τά δύο · εί δύο ποιεί καί αναλύει πέντε ' εί ώδευσεν εως τής πόλεως καί είσήλΟε εις 'Ιερουσαλήμ ' εί την πόλιν μέν ίφθασεν, έσω δέ ούκ ήδυνήθη είσελθείν. 'Έκαστος μάθη την κατάστασιν αύτοΰ, που έστι. 108. Τρεις γάρ καταστάσεις είσιν έν τώ άνθρώπω · έστιν ό ενεργών τό πάθος καί έστιν ό ιστών αύτό καί έστιν ό έκριζών αύτό 1 ό ένεργών το πάθος έστιν ό πράττων αύτό, ό έπεκδικών αύτό ' ό δέ ίστών τό πάθος έστιν ό μήτε ένεργών μήτε έκκόπτων αύτό, άλλα φιλοσόφων μέν και παρερχόμενος, δχων δέ τό πάθος έν έαυτώ ' ό δέ έκριζών τό πάθος έστιν ό άγωνιζόμενος καί ποιών τα έναντία τοϋ πάθους. Έχουσι δέ αί τρεις αύται καταστάσεις πολύ πλάτος ' οϊόν τι λέγω · δ είπατε οίον θέλετε πάθος καί γυμνάσωμεν αύτό ; θέλετε εϊπωμεν περί ύπερηφανίας ; θέλετε περί πορνείας ; ή θέλετε μάλλον λέγωμεν περί κενοδοξίας, επειδή πάνυ ήττώμεθα εις αύτήν ; Άπό κενοδοξίας ού δύναταί τις άκουσαι ρήμα άπό του αδελφού αύτοΰ. Έστιν ούν τις δτε ακούει έν ρήμα καί ταράσσεται, καί λέγει πέντε ρήματα ή καί δέκα άντί του ένός ρήματος, καί μάχεται καί ταράσσει, καί μετά τό παύσασθαι έκ τής μάχης μένει λογιζόμενος κακά κατά τοΰ είπόντος αύτω τό ρήμα έκείνο καί μνησίκακων αύτω καί λυπούμενος ότι ούκ είπε πλέον ών είπε, καί ετοιμάζει έαυτώ ρήματα £τι δεινότερα εις τό είπεΐν αύτω, καί άεί λέγει ' Διά τί ούκ είπον αύτω τόδε ; καί έχω είπεΐν αύτφ τόδε ' καί άεί μαίνεται. ’Ιδού μία κατάστασις ' αυτή έστιν η ζί έξει εχουσα τό κακόν. Ό Θεός ^ύσεται ημάς άπό τής τοιαύτης καταστάσεως ' ή τοιαύτη 108. 8 ordo καταστάσεις αύται A DU Mi |[ 15 τού om. ADEGHPMi Il 23 ή : ή γάρ ADEMi. 1. Cf. Isaïe : « Nous sommes sortis du monde ; sachons où nous en sommes» (Aug., p. 131). INSTRUCTIONS, X, § 107-108 317 ils sont restés dehors, en sorte qu’eux aussi ont manqué leur but. Que chacun de nous apprenne donc où il en est*. Sorti de sa ville, n’est-il pas resté dehors, près de la porte, dans la puanteur de la ville ? A-t-il avancé un peu ou beaucoup ? A-t-il parcouru la moitié de la route ? N’a-t-il pas avancé, puis reculé de deux milles ? Ou n’at-il pas reculé de cinq milles, après avoir avancé de deux ? A-t-il marché jusqu’à la cité ? Est-il entré à Jérusalem ? Ou a-t-il atteint la cité, sans pouvoir y pénétrer ? Que chacun sache en quel état et où il se trouve. 108. Car il y a trois états pour l’homme : celui qui exerce la passion, celui qui la contient et celui qui la déracine. Exercer la passion, c’est en accomplir les actes et l’entretenir. La contenir, c’est ne pas l’exercer ni la retrancher, mais se faire une raison et passer outre, tout en la gardant dans son cœur. La déraciner enfin, c'est lutter et faire les actes contraires. Ces trois états ont une très large application. Prenons un exemple. Quelle passion, dites-moi, voulez-vous que nous examinions? Voulez-vous que nous parlions de l’orgueil? de la fornication? Désirez-vous plutôt que nous traitions de la vaine gloire, puisque c’est souvent par elle que nous sommes vaincus? C’est par vaine gloire que quelqu’un ne peut supporter une parole de son frère. Il en entend une seule, le voilà troublé. 11 en réplique cinq ou même dix. Il dispute, il sème le trouble, et, la querelle terminée, continue de penser du mal contre le frère qui lui a dit cette parole. Il lui garde rancune et regrette de ne pas lui en avoir dit bien plus qu’il n'en a dit. Il prépare des paroles plus méchantes encore pour les lui sortir. Il ne cesse de penser : « Pourquoi ne lui ai-je pas dit ceci? J’ai encore telle chose à lui répondre. » Et il ne sort pas de sa fureur. Tel est le premier état, c’est le mal tourné en habitude. Que Dieu nous en préserve ! Car une telle 348 25 30 1732 λ 35 ŒUVRES SPIRITUELLES κατάστασις ύπόκειται πάντως τη κολάσει ' πάσα γαρ η κατ’ ενέργειαν αμαρτία υπό τδν αδην έστιν · άλλα καν θέληση ό τοιοΰτος μετανοήσαι, ούκ ισχύει μόνος περιγενέσθαι τοΰ πάθους, εί μή και βοήθειαν σχή παρά τινων αγίων, καθώς και οί Πατέρες εϊπον ’ διά τοΰτο άει λέγω ύμϊν, σπουδάσατε κόψαι τά πάθη πριν γενέσθαι έν εξει αύτών. ■Έστιν άλλος οτε ακούει ρήμα καί ταράσσεται μέν και λέγει και αύτός πέντε βήματα ή καί δέκα αντί ενός, και θλίβεται βτι ούκ είπεν άλλα τρισχείρω, καί λυπεϊται καί μνησικακεϊ · ποιεί δέ όλίγας ημέρας καί μεταβάλλεται άλλος ποιεί έοδομάδα. έν τούτοις καί μεταβάλλεται ' άλλος ποιεί μίαν ήμέραν καί μεταβάλλεται · άλλος ύβρίζει, μάχεται, ταράσσεται, ταράσσει καί εύθέως μεταβάλλεται. ’Ιδού πόσαι διαφοραί καταστάσεων, καί όμως υπό τόν άδην είσιν ούτοι πάντες έφ’ όσον ένεργοΰσιν. 109. Είπωμεν καί περί τών Ιστώντων τό πάθος. Έστι τις οτε ακούει ρήμα καί θλίβεται μέν καθ’ εαυτόν ’ πλήν λυπεϊται ούχ ότι ύβρίσθη, άλλ’ οτι ούχ ύπήνεγκεν · ούτος της καταστάσεως τών άγωνιζομένων έστι, τών ιστώντων Β 5 τό πάθος έστίν. ’Άλλος αγωνίζεται καί κόπια, ύστερον δέ νικάται έκ τοΰ βαρεϊσθαι αύτόν υπό τοΰ πάθους ' άλλος ού θέλει μέν άποκριθηναι κακώς, άπό συνήθειας δέ συναρ­ πάζεται ‘ άλλος άγωνίζεται μέν μη λαλήσαι όλως τί ποτέ κακόν, λυπεϊται δέ ότι ύβρίσθη · πλήν αλλά καταγινώσκει 10 έαυτοΰ οτι λυπεϊται καί μετανοεί περί τούτου ' άλλος ού λυπεϊται μέν ότι ύβρίσθη, άλλ’ ούδέ χαίρει. ’Ιδού ούτοι πάντες οί ίστώντες τό πάθος είσίν ’ έ'χουσι δέ έν έαυτοϊς διαφοράν οί δύο πρός τούς λοιπούς, ό ήττώμενος έν τω άγωνίζεσθαι καί ό συναρπαζόμενος άπό συνήθειας * ούτοι 109. 14 συνήθειας : συνήθειας, καί ύ καταγινώσκων εαυτού ότι ούχ ύπήνεγκε μετ’ ευχαριστίας τήν υβριν ADEGHMi | ούτοι γάρ : οί δέ λοιποί ADEGHMi. 1. Cf. § 115, 22-23, p. 360; § 120, 13-14, p. 370. INSTRUCTIONS, X, § 108-109 349 disposition est sûrement vouée au châtiment, tout péché accompli étant passible de l’enfer. Même s’il veut se convertir, celui qui est dans cet état, n’aura pas la force de venir seul à bout de cette passion, à moins d’être aidé par des saints, selon le mot des Pères1. Aussi, je ne cesse de vous le dire2, hâtez-vous de retrancher les passions, avant qu’elles ne tournent en habitudes. Parfois un autre, troublé d’une parole entendue, en répond lui aussi cinq ou dix pour une, il s’afflige de n’en avoir pas dit d’autres trois fois plus méchantes, il éprouve de la tristesse et garde rancune. Mais quelques jours après, il s'en repent. Tel autre laisse passer une semaine avant de se repentir, tel autre un seul jour. Un autre encore s’irrite, dispute, se trouble et trouble autrui, puis se repent tout aussitôt. Voyez combien ces états sont variés, et pourtant tous relèvent de l’enfer, en tant qu’ils comportent l’exercice d’une passion. 109. Parlons maintenant de ceux qui contiennent la passion. Voici un frère qui entend une parole et s'afflige intérieurement, mais ce n’est pas de l’outrage reçu qu’il s’attriste, c’est de ne l’avoir pas supporté3. Tel est l’état de ceux qui luttent, de ceux qui contiennent la passion. Un autre frère lutte avec peine, mais finit par succomber sous le poids de la passion. Un autre ne veut pas répondre méchamment, mais il est emporté par l’habitude. Un autre encore lutte pour s'abstenir de toute parole mauvaise, mais il est triste d’avoir été maltraité ; seulement il condamne sa propre tristesse et en fait pénitence. Tel autre enfin ne s'afflige pas d’êire outragé, mais il ne s’en réjouit pas non plus. Tous ceux-là, voyez-vous, contiennent la passion. Deux cependant se distinguent des autres, à savoir celui qui est vaincu dans le combat et celui qui est ·.'. Cf. § 115 et 1-20, |>. 361 et 371. 3. Sur ceux qui s'affligent de n’avoir pas supporte une injure, cf. Zosime : PG 78, 1081 D. 350 ŒUVRES SPIRITUELLES !·’ γάρ έν φόβω εϊσί του κινδύνου τών ένεργούντων ’ εϊπον 1 δέ αύτούς τών ίστώντιον τό πάθος είναι ' τη γάρ διαθέσει έστησαν τό πάθος καί ού Οέλουσιν ένεργησαι, άλλά και λυπούνται και αγωνίζονται. Εϊπον δέ οί Πατέρες οτι παν πράγμα δ μή θέλει ή ψυχή, όλιγοχρόνιόν έστιν. Όφείλουσι 20 δέ ψηλαφαν εαυτούς μή πως καν μή αύτό τό πάθος, άλλά τί ποτέ τών αιτίων τού πάθους έπεκδικοΰσι, και διά τούτο ήττώνται ή συναρπάζονται. Εϊσί δέ τινες φησίν άγωνιζόμενοι στησαι τό πάθος, άλλά κατά πάθος. ‘0 μέν γάρ σιωπά διά κενοδοξίαν ' ό δέ δι’ 25 άνθρωπαρέσκειαν ή δι’ άλλο olov δήποτε πάθος. Ούτοι κακώ τό κακόν ίώνται. Είπε δέ ό άβοάς Ποιμήν δτι πονηρία ούδαμώς πονηριάν άναιρεΐ. Ούτοι μετά τών ένεργούντων είσί, καν χλευάζονται. D 5 10 1733 Λ 110. Θέλομεν λοιπόν είπεϊν καί περί τών έκριζούντων τό πάθος. ’Έστι τις δτε χαίρει μέν έάν ύβρισθή, άλλα διά τό έχειν μισθόν. Ούτος τών έκριζούντων τό πάθος έστίν, άλλ’ ού μετά γνώσεως. Άλλος δέ χαίρει ύβριζόμενος καί έχει οτι χρεωστεΐ ύβρισθηναι, ώς δτι αύτός έδωκε τήν αιτίαν. Ούτος μετά γνώσεως έκριζοϊ τό πάθος ’ τό γάρ ύβρισθήναί τινα καί φέρειν καθ’ έαυτου τήν αιτίαν καί δέχεσθαι ώς ϊδια τά έπερχόμενα αύτώ, γνώσεως έστιν. Έκαστος γάρ ευχόμενος τώ Θεώ · Κύριε, δός μοι ταπείνωσιν, όφείλει είδέναι δτι τούτό έστιν δ αιτεί, ίνα πέμψη αύτώ τινα ύβρίσαι αύτόν ‘ όταν ούν ύβρίζεται ύπό τίνος, όφείλει καί αύτός έαυτόν ύβρίζειν καί έξουδενεϊν έν τώ ίδίω λογισμώ, ίνα έκείνος μέν ταπεινοί αύτόν έξωθεν καί αύτός έαυτόν έσωθεν. Έστιν άλλος δτε ού μόνον χαίρει ύβριζόμενος 110. 2 έάν : έπάν ADEHMi || Π ούν : δέ GH oui. ADPMÎ || 12 έν oin. ADEGHMi. 1. ΑρορΜ. Pœmcn 93 : PG 65, 345 A. 2. ΑρορΜ. Poemen 177 : PG 65, 365 A. Cf. Évagrk : · Ne pas chasser un vice par un autre » (Mal. cog. XXX, clans Muyldermans, INSTRUCTIONS, X, § 109-110 351 emporté par l’habitude, car ceux-là courent le danger de ceux qui exercent la passion. Je les ai rangés parmi ceux qui la contiennent, parce que telle est bien leur intention. Ils ne veulent pas exercer la passion, mais ils éprouvent de la tristesse et luttent. Les Pères ont «lit que tout ce que l'âme refuse, est de courte durée1. Ces frères doivent s’examiner pour savoir s’ils n’entretiennent pas, à défaut de la passion elle-même, une des causes de la passion, et si ce n’est pas pour cela qu’ils sont vaincus ou entraînés. Certains luttent, soi-disant pour contenir une passion, mais c’est sous l’instigation d’une autre. Tel frère, par exemple, gardera le silence par vaine gloire ; tel autre, par respect humain, ou pour toute autre passion. C’est soigner le mal par le mal. Or l’abbé Poemen dit qu’en aucune manière l’iniquité ne détruit l’iniquité2. Ces frères sont donc de ceux qui exercent la passion, même s'ils sont le jouet de l’illusion. 110. Nous devons parler enfin de ceux qui déracinent la passion. Voici un frère qui se réjouit d’avoir été maltraité, mais c’est pour la récompense qu’il en aura. Lui est de ceux qui déracinent la passion, mais non avec science. Un autre se réjouit aussi d’avoir été outragé et il est convaincu que cet outrage lui était dû, parce que luimême y avait donné prétexte. Celui-là déracine la passion avec science, car être maltraite et s’en attribuer la cause, prendre à son compte les outrages reçus, c’est oeuvre de science. Quiconque en effet dit à Dieu dans sa prière : «Seigneur, donne-moi l'humilité», doit savoir qu'il demande par là à Dieu de lui envoyer quelqu’un pour le maltraiter. Et quand il est maltraité, il doit se maltraiter lui-même et se mépriser dans son cœur, afin de s’humilier au-dedans, tandis qu’on l’humilie au-dehors. Il en est enfin qui, non seulement se réjouissent de l’outrage et A travers la tradition manuscrite d'Ëvagrc le. Ponlique, Louvain 1932, p. 53). 352 ŒUVRES SPIRITUELLES 15 και εαυτόν α’.τιάται, άλλά καί λυπειται διά την ταραχήν τού ύβρίσαντος αύτόν ' ό Θεός ένέγκοι ή μάς εις τοιαύτην κατάστασιν. 111. Βλέπετε πόσον έστί πλάτος είς τάς τρεις καταστά­ σεις. "Εκαστος ούν ήμών, ώς εϊπον, μάθη ποιας έστί καταστάσεως · έάν Οέλων ακμήν ενεργεί το πάθος και έπεκδικεϊ, ή Οέλων μέν ού ποιεί, νικώμενος δέ ή άπδ συνήθειας συναρ5 παζόμενος ενεργεί αύτό, καί μετά τδ ένεργήσαι, θλίβεται καί μετανοεί οτι ένήργησεν, ή άγωνίζεται στησαι τδ πάθος έν γνώσει ή κατά άλλο πάθος άγωνίζεται, ώσπερ εϊπομεν δτι · "Εστιν βτε σιωπά τις ή κατά κενοδοξίαν ή κατά άνθρωπαρέσκειαν ή απλώς είπείν κατά τινα λογισμόν Β ίο ανθρώπινον. Καί εί ήρξατο έκριζούν τδ πάθος, καί εί μετά γνώσεως έκριζοϊ αύτδ καί ποιεί τά έναντία τού πάθους έκαστος μάθη πού έστιν, είς ποιον μίλιόν έστιν. Ού μόνον γάρ όφείλομεν καθ’ ήμέραν έρευναν εαυτούς, άλλά και κατά καιρόν καί κατά μήνα καί καθ’ εβδομάδα, 15 καί λέγειν ’ Τήν πρώτην εβδομάδα τοιώσδε έβαρούμην είς τόδε τδ πάθος ' άρτι πώς είμι ; Όμοίως καί κατά καιρόν λέγειν οτι · Πέρυσι τοιώσδε ένικώμην ύπδ τούδε τού πάθους ' άρτι πώς έχω ; Καί ούτως καθ’ έκάστην γυμνάζειν έαυτούς, εί προεκόψαμεν μικρόν ή έν τοϊς αύτοις 20 έσμεν ή εις τδ χείρον έγενόμεθα. 112. Ό Θεός δώσει ήμϊν δύναμιν, ίνα τέως καν μή έκριζώμεν τδ πάθος, άλλ’ ούν μή ένεργώμεν, άλλ’ ίστώμεν αύτό. "Οντως γάρ βαρύ πράγμα τδ ένεργεϊν καί μή ίστάν C τδ πάθος. Καί λέγω ύμϊν υπόδειγμα τίνι όμοιος έστιν δ 5 ενεργών τδ πάθος καί έπεκδικών αύτό ’ όμοιός έστιν άνθρώπω κατατοξευομένω ύπδ τού έχθρού αύτού καί δεχομένω ταΐς χερσίν αύτού τά βέλη καί πηγνύοντι αύτά είς τήν καρδίαν έαυτού. 'Ο δέ ιστών τδ πάθος όμοιός έστι 1. Cf. Isaïe : « Examine chaque jour quelle passion tu as vaincue » (/tu#., p. 83, 89). 2. Gf. S. Jean Chrysostome : · Apprenons Λ poursuivre avec le temps la correction de nos défauts : en nous proposant tel défaut INSTRUCTIONS, X, § 110-112 353 s'cn jugent responsables, mais encore s'affligent du trouble de celui qui les outrage. Que Dieu nous porte à un tel état ! 111. Voyez l’étendue de ces trois états. Que chacun de nous, je le répète, sache quel état est le sien. Est-ce de plein gré qu’il exerce la passion et l’entretient? Ou bien, sans agir volontairement, ne l'cxerce-t-il pas, vaincu ou emporté par l'habitude? Et ensuite, en est-il affligé? En fait-il pénitence? Lutte-t-il pour contenir la passion avec science, ou sous l'instigation d’une autre passion? Nous avons dit en effet qu’on garde parfois le silence par vainc gloire, par respect humain, bref, pour une considération humaine. Λ-t-il commencé à déraciner la passion? Le fait-il avec science, en accomplissant les actes contraires à la passion? Que chacun sache où il en est, à quel mille il se trouve. En plus de notre examen quotidien1, nous devons nous examiner chaque année, chaque mois2 et chaque semaine, nous demander : « Où en suis-je maintenant avec cette passion qui m’accablait la semaine dernière?» De même chaque année : a.J’ai été vaincu par telle passion l'an dernier, comment vais-je maintenant? » Il faut ainsi nous demander chaque fois si nous avons fait quelque progrès, si nous sommes restés sur place, ou si nous ne sommes pas devenus pires. 112. Que Dieu nous donne la force, sinon de déraciner la passion, au moins d’abord de ne pas l’exercer, mais de la contenir ! Car c’est réellement chose grave d’exercer la passion et de ne pas la contenir. Je vais vous dire à qui ressemble celui qui exerce la passion et l’entretient : il ressemble à un homme qui saisit de scs propres mains les traits qu’il reçoit de l’ennemi et se les plante lui-même dans le cœur. Quant à celui qui contient la passion, c’est durant le présent mois, tel antre le mois suivant, un troisième le mois d'après ; déterminons-nous ainsi à nous redresser nous-mêmes... » (In Jo. Hom. 83, 5 : PG 59, 454). 12 354 10 15 D 20 ŒUVRES SPIRITUELLES τώ κατατοξευομένφ υπό τοΰ έχθροΰ αύτοΰ, περιοεβλημένφ δέ θώρακα καί ούκ είσδεχομένω τδ βέλος ’ ό δέ έκριζών τδ πάθος όμοιός έστι κατατοξευομένφ καί δεχομένφ τά βέλη καί συντρίβοντι αύτά ή άποστρέφοντι αύτα είς τήν καρδίαν τοΰ έχθροΰ, ώς λέγει έν τώ ψαλμώ ' ‘H ρομφαία αύτών είσέλθοι είς καρδίαν αύτών και τά τόξα αύτών συντριθείη. Σπουδάσωμεν ούν καί ημείς, άδελφοί, καν ού δυνάμεθα τέως άποστρέψαι τήν ρομφαίαν αύτών είς τας καρδίας αύτών, άλλ* οδν μήτε δεξώμεθα τά βέλη καί πήξωμεν αύτα εις τάς καρδίας ήμών, άλλά καν περιθωρακίσωμεν εαυτούς, ίνα μή πληγώμεν ύπ’ αύτών. Ό Θεδς ό αγαθός σκεπάση ήμας άπ* αύτών καί δώση ήμϊν νηψιν καί όδηγήση ήμας είς τήν δδδν αύτοΰ. ’Αμήν. INSTRUCTIONS, X, § 112 355 l’homme visé par son ennemi, mais qui, revêtu d’une cuirasse, n’est touché d’aucun trait. Celui enfin qui déracine la passion, est comme quelqu’un qui briserait les traits qu’il reçoit ou les renverrait au cœur de son ennemi, selon la parole du Psaume : « Que leur glaive entre dans leur cœur, et que leurs arcs soient brisés » (Fs. 36, 15). Tâchons donc, nous aussi, frères, sinon de renvoyer leur glaive dans leur cœur, au moins de ne pas prendre leurs traits pour nous les enfoncer nous-mêmes dans le cœur, et aussi de nous revêtir d'une cuirasse, pour ne pas être blessés par eux. Que Dieu dans sa bonté nous en protège, qu’il nous rende vigilants et nous guide dans sa voie ! Amen. ΙΑ'. ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΣΠΟΥΔΑΖΕΙΝ ΤΑΧΕΩΣ ΕΚΚΟΠΤΕΙΝ ΤΑ ΠΑΘΗ ΠΡΟ ΤΟΥ ΕΝ ΕΞΕΙ ΚΑΚΗ ΓΕΝΕΣΘΛΙ ΤΗΝ ΨΥΧΗΝ 1736 Λ 5 10 Β 15 20 113. Θέτε τον νουν ύμών, αδελφοί, ώς είσί τά πράγματα, καί βλέπετε μή άμελήσητε εαυτών, έπειδή εις μεγάλους κινδύνους φέρει ήμας καί μικρά αμέλεια. Παρέβαλλαν άρτι τινί άδελφώ πούποτε καί εύρον αύτόν πώς άπό αρρώστιας, καί έν τω λαλεΐν ήμας, έμαθον οτι έπτά ήμέρας έπύρεξε μόνας, καί ιδού έχει άλλας τεσσαράκοντα ήμέρας καί ούχ εύρίσκει ακμήν άναλαβεΐν έαυτόν. Βλέπετε, αδελφοί, πόση ταλαιπωρία του έμπεσεΐν τινα εις άνώμαλον διάθεσιν. ’Αεί καταφρονεί τις μικρός αταξίας καί ούκ οΐδεν ότι έάν φΟάση μικρόν κακουχηΟήναι τό σώμα αύτοΰ καί μάλιστα έάν έστιν ασθενέστερος, πολλοΰ πάνυ χρεία κόπου καί χρόνου πριν ή γένηται αύτοΰ ή κατόρΟωσις · επτά ήμέρας έπύρεξεν ό ταπεινός οΰτος, καί ιδού τοσαΰται ήμέραι, καί ούχ εύρίσκει άναλαβεΐν έαυτόν. Ούτως έστί καί επί της ψυχής ' μικρόν αμαρτάνει τις, καί ποιεί πόσον χρόνον στάζων τό αίμα αύτοΰ, πριν διορΟώσηται έαυτόν. Καί επί μέν τής σωματικής άσΟενείας εύρίσκομεν διαφό­ ρους αιτίας, ή ότι τά φάρμακα παλαιά οντα ούκ ένεργοΰσιν, ή βτι ο ιατρός άπειρός έστι καί άλλο άντ’ άλλου φάρμακον παρέχει, ή ότι ό άρρωστος άτακτεΐ καί ού φυλάττει ά έπιτάσσεται παρά τοΰ ιατρού. ’Επί δέ τής ψυχής ούχ ούτως ού γάρ δυνάμεΟα είπεΐν ότι ό ιατρός άπειρος ών ούκ έδωκεν αρμόδια τά φάρμακα. Ό Χριστός γάρ έστιν ό ιατρός τών Mm : ADEGHPTVMi 113. 11 κόπου : καί κόπου A DE Η Mi. XI. DE L’EMPRESSEMENT À RETRANCHER LES PASSIONS, AVANT QUE L’ÂME NE S’HABITUE AU MAL 113. Considérez attentivement, frères, comment sont les choses, et prenez garde de vous négliger, puisque même une petite négligence nous mène à de grands dangers. Je viens de rendre visite à un frère que j’ai trouvé relevant de maladie. En parlant avec lui, j’ai appris qu’il n’avait eu de la fièvre que pendant sept jours. Or, voilà quarante jours de cela, et il n’a pas encore trouvé le moyen de se remettre. Vous voyez, frères, quel malheur c’est de perdre l’équilibre de sa santé. On méprise toujours les petits désordres, et l’on ignore que, si le corps est tant soit peu malade, surtout s’il est de complexion délicate, il lui faut beaucoup de peine et de temps pour se remettre. Ce pauvre frère a eu de la fièvre pendant sept jours, et voici qu’après tant d’autres jours, il n’est pas parvenu à se rétablir. Il en est de même pour l’âme : on commet quelque faute légère, et pendant combien de temps devra-t-on verser son sang, avant de se relever? Pour la faiblesse du corps, nous trouvons diverses raisons : ou bien les remèdes n’agissent pas, parce qu’ils sont vieux ; ou bien le médecin est. inexpérimenté et donne un remède pour un autre ; ou bien encore le malade est désobéissant et n’observe pas ses ordonnances. Mais pour l’âme, il n’en va pas ainsi : nous ne pouvons dire en effet que le médecin soit sans expérience et qu’il n’ait pas donné les remèdes convenables, puisque le médecin de nos âmes, 358 ŒUVRES SPIRITUELLES ψυχών ήμών, καί πάντα γινώσκει καί αρμόδιον έκάστω 25 πάθει παρέχει τό φάρμακον ’ οϊόν τι λέγω ' Τή κενοδοξία τάς περί ταπεινοφροσύνης έντολάς, τή φιληδονία τάς περί έγκρατείας, τή φιλαργυρία τάς περί, ελεημοσύνης, καί C άπαξ άπλώς έκαστον πάθος έχει φάρμακον την άρμόζουσαν αύτώ έντολήν ’ ώστε ό ίατρδς ούκ έστιν άπειρος. Άλλ* 30 ούδέ πάλιν τά φάρμακα παλαιά όντα ούκ ένεργούσιν. Αί έντολαί γάρ του Χριστού ούδέποτε παλαιοΰνται * άλλ’ όσον ένεργουνται, τοσούτον άνανεούνται. Ούκοΰν τή ύγεία της ψυχής ούδέν έστιν τδ έμποδίζον, εί μή μόνον ή άταξία αύτής. D 5 10 15 1737 λ 114. Πρόσχωμεν ούν έαυτοϊς, αδελφοί · νήψωμεν, έως έ'χομεν τδν καιρόν. Τί έαυτών άμελούμεν ; Ποιήσωμέν τί ποτέ αγαθόν, ίνα εΰρωμεν βοήθειαν έν καιρώ πειρασμού. Τί άπόλλομεν τήν ζωήν ήμών ; Τοσαΰτα άκούομεν, και ού μέλει ήμϊν, άλλά καταφρονοΰμεν. Βλέπομεν τούς αδελφούς ήμών άρπαζομένους έκ μέσου ήμών, καί ού νήφομεν, είδότες δτι κατά μικρδν μικρδν καί ήμεϊς έγγίζομεν τώ θανάτω. ’Ιδού έξ δτου έκαθίσαμεν λαλήσαι έως άρτι, άνηλώσαμεν δύο ή τρεις ώρας τού χρόνου ήμών καί έπλησιάσαμεν τώ θανάτω, καί βλέπομεν δτι άπόλλομεν τδν καιρόν, καί ού φοδούμεθα. Πώς ού μνημονεύομεν τού ρητού τού γέροντος εκείνου τού είπόντος δτι ’ Χρυσδν ή άργυρον έάν άπολέση τις, δύναταί εύρεϊν άλλον άντ’ αύτού ‘ καιρδν δέ ό άπόλλων ού δύναταί εύρεϊν άλλον. ’Όντως μέ)ά.ομεν ζητήσαι μίαν ώραν τού καιρού τούτου καί μή εύρεϊν. Πόσοι έπιθυμοΰσιν άκούσαι ρήμα Θεού καί ούχ εύρίσκουσι ; καί ήμεϊς τοσαΰτα άκούομεν καί καταφρονοΰμεν καί ού διεγειρόμεθα. '0 Θεδς οϊδεν, έκπλήττομαι έπί τή αναισθησία τών ψυχών ήμών, δτι δυνάμεθα σωθήναι καί 113. 24 ήμων om. ADEG.Mi || 25 παρέχει : παρέσχε ADEGHML 114. 13 άλλον : έτερον Mi om. ADEP. 1. Le Christ, médecin : cf. S. Ignace, ad Eph. Vil (SC 10, p. 74t : INSTRUCTIONS, XI, § 113-1 II 359 c’est le Christ1, qui sait tout et qui donne à chaque passion le remède approprié, je veux dire scs commandements concernant soit l’humilité contre la vaine gloire, soit la tempérance contre la sensualité, soit l'aumône contre l’avarice ; bref, chaque passion a pour remède le comman­ dement qui lui est adapté. Le médecin n’est donc pas inexpérimenté. D’autre part, on ne peut dire non plus que les remèdes soient inefficaces, parce qu’ils sont trop vieux. Les commandements du Christ ne vieillissent jamais : ils se renouvellent même, dans la mesure où ils servent. Il n’y a donc pas d’autre obstacle à la santé de l’âme que son propre dérèglement. 114. Prenons donc garde à nous-mêmes, frères, soyons vigilants, tant que nous en avons le temps. Pourquoi nous négliger? Faisons quelque bien, pour trouver du secours au temps de l’épreuve. Pourquoi gâcher notre vie? Nous entendons tant d’instructions : peu nous importe, nous les méprisons. Sous nos yeux nos frères nous sont enlevés, et nous n’y prêtons pas attention, tout en sachant que nous aussi, nous approchons peu à peu de la mort. Depuis le début de notre entretien, nous avons dépensé deux ou trois heures de notre temps, et nous nous sommes rappro­ chés de la mort, mais nous voyons sans frayeur que nous perdons le temps. Comment ne nous rappelons-nous pas ce mot d’un vieillard : « Celui qui perd de l’or ou de l’argent, peut en retrouver, mais celui qui perd du temps, n’en retrouvera pas2. » De fait nous chercherons, sans la trouver, une seule heure de ce temps. Combien désirent entendre une parole de Dieu et ne le peuvent? Et nous qui les entendons si souvent, nous les méprisons et ne sortons pas de notre torpeur. Dieu sait si je suis stupéfait de l’insensibilité de nos âmes. Nous pouvons être sauvés et Okigêne, Hom. 13 in Luc. (PG 13, 1831), in Jcr. 18, 5 (GCS, p. 156) ; Evagke, lettre 42 (Frank., p. 595). 2. Apopht. Nau 265 : ROC 1909, p. 369 (cf. PL 73, 939 A). 3G0 ŒUVRES SPIRITUELLES 20 ού θέλομεν. Δυνάμεθα γάρ, ώς εϊσί νεαρά τά πάθη ήμών, κόψαι αύτά, καί ού φροντίζομεν ' άλλά άφοΰμεν αύτά σκληρυνθηναι καθ’ ήμών, ίνα πλεϊον κάκην έσχάτην ποιήσωμεν. Άλλο γάρ έστιν, ώς πολλάκις εϊπον ύμϊν, τδ έκριζώσαι βοτάνην, δτι εύθύς άποσπαται, και άλλο έστί τδ 25 έκριζώσαι μέγα δένδρον. Β 5 10 15 C 20 25 115. Εύκαίρησέ τις μέγας γέρων μετά τών μαθητών αύτου έν τόπω τινί έν ω ήσαν κυπαρίσσια διάφορα, μικρά καί μεγάλα. Καί λέγει ό γέρων ένί τών μαθητών αύτου ' Άνάσπασον τδ κυπαρίσσιον τούτο ' ήν δέ μικρόν πάνυ, καί εύθέως τη μια χειρί άνέσπασεν αύτδ δ άδελφός. Εΐτα δεικνύει αύτω ό γέρων άλλο μειζότερον του πρώτου καί λέγει αύτω · Άνάσπασον καί τούτο ’ δ δέ σαλεύσας ταϊς δύο χερσίν άνέσπασε κάκεϊνο. Πάλιν δεικνύει αύτω ό γέρων άλλο μειζότερον · ό δέ μετά πλείονος κόπου άνέσπασε κάκεϊνο. Δεικνύει αύτω καί άλλο μειζότερον * δ δέ πολλά σαλεύσας καί κοπιάσας καί ίδρώσας έπήρε κάκεϊνο. Ειτα δεικνύει αύτω δ γέρων άλλο μειζότερον ■ ό δέ πολλά κοπιάσας καί ίδρώσας ούκ ήδυνήθη έπαραι αύτό. Ώς ούν εϊδεν αύτδν δ γέρων μή δυνάμενον, έπέτρεψεν άλλω άδελφω άναστηναι καί βοηθήσαι αύτω, καί ούτως ήδυνήθησαν άμφότεροι άνασπάσαι αύτό. Τότε λέγει δ γέρων τοϊς άδελφοϊς ’ ’Ιδού ούτως είσί τά πάθη, άδελφοί · έφ’ όσον είσί μικρά, έάν θέλωμεν, δυνάμεθα μετά άναπαύσεως έκκόψαι αύτά. Έάν δέ άμελήσωμεν αύτών ώς μικρών, σκληρύνονται, καί δσον σκληρύνονται, τοσούτον πλείονος δέονται κόπου. Εί δέ επί πλεϊον άνδρυνθώσι καθ’ ήμών, ούκ ετι ούδέ μετά κόπου δυνάμεθα έκκόψαι αυτά άφ’ έαυτών, έάν μή καί βοήθειαν σχώμέν τινων αγίων άντιλαμβανομένων ήμών μετά Θεόν. Βλέπετε πόσην δύναμιν έχουσι τά παρά τών άγιων γερόντων. Καί δ Προφήτης δμοίως περί τούτου διδάσκει 115. 12 δέ : δέ καί DEMI || 1G γέρων : γέρων εκείνος EG1IP γέρων έκείνοις ADMi || 17 τά : καί τά ADEG.Mi || 23 ήμών : ήμϊν DEGI1PMI. INSTRUCTIONS, XI, § 114-115 361 nous ne le voulons pas. Nous pouvons en effet arracher nos passions tant qu’elles sont jeunes, mais nous n'en avons point souci. Nous les laissons se durcir en nous jusqu’au dernier degré du mal. Je vous l’ai dit souvent, autre chose est de déraciner une plante qu’on arrache d'un seul coup, autre chose de déraciner un grand arbre1. 115. Un grand vieillard se délassait avec ses disciples en un lieu où se trouvaient des cyprès de tailles variées des petits et des grands. Il dit à l’un de ses disciples : « Arrache ce cyprès. » L’arbre était tout petit, et aussitôt, d’une seule main, le frère l'arracha. Le vieillard lui montra ensuite un autre cyprès, plus grand que le premier, en lui disant : a Arrache aussi celui-là. » Le frère l'arracha en le secouant des deux mains. Alors le vieillard lui en désigna un autre plus grand, que le frère eut plus de peine à arracher. Il lui en indiqua un autre encore plus grand : le frère le secoua beaucoup et ne l’enleva qu'à force de peine et de sueurs. Enfin, le vieillard lui désigna un autre arbre encore plus grand, et cette fois le frère, après beaucoup de travail et de sueurs, ne put l’arracher. Le vieillard, voyant son impuissance, ordonna «à un autre frère de se lever et de l'aider. A deux ils purent l’arracher. «Ainsi en est-il des passions, frères, leur dit alors le vieillard. Tant qu'elles sont pelites, nous pouvons les retrancher facilement, si nous le voulons. Mais si nous les négligeons parce qu'elles sont petites, elles sc durcissent, et plus elles se durcissent, plus elles exigent de peine. Si elles ont jeté de profondes racines en nous, nous ne parviendrons plus, même avec effort, à nous en défaire, à moins de recevoir du secours des saints qui, après Dieu, s’occupent de nous. » Voyez quelle force ont les enseignements des saints vieillards. Et le Prophète nous donne à ce sujet la même 1. CI. Barsanuphc, Nie. 552; S. Jean Chrysostom?., Ht.m. II in l Cor., n“ 5 (PG 61, 93). 12—1 362 ŒUVRES SPIRITUELLES ήμας έν τώ ψαλμώ όπου λέγει * Θυγάτηρ Βαβυλώνας ή ταλαίπωρος, μακάριος δς άνταποδώσει σοι τδ άνταπόδομά σου, δ άνταπέδωκας ήμίν * μακάριος δς κρατήσει καί έδαφιει τα νήπιά σου πρδς τήν πέτραν. D 5 10 1740 Λ 15 -0 Β 116. ’Αλλά ψηλαφήσωμεν κατά άκολουθίαν τδ λεγόμενον. Βαβυλώνα λέγει τήν σύγχυσιν · ούτως γάρ ερμηνεύει παρά τδ Βαβέλ, βπερ έστι Συχέμ * θυγατέρα δέ Βαβυλώνος λέγει τήν έχθραν. Πρώτον γάρ συγχεϊται ή ψυχή, καί ούτως άποτελει τήν αμαρτίαν. Ταλαίπωρον δέ αύτήν καλεΐ, έπειδή, καθώς καί άλλοτε ύμίν είπον, άνούσιός έστι καί άνυπόστατος ή κακία, διά της ήμών άμελείας έκ τοΰ μή βντος συνισταμένη και πάλιν διά της ήμών κατορθώσεως άπολλυμένη καί είς τδ μή είναι χωρούσα. Λέγει ούν ώς πρδς αύτήν δ άγιος ' Μακάριος δς ανταποδώσει σοι τδ άνταπόδομά σου, δ άνταπέδωκας ήμίν. Μάθωμεν τί μέν έδώκαμεν, τί δέ άντελάβομεν καί τί θέλομεν άνταποδοΰναι. Έδώκαμεν τδ θέλημα ήμών καί άντελάβομεν τήν αμαρτίαν. Μακαρίζει ούν ό λόγος τούς ταύτην άνταποδιδόντας * τό δέ άνταποδοΰναι έστι τό μηκέτι πραξαι αύτήν. ΕΙτα έπιφέρει ' Μακάριος δς κρατήσει καί έδαφιει τά νήπιά σου πρδς τήν πέτραν. Οίονεί ‘ Μακάριος ό τά παρά σου γενόμενα, τοΰτ’ εστι τούς πονηρούς λογισμούς, μηδέ τήν άρχήν δούς χώραν τοΰ αύξηθήναι έν αύτώ καί ένεργηθήναι τδ κακόν, άλλά ταχέως, ώς έτι είσίν νήπιοι, πριν τραφώσι καί αύξηθώσι κατ’ αύτοΰ, κρατήσας καί προσρήξας αύτούς τη πέτρα, ήτις έστιν δ Χριστός, και άπολέσας αύτούς διά τοΰ καταφεύγειν πρδς τδν Χριστόν. 117. ’Ιδού πώς καί οί γέροντες καί ή άγια Γραφή πάντες συμφωνοΰσι καί μακαρίζουσι τούς άγωνιζομένους έκκόψαι, 116. 9 είναι : ον ADEMI. 1. Cf. § 106, p. 341, n. I. 2. Cf. Oiugùne, In Numeros hom. 20, 2 et In libr. Jesii Nave Horn. 15, 3 (GCS, t. 7. p. 190 et 387 ; SC 29, p. 398, et 71, p. 343) ; INSTRUCTIONS^ XJ, § 115-117 363 leçon, quand il dit dans le Psaume : « Misérable fille de Babylone, bienheureux qui te rendra tout ce que tu nous as rendu. Bienheureux qui saisira tes petits enfants pour les broyer contre la pierre » (Fs. 136, 8-9). 116. Mais examinons ces mots un à un. Par « Babylone », le Prophète entend la confusion ; il l’interprète ainsi d’après Babel, qui précisément est Sychein. Par « fille de Babylone », il entend l’iniquité, car l’âme est d’abord dans la confusion, puis elle commet le péché. 11 appelle «misé­ rable » cette fille de Babylone, car le mal n'a ni être ni substance, comme je vous l’ai dit une autre fois1. C’est notre négligence qui le tire du non-être, et notre amende­ ment qui le fait s’évanouir de nouveau dans le néant. Le saint Prophète continue, comme s’adressant à la fille de Babylone : « Bienheureux qui te rendra tout ce que tu nous as rendu. » Voyons ce que nous avons donné, ce que nous avons reçu en échange, et ce que nous devons rendre. Nous avons donné notre volonté, et nous avons reçu en retour le péché. Sont proclamés bienheureux ceux qui « rendent » le péché : le rendre, c’est ne plus le commettre. u Bienheureux, poursuit le psahniste, qui saisira tes petits enfants et les brisera contre la pierre. » Cela signifie : bienheureux celui qui, dès le principe, ne laisse pas tes rejetons, c’est-à-dire les pensées mauvaises, grandir en lui et accomplir le mal, mais qui, tout aussitôt, pendant que ce sont encore de «petits enfants» et avant qu’ils aient grandi et se soient fortifiés en lui, les saisit, les brise contre la pierre, qui est le Christ (/ Cor. 10, 4) et. les anéantit en se réfugiant près du Christ2. 117. Voilà comment les Vieillards et la sainte Écriture s’accordent unanimement à proclamer bienheureux ceux S. Hilaire, Tr. in Pa. 136, 14 {PL 9, 784) ; S. Ambroise, Depoenil. IJ, 106 {PL 16, 523) ; S. Jérôme, Ep. 22, 6 (éd. Labonrt, t. 1, p. 117), Comment. in Ps. 136 [CC 72, p. 242) ; Hesychius {PG 93, 1488 D). 364 5 10 (’: 15 20 25 D 30 ŒUVRES SPIRITUELLES ώς έστι νεαρά, τά πάθη, πρό τοΰ πειρασθήναι τής οδύνης και τής πικρίας αύτών. Σπουδάσωμεν ούν, αδελφοί, 'ίνα έλεηθώμεν · κοπιάσωμεν μικρόν καί εύρίσκομεν πολλήν άνάπαυσιν. Εϊπον οί Πατέρες πώς οφείλει τις τό κατά μέρος εαυτόν καθαρίζειν, ίνα καθ’ έσπέραν έξετάζη εαυτόν πώς παρήλΟε τήν ημέραν, καί πάλιν πρωίας πώς παρήλΟε την νύκτα, καί μετανοή τ<5 Θεω περί ών, ώς είκός, αμαρτάνει. ’Αληθώς δέ ημείς, έπειδή πολλά άμαρτάνωμεν, χρήζομεν δια τήν λήθην ήμών καί κατά έξ ώρας έρευναν εαυτούς πώς παρήλΟομεν και είς τί ήμάρτομεν, καί λέγειν έκαστος ήμών έν έαυτω · Άρα μή τι έλάλησα πλήσσων τόν άδελφόν μου ; άρα μή είδον αύτόν ποιουντα πράγμα καί κατέκρινα αύτόν ή έξουδένωσα αύτόν ή κατελάλησα αύτοΰ ; άρα ήτησα τόν κελλαρίτην πράγμα, καί ούκ έδωκέ μοι, καί έγόγγυσα κατ’ αύτοΰ ; μή τό έψητόν ούκ έγένετο καλώς, και εΤπον ρήμα καί κατήσχυνα τόν μάγειρον καί έθλιψα αύτόν, η έγώ άηδισΟείς έγόγγυσα κατ’ έμαυτόν ; καν γάρ καθ’ εαυτόν γογγύσει τις, αμαρτία έστί. Πάλιν λέγει · Άρα είπέ μοι ό κανονάρχης ρήμα ή άλλος τών αδελφών, καί ούκ έόάστασα, άλλά έναντιώθην αύτω ; Ούτως καθ’ έκάστην ημέραν όφείλομεν ψηλαφαν εαυτούς πώς παρήλθομεν. ‘Ομοίως όφείλει τις έρευναν εαυτόν πώς παρήλΟε καί τήν νύκτα, μετά προθυμίας άνέστη είς τήν άγρυπνίαν, μή ολιγώρησε πρός τόν έξυπνίζοντα αύτόν ή έγόγγυσε κατ’ αύτοΰ. ’Οφείλει γάρ τις είδέναι οτι ό έξυπνίζων αύτόν είς άγρυπνίαν, μεγάλα έύεργετεί αύτόν καί μεγάλων άγαθών πρόξενος αύτω γίνεται ‘ 3ξυπνίζει γάρ αύτόν όμιλεϊν τφ Θεω, δεηΟήναι ύπέρ τών 117. 13 έν oin. ADGMÎ ]| 16 αύτοΰ : κατ’ αύτοΰ ADMi. 1, Cf. Apoplil. Nisteroa 5 [PG 65, 308); Nau 264 {HOC 1909, (369) ; PL 73, 938 D. p. 2. · Titre donné au moine qui appelle scs frères Λ la psalmodie en INSTRUCTIONS, XI, § 117 365 qui combat tent pour retrancher les passions encore jeunes, avant de faire l’expérience de leur douleur et de leur amertume. Faisons tous nos efforts, frères, pour obtenir miséricorde. Prenons un peu de peine, et nous trouverons beaucoup de repos. Les Pères ont dit1 comment chacun devait périodique­ ment purifier sa conscience en examinant chaque soir comment il a passé la journée, et chaque matin comment il a passé la nuit, puis en faisant pénitence devant Dieu pour les péchés qu’il a vraisemblablement commis. Mais en vérité nous qui commettons de nombreuses fautes, nous avons bien besoin, oublieux que nous sommes, de nous examiner aussi toutes les six heures pour connaître comment nous les avons passées et en quoi nous avons péché. Que chacun de nous se demande alors : « N’ai-je rien dit qui ait blessé mon frère? En le voyant faire quelque chose, ne l'ai-je pas jugé ou méprisé? Ou n’ai-je pas parlé contre lui? N’ai-je pas murmuré contre le cellérier, qui ne me donnait pas ce que je lui demandais? N’ai-je pas humilié et contristé le cuisinier en faisant remarquer que les mets n’étaient pas bons? Ou bien n'ai-je pas simplement murmuré de dégoût dans mon cœur? » Car c’est péché que de murmurer même intérieurement. Et encore : a Si le canonarque2 ou un autre frère m’a dit un mot, l'ai-je bien supporté? Ne l’ai-je pas plutôt contredit? » C’est ainsi que nous devons nous demander, après chaque journée, comment nous l'avons passée. Et il faut faire un examen semblable pour la nuit : S’est-on levé avec empressement pour la vigile? Ne s’est-on pas impatienté contre l’exci­ tateur ou n’a-t-on pas murmuré contre lui? Car il faut savoir que celui qui nous réveille pour la vigile nous rend grand service et nous procure de grands biens : il nous réveille pour que nous puissions nous entretenir avec qualité de réglementaire et qui dirige cette psalmodie en qualité de maître de chapelle » (J. Ραποοιπε, L'Église byzantine, p. 104). 366 ŒUVRES SPIRITUELLES αμαρτιών αύτοΰ καί φωτισΟηναι ' πώς ούκ δφείλει τις εύχαριστεϊν τώ τοιούτω ; άληθώς δφείλει έχειν οτι σχεδόν δι* αύτοΰ έστιν ή σωτηρία αύτοΰ. 1 Λ 5 10 Β 20 25 C 118. Καί λέγω ύμίν περί τούτου θαυμαστόν δ ήκουσα περί μεγάλου γέροντος διορατικού, δτι ίστάμενος έν τη εκκλησία, ώς έ'βαλλον οί αδελφοί την αρχήν τοΰ ψάλλειν, έβλεπε τινα λαμπροφόρον έξερχόμενον έκ τοΰ Ιερατείου, κατέχοντα ώς τρούλλιόν τί ποτέ έχον άγιασμα καί μίαν μίλην, καί έοαπτε τήν μίλην έκείνην έκ τοΰ τρουλλίου, καί περιήρχετο ολους τούς άδελφούς κατασφραγίζων έκαστον αυτών · τών δέ μή εύρισχομένων τούς τόπους, τούς μέν έσφράγιζε, τούς δέ παρήρχετο ' πάλιν ώς ίμελλον άπολΰσαι, έ’βλεπεν αύτόν έξερχόμενον έκ τοΰ ιερατείου καί τό αύτό δμοίως ποιοΰντα. Έν μια οΰν κατέσχεν αύτόν ό γέρων καί δίπτει εαυτόν εις τούς πόδας αύτοΰ, παρακαλών μαθεϊν Ô έποίει καί δστις έστί ■ καί λέγει αύτω έκεϊνος ό λαμπροφόρος · Έγώ άγγελός είμι τοΰ Θεοΰ, καί έπετράπην παρέχειν τήν σφραγίδα ταύτην τοίς εύρισκομένοις έν τη έκκλησία είς τήν άρχήν της ψαλμωδίας, καί τοίς μένουσιν εως της άπολύσεως, διά τήν προθυμίαν καί σπουδήν καί τήν καλήν αύτών προαίρεσιν. Λέγει αύτω ό γέρων · Καί πώς τινών μή εύρισκομένων σφραγίζεις τούς τόπους ; ’Αποκρίνεται αύτω ό άγιος άγγελος λέγων · 'Όσοι είσί τών αδελφών σπουδαίοι μέν καί καλοί τήν προαίρεσιν, διά δέ τινα άναγκαίαν ασθένειαν άπόντες μετά εύλογίας τών πατέρων ή πάλιν διά τινα εντολήν είς ύπακοήν αύτών ασχολούμενοι, καί διά τοΰτο μή ευρισκόμενοι, οΰτοι καί άπόντες τήν σφραγίδα αύτών λαμβάνουσιν, έπειδή τή διαθέσει μετά τών ψαλλόντων είσί ' μόνοις δέ τοίς δυναμένοις εύρεθήναι καί 117. 31 καί om. ADEGPTVMI. 118. 3 οί άδελφοί τήν αρχήν : άρχήν οί άδελφοί Λ D EH Mi |i 13 έποίει : ποίει TVMi. 1. S. Basile parle aussi de la reconnaissance due A celui qui nous lire du sommeil : Reg. br. lr. 429 (PG 31, 1109 C). INSTRUCTIONS, XI, § 117-118 367 Dieu, prier pour nos péchés et être illuminés. Quelle recon­ naissance ne devons-nous pas avoir pour lui ! Vraiment il faut le tenir d’une certaine manière pour l’instrument de notre salut1. 118. Je vais vous raconter à ce propos une histoire merveilleuse que j’ai entendu dire d’un grand vieillard dioratique2. Λ l’église, quand les frères commençaient à psalmodier, il voyait un personnage resplendissant sortir du sanctuaire avec un petit vase contenant de l’eau bénite et une cuiller3. Il plongeait la cuiller dans le vase, et, passant devant tous les frères, il les marquait chacun d’une croix. Des places qu’il trouvait vides, il marquait certaines et laissait les autres. Quand la psalmodie était près de se terminer, le vieillard le voyait de nouveau sortir du sanctuaire et refaire les mêmes gestes. Un jour, il le retint, et se jetant à ses pieds, le supplia de lui apprendre ce qu’il faisait et qui il était. « Je suis un ange de Dieu, lui dit le personnage resplendissant, et j’ai reçu la mission de marquer ainsi ceux qui se trouvent à l’église au commen­ cement de la psalmodie et ceux qui restent jusqu’à la fin, en raison de leur ferveur, de leur zèle et de leur bonne volonté. — Mais pourquoi marquez-vous les places de certains absents? » demanda le vieillard. Et le saint ange répondit : a Tous les frères zélés et de bonne volonté, qui sont absents pour une grave infirmité et avec l’assentiment des Pères, ou qui sont occupés par quelque obédience, reçoivent eux aussi la marque, parce qu’ils sont de cœur avec ceux qui psalmodient. C’est seulement ceux qui pourraient être là et qui sont absents par négligence, que 2. C'est-à-dire « doué du charisme du la diorasis, faculté mystique de voir ce qui, pour le commun des mortels, est invisible » (I. Hausherh, Direction, p. 318, cf. p. 97-102, et DS, t. 2, 1856-1858). 3. Cf. S. AntoXIAdiS, Place de la liturgie dans la tradition des lettres grecques, Leiden 1939, p. 166. 368 ŒUVRES SPIRITUELLES άπό άμελείας μή βύρισκομένοις, έπετράπην μή δούναι τήν σφραγίδα, επειδή αυτοί άναξίους έαυτούς ποιοΰσι. νΙδε, βλέπετε ποιον δώρον προξενεί τω άδελφώ αύτοΰ ό 30 έγείρων αύτόν είς τόν κανόνα τής έκκλησίας. Σπουδάσατε οΰν, άδελφοί, μή ζημιωΟήναί ποτέ τήν σφραγίδα τοΰ αγίου άγγέλου · εί δέ καί συμυή τινα μετεωρισΟήναι, καί ύπομνησει αύτόν άλλος, ούκ όφείλει άγανακτεϊν, άλλα προσέχων τώ καλώ, εύχαριστήσαι τω ύπομνήσκοντι αύτόν, 35 κάν εί τις δήποτέ έστιν. Γ) 5 ιό 1741Λ 15 20 119. *Οτε ήμην έν τώ κοινοβίω, έποίησέ με ό άββάς ξενοδόχον κατά γνώμην τών γερόντων. *11 μην δέ καί άπό μεγάλης άρρωστίας. "Ηρχοντο οΰν ξένοι, καί έσπέριζον μετ’ αύτών, καί πάλιν καμηλάριοι, καί έποίουν τήν χρείαν αύτών ’ πολλάκις δέ καί μεΟ’ δ άπηρχόμην κοιμηθήναι, πάλιν άλλη χρεία άπήντα καί έξύπνιζόν με. Έν τοσούτω οΰν εφθανεν ή ώρα τής άγρυπνίας, καί ώς μόνον ήρπαζον μικρόν, ιδού ύ κανονάρχης έξυπνίζων με * λοιπόν ηύρισκόμην είτε άπό τοΰ κόπου είτε άπό τής άσΟενείας (έτ·. γάρ παρε­ κλεπτόμην ύπό λεπτοπυρετίων) διαλελυμένος ώς μή έχων έμαυτόν. Άπεκρινόμην οΰν αύτω καταφερόμενος ΰπνψ Καλώς, κΰρι, μνησΟείη ή άγάπη, ό Θεός δωη σοι τόν μισθόν, έκέλευσας, έρχομαι, κΰρι. ΕΙτα ώς άπηρχετο, πάλιν άπεκοιμώμην ’ πάνυ δέ έΟλιβόμην δτε έβράδυνον άναστήναι είς τήν άγρυπνίαν, καί έπειδή ούχ ύπήντα έκείνω προσκαρτερήσαί μοι, ήτησα δύο τινάς τών άδελφών, τόν μέν ένα ίνα έξυπνίζη με, τόν δέ άλλον ίνα μή άφή με νυστάξαι είς τήν άγρυπνίαν. Καί πιστεύσατέ μοι, άδελφοί, ούτως εϊχον αύτούς ώς δτι δι’ αύτών ήν ή σο>τηρία μου, και σχεδόν έσεβόμην αύτούς. Ούτως οΰν καί ύμεΐς οφείλετε διακεϊσθαι πρός τούς διεγείροντας ύμας είς τόν κανόνα τής έκκλησίας καί είς παν πράγμα άναΟόν. 118. 34 ύπομνήσκοντι : ύπομιμνήσκοντι GP.ML 119. 11 ύπνφ : ύπό τοΰ ύπνου EG ύπνου Mi om. PTV || ττνίαν : έκκλησία*/ ADPML άγ^υ- INSTRUCTIONS, XI, § 118-119 369 j’ai ordre de ne point marquer, car eux-mêmes s'en rendent indignes. » Vous voyez quel bienfait l’excitateur procure au frère qu'il réveille pour l’office conventuel. Faites donc tous vos efforts, frères, pour ne jamais être privés de lu marque du saint ange. S'il arrive qu’un frère soit distrait et qu’un autre le rappelle à son devoir, il ne doit pas s’irriter, mais, attentif au bien qu’il reçoit, remercier ce frère, quel qu’il soit. 119. Lorsque j’étais au monastère (de l’abbé Séridos), l’abbé, sur le conseil des Vieillards1, me donna la charge d'hôtelier. Je relevais alors d'une grave maladie. Les hôtes survenaient, et je veillais le soir avec eux. Puis c’était le tour des chameliers ; je devais pourvoir à leurs besoins. Et souvent, après que je m’étais couché, de nouvelles nécessités se présentaient qui m’obligeaient à me relever. Pendant ce temps-là, l’heure de la vigile arrivait. Je n’avais pris qu’un peu de sommeil, et le canonarque venait me réveiller. Je me trouvais brisé et comme anéanti par suite du travail ou de la maladie, car j'avais encore des accès de fièvre lente. Accablé de sommeil, je lui répondais : « Bien, Père. Qu’on se souvienne de la charité, que Dieu t’en donne récompense ! A tes ordres, je viens, Père. » Mais dès qu’il était parti, je retombais dans mon sommeil, et j’étais fort affligé de me lever en retard pour la vigile. Comme il ne convenait pas au canonarque de rester constamment auprès de moi, je fis appel à deux frères, demandant à l’un de m’éveiller et à l’autre de ne pas me laisser m’assoupir à la vigile. Et croyez-moi, frères, je les regardais comme les auteurs de mon salut, et j’avais presque de la vénération pour eux. Tels sont les sentiments que vous devez avoir vous aussi à l'égard de ceux qui vous réveillent pour l’office conventuel et pour toute autre bonne œuvre. 1. C’est-à-dire Barsanuphe et Jean. Cf. Introduction, p. 15 et 20- 370 Β ό 10 C 5 10 U 15 ŒUVRES SPIRITUELLES 120. Καθώς ούν έλέγομεν, όφείλει τις έρευναν πώς παρήλθε τήν ημέραν και τήν νύκτα * εί μετά νήψεως ϊστατο είς τήν ψαλμωδίαν καί είς τήν ευχήν ’ εί μή ήχμαλωτίσΟη ύπό λογισμών εμπαθών ή νουνεχώς ήκουσε τών θείων αναγνωσμάτων * εί μή άφήκε τήν ψαλμωδίαν καί έξήλθεν έξω τής έκκλησίας μετεωριζόμενος ' εάν ούτως έρευνα τις εαυτόν καθ’ έκάστην καί σπουδάζει μετανοεϊν ύπέρ ών ήμαρτε, καί διορθοΰσθαι εαυτόν, άρχεται μειούν τήν κακίαν, καί εί έποίει έννέα, ποιεί όκτώ, καί ούτως σύν Θεώ κατά μικρόν προκόπτων, ούκ έα τά πάθη στερεωθήναι κατ’ αύτοΰ. Μέγας γάρ κίνδυνος τό έμπεσεΐν τινα είς εξιν πάθους έπειδή, καθώς είπομεν, ούτε έάν θέλη ό τοιοΰτος, δύναται έ'τι μόνος περιγενέσθαι του πάθους, εί μή σχή καί βοήθειαν παρά τινων άγιων. 121. Θέλετε διηγήσωμαι ύμΐν περί τίνος έχοντος πάθος έν εξει ; ακούσατε πράγμα άξιον πολλοΰ κλαυθμού. "Οτε ήμην είς τό κοινόβιον, ούκ οϊδα πώς έχλευάζοντο οί άδελφοί άναθέσθαι μοι τούς λογισμούς αύτών. Φησίν δέ καί ό άβΰάς έπέτρεπέ μοι κατά γνώμην τών γερόντων τήν φροντίδα τούτου ποιείσθαι του μέρους. Έν μια ούν τών ήμερων, έρχεται τις τών άδελφών καί λέγει μοι ‘ Συγχώρησόν μοι, κΰρι, καί εύξαι ύπέρ έμοΰ, οτι κλέπτω καί τρώγω. Λέγω αύτω '· Διά τί ; πεινάς ; Λέγει μοι ’ Ναί, ούκ άρκοΰμαι τή τραπέζη τών άδελφών καί ού δύναμαι αίτήσαι. Λέγω αύτω ' Διά τί μή υπάγεις άνατιθή τώ άυβα ; Λέγει ‘ Αίσχύνομαι. Λέγω αύτω · Καί θέλεις άπέρχωμαι έγώ καί λέγω ; Λέγει μοι · Ώς κελεύεις, κΰρι. Άπήλθον ούν καί ειπον τώ άββα, καί λέγει μοι * Ποίησον άγάπην καί φρόντισον αύτού, ώς οϊδας. Τότε λαμβάνω αύτόν καί λέγω τώ κελλαρίτη έπί αύτού ' Ποίησον άγάπην, καί , οία ώρα έρχεται ούτος ό άδελφός πρός σέ, δός αύτω όσα 121. 3 πώς : πως άπλώς ADEPMi. 1. CL Epictete : « J’avais l’habitude de me mettre en colère tous INSTRUCTIONS, XI, § 120-121 371 120. Nous disions donc qu’on doit examiner comment on a passé la journée et la nuit. Avons-nous été attentifs à la psalmodie et à la prière? Nous sommes-nous laissé captiver par des pensées passionnées? Avons-nous bien écoulé les lectures divines? N’avons-nous pas abandonné la psalmodie et quitté l’église par légèreté d’esprit? Si on s’examine ainsi chaque jour, en s’appliquant à se repentir de ses fautes et à s’en corriger, on commence à diminuer la fréquence du péché : par exemple huit fois au lieu de neuf1. De la sorte, progressant peu à peu avec l’aide de Dieu, on empêchera les passions de se fortifier en soi. Car c’est un grand danger de tomber dans l’habitude d’une passion ; celui qui en est arrivé là, je le répèle, même s’il le désire, n’est plus capable seul de se rendre maître de la passion, à moins de recevoir de l’aide de quelques saints. 121. Voulez-vous que je vous parle d’un frère qui avait une passion à l’état d’habitude? Écoutez son histoire très lamentable. Lorsque j’étais au monastère (de l’abbé Séridos), les frères, je ne sais pourquoi, prenaient plaisir à me manifester leurs pensées en toute simplicité. On disait même que l’abbé, sur le conseil des Vieillards, m'avait chargé du soin de les entendre. Un jour, donc, un frère vient me dire : a Pardonne-moi, et prie pour moi, Père, car je vole pour manger. — Pourquoi, lui dcmandé-jc, as-tu faim? — Oui, je n’ai pas assez à la table des frères, et je ne peux pas demander. — Pourquoi ne vas-tu pas le dire à l’abbé? — J’ai honte. — Veux-tu que j’aille le lui dire? — Comme tu voudras, Père. » J’allai donc exposer la chose à l’abbé, et il me dit : « Par charité, prends soin de lui de ton mieux. » Je le pris donc en charge et dis pour lui au ccllérier : « Aie la bonté de donner à ce frère tout ce qu’il désire, quelle que soit les joins ; maintenant c'est tous les deux jours, puis tous les trois... » (Entretiens II, 18, 15). 372 20 1715 a 25 30 35 Β ■10 ŒUVRES SPIRITUELLES θέλει, καί μηδέν κωλύσης άπ’ αύτοΰ. Άκούσας ό κελλαρίτης λέγει μοι · Έκέλευσας. Ποιεί ούτως ολίγας ήμέρας ό άδελφός εκείνος και έρχεται λέγων μοι ‘ Συγχώρησόν μοι, κΰρι, δτι ήρξάμην πάλιν κλέπτειν. Λέγω αύτω ' Διά τί ; ού παρέχει σοι ό κελλαρίτης εί τι θέλεις ; Λέγει μοι ’ Ναι * συγχώρησόν δτι δσα θέλω παρέχει μοι · άλλ’ έγώ αίσχύνομαι αύτόν. Λέγω αύτφ · Μή εμέ αισχύνη ; Λεγει μοι · Ού. Λέγω αύτω · Ούκοΰν εί τι θέλεις, έρχου και λάμοανε παρ’ έμοΰ, καί μηκέτι κλέψης. Είχον γάρ τότε τήν διακονίαν τοΰ νοσοκομείου. ‘Ήρχετο ούν εκεί πρός με καί έλάμοανεν δσα ήθελεν. Ειτα ήρξατο μετά ημέρας πάλιν κλέπτειν, καί έρχεται θλιοόμενος καί λέγει μοι ' Ιδού πάλιν κλέπτω. Λέγω αύτω · Διά τί, αδελφέ μου ; ού παρέχω σοι εί τι θέλεις ; Λέγει μοι ' Ναί. Λέγω αύτω · Καί μή αισχύνη λαοεϊν απ' έμοΰ ; Λέγει μοι · Ού. Λέγω αύτω ' Καί διά τί κλέπτεις ; Λέγει μοι * Συγχώρη­ σόν μοι, ούκ οϊδα διά τί · άλλα ούτως απλώς κλέπτω. Τότε λέγω αύτώ · Τό όντως σύ είπέ μοι καν τί ποιείς ά κλέπτεις. Λέγει μοι · Τω ονω παρέχω αύτά. Καί εύρέθη δτι έ'κλεπτεν ό αδελφός έκεϊνος βουκκία, φοινίκια, συκίδια, κρόμμυα, είτι δήποτε απλώς ηύρισκε, καί έκρυβεν αύτά, τά μέν ύποκάτω της στρώσεως αύτοΰ, τά δέ άλλαχοΰ. Καί τέλος μή εύρίσκων τί ποιήσαι αύτά, ώς έολεπεν αύτά άχρειούμενα, λοιπόν άπηρχετο καί έρριπτεν αύτά ή παρεΐχεν αύτά έμπροσθεν τών αλόγων. 122. ‘Ίδε βλέπετε τί έστι τό έχειν πάθος έν έξει : βλέπετε ποία άθλιότης, ποια ταλαιπωρία ; *ΤΙιδει οτι κακόν έστιν, ήδει οτι κακώς ποιεί, έθλίοετο, έκλαιε, καί όμως είλκετο ό άθλιος ύπό της κακής συνήθειας ήν έποίησεν έαυτω διά 5 τής προλαβούσης άμελείας. Καί καλώς έ'λεγεν ό άυβάς Νισθερών ' Έάν τις κατασυρή ύπό πάθους, γέγονε δούλος 121. 18 ά~’ αύτοΰ : αύτοΰ A Mi αύτω 11 αύτόν Ι> || 26 μηκέτι : μή ADEGllP.Mi 11 28 ΕΙτα ήρξατο : "Ηρξατο ούν ADEGPM» Ήρξατο Η H 35 & : αύτά 5 AHPML INSTRUCTIONS, XI, § 121-122 373 l’heure à laquelle il vienne le trouver, et ne lui refuse rien. — Entendu ! d répondit le cellérier. Le frère y alla quelques jours, puis revint inc dire : « Pardonne-moi, Père, j’ai recommencé è volcr. — Pourquoi? lui demandé-je. Le ccllérier ne le donne-t-il pas ce que lu veux? — Si, pardon ! il me donne tout ce que je veux, mais j’ai honte devant lui. — As-tu honte aussi devant moi? — Non. — Alors, quand tu auras envie de quelque chose, viens le prendre chez moi, mais ne vole plus1. » J'avais alors le service de l’infirmerie. Le frère venait m’y trouver et recevait tout ce qu’il désirait. Mais, quelques jours après, il se remit à voler. Il vint tout affligé me dire : «Je vole encore. — Pourquoi donc, mon frère? lui dis-je. Est-ce que je ne te donne pas tout ce que tu veux? — Si. Aurais-tu honte de recevoir quelque chose de moi? — Non. — Alors, pourquoi voles-tu? — Pardonne-moi, je ne sais pourquoi. Je vole comme çà, tout bonnement. — Sérieusement, dis-moi, que fais-tu de ce que lu voles? — Je le donne à l'âne. » Et l'on découvrit en effet que ce frère dérobait des fèves, des dattes, des figues, des oignons, bref, tout ce qu’il trouvait. Il le cachait sous sa paillasse, ou ailleurs. Finalement, ne sachant qu’en faire, et voyant toutes ces choses se perdre, il allait les jeter ou les donner aux bêtes. 122. Vous voyez ce que c’est que d’avoir une passion à l’état d’habitude. Quel malheur, quelle misère, n’est-cc pas? Ce frère savait que c’était mal, il savait qu’il faisait mal, il en était, désolé, il en pleurait, et pourtant le malheureux était entraîne par la mauvaise habitude que sa négligence passée avait établie en lui. Comme l’a bien dit l’abbé Nisteros : « Quiconque est entraîné par une 1. Réminiscence d'Apopht. Daniel 6. Cf. PG 65, 156 BC, où l’on voit que Dorothée imite ainsi la conduite de l'abbé Arsène vis-à-vis •l'un cleptomane, sans plus de succès que lui d’ailleurs. 374 C ΙΟ 13 I) 20 2υ 1748 \ 30 ŒUVRES SPIRITUELLES του πάθους. ‘0 Θεός ό άγαθός £ύσηται ήμας άπό κακής εξεως, ίνα μή καί ήμϊν εϊπη ’ Τίς ώφέλεια έν τφ αΐματί μου, έν τω καταβαίνειν με είς διαφθοράν ; Είπον δέ ύμϊν διαφόρως και τδ πώς έμπίπτει τις είς έξιν. Ού γάρ ό άπαξ θυμούμενος ήδη λέγεται θυμώδης ' ούδέ ύ άπαξ πορνεύων λέγεται πόρνος " ούδέ ό άπαξ έλεών λέγεται έλεήμων · αλλά καί ή άρετή καί ή κακία έκ του συνεχώς ένεργεϊσθαι έξιν τινά έμποιεϊ τή ψυχή, καί λοιπόν αυτή ή έξις ή κολάζει ή αναπαύει αύτήν. Τό δέ πώς αναπαύει τήν ψυχήν ή άρετή καί πώς κολάζει αύτήν ή κακία, είπομεν διαφόρως. ‘Ότι ή μέν άρετή φυσική έστι καί έν ήμϊν έστιν. ’Ανεξάλειπτα γάρ τά σπέρματα τής άρετής. Είπον ούν ότι οσον ένεργοΰμεν τά καλά, έν έξει τής άρετής γινόμεθα, τουτ* εστι τήν ιδίαν έξιν άναλαμβάνομεν, είς τήν ιδίαν ύγείαν έπανερχόμεθα, ώσπερ άπό όφθαλμίας έπί τό οίκεϊον φώς, ή άπό άλλης οϊας δήποτε άρρωστίας έπί τήν ιδίαν καί κατά φύσιν ύγείαν. Έπί δέ τής κακίας, ούχ ούτως · άλλά ξένην τινά καί παρά φύσιν λαμβάνομεν έξιν διά τής ένεργείας τού κακού ’ οίονεί, έν έξει λοιμώδους τινός άρρωστίας γινόμεθα, ίνα μήτε δυνάμεθα έτι ύγιάναι άνευ πολλής βοήθειας καί πολλών εύχών καί πολλών δακρύων δυναμένο>ν κίνησαν έφ’ ημάς τούς οίκτιρμούς τού Χριστού. "Ωσπερ καί έν τοϊς σωματικοϊς εύρίσκομεν. Είσί γάρ τινα βρώματα ποιουντα, ύπόθου, μελαγχολικόν χυμόν, ο’ίόν τι λέγω · ΤΙ κράμβη μελαγχολική έστι, καί ή φακή καί άλλα τινά τοιαΰτα ' ού παρά τό φαγεϊν ούν άπαξ ή δεύτερον κράμβην ή φακήν ή τι τών τοιούτων, γίνεταί τις μελαγχολικός 122. 28 τούς : αύτούς τούς Λ DE Η Mi. 1. Citation non identifiée. On trouve du moins l'idée dans PE il, 35, p. 111 et 37, p. 118. Cf. Isaïe (.-liiÿ., p. 186). El c'était déjà l’enseignement d’un Épigtète (Disseri. IV, 4) ou d’un Ci.ï'me.nt d'Alexanohie, Strom. Π, 144, 3 (SC 38, p. 142). 2. Cf. Ëpictète, Entretiens II, 18, 9, 11-12 : Toute habitude se fortifie et s’entretient par les actes correspondants, elle se détruit par les actes contraires. INSTRUCTIONS, XI, § 122 375 passion, devient esclave de la passion1. » Que Dieu dans sa bonté nous arrache aux mauvaises habitudes, pour qu’il n’ait pas à nous dire : a A quoi sert mon sang, ma descente dans la mort? » (Ps. 29, 10). Je vous ai déjà dit ailleurs comment on tombe dans une habitude. Car on n’appelle pas coléreux celui qui se met en colère une fois, ni impudique celui qui commet une seule impureté, pas plus qu’on ne dira charitable celui qui fait une seule fois l’aumône. C’est la vertu et le vice pratiqués d’une manière continue qui engendrent une habitude dans l'âme2, et cette habitude fait ensuite le châtiment ou le repos de l’âme. Nous avons dit une autre fois comment la vertu procure le repos de l’âme et comment le vice la châtie3. C’est que la vertu est naturelle et qu’elle est en nous. « Ses germes sont indestructibles4. » Je vous disais donc que s’habituer à la vertu par la pratique du bien, c’est recouvrer son état propre, c’est revenir à la santé, tout comme on recouvre la vue normale après une maladie des yeux ou sa santé propre et naturelle après n’importe quelle autre maladie. Mais il n’en va pas de même du vice. Par la pratique du mal, nous prenons une habitude étrangère et contre nature, nous contractons une sorte de maladie chronique, et nous ne pourrons plus recouvrer la santé sans un secours abondant, sans beaucoup de prières et de larmes capables d’exciter en notre faveur la miséricorde du Christ. C’est aussi ce que nous constatons pour le corps. Certains aliments, par exemple, produisent de l’humeur mélanco­ lique, tels le chou, les lentilles, etc. Ce n’est pas néanmoins le fait de manger une ou deux fois du chou, des lentilles ou autre chose semblable, qui engendre l’humeur mélan- 3. Cf. § 106, p. 343. 4. ÉVAGRK, Cent. 1, 40 (PO 28, p 36) ; Praei. I, 65 (PG 40, 1240). 376 ŒUVRES SPIRITUELLES χυμός κατ’ αύτοΰ ' άλλ’ έάν συχνάση, καί ούτως λοιπόν 35 πλεονάζων, κινεί πυρετούς, καί καίουσι τόν έχοντα αυτούς " φέρει δέ τινα. καί εις άλλας μυρίας περιστάσεις. Ούτως καί επί της ψυχής * έάν τις μείνη άμαρτάνων, γίνεται έξις τις πονηρά έν τή ψυχή, καί αΰτη έστί ή κολάζουσα αύτήν. Β 5 10 15 G 20 123. ΙΙλήν ίνα οϊδατε καί τοΰτο, οτι έστιν δτε εύρίσκεται έπιρρεπώς έχουσα ψυχή περί πάθος, καί έάν άπαξ μόνον έμπέση εις ενέργειαν εκείνου τοΰ πάθους, κινδυνεύει εύθέως εις έξιν έλθεϊν · τό δ’ αύτό καί έν τοίς σώμασιν συμβαίνει ' εύρίσκεται γάρ τις μελαγχολικωτέρας κράσεως άπό προλαβούσης τινός άμελείας, καί δύναται σχεδόν καί μία βρώσις τοιαύτη εύθέως έρεθίσαι καί έξάψαι κατ’ αύτοΰ τόν χυμόν. Πολλής ούν νήψεως καί σπουδής καί φόβου χρεία, ίνα μή έμπέση τις εις κακήν έξιν · πιστεύσατέ μοι, αδελφοί, ότι έν πάθος έάν έχει τις έν έξει, ύπόκειται τή κολάσει · καί συμβαίνει οτι ποιεί τις δέκα καλά έργα καί έν κακόν έν έξει, καί περιγίνεται εκείνο τό έν τό άπό κακής έξεως γινόμενον τών δέκα καλών. "Ωσπερ γάρ ό αετός έάν όλος έξηλήση τής παγίδος, εύρεθή δέ μόνος ό ονυξ αύτοΰ δεδεμένος, διά τοΰ μικροΰ εκείνου καταβάλλεται όλη ή δύναμις αύτοΰ * καν γάρ όλος εύρεθή έξω, μόνος δέ ό όνυξ αύτοΰ δέδεται, μή ούκ έστιν ύπό τήν παγίδα ; ούχ οιαν ώραν θέλει ό άγρεύσας καταβάλλει αύτόν ; Ούτως έστίν καί ή ψυχή ' έν μόνον πάθος έάν £χη έν εξει, οιαν ώραν δόξη τω έχθρω, καταβάλλει αύτήν. "Εχει γάρ αύτήν υποχείριον αύτοΰ διά τοΰ πάθους εκείνου. Διά τούτο άεί λέγω ύμίν ' Μή έάσητε πάθος ποιήσαι έν ύμίν έξιν · άλλ’ ίνα άγωνιζώμεθα δεόμενοι τοΰ Θεοΰ νυκτός καί ήμέρας μή έμπεσείν εις πειρασμόν. Εί δέ καί 128. 10 μοι : γάρ EG om. ADHPMi. I. La comparaison se trouve dans un «Sermo ascetlcus » attribué INSTRUCTIONS, XI, § 122-123 377 colique, mais en prendre continuellement fait abonder l’humeur, provoque chez le sujet des fièvres brûlantes et lui apporte mille autres inconvénients. Ainsi en est-il pour l’âme : si on persévère dans le péché, il naît dans l’âme une habitude vicieuse, et c'est cette habitude qui fait son châtiment. 123. Il faut pourtant que vous sachiez ceci : il arrive qu’une âme ait du penchant pour une passion. Si elle se laisse aller seulement une fois à en accomplir l’acte, elle court le risque de tomber aussitôt dans l’habitude de cette passion. La même chose arrive pour le corps. Si quelqu’un est d’un tempérament mélancolique par suite de sa négligence passée, un seul aliment de cette nature pourra peut-être exciter et enflammer aussitôt en lui l’humeur. Il faut donc beaucoup de vigilance, de zèle et de crainte pour ne point tomber dans une mauvaise habitude. Croyez-moi, frères, celui qui a une seule passion à l’état d’habitude, est voué au châtiment. Il peut lui arriver de faire dix bonnes actions pour une seule mauvaise selon sa passion, cette unique action provenant de l’habitude vicieuse l'emporte sur les dix bonnes. C’est comme si un aigle s’était entièrement dégagé du filet, en y laissant seulement sa griffe accrochée : par ccttc attache insigni­ fiante, toute sa force se trouve anéantie. Car il a beau se trouver complètement hors du filet, si une seule de ses griffes reste prise, n’est-il pas encore captif du filet? El le chasseur ne pourra-t-il pas l’abattre quand il le voudra1? Ainsi en est-il de l’âme : si clic a une seule passion devenue habitude, l’ennemi la renverse quand bon lui semble, il l’a en son pouvoir grâce à celte passion. C'est pourquoi je ne cesse de vous le dire, ne laissez pas une passion créer en vous une habitude. Luttons plutôt en demandant à Dieu, nuit et jour, de ne point tomber en tentation. â s. ÉPHRBM (éd. romaine, t. I, p. 61. Cf. éd. Lamy, I. IV, p. 338;, texte qui est probablement authentique, selon DS, t. 1, 802. 378 ŒUVRES SPIRITUELLES 25 ήττηθώμεν, ώς άνθρωποι, καί δλισθήσωμεν εις πταίσμα, σπουδάσωμεν εύθέως άναστηναι, μετανοήσωμεν ύπέρ αύτου, κλαύσωμεν ενώπιον της άγαθότητος του Θεού, γρηγορήD σωμεν, άγωνισώμεθα · καί ό Θεός βλέπων την προαίρεσιν ημών καί την ταπείνωσιν καί την συντριβήν ημών, παρέχει 30 ήμϊν χείρα καί ποιεί με0’ ήμών τδ έλεος αύτού. ’Αμήν. INSTRUCTIONS, XI, § 123 379 Si nous avons le dessous, hommes que nous sommes, et si nous glissons dans le péché, hâtons-nous de nous relever aussitôt. Faisons pénitence. Pleurons devant la divine bonté. Veillons, combattons, et Dieu, voyant notre bonne volonté, notre humilité et notre contrition, nous tendra la main et nous fera miséricorde. Amen. IB'. ΠΕΡΙ ΦΟΒΟΥ ΤΗΣ ΜΕΛΑΟΥΣΗΣ ΚΟΛΑΣΕΩΣ, ΚΛΙ ΟΤΙ ΧΡΗ ΤΟΝ ΘΕΛΟΝΤΑ ΣΩΘΗΝΑΙ, ΜΗΔΕΠΟΤΕ ΑΜΕΡΙΜΝΕΙΝ ΠΕΡΙ ΤΗΣ ΙΔΙΑΣ ΣΩΤΗΡΙΑΣ 1749 A 5 10 15 Β 20 124. Έν τώ άλγεϊν με τούς πόδας καί άσθενεΐν έξ αύτών, τινές τών άνελθόντων έπισκέψασθαί |χε άδελφών ήρώτων ίνα εϊπω αύτοΐς τήν αιτίαν της νόσου, δύο ώς νομίζω πραγματευόμενοι, τό παραμυΟήσασΟαί με καί μικρόν άπαγαγεΐν έκ τοΰ πόνου, και τό δούναι αφορμήν λαλήσαι αύτοΐς τί ποτέ περί ώφελείας. Άλλ’ επειδή ού συνεχώρει μοι ό πόνος λαλήσαι ύμΐν εί τι ήΟελον τότε, χρεία έστιν άρτι άκούσαι ύμάς περί τούτου ’ εστι γάρ καί τερπνή ή διήγησις τής Ολίψεως μετά τήν Ολίύιν. Καί εις τήν θάλασσαν, οτε έπεγείρεται ζάλη, άεί θλίβονται πάντες οί έν τώ πλοίω ' μετά δέ τό παρελθεϊν τήν ζάλην, μετά χαράς διηγούνται άλλήλοις τερπόμενοι τά συμβάντα. Καλόν έστιν, άδελφοί, καθώς αεί λέγω ύμΐν, έκαστον πράγμα έπί τόν Θεόν άνάγειν καί λέγειν οτι ούδέν έκτός τοΰ Θεού γίνεται ’ άλλά πάντως ούτως οιδεν ό Θεός οτι καλόν έστι και συμφέρον, καί ούτως έποίησε, καν έ’χη έξωθεν αιτίαν τινά τό πράγμα ' οϊόν τι λέγω · Έδυνάμην είπεΐν βτι επειδή έ'φαγον μετά ξένων καί μικρόν έβιασάμην έμαυτόν διά τό άναπαύσαι αυτούς, έοαρήΟη ό στόμαχός μου, καί έγένετο σύρροια είς τόν πόδα μου, κάκεΐΟεν έρευματίσΟην · ή καί άλλας διαφόρους αιτίας ’ ού λείπουσι γάρ τώ θέλοντι. Άλλά τό άκριδέστερον καί ώφελιμότερον τούτο μάλλον Mes : ADEGHPTVMi 124. 11 χαράς : χαράς à&l ADCHMi || 22 ωφελιμότερου : ωφέλιμον DEGHPMi.' XII. DE LA CRAINTE DU CHATIMENT A VENIR ET DE LA NÉCESSITÉ POUR QUI VEUT ÊTRE SAUVÉ DE NE JAMAIS PERDRE LE SOUCI DE SON PROPRE SALUT 124. Tandis que je sou (Trais de douleurs aux pieds qui me rendaient malade, des frères, venus me voir, m’ont questionné sur la cause de mon mal ; c’était, je pense, dans un double but : d’abord me réconforter et me distraire un peu de ma souffrance, ensuite me donner l’occasion de leur dire quelques paroles d’édification. Mais comme la douleur ne me permettait pas alors de vous répondre à mon gré, il faut que vous m’entendiez maintenant là-dessus. N'est-il pas agréable de parler de l'affliction, quand elle a disparu? En mer aussi, tant que sévit la tempête, tous sur le navire sont dans l'angoisse ; mais, la tempête apaisée, c'est avec joie qu’ils s’entretiennent ensemble de ce qui s’est passé. Il est bon, frères, je vous le dis sans cesse, de rapporter tout à Dieu et de dire que rien ne se fait en dehors de lui. Dieu sait parfaitement que telle chose est bonne et utile, et c’est pour cela qu’il la produit, même si elle a aussi une autre cause. Je pourrais dire, par exemple, que j’avais mangé avec des hôtes, que je m’étais forcé un peu pour les contenter, que mon estomac s’en était alourdi et qu’il s’était produit une fluxion dans mon pied, qui avait provoqué du rhumatisme, et je pourrais trouver encore d’autres raisons : elles ne manquent pas à qui en veut. Mais voici ce qu’il est plus exact et plus profitable de dire : 382 ŒUVRES SPIRITUELLES έστιν, δτι ούτως οϊδεν δ Θεός δτι συμφέρει τή ψυχή μου, καί ούτως έγένετο ' ούδέν γάρ έστιν ών ποιεί ό Θεός, δ τι ούκ 25 εστι καλόν, άλλά πάντα καλά καί καλά λίαν. Ού δει ούν άθυμεϊν τινα έπί τοΐς συμβαίνουσιν, άλλά πάντα, ώς είπον, έπί τήν πρόνοιαν τού Θεού άναφέρειν και άναπαύεσΟαι. G 5 10 D 15 20 125. Είσί τινες τοσούτον έπί ταϊς συμβαινούσαις Ολίψεσι βαρούμενοι, ώστε καί αύτήν τήν ζωήν άπολέγεσθαι καί ήδέως έχειν τού άποθανεϊν, ώς διά τούτο άπαλλαγήναι ’ τούτο δέ άπο μικροψυχίας καί πολλής άγνωσίας πάσχει τις, άγνοών τήν φοβέραν ανάγκην την μετά τήν έξοδον της ψυχής άπό τού σώματος. Μεγάλη φιλανθρωπία τού Θεού, αδελφοί, τδ είναι ημάς είς τον κόσμον τούτον ' άλλ’ ήμεϊς άγνοοΰντες τά έκεϊ, βαρέα ήγούμεΟα τά ώδε * καί ούκ έστιν ούτως. Ούκ οϊδατε εις τδ Γεροντικόν τί λέγει ; δτι ήρώτησεν άδελφδς πάνυ εργάτης τινά γέροντα λέγων ’ ‘H ψυχή μου έπιθυμεϊ τδν θάνατον ' καί λέγει αύτω δ γέρων · Επειδή τήν Ολίψιν φεύγει καί ούκ οιδεν δτι ή μέλλουσα Ολίψις πολύ χείρων έστι τής ένταυΟα. Καί άλλος ομοίως ήρώτησε γέροντα λέγων · Πόθεν άκηδιώ καΟήμενος έν τώ κελλίω ; Καί λέγει αύτω ό γέρων * ‘Ότι άκμήν ούχ έώρακας οΰτε τήν έλπιζομένην άνάπαυσιν οΰτε τήν έσομένην κόλασιν. Εί γάρ ίδης ακριβώς ταύτα, εί σκωλήκων έγεμε τδ κελλίον σου, ώστε σε έν αύτοϊς δεδυκέναι έως τραχήλου, ύπέμενες αν μή ακηδιών. Άλλ’ ήμεϊς κοιμώμενοι θέλομβν σωθήναι καί διά τούτο δλιγωροΰμεν έν ταϊς Ολίψεσιν, δφείλοντες μάλλον εύχαριστεϊν τω Θεώ καί μακαρίζειν έαυτούς οτι δλως άξιούμεΟα μικρδν Ολιυήναι ώδε, ινα έκεϊ εΰρωμεν μικράν άνάπαυσιν. 125. 8 ήγούμεΟα : βλέπομεν ADEGHPMi. 1. Cet apophtegme ne se trouve pas dans les recueils édités, mais le P. J. C. Guy, s. j., nous a signalé sa présence dans le Manuscrit de la B. N. Paris, grate. 1598, f° 145*. INSTRUCTIONS, XII, § 124-12-5 383 cela est arrivé, parce que Dieu savait que c’était, utile à mon âme. Car il n’y a rien de ce que fait Dieu qui ne soit bon. Tout ce qu'il fait est bon et très bon. Il ne faut donc pas s’inquiéter de ce qui arrive, mais, comme je l’ai dit, f out rapporter à la Providence de Dieu, et rester en repos. 125. Certains sont accablés des afflictions qui leur surviennent, au point de renoncer à la vie même et de trouver agréable de mourir pour en être délivres. C’est faire preuve de lâcheté et de beaucoup d’ignorance, car ils ne savent pas le destin redoutable qui attend l’âme après sa sortie du corps. Frères, c’est par une grande faveur de la bonté divine que nous sommes en ce monde. Mais nous, dans notre ignorance des choses de l’au-delà, nous trouvons accablantes celles d’ici-bas. Il n’en est pas ainsi pourtant. Ne savez-vous pas ce que rapporte le Géronlicon? a Mon âme désire la mort ! » disait un frère très éprouvé à un vieillard. — « C'est, répondit celui-ci, qu’elle fuit l’épreuve et ignore que la souffrance à venir est bien plus terrible1. » Un autre frère demanda à un vieillard : « D’où vient que j’éprouve de l’ennui, lorsque je garde la cellule? » — a C'est, répondit le vieillard, que tu n’as pas encore contemplé le bonheur espéré, ni le châtiment futur. Si tu les considérais attentivement, quand bien meme ta cellule serait pleine de vers et que tu y serais plongé jusqu’au cou, tu y resterais sans dégoût2. » Mais nous, c’est en dormant que nous voudrions être sauves, et voilà pourquoi nous perdons courage dans les épreuves, alors que nous devrions plutôt remercier Dieu et nous estimer heureux d’avoir à souffrir un tout petit peu ici-bas, pour trouver quelque repos dans l’au-delà. 2. Apopht. N’eu 19G : ROC 1908, p. 277. Cf. PE III, 13, p. 40 ; PL 73, 900 C. 384 1725 Α 5 10 15 13 20 ŒUVRES SPIRITUELLES 126. "Ελεγε καί Εύάγριος δτι έμπαθής τις ών καί προσευχόμενος ταχυτέραν αύτω γενέσθαι τήν έξοδον, εοικεν άνθρώπω παρακαλοΰντι τόν τέκτονα ταχέως συντρίψαι τήν κλίνην του άσθενουντος. Διά γάρ του σώματος τούτου περισπαται ή ψυχή από τών παθών αύτής καί παρακαλειται ' τρώγει, πίνει, κοιμάται, συντυγχάνει, άπάγεται μετά άγαπητών. Έπάν δέ έξέλθη άπό του σώματος, μονούται αύτη καί τά πάθη αύτής, καί λοιπόν κολάζεται πάντοτε ύπ’ αύτών, είς αύτά άδολεσχοΰσα καί φλεγομένη ύπό τής όχλήσεως αύτών καί διασπαραττομένη ύπ’ αύτών, ώστε μηδέ μνημόνευσα'. Θεού δύνασΟαι. Λυτή γάρ ή μνήμη του Θεού παρακαλεϊ τήν ψυχήν, ώς καί έν τώ ψαλμω λέγει ’ Έμνήσθην του Θεού καί εύφράνθην ’ καί όμως ούδέ τούτο συγχωροΰσιν αύτη τά πάθη. Θέλετε ώς έν ύποδείγματι μαθεϊν τί έστιν ο λέγω ; "Ελθη τις υμών καί έγκλείσω αύτόν είς κελλίον σκοτεινόν, καί μή φάγη τρεις ήμέρας μόνον καί μή πίη, μή κοιμηθή, μή συντύχη τινί, μή ψάλλη, μή εΰξηται, μηδέ ΰλως μνημονεύσω Θεού · καί μάθη μοι τί ποιούσιν είς αύτόν τα πάθη ' καί τούτο οτε έστιν άκμήν ένταύθα, πόσω γε μάλλον μετά τό έξελθεΐν τήν ψυχήν άπό τού σώματος καί προδοθήναι αύτοϊς καί μονωθήναι μετ’ αύτών. 127. "Αρα τί έχει τότε ή άθλια παθεΐν ύπ’ αύτών ; δύνασθε άπό τών ώδε κατανοήσαί πως καί τήν Ολίψιν έκείνην. "Οταν γάρ πυρέσση τις, τί έστι τό καιον αύτόν ; ποιον πύρ ή ποια ξύλα ποιούσι τήν καύσιν έκείνην ; Εί δέ G 5 καί εύρεθή τις εχων σώμα μελαγχολικόν δύσκρατον, ούκ αυτή ή δυσκρασία αύτού καίει αύτόν καί ταράσσει πάντοτε καί θλίβει τήν ζωήν αύτού ; Ούτως καί ή έμπαθής ψυχή ’ 126. I έμπαθής τις : ό εμπαθής DG εμπαθής ΑΕΗΡΜί || 7 άπό: έκ ADMI || 16 είς : είς εν ADHP.Mi || 19 μοι om. TVMi. 1. ÉVACRB, Coil. iv, 76 : PO 2S, 168. CL PG G5, 908. INSTRUCTIONS, XII. § 126 127 385 126. Évagre comparait l’homme rempli de passions et qui supplie Dieu de hâter sa mort, au malade qui deman­ derait à un ouvrier de briser au plus vite son lit1 de douleur. Grâce à son corps en effet, l’âme est distraite et soulagée de ses passions23: elle mange, boit, dort, elle s’entretient et se divertit avec ses amis. Mais quand elle est sortie du corps, la voilà seule avec ses passions, qui deviennent son perpétuel châtiment. Elle en est tout occupée, consumée par leur importunité, brisée en pièces, à tel point qu’elle n’est même plus capable de se souvenir de Dieu. Or, c’est le souvenir de Dieu qui console l’âme, selon la parole du Psaume : « Je me suis souvenu de Dieu, et j’ai été rempli de joie » (Ps, 76, 4)®. Mais les passions ne lui permettent même plus ce souvenir. Désirez-vous un exemple pour comprendre ce que je veux dire? Que l'un de vous vienne et que je l'enferme dans une cellule obscure, qu'il y passe seulement trois jours sans manger, sans boire, sans dormir, sans voir personne, sans psalmodier, sans prier, sans jamais se souvenir de Dieu, et il verra ce que lui feront les passions. Et cela, alors qu’il est encore ici-bas ! Combien plus aura-t-il à souffrir, quand l'âme une fois sortie du corps sera livrée et abandonnée seule à scs passions ! 127. Que souffrira-t-elle donc de leur part, la malheu­ reuse? Vous pouvez d'une certaine manière vous repré­ senter ce tourment d’après les souffrances d’ici-bas. Lorsque quelqu'un a de la fièvre, qu’est-ce donc qui le brûle? Quel feu, quel combustible produisent cette chaleur brû­ lante? Et si quelqu'un se trouve avoir un corps mélan­ colique, mal équilibré, n’est-ce pas ce déséquilibre qui le brûle, le trouble sans cesse et tourmente sa vie? De même 2. Cf. Évagbk, Cent. IV, 82 : PO 28, 172. 3. S. Gbég. de Naz. cite le même verset de Psaume à propos du la μνήμη Θεοΰ et de la délectation qu elle procure : Oral. 17 (PG 35, 968 C). 13 r 386 10 15 L 20 25 ŒUVRES SPIRITUELLES πάντοτε κολάζεται ή άθλία ύπό τής Ιδίας κακοεξίας, εχουσα άεί την πίκραν μνήμην και την έπώδυνον άδολεσχίαν τών παθών καιόντων άεί καί καταφλεγόντων αύτήν ’ καί προς τοΰτοις, τίς δύναται, αδελφοί, διηγήσασθαι τούς τόπους εκείνους τούς φοβερούς, τά σώματα εκείνα τά κολαστικά, τά ύπουργουντα ταίς ψυχαίς είς τοιαύτην καί τοσαύτην οδύνην, καί μή φθειρόμενα, το πυρ έκεϊνΟ το άφατον, τό σκότος, τάς αποτόμους δυνάμεις τάς τιμωρητικάς, τά άλλα μυρία βασανιστήρια όσα άλλην άλλως είρηται ταίς θείαις Γραφαίς, πάντα άναλογούντα πρός την κακήν πραξιν τών ψυχών καί τάς κακάς αύτών ένθυμήσεις ; "Ωσπερ γάρ οί άγιοι λαμβάνουσι τόπους τινάς φωτεινούς καί ευφροσύνην άγγελικήν αναλογούσαν τή αγαθή αύτών πράξει, ούτως καί οί αμαρτωλοί λαμβάνουσι τόπους σκοτεινούς καί ζοφώδεις, γέμοντας φρίκης καί έκστάσεως, καθώς λέγουσιν οί άγιοι. Τί γάρ έστι φοοερώτερον ή ελεεινότερου έκείνων τών τόπων έν οίς πέμπονται οί δαίμονες : Τί δέ πικρότερον της κολάσεως ης κατακρίνονται ; Καί όμως κολάζονται καί οί αμαρτωλοί μετ’ αύτών τών δαιμόνων, καθώς λέγει · Άπέλθετε άπ* έμοϋ οί καταραμένοι είς τό πυρ τό αιώνιον τό ήτοιμασμένον τώ διαοόλω καί τοίς άγγέλοις αύτού. 128. Τό δέ φοβερόν έκείνο μάλιστα δ λέγει ό άγιος Ιωάννης ό Χρυσόστομος, οτι εί καί μή ποταμός είλκετο 1753 A πυρός, μηδέ άγγελοι παρειστήκεισαν φοβεροί, μόνον δέ καλούμενοι τών άνθρώπο>ν οί μέν έπηνούντο καί έδοξάζοντο, 5 οί δέ παρεπέμποντο άτίμως, ίνα μή ιδωσι τήν δόξαν τού Θεού, άρα ούκ ήν πικροτέρα πάσης γεέννης ή κόλασις τής αισχύνης καί της ατιμίας εκείνης, καί ή οδύνη της έκπτώσεως τών τοσούτων αγαθών ; Τότε γάρ καί αύτός ό έλεγχος τής συνειδήσεως καί αύτη ή μνήμη τών πεπραγμένων, καθώί 10 ανωτέρω είπομεν, χείρον έστι μυρίων καί άφάτων τιμωριών, Πάντων γάρ μέμνηνται αί ψυχαί τών ενταύθα, καθώί λέγουσιν οί Πατέρες, καί λόγων καί έργων καί ενθυμήσεων 127. 18 “Ωσπερ γάρ : “Ωσπερ Ρ.Μί Και ώσπερ TV || 25 ol om ADEGPMi H 26-27 άπ’ έμοΰ οί ζατηραμέ^οι om. ADEGHPMi. INSTRUCTIONS, XII, § 127-128 387 l’âme passionnée : elle ne cesse d’être torturée, la malheureuse, par sa propre habitude vicieuse, elle a constamment l’amer souvenir et la pénible compagnie des passions qui la brûlent toujours et la consument. Mais, en outre, qui pourra, frères, décrire ces lieux effroyables, • es corps tortionnaires des âmes auxquelles ils sont associés dans une telle souffrance, sans jamais périr, ce feu indicible, les ténèbres, les puissances inexorables dans leur vengeance, et les mille autres supplices dont parlent çà et là les divines Écritures, tous appropriés aux actions et pensées mauvaises des âmes? De même que les saints gagnent des lieux de lumière et jouissent parmi les anges d’un bonheur propor­ tionné au bien qu’ils ont fait, de même les pécheurs sont reçus dans des lieux obscurs et ténébreux, pleins d’horreur et d’effroi, selon les paroles des saints. Qu’y a-t-il en effet de plus terrible et de plus lamentable que ces lieux où sont envoyés les démons? Quoi de plus amer que le châtiment auquel ils sont condamnés? Et cependant les pécheurs sont châtiés avec les démons eux-mêmes, comme il est dit : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, au feu éternel préparé pour le diable et ses anges» (Mallh. 25. 41). 128. Mais le plus effrayant, c’est ce que dit saint Jean Chrysostome : « Même s’il n’y avait pas de fleuve de feu à couler, ni d’anges à exciter la terreur, mais le seul fait que, parmi les hommes, les uns soient appelés à la gloire et au triomphe, les autres bannis honteusement et empêchés ainsi de voir la gloire de Dieu, la peine de cette humiliation et de ce déshonneur, la douleur d’être exclus de si grands biens, ne seraient-elles pas plus amères que toute géhenne’ ?» Car alors le reproche même de la conscience et le souvenir des actions passées, comme nous l’avons dit précédemment, sont pires que des milliers d’indicibles tourments. Selon les Pères, en effet, les âmes se souviennent de toutes les choses d’ici-bas : paroles, actions, pensées ; elles 1. S. Jean Chrysostome, Ad Theodorum lapsum: PG 47, 294. 388 15 Β 20 25 C 5 10 D 15 ŒUVRES SPIRITUELLES καί ούδενδς τούτων δένονται έπιλαθέσθαι τότε. "Ο δέ λέγει. έν τω ψαλμω · Έν εκείνη τη ήμερα άπολούνται πάντες οί διαλογισμοί αύτών, τούς διαλογισμούς λέγει τού αίώνος τούτου, οίον οικοδομής, χωρίων, γονέων, τέκνων, πάσης δοσοληψίας. Ταύτα άμα τω έξελΟείν τήν ψυχήν άπό τού σώματος άπόλλει, ούδενός τούτων μνημονεύει ή φροντίζει. Ά δέ έποίησε κατ’ αρετήν ή κατά πάθος, τούτων μέμνηται, καί ούδέν έξ αύτών άπόλλει. Άλλα και εάν ώφέλησέ τίς τινά ή αύτός ώφελήΟη παρά τίνος, άεί μέμνηται καί του ώφεληθέντος παρ’ αύτού και τού ώφελήσαντος αύτόν · ομοίως εάν έόλάβη παρά τίνος ή αύτός εβλαψέ τινα, άεί μέμνηται καί τού βλάψαντος αύτόν καί τού βλαοέντος ύπ’ αύτού · καί ούδέν, καθώς είπον, άπόλλει ή ψυχή ών επραξεν έν τω κόσμω τούτω, άλλα πάντων μέμνηται μετά τδ έξελΟειν άπό τού σώματος, άλλα καί έτι τρανοτέρως, έ'τι φανερωτέρως, ώς άπαλλαγείσα τού γήινου τούτου σώματος. I 129. Ποτέ έλαλούμεν μετά τίνος μεγάλου γέροντας περί τούτου ’ καί έλεγεν αύτός ό γέρων ότι μέμνηται ή ψυχή μετά τό έξελθειν άπό τού σώματος τού πάθους ού ένηργησε, καί της αμαρτίας καί τού προσώπου μεθ’ ού ένηργησεν αύτήν. ’Εγώ δέ έλεγον αύτω ' Τάχα ούχ ούτως, άλλ’ ίσως τήν εξιν τήν γενομένην αύτη έκ της εργασίας τής. αμαρτίας μέλλει έχειν, καί αύτής μέμνηται. Καί έμείναμεν έπί πολύ φιλονεικούντες περί τού λόγου τούτου θέλοντες μαθεϊν. Καί ούκ έπείΟετο ό γέρων λέγων οτι καί αύτού τού είδους τής αμαρτίας μέμνηται, καί τού τόπου καί αύτοΰ τού προσώπου του συναμαρτησαντος. Καί όντως έάν ούτως έστίν, έτι πλείον κάκην έσχάτην έχομεν. εί μή προσέχωμεν έαυτοίς. Διά τούτο άεί λέγω ύμιν, σπουδάσατε γεωργείν καλούς λογισμούς, ίνα αύτούς εύρητε έκεί. Εί τι γάρ έχει τις ώδε, αύτό έξέρχεται μετ’ αύτού, καί αύτό μέλλει έχειν 128. 18 ούδενός : καί ούδενός ADML ί ι | | ί | INSTRUCTIONS, XII, § 128-129 389 n’en peuvent alors rien oublier1. Ce que dit le Psaume : » En ce jour-là s’évanouiront toutes leurs pensées » 145, 4), concerne les pensées de ce monde, celles par exemple qui ont pour objet les constructions, les propriétés, les parents, les enfants, et tout commerce. Cela s’évanouit, quand l’âme sort du corps ; elle n’en garde aucun souvenir et ne, s’en soucie plus. Mais ce qu’elle a fait par vertu ou par passion, demeure dans sa mémoire, et rien n’en est perdu. Si l’on a rendu service à quelqu’un ou si l’on a soi-même été aidé, on se souviendra perpétuellement de celui qu'on a obligé ou de celui par qui on a été aidé. De même l’âme gardera toujours le souvenir de celui qui lui a fait du mal et de celui à qui elle en a fait. Je le répète, rien de ce qu’elle a fait en ce monde ne périt ; de tout, l’âme se souviendra après avoir quitté le corps : elle en a même une connaissance encore plus pénétrante et plus lucide, étant affranchie de ce corps terrestre. 129. Nous parlions, un jour, de cela avec un grand vieillard et il disait : « L’âme sortie du corps se souvient de la passion qu’elle a mise en œuvre, elle se souvient aussi du péché et de la personne avec qui elle l’a commis. — Mais, lui fis-je remarquer, peut-être n’en est-il pas ainsi? L’âme doit garder l’habitude provenant de l’accomplisse­ ment du péché, et c’est de cette habitude qu’elle se souviendrait. » Nous demeurâmes longtemps à discuter sur ce point, voulant l’éclaircir. Mais le vieillard ne sc laissait pas persuader et disait que l’âme se souvenait de la forme du péché, du lieu où il fut commis, cl de la personne même de son complice. En ce cas, notre sort final serait encore plus malheureux, si nous ne prenions pas garde à nous-mêmes. C’est pourquoi je ne cesse de vous exhorter à cultiver avec soin les bonnes pensées, pour les retrouver dans l’au-delà. Car ce que nous avons ici-bas, s’en ira avec nous et nous le garderons là-haut. I. Référence non identifiée. 390 ŒUVRES SPIRITUELLES εκεί. Φροντίσωμεν ρυσΟήνα». άπδ της τοιαύτης άνάγκης, άδελφοί, σπουδάσωμεν. καί ό Θεός ποιεί μεθ’ ήμών τδ έλεος αύτού. Αύτδς γάρ έστιν, ώς λέγει έν τώ ψαλμώ, ή ελπίς πάντων τών περάτων τής γης καί τών έν θαλάσση 20 μακράν. Οί είς τά πέρατα της γης είσιν οί έν τελεία κακία · οί δέ έν θαλάσση μακράν είσιν οί έν έσχάτη άγνωσία, καί όμως ό Χριστός έστιν ή έλπίς τών τοιούτων. 5 1756 A 10 15 Β 20 130. Χρεία μικρού κόπου, κοπικσωμεν, Ενα έλεηΟώμεν. Έάν εχη τις χωρίον καί άμελήση αύτού καί χερσωθή, ούχ όσον άμελεϊ αύτού, τοσούτον γομούται άκανθών καί τρι­ βόλων ; όταν δέ ελΟη εις τδ καθαρίσαι αύτό, ούχ όσον γέμει, τοσούτον έχουσιν αίμορραγήσαι αί χεϊρες αύτού Οέλοντος άνασπάσαι την κακήν βοτάνην έκείνην, ήν άφήκεν άνελθεϊν έν τω καιρώ της άμελείας αύτού ; ’Αδύνατον γάρ έστι τινά μή θερίσαι ο έσπειρε. Χρήζει δέ δ Οέλων καθαρίσαι τδ χωρίον αύτού, πρώτον μεν ινα καλώς έκριζώση πάσας τάς βοτάνας. Έάν γάρ μή καλώς άνασπάση τάς ρίζας αύτών, αλλά μόνον άνωθεν κόψη αύτάς, πάλιν φύονται. Θέλει οΰν τις ίνα αύτάς τάς £ίζας, ώς είπον, άνασπάση, καί μετά τδ καλώς καθαρίσαι αύτό άπδ τών βότανών καί άκανθών καί τών τοιούτων, θέλει βολοστροφήσαι αύτδ καί κοπανίσαι καί ούτως άροτριάσαι αύτό ' καί οτε καλώς φιλοκαλήσει αύτό, τότε λοιπόν θέλει σπεΐραι αύτδ καλόν σπέρμα. Έάν γάρ μετά τδ ποιήσαι αύτόν τοσαύτην φιλοκαλίαν, έάσει αύτό άργόν, ανέρχονται αί βοτάναι καί εύρίσκουσι τήν γην απαλήν καί καλήν έκ της φιλοκαλίας, καί βάλλουσι κάτω είς βάθος τάς ρίζας καί πλεϊον ισχυροποιούνται καί πληθύνονται έν αύτή. 131. Ούτως έστι καί τό τής ψυχής. Πρώτον θέλει έκκόψαι πάσαν παλαιάν προσπάθειαν καί τάς κακάς συνήθειας άς 129. 18 αύτοΰ om. ADE Η Mi ADEGPMi. | ώς λέγει έν τώ ψαλμώ om. INSTRUCTIONS, XII, § 129-131 391 Ayons le souci d'échapper à un tel malheur, frères, tnettons-y notre zèle, et Dieu nous fera miséricorde. Car il est, comme dit le Psaume. « l'espoir de tous ceux qui sont aux extrémités de la terre et de ceux qui sont sur la mer lointaine » (Ps. 64, 6). Ceux qui sont aux extrémités de la terre, sont les hommes complètement enfoncés dans le péché ; ceux qui sont sur la mer lointaine, sont ceux qui vivent dans la plus profonde ignorance. Et pourtant le Christ est leur espoir. 130. Il n’est besoin que d'un peu de peine. Peinons pour obtenir miséricorde. Plus on néglige un champ laissé en friches1, plus il se couvre d’épines et de chardons ; et quand on vient à le nettoyer, plus il est rempli d’épines, plus le sang coulera des mains de celui qui veut arracher ces mauvaises herbes que sa négligence a laissé pousser. Car il est impossible de ne pas récoller ce qu’on a semé. Quiconque désire nettoyer son champ, doit d’abord déra­ ciner soigneusement toutes les mauvaises herbes. S’il n’arrachait pas bien leurs racines et coupait seulement les tiges, elles repousseraient encore. Il doit donc, dis-je, arracher même les racines; puis, dans le champ ainsi débarrassé des mauvaises herbes et des épines, il retour­ nera soigneusement la terre, écrasera les mottes, tracera des sillons, et lorsqu’il aura remis son champ en bon état, il devra enfin y jeler une bonne semence. Car si après tout ce beau travail, il laisse le terrain inoccupé, les mau­ vaises herbes reviendront, et, trouvant le sol frais et bien préparé, y jetteront de profondes racines et deviendront encore plus fortes et plus nombreuses. 131. Ainsi en est-il de l’âme. On doit d’abord retrancher tout penchant invétéré et les mauvaises habitudes, car 1. L'image du champ à purifier se trouve chez l'abbé Isaiu {Aug., p. 107). 392 10 C 15 20 ŒUVRES SPIRITCELI.ES έχει · ούδέν γάρ χείρον κακής συνήθειας. Καί ό άγιος Βασίλειος λέγε·. * Ού μικρός δέ ουτος άγων, τής συνήθειας εαυτού περιγενέσθαι. "Εθος γάρ διά μακροΰ χρόνου βεοαιωθέν, φύσεως ίσχύν, ώς τα πολλά, λαμβάνει. Θέλει ούν τις άγωνίσασθαι, ώς εΐπον, ού μόνον πρός τάς κακά.ς συνήθειας καί πρός τά πάθη, άλλα καί πρός τάς αιτίας αύτών, αϊτινές είσι αί ρίζαι. Καί έάν μή αί ρίζαι έκδληθώσιν, άνάγκη τάς άκάνθας πάλιν φύεσθαι. Είσί γάρ τινα πάθη μηδέν ίσχύοντα, έάν έκκόψη τις τάς αιτίας αύτών ’ οΐον, ό φθόνος καθ’ εαυτόν ούδέν έστιν, αλλά έχει τινά αίτια έξ ών έστι καί ή φιλοδοξία ' θέλων γάρ τις δοξασθήναι, φθονεί τώ δοξαζομένφ ή προτιμωμένω. «Ομοίως καί ή οργή γίνεται έξ άλλων αιτιών καί μάλιστα έκ τής φιληδονίας. Καί μέμνηται τούτου καί Εύάγριος λέγουν περί τίνος αγίου ότι έλεγε ’ Διά τούτο περιαίρω τάς ήδονάς, ίνα τάς τού θυμού περικόύω προφάσεις. Καί πάντες δέ οί Πατέρες λέγουσιν οτι έκαστον πάθος έκ τούτων των τριών γενναται πάθων, τής φιλοδοξίας καί τής φιλαργυρίας καί τής φιληδονίας, καθώς διαφόρως εΐπον r ·, υμιν. 132. Θέλει ούν τις ού μόνον έκκόύαι τά πάθη, αλλά καί τάς αιτίας αύτών, καί ούτως φιλοκαλήσαι καλώς τά ήθη αυτού διά μετάνοιας, διά κλαυθμού, καί τότε άρξασθαι σπείρειν τό καλόν σπέρμα, άτινά είσι τά καλά έργα. Έπεί, 5 ώσπερ ειπομεν περί τού χωρίου ότι έάν μετά τό καθαρίσαι αύτό καί φιλοκαλήσαι μή βάλλη τις καλόν σπέρμα, ανέρχονται D αί βοτάναι καί εύρίσκουσι τήν γην καλήν καί απαλήν έκ τής φιλοκαλίας, καί πλεϊον ριζοβολοΰσιν είς αύτήν ' ούτως έστι καί τό τοΰ ανθρώπου * έάν μετά τό φιλοκαλήσαι τά ήθη 131. 7 ού μόνον om. ADEGHPMi || 8 άλλά καί: καί ού μόνον πρός τά πάθη, άλλά καί ADG καί ού μόνον Mi || 17 περιαίρω : επαίρω codd. έπέρω Mi. Correxi secundum textum Evagrii PG -10, 1252 B II 19 πάθων om. ADMi. 132. 3 διά1 : καί διά AG καί Mi | 9 φιλοκαλήσαι : φιλοκαλήσαι αύτόν ADMi φιλοκαλήσαι τινα G. INSTRUCTIONS, XII, § 131-132 393 rien n'est pire qu’une mauvaise habitude. « Ce n’est pas une petite affaire, dit saint Basile, de s’en rendre maître, car une habitude consolidée par une longue pratique, devient d’ordinaire forte comme la nature1. » Il faut donc lutter, je le répète, contre les mauvaises habitudes et contre les passions, mais aussi contre leurs causes, qui en sont les racines. Car si les racines ne sont pas arrachées, nécessairement les épines repousseront. Certaines passions ne peuvent plus rien, si on supprime leurs causes. L’envie, par exemple, n’est rien par elle-même, mais elle a plu­ sieurs causes, dont l’une est l’amour de la gloire. C’est parce qu’on désire l’honneur, qu’on porte envie à celui qui est honoré ou estimé davantage. De même la colère a d’autres causes, spécialement l’amour du plaisir. Évagre s’en souvenait, quand il rapportait celte parole d’un saint : « Si je retranche les plaisirs, c’est afin d’enlever tout prétexte à la colère12. » Tous les Pères d'ailleurs enseignent que chaque passion vient soit de l’amour de la gloire, soit de l’amour de l’argent, soit de l’amour du plaisir3, comme je vous l’ai dit en d’autres circonstances4. 132. Il faut donc retrancher non seulement les passions, mais leurs causes, et réformer sa conduite par la pénitence et les larmes. Alors, on commencera à répandre la bonne semence, c’est-à-dire les bonnes œuvres. (Rappelez-vous) ce que nous avons dit du champ : si, après l’avoir nettoyé et remis en état, on n'y jette point une bonne semence, les herbes reviennent et, trouvant une bonne terre fraî­ chement travaillée, y prennent plus fortement racine. Il en est de même pour l’homme. Si. après avoir réformé sa 1. S. Basile, Reg. fus. Ir. 6 : PG 31, 926 B. Cf. S. Nil, Ep. il, 239 {PG 79, 321 C). 2. Évagre. Practical II, 99 : PG 40, 1252 B. 3. Cf. Apopht. Piemen {Bousset, p. 148, n’ 98”); Pseudo-Nu. (Évagre), De mal. cogit. 1 {PG 79, 1200 D) ; Marc L’Ermite, De iege spirit. 103-104, 107 (PG G5, 917 CD). 4. Cf. § 101, p- 331 ; § 145, p. 417. 13—1 394 ŒUVRES SPIRITUELLES 10 αύτοΰ καί μετανοήσαι άπό τών προτέρων αύτοΰ πράξεων, αμελήσει τοΰ ποίησα·, καλά έργα καί κτήσασθαι τάς άρετάς, γίνεται επ’ αύτω ώς λέγει είς τό Εύαγγέλιον βτι " “Οταν τό ακάθαρτον πνεύμα έξέλθη άπό τοΰ άνθρώπου, διέρχεται δι* άνύδρων τόπων ζητούν άνάπαυσιν, καί μή εύρίσκον, τότε 1757 a 15 λέγει - Υποστρέψω είς τόν οίκόν μου οθεν έξήλθον. Καί έλΟόν ευρίσκει αύτόν σχολάζοντα, δήλον ότι άπό πάσης αρετής, καί σεσαρωμένον καί κεκοσμημένον. Τότε πορεύεται καί παραλαμβάνει μεθ’ εαυτού έπτά ετέρα πνεύματα πονηρό­ τερα έαυτοΰ, καί είσελθόντα κατοικεί έκεϊ, καί γίνεται τά 20 έσχατα τοΰ άνθρώπου εκείνου χείρονα τών πρώτων. 5 Β 10 15 133. Αδύνατον γάρ έστι την ψυχήν μεΐναι έν τη αύτη καταστάσει ' άλλα είς προκοπήν έρχεται, είτε έπί τό κρεΐττον είτε έπί τό χείρον. Διά τούτο έκαστος Οέλων σωθήναι χρείαν έχει ού μόνον μή ποιήσαι τό κακόν, άλλά καί τό άγαθόν έργάσασθαι, ώς λέγει έν τώ ψαλμώ ‘ “Έκκλινον άπό κακού καί ποίησον άγαθόν. Ούκ είπεν · “Έκκλινον άπό κακού μόνον, άλλα καί Ποίησον άγαθόν. Οίόν τι ' Ειωθέν τις άδικεΐν, θέλει ού μόνον μή άδικεΐν τινα. άλλά καί δικαιοπραγεΐν. Ε’. ήν άσωτος, θέλει ού μόνον μή άσωτεύεσθαι, άλλά καί έγκρατεύεσθαι. Εί ήν άργιλος, θέλει ού μόνον μή οργίζεσθαι, άλλά καί πραότητα κτήσασθαι. Εί έθρασύνετό τις, θέλει ού μόνον μή θρασύνεσθαι, άλλά καί ταπεινούσθαι. Καί τοΰτό έστι τό Έκκλινον άπό κακού καί ποίησον άγαθόν. "Εκαστον γάρ πάθος έχει τήν εναντίαν αύτοΰ άρετήν. Ή ύπερηφανία έχει τήν ταπεινοφροσύνην, ή φιλαργυρία έχει τήν έλεημοσύνην, ή άσωτία τήν εγκράτειαν, ή όλιγωρία τήν ύπομονήν, 'η οργή τήν πραότητα, τό μίσος τήν άγάπην. 'Έκαστον απλώς πάθος, ώς εΐπον, έχει τήν έναντίαν αύτοΰ άρετήν. 133. 8 άδικεϊν τινα : τινα άδικεϊν HP άδικεΐν ADEMi || 13 •Έκκλινον : Έχκλϊναι ADEGP.Mi || ποίησον : ποιήσαι ADEGPML INSTRUCTIONS, XII, § 132-133 395 conduite et fait pénitence pour ses œuvres passées, il ne se soucie pas de faire de bonnes actions et d’acquérir les vertus, il lui arrive ce que dit le Seigneur dans Γ Évangile : » Lorsque l'esprit immonde est sorti d’un homme, il erre par des lieux arides en quête de repos. N’en trouvant pas, il se dit : « Je vais retourner dans ma maison, d’où je suis sorti. » A son arrivée, il la trouve inoccupée, c'est-à-dire sans aucune vertu, balayée et bien en ordre. .Mors, il s’en va prendre sept esprits plus méchants que lui, ils revien­ nent et s’y installent. Et l’état final de cet homme devient pire que le premier» (Le 11, 24-27). 133. Il est en effet impossible à l’âme de demeurer dans le même état : ou elle devient meilleure, ou elle devient pire. C’est pourquoi quiconque veut être sauvé doit non seulement ne pas faire le mal, mais encore faire le bien, comme dit le Psaume : « Détourne-toi du mal, et fais le bien » (Ps. 36. 27). Il ne dit pas seulement : « Détoumeloi du mal », mais encore « Fais le bien ». Quelqu’un, par exemple, était-il habitué à commettre des injustices ? Qu’il n’en commette plus, mais qu’il exerce aussi la jus­ tice ! Était-il débauché ? Qu’il mette fin à ses débauches, mais qu’il pratique aussi la tempérance I Était-il coléreux ? Qu’il ne s’irrite phis, mais qu’il acquière encore la douceur 1 Était-il orgueilleux ? Qu’il cesse de s’élever, mais que de plus il s’humilie. Tel est le sens de la parole : « Détourne-toi du mal et fais le bien1. » Car chaque passion a sa vertu contraire. Pour l’orgueil, c’est l’humilité ; pour l’amour de l’argent, l’aumône ; pour la luxure, la tempérance ; pour le découragement, la patience ; pour la colère, la douceur ; pour la haine, la charité. Bref, chaque passion, disons-nous, a sa vertu contraire1 2. 1. Cf. S. Basile, Peg. br. Ir. 5 et 2SÔ : PG 31, 1085 et 1284. 2. Cf. Épjctête : Opposer à une habitude l’habitude contraire (Entretiens I, 27, 6). 396 C 5 10 15 D 20 ŒUVRES SPIRITUELLES 134. Ταύτα πολλάκις ύμϊν είπον. "Ωσπερ ούν έξεβάλομεν τάς άρετάς καί είσηνέγκαμεν τά πάθη άντ’ αύτών, ούτως θέλομεν κοπιάσαι ού μόνον έκβαλεϊν τά πάθη, άλλά καί είσενέγκαι τάς άρετάς καί καταστησαι αύτάς είς τόν ίδιον τόπον. Φυσικώς γάρ έχομεν τάς άρετάς παρά Θεού δοθείσας ήμϊν. "Αμα γάρ έποίησεν ό Θεός τόν άνθρωπον, ένέσπειρεν αύτώ τάς άρετάς, ώς λέγει ’ Ποιήσωμεν άνθρωπον κατ’ εικόνα ήμετέραν καί καθ’ όμοίωσιν. Κατ’ εικόνα είπεν, έπειδή άφθαρτον καί αυτεξούσιον έποίησεν ό Θεός τήν ψυχήν · καθ’ όμοίωσιν δέ λέγει, τό κατ’ άρετην. Λέγει γάρ ' Γίνεσθε οίκτίρμονες, καθώς ό Ιίατήρ υμών ό ούράνιος οίκτίρμων έστί. Γίνεσθε άγιοι, οτι έγώ άγιός είμι. Καί πάλιν ό ’Απόστολος είπεν ' Γίνεσθε είς άλλήλους χρηστοί. Καί λέγει ό ψαλμός οτι · Χρηστός Κύριος τοϊς ύπομένουσι ' καί οσα τοιαύτα. Τούτο έστι τό καθ’ όμοίωσιν. "Ωστε φυσικώς έδωκεν ήμϊν ό Θεός τάς άρετάς · πάθη δέ ούκ έχομεν φυσικώς ’ ούδέ γάρ εχουσιν ούσίαν τινά ή ύπόστασιν ’ άλλ’ ώσπερ τό σκότος ούχ ύφέστηκε κατ’ ούσίαν, άλλά πάθος έστί περί τόν άέρα, ώς λέγει ό άγιος Βασίλειος, τη στερήσει τού φωτός παρυφιστάμενον ’ ούτως έστί καί τό τών παθών. Κλίνασα ή ψυχή διά φιληδονίας έκ τών άρετών κατεσκεύασε τά πάθη καί έστερέωσεν αύτά καθ’ έαυτης. 135. "Ωστε χρείαν έχομεν, ώς είπον ώσπερ έπί του χωρίου μετά τό ποιήσαι πάσαν φιλοκαλίαν, εύθύς σπεϊραΐ τό καλόν σπέρμα, ίνα πρός αύτό καί τόν καρπόν καλόν ποίηση ' θέλει πάλιν ό σπειρών τό χωρίον αύτού άμα τώ 5 βαλεΐν τό σπέρμα, κρύψαι και βυθίσαι αύτό είς τήν γην, έπεί έρχονται τά πετεινά καί άρπάζουσιν αύτό, καί άπόλλυται ' 1760 A καί μεθ’ δ κρύψει αύτό, αναμένει τό έλεος τού Θεού, έως 1. Déjà Plato.s affirmait que nous devenons semblables à Dieu par lu vertu : Thiêl. 176 ab ; liipubl. X, 613 ab. Cf. S. Grégoire de Nysse, PG 44, 1177 B. Voir DS, t. 2, 1828, et les références données par E. des Places, duns son édition de Diudoque (SC 5 bis), p- 35, il 2. 2. S. Basile, Hom. 2 in Hexam. (PG 29, 40 C). CL In 1s. 173 (PG 30, 408 DI. INSTRUCTIONS, Nil. § 134-135 397 134. Je vous ai dit souvent ces choses. Nous avons banni les vertus et introduit à leur place les passions. Nous devons de même faire effort non seulement pour chasser les passions, mais encore pour réintroduire les vertus et les rétablir en leur lieu propre. Car naturellement nous possédons les vertus, qui nous ont été données par Dieu. En créant l'homme, Dieu les a mises en lui, selon la parole : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance » (Gen. 1. 26). « Λ notre image », parce que Dieu a créé l’âme immortelle et libre ; « à notre ressemblance », c’est-à-dire selon la vertu1. Il est écrit en effet : ·< Soyez miséricordieux, comme votre Père céleste est miséricordieux » (Le 6, 36). • Soyez saints, parce que je suis saint» (Léu. 11, 44). Et l’Apôtrc dit : « Soyez bons les uns pour les autres » (Êphés. 4, 32). Le Psalmisle dit aussi : a Le Seigneur est bon pour ceux qui l’attendent » (Lam. 3. 25), et bien d'autres choses semblables. Voilà ce qu’est la ressemblance. Dieu nous a donc donné les vertus avec la nature. Mais les passions, elles, ne nous sont pas naturelles : elles n’ont ni être, ni subs­ tance. et ressemblent aux ténèbres qui ne subsistent pas par elles-mêmes, mais sont comme une passion de l’atmos­ phère, selon saint Basile2, n’existant que par la privation de lumière. C’est en s’éloignant des vertus par l’amour du plaisir que l’âme a provoqué la naissance des passions, puis les a affermies en elle. 135. Donc, après tout ce beau travail, comme je l'ai dit du champ, nous devons semer aussitôt la bonne semence, pour qu’elle produise le bon fruit. Mais d’autre part le cultivateur qui ensemence son champ, doit, tout en jetant la semence, la cacher et l’enfouir dans la terre, sinon les oiseaux viendront la prendre et elle sera perdue3. Après l'avoir cachée, il attendra de la miséricorde de Dieu 3. Cf. Évagrk, Lettre 41, citée par I. Hausherr, RAM 1934, p. 80-81 ; 1959, p. 257. 398 Ιΰ 15 Β5 10 15 C 20 25 (Et;VRES SPIRITUELLES δτε πέμψη την faWF κα* ° σπόρος. Μύρια, γάρ έάν κοπιάση ό γεωργός καθαρίζων καί φιλόκαλων καί σπειρών, έάν μή βρέξη ό Θεός είς τόν σπόρον αύτοΰ, είς μάτην γίνεται όλοι ό κόπος αύτοΰ. Ούτως καί ήμεΐς θέλομεν. καν ποιήσωμέν τί ποτέ αγαθόν, ινα καλύπτωμεν αύτό διά της ταπεινοφρο­ σύνης καί έπιρίπτωμεν επί τόν Θεόν την ασθένειαν ήμών, δεόμενοι αύτοΰ ινα έπινεύση είς τόν κόπον ήμών, έπεί είς μάτην γίνεται. 136. 'Έστι πάλιν οτε καί μετά τό βρέξαι καί βλαστησαι τόν σπόρον, ού κατέρχεται πάλιν ή βροχή κατά τόν καιρόν, i καί ξηραίνεται τό βλάστημα καί άπόλλυται. Χρήζει γάρ καί ό σπόρος της βροχής καί τό βλάστημα ομοίως κατά πρόσβασιν, εως ού στερεωθή. καί ούδέ ούτοις δύναταί τις αμέριμνη- I σαι. ’Ενίοτε γάρ καί μετά τό αύξηθήναι καί ποιήσαι στάχυν, , γίνεται βροϋχος ή χάλαζα ή τι τοιοΰτον, καί άπόλλυσι τόν ’ καρπόν. Ούτως έστι καί επί τής ψυχής. 'Όταν γάρ κοπιάσει ! καί καθαρίσει έαυτήν άπό όλων τών παθών, ών ειπομεν, καί I σπουδάσει εις ολας τάς άρετάς, θέλει πάντοτε προσέχειν είς τό έλεος τοΰ Θεοΰ καί είς τήν σκεπήν αύτοΰ, ινα μή ι έγκαταλίπωσίν αύτην καί άπόληται. "Ωσπερ γάρ ειπομεν . περί τοΰ σπόρου οτι καί μετά τό βλαστησαι καί αύξηθήναι 1 καί ποιήσαι καρπόν, έάν μή πάλιν κατά πρόσοασιν κατέλθη ή βροχή, ξηραίνεται καί άπόλλυται ' ούτως έστι καί τό του I ανθρώπου. Έάν μετά τό ποιήσαι τοσαΰτα έπάρη ό Θεός μικρόν τήν σκεπήν αύτοΰ καί εγκατάλειψη αύτόν, άπόλλυται. 'Η έγκατάλειψις δέ γίνεται τω άνθρώπω. όταν ποιεί πράγμα παρά τήν κατάστασιν αύτοΰ · οίόν τι λέγω ' έάν τις ή· εύλαοής καί έλθη είς αδιαφορίαν, ή ταπεινός καί έλθη είς θρασύτητα. Καί ού τοσοΰτον έγκαταλιμπάνει ό Θεός τόν , άδιάφορον, έάν άδιαφορήση, ούδέ τόν θρασύν, έάν Ορασυνθή, ί οσον έγκαταλιμπάνει τόν εύλαβή, έάν άδιαφορήση, καί τόν ταπεινόν, έάν θρασυνθή. Τοΰτό έστι τό άμαρτειν τινα παρά τήν κατάστασιν αύτοΰ ' έκ τούτου γίνεται ή έγκατάλειψις· 136. 7 τοιοΰτον : τών τοιούτων ADM1 || 9 έαυτήν : αύτην A DEMI. INSTRUCTIONS, XII. § 135-136 399 la pluie et l’accroissement de la graine. Car il peut bien se donner mille peines à nettoyer, à travailler la terre, et à semer, si Dieu ne fait pleuvoir sur sa semence, tout son labeur est vain. C’est ainsi que nous devons agir. Si nous faisons quelque bien, cachons-le par l’humilité et jetons en Dieu notre faiblesse, le suppliant de regarder nos efforts, puisque autrement ils seraient inutiles. 136. Il arrive aussi qu’après avoir arrosé et fait germer la semence, la pluie ne revient pas en temps voulu ; le germe alors se dessèche et meurt. Car la graine germée, comme la semence, a besoin de la pluie, de temps en temps, pour grandir. Aussi ne peut-on être sans inquiétude. Il arrive même parfois qu’après l’accroissement de la graine et la formation de l’épi, les sauterelles, la grèle ou quel­ que autre fléau viennent détruire la récolte. Il en est de même pour l’ânie. Quand elle a travaille à se purifier de toutes les passions et s’est appliquée à toutes les vertus, elle doit toujours compter sur la miséricorde et la protec­ tion de Dieu, de peur d’en être abandonnée et de périr. Nous avons dit que la semence, même après avoir germé, grandi et porté son fruit, se dessèche et périt, si la pluie ne revient pas de temps en temps. Ainsi en est-il de l’homme. Si, après tout ce qu’il a fait. Dieu lui enlève un peu de sa protection et l’abandonne, le voilà perdu. Or, cet abandon se produit, quand l’homme agit contre son état : par exemple, s'il est pieux et qu'il se laisse aller à la négli­ gence, ou s'il est humble et qu’il vienne à s’enorgueillir. Dieu n’abandonne pas autant le négligent dans sa négli­ gence et l'orgueilleux dans son orgueil que ceux qui tombent dans la négligence ou l'orgueil, alors qu’ils étaient pieux ou humbles. C’est cela pêcher contre son état, et de là vient l’abandon1. Voilà pourquoi saint Basile juge 1. Cf. DS, t. 4, 344-357, art. Egkataleipsis (La déréliction chez les Orientaux), par Dom J. Leroy, spécialement pour Dorothée, à la col. 347. 400 ŒUVRES SPIRITUELLES Διά τοΰτο ό άγιος Βασίλειος άλλως κρίνει την αμαρτίαν τοΰ εύλαβοΰς και άλλως την τοΰ άδιαφόρου. D 5 10 15 1761 Λ 20 25 137. "Οταν δέ φυλάξη τις εαυτόν καί άπό τούτων, θέλει προσέχειν, ίνα μή έάν ποιή μικρόν άγαΟόν, ποιή αύτό μετά κενοδοξίας ή άνθρωπαρεσκείας ή κατά τινα λογισμόν ανθρώπινον, καί άπόλλη αύτό τό μικρόν ολον δ έποίει, ώς ειπομεν περί τοΰ βρούχου καί της χαλάζης καί τών τοιούτων. Πάλιν έπί της γης όταν καί μηδέν πάθη κακόν ό καρπός, άλλα φυλαχθή έως τοΰ θερισμού, ούδέ ούτως δύναται ό γεωργός άμεριμνήσαι · έ'στι γάρ οτε καί μετά τό Οερίσαι τινα τό χωρίον αύτοΰ καί ποιήσαι ολον τόν κόπον αύτοΰ, έ'ρχεται πονηρός άνθρωπος μετά μίσους καί βάλλει πυρ εις τόν καρπόν εκείνον καί άπόλλει ολον τόν καρπόν καί τόν κόπον τοΰ ανθρώπου. "Ωστε εως ού ίδη ότι έκαθάρισεν αύτόν καλώς καί έβαλεν εις την άποθηκην, ού δύναται άμεριμνήσαι. 'Ομοίως καί ό άνθρωπος όταν δυνηθή έκ τούτων πάντων ών ειπομεν έξειλήσαι, ού θέλει ούδ’ ούτως άμεριμνήσαι. Συμβαίνει γάρ οτι μετά όλα ταΰτα. ευρίσκει ό διάβολος πλανήσαι αύτόν ή διά δικαιωμάτων ή διά ύπερηφανίας ή διά τό έμβαλεϊν λογισμούς απιστίας ή κακής αίρέσεως, καί ού μόνον οτι άπόλλει όλους τούς κόπους αύτοΰ, άλλα καί χωρίζει αύτόν άπό τοΰ Θεού. Καί εϊ τι ούκ ήδυνήΟη ποιήσαι αύτώ διά τής πράξεως, δι’ ενός λογισμού ποιεί αύτώ. "Εστι γάρ δτε καί εις λογισμός δύναται χωρίσα·. τινά άπό τοΰ Θεοΰ, έάν καταδέξηται καί συγκατάθηται αύτώ. "Ωστε ό θέλων μετά άληθείας σωθήναι, ούκ οφείλει άμεριμνήσαι έως έσχατης αναπνοής. Χρεία ούν κόπου και φροντίδος πολλής καί τοΰ δέεσθαι τοΰ Θεοΰ διά παντός ϊνα αυτός σκεπάση καί διασώση ήμας τή άγαθότητι αύτοΰ, εις δόξαν τοΰ άγιου ονόματος αύτοΰ. ’Αμήν. 137. 28 ’Αμήν on». ADGPML INSTRUCTIONS. XII, § 136-137 401 différemment la faute de celui qui est pieux et la faute du négligent1. 137. Apres s’être gardé de ces dangers, on doit encore veiller, si on fait un peu de bien, à ne pas l’accomplir par vaine gloire, par désir de plaire aux hommes ou pour quelque autre motif humain, afin de ne pas perdre complè­ tement ce peu de bien, comme nous le disions à propos des sauterelles, de la grêle ou des autres fléaux. Le culti­ vateur ne peut même pas être sans inquiétude, quand la récolte sur pied n’a souffert d’aucun dommage et a été préservée jusqu’au temps de la moisson. Car il peut arri­ ver. après qu’il a moissonné son champ en y mettant toute sa peine, qu’un méchant vienne par haine mettre le feu à sa récolte et la détruise complètement, réduisant ainsi à néant toute sa peine. Il ne peut donc être tranquille, avant de voir le grain bien nettoyé et mis au grenier. L'homme pareillement ne doit pas être sans inquiétude, même s’il a pu échapper à tous les dangers que nous avons énumérés. Il arrive en effet qu’après tout cela, le diable trouve à l’égarer, soit par des prétentions de justice, soit par l’orgueil, soit en lui inspirant des pensées d’infidélité ou d'hérésie, et non seulement il réduit à rien toutes ses peines, mais il le sépare de Dieu. Ce qu’il n'a pu lui faire par l’action, il le lui fait par une seule, pensée. Car une seule pensée peut séparer de Dieu, si elle est accueillie et approuvée. Celui qui veut vraiment être sauvé, ne doit donc jamais être sans inquiétude jusqu'à son dernier souille. 11 faut se donner beaucoup de mal et de souci, et demander sans cesse à Dieu qu’il nous protège et nous sauve par sa bonté, pour la gloire de son saint nom. Amen. I. S. Basile, In Ps. VJI, 5 (PG 29, 240) ; In princ. Prov. 9 (PG 31, 104 BG). ΙΓ'. ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΑΤΑΡΑΧΟΣ ΚΑΙ ΕΥΧΑΡΙΣΤΩΣ ΥΠΟΦΕΡΕΙΧ ΤΟΥΣ ΠΕΙΡΑΣΜΟΥΣ Β 5 10 C 15 138. Καλώς εϊπεν ό άδβάς Ποιμήν οτι τό σημειον τοΰ μονάχου έν τοϊς πειρασμοϊς φαίνεται. ’Οφείλει ό μοναχός ό μετά άληθείας προσευχόμενος δουλεΰσαι τώ Θεω, έτοιμάσαι κατά τήν Σοφίαν τήν ψυχήν αύτου είς πειρασμούς, ίνα μή ξενίζηταί ποτέ μηδέ ταράσσηται έν τοϊς συμβαίνουσι, πιστεύων ότι ούδέν άνευ της προνοίας τοΰ Θεοΰ γίνεται. “Οπου δέ Θεού πρόνοια, πάντως καλόν έστι καί είς ωφέλειαν ψυχής τό γινόμενον ' πάντα γάρ όσα ποιεί μεΟ’ ήμών ό Θεός, ύπέρ τοΰ συμφέροντος ποιεί, καί άγαπών ημάς καί φειδόμενος ήμών. Καί όφείλομεν, ώς εϊπεν ό ’Απόστολος, έν παντί εύχαριστεϊν τη άγαΟότητι αύτοΰ. καί μηδέποτι άθυμεϊν ή μικροψυχεϊν έπί τοϊς συμβαίνουσιν ήμϊν. άλλο δέχεσθαι άταράχως τά έπερχόμενα μετά ταπεινοφροσύνη καί τής είς Θεόν έλπίδος, πεπεισμένοι, καθώς εϊπον. οτ πάντα όσα ποιεί μεθ’ ήμών ό Θεός, άγαθότητι ποιεί κα άγαπών ημάς ποιεί καί καλώς ποιεί. Καί ούκ ένδέχετα αύτά άλλως καλώς γενέσθαι, εί μή ούτως έλεήσων ό Θεός 139. Φίλον έάν έχη τις καί πληροφορείται οτι άγαπί αύτόν, εί τι δ’ άν πάθη παρ’ αύτοΰ, καν θλιβερόν ή, έχει ότ Mss : ADEGHPTVMi 138. 2 ’Οφείλει : Όφβίλει’γάρ EGMi ’Οφείλει δέ II Καί οφείλει Ρ 1. Apopiil. Poemen 13 : PG 65, 325 B. 2. Enseignement déjà en germe chez Platon (cf. Timée 30) mais développé surtout par les Stoïciens, spécialement MARC-Aunèu XIII. QU’IL FACT SUPPORTER LES TENTATIONS SANS TROUBLE ET AVEC ACTION DE GRACES 138. L’abbé Pœmen a dit avec raison que la marque du moine apparaît dans les tentations1. Le moine qui s’engage vraiment au service de Dieu doit, selon la Sagesse, « pré­ parer son âme aux tentations» (Sag. Sir. 2, 1), afin de n’être ni surpris ni troublé de ce qui arrivera, croyant que rien ne se produit sans la Providence de Dieu. Or. là où est la Providence de Dieu, ce qui arrive est nécessaire­ ment bon et pour l’utilité de l’âme*. Tout ce que Dieu fait avec nous, il le fait pour notre profit, par amour et. bienveillance à notre égard. Nous devons donc « en toutes choses, comme dit l’Apôtre (I Thess.5, 18), rendre grâces» à sa bonté et ne jamais perdre courage, ni faiblir devant ce qui nous arrive, mais recevoir sans trouble les événe­ ments, avec humilité et confiance en Dieu, persuadés, comme je l’ai dit, que tout ce que Dieu fait avec nous, il le fait par bonté, par amour pour nous, et que cela est bien fait. Il est même impossible que les choses se fassent bien, si ce n’est précisément Dieu qui dans sa miséricorde les dispose ainsi. 139. Si quelqu’un a un ami dont en toute certitude il se sait aimé, quoi qu’il éprouve de sa part, même si c’est chose pénible, il tient pour certain que cela a été fait par (cf. Pensées X, 1). Pour les Pères, voir surtout ÉvaORE, De Oral. 33, avec les références données par I. Haushkrr dans son commentaire : RAM 1934, p. 69 ; 1959, p. 143. 401 5 D 10 15 1764 Λ 20 25 30 ŒUVRES SPIRITUELLES άγαπών έποίησε, καί ούδέποτε πιστεύει περί τού φίλου αύτού οτι βλάψαι αυτόν θέλει · πόσφ μάλλον ήμεϊς οφείλομεν εχειν περί τού Θεού τού καί πλάσαντος ημάς καί έκ τού μή δντος είς τό είναι παραγαγόντος καί 8·.’ ήμάς ένανθρωπήσαντος καί ύπέρ ήμών άποθανόντος, οτι πάντα άγαθότητι ποιεΐ μεΟ’ ήμών καί άγαπών ποιεί ; Καί έπί μεν τού φίλου εστι λογίσασΟαί τινα δτι άγαπών με ποιεί καί φειδόμενός μου, άλλ’ ού πάντως καί τοσαύτην έχει σύνεσιν, ώστε διοίκησα·, τά κατ’ έμέ, καί διά τούτο, ώς είκός, καί μή Οέλων βλάπτει με. Έπί 8έ τού Θεού ού δυνάμεθα τούτο είπεΐν. Αύτός γάρ έστιν ή πηγή τής σοφίας, καί οϊδε πάντα τά συμφέροντα ήμϊν καί προς αύτό διοικεί τά καθ’ ήμας μέχρι καί τών εύτελεστάτων. ’Έστι δέ πάλιν είπεΐν περί τού φίλου δτι αγαπά καί φείδεται καί συνετός έστιν είς τό διοικήσαι τά κατ’ έμέ, ού μην καί δύναμιν έχει είς τό βοηΟησαί μοι έν οϊς νομίζει με ώφελεΐσΟαι. Ούδέ τούτο δυνάμεθα περί τού Θεού είπεΐν. Πάντα γάρ δυνατά αύτώ έστι, καί ούδέν αδυνατεί ενώπιον αύτού. 'Ώστε ούν οϊδαμεν περί τού Θεού ότι καί αγαπά καί φείδεται τού ίδιου πλάσματος, καί αύτός έστιν ή πηγή τής σοφίας, καί οϊδε πώς διοικήσαι τά καθ’ ήμάς, καί οτι ούδέν αδυνατεί αύτώ, άλλά πάντα ύπουργεϊ τώ θελήματι αύτού, καί δφείλομεν είδέναι δτι πάντα όσα ποιεί, ύπέρ τού συμφέροντος ποιεΐ, καί δέχεσθαι αύτά μετά εύχαριστίας, καθώς προείπομεν, ώς παρά εύεργέτου καί άγαθού Δεσπότου, καν θλιβερά ώσι · πάντα γάρ δίκαια κρίσει γίνονται, καί ού παραβλέπει ό Θεός ό ούτως έλεήμων ούδέ τήν τυχούσαν ήμών θλίψιν. 140. Ιίολλάκις δέ αμφιβάλλει τις έν έαυτώ λέγων Καί έάν έν ταϊς έπιφοραϊς αμαρτάνει τις άπό θλίψεως, πώς δύναταί εχειν ότι ύπέρ τού συμφέροντος είσιν ; Ούχ άμαρτάνομεν έν ταϊς έπιφοραϊς, εί μή έκ τού είναι ημάς άφερε5 πόνους καί μή θέλειν βαστάσαι μικράν θλίψιν ή παθεϊν τι Β INSTRUCTIONS, XIII, § 139-110 405 affection, et jamais il ne croira que son ami veut lui faire du tort. Combien davantage devons-nous avoir, au sujet de Dieu notre Créateur, qui nous a amenés du néant à l’être, qui pour nous s’est fait homme et qui est mort pour nous, cette conviction que tout ce qu’il fait avec nous, il le fait par bonté et par amour ! Au sujet d’un ami, je puis bien penser qu’il agit par affection pour moi et pour mon bien, mais qu'il n’a pas nécessairement toute l’intelligence requise pour s’occuper de mes intérêts, et que par suite il pourra peut-être, sans le vouloir, me faire du mal. Mais de Dieu, nous ne pouvons dire cela, car il est la source de la sagesse, il sait tout ce qui nous est utile et dans cette vue il règle toutes nos affaires jusqu'aux plus minimes. De l’ami, on peut encore dire : il m’aime, il veut mon bien, il est assez intelligent pour s’occuper de mes intérêts, mais il n’a pas le pouvoir de m’aider là où il croit m’être utile. Cela non plus, nous ne pouvons le dire de Dieu, car tout lui est possible et aucune impossi­ bilité n’existe pour lui. Ainsi, nous savons de Dieu qu’il aime sa créature et veut son bien, qu’il est lui-même la source de la sagesse et sait comment régler nos affaires, que rien ne lui est impossible, toutes choses étant soumises à sa volonté. Sachant aussi que tout ce qu’il fait, il le fait pour notre avantage, nous devons l'accueillir, avons-nous dit, avec action de grâces, comme venant d’un Maître bienfaisant et bon, même si c’est pénible. Car tout vient d’un juste jugement, et Dieu qui est si miséricordieux ne regarde pas avec indifférence la peine qui nous survient. 140. On se pose souvent cette question : Si dans les adversités, la souffrance nous conduit au péché, comment peut-on penser qu’elles sont pour notre avantage ? Mais nous ne péchons en l’occurence que parce que nous man­ quons de résignation et que nous ne voulons pas suppor­ ter la moindre peine ou souffrir quelque chose qui nous 406 10 C 15 20 25 D 30 ŒUVRES SPIRITUELLES παρά σκοπόν, έπεί ού συγχωρεΐ ό Θεός έπενεχθηναι ήμΐχ πράγμα παρά τήν δύναμιν ημών, ώς είπεν ό ’Απόστολος ' Πιστός ό Θεός, ος ούκ έάσει ύμας πέιρασθήναι ύπέρ δ δύνασθε. Άλλ’ ήμεις έσμεν οί μή έχοντες ύπομονήν, μ,ηδένι θέλοντες πονήσαι μικρόν, μηδέ άνεχόμενοι δέξασθαί τί ποτέ μετά ταπεινώσεως ’ διά τούτο συντριβόμεθα, καί όσον σπουδάζομεν έκφυγενν τούς πειρασμούς, τοσούτον! βαρούμεθα έν αύτοις καί όλιγωροϋμεν καί ούδέ έξηλήσαι δυνάμεΟα. Εϊσί τινες κολυμοοΰντες διά χρείαν είς τήν θάλασσαν, καί έάν οϊδασι τήν τέχνην τού κολυμβήσαι, οτε έρχεται τό κύμα κατ’ αύτών. ύποκύπτουσιν αύτω καί χαλώσιν έαυτούι ύποκάτω αύτού έως ού παρέλθη, καί ούτως λοιπόν μένουσν άβλαβώς κολυμβούντες. Έάν δέ θελήσωσιν έναντιωθήνα τώ κύματι, ώθεϊ αύτούς εξω καί ακοντίζει πολύ διάστημά Πάλιν ώς άρχονται κολυμοάν, έρχεται άλλο κύμα έπάνο αύτών ‘ έάν πάλιν έναντιωθώσι, πάλιν ωθεί αύτούς κα ρίπτει εξω, καί μόνον συντρίβονται μηδέν άνύοντες. Έάν δέ ώς εϊπον, ύποκύψωσι τω κύματι καί ταπεινωθώσιν ύποκάτά αύτού, παρέρχεται μηδέν βλάπτον αύτούς καί μένουσ κολυμβώντες όσον θέλουσι, καί ποιούντες τό έργον αύτών i ούτως καί επί τών πειρασμών, έάν τις βαστάση τον πειρασμό1 μεθ’ υπομονής καί ταπεινώσεως, παρέρχεται αύτόν άολαυώς έάν δέ μένη θλιβόμενος, ταρασσόμενος, αίτιώμενος έκαστον έαυτόν κολάζει, βαρύνων καθ’ εαυτού τόν πειρασμόν, κα έκ τούτου ούκ ώφελεΐται, άλλά καί βλάπτεται. 141. Πάνυ γάρ ώφελούσιν οί πειρασμοί τόν άταράχω ύπομένοντα αύτούς. Καί πάθος δέ έάν όχληση ήμΐν, ού όφείλομεν ούδέ έν τούτω ταράσσεσθαι ' το γάρ ταραχθήνο 1765 Λ τινα όχλούμενον υπό πάθους, άγνωσίας έστι καί ύπερηφανίο 5 καί έκ τού μή είδέναι τήν ιδίαν κατάστασιν, καί έκ τ φεύγειν τόν κόπον, καθώς εϊπον οί Πατέρες · Διά τούτο ού. 140. 31 έκ τούτου : άνΟ' δν AOEGH άνΟ’ ού Mi. INSTRUCTIONS, XIII, § 140-141 407 contrarie. Dieu, en effet, ne permet pas que nous soyons éprouvés au-delà de nos forces, comme le dit l’Apôtre : »· Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de ce que vous pouvez supporter» (7 Cor. 10, 13). C’est nous qui n’avons pas de patience, qui ne consentons pas à peiner un peu, qui ne supportons pas de recevoir quoi que ce soit avec humilité. Aussi sommes-nous brisés par les tentations : plus nous nous efforçons de les fuir, plus nous en sommes accablés et découragés, sans même pouvoir en sortir. Ceux qui ont à nager en mer et qui connaissent l’art de la natation, plongent quand la vague arrive sur eux, et se laissent aller dessous, jusqu'à ce qu’elle soit passée. Après quoi ils continuent de nager sans difficulté. S'ils veulent s’opposer à la vague, celle-ci les repousse et les rejette à une bonne distance. Dès qu’ils se remettent à nager, une nouvelle vague vient sur eux ; s’ils résistent encore, les voilà de nouveau repoussés et rejetés : ils se fatiguent seulement et n’avancent pas. Qu’ils plongent au contraire sous la vague, comme je l’ai dit. qu’ils s’abaissent dessous, et elle passera sans les gêner; ils continueront à nager tant qu'ils voudront, et à accomplir ce qu’ils ont à faire. Ainsi en est-il des tentations. Supportées avec patience et humilité, elles passent sans faire de mal. Mais si on reste à s’affliger, à se troubler, à accuser tout le monde, on se fait, souffrir soi-inême. en rendant plus accablante pour soi la tentation, et il en résulte que celle-ci nous est non seulement sans profit, mais même nuisible. 141. Car les tentations sont très profitables à qui les supporte sans trouble. Même lorsqu’une passion nous har­ cèle. nous ne. devons pas nous en troubler. Si l’on se trouble en l’occurence, c’est par ignorance et par orgueil, c’est parce qu’on méconnaît son propre état et qu’on fuit la peine. « Si nous ne faisons pas de progrès, disent les Pères, 408 10 15 Β 20 5 10 C ŒUVRES SPIRITUELLES προκόπτομεν δτι ούκ έπιστάμεθα τά μέτρα εαυτών, ούδέ εχομεν υπομονήν έν ώ άρχόμεθα εργω, άλλα άπόνως θέλομεν αρετήν κτήσασθαι. Διά τί γάρ ξενίζεται ό έμπαθής όχλούμένος υπό πάθους ; Διά τί ταράσσεται ένεργήσας αύτό ; ’Έχεις αύτό καί ταράσση ; Τούς αρραβώνας αύτού έχεις και λέγεις ’ Διά τί οχλεϊ μοι ; Μάλλον ύπόμεινον, άγώνισαι, παρακάλεσήν τόν Θεόν. ’Αδύνατον γάρ έστι μή εχειν τήν θλίψιν τού πάθους τόν έμπεσόντα είς τήν ένέργειαν αύτού. Τά σκεύη αύτών, ώς είπεν ό άββας Σισώης, ένδοθεν σού είσι · δός αύτοίς τόν αρραβώνα αύτών, καί ύπάγουσι. Τά σκεύη είπε τά αίτια. Έφ’ όσον ούν ταυτα ήγαπήσαμεν καί ένηργήσαμεν, ού δυνατόν μή αίχμαλωτίζεσθαι ήμάς ύπό τών έμπαθών λογισμών, έκβιαζομένων ήμάς καί μή θέλοντας ένεργησαι τά πάθη, επειδή έκόντες έαυτούς προεδώκαμεν είς τάς χείρας αύτών. 142. Τούτο έστιν δ λέγει ό προφήτης περί τού ΈφραΙμ τού καταδυναστεύσαντος τον άντίδικον αύτού, τούτο έστι τήν ιδίαν συνείδησιν, καί καταπατήσαντος τήν κρίσιν, οτι έζήτησεν Αίγυπτον καί βία έλήφθη έν Άσσυρίοις. Αίγυπτον λέγουσιν οί ΙΙατέρες τό θέλημα τό σαρκικόν, τό κλίνον ήμάς είς τήν σωματικήν άνάπαυσιν καί δίδασκαν ηδυπαθέστερον τόν νοϋν ' Άσσυρίους δέ, τούς έμπαθεΐς λογισμούς, τούς θολούντας καί συγχέοντας τόν νουν καί πληρούντας αύτόν ειδώλων ακαθάρτων καί φέροντας αύτόν βία καί μή βουλόμενον είς τήν κατ’ ένέργειαν άμαρτίαν. Έάν ούν έκών έκδώ τις εαυτόν τη ήδυπαθεία τού σώματος,;1 αναγκάζεται καί μή θέλων άχΟηναι βία είς Άσσυρίους καί δουλεύσαι τώ Ναβουχοδονόσορ. 1 ουτο είδώς ό προφήτης διεπονείτο καί έλεγεν αύτοίς * Μή κατέλθητε είς Αίγυπτον ’ 142. 3 τήν* oni. ADEGHPMi || 6 δίδασκον : δίδασκαν ήμάς ΑΟΕΗ δίδασκαν ήμών G δίδασκαν είναι Mi.21 1. Αρορ/ι!. Nau 297 : HOC 1909. p. 379 (et. PH I, 28, p. 99; PL 73, 897 C). 2. Apvphl. Sisoés G : PG 65, 393 Λ. INSTRUCTIONS, NUI, § 141-142 409 c’est parce que nous ignorons nos limites, que nous n’avons pas de constance dans les œuvres que nous entreprenons, et que nous voulons acquérir la vertu sans travail1. » Pourquoi, en effet, le passionné s’étonne-t-il d'être tour­ menté par une passion ? Pourquoi s’en trouble-t-il. alors qu’il la inet en œuvre ? Tu Pas et lu te troubles ? Tu en as les gages, et tu dis : a Pourquoi me tourmente-t-elle ? » Supporte plutôt, combats et invoque Dieu. Car il est impos­ sible de ne pas souffrir d’une passion, quand on s’est laissé aller à en commettre les actes. « Les instruments des pas­ sions sont en toi, disait l’abbé Sisoés. Rends-leur ce que tu tiens d’elles, et elles s'en iront2.» Par « instruments » il entendait les causes des passions. Tant que nous les aimons et que nous nous en servons, il est impossible que nous ne soyons pas captifs des pensées passionnées, qui nous con­ traignent d’exercer malgré nous les passions, puisque volontairement nous nous sommes livrés entre leurs mains. 142. C’est ce que dit le Prophète au sujet d'Éphraïm qui » a maltraite son adversaire », c’est-à-dire sa cons­ cience, et «foule aux pieds le jugement» (Os. 5, 11) : Il a. dit-il. désiré l’Égypte et a été emmené de force chez les Assyriens» (cf. Os. 7, 11). Par «Égypte», les Pères entendent le désir charnel, qui nous incline à satisfaire le corps et rend l’esprit plus sensuel ; par « Assyriens », les pensées passionnées qui souillent et troublent l’esprit, le remplissent d’images impures et le forcent malgré lui à commettre le péché3. Quand on s’abandonne délibéré­ ment à la volupté du corps, nécessairement, même si on ne le veut pas. on sera emmené de force chez les Assyriens pour y servir Nabuchodonosor. Sachant cela, le Prophète se désolait et disait : « N'allez pas en Égypte (Jér. 49. 19'. 3. Dorothée s'inspire ici manifestement de l'abbé Isaïe : Aug., p. 25 {cf. PG 40. 1117 D , texte cité comme scholion de S. Jean Climaque : PG 88, 648 AB. 410 ŒUVRES SPIRITUELLES άθλιοι ; ταπεινώθητε μικρόν ' κλίνχτβ τόν ώμον ύμών καί έργάσασθε τώ βασιλεϊ Βαβυλώνας καί καθίσατε έπί της γης τών πατέρων ύμών. Πάλιν διεγείρει αυτούς λέγων ' Μή φοβηθήτε άπό προσώπου αύτού, ότι μεθ’ ήμών έστιν ό Θεός τού έξελέσθαι ημάς έκ της χειρός 20 αύτού. Εϊτα προλέγει καί την έπερχομένην αύτοϊς θλιψιν, έάν άπειθήσωσι τώ Θεω. Έάν γάρ, φησίν, είσέλθητε είς Αίγυπτον, έ’σεσθε είς άβατον και υποχείριοι καί εις άράν D καί είς ονειρισμόν. Καί λέγουσιν αύτω κάκεϊνοι ' Ού μή καθίσωμεν έν τή γη ταύτη, ότι είς Αίγυπτον είσελευσόμεθα, 25 καί ού μή ίδωμεν πόλεμον, καί φωνήν σάλπιγγος ούκ άκούσωμεν, καί έν άρτοις ού μή πεινάσωμεν. Κατηλθον ούν καί έδούλευσαν έκόντες τώ Φαραώ. Εϊτα ήχθησαν βία είς' Άσσυρίους καί έδούλευσαν αύτοϊς καί μή Οέλοντες. 15 τί ποιείτε, 1768 Λ 5 10 B 15 143. Θέτε τόν νουν ύμών είς το λεγόμενον. Προ τού ένεργήσαί τινα τό πάθος, καν έπιστρατεύσωσιν οί λογισμοί κατ’ αύτού, άλλα τέως έν τη ίδια πόλει έστίν, έλεύθερος. έστίν ' εχει δέ καί τόν Θεόν βοηθοΰντα αύτω. Έάν ούν ταπεινωθή τώ Θεω καί βαστάξη τόν ζυγόν της θλίψεως. τού πειρασμού μετά εύχαριστίας καί άγωνίσηται μικρόν, ή βοήθεια τού Θεού εξαιρείται αύτόν. Έάν δέ φύγη τόν κόπον ί καί κατέλθη είς τήν ήδυπάθειαν τοΰ σώματος, τότε άγεται βία καί ανάγκη είς τήν γην τών Ασσυριών, καί δουλεύει αύτοϊς καί μή θέλων. Τότε λοιπόν λέγει αύτοϊς ό προφήτης ' Εύξασθε υπέρ της ζωής Ναδουχοδονόσορ, οτι έν τή ζωή αύτού έστιν ή σωτηρία ύμών. Ναδουχοδονόσορ έστι τό μή όλιγωρεϊν τινα πρόε τήν θλίψιν τού συμδαίνοντος αύτω πειρασμού μηδέ άπολακτιάν απ’ αύτού, άλλα μετά ταπεινώσεως βαστάζειν, ώς χρεωστών παθεϊν καί έ'χειν οτι ούκ έστιν άξιος ούδέ του άπαλλαγήναι τού βάρους, άλλά και μάλλον τοΰ χρονίσαι καί ζήσαι καί στερεωθήναι κατ’ αύτού τόν πειρασμόν, κάν 143. 3-4 ελεύθερος έστιν : ελεύθερος FTV om. Mi || 16 τοΰ o IlTVMi H 17-18 καί ζήσαι om. PTVMi. INSTRUCTIONS, XIII, § 14*2-1-13 411 Que faites-vous, malheureux ? Humiliez-vous un peu. Courbez les épaules, travaillez pour le roi de Babylone et demeurez sur la terre de vos pères. » Puis, il les encourage en disant : « Ne craignez pas le roi de Babylone, car Dieu est avec nous pour nous délivrer de sa main » (Jér. 49. 11). Il leur prédit ensuite le malheur qui leur arrivera, s’ils n’obéissent pas à Dieu : « Si vous allez en Égypte, vous serez dans une impasse, réduits en esclavage, en butte aux malédictions et aux outrages. » Mais ils lui répondi­ rent : « Nous ne resterons pas dans ce pays. Nous irons en Égypte, où nous ne verrons plus de guerre, où nous n’en­ tendrons plus le son de la trompette, où nous n’éprouve­ rons plus la faim » (Jér. 49, 13-14). Us y allèrent donc et servirent volontairement Pharaon, mais ils furent ensuite emmenés de force chez les Assyriens et devinrent leurs esclaves malgré eux. 143. Appliquez votre esprit à ces paroles. Celui qui n’a pas encore fait les actes d’une passion, même si les pensées lui font la guerre, il est du moins encore dans sa propre cité, il est libre et a Dieu pour l’aider. S’il s’humilie devant lui et porte avec action de grâces le joug de la pénible tentation, tout en luttant un peu, le secours de Dieu le lui enlèvera. Si au contraire il fuit la peine et se porte vers le plaisir du corps, il sera alors nécessairement emmené de force au pays des Assyriens, pour les servir malgré lui. Mais le Prophète dit encore aux Israélites : « Priez pour la vie de Nabuchodonosor, car de sa vie dépend votre salut n (liar. 1. 11-12). Nabuchodonosor, c’est ne pas se décourager devant l’épreuve de la tentation qui survient, ni regimber contre elle, mais la supporter humblement, l'endurer comme une chose due, croire que l'on ne mérite pas d’être délivré de ce fardeau, mais bien plutôt de voir la tentation se prolonger et devenir plus forte, dans la 412 CEUVRES SPIRITUELLES σύνοιδεν έαυτω τήν αιτίαν, καν πρός τό παρόν μή σύνοιδε, 20 πιστεύων οτι ούδέν άκριτον, ούδέν άδικον παρά τω Θεω. 'Ώσπερ ελεγεν έκεΐνος ό άδελφός λυπούμενος καί κλαίων, επειδή έπήρεν άπ’ αύτοΰ ό Θεός τόν πειρασμόν · Κύριε, ούκ είμί άξιος τοΰ Ολιοήναι μικρόν ; Πάλιν γέγραπται ότι μαθητής μεγάλου γέροντος έπολεμήθη ποτέ είς πορνείαν. 25 Καί βλέπων αύτόν ό γέρων κοπιώντα, λέγει αύτω · Θέλεις παρα.καλέσω τόν Θεόν, καί κουφίζει άπό σου τόν πόλεμον ; Ό δέ είπεν ' Εί καί κοπιώ, άδοά, άλλα βλέπω έκ τοΰ C κόπου καρπόν εις εμέ. Τούτο δέ μάλλον παρακάλεσον τόν Θεόν ίνα δώση μοι ύπομονήν. 5 10 D 15 144. ’Ιδού ούτοί είσιν οί ακριβώς θέλοντες σωθηναι ' τούτο έστι τό βαστάσαι μετά ταπεινοφροσύνης τόν ζυγόν καί ευξασθαι ύπέρ τής ζωής Ναοουχοδονόσορ. Διά τούτο λέγει ό προφήτης · 'Ότι έν τη ζωή αύτού έστιν ή σωτηρία ύμών. "Ομοιόν έστι τό είπεΐν τόν άδελφόν ' Βλέπω έκ τοΰ κόπου καρπόν είς εμέ, τοΰ είπεΐν * Έν τή ζωή αύτοΰ έστιν ή σωτηρία μου. Ώς δηλοΐ καί ό γέρων λέγων αύτω * Σήμερον εγνων ότι έν προκοπή εί καί υπερβαίνεις με. Έπαν γάρ άγωνίσηταί τις πρός τήν κατ’ ενέργειαν. αμαρτίαν καί άρξηται πολεμεΐν καί πρός τούς κατά διάνοιαν έμπαΟεΐς λογισμούς, ταπεινοΰται, συντρίβεται, αγωνίζεται καί διά τής θλίψεως τών αγώνων κατά μικρόν μικρόν καθαίρεται καί επανέρχεται είς τό κατά φύσιν. Ώστε, καθώς εΐπομεν, άπό αγνωσίας καί ύπερηφανίας ταράσσεται τις όταν ύχλεΐται υπό πάθους, άλλά μάλλον όφείλει μετά ταπεινώσεως είδέναι τά ίδια μέτρα καί ύπομεΐναι εύχόμενος, έως ποιήσει μετ’ αύτοΰ ό Θεός τό έλεος. Έάν γάρ μή πειρασΟή τις καί Ιδη τήν Ολίψιν τών παθών, ούτε άγωνίζεταί ποτέ καθαρΟήναι. Λέγει καί ό ψαλμός περί τούτου ’ Έν τώ 143. 22 άπ’ αύτού om. ADEHMi || 24 ποτέ om. ADEGHMi. 144. 6 τοΰ : τώ GTVMi || 19 Λέγει καί : Λέγει γάρ καί 11 Λ δέ TV Καί λέγει ΜΙ. INSTRUCTIONS, XIII, § 113-144 113 certitude que, même si la cause en est pour le moment inaperçue, rien de déraisonnable, ni d’injuste ne peut venir de Dieu. Tel était ce frère qui s’affligeait et pleurait, parce que Dieu lui avait enlevé la tentation : « Seigneur, disait-il, ne suis-je pas digne de souffrir un peu’ ?» Il est écrit également qu’un disciple d'un grand vieillard fut un jour tenté de fornication. Le vieillard le voyant en peine, lui dit : « Veux-tu que je prie Dieu de te soulager de ce combat ? — Si je suis dans la peine, Père, répondit le disciple, j'en vois du moins le fruit en moi. Demande donc plutôt à Dieu de me donner la patience1 2, n 144. Voilà ceux qui veulent vraiment être sauvés ! Et c'est cela porter le joug avec humilité et prier pour la vie de Nabuchodonosor. Aussi le Prophète dit-il : «Car de sa vie dépend votre salut. » Dire comme le frère : « Je vois en moi le fruit de ma peine », équivaut à dire : a De sa vie dépend mon salut. » Le vieillard le montre bien, quand il répond au frère : u Aujourd’hui je sais que tu es sur la voie du progrès et que Lu me dépasses. » En effet, lorsque quelqu’un combat pour ne pas accom­ plir le péché et se met à lutter même contre les pensées passionnées qui lui viennent à l'esprit, il est humilié et brisé dans la lutte, mais la souffrance des combats le purifie peu à peu et le ramène à l’état naturel. C’est donc, nous l’avons dit3, ignorance et orgueil de se troubler, quand on est harcelé par une passion. On doit plutôt reconnaître humblement ses limites et attendre dans la prière que Dieu fasse miséricorde. Car celui qui n’est pas tenté et qui ignore le tourment des passions, ne lutte pas non plus pour être purifié. Le Psaume dit aussi à ce pro1. Apophl. Nau 192 : ROC 1908, p. 276 (et. PE III, 34, p. 102; PL 73, 897 B). 2. Apophl. Nau 170 : ROC 1908, p. 55 (cf. PE II, 25, p. 73; PL 73, 742 ot 878 C). 3. Cf. plus haut § 141, p. 407. 41-1 (EUVBES SPIBITUELLES J 769 A ·’() άνατεϊλαι αμαρτωλούς ώσεί χόρτον, καί διέκυψαν πάντες οί εργαζόμενοι την ανομίαν, Οπως άν έξολοΟρευΟώσιν εις τον αιώνα τού αίώνος. '.Αμαρτωλοί άνατέλλοντες ώσεί χόρτος είσιν οί εμπαθείς λογισμοί. ’Ασθενής γάρ έστιν ό χόρτος, καί μή έχων δύναμιν. 'Ότε ούν άνατείλωσιν οί 25 έμπαθεϊς λογισμοί έν τη ψυχή, τότε διακύπτουσι, τοΰτ’ έστιν άναφαίνονται, πάντες οί εργαζόμενοι τήν ανομίαν, οίτινές είσι τα πάθη, όπως άν έξολοΟρευΟώσιν είς τόν αιώνα τού αίώνος. "Οταν γάρ άναφανώσι τά πάθη τοϊς άγωνιζομένοις, τότε εξολοθρεύονται ύπ’ αύτών. Β 5 10 15 G 20 145. Νοήσατε τήν ακολουθίαν τού λόγου. Πρώτον άνατέλλουσιν οί έμπαθεϊς λογισμοί, έπειτα άνακύπτουσι τά πάθη, εϊθ’ ούτως εξολοθρεύονται. Ταύτα πάντα τών άγωνιζομένων είσίν. Ημείς δέ ποιούντες τήν κατ’ ένέργειαν αμαρτίαν καί άεί έπεκδικούντες τά πάθη, ούτε οϊδαμεν πότε άνατέλλουσιν οί εμπαθείς λογισμοί, ουδέ πότε άνακύπτουσι τά πάθη, ινα άγωνισώμεθα πρός αυτά ' άλλά κάτω έσμέν άκμήν, εις Αίγυπτον, είς τήν ελεεινήν πλινθοποιίαν τού Φαραώ. Καί τίς δώσει ήμϊν καν είς αϊσθησιν έλθεϊν τής πίκρας δουλείας ημών, ινα ταπεινωθώμεν, καί σπουδάσωμεν έλεη· θήναι ; 'Ότε ήσαν οί υίοί ’Ισραήλ είς Αίγυπτον καί έδούλευο’ τφ Φαραώ, έποίουν τήν πλινθείαν · οι δέ πλινθάρια εργαζό­ μενοι πάντοτε κάτω είσί κεκαμμένοι, είς τήν γην προσέχοντες ' ούτως καί ή ψυχή έάν κυριευθη υπό τού διάβολοι καί ποιή τήν κατ’ ενέργειαν αμαρτίαν, καταπατεί τό φρόνημι αυτής καί ποιεί αύτήν μηδέν φρονεϊν πνευματικόν, πάντοτε τά γήϊνα καί φρονεϊν καί ποιεϊν. Ειτα ωκοδόμησα· αύτω έκ τών πλινθαρίων ών είργάσαντο τρεϊς πόλει ύχυράς, τήν Πιθώ καί τήν 'Ραμεσί καί τήν "Ων, ή έστι1 145. 13 πλινθάρια : τούς πλίνθους G πλίνθους Ρ πληΟίαν TV πλινθάριοι Mi. 1. Cf. S. Grkg. de Nysse,D« Vr/a .Moysis (PG 44, 341 D ; SC 1 bis, INSTRUCTIONS, XIII, § 144-145 415 pos : « Quand les pécheurs poussent comme l’herbe et que se découvrent tous ceux qui font le mal, c’csl pour être anéantis à jamais » {P 91, 8). « Les pécheurs qui poussent comme l’herbe » sont les pensées passionnées. Car l’herbe est fragile et sans force. Quand les pensées passionnées poussent dans l'âme, alors «se découvrent tous ceux qui font le mal », c’est-à-dire se dévoilent les passions, « pour être anéantis à jamais ». C'est en effet quand les passions se dévoilent à ceux qui combattent, qu'elles sont anéanties par eux. 145. Considérez l’enchaînement de ces paroles. D’abord naissent les pensées passionnées, puis les passions se montrent, et alors elles sont anéanties. Tout cela s’applique à ceux qui combattent. Mais nous qui commettons le péché et entretenons toujours les passions, nous ne savons pas quand naissent les pensées passionnées, ni quand se dévoilent les passions pour combattre contre elles. Nous sommes encore en bas, en Égypte, misérablement occupés à faire des briques pour Pharaon. Qui nous donnera de prendre au moins conscience de notre amère servitude, afin d’en être humiliés et de faire effort pour obtenir misé­ ricorde ? Quand les fils d’Israël étaient en Égypte au service de Pharaon, ils faisaient de la brique. Or, ceux qui font des briques sont constamment courbés, le regard fixé sur la terre1. De même si l’âme est asservie au diable et commet le péché, le diable foule aux pieds son entendement, lui interdit toute pensée spirituelle et la contraint à toujours considérer et accomplir les choses terrestres. Des briques qu’ils avaient faites, les fils d’Israël bâtirent ensuite pour Pharaon trois villes fortes : Pi thorn, Ramsès et On, qui est p. 47] : Le démon empêche ceux qui lui sont asservis de regarder vers le ciel et les fait au contraire s’incliner vers la terre pour en faire des briques. 416 ŒUVRES SPIRITUELLES 'Ηλιόπολις. Αύται δέ είσι φιληδονία καί φιλαργυρία καί φιλοδοξία, έξ ών συνίσταται πάσα αμαρτία. 5 D 10 15 177-3 A 20 146. "Οτε δέ άπέστειλεν ό Θεός τόν Μωϋσην έξαγαγειν αύτούς έξ Αίγύπτου καί έκ της δουλείας τοΰ Φαραώ, κατα­ βαρύνει κατ’ αύτών τά έργα καί λέγει αύτοϊς ’ Σχολασταί έστε, σχολάζετε, διά τούτο λέγετε · Άπελθόντες λατρεύσωμεν Κυρίω τώ Θεώ ήμών. 'Ομοίως καί ό διάβολος όταν ιδη οτι έπένευσεν ό Θεός τοΰ έλεήσαι ψυχήν καί κούφισα», αύτήν από των παθών διά τοΰ λόγου αύτοΰ ή διά τίνος τών δούλων αύτοΰ, τότε καί αύτός πλεϊον βαρεΐ κατ’ αύτης τά πάθη καί σφοδροτέρως πολεμει αύτήν. Οί δέ Πατέρες τούτο είδότες, ένδυναμοΰσι τόν άνθρωποί διά της διδασκαλίας αύτών, καί ούκ άφιοΰσιν αύτόν φοοηθήναι ' ό μέν λέγων · ‘Έπεσας ; ανάστα · καί εί πάλιν έπεσας, καί πάλιν ανάστα, καί τά έξης ‘ άλλος δέ πάλιν λέγει ' 'H ισχύς τών θελόντων κτήσασθαι τάς άρετάς, τοΰτό έστιν ίνα έάν πέσωσι, μή μικροψυχήσωσιν, άλλό πάλιν φροντίσωσι ' καί έκαστος αύτών απλώς διαφόρως, ό μέν τοιώσδε, δ δέ τοιώσδε, παρέχει χείρα τοις άγωνιζομένοις καί θλιυομένοις υπό τοΰ έχθροΰ. Καί αυτοί γάρ ούτως παρέλαβον άπό της θείας Γραφής λεγούσης ’ Μή ό πίπτων ούκ άνίσταται, ή ό άποστρέφων ούκ έπιστρέφει έπιστράφητε πρός με, τέκνα, καί ίάσομαι τά συντρίμματα υμών, λέγει Κύριος, καί όσα τοιαΰτα. 147. 'Ως δέ έβαρύνΟη ή χειρ τοΰ Θεού επί Φαραώ κα έπί τούς Οεράποντας αύτοΰ, καί ήθέλησεν άποστεΐλαι τού υιούς ’Ισραήλ, λέγει τώ Μωϋσή ‘ Βαδίζετε, λατρεύετι Κυρίω τώ Θεώ ύμών * πλήν τών προβάτων ύμών καί τώ’ 5 βοών ύμών ύπολείπεσθε ' άτινα σημαίνει τούς κατά διάνοια’ λογισμούς, ών ήθελεν ό Φαραώ κυριεΰσαι, έλπίζων δι 145. 21 καί* om. PTVML 146. 17 δ δέ τοιώσδε om. ADHPMi. 1. ApophL Sisoês 38 : PG 65, 404 C. INSTRUCTIONS, XIII, § 145-147 417 Heliopolis (Ex. 1, 11) : ce sont l’amour du plaisir, l’amour de l’argent et l’amour de la gloire, sources de tout péché. 146. Quand Dieu envoya Moïse pour les faire sortir d’Égypte et les délivrer de la servitude de Pharaon, celuici rendit plus lourds encore leurs travaux et leur dit : ■ Vous êtes des paresseux, des paresseux ! Voilà pourquoi vous dites : Allons offrir des sacrifices au Seigneur notre Dieu» (Ex. 5, 17). De même, quand le diable voit que Dieu s’est penché sur une âme pour lui faire miséricorde et la soulager de ses passions, soit par sa parole, soit par l’un de ses serviteurs, alors lui aussi l’accable davantage sous le poids des passions et l’attaque avec plus de vio­ lence. Sachant cela, les Pères fortifient l’homme de leurs enseignements et ne le laissent pas s’effrayer. L’un dit : « Es-tu tombé ? Relève-toi. Tombes-tu de nouveau ? Relèvc-toi encore, etc.1. » Un autre déclare : « La force de ceux qui veulent acquérir les vertus consiste à ne pas se décourager quand ils tombent, mais à reprendre leur résolution2, d Bref, chacun à sa manière, d’une façon ou d une autre, tend la main à ceux qui sont combattus et tourmentés par l'ennemi. Ce faisant, les Pères s’inspi­ raient des paroles de la divine Écriture : « Celui qui tombe, ne se relève-t-il pas ? Et celui qui s’égare, ne revient-il pas ? Tournez-vous vers moi, enfants, et je guérirai vos blessures, dit le Seigneur » (Jér. 8, 4 et 3, 22). Et bien d'autres textes semblables. 147. Quand la main de Dieu sc fut appesantie sur Pha­ raon et ses sujets, qu’il eut consenti à laisser partir les fils d’IsraSI, il dit à Moïse : «Allez sacrifier au Seigneur, votre Dieu, mais laissez ici vos brebis et vos bœufs » (Ex. 10, 24), figure des pensées de l’esprit, dont Pharaon voulait rester le maître, espérant par là faire revenir 2. Apopht. de l'abbé Moise {PE I, 28, p. 99) cité par l’abbé Isaïb (PE I, 1, p. 8. Ct. Aug., p. 91 ; PG 40, 1148 C). 14 418 ŒUVRES SPIRITUELLES αύτών πάλιν ελκειν τούς υίούς ’Ισραήλ πρός έαυτόν. Καί λέγει άύτώ Μωΰσής ' Ούχί, άλλα και σύ δώσεις ήμϊν Ουσίας καί ολοκαυτώματα, ά προσοίσομεν Κυρίω τω Θεώ 10 ήμών, καί τά κτήνη ημών πορεύσονται μεΟ’ ημών, καί ούχ Β ύπολειψόμεθα ούδέ οπλήν. Ώς δέ έξήγαγεν δ Μωϋσης τους υίούς ’Ισραήλ έκ γης Αίγύπτου καί διεπέρασεν αυτούς τήν Έρυθράν θάλασσαν, θέλων ό Θεός άγαγεϊν αυτούς εις τά έβδομήκοντα στελέχη τών φοινίκων καί εις τάς δώδεκα 15 πηγάς τών ύδάτων, πρώτον φέρει αύτούς εις Μεράν, καί θλίβεται ό λαός μή εύρίσκων πιεϊν διά το είναι το ύδωρ πικρόν ‘ και διά της Μέρας ήνεγκεν αύτούς εις τον τόπον τών έβδομήκοντα φοινίκων καί τών δώδεκα πηγών τών ύδάτων. 5 C. 10 15 D 148. Ούτως και ή ψυχή όταν παύσηται της κατ’ ενέργειαν αμαρτίας καί παρέλθη την νοητήν θάλασσαν, πρώτον θέλει κοπιάσαι άγωνιζομένη καί πολλά Ολιβομένη, καί ούτως διά τών θλίψεων είσελθεϊν εις τήν αγίαν άνάπαυσιν. Διά πολλών γάρ θλίψεων δει ήμας είσελθεϊν εις τήν βασιλείαν τών ούρανών. Αί θλίψεις γάρ κινοΰσι το έλεος τοΰ Θεοΰ είς τήν ψυχήν, ώσπερ οί άνεμοι κινοΰσι τήν βροχήν. Καί ώσπερ ή βροχή επί πολύ κατερχομένη, έάν έστιν ετι τδ βλάστημα απαλόν, σήπει αυτό καί άπόλλυται ό καρπός αύτοΰ, οί δέ άνεμοι κατά μέρος άναξηραίνουσι καί στερεοΰσιν αύτό · ούτως έστί καί τό της ψυχής. Ή άνεσις καί ή άμεριμνία καί ή άνάπαυσις χαυνοΰσι καί διαχέουσιν αύτήν · οί δέ πειρασμοί συσφίγγουσι αύτήν καί ένοΰσιν αύτήν τώ Θεώ, ώς λέγει ό προφήτης · Κύριε, έν θλίψει έμνήσθημέν σου. Ώστε, καθώς ειπομεν, ού χρή ταράσσεσθαι ήμας,3 ούδέ άκηδιαν έν τοϊς πειρασμούς, άλλ’ ύπομένειν καί εύχαριστεϊν καί δέεσθαι τοΰ Θεοΰ έν ταπεινώσει διά παντός I ΐνα ποιήση μετά τής άσθενείας ήμών έλεος καί σκεπάσηJ ημάς άπό παντός πειρασμού είς δόξαν αύτοΰ. ’Αμήν. 148. 17 εύχαριστεϊν : «ύχαριοτεΐν έν ταΐς Ολίψεσι ADEGMi. INSTRUCTIONS, XIII, J 147-148 419 chez lui les fils d'Israël. Mais Moïse lui répondit : « Non, tu dois nous donner de quoi offrir des sacrifices et des holocaustes au Seigneur, notre Dieu. Nos troupeaux vien­ dront avec nous. Il n’en restera pas un ongle» (Ex. 10, 25-26). Quand, sous la conduite de Moïse, les fils d’Israël eurent quitté l’Égypte et passé la mer Rouge, Dieu vou­ lant les faire aller aux soixante-dix palmiers et aux douze sources d’eau, les mena d’abord h Méra, et le peuple se désola de ne pas trouver à boire, parce que l’eau était amère. Puis, de Méra, Dieu les conduisit à l'emplacement des soixante-dix palmiers et des douze sources d’eau. (Cf. Ex. 15). 148. Ainsi l’âme qui a cesse de commettre le péché et traversé la mer spirituelle, doit d’abord peiner dans la lutte et de multiples afflictions, et c’est ainsi à travers les épreuves qu’elle entrera dans le saint repos. « Car il nous faut passer par beaucoup de tribulations pour entrer dans le royaume des cieux » (Ad. 14, 22). Les tribulations excitent en effet la miséricorde de Dieu sur Pâme, tout comme les vents déclenchent la pluie. Et de même que la pluie trop fréquente fait pourrir le bourgeon encore tendre et détruit son fruit, tandis que les vents le font peu à peu sécher et lui rendent vigueur, ainsi pour l’âme : le relâ­ chement, l’insouciance et le repos l’amollissent et la dis­ sipent ; les tentations au contraire la recueillent et Punis­ sent à Dieu. « Seigneur, dit le Prophète, dans la tribula­ tion nous nous sommes souvenus de toi» (Zi. 26, 16). Il ne faut donc pas, comme nous l’avons dit, nous troubler, ni nous décourager dans les tentations, mais patienter, rendre grâces et demander sans cesse à Dieu, avec humi­ lité, d’avoir pitié de notre faiblesse et de nous protéger contre toute tentation pour sa gloire. Amen. ΙΔ'. 5 1773 Λ 10 15 ΠΕΡΙ ΟΙΚΟΔΟΜΗΣ ΚΑΙ ΑΡΜΟΛΟΓΙΑΣ ΤΩΝ ΤΗΣ ΨΥΧΗΣ ΑΡΕΤΩΝ 149. Ή Γραφή λέγει περί εκείνων -τών μαιών αιτινες έζωογόνουν τά άρσενα τών ’Ισραηλιτών, ότι διά τό φοβεΐσΟαι τάς μαίας τον Θεόν, έποίησαν έαυταίς οικίας. ΤΑρα περί αισθητών οικιών λέγει ; Καί ποιον έχει λόγον του κτίζεσθαι ταύτας τάς οικίας διά τόν φόβον τού Θεού ; Καίτοι γε, ημείς το εναντίον καί ους έχομεν οίκους διδασκόμεΟα έν καιρώ καταλιμπάνειν διά τόν φόβον τού Θεού · ώστε ού λέγει περί αισθητού οίκου, άλλά περί τού οίκου της ψυχής. δν οίκοδομεί τις έαυτώ διά τής φυλακής τών έντολών τού Θεού. Διδάσκει ημάς διά τούτου ή Γραφή δτι ό φόβος τού Θεού παρασκευάζει τήν ψυχήν φυλάττειν τάς έντολάς, καί διά τών έντολών οίκοδομείται ό τής ψυχής οίκος. Πρόσχωμε1 καί ημείς έαυτοίς, αδελφοί, φοβηΟώμεν καί ημείς τόν Θεό’ καί οίκοδομησωμεν έαυτοίς οικίας, ίνα ευρωμεν έαυτομ σκεπήν έν καιρώ χειμώνος, έν καιρώ όμβρου καί αστραπών και βροντών, δτι μεγάλη έστίν ή άνάγκη τού χειμώνος τώ μή έχοντι οίκον. 150. Πώς δέ οίκοδομείται ό οίκος τής ψυχής άπό του αισθητού οίκου δυνάμεΟα μαθείν τήν άκρίβειαν τού πράγμαΒ τος. Χρήζει γάρ ό θέλων οίκοδομήσαι τόν οίκον τούτον. πανταχόΟεν άσφαλίσασΟαι αύτόν καί έκ τετραπλεύρα 5 άνενέγκαι τήν οικοδομήν καί μή ενός μεν μέρους φροντίζειMss : ADEGHPTVMi 1. Sur i’édiilcc spirituel des vertus, cf. Apopht. Pœmen 130 (PG 65, 353 D) ; Isaïe (Aug., p. 144) ; Barsanuphe, Nie. 121. XIV. DE L’ÉDIFICE ET DE L’HARMONIE DES VERTUS DE L’ÂME1 149. L’Écriture dit de ces sages-femmes qui laissaient vivre les enfants mâles des Israélites : « Par leur crainte de Dieu, elles se firent des maisons» (cf. Ex. 1, 21)*. S’agit-il de maisons matérielles ? Mais comment pourraiton dire qu’elles bâtirent de telles maisons par la crainte de Dieu, alors qu’on nous apprend au contraire qu’il est avantageux d’abandonner, par crainte de Dieu, même celles que nous possédons (cf. Mallh. 19. 29) ? Il ne s’agit donc pas d’une maison matérielle, mais de la maison de l'âme, que l’on se bâtit par l’observance des commande­ ments de Dieu. Par cette parole, l’Écriture nous enseigne que la crainte de Dieu dispose l’âme à garder les comman­ dements, et que par eux s’édifie la maison de l’âme. Veil­ lons donc sur nous, frères. Ayons nous aussi la crainte de Dieu, et bâtissons-nous des maisons, pour y trouver abri durant la mauvaise saison, en cas de pluie, d’éclairs et de tonnerre, car la mauvaise saison est une grande misère pour qui n’a pas de logis. 150. Mais comment s’édifie la maison de l’âme ? Nous pouvons l’apprendre avec exactitude d’après la maison matérielle. Qui veut bâtir celle-ci doit l’assurer de toutes parts, il doit l'élever sur ses quatre côtés et non pas s’occu­ per d’une seule partie, en négligeant les autres ; autre2. Cf. le commentaire d’OniGÉNE sur ce texte : Horn. 2 sur Γ Exode: GCS 29, p. 156-157 {SC 16, p. 96). 422 10 15 C 20 ZD D ŒUVRES SPIRITUELLES τών δέ άλλων καταφρονεϊν, έπεί ούδέν ώφελεϊ, αλλά καί τόν κόπον καί τά δαπανήματα ολα είς μάτην ποιεί. Ούτω έστι καί επί της ψυχής. Χρήζει γάρ ό άνθρωπος μηδενό μέρους τής οικοδομής αύτοΰ άμελεϊν, άλλ’ ίσην καί άρμοδίώ άναφέρειν αύτην. Τοΰτο δέ έστιν δ λέγει ό άβοας ’Ιωάννης Έγώ θέλω τον άνθρωπον λαμβάνειν μικρόν άπό έκάστηί αρετής. καί μή καθώς τινες ποιοΰσι. κρατούντες μία1 άρετήν καί μένοντες είς αύτην καί αύτην εργαζόμενο μόνην, άμελοΰντες τών λοιπών. “Ίσως δέ καί προτέρημά έχουσιν είς αύτην την άρετήν, καί έκ τούτου ούτε βαροΰντα ύπό τοΰ έναντιουμένου αυτή πάθους ' λοιπόν κλέπτονται ύπό τών άλλων παθών καί βαροΰνται ύπ’ αύτών, καί ού μέλει αύτοις, αλλά νομίζουσιν έχειν τί ποτέ μέγα. Ούτοι δέ έοίκασι τω οίκοδομοΰντι ένα τοίχον καί ύψοΰντι αύτόν άνω όσον δύναται, καί προσέχοντι είς τό ύψος τοΰ τοίχου εκείνου καί νομίζοντι οτι τί ποτέ μέγα έποίησε, καί ούκ είδεν οτι εις άνεμος, έάν έλθη, βάλλει αύτόν κάτω · μόνος γάρ ίσταται. μή έχων τόν σύνδεσμον τών άλλων τοίχων. Ούτε σκεπήν δύναταί τις ποιήσαι έαυτώ άπό ένός τοίχου ' γεγύμνωται γάρ έξ όλων τών άλλων μερών · ού χρή δέ ούτως ποιείν ' άλλα μάλλον ό Οέλων οικοδομή σαι τόν οίκον αύτοΰ καί ποιήσαι έαυτώ σκεπήν, οφείλει έκ παντός μέρους οίκοδομεϊν αύτόν καί πανταχόθεν αύτόν άσφαλίζεσθαι. 151. Καί λέγω πώς ' Πρώτον οφείλει βαλεϊν τόν θεμέ­ λιον. ήτις έστιν ή πίστις ' άνευ γάρ πίστεως, ώς λέγει ό ’Απόστολος, άδύνατον εύαρεστήσαι τώ Θεώ, καί ούτως κτίζειν επί τόν θεμέλιον τούτον τήν οικοδομήν κατά αναλο­ γίαν. 'Τπηντησεν ύπακοή ; οφείλει βαλεϊν ένα λίθον ύπακοής. Συμβαίνει παροξυσμός αδελφού ; οφείλει βαλεϊν ένα λίθον. 150. 24 Ούτε : Άλλ' ούτε ADG Ούτε δέ Η Και ούτΐ Mi. 1. Apopht. Jean Colobos 34 : PG 65. 216 A. CL Pûôrnen 46 {PG 65 333 A) et Pœmen 130 {PG 65, 356 A). C'était aussi l’enseignement d'ÊvAGRG : « Que le gnostique... ait soin de pratiquer également toutes les vertus, parce qu elles se tiennent l'une l'autre » ( Gnosl. 109) INSTRUCTIONS, XIV, § 150-151 423 nient, il n’arriverait à rien, mais perdrait sa peine, et toutes ses dépenses seraient vaines. Ainsi en est-il pour l'âme. L’homme ne doit négliger aucun élément· de son édifice, mais le faire monter d’une manière égale et har­ monieuse. C’est ce que dit l’abbé Jean : a Je désire que l'homme prenne un peu de chaque vertu, et ne fasse pas comme certains qui s’attachent à une seule vertu, s’y cantonnent, et n'exercent que celle-là, en négligeant les autres1. » Ils ont peut-être une supériorité dans cette vertu et, par suite, ne sont pas gênés par la passion contraire. Les autres passions cependant les abusent et les oppri­ ment. mais ils n’en ont pas souci et s’imaginent avoir quelque chose de grand. Ils ressemblent à un homme qui construirait un mur unique et l’élèverait aussi haut que possible, et qui, considérant sa hauteur, penserait avoir fait quelque chose de grand, sans savoir que le premier coup de vent le jettera par terre. Car il se dresse seul, sans avoir l'appui des autres murs. On ne peut d’ailleurs se faire un abri d’un seul mur, car on serait à découvert de tous les autres côtés. Il ne faut donc pas agir de la sorte, mais qui veut bâtir sa maison pour s’y abriter, doit la construire de chaque côté et l’assurer de toutes parts. 151. Voici comment : il doit d’abord poser le fondement, qui est la foi2. Car «sans la foi, dit l’Apôtrc, il est impos­ sible de plaire à Dieu « (Hèbr. 11,6). Puis, sur ce fondement, il doit bâtir un édifice bien proportionné. A-t-il l’occasion d’obéir ? Qu'il pose une pierre d’obéissance ! Un frère vient-il à s’irriter contre lui ? Qu'il pose une pierre de • Que personne ne se confie en la seule tempérance..., car il n’est pas possible de bâtir avec une seule pierre ni de construire la maison avec une seule brique » {Lettre 2, Frank., p. 582). I. HauShf.RR cite ces textes et d'autres encore dans RAM 1934, p. 46-17. ou 1959, p. 10-11. Cf. aussi Penthos, p. 48: Lettre de Jkan le Prophktb Vie. 628. 2. Cf. Ilvagre : PG 40, 1221 BC. 424 10 1776 Λ 15 20 25 Β 30 35 ŒUVRES SPIRITUELLES μακροθυμίας. Ύπηντησεν εγκράτεια ; οφείλει βαλείν ενα λίθον έγκρατείας. Οντως άπό έκάστης αρετής άπαντώσης, δει βαλείν ένα λίθον είς τήν οικοδομήν, καί ούτως κύκλω άναφέρειν αύτήν άπό ένός λίθου συμπάθειας, ενός λίθου κοπής θελήματος, ένός λίθου πραότητος, καί των όμοιων. ΈπιμελείσΟαι δέ οφείλει έν πάσι τούτοις τής υπομονής και τής άνδρείας * αύται γάρ είσιν αι γωνίαι, καί δι’ αύτών συσφίγγεται ή οικοδομή καί ένοΰται τοίχος πρός τοίχον καί ού κλίνουσιν ούδέ ρήγνυνται άπ’ άλλήλων οί τοίχοι. Χωρίς γάρ τούτων ούκ εύτονεί τις τελειώσαι ούδεμίαν αρετήν. Έάν γάρ μή έ'χη τις ανδρείαν έν τή ψυχή, ούδέ υπομένει ' καί έάν μή ή υπομονή, ούδείς δύναται παντελώς κατορθώσαι. Διά τούτο λέγει ' Έν τή ύπομονή ύμών κτήσασθε τάς ψυχάς ύμών. Θέλει Ομοίως ό κτίζων έκαστον λίθον κατά πηλού βαλείν · έάν γάρ βάλη λίθον έπάνιο λίθου άνευ πηλού, κλώνται οί λίθοι καί πίπτει ο οίκος. Ό πηλός έστιν ή ταπείνωσές, επειδή άπό τής γής έστι καί ύπό τούς πόδας έστί πάντων. Πάσα ούν αρετή άνευ ταπεινώσεως γινόμενη ούκ έστιν αρετή, ώς λέγει καί είς τό Γεροντικόν · "Ωσπερ αδύνατον ναύν χωρίς ήλων κατασκευασθήναι, ούτως άμήχανον σωθήναι χωρίς ταπεινοφροσύνης. ’Οφείλει ούν τις ό έάν ποιή αγαθόν, μετά ταπεινώσεως ποιειν, ίνα διά τής ταπεινώσεως συντηρηθή το γενόμενον. Θέλει δέ έχειν ό οίκος καί ταύτα τά λεγάμενα ίμαντώματα, άτινά έστιν ή διάκρισις ή στερεούσα τόν οίκον καί ένούσα λίθον προς λίθον καί συσφίγγουσα τήν οικοδομήν, μετά τού καί ευπρέπειαν πολλήν παρέχειν τώ( οικω. · 'Π δέ στέγη έστιν ή άγάπη, ήτις έστιν ή τελείωσις τών αρετών, καθάπερ ή στέγη τού οίκου. Εϊτα μετά τήν στέγην, ή περιστεφάνωσις τού δώματος. Τί έστιν ή περιστεφάνωσις ; . 151. 37 περιστεφάνωσις2 ; περιστεφάνωσις τοΰ δώματος PMi. 1. Apophi. Synclélique dont le texte grec se trouve dans le INSTRUCTIONS, XIV, § 151 425 patience ! A-t-il à pratiquer la tempérance ? Qu’il pose une pierre de tempérance ! Ainsi, de chaque vertu qui se présente, il doit mettre une pierre à son édifice, et l’élever de la sorte tout autour, avec une pierre de compassion, une pierre de retranchement de la volonté, une pierre de mansuétude, et ainsi de suite... 11 doit prendre soin surtout de la constance et du courage, qui sont les pierres d’angle : ce sont elles qui rendent la construction solide, unissant les murs entre eux et les empêchant de fléchir et de se disloquer. Sans elles, on est incapable de parfaire une seule vei lu. Car l’âme sans courage manque aussi de constance, et sans constance, nul ne peut rien faire de bien. Aussi le Seigneur dit-il : « Vous sauverez vos âmes par votre constance » (Le 21, 19). Le bâtisseur doit aussi poser chaque pierre sur du mortier, car s'il mettait les pierres les unes sur les autres sans mortier, elles se disjoindraient et la maison tomberait. Le mortier, c’est l’humilité, car il est fait avec la terre, que tous ont sous leurs pieds. Une vertu sans humilité n’est pas une vertu, et comme le dit le Géronticon : « De même qu’on ne peut construire un navire sans clous, de même il est. impossible d'être sauvé sans humilité1. » On doit donc, si l’on fait quelque bien, le faire humblement, pour le conserver par l’humilité. La maison doit avoir encore ce qu’on appelle des chaînages2 : il s’agit de la discrétion, qui consolide la maison, unit les pierres entre elles et resserre le bâtiment, tout en lui donnant beaucoup d’apparence. Le toit, c’est la charité, qui est l’achèvement des vertus, comme le toit est l'achèvement de la maison (cf. Col. 3, 14). Après le toit, vient la balustrade de la terrasse. Quelle manuscrit lierai. 1624 analysé pur Bousset, p. 107, ou dans la Vita Sgncl. 5G {PG 28, 1521 B). Cf. PL 73, 962 D. 2. Bien qu'elle ne soit plus usitée, nous ne craignons pas de reprendre cette vieille expression qui rend exactement le terme grec. 11—1 426 40 C 45 50 ŒUVRES SPIRITUELLES Καί έν τώ νόμω γέγραπται · Έάν οίκοδομήσητε έαυτοΐς οίκον καί ποιήσητε αύτώ δώμα, ποιήσατε στεφάνωμα τώ δώματι, ίνα μή πέσωσι τά παιδία ύμών άπό του δώματος. 'Η στεφάνωσές έστιν ή ταπείνωσις. Αυτή γάρ έστιν ή στεφανούσα καί φυλάττουσα πάσας τάς άρετάς. Καί ώσπερ έκάστη αρετή μετά ταπεινώσεως θέλε1, γίνεσθαι, καθ’ ον τρόπον είπομεν οτι έκαστος λίθος κατά πηλού βάλλεται, ούτως καί ή τελειωσις τής άρετής χρήζει τής ταπεινώσεως, ή καί δτι φυσικώς προκόπτοντες οι άγιοι, είς ταπείνωσιν έρχονται · ώσπερ άεί λέγω ύμΐν οτι όσον έγγίζει τις τω Θεω, τοσοΰτον βλέπει εαυτόν αμαρτωλόν. Τί δέ έστι τα παιδία περί ών εϊπεν ό νόμος ίνα μή πέσωσιν άπό τού δώματος Τά παιδία είσιν οί λογισμοί οί γινόμενοι έν τή ψυχή, οδς δει φυλάττειν διά τής ταπεινώσεως, ίνα μή και απ’ αύτού τού δώματος έκπέσωσιν, οπερ είπαμεν είναι τήν τελείωσιν τών αρετών. D 152. ’Ιδού ό οικος έτελειώθη ' έχει τα ίμαντώματα · εχει τήν στέγην · ιδού καί ή περιστεφάνωσις, καί άπας απλώς τετελείωται ό οικος. ΤΑρα μή λείπει αύτώ τί ποτέ ; Ναί, άλλο έν παρελείψαμεν. Τί δέ έστι τούτο ; ίνα έστιν ό 5 οικοδόμος τεχνίτης. Έάν γάρ μή έστι τεχνίτης, στρεβλοί μικρόν τήν οικοδομήν καί ότεδήποτε πίπτει ό οίκος. Ό τεχνίτης έστιν ό έν γνώσει ποιων. Συμβαίνει γάρ ότι καί ποιεί τις τόν κόπον τής άρετής, καί έκ του μή ποιεϊν έν γνώσει, αναλύει αύτόν ή μένει άσυστροφών καί μή εύρίσκων 10 πληρώσαι τό έ'ργον, αλλά βάλλων ενα λίθον καί έπαίρων αύτόν. "Εστιν δέ άλλος βάλλων ένα καί έπαίρων δύο · οίόν τι 1777 Λ λέγω ’Ιδού έρχεται τις αδελφός καί λέγει σοι ρήμα θλίθων σε ή πλήσσων, καί σιωπάς καί βάλλεις μετάνοιαν ’ Ιδού 151. 4! στεφάνωσίς : στεφάνη DEGPMi. 152. 4 έστιν : έστιν καί Λ D EG.Μ i έσηται HP || 12 τις : είς ADEGH om. Mi. 1. Cf. Pseudo-Njl (Évagre) : · Le couronnement du toit, c’eat l’humilité i {De oclo spir. malit. 19 : PG 79, 1164 C). Cf. Apopht. INSTRUCTIONS, XIV, § 151-152 427 est cette balustrade? 11 est écrit dans la Loi : « Quand vous bâtirez une maison et que vous y ferez un toit en terrasse, entourez-le d’une balustrade, pour que vos petits enfants ne tombent pas de ce toit» (Deut. 22, 8). La balustrade, c’est l’humilité, couronne et gardienne de toutes les vertus1. De même que chaque vertu doit être accompagnée d’humilité, comme chaque pierre, nous l’avons dit, est posée sur du mortier, de même la perfection de la vertu a encore besoin de l’humilité et c’est en progressant par elle que les saints arrivent naturellement à l’humilité. Je vous le dis toujours, » plus on s’approche de Dieu, plus on se voit pécheur2 ». Mais que sont ces petits enfants dont la Loi dit : a pour qu’ils ne tombent pas du toit»? Ce sont les pensées qui naissent dans l’âme : il faut les garder par l’humilité pour qu’elles ne tombent pas du toit, c’est-à-dire de la perfection des vertus. 152. Voilà donc la maison terminée. Elle a scs chaînages, elle a son toit, et voici enfin la balustrade. Bref, la maison est achevée. Ne lui manque-t-il plus rien? Si. Nous avons omis une chose. Laquelle? Que le bâtisseur soit habile. Sinon sa construction est un peu de travers et un beau jour, la voilà par terre. Le bâtisseur habile, c’est celui qui agit « avec science ». On peut en effet se livrer au labeur de la vertu, mais parce qu’on ne le fait pas avec science, on perd sa peine et on reste dans l’incohérence, sans réussir à terminer son ouvrage ; on pose une pierre et on l’enlève. 11 arrive aussi qu’on en pose une et qu’on en enlève deux ! Par exemple, un frère vient te dire un mot désagréable ou blessant. Tu gardes le silence et tu fais une métanic : tu as posé une pierre. Apres quoi, tu l'en vas dire à un Or 9 (PG 65, 440 A) : L’humilité, couronne du moine (cf. Nau 98, HOC 1907, p. 402; PE I, 45, p. 164). 2. ApopM. Matois 2 : PG 65, 289 C. Cf. plus haut J 33-34, p. 196199. 428 15 20 Β 25 30 ŒUVRES SPIRITUELLES έβαλες ένα λίθον. Ειτα υπάγεις καί λέγεις άλλω άδελφώ ' "Τβρισέ με ό δείνα · τόδε καί τόδε είπε μοι ‘ καί ού μόνον έσιώπησα, άλλά καί μετάνοιαν αύτω έβαλον. ’ϊδού ένα λίθον έβαλες καί δύο έπήρες. Πάλιν βάλλει τις μετάνοιαν Οέλων δόξασθηναι, καί εύρίσκεται ταπείνωσις μετά κενοδοξίας. Τοΰτό έστι τό βαλείν ενα λίθον καί έπάραι αύτόν. Ό δέ έν γνώσει ποιων μετάνοιαν, πείθει έαυτόν ακριβώς δτι αύτός έσφάλη, καί πληροφορεί έαυτόν οτι αύτός έστιν ό αίτιος. Τούτο έστι τό έν γνώσει ποιείν μετάνοιαν. "Άλλος ασκεί σιωπήν, ά>.λ’ ούκ έν γνώσει ' έχει γάρ δτι άρετήν ποιεί ' ό τοιούτος ούδέν ποιεί. Ό δέ έν γνώσει σιωπών έχει δτι ανάξιός έστι τού λαλήσαι, ώς εϊπον οί Πατέρες, καί αυτή έστι σιωπή έν γνώσει. Πάλιν τις ού μετρεί έαυτόν καί νομίζει οτι τί ποτέ μέγα ποιεί καί δτι έαυτόν ταπεινοί, καί ούκ οϊδεν οτι ούδέν ποιεί, επειδή ούκ έν γνώσει ποιεί. Τό δέ μή μετρείν έαυτόν έν γνώσει, τούτο έστι τό έ’χειν έαυτόν οτι ούδέν έστιν, ούδέ άξιός έστι τού ψηφισθήναι μετά άνθρώπων, ώσπερ εϊπεν έαυτώ ό άββας Μωϋσης ' Σποδόδερμε μελανέ, μή ών άνθρωπος, τί έ'ρχη έν μέσω άνθρώπων ; 153. Πάλιν ύπηρετεί τις άρρώστω, άλλα, διά τό έχειν μισθόν υπηρετεί, καί ούκ έστιν ούδέ τούτο έν γνώσει. Καί λοιπόν εί τι δ’ άν συμβή αύτω λυπηρόν, εύθέως έκκόπτει αύτόν άπό τού καλού έργου αύτού καί ού φθάνει πληρώσαι, 5 επειδή ούκ έν γνώσει ποιεί. ‘0 δέ έν γνώσει ύπηρετών, διά τό C κτησασθαι συμπάθειαν ύπηρετεί, διά τό κτήσασθαι σπλάγχνα οίκτιρμών ' ό γάρ έχων σκοπόν τοιούτον, εί τι δ’ αν συμβή αύτώ, καν θλίψις έ'ξωθεν, καν αύτός ό άρρωστος όλιγωρήση πρός αύτόν, αύτός άταράχως βαστάζει, προσεχών τω ιδίω 152. 28 ποιεί» : έχει ADEGHPMi. 153. 3 εύθέως : εύχερώς ADEHPMi ευκόλως G. 1. Cf. Lettre de Jean le Prophète où se trouve une comparaison analogue : celui qui s'enorgueillit d une bonne œuvre est comparé à quelqu'un qui détruit le mur qu'il vient d'édifier (Sic. 422). 2. Cf. Lettre de Jean le Prophète à Dorothée : « On peut faire INSTRUCTIONS, XIV, § 152-153 429 autre frère : « Un tel m’a outragé, il m’a dit ceci et cela. Non seulement je n’ai rien dit, mais je lui ai fait une inétanie. » Voilà, tu avais mis une pierre, lu en enlèves deux1. On peut aussi faire une métanic dans le désir d’être loué, l’humilité se trouvant unie à la vainc gloire. C’est mettre une pierre et l’enlever. Celui qui fait une inétanie avec science, se persuade réellement d’avoir commis une faute, il est convaincu d’être lui-même la cause du mal. C’est cela faire une métanic avec science2. Un autre pratique le silence, mais non avec science, car il croit faire acte de vertu. Celui-là ne fait rien du tout. Qui se tait avec science, se juge indigne de parler, comme le disent les Pères3, et tel est le silence pratiqué avec science. Un autre encore n’a pas une, trop haute opinion de luimême4 et il croit qu’il fait, quelque chose de grand, qu’il s’humilie : il ne sait pas qu’il ne fait rien, puisqu’il n’agit pas avec science. N’avoir pas trop haute opinion de soi avec science, c’est se tenir pour rien et indigne d’être compté parmi les hommes, comme l’abbé Moïse qui se disait à lui-même : « Sale nègre, tu n’es pas un homme et tu viens parmi les hommes4? » 153. Autre exemple : Quelqu’un sert un malade, mais en vue d’une récompense. Cela non plus n’est pas agir avec science. Que lui survienne un désagrément, il renonce aussitôt à sa bonne œuvre et· ne peut la mener à bien, parce qu’il ne l’accomplissait pas avec science. Au contraire, celui qui sert un malade avec science, le fait pour acquérir de la compassion et des entrailles de miséricorde. S’il a une telle intention, l’épreuve peut lui venir du dehors, le malade même peut s’impatienter contre lui. il le supporte une métanic par vainc gloire... Fais métairie quand il faut, avec humilité, crainte de Dieu et diacrisis » (ATc. 333). 3. Cf. ΑρορΜ. Nau 321 (HOC 1912, p. 208) et l’abbé Isaïe (Aug., p. 92 et 190). 4. Sur l’expression μή μετρείν εαυτόν, cf. Jntr., p. 65. 5. ΛρορΜ. Moïse 4 : PG 65, 284 B. 430 ŒUVRES SPIRITUELLES 10 σκοπώ και είδώς οτι μάλλον ό άρρωστος αύτόν εύεργετει ήπερ αυτός τόν άρρωστον. Πιστεύσατε γάρ ότι και άπό παθών καί πολέμων κουφίζεται ό έν γνώσει υπηρετών άρρώστω. Έγο> γάρ οίδα άδελφόν πολεμούμενον ύπό αισχρός επιθυμίας, καί διά τό ύπηρετεϊν άρρώστω δυσεντε15 ριώντι μετά γνώσεως άπαλλαγέντα τοΰ πολέμου. Καί Εύάγριος λέγει περί τίνος μεγάλου γέροντος οτι τινά τών αδελφών ταρασσόμενον έν ταΐίς νυξί τών τοιούτων φαντασμάτων άπήλλαξεν, άσθενέσι μετά νηστείας ύπηρετησαι προστάξας. Καί ελεγεν έρωτηθείς τόν περί τούτου λόγον D 20 οτι · Ούδέν· ούτως ώς έλέω τά τοιαΰτα κατασοέννυται πάθη. Πάλιν εάν άσκή τις ή διά κενοδοξίαν ή έχων οτι άρετήν ποιεί, ούκ άσκεί ό τοιοΰτος έν γνώσει ' λοιπόν έκ τούτου άρχεται έξουδενείν τόν άδελφόν αύτοΰ έχων έαυτόν τί ποτέ, 25 καί εύρίσκεται ού μόνον βάλλων ενα λίθον καί έπαίρων δύο, άλλά καί δλον τόν τοίχον κινδυνεύων ρίψαι διά τοΰ κατακρίνειν τόν πλησίον. '0 δέ έν γνώσει έγκρατευό μένος, ούκ εχει δτι άρετήν ποιεί, ούδέ θέλει έπαινεϊσθαι ώς ασκητής, άλλά έχει οτι διά της εγκράτειας κτάται σωφροσύνην καί 1780 A 30 δτι διά ταύτης έρχεται εις ταπείνωσιν, ώς λέγουσιν οί Πατέρες οτι ή οδός της ταπεινώσεώς έστιν οί κόποι ,οί σωματικοί έν γνώσει, καί τά έξης. Καί απλώς έκάστην άρετήν ούτως δει τινα ποιεΐν, ώστε κτήσασθαι αύτήν καί γενέσθαι έν έξει αύτής. Καί εύρίσκεται, ώς εΐπομεν, καλός 3ό καί τεχνίτης οικοδόμος, δυνάμενος μετά άσφαλείας οικο­ δομή σαι τόν Κδιον οίκον. Β 154. '0 θέλων οΰν έλθειν σύν Θεώ είς τοιαύτην καλήν κατάστασιν, ούκ οφείλει λέγειν · Μεγάλαι είσίν αί άρεταί, 158. 35 καί om. GHPMi. 154. I τοιαύτην : τοσαύτην A Η ML l. CL Clément d’Alex. : « Celui qui donne un bienfait en réalité le reçoit · (Strom. II, 102, 2 : SC 38, p. 112). INSTRUCTIONS, XIV, S 153-154 431 sans trouble, attentif à son but et sachant que le malade lui fait plus de bien qu’il n’en fait lui-même1 au malade. Car, croycz-moi, quiconque sert un malade avec science, est soulage des passions et des tentations. J’ai connu un frère tourmenté d’un désir honteux, qui en fut délivré pour avoir servi avec science un malade atteint de dysen­ terie. Évagre aussi raconte qu'un frère troublé par des illusions nocturnes, en fut délivré par un grand vieillard qui lui prescrivit le service des malades joint au jeûne. A ce frère qui lui en demandait la raison, il répondit : a Rien n’éteint de telles passions comme la miséricorde2. » Celui qui se livre à l’ascèse par vaine gloire, ou en s'imaginant qu’il pratique la vertu, ne le fait pas non plus avec science. De là vient qu’il se met à mépriser son frère, en se croyant lui-même quelque chose. Non seulement il pose une pierre et en enlève deux, mais en jugeant le prochain, il risque de faire tomber le mur tout entier. Celui qui se mortifie avec science, ne se tient pas pour vertueux et· ne veut pas être loué comme un ascète, mais par la mortification, il espère obtenir la tempérance3, et par celle-ci atteindre l’humilité. Car, selon les Pères, « la voie de l'humilité, ce sont les labeurs corporels accomplis avec science4 », etc. En un mot, on doit exercer chaque vertu, de manière à l’acquérir et à la transformer en habitude. Alors on est. comme nous l'avons dit, un bon et habile bâtisseur, capable de construire solidement sa maison. 154. Celui qui veut parvenir avec l'aide de Dieu à cet état de perfection, ne doit pas dire : a Les vertus sont 2. ÉVAGRB, Practices II, 91 : PG 40, 1249 B. 3. Ct. Psiîudo-Nix. (Évagre), De octo spirit, malit.: « La mortifl· cation engendre la tempérance · (PG 79, 1148 C). 4. Cf. plus haut § 37, p. 203, n. 2. 432 ŒUVRES SPIRITUELLES καί ού δύναμαι φθάσαι αύτάς. Τούτο γάρ ή μή έλπίζοντός έστιν είς τήν βοήθειαν τού Θεού, ή όκνοΰντος έπιοαλέσθαι 5 εις τί ποτέ άγαθόν ' έπεί ποιαν θέλετε αρετήν καί γυμνάζωμεν " καί βλέπετε ότι έν ήμϊν έστι καί τό κατορθώσαι, έάν Οέλωμεν ' ιδού λέγει · ’Αγαπήσεις τον πλησίον σου ως εαυτόν. Μή πρόσχης πόσον άπέχης άπό τής αρετής, καί άρξη δειλίαν καί λέγειν ’ Πώς δύναμαι άγαπήσαι τόν 10 πλήσιον ώς εαυτόν ; πώς δύναμαι τάς θλίψεις αύτού μέριμναν ώσπερ τάς εμάς, καί μάλιστα τάς κεκρυμμένας έν τή καρδία αύτού, άς μήτε βλέπω μήτε γινώσκω ώσπερ τάς έμαυτού ; Μή άπασχολήσης εαυτόν εις τό λογίζεσθαι ταύτα, καί μή C νομίσης ύπέρογκον είναι καί δυσκατόρθωτον τήν αρετήν, 15 άλλα βάλλε τέως άρχήν πιστεύων τώ Θεό). Δεϊξον αύτω τήν προαίρεσιν σου καί τήν σπουδήν, καί βλέπεις τήν βοήθειαν ήν παρέχει σοι είς τό κατορθώσαι. Οιόν τι λέγω ' Ύπόθου μοι δύο κλίμακας είναι, τήν μέν άναφέρουσαν άνω είς τόν ούρανόν, τήν δέ άλλην καταφέ20 ρουσαν κάτω είς τόν αδην. καί σύ ίστασαι είς τήν γην μέσον τών δύο κλιμάκων. Μή θε/ήσης λογίσασθαι καί είπεϊν · Πώς δύναμαι πετασθήναι έκ τής γής καί εύρεθήναι άπαξ άνω είς τό άκρον τής κλίμακος ; Ούτε γάρ δυνατόν έστιν, ούτε άπαιτει σε ό Θεός τούτο · άλλα φύλαξαι τέως μή 25 κατελθεΐν κάτω ‘ μή κακοποιήσης τον πλησίον, μή πλήξης, μή καταλαλήσης, μή λοιδορήσης, μή έξουδενώσης " καί ούτως λοιπόν άρχη καί εύεργετείν μικρόν διά τού θεραπεύειν D λόγω τόν αδελφόν σου, διά τού συμπάσχειν αύτω καί. έάν χρήση πράγματος, έπιδιδόναι αύτώ * καί ούτως μίαν μίαν 30 βαθμίδα άνερχόμενος, φθάνεις σύν Θεω καί είς τό άκρον τής κλίμακος. Διά γάρ τού κατά μικρόν μικρόν βοηθείν τω πλησίον, ίρχη καί είς τό θέλειν τό συμφέρον αύτώ ώς τό 154. 19 τήν δέ : καί τήν ADEHPML 1. Cf. Isaïe : « Ne le décourage pas en te disant : Comment puis-je acquérir les vertus, moi pécheur ? » (Aug., p. 168). 2. CL Barsanuphe : Ne pas vouloir arriver d’un seul coup au INSTRUCTIONS, XIV, § 154 433 élevées ; je ne puis les atteindre1, » Ce serait là parler en homme qui n'espère pas dans le secours de Dieu ou qui manque d’empressement à faire le moindre bien. Examinons la vertu que vous voulez, et vous verrez qu'il depend de nous de réussir, si nous le voulons. Ainsi l’Écriture dit : « Tu aimeras ton prochain comme toimême » [Lév. 19, 18). Ne regarde pas combien tu es éloigné de cette vertu, ne te mets pas à craindre et à dire : «Comment puis-je aimer le prochain comme moi-même? Comment puis-je me soucier de ses peines comme des miennes, surtout celles qui sont cachées dans son cœur et que je ne vois ni ne connais comme les miennes?» N 'entretiens pas de telles pensées et n’imagine pas que la vertu soit difficile outre mesure. Commence toujours par te mettre à l’œuvre, en faisant confiance à Dieu. Montre-lui ton désir et ta bonne volonté, et lu verras le secours qu’il t’accordera pour réussir. Une comparaison : Suppose deux échelles, l’une dressée vers le ciel, l’autre descendant aux enfers. Toi, tu es sur la terre, entre ces deux échelles. Ne va pas te dire : « Comment pourrais-je m’envoler de la terre et me trouver d'un seul coup au sommet de l’échelle2?» Cela n’est pas possible, et Dieu ne te le demande pas. Mais prends garde au moins de ne pas descendre : ne fais pas de mal au prochain, ne Je blesse pas, ne médis pas de lui. ne l’outrage pas, ne le méprise pas. Puis mets-loi à faire un peu de bien en réconfortant ton frère d’une parole, en lui témoi­ gnant de la compassion, en lui donnant une chose dont il a besoin. Et ainsi, échelon par échelon, tu parviendras, avec l’aide de Dieu, au sommet de l’échelle. Car c’est à force d’aider ton prochain, que lu en viendras aussi à vouloir son profit et son avantage comme le tien, et c’est sommet de l'échelle (.Vie. 85). Ci. Lettre d'un certain Chilon, insérée dans les lettres de S. Basile : Lettre 42, 2 (éd. Courtonne, Paris 1957, p. 101). 434 35 1781 Λ 40 45 50 Β ŒUVRES SPIRITUELLES συμφέρον σοι, καί τήν ωφέλειαν αύτοΰ ώς τήν σην. Καί τοΰτό έστι τό ’Αγαπήσεις τόν πλησίον σου ώς έαυτόν. Έάν ζητήσωμεν, εύρίσκομεν, καί έάν αιτώ μεν τόν Θεόν, φωτίζει ήμας. Λέγει γάρ είς τό Ευαγγελίου * Αιτείτε καί δοθήσεται ύμίν, ζητείτε καί εύρήσετε. κρούετε καί άνοιγήσεται ύμίν. Αιτείτε, λέγει, ίνα παρακαλώμεν διά της ευχής. Τό δέ ζητήσαί έστιν τό έρευναν πώς έρχεται αΰτη ή άρετή, τί έστιν τό φέρον αύτήν, τί όφείλομεν ποιήσαι ίνα κτησώμεθα αύτήν. Τό ούτως καθ’ έκάστην έρευναν έστι τό Ζητείτε καί εύρήσετε. Τό δέ κροΰσαί έστι τό ένεργησαι τάς έντολάς. 'Έκαστος γάρ κρούων, διά τών χειρών κρούει · αί δέ χειρες είς τήν πρακτικήν λαμβάυονται. θέλομεν ούν μή μόνον αίτεΐν, άλλα καί ζητεϊν καί ποιείν, σπουδάζοντες είναι ώς είπεν ό ’Απόστολος ' Κατηρτισμένοι είς παν έργον αγαθόν. Τί έστι κατηρτισμένοι ; "Οταν θέλη τις κατασκευάσαι πλοίου, πρώτον έτοιμάζει πάσαν τήν χρείαν του πλοίου έως καί μικρών καρφιών καί μικρός πίσσης καί μικρού στυππίου ' ομοίως καί ιστάριον έάν θέλη γυνή στήσαι, ετοιμάζει εως καί μικρού καλαμιού καί μικρού ράμματος · τούτο λέγεται κατάρτιος τό έχειν πάσαν την χρείαν τοΰ πράγματος ήτοιμασμένην. 155. Οΰτο>ς ούν ίνα έσμέν καί ήμείς κατηρτισμένοι είς παν έργον αγαθόν, έχοντες πάσαν τήν ετοιμασίαν ήμών είς τό ποιείν τό θέλημα τοΰ Θεού μετά γνώσεως, ώς θέλει καί ώς άρέσκει αύτώ. Τί έστιν δ λέγει ό ’Απόστολος ' Τό 5 θέλημα τού Θεού τό αγαθόν καί εύάρεστον καί τέλειον ; Πάντα τά γινόμενα ή κατά συγχώρησιν Θεού γίνεται ή κατ’ ευδοκίαν, ώς λέγει έν τω προφήτη ' Έγώ Κύριος ποιών φώς καί κτίζων σκότος ' καί πάλιν ' Ούκ έστι κακία έν πόλει, ήν Κύριος ούκ έποίησεν. Κακίαν λέγει πάντα τά 154. 49 καρφιών : ήλαρΐων ADMi Ιλαρίων EGHP || 52 χατάρτιος : κατάρτιον A Mi κατάρτισή KG. 1. Cf. plus haut § 15, p. 170, n. L INSTRUCTIONS, XIV, § 154-155 435 cela « aimer son prochain comme soi-même ». Si nous cherchons, nous trouverons ; et si nous demandons à Dieu il nous éclairera. Car le Seigneur dit dans l’Évangile : « Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira» (Mallh. T, 7; Le 11. 9). Il dit «demandez», pour que nous implorions par la prière. «Chercher», c’est examiner comment vient celte vertu, ce qui nous l’apporte, ce que nous devons faire pour l'acquérir. Faire chaque jour cet examen, réalise le « Cherchez et vous trouverez». «Frapper», c’est accomplir les commandements, car on frappe avec les mains, et les mains signifient la pratique1. Nous devons donc non seulement demander, mais chercher et pratiquer, nous efforçant d’être, comme dit l’Apôtre, «prêts à toute œuvre bonne» (7/ Tim. 3, 17). Qu’est-ce à dire? Si quelqu'un veut construire un navire, il prépare d’abord tout ce dont il a besoin, jusqu’aux moindres morceaux de bois, jusqu’à la poix et l’étoupe. Ou encore, si une femme vent dresser un métier, elle prépare jusqu’à la moindre aiguille et jusqu'au moindre fil. Avoir ainsi préparé tout le nécessaire pour quelque chose, c’est ce qui s’appelle « être prêt ». 155. Soyons donc, nous aussi, « prêts à toute œuvre bonne », entièrement disposés à accomplir la volonté de Dieu avec science, comme il le veut et selon son bon plaisir. L’Apôtre dit : « Ce que Dieu veut de bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait » (Bozn. 12, 2). Qu’entendil par là2? Tout arrive, soit par la permission de Dieu, soit par son bon plaisir, comme il est dit par le Prophète : « C’est moi le Seigneur, qui fais la lumière et qui crée les ténèbres » (Is. 45, 7). Et encore : « Il n’est pas de mal dans la ville que le Seigneur n’ait fait» {Amos 3, 6). Par «mal», il 2. Dorothée s'inspire ici de S. Basile, Reg. br. Ir. 276 (PG 31, 1273-1276). 436 ŒUVRES SPIRITUELLES C 10 κακωτικά, οίονεί τά θλιβερά τά γινόμενα πρός παίδευσιν ήμών διά τήν κακίαν ήμών, άτινά έστι λιμός, λοιμός, άβροχία, νόσοι, πόλεμοι. Ταΰτα ού γίνονται κατ’ εύδοκίαν Θεού, αλλά κατά συγχώρησιν, συγχωροΰντος τού Θεού έπενεχθήναι αυτά ήμιν πρός τό συμφέρον. Ταΰτα ούν ού 15 θέλει ήμας θέλειν ό Θεός, ούδέ συντρέχειν αύτοϊς * οίόν τι λέγω · “Εστι θέλημα Θεού, ώς είπομεν κατά συγχώρησιν, τό στραφήναι πόλιν. Ού θέλει ούν ήμας, έπειδή θέλημα αύτού έστι στραφήναι αύτήν, ίνα βάλωμεν και ημείς πυρ καί καύσωμεν, ή ίνα λάβωμεν άξίνας και καταστρέψωμεν. 20 Πάλιν εύρίσκεται συγχώρησις Θεού ίνα Ολιοή τις ή ίνα άρρωστήση · ούκ έπειδή θέλημα αύτού έστιν ίνα Ολιβή, θέλει ήμας ίνα Ολίβωμεν αύτόν ή ίνα είπωμεν δτι επειδή θέλημα Θεού έστιν ίνα άσθενήση, μή έλεήσωμεν αύτόν. D J ούτο ού θέλει ό Θεός, ού θέλει ήμας ύπουργήσαι τώ τοιούτω 25 αύτοΰ θελήματι. Τοιούτους θέλει ήμας είναι αγαθούς, οτι ά αύτός ποιεί, ού θέλει ίνα θελήσωμεν. Άλλά τί θέλει ήμας θέλειν : τό θέλημα αύτού τό αγαθόν, τό κατ’ εύδοκίαν, ώς ειπον, γινόμενον. Τούτο δέ έστι πάντα τά κατ’ έντολήν γινόμενα, τό άλλήλους αγαπάν, τό συμπάσχειν, τό ποιεϊν 30 έλεημοσύνην, καί οσα τοιαΰτα. ’Ιδού τό θέλημα τοΰ Θεοΰ τό αγαθόν. Τί δέ έστι καί εύάρεστον ; Ούδέ γάρ καί ποιων τις αγαθόν πάντως οτι καί εύάρεστον αυτό ποιεί. Καί λέγω πώς ' 1784 Λ Συμβαίνει οτι εύρίσκει τις μίαν ορφανήν πτωχήν εύμορφον, 35 καί άρέσκεται αύτη διά τήν εύμορφίαν, καί λαμβάνει καί ανατρέφει αυτήν δοξών ώς ορφανήν. ’Ιδού καί θέλημα Θεοΰ έστι καί αγαθόν έστιν, ού μέντοι καί εύάρεστον. Τό δέ εύάρεστον έστιν όταν ποιή τις έλεημοσύνην ού διά τινα 155. 14 αυτά ήμιν : ήμιν αυτά TV ήμϊν ταΰτα G ήμιν Μ i || 15 αύτοΐς : έπ’ αύτοϊς AD αύτω Mi || 35 αύτη : είς αυτήν ADEHP αύτήν T om. Mi. 1. Sur cette distinction de ce que Dieu veut et de ce qu’il permet, cf. Pallade, Hissl. i.ausiaque XLVIJ, 5 (êd. Butler-Lucot p. 317) et Lettre de Jean le Prophète, A’ü·. 466. H INSTRUCTIONS, XIV, § 155 437 entend tous les malheurs, c'est-à-dire les épreuves qui surviennent pour notre correction, à cause de notre malice : famine, peste, sécheresse, maladies, guerres. Ces maux n’arrivent pas en vertu du bon plaisir de Dieu, mais de sa permission* ; il permet qu’ils nous soient infligés pour notre avantage. Dieu ne veut donc pas que nous les vou­ lions, ni que nous y donnions notre concours. Si, par exemple, la volonté de Dieu permet la destruction d’une ville, il ne veut pas pour autant que nous allions y mettre le feu et l’incendier, ou prendre des haches et la démolir. Et si Dieu permet qu’un frère soit affligé ou tombe malade, il ne veut pas pour autant «pie nous l’affligions nous-mêmes ou que nous disions : « Puisque c’est la volonté de Dieu que ce frère soit malade, n’exerçons pas la miséricorde à son égard. » Dieu ne veut pas cela, il ne veut pas que nous coopérions à sa volonté, quand elle est de cette sorte. Ainsi nous veut-il bons lorsque ce qu’il fait, lui, il ne veut pas que nous le voulions. A quoi veut-il donc que se porte notre volonté? A ce qu’il veut de bon, à ce qui est, comme je l’ai dit, selon son bon vouloir, c'est-à-dire à tout ce qui est l’objet d’un précepte : s’aimer les uns les autres, être compatissant, faire l’aumône, etc. Tel est «ce que Dieu veut de bon ». Que faut-il entendre ensuite par « ce qui lui est agréable»? Même en accomplissant une bonne action, on ne fait pas nécessairement ce qui est agréable (à Dieu)2. Je m’explique. Voici par exemple un homme qui rencontre une orpheline pauvre et jolie. Il est charmé par sa beauté, il la recueille et l'élève en orpheline qu’elle est. C’est bien là ce que Dieu veut, et quelque chose de bon, mais non pas « ce qui lui est agréable ». « Ce qui est agréable à Dieu », 2. Cf. Barsanuphe : II arrive qu’on fasse le bien, mais non selon ce qui plaît à Dieu (Ar«c. 411). 438 ŒUVRES SPIRITUELLES λογισμόν ανθρώπινον, άλλα δι’ αύτδ τδ καλόν, δι’ αύτήν 40 τήν συμπάθειαν, τούτό έστιν τδ εύάρεστσν τω Θεω. Τδ δέ τέλειόν έστιν δταν ποιή τις έλεημοσύνην, μή κατά κνιπίαν, μηδέ κατά δκνον, μηδέ κατά δλιγωρίαν, άλλα πάση δυνάμει καί πάση προαιρέσει, ούτως παρέχων ώς αύτδς λαμβάνων, ούτως εύεργετών ώς αύτδς εύεργετούμενος ' καί 45 τότε γίνεται τέλειον. Καί ούτως εύρίσκεται τις ποιων τδ θέλημα τού Θεοϋ, ώς λέγει ό ’Απόστολος, τδ άγαθδν καί Β εύάρεστον καί τέλειον. ’Ιδού τούτο έστι τδ έν γνώσει ποιεϊν. 5 J0 C 15 20 156. Θέλει γάρ τις γινώσκειν αύτδ τδ άγαθδν τής έλεημοσύνης, αύτήν τήν χάριν αύτής, οτι μεγάλη έστίν, οτι δύναται καί αμαρτίας άφιέναι, καθώς λέγει ό προφήτης ’ Λύτρον άνδρός, ό ίδιος πλούτος. Καί πάλιν αλλαχού λέγει ’ Έν έλεημοσύναις λύτρωσα*, τάς αμαρτίας σου. Καί δτι αύτδς δ Κύριος είπε · Γίνεσθε οίκτίρμονες, καθώς καί δ Πατήρ ύμών ό ούράνιος οίκτίρμων έστίν. Ούκ είπε ’ Νηστεύσατε, ώς ό Πατήρ ύμών ό ούράνιος νηστεύει. Ούδέ είπε ' Γίνεσθε άκτημονες, ώς δ Πατήρ ύμών ό ούράνιος άκτή.μων έστίν. Άλλά τί λέγει ; Γίνεσθε οίκτίρμονες, καθώς καί ο ΙΙατήρ ύμών ό ούράνιος οίκτίρμων έστίν. Ίδικώς γάρ ή άρετή αύτη μιμείται Θεόν · χαρακτηρίζει αύτόν. Χρεία ουν έστιν, ώς είπομεν, τούτω τω σκοπώ προσέχειν άεί καί έν γνώσει ποιειν. Πολλή γάρ έστιν ή διαφορά καί έπί τού σκοπού της έλεημοσύνης. “Εστι γάρ τις ποιων έλεημοσύ­ νην διά τδ εύλογηθηναι τδ χωρίον αύτού, καί ό Θεός εύλογει τδ χωρίον αύτού · άλλος ποιεί έλεημοσύνην διά τδ σωθήναι τδ πλοΐον αύτού, καί δ Θεδς σώζει τδ πλοΐον αύτού · άλλος ποιεί διά τά τέκνα αύτού, καί ό Θεδς φυλάττει τά τέκνα αύτού · άλλος ποιεί διά τδ δοξασθήναι, καί ό Θεδς δοξάζει αύτόν · καί ούκ άθετεί ό Θεός τινα, άλλ* δ θέλει έκαστος παρέχει αύτώ, όταν μή βλάπτη-ται έκ τούτου ή ψυχή αύτού. Άλλ’ ούτοι πάντες άπέχουσι τδν μισθόν αύτών ‘ ούδέν γάρ 155. 39 δι’ αύτήν : διά ADGML INSTRUCTIONS, XIV, § 155-I56 439 c’est l’aumône faite, non dans une pensée humaine, mais à cause du bien lui-même et par compassion. Voilà λ ce qui est agréable à Dieu ». Enfin « ce qui est parfait », c’est l’aumône faite sans parcimonie, sans lenteur ni froideur, mais de tout son pouvoir et de tout son cœur. C’est donner comme si on recevait soi-même, c’est être bienfaiteur comme si on était soi-même l’obligé. Voilà a ce qui est parfait ». C’est ainsi que l’on fait, comme dit ΓApôtre, « ce que Dieu veut de bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait ». Et c’est cela agir avec science. 156. Car on doit connaître le bien de l’aumône et sa vertu ; elle est grande, elle a même le pouvoir d’enlever les péchés, selon la parole du Prophète : « La rançon de l’homme, c’est sa propre richesse » (Prov. 13. 8). Et ailleurs : a Rachète tes péchés par des aumônes » [Dan. 4, 24). Le Seigneur lui-même a dit : « Soyez miséricordieux, comme votre Père céleste est miséricordieux » (Le 6, 36). 11 n’a pas dit : « Jeûnez, comme jeûne votre Père céleste », ni : « Soyez pauvres, comme votre Père céleste est pauvre », mais : «Soyez miséricordieux, comme votre Père céleste est miséricordieux. » Car c’est spécialement cette vertu qui imite Dieu ; elle est le propre de Dieu’. Il faut donc, comme nous le disions, avoir toujours les yeux fixés sur ce but et faire l’aumône avec science. Il existe en effet une grande variété de motifs dans la pratique de l’aumône. Celui-ci la fait pour que son champ soit béni, et Dieu bénit son champ ; celui-là pour le salut de son navire, et Dieu sauve son navire ; tel autre à cause de ses enfants, et Dieu les protège ; un autre encore pour être honoré, et Dieu lui procure l'honneur. Dieu ne repousse personne et donne à chacun ce qu’il veut, pourvu que cela ne nuise pas à son âme. Mais tous ceux-là ont reçu leur récompense ; ils ne 1. C’est par la charité que l’on se conformt a Dieu : Diaaoçub, Chap. Gnost. 1, 2, 89 (SC 5 bist p. 85 et 150). 440 ŒUVRES SPIRITUELLES άπέθεντο έαυτοϊς παρά τώ Θεώ, επειδή καί ο σκοπός θ 25 δν προέθεντο, ούκ ήν διά τήν ωφέλειαν τής ψυχής. Διά τδ εύλογηθηναι τδ χωρίον σου έποίησας : εύλόγησεν ό Θεός τδ χωρίον σου · διά τά τέκνα σου έποίησας ; έφύλαξε τα τέκνα σου ό Θεός · διά τδ δοξασθηναι έποίησας ; έδόξασέ σε. Τί ούν χρεωστει σοι ό Θεός ; Άπέδωκε σοι τδν μισθόν δι’ 30 δν έποίησας. 5 1785 Λ 10 15 Β 20 157. ‘Έστι δέ άλλος ποιων ελεημοσύνην, ίνα ρυσθή άπδ τής μελλούσης κολάσεως ' ιδού ούτος ποιεί διά τήν ψυχήν αύτού, ούτος κατά Θεόν ποιεί * πλήν ούκ έστι καί καθώς θέλει ό Θεός. ’Ακμήν γάρ έν τή δουλική καταστάσει έστίν. *0 δούλος γάρ ού ποιεί το θέλημα τού κυρίου αύτοΰ θέλων, άλλά φοβούμενος μή δαρή. ‘Ομοίως καί ούτος ποιεί, ίνα ρυσθή άπδ τής κολάσεως, καί ό Θεός ρύεται αύτδν άπ’ αύτής. “Αλλος ποιεί τήν ελεημοσύνην, ινα λάβη μισθόν. Τούτο υψηλότερου μέν έστι τού πρώτου, άλλ’ ούδέ αύτδ άκμήν ώς θέλει ό Θεός. Οΰπω γάρ έστι έν τή του υιού διαθέσει ' άλλ’ ώσπερ ό μίσθιος ού ποιεί τδ θέλημα τού δεσπότου, εί μή διά τδ λαοειν τδν μισθόν τού δεσπότου καί κερδάναι, όμοίως καί ούτος ποιεί διά τδ εχειν μισθόν. Τρεις γάρ ε’.σι διαθέσεις δι’ ών οφείλομεν ποιειν τδ καλόν, ώς λέγει δ άγιος Βασίλειος ' ταύτα καί άλλοτε οϊδα ειπον ύμϊν. “Η γάρ φοβούμενοι τήν κόλασιν ποιοΰμεν, καί έσμέν έν τή δουλική καταστάσει · ή διά τδ λαβεϊν μισθόν, καί έσμέν έν τή διαθέσει τού μισθωτού ' ή δι’ αύτδ τδ καλόν, καί έσμέν έν τή διαθέσει τού υιού. '0 υίδς γάρ ού ποιεί τδ θέλημα τού πατέρας άπδ φόβου, ούδέ ώς θέλων παρ’ αύτού λαοειν μισθόν, άλλά θέλων θεραπεύσαι αύτόν, θέλων τιμήσαι καί άναπαύσαι αύτόν. Καί ημείς ούν ούτως δφείλομεν ποιεϊν τήν ελεημοσύνην δι’ αύτδ τδ καλόν, συμπάσχοντες 156. 25 τής ψυχής : τής ψυχής αύτών GMi αύτών TV. 157. 7 άπδ τής : τής μελλοΰσης TV τής Mi Η 11 ού om. ADEGMi |[ 12 εί μή oui. ADEGMi |[ 15 Βασίλειος : Γρηγόοιος ADEGMi Βασίλειος καί Γρηγόριος Η || 16 ποιούμε·? : ποιοΰμεν τό αγαθόν A DEMI. INSTRUCTIONS, XIV, § J56-157 441 se sont rien réservé auprès de Dieu1, puisque le but qu’ils se proposaient, n’était pas le profit de l’âme. Tu as fait l’aumône pour que ton champ soit béni? Dieu l’a béni. Tu as fait l’aumône à cause de tes enfants? Dieu les a gardés. Tu as fait l’aumône pour être honore? Dieu t’a donné l’honneur. Que te doit donc le Seigneur? Il t’a donné Je salaire pour lequel tu as agi. 157. L'n autre fait l’aumône pour être préservé du châtiment à venir. Celui-là agit pour son âme. Il agit selon Dieu, mais non comme Dieu le veut, car il est encore dans la condition servile : l’esclave, en effet, ne fait pas la volonté de son maître volontairement, mais parce qu’il craint d’être châtié. Celui-là de même fait l’aumône pour être préservé du châtiment, et Dieu l’en préserve. Un autre fait l’aumône pour recevoir une récompense. C’est mieux, mais ce n’est pas non plus comme Dieu veut ; celui-là n’est pas encore dans la disposition du fils. Comme le mercenaire qui n’accomplit la volonté de son maître que pour gagner son salaire, lui aussi agit pour une rémunération. Il y a en effet trois dispositions, dans lesquelles nous pouvons faire le bien, selon saint Basile. Je sais vous l’avoir déjà dit12. Ou nous le faisons dans la crainte du châtiment, et nous sommes dans l’état de servitude. Ou nous le faisons en vue de la récompense, et nous sommes dans la disposition du mercenaire. Ou enfin nous le faisons à cause du bien lui-même, et nous sommes alors dans la disposition du fils. Car le fils ne fait pas la volonté de son père par crainte, ni dans le désir de recevoir de lui une rémunération, mais parce qu’il le veut servir, honorer et. contenter. C’est ainsi que nous devons faire l’aumône : en vue du bien lui-même, ayant compassion les uns des 1. Ce passage sur les divers motifs de faire l’aumône est donné textuellement dans PE (IV, 2, p. 9) comme extrait du Gêronliccn et mis sur les lèvres d'un sophiste nommé Sophrone. 2. Cf. plus haut § 48, p. 222, n. 2. 442 ŒUVRES SPIRITUELLES άλλήλοις ώς ίδίοις μέλχσιν, ούτως θεραπεύοντές τινα ώς οτι 25 ημείς δι* εκείνου θεραπευόμεθα. ούτως διδόντες ώς αύτοι λαμβάνοντες. Καί αύτη έστιν ή έν γνώσει ελεημοσύνη · ούτως εύρισκόμεθα έν τη του υιού διαθέσει, καθώς ειπομεν. 5 C 10 15 D 20 158. Ούδείς δέ δύναται είπειν · Πτωχός είμι καί ούκ έχω πόθεν έλεήσαι. Καν γάρ ού δύνασαι δούναι ώς εκείνοι οί πλούσιοι οί βάλλοντες τά δώρα αύτών είς τό γαζοφυλάκιον, δός δύο λεπτά, ώς ή χήρα ή πενιχρά εκείνη, καί προσδέχεται αύτά ό Θεός παρά σου υπέρ τά δώρα τών πλουσίων. Ούδέ ούτως έχεις ; άλλ’ έχεις δύναμιν καί δύνασαι δι’ ύπηρεσίας έλεήσαι τόν άσθενοΰντα. Ού δύνασαι ούδέ τούτο ; δύνασαι λόγω παρακαλέσαι τόν αδελφόν σου. ’ Ελέησον ούν αύτόν διά τοΰ λόγου καί άκουσον τού λέγοντος ' ’Αγαθόν λόγος ύπέρ δόμα. Ύπόθου, ούδέ λ.όγω δύνασαι έλεήσαι, δύνασαι έάν παροξυνθή κατά σού ό αδελφός σου, ποιήσαι έλεος είς αύτόν καί βαστάσαι αύτόν έν τώ καιρώ τής ταραχής αυτού, βλέπων αύτόν επηρεαζόμενου έκ τού κοινού εχθρού, καί άντί τοΰ είπειν αύτώ έν ρήμα καί πλέον ταράξαι αυτόν, σιωπησαι καί έλεήσαι την ψυχήν αυτού, άποσπών αύτόν άπό τού έχθρού. Δύνασαι πάλιν, έάν άμάρτη είς σέ ό αδελφός σου, έλεήσαι αύτόν καί άφιέναι αύτώ την αμαρτίαν αύτοΰ, ίνα καί σύ άφεσιν λάοης παρά τού Θεού ‘ λ^γει γάρ ' ’Άφετε καί άφεθήσεται ύμΐν · καί εύρίσκεσαι ποιών έλεος είς την ψυχήν τού άδελφοΰ σου, συγχωρών αύτώ ά ήμαρτεν είς σέ. ’Έδωκε γάρ ήμίν ό Θεός έξουσίαν, έάν θέλ.ωμεν, συγχωρεΐν άλλήλοις τά παραπτώματα · καί ούκ έχειςί 158. 1 δέ om. ADEHMi || 3 βάλλοντες : δόντες ΑΕΡ δ'.δόν· DGHMi H 4 εκείνη om. ADEHPMi || 5 τών πλουσίων : έκεϊνα ADGEHPMi H 9 ’Αγαθόν : Αγαθός ADGHPMi || 15 έλεήσαι: έλεεϊς ADEGH Ρ έλεεΐν αύτόν καί Mi 11 22 παραπτώματα : άμαοτηιιατά τά είς ημάς γινόμενα ADEGHMi αμαρτήματα τά είς ημάς Ρ. 1. Ci. EvAüitii : «Tu sauras... te souvenir de Celui qui ne rejeti pas les deux liards de la veuve, mais au contraire les reçut mênn INSTRUCTIONS, XIV, § 157-158 443 autres comme de nos propres membres, obligeant les autres comme si nous étions leurs obligés, donnant comme si nous-mêmes recevions. Telle est l'aumône faite avec science, et c’est ainsi, disions-nous, que nous nous trouve­ rons dans la disposition du fils. 158. Personne ne peut dire : σ Je suis pauvre et je n’ai pas de quoi faire l’aumône. » Car si tu ne peux donner comme ces riches qui jetaient leurs dons dans le trésor (cf. Mc 12, 4! ; Le 21, 3), donne deux liards, comme la pauvre veuve. Dieu les recevra de tpi plus volontiers que les dons des riches1. N’as-tu même pas ces deux liards? Tu as du moins de la force et tu peux exercer la miséricorde en servant ton frère malade. Si tu ne peux faire cela non plus, il t’est possible d’adresser à ton frère un mot de réconfort. Fais-lui donc la charité par la parole, et écoute celui qui dit : « Une parole est un bien supérieur au don » {Sag. Sir. 18, 16). A supposer que tu ne puisses même pas lui faire l’aumône d’une parole, tu peux, lorsque ton frère est irrité contre toi, avoir pitié de lui et le supporter durant sa colère, le voyant tourmenté par l’ennemi commun, et. au lieu de lui dire un mot qui l’excitera davantage, Lu peux garder le silence et exercer la misé­ ricorde à l’égard de son âme, en l’arrachant ά l’ennemi. Tu peux encore, si ton frère a péché contre toi, lui faire miséricorde et lui pardonner sa faute, afin d'obtenir toi-même le pardon de Dieu. Car il est dit : « Pardonnez cl il vous sera pardonné » {Le 6, 37). Ainsi tu exerces la charité envers l’âme de ton frère, en lui pardonnant les fautes qu'il a commises contre toi. Dieu en effet nous a donné le pouvoir, si nous le voulons, de nous pardonner nos péchés les uns aux autres. N’ayant pas de quoi plus volontiers que la richesse de beaucoup d'autres · (De Oral. Prol., trad. Hauslierr, HAM 1934, p. 43, ou 1959, p. 10). Voir aussi un autre passage dont semble s'être souvenu Dorothée : Her. mon. rat. 3-4 (PG 40, 1256 A). Cf. Cassien, Conf. XX, 8 (SC 61, p. 66). 444 25 1788 Λ 30 35 ŒUVRES SPIRITUELLES πόθεν έλεήσαι τό σώμα, έλεεϊς δέ τήν ψυχήν αύτοΰ · καί ποιον έλεος μέγα, ώς τό έλεος τής ψυχής ; "Ωσπερ γάρ ή ψυχή τιμιωτέρα έστί τοΰ σώματος, ούτως καί τό έλεος τό γινόμενον είς τήν ψυχήν μεϊζόν έστι τοΰ γινομένου εις τό σώμα ' ώστε ούδείς δύναται είπεϊν Οτι ’ Ού δύναμαι έλεήσαι. "Εκαστος δύναται πρός τήν δύναμιν αύτοΰ καί πρός τήν κατάστασιν αύτοΰ · μόνον σπουδάσει έκαστος εκείνο δ ποιεί άγαθόν μετά γνώσεως ποιεϊν, καθώς καί περί έκάστης αρετής είπομεν. Είπομεν γάρ ότι ό έν γνώσει ποιων, ούτός έστιν ό δόκιμος καί τεχνίτης, ό οικοδομών μετά ασφαλείας τόν ίδιον οίκον. Περί τούτου λέγει καί τό Εύαγγέλιον δτι ’ Ό φρόνιμος οίκοδομει τήν οικίαν αύτοΰ έπί τήν πέτραν, καί ούδέν τών ύπεναντίων δύναται παρασαλεΰσαι αυτήν. Ό Θεός ό φιλάνθρωπος δφη ήμϊν άκούειν και ποιεϊν ά άκούομεν, ίνα μή γένωνται ήμϊν είς κρίμα οί λόγοι οΰτοι έν ήμερα κρίσεως, οτι αύτω η δόξα είς τούς αιώνας. ’Αμήν. 1. Cf. Marc L'Ermite, De poenil. IV : PG 65, 969-972. Sur l’âme plus précieuse que Je corps, voir aussi S. GréO. de Naz., PC 36, 308 A. INSTRUCTIONS, XIV, § 158 •145 exercer la miséricorde envers le corps de ton frère, tu le fais à l’égard de son âme. Et quelle plus grande miséricorde que celle-là ? De même en effet que l’âme est plus précieuse que le corps, de même la miséricorde envers l'âme est supérieure à la miséricorde envers le corps1. Il n’est donc personne qui puisse dire : « Je n'ai pas la possibilité de pratiquer la miséricorde. » Chacun le peut selon scs moyens et sa condition, pourvu qu’il prenne soin d'accomplir avec science ce qu'il fait de bien, comme nous l'avons expliqué à propos de chaque vertu. Celui qui agit avec science, avons-nous dit, est le bâtisseur expérimenté et habile qui construit solidement sa maison, et dont (’Évangile dit : « L’homme avisé bâtit sa maison sur le roc » (Mallh. 7, 24), et rien ne peut l’ébranler. Que le Dieu de bonté nous donne d’entendre et de pratiquer ce que nous entendons, pour que ces paroles ne soient pas notre condamnation au jour du jugement. Qu’à lui soit la gloire dans les siècles ! Amen. ΙΕ'. ΠΕΡΙ ΤΩΝ ΑΠΩΝ ΝΠΣΤΕΙΩΝ Β 5 C 10 15 20 D 159. Έν τώ νόμω προσέταξεν ό Θεός τοϊς υίοϊς Ισραήλ (να καθ’ έκαστον ένιαυτόν άποδεκατώσι πάντα οσα άν κτησωνται * καί ούτως ποιοΰντες εύλογοΰντο έν πάσι τοϊς έργοις αύτών. Τοΰτο είδότες οί άγιοι απόστολοι έβουλεύσαντο πρός βοήθειαν και εύεργεσίαν τών ψυχών ήμών, και τούτο μειζόνως και ύψηλοτέρως ήμϊν παραδοΰναι αύτάς τάς ήμέρας της ζωής ήμών άποδεκατώσαι καί οίονεί άφιερώσαι τώ Θεώ, ινα ούτως καί εύλογούμεθα έν τοϊς έργοις ήμών και έξιλεούμεθα καθ’ έκαστον έτος τάς αμαρτίας όλου τοΰ ένιαυτοΰ. Καί ψηφίσαντες ήγίασαν ήμϊν άπό τών τριακοσίων εξήκοντα πέντε ήμερών τοΰ ένιαυτοΰ ταύτας τάς έπτά εβδομάδας τών νηστειών · ούτω γάρ άφώρισαν επτά εβδομάδας. Άλλα οι Πατέρες τώ χρόνω συνεϊδον προστεθεϊναι αύταϊς καί άλλην μίαν εβδομάδα, άμα μέν διά τό προγυμνάζεσθαι καί οιον προομαλίζεσθαι τούς μέλλοντας είσελθεϊν είς τον κόπον τών νηστειών, άμα δέ καί τιμώντες τάς νηστείας τώ αριθμώ τής αγίας Τεσσαρακοστής ήν ένήστευσεν ό Κύριος ήμών. Αί γάρ όκτώ εβδομάδες, ύφαιρουμένων τών σαββάτων καί τών κυριακών, τεσσαράκοντα ήμέραι γίνονται, τιμωμένης καθ’ έαυτής τής νηστείας τοΰ αγίου Σαββάτου, διά τό είναι αύτην ίερωτάτην καί μόνην νηστείαν άπό πάντων τών σαββάτων τοΰ ένιαυτοΰ. Αί δέ επτά έβδομάδες χωρίς τών σαββάτων καί τών κυριακών γίνονται τριάκοντα πέντε ήμέραι ' λοιπόν προστιθεμένης τής νηστείας τοΰ αγίου Mss : ADEGHPTMi. 1. La plupart des Pères croyaient à l'institution du Carême par XV. DES SAINTS JEÛNES 159. Dans la Loi. Dieu avait, prescrit aux fils d’Israël d'offrir chaque année la dime de tous leurs biens (cf. Nombr. 18). Ce faisant, ils étaient bénis en toutes leurs œuvres. Les saints Apôtres, qui le savaient, déci­ dèrent. pour procurer à nos âmes un secours bienfaisant, de nous transmettre ce précepte sous une forme plus excellente et plus élevée, à savoir l'offrande de la dîme des jours memes de notre vie, autrement dit leur consé­ cration à Dieu, afin d’être, nous aussi, bénis dans nos œuvres et d'expier chaque année les fautes de l’année entière1. Ayant, fait le calcul, ils sanctifièrent pour nous, parmi les trois cent soixante-cinq jours de l’année, les sept semaines de jeûne. Car ils n’assignèrent au jeûne que sept semaines. Ce sont les Pères qui, par la suite, convinrent d’ajouter une autre semaine, à la fois pour exercer à l'avance et comme pour disposer ceux qui vont se livrer au labeur du jeûne, et pour honorer ces jeûnes par le chiffre de la sainte Quarantaine que Notre-Seigneur passa lui-même dans le jeûne. Car les huit semaines font quarante jours2, si l’on en retire les samedis et les dimanches, sans tenir compte du jeûne privilégié du Samedi-Saint, qui est sacré entre tous et l’unique jeûne du samedi dans l’année. Mais les sept, semaines, sans les samedis et les dimanches, font trente-cinq jours. En y les .Apôtres, v. g. S. Jérôme, Epitl. 41 ad Marc., n· 3 (éd. Labourt, l. 2, p. 88j ; S. Léon, Serm. VI de Quadrat). 2 (SC 49, p. 57). 2. Sur le caractère sacré du nombre quarante, cf. S. Basile, Hom. in Quadr. Martyr.: PG 31, 520 A. 448 ŒUVRES SPIRITUELLES 25 Σαββάτου καί του ήμίσεως τής λαμπρός καί φωτοποιοΰ νυκτός. γίνονται τριάκοντα έξ ήμισυ ημέρα'., οπερ έστι τό δέκατου τών τριακοσίων εξήκοντα πέντε ημερών του ενιαυτού μετά πολλής άκριοείας. Τών γάρ τριακοσίων τό δέκατόν έστι τριάκοντα, καί τών εξήκοντα τό δέκατου έξ, 30 καί τών πέντε τό δέκατου ήμισυ. ’Ιδού τριάκοντα έξ ήμισυ 1789 A ήμέραι, καθώς είπομεν ' αΰτη έστιν ή δεκατία. ώς άν είπη τις, παντός του ένιαυτοΰ, ήν ήγίασαυ ήμΐυ είς μετάνοιαν οί άγιοι απόστολοι, καθάρσιου ούσαυ τών άμαρτιών, δ;ς είπον, παντός τού ένιαυτοΰ. 160. ‘Όστις ούν φυλάττει έαυτόν καλώς καί ώς δει έν ταΐς άγίαις ήμέραις ταύταις, μακάριός έστιν, αδελφοί · καν γάρ ετυχεν αυτόν, ώς άνθρωπον, άμαρτήσαι είτε έξ ασθένειας είτε έξ άμελείας, άλλ’ ιδού έδωκεν ό Θεός τας 5 αγίας ημέρας ταύτας, ινα έάν σπουδάσει τις μετά νήψεως καί ταπεινοφροσύνης φροντίσαι εαυτού καί μετανόησα·, έν αύταϊς, καθαρθή άπό τών άμαρτιών όλου τού ένιαυτοΰ, καί λοιπόν αναπαύεται ή ψυχή αύτού άπό τού βάρους, καί ούτως καθαρώς προσέρχεται τή αγία ήμερα της άναστάσεως 10 και μεταλαμβάνει άκατακρίτως τών άγιων μυστηρίων νέος άνθρωπος γευόμενος διά της μετάνοιας τών άγιων νηστειών τούτων, καί μένει μετά χαράς καί ευφροσύνης πνευματικής, έορτάζων συν Θεώ πάσαν τήν αγίαν Πεντηκοστήν. Πεντη­ κοστή γάρ έστιν άνάστασις ψυχής, ώς λέγει · τούτου γάρ καί 15 σύμβολόν έστι τό μή κλίνειν ήμάς γόνυ έν τή έκκλησίφ πάσαν τήν αγίαν Πεντηκοστήν. Β 161. "Εκαστος ούν βέλων καθαρισθηναι άπό τών άμαρ­ τιών όλου τοΰ ενιαυτού διά τών ημερών τούτων, θέλει πρώτον μέν φυλάττειν έαυτόν άπό αδιαφορίας βρωμάτων. ΙβΟ. 14 τούτου: τούτο HPTMi. 1. On trouve le même calcul pour montrer que le Carême est la dîme de l’année, dune Cassihn, Conf. XXI, 25 (SC 64, p. 100). INSTRUCTIONS, XV, § 159-161 149 ajoutant le jeûne du Samedi-Saint et de la moitié constituée par la nuit glorieuse et lumineuse, on obtient trente-six jours et demi, ce qui est très exactement la dixième partie des trois cent soixante-cinq jours de l’année. Car le dixième de trois cents, c’est trente ; le dixième de soixante, six ; et le dixième de cinq, un demi : ce qui fait trente-six jours et demi, comme nous le disions1. C’est, pour ainsi dire, la dîme de toute l’année que les saints Apôtres ont consacrée ù la pénitence, pour purifier les fautes de l’année entière. 160. Heureux donc, frères, celui qui, en ces jours saints, se garde bien, et comme il convient ; car s’il lui est arrivé, comme homme, de pécher par faiblesse ou par négligence, Dieu a précisément donné ces saints jours, pour qu’eu s’occupant soigneusement de son âme avec vigilance et humilité, et en faisant pénitence pendant cette période, il soit purifié des péchés de toute l’année. Alors son âme est soulagée de son fardeau, il s’approche avec pureté du saint jour de la Résurrection, et, devenu un homme nouveau par la pénitence de ces saints jeûnes, il participe aux saints Mystères sans encourir de condamnation, il demeure dans la joie et l’allégresse spirituelle, célébrant avec Dieu toute la cinquantaine de la sainte Pâque, qui est, a-t-on dit, a la résurrection de l'âme2 », et c’est pour le marquer, que nous ne fléchissons pas le genou à l’église durant tout le temps pascal. 161. Quiconque veut être purifié des péchés de toute l’année au moyen de ces jours, doit d’abord se garder de l'indiscrétion dans la nourriture, car, selon les Pères3, 2. Évagrr, Sent. aux moines, 10 : éς δοκιμάζει καλώς τήν αύτου καί στοιχεϊ λοιπόν τώ ώρισμένω, ού διά τήν ήδονήν, άλλα σκοπώ τοΰ στησαι τήν δύναμιν τοΰ σώματος αυτου. Καί αύτό δέ ο λαμβάνει τις, όφείλει μετά εύχής λαμβάνειν καί κατακρίνειν εαυτόν έν τώ λογισμώ ώς ανάξιον δντα οίας δήποτε παρακλήσεως, καί μή προσέχειν έάν τινες κατά τινα, ώς είκός, χρείαν ή κατά ανάγκην θεραπεύονται, ίνα μή καί αύτός ζητη άνάπαυσιν ή νομίζη οτι έλαφρόν έστι τη ψυχή τό άναπαύεσθαι. 163. Ποτέ δντος μου έν τώ κοινοβίω, άπηλΟον έπισκέψασθαι ένα τών γερόντων — ήσαν γάρ έκ.εϊ πολλοί μεγάλοι γέροντες —, καί ευρίσκω τόν ύπηρετοΰντα αύτω αδελφόν τρώγοντα μετ* αύτοΰ, καί λέγω αύτω κατ’ ιδίαν * Οιδας, άδελφε, ούτοι οί γέροντες ούς βλέπεις τρώγοντας καί φησίν έχοντας μικράν θεραπείαν, δμοιοί είσιν άνθρώποις οΐτινες κτησάμενοι βαλάντιον, έμειναν έργαζόμενοι καί βάλλοντες εις τό βαλάντιον έκεϊνο, έως ού έγέμισαν αύτό, καί μετά τό σφραγϊσαι αύτό πάλιν είργάσαντο καί συνήξαν έαυτοϊς πρός άλλα χίλια νομίσματα, ίνα έν καιρω άνάγκης εύρωσι πόθεν έκβαλεϊν καί φυλάξωσι τά έν τώ βαλαντίω. Ούτως καί 163. 5 φησίν om. EG'l'Mi. I | I 1 j I I I , I 1 INSTRUCTIONS, XV, § 162-163 453 légitime du mariage et dans la fornication, l’acte est le meme, c'est l’intention qui fait la différence : dans le premier cas, on s’unit pour avoir des enfants, dans le second, pour satisfaire sa volupté. De même, dans l’usage de la nourriture, c’est une même action de manger par besoin et de manger par plaisir, mais le péché est dans l’intention. Il mange par besoin celui qui, s’étant fixé une ration journalière, la diminue, si, par l’alourdissement qu’elle lui cause, il se rend compte qu’il faut en retrancher quelque chose. Si au contraire cette ration, loin de l’alourdir, ne soutient pas son corps et doit être légèrement augmentée, il y ajoute un petit supplément. De cette manière, il évalue justement scs besoins et se conforme ensuite à ce qui a été fixé, non pour le plaisir, mais dans le but de maintenir la force de son corps. Cette nourriture, il faut aussi la prendre avec action de grâces, en se jugeant dans son cœur indigne d’un tel secours ; et si certains, par suite sans doute d’un besoin ou de quelque nécessité, sont l’objet de soins particuliers, on ne doit pas y prêter attention, ni rechercher soi-même du bien-être, ou seule­ ment penser que le bien-être est inoffensif pour l’âme. 163. Lorsque j’étais au monastère (de l’abbé Séridos), j’allai voir un jour l’un des vieillards — car il y avait là beaucoup de grands vieillards1. Je trouvai le frère chargé de le servir mangeant avec lui, et je lui dis à part : « Tu sais, frère, ces vieillards que tu vois manger et qui ont apparem­ ment un peu de soulagement, sont comme des hommes qui ont acquis une bourse et n’ont cessé de travailler et de mettre (de l’argent) dans cette bourse, jusqu'à ce qu’elle fût pleine. Apres l’avoir scellée, ils ont continué à travailler et se sont amassés encore mille autres pièces, pour avoir de quoi dépenser en cas de nécessité, tout en gardant ce qui se trouve dans la bourse. Ainsi ces vieillards 1. Cf. Dos. J, p. Γ22. 454 ŒUVRES SPIRITUELLES ούτοι έμειναν εργαζόμενοι καί θησαυρίζοντες έαυτοίς, καί μετά τδ σφραγϊσαι τούς θησαυρούς αύτών, εΐργάσαντο άλλα ολίγα, καί έχουσιν αυτά έν καιρώ άσθενείας ή γήρους, ίνα 15 άπ* αύτών έκδάλλωσιν, έκεϊνα δέ έχωσι τεθησαυρισμένα. ‘Ημείς δέ ακμήν ούδέ αύτδ τδ βαλάντιον έκτησάμεθα, πόθεν άναλίσκομεν ; Δια τούτο, ώς εϊπον, όφείλομεν, κάν εις χρείαν λαμοάνωμεν, κατακρίνειν εαυτούς ώς αναξίους παντοίας θεραπείας καί αύτής δέ της μοναδικής ζωής, καί D 20 μη μετά άδείας λαμβάνειν. Και ούτως ού γίνεται ήμϊν είς κατάκριμα. 5 10 I793A 15 164. Καί ταύτα μέν περί τής εγκράτειας τής γαστρός. Χρήζομεν δέ όμοίως μή μόνον τήν δίαιταν εαυτών φυ­ λάττειν, άλλα καί πάσης άλλης αμαρτίας άπέχεσθαι, ίνα ώσπερ νηστεύομεν τή κοιλία, ούτως νηστεύομεν καί τή γλώσση, άπεχόμενοι άπδ καταλαλιάς, άπδ ψεύδους, άπδ άργολογίας, άπδ λοιδορίας, άπδ οργής, άπδ πάσης απλώς αμαρτίας γινόμενης διά τής γλώσσης ' όμοίως νηστεύειν τοϊς όφΟαλμοϊς, τδ μή βλέπειν μάταια, τδ μή παρρησιάζεσθι διά τών οφθαλμών, μή προσέχειν τινί άναιδώς ’ όμοίο καί τάς χεϊρας καί τούς πόδας κωλύειν άπδ παντός πονηροί πράγματος ’ καί ούτως νηστεύοντες, ώς λέγει ό άγιος Βασίλειος, νηστείαν δεκτήν, άπεχόμενοι άπδ πάσης κακίας διά όλων τών αισθήσεων ήμών ένεργουμένης, προσερχώμεθα τή αγία ημέρα τής άναστάσεως, ώς ήδη είπαμεν, νέοι και καθαροί καί άξιοι τής μεταλήψεως τών αγίων μυστηρίο>ν, πρότερον έξελθόντες είς άπάντησιν τού Κυρίου ήμών καί δεξάμενοι αύτόν μετά βαίων καί κλάδων έλαιών καθήμενο’ έπί πώλω καί είσερχόμενον είς τήν αγίαν πόλιν. 164. 2 όμοίως : όμως T om. Mi. I. Cf. S. Jean Chrysostomr : PG 49, 53 : «Que non seulement la bouche jeûne, mois aussi l’œil, l'ouïe, les pieds, les mains et tous les autres membres du corps. · INSTRUCTIONS, XV, § 103-164 455 n’ont pas cessé de travailler et de s'amasser des trésors. Après les avoir scellés, ils ont continué à gagner quelques ressources, dont ils pourront se défaire au moment de la maladie ou de la vieillesse, tout en gardant leurs trésors. Mais nous, nous n’avons même pas encore gagné la bourse ; comment ferons-nous donc nos dépenses? » C'est pourquoi nous devons, je l’ai dit, même si nous prenons par besoin, nous juger indignes de tout soulagement, indignes même de la vie monastique, et prendre non sans crainte ce nécessaire. Et de la sorte, ce ne sera pas pour nous un motif de condamnation. 164. Voilà pour la tempérance du ventre. Mais nous ne devons pas seulement surveiller notre régime alimentaire, il faut éviter pareillement tout autre péché et jeûner aussi bien de la langue que du ventre, en nous abstenant de la médisance, du mensonge, du bavardage, des injures, de la colère, en un mot de toute faute qui se commet par la langue. Il nous faut également pratiquer le jeûne des yeux, en ne regardant pas de choses vaincs, en évitant la parrhesia de la vue, en ne dévisageant personne impudem­ ment. Il faut interdire de meme aux mains et aux pieds toute action mauvaise1. Pratiquant ainsi un jeûne agréable (à Dieu), comme dit saint Basile2, en nous abstenant de tout le mal qui se commet par chacun de nos sens, nous approcherons du saint jour de la Résurrection, renouvelés, purifiés et dignes de participer aux saints Mystères, comme nous l’avons dit déjà. Nous sortirons d'abord à la rencontre de Noire-Seigneur et nous l’accueillerons avec des palmes cl des rameaux d’olivier, tandis qu’assis sur un ânon, il fera son entrée dans la cité sainte (cf. Mc 11, 1-8; Jn 12, 13). 2. S. Basile, De jejunio hom. II, 7 : PG 31, 196 D. Cf In Is. 31 : PG 3ü, ISO D. 456 5 Β 10 15 20 ŒUVRES SPIRITUELLES 165. Τί θέλει είναι τό καθίσαι αύτόν έπι πώλφ ; Έπί πώλφ έκάθισεν, ίνα τήν άλογωθεϊσαν, ώς λέγει ό προφήτης, ψυχήν καί όμοιωθεϊσαν τοϊς κτήνεσι τοϊς άνοήτοις έπιστρέψη ό Λόγος τού Θεοΰ καί ύποτάξη αύτήν τή εαυτού θεότητι. Τί δέ έστι τό άπαντήσαι αύτω μετά βαιων καί κλάδων έλαιών ; 'Όταν εξέρχεται τις είς πόλεμον κατά τού άντιδίκου αύτοΰ και ύποστρέφει νικήσας, έκαστος τών ιδίων άπαντά αύτω μετά βαίων, ώς νικητή ' νίκης γάρ σύμβολόν έστι τό βαΐον. Πάλιν όταν τις αδικείται ύπό τίνος καί θέλει προσελθεϊν τω δυναμένω ποιήσαι τήν έκδίκησιν αύτοΰ, κλάδους έλαιών βαστάζει, βοών καί αϊτών έλεηθήναι καί τυχεϊν βοηθείας · αί έλαϊαι γάρ σύμβολόν είσι τού έλέους. Διά τούτο καί ήμεϊς άπαντώμεν τώ Δεσπότη ήμών Χριστώ μετά βαιων μέν ώς νικητή · αυτός γάρ ένίκησε τόν έχθρόν ύπέρ ήμών · μετά κλάδων δέ έλαιών, αίτοΰντες παρ’ αύτου έλεος, ίνα ώσπερ αύτός ένίκησεν ύπέρ ήμών, ούτως καί ήμεϊς νικήσωμεν δι’ αύτού αίτοΰντες καί εύρεθώμεν βαστάζοντες αύτοΰ τά νικητήρια, ού μόνον ύπέρ της νίκης ής ένίκησεν ύπέρ ήμών, άλλά καί ής ένικήσαμεν καί ήμεϊς δι’ αύτού εύχαϊς πάντων τών άγιων. ’Αμήν. 165. 4 ό : ώς GPMi. 1. Coci rappelle Origènc cl S. Grégoire de Nysse parlant de l'ûme, monture du Christ, chevauchée par le Verbe de Dieu : OntoùNE : PG 13, 130 D. S. Grégoire de Nyssb : PG 44, 813 A et 820-821. 2. Cf. Psbudo-Athanasb. Sermo in Ramos Palmarum: PG 26, INSTRUCTIONS, XV, § 165 457 165. « Assis sur un ânon », qu’est-ce à dire? Le Seigneur s’assied sur un ânon, afin que l’âme devenue, selon le Prophète (cf. Ps. 48, 21), stupide et semblable aux animaux sans raison, soit par lui, le Verbe de Dieu, convertie et soumise à sa divinité1. Et que signifie « aller à sa rencontre avec des palmes et des rameaux d’olivier»? Lorsque quelqu’un est aile guerroyer contre son ennemi et revient victorieux, tous les siens vont à sa rencontre avec des palmes (pour l’accueillir) en vainqueur. La palme est en effet symbole de victoire. D’autre part, quand quelqu’un subit une injustice et veut avoir recours à qui peut le venger, il porte des branches d’olivier, en criant pour implorer miséricorde et assistance, car les oliviers sont un symbole de miséricorde2. Nous irons donc, nous aussi, à la rencontre du Christ Notre Seigneur avec des palmes, comme au-devant d’un vainqueur, puisqu’il a vaincu l’ennemi pour nous, et avec des rameaux d’olivier pour implorer sa miséricorde, afin que, comme il a vaincu pour nous, nous soyons, nous aussi, victorieux par lui en l’implorant et que nous nous trouvions arborant ses emblèmes de victoire, en l’honneur non seulement de la victoire qu’il a remportée pour nous, mais aussi de celle que nous aurons remportée par lui, grâce aux prières de tous les saints. Amen. 1313 A, ou l’on retrouve presque textuellement la même interpré­ tation. Mais ce sermon est-il antérieur ou postérieur à Dorothée ? Ι<Γ. ΕΡΜΗΝΕΙΑ ΤΙΝΩΝ ΡΗΤΩΝ ΤΟΥ ΑΓΙΟΥ ΓΡΗΓΟΡΙΟΥ ΨΑΛΛΟΜΕΝΩΝ ΜΕΤΑ ΤΡΟΠΟΥΕΙΣ ΤΟ ΑΓΙΟΝ ΠΑΣΧΑ 1821 Β 5 C 10 15 ιθθ Ήδέως έλάλουν ύμιν ολίγα περί τών ψαλμών ών ψάλλομεν, ίνα μή άπομετεωρίζεσθε πρός τό μέλος, άλλ’ ίνα καί αύτός ό νους ύμών κατά άναλογίαν συμποιοΰται τή δυνάμει τών λόγων. Τί ούν έψάλλομεν άρτι ; Άναστάσεως ήμερα · καρποφορήσω μεν ήμας αύτούς. ’Επειδή τό παλαιόν οί υίοί ’Ισραήλ έν ταϊς έορταϊς ήγουν πανηγύρεσι προσέφερον δώρα τώ Κυρίω κατά νόμον, olov θυσίας, ολοκαυτώματα, άπαρχάς, καί οσα τοιαύτα, παραινεί καί ήμιν ό άγιος Γρηγόριος έορτάσαι ώσπερ έκείνοι τώ Κυρίω, καί παρακ.ελεύεται λέγων · Άναστάσεως ήμερα ' άντί τού αγίας εορτής ημέρα, θείας πανηγύρεως ήμερα, τοΰ Πάσχα Χριστού ήμερα. Τί έστι Πάσχα Χριστού ; Τό Φασέχ έποίησαν οί υίοί ’Ισραήλ, ότε έξήλθον έκ γης M8S : AU EG Μ i 166. 3 συμποιοΰται ; συμπείΟηται E (p. corn) συμποΟήται G συμπεπύρωτα·. Mi || 15 οί om. ADMi. 1. S. Petbiobs a retrouvé ces paroles de S. Grégoire de Nazianze duns l’homélie sur la fêle do Piques, prononcée en 382, et il a recons­ titué le tropaire chanté du temps de Dorothée : Bysantinische Zeitschrift, 1904, p. 421-423. En voici le texte : Άναστάσεως ήμέρα ’ καρποφορήσωμεν ήμας αύτούς το τιμιώτατον Θεω κτήμα XVI. EXPLICATION DE QUELQUES PAROLES DE SAINT GRÉGOIRE CHANTÉES POUR LA SAINTE PÂQUE1 166. Volontiers, je vous dirais quelques mots sur les strophes que nous chantons, pour que vous ne soyez pas distraits par la mélodie, mais pour que votre esprit luimême se mette d'accord avec le sens des paroles. Que venons-nous donc de chanter? « C’est le jour de la Résurrection, « Faisons de nous-mêmes une offrande2. » Autrefois, dans leurs fêtes ou leurs assemblées, les fils d’Israël présentaient des dons au Seigneur, selon la Loi : sacrifices, holocaustes, offrandes de prémices, etc. Saint Grégoire nous exhorte à faire, comme eux, une fête au Seigneur ; il nous y invite en disant : « C’est le jour de la Résurrection », autrement dit, c’est le jour de la fête sainte, c’est le jour de la divine assemblée, c’est le jour de la Pâque du Christ. Qu’est-ce que la Pâque du Christ? Les fils d’Israël accom­ plirent la Pâque, le «passage», quand ils sortirent d’Égypte, καί οίκειότατον · άποδώμεν τή clxôvi τό κατ’ εικόνα ’ γνωρίσωμεν ήμών τό αξίωμα ' τιμήσωμεν τό Αρχέτυπον ' γνώμεν του μυστηρίου τήν δύναμιν καί ύπέρ τίνος Χριστός ά-έΟανεν. 2. S. GaftcoiRE de Ναζιλνζε : Oral. I, I et I : PG 35, 396 A et 397 B. •1G0 ŒUVRES SPIRITUELLES ΑΙγύπτου ' τδ δέ νυν Πάσχα δ προτρέπεται ημάς ό άγιος έορτάσαι, ή ψυχή έπιτελεϊ, ή έξέρχεται άπδ της νοητής Αίγύπτου, τοΰτ’ έστι της αμαρτίας. "Οτε γάρ διαβαίνει ή ψυχή άπδ της αμαρτίας πρδς τήν αρετήν, τότε ποιεί τδ 20 Φασέχ τφ Κυρίω, ώς εΐπεν Εύάγριος · Πάσχα Κυρίου, διάβασις άπδ κακίας. D ό 10 1821 Λ 15 20 Β 167. Σήμερον ούν Πάσχα Κυρίου, λαμπράς έορτής ήμέρα, τής Χρίστου άναστάσεως ήμέρα, τού τήν αμαρτίαν άνασταυρώσαντος καί ύπέρ ήμών άποΟανόντος καί άναστάντος. Προσενέγκωμεν ούν καί ημείς δώρα τω Κυρίφ Ουσίας, όλοκαυτώσεις, μή αλόγων ζώων, ών Χριστός ού βούλεται · Ουσίαν γάρ καί προσφοράν αλόγων ούκ ήΟέλησας καί ολοκαυτώματα μόσχων καί προβάτων ούκ εύδόκησας. Καί ό Ιίσαίας λέγει ' Τί μοι πλήθος τών Ουσιών ύμών ; λέγει Κύριος, καί τά εξής. ’Αλλ* έπεί ό ’Αμνός τοΰ Θεοΰ έτύθη ύπέρ ήμών, κατά τόν Απόστολον λέγοντα ’ Καί γάρ τδ Πάσχα ήμών ύπέρ ήμών έτύθη Χριστός, ίνα άρη τήν αμαρτίαν τοΰ κόσμου, καί Κατάρα ύπέρ ήμών γέγονε κατά τδ γεγραμμένον ' ’Επικατάρατος πας δ κρεμάμενος επί ξύλου, ίνα ήμας έξαγοράση έκ τής κατάρας τοΰ νόμου, καί ίνα τήν υιοθεσίαν άπολάοωμεν · όφείλομεν καί ήμείς τί ποτέ άρέσκον αύτώ προσενέγκαι τών δώρων ήμών. Ποιον ούν δώρον ή ποίαν θυσίαν όφείλομεν προσενέγκαι τω Χριστώ έν τη της άναστάσεως ήμερα, ϊνα άρέση αύτώ, επειδή ού βούλεται αλόγων ζώων θυσίας ; Αύτδς πάλιν δ άγιος καί τοΰτο διδάσκει ήμας * είπών γάρ ' Άναστάσεως ήμέρα έπήγαγε ' Καρποφορήσωμεν ήμας αύτούς * 187. 1G τών δώρων : τδ δώρον AD δώρον Mi. 1. Cf. Évaoru, <7σιί. V, 88 cl Vf, 49 : PO 28, p. 212 cl 23G. INSTRUCTIONS, XVI, § 166-167 461 mais maintenant la Pâque que saint Grégoire nous demande de célébrer, c'est celle que réalise l’àme qui sort de l'Égypte spirituelle c’est-à-dire du péché1. Quand elle passe en effet du péché à la vertu, elle accomplit le a passage » en l'honneur du Seigneur, selon le mot d’Évagre : « La Pâque du Seigneur, c’est la sortie du mal2. » 167. C’est donc aujourd’hui la Pâque du Seigneur, jour de fete resplendissante, c’est le jour de la Résurrection du Christ, qui a cloué le péché à la croix, qui est mort pour nous et qui est ressuscité. Apportons, nous aussi, des dons au Seigneur, offrons sacrifices et holocaustes, non toutefois de bêtes sans raison, dont le Christ ne veut pas. Car il est écrit : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande d’animaux, et tu n'as pas agréé les holocaustes de génisses et de brebis» (Héb. 10, 5-6 ; cf. Ps. 39, 7). Et dans Isaïe : « Que me fait la mult itude de vos sacrifices ? dit le Seigneur...» (Is. 1, 11). Mais puisque l’Agneau de Dieu a été immolé pour nous, comme le dit l’Apôtre : «Le Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous» (I Cor. 5, 7), afin d'enlever le péché du monde, et puisqu’* il s’est fait pour nous malédiction, selon la parole : Maudit quiconque est pendu au bois, afin de nous racheter de la malédiction de la Loi » (Gai. 3, 13) et de « faire de nous des fils » (Gai. 4, 5), nous devons à notre tour lui offrir un don qui lui plaise. Mais pour plaire au Christ, quel don, quel sacrifice devons-nous lui offrir en ce jour de la Résurrection, puisqu’il ne veut pas de sacrifices d’animaux sans raison? Saint Grégoire encore nous l’apprend, car après avoir dit : <· C’est le jour de la Résurrection », il ajoute : ·· Faisons de nous-mêmes une offrande. » 2. Évagre, Sent. aux moines, 40 : TU 39, p. 156 {PG 40, 1279). •162 ŒUVRES SPIRITUELLES ώς λέγει καί ό ’Απόστολος ' Παραστήσατε τά σώματα 55 υμών Ουσίαν ζώσαν, αγίαν, ευάρεστον τω Θεώ, τήν λογικήν λατρείαν ύμών. 5 10 <- 15 20 25 D 168. Πώς οδν δφείλομεν παραστησαι τα σώματα ήμών Ουσίαν ζώσαν, αγίαν τώ Θεώ ; Τω μηκέτι ποιεϊν τα θελήματα τής σαρκος και τών διανοιών ήμών, άλλα πνεύματι περιπατεϊν και επιθυμίαν σαρκός μή έκτελεϊν. Τούτο γάρ έστι τό νεκρώσαι τα. μέλη τά επί της γης. Αΰτη λέγεται θυσία ζώσα, αγία καί εύάρεστος τώ Θεώ. Διά τί δέ λέγεται Ουσία ζώσα ; Έπειδή τδ άλογον τδ είς θυσίαν άπαγόμενον έν ταύτώ θυσιάζεται καί αποθνήσκει. Οι δέ άγιοι έαυτούς καρποφοροΰντες τώ Θεώ, ζώντες θυσιάζουσι έαυτούς καθ’ έκάστην ήμέραν, ώς λέγει ό Δαβίδ ' "Οτι ένεκα σου θανατούμεθα ολην τήν ήμέραν, έλογίσθημεν ώς πρόβατα σφαγής. Τούτό έστιν ο λέγει δ άγιος Γρηγόριος * Καρποφορήσωμεν ήμάς αύτούς, τοΰτ’ έστι Ουσιάσοιμεν ήμάς έαυτούς, Οανατώσωμεν έαυτούς όλην τήν ήμέραν, καθάπερ καί οι άγιοι πάντες, ένεκενι Χριστού τοΰ Θεοΰ ήμών, ένεκεν τοΰ ύπέρ ήμών άποθανόντος. Πώς δέ έΟανάτωσαν έαυτούς ; Μή άγαπήσαντες τδν κόσμον μηδέ τά έν τώ κόσμω, καθώς λέγει έν ταϊς καθολικαϊς ’ άλλ’ άποταξάμενοι τή έπιθυμία τής σαρκος καί τή έπιθυμία; τών δφθαλμών καί τή άλαζονεία τού βίου, τοΰτ’ έστι φιληδονίας, φιλαργυρίας, κενοδοξίας, καί άραντες τδν σταυρόν· καί άκολουθήσαντες τώ Χριστώ καί τδν κόσμον έαυτοϊς σταυρώσαντες καί έαυτούς τώ κόσμφ. Περί τούτου λέγει| δ ’Απόστολος . 01 δέ τοΰ Χριστού ’Ιησού τήν σάρκα έσταύρωσαν σύν τοϊς παθήμασι καί ταϊς έπιθυμίαις. Ιδού ούτως έΟανάτωσαν έαυτούς οί άγιοι. 169. Πώς δέ καί ^καρποφόρησαν έαυτούς ; Μή ζήσαντεςί έαυτοϊς, αλλά ταϊς έντολαϊς τοΰ Θεού έαυτούς καταδουλωσαντες καί αφέντες τά θελήματα αύτών τή έντολή καί τή άγάπη τού Θεού καί τού πλησίον, καθώς εϊπεν δ άγιος; INSTRUCTIONS, XVI, § 167-169 463 L’Apôtre dit pareillement : a Offrez vos corps en victime vivante, sainte, agréable à Dieu : te! est le culte que la raison demande de vous» (Rom. 12, 1). 168. Comment devons-nous donc offrir à Dieu nos corps en victime vivante et sainte? En ne faisant plus «les volontés de la chair et de nos pensées » (Éphés. 2, 3), mais a en marchant selon l'esprit, sans accomplir les désirs charnels » (Gai. 5, 16). Car c’est cela a mortifier les membres terrestres » (Col. 3, 5). Et cette victime, on la dit « vivante, sainte et agréable à Dieu ». Pourquoi l’appelle-t-on a victime vivante»? Parce que l’animal destiné au sacrifice est égorgé et meurt au même instant, tandis que les saints qui s’offrent eux-mêmes à Dieu, se sacrifient tout vivants chaque jour, comine le dit David : « Pour toi, nous sommes livrés à la mort tout le jour, assimilés à des brebis de boucherie » (Ps. 43, 22). C’est ce que dit saint Grégoire : « Faisons de nous-mêmes une offrande. » C’est-à-dire sacrifions-nous, donnons-nous la mort tout le jour, comme tous les saints, pour le Christ notre Dieu, pour lui qui est mort pour nous. Mais comment les saints se sont-ils donné la mort? « En n’aimant pas le monde ni ce qui est dans le monde », disent les Épîtres catholiques (I Jn 2, 15), en renonçant à « la convoitise de la chair, à la convoitise des yeux et à l’orgueil de la vie » (I Jn 2, 16), c’est-à-dire à l’amour du plaisir, à l’amour de l’argent et à la vaine gloire, en prenant la croix et en suivant le Christ (cf. Mailh. 16, 24), en crucifiant le monde à eux-mêmes et en se crucifiant au monde (cf. Gai. 6, 14). A ce sujet, ΓApôtre dit : a Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié la chair avec scs passions et ses convoitises » (Gai. 5, 24). Voilà comment les saints se sont donné la mort. 169. Mais comment se sont-ils offerts? En ne vivant pas pour eux-memes et en se soumettant aux commandements divins, en renonçant à leurs volontés pour le commande­ ment et l’amour de Dieu et du prochain, a Voici que nous 464 ŒUVRES SPIRITUELLES 5 Πέτρος . ’Ιδού ημείς άφήκαμεν πάντα καί ήκολουθήσαμέν σοι. Τί άφηκε ; Μή γάρ χρήματα εΐχεν ή κτήματα ή χρυσίον ή άργύριον · μόνην είχε τήν σαγήνην καί αύτήν πεπαλαιωμένην, ώς είπεν ό άγιος ’Ιωάννης ό Χρυσόστομος, καί άφήκεν, ώς είπε, πάντα τά θελήματα αύτοΰ, πάσαν προσπά10 θειαν του αίώνος τούτου, ως είναι δήλον οτι καί χρήματα εί 1825 Λ είχεν ή περιουσίαν, κάκείνων κατεφρόνει, καί άρας τόν σταυρόν, ήκολούθησε τφ Χριστώ κατά τό Ζώ δέ, ούκ.έτι εγώ, ζή δέ έν έμοί Χριστός. ’Ιδού ούτως έκαρποφόρησαν έαυτούς οί άγιοι νεκρώσαντες έαυτούς, ώς εϊπομεν, άπό 15 πάσης προσπάθειας καί ίδιου θελήματος, καί μόνφ Χριστώ καί ταίς έντολαίς αύτοΰ ζήσαντες. 170. Ούτως ούν καί ημείς καρποφορήσωμεν ημάς αυτούς, ώς διδάσκει ό άγιος Γρηγόριος ’ ήμάς γάρ θέλει τό τιμιώτατον Θεω κτήμα. 5 ’Αληθώς πάντων τών δρωμένων κτισμάτων τιμιώτερον ό άνθρωπος. Εκείνα μέν γάρ λόγω παρήγαγεν ό δημιουργός είπών · Γενηθήτω τόδε, καί έγένετο ' καί πάλιν ’ ’Εξαγαγέτω ή γή τόδε, καί έγένετο · καί ' ’Εξαγαγέτω τά ΰδατα ' καί βσα τοιαΰτα. Τόν δέ άνθρωπον ίδίαις χερσίν έπλασε καί Β 10 κατεκόσμησε · καί πάντα μέν έκεϊνα είς ύπηρεσίαν καί άνάπαυσιν τοΰ ανθρώπου έταξεν, αύτόν δέ καί βασιλέα τούτων πάντων κατέστησε καί της τρυφής τοΰ παραδείσου άπολαύειν έποίησε. Καί τό Οαυμασιώτερον, βτι καί έκπεσόντος αύτοΰ έκείθεν διά ιδίας αμαρτίας, πάλιν διά τοΰ 15 αίματος τοΰ μονογενούς αύτοΰ Υίοΰ άνεκαλέσατο, ώστε 169. 7 μόνην : έκείνην Λ έκείνων DE om. Mi. 170. 4 Θεφ : τοΰ Θεοΰ Mi om.D. 1. S. Jean Chrysostome, Hom. Vil in Kom.: PG 60, 452. Cf. Cassien, Conf. Ill, 10 (.SC 42, p. 153). 2. Cf. Apopht. Ammon as 11 [PG 65, 124 A) où Γ» Eccc reliquimus omnia... > est aussi interprété comme signifiant le retranchement des volontés propres pour Dieu. INSTRUCTIONS, XVI, § 109-170 465 avons tout quitté et que nous t’avons suivi », disait saint Pierre (Mallh. 19, 27). Qu’avait-il quitté? Il n’avait ni biens, ni richesses, ni or, ni argent. Il ne possédait que son filet, et encore était-il tout usé, remarque saint Jean Chrysostomc1. Mais il a renoncé, comme il le dit, à toutes ses volontés2, à toute convoitise de ce inonde, et il est évident que s’il avait eu richesses ou superflu, il les aurait aussi méprisés. Puis, prenant sa croix, il a suivi le Christ, selon cette parole : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi» (Gai. 2, 20). Voilà comment les saints se sont offerts, mortifiant en eux-mêmes toute convoitise et toute volonté propre, et vivant pour le Christ seul et ses commandements. 170. De cette manière donc, nous aussi « Faisons de nous-mêmes une offrande » comme nous y exhorte saint Grégoire. Il veut en effet que nous soyons « La chose la plus précieuse de Dieu3. » Oui, vraiment, de toutes les créatures visibles, l'homme est la plus précieuse. Les autres, le Créateur les fit exister d’une parole : « Que cela soit ! » et cela fut. « Que la terre paraisse ! » et elle parut. Que les eaux se montrent, etc. (Cf. Gen. 1, 3, 11, 20). Mais l’homme, il le façonna et le forma de ses propres mains4, il ordonna à son service et ά son bonheur toutes les autres créatures, faisant de lui leur roi, et il lui procura la jouissance des délices du Paradis (cf. Gen. 2). Et, chose plus admirable encore, quand par sa propre faute l’homme fut déchu de cette condition. Dieu l’y ramena par le sang de son Fils unique. Ainsi de 3. S. Grégoire de Nazianzb : Oral. I, 1 : PG 35, 397 B. Les autres paroles de S. Grégoire commentées ensuite se trouvent dans le même paragraphe Μί ί| τδ κατ’ clzôva om. ADE.Mi. INSTRUCTIONS, XVI, $ 171-172 4G9 et à l’image de qui nous avons été créés. Ne méconnaissons pas les dons magnifiques qui nous sont venus de Dieu en vertu de sa seule bonté, et non de nos mérites. Sachons que nous sommes à l’image du Dieu qui nous a faits. « Honorons l’archétype. » N’insultons pas à l’image de Dieu selon laquelle nous avons été formés. Quel homme voulant peindre le portrait d’un roi oserait y mettre de la couleur défraîchie? Ce serait mépriser le souverain et s’attirer un châtiment1. Il n’emploie au contraire que des couleurs précieuses et éclatantes, vraiment dignes du portrait royal, y ajoutant même parfois des feuilles d’or. Il s’efforce d’y mettre, autant qu’il est possible, tous les ornements du roi, afin qu’en voyant ce portrait parfaitement ressemblant, on croic voir le modèle, le roi lui-même, tellement l’image est magnifique et éclatante. Nous aussi, gardons-nous de déshonorer notre archétype. Nous sommes à l’image de Dieu. Rendons notre image pure et précieuse, digne de l'archétype. Car si l'on châtie celui qui a déshonoré le portrait d’un roi, qui n’est pourtant qu'un être visible et de la même race, que ne devrons-nous pas souffrir, si nous méprisons l’image divine en nous et ne lui rendons pas sa pure qualité d’image, comme le demande saint Grégoire? Honorons donc l’archétype. 172. « Sachons le sens du mystère, « et pourquoi le Christ est mort, n Le sens du mystère de la mort du Christ, le voici : nous avions effacé par le péché notre qualité d’image, et nous nous étions ainsi donné la mort, comme dit l’Apôtre, c par nos transgressions et nos fautes » (Éphés. 2, 1). Mais Dieu qui nous avait faits à son image, fut ému de compassion pour sa créature et son image, il se fit homme 1. Ci. S. GRéGOinii DK Nyssk : PG 4G, 245 A. S. Nu, Episl. I, 247 : PG 79, 173 B. Γ 470 ŒUVRES SPIRITUELLES καί τδν ύπέρ πάντων κατεδέξατο θάνατον, ινα ήμάς τούς 10 νεκρωΟέντας έπαναγάγη πρδς τήν ζωήν, έξ ής έξεπέσαμεν διά τής παραβάσεως. Αύτός γάρ έν τώ άγίω αύτού σταυρώ άναβάς και άνασταυρώσας τήν αμαρτίαν, δι’ ήν καί έξεβλήθημεν έκ τού παραδείσου, ήχμαλώτευσεν αιχμαλωσίαν, καθώς γέγραπται. Η· D 20 25 30 Τί έστιν ήχμαλώτευσεν αιχμαλωσίαν ; 'Ότι άπό τής παραβάσεως τού Άδάμ ήχμαλώτευσεν ήμάς ό εχθρός καί ύποχειρίους ε'ίχεν ήμάς. Λοιπόν ούν έξερχόμεναι αί ψυχαί άπό τού σώματος τών άνθρώπων είς τδν άδην άπήεισαν · έκέκλειστο γάρ δ παράδεισος. Άναβάς ούν δ Χριστός είς τό ύψος τού αγίου καί ζωοποιού σταυρού, τής αιχμαλωσίας ής ήχμαλώτευσεν ό εχθρός διά τής παραβάσεως, έρρύσατο ήμάς διά τού ίδιου αίματος, τούτ’ έστιν άφήρπασε πάλιν ήμάς έκ τής χειρδς τού έχΟρού καί οίονεί άντηχμαλώτευσεν ήμάς νικήσας καί καταβολών τδν αίχμαλωτεύσαντα ήμάς. Διά τούτο λέγεται αίχμαλωτίζειν αιχμαλωσίαν ' αύτη έστιν ή δύναμις τού μυστηρίου ' διά τούτο ο Χριστός ύπέρ ήμών άπέθανεν, ινα ήμάς τούς νεκρωΟέντας, ώς είπεν δ άγιος, έπαναγάγη πρδς τήν ζωήν. ’ΕρρύσΟημεν ούν έκ τού άδου διά τής φιλανθρωπίας τού Χριστού καί έν ήμϊν έστι τδ άπελΟείν είς τδν παράδεισον. Ούκέτι γάρ τυραννεϊ καθώς τδ πρότερον, ούδέ έχει δεδουλωμένους ήμάς δ εχθρός. 173. Μόνον φροντίσωμεν, αδελφοί, καί φυλάξωμεν έαυτους 1829 Λ άπό τής κατ’ ένέργειαν αμαρτίας. Προεΐπον γάρ ύμίν πολλάκις δτι πάσα ή κατ’ ενέργειαν αμαρτία πάλιν ύποχει­ ρίους ήμάς ποιεί τώ έχθρώ, έπειδή έκόντες έαυτούς καταδάλ5 λομεν καί καταδουλούμεν εαυτούς. Ούκ έστι γάρ αισχύνη καί μεγάλη ταλαιπωρία μεθ’ Ô έλυτρώσατο ήμάς έκ τού 172. 21 ής : ήμάς ής D ής ήμας Mi || 31 δ έχΟρός om. ADMi. 173. 4 τω εχΟρφ om. ADMi || 5 έαυτούς om. AGMi. INSTRUCTIONS, XVI, § 172-173 471 à cause de nous et accepta la mort pour tous, afin de nous ramener, nous qui étions morts, à la vie dont nous étions déchus par la transgression. Lui-même, monté sur sa sainte croix et crucifiant le péché, qui nous avait valu d’etre chassés du Paradis, « emmena captive la captivité », comme dit l’Écriture (Ps. 67, 19 ; Éphés. 4, 8). σ Emmena captive la captivité», qu’est-cc à dire? Par suite de la transgression d’Adam, l’ennemi nous avait rendu captifs et nous tenait en son pouvoir1. A la sortie du corps, les âmes humaines s'en allaient dès lors en enfer, puisque le Paradis était fermé. Mais le Christ, monté en haut de la croix sainte et vivifiante, nous tira par son propre sang de la captivité, à laquelle l’ennemi nous avait réduits par la transgression. En d’autres termes, il nous arracha des mains de l’ennemi et, à son tour, nous emmena pour ainsi dire en captivité, après avoir vaincu et renversé celui qui nous tenait captifs. Voilà ce que signifie < emmener captive la captivité ». Tel est a le sens du mystère » : le Christ est mort pour nous, afin de nous ramener à la vie, nous qui étions morts, comme dit le saint*. Nous avons été arrachés à l’enfer par l’amour du Christ, et il est désormais en notre pouvoir de rentrer en Paradis. Car l’ennemi n’est plus notre maître et ne nous tient plus en esclavage comme auparavant. 173. Soyons seulement attentifs, frères, et gardons-nous d’accomplir le péché. Je vous ai dit souvent123 que tout péché accompli nous rend de nouveau esclaves de l’ennemi, puisque de plein gré nous nous abaissons et nous asservissons nous-mêmes. N’est-ce pas une honte et un grand malheur d’aller de nouveau nous jeter en enfer, après que le 1. Cf. OrigÈne, /rt Ex. VI, 9 : GCS, t. 6, p. 200-201. 2. Cf. Psbudo-Basii.f. (Évaghe), Lettre, la huitième des lettres de S. Basile PG 32, 256 A (èd. Courtonnc, p. 28-29). 3. Cf. plus haut § 7, p. 156 ; § 108, p. 348 ; § 142, p. 408. 472 ŒUVRES SPIRITUELLES άδου ό Χρίστος διά του ιδίου αίματος καί μεΟ’ δ άκούομεν ταΰτα πάντα, έάν πάλιν άπέλΟωμεν καί έμβάλλωμεν εαυτούς εις τόν άδην ; ΤΑρα ούκ έσμέν άξιοι καί έτι χείρονος καί 10 έλεεινοτέρας κολάσεως ; Ό Θεός ο φιλάνθρωπος ελεήσει ήμας καί δώσει ήμΐν νήψιν του συνιέναι και. βοηθήσαι έαυτοίς, ίνα εύρωμεν μικρόν έλεος έν τή ήμέρ? κρ·.σ<,ως. , 173. 7 ό Χριστός oui. ADEMi || 12 έν oin. ADEMi. λϋέρα τής κρίσβως ■· p' INSTRUCTIONS, XVI, § 173 473 Christ nous en a délivrés par son sang et que nous avons appris tout cela? Ne soinmes-nous pas dignes d’un châti­ ment encore plus terrible et plus pitoyable? Que Dieu dans son amour ait. pitié de nous et nous donne d’avoir l’esprit éveillé pour comprendre et nous aider nous-mêmes, afin de trouver un peu de pitié au jour du jugement ! ΙΖ'. ΕΡΜΗΝΕΙΑ ΤΙΝΩΝ ΡΗΤΩΝ TOT ΑΓΙΟΥ ΓΡΗΓΟΡΙΟΤ ΨΑΛΛΟΜΕΝΩΝ ΕΙΣ ΤΟΥΣ ΑΓΙΟΥΣ ΜΑΡΤΥΡΑΣ Β 174. Δ·.ά τούτο καλόν έστιν, άδελφοί, τδ ψάλλειν έκ τών λόγων τών αγίων Οεοφόρων, έπειδή πανταχου σπουδάζουσιν άει διδάσκειν ημάς πάντα τα συντείνοντα προς φωτισμόν τών ψυχών ήμών ’ έν οις καί πρόκειται ήμίν έξ αύτών τών 5 προσφορών λόγων καί αύτήν τήν δύναμιν της έπιτελουμένης μνήμης άει μανθάνειν, είτε Δεσποτική έστιν εορτή, είτε αγίων μαρτύρων, είτε πατέρων, είτε απλώς οία δήποτε αγία καί περιφανής ήμερα. Όφείλομεν ούν και ημείς μετά νήψεως ψάλλειν καί τιΟέναι τον νουν ήμών είς τήν δύναμιν 10 τών λόγων τών άγιων, ίνα μή μόνον τδ στόμζι, καθώς λέγει είς τδ Γεροντικόν, άλλ’ ίνα καί ή καρδία ήμών μετά του στόματος ψάλλη. Έμάθομεν έκ τοΰ προτέρου ψαλμοΰ δλίγα κατά τήν δύναμιν ήμών περί του αγίου Πάσχα ' C ίδωμεν πάλιν τί θέλει διδάξαι ήμας καί περί τών αγίων Mss : ADEMi Til. ΤΙΝΩΝ : ΤΩΝ EMi. 174. 1 άδελφοί om. AMi || 11 άλλ’ ίνα: άλλά Λ Μ i. 1. Cf. S. Petrioes : Byzanlinische Zeitschrift 1901, p. 425-427, où sont indiquées les références de saint Grégoire de Nazianze, avec le texte du tropnire : Ίερεΐα έμψυχα, ολοκαυτώματα λογικά, μάρτυρες Κυρίου, θύματα τέλεια Θεοΰ, XVII. EXPLICATION DE QUELQUES PAROLES DE SAINT GRÉGOIRE CHANTÉES POUR LES SAINTS MARTYRS1 174. 11 est bon, frères, de chanter des extraits des saints theophores, puisqu'ils ont partout et toujours le souci «le nous enseigner tout ce qui concourt à l’illumination de nos âmes. Nous y trouvons aussi l’occasion d’apprendre chaque fois par des paroles appropriées le sens même de l’anniversaire que l’on célèbre, qu’il s'agisse d’une fête du Seigneur, des saints martyrs ou des Pères, bref de n’importe quelle solennité sainte. Nous devons donc chanter avec attention et appliquer notre esprit à la signification des paroles des saints, pour que ce ne soit pas seulement la bouche qui chante, comme dit le Gironticon, mais notre cœur avec notre bouche2. Nous avons appris du chant précédent, selon notre pouvoir, quelques petites choses sur la sainte Pâque. Voyons maintenant ce que saint Grégoire veut aussi nous enseigner sur les saints martyrs. Il est dit Θεόν γονώσκοντα καί Θεώ γινωσκόμενα πρόβατα, ών ή μάνδρα λύκους άνεπίβατος» πρεσδεύσατε καί ήμας συμποιμανΟηναι ύμίν έπί ΰδατος αναπαύσεων. 2. Apophl. Élie 6 : PG 65, 181 C. Cf. Évache, SmL aux · ier ται : λαμβάνονται δέ Λ λαμβάνονται γάρ είς ταύτην αί χείρες D λαμβάνονται δέ είς ταύτην αί χεϊρες Mi | 9 ούν : δέ AD om. Mi || 10 τοίνυν : ούν ADMi || τήν’ om. ADMi || 11 πραξιν om. ADMi. 1. Cf. plus haul $ 15, |>. 170, n. I. 2. CL Cassikn, Conf. XI1, 5 (SC 54, p. 127). | | ( ί ι INSTRUCTIONS, XVII, § 175-176 479 holocauste. C’est ainsi que les fils d’Israël accomplissaient les sacrifices et les holocaustes selon la Loi. 176. Mais ces sacrifices et holocaustes étaient les symboles des âmes qui veulent être sauvées et s’offrir à Dieu. Je vais vous dire à ce sujet quelques-unes des idées qu’ont exprimées les Pères, afin qu’en les apprenant, vous éleviez un peu vos pensées et engraissiez vos âmes. L’épaule, disent-ils, représente la vigueur, et les mains, l’action, comme nous l’avons dit une autre fois1. L'épaule étant donc la force de la main, on offrait la force de la main droite, c’est-à-dire la pratique des bonnes œuvres, car la droite signifie pour les Pères le bien2. Quant à toutes les autres parties dont nous avons parlé, le lobe du foie, les deux reins et leur graisse, la hanche et la graisse des cuisses, le cœur, les côtes et le reste, ce sont également des symboles. « Toutes ces choses, dit l’Apôtrc, leur advinrent en figure, et elles furent écrites pour notre instruction » (I Cor. 10, 11). Je vais vous en donner l’expli­ cation. L’âme, selon saint Grégoire, est formée de trois parties3 ; elle comprend en effet la puissance appétitive, la puissance irascible et la puissance raisonnable. On offrait donc le lobe du foie. Or, les Pères ont vu dans le foie le siège des désirs4. Le lobe étant l’extrémité supérieure du foie, on offrait ainsi symboliquement la partie la plus haute de la puissance appétitive, autrement dit ses prémices, ce qu’elle a de meilleur et de plus précieux5. Cela veut dire : ne ricn aimer plus que Dieu et préférer à 3. S. Grégoire de Nazianzb, ou témoignage <1‘Évagre, Prac­ tice I, 61 : PG -10, 1236 A. Cf. S. Grégoire de Nazianzk : PG 37, 1382 Λ. Voir aussi Clément d’Alexandrie, Paed. III, 1,2 (GCS, t. 1, p. 237) et SIront. V, 80, 9 (GCS, t. 2, p. 379). De même Cassien, Conf. XXIV, 15 [SC Gt, p. 187). ■1. Cf. S. Jérôme, In Ezcch. I, 4 : PL 25, 22. 5. Cf. IÎvagre, Cent. IV, 32 : PO 28, p. 1-18. 480 30 D 35 40 45 1833 Λ ·"> 10 (EUVKES SPIRITUELLES μηδέν προ τοΰ Θεοΰ άγαπάν, μηδέν έκ πάντων τών έπιθυμητικών προτιμάν της είς τόν Θεάν έπιθυμίας ' είπομεν γάρ οτι τδ τιμιώτερον αύτω προσέφερον. Και οί νεφροί δέ καί τό στέαρ τό απ’ αύτών καί ή όσφύς καί τό στέαρ τό έπί τών μηρών, τό αύτό κατά αναλογίαν τινά σημαίνουσίν ' έκεί γάρ λέγουσιν είναι τήν επιθυμίαν. ’Ιδού ταΰτά έστι τά σύμβολα τοΰ επιθυμητικού μέρους. Τοΰ δέ θυμικοΰ σύμβολ.όν έστιν ή καρδία * εκεί γάρ λέγουσιν είναι τόν θυμόν, καί τούτο σημαίνει καί ό άγιος Βασίλειος λέγων ' Θυμός έστι ζέσις καί κίνησις του περικαρδίου αίματος. Τό δέ στηθήνιρν σύμοολόν έστι τοΰ λογιστικού · τό γάρ στήθος εις τούτο λαμοάνουσι. Διά τούτο και τόν Μωϋσην λέγουσιν ένδύοντα τόν Άαρών τό ένδυμα τό αρχιερατικόν, έπί τοΰ στήθους αύτου διδόναι τό λόγιον κατά τήν τοΰ Θεοΰ διαταγήν. Ταΰτα ούν πάντα, ώς είπομεν, σύμβολά είσι της ψυχής της 1 διά της πρακτικής συν Θεώ καΟαιρούσης έαυτήν καί έπί τό κατά φύσιν έπανερχομένης. Λέγει γάρ καί ό Εύάγριος οτι κατά φύσιν ένεργεί ψυχή λογική, όταν τό μέν επιθυμητικόν μέρος αύτης της αρετής έφίεται, τό δέ θυμικόν ύπέρ ταύτης I αγωνίζεται, τό δέ λογιστικόν επιβάλλει τή θεωρία τών γεγονότων. 177. "Οτε ούν προσέφερον πρόβατον ή βοΰν ή άλλο τι τοιοΰτον είς Ουσίαν, ταΰτα έλάμβανον οί υιοί ’Ισραήλ έκ τοΰ προσφερομένου καί έπετίθουν έπί τό θυσιαστήριον έναντι ’ Κυρίου, καί λέγεται Ουσία. ‘Ολοκαύτωμα δέ έστιν, οτε ολον έξ όλου τό ίερείον προσέφερον καί κατέκαιον αύτό ούτως ώς έστί σώον, ολόκληρον, τέλειον, καθώς καί ανωτέρω είπομεν, τούτο τών τελείων έστί σύμβολον, τοΰτο τών λεγόντων έστί τό ’Ιδού ήμεϊς άφήκαμεν πάντα καί ήκολουΟήσαμέν σοι. Είς τοΰτο τό μέτρον ό Κύριος προετρέπετο·φ έλθείν εκείνον τόν είπόντα αύτω οτι · Ταΰτα πάντα έφύλαξα 176. 42 καί ό oui. ADMi. 1. Cf. phis haut 16, p. 173, n. 5. 1 | INSTRUCTIONS, XVII, § 176-177 481 tout autre désir le désir de Dieu, puisqu’on lui offrait, avons-nous dit. la partie la plus précieuse. Les reins et leur graisse, la hanche, la graisse des cuisses ont analogi­ quement la même signification, car là aussi, disent les Pères, réside le désir1. Ainsi toutes ces parties sont des symboles de la puissance appétitive. Le cœur, lui, symbolise la puissance irascible, car il est, selon les Pères, le siège de la colère. Saint Basile l’exprime en disant : « La colère est l’ébullition et l’agitation du sang autour du cœur2. » Les côtes, enfin, figurent la puissance raisonnable, car tel est le symbolisme que les Pères attribuent à la poitrine. C’est pour cette raison, disent-ils, que Moïse, revêtant Aaron du vêtement du grand-prêtre, lui met sur la poitrine le rationnai, selon le précepte de Dieu {cf. Ex. 28, 15). Toutes ces parties de la victime sont donc, comme nous l’avons dit, des symboles de l’âme qui, avec l’aide de Dieu, se purifie par la praxis3 et revient à son état de nature. Évagrc dit en effet que l’âme raisonnable agit selon sa nature, quand sa partie appétitive désire la vertu, que sa partie irascible lutte pour l’obtenir et que sa partie raisonnable se livre à la contemplation des êtres4. 177. Ainsi, quand les fils d’Israël offraient en sacrifice une brebis, un bœuf ou quelque antre animal, ils prélevaient ces parties de la victime et les plaçaient sur l’autel, devant le Seigneur ; c’est ce qu’on appelle un sacrifice, tandis que l’holocauste consiste à offrir la victime tout entière et à la brûler complètement. Étant, comme nous l'avons dit plus haut, intégral, définitif, complet, l’holocauste est le symbole des parfaits, de ceux qui disent : « Voici que nous avons tout quitté et que nous t’avons suivi » (Mallh. 19,27). C’est à ce degré de perfection que le Seigneur invitait celui qui lui disait : « Tout cela, je l’ai observé dès ma 2. S. Basils, In Is. : PG 30, 4*2-1 A. Cf. plus haul § 90. p. 308, n. 3. 3. « La praxis, c’est-à-dire la pratique des commandements ou l'ascèse » (1. Hausherr, RAM 1959, p. 12; cf. 1956, p. 43). •1. IÎvacrb, Practices 1, 58 : PG 40, 1233-1236. 16 482 Β 15 20 25 <’· ŒUVRES SPIRITU ELLES έκ νεότητάς μου. Άπεκρίνατο γάρ αύτω λέγων ότι ' ”Ετι εν σοι λείπει. Ποιον ; Τό Άρον τόν σταυρόν σου και δεύρο ακολουθεί μοι. Οί ούν άγιοι μάρτυρες ούτως προσήνεγκαν όλους εαυτούς τω Θεω, καί ού μόνον εαυτούς, άλλα καί τά εαυτών καί τά περί εαυτούς. Άλλο γάρ έσμεν ημείς, καθώς λέγει δ άγιος Βασίλειος, καί άλλο τά ήμέτερα καί άλλο τά περί ήμας ' ταύτα καί άλλοτε είπον ύμίν. ‘Ημείς μέν ούν έσμεν ό νους καί ή ψυχή, ήμέτερον δέ τό σώμα ' τά δέ περί ήμας, κτήματα καί αί λοιπαί ύλαι. Προσήνεγκαν ούν εαυτούς οί άγιοι τω Θεω ολη καρδία, όλη ψυχή, όλη ίσχύϊ, κατά τό γεγραμμένον ' Αγαπήσεις Κύριον τόν Θεόν σου έν όλη τή καρδία σου καί έν όλη τή ψυχή σου καί έν ολη τή διανοία σου. Ού μόνον γάρ τέκνων καί γυναικών καί δόξης καί χρημάτων καί της λοιπής πάσης περιουσίας κατεφρόνησαν, άλλα καί αύτών τών ιδίων σωμάτων * καί διά τούτο λέγονται ολοκαυτώματα. Λογικά δέ, έπειδή λογικόν ζώον ό άνθρωπος, καί θύματα τέλεια Θεώ. 178. Εϊτα τό έξης ’ Θεόν γινώσκοντα καί Θεώ γινωσκόμενα πρόβατα. 5 ΙΙώς Θεόν γινώσκοντα ; ‘Ως αυτός ο Κύριος έδίδαξεν είπών ' Τά πρόβατα τά έμά τής φωνής μου άκούουσι, καί γινώσκω τά έμά, καί γινώσκομαι ύπό τών έμών. Διά τί είπε ' Ία πρόβατα τά έμά τής φωνής μου άκούουσι ; ’Αντί τού · Τω λόγω μου ύπακούουσι, τάς έντολάς μου φυλάττουσι 10 καί διά τούτο γινώσκουσί με ’ διά γάρ τής φυλακής τών έντολών έγγίζουσιν οί άγιοι τφ Θεώ, καί όσον έγγίζουσιν αύτώ, τοσούτον γινώσκουσιν αύτόν καί γινώσκονται ύπ* αυτού. Έπεί ό Θεός τά πάντα γινώσκει καί τά κρυπτά και 177. 11 Έτι on). ADMi || 15 έαυτοΰς : αύτούς ADMi || 16 τά ήμέτερα : τύ ήμέτερον ADMi || 17 τά : τό ADMi || 18 μέν ούν om. ADMi. i INSTRUCTIONS, XVII, § 177-178 483 jeunesse », car il lui répondit : « Une seule chose te manque encore. » Laquelle? Celle-ci : « Prends ta croix et viens à ma suite» (Le 18, 21-22; cf. Mallh. 16, 24). C'est ainsi que les saints martyrs se sont offerts tout entiers à Dieu, offrant non seulement eux-mêmes, mais ce qui était à eux et ce qui était autour d’eux. Car, selon saint Basile, a autre est ce que nous sommes, autre ce qui est nôtre, autre ce qui est autour de nous1 », je vous l’ai déjà dit en une autre occasion. Ce que nous sommes, c’est l’esprit et l’âme ; ce qui est nôtre, c’est le corps ; ce qui est autour de nous, ce sont les richesses et les autres choses maté­ rielles. Les saints se sont donc offerts à Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de toutes leurs forces, selon cette parole : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit» (Mallh. 22, 37). Ils méprisèrent non seulement enfants, épouses, honneur, richesses et tout le reste, mais jusqu’à leur propre corps. C'est pourquoi on les appelle ■ holocaustes », et « holocaustes raisonnables », parce que l'homme est un animal raisonnable, et « victimes parfaites pour Dieu ». 178. Puis le psaume continue : « Brebis connaissant Dieu « et connues de Dieu. » * Connaissant Dieu » : comment ? Le Seigneur lui-même nous l’a montré en disant : « Mes brebis écoutent ma voix ; je connais mes brebis et elles me connaissent » (Jn 10, 27 et 14). Que veut-il dire par : «Mes brebis écoutent ma voix»? Ceci : elles obéissent à ma parole, gardent mes commandements, et pour cette raison me connaissent ; c’est en effet par l’observation des comman­ dements que les saints s’approchent de Dieu, et plus ils s’approchent, de lui, mieux ils le connaissent et sont connus de lui. Mais puisque Dieu connaît tout, les choses cachées 1. S. Basile, Hom. in illud: Allende libi ipei, 3 : PG 31, 204 Λ. 484 ιό D •20 25 ŒUVRES SPIRITUELLES τά βαθέα καί τά μή βντα, διά τί ούν λέγει περί τών αγίων · Θεώ γινωσκόμενα ; 'Ότι, καθώς είπον, διά τών έντολών έγγίζοντες αύτώ, γινώσκουσιν αύτόν και γινώσκονται ύπ* αύτοΰ. "Οσον γάρ άποστρέφεταί τις καί μακρύνει εαυτόν άπό τίνος, τοσούτον λέγεται άγνοεϊν αύτόν καί άγνοεΐσθαι ύπ’ αύτοΰ, ώσπερ καί ό έγγίζων ομοίως λέγεται γινώσκειν καί γινώσκεσθαι ' κατά τούτο ούν λέγεται καί ό Θεός άγνοεϊν τούς άμαρτωλούς, καθδ μακρύνουσιν έαυτούς άπ’ αύτου. Διά τούτο καί αύτδς ο Κύριος τοίς τοιούτοις λέγει · ’Αμήν λέγο> ύμΐν, ούκ οϊδα ύμας. Οί ούν άγιοι, καθώς πολλάκις εϊπον, όσον κτώνται διά τών έντολών τάς άρετάς, τοσούτον προσοικειούνται τω Θεώ, καί όσον προσοικειούνται αύτώ, τοσούτον γινώσκουσιν αύτόν καί γινώσκονται ύπ’ αύτοΰ. Ών ή μάνδρα λύκοις άνεπίβατος. Μάνδρα λέγεται τόπος περιπεφραγμένος, ένθα συνάγει ό ποιμήν τά πρόβατα καί φυλάττει, ίνα μή διαρπαγώσιν ύπδ 5 λύκων ή ύπδ ληστών συληθώσιν. Έάν δέ έστι μάνδρα άπδ οπουδήποτε μέρους σαθρότερα, εύρίσκεται εύεπίβατος, καί εύχερώς έπιβου?%εύεται καί ύπό τών λύκων καί ύπό τών ληστών. 'Η ούν μάνδρα τών άγιων πανταχόθεν ήσφάλισται καί πεφύλακται, ώσπερ εϊπεν δ Κύριος ' ‘Ένθα κλέπται ού 10 διορύσσουσιν, ουδέ κλέπτουσιν, ούτε άλλο τι τών βλαβερών έπιβουλεύσαι δύνανται. ΕύξώμεΟα ούν, αδελφοί, ίνα καί ήμεϊς άξιωθώμεν συμποιμανθήναι αύτοίς καί εύρεΟήναι κάν έν τώ τόπω της μακαρίας τρυφής έκείνης καί τής άναπαύσεως αύτών ’ κάν γάρ ούκ έφθάσαμεν τήν κατάστασιν Β 15 τών αγίων καί ούκ άξιοι έσμεν τοΰ είναι έν τή δόξη αύτών, άλλά δυνάμεθα μή έκπεσείν τοΰ παραδείσου, έάν νήφωμεν καί βιάζωμεν έαυτούς μικρόν, ώς λέγει καί δ άγιος Κλήμης · Καν μή στεφανώταί τις, άλλά σπουδάση μή μακράν εύρεθήναι I83C λ 179. 178. 17 Όσον : "Οταν DM1. 179. 5 έστι : έ'σηται Ι)Ε ύπάρχη ή Μι || 10 ούδέ κλέπτουσιν οιη. DEMi H 15 και : κάν ADMi. INSTRUCTIONS, XVII, § 178-179 485 et mystérieuses, même celles qui ne sont pas, pourquoi saint Grégoire appelle-t-il les saints « (brebis) connues de Dieu»? Parce que c’est en s’approchant de lui par les commandements, je l’ai dit, qu’ils connaissent Dieu et sont connus de lui. Plus en effet on se détourne et on s’éloigne de quelqu’un, plus on l’ignore, peut-on dire, et plus on est ignoré de lui. On dira de même de celui qui s’approche, qu'il connaît et qu’il est connu. C'est dans ce sens qu’on dit aussi de Dieu qu’il ignore les pécheurs, en tant que les pécheurs s’éloignent de lui. Aussi le Seigneur lui-même leur dit-il : « En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas » (Matlh. 25, 12). Par conséquent, plus les saints acquièrent de vertus par les commandements, plus ils se rapprochent de Dieu, et plus ils se rapprochent de Dieu, mieux ils le connaissent et sont connus de lui. 179. « Leur bercail est inaccessible aux loups1. » On appelle « bercail » un enclos, où le berger rassemble et garde scs brebis, pour qu’elles ne soient ni déchirées par les loups, ni ravies par les voleurs. Si le bercail a une brèche quelque pari, il sera facile aux loups et aux voleurs d’y pénétrer pour réaliser leurs mauvais desseins. Le bercail des saints est donc assuré et gardé de toutes parts. « Là, dit le Seigneur, les voleurs ne percent ni ne dérobent» (Mallh. 6, 20), et ils ne peuvent y machiner aucun autre méfait. Prions, frères, afin que nous méritions, nous aussi, de paître avec eux et de nous trouver dans le lieu de leur joie bienheureuse et de leur repos. Car, même si nous n’atteignons pas la perfection des saints et si nous ne sommes pas dignes d'être dans leur gloire, nous pouvons du moins ne pas être exclus du Paradis, à la condition d'être vigilants et de nous contraindre un peu, comine le dit saint Clément : a Si l’on n’est pas couronné, que l’on s’efforce au moins de ne pas être loin de ceux qui sont 1. S. Grégoire de NaziaNZE, Oral. 33, 15 : PG 36, 233 Λ R. -186 ŒUVRES SPIRITUELLES τών στεφανουμένων. "Ωσπερ γάρ έν τώ παλατίω είσί 20 μεγάλα». καί λαμπραί στρατιαί, ύπόθου την σύγκλητον, τούς πατρικίους, τούς στρατηλάτας, τούς υπάρχους, τούς σελεντιαρίους ‘ είσί γάρ αύται πολύτιμαι στρατιαί. Είσί δέ καί άλλοι τινές έν τώ αύτώ παλατίω στρατευόμενοι ύλίγων νομισμάτων, καί όμώς λέγονται καί αύτοί στρατεύεσΟαι τω 25 βασιλει, καί είσιν έσω έν τω παλατίω, καν την δόξαν τών μεγάλων έκείνων ούκ έχωσιν ' άλλα τέως έσω είσί. Συμβαίνει δέ οτι καί κατά μικρόν προκόπτοντες, τυγχάνουσι καί αύτοί μεγάλων στρατιών καί λαμπρών αξιωμάτων. Ούτως καί ήμεϊς σπουδάσωμεν έκφυγειν την κατ’ ενέργειαν 30 αμαρτίαν, ίνα τέως έξειλήσωμεν τού αδου · καί ούτως δυνάμεΟα διά της τού Χριστού φιλανθρωπίας καί αύτης της εισόδου τού παραδείσου τυχειν εύχαϊς πάντων τών' αγίων αύτού. ’Αμήν. 179. 26 εκείνων orn. AMi || έσω om. ADMi. I. Secunda Clementi» VII : PG 1, 337 B (éd. Ilcmmor, p. 146). INSTRUCTIONS, XVII, § 179 487 couronnés1. » Dans le palais, il y a de grands et illustres fonctionnaires, par exemple les sénateurs, les patriciens, les généraux, les gouverneurs, les silentiaires8. Ceux-là reçoivent de gros traitements. Mais dans le même palais, il en est d’autres qui servent pour quelques sous et on dit également d’eux qu’ils sont au service de l’empereur ; eux aussi sont à l'intérieur du palais, et s’ils n’ont pas la gloire des grands, du moins ils sont là, à l’intérieur. Il arrive d’ailleurs que, peu à peu, par avancement ils obtiennent eux-mêmes des fonctions importantes et de hautes dignités. Nous autres pareillement, évitons avec soin de commettre le péché, afin d’échapper du moins à l’enfer. De la sorte, nous pourrons même, grâce à l’amour du Christ pour nous, obtenir l’entrée du Paradis, par les prières de tous ses saints. Amen. 2. « Silentiaire, fonctionnaire chargé de veiller au silence, au bon ordre ; ou membre du silention, conseil impérial » (I. Hausiierr, Direction, p. 321). ΤΟΥ ΑΥΤΟΥ ABBA ΔΩΡΟΘΕΟΥ ΕΠΙΣΤΟΑΑΙ ΔΙΑΦΟΡΟΙ Α'. ΠΡΟΣ ΤΙΝΑΣ ΚΕΛΛ1ΩΤΑΣ ΕΡΩΤΗΣΑΝΤΑΣ ΑΥΤΟΝ ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΠΑΡΑΒΑΛΛΕΙΝ 1793 C 5 D 10 15 180. Λέγουσιν οί Πατέρες δτι τδ καθίσαι είς τδ κελλίον ήμισύ έστι καί τδ παραβάλλειν γέρουσιν ήμισύ έστι. Τούτο σημαίνει δ λόγος Οτι καί έν τώ κελλίω καί έξωθεν τού κελλίου ομοίως νήψεως χρεία, καί τού είδέναι τινα και διά τί όφείλει ήσυχάζειν καθ’ έαυτόν καί διά τί όφείλει παραοάλλειν Πατράσι ή άδελφοις. Έάν γάρ νήφη τις περί τόν σκοπόν τούτον, σπουδάζει ποιείν ώς εϊπον οί Πατέρες * καί δτε μέν κάΟηται έν τώ κελλίφ, εύχεται, μελετά, ποιεί μικρόν έργόχειρον, φροντίζει κατά δύναμιν τών λογισμών · δτε δέ πάλιν παραβάλλει πούποτε, κατανοεί καί βλέπει τήν κατάστασήν εαυτού, εί ωφελείται έκ της άπαντήσεως τών αδελφών ή ού, καί εί δύναται άβλαβώς άνακάμψαι είς τδ κελλίον αύτού. Καί έάν ϊδη έαυτόν είς τί ποτέ βλαβέντα, μανθάνει τήν ασθένειαν έαυτοΰ, μανθάνει δτι ακμήν ούδέν έκτησατο άπό τής ησυχίας, καί άποστρέφεται τεταπεινωμένος είς τδ ίδιον κελλίον, κλαίων, μετανοών, παρακαλών τδν Epist. I. Μss : ADEGHPTVMi 180. 11 έαυτοΰ : αύτου DGPTVMi. I. «Les Kelliotes sont des religieux d'un certain Ago qui, préala­ blement éprouvés au régime cénobïtique, mènent la vie solitaire dans certaines conditions : ils passent la majeure partie de la semaine chacun dans sa cellule particulière, partagés entre la récitation des psaumes et le travail des mains, mais ils se groupent ensemble, dans LETTRES DIVERSES DU MÊME ABBÉ DOROTHÉE 1. À DES KELL1OTES1 QUI L’AVAIENT INTERROGÉ SUR LES RENCONTRES 180. Les Pères disent que rester dans la cellule est une moitié, et aller voir les vieillards l’autre moitié2. Cette parole signifie que dans la cellule comme hors de la cellule, il faut observer la meme vigilance3 et savoir pourquoi on doit garder la solitude, pourquoi aussi on doit aller voir les Pères ou les frères. Car si le moine est attentif à ce but, il s’applique ά faire comme ont dit les Pères4. Lorsqu’il est dans sa cellule, il prie, médite, fait un petit travail manuel et surveille scs pensées autant qu’il peut. Lorsqu'il va chez les autres, il fait réflexion et se rend compte de son état : il voit s’il gagne ou non à rencontrer les frères, et s’il est capable de retourner dans sa cellule sans avoir subi de dommage. S’il voit qu’il en a éprouvé, il reconnaît sa faiblesse et constate qu’il n’a encore rien acquis dans la solitude. Il rentre, humilié, dans sa cellule, pleure, fait pénitence, invoque Dieu pour sa faiblesse et un centre commun nommé lauro, durant la soiréo du samedi et la journée du dimanche... » (J. Parcoire, L'Église byzantine, p. 67-68). 2. ΑρορΜ. de Pœmcn inédit. Le P. J.-C. Guy noue a signalé sa présence dans le manuscrit do la B. N. Paris, gr. 1598 au f’ 73. 3. Cf. la parole de Macaire : «Veillez en toute vigilance, soit que vous soyez assis dans votre cellule, soit que vous soyez au milieu des hommes · (ziAfG, l. 25, p. 167). 4. Cf. Apopht. Pcemen 168 : PG 65, 361 C. 16—1 490 1796 a 20 25 5 U 10 15 C 20 ŒUVRES SPIRITUELLES Θεόν ύπέρ της άσθενείας αύτοΰ, καί ούτως λοιπόν καΟέζεται προσέχων έαυτώ. Εϊτα πάλιν έρχεται προς τούς ανθρώπους καί βλέπει εαυτόν εί έμεινεν ήττωμένος είς τά πρώτα ή εις άλλα, καί ούτως ύποστρέφει πάλιν είς τδ κελλίον εαυτού ομοίως τά αύτά ποιων, μετανοών, κλαίων, δεόμενος τοΰ Θεοΰ περί της καταστάσεως αύτοΰ. Τδ κελλίον γάρ ύψοϊ, οί δέ άνθρωποι δοκιμάζουσιν. 'Ωστε καλώς ειπον οι ΙΙατέρες οτι τδ καθίσαι είς τδ κελλίον ήμισύ έστι και τδ παραβάλλειν γέρουσιν ήμισύ έστι. 181. Καί ύμεϊς ουν ότε παραβάλλετε άλλήλοις, οφείλετε είδέναι διά τί έξέρχεσθε τοΰ κελλίον, καί μή άφαρει έξέρχεσθε πούποτε. ‘0 γάρ άσκόπως όδοιπορών, καθώς ειπον οί Πατέρες, ματαιοπονεί. 'Έκαστος ούν ποιων πράγμα δφείλει εχειν σκοπδν πάντως καί είδέναι διά τί ποιεί αύτό. Γίς ούν έστιν δ σκοπός ον δφείλομεν ημείς έχειν, όταν άπερχωμεθα πρδς άλλήλους ; Πρώτον διά την άγάπην · λέγει γάρ Είδες τδν άδελφόν σου, είδες Κύριον τδν Θεόν σου. Δεύτερον διά τδ άκοϋσαι λόγον Θεοΰ 1 πάντως γάρ έν τώ πλήΟει πλεΐον κινείται δ λόγος ' ο γάρ ούτος πολλάκις ούκ οίδεν, άλλος έρωτα. ‘Έπειτα καί διά τδ μαΟεϊν, ώς προεϊπον, τήν ιδίαν κατάστασιν. Οίόν τι λέγω ’ ’Απερχόμενός τις, ύπόθου, είς τδ φαγεΐν μετά τών συνευρισκόμενων, κατανοεί έαυτδν καί βλέπει, εάν παρατεθή βρώμα κολών καί άρέση αύτω, εί δύναται έγκρατεύσασθαι καί μή λαοειν άπ’ αύτοΰ, εί σπουδάζει μή πλεονεκτησαι τδν άδελφόν αύτοΰ καί λαοείν περισσότερον αύτοΰ, ή τί ποτέ έάν κατά μερίδας παρατεθή, εί σπουδάζει μή λαοειν τδ μειζότερον μέρος καί άφείναι αύτω τό μικρότερον. "Εστι γάρ οτε ούδέ τήν χεϊρα αίσχύνεταί τις έκτεϊναι καί ώΟησαι το μικρόν έμπροσθεν τοΰ άδελφοΰ : αύτοΰ καί λαβεϊν τδ μέγα έμπροσθεν αύτοΰ. "Αρα τί έχει 181. 17 περισσότερον : -ρα ΕΤΜϊ. 1. Cf. Lettre de Barsanuphe à Dorothée : Prendre garde que des affaires insignifiantes ne nous fassent quitter la cellule ; ce serait une ruse des démons [Nie. 269). LETTRE 1, § 180-181 491 demeure ainsi attentif à lui-même. Après quoi, il revient, vers les hommes et voit s’il retombe dans les mêmes fautes ou dans d’autres ; puis, il retourne en sa cellule, se livrant de nouveau à la pénitence, aux larmes, et. implo­ rant Dieu pour son état. Car la cellule élève, mais les hommes mettent à l’épreuve. Les Pères ont donc raison de dire que rester dans la cellule est une moitié, et aller voir les vieillards l’autre moitié. 181. Quand vous allez les uns chez les autres, vous devez savoir pourquoi vous quittez votre cellule, et n’en jamais sortir inconsidérément.1. Car, selon les Pères, «qui cir­ cule sans but, perd sa peine2 ». Quiconque entreprend une chose, doit absolument avoir une fin et savoir pourquoi il agit. Quel but devons-nous donc avoir, lorsque nous nous rendons les uns chez les autres ? D'abord la charité, car il est dit : « Tu vois ton frère, tu vois le Seigneur ton Dieu3. » Ensuite, l’audition de la parole de Dieu. 11 est certain en effet que la parole est plus animée dans l’assem­ blée : souvent ce que l’un ne sait pas, un autre le demande. Enfin, la connaissance de son étal, comme je l’ai déjà dit. Supposons, par exemple, qu’on aille manger avec les autres. On s'observe et on voit, quand est. présenté un mets excellent et appétissant, si l’on est capable de se contenir et de ne pas en prendre, ou si l’on ne cherche pas à en avoir plus que son frère et à en prendre davantage. Si la nourriture est servie en portions, ne s'empresse-t-on pas de prendre la plus grosse pour laisser la plus petite à son frère? Car il en est qui ne rougissent pas d’étendre la main pour pousser la petite part devant leur frère et mettre la grosse devant, eux. Quelle différence y a-t-il donc 2. MaBC L’Ermite, L>c lege spir. 54 : PG 65, 912 D {PE 111, 31, |>. 86). 3. Ce logion est plusieurs fois cité par les Pères (cf. Rescii, Agrapha Tl·, l. 5, p. 296-297·, mais Dorothéc le donne tel qu’il est cité dans te Gêronticon: Apopht. Apollon 3 (PG 65, 136 B}. 492 25 30 D 35 1797 A •10 ŒUVRES SPIRITUELLES είναι ή διαφορά τοΰ μειζοτέρου μέρους προς τδ μικρότερου ; Πόσον έστι τδ μεταξύ τών δύο μερίδων, οτι διά τοιαΰτα εύτελή πράγματα εύρίσκεταί τις πλεονεκτώυ τδν άδελφδν αύτοΰ καί αμαρτάνουν ; ΙΙάλιν προσέχει έάν δύναται κρατησαι έαυτδν άπδ πολλών βρωμάτο>ν, καί μή, ώς είκός, εύρίσκων διάφορα βρώματα, έκδίδωσιν έαυτδν είς χορτασίαν · εί φυλάττει έαυτδν άπδ παρρησίας, εί βλέπει τδν άδελφδν αύτοΰ προτιμώμενον ή άναπαυόμενον πλέον αύτοΰ καί ού πάσχει, εί βλέπει άλλον παρρησιαζόμενου μετά άλλου ή λαλουντα πολλά ή εί τι δήποτε άσυστροφοΰντα, καί ού προσέχει αύτώ ούδέ κατακρίνει αύτόν, αλλά μάλλον τώ εύλαβεστέρω προσέχει καί σπουδάζει ποιήσαι ώς λέγει περί τοΰ άββά Αντωνίου οτι απερχόμενος πρός τινας, είτι έβλεπε καλόν έ'χοντα έκαστον αύτών, εκείνο έλάμβανε καί έκράτει, τοΰ μέν τδ πράον, τοΰ δέ τδ ταπεινόν, τοΰ δέ τδ ήσυχον, καί εύρίσκετο αύτδς £χων τά έκαστου έν έαυτω. ’Ιδού ούτως όφείλομεν καί ημείς ποιείν καί διά ταΰτα παραοάλλειν, καί βτε ύποστρέφομεν είς τά κελλία ήμών, έρευναν εαυτούς καί μανθάνειν είς τί ώφελήΟημεν ή είς τί έβλάοημεν ’ καί έφ’ οίς μέν εύρίσκομεν οτι έσκεπάσΟημεν, εύχαριστήσοψεν τω Θεφ τώ σκεπάσαντι ήμάς άβλαοώς παρελθείν ' έφ’ οίς δέ έσφάλημεν, μετανοήσω μεν. κλαύσωμεν, πενθήσωμεν τήν ιδίαν κατάστασιν. 182. "Έκαστος γάρ έκ τής ιδίας καταστάσεως ωφελείται ή βλάπτεται ’ έπεί ούδείς βλάπτει τινά. Άλλ’ έάν βλαβώμεν, έκ της καταστάσεως ήμών, ώς εΐπον, βλαπτόμεΟα. ΔυυάμεΟα γάρ, ώς άεί λέγω ύμίν, άπδ έκάστου πράγματος, έάν θέλωμεν, ·"> καί ώφεληθήναι καί βλαβήναι. Καί λέγω ύμίν υπόδειγμα, ίνα μάθητε ότι ούτως έστί. Συμβαίνει τινά έν νυκτί ίστασθαι είς τόπον τινά, ού λέγω μοναχόν άλλ’ εί τινα δήποτε έν τή 181. 33 εύλαβεστέρω: εύλαδεστάτω ADGMÎ || 38 καί ήμεϊς om. ADEGMi. 1. Cf. Vie de S. Antoine, pur S. AthanaSE : PG 26, 846 B. 2. CL MAixc-AunÈtB : « Considère... si l'homme n’est pas l'auteur LETTRE 1, § 181-182 493 entre la grosse et la petite ? Qu’y a-t-il de si considérable entre les deux, pour que l'on se laisse aller à pécher en rivalisant avec son frère pour des choses si futiles ? On considérera encore si l’on peut, sc retenir de trop manger. Lorsqu’on sc trouve, comme il arrive souvent, devant des mets varies, ne se gorge-t-on pas jusqu'à satiété ? Sc garde-t-on de la parrhésia ? Ne souiTrc-t-on pas de voir son frère plus estimé et mieux traité que soi ? Si l’on aperçoit un frère qui se dissipe avec un autre, qui bavarde beaucoup ou qui se relâche sur un point quelconque, ne fait-on pas attention à lui ? Ne le juge-t-on pas ? Ne regarde-t-on pas plutôt les frères plus fervents, en s’effor­ çant de faire ce qui est dit de l’abbé Antoine* : le bien qu’il voyait en chacun de ceux qu’il allait visiter, il le recueil­ lait et le gardait : de celui-ci, la douceur ; de celui-là, l’humilité ; de tel autre, l’amour de la solitude ; et il sc trouvait avoir ainsi en lui les vertus de chacun. C’est ce que nous devons faire, nous aussi, et pour cela, nous visiter les uns les autres. De retour dans nos cellules, il faut nous examiner pour nous rendre compte en quoi nous avons profité et en quoi nous avons perdu. Sur les points où nous constatons avoir été préservés, rendons grâces à Dieu : c’est par sa protection que nous nous en sommes tirés sans détriment. Mais pour nos manquements, fai­ sons pénitence, versons des larmes, déplorons notre état. 182. Car c’est de son propre état que chacun reçoit profit ou dommage. Personne ne peut nous nuire2 ; si nous subissons quelque dommage, cela vient, dis-je, de notre étal. Gomme je ne cesse de vous le répéter, nous pouvons en effet de tout tirer du bien ou du mal, si nous le voulons. Je vais vous donner un exemple, pour que vous compreniez qu’il en est bien ainsi. Un individu stationne, la nuit, quelque part ; je ne dis pas un moine, mais de son propre tourment, comment personne n’est entravé par autrui > (Pensées XII, 8}. 494 Β 10 15 •20 <: •25 30 35 D ŒUVRES SPIRITUELLES πόλει, καί παρέρχονται δι’ αύτού τρεις άνθρωποι ‘ καί ό μέν εις λογίζεται περί αύτοΰ βτι τινά έκδέχεται, ίνα άπέλθη καί πορνεύση ' ό δέ άλλος λογίζεται οτι κλέπτης έστίν ‘ ό δέ άλΛος λογίζεται οτι φίλον αύτού έκάλεσεν έκ τού πλησίον οίκου καί έκδέχεται αύτόν, ίνα κατέλθη καί άπέλθωσιν άμα πώποτε είς προσευχήν. Ιδού καί οι τρεις τδν αύτδν άνθρωπον είδον καί έν τω αύτώ τόπφ, καί όμως ούκ έλογίσαντο οί τρεις περί αύτού τδν αύτδν λογισμόν, άλλ’ ό μέν τούτο ένεθυμήθη, δ δέ έκείνο, ό δέ άλλο, έκαστος δήλον δτι πρδς την ιδίαν κατάστασιν. "Ωσπερ γάρ είσι σώματα μελαγχολικά, κακόχυμα, καί έκαστον βρώμα δ λαμοάνωσιν είς κακοχυμίαν αύτδ τρέπουσι, καν ωφέλιμον εϊη τδ βρώμα καί ούκ έστιν άπδ τού βρώματος ή αιτία ' άλλ’ αύτδ τδ σώμα, ώς είπον, δύσκρατόν έστι καί λοιπόν ανάγκη πρδς τήν κρασιν αύτοΰ έργάζεται καί άλλοιοϊ τά βρώματα ’ ούτως καί ή ψυχή ή εχουσα κακήν έξιν άπδ έκαστου πράγματος βλάπτεται ' ωφέλιμόν έστι τδ πράγμα αύτη, βλάπτεται. ΎπόΟου μοι άγγεϊον μέλιτος είναι, καί βάλλει τις είς αύτδ μικρόν άψινθίον ’ ούκ αφανίζει τδ μικρόν εκείνο ολον τδ άγγείον καί ποιεί ζλον τδ μέλι πικρόν ; Ούτως καί ημείς ποιοΰμεν · έκβάλλομεν μικρόν έκ της πικρίας ήμών καί άφανίζομεν τδ καλών τού πλησίον, βλέποντες αύτδ πρδς τήν κατάστασιν ήμών καί άλλοιούντες αύτδ πρδς τήν κακοεξίαν τήν έν ήμϊν. Οί δέ εχοντες καλήν έξιν εύρίσκονται ώσπερ τις έχων σώμα εύχυμον, ότι καν βλαβερόν τί ποτέ φάγη, τρέπει αύτδ είς εύχυμίαν πρός τήν κρασιν αύτού καί ούκ αδικεί αύτδν ούδέ τδ κακόν βρώμα εκείνο, έπειδή, καθώς είπον, τδ σώμα αύτοΰ εύχυμόν έστι καί πρδς την κρασιν αύτού έργάζεται τήν τροφήν ‘ καί καθώς είπομεν περί τού πρώτου ότι προς τήν δυσκρασίαν αύτοΰ καί τδ καλών βρώμα μεταβάλλει I J ■ ί 1 * 1 '1 j | I I 182. 16 άλλο : τδ άλλο DE HP Mi || 18 καί έκαστον : έκαστον δέ TV 1 έκαστον Mi. 1. Cf. Aristotb, Elh. à Niconi. 1113a ; Cassien, Conf. XVIII, 16 | (SC 64, p. 32). 1· LETT K E 1, § 182 495 n'importe quel habitant de la ville. Trois hommes passent près de lui. L'un d’eux pense à son sujet : « Celui-là attend quelqu’un pour aller forniquer»; le second : «C’est un voleur»; et le troisième : «Cet homme a appelé son ami de la maison voisine et attend qu'il descende, pour aller prier avec lui en quelque endroit. » Ainsi, tous les trois ont vu le même homme dans le même lieu, et pourtant ils n'ont pas eu la même pensée à son sujet : l'un a imaginé ceci, l’autre cela, et le troisième autre chose encore, chacun selon son propre étal. Il en est comme des corps mélanco­ liques et cacochymes qui convertissent en humeur mau­ vaise tout aliment qu'ils absorbent, même si cet aliment est sain. La faute n’en est pas à l'aliment, mais, comme je l’ai dit, c’est le corps lui-même qui, étant de mauvaise complexion, agit nécessairement selon son tempérament et altère les aliments1. De même, si l'âme est cachectique, tout lui fait du mal ; même si la chose est utile, elle lui nuit. Imaginez qu'on jette un peu d’absinthe dans un pot de miel. Ne va-t-elle pas corrompre le pot entier, en ren­ dant tout le miel amer2 ? C’est ce que nous faisons : nous répandons un peu de notre amertume et détruisons le bien du prochain, en le regardant d’après notre état et en l’altérant selon la cachexie qui est en nous. Ceux qui ont de bonnes habitudes, ressemblent à un homme dont le corps est sain. S’il mange quelque chose de nuisible, il le transforme selon son tempérament en bonnes humeurs, et cet aliment mauvais ne lui fait pas de mal. C’est, dis-je, que son corps est sain et qu’il assimile la nourriture selon son tempérament. Alors, comme nous le disions du corps qui, par sa mauvaise complexion, transforme la bonne nourriture en humeurs mauvaises, 2. Cf. Apophl. dans PE II, 27, p. 78 : » Un vieillard dit : Un peu d'absinthe gâte tout un pot de miel... ». Cf. Hkrmas, Pasteur, 33 (Précepte V, 1), SC 53, p. 1G5. 496 40 45 1800 Λ 5 10 R 15 20 ŒUVRES SPIRITUELLES εις κακοχυμίαν, ομοίως καί ούτος προς τδ εύκρατον αύτοΰ , σώμα καί τδ κακόν βρώμα μεταβάλλει είς εύχυμίαν. Καί λέγω ύμϊν υπόδειγμα ίνα νοήσητε. '0 χοίρος έχει σώμα εύχυμον πάνυ. "Εστι δέ ή τροφή αύτοΰ κεράτια καί δστέα φοινίκων καί βόρβορος ' καί όμως έπειδή εύχυμον σώμα έχει, τήν τοιαύτην τροφήν είς εύχυμίαν μεταβάλλει ’ ούτως καί ήμεϊς, εάν έχωμεν καλήν έξιν και καλήν κατάστασιν, δυνάμεθα, ώς προεϊπον, άπδ έκάστου πράγματος ώφεληθήναι, καν μή ή ώφέλιμον τδ πράγμα. Καί καλώς λέγει ή Παροιμία · Ό βλέπων λεία έλεηθησεται. Καί αλλαχού λέγει · Πάντα εναντία άνδρί άφρονι. 183. ’Ήκουσα περί τίνος αδελφού οτι, οτε παρέβαλε . ένί τών άδελφών, εί έβλεπε τό κελλίον αύτοΰ άσύστροφον, άφιλοκάλητον, έλεγεν έν έαυτώ · Μακάριός έστιν ούτος δ άδελφός * πώς ήμερίμνησεν άπδ βλων τών γηίνων, και ούτως βλον τον νοΰν αύτοΰ ελαβεν άνω, οτι ούδέ τό κελλίον < αύτοΰ σχολάζει καταστήσαι. Πάλιν, εί άπήρχετο πρός > άλλον καί έβλεπε τδ κελλίον αύτοΰ κατεσταμενον, καθαρόν, πεφιλοκαλημένον, έλεγε πάλιν έν έαυτώ * ’Ώσπερ έστιν ή ψυχή τοΰ άδελφοΰ τούτου καθαρά, ούτως έστι καί τδ κελλίον αύτοΰ καθαρόν ’ και προς τήν κατάστασιν της ψυχής αύτοΰ έστι καί ή κατάστασις τοΰ κελλίον αύτοΰ. Καί ούδέποτε έ’λεγε περί τίνος οτι ούτος άσύστροφός έστιν ή ούτος πέρπερος · άλλ* έκ της καλής καταστάσεως αύτοΰ ώφέλειτο άπδ έκάστου. Ό Θεός ό άγαθδς δώση και ήμϊν καλήν κατάστασιν, ίνα : δυνάμεθα καί ήμεϊς άπδ έκάστου ώφεληθήναι καί μηδέποτε I νοήσαι τήν κακίαν τοΰ πλησίον. Εί δέ καί νοήσωμεν ή ι ύπονοήσωμεν έκ τής κακίας ήμών, ίνα ευθέως μετασ-1 τρέψωμεν τόν λογισμόν ήμών είς καλοεννοησίαν. Τό γάρ 1 μή είδέναι τήν κακίαν τοΰ πλησίου τίκτει σύν Θεώ τήν άγαθότητα. 182. -14 τήν : ώς ίχει τήν ADHMi. 183. 2 ένί: τινι EGMi || 7 κατεσταμένον : κατασταμένον APT ι καθιστάμενο*/ G καταστησάμενον Μί || 12 έστιν om. ADEHPMi || ' 18 αεταστρέψωμεν : μετατρέπωμεν GPTV ύποστρέψωμεν Mi. LETTRE 1, 182-183 ■197 celui-ci de même, conformément à sa bonne constitution, convertit la nourriture mauvaise en bonnes humeurs. Voici un exemple qui vous fera comprendre. Le porc possède un corps de très bonne complexion. Sa nourriture est faite de caroubes, de noyaux de dattes et d’ordures. Pourtant, grâce à sa bonne complexion, il transforme cette nourriture en bon suc. Nous de même, si nous avons de bonnes habitudes et un bon état d’âme, nous pouvons, je le répète, tirer profit de tout, même de ce qui n’est pas profitable. Le livre des Proverbes dit fort bien : « Celui qui regarde avec douceur, obtiendra miséricorde » (Prou. 12, 13). Et ailleurs : «A l’homme insensé toutes choses sont contraires» (Prou. 14, 7). 183. J’ai entendu dire d’un frère que si, allant voir un autre, il trouvait sa cellule négligée et en désordre, il se disait en lui-même : « Comme ce frère est heureux d’être complètement détaché des choses terrestres et de porter si bien tout son esprit en haut, qu’il n’a même plus le loisir de ranger sa cellule ! » S’il allait ensuite chez un autre frère, et trouvait sa cellule rangée, propre et bien en ordre, il se disait : « La cellule de ce frère est aussi nette que son âme. Tel l’état de son âme, tel l'état de sa cellule ! » Jamais il ne disait de quelqu’un : « Celui-ci est désordonné », ou : « celui-là est frivole ». Grâce à son état excellent, il tirait profit de tout. Que Dieu dans sa bonté nous donne, à nous aussi, un bon état pour que nous puissions profiter de tout et ne jamais mal penser du prochain. Si notre malice nous inspire des jugements ou des soupçons, transformons vite cela en bonne pensée. Car ne pas voir le mal du prochain engendre, Dieu aidant, la bonté. ■198 (E U V R ES SP IR1T U ELLES B'. ΠΡΟΣ ΤΟΥΣ EN ΤΩ ΜΟΝΑΣΤΙΙΡΙΩ ΕΠΙΣΤΑΤΑΣ ΚΑΙ ΜΑΘΗΤΑΣ. ΠΩΣ ΔΕΙ ΕΠΙΣΤΑΤΕΙΝ ΑΔΕΛΦΩΝ ΚΑΙ ΠΩΣ ΤΟΙΣ ΕΠΙΣΤΑΤΟΥΣΙΝ ΥΠΟΤΛΣΣΕΣΘΛΙ 18Ο(· C 5 10 D 15 184. ’Εάν εΐ αδελφών έπιστάτης, φρόντισον αύτών έν στρυφνότητι καρδίας καί σπλάχνοις οίκτιρμών, παιδεύων, αυτούς έ'ργω και λόγω τά πρακτέα, τά πλείω δέ τώ εργω, επειδή τά υποδείγματα μάλλον ένεργέστερά είσιν, εί μεν δύνασαι και έν τοΐς σωματικοΐς τυπών αυτούς, εί δέ άσΟενής εΐ, τή τής ψυχής καλή καταστάσει και τοΐς παρά τώ Άποστόλω ήριΟμημένοις καρποί; τού Πνεύματος, αγάπη, χαρά, ειρήνη, μακροθυμία, χρηστότητι, άγαθωσύνη, πίστει, πραότητι καί τή κατά πάντων τών παθών εγκράτεια. Έπί δέ τοΐς συμβαίνουσι σφάλμασι, μή σφοδρά άγανάκτει, άλλά άταράχως δείκνυε τήν βλάβην τήν άπό τού σφάλματος, κάν έπιτιμήσαι δέοι πρόσωπον τηρών καί καιρόν επιτήδειον. Μή άκριβάζου δέ περί τά μικρά σφάλματα, ώς ακριβοδίκαιος αυτός, μηδέ συνεχώς έλεγχε ’ φορτικόν γάρ τούτο καί διά τής συνήθειας τού έλεγχον είς άναισΟησίαν άγει καί καταφρόνησιν ’ μή προστακτικώς έπιτάσσων, άλλά μετά ταπεινώσεως συμβουλευόμενος μετά τού αδελφού · προτρεπ­ τικός γάρ ούτος ό λόγος γίνεται, καί πείθει μάλλον καί τόν πλησίον αναπαύει. 185. Έν καιρό) δέ ταραχής αδελφού σοι άνθισταμένου, φύλαξον τήν γλώσσαν σου μή λαλήσαί τι τό σύνολον έν οργή, καί μή έάσης τήν καρδίαν σου έπαρΟήναι κατ’ αύτού, άλλά μνήσθητι οτι αδελφός έστιν καί μέλος έν Χριστώ 1801 Λ 5 καί είκών Θεού έπηρεαζομένη ύπό τού κοινού έχθρού ήμών, καί σπλα.γχνίσθητι επ’ αύτή, μή πως αίχμαλωτίσας αύτήν Epist. 2. Mss : ADEGIIPTMi 184. 2 οίκτιομών: οίκτιρμοΰ ΛΗΜΐ |[ 13 sept : μηδέ περί ADPML 185. ·1 άδελφός : αδελφός σου GTMi. LETT Fi E 2, § 184-185 499 2. AUX PRÉPOSÉS DU MONASTÈRE ET À LEURS DISCIPLES. COMMENT LES PRÉPOSÉS DOIVENT DIRIGER LES FRÈRES ET COMMENT CEUX-CI DOIVENT LEUR ÊTRE SOUMIS 184. Si lu es préposé, prends soin des frères avec un cœur sévère1 et des entrailles de miséricorde, leur ensei­ gnant par les œuvres et la parole ce qu'il faut, pratiquer, mais surtout par les œuvres, car les exemples sont beau­ coup plus efficaces. Sois leur modèle même dans les tra­ vaux corporels, si tu le peux, ou si tu es faible, par le bon étal de l'âme et les fruits de Γ Esprit énumérés par l’Apôlre : charité, joie, paix, longanimité, affabilité, bonté, lidélité, mansuétude, et maîtrise de toutes les passions (cf. Gai. 5, 22-23). Pour les fautes qui se produisent, ne t’irrite pas outre mesure, mais montre sans te troubler le mal qui en résulte, et, s’il faut faire des reproches, prends l’air qui convient et attends le moment opportun. Ne sois pas trop regardant pour les petites fautes, tel un justi­ cier rigoureux ; ne fais pas continuellement des répri­ mandes, car c'est insupportable, et l’accoutumance aboutit â l’insensibilité et au mépris. Ne commande pas impérieu­ sement, mais soumets humblement la chose au frère : celte manière de faire est stimulante, elle est plus persua­ sive et procure la paix au prochain. 185. Si un frère te résiste cl que lu es troublé à ce momcnl-là. garde la langue pour ne lui rien dire avec colère, cl ne laisse pas ton cœur s’exciter contre lui. Souviens-loi plutôt qu’il est un frère, un membre dans le Christ et une image de Dieu menacée par notre ennemi commun. Aie pitié d’elle, de peur que le diable ne s’en empare sous le coup I. Cf. Isaïe, yluy., p. 17 : «Prends soin d’eux avec sévérité...» {Cf. PG 40, 1113 B). 500 ŒUVRES SPIRITUELLES ό διάβολος άπδ τής πληγής του θυμού, θανατώση εις μνησικακίαν και άπολεϊται ψυχή έξ άπροσεξίας ήμών υπέρ ής Χριστός άπέθανε ’ μνήσθητι δέ δτι και σύ ύπόκεισαι τώ ίο αύτώ κρίματι τής οργής, καί έκ τής σής άσθενείας συμπάΟησον τώ άδελφώ σου, καί εύχαρίστει οτι εύρες αφορμήν είς τδ συγχωρήσαι, Ενα καί σύ τά μείζονα καί πλείονα παρά τού Θεοΰ συγχωρηθής. Άφετε γάρ, φησίν, καί άφεθήσεται ύμίν. Άλλα νομίζεις βλάπτεσθαι τδν άδελφόν σου έκ τής 15 σής μακροθυμίας ; άλλ’ ο Απόστολος παραγγέλλει νικάν έν τώ άγαθώ τδ κακόν, ούκ έν τώ κακώ τδ κακόν. R Καί οί Πατέρες δέ λέγουσιν · Έάν έτέρω επίτιμων είς οργήν κινηθής, ίδιον πάθος έπλήρωσας ' καί ούδεις συνετός λύει τήν έαυτοΰ οικίαν, ίνα τήν τού πλησίον οίκοδομήση. 5 ίο C 15 186. Έπιμενούσης δέ τής ταραχής, βίασα·. τήν καρδίαν σου καί εύξαι λέγων ούτως ’ '() Θεός δ φιλάνθρωπος και φιλόψυχος, ο τή άφάτφ σου άγαθότητι έκ τού μή δντος είς τδ είναι ποιήσας ημάς επί μεταλήψει τών σών αγαθών καί άποστατήσαντας ήμας άπδ τών εντολών σου άνακαλέσας διά του αίματος τού μονογενούς σου Ύίοΰ τού Σωτήρος ήμών, καί νύν παράστηθι τή άσθενεία ήμών καί έπιτίμησον ώσπερ ποτέ κυματουμένη τή θαλάσση, ούτως καί νύν τή ταραχή τής καρδίας ήμών, καί μή άτεκνωθής έν μια ώρα έξ άμφοτέρων ήμών θανατωθέντων τή αμαρτία, καί μή είπης ήμ,ΐν * Τίς ωφέλεια έν τώ αίματί μου, έν τω καταβαίνειν με είς διαφθοράν ; Καί ' Αμήν λέγω ύμίν, ούκ οίδα υμάς, διά τδ σοεσθήναι τάς λαμπάδας ήμών έλαίου λείψαντος. Καί μετά τήν εύχήν ταύτην πραϋνθείσης σου τής καρδίας, δύνασαι λοιπόν μετά συνέσεως καί ταπεινώσεως κατά τδ άποστολικ.δν παράγγελμα έλέγξαι, έπιτιμήσαι, παρακαλέσαι 185. 16 κακόν* : αγαθόν ADGUPML 186. 4 είς τό είναι om. DE Η Mi. 1. Cf. S. Basile : < Car il n’y a rien d’aussi précieux qu’une âme pour laquelle le Christ est mort · (/?χΛ. de ren. mundi: PG 31, 637 B). LETTRE 2, § 185-186 501 de la colère, ne la mette à mort par la rancune, et qu’une âme pour qui le Christ est mort (cf. I Cor. 8, 11)1, ne périsse à cause de notre négligence. Souviens-toi que lu es soumis, toi aussi, au même jugement de la colere. Que ta propre faiblesse te rende compatissant pour ton frère. Rends grâces de trouver une occasion de pardonner, afin que toi aussi, tu obtiennes le pardon de Dieu pour des fautes plus grandes et plus nombreuses. Car il est dit : « Remettez, et il vous sera remis » (cf. Le 6, 37). Crains-tu de nuire a ton frère par ta patience ? Mais l’Apôtre ordonne de vaincre le mal par le bien (Rom. 12, 21), et non le mal par le mal. De leur côté, les Pères disent: «Si, faisant des reproches à un autre, tu es trouble par la colère, c’est la propre passion que tu assouvis2», et nul homme sensé ne démolit sa maison pour construire celle du voisin. 186. Si ton trouble persiste, fais violence à ton coeur, et prie en ces termes : O Dieu très bon, qui aimes les âmes, qui, dans Ion ineffable bonté, nous as amenés du néant à l’être pour nous faire participer à tes biens, et qui, par le sang de ton Fils unique, notre Sauveur, nous as rappelés, nous qui nous étions écartés de tes comman­ dements, assiste maintenant notre faiblesse et impose silence au trouble de notre cœur, comme autrefois à la mer déchaînée. Ne sois pas en un instant privé de tes deux enfants mis à mort par le péché, et n'aie pas à nous dire : u A quoi a servi que je verse mon sang, que je des­ cende dans la mort ?» (Ps. 29. 10) Et : «En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas n (Mallh. 25, 12), parce que nos lampes seraient éteintes faute d’huile. Le cœur apaisé par cette prière3, tu peux ensuite avec prudence et humilité, selon le précepte de l’Apôtre, reprendre, blâmer, exhorter (II Tim. 4, 2), et avec compassion 2, Apophl. Macaire 17 : PG 65, 269 B. Cf. Lettre de Jean le Prophète ù Dorothée, Nie. 333. 3. Cf. Isaïe, Aug., p. 191. 502 20 25 I) 1804 Λ 10 Β 15 ŒUVRES SP!RITUELLES καί μετά συμπάθειας ώς μέλος ασθενές θεράπευσα*. καί διορθώσασθαι. Τότε γάρ καί ό αδελφός καταδέχεται τήν διόρθωσιν μετά πληροφορίας, καταγνούς εαυτού έπι τή σκληρότητι ' καί διά τής σής ειρήνης ειρηνεύεις τήν αυτού καρδίαν. Μηδέν τοίνυν χωριζέτω σε της αγίας τού Χριστού παραδόσεως ’ Μάθετε άπ’ εμού λέγοντας ότι πράος ειμι καί ταπεινός τή καρδία. Έπιμελεϊσθαι γάρ χρή πρώτον ειρηνικής καταστάσεως, ώστε μηδέ επί δικαίαις προφάσεσιν ή εντολής δήθεν χάριν τήν καρδίαν θολούν, πεπεισμένον ώς πάσας τάς έντολάς έπιτηδεύομεν άγάπης ένεκα καί τής καθαρότητας τής καρδίας · ούτως τον αδελφόν διοικών, ακούσεις τής λεγούσης φωνής ’ Έάν έξαγάγης τίμιον έξ αναξίου, ώς στόμα μου έση. 187. Έν υποταγή δέ ιόν, μηδέποτε πιστεύσης τή καρδία σου ’ τυφλώττη γσ.ρ άπδ τών παλαιών προσπαθειών. Καί μή στοιχήσης έν τινι τή ιδία κρίσει καί μή στήσης παρα σεαυτώ μηδέν χωρίς έρωτήσεως καί γνώμης, καί μή λογίζου ή νόμιζε εύλογώτερα καί δικαιότερα τού διοικούντός σε, μηδέ γίνου έξεταστής τών έργων αύτοΰ καί πεπλανημένος πολλάκις δοκιμαστής. ’Απάτη γάρ αΰτη τού πονηρού πρδς τδ έμποδίσαι τή μετά πίστεως κατά πάντα υποταγή καί τή έκ ταύτης άσφαλεΐ σωτηρία ' καί ύποτάσση μετά, άναπαύσεως καί άκινδύνως οδεύεις καί άπλανώς την δδδν τών Πατέρων. Βιάζου δέ σεαυτδν είς πάντα καί κόπτε τό θέλημά σου, καί χάριτι Χριστού διά τής συνηθείας έν έξει τού κόπτειν γενόμενος άοιάστως τού λοιπού καί άθλίπτως αύτδ ποιείς, ώς συμβαίνειν τδ σδν πάντοτε γίνεσθαι. Ού γάρ θέλεις τά πράγματα γίνεσθαι ώς θέλεις, άλλα θέλεις ώς γίνεται, καί ούτως ειρηνεύεις μετά πάντων, ταΰτα μέντοι έν οίς ούκ έστι παράυασις εντολής Θεού ή Πατέρων. 186. 20 σής οπι. ADH.Mi. 187. 7 δοκιμαστής : δοκιμάζεις ADR δοκιμάσης Μ). 1. Cf. Cassi εν, Conf. 1. 7 (SC 42, p. 81-85'. 2. Dorothée cite presque littéralement ÉpictAte : Μή ζητεί τά γινόμενα γίνεσθαι ώς θέλεις, άλλα θέλε τά γινόμενα ώς γίνεται. LETTRE 2, § 186-187 503 soigner et redresser ton frère, tel un membre malade. Alors le frère de son côté recevra la correction en toute confiance, condamnant lui-même sa dureté. Par ta propre paix, lu auras pacifié son cœur. Que rien donc ne t’éloigne de la sainte doctrine du Christ : « Apprenez, par moi qui vous le dis, que je suis doux et humble de cœur» (Mallh. 11.29). Car il faut avant, tout prendre soin de garder un étal paisible, en sorte que le cœur ne se trouble pas, même pour de justes motifs ou ù propos d’un commandement, dans la conviction que nous accomplissons tous les com­ mandements en vue de la charité et de la pureté du cœur1. Traitant ainsi ton frère, tu entendras la voix (divine) te dire : «Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, lu seras comme ma bouche » (Jér. 15, 19). 187. Quant à toi qui es sous l’obéissance, ne te fie jamais à ton cœur, car les anciennes passions l'ont rendu aveugle. Garde-toi de suivre ton jugement propre en quoi que ce soit et ne décide rien de toi-même, sans demander conseil. Ne va pas t’imaginer ni juger que tes pensées sont plus raisonnables et plus justes que celles de ton directeur, ne t’institue pas le censeur de ses actions, un censeur qui s’est si souvent trompé ! Car c’est là une ruse du Mauvais pour mettre obstacle à la soumission confiante en tout et au salut qu’elle procure sûrement. Sois en repos dans cette soumission, et tu suivras sans danger ni erreur la route des Pères. Fais-toi violence en toutes choses et retranche ta volonté. Quand, par la grâce du Christ, tu en auras pris l’habitude, tu le feras sans effort et sans peine. Ainsi, tout arrivera selon ton désir, car tu ne vou­ dras plus que les choses soient telles que lu les veux, mais tu les voudras telles qu’elles sont2, et de la sorte tu seras en paix avec tous. Ceci du moins dans les choses qui n'impliquent pas violation d'un commandement de Dieu (Manuale VIII ; Entretiens I, 12, 7 ; 1, 17, 28; II, 14, 7; II, 17, 28). Cf. Platon, Des lois III, 687 ; S. Basile, Ep. 151 (PG 32, 608 AB). ŒUVRES SPIRITUELLES 504 20 25 C 30 35 Άγωνίζου εύρίσκειν έν παντί τδ μέμφεσθαι έαυτδν και κρατεί τό άψήφιστον έν γνώσει * και πίστευε δτι ύπδ πρόνοιαν Θεού έστι καί μέχρι τών εύτελεστάτων τα καθ’ ημάς, καί φέρεις τά έπερχόμενά σοι άταράχως * πίστευε δτι φάρμακά έστιν ιατρικά της ύπερηφανίας της ψυχής σου αί άτιμίαι καί αί ύβρεις, καί ύπερεύχου τών λοιδορούντων σε ώς ιατρών άληθινών, πεπεισμένος ώς ό μισών ατιμίαν μισεί ταπείνωσιν καί ό φεύγων ερεθίζοντας φεύγει πραότητα. Μή θέλε είδέναι τήν κακίαν τοΰ πλησίον σου καί μή προσδέχου τάς κατ’ αύτοΰ ύπονοίας · εί δέ καί σπαρώσι διά τήν 1 κακίαν ήμών, σπούδαζε μεταβάλλειν αύτάς είς καλοεννοησίαν καί έν παντί εύχαρίστει καί κτάσαι τήν αγαθότητα καί τήν αγίαν αγάπην. Πρδ δέ πάντων φυλάξωμεν πάντες τήν συνείδησιν ήμών έν πάσι, τοΐς τε πρός τδν Θεόν καί τδν πλησίον καί έν ταΐς j ύλαις ’ καί πριν είπεΐν ή ποιήσαί τι, έξετάσωμεν εί κατά θέλημά έστι τοΰ Θεοΰ · καί ούτως εύξάμενοι είπωμεν ή . ποιήσωμεν, και παραρρίύωμεν τήν άδυναμίαν ήμών ένούπιον τοΰ Θεοΰ · καί ή άγαθότης αύτοΰ συνέρχεται ήμϊν έν πάσιν. Γ. ΠΡΟΣ ΤΟΝ ΕΧΟΝΤΑ ΤΗΝ ΔΙΑΚΟΝΙΑΝ ΤΟΥ ΚΕΛΛΛΡΙΟΥ D I 11 188. Εί θυμω καί μνησικακία περιπίπτειν ού θέλεις, : προσπάθειαν τδ καθόλου μή έχε πρδς τήν ύλην, μηδέ άντιποιοΰ σκεύους οίουδήποτε, μήτε δέ πάλιν ώς έλαχίστου 187. 23 σε om. DPT Mi. 1 R Episl. 3-5. MM : EGPTVMi 188. 2 πρός : “epi EGPMi. 1. Expression que l'abbé Piston a recueillie sur les lèvres de l'abbé I Sisoès : PG 65, 373 B {cf. PE I, 45, p. 163) : Ό κατίχων τδ ά^φιστον j έν γνώσει, έπιτελεί πασαν τήν Γραφήν. Los traducteurs latins n’y ont rien compris : < Qui plurimum scientiae obtinet, omnem perficit Scripturam > (PC 65, 374 B). < Qui habet quod innumerabile est in | LETTRES 2-3, § 187-188 505 ou des Pères. Lutte pour trouver en tout à te blâmer loimême, et liens ferme a l'apsephiston avec science’ ». Crois que tout ce qui nous concerne, jusqu’aux plus petits details, relève de la Providence de Dieu, et tu supporteras sans trouble ce qui t’arrivera. Crois que mépris et outrages sont pour ton âme des remèdes à son orgueil, et prie pour ceux qui te maltraitent, comme étant de vrais médecins. Sois persuadé que quiconque hait l’humiliation, hait l’humi­ lité, et que quiconque fuit les gens irritants, fuit la douceur. Ne cherche pas à connaître le mal de ton prochain, et n’ac­ cueille pas de soupçons contre lui. Si notre malice en fait naître, empresse-toi de les transformer en une bonne pensée. Rends grâces en tout, et conserve la bonté et la sainte charité. Avant tout, gardons tous notre conscience sur tous les points, ù l’égard de Dieu, du prochain, et dans les choses matérielles2. Avant de dire ou de faire quelque chose, examinons avec soin si cela est conforme à la volonté de Dieu. Puis après avoir prié, parlons ou agissons, et jetons devant Dieu notre impuissance. Et que sa bonté nous accompagne en tout. 3. A CELUI QUI A LA CHARGE DE CELLÉRIER 188. Si lu veux ne pas tomber dans la colère et la ran­ cune, garde-toi de tout attachement aux choses maté­ rielles, ne revendique pas comme tien le moindre objet, scientia, perficit omnem Scripturam » (PL 73, 962 B). Le P. L Hausherr a bien montré le sens de ce < terme intraduisible qui ramasse des trésors d'analyse et d’expérience » (J. Hausherr, Penlhos, p. 104). < Apsephislon, de ψήφος. suffrage. Détachement total qui se démontre par l’habitude ou du moins la résolution de ne vouloir ni se donner ù soi, ni attendre d'autrui, un suffrage pour une supériorité quelconque. » (I. Hausherr, Diredion, p. 317). Cf. Intr., p. 61. 2. Cf. plus haut § 43, p. 215. 506 5 1805 Λ ίο 15 ŒUVRES SPIRITUELLES ή μηδαμινού καταφρόνει ' άλλά καν θέλει τις άπό σου, δίδου, καν δέ άπό άσυστροφίας ή καταφρονήσεως κλασθή ή άπώληται, μή μεριμνήσης. Τούτο δέ ποιείν οφείλεις, ούχ ώς καταφρονών τών σκευών τού μοναστηριού * χρεωστεΐς γάρ πάση δυνάμει καί πάση σπουδή φρόντιζειν αύτών · άλλ’ ώς Οέλων τό άτάραχον και άθόρυβον έαυτοΰ φυλάττειν, δεικνύων άεί τφ Θεώ τό κατά δύναμιν. Τούτο δέ κατορθώσαι δυνήση, έάν μ,ή ώς ίδια διοικής τά πράγματα, άλλ’ ώς τω Θεώ άνακείμενα, καί μόνην τούτων πιστευθείς τήν φροντίδα. Τό μέν γάρ μή προσπάσχειν, ώς εϊπον, τό δέ μή καταφρονειν παρασκευάζει. El δέ τούτον ούκ έχης τόν σκοπόν, θάρρει, ού μή παύση ταρασσό μένος και ταράσσο>ν. Δ'. ΠΡΟΣ ΤΟΝ ΑΪΤΟΝ Β 189. Έρώτησις ' Τού λογισμού χαίροντος έν τοις λόγοις τούτοις καί Οέλοντος είναι ούτως, πόθεν ούχ εύρίσκομαι έτοιμος είς τήν ώραν τού πράγματος ; Άπόκρισις ' ’Επειδή ού μελετάς αυτά πάντοτε. Εί δέ 5 θέλεις έχειν αύτά έν καιρφ, πάντοτε αυτά μελέτα καί έν τούτοις ισθι, καί πιστεύω τώ Θεώ οτι μέλλεις προκόπτειν. Τήν προσευχήν σύγκρινε τή μελέτη · τούς άσΟενεϊς θεράπευε, πρώτον μέν ίνα κτήση έκ τούτου συμπάθειαν, ώς πολλάκις εϊπον, έπειτα δέ ίνα και σύ δτε δήποτε άσθενήσεις, έγείρη 10 ό Θεός τόν θεραπεύοντά σε. Έν ω γάρ μετρφ, φησί, μετρείτε, άντιμετρηθήσεται ύμϊν. Έάν σπουδάσης ποιείν πράγμα μετά συνειδήσεως πρός τήν δύναμίν σου, είδέναι οφείλεις καί C έαυτόν πληροφορείν οτι τήν αληθινήν οδόν ούπω ο’ίδας, καί οφείλεις άταράχως καί άθλίπτως καί μετά χαράς δέχεσθαι, 188. ·Ι ή : καί KG om. PMi || 12 μόνην : μόνον EG Mi || 13 ώς : καθώς EGMi. LETTRES 3-4, § 188-189 507 mais ne le méprise pas non plus comme s'il était insigni­ fiant ou sans valeur. Donne si l’on te demande, et ne te tracasse pas si l’on brise ou si l’on détruit, par négligence ou mépris. Tu dois agir de la sorte, non comme si tu mépri­ sais les biens du monastère, car tu as le devoir d’en prendre soin de toutes tes forces et de tout ton zèle, mais pour garder la paix et ta sérénité, en faisant toujours devant Dieu ce qui est possible. Tu y parviendras si tu administres ces biens, non comme t’appartenant, mais comme consa­ crés à Dieu* et seulement confiés â Les soins ; ce qui en effet dispose, d’une part à ne point s’y attacher, comme je l’ai dit, et d’autre part à ne point les mépriser. Si tu n'as pas cela en vue, sois certain que tu ne cesseras pas d’être troublé et de troubler les autres. 4. AU MÊME 189. Demande : Mon esprit se réjouit de tes paroles et voudrait être dans ces dispositions. D’où vient donc que je ne m’y trouve pas au moment d'agir ? Réponse : C’est que tu ne les médites pas sans cesse. Si Lu veux les avoir au moment opportun, médite-les constamment, demeure en elles, et j’ai confiance en Dieu que tu progresseras. Joins la prière à la méditation. Soigne les malades, d’abord pour acquérir par là la compassion, comme je l’ai dit souvent, ensuite, afin que Dieu suscite quelqu’un pour te soigner, quand tu seras toi-mème malade, car « c’est la mesure avec laquelle vous mesurez qui servira à vous mesurer» (Malth. 7, 2). Quand tu t’es employé à faire quelque chose avec conscience selon tes forces, tu dois savoir et te persuader que tu ne connais pas encore la voie véritable, et tu dois accepter sans trouble, I. Cf. Lettre do Jean lb Prophète à Dorothée : «Tons les biens du monastère sont à Dieu ■ (A’ic 326). 508 ŒUVRES SPIRITUELLES 15 δτε ακούσεις οτι έσφάλης είς εκείνο Ô ένόμισας ποιεϊν μετά συνειδήσεο^ς. Τή γάρ κρίσει τών συνετωτέρων σου πάντως ή τό άπολειπόμενον διορθούται ή το καλώς γινόμενον άσφαλέστερον γίνεται. Σπούδαζε προκόψαι, ίνα έάν συμδή σοι θλίψις ή σωματικώς ή πνευματικώς, άΟλίπτως καί 20 άοαρώς καί μεθ’ ύπομονής δυνηθής βαστάσαι. Έάν άκούσης δτι έποίησας πράγμα οπερ ούκ έποίησας, μή θροηθής όλως μηδέ πυρθής, άλλ’ εύθέως βάλε μετάνοιαν τω είπόντι σοι, μετά ταπείνωσε ως λέγων αύτώ · Συγχώρησόν μοι καί εύξαι ύπέρ έμοΰ, καί σιώπα μέχρι τούτου, καθώς και οί D 25 Πατέρες είπον. Έάν δέ έρωτηθής παρ’ αύτοΰ εί αληθές έστι τδ πράγμα ή ου, τότε βάλε μετάνοιαν μετά ταπεινώσεως και είπέ μετά άληθείας πώς ήν τδ πράγμα. Καί μεθ’ δ λέγεις, πάλιν βάλε μετάνοιαν μετά ταπεινώσεως λέγων ομοίως ’ Συγχώρησόν μοι και εύξαι ύπέρ έμοΰ. Ε'. ΠΡΟΣ ΤΟΝ ΑΤΤΟΝ < 190. Έρώτησις ' Τί ποιήσω, οτι ού τήν αύτήν έχω κατάστασιν έν τη απαντήσει τών αδελφών ; Άπόκρισις · Τήν μέν αύτήν κατάστασιν έν τή απαντήσει 1808 A τών αδελφών οΰπω δύνασαι έ’χειν · άλλα τέως σπούδαζε 5 μή σκανδαλισθήναι έν τινι, μηδέ κρίνειν τινά, μηδέ καταλαλεϊν τίνος, μηδέ προσέχειν λόγ<·> ή έργφ ή κινήματι αδελφού μή ώφελοΰντός σε · αλλά μάλλον σπούδαζε έν πάσιν οίκοδομεϊν εαυτόν, καί μή θέλε φανητι^ν έν λόγω ή έργω σου καί κενοδοξεϊν. Κτήσαι ελευθερίαν είς τήν διαίταν ΐύ σου καί είς τδν λόγον σου, έως λεπτού πράγματος. Γίνωσκε δτι, έάν πολεμήταί τις ή Ολίοηται ύπό τίνος έμπαθούς λογισ­ μού, καί ένεργήση αύτόν, ένδυναμοΰται τδ πάθος κατ’ 189. 22 πυρθής : πυρής ΡΜϊ τττύρας Τ. 190. 5 κρίνειν : κατακρίναι ΡΤκατακρίνειν .Mi. LETTRES 4-5, § 189-190 509 sans peine et avec joie de t’entendre dire que tu t’es trompé dans ce que tu pensais faire avec conscience. Car le juge­ ment de ceux qui sont certainement plus sages que toi, corrige ce qui est défectueux ou rend plus assuré ce qui est bien fait. Efforce-toi idc progresser, afin que s’il t'arrive une épreuve soit corporelle soit spirituelle, tu sois capable de la supporter patiemment, sans trouble ni acca­ blement. Si l’on t’accuse d’avoir fait une chose que tu n'as pas faite, n’en sois nullement troublé ni indigné. Fais immédiatement une métanie à celui qui te parle, lui disant humblement : « Pardonne-moi et prie pour moi. d Puis garde le silence, comme le disent les Pères. S’il U demande : « La chose est-elle vraie ou non ? », fais une métanie avec humilité et dis en toute vérité ce qu'il en est. Après avoir parlé, refais une humble métanie et dis encore : « Pardonnemoi et prie pour moi1. » 5. AU MÊME 190. Demande : Que ferai-je, car je n’ai pas cette éga­ lité d’âme dans les rapports avec les frères ? Réponse : Tu ne peux l’avoir encore. Efforce-toi du moins de ne t’offenser de rien, de ne juger personne, de ne médire de personne, de ne t’occuper d’aucune parole, action ou geste d’un frère qui ne t’est pas utile. Tâche plutôt de t’édifier de tout. Ne cherche pas à paraître dans ce que tu dis ou fais, et ne désire pas la gloriole. Garde la liberté dans ta conduite et tes paroles, jusque dans le plus petit détail. Sache que, si quelqu’un, combattu ou tourmenté par une pensée passionnée, la met en œuvre, il renforce la passion en lui, car il lui donne de la puissance I. Cf. Lettre de Jean le Prophète ù Dorothée : A’rc. 278 (cf. PG 88, 1817 B). 510 15 B 20 ŒUVRES SPIRITUELLES αύτού ‘ αύτός γάρ ισχυροποιεί αύτό καθ’ έαυτοΰ, οίονει δύναμιν παρέχει αύτω ζΐς τό πλέον πολεμεϊν καί θλίβειν αύτόν. Έάν δέ πάλιν άγωνίσηται καί έναντιωθή τφ λογισμώ έαυτοΰ καί ένεργήση τά έναντιούμενα αύτω, καθώς πολλάκις εϊπον, έξασθενει τό πάθος καί άνίσχυρον γίνεται είς τό πολεμεϊν καί θλίβειν αύτόν * και ούτως κατά μικρόν μικρόν άγωνιζόμενος καί βοηθούμενος ύπό τοΰ Θεοΰ, περιγίνεται καί αύτοΰ τοΰ πάθους. Ι1ΡΟΣ ΤΟΝ ΑΥΤΟΝ 191. Έρώτησις * Διά τί εϊπεν ό άββάς Ποιμήν ότι τρία ταΰτα κεφάλαιά έστι, τό φοβεϊσΟαι τον Κύριον καί εύχεσθαι τω Κυρίω καί ποιήσαι αγαθόν τω πλησίον ; Άπόκρισις ' Τό φοβείσθαι τόν Κύριον εϊπεν ό γέρων, επειδή ό φόβος τοΰ Θεοΰ προηγείται πάσης αρετής · άρχή γάρ σοφίας φόβος Κυρίου ' καί οτι ούδείς άνευ φόβου Θεοΰ κατορθοϊ αρετήν ούδέ τί ποτέ αγαθόν * τω γάρ φόοω Κυρίου έκκλίνει πας άπό κακού. Τό δέ εύχεσθαι τώ Κυρίω εϊπεν, επειδή ούτε αρετήν ίο δύναται κτήσασθαι άνθρωπος ούτε άλλο τι άγαθόν, ώς εϊπον, ποιήσαι, καν διά τόν φόβον του Θεοΰ θέλει καί σπουδάζει, άνευ τής βοήθειας τοΰ Θεοΰ ' χρεία γάρ πάντ< καί τής ήμετέρας σπουδής καί τής τοΰ Θεοΰ συνέργειας. Χρήζει ούν ύ άνθρωπος έν παντί προσεύχεσθαι και παρα15 καλεΐν τόν Θεόν βοηθήσαι αύτω καί συνεργησαι έν παντί πράγματι. Τό δέ ποιήσαι αγαθόν τω πλησίον, τής άγάπης έστίν. ’Επειδή ούν ό φοβούμενος τον Κύριον καί εύχόμενος τφ Θεω δήθεν μόνον εαυτόν ώφελεϊ, πάσα δέ άρετή διά τής είς 190. 1G έαυτοΰ: αύτοΰ GVMi || 17 εϊπον : είπομεν EPML Epist. 6. Mes : EGPTV 191. 1 οτι: τά G ότι τά T om. ΕΡ || 19 ordo δήθεν εαυτόν μό' ΕΡ έαυτόν δήθεν μόνον G. LETTRES 5-6, § 190-191 511 pour le combattre et le tourmenter davantage. Si au con­ traire il lutte et s’oppose à sa pensée, en agissant à l’encontre de ce qu’elle suggère, comme je l’ai dit souvent, la passion s’affaiblit et devient impuissante à le combattre et à le tourmenter. Et ainsi peu à peu, luttant avec le secours de Dieu, il devient maître de la passion elle-même. 6. AU MÊME 191. Demande : Pourquoi l’abbé Pœmcn diWl qu’il y a trois choses capitales : craindre le Seigneur, prier le Seigneur, et faire du bien au prochain1 ? Réponse : Le vieillard dit d’abord : « craindre le Sei­ gneur b, parce que la crainte de Dieu précède toute vertu, le commencement de la sagesse étant la crainte du Sei­ gneur (Ps. 110, 10), et aussi parce que, sans crainte de Dieu, nul ne réussit à acquérir une vertu ni à faire le moindre bien. Car « c'est toujours par la crainte du Seigneur qu’on se détourne du mal » (Prou. 16, 6). « Prier le Seigneur », dit ensuite le vieillard, parce que, sans le secours de Dieu, l'homme ne peut ni acquérir une vertu ni accomplir quelque autre bien, même si, crai­ gnant Dieu, il le veut et s’y applique. 11 faut absolument et notre effort et la collaboration de Dieu. L’homme a donc toujours besoin de prier pour demander à Dieu de l'aider et de coopérer avec lui en tout ce qu’il fait. Enfin, a faire du bien au prochain », c’est de la charité. Or, celui qui craint le Seigneur et prie Dieu est seulement utile à lui-même. D’autre part, toute vertu est achevée par 1. Apophl. Pœmcn 160 : PC. 65, 361 A. 512 ŒUVRES SPIRITUELLES 20 τδν πλησίον άγάπης τελειοΰται, διά τούτο είπεν ό γέρων τδ ποιήσαι άγαθδν τω πλησίον. Κ&ν γάρ φοβεΐταί τις τδν Θεόν, καν προσεύχεται τώ Θεώ, δφείλει καί τώ πλησίον χρησιμεύσαι και άγαθοποιήσαι αύτω. Τούτο γάρ, ώς ειπον, τής άγάπης έστίν, ήτις έστιν ή τελείωσις τών αρετών, 25 καθώς καί ό άγιος ’Απόστολος λέγει. 7/. ΠΡΟΣ ΑΔΕΛΦΟΝ ΕΠΕΡΩΤΗΣΑΝΤΑ ΑΪΤΟΝ ΠΕΡΙ ΑΝΑΙΣΘΗΣΙΑΣ ΨΥΧΗΣ ΚΑΙ ΠΕΡΙ ΨΎΞΕΩΣ ΑΓΑΠΗΣ 1812 Λ 5 Β 10 15 192. Περί τής αναισθησίας τής ψυχής, άδελφε, συνεχής άνάγνωσις τών θείων Γραφών συμβάλλεται μετά κατανυκτικών λογιών τών Οεοφόρων Πατέρών, καί ή μνήμη τών φοβερών κριμάτων τού Θεοΰ καί τής εξόδου τής ψυχής άπδ τοΰ σώματος καί τών μελλουσών άπανταν αυτή φοβερών δυνάμεων, μεθ* ών επραξε τήν πονηριάν έν τή όλιγοχρονίω καί έλεεινή ζωή ταύτγ, ετι δέ καί τού μέλλειν παραστήναι τώ φρικτώ καί άδεκάστφ βήματι τού Χριστού, καί μή μόνον περί πράξεων, άλλα καί λόγων καί εννοιών άπαιτείσθαι, λόγον ενώπιον τοΰ Θεού καί πάντων τών αγγέλων αύτου καί πάσης απλώς τής κτίσεως. Μνημόνευε δέ συνεχώς και τής άποφάσεως έκείνης ήν έρεΐ ό φοβερός καί δίκαιος Κριτής τοϊς έξ εύωνύμων ' Άπέλθατε άπ’ έμού, οί καταραμένοι, εις τδ πυρ τδ αιώνιον τδ ήτοιμασμένον τώ διαβόλω καί τοις άγγέλοίς αύτοΰ. Καλόν δέ καί τών μεγάλων θλίψεων τών ανθρωπίνων μνημονεύειν · μόλις γάρ ινα ούτως ή σκληρά καί αναίσθητος μαλαχθή ψυχή και είς αϊσθησιν έ'λθη τής ιδίας κακής καταστάσεως. Τδ δέ άσθενειν περί τήν άγάπην τών άδελφίόν, έκ του 191. 21 τδ : καί τδ EGP || άγαθδν : τδ άγαθδν TV || 24 ήτις; εστίν : ήτις ύπάρχει E otn. PTV. Epist. 7. Mss : ADEGΗPTMi 192. 13 έξ εύωνύμων : εύωνύμοις GTMi. LETTRES 6-7, § 191-192 513 la charité envers le prochain. Voilà pourquoi le vieillard ajoute : « faire du bien au prochain. « En effet, même si ou craint Dieu et si on le prie, on doit aussi être utile au prochain et lui faire du bien. Car c’est là. je le répète, pratiquer la charité, qui est la perfection des vertus, selon la parole du saint Apôtre (cf. Rom. 13. 10 : l Cor. 13, 13). 7. À UN FRÈRE QUI L'AVAIT INTERROGÉ SUR L’INSENSIBILITÉ DE L'ÂME ET LE REFROIDISSEMENT DE LA CHARITÉ 192. Contre l'insensibilité de l'âme, frère, il est utile de lire continuellement les divines Écritures, ainsi que les sentences « catanyctiques1 » des Pères théophores, de garder la pensée des redoutables jugements de Dieu, de se rappeler que l’àrne sortira du corps et rencontrera les terribles Puissances avec lesquelles elle aura commis le mal en cette courte et misérable vie, qu’elle aura aussi à comparaître devant le tribunal effrayant et incorrup­ tible du Christ, pour y rendre compte devant. Dieu, devant tous ses anges et toute créature, non seulement des actions, mais même des paroles et des pensées. Souviens-toi aussi constamment de ces mots que dira le Juge redoutable et juste à ceux qui seront à gauche : « Éloignez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel préparé pour le diable et ses anges i> (Maith. 25, 41). Il est bon encore de se souvenir des grandes tribulations humaines, car même ainsi l’âme dure et insensible aura peine à s'amollir et à prendre conscience de sa propre misère. Quant à (’affaiblissement de ta charité fraternelle, il 1. C.-à-ii. aptes à produire la componction. Ct. I. Haushekr, Penthos, p. 15-17, spécialement la note 9, p. 17. 17 514 ŒUVRES SPIRITUELLES 20 δέχεσΟαί σε τούς έξ ύποψέας λογισμούς και πιστεύειν τη C ιδία καρδίοι γίνεται σοι και έκ του μηδέν θέλειν πάσχειν παρά προαίρεσιν. Θέλεις ούν βοηθού μένος ύπδ τοΰ Θεοΰ| προηγουμένως μή πιστεύειν δλως ταΐς ίδίαις ύπονοίαις καί πάση δυνάμει σπουδάζειν ταπεινοΰσθαι τοϊς άδελφοϊς καί 25 κόπτειν αύτοίς το ίδιον θέλημα. Έάν ύβρίση σέ τις αύτών ή άλλως θλίψη, ύπερεύχου αύτοΰ, ώς εΐπον οί Πατέρες, ώς μεγάλα σε εύεργετοΰντος, ώς ίατροΰ της φιληδονίας σου. ’ Εκ τούτων καί ό θυμός σου μειοΰται, είγε κατά τούς αγίους 1 Πατέρας Ουμοΰ χαλινός ή άγάπη · πρδ δέ πάντων παρακάλει 30 τον Θεδν δούναι σοι νηψιν καί σύνεσιν τοΰ είδέναι τί τό θέλημα αύτοΰ τδ άγαΟδν καί εύάρεστον καί τέλειον, ετι δέ D καί δύναμιν είς τδ καταρτισΟήναι πρδς παν έργον άγαθόν. Η'. ΠΡΟΣ ΑΔΕΛΦΟΝ ΣΤΕΝΟΧΩΡΟΥΜΕΝΟΝ ΥΠΟ ΠΕΙΡΑΣΜΟΥ 193. Πρώτον μέν, τέκνον, ούκ οίδαμεν τάς οικονομίας τοΰ Θεοΰ καί όφείλομεν παραχωρεϊν αύτώ τήν διοίκησιν D ήμών, δπερ καί νυν μάλιστα όφείλομεν ποίεϊν. Έάν γάρ θέλησης άνθρωπίνοις λογισμοϊς κρίνειν τά άπαντώντα καί 5 μή μέλλον επί τδν Θεόν έπιρρίπτειν τήν μέριμνάν σου, κοποΰσαι. Δει ούν, οτε έρχονται στενοΰντές σε έναντίοι λογισμοί, κράζειν πρδς τδν Θεόν · Κύριε, ώς θέλεις καί ώς οϊδας, οίκονόμησον τδ πράγμα. Πολλά γάρ παρ’ δ νομίζομεν ή παρ’ ελπίδας ποιεί ή πρόνοια τοΰ Θεοΰ, καί άλλως έλπι1840 Λ 10 ζόμενα πράγματα έπί της πείρας εύρέθησαν έτέρως ' καί άπλώς έν συντόμω είπειν, έν καιρω πειρασμού μακροΟυμείν 1837 C 192. 26 αύτοΰ: αύτόν ADHPT αύτφ Mi || 27 εύεργετοΰντος : εύεργετοϋντα ADHPT βύεργετοΰντι ΜΙ || ιατρού ιατρόν ADHPT ίατρω ΜΙ || 28 τούτων : τούτου GTMi. Epi Fl. 8-11. Mss ; EG .Mi. LETTRES 7-8, § 192-193 515 provient de ce que lu accueilles les pensées de soupçon, de ce que tu te fies à ton propre cœur, et de ce que tu ne veux rien souffrir contre la volonté. Tu dois donc en premier lieu, avec l’aide de Dieu, ne faire aucun cas de tes soupçons et t'appliquer de toutes tes forces à t ’humi­ lier devant les frères et à retrancher pour eux la volonté propre. Si l’un d’eux t’injurie ou t'afflige «autrement, prie pour lui, comme l’ont dit. les Pères1, dans la pensée qu'il te procure de grands bienfaits et qu’il est un médecin guéris­ sant en toi l’amour du plaisir. Par là s’apaisera ta colère, la charité étant, pour les saints Pères, « un frein de la colère12 ». Mais avant tout, supplie Dieu de te donner un esprit éveillé et lucide, pour connaître « ce qu’il veut de bon, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait» (Horn. 12, 2), avec de la force pour être prêt à toute bonne œuvre. 8. λ UN FRÈRE OPPRESSÉ PAR UNE TENTATION 193. D’abord, enfant, nous ignorons les desseins de Dieu et nous devons lui abandonner le gouvernement de nous-mêmes ; c’est cela que nous devons faire surtout main­ tenant. Car si tu veux juger avec des raisonnements humains ce qui se présente, au lieu de jeter en Dieu ton souci, tu te mets dans la peine. Quand donc des pensées contraires viennent t’oppresser, il faut crier vers Dieu : « Seigneur, comme tu veux et comme tu sais3, arrange l'affaire. » Car la Providence de Dieu fait beaucoup de choses à l’encontre de nos pensées et de nos espoirs, et ce qu’on espérait, de telle manière, apparaît autrement à l'expérience. Bref, au moment de la tentation, il faut 1. CL Isaïe (Aug., p. 189); Zosime (PE U, 40, p. 130-131); ci. PG 78, 1684 C). 2. Évagre, Practicos I, 26 : PG 40, 1228 D. 3. Cf. Apopht. Macûirc 19 : PG 65, 269 C. 516 ŒUVRES SPIRITUELLES χρή καί προσεύχεσθαι καί μή άνθρωπίνοις λογισμοΐς θέλειν, ώς είπον, ή νομίζειν περιγενέσθαι λογισμών δαιμονικών. '0 άβοάς Ποιμήν είδώς ταΰτα, τό Μή μεριμνήσαι περί της 15 αύρων, φησί, άνθρώπω είρηται έν πειρασμω οντι. Πιστεύων ούν άληθή ταΰτα είναι, τέκνον, άφες πάντα λογισμόν ίδιον, καν συνετός ή, καί κρατεί τήν εις Θεόν ελπίδα, τόν έκ περισ­ σού ποιοΰντα ών αίτούμεθα ή νοοΰμεν. Ήδύναμην πάσιν οίς είπας άντιθήναι, άλλ* ού θέλω άντιστηναί σοι ούδέ •20 έμαυτώ, εί μή μάλλον έμμείναί σε τη έπί τήν ελπίδα τοΰ | Θεοΰ όδώ · αύτη γάρ άμεριμνοτέρα καί άσφαλεστέρα έστίν. ι Ό Κύριος μετά σοΰ. Θ'. ΠΡΟΣ TON ΑΥΤΟΝ 194. Μνήσθητι, τέκνον, τοΰ είπόντος οτι’ Διά πολλών θλίψεων δει ημάς είσελθειν είς τήν βασιλείαν τών ουρανών, καί μή γνωρίσαντος τοιώνδε ή τοιώνδε, άλλ’ είπόντος άδιορίστως οτι 1 Διά πολλών θλίψεων. Καί ούτως ύπόμεινον 5 τά έπερχόμενα μετ’ ευχαριστίας, έν γνώσει, ώς ηδέα, έάν I έχης άμαρτίας ' εί δέ μή έχεις, ώς καθαίροντά σε άπό j παθών ή προξενοΰντα τήν βασιλείαν τών ούρανών. Ό Θεός! ό φιλάνθρωπος καί φιλόψυχος, ό έπιτιμήσας τώ άνέμω καί| τη θαλάσση, καί ποιήσας γαλήνην μεγάλην, επίτιμη σει! ΙΟ y.al τφ σώ πειρασμω, τέκνον, καί δωη σοι πλάτος καρδίας I είς τό είδέναι τάς κακουργίας τοΰ έχθροΰ. ’Αμήν. j R 194. 3 ή τοιώνδε : καί τοιώνδε Ε om. Mi. LETTRES 8-9, § 193-194 517 rester patient, prier, el ne pas vouloir ou croire maîtriser, comme je J’ai dit, des pensées démoniaques par des rai­ sonnements humains. L’abbé Pœinen, qui le savait, affirmait que le conseil de « ne pas se préoccuper du len­ demain » {Mallh. 6. 34) s’adresse à un homme en tenta­ tion1. Convaincu que cela est vrai, abandonne, enfant, toute pensée personnelle, si prudente soit-elle, et tiens ferme l’espoir en Dieu « qui réalise infiniment au-delà de ce que nous demandons ou concevons » (Êphés. 3, 20). J’aurais pu répondre à tout ce que tu disais, mais je ne veux pas discuter avec toi, non plus qu’avec moi-même ; je préfère que tu restes dans la voie de l’espérance en Dieu, car cette voie est plus libre de soucis et plus sûre. Le Seigneur soit avec toi ! 9. AU MÊME 194. Enfant, souviens-toi de celui qui a dit : « C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le Royaume des deux » (Aci. 14, 22). I) n’a pas précisé : par telles ou telles tribulations, mais il a dit d’une manière indéterminée : «■ par beaucoup de tribulations ». Supporte donc celles qui surviennent, avec action de grâces, avec science, comme agréables, si tu as des péchés : si tu n'en as pas, comme te purifiant des passions ou te procurant le Royaume des cicux. Le Dieu très bon et ami des âmes, qui, commandant au vent et à la mer, produisit un grand calme (cf. Le 8, 24), commandera aussi à ta tentation, enfant. Qu’il te donne de l’ouverture d’esprit pour connaître les perversités de l’ennemi. Amen. I. Apophl. Pœmen I : PG 65, 353 C. I 518 ŒUVRES SPIRITUELLES I' ΠΡΟΣ ΑΔΕΛΦΟΝ ΕΜΠΕΣΟΝΤΑ ΕΙΣ ΜΑΚΡΑΝ ΑΣΘΕΝΕΙΑΝ ΚΑΙ ΣΥΜΠΤΩΜΑΤΑ ΔΙΑΦΟΡΑ 195. Παρακαλώ σε, τέκνον, ύπόμεινον καί εύχαρίστει έπί τοΐς συμβαίνουσιν έν τη άσΟενεία συμπτώμασι, κατά τόν λέγοντα ' Πάντα τά έπερχόμενά σοι ώς αγαθά προσδέχου, ίνα ο σκοπός της πρόνοιας είς εύάρεστον αύτη πληρωΟη 5 έπί σοί, τέκνον μου. Άνδρίζου τοίνυν και κραταιοΰ έν Κυρίω καί τη περί σέ οικονομία αύτού. 'Ο Θεός μετά σου. C ΙΑ'. ΠΡΟΣ ΑΔΕΛΦΟΝ ΕΝ ΠΕΙΡΑΣΜΟ ΟΝΤΑ 196. Ειρήνη σοι έν Χριστώ, άδελφε. Πείσον τήν καρδίαν σου οτι σύ πάντως τήν αφορμήν παρέσχες τώ πειρασμώ, καν νυν πρός τό παρόν τήν αιτίαν ούχ εύρίσκης ' καί μέμψαι σεαυτόν καί ύπόμεινον καί εδξαι. Καί πιστεύω είς τήν D 5 εύσπλαγχνίαν τού αγαθού Δεσπότου Χριστού δτι παράγει τόν πειρασμόν. Είπεν ό ’Απόστολος · ‘Η 3έ ειρήνη τού Θεού, ή ύπερέχουσα πάντα νουν, φρουρήσει τάς καρδίας ύμών. IB'. ΠΡΟΣ ΤΟΝ ΑΥΤΟΝ 197. Μή Οαυμάσης, τέκνον, έν όδώ ών τη πρός τά άνω φερούση εί άκάνθαις περιπίπτεις καί πηλοΐς £σθ’ οτε καί όμαλότητι πάλιν. Καί γάρ ο*, έν άγώνι βντες ποτέ μέν αύτοί πίπτουσι, ποτέ δέ καταοάλλουσιν. Είπεν ό μέγας Ίώβ ' 5 Πότερον ούχί πειρατήριόν έστιν ό βίος άνθρώπου έπί της γης ; Καί άλλος τις τών αγίων φησί ’ Άνήρ άπείραστος Epist. 12. Mes : EG LETTRES 10-12, § 195-197 519 10. À UN FRÈRE TOMBÉ DANS UNE LONGUE MALADIE ET DIVERS MALHEURS 195. Je t’en prie, enfant, sois patient et rends grâces pour tous les ennuis qui te surviennent dans la maladie, selon cette parole : Accueille tout ce qui t’arrive comme un bien, pour que l’intention de la Providence se réalise sur toi conformément à son bon plaisir, mon enfant. Sois donc courageux, affermis-toi dans le Seigneur et dans ses desseins à ton égard. Dieu soit avec toi ! 11. A UN FRÈRE DANS LA TENTATION 196. Paix à toi dans le Christ, frère ! Mets-toi bien dans la tète que tu as certainement donné prétexte à la tenta­ tion, même si, pour le moment, tu n’en trouves pas la cause. Blâme-toi, sois patient et prie. Et j'ai confiance que la tendresse du bon Seigneur le Christ éloignera la tentation. L’Apôtre le dit : « La paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs» {Phil. 4, 7). 12. AU MÊME 197. Ne t’étonne pas, enfant, si, sur la route qui conduit vers les sommets, tu tombes dans les épines et parfois dans la boue, pour retrouver ensuite le chemin uni. Car ceux qui sont au combat tombent eux-mêmes et font tomber tour à tour. 323 278 N° 327 Autres apophtegmes : 186, 241 Isaïe Évagrc-.Maeaire 191 Moise 417 489 Pœmen 424 Syndé tique 382 Anonyme Athanase 492 Vila Antonii Basii.r r.B Grand Humilia 2 in Hexamerun Humilia in illud : Allende Humilia in Isalam Humilia in Ps. I Humilia in Ps. VU, 5 Humilia in Ps. VII, 7 Humilia ado. [ratas 396 482 308, 181 212 401 341 304 INDEX DES CITATIONS PATRISTIQUES Homilia 2 de jejunio, 7 Regulae fusius traclalue, Proemium Regulae fusius traclatae, 6 Clément (Pseudo-) Seconde Ëptlre Vil 455 222 393 486 ÉVAGRE I, 40 IV, 76 De malignis cogit. XIV Practices. Proemium I, 26 58 61 65 II, 91 99 Sentences aux moines 14 40 Grégoire de Nazianze Oratio I, I et 4 23, I 24, 4 2«, 13 33, 15 39, 7 45, 9 Jean ChrysoSTOME Ad Theodorum lapsum Homilia VII in Epist. ad Rom. Centuries Marc l'Ermite De his qui putant, 197 De tege spiritali, 14 54 Pallade Hist. I.ausiaque ZOSIME Alloquia (PG 78) (PE) 375 384 307 173, 174 515 481 479 375 431 393 319 449, 461 459 s. 343 477 s. 153 477 s. 205 153 387 464 163 308 491 207 169, 299 283, 292, 306, 310 539 m. INDEX DES PÈRES ET AUTEURS ANTÉRIEURS AU X* SIÈCLE Cet index renvoie aux pages de la présente édition. Abraham (Abbé), 57. Agathon (Abbé), 66, 202, 217, 233, 267. Ai.onii.-s (Abbé), 330. Ambroise (S.}, 363. Ammonas {Abbé), 61, 80, 90, •282, 464. Ammoun (Abbé), 181. Anastase (Le Sinnlle), 91. Antoine (S.), 53, 82, 109, 114, 142, 144, 193, 223, 2-11, 248, 301, 449, 492, 521. Apollon (Abbé), 491. Apophtegmes anonymes, 57, 175, 181, 190, 196, 203, 210, 230, 268, 269, 278, 284, 291, 303, 340, 359, 364, 374, 382, 383, 408, 413, 427, 429, 441, 495. Aristote, 44, 59, 61, 201, 269, 340, 343, 494. Arsène (Abbé), 241, 337, 373. Athanase (S.), 42, 43, 45, 146, 148, 492. Athanase (Ps.-),211, 451,456. Augustin (S.), 40, 41, 97. Barsanuphk (S.), 10. 11, 12, 13, 15, 16, 17, 18, 20, 22, 23. 24, 25, 26, 27, 33, 41, 42, 43, 49, 51, 52, 54, 55, 58, 59, 60, 62, 63, 64, 65, 67, 70, 72, 73, 74, 75, 76, 78, 81, 82, 107. 109. 123, 125. 138. 139, 184, 208, 231, 260, 307, 341. 361, 369, 420, 432, 437, 490, 521. Basile (S.), 42, 43, 44. 55, 70, 114, 172, 173. 183, 205, 212, 222, 268, 285, 296, 304, 308, 340, 341, 343, 366, 393, 395, 396. 401, 433, 435, 447, 455, 481, 482, 500, 503. Basile (Ps.-), 209, 471. Benjamin {Abbé), 340. Bessarign (Abbé), 65. Cassien, 35, 36, 41, 91, 97, 117, 151, 157, 169, 170, 172, 173, 180. 222, 255. 292, 308, 331. 340, 341, 443, 448, 451, 464, 478, 479, 494, 502. Clément d’Alexandrie, 41, 42. 63, 78, 80, 115, 117, 170, 221, 227. 312, 374. 430, 479. Clément (Ps.-), 42, 486. Cronios {Abbé), 231. Daniel (Abbé), 318, 373. Diadoçue, 41, 49, 63, 197, 341. 396. 439. Didyme, 43. Dosithée (S.), 10, 12, 20, 27, 28, 33, 70, 73, 74, 77, 82, 92. 101, 121. 122, 128-145, 296. PÈRES ET AUTEURS ANTÉRIEURS AU X* SIÈCLE 541 ÉLIE (Abbé;. 475 Élien (.Abbé), 26. ÉPHREM {S.), 88, 94, 109, 231, 377. ÉPICrÈTE, 39, 44, 72, 75, 117, 178, 230, 340, 370, 374. 395, 502. Évagre lie Pontiquo), 37, 41. 42, 43, 46, 49, 50, 53. 54. 57. 58. 59, 60, 63, 72, 75, 76, 77, 111, 112, 156. 164, 169, 173. 174, 177, 190, 191. 197, 209, 224, 225, 286, 287. 307, 309, 313, 318, 319. 340. 341, 343, 344. 350, 359, 375. 384, 385, 393, 397, 403, 422, 423, 426, 431, 442, 443, 449, 450, 451, 460. 461, 471, 475. 479, 481, 515. Ëvacre (le Scolastique. , 10. Grégoire de Nazianze (S.;, 31. 42, 43, 77. 110, 111, 113, 153, 173, 205. 222, 308. 319, 340, 343, 385, 444, 458. 459, 465. 475, 477. 479, 485. Grégoire de Nysse (S.), 42. 43, 55,56, 149, 159, 170, 171, 173, 183, 222, 296, 308, 340, 396, 414, 456, 465. 469. Hrrmas, 495Hésyghius, 107, 363. Hu.aire (S.), 363. Hilarion (S.), 15. Ignace (S.), 358. Irênéb (S.), 41, 42, 45, 77. 148, 159, 465. Isaac le Tiiécain (Abbé), 273. IsaIe (Abbé), 15, 42, 43, 61, 62, 64, 65, 90, 107, 109, 113, 146, 147. 174, 186, 190, 203, 211, 213, 241, 268, 342, 346, 352, 374, 391, 409, 417, 420. 429, 432, 499, 501, 515. Jean Chrysostome (S.), 33, 42, 43, 209, 231, 268. 352, 361, 387, 454, 464. Jean Climaque (S.;, 41, 71, 79, 90, 91, 177, 197. 207, 409. Jean Colobos (Abbé), 422. Jean Eunuque (Abbé), 211. Jean le Prophète (S.), 10, 11. 15, 16. 19. 20, 21, 23. 24, 25, 26, 27, 32, 42, 43. 49. 51. 53, 54, 55, 72, 73, 75, 76, 82, 123,125, 138, 162, 184, 189, 231, 237, 270, 281. 341, 369, 423, 428, 436, 501. 507, 509. Jean Moschus, 10, 26. Jean Sara, 30. Jérôme (S.), 91. 181, 208, 363, 447, 479. Léon (S.), 447. Longin' (Abbé), 338. MaCairh (Abbé), 172, 191, 241, 257, 306, 307. 489, 501. 515. Macaihe (Ps.-), 58. Marc-Aurèle, 55, 56, 75, 230, 251, 279, 291, 402, 493. Marc l'Ermite, 42, 46, 107, 151, 163, 212, 213, 254, 269, 294, 308, 393, 444, 491. MatoÉs (Abbé), 197, 199, 427. Maxime le Confesseur (S.), 113. MoTsk (Abbé), 270, 417. 429. Nil (S.), 72, 319, 393, 450. 451, 469. Nil (Ps.-), 197, 231, 307, 318. 393, 426, 431. Nisteros (Abbé), 231, 364. 542 PÈRES ET AUTEURS ANTÉRIEURS AU Xe SIÈCLE Or (Abbé), 427. Origène, 42, 43, 45, 75, 77, 91, 115, 117, 159, 209, 359, 362, 421, 456, 471. Origène (Ps.-), 173, 225, 287. Pachômiî (S.), 70, 71, 125, 168, 210, 211, 216, 225, 465. Pallade, 36, 170, 207, 250, 436. Pamphile, 107. Paphnuce (Abbé), 65. Pierre (l’ibère), 14, 15. Pistos (Abbé), 64, 504. Platon, 114, 154, 183, 396, 402, 503. Pojmkn (Abbé), 65, 68, 69, 223, 233, 254, 256, 270, 292, 297, 299, 300, 301, 3)4, 350, 393, 402, 420, 422, 489, 511, 517, 523, 525. SÉRIDOS (Abbé), 12, 14. 15, 16, 17, 20, 26, 27, 38, 43, 53, 78, 121, 123, 125, 127. Sévère (d'Antioche), 15. 107. SiSOÈs (Abbé), 61, 64, 113, 140, 196, 297. 408, 41 G, 504. Sopiirone, 107, 109. Synclétique (S‘e), 424. Taiiaise (S.), 34. Théodore de Phermé (Abbé), 186. Théodore Stuojte (S.), 27, 33, 34, 69, 70, 81. 91, 92, 107, 109, 179. Théophile, 291, 300. ZoSlME (Abbé). 10, 32, 38, 42, 111, 135, 153. 169. 191, 227, 283, 292, 299, 306. 310, 318, 349, 515. IV. INDEX DES SAINTS PÈRES MENTIONNÉS PAR DOROTHÉE Les chiffres en caractères gras renvoient aux paragraphes ; les autres chiffres indiquent les lignes des paragraphes. Lorsque la mention se trouve dans une variante de Papparat, la référence est signalée par un astérisque. ΆγάΟων (6 ά66άς) 37 3 52 19 ’ Αλώνιος (ό άββάς) 102 6. Άμμωνας (ό άγιος) 76 31. ‘Αντώνιος (ό άγιος) 110 30 3 (ό μέγας) 198 3. Αρσένιος (6 άδ6ας) 104 1. 68 31 102 6. 48 10 86 21 ; (ό άοβάς) 18134 ; Βαρσανούφιος (ό άδοάς' 25 3 56 3. Βασίλειος (ό άγιος) 24 2,5,10,16 81 15,17 41 15 48 J 106 G 131 4 134 19 136 26 157 15 164 12 177 16. Γρηγαριος (ό άγιος), Grégoire de Nazianzc 4 12 48 1* 106 23 157 15* 166 10 168 12 176 19. 90 26 178 34 3116,17 39 5 170 3 174 15 ΔωσίΟεος (ό μακάριος) 21 3. Εύάνριος, Évagre le Pontique 29 14 13116 153 16 168 20 176 12. 39 22 89 1 126 1 Ζωσιμάς (ό άβδας) 14 10 77 10 91 1 94 38. 58 2 86 13 3112 36 1.23 ‘Ιωάννης (ό ά€65ς), Jean Colobos 150 10. ’Ιωάννης (ό άδβάς), Jean le Prophète 25 3 287 988. ‘Ιωάννης (ό άγιος ό Χρυσόστομος) 128 2 169 8. Κλήμης (ό άγιος) 179 17. 544 INDEX DES SAINTS PÈRES Μακάριος (ό άββδς) 29 14* 31 14,15 Μάρκος (ό άβοάς) 10 11 90 13. Μωϋσης (ό άοοας) 152 31. 852,16. Νιστερών (ό άσοάς.ΐ 122 6. Παχώμιος ·ό άγιος j 116. Πο-.μήν (ό άββάς) 63 1 81 19 193 14 199 1. Σερίδος (ό άββάς. 22 1 56 1. Σισώης (ό άββάς) 141 15. 86 17 109 26 138 1 1911 V. INDEX DES MOTS GRECS Les chiffres en caractères gras renvoient aux paragraphes, les autres chiffres indiquent les lignes. Lorsqu’un mot se trouve plus de trois fois dans un paragraphe, on indique seulement la première et la dernière lignes avec un trait d’union. Pour les réferences aux pièces annexes, on utilise les abréviations suivantes : Av. ( = Avertis­ sement], Let. (·π Lettre d'envoi), Dos. (= Vie «le Dosithée). Tit. désigne soit le titre général des Instructions, soit le litre d’une instruction ou d’une lettre. Lorsqu’il n’y a pas d'indication spéciale, il s’agit du texte même de Dorothée. Nous ajoutons, s’il y a lieu, la référence aux pages de l'introduction ou certains mots sont expliqués. Άββάς (ό), l’higoumènc d'un monastère Dos. 25,7 41,1.5 12 7, 9,18. — 54 15-33 563,32,34 57 I 99 17-11 119 1 121 1,11,14. ’Αβραάμ 1 19 34 16 48 18. αγαθόν (τδ) Let. 12. — 49 17.19 50 H, 13 514-23 7025 86 7 133 ·> 135 12 137 2 154 5 192 31,32. Cf. καλόν (τό) et ποιείν τδ αγαθόν. άγαΟδς (Θεός) 2 1 3 1 4 1 5 10 39 30 176 1! 112 19 185 16 122 7 183 15 198 S 200 1. 187 29 : (τοΰ Θεού) 5 I ! 8 21 123 :7 137 27 138Η.15 139 7 17119 186 3 187 36 197 18. άγαπάν (τδν 080ν) Let. 1 6. - 2 6,9 47 7,16,17 48 10-33 49 22, 23 7821,22 138 9,16 139 8,21 154 7,9,3·*. 17626 177 21 201 I ; (τδν πλησίον) 105 ΙΟ 155 29. 139 27 άγαΟότης 183 21 άγάπη Let. 5 7. — 472-28 48 10,20.31 49 2 ! 54 11 56 15-23 57 31 60 9,29 76 2-34 77 1 78 20,23,24 85 4-31 94 31,36 119 12 133 i 7 151 35 169 1 1817 184 7 186 27 187 30 19117,20,24 192 tit·. 19,29 201 3,5 202 16-49 : ποιβιν αγάπην Dos. 4 6 6 9 121 15,16. άγγελο·, (άγιοι) 71 10,14,23 75 28 118 14,20,32 128 3 192 10. άγίασμα. eau ou huile bénite 77 8 118 5. άγιος (οί) Av. 40 — 11 1 21 10 28 2,11 33 6,16 34 15 35 1-17 40 9 47 5,7,11 48 27 49 6 50 7,43 5126 63 18 16 INDEX DES MOTS GRECS 546 76 7-21 77 9 78 10 8111 84 37 88 30 107 2 10828 115 23,24 120 14 12719,22 15146 1594,33 165 20 168 8,15,26 169 14 174 2-14 175 2, 7,13 177 13,20 17814,23 1798,15,33 19228 19722 199 7 200 9 20117. Αγνωσία 125 1 129 21 1414 144 14 ; (θεοΰ) 1 17. Αγρυπνεϊν Dos. 115 — 27 10 32 14. Αγρυπνία, veille Dos. 1111· 1117 61 13 ; vigile nocturne, ofllcc liturgique Dos. 115,6 9932,39 1012 117 26,28 119 7,15,17. Αγών, combat spirituel Let. 7 13 — 14 2 57 26 89 17 98 12 144 12 197 3. άγωνίζεσΟαι Dos. 9 21 — 13 4,14 14 26 17 11 3123 515 74 8 89 21 945,26 103 41 104 10-21 105 37 109 523 1116,7 123'23,28 131 7 14112 143 6 144 9-29 145 7 148 3 176 45 187 18 190 15,19 ; άγωνιζόμενος (-οι) 26 8,18 55 7 108 7 109 4 117 2 145 3 146 17. Άδάμ 9 7 172 16 ; ό Χριστός νέος Άδάμ 4 16. Αδιάκριτος (ύπακάη) Let. 5 7 Dos. 11 16 — 25 1. Cf. p. 70-71. αδιακρίτως Dos. 11 18 12 20 — 24 12. άδιαφορείν, être insouciant, négligent 602 92 39 105 30 18623. αδιαφορία, insouciance, négligence 58 12 136 20. Cf. p. 80 ; (βρωμάτων), l’indiscrétion dans la nourriture 161 3,4. άδιαφόρος 52 16. άδιαφόρως (ζην) 52 15 ; (κατακρίνειν) 75 16. άδολεσχειυ, bavarder avec autrui ou avec soi-même, d'où : retourner longuement dans l’esprit (cf. lat. meditari) 53'26 69 19 67 44 126 9. Αδολεσχία 127 9. Αδυναμία Let. 4 8 — 8 30 38 18 187 35 197 20. Αίγυπτος, l’Egypte spirituelle, le désir charnel 142 4-24 145 8,12 146 2 14712; le péché 16616,18. αίμα (του Θεοϋ) 122 8 170 15 172 22 173 7 186 6,11 ; θυμός, ζέσις αίματος 90 26 176 35 ; αίμα στάζειν verser son sang, au figuré combattre avec vigueur 749 91 14 118 15; αΐμα διδόνα; même sens 104 20. αίρεσις 137 18. αϊσΟησις, sens, faculté de connaissance 16 4 17 16413; εις αϊσΟησιν έ’ρχεσθαι, acquérir le sentiment, prendre conscience 49 18 145 9 192 17. αιχμαλωσία, captivité de l'Ainc esclave du démon et des passions 172 13-25. Cf. p. 50 : captivité de l'esprit distrait de la prière par des pensées passionnées 27 8. INDEX DES MOTS GRECS 547 αίχμαλωτίζειν 172 15-25 185 6 ; αίχμαλωτίζεσΟαι ύπό εμπαθών λογισμών 120 3 141 18. ακηδία 27 8 45 15. άκηδιαν 125 14,19 148 16. άκολουΟειν (Χριστώ) Let. 1 16 — 17 4 168 22 169 5,12 1778.13. Ακολουθία, succession, enchaînement des paroles 50 38 63 17 116 1 145 1 ; acolouthie, partie de la vigile nocturne Dos. 11 6. Ακτημοσύνη 12 3 13 3. Αλήθεια 70 22 98 11-17 10339,42,43 197 15 ; èv αλήθεια ou μετά άληθείας fréq. αμαρτία 1 12,23 3 10 4 14,19 5 8-20 72-915 10 26 14,17 28 540 1! 5028,31 54 22 69 18 7015,18,20 7121 74 IG 7512,22 764,10 82 10 83 11 84 35,36 87 10 99 49 100 5 101 17108 25 116 5,13 11721, 31 1294,7,10 136 26 142 10 144 10 145 4,16,22 148 2 156 3,5 158 17 159 9,33 160 7 1611 1622, 4,11 164 3,7 166 18,19 167 2,12 170 14 25 1718 172 5,6,12 173 2,3 179 30 186 10 194 6. 88 25 Αμαρτωλός 33 17 34 3,16 36 4,6 7116 127 21,25144 20,22 151 48 178 21 200 3,5. Αμέλεια 104 5 113 3 118 7 118 27 122 5 123 6 130 7 160 4. Cf. p. 80. Αμελεϊν 42 15 43 7 45 20 58 11 65 15 69 3 76 3 84 22, 47 118 2 114 2 115 19 130 2,3 132 i I 150 14. αμελέτητος 57 25. άμεριμνειν, pratiquer Γάμεριμνία louable 15 35 54 16 60 4 183 1, la mauvaise άμεριμνία 68 30 102 12 124 til. 136 5 187 8-24 ; μή μέριμνάν 69 22 188 6 193 14 199 1. άμεριμνία, insouciance louable 25 12,18 66 28,36 67 2 68 2; mauvaise 148 12. Cf. p. 19, 79-80. άμέρ ιμνος 8122 193 21. άνάγνωσις 105 20,26 192 2. ανάγνωσμα 105 6-24 120 5. Ανακόπτει? 6 19 50 22. άνάλαδος, scapulaire, vêtement monastique 15 2 17 1 19 2. άναισΟζσία, insensibilité de la conscience ou de Pâme accoutumée au mal 42 13 114 19 184 15 192 lit., 1. άναπαύβιν 827 2028 - 8113 86 26 8719 12215 124 27 157 22 160 8 18129 199 6 202 35,42 ; (το σώμα) 84 6,18,20 99 39 162 24 201 6; (τόν πλησίον) 93 19 124 19 184 19 202 10,18. άναπαύσις, bien-être en général Dos. 3 11 — 8 3-31 67 12 93 21,23 125 16,23 132 14 170 H 179 14 20115; repos de INDEX DES MOTS GRECS 348 l'ftmc purifiée des passions 7 20 8 1,34 10 16 5112 106 1-1 117 6 148 4; fruit de l’obéissance Let. 26— 822 25 2,12,18 66 28,33,36 67 3 68 2,7 ; fruit du blâme de soi-même 81 10,13,18 83 16 ; bien-être corporel 84 22 142 6 148 12 162 23 20111 202«; μετά άναπαύσεως, avec aisance 20 26 30 14 83 6 104 13 115 18 187 9. Cf. p. 78. άνάστασις 160 9,14 164 14 1665,12 1672,18,21. ανδρεία 106 33 15113,17. ανέμη, girouette 65 3. άνεσις, relâchement 148 11. Cf. p. 79. άνΟρωπαρίσκεια 59 11 106 35 109 25 111 9 137 3. άνθρωπος (έυτός) 6 3 ; (νέος) 160 II ; (παλαιός) 15 9,13. άντιδέρειν 63 4. άντίδικος 185 6; (συνείδησις) 41 2-14 42 23 142 2. απάθεια Αν. 38 — 20 13,33. Cf. ρ. 48 et 57. άπαΟής 11 5. απιστία 137 1$. άπλότης 36 11 57 8 74 5. απλούς 103 35. άποΟνήσκειν île Christ mort pour nous) 139 7 167 3 168 16 172 2,27 185 9. άποκρισάριος, celui qui s’occupe des besoins matériels d’un ermite ou d’un monastère, commissionnaire, procureur, soit séculier 23 2, soit moine Dos. 8 l 77 23. άπόννια 8 7 80 14. άποταγή, h· renoncement au monde Let. 1 12 54 — 1 tit. H 14 24 17 15. άποταξία 11 18. άποτάσσεσΟαι 13 7 14 21,23 17 13,14 168 19. άπροσπάΟεια 20 4-32. Cf. p. 57. άργολογεϊν 53 3. άργολογία 54 37 164 6. άρέσκειν τώ Θεώ 37 7 68 33 74 5 155 4 167 16,18. Cf· εύαρεστεϊν. αρετή Αν. 38. Let. 1 6,8 2 4 3 3 — 13 2 20 7 21 8 22 24 23 7 25 13 2623 30 9 35 7,11 36 5 38 3 50 6, 8.15 80 9 84 39 86 18 103 8-33 104 20,22 105 27, 38 106 4-11 128 19 132 17 133 14,19 134 2,4,10 136 10 166 19 176 41 178 24 191 5-24; (ή ζωή ήμών) 92 25 ; (ή βασιλική οδός) 106 1 ; (υγεία τής ψυχής) 106 32 122 13-19 ; ή οίκοδομή τών αρετών 149 tit. 150 12, 13.15 151 8-53 152 8,23 153 22,28 154 2-39 156 12 158 31 ; κτήσασΟαι άρετήν 10 13,15 104 19 105 29 INDEX DES MOTS GRECS 107 17 146 1-1 1419 132 11 549 158 33 154 10 19110. Cf. p. 59. άρρωστεϊν Dos. 1 13 — 39 13 106 25 155 21 άρρωστία Dos. 9 24 — 106 30,-14 113 -I 119 3 122 22,25. άρρωστος Dos. 1 19 6 2 7 1 — 113 20 153 1-14. αρχέτυπον 171 22-10. αρχήν βάλλε-.ν Dos. 6 20,32 — 104 15 118 3 154 15. ασθένεια 5 11 38 18 87 17 103 10,12 118 22 119 9 135 13 148 18 180 4 163 14 180 14,17 185 10 188 7 195 tit., 2. ασθενής 28 9 94 14 113 11 189 7 201 til. άσκεϊν Dos. 11 12 — 153 22,23. 144 23 184 5 153 1« 188 17 άσκησις Αν. 3. Dos. 11 7. ασκητής Αν. 15. Dos. 14 — 153 28. Άσσύριοι, au sens spirituel : les pensées passionnées 142 4-28 143 9. άσυστροφεϊν 74 7 άσυστροοία 188 5. άσύστροφος 54 12 άσφάλεια 83 1J ,25 152 9 95 5 18131. 183 2.12. 84 1-5 86 1 68 3 75 5 153 35 158 32. 153 9 184 11 άσωτια 133 16. άσωτος 103 5. «τάραχον Let. 5 13 188 9. άταράχως 30 14 792,11 138 tit-, 13 141 1 187 21 189 14 198 6 202 62. ατιμία 8 30 81 20 99 50 128 7 187 24. αυτεξούσιος 1 8 134 9. αφεσις (τών αμαρτιών) 7 5 158 18. άφιενα·. (τόν κόσμον) Let. 1 16 — 13 8,10 14 4-17 107 16 189 5,6,9 17,19 18513. αφροσύνη 14 14. 177 8 ; (άμαρτίας) 28 5 17 10 19 7,8 156 3 158 άύήφιστον 187 19. Cf- ρ. 25, 64-65. Βαουλών 3 11,14 142 16 ; au fig., le trouble qui engendre le péché 115 26 116 2,3. βάπτισμα 5 9,10,12 7 4 113. βασιλεία 7113; (του Θεού) 66 31 73 35; (τών ουρανών) 25 5.14 I48 6 194 2,7 197 10 198 4. βασιλεύς 1124,25,27 1516,17,20 34 13 142 16 25-37 179 25 ; (Χριστός) 15 25,26. βιάζεσΟαι, se faire violence spirituellement 23 29 105 1 179)7 186 1 187 11. 170 11 171 104 11,13,15 550 INDEX DES MOTS GRECS β>Λ-τε·ν 53 22 29 58 13 59 6,18 80 5 62 12,16 84 '-Ό ‘ 75 21 25 27 76 28 98 15 100 11 102 16,22 103 16.24 128 ’3,21 139 1.12 140 25.31 156 2-2 180 13 18141 182 2-25 185 M. βλασφημία 39 23,28. βλέμμα 44 3,5 53 2 93 5.6. βοτΟί'.α w> θεοΰ 3 I 35 3,13 38 11,17 51 11 00 31 99 51 104 14 143 7 154 4,17 19112. βοηΟειν 85 5 7025 75 27 77 4-31 89 9 94 33 1054 115 15 139 17 143 1 154 31 173 11 19115 197 10 199 7 ; βοηΟεϊσΟαι 38 21 77 31 104 19 190 19 192 2. βόρβορος 82 22,25 182 43. βουκάκρατον, bouchée de pain trempé Dos. 1121-29. βρβγκάρ'.ος, bon ouvrier (litt. : bon vannier) Dos. 7 7. βρώμα 3 18 14 8 29 7 45 22,24 84 8 87 2 122 30 181 3-17 18114 182 18-40. Γάνωσις. émail 49 8. γαστριμαργία 1819,20.25. γελοίος 53 4 202 50. Γεοοντικόν, recueil d'apophtegmes Let. 2 4 — 17 7 18 14 37 11 60 25 7110 125'· 15126 174 11. γέρων fréq. ; μέγας γέρων Dos. 15 13 9 — 22 4 717 118 2 143 24 153 .'6 1833 ; ό λίέγας Γέρων, saint Barsanuphe Dos. 19 4 15 10 15 ; γερόντες ιοί) Let. 2 3. Dos. Ill — 26 1 37 1 52 7 54 4 60 28 67 1 1 69 2 115 25 117 1 119 2 1215 183 5 180 2.25. γεύ«σθχι 47 23 49)8 5113. γινώσζειν (τόν Θεόν) 1 18,21 178 2-26. γλυκύτης 47 23 67 38. γλώσσα 50 21,23 55 1 96 3 184 5,7 185 2. γνώμη 68 14 119 2 1215 187 4 202 30,31,32. γνωσις 39 23 88 9 92 29 110 8. Cf. μ. 224, n. 1 ; έν ννώσα Let. 5 6 — 37 17 59 10 88 15 1117 152 7-29 153 2-32 155 17 156 11 157 26 158 31 187 19 194.’»; μετά γνώσεως 110 1.6 111 11 158 15 155 3 158 30. Ci. ρ. 61-62. γογγύζει* Dos. 7 19 18 2 — 93 13 117 17,21,27. Γραφή Dos. 12 3 — 25 4 26 10 68 20 149 1,10: (άγία) Dos. 12 2 — 12 47 6 614 117 I ; (θεία) 127 17 14619 192 2. γυμνάζειν 50 14 60 28 64 11 108 9 111 19 154 5 197 7. γυμνασία 198 7. γυμνός 35 9.11. INDEX DES MOTS G BECS γυμνοΰν 69 25 γύμνωσις 9 21. 551 150 25. Δαβίδ 4 1 88 7,12 168 10 171 9. δαίμων 29 17 65 7 66 18,24 67 9,10 75 24,25,26 89 3 94 39 99 8 127 24,20. δάκρυα 7120 74 11 99 16 12227. Δανιήλ 34 19,22. δέεσΟαι (τοΰ Θεοΰ) 7120 117 30 123 23 180 21 (άδιαλείπτως) 148 17. Cf. 38 12 ; (διά παντός) 37 18 38 13 137 26 εΰχεσΟαι. δεήσις 67 32. δειλία 67 25,28,42 106 33. δηλίκιον Dos. 3 1.2. διάδολος Let. 3 12 — 124 27 3 30 1 62 3,5,13 64 19 66 3 78 24,29 94 39 96 11 97 29 99 48 108 26,28 127 28 137 16 145 15 146 5 185 7 192 14. διάΟεσις 62 730 37 3 39 3 47 1 709,30 109 16 1188 118 25 157 11-27. διακονία 56 37 58 1 59 7.10 60 7,9 77 24 121 27 188 lit. διάκρισις Let. 5 16 - 64 66 17 15131. διδασκαλία Λν. 30,35 Let. 45,15 6 7 — Tit. 3 18 146 11. δικαιοΰν (εαυτόν) 10 3 86 1. δικαίωμα, justification de soi, prétention de Justice 58 9 60 17 62 4-17 63 15-24 84 17 97 29 137 17 201 12 202 8. Cf. p. 50-52. διορατικός Dos. 1 7 — 118 2. διορθοϋσΟαι Dos. 6 30 — 3 3 5410,16 69 24 76 28,42 77 21 97 16-27 113 16 120 8 186 18 189 17 202 16,61. διόρΟωσις 3 2 54 20-32 186 19 202 63. δόξα (του Θεού) 128 5 137 27 148 19 158 38 ; (τών αγίων) 179 17,25; (της ταπεινώσεως) 8 3,31 ; (γνώσις) 9227-33; (d'Adam au paradis) 15 8 11 98; (τοΰ κόσμου) 14 7 18 10 202 8; (ανθρώπινη) 358,9,11. Cf. κενοδοξία, φιλοδοξία. δοσοληψία, action de donner et de recevoir, commerce 13 9 128 17. δουλεύειν 3 !O 7 7 28 12 138 3 142 13.27,28 143 9 145 12 17231 ; (κατα-) 1 14 4 19 55 1692 1735. δούλος Dos. 7 6 8 14,15 — 48 4,13 49 10,15 516 122 6 157 5. δύναμις 88 15 72 5 123 16 162 18 17110 176 9,10; (αρετής) 22 21 28 7 25 13 27 1 80 8 ; (πάθους) 52 23 190 Μ ; (λόγου) 26 5 50 5 613 63 3 78 2 115 24 166 ι 174 9; (μυστηρίου) 1721,3,2«; (μνήμης) 174 5; 552 INDEX DES MOTS GRECS (διάβολου) 5 3,8; δυνάμεις της ψυχής 38; δυνάμεις, anges 127 15 192 6; δύναμιν (έχειν) 83 1 92 6,13 139 17 144 24 158 6 (διδόνα·.) 112 1 192 32 (λαμβάνειν) 105 28 (παρέχειν) 60s (πληρούν) 56 35 (ποιεΐν) 87 5 68 27,33 202 38 : πάση δυνάμει 68 22 96 15 100 3 155 43 188 8 192 24: κατά δύναμιν 174 13 180 9 188 10; πρός την δύναμιν 14 18 54 15 77 27,32 158 28 189 12 ; παρά τήν δύναμιν 140 7. Ένγίζειν (τώ Θεώ) 33 16 34 3,15 78 11,23 15117 178 11, 16,19. έγκατάλειψις, dereliction, abandon de l'homme par Dieu 6926 186 18,25. εγκράτεια 28 7,22 103 5 113 27 133 16 151 7.8 153 29 164 1 184 9. είχών (θεοΰ) 170 21 171 2-39 172 8 185 5; κατ’ εικόνα 17 4 16 134 8,9 170 19 1713-39 172 4,7. εϊναι (μετά τοΰ Θεοΰ) 47 19.24. ειρήνη Dos. 10 21 — 50 45 51 13 82 13,23 184 8 186 20 198 1,6. Cf. p. 80. έκδικειν (εαυτόν) 91 20 ; (πάθος) 84 42. Cf. έπεχδικεΐν. εκκλησία 57 2 67 18 118 3,15,30 119 15*21 120 6 160 15. έκκόπτε-.ν cf. κόπτειν. έχριζοΰν (πάθος) 91 26 108 3 110 1,3,6 111 10,11 1122,10 114 23,25 130 9. έκστάσις 127 22. έλεεΐν 2 1 724 9G,20,24 23 33 27 9 48 21 50 35 71 17 74 12,13 82 26 117 5 122 12 180 1 13817 14510 146 6 155 23 158 2-27 165 11 178 10 182 48. ελεημοσύνη 2Α 12-22 103»" 155 30,38,41 118 27 133 16 1M2-J7 1δ7 1-26. 135 7 έλεος (τοΰ θεοΰ) 28 10 38 12 88 10 128 30 129 18 136 11 144 17 148 18 165 16 173 12 201 8. έλευθερΐα 190 9. έλευθέριος, franc, révélant facilement ses pensces Let. 3 10 Dos. 7 2. έλευΟεροΰν 4 20 5 1 7 4 20 2. έλπίζειν 23 19,20 49 13 51 7 154 3 193 in. έλπίς 49 16 90 15 129 19.22 138 14 193 9,17,20 197 11 199 5,6. εμπαθής 43 7 54 24,27 66 24 103 15 106 12 120 ί 1261 127 7 141 9,19 142 7 14411,23,25 145 2,6 19011 202 4. εμπαΟώς 70 5. ενέργεια 23 7 27 2 33 6* 36 21* 8428; (τοΰ κακού) 50 22 INDEX DES MOTS GRECS 553 122 2-1 ; (τών παθών) 5 21 6 !O H i 123 3 14114; ή κατ’ ένέργειαν άααρτία 108 25 142 10 144 10 145 4.16 148 1 173 2,3 '179 29. ένεργεΐν 15 8,13 82 16 84 5 74 9,12 76 15 78 28 113 18, 30,32 122 14,19 176 13 190 16; (τό αγαθόν) 50 43 513 ; (τήν αμαρτίαν) 83 10 : (τάς έντολάς) 35 18 38 5 154 42 ; (τό κακόν) 116 19 164 13 ; (τά πάθη) 5 24 108 2-39 109 15,17,27 1113,5,6 1122,3,5 129 4,5 141 10,18,20 143 2 190 12 202 61,64 ; (τέχνην) 36 16,20. ένΟΰμησις 128 12 ; (κακή) 27 8 127 18. εντολή Let. 3 13 7 5 Dos. 327 — 13,9 2 I 3 13 5 15,17 61 7 10,14 821 94,18 109,10,14 119-21 12 1-8 33 7 35 19 36 5,21 37 6 39 t 40 16 43 l 53 11,13 58 9 59 6 80 7,33 73 22 84 48 86 7,11 8919 92 29 94 41 113 26,29,31 118 23 149 9,11,12 154 42 155 28 169 2,3,16 178 9-2-1 186 5.25,26 187 17 198 2,8 201 13. ένωσα·, (τώ θβφ) 112 77 33 78 25 96 7 103 42 148 13. ένωσις 20224. έςαγγέλλειν, révéler ses pensées 61 21,26 65 19. έξαγγελττκός, enclin à révéler ses pensées Dos. 7 2. έξαγορεύσις Let. 5 5. έξις 36 16 122 14,15,20 129 6 ; (ταπεινή) 36 22 ; (καλή) 182 45 ; (κακή) 122 8,24,37 123 10,13,23 182 23,32 ; έν έςει 36 18 (κακή) 108 22 113 tit. 122‘25 123 13 (παθών) 108 29 1212 122 1 123 11,20 (αρετής) 104 21 105 27 122)9 153 34 (περί τό αγαθόν) 51 11 (του πράγματος) 105 5 (τοΰ κόπτε'.ν θέλημα) 187 12; ε·ς εξιν πάθους 120 II 122)0 123 ί. έξουδβνεΐν 312,19 38 6 54 18 69 ’20,27 70 2 712 74 17, 19,20 75 17 77 3 110 12 117 16 153 24 154 26 202 26,58. έξουδένωσις 74 19 107 25. εξουσία 5 6 7 6 15821. έξυπνίζειν 117 27,28,30 119 6,8,16. ίπαρσις 723,25. έπεκδικεϊν (πάθος), entretenir une passion 18 10 84 12 108 1 109 21 1113 112 5 145 5. Cf. bc&xcîv 84 42. Επιείκεια Let. 5 13 Dos. 7 11. επιεικής Dos. 5 1 — 3211. έπιΟυμεϊν 6 7,8 735,10,14 80 8 101 12,13 114 16 125 11. Επιθυμητικόν (τό), 1·ι partie appétitive ou concuphcible de l'ûrne 16 9 176 19-43. 18—1 554 INDEX DES MOTS GRECS επιθυμία 520 6 9 13 15 19 2 10116 153 14 168 4.19,25 176 22,27,31. επίσκοπος 67 19 72 S. έπιστάτης, préposé, moine auquel un higoinnêne délégué une partie de son autorité 54 11 184 lit. 1. έπιστρέφειν 3 16 8 29 88 14 146 20,21 200 3. επιστροφή 3 2. έργασία Dos. 1114 13 2 — 17 S 33 6 36 21 49 13 86 22 105 32 129 6. εργάτης 125 10. έρευναν (εαυτόν). s’examiner 524,5,15 82 Κι 11113 117 12, 25 120 1 18140. έρημος 11 16 84 9. έρωταν, interroger le guide spirituel 68 1 9 68 5; έπεοωτάν 84 6,8,11 67 1 68 10. ευάρεστε?/ (τώΘεώ) 28 15 40 9 47 17 48 2.3 1513 ; εύάρεστον 155 5-47 187 25 188 6 192 31 195 4. Cf. άρέσκειν. εΰκνιστσς 55 4. εύλάβεια Let. 6 11 Dos. 4 < — 23 11 53 12,16 54 I 55 8 108 35. ευλαβής Dos. 118 — 8215 38 9 5311 99 23 13820,23,27 181 33. εύτελά {πράγματα), choses de peu de prix auxquelles on ne doit pas s’attacher ou qu’il ne faut pas négliger 14 12.19 19 10 42 5 45 1 69 13 139 15 181 24 187 20. Cf. μικρά. ευφροσύνη 51 15 127 19 180 12. εύχαριστεϊν 85 14 82 27 97 23 117 32 118 34 : (τώ Θεώ) 38 16 70 21,24 84 32 125 21 138 11 148 16 18142 185 11 187 29 195 1 198 6. εύχαριστία 84 27 139 26 143 6 194 5 202 28. εύχεσΟαι (προσεύχεσΟαι ou ύπερεύχεσθαι · Dos. 10 6 27 7 38 19 67 21 702! 77 9 80 18 9223,25 94 30,33,42 110 9 121S 126 2,18 143 11 144 3,16 171 9 179 11 180 8 188 2 187 23.34 189 24.29 1912-22 192 26 193 12 196 1 198 il ; διά παντός) 38 7 ; (συνεχώς) Dos. 3 24. Cf. δέεσθαι. ευχή Dos. 10 4-13 — 15 23 3-21 24! 38 19 43 7 6521, 26,43 79 S 88 30 94 32.35 99 42 120 3 12227 154 38 162 19 165 20 179 32 186 14 197 21 199 7 200 9 201 1". Cf. προσευχή. Έφράιμ 41 1,2 1421. , Λ εχθρός (ό). le diable 122 421 52 264.27 273-14 514,9 6120 63 23 64 6 85 20,27 66 1 9218 112 6,9,13 123 20 146 18 158)3,16 165 14 172 16-31 1734 185 5 194 11. INDEX DES MOTS GRECS Ζήν 8 31 50 19 52 15 187 25 200 2,4. ζωή Αν. 40 Let. 1 7 2 12 — 12 7 74 6 9224,26,32 96 12,17 144 3,4,6 159 6 170 22 ζώνη, la ceinture du moine 15 2 188 2-9 169 1-10 555 175 7,13 50 18 5628 6026 70 13 114 4 125 2 127 7 143 12 172 10,28 192 7 1999. 16 1-7 19 1. 'Ηγεμονικόν {τδ), la partie supérieure de l'âme 18 16. ηγούμενος (δ), higoumène, supérieur d’un monastère de cénobites Αν. ώ Dos. 2 2 24 3 729. ηδονή 13 14 14 6 131 17 161 13,15,26 162 10,17. ήδυπάθεια 142 11 143 8. Ήσαίας, Isaïe le prophète 3 4 34 18 167 8. ήσυχάζειν, pratiquer l’hésychia, vivre dans la solitude Dos. 14 — 1805: rester tranquille, cesser de faire quelque chose Dos. 12 12 — 76 20 91 3,7. ησυχία 61 15 82 I I 180 15. Cf. p. 21 et 28. I Θάνατος 116 3 19 222 522,11 102 10 1148,10 125 11; {τοϋ Χρίστου) 172 3,9 ; mort spirituelle 60 26 63 18 200 3. Οέλειν fréq. soit au sens classique de vouloir soit au sens de devoir (= δφείλειν). θέλημα Dos. 9 3 11 16 8 9 20 11-29 4110 5512 56 19 623,11 63 1,16,19 64 17 10120 116 13 142 5 15111 187 11; ίδιον θέλημα Lot. 124 2 6.9 Dos. 9 24 13 19 — 8 19 10 4,7 20 5 212,6 22 3 58 9 62 17,21 63 9,10,14 169 15 192^5 202 10 ; θελήματα 8 19 13 15 20 2,14 23 3ι> 85 19 168 2 169 3,9 202 9. Cf. p. 50-52; θέλημα του Θεοΰ 4713,16,22 48 8,29,30 62 20 63 5 68 12-22 78 29 139 24 1553-46 1575, 11,20 17110 187 34 192 31. Θεός fréq; σΰν Θεώ Let. 117 Dos. 12 20 3,13 513 104 18 120 9' 154 1,30 160 13 176 11 183 20; μετά Θεόν 23 30 61 7 65 5 68 5 76 41 89 10. θεοσέβεια 1 17 48 24. θεοσεβείν 47 11. θεοφόροι {πατέρες) 11 7 24 19 1742 192 3. θεραπεύειν Dos. 1 18 — 76 13 8920 94 1.19 154 27 157 21,24 186 17 189 7,10 ; ΟεραπεύεσΟα·. 3625 157 25 162 22. θέώρειν 30 3. θεωρία Let. 6 12 — 15 176 45. Cf. p. 76. Ολίΰε-.ν Dos. 6 16,29 — 44 2,8 60 18,24 79 14 81 3,16 82 1,7,S 90 3,6 93 13,17 94 6,9 97 8 117 19 127 7 152 12 556 INDEX DES MOTS GRECS 155 21 190 Μ, 18 192 26 201 15 ; θλίδείσθαι 18 9 25 16 60 12 67 4 80 3 66 34 81 17 55 6 56 31 82 16 87 9,11,18 93 11,18,19 987 85 1,3,10 84 1,4 104 8,10 119 14 121 29 1115 122 3 108 33 109 2 124 10 125 22 140 29 143 23 146 18 147 16 148 3 155 20, 21 190 H. 254-15 5110.14 5440,43 66 30,32 θλϊψις 8 5.16 678 77 30 81 21 88 11 89 13 100 8 74 H 1023,5 125 1-20 127 2 139 30 140 2,5 141 14 14220 124 9 144 12,18 148 4-14 1538 143 5.14 154 10 189 19 192 15 1942,4 197 9,16 198 6 202 12, ,54. Ορασύνετ/ 90 11 ,14,21 918 133 11,12 1362-2,24 1. θρασύτης 90 11 106 34 136 21. Ουμικόν (τό), la partie irascible de l'âme 17620,32,44. θυμός 5 19 89 3,6,23 90 25,27 91 2-16 94 37 131 17 176 33,31 185 7 188 1 192 28,29. θυμοϋσθαι 8 10 122 11. θυσία 48 25 147 9 166'» 1675-25 168 3,6.7 175 2-27 176 1 177 2,4. Ίάσθαι 3 12,15 4 2,13 146 21. ιατρεία Let. 6 1 1 — 7 15,17,22. ιατρική 36 15. ιατρός 36 17 113’19,22,29 187 21 19227 ; (Χριστός) 113 23. ίερατεϊον 24 14,17 ' 6720 118 10. ’Ιερεμίας 3 II 35 16. Ιερουσαλήμ 107 35 ; 'Αγία Πόλις Dos. 35,13 — 107 6 164 18. ίττάν (πάθος), contenir une passion 108 2,4 109 1-23 1116 112 2,3,8. ’Ιωάννης, saint Jean l'Evangéliste 47 1. Ίώβ 120 197 4. 160 7 Καθαίρειν 5 15,16 6 1 7 10 11 7,10 144 13,19 162 2 176 11 194 6. 132 5 130 4,8,13 καθαρίζειν 5 8 77 7 82 26 117 8 136 9 137 12 171 5. ζαθαρίως Dos. 6 I* — 32 11. καθαρός Let. 5 5 — 82 21 164 15 171 6,35,39 183 7,9,10. καθαρότης Dos. 122. κάΟαρσις 10 8 88 24. καθαρώς Dos. 6 < — 160 9. καθέζεσθαι (έν κελλΐω) 82 14,23 125 14 180 1-21. καθίσμα 79 9. κακία 1 16,22,21 3 2-16 10 12,14 18 5-9 49 8 50 8,29 161 1 135 9 78 · INDEX DES MOTS G BECS 557 90 13 94 38 100 10 103 25 106 13-44 116 7 120 8 122 16,23 129 20 155 8,9,11 164 12 166 21 183 17, 18,20 187 26,28. κακόν (τό) 6 4 7 7 40 ί 4230 49 9,10,14 50 21-42 513,6 52 29 76 5 96 6 99 7 109 26 116 19 133 4-13 15539 185 16 191 8 20250,51. καλόγηρος 87 14. καλοεννοησία 100 11 183 19 187 28. καλόν (τό) 64 40 1 42 29 47 15,18 48 6 49 22 96 5 103 18 104 16 157 14,18.23 182 29 202 3. κανονάρχης, canonarque, réglementaire 117 22 1198. κανών, l'office liturgique 118 30, 119 21. κατακρίνειν 30 Π 43 10 54 19 6920,21,27 70 1-29 712,3,24 72 1 74 6-22 75 6-17 76 11 77 3 97 13 117 15 12725 158 26 162 20 163 18 181 32. Cf. κρίνειν. καταλαλεί·/ 6 12 20 18 54«,17 6920,26 70 1,2,4 117 16 154 26 190 5. Cf. λαλείν. καταλαλία 5028 54 23 77 3 97 12 164 5. κατανυκτικός, apte â produire la componction 192 2. κατάνυξις 99 22. κατανύσσεσΟαι Dos. 3 27 — 76 45. κατάστασή Dos. 4 9 — 10 2 3110 48 3,7 49 7 50 39 51 27 58 7,12,20 59 4 72 5 73 21 89 9 93 11 982,10,13 107 2,4,36 108 1-38 109 4 110 17 1111,2 183 2 136)9.25 141 5 1574,17 158 29 179 11 180 11,22 181 12,44 182 1-30 183 10,11 1902,3. Cf. p. 80ct244 ; (ειρηνική) 186 2-1; (έμ-αθής) 6625; (κακή) 192 18; (καλή) 79 10 815 154 2 182 45 183 13.15 184 6 ; (δαί­ μονας) 29 17. καταφρονεί’/ 40 19,32 42 6,11,16 43 4 58 11 694,9 79 14 87 7 88 2 89 15 113 9 114 5,17 150 6 169 11 171 38 177 25 188 4,7,14 202 7. καταφρό’/ησις 7 13,17,26 53 10,17 81 1 184 15 188 5. κατόρθωμα 31 7 38 5 38 IG 7022. κελλάριον Dos. 8 6,26 — 188 tit. κελλαρίτης 58 3 117 17 121 16,18,22. κελλίον 22 7 56 5 57 12,14 76 33,37 102 8 125 15,18 126 16 180 1 -24 181 2,39 188 2-11. κελλιώτης, KcJliote, rnoinc éprouvé qui vit la plupart du temps en cellule 180 tit. κενοδοξεΐν 18 8 82 6-14 190 9. κενοδοξία 5 19 29 5 59 10 108 11,12 109 24 1118 11825 187 3 152 18 153 22 163 21. Cf. φιλοδοξία. κεντηνάριον, centenior (= 100 livres d’or) 14 11. I 558 INDEX DES MOTS GRECS κεντώνιον, manteau fait de plusieurs morceaux 45 15. κερβηκάριον 45 2. κηπουρός 58 2. ζίνησις 5424 90 ΙΟ 982 176 35. κλαίειν Dos. 6 6-31 - 69 22 102 12 122 3 123 27 143 21 ISO 16,21 181 43. κλαυθμός 121 2 132 3. κλϊμαξ 154 18-31. κλύσται, · mouillettes · Dos. 7 6,10. κνίζεσΟαι 55 5 57 25. κνιπϊα 27 9 155 12. κοινόβιον Dos. 12 13 ΙΟ — 24 2 66 12 67 6 77 18 80 2 98 1 99 2,30 119 1 1213 163 1. κοινωνία (άγια), sainte communion 99 15,19,44. κόλασις Dos. 3 15,22,24 — 11 25 47 14 48 3.28 49 10 52 3,14 7113 108 24 123 11 124 tit. 125 17 127 24 128 6 157 2,7,16 173 10. κολλάσθαι 52. 9 ; (πρύς Θεόν) 2 12 ; πρσσκο/Αάσθαι 52 6 96 13. κολόδιον, Iunique du moine 15 1-22. κολυμδάν 22 20 140 15-26. κοπενδάριον, raccourci 20 8,9. κοπή 20 11 151 H. 8 26,28 28 8.12,13 95 6 κοπιάν Dos. 113 515 104 10 109 5 115 11,12 117 5 134 3 130 1 105 1 135 9 136 8 143 25,27 148 3 193 6. κόπος 28 4 37 17 38 1,2 39 1-29 57 17 87 7 74 II 86 19 95 7 113 11 115 9,20.21 119 '.· 130 1 135 II.Il 141 6 143 7.28 144 6 150 7 137 12.19,25 152 8 159 15. Cf. p. 25. 153 31 ζόπτε-.ν (ίδιον θέλημα) Let. 2 5 Dos. 13 19 — 20 2-26 212,6 23 30 55 12 187 11.13 19225 202'3 ; (λογισμούς) 89 16 ; (όμιλϊχν) 97 6,7 ; (πάθη) 108 29 114 21 130 11 ; (πράγματα) 59 17 60 2,13 ; έζκόπτειν 153 3 ; (πάθη) 9123 117 2 1311,11 132 1; 108 5 113 tit. 115 18,22 περικόπτειν 11 4 131 17. κόρις 57 13. κόσμος Dos. 3 34 — 11 13,25 15 36 17 10 19 11 4115 42 2 168 17,18 196 16, 73 7 78 7 125 7 167 12 128 26 107 21 ; άποτάσσεσθαι τω 17 ; έξελΟείν τοϋ κόσμου 14 11 κόσμο) 13 7 14 21 ; σταυροΰν έαυτοϊς τδν κόσμον (ou εαυτούς τω κόσμο») 1120 13 1-18 142-5 168 22,23; φεύγειν τον κόσμον 11 16. Cf. άφιέναι (τόν κόσμον). κουκούλλιον, cuculle, vêtement monastique 15 2 18 1-15 19 3. χρασις 72 6 84 12 123 5 182 22, 34,36. 559 INDEX DES MOTS GRECS κρίμα 413 185 i» ; (του Θεοΰ,Ι 37 7 48 7 88 3-1 71 5 72 13 73 17,26,32 74 1 95 13 158 37 192 1. κρίνειν 69 tit. 10,12 7112 72 7,8.9 74 3 138 26 190 5 193 4 20211,13,14. Cf. κατακρίνειν. κρίσις 142 3 95 13 187 3 189 16 ; (τοϋ Θβοΰ) Dos. 3 21 — 68 30 73 31 129 38 158 38 173 12. κϋρι, terme de déférence Dos. 55,11,18 6 9,13,25 7 4,6,13 8 9 9 10 106,8,11 30 8 34 5 5222 56 33 85 6.17 99 39 119 12,13 121 8,13,21. κύων (comparaison du chien) 80 16 88 21. Λαλεΐν Dos. 4 1 613,15,28 — 20 18 3111 36 1,2 40 22 42 7 50 21,26 53 3,19 54 10 55 2 56 10,37 57 21 64 4 85 25 68 20 89 15 70 5 77 25 82 17 85 28 88 7 97 5,6,17 1036,23,32 109 S 113 5 114 8 117 14 124 5,7 129 1 152 25 166 1 181 3! 185 2. Cf. καταλαλεΐν. λαιμαργία. espèce de gourmandise 161 16.27. λανάτον, vêlement de laine 45 15. λατρεύεις (0εω) 2 12 148 ι 147 3. λά/ανον, légume vert 45 23 84 11,16. λήθη 21 8 117 12. λοβός (του ήπατος) 175 19 176 12,20,22. λογισμός Dos. 7 2,5 9 12-23 12 20,22 — 15 8 20 16-23 25 8 40 2 44 7 85 23 86 15-27 8011 84 14 85 18 86 3 89 15 90 10,13,23 98 6-16 99 6 106 7 121 1 137 18,21,22 143 2 147 G 15150 182 20 180 9 182 15 189 1 190 15 192 20 193 7 201 tit.: (άνΟρώ-ινος) 111 ΙΟ 137 3 155 39 193 4,12 199 5,8; (δαιμονικός! 193 13; (εμπαθής) 43 7 5428,30 120 1 141 19 142 8 144 11,23,25 145 2,6 190 11 (ίδιος) 83 22 65 10 110 13 193 16 202 2; (καλός) 129 14 ; (πονηρός) 116 18. Cf. ρ. 50-55 ; διαλογισμοί 128 15. λογιστικόν (το), la partie raisonnable de l'âme 178 20,36,45. λόγος (Θεοΰί Dos. 33,21 — 21 I 65 25 77 29 146 7 1819,10; 183 19 ό Λόγος 165 4 ; λόγια τοϋ Θεού 73 36. Cf. ρήμα ; λόγοι (των άγιων! 63 17 1742-16 ; (των άγιων Γερόντων) 26 5 60 28 69 1 ; (των Πατέρων) 48 8 192 3. λοιδορία 93 17 164 6. λυπειν Dos. 3 7 — 57 21 108 18,33 109 3-18 82 15 87 8 110 15 892,14 90 12 94 3! 143 21. λύπη Dos. 6 34 - 67 7,27,42 89 21 93 10,12 94 3 202 10. λυχνικόν (το), le lucernaire. otllce liturgique du soir 105 21. 560 INDEX DES MOTS GRECS Μάγειρος 20 21 58 3 117 19. μαίνβσΟα-. 108 21 161 22,23,25. μακροΟυμεϊν 193 11. μακρυΟυμία 6 16 57 30 76 22 80 13 151 7 184 8 185 15. μάνδρα 179 1,3,5. μάρτυρες (οί άγιοι) 174 tit., 7.15 175 3 177 13. μαρτύριον 84 17. μαφόριον. vêtement, pèlerine (?) 22 17. μελετάν 60 27 69 2 90 13 105 34 180 S 189 4,5 197 17. μέλος (membre) 76 13 77 1-19 15724 168 5 185 4 186 17: (chant) 166*2. μέμφεσΟαι (εαυτόν) 9 16,25 10 6 79 lit. 818.14,19 823 84 3,43 85 10.33 86 12,15,20 915 10119 187 18 196 3 ; (πλησίον) 80 12 38 6 63 11 84 44 85 9 86 9 87 G 88 2. μεριμνάν (μή) Cf. άμεριμνεϊν. μετανοεϊν 3 15 9 5 75 11,12,13 8220,26 85 16.25 102 12 108 26 109 10 1116 117 10 120 7 123 26 132)0 160 6 180 16,21 181 43. μετάνοια, repentir, pénitence 911 74 16 182 3 159 32 16011 200 5; μετάνοιαν βάλλειν :ου ττοιεϊν) Dos. 1131 — 9 23 22 22 56 9 80 10 8511,13,22 8912-18 9020 91 5 94 2-18 97 23 99 38 101 5 15213-22 189 22,26,28. μετεωρίζεσθαι 105 30 118 32 120 6; άπομετεωρίζεσθαι 166 2. μετρεϊν 106 3 107 3 189 10 ; μή μβτρεϊν εαυτόν 152 26,29. Cf. ρ. 65. μέτρον Αν. 37 Dos. 4 10 13 17 215 47 12 49 21 5119,20 141 7 144 16 177 9 189 10. μικρά (τά), les petites choses, objet dn renoncement et du combat 69 4 113 3,14 spirituel 19 7,9 20 25 28 10 42 5-20 20228. Cf. ευτελά. 31 5,24 29 JG μικρόν (κατά) Dos. 5 20 — 6 13 20 3 21 1 104 12 76 21 956 36 16,18 49 12 53 9 6112,16 105 18 114 7 120 10 144 )2 154 31 179 27 190 18 ; (παρά) 20231. μικροψυχεϊν 60 ! 138 12 146 15. μικροψυχία 125 1. μίλη, cuiller 118 G. μιμεΐσΟαι (Θεόν) 156 12. μίσος 5 20 6 21 133 ) 7 137 10 202 55. μνήμη (Θεού) Dos. 10 1 — 126 11. Cf. p. 22, 74, 75 : (θανάτου) 52 2,13 ; (κολάσεων) 523,14 ; (κριμάτων) 1924. μνημονεύει·? (Θεοΰ) Dos. 10 13 — 126 11,13,18 148 14 197 18 ; (τών λόγων τών γερόντων) 69 1. μνησικακεΐν 108 18,34. INDEX DES MOTS GRECS 561 μνησικακία 54 36 89 tit., 7-22 9113,17 93 24) 94 5-37 185 7 188 1. μοναδικός (βίος) Let. 5 1 — 89 4 ; (ζωή) 163 19. μονάζειν Dos. 2 13 — 13 8. μοναστήριον Dos. 25,9 3 35,39 9 2 11 13 — Tit. 14 4-25 32 6 67 17 10524 107 16 184 tit. 188 7. μοναχική (κατάστασις) 73 21 ; (ύπερηφανία) 32 1-21. μοναχός Dos. 7 7 — 29 14 46 1 66 5 89 1 138 2 182 7. μονήρης (βίος) Dos. 1 1 — 11 15. μόν« (Θεώ σχολάσαι) 15 36 ; (Θεω λατρεύειν) 2 12 : (Χριστώ ζην) 169 15.’ μυίνον. vêtement d'hermine 67 19. μυστήριον 73 17 160 10 164)5 172 1,3,26. ΜωΟσης (ό προφήτης) 22 35 15 146 1 147 3,8,11 176 3 7. Ναβουχοδονόσορ 142 13 143 12,13 144 3. νεκροΰν 13 16 16 7,10 17 9 168 5 169 14 172 5,10,27. νέκρωσις 17 5,9 192. νεφρόί 16 8 175 19 176 13,28. ντ/πιάζειυ 18 4-9. νήπιον 18 2,7 115 29 116 16,20. νηπιότης 18 17 19-1. 1616 νηστεία 11 17 6115 153 18 159 tit., 12-24 160 11 164 12. νηστεύειν Dos. 3 23,28 114,11 — 3215 156 8 159 17 164 4, 7,11. νήφειν 31 4 42 17,23 43 8 46 3 89. 9 104 1 105 37 106 41 114 1,6 179 16 180 6. νήψις. vigilance, attention 89 17 96 6 104 lit. 11220 120 2 192 30 123 9 160 5 162 1 173 11 174 9 180 4 198 9. Cf. p. 22, 52, 80 et 336. νομή, chancre 42 10,17. νόμος (γραπτός) 2 2 3 1 6 6-18 40 9,11 53 11 56 24 15138, 49 159 1 166 8 167 14 175 18,28 ; (φυσικός) 1 18 405,7. νοσοκοαεϊον Dos. 1 12,15 4 18 6 2,7,23 8 5.7 — 57 2 12127. νους 11 11 1814 40 3 53'2-1 69)8 142 7,8 1663 17024 177 18 183 5 196 7 ; τιΟέναι τόν νοϋν 50 3 51 1 78 5 85 9 113 1 143 1 174 9. Νώε 1 20. Ξονοδόχος 119 2. Όγδοον 58 19,21 59 3-21 60 18,20. 562 INDEX DES MOTS GRECS όόεύβιν 20 7.10 28 3 81 12 104 tit. 107 5-34 187 10. όδηγεϊν Let. 5 2 Dos. 13 7 — 50 13 61 9 68 5,13. ό8ός Let. 3 4,8 —20 7,10 415,14,15 422-1 68 36* 78 9 80 17 $1 12,14,16 8443,44 85 32 86 14,16 96 12 189 13 193 21 197 1; (βασιλική) 106 1-42 107 1,8.10; (τοΰ Θεού) 619 63 7,8,10 104 til. 112 21; (τής ταπεινώσεως) Let. 2 I — 87 9.16.19 153 31 ; (τών Πατέρων) Let. 1'26 — 187 10. οίκοδομείν 145 1$ 149 9,12,14 150 1-28 151 38 153 36 158 32,34 185 19 ; (εαυτόν) 190 $. οίκοίομή 128 16 149 tit. 150 5,9 1514-33 152 6. οικονομία (τού θεού) 84 31 193 1 195 6. οικονόμος 99 32,35,37. οίκος 86 1$ 149 6-17 150 1 -26 152 ! ,3,6 151 23-36 153 36 158 33. 184 2. οίκτίρμων 67 41 122 28 134 Π, 12 153 7 156 6-11 όκνεϊν 101 1.3 154L όκνηρία Let. 4 11 — 27 10. όλιγωρεϊν, perdre courage ou patience 57 25 67 17 125 20 140 13 143 13 ; s’impatienter contre quelqu'un Dos. 61 — 117 26 158 8. ολιγωρία 133 16 155 12. 166 9 167 5,7 174 18 175 15.16,21 177 4 ολοκαύτωμα 147 9 26. όμιλειν (τω Θεώ) 113 30. όμοίωσις (καθ’ όμοίωσιν) 134.8,10.15 170 20. όνομα (Θεού) 2 13 3 12 84 38 137 28 ; (Χριστού) 201 ύξυχολία 90 27. όπτοροοητόν (ώύν?. t œuf mollet · Dos. 9 6,17. 91 13,16 89 6,19,22 9028,31 όργή, colère Dos. 55 — 52 23 202 ΙΟ ; 164 6 185 3,10.18 131 II 133 17 94 4,20 mégère 73 24. 70 3,12 29 4-18 30 15 18 8 όργίζεσθαι Dos. 6 15,29 — 6 8 89 1 113 11 202 56. οσπριον, légume sec 45 23. όσους 16 5.8 19 1 176 14. Παθήματα (του Χριστού) 15 23,30. 114,5 13 6 πάθος Let. 2 8 — 114 43 5 18-24 6 2,22 7 11 82 19,24 5223-31 53 15 14 15 18 10 29 12 30 1.2 108 2-29 99 3 107 22 9123 94 37 84 12 89 4.11 Ut. 25,28 112 2-H 113 I 1102.3,6 1113-18 109 1-25 122 1,6,7 121 1 115 17 117 3 120 10,11.13 11420 ; 132 1 ; 131 S,lü,18 126 5-19 128 19 129 3 123 2-22 INDEX DES MOTS GRECS 563 133 14,18 134 2-22 136 9 141 4-20 143 2 144 15-28 1452,5,6 146",9 150 16,17 15321 162 3 16825 184 9 185 18 190 12,17,20 194 7 202 13,54,61. παιδεία 3 17 105 1 2019. παιδεύειν 8 23 184 2. παίδευσις 155 10. παιδίον 18 5.13 68 15 15140,19,50. παράοασις 1 15 39 1 172 11,16,21 187 17. παράδεισος 11,5,11 8 11,18 170 12 17213,19,30 17932. παρακοή Let. 4 11 — 7 13,26 821. παρακούειν 23 17 60 4. παρακροασΟαι, être aux écoules, épier 97 13,28 99 10. παρθενία 12 3 13 2. παρθένος 15 37 73 3,10,18. παρρησία (louable) Lei. 1 15 — 50 12,16 ; (vice) 52 19-31 53 1-18 54 5 181 28. Cf. p. 82 el 232. παρρησιάζεσΟαι 52 5,16 53 1 1648 18130. Πάσχα 166 tit., 14-20 167 1,11 174 13. Πατέρες (οί) Av. 7,15 Let. 1 25 Dos. 13 14 — 1 18 117 12 1 13 1 14 1,27 19 6 25 18 37 13 40 6 46 1.8 52 1 56 16, 19 66 35 68 37 69 11,22 78 1 8433.43 85 9,14,19 86 25 89 I 100 1 104 20 108 28 109 18 117 7 118 22 128 12 131 18 141 6 142 5 146 10 152 25 153 31 159 13 1615 174 7 1764,21 180 1-23 1811 185 17 187 11,17 189 25 192 3,26.29. πατριάρχαι 1 19 40 8. Παύλος (Saini Paul Apôlrc) 31 18,21. πείρα 25 1 35 21 5121 193 10. πείραν 8 28 23 21 117 3 197 7,13 198 8. πειρασμός Dos. 2 11 30 2 39 32 48 25 53 27 57 8 65 11 67 9,15 83 186 23 88 10 102 13 114 3 123 24 138 til., 2,4 140 12,27,30 141 1 143 6-22 148 13,16, 19 193 lit.,11,15 194 10 196 tit.. 2,6 197 14 1982, 5,9 199 2 202 21,22,23. πενΟεϊν 41 1 898 18114. πένθος 71 27. Cf. p. 18. πέπων 57 28. περιεργάζεσΟα·. 97 16,29 100 6. Πέτρος (Saint Pierre) Let . 1 12 — 31 18,20 169 5. πικρία 89 89 10 117 4 182 29. πιστεύειν (τω Θεω) 84 16 154 15 189 6 ; (δτι) 28 9 31 19 57 1 61 6 63 20 66 27 138 6 139 3 143 20 153 11 187 19,21 193 15 196 4; (ούτως) 200 6; (έαυτω) 62 20 68 25 ; (ιδία καρδία ou συνέσει) 10 6 68 23 187 1 192 20 564 INDEX DES MOTS GRECS 202 5 ; (ύπονοίαις) 97 28 98 13.17 100 -1 19223 ; (τινί) 101 23,24 ; (κατά τινός) 78 40. πίστις Λν. 11 Loi. 5 7 Dos. 6 33 79 12 19- 17 0 26 12-16 85 » 1512 184 8 187 8 197 7. πιστός (ό Θεός} 140 8 197 12. πλάσμα 2 1 8 25 716 13922 172 8 200 1. πλενζέκτης 103 3. πληροφορεϊν 4 10 58 17 84 19 858-29 99 4.41 139! 152 21 189 13 201 7. πληροφορία Dos. IS 12 21 — 23 32 54 11 58 29 6125 85 5 186 19. πλησίον 12 10 29 13 433,9 44 1-10 5024,26 53 29 54 22 55 2 56 16 59 12 80 12.26 69 tit., 10-27 70 18 712 72 1 74 21 75 2-26 763,40 77 2,33 78 22,24, 25 8444,47 86 6,8 88 1,25 97 9 103 20 107‘26 153 27 154 7-34 169-1 182 29 183 17,20 184 19 185 19 187 26,32 191 3-22 2012-13 202 3-57. πλήσσειν (τδν πλησίον) 44 2,4,5 50 24 53)9 55 2 57 21 88 1 93 6 117 14 152 13 154 25. Πνεύμα (Θεοΰ) 39 8 66 23 92 35 104 21 184 7. πνευματικός 24 7 10532 145 17 160 12. πνιγμός 67 13. ποιεϊν (αγαθόν ou καλόν) 423 76 41 11 42 30 49 12,15 50 33,34,37 519,22 55 16 70 25 114 2 133 6,7,13 15128 155 32 157 14 158 30 191 3-24. πολεμεΐν 39 22 51 8 65 22 142 25 143 24 144 10 146 9 153 13 18110,16 190 11,14,18 197 8. πόλεμος 51 4,14 142 25 143 26 153 12,15 155 12 165 6. πόλις 34 6,8 73 2,3 107 6-31 143 3 145 19 155 9,17 1828; Αγία ΙΙόλις Dos. 3 5,13 — 107 6-35 164 18. πολιτεία Let. 6 6 7 9 — 32 15 78 9 81 15. πολιτεύεσΟαι 19 5. πονηρός (ό), le Mauvais, le diable 6212,13 63‘24 64 2,23 65 1,12 969,1-1 103 38,41 187 7. πόνος 71 20 76 3 105 25* 124 5,7. Cf. ρ. 25. πορνεία 16 11 718 73 31 108 11 143 24. πράγμα (έχειν) 25 17 57 7. πρακτική 15 8 154 44 176 8,41. πράξις 127 17,20 132 10 137 21 162 5 176 Π 192 9. πράος Lei. 1 11 2 2 — 7 19,31 8 33 18136 18622. πραότης 87 11 133 11,17 15111 184 9 187 25 201 14. προαίρεσις Let. 1 1 47 — 88 57 24 95 7 97 25 102 22 118 18,21 123 28 154 16 155 43 192 22. προθυμία Dos. 7 16,21 — 117 26 118 17. INDEX DES MOTS GRECS προκοπή Let. 110 — 21 1 45 19 83 16 133 2 144 8. προκόπτειν 20 3,6 38 21 42 13 60 31 75 2 70'29 832,3.13 88 1 99 7 104 7,12 105 36 11119 1417 151 IG 179 27 565 82 27 120 10 189 6,18. πρόνοια (τοΰ Θεοΰ) Let. 4 20 6 8 — 83 18 88 28 124 27 187 19 193 9 195 1. προσευχεσΟαι ci. εύχεσΟαι. προσευχή 53 24 90 Μ,19 182 13 189 7. Cf. εύχή. προσέχειν 15 11 20 16,17,18 22 25 42 9 45 16 07 31 75 1 77 20,25 79 15 80 14 84 31 98 5 105 31,33 118 33 136 10 137 2 153 9 102 21 104 9 180 18 18125,32,33 190 6: 52 14 72 3 73 3 95 10 114 1 129 12 180 18. προσπάθεια Let. 1 13 Dos. 8 12,16 9 1 -146-23 17 11,13 20 32 58 8 79 12 131 2 169 9,15 187 2 Cf. ρ. 55. προσπάσχειν Dos. 78 — 14 7,9 188 13. προσφέρειν (τω Θεω) 1121,27 12 2 13 1 48 18 106 8 16,17 175 1,20.22 170 3-28 177 1-19. προφήται 33 4 4.8 40 12. 138 6,7 53 7.13 100 5 150 13 (έαυτώ) 149 13 19 8.9 188 2. 167 *, 'Ραθυμία 27 11. ρήμα Dos. 05,28 11 17 — 20 19 22 10 23 7 50 1 55 5 50.1, 88 3,20 90 2,4,16 14,37 57 4,21,23 79 2 82 14,19,24 101 5,23 102 4 108 13-.« 109 2 91 17,19 97 7 117 18,22 152 12 158 14 ; (Θεοΰ) 114 16. Cf. λόγος. I 87 4,10 99 14 109 24 Σιωπάν Dos. 8 19 — 50 32 54 7 6125 1118 152 13,16,24 158 15 189 24. σιωπή Til. 90 19 152 23,26. σκανδαλίζειν 103 14,16 190 3. 103 9,13 117 10122 ; 71 54 16 σκοπός Let. 5 2 — 6 18 162 6, 156 13,15,21 140 6 104 tit. 107 5-29■ 153 7,10 195 4 ; άσκόπως 105 36 10,18 180 7 :181 5,6 188 15 181 3. σκοτεινός 40 '24 67 11 120 16 127 21. σοφία Let. 6 11 — 26 10 49 3 139 13,23 191 6. σοφιστής, sophiste, professeur de rhétorique 36 2-25 105 10. σοφιστική 36.14. σπέρματα (της άρβτηςΙ 122 18. σπετλον 40 23*. 58 5 55 I σπουδάζει? 14 2 28 9 31 5 42 1 513,15 54 2 94 21 93 8 59 2 60 28 67 I 77 28,32 78 27 84 45 566 INDEX DES MOTS GRECS 96 2 100 2 108 29 112 15 113 tit. 117 I 120 7 123 26 129 13,17 136 10 14012 154 46 158 20 160 5 17129 174 2 179)8 18116,18,33 187 28 189 11,1« 1904,7 191 12 118 30 145 10 180 7 19224. σπουδαίος Let. 49,20 5 13 — 32 15 58 15 11821. σπουδή Let. 12 7 7 — 95 11 96 15 118 Γ 1239 15416 1888 191 13. σταυρός 17 2,4,5 19 3 56 6 168 21 169 12 172 11,20 177 12. σταυροΰν 11 19 13 3-18 14 1-5 168 23,25 ; άνασταυροΰν 167 3 172 12. στένωσις 23 12 67 7,12. στοιχεϊν (έαυτφ) 8 20 10 3 61 til., 5 62 17 85 13 66 3,8,9 672 68 3,6,36 187 3 202 31. στρατεΰεσΟα·. 15 16-33 179 23,24 ; (Χριστώ) 15 22. στρατηλάτης Dos. 3 1-29 — 17921. συγκατατίΟεσΟαι, consentir (â la tentation} 43 9 137 23. συγχωρεϊν Dos. 6 19,32 — 54 42 56 34 71 25 76 38 88 23 99 49 126 14 140 6 155 13 158 20,22 185 12,13 ; συγχώρησόν Dos. 6 13 10 11 9 10-20 28 3,26 27 3 54 11 85 6 99 39 101 2 121 7-33 189 23,29 συμβουλεύαν 1214,16; συμβουλβύεσΟαι 184 17 198 4. συμπάθεια 54 9 76 2,46 9434,36 103 6,19 15110 153 6 155 10 186 17 189«. συμπάσχειν 39 10 76 12 77 13,18 154 18 155 29 157 23 185 10 202 12. σΰναξις 99 14,34,45. συνείδησις Let. 5 6 — 40 5-28 41 3,8 42 1,12,21 432-13 44 7,10 45 10.21,25 46 2 54 28 56 1« 80 3 82 Μ 88 3 128 9 142 3 187 31 189)2,16. σύνεσις Let. 6 10 — 10 6 52 26 61 lit. 66 17 139 10 18615 192 30 2022. συνήθεια Dos. 5 22 11 19 — 20 25 42 17 58 11 62 2 65 19,27 89 8 96 5 109 7,14 1114 122 1 131 2-7 184 15 187 12. συντρϊβειν 5 3 88 4 90 15 112 12,15 128 3 ; συντρίόεσΟαι 51 5 88 $ 94 40 105 36 14011,23 144 11. συντριβή 10 11,13 51 10 81 9 123 29. σφέκ/.η (?) 40 23. σφραγίζειν 80 18 118 9,19 183 9,19 ; κατασφοανίζειν 77 8 118 7. σφραγίς 118 15-31. σχήμα {μοναχού) 14 25 151,4,11 19 5,6. σχολάζειν 100 3 105 26 132 16 146 4 183 6 ; (Θεφ) 15 36. σώζειν Dos. 3 34 4 7,17 13 6 - 46 7 16 22 12 23 33 INDEX DES MOTS GRECS 567 243,6 28 8 5621 68« 7611 114 19 151 27 156 17 200 7 201 13 ; Οέ/.ενν σωΟήναι 24 5 55 7 751 125 20 133 3 137 24 96 15 114 19 124 tit 144 1 176 2. σωτηρία 7 28 64 22 104 17 117 33 61 2,22.27 119 19 124 lit. 143 13 144 1. 7 187 9 198 5. οωφροούνη 153 29. Ταπεινός Let. 1 11 5 17 7 5 — 7 19,30,32 8 34 112 30 11 36 22 38 9 7117 113 13 13620,24 181 36 18623. ταπεινούσΟα·. 9 3.19 287,9,11 32 16 33 14,15 38 19,20 39 20. 24.25 55 11 6023 94 34 101 6,12,19 103 31 110 13 140 24 142 15 143 5 144 11 145 10 152 27 180 15 192 24. ταπεινοφροσύνη 725,27,28 82.32 92 10 5 26 tit., 2-26 392 27 2,13 28 1,2 309.17 3821 56 17 60 10,11 103 7 106 34 118 26 133 15 135 12 138 13 144 2 15128 160 6 20227. ταπείνωσις Let. 2 1 3 11 6 12 Dos. 12 4 — 6 18 7 29 9 11,26 109 18 2 2311.25,28 28 1,6,10 291-18 303,6 31 1 3222 33 1.4,5 36 1,21 34 1,22 35 1-19 372-19 38 2,18 39 12-31 54 11,27 68 6 85 30 88 14 94 36,40 123 29 140 11,28 103 9.19 110 9 143 15 144 16 15123-51 148 17 152 18 153 30,31 184 17 186 15 187 25 189 23,26,28. ταράσσειν 29 17 59 19 60 17.24 90 29 93 5 75 25 82 17 108 11»,37 158 14 188 15; ταράσσεσΟαι Dos. 1114 _ 29 17 54 39 76 32 79 3 80 3 81 2.3.22 8215 90 29 91 7 94 10 97 23 108 14,31,37 138 5 14029 141 3,10.1) 144 11 148 15 153 17 18815 202 17 62 ταραχή 54 42 58 8,17 59 17 817 89)3.23 90 9,18 9131«. 100 7 102 2,5 110 15 158 12 185 1 186 1 9. τέκνα (τών άγιων) 50 2-16. τέλειος Λν. 2,37 — 12 12 17 5,9,15 18 3 20 13 3125 33 5 42 ) 3 47 2-29 48 20,27 49 1-23 51 25.26 52 17 53 10 591 129 20 155 5-47 177 6,7 192 31 20255 τελειότης 104 16. τελειοΰν Let. 1 17 — 47 11 151 56 152 1,3 191 20. τελείως 20 1 51 17 6320,22 76 17 94 23 26. τελείωσις 151 35,45,53 191 2-1. τελώνης 70 28,3). τέχνη 36 20 65 24 95 3-9 1 05 31 140 ) 6. τολμηρία 90 12. τραϋμα 3 1 57 29 77 4 94 12-29. INDEX DES MOTS GRECS 568 τρίχινου 45 13. τροΰλλων, vase 1185,6. τρυφή (παραδείσου) 1 8 10 Dos. 3 2 - 21 3. 170 12 179 13; (en mauvaise part} ΓίοΟέσία 167 15. υ’.ός 48 7-25 49 22 51 20 76 24 157 10,19,27 ; υίοΐ θ*οΰ 51 21 ; ό Τίός τού θεού Dos. 10 3 — 4 2 175 15 1866. ύπακοή Let. 5 6 Dos. 9 3 1115,16 13 4,19 — 7 27 8 22 216 22 3,26 23 25,27 25 1,17 61 15 6635 118 23 1515. Cf. p. 69. 33 32 ύπακούειν Dos. 7 10 — 7 15 9 3 10 10 24 16 48 22 77 22 178 9. ύπερηφανεύεσΟχι 317,22 32 3,17,13. ύπερηοανία 84,6,12 9 1 105 31 1-25 32 1-21 384,8 3924 106 34 107 25 108 10 133 15 137 17 141 4 144 14 187 22. ύπηρετεϊν Dos. 1 10 8 2 — 25 10 32 12 56 1.6,31 153 2-18 163 3. 184 4. υπόδειγμα 78 1 90 1 99 55 112 4 126 15 182 5,41 1412,12 ύπομένειν 15 23,24 67 30.31 95 6 125 19 134 11 1964 14416 148 16 151 18 175 13 1941 195 1 198 6. 151 12,19 ύπομονή 84 29 133 17 140 9,28 141 8 143 29 18920 197 12 198 9. ύπονοεΐν 43 10 75 18 97 5-20 183 1«. 1002-12 ύπόνοια 69 14 97 4,12,28 9814,15,18 99 4-55 18722 192 23. ύποταγή Let. 5 5 7 14 187 1,8. Cf. p. 69. ύποτάασεσΟαι 165 4 184 lit· 1879 2022. ύποφερειν 1529 48 24 109 3 197 15. ύψηλός Let. 8 11,12 7 4 -9 6. ύ'φηλοφροσύνη 8 33. Φαραώ 142 27 145 8,13 146 2 147 1,6. φαρ ισαϊος 70 21. φιλανθρωπία 76 46 84 26 125 6 172 29 179 31. φιλάνθρωπος (θεός) 4 I 60 32 158 36 173 10 186 2 200 I 201 16. 1948 145 2! οιλαργυρία 27 9 10117 113 27 131 20 133 15 168 21. φιλαυτία Let. 2 8 — 8 19. 131 φιληδονία 1 13 519 6 22 16 7 39 5 101 17 113 26 162 8 168 20 192 27. 15,20 134 21 145 21 INDEX DES MOTS GRECS 569 φιλοδοξία 113 622 10118 18113,19 14522. Cf. κενοδοξία, φιλοκαλείν Dns. 7 3-20 — 101 7 180 15 132 2,6,9 135 9 183 8. φιλονεικεϊν 45 16 59 11 129 8. φιλονεικία 58 16. φιλονείκιος 60 21. φιλοσοφειν 108 5. φιλοσόφοι Let. 43. φλυαρία 54 17,38. φοβεΐσθαι 3 15 28 16 25 15 37 5 48 2-33 49 1« 515 54 1 84 12 66 11,32 8832 10831 11411 142 18 14811 1576,16; (τόν θεόν) 47 5-25 4814-26 49 22 52 6-11 75 22 149 2,13 1912-21. φόβος 6 20 22 25 4225 47 2-9 48 32 50 2 83 19 67 21 75 8 102 21 109 15 123 9 ; (τοΰ Θεού) 26 9-21 47 tit., 21-29 48 16,20,27 491-23 50 3-39 51‘25-31 52 1-30 53 9,16 54 9 55 8 60 29,33 73 19 82 4,10 85 7,32 100 9 149 5,7,10 191 5-11; (τών κολάσεων) 47 13,15 4828,32 49 10,15 124 tit. 157 20. φροντίζειν Dos. 1 12 10 5 - 42 18 76 -14 78 27 104 1 11421 121 15 128 18 129 16 148 16 150 5 160 9 178 1 180 9 184 1 188 8. φυλάττειν Dos. 8 21 — 29 G 49 7 77 2 137 7 151 42 154 ‘24 156 19,27 161 6 163 Π 179 1 188 9; (έντολάς) Dos. 3 27,35 — 9 4,18 1120,23 122,11 37 6 60 34 84 47 86 6,12,25 113 20 149 11 177 10 178 9 ; (λογούς τών Πατέρων) 46 7 847 95 12 ; (άγαπήν) 48 10 56 15-22 ; (γλώσσαν) 185 2; (κατάστασιν) 58 6.19 59-1,8; (λογισ­ μού;) 15151; (συνείδησιν) 42 1 43 1-12 44 9 451 56 16 187 31 ; (εαυτόν) 46 4 96 16 108 41 137 1 1601 1613 1842 173 1 18128. φύσις 78 20 131 6 ; κατά φύσιν 1 6,11 4 17 10 8 11 11 106 31 122 23 144 13 176 42,43 ; παρά φύσιν 1 12 122 24. φυσικός 33 6 50 42 134 5,16,17 15146. φως 67 38 103 28 122 21 134 20 155 8. φωτεινός 40 3 127 19. φωτίζειν Let. 1 21 6 9 — 11 12 40 3,17 68 15 7828 86 8 117 31 φωτισμός 75 14 154 36. 1743. Χαμευνία 11 17. χαρά Dos. 4 17 6 21 79 8 25 — 83,10 5114,24 67 3,38 68 7 73 10 8118 124 11 160 12 184 7 18914. χάρις Ι’άρετη-ς) 23 29 308 1582 ; (Θεοΰ) 18 11,13,15 2910,11 67 13 201 17 ; (Χρίστου) 187 12 ; (τοΰ πλησίον) 202 26. INDEX DES MOTS GRECS 570 χειρ 15 7,11,13 178 7; (les mains de Dieu 78 28 170 9; (les mains du diable) 73 29 172 23; χεϊρα (διδόναι) 85 6 77 30 (έκτεϊναι) 53 6 67 29 (ζρατεϊν) 76 43 (ταρέχειν) 146 17. χλανίδιον 15 16.18. χλενάζβιν 9 13 65 29 109 28 121 3. χλεύη 82 18 85 17. χρήματα 11 19 17 12 29 7 Ιβθύ,ΙΟ 177*24. χρήσεις (τών Πατέρων) 85 18. χριστιανός 1122,23. Χριστός Λν. 8,38 Let. 123,27 7 14 Dos. 616,17,29 10 2 — 7 1 109 1122 125 1522 176 18 17 194 40 13 48 11 49 21 50 10 56 24 70 15 76 30 84 6 94 41 113 23,31 11622.23 122 28 129 22 165 13 166 14 167 2-17 16816,22,24 169 12,13,15 172 2-29 173 7 179·’.! 185 1.9 186 21 187 12 192 8 196 5 201 1,15. ΨάλλεινδίΙΟ 92 1-37 118 3,26 126 18 166 tit., 2,4 174 tit., 1,9,12. ψαλμωδία 118 1« 126 3,5. ψεύδος 96 1-16 97 1.19 98 15 100 13 101 5,15,18 10338,40 164 5. ψηλαράν 5423 ψηφίζειν 152 30 ψιάΟιον 57 12. 82 11 109 20 159 10. 116 1 117 24. Ώόν Dos. 9 6-23 — 84 13,16. ωφέλεια Let- 73 — 25 12 48 5 53 26 54 26,35,41 6023,29 64 6,12 8228 84 39 122 8 124 6 15433 156 25 ώφελεΐν 20 4 5320 88 27 102 17 150 6 180 11 191 19. 186 11. 55 14 60 22,31 57 26 138 7 75 28 77 21,25 86 2 12820,21,22 139 18 140 31 141 1 18140 182 1,5,46 183 13,16 190 7 VL TABLE DE CONCORDANCE DE L’ÉDITION MIGNE AVEC LA PRÉSENTE ÉDITION Anonymi praefatio PG 83. 1612-1613 = Avertissement Epistola... — 1613-1617 — Lettre d’envoi Doctr. 1-XV — 1617-1793 = Instr. I-XV — XVI — 1793-1800 = Lettre 1 — XVII — 1800-1804 = Lettre 2 — XVIII — 1804-1808 = Lettres 3-6 — XIX — 1808-1812 Sentences — XX — 1812 = Lettre 7 — XXI — 1812-182! = omis (cf. p. 31-32) — XXII — 1821-1829 - Insir. XVI — XXII! — 1829-1836 - Instr. XVII — XXIV Epistolae I-IV — V — — — VI VII VIII p- 106 p. 110 p- 146 P· 489 P- 499 p. 504 P· 526 P· 512 P· 458 P' 474 — 1835-1838 — omis (cf. p. 30) — 1837-1840 = Lettres 8-11 — 1840 = Lettre 13 P’ 514 P' 5 — 184! —1841 — 1841 p‘ p'5 p’ 524 «= Lettre 15 =· Lettre 14 = Lettre 16 Manquent dans l'édition Migne : Le La Le La texte grec dos § 5-7 de la lettre d’envoi Vie de saint Dosithée texte grec de la lettre 6 Lettre 12 p. 116 p. m p. 510 p. 518 TABLE DES MATIÈRES PlgO* Abréviations.............................................................................................. 7 INTRODUCTION I. La vie de s. Dorothée 1. Sources et chronologie................................................ 2. Jeunesse de Dorothée................................................ 3. Au monastère de Séridos.......................................... 4. Tentations et épreuves.............................................. 5. Difficultés dans les charges...................................... 6. Sous la protection de ses Pères................................ 7. Dorothée fondateur et abbé.................................... 9 12 14 17 20 23 26 U. L’œuvre de Dorothée 1. Inventaire..................................................................... 2. Origine du recueil...................................................... 3. Aspects littéraires...................................................... 30 33 35 III. La doctrine spirituelle 1. Les sources.................................................................... 2. Aperçu général............................................................ 3. Lés ennemis à combattre.......................................... 4. Connaissance de soi. Nécessité d’un guide.............. 5. Le retranchement des passions................................ 6. L’acquisition des vertus.......................................... 7. Humilité et crainte de Dieu...................................... 8. La charité.................................................................... 9. L'obéissance................................................................. 10. La prière...................................................................... 11. Gnose et contemplation.............................................. 12. Le repos de la vie monastique.................................... 13. Spiritualité chrétienne.............................................. 40 44 48 52 55 58 62 67 69 72 75 78 81 IV. Diffusion 1. La tradition manuscrite.......................................... 2. Éditions du texte grec................................................ 84 85 TABLE DES MATIERES 574 3. 4. 5. 6. Traductions latines.................................................... Traductions françaises.............................................. Traductions néo-grecque, slavo-russes et bulgare.. Autres traductions.................................................... V. Influence 1. Au Sinai....................................................................... 2. Saint Théodore Studite.............................................. 3. Dans les Catena: et les florilèges ascétiques.......... 4. Au Mont-Alhos et en Russie...................................... 5. Chez les moines d’Occident...................................... 6. Hors des cloîtres........................................................ 85 87 88 89 90 91 VI. La présente édition 1. Le texte grec.............................................................. 2. La traduction française et les notes.......................... TEXTE ET TRADUCTION Siglee..................................................................................................................... Avertissement................................................................................ Lettre d’envoi............................................................................... Vie de saint Dosithée................................................................ Instructions I. Du renoncement,.................................................. . II. De l’humilité............................................................... III. Delà conscience......... ................................................. IV. De la divine crainte.................................................... V. Qu’il ne faut pas suivre son propre jugement....... 250 VI. Qu’il ne faut pas juger le prochain........................... 268 VII. Du blême de soi-méme.............................................. 288 VIII. De la rancune............................................................ 306 IX. Du mensonge............................................................... 320 X. De la vigilance avec laquelle il faut marcher sur la voie de Dieu, sans perdre de vue le but........ 336 XI. De l’empressement à retrancher les passions avant 356 que l’âme ne s'habitue au mal.................. XII. De la crainte du châtiment à venir et de la nécessité pour qui veut être sauvé de ne jamais perdre le 380 souci de son propre salut...................... XIII. Qu’il faut supporter les tentations sans trouble et avec action de grâces........................................ 402 XIV. De l’édifice et de l’harmonie des vertus de l'âme.. 4'20 TABLE DES .MATIÈRES 575 XV. Dm saints jeûnes........................................................ 446 XVI. Explication de quelques paroles de saint Grégoire chantées pour la sainte Pâque................. 458 XVII. Explication de quelques paroles de saint Grégoire chantées pour les saints martyrs.......... 474 Lettres 1. A des Kelliotes qui l'avaient interrogé sur les rencontres................................................................. 2. Aux préposésdumonastère età leurs disciples.. 3. A celui qui a lacharge decelléricr............................. 4. Au même...................................................................... 5. Au mémo...................................................................... 6. Au même....................................................................... 7. Λ un frère qui l’avait interrogé sur l’insensibilité de l’âme et le refroidissement de la charité.... 8. A un frère oppressépar une tentation....................... 9. Au même...................................................................... 10. A un frère tombe dans une longue maladie et divers malheurs................................................................... 11. A un frère dans la tentation...................................... 12. Au même...................................................................... 13. Au même...................................................................... 14. Au même...................................................................... 15. Au même...................................................................... 16. A un frère malade qui avait diverses pensées au sujet de ceux qui subvenaient â ses besoins.......... Sextexc.es......................................................................................... 486 498 504 506 508 510 512 514 516 518 518 518 520 522 522 524 526 INDEX I. II. III. IV. V. VI. Index scripturaire...................................................... Index des citations pat.ristiqucs............................... Index des Pères et Auteurs antérieurs au x'siècle. . Index des Pères cités parDorothée.......................... Index des mots grecs................................................. Table de concordance de l’édition .Migne avec la présente édition........................................... 571 533 537 540 543 545 IMPRIMERIE A. BONTEMPS, LIMOGES (FRANCE) Registre des travaux : Imprimeur : 21526 — Éditeur : 5235 Dépôt légal : 2e trimestre 1963 SOURCES CHRÉTIENNES LISTE COMPLÈTE DE TOUS LES VOLUMES PARUS Λ'. B. — L’ordre suivant est celui de la date do parution (η® 1 en 1942), et il n’est pas tenu compte ici du classement on séries : grecque, latine, byzantine, orientale, textes monastiques d'Occident; et série annexe : textes para-chrétiens. Sauf indication contraire, chaque volume comporte lo texte original, grec ou latin, souvent avec un apparat critique inédit. La mention bis indique une seconde édition. F 1 bis. Grégoire db Nysse : Vie de Moise. J. Danlélou, S. J., prof, ù l’inst. cath. de Paris (1956)....................................... 14,10 2 bis. Clément d’Alexandrie : Protreptique. C. Mondésert, S. J., prof, aux Fac. cath. do Lyon, avec la collaboration d'A. Plassart, prof, à la Sorbonne (réimpression 1961) ... 12,00 3. Atrénaoore : Supplique au sujet des chrétiens. G. Hardy (trad, seule) (1943)..................................................................Épuisé 4. Nicolas Cabasilas : Explication de la divine Liturgie. S. Salavllle, A. A., de l’inst. fr. des Et. byz. (trad, seule) (1943)........................................................................................ Épuisé 5 bis. Diadoqub dis Photicé : Œuvres spirituelles. E. des Places, S. J., prof, à l’inst. biblique de Rome (1955).. 14,10 6. Grégoire de Nysse : La création de l’homme. J. Laplace, S. J., et J. Daniélou, S. J. (trad, soûle) (1914)...................... Épuisé 7. Orioène : Homélies sur la Genèse. H. de Lubac, S. J., * prof, à la Fac. de Théol. do Lyon, et L. Doutreleau, S. J. (trad, seule) (1944)..................................................................Épuisé 8. Nicétas Stéthatos : Le paradis spirituel. M. Chalondard, doct. és lettres (1945)....................................Hemplacé par le η·> Si 9. Maxime le Confesseur : Centuries sur la charité. J. Pégon S. J., prof, à la Fac. de Théol. de Fourvièro (trad, seule) (1945)........................................................................................ Épuisé 10. Ignace d’Antiochf. : Lettres. — Lettre et Martyre de Poi.ycarpe de Smyrne. P.-Th. Camelot, O. P., prof, aux Fac. dominie, du Sautchoir (3® édition, 1958).............. 12,00 19 der (1948)....................................................................................... 10,80 Trad, seule.... 7,20 21. Ethérie : Journal de voyage. H. Pétré, prof, à SainteMarie de Neuilly (réimpression 1957)................................ 11,70 22. Léon le Grand : Sermons, t. I. J. Leclercq, O. S. B., et R. Dolle, O. S. B., à Clervaux (1949).................................... Épuisé 23. Clément d’Alexandrie : Extraits de Théodote. F.Sagnard, O. P., prof, aux Fac. du Saulchoir (1948)............................ Épuisé 24. Ptolémée : Lettre à Flora. G. Quispel, prof, à l’Univ. d’Utrecht (1949)..................................................................... Épuisé 25 bis. Ambroise de Milan : Des sacrements. Des mystères. B. Botte, O. S. B. (1961)...................................................... 13,80 26. Basile de Césaréb : Homélies sur l’Hexaéméron. S. Giet, prof, à l’Univ. de Strasbourg (1950).................................... 19,50 27. Homélies Pascales, t. I. P. Nautin, chargé de recherches au C. N. R. S. (1951).............................................................. 8,40 28. Jean Chrysostome : Sur l’incompréhensibilité de Dieu. F. Cavallera, S. J., prof, à l’Inst. cath. de Toulouse, J. Daniélou, S. J-, el R. Flaceliére, prof, à la Sorbonne (1951)........................................................................................Épuisé 29. Origène : Homélies sur les Nombres. J. Méhat, agr. de l’Univ. (trad, seule) (1951).................................................... 21,0· 30. Clément d’Alexandrie : Stromate L C. Mondésert, S. J., et M. Caster, prof, à l’Univ. de Toulouse (1951).................. Épuise I ’ - · « ;· · .? 11. Hippoeyte de Rome : La Tradition apostolique. B. Botte, O. S. B., au Mont-César (1946)................................................ Épuisé 12. Jean Moschus : Le Pré spirituel. M. J. Rouit de Journel, S. J., prof, à l’Inst. cath. do Paris (trad, seule) (1946)........Épuisé 13. Jean Chrysostome : Lettres à Olympias. A. M. Malingroy, agr. de l’Université (1947)...................................................... Épuisé Trad, seule.. 8,70 14. Hippolyte : Commentaire Sur Daniel. G. Bardy et M. Lefèvre (1947).............................................................................. Épuisé Trad, seule.......... 9,60 15. Athanase d’Alexandrie : Lettres λ Sérapion. J. Lebon, prof, à l’Univ. de Louvain (trad, seule) (1947)................. 8,10 16. Origène : Homélies sur l'Exode. H. de Lubac, S. J., et J. Fortier, S. J. (trad, seule) (1947)...................................... 10,60 17. Basile dr Césaréb : Traité du Saint-Esprit. B. Pruche, O. P. (1947)............................................................................. Épuisé Trad, seule.... 10,50 18. Athanase d'Alexandrie : Discours contre les païens. De l'Incarnation du Verbe. P.-Th. Camelot, O. P. (trad, seule) (1947)........................................................................... 12,30 19. Hilaire de Poitiers : Traité des Mystères. P. Brieson, prof. àTUniv. de Poitiers (1947)........................................... 7,60 20. Théophile d’Antioche : Trois livres à Autolycus. J. Sen­ ·■ ■■ F F 31. Eusébe de Césaréb : Histoire ecdésiastique, 1.1. G. Bardy (1952)..................................................................................... Épuisé 32. Grégoire le Grand : Morales sur Job. R. Gillet, O. S. B., et A. do Gaudemaris, O. S. B., à Paris (1952)...................... 14,40 33. A Diognète. H.-I. Marrou, prof, â la Sorbonne (1952)........ 11,70 34. Irénée de Lyon : Contre les hérésies, livre III. F. Sagnard, O. P. (1952)............................................................................. Épuisé 35. Tbrtdllien : Traité du baptême. F. Refoulé, O. P. (1952). Épuisé 36. Homélies Pascales, t. II. P. Nautin (1953)............................ 5,85 37. Origène : Homélies sur le Cantique. O. Rousseau, O. S. B., à Chèvetogne (1954)............................................................. 6,30 38. Clément d’Alexandrie : Stromate Π. P. Camelot, O. P., et C. Mondésert, S. J. (1954)................................................ 10,80 39. Lactance : De la mort des persécuteurs. 2 volumes. J. Moreau, prof, à l’Université de la Sarre (1954).............. 25,80 40. Théodoret de Cyr : Correspondance, t. I. Y. Azéma, agr. de l’Univ. (1955)........................................................ 7,80 41. Eusébe de Césaréb : Histoire ecclésiastique, t. II. G. Bardy (1955)................................................................... 19,20 42. Jean Cassien : Conférences, t. I. E. Pichery, O. S. B., à Wisques (1955)..................................................................... 19,50 43. S. Jérôme : Sur Jonas. P. Antin, O. S. B., à ï.igugé (1956). 8,10 44. Philoxénr de Madbovg : Homélies. E. Lemoine (trad. seule) (1956)......................................................................... 21,00 45. Ambroise de Milan : Snr S. Luc, t. I. G. Tissot, O. S. B., à Quart Abbey (1957)............................................................ 21,00 46. Tertullikn : De la prescription contre les hérétiques. P. de Labriolle et F. Refoulé, O. P. (1957)........................ 9,60 47. Philon d’Alexandrie : La migration d’Abraham. R. Cadiou, prof, à l’Inst. cathol. de Paris (1957).............. 6,00 48. Homélies Pascales, t. III. P. Nautin et F. Floëri (1957)... 7,80 49. Léon le Grand : Sermons, t. IL R. Dolle, O. S. B. (1957). Épuisé 50. Jean Chrysostome : Huit Catéchèses baptismales inédites. A. Wenger, A. A., de l’Inst. fr. dos Ét. byz. (1957).......... 16,50 51. Syméon le nouveau Théologien : Chapitres théologiques, gnostiques et pratiques. J. Darrouzés, A. A. (1957)............ 9,60 52. Ambroise dr Milan : Sur S. Luc, t. IL G. Tissot, O. S. B. (1958)..................................................................................... 18,00 53. Hermas : Le Pasteur. R. Joly (1958).................................... 19,50 54. Jean Cassien ; Conférences, t. IL E. Pichery, O. S. B. (1958)...................................................................................... 21,00 55. Eusébe de Césaréb : Histoire ecclésiastique, t. III. G. Bardy (1958)..................................................................... 17,50 56. Athanase d’Alexandrie : Deux apologies. J. Szymusiak, S. J. (19581....................................................... ;.................. 12,90 F 57. Théodoret de Cyr : Thérapeutique des maladies hellé­ niques. 2 volumes. P. Canivet, S. J. (1958).......................... 48,00 58. Denys l’Aréopagite : La hiérarchie céleste. G. Heil, R. Roques, prof, ύ la Fac. de Théo), de Lille, et M. de Gandillac, prof, à la Sorbonne (1958).................................. 24,00 59. Trois antiques rituels du baptême. A. Salles, de l’Oraloire (trad, seule) (1958)................................................................. 3,60 60. Aelrbd de Rievaulx : Quand Jésus eut douze ans... Dom Anselm Hoste, O. S. B., à Steenbrugge el J. Dubois (1958)...................................................................................... 6,60 61. Guillaume de Saint-Thierry : Traité de la contemplation de Dieu. Dom J. Ilourlier, O. S. B., à Solesines (1959).... 8,40 62. Irénée de Lyon : Démonstration de la prédication aposto­ lique. L. Froidevaux, prof, à l'institut catholique de Paris. Nouvelle trad, sur l'arménien (trad, seule) (1959).. 9,60 G3. Richard de Saint-Victor : La Trinité. G. Salet, S. J., prof, à In Fac. de Théoi. de Lyon-Fou rvière {1959}.. 24,00 64. Jean Cassien : Conférences, t. III. E. Pichery, O. S. B. (1959)...................................................................................... 15,00 65. Géi.ase Ier : Lettre contre les Lupercales et dix-huit messes du sacramentaire léonien. G. Pomarès, Dr en théol. (1960)........................................................................... 13,80 66. Adam de Perseigne : Lettres, t. I. J. Bouvet, supr du grand séminaire du Mans (1960).......................................... 10,50 67. Origêne : Entretien avec Héraclide. J- Scherer, prof, à l’Univ. de Besançon (I960).................................................. 9,60 68. Marius Victoiunus : Traités théologiques sur la Trinité. P. Henry, S. J., prof, à l’institut catholique de Paris, et P. Hadot, attaché au C. N. R. S. Tome I. Introd., texte critique, traduction (1960). 69. Id. — Tome II. Commentaire et tables (1960). Les 2 vol. 49,50 70. Clément d’Alexandrie : Le Pédagogue, t. I. Π.-Ι. Marrou et M. Harl, prof, ù la Sorbonne (1960).................................. 16,80 71. Origène : Homélies sur Josué. A. Jaubert, agrégée de PUniversité (1960)................................................................ 30,00 72. Amédée de Lausanne : Huit homélies mariales. G. Bavaud, prof, à Fribourg, J. Deshusses et A. Dumas, O. S. B. à Hautecombe (I960).......................................... 15,00 73. EusèdedeCésaré.r: Histoire ecclésiastique, t. IV. Introduction générale do G. Bardy et tables de P. Périchon (1960). 24,00 74. Léon i.r Grand : Sermons, t. III. R. Dolle, O.S.B. (1961). 15,60 75. S. Augustin : Commentaire de la I'· Épltre de S. Jean. P. Agaësse, S. J., prof, à la Fac. de Philos, de Vais· prés-Le-Puy (1961)............................................................... 18.0· F 76. Aelrrd de Rirvaulx : La vie de «dose. Ch. Dumont, O. C. S. O., à Scourmont ( 1961 )....................................... 77. Defensor de Ligugé : Le livre d’étincelles, t- I· H· Ποchais, O. S. B., à Ligugé (1961)....................................... 78. Grégoire de Narrk : Le livre de Prières. I. Kéchlchlan, S. .J. à Beyrouth (trad, seule) (1961)............................. 79. JbanChrysostome: Sur la Providence de Dieu. A.-M. Ma­ lin groy (1961)..................................................................... 80. Jean Damascene : Homélies sur la Nativité et la Dormi­ tion. P. Voulet, S. J. (1961)............................................ 81. Nicétas Stéthatos : Opuscules et lettres. J. Darrouzèe, A. A. (1961)....................................................................... 82. Guillaume de Saint-Thierry : Exposé sur le Cantique des Cantiques. Dom J.-M. Déchanet, O.S.B. (1962).. 83. Didyme l’Avrugle: Sur Zacharie. Texte inédit. L. Doutrelcau, S. J. Tome I. Introduction et livre I (1962). 84. Id. — Tome II. Livres II el III (1962). 85. Id. — Tome III. Livres IV et V, Index (1962). Les 3 vol. 86. Defensor de Ligugé : Le livre d’étincelles, t. II. H. Rochaie, O. S. B. à Ligugé (1962)................................. 87. Origéne : Homélies sur S. Luc. H. Crouzcl, F. Fournier et P. Périchon, S. J. (1962)............................................ 88. Lettres des premiers Chartreux, tomo I : S. Bruno, Guigues, S. Anthelme. Par un Chartreux (1962).... 89. Lettre d’Aristée À Philocrate. A. Pelletier, S. J., D' éslettrcs (1962)...................................................................... 90. Vie de sainte Melanie. Dr D. Gorce, Dr ès-lettres (1962). 91. Anselme de Cantohhéry : Pourquoi Dieu s’est lait homme. R. Roques, Dir. d’ét. à l’Éc. prat. des Hautes Études (1963).................................................................... 92. Dorothée de Gaza : Œuvres spirituelles. L. Régnault et J. do Préville, O. S. B., à Solesmes (1963). SOUS PRESSE: Symêon le Nouveau Théologien : Catéchèses. Texte critique, 3 volumes. B. Krivochéine et J. Paramelle, S. J. Baudouin de Ford : Le sacrement de l’autel. J. Morson, O. C. S. O., E. de Solms, O. S. B., J. Leclercq, O. S. B. ' Méthode d’Ûlympe : Le banquet, Π. Musurillo, S. J., V.-H. Debidour, agr. de l’Univ. Cyrille d’Alexandrie : Deux dialogues christologiquM, .M.-G. de Durand, O. P., à Montréal. 13,80 18,00 25,20 19.50 14,70 39,00 21,00 84,00 15,00 33,00 17,40 24,00 24,00 33,00 Également aux Éditions du Cerf: LES ŒUVRES DE PHILON D'ALEXANDRIE publiées sous la direction de R. Arnaldez, C. Mondésekt, J. Pouilloux Texte grec et traduction française Volumes déjà partis : F 1. Introduction général·. De opificio mundi. R. Arnaldez, prof, à l’Univ. de Lyon (1961) ............................... 15.60 2. Legum allegoria·. C. Mondésert, S. J. (1962)........... 24,6* 7-8. D· gigantibus. Quod D«us sit immutabili·. A. MoSèô(1963) ............................................................................. 15,00 9. De agricultura. J. Pouilloux, prof, à l’Univ. de Lyon (1961)............................................................................. 9.6* 11-12. D· ebrietate. D· sobrietate. J. Gorez (1962) .... 14,70 19. D· somniis. P. Savinel (1962)........................................ 21,00 26. De virtutibus. R. Arnaldez, A.-M. Vérilhac, M.-R. Servel et P. Delobre (1962) .................................... 15,00 27. De praemiis et poenis. D· exsecrationibus. A. Beckaert, prof, à l’Inst. Cath. de Paris (1961)........... 12,60 Sous presse : 3. D· cherubim. J. Gorez. 10. De plantatione. J. Pouilloux. 13. D· confusion· linguarum. J.-G. Kahn. Λ WWW ’Ùl- * ί