SOURCES CHRÉTIENNES Directeurs-fondateurs : H. de Lubac, s. j., el J. Daniélou, s. j. Directeur: C. Mondéserl, s. j. N° 99 ROMANOS LE MÉLODE HYMNES PRÉFACE DK Paul LEMERLE Professeur à la Sorbonne INTRODUCTION, TEXTE CRITIQUE, TRADUCTION ET NOTES PAR José GROSDIDIER DE MATONS agrégé de V Université TOME I ANCIEN TESTAMENT (l-VIIl) Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique LES ÉDITIONS DU CERF, 29, Bd de 1964 la Tour-Mavbourg, PARIS c ο HYMNES © 1964, by Les Éditions du Cerf. D. M. patris, a liberorum pielale ante tempus erepti. 5400 00114*64 PRÉFACE Bien des années ont passé depuis le jour où M. J. Grosdidier de Matons voulut bien me consulter sur le choix d'un sujet de recherche, et où je lui suggérai d'entreprendre un grand travail depuis longtemps attendu : l'édition do tous les hymnes de Romanos le Mélode, la traduction, l’étude de l'homme, de l’œuvre et du genre. La tâche était immense, et je m'en rendais sans doute confiance dans les qualités que je lui connaissais déjà. Cette confiance n’a pas été trompée. Un effort poursuivi pendant trois lustres a permis à M. Grosdidier de Matons d'examiner, en original ou sur photographies, les manus­ crits de son auteur ; d'étudier les problèmes d'authenticité, de tradition textuelle, de langue, de métrique, de compo­ sition que chaque hymne pose pour son compte ; do rassembler les résultats de cette minutieuse analyse on de Romanos, et les problèmes généraux du kontakion et de l'hymnographie. J'ai suivi les progrès de cette vaste enquête, qui ont été exposés, et parfois discutés, au sémi­ naire byzantin de l'École des Hautes Études. Les fruits sont maintenant là : deux tomes de l’édition paraissent ; les autres sont sur le métier ; et lé livre sur Romanos, dont la documentation est réunie et la rédaction en cours, sera Lorsque je dirigeai M. Grosdidier de Matons vers la poésie de Romanos, je n'ignorais pas que l'éminent philo­ logue Paul Maas avait formé autrefois le projet d'une édition des hymnes, et j’avais, moi aussi, entendu parler d’un manuscrit, incomplet disait-on, de cette édition, qu'on signalait tantôt en Angleterre, tantôt en Grèce. En philologie byzantine à l’Université d’Athènes, songeait lui aussi à publier une édition de Romanos confiée à plusieurs de ses disciples. Or voici qu'au moment où paraissent les deux premiers volumes de l’édition Grosdidier de Matons, ils ont été devancés par quatre volumes de l'édition Tomadakis et, tout récemment, un volume de l’édition Paul Maas, achevée avec la collaboration de C. A. Trypanis. On peut s’étonner que tant d’efforts indépendants les uns des autres se soient portés sur le même auteur : ce n’eût assurément pas été le cas si l'édition Paul Maas avait paru quand on l'attendait. Cela rend-il moins utile, ou peut-être inutile, la présente édition? Ayant pris la responsabilité d'engager l'auteur à poursuivre sa route, même quand il apparut qu'il ne serait plus seul à atteindre le but, je dois lè-dessus m'expliquer. « L’édition Tomadakis d, excellent exercice pour une équipe de jeunes philologues, entraînés par un maître dévoué, n’est pas tenue par ses auteurs mêmes, si je ne me trompe, pour définitive dans toutes ses parties. Des quatre volumes parus, les deux premiers ne comportent pas de traduction, et les suivants seulement une traduction en grec moderne. Même si la recherche des manuscrits a été poussée loin, une confiance très grande est accordée, pour l’établissement du texte, à ceux de Patmos, ce qui peut se discuter comme on le verra. Sans doute discuterat-on aussi la conception de la métrique de Romanos sur laquelle repose cette édition, et qui commande l’établisse­ ment du texte. PRÉFACE « L’édition Maas-Trypanis » n’a encore qu’un volume, qui contient les hymnes tenus pour authentiques par les auteurs, sans que ceux-ci aient expliqué jusqu’ici d'après quels critères, apparemment sévères, ils condamnaient tous ceux qui formeront le tome second. Le texte est très soigneusement et intelligemment établi. Mais il est à peu près nu : ce n’était pas l’objet des éditeurs que de donner partout è l’apparat critique un grand développement ; non plus, de munir chaque hymne de notices et notes détaillées. Et il n’y a pas de traduction. « L’édition Grosdidier de Matons » me paraît donc conserver sa valeur et son utilité. En attendant l’ouvrage qui sera bientôt consacré à Romanos et au kontakion, et qui couronnera le monument, elle est précédée d’une introduction qui rappelle l’essentiel. Chaque hymne est muni d’une notice complète, et accompagné de notes aux passages obscurs. Le texte a été établi, non seulement en tenant compte de toutes les éditions antérieures, même les plus récentes (en sorte que l’apparat de cette édition se trouve être le plus « à jour »), mais aussi sur la base d’un mes yeux le moindre mérite, on a osé proposer une traduc­ tion française de ces poésies souvent si difficiles à interpré­ ter ; je suis certain que, grâce à cette traduction, leur Je voudrais ajouter encore ceci. M. Grosdidier de Matons est un bon helléniste, un bon éditeur, un bon traducteur. Mais il est doué aussi d’une subtilité ingénieuse et d’un goût fin : cela apparaîtra vite à qui se familiarisera avec son œuvre. Et c’est ce qui fait que son travail, consciencieux et probe, a aussi quelque chose d’alerte et de plaisant, qui l’anime et le colore. Romanos, si à l’honneur dans ces dernières années, n’aura pas, je crois, à se plaindre de son plus récent éditeur et exégète. Paul Lemerle. INTRODUCTION I. ROMANOS LE MÉLODE tinople, sous le règne d'Anastase Ier (491-518), probabledans l'église de la Théotokos ίν τοΐς Κύρου, que la Vierge talent poétique qui consacra sa réputation. Il semble qu'il soit mort avant Justinien (mort en 565), mais après 555 (date probable du 1er hymne des Dix Vierges). C’est à peu près tout ce que nous savons de lui avec certitude, mais c'est beaucoup plus que ce que nous connaissons des autres mélodes anciens. Sans être l'inventeur du konlakion, il est assez proche des origines du genre, qui n'a guère pu II. LE ΚΟΝΤΑΚΙΟΝ Ce terme, dont l'origine est discutée et qui ne semble pas avoir été usité au temps do Homanos, désigne un poème aux règles précises, mais dont le sujet et le ton pouvaient être très variés. C'est en fait une homélie métrique, de chercher du côté de la Syrie, dont la production poétique, avec Ephrem et son école, est particulièrement brillante d'une courte strophe appelée προοίμιον, ou χουχούλιον, ou encore χοντάχων, qui sert de prélude. On en trouve parfois plusieurs pour un seul hymne, ce qui est peut-être l'indice d'une réfection ou tout au moins d'une a reprise ». Son hirmos est toujours différent de celui des strophes, et il ne fait pas partie de l'acrostiche. En revanche, il a le même refrain que le reste du poème ; d'une suite de strophes ou olxoi, toutes sur le même hirmos, toutes terminées par le même refrain ou éphymnion (έφύμνιον, άναχλώμ«νον). L'acrostiche formé par la première lettre de chaque otxoç donne généralement le nom de l'auteur, parfois aussi le sujet, plus rarement le sujet sans le nom de l'auteur, ou simplement (comme dans l'Acathiste) la série des lettres de l'alphabet. Parmi les irrégularités qu’on relève dans l'acrostiche, la plus fréquente est le redoublement de la dernière lettre ; la dernière strophe du kontakion contient presque tou­ jours une prière qui sert de conclusion à l’hymne, et qui est parfois mise dans la bouche d’un des personnages. Le kontakion était chanté — sans doute sur une mélodie assez simple — par un ou plusieurs psaltes, et la foule reprenait en chœur le refrain. III. RÈGLES MÉTRIQUES DU KONTAKION La disposition typographique du texte des hymnes, reprise à P. Maas, et par laquelle on a essayé de faire ressortir la structure compliquée de la strophe, groupe les kôla par deux ou trois, ou davantage, en éléments que l’on conviendra d’appeler vers. Ces éléments n apparaissent pas dans les kontakaria, qui ne connaissent que la strophe et les kôla séparés par des points diacritiques, mais ils sont marqués par les pauses de sens, souvent par l’identité des kôla dont ils se composent, ou encore par les homoïotéleutés, dont l’emploi est très large dans le kontakion. A leur tour, ces vers se groupent en périodes dont la juxta­ position forme l'olxoç (ou le proofmion). Dans nos schémas métriques, on remarquera que les kôla ont été divisés en pieds. Ces pieds toniques ont pour seule valeur d’indiquer dans quelles limites un accent peut voyager lorsqu’il ne se trouve pas à sa place normale : le déplacement d'un arrive souvent, au contraire, qu’il saute deux syllabes, du moins à l’intérieur du vers, l’accent final étant beaucoup moins libre. Ainsi, un kôlon du type : u-uo u-u pourra se présenter sous la forme : uoo- υ-u, mais normalement IV. LE TEXTE DE ROMANOS 11 n'existe pas actuellement de manuscrit qui contienne uniquement les ouvrages de Romanos. Deux des synaxaires qui nous ont transmis une notice sur saint Romanos1 précisent bien que l’on conservait, dans l’église de la Théotokos έν -τοϊς Κόρου, la plus grande partie de ses poèmes écrits de sa main, mais sans dire s'ils étaient réunis en ceux de ses hymnes qui nous restent sont répartis dans des recueils appelés konlakaria (κοντακάρια) ou tropologia (τροπολόγια) par les copistes eux-mêmes. Ces recueils no doivent pas être confondus avec un livre plus tardivement, à l’époque où le kontakion, réduit au proolmion et au premier oïkos, a été intercalé dans le canon ; comme la mélodie en était particulière, elle a été notée à part, dans un petit livre à l’usage du chantre. Nos anciens notation musicale2. Les hymnes y sont disposés, non pas d’après leurs auteurs {la plupart sont du reste anonymes), est une leçon concernant la vie du saint du jour, Intercalée dans le la collection de ces leçons. mais dans l’ordre des fêtes de l'année : d'abord les fêtes fixes en commençant au 1" septembre, puis les fêtes mobiles du carême et de la Passion (Triodion), des temps de Pâques et de la Pentecôte (Pentèkostarion). Ils sont tantôt complets, tantôt amputés d'un certain nombre de strophe ; le double kontakarion de Patmos, qui est de beaucoup le plus riche, contient seulement 171 poèmes complets sur un total de 395 ; et dans le plus tardif, J, il n'y en a que 9 sur 392. La présentation est partout la même : chaque hymne est précédé d'un lemme très bref, indiquant la date, la fête ou le nom du saint qui fait le sujet du poème, le ton sur lequel on doit le chanter, l’acros­ tiche si celui-ci est complet, enfin l'hirmos, noté à l'aide des premiers mots du prooïmion — ou de la première strophe, s’il s'agit d'un hirmos de strophes — de l'hymne pour lequel il a été inventé1. Formation des kontakaria Le texte des kontakaria, comme celui de tous les flori- époques qu'à d’autres. Les pièces nouvelles qui s'ajoutaient aux collections déjà constituées pouvaient être, soit des hymnes aux saints nouveaux, soit des poèmes sur des fêtes anciennes, mais dont les hymnes étaient jugés vieillis ou écrits sur un hirmos qui n'était plus en usage. Ce travail d’enrichissement et de renouvellement est plus sensible au IXe siècle qu’au vin·. Si on fait le compte des pièces le νιβ ot le Xe siècle, on en trouve 23 pour le vi· siècle, pour le Xe. D’autre part, la crise iconoclaste est l'occasion d’une véritable renaissance du kontakion, dès la fin du règne de Léon IV : c’est l’époque de l’école stoudite, de Joseph l'Hymnographe, de Gabriel, du Talas. Les anciens recueils ont dû alors être complètement refondus ; aussi n'en possédons-nous pas qui soient antérieurs au Xe siècle. D'autre part, il ne semble pas qu’au delà de cette époque on ait continué à écrire des kontakia, sauf peut-être en centre, dont le calendrier n’était pas le même. tués à l’aide de deux sortes d’éléments : — des copies d’hymnes isolés, diffusés, par exemple, à partir d’un grand centre de pèlerinage, comme ce fut sans doute le cas pour l’hymne de Romanos à saint Démétrios, et plus tard celui de Stéphanos ; — des collections réunissant des hymnes sur le même sujet, ou du même auteur, ou de la même équipe monastique. Ces collections ont eu parfois une extension fort limitée : ainsi, les 9 hymnes de Gabriel ne sont connus que de P-Q, et 10 des 17 hymnes du Stoudite ne se rencontrent que dans Les kontakia asses populaires pour avoir été accueillis dans tous les manuscrits sont asses peu nombreux1 ; on revanche, il n'y a pas de kontakarion qui ne contienne au moins un hymne inconnu partout ailleurs. Très faible dans mats ce chilTre ne signifie pas grand-chose, car seuls Λ, J el M sont complets ou à pou près. Tous les autres sont mutilés au début ou coïncident pas. les sinaitiques, sauf J, assez faible aussi chez les athonites, la proportion en est plus forte dans J (70 pièces sur 325) et dans M (34 sur 271), et très importante dans P-g (123 sur 305) et dans C-V (56 sur 154). Cela peut être dû à la fois à une forte production locale — par exemple en Italie du Sud et au Sinaï — et à un conservatisme qui répugnait à sacrifier des pièces anciennes pour les remplacer par de plus récentes : c’est le cas de C et V, qui ont peu de saints tardifs et des restes relativement abondants d’une hymnographie ancienne. La grande majorité des kontakia étant incomplets et par conséquent anonymes, il n’est guère possible d'isolcr des collections communes à plusieurs familles ; on peut reconnaître cependant qu'un grand nombre de pièces — une quarantaine — ne se trouve qu'en P-g et dans un représentant du groupe sinaïtique, ce qui semble indiquer des rapports plus étroits entre l’école du SinaT et un des ancêtres du kontakarion de Patmos. Ces considérations ont pour objet de montrer qu’on ne peut guère espérer classer les uns par rapport aux autres des recueils dont les origines sont si diverses. A cela s’ajoute le fait que, pendant longtemps, les kontakia ont été des textes vivants, utilisés pour l’office, et par conséquent réadaptables selon les besoins de l’époque ou le goût do l’auditoire. Peu de textes ont été moins respectés ; ceux de Romanos en particulier portent la trace de remaniements de diverses sortes : — des remaniements de détail très nombreux, allant d’un kôlon à toute une strophe, qui peuvent avoir une raison métrique (modification de la mélodie, donc de l’hirmos), ou stylistique, plus souvent theologique : telle allusion au monothélisme ou même à l’iconoclasme a été introduite à une époque où elle était de circonstance. Le texte des prières finales, en particulier, a été très souvent changé pour y insérer une invocation à la Vierge, un souhait pour la victoire de l'empereur ou toute autre allusion à la situation politique du moment ; — des remaniements plus vastes qui consistent, soit dans l'adjonction de strophes supplémentaires, soit plus souvent exemples remarquables dans le 2e hymne des Dix vierges et dans l'hymne d'Élie. Parfois, on est allé jusqu'à trans­ crire d'un bout à l'autre, en l’adaptant à un hirmos plus obtenue d'ailleurs à peu de frais : ainsi, pour attribuer à Romanos l'hymne sur la Nativité de saint Jean-Baptiste qui porte la signature de Domitios dans C et V, le faussaire dont le travail nous a été conservé par P n’a eu qu’à modifier le début de quelques strophes et à en ajouter une de son possible de doter, ont dû avoir pour occasion une reprise le peuple rassemblé. Ce sont de telles reprises qui nous semblent expliquer l'existence de plusieurs prooïmia pour un même hymne1 : le prooîmion, morceau plus court, d'un rythme généralement plus compliqué que la strophe, et qui n'était pas répété comme elle, devait avoir plus d’intérêt musical ; le poète profitait de la reprise de l’hymne pour faire montre de son talent de mélodiste en inventant un nouvel hirmos. Naturellement, cette hypothèse ne est remplacé par un prosomoïon, au contraire, on peut soupçonner que le changement a pour motif la commodité des chantres, si même il n’est pas l’élucubration purement livresque d’un copiste, sans rapport avec une reprise réelle. 1. 40 kontakia, dont 26 do Romanos, ont doux ou plusieurs — Mais un nouveau prooïmion idiomèle, accompagnant une nouvelle version de l’hymne plus ou moins différente de la première, pourrait fort bien remonter à l’auteur luipour le kontakarion, mais même pour un hymne isolé : du vivant même de Romanos, il a pu circuler des copies d’un hymne qui ne donnaient pas le même texte. A plus forte raison après sa mort, et ces copies ont eu le temps de avant d’être incorporées dans un recueil déjà constitué. Ce qui expliquerait l’extrême difficulté qu’on éprouve à établir une filiation claire pour un hymne représenté par plus de deux manuscrits1. Liste des kontakaria utilisés On distingue les manuscrits principaux qui sont les véritables kontakaria, et les manuscrits secondaires qui sont, soit des fragments de kontakaria anciens insérés dans un livre liturgique, soit un tome des Ménées, soit un euchologe ou un office des morts. Manuscrits principaux. — l'Alhous Vatopedinus 1041 (A), xe-xie s., 285 ff2. (SrirunpaOer. der philo».~philol. andderhul. Klaeee der k. Akad. d. Wiu., Munich, 1899), el P. Maas, ■ Granunatische und metrischo p. 505-587). ' “S !.. 2. Décrit par E. Miom, «1 kontakaria del Monte Athos* (Alli del Reale lelilulo Venelo di Science, lellere cd aril, t. XCVI, Venise, 1930, II· partie, p. 1HS|. et une lacune intérieure couvre tout le mois de mars et le début du Triodion jusqu'au samedi de Lazare. En revanche, funèbres sans date. L’écriture et l'orthographe en sont fort négligées, surtout si on le compare à V. Il contient 23 hymnes signés de Romanos1 et 13 fragments, dont un, l'hymne de la Tentation de Joseph, représente le poème ' ' ' de 4 strophes. presque ' ‘ — l'Alhous Laurae Γ 28 (D), xi® siècle, 230 fl*. Mutilé au début, peut-être de deux cahiers (il commence à l’Exaltation de la Croix, le 14 septembre), mais surtout à la fin, puisqu'il s'interrompt au Mercredi Saint. A la différence des autres, il accorde une certaine place à la musique : quelques prooïmia sont accompagnés d'une mélodie notée, et dans les strophes il arrive que chaque kôlon soit précédé· des premières syllabes du kôlon correspondant de l’hirmos, ce qui est plus commode pour le chantre que pour le lecteur. nos, ce qui ne tient pas uniquement à ses lacunes, mais à une tendance plus forte à l'abréviation : il y a 22 fragments, en général brefs. — le SinaUicus 925 (G)’, Xe siècle, 118 ff*. Il est presque complet : une feuille a été arrachée entre les fl 56 et 57 (7 au 10 janvier), un cahier a disparu entre le 5 juillet et le 25 août ; en revanche, on a intercalé après le f° 80 sept feuillets qui contiennent l’Acathiste, écrit d'une main plus tardive. La disposition du Triodion rappelle celle de CV, avec beaucoup plus de désordre : le dimanche de l'Enfant 1. En tall 22 seulement, puisque l'hymne à la NallviU de Mint Jean· Bapliele Ml, dans C el V, signé de Domitius. 2. Décrit par E. Mimai, o. e., p. 67-71. 3. Décrit par A. Livadaius dans N. Tomadakis. 'Ρωμανού τού Μιλω&ώ ύμνοι, t. Ill, p. e'-p3*. d'une main Urdive el negligee. prodigue est bien après le mois d'août, mais la suite, du samedi de Γάττόκρεως au dimanche de l’Orthodoxie, est insérée entre février et mars ; la mi-carême est à chercher entre les martyrs de Sébaste (9 mars) et l'Acathiste (25 mars), puis, à partir du samedi de Lazare, on retourne à la suite du dimanche de l'Enfant prodigue. G est pauvre et fortement abrégé : pour 31 fragments de Romanos, on — le Sinaîlicus 926 (H), XIe siècle, 115 fP. Ce manuscrit peu intéressant est dans un état lamentable : 14 de ses 29 cahiers, ceux du début, sont perdus, de sorte que les kontakia ne commencent qu'au 22 avril. En compensation, il est suivi do deux appendices, l'un formé d’une série d’hymnes rangés dans l’ordre des mois après le Pentêkostarion, et qui ont pu être copiés sur un modèle différent de celui qui a servi pour le début du recueil ; l’autre comprend, Λ partir du f- 76. les exaposteilana- et les théotokia3 pour l'année entière. H ne contient pas un seul hymne complet de Romanos ; on y trouve 17 fragments, dont peu dépassent la lre strophe. — le Sinaîlicus 927 (J), xxn’ siècle, 335 fl*. Ce manuscrit, sur papier, porte la date du 8 décembre 1285. Il a sûrement été copié au Sinaï, et dépend en partie, directement ou indirectement, de G. A l’exception d’une lacune assez l’Évangllo de le Résurrection. 3. Strophe en l'honneur do la Vierge qui suit tout groupe do brève qui va du 3 au 8 novembre (entre les ff 61 et 62), il est complet, et même suivi d’une série de παρακλητικά et ά’άναστάσιμα. Ce vaste, mais décevant recueil, vu sa date tardive, ne contient que peu de pièces complètes. 5 sont signées de Romanos ; il y a en plus 39 fragments. — le Mosquensis Synod. 437 (M), xn° siècle, 328 1T1. Il provient de Vatopédi. Complet et sans lacunes, il se distingue, lui aussi, par sa richesse en άναστάσιμα suivis 11 a été accueillant a Romanos, puisque, sur les 16 hymnes complets qu’il renferme, 13 sont signés de Romanos. Il y a en plus 29 fragments, plusieurs fort importants. — le Messanensis 157 (N), xn· siècle, 131 II3. Ce manuscrit, pauvre et dénué d'intérêt, est mutilé au début jusqu’au 21 octobre, et à la fin à partir du samedi τής τυροφάγου. Il contient 25 hymnes de Romanos, tous à l'état de courts fragments. — le Patmiacus 212 (P), XIe siècle, 288 fl*. Ce manuscrit ne forme avec le suivant qu’un seul kontakarion en deux tomes, de la même époque et de la même main. P contient les fêtes fixes, Q les fêtes mobiles. Leur origine est incer­ taine, mais il est peu probable qu’ils aient été copiés à Patmos, bien qu'ils puissent être identifiés, à ce qu'il et en détail par Auntocnu, Kondakarij u Greietkom podlinnlhe X11XI11 a. (Moscou, 1870). 2. L’hypakoè n'est pas, dons la liturgie, on rapport direct avec coniine le konlakton lul-mômo, car on la ohantc après la 3· ode. 3. La numérotation dos folios reprend SIS partir do la page β, 4. Décrit — avec beaucoup do soin — par M. Naoomiois, ’Ρωμανού τού Μολψδού δμνοι, l. il, 1'· partio, p. c’-σμδ’. Suit la description do Q, par P. Nicolopoulos, p. ovO’-nê', avec une inUressanlo introduction sur l'bistoire du doux manuscrits. semble, dans le catalogue du couvent dressé en 1201. Peut-être sont-ils venus du Latros en 1088 avec le fondateur du couvent, saint Cbristodoulos ; de fait, P est seul à mentionner les saints Acace et Paul du Latros. Peut-être ont-ils été copiés à Constantinople, comme le croit Mioni particulière dans la capitale, tels saint Ambroise, saint Joannikios, saint André le Thaumaturge, les martyrs constantmopoutains Thyrsos et Apollonios. Les kontakaria de Patmos sont de beaucoup les plus complets et les plus importants des témoins actuellement connus, et aussi ceux dont la copie est la plus soignée, ce qui ne signifie pas qu'ils offrent toujours la garantie d'un meilleur texte. P a perdu sept cahiers au début, de sorte qu'il ne commence qu'au 7 octobre (SS. Serge et Bacchus) ; la lin a également disparu, à partir du 6 août. Il nous a transmis 33 hymnes fragments. — le Palmiacus 213 (Q), xi® siècle, 153 if. Il forme la suite du précédent et contient les fêtes du Triodion et du Pentèkostarion. Il est moins mutilé que P, puisqu'il mardi de la Pentecôte, mais l’humidité l’a beaucoup détérioré. Quelques feuillets ont été déplacés : celui qui taisait suite au f° 153 (début de l’hymne de la Pentecôte) a été inséré au milieu de l'hymne du Jeudi Saint, et porte le numéro 90. Le feuillet suivant est perdu, mais celui d’après (hymnes du mardi et du mercredi de la Pentecôte) porto actuellement le numéro 124 et se trouve au milieu du dimanche de Thomas. Q contient 45 hymnes complets soit, pour P et Q, presque toute l'œuvre connue du mélode. P et Q portent une série de γράφεται marginaux qui semblent provenir d’un même manuscrit, fort proche de — le Taurinensis 189 (anc. B. IV 34) (T), xi® siècle, 194 fl. Ce manuscrit a brûlé en 1904 avec la Bibliothèque Royale de Turin, et un grand nombre de feuillets sont aujourd'hui détruits ou illisibles. 11 avait été collationné par Pitra, mais avec beaucoup d’inexactitudes. Nous avons essayé d'en rétablir la pagination primitive, mais sans y réussir complètement. Il en subsiste 7 hymnes complets de Romanos (ou qui du moins ont été complets), et 19 fragments. — le Vindobonensis Suppl, gr. 96 (V), xn® siècle ; 173 ff. Très proche de C, il a dû être copié sur le même modèle, mais en l’abrégeant un peu moins. Π est malheureusement mutilé, lui aussi, et a perdu les mois de septembre et d’octobre en entier. La période du 15 au 31 août a également complets. V a gardé 23 hymnes complets signés de Romanos et 12 fragments1. Manuscrits secondaires. Ils sont nombreux, mais d'un intérêt inégal. La plupart sont italiens et se rattachent à la tradition de CV. Les principaux sont : — Le Cryptensis A Λ VI (a), xni® siècle. Lectionnaire à l’usage du monastère de Grottaferrata, allant de septembreà l'Épiphanie. Contient l’hymne de l’Hypapantè. — Le Cryptensis Δ a I (b), xi®-xu® siècle. Menées de septembre. Contient les hymnes de la Nativité de ta Viergd et de saint Syméon Stylite. lacunes d’un seul feuillet, tombant malheureusement toutes les deux l’hymne do la Nativité, l’autre le prooîmion elles 4 premières strophes — Le Cryptensis d a V (c), daté de 1101. Ménées de janvier. Contient le 1er hymne de l'Épiphanie et les 11 premières strophes du 2°. — Le Cryptensis Δ a III (d), daté de 1114. Ménées de novembre. Contient le 1er hymne aux saints Anargyres. — Le Cryptensis Γ β V (e), fin du xie siècle. Office des funérailles. Contient les 13 premières strophes de VHymne funèbre1. — Le Cryptensis Γ β XLIIl (f), xi· siècle. Euchologc. Contient VHymne funèbre1. — Le Mosquensis Synod. 153 (k), X11· siècle. Contient, d’après Pitra, l'hymne de l’Hypapantê. — Le Vallicelhanus E 54 (grec 73) (I), xie siècle. Ménées de décembre. Contient les stichères de la Nativité. — Le Vaticanus gr. 1212 (m), xit· siècle. Ménées de décembre à avril. Contient les 7 premiers stichères de la l’Épiphanie. — Le Vaticanus gr. 1531 (o), xve et xvi· siècle. Exemplaire sur papier des Ménées de décembre. Contient 27 stichères de la Nativité. — Le Vaticanus gr.^lS29 (p). xi« siècle (?). Ménées de septembre. Contient)}’hymne de la Nativité de la Vierge. — Le Vaticanus gr. 1836 (q), xn« siècle. Euchologo comprenant ΓάκολουΟία του σχήματος et l'office funèbre des moines. On y trouve VHymne funèbre. — Le Vaticanus gr. 1869 (r), xinG siècle. Encore un euchologe, avec VHymne^funèbre. I® Γ α XXV, qui contient également l’offlco dos morts. — Le Valicanua gr. 2008 (s). Exemplaire des Ménées de janvier à avril, daté de 1102, où l’on a inséré 4 feuillets (ff 172-176) d’une main plus ancienne (χι· siècle) et prove(saint Étienne) au 24 février (saint Jean Thériste). La et le texte qui trahit une tradition proche de celle de CV, trouve les hymnes de l'Épiphanie (1er hymne), de l'Hypapanté. et un court fragment de l'hymne à saint Tryphon iéclc. Menées Cette liste, qui représente chance qu'il se rapporte à un hymne représenté par sept témoins pour cette strophe, ce qui permet des comparaisons Tradition du texte hymnes des grandes tètes, qu'on trouve partout complets ou en larges fragments : Nativité (1er hymne), Hypapanté, l'Épiphanie), soit qu’ils complètent certaines tètes (hymne Apôtres, saint Jean-Baptiste (Nativité et Décollation), les INTRODUCTION saints Anargyres (1" hymne, qui est peut-être un faux, mais sûrement ancien). Il faut y joindre les hymnes de la Nativité de la Vierge et de saint Syméon Stylile, que leur position au début de septembre a tait disparaître de 2) Une série d’hymnes se rapportant tous h la Semaine Sainte, et figurant au complet dans Q et dans CV, mais inconnus, ou presque, partout ailleurs. Ce sont les hymnes de la Tentation de Joseph (le seul dont un fragment ait échoué dans J), de la Pécheresse, de Judas, du Reniement de saint Pierre et de la Passion. Les trois premiers ont été remplacés, dans les témoins alhonites et sinalliques, par des compositions de mêmes sujets, mais écrites sur des hirmoï plus courants ; les deux derniers doublentl'hymne de Marie ά la Croix, communément adopté pour le Vendredi Saint. Cette seconde série est le vestige d'un Triodon plus ancien, au choix plus large. 3) Une série de 9 hymnes, tous hagiographiques, connus; de toutes les familles, mais complets seulement dans P-Q, dans A pour Élie et saint Théodore (2· hymne), dans T pour saint Nicolas (1er hymne)’. 5 d'entre eux sont très probablement des faux : les hymnes à saint Jean Chrysostome, aux martyrs d'Édesse, à saint Nicolas (1er hymne), à saint Basile et à saint Jean. Les autres sont dédiés h saint Pantéléimon, à saint Théodore (2® hymne), aux Quarante Martyrs (2e hymne) et au prophète Élie, ces deux derniers étant seuls au-dessus de tout soupçon. Le cas du 2® hymne de Lazare, le seul qui ne soit pas hagiogra­ phique, est particulier : les fragments donnés par les manuscrits autres que Q appartiennent vraisemblablement à un autre hymne, qui n’a jamais été signé de Itomanos. En général, tous ces hymnes peuvent être anciens, vu leur complet que par les kontakaria de Patmos, rien ne nous prouve qu’ils fussent partout — et notamment dans les manuscrits italiens — attribués à Romanos. 4) Une série d’hymnes tout à fait inconnus de CV, mais dont on retrouve des fragments épars dans les kontakaria orientaux, se compose de quelques hymnes complétant le cycle de Noël, de kontakia liturgiques divers et d’un groupe d'hymnes hagiographiques, presque tous faux. Les premiers sont les 2e et 3« hymnes de la Nativité, celui des saints Innocents ; les seconds, ceux de VEnfani prodigue1, do la Sédition Nika, de Noé, des Puissances Infernales, appar­ tenant tous les quatre à la liturgie du carême, un fragment très suspect sur la guérison de l’aveugle-né, les 2° et 5e hymnes de la Résurrection. Les hymnes hagiographiques sont ceux de saint Tryphon et de sainte Matrona, et les faux dédiés à saint Athanase, à saint Étienne (2e hymne), à saint Nicolas (2e hymne), à saint Ignace et à saint Philippe. 5) Enfin, l'importante série des hymnes connus seule­ ment par les kontakaria de Patmos comprend : — un hymne sur l’Annonciation, — un hymne sur la Croix et trois sur la Résurrection (le 3e et le 4e, plus l’hymne des Dix drachmes), — une série d'hymnes sur l'Ancien Testament (Adam d Èoe, Sacrifice d'Abraham, Jacob béni par Isaac, Joseph), — une autre consacrée ù la vie publique et à l’enseignement du Christ (Parabole des dix vierges, 1er hymne ; Parabole du mauvais riche; Noces de Cana; Guérison du lépreux; Guérison du possédé; Guérison de l’hémorroisse; Samari­ taine; Multiplication des pains; Résurrection de Lazare, 1er hymne), — quelques hymnes hagiographiques à des saints très populaires : deux à saint Georges (dont l'un semble être un faux), Ιο I·' hymne à saint Théodore (suspect, lui aussi), le 1" hymne aux Quarante Martyrs, l'hymne ή saint Démétrios, l'hymne sur le Boiteux guéri par le» Apôtre». 6) ün hymne à saint Étienne, dont nous n'avons plus que des fragmente, présente l'originalité de n'être pas connu de P, mais seulement de C, V et B. Il semble authentique. Si l'on s’en tient aux grands hymnes du cycle temporal, été ignorée en Italie, ou s'ils ont été dédaignés par les compilateurs dont les recueils ont servi de modèles à C et à V : les têtes du Triodion et du Pentékostarion ne sont pas nombreuses dans ces deux manuscrite, et il n'y a jamais plus d’un hymne par fête, excepté le Vendredi Saint. La collection qui est à l'origine de CV, si elle est assez dilTérente, pour le texte, de celle qu’on trouve chez les orientaux, peut donc n'avoir pas été beaucoup moins riche. d’une collection distincte et homogène, qui n’a reçu qu'assez tard une destination liturgique. Aucun ne possède plus d’un prootmion, la plupart ont un texte métriquement très altéré : deux faite qui indiqueraient qu'on a cessé très tôt de les chanter, et qu’on les a copiés et remaniés sans' tenir compte dos nécessités de l'exécution. Leur intro­ duction tardive dans le Triodion et le Pentékostarion expliquerait qu’ils n'aient pas eu le temps de se répandre dans les autres kontakaria orientaux. Qui les a exhumés de leur retraite, et ô quel moment? L'abondance des supposer que ce choix a été fait au temps où Théodore Stoudite et son frère enrichissaient la liturgie de ces deux* base» du Pentékostarion ; peut-être mime a-t-il le couvent du Stoudios comme origine. Classement des témoins témoins en partant de l’ensemble de leur texte, considéré comme un tout : le caractère hétéroclite de leur formation Pour le 2e hymne de l’Épiphanie : S’il n’est pas trop imprudent de tirer quelques conclusions de tels classements, on admettra que C, V et la plupart des petits manuscrits italiens forment une famille assez nettement individualisée pour qu’on ail pu parler d'une orientale. A vrai dire, cette originalité apparaît peut-être plus nettement dans le contenu des kontakaria italiens, dans le calendrier, la disposition des fêtes mobiles, le nombre des pièces uniques et des hirmoï rares, In liste des auteurs1, que dans le texte même. Comme P. Maas l'a isolé, et B est celui des manuscrits orientaux qui s'en rapproche le plus souvent. Les archétypes de CV et de B ont dû être formés sur un fond en partie commun, et si les deux traditions ont ensuite divergé, ce n'est pas seulement à cause de remaniements fabriqués en Italie, mais aussi parce que, dans les ancêtres directs de B, des pièces ont été supprimées qui ont subsisté en CV. Le reste de la tradition orientale est beaucoup plus confus. On peut cependant isoler une famille sinaltique Orcrle an sont connus que dos manusorlla italiens, qui, on revanche, composée de G, de H et de J, souvent d'accord avec M, ou avec T1, ou avec les deux. La parenté de GJ et de M est frappante malgré le très grand nombre de leçons originales que présente ce konlakarion ; outre les fautes, qui sont très nombreuses, M porte la trace de remaniements de detail particulièrement fréquents ; beaucoup sont sans doute des corrections maladroites d’un texte qui était déjà fautif dans le modèle. En général, la tradition sinaïtique ne paraît pas avoir grande valeur, et les leçons isolées qu’elle donne sont, à de très rares exceptions près, sans intérêt. Elle nous semble la plus tardive et la moins sûre de toutes. Bien qu'elle soit tort complexe et tort contaminée, c’est peut-être à la tradition de A qu'elle sc rattache le plus directement, mais à travers un grand nombre d’inter­ médiaires. L'accord de B et de D, bien que moins fréquent que celui de B et de CV, est sensible et le serait sans doute plus encore si les deux manuscrits étaient complets. D est donc plus proche de la tradition occidentale que A, PQ et la famille sinaïtique. Quant aux autres kontakaria, leur place dans la tradition apparaît des plus flottantes : PQ est tantôt très proche des Sinaïlici par opposition, non seulement à CV, mais à A, tantôt il s'apparente étroitement à A, tantôt il se rapproche de BD contre A et les Sinaïtici : on le voit même — bien que rarement — s’accorder avec CV contre le reste de la tradition. Krumbacher, qui a étudié avec grand soin la traditioi manuscrite dans les deux grandes familles*, a cru pouvoir poser en principe la supériorité de la tradition oriental· 1. On n'a guère pu Unir oompte do T dans loa stemmata que nou sur l’occidentale, car la seconde aurait passé par les mains de remanieurs, d'ailleurs habiles, qui auraient, selon les cas, soit abrégé des pièces jugées trop prolixes, soit édulcoré le style hardi du vieux maître. Dans la tradition orientale même, il considérait P-Q comme les témoins les plus sûre. Ce principe, qu’il savait nuancer û l'occasion, a été érigé en dogme par les auteurs de l'édition Tomadakis, et appli­ qué avec une rigueur qu'il nous a semblé imprudent de partager. Car si, d’une part, on admet que le texte de P-Q est toujours le meilleur, et si d’autre part on constate que les rapports do P-Q avec les autres témoins ne sont pas constants, il taut donc considérer les traditions abou­ tissant à ces témoins, et è ceux-là seulement, comme kontakarion de Patmos, lui, se serait formé d'une façon toute différente : seul, il aurait recueilli d’un bloc l'œuvre de Romanos, ou tout au moins la partie essentielle, en morcelant un archétype qui aurait contenu uniquement des hymnes de notre mélode. Or, l’examen du texte de P-Q ne nous paraît pas justifier une préférence systématique, ni établir avec évidence la preuve d’une tradition homogène. Trois faits, au contraire, semblent l'infirmer : 1) Si le kontakarion de Patmos a conservé presque toute l’œuvre authentique de Romanos, il nous a également transmis tous les faux, notamment l’hymne de Domitios pour lequel le texte non retouché est celui de CV, comme Krumbacher lui-même l’avait déjà reconnu1. Dos deux versions de l'hymne à Élie, c’est celle de P qui a été remaniée, apparemment pour les mêmes raisons esthétiques que le 2« hymne des Dix oierges dans C etV. De tels textes n’ont pas pu figurer dans une collection très proche de l’archétype. La strophe figure dans ACDMPTV, qui donnent le ariantes suivantes (limitées aux passages lisibles dans I papyrus) : ένυβρίζουσιν Ρ Tom. || 7 τήν τούτης ΛΑ DPT : τούτα Μ II β χ«τίΟπ conotate que le texte du papyrus n’est pas métriquement irréprochable. Il contient certainement une faute : l’absence de σου après δεξιάς (1. 6) — d’où les corrections divergentes dans nos différents témoins1 —, et probablement deux, s'il est vrai que le mot έχεΐνοι qui précède διαπτύουσι était omis et ne trouve pas sa place dans la partio manquante. Cette dernière faute n'ayant pas laissé de trace dans la tradition manuscrite, elle est peut-être particulière au papyrus, à la différence de la première qui parait plus ancienne. Si l'on met à part le kùlon της δέ δεξιάς σου, déjà faux dans les modèles de tous nos témoins comme dans celui du papyrus, l’examen des variantes amène à quatre constatations : soit deux (D et T, dont le texte est identique), soit trois (A, M et P) leçons différentes de celles du papyrus. Les variantes de P sont toutes les trois des leçons isolées : c’est donc P qui a le plus de chances d’avoir recueilli un texte remanié, et remanié tardivement ; c) en revanche, les seuls témoins dont le texte (mis à part le kôlon dont on vient de parler) soit entièrement 'd'accord avec celui du papyrus sont les deux manuscrits italiens, qui passent généralement pour les plus touchés par les remaniements ultérieurs ; donne raison à l’accord ΡΔ contre tous les autres témoins. De tout cela, on ne peut évidemment rien déduire sur la valeur du texte do CV quand il s’oppose ô l'ensemble de la tradition orientale, puisque ces manuscrits ne donnent pas de leçons isolées pour ce trop court fragment, exception faite du kôlon 9‘. Du moins est-il permis de se demander s’ils n’ont pas, en dépit d'indéniables retouches, conservé plus d’une fois la meilleure tradition, notamment pour les hymnes du 2· groupe dont ils sont les seuls témoins en face de Q : on s’expliquera ainsi que notre texte, pour de telles pièces, s'éloigne sensiblement de celui de l’édition Tomadakis. En tout cas, nous avons considéré avec beau­ coup de méfiance les leçons isolées provenant de Patmos, ne les préférant que rarement à l’accord de CV avec un des représentants de la famille orientale, — du moins quand les nécessités de la métrique ne commandaient pas d'avance le choix. V. ÉDITIONS DE ROMANOS dakis en cal au tome 4. le plus profité’. Quand on songe qu'il a dû lui-même retrouver les règles de la métrique tonique et rassembler le matériel assez pauvre qui lui a servi à établir son texte, on éprouve un certain respect devant l'ampleur et la qualité des résultats obtenus. Sans doute, son apparat critique est peu clair et fourmille d'erreurs1 ; sa conception trop rigide do l’isosyllabie et do l'homotonie l'a conduit à multiplier les corrections inutiles3 ; enfin ses schémas métriques sont parfois inexacts. Ces défauts no doivent pas faire oublier son ingéniosité, son remarquable flair philo­ logique*, ni le secours apporté Λ l’intelligence d’un texte souvent difficile par sa traduction latine, ni l'intérêt théo­ logique et liturgique de ses notes, ni la richesse de ses prolégomènes, où il y a encore beaucoup à prendre, et qui constituent un véritable traité de l'histoire du kontakion, unique jusqu’à ce jour*. Après Pilra, le travail le plus important entrepris sur Romanos est celui de K. Krumbacher, qui a précisé et corrigé les règles métriques énoncées par Pitre et u cherché' à débrouiller le chaos de la tradition manuscrite, qu'il a connue dans son ensemble, excepté les Sinaltici. Cette, Miro corraeUmonL allé ; lo root· provient eons doute do copies trts hymne). S. Elle 0*1 inellimircusoinonl «paras. On la trouvera dan* : · Studlenl «es manuscrits italiens. la plupart des hymnes sont éditée, annotés, préfacés, et Μη h ’ ■ ' ·- L-r...· I... . ϋ,,ιΊΙ.Η.. mm Μαοο ensemble. Nous n’avons pas hésité à nous appuyer forte­ ment sur les lois métriques, isosyllabie et homotonie, car nous sommes persuadé que si, comme le croit E. Wellesz1, cette métrique correspondait à une mélodie simple et à peu près syllabique, les règles devaient en être, somme toute, assez strictes. Aussi, chaque fois que, on dehors des exceptions régulières, le texte s'en écartait, l'avons-nous considéré comme fautif, — ce qui ne veut pas dire que est arrivé quelquefois de préférer une leçon non métrique ■ — quitte à la corriger — à des variantes qui l’étaient, c'est I texte primitif, mais des essais de correction ; et cos tenta- ' tives mêmes viennent confirmer l’opinion que les lois de la métrique tonique étaient plus rigoureuses qu’on ne semble l’admettre actuellement. Comment croire que ceux , qui les ont risquées aient connu moins bien que nous les règles métriques du kontakion, et se soient donné la peine d’améliorer un texte déjà correct? De telles corrections doivent correspondre à une nécessité pratique : elles ont été faites pour le chantre plutôt que pour le lecteur. Le principe de la disposition que nous avons adoptée pour;; le texte des hymnes a été emprunté à P. Maas ; il a l’avan- · tage de montrer la structure de la strophe, avec le groupe-J ment des kola en vers et en périodes, sans gaspiller trop : de place. Le schéma métrique des prooïmia et des strophes ■ est, pour chaque poème, indiqué dans la seconde ‘ partie de l'introduction, notant conventionnellement les syllabes atones par le signe u, les syllabes accentuées par -, sans considération de quantité. Le signe X indique un accent faible, tel celui des prépositions ou des conjonctions»' comme διά, δέ, οδν, etc. Les points surmontant deux (2· édition, Oxford, 1SS1), p. 202. syllabe d’un groupe lo­ des homélistes comme Proclos ou Basile de Séleucie un tels qu'ils se présentaient dans C, en reléguant à la lin, outre les Slichères de la Nallalié, les pièces hagiographiques, ainsi que l’hymne des Trois enfants. Une liste complète1 a été donnée par Krumbacher, qui l'a constituée d'abord en regroupant, dans la liste do Pitra, les hymnes de mémo sujet, puis en ajoutant ceux qu'il relevait dans P et dans Q. dans l’ordre où ils se présentaient. On en trouvera une autre en appendice à l'édition Cammelli ; l'ordre en est arbitraire1. Le choix d’un ordre purement liturgique qui suivrait celui des fêtes de l’année nous a paru présenter des inconvénients : les pièces douteuses ou apocryphes ne seraient pas nettement séparées des autres, elles seraient même mêlées avec les grands hymnes consa-, crés au cycle de Noël : la Nativité, l'Épiphanie, la Présen­ tation. Surtout, nous no sommes pas toujours sûrs dos dates attribuées par les kontakaria aux poèmes qui no sont pas hagiographiques : pour l’hymne du Triomphe de la Croix, par exemple, les manuscrits hésitent entre le mercredi de la mi-carême et le Vendredi Saint, et rien ne prouve qu'un poème de circonstance comme celui de la Sédition Nika ait bien été destiné au jeudi de la 3· semaine, do carômo, jour auquel il est affecté dans Q. On a donc jugé plus prudont de classer les hymnes sans tenir compte, do leur emploi liturgique. La date approximative do leur composition ne pouvant être déterminée que pour quatre, ou cinq d'entre eux au plus, il ne restait plus qu'ù les kontakla donnés par les manuscrits do Patmos. Il y manque l'hymn Λ aalnia Matrone. pris dans l’Ancien et le Nouveau Testament, rangés en quatre sections : l’Ancien Testament, puis les pièces se rapportant à l'enfance du Christ (cycle de Noël), ensuite celles qui évoquent les divers épisodes de sa vie publique (miracles, enseignement) depuis le baptême jusqu'à la résurrection de Lazare. Pour celte section, on a suivi l'ordre chronologique proposé par M. J. Lagrange dans sa Synopse des quatre Évangiles1, en renvoyant les paraboles à la fin. La 4· section comprend la Passion, la Résurrection, l'Ascension et la Pentecôte. — Dans la 2e partie, la plus courte, on trouvera les poèmes de caractère parénétique ou pénitontiel qui ne se rapportent ni è un saint ni à une époque déterminés, tels le Chant funèbre, la Prière de pénitence, les hymnes sur le Jugement dernier·, l'hymne adressé aux nouveaux baptisés (dont P a tait un έπαύριον de l'Épiphanie). — La 3· partie est constituée par les hymnes hagiogra­ phiques ; il a été facile d’y grouper à peu près tous les faux certains ou probables, quitta à séparer deux pièces se rapportant au même saint, comme les deux hymnes sur saint Jean-Baptiste, par exemple. Tout ce que celte édition peut avoir de bon, et aon existence même, elle le doit à Μ. P. Lemerle. Sans ses encouragements pressants et son aide pour ainsi dira quotidienne, je n’en serais jamais venu 6 bout. Tous les hymnes publiés ici ont été revus par lui avec le plus grand soin, et il n'y a pas dans ces volumes une seule page qui 1. 2· SdlUon, Paris, 1927. plus sans le secours apporté par M. l'Abbé Richard et par l'institut de Recherche et d'Histoire des Textes. suppléé A Ια mienne. Nom terminions la revision délinitive du prisent ouvrage la Bibliothèque le microfilm, collationné l'original1. Le mieux était de nous l’indication de cetté double origine, non par un amour- ■ SIGLES ET ABRÉVIATIONS B C D G H J M N P Q T V Λ = Athous Lavrae Γ 27, (x®-xt® s.) = Corsinianus 366 (xi® s.) = Athoua Lavrae Γ 28 (xi® s.) = Sinaïticus 925 (x« s.) = Sinaïticus 926 (xi® s.) = Sinaïticus 927 (1285) = Mosquensis Synod. 437 (xn® s.) = Messanensis 157 (xn® s.) = Palmiacus 212 (xi® s.) — Palmiacus 213 (xi® s.) = Taurinonsis 189, anc. B IV 34 (xi® s.) = Vindobonensis Suppl, gr. 96 (xn® s.) K accord de G et de V Λ devient B dune l'édlUon Tomadokls ; B devient λ dans les vol. I el II, L dane les vol. III et IV. D devient λ* dans le vol. I, I dans le vol. Il, Λ dans les vol. III et IV. Dans le vol. I, L désigne l'accord les γράφεται do P al Q. T désigne le Trlodlon, M les Menées, SICLES BT ABRÉVIATIONS Cryptensis A 8 VI (xni· s.) Cryptensis Δα V (1101) Cryptensis Δα III (1114) Cryptensis Γ β V (xi« s.) Cryptensis Γ β XLI1I (xi“ s.) Mosquonsis 153 Vallicollianus E 54 (xie s.) Vaticanus gr. 1212 Vaticanus gr. 1829 (xi· s.) Vaticanus gr. 1836 (xii® s.) Vaticanus gr. 1869 (xin« s.) Vaticanus gr. 2008 (xi® s.) Vaticanus Reginensis gr. 28 (xi" s.) Marcianus 1264 (xvi· s.) = K, Krumbacher, « Die Akroslichis in der griechischon Kirchenpoesie » (Sitzungsber. der bayer. Akad. d. Wise., philos.-philol. und histor. Klassc, Munich, 1903, vol. IV, p. 551-691) = A. Amfilochij, Kondakarij o Greieskom podAmf. linnike Xll-XIII v. pomkopisi moskovskoj Sinodal 'noj biblioleki n» 437 (Moscou, 1879)». = J. B. Pitra, Analecta sacra spicilegio Solesmensi parala, t. I (Paris, 1876) Camm. = Cammelli, Romani il Melode (Tesli Crisliani, Florence, 1930) qu'elle poilo dans SIGLBS BT ABRÉVIATIONS 59 = Krumbacher (cf. Akr., Miscellen, Rom. u. Kyr., Sludien, Umarb.) Maas- 7'rypanis: cf. 0 Mioni = E. Mioni, Romano it Melode. Saggio critico e dieci inni inedili (Turin, 1937) Miscelle■n = K. Krumbacher, « Miscellen zu Romanos » (Silt. der bay. Ak., 1909, vol. XXIV, 3e partie, p. 1-138) = édition d’Oxford : P. Maas - C. A. Trypanis, 0 Sancti Romani Melodi Cantica, tome I (Cantica genuina). Clarendon Press, Oxford, 1963 =■ corrections et conjectures signées Maas dans 0“ l'édition d’Oxford ■= corrections et conjectures signées Trypanis 0' dans l'édition d’Oxford leg. 0 — lettres ou mots que nous n’avons pu lire dans Q, mais qui sont donnés comme sûrs par les éditeurs d’Oxford Pilra = Analecta sacra... (cf. AS)1 J. B. Pitra. Sanclus Romanus ceterum melodorum princeps (Rome, 1888)1 Hom. u. Kyr. = K. Krumbacher, β Romanos und Kyriakos » (Sih. der bay. Ak., 1901, p. 693-765) Sanctus Romanus: cf. Pitra Sludien = K. Krumbacher, « Studien zu Romanos · (Sih. der bag. Ak., 1898, vol. II, p. 69-269) Tom. = N. Tomadakis, 'Ρωμανού του Μελωδοϋ ύμνοι, t I-IV (Athènes, 1952-1961) Umarb. = K. Krumbacher, « Umarbeitungcn bei Roma­ nos » (Sitz. der bay Ak., 1889, vol. Il, p. 1-156) et P. Maas, « Grammalische und metrische Umarbcitûngen in der Ueberlieferung des Romanos» (BZ 16, 1907, p. 565-587) Kr. 1. Ct. Introduction, eupra, p. 45. sur le manuscrit et rétablis par conjecture μέλος : μέ].ρ.[ος R BZ BUG Bruxelles, 1957) EO PG PL BEB REG SC = Migne, Patrologie grecque Revue des Éludes grecques Sources Chrétiennes (Paris) HYMNES SUR L’ANCIEN ET LE NOUVEAU TESTAMENT PREMIÈRE SECTION ANCIEN TESTAMENT I. HYMNE D’ADAM ET ÈVE la période quadragésimale, comme le θρήνος του Aodu du péché d'Adam, résume l’histoire du salut. Cette pièce, TOÔ ΆΜμ dan· tes KMne Tait, p. 13-16. au rédacteur qui a réparti le baptême, comme déchéance que le péché d'Adam a infligée à toute l’humacation et expiation, revanche à prendre sur le démon. ussi que. comme dans les homélies sur kôlon de quatre strophes est faux, et que trois de ces strophes correspondent à une lettre du nom de Romanos I. ADAM BT ÈVB la première ('P), la quatrième (A) et la cinquième (N). Il ne s'agit pas d’une variante régulière, car la syllabe manquante n'est pas partout è la même place. Les trois kôla fautifs sont : 'Ρήματι οδν θανατηφόρα» (str. 12) Αότη οδν ΐδοϋσα τό δίνδρον (str. 15) Νυν έδέξω θανατηφόρον (str. 16) De plus, la répétition de θανατηφόρος au 1er kôlon, k deux strophes de distance, est suspecte, et plus encore l’emploi anormal de cet adjectif, sans sujet exprimé, à la strophe 16. Ces irrégularités pourraient s'expliquer sans invraisemblance par une falsification de l’acrostiche. nouvelles — n'est jamais si délicate qu'un remanieur mémo peu habile ne puisse la tenter. On en aura la preuve en se reportant à l’hymne sur la NaliviU de saint Jean Baptiste, do Domitios, à la signature duquel un faussaire a substitué le noin de Romanos. Supposons qu’on ait voulu procéder ici au même maquillage. En admettant que θανατηφόρα» figure bien dans le texte primitif do la strophe 12, les mots pas pour remplacer 'Ρήματι οδν.. On peut restituer, par la pomme que les discours du diable ou même ses fourbes intentions, il est permis de proposer aussi : δελεασμό» οδν, δωροδοκία, διδασκαλίφ, διαβουλίφ, δολοφροσύνη, διαλαλία, d'autres encore. Λ la strophe 13, qui est métriquement correcte, il serait facile de restituer : Ότε δέ ταΰτα διενοήθη au lieu de : 'Ως δέ τοιαΰτα διενοήθη. Pas de changement à la strophe 14, puisque pour le mot 'Ρωμανός comme pour le mot Δομίτιος la troisième lettre est un M. Comme il y a une lettre de plus dans le second nom que dans le premier, il faut supposer la disparition ANCIEN TESTAMENT I. ADAM BT ÈVE d'une strophe I entre la 14' et la 15«, ou bien d’une strophe T entre la 15' et la 16' : la texture du récit est assez lâche pour qu’on puisse admettre l’une ou l’autre hypothèse. Le début de la strophe 15 a donc pu porter soit l’initiale I, soit l’initiale T. Donc deux corrections possibles : Ίδοϋσα Eia τότε τδ δίνδρον ώς law ευπρεπές καί enfin l’hymne sur le prophète Jonas et la pénitence de Ninive, dont le lemme ne porte pas dans son témoin, Q, ou bien : Τότε Ιδοΰσα Εΰα τδ δένδρου κτλ. Dans les deux cas, il faut rétablir une initiale I â la strophe 16, où s’impose une correction qui améliore la syntaxe et le sens : Ίόν έδέξω θανατηφόρου. Bien entendu, nous ne prétendons pas démontrer ainsi que l’hymne sur Adam et Èoe est de Domitios : le seul intérêt de ce jeu est de faire voir que, dans un kontakion, il n’est pas bien difficile de falsifier l’acrostiche, qui n’est donc jamais une garantie d’authenticité, et aussi qu’on ne d’affirmer catégoriquement que notre poème est bien un ouvrage de Romanos. L’hymne n'est pas idiomèle, du mion semble bien l'être1. L'hirmos est cependant fort rare ; nous ne connaissons que trois poèmes qui ie suivent le nôtre, signé de Romanos, un hymne ou un fragmen! d’hymne pour le lendemain de la Pentecôte, anonyme;: donné comme prosomoïon do Tè Ιατρειον της μετανοίας2; du proolmlon Άϊΐΐγνωσμένην (hymne do Ninive), ce qui osl Impossible : les deux rythmes sont entièrement diiTérenls. admettre que l’idiomèle est bien l’hymne de Ninive, car il est sûrement ancien, quel que soit son auteur. Dans notre hymne, on trouve au v. Is une variante régulière qui n’existe pas dans l’idiomèle présumé, lequel a toujours la forme longue : sans être un indice sûr, ce détail est en faveur de l’antériorité de l’hymne sur Ninive. On peut noter d’autres différences de détail entre les deux schémas métriques : — au v. 1*, la structure rythmique est, dans l’hymne sur Ninive, uuu-u u-uu-, excepté à la strophe 1 où l’accent final est déplacé : Τό Ιατρειον της μετάνοιας (uuu-u uuu-u). Dans notre hymne, le kôlon a, au 2' pied, 22 fois la forme uuu-u et 2 fois seulement la forme u-uu-. Existerait-il des variantes régulières où c’est l’accent qui varierait, et non le nombre de syllabes? Peut-être, car nous avons dans l’hymne du Sacrifice d’Abraham un autre exemple de ce phénomène curieux ; ■— l’accent initial du v. 32 est généralement sur la 2' syllabe dans l’hymne sur Ninive, sur la 3® ou la lr® dans ie nôtre. Il y a du reste un certain flottement dans les deux hymnes, ce qui est normal pour un accent placé ailleurs qu’à la fin du kôlon ; — dans le v. 9® qui précède immédiatement le refrain, la place de l’accent initial est également flottante dans l’hymne sur Ninive, plus stricte dans celui d'Adam el Èoe. νυ-υ4 / v-w υυ-(υ) υυ-4 / |w-uu| 1 corrigea), υυυ-υ dant 2 strophe·. t. Pae do coupe antra 8' at 8’ aux strophes 7 ol 23. β. La forma longue so rencontre 9 fois, la forme brôvo 6 fols dans ίχροσηχίδα-rf|vS< ■ Hirmos : Σχόλασαν, ψυχή μου, ίν nrravolçc, Acrostiche : TOT ΤΑΠΕΙΝΟΥ 'ΡΩΜΑΝΟΥ Ο ΥΜΝΟΣ " Q f» 19Γ-22ν. Éditions : Melodi Cantica, I, n» 51, p. 438-447, πρός · Τδ Ιατρτϊον τής μετανοίβς 2“®. Indiqué ; II > Livre-toi, mon âme1, Τήΐ μαχαρίοί τυχίίν ΙλπΙδοί δι" ίρχων προσδοκώμι» καί π!στκ«, όσοι j Pàr la vertu des œuvres et de la foi, nous attendons que pour nous se réalise l’espérance de béatitude, nous tous qui gardons les enseignements du Seigneur, du Sauveur. C’est pourquoi nous honorons et aimons cet acte héroïque, le jeûne, que les anges tiennent en honneur. Pour l'avoir observé, des prophètes furent associés aux chœurs des anges, eux qui étaient de la terre ; et le Christ n’eut pas honte d’en pratiquer l’exercice. Il jeûna volon­ tairement, nous traçant ainsi là voie de la vie étemelle*. Moïse et Élie, ces tours de feu, étaient grands dans leurs œuvres, nous le savons ; et aussi qu’ils sont les premiers parmi les prophètes, qu’ils parlaient librement à Dieu, qu’ils se plaisaient à s’approcher de lui pour le prier1 et s’entretenir avec lui face à face, ce qui est chose étonnante et incroyable. Néanmoins, même ainsi, ils avaient soin de recourir au jeûne, qui les menait è Dieu. Le jeûne, avec les œuvres, procure donc la vie éternelle1. περί νηστείας {PG 49, col. 30S s.) : Καί γάρ ΜωΟσζς καί Ήλίας, Κούλοντο προσελΟεΐν τφ Θεφ καί διαλεχθήνα'., ώς άνΟρώπω L Par le jeûne, les démons sont repoussée comme par une épée, car ils n'en soutiennent ni n'en supportent les joies. regardent le visage du jeûne ils ne peuvent pas même y tenir, ils s’enfuient bien loin, comme nous l'enseigne le Christ notre Dieu en disant : « La race des démons, c'est par le jeûne et la prière qu’on en vient à bout·. Voilà pourquoi l’on nous a enseigné que le jeûne donne aux hommes la vie éternelle. La beauté immaculée du jeûne, c’est la pureté, mère de la tempérance1 : elle fait jaillir une source de philosophie et procure la couronne, elle nous assure le paradis, elle rend à ceux qui jeûnent la maison paternelle d'où Adam fut expulsé — mais en traînant la mort avec lui, pour avoir outragé la dignité du jeûne. Car dès qu'il le vit violé, Dieu, créateur et maître de l’univers, s’irrita ; mais à ceux qui ■'honorent il donne en rétribution la vie éternelle. 8, 7-8 : Maith. 17, 21 d’une connaissance théorique que do la pratique ne. On salt quo φιλοσοφία, dès le v· sléclo, désigne grteque, dis Présocratiques au IVe siècle apris J.-C. (Paris, 1901) [Études et Commentaires, 40], p. 98 s. I. ADAM BT Eve. Str. S6 C’est l’ami des hommes lui-même qui avait d’abord confié à l’autorité du jeûne, comme à une mère aimante, comme à un mattre, l'homme qu'il avait créé, et dont il commit la vie aux mains du jeûne. Et si l’homme l'avait observé, il aurait habité avec les anges ; mais il le rejeta et trouva les peines et la mort, l’âpreté des épines et des ronces, et l’angoisse d’une vie douloureuse. Or, si dans le paradis le jeûne se révèle profitable, combien plus i'est-il ici-bas, pour nous procurer la vie éternelle1 ! Adam, le premier homme, pouvait manger du fruit de tout arbre : le Très-Haut, en l’établissant dans le paradis, le lui avait permis, dit l’Écriture. Mais à un seul arbre il lui interdit de goûter ; et voici les amicales paroles du Créateur : « Jouis de tous les dons que je t'ai faits, je serai heureux du plaisir que tu y prendras. Si tu gardes mon commandement, je te garderai ton plaisir, c'est à ce prix que ma grâce te maintient inaccessible à la corruption, car tu reçois la vie éternelle. 6, 6 : Gon. 3, 18 TOÛro céw. καί xal βίος έηίμοχβςς (op. eg., c0|. 307). ' I. ΛΟΛΜ BT Bvb. Str. 7-8 Écoute bien mes paroles, Adam, et prête une attention exacte à ce commandement. Parmi tous ces arbres, il y en a un dont je t’ordonne do t'abstenir : non qu’il soit mauvais de sa nature, mais c'est la tienne qu'il perver­ tirait1 si lu désobéissais. Car si l’essence du bois n'est pas nuisible, ce serait pour toi une cause de dommage que do toucher à celui-là : il porte, cachés en lui, l'alllloir des pensées1 et le couteau do son goût. Si donc tu en manges, lu perdras la vie éternelle. Première créature, voici mon ordre : tu ne toucheras pas du tout au bois dont je le parle. Si tu y touches, aussitôt tu seras livré comme un voleur à la mort ; non que tu ne puisses en avoir, mais parce que tu deviendrais un être sans foi et sans valeur. Je t'ai imposé une loi divine, légère et facile, et c'est pourquoi je t'ai donné à profusion les autres plantes, afin que tu jouisses d'elles toutes et que tu ne deviennes point passible de mort, toi qui as et possèdes, en image1, la vie éternelle. » la responsabilité d'Adam et d'Eve dans 10 pèche originel. dire qu'Adam trouvera dans le trull détendu la pierre à aiguiser Adam et Ève respectaient la loi divine qu’ils avaient reçue. Mais le diable . qui observait leurs mouve­ ments de convoitise, s’ingéniait à leur dresser un piège, s'approcher de l’être humain. Mais voyant, le fourbe, Ève debout toute seule auprès de l'arbre*, il se servit d’elle aussitôt pour placer la pierre où devaient achopper les deux humains qui avaient d'abord reçu par grâce la vie éternelle. Le Malin s’approche donc par ruse de la femme, comme un ami, un familier, et lui pose une question pleine de fourberie. Il s'entretient avec elle, en faisant le compa­ tissant : «Sous quel prétexte Dieu vous a-t-il donné le paradis, comme s'il vous aimait, mais en vous défendant de prendre de toutes les plantes? Quelle générosité ! Pourquoi donc, si vous habitez lé paradis, êtes-vous privés du plaisir qu’il donne? Comment donc pouvez-vous avoir Abusée par ces mots, Ève lui répondit : < Tu te trompes, tu ne sais pas ce qu’a ordonné le Seigneur. Le paradis tout entier, Dieu l’a donné pour leur table à ceux qu’il a créés ; il n'y a qu'un arbre dont il nous soit interdit de 10. 1-9 : Cen. 3, 1 11, 1-9 : Gen. 3, 2-3 notre vie. Cotte déjà reçu en bien propre la vie éternelle ». 12 agréable. Voici ce que, réfléchissant, le grand 13, 3-6 : Gen. 3, 4-5 I. Adam ET Eve. Sit. 14-15 □elui qui m’a révélé tout cela ύί βρώσί? σοι ττορΐσχιν ή τον ξύλου <τήν ροήν τήν α!ώ»>0»> I. ADAM BT ÎVB. StT. 16-17 révélé, car la voila venliée. J ai mance et j I. ADAM ET feVE. StT. 20-22 δντω$ καί ωφέλιμον, νηστεία προσεθί^ειν καί ίρί^ειν άγγίλοιε ίπείγονται, vail d’abord été égétaux, et pourtant même lui ne sut pas se modérer. τών Ιχθύων τά ήδιστα. légumes et des céréales, raffinements des gourmets’. ζάφαιροϋσα 51 χωήν τήν α!ώ· ΝΟν τούτα λίγων, μή ίρεθίσω μή δείξω δί (<ώ> φΟι λιχνοτίρουε ίν βρώμασι · I λειτουργεί* γάρ ίτπίγεσθε, τήν ντ ΙτησΙωρ νΟν δεκάταρ τώ Θεφ ή ώσπερ 'Εβραίοι ίκ τών χρημάτων 20 8* τροσεΟίζειν corr. nos O' : προσερεΟΙζειν Q Tom. || θ· τήν ζωή* 22, 0-8 : Liv. 27, 30-33 I. ADAM BT ÈVE. Str. 23-24 Mettons en évidence le nombre de la dîme dans le carême, mes amis : il y a sept semaines de carême, mais le jeûne, de sorte qu’il y en a trente-cinq où nous jeûnons, et nous avons en plus un jour et une nuit, le samedi de la Passion du Sauveur : cela fait donc en tout trente-six jours et demi, dîme de l’année, par laquelle nous acquérons la vio éternelle1. 24 Sauveur du monde, nous t’adorons en te rendant un culte spirituel. Toi qui aimes les hommes, qui les prends en pitié, aie pitié de tous les hommes. Que nous mangions, que nous jeûnions, nous te louons tous, loi qui sauves de l'erreur que tu as créée. Car tu es notre Dieu, alors même que tu t’es fait homme, selon ta volonté, en naissant de la Vierge très sainte, l’immaculée mère de mère, donne Λ tes serviteurs la vie éternelle. l’un A l’autre. P. Mans plaçait Dorothea au début du vu· eléclo : II. HYMNE DE NOÉ Comme tous les hymnes de Romanos dont le sujet est emprunté ù ΓAncien Testament, ù l'exception do l'hymne des Troie enfants & qui son rôle privilégié dans la liturgie do Noël a valu une popularité certaine, celui de Noé est pauvrement représenté dans la tradition des kontakaria. Seul Q l'a conservé en entier ; en dehors de Patmos, la tradition sinaïtique, représentée par J et par T, est la seule è en connaître quelques fragments. Oubli qui s'explique d'autant mieux que le souvenir de Noé a été supplanté par la fête de Grégoire Palamas, fixée au 2· dimanche de carême ; il est vrai que nos kontakaria anciens ne connaissent pas ce saint récent. Il semble d'autre part que l'ouvrage de Romanos ait été le seul à célébrer le patriarche Noé ; du moins n'avons-nous aucune trace d’un autre poème sur le même sujet, ce qui est en faveur de l'authenticité du nôtre. Toute l’audace des faussaires s’est bornée à récrire le proofmion, encore le texte du prooïmion authen­ tique a-t-il été Suivi avec autant do fidélité que possible. Que ce poème soit bien de Romanos, sa qualité littéraire nous l'atteste d'autre part. La fête de l'année liturgique Λ laquelle il se rapporte est incertaine. Q le fixe au 3· dimanche do carême, date qui a la faveur de M»· Sophie Papadimitriou, dernière éditrice de cet hymne1, mais qui n'a aucune raison d’être la date primitive. J et T le rapportent tous deux au ANCIEN TESTAMENT dimanche précédent, et cela semble plus probable. L'histoire de Noé, en effet, fait partie d’un vaste ensemble et qui forme comme un résumé de la destinée du monde et de l’histoire du salut. Le dimanche de l’Apokréôs évoque le jugement dernier, but de toute l’histoire humaine et conclusion logique du malheureux choix d’Adam, commé­ moré huit jours plus tard, le dimanche της τυροφάγου. Le dimanche suivant, premier du carême, avant d’être consacré à la fête de (’Orthodoxie, devait rappeler l’histoire; de Caïn et d’Abel, première conséquence de la chute1. La semaine suivante, enfin, apparaissait Noé, cl avec lui la première intervention de Dieu pour le salut des hommes : désormais l’histoire de la rédemption était commencée,. dans tout le cours de la quatrième semaine. Or, dans tout son esprit, le poème de Romanos s’inscrit fort bien à l’intérieur de cette perspective essentiellement cschato* logique, plutôt que christologique. Noé n’y apparaît que; très discrètement comme la figure du Christ, deuxième l’incarnation. L’arche, ce n’est pas seulement la Croix c’est surtout l’Église, hors de laquelle il n’y a pas de salut dans le « déluge du péché », et qui seule préservera scs passagers du feu éternel. L’éphymnion lui-même, dans ' lequel Noé prie avec une obstination presque comique pour que «tous les hommes soient sauvés de la colère», alors que tous les hommes sont en train de rendre l’âme autour de lui, ne se comprend que par rapport au jugemen mentionnons daw HnlroducUon da l'hymne I. encore à venir, au « jour de la colère » qu’évoque notre Dies irae: c'est pour leur salut au dernier jour, idée dominante de tout le poème, que Noé implore le Seigneur. Le récit est sobre, coupé de discoure brefs et de descrip­ tions d'un réalisme discret. Le poète s'est même interdit de tirer des effets pathétiques du récit de la noyade univer­ selle, sur laquelle au contraire s'est étendu avec complai­ sance un Basile de Séleucie. L’intention typologique est savamment présentée dans la trame même de la narration, et les réminiscences scripturaires ne sont pas accablantes comme, par exemple, dans l’hymne sur le Triomphe de la Croix. Cette relative sobriété, à laquelle Romanos ne nous a pas toujours habitués, vient de ce que le sujet de l’hymne n’est pas le déluge, mais l'histoire de Noé, qui est rapportée tout au long, dans un louable souci didactique : on ne retrouvera pas ici les coupures qui abrègent et même mutilent le récit de la résurrection de Lazare ou l'épisode de la Samaritaine. Il s'agit de mettre sous les yeux du public, non les images terrifiantes du déluge, mais la foi du seul être humain qui y échappe avec sa famille : si ce sauvetage miraculeux est la figure du salut à venir, c'est, en effet, que la foi de Noé préfigure celle de l’Église. et cette foi agissante fait aussi de lui la préfiguration des apôtres qui prêcheront l'Évangile au milieu des païens endurcis. C'est pourquoi le poète a prolongé complaisam­ ment les discours du patriarche essayant de convertir les humains dévoyés, avant de s'enfermer dans l'arche. Cet accès de prosélytisme, qui ralentit le récit et déséqui­ libre la composition, est une addition au récit biblique, qui n'en porte pas trace. En somme, si Romanos a puisé dans la Genèse la matière de son poème, il en a trouvé l'esprit le type de l’homme de foi : « Par la foi, Noé, divinement averti de ce qui n'était pas encore visible, saisi d’une crainte religieuse, construisit une arche pour sauver sa ANCIEN TESTAMENT foi, il condamna le monde et il devint Seul est idiomêle le premier prool- La vigueur de la pensée et la qualité de la forme indiquent un auteur en pleine possession do son art ; authentique. Le rythme en reproduit fidèlement l’articu­ lation logique, qui elle-même livre l’intention profonde du poète. Le schéma en est celui-ci : poète, d’autant plu» qu'il n’est pas idiomêle. L'hirmos est celui do l'hymne de l'Ascension, qui lui-môme n’appartient sûrement pas au début de la carrière du mèlode. 11 n'y a aucune raison de douter que l'hymne do l'Ascension soit bien l'idiomèle, et que celui de Noé lui soit donc postérieur. Il faut même probablement le placer après les poèmes sur les Saints Innocents et sur le» martyrs de Sébaste, écrits sur le même hirmos, car aucun de ces deux ouvrages, non plus que leur modèle rythmique commun, n'offre d’exemples de l’allongement du vers 51 et d’une variante régulière au vers 3S, bien que, è la rigueur, l'auteur ait pu essayer une variante métrique, puis revenir A l'hirmos primitif. Nous ne connaissons pas les sources dont il s’est servi. Dan» les homélies que nous avons conservées sur le même sujet1, nous retrouvons la plupart des thèmes qui appa­ raissent dans notre hymne, excepté l'intervention des anges, qui a un cachet particulier è Romanos. Mais ces différents éléments sont probablement anciens, et en tout cas on no peut parler d'imitation directe quand on comparai, les vers de Romanos et la prose do Jean Chrysostoms et de Basile de Séleucie. Il y a tout au plus rencontre de mêmes thèmes, fort diversement mis on œuvre. 1. Htb. Il, 7, Irad. C. Splcq (Bible de Jdruealem). hem. 2A, col. 206-218; 25, 218-229 ; 26, 229 '239 ; 27, 239-251: -uu -uu -υυ *- / υ-υυ Ce prooïmion a été refait plus tard et, commo toujours dans le cas d’un hymne prosomoïon précédé d'un prooïmion idiomêle, on a adapté le nouveau prooïmion à l'hirmos qui est le compagnon habituel de celui des strophes : ici, c'est l'hirmos Τήν ύπέρ ήμων. L’adaptation est maladroite et ne suit qu’imparfaitement le modèle, surtout à partir du v. 4 ; mais il faut reconnaître que l’intention générale de l’hymne, telle qu'elle est exprimée dans le prooïmion primitif, a été assez bien reproduite : L'hymne proprement dit est sur le rythme de Τά της γης (hymne de l'Ascension), quo Romanos a volontiers employé, puisque nous le retrouvons encore dans l’hymne des Saints Innocents et dans le 1" hymne aux Martyre de Sébaste1. Pi ira l’a pris pour un automèle, erreur assez surprenante de sa part. Il est vrai que ce prosomofon présente de nombreuses dilTérences de détail avec le schéma de l'idiomèle, mais c’est, semble-t-il, une caractéristique de cet hirmos. On retrouvera dans les doux autres prosomola le flotte- : ment sur l’accent final aux kéla l1 et 2‘, que, par consé­ quent, il faut peut-être réunir aux kôla la et 2a ; ce flotte­ ment est inconnu de l’idiomèle1. On y retrouvera aussi la variante régulière du kélon 10*. également absente de l'idiomèle. En revanche, l'hymne de Noé semble le seul à présenter une variante pour le kélon 3a, qu'il allonge d'une syllabe dans dix strophes au moins8 ; et il a partout 6 syllabes au kélon 5a, qui est toujours de 5 syllabes dans l’idiomèle et dans l'hymne aux Saints Innocents, les deux formes ne se rencontrant simultanément que dans l’hymno aux Martyrs de Sébaste. Le cas du kélon 118 n'est pas net : il a 6 syllabes dans l’idiomèle, et varie entre 6 et 7 syllabesi dans les deux autres prosomola. Dans l’hymne de Noé, au contraire, il semble qu’il ne compte que 5 syllabes dans trois strophes, 6 dans toutes les autres. Mais en général, le kélon qui précède le refrain a plus souffert que les autres' d'une mauvaise transmission du texte, et le rythme en est particulièrement incertain. Dans le doute, on a préféré ne pas suivre les éditeurs d'Oxford, qui ont corrigé. 1. Dans l'hymne des Saints Innocents (dont lu tradition paraît du reste très mauvaise), cm doux kéla présentent en plus une variante) régulière. peut-être 0 syllabes dans une strophe II. ΝΟβ 102 ψ56μ<νον ils ■>*» Nffii. ο8 ή άκραπιχίί ή6ε · lxL«S4«**.v8^i,vp*S ά»καΜρ«ιντή»γ<Ι»· μ*^1’ revs Ικτ·»ώΐ άννμνοΰ^άί σ<, ώ$ ιύσπλαγχ» ’^Χά>σ«τή5όρΥή5 ατοργίσοντίίττρδςήμόΐ, II. sot Pr. I II. SOÉ. Pr. II - Str. 1 Prooïmion II Dans ta colère, tu as submergé par ta puissance, au temps de Noé, l’océan des péchés ; dans ces derniers temps, tu as renouvelé le monde par le baptême, Christ, 0 Dieu, et plus tard tu purifieras la terre par le feu. Sauve-nous do la colère, par l’amour que tu nous gardes, rédempteur de l’univers1. Quand je considère la menace qui s'accomplit sur les coupables au temps de Noé, je tremble en pensant i mes crimes affreux, gros de châtiment. Aux hommes d'alors le Créateur fixa un délai® tout en les menaçant, car il attendait le temps de leur repentir ; mais nous, nous ne connaissons pas la date du dernier jour — quand viendrat-il? même aux anges cela n'a pas été révélé —, du jour où le Christ, Seigneur d'avant les siècles, viendra sur les nuées pour juger la terre, tel que l'a vu Daniel. Avant que fonde sur nous le dernier instant, supplions le Christ et crions vers lui : « Sauve tous les hommes de la colère, par l'amour que tu nous gardes, rédempteur de l’univers. ■ 1, 6-S : Mc 13, 32 ; Matin. 24, 36 1, 9 : Dan. 7, 13 l’hlrmos Τήν ύηέρ ήμών. Il est évident que lu place do έπΐ Nûc est πέλαγος κατέκλυσας, comme le fait remarquer M. Tomadakls, est eu moins bizarre : on ne submerge pas un océan. En revanche, de la tradition patmlaque, pourrait Mon avoir 2. Προθύμων, adopté par tous les éditeurs, excepté Maas-Tryponls, général est : Dieu a été moins sévère pour nos pères que pour nous, puisqu'il a Ûxé d'avance un délai A leur conversion. II. NOÉ. Str. 2-3 Pour connaître l’histoire de Noé, écoutons ce qu’en dit ■’Écriture. Voici le discours que lui tint l’ami des hommes, en voyant les iniquités des anciens : « La fin de tout homme est venue devant moi, car la terre est remplie d'un Ilot d'iniquités. Je vais les détruire, eux et toute la terre1, pour faire disparattrc le péché, car tout est rempli de corruption. De toute leur race, tu es le seul et unique juste, le seul qui me soit agréable : tu as fleuri comme la rose au milieu des épines. Pour accomplir ma volonté, écoute bien mes paroles en disant : Sauve tous les hommes... Or donc, apporte des planches de bois imputrescible*, et tu feras une arche selon ma volonté, sur le modèle que je t’indique, et qui portera comme dans une matrice les germes des races futures. Et tu la feras comme une maison à l'image de l’Église, en lui donnant les proportions que je te dicte : cette arche, aménagée en nids et bitumée, tu lui donneras trois cents coudées de long, cinquante de 2, 3-7 : Gen. 6, 13 2, 9-10 : Cent 2, 2 et dont une graphie véov a pu être û l’origine de la mauvaise leçon le poêle s'ost-U référé directement au texte hébreu, qui parle d’un Π. ΝΟΰ. Str. 34 10 Ιτηαννάγων ττοίησον tl$ ττήχυν ίνα άνωθτν· διώροφα, τριώροφα σκτνώσοττήν κιβωτόν, τήνδΐθΰραντέλεσον ίκ πλαγίων! 'ΡΟσαι πάντα;... > <κ τον Κυρίου, δίν τών λογομίνων. Νοσσιάζ όρνίων καί ταμ«Ια θηρίων ποιο! 1ν τούτη, καθάπτρ yράφιι ■ τάχιον, καθόχ &ρη τά πορικύκλω καταφυγήν TOÎÇ κτήνοσιν, tva μή των τού ©οου τώ» ΙύπϊρφΑι παρακούση | large, trente de haut ; assemble au-dessus un toit d’une coudée1 ; tu construiras sur l’arche un deuxième, un troisième étage ; la porte, pratique-la sur le côté. C’est là-dedans que je te garderai, toi qui me cries avec foi : Sauve tous les hommes... » Quand il entendit ces paroles du Seigneur, il ne négligea aucune de ses instructions, mais s'empressa de bien exécuter les ordres, en se dépêchant, comme Dieu l'avait dit : en serviteur sûr, il construit l’embarcation tout comme le Créateur le lui avait ordonné. II y fait, des nids pour les oiseaux, des cages pour les bêtes de la terre, comme le dit l'Écriture : sur le pourtour des étages, le premier et le second serviront d’abris aux bêtes de la terre, de même le troisième aux oiseaux et aux reptiles. Tout cela, il l’accomplit avec foi, ne voulant pas négliger l'avoir pas prié ainsi : Sauve tous les hommes... 8' ίπιουνάγων T edd. : ίπιουναγογών Q || 10' τήν κιβωτόν : -ή) χιβοκφ 0 Mloni ΟII 11 ■ αύτη : τούτη T Pltra || 12' 'Ρύποι : αλλά {0ο·( T Pitro. ■ 7' γράφη Mloni || S· καί τοΤς έρπττοϊς 0 Tora. Ο (τοις del. ,ΜίΛ| II10' έκτκλών : τελών oorr. Mloni || 10· {ητών corn Ο" : {ημάτων Q Mloni Septante, qui ne lait que reproduire l'incertitude du texte hébreu. Pour le v. 10', on a préféré la leçon do T, plus proche du texte do la e 5Uv τη Ο Μ del. Mioni) jj 12* αίφνίβιος : αΙφ»(8«» Mlonl Avec intelligence, l’élu accomplit son ouvrage ; mais le peuple inintelligent, regardant h l'intérieur, connut ce qui se faisait là ; on écouta son récit, et on crut voir un mirage*. Avec foi, te juste disait aux hommes sans foi : π Cessez au moins maintenant d’exciter la colère de Dieu, car elle sera rapide à venir, et il ne saurait y avoir de pardon à l’infidélité des vivants, si vous ne vous conver­ tissez pas rapidement. Un grand déluge va tout à coup s'abattre sur vous ; ces montagnes que vous voyez, les eaux les recouvriront ; elles détruiront la terre, que vous perdez vous-mêmes par votre conduite. Allons, pleurez amèrement et criez à Dieu : Sauve tous les hommes... · En voyant l'incrédulité de ces malveillants et leur dureté sans mesure, Noé se consumait de douleur et priait pour eux, afin qu’ils se repentissent. Voyant la terre presque arrivée à sa fin, il gémissait on son cœur et criait au peuple : « Vite ! Évadez-vous de votre horrible péché, en rejetant votre méchanceté, en vous repentant de vos actes. Lavez dans les larmes la souillure de vos âmes, que no fonde sur vous, pour vous anéantir, l’orage soudain de la colère de Dieu, invoquez-le ainsi : Sauve tous les hommes...1 » Τά κτήνη πτοοϋνται. Τή αντή άσπλαγχνίσ ini τΛ ώππΟίΙο ώστττρ Ιν νρόνοις τισι άνοία Mioni II 7* ΙΙανάτου · g Mionl : θανάτου ; Tom. II. NOÉ. Str. 74 Voulant les instruire par un prodige, le Seigneur écouta la prière du juste et, avec sagesse, rassembla toutes les bêtes des montagnes devant Noé. comme jadis devant le premier homme — des fauves, mais qui craignaient la colère de Dieu. Les bêtes ont peur, et les humains, dans leur bestia­ lité, ne renoncent pas au mal ; ils croient avoir des visions. Noé le bienheureux leur tenait ce discours : « Mes paroles, vous n’y croyez pas : vous en croirez ces bêtes que vous voyez là, car voici les loups et les agneaux ensemble, les serpents mêlés aux oiseaux, et vous ne criez pas à Dieu : Sauve tous les hommes...? ■ convertissait pas ces fils de rébellion : ils n’en péchèrent que davantage et s’obstinèrent dans leur aveuglement, les misérables. Un homme, en Égypte, se montra tout aussi insensible, ajoutant à l'indocilité de son peuple : c’est Pharaon1. Car un cœur dur, aveuglé par la folie, se fourvoie jusqu’à la mort. C’est ce qui parut dans l’un et l'autre cas : les géants périrent dans le déluge, de même plus tard les Égyptiens avec Pharaon dans la mer, comme, au temps passé, le peuple impie qui habitait Sodome, et dont Dieu délivra Lot qui lui criait : Sauve tous les hommes... cher Romano*. Sophia Papadimitriou tail do θεός sous-entendu le plus. L'editlon Tomadakls ajoute un point d'interrogation, ce qui donnerait : · Un cœur dur... ne va-t-il pas son chemin jusqu'à la II. noé. Str. 9-10 Quand il eut fait un troupeau des bêtes sauvages, quand il eut réuni les reptiles et les oiseaux — car tout était rassemblé, sur l'ordre du constructeur, pour entrer dans l'arche —, le serviteur fit une prière confiante, suppliant le juge de le garder toujours sans reproche ft ses yeux. Avec intelligence, il rangea les animaux innombrables dans les chambres des trois étages, comme le Tout-Puissant l'avait dit. Les animaux impurs, il les enferma par couples, dit l'Écriture, et les purs, sept par sept1, en séparant les uns des autres, et invoquant ainsi le Très-Haut : «Ne m'abandonne pas, mon Sauveur, toi qui vois tout, mais sauve-moi » «Ισ&ξάκνο» ‘ βλέπω Mionlll 1’ χ«ρϊ« πληροϋμ» corr. Mlonl 4’ ο(μοί III. ΛΒΚΛΗΛΜ. Str. SO Quand je vois ta beauté', mon enfant, la joie me remplit. Mais quand j'entends le Seigneur, mon rire tourne en deuil et en larmes. Hélas ! ma chair, ta langue balbutiante devien­ dra muette sous la main de ton père qui t’égorgera. Tes paupières, ce n’est pas Sara qui les formera. Tes lèvres roses, je vais les rendre inertes en accomplissant l’ordre de celui qui l’a donné à moi8. Car seul est bon le sauveur de nos Quand ma main défaillante aura peur3 de tenir le couteau, qui l’affermira? Qui lui apprendra à tuer, non plus les veaux qui te sont dus, comme elle en avait l’habitude4, mais mon enfant? Qui rendra cruel et insensible l’homme dont la bonté accueillait tous les hôtes? Moi qui naguère recevais et traitais des inconnus, moi ton père, je te ferais mourir, ô mon héritier? Qui l’entendra dire sans me fuir? Car seul est bon le sauveur de nos âmes. dernier vers. Δώσης se rencontre déjà -......... ■’··-'■— 4. Allusion bu repas odert par Abraham à Dieu sous lo chino de Mambré : lo patriarche ni préparer un veau tout entier. Romanes no semble pas luire toujours la distinction entre σου et σοι. III. ABRAHAM. Str. 8-10 maintenant, me faudra-t-il concevoir encore, allaiter encore, et puis, quand il sera mûr, rendre mon fruit à celui qui me l'aura donné? — Car seul est bon le sauveur de nos Éloigne de moi ce moment ! Je le prends, moi, dans mes bras, cet enfant qui fut la souffrance de mon ventre, car je voudrais m'en rassasier. Si Celui qui t’a appelé a besoin de sacrifices, qu'on lui donne un mouton. Isaac, ah ! non, il me tuera la première, ensuite seulement il te tuera : avant toi la mère, après elle son petit. Je ne veux pas te voir immolé, pour en mourir. Car seul est bon le ma vieillesse>1, j’ai ri d’abord, et maintenant, voyant sa parole s’accomplir, j’ai possédé la joie1. Mais déjà ma joie va se changer en larmes. Toi, ma lumière ; toi, l'aurore de mes yeux ; toi, l’astre qui fait briller mon orgueil quand je te vois, ô mon enfant, tu as paru, fruit tardif de mes 10, 1 : Gen. 18, 9-15 10, 2 : Gen. 21, 0 1. Cette strophe est tout entière en mauvais état. L’existence d'une lacune (mal localisée par Mionij au v. 1 ■ Ml évidente. visible que le poète oppose le rire moqueur, indice d’un scepticisme destrucUt, A la vraie joie, fruit de la grâce divine. Le v. 2' n’est kèla 2* et 2·, ce qui parait sans exemple. III. muniit Str. 10-12 entrailles, grappe bleuissante dans une vigne mûre1. Non, Devenu grand, tu seras le soutien de mes vieux ans, ô ma chair, et tes entants seront mon béton de vieillesse ; je verrai les fruits de tes reins, et je pourrai mourir. Mais c'est loi qui me fermeras les yeux, c’est toi qui, avec tes enfants, me remettras au sein de mes pères ; c’est toi qui, sur la couche dont tu sortis le premier, viendras pleurer. Moi, jamais je no mènerai ton deuil, pour avoir écouté le bourreau qui est ton père. Car seul est bon le Sauveur de nos âmes. — Ne profère pas de telles paroles, femme, qui irritent Dieu. Ce n’est pas le bien d’autrui qu’il nous demande, c’est son propre don de naguère, qu’il va reprendre. Ne souille pas l’holocauste avec tes plaintes, ne pleure pas : lu chargerais d’une tache mon sacrifice. Dieu le réclame, et qui l’en empêchera ? Même dans ton sein, Dieu est assez fort pour le mettre à mort. Montre donc ta bonne volonté en le laissant partir, car seul est bon le sauveur de nos âmes. I. On se demando comment les éditeurs comprennent le άημάαας pondant d'Épbrem n'est pas clair : Μή τίμηί τάν Ενα βότρυν - év (300-312). Έξάμη«λ% est un hapax (un des manuscrits porto έξάηλο* qui en est un autre). Mercali l'explique comme un dérive formé sur III. abraham. Str. 13-14 13 J'inonderai de larmes toute la terre, et toi avec moi, mais cela ne nous sera d'aucun secours ; car lorsque Dieu a quelque dessein arrêté, qui peut lui résister? Ou bien t'imagines-tu qu’il est né de toi seule? Ce n'est plus mon enfant, que j'ai engendré1? «Tu l'as semé, tu vas l'immoler1. « Celui qui m’a donné cet ordre, femme, est le maître de tout, qui me réclame en son temps ce don de nous deux8. Car seul est bon le sauveur de nos âmes, s A ces paroles de son compagnon, Sara dit : « S'il te veut pour te faire vivre, il commandera que tu vives ; lui qui est le Seigneur immortel, il ne peut te tuer. Aujourd'hui j’aurai la gloire de te présenter en don sorti de mes entrailles à celui qui m'avait fait don de toi, et je me pro­ clame bienheureuse4. Va donc, mon enfant, et fais-toi la victime offerte à Dieu, avec l’auteur de tes jours, ou plutôt do la mort. Mais j’ai confiance : le géniteur ne se fera pas immolateur. Car seul est bon le sauveur de nos âmes. 13, 3 : Rom. 9, 19 droits qu'il a sur Isaac. la Vierge : < Toutes les générations (f.uc 1, 48). Au v. 4, on a a double avantage do rétablir 3· syllabe du kûlon. Du reste, si l'ImpéraUf αΰχει s'adresse à Isaac III. ABRAHAM. Str. 15-16 166 10, 1-2 : Gen. 22, β 16. 5 : I Cor. 14, 22 10. 6-7 : Gen. 22, 5 le bois de son supplice. Le poète modifie légèrement la tradition : aussi net et délibéré, même si l'é •ΐ el τοΙνυν δ βλίπω III. ABRAHAM. Str. 17-18 Rendant par sa foi la vigueur à ses jambes appesanties, et armant sa droite d'une épée, il commença par saisir Isaac ; mais il trouva une tentation dans les paroles de l'entant qui disait : « Dis-moi, mon père, qui va être immolé? J’ai le bois, toi le feu et le couteau. Le mouton, où est-il?* Entrailles d’un père! Qui, en ce moment-là, eût été assez dur pour ne pas se laisser fléchir aux paroles de l’enfant? El pourtant, loin de le fléchir, ces mots le stimulèrent* : car seul est bon le sauveur de nos âmes. • — Celui qui m’a appelé y pourvoira, mon enfant, s’il veut une victime ; nous, ne pensons qu’à le servir », dit-il. «— Père! C'est pour moi que tu as aiguisé le couteau? Je vois : cet autel est une tombe, ô père. Je te vois comme dans un miroir’ me ligoter et m'égorger aussitôt. Si donc CO que j'aperçois est une vision véridique, dis-le. Ne me tue pas malgré moi, si tu veux trouver en moi, ton enfant, un sacrifice agréable à Dieu ; car seul est bon le sauveur de nos âmes. * 17, 3-5 : Gin. 22, 7 1. Le mot άγγρίζω n'est atteste que par Hésychios, qui le glose : 2. PC’est-é-diro : «Je prophétise, je devine ». La divination par les grande laveur à Dyzanco. Elle est évoquée Ici peut-être parce qu'elle se praUqm.lt par l’intermédiaire d'un entent vierge (cl. A. Delattk, La roloplromanâe grteque rl ses dérivés, Blhlloth. Kao. Lettres do III. ABRAHAM. Str. 19-20 19 Le fidèle Abraham alors passa outre1 aux paroles de son fils — c’était un vaillant ouvrier de sacrifice1 —, et lia les pieds et les mains de celui qu'il avait engendré, en disant : s Je vais l’attacher d’abord, le tuer ensuite, de peur qu’en se débattant il ne me gêne pour frapper1, s non que l’enfant se débattît, mais Dieu l'appelait pour lui révéler l’avenir qui sortirait de lui. Car seul est bon le sauveur de nos âmes6. Du haut du ciel, celui qui regarde les abîmes le regarda ; Dieu, élevant la voix, cria au juste : « Abraham, Abraham, mon fidèle, retiens ta main. J’ai voulu te connaître, moi qui, avant môme de t’avoir fait, ne te méconnaissais pas, et aujourd’hui j’ai trouvé ta foi, que doivent contempler les amants fervents de la vérité que je suis, ft la fin des temps6, car mon fils doit venir pour être glorifié en mon nom, celui qui donne tout bien et sauve vos âmes. 19, 1-3 : Gen. 22, 9 19, 6-8 : 20. 1 : Dan, (Vera. TMod.) 3, 55 suppose donc qu'Abrabam craint les sursauts involontaires de ÎD.OV τρόπον, CO qui doit signaler la modlHcallon du premier kôlon du refrain dans les strophes suivantes. héla sont mOtrlqucmont faux. III. abraham. Str. 21-22 Ne tue pas ton enfant, car à présent je sais que tu me crains. A cause do moi tu n'as pas épargné ton fils : prends-lo et relourne-t'en, comme tu l'avais annoncé1. » A ces mots, Abraham répondit : « As-tu donc trouvé quelque chose ù reprendre dans mon sacrifice, que tu m’as arrêté? Ai-je négligé quelque chose, en parole ou en acte? Ou bien y avait-il du mensonge dans ma bouche1? Toi qui sondes les cœurs, purifie-moi et commande-moi d’immoler, car lu donnes tout bien et tu sauves nos âmes. — Retiens ta main tout de suite : j’ai trouvé ta foi pure Λ mon gré, et c'est pourquoi je projette en toi l’ombre de mes desseins. Car tu es bien ma ligure, oui, à juste. Tu veux savoir quel sera, après toi, le fruit de ta conduite? C’est pour cela que je t’ai fait monter ici, pour te le montrer. Eh bien, de même que, par égard pour moi, tu n'as pas épargné ton fils, moi non plus, par égard pour tous les è immoler pour l'amour du monde, moi qui donne tout bien et sauve vos âmes. 1. et. str. 16, V, 7. vraisemblable : Il s'apprêtait a sacriller vraiment son entant, et il Ce vers est en tait une citation du Pt. 31, 2. ou d'/sole, 53, 9, Intro- III. ABRIRAM. Str. 23-24 ξύλα -rois ώμοιΐ Οντωί 8’ ôs (βάσταξε ΒλΙψον άρτι mon fils. Immole-le-moi, et je te garde ton fils, car je ô δοτήρ των άγαβδν χορεύει πάλιν <κα! σωτήρ τθν διξαμίνη Ισαάκ- δεσμηθεί! δι ήμα! ■ ήμών Ικεσία! κενά! μή άποστρίψηί, SC Ous έσταυρώθη! Ιν βυμφ σου μή κτεΐνη! - l. Allusion au cantique de Simeon (te 2, 29-32). Comme Simeon, lynagogiie a ■ peut mourir. IV. HYMNE DE JACOB BÉNI PAE ISAAC Texle Cet hymne, qui porte dans Q la date du 5e dimanche de carême1, n'a les kontakaria, en dehors de celui de Patmos. Le souvenir de Jacob a été estompé par celui de sainte Marie l'Égyptienne, actuellement fêtée à ce jour, et cette substitution dans la liturgie du carême oriental, sur l'intention catéchétique, qui est restée plus marquée en Occident. Il y a en effet, dans le kontakarion de Patmos, deux séries d’hymnes aux fériés' de la semaine," et les grands kontakia narratifs qui résument l'histoire du salut. Ces derniers furent d’abord les plus importants, puisque les trois principaux, celui de .Voé, celui du Sacrifice d'Abraham et celui de Jacob béni par Isaac, ont été attribués au 3e, au 4e et au 5e dimanche ; on peut leur adjoindre deux pièces antérieures à Romanos, qui occupent'dans le Q le dimanche της τυροφάγου et le 1er dimanche du carême (actuellement dimanche de l’Orthodoxie). hymne d'allusions à la chute et à la nécessité de la péni­ tence, si fréquentes dans les hymnes du carême, si ce n’est dont l'Evangile est celui de l'Entant prodigue. dans la première strophe, qui d'ailleurs fait ligure de horsd'œuvre et semble introduire un sujet tout autre que l’his­ toire de Jacob. Rien non plus dans la prière finale, car celle-ci — autre bizarrerie de composition — a été omise : toire qui vient d’être racontée, comme si l’auteur, au dernier moment, s’apercevait qu’il risquait de n’avoir pas été suffisamment compris. L'intérêt du poème, en effet, est avant tout typologique : il s’agit de montrer dans cet épisode de la Genèse la préfiguration du salut des Gentils grâce à la miséricorde universelle du Christ, — explication qui, on s’en doute, n'est pas nouvelle. A la suite do Cyrille d’Alexandrie, Romanos montre dans le personnage do Jacob la figure du peuple chrétien, celle des Juifs à travers Ésaü ; Rébecca préfigure l’Église ; Isaac, dans une certaine mesure, tient la place du Christ. Ce parti pris didactique fait perdre au poème une grande part de son intérêt dramatique : les discours que tiennent ' Isaac et Rébecca en prophétisant sont maladroitementamenés et sans rapport direct avec le sujet ; du moins ne BOnt-ils pas exagérément développés. D’une manière géné­ rale, le mélode, avec une inhabituelle timidité, s'est astreint à suivre pas à pas le récit de la Genèse, sans peu près tels que la Bible nous les dépeint, avec peut-être en plus une nuance de tendresse paternelle et maternelle, chez Isaac et Rébecca, et un sentiment plus fort de la toute-puissance de Dieu, qui dirige les événements à son gré on vue du salut à venir. Mais Romanos ne s'est accordé; aucune liberté à l’égard du texte sacré, et l’on ne retrouve; guère, dans son poème abondant et un peu fade, l'âpreté; et l'ironie du vieux rédacteur hébreu. Cette imperfection tient peut-être aussi à ce que Romanos; n’a pas su choisir nettement entre un point de vue purement, ■""■gétique, qui ferait voir dans la vocation des Gentils7 la conséquence d'un libre choix de Dieu échappant à tout IV. JACOB calcul humain, et un point de vue moral : il a soin de nous dire (str. 19) que Jacob avait mérité la bénédiction pater­ nelle, parce qu’il valait mieux que son frère, Γάσωτος Ésaü. Pour rendre son héros sympathique, il s’est efforcé, ô son père, grâce à des ώσπερ ambigus qui peuvent exprimer aussi bien la comparaison que la cause objective {str. 7) ; pieuse hypocrisie qui pourrait illustrer le sens fâcheux qu’a pris le mot de « byzantin » chez les. modernes. C'est qu’il était délicat de présenter Jacob à la fois comme un menteur elfronté et comme la figure du peuple chrétien. La 'strophe 17 atteste la prospérité de la nation juive sous la domination chrétienne. Elle rend un son involon­ tairement ironique si l’on songe à ce que fut la politique de 'Justinien à l’égard des Juifs, intolérante et brutale. Peut-être contient-elle un avertissement voilé à l’adresse du peuple d’où était sortie la famille du poète, et qui se rendit responsable de bien des émeutes dans le courant du vie siècle. Peut-être encore s'adresse-t-elle plus spécia­ lement aux Samaritains, avec une allusion au grand soulè­ vement de 529, ce qui placerait la composition de l’hymne peu après cette date. Mais d’autres soulèvements impor­ tants se sont produits plus Wt, même sous Anastase, et on maturité de Romanos. Le texte, situé vers le début du manuscrit, n’a pas souffert du temps, et la tradition n'en semble pas trop mauvaise : il y a à peu près 34 fautes contre l’isosyllabie pour 1.000 kôla, et les corrections à faire sont peu imporNous ne savons pas si le prooïmion est idiomèle, le manuscrit ne portant à ce sujet, mais c'est généralement le cas dans un hymne de Romanos dont les strophes suivent un hirmos d’emprunt. Ce prooïmion présente, au moins καί Ίακώ€ άγαττήσαΐ ώί δίκαιον, τήν tvXoylov ίξ ίκίνοα sis τοΟτον μττήγαγιί · Sio QQ ευλόγησε : ηύλόγησβ Tom. πρός χατλ. Q“«. IV. HYMNE HlRMOS Acrostiche Mas ÉDITIONS jacob. Pr. de Jacob béni par Isaac dimanche de la 5" semaine de carême πλάγιος S' prooïmion : idiomèle? strophes : πρός * Τδν πρό ήλιου ήλιον : TOT ΤΑΠΕΙΝΟΤ 'Ρ0ΜΑΝΩΤΤ : 0 f» 44M7V : E. Mioni, Romano il Melode, n° VII, p. 163-180 N. Tomadakis, 'Ρωμανού του Μελφδοΰ ύμνοι, 1,110 4, p. 72-86 (éditrice : Ino Michaflidou) P. Maas - G. A. Trypanis, Sancli Romani Melodi Cantica, I, n° 42, p. 330-338. Prooïmion Par haine pour Ésaü l'intempérant1, par amour pour Jacob le juste, tu transféras la bénédiction de celui-là à celui-ci. Mais, comme le doux là reçut grâce au conseil do sa mère, ainsi, par les prières de ta mère immaculée, Christ, ô Dieu, accorde-nous du haut du ciel ta bénédiction. Pr. éph. : Gen. 40, 25 lentilles ( Gen. 25, 29-34). Ésaü, incapable do dominer ses appétits de Dieu, el du Christ lui-même. 1 11' τήν iOcotw Q : τήν άΟίτηοιν QYP τήν άΟετηοίβν log. Tom. 2 7 (όκγχί ; ϋνογκαί Μ1οη1|| 12' χράζω OÏÔ : χρουγάζω y Mlonll IV. JACOB. Str. 1-2 qui a foulé le serpent aux pieds, qui a illuminé le monde, qui est né sans semence de la Vierge, celui qui a délivré la création tout entière de la malédiction, qui a brisé les anges coupables, et de sa main a relevé Adam déchu, chantons-le, célébrons-le. Sachons l'effet qu’a eu pour béissance, comme l'enseigne le livre de la Création en racontant la forfaiture du premier homme. Hâtons-nous donc tous de crier à notre Dieu : Accordc-nous du haut du ciel ta bénédiction. Les figures de l’avenir étaient donc les deux frères qu’Isaac le patriarche avait eus de Rébecca. Un jour le vieillard, appelant Êsaü, lui dit : « Va vite, mon fils, dans la campagne, et donne-toi de la peine. Prends ton arc cl ton carquois, tue-moi du gibier, hâte-toi de faire plaisir à ton père, et apporte m’en un plat, pour que j’accueille ton zèle et te bénisse avant de mourir. Lève-toi, montre ton bon vouloir et comble mon désir. En te voyant entiè­ rement dévoué, je crie à Dieu : Donne-nous du haut du ciel la bénédiction, a IV. JACOB. Str. 34 Tel fut l’encouragement que le vieillard donna au fils de ses entrailles. Là-dessus, Ésaü se hâta de partir pour la chasse. Mais sa mère dit à Jacob : « Dépêche-toi d'aller au troupeau, et donne-toi de la peine. J’ai entendu ton père dire à ton frère : Tue-moi du gibier, mon enfant, et bénirai. Obéis-moi tout de suite avant que je meure. — Va, te dis-je, prends au troupeau deux chevreaux ; j'en procure la bénédiction du ciel1. » Λ ces mots, Jacob dit à sa mère : « Comment irai-je au troupeau et en ramènerai-je les chevreaux? Ésaü, mère, est un homme velu ; moi, j'ai honte de ma peau lisse. Peut-être que mon père me reconnaîtra, et alors je serai couvert de honte à ses yeux pour l’avoir traité avec mépris et j’attirerai bien plutôt Sur moi la malédiction : il no me bénira pas, mais me fera mourir. O mère, cette ruse auda­ cieuse me fait grand peur, et aussi la fureur de mon frère. Miséricordieux, accorde-nous du haut du ciel ta bénédiction. 3, 1-13 : Gen. 27, 5-11 Ένδον 61 Ιδού ώ υΙόΐ σου καί αΙτοΟμαΙ σι ' ίδίσμοπά σοι ήγσγον, ίξ ούρανοϋ βύλοχίσν πσράσχου <ήμ!ν.) chevreaux beaux et tendres. ■ L enfant partit et lui ramena bénédiction du ciel. 2 7 2* Οήρ« Q : Οήραν MIonI Tom. Ο. 8 5* τέχνη 2 Tom. : τέχνη MIonI Ο|| IV Μ : ίι’ δ Tom. Isaac dit alors à son fils : « Mon enfant, tu as eu vite fait de m’obéir et de m'apporter le gibier. » Et le jeune homme répondit à son père : «C'est là ce que Dieu t'a envoyé ; c’est lui qui s’est fait ma cuirasse et, se montrant n'avais eu qu’un agneau à chasser. Puis, comme si je n'avais fait qu’entrer dans un enclos à bétail, j’ai emporté la victime pour te l’amener, père, selon ton ordre. J'ai accompli cela pour avoir part à ta bénédiction. Maintenant, et procure-nous la bénédiction du ciel. * Isaac, troublé de voir son fils revenu si rapidement de la chasse, se disait : « Quelle est cette galopade ? Quel est cet empressement si grand? La réflexion me porte à me le demander : n’y aurait-il pas là quelque artifice? Ne viendrait-on pas me ravir par la ruse le don destiné à mon enfant? — Non, c'est plutôt le Seigneur qui est intervenu lui-même, voulant satisfaire mon désir, et si mon fils est revenu ici tout droit, c'est qu’il aura trouvé ce qu'il cherchait. Sa récompense sera la grâce de celui qui l’a envoyé, à qui ira ma prière : Donne-nous du haut du ciel ta bénédiction. ίρνίον. Il serait en effet étonnant que Jacob, dont le discours a ANCIEN TESTAMENT Μνφωνήνϋν Ίακώζ ήχι!«|$ τά ώτά μου. καί καταφίλησον βοών ■ a Δίκαιος Κύριος, φιλάνθρωπος · ίζ ουρανού ευλογίαν παρίσχεν ήμΤν. » Ιξ ούρανοΟ τύλογίαν (παράσχον ήμΐν. »> 'Ρήματα καί ό Ισαάκ ουδόλως Ιντδίδου, Λ ψνχ*» <ή> ■«>*το« χαράς μεγάλης, καί λίγη : Νϋν θεός ήμάς Ιτασκίψατο, πρός τήν 'Ριζίκκαν · 11 1· «ύλόγτι nos Ο : ούλογοϊ 0 Mioni Tom. || 21 τύν πάντων : τών Tom. Il 4' άπίλαβον : άπέλαυον Tom. 12 3* ή onto τούτου add. nos Ο- IV. Jacob. Str. 10-12 le maître de ton frère. Qui te maudira prendra sur lui la malédiction, qui te bénira sera béni par la grâce divine. » Le jeune homme entendit ces paroles et sortit béni, célé­ brant le Créateur et s'écriant : u Le Seigneur est juste, il aime les hommes : dans sa miséricorde, il nous a accordé du haut du ciel sa bénédiction. » Inspiré par l’amour, le vieillard bénissait son Ills, et dans ses bénédictions traçait la figure du Christ, créateur du monde. Alors Jacob courut à sa mère en lui disant : «Vois, j’ai reçu la bénédiction, j’ai trouvé grâce aux yeux de mon père. » Alors sa mère étreignit le jeune homme et se mit à pleurer, disant : « Il est Un, celui qui donne aux il se fera chair, rejeton né de la souche, sans quitter le sein de son père. Prions-le donc, le miséricordieux, ami des hommes : Donne-nous du haut du ciel ta bénédiction. > Isaac, lui, ne donnait pas libre cours à ses actions de grâces, jusqu’à l'instant où son âme fut envahie d’une grande joie1. Il dit à Rébecca : s Aujourd’hui Dieu nous IV. lACoe. Str. 12-14 a visités, et du haut des eieux il a regardé la terre pour faire don aux saints de sa bénédiction, car il est le Seigneur. nous à profusion, quand il lui plaira de sauver le genre humain en se faisant homme. Car aujourd’hui, il a préfiguré l'avenir dans la grâce ; il nous accorde sa bénédiction du Comme Isaac parlait ainsi à sa compagne, leur fils Ésaü revenait de la chasse et préparait, lui aussi, un repas pour son père. Il le lui apporta pour lui en faire goûter, disant : « Père, écoute-moi, et réjouis-loi de la chasse de ton fils, qui me vaudra ta bénédiction. » Alors le vieil Isaac dit à son fils : a Indique-moi qui tu es. » L'autre répondit: « C'est moi, père, Ésaü, ton fils ; je suis le premierné de tes entrailles. Je t’en prie, procure-moi la bénédiction du ciel. » 14 A ces paroles de son enfant, à ses prières, le vieillard fut frappé d’une très grande stupeur, et dit : « Quel est donc celui qui m’a apporté du gibier, et j'ai mangé do tout avec plaisir, et je l’ai béni, et il possède toutes les 13, 1-13 : Gon. 27, 30-32 14, 1-13 : Gau. 27, 33-34 130 ANCIEN TESTAMENT Νενικημίνο; ’Ισαάκ τοη σπλάγχνοη «Η ήττημίνο;, πρό; τόν Ήσαύ igôa λίγων - « ’Ακόυσαν, ώ τίκνον · it τφ άδελφφ σου τήν ίξουσίαν παρίσχον, σίτφ καί οϊνφ τόν οίκον τούτου ίπλήρωσα, 6 < Μία γόρ καί κλαΐων οΰτω; ίλεγε ■ μόνη σοι ίστιν ιύλογία ; καί ά«ςόο μετά δακρύων « Ευλογών εύλογήσιι σε ώ$ βούλεται ό φιλάνθρωπο; · ίξ ούρανοΟ (βύλογίαν παρίχιι ήμϊν. > » 4' Ότι ίπαύσατο θρηνών, ό γηραλίο; Ικττίντι τήν χείρα καί ηύλόγτι τόν Ήσαΰ, τοιαϋτα λίγων « Ιδού ίκτή; δρόσον τών ύψωμότών σοι ίσται, καί ίκ τή; γαϊα; τή; πιώτητοϊ <ή> κατοίκηση, καί ίν τη μαχαίρφ τή σή τραφήσει. καί τφ άδελφφ σου προβύμω; δουλεύσει; άεΙ, καί ίσει εύφραινόμενο;. 'Εάν γάρ τόν 3υγόν τόν τή; δουλεία; αυτόν μή καβίλη; ίκ τοϋ τραχήλου σου. ίν πόση εΙρήνη πορεύσει ίν κόσμω, ότι ίκλίλοιπεν ή όργή σου ■ πληρώσει σουτάαίτήματα ό Κύριο;, καί ώ; βούλεται ίξ ούρανοϋ εύλογίαν <παρίχει ήμϊν.) » 1β ?· .1 «.W τόν .ddidi (cl. Οεη. 27, 37) 18· redundat .m» tortos·» ί,ν corrlg. J 10‘ χατηννγη 0 II13 slc •“PP10''1 : s‘ “‘ïîï.'T.dd.di Gril. 27. 32) , 9· — del. 0- K 13 καρόχει ήμϊν supplevi : παράσχει ή. Mlonl ..ap«“X τταράοχη σοι Ο“· IV. JACOB. Str. 16-17 16 Alors Isaac vaincu, cédant à sa tendresse1, dit à Ésaü : frère, si j'ai rempli sa maison de blé et de vin, pour toi, que ferai-je, mon enfant? Dis-le moi.» Ésaü répondit à son père en pleurant : « N'as-tu donc qu’une seule béné­ diction ? Avec celle que tu as léguée3, moi aussi, bénis-moi. » Alors Isaac, son père, transpercé de douleur, s’écria au milieu de ses larmes : « L’ami des hommes te donnera une riche bénédiction, selon son bon vouloir : du haut du ciel il nous accorde sa bénédiction, a 17 Mettant lin à ses plaintes, le vieillard étendit la main et bénit Ésaü en ces termes : «Voici, dans la rosée qui tombe des hauteurs et dans la graisse de la terre sera ta demeure3, et ton épée te fournira ta subsistance, et tu serviras ton frère de bon cœur, pour toujours, et tu seras heureux. Car si tu ne cherches pas è secouer de ton cou son joug de servitude, tu marcheras dans le monde en parfaite paix : ta colère t’aura quitté. Le Seigneur exaucera tes prières, et il nous donnera comme il lui plaira sa béné­ diction du ciel. a 17, 1-9 : Gen. 27, 39-40 en trop au V. S* indique peut-être que le passage est altère. révolte samaritaine de 529. ANCIEN TESTAMENT IV. JACOB. Str. 18-19 Ésaü prit Jacob en haine et songeait à le tuer après la mort de son père. Il se disait en son cœur : « Vienne main­ tenant la dernière maladie de mon père, et aussitôt après sa mort je saisirai l'occasion de tuer ce frère qui m'a supplanté. > Mais Dieu, qui sait d'avance nos pensées, fit à l'instant connaître à la mère des deux jeunes gens les projets d’Ésaü et lui inspira la sagesse qu'il fallait pour les briser astucieusement. Prions donc le miséricordieux : «Ami des hommes, accorde-nous du haut du ciel ta béné­ diction. » 19 Quant à vous, mes amis, comprenez bien ces choses, car tous ces récits de l’Écriture sont des prédictions en figures. Ésaü est la figure des Juifs. Jacob nous présente par avance l'image des Chrétiens ; lorsqu’il reçoit à la place de son frère la bénédiction qu'il avait méritée, sur le conseil de sa mère, il m’annonce la grâce à venir. Et en Rébecca m’est clairement montrée l’image de l’Église du Christ : comme elle, l’Église amène ses fils au Père de toutes choses. Rassemblons-nous en elle pour crier à notre Dieu : Accorde-nous du haut du ciel ta bénédiction. 18, 1-13 : Gen. 37, 41-42 V. I" HYMNE DE JOSEPH dont on retrouve le début dans le Triodion. aux matines si le style nous paraît très souvent obscur, le copiste en ont mime été laissées en blanc, et les strophes correspon- bymne* de Homanoe donnes sn appendice a Die Almeltehù In ier danles ( 17-24, soit- 'P-Ω dans l’acrostiche) complétées plus tard par une autre main, à l'aide d’un texte qui n'était pas meilleur que le premier. L'ouvrage est d'une belle ampleur : avec ses 40 strophes formées par l’acrostiche alphabétique suivi du mot άλφάβητον et de la signature du poète, c'est le plus long qu'ait, écrit Romanos. En revanche, il est loin d’en être le meilleur, et on s’explique mal 1 enthousiasme de son second éditeur, Krumbachcr, qui le préférait même à l’hymne 01 vè στάίιον. lui trouvant plus de réalisme et de puissance qui a voulu consacrer l'essentiel de son hymne Λ la recon­ naissance de Joseph et de ses frères, et qui s’est fort peu étendu sur les premières aventures de son héros en Egypte) a surchargé son ouvrage d’une introduction trop longue) sans grand rapport avec le reste du récit, et où la suite lecture souvent difficile. alourdi par les expressions rechar­ gées comme celle de la pèche de Benjamin aux strophes) 28-30, enfin le goût déplorable du poète pour les calembour et les h-peu-prés, dont les plus mauvais sont rassemblé? dans cet hymne. Il pâlit surtout quand on le compare avec l’admirable récit do la Genèse, dont le poète sembla avoir si peu compris l'habileté psychologique, au point qu'il a totalement laissé de côté le rôle de Juda, dont la généreuse intervention en faveur de Benjamin accusé de vol dissipe la rancune de Joseph et l’amène à se découvrit! Il est probable que Romanos a composé son récit en suivant un modèle de médiocre qualité, que nous ne connaisson pas. Il existe bien un très long poème attribué ù Ephrem*' quo les doux poèmes no suivent un modèle commun, car l'hymne du Reniement, qui est du reste assez rare, n’est nulle part donné comme un idiomcle. Des deux composi­ tions, c’est celle du Jeudi Saint qui nous parait la plus ancienne, car l’hirmos en est beaucoup plus strict et le refrain plus court d’une syllabe ; or, en passant de l’idiomèle aux imitations, un hirmos tend toujours à s’allonger. On compte dans l’hymne de Joseph deux vers à variante métrique régulière, les vers 2’ et 61, qui n’ont pas de variante dans l’hymne du Reniement. En revanche, les coupes anormales du vers 9 se rencontrent dans les deux poèmes. La structure de la strophe est assez particulière : une période plus longue est encadrée par deux autres plus courtes, à peu près égales. On observe plus souvent l’inverse. Le mètre nous donne la seule indication de date qu’on puisse tirer de cet hymne, et elle est bien vague : il est probablement postérieur à l’hymne sur le Reniement de saint Pierre. Il ne semble pas à placer trop près dans le temps du 2· hymne de Joseph, écrit dans une manière tout à fait dillércnte. Le schéma métrique des strophes est celui-ci : 39/10 syllabes \ 12/13 accents / uu-u υυ-υ / υυ-υ(υ) uu- uu-2 V. JOSEPH 48(49 syllabes' 1. La 2« syllabe n’est pas toujours accentuée. On a-u-u-u (str. κζ') ou uuu u-u (str. is', iç', κθ'). Même irrégularité dans l’hymne du υυυ- υυυ-1 / υυυ-υ υ-υ(υ) υ-υ3 / υ- υυ-4 υυ-υυ υυ-υυ / u-υυ6 |υυ-υ / -υυυ υ-υυ| 2. Vers très souvent corrompu. On trouve parfois -uuu au str. c', avec le mot irptavoov accentué προκέναον). Forme brève : 18 strophes. L’hymne du Reniement n’a que la (orme brève. 4. pans 23 strophes seulement. L’accent et le nombre de syllabes 5. Les deux kûla do ce vers no sont pas séparés dans la strophe όχροσηχίδα τήνδι · V. rosarii. Pr. - Str. 1 Hymne de Joseph (1" hymne) Lundi Saint prooïmion : idiomèle? Acrostiche : ΑΒΓΔΕΖΗΘΙΚΛΜΝΞΟΠΡΣΤΥΦΧΨΩ ΑΛΦΑΒΗΤΩΝ 'ΡΩΜΑΝΟΥ Mss : Q f» 57'-62’ Éditions : J. B. Pitra, Sanclus Romanus, p. 11-30 K. Krumbacher, Studien zu Romanos, p. 135-162. P. Maas-C. A. Trypanis, Sancli Romani Melodi Cantica, I, n° 43, p. 339-354. Prooïmion Jacob se lamentait devant la tunique ; les frères lirent montre d'inhumanité : faisant de Joseph un esclave, ils le vendaient aux impies. Mais il plaça en Dieu toute son espérance, et par lui, il alla jusqu’à porter la couronne royale en s’écriant : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. Hommes, puisons aux flots de salut qui donnent la joie au cœur ; nous, les assoiflés de tempérance, hâtons-nous d'aller à la citerne de Joseph : quiconque y boira n’aura plus jamais soif, il en coule une eau immortelle. Mais, μέγαΐ μόνο$ Κύριοί à σωτήρ ήμών. venir? Apprends-le, tempérance ; apprenons, ô tempérants, comment le jeune Joseph éteignit le feu de la débauche Ινα σοι τταραστήση ίραγμή ft (δίσμησιι hri τη ΙΛπΙδι Ιμςαλών ;ηΛον, «πτχώριοι Miras <μό»οί qu'il avait liée, et raconta naïvement son rêve Λ son père. amis, quel est le frère qui, s'il vient ητνιον δεύτερον Ιδών, τφ πστρΙ αύτοΟ ψησιν ότι «Ήλιος J καί σελήνη καί άστίρες προσεκύνονν με ήυύμφ, τφ όριΟμφ | Βαντάςει, πσιδίον, ό πρίσβμς άντέοη βασιλβΟσαι πειρώμενος, τφ 'Ιωσήφ · ον εμοί Κύριος χαρίσηται · μέχας μόνος Κύριος <ό σωτήρ ήμών.) 1! eut un second songe et dit à son père : « Le soleil, la lune et des étoiles, au nombre de onze, se prosternaient devant moi en mesure. — Tu as des visions,, mon enfant, parce que tu voudrais bien être roix », répondit le vieillard à Joseph. «Apprends à dormir* en berger qui paît ses moutons ; il serait pénible de voir un père se prosterner devant son fils. Je te donne une tunique de diverses couleurs en guise de pourpre éclatante, et pour couronne3, le chœur de tes frères que le Seigneur me gardera, car seul il est grand, lui, le Seigneur, notre sauveur. Va chercher tes moutons, mon agneau, pars avant que les loups ne te dévorent», dit à l’enfant le vieillard. Et Joseph alla vite retrouver son troupeau. Le voyant accourir, les hommes de son sang disaient : «Bienvenue au roi ! Teignons sa pourpre dans le sang : il ira se faire sacrer4 dans le palais des morts. » Mais Ruben, pris de pitié, obtint d'eux de jeter dans la citerne Joseph qui criait : « Hélas ! Adieu la royauté ! Est-ce là mon palais? » Et il s'écriait : « Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. » β. 1-2 : Gen. 37, 13-14 ew palais. C'est un Byzantin qui parle ainsi, non un berger des temps bibliques. 7. 1 : Gen. 37, 24 7, 3-4 : Jn 12, 4-5 7, 7-3 : Gen. 37, 23 7, 9 : Mallh. 5, 40 8, 3-0 : Gen. 3S, 31-33 Ιχρή κορηρ«,· δ«Ι<ξα$> ούι» τήν ύπαχοήν Μίγας μόνο$ τοί$ δ&ΕλφοΤς μου, Κύριος δ σω-τήρ <ήι Mro) abouUI Mcyat -· Aùrôî Si ιό crtlvos Tfls àvSpeloç ύπήλειψ», φυγή νικών πτώμα τέχνη καλή · καΙ_ιύροΟσα μοναχόν Ιν τώ οΐκερ, άμεριμνεί καί άλύσεωρ δίκην Ίέγαρ μόνορ Κύριοί <ό σωτήρ ήμών.) Ιγώ où* ώνίχομαΐ'ί (ô ‘Ιωσήφ* θεύΐ ήμας βλέπει ivoç ούκ οίδεν Άξραάμ μίγνυσθαι πόρνος · corp. Pllra II 7* άμεριμνεΐ : άμερϊμνη Pllra il 8* δράσεται Pllra || 9 έκραύγαοε V. JOSEPH. Str. 10-12 Mais vint la femme, pour jeter bas l’homme ainsi élevé : quand Eve abandonne-t-elle les desseins du serpent? Peuples, en la revoyant, crions : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. En voyant1 l'image même de l'éclatante beauté, la femme succombe à une faiblesse bien féminine, et harcèle l'adolescent, l'engageant à s'étendre sur le lit de son mari. son courage, il échappait â la défaite par la fuite : habile artifice1. Il sortit triomphant de la première lutte, mais la bacchante le harcelait de plus belle : le trouvant seul à la maison, elle s'enhardit et le retint par sa robe, comme une chaîne ; mais lui, levant les yeux, s’écria : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. ■ Flétrir ma fleur, la fleur de la grâce ? Je ne le souffrirai pas, moi. Tu as beau me retenir par ma robe, tu ne me dévêtiras pas de ma sagesse, dit Joseph. Ne crois pas, femme, que ta fauta soit sans témoin : Dieu nous regarde du haut du ciel. La race d'Abraham n’a pas appris à coucher avec des prostituées ; ne cherche pas à réduire ton Putiphar en cendres3. Un acte de vente a fait de moi 2. On retrouve dans l'hymne VI cette fuite (sir. 7) et celle mènado taire pftllr ton Putiphar . ; ce no serait guère plus mauvais que l'original. Un peu plus loin, on a rendu comme on a pu le jeu de V. Joseph. Str. 12-14 ton serviteur, j’en conviens ; mais moi, un acte de vertu me fait ton maître. J’espère en Dieu ; garde ma robe, car seul est grand le Seigneur, notre sauveur. » Vainqueur dans cet assaut où le vice n’a pas pu le briser, il bondit hors de l’arène, dans toute sa beauté, et adore en pensée l’arbitre divin qui l’a orné d’une couronne. Mais, pour tout prix, il est enfermé en prison : l’Égyptienne, usant d’un artifice odieux, a exaspéré Putiphar avec ses dénonciations, en rejetant la faute sur celte noble Ame. Elle lui montre la robe de Joseph, elle se noie dans un océan de larmes que fait couler le désir1, et ainsi le persuade de jeter au cachot Joseph qui crie : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. Il entre dans une colère étrange, dans une rage merveil­ leuse, en vrai cuisinier qu'il est’ : et d’où lui viendrait la sagesse qu'il faut pour comprendre la chasteté, à cet ignorant? S’il avait du jugement, il aurait éventé la ruse. Tu es un juge bien borné : la tunique est un témoin, mais en faveur de Joseph. Considère donc en quelles mains elle est, et vois si la femme est digne de foi. Si elle l'a fui. 1. Le texte du v. R1, faux et inintelligible, a été très bien corrigé par Pitre. Ces larmes ne figurent pas dans lo récit blbllquo ; elles servent Ici a mettre en parallèle la conduite de l'Egyptlenne et ruse, odieuse, mais inspirée par l'amour (su. 28, v. R). Lui aussi 2. Putiphar était, d'après le texte hébreu, commandent des V. JOSEPH. Str. 14-15 d'où détient-elle sa robe? Tu crois que l'esclave libre a fauté, mais tu le verras briller comme la lumière et s’écrier : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. Le sang précieux habite la prison1, pour un péché qu'il n’a pas commis, et dans la captivité il accueille des hôtes®, sur le modèle de son aïeul Abraham. Il se fit admirer pour son habileté à expliquer les songes, et ses interprétations rétablirent l'un dans sa charge, firent descendre l’autre chez les morts. Il se révéla prophète pour les deux servi­ teurs. C'est par sa seule patience qu’il pouvait supporter la prison®, car la source de la pourpre lui faisait grise mine, elle qui, au temps choisi, avait brillé comme un soleil sur celui qui criait : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. 15, 1-2 : Gen. 39, 21-23 15, 3-6 : Gen. 40 Lu ■ racine de la pourpre · ne peut designer que Dieu, et non Pharaon, fln de lu strophe est le développement d’une réflexion morale Inspirée par le passage correspondant du récit do la Genèse : < Mais le grand ί-ri τβν μικρών Miyasuôvos τά μβγάλα ώφΟη τροφή. ! V. Joseph. Sir. 16-17 Pharaon eut une vision sinistre. Il fit appeler les sages et leur dit : « J'ai vu en songe sept bœufs gras et beaux, et d’autres maigres, étiques ; ils dévorèrent les bœufs qui avaient plus d'embonpoint1. J'ai vu aussi sept épis bien mûrs, et sept autres brûlés par le vent ; et là encore, les gros servirent de pâture aux petits. » Alors que tous étaient incapables d’expliquer le songe, Joseph l'expliqua et reçut la couronne ; et il s’écria : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. 17 L'adolescent, qui s'était montré plus fort que les profes­ seurs, régna donc sur l’Égypte. Et l'on put voir un roi gouverner son peuple comme des fils — paternellement. mer, il se fit le cellérièr de toute chair. Puis la famine gagna la terre de Cbanaan, et Jacob fit partir dix de ses fils. < Allex en Égypte, mes enfants, dit-il. J’entends parler d'un dispensateur de blé, nourricier des faméliques ; Seul est grand le Seigneur, notre sauveur ! » 16, 1-9 : Gen. 41, 1-4S 17, 6-8 : Gcn. 42, 1-2. 17. 1-4 : Gen. 41, 47-49 1. Autre liberté dans la transposition du récit traditionnel : les V. Joseph. Str. 18-19 Ils bondissaient sur la route, tout pleins de l'espoir do vivre ; arrivés en Égypte; ils se prosternent devant celui qu’ils avaient vendu : alors en lui se réveilla le rêve des gerbes1. Joseph les reconnut, mais les dix ne surent pas qui il était. Aussi le roi, laissant mûrir en lui le moment de la reconnaissance. dihil : « Ces hommes-là sont des espions, a En parlant ainsi, il les fait arrêter. Eux, ils voyaient, devenu roi et nourricier, celui qu’ils avaient vendu par jalousie, et ils criaient : Seul est grand le Seigneur notre sauveur. 19 a Avouez votre affaire, ne mentez pas à la pourpre », s’écria le roi. « Je lis dans vos cœurs, aucun de vous ne peut rien me cacher ; je vous connais. » Ils répondirent : « Nous avons un père, il est ton esclave ; nous sommes douze frères, l’un d'entre nous est mort — à toi, notre maître, nous ne dirons que la vérité — ; le plus jeune de nous tous est Benjamin, il est à présent la consolation de ta maison3. Et nous, c’est bien pour du blé que nous sommes venus, et nous crions : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. 18, 1-β : Gen. 42, 5-9 19, 3-8 : Gen. 42, 13 18, 1 : Gan. 42, 17 V. JOSEPH Str. 20-21 leur revint,1 I-as ni· lui dirent : « Père, ne te désole 80, 7-9 : Gen. 42, 21-24 Tu te laisses abattre par les contretemps, vaincre par les larmes, toi qui devrais te réjouir : de même que nous t'avons rapporté du blé, nous te ramènerons encore Siméon, père. Ne tremble pas, ne pleure pas, Simeon n’est pas mort; pourquoi perds-tu courage avant d'écouter? Le roi d'Égypte, en nous voyant, nous a pris pour des espions venus observer le pays. Après nous avoir mis en prison, nous avoir tenus sous clé pendant trois jours, voilà qu’il nous fait libérer et nous comble d'attentions. Devant ce revirement, nous crions : Seul est grand le Seigneur, notre Sauveur. 23 Nous n'avons pas dit de mensonges quand, voulant échapper au soupçon d'être des espions, nous avons dit que nous avions un père et un petit frère, Benjamin1. Aussitôt le roi leva les doutes par cet ordre rigoureux : a Un de vous restera jusqu’à ce que vienne Benjamin, afin que je vous croie. » A cos mots, Jacob fit éclater sa plainte. « Joseph et Siméon ne sont plus ; Benjamin, tu l’emmènes3 ! Tu ne sais donc pas la douleur qui m’est venue des enfants de Rachel®? Ceux qui me restent, Très-Haut, garde-les, car tu es seul grand, Seigneur, notre sauveur. 23, 1-5 : Gen. 42, 30-34 23, 0-8 : Gen. 42, 30-33 à es qui suit, co qui no s’accorde guère avec la structure métrique comme dans Gen. 42, 35, ce qui rend so question plus naturelle : ■ Tu no sais donc pas quel mauvais sort oat attaché aux entants de < Benjamin, tu t'on vas. > Il tait du vers 8* une affirmation, dont dont la naissance a coûté la vie à sa mère ( Gen. 35, 10-20). V. joseph. Str. 24-25 Vous qui êtes mes enfants, épargnez-moi : la douleur me fait descendre aux enfers, car le cœur me manque à voir Joseph mon bien-aimé. » Ils dirent : * Père, pourquoi gémir? Regarde quelle joie nous avons trouvée dans nos sacs : le prix du blé1, et cesse de te plaindre. — Double malheur sur moi ! criait Jacob. A cause de cela Simeon Je ne peux pas éviter de le laisser emmener, je dois éviter qu'on ne me le ramène pas. Comme un fouet, le souci de mes enfants me torture : je pleure les débuts et la fin de mes fils1. Il ne me reste plus qu’à m’en aller dans Benjamin, je vais livrer le verrou qui garde mes enfants, certainement pour qu’ils servent de pâture aux bêtes. A présent plus d'espoir à ton sujet. Ah ! que je ne te pleure pas comme Joseph. J’avais deux yeux : le couple des enfants de Rachel. Fais-moi grâce au moins de celui-là, ô miséricordieux, car tu es seul grand, toi le Seigneur, notre sauveur. sacs des frères. La Genèse garde la trace de deux traditions différentes, la seconde tradition. et le plue Jeune (Benjamin). Mais c’est Ruben qui est l'aine des Uls de Jacob ( Cm. 30, 34 ; 36, 23), Slméon n’est que le second. Jacob V. joSbph- Str. 26-27 Eh bien, pars, mon enfant, mon rameau vert, pars avec tes frères », dit le vieillard en pleurant. « Vous aurez pour guide le Dieu d'Abraham, d’Isaac et de moi-môme, Jacob votre père, mes enfants. » Là-dessus, ils retournent chercher des vivres en Egypte, et, avec crainte, ils se jettent par terre pour adorer le roi. Joseph, en les regardant tous, et parmi eux Benjamin, trouvait dans leur nombre l'expli­ cation des étoiles de son rêve1, et, tout troublé, il priait tout bas : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. Le sang de la sagesse farda son visage ; il eut égard à érigée en tribunal, disant à son esprit8 : a Ce n'était pas leur faute : ce fut là l’œuvre de Dieu. Ceux-là sont l'instru­ ment de mes vertus : de quoi donc un homme qui lutte durement peut-il se vanter, sinon de remporter la couronne par une victoire régulière? Qui n'accueillerait pas un tel chœur de frères? Larmes, faites silence, je ne veux pas encore être reconnu. Il ne faut pas, mes yeux, vaincre ma langue ; et toi, prie tout bas3 : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. 2β, 4-B : Cen. 43, 15 27, 8-7 : H Tlm. 5, 5 27, 8-9 : Gon. 43, 30-31 I. Nous admettons la correction do Krumbacher : ovrfi 8" côÇai, s'adresserait â la langue. Ι’λώττας est uno lauto. Le brusque ANCIEN TESTAMENT V. JOSEPH. Str. 28-29 Comment m’y prendre, se dit-il, pour voir avec ces mêmes yeux le soleil paternel? Car la lune, ma mère, j'apprends qu'elle jouit de sa gloire à la cour de là-haut. Les étoiles, comme un nuage, cachent ma maison1. Je fournirai du blé à mes frères, et avec ce blé je prendrai Benjamin à l'hameçon, en plaçant comme appât mon hanap dans son sac ; en me volant moi-même, je pêcherai celui que j’aime. Je me trouverai bien d’un amour malfai­ teur ; les Chananéens mangeront, boiront et s'écrieront : Seul est grand le Seigneur, notre Sauveur. » Après un instant de réflexion, il traduisit en actes ses desseins, et ces gens qu’il avait traités d'espions, il les fait asseoir à sa table comme des amis2. Au milieu du repas, il préparait ses instruments de pêche en disant secrètement à son serviteur : a Ceux-là qui dînent avec moi, remplis de blé leurs sacs ; et dans celui du petit que j'appelle Benjamin, dans ce sac-là tu mettras mon hanap, en te cachant de tous. » Et, tout en faisant exécuter ses ordres, il s’écriait : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. èlolles de son rêve) l'empêchent do revoir son père (sa maison), 2. Le texte do In Genèse dit nu contraire qu’on servit les frères Λ V. Joseph. Str. 30-31 30 Ce qui se faisait là était ligne et filet pour l’adolescent, non commerce de blé : on pouvait voir Joseph disposer1 comme dans une nasse cachée un piège d’amour, et les accuser tous également de l’avoir volé, lui qui les avait tous volés par un tour habile. Qu’arriva-t-il ? Comme les jeunes gens1 cheminaient, un serviteur accourut en criant : " Misérables gueux, voleurs, fourbes, effrontés ! Qui a dérobé le hanap du mattre? Qu’il le dise ! Un sort terrible est sur vous, quand bien même vous crieriez : Seul est Us s'arrêtèrent tremblants, car on les avait accusés une première fois sans qu’ils eussent rien à se reprocher®, et ils dirent à l’enquêteur : « Fouille-nous à ton plaisir, nous voleur et prends-nous comme esclaves. » Et, faisant mettre bas les sacs, l'homme y fouillait pour trancher le débat, tandis qu’ils se moquaient de lui, croyant à une méprise. Mais il s'approcha du sac de Benjamin, et y trouva le hanap. Alors ce fut un concert de lamentations : « Jacob, pleure-nous et crie : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur !> trouvé dans un · vorzügliclien allen Glossàr » : «ύλίζεται ■ κοιμδταί, eusabilc), ce qui ne peut se Urer de ίηαζ, et ce qui, contraire au récit des faite : ils ont déjà été accusée 32 Tristement, en se frappant le visage, ils retournèrent tous en Égypte1 avec leur chargement, comme des voleurs, eux qui n'avaient rien volé. Le grand sage, en voyant leur air sombre, souffre dans son âme, et pour couper court ô leur crainte s’avance au milieu des frères. Eux, dans leur épouvante, le voient briller comme l'éclair’ et se prosternent., acceptant do lui la servitude sans attendre les reproches. Mais le roi, voyant ses frères prisonniers8, ferme les portes et ouvre les écluses· ; il fait des fleuves de ses yeux et crie : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. 33 e Comment vais-je leur it? se dit-il. sont? La tempête est dans mon cœur ; mon âme ne peut vaincu, hors de sens, ivre de mon amour ; en tardant je les fais souffrir. > Il ne cache plus sa joie, il la découvre et paraît comme une perle· en s'écriant : « Je suis Joseph, mes frères ! Dépouillez votre honte et revêtez la force ; rendons gloire â Dieu en criant : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. quand Us avalent a peine quitté la ville. 3. Πχράληπτος eat alleaU dans Malalas (398, 74 Bonn), au sens J’enracinerai en vous mon amour, je baiserai vos ma royauté, frères, à partir d’aujourd’hui1. N'ayez plus honte, n'ayez plus peur devant moi : je suis le deuxième Abel, Joseph toujours vivant. Rejetez loin de vous la crainte, qui vient de Cafn ; allez et ramenez-moi notre père, pour qu’il s'incline, non devant moi, mais devant la pourpre et celui qui la donne* ; et, en me voyant de scs propres yeux, il s'écriera : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. ■ car il contemplait ses fils, et il s’écria : «Je te glorifierai toujours, mon Dieu, toi qui sans cesse me protèges avec les miens I » Siméon lui dit : « Père, voici de la joie que je l'annonce : pars vite, va voir Joseph roi et ne te désole plus. — Tu te moques de moi, mon enfant », répondit le vieillard. « Cache les fautes à Dieu* et proclame : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. 34, 3 : Gon, 45, G 34, 7-8 : Gon. 45, 0-13 35, 1-8 : Gon. 46, 36-20 dosllnèo do Joseph. Il est moins probable qu'il faille voir 15 uno Άνέινιλιν ήδη μοι ήμίρα ή ίχουσα τά τοΰ θιοΟ Ιργα φενγάτω ô φθόνο? Που πέλιι ή 'Ραχήλ, ίκ νεκρών άναστάντα, δν ό πλάστη? lyslpo? ’Ιωσήφ jûvra ΙχαρΙσατο ; Υπάρχει γάρ V. JOSEPH. Str. 36-37 — Ne doute pas, croîs », s’écrièrent les jeunes gens en embrassant les genoux de leur père ; et ils lui racontèrent tout ce qu'on vient de dire. Jacob, à ce récit, se leva et bondit comme un jeune garçon ; en dépit de sa tête chenue, il s’empressa comme Abraham1, en écoutant le message de son fils. Déposant le deuil.il dit:«Partons. Que personne ne craigne la nuit du découragement : le Seigneur l’a chassée de mes yeux, car il est seul grand, lui le Seigneur, notre Enfin s'est levé sur moi le jour que mesurent douze heures, comme le veut la raison1, lumière de mes enfants, pareille à eux pour le nombre et l'éclat. Je ne cesserai pas d'annoncer les œuvres infaillibles de Dieu. Que la jalousie fuie loin des miens, car au temps choisi Dieu s’est manifesté en plein jour et m’a rendu mon enfant. Où est Rachel, qu'elle voie son fils ressuscité d’entre les morts, celui que le Seigneur a rappelé à la vie pour nous en faire don8? Car il est seul grand, lui le Seigneur, notre sauveur. » 2. Ou peut-être, si l'on voit dans λογική l’idée de nombre plutôt tient à la tribu do Juda ; il descend donc de Lia, non do Rachel. V. JOSEPH. Str. 38-39 A présent le vieillard se met en route, rivalisant avec les jeunes gens ; et, dans leur marche vers l’Égypte, il fallait voir comment chacun en galopant luttait de vitesse avec les autres. Poussant leurs bêtes, ils avançaient. Il fallait voir même Jacob, la ceinture aux reins, le bâton à la main, marcher avec la hâte d’un coureur, interroger ses compagnons de roule sur la longueur du chemin, éclater d’orgueil et, les yeux toujours fixés au ciel, s’écrier : Seul est grand le Seigneur, notre sauveur. Quand ils atteignirent l’Égypte, le roi, rayonnant comme le soleil, se jeta au cou de son père et l’embrassait en sanglotant. « Tu m'as prêté à Dieu, père, disait-il, et moi, grâce h tes prières, j’ai porté du fruit : tu as trouvé le capital doublé par l’intérêt. » Le vieillard lui répondit on pleurant : « D'où reviens-tu briller à mes yeux? De la terre ou du ciel? D'entre les morts ou d’entre les vivants? Quelle est la bête qui t’a mise au monde1? Voilà bien les prodiges du Créateur ; car il est seul grand, lui le Seigneur, notre Sauveur. » 38, 3 : Gon. 46, 6 89, 1-2 : Gen. 46, 29 métrique. VI. HYMNE DE LA TENTATION DE JOSEPH {2" hymne de Joseph) Ce poème, dont il ne subsiste plus rien dons lés livrés liturgiques, a pourtant connu une notoriété assez durable, puisque trois familles do kontakana le connaissent : Q où il est au complet, J qui n’a qu'une strophe, G et V où il ligure amputé des quatre dernières, de sorte que la seule édition existant actuellement, celle do Pitra, qui est fondée uni­ quement sur C, est incomplète1. On notera également la présence de quatre prooïmia, chose rare, indice probable de plusieurs rééditions. Rien ne nous permet de mettre en doute l’authenticité do l’hymne, dont le style révèle la main de Romanos, — rien, si ce n'est peut-être l'hirrnos. Ce n’est pas un idiomèle : tous les témoins s’accordent à y reconnaître l'hirmos "Αγγίλος πρωτοστάτης, le rythme de l’Acathiste, et ils ont raison2. Si l'on admet l'opinion commune qui fait naître l’Acathiste au vu· siècle, ou bien notre hymne ne hymnes d'Adam el Eve et d'fîh'e, quand a paru le t. IV, 2· partie, de l'édition Tomadakls. Noua n'avons pu nous en servir que pour completer In extremi» l'apparat critique. 2. Pllra ne veut reconnaître l'hirmos do l'Acathlste que dons les sept premiers kôle : · Caetera toto caclo distant · En réalité, A rythme do l’Acathiste, que Pllra connaissait pourtant pour l'avoir peut être de Romanos, ou bien c’est lui qui est le véritable idiomêle, éclipsé plus tard par la renommée du poème écrit sur son modèle. Mais la seconde hypothèse est aussi improbable que la première : il suffît de comparer les deux hymnes pour constater que le rythme haché (du moins à partir du vers 8), la division en kôla très brefs dont la symétrie rigoureuse est encore accentuée par la fréquence de la rime, convient beaucoup mieux au texte de l’Acathiste, tout en litanies de louange ou de supplication, qu’au genre plus narratif de la Tentation de Joseph. L'identité des deux hirmoï nous paraît donc un argument de plus pour dater l’Acathiste de l’époque de Romanos au plus tard. Si l’Acathiste est de Romanos, — nous n’avons pas à discuter cette question ici —, il est probablement antérieur à car jamais la tradition n’aurait dépossédé Romanos d’un hirmos aussi célèbre pour l’attribuer à un nxélode moins connu. L’hymne VI ne fait pas double emploi avec l’hymne V : non seulement parce qu’il ne s’étend pas sur les mêmes événements, mais parce que son enseignement est ascétique et moral plutôt que typologique : Joseph n’apparaît plus comme la figure du Christ livré par les siens, mais comme Γ· ouvrier de tempérance ». Le dimanche précédant l’ouverture du carême, on avait évoqué, pour encourager les fidèles au jeûne, le souvenir d’Adam et de la terrible maintenant en regard, au début de la Grande Semaine où vont redoubler les austérités, la figure du véritable ascète, extérieure, mais renoncement du cœur. C’est également une manière de rappeler que l’abstinence quadragésimale ne s’étend pas seulement à la nourriture, mais qu’elle est d’Éphrem, dans la vaste composition que nous avons citée dans l’Introduction à l’hymne V ; du reste, on retrouve chez Romanos bien dee détails qui lui sont communs avec Éphrein ; nous en signalons quelques-uns au passage. Un autre ouvrage, non poétique celui-là, peut être rapproché de notre hymne ; c'est une homélie attribuée à σύνης1, dont l'intention générale, l'ordonnance et de nombreux détails révèlent à coup sûr une influence directe, soit de l'homéliste sur Romanos, soit bien plus probable­ ment du mélode sur l'homéliste : nous signalerons ailleurs, par exemple à propos de l’hymne sur Élie, ou de l'hymne sur la Pécheresse, des cas semblables, où un prédicateur kontakion de Romanos. L'homélie en question débute par un préambule où l’auteur annonce qu'il va traiter succes­ sivement deux épisodes bibliques glorifiant la σωφροσύνη, celui de Joseph et celui de Suzanne : il n'est pas impossible poème de Romanos, aujourd’hui perdu, mais actuellement nous ne connaissons aucun kontakion qui s'y rapporte. L'auteur de l’homélie semble avoir particulièrement goûté les détails pittoresques dont le mélode a enjolivé son récit, et il a parfois renchéri sur eux, par exemple quand il décrit la beauté de Joseph, sa barbe blonde, ses dents blanches, ses lèvres de pourpre, ses yeux de violette. De même, il détaille complaisamment la toilette de l'Égyptienne, son maquillage, ses bijoux : on retrouve jusqu'à la comparaison avec la pêche à la ligne. Enfin, comme chez Romanos, le récit tourne court : après la scène de séduction manquée, vient un résumé de l'histoire de Joseph considéré comme la ligure du Christ, défaut de composition qu'on a signalé dans le kontakion. Un autre défaut, mais dû seulement à l’arrangeur, est le regrou­ pement du dialogue en deux discours antithétiques pro­ noncés successivement par Joseph et par la séductrice. 1. PG 6β, 587-590. Nous ne disposons d’aucun élément objectif pour assigner ή ce poème une date précise. L’adaptation imparfaite de la matière à l’hirmos, le fait que le mélode n’ait pas créé un hirmos original pour un ouvrage d’une telle ampleur, mais qu'il ail modestement repris celui d'un autre, le style caractérisé par un pittoresque hardi, un certain goût qui l’emporte sur l'intention dévote, l’inégalité de l'inspi­ ration, visible notamment à partir de la strophe 18 où le poète abandonne brusquement son récit pour se lancer dans un éloge assez banal et ampoulé, tout cela fait songer entre cet hymne et le 1er hymne de Pâques, par exemple, une aussi grande distance qu'entre le Panégyrique de saint Laurent et VOraison funèbre du prince de Condé; chez Bossuet comme chez Romanos, ce sont un peu les mêmes défauts de forme, les mêmes outrances d'expression phie grecque de Syrie), le fait que l’histoire de Joseph a été abondamment traitée par Éphrem où Romanos a pu trouver un modèle, nous ramènent-ils à une série syrienne authentique) sur la Résurrection de Lazare, si frappant lui aussi par son réalisme fougueux et chargé. Bien que conservé seulement par frères C et V, et J qui n’en a gardé qu’une strophe, cet hymne ne compte pas moins de quatre prooïmia, qui peuvent être — mais non certainement — la trace de Quel est parmi eux le prooîmion primitif? Peut-on assurer que Romanos lui-même n’a pu en composer d’autres à l'occasion du retour de la fête? Quelle est l'origine des prooïmia plus tardifs? Autant de questions auxquelles, en pareil cas, il est toujours fort difficile de répondre. On s'attendrait à ce que l'un des prooïmia fût composé sur le rythme de celui de l’Acathiste, Τη ΰπερμάχφ στρχτηγφ. En fait, il y en a bien un, auquel nous avons attribué le n° IV, et ce n’est sûrement pas le plus ancien. Quand Romanos et les mélodes anciens écrivaient un hymne précéder d’un prooïmion idiomèle. Pour Romanos, nous ne connaissons qu’une exception à cette règle, c'est l'hymne sur la sédition Nika1. Plus tard, ces vieux prooïmia ont été souvent remplacés par d’autres écrits sur l’hirmos habituellement associé à celui que le mélode avait choisi pour ses strophes. C’est ainsi qu’on a fini par fabriquer le prooïmion IV, peut-être au Sinaï, puisqu'il n'est attesté que par J, ce qui est une fort médiocre référence. Si on ne l’a pas composé pour la circonstance, on a pu l'emprunter à un autre poème perdu, car le texte, qui fait surtout allusion à la première partie de l'histoire de Joseph, s’adapte mal à l’hymne VI. Mais ce peut être aussi bien une maladresse du faussaire, qui ne paraît pas bien habile : les deux kôla du v. 3 ne suivent pas exactement l’hirmos, et le vers 4 est un simple plagiat du vers correspondant dans le prooïmion de l’Acathiste. On a seulement remplacé ελευθέρωσαν par ήλεοθέρωται. En voici le schéma métrique : υυυ- uuu- / -uu -uu uu-υ υ-υυ u-uu8 / uu-u uu-u u-uu8 252 ANCIEN TESTAMENT Deux autres proolmia ne sont, eux aussi, connus que d'une seule famille, ce qui n'est évidemment pas en faveur de leur ancienneté. Celui de Q est d’une facture assez médiocre, mais n'en doit pas moins être pris en considé­ ration, car il est donné comme idiomèle, et s’adapte du reste bien ή l'intention générale de l’hymne. C’est notre prooïmion III : Le prooïmion II, particulier â la famille italienne, retient l'intérét à deux points de vue. Il consiste en une sorte de prière1 qui tait allusion à la Passion commençant* ■ J et à la Résurrection encore à venir. Ce souci de replacer l’hymne dans son cadre liturgique pourrait bien être un indice d’ancienneté : notre prooïmion daterait d'une Si du moins nous en avons correctement interprété Je ’| texte, qui fait difficulté : nous avons préféré rattacher une apposition* à σωτήρ, ce qui est incontestablement une construction bizarre et forcée. Pitra ne l’admet pas et fait , do τήν Ëyspotv un autre complément de πεφ6ακότ«ζ. Il tra­ duit : « Nos qui praeoccupavimus passionem tuam et resurrectionem, concede ut adoremus, salvator, oculum’ I avons écarté cette construction pour les raisons suivantes ï. — φθάνω a généralement chez Romanos le sens d’« attain- dre, arriver A > ; or, on est encore à une semaine de la Résurrection ; — le sens général parait être à peu près le même que dans le prooïmion I : les auditeurs sont conviés à redoubler d'efforts durant la Semaine Sainte, pour être dignes de commémorer avec fruit la Résurrection du Seigneur ; — on ne voit pas pourquoi il faudrait demander à Dieu la grâce de l’adorer, car c’est là un devoir, et rien n’empêche les fidèles de le faire tout de suite ; — enfin, le lien syntactique de la strophe avec l’éphymnion est très souvent lâche et quelquefois inexistant. Le rythme de ce prooïmion est également remarquable. Ce n'est pas un idiomèle, mais le prosomoïon approximatif d’une très courte pièce qu'on trouve seulement dans P, fo 209r, non au début, mais à la fin d’un fragment composé formant l'acrostiche TOT, le tout' sur les hirmoï de l'Acathiste : Τη ύπερμάχιρ στρατηγοί - "Αγγελος πρωτοστά­ της, et servant de proéortion à l’Annonciation (24 mars). Chose curieuse, les deux proolmia ont pour refrain celui de l’Acathiste : Xatpe νύμφη άνύμφευτε, alors que les strophes ont simplement ’Αλληλούια, refrain habituellement réservé à l’hirmos d’Anastase : Αύτύς μόνος. M. Naoumidis*se refuse à voir dans cette pièce: Ού παυόμεθα, un véritable prooï­ mion; c’est, selon lui, une addition faite par un copiste à la strophe 3 pour amener le refrain du prooïmion, et prise ultérieurement pour une pièce indépendante, ce que démentirait l’absence des indications habituelles de ton et d’hirmos. Mais l’examen des kontakaria montre que, partout où un hymne est donné avec deux prooïmia. le ton du deuxième n'est pas indiqué, car il est évidemment 1. Dans la description do P qui, avec colle de Q, forme la 1« partie du tome 11 dos 'ΡωμανοΟ τού μβλιρδον ύμνοι de Μ. Tomadakls, le même que pour le premier ; quant à l’absence d’hirmoty elle s’explique tout simplement par le tait qu'il s’agit d’un idiomèle. Du reste, si le copiste avait cru devoir testé un tel mépris du rythme pour un hirmos aussi popu­ laire : plutôt que d’ajouter une allonge sur un rythme totalement étranger à celui du modèle, il aurait essayé de modifier la fin de la strophe. En revanche, M. Naoumidis morceau si court a plutôt l’air d'une antienne que d’un prooïmion ; mais c'est peut-être justement parce que le proolmion des kontakia a pour origine l’antienne. La pièce Ού παυύμεθα nous parait donc être réellement un proolmion, mais c’est sans doute par erreur qu'elle a été rattachée à un proéortion dont elle n’a pas le refrain. D’autre part, si, comme nous le pensons, l’Acathiste date au plus tard du v« siècle, on ne peut cependant négliger la tradition bien connue qui en fait un hymne d’action de grâces composé par le patriarche Sergios, en mémoire du siège de 626 de la Vierge. Le prooïmion actuel fait très clairement allusion à cette victoire : On peut facilement concilier l’hypothèse d'un Acatbiste ancien avec la tradition relative à Sergios, en admettant que celui-ci s’est contenté de remplacer le prooïmion primitif par un morceau de circonstance. Il a donc existé un premier prooïmion qui a pu se perdre complètement, mais qui a pu aussi subsister à une autre date. N’est-il pas permis de penser que ce prooïmion est peut-être notre Ού παυόμεθα ? Sa brièveté serait expliquée parson caractère archaïque, et sa liaison ancienne avec l’Acathiste expli­ VI. TENTATION DE JOSEPH querait qu'il ait été choisi pour modèle d'un proolmion A l’hymne de Joseph. Dans cette hypothèse, le prooïmion 11 ne peut être lui-même qu’ancien, probablement antérieur à la réfection de Sergios, ce qui nous ramène à une époque toute proche de Romanos, et peut-être à Romanos luimême, et nous no serions pas surpris que la famille italienne, dont on connaît par ailleurs les tendances conser­ vatrices, ait seule gardé cotte pièce inconnue des kontakaria orientaux. Le rythme en est celui-ci : uu-uu uu-u / uu-uu uu- ou- uuu-1 / |uu-u u-o| Enfin, le prooïmion I, le seul qui nous ait été conservé que seul 0 le donne comme îdiomêle. C et V en font le prosomoîon d’un îdiomêle mystérieux. Χαίρετε, que nous n'avons pu retrouver nulle part. Le texte indique de manière assez précise la date de l'exécution du poème (donc, si ce proolmion remonte bien à Romanos, il a bien été composé pour le Lundi Saint), et, de plus, fait allusion à l'épisode du figuier desséché, qui se trouve dans Matlh. 21, 18-22. Ce passage de l'Évangile fait partie de l'office du Lundi Saint, non è la liturgie des Présanctifies, mais aux Matines. Le style, le sujet, les expressions rappellent la 1™ ode d'un triode d’André de Crète, encore chanté de nos jours aux Complies du dimanche des Rameaux8 : u Imitons la chasteté de Joseph, fidèles, reconnaissons celui qui a honoré l'essence spirituelle des hommes, en vivant en toute circonspection par une vertu agissante. L’abstention des bonnes œuvres fait ressembler au figuier ; évitons-la donc pour ne pas être desséchés comme 2. Traduction empruntée A E. Mencaxiea, La prière des Êglieea de rite byzantin, I. II, 2· partie (Chevetogne 1913), p. 96. la kyrielle des chérelismes; que 11 kôla faux sur un total de 504 (puisqu’il n’y a que 18 strophes), Q en a 10 sur 816. VI. TENTATION M JOSEPH Schéma métrique desuu- stυυ-υrophes/ vu-: uu-υ I Hymne : de la tentation de Joseph (2« hymne de Date : Ton : Hirmos : Lundi Saint πλάγιος V prooïmion I : πρός * Χαίρετε (GV), ou idiomèle (Q) proolmion II : πρός · Ού παυόμεθα proolmion III : idiomèle prooïmion IV : πρός * Τη ύπερμάχφ στρα­ τηγέ strophes : πρός · Άγγελος πρωτοστάτης Acrostiche : ΕΙΣ ΤΟΝ ΙΩΣΗΦ 'PO.MANOT ΕΠΟΣ Mss* : C 1° 76'-S0' (pr. I et II ; manquent les sir. 19-22) J t° 273r-274r (pr. IV, sir. 1) 0 f· 62'-66' (pr. I el III, texte complet) V f°93v-98v (pr. I el II; manquent les str. 19-22) Éditions : Pitra, Analecla Sacra, I, n° X, p. 67-77 (manquent les str. 19-22) Tomadakis, ‘Ρωμανού του Μελωδοϋ ΰμνοι, IV, 2· partie, n° 43, p. 231-295 (éditeur : Λ. Papadopoulos) P. Maas-C. A. Trypanis, Sancli Romani Melodi Cantica, I, n·· 44, p. 354-367. eoneensus ds C si de V. ή? SÈ συκή? τήν άκαρπίαν φοβηθίντες, των παθών ξηράνωμεν 8ι' ών ώφθη Ô δίκαιο? Ιωσήφ ίν [Α1γύ]τττω, δπ πάντα άρορ? τά άκοίμητον δμοα- Τόν άδυρμόν τοθ’Ιακώβ άτι πάντα Ιφορρ νΟν θεωρήσωμεν, δεδοικώ? μή άμαρτή VI. ΤΒΝΤΛΠΟΝ DB JOSEPH. Pr. I-IV 2B1 Prooïmion I Nous qui avons parcouru, avec une entière sagesse, la carrière des jeûnes, et qui célébrons dans l'amour les prémices de la Passion du Seigneur, allons, mes frères, imitons tous le saint zèle du vertueux Joseph. Craignons la stérilité du figuier, et desséchons par l'aumône les charmes des passions, pour que, atteignant avec joie la Résurrection, nous achetions, comme des parfums, le pardon d'en haut, car l'œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard1. Nous qui sommes parvenus au temps de ta Passion, accorde-nous de vénérer aussi ta Résurrection, Sauveur, œil qui ne dort jamais. L'intempérance abuse la jeunesse par sa douceur ; la chasteté apporte avec elle le courage à l'homme vertueux. C'est là ce qui distingua le juste Joseph en Égypte : il craignit de pécher parce que l’œil qui ne dort jamais lient Prooïmion IV Considérons aujourd'hui la plainte de Jacob, détestons la fourbe intention de ses frères, mais imitons Joseph le juste, car, ayant gardé sa vertu sans la ternir, il fut délivré de toutes sortes de dangers, parce que l’œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard. I. Ce retrain rappelle beaucoup saint Basile, 7· homilU fur ISO B ; ed. Glet, SC 2S, p. 417). Cl. Pseudo-Chrysostoue, o. e., VI. ΤΕΧΤΛΤΙΟΧ DE JOSEPH. StT. 1-2 203 Sujets d'un roi qui donne le royaume des cieux à ses soldats, revêtons-nous de la vertu, armure qui rend les âmes invulnérables, pour combattre le péché en hommes de sons. Que devons-nous penser de la vertu î Nous voyons qu’elle est la vraie philosophie1 ; elle est, nous dit-on, l’art des arts, étant la science des sciences. Par elle, comme par un escalier, l’âme conduite parla main s'élève jusqu'aux sommets do la vio céleste ; elle enseigne aux hommes la prudence et la force, et aussi la tempérance et la justice. Munissons-nous do ces armes et implorons la grâce du Christ : il donne â ceux qui l'aiment la couronne de la victoire sur les ennemis, car l’œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard. Pour apprendre tous quelle gloire éclatante possède et procure la vertu, hâtons-nous, si l’on veut bien, de traiter ici le sujet de Joseph, et soyons maîtres de nous-mêmes pour acquérir dans notre vie l’amour de la tempérance. 1. Sur lo sons chrétien du terme φιλοοοφίο, et. Hymno I (Attam καί ώί βροχήν ώΐ άνήιου; τού; λόγου; ύνη; καταβάλη τόν οίκον, τό SÈ φρόνημα εϊχεν ή κατ’ δναρ φανεί; βασιλεύ; νύν καΟόπτερ δούλο; ώνητό; γέγονεν, άλλ’ δμω; καί κρατούμενο;, έκράτησε τών κρατηοό VI. TENTATION DE JOSEPH. StT. 2-3 Joseph fut vendu à cause d’une passion, la jalousie, mais il n’apparut nullement comme l’esclave des passions, car soumit les passions charnelles. Aussi les propos caressants d'une femme no l’ébranlaient-ils pas, mais il repoussait virilement ses flatteries. Elle déchaînait sur lui les paroles comme des ouragans pour renverser la demeure de la tempérance ; elle répandait l’ivresse comme la pluie, et le vaillant Joseph restait fermement établi sur le roc inébranlable, car l’œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard1. Il avait le corps réduit en esclavage, mais son âme n’était pas esclave, grâce à la tempérance. Lui qui s’était vu roi en rêve, le voilà vendu comme esclave. Pourtant, même sous leur domination, il domina ceux qui le domi­ naient. Il était honoré de son maître, aimé de sa maîtresse. La bienveillance de l’un était honnête, l’intention de l’autre fort coupable. Le mari aimait Joseph pour sa modestie, la femme brûlait pour le noble enfant par 2, 11 s. : Maith. 7, 24-27 ; Le 7, 47-48 3, 3 : Cen. 37, 5-11 1. CL Éobrbm, Sermon IV, col. 356 : < Elle lançait les nota do Mo (Nous traduisons sur le latin do l'âdilion Lamy, Mulinos 1880 : '2 . Qwinl. ° Il «Pitre 9 έπαθεν 6’ Δ F dépravation. II fut charmé par l'honnêteté de sa nature, sa maison, l’autre lui offrit laidement son corps ; ce que voyant, Joseph se détourna, dans la pensée du terrible jugement, car l'œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard. L’acte criminel renversait l’ordre des choses : l’esclave, maître absolu de tout désir des sens, dominait ses passions, la maîtresse devint la serve du péché. Tout homme qui commet le péché est esclave du péché, car, tenant tout le reste pour un rêve, il est entraîné tout entier vers l’objet de son désir, comme la maîtresse du juste Joseph vers cette aimable beauté de l’enfant. En regardant le jeune homme avec des yeux impudents, elle fut blessée par des traits invisibles*. Plus il brillait par sa beauté, plus elle en perdait l'esprit. Elle lui proposait le brandon du plaisir, il lui opposait le feu inextinguible, car l’œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard. 1. Dans la plupart des strophes, à partir du v. 11. le poêle a Ct. Ps.-CnnvSOSTOMB, eol. 587, 1. *56-58 : ΦΟείται ύπό δεσπότου, menait une vio vertueuse, domptant la concupiscence on lui-même... 4 sa blessure. parle de boucles et de résilles (δίχτυα). 7 I1 ϊδχν OOllll, : clScv corr. Pitra || 5’ καί σπιύσας : ακζύαας xol Pllra H S tmrffc : σαατής Q || 10' δέ : 8ή Pllra II 10’ ώμ(λ« VI. TENTATION DE JOSEPH. StT. M tous les roses artifices dont tu l'orneras1 ; fais étinceler ton cou de chaînes aux maillons d'or. Surtout, mets une toilette somptueuse, frotte-toi de parfums qui amollissent les jeunes gens8. De durs et nobles combats t’attendent : il t'a opposé sa pureté? Oppose-lui, toi, ta lubricité, et ne te laisse pas vaincre, pour qu’on se moque de nous. Car il va te dire : s Je ne ferai pas ce que tu désires : l'œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard. » Le modeste adolescent vit le visage immodeste et n'en éprouva que plus d’horreur3 ; il contemplait la figure souriante, mais, devinant la fourbe pensée qu'elle recouvrait, se hâta de la fuir comme une vipère dissimulée. Aussi la malheureuse, ne pouvant supporter le mépris du cœur et mit à nu sa dépravation. Tout d’abord elle lui fit faire des avances par une entremetteuse, puis elle le mandait elle-même et causait avec lui. Elle avait une langue acérée plus qu'un couteau, et qui savait démoraliser par des propos voluptueux. Elle s’eflorçait de l’ensorceler par mille artifices, mais elle ne dévoya pas son âme. Il toilette et'ses lards, elle prendrait le vertueux dans ses mois ; elle 2. CI. Ps.-Chbvsostome, col. 587, 1. 67-70 : χροσίοις 3έ χόομοις UaUonom ». 11 a raison, mais, ne sachant pas quelle Malt l'ortho- ω μανίας (αχάτης t ΔοΟλος (μάς ώνητος νπάρχιις, SsoTTortlos καί δουλείας γάρ ούκ ίσ-ri διαφορά ■ •πάντων ττατίρα τδν Άδάμ ίδιδάχδπν, ττάντες (σμίν άλλήλων όμάτιμοι, ώςτήςαΐπής μή φοβίθόί *5 μπδέ ττεισΟήΐ μή πτοηΟής conj. l'Ilro. VI. ÏEXIATIOX DE JOSEPH. StT. 7-3 273 disnit : «Je ne commettrai pas cette abomination : j'ai toujours la haine du vice, car l'œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard. · O suprême folie d’une dévergondée, qui se consumait pour Joseph ! Quand elle s’aperçut qu’il n’était nullement docile à ses flatteries, ni vaincu par les passions de la jeunesse, elle lui cria : « Tu es mon esclave acheté, tu m’as la maison, sois même le maître de ta maîtresse. Je ne crois pas ine déshonorer en m’abaissant jusqu'à loi, car entre la condition de maître et celle d'esclave il n’y a pas de dillérence ; on m’a enseigné que tous avaient un seul père, Adam, tous une seule mère, Ève, l’auteur de la race. Nous sommes tous do rang égal, comme participant à la même nature2. N’aie pas peur, comme si tu commettais une impiété, et ne crois pas ceux qui te disent : « L’œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard. ■ même époque dans le Digeste (L I, 111. V, ch. IV, 1-3), ainsi que dans Rechercha sur la aie des adaves dans le mande byeanlin, Athènes, 1950, p. 22-24). 11 est curieux de la voir Ici dans colaou-Mahava, VI. TENTATION DB JOSEPH. StT. 9-10 Voyant tes mœurs parfaitement honnêtes, je te préfère aux autres domestiques, car tu as la pudeur dans les yeux et sur les lèvres, et c'est ce que j’aime1 ; tu n’as que do nobles sentiments, et c’est ce que je désire. Allons, écoute ma voix, que je te fasse part de ma proposition : si tu m'obéis, je te comblerai de biens immenses, je te récom­ penserai par de riches cadeaux ; car je vais te recommander plus chaleureusement à mon époux, et je m'activerai pour obtenir de lui ta liberté. Tu ne seras plus traité d’esclave, quand tu partageras le lit de ta maîtresse. Si tu ne m’obéis pas, tu courras des risques mérités, car je le livrerai à des chaînes amères, je t'abandonnerai à la car il n’est pas vrai, comme tu le crois, que l’œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard. » 10 Ainsi parlait la femme, mais sans parvenir à ébranler le moins du monde l’inébranlable tour. Les flatteries n’endormiront pas sa conscience’, mais sa raison n’en était 1. Malgré Bon élégance, la leçon de Q pour le v. 4 ne peut être faut-U partir d’un vers comme ούδε ταϊς xoAoKcicoq πύτης, auquel VI. TENTATION 1)11 JOSEPH. Str. 10-11 que plus vigilante, et il gardait intacte la gloire de sa tempérance. Regardant de tous côtés, il ne voyait que la de la maison, et lui tenait seule à seul ces propos : « Combien de temps supporterai-je encore que tu refuses de m'écouter ? Voici pour moi le moment de jouir du lit tant désiré, il n’y a personne à la maison, et rien n’empêche de faire ce que je dis. > Elle décochait sur lui des traits de feu, mais ne l'enflammait pas du tout, car, faisant jaillir du fond de lui-même une fontaine de tempérance, il éteignit les dégoûtants propos, puisque l'œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard1. Quand cette bacchante eut ainsi parlé, et qu’elle eut bien flatté le jeune homme, Joseph le grand athlète s’avança sur l'arène* des tentations, décidé à combattre l’adversaire aux mille formes. Et deux arbitres les accompa­ gnaient, se rangeant aux côtés de chacun : Joseph était soutenu par la chasteté, la femme était défendue par la I. Il semble que Pllra — bien que sa traduction ne soit pas claire — Mais on doll dons co ces écrire piquets, dans loque! se déroutaient les combats de boxe, 1M9, p. 92). Ανωόνν 5È θϊωρων 4 Βίσπότης, i γάρ ibylmav τήν των τρόπων χάρτης καί μίλαν ονκ ot&e ώστπρ ή όχλύς τάν Λίρα σκατΙ]ουαα γάρ vtipoi όπελαύνΒται ύπ’ άνίμου διωχΟίν, τοΟ ήλ(ον δί μετίπιιτα καταλάμπουσιν oùyal, ΑΙγνπτου SouXtvoti μοι 4 προ«5ώ$ VI. TENTATION DR JOSEPH. Str. 11-12 lubricité. Au milieu d'elles luttait l’homme, amant de la tempérance, auquel s’opposait la femme artificieuse. Elle tâchait do le séduire, l’invitant â l'adultère, mais le noble cœur no désirait que vaincre la misérable. Les anges secouraient Joseph, les démons accouraient à l'aide de la femme, et le Maître, les regardant de là-haut, couronnait de louanges le vainqueur, car l’œil qui ne dort jamais lient toutes choses sous son regard'. 12 Joseph lit entendre le langage de la tempérance à la femme qui déraisonnait, en s'écriant : « Je suis ton esclave acheté, injustice que me valut la jalousie. Mais si mon corps a été vendu, mon esprit est libre. Il n’est ni papier ni encre qui puisse obscurcir, la noblesse du caractère, pas plus que le brouillard qui assombrit l'air ne peut a(faiblir l'éclat du soleil. Car, do même qu'un nuage se dissipe, chassé par le vent, et qu'ensuite brillent les rayons du soleil, ainsi cet esclavage passera, et ma liberté brillera de nouveau. Toute la terre d’Égypte me servira, moi qui ne sers pas les jouissances honteuses : cela me fut prédit jadis par le seul qui connaît d’avance l'avenir®, car l’œil qui ne dort jamais tient toutes choses sous son regard®. " (col. MS, I. 23-31), qui l’enjolive encore : ΕΙ (d’après Λ) TON ΠΡΟΦΗΤΗΝ ΗΛΙΑΝ Ο ’ΡΩΜΑ<ΝΟΣ> ΥΜΝΩ (d’après Ρ) Mss : A 1« 163Μ70* Β 1° 52*-’ (proolmion et strophes 1,2, 3) C f° 135’(pr. et str. 1) D I» 186’-187’ (pr.etstr. 1,2,3) J I» 216'-217’ (pr.etstr. 1,2) M 1’ 212*-213’ (pr. et str. 1, 2, 3, 33) N I» 1O6’-1O7' (= Ul’-112r) (pr. et P I» 2701-273' ‘. V f» 163' (pr. et str. 1 ) Miniet, 20 juillet (pr. etstr. 1). J.-B. Pitra, Analecla Sacra I, p. 296-297 (pr. et str. 1,2,3, sous le nom d’Élias). Amfîlochij, p. 129 (pr. et str. 1) et Suppliment, p. 189 (str. 2, 3,33). P. Maas, < Das Kontakions (BZ 19, 1910, p. 285, 306), p. 302-304 (str. 3, 6, 29, 30 et 32). S. Euslratiadis, ’Απόστολος Βαρναβας, 1932, p. 204-214*. N. Tomadakis, 'Ρωμανού του Μελωδοΰ ύμνο'., t. IV, 2· partie, η° 47, p. 415-455 (édiP. Maas - C. A. Trypanis, Sancli Romani Melodi Canlica, 1, n° 45, p. 367-380. VII. élie. Pr.-Str. 2 Prooïmion Prophète qui contemplas d’avance les œuvres magni­ fiques accomplies par notre Dieu, glorieux Élie, toi dont la parole retint la pluie dans les flancs des nuages, intercède pour nous auprès du seul ami des hommes1. En voyant l’immense iniquité dos hommes, l'immense amour de Dieu pour les hommes, le prophète Élio, boule­ versé do colère, lança au Dieu de pitié cos paroles impitoyables : « Fais sentir ta colère à ceux qui te méprisent aujourd'hui, ô juge de parfaite justice I » Mais pas un instant, Élie ne put émouvoir les entrailles du Miséricordieux pour le châtiment do ses contempteurs, car il ne cesse pas d’attendre le repentir de tous, lui, le seul ami des hommes. Alors, quand le prophète vit que toute la terre s’aban­ donnait à l’impiété et que le Très-Haut, loin do s’en irritor, le supportait, il entra en fureur et prit à témoin le Miséricordieux : « Je vais, moi, agir en maître et punir l'impiété de ceux qui t’offensent. Ils ont tous méprisé ta 1, 7 : Sag. 12, 19. VII. ÉX.1B. Str. 4-5 Le serment précéda la sentence et Int un préambule aux décisions1. Mais, si vous le voulez bien, recourons à la Bible et lisons le texte. Donc le prophète — dit l'Écriture — s'écria dans sa colère : a Par la vio du Seigneur, il ne tombera ni rosée ni pluie, si ce n’est è ma parole. » Mais aussitôt le Roi répondit 4 Élic : « Si je vois du repentir et des fontaines de larmes, je ne pourrai pas m’empêcher d'ouvrir mon cœur aux hommes, car je suis le seul ami des hommes, s Le prophète aussitôt plaida en alléguant le droit du serment. « Seigneur très saint, dit-il1, j'ai juré par toimême, le Dieu de l'univers, que les pluies ne seraient pas données, si ce n’est à ma parole : car lorsque je verrai le peuple se repentir, c'est moi qui te les demanderai1 23. Il n'est donc pas en ton pouvoir, Dieu de justice, de t'opposer au châtiment infligé avec le serment que j'ai fait, et que tu dois garder et garantir en imposant silence à ton cœur, ô seul ami des hommes. » 1. Le poète insiste sur ce point parce que, en Invoquant l'autorité divine avant d’avoir rendu son arrêt, le prophète s'assure une sorte do blanc-seing : la parole do Dieu et la sienne s'idenllhent, et Dieu ne peut casser la sentence d'Ëlio, qui cat devenue la sienne, sans se 2. Cotte ponctuation parait meilleure que si l'on taisait commencer 3. C'est ce qui se passe on oITol : après 10 miracle do l’autel allumé C’est le Seigneur qui est Dieu I ■ (/ fioh, 18, 39). Alors Élle annonce <αΙ τί« xitpoc AvtmCravtK καί Ικαστον Ιμψνχον διά τροφή; φνλάττϊΙ L’estomac plaidait pour la nature ; avec les lois de la nature pour armes1, il s’attaquait au vieillard pour le faire revenir sur sa résolution. Mais lui, il résistait, insensible comme la pierre- Pour tout aliment, il avait son zèle et s'en contentait. En le voyant, le Juge allégea la détresse de son ami affamé, ne trouvant pas juste que le juste souffrit de la faim avec les injustes et les impies, car il est le seul ami des hommes. Le Miséricordieux s'y prit donc avec une parfaite habileté pour lui procurer de la nourriture : c'est aux corbeaux sans entrailles qu’il ordonna de la lui fournir. Les corbeaux, espèce qui ne connaît pas la pitié, ne donnent jamais à leurs petits la nourriture qu’on doit aux enfants®, mais c’est le ciel qui les nourrit8. Ainsi, puisque 9, 3-4 : Job 38, 41 · Ps. 103, 21 ; PS. 146,9 ; Le 12, 24. 3. Cette croyance, trfcs répandue au Moyen Age, s'appuie à la VII. fitia. Str. 9-11 Élie adoptait la conduite et les pensées d'un père qui hait ses enfants, Dieu, dans sa grande sagesse, se servit des corbeaux qui haïssent leurs enfants pour celui qui haïssait les hommes, car il est le seul ami des hommes. « Que ton grand amour de Dieu », dit Dieu, discutant avec Élie, « ne t’inspire pas des sentiments de haine pour les hommes. Vois plutôt les corbeaux : eux qui n’ont jamais qu’aversion pour leurs propres petits, soudain, tu vois, ils sont généreux pour toi : les voilé transformés. Ils se sont faits ministres de ma miséricorde en t’apportant è manger. Mais, je le vois bien, je ne peux forcer tes dispositions à l'égard des hommes, moi, le seul ami des hommes. Tu dois à présent, prophète, respecter, imiter la docilité des bêtes. Comment ces êtres sans pitié, mais qui me respectent, moi, le Dieu de pitié, ont-ils été soudain transformés? J'honore ton amitié et je n'annule pas ta sentence ; mais je ne peux pas supporter la plainte et l'angoisse universelle des hommes que j'ai créés. Et les cris des nourrissons, et leurs larmes, comment les supporteraisje ? Et le mugissement confus1 du bétail qui monte jusqu'à moi? Puisque je suis leur créateur, j’aurai compassion de tous, moi, le seul ami des hommes. » 1. Parce qu'U cal forme du cri do toutes les bétss mâleos ensemble ; qui du moins peuvent supplier Dieu dans un langage intelligible. ANCIEN TESTAMENT 12 2'· προτρίψη : προτρίψε» Λ || 7· êÇoXiOpcw»» ΛΡ Tom. : ίξολοβ (μ Οι» Nis ■>■ xr.i2n._i_ η <ι·ι"· nccenli» forat). Cependant le prophète restait farouche ; il répondit au Maître : » Ne me fais plus nourrir, même par des serviteurs corbeaux, Maître ; je choisirai plutôt de mourir de faim, Très Saint, et pourvu que je punisse les impies, ce sera même un grand soulagement pour moi. Je ne crains pas de périr avec tous ceux qui te renient ; ne t'apitoie donc pas sur moi, ne m'épargne pas dans la famine, et retranche seulement les impies de la terre, ô seul ami des hommes. ■ 13 Quand le Créateur entend ces paroles, il éloigne le prophète du pays, en ordonnant aux oiseaux de ne plus lui apporter à manger comme auparavant, et il envoie l'affamé à Sarepta chez la veuve1, en lui disant : « J’ordon­ nerai à une femme de te nourrir ». Sage dessein : la femme chez laquelle il l'envoyait était veuve et païenne, et avait des enfants à sa charge1. Ainsi le juste, en apprenant sa qualité de païenne, s’écrierait : ■ Donne les pluies, ô seul ami des hommes ! » ■Αλλά ταΟτα ώωνσασα ή χήρα ί» σπουδή τφ προφήτη άποφίβη ώϊ «Ον* ίση 1*01 Ιγχρυφίαϊ, άλλ’ ή άλινρον Spotts, VII. BLIE. Str. 14-15 Il était défendu aux Juifs de jamais manger avec des Cette réponse de 1 que moi cette veuve est exténuée, accablée par la famine, VII. élie. Str. 16-17 Maintenant je suis embarrassé par le cas de celte femme : de faim. Moi, son hôte, j'inviterais la mort chez elle1, et je passerais chez mon hôtesse pour un tueur d'enfants? Non, je dois enfin me disposer à la pitié. Je fus insensible pour tous, mais pour elle je ne suis plus le môme. Je laisserai ma nature se complaire à la miséricorde, car il est éternellement miséricordieux, l'auteur de l’univers, le seul ami des hommes, e Le prophète répondit à la veuve : < Tu as une poignée de toi la cruche débordera d’huile, a La parole d'Élie accorda générosité, dans sa miséricorde, en suscita l'effet. Pour accomplir l'intention du prophète, d'après l'Écriture*, ou, plus exactement, en saisissant le meilleur prétexte, dans sa parfaite sagesse il accorde la profusion à la veuve, lui, le seul ami des hommes. 17, 1-ï : III Rols, 17, 14. 17, 5 : III Rols, 17, 16. sens est aussi largo lol que celui do προξενώ : celui qui procure la ηροξηοΟντης). Le pseiido-Chrysostome suit notre texte d'oseez VII. Sub. Str. 18-19 Dieu déféra aux paroles du prophète et leur donna de quoi manger, à lui et à la veuve ; mais Êlie n’en fut nulle­ ment touché, il demeura inflexible. Le Miséricordieux, voyant le peuple périr et le prophète refuser d’obéir, recourut dans sa justice à un autre procédé, fort habile : il fît mourir le Ills do la veuve, pour que, considérant les Donne la pluie, ô seul ami des hommes. : Or, quand la veuve vit son fils mort, elle se révolta contre le prophète en lui disant : a Ah ! pourquoi ne suis-je pas morte de faim avant de t’avoir rencontré1? Il aurait mieux valu pour moi que la famine m'ait tuée depuis longtemps, et que je ne voie pas mon fils couché mort en ta présence*. Ce n’est pas là le salaire d’un si bon accueil ; car j'étais heureuse en mes enfants avant ta venue, homme. 1. Le parfait au lieu de l'aoriste, nécessaire ici pour rétablir rise­ syllabi·, se rencontre avec ctOc dès le n· siècle (notamment cbes ANCIEN TESTAMENT VII. éub. Str. 20-21 20 Les mains do la veuve retenaient étroitement celui qui retenait les nuages et les pluies, un seul être1 accablait celui qui d'un mot accablait tous les hommes. Une misé­ rable femme, sans aucun pouvoir, retient comme un condamné celui qui croit retenir les cieux par sa parole et son pouvoir et, s'agrippant à lui comme une folle, elle le traîne comme un assassin au tribunal en criant : < Rends- no me nourris pas en te prenant pour un ami des hommes. Tu as semé du pain dans mon ventre, mais tu en as arraché le fruit avec la branche, et tu me vends 1 les vivres que tu m’as donnés ; tu m’as extorqué une vie pour de la farine et de l'huile, oh bien, je t'en supplie, refais l’échange et rends-moi ce que tu m'as pris. Ou soraiLce que tant de morts dans le peuple ne t'ont pas suΠ1, et qu’il t'a fallu courir mettre la main sur ma maison ? Délivre l'âme de mon petit, prends la mienne à la place, et sois un ami des hommes. » 2. Le v. 2’ est mutilé dans les deux témoins, et le pseudo­ facile de suppléer au moins le sens, car le v. 3 no fait que reprendre sous une forme plus Imagée l’idée du v. 2·-·. 22 2' αύτόο corr. no· Ο" : οΰτος Λ Tom. |] 2· ψυχήν corr. noe Ο* : ψυχήν Λ Tom. J 4‘ ·18ώ« corr. Emir. : ·18ο>« μίν Λ Tom. || ?· lorlM» τίχνον fcrmwtv μ* Ironiponondum. 23 1' παντο8ννόμφ corrrxl ob Ionum : ζχνιοίύνομι Λ Tom. Ο || 3' « Emir. Tom. i 4' tv’ Ο | 5· έξχνάοττ,οον eorrcxi : ίνόατησον A Tom άνάστηοον conJ. O'. VII. Eue. Str. 24-25 Le Miséricordieux, qui voulait sauver la terre, répondit aussitôt à Élie : « Prête maintenant plus d'attention à mes paroles, écoute-moi parler. Je soutire : je travaille à faire affamés, car je suis miséricordieux. En voyant le flot des larmes, comme un père je me sens fléchir, j'ai pitié do ceux que consument la faim et l'angoisse, car je veux sauver les pécheurs par le repentir, moi, le seul ami des hommes. Écoute-moi donc sans crainte, prophète, car je tiens fort à ce que tu le saches : tous les hommes ont en moi un traité de miséricorde, dans lequel j’ai convenu que je ne voulais pas voir la mort des coupables, mais bien leur vie1. Ne rends donc pas ma parole menteuse devant eux, mais accueille ma demande. Je t’offre ma médiation, car toi, seules les larmes de la veuve ont pu te troubler, mais moi ce sont tous les hommes que j'aime. * 1. Dieu serait ή la tels le traité et son signataire, ce qui est pou cohérent Le passage correspondant du pseudo.Chrysoatome a : VII. élie. Str. 26-28 26 Élie soumit son esprit et son cœur aux paroles du Très-Haut, et aussi ses oreilles ; il agenouilla son Âme, que rendit plus belle sa réponse. Il dit : « Que ta volonté soit faite, maître : accorde tout ensemble la pluie, et la vie à celui qui est mort1, et vivifie le monde, ô Dieu, toi qui es la vie, la résurrection et la rédemption. Accorde ta grâce aux hommes et aux bâtes, car toi seul tu peux sauver la vie de tous les êtres, seul ami des hommes. » A peine le prophète avait-il ainsi parlé que le Miséri­ cordieux lui répondit : o J'accepte ta décision, je la loue, et je m'empresse de te rendre honneur. J’ai reçu de toi la grâce que tu fais à ceux-là, à ton tour, sois mon intermédiaire et dispense-leur ma grâce, car je refuse de me les réconcilier sans loi. Mais va leur annoncer la grâce de la pluie, afin qu'ils s'écrient tous : ' L'impitoyable de naguère s’est fait tout à coup l'ami de tous les hommes. ’ Pars donc vite, prophète, montre-toi à Achab et annonceabreuvcront la terre de leurs eaux. Révèles-en le don toimême, mon ami, et moi je souscrirai à de telles décisions, par égard pour ta générosité, a A ces mots, il adora aussitôt 26, 3 : Mattb. 6, 10 27, 4 : Éz. 18, 23.32 28, 1-2 : 111 Rols, 18, 1 28, 2 : Ps. 77, 23 Cf. Ill Roh 18,1 : · 11 se passa longtemps... * toSov Euslr. II 5· 48όξ«σε Euslr. || 7' S’ addldl j 7' 'Ηλίας correxi : ή -fl 30 3' ίδών : είδώς Euslr. VII. ÉLIB. Str. 28-30 le Très-Haut, disant au Miséricordieux : « Je te sais riche on compassion ; j'apprends combien tu es lent à la colère, mon Dieu, seul ami des hommes.» Le prophète, respectant, ce. commandement, court alors trouver Achab et lui fait part de la bonne nouvelle, comme l’avait dit le Miséricordieux. Aussitôt les nuées, sur l’ordre de leur créateur, sc mirent à flotter dans les airs, faisant jaillir en pluies les eaux dont elles étaient grosses. La terre exulta et rendait gloire au Seigneur, la femme reprit son enfant ressuscité. Avec tous les êtres, Êlie se réjouissait1 et 30 Après bien du temps écoulé, Élié vit la perversité des hommes et médita de rendre le châtiment plus dur encore. « Je sais le zèle que tu as pour le bien, je connais ta bonne volonté, mais j’ai compassion des pécheurs quand ils sont punis sans mesure. Tu t’irrites parce que tu es sans reproche, à ce qu’un seul se perde, Car je suis le seul ami des hommes. » 28, 6-7 : Ps. 86, 15 29, 6 : Ps. 96, 11 ; 96, 1. Μετά ταΟτα Si βλέπων ό δκπτότηρ t Χωρίου, λίγων, φίλε, τηρ Δνθρώπων κωτοικίισεωΐ · „Τ„ 1 · II'- ·· 31 H«»c stropha deost apud Eu«r., qui annotat : Ή στροφή α ίξίπεσεν ίλλείσονσα ίν ™ χώδ.κι. J 2' προύνοήσατο corr. nos 0“ : upon σ«το P. VII. Ù.W. Str. 31-32 31 Par la suite le Maître, voyant son humeur abrupte à l’égard des hommes, se préoccupa de leur race : il éloigna filio do la terre qu'ils habitaient, disant1 : e Éloigne-toi du séjour des hommes : c’est moi qui, dans ma miséricorde, descendrai chez les hommes en me faisant homme. Quitte donc la terre et monte, puisque tu ne peux pas tolérer les fautes des hommes. Mais moi qui suis du ciel, je vivrai parmi les pécheurs et je les sauverai de leurs fautes, moi, le seul ami des hommes. Si, comme jo l'ai déjà dit, prophète, tu ne peux pas habiter avec les hommes coupables, viens ici, habite le domaine de mes amis, où le péché n'est point. C’est moi qui vais descendre, car je peux prendre sur mes épaules et ramener3 la brebis égarée, et crier à ceux qui bronchent : Accourez tous, pécheurs, venez à moi, reposez-vous. Car moi, je ne suis pas venu pour punir ceux que j’ai créés, mais pour arracher les pécheurs à l’impiété, moi, le seul ami des hommes. » 32, 5 : Matth. 11, 28 2. Le leçon, metrlquomcnt correcte, do P pour le v. 4' ne me VII. Hub. Str. 33 33 ίμ τφ ύψΐΐ σ-ττλλόιΗνοι ίδιίχθη. '0 Θεα^Ιτηι yàp Χριστοί 61 άμελήφθη Ainsi Élie, quand il fut élevé aux cieux, apparut alors comme la figure de l'avenir. Le Thesbite, dit l’Écriture, fut apôtres le Saint, le Défenseur que nous, les baptisés, nous ô μόνοι φιλάνΟρωη 33, 2 : IV Rois 2, Il 33,1 : IV Rois 2, 13 33. 3 : Ps. 20, 13 ; Act. 1, 8-9 33, 5 : Jn 15, 26 VIII. HYMNE DES TROIS ENFANTS DANS LA FOURNAISE La période de l'année liturgique orientale qui précédé la Nativité fait bolisent l’humanité sauvée do l'Enfer par l'incarnation du Christ, comme eux-mêmes furent préservés du feu par la descente d'un ango. Romanos fait plusieurs fois allusion dans son poème à la Nativité toute proche, et de même, dans l’hymne de Noël (str. 13), il évoque le a feu persique a dont le Sauveur a retiré les trois mages comme consacrés à Daniel que nous avons conservés en tout ou en partie, un seul traite de la carrière du prophète en général. C'est celui que Pi Ira a publié (AS I, p. 383) sous lu signature de Joseph l'Hymnographe. Outre l'ouvrage de Romanos, il existe encore deux fragments fort rares et fort courts. Ce sont : — un proolmion ΕΙς δρόσον τοΐς παισί suivi d'une strophe 0, malheureusement donnée par le seul T, où mion isolé, à la date du 1er dimanche avant la Nativité. T l'intitule « kontakion des saints prophètes », A « kontakion des ancêtres du Christ », mais le proolmion ne parle que des trois enfants ; et par T, suivi en T seulement d’une strophe remarquable par sa brièveté. Le lemme porte on Λ : « kontakion des ancêtres du Christ (2· dimanche avant la Nativité) ·, en T la même date et la simple mention ΰπακουή (sic). La rareté des témoins, le fait que les deux fragments sont idiomèles, la brièveté de l’unique tropairo conservé pour le second d’entre eux, donnent à penser que tous deux sont anciens, peut-être même antérieurs à Romanos. cembre, mais distribués entre les deux dimanches qui précèdent la Nativité, et qui sont actuellement consacrés à la commémoraison des ancêtres du Christ, ce qui ne semble pas être leur sujet. Ils ont donc probablement été déplacés pour fournir un texte à une fête plus tardive et pour laquelle on ne disposait pas d’hymne propre, et le poème de Romanos, s’il est plus récent, a pu venir les remplacer à la date du 17 décembre. Or l’hymne de Romanos lui-même, uniquement consacré aux trois enfants, a subi la plupart du temps le même déplacement de date. On ne le trouve au 17 décembre que dans CV et dans deux des Sinatlici, G et J. Partout ailleurs, a pas de date, mais le poème fait immédiatement suite au kontakion isolé Άγγελος παίίων, daté du 2· dimanche avant la Nativité. En B, il ligure au I·' dimanche, en P au deuxième. D ne mentionne qu’un seul dimanche. T, enfin, coupe le poème en deux et répartit le texte entre les deux dimanches en répétant doux fois le môme prooïmion. Quant au 17 décembre, il est généralement occupé, dans ces kontakaria, par l’hymne do Joseph que nous avons cité plus haut. On saisit là une dos raisons de l’existence de plusieurs kontakia sur le même sujet : l’apparition de nouvelles fêtes, l’allongement des anciennes par des proéorlia qui se multiplient, par des jours ou même des semaines entières d’après-fête, obligent d’abord à utiliser les VIII. lbS trois enfants hymnes déjà existants â des dates différentes, puis à en composer de nouveaux, qui parfois servent aux nouvelles date de la fêle ancienne, de sorte qu'on ne peut rien conclure de la place d’un hymne dans le calendrier liturgique pour en déterminer la date. Néanmoins, nous pouvons supposer raisonnablement que le poème de Romanos se chantait primitivement le 17 décembre, puisqu’il n'a rien à voir avec les ancêtres du Christ ; mais il est fort probable qu'il n’est pas le plus ancien hymne composé sur ce sujet Du moins il semble avoir détrôné à peu près complètement ses prédécesseurs ; presque tous les kontakaria en donnent au moins un frag­ ment, et le plus souvent un fragment important (jamais moins de trois strophes, dans le groupe du Sinal et en B). Malgré l’abondance des témoins, le texte a souffert quelque pou, notamment Λ cause do sa longueur, qui a dû provoquer asses tôt sa mutilation. Par son genre comme par les caractères de l'hirmos, il se range dans la série des poèmes qu'on est tenté de placer au début de la carrière du mélode : plus pittoresque qu'édifiant, plus tragique que solennel, plus rempli de péripéties cl d'elfets dramatiques, on peut presque dire théâtraux, que soucieux de se calquer sur le texte scripturaire, ce poème n'est pas à placer très avant dans l’œuvre de Romanos. Il semble qu'il ait été composé en somme, et que par conséquent on ne saurait parier d'une tradition a directement issue do l'original», et représentée par tel ou tel manuscrit privilégié. Un essai de reconstitu­ tion d’un stemma h partir d’un archétype supposé unique reposerait sur un principe qui ne nous paraît ni prouvé ni même probable. Voici quelques exemples destinés à donner une idée de l'incertitude de la tradition et de la difficulté qu'on éprouve d’une faute ou d'une correction sur un texte fautif : habile a trouvé l'équivalent χριμνωδη. La leçon de A représente un état intermédiaire entre le texte de BDGJ MP et celui de PÏPT. Reste la variante 'Ελλήνων-πολλών. Le terme 'Ελλήνων, qui a évidemment ici le sens de ■ Perses ■. Cette correction, d'ailleurs assez plate, est sûrement plus ancienne que celle de λύσσαν, et seuls CV et le kontakarion qui a fourni les γράφοται de P en ont gardé lui-même. — Str. 2, v. 10 : oô yép χαίρα ον γάρ χαίρουστν ■ άπωλτίφ ol Stsaioi 1 άλλ' έστΰης χραυγάζουσιν P Ce passage est beaucoup plus délicat que le précédent : pour les deux premiers kôla P s’oppose à l’ensemble de la tradition, pour le troisième la tradition est remarqua­ blement diverse et confuse. Si on admet avec M. Naoumidis que la leçon primitive est celle de P, tout est clair en apparence : la correction du premier kôlon aura entraîné celle du troisième, mais comme on no pouvait transformer le pluriel en singulier sans changer le nombre des syllabes, il a fallu refaire tout le kôlon, soit à l'aide d’un autre verbe, soit on modifiant le début. M. Naoumidis1 suggère que le troisième kôlon était illisible dans l'archétype commun à tous les témoins, saut P. Nous ne croyons pas à l’existence d’un toi archétype, mais il n'en est pas moins vrai que les kôla précédant immédiatement le refrain sont souvent, en effet, des restitutions sur un texte corrompu. Ici, il faudrait donc supposer à la fois une correction au 1er kôlon et la disparition du dernier dans (0 (c'est le nom que M. Naoumidis donne à son archétype problématique), ce qui fait beaucoup d'accidents pour un seul vers. D'autre leçon isolée, celle de P, alors qu’elle n'est pas métrique, et 1. L. p. 247, note 2. rrslibn· I·· 3« kôloli. il lr-.iit. de Ια leçon primitive. Celle de A étant écartée comme non métrique, celle de P h cause du pluriel, reste celle do Δ, καί ούκ έολήΟη ' ώΟούντων των πολλ,ών των πολλών est devenu ώΟούντων πολλών par haplographie, et que κατεβλήΟη est une correction maladroite destinée à rétablir l'isosyllabio. La variante έσείσθη est antérieure à la faute, car ollo équivaut pour le métro à έβλήΟη. — Str. 16, ν. 3-4 : VIII. LES TROIS ENFANTS ώς xal βμματι μόνω ΡΤΡ Seules sont cohérentes la leçon de MP et celle do A (où βλέμματτ est évidemment une correction pour βμματι jugé impropre). La fournaise est chauffée au point que son nom seul effraie, épouvante, fait mourir da pour ceux qui on entendent parler (MP), ou au point qu'ollo effraie, par sa soûle vuo, ceux qui la regardent, ot fait mourir de peur ceux qui l’entendent rugir (A). C'est sans doute la variante ό»όματι-5μματι qui a entraîné celle du second kôlon. Mais laquelle des deux leçons est la bonne? Le choix est difficile. Pour le sens, la leçon do A paraît meil­ leure : aux yeux de tous, on chauffe la fournaise, chacun se bouche les oreilles et détourne les yeux de ce spectacle infernal, et aussitôt, ou presque aussitôt (car le poète intercale ensuite un épisode qui n’est pas dans le récit biblique, celui de l'intervention des tentateurs), on y jette les trois enfants. De plus, ces vers sont peut-être une libre interprétation du texte de Dan, 3, 22 : « Les hommes qui, sur l'ordre pressant du roi, avaient surchauffé la fournaise et y avaient hissé Sidrac, Misoc ot Abdénago, furent tués par les flammes. > La leçon de MP semble supposer que la fournaise a été chauffée pendant fort longtemps, de façon ft acquérir la réputation d'un volcan et à devenir un sujet de conversation, avant mémo qu'on y jette les trois enfants ; ce qui est bizarre. Enfin, si évéματι est la faute, xal καταπλήξαι la correction destinée ft rendre le texte intelligible avec Μματι, il est plus facile ■l'expliquer le texte de Δ : il porto la toute, mais non encore la correction ; le contraire est possible, par la contamina­ tion do sources diverses, mais suppose pou de bon sens do la part du copiste. D'un autre côté, la leçon de MP est la seule métriquement correcte : pour rétablir l'isosyllabie il faudrait écrire τφ ίμματι, ou τφ βλέμματι dans le texte do AP. Si on suppose que όνόματι a été corrompu en όμματι, l’absence de l’article s'explique, mais non dans le cas contraire. Cette considération nous a déterminé è conserver la leçon de MP, mais avec moins d’assurance que d'hésitation et de regret. L’hymne est donné comme îdiomêle dans tous les kontakaria, et le prool­ mion I suivi de l'hirmos des tropaires (ou parfois l’hirmos des tropaires seulement) sort do modèle Λ un certain nombre d'autres hymnes, d'ailleurs assez peu nombreux. Parmi ceux-ci ligure un παρακλητικόν à la Vierge que l’on trouve dans A, C, G, J, M et T1. Pitra le croit très ancien et peut-être antérieur à Romanos, auquel cas il serait le véritable idiomèle. Ce n'est pas notre avis : ce poème a un proolmion automôlo, et la première strophe est si semblable à l’hymne dos Trois enfants que le plagiat est évident è la première lecture. Il en est do mémo do l'éphymnion : l’invocation qui constitue celui de l’hymne des Trois enfants, empruntée aux psaumes où on la ren­ contre sous diverses formes1, s'applique fort bien et fort naturellement à Dieu (à qui elle est toujours adressée dans les psaumes), moins bien è la Vierge. Il a lallu changer Τάχυνον ό οίκτίρμων, καί σπζϋσον, ώς έλιήμων, βΐς τήν βοήθειαν ημών, en : Τάχυνον ζίς πρκσβιίαν, καί nous éloigne sensiblement du texte biblique, dont il serait étrange quo Romanos se soit rapproché involontairement en imitant un autre hymne. Il no nous parait donc pas que malades ·. Pllra Serii : < Nollem ego contendere mullein, ai quia 2. Par example lea Ps. 37, 23; 39, 14 (κύμα, ιΐςτδ βοηΟήσαΙ μοι VIII. LIS TROIS ENFANTS ce soit lui le plagiaire, et nous le considérerons comme l’auteur de l’idiomèle. Il y a, comme souvent, doux prooïmia, l'un donné par tous les témoins, l’autre par deux seulement, C et V. Voici le schéma de ce dernier : Nous ne lui connaissons pas de prosomola. Le texte met l’accent sur l'aspect typologique de l'histoire des trois enfants, et sur l'exemple qu'ils ont donné à ceux qui ne craignent pas de résister au pouvoir temporel lorsque la foi est en jeu. Y a-t-il là une allusion à l'actualité, par exemple à l'empereur monophysite Anastase? Cela nous reporterait, non seulement à l’époque de Romanos, mais même au début de sa carrière, ce qui nous fait remonter bien haut. A moins qu’on ne puisse penser aux empereurs iconoclastes, ce qui nous fait descendre bien bas. Le schéma du Ier prooïmion est celui-ci : u-uu u-u / uuu-u u-uu u-u . / uuu-u uu-uu / υο-υ uuuuu-uu / 5 uuu-u u-uu u-uu u-u υ-υυ uu-u |-uv uu-u uuu- uu-u uu-uu u-uu| hirmos, mais sur une mélodie d'un ton différent, qu’ainsi, dès l’origine, on ait eu deux birmoï différents quoique semblables pour qui ne les chante pas ou n'en connaît pas la musique, comme c'est notre cas, et que les mélodes posté­ rieurs aient choisi à leur goût, qui l'un, qui l’autre modèle. H « «s· Sa £. - Sa cet hinnos qui ne connut jamais une grande vogue, figure le kontakion à la gloire de Romanos lui-même. N’est-cé pas une preuve que les hymnographes byzantins ont considéré le Τάχυνον comme l'un des hirmoï les plus sûre­ ment authentiques et les plus représentatifs de l'art de leur principal modèle? Î ■ê Sa Sa Sa Sa Sa Î Sa Sl Î δ a < Sa •S ? Sa Î Sa Sa Sa Sa Sa Sa Sa Sa èl Î Sa Sa fïi| 11 î Sa y fît hî il h £ ü O 3 5'1 ti £ HΠ p s! SJ h iï ii-,5 U S g ii F F ·= ir F & si H “J 30 s* “f s VIXI. LES TROIS ENFANTS des Trois enfants dans la fournaise 17 décembre selon CVGJMN dimanche des SS. Ancêtres (= 2« avant la Nativité) selon BDPT1 dimanche des SS. Pères (=» l"r avant la Nativité) selon Ta 1 β' selon CVG πλάγιος β' selon ABDMNJP prooïmion I : idiomêle Hihmos : prooïmion II : idiomêle strophes : idioméles Acrostiche : ΤΟΥ ΤΑΠΕΙΝΟΥ 'ΡΩΜΑΝΟΥ Ο ΨΑΛΜΟΣ ΟΥΤΟΣ A f° 77r-84r (complet, prooïmion I seule­ ment) B f° T'S’ (pr. I et str. 1, 2, 3) C f° 28p-33r (complet, pr. 1 et II) D f° 71’-75r (pr. I et str. 1-10) : acrostiche ΤΟΥΤΑΠΕΙΝΟ Hymne : I» 93>-94’ (pr. I et str. 1, 2, 3) f» 81'-86’ (pr. I et str. 1-18) I» 27’-28r (= SÎ’-SS') (pr. I el str. 1) f» 114'-118' (complet, pr. I seulement) en deux fragments, chacun d'eux précé­ dés du même prooïmion Χειρόγραφο’, l'ordre des strophes étant troublé dans le premier fragment : f»39’-41'(str. 1-6) : acrostiche ΤΟΤΥΑΠ to 41Μ2* (str. 7-10) : acrostiche EINO V fo 24'-30' (complet, pr. I et II) π papyrus gr. Vind. 29.430 (vi« s.) : sir. 6, à partir de λέγοντες (v. 4’). J M N P T ANCIEN TESTAMENT Éditions : Minées, 17 décembre, dimanche des SS. ancêtres et dimanche des SS. Pères (prool­ mion I et str. 1). Pitra, Analecta Sacra I, n° XXIV, p. 185198. Amlilochij, p. 84 (pr. I et str. 1) et Supplé­ ment, p. 24-25 (str. 19-30). N. Tomadakis, ‘Ρωμανού τοϋ Μελωδοϋ 5μνοι, t. ΠΙ, η» 34, p. 207-285 (éditeur : M. Naoumidis). P. Maas - C. A. Trypanis, Sancti Romani Melodi Cantica, I, η» 46, p. 380-394. Prooïmion Vous qui n’avez pas adoré une image de main d’homme, mais avez pris pour cuirasse l’essence que la main ne peut dépeindre1, ô trois fois bienheureux1, vous avez trouvé la gloire dans la lice du feu. Vous étiez debout au milieu de l’intolérable flamme, invoquant Dieu : ονοΙ άγιοι ούγάρ χαίρει ΑιτωλίΙ» ό δίκαιοι, άλλά στόνων κραυγάρι σοι Τάχυνον... ήν μδΧλον ΜII 9· οΐ μοίραζες Δ Film || 10' άπωλείακΔ Pllra || ού γάρ χαΙρουΒ όπωΧζία οΐ δίκαιοι Ρ Tom. || 10' sic Δ Pllra : άλλα στίνων προσεύχεβ ΒΤΟ άλλ’ έστ&τες χραυγάζουσιν Ρ Tom, διό καί έχραύγαζον A άΧλ" ί τούτο» πρεσβεύεται (-ρίσόεοε GJ) DGJ tM όν τούτο» όπρίσβευον Μ. I ABCDGJMPT (post. sir. 3’) V Ο U 2' τρίμοιρος Corr. Pllra || 2' τόν δεσπότην : τφ Ιλόω Λ τόν Ιλει,ι C 0« V J) Ικετεύουσαν GJ || 3* εύεργέτην έν πασι C Pllra ώ φησιν εύιργΜ ABDGJMT J 3' «μωμον C Pllra || 4’ παροργίση Δ Pllra || 5'-· aio Δ ΙΉΓ·: όκ Ουσιών δαιμόνων ’ καί των π. Ρ Tom. Ο κάν γάρ έχ (έχ om. Λ) άΟιΙας · ποΧΧήν άχαΟαρσίαν ABOUT χαΐ γάρ όχ τής (εΙ« τήν G) άθιί« βορβόρου Μ II τό : ώς VIII. LES TROIS ENFANTS. StT. 2-3 quaiont do l'illusion dos Perses, ou plutôt se lamentaient et pleuraient saintement sur elle : car le juste ne rit pas â la perdition d'autrui, mais crie vers toi en gémissant : < Hâte-toi... » Ils offraient au Seigneur un hymne pour tous, comme un partum tait de trois essences apporte au Maître les supplications de tous : « Bienfaiteur qui donnes tout, irré­ prochable en tout, ne l’irrite pas devant l'égout de l'ido­ lâtrie, en voyant la terre, ta créature, remplie do sacrifices sanglants1 et d'offenses qui l'empuantissent tout entière. Car nous sommes l'encens au milieu du bourbier ; si tu veux, Seigneur, respire-nous, tes serviteurs, avec ton véritable ami, Daniel à la bonne odeur, que tu aimes, car avec nous il te crie : « Hâte-toi...’» 3, 1-2 : Apec. 8, 3-4 souvent allusion (et. Pe. 105, 38 : « Us versaient le sang innocent, TOÏC afpcanv », ce qui rappelle le v. 8). 2. 'Οσμή a le sens de · faveur «dans Ex. 5,21 (les Juifs se plaignent jouissaient auprès de Pharaon). Οΰήγάπησας traduit en quelque sorte cééupou. Les titres d’« ami » et do « bien-almé do Dieu » août généralement réserves ù Abraham (p. ex. reale 41, 8), qui est appelé ainsi précisément dans la prière do pénitence dite par Aaarlas dans la fournaise : « Ne nous retire pas ta miséricorde, pour l’amour d’Abraham ton ami. » (Don. 3, 35). VIII. LBS TROIS ENTANTS. Str. 4-5 Voilà ce que criaient alors Ananie et ses compagnons, en voyant l’impiété que l'impie avait commise. Quelle était cette impiété, et qui l’avait ordonnée? Recourons au Livre, écoutons son enseignement : Nabuchodonosor, dit-il, fit fabriquer une imago d’or, puis la fit dresser. Elle se tint debout, celui qui l'avait dressée tomba ; il avait élevé le mal et fut abattu lui-même. Non content de sa seule chute, il entraîna aussi la multitude en faveur de qui les trois saints s’écriaient en gémissant1 : s Hâte-toi... » Tandis quo, bien haut en l’air, on élevait l’abomination, en bas tout s’agitait sous le poids de l’iniquité : car c’était chose vraiment inique que d'adorer un objet sans âme, et le culte ennemi de Dieu faisait frémir toute la création. Mais, quand Babylone était secouée tout entière, l'édifice au triple étage des enfants* demeurait inébranlable, car il et son emploi sans complément est insolite. M. Naoumldis admet qu'il άνυμνοϋντες se rapporte seulement à ô οίκτίρμων et à ώς έλεήμων, Dira (et. Cm. S, 16). καί ούκ ί£λήθη, Ιλλ’ rfs μάτην ΙμόχΟησαν, ADMT U10 · διχ τούτο γ«ρ χρχςουσι Ρ Tom. VIH. LES TROIS BNFANTS. Str. 7-8 κελεύει tots μεγιστάσι άλλων κατασπιυδόντων καί σπουδαίοι παραστησαι τά μειράκια · καί άλλων σννωΟούντων, ώΙ πρόρ τόν θεόν, A cette nouvelle, le roi se mit en colère et ordonna aux grands de faire comparaître les jeunes gens. Aussitôt dit, aussitôt fait : on amène les agneaux au loup féroce, tes uns les pressaient, les autres les poussaient, mais on les vit, dans leur extrême vertu, marcher plus vite que ceux qui les entraînaient, car la piété les rendait prompts en tout, A tout moment zélés pour Dieu, sur qui ils fixaient le regard de l'esprit, aspirant constamment à ses dons, les implorant ainsi : « Hâte-toi... » Les enfants comparurent donc devant le fourbe, comme une tour à trois angles, fermes en leur résolution. Aussi, en les voyant, ceux qui leur faisaient la guerre sans cause dardaient-ils les traits acérés de leurs discours1, disant au tyran : 1 on ndmot la synalèpha du v. 81, il reste que le premier accent cet déplacé. Peut-être teut-il corriger en κωλϋααι τά ΑρΑ, texte est incertain. >6' ot <τρ«Κ> πάνσοφοι καί ίφηοαν · μωρά γάρ λαλοΟντι ούδί(; σοι άττοκρίνετσι, κελεύει ή Γραφή * σιωπήν ήρησάμεΟα σκοπόί γάρ ήμίν ίν τούτω καί σιγή προσευχόμενα · μηδί λόγου άξιώσαί σε ■ VIII. lbs trois Downs. Str. 12-13 12 En écoutant de tels discoure, les nobles jeunes gens rirent do cette grande vanité du roi. Cependant, de peur qu'il ne se prit pour un homme très avisé, les trois sages parfaits levèrent les yeux1 et diront : « Nabuchodonosor, seigneur de Babylone, nous n’avons pas besoin de discuter sur ce sujet avec toi. Si tu dis des bêtises, personne ne te répondra, car c’est un précepte de l'Écriture : «Au fou ne réponds pas comme il te parle. » Aussi nous avons choisi do nous taire, et nous prions ainsi en silence : Hâte-toi...® 13 Ainsi, n'espère pas entendre quoi que ce soit sur ce sujet. Lâ-dessus, notre intention est de ne pas t'honorer d’un seul mot®. Et qu’avons-nous à dire à un foil furieux qui crie dans son délire : « Adorez mon image ! », et qui — c'est le pire de tout4 —· menace de châtier quiconque n’accepte pas d'adorer l’objet sans âme? Donc pas besoin de mots : d'adultère : Ή δί xXatouoa άνέβλεψεν elç τόν ούρανόν, 3τι ήν ή xapêta αύτής τ»ποιθυΐα èrrl τφ ΚορΙφ (ThCQdolion 35). lee trois entants puissent a la lois se taire et crier vers Dieu. xwoéfMVov (II, 24, 3). VIII. US TROIS ENFANTS. Str. 16-17 385 'approchèrent des jeunes gens, avec le perdre en psalmodiant : Hàte-toi. VIII. LBS TROIS BNFAXTS. Sir. ISW 387 Quelle insulte avez-vous reçue de ses sujets, qui vous •emtio naturel quo Io poète ail voulu, au vara suivant, expliquer le kôlon 3·, qui n'est pa· Immédiatement Intelligible, du moins a l'audition ; Il ne tail du reste que reprendre la même idée qu'à la strophe 17, v. 4. 1. Au v. 9', la leçon de P, conservée par M. Naoumidis (qui reconnût cependant qu'il no la comprend pas) est indéfendable, et viole gravement le mètre. Kilo provient évidemment de l'haplographlo do fera, à laqueUi VIII. LES TROIS ENFANTS. Str. 19-20 fournaise. Celle-ci reçoit leur racine à trois branches1 et l'a plantée. Et même la flamme, changée en souffle de triple récolte, afin qu’elle donnât son fruit’. — Hâte-toi... par l’Eoprtl do VIH. LES TROIS ENFANTS. StT. 22-23 La puissance de la fournaise s'était dans l'instant évanouie, car l'ange descendit tout à coup du ciel et, marchant au milieu de la fournaise, l'apaisa toute et en fît un paradis pour les saints. Ils marchaient sur les braises comme sur des roses et, comme des fleurs, les. étincelles faisaient leurs délices. Ce lieu crématoire devint un ora­ toire1, et leur sembla un tapis de roses. Celle qui soufflait la mort autour d’elle’ et jusqu'au loin respecta la vie de ceux qui étaient dans son sein, car elle avait peur de leur psaume : ■ Hélo-toi... » 23 Aussitôt descendu des cieux auprès d'Azarias et de ses compagnons, l'ange les engagea à chanter un psaume, en leur disant : ■ Saints enfants, écoutes mes paroles. Moi, je fais ce qu'on m'a ordonné ; faites, vous, ce qu'on vous a enseigné. Comme je refrène la flamme, déliez votre langue3. 2. La correction ή ηνίων nous parait dictée par les divergences de la tradition, le groupe ΛΡ ayant corrigé ή en ô, CV donnant ie parliUmarbellangen, p. 507-588. que la tournaisa brûla h ma· trois entants (Dan., 3, 22). VIII. LBS TROIS ENFANTS. Str. 23-24 Comme j’émousse ce qui flambe, ailliez ce qui chante. Ne craignez rien : le feu ne vous fera aucun mal, c’est sur vos ennemis qu'il prévaudra. J’ai donné l’ordre qu'il jeûne comme vous faites, et qu'il dévore gloutonnement les gloutons qui ne chantent pas avec nous : Hâte-toi... Que votre cœur s'abandonne donc tout entier au chant des hymnes, et composez un cantique h celui qui lit les cœurs. Faites concourir toute la création à la louange du Créateur, et toutes les œuvres du Seigneur béniront le Seigneur, car le feu devient fontaine et la fournaise rosée1 pour ceux qui croient en lui et qui fuient l’erreur. Toutes choses serviront ceux qui servent le Seigneur comme leur créateur et leur Dieu. Si Élie commandait au ciel et à la terre1, c’est parce que, au milieu des athées, il invoquait Dieu : Hâte-toi... » 24. 4 : Dan. 3, 57 il ferma le ciel, Il lit aussi trois foie descendre le feu. · La suite du parole du Très-Haut » (48, S) suggère que των κάτω tSimoZtv signifie ■ VIII. LES TROIS ENFANTS. Str. 25-26 libre interpretation de Dan. 3, 'J2 : le roi s'ecrle qu U voit quatre Dieu (TbbodoUon). Celle double apparence symbolise évidemment lu double r à présent la fournaise1. Il nous est apparu dé» maintenant, il nous a fait entrevoir l'image de ce qui doit être. Do même qu’aujourd’hui il rafraîchit de rosée la fournaise, de même il doit, descendant comme la pluie sur la vierge’, arroser ceux qui chantent : Hâte-toi... a ün hymne au miséricordieux, un chant de louange à l’ami des hommes, car il a daigné nous accorder sa grâce à venir. Allons, toute la création, implorons celui qui gouverne la création et conserve la nature, en criant : • Toi qui es, en nous, là-haut et en tous lieux, inaccessible toi que portent les ailes des vents et qui ne laisses pas voir tes traces aux mortels, toi qui régis l’être du ciel, de la terre et de l'océan, et le genre humain selon ta sagesse, 27, 3-1 : Dan. 3, 57 synérése intérieure do ύετός, est-il une addition destinée a introduire μένους, χαίροντας καί χορεύοντας VIII. LES TROIS ENFANTS. Sir. 2&-29 Ces psaumes, ces prières, le roi, qui s'était approché do la fournaise, les écoutait. Il était venu au point du jour, comme l’enseigne ('Écriture1, dans l'espoir de trouver en cendres ceux qu'il avait livrés à la fournaise. Mais son attente fut vaine, et son espoir se dissipa tout d'un coup1 comme fumée, car le misérable, plongeant son regard dans la fournaise, contemplait d’effrayantes merveilles : le feu enchaîné, et ceux qu’il avait fait ligoter déliés, exultant, dansant, s’ébattant et chantant : Hâte-toi... 29 Il fut complètement transformé, et. la confusion dans l'âme, ne sachant que faire, il cria aux satrapes : s Nous avons jeté trois hommes là-dedans, et j’en vois quatre, et l’aspect du quatrième bouleverse mon cœur, car je ne sais à qui comparer un tel être. L’appellerai-je un mortel? voit le roi Darius se lever dès l'aube, Inquiet du sort du prophète. La hora Spiritus flammeus in coenaculum lapsus est ·. Je préféra la leçon de P qu'il traduit : « le même Jour », en rapprochant d’un passage du pseudo-Chrysostomo oü il est dit que la longueur du éclatant. Mais la preuve n'en est que meilleure si le roi revient près garantie ici par le rythme, n'est pas rare chez Romanos : of. par exemple les hymnes du Jugement Dernier (str. 10}, du Triomphe de la Croix (str. 7), etc., et la note de KnuMSACHun, Sludien, p. 240-250. 6ικαίω$ ήττήΒτ 10 άξ(<οί <σ»οβη νποστήναί Τάχυνον... δη αίχμαλωτίσοησα» τόν Βισπότην καί δοθώμίν ίχΟρο'ΐ ' λνποΟμβν γάρ το&τον 10· άντιβλίψ» P Tom. Ο II 10· Χ«ι τους νίοος ουμψάλλοντας Λ. VIH. LBS TROIS ENFANTS. StT. 29-30 403 Non, c’est un fils de Dieu. Le leu a subi une juste défaite : la flamme ne pouvait pas résister à un être de feu. La fournaise avait bien lieu de s'éteindre : elle ne pouvait soutenir l’éclat de celui qui brille comme l’éclair et qui chante avec les jeunes gens : Hftte-toi...1. Je vénère donc, bien que malgré moi, le Seigneur des Hébreux, et j'ordonne à tous les habitants de ma terre d'avoir les mêmes sentiments. Venez, saints enfants, sortez de la fournaise : je suis convaincu que votre Dieu est véritablement Dieu. » Ces choses arrivèrent à Babylone, dit l’Écriture, au temps où ceux qui avaient irrité Dieu enduraient la captivité. Aussi, mes frères, prenez soin de ne pas contrister le Maître pour n’êtro pas livrés à l’ennemi ; car nous le contristerons si nous l'abandonnons et si nous portons atteinte à la foi orthodoxe, hors de laquelle il est interdit de dire* : « Hâte-toi, miséricordieux, viens vite, dans ta clémence, à notre secours, car tu poux tout ce que tu veux. » 30, 3-4 : Dan. 3, S3 1. Commo le note Pllra, la tou de la fournaise cat assimilé ici au 2. La leçon do CV noua paraît mieux s'harmoniser avec l'ensemble APPENDICE : HYMNE DE NINIVE buer 1'hymnc L'acrostiche : τδν προφήτην Κυρίου, est non seulement indiqué le thème celui de la Transfiguration («Ιςτήνμ£ταμόρφωσιν)> ou le θρήνος Άδάμ («ίςτόν πρωτόπλαστον Άδάμ). La formule soit qu'il taille suppléer trois strophes Ε1Σ deux hymnes développent lutte entre un Dieu enclin «u pardon et un prophète assoiffé de justice impitoyable. Mais ni la composition sans douta être traités en rapport avec le thème de la du prophète simplement en de son ancienneté, et le copiste inconnu qui a ajouté en marge les lettres 'PWM avait certainement raison de reconnaître IA l'école de Romanos, et peut-être sa main. Romanos en a écrit de beaucoup moins bons, et cette pièce ne serait pas indigne de lui. La prière finale notam­ ment, où l'humilité du chrétien se combine curieusement avec l'orgueil de l’auteur à succès, est tout ù fait dans sa manière ; elle équivaut presque à une signature. On reconnaîtra Romanos encore dans la marche du récit coupé de discours qui n'ont pas de correspondants dans le Nous avons dit que les deux poèmes et les deux héros se ressemblaient ; mais Jonas est beaucoup plus conforme à son modèle biblique. La figure du serviteur do Dieu dévoué et convaincu, mais récalcitrant, attaché Λ une religion pure et sincère, mais dépassée, est déjà tout entière dans le Livre de Jonae, et c’est probablement lé qu'on l'a prise pour l'appliquer à Élie. Un modèle bien connu de Romanos, Basile de Séleucie, a d'ailleurs développé l'un et l'autre thème, et consacré deux longues homélies à Jonas1. L'auteur de notre poème no lui a pas fait d’emprunts directs comme dans l’hymne d’Élie* — sauf peut-être pour quelques détails —, mais l’idée générale est bien la même, et il ne faut peut-être pas chercher plus loin la source de l’hymne. L'histoire de Jonas est du reste traitée, cher l’homéliste comme cher le mélode, dans un esprit plus moralisant, plus ascétique déplacement de l'accent final. Dans l'hymne I, cette forme uuu- ou- vu- n'apparaissant que 2 fois sur 24 strophes. Dans Ι’έπανριον de la Pentecôte, dont on a gardé 6 strophes, celte seconde forme n'apparalt qu'une qu’elle figurait dans le strophe I, avait éliminé la forme régulière. -u forme toujours un mot de deux syllabes, qui tantôt se rattache à ce qui précède, tantôt au kôlon 2‘, assurant ainsi peut on somme être considéré comme un kôlon mdépond»i>t- ·ρωμ(ανοΟ>, ήχοί α'. •Ατηγνωσμίνην τήν Νινίυή ττροίφΟασαϊ, ίπηγγτλμίνην τήν ότπιλήν παρήγαγκ καί τήν όργήν ίνίκησι τδ Ελιό$ σου, Κΰρκ · Hymne : Date : sur la pénitence de Ninive mercredi de la 1« semaine de carême HiKMOs : strophes : idiomèlcs Acrostiche : TON ΠΡΟΦΗΤΗΝ KTPIOT Mss : Qf»6r-8r Éditions : P- Maas - C. A. Trypanis, Sancli Romani Melodi Canlica, I, n« 52, p. 447-453. Ιν αύ-τφ γάρ ή πόρνη ùytavsv, Μή ούν όκνώμτν, άλλ’ άνασ-τώμεν καί διίξωμεν TÔ τραΟρα τώ Σωτήρη Ούχ άπαιτιίται μισθόν ούδΐ its •rite ΙατρτΙαξ καί λά6ωμεν δούναι δωρον αντάξιον ■ 7’ άλλ’ corroxl : 4λλά Q || post V. 8* δωρκάν γάρ Ocpansôci add. Q ||1 klsive. Str.1-2 L'hôpital du repentir est ouvert à toutes les maladies morales1 : venez, hâtons-nous d’y aller, et d’y prendre de la vigueur pour nos âmes. C’est en lui que la pécheresse a retrouvé la santé, en lui que Pierre s’est délivré du reniement2, en lui que David a refréné la souffrance de son cœur2, en lui que les Ninivites ont été guéris. N'hésitons donc pas, levons-nous, montrons notre blessure au Sauveur et laissons-nous panser. Car il surpasse tout désir dans l'accueil qu'il fait à notre repentir. Jamais aucun salaire n'est exigé d’un seul de ceux qui vont à lui, car ils ne pourraient offrir un cadeau de même valeur que la cure. Aussi ont-ils retrouvé gratuitement la santé, mais ils ont donné ce qu’ils pouvaient donner : au lieu de cadeaux, des larmes, car ce sont là pour le Libéra­ teur de précieux objets d’amour et de désir. Témoins la pécheresse ainsi que Pierre, David et les Ninivites, car c’est en apportant seulement leurs gémissements qu'ils sont allés aux pieds du Libérateur, et il a reçu leur repentir. nne de Marie d ta Croix, SU. 14. : l’entant qu'il a eu de BelbsabCe," dont 11 a fait tuer le ethsabée un second Ills, Salomon (II Sam. 12, peut dire, et lui font véritablement violence : car le Miséricordieux se laisse avec joie enchaîner par les larmes, par les larmes de l'esprit du moins, non par celles du corps, nous larmoyons sur nos maux, car la chair est une boue qui ruisselle sans lin. Pleurons donc du cœur, de la manière par laquelle les Niniviles, grâce à la contrition, ont ouvert le ciel, et ont été vus du Libérateur, qui a reçu leur repentir1. Que notre esprit inédite sur eux, car ils font le sujet que nous avons à traiter ; occupons-nous à écouter ce qu'ils ont fait. Après cette effrayante proclamation qu'avait proclamée Jonas devant ce peuple intempérant, après cette menace qu'on ne pouvait ni soutenir ni conjurer, proclamée d’avance par le prophète, les Ninivitas, en ouvriers habiles, s'empressèrent de consolider la cité que les mauvaises actions avaient ébranlée, en prenant pour fondation, non la pierre, mais un sûr rocher : le repentir. Ayant lavé sa souillure dans des flots de larmes, ils l’ornèrent toute de leur prière, et Ninive convertie plut au Miséricordieux. Car elle présenta aussitôt la beauté de son cœur Λ celui qui sonde les cœurs, et couvrant de cendre regrette pur ; la tristesse du monde, elle, produit la mort. » nm-οιΐαιί ώΐ ίλαΐφ ίττίχρίσστο, •raij νησηίαιί μυρισαμίνη πρόί τόν όρχαίον άνδρα άναλύε NINIVE. Str. 5-7 sa chair enlaidie par le sac, elle se frotta de l'huile des bonnes œuvres, et, parfumée de jeûne, elle retourna à son ancien mari et s'attacha à lui, de sorte que l'époux embrassa son repentir1. Son roi — un sage8 —, jouant le rôle de paranymphe, ordonna alors à toute la ville de se revêtir de vertu ; il la para donc comme une épousée, et il préparait les bêtes de somme et les troupeaux comme pour les apporter en dot, disant : « Je t’offre tout : réconcilie seulement, mon époux, mon Dieu, mon sauveur, fais rentrer en grâce celle qui s'est prostituée, qui a trahi le commerce immaculé de ta pureté : car voici que, dans son amour, elle t'offre en présent le repentir. Voix des bêtes qui réclament leur pâture ! J’ai ordonné à tous les animaux comme à tous les hommes de jeûner jusqu'à ce que tu nous rendes ton amour. Si moi, le souverain, j’ai péché, frappe-moi seul et prends en pitié tous les autres. Mais si nous avons tous failli, écoute la voix de tous, les mugissements des bœufs et des moutons et la supplication des hommes. Que vienne seulement ton secours, et toute terreur est dissipée. Aucune crainte ne nous effraie, si tu reçois le repentir que nous t'offrons. de l'allégorie développée par ËUchid(l,Ul : Jérusalem, née do parents fait d’elle son épouse, mais elle l’a trahi pour se prostituer. La eompa. (ibid., col. 425 B). ώΐ τοΟ θρόνου άνάξιορ έττί σττοδοΟ κάβημαι, ώί τό στίμμα καθυβρίσου κήνιν ττίπασμαι, ύχ μή άρμ63ων -rfj σορφυρίδη κα[ώδυνήθην · διά μή πορ(Εη$ με καί πρόσδιδα· ήμών Διά τούτο ol 3ώτπ5 jq-rovul» σε ίλίήμων, οίκτίρμων ei devant ήξιώ&ην : · Que n'ai-Je été juge digne. ninivb. Str. 14-15 14 Accorde-moi une seule goutte de tes miséricordes, puisque je suis ton serviteur : prends mon âme, car il vaut mieux pour moi mourir que vivre. > Puis, ayant ainsi parlé, il s’endormit, car le sommeil est un perpétuel compagnon du chagrin. Et l'Être inaccessible au sommeil rafraîchit Jonas assoupi avec l'ombre de la coloquinte, dont il couvrit ce corps découragé, enseignant par elle au prophète à détester la dureté de cœur, à compatir avec tous, à aimer le repentir. Voyez : la figure de la loi se reconnaît clairement dans la coloquinte. Car celle-ci, ayant poussé pondant la nuit, ombragea Jonas ; et la loi, cachant l'avenir sous son ombre, a crû dans la nuit comme un rameau pour Moïse, sous la nuée. Mais la grâce, qui s'est levée récemment comme un soleil, a fait disparaître la loi comme le végétal1. Aussi le monde, comme le prophète, s’est-il aperçu à son /éveil que la grâce a fauché tout le chiendent de la loi et a 15, 3* : Héb. 10, 1 ; Col. 2, 17 1. Dans celle laborieuse comparaison, farsxdèuÇie me parait signifier . taire disparaîtra aux yeux, rendre Invisible ·. Cette Image de l'ombre est empruntée à saint Paul, chez qui elle s’oppose, non au ΙξώοΟ W φιλώ» NtNivB. Str. 16-17 16 Le prophète Jonas se réjouit en apercevant alors la coloquinte, puis perdit courage aussitôt, dès qu'il la vit desséchée. Mais le Créateur dit au saint : « Si tu es désolé à l'excès pour ce qui ne t’a pas coûté de peine, si une fleur t'a affligé, combien plus l'homme le devrait^il? Si, pour de l’herbe séchée, tu es ainsi déconforté, ne dois-je pas avoir pitié d'une aussi grande ville, qui renferme en ses limites cent vingt mille hommes bien comptés1? Sois donc magnanime, et satisfais-toi avec moi de leur repentir. ■ 17 Fils de ('Unique, ô Dieu unique, toi qui fais la volonté de ceux qui t'aiment, protège-les dans ta miséricorde contre la menace à venir, ô Impeccable. Comme jadis tu des Ninivites et jugé Jonas digne de tes même aujourd'hui, affranchis du jugement Hymne de Noé 83 §8 8 TABLE DES MATIÈRES VI. — Hymne de la tentation de Joseph (2e hymne de Joseph)................. VII. — Hymne du Prophète Élie...................... VIII. — Hymne des trois enfants dans la fournaise eOJl&TAM 830 5LI8AT SOURCES CHRÉTIENNES LISTE COMPLÈTE DE TOUS LES VOLUMES PARUS annexe /textes para-chrétiens. Saul Indication contraire, chaque volume comporte le texte original, 1 bis. Gadaoiaa de Nvssb : Vie de Moïse. J. Daniélou, S. J., prof, a l'InaL calb. de Paris (19561..................... 3. ΑτιιΒναοοββ : Supplique an sujet dos chrétiens. G. Bardy (trad, seule) (1943)..........................................Epuisé " S. SolaviÙo, A. A., de Final. fr. dos Et. byz. (trad, seiüèl Epuisé Places, S. J., prof, à l'Insl. biblique do Rome (*1955)... 14,10 6. Gndcoine de Nvssb : La création de l'homme. J. Laplace, S. J., el J. Daniélou, S. J. (trad, soûle) (1944)....... Epuisé prof, à la Fac. deTbéol. do Lyon, et L. Doutreleau, S. J. (trad, seule) (1944)................................................Epuisé 8. NicBtas Stétbatos : Le paradis spirituel. M. Chalendard, doct. és lettres (1945).............Remplacé par le n° SI ' S. J., prof, à la Fac. de Théol. do Fourvière (trad, seule) Epuisé 10. Ignace d'Antioche : Lettres. ■ Lettre et Martyre do Fac. dominie, du Saulcliolr (3· édition, 1958)............. 11. HirrocvTB de Rome : 1« Tradition apostolique. B. Botte, O.S.B., au Mont-César (1940)...................................Epuisé S. J., prof, à l'ilist. calb. do Paris (trad, seule) (1946)... Epuisé 60. Aelrbd de Rxevavi.x : Quand Jésus ont douze ans... Dont UOSS)........ . λ....„ —· Paris. Nouvelle trad. O théol. (I960)........... '........ '..................... ’......... 66. Adam un Pbrseionb : Lettres, l. 1. J. Bouvet, supr du 67. Oricéne : Entretien avec Heraclide. J. Scherer, prot. a 68, Manus Victorious : Traités théologiques sur la Trinité. P. Hadoï, attaché au C. N. R. S. Tome I. Introd., texte critique, traduction (1960). 70. Clément d'Alexandrie : Le Pédagogue, 1.1. H.-l. Marrou et M. Harl, proï. é la Sorbonne (I960)...................... 71. Obiqënb : Homélies sur Josué. A. Jaubert, agrégée de rUniverslté (I960).............................................. O. S. B. é Hautecombe (1960)................................ 73. Eusèbe de césabéb : Histoire ecclésiastique, t. IV. Inlro(1960)................... :...... ■.................... '............ 74. Léon le Grand : Sermons, t. HI. R. Dolle, O.S.B. (1961). 75. S. Augustin : Commentaire de la Ir" Epltre de S. Jean. Le-Puy (1961). O. C. S. O., fi Scourmont (1961). ............................ 77. DeeensOe de Liouoê : Le livre d’étincelles, t.1. H. Ho­ chais, O. S. B., é Ligugé (1961)........ . ............ 78. GnécorBE de Narbk : Le livre de Prières. I. Kécbicbian, 79' Ungrey (1961)..................... ... Bon. P. Voulet, S. J. (1961)................................... A. A. (1961). Introduction et livre I (1902). Hochais, O. S. B. à Llgugé (1902).... 88. Lettres des premiers Chartreux, tome 1 lettres (1962)..................................................... 90. Vio de sainte Mélanie. D' D. Coree, D' és-lollros (1962).. 33.00 J. de Préville. O.S.B., à Solesmes (1903). Tome I (1903). V.-H. Dcbidour, agrégé de l'Unlvorsité (1963). Montréal. (1964). (1904). I. J. Grosdidler 100. (Hiserué/ Tome I (1904). 102. Id. — Tome II (1964). Les 2 vol. SOUS PRESSE critique, t. II et III. B. Krivochéinê et J. Paramelle. Isa.» Cassis» : Institutions. J. C. Guy, S. J. LISTE ALPHABÉTIQUE DES VOLUMES Grégoire lb Grand Morales sur Job : 32. GUILLAUME DE SAINT-THIERRY Exposé sur le Cantique : 32. Traité de la contemplation de Dieu : 61. HERMAS Le Pasteur : 53. Hilaire de Poitiers Traité des Mystères : 19. Hippolyte de Rome Commentaire sur Daniel : 14. La Tradition apostolique : 11. Homélies Pascai.es Tome 1: 27. — II : 36. — III : 48. Ignace d'Antioche Lettres : 10. Irénéb db Lyon Contre les hérésies, III : 34. Démonstration de La prédication apostolique : 62. Cassien Conférences, I-VII : 42. — VÏÏI-XVII : 54. XVIII-XXIV : 64. Jean Chrysostomb Huit catéchèses baptismales : 50. Lettres à Olympias : 13. Sur rincompréncnsibilité de Dieu : 28. Sur la Providence de Dieu : 79. Juan Damascene Homélies sur la Nativité et la Dormition : 80. Jean Moschus Le Pré spirituel : 12. Jérôme Sur Jonas : 43. L'.ctance De la mort des persécuteurs : 39 (2 vol.). Léon lb Grand Sermons, 1-19: 22. — 20-37 : 49. 38-M : 74. Marius Victorinus Traités théologiques sur la Tri­ nité : 68 et 69. Maxime ie Confesseur Centuries sur la Charité : 9. MÉLANIE : voir Vie. Méthode dOltoe Le banquet : 95. Nicétas Stéthatos Le Paradis spirituel : 8. Opuscules et Lettres : 81. Nicous Carksitas Explication de la divine Litur­ gie : 4. Origèkb Entretien avec Héraclidc : 67. Homélies sur la Genèse : 7. Homélies sur l'Exode : 16. Homélies sur les Nombres : 29. Homélies sur Josué : 71. Homélies sur le Cantique : 37. Homélies sur S. Luc : 87. Philon d'Alexandrie La migration d'Abraham : 47. PHILOXÈKE DE MaIIUOUG Homélies : 44. Polycarpb de Smyrne Lettre et Martyre : 10. Piolémér Lettre à Flora : 24. Quoorulteus Livre des promesses : 101 et 102. Richard de Saint-Victor La Trinité : 63. Rituels Trois antiques rituels du Bap­ tême : 59. Romanos le Mélode Hymnes, t. I : 99. Syméon le Nouveau Théoiogien Catéchèses, 1-5 : 96. Chapitres théologiques, gnosti­ ques et pratiques : 51. TERTUIXIEN De la prescription contre les hérétiques : 46. Traité du baptême : 35. TiftoDORirr de Cyr Correspondance, — lettres I-LII : 40. — lettres 1-95 : 93. Thérapeutique des maladies hel­ léniques : 57 (2 vol.). Théooote Extraits (Clément d'Alex.) : 23. Théophile d'Antiochb Trois livres à Autolycus : 20. Vie dp. sainte Mélanie : 90. Également aux Éditions du Cerf: LES ŒUVRES DE PEŒLON D’ALEXANDRIE publiées sous la direction de R. ARNALDEZ, C. MoNDÊSERT, J. POUILLOUX. Texte grec et traduction française. Volumes dé/ά parus : F 1. Introduction générale, De opilido mundi. R. Arnaldez, prof, ft l’Univ. de Lyon (1961)................................................ 16,60 2. Legum allegoriae. C. Mondésert, S. J. (1962)....................... 24,60 3. De cherubim. J. Gorcz (1963)................................................... 7,80 7-8. De gigantibus. Quod Deussit immutabilis. A. Mosès (1963). 15,00 9. Do agricultura. J. Pouilloux, prof, à l’Univ. de Lyon (1961). 9,60 10. Do plantatione. J. Pouilloux (1963)........................................ 11,70 11-12. De ebrietate. De sobrietate. J. Gorez (1962).................... 14,70 13. De confusione linguarum. J.-G. Kahn (1963)....................... 15,00 18. De mutatione nominum. R. Arnaldez. (1964)................. 12,90 19. De somniis. P. Savinel (1962)................................................... 21,00 26. De virtutibus. R. Arnaldez, A.-M. Vérilhac, M.-R. Servcl et P. Delobre (1962)................................................................... 15,00 27. De praemiis et poenis. De exsecrationibus. A. Dcckaert, prof, ft rinst. Cath. de Paris (1961)....................................... 12,80 29. De vita contemplativa. F. Daumas et P. Miquel. (1964). 12,00 Sous presse : 21. De losepho. J. Laporte 23. De Decalogo. V. Nikiprowetzky IMPRIMERIE A. BONTE MP S, LIMOGES (FRANCK) Registre des travaux : Imprimeur : 1.615 — Éditeur : 5.332 Dépôt légal : 3· trimestre 1964