COMMENTAIRE SUR SAINT JEAN C: 1966, by Les Éditions du Cerf. SOURCES CHRÉTIENNES Directeurs-fondateurs : H. de Lubac, S.J., et J. Daniélou, s.j. Directeur : C. Mondésert, s.j. N« 120 e S ORIGÊNE COMMENTAIRE SCR SAINT JEAN TOME I (Livres i-v) TEXTE GREC AVANT-PROPOS, TRADUCTION ET NOTES PAR Cécile BLANC RELIGIEUSE DE I.’ASSOMPTIOX Cet ouvrage est publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique LES EDITIONS DU CERF 29, Bd de Latour-Maubourg, Paris-?* 19 6 6 NIHIL OBSTAT : IMPRIMI POTEST : Lyon, le 28 janvier 1966 IL DH Lubac, s.j. Cl. Mondêsert, s.j. Lyon, le 19 mars 1966 C. Rochionkux Sup. rclig. imprimatur : Lyon, le 19 avril 19G6 J. Peloux, v.g. fs Go 'Sa Q iυ j IJflV 1 ·■'T IvJ· ϋθ AVANT-PROPOS Nous devons savoir que. les prémices cl les premiers fruits ne sont pas la même chose : car on offre les prémices après la recolle, les premiers fruits avant. (In Jo. I, 2, 13.) Pour ne pas faire attendre davantage au lecteur le texte français du Commentaire d’Origène sur saint .Jean, la grande œuvre théologique de celui que Dollinger appelle « le plus savant et le plus intelligent des anciens pères1 » et Vôlker « un ascète qui aspirait à voir Dieu et qui tirait de cette vue la force nécessaire à sa vie morale et à son travail auprès des frères12 », nous nous sommes résigné à présenter dès maintenant les premiers fruits de notre travail ; nous espérons en poursuivre la publication au fur et à mesure de sa progression, jusqu’au moment où, toute la traduction ayant paru, il nous sera possible de composer une véritable Introduction. Nous reprendrons alors d’une façon plus méthodique et plus approfondie les questions effleurées dans cet Avant-Propos et dans les notes. 1. Ignaz von Düllinoer, Die Juden in Europa, Akademische Vortrfigc I, Munich 1891, p. 214. 2. Walther Vûlker, Das Vollkommenheitsideal des Origenes, Tubin­ gen 1931, p. 233-231. s AVANT-PROPOS Éléments biographiques L'In Joannem est une des premières œuvres d’Origène. D’après Eusèbe1, Origène entreprit ses Commentaires sur les Écritures à son retour à Alexandrie, après un séjour qu’il fit à Antioche auprès de Mammée, la mère de l’empe­ reur Alexandre Sévère, qui avait désire s’entretenir avec lui. Origène lui-même parle de l’absence qui a immédia­ tement précédé le début de son travail1 2. 11 devait avoir au moins trente-trois ans, si les indications d’Eusèbe sont exactes. En effet, il avait eu dix-sept ans en 202, au moment où la persécution de Septime Sévère avait cause la mort de son père Léonide3 et désorganisé l’ensei­ gnement de la catéchèse, dont il ne va pas tarder à se char­ ger45 , et, d’autre part, Mammée séjourna à Antioche en 218e. L’invitation de l’impératrice montre la notoriété qu’Origène s’était déjà acquise. On connaissait sa vie austère : il jeûnait, dormait peu et à même le sol, marchait pieds nus6 ; on avait entendu parler des succès de sa catéchèse, du nombre de ses catéchisés promus martyrs7, de sa prodigieuse érudition : il s’était parfaitement assimilé la philosophie de son temps, comme le montrent tous scs écrits et comme en témoigne également son adversaire Porphyre8. Il avait appris l'hébreu, avait collationné texte hébraïque et traductions 1. Histoire Ecclésiastique, livre VI, ch. 21. 3-4 ; 23, 1. 2. 1. 2, 13. 3. Hist. Ecd. VI, 1. 4. Ibid. 3, 3. 5. A. von IIaknack, Geschichte der allchristlichen Literalur bis Euse­ bius, Leipzig 1958, t. II : Die Chronologie, p. 30-31, n. 5. 6. Hist. Ecd. VI, 3, 9-12. 7. Ibid. VI, 4-5. 8. Ibid. 19, 7-8. ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES 9 grecques de Γ Ancien Testament dans ces éditions monumen­ tales qui reçurent le nom de aHexaples»et de «Tétraples1». Il avait sans doute visite Rome sous Zcphyrin (vers 212)12, puis l'Arabie, d'où l'on avait eu recours à ses lumières3, enfin, ce qui est plus important pour nous, la Palestine, en 215, sous Caracalla, au moment des troubles d’Alexandrie4. Eusèbe nous a conservé, mais sans indications chrono­ logiques, une liste des Ouvrages écrits à Alexandrie avant son départ définitif vers 231 : les débuts des Commentaires de Jean, de la Genèse et des Psaumes, le Commentaire sur les Lamentations, le livre sur la Résurrection, le De. Princi­ piis, les Stromates5. La plupart d'entre eux sont perdus : à part des fragments, il ne nous reste que les deux premiers tomes de ΓΙη Joannem et la traduction latine du De Prin­ cipiis. Nous verrons au début du second volume à la suite de quelles circonstances Origène a été obligé de quitter sa patrie et d’interrompre, pour un temps, ses Commentaires. Depuis de longues années déjà6, il avait confié la catéchèse des débutants à Héraclas, pour se consacrer à une autre forme d’exposé de la doctrine chrétienne qui s’adressait aussi bien aux chrétiens cultivés qu’aux païens, aux Juifs, aux hérétiques : c’est ainsi qu’il avait converti du gnosti­ cisme à la foi de l’Église un riche Valentinien, Ambroise789, à l’instigation duquel il entreprit son Commentaire sur Jean®. A plusieurs reprises, l’auteur parle d’une sorte de contrat qui le lie à Ambroise, l’un s’étant engagé à commen­ ter Jean, l'autre à lui fournir sténographes et copistes3. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Hist. Eccl. VI, 16 Ibid. 14, 10. Ibid. 19, 15. Ibid. 19, 16. Ibid. 24. Peut-être dès son retour de Rome, d’après Hist. Eccl. VI, 15. Ibid. 18. Ibid. 23, 1-2. I, 21 ; V, 1 ; VI, 6.9. 10 AVANT-PROPOS II But de l'auteur Ce fait explique que, si Γ/n Joannem est plus qu’un écrit de circonstance, il est cependant aussi un écrit de cir­ constance. Car le tout premier commentaire de S. Jean — apparemment très bref : il devait expliquer chaque verset en quelques mots a été composé par Héracléon, Valentinien comme l'avait été Ambroise. Si donc Origène compose son commentaire, c'est en partie pour réfuter Héracléon, mais c’est surtout pour répondre à l’attente des intelligences chrétiennes, que le manque d’une pensée ecclésiale risque de livrer à la gnose. A l’encontre des hérétiques, Origène ne cessera de pro­ clamer, toutes les fois que le texte lui en fournira l'occasion, l’unité de Dieu’, la personnalité distincte du Fils en même temps que sa divinité12, l'unité de la révélation, car c’est le même Dieu qui se révèle à travers l’Ancien et le Nouveau Testament3, l’unité de la nature humaine : c’est par sa libre volonté que l’homme devient spirituel, psychique ou hylique4. Mais le souci pastoral d’Origène ne se borne pas à pro­ curer la vérité aux esprits qui la cherchent, car la plus haute contemplation accessible ici-bas n’est pour le saint qu’une ombre ou qu'une image de la vision qui lui sera accordée lorsque seront tombées les opacités de cette vie terrestre5. Origène s’attache donc à montrer à tous les chrétiens 1. 2. 3. 4. 5. II, 199. II, 16-17. I, 82. XX. 33-34. XIII, 112-113. BUT DE L’AUTEUR 11 l'itinéraire à suivre, scs exigences, ses soutiens : car il est de foi, nous dit-il, que l'homme est doué de libre arbitre1; il doit par conséquent s'efforcer de discerner le bon Esprit du mauvais12, qui l'entraînerait dans la mort spirituelle3. Même alors, il ne serait pas perdu : Jésus est descendu dans notre mort4, pour nous délivrer du mal et delà mort56 , et tous ceux qui reçoivent le Christ en eux ressuscitent d’entre les morts®. Les pécheurs repentants ont besoin de la force que leur communique l’appel de Jésus7 et, pour recevoir les dons divins, ils doivent avant tout les demander, ils doivent prier8. Il faut d'abord croire en Jésus-Christ, puis demeurer dans sa parole, pour enfin connaître la vérité9. Il peut arriver qu’on ne soit pas capable de suivre Jésus sur le moment et qu’on y parvienne par la suite, à l’exemple de Pierre1011 . Nul homme n’est par nature enfant de Dieu ; on le devient en aimant ses ennemis11 ; c’est dire, comme le fait Origène, qu'au début de la bonne voie se situe la vie pratique, indiquée par l’expression « accomplir la justice » et, dans la suite, la vie contemplative12, qui est la conséquence de l’amendement de la vie morale13. C’est ainsi que l'on passe de la condition de serviteur à celle de disciple, puis d'enfant et de frère de Jésus14. Alors Jésus ne demeure plus avec les 1. 2. 3. ■1. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. XXXII, 189. XXXII, 215. XIX, 78. 1,227. Frg. 39. I, 181. XXVIII, 51-54. XIII, 5. XIX, 64-68. XIX, 86-87. XX, 290-292. 1,91. H, 219. XXXI1, 371-375. 12 AVANT-PROPOS siens mais en eux1 et, puisque en chaque saint se trouve le Christ, grâce à ce Christ unique une multitude de christs vient à l'existence12. Jésus est honoré en scs saints3 et le nom même du Père est glorifié par leurs œuvres4. Mais l'homme n’est pas seul pour accomplir cette formi­ dable mutation. Il est aidé par la prière des anges56 , par celle des saints défunts®, par les martyrs dont le sacrifice a vaincu la puissance adverse et procuré à l’ensemble des chrétiens une force inexprimable7. Bien plus, Dieu intervient dans la vie des hommes, et de manière diverse selon leurs carac­ tères8. Il vient avec la verge à ceux qui ont besoin d’une direction rude et sévère9, il purifie l’âme pour la rendre apte à accueillir le Verbe Dieu1011 . Elle n’est par elle-même capable d'aucun bien; c’est son époux, le Christ, qui lui donne d'en­ fanter les vertus11, à commencer par la foi12 : ainsi, celui qui croit en Jésus-justice devient juste, en Jésus-force, devient fort, en Jésus-sagesse, devient sage13 : les chrétiens devien­ nent tous parfaitement « fils », étant transformés, en connais­ sant le Père, comme maintenant seul le Fils connaît le Père14. Aussi, dès maintenant, il n’est pas d’activité plus digne d’un chrétien, que de chercher à comprendre la Parole que Dieu lui a adressée15, celle Parole qui est Jésus-Christ 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. ». 10. 11. 12. 13. 14. 15. X, 45. VI. 42. I, 73. XXXII, 360. XIII. 412. XIII, 403-404. VI, 282-283. X, 197-199. 1, 261. Π, Γ29. Frg. 125. XX, 286. XIX, 155-158. I, 92. 1, 10, 12. LA GNOSE 13 et que l'on trouve dans Γ Évangile, cachée sous le voile de la lettre1. Ceci explique le soin qu’apporte Origcne à l’expli­ cation du moindre mot de l’Évangile. III La gnose12 C’est aussi, nous l’avons dit, face à la gnose et, surtout, pour répondre aux questions auxquelles elle s’affrontait qu'Origène a entrepris son Commentaire, car, pour recon­ naître la vérité et combattre l’erreur, il n’y avait qu'un moyen, l’exégèse3. En effet, toute la pensée des premiers siècles de notre ère s'est trouvée face aux mêmes problèmes : Dieu est unique, pur esprit, parfaitement saint. Mais alors, d’où viennent la multiplicité, la matière, le mal, toutes les créatures inférieures ? La matière parut alors un second principe, d’indice négatif, si l’on peut dire, et le ciel se peupla d’intermé­ diaires entre le Transcendant absolu et les êtres contingents et faillibles : ainsi s’expliquent les émanations de l’Un dans le néo-platonisme, le rôle des anges dans le judaïsme tardif. Aux chrétiens se présentaient encore d'autres apories : si Dieu est unique et immuable, comment Jésus-Christ peut-il être Dieu et comment peut-il avoir apporté une 1. Henri de Ludac, Histoire et Esprit, Paris 1950, p. 336-338. 2. Nous employons ce terme pour parler de la 'ψβυδώνυμος γνώσις dont S. Paul parle à Timothée (1 Tim., 6, 21), car 11 sert aujourd’hui couramment à désigner les hérésies des premiers siècles. Toutefois, ce n’est pas l’emploi qu’en fait Origène, pour qui il désigne, comme pour S. Jean et pour S. Paul, la connaissance de Dieu. Chez Clément, le terme de ■ gnostique ·, loin de désigner un hérétique, n’est mérité que par celui qui, ayant blanchi dans l’étude de Γ Ecriture, garde la règle des dogmes apostoliques cl ecclésiastiques (Strom. VII, 16,104,1). 3. Walther Volker, Heraklcons Stellung in seiner Zeil im Licht seiner Schriftaustegung, Diss. Halle 1922, p. 29. 14 AVANT-PROPOS nouveauté radicale ? Car, si des ses débuts Γ Église a baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, l’explication de celte foi s’est révélée difficile. Craignant de reconnaître plusieurs dieux1, les uns affir­ mèrent que, dans son être, le Père ne diffère pas du Fils12, qu’il n'y a entre Père et Fils qu’une différence de point de vue3 — on les appelle monarchianistes et modalistes —, les autres, ariens avant la lettre, nièrent la divinité du Christ45. Les gnostiques, à l’opposé, reconnurent plusieurs dieux, soit en les opposant, comme Marcion, soit en les subordon­ nant, comme Basilide et Valentin. Les uns et les autres regardent la matière comme un principe mauvais, éternel et indépendant6. Le démiurge, que le traducteur d’Irénée appelle fabricator0, a formé le monde visible : c’est lui le dieu de ΓAncien Testament. Le dualisme de Marcion est plus radical que celui de Valentin : pour lui, le dieu subalterne, créateur du monde visible, oppose à la bonté du dieu suprême une justice7 qui va jusqu’à la méchanceté8. Marcion est donc logique en rejetant l'Ancien Testament. Mais le Nouveau, non plus, ne trouve pas grâce à ses yeux9 : pourquoi y a-t-il quatre évangiles au lieu d’un seul ? Le seul évangile véritable est celui de Paul qui parle de a son évangile » dans l’épitre aux Romains10. S’il est perdu, à Marcion 1. In Jo. Il, 16. 2. II, 140. 3. X, 210. •1. Entretien avec Héradide IV. 5. Pour Marcion, ci. J. Lebreton, Histoire du dogme de la Trinité, Paris 1927, t. II, p. 129; pour les Valentiniens, IrÊnée, Adversus haereses II, 10, 1-2, t. I, p. 274. 0. Ado. haer. III, 11, 7, t. II, p. 40. 7. In Rom. IV, 10, PG 14, 998 D-999 A, Lommatzsch VI, p. 304 ; ci. Jérôme, Epist. 121, 7, 1, PL 22, 1021. 8. E. Amann, art. Marcion, dans DTC IX, 2· p., col. 2020. 9. In Jo. V, 7. 10. Rom. 2, 16. D’après Eusèbe (Hist. Eccl. III, 4) et Jérôme LA GNOSE 15 de le recomposer, en partant du texte expurgé de Luc, le compagnon de l’Apôtre, auquel il adjoindra un certain nombre d'épi très du même Apôtre : ce sera Y Instrumentum'. Contemporains de Marcion sontBasilide et Valentin. Bien que le premier d’entre eux ait vécu à Alexandrie2, Origcnc le cite3 beaucoup moins que le second et nous ne le rencon­ trerons pas dans Vin Joannem. Il en va tout autrement pour Valentin, aux doctrines de qui nous aurons souvent affaire, en particulier par l'intermédiaire de son disciple, Héracléon. Au-dessus de tout et avant tout, il y a le Père, transcen­ dant, éternel, inengendré. Il donne naissance au premier couple d’éons4, à la première syzygic, Intelligence et Vérité, qui émettra à son tour Verbe et Vie5, d'où proviendront Homme et Église, etc.0. Ces éons, tout spirituels, forment le plérôme. Le dernier éon, Sagesse, veut sortir de ses limites et c’est l’apparition du mal : l’angoisse et la tristesse du fruit de Sagesse donnent la matière et les démons, la crainte donne la substance psychique personnifiée dans le démiurge7. C'est lui qui forme le monde visible, les âmes des animaux et des hommes, auxquels il transmet à son insu (De oir. ill. 7), certains rapportaient cette expression à l’évangile dcLucfcf. K. II. ScilELKLB, Paulus Lehrer der Vider, Düsseldorf 1956, p. 84). Si, dans le Commentaire des Romains (U, 10, PC 14, 894, Lom­ matzsch VI, p. 109), Origènc déclare qu’il s’agit de l’évangile que Paul prêche, il affirme ici (In Jo. I, 25) qu’il n’y a pas d’évangile de Paul. 1. G. Bakdy, art. Marcion, dans SDB V, 864-874. 2. G. Barhii.i.e, art. Basilide, dans DTC II, lr0 p., col. 465-466. 3. In Luc. horn. XXIX, 4 et XXXI, 3. 4. 11 est difficile de définir les éons gnostiques, à la fois abstractions personnifiées et entités divines cl, encore plus, d'évaluer leur « degré d’existence ». 5. Cité et discuté In Jo. H, 155. 6. G. Bardv, art. Valentin, dans DTC XV. col. 2502. 7. .1. Lebreton, op. cit., t. II, p. 111. C’est à cette doctrine qu’Origène s’oppose en affirmant que les éons et toutes choses ont été créés par le Père et par l’intermédiaire du Verbe (InJo. II, 72). Pour Origène, dans l’/n Joannem en tout cas, αιών a toujours le sens de «siècle», c’est-à-dire de période de temps d’une durée plus ou moins définie. 16 AVANT-PROPOS des germes spirituels issus du plcrôme1 : d’où trois natures, qui tantôt forment trois races et tantôt coexistent chez le même individu. Dans le premier cas, on distingue les matériels ou hyliques, exclus de toute vie spirituelle et pour qui le terme même de salut n’a aucun sens12, les psychiques, capables d’un salut de seconde zone3, enfin, les spirituels ou pneumatiques, sauvés par nature4. Dans le second, on reconnaît en un même homme un élément spi­ rituel, enveloppé d'une âme psychique qui demeure dans un corps matériel5. Ce germe reçoit une première formation du Christ et du Saint-Esprit, une seconde du Sauveur-Lumière6. Ce sont les Valentiniens qu’Origêne aura en vue quand il parlera de ceux qui imaginent des natures humaines différentes et immuables7. Et c’est pour s’opposer à eux qu’il montrera que Dieu donne les biens célestes aux hommes malgré leur nature inférieure89 , car l’homme jadis ténèbres peut devenir lumière, donc spirituel’. Parmi les écrits valenliniens, le Traité sur la Résurrection marque une christianisation de la gnose, puisque le démiurge devient instrument du Verbe1011 . Et c’est dans la même ligne de pensée qu'il faut situer Héracléon11. Λ part deux frag1. F. Sagnard, La gnose Valentinienne et le témoignage de saint Irénée, Paris 1917, p. 237-238. 2. G. Bardy, loc. cil., col. 2506. 3. F. Saonar», op. cil., p. 413-114. 4. IrénéB, Ado. haer. I, 1, 11, t. I, p. 54. 5. F. SaGnard, op. cil., p. 420. G. Ibid., p. 388. 7. In Jo. II, 135. 8. Frg. 38. 9. In .Jo. II, 134-135. 10. R. Gôglf.r, Zur Théologie des biblischen Works bei Origenes, Düsseldorf 1963, p. 177. 11. R. Gôgi.er, Origenes, das Evangelium nach Johannes, ZurichCologne 1959, Introduction, p. 25-26. Pour Héracléon, nous nous devons de signaler, en plus de la thèse déjà citée de Vûlker (ci-dessus p. 13, n. 3), celles de Yvonne Janssens (1946) et de Jean Mouson (1919), que nous avons fait venir de Louvain et lues avec intérêt. Elles ont LA GNOSE 17 meats cités par Clément d’Alexandrie1, Héracléon ne nous est malheureusement connu que par Origène : si celui-ci introduit une citation par « 11 dit en propres termes2 », cela semble bien signifier que les autres citations ne sont pas toutes textuelles ; par ailleurs, il n’est pas toujours facile de voir où cesse le texte d’Héracléon et où commence le commentaire dOrigène3. Les premiers livres de Vin Joannem, qui nous occupent pour le moment, ne renferment que deux passages d’Héra­ cléon, l’un concernant la création de toutes choses, l’autre la formation du pneumatique. Expliquant le verset de Jean : « Tout fut par lui4 », Héracléon déclare que le mot « tout » désigne le cosmos et ce qu’il renferme, c’est-à-dire ce qui est totalement cor­ rompu, et que l’éon — sans doute synonyme ici de plcrôme5 — est antérieur au Verbe ; il ajoute que c’est le Verbe qui pousse le démiurge à créer*. On reconnaît le système que nous venons d'exposer : il s’agit de l’organisation du désordre consécutif à la chute. Alors que, pour le chrétien, le Père créa absolument tout par son Eils « par qui il créa aussi les siècles7 », c’est-à-dire les éons8, le gnostique, convaincu que la création d'un monde imparfait est été partiellement publiées : Yvonne Janssens, « L'épisode de la Samaritaine chez Héracléon » dans Sacra Pagina, t. II, coll, Eibtiotheca Ephemeridum I.ovanensiiun, vol. XIII, Louvain 1959, et · Héra· cléon, Commentaire sur l’évangile selon saint Jean », dans Le Musion, vol. LXXII, Louvain 1959. Jean Mouson, « Jean-Baptiste dans les fragments d’Héracléon », dans Ephemerides theologicae Lovanensa, Annus XXX, Louvain 1954. 1. Eclog. proph. 25, 1 et Stromales IV, 9, 71-72. 2. In Jo. XX, 168. 3. Vôlker, Herakleons Slellung, p. 4. 4. Jn 1, 3. 5. Voir cl-dcssus p. 15. 6. In Jo. H, 100-104. 7. Htb. 1, 2. 8. Pour le terme d’éon, voir ci-dessus p. 15, η. 1 et 7. 2 18 AVANT-PROPOS indigne du dieu transcendant, attribue celte création à un être contingent, issu du désordre et étranger au monde proprement spirituel, le démiurge. Le second texte, traite des hommes spirituels. Héracléon explique l’expression « en lui » du prologue de Jean : « Ce qui fut fait en lui était vie1 » par : « dans les hommes spiri­ tuels1 2 », « comme s’il pensait que le Verbe était la même chose que les spirituels », ajoute Origcnc, à juste titre, semble-t-il, puisque Héracléon déclarera plus loin3 que les adorateurs sont de même nature que le Père. Notre Valen­ tinien expose encore le rôle du démiurge dans la vie des hommes spirituels : « Lui-même leur a donné leur première configuration... en amenant ce qu’un autre a semé à sa forme, sa lumière, sa délimitation propre ». Il s’agit donc du germe pneumatique — semé par le Pneuma et développé par l’action du Verbe. Origène reproche aux disciples de Marcion de s’insurger contre la sainte Église du Christ4, de rejeter l’Ancien Testament et même le Nouveau56, de se détourner du Créateur pour se livrer à la composition de fables®. Et, à Héracléon qui, lui du moins, semble prendre l’Évangile 1. Jn i, 4. 2. In Jo. H, 137. 3. In Jo. XIII, 147-150. Cette communauté de nature entre l’âme et Dieu est couramment admise par la pensée antique. Elle se retrouve dans l'Académle, de Platon à Maxime de Tyr (Diss. XI, 9d Hobcin p. 68 DQbncr) et à Plotin (Enn. V, 1. 2, 44), les deux premiers parlant le plus souvent de la partie divine de l’âme (Platon, Pot. 309 c et Crit. 120 e ; Maxime de Tyr. toc. cil.), cl chez les stoïciens (ci. M. Pohlenz, Die Stoa, Gottingen 1948-1949, t. I, p. 197). Elle est attribuée également à des esprits aussi divers que Pythagore et Aristote (Julien, Discours 185 a b). Elle devait heurter le sens biblique de la transcendance de Dieu cl c’est pourquoi Philon y voit un comble d’impiété (De Decalogo 75). Voir aussi Clément, Stromales, II, 16, 74, 1 cl II, 20, 115, 1. 4. In Jo. V, 8. 5. Ibid. V, 7. 6. Ibid. II, 171. LA GNOSE 19 au sérieux, il reproche de faire violence au texte, de l'inter­ préter arbitrairement1, d’y ajouter de son propre cru1 23, de manquer de preuves scripturaires3, mais aussi de prendre un mot pour un autre4, de les interpréter à rebours du sens usuel56, d’inventer®, de ne pas tenir compte du contexte et de passer à côté de questions importantes7. On en peut déduire qu’Origène aura constamment le souci d'être fidèle à l’Église, de tenir compte de l’ensemble des Écritures, de ne rien avancer dont il ne puisse trouver confirmation dans les livres inspirés, de ne négliger aucun détail. 11 aura la certitude de défendre la doctrine de l’Église89 , bien convaincu de l’importance extrême de sa foi0 11 10 et c’est en elle et par elle qu’il l’interprétera secundum spiritalem sensum quem Spiritus donat Ecclesiae19. Malgré cela, certains11 s’imagineront voir en lui un phi­ losophe païen introduit subrepticement dans l’Église. Il nous faut donc examiner un peu plus longuement une prise de position qui lui a été particulièrement reprochée. 1. In Jo. Il, 100-101. 2. Ibid. XIII, 363. 3. Ibid. Il, 103 et II, 139. •I. Ibid. X, 218-250. 5. Ibid. II, 103. 6. Ibid. XIII, 91-94. 7. Ibid. VI, 92. 8. Pour répondre aux allégations de la gnose, Origène a celle formule : ύ έκκλησιαστικός ψήσει (VI, 11, 66.69, etc.). 9. Au livre XXXII, chapitre 16, Origène indique les principaux articles de la foi commune de l’Église cl les graves lacunes qu’il faut éviter. 10. In Leo. hom. V, 5. 11. Dès l'antiquité cl jusqu'à nos jours ; ainsi : Porphyre d’après Eusèbb (Hist. Eccl. VI, 19, 7), A. et M. Croisbt, Histoire de la littérature grecque, Paris 1899, I. V, p. 851 ; E. de Fayk, Origine, I. III, Paris 1928, p. 160. 20 AVANT-PROPOS IV Un problème particulier : la préexistence Au centre de la prédication chrétienne, il y a une per­ sonne, Jésus-Christ, et un fait, la résurrection, A partir de cet élément divin de la révélation, c’est un devoir de réfléchir. Il revenait au penseur chrétien, non seulement de présenter le message de salut, à scs contemporains, mais aussi, plus profondément, d'en chercher la signification selon le mode de pensée qui leur était propre, assumant du même coup tout ce qu’il y avait de valable dans son milieu. Cette entreprise a été tentée pour la première fois lorsque la révélation juive, avec Philon par exemple, puis la révé­ lation chrétienne se sont trouvées en contact avec le monde grec. Il a fallu à l’Église des siècles pour formuler sa christo­ logie. La résurrection posait tout autant de problèmes : qu’est-ce que l'homme ? quels sont les rapports de son corps et de son âme ? celle-ci possède-t-elle l’immortalité par nature ou par un don exceptionnel de Dieu ? Et puisque, avec la résurrection, on annonce le jugement, comment concilier la responsabilité de l'homme avec la prescience et la toute-puissance de Dieu ? Deux courants se partageaient la pensée grecque : Une tendance matérialiste qui ne cherchait rien au delà de la vie présente et pour qui l’âme n’était rien d'autre que le principe de vie momentané d’un corps temporaire. Le déterminisme était dans la logique de leur système (Democrite, Epicure). Origène les considérera comme athées et en interdira la lecture à ses disciples. Une tendance spiritualiste remontant, avec Pythagore, à l'aurore de la philosophie et qu’illustrera, en particulier, Platon. Dans la vieillesse d'Origène, elle est fort bien représentée par Plotin. Pour Origène, comme pour Jus­ LA PRÉEXISTENCE 21 tin1, ccs philosophes ne sont pas sans une certaine connais­ sance de la vérité — et donc du Dieu de vérité —, et leur étude peut être une bonne préparation au christianisme. Ils croient en l’existence d’un principe transcendant et divin, qu’il faille ou non l’appeler dieu, devant lequel l’homme est responsable de ses actes. Ils affirment la grandeur de l’âme humaine, destinée à l'immortalité. Occupent une position mitoyenne : Aristote, d’après qui la partie supérieure de l’àme, l’esprit, préexiste au corps et lui survit sans être affectée par les vicissitudes de la vie corporelle12 — cependant cette existence extracorporelle est impersonnelle34— ; les stoïciens, qui croient à l’immortalité — ou, plutôt, à l’éternité — d’une unique substance spiri­ tuelle, d’une âme unique, à laquelle désirent retourner pour s’y fondre tous les esprits individuels : la seule liberté qu’ait l’homme, c’est d’accepter le destin. Si nous pouvons un peu nous imaginer le noble Athénien, pénétré de toute la culture de son temps, que fut Platon, et le professeur entouré que fut Plotin, la personnalité des mages, poètes et philosophes qui les précédèrent nous échappe tota­ lement. Pourtant un Pla ton n’a pu apparaître que dans une civilisation parvenue à maturité, alors que d’autres avaient déjà préparé les voies : lui-même raconte la joie qu’il éprouva à lire dans Anaxagore : Tà πάντα διεκόσμησε νους1. Mais quel est celui des Grecs qui a le premier compris que a l'homme passe infiniment l’homme », comme le dira notre Pascal ? Quelques-uns l'ont formulé d’une manière parfois maladroite, mais qui ne manque pas de grandeur. Déjà Pythagore établit une égalité entre les termes d’a âme » et de « divinité » : l’air est plein d'âmes qu’on appelle δαίμονες et ήρωες5. Mais c’est Empédocle, surtout, 1. 2. 3. 4. 5. Cf. C. Celsum 111,47; VU, 44 ; Justin, / ApoL V, 3-4; Xl.VI,2-4. De gen. an. II, 3, 736 b 5-6. 27-28 ; De an. I, 4, 408 b 19-30. Zhi.ler II, 2, p. 595. C’est l'esprit qui ordonna toutes choses (Phid. 97 b). Dioo. LaP.rt. VIII, 32. 22 AVANT-PROPOS qui vit dans les âmes humaines des êtres divins mais cou­ pables et, de ce fait, momentanément exilés du ciel, leur vraie patrie : c’est un oracle de la nécessité, un antique décret des dieux (θεοί)... que si l'un des δαίμονες... se rend coupable, il doit errer loin des bienheureux pendant trente mille ans, rejeté tour à tour par l'éther, la mer, la terre et le soleil. Et lui-même célèbre la dignité et le bonheur dont il se sait déchu1. Pour Platon également, le destin de toute âme est de vivre en compagnie des dieux, nourrie dans la contempla­ tion de l’essence sans forme, sans couleur, impalpable12. Comme elle est immortelle, elle n'a pas de commencement3. Et Platon fait siennes les affirmations des anciens, assimi­ lant le corps à un tombeau45ou à une prison6. Si, dans le Phèdre6, l’àme est précipitée par sa faute dans le monde sensible, d’après le Timée7, c'est une exigence de la loi qui régit l’univers. Mais, même alors, la suite de son destin est entre ses mains, puisque la manière dont elle aura vécu déterminera, le cas échéant, les réincarnations suivantes. Plus impressionnant est le mythe d'Er, où l’on voit la parque Lachésis montant solennellement sur une tribune pour ordonner aux âmes de choisir leur destin : αιτία έλομένου, θεός άναίτιος89: c’est ainsi que Platon prévenait les reproches qu’il arrive aux hommes d’adresser au destin. < La pensée de Platon demeura agissante malgré Aristote et Épicure : des siècles après lui, on verra un Cicéron3 1. Frg. 115 dans Diels, t. I, p. 357-358. 2. Phèdre 247 c. 3. Ibid. 245 c <1. 4. Gorgias 493 a. 5. Crat. 400 b c. 6. Phèdre 248 c. Ί. Timée 41-42. 8. Chacun est responsable de son choix, la divinité est hors de cause (trad. E. Chambry) : Rép. X 617 d e. 9. Tuse. I, 25, 60 et I, 27, 66; De Leg. ï, VIII, 24 ; sans doute ■ d'après Posidonius : cf. Pohlenz, t. I, p. 229 et J. Humbert, dans 4 V Introduction aux Tusculanes, p. x-.xi. LA PRÉEXISTENCE 23 affirmer l’origine divine de l’àme et un Plutarque1 déclarer que la partie supérieure de l’âme, appelée par certains νους, est, de fait, un δαίμων. Λ l’époque même d’Origène, Plotin reprend et développe les thèses du fondateur de ΓAcadémie : la vraie destinée de l'âme est de demeurer unie à l’être divin1 2 et de partager son gouvernement. Mais si « chacune veut être à elle-même», si «elle se fatigue d'être avec un autre», si «elle se retire en elle-même... elle s’isole, elle s'affaiblit,... appuyée sur un seul objet séparé de l’ensemble elle s’éloigne de tout le reste... Voilà d’où vient ce qu’on appelle la perle des ailes3*et l’emprisonnement dans le corps, pour l’àme qui a dévié de la voie innocente dans laquelle elle gouvernait les êtres supérieurs, guidée par l'âme universelle1». Chez les Grecs, donc, la croyance en l’immortalité et en la préexistence va de pair avec l’affirmation de sa respon­ sabilité. Il n’en ira pas de même chez les Juifs. Lorsque Yahwé leur dit : « Voici que je mets devant toi la vie et le bien, la mort et le mal5 », s’ils ont tout de suite compris qu’ils étaient responsables devant Dieu, ils ont d'abord rapporté à la vie terrestre seulement les pro­ messes qui leur étaient faites. Du temps de Jésus, les sadducéens niaient la résurrection67qu’espéraient, cepen­ dant, depuis les Maccabées, un grand nombre de Juifs’. Cependant, à la différence de la majorité de leurs coreli­ gionnaires, les Esséniens attendaient l'immortalité de l’àme seule89 . Ils croyaient également à sa préexistence et à la souffrance qu’elle devait ressentir en subissant les liens de la chair et l’esclavage de la vie terrestre’. 1. 2. 3. I. 5. 6. 7. 8. 9. Gen. Socr. 22, 591 e, d'après la traduction de E. des Places. £ηπ. IV, 8, 1. Cf. Platon, Phèdre 218 c. Enn. IV, 8, 4, trad. Bréhicr. Dent. 30, 15. Cf. Maith. 22, 23-28. II Macc. 7. Pour la résurrection du corps : II Macc. 7, 11. Flavius Josèphe, licitum Judaicum II, 8, 11, 154. 24 AVANT-PROPOS Mais voici venir le Juif croyant qui établit un rappro­ chement entre ces deux mondes, Philon d’Alexandrie : il s’agissait pour lui de rendre compréhensible à des Grecs le message confié au peuple juif — ou, si l'on veut, de le repenser avec une mentalité grecque, de le présenter comme une sagesse supérieure mais non opposée à celle de la Grèce. Et Philon de reprendre, en l’interprétant, tout ce qu’il trouvait de vrai dans la philosophie : « Les êtres que les autres philosophes appellent des δαίμονες, Moïse les appelle généralement des anges ; ce sont des âmes volant dans l’air1. » « Et, de fait, loin d’être seul vide parmi les éléments, l’air, comme une cité riche en hommes contient, au lieu de citoyens, des âmes incorruptibles et immortelles aussi nombreuses que les étoiles1 2. » « Certaines, dit-on, s’intro­ duisent en des corps mortels et, après un nombre défini de révolutions, les abandonnent3, d, qu’elles aient éprouvé l’attraction de la terre et de la matière4, le dégoût des biens du ciel5 ou, simplement, a l’envie de voir et de connaître6 ». « Parmi ces dernières, les unes, ayant pris goût à la vie humaine avec son train-train et ses habitudes, se dépêchent de revenir sur leurs pas, tandis que les autres, ayant pénétré sa complète inanité, appellent le corps une prison, un tombeau, s'en échappent comme d’un cachot ou d’un sépulcre et, sur des ailes légères, s’élèvent jusqu'à l’éther où elles s’adonnent à jamais aux choses célestes7. » a C’est pourquoi, tous ceux que Moïse appelle sages sont décrits comme des étrangers résidant... (ils) estiment que 1. De glgantibus 6, trad. Mosis. 2. De somniis I, 137, trad. Savinel ; et. Pvthagore, cl-dessus p. 21. 3. De Plantatione 14, trad. Pouilloux. 4. De somniis I, 138. 5. Quis rerum divinarum heres 240. 6. De confusione linguarum 77, trad. Kahn. 7. De somniis I, 139, trad. Savinel ; cf. Platon, ci-dcssus p. 22. LA PRÉEXISTENCE 25 leur patrie c’est l’espace céleste1. » « Donc, parmi les âmes, les unes sont descendues dans des corps, les autres ont juge bon de ne jamais s’unir à aucune partie de la terre1 2. » Cependant, on rencontre ici une certaine hésitation : âme, ange et démon étant d’une part considérés comme des mots différents qui ne désignent qu’un seul objet3 et Philon affirmant d’autre part que les âmes qui n’ont jamais été enfermées dans un corps ont obtenu dès l’origine une desti­ née plus pure et plus heureuse45*, une constitution plus divine*. En face d’une abondante littérature païenne et de la grande œuvre du docteur juif, la pensée chrétienne se cher­ chait encore : aucun des premiers Pères — du moins dans ceux de leurs écrits qui nous sont parvenus — ne traite la question de l’origine de l’âme d’une manière aussi approfondie que Philon ou Origène : nous n’avons trouvé que des bribes ne nous permettant aucune vue d’en­ semble : — Justin part du principe platonicien qui veut que tout ce qui est venu à l’existence soit corruptible®, pour affirmer que l'àme, ayant été créée, ne possède pas l’immortalité par nature : Dieu la donne à qui il veut78: ceux qui observent ses commandements, il les juge dignes d’être appelés ses fils et leur donne l’immortalité, ceux qui pèchent comme Adam, meurent comme lui3. 1. De confusione linguarum 77-78, trad. Kahn ; cf. Empédoclc, cl-dessus p. 21 et 22. 2. De gigantibus 12, trad. Mosès. 3. Ibid. 16. 4. De confusione linguarum 177. 5. De plantatione 14. G. Timte 41 b. 7. Dial. VI, 1-2. · Pourquoi, demande A. Pubch (Les apologistes grecs, p. 116), Justin combat-il avec tant d’énergie... l'hypothèse d'une immortalité naturelle de l'âme, sinon parce que immortalité Implique selon lui éternité ? · 8. Dial. 124, 4. 26 AVANT-PROPOS — Tatien a repris l’image platonicienne de l'âme préci­ pitée du haut du ciel, après avoir perdu ses ailes1, mais ce n’est que pour désigner la perte du pneuma surnaturel qui la rendait immortelle12. — Théophile d’Antioche pense que l’homme n’est de soi ni mortel, ni immortel, mais capable de l’un et de l’autre ; celui qui aura observé les commandements de Dieu recevra l’immortalité3. — Irénée combat la métempsychose456 et affirme que l’âme n’a pas existe avant le corps ni le corps avant l’âme : verum unius lemporis hi ambo*. II insiste sur l’unité du composé humain, corps, âme, esprit : ceux que l’Apôtre appelle spirituels le sont par participation à l’Esprit, mais non par élimination de la chair®. Les hommes spirituels ne sont pas des esprits incorporels ; mais c’est l’être unique fait d’âme et de chair qui, en recevant l’Esprit de Dieu, constitue l’homme spirituel7. — Clément d’Alexandrie parle, à plusieurs reprises, de la patrie céleste, des hauteurs sublimes d’où l’homme est tombé8 : on peut l’interpréter par la préexistence, mais, tout autant, du fait que l’âme, créée par Dieu, a péché. Deux autres textes posent plus de problèmes : l’âme, instruite par l’ange qui lui est supérieur, revêt la nature de cet ange, pour être instruite par un ange supérieur9; 1. Ad Graecos 20. 2. Ibid. Ί, 34. Cf. G. Vkrbeke, L’évolution de la doctrine du Pneuma, p. 419-120. 3. Ad Autolycum 2, 27-28. 4. Adv. haer. II, 50-55, t. I, p. 376-381. 5. Frg. syr. 26, Harvey t. II, p. 455. D’après G. BÜrkb, p. 1, il affirmerait une certaine préexistence. Malheureusement l’auteur ne donne pas de références. 6. Ado. haer. V, 6, 1, t. Il, p. 334. 7. Ibid. V, 8, 1, t. II, p. 340. 8. Protr. I, 2, 3 ; II, 27, 1 ; Quis dives salvetur 3, 6. 9. Eclog. 57. Cf. .1. Daniélou, Les anges et leur mission, Chcvetogne 1952, p. 123. LA PRÉEXISTENCE 27 ou, encore : l’âme s’introduit ou est introduite dans le corps1 — mais, ici, Clément ne dit rien de plus : ni si l’âme a été créée auparavant, ni si elle l’est à ce moment-là. Cependant cette dernière hypothèse semble confirmée par un autre passage : u Dieu nous a créés alors que nous n’étions pas auparavant » — jusque-là Origène serait d’accord, car l’âme préexistante a été créée par Dieu — ; mais il continue : e car il faudrait savoir où nous étions auparavant, si nous étions auparavant, et comment et pourquoi nous sommes venus ici12 ». Cette question que Clément refuse de poser, Origène la trouvera impliquée par l’évangile même de Jean, dans le verset : « Il y eut un homme envoyé de Dieu3. » — Tertullien, lui, rejette nettement toute préexistence4 ; il affirme que l’âme a été créée en même temps que le corps et par un même acte56. — Les gnostiques, nous l'avons vu0, distinguaient plu­ sieurs espèces d’hommes, sauvés ou perdus par nature, qui devaient l'existence à des dieux différents et obéis­ saient, les uns comme les autres, aux nécessités de la sub­ stance — esprit, âme ou matière — dont ils avaient été tirés. Origène se voyait donc obligé de répondre à leurs ques­ tions, en maintenant l’existence d’un Créateur unique, à la fois juste et bon, et la liberté de l’homme, responsable de ses actes devant Dieu. Il ne faut pas s’étonner si, au livre VI7, Origène énumère les questions qui se posent au sujet de la nature et de l’origine de l’âme et qu’il faudrait approfondir à partir des indications sporadiques de 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Strom. VI, 16, 135, 1. Eclog. 17. Jh 1, 6; In Jo. II, 175-179. De anima 24. 29-35 ; 25, 26. Ibid. 27. Ci-dessus p. 16. § 85-87. 28 AVANT-PROPOS Γ Écriture et si, plus tard, il se demande encore dans le Commentaire sur le. Cantique1 si l'âme humaine est seule de son espèce, si elle est semblable aux anges par nature ou par grâce, etc. Il lui fallait en effet démontrer qu’il n’y a aucune injustice de la part de Dieu si certaines âmes ont le privilège d’être placées dans le soleil ou dans les étoiles1 2 ou de demeurer dans l’état angélique, alors que d’autres tombent sur la terre, et si, parmi celles-ci, les unes ont la chance de naître chez les Hébreux ou chez les Grecs, tandis que d’autres échouent dans des peuplades cannibales, voire parricides : admettre que cette diversité est due au hasard, ce serait nier création et providence3. Il n’y a donc qu’une seule espèce raisonnable, habitant le ciel et la terre. Mais qu’est-cc qu’une créature raisonnable, sinon un être capable de distinguer le bien et le mal, de choisir l’un et de repousser l’autre4 ? Origène a fortement ressenti que seule la liberté de la créature raisonnable était digne de Dieu : Dieu n’est pas un tyran, mais un roi qui, pour régner, n’emploie pas la violence mais la persuasion... 11 se refuse à imposer le bien par la contrainte5. S’il en était autrement, quelle dignité resterait-il à l'homme ? Préfé­ rerais-tu jouir du bonheur éternel en dormant et sans rien faire67? Mais, si Dieu respecte le libre choix de l'homme, il ne cesse cependant de le solliciter, de le soutenir; il lui donne son efficacité?. Dieu a donc créé à l'origine toutes les âmes pareilles, également douées de liberté. Mais, tandis que les unes, choisissant l’imitation de Dieu, progressaient, les autres 1. Il dans GCS VIII, 147-1-18. D’autres questions sont encore posées dans le Contre Celse (IV, 30). 2. Pour l’aniniation des astres, voir I, 9S et la note. 3. De Frinc. II, 9, 5. 4. Ibid. III, 1, 3. 5. In Jer. horn. XX, 2. G. In Ez. hom. I, 3. 7. Cf. ci-dessus p. 10 ù 13 ; ci-dessous note compl. 10, p. 102. LA PRÉEXISTENCE 29 tombaient dans la négligence, et c’est selon le mérite de chacune que Dieu les répartit dans les diverses demeures et fit d’elles des vases d’or, d’argent, de bois ou d’argile1. En effet, les termes d’ange et d'homme désignent le même objet12 ; trônes, principautés, vertus, dominations, ne sont pas des espèces de vivants, mais des fonctions34; l’ange, par exemple, a pour fonction «Γάγγέλλειν*. Et celui qui fut appelé, par la suite, « le dragon » s’est détourné le premier de la vie parfaite, alors qu’il vivait dans la béatitude avec les saints56, c'est-à-dire avec toutes les âmes créées comme lui à l’image de Dieu. Scion leur malice, certaines âmes déchues devinrent démoniaques, d'autres humaines. Et Origène de figurer l'opposition qu’il voit entre l’âme et le corps, en imaginant le travail pénible que ce fut pour les anges d'unir deux objets de nature opposée0. Cependant, l’âme qui vit sur la terre peut, en progressant, redevenir semblable aux anges7 : et c’est ainsi que les anges deviennent des hommes et les hommes des anges8. Mais des âmes saintes ont aussi pu descendre sur terre par amour envers Dieu et envers les hommes qu’il a tant aimés; ainsi, Jean-Baptiste9, ainsi peut-être ceux qui sont appelés les «frères de Jésus10* ». L’âme même que le Fils de Dieu a assumée s’était, dans une préexistence toute spiri­ tuelle, attachée pleinement à Dieu et à sa Parole, avant d’être envoyée par lui sur la terre11. 1. De Princ. Il, 9, 6. 2. II, 144. 3. Ibid. 146. 4. C. Celsum V, 4. 5. I, 96-97 et la note. 6. X H 1,327. 7. Il, 140. 8. X, 187 ; In Malllt. XV, 27, GC.S X, 429-430. 9. II, 186. 10. X, 40. H. XX, 162. 30 AVANT-PROPOS Ajoutons que, si Origène considère généralement la pré­ existence comme probable, il repousse nettement métempsychose et réincarnation1. Au cours de notre traduction, nous aurons maintes occasions de revenir sur cette question. Dans ces premiers livres, nous rencontrerons la préexistence des saints-, celle de l’âme du Christ123456, celle de Jean-Baptiste1, l’identité de l'homme et de l’ange3, le choix de Jacob a dès le sein de sa mère » expliqué par ses mérites antérieurs·. A ce propos, nous relèverons que si, dans son souci d’allirmer la liberté de l'homme, Origène prête parfois le flanc à des accusations de pélagianisme, d’autres déclarations vont en un tout autre sens7. Plus tard, lorsque l’Église aura eu le loisir d’approfondir la doctrine de l’âme, il sera facile de s’indigner de ses erreurs. Mais, à l’époque d’Origène, le péril gnostique était grand, les chrétiens peu nombreux et la masse des païens n’était-elle pas fataliste ? En l'absence d'une tradition ecclésiale, Origène a cru pouvoir démontrer des points fondamentaux de la doctrine chrétienne, la justice de Dieu, la liberté et la responsabilité de l’homme, en s’ap­ puyant sur ce qu’il trouvait de meilleur dans le monde où il vivait. Voyons maintenant plus en détails l’analyse, des livres I à V que nous publions ici. Nous espérons revenir plus lon­ guement, dans notre Introduction, sur la réponse qu’Origène donne à la gnose et sur sa méthode d’exégèse. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. C. Celsum Ill, 75 ; ht Luc. hom. IV, GCS IX, p. 27. 1,97. 1, 236. II, 186-187.192. II, 14-1-1-18. II, 188-191. Cf. cl-dcssous, note compl. 10, p. 402. ANALYSE 31 V Analyse Les quinze premiers chapitres du livre I sont consacrés à une introduction, dont le début déconcerte tout d'abord le lecteur moderne, qui n’en voit pas le rapport avec l’évan­ gile de Jean : Origène rappelle les différentes catégories du peuple d'Israël, dont les prêtres étaient les prémices ; puis, il passe à la masse des chrétiens, qui n'offre à Dieu que peu d’actions, et à ceux qui en sont les prémices, parce que consacrés au seul culte de Dieu : leur activité ne peut être que l’étude des prémices de l’Écriture, l’Évangile. L’auteur étudie alors la valeur respective des livres du Nouveau Testament, pour affirmer que les écrits des apôtres (épitres, actes) sont, à leur manière, un évangile ; cependant les quatre évangiles gardent une place privilégiée et, parmi eux, celui de Jean, qu’on ne peut comprendre qu'à condition d’être devenu, comme Jean, un autre Jésus. Car le mot « évangile » signifie une annonce de choses bonnes ; c'est pourquoi, par l’Évangile proprement dit, tout Γ Ancien Testament est devenu un évangile : et la différence qu’il y a entre Ancien et Nouveau Testament se retrouve entre évangile corporel et évangile spirituel, évangile historique et évangile éternel. Cependant les bonnes choses, dont il s’agit dans les évan­ giles, ne sont autres que Jésus et ce n’est pas par les res­ sources de l’habileté humaine, mais par une puissance venue d’en-haut, que les apôtres l’ont prêché, après que lui-même se fut annoncé à eux. Et, puisque toutes les actions des hommes le concernent, qu’il est glorifié par les unes, raillé par les autres, elles sont toutes inscrites dans l’Évangile céleste. Les anges sont associes à l’annonce de l’Évangile : ce sont 32 AVANT-PROPOS eux qui l’ont fait connaître aux bergers et, à la fin des temps, ils le proclameront à toute la terre. Si, pour Marc, le début de l’Évangile de Jésus-Christ est représenté par Jean-Baptiste, figure de tout l’Ancien Testament, n’est-ce pas la preuve de l’unité des Écritures ? Avant de passer à l’explication du texte, Origène invite à prier pour obtenir la révélation du sens mystique. ♦♦ * La fin du premier livre est tout entière occupée par l’explication des cinq premiers mots de Jean : « Au commen­ cement — ou mieux Dans le principe était le Verbe », Origène passant d’abord en revue (ch. xvi à xx) tous les sens du mot archè (début d’une route ou d’un devenir, matière préexistante, modèle, éléments d’une science), pour conclure qu’il s’agit de la Sagesse de Dieu, qui dit chez Salomon : « Le Seigneur m’a établie comme le principe de scs voies en vue de ses œuvres1. » La Sagesse est donc le plus ancien des attributs du Fils de Dieu, qui sont cités ici une première fois, avant d'être étudiés en détail dans les chapitres suivants. Car Origène ne comprend pas que les interprètes aient coutume de passer sous silence la plupart des noms du Sauveur, pour ne s’arrêter qu’à celui de Logos, comme s’ils en comprenaient le sens, alors qu’il est plus difficile à saisir; Il commence donc par énumérer ces noms (ch. xxi à xxxvi) : ceux que Notre Seigneur se donne lui-même dans les évan­ giles, dans l’Apocalypse, chez les prophètes, ceux qui lui sont attribués dans le Nouveau Testament (par JeanBaptiste, Jean, Paul) et dans l’Ancien. Puis il les étudie l’un après l’autre dans le même ordre. Vient enfin l’explication du mot Logos (ch. xxxvi à xxxix) ; si le Fils de Dieu est appelé ainsi, c’est que sa 1. Prou. 8, 22. ANALYSE 33 présence rend raisonnable et responsable (logos = raison) et qu'il révèle les secrets de son Père (logos = parole). Origène s’en prend alors à ceux qui utilisent le verset du psaume : « Mon cœur a exhalé un bon logos1 », pour faire du Fils l’exhalaison sensible d’un cœur matériel. Il explique comment interpréter celte parole, s’il faut l’attribuer au Père, mais demande ensuite s’il ne faut pas plutôt la mettre dans la bouche du prophète. ♦* ♦ Dès le second livre, la méthode change et la suite du Commentaire avance relativement plus vite : le livre II étudie les sept premiers versets du prologue. Et le Verbe était auprès de Dieu et le. Verbe était Dieu (ch. i à ni). Le contraste entre la présence éternelle du Verbe auprès de Dieu, marquée par le verbe « être », et sa présence tempo­ raire auprès des hommes, marquée par le verbe a devenir », est tout d’abord souligné : alors que le Verbe donne aux hommes, il reçoit de Dieu. Origène relève ensuite la diffé­ rence entre « le dieu » — nous dirions « Dieu » - et « un dieu », « le dieu » désignant le Père, tandis que l’expression « un dieu » peut s’appliquer à tout ce qui participe du Père par le Fils. Il y aura de même plusieurs catégories de verbes, qui iront en se dégradant à partir du tout premier Verbe, le Fils de Dieu. Et ceci nous paraîtra particulièrement difficile à transposer dans notre manière de penser, car, si le mot Verbe désigne une personne divine, il signifie également la raison — raison surnaturelle, car les Anciens n’imaginent même pas la possibilité d’une raison qui ne soit orientée vers Dieu —, la parole, la doctrine, etc. Enfin, les hommes seront classés d’apres les dieux ou les verbes auxquels ils 1. Ps. 41 (45), 2. 3 34 AVANT-PROPOS adhèrent : les premiers adorent le Père et participent di Verbe Dieu, les seconds ne connaissent le Christ que seloi la chair, les troisièmes rendent un cuite aux astres ou se son attachés à des doctrines (— verbes) philosophiques di valeur, les quatrièmes servent les idoles ou ajoutent fo à des principes (= verbes) totalement corrompus, nian la Providence et admettant une fin différente du bien. «♦ « Celui-ci était dans le principe auprès de Dieu (ch. m à ix) Il n’y a donc qu’un seul Verbe au sens propre, comme i n'y a qu’une vérité. Et, puisque ce même Verbe parai dans l’Apocalypse, Origène va nous expliquer en délai la vision qu'en eut le disciple bien-aimé : parce que le: réalités célestes sont à découvert pour les hommes supé rieurs, dont la cité est dans les cieux, c’est dans le cil entr’ouvert que Jean voit le cheval blanc, c’est-à-dire 1 voix porteuse du Verbe (= la parole) de vérité - par oppo sition avec l’ombre du Verbe qui seule est atteinte su terre par la plupart des croyants. Ce Verbe a reçu de Diet le pouvoir de rétribuer et de juger selon l’équité en soi e la justice en soi, de combattre le mensonge et tous les enne mis de la raison (= du verbe). La flamme de ses yeux éclair les âmes et brûle les pensées mauvaises. La multitude d ses victoires lui a procuré beaucoup de diadèmes. Soi manteau reste taché de sang, car, même dans la contem plation la plus sublime, nous n’oublierons pas que c'es par sa venue dans notre chair que nous y avons éti introduits. Enfin, les armées du ciel l'accompagnent. ♦« * Toutes choses furent par son intermédiaire (ch. x à xii) Le Verbe est donc cause instrumentale. .Mais convient-i d'assimiler le Saint-Esprit à « toutes choses o ? Apres avoil ANALYSE 35 cité trois opinions possibles. Origène donne la sienne : le Saint-Esprit tire son origine du Père par le Christ, tout en étant d'un rang supérieur à tout le reste. Trois textes semblent s’opposer à une telle interpréta­ tion : d'après Isaïe, le Christ a dit : « Le Seigneur et son Esprit m’ont envoyé1 » ; au cours de sa vie terrestre le Sauveur a déclaré que les blasphèmes commis contre lui seraient pardonnes et non ceux qui le seraient contre l'Esprit-Saint* ; on trouve enfin dans l’Évangile des Hébreux, l’expression : « Le Saint-Esprit, ma mère ». A la première objection Origène répond que, si, par l’incar­ nation, le Sauveur s’est abaissé au-dessous des anges, à plus forte raison, au-dessous de l’Esprit. A la deuxième, que tout homme participe du Verbe, tandis que les saints sont seuls à avoir reçu les dons de l'Esprit : leur chute en est d’autant plus grave. A la troisième, enfin, que quiconque fait la volonté du Verbe est son frère, sa sœur et sa mère ; ce titre ne convient-il pas éminemment au Saint-Esprit ? Si toutes choses furent par l'intermédiaire du Verbe, il faut cependant en exclure les attributs du Fils de Dieu, dont certains, comme la Sagesse, précèdent le Verbe. A première vue, il semble bien inutile d’ajouter : Sans lui rien ne fui (ch. xin à xv), mais à première vue seulement, car le mal est ce rien qui n’a pas été créé par Dieu. Origène expose d’abord la théorie classique identifiant le mal au non-être, il en prouve ensuite l’exactitude par des textes scripturaires ; enfin, il en fait l’application au diable et au meurtrier, qui ont reçu de Dieu leur qualité de créatures, mais non celle de diable ou de meurtrier. A ce moment, Origène se heurte à une théorie d’Héra-1 2 1. Is. 48, 16. 2. Matth. 12, 32. 36 AVANT-PROPOS cléon, d'après laquelle le Verbe n’aurait créé que le monde et ce qu'il renferme, c’est-à-dire ce qui, à son avis, serait radicalement corrompu, tandis que les réalités de l'con1 seraient plus anciennes que lui; lléracléon intervertissait d’autre part les rôles du Créateur et du Verbe, faisant du Créateur l'instrument du Verbe. Origène relève brièvement l’arbitraire de ces théories et revient plus longuement au problème du mal. Le verbe (= la raison surnaturelle) est la partie de nous-mêmes qui nous apparente à Dieu, nous rend libres et responsables, par conséquent nous ne pouvons pécher sans lui. Mais ce n’est pas lui qu’il faut incriminer lorsque nous l’outrageons par un usage criminel. Et c’est ce verbe qui retentit dans notre conscience, qui nous jugera sans qu’aucune justification nous soit laissée. ♦♦ * Ce qui fui fail en lui était vie et la vie était la lumière des hommes (ch. xvi à xxiv). De même que piété et liberté sont le privilège du sage, d’après les « Paradoxes12 », de même la vie est-elle le privilège 1. C’est-à-dire : inonde spirituel, voir ci-dessus p. 15 et 17. 2. Les paradoxes, épars dans toute la littérature du Portique, ont donné leur nom à un ouvrage du philosophe stoïcien Hécaton (Diog. Laert. VII, 124). Cicéron, qui leur a consacré un petit traité, Paradoxa Stoicorum ad M. Brutum, les tourne en ridicule dans le Pro Murena (61-62) et les déclare, dans le De Finibus (IV, 52) sans effi­ cacité sur la vie morale (cf. dans Pauly les articles M. Tullius Cicero de K. Bochner, 1939, t. VII Λ 1, cl Paradoxa de J. Schmidt, 1949, I. XVIII, 3. Les Pères de l'Église s’attacheront à montrer que c’est au vrai chrétien que conviennent, en fait, les attributs que les stoïciens reconnaissent au sage (cf. M. Pohlenz, op. cil., t. I, p. 157). — Le paradoxe, cité ici par Origène, nous est par ailleurs bien connu, par Sénèque (Ep. 59, 14 ; 72, 4.7), Dion Chrys. (Or. XIV (64), 17-18), Diogène Laîîrce (VU, 121) ; Horace en fait une critique aimable (Sat. II, 7, 83-88) : « Qui est libre ? Le sage, maître de lui, que n’cifraie ni pauvreté, ni mort, ni prison, capable qu'il est de résister aux désirs, ANALYSE 37 du saint, d’après l’Écriture, car Dieu est le Dieu des vivants. Cependant, nul vivant n’est juste devant Dieu, qui est seul à posséder vraiment la vie. Mais puisque le Verbe est vie et que la vie est la même chose que la lumière des hommes, elle est aussi la vie des hommes. Si vie et. lumière sont associées, ténèbre et mort spirituelle le sont également. Comme le mal, elles ne sont pas ducs à la nature, mais au libre choix des créatures : l’homme charnel peut devenir spirituel et le spirituel — Héracléon n'y a pas pris garde — est plus qu’un homme, car il se reconnaît à l’Esprit, plus divin que l’àme et le corps, qui sont les cléments constitutifs de l’homme. Mais rien n’empêche la vie, lumière des hommes, d’être en même temps celle d’autres créatures. A ce propos, Origène expose la théorie selon laquelle est homme tout ce qui a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu : les termes d’anges, de trônes, de principautés ne désignent pas des espèces de vivants mais des fonctions. Puis il anticipe sur le verset suivant, en montrant la supériorité de la lumière en qui ne se trouve aucune ténèbre, le Père, sur celle que les ténèbres poursuivent. Enfin, il souligne que la vie doit précéder la lumière, car seuls les vivants peuvent être illuminés. Cependant les gnostiques, qui ont imaginé qu’Intelli­ gence et Vérité ont « émis o Verbe et Vie, doivent se reconnaître confondus par ce verset, car comment la vie aurait-elle été produite dans son σύζυγος, le Verbe ? Mais les hérétiques mettront, à leur tour, l'homme d'Église dans l'embarras, s’il n’est pas convaincu qu’il s’agit ici de la vie véritable, c’est-à-dire de la vie spirituelle. de mépriser les honneurs el in se ipso lotus teres atque rotundus, pour que rien ne puisse l’atteindre... » En remplaçant le terme de σοφός par ό μόνω Οεω χρώ μένος ήγεμόνι, Philon (Quod omnis probus liber sil 20 et 62) donne à notre paradoxe une valeur propre­ ment religieuse : seul est sage celui qui ne suit que Dieu seul. 38 AVANT-PROPOS ♦♦ ♦ La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie (ch. xxv à xxviii). Π existe plusieurs lumières, celle des commandements, celle de la connaissance, et plusieurs ténèbres, autant que de mauvaises actions et d’opinions fausses. Le Sauveur a pris sur lui nos ténèbres, comme il a pris notre mort. C’est pourquoi le Père est seul à n’avoir en lui aucune ténèbre comme à posséder l'immortalité. Cependant les ténèbres qui se sont dressées contre le Sauveur et contre les fils de lumière ne peuvent jamais saisir la lumière, dont l’approche les dissipe. Par ailleurs, l’Écriture connaît de bonnes ténèbres, celles dont Dieu a fait sa retraite, le mystère dont il s’enveloppe. Celles-ci se hâtent vers la lumière, la saisissent et deviennent lumière. fl y eut un homme envoyé de Dieu, son nom était Jean (ch. xxtx à xxxm). Origène voit dans ce verset la preuve de la préexistence de l’âme de Jean, car tout envoi implique un changement de lieu et la perfection même du Baptiste semble appuyer cette thèse. Bien qu’on puisse dire de tout homme qu’il est envoyé de Dieu au sens large, l’Écriture réserve cette expression aux saints. Si c’est déjà comme une théorie possible - probable même, à son avis, mais loin d'être assurée qu’Origène nous a présenté la préexistence, ce qui suit ne sera plus que conjecture : puisque le Sauveur s’est incarné par amour envers les hommes, n’aurait-il pu trouver parmi les anges des imitateurs, heureux de servir sa bonté envers les hommes dans un corps semblable au sien ? Une confie- ANALYSE 39 mation de cette hypothèse se trouve dans un apocryphe juif, la Prière de Joseph, qui permet d'expliquer le choix de Jacob et le rejet d’Esaü par les œuvres accomplies avant celte vie. Le précurseur du Christ est la voix qui révèle la Parole de Dieu, il est la grâce (sens de Jean), née de la mémoire qui se souvient de Dieu (sens de Zacharie) selon le serment de notre Dieu à nos pères (sens d'Élisabeth). ♦♦♦ Celui-ci uinl comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui (ch. xxxiv à xxxvn). Pour mieux éclairer le témoignage de Jean, Origène commence par celui des prophètes et des martyrs. Il ne manque pas d'hérétiques pour rejeter le témoignage des prophètes. Il faut leur répondre que les miracles qui pouvaient convaincre les contemporains du Christ ont, avec le temps, perdu une grande partie de leur puissance de persuasion et que la réalisation des prophéties est devenue un motif de crédibilité plus puissant. D’ailleurs, tout l'honneur des prophètes n’est-il pas justement d’avoir connu le Christ et de l’avoir annoncé ? Bien que quiconque confesse la vérité mérite le titre de témoin, cependant, depuis que certains frères ont versé leur sang pour cette confession, on ne nomme témoins (= martyrs) dans toute la force du terme que ceux qui ont été appelés à donner leur vie pour leur témoignage. Suit l’énumération des six témoignages rendus par Jean au Sauveur : ils seront étudiés plus loin et nous les retrou­ verons au livre VI. Leur résultat, c’est que les disciples de Jean cherchent Jésus, le trouvent et demeurent auprès de lui. C'est en témoin de la lumière que Jean est venu, car le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière. ■10 AVANT-PROPOS Il ne pouvait alors rendre témoignage à la Vie, encore cachée avec le Christ en Dieu, ni au Verbe Dieu, puisque, sur.terre, le Verbe s’est fait chair. Cependant, il est possible qu'avant le second avènement du Sauveur, .Jean vienne proclamer le Verbe, la Sagesse, chacun des attributs du Fils de Dieu. ♦♦ * Le commentaire des versets 6 à 18 s’est perdu avec les livres III, IV et V, dont les courts fragments, conservés par la Philocalie et VHisloire Ecclésiastique d’Eusèbe, sont des digressions qui ne commentent pas l’évangile selon Jean. Au livre IV, Origène parle de la banalité, voire de l’incor­ rection du style des Écritures, au travers duquel éclate d’autant plus la souveraine puissance de Dieu. Le fragment du livre V commente un verset de l’Ecclésiaste qui proscrit la multiplicité des livres et des paroles. Il semble bien que les apôtres aient suivi son conseil, puisque leurs écrits sont extrêmement brefs. Mais, si ce texte interdisait tout développement et, par conséquent, tout enseignement, Salomon et Paul auraient enfreint la défense. Voici donc comment il convient de l’interpréter : la Parole de Dieu, dans toute sa plénitude, n'est jamais j qu’une seule parole et toutes les Écritures ne forment qu'un seul livre, car la vérité est une, le mensonge multiple : c’est pourquoi, à l’unicité du livre de vie s'oppose la multitude de ceux du jugement. Ce qu’il faut éviter, ce n’est pas de beaucoup écrire, mais j de s’écarter de la vérité. Et, puisque par la multitude de leurs traités les hérétiques risquent de se rendre maîtres des âmes, il est urgent de leur opposer l'unique vérité. ** * Deux autres fragments nous ont été conservés — mais dans la version latine de Rufin seulement — grâce à VApo- LA PRÉSENTE ÉDITION H logic d'Origène duc au martyr Pamphile. Ils traitent, l’un du Fils de Dieu par nature et des fils par adoption, l'autre, de la génération du Fils unique. VI La présente édition Comme Brooke1 et Preuschen12 ont établi, d’une manière apparemment définitive, que tous les manuscrits actuel­ lement connus dépendent du Monacensis 191, dont ils ont fait la collation avec le plus grand soin, il nous a semblé pouvoir nous en tenir au texte de l’édition de Preuschen, quitte à y apporter quelques corrections que nous signalons en note. Nous avons, en particulier, supprimé du texte grec les mots ou membres de phrase que Preuschen avait mis entre crochets comme superflus. Il nous a semble préférable de joindre à ce volume deux fragments que cite V Apologie de Pamphile et que Preuschen a relégués tout à la fin de son livre, après les fragments des chaînes. Les chapitres et paragraphes sont ceux de l’édition de Preuschen, dont les pages sont indiquées en marge avec la mention « Pr. ». Les chiffres entre parenthèses dans le texte grec sont ceux des chapitres de Delarue et de Migne (PG 14) ; les colonnes de ce dernier sont également indiquées avec les lettres ABC D. Dans notre traduction, nous nous sommes efforcé de respecter le style d’Origène, quitte à présenter, nous aussi, des longueurs, des répétitions, voire des lourdeurs : « Mieux 1. The Commentant of Origen on St John’s Gospel, texte revu avec une introduction et des notes par A. E. Brooke, Cambridge 1896. 2. Der Johanneskommentar, édité par Erwin Preuschen, Leipzig 1903, t. IV des (Jîuorcs d’Origène, GCS nn 10. 42 AVANT-PROPOS vaut, disait-il, offenser les grammairiens que de laisser quelque inquiétude (scrupulum) aux lecteurs1. « Cependant, certains termes grecs n’ont, pas d’équivalent français, pouvant être traduits de cent manières diffé­ rentes (on le verra pour le rnot logos) : il arrive qu'alors Origène joue volontairement de plusieurs sens à la fois. D’ailleurs, il nous en avertit lui-même8, le même terme ne doit pas toujours être pris dans le même sens. Nous avons tenté, dans les notes, de signaler les doutes qui peuvent subsister, d’expliquer les passages obscurs, comme aussi de situer, dans l’ensemble de son œuvre et vis-à-vis de la pensée antique, païenne et chrétienne, cer­ taines affirmations d'Origènc qui nous ont frappé à un litre ou à un autre. Notre tâche a été grandement encouragée par le Révérend Père H. de Lu bac et facilitée par l’aide que nous ont appor­ tée les Révérends Pères L. Doutreleau. II. Crouzel et C. Mondéscrt, qui ont inlassablement répondu à nos ques­ tions ; ce dernier a bien voulu revoir avec nous toute la traduction et résoudre les hésitations que nous pouvions avoir au sujet du texte. Ce travail a été présenté, le 28 janvier 1966, comme thèse de doctorat de 3e cycle à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Lyon. Nous remercions les membres de notre jury et, en particulier, Mme Marguerite Harl et M. Jean Pouilloux de toutes les précieuses suggestions qu’ils nous ont faites pour améliorer notre texte. Enfin, adoptant la conclusion des tomes XX et XXVIII, nous dirons, pour terminer : ce premier volume ayant atteint une ampleur suffisante, nous l’interrompons ici, pour, avec la grâce de Dieu (θεού άποκαλύπτοντος), nous mettre à examiner la suite de l’ouvrage.1 2 1. In Cant. IV, GCS VIII, p. 180. 2. II, 171. Abréviations CCL CSEL DEB DTC GCS JTS Kittel Pauly PG PL RSR SC SDB SVF TU = Corpus Christianorum, série latine, TurnhoutParis. = Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum latinorum, Vienne. = Dictionnaire encyclopédique de la Bible, ParisTurnhout 1960. = Dictionnaire de Théologie catholique, Paris. — Die gricchischcn christlichcn Schriftsteller der ersten drei Jahrhunderte, Berlin-Leipzig. = Journal of Theological Studies, Oxford. = Theologisches Worterbuch zum Neuen Testa­ ment, Stuttgart. = Pauly-Wissowa-Kroll, Encyclopédie der classischen Altertumswissenschaft, Stuttgart. = Migne, Patrologie grecque. = Migne, Patrologie latine. — Recherches de Science religieuse, Paris. = Sources chrétiennes, Paris. = Supplément Dictionnaire de la Bible, Paris. = Von Arnim, Stoicorum Veterum fragmenta, Stuttgart. — Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur. BIBLIOGRAPHIE Bible L’Ancien Testament, est cité d’après la Septante avec, le cas échéant, la numérotation diiïérente de l’hébreu entre parenthèses. Les citations conformes à la Septante mais sans équi­ valent dans l’hébreu ont également été signalées. Origène L’Zn Joannem a été cité sans indication d’ouvrage toutes les fois où il n'y avait pas risque d’ambiguïté. Comme nous l’avons vu plus haut (p. 40) le principal manuscrit est le — Monacensis 191 : M ; Nous citons également dans les notes critiques un manu­ scrit qui semble dû à la plume d’un savant qui aurait intelligemment corrigé les erreurs de M, le — Venetus Marcianus 43 : V. Les éditions dont nous parlerons sont : — Petrus Daniel Huet, l’évêque d’Avranche, qui a public à Rouen en 1668 Όριγένους τών είς τάς θείας γραφάς εξηγη­ τικών άπαντα τά Ελληνιστί ευρισκόμενα. 46 BIBLIOGRAPHIE — Les mauristes, Carolus et Carolus Vincentius de la Rur (ou Delarue) : Origenis Opera omnia quae gracce ve latine tantum circumferuntur, 4 vol., Paris 1759. — Lommatzsch, qui a réédité à Berlin en 1831 le texte des mauristes, également repris par Migne, Paris 1862, — A. E. Brooke, The Commentary of Origen on St John'} Gospel, Cambridge 1896. — E. Preuschen, Der Johanneskommentar, Leipzig 1903, — Enfin, pour les extraits conservés par la Philocalie, .J. A. Robinson, The Philocalia of Origen, Cambridge 1893. Nous rencontrerons également les corrections et conjec­ tures de P. Wendland et de U. von Wilamowitz-Moellendorf, qui ont prêté leur concours à Preuschen. Les autres œuvres d’Origêne seront citées sans nom d’au­ teur. Pour alléger les notes, nous nous bornerons à indiquer les livres, chapitres et paragraphes, n'indiquant les pages des GCS que lorsqu'il n'existe pas de subdivisions assez courtes pour être commodes : ce sera le cas des Commen­ taires sur Matthieu et sur le Cantique. Nous citons d’après les GCS : 1. Ad martyrium ; Contra Celsum I à IV ; éd. par P. Koetschau, 1899. 2. Contra Celsum V à VIII ; De Oratione; cd. par P. Koetschau, 1899. 3. In Jeremiam homiliae; In Lamentationes ; In Samuelem ; In Reges; éd. par E. Klostermann, 1901. 4. In Joannem; éd. par Erwin Preuschen, 1903. 5. De Principiis; cd. par P. Koetschau, 1913, d’après Rufin. 6. Homiliae in Genesim, in Exodum, in Leviticum; éd. par W. A. Baehrens, 1920, d'après Rufin. 7. Homiliae in Numéros, in Jesu Noue, in Judices; éd. par W. A. Baehrens, 1921, d'après Rufin. BIBLIOGRAPHIE 17 8. Homiliae in Samuelem, in Canticum, in Prophetas; in Canticum Com.; éd. par W. A. Baehrens, 1925, d’après Rufin el Jérôme. 9. In Lucam homiliae d fragmenta (grec et traduction de Jérôme) ; éd. par M. Rauer, 1959. 10. In Matthaeum ; cd. par E. Klostennann et E. Bcnz, 1935-1937. 11. In Matthaeum series; cd. par E. Klostennann et E. Bcnz, 1933. 12. In Matthaeum Fragmenta et Indices; cd. parE. Klostcrmann et E. Benz, 1941-1955. Nous citons d’après PG : 13. 14. 16. 17. Selecta in Genesim, Selecta in Psalmos. In Romanos. 11exaptes. Apologie de Pamphile. Nous citons d’après JT S : III. The Commentary of Origen upon the Epistle to the Ephesians; éd. par J. A. F. Gregg, 1902. IX-X. Origen on I Corinthians ; éd. par C. Jenkins, 19071909. XII1-X1V. The Commentary of Origen on the Epistle to the. Romans, cd. par A. Ramsbotham, 1912-1913. Divers : Gadiou (R.), Commentaires inédits des Psaumes, étude, sur les textes d'Origène contenus dans le manuscrit Vindobonensis 8, Paris 1936. Diobouniotis (K.) et Harnack (A.), Der Scholienkommentar des Origines zur Apokalypse Johannis, dans TU 38, 3, Leipzig 1911. Lommatzsch (C. H. 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Φησί δέ ούτως ό ’Ιωάννης· « Καί είδον άλλον άγγελον άναβαίνοντα άπό ανατολής ήλιου, εχοντα σφραγίδα θεού ζώντος, καί έκέκραξε 21 Β φωνή μεγάλη τοΐς τεσσαρσιν άγγέλοις, οίς έδόθη αύτοΐς άδικήσαι την γην καί τήν θάλασσαν, λέγων* Μή άδικήσητε μήτε την γην μήτε τήν θάλασσαν μήτε τά δένδρα, άχρι 21 Λ a. Nombres 27, 17 b. Ct. I Pierre 3, 4 c. Ct. Rom. 2, 29 1. Pour la supériorité de la tribu de Lévi, et. Testament des douze patriarches : Ruben VI, 5-12 et Lévi XXI, 1-5. 1, § 1-2 57 COMMENTAIRE D'ORIGÈNE SUR L’ÉVANGILE SELON JEAN LIVRE I INTRODUCTION A. du peuple de Dieu, DES CHRÉTIENS, DES ÉCRITURES Les prémices 1. Le peuple de Dieu I. 1. Tout comme, me semble-t-il, le peuple appelé autrefois « peuple de Dieu» » se répartissait en douze tribus, plus l'ordre lévitique, supérieur aux autres tribus1, cet ordre lévitique lui-même étant divisé, pour servir Dieu, en plusieurs corps de prêtres et de lévites, de même, je crois, tout le peuple du Christ présente, selon l’homme caché au fond du cœurb et d'une façon assez mystérieuse, les particularités des douze tribus, puisqu’il s’appelle juif dans le secret0 et qu’il est circoncis en esprit. On peut le voir plus clairement dans l’Apocalypse de .lean ; et, cependant, pour ceux qui savent écouter, les autres auteurs inspirés ne gardent pas non plus le silence là-dessus. 2. Voici le texte de Jean : « Et je vis un autre ange monter de l’orient, tenant le sceau du Dieu vivant, et il criait d’une voix forte aux quatre anges à qui il a été donné de frapper la terre et la mer : Attendez pour frapper la terre, la mer et les 58 ■I Pr. 21 C 24 A 24 B SUR L'ÉVANGILE DE JEAN σφραγίσοψεν τούς δούλους του θεού ημών έπί τών μετώπων αύτών. Καί ήκουσα τόν άριθμόν τών έσφραγισμένων, έκατόν τεσσαράκοντα τέσσαρες χιλιάδες έσφραγισμένοι έκ πάσης φυλής υιών ’Ισραήλ· έκ φυλής ’Ιούδα δώδεκα χιλιάδες έσφραγισμένοι, έκ φυλής ‘Ρουβήμ δώδεκα χιλιάδες0. » 3. Καί μετά τό διηρήσθαι τάς λοιπάς φυλάς παρέξ τού Δάν εξής μετά πλείονα έπιφέρει- « Καί είδον, καί ιδού τό άρνίον έστώς επί τό όρος Σιών, καί μετ’ αύτοΰ αί έκατόν τεσσαράκοντα τέσσαρες | χιλιάδες εχουσαι τό όνομα αυτού καί τό όνομα τού πατρός αύτοΰ γεγραμμένον έπί τών μετώπων αύτών. Καί ήκουσα φωνήν έκ τού ούρανοΰ ώς φωνήν ύδάτων πολλών, καί ώς φωνήν βροντής μεγάλης, καί ή φωνή ήν ήκουσα ώς κιθα­ ρωδών κιθαριζόντων εν ταΐς κιθάραις αύτών. Καί αδουσιν ωδήν καινήν ενώπιον τού θρόνου καί ένώπιον τών τεσσάρων ζώων καί τών πρεσβυτέρων καί ούδείς έδύνατο μαθεϊν τήν ώδήν εί μή αί έκατόν τεσσαράκοντα τέσσαρες χιλιάδες, οί ήγορασμένοι από τής γής· ούτοί είσιν οι μετά γυναικών ούκ έμολύνθησαν· παρθένοι γάρ είσιν· ούτοι οί άκολουθοΰντες τώ άρνίφ όπου εάν ύπάγη- ούτοι ήγοράσθησαν άπό τών ανθρώπων άπαρχή τώ Οεώ καί τώ άρνίιρ· καί έν τώ στόματι αύτών ούχ εύρέθη ψεύδος· άμωμοι γάρ είσιν b. » 4. ‘Ότι δέ ταΰτα παρά τώ ’Ιωάννη περί τών εις Χριστόν πεπιστευκότων λέγεται, καί αύτών ύπαρχόντων άπό φυλών, καν μη δοκή τό σωματικόν αύτών γένος άνατρέχειν έπί τό σπέρμα τών πατριαρχών, εστιν ούτως έπιλογίσασθαι* « Μή άδικήσητε, φησί, τήν γην μήτε τήν θάλασσαν μήτε τά δένδρα, άχρι σφραγίσωμεν τούς δούλους τού θεού ημών έπί τών μετώπων αύτών. Και ήκουσα τόν άριθμόν τών έσφραγισμένων, έκατόν τεσσαράκοντα τέσσαρες χιλιάδες έσφραγισμένων έκ πάσης φυλής υιών ’Ισραήλ. »5. (2) Ούκούν οι έκ πάσης φυλής υιών ’Ισραήλ σφραγίζονται έπί τών μετώπων αύτών, έκατόν τεσσαράκοντα τέσσαρες είσι χιλιάδες τον άριθμόν a. Apoc. 7, 2-5 b. Apoc. 14, 1-5 1. Au livre XX (chap, i â vj), Origène étudiera longuement la différence entre « descendre d’Abraham · (oîSa ‘zr·. σπέρμα Άβράαμ I, § 2-5 50 arbres que nous ayons marqué d’un sceau sur leurs fronts les serviteurs de notre Dieu. Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués : cent quarante-quatre mille de toutes les tribus des enfants d’Israël : de la tribu de Juda, douze mille marqués, de la tribu de Ruben, douze mille...a» 3. Puis, après avoir énuméré les autres tribus l’une apres l’autre sauf Dan, il ajoute, à la suite d’autres développe­ ments : « Je regardai... et voici que l’Agneau se tenait debout sur la montagne de Sion et, avec lui, les cent qua­ rante-quatre mille hommes qui portaient, gravés sur leurs fronts, son nom et le nom de son Père. Et j'entendis, venant du ciel, une voix semblable à la voix des grandes eaux ou à celle d’un violent orage, et la voix que j’entendis était comme un concert de musiciens jouant sur leurs cithares. Ils chantaient un cantique nouveau devant, le trône et devant les quatre animaux et les vieillards ; et nul ne pouvait apprendre leur cantique, si ce n’est les cent quarante-quatre mille qui ont été rachetés de la terre. Ce sont ceux qui ne se sont pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges. Ce sont eux qui suivent l’Agneau partout où il va ; ils ont été rachetés d'entre, les hommes comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau : et nul mensonge ne s’est trouvé dans leur bouche, car ils sont irréprochables1*. » 4. Ces paroles de Jean concernent ceux qui ont cru au Christ et qui font aussi partie des tribus, môme si, selon la chair, leur ascendance ne paraît pas remonter aux patriarches1 ; voici comment on peut le démontrer : « Attendez, dit le texte, pour frapper la terre, la mer et les arbres que nous ayons marqué d’un sceau sur leurs fronts les serviteurs de notre Dieu. Et j'entendis le nombre de ceux qui étaient marqués : cent quarante-quatre mille de toutes les tribus des enfants d’Israël. » 5. Donc, les enfants de toutes les tribus d'Israël qui sont marqués du sceau sur le front sont au nombre de cent quarante-quatre mille. έστέ : Jn 8, 37) cl «être fils d’Abraham · (εί τέκνα τοΰ Άβράαμ έστέ). 60 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN αίτινες έκατόν τεσσαράκοντα τέσσαρες χιλιάδες έν τοϊς εξής παρά τώ ’Ιωάννη λέγονται έ'χειν τό όνομα του άρνίου καί του πατρός αύτοΰ γεγραμμένον έπί τών μετώπων αυτών, οΰσαι παρθένοι καί μετά γυναικών ού μολυνθέντες. 6. Τίς <άν> οδν άλλη εϊη ή σφραγίς ή επί τών μετώπων ή τό όνομα του άρνίου καί του πατρός αύτοΰ, έν άμφοτέροις τοις τόποις τών μετώπων λεγομένων έχειν πή μέν την σφραγίδα πή δέ τα γράμματα περιέχοντα τό όνομα του άρνίου καί τό όνομα του πατρός αύτοΰ ; 7. Άλλα καί οί « άπό φυλών » εΐ οι αυτοί είσι τοϊς « παρθένοις », ώς προαπεδβίξαμεν, σπάνιος δέ ό έκ του κατά σάρκα ’Ισραήλ πιστεύων·'1, ώς τάχα τόλμησα·, άν τινα είπεϊν 24 C μή συμπληροΰσθαι άπό τών έκ του κατά σάρκα ’Ισραήλ πιστευόντων μηδέ τόν τών έκατόν τεσσαράκοντα τεσσάρων χιλιάδων άριθμόν, δήλον ότι έκ τών άπό τών εθνών τω θείω προσερχομένων λόγω συνίστανται αί έκατόν τεσσαράκοντα ’ ZV. τέσσαρες χιλιάδες μετά γυναικών ού | μολυνομένων ώστε μή άν άποπεσειν της άληθείας τόν φάσκοντα άπαρχήν έκάστης είναι φυλής τούς παρθένους αύτής. 8. Καί γάρ έπιφέρεται’ « Ούτοι ήγοράσθησαν άπό τών ανθρώπων άπαρχή τώ Οεω και τω άρνίω, καί έν τω στόματι αυτών ούχ εύρέθη ψεύδος· άμωμοι γάρ είσιν. » Ούκ άγνοητέον δέ, ότι ο περί τών έκατόν τεσσαράκοντα τεσσάρων χιλιάδων παρθένων λόγος επιδέχεται άναγωγήν. Περιττόν δέ νυν καί ού κατά τόν προκείμενον λόγον τό παρατίΟεσθαι λέξεις προφητικάς ταύτόν περί τών έξ εθνών ημάς διδάσκουσας. a. Cf. I Cor. 10, 18 1. Littéralement, ici comme dans la phrase précédente : « sur les fronts mêmes » : αυτών = ipsorum. 2. La môme idée se retrouve dans les Sc.holie.s sur l'Apocalypse (XXI, p. 37-38) : puisqu’il est impossible de trouver, Λ l’époque de l’apôtre Jean, autant de vierges parmi le peuple juif, ce texte doit s’interpréter spirituellement et se rapporter à tous ceux. Grecs et Juifs, qui, en adhérant au Christ, forment ce peuple spirituel. 3. D’après les Homélies sur les Nombres (IX, 3), vierges et martyrs I, § 5-8 61 Dans la suite, Jean dit que ces cent quarante-quatre mille portent, graves encore1 sur le front, le nom de ΓAgneau et le nom de son Père, car ils sont vierges et ne se sont pas souillés avec des femmes. 6. Ce sceau imprimé sur les fronts pourrait-il être autre chose que le nom de Γ Agneau et celui de son Père, puisque les fronts portent, d’après le premier texte, ce sceau et, d’après le second, les lettres qui forment le nom de Γ Agneau et le nom de son Père ? 7. Mais si, comme nous l’avons démontré, « les enfants des tribus » s’identifient avec les « vierges » et si ceux qui ont cru parmi les enfants de l’Israël selon la chair* sont rares — on serait tenté de dire que le nombre de cent, quarante-quatre mille n’est pas atteint par eux —, il est clair alors que ce sont les gentils venus au Verbe divin2 qui forment ces cent quarante-quatre mille qui ne se sont pas souilles avec des femmes. C’est pourquoi on ne s’écarterait pas de la vérité en disant que, dans chaque tribu, ceux qui sont vierges sont les prémices3. 8. La suite du texte porte en effet : « Ils ont été rachetés d’entre les hommes comme prémices pour Dieu et pour ΓAgneau, et nul mensonge ne s’est trouvé dans leur bouche, car ils sont irréprochables. » il ne faut pas ignorer que ce texte concernant les cent quarante-quatre mille vierges comporte un sens spirituel. Mais, pour le moment, il paraît superflu et hors de propos de citer les passages des prophètes qui nous donnent le même enseignement au sujet des gentils. peuvent également être mis an premier rang, tandis que, dans celles sur Josué (11,1) comme dans le Commentaire sur les Romains (IX, 1, PG 14, 1205 Λ, Lommatzsch VII, p. 285), la première place — on, mieux, la première offrande — est celle des martyrs. Comme nous allons le voir tout à l'heure pour les lévites (§ 10), il s’agit d’une véritable fonc­ tion dans 1*Église cl c’est pourquoi les apôlrcs ont reçu les prémices de l’Esprit (In Rom. VII, 5; PG 14, 1115 B. 1116 B, Lommatzsch VII, p. 108-110.). — D'après Irénéb (Ado. hacr. I, 1, 16, t. I, p. 72-73), les Valentiniens font intervenir ici les natures spirituelles : les prémices ce sont les pneumatiques, levain dans la pâte psychique de l’Église. 62 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 11. 9. (3) Ί'ί δή πάντα ταύθ’ ήμίν βούλεται ; έρείς έντυγχάνων τοίς γράμμασιν, ’.Αμβρόσιε, αληθώς θεού άνθρωπε0, καί έν Χριστφ άνθρωπε1» καί σπεύδων είναι πνευματικός, ούκέτι άνθρωπος. 25 Λ Οι μέν από των φυλών δεκάτας καί άπαρχάς άναφέρουσι τω θεώ διά των λευϊτών καί ιερέων, ού πάντα έ’χοντες άπαρχάς ή δεκάτας· οί δέ λευίται καί ιερείς, πάντα δεκάταις καί άπαρχαίς χρώμενοι, δεκάτας άναφέρουσι τώ θεώ διά τού άρχιερέως, οΐμαι δ’ οτι καί άπαρχάς. 10. ‘Ημών δή των προσιόντων τοίς Χριστού μ,αθήμασιν οί μέν πλείστοι, τά πολλά τώ βίω σχολάζοντες καί όλίγας πράξεις τω Οεω άνατιθέντες, τάχα είεν αν οί άπό των φυλών όλίγην πρός τούς ιερείς έχοντες κοινωνίαν καί έν βραχέσι το θεραπευτικόν τού θεού τρέφοντες· οί δέ άνακείμενοι τώ Οείω λόγω καί πρός μόνη τη θεραπεία τού Θεού γινόμενοι γνησίως κατά τήν δια­ φοράν τών εις τούτο κινημάτων λευίται καί ιερείς ούκ άτόπως λεχθήσονται. 11. Τάχα δέ οί <πάντων δια>φέροντες καί οίονει τά 25 Β πρώτα της καθ’ εαυτούς γενεάς έχοντες αρχιερείς έ'σονται κατά τήν τάξιν Άαρών, και ού κατά τήν τάξιν Μελχισεδέκ0. Έάν γάρ τις άνθυποφέρη προς τούτο, νομίζων ημάς άσεβείν το τού άρχιερέως όνομα τάσσοντας έπ’ ανθρώπων, έπεί πολλαχοΰ Ιησούς μέγας ιερεύς προφητεύεται - - έ'χομεν γάρ « άρχιερέα μέγαν, διεληλυθότα τούς ουρανούς, Ίησούν τον υιόν τού θεού*1 » —, λεκτέον προς αύτόν οτι ό απόστολος έπεσημήνατο λέγων τον προφήτην είρηκέναι περί Χριστού" « Σύ ιερεύς εις τον αιώνα κατά την τάξιν Μελχισεδέκ® », καί ού 24 D a. b. c. (I. c. Cf. I Tim. 6, 11 Cf. II Cor. 12, 2 Cf. Héb. 7, 11 Héb. 4, 14 Héb. 7, 17 ; 5, 612 1. Les spirituels ne sont plus des hommes ; Origène l’explique ci-dessous II, 138. 2. Comine nous venons de le voir (§ 4), celte expression désigne I, § 9-11 63 2. Les Chrétiens II. 9. Qu’est-ce que tout cela peut nous faire ? diras-tu sans doute, en lisant ces mots, Ambroise, toi (qui es) vraiment homme de Dieu3, homme dans le Christ*» et qui t'efforces d’être un spirituel et non plus un homme1. Les membres des tribus2 offrent à Dieu, par l’intermé­ diaire des prêtres et des lévites, des dîmes et des prémices. Mais ils n’ont pas que des dîmes et des prémices. Les lévites et les prêtres qui n’ont que ces dîmes et ces prémices, en offrent à Dieu, par l’intermediaire du grand-prêtre, la dîme, je pense également les prémices. 10. Parmi nous qui suivons les leçons données par le Christ, la masse qui vaque la plus grande partie du temps aux affaires de la vie terrestre et qui n’offre à Dieu que peu d’actions, peut être comparée aux membres des tribus qui n’ont que peu de chose en commun avec les prêtres et qui entretiennent avec parci­ monie le culte de Dieu. 11 sera légitime d'appeler prêtres et lévites, à cause de l’excellence de leurs activités en ce domaine, ceux qui sont consacrés à la parole divine et réellement donnés au seul culte de Dieu. 11. Quant à ceux qui sont supérieurs à tous les autres et qui occupent, pour ainsi dire, la première place parmi les hommes de leur génération, ils seront grands-prêtres selon l’ordre d’Aaron — mais non selon l'ordre de Melchisédech*. Quelqu’un s’élèvera peut-être contre cette interprétation et objectera qu'il est impie de donner à des hommes le nom de grand-prêtre, alors qu’en de nombreux textes Jésus est proclamé grand-prêtre — par exemple : « Nous avons un grand-prêtre qui a traversé les deux, Jésus, le Fils de Dieud.» Il faut lui répondre que Γ Apôtre a fait une distinc­ tion en affirmant que le prophète avait dit du Christ : « Tu es prêtre pour toujours selon l’ordre de Melchisédech® », tous ceux qui ont cru au Christ, c’est-à-dire la masse du peuple chrétien. (M 25 G G Pr. 28 Λ 2S Β SUR L’ÉVANGILE DE JEAN κατά την τάξιν Άαρών. Άφ’ ού καί ημείς λαβόντες φαμέν κατά μέν την τάξιν Άαρών άνθρώπους δύνασθαι είναι αρχιερείς, κατά δέ την τάξιν Μελχισεδέκ τόν Χριστόν του θεού. 12. (4) Πάσης τοίνυν ήμίν πράξεως και παντός του βίου, έπεί | σπεύδομεν επί τά κρείττονα, άνακειμένης Οεώ καί βουλομένων ημών έ'χειν πάσαν αύτήν απαρχήν των πολλών άπαρχών — εί γε μή σφαλλόμεθα τούτο νομίζοντες —, ποιαν έχρήν είναι μετά τό κατά τό σώμα κεχωρίσθαι ημάς άλλήλων διαφέρουσαν ή την περί ευαγγελίου έξέτασιν ; Καί γάρ τολμητέον ειπεϊν πασών τών γραφών είναι άπαρχήν τό εύαγγέλιον. 13. Απαρχήν οΰν πράξεων, έξ ού τη ’Αλεξαν­ δρεία έπιδεδημήκαμεν, τίνα άλ>.ην ή την εις τήν άπαρχήν τών γραφών έχρήν γεγονέναι ; Χρή δ’ ήμάς ειδέναι ού ταύτόν είναι άπαρχήν καί πρωτογέννημα’ μετά γάρ τούς πάντας καρπούς άναφέρεται η άπαρχή, πρό δέ πάντων τό πρωτογέννημα. 14. Τών τοίνυν φερομένων γραφών καί έν πάσαις έκκλησίαις θεού πεπιστευμένων είναι θείων, ούκ αν άμάρτοι τις λέγων πρωτογέννημα μεν τόν Μωσέως νόμον, άπαρχήν δέ τό εύαγγέλιον. Μετά γάρ τούς πάντας τών προφητών καρ­ πούς τών μέχρι τού κυρίου Ιησού ό τέλειος έβλάστησε λόγος. III. 15. (5) Έάν δέ τις άνθυποφέρη διά τήν έννοιαν τής άναπτύξεως τών άπαρχών φάσκων μετά τά εύαγγέλια τάς πράξεις καί τάς έπιστολάς φέρεσθαι τών αποστόλων καί κατά τούτο μή αν ετι σωζεσθαι τό προαποδεδομένον περί απαρχής, τό άπαρχήν πάσης γραφής είναι τό εύαγγέλιον, λεκτέον ήτοι 1. Pour R, Gooler (Das Evangelium..., p. 96, n. 5), Ambroise est absent d'Alexandrie. Pour R. Çadiûu (La Jeunesse à’Origène, p. 334), au contraire, · il n’y a rien dans ces mots qui se rapporte à une absence d’Ambroise, comme on l’a supposé parfois ». — De fait, Origène déclare ici que la séparation a eu lieu, sans spécifier si elle est terminée ou non. Nous ne. chercherons pas à être plus explicite que lui. Cette phrase peut ne sc rapporter qu’au voyage d’Origène dont il a été fait mention dans V Avant-Propos, p. 8. I, § 11-15 65 et non selon l'ordre d’Aaron. En lui empruntant cette distinction, nous disons que peuvent être grands-prêtres, selon l’ordre d’Aaron, les hommes et, selon l’ordre de Melchisédech, le Christ de Dieu. 3. L’Écriture 12. Du moment où toute notre activité et toute notre vie sont consacrées à Dieu, car nous aspirons aux biens les meilleurs, et puisque nous voulons qu’elles soient tout entières des prémices prélevées sur de nombreuses prémices — à moins que nous ne nous trompions en le pensant —, mes recherches devaient-elles être autre chose que l'étude de l’Évangile, depuis que, matériellement, nous avons été séparés l'un de l’autre1 ? Car il faut oser dire que l’Évangile constitue les prémices de toutes les Écritures. 13. Ne fallaitil donc pas que les prémices de mon activité depuis mon retour à Alexandrie se portent sur les prémices de l’Écrilurc? En effet, nous devons savoir que les prémices et les premiers fruits ne sont pas la même chose ; car on offre les prémices après la récolte, les premiers fruits, avant. 14. Il ne serait pas faux de dire que, parmi les Écritures transmises par la tradition et considérées comme divines dans toutes les églises de Dieu, la loi de Moïse constitue les premiers fruits et l’Évangile les prémices. Car, après tous les fruits des prophètes qui se sont succédé jusqu’au Seigneur Jésus, la Parole parfaite a germé. III. 15. Mais quelqu’un soulè­ vera peut-être des objections à pro­ pos de l’idée par laquelle nous expliquons les prémices ; il dira que, les évangiles étant suivis des Actes et des épitres des apôtres, on ne saurait, pour ce motif, retenir notre inter­ prétation des prémices, d’après laquelle l’Évangile constitue les prémices de toute l’Écrilure : il faut lui répondre que, a) Valeur respective des écrits du Nouveau Testament 5 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 66 7Pr. 28 C 28 D 29 Λ νουν είναι σοφών έν Χριστώ ώφελημένων έν ταΐς φερομέναις έπιστολαΐς, δεομένο>ν, ινα πιστεύωνται, μαρτυριών των έν τοϊς νομικοίς καί προφητικούς λόγοις κειμένων· ώστε σοφά μέν καί εύπιστα λέγειν καί σφόδρα έπιτετευγμένα τά άποστολικά, ού μην παραπλήσια τω « Τάδε λέγει κύριος παντοκράτωρ3 ». 16. Καί κατά τούτο έπίστησον εί, έπάν λέγη ό Παύλος* « Πασα γραφή θεόπνευστος καί ωφέλιμος5 », έμπερ'.λαμβάνει καί τα εαυτού γράμματα* ή ού τό τε « Έγώ λέγω, καί ούχ ό κύριος0 » καί τδ « Έν πάσαις έκκλησίαις διατάσσομαΆ1 » καί το « Οία έπαΟον έν ’Αντιόχεια, έν Ίκονίω, έν Λύστροις0 » καί τά τούτοις παραπλήσια ενίοτε ύπ’ αύτού γραφέντα την μέν εξουσίαν * » * ♦ άποστολικήν * ♦ ού μην το ειλικρινές των έκ θείας έπιπνοίας λόγων. 17. "Η καί τούτω παραστατέον ότι ή π α.λαιά μέν ούκ εύαγγέλιον, ού δεικνύουσα « τδν ερχόμενον » άλλά προκηρύσσουσα, πασα δέ ή καινή τδ εύαγγέλιον έστιν, ού μόνον ομοίως τη άρχή τού εύαγγελίου φάσκουσα' « ’Ιδού ο αμνός τού θεού, ό αιρων την αμαρτίαν τού κόσμου' », αλλά καί ποικίλας δοξολογίας περιέχουσα καί διδασκαλίας τού δι’ δν τδ εύαγγέλιον εύαγγέλιον έστιν. 18. Έτι δέ εί ο θεδς έ'θετο έν τη εκκλησία αποστόλους καί προφήτας καί εύαγγελιστάς ποιμένας τε καί διδασκάλους^, έπάν έξετάσωμεν τί τδ έργου τού εύαγγελιστού, ότι ού πάντως διηγήσασΟαι τίνα τρόπον ό σωτηρ τυφλόν άπδ γενετής ίάσατο 5, όδωδότα νεκρόν άνέστησεν ή τι των παρα­ δόξων πεποίηκεν, ούκ όκνήσομεν, χαρακτηριζομένου τού εύαγγελιστού καί έν προτρεπτικοί λόγω τω εις πιστοποίησιν των περί Ιησού, εύαγγέλιον πως είπειν τά ύπδ των αποστό­ λων γεγραμμένα. a. b. C. <1. e. f. Il Cor. 6, 18 Π Tim. 3, 16 1 Cor. 7, 12 I Cor. 7, 17 IITim. 3, 11 Jn 1. 29 I, § 15-18 67 dans les épîtres des apôtres qui nous ont été transmises, se trouve la pensée d'hommes sages dans le Christ et assistés par lui, mais qu’ils ont besoin, pour être crus, du témoi­ gnage de la loi et des prophètes. C’est pourquoi il faut dire que les paroles des apôtres sont sages, dignes d’être crues, très justes, mais ne sauraient être comparées à « Voici ce que dit le Seigneur tout-puissant0 ». 16. Et, à ce propos, demande-toi si, quand Paul dit : «Toute Écriture est inspirée par Dieu et utile1’», il y comprend scs propres écrits. Quand il écrit : « Ce n’est pas le Seigneur, mais moi qui disc » ou « J’établis cette règle dans toutes les églisesd » ou encore « Les souffrances que j’ai endurées à Antioche, à Iconium, à Lystresc » ou d’autres choses analogues, ne semble-t-il pas que ces textes soient revêtus... de l’autorité apostolique mais non de la valeur absolue des paroles provenant direc­ tement de l’inspiration divine ? 17. En revanche, il faut remarquer que ΓAncien Testa­ ment n’est pas un évangile, puisqu'il ne montre pas « celui qui doit venir », mais l'annonce. Au contraire, tout le Nou­ veau Testament est l’Évangile, car non seulement il dit, avec le début de l’Évangile : « Voici FAgneau de Dieu qui ôte le péché du monde1 », mais il contient des louanges et des ensei­ gnements variés de celui par qui l’Évangile est un Évangile. 18. D'ailleurs, puisque Dieu a établi dans son Église des apôtres, des prophètes et des évangélistes comme pasteurs et comme docteurs^, si nous considérons quelle est la tâche de l’évangéliste — or ce n’est pas précisément de raconter comment le Sauveur a guéri un aveugle de naissance11, a ressuscite un mort qui sentait déjà ou a accompli n’importe quel miracle, mais l’évangéliste se reconnaît à ses paroles d’exhortation pour susciter la foi en ce (qui nous a été transmis) au sujet de Jésus —, nous n’hésiterons pas à dire que les écrits des apôtres sont, à leur manière, un évangile. g. Ci. I Cor. 12, 28 h. Cf. Jn 9, 1 68 SUR L'ÉVANGILE DE .JEAN 19. *Λλλ’ όσον έπί τη δευτέρα άποδόσει, τώ άνθυποφέροντι διά τό μή έπιγεγράφθαι τάς έπιστολάς εύαγγέλιον ώς ού καλώς πάσαν τήν καινήν διαθήκην εύαγγέλιον ημών όνομασάντων, λεκτέον ότι πολλαχοΰ των γραφών δύο τινών ή πλειόνων τώ αύτω όνόματι όνομαζομένων κυριώτερον επί του έτέρου τών λεγομένων κεΐται τό όνομα" οίον λέγοντος του σωτήρος- « Μή καλέσητε διδάσκαλον έπί της γης® » ό από­ στολός φησι τετάχΟαι έν τη έκκλησία καί διδασκάλους. 20. Ούκ έσονται ούν ούτοι διδάσκαλοι όσον επί τη ακριβείς της του εύαγγελίου φωνής. Ούτως ούκ έ'σται εύαγγέλιον τό κατά τάς έπιστολάς παν γράμμα, όταν παραβάλληται τη 29 Β διηγήσει τών περί ’Ιησού πράξεων καί παθημάτων καί λόγων αύτού. Ιίλήν απαρχή πόσης γραφής τό εύαγγέλιον, καί πασών τών κατ’ εύχήν ημών πράξεων έσομένων άπαρχήν ποιούμεθα εις την άπαρχήν τών γραφών. IV. 21. (6‘) Έγώ δ’ οιμαι δτι καί τεσσάρων δντων τών εύαγγελίων οίονεί στοιχείων τής πίστεως τής έκκλησίας — έξ ών στοιχείων ό πας συνέστηκε κόσμος έν Χριστώ καταλλαγείς τώ Οεώ, κα.Οά φησιν ό ΙΙαύλος· « Θεός ήν έν Χριστώ κόσμον καταλλάσσων έαυτώ1’ »" ού κόσμου την αμαρτίαν ήρεν ’Ιησούς· περί γάρ τού κόσμου τής έκκλησίας ό λόγος 29 C έστίν ό γεγραμμένος" « ’Ιδού ό αμνός τού θεού, ό αιρων τήν αμαρτίαν τού κόσμου0 » άπαρχήν τών εύαγγελίων είναι 8 Pr. τό προστε|ταγμένον ήμίν ύπό σού κατά δύναμιν έρευνήσαι, τό κατά Ίωάννην, τόν γενεαλογούμενον είπόν καί από τού άγενεαλογήτου άρχόμενον. 22. Ματθαίος μεν γάρ τοίς προσδοκώσι τόν εξ ’Αβραάμ a. Matth. 23, 8 b. II Cor. 5, 19 c. .In 1, 2912 1. On trouvera au livre II, 156, une excellente illustration de ce principe par la vie animale et la vie spirituelle. 2. Les manuscrits du Nouveau Testament sont partagés entre μή I, § 19-22 69 19. Si l'on refuse notre seconde explication, en disant que nous avons tort d’appeler tout le Nouveau Testament un évangile, puisque les épîtres ne portent pas ce titre, il faut répondre qu’en de nombreux passages des Écritures deux objets ou davantage sont désignés du même nom, le mot étant pris dans son sens propre pour l’un d’eux seulement1. Ainsi, bien que le Seigneur ait dit : « Ne donnez à personne sur terre le nom de maître”2», l’Apôtre déclare que des maîtres ont été établis dans l’Église. 20. Ils ne seront donc pas des maîtres au sens strict du terme de l’Évangile. Ainsi tout détail des épîtres ne sera pas considéré comme un évangile, si on le compare au récit des actions, des souffrances et des paroles de .Jésus. Cependant, l’Évangile constitue les prémices de toute l’Écriture et, de tous les travaux que nous espérons entre­ prendre, nous consacrons les prémices aux prémices de l’Écriture. IV. 21. Pour ma part, je pense que les quatre évangiles sont comme particulière de les éléments de la foi de l’Église3 l’évangile de Jean — ces éléments dont est constitué le monde entier réconcilié avec Dieu dans le Christ, comme le dit Paul : « Dieu était dans le Christ se réconciliant le monde6 ·> ; de ce monde Jésus a pris le péché, car c’est le monde de l’Église que concerne cette parole : « Voici Γ Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde0 » — et je pense que les prémices des évangiles se trouvent dans le texte que tu nous demandes d’expliquer autant que nous le. pourrons, l’évangile, de Jean qui, pour parler de celui dont d’autres ont fait la généalogie, commence par celui qui n’en a pas. 22. En effet, Matthieu, écrivant pour des Juifs qui b) Grandeur κληΟητε, « ne vous faites pas appeler », et μηδένα καλέσητβ, » n’appe­ lez personne ». 3. Voir note compl. 1, p. 397. 70 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN καί Δαβίδ Έβραίοις γράφων· « Βίβλος, φησί, γενέσεως ’Ιησού Χριστού, υιού Δαβίδ, υιού ’Αβραάμ® », καί Μάρκος, είδώς δ γράφει, « άρχήν » διηγείται « τού ευαγγελίου11 », τάχα εύρισκόντων ήμών το τέλος αύτού παρά τώ ’Ιωάννη * * * * τόν « έν αρχή » λόγον, θεόν λόγον. ’Αλλά καί Λου­ κάς * * * * άλλά γε τηρεί τω έπί τό στήθος άναπεσόντι 29 D τού ’Ιησού0 τούς μείζονας καί τελειοτέρους περί ’Ιησού λόγους· ούδείς γάρ εκείνων άκράτως έφανέρωσεν αύτού την θεότητα ώς ’Ιωάννης, παραστήσας αυτόν λέγοντα* « Έγώ είμι τύ φως τού κόσμου *’ »’ « Έγώ είμι ή οδός καί ή αλήθεια καί ή ζωή·0 »· « Έγώ είμι ή άνάστασις1 »' « Έγώ είμι ή 32 Λ Ούρα15 »· « Έγώ είμι 0 ποιμήν ό καλός11 »' καί έν τη Άποκαλύψει « Έγώ είμι τύ Λ καί το Ω, ή αρχή καί τό τέλος, ό πρώτος καί ο έσχατος1 ». 23. Τολμητέον τοίνυν είπεϊν απαρχήν μεν πασών γραφών είναι τα εύαγγέλια, των δέ εύαγγελίων απαρχήν τό κατά Ίωάννην, ού τδν νουν ούδείς δύναται λαβεϊν μή άναπεσών επί τό στήθος ’Ιησού μηδέ λαβών από Ιησού την Μαρίαν γινομένην καί αύτού μητέρα. Καί τηλίκόυτόν δέ γενέσθαι δει τόν έσόμενον άλλον Ίωάν'/ην, ώστε οίονεί τόν Ίωάν'/ην δειχθήναι οντα Ίησούν υπό Ιησού. Ει γάρ ούδείς υιός Μαρίας κατά τούς ύγιώς περί αύτης δοξάζοντας ή ’Ιησούς, φησί δέ ’Ιησούς τή μητρί* « Ίδε ό υίός σουί » καί ούχί « Ίδε καί ούτος υιός σου », ϊσον ειρηκε a. Matth. t, 1 b. Mc 1, 1 c. (I. c. f. Jn Jn Jn Jn 13, 25 8, 12 14, 6 11, 25 g. Jn 10, 9 h. Jn 10, 11 i. Apoc. 22. 13 j. Jn 19, 26 1. Au livre XXXII (ch. 20 et 21), Origine expliquera que Jean reposait dans le Verbe et ses mystères d’une manière analogue â celle dont le Fils repose dans le sein du Père, puis, qu’il vaut 1, § 22-23 71 attendent le fils d’Abraham et de David, dit : « Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham a »; et Marc, sachant bien ce qu’il écrit, inet : « Début de l’Évangileb » -- dont nous trouvons sans doute chez Jean la fm, c’est-àdire le Verbe qui était au commencement, le Verbe Dieu. Mais Luc aussi... réserve à celui qui a reposé sur la poitrine de Jésus0 les discours les plus grands et les plus parfaits sur Jésus. Aucun d'eux n'a montré sa divinité d’une manière aussi absolue que Jean, qui lui fait dire : « C’est moi la lumière du monde0 », « C’est moi le chemin, la vérité et la vie® », « C’est moi la résurrection *», « C’est moi la porte» », •i C’est moi le bon bcrgerh », et. dans l’Apocalypse, « C’est moi l’alpha et l’oméga, le commencement et la fm, le premier et le dernier' n. 23. Il faut donc oser dire que, de toutes les Écritures, les évangiles sont les prémices et que, parmi les évangiles, les prémices sont celui de Jean, dont nul ne peut saisir le sens s’il ne s’est renversé1 sur la poitrine de Jésus et n’a reçu de Jésus Marie pour mère. Et, pour être un autre Jean, il faut devenir tel que, tout comme Jean, on s’entende désigner par Jésus comme étant Jésus lui-même. Car, selon ceux qui ont d’elle une opinion saine, Marie n'a pas d’autre fils que Jésus2 ; quand donc Jésus dit à sa mère : « Voici ton lilsJ » et non : « Voici, cet homme est aussi ton fils », mieux se renverser (àvansqsïv) sur le sein de Jésus qu’y reposer. 2. La conception virginale est seule certifiée par le Nouveau Testa­ ment. Alors que dans ceux de leurs écrits qui nous ont été conser­ vés - Justin, Irénée, Clément d’Alexandrie ne parlent pas clairement de la virginité perpétuelle et que Tertullien la nie (G. Jo cassa RD, « Marie â travers la patrislique >, p. 72-S5), Origènc y revient à plu­ sieurs reprises et avec insistance : il est inconcevable que Marie ait pu s'unir à un homme apres la grâce de la maternité divine (In Malllt. X, 17, t. X, p. 21). Les frères de Jésus sont les Ills d'un premier mariage de Joseph (In Jo. frg. 31 ; In Matlti. loe. cil. ; In Luc. horn. VII, I). D'après 11. CROUZEb ( Introduction aux Homélies sur Luc, p. 36-40), l’adjectif υγιής désignerait renseignement reconnu vrai par Γ Eglise et qui s’oppose aux opinions des hérétiques. Origène aurait donc conscience de défendre non une. opinion personnelle, mais une « partie intégrante de la fol chrétienne ». 72 SUR 1,’ÉVANGÏXiE DE JEAN 9 Pr. τω « ’Ίδε | ούτός έστιν ’Ιησούς δν έγέννησας ». Καί γάρ πάς 32 Β ό τετελειωμένος « ζή ούκέτι, άλλ’ εν αυτω ζή Χρίστος'1 », καί έπεί « ζή » έν αύτω « Χριστός », λέγεται περί αύτου τη Μαρία’ « Ίδε ό υιός σου » ό Χριστός. 24. ΊΙλίκου τοίνυν νού ήμιν δει, ίνα τόν έν τοϊς δστρακίνοις της εύτελόυς λέξεως Οησαυροίς1) έναποκείμενον λόγον, του ύπό πάντων των έντυγχανόντων άναγινωσκομένου γράμ­ ματος καί υπό πάντων των παρεχόντών τάς σωματικός άκοάς άκουομένου αισθητού διά φωνής λόγου έκλαβεΐν κατ’ αξίαν δυνηθώμεν, τί δει καί λέγειν : Τόν γάρ μέλλοντα ταύτα ακριβώς καταλαμβάνει’? μετά αλήθειας είπείν δει’ « 'Ημείς δέ νουν Χριστού εχομεν, ινα είδώμεν τά ύπό τού θεού χαρίσθέντα ήμιν0. » 25. Έστι δέ προσαχθήναι άπο των ύπό Παύλου λεγο­ μένων περί τού πάσαν τήν καινήν είναι τά εύαγγέλια, όταν που 32 C γράφη’ « Κατά τό εύαγγέλιόν μουά »’ έν γράμμασι γάρ Παύλου ούκ εχομεν βιβλίον εύαγγέλιόν συνήθως καλούμενου, άλλα παν, δ έκήρυσσε καί έ'λεγε, τό εύαγγέλιόν ήν. "Α δέ έκήρυσσε καί έ'λεγε, ταύτα καί έγραφε’ καί ά έγραφεν άρα εύαγγέλιόν ήν. 26. Εί δέ τα Παύλου εύαγγέλιόν ήν, άκόλουθον λέγειν ότι καί τά Πέτρου εύαγγέλιόν ήν καί άπαξαπλώς τά συνιστάντα την Χριστού επιδημίαν καί κατασκευάζοντα την παρουσίαν αύτού έμποιούντά τε αύτήν ταίς φυχαΐς των βουλομένων παραδέξασθαι τόν έστώτα έπί τήν θύραν καί κρούοντα15 καί είσελΟείν βουλόμενον είς τάς ψυχάς λόγον θεού. a. b. c. d. c. Cf. Gal. 2, 20 II Cor. 4, 7 I Cor. 2, 16.12 Rom. 2, 16 Cf. Apoc. 3, 20 1. Si Dieu n'esl pas vu pnr les yeux du corps (VI, 16). mais par le νοϋ; (X, 302), de même — n’importe qui peut le comprendre —, pour saisir la Parole de Dieu, son Verbe, l’ouïe qui est capable de saisir les bruits qui retentissent dans l'air (Contra Celsum 1, 48) ne I, $ 23-26 73 c’est comme s’il lui disait : « Voici Jésus que tu as enfanté, n En effet, quiconque est arrivé à la perfection « ne vit plus, mais le Christ vit en lui"» et, puisque le Christ vit en lui, il est dit de lui à Marie : « Voici ton fils », le Christ. 24. Est-il encore nécessaire de dire quelle intelligence il nous faut pour interpréter dignement la parole déposée dans les trésors d'argile1’ d’une manière de parler ordinaire, de la lettre lue par n’importe qui. de la parole rendue sensible par la voix et qu’entendent tous ceux qui prêtent les oreilles de leur corps1 ? Car. pour interpréter cet évangile avec exactitude, il faut pouvoir dire en toute vérité : « Nous, nous avons la pensée du Christ, pour connaître les grâces que Dieu nous a accordées0. » Tout le 25- ΡθυΓ montrer que tout le Nouveau Testament Nouveau Testament est l’Évangile, est Évangile 11 faul Clter le Passage de Paul, où il dit : » Selon mon évangile0». Car, dans les écrits de Paul nous n’avons pas de livre couram­ ment appelé évangile, mais tout ce qu’il a proclamé et dit était l’Évangile. Or, ce qu’il a proclamé et ce qu’il a dit, il l'a aussi écrit. Donc, ce qu’il a écrit, était l’Évangile2. 26. Mais si les écrits de Paul étaient l’Évangile, il s’ensuit que ceux de Pierre étaient aussi l’Évangile et, en un mot, tous ceux qui montraient la venue du Christ, préparaient sa présence et la procuraient aux âmes de ceux qui veulent accueillir le Verbe de Dieu, lequel se tient à la porte, frappe0 et désire entrer dans les âmes3. suffit pas : il y faut des oreilles plus divines (ibid. VU, 47). Origène a, le premier, développé cette théorie des sens spirituels. Il y revient souvent (voir, en particulier, In Jo. XX, 405 à 417). On trouvera toutes les références dans l’article de K. Rahneh : · Le début d’une doctrine des cinq sens spirituels chez Origène ». 2. Cf. Avant-Propos, p. 14 et n. 10. 3. On trouvera au livre XIH (§ 199) l'explication du Verbe qui désire entrer dans l’âme et y prendre son repas. 74 32 D 33 A 10 Pr. 33 B SUR L’ÉVANGILE DE JEAN V. 27. (7) Τί δέ βούλεται δηλούν ή « εύαγγέλιόν » προσηγορία, και διά τί ταύτην έχει τήν επιγραφήν ταΰτα τα βιβλία, ήδη καιρός έξετάσαι. Έστι τοίνυν τό εύαγγέλιόν λόγος περιέχων απαγγελίαν πραγμάτων κατά το εύλογον διά τό ώφελεϊν εύφραινόντων τόν άκούοντα, έπάν παραδέξηται τό άπαγγελλόμενον’ ούδέν δ’ ήττον ό τοιούτος λόγος εύαγγέλιόν έστιν, άν καί προς τήν σχέσιν του ακούοντας έξετάζηται. "Η εύαγγέλιόν έστι λόγος περιέχων άγαθού τω πιστεύοντι παρουσίαν ή λόγος έπαγγελλόμενος παρεϊναι αγαθόν τό προσδοκώμενον. 28. Ιίάντες δέ i οί προειρημένοι ήμϊν οροί έφαρμόζουσι τοϊς έπιγραφομένοις εύαγγελίοις. "Εκαστον γάρ εύαγγέλιόν, σύστημα άπαγγελλομένων ώφελίμων τω πιστεύοντι καί μή παρεκδεξαμένω τυγχάνον ωφέλειαν έμποιοΰν, κατά τό εύλογον εύφραίνει, διδάσκον τήν δι’ άνθρώπους τού πρωτοτόκου πάσης κτίσεως® Χριστού ’Ιησού σωτήριον αύτοϊς επιδημίαν. ‘Αλλά καί οτι λόγος έστιν έκαστον εύαγγέλιόν διδάσκων τήν τού αγαθού πατρός έν υίω τοΐς βουλομένοις παραδέξασθαι έπιδημίαν, παντί τω πιστεύοντι σαφές. 29. 'Ότι δέ καί αγαθόν έπαγγέλλεται διά των βιβλίων τούτων τό προσδοκηθέν, ούκ ασαφές. Σχεδόν γάρ ό βαπτιστής Ιωάννης την παντός τού λαού λαβών φωνήν φησι πέμψας τω ’Ιησού· « Σύ εί ό ερχόμενος, ή έτερον προσδοκώμεν15, » προσδοκώμενον γάρ αγαθόν τω λαω ό Χριστός ήν, περί ού κηρυσσόντων των προφητών μέχρι καί των τυχόντων πάντες εις αύτόν εσχον οί υπό νόμον καί προφήτας τάς έλπίδας, ώς μαρτυρεί ή Σαμαρεϊτις λέγουσα* « Οίδα ότι Μεσσίας έρχεται, ό λεγόμενος « Χριa. Cf. Col. 1, Ι.’> b. Matth. 11.3 1. G. Friedrich relève (art. εύαγγέλιόν dans Kiltel, t. II. p. 719-721, 1935) pour l'antiquité païenne les emplois suivants du terme « évan­ gile » : bonne nouvelle, annonce «le la victoire, annonce de l'avènement de l’empereur, salaire pour une bonne nouvelle, sacrifice de reconnais­ sance pour une bonne nouvelle. 75 I, § 27-29 B. Qu’est-ce qu’un évangile ? 1. Sens du terme V. 27. I] est temps d’examiner ce que veut dire le terme d’« évangile » et pourquoi ces livres portent ce titre. Un évan­ gile est un discours contenant l’annonce d’événements qui, par les avantages qu’ils procurent, sont normalement un sujet de joie pour ceux qui les apprennent, du moment où ils en accueillent la nouvelle. Un tel discours n'est pas moins une bonne nouvelle si on le considère en fonction des dispositions de celui à qui il s’adresse. Ou bien, un évangile est un discours qui comporte pour celui qui l’accepte la présence d’un bien— ou encore un dis­ cours annonçant la présence d'un bien attendu. 28. Toutes nos définitions conviennent aux livres appelés évangiles1. Car chaque évangile est un ensemble de nouvelles utiles à celui qui croit et il procure des avantages à quiconque ne l’interprète pas de travers. Il suscite donc normale­ ment de la joie, en enseignant la venue pour les hommes du premier-né de toute créature11, Jésus-Christ, leur salut. 11 est également clair pour tout croyant que chaque évangile est un discours enseignant la visite en son Fils du Père plein de bonté, venu pour tous ceux qui veulent le recevoir. 29. Et il n’est pas douteux que, par ces livres, est annoncé le bien attendu : c’est peut-être au nom de tout le peuple que Jean-Baptiste prend la parole quand il envoie dire à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autreb? » Car le Christ était le bien que le peuple attendait et qu’avaient annoncé les prophètes ; tous ceux qui étaient sous la loi et les prophètes, tous, même les hommes du commun, mettaient en lui leur espérance, comme en témoigne la Samaritaine par ces mots : « Je sais que le Messie doit venir, celui qu’on appelle le Christ ; quand SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 76 στός »* όταν έλΟη εκείνος, άπαγγελεΐ ήμΐν άπαντα3 ». 30. ’Αλλά και Σίμων καί Κλεόπας, όμιλοΰντες « πρός άλλήλους περί πάντων των συμβεβηκότω'Λ » τφ ’Ιησούς αύτω τω Χριστώ άναστάντι ούδέπω γινώσκοντες έγηγέρΟα*. αύτόν έκ νεκρών φασί* « Σύ μόνος παροικείς έν ‘Ιερουσαλήμ, καί ούκ εγνως τά γενόμενα έν αύτή έν ταις ήμέραις ταύταις ; » 33 C Είπόντος δέ « Ποια ; » Αποκρίνονται* « Τά περί ’Ιησού τού Ναζαρηνού, δς έγένετο άνήρ προφήτης δυνατός έν έργω καί λόγοι εναντίον τού θεού καί παντός τού λαού’ όπως τε παρέδωκαν αύτόν οί αρχιερείς καί οί άρχοντες ημών εις κρίμα θανάτου καί έσταύρωσαν αυτόν. 'Ημεΐς δέ ήλπίζομεν δτι αυτός έστιν ό μέλλων λυτρούσθαι τόν ’Ισραήλ0. » 31. Πρός τούτοις Άνδρέας ό αδελφός Σίμωνος ΙΙέτρου εδρών τόν αδελφόν τόν ίδιον Σίμωνα λέγει* « Εδρήκαμεν τόν Μεσσίαν, ο έστι μεθερμηνευόμενο*.» Χριστός0. » Καί μετ’ ολίγα ό Φίλιππος εδρών τόν Ναθαναήλ λέγει αύτώ* « "Ον εγραψεν Μωσής έν τώ νόμω καί οι προφήται εδρήκαμεν, τόν Ίησούν τόν υιόν τού ’Ιωσήφ τόν από Ναζαρέθ0. » VI. 32. (8) Δόξαι δ’ άν τις ένίστασθαι τώ πρώτω ορω, 33 D έπεί καί τά μή έπιγεγραμμένα εδαγγέλια υποπίπτει αύτώ* ό γάρ νόμος καί οί προφήται « λόγοι » πιστεύονται είναι « περιέχοντες απαγγελίαν πραγμάτων κατά τό εύλογον διά 11 Pr. τό ώφελείν εύφραινόντων τούς Ακούοντας, έπάν | παραδέξωνται τά Απαγγελλόμενα ». 33. ΛεχΟείη δ’ άν προς τούτο οτι πρό τής Χριστού έπιδημίας ό νόμος και οί προφήται, άτε μηδέπω έληλυθότος τού a. b. c. <1. c. Jn. I, 25 I.c 24, 14 Le 24, 18-21 .In 1, 41 .In 1, 45 1. Alors que Luc ne donne que le nom de Cléophas (24, 18), Origène indique habituellement aussi celui de son compagnon, Simon (Contra Celsum H, 62.68; In Jer. hom. XX (XIX), 8.0). Il lit peut-être. 1. § 29-33 77 il viendra, il nous annoncera tout". » 30. Également Simon1 et Cléopas, « s'entretenant de tout ce qui était arrivéb » à Jésus, disent au Christ ressuscité, parce qu’ils ne savent pas encore qu’il s’est réveillé d’entre les morts : «Tu es donc le seul à habiter Jérusalem sans savoir ce qui s’y est passé ces derniers jours 1 » Jésus demande : « Quoi ? » et ils répondent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment nos grandsprêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamne à mort et l’ont fait crucifier. Mais nous, nous espérions qu’il était celui qui doit délivrer Israël®. » 31. André, le frère de Simon Pierre, rencontrant son propre frère Simon, lui dit aussi : a Nous avons trouvé le Messie, ce qui veut dire le Christ*1 », et, peu après, Philippe, trouvant Nathanaël, lui dit : « Nous avons trouvé celui dont ont parlé dans la loi Moïse et les prophètes, c’est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth®. » 2. L’Ancien Testament devenu un évangile VI. 32. On pensera peut-être qu’il faut rejeter notre première définition, puisqu’elle convient également à des livres qui ne portent pas le titre d’évangiles. On croit, en effet, que la loi et les prophètes sont « des discours contenant l’annonce d’événements qui, par les avantages qu’ils pro­ curent, sont normalement un sujet de joie pour ceux qui les apprennent, du moment qu’ils en accueillent la nou­ velle n. 33. On peut répondre à cela qu’avant la venue du Christ la loi et les prophètes ne contenaient pas l’annonce qu’im­ plique la définition du mot « évangile », puisque celui qui au verset 34, λέγοντες au lieu de λέγοντας : ce sont les deux disciples qui annoncent aux autres la résurrection. Cf. H. Crouzbl, Connais­ sance, p. 193 et 194. 78 SUB L’ÉVANGILE DE JEAN τά έν αύτοϊς μυστήρια σαφηνίζοντος, ούκ ειχον τό επάγγελμα του περί τού εύαγγελίου ορού’ ό δέ σωτήρ έπιδημήσας καί τό 36 Λ εύαγγέλιον σωματοποιηθηναι ποιήσας τω εύαγγελίω πάντα ώσεί εύαγγέλιον πεποίηκεν. 34. Καί ούκ αν από σκοπού χρησαίμην τω παραδείγματι τού « Μικρά ζύμη <5λον τύ φύραμα ζυμοΐ« ». "Οτι ♦ *♦♦♦♦ υιούς των ανθρώπων τή θειότητι αύτού, περιελών τό έν τω νόμω καί προφήταις κάλυμμα1’, πάντων τό θειον απέδειξε, φανερώς παραστήσας τοϊς βουληθεΐσι της σοφίας αύτού γενέσθαι μαθηταις, τίνα τά αληθινά τού Μωσέως νόμου, ών ύποδείγματι καί σκιά0 έλάτρευον οί πάλαι, καί τις ή αλήθεια των έν ταϊς ίστορίαις πραγμάτων, άτινα « τυπικώς συνέβαινεν έκείνοίς, έγράφη δέ » δι’ ημάς, εις ούς τά τέλη των αιώνων κατήντησεΆ 35. Πας γούν ώ Χριστός έπιδεδήμηκεν ούτε έν 'Ιεροσολύμοις ούτε έν τω των Σαμαρειτών δρει προσκυνει τω θεώ αλλά μαθών ότι « πνεύμα ό θεός », πνευματικός λατρεύων αύτφ 36 Β « πνεύματι και άληθεία0 » ούκέτι δέ τυπικώς προσκυνει τόν των όλων πατέρα καί δημιουργόν. 36. Ούκούν πρό τού εύαγγελίου, δ γέγονε διά την Χρίστου έπιδημίαν, ούδέν των πάλαι εύαγγέλιον ήν. Τό δέ εύαγγέλιον, δπερ έστί διαθήκη καινή, άποστήσαν ημάς παλαιότητος τού γράμματος1 τήν μηδέποτε παλαιουμένην καινότητα τού πνεύματος, οίκείαν της καινής διαθήκης τυγχάνουσαν. έν πάσαις άνακειμένην γραφαϊς τω φωτί τής γνώσεως άνέλαμGal. 5, 9 Cf. II Cor. 3, 15 Iléb. 8, 5 I Cor. 10, 11 Jn 4, 24 t. Cf. Rom. 7, 612 a. b. c. d. e. 1. Ποιήσας Μ : Οε/.ήσας Prcuschen, 2. Lacune : nous avons laissé tomber trois mots qui ne s’insèrent pas dans le contexte actuel : « les fils des hommes à sa divinité ». Si les suggestions de Prcuschen sont exactes, le sens serait : car il ne I. § 33-36 79 devait éclairer les mystères qu’ils renferment n’était pas encore venu. Parce qu’il est venu et parce qu'il a réalisé1 l'incarnation de l’Évangile, le Sauveur a, par l’Évangile, fait de tout comme un évangile. 34. H ne serait pas déplace de prendre à témoin la parabole : « Un peu de levain fait lever toute la pâte®»; car...2, enlevant le voile b qui recou­ vrait la loi et les prophètes, il montra le caractère divin de tontes (les Écritures), faisant comprendre clairement à ceux qui veulent devenir les disciples de sa sagesse quelles sont les réalités cachées dans la loi de Moïse et à qui les anciens rendaient un culte qui n’est qu’une image et une ombré® et quel est le sens véritable des événements rapportés dans les livres historiques : ils arrivaient aux Juifs en figure et ils ont été consignés pour nous qui sommes arrivés à la fin des temps4*3. 35. Car tout homme que le Christ visite n’adore plus Dieu à Jérusalem ni sur la montagne des Samaritains, mais, parce, qu'il a appris que Dieu est esprit, il le sert spirituel­ lement, en esprit et en vérité®, et ce n’est plus en figure qu’il adore le Père et Créateur de toutes choses4. 36. Donc, avant l'évangile qui a pris naissance par la venue de Jésus-Christ, aucun des écrits des anciens n’était un évangile. Mais l’Évangile, qui est une alliance nouvelle, nous ayant dégagés de la vétusté de la lettre1, a fait luire dans la lumière de la connaissance la nouveauté jamais vieillie de l’Esprit, nouveauté propre à l’alliance nouvelle et qui était déposée dans toutes les Écritures. Il fallait pouvait le voir autrement ; mais, enlevant le voile qui, dans la loi et les prophètes, cachait sa divinité aux ills des hommes, il montra... 3. Qu’on remarque les deux expressions utilisées, ici et à la page suivante (§ 38), par Origène pour désigner les temps qui suivent la venue du Eils de Dieu en Jésus-Christ. Ailleurs (frg. SO) le πλήρωμα τοΰ χρόνου désignera la fin du monde. •1. Père et Créateur, une même personne : la question sera discutée plus longuement au livre II (102-101) :'loin d’être inférieur au Verbe, comme le prétendent les gnostiques (voir Avant-Propos. p. 14-16), k Créateur est son Père. SUB L'ÉVANGILE DE JEAN 80 ψεν. Έχρήν 3ε τδ ποιητικόν του καί έν τη παλαιά δι αΟήκη νομιζομένου εύαγγελίου εύαγγέλιον έξαιρέτως καλ εΐσθαι « εύαγγέλιον ». VII. 37. (9) ΓΙλήν ούκ άγνοητέον Χριστού έπιδημίαν και πρδ της κατά σώμα έπιδημίας τήν νοητήν γεγονέναι τους τελειοτέροις καί ού νηπίοις ούδέ ύπδ παιδαγωγούς καί 36 C επιτρόπους*· έ’τι τυγχάνουσιν, οϊς τδ νοητόν τού χρόνου πλήρωμα15 ένέστη, ώσπερ τοΐς πατριάρχαις καί Μωσεΐ τώ H Pr. θεράποντι καί τοΐς τεθεαμένοις Χριστού τήν δόξαν | προφήταις. 38. "Ωσπερ δέ πρδ της εμφανούς καί κατά σώμα έπιδημίας έπεδήμησε τοις τελείους, ούτω καί μετά τήν κεκηρυγμένην παρουσίαν τους έτι νηπίοις, άτε « ύπδ επι­ τρόπους » τυγχάνουσι « καί οικονόμους » καί μηδέπω έπί τδ πλήρωμα τού χρόνου έφθακόσιν <ο1ς > οί μεν πρόδρομοι Χριστού έπιδεδημήκασι, παισί ύυχαΐς άρμόζοντες λόγοι, εύλόγως αν κληΟέντες « παιδαγωγοί »' αύτδς δέ ό υίδς ό δεδοξασμένος « Οεδς λόγος » ούδέπω, περιμένων τήν δέουσαν γενέσΟαι προπαρασκευήν τοΐς μέλλουσι χωρεΐν αύτοΰ την θεότητα ανθρώπους θεού. 39. Καί τούτο δέ είδέναι έχρήν, ότι ώσπερ έ'στι « νόμος 36 D σκιάν » περιέχων « τών μελλόντων αγαθών » ύπδ τού κατά άλήθειαν καταγγελλομένου νόμου δηλουμένων, ούτω καί εύαγγέλιον σκιάν μυστηρίων Χριστού διδάσκει τδ νομιζόμενον ύπδ πάντων τών έντυγχανόντων νοεΐσΟαι. 40. 'Ό δέ φησιν ’Ιωάννης εύαγγέλιον αϊώνιον®, οίκείως αν λεχθησόμενον πνευματικόν, σαφώς παρίστησι τοΐς νοούσιν τά πάντα ένώπιον·1 περί αύτού τού υιού τού θεού καί τά παριστάμενα a. b. c. <1. Cf. Cf. Cf. Cf. Gal. 4, 2 Gal. 4, 4 Apoc. 14, 6 Prov. 8, 9 1. Voir note compl. 2, p. 397. 2. Cf. note 3, p. 79. I. § 36-40 81 donc que l'Évangile, créateur de ce qu'on appelle évangile même dans l’ancienne alliance, fût tout spécialement désigné comme « l’Evangile ». 3. Évangile corporel — Évangile spirituel Vil. 37. Cependant il ne faut pas ignorer qu’il y a eu, même avant sa venue dans un corps, une venue spi­ rituelle du Christ pour les hommes arrivés à une certaine perfection, qui n’étaient plus des enfants sous l’autorité de pédagogues ou d’intendants'1 et pour qui avait été réalisée la plénitude spirituelle des temps11 : les patriarches, Moïse le serviteur, les prophètes qui ont contemplé la gloire du Christ1. 38. Et, tout comme avant sa venue visible dans le corps il est venu pour les parfaits, ainsi, même après la proclamation de son avènement, n’est-il pas encore venu pour ceux qui sont restés de petits enfants, parce que, étant encore sous l’autorité de tuteurs et d'intendants, ils ne sont pas parvenus à la plénitude des temps-. Vers eux sont allés les précurseurs du Christ, c’est-à-dire des discours adaptés à des âmes-enfants et appelés à juste titre pédagogues ; mais le Eils glorifié lui-même, le Verbe Dieu, n’est pas encore venu jusqu'à eux, car il attend qu'ils aient reçu la formation nécessaire aux hommes de Dieu pour être capables de recevoir en eux sa divinité. 39. Il faut savoir que, de même que la loi (de Moïse) renferme l'ombre des biens à venir révélés par la loi (spiri­ tuelle) promulguée selon la vérité, de même l'Évangile, qu’on s’imagine compris de tout le monde, enseigne l’ombre des mystères du Christ. 40. A ceux qui considèrent face à faced tout ce qui concerne le Fils de Dieu, Γ « Évangile éternel0 », comme dit Jean, celui qu’on pourrait appeler à proprement parler 1’ « Évangile spirituel », montre clai- a) Supériorité des saints de l’ancienne alliance sur les chrétiens ignorants 6 82 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN μυστήρια ύπό των λόγων αυτού τά τε πράγματα, &ν αινίγματα ήσαν αί πράξεις αύτοΰ. Τούτοις δέ ακόλουθόν έστιν έκλαμβάνειν οτι δν τρόπον έν 37 A φανερω ’ Ιουδαίος τίς έστι" καί περ < ιτετμημένος > καί έν φανερω περι<τομή> καί άλλη έν κρύπτω b, ούτω χριστιανός καί βάπτισμα. 41. Καί Παύλος μέν καί Πέτρος, έν φανερω πρότερον βντες ’Ιουδαίοι καί περιτετμημένοι, ύστερον καί έν τώ κρύπτω τοιούτοι τυγχάνειν άπδ 'Ιησού είλήφασι, τό έν φανερω είναι ’Ιουδαίοι διά την των πολλών σωτηρίαν κατ’ οικονομίαν ού μόνον λόγοις όμολογούντες αλλά καί δνά των έργων δεικνύντες”. Το δ’ αύτό καί περί τοϋ χριστιανισμού αύτών λεκτέον. 42. Καί ώσπερ ούκ έστιν ώφελήσαι δυνατόν Παύλον τούς κατά σάρκα Ιουδαίους, έάν μή, ότε ό λόγος αίρει, περιτέμη τον Τιμόθεον111, καί, ότε εύλογον έστι, ξυράμενον® καί προσφοράν ποιήσαντα καί άπαξαπλώς τούς Ίουδαίοις ’Ιουδαίον γενόμενον, Ινα τούς ’Ιουδαίους κερδηση*, 13 Pr. ούτως τόν έκκείμενον εις πολ|λών ώφέλειαν ούκ έστι διά 3' Β τού έν κρύπτω χριστιανισμού μόνον δυνατόν τούς στοιχειουμένους έν τώ φανερω χριστιανισμώ βελτιώσαι καί προαγαγεϊν έπί τά κρείττονα καί ανωτέρω. a. Cf. Rom. 2, 28 b. Cf. Rom. 2, 29 c. Cf. Jac. 2. 18 <1. Act. 16, 3 e. Act. 21, 24 f. Cf. I Cor. 9, 20 1. On aurait aussi pu traduire : « dont scs actions étaient des images », si la fréquence du mot είκών ne nous obligeait pas à lui réserver la traduction « image ». — Comme le fait remarquer U. de Lubac (op. cil., p. 229), tantôt Origène parait < accorder trop aux parfaits dès maintenant (ci-dessus § 37) cl tantôt il parait creuser pour tous un abîme entre l'Évangilc dont nous vivons sur terre et le royaume des deux ». Le livre XIII nous montrera les limites de la perfection accessible ici-bas (§ 87-88), car ceux même qui adorent dès maintenant en esprit et en vérité n’adorent cependant pas comme dans le siècle â venir (XIII, 113). — Dans le Commentaire sur les Romains (I, 4, PG 14, 848 A ; cf. 847 D, Lommatzsch VI, p. 20), Origène revient à plusieurs reprises sur l’Évangilc éternel, en qui le Verbe s’est peut-être révélé aux anges. I, § 40-42 83 renient aussi les mystères révélés par ses paroles et les réalités que ses actions suggèrent1. On comprend par conséquent que, tout comme on peut être publi­ extérieur quement juif et circoncis» et qu'il y et christianisme a une circoncision publique23et une « dans le secret » autre qui est cachée, il en est de même des chrétiens et du baptême. 41. Paul et Pierre, d’abord juifs et circoncis extérieurement, reçurent ensuite de Jésus de l’être aussi dans le secret1»8 : à cause du dessein de Dieu et en vue du salut d’un grand nombre, non seule­ ment ils reconnaissaient par leurs paroles qu’ils étaient extérieurement juifs, mais encore ils le prouvaient par leurs actesc. 11 faut dire la même chose de leur christianisme. 42. De même qu’il n’est pas possible à Paul de rendre service aux juifs selon la chair si, quand il lui paraît néces­ saire de le faire4*, il ne circoncisait Timothée*1, et si, lorsque c’est raisonnable, il ne se rasait la tête® pour présenter son offrande, et si, en un mot, il ne se faisait juif avec les Juifs afin de gagner les Juifs1, de même, il n’est pas possible que celui qui a été établi pour Futilité d’un grand nombre arrive, en pratiquant le christianisme seulement en secret, à rendre meilleurs ceux qui en sont aux éléments du chris­ tianisme visible et à les faire monter jusqu’à des biens plus grands et plus élevés. 6) Christianisme 2. Par ce qui est entre crochets, Preuschen complète, dans son apparat, le texte qu’on lit dans M ; quant à V, il porte καί ττερ'.τετμη­ μένος, puis un blanc suffisant pour environ 32 lettres, enfin οΰτω χριστιανός. 3. l.e Commentaire sur tes Romains (II, 13, PG 14. 901 D à 902 A, Lommatzsch VI, p. 122) a une excellente définition du juif extérieur et du Juif dans le secret : celui qui vit selon la lettre, observe la loi, c'est le juif charnel ; celui qui vit selon l’Esprlt, accomplit la loi, c’est le juif spirituel, le juif dans le secret. 4. Littéralement : « Quand la raison (logos) le réclame » : qu’on note ce sens de logos. Voir ci-dessous 1, 267 et la note. 81 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 43. Διόπερ άναγκαων πνεϋματικώς καί σωματικός χριστιανίζειν- καί όπου μέν χρή τδ σωματικόν κηρύσσειν εύαγγέλιον, φάσκοντα « μηδέν είδέναι » <έν > τοϊς σαρκίνοις « ή Ίησοΰν Χρίστον καί τούτον έσταυρώμένον0 », τούτο ποιητέον* έπάν δέ εύρεθώσι καταρτισμένοι τω πνεύματι καί καρποφοροϋντες1’ έν αύτω έρώντές τε της ούρανίου σοφίας, μετάδοτέον αύτοις του λόγου έπανελθόντος άπό του σεσαρκώσθαι έφ’ δ « ήν έν άρχη προς τόν θεόν0 ». 37 C VIII. 44. (10) Ύπχ:<χ, δέ έξέτάζοντες περί του εύαγγελίου ού μάτην είρηκέναι ήγούμεθα, οίονεί αισθητόν εύαγγέλιον νοητού καί πνευματικού τη έπινοία διακρίνοντες. 45. Καί γάρ νυν πρόκειται τό αισθητόν εύαγγέλιον μεταλαβεΐν εις πνευματικόν- τις γάρ ή διήγη&ις τού αισθητού, εί μη μετάλαμβάνοιτο εις πνευματικόν ; *Ήτοι ούδεμία ή ύλίγη καί τών τυχόντων άπό της λέξεως αυτούς πεπεικότων λαμβάνειν τά δηλούμενα. 46. Άλλα πας αγών ήμιν ένέστηκε πειρωμένοις εις τά βάθ-η τού εύαγγελικου νοΰ φθάσαι καί έρευνήσαι την έν αύτω γυμνήν τύπων αλήθειαν. 47. Τών δή εύαγγελιζομένων έν αγαθών απαγγελία νοουμένων, οί μεν απόστολοι τόν Ίησουν εύαγγελίζονται· λέγονται μέντοι ώς αγαθόν καί την άνάστασιν εύαγγελίζεσθαι, καί αύτήν πως ουσαν Ίησούν ’Ιησούς γάρ φησιν 37 D « Έγώ είμι ή άνάστασις0 »* ’Ιησούς δέ τά τοις άγίοις άποκείμενα εύαγγελίζεται τοϊς πτωχοϊς®, παρακαλών αύτούς έπί τάς θείας επαγγελίας. a. b. c. d. c. Cf. 1 Cor. 2, 2 Cf. Col. 1, 10 Jn 1, 2 Jn 11, 25 Cf. Matth. 11, 5 1. C'est le sens le plus fréquent d’érdvoia chez Origène : aspect, attribut de l’objet pensé (I, 259; II, 76 ; II, 89-90; X, 21 à 27; VI, 107 ; XIX, 155-158). On trouvera aussi, mais moins souvent, un autre sens, assez proche de celui d’éwoia (voir infra, p. 169, n. 3): notion, point de vue du sujet pensant (1, 53 ; II, 66). 85 I, § 43-47 43. C’est pourquoi il est nécessaire d’être chrétien à la fois par l’esprit et par le corps. El là où il faut annoncer l’Évangilc corporel et dire ne rien savoir parmi les hommes charnels que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié®, on doit le faire. Mais, lorsqu'on les trouve instruits par Γ Esprit, por­ tant des fruits1» en lui et désirant la Sagesse céleste, il faut les faire participer au Verbe, revenu après l’incarnation à cc qu'il a était au commencement auprès de Dieuc ». VIII. 44. Nous pensons qu’il n’était pas inutile de dire cela en etudiant le (terme) « évangile » et de distinguer par l'aspect1 l’évan­ gile sensible de l’évangile intelligible ou spirituel. 45. Et, maintenant, il s’agit de traduire l'évangile sensible en évangile spirituel. Car que vaudrait une interprétation de l'évangile sensible, si on ne le traduisait en spirituel ? Bien ou peu de chose — et elle serait le fait du premier venu qui serait convaincu de comprendre le sens par le mol à mot. 46. Mais toutes sortes de combats nous pressent si nous voulons tenter de pénétrer dans les profondeurs de la pensée évangélique et y rechercher la vérité dépouillée de toute figure2. c) Nécessité d'une interprétation spirituelle C. Le contenu de l’Évangile : Jésus 47. Si l’on comprend quels sont les biens annoncés dans la bonne nouvelle, les apôtres annoncent Jésus ; on dit aussi qu’ils annoncent, comme un bien, la résurrection et qu'elle est d'une certaine façon Jésus. Jésus dit en effet : « Je suis la résurrection·*. » Jésus, lui, annonce aux pauvres® ce qui est préparé pour les saints et les invite à (recevoir) les promesses divines. 2. Pour l’exégèse spirituelle, voir ci-dessous I, 282 cl note compl. p. 401. 8G SUR L'ÉVANGILE DE JEAN 48. Καί μαρτυροΰσιν αί θεΐαι γραφαί τοΐς ύπδ τών αποστόλων εύαγγελισμοϊς καί τώ ύπδ του σωτήρος ημών, 40 A ό μέν Δαβίδ περί τών αποστόλων, τάχα δέ καί εύαγγελιστών λέγων· « Κύριος δώσει ρήμα τοΐς εύαγγελιζομένοις δυνάμει πολλή* ο βασιλεύς τών δυνάμεων τοϋ αγαπητού® », άμα καί διδάσκων οτι ού σύνθεσις λόγου καί προφορά φωνών καί ήσκημένη καλλιλεξία άνύει πρδς τδ πείθειν, άλλα δυνάμεως θείας έπιχορηγία. — 49. Διόπερ καί ό II αυλός πού φησι* « Γνώσομαι ού τδν λόγον τών πεφυσιωμένων, άλλα την δύναμιν ού γάρ έν λόγω ή βασιλεία τού θεού άλλ* έν δυνάμει15 » καί έν άλλοις* « Καί ό λόγος μου καί τδ κήρυγμά μου ούκ έν πειθοϊς σοφίας λόγοις άλλ’ έν άποδείξει πνεύματος καί δυνάμεως0 ». 14 Pr. 50. Ταύτη τή δυνάμει μαρτυροΰντες ό Σίμων | καί ό Κλεόπας φασίν* « Ούχί ή καρδία ημών καιομένη ήν έν τή δδφ, ώς •10 B διήνοιγεν ήμΐν τάς γραφάςά ; » Οι δέ απόστολοι, έπεί καί ποσότης έστί δυνάμεως έπιχορηγούμενης ύπδ θεού διαφέρουσα τοΐς λέγουσιν, ειχον κατά τδ παρά τώ Δαβίδ λεγό­ μενον· « Κύριος δώσει ρήμα τοΐς εύαγγελιζομένοις δυνάμει πολλή0 », πολλήν δύναμιν . 51. ‘Πσαίας δέ φάσκων « Ώς ώραΐοι όί πόδες τών εύαγγελιζομένων αγαθά1 », τδ ώραΐον καί έν καιρώ γινόμενον τών αποστόλων δδευόντων τδν είπόντα* « Έγώ είμι ή οδός s » κήρυγμα νοήσας έπαινεϊ « πόδας » τούς διά τής νοητής όδοΰ Χριστού ’Ιησού βαδί­ ζοντας διά τε τής θύρας11 είσιόντας πρδς τδν θεόν. « ’Αγαθά » δέ εύαγγελίζονται οΰτοι, ών ώραΐοί είσιν οί πόδες. τδν Ίησοΰν. a. b. c. <1. c. f. g. h. Ps. 67, 12 (LXX) I Cor. 4, 19 I Cor. 2, 4 Le 21, 32 Ps. 67, 12 (LXX) Is. 52, 7. Cf. Rom. 10, 15 Jn 14, 6 Cf. Jn 10, 9 1. Origène a déjà fait allusion (I, 24) à · la parole déposée dans les trésors d’argile d’une manière de parler ordinaire ». Il reviendra au I, § 48-51 87 1. Puissance donnée aux apôtres 48. Les saintes Écritures rendent témoignage à la prédi­ cation des apôtres et à celle de Notre Sauveur : David dit des apôtres, peut-être aussi des évangélistes : « Le Seigneur donnera sa parole aux messagers avec une grande puis­ sance, le roi des puissances du bien-aiméa. » II enseigne en même temps que ce n’est pas l'arrangement du discours, la manière dont les sons sont émis, l’élégance d’une diction obtenue par l’exercice qui arrive à persuader, mais l’assis­ tance d'une puissance divine1. — 49. C’est pourquoi Paul dit : « Je prendrai connaissance non des discours de ceux qui se sont enflés d’orgueil, mais de leur puissance, car le royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en puissanceb » et ailleurs : a Ma parole et ma prédication n’ont rien des discours persuasifs de la sagesse, mais c’est une démonstration d’esprit et de puissance0». 50. Rendant témoignage à cette puissance, Simon et Cléopas disent : □ Notre cœur n'était-il pas tout brûlant, tandis qu’en chemin il nous expliquait les Écritures*1 ? » Puisque Dieu accorde à ceux qui l’annoncent une puissance d’intensité variable, les apôtres avaient, eux, une grande puissance, selon la parole de David : « Le Seigneur donnera sa parole aux messagers avec une grande puissance®. » — 51. En disant : « Qu’ils sont beaux les pieds des porteurs de bonnes nouvelles* », Isaïe reconnaît la beauté et l’opportunité de la prédication des apôtres, qui marchent sur celui qui a dit : o Je suis le chemin# », et il loue les pieds qui s’avancent par le chemin spirituel (qui est) Jésus-Christ et pénètrent par la porte’1 jusqu’à Dieu. Ces messagers,, dont les pieds sont beaux, annoncent des biens, Jésus. livre IV sur la simplicité, voire l’incorrection du style des Écritures (cf. infra, p. 368, η. 1 et p. 370, η. 1). 88 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN IX. 52. (/7) Καί μή θαυμάση τις, εί πληθυντικώ όνόματι τω των αγαθών τον Ίησουν έξειλήφαμεν εύαγγελίζεσθαί. Έκλαβόντες γάρ τά πράγματα καθ’ ών τά ονόματα κεϊται, ά ό υιός του θεού όνομάζεται, συνήσομεν πώς πολλά αγαθά έστιν ό ’Ιησούς, δν εύαγγελίζονται ούτοι. ών ωραίοι είσιν οί πόδες. 53. Έν μέν γάρ άγαθόν ζωή, ’Ιησούς δέ ζωή. Καί έτερον αγαθόν « φώς τού κόσμου “ », « φώς » τυγχάνον « αληθινόν » καί « φώς των Ανθρώπων )>· άπερ πάντα ό υιός είναι λέγεται τού θεού. Καί άλλο αγαθόν κατ’ έπίνοιαν παρά την ζωήν καί τό φώς ή αλήθεια καί τέταρτον παρά ταύτα ή επί ταύτην φέρουσα οδός' άπερ πάντα ό σωτήρ ημών διδάσκει εαυτόν είναι λέγων. « Έγώ είμι ή οδός καί ή αλήθεια καί η ζωή·1» ». 54. Πώς δέ ούκ αγαθόν τό άποτιναξάμενον τόν χούν καί 40 D την νεκρότητα άναστηναΐ, τούτου τυγχάνοντα από τού κυρίου καθό άνάστασίς έστιν, δς καί φησιν- « Έγώ είμι ή άνάστασίς0 » ; Άλλα καί ή Ούρα, δι’ ής τις εις την άκραν εισέρχεται μακαριότητα, αγαθόν- ό δέ Χριστός φησιν- « Έγώ είμι ή Ούρα*1 ». 55. Τί δέ δει περί σοφίας λέγειν, ήν « έκτισεν ό θεός αρχήν οδών αύτοΰ εις έργα αύτοΰ® », ή προσέχαιρεν ό πατήρ αύτής, ένευφραινόμενος τω πολυποίκιλο νοητω κάλλει αύτης ύπό νοητών οφθαλμών μόνων βλεπομένω καί εις έρωτα τον τό θειον κάλλος κατανοούντα ούράνιον προκαλουμένω ; ’Αγαθόν •11 Λ γάρ ή σοφία τού θεού, οπερ μετά τών προειρημένων εύαγγε­ λίζονται ών « ωραίοι οί πόδες ». 56. ’Αλλά καί ή δύναμις τού θεού1 ήδη όγδοον ήμΐν | 15 Pr. Αγαθόν καταλέγεται, ήτις έστιν ό Χριστός. 40 C a. b. c. d. e. f. Cf. Jn 8. 12 Jn 14, 6 Jn 11, 25 Jn 10. 9 Prov. 8, 22 Cf. Rom. I, 16 I, § 52-56 89 2. Les « biens » identiques à Jésus IX. 52. Et que Ion ne s’étonne pas de nous voir admettre que par ce mot mis au pluriel — celui des biens — c’est Jésus qui a été annoncé. Car en comprenant à quels objets se rapportent les noms dont on appelle le l-'ils de Dieu, nous saisirons comment .Jésus, annoncé par des messagers dont les pieds sont beaux, est plusieurs biens à la fois. 53. La vie est un bien : Jésus est la vie. La a lumière du monde* », qui est a la lumière véritable », a la lumière des hommes », est un autre bien : mais le Eils de Dieu est toutes ces choses. La vérité est, du point de vue de la notion, un bien différent de la vie et de la lumière. Vient, en outre, comme quatrième, bien, le chemin qui y mène. Notre Sauveur nous apprend qu’il est tout cela quand il dit : « C’est moi le chemin, la vérité et la vieb. n 54. Comment ne serait-ce pas un bien que les morts secouent la poussière du cadavre et ressuscitent, recevant ce don du Seigneur, en tant qu’il est la résurrection ? car il dit : « Je suis la résurrection0. » Mais la porte par laquelle on parvient à la plus haute béatitude est aussi un bien — et le Christ dit : « Je suis la porte'L » 55. Que dire de la Sagesse que Dieu « a établie comme principe de scs voies en vue de scs œuvres® »? En elle son Père s’est réjoui, trouvant son plaisir dans sa beauté spiri­ tuelle aux aspects très divers, qui n’est vue que des yeux de l’esprit et qui invite ù l’amour céleste celui qui contemple sa divine beauté. La Sagesse de Dieu est donc un bien qu’annoncent, avec tout ce que nous venons d’énumérer, ces hommes dont les pieds sont beaux. 56. Il nous faudra compter comme huitième bien la puis­ sance de Dieu1, qui est le Christ. 90 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 57. Ού σιωπητέον δέ ούδέ τόν μετά τόν πατέρα τών όλων θεόν λόγον ούδενός γάρ έλαττον άγαθού καί τούτο τό αγαθόν. Μακάριοι μέν ούν οι χωρήσαντες ταΰτα τά αγαθά καί παραδεξάμενοι άπό τών ωραίων τούς πόδας καί εύαγγελιζομένων αύτά. 58. Πλήν καν Κορίνθιός τις ών? κρίνοντος Παύλου μηδέν ειδέναι παρ’ αύτω ή « Ίησοΰν Χριστόν καί τούτον έσταυρωμένον3 », τόν δι’ ημάς άνθρωπον μανθάνων παραδέξηται, « έν αρχή » τών αγαθών γίνεται, ύπό τού ανθρώπου ’Ιησού « άνθρωπος » γινόμενος « θεού » καί άπό τού θανάτου αύτού άποθνήσκων τη αμαρτία· καί γάρ εκείνος « δ άπέθανε, τη 41 Β αμαρτία άπέθανεν εφάπαξ6 ». 59. Άπό δέ της ζωής αύτού, έπεί ’Ιησούς « δ ζή, ζή τω θεω », πας ό σύμμορφος γενόμενος της άναστάσεως αύτού λαμβάνει τό ζην τω θεω. Τίς δέ διατάξει, εί αύτοδικαιοσύνη άγαθόν έστι καί αύτοαγιασμός καί αύτοαπολύτρωσις ; άπερ καί αύτά οί Ίησοΰν εύαγγελιζόμενοι εύαγγελίζονται, λέγοντες αύτόν γεγονέναι ήμίν δικαιοσύνην άπό θεού καί αγιασμόν καί άπολύτρωσιν®. X. 60. Παρέσται δέ άπό τούτων τών γεγραμμένων περί αύτού δυσεξαριθμήτων παριστάντα πώς πλήθος αγαθών έστίν ’Ιησούς, καταστοχάζεσθαι τών υπαρχόντων μέν έν αύτω, εις δν « εύδόκησεν » άπαν τό πλήρωμα της Οεότητος κατοικήσαι σωματικώςα, ού μην ύπό γραμμάτων κεχωρη41 C μενών. 61. Καί τί λέγω « ύπό γραμμάτων », οτε καί περί ολου τού κόσμου φησίν ό Ιωάννης οτι « Ούδέ αύτόν οιμαι τόν κόσμον χωρήσαι τά γραφόμενα βιβλία® » ; a. b. c. d. e. Cf. 1 Cor. 2, 2 Rom. 6, 10 I Cor. 1, 30 Cf. Col. 1, 19 ; 2, 9 Jn 21, 25 1. Dieu fait aux saints l’honneur de s’intituler leur Dieu »(II. 117). I, $ 57-61 91 57. Nous ne devons pas non plus passer sous silence le Verbe Dieu qui est après le Père de toutes choses ; car ce bien n’est inferieur à nul autre. Bienheureux donc ceux qui accueillent en eux ces biens et qui les reçoivent des mains des messagers dont les pieds sont beaux. 58. Cependant, si quelqu’un est comme un Corinthien auprès de qui Paul juge bon de ne savoir rien d’autre que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié3, il accueillera, après avoir appris à le connaître, Celui qui, pour nous, s’est fait homme : il en sera alors au début des biens, devenant, grâce à l’homme Jésus, un homme de Dieu1 et, par sa mort, mourant au péché : car c’est (à) Jésus (que s’applique cette phrase) : « Ce qui est mort, est mort au péché une fois pour toutes1». » 59. C’est de la vie de ce Jésus, puisque (il est celui à qui se rapporte l’expression) : « Ce qui vit, vit pour Dieu23», que quiconque est devenu conforme à sa résurrec­ tion reçoit la grâce de vivre pour Dieu. Qui doutera que la justice en soi, la sanctification en soi, la rédemption en soi ne s’avèrent des biens ? Tout cela, ceux qui prêchent Jésus l’annoncent, en disant qu’il est devenu pour nous de par Dieu justice, sanctification, rédemption c. X. 60. Λ partir de ces textes innombrables qui le concernent, il sera possible de montrer comment Jésus est une multitude de biens3 et de conjecturer les richesses, que nul écrit ne contient, de celui en qui toute la plénitude de la divinité s’est plu à habiter corporellement1*. 61. Que dis-je v. dans des écrits u ? alors que Jean déclare à propos du monde entier : « Je ne pense pas que le monde entier pourrait contenir les livres écrits (sur lui)®. » 2. Impossible de rendre en français le raccourci du texte grec et le neutre qu'Origènc a gardé de saint Paul. 3. Après έστίν ’Ιησούς, Wendland et Preuschen excluent, comme une glose, les mots άττύ τών δυσεξαρ'.Ομήτων καί γεγραμμένων. 92 16 Ρτ. 41 D 14 Λ 44 Β SUR L'ÉVANGILE DE JEAN 62. Ταύτόν ούν έστιν είπεϊν οτι οί απόστολοι τδν σωτήρα ευαγγελίζονται, καί τά άγαΟά εύαγγελίζονται. Ούτος γάρ έστιν ό άπδ τοϋ αγαθού πατρδς τό άγαθά είναι λαβών, ίνα έκαστος δ χωρει ή ά χωρεϊ διά ’Ιησού λαβών έν άγαθοϊς τυγχάνη. , ; 63. Ούχ οΐοί τε δέ ήσαν οι απόστολοι, ών « ωραίοι οί πόδες », καί οί τούτων ζηλωταί εύαγγελίζεσθαι τά άγαθά, μή πρότερον Ιησού αύτοϊς αύτά εύαγγελισαμένου, ώς ό ΊΙσαιας φησινα Λύτδς ό λαλών πάρειμι* ώς ώρα επί των δρέων, ώς πόδες εύαγγελιζομένου ακοήν ειρήνης, ώς εύαγγελιζόμενος άγαθά, οτι άκου | στην ποιήσοι τήν σωτηρίαν σου λέγων Σιών Βασιλεύσει σου ό θεός3 ». 64. Τίνα γάρ τά όρη, έφ’ ών αύτδς δ λαλών παρεϊναι όμολογεΐ ή οί μηδενός των επί γης ύψηλοτ4των καί μεγίστων ήττονες ; Ουστινας ζητεϊσθαι δε'ϊ υπό των ικανών διακόνων της καινής διαθήκης b, ίνα τηρήσωσι τήν λέγουσαν έντολήν « Έπ’ όρος ύψηλδν άνάβηθι ό εύαγγελιζόμενος Σιών, ΰψωσον τη ίσχύϊ τήν φωνήν σου ό εύαγγελιζόμενος 'Ιερουσαλήμ0 ». 65. Ού θαυμαστόν δέ εΐ τοΐς μελλουσιν εύαγγελίζεσθαι τά άγαθά ’Ιησούς ευαγγελίζεται τά άγαθά, ούκ ά?Αα τυγχάνοντα εαυτού' εαυτόν γάρ ευαγγελίζεται ό υιός τού θεού τοϊς δυναμένοις ού δι’ άλλων αύτόν μαθείν. Πλήν δ έπιβαίνων τών ορών καί εύαγγελιζόμενος αύτοϊς τά άγαθά, μαθητευθείς τώ άγαθώ πατρί άνατέλλοντι « τδν ήλιον έπί πονηρούς καί άγαθούς » καί βρέχοντι « έπί δικαίους καί αδίκους0 », τούς τήν ψυχήν πτωχούς ούχ ύπερηφανεϊ. 66. Καί τούτοις γάρ a. 1». c. <1. Is. 52, 6-7 Cf. II Cor. 3, 6 Is. 40, 9 Matth. 5, 45 1. De même XI11, 18 : le Seigneur saute sur les montagnes (les plus grands saints) et passe par-dessus les collines. On retrouve la même idée dans toute l'œuvre d’OniGÙNE : In Jer. hom. XI1, 12 ; In Xnm. hom. XV, 1 ; In Cant. hom. II, 10, etc. Cependant, le Commentaire du Cantique connaît encore deux autres interprétations : les collines ftgu- I, § 62-66 93 62. C’est donc la même chose de dire que les apôtres annoncent le Sauveur ou qu’ils annoncent de bonnes nou­ velles. C’est lui qui reçoit les biens de son Père qui est bon, pour que chacun, obtenant par Jésus le ou les biens qu'il peut accueillir, vive au milieu de choses bonnes. 3. Jésus s'esl annoncé lui-même 63. Les apôtres, dont les pieds sont beaux, et leurs émules n’auraient pas été capables d’annoncer la bonne nouvelle si Jésus ne la leur avait d’abord annoncée, comme le dit Isaïe : « Moi qui te parle, je suis ici ; comme le prin­ temps sur les montagnes, comme les pieds de ceux qui annoncent la paix, comme le porteur de bonnes nouvelles, car je ferai entendre ton salut, Sion : Dieu régnera sur toia. » 64. Mais quelles sont ces montagnes sur lesquelles celui qui parle ici déclare se tenir ? Ne seraient-cc pas ceux qui ne sont en rien inférieurs à ce qu’il y a sur terre de plus haut et de plus grand1 ? Les serviteurs capables de la nou­ velle alliance1» doivent les rechercher pour observer le commandement : « Toi qui annonces de bonnes nouvelles à Sion, monte sur une haute montagne ; élève la voix avec force, toi qui annonces de bonnes nouvelles à Jérusalem0». 65. Il n’est pas étonnant que Jésus annonce les biens à ceux qui doivent annoncer les biens, puisque ceux-ci ne dif­ fèrent pas de lui. Le Fils de Dieu s’annonce lui-même à ceux qui peuvent le comprendre sans intermédiaire. Mais celui qui monte sur les montagnes pour leur annoncer la bonne nou­ velle, ayant été lui-même instruit par son Père qui est bon et « qui fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons et fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes11 », ne méprise pas ceux dont l’âme est pauvre. 66. A eux aussi rent Γ Ancien Testament, les montagnes le Nouveau (III, GCS VIII, p. 205) ; les montagnes désignent, au pluriel, le mystère de la sainte Trinité, au singulier, celui du Dieu unique (III, GCS VIII, p. 214). 94 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN εύαγγελίζεται, ώς αυτός μαρτυρεϊ λαβών τόν Ήσαιαν καί άναγνούς· « Τό πνεύμα κυρίου έπ* έμέ, ού ενεκεν εχρισέ με εύαγγελίσασθαι πτωχοϊς, άπέσταλκέ με κηρύξαι αίχμαλώτ τοϊς άφεσιν και τυφλοϊς άνάβλεψιν »· « πτύξας » γάρ τό βιβλίον καί « άποδούς τω υπηρέτη έκάΟισε » καί πάντων ένατενιζόντων αύτω φησυ « Σήμερον πεπλήρωται ή γραφή αυτή έν τοϊς ώσίν ύμών®. » XI. 67. (/2) Άναγκαϊον δέ είδέναι οτι έμπεριλαμβάνετα·, τω τηλικούτω εύαγγελίω καί πάσα ή εις Ίησοΰν γινομένη πράξις αγαθή, ώσπερ καί της τά πονηρά έργα πεποιηκυίας καί μετανενοηκυίας εύωδίαν δεδυνημένης διά την άπό των 44 C κακών γνησίαν μετάστασιν καταχέαι τού Ιησού** καί παντί τω οΐκω την τού μύρου πνοήν εις αϊσΟησιν πάντων® των έν αύτω έμπεποιηκυίας. 68. Διό καί γέγραπταυ « "Οπου αν κηρυχΟή τό εύαγγέλιον τούτο έν πάσι τοϊς έΟνεσι, λαληΟήσεται καί δ έποίησεν αυτή εις μνημόσυνου αύτηςά. » Σαφές δέ οτι εις Ίησοΰν γίνεται τά εις τούς μαθητευΟέντας αύτω έπιτελούμενα' δεικνύς γοΰν τούς εύ πεπονΟότας φησί τοϊς πεποιηκόσι- « Τούτοις δ έποιήσατε έμοί έποιήσατε® »· ώστε πάσα πραξις άγαΟή ή εις τόν πλησίον ύφ’ ήμών έπιτελουμένη εις τό εύαγγέλιον άναφέρεται, τό έν ταϊς πλαξί του ούρανού γραφόμενου καί ύπό πάντων των ήξιωμένων της των όλων γνώσεως άναγινωσκόμενον. 17 l’r. 69. ’Αλλά καί έκ τού εναντίου μέρος έστί τού | εύαγγελίου a. b. c. d. e. Le 4, 18-21 Cf. Le 7, 37 Cf. Jn 12, 3 Matth. 20, 13 Matth. 25, 40 1. Preuschen ajoute y.ai après γίνεται. 2. Cette idée reparaîtra plus loin (I, 221) et dans un autre écrit de la mémo époque, le Commentaire sur la Genise. (PG 12, 73 A et B, 84 A) : « Le ciel entier est semblable Λ un livre prophétique renfermant l’avenir... Les signes célestes révèlent la puissance de Dieu, car tous les événements, de l'origine du monde (αιών) ü sa consommation, sont I. § 66-69 95 il annonce la bonne nouvelle, comme il l’atteste hii-mème quand il prend le livre d’Isaïe et lit : c L’Esprit du Scigneui est sur moi, parce qu’il m’a oint pour porter la bonne nou­ velle aux pauvres, il m’a envoyé annoncer aux prisonniers la délivrance et aux aveugles le retour à la vue » ; « ayant fermé le livre et l’ayant rendu au serviteur, il s’assit », les yeux de tous se fixèrent sur lui et il dit : « Aujourd’hui cette parole de l’Écriture est accomplie devant vous*». » 4. Les actions des hommes consignées dans Γ Évangile éternel XL 67. Il faut savoir que toute bonne action accomplie à l’egard de Jésus est inscrite dans l’Évangile éternel : ainsi, celle de la femme qui s’était mal conduite, s’était repentie et avait pu, grâce à son sincère éloignement du vice, verser du parfum sur Jésusb et répandre dans toute la maison l’odeur de la myrrhe0 que percevaient tous ceux qui s’y trouvaient. 68. C’est pourquoi il est écrit : « Partout où sera prêché cet Évangile — parmi toutes les nations — on racontera aussi, à sa mémoire, ce qu’elle vient de faire*1, n 11 est évident que toutes les bonnes actions accomplies1 à l’égard de ses disciples sont accomplies à l'égard de Jésus : car. en désignant ceux qui ont reçu des bienfaits, il dit aux hommes qui les leur ont accordés : « Ce que vous leur avez fait, c’est à moi que vous l’avez fait®. » C’est pourquoi toute bonne action accomplie en faveur de notre prochain est notée dans l’Évangile, qui est écrit sur les tablettes du ciel2, et lue par tous ceux qui sont jugés dignes de connaître toutes choses. 69. Mais, en contre-partie, les fautes commises contre Imprimés dans un livre digne de Dieu, le ciel. » Dans le même texte, Origine indique une de ses sources, la Prlire de Joseph (voir ci-des­ sous II, 188-190 et p. 334, n. 1). Ces tablettes du ciel se retrouvent en effet fréquemment dans la littérature apocryphe : chez Hénoch, quatre fois (81, 2 ; 93, 2 ; 103, 2 ; 106. 19), deux fois dans le Testament des douze patriarches (Aser 7, Lévi 5). SUR L’ÉVANGILE DE JEAN •I l D είς κατηγορίαν των πραξάντων τά είς Ίησουν άμαρτανόμενα. 70. Η γοΰν ’Ιούδα προδοσία καί ή τού άσεβούς λαού καταβόησις φάσκοντος « ΑΙρε άπό της γης τόν τοιοΰτον" » καί a Σταύρου, σταύρου αυτόνb » καί οί έμπαιγμοί των αύτόν τη άκάνθη στεφανωσάντων0 και τά τούτοις παραπλήσια έγκατατέτακται τοΐς εύαγγελίοις. 71. Ακόλουθον δέ τούτοις εστί νοήσαι ότι πας ό των ’Ιησού προδότης ’Ιησού προδότης είναι 45 A λελόγισται. Ηρός γοΰν τόν έ’τι διώκοντα Σαύλον <είπεν>· « Σαούλ, Σαούλ, τί με διώκεις » : καί « ’Εγώ είμι ’Ιησούς, δν σύ διώκεις0 ». 72. Τίνες δέ τάς άκάνθας έχουσιν, αΐς τόν Ίησουν άτιμάζοντες στεφανοϋσιν ; Οί « ύπό μερίμνων καί πλούτου καί ηδονών τού βίου » συμπνιγόμενοι λαβόντες τόν λόγον τού θεού « ού τελεσφοροΰσιν ° ». 73. Διόπερ φυλακτέον μήποτε καί ήμεΐς, ως ταΐς ίδίαις άκάνΟαις στεφανοΰντες τόν Ίησουν, άναγραφόμενοι τοιοΰτοι άναγινωσκώμεΟα παρά τοΐς τόν έν πάσι καί παρά πάσι λογικοΐς ή άγίοις ’ Ιησουν μανθάνουσι, τίνα τε τρόπον μύρω αλείφεται καί δειπνίζεται καί δοξάζεται ή έκ των εναντίων ατιμάζεται καί εμπαίζεται καί τύπτεται. 74. *Αναγκαίος δη ταΰθ’ ήμϊν εϊρηται δεικνύουσιν ώς αί άγαθαί ημών πράξεις καί αί αμαρτία*, των πταιόντων τω 45 Β εύαγγελίω έγκατατάσσονται ήτοι « είς ζωήν αιώνιον ή είς όνειδισμόν καί είς αισχύνην « αιώνιονf ». XII. 75. (13) Εί δέ έν άνθρώποις είσίν οί τετιμημένοι διακονία τη των εύαγγελιστών καί αύτός ό Ιησούς εύαγγελίζεται άγαθά καί πτωχοΐς εύαγγελίζεται, ούκ έδει τούς πεποιημένους ύπό τού θεού « πνεύματα άγγέλους » και τούς όντας « πυρός φλόγα» », « λειτουργούς » a. b. c. <1. e. f. R. Act. 22, 22 Jn 19. 15 Cf. Matth. 27, 29 Act. 9, 4-5 Cf. Le 8, 14 Dan. 12, 2 Cf. Héh. 1. 7. Ps. 103 (104), 4 1. Après των Huet et Preuschen ajoutent μαθητών. Adjonction inutile : οί Ίησοΰ suffit à désigner les disciples. I, § 69-75 97 Jésus font aussi partie de l’Évangile pour dénoncer ceux qui les ont commises : 70. la trahison de Judas, les cris du peuple impie disant : « Ote de la terre un pareil indi­ vidu®» et «Crucîfie-le, Crucifie-leb », les moqueries de ceux qui le couronnèrent d’epinesc et les autres actes du même genre sont consignés dans les évangiles. 71. Il faut en conclure que quiconque trahit les disciples1 de Jésus est compté comme un traître à Jésus. A Saul encore persé­ cuteur il (dit) : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » et « C’est moi, Jésus, que tu persécutes41. » 72. Quels sont ceux qui ont les épines dont ils couronnent Jésus par dérision ? Ceux qui, étouffés par les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie, reçoivent la parole de Dieu sans la faire parvenir à maturité®. 73. C’est pourquoi il nous faut prendre, garde, nous aussi, de ne pas couronner Jésus comme de nos propres épines, de peur que nous ne soyons reconnus tels par ceux qui cherchent à découvrir Jésus en tout et, en particulier, auprès de tous les êtres spirituels et saints et qui voient comment il est oint de parfum, reçu à dîner, glorifié, ou, au contraire, déshonoré, moqué, frappé. 74. Ce développement était nécessaire pour montrer que nos bonnes actions, tout comme les fautes des pécheurs, reçoivent une place dans l’Évangile « soit pour la vie éter­ nelle, soit pour la honte et la confusion éternelles1 ». D. Les anges, l’Ancien Testament et l’Évangile 1. Les anges de la nativité XII. 75. S’il y a des hommes qui ont été honorés du ministère d’évangélistes et si Jésus lui-même annonce la bonne nouvelle et l'annonce aux pauvres, il ne fallait pas que les esprits dont Dieu a fait ses messagers et que les flammes de feu dont il a fait les serviteurs « du Père de 7 98 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN του των όλων πατρός, έστερήσΟαι του καί αύτούς είναι εύαγγελιστάς ; 76. Διά τούτο καί άγγελος έπιστάς τοϊς ποιμέσι φησί, δόξαν ποιήσας περιλάμπειν αυτούς' « Μή φοβεϊσθε, ιδού γάρ εύαγγελίζομαι ύμιν χαράν μεγάλην ήτις έσται παντί τώ λαω, ότι έτέχθη ύμϊν σήμερον σωτήρ, ος έστι Χρίστος κύριος, έν πόλει Δαβίδ’1 »' οτε καί μηδέπω άνΟρώπων συνιέντων τό τού ευαγγελίου μυστήριον οί κρείττονες αύτών, ούράνιος τυγχά45 C νοντες στρατιά θεού, αίνούντες τόν θεόν λέγουσΐ’ « Δόξα | 18 Fr. έν ύψίστοις Οεώ καί έπί γης ειρήνη, έν άνΟρώποις εύδοκία0. » 77. Καί ταΰτα είπόντες απέρχονται άπό των ποιμένων εις τόν ουρανόν οί άγγελοι, καταλιπόντες ήμιν νοειν, πώς ή εύαγγελισΟεϊσα. ήμϊν διά της γενέσεως Χρίστου ’Ιησού « χαρά » « δόξα » έστίν « έν ύψίστοις θεω » των ταπεινωθέντων εις χούν έπιστρεφόντων « εις την άνάπαυσιν0 » αύτών καί « έν ύψίστοις » διά Χριστού μελλόντων δοξάζειν τόν θεόν. 78. ’Αλλά καί Οαυμάζουσιν οί άγγελοι την έπί γης έσομένην διά Ίησοΰν ειρήνην, τού πολεμικού χωρίου, εις ο έκπεσών « έκ τού ούρανοΰ ό έωσφόρος, ό πρωί άνατέλλωνά » ύπό ’Ιησού συντρίβεται. a. h. c. <1. Le 2, 9-11 I.c 2, 14 Cf. Ps. 114 (116), 7 Cf. Is. 14, 12 1. Le texte hébreu porte : « L'étoile du matin, fille de l’aurore ». Celte assimilation entre la plus belle des créatures et le premier des anges rebelles part de la comparaison, établie par Isaïe (14, 12), entre le roi criminel de Babylone et l’étoile du matin. On la retrouve dans le Nouveau Testament (Le 10, 18 ; Apec. 9, 1-11) et dans toute la tradition (Grég. Naz., Carm. I, 1, 7, 56 cl Or. 36,5; PG 37, 443 A et 36, 269 C ; ÉMphané, Ado. haer. II, 1, 64 ; PG 41, 1104 B). Cepen- I, § 75-78 99 tous fussent privés de l’honneur d’être, eux aussi, des évangélistes. 76. C’est pourquoi l’ange sc présente aux bergers et leur dit, faisant resplendir la gloire autour d’eux : « N’ayez pas peur, voici que je vous annonce une grande joie qui sera pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la cité de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur®. » Alors que les homines ne comprennent pas encore le mystère de l’Évangile, les créatures qui leur sont supérieures et qui forment l’armée céleste de Dieu, disent en le louant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre et chez les hommes bienveillance (divine)1’. » 77. Λ ces mots, les anges quittent les bergers pour le ciel et nous laissent méditer comment la joie qui nous est annoncée à cause de la naissance de Jésus-Christ est une gloire pour Dieu au plus haut des cieux, car ceux qui ont été rabaissés jusqu’à la terre retournent à leur repos0 et vont glorifier Dieu par le Christ au plus haut des cieux. 78. Et les anges admirent la paix qui, par Jésus-Christ, va régner sur terre, ce lieu de bataille sur lequel est tombée du plus haut du ciel, pour être écrasée par Jésus-Christ, l’étoile du matin qui paraît à l’aubedl. (tant un autre symbolisme, d'origine biblique également, fait d'elle la figure du Messie (II Pierre 1, 19; Apoc. 2, 28; 22, 16). Enfin, d’après une antique tradition judaïque, l’étoile du matin aurait été créée avant toute autre créature (W. Fokhster, art. άστήρ-άστρον, dans Kittel, t. I, 1933, p. 502) : ainsi s'explique la traduction du Psaume 109 (110), 3 par les Septante : «Je t'ai engendré avant l’étoile du matin ·, ce qu’AuousTix interprète {Sermo 135, 3) : ante tempora; ainsi s’explique également la supériorité qu’Origène lui reconnaît au frg. 45, supériorité du premier des serviteurs, qui sera le symbole de Jean-Baptiste, chargé, de préparer les regards à se tourner vers une lumière, dont l’éclat fera disparaître la sienne propre. 100 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN XI11. 79. (Il) Πρός τοΐς είρημένοις καί τούτο περί εύαγγελίου ίστέον, δτι πρώτως της κεφαλής τού ολου τών •15 D σωζομένων σώματος, Χριστού ’Ιησού, έστί τό εύαγγέλιον, ώς φησιν ό .Μάρκος' « ’Αρχή τού εύαγγελίου Χρίστου ’Ιησού” ». *11 δη δέ καί τών αποστόλων τυγχάνει' διό λέγει 48 A ό Παύλος* « Κατά τό εύαγγέλιον μου” ». 80. Πλήν ή αρχή τού εύαγγελίου — έστι γάρ αύτοΰ μέγεθος άρχήν καί τά έξης καί μέσα καί τέλη έχοντος — ήτοι πασά έστιν ή παλαιά διαθήκη, τύπου αυτής δντος Ίωάννου, ή διά τήν συναφήν της καινής πρός τήν παλαιάν τά τέλη τής παλαιός διά Ίωάννου παριστάμενα. 81. Φησί γάρ ό αυτός Μάρκος* « ’Αρχή τού εύαγγελίου Ιησού Χριστού, καθώς γέγραπται έν ΊΙσαια τώ προφήτη* Ιδού έγώ άποστέλλω τόν άγγελόν μου πρό προσώπου σου, ός κατασκευάσει τήν όδόν σου. Φωνή βοώντος έν τή έρημφ' Ετοιμάσατε τήν οδόν κυρίου, εύθείας ποιείτε τάς τρίβους αύτου®. » 82. "Οθεν Οαυμάζειν μοι έπεισι, πώς δυσί θεοίς προσάπτουσιν άμφοτέρας τάς διαΟήκας οί ετερόδοξοι, ούκ ελαττον καί έκ τούτου τού ρητού ελεγχόμενοι. Πώς γάρ δύναται άρχή είναι τού εύαγγελίου, ώς αύτοί ■18 B οιονται, ετέρου τυγχάνων θεού ό ’Ιωάννης, ό τού δημιουργού άνθρωπος καί άγνοών, ώς νομίζουσι, τήν καινήν θεότητα ; XIV. 83. Ού μίαν δέ καί βραχεΐαν πιστεύονται διακονίαν εύαγγελικήν άγγελοι ούδέ μόνην τήν προς τούς ποιμένας γεγενημένην* άλλα γάρ έπί τέλει μετέωρος καί ιπτάμενος άγγελος εύαγγέλιον εχων εύαγγελιεΐται παν έθνος, του άγαθού πατρός ού πάντη καταλιπόντος τούς άποπεπτωκοτας a. Mc I, 1 b. Rom. 2, 16 c. Mc 1, 1-3 1. Pour montrer que le début de l'Évangile se rattache à la Loi et aux écrits des Juifs, Origène cite dans le Contre Celse (U, 4) d’abord cette parole du Seigneur : « Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi » (Jn 5, 46-47), puis, comme ici, le début de l'évangile de Marc. I, § 79-83 101 2. Dimensions de l'Évangile XIII. 79. Outre ce que je viens de dire, il faut encore savoir que l’Évangile est d’abord l’Évangile de Jésus-Christ, tête de tout le corps des rachetés — Marc dit en effet : « Début de l’Évangile de Jésus-Christ» » —, mais qu'il est aussi l’Évangile des apôtres, et c’est pourquoi Paul dit : « selon mon Évangile1’ ». 80. Mais le début de l’Évangile — car il a des dimensions, un début, une suite, un milieu, une fin — ce début est soit toute l’ancienne alliance, dont Jean est la figure, soit, à cause de l’union des deux alliances, la fin de l'ancienne survenue avec Jean. 81. Le même Marc dit en effet : a Début de l’Évangile de Jésus-Christ ; comme il est écrit dans le prophète Isaïe : voici que j’envoie mon messager devant ta face, pour te frayer la route. Voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentierscj. » 82. Je me demande donc comment font les héré­ tiques pour attribuer les deux testaments à deux dieux différents, car ce texte même les convainc d'erreur. En effet, comment Jean peut-il être le début de l’Évangile, comme ils le croient, s’il appartient â un autre dieu, s'il est l’homme du démiurge et ignore, selon leurs imagi­ nations, la nouvelle divinité2 ? a) Jean-Baptiste ou P Ancien Testament XIV. 83. Le ministère de porter la bonne nouvelle qui est confié aux anges n’est ni unique ni sans impor­ tance et il ne se limite pas à leur office auprès des bergers. Mais, à la fin des temps, un ange, volant dans le ciel avec l’Évangile, l’annoncera à toutes les nations, car le Père qui est bon n’abandonne pas complètement ceux qui sont Les anges à la fin du monde 2. Voir notre Avant-Propos, p. 13 s. 102 19 Pr. •18 C •18 D ■19 A SUR L'ÉVANGILE DE JEAN αύτοΰ. 84. Φησί γοΰν έν τη Άποκαλύψει ό του Ζεβεδαίου ’Ιωάννης* « Καί εϊδον άγγελον πετάμενον έν μεσουρανήματι,Ι έχοντα εύαγγέλιον αιώνων εύαγγελίσα.σΟαι επί τούς καθημένους επί της γης καί επί παν έθνος καί φυλήν καί γλώσσαν καί λαόν, λέγων έν φωνή μεγάλη· Φοβή&ητε τον θεόν καί δότε αύτω δόξαν, οτι ήλΟεν ή ώρα της κρίσεως αύτοΰ, καί προσκυνήσατε τον ποιήσαντα τόν ούρανδν καί τήν γην καί τήν θάλασσαν καί πηγσ.ς ύδάτων11. » XV. 85. (75) Έπεί τοίνυν « αρχήν του εύαγγελίου » κατά μίαν εκδοχήν τήν πάσαν παρεστήσαμεν είναι παλαιάν διαθήκην διά τοΰ ονόματος Ίωάννου σημαινομένην, υπέρ τού μή άμάρτυρον είναι τήν εκδοχήν ταύτην παραθησόμεθα τό έκ Πράξεων περί τοΰ της Λίθιόποιν βασιλίδος ευνούχου είρημένον καί Φιλίππου1 « Άρξάμενος, γάρ φησιν, ό Φίλιππος άπό τής Ίΐσαίου γραφής της· ‘Ως πρόβατον έπί σφαγήν ήχΟη, καί ώς αμνός ενώπιον τοΰ κείροντος άφωνος, εύαγγελίσατο αύτω τόν κύριον Ίησοΰν1». » Πώς γάρ άρχόμενος άπό τοΰ προφήτου ευαγγελίζεται Ίησοΰν. εί μή της άρχής τοΰ εύαγγε­ λίου μέρος τι ό ΊΙσαίας ήν ; 86. "Αμα δέ καί τα έν πρώτοις ήμίν είρημένα περί τοΰ δύνασΟαι εύαγγέλιον είναι πάσαν θείαν γραφήν έντεΰθεν δύναται δηλοΰσθαι* καί γάρ εί ό εύαγγελιζόμενος « αγαθά ευαγγελίζεται », πάντες δέ οι πρό της σωματικής Χριστοΰ έπιδημιας Χριστόν εύαγγελίζονται οντα « τά αγαθά », ώς άπεδείξαμεν, πάντων πως είσίν οί λόγοι τοΰ εύαγγελίου μέρος. 87. Όπερ εύαγγέλιον λεγόμενον λαλείσΟαι έν όλφ τω κόσμω0 ήμεΐς έκλαμβάνομεν άπαγγέλλεσΟαι έν ολω τω κόσμω, ού μόνον τω περίγείω τόπω άλλα καί παντί τω συστήματι τφ έξ ούρανοΰ καί γης ή έξ ούρανών καί γης. a. Apec. 14, 0-7 b. Act. 8, 32.35 c. CL Mc 16, 1521 1. I, 32, 30 el 17 à 62. 2. I. 52 ù 62. I, § 83-87 103 tombés et se sont détournés de lui. 84. Jean, fils de Zébédée, dit en effet dans l’Apocalypse : « Et je vis un ange voler au milieu du ciel tenant l’Èvangile éternel pour l’annoncer à ceux qui demeurent sur la terre, à toute nation, toute tribu, toute langue et tout peuple. 11 disait d’une voix forte : Craignez Dieu et rendez-lui gloire, car l’heure de son jugement est arrivée, adorez celui qui a créé le ciel et la terre, la mer et les sources d’eaua. » 3. Ancien Testament et Évangile XV. 85. Puisque, selon l’une de nos explications, tout l'Ancien Testament, signifié par le nom de Jean, constitue le début de l’Èvangile, pour ne pas laisser cette interpré­ tation sans preuve nous emprunterons aux Actes le passage concernant l’eunuque de la reine d’Éthiopie et Philippe : » Commençant par le texte d’Isaïe : Comme une brebis il fut mené à la boucherie, comme un agneau muet devant celui qui le tond, Philippe lui annonça le Seigneur Jésusb. » Peut-il commencer par le prophète pour annoncer Jésus, si Isaïe ne fait pas partie du commencement de l’Èvangile ? 86. On peut aussi prouver par là ce que nous avons dit plus haut1, à savoir que toute la sainte Écriture est un Évangile : si évangéliser c’est annoncer des biens et si tous ceux qui précèdent l’avènement corporel du Christ annoncent le Christ qui est tous les biens, comme nous l’avons montré2, les paroles de tous font, d’une certaine manière, partie de l’Èvangile. 87. Et, puisque ce qu’on appelle Évangile a été raconté dans le monde entier®, nous devons comprendre qu’il a été annoncé non seulement dans ce lieu terrestre, mais encore dans tout l’ensemble du ciel et de la terre ou des cieux et de la terre3. 3. Voir noie cornpi. 3, p. 398. 104 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 88. Καί τι δει έπι πλείον μηκύνειν τδν περί του τί τό εύαγγέλιον έστι λόγον ; Λύτάρκως δη τούτων είρημένων καί έκ τούτων των μή άνεντρεχών δυναμένων τά παραπλήσια συναγαγειν από των γραφών καί βλέπειν τις ή δόξα των έν ’Ιησού Χριστώ άγαθών άπό του εύαγγελίου, διακονουμένου ύπό ανθρώπων καί αγγέλων, έγώ δ’ οΐμαι ότι καί αρχών καί 4Ô B εξουσιών καί θρόνων καί κυριοτήτων « καί παντός ονόματος ύνομαζομένου ού μόνον έν τούτω τω αίώνι αλλά καί έν τω μέλλοντι ° », ε'ίγε καί ύπ’ αύτού τού Χρίστου, αύτού που καταπαύσομεν τα πρό της συναναγνώσεως των γεγραμμένων. 89. *ΤΙδη δέ θεόν αίτώμεθα συνεργήσαι διά Χριστού ημιν έν άγίω πνεύματι πρύς άνάπτυξιν τού έν ταϊς λέξεσιν εναποτεθησαυρισμένου μυστικού νοΰ. | «ι. Cf. Éphés. 1, 21 I, § 88-89 105 Conclusion 88. Mais à quoi bon nous étendre davantage sur ce qu’est l’Évangile ? Ce que nous avons dit là suffît à des gens qui ne sont pas sots pour qu’ils rassemblent dans les Écritures des passages analogues pour considérer quelle est la gloire des biens qui se trouvent en Jésus-Christ selon l’Évangile ; les hommes et les anges en sont les ministres, comme d’ailleurs, je pense, puisque Jésus-Christ lui-même en est le ministre, les principautés, les puissances, les trônes, les dominations et tout nom qui sc peut nommer non seulement dans ce siècle mais dans le siècle à venir®; nous arrêterons donc ici notre introduction. 89. Il est temps de prier Dieu de nous aider par le Christ dans le Saint-Esprit à découvrir le sens mystique caché comme un trésor sous les mots. 10Ü 20 Pr. SUB L’ÉVANGILE DE JEAN Έν αρχή ήν ό λόγος”. XVI. 90. (16) Ού μόνον "Ελληνες πολλά φασι σημαινόμενα. είναι άπό της « άρχής » προσηγορίας* άλλα, γάρ εϊ τις τηρήσαι συνάγων πάντοθεν τούτο τό ονομα και ακριβώς έξετάζων βούλοιτο κατανοεϊν έν έκάστω τόπω τών γραφών έπί τίνος τέτακται, εύρήσει και κατά τόν θειον λόγον τό πολύσημον της φωνής. 49 C 91. Ή μεν γάρ τις ώς μεταβάσεως, αυτή δέ έστιν ή ώς οδού και μήκους· οπερ δηλοϋται έκ του « ’Αρχή όδοΰ άγαθής τό ποιεϊν τά δίκαια1» ». Τής γάρ « άγαθής όδοΰ » μεγίστης τυγχανούσης, κατά μέν τά πρώτα νοητέον είναι τό πρακτι­ κόν, οπερ παρίσταται διά του « Ποιειν τά δίκαια », κατά δέ τά εξής τό θεωρητικόν, εις ο καταλήγειν οΐμαι καί τό τέλος αυτής έν τη λεγομένη « άποκαταστάσει » διά τό μηδένα καταλείπεσθαι τότε εχθρόν, ε’ίγε άληθές τό « δει γάρ αυτόν βασιλεύειν, άχρι ού Οή πάντας τούς εχθρούς αύτοΰ υπό τούς πόδας αύτοΰ- έσχατος δέ έχθρός καταργεϊται ό a. Jn 1, 1 l>. Prov. 16, 7 (LXX)12 1. Cet le distinction semble être un des principes essentiels de la théologie morale d’Origène. 11 y revient ù plusieurs reprises dans le Commentaire sur Jean (H, 219 ; VI, 103) ; voir aussi (I, 208) l’oppo­ sition entre les ηθικά μαθήματα et les μυστικά θεωρήματα. 2. Le rétablissement de toutes choses, la lin du monde. 1, § 90-91 (JEAN 1, 1) 107 Au commencement était le Verbe ou Dans le principe était le Verbea 1. EXPLICATION DE « EN ARCHÊ » A. Sens du terme « arche » XVI. 90. Ce n’est pas seulement pour les Grecs que le mot a commencement » (ou « principe ») a beaucoup de sens différents. Car, si l’on étudie ce terme en prenant des exemples de tous côtés et si. par un examen attentif, on veut saisir à quoi il se rapporte dans chaque passage des Écritures, on lui trouvera, également dans la Parole de Dieu, une multitude de sens. 1. Début d’une roule , 91. L’un d’eux concerne un passage, ainsi le commen­ cement d’une route et de son parcours, comme on le voit d’après le texte « le commencement de la bonne voie, c’est d'accomplir la justiceb». Comme la bonne voie est la plus longue, il faut comprendre qu’au début se situe la vie pra­ tique, indiquée par * accomplir la justice » et, dans la suite, la vie contemplative1, où débouche, je pense, celle voie à son terme, dans ce qu’on appelle 1’ « apocatastase2 », parce qu’il ne restera plus alors aucun ennemi, si ces paroles sont vraies : « Il faut qu’il règne jusqu’à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds ; le dernier ennemi qui sera anéanti, 108 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN θάνατος0 ». 92. Τότε γάρ μία πραξις έ'σται τών προς θεόν διά τδν πρδς αύτδν λόγον φθασάντων ή του κατανοειν τδν θεόν, ίνα γένωνται ούτως έν τή γνώσει τοϋ πατρδς μορφωΟέντες1’ 49 D πάντες f ακριβώς υίός, ώς νϋν μόνος ό υίός έγνωκε τδν πατέρα· 93. εί γάρ έπιμελώς τις έξετάζοι, πότε γνώσονται, οϊς αποκαλύπτει ό έγνωκώς τδν πατέρα υίός, τδν πατέρα®, καί βλέποι τδ νυν « δι’ έσόπτρου καί έν αινίγματιά » τδν βλέποντα βλέπειν, ούδέπω έγνωκότα « καθώς δεϊ γνώναι® », ούκ αν άμάρτοι λέγων μηδένα έγνωκέναι, κάν απόστολος καν προφήτης τις ή, τδν πατέρα, άλλ’ όταν γένωνται έν ώς <δ> 52 Λ υίδς καί ό πατήρ êv είσινΓ. 94. Et δέ δόξειέ τις ημάς παρεκβεβηκέναι, εν σημαινόμενον της αρχής σαφηνίζοντας και ταύτα είρηκότας, δεικτέον οτι ή παρέκβασις πρδς τδ προκείμενον άναγκαία και χρή­ σιμος ήν. Ει γάρ « αρχή » ώς μεταβάσεώς έστι καί οδού καί μήκους, « αρχή δέ οδού αγαθής τό ποιεΐν τα δίκαια « », έστιν είδέναι, 21 Pr. εί πάσα οδός αγαθή πως « αρχήν » μέν έχει « τδ ποιεϊν | « τά δίκαια », μετά δέ τήν αρχήν τήν θεωρίαν, καί τίνα τρόπον τήν θεωρίαν. XVII. 95. (17) Έστι δέ « άρχή » και ή ώς γενέσεως, ή δόξαι άν έπί τού « Έν αρχή έποίησεν ό θεός τδν ούρανδν καί τήν γην11 »· οιμαι δέ σαφέστερον έν τώ ’Ιώβ τούτο καταγ­ γέλλεσαι τδ σημαινόμενον κατά τδ « Τούτ’ έστιν αρχή a. b. C. d. c. f. g. h. I Cor. 15, 25 Cf. Gal. 4, 19 Cf. Maith. 11, 27 I Cor. 13, 12 I Cor. 8, 2 Cf. Jn 17, 21 Prov. 16, 7 (LXX) Gcn. 1, I 1. Une idée analogue se retrouve dans le Commentaire, sur Matthieu (XVI, 11 ; GCS X, p. 509} : ceux dont le Christ aura touché les yeux ί, § 92-95 (JEAN 1, 1) 109 c’est la morta». 92. Alors ceux qui seront parvenus à Dieu par le Verbe qui est auprès de lui n’auront plus qu’une seule activité1, considérer Dieu, afin que tous deviennent parfai­ tement un fils, étant transformés11 en connaissant le Père, comme maintenant seul le Fils connaît le Père. 93. Si donc on vient à rechercher avec soin à quel moment connaîtront le Père ceux à qui le Fils le révèle, lui qui connaît le Père0, et si l’on considère que celui qui voit maintenant voit «dans un miroir et d’une manière confuse*1 » et qu’il ne connaît pas encore « comme il faut connaître0», on ne se trompera pas en disant que nul ne connaît le Père, qu'il soit apôtre ou prophète, mais que les hommes le connaîtront quand ils seront un comme (le) Fils et le Père sont unf. 94. Si quelqu’un pense que nous sommes sortis de notre propos en disant tout cela pour établir un des sens du mot « commencement », il faut lui montrer que cette digression était nécessaire à notre sujet et utile. Si (l’on peut parler) du commencement d’un passage, d’une route ou d'un parcours, et si « le commencement de la bonne voie c’est d’accomplir la justices », il est possible de savoir que2 toute bonne voie a « la pratique de la vertu pour commencement » et, à la suite de ce commencement, la contemplation et de quelle manière. 2. Début d'une production ou d'un devenir XVII. 95. On peut aussi parler du commencement d’une création, ce qui apparaît dans : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terreh ». Je pense que cc sens est indiqué encore plus clairement dans Job : « Il est le commencement ne feront plus que le suivre pour être conduits par lui à la vue du Père. Au livre X (§ 42), Origène reviendra sur la plénitude de contemplation promise aux disciples. 2. cl mss. : δτι Wilatnowitz, Prcuschen. 110 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 52 B πλάσματος κυρίου, πεποιημένον έγκαταπαίζεσΟαι ύπό των άγγέλων αύτοΰa ». 96. 'Γπολάβοι γάρ άν τις των έν γενέσβι τή του κόσμου τυγχανόντων « έν αρχή » πεποιήσΟαι « τόν ούρανόν καί τήν γην » · βέλτιον δέ ώς πρός τό δεύτερον ρητόν, πολλών βντων των έν σώμασι γεγενημένων πρώτον των έν σώματι τον καλούμενου είναι δράκοντα, όνομαζόμενον δέ που καί « μέγα κήτος », οπερ έχειρώσατο ό κύριος6. 97. Καί άναγκαϊον έπιστήσαι εί άϋλον πάντη καί άσώματον ζωήν ζώντων έν μακαριότητα των αγίων, ό καλούμενος δράκων άξιος γεγένηται, άποπεσών τής καΟαρας ζωής, προ πάντων ένδεΟήναι Ολη καί σώματι, (να διά τούτο χρηματίζων ό κύριος διά λαίλαπος καί νεφών λέγ>) « Τουτ’ έστιν άρχή πλάσματος κυρίου, πεποιημένον έγκαταπαίζεσΟαι ύπό των άγγέλων αύτοΰ0 ». 52 C 98. Δυνατόν μέντοι γε τόν δράκοντα μή άπαξαπλώς είναι άρχήν πλάσματος κυρίου, άλλα πολλών έν σώματι « έγκαταπαίζεσΟαι » πεποίημένων « ύπό των άγγέλων », τούτον a. Job 40, 19 (LXX) b. Cf. Job 3, 8. II Pierre 2, 4 c. Job 40, 19 (LXX) 1. Il aurait fallu toute une phrase pour rendre le sens particulier de πλάσμα : modelage d’une figure «l’argile ou de cire, sens qui est bien celui d’Origène, puisqu’il l'oppose une fois â τά είδη et αΐ ούσίαι (I, 115) et, une autre, à τά κτισθέντα (XX. 235). 2. On peut reconnaître dans ce texte trois questions difficiles qui reviennent constamment chez Origène : la communauté de nature entre l’homme et l'ange (II, 144), la préexistence, qui lui est connexe (cf. notre A van t- Propos, p. 20 à 30 cl ci-dessous II, 175 à 191), les conditions de la vie corporelle : ce monde-ci est totalement inférieur : le nom même qui désigne sa création le prouve, καταβολή, chute (XIX, 149-150) ; il est devenu matériel pour le bien de ceux qui avaient désormais besoin de cette vie matérielle (XIX, 132-133 ; cf. XX, 182) ; on peut y demeurer pour deux motifs bien ditïércnts : soit qu’on se soit détaché des réalités supérieures (XIX, 130), soit que, comme Jean-Baptiste, on ait voulu imiter le Christ incarne par amour I, § 95-98 (JEAN 1, 1) 111 de la création1 du Seigneur, fait pour être la risée de ses anges®. » 96. Certains supposeront peut-être que, parmi tous les êtres créés dans la genèse du inonde, ce qui a été fait « au commencement », ce sont « le ciel et la terre. » Mais il vaut mieux (dire), d’après notre seconde citation, que, des nombreux êtres créés avec un corps, le premier de ceux qui ont un corps fut celui que l’on appelle le dragon, désigné quelque part comme « l’énorme monstre » et que le Seigneur a domptéb. 97. Il faut se demander si, alors que les saints menaient dans la béatitude une vie absolument immatérielle et incorporelle, celui qui reçoit le nom de dragon ne mérite pas le premier d'être attaché à la matière et à un corps, parce qu’il est tombe et s’est détourné de la vie parfaite ; c'est pourquoi, le Seigneur, parlant du sein de la tempête et des nuages, dit : « Il est le commencement de la création du Seigneur, fait pour être la risée de ses anges02 ». 98. Mais il est aussi possible que le dragon ne soit pas d'une manière absolue le commencement de la création du Seigneur : beaucoup de créatures liées à un corps ayant été « formées pour être la risée des anges », il serait le commencement de celles-là (seulement)3 ; mais des êtres envers les hommes (II, 187). — La création qui sera rétablie dans sa splendeur lorsque ce monde sera détruit (I, 178) n’est pas interprétée partout de la même manière : ci-dessous (I, 172-177), elle est distincte de l'homme, alors que dans l’/n Romanos (VII, 4, PG 14. 1111 C1112 B. Lommatzsch VU, 101-102) et le De Principiis (I, 7, 5) elle comprend l'ensemble des créatures raisonnables, hommes, astres et anges, car ces derniers travaillent pour l’homme. — Les autres sens du mot cosmos sont vus ci-dessous, noie rompt. 3, p. 398. 3. L’/n Joannem revient â plusieurs reprises sur la chute du diable, qu'il soit appelé · le dragon » comme ici (cf. VI, 248-251), oti « le diable > (XX, 182, où la pensée est extrêmement proche de celle qui - est exprimée ici), ou enfin « un des archontes » (XXXII, 233). Pour la chute des anges, voir également Contre Celse. (V, 55) cl In Matthaeum (XV, 27, t. X, p. 429-432). 112 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN άρχήν T&v "οιούτων είναι, δυναμένων τινών ύπάρχειν έν σώματι ούχ ούτως’ καί γάρ ή ψυχή τού ήλιου έν σώματι καί πάσα ή κτίσις, περί ής ό απόστολός φησι’ « Πάσα ή κτίσις στενάζει καί συνωδίνε·. άχρι του νυν“. » 99. Καί τάχα περί εκείνης έστί τό « Τη ματαιότητι ή κτίσις ύπετάγη ούχ έκούσα, αλλά διά τον ύποτάξαντα f τή έλπίδι15 », ϊνα ματαιότης τά σώματα ή καί τό ποιειν τά σωματικά, όπερ άναγκαιον * * ♦ τω έν σώματι ♦♦♦♦♦♦♦♦ ύπάρχη. Ό έν σώματι ούχ έκών ποιεί τά σώματος’ διά τούτο τή ματαιότητι ή κτίσις ύπετάγη ούχ έκούσα. 100. Καί <ό> ούχ έκών 52 D ποιων τά σώματος, ο ποιεί, ποιεί διά τήν ελπίδα, ώς εί 53 A λέγοιμεν Παύλον θέλειν « έπιμένειν τή σαρκί » ούχ έκόντα 22 Pr. άλλα διά τήν έλπίδα’ προτιμώντα γάρ καθ’ αυτό | « τό άναλΰσαι καί σύν Χριστώ είναι » ούκ άλογον ήν βούλεσθαι « έπιμένειν τή σαρκί0 » διά τήν ετέρων ωφέλειαν καί προκοπήν τήν έν τοϊς έλπιζομενόις ού μόνον αύτού άλλα καί τών ωφελού­ μενων ύπ’ αύτού. 101. Κατά τούτο δέ τό ώς γενέσεως σημαινόμενον τήν άρχήν καί τό ύπό της σοφίας έν παροιμίαις λεγόμενον έκδέξασΟαι δυνησόμεΟα’ « Ό θεός, γάρ φησιν, έκτισέν με άρχήν οδών αύτού εις έργα αύτού'1 ». Δύναται μέντοι γε καί επί τό πρώτον άνάγεσθαι, τουτέστι τό ώς ύδού, διά τό λέγεσθαι « Ό θεός έκτισέν με άρχήν οδών αυτού ». 102. Ούκ άτόπως δέ καί τόν τών όλων θεόν έρεϊ τις αρχήν σαφώς προπίπτων, οτι άρχή υιού ό πατήρ καί άρχή a. b. c. <1. Rom. 8, 22 Rom. 8, 20 Cf. Phil. 1, 24.23 Prov. 8, 22 1. Les étoiles sont animées, conviction générale à l’époque, qu'on retrouve aussi bien chez les païens (Platon, Lois 898 e à 899 a), qui vont souvent jusqu’à les déifier (Cic., De Xattira deorum II, XXI, 54), que chez les Juifs — dans l'Ancien Testament (voir W. Foerster, art. άστήρ-άστρον dans Kiltel, t. I, 1933, p. 501) comme chez Philon 1, § 98-102 (.JEAN 1, 1) 113 peuvent aussi être munis d’un corps dans d’autres condi­ tions : en effet, Pâme du soleil est liée à un corps1, comme aussi toute la création dont l’apôtre dit : « Toute la création gémit et endure jusqu’à présent les douleurs de l'enfan­ tement» ». 99. C’est peut-être à son sujet qu’il est écrit : « La création a été assujettie à la vanité contre son gré2, à cause de celui qui l’a soumise, (mais) avec espoir1,3 », attendu que les corps et les actions corporelles, pourtant inévitables... pour quiconque vit dans un corps, sont vanité. Celui qui a un corps accomplit malgré lui les actions du corps : c’est pourquoi la création a été assujettie contre son gré à la vanité. 100. Et celui qui accomplit malgré lui les actions corporelles fait ce qu’il fait pour l'espérance, comme si nous disions que, malgré son désir contraire, Paul veut « rester dans la chair*5 » pour l’espérance : pré­ férant en soi « mourir pour être avec le Christ », il n’était pas absurde de vouloir « rester dans la chair » pour l’utilité d’autrui, pour son progrès personnel dans les biens attendus, comme pour celui des disciples auxquels il rendait service. 101. Ceci nous permettra de saisir la signification du principe d’une création et de comprendre les paroles de la Sagesse dans le livre des Proverbes : « Le Seigneur m’a formée comme le principe de ses voies en vue de scs œuvres4 ». Mais ce passage peut aussi se ramener à notre première interprétation, celle de la voie, puisqu’il dit : « Le Seigneur m’a formée comme le principe de scs voies. » 102. Il ne sera pas absurde non plus de dire que le Dieu de l’univers est manifestement principe, arguant du fait (Z»e opificio mundi 73) — et les chrétiens (Clément, Eci. proph. 55 cl 56). Le Contre Celse (V, 11), affirmera que les astres prient le Père par le Fils et le De Oratione (7), qu’il faut prier pour leur fidélité. 2. Voir ci-dessous I, 178. 3. On remarquera la variante τη έλπίδι, dont nous n’avons pas trouvé d'autres témoignages, le texte reçu oscillant entre έφ’ έλπίδι cl επ’ έλπίδι. 8 Hl SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 53 B δημιουργημάτων δ δημιουργός καί άπαξαπλώς άρχή των δντων ό θεός. Παραμυθήσεται δέ διά του « Έν άρχή ήν ό λόγος », λόγον νοών τδν υΙόν, παρά τό είναι έν τω πατρί λεγόμενον είναι έν άρχή. 103. (78) Τρίτον δέ τδ έξ ού οίον τδ έξ ύποκειμένης ύλης, άρχή παρά τοΐς άγένητον αυτήν έπισταμένοις, άλλ’ ού πάρ’ ήμιν τοΐς πειθομένοις, οτι έξ ούκ δντων τά όντα έποίησεν δ θεός, ώς ή μήτηρ των επτά μαρτύρων έν Μακκαβαϊκοϊς“ καί δ της μετάνοιας άγγελος έν τω Ποιμένι έδίδαξε. 104. (29) ΓΙρδς τούτοις άρχή καί τδ « καθ’ οίον » κατά τδ είδος, ούτως’ εΐπερ είκών τού θεού τού άοράτου ό πρωτότοκος 53 C πάσης κτίσεως, άρχή αύτού δ πατήρ έστιν. ‘Ομοίως δέ και Χριστός άρχή των κατ’ εικόνα γενομένων θεού. 105. Εί γάρ a. 11 Macc. 7, 28 1. Traduit d’après la conjecture proposée en note par Preuschen et remplaçant προπίπτων par προβάλλων. Mm’ Hurl nous suggère de garder προπίπτων et de le traduire par « avancer que >. 2. Hermas, Pasteur, Mand. I, 1 ; Vis. I, 1, 16 : la citation du Pasteur se retrouve dans une formule de foi au livre XXXII (§ 187). Clément rapporte, à juste titre semble-t-il, que l’ensemble des phi­ losophes range la matière parmi les premiers principes : Portique, Platon, Pythagore, Aristote (Strom. V, 14, 89, 5). Cette matière est l'objet le plus insaisissable que l’on puisse imaginer : le · lieu » de Platon, qu'AmsTOTE identifie à la matière (Phys. 4, 2, 209 b, 11-12), le * vide » d’autres philosophes (ibid. 214 a 13-14), « ce â quoi ne peut s’appliquer aucune des qualifications de l’être », dira encore le Stagi­ rite (Met. Z 3, 1029 a 20-21). Elle n’est perçue que par déduction : « grâce à une sorte de raisonnement hybride que n’accompagne point la sensation : à peine peut-on y croire » (Platon, Timée 52 a trad. Rivaud) ; « Il subsiste quelque chose d'où naît tout ce qui naît » (ΆεΙ γάρ 2στι τι δ ύποκεϊται, εξ ού γίνεται τδ γιγνόμενον : Artst., Phys. I, 7, 190 b 3-4). —■ D’après Irénée (Ado. haer. 11,9,2 â 11,10, 2 ; t. I, p. 273-274), les Valentiniens avaient, adopté cette théorie d’une matière préexistante qui était alors si courante que Clément, voulant démontrer que Dieu est totalement différent de nous, ajoute (Strom. II, 16, 74, 1) : » soit qu’il nous ait crées â partir du non-étre, soit qu’il nous ait façonnés à l’aide de la matière », ce qui n’est pour lui qu'une, hypothèse sans fondement, car il montrera plus loin (V, 14, 89, 7) i ·. I. § 102-105 (JEAN 1. 1) 115 que1 le Père est le principe du Fils, le créateur, le principe des créatures, et, d’une manière absolue. Dieu, le principe des êtres. On le prouvera par « Dans le principe était le Verbe », en considérant le Verbe comme le Fils, dont il est dit que, parce qu’il est dans le Père, il est dans le principe. 3. Matière préexistante 103. En troisième lieu, le principe est ce dont les choses sont faites, comme d’une matière préexistante pour ceux qui la croient incrcée, mais non pour nous qui sommes persuadés que Dieu a créé les êtres à partir du non-être, comme l’enseigne, dans le livre des Maccabées", la mere des sept martyrs et, dans le Pasteur, l’ange de la repentancei2. 4. Idée, originelle ou modèle 104. Est en outre appelé principe ce « selon3 quoi » (une chose est telle), selon son idée originelle-1 : par exemple, si le premier-né de toute créature est l’image du Dieu invisible, le Père est son principe. Et, de même, le Christ est le prin­ cipe des êtres créés selon l’image de Dieu. 105. Si les comme l’avait fait avant lui Τιιηορηπ.κ d'Antioche (Ad. Aidol. II, 4). qu'elle contredit une autre Idée chère à son époque, celle de l'unicité du premier principe. Quant à Origène, il s’efforcera de démontrer à ceux des Grecs qui suivent des écoles de philosophie de bon renom et de valeur (H, 30) que, en affirmant une matière incréée, éternelle comme Dieu, ils imitent l'impiété de ceux qui nient et le Créateur et la Providence (De Peine. 11, 1, 4). 3. Avant olov Wendland, Wilamowitz et Preuschen ajoutent ύ. 4. L’idée platonicienne, que Philon appelle excellemment l’arché­ type (τδ άρχέτυπον εκείνο είδος : lie somniis 1. 232) et Varron (Ant. rer. div. XV, 4, cité par AUGUSTIN, De Civ. Dei VU, 28) Secundum quod, c'est-à-dire la cause exemplaire (cf. A. Onnc, En los albores, p. 192). — On trouvera dans Γ/n Joanncm trois autres sens de είδος : la forme (I, 115 ; II, 84), l'espèce (I, 210. 226 ; II, 93), enfin, d'après II Cor. 5, 7, la vue de Dieu (X, 306 ; XIII, 353-360). IIG SUR L’ÉVANGILE DE JEAN οί άνθρωποι « κατ’ εικόνα », ή είκών δέ κατά τόν πατέρα, τδ μέν « καθ’ δ » του Χρίστου ό πατήρ άρχή, τδ δέ « καθ’ δ » των ανθρώπων ό Χριστός, γενομένων ού κατά τδ ου έστιν είκών, άλλά κατά τήν εικόνα’ αρμόσει δέ τδ « Έν άρχή ήν δ λόγος » είς τδ αύτδ παράδειγμα. XVII1. ΙΟθ· {20) Έστιν αρχή καί ώς μαΟήσεως καθ’ δ τά στοιχειά φαμεν άρχήν είναι γραμματικής. Κατά τοϋτό φησιν ό απόστολος ότι « Όφείλοντες είναι διδάσκαλοι διά τδν χρόνον, πάλιν χρείαν έχετε του διδάσκειν υμάς τίνα τά 53 D στοιχεία τής άρχής των λογιών του θεού" ». 107. Διττή δέ ή ώς'μαθήσεως άρχή, ή μέν τή φύσει, ή δέ ώς προς ημάς1 ώς εί λέγοιμεν έπΐ Χρίστου, φύσει μέν αυτού άρχή ή Οεότης, πρδς ήμας δέ, μή άπδ τού μεγέθους αύτού δυναμένους 23 Fr. άρξασθαι τής περί | αύτού άληθείας ή άνθρωπότης αύτού, καθ’ δ τοΐς νηπίοις καταγγέλλεται ’Ιησούς Χριστός, καί ούτος εσταυρωμένος’” ώς κατά τούτο είπεϊν άρχήν είναι μαΟήσεως τή μέν φύσει Χριστόν καθ’ δ σοφία και δύναμις 56 Λ θεού®, πρδς ημάς δέ <τδ> « ό λόγος σάρξ έγένετο », ίνα σκηνώση έν ήμΐν1*, ουτω μόνον πρώτον αύτδν χωρήσαι δυναμένοις. 108. Καί τάχα διά τούτο ού μόνον πρωτότοκός έστιν πάσης κτίσεως, άλλά και « Άδάμ », <δ> ερμηνεύεται « άνθρωπος ». 'Ότι δέ Άδάμ έστι, φησιν ό Παύλος « Ό έσχατος Άδάμ εις πνεύμα ζωοποιούν* ». a. b. c. <1. e. Héb. 5, 12 Cf. I Cor. 2, 2 Cf. I Cor. 1, 24 Jn 1, 14 I Cor. 15, 45 1. Idée d’origine biblique (Gen. 1, 26-27 ; Col. 1, 15), particuliére­ ment parlante pour des esprits formés par une philosophie platoni­ cienne. On la retrouve chez les deux grands prédécesseurs d’Origènc, InïtxéE (Démonslr. 22) et Clément (Proie. X, 98, 4). Voir aussi cidessous II. 18. — Comme le fait remarquer H. Chouzel, il faut • donner au mot image le sens plein qu’il a chez Origine et les platoni­ ciens, celui d’une présence authentique du modèle, même si elle est I, § 105-108 (JEAN 1, 1) 117 homines sont selon l'image et l’image selon le Pore, le « selon quoi » du Christ, c’est le Père, (qui est) principe, le « selon quoi u des hommes, c’est le Christ, puisqu’ils ont été faits non pas selon celui dont il est l’image, mais selon l’image1, κ Dans le principe était le Verbe » conviendra à cette même démonstration. 5. Éléments d'une science XVIII. 106. On peut aussi parler d’un principe de la science, d’après lequel nous disons que les lettres sont le principe de l'écriture. Ainsi l’Apôtre dit : a Alors que depuis longtemps vous devriez être passés maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les principes élémentaires des oracles de Dieun ». 107. Comme pour la science, le prin­ cipe peut être envisagé à deux points de vue, selon la nature des choses et selon nous : par nature, pourrait-on dire, le principe du Christ, c’est la divinité, mais, pour nous, qui ne sommes pas capables d'aborder son être véritable sous l’aspect de sa grandeur, c’est l’humanité : c’est ainsi qu’on enseigne aux petits enfants Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié6. 11 faut donc dire que, selon la nature des choses, le principe de la science, c’est le Christ, en tant que Sagesse et puissance de Dieu®, mais que, pour nous « le Verbe s’est fait chair pour demeurer parmi nous'*», car nous ne sommes capables de recevoir d’abord que de cette manière. 108. C’est peut-être pour cela qu’il n’est pas seulement le premier-né de toute créature, mais aussi « Adam », ce qui veut dire « homme ». Car Paul dit qu’il est Adam : « le dernier Adam, un esprit vivifiant® ». diminuée · {Théologie, de l'Image, p. 93). On relèvera que, avant Origène, Philon avait, à propos du même texte de la Genèse, rappro­ ché les notions d’image et d’idée originelle : le même homme est né • à l’image et selon l’idée » (ιδέα : Legum allegoriae I, 53). 118 SUB L'ÉVANGILE DE .JEAN (21) "Εστι δε άρχή καί ώς πράξεως, έν ή πράξει έστι τι τέλος μετά τήν αρχήν. Καί έπίστησον εί ή σοφία άρχή των πράξεων ούσα του θεού οΰτω δύναται νοεΐσΟαι άρχή. XIX. 109. (22) Τοσούτων σημαινομένων έπί του παρόν­ τος ήμϊν ύποπεσόντων περί « αρχής », ζητοΰμεν έπί τίνος δει λαμβάνειν το « Έν άρχή ήν ό λόγος ». Καί σαφές οτι ούκ έπί τού ώς μεταβάσεως ή ώς οδού καί 56 Β μήκους· ούκ άδηλον δέ οτι ούδέ έπί τού ώς γενέσεως. 110. Πλήν δυνατόν ώς το « ύφ’ ού », οπερ έστι ποιούν, ειγε « ένετείλατο ό θεός καί έκτίσθησαν® ». Δημιουργός γάρ πως ό Χριστός έστιν, ώ λέγει ο πατήρ* « ΓενηΟήτο) φως11 » καί « Γενηθήτω στερέωμα0 ». 111. Δημιουργός δέ ό Χριστός ώς άρχή, καθ’ δ σοφία έστί, τω σοφία είναι καλούμενος άρχή·. ‘H γάρ σοφία παρά τω Σαλομώντί φησιν « '0 θεός έ'κτισέν με αρχήν οδών αύτού εις έργα αύτοΰά », ίνα « έν άρχή ή ό λόγος », έν τή σοφία’ κατά μέν τήν σύστασιν τής a. Ps. 148, 5 b. Gen. 1, 3 C. Gen. 1, (> d. Prov. 8, 221 2* 1. Devant πράξεως M porte η, supprimé par V et Preuschen. 2. On peut voir ici, avec R. Cadiou (Les Dictionnaires antiques dans l'œuvre d’Origène, p. 279-280), la cause finale, puisque le terme d'archè sert à désigner toutes les causes et même, si paradoxal que cela puisse paraître, la fin (cf. Simplicius, In Aristotelis Phys. 184 A 11). Cependant, au livre XIII (244), cette même arche est oppo­ sée à la fin ; d’autre part, si, dans cette étude du mot arehè, on ren­ contre bien les autres causes distinguées par Aristote : la cause matérielle (Γ, 103), la cause formelle (I, 104-105), la cause efficiente (I, 110-111), il faut reconnaître que certaines définitions ne sauraient entrer dans cette catégorie : ainsi, les éléments d'une science (I, 106107), le début d’une route (I, 91-94) cl celui d'une production (I, 95101) car il s'agit de l'objet produit et non de son auteur -. Basile (Homélies sur ΓHcxaméron) s’est-il inspiré d'Origène ou a-t-il puisé dans la philosophie de son temps pour distinguer, dans son commen­ taire du premier verset de la Genèse, les différents sens du mot archi 1 J. C. M. van XVindbn (Some observations...) a montré ce que, en cette matière, V Hcxaméron d’Ambroise doit au Cappadocicn. Voici le parallélisme qu’il établit (p. 114) entre Basile et Ambroise, auxquels nous ajoutons Origène : 119 I, S 108-111 (JEAN 1, 1) G. Principe, d'une action On peut aussi parler du principe d’une action* et. dans cette action, de sa (in qui suit le. principe'-. Mais, puisque la Sagesse est le principe des actes de Dieu, examine si on ne peut pas interpréter ainsi le mot « principe ». B. Application au Fils de Dieu 1. Principe en tant que Sagesse XIX. 109. Puisque nous trouvons maintenant tant de sens au mot « archè », cherchons lequel il faut prendre pour « Dans le principe était le Verbe ». Il est clair qu’il ne s’agit ni d’un passage, ni d’une route, ni d’un parcours. Sans aucun doute, ce n’est pas non plus une création. 110. Cependant il est possible que ce soit ce « par quoi », c’est-à-dire ce qui crée, car » Dieu commanda et ils furent créés3 ». Le Christ est, d’une cer­ taine manière, démiurge, puisque le Père lui dit : « Que la lumière soitb», « Que le firmament soitc ». 111. C’est comme principe que le Christ est démiurge, en tant qu’il est Sagesse3, car c’est parce, qu’il est Sagesse qu’il est appelé principe. La Sagesse dit en effet chez Salomon : « Le Sei­ gneur m’a formée comme le principe de ses voies en vue de ses œuvres1’ »,de sorte que «le Verbe était dans le principe », (c’est-à-dire) dans la Sagesse : car la Sagesse est considérée Basile Ambroise Origène πρώτη κίνησις δΟεν γίνεται τι τέχνη τέλος causa efficiens causa materialis causa formalis causa finalis τό ύφ’ ού (I, 110-111) τό έξ ού (1,103) τό καθ’ δ (1, 104-105) τέλος ? (ici même) 3. l.c Père crée par le Fils : c’est donc an Père que revient d’abord le titre de démiurge. CL ci-dessous 11, 70-72 et II, 102-104. 120 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN περί τών όλων θεωρίας καί νοημάτων της σοφίας νοούμενης, κατά δέ την προς τά λογικά κοινωνίαν των τεθεωρημενοιν του λόγου λαμβανομένου. 112. Καί ού θαυμαστόν εί, ώς προειρήκαμεν, πολλά ών αγαθά ό σωτήρ ένεπινοούμενα έχει έν αύτώ πρώτα καί 56 C δεύτερα καί τρίτα. Ό γοΰν ’Ιωάννης έπήνεγκε φάσκων περί του λόγου' « ΛΟ γέγονεν έν αύτώ ζωή ήν3 ». Γέγονεν ούν ή ζωή έν τω λόγω' και ούτε ο λόγος έτερός έστι τού Χριστού, ό θεός λόγος, ό πρός τόν πατέρα, δι’ ού τά πάντα έγένετο, ούτε ή ζωή έτέρα τού υιού τού θεού, ος φησιν' « Έγώ είμι ή οδός και ή άλήθεια καί ή ζωή*> ». Ώσπερ ούν ή ζωή γέγο­ νεν έν τω λόγω, ούτως ό λόγος ήν έν άρχή. 113. Έπίστησον δέ, εί οϊόν τέ έστι καί κατά τό σημαινό2·/ Pr. μενον τούτο έκδέ|χεσθαι ήμάς τό « Έν άρχή ήν ό λόγος », ίνα κατά τήν σοφίαν καί τούς τύπους τού συστήματος τών έν αύτώ νοημάτων τά πάντα γίνηται. 114. Οίμαι γάρ, ώσπερ κατά τούς Αρχιτεκτονικούς τύπους 56 D οικοδομειται ή τεκταίνεται οικία καί ναύς, αρχήν της οικίας καί της νεώς έχόντων τούς έν τω τεχνίτη τύπους καί λόγους, οΰτω τά σύμπαντα γεγονέναι κατά τούς έν τή σοφία προτρανωθέντας υπό θεού τών έσομένων λόγους· « Πάντα γάρ έν σοφία έποίησε® ». a. Jn 1, 4 b. Jn 14, 6 c. Ps. 103 (104), 24 1. Phrase difficile, pour laquelle nous avons sollicité des conseils. Voici les traductions qui nous ont été suggérées : le P. H. Crouzel propose : « Car on comprend la Sagesse en fonction de l'organisation de la vision (divine) de l'univers et des éléments de pensée qui la constituent » ; — M. P. Hadot propose : · selon la réalité substantielle que possède la vision idéale de l'universalité des choses et les notions qui s’y rapportent ». Comme on le voit, les principales divergences concernent les mots σύστασις (formation, organisation, réalité sub­ stantielle) et θεωρία (pensée, vision). 2. On relèvera cette première approche d'une définition desinivoiai de Sagesse et de Verbe, la Sagesse étant davantage « en soi » et le Verbe plus tourné vers les créatures : le Verbe révèle à toute créature les mystères contenus dans la Sagesse (De Prine. I, 2, 3). On peut penser à ccttc occasion au λόγος ενδιάθετος et au λόγος προφορικός I, § 111-114 (JEAN 1, 1) 121 dans la formation de la pensée qui a préside à toutes choses et dans celle de leurs notions1, et le Verbe dans la communi­ cation des considérations de cette pensée aux êtres spirituels2. 112. Le Sauveur est, comme nous l'avons vu, beaucoup de biens que la pensée distingue ; il ne faut donc pas s'étonner que certains de ces biens soient premiers, d’autres seconds, ou troisièmes. Parlant du Verbe, Jean a affirmé : « Ce qui fut fait en lui était vie1» ». La vie fut donc faite dans le Verbe ; mais le Verbe ne diffère pas du Christ, le Verbe-Dieu qui est auprès du Père et par qui toutes choses ont été créées, et la vie ne diffère pas du Fils de Dieu qui dit : « C'est moi le chemin, la vérité et la vieb ». Comme la vie a été faite dans le Verbe, ainsi le Verbe était dans le principe. 113. Vois si nous ne pouvons pas interpréter le texte : a Dans le principe était le Verbe (Logos) » d’après le sens spirituel : toutes choses sont créées selon la Sagesse, d'après les lignes directrices d’un plan dont les éléments (= notions) sont dans le Verbe. 114. De même qu’une maison ou un navire se bâtit ou se construit selon les plans de l’architecte et que celte maison ou ce navire, a pour principe le plan et les règles de travail (logoi) de l’entrepreneur, de même, à mon avis, toutes choses ont été créées selon les règles (logoi) déter­ minées d'avance par Dieu dans sa Sagesse pour ses créa­ tures’, car « il a tout créé dans sa Sagesse0 ». de certains — à condition toutefois de ne pas oublier qu’il n'y a pas, pour Origène, succession chronologique, mais ordre logique (II, 131) et que la distinction entre attributs n’implique aucune division de l’être (I, 200). D’après le Frg. I, la Sagesse n’avait de dispositions particulières (σχέσις) que pour Dieu : étant son bon plaisir, elle a voulu l’existence des créatures et a pris pour cela des dispositions créatrices : c’est ce que révèlent les Proverbes en disant : « Le Seigneur l’a établie comme le principe de scs voies en vue de scs œuvres » (8, 22). Et c’est pourquoi la même réalité est appelée « Sagesse » selon son essence, qui est d’être unie à Dieu, et « Verbe » en tant qu’elle se penche vers les créatures. 3, Voir note compl. 4, p. 399. 122 SUB L’ÉVANGILE DE JEAN 115. Καί λεκτέον βτι κτίσας, ίν’ ούτως είπω, εμύυχον 57 A σοφίαν ό θεός, αυτή έπέτρεψεν άπδ των έν αύτή τύπων τοϊς ούσι καί τη ύλη <παρασχεϊν καί> την πλάσιν καί τά είδη, έγώ δέ έφίστημι εί καί τάς ούσίας. 116. Ού χαλεπόν μέν οΰν παχύτερον είπειν άρχήν των οντων είναι τον υιόν τού θεού, λέγοντα- « Έγώ είμι ή άρχή καί τδ τέλος, τδ Λ καί τδ Ω, ό πρώτος καί ο έσχατος3 ». Άναγκαϊον δέ είδέναι οτι ού κατά παν δ Ονομάζεται άρχή έστιν αύτός. 117. Πώς γάρ καθ’ δ ζωή έστι δύναται είναι άρχή, ήτις ζωή γέγονεν έν τώ λόγω, δηλονότι άρχή τυγχάνοντι αυτής ; ‘Έτι δέ σαφέστερου δτι καθ’ δ « πρωτότοκός » έστιν « έκ των νεκρών b », ού δύναται είναι άρχή. 118. Καί έάν έπιμελώς έξετάζωμεν αύτού πάσας τάς έπινοίας, μόνον κατά τδ είναι σοφία άρχή έστιν, ούδέ κατά τδ είναι λόγος 57 Β άρχή τυγχάνων, είγε « ό λόγος έν άρχή » ήν ώς είπεϊν άντινα τεθαρρηκότως <ώς> πρεσβύτερον πάντων των έπινοουμένων ταϊς ύνομασίαις τού πρωτοτόκου πάσης κτίσεως έστιν ή σοφία. XX. 119. Ό θεός μέν ούν πάντη έν έστι καί άπλοΰν ό δέ σωτήρ ήμών διά τά πολλά, έπεί « προέθετο » αύτδν « ό θεός ίλαστήριον0 » καί άπαρχήν πάσης τής κτίσεως, πολλά γίνεται ή καί τάχα πάντα ταύτα, καθά χρήζει αύτού ή έλευΟεροΰσθαι δυναμένη πάσα κτίσις. a. Apoc. 22, 13 b. Col. 1, 18 c. Rom. 3, 25 1. On trouve une idée analogue chez Clément (Strom. VI, 7, 58, 1) : le Fils premier-né, que Dieu a produit, comme le principe (archl) de toutes choses, est appelé Sagesse. 2. Idée Importante de la christologie d’Origène. L’a-t-il empruntée à Clément ? On lit en effet au IVe livre des Stromales (25, 156, 1-2) : « Dieu étant indémontrable (comme premier principe), n’est pas objet de science ; le Fils, lui, est sagesse, science, vérité, etc., il peut donc être démontré cl décrit... Le Fils n’est ni parfaitement un, ni plusieurs, mais ώς πάντα tv. » Peut-être Origène s’est-il seulement inspiré des idées de son temps, puisque l’on trouve chez son contem­ porain païen, Plottn, des notions singulièrement proches de celles de Clément : ■ Nous ne comprenons pas l’t.’n par la science..., car la I, § 115-119 (JEAN 1, 1) 123 115. Il faut ajouter qu’après avoir produit, si j’ose dire, une Sagesse vivante, Dieu lui a confié le soin de donner, d’après les modèles qu'elle porte en elle, le modelage, la forme cl peut-être même l’existence aux êtres et à la matière. 116. Il n’est pas difficile de dire, d’une manière plus grossière, que le principe de toutes choses c’est le Fils de Dieu qui dit : « Je suis le commencement et la fm, l'alpha et l’oméga, le premier et le dernier" ». Mais il faut savoir qu'il n’est pas principe d’après tous les noms qu’il porte. 117. Comment, en effet, pourrait-il être principe en tant que vie, puisque la vie a été produite dans le Verbe, qui est évidemment son principe? Il est encore plus clair qu’il ne saurait être principe comme « premier-né d'entre les morts1»». 118. Et, si nous considérons attentivement tous scs noms, il n’est principe qu'en tant que Sagesse, n’étant même pas principe en tant que Verbe, puisque « le Verbe était dans le principe ». C’est pourquoi on pourrait dire hardiment que, de tous les attributs révélés par les appellations du premierné de toute créature, le plus ancien est celui de Sagesse1. 2. Multiplicité des attributs du Fils de Dieu XX. 119 Dieu est absolument un et simple. Mais, à cause de la multiplicité (des créatures), notre Sauveur, que « Dieu a par avance destiné à être victime de propi­ tiation0» et prémices de toute la création, devient beaucoup de choses, peut-être même tout ce qu'attend de lui toute créature capable de recevoir la délivrance2. science est un discours (logos) et le discours est multiple · (Enn. VI, il, 4, 5-6, trad. Bréhier). Origène reviendra à plusieurs reprises sur la présence dans le Fils, en tant que Sagesse, d’une multitude d’idées ou de principes, sources de toutes créatures (De Princ. I, 2,2 ; In Jo. 11, 126). I.cs textes les plus importants nous semblent être, ù côté de celui-ci, Jn Jo. 1. 244 et XIX, 146-1-17 ; ce dernier voit dans le Fils, en tant que Sagesse, un monde intelligible infiniment plus varié que le monde sensible. 121 25 /V. 57 C 57 D 60 A SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 120. Και διά τούτο γίνεται φως τών άνθρώπων, δτε άνθρωποι ύπδ τής κακίας σκοτισθέντες δέονται φο>τδς του έν τή σκοτία φαίνοντος καί ύπδ σκοτίας μή καταλαμβανομένου*, ούκ άν, εί μή γεγόνεισαν έν τώ σκότω οί | άνθρωποι, γενόμενος άνθρώπων φως. 121. Τδ δ’ δμοιον έστι νοήσαι καί έπί του είναι αύτδν πρωτότοκον <έκ> τών νεκρών. Εί γάρ καθ’ ύπόθεσιν ή γυνή μή ήπάτητο καί ό Άδάμ μή παραπεπτώκει5, κτισθείς δέ ό άνθρωπος έπί αφθαρσία κεκρατήκει τής αφθαρσίας, ούτ* άν « εις χοϋν θανάτου® » καταβεβήκει ούτ’ άν άπέθανεν ούκ οΰσης αμαρτίας, ή διά τήν φιλανθρωπίαν αύτδν έχρήν άποθανεΐν* ταΰτα δέ μή ποιήσας ούκ <άν> έγένετο « πρωτότοκος έκ τών νεκρών ». 122. Έξεταστέον δέ, μήποτε καί ποιμήν ούκ άν έγένετο τού ανθρώπου μή παρασυμβληθέντος « τοΐς κτήνεσι τοΐς άνοήτοις μηδ* όμοιωΟέντος αύτοϊς11 ». Εί γάρ « ανθρώπους καί κτήνη σοιζει ό θεός® », σώζει ά σώζει κτήνη ποιμένα αύτοϊς χαρισάμενος τοΐς μή χωρούσι τον βασιλέα. 123. Βασανιστέον ούν συναγαγόντα τάς ονομασίας τού υιού, ποΐαι αύτών έπιγεγόνασιν ούκ άν έν μακαριότητι άρξαμένων καί μεινάντων τών άγιων γενόμεναι τά τοσάδε. Τάχα γάρ σοφία έμενε μόνον ή καί λόγος ή καί ζωή, πάντως δέ καί αλήθεια’ ού μήν δέ καί τά άλλα όσα δι’ ημάς προσείληφε. 124. Καί μακάριοί γε οσοι δεόμενοι τού υιού τού θεού τοιούτοι γεγόνασιν, ώς μηκέτι αύτοΰ χρήζειν ιατρού τούς κακώς έχοντας θεραπεύοντος μηδέ ποιμένος μηδέ άπολυτρώσεως, άλλα σοφίας καί λόγου καί δικαιοσύνης, ή εί τι άλλο τοΐς διά τελειότητα χωρεΐν αύτοΰ τά κάλλιστα δυναμένοις. Τοσαύτα περί τού « Έν άρχή ». a. b. c. d. c. Ci. Jn 1, 5 Cf. Gen. 3 Ps. 21 (22), 16 Ps. 18 (19), 13 Ps. 35 (36), 7 Γ, § 120-121 (JEAN 1,1) 125 120. C'est pourquoi il devient la lumière des hommes lorsque, aveuglés par le vice, ils ont besoin de la lumière qui luit dans les ténèbres cl que les ténèbres ne saisissent pasa ; car, si les hommes n’avaient pas été dans les ténè­ bres, il ne serait pas devenu la lumière des hommes. 121. On peut considérer de la même manière le fait qu'il est le premier-né d’entre les morts : car si, par hypothèse, la femme ne s’était pas laissé tromper, si Adam n’était pas tombéb et si l’homme créé pour l’incorruptibilité s'était saisi de cette incorruptibilité, le Christ ne serait pas des­ cendu « dans la poussière de la mort® », il ne serait pas mort, puisque le péché pour lequel il lui fallut mourir à cause de son amour des hommes n’aurait pas existé : s’il ne l’avait pas fait, il n’aurait pas été « le premier-né d’entre les morts ». 122. II faut examiner s’il se serait fait berger au cas où l’homme n’aurait pas été comparable « aux bêtes sans intelligence et rendu semblable à elles0 ». Car, si « Dieu sauve les hommes et les bêtes® », il sauve les bêtes qu’il sauve en leur accordant un berger, parce qu’elles ne peuvent pas recevoir un roi. 123. Il convient donc de rassembler les épithètes du Fils et d’examiner lesquelles sont survenues après coup et n’existeraient pas en si grand nombre si les saints étaient demeurés dans la béatitude première. Peut-être ne reste­ rait-il que la Sagesse, sans doute aussi le Verbe et la Vie, assurément la Vérité — mais aucun des autres (noms) qu’il a pris à cause de nous. 124. Bienheureux tous ceux qui, ayant besoin du Fils de Dieu, sont devenus tels qu’il ne leur faut plus ni médecin qui soigne les malades, ni berger, ni rédemption — mais la Sagesse, le Verbe, la Justice et tout ce qui concerne les hommes capables, par leur perfection, de recevoir le meilleur de lui-même. Et voilà pour ce qui concerne « Dans le principe ». 126 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN XXI. 125. (23) 'Ίδωμεν δ’ έπιμελέστερον τις ό έν αυτή λόγος. Θαυμάζειν μοι πολλάκις επέρχεται σκοπουντι τά υπό τινων 60 Β πιστεύειν εις τόν Χριστόν βουλομενων λεγάμενα περί αύτοΰ, τί δήποτε δυσεξαριθμήτων ονομάτων τασσομένων επί του σωτήρος ημών τά μέν πλεΐστα παρασιωπώσιν, αλλά καί εϊ ποτέ μνήμη αύτών γένοιτο, μεταλαμβάνουσιν ού κυρίως αλλά τροπικώς ταυτα αύτόν όνομάζεσθαι, έπί δέ μόνης της λόγος προσηγορίας ίστάμενοι οίονεί « λόγον » μόνον φασίν είναι τόν Χριστόν του θεού, και ούχί ακολούθως τοις λοιποϊς τών όνομαζομένων έρευνώσι του σημαινομένου την δύναμιν έκ 26 Pr. της « λόγος » | φωνής. 126. "Ο δέ φημι θαυμάζειν τών πολλών — σαφέστερον γάρ έρώ — τοιοΰτόν έστι. Φησί που ό υιός του θεού- « Έγώ είμι τό φώς του κόσμου1· »* καί έν άλλοις· « Έγώ είμι ή άνάστασις6 »· καί πάλιν « Έγώ είμι ή οδός καί ή άλήθεια καί 60 C ή ζωή0 »■ γέγραπται δέ καί τό « Έγώ είμι ή θύραά »’ ειρητ^αί καί τό « Έγώ είμι ό ποιμήν ό καλός® »· καί πρός τήν Σαμαρεΐτιν φάσκουσαν « Οϊδαμεν ότι λίεσσίας έρχεται, ό λεγό­ μενος Χριστός· όταν έλθη εκείνος, άναγγελει ήμΐν πάντα » αποκρίνεται· « Έγώ είμι ό λαλών σοι* ». 127. Πρός τούτοις, οτε ενιύε τούς πόδας τών μαθητών, κύριος καί διδάσκαλος a. b. c. d. c. f. .In 8, 12 Jn 11, 25 Jn 14, 6 Jn 10, 9 Jn 10, 11 Jn 4, 25-26 1. Après Οαυμάζειν le texte de M porte τήν que V a cherché à corriger en ajoutant αβελτερίαν après τών πο>Λών et que Brooke et Preusehcn proposent de supprimer. T, § 125-127 (JEAN 1, 1) 127 IL EXPLICATION DE « O LOGOS » : LES TITRES DU FILS DE DIEU A. Enumeration de ces titres XXL 125. Voyons plus attentivement quel est ce Verbe qui est en lui. J’ai souvent été frappé d’étonnement, en considérant ce que disent de lui des hommes qui prétendent croire au Christ, (me demandant) pour quelle raison ils passent sous silence la plupart des innombrables noms donnés à notre Sauveur et, si parfois ils en font mention, ils prétendent qu’ils ne lui ont pas été donnés dans leur sens propre, mais par allégorie, car ils ne s’arrêtent qu’à l’appellation de Verbe, comme s'ils disaient que le Fils de Dieu est Verbe sans plus et ils ne cherchent pas, comme pour les autres noms, la signification du mot « Verbe ». 1. Ceux qu'il se donne lui-même , 126. Pour etre plus clair, voici . ce que je veux dire en parlant de mon étonnement1 en face de la plupart des commentaires : Le Fils de Dieu a affirmé : « C’est moi la lumière du monde3» et ailleurs : « C’est moi la résurrection1’» et encore : a C’est moi le chemin, la vérité et la vie® » ; il est écrit : « C’est moi la ported »; il a dit : « C’est moi le bon berger* »; à la Samaritaine qui disait : « Nous savons que le Messie va venir, celui qu’on appelle Christ; lorsqu’il viendra, il nous enseignera toutes choses », il répondit : « Je le suis, moi qui te parle1 ». 127. En outre, lorsqu'il lava les pieds de scs «i Dans les évangiles SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 128 αύτών είναι διά τούτων ομολογεί’ « Ύμείς φώνείτέ με* ‘0 διδάσκαλος καί ό κύριος, καί καλώς λέγετε* είμί γάρη ». 128. ’Αλλά καί υίόν είναι θεού σαφώς εαυτόν καταγγέλλει λόγων* « Λ0ν ο πατήρ ήγίασε καί άπέστειλεν εις τδν κόσμον ύμείς λέγετε βτι* Βλασφημείς, βτι είπον* 1‘ίδς τού θεού είμι11 ; » καί’ « Πάτερ, έλήλυθεν ή ώρα’ δόζασόν σου τδν υιόν, ϊνα ό υιός δοξάση σε® ». 129. Εύρίσκομεν δέ καταγγέλλοντα 60 D εαυτόν καί βασιλέα, ώς έπάν άποκρινόμενος τώ Πιλάτο) πρδς τδ « Σύ εί ό βασιλεύς των ’Ιουδαίων ; » λέγη* « ‘H βασιλεία ή έμή ούκ έστιν έκ τοΰ κόσμου τούτου* εί εκ τοΰ κόσμου τούτου ήν ή βασιλεία ή έμή, οί ύπηρέται οι έμοί ήγωνίζοντο άν, ίνα μή παραδοθώ τοίς Ίουδαίοις* νυν δέ ή βασιλεία ή έμή ούκ έστιν έντεΰθενά ». 130. ’Ανέγνωμεν καί τδ « Έγώ είμι ή άμπελος ή άληθίνή, καί ό πατήρ μου ό γεωργός έστι® »* καί πάλιν* « Έγώ είμι άμπελος, ύμείς τά κλήματα* ». 131. Συνα61 Λ ριθμείσΟω τούτοις και τδ « Έγώ είμι ό άρτος τής ζωής »* καί πάλιν* « Έγώ είμι ό άρτος ό ζών, ό έκ τού ούρανοΰ καταβάς*ί » καί « ζωήν διδούς τώ κόσμω11 ». Καί ταύτα μέν επί του παρόντος ύποπεσόντα άπδ τών έν τοίς εύαγγελίοις κειμένων παρεθέμεΟα, τοσαϋτα αύτδν λέγοντος είναι τοΰ υίοΰ τοΰ θεοΰ. XXII. 132. ’Αλλά καί έν τή Ίωάννου Άποκαλύψει λέγει* « Έγώ είμι δ πρώτος καί ό έσχατος καί ό ζών, καί έγενόμην νεκρός, καί ιδού ζών είμι εις τούς αιώνας τών αιώνων1 ». Καί πάλιν* « Γέγονα έγώ τδ A καί τδ Ω, καί δ πρώτος καί δ έσχα­ τος, ή αρχή καί τδ τέλος! », 133. ‘Έστι δέ ούκ δλίγα τδν μετά παρατηρήσεως έντυγχάνοντα ταϊς άγίαις βίβλοις καί άπδ τών προφητών παραπλήσια a. b. c. d. c. f. g. Jn Jn Jn Jn Jn Jn Jn 13, 13 10, 36 17, 1 18, 33.36 15, 1 15, 5 6, 35.51 1, g 127-133 (JEAN 1. 1) 129 disciples, il reconnut par ccs mots qu'il était leur seigneur et leur maître : « Vous m’appelez Maître et Seigneur et vous avez raison : je le suis1» ». 128. Mais il se proclama aussi clairement Fils de Dieu en disant : « A celui que le Père a consacré et envoyé dans le inonde, vous dites : Tu blasphèmes, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieub», et h Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils le glorifie0». 129. Nous le voyons se proclamer roi lorsque, répondant à la question de Pilate : « Es-tu le roi des Juifs ? », il répond : a Mon royaume n’est pas de ce inonde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs; mais mon royaume n’est pas d’ici-basd. » 130. Nous avons lu aussi : « C’est moi la vraie vigne et mon Père est le vigneron® » et « C’est moi la vigne, et vous, les sarments* ». 131. A cela s'ajoute « C’est moi le pain de vie », « C’est moi le pain vivant descendu du ciel* » et « qui donne la vie au monde*» ». Voilà les citations du texte des évangiles qui nous viennent présentement à l’esprit, car le Fils de Dieu affirme qu'il est toutes ces choses. , XXII. 132. Mais dans l’Apo. . ..... . calypse de Jean il dit aussi : « C est moi le premier et le dernier, le vivant ; j’ai été mort et me voici vivant aux siècles des siècles* » et, plus loin, « C’est moi l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fini ». , _ δ) Dans l’Apocalypse . , 133. Il n y a pas peu de passages . J \ . analogues que le lecteur attentif des saints Livres peut trouver chez les prophetes : (le c Chez les prophetes h. .Jn G, 33 i. Apoc. 1, 17-18 j. Apoc. 22, 13 9 130 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN 27 Pr. λαβεΐν, olov δτι | « βέλος εκλεκτόν » εαυτόν καλεΐ καί « δαυ­ λόν του θεού » καί « φώς των έθνών ». 134. Λέγει δή ούτω 61 Β ‘Ησαίας· « Έκ κοιλίας μητρός μου έκάλεσέ με τό όνομά μου και έθηκε τό στόμα μου ως μάχαιραν όξειαν καί ύπό τήν σκεπήν της χειρός αύτοΰ έκρυψέν με- έθηκέν με ώς βέλος έκλεκτδν καί έν τη φαρέτρα αύτοΰ έκρυψε με. καί ειπέ μου Δοΰλός μου εί σύ, Ισραήλ, καί έν σοί δοξασθήσομαι®. » 135. Καί μετ’ ολίγα* « Καί ό θεός μου έσται μοι ισχύς. Καί είπε μοι* Μέγα σοί έστι τούτο κληθήναί σε παιδά μου, τού στήσαι τάς φυλάς ’Ιακώβ καί τήν διασποράν τού Ισραήλ έπιστρέψαυ Ιδού τέθεικά σε εις φώς εθνών, τού είναι σε εις σωτηρίαν έως έσχατου της γήςυ. » Άλλα καί έν τω ‘Ιερεμία ούτως αύτόν άρνίω όμοιοι* « Έγώ ως άρνίον άκακον άγόμενον τού θύεσθαι0. » 136. Ταΰτα μέν ούν καί τά τούτοις παραπλήσια αύτός 61 C εαυτόν φησιν* έστι δέ καί παρά τοΐς εύαγγελίοις καί παρά τοίς άποστόλοις καί διά τών προφητών μυρίας όσας προσηγορίας συναγαγεΐν, άς καλείται ό υίός τού θεού* ήτοι τών τά εύαγγέλια γραψάντων την ίδιαν διάνοιαν τών περί τού ο τί ποτέ έστιν έκτιθεμένων, ή τών αποστόλων έξ ών μεμαθήκασι δοξολογούντων αύτόν, ή τών προφητών προκηρυσσόντων αύτοΰ τήν έσομένην επιδημίαν καί τά περί αύτοΰ άπαγγελλόντων διαφόροις όνόμασιν. 137. Οιον ό ’Ιωάννης αύτόν « αμνόν θεού » άναγορεύει λέγων* « ’Ίδε ό άμνός του θεού, ό αίρων τήν αμαρ­ τίαν τού κόσμου*1 »* καί « άνδρα » διά τούτων* « Ούτός έστιν υπέρ ού έγώ είπον οτι όπίσω μου έρχεται άνήρ ός έμπροσθεν μου γέγονεν, δτι πρώτός μου ήν* κάγώ ούκ ήδειν αύτόν0. » a. b. c. d. e. Cf. Is. 49, 1-3 Is. 49, 5-6 Jér. 11, 19 Jn 1, 29 Jn 1, 30-31 I. § 133-137 (.JEAN 1, 1) 131 Christ) s’appelle, par exemple, la « flèche choisie », le « ser­ viteur de Dieu ». la « lumière des nations ». 134. Isaïe dit en effet : « Dès le ventre de ma mère, il m’a appelé par mon nom, il a fait de ma bouche un glaive, acéré, il m’a caché à l'abri de sa main, il a fait de moi une. flèche choisie et m’a serré dans son carquois, il m’a dit : Tu es mon serviteur, Israël; en toi je serai glorifié1». » 135. El, peu après : « Mon Dieu sera ma force ; il m’a dit : C’est une grande chose pour toi d’être appelé « mon serviteur » pour restaurer les tribus de Jacob et rappeler les dispersés d’Israël ; voici je t'ai établi lumière des nations pour être un moyen de salut jusqu’aux extrémités de la terreb. » Dans Jérémie aussi, il se compare à un agneau par ces mots : a Je suis comme un agneau innocent qu’on mène à la boucherie0. » 136. (Le Christ) lui-même se donne donc ces noms et d’autres semblables. On pourrait, d'autre part, réunir dans les évangiles, les écrits des apôtres et à travers (ceux) des prophètes des milliers de noms attribues au Fils de Dieu, soit que les auteurs des évangiles aient exprimé leur propre opinion sur ce qu’il est, soit que les apôtres l’aient glorifié selon qu’ils l’avaient appris de lui, soit que les prophètes aient d’avance proclamé sa venue et aient annoncé par des noms divers ce qui le concerne. 2. Titres qui lui sont donnés dans le Nouveau Testament 137. Ainsi, Jean (Baptiste) le nomme « agneau de Dieu » en di­ sant : « Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde'1 » et ailleurs « homme » par ces mots : « C’est de lui que j’ai dit : Après moi vient un homme qui m’a précédé, parce qu'il était avant moi, et moi, je ne le connais­ sais pase. » «) Par Jean-Baptiste 132 61 D 6-1 Λ 28 Pr. 64 Β SCR L’EVANGILE DE JEAN 138. Έν δέ τή καθολική έπιστολή ό Ιωάννης « παράκλητόν » περί τών ψυχών ημών πρδς τδν πατέρα φησίν αύτδν είναι λέγων « Καί έάν τις άμάρτη, παράκλητον έ'χομεν πρδς τδν πατέρα, Ίησουν Χρίστον δίκαιον8* ». 139. Επιφέρει δέ ότι « καί ίλασμός έστι περί τών αμαρτιών ήμώνβ »- ώ παρα­ πλήσιος δ Π αυλός λέγει αύτδν είναι « ίλαστήριον », φάσκων· « *Όν προέθετο ό θεός ίλαστήριον διά πίστεως έν τώ αίματι αύτού, διά τήν πάρεσιν τών προγεγονότων αμαρτημάτων έν τή ανοχή τού θεού0 ». 140. Κεκήρυκται δέ κατά τδν Παύλον σοφία είναι καί δύναμις θεού, ώς έν τή πρδς Κορινθίους, ότι Χριστός δύναμίς έστι καί | θεού σοφία'1· πρδς τούτοις, ότι καί « αγιασμός » έστι καί « άπολύτρωσις® »' « *Ός έγενήθη, γάρ φησι, σοφία ήμίν άπδ θεού, δικαιοσύνη τε καί αγιασμός καί άπολύτρωσις ». 141. Άλλα καί αρχιερέα μέγαν διδάσκει ήμας αύτδν τυγχάνειν, πρδς Εβραίους γράφων « Έχοντες ούν αρχιερέα μέγαν διεληλυθότα τούς ούρανούς, Ίησοΰν τδν υίδν τού θεού, κρατώμεν τής ομολογίας1 ». XXIII. 142. Οί δέ προφήται παρά ταύτα καί έτερο ις δνόμασιν αύτδν καλούσιν* ό μέν ’Ιακώβ έν τή πρδς τούς υιούς ευλογία Ιούδαν· τδ γάρ « ’Ιούδα, σέ αίνέσαισαν οί αδελφοί σου- αι χεΐρές σου επί νώτου τών εχθρών σου* σκύμνος λέοντος ’Ιούδα- έκ βλαστού, υιέ μου, άνέβηςάναπεσών έκοιμήθης ώς λέων καί ώς σκύμνος- τίς έγερεϊ αύτόνβ ;»♦♦♦♦ Ού κατά τδν ένεστηκότα δέ καιρόν έστι πρδς λέξιν παραστησαι πώς τά τώ ’Ιούδα λεγάμενα περί a. b. e. d. c. f. g. I Jn 2, 1 I Jn 2, 2 Korn. 3, 25 Cf. 1 Cor. 1, 24 I Cor. 1, 30 Hcb. 4. 14 Gen. 49, 8-9 1. Preuschen ajoute προσκυνήσουσίν σοι οί υιοί τού πατρός σου. II pense que ce membre de phrase est tombé à cause de J'homoioteleuton I, § 138-142 (JEAN 1, 1) 133 138. Dans son épîlre catholique, Λι I ar Jean Jean déclare qu’il est l'avocat de nos âmes auprès du Père : a Si quelqu’un vient à pécher, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le juste®». 139. Il ajoute qu’ « il est victime de propitiation pour nos péchés1» ». ce que Paul reprend à peu près dans les mêmes termes en l'appelant victime propitiatoire : « Dieu l’a par avance destiné à être, par son propre sang, victime propitiatoire grâce à la foi, pour la rémission des péchés commis au temps de la patience de Dieu® ». 140. D apres Paul, il est aussi , . c , n proclame Sagesse et Puissance de Dieu : ainsi, dans l’Épître aux Corinthiens (où il dit) que le Christ est puissance et sagesse de Dieud. Il ajoute qu’il est pour nous sanctification et rédemption : « Lui qui est devenu pour nous de par Dieu sagesse, justice, sancti­ fication, rédemption® ». 141. Il nous apprend encore qu’il est grand-prêtre en écrivant dans l’Épître aux Hébreux : « Puisque nous avons un grand-prêtre qui a traverse les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes en la foi que nous professons1 ». „ , c) Par Paul 3. Titres que lui donnent les prophètes XXII1. 142. Outre ces noms, les prophètes lui en confèrent encore d’autres : Quand Jacob bénit ses fils, il le nomme Juda : « Juda, que tes frères te louent, que tes mains soient sur le dos de les ennemis1 ; Juda, tu es un jeune lion. Tu es sorti comme d’un bourgeon, mon fils. Tu t’es couché et tu t’es endormi comme un lion et comme un lionceau. Qui le réveilleras? n II ne nous appartient pas d'exposer en ce moment dans le détail comment ces paroles dites cl le juge nécessaire pour marquer le sens messianique de la cita­ tion. Cela ne parait pas indispensable dans une simple énumération comme celle-ci. 136 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN ούκ άλλον ή τόν Χριστόν είναι τόν λίθον* τό μέν εύαγγέ­ λιον ούτως* « Ούδέποτε άνέγνωτε* Λίθος δν άπεδοκίμασαν οί οίκοδομοϋντες, ούτος έγενήθη είς κεφαλήν γωνίας ; πας ό πεσών έπί τόν λίθον τούτον συνθλασθήσεται* έφ’ δν δ’ αν πέση, λικμήσει αύτόν11 »* 150. έν δέ ταις ΙΙράξεσιν ό Λουκάς γράφει* « Ούτός έστιν ό λίθος ό έξουδενωθείς ύφ’ υμών τών οικοδόμων, ό γενόμενος είς κεφαλήν γωνίας1’ ». "Εν δή τών έπί τού σωτήρος τεταγμένων όνομάτων, ά>Λ’ ούχ ύπ’ αύτού λεγόμενον ύπό δέ τού Ίωάννου άναγεγραμμένον, έστ'ι καί « Ό έν άρχή λόγος πρός τόν θεόν θεός λόγος ». XXIV. 151. Καί έστιν άξιον έπιστησαι τοϊς τά τοσαύτα τών ονομαζόμενων παραπεμπομένοις καί τούτω ώς έξαιρέτω χρωμένοις καί πάλιν έπ’ έκείνοις μέν διήγησιν ζητούσιν, εί τις αύτοϊς προσάγοι αύτά, έπί δέ τούτω ώς σαφές προσιεμένοις τό τί ποτέ έστιν ό υιός τού θεού λόγος ονομαζόμενος, καί 65 Β μάλιστα έπεί συνεχώς χρώνται τω* « Έξηρεύξατο ή καρδία μου λόγον αγαθόν0 », οίόμενοι προφοράν πατρικήν οίονεί έν συλλαβαΐς κειμένην είναι τόν υιόν τού θεού, καί κατά τούτο ύπόστασιν αύτω, εί ακριβώς αύτών πυνΟανοίμεθα, ού διδόασιν ούδέ ούσίαν αύτού σαφηνίζουσιν, ούδέπω φαμέν τοιάνδε ή τοιάνδε, ά)Χ όπως ποτέ ούσίαν. 152. Λόγον γάρ άπαγγελλόμενον υιόν είναι νοήσαι καί τω τυχόντι έστιν άμήχανον. Καί λόγον τοιοΰτον καθ’ αύτόν ζώντα καί ήτοι ού κεχωρισμένον a. Maith. 21, 12.11. Le 20, 18 b. Act. 4, 11 C. Ps. 44 (45). 2123 1. Le frg. 1 rappelle que le Fils de Dieu est également appelé Verbe au psaume 32 (33), 6 cl dans Le 1, 2. 2. Ce verset sera discuté longuement I, 280 ù 287. 3. Il s’agit sans doute des Valentiniens auxquels s'adresse Irénéb : Vos aillent generationem dus ex Paire diuinantes, el nerbi hominum per linguam factam prolationem transferentes in Verbum Dei (Adv. haer. II, 42. 3-4, t. I, p. 355). CL R. Goglek, lias Evangelium, p. 125, n. 46 cl A. Okhe, En los albores, p. 200. I, § 119-152 (JEAN 1, 1) 137 que celle pierre n’est autre que le Christ. Les évangiles en ces termes : « N’avez-vous jamais lu : La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue tète d'angle ? Quiconque tombera sur cette pierre s’y fracassera et celui sur qui elle tombera, elle l’écraseraa ». 150. Dans les Actes, Luc écrit : « C’est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée et qui est devenue tète d’angleb ». 4. Verbe Un des noms attribués au Sauveur, mais qu’il n’a pas prononcé lui-même et que Jean1 a noté, est « le Verbe qui était dans le principe, le Verbe Dieu auprès de Dieu ». B. Sens de ces titres XXIV. 151. Il vaut la peine de fixer notre attention sur ceux qui laissent tant de noms de côté et qui se servent de celui-ci comme d’un nom de choix ; si l’on fait mention des autres devant eux, ils leur cherchent une explication, mais, pour celui-ci, ils s’imaginent savoir clairement ce que signifie le nom de Verbe donné au Fils de Dieu. Surtout, comme ils ne cessent de citer « Mon cœur a prononce une bonne parolec2 », ils pensent que le Fils de Dieu est une expression du Père qui se trouve, pour ainsi dire, dans des syllabes3 et, selon ce point de vue, si nous les interrogeons avec précision, ils ne lui accordent pas d’existence distincte et ne déterminent pas clairement sa nature — ne disons pas encore telle nature ou telle autre, mais une nature quelle qu’elle soit4. 152. Il est sans doute impossible au premier venu de comprendre qu’une parole prononcée soit un fils : qu’ils viennent donc nous annoncer comme le Verbe-Dieu une telle Parole ayant la vie en elle-même — 4. Les termes ιΓούσία et ά’ύπόστασις seront étudiés plus loin, p. 254, η. 1 et note compl. 9, p. 401. 134 64 C 29 Ρτ. 64 D 65 Λ SUR L'ÉVANGILE DE JEAN Χρίστου έστιν. 143. ’Αλλά καί άνθυποφορά εύλόγως έπευεχθήναι δυναμένη « Ούκ έκλείψει άρχων έξ ’Ιούδα, καί ηγούμε­ νος έκ τών μηρών αυτού" » έν άλλοις εύκαιρότερον λυΟήσεται. 144. ΟΙδε δέ τόν Χριστόν ’Ιακώβ και ’Ισραήλ ονομαζό­ μενου ‘Ησαίας λέγων « Ιακώβ ο παΐς μου, άντιλήψομαι αυτού' *1σραή>» ό έκλεκτός μου, προσεδέξατο αύτόν ή ψυχή μου' κρίσιν τοΐς εθνεσιν άπαγγελεϊ. Ούκ ερίσει ούδέ κράξει ούδέ ακούσει τις έν ταϊς πλατείαις την φωνήν αύτου" κάλαμον συντετριμμένου ού κατεάξει καί λίνον τυφόμενου ού σβέσει, εως άν έκβάλη έκ νίκους την κρίσιν, καί τώ όνόματι αυτού έθνη έλπιοΰσιυ1’ ». 145. 'Ότι γάρ ό Χριστός έστι, περί ού ταύτα προφητεύεται, σαφώς ό Ματθαίος δηλοϊ έν τω εύαγγελίω, μνησθεϊς από μέρους της περικοπής, είπών « *Ίνα πληρωθή τό είρημένον Ούκ έρίσει ούδέ κράξει” » καί τά έξης. 146. Καλείται δέ καί Δαβίδ ό Χριστός, ώς έπαν ’Ιεζεκιήλ προφητεύσας πρός τούς ποιμένας έπιφέρη έκ προσώπου θεού' « ’Αναστήσω Δαβίδ του παϊδά μου, δς ποιμανεΐ αύτούς*’ »' ού γάρ Δαβίδ ό πατριάρχης άναστησεται ποιμαίνειν μέλλωυ τούς αγίους, άλλα Χριστός. 147. Έτι δέ ό 'Ησαίας « ράβδον » καί « άνθος » όνομάζει του Χριστόν | έν τώ' « Έξελεύσεται ράβδος έκ της ρίζης Ίεσσαί καί άνθος έκ τής όίζης άναβήσεται, καί έπαναπαύσεται έπ’ αύτόν πνεύμα τού θεού, πνεύμα σοφίας καί συυέσεως, πνεύμα βουλής καί ισχύος, πνεύμα γυώσεως καί εύσεβείας, καί έμπλήσει αύτόν πνεύμα φόβου θεού0 ». 148. Καί « λίθος » δέ έν τοϊς ψαλμοϊς ό κύριος ημών είναι λέγεται ούτως' « Λίθον ον άπεδοκίμασαν οί οίκοδομουντές, ούτος έγενηθη εις κεφαλήν γωνίας' παρά κυρίου έγέυετο αυτή, καί έστι θαυμαστή έν όφθαλμοϊς ήμώνΓ ». 149. Δηλοϊ δέ τό εύαγγέλιον καί έν ταϊς Πράξεσιν ό Λουκάς, a. b. c. cl. e. f. Gen. 49, 10 Is. 42, 1-4 (LXX). Matlh. 12, 20 Matlh. 12, 17.19 Éz. 34, 23 Is. 11, 1-3 Ps. 117 (118), 22-23 < j I, § 143-149 (JEAN 1, 1) 135 à Juda concernent le Christ. 143. Mieux vaudra aussi apporter ailleurs, dans un contexte plus favorable, la réponse à ce texte qui peut raisonnablement nous être objecté : « On ne viendra pas à manquer de chef en Juda ni de commandant de ta race* ». 144. Isaïe savait que le Christ était appelé Jacob et Israël quand il disait : « Jacob, mon serviteur que je sou­ tiens ; Israël, mon élu, que mon âme agrée. Il annoncera le jugement aux nations. Il ne contestera pas, il ne criera pas, nul n’entendra sa voix dans les rues. Il ne brisera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui fume encore, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher la justice et les nations espéreront en son nomb ». 145. Matthieu nous montre clairement que ces prophéties concernent le Christ, car il cite partiellement ce texte dans son évangile : « Afin que ces paroles soient accomplies : Il ne contestera pas, il ne criera pas* », etc. 146. En annonçant de la part de Dieu le Christ aux bergers, Ézéchicl le nomme encore David : « Je susciterai, pour les faire paître, David, mon serviteur0 » ; en effet, ce n’est pas le patriarche David qui se lèvera pour conduire les saints, mais le Christ. 147. Isaïe l’appelle aussi « rameau » et « fleur » : « Un rameau jaillira de la souche de Jessé et, de ses racines, sortira une fleur ; sur lui reposera l’Esprit de Dieu, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de piété ; et il sera rempli de l’esprit de la crainte de Dieu* ». 148. D’après les Psaumes, Notre Seigneur est une pierre : « La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue tête d’angle ; c’est là l’œuvre du Seigneur ; elle est admirable à nos yeux1 ». 149. Les évangiles et les Actes1 montrent 1. Littéralement : < l'évangile et, dans les Actes, Luc · : le premier est un ternie collectif, anonyme ; le second, au contraire, insiste sur l’auteur. 138 30 Pr. c 65 D 68 A sun L’ÉVANGILE DE JEAN του πατρός καί κατά τούτο τώ μή ύφεστάναι ούδέ υιόν τυγχάνοντα η και κεχωρισμένον καί ούσιωμένον άπαγγελλέτωσαν ήμϊν θεόν λόγον. 153. Λεκτέον ούν ότι ώσπερ καθ' έκαστον των προειρη­ μένων όνομάτων άπό της ονομασίας άναπτυκτέον τήν έννοιαν τού όνομαζομένου | καί έφαρμοστέον μετά άποδείξεως πώς ό υιός τού θεού τούτο τό όνομα είναι λέγεται, ούτως καί έπί τού « λόγον » αύτόν όνομάζεσθαι ποιητέον. 154. Τίς γάρ ή άποκλήρωσις έφ’ ενός μέν έκαστου μή· ιστασΟαι έπί τής λέξεως, άλλά φέρε είπεΐν ζητειν πώς αύτόν έκδεκτέον « Ου­ ράν » καί τίνα τρόπον « άμπελον » τίνι τε αιτία « οδόν », επί δέ μόνου τοϋ « λόγον » αύτόν άναγεγράφθαι τό παραπλήσιον ού ποιητέον ; 155. "Ινα τοίνυν μάλλον δυσωπητικώτερον παραδεξώμεθα τά λεχΟησόμενα είς τά περί τού πώς λόγος έστιν ό υιός τού θεού, άρκτέον άπό των έξ άρχής ήμϊν προτεθέντων ονομάτων αύτού. 156. Καί ότι μέν δόξει τισί σφοδρά παρεκβατικόν είναι τό τοιούτον ούκ άγνοούμεν* πλήν έπιστησαντι καί προς τό προκείμενον χρήσιμον έσται τό βασανίσα». τάς έννοιας καθ’ ών τά όνόματα κεϊται, καί πρό οδού των έπιφερομένων ύπάρξει ή κατανόησις των πραγμάτων. 157. "Απαξ δέ είς τήν περί τού σωτήρος θεολογίαν έμπεσόντες, άναγκαίως 5ση δύναμις τά περί αύτού μετά έρεύνης εύρίσκοντες πληρέστερου αύτόν ού μόνον ή λόγος έστί νοήσομεν αλλά καί τά λοιπά. XXV. 158. {24) Έλεγευ ούν εαυτόν είναι « φως τού κόσμουa »* καί τα παρακείμενα ταύτη τή ονομασία συνεξεταστέον, δόξαντα άν τισιυ ούχί παρακείμενα μόνον άλλά καί τα αύτά τυγχάνειν. 159. Έστι δέ « τό φως των ανθρώπων » καί « τό φως τό αληθινόν » καί « φώς εθνών »* φως μέν ανθρώπων έν τή του προκειμένου εύαγγελίου άρχή- « "Ο γέγονε, γάρ φησιν, έν αύτω ζωή ήν, καί ή ζωή ήν τό φώς τών a. Jn 8, 12; 9, 5 I, § 152-159 (JEAN 1, 1) 139 soit qu’elle ne soit pas distincte de son Père et, par consé­ quent, ne puisse être Fils, puisqu’elle n’a pas d’existence propre, soit séparée de lui et douée d’existence. 153. Concluons que, de même que pour les noms pré­ cédents il fallait rechercher, à partir du terme employé, le sens du nom donné et l’adapter au Fils de Dieu, en mon­ trant comment ce nom lui est attribué, ainsi faut-il faire en voyant qu’il est appelé « Verbe ». 154. Qu’il est étrange de ne pas s’en tenir à la lettre pour tous les autres noms, mais de chercher à comprendre, par exemple, comment Jésus-Christ est une porte, dans quel sens une vigne et pour quel motif un chemin, et de renoncer à faire de même quand il est appelé Verbe ! 155. Pour que nous arrivions à mieux saisir, ce qui est plus difficile, comment le Fils de Dieu est Verbe, il nous faut commencer par les autres noms que nous avons déjà énumé­ rés. 156. Nous n’ignorons pas que. certains trouveront que c'est tout à fait hors de notre propos. Mais, au contraire, si l'on y prend garde, notre sujet actuel bénéficiera d’une véri­ fication attentive des sens selon lesquels ces noms sont don­ nés et la connaissance de leurs objets sera profitable à la suite. 157. Après avoir abordé la théologie du Sauveur, nous devons absolument chercher à trouver, autant qu’il est pos­ sible par une étude attentive, une pensée juste à son sujet; nous le connaîtrons alors davantage non seulement en tant qu’il est Verbe mais aussi en tant qu’il est toute autre chose. 1. Ceux qu'il se donne XXV. 158. Il a dit qu’il était « la /il Dans les évangiles |uin^re du monde*». Il nous faut examiner les expressions analogues car, pour certains, elles ne sont pas seulement analogues mais identiques. 159. Il est donc aussi « la lumière des hommes », « la lumière véri­ table », « la lumière des nations » : lumière des hommes au début de notre évangile : « Ce qui fut fait en lui était vie 140 SUE L'ÉVANGILE DE JEAN ανθρώπων· καί τδ φως έν τη σκοτία φαίνει, καί ή σκοτία αυτό ού κατέλαβε*1 »■ « φως δέ άληθινόν » έν τοΐς έξης της αύτης γραφής έπιγέγραπται* « ΤΗν το φως τό άληθινόν, ο φωτίζει πάντα άνθρωπον, ερχόμενον εις τόν κόσμον b ». « Φως δέ εθνών » έν τω Ήσαΐα, ώς προείπομεν παρατιθέμενοι τό « ’Ιδού τέθεικά σε εις φως έθνών, τού είναί σε εις σωτηρίαν έ'ως έσχάτου τής γης® ». 160. Φως δή κόσμου αισθητόν ό ήλιος έστιν, καί μετά 68 Β τούτον ούκ άπαδόντως ή σελήνη καί οί αστέρες τω αύτώ όνόματι προσαγορευθήσονται. 161. Άλλα φως μέν αισθητόν τυγχάνοντες οί γεγονέναι παρά Μωσεΐ λεγόμενοι τη τετάρτη ημέρακαθό φωτίζουσι τά έπί γης, ούκ είσί φως άληθινόν 31 Pr. ό δέ σωτηρ έλλάμπων τοΐς λογικοΐς καί ήγεμονι|κοϊς, ίνα αύτών ό νους τά ίδια ορατά βλέπη, τού νοητού κόσμου έστί φώς· λέγω δέ των λογικών ψυχών τών έν τω αισθητικό κόσμω, καί ει τι παρά ταΰτα συμπληροΐ τόν κόσμον, άφ’ ού ό σωτήρ είναι ήμάς διδάσκει, τάχα μέρος αύτού τό κυριώτατον καί διαφέρον τυγχάνων καί, ώς εστιν ειπεΐν, ήλιος ή μέρας μεγάλης κυρίου ποιητής®. 162. Δι’ ήν ημέραν φησί τοΐς τού φωτός αύτού μεταλαμβάνουσιν « Έργάζεσθε έως ή μέρα έστίν έ'ρχεται νύξ δτε ούκέτι ούδείς δύναται έργάζεσθαι. "Οταν έν τω κόσμω ώ, φώς είμι τού κόσμουr. » 68 C Έτι δέ και τοΐς μαθηταΐς φησιν « ‘Υμείς έστε τό φώς τού κόσμου® » καί « Λαμψάτω τό φώς υμών έμπροσθεν τών ανθρώπωνh ». 163. Τό δ’ άνάλογον σελήνη καί άστροις a. b. c. <1. e. f. fi. h. Jn 1, 4-5 Jn 1, 9 Is. 49, 6 Gen. 1, 1416 Apoc. 16, 14 Jn 9, 4-5 Matth, 5, 14 Matth. 5, 1612 1. Ci-dessus I, 133. 2. « Saisis que le Christ esi l’époux et l'Églisc réponse sans tache ni ride · (/n Gant. hom. I. 1). Ce rapprochement, devenu aujourd’hui I, § 159-163 (JEAN 1. I) 111 et la vie était la lumière des hommes ; et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres n’ont pu l’atteindre® »; dans la suite du même texte, il est appelé « la lumière véritable » : «la lumière véritable qui éclaire tout homme venant en ce monde1»», «lumière des nations» dans Isaïe, comme nous l’avons dit* en citant : « Je t’ai établi lumière des nations pour être un moyen de salut jusqu’aux extrémités de la terre?». 160. Le soleil est la lumière sensible du monde et, après lui, il sera juste de donner le même nom à la lune et aux étoiles. 161. Cependant, tout en étant la lumière sensible puisqu’ils éclairent tout ce qui se trouve sur terre, ces astres, créés le quatrième jour d’après Moïse*1, ne sont pas la lumière véritable. Mais le Sauveur qui illumine les êtres spirituels et qui ont une fonction dominante, pour que leur intelligence voie ce qu’il lui appartient de voir, c’est lui la lumière du monde intelligible, c’est-à-dire des âmes spirituelles habitant le monde sensible et de toutes les (créatures) qui, en outre, remplissent le monde — ce monde dont le Sauveur nous apprend qu’il fait partie, en étant sans doute l’élément dirigeant et essentiel et, si l'on peut dire, le soleil qui crée le grand jour du Seigneur0. 162. A cause de ce jour, il dit à ceux qui reçoivent sa lumière : « Travaillez tandis qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne peut plus travailler. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde1 ». Car il dit à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde» » et « Que votre lumière brille devant les hommes*1 ». 163. Nous pensons qu’il se passe pour l’Épouse, l’Églisc8, si courant, a son origine dans Γ Écrit ure. Israël est la fiancée de Yahwé (Os. 2, 18; Is. 62. 4-6; etc.), l’Églisc, l’épouse du Christ (Apoc. 21, 2.9-10. ÉpMs. 1,22-23). Déjà la Secunda Clementis (14, 2) avait relevé ce dernier texte. Plus tard, Hippolyte avait interprété le Cantique comme une allégorie de l’amour du Christ et de l’Églisc ; cependant, son Commentaire n’ayant laissé aucune trace dans la tradition, c'est Origène qui est l’initiateur de tous les commentateurs ultérieurs (O. Rousseau, Introduction aux Homélies sur le Cantique, p. 13-16). I 12 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN ύπολαμβάνομεν είναι περί τήν νύμφην εκκλησίαν καί τούς μαΟητάς, έχοντας οίκείον φώς ή άπό του αληθινού ήλιου έπίκτητον, (να φωτίσωσι μή δεδυνημένούς πηγήν έν αύτοίς κατασκβυάσαι φωτός- οίον Παύλον μέν καί Πέτρον « φώς » έρούμεν « τού κόσμου », τούς δέ τυχόντας τών παρ’ αύτοίς μαθητευομενων, φωτιζομένους μέν, ού μήν φωτίζειν έτέρους δυναμένους, τόν κόσμον, ού κόσμου φώς οί άπόστολοι ή σαν. 164. Ό δέ σωτήρ, « φώς » ών « τού κόσμου », φωτίζει ού σώματα άλλα άσωμάτω δυνάμει τον άσώματον νούν, ίνα ώς 68 D υπό ήλιου έκαστος ημών φωτιζόμενος καί τά άλλα δυνηθή βλέπειν νοητά. 165. "Ωσπερ δέ ήλιου φωτίζοντος άμαυροΰται τό δύνασθαι φωτίζειν σελήνην καί άστέρας, ούτως οί έλλαμπόμενοι ύπό Χριστού καί τάς αύγάς αύτού κεχωρηκότες ούδέν τινων διακονουμένων αποστόλων καί προφητών δέονται — τολμητέον γάρ λέγειν τήν αλήθειαν — ούδέ άγγέλων, προσθήσω δέ ότι ούδέ τών κρειττόνων δυνάμεων, αύτω 69 A τώ πρωτογεννήσω μαθητευόμενοι φωτί. 166. Τοις δέ μή χωρουσι τάς ήλιακάς Χριστού ακτίνας οί άγιοι διακονούντες παρέχουσι φωτισμόν πολλω του προειρημένου έλάττονα, μόγις καί τούτον χωρεϊν δυναμένοις καί ύπ’ αύτοΰ πληρουμένοις. XXVI. 167. Έστι δέ ό Χριστός, φώς τυγχάνων κόσμου, φώς αληθινόν πρός αντιδιαστολήν αισθητού, ούδενός αισθητού δντος αληθινού. Άλλ’ ούχί έπεί ούκ αληθινόν τό αισθητόν, 1. La même idée est développée plus longuement dans les Scholies sur l’Apocalypse : le saint, approchant son esprit de la lumière véri­ table, y allume une lampe qui éclaire ceux qui demeurent dans la nuit (p. 21-25). — Pour les sens du mot cosmos, voir note compl. 3, p. 398. 2. Nous traduisons ici νους par · esprit · cl νοητός par » spirituel ·, car ils désignent l’ensemble de l’être spirituel, qui est illuminé par Dieu — et non seulement une faculté, l’intelligence. — M. Maktinez (Teologia de la luz en Origenes, Comlllas 1962, p. 76) fait remarquer que la lumière νοητόν ne se limite pas au inonde du connaître — ce que pourrait faire croire le mol « intelligible > — mais qu’elle atteint la volonté, concerne la morale, la vertu, la sainteté, qu’elle s’étend finalement à l’ensemble du monde spirituel. I, § 163-167 (JEAN 1. 1) 113 et pour les disciples la même chose que pour la lune et pour les étoiles, qu’ils aient leur lumière propre ou qu’ils Paient reçue du soleil véritable pour éclairer ceux qui ne peuvent aménager en eux une source de lumière1. Nous appellerons donc Paul et Pierre la lumière du monde et ce que nous entendrons par le monde, dont les apôtres sont la lumière, ce sont leurs disciples les plus ordinaires qui sont éclairés mais ne peuvent en éclairer d'autres. 164. Car ce ne sont pas des corps (pie le Sauveur, qui est la lumière du monde, illumine, mais c’est l’esprit incorporel que, par une puissance (egalement) incorporelle, il éclaire, afin que chacun de nous, comme éclairé par le soleil, devienne capable de discerner aussi les autres êtres spiri­ tuels2. 165. De même que la lumière du soleil réduit à néant l’éclat de la lune et des étoiles, de même ceux qui sont éclairés par le Christ et qui accueillent en eux ses rayons n’ont nul besoin du ministère des apôtres et des prophètes ni — il faut oser dire la vérité — des anges, j’ajouterai même ni des puissances supérieures, puisqu’ils sont ensei­ gnés par la lumière engendrée la première. 166. Les saints prennent soin de ceux qui ne supportent pas les rayons de soleil du Christ et ils procurent à ceux qui peuvent à peine la recevoir et qui s’en rassasient une lumière beau­ coup moins vive que la première. XXVI. 167. Le Christ, lumière du monde, est donc la lumière véritable, par contraste avec la lumière sensible, car rien de sensible n’est véritable2. N’étant pas véritable, 3. Ce qui est vraiment, c’est ce qui demeure toujours semblable à soi-même. Tout changement dans l’être — l'expression est en soi absurde, puisque l’être ne change pas — implique des fluctuations dans la connaissance. Nous avons vu ci-dessus( p. 114, n. 2) combien, pour beaucoup de penseurs de l'antiquité, la matière a peu de consis­ tance et nous aurions pu multiplier les exemples. Ici, Origène semble fidèle à Platon, pour qui l’être comporte la certitude et la vérité, et le devenir, qui est aussi le sensible, comporte non pas le mensonge, mais l’opinion, la conjecture (δόξα : cf. Rép. VI, 507-509). SUR L’ÉVANGILE DE .JEAN 144 ψευδός τό αισθητόν δύναται γάρ αναλογίαν έχειν τό αισθη­ τόν πρός τό νοητόν, ού μην τό ψεύδος ύγιώς παντός κατηγορεϊσθαι του ούκ αληθινού. 168. Ζητώ δέ ει ταύτόν έστι τό « φως τού κόσμου » τω « φωτί των άνθρώπων », καί ηγούμαι πλείονα δύναμιν παρίστασθαι τού φωτός βτε « φως τού κόσμου » προσαγορεύεται <■«/>. ήπερ « φως των άνθρώπων »· ό γάρ « κό|σμος » κατά μίαν 69 Β εκδοχήν ού μόνον « άνθρωποι ». 169. Καί παραστήσει τό πλεΐον ή έτερον είναι τον κόσμον παρά τούς ανθρώπους ό Ιίαϋλος έν τή πρός Κορινθίους προτέρα λέγων· « Θέατρον έγενήθημεν τω κόσμο» καί άγγέλοις καί άνθρώποις® ». 170. Έπίστησον δέ εί κατά μίαν έκδοχήν « κόσμος » έστιν ή έλευΟερουμένη κτίσις « άπο τής δουλείας τής φθοράς εις τήν ελευθερίαν τής δόξης των τέκνων τού Οεούυ », ης « ή άποκαραδοκία » « τήν άποκάλυψιν των υιών τού θεού άπεκδέχεται0 ». 171. « Έπίστησον » δέ προσεθήκαμεν διά τό παρακεΐσθαι τό δυνάμενον τω « Έγώ φως είμι τού κόσμου** » συνεξετώζεσθαι έπί των μαθητών ύπό ’Ιησού λεγόμενον « ‘Υμείς έστε τό φως τού κόσμου0 ». 172. Είσίγάρ οί ύπολαμβάνοντες μείζονας είναι τούς άνθρώπους τούς τω ’Ιησού γνησίως μεμαθητευμένους των άλλων κτισμάτων, οί μέν φύσει 69 C τοιούτους γεγενημένους, οί δέ καί έν λόγω τω κατά τον χαλεπώτερον αγώνα. 173. IΙλείους γάρ οί πόνοι καί επισφαλής ή ζωή των έν σαρκί καί αίματι παρά τούς έν αίθερίω σώματι, a. b. c. <1. c. I Cor. 4, 9 Rom. 8, 21 Rom. 8, 19 Jn 8, 12 Mâtth. 5. I l 1. Origène fait-il allusion aux Valentiniens pour qui l'âme pneu­ matique est supérieure à toute autre créature ? Voir Irénée, Ado. haer. I, 1, 10-11 ; t. I, p. 51-52. 2. Logos : principe, loi. Ce n'est pas le seul cas où ce mot désigne la loi morale, la règle de conduite qu’un homme s'est fixée ou la conscience vivante. Déjà Démocrite parle de vivre κατά λόγον : selon I, § 167-173 (JEAN 1.1) 145 le sensible n’est pas, pour autant, mensonger, car le sensible peut avoir certaines analogies avec l'intelligible et il ne serait pas raisonnable de qualifier de mensonger tout ce qui n’est pas veritable. 168. Mais je cherche si « la lumière du monde » est identique à « la lumière des hommes ». Je crois qu’on se représente une intensité de lumière plus grande dans l’expression « lumière du inonde » que dans l’expression « lumière des hommes », car le monde, en un sens, ce n’est pas seulement les hommes : 169. dans sa première Épitrc aux Corinthiens, Paul fait voir que le monde est ou plus grand que les hommes ou différent d’eux : « Nous sommes donnés en spectacle au monde, aux anges et aux hommes” ». 170. Mais demande-toi si, en un autre sens, (le mot) « monde » peut désigner la création libérée « de l’esclavage de la corruption (pour connaître) la liberté de la gloire des enfants de Dieub » et dont « l’attente impatiente aspire à la révélation des fils de Dieu0 ». 171. Nous avons ajouté « demande-toi », parce que, à côté de « Je suis la lumière du monde* », nous trouvons cette parole de Jésus aux disciples : a Vous êtes la lumière du monde® », qui peut être examinée en même temps. 172. Certains1 pensent que les hommes qui ont été authentiquement enseignés par Jésus sont supérieurs aux autres créatures, qu’ils soient tels, selon les uns, par nature ou, selon les autres, d’après leur ligne de conduite2 caractérisée par un combat assez pénible : 173. en effet ceux qui sont dans la chair et le sang ont plus de difficultés et une vie. plus dangereuse que ceux qui sont dans des corps éthérés, car, s’ils assumaient des corps le logos (frg. 53). Aristote reconnaît que la loi a autorité, parce qu’elle est un logos dû à la réflexion (E. N. 1180 a, 21-22). Enfin Plutarque voudra que le prince ait pour maître la loi qui gouverne mortels et immortels sans être écrite dans aucun livre, car elle est le logos vivant en lui et qui jamais ne laisse son âme sans directives (Ad principem Ineruditum 780 c). 10 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 146 ούκ άν τών έν ούρανώ φωστήρων έν τώ άναλαβεϊν τά γηϊνα σώματα άκινδύνως καί πάντως άναμαρτήτως διανυσάντων την ενταύθα ζωήν οί δέ τω λόγω τούτω παριστάμενοι <ταϊς > τά μέγιστα περί άνθρώπων άποφαινομέναις χρήσονται λέξεσι τών γραφών τό άνυπέρθετον της επαγγελίας ότι τον άνθρωπον φθάνει φασκούσαις, ού μην ταύτόν τούτο καί περί τής κτίσεως ή, ώς έδεξάμεθα, κόσμου άπαγγελλούσαις. 174. Τό γάρ « 'Ως έγώ και σύ έν έσμεν, ίνα καί αύτοί έν ήμίν έν ώσι:* » καί « "Οπου είμι έγώ, έκεϊ καί ό διάκονος ό έμός έσται6 » σαφώς περί άνθρώπων άναγέγραπται’ περί δέ τής κτίσεως, 69 D ότι έλευθερούται « άπό τής δουλείας τής φθοράς εις την ελευθερίαν τής δόξης τών τέκνων του θεού0 »' καί προσθήσουσιν ότι ούχί, εί έλευθερούται, ήδη καί κοινωνεϊ « τής δόξης τών τέκνων τού θεού ». 175. Ούκ άποσιωπήσουσι δέ ούτοι καί τό τόν πρωτότοκον πάσης κτίσεως διά την προς τόν 72 Λ άνθρωπον υπέρ πάντα τιμήν άνθρωπον μεν γεγονέναι, ού μην ζώόν τι τών έν ούρανώ' άλλα καί δεύτερον καί διάκονον καί δούλον της γνώσεως ’Ιησού τόν έν τή άνατολή φανέντα άστέρα δεδημιουργήσθαι, ήτοι όμοιον όντα τοΐς λοιποΐς άστροις ή τάχα καί κρείττονα, άτε τού πά.ντων διαφέροντος γενόμενον σημεΐον. 33 Pr. 176. Καί εϊ τά καυχήματα τών άγιων έστιν | έν θλίψεσιν, είδότων « ότι ή θλίψις ύπομονήν κατεργάζεται, ή δέ υπομονή δοκιμήν, ή δέ δοκιμή έλπίδα, ή δέ έλπίς ού καταισχύνειd », ούτε ύπομονήν ούτε δοκιμήν ούτε έλπίδα έξει ή μή τεθλιμμένη κτίσις τήν ϊσην άλλ’ έτέραν, έπεί « τή ματαιότητι ή κτίσις ύπετάγη, ούχ έκούσα άλλα διά τόν ύποτάξαντα, έπ’ έλπίδι® ». a. b. c. d. c. Jn 17, 21 Jn 12, 26 Rom. 8, 21 Rom. 5, 3-5 Rom. 8, 20 1. C’est-à-dire un astre, d'après I, 98 et p. 112, n. 1. 2. Nous verrons plus loin (p. 318, n. 1), à propos du texte de Zacharie 3, 3-4, que le terme d’àvarc^ a souvent, dans la tradition biblique, une valeur messianique. 11 désigne à la fois l’aube et l’orient. C’est un I, § 173-176 (JEAN 1, 1) 1-17 terrestres, même les luminaires du ciel ne traverseraient pas cette vie sans danger ni sans aucun pêche. Les tenants de cette opinion citeront les paroles des Écritures qui révèlent les plus grandes prérogatives des hommes et déclarent que les plus hauts sommets de la promesse concernent l'homme, mais n’annoncent pas les mêmes avantages à la création ou au monde, au sens où nous l’avons vu. 174. Ce sont certainement les hommes qui sont visés dans les textes : « Comme moi et toi, nous sommes un, qu’ainsi ils soient un en nous® » et « Là où je suis, mon serviteur sera aussi1’ » ; de la création il est dit (seulement) qu’ a elle est libérée de l’esclavage de la cor­ ruption pour (connaître) la liberté de la gloire des enfants de Dieu0 ». Ils ajouteront que, si elle est délivrée, elle ne participe pas pour autant à la « gloire des enfants de Dieu ». 175. Ils ne manqueront pas de dire aussi que le premier-né de toute créature s’est fait homme à cause de l’estime qu’il avait pour l’homme plus que pour toute autre créature et qu’il ne s’est pas fait l’un des vivants du ciel1. En outre, celui qui a été créé au second rang, comme serviteur et comme esclave de la connaissance de Jésus, c’est l’astre qui paraît à l’aube, qu’il soit semblable aux autres astres ou peut-être même supérieur à eux, puisqu’il est le signe de celui qui est au-dessus de tout2. 176. Et si les saints « mettent leur gloire dans les tribu­ lations, sachant que la tribulation produit la patience, la patience la vertu éprouvée, la vertu éprouvée l’cspcrance et que l’espérance ne déçoit pasd », la création qui n’a pas été mise à l’épreuve n’aura ni la même patience, ni la même vertu éprouvée, ni la même espérance mais une autre, puisque la création « a été assujettie à la vanité, non de son plein gré mais à cause de celui qui l’y a assujettie, dans l’espérance0 ». de ces cas où le français nous oblige à une précision que l’auteur n’a pas voulue. 148 SUR L’ÈVANGILE DE JEAN 177. '0 δέ μή τολμών τά τηλικαύτα τώ άνθρώπω καταχαρίσασθαι, όμόσε χωρήσας τώ προβλήματι ψήσει τη ματαιότητι 72 Β τήν κτίσιν ύποτασσομένην ΟλίβεσΟαι, μάλλον στενάζουσαν ή οί οντες έν τώ σκήνει® στενάζουσιν, άτε και πλεΐστον όσον χρόνον καί πολλαπλασίονα τοΰ άνθρωπίνου άγώνος τη ματαιότητι δουλεύουσαν. 178. Διά τί γάρ « ούχ έκούσα » τούτο ποιεί, ή βτι παρά φύσιν έστιν αύτη τη ματαιότητι ύποτετάχθαι καί μή τήν προηγουμένην έχειν της ζωής κατάστασιν, ήν άπολήφεται έλευθερουμένη έν τη τού κόσμου φθορά καί της τών σωμάτων ματαιότητος άπολυομένη ; 179. *Αλλ* έπεί πλείονα καί ού κατά τό προκείμενον πρόβλημα δοκούμεν ειρηκέναι, έπανελευσόμεθα. επί τό έξ αρχής, ύπομιμνήσκοντες διά τί « φώς τοΰ κόσμου » ό σωτήρ λέγεται καί « φώς άληθινόν » καί « φώς τών ανθρώπων ». Άποδέδοται μέν γάρ ότι διά τό φώς τού κόσμου τό αισθητόν 72 C λέγεται « φώς αληθινόν ». καί οτι ήτοι ταύτόν έστι το « φώς τοΰ κόσμου » « τώ φωτί τών ανθρώπων » ή έπιδέχεται έξέτασιν ώς ού ταύτόν. 180. ’Λναγκαίως δέ διά τούς μηδέν έξειληφότας έκ τού λόγον είναι τόν σωτηρα ταύτα ήρεύνηται, Ενα πειθώμεθα μή κατά άποκλήρωσιν ϊστασθαι μέν έπί της « λόγος » έννοιας καί προσηγορίας χωρίς μεταλήψεως τής δυναμενης μεταλαμβάνεσθαι, άνάγειν δέ καί άλληγορείν τήν « φώς τοΰ κόσμου » φωνήν καί τά λοιπά τών πολλών ά παρεθέμεθα. 72 D XXVII. 181. (25) "Ωσπερ δέ παρά τό φωτίζειν καί καταλάμπειν τά ηγεμονικά τών ανθρώπων ή άπαξαπλώς τών λογικών, « φώς » έστιν « άνθρώπων » καί « φώς άληθινόν » καί « φώς τού κόσμου », ούτως έκ τοΰ ένεργεισθαι τήν a. Π Cor. 5, 4 1. Ou : supérieur. Προηγούμενος a les deux sens : voir ci-dessous I, 262 et n. 2, où il ne peut signifier que < précédent ». Plus souvent 11 signifiera « supérieur, prééminent ». Ici l’état de vie précédent est en même temps l’état de vie supérieur. 2. Pour les sens du mot cosmos, voir note cornpl. 3, p. 398 et p. 110, n. 2. I, § 177-181 (JEAN 1, 1) 149 177. Mais celui qui n’ose pas accorder à l’homme de tels privilèges dira, en affrontant ce problème, que la création assujettie à la vanité est affligée et gémit plus que ceux qui sont dans cette tente’*, parce qu’elle reste asservie à la vanité un temps très long où le combat de l’homme (pourrait se dérouler) un grand nombre de fois. 178. Pour­ quoi fait-elle ceci « contre son gré » ? Sans doute parce qu’il est contre sa nature d’être assujettie à la vanité et de ne pas garder son état de vie précédent1, qu’elle repren­ dra lors de la destruction du monde2, lorsqu’elle sera libérée et affranchie de la vanité des corps. 179. Mais nous touchons, semble-t-il, à un problème trop considérable et qui ne concerne pas notre sujet. Revenons donc à notre point de départ, nous rappelant pourquoi le Sauveur est appelé « lumière du monde », « lumière véritable » et « lumière des hommes ». En effet, nous avons déjà montré34 , d'une part, que c’est à cause de la lumière sensible du monde que le Christ est appelé « lumière véritable » et que, ou bien la « lumière du monde » est identique à la « lumière des hommes » ou bien il faut examiner en quoi elle s’en distingue. 180. D’autre part, il a été nécessaire, à cause de ceux qui ne comprennent rien au fait que le Sauveur est Verbe, de faire cette recherche, parce que nous sommes déterminés, d’un côté, à ne pas nous arrêter arbitrairement à la notion et à l’appellation1 de Verbe sans tâcher de trouver une explication plausible et, de l’autre, à rechercher l’interprétation spirituelle ou allégorique de l’expression « lumière du monde » et de tous les autres noms que nous avons cités. XXVII. 181. De même qu’il est la ·■ lumière des hommes », la « lumière véritable » et la « lumière du monde », parce qu’il éclaire et illumine les intelligences5 des hommes 3. Ci-dessus 1. 167. 4. Kal προσηγορίας Lommatzsch Brooke : καί προσήκοι τω Μ Preuschen. 5. Voir note compl. 5, p. 399. 150 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN άπόΟεσιν πάσης νεκρότητας καί έμφύεσΟαι την κυρίως καλουμένην ζωήν, εκ νεκρών άνισταμένων των αύτον γνησίως κεχωρηκότων, καλείται « ή άνάστασις® ». 182. Τούτο δέ ού μόνον έπί του παρόντος ένεργεϊ τοϊς δυναμένοις λέγειν 34 Ρτ. « Συνετάφημεν τω | Χριστώ διά του βαπτίσματος » καί 73 Λ συνανέστήμεν αύτω· αλλά πολλω μάλλον δτε άκρως πάσάν τις άποθέμενος νεκρότητα καί τήν αύτού τού υιού <έν> καίνότητι ζωής περιπατεϊ1’· « την <ούν> νέκρωσιν τού ’Ιησού έν τω σώματι πάντοτε ένταΰΟα περιφέρομεν » — οτε άξιολόγως ώφελήμεθα — « ϊνα ή ζωή τού ’Ιησού έν τοϊς σώμασιν ημών φανερωΟή0 ». 183. (26) ’Αλλά καί ή έν σοφία πορεία καί πρακτική των σωζομένων έν αύτω γινόμενη κατά τάς περί άληΟείας έν λόγω Οείω διεξόδους καί πράξεις τάς κατά τήν άληΟή δικαιο­ σύνην, παρίστησιν ήμϊν νοείν πως αύτός έστιν ή όδόςά, έφ’ ήν οδόν ούδέν αϊρειν δει, ούτε πήραν ούτε ίμάτιον, άλλ’ ούδέ ράβδον εχοντα όδεύειν χρή, ούδέ ύποδήματα ύποδεδέσΟαι κατά τούς πόδας®. 184. Αύτάρκης γάρ αντί παντός εφοδίου 73 Β αύτή ή οδός, καί άνενδεής τυγχάνει πας ό ταύτης έπιβαίνων, κεκοσμημένος ένδύματι ώ πρέπει κεκοσμήσθαι τόν έπί τήν κλήσιν τού γάμου άπιόντα*, ούδενός τε χαλεπού δυναμένου άπαντήσαι κατά τούτην τήν οδόν. Άμήχανον γάρ οδούς όφεως έπί πέτρας εύρειν«, κατά τόν Σαλομώντα, φημί δ’ έγώ, a. b. c. <1. e. t. g. Jn 11, 25 Rom. 6, 4 II Cor. 4. 10 Jn 14. 6 Cf. Matth. 10, 10 Cf. Matth. 22. Il Prov. 24. 54 LXX (30, 19 Héb.)1 2 1. Après έκτου le texte porte διά του, mis entre crochets par Preuschen après Brooke. 2. Citation assez fréquente chez Origène (C. Celsum II, 69 ; In .1er. hom. I, 16: In Mallh. ser. LXXVII, GCS XI, p. 184), bien qu’elle ne se trouve pas dans les épltres paulinienncs. Nous pensons avec I, § 181-184 (JEAN 1, 1) 151 et, en général, de tous les êtres spirituels, de même est-il appelé « la résurrection û » parce qu’il fait rejeter1 tout ce qui est mort et qu'il suscite la vie, appelée vie au sens propre : car ceux qui le reçoivent vraiment en eux ressuscitent d’entre les morts. 182. Non seulement il fait cela, sur le moment, pour ceux qui peuvent dire : e Nous avons été ensevelis avec le Christ par le baptême » et nous sommes ressuscites avec lui2, mais encore bien plus pour quiconque marche dans une vie renouvelée1* après avoir déposé abso­ lument toute mort, même celle du Fils; en effet — lorsque nous avons été secourus d’une façon si étonnante — nous portons toujours ici-bas dans notre corps la mort de .Jésus, afin que la vie de Jésus soit manifestée dans nos corps®. 183. En outre la marche dans la Sagesse, marche fai­ seuse de sauvés et qui a lieu en lui3 en conformité avec des cheminements qui recherchent la vérité dans une parole divine et des actions inspirées par la vraie justice, celte marche nous permet de comprendre comment il est le chemin04 : pour ce chemin, il ne faut rien prendre, ni besace, ni manteau ; il ne convient pas non plus de marcher avec un bâton ou d’avoir des chaussures aux pieds0. 184. En effet, il suffit et tient lieu de toutes provisions de route, ce chemin ; quiconque s’avance par lui n'a aucun besoin, étant paré de la robe dont doit être revêtu celui qui répond à l’invitation des nocesf, car nul malheur ne peut survenir tout au long de ce chemin. En effet, d’après Salomon, il est impossible de trouver sur la pierre la trace du serpente K. H. Sciiblkle (Paulus, p. 206), qu’il y a là une contamination de Roin. 5, 3 par Col. 2, 13 : συνηγερθήμβν. 3. Cette phrase n'csl pas très claire. Wendland a proposé de remplacer πρακτική par διδακτική. On pourrait aussi traduire : « la marche des sauvés dans la sagesse, marche devenue en lui eflicace ». •1. Origène montrera aux livres VI (104-107) el XXXII (81-83) combien ce titre convient au Médiateur qui conduit vers le Père et dans les Homélies sur Luc (VII, 6) quelle stabilité ont obtenue, une fois sur ce chemin, ceux qui auparavant vagabondaient et erraient. 152 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN δτι καί ου δήποτε θηρίου. 185. Διό ούδέ χρεία ράβδου έν όδω ουδέ ίχνη τών εναντίων έχούση καί άνεπιδέκτω διά τό στερρόν, δι’ οπερ καί πέτρα λέγεται, τών χειρόνων τυγχανούση. 186. (27) ’Αλήθεια3 δέ ό μονογενής έστι πάντα έμπεριειληφώς τόν περί τών όλων κατά τό βούλημα του πατρός μετά πάσης τρανότητος λόγον καί έκάστω κατά τήν άξίαν αύτοΰ, ή άλήΟειά έστι, μεταδιδούς. 187. ’Εάν δέ τις ζητη, εί παν 73 C ο τί ποτέ έγνωσμένον ύπό του πατρός κατά τό « βάθος του πλούτου καί της σοφίας και της γνώσεως )> αύτοΰb έπίσταται ό σωτήρ ήμών, καί φαντασία του δοξάζειν τόν πατέρα άποφαίνηταί τινα γινωσκόμενα ύπό τοϋ πατρός άγνοεισθαι ύπό του υίοϋ, διαρκοΰντος έξισωθήναι ταις καταλήψεσι του αγέννητου θεού, έπιστατέον αύτόν εκ του αλήθειαν είναι τόν σωτήρα καί προσακτέον ότι, εί όλόκληρός έστιν ή αλήθεια, ούδέν αληθές άγνοει, ίνα μή σκάζη λείπουσα ή αλήθεια οίς ού γινώσκει, κατ’ έκείνους τυγχάνουσιν έν μόνω τω πατρί, ή a. Jn 14, G b. Rom. 11, 33 1. Le logos. 2. Phrase assez obscure, dont il semble difficile de dégager le sens avec certitude. La principale objection qu’on pourrait nous (aire est la traduction de διαρκέω que nous prenons dans le sens de > être assez fort pour résister «. Nous avons trouvé d'autres interprétations, dont aucune ne nous a donné entière satisfaction : G. Hardy (art. Origine, DTC XI, col. 1527) : < parce que la science du Père égale les perceptions de. l’Inengendré » ; J. J. Mayoiev (La Procession du Logos..., p. 64) : « le Père seul étant susceptible d’avoir une science qui embrasse toutes les perfections du Dieu innascible ·; H. Crouzel (Théologie de l'image, p. 115) : · alors qu’il (le Fils) a une compréhension égale à celle du Dieu inengendré » ; R. Gôgler (Das Evangelium, p. 129) : K der (le Fils) doch durch sein Begreifen des ungezeugten Golles dtescm gleichgesetzt zu iverden vermag ». — Comme on le voit, διαρκοΰντος a été rapporté tantôt au Père, tantôt au Fils. Si ce membre de phrase se rapportait au Fils, il faudrait supprimer la virgule. Mais comment I, § 181-187 (JEAN 1. 1) 153 et. ajouterais-je, jamais non plus d’aucune bête sauvage. 185. C’est pourquoi le bâton ne sert à rien sur un chemin qui ne porte même pas trace des adversaires et dont la solidité, qui le fait appeler rocher, empêche l’accès des méchants. 186. Le Fils unique est Vérité® car, selon la volonté du Père, il embrasse entièrement et avec une clarté souveraine la science1 de l'univers et, en tant que vérité, il en fait part à chacun selon son mérite. 187. Quelqu’un se demandera peut-être si tout ce que le Père connaît a selon la profondeur de la richesse de sa sagesse et de sa science1*» notre Sauveur le sait et, sous prétexte de glorifier le Père, il déclarera que le Père connaît certaines choses que le Fils ignore, le Dieu inengendré refusant de se laisser égaler par les perceptions qui cherchent à le saisir2 ; mais il faut réfléchir au fait que le Sauveur est la vérité et il convient d’ajouter que, si la vérité est entière, elle n’ignore rien de vrai ; sinon, la vérité défaillante buterait sur ce qu’elle ne connaît pas et qui, d’après ces gens-là, ne se trouverait que dans le Père seul3. en faire une concessive et, surtout, comment ne pas le mettre plu­ tôt dans la bouche de l’adversaire combattu par Origène ? — l.a traduction du mot κατάληψις nous est donnée par M. P. Hadot, qui nous fait remarquer, dans la thèse combattue par Origène, l’idée gnostique selon laquelle le Père se dérobe, à la connaissance du Fils, idée qui sera reprise par les Ariens qu’Hilaire entendra dire : Quantum enim filius sc extendit cognoscere Patrem, tantum pater superextendit se ne. cognitus (ilio sit (Contra Constantium 13, /*L 10, 592 Λ). 3. Cetle affirmation semble contredite - ou, du moins, affaiblie par une question posée au livre XXXIl (350) : le Père n’csl-il pas glorifié en lui-même plus qu’en son Fils, si la connaissance (περιωττή, γνωσις, θεωρία) qu’il a de lui-même est plus grande que celle qui sc trouve en son Fils ? Origène veut-il dire que le Fils connati toutes choses comme le Père, le Père excepté ? Rappelons à ce propos que, si le Fils est la Vérité, le Père de la Vérité, est plus haut et plus grand que la Vérité (II, 151). — La participation de toute vérité il l’unique Vérité, dont elle reçoit son empreinte, sera analysée plus loin : VI, 37-39 ; voir aussi XX, 246. 151 73 D 35 Pr. 76 Λ 76 Β SUR L'ÉVANGILE DE JEAN δεικνύτω τις δτι έστιν ά γινωσκόμενα της άληθείας προσηγορίας ού τυγχάνοντα άλλά ύπέρ αυτήν δντα. 188. (28) Σαφές δέ δτι κυρίως της ειλικρινούς καί άμιγοΰς πρός τι έτερον ζωής*1 ή | άρχή έν τω πρωτοτόκιά πάσης κτίσεως τυγχάνει- άφ’ ής οί μέτοχοι τού Χριστού λαμβάνοντες τήν αληθώς ζώσι ζωήν, τών παρ’ αύτόν νομιζομένων ζην ώσπερ ούκ έχόντων τό αληθινόν φώς, ούτως ούδέ τό αληθινόν ζην. 189. (2.9) Καί έπεί έν τω πατρί ούκ εστι γενέσθαι ή παρά τώ πατρί μή φθάσαντα πρώτον κάτωθεν άναβαίνοντα έπί τήν τού υιού θεότητα, δι’ ής τις χειραγωγηθηναι δύναται καί έπί τήν πατρικήν μακαριότητα, «θύραυ» ό σωτήρ άναγέγραπται. 190. Φιλάνθρωπος δέ ών καί τήν δπως ποτέ έπί τό βέλτιον αποδεχόμενος τών ψυχών ροπήν τών έπί τόν λόγον μή σπευδόντων άλλά δίκην προβάτων ούκ έξητασμένον άλλα άλογον τό ήμερον καί πραον έχόντων ποιμήν® γίνεται- « ’Ανθρώπους γάρ καί κτήνη σώζει ό κύριος*1 »- καί ό ’Ισραήλ δέ καί ό ’Ιούδας σπείρεται σπέρμα ού μόνον άνθρώπων άλλά καί κτηνών®. XXVIII. 191. (30) Προς τούτοις έπισκοπητέον έξ αρχής τήν Χριστός προσηγορίαν καί προσληπτέον τήν βασιλεύς, ίνα τή παραθέσει ή διαφορά νοηθή. Λέγεται δή έν τω τεσσαρα­ κοστοί τετάρτω ψαλμώ ο ήγαπηκώς δικαιοσύνην καί ανομίαν ιχεμισηκώς παρά τούς μετόχους αιτίαν τού κεχρίσθαι τό ούτω δικαιοσύνη προσεληλυθέναι έσχηκέναι καί τήν ανομίαν μεμισηκέναι*, ώς ούχ άμα τώ είναι τήν χρίσιν συνυπάρχουσαν καί συγκτισθεϊσαν λαβών, ήτις χρίσις βασιλείας έπί γεννητοις a. b. c. <1. c. f. Ci. .In 14, 6 Cf. .In 10, 7 Cf. Jn 10, Il Ps. 35 (36), 7 Jér. 38, 27 (LXX) (31, 27 Héb.) Cf. Ps. 44 (45), 8 1. Ceci se trouve développé plus longuement au livre II (chap, xvixtx), où se trouve expliqué le verset < Ce qui est en lui était vie et la vie était la lumière des hommes ·. I, § 187-191 (JEAN 1, 1) 155 Qu’il vienne donc nous montrer qu’il y a des objets connus qui ne sont pas compris dans le terme de vérité et qui lui sont supérieurs. 188. Il est clair que le principe de la vie» pure et sans mélange d’aucune sorte se trouve, à proprement parler, dans le premier-né de toute créature : l’ayant reçue de ce principe, ceux qui participent du Christ vivent la vraie vie, tandis que ceux qui ont l’air de vivre en dehors de lui n’ont pas la vraie vie, tout comme ils n'ont pas la vraie lumière1. 189. Parce qu’il n’est pas possible d’être dans le Père ou auprès du Père sans être parvenu d'abord, en s’élevant de terre, jusqu’à la divinité du Fils par laquelle on peut être mené à la béatitude même du Père, le Sauveur est appelé « la porte b2 ». 190. Par amour pour les hommes et parce qu’il accueille n'importe quelle inclination vers le bien (même) de la part des âmes qui ne se hâtent pas vers le Verbe2 3, mais dont le caractère est doux et bon sans qu'elles l’aient recherché mais d’une manière instinctive comme les bêtes, il est berger®, car « le Seigneur sauve les hommes et les bêtesd » : Israël et Juda ne reçoivent pas seulement une semence·· d’homme, mais aussi une semence de bétail0. XXVIII. 191. .Après cela, il nous faut examiner d’abord le terme de Christ et prendre en même temps celui de roi, afin de mieux saisir, en les juxtaposant, en quoi ils diffèrent. D’après le Psaume 44, celui qui a aimé la justice et haï l’injustice plus que ses compagnons a, par cette recherche de la justice et cette haine de l’injustice, mérité fonction* : il n’a donc pas reçu avec l’être une onction dont l’existence et l'origine en soient inséparables. Or l’onction est, chez les 2. Origène reviendra fréquemment sur la nécessité de la médiation du Verbe : ΙΓ, 209 ; XIII, 119 ; XX. 64-65. 3. La raison. 1. Cf. les λόγοι σπερματικοί, dont il sera davantage question au début du livre XX, chap, i à v. 156 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN έστι σύμβολον, έσθ’ οτε δέ καί ίερωσύνης* άρ’ οδν έπιγενητή έστιν ή του υίοΰ τού θεού βασιλεία καί ού συμφυής αύτω ; 192. Καί πώς οϊόν τε τον πρωτότοκον πάσης κτίσεως, ούκ δντα βασιλέα, ύστερον βασιλέα γεγονέναι διά τό ήγαπηκέναι δικαιοσύνην, καί ταύτα τυγχάνοντα δικαιοσύνην ; μήποτε δέ λανθάνει ήμας ό μέν άνθρωπος αύτοΰ Χριστός ών, κατά τήν ψυχήν διά τό ανθρώπινον καί τεταραγμένην καί περίλυπου 76 C γεγενημένην® μάλιστα νοούμενος, ό δέ βασιλεύς κατά τό θειον. 193. Παραμυθούμαι δέ τούτο έξ έβδομηκοστοΰ πρώτου ψαλμοΰ λέγοντος* « Ό θεός, τό κρίμα σου τώ βασιλεϊ δός, καί τήν δικαιοσύνην σου τώ υίώ τού βασιλέως, κρίνειν τόν λαόν σου έν δικαιοσύνη καί τούς πτωχούς σου έν κρίσει1’ »· 36 Pr. σαφώς γάρ εις Σαλομώντα έπιγεγραμΙ μένος ό ψαλμός περί Χριστού προφητεύεται. 194. Καί άξιον ίδεϊν τίνι βασιλεϊ τό κρίμα εύχεται δοΟήναι ύπό θεού ή προφητεία καί τίνι υίώ βασιλέως καί ποιου βασιλέως τήν δικαιοσύνην. 195. * Ηγούμαι ούν « βασιλέα » μέν λέγεσΟαι τήν προηγουμένην τού πρωτο­ τόκου πάσης κτίσεως φύσιν, ή δίδοται διά τό ύπερέχειν τό κρίνειν· τόν δέ άνθρωπον, ον άνείληφεν, ύπ’ εκείνης μορφούμενον κατά δικαιοσύνην <καί> έκτυπούμενον, « υίόν τού βασιλέως ». 196. Καί προσάγομαι εις τό τούθ’ ούτως έχειν 76 D παραδέξασθαι άπό τού είς ένα λόγον συνήχθαι άμφότερα καί τα έπιφερόμενα ούκέτι ώς περί δύο τινών άπαγγέλλεσθαι άλλ’ ώς περί ένός. 197. ΙΙεποίηκε γάρ ό σωτήρ « τά άμφότερα £vc », τάχα την απαρχήν τών γινομένων άμφοτέρίον <έν> έν έαυτω πρό πάντων ποιήσας· « άμφοτέρων » δέ λέγω καί έπί a. Cf. Jn 12, 27. Maith. 26, 38 b. Ps. 71 (72), 1-2 c. Ephés. 2, 1412 1. Pour Iréxée, àu contraire (Adv. luter. III, 19, 4 ; t. I, p. 97-98)· le Christ désigne avant tout le Fils du Dieu vivant, qui est aussi, en personne, le Fils de l'homme (voir tout le passage, où Irénée démontre runite de la personne divine et de l'homme Jésus). 2. Pour le sens de προηγούμενος, voir ci-dessus I, 178 et la note. Nous avons conscience de l'insuffisance de notre traduction de ύπερίχειν. Par crainte d’un anachronisme, nous n’avons pas osé le traduire I, § 191-197 (JEAN 1, 1) 157 créatures, un signe de royauté et, parfois, de sacerdoce. Mais la royauté du Fils de Dieu lui serait-elle venue après couj) au lieu d’être innée ? 192. Comment serait-il possible que le premier-né de toute créature ne soit pas roi tout d'abord, mais le devienne par la suite parce qu’il a aimé la justice — alors qu’il est la justice ? Mais peut-être ne prenons-nous pas garde (pie l’homme en lui c’est le Christ1, si on le considère dans son âme qui, à cause de son humanité, a ressenti trouble et affliction* — et qu’il est roi selon la divinité. 193. Je peux confirmer cela d’après le texte du Psaume 71 : « O Dieu, donne ton jugement au roi et ta justice au fils du roi, pour juger ton peuple avec justice et tes pauvres dans un juste jugement0 » : car il est certain que ce psaume, attribué à Salomon, annonce le Christ. 194. H serait intéressant de voir à quel roi le prophète prie Dieu de donner le jugement et à quel fils de roi et de quel roi, la justice. 195. Je pense qu’on appelle « roi » la nature prééminente du premier-né de toute créature, car elle reçoit le jugement à cause de sa supériorité2, et « fils du roi « l’homme qu’elle a assumé, formé et modelé selon la justice. 196. Je suis amené à admettre qu'il en est ainsi, parce que tous deux sont unis en un seul Verbe3 et que la suite du texte ne parle plus de deux, mais d’un seul. 197. Car le Sauveur a fait « des deux choses une seule0 », ayant peut-être4, avant tout, fait en lui-même les prémices de deux choses qui deviennent une6. Mais (l’expression) par « transcendance », quoique les arguments avancés par J. !.. Pres­ dans la pensée palrisliqne, p. 44 s.) nous paraissent valables. 3. On pourrait aussi traduire « en un seul principe ». Force nous est de choisir entre les deux traductions. Origène, lui, ne choisit pas, car il s’agit à la fois du Verbe, Fils unique de Dieu, et du principe unique en qui sont unies la nature, divine et la nature humaine. Pour ce sens du mot logos, principe essentiel d’un être, voir ci-dessous p. 180, η. 1. 1. Τάχα conj. Mondésert : κατά M Preuschen. Cela donne un sens à τήν απαρχήν que Preuschen juge incompréhensible. 5. εν ajouté par Delarue. tige (Dieu 158 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN 77 A τών ανθρώπων, έφ’ ών άνακέκραται τώ άγίω πνεύματι ή έκάστου ψυχή και έκαστος τών σψζομένων πνευ­ ματικός. 198. "Ωσπερ ούν είσί τινες ποιμαινόμενοι ύπο Χριστού διά τό σφών αύτών, ώς προειρήκαμεν, πραον μέν καί ευσταθές άλογώτερον δέ, οΰτω καί βασιλευόμενοι κατά <τό > λογικό* τερον προσιέναι τή θεοσεβεία. 199. Καί βασιλευομένων διαφοραί, ήτοι μυστικώτερον καί άπορρητότερον καί θεοπρεπέστερον βασιλευομένων ή υποδεέστερον. 200. Καί είποιμ* άν τούς μέν τεΟεωρηκότας τά έ'ξω σωμάτων, καλούμενα παρά τώ ΙΙαύλω « άόρατα » καί « μή βλεπόμενα41 », έξω παντός αισθητού λόγω γεγενημένους, βασιλευομένους ύπο της προηγουμένης «ρύσεως τού μονογενούς* τούς δέ μέχρι τού περί τών αισθητών λόγου έφθακότας καί διά τούτων δοξάζοντας τον πεποιηκότα καί αυτούς ύπο λόγου βασι77 Β λευομένους ύπδ τού Χριστού βασιλεύεσΟαι. Μηδείς δέ προσκοπτέτω διακρινόντων ημών τάς έν τώ σωτηρι έπινοίας, οίόμενος καί τή ούσία ταύτον ή μας ποιεΐν. XXIX. 201. (31) Πάνυ δέ καί τοΐς τυχούσιν σαφές, πώς έστι διδάσκαλος καί σαφηνιστής τών εις εύσέβειαν συντεινόντων ό κύριος ήμών καί κύριος δούλων τών έχόντων « πνεύμα δουλείας εις φόβονb ». II ροκοπτόντων <δέ> καί έπί τήν σοφίαν σπευδόντων καί ταύτης άξιουμένων - έπεί « ό δούλος ούκ οίδε τί θέλει ό κύριος αυτού0 » — ού μένει κύριος, γινόμενος αύτών « φίλος ». 202. Καί αύτος τούτο 77 C διδάσκει, δπου μέν <οτε> έτι δούλοι ύπήρχον οί άκροώμενοι a. Cf. Col. 1, 16. Rom. 1, 20. Il Cor. 4. 18 b. Rom. 8, 15 c. Jn 15, 15 1. Nous Indiquons plus loin, p. 177, note 2, le motif qui nous fait éviter le sens littéral · mélangé ·. Pour l'union de l’ânw et de i'Esprit, voir ci-dessous II, 80. 2. Ci-dessus I, 190. 3. Jusqu’au logos. 11 nous parait ici préférable de traduire par « science » plutôt que par « principe », car, si Origène parle bien du logos comme du principe d'un étre (ci-dessus § 186 et ci-dessous I, I, § 197-202 (JEAN 1, 1) 159 « des deux » concerne aussi les hommes, car i'àmc de chacun est unie1 au Saint-Esprit et chacun des sauvés devient spirituel. 198. Tout comme il y a des hommes dont le Christ est le berger, comme nous l’avons dit2, à cause de leur caractère doux et calme mais plutôt instinctif, de même, il y en a aussi sur qui il règne, parce qu’ils s’adonnent à la piété avec plus de discernement. 199. Mais il se trouve aussi, parmi ceux qui sont sous le règne, des différences, que la manière dont ils sont régis soit plus ou moins mystérieuse et secrète, plus ou moins divine. 200. Je dirais donc que ceux qui ont contemplé les réalités incorporelles, que Paul appelle « invisibles » et « non vues" », ayant été établis par un verbe en dehors de tout sensible, sont sous le règne du Fils unique dans sa nature prééminente. Quant à ceux qui sont parvenus jusqu'à la science3 des êtres sensibles et qui louent par eux leur Créateur, étant, eux aussi, sous le règne d'un verbe, c'est le Christ qui règne sur eux1. Que nul ne s'oiïusque de nous voir établir des distinctions parmi les attributs du Sauveur et n’imagine que nous faisons de même pour son être. XXIX. 201. Même pour le premier venu il est très facile de saisir comment Notre Seigneur est le maître qui instruit les hommes qui, de toutes leurs forces, recherchent la piété et comment il est le seigneur des esclaves qui « ont un esprit de servitude pour (retomber dans) la crainte1» ». Mais pour ceux qui progressent, marchent à grands pas vers la sagesse et en sont jugés dignes, il ne demeure pas le seigneur — a car le serviteur ne sait pas ce que veut son seigneur0 « —, il devient leur ami. 202. Lui-même nous l’apprend en disant tantôt — alors que scs auditeurs étaient encore des 244 cl p. 180, η. 1), il ne nous semble pas avoir rencontré de cas où il parle d’un logos, principe de plusieurs êtres. ■1. Cette distinction entre les chrétiens, d’après la manière dont ils adhèrent au Fils unique de Dieu, sera reprise au livre II (22-33). 160 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN φάσκων* « * Γμεις φωνεϊτέ με ό διδάσκαλος καί ό κύριος, καί καλώς λέγετε, είμί γάρ3 »' όπου δέ' « Ούκέτι ύμάς 37 Pr. λέγω δούλους, δτι ό δούλος ούκ οίδε, 1 τί τό θέλημα τού κυρίου αύτοΰ* άλλα λέγω ύμας φίλους1’», δτι διαμεμενήκατε0 « μετ’ έμοΰ έν πάσι τοϊς πειρασμοϊς μου ». 203. Οί ούν κατά φόβον βιοΰντες, ον απαιτεί από τών ού καλών δούλων ό θεός — ως άνέγνωμεν έν τώ Μαλαχία* « Εί κύριός είμί έγώ, πού έστιν ό φόβος μουά ; » — δούλοι τυγχάνουσι κυρίου τού σωτήρος αύτών καλουμένου. 204. {32) ’Αλλά διά τούτων πάντων ού σαφώς ή εύγένεια παρίσταται τού υιού, δτε δέ τύ « Γίός μου εί σύ, έγώ σήμερον γεγέννηκά σε ° » λέγεται πρός αύτόν ύπό τού θεού, 77 D ώ αεί έστι τό « σήμερον », — ούκ ένι γάρ εσπέρα θεού, έγώ δέ ήγούμαι, ότι ούδέ πρωία, άλλά ό συμπαρεκτείνων τή άγενήτω καί άϊδίω αύτού ζωή, tv’ ούτως είπω, χρόνος ημέρα έστιν αύτώ σήμερον, έν ή γεγέννηται ό υιός —, άρχής γενέσεως αύτοΰ ούτως ούχ εύρισκομένης ώς ούδέ της ημέρας. XXX. 205. (33) Προσθετέου τοϊς είρημένοις πώς έστιν ό υιός « αληθινή άμπελος1 ». Τούτο δέ δήλον έσται τοϊς συνιεϊσιν άξίως χάριτος προφητικής τό « Οίνος ευφραίνει καρδίαν ανθρώπου 8 ». 206. Εί γάρ η καρδία τό διανοητικόν 80 Λ έστι, τό δέ εύφραΐνον αύτό ό ποτιμώτατός έστι λόγος, έξιστών από τών άνθρωπικών καί ένθουσιάν ποιών και μεθύειν μέθην ούκ αλόγιστον άλλα Οείαν, ήν οίμαι καί a. b. c. <1. c. f. g. Jn 13, 13 Jn 15, 15 Le 22, 28 Mal. 1, 6 Ps. 2, 7 Jn 15, 1 Ps. 103 (104), 1512 1. Le livre XXXII (115) montrera que c’est en tant que maître que Jésus lave les pieds de ceux qui sont ses disciples et en tant que seigneur ceux de ses esclaves. 2. Διανοητικόν qui désigne, à proprement parler, l’intelligence I, § 202-206 (JEAN 1,1) ICI esclaves — : « Vous m’appelez maître et seigneur et vous dites bien, car je le suis» », tantôt : « Je ne vous appelle plus mes serviteurs, car le serviteur ne connaît pas la volonté de son seigneur, mais je vous appelle mes amis1» », parce que a vous êtes restés avec moi dans toutes mes épreuves0 ». 203. Ceux donc qui vivent dans cette crainte que Dieu revendique de la part de (serviteurs qui) ne (sont) pas de bons serviteurs, comme nous le lisons dans Malachie : « Si je suis seigneur, où est la crainte qui m’est dued? », ceux-là sont les esclaves du Sauveur qui est appelé leur Seigneur1. 204. Mais tout cela ne nous révèle pas nettement la noble origine du Fils, tandis qu’(elle est manifestée) par ces paroles : « Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujour­ d’hui® », prononcées par le Dieu pour qui cet aujourd’hui demeure toujours : car en Dieu il n’y a, je pense, ni soir ni matin, mais le temps, si j’ose dire, coextensif à sa vie sans principe et éternelle, est pour lui cet « aujourd’hui » où le Fils a été engendré : on ne peut donc découvrir ni le début ni le jour de sa génération. XXX. 205. A ce qui a été dit, ajoutons comment le Fils est « la vraie vigne1 ». Ce sera clair pour ceux qui comprennent, sans porter atteinte à la grâce qu’ont reçue les prophètes (le verset) : « Le vin réjouit le cœur de l’homme « » : 206. si le cœur, c’est ce qu’il y a de spirituel en nous2 et si ce qui le réjouit, c’est la parole la plus délec­ table, qui arrache aux préoccupations humaines, commu­ nique une exaltation qui vient de Dieu et suscite une ivresse, non déraisonnable mais divine3, comme celle, je discursive, est souvent pour Origène, comme pour les Stoïciens, synonyme de ήγβμονικόν (voir note compl. 5, p. 399). Il embrasse en une faculté unique ce que nous avons pris l’habiLudc de dissocier : l’intelligence, la volonté, le cœur, voire la fine pointe de l’âme. 3. Origène a peut-être emprunté cette idée à Philon, qui parle d’une ivresse divine, plus sobre que la sobriété même (v. g. Legum allegoriae ill, 82, ci. I, 81). 11 162 SUB L'ÉVANGILE DE JEAN ’Ιωσήφ τούς αδελφούς μεθύειν ποιεί*, εύλόγως ό τόν εύφραινοντα καρδίαν ανθρώπου b οίνον φέρων « άμπελός » έστιν « αληθινή »· διά τούτο « άληθινή », έπεί βότρυς έχει τήν αλήθειαν καί κλήματα τούς μαθητάς, μιμητάς αύτού καί αύτούς καρποφορούντας τήν αλήθειαν. 207. Έργον δέ διαφοράν παραστήσαι άρτου καί αμπέλου, έπεί ού μόνον άμπελος άλλά καί άρτος ζωής® είναι φησιν. 208. "Ορα δέ μήποτε, ώσπερ ό άρτος τρέφει καί ισχυροποιεί καί στηρίζειν λέγεται καρδίαν άνθρώπου, ό δέ οίνος ήδει καί εύφραίνει καί διαχεΐ, ούτως τα μέν ηθικά μαθήματα, ζωήν περιποιούντα τω μανθάνοντι καί πράττοντι, άρτος έστί της ζωής — ούκ άν SO Β ταύτα γεννήματα λέγοιτο τής άμπέλου —, τά δέ εύφραίνοντα καί ένθουσιάν ποιούντα απόρρητα καί μυστικά θεωρήματα, τοΐς κατατρυφώσι τού κυρίου έγγινόμενα καί ού μόνον τρέφεσθαι άλλά καί τρυφάν ποΟούσιν, έστιν άπό της αληθινής άμπέλου έρχόμενα, « οίνος » καλούμενα. 38 Pr. XXXI. 209. (34) Πρδς τούτοις δέ <έπιστατέον> τω πώς « πρώτος καί έσχατος0 » <είναι> έν τή Άποκαλύψει άναγέγραπται, έτερος κατά τό πρώτος είναι τυγχάνων του Λ καί τής αρχής, και κατά τό έσχατος ούχ ό αύτός τω Ω καί τω τέλει. 210. 'Ηγούμαι τοίνυν των λογικών ζ<ί>ων έν πολλοΐς είδεσι χαρακτηριζόμενων, είναι τι πρώτον αυτών καί δεύτερον καί τρίτον καί τά καθεξής έως έσχατου. 211. Καί τό μέν ακριβές 80 C είπεΐν τί πρώτον καί ποιον τό δεύτερον καί έπί τίνος άληΟές τό τρίτον καί ούτως μέχρι τού τελευταίου φθάσαι ού πάνυ τι a. b. c. <1. Cf. Gen. 43. 34 Ps. 103 (104). 15 Jn 6, 48 Apoc. 22, 13 1. Ou : C’est un travail que d'établir. Voir Vf, 267. 2. Le vin représente la Sagesse. Au livre XX (405-407), Origène déclarera que, en tant que pain vivant, le Seigneur nourrit l’âme, tandis que, en tant que Sagesse, il en est vu. D’après les Homélies sur le Cantique (II, 7), c’est en recevant le vin de joie, le vin de l’Espril- I, § 206-211 (JEAN 1, 1) 163 pense, dont Joseph a enivré ses frères», la vigne qui donne « le vin qui réjouit le cœur de l’hommeb» est bien la vraie vigne : elle est vraie, parce qu’elle a pour grappes la vérité, pour sarments les disciples devenus ses imitateurs et por­ tant, eux aussi, la vérité comme fruit. 207. Il nous revient1 d'établir la différence entre le pain et la vigne, puisque (le Seigneur) dit non seulement qu'il est la vigne, mais aussi le pain de vie®. 208. Vois si, tout comme on dit que le pain nourrit, fortifie et soutient le cœur de l’homme et que le vin le charme, le réjouit et le détend, les connaissances morales, qui procurent la vie à celui qui les acquiert et les met en pratique ne sont pas de la même manière le pain de vie — on ne saurait les appeler le fruit de la vigne —, tandis que les considérations secrètes et profondes, qui réjouissent et communiquent une exaltation divine et qui sont accor­ dées à ceux qui mettent leurs délices dans le Seigneur et désirent non seulement être nourris par lui mais encore trouver en lui leurs délices, viennent de la vraie vigne et sont appelées « vin2 ». XXXI. 209. De plus, (il faut ,. . . . .. expliquer) comment il est écrit dans l’Apocalypse (qu’il est)3 « le premier et le dernier d» : comme premier, il diffère de l’alpha et du commencement, et comme dernier, il ne s'identifie pas à l’oméga et à la fin. 210. Je pense que les êtres vivants et spirituels se répar­ tissent en beaucoup de catégories, que l'une d’elles est la première, une autre la seconde, puis la troisième et ainsi de suite jusqu’à la dernière. 211. Quant à dire exactement quelles sont la première, la seconde et pour laquelle est vrai le terme de troisième, et ainsi de suite jusqu'à la dernière, b Dans l'Apocalypse Saint, que l’âme introduit dans sa demeure l'Époux, le Verbe, la Sagesse, la Vérité. 3. Έποστατέον conjecture de Preuschen, qui suppose une lacune ; il nous semble devoir ajouter également tlvat d’après I, 266 ; II, 25 ; II, 143. 164 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN άνθρώπινον, άλλα υπέρ την ήμετέραν έστΐ φύσιν. Στηναι δέ και περιλαλήσαι τά εις τον τόπον ώς οιοί τέ έσμεν πειρασόμεθα. 212. Είσί τινες θεοί ών ό θεός θεός έστιν, ώς αί προφητεΐαί φασιν* « Έξομολογείσθε τώ Οεώ τών θεών® » καί « Θεός θεών έλάλησε κύριος, καί έκάλεσε την γην** »’ θεός δέ κατά τδ εύαγγέλιον « ούκ έστιν νεκρών άλλά ζώντων* »■ ζώντες άρα είσί καί οί θεοί, ών ό θεός θεός έστι. 213. Καί ό άπόστολος δέ γράφων έν τη πρδς Κορινθίους· « "Ωσπερ είσί θεοί πολλοί καί κύριοι πολλοί0 » κατά τά προφητικά τδ τών θεών έξείληφεν όνομα ώς τυγχανόντων. 214. Είσί δέ παρά τούς θεούς, ών ο Θεδς θεός έστιν, έτεροί τινες οΐ καλούνται « θρόνοι » καί άλλοι λεγόμενοι « άρχαί, 80 D κυριότητες τε καί έξουσίαι® » παρά τούτους άλλοι. 215. Διά δέ τδ « ‘Υπέρ παν όνομα ονομαζόμενου ού μόνον έν τούτω τώ αίώνι άλλά καί έν τώ μέλλοντι1 » καί άλλα παρά ταυτα ού πάνυ συνήθως ήμϊν Ονομαζόμενα δει πιστεύειν είναι λογικά, 81 Λ ών εν τι γένος έκάλει Σαβαί <ό> Εβραίος, παρ’ δ έσχηματίσΟαι τδν ΣαβαώΟ, άρχοντα εκείνων τυγχάνοντα, ούχ έτερον τού θεού. Καί έπί πασι θνητόν λογικόν ό άνθρωπος. 216. Ό τοίνυν τών όλων θεδς πρώτόν τι τη τιμή γένος λογικόν πεποίηκεν, όπερ ο'ίμαι τούς καλούμενους θεούς, καί n. b. c. <1. c. f. Ps. 135 (136), 2 Ps. 49 (50), 1 Matth. 22, 32 I Cor. 8, 5 Cf. Col. 1, 16 Éphés. 1, 21 1. Les textes ci Us montrent la question qui se posait à l’exégète. Déjà Philon l’avait vue : il parle, en eilct, de ceux qui reçoivent abusivement (έν καταχρήσει) le nom de dieux (De somniis 1, 228-229). De son côté, Irénée, parlant de ceux qui dicuntur quidem non sunt aulem dii, prend pour exemple Moïse qui fut donné comme dieu à Pharaon (Ado. haer. Ill, 6, 4 ; t. Il, p. 24-25). Origène y revient â plusieurs reprises. Ceux qui sont, appelés des dieux le sont par grâce (In Ex. horn. VI, 5), par adoption (Apol. de Pamphile : extrait de I, § 211-216 (JEAN 1, 1) 165 ce n’est pas là science humaine, mais cela dopasse notre nature. Cependant nous allons essayer de nous arrêter à traiter ce sujet, autant que nous en sommes capables. 212. Il y a des dieux dont Dieu est le Dieu, comme le disent les prophètes : « Célébrez le Dieu des dieux® » et a Le Dieu des dieux, le Seigneur, a parlé et il a convoqué la terreb ». Selon l’Évangile, Dieu n’est pas « le Dieu des morts, mais des vivants® » ; les dieux dont il est le Dieu sont donc aussi des vivants. 213. En outre, l’Apôtre, écrivant aux Corinthiens : « De même qu’il y a beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs0 », a, scion les écrits prophétiques, employé le nom de dieux comme celui d’êtres réels1. 214. A côte des dieux dont Dieu est le Dieu, certains sont appelés « trônes » et d’autres, différents de ceux-ci. a dominations », « principautés » et a puissances® ». 215. Et, puisqu’il est écrit : « Au-dessus de tout nom qui se pourra donner non seulement dans ce siècle mais dans le siècle à venir1 », il faut croire qu’il existe encore d’autres êtres spirituels différents de ceux-ci et que nous n’avons pas coutume de nommer : Γ Hébreu a donné à l’une de ces especes le nom de « Sabaï », d’où vient « Sabaoth », le maître des Sabaï2, qui ne diffère pas de Dieu. Après tous les autres vient l'homme, qui est un être spirituel et mortel. 216. Donc le Dieu de l’univers a créé une race spiri­ tuelle, la première en dignité, constituée, je pense, par l'/zi Jo., ci-dessous p. 392-395), par participation (μετουσία) et non par nature (ούσία) comme le Sauveur (Zn Ps. 136, 2; PG 12, coi. 1656). Ils ne le demeurent que pour autant que Dieu leur reste présent (Sel. in Ps. 4,6 ; PG 12, col. 1161 B). 2. Le P. Daniélou pense que cette interprétation provient d’un milieu Juif helléniste (art. Origine., SDH ; t. VI, col. 891). Origène connaît cependant les traductions qui avaient cours de son temps : • seigneur des puissances » (κύριος δυνάμεων), c’est-à-dire des puis­ sances angéliques. · seigneur des armées », ■ tout-puissant * (C. Cel­ sum V. 45). 166 SUB L’ÉVANGILE DE JEAN δεύτερον έπί του παρόντος καλείσθωσαν « θρόνοι », καί τρίτον χωρίς διστάσεως « άρχαί ». Ούτω δέ τω λογικω καταβατέον έπί έσχατον λογικόν, τάχα ούκ άλλο τι του ανθρώπου τυγχάνον. 217. '0 τοίνυν σωτήρ Οειότερον πολλώ ή Παύλος γέγονε « τοϊς πασι πάντα », ίνα « πάντα » ή « κερδήση0 » ή τελειώση, και σαφώς γέγόνεν άνθρώποις άνθρωπος καί άγγέλοις άγγελος. 218. Καί περί μέν τού άνθρωπον αύτδν 39 Ρτ. γεγονέναι ούδεις των πεπι|στευκότων διστάζει· περί δέ τού 81 Β άγγελον πειθώμεθα τηρούντες τάς των άγγέλων έπιφανείας καί λόγους, ότε τής των άγγέλων εξουσίας φαίνεται έν τισι τόποις τής γραφής άγγέλων λεγόντων, ώσπερ έπί τού « *Ώφθη άγγελος κυρίου έν πυρί φλογδς βάτου. Καί είπεν Έγώ θεός ’Αβραάμ καί ’Ισαάκ καί ’Ιακώβb ». Αλλά καί ό Ήσαιας φησί’ « Καλείται τδ όνομα αύτου μεγάλης βουλής άγγελος* ». 219. Πρώτος ούν καί έσχατος ό σωτήρ, ούχ ότι ού τά μεταξύ, άλλά των άκρων, ίνα δηλωθή, ότι « τά πάντα » γέγονεν αύτός. Έπίστησον δέ πότερον άνθρωπός έστι τδ « έσχατον » ή τά καλούμενα καταχθόνια, ών είσι καί οί δαίμονες, ήτοι πάντες ή τινες. 220. Ζητητέον τά εις ά καί αύτά γενόμενος ό σωτήρ διά τού προφήτου Δαβίδ φησί’ « Καί έγενόμην ώσεί άνθρωπος αβοήθητος, έν νεκροϊς έλεύΟερος^ », a. b. c. d. 1 Cor. 9. 22 Ex. 3, 2 Is. 9, 6 (Ι.ΧΧ) Ps. 87 (88), 5-6 1. Qu’on remarque les deux sens du mol λογικός, pensée et être spirituel. Pour ce dernier sens, voir ci-dessous I, 267 cl la noie. 2. Tertulliun avait déjà rencontré cette opinion et l'avait combattue (De carne Christi 14), peut-être aussi Novation, dont le texte est moins explicite (De Trin. 22 ; cf. J. Barbee, Christos Angelos, p. 87). — Pour comprendre la position propre à Origène il importe de se souvenir qu’il n’y a pas pour lui de différence de nature entre l'homme et l’ange et que l’âme du Christ a préexisté dans un état angélique (voir noire Avant-Propos, p. 28-30 et P. Nemeshegyi, La Paternité de Dieu, p. 81). 3. Texte corrompu. En note, Preuschen propose de lire οτε τις τών 1, § 216-220 (JEAN 1, 1) 167 ceux qu’on appelle les dieux ; disons pour le moment que la seconde, ce sont les trônes, la troisième, sans aucun doute, les dominations. Il faut descendre ainsi par la pensée jusqu’au dernier être spirituel1, qui n'est probablement nul autre que l’homme. 217. Or le Sauveur s’est fait, d’une manière bien plus divine que Paul, « tout à tous afin de les gagner tous» » ou de les faire parvenir tous à la perfection : il est certain qu’il s’est fait homme pour les hommes et ange pour les anges2. 218. Qu’il se soit fait homme, aucun croyant ne le met en doute. Qu’il s’est aussi fait ange, nous nous en convaincrons en considérant les apparitions et les discours des anges, car il apparaît avec la puissance des anges3, d’après certains passages des Ecritures, lors­ qu’il y a des anges qui parlent*, comme par exemple : u L’ange du Seigneur lui apparut dans la flamme de feu au milieu du buisson et dit : .Je suis le Dieu d'Abraham, d’Isaac et de Jacobb». Isaïe dit aussi : « Son nom est l’ange du grand conseil*5 ». 219. Le Sauveur est donc le premier et le dernier, non qu'il ne soit pas le milieu, mais seulement les extrémités, mais pour montrer qu’il s’est fait toutes choses. Examine encore si le dernier c’est l'homme ou bien ceux que l’on appelle les esprits souterrains, dont les démons font aussi partie, que ce soit tous ou seulement certains d’entre eux. 220. 11 nous faut chercher à quelle condition le Sauveur s’est réduit pour dire, par l’inter­ médiaire du prophète David : <■ Je suis comme un homme privé de tout secours, libre parmi les mortsd » : de même άγγέλων έν έςουσία φαίνεται, ce qui donnerait : lorsqu’un des anges apparaît en puissance. •i. La même idée revient dans les Homélies sur la (ienèse (VI 11. 8) à propos de l’ange qui retint la main d’Abraham prêt à sacrifier son (ils. Déjà Philon avait remarqué (De somniis 1, 232) que. pour les Ames qui sont encore dans un corps. Dieu se donne l’apparence des anges, et avait reconnu le Verbe de Dieu dans l’ange de Yahwé. La plupart des anciens Pères l’avaient suivi (cf. P. Richard, art. Fils de Dieu dans DTC V, 2· p.. col. 2356-2357) ; on trouvera de très nombreuses citations dans G. Af.by, Les missions divines de Justin à Origène. 168 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN 81 C ώσπερ πλέον έχων παρά ανθρώπους κατά τήν έκ παρθένου γένεσιν καί κατά τόν λοιπόν έν παραδόξοις βίον, ούτως έν νεκροϊς κατά τό μόνος εκεί είναι ελεύθερος- ούκ έγκαταλέλειπται ή ψυχή αύτοΰ εις τόν άδην3. Ούτως μεν ούν « πρώτος καί έσχατος ». 221. Εί δέ έστι γράμματα Οεοΰ, ώσπερ έστιν, άπερ άναγι84 Λ νώσκοντες οί άγιοί φασιν άνεγνωκέναι τά έν ταϊς πλαξί του ουρανού, τά στοιχεία έκεϊνα, ίνα δι’ αυτών τά ούράνια άναγνωσΟή, αί έννοιαι τυγχάνουσιν κατακερματιζόμεναι εις Λ καί τά έξης μέχρι τού ûb, τού υιού τοΰ θεού. 222. Πάλιν δέ άρχή καί τέλος ό αύτός, άλλ’ ού κατά τάς έπινοίας ό αύτός. ’Αρχή γάρ, ώς έν ταϊς παροιμίαις μεμαθήκαμεν, καθ’ δ σοφία τυγχάνει, έστί- γέγραπται γοΰν « Ό θεός εκτισέ με αρχήν οδών αυτού εις έργα αύτοΰ0 »- καθ’ δ δέ λόγος έστίν, ούκ εστιν άρχή- « Έν άρχή γάρ ήν ό λόγος*1 ». 223. Ούκοΰν αί έπίνοιαι αύτοΰ έχουσιν άρχήν καί δεύτερόν τι παρά τήν αρχήν καί τρίτον καί ούτως μέχρι τέλους- ώσεί έλεγεν « άρχή είμι καθ’ ο σοφία είμί », δεύτερον δέ, εί ούτω τύχοι, « καθ’ δ άόρατός είμι », καί τρίτον « καθ’ δ ζωή », έπεί « δ γέγονεν έν αύτω ζωή ήν® ». 224. Καί εϊ τις ικανός βασανίζων τόν νουν τών γραφών όραν, τάχα εύρήσει πολλά τής τάξεως καί τό τέλος- ούκ οιμαι γάρ οτι πάντα. Σαφέστερο» δ’ ή άρχή καί <τό> τέλος δοκεϊ 84 Β κατά τήν συνήθειαν ώς έπί -ηνωμένου λέγεσθαι, οιον άρχή a. b. c. d. c. Cf. Act. 2, 27. Ps. 15 (16), 10 Cf. Apec. 1, 8 Prov. 8, 22 Jn 1, 1 Jn 1, 11 2 1. Ccci est expliqué dans le Commentaire sur Matthieu (XVI, 8; CCS X, p. 498-499) : la mort, qui avait cru pouvoir s’emparer de l’âme de Jésus, ne put ni la retenir, ni empêcher ceux qu’elle avait auparavant vaincus de le suivre et d’être délivrés par lui. Et c'est pourquoi Jésus s’est livré à la mûri (Frg. 30 In Rom., JTS XIII, p. 364-365). 2. Voir ci-dessus 1, 68 et la note. I, § 220-22-1 (JEAN 1, 1) 169 qu’il est supérieur aux homines par sa naissance virginale et par les prodiges du reste de sa vie, de même, parmi les morts, car seul il s’y trouve libre et son âme n’a pas été abandonnée dans l’iladès"1. Ainsi est-il donc le premier et le dernier. 221. S'il existe des caractères gravés par Dieu — comme il en existe en fait — que les saints déchiffrent en avouant qu’ils déchiffrent les tablettes du ciel2, les lettres qui doivent permettre de connaître les réalités célestes, ce sont les notions concernant3 le Fils de Dieu, réparties à partir d’alpha et la suite jusqu’à oméga b. 222. D'autre part, le même est à la fois le commencement et la fin. mais il n’est pas le même selon les différents attributs. Comme nous l’avons appris dans les Proverbes, il est commencement en tant qu'il est Sagesse, car il est écrit : « Le Seigneur m’a for­ mée comme le commencement de ses voies en vue de scs œuvres®. » En tant que Verbe, il n’est pas commencement, car « Dans le commencement était, le Verbe d ».223. Parmi ses attributs, il y a donc un commencement, puis un second élément, different du premier, un troisième et ainsi de suite jusqu'à la fin, comme s'il disait : « .Je suis commencement en tant que je suis sagesse, second — s’il en est bien ainsi — en tant que je suis invisible, troisième en tant que vie », puisque « cc qui fut fait en lui était la viee. » 224. Si quelqu’un est capable de scruter les Écritures avec soin pour en discerner le sens, il trouvera sans doute beaucoup de renseignements sur l’ordre (de ces attributs) et leur fin, mais je ne pense pas qu’il trouvera tout. Commencement et fin paraissent plus clairs grâce à l’habi­ tude, car on peut les employer pour un seul tout : ainsi les 3. I.’emploi d’îîwota qui nous a paru le plus fréquent dans l’/n Joannem concerne le sens d'un mot, l’idée, la notion qu'il recouvre : I, 15; 1, 151.156; I, 180. Mais il signifie aussi : pensée, intuition et se rapporte, tout comme έπίνοια (ci-dessus p. 84, n. 1) tantôt au sujet pensant (I, 270; XIII. 273), tantôt, comme ici. ù l’objet pensé. 170 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN οικίας ό θεμέλιος καί τέλος ή στεφάνη. 225. Καί έφαρμο40 i’r. στέον γε διά τδ « άκρογωνιαίον*· » είναι | « λίθον » τδν Χριστόν τω ηνωμένοι παντί σώματι τών σωζομένων τδ παράδειγμα τδ « πάντα » γάρ καί « έν πασι b » Χρίστος δ μονογενής, ώς μέν άρχή έν ω άνείληφεν άνΟρώπφ, ώς δέ τέλος έν τω τβλευταίφ τών αγίων δηλονότι τυγχάνων καί έν τοίς μεταξύ, ή ώς μεν άρχή έν Άδάμ, ώς δέ τέλος έν τή έπιδημία, κατά τδ είρημένον* « '0 έσχατος ‘Αδάμ εις πνεύμα ζωοποιούν». Πλήν τούτο τδ ρητόν έφαρμόσει καί τή άποδό84 C σει τού « πρώτος καί έσχατος ». 226. (35) Τηρήσαντες μέντοι τά είρημένα περί « πρώτου καί εσχάτου » καί περί « άρχής καί τέλους », οπού μέν εις είδη λογικών άνηνέγκαμεν, όπου δέ εις διαφόρους έπινοίας τού υιού τού θεού τδν λόγον, καί έχομεν τήν διαφοράν « πρώτου » και « άρχής », καί « έσχατου » καί « τέλους », έτι δέ καί του « A » καί τού « Ω». 227. Ούκ άδηλον ούδέ τδ « ζών » καί « νεκρός », και μετά τδ νεκρός ζών εις τούς αιώνας τών αιώνωνd. Έπεί γάρ ούκ ώφελήμεΟα άπδ της προηγούμενης ζωής αύτοΰ γενόμενοί έν αμαρτία®, κατέβη έπί την νεκρότητα ημών, ίνα άποΟανόντος αυτού τή αμαρτία « την νέκρωσιν τοΰ ’Ιησού έν τώ σώματι περιφέροντεςf », τήν μετά την νεκρότητα ζωήν αύτοΰ εις τούς αιώνας τών αιώνων <έν> τάξει χωρήσαι δυνηθώμεν* οί γάρ τήν νέκρωσιν τού ’Ιησού πάντοτε έν τώ σώματι περιφέροντες 84 D καί τήν ζωήν τού ’Ιησού έξουσιν έν τοίς σώμασιν αυτών φανερουμένην. XXXII. 228. (36) Καί ταΰτα μέν άπδ τών τής καινής διαθήκης βιβλίων έλέγετο ύπ’ αύτοΰ περί εαυτού. 85 λ Έν δέ τώ * Ησαία έφασκεν ύπδ τοΰ πατρδς τεθεΐσΟαι αύτοΰ « τδ στόμα ώς μάχαιραν όξειαν » καί κεκρύφθαι « ύπδ τήν σκέπην τής χειρδς αύτοΰ », βέλει έκλεκτώ ώμοιωμένος « και a. Cf. Éphés. 2, 20 l>. I Cor. Ιό, 28 c. I Cor. Ιό. 45 <1. Cf. Apoc. I, 18 c. Rom. 6, 10 f. Cf. 11 Cor. I, 10 l. Pour le sens de προηγούμενος, cf. p. 148, n. 1. I, f 224-228 (JEAN 1, 1) 171 fondations sont le commencement d’une maison, la cor­ niche sa fin. 225. Et, parce que le Christ est la pierre d’angle8, il faut adapter à l’ensemble du corps des rachetés, devenu un seul (tout), l’enseignement selon lequel le Christ, Fils unique est « tout en tousb» : il est le commencement en l’homme qu’il a assumé, la fin dans le dernier des saints — tout en vivant, bien entendu, aussi dans les intermé­ diaires — ; ou bien, le commencement en Adam et la fin lors de son avènement, selon la parole : « le dernier Adam a été un esprit vivifiant0 ». Cette explication conviendra d’ailleurs également à la définition du premier et du dernier. 226. Si nous examinons ce que nous avons dit du premier et du dernier, du commencement et de la fin, nous avons rattaché notre discours, la première fois, aux catégories d’êtres spirituels, la deuxième, aux divers attributs du Fils de Dieu et nous avons trouvé la différence entre le premier et le commencement, le dernier et la fin, comme aussi l’alpha et l’oméga. 227. il n’y aura plus de difficultés à comprendre comment il est vivant et mort et comment, après avoir été mort, il est vivant aux siècles des siècles*1. En effet, parce que, étant dans le péché, nous ne retirions aucun profit de sa vie prééminente1, il est descendu dans notre mort afin que, Jésus étant mort au péché®, « nous portions sa mort dans notre corps » et devenions capables de contenir eu nous, à notre place et pour les siècles des siècles, sa vie qui succède à la mort. Car ceux qui portent toujours dans leur corps la mort de Jésus auront aussi sa vie manifestée dans leur corps*. XXXII. 228. Voilà pour ce c ez es prophetes ^..j aqirnie iuj_même dans les livres du Nouveau Testament. Chez Isaïe, il dit que le Père « a fait de sa bouche un glaive acéré » et « l’a caché à l’abri de sa main », qu’il l’a rendu semblable « à une flèche choisie et l’a serré dans le carquois 172 SUB L’ÉVANGILE DE JEAN έν τη φαρέτρα » του πατρδς κεκρυμμένος, « δούλος » τού θεού των όλων ύπ* αύτού καλούμενος καί « ’Ισραήλ » καί « φως έθνών® ». 229. Μάχαιρα μέν ούν δξεϊά έστι τδ στόμα τού υιού τού θεού, έπεί « ζών τυγχάνει ό λόγος τού θεού καί ένεργής καί τομώτερος ύπέρ πάσαν μάχαιραν δίστομον καί διϊκνούμενος άχρι μερισμού ψυχής καί πνεύματος, αρμών τε καί μυελών, καί κριτικός ενθυμήσεων καί έννοιών καρδίας1’ »· άλλως τε καί έλΟών ούκ ειρήνην έπί τήν γην, τούτ’ έστιν έπί’ τά σωματικά καί αισθητά, βαλεϊν ά?Λά μάχαιραν0, καί 85 Β διακόπτων τήν, tv’ ούτως εϊπω, έπιβλαβή φιλίαν ψυχής καί σώματος, ίν’ ή ψυχή έπιδιδούσα αύτήν τώ στρατευομένω 41 Pr. τής σαρκδς'1 | πνεύματι φιλιωθή τω Οεώ, μάχαιραν ή ώς μάχαιραν όξεϊαν κατά τόν προφητικόν λόγον έσχε τδ στόμα* αλλά καί βλέπων τοσούτους πετρωμένους τη θεία άγάπη ομοίως τή όμολογούση τούτο πεπονθέναι έν τώ 'Άισματι τών ασμάτων διά τού « "Οτι τετρωμένη αγάπης έγώ ° » τδ τρώσαν βέλος τάς τών τοσούτων εις Αγάπην θεού ψυχάς ούκ άλλο τι εύρήσει ή τον είπόντα* « “ΕΟηκέ με ώς βέλος έκλεκτόν. » 230. {37) "Ετι δέ πας ό συνιείς πώς τοϊς μαθητεύομενοις ό ’Ιησούς γεγένηται ούχ ώς « ό άνακείμενος άλλ’ ώς ό διακονών* », μορφήν δούλου ό υίδς τού θεού ύπέρ ελευθερίας τών δουλευσάντων τή αμαρτία λαβών», ούκ άγνοήσει τίνα τρόπον 85 C ο πατήρ φησι πρδς αύτδν τδ « Δούλός μου ει σύ » καί μετ’ ολίγα* « Μέγα σοί έστι τούτο κληθήναί σε παΐδά μου’1 ». 231. Τολμητέον γάρ είπεϊν πλείονα καί Οειοτέραν καί άληθώς κατ’ εικόνα τού πατρδς τήν αγαθότητα φαίνεσθαι τού Χριστού, δτε « εαυτόν έταπείνωσε γενόμενος ύπήκοος μέχρι θανάτου, θανάτου δέ σταυρού », ή εί « άρπαγμδν ήγήσατο τδ είναι ίσα a. b. c. >1. e. f. g. h. Is. 19, 2.3.6 Héb. 4, 12 Cf. Matth. 10, 34 Cf. Gai. 5. 17 Cant. 2, 5 Le 22, 27 Cf. Phil. 2. 7 Is. 49. 3.6 I. § 228-231 (JEAN 1, 1) 173 du Père », qu’il l'appelle « serviteur » du Dieu de l’univers, « Israël » et « lumière des nations3 ». 229. La bouche du Fils de Dieu est un glaive acéré parce que « la parole de Dieu est vivante, efficace, plus affilée qu’une épée à deux tranchants, qu'elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, qu’elle juge les sentiments et les pensées du cœurb ». C’est surtout en ne venant pas apporter la paix sur la terre, c’est-à-dire aux êtres corporels et sensibles, mais l’épéec, en tranchant, si l'on peut dire, l’amitié nuisible de l’âme et du corps, pour que l’âme, se livrant à l’esprit qui combat contre la chaird, devienne amie de Dieu, qu'il a pour bouche, selon la parole du prophète, un glaive ou comme un glaive acéré. Voyant tant d’hommes blessés de l'amour divin, tout comme (l’épouse) qui, dans le Cantique des Cantiques, confesse avoir ressenti cette blessure en disant : « Je suis blessée d’amoure », on ne saurait trouver, pour blesser tant d’âmes de l’amour de Dieu, d'autre flèche que celui qui a déclaré : « Il a (ait de moi une flèche choisie1. » 230. En outre, quiconque comprend comment Jésus est pour ses disciples « non comme celui qui est à table, mais comme celui qui sert1 », puisque le Fils de Dieu a assumé une forme d’esclave pour délivrer ceux qui étaient assujettis au péché», n'ignorera pas comment le Père lui dit : « Tu es mon serviteur » et, peu après « C’est une grande chose pour toi d’être appelé mon serviteur1’ ». 231. Car il faut oser dire que la bonté du Christ a paru plus grande et plus divine et vraiment à l’image du Père lorsqu’il s’est abaisse lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix, plutôt que de « regarder son égalité avec Dieu comme un butin (jalou1. Dans la Seconde Homélie sur le Cantique (8), Origène invite l’âme à se présenter d’elle-mêmc à la flèche divine pour en recevoir cette bienheureuse blessure. 171 sub l’évangile de .jean Οεώη », καί μή βουληθείς επί τη τοΰ κόσμου σωτηρία γενέσΟαι δούλος. 232. Διά τοΰτο διδάξαι ημάς βουλόμενος μεγα δώρον είληφέναι από του πατρός τδ ούτως δεδουλευκεναι φησί* « Καί ό θεός μου εσται μοι ισχύς. Και είπε μοι* Μεγα σοί έστι τοΰτο κληθήναί σε παιδά μου. » Μή γενόμενος γάρ δούλος ούκ άν έστησε « τάς φυλάς τοϋ Ιακώβ » ούδέ « τήν διασποράν του ’Ισραήλ » έπέστρεψεν, άλλ’ ούδέ γεγόνει άν 85 D εις « φώς έΟνών », του « είναι είς σωτηρίαν έθ)ς εσχάτου της γης1» ». 233. Καί μέτριόν γε τδ δοΰλον αύτόν γενέσΟαι, εί καί μέγα ύπό του πατρός είναι τοΰτο λέγεται, συγκρίσει άρνίου άκάκου καί άμνοΰ. 'Ως γάρ άρνίον άκακον γεγένηται άγόμενον του θύεσΟαι ό αμνός τοΰ Οεοΰ, ίνα άρη « τήν αμαρτίαν τοϋ κό­ σμου0 », δ πάσι τοΰ λόγου χορηγός, ομοιωθείς άμνω « ένώπιον τοΰ κείροντος » άφώνω, όπως τω θανάτω αύτοΰ ημείς 88 Λ πάντες καθαρΟώμεν, άναδιδομενω τρόπον φαρμάκου επί τάς άντικειμένας ένεργείας καί τήν τών βουλομένων άναδέξασθαι τήν άλήθειαν αμαρτίαν άτονήσαι γάρ ό θάνατος τοΰ Χρίστου τάς πολεμούσας τώ τών ανθρώπων γένει πεποίηκε δυνάμεις, καί t έξελεύσεσΟαι τήν έν έκάστω τών πιστευόντων ζωήν τη αμαρτία άφάτω δυνάμει. 234. Έπεί δέ έως πας έχθρδς ■12 Pr. αύτοΰ καταργηθή καί τελευταϊός γε δ Οάνα|τοςΛ, αίρει τήν αμαρτίαν, ίνα ό πας γένηται χωρίς αμαρτίας κόσμος, διά τοΰτο ό ’Ιωάννης δεικνύς αύτόν φησιν « " ίδε δ αμνός τοΰ Οεοΰ δ αίρων τήν αμαρτίαν τοΰ κόσμου »* ούχί δ μέλλων μέν αίρειν ούχί δέ και αίρων ήδη, καί ούχί δ άρας μέν ούχί δέ καί η. b. c. ίλασμός » καί « τό Ιλαστήριον »· ό μεν « παράκλητος » έν τη Ίωάννου λεγόμενος επιστολή· « Έάν γάρ τις άμάρτη, παράκλητον εχομεν πρός τόν πατέρα Ίησοΰν Χριστόν δίκαιον, και ουτος ιλασμος | έστι περί τών αμαρτιών ημών0 »· καί « ό Ιλασμός » έν τη αύτη επιστολή λεγόμενος « ιλασμος » είναι « περί τών αμαρτιών ήμών », όμοίως δέ καί έν τη πρός Ρωμαίους « Ιλαστήριον »· « *Όν προέΟετο ό θεός ιλαστήριον διά πίστεως1* »· ού ιλαστηρίου εις τά έσώτατα καί άγια τών αγίων σκιά τις έτύγχανεν τό χρυσοΰν ιλαστήριον, επικείμενον τοϊς δυσί Χερουβείμ0. 241. Πώς δ’ άν παράκλητος καί ίλασμός καί ιλαστήριον χωρίς δυνάμεως Οεοΰ έξαφανιζούσης ημών την άσθένειαν γενέσθαι οϊός τε ήν, έπιρρεούσης ταϊς των πιστευόντων ψυχαϊς, ύπό ’Ιησού διακονουμένης, ής πρώτος έστιν, αύτοδύναμις* Οεοΰ, δι’ δν είποι τις άν· « Πάντα ισχύω έν τφ ένδυναμουντί με Χριστώ ’Ιησού*1 » ", 242. Διόπερ Σίμωνα μέν τόν μάγον αύτόν άναγορεύοντα « δύναμιν Οεοΰ τήν καλουμένην μεγάλην », ϊσμεν άμα τω άργυριω αύτοΰ εις όλεθρον καί απώλειαν κεχωρηκέναι®' Χριστόν δε όμολογούντες άληΟώς είναι « δύναμιν Οεοΰ », παντα τα όπου ποτέ a. b. c. <1. e. I Jn 2, 1-2 Rom. 3, 25 Ci. Ex. 25, 17-19 Phil. 4, 13 Act. 8, 10.20 1. Void, résumée, la très belle Interprétation proposée par le Commentaire sur les Romains (111, 8, PG 14, 947 B à 949 A, Schbrer p. 158, Lommatzsch VI, p. 207-209) : Le propitiatoire représente le Christ, l'or pur, son âme. La longueur (deux coudées et demie) est I, § 239-242 (JEAN 1, 1) 179 rcr sur lui, que c’était lui qui bapliserait dans l’Esprit Saint et le feu. Cependant, tout d’abord, .Jean ignorait qu'il était un homme. XXXIII. 240. Aucun des noms déjà cités ne fait connaître son rôle de défenseur, qui intercède pour la nature humaine auprès du Père et qui le rend propice, comme « intercesseur », » victime de propitiation » et « propitiatoire ». Dans son épître, Jean le nomme « intercesseur » : « Si quelqu’un vient à pécher, nous avons, comme intercesseur auprès du Père, Jésus-Christ, le juste : il est victime de propitiation pour nos péchés* ». Il est donc affirmé, dans la même épître, qu’il est victime de propitiation : « victime de propitiation pour nos péchés » et, d'une manière analogue, n propitiatoire » dans l’Épître aux Romains ; « Celui que Dieu a destine à être propitiatoire par la foi1’». De ce propitiatoirc-là, on retrouvait, en allant jusqu’au fond du sanctuaire, dans le saint des saints, une ombre, le propitiatoire d’or posé sur les deux chérubins·-1. 6} Par Jean , 241. Comment pourrait-il être ,· , intercesseur, victime de propitia­ tion et propitiatoire sans la puissance de Dieu (pii détruit notre faiblesse et se répand dans les âmes des fidèles ? Cette puissance est procurée par Jésus, qui est plus ancien qu’elle, Jésus, la puissance même de Dieu, par qui l’on peut dire : « Je puis tout en celui qui me forti fie·1, le Christ Jésus. » 242. C’est pourquoi, lorsque Simon le magicien se prétendit * la puissance de Dieu, celle qu’on appelle la grande », il s'en alla, nous le savons, avec son argent, à sa perte et à sa ruine0. Confessant que le Christ est véritablement la puissance de Dieu, nous croyons que tout ce qui, de „ „ c) Par Paul . . au-dessus de l’humanité (deux) et au-dessous de la divinité (trois). Les chérubins signifient la plénitude de sa science et la présence du Saint-Esprit. ISO 89 c si r l'évangile de jean δυναμούμενα μετέχειν αύτού, καθ’ δ « δύναμίς » έστι, πεπιστεύκαμεν. XXXIV. 243. (39) Μή παρασιωπηθητω δ’ ήμΐν μηδέ « θεού σοφία?1 » εύλόγως τυγχάνων καί διά τούτο τοΰτ’ είναι λεγόμενος. Ού γάρ έν ψιλαΐς φαντασίαις τού θεού καί πατρός τών όλων τήν ύπόστασιν έχει ή σοφία αυτού κατά τά άνά λόγον τοΐς άνθρωπίνοις έννοήμασι φαντάσματα. 244. Εί δέ τις ο’ίός τέ έστιν άσώματον ύπόστασιν ποικίλων θεωρημάτων περιεχόντων τούς τών όλων λόγους ζώσαν καί οιονει έμψυχον έπινοεϊν, εισεται τήν ύπέρ πάσαν κτίσιν σοφίαν τού θεού καλώς περί αυτής λέγουσαν « '0 θεός εκτισέ με αρχήν οδών αύτού εις έργα αυτού6 ». Δι’ ήν κτίσιν δεδύνηται καί πάσα κτίσις ύφεστάναι, ούκ άνένδοχος ούσα θείας σοφίας, καθ’ ήν γεγένηταΓ Πάντα γάρ κατά τον προφήτην Δαβίδ έν σοφία έποίησεν ό θεός0. 245. ’Αλλά πολλά μέν μετοχή σοφίας a. Cf. I Cor. 1, 24 b. Prov. 8, 22 c. Cf. Ps. 103 (104), 21 1. Logoi : quand · Dieu vil que cela était bon -■ (Gen. 1, 10.12.18. 21.25). il considérait les logoi des créatures (XI11, 280-283) ; ces logoi, présents dans le Fils de Dieu, en tant qu’il est Sagesse, et selon lesquels est né (γεγένηται) tout ce que Dieu a créé dans sa Sagesse (XIX, 147), comment ne pas les rapprocher de ces autres logoi qui inspirent la construction d’une maison ou d’un navire (I, 114) : c’est bien le principe même de toute créature, ou mieux, l’essence voulue par Dieu pour elle ou, encore, comme le dit R. Gûgi.er, leur vérité relative qui les unit à la Vérité même (7.ur Théologie, p. 228 ; cf. 11. Ckouzel, Connaissance, p. 55). 2. Le Fils unique est, nous l’avons vu (I, 119 et la note), une multitude de biens et la Sagesse est le premier de ces biens (1, 289), faisant partie de son être même, tandis que d’autres attributs ont été assumés pour le bien des créatures (II. 125-126). Elle est la source et le principe de tous les êtres dans ce qu’ils ont de plus essentiel, dans la pensée de Dieu : c’est pourquoi, le livre XIX pourra parier d’elle comme d’un monde spirituel, infiniment plus beau et plus varié que le monde sensible, et dont la contemplation conduit les cœurs purs à voir Dieu, comme Dieu peut cire vu (§ 146-147 ; voir aussi note précédente). 3. Nous ne pouvions traduire par un même mot les différents I I. § 242-243 (JEAN 1. I) 1K1 quelque façon que ce soit, possède de la puissance participe de lui, en tant que puissance. XXXIV. 243. Nous ne pouvons taire le fait qu’il est. à juste titre, la Sagesse de Dieu·'* et que, pour ce motif, il est appelé ainsi. Car ce n’est pas simplement dans les pensées du Dieu et Père de l’univers que sa Sagesse trouve son existence, dans des représentations analogues aux objets de la pensée des hommes. 244. Mais, si quelqu’un est capable de concevoir par la pensée une existence incor­ porelle, formée de toutes sortes d’idées et qui embrasse les principes1 de l’univers, existence vivante et comme animée, il connaîtra la Sagesse de Dieu2 qui est au-dessus de toute créature et qui dit d’elle-même à bon droit : « Dieu m’a établie3 comme le principe de ses voies en vue de ses œuvres11. » C’est parce que Dieu l’a ainsi établie que toute créature peut subsister, car elle a part à la Sagesse divine, selon laquelle elle a été créée. En effet, d’après le prophète David, Dieu a tout fait dans sa Sagesse®. 245. Un grand nombre de créatures existe grâce à la participation à cette emplois de κτίζω et de κτίσις, sans fausser la pensée . Ilei». 2. 11 C. Cf. I Cor. 11,3 1. K. Gôolhk (Dus Euaiujelium. p. 121. n. 21) fait ici remarquer qu’il n’est pas question de domination sur autrui, mais de valeur I, § 245-250 (JEAN 1,1) 183 Sagesse, mais sans l’appréhender, elle, par qui elles ont été établies ; bien peu comprennent la Sagesse, non seulement en tant qu'elle les concerne, mais encore en ce qu’elle concerne beaucoup d’autres choses, car le Christ est. toute Sagesse. 246. Dans la mesure où il est capable de la Sagesse, tout sage participe du Christ, en tant qu’il est Sagesse, de même que, parmi ceux qui détiennent une puissance supérieure1, chacun participe du Christ, en tant qu’il est puissance, proportionnellement à la puissance qu’il a reçue. 247. H faut faire les mêmes considérations au sujet de la sanctification et de la rédemption : la sanctification même d’où les saints tirent la leur, c’est pour nous Jésus2, ainsi que la rédemption : chacun de nous est sanctifié par cette sanctification, racheté dans cette rédemption. 248. Mais il te faut examiner si l’apôtre avait un but en ajoutant « pour nous » : « Lui qui est devenu pour nous, de par Dieu, sagesse, justice, sanctification, rédemption0 ». Si, en parlant du Christ, en tant que Sagesse et en tant que puissance, d’autres textes ne disaient pas, d’une manière absolue : « Le Christ est la puissance de Dieu et la Sagesse de Dieu », nous aurions supposé qu’il n'est pas d'une manière absolue, mais (seulement) pour nous, sagesse et puissance de Dieu. Mais si, de fait, sagesse et puissance sont indiquées tantôt « pour nous » et tantôt sans aucune précision, on ne trouve pas la même déclaration pour la sanctification et la rédemption. 249. Examine donc si, puisque « celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous issus d’un seulb », le Père n'est pas la sanctification de notre sanctification, comme il est le chef de notre chef, le Christc. 250. Le Christ est notre rédemption, car nous sommes captifs et nous avons besoin de rachat ; mais je ne cherche pas une rédemption pour celui qui, afin de niorulc. Nous penserions plutôt qu’il s’agit de toute sorte de puissance, de quelque ordre qu'elle soit. 2. Αύτός Brooke : αυτό Preuschen. Nulle indication dans l’apparat, bien qu'ils suivent le même manuscrit. 184 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN όμοιότητα « Ζωρίζ αμαρτίας3 » και μηδέποτε ύπό τών εχθρών εις αιχμαλωσίαν κεκρατημένου. 251. (40) "Απαξ δέ διασταλέντων του « ήμϊν » καί του απλώς, ήμϊν μέν καί ούχ απλώς τού « αγιασμού » καί τής « άπολυτρώσεως », καί ήμϊν δέ καί απλώς τής « σοφίας » καί τής « δυνάμεως », ούκ άνεξέταστον έατέον τόν περί τής δικαιο­ σύνης λόγον. Καί οτι μέν « ήμϊν » δικαιοσύνη ό Χριστός δήλον έκ του « "()ς έγενήΟη σοφία ήμϊν άπό θεού, δικαιοσύνη τε καί αγιασμός καί άπολύτρωσις ». 252. Έάν δέ μή εύρίσκωμεν 92 C απλώς αύτόν « δικαιοσύνην », ώσπερ απλώς « σοφίαν » καί « δύναμιν θεού », βασανιστέον εί καί αύτώ τώ Χριστώ ώσπερ « αγιασμός » ό πατήρ, οΰτω καί « δικαιοσύνη » ό πατήρ· καί γάρ ούκ αδικία παρά τώ Οεώ, καί δίκαιος καί όσιος κύριος καί έν δικαιοσύνη τά κρίματα αύτού1 11· δίκαιος δέ ών δικαίως τά πάντα διεπει. XXXV. 253. Τό δέ σήναν τούς άπό τών αιρέσεων είς τό έτερον είπεϊν τόν δίκαιον τού αγαθού, μή τρανωΟέν δέ πάρ’ αύτοϊς, οίηθεισι δίκαιον μέν είναι τόν δημιουργόν, αγαθόν δέ τόν τού Χριστού πατέρα, οϊμαι μετ’ έξετάσεως ακριβώς 46 Ρτ. βασανισθέν δύνασΟαι λέγεσΟαι έπί τού πατρός | καί τού υιού* τού μέν υιού τυγχάνοντας δικαιοσύνης, δς έλαβεν εξουσίαν κρίσιν ποιεϊν, 5τι υιός άνΟρώπου έστί® καί κρίνει τήν οικου­ μένην έν δικαιοσύνηd* τού δέ πατρός τούς έν τη δικαιοσύνη 92 D τού υιού παιδευθέντας μετά τήν Χριστού βασιλείαν εύεργετούντος, τήν « αγαθός » προσηγορίαν έργοις δείξοντος, όταν γένηται ό θεός « τά πάντα έν πάσιν® ». 254. Καί τάχα τή αυτού δικαιοσύνη ό σωτήρ εύτρεπίζει τά a. b. c. d. c. Cf. Héb. 4. 15 Cf. Apoc. 16, 5.7 Jn 5, 27 Cf. Act. 17, 31 I Cor. 15, 28 1. En tant que Fils, le Verbe doit au Père tout ce qu’il est (voir XX, 419-421) ou, comme le dit le fragment 69. le Père est sa racine et sa source. I, $ 250-254 (JEAN 1,1) 185 nous ressembler, a éprouvé toutes nos infirmités, hormis le péché”, et que scs ennemis n’ont jamais réduit en esclavage. 251. Une fois établie la distinction entre, ce qui est « pour nous » et ce qui est d’une manière absolue, la sancti­ fication et la rédemption étant pour nous et non absolu­ ment, tandis que la sagesse et la puissance sont à la fois pour nous et absolument, nous ne devons pas laisser sans examen les déclarai ions au sujet de la justice. Il est clair que le Christ est justice pour nous d’après (le texte) : •t Lui qui est devenu pour nous, de par Dieu, sagesse, justice, sanctification, rédemption ». 252. Si nous ne trouvons pas qu’il est la justice d’une manière absolue, comme il est d’une manière absolue la sagesse et la puis­ sance de Dieu, il faut examiner si le Père est justice pour le Christ lui aussi, tout comme il est pour lui sanctifica­ tion’ ; car il n’y a nulle injustice auprès de Dieu, le Sei­ gneur est juste et saint et toutes ses décisions sont prises dans la justiceb. Étant juste, il gouverne toutes choses avec justice. XXXV. 253. Les hérétiques n’ont pas analysé avec précision ce qui les pousse à distinguer le juste du bon et à imaginer que le Créateur est juste et le Père du Christ bon2 ; je pense qu’après un examen précis on peut dire (les deux) à la fois du Père et du Fils : le Fils est justice, lui qui a reçu le pouvoir de juger parce qu'il est Fils de l’homme® et qu'il juge le monde avec justice*’ ; quant au Père, après le règne du Christ3, il comblera de scs grâces ceux qui auront été formés dans la justice du Fils et il prouvera par ses bienfaits qu’il s’appelle « bon » lorsque « Dieu sera tout en tous® ». 254. Et c’est sans doute par sa justice que le Sauveur 2. Voir notre Avant-Propos, p. 14. 3. C’est-à-dire : quand le Christ aura remis le royaume à Dieu, son Père (/ Cor. 15. 24-28). 186 SUB L’ÉVANGILE DE JEAN πάντα καιροϊς έπιτηδείοις καί λόγω καί τάζει και κολασεσι καί τοΐς, ΐν’ ούτως είπω, πνευματικούς αύτού ΐατρικοις βοηθήμασι πρδς τδ χωρήσαι επί τελεί τήν άγαθότητα τού 93 Λ πατρός· ήντινα νοήσας πρδς τδν μονογενή λέγοντα « Διδά­ σκαλε άγαΟέ » φησί’ « Τί με λέγεις αγαθόν ; Ούδείς αγαθός εί μή εις ό θεός, ό πατήρ® ». 255. Τδ δ’ ομοιον έν έτέροις έδείξαμεν καί επί τού μείζονά τινα είναι τού δημιουργού, δημιουργόν μέν έκλαβόντες τδν Χριστόν, μείζονα δέ τούτου τδν πατέρα. <Αύ>τδς δή ό τά τοσαύτα τυγχάνων, « ό παράκλητος », « ό ίλασμός », « τδ ίλαστήριον », συμπαΟήσας « ταϊς άσθενείαις ημών » τώ πεπειρασθαι « κατά πάντα » τά άνθρώπινα « καθ’ ομοιότητα χωρίς άμαρτίας* », « μέγας » έστιν « άρχιερεύς », ούχ ύπέρ άνθρώπων μόνων άλλά καί παντδς λογικού την άπαξ θυσίαν0 προσενεχθείσαν εαυτόν άνενεγκών* «χωρίς γάρ θεού ύπέρ παντδς έγεύσατο θανάτουd », δπερ έν τισι κείται της προς Εβραίους άντιγράφοις « χάριτι θεού ». 256. Είτε δέ « χωρίς θεού ύπέρ παντδς έγεύσατο θανάτου », 93 Β ού μόνον ύπέρ άνθρώπων άπέΟανεν, άλλά καί ύπέρ τών λοιπών a. l>. c. <1. Mc 10, 18 Héb. 4. 15 Cf. Héb. 9, 28 Héb. 2, 9 1. Ci-dessus I, 111 : voir aussi Frg. 1. — Si, en de nombreux pas­ sages, le second rang attribué au Fils peut s’expliquer du fait que le Père est son principe, comme aussi, sans doute, par l’usage litur­ gique qui nomme toujours le Père en premier lieu (I, 252; il, 18; 11, 75), il faut bien reconnaître, dans un texte comme celui-ci, une vraie subordination, qui se retrouve d’ailleurs chez la plupart des premiers Pères (cf. P. Richaud, art. Fils de Dieu, DTC V, 2e p., col. 2421 s.). Dans un monde encore dominé par un paganisme trop avide de retrouver dans la religion nouvelle son propre polythéisme, la pensée chrétienne se devait d’insister sur l'unité de Dieu, et c'est pourquoi le Père sera appelé le Dieu unique (II, 14-17). 2. Ce texte semble réfuter d’avance les accusations de Jérôme (lipisl. 121, 12, J’L 22, 1070-1071 ; Apologia adversus liufinum, PL 23, I, § 254-256 (JEAN 1, 1) 187 prépare toutes choses, par des circonstances favorables, par sa parole, par son gouvernement, par des châtiments et, si l’on peut dire, par ses remèdes spirituels, à recevoir en elles, à la fin, la bonté du Père ; en considération de cette bonté, il dit à celui qui appelle le Fils unique « bon maître » : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon si ce n’est un seul, Dieu le Père". » 255. Nous avons montré la même chose ailleurs à propos de l’existence de quelqu'un qui est plus grand que le Créateur : en effet, nous avons considéré le Christ comme le Créateur1 et le Père comme plus grand que lui. (Le Fils) donc, qui est tout ce que nous avons dit, inter­ cesseur, propitiation, propitiatoire, «r compatissant à nos infirmités parce que, pour nous ressembler, il a éprouvé toutes (les misères) humaines hormis le péchéb », est le « grand-prêtre » qui s’offre lui-même en une unique offrande0 non seulement pour les hommes mais aussi pour tout être spirituel2, car « il a goûté la mort pour tous sauf Dieu » ou, selon certains manuscrits de l’Épître aux Hébreux, « par la grâce de Dieu03». 256. Si c’est «Sauf pour Dieu il a goûté la mort pour tous », il n’est pas mort seulement pour les hommes mais aussi pour les autres êtres spirituels. Si c’est 414) cl de Justinien (fragment cité dans De Prine., CCS V, p. 344-345), selon lesquels Origène aurait enseigné que le sacrifice du Christ devrait être renouvelé pour les dénions. Si certains (J. Barbel, Christos Angelos, p. 290) ont. cru voir dans les Homélies sur le Modique (1, 3) l'affirmation d’un sacrifice spirituel dans le ciel accompagnant le sacrifice sanglant de la Croix, les Homélies sur Josué (VIII, 3 et 4, PC 12, 865 B - 866 Λ cl 866 C - 867 A) exposent clairement qu’il s’agit des deux faces du même sacrifice ; d'autre part la Xe Homélie sur Luc (GCS IX, p. 60-61) montre que l’unique venue de Jésus sur la terre a été un bienfait non seulement pour les habitants de la terre, mais pour ceux du ciel, non seulement pour les hommes d’aujour­ d’hui, mais pour les anciens. Voir II. de I.ubac, op. cil., p. 291 à 291. 3. Cette variante, qui sera de nouveau signalée au livre XXVIII (154), se retrouve dans les manuscrits de VÉpilre aux Hébreux. 188 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN λογικών είτε « χάριτι θεού έγεύσατο τού ύπέρ παντός Θανάτου », ύπέρ πάντων χωρίς Θεού άπέθανε* « χάριτι γάρ θεού ύπέρ παντός έγεύσατο Θανάτου. » 257. Καί γάρ άτοπου ύπέρ άνθρωπίνωυ μέυ αύτόν φάσκειν αμαρτημάτων γεγεΰσθαι Θανάτου, ούκ έ'τι δέ καί ύπέρ άλλου τίνος παρά τόν άνθρωπον έν άμαρτήμασι γεγενημένου, οίον ύπέ^ άστρων, ούδέ τών άστρων πάντως καθαρών δυτών ενώπιον του Θεού, ώς έν τω Ίώβ άνέγνωμευ* « “Αστρα δέ ού καθαρά ενώπιον αύτοΰΛ », εί μή άρα υπερβολικούς τούτο ειρηται. 258. Διά τούτο « μέγας » έστίν « άρχιερεύς », έπειδήπερ πάντα άποκαθίστησι τή τού πατρός βασιλεία, οικονομάν τά έν έκάστω τών γενητών ελλιπή άναπληρωθήναι προς τό χωρήσαι δόξαν πατρικήν. 93 G 259. Ούτος ό άρχιερεύς κατά τινα έτέραν παρά τά είρημένα επίνοιαν « Ιούδας » ονομάζεται, ίνα ο·. έν κρύπτω ’Ιουδαίοι 46 Ρτ. μή άπό τού υιού | ’Ιακώβ ’Ιούδα ’Ιουδαίοι χρηματίζωσιν, άλλα άπό τούτου, οντες αύτοΰ αδελφοί καί αίνοΰντες αυτόν, άντιλαμβανόμενοι τής ελευθερίας, ήν ήλευθέρωνται ύπ’ αύτοΰ ρυσΟέντες άπό τών έχθρών, αύτοΰ τάς χειρας αυτού τω νώτω αύτών έπιθέντος καί ύποτάξαντος αυτούς b. 260. ’Αλλά καί πτερνίσας τήν άυτικειμένην ενέργειαν μόνος τε ορών τόν πατέρα καί, οτε άνθρωπος γεγέυηται, ’Ιακώβ έστι καί ’Ισραήλ* άφ’ ού, ώσπερ γινόμεθα φως, φωτός οντος τού κόσμου, ούτως ’Ιακώβ καλουμένου ’Ιακώβ καί ’Ισραήλ ύνομαζομένου ’Ισραήλ. 93 D XXXVI. 261. (41) Έτι δέ παραλαμβάνει τήν βασιλείαν άπό βασιλέως, δν έαυτοίς έβασίλευσαν οι υιοί Ισραήλ καί t ού διά τού θεού άρξαντες αύτόν και μή γνωρίσαντες τώ Οεώ, a. Job 25, 5 b. Gen. 49, 8 1. Orlgèuc souligne Ici le caractère universel de la rédemption. Nous avons vu plus haut (I. 98 et la note) que les astres ont une si nie cl qu’ils sont faillibles. 2. Juda : ’Ιούδας ; juif : ’Ιουδαίος. I, § 256-261 (JEAN 1,1) 189 •i Par la grâce de Dieu il a goûté la mort pour tous », il est mort pour tous, sauf Dieu, car « par la grâce de Dieu, il a goûté la mort pour tous ». 257. Il serait en effet absurde de dire qu'il n'a enduré la mort que pour les péchés des hommes et non également pour d’autres que l’homme qui se seraient trouvés dans le péché, les astres, par exemple1 ; car les astres même ne sont pas sans souillure en face de Dieu, comme nous le lisons dans le livre de Job : « Les astres ne sont pas purs à ses yeuxa » — à moins que ce ne soit dit par hyperbole. 258. C’est pour cela qu'il est grandprêtre, parce qu’il rétablit toutes choses dans le royaume de son Père, veillant à combler les déficiences de chaque créature pour qu’elle devienne capable de recevoir en elle la gloire du Père. 3. Titres donnés par les prophètes 259. Selon un aspect dont nous n’avons pas encore parlé, ce grand-prêtre est appelé Juda ; ceux qui sont juifs2 dans le secret ne tirent pas leur nom de Juda, fils de Jacob, mais de lui ; ils sont ses frères, le louent et se saisissent de la liberté qu’ils reçoivent, étant sauvés par lui de leurs ennemis : lui, en effet, pose les mains sur le dos des ennemis et les soumetb. 260. Mais aussi, puisqu’il supplante l’activité de l’adver­ saire et qu’il est seul à voir le Père, il est, quand il se fait homme, à la fois Jacob et Israël. C’est pourquoi, de même que nous sommes lumière parce qu’il est la lumière du monde, de même devenons-nous par lui Jacob, parce qu’il est appelé Jacob, et Israël3, parce qu’il se nomme Israël. XXXVI. 261. En outre (le Christ) reçoit le royaume des mains du roi que les enfants d’Israël se sont donné, car ils l’ont établi sans Dieu4 et sans le lui recommander ; en 3. Voir note cornpl. 6, p. 400. I. Texte douteux : peut-être · Dieu ne les gouvernerait pas ». 190 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN πολέμους τε του κυρίου πολέμων3 ετοιμάζει ειρήνην τώ υίώ αύτοΰ, λαω· τάχα δέ διά τούτο « Δαβίδ » προσαγορεύεται 96 Λ καί μετά ταΰτα « ράβδος » τοίς δεομένοις έπιπόνου καί σκληροτέρας αγωγής καί μή έμπαρεσχηκόσιν εαυτούς τή άγάπη καί τή πραότητι τοΰ πατρός. 262. Διά τούτο έάν « ράβδος » καλήται, έξελεύσεται*’· ού γάρ μένει έν άύτώ, άλλ’ έξω τής προηγουμένης καταστάσεως είναι δοκεί. 263. Έξελθών δέ καί γενόμενος « ράβδος » ού μένει « ράβδος », άλλά μετά τήν « ράβδον » « άνθος » γίνεται άναβαϊνον, καί πέρας τοΰ είναι « ράβδος » τδ « άνθος » άποδείκνυται τοίς διά τοΰ αύτδν γεγονέναι « ράβδον » έπισκοπής τετευχόσιν έπισκέψεται γάρ δ θεός « έν ράβδο) », τω Χριστώ, « τάς ανομίας αυτών », ών έπισκέύεται. Τδ δέ έλεος ού διασκεδάσει απ’ αύτοΰc' αύτδν γάρ ελεεί, οτε οΰς βούλεται ο υιός έλεείσθαι ό πατήρ έλεεί. ‘Έστι δέ και μή επί τών αύτών λαμβάνει? « ράβδον » αύτδν γίνεσΟαι καί « άνθος », αλλά « ράβδον » 95 Β μέν τοίς δεομένοις κολάσεως, « άνθος » δέ τοίς σωζομένοις* βέλτιον δ’ οϊμαι τδ πρότερον. 264. Ιίλήν τούτο προσθετέου κατά τδν τόπον, οτι τάχα διά τδ τέλος, εί τινι μέν γίνεται « ράβδος », έσται πάντως « άνθος », ού μήν εί τινι « άνθος », εκείνο» πάντως καί « ράβδος »' εί μή άρα, έπεί έστιν άνθος τελειότερου τοΰ άνθους, καί τοΰ άνθεϊν έπί τών μηδέπω τελείως καρποφορούντων όνομαζο•11 Pr. μένου, οί τέλειοι | τδ ύπέρ το άνθος χωροΰσι τοΰ Χριστού, οί δέ ράβδου αύτοΰ πεπειραμένοι άμα τή ράβδο» ού τής a. Cf. 1 Sam. 25, 28 b. Is. 11, 1 c. Ps. 88 (89). 33-31 1. Ici : bâton qui sert à châtier. 2. Ce sens de προηγούμενος est moins fréquent dans Vin Joannem que celui de · prééminent, supérieur, principal · : 1, 195 cl 200 ; I, 227 ; II, 110; II, 125; II. 215. Cf. A. Orbh, En los albores, p. 226. Au livre X, Origène ira jusqu'à déclarer que, bien que Jésus ait commencé à prêcher et à opérer des miracles à Capharnaüm, ce n’était pas là le I, § 261-264 (JEAN 1, 1) 191 livrant les batailles du Seigneur’1 il procure la paix à son lils, son peuple. C’est peut-être pour cela qu’il porte le nom de David et, plus loin, celui de rameau1 pour ceux qui ont besoin d’une direction rude et sévère et qui ne s’offrent pas à l'amour et à la douceur du Père. 262. Si donc il est appelé rameau, il sortirab, car il ne demeure pas en luimême, mais il paraît quitter sa condition précédente2. 263. Puis, après avoir surgi et être devenu un rameau, il ne le reste pas, mais il devient une ileur qui grandit et cette fleur se révèle comme le but auquel tendait le rameau pour ceux qui, parce qu'il s’est fait rameau, ont subi le châ­ timent ; en effet, Dieu visitera avec ce rameau, c’est-à-dire dans le Christ, les iniquités de ceux qu’il châtiera, mais il ne lui retirera pas sa miséricorde0, il le3 prendra en pitié, car le Père fait miséricorde à qui le Fils veut faire misé­ ricorde. On peut aussi comprendre qu’il ne se fait pas rameau et fleur pour les mêmes hommes, mais rameau pour ceux qui ont besoin de châtiment et fleur pour les sauvés. Mais je pense que la première interprétation est la meilleure. 264. Λ ce propos, ajoutons encore ceci : s’il se fait rameau pour quelqu’un, il sc fera sans doute, à la fin, pleinement fleur pour lui ; quant à celui pour qui il s’est fait fleur, il ne se fera pas forcément rameau pour lui. A moins que (cela ne s’explique ainsi) : puisqu’il y a des fleurs plus parfaites que d'autres et puisque fleurir se dit des plantes qui ne portent pas encore de fruits mûrs, les parfaits sont capables de recevoir du Christ ce qui, en lui, vient après la fleur, tandis que ceux qui ont l'expérience de lui en tant qu’il est rameau n’auront point part à sa perfection en début (archt) de ses signes, car c’est la joie du festin qui est par excel­ lence le signe (προηγούμ«νον σημβίων) du Fils de Dieu (§ 66) : on le voit, προηγούμενος, pas plus qu’arCftê, n’a, dans ce cas, de sens tem­ porel. 3. On remarquera le brusque passage du pluriel au singulier, qui ne provient pas d’Origène, mais du psaume qu’il cite et pour qui la fidélité de Dieu envers David et ses fils est tout un. 192 sur lTîvangile de jean τελειότητος αυτού άλλά τού άνθους τού προ των καρπών αύτού μεταλήψονται. 265. Τελευταϊον προ τού « λόγου » ήν « λίθος » ό Χρίστος, άποδοκιμαζόμενος υπό των οικοδόμων καί « είς κεφαλήν γωνίας » κατατασσόμενος’*· έπεί γάρ λίθοι ζώντες11 οίκοδομοΰνται έπί Οεμελίω έτέροις λίθοις « των αποστόλων και 96 C προφητών, δντος άκρογωνιαίου αύτού Χριστού ’Ιησού0 » τού κυρίου ημών, διά τδ είναι αυτόν μέρος της έκ « λίθων ζώντων » « έν χώρα ζώντων** » οικοδομής « λίθος » προ­ σαγορεύεται. 266. Ταύτα δέ ήμϊν πάντα ειρηται τδ τών πολλών άποκληρωτικδν καί άβασάνιστον έλέγξαι βουλομένοις, ότι τοσούτων ονομάτων είς αύτδν άναφερομένων ϊστανται έπί μόνης της « λόγος » ονομασίας, ούκ έξετάζοντες, τί δήποτε λόγος είναι θεός έν άρχή προς τον πατέρα, δι’ ού τά πάντα έγένετο®, άναγέγραπται « <ό> υίδς τού θεού ». 96 D XXXVΠ. 267. (42) "Ωσπερ τοίνυν παρά τήν ενέργειαν έκ τού φωτίζειν τδν κόσμον, ού φώς έστι, « φως κόσμου1 » προσαγορεύεται, καί παρά τό ποιείν άποτίθεσθαι τήν νεκρό­ τητα τούς γνησίως αύτώ προσιόντες καί άναλαμβάνειν καινότητα ζωής άνισταμένους « άνάστασις8 » καλείται, καί παρ’ έτέραν πράξιν ποιμήν και διδάσκαλος καί βασιλεύς, βέλος τε εκλεκτόν καί δούλος, πρδς τούτοις παράκλητος καί ίλασμδς καί ίλαστηριον, ούτως καί λόγος, καί παν άλογον a. Ps. 117 (118), 22. Maith. 21, 12 b. I Pierre 2, 5 c. CL Éphés. 2, 2012* d. c. L g. Ps. 141 (142). 6 Cf. Jn 1, 1-3 Jn 9, 5 Jn 11. 25 1. L'Ir Joannem reviendra à plusieurs reprises sur la diversité des interventions τελειότερα τού βίου έργα. 268. Et γάρ μετέχοντες αύτοΰ1* άνιστάμεθα και φωτιζόμεθα. τάχα δέ καί ποιμαινόμεΟα ή βασιλευόμεθα, δήλον ότι καί ένθέως λογικοί γινόμεθα, τά έν ήμϊν άλογα καί την νεκρότητα άφανίζοντος αύτοΰ, καθ’ δ « λόγος » έστι καί « άνάστασις ». 269. Έπίστησον δέ εί μετέχουσί πως αύτοΰ πάντες άνθρωποι, καθ’ δ λόγος έστί. Διόπερ ζητεϊσθαι ούκ έξω τών ζητούντων ύπό τών εύρεϊν αύτον προαιρούμενων διδάσκει ημάς ό άπόστολος, λέγων « Μή εϊπης έν τη καρδία 48 Pr. σου' Τίς άναβήσεται εις τον ούρανόν ; τοΰτ’ έστι | Χριστόν καταγαγείν ή· Τίς καταβήσεται εις την άβυσσον ; τοΰτ’ 97 Β έστι Χριστόν έκ νεκρών άναγαγεϊν. ’Αλλά τί λέγει ή γραφή ; Εγγύς σου τό ρήμά έστι σφόδρα έν τω στόματί σου καί έν τη καρδία σου0 »* ώς του αύτοΰ δντος Χριστού καί βήματος τού ζητούμενου. 270. ’Αλλά καί δτε αύτός φησιν ό κύριος· « Εί μή ήλθον καί έλάλησα αύτοίς, αμαρτίαν ούκ εϊχοσαν νΰν δέ πρόφασιν ούκ έ'χουσιν περί της αμαρτίας αύτώνά », ούκ άλλο νοητέον ή οτι ό λόγος φησίν, οις ούδέπω συμπεπλήρωται μή είναι αμαρτίαν, τούτους δέ ένόχους αύτης τυγχάνειν, οι αν μετεσχηκότες ήδη αύτοΰ πράττωσι παρά τάς έννοίας τάς έξ ών ούτος έν ήμϊν συμπληροΰται, καί μόνως ούτως αληθές τό « Εί μή ήλθον καί έλάλησα αύτοϊς, αμαρτίαν ούκ εϊχοσαν. » a. b. c. d. Cf. I Cor. 10, 31 Cf. Héb. 3, 14 Rom. 10. 6-8. Dent. 30, 12 14 Jn 15, 22 1. Opposé Λ la raison : sans logos ; raisonnable : logikos. Contraire­ ment an mot tierbum, le terme de logos désigne couramment la raison (cf. ci-dessus I, 42) : Tertullien le traduit par ratio et par sermo (Adv. Prox. 5). Les anciens n'avaient pas idée d'une raison qui ne serait pas ordonnée au seul bien véritable : toute action mauvaise est déraison* I. s 267-270 (JEAN 1, 1) 195 de nous des êtres vraiment raisonnables’ qui font tout pour la gloire de Dieu, jusqu'au boire et au manger3, et qui, par le Verbe, accomplissent tous les actes de cette vie pour la gloire de Dieu, des plus vils aux plus sublimes. 268. Si c’est en participant de lui1’ que nous ressuscitons et que nous recevons la lumière, peut-être aussi que nous sommes conduits par un berger ou gouvernés par un roi, il est évident que nous devenons raisonnables dans une exaltation divine, lorsqu'il détruit en nous toute déraison et toute mort, en tant qu’il est la raison divine et la résur­ rection. 269. Mais demande-toi si tous les hommes ne sont pas, d'une certaine manière, participants de lui, en tant qu'il est le Verbe. C'est pourquoi on ne le cherche pas en dehors de ceux qui le cherchent, quand on est décidé à le trouver ; l’Apôtre nous l’enseigne par ces mots : « Ne dis pas en ton cœur : Qui montera au ciel ? c'est en faire descendre le Christ ; ni : Qui descendra dans l’abîme ? c’est ramener le Christ de chez les morts. Mais que dit ΓÉcri­ ture ? La parole est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœurc. » Car le Christ et la Parole recherchée sont un seul et même être. 270. Quand le Seigneur dit lui-même : « Si je n’étais pas venu et ne leur avais pas parlé, ils n'auraient pas de péché ; mais maintenant ils n’ont pas d'excuse à leur péchcd», on ne peut comprendre qu'une chose : le Verbe affirme que ceux en qui il n’est pas encore pleinement n'ont pas de péché, tandis que sont responsables de péché ceux qui, bien qu’ils participent de lui, agissent contrairement aux conceptions par lesquelles il trouve en nous sa plénitude; de cette manière seulement, ces paroles sont vraies : « Si je n’étais pas venu et ne leur avais pas parlé, ils n’auraient pas de péché. » nablc (άλογος ou παρ ά λόγον : XX. 326) par définition. Et c’est pourquoi le Fils de Dieu lui-même est, en tant que Logos, le principe de tous les logikoi, les êtres raisonnables qui sont aussi les êtres spirituels. 106 SL-R L’ÉVANGILE DE JEAN 271. Φέρε γάρ έπί Ιησού τού ορατού, ώς οί πολλοί 97 C οίήσονται, τούτ’ έξεταζέσΟω* πώς δέ άληθές τό μή έχειν αμαρτίαν τούτους, οίς ούκ έλήλυΟε ; ΙΙάντες γάρ οι πρό τής επιδημίας τού σωτηρος εσονται αμαρτίας πάσης άπολελυμένοι, έπεί ούκ έληλύθει ό βλεπόμενος κατά σάρκα ’Ιησούς. 272. Άλλά καί πάντες, οίς ούδαμώς άνηγγέλη περί αύτού, ούχ έξουσιν αμαρτίαν, καί δήλον οτι οι μή έχοντες αμαρτίαν κρίσει ούχ ύπόκεινται. 273. Λόγος δέ ό έν άνΟρώποις, ού μετέχειν είρήκαμεν τό γένος ημών, δίχως λέγεται, ήτοι κατά τήν συμπλήρωσιν τών εννοιών, ήτις έν παντί τώ ύπερβεβηκότι τόν παιδα τυγχάνει, υπεξαιρούμενων τών τεράτων, ή κατά τήν ακρότητα, ήτις έν μόνοις τοϊς τελείοις εύρίσκεται. 274. Κατά μέν ούν τό πρότερον τό « Εί μή ήλθον καί έλάλησα αύτοϊς, αμαρτίαν ούκ 97 D είχοσαν νΰν δέ πρόφασιν ούκ εχουσιν περί τής άμαρτίας αύτών » τά όητά έκδεκτέον κατά δέ το δεύτερον « Πάντες οσοι πρό εμού ήλθον, κλέπτάι είσί καί λησταί, καί ούκ ήκουσεν αύτών τά πρόβατα3 ». 275. Πρό γάρ τής τελειώσεως τού λόγου πάντα ψεκτά τά έν άνΟρώποις, άτε ενδεή καί a. Jn ΙΟ, 8 1. Les stoïciens affirment que. à sa naissance, le ηγεμονικόν (ci. cidessus I, 181 et noie compl. 5, p. 399) est comme une page blanche où vont s’inscrire les Éwowti d’abord par la sensibilité, puis par la mémoire et l’expérience, enfui par l’étude et la pensée (πρόληψις) : la raison (λόγος) qui nous fait appeler raisonnables (λογικοί), doit aux pensées (προλήψεις) sa plénitude (Aetius, Placita VJ, 11, dans Diei.s, Doxographi, p. 400). Après eux, Philos affirmera que les enfants ne sont pas encore λογικοί (Legum allegoriae 111,210). Et c’est bien la même concep­ tion que l’on retrouvera dans l’/n Matthaeum (XIII, 16, t. X, p. 220221) : il y a des maladies de l’âme qui ne frappent pas les petits enfants qui n’ont pas encore atteint la plénitude de la raison (λόγος), f.’/n Joan· nern reviendra plusieurs fois sur cette idée : la vie véritable ne se trouve en l’homme qu’une fois sa raison devenue adulte (H, 156); arrivé à l’âge de raison, tout homme est ffis de Dieu ou fils du diable (XX, 107). Et le De Principiis (I, 3, 6), qui, on s’en souvient (cf. notre AuunfPropos, p. 9), est contemporain des premiers livres de notre Commen­ taire, affirme, de son côté, que c’est par leur participation au λόγος I, § 271-275 (JEAN I, 1) 197 271. Eh bien, examine ce texte, en le rapportant à Jésus visible, comme la plupart des gens l'imagineront : comment serait-il vrai que ceux pour qui il n’est pas encore venu n’ont pas de péché ? Alors tous ceux qui ont précédé la venue du Sauveur seraient acquittés de tout péché, puisque Jésus n’était pas encore venu, visible selon la chair. 272. Mais tous ceux à qui il n’a jamais été annoncé n’auront pas non plus de péché et il est évident que, s'ils sont sans péché, ils ne sont pas soumis au jugement. 273. On peut entendre de deux manières le verbe qui demeure parmi les hommes et auquel notre race participe, comme nous l’avons dit : ou selon la plénitude des concep­ tions (fondamentales), ce qui arrive, à quiconque a dépassé l’enfance1 et écarté le monde du merveilleux2, ou selon son développement supreme, qui ne se trouve que chez les parfaits. 274. C’est dans le premier sens qu’il faut inter­ préter ces paroles : « Si je n’étais pas venu et ne leur avais pas parlé, ils n’auraient pas de péché ; maintenant, ils sont sans excuse pour leur péché » et, dans le second, « Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands, et les brebis ne les ont pas écoutés0. » 275. En effet, tant que le verbe n’a pas atteint sa perfection, tout est répréhensible chez les hommes, parce que plein de (traduit par ucrbiun et ratio) que les enfants, devenant, à partir d’un certain âge, capables de discerner le bien et le mal, sont res­ ponsables. 2. Nous nous écartons ici de R. Gôgleh qui traduit : · à l’exception des faibles d’esprit » (Dax Evangelium, p. 136), ce sens ne nous parais­ sant guère attesté pour τέρας. Dans notre Commentaire, τέρας signifie habituellement < prodige · (XXXII, 318 ; de même In Luc. hom. I ; In Luc. frg. 185 dans GCS IX, p. 6 et 304). Si les τέρατα peuvent susciter la foi, c’est une foi inférieure (XIII, 450: XX. 269). Et Origène de donner une définition du mot τέρας — par opposition â σημεϊον — : les actions étranges qui tiennent du prodige (τάς παρα­ δόξους καί τβραστίους δυνάμεις) sont appelées τέρατα du fait même qu’elles se produisent d’une manière étrange et sortant de l’ordinaire, merveilleuse et dépassant les possibilités humaines. 198 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN ελλιπή, οίς τελείως ούχ υπακούει τα έν ήμΐν άλογα, « πρό­ βατα » τροπικώτερον είρημένα. Και τάχα κατά μέν τό πρότερον « ό λόγος σάρξ έγένετο », κατά δέ τδ δεύτερον « θεός ήν ό λόγος ». 276. Τούτω δ' άκόλούΟόν έστι ζητείν <εί τι> έστι μεταξύ τού « ό λόγος σαρξ έγένετο » καί « θεός ήν ό λόγος » έν τοΐς άνθρωπίνοις ίδειν, οιον άναστοιχειουμένου τού λόγου 100 Λ άπδ τού γεγονέναι αυτόν σάρκα και κατά βραχύ λεπτυνοPj Pr. μένου, έως γένηται, | όπερ ήν έν αρχή, θεός λόγος ό πρός τόν πατέρα- ού λόγου τήν δόξαν είδεν ό Ιωάννης αληθώς μονο­ γενούς ώς από πατρός®. XXXVI11. 277. Δύναται δέ καί ό λόγος υίός είναι παρά τδ απαγγέλλει» τά κρύφια τοϋ πατρός έκείνου, άνάλογον τώ καλούμενο» υίώ λόγιο νού τυγχάνοντας. Ώς γάρ ό παρ’ ήμΐν λόγος άγγελός έστι τών ύπδ τοΰ νού δρωμένων, ούτως ό τοΰ θεού λόγος, έγνωκώς τόν πατέρα, ούδενδς τών γενητών προσβαλεϊν αύτώ χωρίς οδηγού δυναμένου, αποκαλύπτει δν έγνω πατέρα. 278. « Ούδείς γάρ £γνω τόν πατέρα, εί μή ό υίός καί ω άν ό υίός άποκαλύψη^ »’ και καθ’ δ « λόγος » έστί, « μεγάλης » τυγχάνει « βουλής άγγελος » ών, ού έγενηθη « ή αρχή έπί τοΰ ώμου αύτοΰ0 »’ έβασίλευσε γάρ διά τού πεπονΟέναι τόν σταυρόνd. a. I». c. d. Jn 1. 14 Maith. 11, 27 Is. 9, 5 Cf. Phil. 2, 9 1. C’est-à-dire : pour tout adulte. 2. C’est-à-dire : pour les parfaits. 3. Le corps est spiritualisé, il ne disparaît pas : Origène professe nettement la résurrection des corps (Enlr. nu. Héraclide 5; frg. in Cor. 84, JTS X, p. 45-46): voir II. Crovzel. L’Image, p. 247-252, où l’on trouvera la bibliographie antérieure. 4. *0 mis devant υίός par Preuschen : omis par Brooke qui suit cependant le même manuscrit. 5. Parole. C’est l’explication commune à tous les premiers Pères : · Dieu s’est révélé par son Fils, qui est son Verbe (Iokace, Magn. 8, 2) ; on l’appelle Verbe, parce qu’il transmet aux hommes le message I, § 275-278 (JEAN 1, 1) 199 lacunes et de déficiences, et n'est pas parfaitement obéi par la partie de nous-mêmes qui est privée de raison et qu’on appelle au figuré « brebis ». Et c’est peut-être scion le premier sens1 que le Verbe s’est fait chair et selon le second2 que le Verbe était Dieu. 276. Il s’ensuit qu’il faut chercher s’il existe, dans les affaires humaines, un étal intermédiaire entre « le Verbe s'est fait chair » et « le Verbe était Dieu » : comme si, apres avoir été chair, le Verbe était revenu à son état primitif, en perdant peu à peu de sa pesanteur3 jusqu’à ce qu’il soit de nouveau ce qu’il était au commencement, le Verbe Dieu auprès du Père. .Jean a contemplé la gloire de ce Verbe, vraiment Fils unique, comme venu du Père®. XXXVIII 277. Or il est pos­ sible que le Verbe soit aussi Fils4 parce qu’il révèle les secrets de son Père, qui est Intelli­ gence d'une façon analogue au Fils appelé Verbe5. Car, de même qu'en nous le verbe est le messager des vues de l’intelligence, de même le Verbe de Dieu, parce qu’il connaît le Père dont nulle créature ne peut approcher” sans guide, révèle celui qu’il connaît, le Père. 278. « Car nul n’a connu le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils l’a révélé b ». En tant qu'il est Verbe, il est le messager du grand conseil et l'empire a été posé sur son épaule®; il est devenu roi parce qu’il a souffert la croix d. b\ Il révèle le Père (όμιλίαι) du Père (Justin, Dial. 128, 2); le Père se révèle par son Verbe qui est son Fils (Irénée, Ado. haer. II, 30, 9,1. I, p. 308) ; et. plus proche encore de notre texte : ce divin Logos est fils authentique du Νους (Clém., Proie. X, 98, 4). 6. IL Crouzel, qui traduit προσβάλλειν par · s’élancer vers ·, ce qui est légitime, a recueilli toute une série de passages, où il exprime, ainsi que προσβολή, « le mouvement de l'intelligence allant à la rencontre des réalités divines « (Origène cl la connaissance, p. 498). Le même terme servira à Plotin pour désigner le contact de l’esprit humain avec l'Un (ibid., p. 499). 200 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN Έν δέ 'ÿi Άποκαλύψει έπί λευκού ίππου καθέζεσθαι8 λέγεται λόγος πιστός καί αληθινός, ώς οϊμαι, παριστας τό σαφές τής ^^τ,ς} ο ηχείται ό ήμϊν έπιδημών αλήθειας λόγος. 279. Ού τού παρόντος δέ καιρού δεϊξαι, ότι έπί τής φωνής πολλαχοϋ τής γραφής, έν ή έστι τά προκείμενα, δι’ ών ώφελούμεθα θείων μαθημάτων άκροώμενοι, κεϊται ή' « ίππος » προσηγορία- Μόνον δέ ενός καί δευτέρου ύπομνηστέον, τού « Ψευδής ίππος είς σωτηρίαν b » καί « Ούτοι έν άρμασι καί οΰτοι έν ίπποις, ήμεϊς δέ έν όνόματι κυρίου θεού ημών μεγαλυνθησόμεθα* ». 280. Τό δέ « Έξηρεύξατο ή καρδία μου λόγον άγαθόν, λέγω έγώ τά έργα μου τω βασιλεϊ0 » έν τεσσαρακοστό) τετάρτω ψαλμώ άναγεγραμμένον, συνεχέστατα ύπό τών πολλών φερόμενον ώς νενοημένον, ήμϊν ούκ άβασάνιστον έατέον. -Εστω γάρ τον πατέρα ταύτα λέγειν. 281. Τίς ούν 100 C ή καρδία αύτού, ίνα ακολούθως τή καρδία « ό αγαθός λόγος » φανή ; Ει γάρ ό « λόγος » ού δεϊται διηγήσεως, ώς εκείνοι ύπολαμβάνουσι, δήλον ότι ούδ’ ή « καρδία »· οπερ έστιν άτοπώτατον, νομίζειν τήν καρδίαν ομοίως τή έν <τώ > ήμετέρω σώματι είναι μέρος τού θεού. 282. Άλλ’ ύπομνη­ στέον αύτούς ότι ώσπερ χειρ καί βραχίων καί δάκτυλος όνομάζεται θεού, ούκ έρειδόντων ήμών τήν διάνοιαν είς ψιλήν τήν λέξιν, άλλ’ έξεταζόντων πώς ταύτα ύγιώς έκλαμβάνειν καί άξίως θεού δεϊ, ούτως καί τήν καρδίαν τού θεού τήν νοητικήν αύτού καί προθετικήν περί τών όλων δύναμιν έκληπτέον, τόν δέ « Λόγον » τών έν εκείνη τό άπαγγελτικόν. 283. Τίς δέ 100 B a. b. c. d. Apoc. 19, 11 Ps. 32 (33). 17 Ps. 19 (20), 8 Ps. -14 (45), 2 1. 2. 3. 4. "Ο ηχείται Μ : ώ όχεΐται Wendlandi Préuschcn. Cf. supra, p. 13G, n. 3. Voir note compl. Ί, p. 401. Voir note, compl. 8, p. 401. I, $ 278-283 (JEAN 1, 1) 201 Dans l’Apocalypse il est dit que le Verbe fidèle et veritable est assis sur un cheval blanc’· pour prouver, je pense, la netteté de la voix que fait retentir1 le Verbe de vérité venant à nous. 279. Il n’est pas opportun de montrer que c’est pour désigner la voix qu’est employé le ternie de cheval en de nombreux passages de l’ÉcriLure où se trouve exposé ce qui est pour notre bien, si nous écoutons les enseignements divins. Nous nous bornerons à un ou deux exemples : « C’est une illusion qu'un cheval pour se sauver1’ » et « Ceux-ci se glori­ fient de leurs chars, ceux-là de leurs chevaux, mais nous, c’est du nom du Seigneur, notre Dieu, que nous nous glorifions0 ». 280. Quant à ces mots : a Mon cœur a cxjiajJi unc ])Onnc parole ; .... . je declare . : mes... œuvres sont pour , __ 1 le roi », qui sont écrits au Psaume 44 et que beaucoup citent constamment, comme s’ils en saisissaient le sens, nous ne devons pas les laisser sans examen. 281. On admet que c'est le Père qui dit cela. Comment son cœur est-il donc, pour que la bonne parole en jaillisse, conformément à la nature de ce cœur ? Car si, comme ces gens-là2 le supposent, le terme de « parole » n’a pas besoin d’explication, celui de cœur n’en a certainement pas besoin non plus, ce qui serait tout à fait absurde : car on imaginerait que le cœur est une partie de Dieu, de même qu’il est (une partie) dans notre corps. 282. Mais il faut leur rappeler que, tout comme quand il est parlé d'une main, d’un bras ou d'un doigt de Dieu, nous n’attachons pas notre pensée à l'expression littérale, mais nous cher­ chons comment entendre cela sainement et d'une manière digne de Dieu3, de mémo il faut interpréter le « cœur de Dieu » comme la puissance de son intelligence et son pou­ voir de diriger l’univers et sa « Parole » comme le messager de ce qui est dans ce cœur1. 283. Mais quel messager c) Interprétation do « Mon cœur a exhale Λ Λ , une bonne paroleu » 202 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 50 Fr. απαγγέλλει τήν βουλήν του πατρός | τοϊς των γενητών άξίοις καί παρ’ αύτούς γεγενη μένος ή ό σωτήρ ; 100 I) Τάχα δέ καί ού μάτην τό « έξηρεύξατο »’ μυρία γαρ έτερα έδύνατο λέγεσθαι άντί τού « έξηρεύξατο »' « προέβαλεν ή καρδία μου λόγον αγαθόν », « έλάλησεν ή καρδία μου λόγον αγαθόν »· άλλα μήποτε ώσπερ πνεύματός τίνος άποκρύπτου εις φανερόν πρόοδός έστιν ή έρυγή τοϋ έρευγομένου, οίονεί διά τούτου άναπνέοντος, ούτω τά τής άληθείας θεωρήματα ού συνεχών ό πατήρ έρευγεται καί ποιεί τόν τύπον αύτών έν τώ λόγω, καί διά τούτο « zly.ôv. » καλουμένω 101 Λ « τού αοράτου θεού1’ ». Καί ταύτα μέν, Ενα συμπεριφερόμενοι τη τών πολλών εκδοχή παραδεξώμεθα από τού πατρός λέγεσθαι τό « Έξηρεύξατο ή καρδία μου λόγον αγαθόν. » XXXIX. 284. Ού πάντη δέ αύτοϊς παραχωρητέον ώς όμολογουμένως ταύτα άπαγγέλλοντος τού θεού. Διά τί γάρ ούχί ό προφήτης εσται λέγων, πληρωθείς τού πνεύματος καί προφερόμενος λόγον αγαθόν περί προφητείας της περί Χριστού, συνέχειν αύτόν ού δυνάμενος, τό « Έξηρεύξατο ή καρδία μου λόγον άγαθόν, λέγω έγώ τά έργα μου τώ βασιλε? ή γλωσσά μου κάλαμος γραμματέως όξυγράφου’ ωραίος κάλλει παρά τούς υιούς τών άνΟρώπων »· είτα πρός αύτόν τόν Χριστόν « Έξεχύθη ή χάρις έν χείλεσί σου1’ » ; 285. Πώς γάρ, εί ό πατήρ ταύτ’ έλεγεν, έπεφέρετο τώ « Έξεχύθη ή a. Col. 1, 15 b. Ps. 44 (45), 2-3 1. A. Orbe distingue ici deux aspects dans l’action du Père : l’action mentale constituant la Sagesse et l’action volitive qui, par l’exhalaison, la dote d’une existence propre — Origène insiste, en effet, à propos de la génération du Verbe, tantôt sur l'aspect intelli­ gence (I. 277). tantôt sur l’aspect volonté (voir noie compl. 8, p. 401) —. I.’auteur ajoute : si la procession du Fils était purement mentale, il lui manquerait l’existence personnelle ; si elle était purement volitive, il lui manquerait le caractère de · pensée concrète du Père · et, donc, celui de Fils (Hacia lu primera leologia, p. 450-452). I, § 283-285 (JEAN 1, 1) 203 annonce la volonté (lu Père aux créatures qui en sont dignes, en demeurant auprès d’elles, si ce n'est le Sauveur ’? Ce n’est sans doute pas sans raison qu’il a employé le verbe « exhaler ». Il pouvait en effet en employer des milliers d’autres au lieu d’exhaler : « mon cœur a produit une bonne parole », « mon cœur a prononcé une bonne parole »... Mais, de même que l’exhalaison est comme la sortie à l’air libre d’un souffle cache — celui qui l’exhale respire par elle —. de même, peut-être, le Père, ne renfer­ mant pas en lui la vérité qu’il contemple, l’exhale et en forme l’empreinte dans son Verbe1, qui est appelé pour cette raison « l’image du Dieu invisible® ». Nous avons dit cela pour nous rallier à l’interprétation courante2 et recevoir ainsi comme venant du Père (la phrase) : « Mon cœur a exhalé une bonne parole ». XXXIX. 284. Mais il ne faut pas leur céder entièrement comme si, de l’aveu de tous, ces mots étaient prononcés par Dieu. Car pourquoi ne serait-cc pas le prophète, rempli d’Esprit et proférant la bonne parole de la prophétie au sujet du Christ, qui, incapable de la retenir, dit : « Mon cœur a exhalé une bonne parole ; je déclare : mes œuvres sont pour le roi ; ma langue est le roseau d’un scribe rapide ; il est beau d’une beauté que n’ont pas les fils des hommes. » Puis il dit au Christ lui-même : « La grâce est répandue sur les lèvres1». » 285. En effet, si ces paroles venaient du Père, comment, après avoir dit : «La grâce est 2. Ce texte est, en effet, mis par de très nombreux Pères en corré­ lation avec la génération du Fils, aussi bien avant Origène, par Justin (Dial. 38, 6.7), Théophile o’Antiocbe (Ad Autel. II, 10, 6). Tertullien (Adv. Prax. 7), qu’aprés lui, par Athanash (Ex. in Ps. Fi, 2, PG 27, 207 B). — D’après le Commentaire sur tes Psaumes (R. C.Aniou, Commentaires inédits, p. 77), c’est celui qui a été nourri de pain spi­ rituel et en a rassasié son âme, qui profère de son cœur une bonne parole : ceci suppose que ce verset est mis dans la bouche d’un homme, comme le déclare la suite du même Commentaire, qu’elle soit ou non d’Origène. 204 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN 101 B χάρις έν χείλεσί σου » τό « Διά τούτο εύλόγησέ σε ό θεός εις τόν αιώνα » καί μετ’ όλίγα « Διά τούτο εχρισέ σε ό θεός, ό θεός σου, ελαιον άγαλλιάσεως παρά τούς μετόχους σου“ » ; 286. Άνθυπενέγκοι δέ τις βουλόμενος έκ τού πατρός τά έν τώ ψαλμώ άπαγγέλλεσθαι τό « “Ακουσον, Ούγατερ, καί ΐδε καί κλίνον τό ούς σου, καί έπιλάΟου τού λαού σου καί του οίκου τού πατρός σου1* »' ού γάρ ό προφήτης προς τήν εκκλησίαν έρεε τό « "Ακουσον, Ούγατερ ». 287. Ού χαλεπόν δέ δεϊξαι καί άπό ετέρων ψαλμών, 6τι προσώπων γίνονται έπί πλεϊον έναλλαγαί, ώστε καί ένΟάδε δύνασΟαι άπό τού « "Ακουσον, Ούγατερ » τόν πατέρα λέγειν. 288. Παραθετέον δή εις τήν περί τού λόγου έξέτασιν καί τό « Τώ λόγω τού κυρίου οί ούρανοί έστερεώΟησαν, και τώ 101 C πνεύματι αύτού πασα ή δύναμίς αύτώνc »· άπερ τινές ηγούνται έπί τού σωτηρος καί τού αγίου τάσσεσΟαι πνεύματος, δυνάμενα δηλούν τό λόγω θεού τούς ούρανούς έστερεώσθαι, ώς εί λέγοιμεν λόγω άρχιτεκτονικώ τήν οικίαν καί λόγω ναυ­ πηγικοί τήν ναΰν γεγονέναι, ούτως οΰν λόγω θεού τούς | 57 Ργ. ούρανούς, Οειοτερου τυγχάνοντας σώματος καί διά τούτο καλούμενου « στερεού », ούκ εχοντος τό έπιπολύ (Ρευστόν και εύδιάλυτον τών λοιπών καί κατωτέρω, έστερεώσθαι καί διά τό διάφορον έσχηκέναι έξαιρέτως τώ Οείω λόγω. 289. Έπεί οδν πρόκειται τό « Έν αρχή ήν ό λόγος » σαφώς ίδείν, « άρχή » δέ μετά μαρτυριών τών έκ τών a. Ps. 44 (45), 8 b. Ps. 44 (45), 11 c. Ps. 32 (33), 612 1. Voir ci-dessus I, 114 et la note. 2. Cette manière de considérer le firmament comme un corps ferme, une voûte solide, qui retient la masse des eaux au-dessus du ciel (Gen. 1, 6-7) est habituelle chez les Juifs (J. T. Nblis, art. Firmament, dans DEB, col. 671-672; G. Bertham, art. στερεόν dans Kilict VU, 1964, p. 609-610), plutôt exceptionnelle chez les Grecs (Parménide dans Diki.s, Doxographi, p. 335 ; cf. Hultsch, art. Astronomie dans Paubj IL 2, 1896, col. 1836). On la retrouve chez Philon (De Opificio I. § 285-289 (JEAN 1, 1) 205 répandue sur tes lèvres », aurait-il ajouté : « C'est pourquoi Dieu l’a béni pour toujours » et, un peu plus loin : « C’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie plutôt que tes compagnons» ». 286. Cependant, tenant à ce que ce Psaume ait été prononce par le Père, quelqu’un m’objectera (le verset) : « Écoute, ma fille, regarde et prête l’oreille, oublie ton peuple et la maison de ton pèreb » : car ce n’est pas le pro­ phète qui va dire à l’Église : « Écoute, ma fille». 287. Mais il n’est pas difficile de montrer, d'après d'autres psaumes, qu'il s'y trouve souvent des changements de personnages : il est donc possible que ce soit le Père qui parle dans celui-ci à partir de « Écoute, ma fille ». 288. Pour la compréhension du mot « Verbe » il faut citer encore : « Par le Verbe du Seigneur les cieux ont été affermis et par le souffle de sa bouche toute leur armée®. » D’après certains, il s'agit ici du Sauveur et de l'Esprit Saint et ce texte peut prouver que les cieux ont été affermis par le verbe de Dieu ; comme si nous disions que la maison a été construite par le verbe de l’architecte, ou le bateau par le verbe de l’armateur1, ainsi c’est par le Verbe de Dieu que les cieux ont etc affermis, ayant un corps plus divin qui porte, pour ce motif, le nom de « firmament2 », car celui-ci n’a pas le caractère généralement fluide et instable des autres créatures (qui sont) inférieures, et il est, à cause de son excellence, l’objet de la prédilection du Verbe divin. Conclusion 289. Puisque notre propos était de voir nettement le sens de « Dans le principe était le Verbe » et qu’il a été mundi 30) qui voit dans le firmament le corps le plus parfaitement solide qui existe. SUR L’ÉVANGILE UE .JEAN 206 παροιμιών» άποδέδοται είρήσθαι ή σοφία, και εστι προεπινοουμένη ή σοφία του αύτήν άπαγγέλλοντος λόγου, νοητέον 101 D τδν λόγον έν τή άρχή, τοΰτ’ έστι τη σοφία, άει είναι' οντα δέ έν τή σοφία, καλουμένη « άρχή », μή κωλύεσθαι είναι « πρδς τδν θεόν », καί αύτδν Οεδν τυγχάνοντα, καί ού γυμνώς είναι αύτδν « πρδς τδν θεόν », αλλά όντα « έν τη αρχή », τή σοφία, είναι « πρδς τδν θεόν ». 290. Επιφέρει γούν καί φησιν· « Ούτος ήν έν άρχή πρδς τδν θεόν »· έδύνατο γάρ είρηκέναι* « Ούτος ήν πρδς τδν θεόν »· άλλ’ ώσπερ « ήν έν άρχή », ούτως καί « πρδς τδν Οεδν » « έν άρχή ήν ». Καί « πάντα δι’ 101 A αύτοΰ έγένετου » όντος « έν τή άρχή »' « πάντα » γάρ « έν σοφία » ό Οεδς κατά τδν Δαβίδ έποίησε0. 291. Και έτι εις τδ παραδέξασθαι τδν λόγον ίδιαν περιγρα­ φήν έχοντα, οιον τυγχάνοντα ζην καθ’ εαυτόν, λεκτέον καί περί δυνάμεων, ού μόνον δυνάμεως' « ’Γάδε γάρ λέγει κύριος τών δυνάμεωνd » πολλαχού κείται, λογικών τινων θείων ζώων δυνάμεων δνομαζομένων, ών ή ανωτέρω καί κρείττων Χρίστος ήν. ού μόνον σοφία θεού άλλα καί δύναμις® προσαγορευόμενος. 292. "Ωσπερ ούν δυνάμεις θεού πλείονές είσιν, ών έκαστη κατά περιγραφήν, ών διαφέρει ό σωτηρ, ούτως καί λόγος — εί καί ό παρ’ ήμίν ούκ έστι κατά περιγραφήν έκτος ήμών — νοηθήσεται δ Χριστός διά τά προεξητασμένα, έν άρχή, τή σοφία, τήν ύπόστασιν έχων. 104 Β Ταύτα ήμϊν έπί τού παρόντος άρκέσει εις τδ « Έν άρχή ήν ό λόγος. » a. b. c. <1. c. Cf. Jn Cf. Cf. Cf. Prov. 8. 22 1, 3 Ps. 103 (104), 24 Ps. 23 (24). 10 ; 58 (59). 6 ; 79 (80), 5.8 I Cor. 1, 21 1. § 289-292 (JEAN 1,1) 207 montré, à l’aide des témoignages des Proverbes·1, que la Sagesse est appelée « principe n et que la notion de la Sagesse précède celle du Verbe qui l’annonce, il faut donc com­ prendre que le Verbe reste toujours dans le principe, c’està-dire dans la Sagesse. Mais, comme il demeure dans la Sagesse, appelée principe, rien ne l'empêche d’être auprès de Dieu et d’être lui-même Dieu ; mais il n’est pas simple­ ment auprès de Dieu, il est auprès de Dieu dans le principe, la Sagesse. 290. (Jean) ajoute en effet : « Celui-ci était dans le principe auprès de Dieu », alors qu’il aurait pu dire : « Celui-ci était auprès de Dieu ». Mais, de même qu’il était dans le principe, il était aussi dans le principe auprès de Dieu. « Toutes choses ont été faites par lui1* » alors qu’il demeurait dans le principe, car, selon David, « Dieu a tout crée dans sa Sagesse0 ». 291. Et, pour admettre que le Verbe a une individualité propre en tant qu’il vit par lui-même1, il faut parler aussi des puissances et non seulement de la puissance ; il est écrit en effet à plusieurs reprises : « Voici ce que dit le Seigneur des puissances(I », car il y a des êtres vivants, spirituels et divins, appelés puissances, dont le plus élevé et le meilleur était le Christ, qui avait non seulement le titre de Sagesse de Dieu, mais aussi celui de puissance0. 292. De même donc qu’il existe beaucoup de puissances de Dieu, dont chacune a son individualité, et que le Sauveur l’emporte sur elles, de même, bien que le verbe qui est en nous n’ait pas d’individualité propre en dehors de nous, on compren­ dra, par tout ce qui a été établi, que le Christ est un Verbe doué d’existence personnelle dans le principe, la Sagesse. Ces considérations nous suffiront, pour le moment, à expliquer κ Dans le principe était le Verbe ». 1. Pour autant qu’il a une existence qui lui est propre et qui ne se confond pas avec celle du Père mais non en tirant de lui-même sa vie, car il reçoit à chaque instant du Père tout ce qu’il est (II, 18 ; XIII, 219). 208 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN ΤΩΝ ΕΙΣ ΤΟ ΚΑΤΑ ΙΩΑΝΝΗΝ ΕΥΑΓΓΕΛΙΟΝ ΕΞΗΓΗΤΙΚΩΝ 52 Pr. ΤΟΜΟΣ Β' 104 C Και ό λόγος ήν πρδς τόν (teôv, και Θεδς ήν ό λόγος". 1. 1. Αύτάρκως κατά την παρούσαν δύναμιν, ιερέ αδελφέ ’Αμβρόσιε καί κατά τδ εύαγγέλιον μεμορφωμένε, έν τοΐς πρδ τούτων διαλαβόντες τί έστιν εύαγγέλιον καί τίς ή άρχή, έν η ήν ό λόγος, τίς τε ό λόγος ό έν άρχή, ακολούθως νυν έπισκοπούμεν πώς « ό λόγος ήν πρδς τδν θεόν ». 2. Χρήσιμον τοίνυν συναγαγεΐν εις τούτο λόγον άναγεγραμμένον γεγονέναι πρός τινας, οίον « λόγος κυρίου, δς έγενήθη πρδς Ώσηέ111, τδν τού Βεηρεί » καί « ο λόγος ό γενόμενος a. Jn 1, 1 b. Os. 1, 1 1. On pourrait faire toute une étude de la théologie morale d’Orlgène, en partant de cette conformité Λ l’Évangile ou ù la personne du Christ. Elle s'exprime d'ailleurs de plusieurs manières : « formé selon Dieu » (K. Staab, Nette Fragmente ans dem Kômmentar des Origenes zum namerbrief, frg. I. p. 74-75), « formé selon lui (le Christ) » (Jn Jo. VI, 42), « formé selon moi (le Verbe) «· (XIII, 101). Un des passages les plus frappants concerne la formation de Jean-Baptiste encore dans le sein de sa mère (VI, 252). Qu’on se souvienne aussi de la nécessité pour le vrai chrétien de devenir, comme le disciple hienaimé. un autre Jésus (I, 23). Voir H. Ckouzel, Théologie. de l’image, p. 227-230. 209 π, § 1-2 COMMENTAIRE SUR L’ÉVANGILE SELON JEAN LIVRE II Et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu1' 1. Présence du Verbe auprès de ET AUPRÈS DES HOMMES Dieu 1. 1. Autant que nous en étions capables, saint frère Ambroise, formé selon l’Évangile1, nous avons explique dans ce qui précède ce qu’est un évangile, quel est le prin­ cipe dans lequel était le Verbe et quel est le Verbe qui était dans le principe ; à la suite de cela, nous allons examiner maintenant comment « le Verbe était auprès de Dieu ». 2. Mais, pour cela, il sera utile d’établir un rapprochement avec „ , . , . un Verbe qui, selon les Ecritures, est venu à certains hommes, par exemple : « un Verbe du Seigneur qui vint à Osée, fils de Béerib », « le Verbe venu H , y , va , chez les hommes·· 2. Έγίνβτο indique une présence qui a lieu à un moment donné, sans avoir été auparavant et sans avoir persisté. On remarquera qu'au § 7 Origène emploie έρχεται comme synonyme. Le livre XX dira (§ 398) : « Le Verbe envoyé aux prophètes, c’est celui qui était au commencement auprès de Dieu. > 14 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 210 πρός Ήσαίαν, υίόν Άμώς, περί της Ίουδαίας καί περί ‘Ιερουσαλήμ3 » καί « ό λόγος ό γενόμενος προς 'Ιερεμίαν 105 Λ περί τής άβροχίας11 ». 3. ΙΙώς ούν λόγος κυρίου έγενήΟη προς Ώσηέ, καί ό λόγος έστίν ό γενόμενος πρός ‘Ησαίαν, υιόν Άμώς, καί πάλιν « ό λόγος προς Ιερεμίαν περί τής άβροχίας », έπισκοπητέον, ίν’ ώς παρακείμενον εύρεθήναι δυνηθή, πώς « ο λόγος ήν πρός τόν θεόν ». 4. Ό μέν ούν πολύς άπλούστερον έκλήψεται τα περί τών προφητών είρημένα ώς λόγου κυρίου ή του λόγου γενομένου πρός αύτούς. Μήποτε δέ, όίς φαμεν τόνδε τινά πρός τόνδε γίνεσΟαι, ούτως ό νυν θεολογούμενος « υιός λόγος » έγενήθη πρός Ώσηέ, άποσταλεις υπό τού πατρός προς αύτόν κατά μέν την ιστορίαν πρός τόν υίόν τού Βεηρεί, προφήτην Ώσηέ, κατά δέ μυστικόν λόγον πρός τόν σωζόμενον - Ώσηέ γάρ ερμηνεύεται « σωζόμενος » — υιόν Βεηρεί, δς ερμηνεύεται •53 Ρτ. « φρέατα »· πηγής γάρ έκ βάθους | άναβλυστανούσης, 105 Β σοφίας θεού, έκαστος τών σωζομένων υιός γίνεται. 5. Καί ούδέν θαυμαστόν ούτοας υιόν φρεάτων είναι τόν άγιον, άπό τών ανδραγαθημάτων πολλαχού υίόν όνομαζόμενον, παρά μέν τό λάμπειν αύτοΰ « τά έργα έμπροσθεν τών άνθρώπων » φωτός0, παρά δέ τό έχειν τήν « ειρήνην τού θεού την ύπερέχουσαν πάντα νουν*1 » ειρήνης· έτι δέ διά τήν άπό τής σοφίας ώφέλειαν, « τέκνον σοφίας »' « έδικάιώθη, γάρ φησιν, ή σοφία άπό τών τέκνων αύτής® ». 6. Ούτως ούν ό πάντα a. Is. 2, 1 b. c. d. c. Jér, 14, 1 Cf. Jn 12, 36. I Thcss. 5, 5. Matth. 5, 16 Cf. Le 10, 6. Phil. 4, 7 Le 7, 35. Matth. 11, 19123 1. Il n'y a qu’un Verbe de Dieu, le Fils (II, 37-10). Nous avons vu plus haut que Moïse et les prophètes ont connu le Verbe, de Dieu (I, 37 et la note) et que, d'après certains passages des Écritures, il est apparu avec la puissance des anges (I, 218 et la note). 2. Θεολογεϊν est d’un emploi fréquent pour désigner la divinité du Christ. On trouvera de nombreuses références chez Lampe. 1.111, p. 627. 3. Origène est ici d’accord avec les modernes : D. Dedkn, art. Osie, II, § 2-6 (JEAN 1, 1> 211 à Isaïe, fils d’Ainos. au sujet de la Judée et. de Jérusalem0 « et encore « le Verbe venu à Jérémie au sujet de la séche­ resse b». 3. Comment un Verbe du Seigneur est venu à Osée, comment il y eut aussi le Verbe qui vint à Isaïe, fils d’Ainos, et encore le Verbe qui vint à Jérémie au sujet de la séche­ resse, il faut le rechercher, afin que, en les comparant, on puisse trouver comment le Verbe était auprès de Dieu1. 4. La plupart des gens prendront superficiellement les paroles relatives aux prophètes, concernant un Verbe du Seigneur ou le Verbe venant jusqu’à eux. Mais est-ce que, de môme que nous disons qu’un tel va trouver un tel, le Fils (et le) Verbe, dont on parle maintenant comme d’un Dieu2, s'est rendu chez Osée, envoyé par son Père auprès de lui ? (c’est-à-dire), d’après l’histoire, auprès du prophète Osée, fils de Béeri, et, au sens mystique, auprès du sauvé — car Osée signifie « sauvé »3 —, fils de Béeri, qui veut dire « puits4 » ; car chacun des sauves devient le fils d’une source jaillissant des profondeurs, la Sagesse de Dieu5. 5. Il n’y a rien d’étonnant à ce que le saint soit ainsi le fils des puits, car, en bien des passages (de l-Écriture), il est appelé fils à cause de ses bonnes actions : (fils) de la lumière, parce que « ses œuvres brillent devant les hommes0 », (fils) de la paix, parce qu’il possède la « paix de Dieu qui surpasse toute intelligence11», enfant de la sagesse, à cause du profit qu’il retire de la Sagesse : a car, est-il dit, la Sagesse a été justifiée par ses enfants®». 6. Ainsi donc celui qui, par dans DEB: « Yahwé sauve. » et M. Noth, Dic israelilisclien Personennamen, p. 175-176. Jérôme donne (PI. 23, 829-830) : « saluons uel saluatus ». ■1. M. Noth, op. cil., p. 224, < puits ». Jérôme (PL 23, 829-830) : « puteus meus in lumine ». ô. Ouvrir des puits, c’est donner aux hommes la possibilité de connaître Dieu. Notre âme est un puits d’eau vive, où Dieu a placé son image comme une source jaillissante. Les Philistins cherchent à l’obstruer et c’est le Verbe de Dieu qui dégage les puits de l’âme comme ceux de l’Écriture (In Gen. hom. XI11, SC 7, voir particulière­ ment p. 222-231, mais il faudrait la lire en entier). 212 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN έρευνών θείω πνεύματι καί τά βάθη τού θεού®, ώστε άποφθέγξασθαι αύτόν « ΤΩ βάθος πλούτου καί σοφίας καί γνώσεως θεού1* », δύναται είναι « φρεάτων υιός », πρός ον ό λόγος τού κυρίου γίνεται. 7. 'Ομοίως λόγος καί πρός Ήσαΐαν έρχεται, διδάσκων τά έν έσχάταις ήμέραις άπαντησόμενα τή Ίουδαία καί 'Ιερουσαλήμ· ωσαύτως δέ καί πρός 105 C 'Ιερεμίαν θείω μετεωρισμό έπαρθέντα* ερμηνεύεται γάρ « μετεωρισμός Ίαώ ». 8. ’Αλλά πρός μέν τούς ανθρώπους πρότερον ού χωροΰντας τήν τού υιού τού θεού, λόγου τυγχάνοντος, έπιδημίαν ό λόγος γίνεται* « προς δέ τόν θεόν » ού γίνεται, ώς πρότερον ούκ ών πρός αύτόν, παρά δέ τό άεί συνεϊναι τω πατρί λέγεται- « Καί ό λόγος ήν πρός τον θεόν »· ού γάρ « Έγένετο πρός τόν θεόν ». 9. Και ταύτόν ρήμα τό « ήν » τού λόγου κατηγορεΐται, ύτε « έν άρχή ήν » καί ότε « πρός τόν θεόν ήν », ούτε τής άρχής χωριζόμενος ούτε τού πατρός άπολειπόμενος, καί πάλιν ούτε από τού μή είναι « έν άρχή » γινόμενος « έν άρχή » ούτε άπό τού μή τυγχάνειν « πρός τόν θεόν » έπί τό « πρός τόν θεόν » είναι γινόμενος- πρό γάρ παντός χρόνου καί αίώνος « έν 105 D άρχή ήν ό λόγος », καί « ό λόγος ήν πρός τόν θεόν ». 10. Έπεί τοίνυν είς εύρεσιν τού « Καί ό λόγος ήν πρός <τόν> θεόν » παρεθέμεθα λέξεις προφητικάς, πώς έγένετο πρός Ώσηέ καί Ήσαΐαν καί 'Ιερεμίαν, παρετηρήσαμέν τε ού a. Cf. I Cor. 2, 10 b. Rom. 11, 331 2 1. Origène est ici assez proche de l’exégèse moderne: M. Noth voit dans ce nom (pp. cil., p. 201) une prière pour · être relevé » du malheur et de la détresse. Parmi les interprétations antiques, S. Wutz cite — à côté de celle que nous avons ici ΰψηλος κύριος ou ύψούμενος κυρίου (le excelsus Domini de Jérôme, PL 23, 853-854), qui est très proche de celle d’Origènc, cl παροχή ΰδατος, fourniture d’eau (op. cil. passim). 2. Il est de l’essence du Verbe de demeurer auprès de Dieu, non de séjourner parmi les hommes. La différence entre l’être et le devenir a été soulignée par Platon d’une manière apparemment définitive (Hip. VI, 508 d e ; Soph. 248 a ; voir supra, p. 143, n. 3). - - On aura remarqué que c’est ce même verbe γίγνομαι qui est utilisé pour les Π, 5 6-10 (JEAN 1, 1) 213 l’Esprit divin, sonde tout jusqu’aux profondeurs de Dieu0, au point de pouvoir s’écrier : α O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dicub », celui-là peut être le fils des puits et le Verbe du Seigneur vient à lui. 7. De même, le Verbe va chez Isaïe pour l’instruire de ce qui arrivera aux derniers jours à la Judée et à Jérusa­ lem ; de même aussi chez Jérémie, qui est exalté d'une exaltation divine : son nom signifie en effet « exaltation de Yahwé »l. 8. Mais, si le Verbe vient chez les hommes qui auparavant auprès de Dieu2 n’avaient pas de place pour sup­ porter la présence du Fils de Dieu, qui est le Verbe, il ne va pas auprès de Dieu, comme s’il n’était pas auparavant auprès de lui : parce qu’il demeure toujours avec le Père, il est dit : « Le Verbe était auprès de Dieu » et non : « Le Verbe vint auprès de Dieu. » 9. EL le même terme a il était » est employé pour le Verbe lorsqu’il « était dans le prin­ cipe » et lorsqu’il « était auprès de Dieu », parce qu’il ne fut (jamais) ni séparé du principe, ni éloigne du Père ; en outre, il n’est pas venu dans le principe alors qu’il n’était pas auparavant dans le principe, et il n’est pas venu auprès du Père, alors qu’il n’était pas auparavant auprès du Père, car, avant tout temps et avant l’éternité, le Verbe était dans le principe et le Verbe était auprès de Dieu. b) Il demeure 10. Maintenant donc que, pour trouver (le sens de) a Et le Verbe .. > τί· était auprès de Dieu », nous avons * mis en parallele les textes des prophètes concernant la manière dont il vint à Osée, à Isaïe et à Jérémie, et que nous avons relevé une différence c, Son rôle près des nommes , , et près de Dieu attributs que le Fils de Dieu a assumés pour la rédemption du monde (I, 112. 117 : I. 119; I, 217 ; I. 230). 211 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN τήν τυχοΰσαν διαφοράν του « έγενήθη » και « έγένετο » 108 A πρδς τδ « ήν », προσθήσομεν, ότι έν μέν τφ πρδς τούς προφήτας γίνεβθαι φωτίζει τούς προφήτας τω φωτι της γνώσεως, ποιων αύτούς άτε έμπροσθεν βλέποντας δραν, ά πρδ αύτοΰ ού κατενόουν πρδς δέ τδν θεόν f τδ « θεός » έστι 54 l'r. τυγχάνων I άπδ του είναι προς αύτόν. 11. Καί τάχα τοιαύτην τινά τάξιν δ ’Ιωάννης έν τω λόγω ίδών ού προέταξε τδ « Θεδς ήν ό λόγος » του « 'Ο ?νόγος ήν πρδς τδν θεόν », όσον έπί ταϊς άποφάσεσιν ούδέν άν κωλυΟέντος του ειρμού πρδς τδ καθ’ αύτδ ιδεϊν έκάστου τών άξιωμάτων τήν δύναμιν’ έν γάρ αξίωμα τδ « Έν άρχή ήν δ λόγος » καί δεύτερον τδ « Ό λόγος ήν πρδς τδν θεόν » καί έξης « καί θεδς ήν δ λόγος ». 12. Άλλ’ έπεί τάχα τάξιν τινά δηλοΐ τδ πρώτον τετάχθαι τδ <( έν άρχή ήν ό λόγος » κατά τδ ούτως έξης τδ « καί ό λόγος ήν πρδς τδν θεόν » καί τρίτον 108 Β τδ « καί θεδς ήν δ λόγος », διά τούτο, Ενα δυνηθή άπδ τού « πρδς τδν Οεδν » είναι δ λόγος νοηθήναι γινόμενος θεός, λέγεται’ « Καί δ λόγος ήν πρδς τόν θεόν », έπειτα’ « Καί θεδς ήν δ λόγος. » II. 13. (2) ΙΙάνυ δέ παρατετηρημένως καί ούχ ώς έλληνικήν άκριβολογίαν ούκ έπιστάμενος ό ’Ιωάννης όπου μέν τοϊς άρθροις έχρήσατο οπού δέ ταύτα άπεσιώπησεν, έπί μέν τού λόγου προστιθείς τδ « ό », έπί δέ της θεδς προσηγορίας οπού μέν τιθείς όπου δέ αϊρων. 14. Τίθησιν μέν γάρ τδ άρθρου, οτε ή « θεδς » ονομασία επί τού άγενήτου τάσσεται τών όλων αιτίου, σιωπά δέ αύτό, οτε δ λόγος « θεδς » δνομάζεται. 1. Lacune : nous nous sommes servi pour traduire du texte complété eu note par Preuschen et. corrigé par lui : πρδς δέ τδν Οεδν τυγχάνων <ό λό>γος θεός έστιν άπδ τοϋ είναι πρδς αύτόν. 2. Αϊρων Preuschen : διαίρων Μ. 3. On peut évoquer le texte de Ριιιιλχ : < La parole divine désigne le vrai Dieu par l’article... et le dieu improprement (έν καταχρήσει) appelé ainsi sans l’article · (De somniis I, 229 trad. Savinel). Mais ne convient-il pas de rappeler plutôt l'usage du Nouveau Testament : Dans la langue du Nouveau Testament, le mot Dieu employé avec l’article désigne d’ordinaire la personne du Père au sein de la Trinité : l’exemple le plus caractéristique entre beaucoup d’autres est donné II, § 10-14 (JEAN 1, 1) 215 qui n’est pas sans importance entre « il est venu » ou « il vint » et « il était », nous ajouterons que, lorsqu'il vient vers les prophètes, il illumine les prophètes de la lumière de la connaissance en leur faisant apercevoir, comme de leurs yeux, ce qu’auparavant ils ne saisissaient pas ; par contre, étant auprès de Dieu, il est Dieu par le fait (même) qu’il est auprès de lui’. 11. C’est peut-être parce que Jean a vu un tel ordre dans le Verbe qu'il n’a pas placé « Le Verbe était Dieu » avant « Le Verbe était auprès de Dieu » ; car, en ce qui concerne les (différentes) affirmations, cet enchaînement ne serait nullement impossible pour considérer la valeur de chaque proposition en elle-même : en effet, la première proposition c’est « Dans le principe était le Verbe », la seconde « Le Verbe était auprès de Dieu », puis, « et le Verbe était Dieu ». 2. Différence entre « le Dieu » et <> un Dieu » 12. Mais, parce qu'un certain ordre est peut-être révélé par cette disposition : d’abord « dans le principe était le Verbe », puis, à la suite de cela, « le Verbe était auprès de Dieu » (littéralement : auprès du Dieu) et, en troisième lieu, « le Verbe était Dieu », pour ce motif et pour que l’on puisse comprendre que c’est parce qu’il est auprès de Dieu (du Dieu) que le Verbe est Dieu, il est dit : « Le Verbe était auprès de Dieu » (du Dieu) et, ensuite, «Le Verbe était Dieu ». II. 13. (’’est avec une grande attention et non comme un homme ignorant la précision rigoureuse de la langue grecque que Jean utilise l'article dans certains cas et le passe sous silence dans d’autres : devant le Verbe, il place ■' le » et, devant le mol Dieu, tantôt il le met et tantôt il le supprime2. 14. Il met l’article lorsque le nom de Dieu désigne l'Incngendré, cause de l’univers, il le laisse de côté lorsque le Verbe est appelé Dieu3 : est-ce que la différence 216 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 108 C ‘Ως δέ διαφέρει κατά τούτους τούς τόπους « ό θεός » καί « θεός », ούτως μήποτε διαφέοη « ό λόγος » και « λόγος ». 15. "Ον τρόπου γάρ ό έπί πάσι θεός « ό θεός » καί ούχ άπλώς « θεός », ούτως ή πηγή τοΰ έν έκάστω τών λογικών λόγου « ό λόγος », του έν έκάστω λόγου ούκ αν κυρίως ομοίως τώ πρώτω όνομασθέντος καί λεχθέντος « ό λόγος ». 16. Και το πολλούς φιλόθεους είναι εύχομένους ταράσσον, εύλαβουμένους δύο άναγορεύσαι θεούς και παρά τούτο περιπίπτοντας ύευδέσι καί άσεβέσι δόγμασιν, ήτοι άρνου[χένους ιδιότητα υιού έτέραν παρά τήν τού πατρός όμολογούντας θεόν 109 Λ είναι τόν μέχρι ονόματος παρ’ αύτοίς « υιόν » προσαγορευόμενον, ή άρνουμένους την θεότητα τού υιού τιθέντας δέ αύτοΰ τήν ιδιότητα καί τήν ούσίαν κατά περιγραφήν τυγχάνουσαν έτέραν τού πατρός, εντεύθεν λύεσΟαι δύναταΐ’17. Λεκτέον γάρ αύτοϊς, ότι τότε μέν αύτόθεος ό θεός έστι, διόπερ καί ό σωτηρ φησιν έν τη πρός τόν πατέρα εύχή· « "Ινα γινώσκωσι σέ τόν μόνον αληθινόν θεόν® »’ παν δέ τό παρά τό αύτόθεος μετοχή της εκείνου θεότητας θεοποιούμενον ούχ a. Jn 17, 3 par la formule trinitaire qui clôt il Cor. : « Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ et l’amour de Dieu (τοΰ Οεοΰ) et la communion de l’Esprit-Saint soit avec vous tous » (Μ. E. Boismard, Le Prologue de saint Jean, p. 19 ; à la page suivante, il invite encore â comparer Jn 8, 42 : > Je suis sorti de Dieu —τοΰ Οεοΰ — et je suis venu dans le monde · et Jn 16, 28 : « Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde »). — Au livre VI (45-46. 92), Origène fera une distinction semblable entre · le prophète », qui n’est autre que le Messie, et « un prophète > et, dans son Commentaire sur Luc (frg. 36) entre < le Fils » enfanté par Marie et « un fils » mis au monde par Élisabeth. 1. Logikos : à la fois raisonnable et spirituel. Voir supra, p. 194, n. 1. 2. Voir notre Avanl-Propos, p. 13-11. Les memes erreurs sont dénon­ cées dans V Entretien avec Héraclitk (4) : · D'une part nous ne tombons pas dans l’opinion de ceux qui se sont séparés de l’Église pour verser dans l’illusion de la monarchie, supprimant le Fils en le retirant au Père... ; cl, d’autre part, nous ne tombons pas dans une autre doctrine impie, celle qui nie la divinité du Christ. · En traduisant ουσία par II, § 14-17 (JEAN 1, 1) 217 qui se trouve en ces passages entre le Dieu et un Dieu ne se retrouve pas également entre le Verbe et un Verbe ? 15. Car. de même que le Dieu souverain est « le Dieu » et non simplement un dieu, de meme, la source du verbe qui se trouve en chacun des êtres raisonnables1 est « le Verbe », tandis que le verbe qui est en chacun ne saurait, comme le premier Verbe, être nommé et appelé au sens propre « le Verbe ». 16. Ce qui trouble beaucoup de personnes qui veulent être pieuses et qui, par crainte de reconnaître deux dieux, tombent dans des opinions erronées et impies, soit que, tout en confessant comme Dieu celui qu’elles appellent, b'ils au moins de nom, elles affirment que l’individualité du Fils n'est pas différente de celle du Père, soit que, tout en niant la divinité du Fils, elles admettent que son indi­ vidualité et sa substance personnelle sont, dans leurs caractéristiques propres, différentes de celles du Père, voici comment on peut le résoudre2 : 17. Il faut leur dire d'une part que le Dieu (avec article), c’est Dieu en soi et c’est pourquoi le Sauveur dit dans sa prière à son Père : « Qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu3», et que, d’autre part, tout ce qui, en dehors du Dieu en soi, est déifié par parti­ cipation3 à sa divinité, il serait plus juste de ne pas l'appeler « substance », A. Oniii-: rend ce texte plus difficile (Hacia la primera teologia dei Verbo incarnato, p. 433-435). Comme nous le montrerons pins loin (p. 254, η. I), ce mot désigne souvent an être réel, l'existence qui lui est propre. 3. ('.’est donc la participation qui traduit la relation existentielle entre deux vivants, dont l’un est à l'origine (πηγή - source) de l’autre. La même notion s’appliquera aux rapports de l'Espril avec le Fils (II, 76) comme à ceux des hommes et de tous les êtres spirituels, les logikoi, avec le divin Logos (I, 269.273 ; II, 156). Et c’est par parti­ cipation au Fils de Dieu, en tant qu’il est Vérité (XX, 246), vie (II, 53 ; H, 156), puissance (I, 242 ; I. 246), Sagesse (I, 246), sainteté (frg. 10), lumière (II, 158), Dieu (XIX, 25) et toutes autres choses (II, 227), que nous deviendrons, Λ notre rang, vrais, vivants, puissants, sages, saints, lumière, « dieux », etc. 218 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN « ό θεός » άλλά « θεός » κυριώτερον άν λέγοιτο, ού πάντως « ο πρωτότοκος πάσης κτίσεως1 11 », άτε πρώτος τώ πρός τόν θεόν είναι σπάσας της θεότητος είς εαυτόν, έστί τιμιότερος, τοϊς λοιποϊς παρ’ αύτόν Οεοϊς — ών ό θεός θεός έστι κατά τό λεγόμενον « Θεός θεών κύριος έλάλησε, και έκάλεσε την 5,5 Ρτ. γην11 » διακονήσας I τό γενέσθαι Οεοϊς, άπό τού θεού 109 Β άρυσά <μένος > είς τό ΘεοποιηΟηναι αυτούς, άφθόνως κάκείνοις κατά την αύτού χρηστότητα μεταδιδούς. 18. ’.Αληθινός ούν θεός ό θεός0, οί δέ κατ’ εκείνον μορφούμενοι θεοί ώς εικόνες πρωτοτύπου· άλλά πάλιν τών πλειόνων εικόνων ή αρχέτυπος είκών ό πρός τόν θεόν έστι λόγος, δς « έν άρχή » ην, τώ είναι « πρός τον θεόν » άεί μενών « θεός », ούκ αν δ’ αύτό έσχηκώς εί μή πρός θεόν ήν. καί ούκ άν μείνας θεός, εί μή παρέμενε τη άδιαλείπτφ θέα τοϋ πατρικού βάθους. 109 C III. 19. («?) Άλλ’ έπεί είκός προσκόψειν τινάς τοϊς είρημένοις, ενός μέν αληθινού θεού τού πατρός απαγγελλό­ μενου παρά δέ τόν αληθινόν θεόν θεών πλειόνων τη μετοχή τού θεού γινομένων, εύλαβουμένους τήν τού πάσαν κτίσιν ύπερέχοντος δόξαν έξισώσαι τοϊς λοιποϊς της « θεός » προσηγορίας τυγχάνουσι, πρός τή άποδεδομενη διάφορά, καθ’ fi. Cf. Col. 1, 15 b. Ps. -19 (50), 1 c. Cf. Jn 17, 3 1. Nous avons rencontré la même idée ci-dessus, I, 104-105. Origène dira plus loin (XXXII, 359) : le Père est vu dans le Verbe qui est Dieu et image de Dieu. Celui qui voit l’image, voit le prototype de l'image (d’après Jn 14, 9). Voir H. Cnouzi:r. : Théologie de l’image. 2. Littéralement : « il ne serait (ou n’aurait) pas cela ». C'est évi­ demment pour Origène une supposition impossible. Il est de l’essence du Fils de demeurer dans le sein du Père et d’être incessamment engendré par lui. Dans le dernier extrait conservé par V Apologie de Pamphile (ci-dessous p. 394) Origène dira : Unigenitus enim natura filius et semper et inseparabiliter filius est. An livre XX (152-159), il conciliera d’une manière un peu maladroite les paroles du Seigneur : Je suis sorti de Dieu > (Jn 8, 12). · il (le Père) ne m’a pas laissé seul » Π, $ 17-19 (JEAN 1, 1) 219 « le dieu » mais « un dieu » : c’est d’une façon absolue que le premier-né de toute créature11, parce qu’il demeure auprès de Dieu et qu’il est pour ce motif le premier à s’imprégner de sa divinité, est plus digne d’honneur qu’eux, donnant à ceux qui, en dehors de lui, sont dieux — et dont Dieu est le Dieu selon la parole : « le Dieu des dieux, le Seigneur a parlé et il a convoqué la terre6» — de devenir des dieux, en puisant auprès de Dieu de quoi les déifier et, dans sa bonté, leur en faisant part avec libéralité. 18. Dieu est donc le vrai Dieuc. Les dieux qui sont formés d’après lui sont comme les reproductions d’un pro­ totype ; mais, d’autre part, l’image archétype de ces multiples images, c'est le Verbe1 qui est auprès de Dieu, qui était dans le principe, qui, parce qu'il est auprès de Dieu, demeure toujours Dieu, car il ne serait pas Dieu2 s’il n’était auprès de Dieu et il ne demeurerait pas Dieu s’il ne persévérait dans la contemplation ininterrompue des profondeurs du Père. 3. Emploi des mots « dieu » et « verbe s3 III. 19. Mais il est vraisemblable que certains seront choqués de ce que nous avons dit, à savoir que seul le Père est proclamé vrai Dieu et que, cependant, à côté du vrai Dieu, plusieurs deviennent dieux par participation à Dieu ; ils craindront de ravaler la gloire de celui qui dopasse toute créature au niveau des autres êtres qui reçoivent le titre de dieux : c’est pourquoi, en plus de la différence que nous avons déjà signalée, en disant que le (Jn 8, 29) et ■ Lu es en moi et moi en toi » (Jn 17, 21), en disant que k· Fils n'a pas changé de lieu matériel mais d’état (κατάστασις). 3. On gardera présente à l'esprit, au cours de tout ce développe* ment, l’identification du verbe cl de la raison. — Pour « les dieux », voir ci-dessus T, 212-21-1 et la note. 220 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN ήν έφάσκομεν πασι τοϊς λοιποΐς Οεοϊς διάκονον είναι της Οεότητος τόν θεόν λόγον, καί ταύτην παραστατέον. 20. Ό γάρ έν έκάστω λόγος τών λογικών τούτον τόν λόγον έχει πρός τόν έν αρχή λόγον πρός τόν θεόν όντα λόγον θεόν, ον ό θεός λόγος πρός τόν θεόν ώς γάρ αύτόθεος καί αληθινός θεός ό πατήρ πρός εικόνα καί εικόνας τής εικόνας, — διό καί « κατ’ εικόνα » λέγονται είναι οί άνθρωποι, ούκ « εικόνες” » — 109 D ούτως ό αύτόλογος πρός τον έν έκάστω λόγον. Άμφότερα γάρ πηγής έχει χώραν, ό μεν πατήρ θεότητος, ό δέ υίός λόγου. 21. "Ωσπερ ούν θεοί πολλοί άλλ’ ήμϊν « είς θεός, ό πατήρ », καί πολλοί κύριοι άλλ’ ήμϊν « είς κύριος, ’Ιησούς Χριστός6 », ούτως πολλοί λόγοι άλλ’ ήμϊν εύχόμεθα 112 Λ όπως ύπαρξη ό έν άρχή λόγος ό πρός τόν θεόν ών, ό θεός λόγος. 22. "Ος γάρ ού χωρεϊ τούτον τόν λόγον, τόν έν άρχή πρός τόν θεόν, ήτοι αύτώ γενομενω σαρκί προσέξει, ή μεθέξει τών μετεσχηκότων τίνος τούτου τοϋ λόγου, ή άποπεσών τοΰ μετέχειν τού μετεσχηκότος έν πάντη άλλοτρίω τού λόγου <λόγω > εσται καλουμένω. a. Cf. Gen. I, 26 b. Cf. I Cor. 8, 5-6 1. Sur ce point, Origène restera nettement subordinatianiste, soit que, au livre .XIII (151), le Père paraisse élevé au-dessus du Fils et de ΓEsprit autant ou plus encore que ceux-ci le sont au-dessus des créatures, ou que, dans l’/n Matthaeum (XV, 10, GCS X, p. 375-376), la distance entre les créatures et le Fils soit considérée comme plus grande qu’entre celui-ci et son Père. Voir ci-dessus 1, 255 et la note. — Ce sens de logos, < proportion » (qui a donné notre mot « analogie »), reviendra plus loin : IL 151 ; II, 166. 2. P. Nembshf.oyi fait remarquer (La paternité de. Dieu, p. 76) qu’il serait inexact de traduire de semblables expressions par « Verbe par soi », « Vérité par soi », car le Verbe · ne tire pas ses perfec­ tions de son propre fonds, mais il les reçoit communiquées par son Père ». Il V voit, avec raison nous scmblc-t-11, une réminis­ cence des idées platoniciennes et les rend, comme nous, par « vérité en soi », etc. II, § 19-22 (JEAN 1, 1) 221 Verbe Dieu est, pour tous les autres dieux, le ministre de leur divinité, remarquons encore celle-ci : 20. le verbe qui est en chacun des êtres raisonnables a avec le Verbe demeurant dans le principe auprès de Dieu, qui est le Verbe Dieu, les mêmes rapports que le Verbe Dieu a avec Dieu1. Car celui qui est Dieu en soi et vrai Dieu, le Père, est à l'égard de son image et des images de son image — on dit en effet que les hommes sont selon l’image3 et non images —, le Verbe en soi2 l’est à l’égard du verbe qui est en chaque (créature). 4. Classement des hommes d’après le dieu OU LE VERBE AUQUEL ILS ADHÈRENT3 Car l’un et. l’autre a le rôle de source, le Père, de la divinité, le Fils, du verbe. 21. De même donc qu’il y a beaucoup de dieux, mais nous n’avons qu’un seul Dieu, le Père, et qu’il y a beaucoup de seigneurs, mais nous n’avons qu’un seul Seigneur, Jésus-Christb, de même il y a beaucoup de verbes, mais nous prions pour posséder le Verbe qui était dans le principe auprès du Père, le Verbe Dieu. 22. Celui qui n’est pas capable d’avoir en lui ce Verbe qui était dans le principe auprès de Dieu, ou bien s’at­ tachera à lui devenu chair, ou bien participera à ceux qui ont quelque participation à ce Verbe1, ou encore, déchu d’une participation à celui qui participe, il demeu­ rera dans un soi-disant (verbe), totalement étranger au Verbe. 3. 11 ne s'agit pas de natures immuables, comme les imaginaient les gnostiques (voir notre Avant-Propos, p. 16 et 18), mais de choix libres et d’étapes qui peuvent sc succéder au cours d’une même existence (ibid., p. 11-12). I. Les chrétiens ou les bons philosophes (voir II, 30). 222 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 23. Σαφές δέ έσται τδ ειρημένον έκ παραδειγμάτων τών περί τοϋ θεού καί του Οεοϋ λόγου καί θεών ήτοι μετεχόντων θεού ή λεγομένων μέν ούδαμώς δέ όντων θεών, καί πάλιν λόγου θεού καί λόγου γενομένου σαρκδς καί λόγων ήτοι 5<î Pr. μετεχόντων πως του | λόγου, λόγων δευτέρων ή τρίτων παρά τον προ πάντων, νομιζομένων μέν λόγων ούκ δντων δέ άληθώς λόγων άλλ’> ιν* ούτως είπω, ολον τούτο άλογων λόγων, όισπερ καί έπί τών λεγομένων μέν, ούκ όντων 112 Β δέ θεών τάξαι τις άν άντί τού άλογων λόγων τό ού θεών θεών. 24. '0 μέν ούν θεός τών όλων τής έκλογής έστι θεός, καί πολύ μάλλον τοϋ τής έκλογής σωτήρος* έπειτα τών αληθώς θεών έστι θεός", καί άπαξαπλώς ζώντων καί ού νεκρών έστι θεός1». Ό δέ θεάς λόγος τάχα τών έν αύτώ ίστάντων το παν καί τών πατέρα αύτόν νομιζόντων έστιν θεός. 25. 'Ήλιος δέ καί σελήνη καί άστέρες, ώς τινες τών πρό ημών διηγήσαντο, άπενεμήθησαν τοΐς μή άξίοις έπιγράφεσθαι τόν θεόν τών θεών θεόν αύτών είναι. Ούτω δέ έξεδέξαντο κινηθέντες έκ τών έν τω Δευτερονομίω τδν τρόπον τούτον έχόντων « Μή άναβλέψας εις τδν ούρανδν καί ίδών τδν ήλιον καί την σελήνην καί πάντα τδν κόσμον τοϋ ούρανοΰ, πλανηθείς προσκύνησης αύτοϊς καί λατρεύσης αύτοΐς, 112 C ά άπένειμεν αύτά κύριος ό θεός σου πάσι τοΐς έ’θνεσιν0. a. Cf. Ps. 49 (50), 1 b. Cf. Matth. 22, 32 c. Dent. 4, 1923*51 1. La difficulté de ce passage provient de la multitude de sens du mot logos, qui signifie à la fois Verbe (supra, p. 157, n. 3), prin­ cipe (supra, p. 180, n. 1). raison (supra, p. 194. n. 1). doctrine, explication. 2. Pour « les dieux », voir ci-dessus 1, 212-214 et la note. 3. Après λόγου γενομένου, les manuscrits ajoutent Οεου supprimé par Preuschen. ■1. C’est le sens de εκλογή dans Rom. 11,7. 5. Littéralement : qui mettent tout en lui. II, § 23-25 (JEAN 1, 1) 223 23. Notre interprétation devien­ dra claire en prenant exemple sur ce que nous venons de dire, d’une part, de Dieu, du Verbe Dieu et des dieux2, qu’ils parti­ cipent de Dieu ou qu’ils soient appelés dieux sans l’être le moins du inonde et, d’autre part, du Verbe Dieu, du Verbe fait chair3, des verbes, qu'ils aient de quelque manière part au Verbe (et soient) des verbes du second degré, ou qu’ils viennent au troisième rang après le Verbe qui est avant toutes choses et qu’ils soient considérés comme verbes sans être de véritables verbes, mais — si l’on peut dire — en étant absolument des verbes sans Verbe (— des raisons déraisonnables) ; ainsi, pour les soi-disant dieux qui n’en sont pas, on pourrait utiliser l’expression de dieux non dieux, à l'égal des verbes sans \’erbe. a) Les dieux et les verbes1 24. Le Dieu de l’univers est le > m « t > D,eu des elus et ’ b,en Plus encore>Ie Dieu du Sauveur des élus; il est aussi le Dieu de ceux qui sont véritablement des dieux®, et, d’une manière générale, le Dieu des vivants et non des morts b. Le Verbe Dieu est peut-être le Dieu de ceux qui font de lui le fondement du tout5 et qui le considèrent comme père. 25. Scion l’exégèse de certains de nos prédécesseurs0, le soleil, la lune et les étoiles ont été donnés aux (hommes qui n’étaient) pas dignes que le Dieu des dieux fût appelé leur Dieu. S’ils l’ont compris ainsi, c’est poussés par un passage du Deutéronome, qui se présente ainsi : « Quand lu lèveras les yeux vers le ciel et quand tu verras le soleil, la lune et tout l’ordre du ciel, ne te laisse pas égarer au point d’adorer et de servir (les astres), que le Seigneur ton Dieu a donnés en partage à toutes les nations® Mais à vous, le Seigneur ton Dieu ne vous les a pas donnés , r ,, des hommes ft Les dieux rx· 6. Clément, Slrom. VI, 14. 110, 3. Dans le Contre Celse (V, 10), Origène adoptera cette exégèse. 224 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN Ύμΐν δέ ούχ ούτως έ'δωκ.ε κύριος ό θεός σου. » 26. ΙΙώς γάρ άπένβιμε πάσι τοΐς έ'θνεσιν ήλιον καί σελήνην καί πάντα τόν κόσμον τού ούρανοΰ ό θεός, ούχ ούτως δεδωκώς αυτά τω ’Ισραήλ ; τώ τούς μή δυναμενους έπί τήν νοητήν άναδραμεΐν φύσιν, δι* αισθητών θεών κινουμένους περί Οεότητος, άγαπητώς καν έν τούτοις ιστασθαι καί μή πίπτειν έπί είδωλα και δαιμόνια. 27. Ούκοΰν οί μέν θεόν έχουσι τόν τών όλων θεόν, οί δέ παρά τούτους δεύτεροι ίστάμενοι έ'τι τόν υιόν τού θεού τόν Χριστόν αύτού* καί τρίτοι οί τόν ήλιον καί τήν σελήνην καί πάντα τόν κόσμον τού ούρανοΰ, άπό θεού μέν πλανηΟέντες, πλήν πλάνην πολλώ διαφέρουσαν καί κρείττονα τών καλούντων θεούς έργα 113 Λ χειρών άνθρώπων, χρυσόν καί άργυρον, τέχνης έμμελετήματα“. Τελευταίοι δέ είσιν οί λεγομένοις μέν Οεοΐς άνακείμενοι ούδαμώς δέ ούσιν θεοϊς. 28. Ούτω τοίνυν οί μέν τινες μετέχουσιν αύτού τού « έν άρχή » λόγου καί « πρός τόν θεόν » λόγου και « θεού » λόγου, ώσπερ Ώσηέ καί Ήσαιας καί 'Ιερεμίας καί εϊ τις έτερος τοιοΰτον έαυτόν παρέστησεν, ώς « τόν λόγον κυρίου » ή « τόν λόγον » γενέσθαι πρός αύτόν. 29. 'Έτεροι δέ οί μηδέν είδότες « εί μή Ίησουν Χριστόν καί τούτον έσταυρωμένον5 », τόν γενόμενον σάρκα λόγον0 57 Pr. τό παν νομίσαντες είναι τού λόγου, | Χριστόν κατά σάρκα*1 μόνον γινώσκουσι* τοιοΰτον δέ έστι τό πλήθος τών πεπιστευκέναι νομιζομενών. 30. Καί τρίτοι λόγοις μετέχουσί τι τού λόγου ώς πάντα ύπερέχουσι λόγον προσεσχήκασι, καί μήποτε ούτοί είσιν οί a. b. c. <1. Sag. 13, 10 I Cor. 2, 2 Jn 1, 14 Cf. 11 Cor. 5, 101 2 1. En oubliant sa divinité. 2. Expression, doctrine, verbe : trois sens du mot logos : tout ce qu’il v a d'authentique dans unc théorie ou dans une assertion quelle II, § 26-30 (JEAN 1. 1) 225 de la même manière. »26. Comment donc Dieu a-t-il donné à toutes les nations le soleil, la lune et tout l’ordre du ciel, sans les donner de la même manière à Israël ? parce que ceux qui ne sont pas capables de s’élever jusqu’à la nature intelligible, s’ils ont l'esprit éveillé à la divinité par des dieux sensibles, s’en tiennent volontiers à eux et n’en viennent pas à des idoles et à des démons. 27. Ainsi donc les uns ont pour Dieu le Dieu de l’uni­ vers ; les seconds, venant juste après eux, le Fils de Dieu, son Christ ; les troisièmes, le soleil, la lune et tout l’ordre du ciel : s’ils s’égarent loin de Dieu, c’est d’un égarement bien préférable et supérieur à celui des gens qui appellent dieu l’ouvrage des mains des hommes, l’or, l’argent, produit de l'art”. Les derniers sont ceux qui s’attachent à de soidisant dieux qui ne sont des dieux en aucune manière. 28. Ainsi, les uns participent au Verbe même qui était dans le prin­ cipe, au Verbe auprès de Dieu, au Verbe Dieu : tels étaient Osée, Isaïe, Jérémie et tous ceux qui se sont montrés tels que « le Verbe du Seigneur » ou (simplement) « le Verbe » ait pu venir jusqu’à eux. 29. Les seconds sont ceux qui ne savent rien que JésusChrist et Jésus-Christ crucifié1’ et qui, pensant que le Verbe fait chair® est le tout du Verbe, ne connaissent le Christ que selon la chair*11 : telle est la masse des hommes qui sont considérés comme croyants. 30. Les troisièmes se sont attachés, dans la pensée qu’elles surpassent toute expression, à des doctrines qui, d'une certaine manière, participent du Verbe2 : ne seraientc) Les verbes des hommes qu’cllc soit provient de l’unique Verbe de Dieu : telle est déjà l’opinion de Justin (II Apol. 10, 2-3) et de Clément (Strom. VII, 2, 11,2; Péd. III, 12, 99, 1). Les Homélies sur le Lévitique (VII, G) expliciteront la restriction que comporte le mot τι : il n’y a pas de sagesse païenne à laquelle ne soit mêlée quelque impureté. 15 226 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 113 B μβτερχόμενοι τάς εύδοκζμούσας καί διαφερούσας έν φιλοσοφία παρ’ "Ελλησιν αιρέσεις. 31. Τέταρτοι δέ παρά τούτους οί πεπιστευκότες λόγοις πάντη διεφθορόσι καί άθέοις, τήν έναργή και σχεδόν αισθητήν πρόνοιαν άναιροΰσι καί άλλο τι τέλος παρά τό καλόν άποδεχομένοις. 32. Εί καί έδόξαμεν δέ παρεκβεβηκέναι, οϊμαι δ’ οτι παρα­ κειμένους ύπέρ του σαφώς ίδεΐν τέσσαρα τάγματα κατά τό « θεός » όνομα καί τέσσαρα κατά τό « λόγος » τούτο πεποιήκαμεν. *Ην γάρ « ό θεός » καί « θεός », εΐτα « θεοί » δίχως, ών τού κρείττονος τάγματος ύπερέχει ό « θεός λόγος » ύπερεχόμενος ύπό τοϋ τών όλων « θεού ». Καί πάλιν ήν « ό λόγος », τάχα δέ καί « λόγος », ομοίως τώ « ό θεός » καί « θεός », και « οί λόγοι » δίχως. Οικείοι τε άνθρωποι οί μέν τώ πατρί, μερίδες οντες αύτοΰ· 113 C και τούτοις παρακείμενοι, ούς νυν σαφέστερο» ό λόγος ήμϊν παρίστησιν, οί έπί τον σωτηρα φθάσαντες καί τό παν έν αύτω ίστάντες. Και τρίτοι οί προειρημένοι, ήλιον καί σελήνην καί αστέρας νομίζοντες θεούς καί έν αύτοϊς ίστάμενοι. Έπί πάσι δέ καί έν τή κάτω χώρα οί τοΐς άψύχοις καί νεκροΐς είδώλοις έκκείμενοι. 33. Τό δέ άνάλογον καί έπί τών κατά τον λόγον εύρίσκομεν. Οί μέν γάρ αύτω τώ λόγω κεκόσμηνταΓ οί δέ παρακείμενο) τινί αύτω καί δοκοΰντι είναι αύτω τώ πρώτω λόγω, οί μηδέν 1. L'In Romanos (III, 1, PG 14, 926 D, Lommatzsch VI, p. 168) met directement en cause les épicuriens, à qui la Providence semble inutile, puisqu'ils ne vivent pas selon scs lois et ne recherchent que leur plaisir. Ces mêmes reproches sont d’ailleurs adressés aux disciples d’Aristote qui admettent trois sortes de biens et limitent la provi­ dence au monde supra-lunaire (/·> τις λέγειν έτέραν είναι τήν του θεού αλήθειαν καί έτέραν τήν των άγγέλων καί άλλην τήν των ανθρώπων έν γάρ τή φύσει των βντων μία ή περί έκαστου άλήΟεια. 40. Εΐ δέ αλήθεια μία, δήλον ότι καί ή κατασκευή αύτής καί ή άπύδειξις σοφία τυγχάνουσα μία εύλόγως άν νοοίτο, πάσης τής νομιζομένης σοφίας ού κρατούσης τής άληθείας ούδέ σοφίας άν ύγιώς χρηματιζούσης. Εί δ’ άλήΟεια μία καί σοφία μία, καί λόγος ό άπαγγέλλων 116 D τήν άλήθειαν καί τήν σοφίαν απλών καί φανερών είς τούς χωρητικούς εις άν τυγχάνοι. 41. Καί ούχί ταύτά φαμεν άρνούμενοι τήν άλήθειαν καί τήν σοφίαν καί τόν λόγον είναι τού θεού, άλλα δεικνύντες τό χρήσιμον τού σεσιωπήσθαι « τού θεού », καί μή άναγεγράφθαι' « Έν άρχή ήν ό λόγος τού θεού. » H, § 37-41 (JEAN 1, 2) 3. Il 233 n'y a qu’un verbe au sens propre 37. Il ne serait peut-être pas absurde de se demander pourquoi il n’est pas dit : Dans le principe était le Verbe de Dieu et le Verbe de Dieu était auprès de Dieu et le Verbe de Dieu était Dieu. Mais il s’ensuivrait que, en se deman­ dant pourquoi il n’est pas écrit « Dans le principe était le Verbe de Dieu », etc., on chercherait à prouver qu’il y a plusieurs verbes, peut-être même de natures différentes : l’un d’eux serait le Verbe de Dieu ; un autre, mettons, le verbe des anges ; un troisième, celui des hommes et ainsi de suite pour tous les autres verbes. 38. S’(il en allait ainsi pour) le Verbe, peut-être (en serait-il) de même pour la sagesse et pour la justice. Mais il serait absurde de prétendre que plusieurs êtres ont droit aux titres de verbe, de sagesse, de justice, au plein sens de ces termes. Nous serons obligés de comprendre qu’il ne faut pas chercher plusieurs verbes, plusieurs sagesses, plusieurs justices au sens propre, si nous partons de la (notion de) vérité. 39. En effet, tout le monde peut reconnaître qu'il n’y a qu’une seule vérité et, à son sujet., nul n'oserait soutenir qu'autre est la vérité de Dieu, autre celle des anges et autre encore celle des hommes. 11 est dans la nature des êtres que soit une la vérité qui concerne chacun. 40. Mais, si la vérité est une, il est clair que Ton aura de bonnes raisons pour pen­ ser que ce qui la constitue et la démontre, c’est-à-dire la sagesse, est également un : car toute la soi-disant sagesse qui ne possède pas la vérité prend abusivement le litre de sagesse. Si la Vérité est une, et la Sagesse une, le Verbe, qui proclame la Vérité, déploie et manifeste la Sagesse à ceux qui en sont capables, doit être également un. 41. Nous ne disons pas cela pour nier que la vérité, la sagesse et le verbe soient de Dieu, mais pour montrer qu’il a été bon de passer sous silence « de Dieu » et de ne pas écrire : κ Dans le principe était le Verbe de Dieu. » 234 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN V. 42. '0 αυτός δέ Ιωάννης έν τη Άποκαλύψει καί μετά της προσθήκης αύτόν όνομάζει της « θεού » λέγων* « Καί εϊδον ούρανόν <τόν > άνεωγμένον* καί ιδού ίππος λευκός καί 59 Ρτ. ό καθήμενος έπ’ αύτόν καλούμενος | πιστός καί αληθινός, 117 Λ καί έν δικαιοσύνη κρίνει καί πολεμεΐ* οί δέ οφθαλμοί αύτοΰ ώς φλόζ πυράς, καί έπί την κεφαλήν αύτοΰ διαδήματα πολλά* εχων όνομα γεγραμμένον, δ ούδείς οίδεν εί μή αύτός, καί περιβεβλημένος ίμάτιον ρεραντισμένον αίματι, καί έκέκλητο τό όνομα αύτοΰ « λόγος τοΰ θεοΰ ». Καί τά στρατεύματα αύτοΰ έν τω ούρανω ήκολούθει αύτω έπί ίπποις λευκοΐς ένδεδυμένοις βύσσινον καθαρόν. Καί έκ τοΰ στόματος αύτοΰ εκπορεύεται ρομφαία οξεία, ίνα έν αύτή πατάξη τά έθνη, καί αύτός ποιμανεΐ αύτούς έν ράβδω σιδηρά* καί αύτός πατεϊ τήν ληνόν τοΰ οίνου της όργης τοΰ Ουμοΰ τοΰ θεοΰ τοΰ παντοκράτορας. Καί έχει έπί τό ίμάτιον καί έπί τόν μηρόν αύτοΰ όνομα γεγραμμένον* Ό βασιλεύς βασιλέων καί κύριος κυρίων® ». 117 Β 43. Άναγκαίως δέ καί απολύτως είρηται καί « λόγος » καί μετά προσθήκης « λόγος τοΰ θεοΰ »* ών εί τό έ'τερον σεσιώπητο, άφορμάς άν είχομεν τοΰ παρεκδέξασθαι και άποπεσεΐν τής περί τοΰ λόγου αλήθειας. Εί γάρ « λόγος » μέν άναγέγραπτο « λόγος δέ θεοΰ » μή είρητο, ού σαφώς έμανθάνομεν, ότι ούτος ό λόγος « λόγος τοΰ θεοΰ » έστι. 44. Πάλιν τ’ αδ εί « λόγος μέν θεοΰ » προσηγόρευτο, « λόγος » δέ άπολύτως ούκ είρητο, κάν πολλούς λόγους άναπλάσσοντες κατά τήν. πρός έκαστον τών λογικών σχέσιν μάτην άν πολλούς κυρίως ούτως όνομαζομένους παρεδεξάμεθα. 45. Καλώς μέντοι γε διαγράφων τά περί τοΰ λόγου τοΰ θεοΰ έν τή *Αποκαλύψει ό απόστολος καί ό εύαγγελιστής» a. Apoc. 19, 11-16 1. Le texte dOrlgène est sûr, puisqu’il est expliqué cl-dessous (II. 63). Cependant, il diffère du texte habituel de l'Apocalypse : ένδεδυμένοι, qui ne se rapporte pas aux chevaux, mais aux armées. il, § 42-45 (JEAN 1, 2) 4. Le Verbe 235 dans l’Apocalypse V. 42. Le meme .Jean nomme (le Verbe) dans l’Apoca­ lypse en ajoutant « de Dieu » : « Je vis le ciel ouvert et voici (qu’apparut) un cheval blanc ; celui qui le monte s’appelle fidèle et véritable ; il juge et fait la guerre avec justice ; ses yeux sont comme une flamme de feu ; il a sur la tête plusieurs diadèmes ; il porte un nom grave qu’il est seul à connaître ; il est revêtu d’un manteau asperge de sang. Son nom fut proclamé : le Verbe de Dieu. Ses armées le suivaient dans le ciel sur des chevaux blancs revêtus1 de lin sans tache. De sa bouche sort une épée affilée pour en frapper les nations ; il les gouvernera lui-même avec une verge de fer. 11 foule en personne dans le pressoir le vin de l'ardente colère du Dieu tout-puissant. Sur son manteau et sur sa cuisse il porte un nom gravé : Roi des rois et Seigneur des seigneurs3. » 43. 11 était nécessaire qu’il fût tantôt désigné simplement comme « le Verbe » et tantôt., avec une qualification, « le Verbe de Dieu ». Si l’un des deux avait été passé sous silence, nous aurions des prétextes pour tomber dans de fausses interprétations et nous écarter de la vérité en ce qui concerne le Verbe. En effet, s’il avait été désigné comme ■> le Verbe » et s’il n’avait pas été appelé « le Verbe de Dieu », nous ne saurions pas clairement que ce Verbe est le Verbe de Dieu. 44. Mais si, d’autre part, il portait le nom de « Verbe de Dieu » sans être appelé simplement « Verbe », peut-être imaginerions-nous plusieurs verbes d’après leurs relations avec chacun des êtres raisonnables et nous livrerions-nous à de fausses interprétations en admettant sans raison que plusieurs portent ce titre au sens propre. 45. C’est avec raison cependant que, parlant du Verbe de Dieu dans l’Apocalypse, l’apôtre et évangéliste, qui. 236 117 C 60 Pr. 117 D 120 Λ SUR L’ÉVANGILE DE JEAN ήδη δέ και διά της Άποκαλύψεως και προφήτης, φησί τδν τοΰ Οεοΰ λόγον έωρακέναι έν άνεωγότι τω ούρανω έφ’ ίππω λευκω όχούμενον. 46. Τί δέ αίνίττεται τδ άνεωχΟαι τδν ούρανδν καί ό λευκός ίππος καί τδ έπ’ αύτοΰ καθέζβσθαι τδν καλούμενον τοΰ Οεοΰ λόγον, πρδς τω είναι Οεοΰ λόγον καί πιστόν καί αληθινόν καί έν δικαιοσύνη κρίνοντα καί πολεμοΰντα λεγόμενον, κατανοητέον, ίνα έτι μάλλον προβιβασθώμεν τω έκλαβείν τά περί « τοΰ -λόγου τοΰ Οεοΰ ». 47. ΚεκλείσΟαι δέ ήγοΰμαι τδν ούρανδν τοίς άσεβέσι καί την εικόνα τοΰ χοϊκού φέρουσιν, άνεωχΟαι δέ τοίς δικαίοις καί κεκοσμημένοις τη τοΰ έπουρανίου είκόνι&· τοίς μέν γάρ, άτε κάτω τυγχάνουσι καί έν σαρκί έτι ύπάρχουσιν, άποκέκλεισται τά κρείττονα | ού συνιέναι αύτά ούδέ τδ κάλλος αύτών δυναμένοις, έπεί μή βούλονται κατανοείν συγκύπτοντες καί μή έπιδιδόντες αύτούς εις τδ άνακύπτειν* τοίς δέ διαφέρουσιν, άτε τδ πολίτευμα εχουσιν έν ούρανοίς5, τά ούράνια τη κλειδί τοΰ Δαβίδ άνέωγε® θεωρούμενα, τοΰ θείου λόγου άνοίγοντος αύτά καί σαφηνίζοντας διά τοΰ όχεϊσθαι Εππω, φωναίς τά σημαινόμενα άπαγγελλούσαις, λευκω διά τό φανερόν καί τδ λευκόν καί φωτεινόν της γνώσεως. VI. 48. Καθέζεται δέ έπί τόν λευκόν ‘ίππον ό καλούμενος « πιστός », ιδρυμένος βεβαιώτερον καί. Εν’ ούτως εΐπω, βασιλικώτερον έν φωναίς άνατραπηναι μή δυναμέναις, παντός ίππου ύξύτερον καί τάχιον τρεχούσαις καί παρευδοκιμούσαις έν τη φορά πάντα τδν άνταγωνιστήν υποκριτήν λόγου νομιζόμενον λόγον καί άληθείας δοκοΰσαν αλήθειαν. 49. Καλείται δέ « πιστός » ό έπί τοΰ λευκού ίππου ού διά n. Cf. I Cor. 15. 49 l>. Phil. 3, 20 c. Cf. Apoc. 3. 7 1. Citant l'Apocalypse clans le De Antechrislo, Hippolyte appelle son auteur, une fois, ό προφήτης et. une autre, ύ προφήτης καί άπόστολος (47 et 50). 2. Le Contre Celse expliquera (I, 48) que, lorsque les prophètes ont eu une vision surnaturelle, entendu la parole du Seigneur ou Π, § 45-49 (JEAN 1. 2) 237 par son Apocalypse, est également prophète’, affirme avoir vu dans le ciel entrouvert le Verbe de Dieu porté sur un cheval blanc. 46. Que laissent entendre le ciel ouvert, le cheval blanc et la présence sur ce cheval de celui que l'on appelle le Verbe de Dieu, de plus que « le Verbe de Dieu est fidèle et véritable, il juge et fait la guerre avec justice»? Il faut y réfléchir pour avancer encore davantage dans la connaissance de ce qui regarde le Verbe de Dieu. 47. .Je pense que le ciel est fermé aux impies qui portent l’image du terrestre et ouvert aux justes parés de l'image du céleste®. En effet, pour les premiers, parce qu’ils demeurent en bas et vivent encore dans la chair, les réalités supérieures demeurent fermées2 : ils ne peuvent ni les comprendre, ni en saisir la beauté, car ils ne veulent pas réfléchir, étant repliés sur eux-mêmes sans se donner la peine de se redresser. Pour les hommes supérieurs, parce que leur cité est dans les cieuxb, les réalités célestes ont été mises à découvert et rendues visibles par la clef de Davidc : c’est le Verbe Dieu qui les découvre et qui les montre clairement, parce qu’il est porté par un cheval — c’est-à-dire par des voix qui rapportent ce qui est révélé — (cheval) blanc — à cause du caractère brillant, clair et lumineux de la connaissance3. VI. 48. Assis sur le cheval blanc, celui qui est appelé fidèle est établi d’une manière assez ferme et, pour ainsi dire, assez royale sur des voix qui ne peuvent être mises en déroute, qui courent avec plus d’ardeur et de rapidité que n’importe quel cheval et qui, dans leur élan, surpassent en tous points par leur renommée l’adversaire tout entier, soi-disant verbe qui simule le Verbe et semblant de vérité qui simule la Vérité. 49. Celui qui monte le cheval blanc est appelé fidèle, non contemplé les deux ouverts, ces impressions ont été reçues non par les organes des sens, mais par leur cœur, leur ηγεμονικόν. 3. Pour le rôle révélateur du Verbe, voir ci-dessus I, 277-278. Dans le môme contexte, nous avons déjà vu que le cheval sert à désigner la voix (ibid. 278-279). 238 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN τό πιστεύειν όσον διά τό πιστευτός είναι, τουτέστι, του πιστεύεσθαι άξιος· κύριος γάρ κατά τον Μωσέα πιστός καί αληθινός0, καί άληθινός γάρ πρός αντιδιαστολήν σκιάς καί τύπου καί εικόνας, έπεί τοιοΰτος ό έν τώ άνεωγότι ούρανω λόγος' ό γάρ επί γης ού τοιοϋτος όποιος ό έν ούρανω, άτε γενόμενος σαρξ1’ και διά σκιάς καί τύπων καί εικόνων λαλούμενος. 50. Τά δέ πλήθη τών πεπιστευκέναι νομιζο120 Β μενών τή σκιά του λόγου καί ούχί τώ-άληθινώ λόγω θεού έν τώ άνεωγότι ούρανω τυγχάνοντι μαθητεύεται. Διόπερ ό 'Ιερε­ μίας φησί" « 11 νεύμα προσώπου ημών Χριστός κύριος, ού ειπομεν· έν τη σκιά αύτού ζησόμεΟα έν τοΐς εθνεσιν0 ». 51. Ούτος δή ό λόγος τού θεού ό πιστός καλούμενος καί αληθινός καλείται καί έν δικαιοσύνη κρίνει καί πολεμεϊ, τή αύτοδικαιοσύνη καί αύτοκρισει τό κατ’ αξίαν έκάστου τών δντων άπονέμειν άπό θεού δύνασθαι λαβών καί κρίνειν. 52. Ούδείς γάρ τών μετεχόυτων δικαιοσύνης καί τής τού κρίνειν λαόν δυνάμεως ούτω πάντη έναπομάξασθαι εαυτού τη ψυχή δυνήσεται τούς της δικαιοσύνης τύπους καί τού κρίνειν, ώστε έν μηδενί άποδεϊν της αύτοδικαιοσύνης καί τής αύτοκρίσεως, ώς ούδέ ό γράφων εικόνα οΐός τε έσται μεταδοΰναι 120 C πάντων τών τού γραφόμενου ιδιωμάτων τή γραφή. 53. Διά τούτο δή ηγούμαι τον Δαβίδ λέγειν τό « Ού δικαιωθήσεται ενώπιον σου πας ζών<ι »· ού γάρ άπαξαπλώς είπε « πας 61 Pr. άνθρωπος » ή « πας | άγγελος », άλλα « πας ζών », ότι καν τής ζωής τις μετέχη καί πάντη την νεκρότητα άποσείσηται, ούδ’ ούτως ώς πρός σέ δικαιωθήναι δυνήσεται παραπλησίως τη ζωή, ούδέ δυνατόν τόν μετέχοντα τής ζωής καί διά τούτο ζώντα χρηματίζοντα αύτόν γενέσθαι ζωήν, καί a. b. c. <1. Cf. Deut. 32, 4 Jn 1, 14 Lam. 4, 20 Ps. 142 (143), 2 1. Les deux sens de πιστός sont courants dans l’antiquiU classique, comme dans le Nouveau Testament (cf. R. Bült.mann, art. πιστός dans Kitlcl VI, 1059, p. 204). H. § 49-53 (JEAN 1, 2) 239 parce qu’il croit, mais parce qu’il est croyable, c’est-à-dire digne d'etre cru1 : en effet, selon Moïse, le Seigneur est fidèle et véritable® ; véritable, par opposition avec l’ombre, la figure et l'image ; car tel est le Verbe dans le ciel ouvert : sur terre il n’est pas tel que dans le ciel, parce que, s’étant fait chair b, il s’exprime par l’intermédiaire d'ombres, de figures et d’images23 . 50. Cependant, ceux qu'on regarde comme croyants sont en grande majorité disciples de l’ombre du Verbe et non du véritable Verbe de Dieu qui demeure dans le ciel ouvert. C’est pourquoi Jérémie dit : a le souille de notre face, le Seigneur Christ dont nous disions : à son ombre nous vivrons parmi les nations0 ». 51. Ce Verbe de Dieu, dit fidèle, est également appelé véritable ; il juge et fait la guerre avec justice, ayant reçu de Dieu le pouvoir de rétribuer et de juger, selon la justice en soi et le jugement en soi, chacun des êtres d’après son mérite. 52. En effet, aucun de ceux qui ont part à la justice et au pouvoir de juger un peuple ne pourra graver en son âme l'empreinte de la justice et du jugement d’une manière si parfaite qu’elle ne soit en rien inférieure à la justice en soi et au jugement en soi, tout comme aucun peintre ne sera capable de faire passer dans son tableau toutes les particularités de son modèle. 53. C’est pour cela, je pense, que David a dit : a Nul vivant ne sera justifié devant toid3. » Il n’a pas dit simplement a nul homme » ou « nul ange », mais « nul vivant », parce que, même si quelqu'un participe à la vie et a complètement écarté de lui la mort, il ne pourra, même ainsi, devenir juste devant toi de la même manière que la Vie ; et il n’est pas possible que celui qui a part à la vie et qui, pour ce motif, est appelé vivant, devienne luimême Vie, ou que celui qui a part à la justice et qui, pour 2. Nous avons déjà vu (I, 283) que la Bible ne pouvait parler de Dieu avec les ternies appropriés. Voir noie compl. 7, p. 401. 3. Ce verset sera discuté plus longuement ci-dessous 11, 120-124 et la note. 210 SUB L'ÉVANGILE DE JEAN τόν μετέχοντα δικαιοσύνης καί διά τούτο δίκαιον καλούμενον έξισωθήναι πάντη τή δικαιοσύνη. VII. 54. Έργον δέ τού λόγου ώσπερ κρίνειν έν δικαιο­ σύνη" οΰτω καί πολεμείν έν δικαιοσύνη, ιν’ έκ τού τούς εχθρούς λόγοι καί δικαιοσύνη ούτω πολεμείν άναιρουμένων 120 D τών άλόγων καί της άδικίας λέγεσθαι ένοικήση καί δικαίωση, έκβάλλων τα εναντία της ψυχής τού, ιν’ ούτως εϊπω, έπί σωτηρία αίχμαλωτισθέντος ύπό Χριστού. 55. Έτι δέ μάλλον έ'στιν τόν τού λόγου πόλεμον ίδείν δν πολεμεί, έπάν αύτός μέν πρεσβεύη περί αλήθειας, ό δ’ ύποκρινόμενος είναι λόγος ού λόγος ών, καί ή έαυτήν άναγορεύσασα αλήθειαν ούκ αλήθεια τυγχάνόυσα άλλα ψεύδος φάσκη είναι 121 A έαυτήν την αλήθειαν. Τότε γάρ καθοπλισάμενος ό λόγος κατά τού ψεύδους « άναλοί αύτό τώ πνεύματι τού στόματος αύτοΰ, καί καταργεί τη έπιφανεία τής παρουσίας αύτοΰ1* ». 56. Καί δρα, εί δύναται κατά τό νοητόν ταύτα ύπό τού αποστόλου έν τη πρός Θεσσαλονικεϊς παρίστασθαι έπιστολή. Τί γάρ έστι τό άναλούμενον τω πνεύματι τού στόματος Χριστού, Χριστού τυγχάνοντος λόγου καί άληθείας καί σοφίας, ή τό ψεύδος ; Και τί τό καταργούμενον τη έπιφανεία της παρουσίας Χριστού, σοφίας καί λόγου νοουμένου, ή παν τό έπαγγελλόμενον είναι σοφία, τυγχάνον δέ εν τούτων, ών ό θεός δράσσεται « έν τή πανουργία αυτών0 » ; "Ετι ό ’Ιωάννης Οαυμασιώτατα έν τοίς περί τού όχουμένου τω λευκώ ίππω λόγου φησί καί τό « Οί οφθαλμοί δέ αύτού ώς 121 B φλόξ πυρόςά ». 57. Ώς γάρ ή φλόξ τό λαμπρόν άμα καί φωτιστικόν, έτι δέ καί πυρώδες εχει καί άναλωτικόν τών ύλικωτέρων, ούτως οί, ιν’ ούτως εϊπω, όφθαλμοί τού λόγου, οίς βλέπει καί πας ό μετέχων αύτοΰ, πρός τώ διά τών ένυπαρa. b. c. <1. Cf. Apoc. 19, 11 H Thess. 2, 8 I Cor. 3. 19 Apoc. 19, 12 1. Par la raison : par le verbe ; l'irrationnel : le non-verbe (άλογον) ; cet emploi du mot logos a été étudié p. 191, n. 1. IJ, § 53-57 (JEAN 1, 2) 241 ce motif, est appelé juste, devienne absolument l’égal de la .Justice. Vil. 54. Si juger dans la justice» est l'affaire du Verbe, combattre dans la justice l'est aussi : on dit donc qu’il combat ainsi les ennemis par la raison et la justice et anéan­ tit l'irrationnel1 et l’injuste, afin que, après avoir chassé les adversaires hors de l’âme de l'homme capturé par le Christ pour son salut, si l’on peut dire, il y demeure et la justifie. 55. La guerre que mène le Verbe, on peut encore mieux la voir quand il prend le parti de la vérité, tandis que celui qui fait semblant d’etre le Verbe sans être le Verbe (prétend être le Verbe) et que celle qui s'intitule vérité, en n’étant pas vérité mais mensonge, prétend être la vérité. Alors le Verbe armé contre le mensonge a le détruit du souille de sa bouche et l'anéantit par la manifestation de sa pré­ sence1’». 56. Vois s’il n’est pas possible que ce soit cela que l’Apôtre a voulu faire connaître d’après le sens spirituel dans l’Épîtrc aux Thcssalonicicns. Car si le Christ est le Verbe, la Vérité et la Sagesse, qu'esl-ce qui est détruit par le souffle de la bouche du Christ, sinon le mensonge ? Et qu’est-ce qui est anéanti par la manifestation de la présence du Christ, conçu comme Sagesse et comme Verbe, sinon tout ce qui fait profession de sagesse et (n')est (qu’)un de ces êtres que Dieu saisit <· dans leur propre méchanceté0 »? Jean ajoute encore, dans sa description du Verbe porté par un cheval blanc, des détails très surprenants : « Scs yeux sont comme une flamme de fcud. » 57. De même que la flamme possède à la fois la propriété de briller et d’illu­ miner et celle de brûler et de détruire la matière, de même les yeux du Verbe, si je peux m’exprimer ainsi, au moyen desquels il voit lui-même ainsi que quiconque participe de lui, ne se contentent pas de saisir, grâce (aux rayons)2 qui 2. Wcndland et Preuschcn proposent dans l’apparat critique d’ajouter άκτίνων après έ'/υπαρχουσών αύτω. 16 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 242 χουσών αύτώ <άκτίνων> άντιλαμβάνεσθαι τών νοητών άναλοΰσι καί άφανίζουσι τά ύλικώτερα καί παχύτερα τών 62 Pr. νοημάτων πάντα δέ τήν | ίσχνότητα καί λεπτότητα έκπέφευγε της άληθείας τά όπωσποτοΰν ψευδόμενα. VIII. 58. Ιίάνυ δέ τεταγμένως μετά τον έν δικαιοσύνη κρίνοντα καί κατά το έν δικαιοσύνη κρίνειν πόλεμουντά, εξής δέ τώ πολεμεϊν φωτίζοντα, έπιφέρεται τό έπί τήν κεφαλήν είναι αύτοΰ πολλά διαδήματα«. Εί μέν-γάρ êv ήν καί μονοειδές τό ψεύδος, καθ’ ού τόν στέφανον ήττωμένου έλάμβανεν ό νική121 C σας « πιστός καί αληθινός6 » λόγος, καί έν διάδημα περικεΐσθαι εύλόγως <άν> άναγέγραπτο ό έπικρατήσας τών εναντίων θεού λόγος. 59. Νυνί δέ πολλών βντων τών έπαγγελλομένων τήν άλήθειαν ψευδών, καθ’ ών στρατευσάμενος ό λόγος στεφανοΰται, πολλά γίνεται τά διαδήματα τη κεφαλή τοΰ πάντα νικήσαντος περικείμενα καί έκάστης δέ άποστατησάσης ένεργείας κρατών πολλά διαδήματα τώ νικάν περι­ τίθεται. 60. Έξης μετά τά διαδήματα άναγέγραπται εχειν « όνομα γεγραμμένον δ ούδείς οΐδεν εί μή αύτός" »· ούτος γάρ ό έμψυ­ χος λόγος έπίσταταί τινα μόνος, διά τό ύποδεέστερον έν τοϊς έξης γενητοις της φύσεως αύτου ούδενός χωροΰντος πάντα, ά εκείνος καταλαμβάνει θεωρεϊν. Τάχα δέ καί οί μετέχοντες εκείνου τοΰ λόγου μόνοι παρά τούς μή μετέχοντας ϊσασι τά 121 D μή εις εκείνους φθάνοντα. 61. Ού γυμνός δέ τώ ’Ιωάννη όράται τω ΐππω οχούμενος ό του θεού λόγος· περιβέβληται γάρ ίμάτιον ρεραμμένον αίματι0, έπείπερ ίχνη περίκειται ό γενόμενος λόγος σάρξ, καί διά τό γεγονέναι σάρξ άποθανών, ώς προχυθήναι αύτοΰ καί αίμα έπί τήν γην νύξαντος τοϋ στρατιώτου τήν πλευράν αύτοΰ", εκείνου τοΰ πάθους. Τάχα γάρ καν όπωσποτέ έν τη τοΰ λόγου ύψηλοτάτη καί άνωτάτη θεωρία γενώμεθα καί της a. b. c. d. Apoc. Apoc. Apoc. Apoc. 19, 19, 19, 19, 12 11 12 13 II. § 57-61 (JEAN 1. 2) 243 sont en lui, les réalités spirituelles, mais encore ils consument et détruisent les pensées matérielles et épaisses : car tout ce qui, de quelque manière que ce soit, est mensonger s’écarte de la finesse et de la délicatesse de la vérité. VIII. 58. Selon une admirable progression, après (avoir parlé de) celui qui juge dans la justice et fait la guerre selon ses justes jugements et qui, à la suite de ce combat, répand la lumière, (Jean) ajoute qu’il porte sur la tète plusieurs diadèmes”. En effet, si le mensonge, dont la défaite a fait ceindre la couronne au Verbe vainqueur, fidèle et véritable1», était unique et d’une seule espèce, il eût été juste d’écrire que le Verbe de Dieu porte un diadème, après avoir terrassé ses adversaires. 59. Or, du moment qu’il y a beaucoup de mensonges qui se prétendent la Vérité et que le Verbe est couronné parce qu’il mène la guerre contre eux, les diadèmes se font nombreux sur la tête de celui qui les a tous vaincus. En l’emportant sur toute puissance rebelle, il ceint, par son triomphe, beaucoup de diadèmes. 60. A la suite des diadèmes, il est écrit qu’ a il porte un nom gravé que nul ne connaît si ce n’est lui« ». Ce Verbe vivant est seul à savoir certaines choses : en effet, à cause de l’infériorité de leur nature par rapport à la sienne, aucun des êtres qui viennent après lui ne peut voir tout ce qu’il embrasse. Mais ceux qui participent de ce Verbe, à la différence de ceux qui ne participent pas de lui, sont peut-être seuls à savoir ce qui ne parvient pas jusqu'aux autres. 61. Mais il n’est pas nu, le Verbe de Dieu que Jean voit à cheval : il est recouvert d’un manteau aspergé de sangd, puisque le Verbe fait chair, mort parce qu’il s’est fait chair, de sorte que son sang se répandit sur la terre lorsque le soldat perça son côté0, reste enveloppé des marques de sa passion. Car, si nous arrivons un jour à la plus élevée et :i la plus sublime contemplation du Verbe et de la Vérité, c. Jn 19, 34 241 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN 124 A άληθείας, ού πάντη έπιλησόμεθα της έν σώματι ημών γενομένης δι* αύτού εισαγωγής* 62. Τούτοι τω τού θεού λόγω τά έν τω ούρανώ στρατεύματα άκολουΟεΐ πάντα”, λόγω επόμενα ήγουμένω καί μιμούμενα αύτόν έν πάσι, και μάλιστα τω έπιβεβηκέναι ομοίως αύτώ ΐπποις λευκοϊς' πάντα γάρ ενώπιον τοΐς νοουσιΚ Καί όίσπερ « άπέδρα όδύνη καί λύπη καί στεναγμός0 » έπί τω τέλει τών πραγμάτων, ούτως οϊμαι οτι άπέδρα ασάφεια καί απορία, πάντων έπιμελώς καί τρανώς προπιπτόντων τών τής τού θεού σοφίας μυστηρίων. 63. Έπισκέψαι δέ τούς λευκούς | ιππουςά τών άκολου63 l’r. θούντων τώ λόγω, ένδεδυμένους « βύσσινον λευκόν καί καθα­ ρόν », εί μή, έπεί ή βύσσος άπό γης γίνεται, τών έπί γης διαλέκτων, άς ήμφιεσμέναι είσιν αί σημαίνουσαι φωναί καθαρώς τά πράγματα, τύποι τυγχάνουσι τά βύσσινα ένδύματα. Ταύτα δή έπί πλεΐον έκ της Άποκαλύψεως διδασκούσης 124 B περί λόγου θεού εΐρηται, ίνα άκριβέστερον τά περί αύτού νοήσωμεν. Οδτο$ ήν έν άρχή πρός τόν θεόν0. IX. 64. (5) Τοΐς μή άκριβούσιν τάς διαφόρους έν τοΐς άπαγγελλομένοις προτάσεις δόξει ταύτολογεΐν ό εύαγγελιστής, ούδέν πλέον λέγων έν τώ « Οδτος ήν έν άρχή πρός τόν a. b. c. d. e. Apoc. 10, 14 Prov. 8, 9 Is. 35, 10 Apoc. 19, 14 Jn 1, 2 1. Apres un rapprochement entre ce passage de l’Apocalypse et les armées célestes — faites avant tout de chars et de cavaliers — dont la vision fut accordée aux prophètes Ézéchie) (Il Rois 6, 16-17) et Habacuc (3, 8), le Commentaire sur le Cantique (II, GCS VIII, p. 152153) propose diverses interprétations du cheval blanc monté par le II, § 61-61 (JEAN i, 2) 245 nous n’oublierons sans doute pas entièrement que nous y avons été introduits par sa venue dans notre corps. 62. Ce Verbe de Dieu est accompagne de toutes les années du ciel" ; elles suivent le Verbe qui les conduit et l’imitent en toutes choses : en particulier, elles montent comme lui des chevaux blancs : car tout est à découvert pour ceux qui comprennent1*. De même que douleur, chagrin et gémissement0 auront disparu à la fin du monde, de même auront disparu, je pense, l’incertitude et l’embarras, car tous les mystères de la Sagesse de Dieu se manifesteront avec précision et clarté. 63. Mais considère les chevaux blancs4 de ceux qui accompagnent le Verbe : ils sont revêtus d’un lin blanc et pur; est-ce que, puisque le lin germe de la terre, ces vêtements de lin ne sont pas l’image des langages de la terre dont sont revêtues les voix qui révèlent toutes choses dans leur pureté1? D’après l’enseignement de l’Apocalypse, nous avons encore ajouté ces (considérations) au sujet du Verbe Dieu afin de mieux saisir ce qui le concerne. Celui-ci était dans le principe auprès de Dieu0 5. Reprise de « Celui-ci était dans le auprès de Dieu » principe IX. 64. Λ ceux qui ne considèrent pas avec assez d’atten­ tion les différentes propositions du texte que nous avons cité, l’évangéliste paraîtra se répéter et ne rien dire de plus dans « Celui-ci était dans le principe auprès de Dieu » que Verbe : son corps charnel, son âme humaine, son être humain tout entier corps et âme, enfin son corps qui est Γ Église, à qui le baptême a rendu sa blancheur : le Christ compare son Église au cheval blanc et la rend semblable soit à ce cheval qui le porte, soit à la cavalerie céleste qui le suit en vêtements blancs. 246 124 C 124 D 64 Ρτ. 125 A SUR L’ÉVANGILE DE JEAN θεόν » παρά τό « Και ό λόγος ήν προς τον θεόν ». 65. 1 ηρη· τέον δέ ότι έν μέν τώ « ‘0 λόγος ήν πρός τον θεόν » ού μανθάνομεν τό πότε ή έν τίνι « ήν πρός τόν θεόν », κατά τό τέταρτον αξίωμα προσκείμενον τέσσαρα γάρ αξιώματα, άπερ παρά τισι προτάσεις καλούνται, έ’στιν ενθάδε, ών τό τέταρτον « Ούτος ήν έν άρχή πρός τόν θεόν ». 66. Ού ταύτόν δέ τό « Ό λόγος ήν πρός τόν θεόν »' και τό « Ούτος ήν » ούχι απλώς πρός τόν θεόν, άλλα. πότε ή έν τίνι πρός τόν θεόν* « Ούτος, γάρ φησιν, ήν έν άρχή πρός τόν θεόν ». ’Αλλά καί τό « ούτος » κατά δεϊξιν έκφερόμενον νομισθήσεται έπί τοΰ λόγου τετάχθαι ή έπί τού θεού ύπό τού μή ίσχνότερον έρευνώντος, ίνα καί εύρη σύ?Λη·ψιν τών προτέρων γινόμενην έν τή « ούτος » προσηγορία τής τε λόγος έπινοίας καί τής θεός, ίνα ή δεϊξις συναγάγη εις έν τά τή έπινοία διάφορα' ού γάρ έν τή έπινοία τή λόγος έστιν ή θεός, ούδέ εν τή θεός ή λόγος. 67. Τάχα δέ συγκεφαλαίωσές έστι τών τριών προτάσεων εις μίαν τήν « Ούτος ήν έν άρχή πρός τόν θεόν »' καθ’ δ γάρ « έν άρχή ήν ό λόγος », ού μεμαΟήκειμεν οτι « πρός τόν θεόν »· καθ’ δ δέ « πρός τόν θεόν » ό λόγος ήν, ούκ έγινώσκομεν σαφώς, ότι έν άρχή πρός τόν θεόν ήν καθ’ δ δέ « θεός ό λόγος ήν », ούτε τό « έν άρχή » αύτόν είναι έδηλούτο ούτε δτι « πρός τόν θεόν » έτύγχανεν. 68. Έν δέ τή « Ούτος ήν έν άρχή πρός τόν θεόν » άπαγγελία, τού « ούτος » έπί τού λόγου καί θεού νοουμένου, καί τού « έν άρχή » ούτω συναπτοί μένου τού τε « πρός τόν θεόν » προστιθε­ μένου, ούδέν παραλείπεται τών έν ταϊς τρισί προτάσεσιν, δ ού συγκεφαλαιούται συναγομένων εις έν. 69. "Ορα δέ εί κατά τό δισσόν δνομάζεσθαι τό « έν άρχή » δυνατόν ημάς μανθάνειν πράγματα δύο' έν μέν ότι « έν άρχή ήν ό λόγος », ώς εί καθ’ αύτόν ήν καί μή πάντως πρός τινα* έτερον δέ δτι « έν άρχή » « πρός τόν θεόν ήν ». Καί οίμαι, 1. Apris ώς et, la plupart des niss portent και, supprimé par Preuschcn d’après le Vendus Martian. 502, un manuscrit qui ne renferme que les chapitres ix â xin de ce livre. 11, § 65-69 (JEAN 1, 2) 247 dans « Et le Verbe était auprès de Dieu. » 65. Cependant, il faut prendre garde que par « Le Verbe était auprès de Dieu » nous n’apprenions ni quand ni en qui il était auprès de Dieu, et c’est ce qui est ajouté dans la quatrième affir­ ma Lion. Car il y a ici quatre affirmations, que certains appellent propositions, dont la quatrième est : « Celui-ci était au commencement auprès de Dieu. » 66. Mais - Le Verbe était auprès de Dieu » n’est pas la même chose que « Celui-ci était » non simplement auprès de Dieu, mais à quel moment et en qui auprès de Dieu : « Celui-ci, cst-il dit en effet, était dans le principe auprès de Dieu. » Mais si on ne se borne pas à une recherche superficielle, on songera que « celui-ci » employé comme démonstratif est mis pour le Verbe ou pour Dieu. Ainsi pourra-t-on trouver dans le terme « celui-ci » la reprise des notions précédentes, celle de Verbe et celle de Dieu, et ce démons­ tratif rassemblera en un seul tout deux termes dont les notions diffèrent : car, dans la notion de Verbe, il n'y a pas celle de Dieu et, dans celle de Dieu, il n’y a pas celle de Verbe. 67. (Jean) récapitule sans doute les trois propositions en une seule : « Celui-ci était dans le principe auprès de Dieu » ; en effet, d’après « Le Verbe était dans le principe », nous ne comprenions pas qu’il était auprès de Dieu, d’après a Le Verbe était auprès de Dieu », nous ne savions pas clai­ rement qu’il était dans le principe auprès de Dieu et. d'après « Le Verbe était Dieu », il ne nous était indique ni qu’il était dans le principe ni qu’il était auprès de Dieu. 68. Par contre, dans l'assertion « Celui-ci était dans le principe auprès de Dieu », puisque « celui-ci » se rapporte au Verbe-Dieu, que « dans le principe » y est ainsi rattaché et a auprès de Dieu » ajouté, il ne reste rien du contenu des trois pro­ positions réunies en une seule qui ne soit pas récapitulé. 69. Vois s’il ne nous est pas possible d’apprendre deux choses du fait que « dans le principe » est répété deux fois : l'une que « le Verbe était dans le principe », comme s’il y était par lui-même1 et pas forcément auprès de quel- 218 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN δτι ού ψεύδος βίπεΐν περί αύτού, δτι « έν άρχή ήν » καί « έν άρχή » « πρός τον θεόν », ούτε « πρός τόν θεόν » μόνον τυγχάνων, έπεί καί « έν άρχή ήν », ούτε « έν άρχή » μόνον ών καί ούχί « πρός τόν θεόν » ών, έπεί « Οΰτος ήν έν άρχή πρός τόν θεόν ». H, § 69 (JEAN 1, 2) 249 qu’un ; l’autre, qu’ « Il était dans le principe auprès de Dieu ». Et je pense qu’il ne serait pas faux de dire de lui qu’ « il était dans le principe » et qu’ « il était dans le prin­ cipe auprès de Dieu », qu’il n’était ni seulement auprès de Dieu, puisqu’il était aussi dans le principe, ni seulement dans le principe sans être auprès de Dieu, puisque « Celui-ci était dans le principe auprès de Dieu. » 250 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN Πάντα δι’ αύτού <γ«ν<τοβ. X. 70. (ό) Ουδέποτε την πρώτην χώραν έχει τδ « δι’ ού », δευτέραν δέ αεί* οΐον έν τη πρδς ’Ρωμαίους* « ΙΙαΰλος δούλος, φησί, Χριστού ’Ιησού, κλητός απόστολος, άφω125 Β ρισμένος εις εύαγγέλιον θεού, δ προεπηγγείλατο διά τών προφητών αύτού έν γραφαΐς άγίαις περί τού υίοΰ αύτού, τού γενομένου έκ σπέρματος Δαβίδ κατά σάρκα, τού όρισθέντος υιού θεού έν δυνάμει κατά πνεύμα άγιωσύνης έξ άναστάσεως νεκρών, ’Ιησού Χριστού τού κυρίου ημών, δι’ ού έλάβομεν χάριν καί αποστολήν εις ύπακοήν πίστεως έν πασι τοΐς έθνεσιν ύπέρ τού ύνόματος αύτού1*. » 71. '0 γάρ θεός τδ εύαγγέλιον έαυτού προεπηγγείλατο διά τών προφητών, ύπηρετούντων τών προφητών καί έχόντων τδν λόγον τού « δι* ου », καί πάλιν ό θεδς έδωκε « χάριν καί αποστολήν εις ύπακοήν πίστεως έν πάσι τοΐς έΟνεσι » Παύλω καί τοΐς λοιποϊς, καί έ'δωκ.ε διά Χριστού ’Ιησού τού σωτηρος, έχοντος τδ « δι’ ού ». 72. Καί έν τη πρδς Εβραίους ό αύτδς Παύλος φησιν 125 C « ’Επ’ εσχάτου τών ήμερων έλάλησεν ήμΐν έν υίω, δν εθηκε κληρονόμον πάντων, δι’ ού καί έποίησε τούς αιώνας0 », διδά­ σκων ημάς, οτι ό θεδς τούς αιώνας πεποίηκε διά τού υίοΰ, a. Jn t, 3 h. Rom. 1, 1-5 c. Héb. 1, *2 1. De nouveau le verbe γίγνομαι qui n’indique pas l’être, niais le passage dans l’être. Voir supra, p. 113, n. 3 et p. 209, n. 2. Par notre passé simple, qui rend assez bien le caractère transitoire du fait, nous r II, 5 70-72 (JEAN 1. 3) 251 Toutes choses furent par son intermédiaire;U 1. Le Verbe, cause instrumentale X. 70. .Jamais les mots « par l’intermédiaire de qui » ne figurent à la première place, mais toujours à la seconde, comme dans l'Épître aux Romains : « Paul, est-il dit, ser­ viteur du Christ Jésus, appelé comme apôtre, mis à part pour l’Évangile de Dieu, qu’il avait annoncé d’avance par ses prophètes dans les Saintes Écritures au sujet de son [•'ils, né de la race de David selon la chair, mais établi Fils de Dieu dans toute sa puissance, selon l’Esprit de sainteté, par suite de sa résurrection d’entre les morts, Jésus-Christ Notre Seigneur, par l’intermédiaire de qui nous avons reçu grâce et apostolat pour soumettre à la foi toutes les nations à l’honneur de son nomb. » 71. Car Dieu avait annoncé d’avance son Évangile par l’intermédiaire des prophètes : les prophètes le servaient et avaient l’intelligence2 du « par l’intermédiaire de qui», puis Dieu donna à Paul et aux autres «grâce et apostolat pour soumettre toutes les nations à la foi», il les donna par l’intermédiaire du Christ Jésus, le Sau­ veur, à qui revient (l’expression) «par l’intermédiaire de qui». 72. Dans l’Épître aux Hébreux, le même Paul dit: «A la fin des jours, il nous a parlé en son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par l’intermédiaire de qui il a aussi créé les siècles0»; il nous apprend par là que Dieu avons traduit l’aoriste et, par notre présent, le partait qui indique le résultat de ce passage à l’être. 2. Le logos. 252 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN έν τώ τούς αιώνας γίνεσθαι του μονογενούς εχοντος τό « δ·.’ ού ». Ούτω τοίνυν καί ενθάδε εί πάντα διά τού λόγου έγένετο, ούχ υπό τοΰ λόγου έγένετο, άλλ’ ύπδ κρείττονος καί μείζονος παρά τόν λόγον. Τίς δ’ άν άλλος ούτος τυγχάνη ή ό πατήρ ; 73. Εξεταστέου δέ, αληθούς οντος τού « πάντα δι’ αύτού έγένετο », εί καί τό πνεύμα τό άγιον δι’ αύτού έγένετο. 65 Ρτ. Οίμαι γάρ οτι τώ μέν | φάσκοντι γενητόν αύτό είναι καί προιεμένω τό « πάντα δι’ αύτού έγένετο »■ άναγκαϊον παρα125 D δέξασθαι, ότι καί τό άγιον πνεύμα διά τού λόγου έγένετο, πρεσβυτέρου παρ’ αύτό τού λόγου τυγχάνοντας. Τώ δέ μή βουλομένω τό άγιον πνεύμα διά τού Χριστού γεγονέναι έπεται τό « άγέννητον » αύτό λέγειν, αληθή τά έν τώ εύαγγελίφ τούτω είναι κρίνοντι. 1. Ex ipso désigne la cause première, origine de toute création; Per ipsum, la cause seconde, grâce à laquelle cc qui a d’abord clé créé subsiste ; In ipso fait entendre que ceux dont la vie s’est amendée trouvent leur subsistance (ou consistance) dans la perfection de Dieu : ainsi nous existons ex Deo, nous sommes gouvernés per ipsum et, si nous demeurons dans la plus haute perfection, nous sommes in ipso (In nom. III, S et VIII, 12 ou 13, PG 14, 956 A B ; 1202 A B, Lom­ matzsch VI, p. 224 et VII, p. 279). Comme on le voit, Ex ipso corres­ pond ici assez exactement â notre ύφ* ού et Per ipsum à notre δι’ ού. Si les trois personnes ne sont pas mentionnées, l’appropriation semble évidente : l’explication donnée Λ In ipso correspond tout â fait au rôle qu’Origènc va attribuer au Saint-Esprit dans la vie des saints (IL 77 à 80 et la note) et, d’autre part, saint Paul a, le premier, utilisé έξ ού pour le Pore et δι’ ού pour le. Christ (I Cor. 8, G) : « Nous n’avons qu’un seul Dieu, le Père έξ ού τά πάντα ... et qu’un seul Seigneur, Jésus-Christ, δι’ ού τά πάντα ». Si certains pensaient pouvoir en conclure que le Fils n’est pas Dieu, Origène s’y oppose, en prenant appui sur Rom. 9, 5 : Père et Fils sont Dieu et Seigneur ; avec l’Esprit, ils sont une seule nature élevée au-dessus de toutes choses (In Rom, VII, 13, PG 14, 1140 C à 1141 B, Lommatzsch VIT, p. 157-158). Irénée avait expliqué de même Super omnia, per omnia et in omnibus de Éphés. 4, 6 (Ado. hacr. V, 18, 1. I. II, p. 374) : super omnia quidem Pater... ; per omnia autem Verbum... ; in omnibus autem nobis Spiritus, à quoi il avait ajouté, attribuant comme Origène un rôle particulier â l’Esprit dans la sanctification : ipse est aqua tiiua, quam praestat Dominus in se recte credentibus e.t diligentibus. Cependant, si le Père est le premier Créateur, le Fils est d’une II, § 72-73 (JEAN 1. 3) 253 créa les siècles par l'intermédiaire de son Fils, c’est-à-dire que, dans cette genèse des siècles, c’était au Fils unique que revenait l’expression a par l’intermédiaire de qui ». De même ici, si toutes choses « furent » par l’intermédiaire du Verbe, clics ne « furent » pas par le Verbe, mais par quelqu’un de plus puissant et de plus grand que le Verbe. Qui d’autre pourrait-il être, si ce n’est le Père1 ? 2. Le Saint-Esprit 73. S’il est vrai que toutes choses furent par S0Il intermediaire, il s’agit d’examiner si l’Esprit-Saint fut également par lui. Je pense que, pour quiconque affirme qu’il a une origine et met en avant «Toutes choses furent par lui», il sera néces­ saire d’admettre que le Saint-Esprit fut, lui aussi, par l’inter­ médiaire du Verbe, car le Verbe est plus vénérable2 que lui. Mais, pour celui qui ne veut pas que le Saint-Esprit soit par le Christ, il s’ensuit, s’il juge vraies les paroles de cet évangile, qu’il est sans origine8. , a, . . rois opinions certaine manière » Créateur — ou démiurge (I, 111), il est Créateur immédiat (προσεχώς δημιουργός : C. Celse VI, 60) —, on serait tenté de dire « l’exécutant » si le fragment lit n’était là pour nous rappeler que Stà n’indique pas un service (διακονία), mais une collaboration (συνεργία). « Tu as tout créé par ton Verbe — ta Parole - », disait déjà à Dieu l’auteur du livre de la Sagesse (9, 1). Son compatriote et coreligionnaire alexandrin, Philon, avait ensuite expliqué que Dieu est cause ύφ’ ού, non instrument δι’ ού (ίργανον ou έργαλεΐον : De Cherubim 125). Origène reviendra sur l’emploi πάντων τών ύπό τού πατρός διά Χριστού γεγενημένων. 76. Καί τάχα αύτη έστιν ή αιτία τού μή καί αύτό υιόν χρηματίζειν τού θεού, μόνου τού μονογενούς φύσει υιού άρχήΟεν τυγχάνοντος, ού χρήζειν έοικε τό άγιον πνεύμα διακονούντος αύτού rft ύποστάσει, ού μόνον είς τό είναι άλλά καί σοφόν είναι καί λογικόν καί δίκαιον καί παν ότιποτουν χρή αύτό νοεϊν τυγχάνειν κατά μετοχήν τών προειρημένων ήμίν Χριστού έπινοιών. 77. Οίμαι δέ τό άγιον πνεύμα τήν, ΐ'ν’ ούτως είπω, ύλην τών άπό θεού χαρισμάτων παρέχειν τοίς δι’ αύτό καί τήν μετοχήν αύτού χρηματίζουσιν άγίοις, της είρημένης ύλης τών χαρισμάτων ένεργουμένης μέν άπό τού θεού, διακονουμένης δέ ύπό τού Χριστού, ύφεστώσης δέ κατά τό άγιον πνεύμα. 129 B 78. Καί κινεί με είς τό ταύΟ’ ούτως εχειν ύπολαβεϊν Παύ­ λος περί χαρισμάτων ούτω που γράφων- « Διαιρέσεις δέ χαρισμάτων είσί, τό δ* αύτό πνεύμα- καί διαιρέσεις διακο­ νιών είσί, καί ό αύτός κύριος- καί διαιρέσεις ένεργημάτών είσί, καί ό αύτός έστι θεός ό ενεργών τά πάντα έν πασιν1 11. » I XI. 79. “Εχει δέ έπαπόρησιν διά τε τό « Πάντα δι* 66 Pr. αύτού έγένετο b » καί τό άκολουΟείν τό πνεύμα γενητόν δν διά τού λόγου γεγονέναι, πώς οίονεί προτιμάται τού Χριστού έν τισι γραφαίς, έν μέν τώ 'Ησαία όμολογούντος Χριστού ούχ a. I Cor. 12. 1-6 b. Jn 1, 3 1. Intelligent : logikos. Le Logos divin est l’unique source de toute intelligence (voir ci-dessus J, 267 et la note). Le Père n’a jamais été sans Fils, car on ne saurait imaginer Dieu sans logos (De Prine. IV, 4, 1). 2. Ceci correspond à l’attribution au Père de Ex ipso, au Fils de Per ipsum et à l’Esprit de Jn Ipso : voir supra, p. 252, n. 1. La même idée est exprimée dans le De Principiis (I, 3, 7), où l’action (inoperatio) est attribuée au Père, le service (ministerium) au Fils et le don gratuit (gratia) à l’Esprit. Cf. M. Harl, Origène. et la fonction révélatrice du Verbe incarné, p. 107. 3. Comme le fait remarquer A. Orbe (/ùi los albores, p. 17), bien II, J 75-79 (JEAN 1. 3) 257 Esprit a phis de dignité que tout le reste cl qu’il est d’un rang supérieur à tout ce qui est du Père par le Christ. 76. C’est peut-être le motif pour lequel il ne porte pas, lui aussi, le nom de Fils de Dieu, car seul le Fils unique est, dès le commencement, fils par nature et il semble que le Saint-Esprit ait besoin de son intermédiaire pour subsister individuellement, et non seulement pour exister, mais encore pour être sage, intelligent1, juste, et tout ce qu’il faut penser qu’il est, puisqu’il participe aux attributs du Christ que nous avons énumérés. 77. .Je crois que le Saint-Esprit fournit la matière des dons de Dieu, envers les saints si l’on peut s'exprimer ainsi, à ceux qui, grâce à lui et parce qu'ils participent de lui, sont appelés saints : cette matière des dons, dont je viens de parler, est produite par Dieu, procurée par le Christ et subsiste selon le Saint-Esprit2. 78. Ce qui me pousse à croire qu'il en est ainsi, c'est Paul qui écrit à propos des dons de la grâce : « Il y a certes diversité de dons, mais c’est le même Esprit, diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur, diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous". » c) Son rôle XI. 79. Une question se pose rf| Objections qu’on à cause de « Toutes choses furent pourrait tirer d’Isaïe par luib» et parce qu’il s’ensuit que et de l’Évangile l’Esprit, ayant une origine, est par le Verbe3 : comment se fait-il qu’en certains passages des Écritures il semble plus digne que le Christ4 ? dans Isaïe, qu’il indue l’Esprit parmi les choses hechas por medio dei Verbo, Origène n’imagine pas mettre en péril sa nature divine, comme le feront plus tard les Macédoniens. 4. Nous touchons ici du doigt le motif de la subordination de l’Esprit au Fils, comme du Fils au Père : l’un et l'autre est inférieur à celui dont il reçoit l’être (voir supra, p. 186, n. 1). 17 258 SUR L’ÉVANGILE UE JEAN ύπο τού πατρός άπεστάΧΟαι μόνου, αλλά καί ύπδ τού αγίου πνεύματος — φησί γάρ· « Καί νυν κύριος άπέστειλέ με καί τδ πνεύμα αύτού11 » —, έν δέ τφ εύαγγελίω άφεσιν μέν έπαγγελλομένου έπί της εις αύτόν αμαρτίας, υποφαινομένου δέ περί της εις τό άγιον πνεύμα βλασφημίας, ώς ού μόνον « έν 129 C τούτο» τω αίώνι » μή έσομένης άφέσεως τω εις αύτδ δυσφημήσαντι, άλλ’ ούδέ « έν τω μέλλοντι* ». 80. Καί μήποτε ού πάντως διά τδ τιμιώτερον είναι τδ πνεύμα τδ άγιον τοΰ Χριστού ού γίνεται άφεσις τω εις αύτδ ήμαρτηκότι, άλλά διά τδ Χριστού μέν πάντα μετέχειν τα λογικά, οϊς δίδοται συγγνώμη μεταβαλλομένοις άπδ τών αμαρτημάτων, τού δέ αγίου πνεύματος τούς καταξιωμένους μηδεμιάς εύλογον είναι συγγνώμης τυχείν, μετά τηλικαύτης καί τοιαύτης σύμπνοιας της εις τδ καλόν έτι άποπίπτοντας καί έκτρεπομένους τάς τοΰ ενυπάρχοντας πνεύματος συμβουλίας. 81. Εί δέ κατά τδν ‘Ησαίαν φησίν ό κύριος ημών ύπδ τοΰ πατρδς άπεστάλθαι καί 129 D τού πνεύματος αύτοΰ, έστι καί ένταϋθα περί τού άποστείλαντος τδν Χριστόν πνεύματος άπολογήσασΟαι, ούχ ώς φύσει διαφέροντος άλλα διά τήν γενομένην οικονομίαν της ένανθρωπήσεως τοΰ υιού του θεοΰ, έλαττωθέντος παρ’ αύτδ τοΰ σωτηρος. a. Is. 48, 16 b. Cf. Matth. 12, 32123* 1. Αύτδ Delarue : αύτόν Preuschen Brooke. 2. C'est la définition même du logikos. Sans cette participation, il n’y aurait pas de responsabilité. Voir supra, p. 196-197, n. 1. 3. Origène part de l'identification paulinienne du saint et du spi­ rituel (πνευματικός : / Cor. 2. 15 ; 3, 1 : Cal. 6, 1), pour ailirmer que, si l'action du Père et du Fils s’étend â toute créature sans distinction, la participation à l'Esprit (πνεύμα) est réservée aux saints (De Prine. I, 3. 7). Nul homme, attaché aux affaires terrestres, ne peut recevoir la nouvelle naissance (frg. 35) ; l’Esprit se retire des pécheurs (XXVIII, 122-126) ; est aux enfers celui qui, après avoir reçu l’Esprit, retourne à une vie païenne (XXVIII, 55), car c’est cela le blasphème contre l’Esprit (De Peine., loc. cil.). Ailleurs, Origène envisagera II, § 79-81 (JEAN 1. 3) 259 le Christ reconnaît qu’il a été envoyé non seulement par le Père mais aussi par le Saint-Esprit - Il dit en effet : « Maintenant le Seigneur et son Esprit m’ont envoyé3 » — ; dans l’Évangile, il promet le pardon pour les péchés commis envers lui, tandis qu’il déclare, au sujet du blasphème contre le Saint-Esprit, que non seulement en ce siècle mais encore dans le siècle à venir il n’y aura pas de pardon pour qui­ conque aura mal parlé de lui1». 80. Mais s’il n’y a pas de pardon pour quiconque a péché contre lui1, ce n’est peutêtre pas du tout parce que l’Esprit-Saint est plus digne que le Christ, mais parce (pie tous les êtres raisonnables participent du Christ2 et que le pardon leur est accordé s’ils se convertissent de leurs péchés ; en revanche, il est normal que ne puissent obtenir aucun pardon ceux qui ont été jugés dignes de recevoir le Saint-Esprit quand, apres une si belle et si grande union, ils retombent encore dans le mal et se détournent des inspirations de l’Esprit qui demeure en eux3. 81. D’autre part, d’après Isaïe, Notre Seigneur déclare qu’il a été envoyé par le Père et par son Esprit ; il faut répondre, ici également, que, si l’Esprit envoie le Christ, ce n’est pas que, par nature, il lui soit supérieur, mais parce que le Sauveur a été abaissé au-des­ sous de lui, le plan de l’incarnation du Fils de Dieu s’étant réalisé4. toute une année de siècles, au cours desquels il n’est pas exclu — car il n’est pas plus précis que cela que le blasphémateur obtienne son pardon (De Or. 27, 15). Cependant, il convient de ne pas durcir cette appropriation, car Origène va affirmer (II, 114) que seul le saint est logikos au plein sens du terme et, nous l’avons déjà vu (I, 267), le véritable logikos fait tout pour la gloire de Dieu. I. Dans ses écrits ultérieurs, Origène signalera l’ambiguïté de ce verset d’Isaïe dans la version des Septante : il peut signifier aussi bien l'envoi du Sauveur et de l’Esprit par le Père que l’envoi du Sauveur par le Père et l’Esprit. Sa préférence pour la première interprétation, due au fait que l’Esprit a été envoyé après le Fils pour parfaire la révélation (Contre. Celse I, 46), laissera subsister, pour le cas où quelqu’un voudrait arbitrairement soutenir la seconde, l’explication 260 132 A 132 Β 67 Ρτ. 132 C SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 82. El δέ έν τούτω προσκόπτει <τις> τώ λέγειν ήλαττώσθαι παρά τδ άγιον πνεύμα τδν σωτηρα ένανθρωπήσαντα, προσακτέον αύτδν άπδ τών έν τη πρδς ' Εβραίους λεγομένων επιστολή, καί αγγέλων έλάττονα διά τδ πάθημα τού θανάτου άποφηναμένου τού Παύλου γεγονέναι τδν Ίησούν φησί γάρ* « Τδν δέ βραχύ τι παρ’ αγγέλους ήλαττωμένον βλέπομεν Ίησούν διά τδ πάθημα τού θανάτου δόξη και τιμή έστεφανωμένον“. » 83. *Η τάχα έστι καί τούτο είπεϊν, οτι έδεΐτο ή κτίσις ύπέρ τού έλευθερωθήναι άπδ τής δουλείας τής φθοράςb, άλλά και τδ τών Ανθρώπων γένος μακαρίας καί θείας δυνάμεως ένανθρωπούσης, ήτις διορθώσεται καί τα έπί τής γης, καί ώσπερεί έπέβαλλέ πως τω άγίω πνεύματι η πράξις αυτή, ήντινα ύπομένειν ού δυνάμενον προβάλλετάΐ τδν σωτηρα, ώς τδ τηλικούτον άθλον μόνον ένεγκείν δυνάμενον, καί τού πατρδς ώς ήγουμένου άποστέλλοντος τδν υιόν συναποστέλλει | καί συμπροπέμπει τδ άγιον πνεύμα αυτόν, έν καιρω ύπισχνούμενον καταβήναι πρδς τδν υιόν τού θεού και συνέργησα·, τή τών Ανθρώπων σωτηρία. 84. Τούτο δέ πεποίηκεν, ότε τφ σωματικώ είδει ώσεί περιστερά έφίπταται μετά τδ λουτρδν αύτω καί έπιστάν ού παρέρχεται, τάχα έν άνθρώποις τούτο πεποιηκδς τοίς μή δυνηθεϊσιν άδιαλείπτως φέρειν αυτού την δόξαν. Διόπερ σημαίνει ό Ιωάννης περί τοΰ γνώναι, όστις ποτέ έστιν ό Χριστός, ούχί μόνην τήν έπί τδν Ίησούν κατάβασιν τοΰ πνεύματος άλλα προς τή καταβάσει τήν έν αύτω μονήν. 85. Γέγραπται γάρ είρηκέναι τδν Ίωάννην ότι « Ό πέμψας με βαπτίζειν είπεν Έφ* δν άν ϊδης τδ πνεύμα καταβαϊνον καί μένον έπ’ αύτδν, ούτός έστιν ό βαπτί- a. Héb. 2, 9 b. Cf. Rom. 8, 21 que nous avons ici : le Fils de Dieu a été envoyé par l’Esprit, comme il a été conduit par lui au désert, selon la nature humaine qu’il a pleinement assumée : comme tout homme de Dieu, il a été mené par l’Esprit (In Mallh. XIII, 18, t. X, P· 228-229). II, § 82-85 (JEAN 1, 3) 26! 82. Mais celui qui se formalise de nous voir dire que, parce qu'il s’est fait homme, le Sauveur a été abaissé au-dessous du Saint-Esprit, il convient de le gagner par les paroles de l’Epîtrc aux Hébreux, où Paul déclare que, parce qu'il a subi la mort, Jésus a été abaissé même au-dessous des anges ; il dit en effet : « Celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d’honneur parce qu’il a souffert la mort». » 83. Peut-être est-il possible d’ajouler ceci : la création suppliait d’être délivrée de l’esclavage de la corruption11 et la race des hommes (demandait) aussi qu'une puissance bienheureuse et divine s’incarnât pour restaurer également toutes choses sur terre; d’une certaine manière, cette action incombait au Saint-Esprit, mais, ne pouvant s’en charger’, il propose le Sauveur comme seul capable de soutenir un tel combat ; si donc le Père, en tant qu’il a l'autorité, envoie le Fils, le Saint-Esprit l’envoie avec lui et l’escorte ; car il promet de descendre en son temps vers le Fils de Dieu et de collaborer avec lui au salut des hommes. 84. 11 fait cela après le baptême lorsque, sous une apparence corporelle, il vole sur lui comme une colombe, qu'il y demeure et ne repart pas, comme il le fait sans doute pour les hommes qui ne sont pas en état de supporter continuellement sa gloire. C’est pourquoi, quand il s'agit de savoir qui est le Christ, Jean n’indique pas seulement la descente de l’Esprit sur Jésus, mais, outre cette descente, sa demeure en lui1 2. 85. D’après l’Écriture, Jean a en effet déclaré : a Celui qui m’a envoyé baptiser m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui 1. Origène pensait sans doute que l’incarnation convenait à l’Esprit, à cause de son rôle particulier dans la sanctification, mais qu'il revenait an Fils de faire de nous des fils du Père céleste. Cependant, nous n’avons pas trouvé dans son œuvre de réponse aux questions que ce texte nous posait. 2. Il ne nous a pas été possible de rendre en français l'homonymie μόνην-μονήν. 261 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN 89. Έτι εις τδ « Πάντα δι’ αύτοΰ έγένετο » και ταΰτα ζητητέον τη έπινοία ό λόγος έτερός έστι παρά την ζωήν, καί δ γέγονεν έν τω λόγω « ζωή ήν, καί ή ζωή ήν τδ φως τών 68 Pr. ανθρώπων11 ». *Αρ’ οΰν, ώς πάντα | δ·.’ αύτοΰ έγένετο, καί ή ζωή δι’ αύτοΰ έγένετο, ήτις έστιν « τδ φως τών άνΟρώπων », 133 B καί αί άλλαι του σωτήρος έπίνοιαι, ή καθ’ ύπεξαίρεσιν τών έν αύτω νοητέον τδ « ΙΙάντα δι’ αύτοΰ έγένετο » ; "Οπερ δοκεϊ μοι είναι κρεϊττον. 90. "Ινα γάρ συγχωρηΟή διά τδ γεγονέναι τήν ζωήν τδ φώς τών ανθρώπων, τί λεκτέον περί της προεπινοουμένης του λόγου σοφίας : Ού γάρ δήπου διά του λόγου τδ περί τδν λόγον γεγένηται. "Ωστε χωρίς τών έπινοουμένων τω Χριστώ πάντα διά του λόγου γεγένηται του Οεοΰ, ποιήσαντος έν σοφία αύτά του πατρός’ « Πάντα, γάρ φησιν, έν σοφία έποίησας1* », ού « διά της σοφίας έποίησας ». XIII. 91. (7) "Ιδωμεν δέ, διά τί πρόσκειται τδ « Καί 133 C χωρίς αύτοΰ έγένετο ούδέ êvc ». Τισί καν δόξαι περιττόν τυγχάνειν τδ « Χωρίς αύτοΰ έγένετο ούδέ έν » έπιφερόμενον τώ « Πάντα δι’ αύτοΰ έγένετο ». Εί γάρ παν δτιποτοΰν « διά τοΰ λόγου » γεγένηται, ούδέν « χωρίς τοΰ λόγου » γεγένηται. Ούκέτι μέντοι γε ακολουθεί τω χωρίς τοΰ λόγου <μή> γεγε- a. Jn 1, 3-4 b. Ps. 103 (104), 24 c. Jn 1, 3 fidèle : < Ce n’est pas seulement en Marie que la naissance (du Christ) a commencé par une ombre ; le Verbe de Dieu naît aussi en loi, si tu en es digne » (/n Cant. Hom. Π, 0). Voir H. Rahner, Die i.rhre (ter Kircheni’dler non der Gcbitrl Ctiristl... 1. Comme on le voit, nous traduisons επίνοια d’abord par notion, puis par attribut. Voir à ce propos ci-dessus, p. 84, n. 1. 2. Περί Μ : παρά Wendland Preuschen. 3. Celte manière de couper le texte, que les modernes sont en train de redécouvrir, est la seule attestée jusqu’au iv® siècle, chez les Grecs comme chez les Latins. C’est parce que l’hérésie arienne s’en était servie pour nier la divinité du Christ que l’autre leçon · Sans lui rien ne fut de ce qui fut » apparut en Orient au rv* siècle. Adoptée par II, § 89-91 (JEAN 1, 3) 3. Les attributs du 265 Christ 89. A propos de a Toutes choses furent par lui », il faut encore approfondir une question : par la notion, le Verbe diffère de la vie et, d’autre part, ce qui fut dans le Verbe « était vie et la vie était la lumière des hommes* ». Est-ce que, si toutes choses furent par son intermédiaire, la vie, qui est la lumière des hommes, et les autres attributs1 du Sauveur furent aussi par lui ou bien faut-il entendre « Toutes choses furent par lui n à l'exclusion de ce qui est en lui ? Ce qui me paraît préférable. 90. Car, en supposant qu’on l'admette, puisque la vie est la lumière des hommes, que faut-il dire de la Sagesse dont la notion précède celle de Verbe ? Ce qui concerne2 le Verbe n’est donc certainement pas par le Verbe. C’est pourquoi, à pari les attributs du Christ, toutes choses sont grâce au Verbe de Dieu, car le Père les a créées dans sa Sagesse. 11 est dit en effet : « Tu as tout créé dans ta Sagesse1’ » et non « Tu as tout créé par ta Sagesse ». 4. Apparente inutilité de la phrase » Sans lui rien ne fut n XIII. 91. Voyons pourquoi (Jean) a ajouté : « Sans lui rien ne futc3. » En clfet, il peut paraître à certains superflu d’ajouter « Sans lui rien ne fut » à « Toutes choses furent par lui ». Car, si absolument tout est par le Verbe, rien n’est sans lui. Mais si rien n'est sans le Verbe, il ne s'ensuit pas Jean Chrysostome, elle se répandit chez les Grecs au v·. Tandis que Jérôme oscilla entre les deux, Augustin, suivi par le moyen âge latin, resta fidèle à la première (M. F. Lacan, L'œuvre du Verbe incarné, p. 62-63 : l’auteur montre également que la leçon postérieure détruit le rythme de ces versets). 266 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN νήσΟαι τι τδ πάντα διά του λόγου γεγενήσΟαΐ’ έ'ξεστι γάρ ούδενδς χωρίς του λόγου γεγενημένου, μή μόνον διά του λόγου γεγονέναι πάντα αλλά καί ύπδ του λόγου τινά. 92. Χρή τοίνυν είδέναι, πώς δει άκούειν τοϋ « πάντα » καί πώς του « ούδέν ». Δυνατόν γάρ έκ του μή τετρανωκέναι άμφοτέρας τάς λέξεις έκδέξασΟαι ότι, εί πάντα διά του λόγου έγένετο, τών δέ πάν­ των έστι και ή κακία καί πάσα ή χύσις της αμαρτίας καί τά 133 D πονηρά, ότι καί ταύτα διά του λόγου έγένετο. Τούτο δέ ψεύδος’ κτίσματα μέν γάρ πάντα διά του λόγου γεγονέναι ούκ άτοπον — αλλά και διά τού λόγου τά ανδραγαθήματα καί πάντα τά κατορθώματα κατωρθώσθαι τοΐς μακαρίοις νοεΐν άναγκαΐον —, ούκέτι δέ καί τά αμαρτήματα και τά άποπτώματα. 93. Έξειλήφασιν ούν τινες τώ άνυπόστατον είναι τήν κακίαν — ούτε γάρ ήν άπ’ αρχής ούτε εις τδν αιώνα έσται — ταυτ* 136 Λ είναι τά « μηδέν »’ καί ώσπερ Ελλήνων τινές φασιν, είναι τών « ου τινων » τά γένη καί τά είδη, οίον τδ ζώον καί τδν άνθρωπον, ούτως ύπέλαβον « ούδέν » τυγχάνειν παν τδ ούχ ύπδ θεού ούδέ διά τού λόγου τήν δοκούσαν σύστασιν είληφός. 1. La distinction entre le non-être et l’être est demeurée au centre des préoccupations de la philosophie grecque. Nous avons vu plus haut (I, 103 et note) que la matière n’a pas d’existence véritable et (I, 167 et note) que le sensible n’est pas du domaine de l’être, mais de celui du devenir. On sait comment la critique de la théorie des Idées, déjà amorcée par Platon, qui, dans le Parmtnide (130 b à d), met en doute l’existence de certains είδη αύτά καθ’ αύτά fut pour­ suivie par Aristote. Après celui-ci, les stoïciens rangèrent espèces et genres (είδη καί γένη) dans le non-être (Simplicius dans SVF II, n° 278, p. 91). Cette recherche s’étendit à d’autres domaines : au langage, dont les σημαινόμενα, les « objets exprimés » ou les · sens signifient quelque chose mais ne sont rien (AniST. De Inlerpr. 3, 16 h 24-25), à toutes les démarches de la pensée : aux idées (έννοήματα ou ΐδέαι) qui ne sont que phantasmes (Zénon d’après Stobéc dans SVF 1, p. 19; Dioo. Lakrt. VII, 61), aux propositions, prémisses cl conclusions (συμπβπλεγμένα, άξιώματα, συνημμένα, Plut. De comm, not. 1074 d), au temps même (Plut. ibid.). Pour les sens de είδος, voir supra, p. 115, n. 4. 2. Plotin, le philosophe païen contemporain d’Orlgène, s’oppose II, 5 91-93 (JEAN 1, 3) 267 que tout est par son intermédiaire : car, si rien n’est hors du Verbe, il est possible que non seulement tout soit par son intermédiaire, mais aussi que certaines choses soient (directement) par lui, 92. Il s’agit donc de savoir comment il faut interpréter « toutes choses » et « rien ». 5. Le mal est « rien » et n'a pas été créé par Dieu Parce qu’on n’a pas défini le sens . , . exact de ces deux termes, on peut admettre que, si toutes choses furent par le Verbe et si le mal, toute la profusion du péché et les vices font partie de toutes choses, ils furent eux aussi par le Verbe. Mais ceci est faux : il n’y a rien d’étonnant à ce que toutes les créatures soient par le Verbe — il faut croire également que les belles actions et les traits de vertu des bienheureux ont été accomplis par le Verbe —, mais (il n’en est) pas (de meme) pour les péchés et pour les chutes. 93. C’est pourquoi plusieurs ont supposé que, puisque le mal n’a pas d'existence propre — il n'était pas au commencement et il ne demeurera pas éternellement — ces choses-là sont le « rien ». Et de même que certains Grecs disent que les genres et les espèces, comme être vivant et homme, font partie du « non-être1 », de même ils ont pensé que tout ce qui n’a reçu sa constitu­ tion apparente ni de Dieu ni par son Verbe est a rien »s. , «I Théorie carrément à cette doctrine : si le mal n’existe pas, le bien non plus. Le mal n’est pas privation (στέρησις) absolue — qui n’existe pas—, mais privation relative, mélange (Enn. I, 8, 15, 3-12). Et c’est bien l’idée de privation qui a servi le plus souvent à définir la nature du mal : pour Akistotb. il ne fait pas partie des principes (c’est dire qu’il n’a pas une existence à part : Mitaph. 1051 a, 17-21), il est excès ou défaut (E. ;V. 11,5, 1106 a, 25-32). Le philosophe Sallustb l’explique de même par l'absence de bien (Περί θεών καί κόσμου, chap. 12). Comme le sensible, il fait partie du monde du devenir, ce 268 SUH L’ÉVANGILE DE JEAN 94. Καί έφιστώμεν, εί δυνατόν από τών γραφών | πληκτι­ κότατα ταΰτα παραστησαι. 'Όσον τοίνυν έπί τοις σημαινομένοις τοΰ « ούδέν » καί τοΰ « ούκ ον », δόξει είναι συνωνυμία, τοΰ « ούκ όντος » « ούδενός » άν λεγομένου, καί τοϋ « ούδε­ νός » « ούκ όντος ». Φαίνεται δή ό απόστολος τά « ούκ οντα » ούχί έπί τών μηδαμή μηδαμώς όντων όνομάζων άλλ’ έπί τών μοχθηρών, « μή όντα » νομίζων τά πονηρά* « Τά μή οντα, γάρ φησιν, ο θεός ώς οντα έκάλεσεν» ». 95. Άλλα καί ό Μαρδοχαϊος έν τη κατά τούς Έβδομήκοντα ΈσΟήρ μή όντας τούς έχΟρούς τοΰ ’Ισραήλ καλεΐ, λέγων* « Μή παραδώς 136 Β τό σκήπτρόν σου, κύριε, τοΐς μή ούσιΆ ». Καί έστι προσαγαγεϊν πώς δια τήν κακίαν « μή δντες » οί πονηροί προσαγο­ ρεύονται έκ τοΰ έν τή Έςόδω όνόματος αναγραφόμενου τοΰ θεοΰ* « Είπε γάρ κύριος πρός Μωσην* ‘Ο ών τοΰτό μοί έστιν τό όνομα® ». 96. Καθ’ ημάς δέ τούς εύχομένους είναι από της έκκλησίας ό άγαθός θεός ταΰτά φησιν, δν δοξάζων ό σωτήρ λέγει* « Ούδεις άγαθός εί μή εις ό θεός, ό πατήρ0 ». Ούκοΰν « ό αγαθός » τώ « δντι » ό αύτός έστιν. ’Εναντίον δέ τω άγαθώ τό κακόν ή τό πονηρόν, καί έναντίον τώ « οντι » τό 69 Pr. a. b. c. (I. Rom. 4, 17 Esther 4, 17·’ Cf. Ex. 3, 14-15 Me 10, 18. Lc 18, 19 monde qui n'est pas vraiment, et son origine est tout aussi inconsis­ tante : pour Platon, la cause errante, le désordre (Ttm. 48 a ; 52 d - e), qui, après lui, sera identifié à la matière (Zeller II, 1 p. 765) ; pour Aristote, la puissance (Zeller II, 2, p. 330.338 n. : voir Métaph. 1051 a 15-17). Face au dualisme de la gnose, les écrivains ecclesias­ tiques garderont cette définition du mal : certum est malum esse. bono carere (De Prine. II, 9, 2) ; le mal n'a pas d’existence propre : il n'est que privation du bien (Basile, hom. IX, 4 ; 2, 78 A, PG 31. 341 B) : l’origine du mal est la privation de l’être (Grég. de Nyssk, Macrine ou de l’Ame et de la Résurrection, PG 46. 93 B). Et ce sera encore un des principaux arguments contre le manichéisme (Jean Damascènb, Contra Manichaeos XIII, 4, PG 94, 1516-1517). 1. Ce verset des Romains est expliqué de la môme manière dans la Secunda Clementis (I, 7-8) et par Atiianase (De Incarnatione I, PG 25, 104 B C). II. fi 94-96 (JEAN 1. 3) 269 94. Voyons s’il est possible de prouver cela de façon très frappante par l’Écriturc en partant des Écritures. Pour ce qui est de la signification du rien et du non-être, ils paraî­ tront synonymes, le non-être étant appelé « rien » et le rien « non-être ». Mais l’Apôtre ne semble pas employer l’expres­ sion a ce qui n’est pas » pour ce qui n’a jamais existé d’aucune manière, mais pour ce qui est mauvais, en consi­ dérant ce qui est vil comme n’étant pas : « Dieu a appelé, dit-il en effet, les choses qui ne sont pas comme si elles étaient·'11.» 95. Et dans le livre d’Esther, d’après Inversion des Septante, Mardochée appelle les ennemis d’Israël ceux qui ne sont pas2 en disant : « Ne livre pas ton sceptre, Seigneur, à ceux qui ne sont pasb.» On peut encore ajouter cette preuve : si, à cause de leur vice, les méchants sont appelés « ceux qui ne sont pas », cela vient du nom attribué à Dieu dans le livre de Γ Exode : « Le Seigneur dit en effet à Moïse : Celui qui est, voilà mon nomc »34 . 96. Pour nous, qui souhaitons faire partie de l’Église, c’est le Dieu bon qui dit cela*, lui que le Sauveur honore en disant : « Il n’y a de bon que seul Dieu le Pèred. » Donc « celui qui est bon » est identique à a celui qui est ». Le mal ou le vice est opposé b} Preuve 2. Ce verset se trouve, en fait, dans une prière d’Esther et non de Mardochée. 3. Cet argument reviendra plusieurs fois dans l’œuvre d'Origène : si Paul écrit aux Éphêsicns : < aux saints, ,ù ceux qui sont... », cela signifie que les saints participent de celui qui a dit à Moïse : » Je suis celui qui est » (Ad Eph. irg. Il, J'i'S III, p. 235 : cf. Ex. 3, 14). Les pêcheurs, morts à cause de leurs crimes, sont « ceux qui ne sont pas >, parce qu’ils sont privés de ·■ celui qui est » ; mais, lui, il les appelle, afin de leur donner I’etrc (frg. in Rom. XXV, JTS XIII, p. 361). 4. Le même Dieu est juste et bon, voir ci-dessus I, 253. — D’après Huht (Op. cil. (3a partie :> Commentaria ad Origenem spectantia, Observationes e.l nolae, p. 96), il s'agirait ici des Marcionites ; d’après Λ. Orbe (En los albores, p. 291, n. 52), des Valentiniens. Nous ne voyons pas pourquoi Origène ne penserait pas aux uns et aux autres. Voir notre Avant-Propos, p. 14 à 17. 270 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN « ούκ 6v »· οίς άκολουΟεϊ οτι τδ πονηρόν καί <τδ > κακόν ούκ δν. 97. Καί τάχα τούτο εσηνε τούς είπόντας τόν διάβολον μή είναι θεού δημιούργημα· καθ’ ο γάρ διάβολός έστιν ούκ έστι 136 C θεού δημιούργημα- ώ δέ συμβέβηκε διαβόλω είναι, γενητδς ών, ούδενός κτιστού οντος παρέξ τού Θεού ημών, θεού έστι κτίσμα* ώς εί έφάσκομεν καί τόν φονέα μή είναι θεού δημιούρ­ γημα, ούκ άναιρούντες τδ ή άνθρωπός έστι πεποιήσΟαι αύτδν υπό θεού. 98. Τιθέντες γάρ τδ ή άνθρωπος τυγχάνει άπδ θεού αύτδν τδ είναι είληφέναι καί ήμεϊς ού τίΟεμεν τδ ή φονεύς έστιν άπδ θεού τούτ’ αύτδν είληφέναι. Πάντες μέν οδν οι μετέχοντες τού « "Οντος » — μετεχουσι δέ οί άγιοι —, εύλόγως άν « δντες » χρηματίζοιεν οί δέ άποστραφέντες τήν τού « "Οντος » μετοχήν, τω έστερήσθαι τού « "Οντος » γεγόνασιν « ούκ δντες ». 99. Προείπομεν δέ δτι συνωνυμία έστι τού « ούκ οντος » καί τού « ούδενός », καί διά τούτο οί 137 A « ούκ δντες » « ούδέν » είσι, καί πάσα ή κακία « ούδέν )> έστιν, έπεί καί « ούκ ον » τυγχάνει, καί « ούδέν » καλούμενη χωρίς γεγένηται τού λόγου, τοϊς « πάσιν » ού συγκαταριΟμουμένη. ‘Ημείς μέν ούν κατά τδ δυνατόν παρεστήσαμεν τίνα τά διά 70 Ρτ. τού λόγου γεγενημένα πάντα καί τί τδ | χωρίς αύτού γενόμενον μέν, ον δέ ούδέποτε καί διά τούτο « ούδέν » καλούμενον. XIV. 100. (ό) Βιαίως δέ οίμαι καί χωρίς μαρτυρίου τδν Ούαλεντίνου λεγόμενον είναι γνώριμον ΊΙρακλέωνα διηγούμενον τδ « πάντα δι’ αύτού έγένετο » έξειληφέναι « πάντα » τδν κόσμον καί τά έν αύτω, έκκλείοντα τών πάντων, τδ όσον 1. D'après le Contre. Celse (IV, 65) également, les démons ne sont pas, en tant que tels, l’œuvre de Dieu, mais seulement en tant qu’ils sont des êtres spirituels (λογικοί τινες). 2. Voir notre Avant-Propos, p. 17, où nous avons tente de situer cette théorie par rapport à l'ensemble de la théorie Valentinienne. 3. Les stoïciens définissent le monde comme un ensemble (σύστημα) comprenant le ciel, la terre et ce qu'ils renferment (καί τών be τούτοις φύσεων : Chrysippe d’après Stobéc, SVP II, n° 527, p. 168 ; Ci.éomède, ibid., n" 529, p. 169). II. $ 96400 (JEAN 1, 3) 271 au bien, le non-être opposé à l’être. D'où il résulte que le mal et le vice sont non-être. 97. C’est peut-être ce motif qui ' a pousse ceux qui affirment que le diable n’est pas l’œuvre de Dieu : en effet, en tant que diable, il n’est pas l’œuvre de Dieu ; mais, celui à qui il est arrivé d'être diable, puisqu’il a une origine et qu’il n’y a pas de créateur en dehors de notre Dieu, est une créature de Dieu ; tout comme si nous disions que le meurtrier n’est pas œuvre de Dieu, nous ne nierions pas que, en tant qu’il est homme, il a été créé par Dieu1. 98. Car en admettant que, en tant qu’il est homme, il a reçu l’être de Dieu, nous n’admettons pas qu’il l’a reçu de Dieu comme meurtrier. Car tous ceux qui participent de Celui qui est — les saints participent (de lui) seraient à juste titre appelés a ceux qui sont». Quant à ceux qui ont repoussé cette participation à Celui qui est, étant privés de Celui qui est, ils sont devenus des « non-êtres». 99. Nous avons dit plus haut qu’il y a syno­ nymie entre le « non-être » et le « rien » et, pour ce motif, les « non-être » sont « rien », la malice tout entière est « rien », puisqu’elle est aussi «non-être»; étant appelée «rien», elle est sans le Verbe et n’est pas comptée parmi « toutes choses ». Nous avons donc établi autant que possible quelles sont, d’une part, toutes les choses qui sont par le Verbe et, d’autre part, ce qui fut sans lui, mais qui n’est pas (vrai­ ment) et que, pour ce motif, on appelle « rien ». . . 6. RÉFUTATION d’une théorie d’Héracléon2 XIV. 100. C'est, à mon avis, en faisant violence au texte et sans preuve que, dans son interprétation, de « tout fut par lui », Héracléon, disciple de Valentin à ce qu’on dit, explique « tout » par le monde et ce qu’il renferme3 et exclut du tout ce qui, a) Explication de « tout » et de « rien » 272 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN έπί τή υποθέσει αύτού, τα του κόσμου καί τών έν αύτώ 137 Β διαφέροντα. Φν,σί γάρ· « ού τον αιώνα ή τά έν τώ αίώνι γεγονέναι διά τού λόγου », άτινα οΐεται προ τού λόγου γεγονέναι. ’.Αναιδέστερου δέ ίστάμενος πρδς τδ « Καί χωρίς αύτου έγένετο ούδέ έν », μή εύλαβούμενος τδ « Μή προσΟής τοΐς λόγοις αύτού, ΐνα μή έλέγξη σε καί ψευδής γένη!| », προστίΟησι τώ « ούδέ εν »· « Τών έν τω κόσμω καί τή κτίσει ». 101. Καί έπεί προφανή έστι τά ύπ’ αύτού λεγάμενα σφόδρα βεβιασμένα καί παρά τήν ένάργειαν απαγγελλόμενα, εί τά νομιζόμενα αύτώ θεία έκκλείεται τών « πάντων », τά δέ, ώς εκείνος οιεται, παντελώς φθειρόμενα κυρίως « πάντα » καλείται, ούκ έπιδιατριπτέον τή ανατροπή τών αύτόΟεν τήν άτοπίαν έμφαινόντων οΐον δή καί τδ τής γραφής λεγούσης· « Χωρίς αύτού έγένετο ούδέ έν »· προστιΟέντα αύτόν άνευ 137 C παραμυθίας τής άπό τής γραφής τό' « τών έν τώ κόσμω καί τή κτίσει »· μηδέ μετά πιθανότατος άποφαίνεσΟαι, πιστεύεσθαι άξιούντα ομοίως προφήταις ή άποστόλοις τοΐς μετ’ εξουσίας καί άνυπευθύνως καταλείπουσι τοΐς καθ’ αυτούς καί μεΟ’ αυτούς σωτήρια γράμματα. 102. Έτι δέ ιδίως καί τού « Πάντα δι’ αύτού έγένετο » έξήκουσε φάσκων Τόν τήν αιτίαν παρασχόντα τής γενέσεως τού κόσμου τώ δημιουργώ, τόν λόγον δντα, είναι ού τόν άφ* a. Prov. 24, 29 (LXX) (30, C Héb.) 1. Nous pensons avec A. Orbe (En los albores, p. 84-85) que la traduction de A. E. Brooke (The fragments of Herakleon, p. 51, n. 5) : the things more excellent than the world and its contents est bien supé­ rieure à celle que l’on trouve chez Mignc : excludentem, quantum ipsius fert hypothesis, ex omnibus praestaniissima quaeque mundi cl eorum quae in ipso continentur (PG 14, 138 Λ). Cependant, contrairement à leurs affirmations, cette traduction ne vient pas de Huet, chez qui nous avons lu (Op. cil., purs posterior, p. GO d) : « uocabulo omnia excludentem, quantum ad positionem suam, mundum et quae in ipso sunt. Nous l'avons trouvée chez Delarue (p. 66), mais sans in devant ipso. 2. Irénée a rencontré, pour ce verset de Jean, une interprétation analogue, où · tout · signifie ea quae sunt infra pleroma ipsorum (Ado. haer. IU, 11, 7, t. II, p. 41). On voit qu’ici les termes d’éon et de pli· rôme semblent interchangeables. Voir notre Avant-Propos, p. 15. II, $ 100-102 (JEAN 1, 3) 273 pour autant qu’il suit son hypothèse, serait supérieur au monde et à ce qu’il renferme’. Il affirme donc que « ni l’éon2 ni ce qu’il renferme ne sont par le Verbe » : il croit, en effet, qu’ils sont avant le Verbe. Il se comporte avec plus d’impu­ dence encore à l'égard de « Sans lui rien ne fut » : sans prendre garde à l’avertissement a N’ajoute rien à ses paroles de peur qu’il ne te confonde et que tu ne sois menteur®», il ajoute après « rien » a de ce qui est dans le monde et dans la création3 ». 101. Son explication est, d’une manière évidente, tout à fait arbitraire et il la proclame malgré l’évidence contraire en excluant du « tout » ce qu’il considère comme divin et en appelant « tout » au sens propre ce qui, à ce qu’il imagine, serait absolument corrompu45; il ne faut donc pas perdre de temps à réfuter des propos qui montrent par eux-mêmes leur absurdité : ainsi, lorsque, au texte de l’Écriture « Sans lui rien ne fut», il ajoute, sans aucune justification emprun­ tée aux Écritures, « de ce qui est dans le monde ou dans la création » — ou lorsqu’il fait une déclaration invraisem­ blable en prétendant qu'il faut accorder autant de crédit qu'aux prophètes et aux apôtres aux hommes qui livrent des écrits salutaires à leurs contemporains et à la postérité avec autorité et sans avoir de comptes à rendre à personne. , 102. Il a encore compris a sa .. ... , , ? _ . , manière « loutes choses furent par hn » et a soutenu que celui qui a fourni au Créateur le motif de la genèse du monde6, c’est le b] Le Créateur 3. Comme on le verra au livre XIII (95-97), Héracléon fait de la création le royaume tantôt du démiurge tantôt du diable. Cf. W. Voi.κκη, Herakleon, p. 12. 4. Le monde sensible et matériel : le diable, lui-même est matériel ; le monde désigne tout le domaine du mal, le désert qui sert de repaire aux bêles sauvages (XIII, 95). 5. IrénAe relève, de même, que, pour les Valentiniens, le monde n’a pas été créé per Verbum, mais per demiurgum (Ado. hacr. III, 11, 18 274 137 D 140 Λ 77 /7. 140 B SUR L’ÉVANGILE DE JEAN ού, ή ύφ’ ού, αλλά τόν δι’ ού, παρά τήν έν τη συνήθεια φράσιν έκδεχόμενος το γεγραμμένον. Ei γάρ ώς νοεί η αλήθεια τών πραγμάτων ήν, έδει διά του δημιουργού γεγράφθαι πάντα γεγονέναι υπό τού λόγου, ούχί δέ άνάπαλιν δια τού λόγου υπό τού δημιουργού. 103. Και ημείς μέν τώ « δι’ ού » χρησάμενοι ακολούθως τη συνηθεία, ούκ άμάρτυρον την εκδοχήν άφήκαμεν εκείνος δέ πρός τω μή παραμεμυθήσθαι άπό τών θείων γραμμάτων τόν καθ’ εαυτόν νούν, φαίνεται καί ύποπτεύσας τό αληθές καί άναιδώς αύτώ άντιβλέψας* φησί γάρ· « "Οτι ούχ ώς ύπ* άλλου ένεργόυντος αυτός έποίει ό λόγος, ίν’ | οΰτω νοηθή τό δι’ αυτού, άλλ’ αύτοΰ ένεργούντος έτερος έποίει ». 104. Ού τού παρόντος δέ καιρού έλέγξαι τό μή τόν δημιουργόν υπηρέτην τού λόγου γεγενημένον τόν κόσμον πεποιηκέναι καί άποδεικνύναι οτι ύπηρέτης τού δημιουργού γενόμενος ο λόγος τόν κόσμον κατεσκεύασε. Κατά γάρ τόν προφήτην Δαβίδ « '0 θεός είπε καί έγενήθησαν, ένετείλατο καί έκτίσθησαν78 ». « Ένετείλατο » γάρ ό άγένητος θεός τώ πρωτοτόκω πάσης κτίσεωςb « καί έκτίσθησαν », ού μόνον ό κόσμος καί τά έν αύτώ, άλλά καί τά λοιπά πάντα, « είτε θρόνοι είτε κυριότητες είτε άρχαί είτε έξουσίαι* πάντα γάρ δι’ αύτοΰ καί εις αύτόν εκτισται, καί αύτός έστι προ πάντων0 ». XV. 105. (Ρ) Έτι είς τό « Χωρίς αύτοΰ έγένετο ούδέ έν » ούκ άγύμναστον έατέον καί τόν περί τής κακίας λόγον καν γάρ σφόδρα άπεμφαίνειν δοκή, ού πάνυ τι δοκεϊ μοι εύκαταφρόνητον είναι. a. Ps. 148, 5 (LXX) b. Col. 1, 15 c. Col. 1, 16-17 7, t. II, p. 42). Le Verbe, de nature spirituelle, ne pouvait être l’ins­ trument d’un démiurge psychique. A. Orbb explique (En los albores, p. 259-267) l’emploi qu’IIéracléon fait de δ·.’ ού, du fait que le démiurge ne pouvait créer sans recevoir du Verbe l’énergie nécessaire. On pourra se reporter â cet ouvrage pour une étude plus approfondie de ce texte. II. § 102-105 (JEAN 1. 3) 275 Verbe, qui n’est pas celui dé qui, ni celui par qui, mais celui par l’intermédiaire de qui : il interprète donc le texte à rebours du langage usuel. Si la réalité des choses était telle qu’il le pense, il faudrait qu’il soit écrit que toutes choses sont par le Verbe au moyen du Créateur et non, au contraire, par le Créateur au moyen du Verbe. 103. Pour nous, qui employons (l’expression) « au moyen de qui » de la manière usuelle, nous ne laissons pas noire interprétation sans preuve. Lui, non seulement n’étaie son opinion d’aucune preuve tirée des saintes Écritures, mais il semble même avoir soupçonné la vérité et lui avoir impudemment résisté. Il dit en effet : a Ce n’est pas comme si le Verbe créait lui-même sous l’impulsion d'un autre, de sorte que l’on pourrait comprendre ainsi par son intermé­ diaire, mais c’est un autre qui créait sous son impulsion n. 104. Mais ce n’est pas le moment de prouver que le Créa­ teur ne fut pas serviteur du Verbe pour créer le monde et de montrer que c’est le Verbe qui fut serviteur du Créa­ teur pour construire le monde. En effet, d’après le prophète David, « Dieu a dit et ils furent, il a ordonné et ils ont été créésa. » Car le Dieu non engendré ordonna au premier-né de toute créatureb et non seulement le monde et tout ce qu’il renferme furent créés, mais aussi tout le reste : « les trônes, les dominations, les principautés, les puissances; car tout a été créé par lui et pour lui ; et il est, lui, avant toutes choses0. » 7. Le péché : la présence du Verbe REND LES CRÉATURES SPIRITUELLES RESPONSABLES XV. 105. Au sujet de « Sans lui rien ne fut », il ne faut pas non plus laisser sans examen le problème du mal. Même si cela peut paraître tout à fait absurde, il ne semble pas du tout négligeable. 276 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN Ζητητέον γάρ, si και ή κακία διά τού λόγου γεγένηται, νυν λόγου προσεχώς λαμβανομένου τοΰ έν έκάστω, ώς καί αύτός άπδ τού « έν άρχή » λόγου έκάστφ έγγεγένηται. 106. Φησί τοίνυν ό απόστολος· « Χωρίς νόμου αμαρτία νεκρά », καί έπιφέρει* « Έλθούσης δέ της έντολής ή μέν αμαρτία άνέζησε® » καθολικόν διδάσκων περί τής αμαρτίας ώς μηδεμίαν ένέργειαν αύτής έχούσης πριν νόμου καί έντο­ λής· πώς δέ έχει ό λόγος νόμος είναι καί έντολή, καί ούκ άν εϊη αμαρτία μή οντος νόμου — « αμαρτία γάρ ούκ έλλογείται μή όντος νόμουb » —, και πάλιν ούκ άν εϊη αμαρτία μή βντος 140 C λόγου — « εί γάρ μή ήλθον, φησί, καί έλάλησα αύτοις, αμαρτίαν ούκ εϊχοσαν0 » —. 107. Πάσα γάρ πρόφασις άφαιρείται τού βουλομένου έπί τή αμαρτία άπολογήσασΟαΐ, έπάν ένυπάρχοντος λόγου καί παραδεικνύοντος, ο πρακτέον, μή πείθηταί τις αύτω. Τάχα ούν πάντα μέχρι καί τών χειρόνων διά τού λόγου γεγένηται καί « χωρίς αύτοΰ », άπλούστερον ημών έκλαμβανόντων τδ « ούδέν », « έγένετο ούδέν ». 108. Καί ού πάντως τω λόγω έγκλητέον, εί « πάντα δι’ αύτού έγένετο » καί « χωρίς αύτοΰ έγένετο ούδέ έν », ώς ούδέ έγκλητέον τώ διδασκάλω παραδείξαντι τά δέοντα τώ μανθάνοντι, έπάν διά τά τούτου μαθήματα μηκέτι τόπος καταλείπηται τώ άμαρτάνοντι απολογίας ώς περί άγνοιας, καί μάλιστα έάν νοήσωμεν διδάσκαλον τοΰ μανθάνοντος άχώριστον. 109. Οίονεί γάρ 72 Z’r. διδάσκαλος τού | μανθάνοντος άχώριστός έστιν ό ένυπάρχων 140 D τή φύσει τών λογικών λόγος, άεί ύποβάλλων τά πρακτέα, καν παρακούωμεν αύτοΰ τών έντολών, έπιδιδόντες αύτούς ταϊς ήδοναΐς καί παραπεμπόμενοι τάς άρίστας αύτού συμa. Rom. 7, 8-9 b. Rom. 5, 13 c. Jn 15, 22 1. Qu’on sc rappelle ce qu’Origène a dit plus haut ($ 20) .des rapports entre le Verbe et les verbes. 2. Pour le sens de νόμος et de έντολή, voir infra, p. 314, n. 1. 3. Έχει notre conjecture : έχων mss Preuschen : ci είχεν Wendland. 4. Certains pensaient (Zn Rom. frg. 25, Ramsbothan) que, puisque, II, § 105-109 (JEAN 1, 3) 277 Il s’agit donc d'examiner si le mal est, lui aussi, par le verbe, en entendant par verbe spécialement celui qui est en chacun, en tant qu’il (provient) lui-même du Verbe qui était dans le principe pour demeurer en chacun1. 106. L’Apôtre dit en effet : « Sans la loi, le péché est mort » et il ajoute « Quand le commandement est venu, le péché a pris vie®»; il donne par là un enseignement de portée générale au sujet du péché : il n’a aucun pouvoir avant la loi et le comman­ dement2. Mais comment le verbe peut-il être3 la loi et le com­ mandement et pourtant n’y aurait-il pas de péché sans loi — « car le péché n’est pas imputé en l'absence de loib » — et, d'autre part, n'y aurait-il pas de péché sans verbe — « car si je n’étais pas venu, dit-il, et si je ne leur avais pas parlé, ils n’auraient pas de péché® » —4 ? 107. Car tout prétexte est enlevé à quiconque voudrait se justifier de son péché lorsqu'il n’obéit pas au verbe présent en lui et qui lui montre son devoir. Peut-être donc toutes choses, jusqu’aux plus viles, sontelles par l’intermédiaire du verbe et sans lui — nous prenons maintenant le mol « rien » au sens ordinaire rien ne fut. 108. Il n’y a absolument aucun reproche à adresser au verbe si toutes choses furent par son intermédiaire et si rien ne fut sans lui, tout comme il n’en faut faire aucun au maître qui montre son devoir à l’élève, lorsque, à cause de son enseignement, il ne reste au coupable aucune occa­ sion de se justifier de son ignorance, surtout si nous son­ geons qu’(ici) le maître est inséparable de l’élève. 109. Car il est comme un maître inséparable de son élève, le verbe inhérent à la nature des êtres spirituels (— la raison inhé­ rente à la nature des êtres raisonnables) : toujours il suggère ce qu’il faut faire, même si nous ne tenons pas compte de ses ordres, si nous nous livrons aux plaisirs et si nous en l’absence de loi. il n’y a pas de transgression, nui n’avait péché avant Moïse ; à quoi Origène répond que la loi de Moïse ne fait qu'appliquer les châtiments exigés par la loi naturelle. 278 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN βουλάς. "Ωσπερ δέ υπηρέτη τώ όφθαλμώ έπί τοϊς κρείττοσιν ήμιν γεγενημένω, καί έφ’ ών ού καλώς δρώμεν χρώμεθα, 141 A όμοίως καί τη ακοή όταν παρέχωμεν έαυτούς άκροάσει άχρηστων ασμάτων καί των άπηγορευμένων άκουσμάτων, ούτως ένυβρίζοντες τδν έν ήμιν λόγον καί ούκ είς δέον αύτώ χρώμενοι, δ·.’ αύτού παρανομούμε'/ είς κρίμα τοϊς άμαρτάνουσιν ένυπάρχοντος καί διά τούτο κρίνοντος τδν μή πάντων αύτδν προτιμήσαντα. 110. Όθεν καί φησιν « '0 λόγος δν έλάλησα αύτδς κρίνει ύμάς“ », ίσον διδάσκων τω Έγώ ό λόγος, ό έν ύμϊν άεί ένηχών, αύτδς ύμάς καταδικάσω τόπον απολογίας καταλειπόμενον έχοντας ούδαμώς. Δόξει μέντοι γε βιαιοτέρα είναι αυτή ή εκδοχή, άλλον μέν λόγον τον « έν άρχή » ημών έξειληφότων τδν « πρός τδν θεόν », τδν θεόν λόγον, άλλως δέ αύτδν νοούντων, δτε ού μόνον έπί των προηγουμένων δημιουργημάτων τδ « πάντα δι’ αύτού έγένετο » λέγεσθαι έφάσκομεν, άλλα καί έπί 141 Β πάντων των ύπδ τών λογικών πραττομένων, ού λόγου χωρίς ούδέν άμαρτάνομεν. 111. Καί ζητητέον, εί καί τδν έν ήμιν λόγον τδν αύτδν λεκτέον τώ έν άρχή καί τώ προς τδν Οεδν καί a. Jn 12, 18 1. Idée fondamentale de la morale d’Origènc : tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes, « notre corps, notre âme, son image en nous, le Christ et l’Esprit que nous avons reçus », tout nous a été confié par Dieu et nous avons à lui rendre compte de l’usage que nous en faisons. « Mais l'intelligence spirituelle elle-même (sensus ratio­ nabilis: λόγος ? ηγεμονικόν ?), qui est en moi, m’a été confiée pour que j’en use pour comprendre les choses de Dieu : l’esprit, la mémoire, le jugement, la raison, tous les mouvements de mon être... Mais... si nous usons des dons de Dieu pour ce que Dieu ne veut pas, nous renions le dépôt » (In Lev. hom. IV, 3). La même idée revient dans les Homé­ lies sur te Cantique (11, 1), appliquée particulièrement à l’amour. Le mal a son origine dans le libre choix de chacun et non dans la matière, comme l’affirme Celse. C’est donc ce qui est capable de choix, le ηγεμονικόν en nous, qui est source du mal (C. Celsum IV, 66). Nous l’avons déjà vu (1, 267 à 276 et p. 196, n. I), c'est la présence du Verbe II, § 109-111 (JEAN 1, 3) 279 laissons de côté scs excellents conseils. Tout comme cet œil qui se trouve en nous comme serviteur pour un meilleur usage, nous l’utilisons aussi pour ce que nous n’avons pas raison de regarder, et de même l’ouïe, lorsque nous nous prêtons à écouter de mauvaises chansons ou des propos illicites : ainsi, outrageant le verbe qui est en nous et nous en servant dans un but interdit, nous l’utilisons pour commettre des crimes1, lui qui se trouve dans les pécheurs « pour leur jugement » et qui, pour ce motif, juge quiconque ne le préfère pas à toutes choses. 110. C'est pourquoi il dit : « La parole que j’ai dite, c’est elle qui vous jugera" »; il donne par là un enseignement qui équivaut à : C’est moi le verbe qui retentit toujours en vous ; moi-même je vous condamnerai sans qu’aucune occasion de vous justifier ne vous soit laissée. Cependant cette interprétation risque de sembler un peu forcée, si nous admettons, d’une part, comme Verbe celui qui était dans le principe, celui qui était auprès de Dieu, le Verbe Dieu, et si, d’autre part, nous l’envisageons d’une manière différente en affirmant que c’est non seu­ lement à propos des créatures les plus importantes qu’il est dit « Toutes choses furent par lui », mais encore à propos de tous les actes des êtres spirituels (= raisonnables) car, sans ce Verbe, nous ne péchons en rien2.111. Il s’agit d’exa­ miner s’il convient de dire que le verbe qui est en nous est identique à celui qui était dans le principe, à celui qui était auprès de Dieu, au Verbe Dieu, d’autant plus que Γ Apôtre qui fait de nous des êtres responsables. Origène insiste tantôt sur l'unité du participant (le verbe en chacun des loglkoi) et du parti­ cipé (Je Verbe en soi), tantôt sur leurs différences : voir ci-dessus II, 19-33. 2. Nous ne sommes que pour autant que nous participons ά l’être de Dieu (voir supra, p. 269, n. 3), notre puissance est une participation à sa puissance (I. 241 ; cf. XIN, 156), notre intelligence (toÿos), une participation à son Intelligence (Logos). Origène reviendra à l'instant sur cette question (§ 111-115). 280 SUB L’ÉVANGILE DE JEAN τω θεω λόγω, μάλιστα έπεί ούχ ώς έτέρου τούτου τυγχάνοντος παρά τόν έν άρχή πρός τόν θεόν λόγον έοικεν ό απόστολος διδάσκειν τό « Μή εΕπης έν τή καρδία σου· Τίς άναβήσεται είς τόν ούρανόν ; τοϋτ’ έστι Χριστόν καταγαγείν ή Τίς καταβήσεται είς τήν άβυσσον ; τούτ’ έστι Χριστόν έκ νεκρών άναγαγεϊν άλλα τί λέγει ή γραφή ; Εγγύς σου τό ρήμά έστιν σφόδρα έν τω στόματί σου καί έν τή καρδία σου®. » a. Rom. 10, 6-8. Cf. Dcut. 30, 12-14 Π, I 111 (JEAN 1, 3) 281 semble en parler comme s’il ne différait pas du Verbe qui était au commencement auprès de Dieu, lorsqu’il enseigne : n Ne dis pas dans ton cœur : Qui montera au ciel ? c’est en faire redescendre le Christ, ni : Qui descendra dans l’abîme ? c'est ramener le Christ d'entre les morts ; mais que dit l’Écriture ? la parole est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur»1. » 1. Ce verbe, présent au cœur de l’homme, peut être rapproché du logos vivant qui enseigne à l’homme à gouverner sa vie. Voir I, 270 à 275. sur l’évangile de jean 282 111 C ‘0 γέγονεν <èv> αύτώ ζωή ήν, και ή ζωή ήν το φώς τών ανθρώπωνa. XVI. 112. (10) Έστι τινά δόγματα παρ’ Έλλησι καλού­ μενα παράδοξα, τώ κατ’ αυτούς σοφώ κλειστά όσα προσάπτοντα μετά τίνος άποδείξεως ή φαινομένης άποδείξεως, καθ’ ά φασι μόνον καί πάντα τδν σοφόν είναι Ιερέα, τω μόνον καί πάντα τδν σοφόν έπιστήμην έχειν της τού θεού θεραπείας, 73 Pr. xtà μόνον καί πάντα τδν σοφόν είναι έλεύ|Οερον, εξουσίαν αύτοπραγίας άπδ τού θείου νόμου ειληφότα* καί την εξουσίαν δέ ορίζονται νόμιμον επιτροπήν. 113. Καί τί δει νυν ημάς λέγειν περί τών καλουμένων παραδόξων, πολλής οΰσης της εις αυτά πραγματείας καί δεόμενων συγκρίσεως τής πρδς τδ βούλημα τής γραφής τών ύπ’ αύτών κατά τά παράδοξα άπαγ141 D γελλομένων, ινα επί τίνων ό τής θεοσεβείας λόγος συμφή καί έπί τίνων τδ έναντίον τοΐς ύπ’ εκείνων λεγομένοις βούλεται παραστήσαι δυνηΟώμεν ; 114. 'Γούτων δέ ήμΐν μνήμη γεγένηται ζητούσι τδ « ‘Ό γέγονεν έν αύτώ ζωή ήν » διά τδ οίονεί τ<~> χαρακτήρι τών παραδόξων καί, εί δει είπείν, παραδοξότερον παρά τά ύπ’ a. Jn 1, 1 1. Nous avons vu dans notre Awint-Propos (p. 36, n. 2), ce que sont les Paradoxes et comment celui qu’Origcnc évoque ici nous est connu. Relevons encore deux définitions, celle de la liberté : εξουσία αύτο­ πραγίας, qui se retrouve chez Diogène Laêrce, citant les stoïciens (VII, 121) et celle du droit, très proche de celle qu’on lit dans les Définitions du Pseudo-Platon : έπιτροπή νόμου (415 b) et qui serait d’origine stoïcienne. Il, § 112-111 (JEAN 1, -1) 283 Ce qui fut produit en lui était vie et la vie était la lumière des hommes8 1. La vie XVI. 112. On trouve chez les a) Piété et liberté, Qrecs des doctrines, nommées privilèges du Sage , ,, , , _ , paradoxes, qui, avec certaines d’après les Paradoxes 1 . · ,, . , preuves ou certains semblants de preuves à l’appui, attribuent à l’homme sage à leurs yeux de très nombreuses qualités : ils disent ainsi que seul le sage et tout sage est prêtre, parce que seul le sage et tout sage possède la science du culte de Dieu, et (d’autre part) que seul le sage et tout sage est libre, car il a reçu de la loi divine le droit d’agir avec indépendance. Ils définissent le droit comme le pouvoir de décider selon la loi1.113. Mais pourquoi nous faut-il parler maintenant de ce qu’on appelle paradoxes, alors que leur étude est longue et que les décla­ rations (des philosophes) dans les paradoxes devraient être confrontées avec le sens de l’Écriturc pour que nous puissions établir en quoi le langage de la piété concorde avec leurs affirmations et en quoi il veut dire précisément le contraire ? 114. Ceci nous est revenu à bi La vie, l'esprit pendant que nous étudiions privilege du saint . , n . . .. , . . ,,λ . les mots : « Ce qui fut produit en lui d’apres l’Ecriture ..... * . était vie » et parce qu on pourrait, en suivant l’ÎLcriture, montrer beaucoup de passages comme marqués du caractère propre aux paradoxes et, s’il faut le 284 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN εκείνων λεγάμενα, δύνασθαι άν τινα έπόμενον τη γραφή δεΐξαι τοιαύτα πλείονα. Έάν γάρ νοήσωμεν τόν έν αρχή λόγον, τόν πρός τόν θεόν, τόν θεόν λόγον, τάχα δυνησόμεθα μόνον τόν 144 Λ τούτου, καθ’ ά τοιοϋτος, μετέχοντα « λογικόν » είπεΐν ώστε καί άποφήνασθαι άν, ότι μόνος ό άγιος λογικός. 115. Πάλιν έάν συνώμεν τήν γενομένην έν τώ λόγω ζωήν, τόν είπόντα « Έγώ είμι ή ζωή3 », έρουμεν μηδένα τών έξω τής πίστεως Χριστού ζην, πάντας <δέ> είναι νεκρούς τούς μή ζώντας Οεώ, τό τε ζην αύτών ζην είναι τής αμαρτίας και διά τούτο, ϊν’ ούτως εΐπω, ζην θανάτου τυγχάνειν. 116. Έπίστησον δέ εί μή τούτο πολλαχού παριστάσιν αί Οεΐαι γραφαί, οπού μίν τού σωτήρος φάσκοντος" « “11 ούκ άνέγνωτε τό ρηθέν έπί τής βάτου* Έγώ θεός ’Αβραάμ καί θεός ‘Ισαάκ καί θεός ’Ιακώβ ; ούκ εστι θεός νεκρών άλλά ζώντων1> » καί « Ού δικαιωθήσεται κατενώπιόν σου πας ζών® ». Τί δέ περί αύτοΰ λέγειν δεϊ τού θεού ή τού σωτήρος ; ’Αμφιβάλλεται γάρ όποτέρου είναι ή λέγουσα έν τοΐς προφήταις φωνή· « Ζώ έγώ, λέγει κύριος41 ». 144 B XVII. 117. (27) Καί πρώτον γε ίδωμεν τό « Ούκ έστι θεός νεκρών άλλά ζώντων* » ίσον δυνάμενον τώ « ούκ εστιν αμαρτωλών άλλα αγίων θεός ». Μεγάλη γάρ δωρεά τοΐς πατριάρχαις τό τόν θεόν άντι ονόματος προσάφαι τήν εκείνων* ονομασίαν τη « θεός » ιδία αύτοΰ προσηγορία, καθ’ ά καί ό Παύλός φησι* 118. « Διό ούκ έπαισχύνεται ό θεός θεός καλεΐσθαι αύτών8 »· ούκούν θεός έστιν τών πατέρων καί πάντων τών αγίων καί ούκ άν που άναγεγραμμένον εύρίσκοιτο τό θεόν είναι τόν θεόν τίνος τών ασεβών. a. b. c. d. c. f. g. Jn 11, 25 Mc 12. 26-27. Ex. 3, 6 Ps. 142 (143), 2 Nombr. 14. 28. Éz. 34, 8 Mc 12, 27 Ex. 3, 6 Héb. 11, 16 1. Après al Otîat γραφαί les manuscrits ajoutent τό supprimé par Preuschen. II, § 114-118 (JEAN 1, 4) 285 dire, plus paradoxalement encore que leurs dires. En effet, si nous envisageons le Verbe (— Raison) qui était dans le prin­ cipe, celui qui était auprès de Dieu, le Verbe Dieu, nous pourrons peut-être dire que seul est spirituel (= raison­ nable) celui qui a part à lui en tant qu’il est ainsi et démon­ trer par là que seul le saint est spirituel (= raisonnable). 115. D'autre part, si nous comprenons la vie produite dans le Verbe, (c’est-à-dire) celui qui a déclaré : a C’est moi qui suis la vie0», nous dirons qu’aucun de ceux qui sont étran­ gers à la foi au Christ ne vit, que tous ceux qui ne vivent pas pour Dieu sont morts, que leur vie est une vie de péché et, pour ce motif, une vie de mort, si l’on peut dire. 116. Vois si les saintes Écritures n’enseignent pas cela en de nombreux textes, par exemple1 quand le Sauveur dit : a N’avez-vous pas lu les paroles prononcées au buisson : Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d* Isaac et le Dieu de Jacob ; il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivantsb » et a Nul vivant ne sera justifié devant toic ». Quelles paroles faut-il attribuer à Dieu lui-même et lesquelles au Sauveur ? On se demande en effet auquel des deux se rapporte cette parole que l’on trouve dans les prophètes : « Moi, je suis vivant, dit le Seigneur*1. » XVII. 117. Voyons d’abord « Il . ' . . . n est pas le Dieu des morts, mais des vivants0 », dont la signification équivaut à « il n’est pas le Dieu des pécheurs mais des saints ». C’est en effet une grande grâce, pour les patriarches que Dieu ait, en guise de nom, ajoute à son propre titre de Dieu le terme de leur*, selon ce que dit aussi Paul : 118. « C’est pourquoi Dieu n’a pas honte de s’appeler leur Dieu s. » H est ainsi le Dieu des pères et de tous les saints : mais on ne peut trouver en aucun texte que Dieu soit le Dieu de l’un des impies2. 2. « La Parole de Dieu — à la fois son Verbe et Γ Écriture inspirée — se refuse ù traiter aucune chose vile de · possession (κτήμα) de 286 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN Εί το ίνυν ό θεδς αγίων έστιν καί | θεδς ζώντων είναι λέγεται, οί άγιοι ζώντές είσι καί οί ζώντες άγιοι, ούτε αγίου οντος έξω τών ζώντων ούτε ζώντος χρηματίζοντας μόνον καί ούχί μετά τοΰ ζην ίχοντος καί τδ άγιον αύτδν τυγχάνειν. 119. Ιό n i C παραπλήσιον δέ έ'στι καί έπί τοΰ « Εύαρεστησω τω κυρίω έν χώρα ζώντων“ » ίδεΐν, ώς εί ελεγεν « έν τάξει άγιων » ή « έν τω τόπω τών αγίων », της κυρίως εύαρεστήσεως ήτοι έν τη τάξει τών άγιων ή έν τω τόπω τών αγίων τυγχανούσης, ούδέπω άκρως εύαρεστοΰντος τοΰ μή εις τήν τάξιν τών άγιων κεχωρηκότος ή τοΰ μή εις τδν τόπον τών άγιων γεγενημένου* εις δν χωρήσαι δεήσει πάντα τδν οίονεί σκιάν και εικόνα της εύαρεστήσεως της άληθινής έν τω βίω τούτω προανειληφότα. 120. Και τδ « Ού δικαιωΟήσεσΟαι δέ κατ’ ένώπιον τοΰ Οεοΰ πάντα ζώνταϋ » δηλοϊ, οτι ώς πρδς θεδν καί τήν έν αύτω δικαιοσύνην ούδείς δικαιωθήσεται τών πάνυ μακαρίων, ώς εί καί έλέγομεν έπί ετέρου παραδείγματος τοιοΰτον ού φωτιεΐ πας λύχνος ένώπιον ήλιου’ φωτιεί μέν γάρ πας λύχνος, 141 D άλλ’ δταν μή καταυγάζηται ύπδ ήλιου· δικαιωθήσεται δέ καί πας ζών, άλλ' ούκ ένώπιον τοΰ Οεοΰ, δτε δέ τοΐς κάτω συγκρίνεται καί ύπδ τοΰ σκότους κεκρατημένοις παρ’ οίς λάμψει αυτών τδ φώς. 121. Καί ορα εί κατά τούτο καί τδ έν τω εύαγγελίω νοητέον’ « Λαμψάτω τδ φώς ύμών έμπροσθεν τών ανθρώπων® ». Ού γάρ <φησιν > « Λαμψάτω τδ φώς ύμών έμπροσθεν τοΰ 145 Λ Οεοΰ »· τούτο γάρ εί ένετέλλετο, αδύνατον αν έδίδου έντολήν, ώς εί καί τοϊς λύχνοις έμψύχοις ούσιν έντολήν έδίδου τοΰ 7·/ Pr. a. Ps. 114, 9 (LXX) b. Ps. 142 (143). 2 c. Matth. 5, 16 Dieu », car elle la juge indigne d’un tel maître. C’est pourquoi, tons les hommes ne sont pas appelés « hommes de Dieu >, mais seulement les saints... De même, tous les anges ne sont pas dits « anges de Dieu »... car ceux qui se sont tournés vers le mal sont dits « anges du diable · (C. Celsum VIII, 25 : voir aussi In Hom. 1. 9. PG 14, 854 C à 855 D, Lommatzsch VI, p. 34). 1. Les étoiles. Nous avons rencontré la même comparaison au II, 5 118-121 (JEAN 1. I) 287 S’il est donc le Dieu des saints et s'il est dit qu'il est le Dieu des vivants, les saints sont vivants, les vivants sont saints, il n’existe pas de saint en dehors des vivants et nul n'est appelé seulement vivant sans avoir, avec la vie, la sainteté. 119. On peut faire à peu près la même constatation à propos de « Je plairai au Seigneur dans la terre des vivants®», (c’est) comme si (le psalmiste) disait : «dans la condition des saints » ou « dans le lieu des saints ». Car plaire (à Dieu) au sens propre n’est possible que dans la condition des saints ou dans le lieu des saints et nul ne peut lui plaire parfaitement sans être parvenu dans la condition des saints ou arrivé au lieu des saints. Il faudra qu’y parvienne quiconque a reçu en cette vie en quelque sorte l'ombre et l’image d’une, conduite véritablement agréable (à Dieu). 120. De même ces mots « Nul vivant ne sera justifié en face de Dieub » font connaître que, devant Dieu et la justice qui est en lui, personne ne sera justifie, même parmi les plus grands des bienheureux, comme si, pour employer un autre exemple, nous disions ceci : aucun luminaire n’éclairera en présence du soleil ; car tout lumi­ naire éclairera, mais (seulement) lorsqu’il ne sera pas exposé aux rayons du soleil. Tout vivant sera aussi justifié, non en face de Dieu, mais si on le compare à ceux qui sont en bas, dominés par les ténèbres et auprès de qui brillera sa lumière. 121. Considère si ce n’est pas de cette manière qu’il faut entendre aussi les paroles de l’Èvangile : « Que votre lumière brille devant les hommes0. » Il ne dit pas : « Que votre lumière brille devant Dieu. » Car, s’il avait ordonné cela, il aurait donné un ordre impossible, tout comme s’il avait donné aux luminaires qui sont animés1 l’ordre de faire d) Nul vivant n’est juste devant Dieu livre 1 (165). Pour l’âme du soleil et des étoiles, voir également 1, 98 et p. 112, η. 1. 288 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN λάμψαι τό φως αύτών έμπροσθεν του ήλιου. 122. Ούχ οί τυχόντες ούν μόνοι τών ζώντων ού δικαιωΟήσονται κατενώπιον του θεού, άλλα καί οί ώς έν ζώσι τών έλαττόνων διαφέροντες* ή, οπερ μάλλον, άμα ή πάντων τών ζώντων δικαιοσύνη ού δικαιωθησεται ώς πρός την του θεού δικαιοσύνην ώς εί και άμα πάντα τά επί γης νυκτερινά συναγαγών φώτα εφασκον μή δύνασΟαι ταϋτα φωτίζειν ώς πρός τάς τούτου τού ήλίου αύγάς. 123. Κατ’ έπανάβασιν δέ έκ τών είρημένων νοητέον και τό « Ζώ έγώ, λέγει κύριος3 », τάχα τού κυρίως ζην μάλιστα έκ τών είρημένων περί τού ζην παρά μόνω τυγχάνοντος τω Οεώ. Καί όρα εί διά τούτο δύναται ό απόστολος τήν εις ύπερ1-15 Β βολήν ύπεροχήν νοήσας της ζωής τού θεού και άξίως θεού συνιείς τό « Ζώ έγώ, λέγει κύριος » είρηκέναι περί θεού* 75 Pr. « ‘0 μόνος έχων αθανασίαν1* », ούδενός τών | παρά τόν θεόν ζώντων εχοντος τήν άτρεπτον πάντη καί άναλλοίωτον ζωήν. Καί τί διστάζομεν περί τών λοιπών, ότε ούδέ ό Χρίστος εσχε τήν τού πατρός αθανασίαν; Έγεύσατο γάρ ύπέρ παντός θανάτου®. XVIII. 124. (72) "Αμα δέ έξετάζοντες τά περί τού ζώντος θεού καί ζωής, ήτις έστίν ό Χριστός, καί ζώντων έν χώραά 1-15 C ίδίγ. τυγχανόντων καί ζώντων ού δικαιούμενων ενώπιον τού θεού®, ακολούθως τούτοις παρατιθέμενοι τό « '0 μόνος εχων αθανασίαν1 » τά ύπονοούμενα συμπαρα.ληύόμεΟα περί τού παν ότιποτοΰν λογικόν μή ούσιώδώς έ'χειν ώς αχώριστου a. b. c. d. c. f. Noinbr. 14, 28. Éz. 34, 8 I Tim. 6, 16 Cf. Héb. 2, 9 Cf. Ps. 114 (116). 9 Cf. Ps. 142 (143), 2 I Tim. 6, 1612 1. Le Contre Celse, parlera (V, 11) de même de l'indicible transcen­ dance par laquelle le Père et le Monogène transcendent toutes choses. Pour la traduction de ύπεροχή par transcendance, voir ci-dessus I, 195 et la note. 2. Les créatures appartiennent au monde instable du devenir. Le II. § 122-121 (JEAN 1. 4) 289 briller leur lumière devant le soleil. 122. Ce n'est pas seulement n’importe lequel des vivants ordinaires qui ne sera pas justifie en face de Dieu, mais aussi ceux qui, parmi les vivants, sont supérieurs aux autres : ou même, ce qui est davantage, la justice de tous les vivants pris ensemble ne sera pas justifiée en présence de la justice de Dieu : comme si, en rassemblant toutes les lumières qui de nuit servent sur la terre, on disait qu’elles ne peuvent éclairer d'une manière comparable aux rayons de ce soleil. 123. D’après ce que nous avons e) Dieu seul possède dit, il faut entendre au sens le plus vraiment la vie élevé (du verbe vivre) « Je suis vivant, dit le Scigncurn», car vivre, au sens propre, ne se trouve sans doute — surtout après ce que nous avons dit de la vie — qu’en Dieu seul. Vois donc si ce n’est pas pour ce motif que ΓApôtre, ayant saisi la supériorité inexprimable1 de la vie de Dieu et compris « Je suis vivant, dit le Seigneur » d'une manière digne de Dieu, a pu dire de Dieu : « Le seul qui possède l'immortalitéb ». Car, en dehors de Dieu, aucun des vivants ne possède la vie immuable et inaltérable. Et comment hésiter au sujet des autres êtres, puisque même le Christ ne possédait pas l'immortalité du Père : il a en effet goûté la mort pour tous0. XVIII. 124. En étudiant â la fois ce que c’est que d’être vivant, quand il s’agit de Dieu, et la vie qui est le Christ, et les vivants qui demeurent dans leur propre tcrred, ces vivants qui ne sont pas justifiés en face de Dieu0, et tout en citant, en conformité avec ce qui précède, « Le seul qui possède l’immortalitér », nous voulons considérer en même temps les pensées qui se sont présentées à nous : absolument aucune créature spirituelle ne possède par essence2 la béaClirist, lui, est la Vérité et la Justice ούσιώδης (par essence ou « sub­ stantielle » : VI, 38.40); il possède de même la divinité substantielle (Enlr. au. Hér. 5). 19 200 SUB L’ÉVANGILE DE JEAN συμβεβηκδς τήν μακαριότητα. 125. Έάν γάρ αχώριστου έχη τ-ήν μακαριότητα και την προηγουμένην ζωήν, πώς έτι εσται άληθές τό περί του Οεοΰ λεγόμενον· « Ό μόνος έχων αθανασίαν » ; Χρή μέντοι γε είδέναι ότι τινά ό σωτηρ ούχ αύτώ έστιν άλλ’ έτέροις, τινά δέ αύτώ καί έτέροις· ζητητέον δέ εϊ τινα έαυτώ καί ούδενί. Σαφώς μέν γάρ έτέροις έστιν ποιμήν, ούχ ώς οί παρά άνΟρώποις ποιμένες όνησιν έκ του ποιμαίνειν εις έαυτόν λαμβάνων, εί μή άρα την τών ποιμαινομένων ώφέλειαν διά φιλανθρωπίαν ιδίαν είναι λογίσαιτο®. 126. ’AXÀà καί « οδός » 145 D έστιν έτέροις ομοίως καί « Ούρα », όμολογουμένως δέ καί « ράβδος »· έαυτώ δέ καί έτέροις « σοφία », τάχα δέ καί « λόγος ». Ζητητέον δέ εί συστήματος θεωρημάτων οντος έν αύτώ, καθ’ δ « σοφία » έστιν, έστί τινα θεωρήματα αχώ­ ρητα τη λοιπή παρ’ αύτόν γενυητή φύσει, άτινα οίδεν έαυτώ. 127. Καί ούκ άνεξέταστον <τόν> λόγον έατέον διά την περί αγίου πνεύματος εύλάβειαυ. "Οτι μέν γάρ καί αύτό αύτώ μαθητεύεται, σαφές έκ του λεγομένου περί παρακλήτου καί άγιου πνεύματος· « 'Ότι έκ του έμοΰ λήψεται, καί άναγγελει ύμιν1' ». Εί δέ μαΟητευόμενον πάντα χωρεϊ,άένα- a. Cf. Éz. 34, 10-31. Jn 10, 11-16 b. Jn 16, 141 2 1. Berger : I, 190 ; chemin : I, 183-184 ; porte : I, 189 : rameau : I, 261-264 ; Sagesse : I, 243-246 ; Verbe : I, 266 â 288. 2. Nous traduisons θεωρήματα par « Idées ·, parce que ce terme, bien qu'emprunté à la philosophie stoïcienne — où il signifie < règles de l’art » — a pour Origène un sens platonicien, lié à la notion de contemplation. M. P. Iladot nous fait observer que, dans le De. Fato (VI, 11), Cicéron le traduit par perc.cpla. — Dans les fragments (13.20.93) Origène nous prévient que le verbe Οεωρεϊν, comme le verbe ôpôcv, peut s’entendre d’une manière sensible ou d'une manière purement Intelligible. Cependant, même dans ce cas, il ne devient pas, pour le Grec, aussi abstrait que notre mot « idée » : c’est, le plus souvent, une connaissance due à une contemplation, fût-ce la contem­ plation de réalités qui ne sont pas perceptibles pour les sens (frg. 87. Π, § 125-127 (JEAN 1,4) 291 liludc comme un attribui inamissible. 125. Car, si elle possédait la beatitude inamissible et la vie la plus haute, comment pourrait-on encore dire de Dieu avec vérité « Le seul qui possède l’immortalité » ? Cependant il est nécessaire de /) Le Verbe est-il savoir que le Sauveur a certains vie pour lui-même ou pour les hommes ? attributs non pour lui, mais pour d'autres et certains pour lui-même et pour d’autres : il faut chercher s’il y en a qu’il possède pour lui et pour nul autre. Il est clair que c’est pour d’autres qu’il est a berger » et que, contrairement aux bergers parmi les hommes, il ne tire pour lui-même aucun profit de ses soins, à moins que, dans son amour pour les hommes, il ne regarde comme sien l’avantage de son troupeau··’. 126. Mais c’est aussi pour d’autres qu’il est a chemin » et, de même, « porte » et, de l’avis de tous, « rameau ». Pour lui-même et pour d'autres, il est a Sagesse » et peut-être aussi a Verbe »*. Mais, puisque tout un ensemble d’idées2 se trouvent en lui en tant qu’il est Sagesse, il faut chercher s’il y a des Idées inaccessibles à toute la nature engendrée, en dehors de lui, et qu’il connaît pour lui-même. 127. Par respect envers le Saint-Esprit il ne convient pas de laisser cette question sans examen. Il est clair en effet que celui-ci est enseigne par le Fils, d'après ce qu’il dit (lui-même) de l’Esprit intercesseur et saint : « Il prendra de ce qui est à moi et vous l’annoncerab. n Est-ce que (l’Esprit), instruit (par lui), embrasse tout ce que le Fils 139 ; II, 60). Λ l’inverse de notre langage actuel, les Idées ont d’ail­ leurs, dans une ambiance platonicienne, une réalité substantielle. Les diverses traductions que nous avons données de ce ternie (spectacleconsidération-idée) reflètent les difficultés qu’éprouve notre langue — et peut-être plus encore notre mentalité — en face de notions de ce genre. Voir I, 208.283 ; II, 172 ; V, 5. Pour la présence d’une multi­ tude d’idées ou de principes en la Sagesse divine, voir aussi plus haut I, 119.241 et les notes ibid. 292 SUR L’EVANGILE DE JEAN 148 A τενίζων τώ πατρί άρχόμενος ό υίός γινώσκει, έπιμελέστερον ζητητέον. 128. Εί τοίνυν ό σωτήρ ά μέν τινα έτέροις, τινά δέ τάχα που αύτω καί ή ούδενί ή ένί ή δλίγοις, καθ’ δ « ζωή » έστιν ή γενομένη έν τώ λόγω, βασανιστέον πότερον αύτω καί έτέροις ζωή έστιν ή έτέροις, καί <εί> έτέροις, τίσι τούτοις. Ei δή ταύτόν έστι « ζωή » καί « φως τών ανθρώπων » — φησί γάρ· « ΛΟ γέγονεν έν αύτω ζωή ήν καί ή ζωή ήν τό φως τών άνθρώπων » — τό δέ φώς τών ανθρώπων τινών έστι φώς, καί τούτο ού πάντων <τών> λογικών, <5σον έπί f τώ κεισθαι τό « ανθρώπων », άλλά « τών άνθρώπων » έστι φώς, είη άν 76 Pr. καί ζωή | άνθρώπων, ών και φώς έστιν καί καθ’ δ ζωή, λέγοιτο άν δ σωτήρ ούχ αύτω άλλά έτέροις είναι ζωή ών έστι καί φώς. 129. Λύτη δή ή ζωή τω λόγω έπιγίνεται, άχώριστος αύτού 148 Β μετά τό έπιγενέσθαι τυγχάνουσα. Λόγον γάρ προϋπάρξαι τόν καθαίροντα τήν ψυχήν έν τή ψυχή δει, ίνα κατά τούτον καί τήν άπ’ αύτού κάθαρσιν, πόσης περιαιρεθείσης νεκρότητος καί άσθενείας, ή άκραιφνής ζωή έγγένηται παρά παντί τώ τού λόγου καθ’ δ θεός έστιν αύτόν ποιήσαντί χωρητικόν. XIX. 130. (13) Τηρητέον δέ τά δύο « έν » καί τήν διαφοράν αύτών έξεταστέον πρώτον μέν γάρ έν τώ « λόγος 1. Dans l’étude qu’il a consacrée à ce verset de Jean : « L’œuvre du Verbe incarné : le Don de la Vie », M. F. Lacan cite, après Origène, deux Pères qui ont prolongé sa pensée, Hilaire et Ambroise ; celui-ci écrit : · Cette vie, c’est la vie qui a été faite, celle qui est apparue, celle que nous avons entendue, celle qui était auprès du Père, parce que celui qui était au commencement, celui-là est ensuite né de la Vierge afin d'être la vie pour ceux qui devaient mourir » (lu Ps. 36, PL 4, 1031, trad. M. F. Lacan) ; puis l’auteur commente lui-même le texte de l’évangéliste : « Jean ne parle plus de ce qui a été produit par le Verbe, mais de ce qui a été produit dans le Verbe ; et 11 nous dit que l’objet de cette production, c’est la Vie. Ce qu’est cette Vie, et comment elle est produite dans le Verbe, c'est ce que Jean nous exposera dans tout son évangile. Cette Vie nouvelle, que le Verbe nous donne, c’est déjà la Vie étemelle, c’est la Vie du Fils unique. B II. § 127-130 (JEAN 1, ·ί) 293 connaît dès le principe en considérant le Père ? Il nous faut le rechercher plus attentivement. 128. Si donc le Sauveur a certains attributs pour d’autres et certains pour lui-même et nul autre ou un seul ou un petit nombre, il s’agit de vérifier si, en tant qu’il est la Vie qui fut dans le Verbe, il est Vie pour lui-même et pour d’autres, ou pour d’autres (seulement) et, s'il l’est pour d’autres, pour qui donc. Et si la vie est la même chose que la lumière des hommes - il dit en effet : « Ce qui fut produit en lui était la vie et la vie était la lumière des hommes * —, et si la lumière des hommes est la lumière de certains êtres spirituels, non de tous mais celle des hommes — car il est bien spécifié : a des hommes » —, la vie serait également la vie des hommes, dont elle est en même temps la lumière. En tant qu’il est vie, on pourrait donc dire que le Sauveur n’est pas vie pour lui-même mais pour d’autres dont il est aussi la lumière. 129. Cette Vie est produite après le Verbe et demeure, une fois pro­ duite, inséparable de lui. Car il faut que le Verbe qui purifie l’âme préexiste dans l’âme afin que, lorsque toute mort et toute maladie auront été suppri­ mées grâce à lui et à la purification qui dérive de lui, la vie sans mélange vienne demeurer en tous ceux qui se seront rendus capables de recevoir en eux le Verbe en tant qu’il est Dieu1. XIX. 130. 11 faut prendre garde aux deux (emplois du mot) « dans » et étudier leur différence : d’abord dans l'expression « le Verbe dans le principe », puis dans celle de La Vie produite dans le Verbe ne peut être question que cette vie est créée ; elle est néanmoins produite au double sens de ' manifestée aux hommes ' et de · commu­ niquée aux hommes ’ ; en ceux qui reçoivent ie don apporté par le Verbe, cette Vie commence à exister... » (p. 73). Mais il faudrait citer tout l'article pour faire toucher du doigt à la fois l’exactitude de l’exégèse d’Origène et sa profondeur théologique. 294 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN έν άρχή », δεύτερον δέ έν τώ « ζωή έν λόγω ». Άλλά λόγος μέν « έν άρχή » ούκ έγένετο· ούκ ήν γάρ, ότε ή άρχή άλογος 148 C ήν, διό λέγεται « Έν άρχή ήν ό λόγος· » ζωή δέ έν τώ λόγω ούκ ήν άλλά ζωή έγένετο, εί γε « ζωή έστι τδ φώς τών άνθρώπων ». "Οτε γάρ ούδέπω άνθρωπος ήν, ουδέ « φώς τών άνθρώπων » ήν, του φωτός τών άνθρώπων κατά τήν πρδς άνθρώπους σχέσιν νοούμενου. 131. Μηδείς δ’ ήμας θλιβέτω χρονικώς οίόμενος ταύτα άπαγγέλλειν, της τάξεως τδ πρώτον καί τδ δεύτερον καί τά εφεξής άπαιτούσης, καν χρόνος μή εύρίσκηται, δτε τά ύπδ του λόγου ύποβαλλόμενα τρίτα καί τέταρτα ούδαμώς ήν. *Ον τρόπον τοίνυν « πάντα δι’ αύτού έγένετο », καί ούχί πάντα δι’ αύτού ήν, καί « χωρίς αύτού έγένετο ούδέ έν », ούχί δέ χωρίς αύτού ήν ούδέ έν, ούτως δ γέγονεν έν αύτώ, ούχί δ ήν έν αύτώ, ζωή ήν. Καί πάλιν ούχί δ έγένετο έν άρχή ό 118 D λόγος ήν, άλλά δ ήν έν άρχή λόγος ήν. 132. Τινά μέντοι γε τών άντιγράφων έχει, καί τάχα ούκ άπιθάνως* « *0 γέγονεν έν αύτώ ζωή έστιν ». Εί δέ ζωή ταύτόν έστι τώ τών ανθρώ­ πων φωτί, ούδείς έν σκότω τυγχάνων ζή καί ούδείς τών ζώντων έν σκότω έστίν, άλλά πας ό ζών καί έν φωτί ύπάρχει, καί πας ό έν φωτί υπάρχων ζή· ώστε μόνον τόν ζώντα καί πάντα είναι φωτός υιόν®· φωτός δέ υιός, ού λάμπει τά έργα έμπροσθεν τών άνθρώπων5. a. Cf. Le 16, 8 b. Cf. Matth. 5, IG 1. Après τά ύπδ τοϋ λόγου les manuscrits ont τά supprimé par V et Prcuschen. 2. La variante est attestée par les manuscrits du Nouveau Testa- Il, § 130-132 (JEAN 1, 4) 295 « la vie dans le Verbe ». Mais le Verbe ne fui pas produit dans le principe et il n’est jamais arrivé que le principe fût sans Verbe (= sans raison) ; c’est pourquoi il est dit : « Dans le principe était le Verbe » ; la vie, elle, n'était pas dans le Verbe, mais la vie fut produite, puisque « la vie est la lumière des hommes ». Et effet, lorsqu’il n'y avait pas encore d’hommes, la lumière des hommes n’existait pas non plus, puisque la lumière des hommes n’a de sens que par rapport aux hommes. 131. Que nul ne nous crée d'embarras en imaginant que nous entendons tout cela d’une manière temporelle, alors que c’est l'ordre logique qui exige un premier, un second et ainsi de suite, même si on ne saurait trouver de temps où ce que notre raisonnement suppose1 troisième ou quatrième n’existait pas. De même donc que toutes choses furent produites par lui et que toutes choses n’étaient pas par lui - et (pie rien ne fut produit sans lui — et non pas que rien n'était sans lui —, de même, ce qui fut produit en lui — et non ce qui était en lui — était vie. D’autre part, ce qui fut produit dans le principe n’était pas le Verbe, mais c’est ce qui était dans le principe qui était le Verbe. 132. Cependant, cer­ taines copies portent, et peut-être non sans vraisemblance, Ce qui fut produit en lui est vie2 ». Si la vie est la même chose que la lumière des hommes, nul ne vit en étant dans les ténèbres et aucun des vivants n’est dans les ténèbres, mais quiconque vil, demeure aussi dans la lumière et quiconque demeure dans la lumière vit ; c’est pourquoi seul le vivant et tout vivant est fils de lumière® : est fils de lumière celui dont les œuvres brillent devant les hommes1·. ment. Nous avons rencontré une autre discussion de variantes I, 255-256. Ici comme là» Origène ne se prononce pas. 296 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN XX. 133. (14) Πάλιν, έπεί έστι τά παραλελειμμένα τών εναντίων νοεΐσθαι έκ τών είρημένων περί τών έναντίων, λέγε­ ται δέ περί ζωής καί φωτός ανθρώπων, έναντίον δέ τή ζωή θάνατος καί έναντίον φωτί ανθρώπων σκότος άνθρώπων, έστιν ίδειν ότι ό έν σκότω τών άνθρώπων τυγχάνων έν θανάτω έστιν καί ο τά τοΰ θανάτου πράττων ούκ άλλαχόσε τοΰ σκότους έστίν. 77 Pr. ‘Ο δέ μνημο|νεύων τοΰ Οεοΰ, έάν γε νοώμεν τί τό μνημονεύειν αύτοΰ, ούκ έστιν έν τώ θανάτω κατά τό είρημένον* « Ούκ έστιν έν τώ θανάτω ό μνημονεύων σου’1 ». 134. Είτε δέ σκότος ανθρώπων είτε θάνατος, ού φύσει τοιαΰτά έστιν f άλλου λόγου « ‘Ημείς ήμεθά ποτέ σκότος, νΰν δέ φώς έν κυρίω b », καν μάλιστα άγιοι καί πνευματικοί 149 Β ήδη χρηματίζωμεν. 'Ώσπερ δέ δεκτικός ό Παύλος σκότος ών γέγονε τοΰ γενέσθαι φώς έν κυρίω, ούτως <5στις ποτ’ άν ή σκότος. Κατά δέ τούς οίομένους είναι φύσεις πνευματικάς, ώσπερ τόν Παύλον καί τούς άγιους άποστόλους, ούκ οίδα εί σώζεται τό τόν πνευματικόν είναί ποτέ σκότος καί ύστερον αύτόν γεγονέναι φώς. 135. Εί γάρ ό πνευματικός ποτέ σκότος ήν, ό χοϊκός τί έστιν ; Εί δ’ αληθές έστι τό σκότος γεγονέναι φώς, τίς ή άποκλήρωσις τοΰ μή παν σκότος δύνασθαι γενέσθαι φώς ; Εί μή γάρ έπί Παύλου έλέγετο, ότι « ήμεθά ποτέ έν σκότω, νΰν δέ φωτεινοί έν κυρίω », έπί δέ 149 A a. Ps. G, G b. Cf. Éphés. 5, 8123 1. Un des modes de connaissance énumérés par Diocles Magnes : comme exemple d’objets connus κατ’ έναντίωσιν, il donne la mort (Dioo. Laert. VU, 53). On peut aussi le rapprocher du raisonnement analogique. 2. Traduit d’après une note de Preuschcn, proposant de remplacer άλλου λόγου par αλλαχού λέγοντας. 3. Pour les natures spirituelles, voir notre Avant·Propos, p. 15-16. Cette question sera étudiée plus à fond dans la suite du Commentaire, en particulier aux livres XIII et XX. Π, § 133-135 (JEAN 1, 4) 2. La 297 lumière XX. 133. Puisqu’il est possible de déduire de ce qui a été dit de l'un des contraires ce que Ton a omis au sujet de l’autre* et, puisqu'il s’agit de la vie et de la lumière des hommes et que la mort est contraire à la vie et les ténèbres des hommes contraires à la lumière des hommes, on peut voir que quiconque demeure dans les ténèbres des hommes est dans la mort et que quiconque accomplit des œuvres de mort n’est pas ailleurs que dans les ténèbres. Mais, si nous songeons à ce que signifie se souvenir de Dieu, celui qui se souvient de lui n’est pas dans la mort selon ces paroles : u 11 n’y a dans la mort personne qui se souvienne de toi". » 134. Qu’il s’agisse des ténèbres des hommes ou de la mort, elles ne sont pas telles par nature, car il est dit en un autre passage2 : « Nous qui étions autrefois ténèbres, (nous sommes) à présent lumière dans le Seigneurb », surtout si nous méritons d’être appelés désormais saints et spirituels. Tout comme Paul, alors qu’il est ténèbres, est capable de devenir lumière dans le Seigneur, ainsi quiconque est ténèbres à n’importe quel moment (peut devenir lumière). D'après ceux qui imaginent qu'il y a des natures spiri­ tuelles3, comme Paul et les saints apôtres, je sais qu’il n'est pas possible de maintenir l'assertion selon laquelle le spiri­ tuel a été jadis ténèbres et que, par la suite, il est devenu lumière. 135. Car si le spirituel était jadis ténèbres, qu’est donc le terrestre ? Et s’il est vrai que les ténèbres sont deve­ nues lumière, ne serait-il pas étrange que toute ténèbre ne puisse devenir lumière? S’il n’était pas dit de Paul « autre­ fois nous étions dans les ténèbres, mais maintenant nous sommes lumineux dans le Seigneur », à propos des natures que ces gens-là considèrent comme perdues parce qu’elles Ténèbres et mort spirituelles ne sont pas dues à la nature λ) 298 149 C 149 D 78 Ρτ. 152 A SUR L’ÉVANGILE DE JEAN ών οϊονται φύσεων άπολλυμένων, οτι σκότος ήσαν ή σκότος είσί, καν χώραν είχεν ή περί φύσεων ύποθεσις. 136. Νυνί δέ ό II αυλός φησι γεγονέναι « ποτέ σκότος, νυν δέ φώς έν κυρίω », ώς δυνατού δντος τού σκότος είς φώς μεταβαλειν. Ού χαλεπόν δέ τά περί παντός σκότους ανθρώπων καί περί τού θανάτου τού <αύ>τού τυγχάνοντος τώ σκότω τών ανθρώπων έπιμελώς ίδεΐν έκ τών είρημένων, τδ ενδε­ χόμενον δρώντα τής έπί τό χείρον καί κρειττον έκάστου μεταβολής. XXL 137. (15) Πάνυ δέ βιαίως κατά τόν τόπον γενόμενος δ Ήρακλέων τδ « "Ο γέγονεν έν αύτώ ζο>ή ήν » έξείληφεν αντί τού « έν αύτώ » « είς τούς ανθρώπους τούς πνευμα­ τικούς », οίονεί ταύτδν νομίσας είναι τον λόγον καί τούς πνευματικούς, εί καί μή σαφώς ταύτ’ εϊρηκε* καί ώσπερεί αίτιολογών φησιν « Αύτδς γάρ τήν πρώτην μόρφωσιν τήν κατά τήν γένεσιν αύτοϊς παρέσχε, τά ύπ’ άλλου σπαρέντα είς μορφήν καί είς φωτισμόν καί περιγραφήν ιδίαν άγαγών καί άναδείξας ». 138. Ού παρετήρησε δέ καί τδ περί τών πνευ­ ματικών παρά τώ Παύλο» λεγόμενον, οτι ανθρώπους αύτούς είναι άπεσιώπησε* « Ψυχικός άνθρωπος ού δέχεται τά τού πνεύματος τού θεού, μωρία γάρ αύτώ έστιν* δ δέ πνευματι­ κός ανακρίνει πάντα®. » | Ημείς γάρ ού μάτην αύτόν φαμεν έπί τού πνευματικού μή προστεθεικέναι τό « άνθρωπος »’ κρειττον γάρ ή « άν­ θρωπος » ό πνευματικός, του ανθρώπου ήτοι έν ψυχή ή έν σώματι ή έν συναμφοτέροις χαρακτηριζομένου, ούχί δέ καί έν τώ τούτων θειοτέρω πνεύματι, ού κατά μετοχήν επικρα­ τούσαν χρηματίζει δ πνευματικός. 139. "Λ μα δέ καί τά τής a. 1 Cor. 2. 14.15 1. Dans notre Avant-Propos, p. 18, nous avons rattaché cette pro­ position à l’ensemble de la pensée Valentinienne. 2. Si le psaume 114 (115), 2 affirme « Tout homme est menteur». II, § 135-139 (JEAN 1, 4) 299 étaient ténèbres ou parce qu’elles sont ténèbres, leur hypo­ thèse concernant les (différentes) natures serait plausible. 136. Mais, maintenant, Paul affirme qu’après avoir été « jadis ténèbres il est devenu lumière dans le Seigneur » : il est donc possible que les ténèbres se changent en lumière. D’après ce qui a été dit, il ne sera pas difficile de consi­ dérer avec soin la condition de toute ténèbre des hommes, et celle de la mort qui est la même chose que les ténèbres des hommes, si l’on comprend que chacun a la possibilité de se transformer en mieux ou en pire. ,t „ 4 XXL 137. En faisant radicalees sp r tue s inent violence au texte, Héracléon, arrivé à ce passage « Ce qui fut produit en lui était vie », a interprété « en lui » par « dans les hommes spirituels », comme s’il pensait que le Verbe est la même chose que les spirituels, même s'il ne l'affirme pas explicitement. Il dit, comme pour l’expliquer : « Lui-même leur a donné leur première configuration, celle qui est conforme à leur genèse, en amenant ce qu’un autre a semé à sa forme, sa lumière, sa délimitation propre, et en le faisant voir publiquement1 ». 138. Il n’a pas pris garde que. dans ses paroles au sujet des spirituels, Paul ne les appelle pas des hommes : « L’homme charnel n’accueille pas ce qui vient de l'Esprit de Dieu, car c’est folie pour lui ; le spirituel, lui, juge de touta. » Pour nous, nous affirmons que ce n’est pas un hasard si, à côté de spirituel, il n’a pas ajouté le (mot) « homme » ; en effet, le spirituel est plus qu’un homme2, car l’homme a pour marques distinctives son âme ou son corps ou tous deux, mais non l'esprit qui est plus divin qu’eux ; le spiri­ tuel, au contraire, porte ce nom à cause du rôle prédo­ minant de l'Esprit auquel il participe. 139. Les éléments de celui qui n'est pas menteur n’est plus un homme et mérite d’être appelé '■ fils de Dieu ■ (XX, 213 et 265-267). 300 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN τοιαύτης ύποθέσεως χωρίς κάν φαινομένης άποδείξεως άποφαίνεται, ούδέ μέχρι της τνχούσης πιθανότητος φθάσαι εις τόν περί τούτων δυνηΟείς λόγον. Και ταυτα μέν περί εκείνου. XXII. 140. (16) Φέρε δέ καί ημείς καί τούτο ζητήσωμεν, εί ή ζωή ήν μόνων ανθρώπων φως καί μή παντός ούτινοσούν έν μακαριότητι τυγχάνοντας. Έάν γάρ ταύτδν ή « ζωή » καί « φως άνΟρώπων » καί μόνων άνΟρώπων ή τδ τοΰ Χριστού φως, μόνων άνΟρώπων καί ή ζωή. 'Γούτο δ’ ύπολαμβάνειν έστιν ηλίθιον άμα καί ασεβές, άντιμαρτυρουσών τών άλλων γραφών ταύτη τή εκδοχή, εϊ γε, όταν προκόψωμεν, ίσάγγελοι έσόμεΟα8. 152 Β 141. Οδτω δέ λυτέον τδ άπορηΟέν· ούχί εΐ τι λέγεται τινων, έκείνων μόνων έστι τδ λεγόμενον* ούτως ούν ούχί εί λέγεται φώς άνΟρώπων, μόνων άνθρώπων έστι φως* έδύνατο γάρ προσκεισϋαι* ή ζωή ήν τδ τών ανθρώπων μόνων φώς. Έξεστι γάρ τδ φώς τών άνΟρώπων καί ετέρων παρά τούς άνθρώπους είναι φώς, ώς έξεστι τάδε τά ζφα καί τάδε τά φυτά, άνθρώπων οντα τροφήν, καί ετέρων παρά τούς ανθρώ­ πους τά αύτά είναι τροφήν. Καί τούτο μέν άπδ τής συνήθειας τδ παράδειγμα. 142. “Αξιόν δέ άπδ τών θέοπνεύστων λόγων ομοιον άντιπαραβαλεΐν. Ενθάδε τοίνυν ζητούμεν εί μηδέν κωλύει τδ φώς τών άνθρώπων καί ετέρων είναι φώς, λέγοντες οτι ούχί, έπεί λέγεται φώς άνθρώπων, ήδη άποκέκλεισται καί ετέρων 152 C παρά τούς άνθρώπους κρειττόνων ή άνΟρώποις όμοιων είναι φώς. 143. Άναγέγραπται δή ό θεδς θεδς είναι « ’Αβραάμ καί θεδς ’Ισαάκ καί θεός Ιακώβ1’ »* ό δή βουλόμενος — έπειδή a. Cf. Le 20, 36 b. Ex. 3, 6 II. § 139-143 (JEAN 1, 4) 301 cette hypothèse paraissent donc tous ensemble dénués de preuves, même apparentes, et incapables d’arriver à expli­ quer ce texte avec la moindre vraisemblance. C’est tout ce que j’avais à dire à son sujet. XXII. 140. Eh bien, étudions, nous aussi, ce problème : la vie lumière des hommes, était-elle la lumière des hommes est aussi la lumière d’autres créatures seulement et non celle de quiconque demeurait dans la béatitude? Car si la vie était la meme chose que la lumière des hommes et si la lumière du Christ n’était que celle des hommes, la vie ne serait aussi que celle des hommes. Il serait à la fois sot et impie de le supposer, car les autres textes des Écritures donnent un témoignage contraire à cette interprétation, s'il est vrai que, en progressant, nous devenons semblables aux anges8. 141. Voici comment il faut résoudre la difficulté : si l’on dit d'une chose qu’elle appartient à certains, ce n’est pas dire qu’elle n’appartient qu’à eux ; ainsi, si la lumière est appelée lumière des hommes, elle n’est pas la lumière des hommes seulement. On aurait pu ajouter en effet : la vie était la lumière des seuls hommes. Car il est possible que la lumière des hommes soit aussi la lumière d’autres que les hommes, de même qu’il est possible que tels animaux et telles plantes, qui sont la nourriture des hommes, soient aussi la nourriture d’autres que les hommes. Ce premier exemple est tiré de la vie courante. 142. Mais il vaut la peine de lui en confronter un sem­ blable, emprunté aux Paroles inspirées. Nous cherchons donc maintenant si rien n’empêche la lumière des hommes d'être en même temps la lumière d’autres (créatures), en disant que, si elle est appelée la lumière des hommes, il n’est pas de prime abord exclu qu’elle soit en outre la lumière d’autres êtres, supérieurs aux hommes ou semblables à eux. 143. Or il est écrit que Dieu est « le Dieu d’Abraham, le Dieu d’isaac et le Dieu de Jacobb ». Celui qui — sous prétexte c) Le Verbe, 1 302 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN είρηταΓ « ή ζωή ήν τό φως των άνθρώπων » τό φως μηδενός ετέρου είναι ή των άνθρώπων, κατά τό ομοιον οιήσεται τόν θεόν ’Αβραάμ καί θεόν Ισαάκ καί θεόν ’Ιακώβ μηδενός είναι θεόν ή των τριών μόνων τούτων πατέρων. Έστι δέ γε καί Ήλιου θεός3, καί, ώς φησιν 'Ιουδίθ, τού πατρός αύτής Συμεών111, καί θεός των Εβραίων «. Διόπερ κατά τό ομοιον εί μηδέν κωλύει είναι αύτόν καί 79 Ρτ. έτέρων θεόν, ούδέν | κωλύει είναι τό φως των άνθρώπων καί ετέρων παρά τούς άνθρώπους φως. 152 D XXIll. 144. (77) "Αλλος δέ τις προσχρησάμενος τώ « Ποιήσωμεν άνθρωπον κατ’ εικόνα καί όμοίωσιν ήμετέpavd », παν τό « κατ’ εικόνα καί όμοίωσιν » γενόμενον « θεού » άνθρωπον είναι φήσει, μυρίοις χρώμενος είς τούτο παραδείγμασιν, οτι ούδέν διαφέρει τή γραφή άνθρωπον ή άγγελον φάναι* έπί γάρ τού αύτού υποκειμένου κειται ή « άγγελος » καί « άνθρωπος » προσηγορία, ώσπερ έπί 153 Λ των ξενισθέντων παρά τώ Αβραάμ τριών® καί γενομένων έν Σοδόμοις δύοΓ καί έν ολω τώ είρμώ τής γραφής ότέ μέν άνδρες ότέ δέ άγγελοι είναι λέγονται. 145. ΙΙλήν ό τούτο νομίζων έρεΐ, οτι, ώσπερ παρά τοίς όμολογουμένοις άνθρώποις είσίν άγγελοι, ώς ό Ζαχαρίας λέγων « ’Άγγελος θεού, έγώ μεθ’ ύμών είμι, λέγει κύριος παντοκράτωρg » καί ό ’Ιωάννης, περί ού γέγραπται* « ’Ιδού έγώ αποστέλλω τόν άγγελόν μου πρό προσώπου σου11 », ούτως καί οί τού θεού άγγελοι παρά τό έ'ργον τούτο χρηματίζουσι καί ού παρά τήν a. b. c. <1. e. f. g. h. Π Rois 2, 14 Jud. 9, 2 Ex. 3, 18 ; 5, 3 ; 9, 1.13 ; 10. 3 Gcn. 1, 26 Gen. 18, 2. Ci. Héh. 13, 2 Gcn. 19, 1 Aggée 1. 13 Mal. 3. 1. Mc 1, 2 1. Voir notre Avant-Propos, p. 27-29. 2. Erreur d’Origêne : c’est un texte d'Aggéc. Le donner mot, παντοκράτωρ n’est pas dans les Septante. La contamination s’explique Il, § 143-145 (JEAN 1, 4) 303 qu'il est dit que « la vie était la lumière des hommes » prétend que la lumière n’appartient à personne en dehors des hommes, pensera pareillement que le Dieu d’Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob n’est le Dieu de nul autre que de ces trois patriarches. Cependant, il est aussi le Dieu d’Éliea et, comme le dit Judith, le Dieu de son père Simeon1» et aussi le Dieu des Hébreux0. C’est pourquoi, si rien n’empêche qu'il soit aussi le Dieu d’autres hommes, pour la même raison, rien n’empêche que la lumière des hommes ne soit aussi la lumière d’autres que les hommes. XXI11. 144. Un autre, s’ap, r . ... . . payant sur « Créons 1 homme a l’homme et de range* 1 · . , , notre image et à notre ressem­ blance*1 », dira que tout ce qui a été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu est homme ; il apportera des milliers d’exemples pour prouver que l’Écriture dit indifférem­ ment homme ou ange. Car les termes d'ange et d’homme désignent le même objet : ainsi les trois hôtes accueillis par Abraham® et qui à Sodome n’étaient plus que deux1 sont appelés, dans toute la suite de l'Écriture, tantôt hommes et tantôt anges. 145. Mais voici ce que diront les tenants de cette opinion : de même que, parmi ceux qui, de l’avis de tous, sont des hommes, se trouvent des anges, comme Zacharie qui dit2 : « Moi, l’ange de Dieu, je suis avec vous, dit le Seigneur tout-puissant» » et Jean dont il est écrit : « Voici que j’envoie mon ange devant toih », ainsi les anges de Dieu, qu’on a appelés des hommes, portent le titre d’anges en vertu de leur charge et non de leur nature3. J , t d) Identité de facilement puisque la formule τάδε λέγει κύριος -αντοκράτωρ ou, sim­ plement λέγει κύριος τταντοκράτωρ revient quatorze fois dans cette courte prophétie. Les traducteurs modernes donnent : · Oracle de Yahwé ». 3. Si, à la suite d’Origcne, Jean Cickysostome (Con/ru A Mmeos 3.5) et Cyrille d’Alexandrie (in Joannem I, VII, 61 d à 62 a) s’accor- 1 304 SUB L’ÉVANGILE DE JEAN φύσιν « άνδρες » κληθέντες. 146. Καί έτι μάλλον παραμυθήσεται, δτι επί τών κρειττόνων δυνάμεων τά ονόματα ούχί φύσεων ζώων έστιν όνόματα άλλά τάξεων, ών ηδε τις και ήδε λογική φύσις τέτευχεν άπό θεού. Θρόνος γάρ ούκ είδος 153 Β ζώου ούδέ άρχή ούδέ κυριότης ούδέ έξουσία®, άλλά ονόματα πραγμάτων, έφ’ ών έτάχθησαν οί ούτως προσαγορευόμενοι, ών τό υποκείμενον ούκ άλλο τί έστιν ή άνθρωπος, καί τώ ύποκειμένω συμβέβηκε τό θρόνω είναι ή κυριότητι ή αρχή ή εξουσία. 147. Καί έν τώ ’Ιησού δέ τώ τοΰ Ναυή κεΐται τό « "Ωφθη τω ’Ιησού άνθρωπος έν ’Ιεριχώ », ος φησιν « ’Εγώ αρχιστράτηγος δυνάμεως κυρίου νυνί παραγέγονα*1 ». 148. Κατά τούτο ούν ώς ίσον δυνάμενον έκλήψεται τό φως τών ανθρώπων καί φώς παντός λογικού, παντός λογικού τώ « κατ’ εικόνα καί όμοίωσιν0 » είναι θεού ανθρώπου τυγχάνοντος. Τό αυτό μέντοι γέ έστι τριχώς ονομαζόμενου- « φώς τών άνθρώπων » καί άπαξαπλώς « φώς » καί « φώς αληθινόν »· φώς μέν ούν ανθρώπων, ήτοι, ώς προαποδέδεικται, ούδενός κωλύοντος τδ έκλαμβάνειν και ετέρων παρά τον άνθρωπον 153 C είναι τό φώς φώς, ή πάντων τών λογικών διά τό « κατ’ εικόνα θεού » γεγονέναι άνθρώπων καλουμένων. | SO Pr. 149. (/δ) Έπει δέ « φώς » άπαξαπλώς ένταύθα μέν ό σωτηρ, έν δέ τή καθολική τού αυτού Ίωάννου έπιστολή λέγεται ό θεός είναι φώς'1, ό μέν τις οίεται και εντεύθεν κατασκευάζεσθαι τή ούσία μή διεστηκέναι τού υιού τόν πατέρα· ό δέ τις άκριβέστερον τηρήσας, ό καί ύγιέστερον 3. b. c. <1. Cf. Éphés. I, 21 Jos. 5, 13-14 Cf. Gen. 1, 26 I Jn 1, 5 dent pour affirmer que άγγελος désigne la fonction (λειτουργία) de celui qui άναγγέλλει, le dernier précise, apparemment pour s’opposer à l’opinion émise ici, que, tout en ayant la fonction de άγγελος, Jean n’en a pas la nature. 1. Erreur des inonarchlanislcs ; clic sera de nouveau dénoncée au livre X (246). Voir notre Avant-Propos, p. 13-14. A. Orbf. qui traduit : cl Padre, no lient diferencia substantial respcclo al llijo, n’a — j II, § 146-149 (JEAN 1. 4) 305 146. On justifiera ce point de vue d’autant plus que, pour les puissances supérieures, les noms ne sont pas des noms de natures de vivants, mais de fonctions dont telle ou telle nature spirituelle a été investie par Dieu. Trônes, prin­ cipautés, vertus, dominations3 ne sont pas des espèces de vivants, mais les noms des objets auxquels ont été préposés ceux qui portent çcs titres et dont la substance n'est pas différente de celle de l’homme ; à cette substance il est arrivé d’être trône, vertu, principauté ou domination. 147. Dans le livre de Josué, fils de Nun, il est écrit : « Josué vit à Jéricho un homme qui lui dit : Je suis venu, moi, le chef de l’armée du Seigneur11. » 148. D'après ceci on comprendra que « la lumière des hommes » a le même sens que la lumière de toute créature spirituelle, car toute créature spirituelle, étant à l’image et à la ressemblance de Dieuc, est homme. La même réalité est donc désignée de trois manières différentes : « lumière des hommes », ou simplement « lumière », ou encore « lumière véritable ». Il est lumière des hommes, soit que, comme on l’a prouvé, rien n’em­ pêche de comprendre que cette lumière soit en même temps la lumière d’autres que les hommes, soit que tous les êtres spirituels soient appelés hommes, parce qu’ils sont à l’image de Dieu. 149. Puisqu’ici c’est le Sauveur qui est appelé simplement « lula première lumière ’ mière » et que, dans sa première celle du Père épître catholique, le même Jean dit que Dieu est lumière*1, quelqu’un pense qu’il est établi par là que, dans son être, le Père ne diffère pas du Fils1 ; mais un autre, étudiant la question avec plus d’exactitude et e) Supériorité de peut-être pas assez pris garde aux différents sens du mot ούσία chez Origène et ù son époque (Hacia la primera teologia dei Verbo incarnato, p. 431-432 ; voir ci-dessus, p. 254, n. 1). 20 306 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN λέγων, φήσει ού ταύτδν είναι τδ φαινον έν τή σκοτία φώς καί μή καταλαμβανόμενο'/ ύπ’ αύτης®, καί τδ φώς έν ω ούδαμώς έστι σκοτία1’. 150. Τδ μέν γάρ φαίνον έν τη σκοτία φώς 153 D οιονει έπέρχεται τη σκοτία, καί διωκόμενον ύπ’ αύτης καί, ίν’ ούτως ειπω, έπιβουλευόμενον ού καταλαμβάνεται- τδ δέ φώς, έν ω ούδεμία έστι σκοτία, ούτε φαίνει έν τη σκοτία ούτε τήν αρχήν διώκεται ύπ’ αύτης, ίνα καί ώς νικών άναγράφηται 156 Α τώ μή καταλαμβάνεσθαι ύπ’ αύτης διωκούσης. 151. Τρίτον ήν τδ λεγόμενον τούτο το φώς « φώς αλη­ θινόν0 »· ώ δέ λόγω ό πατήρ της άληθείας θεδς πλείων έστι καί μείζων ή αλήθεια και ό πατήρ ών σοφίας κρείττων έστι καί διαφόρων ή σοφία, τούτω υπερέχει τού είναι « φώς αληθινόν ». 152. Παραστατικώτερόν δέ δύο φώτα τδν πατέρα καί τδν υίδν άπδ του Δαβίδ τυγχάνείν διά τούτων είσόμεθα, οσγε φησίν έν τριακοστώ πέμπτο) ψαλμώ’ « Έν φωτί σου οψόμεθα φώςά ». Τούτο δέ αύτό τδ φώς τών άνθρώπων, τδ έν τη σκοτία φα'ινον, τδ αληθινόν φώς, έν τοΐς έξης τού εύαγγελίου « φώς τού κόσμου » αναγορεύεται, φάσκοντος ’Ιησού* « Έγώ είμι τδ φώς τού κόσμου® ». 153. Μηδέ τούτο δή άπαρασήμαντον έάσωμεν, οτι ένδεχο156 Β μένου γεγράφΟαι- « "Ο γέγονεν έν αύτω φώς ήν τών ανθρώ­ πων, καί τδ φώς τών ανθρώπων ζωή ήν », τδ άνάπαλιν πεποίηκε* προτάσσει γάρ τήν ζωήν τού τών άνθρώπων φωτός, εί καί ταύτόν έστι « ζωή » καί « άνθρώπων φώς », τώ a. b. c. <1. e. Cf. Jn 1. 5 Cf. 1 Jn 1, 5 Jn 1, 9 Ps. 35 (36), 10 Jn 8, 121 2 1. Nouvelle traduction du mot logos. Nous sommes ici d’accord avec R. Gôolf.k (Dos Evangelium, p. 158). G. Bardy traduit par ♦ autant... autant » (art. Origène, DTC XI. 2e partie, col. 152-1). 2. Nous avons déjà vu (I, 255) que le Père est plus grand que le 11. § 149-1532(JEAN 1. D 307 parlant d’une manière plus sensée, dira que la lumière qui brille dans les ténèbres sans être saisie par elles" ne s’iden­ tifie pas avec la lumière en qui ne se trouve aucune ténèbre1’. 150. En effet, la lumière qui brille dans les ténèbres s’approche en quelque sorte des ténèbres et. pour­ suivie par elles et subissant, si l’on peut dire, leurs embûches, elle n’est pas saisie par elles. Mais la lumière en qui ne se trouve aucune ténèbre ne brille pas au milieu des ténèbres, elle n’est absolument pas poursuivie par elles; on ne peut donc pas la représenter comme victorieuse du fait qu’elle ne serait pas saisie par les ténèbres qui la poursuivraient. 151. En troisième lieu, cette lumière était appelée « la lumière véritable0 ». Dans le sens où1 Dieu, le Père de la Vérité, est plus grand et plus haut que la Vérité et où, étant le Père de la Sagesse, il est plus puissant que la Sagesse et l’emporte sur elle, dans le même sens il s'élève au-dessus de l'existence (même) de la lumière véritable3. 152. Mais nous allons comprendre plus clairement qu’il y a deux lumières, le Père et le Eils, grâce à la citation suivante de David, qui dit dans le psaume 35 : « A ta lumière, nous verrons la lumière0 ». Elle-même, cette lumière des hommes qui brille dans les ténèbres, cette lumière véritable, est proclamée « la lumière du monde » dans la suite de l’évangile, là où .Jésus déclare : « C’est moi, la lumière du monde0. » 153. Ne manquons pas de remar­ quer qu’il était possible d’écrire : précède » Ce qui fut produit en lui était la leur illumination lumière des hommes et la lumière des hommes était la vie », mais (Jean) a fait le contraire : il place la vie avant la lumière des hommes, bien que la vie et la lumière des hommes soient une même chose; en effet, nous f) La vie des hommes Christ Créateur. Nous verrons de même plus tard (XIII, 19) que celui qui est plus grand que le Christ est plus grand que la Vie. 308 SUB L’ÉVANGILE DE JEAN προαπαντάν ήμΐν έπί τών μετεχόντων της ζωής, τυγχανούσης καί φωτός ανθρώπων, τδ ζην αυτούς την προειρη­ μέναν θείαν ζωήν παρά τδ πεφωτίσθαι* ύποκεΐσθαι γάρ δεϊ τδ ζην, ίν’ ό ζών πεφωτισμένος γένηται* ούκ ήν δέ ακόλουθον πεφωτίσθαι τδν μηδέπω ζην νενοημένον καί έπιγίνεσθαι τω πεφωτίσθαι τδ ζην. 154. Εί γάρ καί ταύτόν έστιν ή ζωή και τδ φώς τών άνθρώπων, ά)Χ αΕ γε έπίνοιαι καθ’ έτερον καί έτερον λαμβάνονται. Τούτο δή τδ « φώς τών ανθρώπων » καί « φώς εθνών » παρά τώ προφήτη Ήσαια λέγεται κατά τδ « ιδού τέθεικά 156 C σε εις διαθήκην γένους, εις φώς εθνών® »· καί τούτο» τω φωτί πεποιθώς δ Δαβίδ φησιν έν είκοστώ εκτω ψαλμώ* « Κύριος φωτισμός μου καί σωτηρ μου, τίνα φοβηθήσομαιb ; » | SI Pr. XXIV. 155. (19) Πρδς δέ τούς την περί αιώνων άναπλάσαντας έν συζυγίαις μυθολογίαν καί οίομένους ύπδ νού καί άληθείας προβεβλήσθαι λόγον καί ζωήν ούκ άπίθανον καί ταΰτα άπορήσαι. Πώς γάρ ή κατ’ αύτούς « σύζυγος » του λόγου ζωή τδ γεγονέναι έν τφ « συζύγω » λαμβάνει ; « ‘Ό γέγονε, γάρ φησιν, έν αύτώ » — δηλονότι τώ προειρη­ μένο) λόγω « ζωή ήν ». Λεγέτωσαν ούν ήμΐν, πώς ή « σύζυγος » του λόγου ζωή γέγονεν έν τώ λόγω, καί πώς μάλλον τού λόγου ή ζωή φως έστι τών άνθρώπων. 156. Είκδς δέ τούς εύγνωμονεστέρους έν ταΐς ζητήσεσιν 156 D άνατρεπομένους, πληγέντας ύπδ τοϋ έπαπορήματος, άντερωτήσειν ημάς, καί αύτούς Ολιβομένους, εάν μή εΰρωμεν αιτίαν, δι’ ήν ούχί λόγος εϊρηται τδ φώς τών ανθρώπων, ά)Χ rt γενομένη έν τώ λόγω ζωή. Πρδς ούς τοιαϋτα άποκρινού- a. Is. 42, 6 b. Ps. 26 (27), 1 1. Nous faisons nôtre la remarque de B. Gôglbh (Dos Evangelium, p. 159, note 31) : Origène pense peut-être à la vie chrétienne des catéchumènes avant leur baptême. 2. Voir notre Avant-Propos, p. 15. II, § 153-156 (JEAN 1, 4) 309 trouvons chez ceux qui participent de Ja vie, qui est aussi la lumière des hommes, qu’ils vivent de cette vie divine, sans avoir été illuminés1. Il faut que la vie soit (d’abord) sous-jacente pour que le vivant soit illuminé. 11 ne serait pas logique que celui qui n’est pas encore considéré comme vivant soit illuminé et que la vie survienne après l'illumi­ nation. 154. Car, quand bien même la vie et la lumière des hommes ne font qu’un, leurs notions sont prises dans des sens différents. Cette lumière des hommes est aussi appelée « lumière des nations » dans le prophète Isaïe, selon ces paroles : « Voici que je t’ai établi comme alliance du peuple pour être la lumière, des nations3. » Parce qu’il a confiance en cette lumière, David dit dans le psaume 26 : « Le Seigneur est mon illumination et mon salut; qui craindrais-jeb? » XXIV. 155. Λ ceux qui ont inventé les fables concernant les cons et leurs couples et qui ima­ ginent que le Verbe et la Vie ont été émis par l’intelligence et la Vérité, il ne sera pas absurde de poser la difficulté suivante : comment la Vie qui, d’après eux, est Γ « épouse » du Verbe trouve-t-elle son existence dans son « époux » ? (Jean) dit en effet : « Ce qui est en lui évidemment le Verbe qui vient d’être nommé — était la Vie. » Qu’ils nous disent donc comment la Vie, a épouse » du Verbe, fut produite dans le Verbe et comment la Vie est, plus que le Verbe, la lumière des hommes. g) Réfutation de la théorie des syzygies2 156. Il est probable que les plus raisonnables (d’entre eux), troublés spirituelle dans leurs recherches et frappés par qui est produite notre question, nous interrogeront à dans le Verbe et source de lumière leur tour; et, nous aussi, nous serons embarrassés si nous ne trouvons pas le motif pour lequel ce n’est pas le Verbe mais la Vie produite en lui qui est appelée la lumière des hommes. Voici ce que h} C’est la vie 310 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN μέθα, οτι ζωή ενταύθα ούχ ή κοινή λογικών καί αλόγων λέγεται, άλλ* ή έπιγινομένη τω έν ήμϊν συμπληρουμένω 157 Λ λόγω, της μετοχής άπδ τού πρώτου λαμβανομένης λόγου* καί κατά μέν το άποστραφήναι τήν δοκούσαν ζωήν, ούκ ούσαν δέ άληθώς, καί ποθεϊν χωρήσαι τήν αληθώς ζωήν πρώτον κοινωνούμεν αύτή, ήτις γενομένη έν ήμϊν καί φωτός γνώσεως8 ύπόστασις γίνεται. 157. Καί τάχα αυτή ή ζωή παρ’ οις μέν δυνάμει καί ούκ ένεργεία φώς έστι, τοϊς τά της γνώσεως έξετάζειν μή φιλοτιμουμένοις, παρ’ έτέροις δέ καί ένεργεία γινομένη φώς· δήλον δέ οτι παρ’ οίς κατορΟούται τό ύπδ τού Παύλου προστεταγμένον « ζηλούτε τά χαρίσματα τά κρείττοναι> »' μεΐζον δέ τών χαρισμάτων τδ καί πάντων προτεταγμένον, οπερ έστι λόγος σοφίας, καί <δ> τούτφ επεται λόγος γνώσεως*5. Περί δέ τής διαφοράς αυτών, παρακειμένων άλλήλοις τών σημαινομένων σοφίας καί 157 Β γνώσεως, ού τού παρόντος έστιν είπεϊν καιρού. a. Ci. Os. 10, 12 (LXX) b. I Cor. 12, 31 c. I Cor. 12, S 1. A la vie indifférente (άδιάφορος), qui n’est ni un bien ni un mal (XX, 363), Origène ne cesse d'opposer la vie au sens propre, la vie pure et sans mélange d’aucune sorte (I, 181.188), la seule vie véritable (II, 115 ù 119), qui est présence du Fils en nous (II, 129 et la note). On voit comment il donne un contenu religieux et chrétien à des notions qui exprimaient l'idéal moral des meilleurs des païens. En effet, comme nous le fait remarquer M. P. I-Iadot, άδιάφορος est une expression stoïcienne, englobant vie, santé, plaisir, beauté, force, richesse, gloire, noblesse et leurs contraires (Dior,. Laeht. VII, 107), bref, tout ce qui n’est ni la vertu seul bien véritable — ni le vice — l’unique mal (Ibid. 94). 2. « Le nouveau-né est en puissance un homme raisonnable — II, § 156-157 (JEAN 1, 4) 311 nous leur répondrons : il ne s'agit pas ici de la vie commune aux êtres spirituels (= raisonnables) et aux êtres sans raison, mais de la vie qui survient en nous quand le verbe (= raison) y a déjà trouvé son achèvement, par la participation qu’il reçoit, du tout premier Verbe ; dans la mesure où nous nous détournons de la vie apparente et non véritable et où nous désirons posséder en nous la vie véritable, nous devenons participants de cette vie qui, une fois produite en nous, est en même temps réalité de la lumière de la connais­ sance®1. 157. Peut-être cette vie n’cst-cllc lumière qu’en puissance et non en acte2 pour certains, qui ne cherchent pas à approfondir l’objet de la connaissance3 spirituelle ; au contraire, clic devient lumière en acte également pour d’autres, ceux évidemment qui obéissent au comman­ dement de Paul : « Aspirez aux dons supérieurs1’. » Mais, plus grand1 que les dons est ce qui passe avant tout, la parole de sagesse, à laquelle, fait suite la parole de connais­ sance05. Quant à leur différence, les sens de sagesse et de connaissance étant très proches l’un de l’autre, ce n’est pas le moment de l’exposer. ratlonabttis, qui traduit sans doute togikos. dont il ne faut pas oublier les résonances spirituelles de « participant du Logos · — car il peut devenir raisonnable en grandissant. Il est en puissance artisan, pilote, grammairien » (In Rom. VIH, 2, PG 14, 1162 C, Lommatzsch VII, p. 201-202). 3. Ou κ science » : nous avons évité le terme de gnose, pourtant si fréquent dans le quatrième évangile comme dans les épttres paulinicnne-s, à cause du sens particulier que les gnos tiques lui ont fait prendre. Voir notre Avant-Propos, p. 13, n. 2. •I. Μεϊζον notre conjecture : μείζονα Preuschen. 5. Cf. note 3. 312 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN Καί το φώ$ έν τη σκοτία φαίνα, καί ή σκοτία αύτό ού κατέλαβίν”. XXV. 158. (20) "Ετι περί του τών άνθρώπων, έπεί προτέτακται, ζητουμεν φωτός, οΐμαι δ’ οτι καί του εναντίου, καλουμένου « σκοτίας », άν δέ οΰτω δοκιμασΟείσης, — « τών ανθρώπων » φημί — βτι τάχα γενικόν έστι τό « φώς τών άνθρώπων » δύο ίδικών πραγμάτων, ομοίως δέ καί ή σκοτία 82 Ρτ. αύτών. Έστι γάρ τόν τό φώς τών άνθρώπων κεκτη|μένον καί κοινωνοΰντα τών αυγών αύτοΰ έργα φωτός έπιτελείν καί γινώσκειν φωτιζόμενου φώς γνώσεως*’. Τό δέ άνάλογον καί έκ τών έναντίων νοητέον, τών τε μοχθη157 c ρών πράξεων καί της νομιζομένης γνώσεως, ούκ οΰσης κατά άλήΟειαν, τόν λόγον της σκοτίας έχόντων. 159. Καί δτι μέν τά προστάγματα φώς ό ιερός οϊδε λόγος, a. Jn 1, 5 b. Os. 10, 12 (LXX) 1. Dans son apparat, Preuschen suggère, d'après Wendland, de rem­ placer âv 8è ούτω, qu’il trouve dépourvu de sens, par άμα δέ τούτω, ce qui donnerait « que nous pouvons étudier en même temps ». 2. Logos = principe, voir supra, p. 180, n. 1. Cependant, comme Origène ne craint pas de garder en un même passage plusieurs tona­ lités à un seul terme, un rapprochement s’est imposé à nous entre ce logos des ténèbres, « l’adversaire · (ανταγωνιστήν) que nous avons rencontré plus haut (II, 48), «soi-disant logos qui simule le logos », et « l’ennemi » dont la perte est annoncée dans la deuxième Épttre aux Thcssaloniciens (2, 4.8) : Origène, voulant mettre ses lecteurs en garde contre le danger de périr corps et âme dans la géhenne (ci. Matlh. 10, 28), cite Paul presque mot à mot : « Le Seigneur Jésus II, § 158-159 (JEAN 1. 5) 313 La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie» 1. Diversité de lumières et diversité de ténèbres XXV. 158. Nous poursuivons nos recherches au sujet de la lumière des hommes, puisque c’est (le sujet qui nous est) propose, et, je pense aussi, au sujet de son contraire qu’on appelle ténèbres — ténèbres des hommes, dis-je et que nous pourrions étudier de la manière suivante1 : en effet, la lumière des hommes est peut-être le nom générique de deux objets particuliers — et leurs ténèbres également. Car le fait est que celui qui possède la lumière des hommes et qui participe de ses rayons accomplit des œuvres de lumière et que, étant illuminé, il connaît la lumière de la connaissance6. En partant des données opposées, il convient d’aboutir à des conclusions du même genre : les mauvaises actions et la soi-disant connaissance qui n’a pas d’existence véri­ table ont les ténèbres pour principe2. 159. La Parole sacrée3 sait que les commandements détruira du souille de sa bouche cl anéantira par la manifestation rie sa présence le logos ennemi qui se dresse contre tout cc qui est appelé Dieu ou honoré d’un culte . (XX, S3). On aura remarqué qu'Origènc a remplacé 1’ « ennemi ■ par le · logos ennemi » ; d’après le contexte, il s’agit de la mort spirituelle, dont tout logikos peut être frappé. 3. Cette manière de désigner l’Écriture se retrouve chez Philon (De somniis 1, 141). 1 314 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN φησιν <γάρ > ό ‘Ησαίας· « Διότι φώς τά προστάγματώ σου ’_'t γής γήςα » κα: ό Δαβίδ έν ιη' ψαλμώ’ « Ή έντολή κυρίου τηλαυγής, φωτίζουσα οφθαλμούς1’ ». "Οτι δέ φώς παρά τά προστάγματα καί τάς έντολάς έστί τι γνώσεως, παρά τινι τών δώδεκα εΰρομεν « Σπείρατε έαυτοϊς είς δικαιοσύνην, τρυγήσατε εις καρπόν ζωής, φωτίσατε έαυτοϊς φώς γνώ­ σεως0 ». 160. 'Ως γάρ όντος καί ετέρου φωτός παρά τάς έντολάς τής γνώσεως λέγεται τδ « Φωτίσατε έαυτοϊς φώς », ούχ απλώς « φώς » άλλα ποιόν φώς, ότι τό « της γνώσεως »' εί γάρ παν φώς, δ φωτίζει άνθρωπος έαυτώ, « φώς γνώσεως » ήν, μώτην <άν> προσέκειτο τό « Φωτίσατε έαυτοϊς φώς 157 D γνώσεως ». Πάλιν ότι ή σκοτία επί τών μοχθηρών έργων παραλαμβάνεται, διδάσκει ό αύτός έν τή έπιστολή Ιωάννης φάσκων, οτι « έάν εϊπωμεν οτι κοινωνίαν έ'χομεν μετ' αύτοΰ, καί έν τώ σκότει περιπατώμεν, ψευδόμεθα και ού ποιοΰμεν την αλή­ θειαν » καί πάλιν* « Ό λέγων έν τώ φωτί είναι καί τόν αδελφόν αύτοΰ μισών, έν τή σκοτία έστιν εως άρτι » καί έτι* « 'Ο δέ μισών τον αδελφόν αύτοΰ έν τή σκοτία έστί καί έν τή σκοτία περιπατεϊ καί ούκ οϊδε που ύπάγει, οτι ή σκοτία έτυφλωσε τούς όφθαλμούς αύτοΰ0 ». 161. Τό γάρ έν τώ 1 GO Λ σκότω περιπατεϊν εμφαίνει τήν ψεκτήν πράξιν καί τό μισεϊν δέ τόν αδελφόν αύτοΰ ού τής κυρίως καλουμένης « γνώσεώς » έστιν άπόπτωμα ; "Οτι δέ καί ό άγνοών τά Οεϊα κατ’ αύτό τό a. b. c. <1. Is. 26, 9 (LXX) Ps. 18 (19), 9 Os. 10, 12 (LXX) I Jn 1, 6 ; 2, 9.11 1. Plus haut (II, 105-106), nous avons traduit νόμος καί έντολή par • loi et commandement ». Ici, c’est έντολή que nous traduisons par • loi ». Ni les anciens ni les modernes ne s’accordent à ce sujet. Théodore de Mopsuete et Théodore! voient dans νόμος la loi de Moïse, dans έντολή la loi naturelle, tandis que Jean Chrysostome et Cyrille d’Alexandrie s’opposent à cette distinction (K. il. Schelklh, p. 2-11). K. H. Schclklc et M. J. Lagrange (Épltre aux Romains, p. 170) Il, § 159-161 (JEAN 1, 5) 315 sont une lumière ; Isaïe le dit : « Car tes ordonnances sont une lumière sur la terre1* », ainsi que David, au psaume 18 : « La loi du Seigneur est pleine de lumière ; elle éclaire les yeux1». » Mais qu’il existe, à côte des ordonnances et des lois1, une lumière de connaissance, nous le découvrons chez l’un des douze (petits prophètes) : n Semez pour vous en vue de la justice, vendangez en vue d’un fruit de vie, éclairezvous d’une lumière de connaissance0. » 160. C’est parce qu’il existe une lumière de connaissance, différente des lois, que, en déclarant : « Éclairez-vous d’une lumière », il ne dit pas simplement « une lumière ». mais il précise laquelle, celle de la connaissance. Car si toute lumière qu'un homme allume pour lui était une lumière de connaissance, il serait vain de spécifier a Éclairez-vous d’une lumière de connaissance, n D’autre part, les ténèbres sont prises dans le sens des actions mauvaises ; le même Jean nous l’apprend dans son épître, en disant : « Si nous prétendons être en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité » et. plus loin, « Qui prétend être dans la lumière tout en haïssant son frère est encore dans les ténèbres » et, enfin, « Qui hait son frère est dans les ténèbres, il va et vient dans les ténèbres, il ne sait où il se dirige parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeuxd. » 161. Aller et. venir dans les ténèbres manifeste le caractère blâmable de la conduite et haïr son propre frère ne constitue-t-il pas2 une chute loin de ce qu’on appelle « connaissance » au sens propre? Celui (pii ignore les réalités divines marche, à cause de cette ignorance même, la trouvent dans le texte même de Rom. 7, 12, tandis que pour G. Schrenk (art. έντολή dans Kilfel il, 1935, p. 546-549) έντολή qui, dans (’Ancien Testament, désigne plutôt les différentes ordonnances de la Loi est synonyme de νόμος chez Paul et dans l’Épltre aux Hébreux. 2. Preuschen voudrait supprimer ού que nous maintenons, puisque le sens est pratiquement le même. 1 316 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN άγνοεΐν έν σκότω διακορεύεται, φησίν ό Δαβίδ- « Ούκ έγνωσαν ούδέ συνήκαν, έν σκότει διακορεύονται11 ». 162. Έπίστησον δέ τω « ό θεός φως έστι καί σκοτία έν αύτω ούκ έστιν ούδεμία13 », εί μή διά τούτο λέγεται τώ είναι μή μίαν σκοτίαν, ά/Χ ήτοι διά τδ γενικόν δύο, ή καί διά τδ καθ’ έκαστον τών ίδικών κολλάς είναι πράξεις μοχθηράς καί πολλά δόγματα ψευδή πολλαί είσι σκοτίαι, ών ούδεμία έν τω θεω έστιν- ούκ άν λεχθέντος έπί τού άγιου, ω φησιν ό σωτήρ τδ « ύμεις έστε τδ φως τού κόσμου0 », δτι « φως » έστιν τού κόσμου δ άγιος. « καί σκοτία ούκ έστιν έν αύτω ούδεμία ». i 83 Pr. XXVI. 163. (21) Ζητήσει δέ τις, εί έπί τού πατρός 1,10 Β τέτακται τδ « Σκοτία ούκ έστιν έν αύτω ούδεμία », πώς τό εξαίρετου έρούμεν είναι έν αύτω, πάντη άναμάρτητον καί τδν σωτήρα νοούντες, ώστε καί περί αύτοΰ άν είπεϊν, δτι « φως έστι καί σκοτία ούκ έστιν έν αύτω ούδεμία ». Άπό μέρους μέν ούν έν τοις ανωτέρω τήν διαφοράν παρεστήσαμεν* τολμηρότερων δέ έτι έκείνοις καί νυν προσΟήσομεν, Οτι εί « τδν μή γνόντα αμαρτίαν ύπέρ ημών αμαρτίαν έποίησε'1 », τδν Χριστόν, ούκ άν δύναιτο λέγεσΟαι περί αύτοΰ* « Σκοτία έν αύτφ ούκ έστιν ούδεμία ». Καν γάρ « έν όμοιώματι σαρκδς αμαρτίας® » κατακρίνας τυγχάνη ό ’Ιησούς τήν αμαρτίαν τώ τδ ομοίωμα της σαρκδς της αμαρτίας άνειληφέναι, ούκέτι εξει πάντη ύγιώς <τά> λεγάμενα περί αύτού 160 G ότι « σκοτία έν αύτω ούκ έστιν ούδεμία ». 164. ΙΙροσΟήσομεν δ’ δτι « αύτός τας άσθενείας ημών έλαβε καί τάς a. b. c. d. c. Ps. 81 (82), 5 I Jn 1, 5 Matth. 5, 11 II Cor, 5, 21 Rom. 8, 31234 1. Après Brooke, Preuschcn propose de supprimer ici του κόσμου. 2. Cette parole du Seigneur a été commentée plus haut (I, 163-166). 3. Nous avons déjà rencontré cette objection des Monarchianistes : II, 149. 4. Après Χριστόν le texte de Preuschcn donne εί έποίησεν αύτόν II, § 161-164 (JEAN 1. 5) 317 dans les ténèbres ; c'est ce que dit David : « Ils n’ont ni savoir ni intelligence, ils marchent dans les ténèbres0. » 162. Remarque bien cette (parole): «Dieu est lumière et en lui il n’y a pas de ténèbres11 »; n’a-t-elle pas etc pronon­ cée parce qu’il n’existe pas une seule ténèbre, mais deux, si l’on considère les genres, ou même, puisqu’on trouve en chaque individu beaucoup de mauvaises actions et d’opi­ nions fausses, c’est qu’il y a beaucoup de ténèbres, dont aucune n’est en Dieu. Quant au saint, à qui le Sauveur déclare : « Vous êtes la lumière du monde0», il n’est pas dit (pic le saint est la lumière du monde1 et qu’en lui il n’y a pas de ténèbres2. 2. Différence entre la lumière du Père ET CELLE DU FlLS XXVI. 163. Si c’est au Père que se rapporte « En lui il n’y a pas de ténèbres h, certains se demanderont comment nous prétendons que ce privilège lui est réservé, alors que nous pensons que le Sauveur est, lui aussi, absolument sans péché, de sorte qu’on pourrait dire de lui également : « 11 est lumière et en lui il n’y a pas de ténèbre3. » Dans ce qui précède, nous avons partiellement établi la différence. Nous ajouterons maintenant à cela plus hardiment encore que si « celui qui n’avait pas connu le péché », le Christ, (Dieu) 1’ « a fait péché pour nousd4 », il n’est pas possible de dire à son sujet « En lui il n’y a pas de ténèbres. » Et si, « dans une chair semblable à celle du péché® », Jésus a justement condamné le péché, puisqu’il a assumé une chair semblable à celle du péché, il ne sera plus tout à fait exact de dire à son sujet : « En lui il n’y a pas de ténèbres. » 164. Nous ajouterons encore que « Luiύπέρ ήμών άμαρτίαν ό θεός. A la suite de Wendland, il regarde ces mots comme une glose. 318 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN νόσους έβάστασε4* ». και άσΟενείας τάς της ψυχής καί νόσους τάς τού κρυπτού τής καρδίας ημών άνθρώπου11· δι’ άς άσΟενείας καί νόσους, βαστάσας αύτάς άφ’ ημών, περίλυπον εχειν την ψυχήν ομολογεί καί τεταραγμένηΆ και ρυπαρά ίμάτια ένδεδύσθαι παρά τώ Ζαχαρία άναγέγραπται* άπερ, 0τε έκδύεσθαι έμελλε, λέγεται είναι αμαρτήματα. ’Επιφέρει γοϋν εκεί· « Ιδού άφήρηκα τάς αμαρτίας σου*1 ». 165. Διά γάρ το άναλαβεϊν αύτόν τά τού λαού τών πιστευόντων εις αύτόν άμαρτήματα πολλαχου φησί’ « Μακράν άπό της σωτη­ ρίας μου οί λόγοι τών παραπτωμάτων μου » καί « σύ έγνως την άφροσύνην μου, και αί πλημμέλειαί μου άπό σου ούκ έκρύβησαν0 ». 166. Μηδεις δ’ ημάς ύπολαμβανέτω 160 D ταύτα λέγειν άσεβοΰντας εις τόν Χριστόν του θεού- ω γάρ λόγω ό πατήρ « μόνος έχει αθανασία'/ », τού κυρίου ήμών διά φιλανθρωπίαν θάνατον τόν ύπέρ ήμών άνειληφότος, τούτω ό πατήρ έχει μόνος τό « σκοτία έν αύτώ ούκ έστιν ούδεμία », τού Χριστού διά τήν πρός ανθρώπους εύεργεσίαν έφ’ αύτόν τάς ήμών σκοτίας άναδεδεγμένου, ίνα τή δυνάμει α.ύτού κατάργηση ήμών τόν θάνατον^ καί έξαφανίση τό έν 161 A τή ψυχή ήμών σκότος, ίνα πληρωΟή τό παρά τώ ΊΙσαία· 84 Pr. « Ό λαός ό καθήμενος έν | σκοτία φώς είδε μέγα1* ». a. b. c. <1. c. L g. h. Matth. 8, 17. Is. 53, -I Cf. I Pierre 3, -I Cf. Mc 14, 34. Jn 12. 27 Zach. 3, 3-4 Ps. 21, 2 (LXX) : 68 (69), « I Tlm. 6. 16 Cf. II Tim. 1, 10 Matth. 4, 14.16. Is. 9, 2 (1) 1. Au livre VI (287 et 292), Origène affirmera que, après sa passion, k· Sauveur avait besoin d’une purification, tandis que, dans les Homé­ lies sur Luc (XIV, 4), il verra, dans les vêlements souilles, le corps terrestre assumé par le Seigneur. Le rapprochement, avec le (ils de Josédec est traditionnel et s’appuie à la fois sur la fonction de grandprêtre et sur le nom même de Jésus. On le trouve déjà chez Tehtui.- Il, § 164-166 (JEAN 1, 5) 319 même a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies” . c'est-à-dire des faiblesses de notre âme et des maladies de l’homme caché au fond de notre cceurb. Λ cause de ces infirmités et de ces maladies dont il nous a déchargés, il reconnaît que son âme est très affligée et troublée® et, comme il est écrit dans Zacharie, il est revêtu de vêtements souillés qui sont appelés péchés au moment où il va en être dépouillé. (L’ange) ajoute en tout cas : « Voici que j’ai enlevé tes péchésdl.» 165. En effet, parce qu’il a pris sur lui les péchés du peuple des croyants, il dit à plusieurs reprises : « Loin de mon salut est le compte2 de mes péchés » et « Tu connais ma folie et mes transgressions ne sont pas cachées devant loi®. » 166. Que nul ne suppose que nous disons cela par impiété envers le Christ de Dieu. Comme3 le Père a possède seul l’immortalité1 » car, dans son amour pour les hommes, Notre Seigneur a assumé la mort pour nous, de même, le Père possède seul (le privilège de) n’avoir en lui aucune ténèbre, car, dans sa bienfaisance envers les hommes, le Christ s’est chargé de nos ténèbres, afin que, par sa puissance, il abolisse notre morte et anéantisse les ténèbres qui sont en notre âme, pour que soit accomplie (la prophétie) d’Isaïe : u Le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière11. » LIEN (Ado. Marc. 3, 7), où il signifie les deux avènements du Sauveur, l’un dans l’indignité d’une chair passible et mortelle, l'autre dans la gloire. Les Pères semblent avoir eu raison de voir dans ce texte une prophétie du sacerdoce qui doit refleurir au temps du Messie : non seulement Dieu prend le Ills de Josédec sous sa protection et le rétablit dans sa dignité, mais il lui donne libre accès dans son sanctuaire céleste. De plus le terme de άνατολή (oriens — hébreu : · germe ») est un litre messianique (J. Lécuyek, < Jésus, fils de Josédec, et le sacri­ fice du Christ », dans RSR, 1955, p. 82-103). 2. Un des principaux sens du mot logos, que nous n’avons pas rencontré, jusqu’à présent dans l’/n Joanncm. 3. Λόγω... λόγφ : on pourrait aussi traduire, comme nous l’avons fait ci-dessus (11, 151) par < dans le sens où ». 320 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 167. Γούτο δή τό φώς, δ γέγονεν έν τώ λόγω, τυγχάνον καί ζωή, « φαίνει έν τη σκοτία » τών ψυχών ημών καί έπιδεδήμηκεν οπού οί κοσμοκράτορες του σκότους τούτου®, οίτινες διά του παλαίειν τώ τών ανθρώπων γένει τώ σκότω ύπάγειν αγωνίζονται τούς μή παντί τρόπω ίσταμένους ύπέρ τού αύτούς πεφωτισμένους « φωτός » χρηματίσαι « υιούς ». Καί ©αίνον έν τή σκοτία τούτο τό φώς διώκεται μέν ύπ’ αύτης, ού καταλαμβάνεται δέ. XXVII. 168. {22) ’Εάν δέ τις νομίση το μή γεγραμμένον ημάς προστιθέναι, τό διώκεσΟαι τό φώς ύπό τής σκοτίας, 161 Β άκουέτω, βτι τό « ή σκοτία αύτό ού κατέλαβε », μηδαμού τής σκοτίας διωξάσης τό φώς, μάτην λέγεται. Ώς δέ έ'χουσι νουν έκδέξασθαι δυνάμενον ακολούθως τοΐς γεγραμμένοις τά νομιζόμενα παραλελεΐφΟαι εγραψεν ό Ιωάννης τό « ή σκοτία αύτό ού κατέλαβεν »' εί γάρ « ού κατέλαβε », διώξασα « ού κατέλαβε ». 169. Καί ότι έδίωξεν ή σκοτία τό φώς, δήλον εκ τε ών πέπονΟεν ό σωτηρ καί οί παραδεξάμενοι αύτού τά μαθήματα, τά ίδια τέκνα, τής σκοτίας ένεργούσης κατά τών a. Éphés. 6, 12 1. Preuschen suggère de remplacer άγωνίζονται par βιάζονται, ce qui donnerait « obligent à vivre dans » : la correction ne nous paraît pas nécessaire. 2. « Tout ce qui se fait de. contraire Λ la droite, raison (logos) est dû à l’impulsion d’un esprit mauvais ou d’un démon impur » (XX, 40). « Ce sont eux qui suscitent les fléaux de toutes espèces » (XXVIII, 162), qui ont poussé Judas à se pendre (XXXII, 317). Ils veulent le péché pour lui-même et non pour l’objet (argent ou femme, par exemple) qui fera pécher l'homme (XX, 179-180). Mais leurs traits ne blessent que ceux dont » l’âme est dépourvue de l'armure de Dieu » (XXXII, 19-24). Car «nul ne peut supporter l'attaque simul­ tanée de toutes les puissances adverses... à moins que n'opère en lui la puissance de celui qui a dit : Ayez confiance, j’ai vaincu le monde. En effet, la nature humaine est bien incapable de soutenir seule cl par elle-même la lutte contre les anges, la hauteur, la pro­ fondeur et toute autre créature ; mais si elle perçoit la présence... du Seigneur en elle, elle peut dire, assurée de l’aide divine : Le Seigneur Il, § 167-169 (JEAN 1, 5) 321 3. Comment les ténèbres POURSUIVENT LA LUMIÈRE 167. Celle lumière, qui est dans le Verbe et qui est également la vie, « brille dans les ténèbres » de nos âmes et s’établit là même où (demeuraient) les princes de ce monde de ténèbres'1, qui, en combattant le genre humain, s’efforcent1 d’entraîner dans les ténèbres2 ceux qui ne sont pas d’une fermeté assez absolue pour être appelés, une fois éclairés, « fils de lumière3 ». Cependant, parce que c’est dans les ténèbres que brille cette lumière, elle est poursuivie par elles, mais non saisie. XXVII. 168. Si quelqu’un pense que c’est nous qui ajoutons que la lumière est poursuivie par les ténèbres, alors que ce n’est pas écrit, qu’il comprenne que » les ténèbres ne l’ont pas saisie » est dit en vain, si les ténèbres n'ont absolument pas poursuivi la lumière. C’est pour des gens qui ont une intelligence capable de déduire de ce qui est écrit ce qui paraît laissé de côté que Jean a écrit « Les ténèbres ne l’ont pas saisie » ; si elles ne l’ont pas saisie, c’est en la poursuivant qu’elles ne l'ont pas saisie. 169. Quant au fait que les ténèbres ont poursuivi la lumière, c’est évident d’après les souffrances endurées par le Sauveur et par ceux qui ont reçu scs enseignements (et qui sont) ses propres enfants : car les ténèbres agissent contre les fils est ma lumière et mon salut ; qui craindrais-je ? » (De Prine. III, 2, 5 ; Cf. Jn 16, 33 ; Rom. 8, 38-39 ; Ps. 26 (27). 1). Malheur, donc, à « qui donne prise au diable, Satan entre en lui comme en Judas... mais si quelqu’un donne prise à Dieu, il est bienheureux > (X, 322-323 ; ci. Éphés. 4, 27). 3. Contrairement à Mignc et à Brooke, Preuschen met entre paren­ thèse les mots οίτινες et suivants jusqu’à Ισταμένοος compris. Dans ce cas, la fin de la phrase > pour qu’ils soient appelés fils de lumière » dépendrait de · la lumière brille et s’établit ». 21 322 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN υιών τοΰ φωτός καί βουληθείσης άποδιώξαι άπό τών άνθρω­ ποί τό φώς. Άλλ’ έπβί, εάν « θεός ύπέρ ημών », ούδείς, καν βούληται, δυνήσεται « καθ’ ημών ° », βσω « εαυτούς έταπείνουν, τοσούτω πλείους έγίνοντο καί κατίσχυον σφόδρα σφόδρα1’ ». 170. Δίχως δέ ή σκοτία τό φώς ού κατείληφεν, ή σφόδρα 161 C αύτοΰ άπολειπομένη καί δια τήν ιδίαν βραδύτητα τη όξύτητί τοΰ δρόμου τοΰ φωτός ούδέ κατά τό ποσόν παρακολούθησα! δυναμένη, ή st που ένεδρεΰσαι βεβούληται τό φώς τήν σκοτίαν καί κατ’ οικονομίαν παρέμεινεν έπερχομένην αύτήν, έγγίσασα ή σκοτία τοΰ φο^τός ήφανίζετο. Πλήν έκατέρως ή σκοτία ού κατέλαβε τό φώς. XXVIII. 171. (23) Άναγκαϊον δέ έν τούτο ις ή μας γενομένους έπισημειώσασθαι οτι ού πάντως, εϊ που ονο­ μάζεται « σκότος », έπί τοΰ χείρονος λαμβάνεται, έ’σθ’ οτε δέ καί έπί του κρείττονος άναγέγραπται* δπερ οι ετερό­ δοξοι μή διαστειλάμενοι δυσφημότατα περί τοΰ δημιουργού δόγματα παραδεξάμενοι άπέστησαν αύτοΰ, άναπλάσμασιν μύθων0 έαυτούς έπιδεδωκότες. 161 D ΙΙώς οΰν καί πότε καί έπί τοΰ κρείττονος τό όνομα του | 85 Pr. σκότους παραλαμβάνεται, παραδεικτέον ήδη. 172. « Σκότος, γνόφος, θύελλα0 » έν τη Έξόδω « περί τόν θεόν » είναι λέγε­ ται καί έν τώ ιζ' ψαλμω' « '0 θεός έθετο σκότος άποκρυφήν αύτοΰ, κύκλω αύτοΰ ή σκηνή αύτοΰ, σκοτεινόν ύδωρ έν νεφέλαις αέρων0. » Έάν γάρ τις κατανόηση τό πλήθος τών περί θεοΰ θεωρημάτων καί γνώσεως άληπτον τυγχάνον ανθρώπινη φύσει, τάχα δέ καί έτέροις παρά Χριστόν καί τό άγιον πνεύμα a. b. c. <1. c. Rom. 8, 31 Ex. 1. 12 Ct. II Tim. 4, ·1 Ex. 19, 9.16 ; 20, 21 Ps. 17 (18), 12 1. Marcion ; voir notre Avant-Propos, p. 1-1-15. Il, 5 169-172 (JEAN 1, 5) 323 de lumière cl veulent chasser la lumière loin des hommes. Mais, puisque « si Dieu est pour nous «. nul, même s’il le veut, ne peut rien «contre nousn«, plus (les fils de lumière) « se sont abaissés et plus ils sc sont multipliés et sont devenus puissants à l’extrêmeb ». 170. Mais c'est de deux façons que les ténèbres n’ont pas saisi la lumière, soit qu’elles soient restées bien loin derrière elle, n’étant pas capables à cause de leur propre lenteur de suivre le moins du monde la course rapide de la lumière, soit que la lumière ait voulu tendre un piège aux ténèbres et que, selon un plan conçu d’avance, elle ait attendu leur venue : mais en s’approchant de la lumière, les ténèbres se sont dissipées. Cependant, d’une façon comme de l’autre, les ténèbres n’ont pas saisi la lumière. 4. Les bonnes ténèbres : LE MYSTÈRE DONT DlEU S’ENVELOPPE XXVIII. 171. Arrivés à ce point de notre exposé, il nous faut remarquer que les « ténèbres » ne sont pas prises uniquement et partout où elles sont nommées en mauvaise part : il arrive qu’elles soient mentionnées en bonne part. Parce qu’ils n’ont pas établi cette distinction, les héré­ tiques1, adoptant des opinions extrêmement injurieuses à l’égard du Créateur, se sont détournés de lui et se sont livrés à la composition de fables6. Il s’agit de montrer maintenant comment et quand le mot ténèbres est pris en bonne part. 172. Il est dit dans l'Exode : « Ténèbres, obscurité, tempête environnent Dieu·1 » et dans le psaume 17 : « Dieu a fait des ténèbres sa retraite ; sa tente autour de lui (c’est) une eau ténébreuse dans les nuages du ciel®. » Si l’on réfléchit que la richesse de ce qu’il y a en Dieu à contempler et à connaître est insaisissable à la nature humaine et peut-être aussi à tous les êtres qui, en dehors du Christ et du Saint-Esprit, sont Ί 324 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 164 Λ γενητοϊς, εϊσεται πώς περί τδν θεόν έστι σκότος, κατά τδ άγνοεϊσθαι τδν κατ’ αξίαν περί αύτού πλούσιον λόγον έν ώ σκότω « έΟετο αύτοΰ τήν άποκρυφήν » τω τά περί αύτού άγνοεϊσθαι αχώρητα οντα τούτο πεποιηκώς. 173. ’Εάν δέ τις ταϊς τοιαύταις προσκόπτη έκδοχαΐς, προαγέσθω άπό τε των σκοτεινών λόγων καί των διδόμενων ύπδ θεού Χριστώ θησαυρών σκοτεινών, άποκρύφων, αοράτων8· ούκ άλλο γάρ τι ηγούμαι είναι τούς σκοτεινούς θησαυρούς έν Χριστώ άποκαλυπτο μένους — τδ « σκότος έ'Οετο ο Οεδς άποκρυφήν εαυτού » — ή « ό άγιος νοήσει παραβολήν καί σκοτεινόν λόγον1* ». Έπίσκεψαι δέ εί διά τούτό φησιν ό σωτήρ τοϊς μαΟηταϊς’ « ΆνΟ’ ών όσα ήκούσατε έν τη σκοτία είπατε έν τώ φωτίβ ». 174. Τά γάρ έν άπορρήτω καί μή έπηκόω πολλών δύσγνωστα καί ασαφή αύτοϊς παραδεδομένα 161 Β μυστήρια προστάσσει αυτούς, φωτιζόμενους καί διά τούτο λεγομένους είναι έν φωτί, άπαγγέλλειν -αντί τω γινομένφ φωτί. II αραδοξότερον δ’ άν έπί τού έπαινουμένου σκότους είποιμι, οτι τούτο σπεύδει έπί τδ φως καί καταλαμβάνει αύτό καί γίνεται ποτέ, διά τδ άγνοεϊσθαι σκότος, τω μή δρώντι τήν δύναμιν αύτοΰ ουτω μεταβάλλον, ώστε τόν μεμαΟηκότα άποφαίνεσΟαι γεγονέναι φώς τδ γνωσθέν ποτέ ύπάρχον αύτω σκότοε. < I U. Cf. Col. 2, 3. Is. 45, 3 b. I’rov. 1, 6 c. Cf. Mat th. 10, 27. Le 12, 3 ————— I 1. Le Père seul est sans principe. Voir supra (p. 180. n. 3) notre explication de remploi de κτίζω. 2. Logos. 3. On aurait aussi pu traduire Αχώρητος, comme nous l’avons fait plus haut (II, 126), par · inaccessible ·. » II, ί 172-171 (JEAN 1, 5) 325 nés1, on comprendra comment Dieu est enveloppé de ténèbres, car on n’en connaît pas de description2 assez riche pour être digne de lui. C’est donc dans ces ténèbres qu’il a établi sa retraite : il a fait cela parce qu’on ne peut connaître tout ce qui le concerne qui est infini3. 173. Mais si quelqu’un se heurte à une telle interpréta­ tion, il faut produire au grand jour les paroles envelop­ pées de ténèbres et les trésors (également) enveloppés de ténèbres, cachés, invisibles, donnés par Dieu au Christ0. Car je pense que (le sens) des trésors enveloppés de ténèbres — ces ténèbres dont Dieu a fait sa retraite qui nous sont révélés dans le Christ, n’est rien d’autre que (celui de l’expression) « Le saint comprendra la parabole et la sentence enveloppée de ténèbresb. » Examine si c’est pour ce motif que le. Sauveur a dit à ses disciples : « C’est pourquoi tout ce que vous avez entendu dans les ténèbres, dites-le dans la lumière0. ·> 174. Les mystères qu’il leur avait confiés dans le secret et loin des oreilles de la foule, qui les aurait saisis avec peine et mal compris, il leur ordonne de les annoncer à quiconque sera devenu lumière, quand ils auront été illuminés et seront dits pour cela être dans la lumière. D'une manière plus paradoxale, je pourrais dire aussi des ténèbres prises en bonne part qu’elles se hâtent vers la lumière, la saisissent et deviennent (lumière), parce que, n’étant pas connues, ces ténèbres changent de valeur pour celui qui (auparavant) ne voyait pas1, de telle manière que, après avoir été instruit, il déclare que la ténèbre qui était en lui est devenue lumière, une fois qu’elle a été connue. 4. Τήν δύναμιν semble bien être complément, à la fois de μεταβάλλον et de τω μή όρώντι : · pour celui qui auparavant ne voyait pas leur valeur ·. 1 326 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN "Εγένετο άνθρωπος απεσταλμένος παρά θεού, όνομα αύτω Ιωάννης3. XXIX. 175. (24) Άκριβέστερόν τις άκούων του « άπεσταλμένος », έπειδή ό απεσταλμένος ποθέν που άποστέλλεται, ζητήσει πόθεν ο ’Ιωάννης άπεστάλη καί που. Σαφούς δ’ οντος τοΰ « πού », κατά μέν τήν ιστορίαν οτι πρδς τδν ’Ισραήλ καί τούς βουλομένους αύτοΰ άκούειν έν τή έρήμω της ’Ιουδαίος διατρίβοντος καί παρά τω 'Ιορδάνη ποταμό) βαπτίζοντοςb, κατά δέ βαθύτερου λόγον, δτι εις τδν κόσμον — κόσμου λαμβαυομένου τού περίγειου τόπου, ένθα S6Pr. είσίν οί άνθρωποι —, έξετάσει, | πώς δει λαμβάνειν τδ « πόθεν ». Έπί πλεΐον δέ βασανίζων τήν λέξιν, τάχα καί άποφαίνεται, οτι ώσπερ έπί τού Άδάμ γέγραπταΓ 176. « Καί έξαπέστειλεν αύτδν κύριος ό θεδς έκ τού παραδείσου της τρυφής έργάζεσθαι τήν γην, έξ ής έλήφΟη® », ούτω καί ό ’Ιωάννης 161 D άπεστάλη, ήτοι έξ ούρανού ή έκ τοΰ παραδείσου ή όθεν δήποτε έτέρωθεν παρά τδν έπί γης τούτον τόπον, καί άπε­ στάλη, « ίνα μαρτυρήση περί τού φωτός0 ». 177. Έχει δέ άνθυποφοράν ούκ εύκαταφρόνητον ό λόγος, έπεί καί παρά Ήσαία γέγραπται* « Τίυα άποστείλω καί τίς πορεύσεται πρδς τδν λαόν τούτου ; » δτε άποκρινόμενος ό προφήτης 164 C a. b. c. d. Jn 1, 6 Cf. Maith. 3, 1.5-6 Gen. 3, 23 Jn 1, 7 II, § 175-177 (JEAN 1, 6) 327 Il y eut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean·'1 1. La préexistence XXIX. 175. Si l’on prend le mot « envoyé » dans un sens assez précis, puisque tout envoyé est envoyé d’un lieu à un autre, il faudra cher­ cher d’où et où Jean a été envoyé. Mais où (il a été envoyé) est clair : au sens historique, c’est à Israël et à ceux qui ont voulu l’écouter quand il demeurait dans le désert de Judée et baptisait auprès du Jourdainb; d'après le sens plus profond, c’est en ce monde — en entendant par monde la surface de la terre où sont les hommes — ; on examinera donc comment expliquer « d’où » (il est parti). Au cours d’un examen plus attentif du mot à mot, il deviendra peut-être manifeste que, de même qu’il est écrit d’Adam : 176. « Le Seigneur Dieu le renvoya du paradis de délices pour cultiver la terre, dont il avait été tiré® », de même Jean fut envoyé soit du ciel, soit du paradis, soit de n'importe quel autre endroit différent de ce lieu terrestre, et il fut envoyé « pour rendre témoignage à la lumière41 ». 177. Cette interprétation a la possibilité de répliquer validement aux critiques qui pourraient lui être adressées, puisqu’il est écrit dans Isaïe : « Qui enverrai-je et qui ira vers ce peuple ? » au moment où le prophète va a) Tout envoi implique un changement de lieu 328 165 A 165 Β 57 Pr. 165 C SUR L’ÉVANGILE DE JEAN φησίν* « ’Ιδού είμί έγώ, άπόστειλόν με3 ». 178. Έρεϊ γάρ ό ένιστάμενος τή βαθυτέρα έμφαινομένη ύπονοία, δτι ώσπερ ό ‘Ησαίας άπεστάλη, ούχί άφ’ ετέρου τόπου παρά του κόσμον τούτον, άλλά μετά τό έωρακέναι « τόν κύριον καθήμενον έπι θρόνου ύψηλού καί έπηρμένου15 » πρός τόν λαόν, ίνα εϊπη' « ’Ακοή ακούσετε καί ού μή συνήτε* » καί τά έξης, ουτω καί ό ’Ιωάννης, σιωπωμένης τής άρχής τής αποστολής αναλο­ γίαν έχούσης πρός την άποστολήν τού ' ΙΙσαιου, άποστέλλεται βαπτίζειν καί έτοιμάζειν « κυρίω λαόν κατεσκευασμένον'1 » καί μαρτυρεϊν « περί τού φωτός* ». 179. Γούτων δ’ ούτως λεχΟέντων αν πρός τόν πρώτον λόγον, λύσεις τοιαύται προσάγονται συγκατάθεσιν έπισπώμεναι πρός τό περί Ίωάννου βαθύτερου ύπονοούμενον αύτόΟεν μέν έπιφέρεται' « Ούτος ήλθεν είς μαρτυρίαν, ίνα μαρτυρηση περί τού φωτός1 »’ εί γάρ ήλθε, ποθέν ήλθε. Καί λεκτέον πρός τόν δυσπαραδεκτούντα τό έν τοϊς έξης ύπό Ίωάυνου λεγόμενον έπί τού έωρακέναι τό πνεύμα τό άγιον ως περιστεράν κατερχόμενον έπί τόν σωτήρα — φησί γάρ’ « Ό πέμψας με βαπτί­ ζειν έν τω υδατι έκεϊνός μοι εϊπεν Έφ’ δν άν ϊδης τό πνεύμα καταβαϊνον καί μένον έπ’ αύτόν, ούτός έστιν ό βαπτίζων έν πνεύματι άγίω καί πυρί® » —. Πότε γάρ πέμψας τοΰτ’ ένετείλατο ; Άλλ’ είκός άποκρίνεσΟαι πρός τό πύσμα τούτο δτι, δτε δήποτε επεμπεν έπί τό άρξασΟαι βαπτίζειν, τότε τούτον τόν λόγον εϊπεν ό χρηματίζωυ πρός αύτόν. XXX. 180. Έτι δέ πληκτικότερου πρός τό έτέρωθέν ποθεν άπεστάλθαι τόν Ίωάννην ένσωματούμενον ύπόΟεσιν ούκ άλλην της εις τόν | βίον έπιδημίας εχουτα ή τήν περί τού φωτός μαρτυρίαν, τό πνεύματος άγιου πλησΟήναι έτι έκ κοιλίας μητρός αύτού, λεγόμενον ύπό Γαβριήλ εύαγγελιζομένου τω μέν Ζαχαρία τήν Ίωάυνου γένεσιυ τή δέ Μαριάμ τήν τού σωτήρος ήμώυ έν άνΟρώποις έπιδη- a. Is. 6, 8 b. Is. 6. 1 c. Is. 6, 9 d. Lc 1. 17 c. Jn 1, 7 f. Jn 1, 7 II, § 177-180 (JEAN 1, 6) 329 répondre en disant : « Me voici, envoie-moi®. »178. L’adver­ saire du sens apparemment plus profond dira que ce n’est pas d’un lieu différent de ce monde, mais après avoir vu le Seigneur assis sur un trône haut et élevéb, qu’Isaïe fut envoyé dire au peuple : « Écoutez de toutes vos oreilles et ne comprenez pasc », etc... et que, de la même manière, après un début de mission semblable à la mission d'Isaïe et qui a etc passé sous silence, .Jean est envoyé baptiser, ·· préparer au Seigneur un peuple bien disposé0 » et « rendre témoignage à la lumière5 ». 179. Telles seraient donc les objections à notre première explication ; mais voici la solution que l’on peut proposer pour obtenir l’adhésion à une signification plus profonde de Jean : La suite du texte porte : « Celui-ci vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière1. » Mais s’il est venu, il est venu de quelque part. Si quelqu'un a peine à l’admettre, il faut lui citer les paroles de Jean qui, dans la suite du texte, dit avoir vu l’Esprit-Saint descendre comme une colombe sur le Sauveur. — Il dit en effet : « Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’EspritSaint et le feu « » — Quand donc l’a-t-il envoyé en lui donnant ces instructions ? A cette question on peut répondre avec vraisemblance que, en l'envoyant baptiser pour la première fois, celui qui parle lui a dit ces paroles. XXX. 180. On argument encore plus frappant pour que Jean soit venu d’ailleurs revêtir un corps sans avoir, pour demeurer en celle vie, d’autre but que le témoignage à rendre à la lumière, c’est le fait qu'il fut rempli d’Esprit-Saint des le sein de sa mère, affirmé par Gabriel annonçant à Zacharie la bonne nouvelle de la nais­ sance de Jean et à Marie celle de la venue de notre Sauveur δ) La perfection du Baptiste g. Jn 1, 33. Ci. Malth. 3, 11 330 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN μίαν®, καί τά « ιδού γάρ ώς έγένετο ή φωνή τού ασπασμού εις τά ώτά μου, έσκίρτησεν έν αγαλλιάσει τό βρέφος έν τη κοιλία μου111 ». 181. Τω γάρ τηροΰντι τό μηδέν αδίκως μηδέ κατά συντυ­ χίαν ή άποκλήρωσιν ποιεϊν άναγκαίον παραδέξασθαι πρεσβυ­ τέραν οϋσαν την Ίωάννου ψυχήν του σώματος καί πρότερον ύφεστώσαν πεπέμφθαι έπί διακονίαν της περί του φωτός μαρτυρίας. Πρός τούτοις δέ ού καταφρονητέον καί τοϋ « αύτός έστιν Ήλίας ό μέλλων ερχεσΟαι0 ». 182. Έάν δέ κράτη ό καθόλου περί ψυχής λόγος ώς ού συνεσπαρμένης τω σώματι άλλά πρό αύτοΰ τυγχανούσης καί διά ποικίλας αιτίας ένδουμένης σαρκί 165 D καί αΐματι, τό « άπεσταλμένος υπό θεού » ούκέτι δόξει έξαίρετον είναι περί Ίωάννου λεγόμενον. '0 γοΰν πάντων κάκιστος, « ό άνθρωπος της αμαρτίας ό υιός τής άπωλείας*’ », λέγεται παρά τω Παύλω πέμπεσθαι ύπό τού θεού" « Διά τούτο, γάρ φησι, πέμπει αύτοίς ό θεός ενέργειαν πλάνης εις τό πιστεύσαι αύτούς τω ψεύδει, ίνα κριθώσι πάντες οί μή πιστεύσαντες τη άληθεία, άλλ* εύδοκήσαντες τη αδικία® ». 183. Τό δέ ζητηθέν όρα ζΐ ούτως λΰσαι δυνησόμεθα, ότι 168 Λ ώσπερ άπλούστερον πας άνθρωπος τω ύπό Οεοϋ έκτίσθαι άνθρωπός έστι Οεοϋ, άλλ’ ού χρηματίζει πας άνθρωπος « θεού », ή μόνος ό θεω άνακεί μένος — δν τρόπον Ήλίας και οί έν ταϊς γραφα.ϊς άναγεγραμμένοι « άνθρωποι θεού » —, ούτως δύναται κατά μέν τό κοινότερου πας άνθρωπος άπεστάλθαΐ άπό Οεοϋ, κυρίως δέ λέγεσθαι άπεστάλθαι ύπό θεού ούκ άλλος ή ό έπί διακονία θεία καί λειτουργία σωτηρίας γένους ανθρώπων έπιδημών τω βίω. 184. Ούχ ευρομεν γοΰν a. Le 1,15.26s. h. Le 1, 44 c. Matth. 11, 14 d. II Thess. 2, 3 <·. II Thess. 2. 11-12 1. Au livre VI (chap. X ù XIV), Origène étudiera longuement comment Jean-Baptiste est Élie, d'après le Sauveur, et comment il ne Test pas, d’après sa propre déclaration. 11 en profitera pour réfuter les arguments qu’on en pourrait tirer en faveur de la réincarna- II, s 180-184 (JEAN I, 6) 331 parmi les hommes», et ces paroles (d’Élisabeth) : «Dès que le son de ta salutation a frappe mon oreille, voici que mon enfant a tressailli de joie dans mon seinb. » 181. Si l’on veille à ne rien faire avec injustice, rien au hasard ou par caprice, on est obligé d’admettre que l’âme de Jean est plus ancienne que son corps, qu’elle exis­ tait avant lui et qu’elle a cto envoyée avec la charge de rendre témoignage à la lumière. En outre, il ne faut pas négliger .. . Λ . cette parole : « C est lui Ehe qui doit revenir01. » 182. Si la theorie générale sur l’âme — clic n’est pas ensemencée avec le corps, mais, existant avant lui, elle est liée à la chair et au sang pour des motifs divers -, (si cette théorie) prévaut, l’expres­ sion « envoyé de Dieu », appliquée à Jean ne paraîtra plus exceptionnelle. D’après Paul, en effet, le pire de tous, « l’homme de péché, le fils de perdition41 » est envoyé par Dieu : » C’est pourquoi, dit-il, Dieu leur envoie une puis­ sance d’égarement pour les faire croire au mensonge, afin qu’ils soient condamnés, tous ceux qui, au lieu d'ajouter foi à la vérité, prennent plaisir à l’iniquité®. » 183. Vois si nous ne pourrions pas résoudre ainsi la question : de même que tout homme, parce qu’il est créé par Dieu, est, au sens le plus simple, homme de Dieu et que (cependant) tout homme n’est pas intitulé « de Dieu3 », mais seulement celui qui est consacre à Dieu — comme Élie et ceux qui, dans les Écritures, sont désignés comme des « hommes de Dieu » —, de même, au sens plus général, tout homme peut être envoyé de Dieu, mais, au sens propre, nul autre n’est dit « envoyé de Dieu », si ce n’est celui qui est venu en cette vie au service de Dieu et dans l’accomplissement du salut de la race des hommes. 184. Nous n’avons donc trouvé d’allusion à un . „ , Sens de , . λ) lion. La personne d’Élic diffère de celle du Baptiste, mats ils ont reçu le même pne.uma. 2. Preuschen ajoute άνθρωπος avant θεοΰ. 332 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN το άποστέλλε·σΟαι από θεού έπ’ άλλου του ή τών αγίων κεί­ μενον έπί μέν του Ήσαίου, ώς προπαρεθέμεΟα' έπί δέ τού ‘Ιερεμίου’ « ΙΙρός πάντας ούς εάν έξαποστείλω σε πορεύση3 », έπί δέ τοϋ ’Ιεζεκιήλ' « Ιδού εγώ αποστέλλω σε προς έθνη τά 168 Β άφεστηκότα καί άποστήσαντά μοι1* ». 185. Δόξει δέ ού πρδς &S Ρτ. -'<> προκείμενον παρειλήφθαι τά παραδείγματα αποστολής | τής εις τον βίον ζητούμενης, « άποστολήν » λέγοντα ού γυμνώς την έξωθεν του βίου έπί τον βίον. Π?»ήν καί ούτως ούκ άπίΟανον μετάγειν τον λόγον έπί τό ζητηθέν, φάσκοντα ότι ώσπερ μόνους τούς αγίους, έφ’ ών παρεθέμεθα, άποστέλλειν λέγεται ό θεός, ούτως καί έπί τών εις τόν βίον άποστελλομενών έκδεκτέον. XXXI. 186. (25) Καί έπεί άπαξαπλώς έν τώ περί του Ίωάννου έσμέν λόγω, ζητούντες αύτού τ'φ άποστολήν, ούκ άκαίρως υπόνοιαν ήμετέραν, ήν περί αύτού έχομεν, προσθήσομεν. Έπει γάρ άνέγνωμεν περί αύτού προφητείαν « Ιδού εγώ αποστέλλω τόν άγγελόν μου πρό προσώπου σου, δς κατασκευάσει την οδόν σου εμπροσθέν σου15 », έφίσταμεν 168 C μήποτε είς τών αγίων αγγέλων τυγχάνων έπί λειτουργία κοίταπέμπεται τοϋ σωτηρος ημών πρόδρομος. 187. Καί ούδέν θαυμαστόν τού πρωτοτόκου πάσης κτίσεως*1 ένσωμαa. b. c. d. Jér. 1, 7 Éz. 2, 3 Matth. 11, 10. Mal. 3, 1 Cf. Col. 1, 15 1. C'est sans doute pour un motif grammatical, à cause de la présence de μοι que V a corrigé άποστήσαντα en άπιστήσαντα, qui ne correspond pas du tout au texte d’Ézéchiel. Grâce aux Hexaples (PG 16, 2410), nous savons que la version d’Ézéchiel utilisée ici par Origène est celle de Théodotion. De fait, sa citation est plus proche de l’original hébraïque que la Septante : έξαποστέλλω έγώ oc πρδς τόν οίκον του ’Ισραήλ, τούς παραπικραίνοντάς με, οϊτινες παρεπίκρανάν με, où le mol « peuples » aurait été supprimé intentionnellement, à cause de son caractère méprisant ; de plus, παραπικραίνω sert habituelle­ ment chez Ézéchiel à traduise non marad, mais marah, quoique les deux verbes hébraïques (comme les deux verbes grecs, cf. Héb. 3,16) Il, 5 181-187 (JEAN i, G) 333 envoi fait par Dieu pour personne hormis les saints : pour Isaïe, comme nous l’avons rappelé plus haut ; pour .Jéré­ mie : « Tu iras vers tous ceux à qui je t’enverrai® » ; pour Ézéchiel : « Voici que je t’envoie vers des peuples de rebelles qui se sont rebellés contre moi**1, i» 185. Il risquera donc de paraître hors de propos de citer des exemples de l’envoi dans la vie, objet de notre enquête, alors que nous n’appelons pas « envoi2 » le fait d’être envoyé purement et simplement en cette vie d’un lieu extérieur à celle vie ; cependant, même dans ces conditions, il ne sera pas absurde de détourner notre entretien vers l'étude de cette question, tout en faisant cette remarque : si, d’après nos citations, ce ne sont que les saints que Dieu est dit envoyer, cepen­ dant il faut également l'admettre pour (tous) ceux qui sont envoyés en cette vie. XXXI. 186. Puisque nous en sommes à parler tout simplement de Jean et à étudier son envoi, il ne sera pas inopportun d’indiquer la conjecture que nous avons formée â son sujet. En lisant la prophétie qui le concerne : « Voici que j'envoie mon ange devant ta face, pour préparer ton chemin devant toic », nous nous deman­ dons si ce n'est pas un des saints anges affectés au service de (Dieu) qui a été envoyé comme précurseur de notre Sauveur. 187. Si le premier-né de toute créature11 s’est τοΰ σώματος ύπηρετησαι τη εις άνΟρώπους αυτού χρηστότητι. Τίνα δ’ ούκ αν κινήσαι σκιρτών έν άγαλλιάσει έτι έν τή κοιλία τυγχάνων8, ώς τήν κοινήν τών ανθρώπων ύπερπαίων φύσιν ; 188. Εί δέ τις προσίεται καί τών παρ’ Έβραίοις φερομένων άποκρύφων τήν έπιγραφομένην « Ιωσήφ προσευχήν », άντικρυς τούτο τδ δόγμα καί σαφώς είρημένον έκεΐθεν λήψεται, ώς άρα οί άρχήθεν έξαίρετόν τι έσχηκότες παρά άνΟρώπους, πολλω κρείττους τυγχάνοντες τών λοιπών ψυχών, άπδ τοΰ 168 Ο είναι άγγελοι έπί τήν άνθρωπίνην καταβεβήκασι φύσιν. 189. Φησί γούν δ Ιακώβ· « Ό γάρ λαλών πρδς ύμάς έγώ ’Ιακώβ καί ’Ισραήλ άγγελος Οεοΰ είμι έγώ καί πνεύμα άρχικόν, καί ’Αβραάμ καί ’Ισαάκ προεκτίσΟησαν πρδ παντδς 169 A έργου* έγώ δέ ’Ιακώβ, δ κληθείς ύπδ ανθρώπων ’Ιακώβ, τδ δέ όνομά μου ’Ισραήλb, δ κληθείς ύπδ Οεοΰ ’Ισραήλ, άνήρ ορών θεόν, ότι έγώ πρωτόγονος παντδς ζώου ζωουμένου ύπδ θεού ». 190. Καί έπιφέρει* « ’Εγώ δέ ότε ήρχόμην άπδ Μεσοποταμίας της Συρίας, έξήλθεν Ούριήλ ό άγγελος τοΰ θεού, καί είπεν οτι κατέβην έπί τήν γην καί κατεσκήνωσα έν άνθρώποις, και οτι έκλήθην δνόματι Ιακώβ’ έζήλωσε καί έμαχέσατό μοι. Και έπάλαιε πρός με, λέγων προτερήσειν έπάνω τοΰ ονόματος μου τδ ονομα αύτοΰ καί τοΰ πρδ παντδς a. Cf. Le 1, 44 b. Cf. Gen. 32, 28-29 (27-28) 1. Nous avons déjà rencontré la Prière de Joseph à propos des > tablettes du ciel » (p. 94, n. 2). Ici, la citation est introduite à peu près de la même manière que, un peu plus haul (II, 87) un passage de V Évangile des Hébreux : èàv 8c προσιήταί τις. Le P. Daniélou a cherché à déterminer l'origine de ce texte (« Trinité et angélologic dans la théologie judéo-chrétienne », RSK, 1957, p. ô à 41). Après avoir remarqué que les épithètes qui qualifient ici Jacob-Israël désignent le Verbe chez Eusèbe et dans une inscription novaticnnc, il fait un rapprochement avec un passage où Justin oppose Jacob, fils d’Isaac, au Christ, appelé Jacob. Comme d’autre part le conflit des deux Jacob II, § 187-190 (JEAN 1, 6) 335 incarne par amour envers les hommes, il n'y a rien d’éton­ nant à ce qu’il y ait eu des émules et des imita tours du Christ, qui ont mis leur contentement à servir sa bonté envers les hommes dans un corps semblable au sien. Qui ne serait frappe du fait que (Jean) tressaille de joie dès le sein de sa mère'*, se montrant par là supérieur à la commune nature des hommes ? 188. Si, parmi les apocryphes en usage chez les juifs, on admet celui de Joseph1 » qui est intitulé « La Prière de Joseph », on y trouvera, exposée ouvertement et claire­ ment, la doctrine selon laquelle ceux qui, comparés aux (autres) hommes, jouissent d’emblée de qualités excep­ tionnelles et sont de beaucoup supérieurs aux autres âmes, se sont abaissés de la condition des anges jusqu’à la nature humaine. 189. Jacob dit en effet : n Moi qui vous parle, Jacob et Israël, je suis un ange de Dieu et un esprit supérieur; Abraham et Isaac ont été créés avant toutes choses ; moi, Jacob, qui suis appelé Jacob par les hommes, mon nom est Israëlb, je suis appelé par Dieu Israël, l’homme qui voit Dieu2, parce que je suis le premier-né de tout vivant, vivifié par Dieu. » 190. Et il ajoute : « Lorsque, moi, je vins de la Mésopotamie syrienne3, l'ange de Dieu Uriel sortit à ma rencontre et dit qu'il était descendu sur la terre, avait établi sa tente parmi les hommes et s'appelait du nom de Jacob ; il me jalousa, me fit la guerre et lutta contre moi, prétendant que son nom, étant celui de l’ange qui précède tout autre, l’emportait sur le mien. Et je lui dis e) La « Prière ne s'expliquerait pas chez un auteur juif, il en conclut que ce texte provient vraisemblablement appellation » cl sera synonyme » χωρίς τού « ης » μεταλαμβανόμενον, οπερ ταύτόν οίόμεΟα είναι τώ « ’Ιωάννης »· έπεί καί άλλα ή καινή διαθήκη ‘Εβραίων όνόματα έξελλήνισε, χαρακτήρι αυτά είπούσα έλληνικώ, ώσπερ αντί « ’Ιακώβ » « ’Ιάκωβος », καί αντί « Συμεών » « Σίμων ». « Ζαχαρίας » δέ « μνήμη » είναι λέγεται, ή δέ « Ελισάβετ » « θεού μου όρκος » ή « θεού μου έβδομάς ». 198. Άπό θεού δή « χάρις » έκ της περί θεού « μνήμης » κατά τόν τοΰ θεού ημών « όρκον » | .9/ Ρτ. τόν περί τούς πατέρας έγεννήθη ό ’Ιωάννης, έτοιμάζων « κυρίω λαόν κατεσκευασμένου® » έπί τέλει της παλαιός 173 A γενόμενος διαθήκης, ή έστι σαββατισμού κορωνίς· - διό ού a. Le 1, 59 s. b. I.c 1, 63-64 c. Cf. Le 16. 16; 1. 17123 1. Après έρμενεία τών όνομάτων le texte porte ’Ιωάννης supprimé par Preuschen. 2. Si, au lieu de γενόμενος, il faut lire avec les manuscrits et Brooke, γενομένης, le sens serait : « au ternie de l’alliance devenue ancienne ». 3. La même interprétation de Zacharie est donnée par DidymB d’Alexandrie (/n Zach. I, 4) et par Jérôme (In Zach., PL 25, 1420). L’Onomaslicon de S. Wutz la cite à de nombreuses reprises, parfois avec unc variante « mémoire du Seigneur », « mémoire de Yahwé ·. Une autre interprétation assez, fréquente est. νικητής λέων, « lion victorieux », qu'on trouve parfois sous la forme de νικητής λαών, r 11, § 195-198 (JEAN 1, 6) 341 En un mot, lorsque Jean montre le Christ, c’est un homme qui montre un Dieu et le Sauveur incorporel, une voix (qui montre) la Parole. 3. Signification des noms de Zacharie, d’Élisabeth et de Jean XXXIII. 196. Comme il est utile en de nombreuses occasions de connaître exactement la signification des noms, de meme serait-il utile ici de voir ce que signifient Jean et Zacharie. En effet, comme si c’était un personnage important, au moment de lui donner un nom ses proches veulent l’appeler Zacharie et ils sont tout étonnés de ce qu’Élisabeth veuille le nommer Jeana. Quant à Zacharie, dès qu’il a écrit : « Son nom sera Joannes », il est délivré de son pénible silence b. 197. Cependant, nous trouvons dans la science des noms1 l'explication de « Joan b, (mais) sans la terminaison « es » ; nous supposons que c’est la même chose que « Joannes », puisque le Nouveau Testament a également hellénisé d’autres noms juifs en les prononçant à la manière grecque, comme « Jacobos » pour « Jacob », « Simon » pour « Siméon ». On dit donc que Zacharie est « la mémoire » et Élisabeth « le serment de mon Dieu » ou « la semaine de mon Dieu ». 198. En tant que grâce venant de Dieu, de la mémoire qui se souvient de Dieu selon le serment de notre Dieu au sujet de nos pères, Jean est né « pour préparer au Seigneur un peuple bien dispose45», survenant au terme de l’ancienne alliance2, ce qui est l’achèvement du temps sabbatique3 *■ vainqueur des peuples » (Wutz, passim). Cependant le vrai sens n’est pas · qui se souvient de Dieu », niais « Dieu se souvient » (A. van den Born, art. Zacharie, dans DE H), car la racine hébraïque signifie se souvenir d’un homme qui est dans la détresse pour l'aider » (M. Noth, op. dit., p. 186-187). Pour Élisabeth, VOnomasticon de Jérôme donne Dei mei saturitas. Dei mei iuramentum et Septimus ■ 342 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN δύναται γεγεννήσθαι άπδ τής « έβδομάδος του θεοΰ » ήμών, τήν μετά τδ σάββατον άνάπαυσιν τού σωτήρος ήμών — κατά τήν άνάπαυσιν αύτοΰ® έμποιοΰντος τοϊς συμμόρφοις τοΰ θανά­ του αύτοΰ γεγενημένοις καί διά τούτο καί τής άναστάσεως. a. Cf. Rom. 6. 5 (PL 23, 843-844). S. Wnte ajoute Οεοΰ ou κυρίου άνάπαυσις ou άφχσις, le repos ou le pardon de Dieu. Le sens retenu par les modernes, fondé sur Je nombre sept — une des étymologies qu'Origène connaissait —, est « Dieu est plénitude ou perfection » (van den Born, art. Élisabeth, dans DEB, el M. Noth, p. 146-147). Quant à Jean, anciens et modernes sont d’accord (Jérôme, PL 23, 841-842 ; van den Born, art. Jean, dans DEB, et .M. Noth, p. 187), que les termes employés soient · grâce », · pitié » ou · miséricorde ». A côté de très nombreuses citations où > Jean » signifie < grâce », S. Wütz Indique aussi (p. 472) « repos », άνάπαυσις, que nous venons de voir pour Élisabeth et que nous allons trouver â l’instant pour Jean. Pour la première, cela s’explique, sans peine, le nombre sept étant constamment associé au II, 5 198 (JEAN 1, 6) 343 — ii n'est donc pas possible qu’il soit né de « la semaine de notre Dieu » — ; le repos qui suit le sabbat, Notre Sauveur le produit à l’instar de son propre repos en ceux qui sont devenus conformes à sa mort» et, par là, aussi à sa résur­ rection. repos (ci. In Reg. I, 18 cl infra, p. 356, n. 1). Pour Jean, on pourrait l’expliquer, soit parce qu’il est fils d’Élisabeth et vient au terme de la semaine dans ce cas, la négation de la phrase suivante serait une erreur —, soit parce que Dieu demeure en lui et trouve en lui le lieu de son repos ; ainsi l’épouse du Cantique affirme que son époux trouve requiem ac mansionem sur son cœur (In Cant. 11, GCS VIII, p. 168). xMacaire dira, de même, que · humilité, charité, douceur sont demeure cl repos (κατοικητηρ’.ον ή άνάτταυσ'.ς) de l'esprit » (De custodia cordis 14; PG 34, 840 C). Mais nous ne comprenons pas comment S. Wutz affirme (p. 37) qu’Origène identifierait Ιωα à Ιαω et -νης à χάρις, au lieu de voir que 1« signifie Ιαω (Yahwé) et -αν, χάρις, — alors que notre texte s’applique à interpréter Ιωαν et considère -ης ou -νης comme une hellénisation du terme. 344 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN Ουτο$ ήλθ€ν παρά τόν δημιουργόν ώς ακόλουθον αύτοΐς ού προσιέμενοι τήν έπιδημίαν αύτοΰ ύπό τών προφητών προκατηγγέλθαι, άνατρέπειν πειρώνται τάς διά τών προφητών περί Χριστού μαρτυρίας, φάσκοντες μή δεϊσθαι μαρτύρων τόν υιόν τού θεού, έχοντα τό τοΰ πιστεύεσθαι άξιον έν τε οίς 173 B κατήγγειλε σωτηρίοις λόγοις δυνάμεως πεπληρωμένοις’* καί έν τεραστίοις έργοις αύτόθεν καταπλήξασθαι πάνθ’ όντινούν δυναμενοις. 200. Καί φασιν « Εί Μωσης πεπίστευται διά τόν λόγον καί τάς δυνάμεις, ού δεηθείς μαρτύρο>ν πρό αύτού τινων αύτόν καταγγειλάντων, άλλά και έκαστος τών προφη­ τών παρεδέχθη ύπό του λαού ώς από θεού αποστάξεις, πώς ούχί μάλλον Μωσέως καί τών προφητών διαφόρων δύναται χωρίς προφητών μαρτυρούντων τά περί αύτού άνυσαι δ βούλε­ ται καί ώφελήσαι τό τών ανθρώπων γένος ; » 201. Παρέλκειν a. Jn 1. 7 b. Cf. Matth. 7, 29 1. Voir Avant-Propos, p. 14 à 17 et 1, 82. 2. Λ cause de la présence du terme διαφόρων et parce que les Valentiniens établissaient un contraste entre les prophètes de Γ Ancien Testament et ceux du Nouveau sans toutefois rejeter les premiers — II, 5 199-201 (JEAN 1, 7) 345 Celui-ci vint pour un témoignage, afin de rendre témoignage à la lumière, pour que tous crussent par luia 1. Les prophètes XXXIV. 199. Parmi les héré­ tiques, certains, prétendant croire au Christ, mais forgeant un second (dieu) différent du Créateur1, comme c’est logique de leur part puisqu’ils n’admettent pas que sa venue a été annoncée par les prophètes, s’efforcent de réfuter les témoignages rendus au Christ par les prophètes et affirment que le Fils de Dieu n’a pas besoin de témoins, car il a des garanties suffisantes pour être cru dans les paroles salutaires eL pleines de forceb qu’il a prononcées et dans des miracles capables par eux-mêmes de frapper tout homme quel qu’il soit. 200. Ils disent : « Si l’on croit Moïse à cause de sa parole et de scs miracles, sans qu’il ait besoin de témoins qui le précèdent pour l’annoncer, et si chacun des prophètes a été reçu par le peuple comme envoyé de Dieu, comment ne peut-il pas, plus que Moïse et mieux que les prophètes, accomplir ce qu'il veut et faire du bien à la race des hommes, sans que des prophètes lui rendent témoignage2 ? » 201. Ils Objection des hérétiques λ) A. Orbe pense que cc fragment est d’origine Valentinienne (En los albores, p. 243). 316 173 C 92 Pr, 173 D 176 Λ SUR L’ÉVANGILE DE JEAN ούν οϊονται τδ ύπδ προφητών αύτδν νομίζεσθαι προκατηγγέλθαι, τούτο πραγματευσαμένων, ώς εϊποιεν αν εκείνοι, τών τήν καινότητα της θεότητος παραδέξασθαι τούς είς Χριστόν πιστεύοντας ού βουλομένων, άλλά έπί τδν αύτδν καταντησαι θεόν, δν καί πρδ ’Ιησού Μωσης καί οί προφήται έδίδαξαν. 202. Λεκτέον ούν πρδς αύτούς, ότι πολλών αιτίων δυναμενων γενέσθαι προκαλουμένων εις τδ πιστεύειν, ένίοτέ τίνων άπδ τήσδε μέν της άποδείξεως ού πληττομένων, άπδ έτέρας δέ, έχειν τδν Οεδν πλείονας i άφορμάς άνθρώποις παρέχειν, ΐνα παραδεχθή, οτι θεός ό υπέρ πάντα τά γενητά ένηνθρώπησεν. 203. Έναργώς γούν έστιν ίδείν τινας έκ τών προφητικών προρρήσεων εις θαυμασμόν τοΰ Χριστού έρχομενους, καταπληττο μένους τήν τών τοσούτων πρδ αύτοΰ προφητών φωνήν συνιστασαν τόπον γενέσεως αύτοΰ καί χώραν ανατροφής καί ίσχύν διδασκαλίας, δυνάμεων τε Οαυμασίων ποίησιν καί πάθος ανθρώπινον ύπδ άναστάσεως καταλυόμενον. 204. Και τούτο δέ έπισκεπτέον, ότι αί μέν τεράστιοι δυνάμεις τούς κατά τδν χρόνον τού κυρίου γενομένους προκαλείσθαι έπί τδ πιστεύειν έδύναντο, ούκ έσωζον δέ τό έμφαντικδν μετά χρόνους πλείονας ήδη καί μύθοι είναι ύπονοηΟεϊσαι. Πλεϊον γάρ τών τότε γενομένων δυνάμεων ισχύει πρδς πειθώ ή νΰν συνεξεταζομένη ταίς δυνάμεσι προφη­ τεία, κάκείνας άπιστείσθαι υπό τών έρευνώντων αύτάς κωλύουσα. 205. Τάχα δέ αί προφητικά·, μαρτυρίαι ού μόνον κηρύσσουσι Χριστόν έλευσόμενον ούδέ τοΰθ’ ημάς διδάσκουσι καί άλλο ούθέν, άλλά πολλήν θεολογίαν σχέσιν τε πατρδς πρδς υιόν καί υίού πρδς πατέρα έστι μαθείν ούκ ελαττον άπδ τών προφητών, δι’ ών άπαγγέλλουσι τά περί αύτοΰ ή άπδ τών αποστόλων διηγούμενων τήν μεγαλειότητα <τοΰ> υίού τοΰ θεού. II, § 201-205 (JEAN 1, 7) 347 considèrent donc comme superflu de penser qu'il a été annoncé par les prophètes : ceux qui s’en préoccupent, diraient-ils, ce sont les hommes qui veulent qu’au lieu d’admettre la nouveauté de la divinité, ceux qui croient au Christ reviennent au même Dieu que déjà, avant Jésus, Moïse et les prophètes avaient enseigné. 202. 11 faut leur répondre que ' ./a. pr° a ilqî./ beaucoup de motifs peuvent inciter a croire, certains n étant parfois pas frappés par une preuve mais par une autre, et que Dieu a plusieurs motifs à présenter aux hommes pour leur faire admettre que c’est le Dieu élevé au-dessus de toutes les créatures qui s’est fait homme. 203. Ce qui est sùr, c’est qu’on peut voir clairement des personnes parvenues, grâce aux paroles des prophètes, à l’admiration du Christ, frappées de ce que la voix de prophètes si nombreux qui l’ont précédé ait montré le lieu de sa nativité, le pays de sa croissance, la puissance de son enseignement, l’accomplissement de miracles extraordinaires et la mort d’un homme détruite par sa résurrection. 204. 11 faut encore réfléchir à ceci : les miracles ont pu attirer à la foi ceux qui vivaient à l'époque du Seigneur mais, après un temps prolongé, ils n’ont pas gardé leur force de démonstration et ils sont pris pour des mythes. En effet, plus que les prodiges qui eurent lieu alors, la prophétie, considérée maintenant en même temps que ces prodiges, a force de persuasion, car elle empêche ceux qui la scrutent de douter d'eux. 205. Et, sans doute, les témoignages prophétiques ne proclament-ils pas seulement la venue du Christ, ne nous enseignent-ils pas cela et rien d’autre : bien au contraire, on peut obtenir une connaissance approfondie de la théologie des rapports du Père avec le Fils, du Fils avec le Père, grâce aux pro­ phètes et à ce qu'ils ont annoncé au sujet du Fils de Dieu, non moins que grâce aux apôtres, dans ce qu’ils ont raconté de sa grandeur. 348 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 206. "Εστι δέ τολμήσαντα καί χωρίς τούτων τοιοΰτόν τι είπειν, ότι είσί Χριστού μάρτυρες τω μαρτυρεΐν περί αύτού κοσμούμενοι καί ού πάντως έκείνω τι διά τού μαρτυρεϊν περί τού υιού τού θεού καταχαριζόμενοι, ώς όμολογησαιεν άν πάντες περί των ιδίως δνομαζομένων « μαρτύρων Χριστού ». 207. Τί ούν θαυμαστόν, εί ώσπερ έκοσμήθησαν τώ μάρτυρες είναι Χριστού πολλοί των γνησίων Χριστού μαθητών, ούτως 176 Β οί προφηται το προκαταγγεϊλαι Χριστόν νοήσαντες αυτόν δώρον από θεού είλήφασι, διδάσκοντες ού μόνον τούς μετά την Χριστού επιδημίαν, ά δει φρονεΐν περί τού υιού τού θεού, άλλα καί τούς έν προτέραις εκείνων γενεαϊς ; 208. "Ωσπερ <γάρ> ό μή έγνωκώς τόν υιόν νΰν ούδέ τόν πατέρα έχει”, ούτω καί πρότερον νοητέον διόπερ « ’Αβραάμ ήγαλλιάσατο, ίνα ίδη τήν ημέραν Χριστού, καί είδε καί έχάρη11 ». Άποστερειν τοίνυν βούλεται τόν χορόν των προφητών χάριν τήν μεγίστην ό βουλόμενος αύτούς μή δεϊν μαρτυρεϊν περί Χριστού’ τί γάρ αν καί ή προφητεία ή έξ έπιπνοίας αγίου πνεύματος είχε τηλικοΰτον, εί ύπεξήρητο αύτης τα περί της κυρίου ημών οικονομίας ; 209. ‘Ως γάρ ή θεοσέβεια κεκόσμηται των διά | 93 Pr. μεσίτου® καί άρχιερέως*1 καί παρακλήτου® καί έπιστημονι176 C κώς προσερχομένων τώ των όλων Οεώ, σκάζουσα άν εί μή διά της Ούρας* τις είσίοι πρός τόν πατέρα, ούτως καί ή τών a. b. c. d. c. f. Cf. I Jn 2, 23 Cf. Jn 8. 56 Cf. Gai. 3, 19 Cf. Héb. 7, 26-28 I Jn 2. 1 Jn 10, 9123 1. Nous avons vu (I, 37, voir note compl. 2, p. 397) la plénitude spirituelle reçue par les prophètes, nous allons bientôt rencontrer l’accord - voire l'harmonie — de toute la révélation, Ancien et Nouveau Testament (V, 8 et la note). 2. Pour les rapports de l’ancienne Alliance avec la nouvelle, comme pour ceux des patriarches et des prophètes avec le Verbe de Dieu, voir également ci-dessus L 37-39 et note, compl. 2, p. 397. 3. C’est par son Fils que le Père cherche et sauve ce qui était II. § 206-209 {.JEAN 1, 7) 349 206. En outre, on pourrait même dire avec une certaine hardiesse à peu près ceci : il y a des témoins du Christ que le témoignage qu’ils lui rendent honore, sans qu’ils aient quoi que ce soit à sacrifier pour ce témoignage qu’ils rendent au Fils de Dieu, comme tout le monde est prêt à le recon­ naître au sujet de ceux qui sont appelés « témoins du Christ » au sens propre. 207. Y a-t-il de quoi s’étonner si, de même qu’un grand nombre de vrais disciples du Christ ont eu l’honneur d’être ses témoins, de même les prophètes, qui connaissaient le Christ, ont reçu de Dieu la grâce de l'annoncer, en enseignant non seulement aux hommes venus après l’avènement du Christ, mais aussi à ceux des géné­ rations précédentes, ce qu’il convient de penser du Fils de Dieu1. 208. Tout comme aujourd’hui celui qui ne connaît pas le Fils ne possède pas non plus le Père", ainsi en était-il déjà autrefois, il faut le comprendre. C’est pour­ quoi « Abraham exulta à la pensée de voir le jour « du Christ ; « il l’a vu et il s’est réjouib. » Il veut donc priver le chœur des prophètes de la plus grande des grâces, celui qui prétend qu’il ne doit pas rendre témoignage au Christ2. Mais qu’est-ce que la prophétie, due à l’inspiration du Saint-Esprit, aurait encore de si grand si on la privait de l’annonce de l’économie de Notre Seigneur ? 209. De même qu’est bien ordonnée la piété (des hommes) qui s’approchent du Dieu de l’univers par un médiateur03, un grand-prêtre un intercesseur0, conformément à la vérité, et qu’elle n’avancerait qu’en boitant, si on allait au Père sans passer par la porte1, de même, la piété des anciens était sainte et c) L’honneur des prophètes est d’avoir été témoins du Christ perdu (XIII, 119); nous l’avons déjà vu (I, 277), aucune créature ne peut approcher du Père sans un guide qui le lui révèle (XIX, 35-38), seul le grand-prêtre selon l’ordre de Mclcliisédech peut nous initier au vrai culte et à la contemplation mystique (XI11, 146) ; ceux qui suivent le Christ sont conduits par lui jusqu’au Père (VI, 192; XIX, 74). - Pour la nécessité de l’incarnation, voir I. 232. 350 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN πάλα·, θεοσέβεια τή νοήσει καί πίστει καί προσδοκία Χριστού ιερά ήν καί παρά θε<7> άποδεκτή. Έπεί τετηρήκαμεν ότι ό θεάς μάρτυς είναι όμολογεϊ, καί περί τοΰ Χριστού τό αύτό άποφαίνεται, πάντας έπί τό μιμητάς αυτού καί τοΰ Χριστού γενέσθαι παρακαλών, κατά τό μαρτυρειν αύτούς, οϊς χρή μαρτυρειν φησί γάρ* « Γένεσθέ μοι μάρτυρες, κάγώ μάρτυς, λέγει κύριος ό θεός, καί ο παΐς ον έξελεξάμην® ». 210. Πας δέ ό μαρτύρων τή άληθείφ, εΐτε λόγοις είτε έργοις είτε όπωσποτέ ταύτη παριστάμενος, « μάρτυς » εύλόγως αν χρηματίζοι. Άλλ’ ήδη κυρίως <ώς> τό της αδελφότητος έθος έκπλαγέντες διάθεσιν τών έως θανάτου 176 D άγωνισαμένων υπέρ αλήθειας ή άγνείας, κυρίως μόνους « μάρτυρας » ώνόμασαν τούς τή έκχύσει τού εαυτών αίματος μαρτυρήσαντας « τώ τής Οεοσεβείας μυστηρίφ1’ », τού σωτηρος πάντα τόν μαρτυρούντα τοίς περί αύτοΰ καταγγελλομένοις « μάρτυρα » όνομάζοντος. 211. Φησί γοΰν «αναλαμβανόμενος τοίς άποστόλοις· « Έσεσθέ μου μάρτυρες έν τε 'Ιερουσαλήμ 177 Λ καί έν πάση τή Ίουδαία καί Σαμαρεία καί έως έσχάτου της γης® ». "Ετι δέ ώσπερ ό καΟαρΟείς λεπρός τό προστεταγμένον ύπό Μωσέως προσάγει δώρονύ, « εις μαρτύρων » τούτο ποιών τοίς μή πιστεύσασιν εις τόν Χριστόν, ούτο^ς εις μαρτύρων τοίς άπίστοις οι μάρτυρες μαρτυρούσι καί πάντες οί άγιοι, ών λάμπει τά έργα « έμπροσθεν τών άνΟρώπων® ». n. Is. 43, 10 (LXX) b. 1 Tim. 3, 16 c. Act. 1, 8 d. Cf. Mûtth. 8, 1 e. Ci. Maith. 5, 161 2 1. Άγνείας notre conjecture : ανδρείας niSS Preuschen. On peut penser aux vierges martyres. D'autre part, on rencontre assez souvent αγνεία dans le sens de » absence de tout péché » : ci. Hermas, Mand. 4, 3, 2 ; Sim. 9, 16, 7 ; Clément, Strom. IV, 22, 142, 4 et 25, 159, 1. 2. Origène reviendra au livre XXXII (229-231) sur les deuxemplois du verbe μαρτυρειν. 11 parlera plus longuement du martyre proprement dit aux livres VI (chap, ι.ιν) et XXVIII (chap. xxni). II, § 209-211 (JEAN 1, 7) 351 agréable à Dieu à cause de leur connaissance du Christ, de leur foi et de leur attente. Car nous avons observé que Dieu se reconnaît témoin et qu'il fait la même déclaration au sujet du Christ, en appe­ lant tous les hommes à être scs imitateurs et ceux du Christ, comme témoins des réalités auxquelles il convient de rendre témoignage. Il dit en effet : « Soyez mes témoins, moi-même je suis témoin, dit le Seigneur Dieu, et le serviteur que j’ai choisi’', v 2. Les mautvus 210. Quiconque rend témoignage à la vérité, qu'il la défende par ses paroles, ses actes ou de toute autre manière, peut être à juste titre appelé témoin. Mais désormais, selon la coutume des frères, frappés par les dispositions de ceux qui ont combattu jusqu'à la mort pour la vérité ou la pureté1, on ne nomme témoin (= martyr) dans toute la force du terme que ceux qui, par l’effusion de leur sang, ont rendu témoignage au « mystère de la piété1»· — tandis que le Sauveur appelle témoin quiconque rend témoignage à ce qui a été annoncé à son sujet2. 211. Au moment de son Ascension, il dit en effet à ses apôtres : « Vous serez mes témoins à .Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre®. » En outre, de même que le lépreux purifié apporte l’offrande prescrite par Moïsed pour servir de témoignage à ceux qui n'ont pas cru au Christ, de même, c’est pour servir de témoignage aux incroyants que témoignent les témoins et tous les saints dont a les œuvres brillent devant les hommes® ». Malgré ce qu’il dit ici, i! emploie constamment μαρτύρων au sens de » témoignage » : ci-dessous les chapitres xxxv et xxxvii tout entiers consacrés aux témoignages de Jean-Baptiste, de même que toute la première partie du livre VI, etc. 352 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN Πολιτεύονται γάρ παρρησιαζόμενοι έν τώ σταυρφ του Χριστού καί μαρτυροΰντες περί τού άληθινοΰ φωτός. XXXV. 212. (29) Καί ’Ιωάννης τοίνυν ήλθεν, ίνα μαρτυρήση περί τού φωτός1 *3, δς μαρτύρων « κέκραγε λέγων »* « Ό όπίσω μου έρχόμενος έμπροσΟέν μου γέγονεν, ότι 177 β πρώτος μου ήν. 'Ότι έκ τού πληρώματος αύτού ήμεϊς πάντες έλάβομεν, καί χάριν άντί χάριτος* δτι ό νόμος διά Μωσέως έδόθη, ή χάρις καί ή αλήθεια διά Ιησού Χριστού έγένετο. Θεόν ούδείς έώρακε πώποτε’ ό μονογενής θεός ο ών είς τόν κόλπον τού πατρός έκεϊνος έξηγήσατοb ». 213. II ας γοΰν οδτος ό λόγος έκ προσώπου τού βαπτιστού μαρτυροΰντος τω P/ Pr. Χριστώ | είρηται, δπερ λανθάνει τινάς ο ίο μενους άπό τού « έκ τού πληρώματος αυτού ήμεΐς πάντες έλάβομεν » έως τού « έκεϊνος έξηγήσατο » έκ τού προσώπου Ίωάννου τού άποστόλου λέγεσΟαι. 214. Πρός τή προειρημένη δέ τού βαπτιστού μαρτυρία, άρχομένη άπό τού « ό όπίσω μου έρχόμενος έμπροσΟέν μου γέγονε » καί ληγούση είς τό « έκεϊνος έξηγήσατο » καί 177 C αύτη ή μαρτυρία έστιν Ίωάννου μετ’ εκείνην δεύτερα, οτε a. Jn 1. 7 b. Jn 1. 15-18 1. Après être revenu longuement sur cette question, Origène nous révèle au livre VI (chap, in à vi) le motif qui l'y oblige : sous prétexte de glorifier le Christ, certains n'ont que mépris pour l’Ancien Testa­ ment et vont jusqu’à imaginer un second Dieu, plus grand que le pre­ mier. Clément partage l’avis combattu ici {Strom. V, 12, 81,3 ; Quis dives S, 1) et, si Maldonat (Commentarii in quatuor eoangdistas, t. II, p. -129) affirme qu’Athanasc et Augustin sont d'accord avec Origène, il ne nous a pas été possible de trouver les références. Chhysostome, lui, montre quelque hésitation (In Joannem hom. XIII al. XIV, 1 ; PG 59, 91-92) : après avoir expliqué ces versets comme s’ils venaient du Baptiste, il se reprend en disant : à partir de « de sa plénitude nous avons tous reçu », il (l'apôtre) rattache son témoignage à celui du Baptiste — Cette opinion d’Origènc semble abandonnée par les exégètes modernes, quoique C. K. Barrbtt (The Gospel according lo St John, p. 140) reconnaisse qu'elle n’est pas impossible : dans ce M, g 211-214 (JEAN 1, 7) 353 Ils se conduisent comme des hommes qui ont acquis dans la Croix du Christ le droit de parler ouvertement et rendent témoignage à la lumière véritable. 3. Les six témoignages de Jean XXXV. 212. Jean vint donc pour rendre témoignage à la lumière8. Pour rendre ce témoignage, «il s’exclama en ces termes : Celui qui vient après moi, est avant moi, car avant moi il était. De sa plénitude nous avons tous reçu et grâce après grâce. Car la loi a été donnée par l'intermédiaire de Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Nul n'a jamais vu Dieu ; le Dieu Fils unique qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître5. » 213. Ces paroles ont donc toutes été mises dans la bouche du Baptiste rendant témoignage au Christ, ce qui échappe à certains qui pensent que, à partir de « de sa plénitude nous avons tous reçu » jusqu'à « c’est lui qui l’a fait connaître », c’est l'apôtre Jean qui parle1. 214. Après le précédent témoignage du Baptiste commen­ çant à « Celui qui vient après moi est avant moi » et finis­ sant à « c’est lui qui l’a fait connaître », voici le second témoignage de Jean qui lui fait suite : à ceux qui lui ont cas ήμεϊς se rapporterait aux prophètes. Si l’opinion de Clément a prévalu, c’est d’abord pour des motifs d’ordre littéraire : par l’emploi de la première personne du pluriel comme par les idées de plénitude cl de grâce, le verset 16 semble se rattacher directement au verset 14 ; le verset 15 forme alors, dans la seconde partie du prologue, une sorte de parenthèse analogue Λ celle des versets 6 à 8 dans la première (cf. Μ. E. Boismard, Le prologue de saint Jean, p. 106-108). Maldonat ajoute un autre motif : il s’agit ici de la grâce du Verbe incarné, que les prophètes, parmi lesquels le Baptiste sc rangeait, ne pouvaient connaître de la même manière que l’apôtre. (La rédaction de cette note est due en grande partie aux renseignements si obligeamment communiqués par le Kév. Père D. Mollal.) 23 354 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN πρός τούς άποστείλαντας έξ Ιεροσολύμων ιερείς καί Αευίτας, Ιουδαίων αυτούς άποστειλάντων, ομολογεί ούκ άρνούμενος το αληθές, ώς άρα ούκ αύτός εϊη ό Χριστός ούδέ Ήλίας ούδέ ό προφήτης, αλλά « φωνή βοώντος έν τή έρήμφ’ Εύθύνατε τήν οδόν κυρίου, καθώς εϊπεν Ήσαίας ο προφήτης“ ». 215. Μετά δέ ταΰτα άλλη μαρτυρία του αύτού βαπτιστου περί Χριστού έστι, τήν προηγουμένην αύτοΰ ύπόστασιν ετι διδάσκουσα διήκουσαν έπί πάντα τόν κόσμον κατά τάς φυχάς τάς λογικάς, οτε φησί* « Μέσος υμών εστηκεν ον ύμεϊς ούκ οιδατε, ύπίσω μου ερχόμενος, ού ούκ είμί άξιος έγώ ίνα λύσω αύτοΰ τόν Ιμάντα του ύποδήματος1’ ». Καί έπίσκεψαι, εί διά τό έν μέσω τού παντός είναι σώματος τήν καρδίαν, έν 177 D δέ τή καρδία τό ηγεμονικόν, κατά τόν έν έκάστω λόγον δύναται νοεϊσθαι τό « μέσος υμών εστηκεν δν ύμεϊς ούκ οιδατε ». 216. Τετάρτη δέ πρός τούτοις μαρτυρία Ίωάννου περί Χρίστου ήδη καί τό ανθρώπινον αύτοΰ πάθος ύπογράφουσα, 6τε λέγει’ « Ίδε ό αμνός τοϋ Οεοΰ, ό αίρων την αμαρτίαν του κόσμου. Ούτός έστιν ύπέρ ού έγώ ειπον ότι ύπίσω μου a. Jn 1, 19-23 b. Jn 1, 26-27123 1. Sa nature de Logos qui est divine. Voir noie compl. 9. p. 401, où nous étudions les sens de hypostase. 2. Logikos parce que participant du Logos. Voir supra, p. 217. n. 3 ; p. 278-279. n. 1 et 2. 3. Question controversée dès l’aurore de la philosophie grecque : pour Empédocle déjà le ηγεμονικόν ne doit pas être localisé dans une partie du corps, la tête ou la poitrine, au détriment des autres, et c’est pourquoi il est placé dans le sang (Evsèbk, Prêp. Évang. I, 8, 10). Platon, lui, placera la partie divine de l'âme, qui seule nous intéresse lorsqu'il s’agit du ηγεμονικόν, dans la tête (Tim. 44 d). Beaucoup plus lard, un Clément (Strom. VIII, 4, 14. 4) et un Tertullien (Dr cam. res. 15 ; De Anima 15, 5) se feront les échos des hésitations de leur temps, le dernier allant jusqu'à énumérer dix situations différentes proposées par philosophes et physiciens. Cepen­ dant, la théorie situant dans le cœur la fonction directrice de l'âme II. j 21-1-21G (.JEAN 1, 7) 355 envoyé de Jerusalem des prêtres et des lévites — ce sont les Juifs qui les ont envoyés — il avoue la vérité et ne la nie pas : il n'esl ni le Christ, ni Élic, ni le prophète, mais « la voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur, comme l’a dit le prophète Isaïe3.» 215. Après cela, un autre témoignage du même Baptiste en faveur du Christ nous enseigne que sa substance pre­ mière1 est répandue à travers tout l’univers dans les âmes spirituelles2, quand il dit : « Au milieu de vous se trouve quelqu'un que vous ne connaissez pas; il vient après moi et je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sa san­ dale b. » Vois si, puisque au milieu de tout le corps se trouve le cœur et dans le cœur la raison qui guide l’homme3, ce n’est pas au sujet du verbe présent en chacun que l’on peut comprendre ces paroles : « Au milieu de vous se trouve quelqu’un que vous ne connaissez pas. » 216. Et voici, après les trois premiers, le quatrième témoignage de Jean en faveur du Christ ; déjà il fait allusion à la passion qu’il subira en tant qu’homme, en disant : « Voici l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. C’est, de lui que j’ai dit : Il vient après moi un homme qui m’a ne manque pas de partisans : ainsi Zenon, Chrysippe, Galien (S VF 1. n® 148, p. 40 et II. n® 908, p. 256), qui explique que la voix, chemi­ nant à travers le pharynx, ne saurait provenir du cerveau. — Pour les chrétiens, cependant, ce genre de motifs ne pouvait que prouver la supériorité de l'Écriturc, pour qui Dieu s'adresse au cœur (Os. 2, 14) : ainsi, Tektuixien hii-nième (De Anima 15, 4), Gkéooike de Nysse ( Vila Moysi, PG 44, 397 Λ). Lactancf. (De Opificio Dei X, 11.26 ; XII, 6). Origène y revient à plusieurs reprises : c’est le cœur de l'homme qui voit Dieu (C. Celsum VI, 69), c’est dans le cœur que Dieu fait sa demeure (In Luc. hom. XXI, 7 ; In Cant. hom. II, 3, SC 37, p. 84), La parole du Baptiste : · 11 y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas » (Jn 1, 26) s’explique du fait que nous sommes des êtres spirituels, au centre desquels sc trouve le cœur, qui est la demeure du ήγεμονικόν (VI. 189-190 ; cf. In Jer. hom. V, 15). Par contre, l’âme, principe de vie, pourra être diffuse dans le corps entier (In Luc. hom. XXV, 2). SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 356 έρχεται άνήρ δς έμπροσθεν μου γέγονεν, ότι πρώτός μου ήν 180 A κάγώ ούκ ήδειν αύτόν, άλλ’ ίνα φανερωθη τώ ’Ισραήλ, δια τούτο ήλθον έγώ έν ύδατι βαπτίζων* ». 217. Καί πέμπτη μαρτυρία άναγέγραπται κατά τό « τεΟέαμαι το πνεύμα καταβαΐνον ώς περιστεράν έξ ούρανοΰ, καί έμεινεν έπ’ αύτόν κάγώ ούκ ήδειν αύτόν, άλλ’ ό πέμψας με βαπτίζειν έν ύδατι, εκείνος μοι ε’ίπεν Έφ’ δν αν ϊδης τό πνεύμα καταβαΐνον καί μένον έπ’ αύτόν, ούτός έστιν ό βαπτίζων έν πνεύματι άγίω ♦ *. Κάγώ έώρακα, καί μεμαρτύρηκα οτι ούτός έστιν ό υιός τού θεού1’ ». 218. 'Έκτον δέ μαρτυρεί τω Χριστώ έπί δύο μαθητών ό ’Ιωάννης, οτε έμβλέψας τω ’Ιησού περιπατούντι λέγει« ”Ιδε ό άμνος τού θεού ». ΜεΟ’ ήν μαρτυρίαν, άκουσάντων τών δύο μαθητών τού Ίωάννου καί άκολουΟησάντων τώ 95 Pr. ’Ιησού, στραφείς ό Ιησούς καί θεασάμενος τούς δύο 180 Β άκολουθούντας άποκρίνεται λέγών « τί ζητείτε* ». XXXVI. 219. Καί τάχα ού μάτην μετά έξ μαρτυ­ ρίας παύεται μέν ό ’Ιωάννης μαρτυρών, ’Ιησούς δέ κατά τό έβδομον προτείνει τό « τί ζητείτε4 ; » Πρέπουσα δέ ώφελη- a. h. c. <1. Jn Jn Jn Jn 1, 1, 1, 1, 29-31 32-34 35-38 38 1. Tous les anciens — les Juifs comme les Grecs — ont reconnu â certains nombres une valeur particulière cL un caractère plus ou moins sacré. Partis soit des propriétés mêmes (les nombres (nombres premiers, carrés), soit, des phénomènes naturels (nombre des planètes, jours du mois lunaire), soit de constatations empiriques (nombre de cordes de la lyre), ils en ont tiré des conclusions plus ou moins scientifiques : quatre éléments, quatre points cardinaux. — D'après le récit de la Genèse, six est le nombre de la création (Philon, De specialibus legibus 11, 58) et c'est pourquoi Origène peut l'appeler • laborieux et pénible ■ : έργαστικός καί έπίπονος (In Maith. XIV, 5 : t. X, p. 283). Sept, au contraire, figure le repos (ibid. XV, 31 ; p. 444 ; In Reg. L 18). Tandis que six est apparenté à ce monde (lu Lev. hom. Il, § 216-219 (JEAN 1, 7) 357 précédé, parce que, avant moi, il était : et moi, je ne le connaissais pas, mais pour qu’il fût manifesté à Israël, pour ce motif, je suis venu baptiser dans l’caun. » 217. Le cinquième témoignage est cité en ces termes : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il est demeuré sur lui ; et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’avait dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et. demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit-Saint. Et moi, je l’ai vu, et j’ai témoigné que c’est lui le Fils de Dieub. » 218. Jean rendit son sixième témoignage au Christ en présence de deux disciples, lorsqu’il vit Jésus passer et dit : « Voici ΓAgneau de Dieu. » Λ la suite de ce témoignage, comme les deux disciples de Jean l’avaient entendu et suivaient Jésus, se retournant et voyant les deux qui le suivaient, Jésus prit la parole et dit : « Que cherchezvous® ? » 4. Les disciples de Jean CHERCHENT LE CHRIST ET LE TROUVENT XXXVI. 219. Peut-être n’est-ce pas par hasard qu’après ces six témoignages Jean cesse de témoigner et que, la septième fois1, ce soit Jésus qui pose la question : a Que cherchez-vous0 ? » Elle convenait bien à des hommes qui XIII, 5; In J csa Naoe hom. X, 3), sept, qui n'est mesuré que par l’un (XXVIII, 3), signifie le monde où, d'après l’Évangile (Matth. 22, 30), « on ne prendra plus femme ni mari > (Clément, Strom. VI, 16, 140, 1). Voir note compl. 1, p. 397, le symbolisme de quatre et (p. 359, n. 5) celui de dix. — Le symbolisme des nombres a été souvent étudié ; voir, pour Philon, K. Staehle, Die Znhlenmyslik bei Philo von Mexandrcia, Leipzig 1931, et, pour la gnose Valentinienne, F. Saonabd, La gnose Valentinienne... (p. 335-348 et 358-386). 358 SUR L'ÉVANGILE DE JEAN μένοις ύπδ τής Ίωάννου μαρτυρίας ή φωνή άναγορεύουσα τδν Χριστόν διδάσκαλον καί ομολογούσα τδ οίκητήριον ποθεΐν θεάσασθαι του υιού τού θεού' φασι γάρ αύτώ' « 'Ραββί — δ λέγεται μεθερμηνευόμενο'/ « διδάσκαλε » —, που μένεις ; » Καί έπεί « πας ό ζητών ευρίσκει* », ζητήσασι την ’Ιησού μονήν τοΐς Ίωάννου μαθηταϊς ύποδείκνυσι, λέγων αύτοΐς* « Έρχεσθε καί δψεσθε1» », τάχα διά τού μεν « έρχεσθε » έπί τδ πρακτικόν αύτούς παρακαλώ'/, διά δέ τού « ούεσΟε » την 180 C άκολουθοΰσαν τη κατορθώσει τών πράξεων θεωρίαν πάντως έσεσΟαι τοΐς βουλομένοις ύπογράφων, γινομένην έν τη τού ’Ιησού μονή. 220. Προύκειτο δέ τοΐς ζητήσασι πού μένει ’Ιησούς, άκολουΟήσασι τω διδασκάλω καί θεασαμένοις, παραμεΐναι τώ ’Ιησού καί την ημέραν εκείνην συνδιατρΐψαι τώ υίώ τού θεού. Έπεί δέ ό δέκατος άριθμδς τετήρηται ώς άγιος, ούκ ολίγων μυστηρίων έν τη δεκάδι άναγραφομένων γεγονέναι. νοητέον ού μάτην καί έν τώ εύαγγελίω την δεκάτην άναγράφεσθαι ώραν της τών Ίωάννου μαθητών παρά τώ Ιησού καταγωγής, ών Άνδρέας ό άδελφδς Σίμωνος Πέτρου ήν, οστις ωφεληθείς έν τω παραμεμενηκέναι τώ Ιησού, ευρών τδν αδελφόν τόν ίδιον Σίμωνα — τάχα γάρ πρότερον ούχ ευρητο — φησιν εύρηκέναι τόν Μεσσίαν, δ έστι μεθερμηνευόμενον Χριστός®. 180 1) 221. Έπεί γάρ « ό ζητών ευρίσκει ». έζή^ησε δέ πού a. Le U, 10 b. Jn 1, 39 c. Cf. Jn 1. 10-41123 1. Il ne nous a pas été possible, dans notre traduction, de rendre sensible le fait que ce n'est pas logos qui est employé ici, mais φωνή, qui désigne une émission de voix qui n’a de valeur que dans sa dépendance à l’égard du logos. Voir supra, p. 338, n. 1. Il en est de même au § 222 : cette parole (cette φω’/ή) peut être prononcée. 2. Vu l’ambiguïté de notre mot « maître «, nous le réservons à la traduction de διδάσκαλος et traduisons κύριος par « seigneur ». Voir ci-dessus 1, 106.127 ; etc. 3. Nous avons déjà rencontré cette idée : 1. 91. •1. 11 faut rapprocher de ce texte un passage de Γ Entretien aoèè Héradidc (15) : · Le dehors et l’entrée de la maison sont d’ordre II, $ 219-221 (JEAN 1, 7) 359 avaient bénéficié du témoignage de Jean, la parole* pro­ clamant que le Christ était maître- et avouant le désir de voir l’habitation du Fils de Dieu. Ils lui dirent en effet : Rabbi — ce mot qu'on traduit par « maître » —, où demeures-tu ? n Et, puisque « qui cherche trouve" », aux disciples de Jean qui cherchent sa demeure Jésus la montre en disant : « Venez et voyez1’» : par « venez » il les appelle sans doute à la vie active et par « voyez n il fait pressentir que la contemplation, conséquence de l’amendement de la vie morale, appartiendra certainement à ceux qui la désirent3 : elle se trouve dans le séjour auprès de Jésus4. 220. Il fut réservé à ceux qui avaient cherché la demeure de Jésus, suivi et contemplé le Maître, de rester avec Jésus et de passer ce jour-là avec le Fils de Dieu. Puisque le nombre dix est considéré comme sacré5 - ils ne sont pas en petit nombre les mystères dont il est écrit qu’ils se sont produits à la dixième heure —, il faut penser que ce n’est pas par hasard qu’il est écrit dans l’Évangile que la dixième heure est celle de la venue auprès de Jésus des disciples de Jean ; l’un d'eux était André, le frère de Simon Pierre, qui, après avoir bénéficié du séjour auprès de Jésus, trouva son propre frère Simon peut-être ne l'aurait-il pas trouvé auparavant et lui dit qu’il avait trouvé le Messie, ce qui se traduit par Christ®. 221. En effet, puisque « Qui cherche, trouve », après mystique... Quiconque pèche est dehors : c’est pourquoi il faut parler eu paraboles à ceux du dehors, pour le cas où ils pourraient quitter le dehors pour pénétrer au dedans. L'entrée dans la maison est d’ordre mystique : entre dans la maison de Jésus son véritable disciples (trad. Scherer). 5. Depuis Pythagorc, chez les Grecs, qu’on songe Λ la τετρακτύς, mais aussi pour la Bible (par exemple, les dix plaies d’Égypte, les dix commandements). Voir X, 1-2. Pour Clément (Strom. VI, 16, 133, 1) comme pour Philon (De specialibus legibus IV, 105), rien n’est plus évident. - Tout comme Héracléon (XIII, 424), Origène trouve dans l’heure d’un événement un élément de son interprétation (In Cant. boni. I, 8 ; .SG’ 37, p. 76). 360 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN μένει ό ’Ιησούς, καί άκολουΟήσας, θεωρήσας αύτού την μονήν, παραμένει τω κυρίω έν τή δεκάτη ώρα καί εύρίσκει τον υιόν του θεού, τόν λόγον καί τήν σοφίαν, βασιλεύεται τε ύπ’ αύτού, διά τοΰτό φησιν « Εύρήκαμεν τόν Μεσσίαν ». Λύτη δέ ή φωνή ύπό παντός άν λέγοιτο τού τόν τού Οεοΰ λόγον εύρηκότος καί ύπό της Οειότητος αύτού βασιλευομένου. *81 λ 222. Καρπόν δέ εύθέως προσάγει τόν αδελφόν τω Χριστώ, ώ Σίμωνι έχαρίσατο ό ’ιησούς τό έμβλέψαι αύτω”, όπερ έστι διά τού έμβλέψαι έπισκοπήσαι και φωτίσαι αύτού τό ηγεμονικόν καί δεδύνηται διά τό έμβεβλεφέναι αύτω τόν Ίησοΰν ό Σιμών βεβαιωΟήναι, ώστε τού έργου της βεβαιό­ τατος καί τής στεορότητος επώνυμος γενέσθαι καί κληθήναι Πέτρος. XXXVII. 223. (.30) Άλλ’ έρεΐ τις, τί δήποτε προκειμένου διηγήσασΟαι τό « ούτος ήλθεν εις μαρτυρίαν, ίνα 96 Pr. μαρτυρήση περί τού φωτός*’ » | πάντα ταΰτα διεξεληλύθαμεν ; Λεκτέον δέ, δτι έδει παραστήσαι τάς μαρτυρίας τοΰ Ίωάννου τάς περί τοΰ φωτός, καί την τάξιν αύτών έκΟέσθαι τήν τε άκολουΟήσασαν οίς έμαρτύρησεν ώφέλειαν, γενομένην μετά τήν Ίωάννου μαρτυρίαν άπό τού ’Ιησού, ίνα τό άνύσιμον *81 Β τής Ίωάννου μαρτυρίας δηλωθή. 224. Καί πρό τών ένταύθα δέ μαρτυριών ή έν τή αγαλλιάσει σκίρτησις τοΰ βαπτιστού έν τή κοιλία τής Ελισάβετ έπί τω άσπασμώ τής Μαρίας0 μαρτυρία περί Χριστού ήν, μαρτυρούντος τή θειότητι τής συλλήψεως καί γενέσεως αύτού. Καί τί γάρ ή πανταχού μάρτυς καί πρόδρομος τού Ιησού έστιν ό Ιωάννης, προλαμa. Cf. Jn 1. 42 b. Jn 1, 7 c. Cf. Le 1. 44 1. Bienheureux l'homme à qui Jésus accorde son regard, comme celui vers qui il se retourne : beatus ad quem conucrlitur Christus, etiam si corripiendi causa conucrlitur, sicut conucrsus est ad Petrum après son triple reniement (/n Matth. XII, 22 ; GCS X, p. 119-120). — « Dieu scrute les cœurs > (Ps. Ί, 10), ce sont de telles expressions II, § 221-224 (JEAN 1, 7) 361 avoir cherché où demeurait Jésus, l'avoir suivi et avoir contemplé sa demeure, il demeure auprès du Seigneur à la dixième heure, il trouve le Fils de Dieu, le Verbe et la Sagesse, il est gouverné par lui et c’est pourquoi il dit : « Nous avons trouve le Messie, n Cette parole peut être pro­ noncée par quiconque a trouvé le Verbe de Dieu et se laisse gouverner par sa divinité. 222. Comme fruit (de son séjour auprès de lui), il amène aussitôt au Christ son frère Simon, à qui Jésus accorde son regard", autrement dit : de son regard, il scrute et illumine son cœur1. Et par ce regard de Jésus sur lui Simon put être affermi à tel point qu’il reçut un nom traduisant un effet de cette consolidation et de cet affermissement et qu’il fut appelé Pierre. 5. Jean, témoin et précurseur de la lumière XXXVII. 223. Mais, dira-t-on, alors que notre propos n'est que l'explication de « Celui-ci vint pour un témoignage, afin de témoigner en faveur de la lumière*>». pourquoi passer tout cela en revue ? Il faut répondre qu’il était nécessaire de comparer les témoignages que Jean rendit à la lumière, d'exposer leur ordre et le profit qu’en retirèrent ceux devant qui il témoigna, (profit) accordé par Jésus après le témoi­ gnage de Jean pour révéler l'efficacité de ce témoignage. 224. Déjà avant ces témoignages les tressaillements de joie du Baptiste dans le sein d’Élisabeth, à la suite de la salu­ tation de Marie0·, étaient un témoignage rendu au Christ, témoignant de la divinité de sa conception et de sa nativité. Qu’est donc Jean, sinon en tout lieu un témoin et un précur­ seur de Jésus ? Il prévint sa naissance et mourut peu de qui ont amené Origène Λ situer dans le cœur la faculté qui a l’hégé­ monie sur toute la vie humaine (I, 181 ; II, 215 ; voir p. 354, n. 3 et noie compl. 5, p. 399). Et c’est pourquoi nous ne pensons pas être infidèle à sa pensée en traduisant ici ηγεμονικόν par · cœur ·. 362 SUH L'ÉVANGILE DE JEAN βάνων τήν γένεσίν αύτοΰ καί πρδ όλίγου τοΰ θανάτου άποθνήσκων τοΰ υίοΰ τοΰ Οεοΰ, ίνα μή μόνον τοις έν γενέσει άλλα καί τοϊς προσδοκώσι τήν δ'.ά Χρίστου από θανάτου ελευθερίαν -ρδ τοΰ Χρίστου έπιδημών, πανταχοΰ έτοιμάση κυρίω λαόν κάτεσκευασμένον® ; Φθάνει δέ καί έπί τήν δευτέραν Χρίστου παρουσίαν καί θε-.οτέραν ή Ίωάννου μαρτυρία* « Εί γάρ 181 C θέλετε, φησί, δέξασθαι, αυτός έστιν ΊΙλίας ό μέλλων ερχεσθαι. Ό εχων ώτα ακούειν, άκουέτω*» ». 225. Οΰσης δέ άρχής, έν ή ό λόγος ήντινα σοφίαν είναι άπό τών Παροιμιών® άπεδείξαμεν —, όντος δέ καί τοΰ λόγου, γενομένης τε έν τούτω ζωής, τής τε ζωής τυγχανούσης φωτός ανθρώπων, ζητώ τί δήποτε ό γενόμενος « άνθρωπος απεσταλμένος παρά θεοΰ, ώ όνομα ’Ιωάννης, ήλθεν εις μαρτυρίαν, ινα μαρτυρήσή περί τοΰ φωτός0 ». 226. Διά τί γοΰν ούχ « ινα μαρτυρήση περί τής ζωής », ή « ίνα μαρτυρήση περί τοΰ λόγου », ή « περί τής άρχής », ή όποιασδήποτε άλλης έπινοίας τοΰ Χρίστου ; Έπίσκεψαι δέ εί μή, <έπεί> « ο λαδς δ καθήμενος έν σκότω φώς είδε μέγα® », καί έπεί « τδ φώς έν τή σκοτία φαίνειΓ » μή καταλαμβανόμενον ύπ’ αύτής, οί έν σκότω τυγχάνοντας δέονται φωτός, τοΰτ’ έστιν οί 181 D άνθρωποι. 227. Εί γάρ τδ φώς τών άνθρώπων « έν τή σκοτία φαίνει », ένθα ούδαμώς ένέργεια σκοτίας τυγχάνει, ετέρων επινοίων τοΰ Χριστού κοινωνήσομεν, νΰν κυρίως καί κατά τό ακριβές ού μετέχοντες αύτών. Π ώς γάρ μετέχομεν ζωής οί έτι a. b. c. <1. e. f. Cf. Le 1, 17 Mat th. 11, 14-15 Prov. 8, 22 Jn 1, 6-7 Matth. 4, 16 : cf. Is. 9, 1 (2) Jn I, 5 1. Qu’on remarque les deux emplois du mot γένεσις. I.c premier est beaucoup plus fréquent dans l’/n Joannem (I, 23G ; II, 180 ; VI. 71) que le second, qui serait assez bien rendu par ■ conditions de vie créée ou terrestre » (J. L. PkestkîB, op. cil., p. 65). Un autre sens courant de γένεσις est « création > ( I, 95.101.109 ; 11, 102). Il, § 22-1-227 (JEAN 1, 7) 363 temps avant la mort du Fils de Dieu : afin que, en séjour­ nant avant le Christ non seulement parmi les hommes qui vivent sur terre1, mais aussi parmi ceux qui attendent d’être délivrés de la mort par le Christ, il prépare partout au Seigneur un peuple bien disposé32. Le témoignage de Jean précède également le second avènement du Christ, le plus divin : « Si vous voulez me croire, dit (Jésus), c’est lui Élie qui doit revenir. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entendeb ». 225. Mais, alors qu'il y avait un principe dans lequel était le Verbe — nous avons montré2 3, d’après les Proverbes0, que ce principe est la Sagesse -, qu’il y avait aussi un Verbe et une Vie produite en lui, que la vie était la lumière des hommes, je me demande pourquoi «l’homme envoyé de Dieu dont le nom était Jean vint pour un témoignage, afin de témoigner en faveur de la lumièred ». 226. Et pour­ quoi pas « afin de témoigner en faveur de la vie » ou « afin de témoigner en faveur du Verbe » ou « du principe » ou de n’importe quel autre attribut du Christ. Mais, puisque ■ ■ le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière® » et puisque « la lumière brille dans les ténèbres1 », sans être saisie par elles, vois donc si ce n’est pas de lumière qu'ont besoin ceux qui sont dans les ténèbres, c’est-à-dire les hommes. 227. Car si la lumière des hommes brille dans les ténèbres, dans le lieu où aucune activité des ténèbres ne se fera plus sentir, ce seront d’autres attributs du Christ auxquels nous ne participons pas pour le moment au sens plein et vrai du terme, qui nous seront communiqués. Comment, en effet, participons-nous4 de la vie, alors que 2. La môme idée sc trouve chez Hippolyte (De Anlechristo 44-65) : * II a été son précurseur dès le sein de sa mère... après cela, au Jour dain... C’est lui aussi qui a été le premier à annoncer l’Évangile à ceux qui sont dans l’Hadès. · 3. I, 111-118. I. Les deux verbes employés par Origène, μετέχω et κοινωνίω semblent ici tout à fait synonymes. 364 SUR L’ÉVANGILE DE .JEAN τό σώμα του θανάτου* περικείμενοι, ών ή ζωή « κέκρυπται σύν τώ Χριστώ έν τώ θεψ*5»; "Οταν γάρ ό Χριστός φανερωθη, ή ζωή ημών, τότε καί ημείς σύν αύτω φανερωθησόμεθαέν δόξη®. 228. Ούχ ο ιόν τε ούν ήν τόν έλθόντα μαρτυρήσαι περί της ζωής τής ετι κρυπτόμενης σύν τώ Χριστώ έν τώ θεώ· άλλ’ ούδέ 97 i'r. ήλθεν εις μαρτυρίαν, ίνα μαρτυρήση περί του | λόγου, λόγον 184 Λ ήμών νοούντων τον έν αρχή πρός τον θεόν καί θεόν λόγον*· έπί γης γάρ « ό λόγος σαρξ έγένετο® ». Και ήν άν μαρτυρία, εί καί έδόκει γίνεσθαι περί τού λόγου, κυρίως άν λεχθησομένη ή περί λόγου γενομένου σαρκός, ούχί δέ λόγου θεού· διόπερ ούκ ήλθεν, ίνα μαρτυρήση περί τού λόγου. 229. Πώς δέ μαρτυρία έδύνατο γίνεσθαι περί τής σοφίας τοίς. καν δοκώσιν έγνωκέναι, ού τό καθαρώς άληΟές κατανοούσιν αλλά βλέπουσι « δι’ έσόπτρου καί έν αίνίγματι* » ; Είκός μέντοι γε πρό τής δευτέρας καί Οειοτέρας Χριστού επιδημίας έλεύσεσθαι μαρτυρήσοντα τον Ίωάννην ή ΊΙλίαν περί ζωής πρό όλίγου τοϋ Χριστόν φανερωθήσεσθαι, τήν ζωήν ημών», καί τότε μαρτυρήσειν περί τού λόγου, παραστήσειν τε τό περί τής σοφίας μαρτΰριον. Βασάνου δέ δειται, εί ενεστιν οϊον ή 184 Β Ίοιάννου μαρτυρία πρόδρομος έκαστη τών τοϋ Χριστού έπινοιών. Ταύτα μέν εις τό « ούτος ήλθεν εις μαρτυρίαν, ίνα μαρτυ­ ρήση περί τού φωτόςh ». Εξής δέ έπισκεπτέον, τί δει νοεϊν εις τό « ίνα πάντες πιστεύσωσι δι’ αύτού* ». | a. b. c. d. c. f. g. 11. i. Cf. Rom. 7, 24 Col. 3. 3-4 Ibid. Jn 1, 1 Jn 1, 14 I Cor. 13, 12 Col. 3. 4 Jn 1, 7 Ibid. II. § 227-229 (.JEAN 1. 7) 365 nous sommes encore revêtus de ce corps de mort8 et que notre vie « est cachée avec le Christ en Dieub »? Mais, lorsque le Christ, notre vie, sera manifesté, alors nous aussi, nous paraîtrons avec lui dans la gloire0. 228. Il if était donc pas possible à celui qui venait de rendre témoignage à la vie encore cachée avec le Christ en Dieu. 11 ne vint pas non plus pour un témoignage, afin de témoigner en faveur du Verbe, si nous considérons comme Verbe Celui qui était dans le principe auprès de Dieu, le Verbe Dieu d; or, sur terre, « le Verbe s’est fait chaire. » Et, quand bien même son témoignage aurait été censé s’adresser au Verbe, il aurait été rendu, au sens propre, au Verbe fait chair et non au Verbe Dieu. C'est pourquoi il ne vint pas rendre témoignage au Verbe. 229. Et comment son témoignage aurait-il pu porter sur la Sagesse en face de gens qui, même s’ils ont l'air de comprendre, ne connaissent pas la réalité sans mélange, mais voient « dans un miroir et d'une manière obscure* »? Cependant il est probable que, avant le second avènement du Christ, qui sera le plus divin, Jean ou Élie viendra rendre témoignage1 à la vie, peu avant que le Christ, notre vie, ne soit manifestée, et, alors, il témoi­ gnera en faveur du Verbe, il apportera son témoignage à la Sagesse. Il faudrait vérifier s’il est possible que le témoi­ gnage de Jean soit comme un précurseur de chacun des attributs du Christ. Voici ce que nous avions à dire sur « Celui-ci vint pour un témoignage, afin de témoigner en faveur de la lumière*1». A la suite de cela, il convient d’examiner ce qu’il faut entendre par « afin que tous crussent par lui* ». 1. Au livre VI (78) Orlgène se demande si les Juifs attendent pour la consommation des temps {πρός τη συντελεία) la venue d’Élie avant celle du Messie : ainsi s’expliquerait la question posée à Jean : . Es-tu Elie ? » SUR L'ÉVANGILE DE JEAN 3GG 98 IJr. Περί σολοικισμών και «ύτελούς φρασ<ως τής γραφής. 184 c ΕΚ ΤΟΥ ΤΕΤΑΡΤΟΥ ΤΟΜΟΥ ΤΩΝ ΕΙΣ ΤΟ ΚΑΤΑ ΙΩΑΝΝΗΝ [Μετά τρία φύλλα της αρχής. J I. Ό διαιρών παρ’ έαυτω φωνήν καί σημαινόμενα καί πράγματα, καθ’ ών κείται τά σημαινόμενα, ού προσκόφεί τω τών φωνών σολοικισμφ, έπάν ερευνών εύρίσκη τά πράγματα, καθ’ ών κεινται αί φωναί, ύγιή· καί μάλιστα έπάν όμολογώσιν οί άγιοι άνδρες τόν λόγον αύτών καί τό κήρυγμα « ούκ έν πειθοίς σοφίας είναι λόγων, άλλ’ έν αποδείξει πνεύματος καί δυνάμεως“ ». 185 Λ [Είτα είπών τον του εύαγγελιστοϋ σολοικισμόν έπάγε·.·] II. "Ατε δέ ούκ ασυναίσθητοι τυγχάνοντες οί απόστολοι τών έν οΐς προσκοπτουσι, καί περί ά ούκ ήσχόληνται, φασίν a. I Cor. 2, -1 1. Cette introduction est due, comme les suivantes, aux éditeurs de la Philocalie, Basile de Césaréc et Grégoire de Nazianzc. Près du tiers de cette anthologie est consacré à la Sainte Écriture. Les textes précédents concernaient l’inspiration de l’Écriture, son caractère de < livre scellé », le nombre de livres de l’Ancicn Testament. 2. Le texte reçu est έν πειΟοις σοφίας λόγοις, · les discours persua- 367 IV. ι-ίΐ LIVRE IV Le langage simple des écritures (Philocalie, chap. 4) Au sujet des incorrections et du langage simple des Écritures1 : J3 feuilles après le début] I. Celui (fui distingue mentalement les mots, leur sens et les réalités auxquelles se rapportent ces sens, ne se scandalisera pas d’incorrections dans l'emploi des mots, car il trouvera, après investigation, (pie les réalités auxquelles s’appliquent les mots sont (parfaitement) normales (il se scandalisera) d’autant moins que les écrivains sacrés reconnaissent que leur parole et leur prédication « ne consistent pas en moyens de persuasion de discours habiles2, mais en une démonstration d’Esprit et de force». » (Puis, parlant des incorrections de l’évangéliste, il ajoute :] II. Parce que les apôtres ne sont pas sans se rendre compte des domaines où ils commettent des incorrections sifs de la sagesse ». La version d’Origène se retrouve dans unc partie de la tradition manuscrite. 368 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN ιδιώται είναι « τώ λόγω, άλλ’ ού τή γνώσει8 »’ νομιστέον γάρ αυτό ούχ ύπο Παύλου μόνον, άλλά και υπό τώνλοιπών αποστό­ λων λέγεσθαι άν. 'Ημείς δέ και τό « έχομεν δέ τόν θησαυρόν τούτον έν όστρακίνοις σκεύεσιν, ινα ή ύπερβολή της δυνάμεως ή τού θεού και μή έξ ημών111 » έξείλήφαμεν, ως « θησαυρού » μέν λεγομένου τού άλλαχόσε θησαυρού της γνώσεως καί σοφίας της άποκρύφου0, « όστρακίνων » δέ « σκευών » τής ευτελούς καί εύκαταφρονήτου παρ’ Έλλησι λέξεως τών γραφών, άληθώς ύπερβολής δυνάμεως τού θεού έμφαινο185 B μένης. ’Ότι ισχυσε τά της αλήθειας μυστήρια καί ή δύναμις 99 Pr. τών λεγομένων ούκ έμποδιζο|μένη ύπο τής εύτελούς φράσεως φΟάσαι έως περάτων γής d καί ύπαγαγεϊν τώ Χριστού λόγω ού μόνον τά μωρά τού κόσμου, άλλ’ έστιν ότε καί τά σοφά αύτού6. Βλέπομεν γάρ τήν κλήσιν, ούχ οτι ούδείς σοφός κατά σάρκα, άλλ’ « δτι ού πολλοί σοφοί κατά, σάρκα ». Άλλά καί « οφει­ λέτης » έστι Παύλος καταγγέλλω'/ τό εύαγγέλιον, ού μόνον « βαρβάροις » παραδιδόναι τόν λόγον, άλλά καί « "Ελλησιν », καί ού μόνον « άνοήτοις » τοΐς εύχερέστερον συγκατατιθεμένοις. άλλά καί « σοφοϊς* »’ ίκάνωτο γάρ ύπο θεού « διάκονος » είναι « τής καινής διαθήκης8 », χρώμενος « αποδείξει πνεύ­ ματος καί δυνάμεως », ίνα ή τών πιστευόντων συγκατάθεσης 185 C « μή ή έν σοφία άνθρώπων, άλλ’ έν δυνάμει θεού11 ». V a. b. c. d. e. f. g. h. Π Cor. 11, 6 II Cor. 4, 7 Cf. Col. 2, 3 Cf. Ps. 18 (19), 5 Cf. I Cor. 1, 26-27 Cf. Rom. 1, 14 Cf. Π Cor. 3, 6 Cf. I Cor. 2, 4-5 1. Les «accusations de Crise, reprochant aux chrétiens leur manque d’éducation et de culture (άπαιδευτοτάτους... καί αμαθέστατους : C. Celse VI, 14) continueront encore longtemps d’alimenter la polé­ mique antichrétienne : quinze ou vingt ans après la mort d’Origène on entendra Porphyre reprocher à Jésus l’emploi de termes obscurs et vulgaires (L. Vaoanay, art. Porphyre dans DTC XII. 2e partie, col. 2571). Origène connaît ces railleries des païens cultivés : les sages IV. n 369 et où ils manquent de soin, ils déclarent qu'ils sont « pro­ fanes de l’art du langage, mais non en fait de science3 ». Car il convient de penser que non seulement Paul, mais aussi les autres apôtres ont pu le dire. Quant à nous, voici comment nous interprétons (la phrase) « Nous possédons ce trésor dans des vases de terre pour (qu’il soit clair) que cette extraordinaire puissance vient de Dieu et non de nousb» : « trésor » désigne le trésor de la connaissance et de la sagesse cachée0, dont il est question dans un autre texte, et «vases de terre » le langage simple de l’Écriture que les Grecs sont portés à mépriser et qui, en réalité, se révèle comme l’excès de la puissance de Dieu1 : car les mystères de la vérité et la puissance du message ont été assez forts pour parvenir, sans être arrêtés par la simplicité de l’expression, jusqu’aux extrémités de la Lerred et pour soumettre à la Parole du Christ non seulement ce qui est fou dans le monde, mais parfois même ce qui est sage0. En regardant les élus, (nous constatons) non pas qu’il n’y a pas de sage selon la chair (parmi eux), mais qu’il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair. D’autre part, quand Paul annonce l’Évangile, il est tenu de transmettre la parole non seulement aux bar­ bares, mais aux Grecs, non seulement aux insensés qui donnent plus facilement leur adhésion, mais aussi aux sages*. En effet, il a été rendu par Dieu capable d'être ministre de la nouvelle Alliance#, en recourant à « une démonstration d’Esprit et de puissance n, afin que l’adhé­ sion des croyants « ne dépende pas de la sagesse des hommes, mais de la puissance de Dieu11 ». de ce siècle se gaussent en voyant élever les murs de l’Évangile sans tenir compte de la grammaire ni de la philosophie et ils s'imaginent les détruire facilement à l'aide de discours habiles et d’arguments fallacieux (/?» Cant. IV, CCS VIII, p. 240). C’est, qu’ils n’ont pas perçu la puissance divine â l’œuvre dans la prédication des apôtres, tandis que, avec toute leur dialectique, leur rhétorique, leur éloquence, les Grecs ne disposent que de moyens tout humains (C. Celse III, 58 ; I, 62 ; voir ci-dessus I, 48). 24 370 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN “Ισως γάρ εί κάλλος καί περιβολήν φράσεως ώς τά παρ’ Έλλησι θαυμαζόμενα εϊχεν ή γραφή, ύπενόησεν άν τις ού τήν αλήθειαν κεκρατηκέναι των άνθρώπων, αλλά τήν έμφαινομένην ακολουθίαν καί τό τής φράσεως κάλλος έψυχαγωγηκέναι τούς άκροωμένους, καί ήπατηκός αύτούς προσειληφέναι. | 1. Loin de voir un défaut dans cette simplicité du style de l'Écriture, Origène y relève une intention, lui trouve un but. Comme le fait remarquer R. Gôglkk (Das Evangelium, p. 170, note 2), il insiste sur la relativité de l’expression et sur la liberté des serviteurs de la IV, !l 371 H est possible que, si l’Écriture avait la même beauté extérieure et les mêmes ornements du langage que les œuvres admirées par les Grecs, on supposerait que ce n’est pas la vérité qui a subjugué les hommes, mais que c’est l’apparente cohérence du raisonnement et la beauté de l’expression qui ont séduit les auditeurs et les ont gagnés en les trompant1. Parole à son égard : ce qui implique pour eux une double obligation, l’adaptation â l'auditeur et la transparence à l’Esprit, pour que la forme lui convienne tout en demeurant à l’arrière-plan. SUR L’EVANGILE DE JEAN 372 100 Pr. Ti$ ή πολυλογία καί τίνα τά πολλά βιβλία* καί δτι πάσα ή θεόπνευστος γραφή <ν βιβλίον έστίν. ΕΚ ΤΟΥ ΠΕΜΠΤΟΥ ΤΟΜΟΥ ΤΩΝ ΕΙΣ ΤΟ ΚΑΤΑ ΙΩΑΝΝΗΝ [Είς τό προοίμιον.] I. Έπεί μή άρκούμενος το παρόν άνειληφέναι πρός ημάς έργον τών του θεού έργοδιωκτών, καί άπόντας τά πολλά σοι σχολάζειν καί τω προς σέ καΟήκοντι άξιοϊς, έγώ έκκλίνων 185 D τον κάματον καί περιϊστάμενος τόν παρά θεού τών έπί τό γράφειν είς τά Οεια εαυτούς έπιδεδωκότο>ν κίνδυνον, συναγορεύσαιμι άν έμαυτώ άπό της γραφής παραιτούμενος τό πολλά ποιείν βιβλία* φησί γάρ έν τω Εκκλησιαστή Σολομών « Υίέ μου, φύλαξα·, τού ποιήσαι βιβλία πολλά* ούκ έστι περασμός καί μελέτη πολλή κόπωσις σαρκός® ». ΊΙμεϊς 188 A γάρ, εί μή εχοι νουν τινα κεκρυμμένον καί ετι ήμΐν άσαφή ή a. EccJ. 12, 12 1. Pour Ambroise, le destinataire de ce Commentaire, voir Avant- Propos, p. 9. V, i 373 LIVRE V Sens de « la multiplicité DE PAROLES ET DE LIVRES n (Philocalic, chap. 5) Le sens de l’abondance des paroles et de la multi­ plicité des livres ; — toute l’Écriture inspirée est un seul livre. [PRÉAMBULEJ a) Un texte 1. Puisque tu ne te contentes pas ,, , , de Salomon l’interdit d aSS,,mCT C" nolrc PrCS,;nCC .la charge de contremaître de Dieu envers nous et que tu prétends que, même absents, nous te consacrions la plus grande partie de notre temps, à toi et au travail qui t’est destiné1, je pourrais, quant à moi, esquiver cette peine et éviter le danger que courent, par la volonté de Dieu, ceux qui s’adonnent à la composition d’ouvrages de théologie : je dirais pour ma défense que, sui­ le conseil de l’Écriture, je renonce à multiplier les livres. Salomon dit en effet dans l’Ecclésiaste : « Mon fils, gardetoi de multiplier les livres ; cela n’a pas de fin et beaucoup d’étude est une fatigue pour la chaira. » Pour nous, si cette parole n’avait un sens caché qui nous est encore obscur, 374 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN προκειμένη λέξις, άντικρυς παοαβεβήκαμεν τήν έντολήν μή φυλαξάμενοι ποίησα·, βιβλία πολλά. [ΕΙτα, είπών ώς εις δλίγα τού εύαγγελίου ρητά τέσσαρες αύτω διηνύΟησαν τόμοι, επιφέρει*] 11. 'Όσον γάρ έπί τή λέξει δύο σημαίνεται έκ τού « υίέ μου, φύλαξαι τοΰ ποιήσαι βιβλία πολλά »' εν μέν ότι ού δει κεκτησθαι βιβλία πολλά, έτερον δέ ότι ού δει συντάξαι βιβλία 101 Pr. πολλά· καί εί μή τδ | πρώτον, πάντως τδ δεύτερον, εί δέ τδ δεύτερον, ού πάντως τδ πρότερον. Πλήν έκατέρωθεν δόξομεν μανΟάνειν, μή δεΐν ποιεΐν βιβλία πλείονα. Ήδυνάμην δέ πρδς 188 Β τό νυν ήμϊν ύποπεπτωκδς ίστάμενος, έπιστεΐλαί σοι ώς άπολογίαν τδ ρητόν καί, κατασκευάσας τδ πράγμα έκ τού μηδέ τούς αγίους πολλών βιβλίων συντάξεσιν έσχολακέναι, παύσασΟαι πρδς τδ έξης τοΰ κατά τάς συνθηκας, ας έποιησάμεθα πρδς άλλήλους, ύπαγορεύειν τά διαπεμφΟησόμενά σοι· καί τάχα σύ πληγείς ύπδ της λέξεως πρδς τδ εξής αν ήμϊν συνεχώρησας. Άλλ* έπει τήν γραφήν εύσυνειδότως έξετάζειν δει, μή προπετώς έαυτω καταχαριζόμενον τδ νενοηκέναι έκ του ψιλήν τήν λέξιν έξειληφέναι, ούχ ύπομένω, μή τήν φαινομένην μοι ύπέρ έμαυτού άπολογίαν, ή χρήσαιο αν κατ’ εμού, ει παρά τάς συνθηκας ποιησαιμι, παρατιΟείς. Καί πρώτον γε, έπεί δοκεϊ τή λέξει συναγορεύειν ή ιστορία, ούδενδς τών αγίων έκδεδωκότος συντάξεις πλείονας καί έν πολλαϊς βίβλοις τδν νουν αύτοΰ έκτιΟεμένου, περί τούτου 188 C λεκτέον. Ό δέ έγκαλών μοι εις σύνταξιν πλειόνων έρχομένιρ, τδν τηλικοΰτον Μωσέα φήσει μόνας πέντε βίβλους καταλελοιπέναι. V, χ-ιι 375 nous aurions ouvertement transgressé ce commandement en ne nous gardant pas de multiplier les livres. [Puis, après avoir dit qu’il a achevé quatre tomes sur quelques paroles de l’Èvangile, il ajoute :] II. Pour ce qui est du mot à mot, deux sens peuvent se dégager de « Mon fils, garde-toi de multiplier les livres » : d'après l’un, il ne faut pas acquérir beaucoup de livres ; d’apres l’autre, il ne faut pas composer beaucoup de livres. Et, si ce n’est pas le premier, c’est assurément le second, et, si c’est le second, ce n’est pas du tout le premier ; cependant il semble de toutes façons que la leçon qu’il nous donne, c’est de ne pas multiplier les livres. J’aurais pu m’en tenir à ce qui me tombe sous la main, te communiquer cette maxime pour ma défense, en prouvant sa véracité par le fait que les saints n'ont pas non plus consacré leur temps à la composition de beaucoup de livres, et cesser désormais de dicter, selon les accords dont nous sommes convenus ensemble, des textes pour te les envoyer. Il est possible que, frappé par le sens littéral, tu le serais rangé à mon opinion pour la suite. Mais puisque c’est un devoir de considérer l’Écriture consciencieusement de peur de vile (prendre) le sens qui fait plaisir, parce qu’on n’a tenu compte que du mot à mot, je ne puis m’empêcher d’indi­ quer les arguments qui me paraissent en ma faveur et dont tu pourrais Le servir contre moi, si je transgressais nos conventions. El d’abord, puisque la réalité historique semble concorder avec ce texte et qu’aucun des saints n’a produit beau­ coup de traités et n’a exposé sa pensée dans un grand nombre de livres, c’est de cela qu'il faut parler. Car on me reprochera de m’être mis à composer beaucoup de livres, en disant que Moïse, qui fut si grand, n’en a laissé que cinq. 376 SU K L'ÉVANGILE DE JEAN [D’Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, VI, 25, 7-10.] [και έν τω πέμπτω δέ τών εις το κατά Ίωάννην εξηγητικών ό αύτος ταύτα περί τών αποστόλων φησιν] III. Ό δέ ίκανωΟείς διάκονος γενέσΟαι της καινής δια­ θήκης, ού γράμματος, άλλά πνεύματος®, Παύλος, ό πεπληρωκώς τδ εύαγγέλιόν άτώ 'Ιερουσαλήμ καί κύκλω μέχρι τού ’Ιλλυρικού1*, ούδέ πάσαις έγραψεν αίς έδίδαξεν έκκλησίαις188 D άλλα καί αίς έγραψεν, όλίγους στίχους έπέστειλε. ΙΙέτρος δέ, έφ’ ω οίκοδομείται ή Χριστού εκκλησία, ής πύλαι αδου ού κατισχύσουσιν0, μίαν έπιστολήν όμολογουμένην καταλέλοιπεν, έστω δέ καί δευτέραν αμφιβάλλεται γάρ. Τί δει περί τού άναπεσόντος έπί τδ στήθος λέγειν τού ’Ιησού, 189 Λ Ίωάννου, δς εύαγγέλιόν έν καταλέλοιπεν, όμολογών δύνασθαι τοσαύτα ποιήσειν, ά ούδέ δ κόσμος χωρήσαι έδύνατο*, έγραφε δέ καί τήν ’Λποκάλυψιν, κελευσΟείς σιωπήσαι καί μή γράψαι τάς τών έπτά βροντών φωνάς® ; καταλέλοιπε καί έπιστολήν πάνυ ολίγων στίχων, έστω δέ καί δευτέραν καί τρίτην, έπεί ού πάντες φασί γνησίους είναι ταύτας· πλήν ούκ είσί στίχων άμφότεραι εκατόν......................| a. h. c. d. c. Cf. Ιί Cor. 3, 6 Cf. Bom. 15, 19 Cf. Matth. 16, 18 Cf. Jn 21, 25 Cf. Apoc. 10, 41 2 1. A la suite de Preuschen, nous insérons ici ce passage de l’Histoire Ecclésiastique, complétant ainsi la citation de la Philocalie, qui reprendra au paragraphe suivant. 2. Origène est le premier à nous renseigner sur ce point. Après lui, Eusèbe (Hist. Eccl. Ill, 25, 3-4 et 3, 1) élèvera des doutes à ce sujet et Jérôme (Episl. 120, PL 22, 1002) expliquera les divergences de style, de caractère et de vocabulaire, du fait que le chef des apôtres a eu recours, pour scs deux épîtres, à des secrétaires différents (diuersis interpreti bus). Par contre, Grégoire de Nazianzb (Carm. I, 12, 37), Augustin (De doctrina Christiana 2, 8), le Décret de Gélose (TU 38, 4, p. 28), etc. croient cette épltre authentique. - Les modernes sont V, HI 377 [D’Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, VI, 25, 7-101.] [Voici ce. qu’il dit des apôtres au tonie V de son Commen­ taire de l’évangile de Jean :] , _ . III. Mais celui qui a été rendu ά Brièveté ,. . . . capable d être ministre de la noudes écrits des apôtres , velle Alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit®, Paul, qui a porté l’Évangile de Jérusalem et de ses environs jusqu'en Illyrie1*, n’a même pas écrit à toutes les Églises qu’il a instruites. De plus, à ces Églises, à qui il a écrit, il n’a envoyé que quelques lignes. Pierre, sur qui est édifiée l’Église du Christ, contre laquelle les portes de l’enfer ne prévaudront pasc, n’a laisse qu’une seule lettre reconnue (de tous), peut-être aussi unc seconde : on n’en est pas sûr2. Et (pie dire, de celui qui s’est renverse sur la poitrine de Jésus, Jean, qui n’a laissé qu’un seul évangile, tout en reconnaissant qu’il aurait tant de choses à raconter que même le monde (entier) ne pourrait les contenir^, et qui a aussi écrit l’Apocalypse, après avoir reçu l’ordre de passer sous silence et de ne pas transcrire les paroles des sept tonnerres® ? Il a laissé3 également unc lettre de fort peu de lignes, peut-être aussi une seconde et une troisième, mais tous ne les croient pas authentiques4; d’ailleurs, ensemble, elles n’ont même pas cent lignes. partagés. J. Cantina r (Les Épltres catholiques dans Robert et Feuillet , Introduction à la Bible, t. Π, p. 594-599) l’attribue à un disciple de l’apôtre Pierre, qui se serait inspire de l’épltrc de Jude. 3. Καταλέλοιττεν inss Schwartz (éd, Eus. Hist. Eccl.. GCS IX, 2) : supprimé par Preuschen. 4. La Secunda Joannis a été citée bien avant Origène, et sans qu’aucun doute n'ait été élevé à son sujet, par Polycarpe (Philipp. VII, 1), InéNâE(Adi>. haer. III, 17, 8 ; t. II, p. 89). Clément (Strom. II, 15, 66, 4). D’où viennent alors les doutes signalés par Origène ? A-t-il eu connaissance de la liste de Papias ? En etTet, tandis qu'EusftBK se borne à signaler la controverse (Hist. Eccl. III, 25, 3-4) et à relever qu'aucune des trois épltres ne donne à son auteur le titre d’apôtre 378 102 Ρτ. SUR L’ÉVANGILE DE JEAN [Εϊτα άπαριΟμησάμενος προφήτας καί άποστόλους, ολίγα έκάστου ή ούδέ δλίγα γράύαντος, έπάγει μετά ταΰτα’] IV. Πάλιν δή μετά ταΰτα ίλιγγιαν μοι επέρχεται σκοτοδινιώντι, μή άρα πειθαρχών σοι ούκ έπειθάρχησα Οεω ουδέ τούς αγίους έμιμησάμην. Εί μή σφάλλομαι τοίυυν έμαυτω συναγορεύων διά τδ πάνυ σε φιλεϊν, καί έν μηδενι έΟέλειν λυπειν, τοιαύτας ευρίσκω είς ταΰτα απολογίας. Προ πάντων παρεθέμεΟα τδ έκ του Έκκλησιαστου λέγοντος· « Υιέ μου, φύλαξαι του ποιήσαι βιβλία πολλά ». 'Γούτοι άντιπαραβάλλω έκ των Παροιμιών του αύτοΰ Σολομώντος ρητόν, 0ς φησιν « Έκ πολυλογίας ούκ έκφεύξη αμαρτίαν, φειδόμενος δέ χειλέων νοήμων έση” ». Καί ζητώ, εί τδ όποϊά ποτ* οδν λέγειν πολλά « πολυλογείν » έστιν, καν άγιά τις και σωτήρια λέγη πολλά. Εί γάρ τοΰθ’ ούτως έχει, καί πολύλογε ι δ πολλά διεξιό>ν 189 C ώφέλιμα, αύτδς ό Σολομών ούκ έκπέφευγε τήν αμαρτίαν, λαλήσας « τρεις χιλιάδας παραβολών καί ώδάς πεντακισχιλίας, καί ύπέρ τών ξύλων άπδ τής κέδρου τής έν τώ Λιβάνω καί εως τής ύσσώπου τής έκπορευομένης διά του τοίχου· έ'τι δέ καί περί τών κτηνών καί περί τών πετεινών καί περί τών έρπετών καί περί τών ιχθύωνb ». Πώς γάρ δύναται διδασκαλία άνύειν τι χωρίς τής άπλούστερον νοουμένης πολυλογίας καί αύτής τής σοφίας φασκούσης τοϊς άπολλυμένοις· « Έξέτεινον λόγους και ού προσείχετε0 » ; Ό δέ Παύλος φαίνεται διατελών έωΟεν μέχρι μεσονυκτίου έν τώ 189 B a. Prov. 10. 19 b. I Rois 4. 28-29 (5, 12-13) c. Prov. 1, 21 (LXX) ou d'évangéliste (Dimonst. éoang. 111, 5. PG 22, 216 B), Jérôme seul est catégorique : il a vu la liste où Papias énumère tour â tour Jean le disciple et Jean l’ancien : c’est donc à ce dernier qu’il attribue, les deux épttres litigieuses (De vir. ill. 9 et 18 ; PL 23, 623 C à 625 A et 637 A - B). Cependant, si le Décret de Gélase (loc. cit.) s'inspire, de lui, la plupart des Pères ne le suivront pas et continueront d’attribuer les trois épltrcs à l'apôtre (Grégoire de Nazianzr, Corm. 1, 12,37 ; PG 37, 474 : Augustin, De doctr. christ. 11,8). Les modernes, trouvant V, IV 379 I Puis, après avoir énuméré les prophètes et les apôtres, dont chacun a écrit peu ou rien, il ajoute :] IV. D’autre part, il m’arrive après cela de chanceler, pris de ver­ tige, par crainte d’avoir désobéi à Dieu en t’obéissant et de m’être écarté de l’imitation des saints. Mais, à moins qu’en me justifiant je ne me laisse séduire par ma très grande affec­ tion pour toi et par la crainte de te contrister en quoi que ce soit, voici les arguments que je trouve pour ma défense : Avant tout, nous avons cite le verset de l'Ecclésiastc qui disait : « Mon fils, garde-toi de multiplier les livres. » Je place en regard un texte des Proverbes où le même Salomon dit : « Dans une multitude de paroles, tu n’éviteras pas le péché ; en ménageant, ta langue, tu seras raisonnable3. » Je me demande si la multitude de paroles consiste à dire beaucoup de mots, quels qu’ils soient, même si l’on tient beaucoup de propos saints et salutaires. S’il en est ainsi, quiconque donne beaucoup d’instructions utiles tombe dans la multi­ tude de paroles et Salomon lui-même n’a pas évité le péché en prononçant trois mille paraboles, cinq mille cantiques et (en dissertant) sur les plantes, du cèdre du Liban jusqu’à l’hysope qui croît sur les murs, et aussi sur le bétail, les oiseaux, les serpents, les poissons1». Comment un ensei­ gnement peut-il arriver à un résultat sans multiplier les paroles, au sens le plus simple du terme, alors que la Sagesse elle-même dit à ceux qui se perdent : « J’ai prolongé mes discours et vous n’y avez pas pris gardec ? » Paul semble avoir poursuivi son enseignement du lever du jour c) Multiplicité exigée par tout enseignement la deuxième et la troisième épitres extrêmement proches à la fois de la première et de l’évangile seront enclins à les attribuer au même auteur, dont le titre d’ » ancien » s'explique et par son âge et par l’autorité dont il jouissait (K. Leconte, Épttres de saint Jean, dans SDB, t. IV, col. 787 Λ 809 ; Λ. Feuillet, Les Épttres johanniques, dans Robert et Feuillet. Introduction à la Bible, t. II. p. 705-706). 380 89 D 92 Λ ■3 Pr. .92 Β SUR L’ÉVANGILE DE JEAN διδάσκειν, δτε καί Εύτυχος καταφερόμενος υπνφ βαΟεϊ καταπεσών έτάραξε τούς άκούοντας ώς τεθνηκώς0. V. Εί τοίνυν αληθές τό « ’Εκ πολυλογίας ούκ έκφεύξη αμαρτίαν », αληθές δέ καί τό μή ήμαρτηκέναι πολλά περί τών προειρημένων τόν Σολομώντα άπαγγείλαντα, μηδέ τόν II αυλόν παρατείναντα μέχρι μεσονυκτίου, ζητητέον, τίς ή πολυλογία, κάκεΐθεν μεταβατέον έπί τό ΐδεΐν, τίνα τά πολλά βιβλία. 'Ο πας δή τού θεού λόγος ό έν άρχή πρός τόν θεόν ού πολυλογία έστιν* ού γάρ λόγοι* λόγος γάρ εις συνεστώς έκ πλείονων θεωρημάτων, ών έκαστον θεώρημα μέρος έστι τού όλου λόγου. Οί δέ έ'ξω τούτου απαγγελλόμενοι περιέχειν διέξοδον καί απαγγελίαν όποιαν δήποτε, εί καί ώς περί αλήθειας είσί λόγοι, καί παραδοξότερόν γε έρώ, ούδείς αυτών λόγος, άλλ’ έκαστοι λόγοι. Ούδαμού γάρ ή μονός, καί ούδαμού τό σύμφωνον καί έ'ν, άλλά παρά τό διεσπάσθαι καί μάχεσΟαι τό έν άπ’ εκείνων άπώλετο καί | γεγόνασιν άριθμοί, καί τάχα αριθμοί άπειροι* ώστε κατά τοΰτ’ άν ημάς είπεϊν, δτι ο φθεγγόμενος Ô δήποτε της Οεοσεβείας άλλότριον πολύλογε ι, ό δέ λέγων τά της αλήθειας, καν είπη τά πάντα ώς μηδέν παραλιπειν, ένα άεί a. Cf. Act. 20, 7-10 1. Après ό ~&ς 8ή Robinson ajoute λόγος, omis par Migne et Preuschen, d’après A et D (Palmos 270 et Vendus 122) : cependant, la leçon admise par Robinson serait assez conforme a» style d’Origène : » la Parole de. Dieu dans toute sa plénitude, la Parole qui était dans le principe... ». 2. Pour la traduction de «δώρημα, voir supra, p. 290, n. 2. Nous l’avons vu (H, 3 et la note), Dieu n'a qu’une Parole, son Fils, par qui tout a été créé (I, 112) et qui s’est révélée par les prophètes (VI. 15). De même que, en la personne de Jésus, cette divine Parole est cachée sous le voile de la chair, de même dans la Bible est-elle couverte du voile de la lettre (In Lev. hom. 1, 1). Car il faut sc garder d’opérer trop de distinctions : qu’on parle des Écritures ou de la doctrine chrétienne, il s’agit toujours de Quelqu’un, qui est la seconde personne de la sainte Trinité. H nous semble qu’en traduisant ici logos par V, ιν-ν 381 jusqu’au milieu de la nuit lorsque Eutychos, entraîné par un profond sommeil, tomba et troubla les auditeurs qui le crurent mort”. V. S’il est vrai qu’en multipliant et « multiplicité de paroles » (Matth. 6. 7), le Dr. Oratione atllnnc qu’une est la vérité et multiple le mensonge, une la Sagesse, multiples les sagesses de ce monde, un le Verbe, multiples scs contre­ façons (21. 2 ; voir H, 37-40 ; II, 58-59). Il en résulte qu'il n’y a qu'une manière d’être dans la vérité et beaucoup de demeurer au dehors (In Jo. XX, 239). Par conséquent, le pécheur, même pris individuel­ lement, est multiple, tantôt calme, tantôt irrité, ou joyeux ou triste, tandis (pic tous les justes ensemble, n'étant qu’un cœur et qu’une V, V-VI 383 seule parole; les saints ne multiplient, donc pas les paroles, en s’en tenant toujours au but conforme, à l’unique. Parole1. Si donc la multitude de paroles sc reconnaît aux idées et non à l’énoncé d'un grand nombre de mots, vois si nous pouvons dire de la même manière que tous les ouvrages saints sont un seul livre et que les autres, au contraire, sont multiples. VI. Mais, puisqu’il me faut le témoignage de la Sainte Écriture, sont un seul livre vérifie s'il m’est possible de prouver d’une façon très frappante ce que je viens de dire, en montrant que, d’après nous, il n’est pas question du Christ seulement dans un livre, si nous prenons le mot « livre » dans son sens usuel2. En effet, il est fait mention de lui dans le Pentateuque, il s’agit de lui dans chacun des prophètes, dans les psaumes et, en un mot, comme le Sauveur le dit lui-même, dans toutes les Écritures, auxquelles il nous ren­ voie en disant : « Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez y trouver la vie éternelle ; or ce sont elles qui rendent témoignage de moi®. » Si donc il nous renvoie aux Écritures parce qu’elles rendent témoignage de lui, il ne renvoie pas à celle-ci et non à celle-là, mais à toutes celles qui l’annoncentet que, dans les psaumes, il appelle le rouleau du livre, en disant : « Dans le rouleau du livre il est question de moib. » Que celui qui veut interpréter littéralement « dans le rouleau du livre » de tel ou tel volume où il s’agit de lui, vienne nous dire pour quel motiP il choisit celui-ci plutôt que celui-là. Et si quelqu’un suppose que ce passage nous renvoie au livre même des psaumes, il convient de lui répondre qu’il aurait fallu dire : « Dans ce livre il est quese} Les Écritures ôme (Ad. 4, 32), tonnent l’unique corps du Christ (In Ez. hom. IX, 1 ; In Reg. 1,4). 2. C’est-à-dire volume, tome. 3. Logos. 384 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN « Έν ταύτη τή βίβλο» γέγραπται περί έμού ». Νυν δέ φησι πάντα μίαν κεφαλίδα, τφ άνακεφαλαιούσΟαι τον περί έαυτοΰ εις ημάς έληλυΟότα λόγον εις εν. Τί δέ καί τό βιβλίον έωράσθαι ύπό του Ίωάννου γεγραμ193 Λ μένον έμπροσθεν καί όπισθεν, καί κατεσφραγισμένον, όπερ ούδείς ήδύνατο άναγνώναι καί λύσαι τάς σφραγίδας αυτού", εί μή ό λέων ό έκ τής φυλής ’Ιούδα, ή ρίζα Δαβίδβ ό εχων τήν κλεϊν τού Δαβίδ, καί άνοίγων καί ούδείς κλείσει καί κλείων καί ούδείς ανοίξει0 ; 'II γάρ πάσα γραφή έστιν ή δηλουμένη διά τής βίβλου, έμπροσθεν μέν γεγραμμένη διά τήν πρόχειρον αυτής έκδοχήν, όπισθεν δέ διά τήν άνακεχωρηκυϊαν καί πνευματικήν. VII. Παρατηρητέον πρός τούτοις, εί δύναται αποδεικτικόν του τα άγια μίαν τυγχάνειν βεβΧον, τά δέ έναντίως έχοντα 104 Pr. πολλάς, τό | έπί μέν τών ζώντων μίαν είναι τήν βίβλον, άφ’ ής άπαλείφονται οί άνάξιοι αύτής γεγενημένοι, ώς γέγραπται« ΈξαλειφΟήτωσαν έκ βίβλου ζώντων0 », έπί δέ τών κρίσει 193 Β ύποκειμένων βίβλους φέρεσΟαι- φησίν γάρ ό Δανιήλ- « Κρι­ τήριου έκάΟισε, καί βίβλοι ήνεώχθησαν® ». Τω δέ ένικώ τής a. Cf. Apoc. 5, 1-3 b. Apoc 5, 5 c. Apoc. 3, 7 <1. Ps. 68 (69), 29 c. Dan. 7, 10 1. Logos. Nous avons déjà vu cc sens de logos 11, 22.30. 2. Faute d’avoir des mots aptes à exprimer les réalités divines (XXXII, 351 ; frg. 14), l’Écriture emploie, pour parler de Dieu, des expressions qui se rapportent ordinairement à la vie humaine (X, 224 ; cf. ci-dessus I, 282 et noie compl. 7, p. 401). Pour être capable <1’ < inter­ préter dignement la parole déposée dans les trésors d’argile d’une ma­ nière de parler ordinaire... et qu’entendent tous ceux qui, physique­ ment, prêtent l’oreille · (I, 24), il faut donc avoir appris de Paul le sens de l’histoire du peuple, saint, car < toutes ces choses leur sont arrivées en figure ». Et le mémo apôtre nous donne la clef de tous les événe­ ments racontés par ΓAncien Testament, en appelant la manne une nourriture spirituelle, (πνευματικός) et le breuvage dont les Hébreux furent désaltérés au désert, une eau spirituelle jaillie d’un rocher V, vi-vn 385 lion de moi. » Mais maintenant il appelle toutes (les Écri­ tures) un seul rouleau, parce que tout l’enseignement1 qui nous est venu à son sujet est récapitulé en un seul tout. Mais quel est le livre que vit Jean ? écrit au dedans et au dehors et scellé ; personne ne pouvait le lire ni en briser les sceaux», sinon le lion de la tribu de Juda, le rejeton de Davidb, celui qui détient la clef de David, qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul ne rouvrira®. C’est toute l’Écriture qui est signifiée par ce livre : écrite au dehors, à cause de son sens obvie, et au dedans, à cause du sens secret et spirituel2. VIL En outre, si l’on veut prou­ /) Le livre ver par là que les écrits saints des vivants, forment un seul livre et les autres les livres des damnés un grand nombre, il faut observer que, pour les vivants, il n’y a qu’un livre dont sont rayés ceux qui en sont devenus indignes, selon qu’il est écrit : « Qu’ils soient rayés du livre des vivants*1 », tandis que, pour ceux qui sont soumis au jugement, on mentionne plusieurs livres ; Daniel dit en effet : « Le tribunal prit place, des livres furent ouverts®, η Λ l’unicité du livre divin spirituel. Après avoir longuement cité ces passages de la Première Épîlre aux Corinthiens (10, 11.3-4), Origène ajoute : · Après cela, demandons, nous aussi, à Dieu de nous accorder de comprendre spirituellement (πνευματικώς) le passage du Jourdain... et de l'expli­ quer comme Paul l’aurait fait · (VI, 228), car · celui qui n'a pas l’Esprit en lui, lit les Écritures de l’Esprit sans les comprendre » (frg. 37). El c'est pourquoi Origène, réalisant, face aux Ecritures que Dieu inspire et qui font connaître < la Sagesse mystérieuse, demeurée cachée et qu’aucun des princes de ce siècle n’a connue » (ci. I Cor. 2, 7), combien il a besoin de l’Esprit de sagesse (X, 266), ne cesse de prier en composant son Commentaire (I, 89 ; VI, 10-11 ; X, 2 et 131 ; XX, 1 ; XXVIII, 6). Même alors, il a conscience d’être inférieur à sa tâche, • car notre âme n’est pas pure, ni nos yeux comme doivent l’être ceux de la belle épouse du Christ, dont l’époux dit : Tes yeux sont des colombes (Cant. 1, 15)... car c’est aussi sous la forme d’une colombe que l’Esprit Saint est venu · (X, 173). 25 386 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN θείας βίβλου καί Μωσής μαρτυρεί λέγων « Εί μέν άφείς τώ λαω τήν αμαρτίαν, άφες’ εί δέ μή, έξάλειψόν με έκ τής βίβλου σου ής έγραψας® ». Έγώ καί τό παρά τώ 'ΙΙσαΐα ούτως έκλαμβάνω- ού γάρ ίδιον τής τούτου προφητείας τό είναι τούς λόγους τού βιβλίου έσφραγισμένους, μήτε ύπό τού μή έπισταμένου γράμματα άναγινωσκομένους διά τό μή είδέναι αύτόν γράμματα, μήτε ύπό τού έπισταμένου διά τό έσφραγίσΟαι τήν βίβλον1’. ’Αλλά και τούτο έπί πάσης γραφής αληθεύεται, δεομένης τού κλείσαντος λόγου καί άνοίξοντος’ « Ούτος γάρ κλείσει καί ούδείς ανοίξει® »’ καί έπάν άνοιξη, ούκέτι ούδείς απορίαν δύναται τή απ’ αυτού σαφήνεια προσενεγκείν διά τούτο 193 C λέγεται οτι « ανοίξει καί ούδείς κλείσει ». Τό παραπλήσιον δέ καί έπί τής είρημένης βίβλου παρά τώ ’Ιεζεκιήλ εκλαμβάνω, έν ή « έγέγραπτο θρήνος καί μέλος καί ούαίά ». Πάσα γάρ βίβλος περιέχει τό τών άπολλυμένων « ούαί » καί τό περί τών σωζομένων « μέλος » καί τόν περί τών μεταξύ « θρή­ νον ». ’Αλλά καί ό έσΟίων ’Ιωάννης μίαν κεφαλίδα, έν ή γέγραπται « τά όπισθεν καί τά έμπροσθεν », τήν πάσαν νενόηκε γραφήν ώς βίβλον μίαν, ήδίστην κατά τάς άρχάς νοουμένην, δτε τις αύτήν μασάται, πικράν* δέ τή έκάστου τών έγνωκότων συναισθήσει τή περί εαυτού άναφαινομένην. Έτι προσθήσω εις τήν τούτου άπόδειξιν £ητόν άποστολικόν μή νενοημένον ύπό τών Μαρκίωνος καί διά τούτο άθετούντων τά εύαγγέλια’ τω γάρ τόν απόστολον λέγειν « Κατά τό 193 D εύαγγέλιόν μου έν Χριστώ ’Ιησού* » καί μή φάσκειν « εύαγγέλια » εκείνοι έφιστάντες φασίν, ούκ άν πλειόνων οντων εύαγγελίων τόν απόστολον ένικώς « τό εύαγγέλιόν » είρηκέναι, ού συνιέντες οτι ώς εις έστιν δν εύαγγελίζονται πλείονες, a. b. c. <1. e. f. Ex. 32, 32 (LXX) Cf. Is. 29, 11-12 Cf. Is. 22, 22. Apoc. 3, 7 Éz. 2, 10 (LXX) Cf. Apoc. 10, 10 Rom. 2, 16 V, vu 387 Moïse rend témoignage en disant : « Si tu pardonnes au peuple son péché, pardonne ; sinon, efface-moi de ton livre que tu as écrit®. » Pour ma part, c’est aussi de cette manière que je comprends le passage d'Isaïe : car, ce n’est pas là un carac­ tère particulier à sa prophétie, si les paroles du livre sont scellées et si elles ne peuvent être lues ni de celui qui ne sait pas lire, parce qu’il ne connaît pas les lettres, ni de celui qui sait lire, parce que le livre est scellé15 ; c’est vrai de toute Γ Écriture qui a besoin du Verbe pour fermer et pour ouvrir : « car celui-ci fermera et personne n’ouvrirac » et, lorsqu'il aura ouvert, nul ne pourra plus apporter d’objec­ tion à l’évidence qui se dégagera ; c’est pourquoi il est dit : « Il ouvrira et personne ne fermera. » C’est de la même manière que j’interprète le livre dont parle Ézéchiel et où « sont écrits des chants de deuil et des cantiques et des hélas*11». Car tout livre renferme les « hélas » des damnés, le cantique des rachetés et le chant de deuil de ceux qui se trouvent entre les deux. Et, de même, quand Jean mangea un seul rouleau écrit à l’extérieur et à l’intérieur, il considéra toute l’Écriture comme un seul livre, qui paraît très agréable au début, quand on le mâche, mais qui se montre ensuite amerc à la conscience que chacun de ceux qui le connaissent prend de lui-même. Pour prouver cela, j’ajouterai encore une parole de l’Apôtre que les disciples de Marcion n'ont pas saisie, car, à cause d’elle, ils rejettent les évangiles : ayant remarqué que l’Apôtre a dit « selon mon évangile dans le Christ Jésus' », et non « selon les évangiles », il soutiennent que l’apôtre a dit « l’évangile » au singulier, parce qu’il n’y a pas plusieurs évangiles1 2; en effet, ils n’ont pas compris que, de même qu’est unique celui 1. Ούαί : c’est le cri des damnés; en hébreu · hi », « onomatopée exprimant la douleur cl les larmes » (Bible de la Pléiade). 2. Voir, dans noire Avant-Propos, l’attitude de Marcion à l’égard des évangiles (p. 14 et 15). 388 SUR L’ÉVANGILE DK JEAN ούτως εν έστι τη δυνάμει τό ύπό τών πολλών εύαγγέλιον άναγεγραμμένον καί τό αληθώς διά τεσσάρων έν έστιν εύαγγέλιον. VIII. Εί τοίνυν ταύτα ημάς πεΐσαι δύναται, τί ποτέ έστι τό « έν » βιβλίον και τί « τά πολλά », νυν μάλλον φροντίζω 105 Pr. ού δια τό πλήθος | τών γραφόμενων άλλά διά την δύναμιν 196 Λ τών νοουμένων, μήποτε περιπέσω τω παραβαίνειν την έντολήν, έάν τι παρά τήν αλήθειαν ώς άλήθειαν έκθώμαι κάν έν ένι τών γραφόμενων· έκεϊ γάρ εσομαι γράψας βιβλία πολλά. Καί νυν δέ προφάσει γνώσεως" έπανισταμένων τών ετε­ ροδόξων τη αγία τού Χριστού εκκλησία καί πολυβίβλους συντάξεις φερόντων, έπαγγελλομένας διήγησιν τών τε εύαγγελικών καί άποστολικών λέξεων, έάν σιωπήσωμεν μή άντιπαρατιθέντες αύτοίς τά αληθή καί υγιή δόγματα, έπικρατήσουσι τών λίχνων ψυχών, άπορία τροφής σωτηρίου έπί τα άπηγορευμένα σπευδουσών καί άληΟώς άκάθαρτα καί βδελυκτά βρώματα. Διόπερ άναγκαΐόν μοι δοκεΐ, τόν δυνάμενον πρεσβεύειν υπέρ τού έκκλησιαστικοΰ λόγου άπα196 Β ραχαράκτως, καί έλέγχειν τούς τήν ψευδώνυμον γνώσιν μεταχειριζομένους, ιστασΟαι κατά τών αιρετικών άναπλασμάa. 1 Tim. 6, 20 1. Gnose. 2. Ou : doctrine, enseignement : logos. 3. Robinson et Migne ont, après δοκεϊ, un είναι supprimé par Preuschen d’après Vendus -17. — Vendus 47 a καί πρεσβεύειν sup­ primé par Migne, Robinson, Preuschen, d’après Palmos 270 et Vendus 122. 4. · Ceux qui ne savent pas reconnaître celle harmonie divine des livres saints croient parfois sentir une dissonance entre l’Ancicn Testament et le Nouveau... Mats un homme exercé dans cette musique divine, véritable David... saura exécuter la symphonie... Car toute l’Écriture est un divin instrument parfaitement réglé, dont les sons différents forment un merveilleux concert » (Philocalie VI, 2, p. 4950 ; trad. G. Bardy, art. Origène dans DTC XI, 2“ partie, col. 1506). Origène revient constamment sur cet harmonieux accord (X, 290 ; In Ex. hom. 5, 3). Voyant dans l’agneau pascal le symbole du Verbe scripturaire, il recommande aussi · de ne pas couper les liens... qui V, νπ-νιπ 389 que plusieurs annoncent, de même l’Évangile, écrit par plusieurs, est un dans sa signification et que, fait de quatre textes, c’est en vérité un seul Évangile. VIH. Si ces arguments peuvent g) Nécessité de nous convaincre du sens de « un » défendre la doctrine livre et du sens de « une multitude », de l’Église contre les hérétiques je suis désormais plus attentif à ne pas enfreindre le commandement. non par la multitude des écrits, mais par la valeur des idées, si, même dans un seul de mes ouvrages, je professe comme vérité quelque chose de contraire à la vérité : car c’est alors que j’aurai écrit beaucoup de livres. Mais maintenant que, sous prétexte de science1, les hérétiques s’insurgent contre la sainte Église du Christ et produisent des traités formant une multitude de livres, qui promettent une explication des écrits évangéliques et apostoliques, si nous gardons le silence et ne leur opposons pas la doctrine vraie et salutaire, ils se rendront maîtres des âmes avides qui, par manque d’une nourriture salutaire, saisiront avec empressement ces aliments interdits, véri­ tablement impurs et abominables. Voilà pourquoi il me paraît nécessaire que. si quelqu’un peut défendre sans la falsifier8 la pensée de l’Église3 et confondre les partisans de la prétendue gnoseû, il se dresse pour opposer aux inven­ tions des hérétiques la sublimité de la prédication évangé­ lique, toute remplie de l'harmonie4 des doctrines communes font l'harmonie do tout l’ensemble » (X, 107). car certains sont tentés de mettre le Verbe en pièces pour n'en prendre qu'une par­ tie (XX. -10-45). Toute l’Écrlturc forme un unique Évangile (I, 32 à 37), la même personne divine y est cachée (V, 5 et la note), un mime Esprit l’inspire (In Ex. hom. V, 3). C’est pourquoi Origène explique la Bible par la Bible, qu'il s'agisse de déterminer le sens d’un mot (arciiè : I, 90 ù 108). celui d'une image (·» ma bouche est un glaive acéré » : 1. 229), de chercher des preuves (tous les Juifs attendaient le Messie : I. 29-31 ) ou de puiser les principes de son exégèse (VI, 228 ; voir aussi ci-dessus p. 384. n. 2). 390 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN των άντιπαραβάλλοντα τό ύψος τοΰ εύαγγελικοΰ κηρύγματος, πεπληρωμένον συμφωνίας δογμάτων κοινών τη καλουμένη παλαια πρός την όνομαζομένην καινήν διαθήκην. Αύτός γοΰν απορία τών πρεσβευόντων τά κρείττονα, μή φέρων τήν άλογον και ιδιωτικήν πίστιν διά τήν πρός Ίησοΰν αγάπην έπεδεδώκεις ποτέ σαυτόν λόγοις, ών ύστερον τη δεδομένη σοι συνέσει καταχρησάμενος εις δέον καταγνούς άπέστης. Ταΰτα δέ φημι κατά τό φαινόμενόν μ,οι απολογούμενος περί τών δυναμένων λέγειν καί γράφειν, περί δέ έμαυτοΰ απολογούμενος, μή άρα ού τοιαύτης ών έξεως, οποίαν έχρήν τόν παρά Οεοΰ ίκανούμενον διάκονον της καινής διαθήκης, 196 C ού γράμματος αλλά πνεύματος®, τολμηρότερο'/ έμαυτόν τώ υπαγορεύει'/ έπιδίδωμι. | a. Π Cor. 3, ii V, VIH 391 au Testament appelé ancien comme à celui qu’on nomme nouveau. Toi-même1, par manque de défenseurs du bien et parce que, dans ton amour pour Jésus, tu ne te contentais pas d'une foi irréfléchie et inexperte, tu as jadis mis ta confiance en des doctrines12 dont, par la suite, tu l’es écarté en les jugeant comme il convient, car tu avais tiré parti de l’intel­ ligence qui t’était donnée. Voilà, me semble-t-il, ce que j’avais à dire pour la défense de ceux qui sont capables de parler et d’écrire. J’ai parlé pour moi, (tout en redoutant) que, n’ayant pas les facultés nécessaires à celui que Dieu a qualifié pour être ministre de la nouvelle Alliance, non de la lettre mais de Γ Esprit je ne me sois livré à dicter avec trop de témérité. 1. Ambroise, voir notre Avant-Propos, p. 9. 2. Logoi. SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 392 562 Pt. Pamphilus, Apologia pro Origene 5 (IV, 92 Delarue) Ex secundo (quinto ?) libro secundum Joanncm de his ipsis : Origenes. Unigenitus ergo deus saluator nosier solus a patre generatus, natura et non adoptione filius est. Natus est autem ex ipsa patris mente, sicut uoluntas ex mente. Non enim diuisibilis est diuina natura, id est, ingeniti patris, ut putemus uel diuisione uel imminutione substantiae eius filium esse progenitum. Sed siue mens, siuc cor, aut sensus de deo dicendus est, indiscussus permanens, germen pro­ ferens uoluntatis, factus est uerbi pater; quod uerbum in sinu patris requiescens, annuntiat deum quem nemo uidit unquam·1, et reuelat patrem, quem nemo cognouit nisi ipse solus, his quos ad eum pater caelestis attraxerit. Pamphilus, Apologia pro Origene 5 (IV, 99 Delarue) De eisdem in quinto libro de euangelio secundum Joannem : Origenes. Unigenitus filius saluator noster, qui solus ex patre natus est, solus natura et non adoptione filius est. a. Jn I, 18 l. Telle est la leçon des manuscrits. On peut soit admettre que ce texte faisait partie de la fin du livre IL qui se serait perdue, soit, vu FRAGMENTS (PAMPHILE) 393 Fragments conservés par Γ Apologie de Pamphile La génération du Fils unique Du second) livre selon Jean sur le même sujet : Origène. Donc le Dieu monogène, notre Sauveur, seul engendré par le Père, est fils par nature et non par adoption. Il est né de l'intelligence môme du Père, comme la volonté naît de l'intelligence. Car elle n’est pas divisible, la nature divine, c’est-à-dire celle du Père inengendré, pour que nous imaginions que le Fils est procréé par une division ou une diminution de la substance du Përc. Mais, qu’il faille dire de Dieu qu'il est intelligence, cœur ou pensée2, il est demeuré immuable lorsque, en proférant une semence de volonté, il est devenu Père du Verbe3; ce Verbe, demeurant dans le sein du Père, annonce Dieu que nul n’a jamais vua, et révèle le Père, que personne ne connaît sinon lui seul, à ceux que lui attire le Père céleste. Dans le cinquième livre sur l'évangile selon Jean : Origène. Le Fils monogène, notre Sauveur, qui seul est né du Père, est seul Fils par nature et non par adoption. sa ressemblance avec l'extrait suivant, le rattacher plutôt au livre V. Comme le fait observer Delarue (Opera ad Origenem spectantia, p. 31, note d), Rufin a pu confondre Π (pour πέντε -- 5) et II (= 2), surtout si la barre supérieure du Π était effacée. 2. Voir note compl. il, p. 103. 3. Voir note compl. 12, p. -103. 394 SUR L’ÉVANGILE DE JEAN 563 Pr. Item in ipso libro : Origcnes. Unus ergo et uerus deus « qui solus habet immortalitatem, lucem habitat inaccessibilem3 », unus et uerus deus, ne scilicet multis ucri dei nomen convenire credamus. Ita ergo et hi qui accipiunt « spiritum adoptionis filiorum, in quo clamamus abba, paterb », filii quidem dei sunt, sed non sicut unigenitus filius. Unigenitus enim natura filius, et semper, et inseparabiliter filius est : ceteri uero pro eo quod susceperunt in se filium dei, α potestatem acceperunt filii dei fieri ». Qui licet « non ex sanguine, neque ex uoluntate carnis, neque ex uoluntate uiri, sed ex deo nati sint® », non tamen ea natiuitate sunt nati, qua natus esi unigenitus filius. Propter quod quantam differentiam uerus deus habet ad cos quibus dicitur : « Ego dixi, dii estis », tantam differen­ tiam habet uerus filius ad eos qui audiunt : « Filii excelsi omnesd. » a. b. c. d. I Tim, 6, 16 Rom. 8, 15 Jn 1, 12-13 Ps. 81 (82), 6 FRAGMENTS (PAMPHILE) 395 Item, dans le même livre : Origène. Unique est donc le vrai Dieu « qui seul possède l’immortalité et habite une lumière inaccessible” » ; Dieu unique et véritable, pour que nous ne croyions pas que le nom de « vrai Dieu » convient à plusieurs. C'est pourquoi, ceux qui reçoivent a l’esprit de fils adop­ tifs, en lequel nous crions : Abba, Pèrcb », sont sans doute fils de Dieu, mais pas comme le Fils monogène. Le Mono­ gène est Fils par nature, Fils toujours et d’une manière indissoluble : les autres ont sans doute, pour autant qu’ils ont accueilli en eux le Fils de Dieu, reçu « le pouvoir de devenir fils de Dieu ». Bien qu’ ails ne soient nés ni du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieuc », ils ne sont cependant pas nés de la nais­ sance dont est né le Fils monogène1. C’est pourquoi, autant le vrai Dieu diffère de ceux à qui il est dit : « J’ai dit : vous êtes des dieux », autant le vrai Fils diffère de ceux qui s’entendent déclarer : « Tous, fils du Très-Hautd. » 1. Le même passage du De Principiis (l. 2, 4) que nous citions dans la noie compl. 12, p. 403, après avoir fait observer qu'aucune compa­ raison ne peut permettre à la pensée humaine de comprendre comment le Dieu incréc devient Père du Fils unique, relève la différence entre la filiation par adoption qui est extrinsecus cl la filiation naturelle. 41 ’ I NOTES COMPLÉMENTAIRES 1 (1.21) Bien que la comparaison d’Origène diffère de celle d'iRÉNÉe : « Puisqu’il y a quatre régions du monde où nous sommes et quatre vents des quatre points cardinaux... le Verbe, artisan de l'univers, lui qui... maintient tout l’ensemble, nous a donné l’Èvangile sous quatre formes. Évangile que maintient cependant un seul Esprit » (Adv. haer. III, 11. 8 ; t. II. p. 46-47), l’idée d’Origène est bien celle que F. Saqnard dégage du texte d’Irénée : La « constatation d’une harmonie, traduite en symbole, entre le message évangélique et l'universalité du inonde » (SC 34, p. 195). En deux autres passages de Jean, Origène voit un rapprochement avec les quatre éléments : s’il est historiquement difficile d’admettre les quarante-six ans proposés pour la construction du temple, le nombre quarante ne s’explique-t-il pas du fail que les quatre éléments sont placés dans le temple (X, 38, 262) ? Lazare, par ailleurs, est ressuscité le quatrième jour parce que quatre est un nombre corporel, les éléments (ici les γενικά σώματα) étant au nombre de quatre (frg. 79). Qu'il s’agisse du temple ou de la résurrection de Lazare, la présence des quatre éléments souligne bien la valeur universelle de la révélation comme de la résurrection. 2 (I, 37) Cette façon de désigner Moïse se retrouve deux autres fois dans le Commentaire sur Jean (XX, 335 ; frg. 70), où le nom de Moïse n’est même pas indiqué. M“* llarl nous signale, à ce propos, un passage du livre XIX où, précisément à propos de la manière dont Moïse et les prophètes ont connu Dieu, Origène établit une distinction entre la connaissance du serviteur et celle du Fils : ούτε ό θεράπων ίγνω τόν πατέρα, ούτε ό υιός τόν κύριον (V, 27). 398 NOTES COMPLÉMENTAIRES, 2-3 D’après V Homélie V sur les Nombres, c'est au moment de la Trans­ figuration, sur le Thabor, que Moïse a vu la gloire du Seigneur (V, 2). C’est parce que les hérétiques ont imaginé un second dieu plus grand que celui de ΓAncien Testament (cf. Avant·Propos, p. 14-16) qu’Origène exalte patriarches et prophètes (VI, 31), qui n’ont pas seulement souhaité voir ce qu'ont vu les apôtres, mais qui l'ont vu (VI, 15 à 25). Comment, en effet, Moïse et les prophètes auraient-ils pu annoncer le Christ, si le Verbe de Dieu n’avait été en eux î (De Prine, praef. 1). El Origène d'employer le môme terme ά’έπώημεΐν pour la venue du Fils de Dieu en une nature humaine et pour sa présence auprès des prophètes (II, ! ; ci. In J er. horn. IX, 1). Cependant, on commettrait un grave contresens en ne rapprochant pas de ces citations des textes qui, sans les contredire, leur apportent les précisions et les nuances nécessaires. Car, si les saints de l’ancienne Alliance ont connu le sens spirituel de ce qu’ils écrivaient, ils ne pouvaient le révéler à d’autres : ils devaient attendre la plénitude des temps (XIII, 315.319). 11 y a d’ailleurs une différence entre connaître l'événement et en voir la réalisation (VI, 26-28). La loi de Moïse était donnée pour un temps, l’Évangile ne passera pas (άδιάδοχος : frg. 56). Il ne s’agit donc ni de rejeter l'Ancien Testament, car, pour aboutir à la connaissance parfaite, il faut passer par la connaissance partielle (In Matth. X, 9 ; t. X, p. 11), ni de s’y arrêter, puisque, seul, l’Evan­ gile en a montré la réalité profonde (I, 34). Malgré une présentation parfois partielle, la pensée d'Origène reste constante : le Christ accomplit la loi et les prophètes, il fait reconnaître leur caractère divin et se révèle comme · Celui > qui a « parlé jadis à Moïse et aux prophètes » (frg. 12 ; cf. Jn 1, 45). Cette question a été approfondie par H. de Lubac (Histoire, p. 166-178) et II. Crouzee (Connaissance, p. 300-311). On trouvera également dans ce dernier la bibliographie de ce sujet. 3 (L 87) Définition classique chez les stoïciens (Eusèbe, Prép. évang. XV, 15, 3, p. 817; Stobée, SVF 11, n° 527, p. 168-169). Cependant Origène connaît de multiples emplois du mot κόσμος, dont certains se retrouvent chez les philosophes du Portique : — le lieu terrestre (περίγειος : C. Celsum VI, 59) ; — ou même seulement la partie de ce lieu terrestre qu’habitent les hommes (In Matth. XIII, 20; GCS X, p. 235-236 ; voir In Jo. 1, 97) ; — les hommes (cf. Chrysippe d’apres Stobéc, loc. cil.) : les charnels, qu’Origène appelle plutôt terrestres (I, 163; In Horn. V, 1, PG 14, 1012C-1013A, Lommatzsch Vil, p. 331-332; in Maith. XIII, 20, NOTES COMPLÉMENTAIRES, 3-5 399 GCS X, p. 237). — Cependant dans un fragment sur la première ÉpUre. aux Corinthiens (JTS IX, p. 242, frg. 13) Origène établit une distinction nette entre le charnel, dont le péché est véniel, et le terrestre, qui, par une faute grave, s’est privé de la grâce du Christ — ; les païens ou, au contraire, les appelés (VI, 302-303) : — en un sens nettement positif, la création > libérée de l'esclavage de la corruption » (I, 170), 1* Église, cosmos du cosmos (VI, 301) ; — enfin, le Fils de Dieu lui-même, cosmos de l'Église (VI, 301) et qui, en tant qu’il est Sagesse, renferme en lui les principes de toutes choses (XIX, 147) ; cf. Chrysippe d'après Stobée (loc. cil.) : κόσμος ό θεός, καθ’ δν ή διακόσμησις γίνεται καί τελειοϋται. 4 (J, 111) La même image revient I, 288. Elle a sans doute été empruntée ù Philon (De Opificio mundi 17-20), chez qui clic est longuement déve­ loppée : après avoir dessiné par la pensée tous les éléments de sa future cité, l’architcctc, » les yeux fixés sur le modèle, ... commence & bâtir la cité de pierre et de bois... Ainsi... Dieu... ayant médité de fonder la grande cité, ... en conçut d’abord les types (τύπους), dont il réalisa, en les ajustant, le monde intelligible, pour produire â son tour le monde sensible... De même que le projet de cité... était imprimé dans l’âme de l’artiste, de même le monde constitué d’idées ne saurait avoir d’autre lieu que le Logos divin... » (trad. Arnaldcz). 5 (I, 281) Ce terme d’origine stoïcienne, passé dans le langage courant à l'époque d'Origène, ne peut, à proprement parler, se traduire dans nos langues modernes, puisque nous séparons l’intelligence du cœur, alors que les anciens distinguaient les parties de l’âme d’après les réalités auxquelles elles adhèrent. Il désigne la partie supérieure de l’âme, source à la fois des représentations, des adhésions, des senti­ ments et des intuitions. D’après M. Pohlenz (Die Sloa, t. I, p. 91), les stoïciens ne distinguent plus après Chrysippe entre ήγβμονικόν, διάνοια, λόγος et διανοητικόν ; on peut aussi l’appeler λογισμός : raison ou raisonnement (Artius, Placita IV, 21 ; Diels, p. 41). Ce dernier terme de λογισμός nous invite à signaler tout d’abord que, dans plusieurs fragments (18 et 118), Origène l’appelle aussi διανοητικόν : intelligence discursive. Quelle que soit l’authenticité de ces fragments, la pensée est bien de lui, car nous trouvons, d’une 400 NOTES COMPLÉMENTAIRES, 5-6 part. (I. 206), l'identification du cœur et du διανοητικόν et, de l’autre (II, 215). la localisation de Γήγεμονικόν dans le cœur. Voir ci-dessus, p. 35-1, n. 3. Dans les Homélies sur Γ Exode (IX, 4) Rufin en donne trois traduc­ tions : celle qu’il utilise le plus souvent : principale cordis, puis ratio­ nabilis sensus et intellectualis substantia. Mais, en plus de l’intelligence et du cœur, il embrasse la conscience, en qui est gravée la loi naturelle (Philocalie, ch. 9, p. 56, 5-9) : cl c'est pourquoi le Verbe nous invite à veiller sur lui (/n Jo. VI, 9), car il peut recevoir de bons ou de mau­ vais germes (XX, 37) et risque d’etre obscurci par le démon et par nos passions (XX, 333 cl 347). Par contre, une fois purifié par le Verbe (XIII, 138), il peut devenir capable de l'accueillir (XIII, 294 et 182). 6 (1, 260) L’intérêt porté par Origène aux étymologies est expliqué par le Contre Celse (1, 24 ; V, 45) : loin d’être pure convention, comme l’imagine Aristote, les noms expriment la nature profonde des objets qu’ils désignent : en effet, une fois traduits dans une autre langue, ils perdent leur efficacité magique. — Origène a deux interprétations de Jacob : ■> celui qui supplante », qu’on retrouvera souvent chez les Pères (Didvme, In Zach. Il, 315 ; Eusùue, Prép. éoang. XI, p. 519 ; Jérôme, Liber de nominibus hebraicis, PL 23, 781 : etc.) et · celui qui lutte » (In Gen. ham. XII, 4 ; In Ex. Itoni. XI, 5) ; celle dernière inter­ prétation a été empruntée à Philon (De migratione A brahami 27, 153 ; De sobrietate, 13, 5; etc.), qui avait confondu ’Ιακώβ et Ίαβώκ (S. Wurz, Onomastica Sacra, p. 19 et 511). Quant à Israël, à part une exception chez Justin (Dial. 125, 3 : Isra = homme vainqueur ; el = la puissance ; d’où Israël = homme vainqueur de la puissance), la tradition semble unanime : de Philon (De Abrahamo 57 ; Legatio ad Gaium 4), aux Constitutions apostoliques (VII, 36, 2; VIII, 15, 7), à Eusébe (Prép. éoang. XI, 6, 31) et à Augustin (De Cio. Dei XVI, 39). Toutefois Jëiiôme, qui, dans son Onomaslicon (PL 23, 787), donne l’interprétation traditionnelle, s’y oppose dans ses Questions hébraïques (note ibid.) eUpropose : princeps Dei ou directus Dei. Cependant Justin est plus proche que les autres Pères de l’interprétation biblique, selon laquelle Dieu dit â Jacob : « Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël, car tu as combattu avec Dieu (ou : car tu as été fort contre Dieu) » (Gen. 32, 29). Mais, là encore, il y a sans doute une erreur, car e El ». est sujet et le vrai sens serait « Que Dieu se montre fort » ou « Que Dieu se montre Seigneur » (M. Noth, Die Israëlilischen Personennamen, p. 207). NOTES COMPLÉMENTAIRES, 7-9 401 7 (I. 282) C’est ici un principe essentiel, peut-être même le principe de base, de toute l’exégèse d’Origène ; il y a deux motifs pour que la Bible n'use pas des termes propres : l’incapacité du langage humain, qui ne dispose pas des mots ineffables (άρρητων ρημάτων) qui per­ mettraient de parler de Dieu avec exactitude (XXXII, 351 ; frg. 14) ; la bonté de Dieu qui, pour se faire entendre des hommes, s'adapte â leur infirmité (In Jtr. hom. XVIII, G). Le De Principiis (IV, 14) ajoute — malheureusement ce passage-ci ne se trouve pas dans les longs extraits que la Philocalie nous a conservés du livre IV — : « Pour que ces mystères ne soient pas à découvert pour le tout venant qui les foulerait aux pieds, mais pour celui qui s’adonne à l’étude dans la chasteté, la sobriété cl parmi les veilles » et, un peu plus loin, dans un fragment qui, lui, s’est conservé en grec (IV, 15 ; Philocalie p. 23) : • afin que, se consacrant à un examen approfondi du texte, ils en tirent la conviction qu’il faut chercher un sens digne de Dieu ·. Comme le fait remarquer J. L. Prestige (Dieu dans la pensée patristique, p. 30), tandis que les Juifs ne risquaient pas de se méprendre sur les anthropomorphismes bibliques, il n’en allait pas de meme pour les Grecs. Et c'est pourquoi, avant Origène, Philon (De somniis I, 234-237) et Clément (SIrom. II, 16, 72, 4) avaient expliqué de la même manière le langage biblique. 8 (I, 282) C'est dans le cœur de l’homme que se situe la raison qui le guide (ήγεμονικόν), identifiée à la raison discursive (διανοητικόν) : noie compl. 5, p. 399 ; le Contre Celse (VI, 69) reconnaîtra une sorte d’iden­ tité entre le cœur et l’intelligence (νους). Il est intéressant de faire un rapprochement avec deux textes qui ne se sont conservés que dans leur traduction latine et selon lesquels le Eils procède du Père de la manière dont la uoluntus procède de l'intelligence (mens), mais quel est le terme grec que Rufin (De Prine. I, 2, 6 et frg. In Jo. V, conservé dans Y Apologie de Pamphile (ci-dessus p. 392) a traduit par uolunlas 1 9 (U, 75) ‘Τπόστασις a, lui, le sens qui demeurera après Nicéc, celui d’exis­ tence distincte, de réalité individuelle. El c'est sans doute la première fois qu’il sert à définir les personnes de la Trinité (J. L. Prestige, op. cil., p. 158). Nous avons déjà rencontré hypostase dans ce sens 26 402 NOTES COMPLÉMENTAIRES, 9-10 (I. 151) ; nous: e retrouverons au frg. 123. Mais le texte le plus net se trouve dans le Contre Celse (VIII, 12) : < le Père et le Fils sont deux hypostases », ce qui est explicité ainsi : · étant deux objets en hypo­ stase (ίντα δύο τή ύποστάσει πράγματα) ». Cette dernière citation, » deux objets subsistant ou existant ·, nous amène au sens q\V hypostase va avoir dans le paragraphe suivant du Commentaire sur Jean, le fait de subsister (ou d'exister) indivi­ duellement, sens qui s’était également trouvé au livre I (244.292) et qui sera habituellement le sens du verbe, employé au parfait, ύφεστάναι (I, 152.244 ; 11, 74.77 ; etc.). Hypostase a, enfin, dans l'Jn Joannem un troisième sens, celui de substance ou de nature : il sert, en particulier, à désigner les deux natures du Sauveur. Ainsi le livre XXXII (192-193) dénonce succes­ sivement l’erreur de qui croirait qu'il n’a rien d’humain, qu'il n’a pas pris d’hypostase humaine, et celle de qui nierait V hypostase du Fils unique. Cette même nature divine est désignée au livre I (195) comme la nature prééminente (προηγούμενη φύσ-.ς) du premier-né de toutes créatures, au livre II (215), comme son hypostase prééminente (προηγουμένη ύπόστασις) et au livre VI (154) comme son être prééminent (προηγούμενη ούσία). Voir supra, p. 251, n. 1. 10 (II, 192) « Si, pour que subsiste le dessein de Dieu, fondé sur son libre choix et dépendant non des œuvres, mais de celui qui appelle, il fut dit que l'alné serait assujetti au plus jeune (Rom. 9, il), il est vain de compter sur la rémission des péchés ou d’espérer recevoir l’esprit de force... ; si nous avons été mis à part dès le sein de notre mère (cf. Gal. 1, 15), nous n’avons plus besoin de prier pour recevoir les plus beaux dons : en effet, quelle prière Jacob avait-il adressée à Dieu, lui, dont il fut annoncé, dès avant sa naissance, qu’il serait supérieur à Ésail et que son frère le servirait ? · (De Or. 5, 4). On voit quelles conséquences Origène craignait voir tirer de ce texte de YÉpltre aux Romains. Il y revient sans cesse : comment affirmer, dans ce cas, qu’il n’y a en Dieu ni injustice, ni acception de personne 1 (De Prine. I, 7, 4 ; cf. Rom. 9. 14 ; 2, 11). De même, ceux qui sont appelés saints κατά πρόθεσιν, scion le dessein de Dieu (Rom. 8, 28), ce sont ceux qui ont répondu librement à son appel (In Rom. VII, 8, PG 14, 1124 B C, Lommatzsch VII, p. 125-126), car ce n’est pas la prescience de Dieu qui détermine l'attitude de l’homme à l’égard de Dieu (In Rom. VU, 8, PG 14, 1126 A B, Lommatzsch VII, p. 128129. Philocalie, ch. 25, p. 226-231. De Or. 6, 3). Tout en rejetant la préexistence, par laquelle Origène pensait I NOTES COMPLÉMENTAIRES, 10-12 I I 403 pouvoir expliquer ces textes, les autres Pères ont eu le même souci d’affirmer la liberté de l’homme et sa responsabilité dans son salut. Ainsi Irênée (Ado. haer. IV, 35, 2, t. II, p. 226) : le choix de Dieu ne dépend pas des œuvres mais de celui qui appelle ; cependant celui qui appelle connaît d'avance les mérites de chacun. En Orient comme en Occident, cette exégèse connaîtra un grand succès (nombreuses références dans K. H. Schulki.k, p. 246, 237, 238 ; voir aussi les pages 339 et 342, où il montre que cette interprétation est en opposi­ tion formelle avec la pensée de Paul). Liberté et grâce sont deux mystères que l’on ne peut formuler que successivement, en paraissant toujours écarter l’un au profit de l’autre. Pour saisir vraiment la pensée d’Origènc, il faut accepter de se placer avec lui à des points de vue complémentaires et successifs. Voici donc l’autre face de la même question : la nature humaine est incapable de chercher et de trouver Dieu sans le secours de celui qu’elle cherche (C. Celsum VII, 42). Tandis que tout œil sain peut voir les objets sensibles, les réalités divines ne sont vues que pour autant qu’elles le veulent (/n Luc. horn. Ill, GCS IX, p. 19; cf. In Cant. Ill, GCS VIII, p. 215). La sainteté est don de Dieu, non acquisition humaine : malheur à qui s’attribuerait le bien qu’il voit en lui et omettrait d'en rendre la gloire à celui qui lui en a fait don : c’est ainsi qu’agit Lucifer. L’Apôtre, ayant reconnu que, dans l’acquisition des biens véritables, bien faible est la part de notre volonté en face de celle de la puissance de Dieu, dit que le résultat ne dépend ni de celui qui veut ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde (cf. Horn. 9, 16). Non que Dieu fasse miséricorde sans que l'homme veuille et coure, mais parce que la volonté et la course ne sont rien, comparées à la miséricorde de Dieu (Sel. in Ps. 4, G ; PG 12, 1161 A à C). Voir ci-dessus (II, 167 et la note) la nécessité de l’aide divine dans la lutte contre le démon. 11 (Frg. p. 393) La construction de cette phrase n’est pas claire et on pourrait peut-être se demander si celte première proposition ne se rapporte pas au Fils. Il nous a paru plus normal de la rapporter au sujet de la principale, d’autant plus qu’il s’agit de suggérer un nom pour · ce » dont le Fils procède, comme la volonté naît de l’intelligence. 12 (Frg. p. 393) Il est Impie d’assimiler la génération du Fils unique de Dieu à celle des hommes (De Prine. I, 2, 4), comme si une partie de la 404 NOTES COMPLÉMENTAIRES, 12 substance du Père lui avait donné naissance ; il l’est aussi d'imaginer qu’il a été créé ex nihilo en dehors de la substance incorporelle du Père : il est né de Dieu, comme la volonté naît de l'intelligence (ibid. IV, 4, 1), car la volonté du Père suffit à donner l’existence à ce que veut le Père. Au livre XIII (36) de Vin Joannem, Origène, interprétant la réponse du Seigneur ■ Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 4, 34), y verra l’étemelle génération du Fils. Dans le De Principiis (I, 2, 6) on trouve une formule très proche de celle qui nous occupe : sicut uoluntas procedit de mente. D’après A. Oube (Hacta la primera leologia dei Verbo incarnato, p. 401-402), Origène a particulièrement en vue deux théories : celle qu’il attribue aux Valentiniens (génération corporelle) et une théorie arienne avant la lettre (création du Fils ex nihilo). D’ailleurs, face aux innombrables fils de dieux du polythéisme, il importait d'affirmer l’incorporéité et la transcendance de Dieu, en même temps que son unité. Les prédécesseurs d'Origène avaient eu recours au même genre d'expli­ cation : il n'est pas Fils au sens où les poètes racontent que les fils des dieux sont nés de rapports sexuels (Théophile, Ad Autolycum II, 22) ; il n’est pas né par amputation, comme si Γούοία, la substance du Père, avait été divisée (Justin, Dial. 128, 4). Il est né par(fôrd. 100, 4 ; 127, 4) ou de (Clément, Protr. X, 110, 3) la volonté du Père. Il est cette volonté même (Hippolyte, Contra Noetum 1'3, PG 10, 280 C; Clément, Pid. III, 12, 98, 1 ; Protr. ΧΠ, 120, 4). Cette dernière affirmation sera reprise par Athanase (C. Arianos II, 2.31 ; PG 26, 152 A et 213 A). On trouvera une élude plus approfondie de cette question dans P. Nkmeshegyi, La Paternité de Dieu chez Origène. TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS Pages I. Éléments biographiques .................................................. $ II. But de l'auteur................................................................. ΙΠ. La gnose............................................................................ jq 13 IV. Un problème particulier : la préexistence..................... V. Analyse............................................................................... VI. La présente édition........................................................... u Abréviations ................................................................. /,3 Bibliographie ............................................................... 45 20 3j TABLE DES MATIÈRES 406 TEXTE ET TRADUCTION LIVRE I Introduction Page A. Les prémices du peuple de Dieu, des chrétiens, des Écritures .................... 1,1 II, 9 12 III, 15 IV, 21 25 V, 27 VI, 32 VII, 37 40 44 57 1. Le peuple de Dieu ....................... 2. Les Chrétiens................................... 3. L’Écriture ....................................... a) Valeur respective des écrits du Nouveau Testament................ b] Grandeur particulière de l'cvangile de Jean .............................. c) Tout, le Nouveau Testament est évangile...................................... 57 63 65 B. Qu’est-ce qu'un évangile ?............... 75 1. Sens du terme................................ 2. L'Ancien Testament devenu un évangile .......................................... 3. Évangile corporel et Évangile spi­ rituel ............ Supériorité des saints de l’an­ cienne Alliance sur les chrétiens ignorants.................................... é) Christianisme extérieur et chris­ tianisme « dans le secret » .... c) Nécessité d'une interprétation spirituelle .................................. 65 69 "3 75 77 Si 31 83 35 TABLE DES MATIÈRES VIII, 47 48 52 X, 63 XI, 67 XII, 75 XIII, 79 XIV, 83 407 Pages C. Le contenu de l’Évangile : Jésus ... 85 1. 2. 3. 4. Puissance donnée aux apôtres ... Les « biens >· identiques à .Jésus .. Jésus s’est annoncé lui-méme .... Les actions des hommes consignées dans l’Évangile éternel ................ D. Les anges, l'Ancien Testament et l’Évangile............. 87 89 93 95 97 1. Les anges de la nativité................ 2. Dimensions de l’Évangile ............ 97 101 a) Jean-Baptiste ou Γ Ancien Tes­ tament ......................... 5’ Les anges à la fin du monde .. 101 101 XV, 85 3. Ancien Testament et Évangile ... 103 88 Conclusion............................................. 105 Dana le principe était le Verbe XVI, 90 91 XVII, 95 103 104 XVIII, 106 XIX, 109 XX, 119 I. Explication de èn archè.......................... 107 A. Sens du terme archè .......................... 107 1. Début d'une route ......................... 2. Début d’une production ou d’un devenir............................................ 3. Matière préexistante ..................... 4. Idée originelle ou modèle............. 5. Éléments d'une science................. 6. Principe d'une action.................... 107 B. Application au Fils de Dieu............ 1. Principe en tant que Sagesse .... 2. .Multiplicité des attributs du Fils de Dieu............................................ 109 115 115 117 119 119 119 123 408 TABLE DES MATIÈRES Pages II. Explication de o Logos : les titres du Fils de Dieu .............................................. 127 A. Enumération de ces titres ................ 127 126 1. Ceux qu’il se donne lui-même ... 127 XXII, 132 133 a) Dans les évangiles.................... 6) Dans l'Apocalypse..................... c) Chez les prophètes..................... 127 129 129 2. Titres qui lui sont donnés dans le Nouveau Testament .................... 131 a) Par Jean-Baptiste.................... δ) Par Jean..................................... c) Par Paul..................................... 131 133 133 XXI, 125 137 238 140 XXIII, 142 150 XXIV, 151 XXV, 158 XXVII, 181 183 186 188 189 190 XXVIII, 191 XXIX, 201 204 XXX, 205 XXXI, 209 221 224 227 3. Titres que lui donnent lespro­ phètes 4. Verbe ............................................... 133 137 B. Sens de ces litres.............................. 137 1. Ceux qu'il sedonnelui-même ... n) Dans les évangiles : lumière ......................... résurrection ........................... chemin ................................... vérité....................................... vie .......................................... porte ...................................... berger .................................... roi cl Christ........................... maître qui enseigne,Seigneur, ami ........................................ Fils ................................... vraie vigne cl painde vie .. è| Dans l'Apocalypse : premier et dernier................ alpha et oméga ..................... commencement et fin............ vivant et mort........................ 139 139 149 151 153 155 155 155 155 159 151 161 163 169 1"1 TABLE DES MATIÈRES 409 Pages XXXII, 228 230 233 236 XXXIII, 240 241 XXXIV, 243 247 251 XXXV, 258 259 c) Chez les prophetes : glaive acéré et ilcche choisie . serviteur................................ 471 173 2. Titres qui lui sont donnés dans le Nouveau Testament...................... 175 «) Par Jean-Baptiste : agneau........................... homme .................................. ft) Par Jean : intercesseur, propitiation, propitiatoire................ c) Par Paul : puissance de Dieu................ sagesse de Dieu .................... sanctification etrédemption. justice.................................... grand-prêtre.......................... 175 177 179 179 181 183 183 187 3. Titres donnes par les prophètes : 260 XXXVI, 2G1 265 Juda .......................................... .Jacob et Israël.......................... David - rameau et fleur......... pierre........................................... 189 189 189 193 2G6 4. Verbe................................................ 193 XXXVIII, 277 280 XXXIX, 284 289 a) Il rend raisonnable et respon­ sable .................................... h) Il révèle le Père........................ c) Interprétation de a Mon cœur a exhalé une bonne parole b .. S'il faut l'attribuer au Père ... Ne revient-clic pas plutôt au prophète ? ................................ Conclusion............................................ 193 199 201 201 203 205 410 TABLE DES MATIÈRES LIVRE II « Et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu » Page· I, 11. Présence du Verbe auprès de Dieu et auprès des hommes ................................................ 209 a) 11 va chez les hommes ........................... 6) Il demeure auprès de Dieu .................... c} Son rôle prés des hommes et près de Dieu ........................................................ 209 213 H, 12 2. Différence entre a le Dieu n et « un Dieu ». III. 19 3. Emploi dos mots n dieu n et « verbe ;» — . 21 4. Classement des hommes d’après leur dieu ou leur verbe .............................................. 215 219 Les dieux et les verbes ......................... Les dieux des hommes........................... Les verbes des hommes ......................... Conclusion : quatre catégories de dieux, de verbes et d’hommes ........................ 223 223 225 2 8 10 23 24 28 32 a) 6) c) d} 213 221 227 « Colui-ci était dans le principe auprès do Dieu »> 34 IV. 36 37 V. 42 1. Récapitulation de cc qui précède............... 2. Le principe est aussi le commencement .. 3. Π n’y a qu’un Verbe au sens propre......... 4. Le Verbe dans l’Apocalypse ....................... 231 231 233 235 43 45 a) Citation.................................................... t) Le Verbe de Dieu .................................. Le ciel ouvert et le cheval blanc.......... 235 235 237 TABLE DES MATIÈRES 411 Pages VI, 49 51 VII, 54 56 VIII, 58 60 61 62 b Cantoruéry. Pourquoi Dieu s'est fait homme : 91. Anselme de Havrlbehg. Dialogues, 1: 118. Lettre d’ÂRiSTÉE : 89. Athanase d'Alexandrie. De Γ Incarnat ion du Verbe : 18. Deux apologies : 56. Discours contre les païens : 18. lettres à Sérapion : 15. .Supplique au sujet des chrétiens : 3. Augustin. Commentaire de la première Epître de saint Jean : 75. Sermons pour la Pique : 116. Basile dr Césarée. Homélies sur l’Hexaéméron : 26. Traite du Saint-Esprit : 17. de Constance de Lyon. Vie de S. Germain d'Auxerre : 112. Cyrille d’Alexandrie. Deux dialogues christologiqucs : 97. Defensor dr Ligugé. Livre d’étincelles, 1-31: 77. 33-81 : 86. Denys l’Aréopagite. La hiérarchie céleste : 58. Diadoque de Photîcé. Œuvres spirituelles : 5. Didyme L’AVRL'DI.R. Sur Zacharie, I : 83. Π-ΙΙΙ : 84. — IV-V : 85. A Diognéte : 33. Dorothée de Gaza. Œuvres spirituelles : 92. Éthérib. Journal de voyage : 21. Athénagore. Baudouin Stromate II : 38. Extraits de Théodoto : 23. Ford. Le sacrement de l’autel : 93 et 94. Cassirn, voir Jean Cassien. CUAIITEEUX. Lettres des premiers Chartreux, I : 88. Clément d’Alexandrie. Le Pédagogue. I : 70. II : 108. Protrcptiquc : 2. Stromate I : 30. Eusébr hr Césarée. Histoire ecclésiastique, I-1V : 31. V-VII : 41. VIII-X : 55. — Introduction et Index : 73. Gélase PL Lettre contre les lupercalcs et dixhuit messes : 65. Grégoire de Narre. Le livre de Prières : 78. Grégoire de Nysse. La création de l’homme : G. Traité de la Virginité : 119. Vie de Moïse : 1. Grégoire le grand. Morales sur Job : 32. Guillaume de Saint-Thierry. Exposé sur le Cantique : 82. Trmté de la contemplation de Dieu : Nicétas Stéthatos. Opuscules et Lettres : 81. Hkiimas. Le Pasteur : .53. Hilaire de POITIERS. Traité des Mystères : 19. Hippolyte DK Home. Commentaire sur Daniel : lï. La Tradition apostolique : 11. Homélies Pascales. Tome I : 27. Il : 3d. — III : 48. Ignace d*Antioche. Lettres : 10. îrénér de Lyon. Contre les Hérésies, III : 34. — IV : 100. Démonstration de la prédication apostolique : 62. Jean Cassien. Conférences, l-VII : 42. V1H-XVII : 54. XVIII-XXIV : 64. Institutions : 109. Jean Ciirysostome. A Théodore : 117. Huit catéchèses baptismales : 50. Lettre d’exil : 103. Lettres à Olympias : 13. Sur rincompréhensibilité de Dieu : Sur la providence de Dieu : 79. Jean Damascéne. Homélies sur la Nativité et la Dor­ mition : 80. Jean Moschus. Le Pré spirituel : 12. Jérôme. Sur Jonas : 43. Lactance. De la mort des porcécuteurs : 39 (2 vol.). Léon le Grand. Sermons, 1-19 : 22. — 20-37 : 49. — 38-64 : 74. Manuel II Paléologue. Entretien avec un musulman : 115. Marius Victobinus. Traités théologiques sur la Trinité : 68 et 69. Nicolas Ca ha si las. Explication de la divine liturgie : 4. Origène. Entretien avec Héraclido : 67. Homélies sur la Genèse : 7. Homélies sur l’Exodc : 16. Homélies sur les Nombres : 29. Homélies sur Josué : 71. Homélies sur le Cantique : 37. Homélies sur saint Luc : 87. Philon d’Alexandiiik. La migration d’Abraham : 47. PiIlLOXÉNR DE MaBBOVG. Homélies : 44. POLYCARPE DE SmYRNE. Lettre d Martyre : 10. Ptolémée. Lettre a Flora : 24. QUODVULTDRUS. Livre des promesses : 101 et 102. Règle du MaItre. Tome I : 105. — H : 106. — III : 107. Richard de Saint-Victor. La Trinité : 63. Rituels. Trois antiques rituels du Baptême 59. Romands le Mélodf.. Hymnes* I : 99. — Il : 110. — 111:114. Syméon le Nouveau Théologien. Catéchèses, 1-5 : 96. 6-22 : 104. 23-34 : 113. Chapitres théologiques, gnostiques et pratiques : 51. Tertullien. Dr la prescription contre les héré­ tiques : 46. Traité du baptême : 35. Théodoret de Cyr. Correspondance, lettres I-LII : 40. — lettres 1-95 : 98. — lettres96-147 till. Thérapeutique des maladies hellé­ niques : 57 (2 vol.). Maxime le Confesseur. Théodote. Centuries sur la Charité : 9. Mélanie, noir Vie. Théophile d’Antioche. Méthode d’Olympe. Le banquet : 95. Extraits (Clément d'Alex.) : 23. Trois livres à Autolycus : 20. Vie dr sainte Mélanie : 90. Également aux Éditions du Cerf : LES ŒUVRES DE PHILON D'ALEXANDRIE publiée* sous la direction de R. Aknaluhz, C. Mondêshrt, J. Pouiixoux. Texte grec et traduction française. Volumes déjà parus : F 1. Introduction générale, Do opificio mundi. R. Arnal* dez (1961)............................................................................. 2. Legum allogoriae. C. Mondésert (1962) ........................ 3. De chorubim. J. Gorez (1963).......................................... 4. Do sacrificiis Abolis ot Caini. A. Méasson (1966) .... 5. Quod deterius potiori insidiari soleat. I. Feuer (1965). 7-8. Degigantibus. Quod Deus sit immutabilis. A. .Mosès (1963) ................................................................................... 9. De agricultura. J. Pouilleux (1961)............................... 10. Do plantatione. J. Pouilloux (1963)............................... 11-12. De ebrietate. Do sobrietate. J. Gorez (1962).......... 13. De confusione linguarum. J.-G. Kahn (1963) ............ 1-1. De migratione Abrahami. .1. Cazcaux (1965) ............ 18. De mutatione nominum. R. Amaldez (1961).............. 19. Do somniis. P. Savlnel (1962).......................................... 20. De Abrahamo. J. Gorez (1966) ...................................... 21. De losopho. J. Laporte (19G-1).......................................... 23. Do Decalogo. V. Nikiprowctzky (1965)............................ 26. Do virtutibus. R. Arnaldcz, A.-M. Vérilhac, M.-R. Servel et P. Delobre (1962)...................................................... 27. De praemiis ot poenis. Do exsecrationibus. A. Beckacrl (1961) .......................................................................... 29. De vita contemplativa. F. Daunias et P. .Miquel (1964) . Sous presse : 15. Quis rorum divinarum bores sit. M. Harl. 31. In Flaccum. A. Pelletier. 15,60 24,60 7,80 21,00 12,00 15,00 9,60 11,70 14,70 15,00 21,00 12,90 21,00 15,00 12,60 12,90 15,00 12,60 12,00 1 ACHEVÉ D IMPRIMER SUR LES PRESSES DE L’iMPRIMERIE DARANTIERE A DIJON, LE VINGT-NEUF JUIN M CM LXVI Numéro d’édition 5.551 Dépôt légal 2e trimestre 1906