par Sébastien Renault.
« Prenez garde que personne ne vous égare. Car […] vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres. Veillez à ce que vous ne soyez pas épouvantés. » (Mt 24, 4-6)
Pourquoi un tel tumulte de la part de l’ensemble du monde occidental soudainement si indigné par la tournure géopolitique des événements en Ukraine ? Pour quelle raison les gouvernements occidentaux et leurs organes médiatiques de vendeurs de panique et d’hystérie propagandiste accentuent-ils de manière aussi obsessionnelle le conflit russo-ukrainien, privilégiant une politique d’isolement et de diabolisation irrationnelle de Vladimir Poutine et de la Russie elle-même, de préférence aux moyens rationnels de négociation, toujours disponibles ? Pourquoi la Silicon Valley, les multinationales, les grandes entreprises, les célébrités du divertissement et du sport-spectacle affichent-elles aujourd’hui, à l’unisson avec les « élites » politico-médiatiques occidentales de tous bords, les mêmes larmes de crocodile et la même acrimonie à relents russophobes d’un racisme criant ? Pourquoi des millions de personnes, réticentes voire incapables hier de se lever pour défendre leurs propres droits inaliénables face à la mise en place d’une dictature sanitaire sans précédent, déclarent-elles aujourd’hui, à grands coups de signalements vertueux sur tous les réseaux sociaux de la grande indécence narcissique, qu’elles soutiennent l’Ukraine et les droits du peuple ukrainien ?
Autant de questions fondamentalement rhétoriques, le lecteur l’aura bien compris.
Le pluralisme et la liberté d’expression, si prônés dans nos beaux pays « démocratiques », sont de nos jours ouvertement désavoués par la censure systématique envers toute opinion qui dérogerait au récit officiel réchauffiste, wokiste, covidiste, et désormais ukrainiste… Nous y avons été habitués plus violemment que jamais après plus de deux années de covidiopathie psycho-mentale intensives, d’hypnose collective hautement orchestrée et de coercition étatique sanitaire s’autorisant, en toute impunité, à abroger les libertés fondamentales des peuples traités comme du bétail humain par les représentants et les législateurs des grandes « démocraties » occidentales. Les dirigeants de ces systèmes représentatifs putréfiés de l’intérieur ont menti, de concert avec leurs acolytes médiatiques, comme de vulgaires arracheurs de dents.
Certains d’entre nous ont été censurés, suspendus et licenciés pour s’être dressés contre l’ineptie avérée de l’imposition universelle des couches-culottes faciales bactériennes et suffocantes, contre la mise en place de « passes sanitaires et vaccinaux » inutiles mais obligatoires, contre les campagnes de persuasion et de chantage menées par nos « élites » politiques et médicales en vue d’astreindre les populations aux nouvelles injections expérimentales à ARN messager…
Le monde de ces dernières semaines a par ailleurs assisté au spectacle lamentable d’un certain Justin Trudeau, champion wokiste de la liberté d’expression multicolore1 et de la défense des droits de groupes minoritaires (à condition de pouvoir les apparenter, d’une manière ou d’une autre, à la mouvance LGBTQ+), poussant la tyrannie de l’organe exécutif canadien jusqu’à geler les comptes en banque et suspendre les polices d’assurances des citoyens canadiens qui avaient osé participer aux manifestations pacifiques du « convoi de la liberté » contre la démesure croissante des restrictions sanitaires outre-Atlantique2. Ces mesures punitives de dépossession du peuple par violence étatique se sont vues justifiées par Trudeau et sa fine équipe de petits tyrans patentés par l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence au Canada, en cas de « crise nationale ». Sanctions par définitions spoliatrices, rendues effectives à compter du 15 février 2022.
C’est le même Trudeau qui, en guise de soutien aux agriculteurs indiens ayant maintenu plusieurs mois d’affilée le blocage des principales autoroutes menant à New Delhi, au mépris des membres du gouvernement indien à juste titre offusqués par son ingérence dans les affaires de politique intérieure de leur pays, avait platement déclaré : « Le Canada soutiendra toujours le droit de manifester de manière pacifique en quelque endroit du monde que ce soit. »3
Trudeau ne s’est d’ailleurs pas contenté de faire geler les comptes en banque des manifestants pacifiques associés au convoi de la liberté, donc de réprimer leur participation en restreignant leur capacité à subvenir à leurs besoins les plus fondamentaux.
Il a encore pris la peine de discréditer les camionneurs canadiens en assimilant leur mouvement à un ramassis plus ou moins « terroriste » de suprémacistes blancs, donc de militants racistes, donc homophobes et antisémites (militants néo-nazis de l’extrême droite, comme l’a par la suite « confirmé » la députée à la Chambre des communes du Canada, Ya’ara Saks, révélant au monde que « honk honk », l’onomatopée anglo-américaine désignant le son redoublé du klaxon d’un camion, était une manière de signifier « Heil Hitler »4).
Cet épisode d’un exercice tyrannique et spoliateur scandaleux de la part du gouvernement canadien dirigé par l’indigne Trudeau, atteste à lui seul que l’heure était finalement venue de détourner l’attention des populations des crimes commis contre elles au nom de l’urgence sanitaire ; et par-là même de les empêcher, autant qu’il soit encore possible, de discerner les causes réelles du phénomène d’inflation galopante qui les afflige aujourd’hui.
Est-ce à dire que, contrairement au récit officiel, le président Poutine n’a pas « tiré le premier », en déclenchant l’opération « Z », mais qu’il ait en fait estimé indispensable de riposter à une soudaine attaque contre la Russie, peu visible, mais détectée par ses services secrets ? C’est ce qu’a expliqué le ministre des Affaires étrangères russe Lavrov, effectivement, parlant d’action préventive contre une attaque nucléaire et/ou chimique imminente, à partir du territoire ukrainien, et prenant pour cible la région russophone et russophile du Donbass. En tout cas, la propagande étasunienne a géré l’information sur l’action militaire entreprise par l’armée russe en termes d’affrontement spectaculaire manichéen, comme si l’irruption de la guerre avait été prévue et interprétée d’avance dans un schéma binaire univoque.
Le conflit russo-ukrainien ayant officiellement éclaté quelques jours plus tard en Ukraine occidentale nazifiée, nous avons assisté au spectacle toujours « édifiant » du gouvernement étatsunien proclamant ne pas maintenir ni opérer d’installations d’armes biologiques en terres ukrainiennes, en ajoutant que toute insinuation du contraire était le fait certain des services de « désinformation », tant russes que chinois… L’identification du camp des « pacifistes » et donc du « bien » s’est donc immédiatement imposée.
Or, dans le même souffle, nous avons assisté à l’aveu de la sous-secrétaire d’État des États-Unis pour les Affaires politiques, Victoria Nuland, qui comparaissait le 8 mars dernier devant le Congrès américain5 et concédait pour sa part que les États-Unis étaient très préoccupés par la dissémination potentielle de « matériaux de recherche » provenant desdites « installations de recherche biologique » en Ukraine, si de tels « matériaux » venaient par malheur à tomber entre les mains des « forces Russes ». Quid de ces installations ? Elles n’existent pas, comme en attestent le porte-parole du Pentagone et les « vérificateurs de faits » en ligne… Mais il faut craindre malgré tout, d’après la sous-secrétaire d’État des États-Unis, que leurs « matériaux de recherche » puissent finir entre les mains des forces militaires de la fédération de Russie6. Le portrait du héros vertueux que serait le Pentagone s’en est trouvé quelque peu terni…
Rappelons que, selon la pratique établie du Pentagone et d’autres agences gouvernementales outre-Atlantique (dont le Centre national pour les informations biotechnologiques, le NCBI7), les projets atlantistes en matière de recherches militaro-biologiques dans les pays du tiers-monde sont notamment financés par l’intermédiaire de différentes branches de l’administration américaine – les centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), les Instituts nationaux de la santé (NIH), et le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA).
En ce qui concerne les installations étasuniennes d’armes biologiques en Ukraine, dont l’existence a donc été reconnue par Nuland s’exprimant sous serment, il est désormais établi, sur la base de documents officiels signés, que le département de la défense des États-Unis a passé un accord de longue date avec l’Ukraine pour y financer les programmes de recherche en laboratoire du BTRP8. Le prétexte officiel est explicité dès août 2005 en termes de mesures conjointement mises en place par le département de la Défense des États-Unis et le ministère de la Santé de l’Ukraine pour prévenir la prolifération potentielle d’armes biologiques9.
Près de quinze ans plus tard, le 22 avril 2020 exactement, l’ambassade des États-Unis en Ukraine confirmera que le département de la Défense des États-Unis, à travers son programme de réduction des menaces biologiques, « travaille avec le gouvernement ukrainien pour consolider et sécuriser les agents pathogènes et les toxines présentant un risque pour la sécurité au sein des installations du gouvernement ukrainien, tout en soutenant la recherche pacifique et le développement de vaccins »10.
Lors de sa dernière audience devant le Congrès américain le 8 mars dernier, Victoria Nuland a par ailleurs déclaré, comme s’il s’agissait d’un fait accompli irrécusable, qu’il faudrait de toute façon tenir la Russie pour responsable de toute propagation criminelle de ces « matériaux de recherche » (armes biologiques) émanant des installations (américano-ukrainiennes) de recherche biologique en opérations sur le territoire ukrainien. Fait « accompli » pourtant dépourvu de toute preuve à proprement parler tangible, puisqu’il ne se trouve être une réalité « irrécusable » que dans la tête de la sous-secrétaire d’État des États-Unis et de ses homologues indécrottablement russophobes à Washington. En conséquence de quoi, dans son envolée accusatrice contre l’ennemi moscovite déclaré et déjà coupable d’un crime sur lequel Nulan ne peut qu’affabuler et asserter sans autre forme de procès, la « numéro 3 » de la diplomatie américaine finit par faire complète abstraction de l’éléphant dans la boutique de porcelaine, à savoir son propre témoignage (que confirment en outre des documents étatsuniens officiels et signés) attestant que les installations en question sont bel et bien cautionnées et soutenues par le gouvernement des États-Unis, preuves à l’appui…
Ce qu’aura donc eu pour mérite de révéler pareille controverse dans la guerre de l’information entre les États-Unis, l’Ukraine, la Russie11 et la Chine12 c’est la réalité indéniable, au demeurant peu surprenante, d’installations biologiques ukrainiennes subventionnées et supervisées, de longue date, par les hautes instances du complexe militaro-biologique outre-Atlantique.
On peut donc raisonnablement suspecter que d’autres activités de recherche de nature possiblement préventive, plus secrètement actives aussi (recherches sur le gain de fonction de nouveaux types d’agents pathogènes destinés à la guerre biologique ?), y aient été menées depuis au moins 2005, selon le document référencé ci-dessus ; et cela de manière inévitablement concertée entre le département de la Défense des États-Unis et les autorités sanitaires gouvernementales ukrainiennes. Comment aurait-il pu en avoir été autrement ?
La question, plus ou moins rhétorique, est donc naturellement la suivante : pourquoi le Pentagone a-t-il voulu que des laboratoires nationalistes ukrainiens participent à la mise en œuvre de tels projets à proximité de la frontière russe ? Question légitime, irréductible à l’accusation disqualifiante usuelle de « complotisme » ou de diffusion de « fausses informations », lorsqu’on sait que les États-Unis maintiennent des centaines d’installations biologiques militarisées aux quatre coins de la planète. À quelle fin exactement ?
Et puisque nous évoquons ici les « quatre coins de la planète », tout le monde aura bien sûr remarqué qu’ils ne font nullement l’unanimité antirusse que l’Occident aimerait pouvoir une fois pour toute cimenter, dans la perspective d’asseoir la mainmise des valeurs « si admirables » du mondialisme, selon le schéma directeur technocratique de la « Grande remise à zéro ».
Ce qui ne saurait dissuader la presse occidentale de claironner que « le monde entier » soutient l’Ukraine otanien contre l’agression de la fédération de Russie. Car les médias occidentaux, malgré leur posture antiraciste de façade, wokisme oblige, ne peuvent s’empêcher d’occulter ou de traiter ces continents et nations que sont l’Afrique, l’Inde, la Chine et l’Amérique du Sud avec cette mésestime plus ou moins refoulée, typique d’un ancien penchant colonialiste européen.
Mais le fait demeure qu’en dehors de l’OTAN et du Royaume-Uni, il n’existe pas de consensus international contre l’offensive militaire générale de la Russie en Ukraine. La Chine, l’Inde, les Émirats Arabes Unis13 et la majorité des États africains14 se sont tous intelligemment abstenus de prendre part au vote sur la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies visant à dénoncer l’ « invasion de l’Ukraine par la Russie ». Dénonciation qui, il convient de le préciser, ne comporte aucun élément de contrainte à caractère juridictionnel – contrairement à ce qu’a laissé entendre Macron, bombant du torse et de ses muscles de petit porte-drapeau flicard de l’ONU, lors de son discours télévisé du 2 mars 202215 – comme l’impliquerait le vote d’une résolution « sur les violations du droit international » imputées, selon ce narratif, à Moscou.
Il est ici à noter que les liens militaires qui existent entre la Russie et certains pays d’Afrique n’expliquent certainement pas à eux seuls le refus de ces derniers de s’immiscer dans les relations de l’OTAN et de l’Union Européenne avec l’Eurasie. Les États africains ne sont évidemment dépourvus ni de sagesse géopolitique, ni de mémoire historique, après des siècles de colonisation et d’ingérence impérialiste européennes. Montrons-leur un peu de respect, au lieu de juger leur démarche prudentielle en fonction de nos propres conditionnements narratifs et des critères bien illusoires de notre présumée « supériorité démocratique » occidentale.
À titre purement démographique, on se rappellera que la Chine et l’Inde, à elles seules, comprennent près de trois milliards d’habitants, soit plus que tous les pays de l’OTAN réunis. Ces nations n’ont pas le moindre intérêt à prendre part au bal des sanctions économiques rigoureuses prises aujourd’hui à l’encontre de la Russie par une alliance de nations occidentales imbues d’elles-mêmes et de leur supériorité morale imaginaire.
Diffamer Poutine par diabolisation unilatérale de sa personne, s’en prendre avec véhémence « vertueuse » au peuple russe tout entier, proscrire les organes d’information russe sur l’ensemble du territoire de l’Union Européenne, déclarer une guerre économique à la Russie pour l’ostraciser, voire l’exclure de la communauté des nations sont autant de comportements irrationnels et empreints d’un orgueil démesuré de la part de l’Occident dévoyé. Comportements au demeurant plus que susceptibles d’exacerber les tensions et donc d’aviver dangereusement l’escalade du conflit actuel vers un point de non-retour.
Au cours de la dernière pandémie, ce sont les non-vaccinés qui ont fait office tout désigné de bouc émissaire pour un monde affligé par la terreur persistante du covidisme d’État. Mettre en cause les mesures de confinement généralisé des populations, aussi ruineuses sur le plan économique que contreproductives sur le plan sanitaire ? Chose impensable (un anathème). Ou la suppression arbitraire des traitements précoces contre l’aggravation des symptômes d’infection par le SRAS-CoV-2 ? Chose encore impensable (un autre anathème). Ou l’ineptie politique des « passes sanitaires » ? Chose encore impensable (un autre anathème). Ou l’inefficacité des « vaccins » à ralentir la propagation des nouveaux variants du SRAS-CoV-2 ? Chose encore impensable (un autre anathème). La source indiscutable de tous les maux de la société en proie à la perpétuation de la crise sanitaire ne pouvait tenir qu’à cette fichue minorité de résistants invétérés, citoyens égoïstes et irresponsables refusant de se faire « vacciner ». Point barre ! La remise en question d’une telle certitude ne pouvait ressortir que de deux origines parfaitement identifiées : la désinformation complotiste et l’appartenance à quelque mouvance de l’extrême droite.
Revenons, très sommairement, sur les grandes étapes historico-géopolitiques de la subversion occidentale aboutissant aujourd’hui à la diabolisation ukrainiste délirante de la Russie par les champions occidentaux de la « démocratie » suprémaciste.
Avec l’éclatement et la dissolution de l’Union soviétique il y a plus de trente ans, un accord est conclu entre Gorbatchev et Bush en vertu duquel l’ex-URSS s’engage à autoriser la réunification de la République démocratique allemande (RDA) et de l’Allemagne de l’Ouest. En contrepartie, Washington s’engagera vis-à-vis de Moscou, dans le cadre d’un accord géopolitique moral (en la personne de James Baker, secrétaire d’État des États-Unis entre 1989 à 1993), en promettant que les anciennes nations du Pacte de Varsovie resteraient indépendantes pour servir de zone tampon entre l’OTAN et la Russie… Au cours des décennies ultérieures, jusqu’à nos jours d’ingérence en Ukraine, les États-Unis ont rompu cet engagement à de nombreuses reprises, incitant la Bulgarie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie à rejoindre l’escarcelle de l’OTAN. Première étape de la subversion à l’occidentale dont nous voyons les derniers actes se décliner aujourd’hui dans le cadre du conflit russo-ukrainien.
L’Ukraine a d’abord sombré dans une période de profonde corruption au cours des décennies qui ont suivi son départ de l’ancienne Union soviétique, avec l’émergence d’un réseau de mafia oligarchique particulièrement étendu. Les répercussions de cette mise en place de la pègre en Ukraine ne tarderont pas à se faire douloureusement ressentir en tant que « force […] développant des relations de collusion et de corruption avec l’élite politique et exerçant une influence sur de nombreux secteurs de l’économie »16. Comme le souligne encore le rapport précité, publié par le département de la Justice des États-Unis en 2002, l’expansion du crime organisé en Ukraine en tant que vecteur d’action politique et économique incontournable n’aura cessé sa progression depuis les premiers temps de l’ère post-soviétique au début des années 90 jusqu’au début des années 2000. Par-delà cette période d’une dizaine d’années, elles prépareront un terrain particulièrement fertile à la montée en puissance de personnages richissimes, proches ou issus de la mafia ukrainienne, aux plus hautes fonctions de l’État – que ce soit pour intégrer le Cabinet des ministres de l’Ukraine ou assumer les fonctions présidentielles (comme Zelensky lui-même en 2019) pour le compte de l’Occident.
Les tentatives de renversement et de substitution de régimes à travers la mise en œuvre de révolutions colorées en Eurasie depuis plus de de vingt ans sont avant tout des opérations de marketing de masse à l’occidentale. Prenant les apparences médiatiques de soulèvements « populaires » et « spontanés » à l’encontre de gouvernements et de leaders corrompus, elles sont en réalité financées, planifiées et exécutées avec le concours direct du gouvernement américain. Dans le cadre des révolutions colorées (sur les territoires de l’ex-URSS comme au Moyen-Orient), le plan d’attaque étasunien repose sur la mise en branle des mêmes acteurs et institutions, à commencer par certaines figures de proue, aussi bien du parti démocrate que du parti républicain. La fomentation de ces grands projets d’ingérence clandestine à l’étranger implique en outre la mobilisation d’ONG et de toute une palette de conseillers, d’instituts de sondage et d’instances diplomatiques étasuniennes et européistes.
La préparation occidentale de ces opérations sous faux drapeau relève d’un exercice désormais bien rodé, dont l’objectif final consiste à déployer une subversion organisationnelle suffisante pour amener tel parti et telle entité à prendre le pouvoir, en l’occurrence ici dans certaines régions clés du bloc post-soviétique. À l’Ouest, rien de nouveau, et la place décisive de l’Ukraine sur l’échiquier eurasien ne pouvait pas ne pas faire l’objet de tels préparatifs.
L’ingénierie de la démocratie dans les pays de l’ancienne Union soviétique est évidemment un « art » occidental. Les amerloques ont appris à le perfectionner de plus en plus au gré de des révolutions « populaires » ayant préparé le grand affrontement qui s’annonce aujourd’hui dans un Occident laissé à son désarroi, sa colère, sa confusion, son moralisme à sens unique.
En 2014, le gouvernement démocratiquement élu de l’Ukraine est renversé par un violent coup d’État à l’occidentale. Les hostilités commenceront en février 2014 avec la soi-disant « révolution ukrainienne de la Dignité » portant sur le statut de la Crimée, alors reconnue par la « communauté internationale » comme faisant partie de l’Ukraine, et de certaines régions du Donbass. D’où la guerre du Donbass, opposant jusqu’à aujourd’hui les nationalistes ukrainiens pro-atlantistes et les forces séparatistes pro-russes, sur fond de cyberattaques ukrainiennes et russes et de négociations étasuniennes en sous-main.
À l’occasion d’une conférence du 13 décembre 201317, quelques semaines après le début des affrontements associés aux manifestations ukrainiennes de l’Euromaïdan entre novembre 2013 et février 2014, Victoria Nuland, à l’époque secrétaire d’État assistante pour l’Europe et l’Eurasie, avait déclaré sans ambages (comme pour impressionner l’auditoire) que les États-Unis avaient dépensé quelques cinq milliards de dollars et plusieurs années de préparation consacrées à organiser la révolution de Maïdan, laquelle devait mener à la mise en place d’un gouvernement pro-européen suite à la destitution du président Viktor Ianoukovytch18. On se rappellera par ailleurs, notamment ces messieurs dames hypocrites de Facebook19, qu’une bonne tranche de ces cinq milliards de dollars de fonds étasuniens ont été consacrés à armer et à entraîner les groupes ukrainiens néonazis les plus les fanatiquement déterminés.
On comprend que l’Occident ne se soit aucunement soucié des tueries de milliers de ses propres citoyens par l’Ukraine de la coalition pro-européenne dont il avait financièrement et militairement cautionné les mercenaires les plus violents. Il n’en a pas moins imposé à la Russie des sanctions économiques lorsque celle-ci a tenté d’intervenir pour protéger les Russes ethniques des régions sud-est de l’Ukraine séparatiste entre 2014 et 2022…
Comme on a pu le voir dans plusieurs régions du monde en proie à l’interventionnisme des forces de la « démocratie » et du « bien », subventionner et tirer profits géopolitiques de groupes à vocation terroriste ne paie pas toujours les dividendes escomptés.
Les États-Unis ont passé la dernière décennie à financer en tapinois les ukronazis, à poser les jalons de son ralliement à l’Union Européenne, à déstabiliser l’Ukraine, à envenimer ses tensions diplomatiques et militaires avec la Russie, comme ils l’avaient fait dans le cadre de la guerre d’Afghanistan entre 1979 et 1989, fournissant un ensemble de technologies et de ressources militaires de guerre aux combattants moudjahidines, auxquels s’adjoindraient, entre autres, les jihadistes wahhabites d’Arabie Saoudite (menés par Ben Laden, fondateur officiel d’Al-Qaïda). Mêmes tactiques, mêmes objectifs d’intensification des tensions, hier avec l’empire soviétique, aujourd’hui avec la Russie. Ont-ils donné de bons fruits ?
Une citation souvent attribuée à George Orwell se traduit comme suit : « À une époque de tromperie universelle, dire la vérité constitue un acte révolutionnaire ». Quelle que soit son origine, ce bel apophtegme s’applique de manière particulièrement pertinente à notre époque de tromperie institutionalisée, selon laquelle la vérité elle-même tient lieu de principe agresseur, à contre-courant du relativisme ambiant et du pouvoir des narratives médiatiques.
Dire la vérité n’est pourtant une injure à personne. Les faits sont là, il convient de les analyser rationnellement, pour désamorcer autant que possible les phénomènes d’hystérie collective, qu’il s’agisse de crise sanitaire, devant un virus dont le taux de mortalité s’élève à ce jour à environ 0,02 % de la population mondiale ; ou de guerre en Ukraine présupposant un grand méchant loup hollywoodien, 1) pour faire jouer à merveille le mécanisme de transfert du bouc émissaire et 2) pour satisfaire du même coup le besoin de déculpabilisation de l’Occident va-t-en-guerre : Serbie, Irak, Afghanistan, Yémen, Libye, Syrie, …
L’OTAN aspire à une domination mondiale unipolaire, affichant une attitude prédatrice à l’égard de la Russie. Autrement dit, l’Occident aspire à la neutralisation de la Russie. Les révolutions colorées de ces dix-huit dernières années autour de la zone tampon située en Ukraine ont été orchestrées pour mettre en place des agressions calculées envers la Russie et entretenir en conséquence l’animosité entre Moscou et les forces atlantistes.
Qui donc joue ici avec le feu ?
Poutine, quoiqu’on pense du personnage, n’est encore une fois ni un « fou », ni un « tyran ». Laissons cette terminologie de clichés sots et inutiles pour les scénarios de films hollywoodiens. Tout ce qu’il a déclaré et formellement demandé à l’Occident et au régime pro-atlantiste de Kiev est que l’Ukraine ne soit plus militarisée par l’OTAN et ses alliés (militarisation qui l’amène à être également nazifiée avec le concours des mêmes forces occidentales de la « lutte contre le terrorisme », qui veut dire aujourd’hui, incroyablement, « lutte contre Poutine et la Russie »).
La première étape du processus psychologique de validation collective d’un certain bouc émissaire désigné consiste à faire oublier le contexte historique ayant en premier lieu alimenté la naissance d’un conflit de ce genre, car cela risquerait de fragiliser le narratif simplificateur, manichéen, qui doit nécessairement prévaloir en Occident. C’est à cet effet que Poutine, nous dit-on, est un « dictateur », « un malade mental », et que ce façonnement d’une figure diabolisée d’autrui peut faire son chemin de fil conducteur explicatif de fond des derniers évènements conflictuels en Ukraine. Fil conducteur et propos objectivement irrationnels, relevant du logiciel de la programmation des masses occidentales par propagande médiatique organisée.
Acquérir une certaine compréhension du contexte et des enjeux réels de ce conflit, plutôt que d’aboyer comme des chiens de Pavlov au seul nom de Poutine, le « dictateur » qu’on a appris à détester par pur conditionnement psychomédiatique, serait chose plus intelligente et plus apte à désescalader un conflit pouvant potentiellement dégénérer vers les pires scénarios. L’attiser comme le fait aujourd’hui un Occident un Occident arrogant et avide de sanctions démultipliées relève de la plus sinistre hypocrisie et déraison collective.
Hypocrisie insupportable et déraison de l’Occident et de toutes les guerres qu’il a propagées à travers le monde au nom de la « paix » et (surtout) du dieu argent, tout en se présentant aujourd’hui comme « antiraciste » et « pacifiste ». L’approbation plus ou moins tacite de formes « admissibles » de détestation ethnico-raciale, aujourd’hui de la Russie irrationnellement démonisée, démontre à quel point tout cela n’était qu’un prétexte politique, un grand show de signalement vertueux des plus détestables, tant par son hypocrisie, sa sélectivité partisane, que sa haine de la vérité.
« Nous n’avons pas choisi grand-chose à ce qui est arrivé depuis trois ans. »
Nous sommes bien d’accord. Mais cela n’implique pas pour autant qu’il faille se résoudre à le subir passivement, en courbant l’échine devant la mise en place de restrictions « sanitaires » injustifiées, sur fond de ségrégation sociale aussi injuste qu’inadmissible. En résistant activement à la tendance à se laisser entraîner dans des narrativités émotionnelles unilatérales relevant de l’ingénierie sociale – qu’il s’agisse de « crise sanitaire » ou de crise géopolitique –, il est tout-à-fait possible et même nécessaire à la santé mentale de quiconque encore libre de réfléchir rationnellement (à l’abri des déferlantes de mensonges médiatiques effrénées), de sortir de l’imposition inacceptable de quelque aveuglement collectif toujours malsain.
« Mais l’aveuglement occidental ne justifie pas l’annexion violente de son voisin. »
Parler d’ « annexion violente de son voisin », sous-entendu de l’Ukraine par la Russie, c’est mordre à pleines dents à l’hameçon là aussi d’un « narratif » émotionnel fabriqué de toutes pièces en Occident pour alimenter une indignation unilatérale. Impossible d’y souscrire dès qu’on s’efforce de se donner une perspective historique factuelle sur les divisions internes à l’Ukraine, divisions ayant d’abord débouché sur la révolution orange de 2004.
En 2014, le président élu de l’Ukraine, Viktor Ianoukovytch, a signé un accord énergétique avec la Russie, plutôt que de le signer avec l’Union Européenne. La guerre ouverte avec l’Ukraine s’en est suivie aussitôt, toujours sous le faux drapeau d’une nouvelle « révolution populaire » – c’est-à-dire, en réalité, d’un véritable coup d’État orchestré par des groupes ultra-nationalistes locaux (ukronazis), avec le soutien du département d’État américain et celui de milliards de dollars en provenance de l’Open Society Foundations de George Soros et du Forum économique mondial de Klaus Schwab (figures habituelles de ces opérations, que l’on retrouve également impliquées dans l’organisation de la covidisation du monde) – ayant pour mission première la déstabilisation géostratégique de l’Ukraine en faveur de l’expansionnisme américano-atlantiste jusqu’aux portes de la Russie.
Depuis cette destitution parfaitement contraire aux règles du droit international concernant la souveraineté des nations, ce sont des marionnettes au service des intérêts expansionnistes de l’OTAN qui « dirigent » l’Ukraine, avec la complicité d’une cabale d’oligarques ukrainiens très bien connectés, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe occidentale et centrale, notamment dans le monde des banques d’investissement internationales, de l’énergie, ou encore des entreprises du secteur des médias de masse.
En ce qui concerne les implications réciproques et plus ou moins mafieuses entre les principales figures de l’oligarchie ukrainienne et le monde politique étasunien, il convient de souligner que le fils de Biden, Hunter Biden, n’est pas le seul à avoir été substantiellement accusé d’entretenir des rapports douteux avec l’Ukraine occidentalisée. La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi21, l’ancien secrétaire d’État John Kerry22, le sénateur républicain Mitt Romney23, Bill et Hillary Clinton24 ont également été rattachés à des arrangements et transactions suspects avec le monde des affaires ukrainiennes.
On soulignera au passage que l’histoire des courriels clandestins et de l’ordinateur portable de Hunter Biden25, truffé de documents compromettants (y compris de photos relatives à ses proclivités et activités sexuelles particulièrement déviantes et illégales), histoire prétendument démentie en bloc suite à son apparition en octobre 2020, a depuis refait surface comme n’ayant pas le moindre lien d’origine avec quelque opération de « désinformation russe »26. Chose que le New York Times lui-même vient aujourd’hui confirmer en s’intéressant de plus près à l’enquête criminelle du FBI portant à la fois sur les irrégularités fiscales du fils de Biden et sur ses activités entrepreneuriales tout aussi douteuses à l’étranger, notamment en Ukraine27.
Le ressort général de ces scandales connus mais pour ainsi dire ignorés par la presse, par le département de la Justice des États-Unis (DOJ) et par leurs services corrompus de renseignement (CIA) est qu’il existe des liens effectivement profonds entre les enfants (et beaux-enfants) de figures centrales du parti démocrate étasunien – principalement Hunter Biden, Paul Pelosi Jr. et Christopher Heinz28 – et les intérêts de l’industrie pétrolière ukrainienne29.
Peut-on d’ailleurs bien penser qu’il soit accidentel que la Russie ait entrepris son offensive sur l’Ukraine pro-atlantiste après l’arrivée à la Maison Blanche du seul et unique président des États-Unis dont le fils ait siégé au conseil d’administration d’une société énergétique ukrainienne faisant l’objet, en Ukraine, d’une enquête pour corruption (et blanchiment massif de capitaux) ?
Revenons sur la question de la supposée « annexion » du territoire ukrainien par la Russie, l’un des principaux griefs de la propagande occidentale russophobe aujourd’hui.
Le régime ukrainien pro-atlantiste n’a pas accepté la sécession du Donetsk et de Luhansk. Il bombarde en conséquence, sans relâche depuis 2014, les habitants de ces régions séparatistes de l’est ukrainien (quelques 14 000 civils massacrés ces derniers huit ans, sans la moindre manifestation d’indignation publique ni la moindre larme occidentale sur les réseaux sociaux, ce qui confirme l’insupportable hypocrisie de ces dernières semaines). Plus d’un demi-million de personnes ont fui l’Ukraine pour la Russie depuis le coup d’État atlantiste de 2014, pour y trouver refuge, sur des terres non seulement libres des bombardements du régime basé à Kiev, mais en outre beaucoup mieux loties sur un plan économique.
Moralité, l’Ukraine, zone tampon entre la Russie et l’Europe atlantiste, n’a pas été annexée par la Russie poutinienne, comme le veut le discours propagandiste actuel en Europe occidentale et aux États-Unis.
La « révolution » de Maïdan en février 2014, marquant le déclenchement du soulèvement orchestré par le Pentagone et le Royaume-Uni, avait pour triple mission 1) d’évincer le président Ianoukovytch ; 2) d’inciter les Criméens à faire sécession et à rejoindre la Russie (pour pouvoir accuser celle-ci d’ « expansionnisme », alors que la Crimée est bel et bien russe à l’origine ; 3) de déclencher une guerre civile dans la région du Donbass, pour justifier les futures actions criminelles de l’Ukraine à la solde de l’expansionnisme occidental. Se contenter de s’aligner émotionnellement sur la campagne de censure unilatérale de la Russie par les médias et les grands groupes occidentaux ne permettra à personne de comprendre les ressorts fondamentaux de ce conflit effectivement voulu par l’Occident.
« À choisir, je crois que je préfère quand même les criminels à cols blancs de l’OTAN aux criminels à hautes bottes et à crânes rasés… »
Les « criminels à hautes bottes et à crânes rasés » sévissent en Ukraine occidentale, au service de l’OTAN (portant les couleurs des forces de la néo-nazification russophobe la plus extrême et la plus indigne). Pour rappel, la Russie post-soviétique n’est pas l’ex-URSS. Il est grand temps de se départir du paradigme obsolète de la guerre froide, qui ne s’applique plus du tout aujourd’hui.
Le battage russophobe actuel et la lecture occidentale erronée des événements en Ukraine qui en découle sont le résultat direct d’une nouvelle manipulation psychologique de masse.
L’objectif de cette guerre médiatique contre les peuples est de susciter une espèce de rage aveugle et de haine hystérique de masse envers Poutine et la Russie.
À cet effet, le pouvoir des instigateurs et des propagateurs du gouvernement mondial unipolaire repose simplement, mais efficacement, sur la dissociation de l’esprit – en tant que faculté d’aperception et de façonnement intra-mental de l’information – par rapport à la réalité irréductible des choses et des évènements constituant le monde de l’information extra-mentale.
Le système « démocratique » occidental fonctionne sur la base de la fabrication d’une certaine perception collective. On induit cette perception par le contrôle de l’opinion publique, d’après laquelle le monde dans lequel nous vivons serait essentiellement unipolaire, c’est-à-dire occidental (les gens bien, progressistes, paisibles, etc.). C’est dans le contexte de cette perception artificielle, relevant encore une fois des techniques d’ingénierie sociale usuelles, que les institutions dites « démocratiques » commencent à façonner et à générer un consentement en faveur de leur vision du monde unilatérale au sein des populations.
Il s’agit-là d’une technique classique de fabrication du consentement, en particulier en ce qui concerne le type d’événements à portée transnationale que les masses ne sont pas du tout en mesure d’appréhender en dehors du récit dont elles sont abreuvées 24 heures sur 24 (à travers le matraquage des médias unilatéraux, la propagande officielle d’État, les discours présidentiels, les effusions de soutien émotionnel et de signalements vertueux véhiculés par le monde du showbiz, etc.). Le succès de la publicité et des réseaux sociaux atteste que la manipulation des masses est, pour ceux qui y travaillent et la pratiquent, un jeu d’enfant. On pourra se reporter à un texte récent du général Dominique Delawarde traitant de manière aussi éloquente que détaillée du « développement de l’hystérie russophobe par diffusion de fakes news, tout en pratiquant la censure ».
Les élites occidentales ont effectivement la manie d’exercer ce type de pouvoir en contrôlant le discours ambiant et son cadre narratif de diffusion médiatique autorisée. Il est presque impossible d’y résister, à moins de s’exercer consciemment dans un fort contre-narratif pour développer une certaine compétence en la matière.
C’est là le prix à payer pour quiconque cherche réellement la vérité.
Le propos et la finalité de cet effort contre-narratif sont, à contrario, d’atteindre à une certaine objectivité et honnêteté d’analyse des évènements et des forces en présence, au-delà du bruit émotionnel de la propagande occidentale. C’est-à-dire, autant que faire se peut, d’évaluer une situation de manière rationnelle, en évitant toute association volontaire avec le pathos caractéristique du discours dominant.
« Je comprends votre regard sur le machiavélisme occidental, mais j’ai néanmoins du mal à discerner en quoi Poutine serait un homme politique vertueux ? Il échapperait miraculeusement à la folie du pouvoir, lui qui est à la tête de son pays depuis 1999 ? »
Ce n’est manifestement pas ce que vous trouverez en tant que tel sous ma plume, car là n’est pas le propos. Ce qui ne veut pas dire non plus que le personnage soit sans vertu, qu’il ne soit rien d’autre que ce « despote » complètement fou et prêt à éliminer quiconque se dresserait sur son chemin en ouvrant le bal du « bombardement [atomique] à grande échelle », selon sa caricature hollywoodienne la plus brandie dans nos médias affabulateurs et infantiles.
En ce qui concerne son maintien à la tête de la Russie après plus de 20 ans au pouvoir, il nous faut une fois pour toutes renoncer à imaginer que nos « démocraties » sont quelque chose d’intrinsèquement digne d’être imité par tous les autres États de la planète. Autrement dit, il nous faut renoncer à les projeter sur la Russie et à évaluer ce qui s’y passe (ou ce que nous voudrions qu’il s’y passe, conformément à nos propres normes et objectifs occidentaux) en termes de « démocratie », comme si la « démocratie » était un bien en soi (ce qu’elle n’est évidemment pas, il n’est pas nécessaire, j’imagine, d’insister davantage sur ce fait parfaitement démontré en terres dites « démocratiques »).
Ne pas démoniser Poutine n’implique évidemment pas sa canonisation. Il faudrait tout de même apprendre à revenir à quelque sens élémentaire des nuances et ne pas imaginer que si quelqu’un dit « x est noir », il s’ensuit automatiquement qu’y est blanc. Le manichéisme émotionnel est un symptôme de non-pensée. Il est donc nécessaire de s’en affranchir, si l’on veut penser.
Avec le déclin progressif de l’épidémie covidienne, le monde avait besoin d’un nouveau bouc émissaire, un nouveau responsable des maux du monde. Mesdames et messieurs, ne pensez surtout pas, car on vous décrètera « complotistes » (ce qui est toujours très mauvais pour la réputation). De grâce, ne cherchez pas plus loin que Poutine, despote tout désigné pour ce premier quart du XXIe siècle.
Et non seulement Poutine le « tyran », mais encore le peuple russe lui-même et tout ce qui, de près ou de loin, portera quelque référence à la Russie et à son rayonnement culturel (y compris Dostoïevski, récemment banni d’une université italienne30). Pensons à l’ostracisation en marche de tous les Russes à l’étranger, pas seulement des voyageurs par fermeture de l’espace aérien entre la Russie, les États-Unis, et les États membres de l’Union Européenne, mais encore de ceux à qui on interdit désormais de pouvoir continuer à y exercer leurs métiers. On pourrait être amené à se demander ce qui est advenu de notre « antiracisme ». Jusque récemment, on considérait pourtant la stigmatisation ethno-raciste comme un péché capital ; et l’ « antiracisme » comme une posture obligatoire de signalement vertueux sur tous les médias sociaux…
L’étatisme contemporain gouverne plus que jamais par l’intermédiaire de la peur, qu’elle soit réchauffiste, covidiste, ou russe – selon le logiciel ukrainiste dominant. Peur climatique, peur virale, peur de guerre, c’est-à-dire peur dont il faut finalement assurer la permanence pour justifier les mesures de « protection » des peuples sur le long terme, ce qui témoigne d’une vision du monde étrangement conforme à celle du Forum économique mondial…
Celui-ci gouverne encore par l’intermédiaire du « capitalisme woke » (ou wokisme), partie intégrante de la constitution institutionnelle de l’étatisme occidental en tant que tel. D’abord incarné par le BLM-isme, le wokisme s’étend aujourd’hui à travers toutes les ramifications de l’univers de la « pensée » progressiste prévalente à l’Ouest sous le contrôle d’une manipulation émotionnelle systématique des questions de société, de droit, de politique environnementale, de littérature, etc. Il le fait, et c’est l’hypocrisie tactique qui le caractérise, dans le sens à la fois arbitraire, restrictif, mais également « inclusif » qu’il donnera à ces différents domaines – comme le dicte le prétexte « antiraciste » de départ – au gré des émotions et des sentiments du moment.
Solidaire du wokisme institutionnel, il nous faut en outre compter aujourd’hui avec cette propension presque irrépressible à la « culture de l’annulation/du bannissement » (la cancel culture, selon la locution anglo-américaine originale). Culture de la dénonciation publique et de l’exclusion de toute figure (ou groupe d’individus) ayant transgressé la dogmatique implicite de la bien-pensance cognitive, rhétorique et comportementale du monde de la « tolérance » officielle tenant lieu de « loi naturelle » de substitution en Occident « éveillé ».
C’est à la lumière de cette propension à la « culture de l’annulation » comme stratégie rétributive de fond qu’il faut comprendre l’état d’esprit aujourd’hui à l’œuvre derrière la « riposte » occidentale d’escalade et de sanctions (plus de 5 500 à ce jour) visant à l’ostracisation culturelle, sociale et numérique de la Russie. Financièrement parlant, les conséquences mondialisées de telle décisions coercitives de la part des dirigeants de l’Europe et des États-Unis se feront de plus en plus cruellement ressentir sur leurs propres populations, déjà considérablement affaiblies par deux ans de décisions sanitaires exorbitantes et calamiteuses. Avec les forces de l’occidentalisme contemporain, le sentimentalisme wokiste de l’annulation punitive doit nécessairement primer sur la raison, les négociations et la diplomatie. En somme, sur le bien commun.
Par ailleurs, peut-on vraiment croire qu’entraver la dynamique des échanges économiques en s’unissant pour se saisir des fonds d’un autre État souverain31 puisse réellement contribuer à rétablir la paix en Ukraine ? Cette confiscation complètement illégale des avoirs russes par les forces spoliatrices de la « démocratie » occidentale illustre ce qu’il faut réellement penser du moralisme à deux poids deux mesures de nos élites auto-proclamées.
Les gouvernements occidentaux se prennent pour des systèmes « pacifiques » et « altruistes » œuvrant à l’amélioration de l’humanité par le biais de la technocratie mondialiste bienpensante. En réalité, instances vouées à l’homogénéisation écologique, sanitaire et territoriale du monde, ils nuisent objectivement à leurs propres populations, s’y employant par imposition de taxes carbone, de confinements massifs, d’injections expérimentales, de sanctions économiques dirigées contre un ennemi tout trouvé et dont les répercussions, par retour à l’envoyeur, vont s’avérer désastreuses à l’Ouest, sans rien atténuer des atroces souffrances de guerre encourues aujourd’hui par les populations directement sinistrées aux abords du front russo-ukrainien.
Pour répondre au besoin presque addictif du manichéisme émotionnel en Occident, les engeances médiatiques vont continuer de présenter d’un côté Zelensky (attendez-vous à ce qu’il fasse la première page du Time Magazine en 2022 et qu’il soit élu « homme le plus sexy de l’année » par quelque autre torchon), comédien32 et oligarque mafieux33, tel ce « héros » au cœur vaillant et chantre admirable de la paix en Ukraine34 ; de l’autre, l’affreux Poutine, despote inhumain en mal de domination eurasiatique sans partage et dangereusement démangé par un certain trépignement nucléaire. La trame narrative doit être simple et accrocheuse : la démocratie occidentale d’un côté, la dictature moscovite de l’autre. L’orthodoxie sentimentaliste à l’occidentale devra avoir raison de tout discernement, de toute intelligence, de toute réalité méta-narrative pour se donner bonne conscience à travers ses annulations culturelles journalières, toutes plus imbéciles et consternantes les unes que les autres. Dernière en date35, la dépréciation médiatique de la geste du cosmonaute russe Youri Gagarine, le premier homme à avoir effectué une orbite complète autour de la Terre dans la capsule Vostok 1 le 12 avril 1961.
Face au moralisme d’annulation culturelle à l’occidentale, la Russie a donc perdu la guerre narrative de l’information. Elle saura néanmoins s’adapter et tirer profit de son indépendance sur la base d’importantes ressources en matières premières et en avoirs financiers.
Sanctionnant à tour de bras, la moraline en poupe, les élites condamnatrices, ayant désigné le nouveau bouc émissaire du monde, s’imaginent réellement détentrices du droit moral absolu et violent en conséquence, en toute impunité, la loi commune. C’est ce que montre tous les jours l’ukrainisme systématisé, en prenant exemple sur le covidisme.
Au prétexte d’une lubie écologiste transposée au domaine du climat36, de l’émergence d’une crise sanitaire, ou encore d’un conflit géostratégique polarisé à outrance (pour satisfaire le manichéisme émotionnel des spectateurs et tweeters contemporains), tout est aujourd’hui permis pour finalement appeler à la guerre déclarée contre les peuples37. Car il y a bien déclaration répétée de guerre, contre les Européens en particuliers, d’abord grâce à l’arme fantomatique du SARS-CoV-2 (pour générer le désastre, lui visible, de la gestion covidique criminelle du monde depuis mars 2020), puis grâce à l’arme accusatrice de « dictateurs » ainsi nommés par les forces du « bien », au nom de la démocratie sacrosainte et autres mensonges parfaitement idolâtriques que prône à l’envi un Occident suprémaciste s’imaginant au-dessus de tout.
Car la peur instrumentale évoquée plus haut ne peut proprement se maintenir sans quelque point focal identificateur, immédiatement reconnaissable par les consommateurs contemporains d’informations immédiates. C’est le rôle psychologique principal que prennent aujourd’hui, tour à tour, les grandes hystéries successives, qu’il s’agisse du réchauffement climatique, de la pandémie de Covid-19, de Poutine et de la Russie…