Tassa Riscossa - Taxe Perçue. TORINO CMP N° 5 6 Dossier sur le film “La Passion” Anno XX n. 5- ottobre 2004 - Sped. a. p. - art. 2 - comma 20/c, Legge 662/96 - Filiale di Asti - Organo ufficiale del Centro Librario Sodalitium Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA (TO) Tel. +39.0161.839.335 - Fax +39.0161.839.334 - IN CASO DI MANCATO RECAPITO, RINVIARE ALL’UFFICIO C.R.P. ASTI PER RESTITUZIONE AL MITTENTE CHE SI IMPEGNA A CORRISPONDERE LA RELATIVA TARIFFA 2 “Sodalitium” Periodico n° 56, Anno XX n. 5 2004 Editore Centro Librario Sodalitium Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA TO Tel.: 0161.839335 Fax: 0161.839334 - CCP 36390334 INTERNET: www.sodalitium.it - email: info@sodalitium.it Direttore Responsabile don Francesco Ricossa Autorizz. Tribunale di Ivrea n. 116 del 24-2-84 Stampa: - Ages Torino. Le présent numéro a été achevé de rédiger le 15/10/2004 Ai sensi della Legge 675/96 sulla tutela dei dati personali, i dati forniti dai sottoscrittori degli abbonamenti verranno trattati in forma cartacea ed automatizzata e saranno utilizzati esclusivamento per invio del giornale oggetto di abbonamento o di altre nostre testate come copie saggio e non verranno comunicate a soggetti terzi. Il conferimento dei dati è facoltativo ed è possibile esercitare i diritti di cui all’articolo 13 facendone richiesta al responsabile trattamento dati: Centro Librario Sodalitium. En couverture : deux scènes du film “La Passion du Christ” de Mel Gibson (photo © Icon Distribution 2004). L’éditeur reste à la disposition des ayants droit, avec lesquels il n’a pas été possible de prendre contact, pour les textes et les images.  Sommaire Editorial DOSSIER sur le film “La Passion du Christ”: Quelques réflexions sur le film “La Passion du Christ” Une critique du film “La Passion du Christ” “La Passion” conforme aux Saintes Ecritures Le film de Mel Gibson et la divinité de Jésus CONTROVERSES: En marge de la conférence de Mgr Fellay à Rome (2/2/2004) Le nouveau code de droit canon, l’administration des sacrements et l’œcuménisme L’OSSERVATORE ROMANO: Nouveaux catéchismes... Message de Jean-Paul II à l’éminent M. Riccardo Di Segni Grand Rabbin de Rome Eduquer VIE SPIRITUELLE: Connais-toi toi-même et deviens ce que tu es RECENSIONS: En prison au nom de Jésus Inquisition et liberté religieuse Vie de l’Institut Editorial V oici le silence tombé à nouveau. Dans le dernier numéro de Sodalitium nous nous étions réjouis du fait qu’après tant d’années la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X ait finalement accepté d’ouvrir un débat sérieux sur la question de l’autorité dans l’Eglise. Au dossier de la Tradizione cattolica contre le sédévacantisme nous avions répondu par un numéro spécial entièrement consacré à une question qui devrait tenir au cœur de tous les véritables catholiques pour lesquels le Pape est le Vicaire du Christ, assisté par Lui pour diriger et gouverner en Son nom l’Eglise militante. Mais le silence seul a été opposé à notre réponse, à l’unique exception d’un prêtre du district italien qui a envoyé, à certains de nos lecteurs, des réflexions et objections auxquelles nous aurions été heureux de répondre personnellement. Le débat doctrinal, fermé de fait avec nous, a été rouvert par p. 2 p. 4 p. 10 p. 17 p. 18 p. 19 p. 20 p. 27 p. 28 p. 31 p. 38 p. 46 p. 47 p. 50 contre par la Fraternité avec des tenants de l’œcuménisme par un document présenté à Rome par Mgr Fellay; le lecteur trouvera dans ce numéro une brève déclaration que nous faison à ce sujet. Par ailleurs après l’encyclique Ecclesia de Eucharistia, à laquelle faisait allusion le dernier éditorial, l’Instruction Redemptionis Sacramentum (datée du 25 mars) a finalement été publiée par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Nous ne pouvons pas examiner cette Instruction dans le détail; nous nous contenterons de revenir sur la question de la possibilité, pour les catholiques, de recevoir les sacrements des non catholiques (et vice-versa), question dont parle l’Instruction au n° 85. Il s’agit d’une question gravissime qui touche à l’intégrité de la Foi, et qui mérite un approfondissement; en effet un lecteur a soulevé certaines objections à ce qui a été écrit sur ce sujet dans le dernier éditorial, soutenant que la nouvelle discipline est substantiellement identique à l’ancienne. C’est une impression de continuelle contradiction que donne au lecteur l’Instruction Redemp- 3 tionis Sacramentum – tout comme l’encyclique dont elle est l’application – continuelle contradiction entre les exigences de la foi et de la morale, et la nécessité de défendre toutes les acquisitions conciliaires qui s’opposent plus ou moins directement à la foi et à la morale. Et, à ce propos, les journées des 16 au 18 janvier de cette année ont été particulierment significatives. Le 17 janvier, à Bosco Marengo dans le diocèse d’Alessandria, un grand concert ouvrait les célébrations solennelles pour les 500 ans de la naissance de saint Pie V (17 janvier 1504); le lendemain, à la demande et au nom de JeanPaul II, le cardinal Angelo Sodano a concélébré la Messe en l’honneur du grand Pontife. Mais dans la soirée de ce même 17 janvier, un autre concert – intitulé “Concert de la Conciliation” entre juifs, chrétiens et musulmans – se déroulait à Rome, à la Salle Paul VI, en présence de Jean-Paul II en personne, de vingt cardinaux, d’un grand nombre d’évêques et de représentants des schismatiques orientaux, sans parler des personnalités islamiques et juives (parmi lesquelles les rabbins Toaf et Di Segni, le grand rabbin d’Israël, des représentants du Bnaï B’rith comme Lisa Palmieri-Billig et David Rosen, etc.). Dans son discours, Jean-Paul II a expliqué le choix des morceaux musicaux, basé sur deux points qu’auraient en commun les trois religions : “la vénération pour le patriarche Abraham et pour la résurrection des morts”. “Nous en avons écouté le magistral commentaire – a poursuivi Jean-Paul II – (…) dans la Symphonie n°2 de Gustave Malher, inspirée du poème Dziady de l’illustre dramaturge polonais Adam Mickiewicz” (Osservatore Romano, 19-20 janvier 2004, p. 5). Le lecteur de Sodalitium se rappelle peut-être l’article Karol, Adam, Jacob (n° 48, avril 1999) dans lequel il est question des rapports étroits entre le marrane polonais Jacob Frank, son héritier Adam Mickiewicz et Karol Wojtyla: le concert du 17 janvier ne “Crucifige eum” (photo tirée du film “La Passion”) La synagogue de Rome au cours de la lecture du message de Jean-Paul II le 22 mai 2004 faisait que confirmer ces inquiétantes connexions. En cette même occasion, les deux grands rabbins d’Israël, Jona Metzgher et Slomo Amar, ont invité Jean-Paul II aux célébrations solennelles du centenaire de l’inauguration de la Synagogue de Rome, qui eurent lieu le 22 mai. Jean-Paul II n’a pas assisté à ces réjouissances durant lesquelles le même rabbin Metzgher s’est écrié, triomphant: “Empereur Titus! Tu as détruit l’édifice de notre Sanctuaire et voilà que, dans ta ville se dresse depuis cent ans un petit sanctuaire! La continuité de notre futur” (Osservatore Romano it., 26 mai, p. 1). Nous publions cependant dans ce numéro le message que Wojtyla fit lire par son représentant, le cardinal Ruini; dans un prochain numéro de Sodalitium, nous publierons, en guise de commentaire de ces événements, et de la doctrine hérétique qu’ils sous-tendent, une longue étude de l’abbé Nitoglia. Comment la même personne, le même jour de surcroît, peut-elle commander des réjouissances en l’honneur de saint Pie V, le Pontife qui défit les musulmans à Lépante et chassa les Juifs des Etats pontificaux, et présider au “concert de réconciliation” avec les Juifs et les Musulmans, déplorant en cette occasion les divisions passées et exprimant, “la nécessité pressante d’une sincère réconciliation entre les croyants en l’unique Dieu” en tant “qu’ils sont comme “une famille unique aux enfants différents”, selon l’expression du cardinal Kasper dans son discours adressé à l’assemblage composite du public présent à cette soirée? Tandis que Jean-Paul II suit imperturbablement la chimère d’Adam Mikiewicz et de Jacob Frank, de Jules Isaac et de Stanislas Fumet, c’est un acteur, un metteur en scène d’Hollywood (incroyable mais vrai!) qui, par un film sur la Passion du Christ, 4 rappelle la vérité aux hommes du monde entier: catholiques, protestants, musulmans et même juifs (en dépit de l’interdiction de la censure israélienne), se sont pressés dans les cinémas malgré la violente campagne déchaînée contre ce film par la Ligue AntiDiffamation, association fondée en 1913 par les Loges du B’naï B’rith, qui avait ses honorés représentants au “concert de la réconciliation”. Sodalitium dédie donc aussi quelques pages à l’œuvre d’art et de foi de ce catholique sincère qu’est Mel Gibson (ce n’est pas un hasard s’il s’oppose à Vatican II et n’admet pas l’autorité de qui l’a promulgué). Cette œuvre, un simple film pourtant, a édifié les âmes et prêché l’Evangile, tandis que les concerts promus par Karol Wojtyla (intitulés “Assise en musique”) sont un énorme scandale supplémentaire pour les âmes et un triomphe de l’enfer. Mais nous oublions, il est vrai, que l’enfer est vide et que même Judas serait sauvé, comme l’a laissé supposer pour la nième fois encore – scandale réitéré une fois de plus - la Via Crucis du Vendredi Saint au Colisée, en présence de Jean-Paul II (cf. Osservatore Romano it., 10 avril 2004, p. 6). “La damnation demeure une possibilité réelle – avait déjà dit Jean-Paul II à l’audience générale du 28 juillet 1999 – mais il ne nous est pas donné de connaître, sans une révélation divine spéciale, si des êtres humains, et lesquels, sont effectivement concernés”. Le “si”, qui admet la possibilité que personne ne soit damné, fut prononcé par Jean-Paul II et publié le lendemain dans l’Osservatore Romano. Un censeur anonyme l’a cependant ôté du tome II du volume XXII des Enseignements de Jean-Paul II (p. 82; cf. Il Foglio, 24 mars 2004, p. 1). Les correcteurs d’épreuves du Vatican ont encore la foi catholique. DOSSIER sur le film “La Passion” Dans ce dossier sur le film de Mel Gibson nous publions quatre documents. Le 1er est un article introductif de l’abbé Giugni; le 2ème est une recension écrite par notre confrère américain Mgr Sanborn. Le 3ème est un document du journaliste juif David Kinghoffer qui montre comment le film de Gibson est conforme aux écritures juives. Le 4ème est un tract qui a été distribué par “coordinamento cattolico” à la sortie des cinémas dans plusieurs villes italiennes. Nous signalons enfin quelques livres pour approfondir les sujets inhérents à la Passion du Christ. Quelques réflexions sur le film “La Passion du Christ” Par M. l’abbé Ugolino Giugni L e 7 avril est sorti en Italie aussi le film de Mel Gibson sur les douze dernières heures de la vie de Notre-Seigneur: “La Passion du Christ”. Nous ne pouvons que nous réjouir qu’après tant d’années soit présenté au public du monde entier un film fait par un catholique et présentant une vision absolument orthodoxe de la Passion. Nous étions habitués depuis trente ans à des films of- “La Passion” a déchaîné de nombreuses polémiques surtout en raison des accusations d’antisémitisme frant une vision édulcorée de Jésus-Christ (comme le “Jésus de Nazareth” de Zeffirelli), conformes à la doctrine du Concile Vatican II, sans parler de ceux délibérément blasphématoires. Comme l’on sait, “La Passion” a déchaîné de nombreuses polémiques dans la presse nationale et internationale avant même d’être présenté dans les salles de cinéma en raison surtout des accusations d’antisémitisme. Cet article veut compléter ce qu’a déjà écrit notre confrère américain Mgr Sanborn dans la très bonne recension du film reproduite tout de suite après. Les réactions dans la presse Nous donnons ici certains commentaires et jugements de “personnes autorisées” publiés dans les journaux italiens sur le film de Mel Gibson. Comme on le verra, ils sont surtout 5 L’ecce homo dans le film de Gibson (photo © Icon Distribution 2004) négatifs, mais c’est bon signe, précisément du fait de leur provenance (“dis-moi qui tu hantes; je te dirai qui tu es” dit le proverbe). • Pour Bruno Vespa, le film “dresse les juifs contre les catholiques pour une question de fric” (http://cinema.libero.it/iol/news/it). • Francesco Cossiga qui se définit “catholique conciliaire” définit le film une «horreur, un western religieux… qui inspire des sentiments de vengeance, et fausse totalement l’enseignement du Concile Vatican II sur les juifs “nos frères aînés”» (La Stampa 9/04/2004). • Pour Furio Colombo, directeur de l’Unità [organe officiel du parti communiste italien, n.d.a.], “la Passion” “est un film pornographique qui devrait être interdit aux enfants. (…) Qui relève plus de l’histoire psychiatrique que de celle du cinéma”. Colombo se demande comment “de nos jours, la culture, l’Eglise et le public acceptent un film pornographique et blasphématoire. Blasphématoire surtout en ceci: au lieu de laver les péchés du monde, dans ce film l’interminable torture du Christ sert à énumérer une à une les fautes des juifs et leur inévitable condamnation. C’est étonnant, c’est honteux, mais c’est ainsi. Cela se passe sous peu à Rome, à deux pas du Pape” (l’Unità 20/03/2004). L’accusation de “pornographie” semble empruntée directement au Talmud, mais on pourrait aussi dire plus simplement que “la bouche parle de l’abondance du cœur”; et il est non moins étonnant de voir le communiste (et juif) Furio Colombo prendre la défense de l’“église et du Pape”. • Le réalisateur Zeffirelli au cours d’une interview à Radio24 a démoli le film de Gibson car “trop violent”; mais son jugement semble plutôt découler d’un “conflit d’intérêts” puisqu’il mit en scène dans les années 70 son “Jésus de Nazareth” qui était, jusqu’à maintenant, considéré comme le film catholique par excellence (sur lequel, à vrai dire, il y aurait beaucoup à redire). • La recension que le Père di Noia, de la congrégation pour la doctrine de la Foi, fait du film (8/12/2003 www.zenit.org) est au contraire positive. Pour lui, ce film “requiert les yeux de la foi pour voir que le défigurement du corps du Christ représente le défigurement spirituel et le désordre causé par le péché. (…) Il y a une sensibilité catholique très efficace, et le film de Mel Gibson sera sans aucun doute compté parmi les meilleurs”. Sur la question de l’antisémitisme, le Père di Noia dit que Gibson “ni n’exagère ni ne minimise le rôle des autorités juives et des procédures légales relatives à la condamnation de Jésus, (…) et que le film propose ce que les évangélistes et l’Eglise ont toujours vu avec clarté”. Enfin quant au message spirituel, le Père di Noia dit: “Je crois que le film de Mel Gibson poussera les personnes à l’amour. Le cœur devrait être de pierre pour rester impassible face à ce film extraordinaire et par l’impénétrable profondeur de l’amour divin qu’il tente de rendre vivant sur l’écran”. • Pour Silvia Ronchey, “Le film de Gibson est une représentation sacrée, génialement semblable à celles qui se sont toujours faites le vendredi saint dans les pays catholiques”. S. Ronchey doit reconnaître qu’“une acception mal comprise bonasse et moderniste de la doctrine post-conciliaire, la même qui a éliminé le latin de la Messe, a quasi complètement effacé chez nous la valeur de la souffrance” (La Stampa 7/04/2004). Le même jour, toujours sur “La Stampa”, Igor Man dans un article très politique intitulé “Passion sans trêve” parlant de “grand-guignol lefebvriste” démolit le film en définissant “La Passion un canular… noyé dans une mer de Ketchup”. • Umberto Eco dans une recension pleine de vulgarité se demande: “La haine de Gibson pour le Nazaréen doit être incroyable, puisqu’on ne sait pas quelles anciennes répressions il déverse sur son corps toujours plus sanguinolent”. No comment! • Un incroyable document de “prise de position commune des représentants juifs, catholiques et évangéliques allemands” 6 contre “les dangers d’un film” dans lequel est âprement critiquée la “brutalité et la violence du film et le danger de réveiller des préjugés antisémites” a été publié. Ce document est signé conjointement par le Dr Paul Spiegel, président du conseil central des juifs en Allemagne, par le Cardinal Karl Lehmann, président de la conférence épiscopale allemande, et par Mgr Wolfgang Huber de l’église évangélique allemande (La Documentation Catholique 4/04/2004 n° 2311). • De nombreux autres commentaires et recensions tant favorables que défavorables ont été faits. Des critiques féroces sont venues pratiquement de tous les milieux juifs. Il faut signaler que le film a eu au contraire un succès énorme y compris dans les pays non catholiques comme les pays arabes et de l’Asie; et en Palestine, où le gouvernement israélien l’avait interdit, de nombreuses copies pirates qui ont obtenu un très grand succès, même parmi les islamistes, ont circulé. La Passion a rapproché de la foi de nombreux non catholiques dans tous les pays du monde. Un question importante: le sang de Jésus comme prix de la Rédemption Mel Gibson a été vivement critiqué dans les milieux catholiques, faisant abstraction de la question de l’antisémitisme, pour la violence exprimée dans son film, pour la quantité de sang qui fut répandue par le Christ en particulier dans les scènes de la flagellation. Plusieurs ont parlé de “horror splatter” de “niais et ininterrompu crescendo de violence gratuite”. Ces critiques sont en partie partageables pourvu que l’on n’oublie pas la violence gratuite et nuisant à l’éducation à laquelle Hollywood nous a habitués depuis des années dans les films qui passent à la télévision, y compris dans les plages horaires pour les jeunes, et en face desquels personne ne déchire ses vêtements comme font les Cossiga, Eco et Colombo. A ce propos, il est important de considérer le prix du sang que le Christ a versé pour notre rédemption: il devait y avoir beaucoup de sang pour représenter l’immensité de son sacrifice et pour rendre ce sacrifice en termes visuels dans le film. En outre, “les images de la dernière Cène alternent avec celles de la Passion, pour créer le parallélisme entre le sang et le corps du Christ et le vin et le pain de l’Eucharistie. Voilà donc la présence salvatrice du sang tout au long du film: Marie qui essuie le sang du Christ sur le sol, le sang du Christ imprimé sur le linge de Véronique, Cassius qui se convertit après avoir reçu sur le visage le sang du côté, et symboliquement le sang gicle sur les visages des flagellateurs. Le sang est un symbole, et il s’avère nécessaire et approprié, parce que c’est le sang du Christ qui a lavé nos péchés: ce ne sont pas les miracles qu’il a accomplis durant sa vie, mais le sacrifice de sa Passion. (…) Il ne s’agit pas de violence gratuite … ce n’est que comme cela que l’on comprend pourquoi le film est si dur en montrant quelle souffrance nous avons infligée au Christ” (Francesco Faschino sur www.sassiweb.it site officiel des Sassi di Matera). Le sang de Jésus-Christ est réellement le prix pour la rédemption de l’homme. La rédemption est entendue par rapport au péché qui est une offense à Dieu et rend l’homme moralement esclave du Démon: Jésus pour nous sauver nous rachète en offrant objectivement au Père une expiation ou satisfaction en justice pour le péché, et un rachat ou réintégration des hommes dans les biens qu’ils avaient perdus. La théologie catholique nous enseigne donc que le Verbe de Dieu s’incarne en se liant à l’humanité, et ainsi expie et répare, à la place de l’homme pécheur, face à Dieu offensé (satisfaction vicaire) en méritant pour tous la réconciliation avec Dieu et la libération de l’esclavage de Satan et du péché (dans l’article suivant, Mgr Sanborn explique très bien la différence entre la conception catholique et la conception protestante de la rédemption). Il faut cependant noter que la rédemption opérée par Jésus fut de valeur surabondante, dans la mesure où il aurait pu nous sauver en souffrant beaucoup moins, puisque la plus petite action du Christ (même une de ses larmes) du fait de l’union hypostatique de la nature humaine avec l’union divine a déjà en soi une valeur infinie qui aurait pu sauver le monde. Jésus a donc James Caviezel: un Jésus-Christ digne et convaincant 7 dépassé la stricte justice en versant tout son sang, et en souffrant comme il a souffert, a montré la grandeur de son amour et de sa miséricorde envers les hommes pour les attirer tous à son amour infini. En voyant comme le Seigneur nous a aimés, qui peut ne pas payer de retour un pareil amour? L’épiscopat français a exprimé sa pensée dans une «Note doctrinale sur “la Passion du Christ”, film de Mel Gibson» signée par le Père Philippe Vallin, c.o., secrétaire de la commission doctrinale de la conférence des évêques de France (on peut trouver un extrait de ce document sur la “Documentation Catholique” n° 2312 du 18/04/2004). On peut y lire ceci: «Jésus a choqué; ce que la théologie a pris l’habitude de nommer ses prétentions (pardonner les péchés, transgresser la lettre du sabbat en maître de l’esprit du sabbat, relativiser le fait du temple de Jérusalem etc.) [c’est-à-dire affirmer être Dieu et en donner la preuve avec les miracles, n.d.a.!], a provoqué des questions légitimes parmi les Juifs ses frères. Les réponses qu’il a apportées n’étaient pas mécaniquement convaincantes et supposaient qu’un Pharisien, un centurion romain, un publicain, un lépreux, s’en remettent à son autorité inouïe par un acte de foi, renouvelé à la racine. (…) Le spectateur moins averti est exposé au risque de ne comprendre dans ces deux heures d’horrible lynchage qu’une espèce d’événement erratique, un déchaînement de violence furieuse, démente, incompréhensible en tout. (…) On doit s’interdire d’instruire un procès d’intention contre l’auteur de ce film sur le sujet de l’antisémitisme. Mais il demeure vrai qu’objectivement, le parti qu’il a pris de ne rien montrer [de la violence] des controverses entre Jésus et les Pharisiens, les scribes, les chefs de prêtres, aboutit à cet effet de mutilation mécanique: les Juifs du Sanhédrin sont largement privés de l’expression des motifs, reçus de la Révélation elle-même, qu’ils avaient eus d’être au moins surpris, heurtés, contredits, par la prédication du Rabbi de Nazareth. (…) Comment ne seraitil pas [le peuple juif] blessé à la représentation tronquée du choc que Jésus, le Médiateur d’une Alliance Nouvelle, a sciemment provoqué au milieu de ses frères par sa prétention d’accomplir?» Par conséquent, pour l’épiscopat français les juifs contemporains de Jésus ne pouvaient pas comprendre ses prétentions de divinité et ont bien fait de le mettre en croix puisque les miracles (dont ils ne parlent pas parce qu’ils n’y croient pas…!) n’étaient pas suffisants pour faire un acte de foi en Lui. Mais c’est encore la question du sang du Christ qui trouble les évêques transalpins; c’est aussi là le refus de la théologie catholique traditionnelle qui voit le sang de Jésus nécessaire en justice pour la rédemption des hommes des fautes de leurs péchés. Le P. Vallin poursuit en effet: “Cet isolement de la Passion [du reste de la vie de Jésus] conduit à une autre équivoque théologique de grande portée: le péché du monde, et en face de lui, l’intention de salut qui dirige l’existence du Fils de Dieu venu parmi les hommes, ne sont pas dans la nécessité, là encore toute mécanique, de se négocier au prix du sang. Comme si Dieu dans sa Toute-Puissance, était de toute éternité soumis à une règle qui l’oblige et le contraigne, lui aussi, le Dieu infiniment libre: l’injustice des hommes ne pourrait être compensée, corrigée, guérie que par la justice de Dieu le Père mais au prix des souffrances et de la mort du Fils. (…) La nécessité du sang réparateur est ici en grand péril de masquer la décision filiale de l’amour”. Saint Paul, au contraire, nous rappelle la valeur du sang de JésusChrist: “Combien plus le sang du Christ, qui par l’Esprit-Saint s’est offert lui-même à Dieu, comme une victime sans tache, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour servir le Dieu vivant?” (Hebr. IX, 14); et avec lui Saint Pierre: “sachant que ce n’est point avec des choses corruptibles, de l’or ou de l’argent, que vous avez été rachetés,… mais par le sang précieux du Christ, comme un agneau sans tache et sans souillure, déjà connu avant la création du monde, mais manifesté dans les derniers temps à cause de vous” (I Pierre I, 18-20). Quelques réflexions spirituelles • Ce qui m’a le plus touché dans ce film, ce sont les flashs-back entre la crucifixion et la dernière cène avec l’institution de l’Eucharistie, qui montrent très bien l’identification du sacrifice du calvaire avec le sacrifice de la Sainte Messe qui en est le renouvellement sans effusion de sang. L’acteur qui incarne Jésus (J. Caviezel) a une majesté, une dignité et simplicité extraordinaire et représente vraiment bien Notre-Seigneur, chose rien moins que facile. 8 • La personne de la Sainte Vierge est également très bien représentée. Elle est toujours à côté de son Fils du début à la fin de la Passion; tout ce que son Fils souffre dans le corps, elle le souffre dans le cœur et associe ainsi sa douleur à celle du Rédempteur; elle est ainsi la Corédemptrice universelle du genre humain. Cette vérité s’est enracinée toujours plus dans la doctrine catholique et dans le cœur des fidèles, surtout à partir du pontificat de Pie XII quand il estima qu’elle devait être définie comme dogme et fête liturgique. Particulièrement émouvante la rencontre de Jésus avec la Sainte Vierge au cours du chemin de croix, quand il dit “ecce nova facio omnia”. Très touchante aussi la scène dans laquelle, après le procès, la Sainte Vierge s’agenouille et appuie l’oreille sur le pavé puisque au-dessous se trouve la cellule dans laquelle est enfermé Jésus, et son Fils “sent” la présence du cœur Immaculé de sa Mère. • Saint Jean suit toujours le Seigneur et soutient la Sainte Vierge dans son affliction. Ceci est conforme aux Evangiles; on voit en lui le bien-aimé du Seigneur et le témoin oculaire de ce qui s’est réellement passé (on a vraiment l’impression qu’il enregistre tout ce qu’il voit) et qu’il écrira ensuite dans son Evangile et dans ses épîtres, comme il dit lui-même: “Celui qui l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai. Et il sait qu’il dit vrai, afin que vous croyiez aussi” (Jn XIX, 35). • Mel Gibson dans la réalisation de son film semble s’être inspiré des tableaux du Caravage et de l’école italienne de la Renaissance ainsi que des peintres flamands. Ceci est particulièrement évident dans les scènes du jardin des oliviers, du procès avec les clairs-obscurs et l’illumination empruntée aux tableaux de la contre-réforme catholique, et plus encore dans les scènes de la dernière Cène où Jésus parle avec ses Apôtres. Il y a donc un rappel clair à l’art antique et traditionnel. • L’emploi des langues latine et araméenne est vraiment très beau: il touche beaucoup et il est émouvant d’entendre parler le latin qui est considéré comme une langue morte. Il faut remarquer qu’à Pilate qui l’interroge en araméen Jésus répond en latin puisque, étant Dieu, il connaissait à la perfection toutes les langues. • La scène dans laquelle, avec un flashback, Jésus nous est montré en train de travailler dans la maison de Nazareth alors qu’il construit une table en bois a été interprétée différemment. Malgré l’inexactitude, la non-correspondance avec les Evangiles, et quelle que soit la portée théologique qu’elle peut avoir (lire ce qu’écrit Mgr Sanborn) elle est, à mon avis, plutôt importante. Il y a une signification cachée, pas facile peut-être à percevoir, mais vraiment spirituelle. Jésus construit une table que la Sainte Vierge trouve “trop haute” pour pouvoir manger dessus, mais en réalité il semble s’agir d’un autel (pour la Messe de Saint Pie V…) qui, comme on le sait, doit être plus haut qu’une table normale. En outre, le Seigneur pour l’essayer s’y appuie avec les coudes, précisément la position que prend le prêtre pour consacrer l’Eucharistie, et s’assoit ensuite dessus, parce que sur l’autel pendant la Sainte Messe descendent le Corps et le Sang de Jésus “vrai pain des anges descendu du ciel” (Jn VI, 41). Il y a donc dans cette scène un autre parallélisme avec le sacrifice de la Messe que Jésus se prépare à instituer depuis sa vie cachée. Rien que pour ce motif cette scène ne serait pas à enlever mais à conserver. Il faut dire en outre que ce passage de la vie cachée (probablement pris dans les extraits d’Anne-Catherine Emmerich) contribue à nous faire comprendre l’humanité de Jésus, et son affection et son intimité avec sa Sainte Mère. • La dernière scène, celle de la Résurrection, est d’une sobriété évangélique. Sans emphase mais de manière très significative, on voit le linceul se dégonfler et le Seigneur à nouveau rempli de dignité, beauté et majesté, se lever et s’en aller. La référence au Le Jésus flagellé et couronné d’épines de Gibson (à gauche) et celui du Caravage (à droite) 9 La Passion comme terme (ou commencement) d’un chemin de conversion pour Mel Gibson On a beaucoup parlé du traditionalisme de Gibson et de sa vision anti-conciliaire de la Passion. Il est vrai que le père de Gibson, Athon, est un traditionaliste et même un sédévacantiste convaincu, et que Mel a reçu dans sa jeunesse une formation catholique (il a été formé dans les écoles de la Fraternité Saint-Pie X) mais ensuite, quand il commença à être acteur, il s’éloigna de Dieu. Mel Gibson lui-même dans des interviews (en particulier dans une interview télévisée à une chaîne américaine connue et diffusée en Italie par la chaîne Italia 1), a dit que cette idée de faire le film l’a sauvé d’une période de profonde crise dans laquelle il pensait même au suicide, dégoûté comme il était de tout ce qu’il avait (biens du monde, argent, plaisirs et succès, etc.) mais qui ne pouvait satisfaire pleinement son cœur. Saint Augustin disait: “Tu nous a créés pour toi Seigneur et notre cœur est inquiet tant qu’il ne se repose en toi”. Je rapporte ici l’extrait d’une interview du célèbre acteur et réalisateur: «Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser ce projet? L’idée s’est esquissée graduellement au cours des dix ou douze dernières années quand, vers les 35 ans, j’ai commencé à chercher à connaître les racines de ma foi. J’ai toujours cru en Dieu, à son exisLa Sainte Vierge et Marie-Madeleine tence, et j’ai été éduqué à croire d’une certaine manière. Mais vers les 30 ans j’allais à la dérive et d’autres choses avaient pris la première La dernière Cène place. Je me suis alors rendu compte que j’avais besoin de quelque chose de plus si je voulais me sauver. Je sentis l’exigence de faire une recherche (photo © Icon Distribution 2004) Saint Suaire de Turin avec le Seigneur qui passe à travers le sacré linceul et y laisse son image imprimée est très claire. Ce qui est tout à fait traditionnel et catholique. • Les caractères humains sont très bien représentés dans ce film. Les soldats et Hérode figurent l’ordre de la sensualité et de la brutalité, de l’homme charnel, esclave de ses passions qui le rendent incapable de comprendre les mystères divins. Les chefs religieux, Caïphe, Pilate figurent ceux qui détiennent le pouvoir dans le monde, et qui, par peur de perdre ce pouvoir et à cause de l’orgueil intellectuel, ferment les yeux face à la vérité, après qu’elle se soit faite connaître à eux. Jésus, les Apôtres et Marie représentent l’ordre de la charité, de l’amour et de la justice persécuté par ceux qui font le mal. Le Cyrénéen, les pieuses femmes, Marie-Madeleine, le bon larron et le centurion qui se convertissent représentent la meilleure partie de l’humanité qui, sans préjugés, mais avec un cœur simple et pur reconnaissent la vérité et par amour envers Dieu font le bien, même au prix de très grands sacrifices. • On a dit que Gibson s’est inspiré des écrits d’Anne-Catherine Emmerich, mystique allemande vivant au début du dix-neuvième siècle. Il s’agit peut-être d’un choix discutable puisque, comme l’on sait, ce fut Clément-Marie Brentano, écrivain romantique allemand imbibé d’ésotérisme, qui rassembla les écrits posthumes d’A.-C. Emmerich au point que, au dire de l’Encyclopédie Catholique, il devient pratiquement impossible de distinguer ce qui est de la mystique et ce qui est de Brentano. Mais dans l’ensemble on peut dire que ces détails, qui ne se trouvent pas dans l’Evangile, ne gênent pas outre mesure. Marie-Madeleine, Marie et Saint Jean 10 plus approfondie de l’Evangile, de reconstruire toute l’histoire... C’est là que l’idée a commencé d’effleurer mon esprit. J’ai commencé à la voir de manière réaliste, à la recréer dans mon esprit de manière à ce qu’elle ait un sens pour moi au point d’y être partie prenante. C’est cela que je veux porter à l’écran. Plusieurs films ont déjà été faits sur la vie du Christ. Pourquoi en faire un autre? Je ne crois pas que les autres films aient atteint la vraie force de cette histoire. Au fait, en avez-vous déjà vu un? Ou ils sont approximatifs dans l’histoire, ou ils ont de très mauvaises bandes-son... Ce film veut montrer la Passion de Jésus-Christ exactement de la manière dont elle s’est passée. C’est comme voyager en remontant le temps et voir les événements se dérouler exactement comme ils se sont déroulés» (interview accordée à l’agence www.zenit.org). Comme on peut le constater, un chemin de conversion a conduit Gibson à faire ce film. Nous ne pouvons que souhaiter au réalisateur l’aide de Dieu, puisque grâce au bien que son film a fait, beaucoup d’âmes pourront comprendre l’amour de Jésus et la laideur du péché. De plus, nous remarquons deux choses: la première, que le cinéma, devenu de nos jours l’un des moyens les plus puissants aux mains du mal pour la perversion des âmes, s’il était bien utilisé, et par des catholiques, serait capable de faire vraiment beaucoup de bien; la seconde, que Notre–Seigneur Jésus-Christ fait toujours parler de lui, même après deux mille ans. Etant “le signe de contradiction et la pierre d’achoppement” (cf. Luc II, 34), on ne peut rester indifférents: “ou avec lui ou contre lui”. Le réalisateur et acteur Mel Gibson Conclusion On peut dire qu’il s’agit d’un film “exceptionnel” c’est-à-dire qu’il sort de l’ordinaire, des films auxquels nous sommes habitués. Malgré toutes les limites d’une œuvre cinématographique, il semble rappeler les œuvres d’art de la peinture du passé qui nous ont tant aidés dans la méditation de la Passion du Seigneur. Il s’agit encore d’une “représentation sacrée” qui nous aide à méditer les souffrances de Jésus-Christ Notre Sauveur afin que les hommes “regardent Celui qu’ils ont transpercé” (Jn XIX, 37). Tous ceux qui voient ce film sans préjugés pourront, par grâce de Dieu - à travers le Précieux Sang de Jésus -, pénétrer dans le mystère de l’ineffable amour divin puisque comme dit l’Evangile “il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis” (Jn XV, 13); et Jésus est justement mort pour nous, pour nous montrer son grand amour. Une critique du film “La Passion du Christ” par Mgr Donald J. Sanborn A : EXCELLENT. Aller voir ce film, c’est tout simplement être témoin et voir de ses propres yeux la Passion et la mort de Notre-Seigneur JésusChrist. PPRÉCIATION GÉNÉRALE Aller voir ce film, c’est tout simplement être témoin et voir de ses propres yeux la Passion et la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ APPROCHE GÉNÉRALE DU SUJET : C’est avec beaucoup de scepticisme que je suis allé voir ce film ; je craignais d’être cruellement déçu par l’interprétation du Christ et de la Vierge Marie. Le Christ est vrai Dieu et vrai homme, mais la personne du Christ est la personne divine, la seconde personne de la Sainte Trinité. Presque toujours, les films humanisent trop le Christ. La caractéristique du Christ est sa divinité et non pas son humanité. 11 t r n r Dans ce film cependant, le respect de la prédominance de la divinité dans le caractère du Christ est très bien préservé. C’est une chose très très difficile, presqu’impossible à faire. Pour montrer le Christ tel qu’Il était vraiment, il faut combiner l’autorité et la diginité de sa divinité avec l’extrême humilité, innocence, et bonté de son humanité. M. Gibson a combiné ces deux choses dans ce film au moins autant qu’il est humainement possible de le faire. C’est un exploit. Les acteurs : James Caviezel, l’acteur qui joue le rôle du Christ, réalise une prestation vraiment fantastique pendant tout le film, que ce soit pendant les scènes de la Passion elle-même, ou pendant les flashs-back sur la vie publique de Notre-Seigneur. À mon avis, la description exacte du Christ pendant les flashs-back était plus difficile à rendre que le portrait du Christ durant la Passion, étant donné que dans la Passion l’humanité de Notre-Seigneur est plus évidente. Dans sa vie publique, cependant, la divinité de Notre-Seigneur est plus évidente. M. Caviezel interprète un Christ totalement crédible et très vite on oublie qu’on regarde un film. Le spectateur est transporté dans la scène, comme s’il y était. Maia Morgenstern est une Vierge Marie très convaincante, mais le mérite en revient davantage encore au metteur en scène qui a compris que Notre-Dame n’était pas simplement une femme en pleurs au bord du chemin de croix, comme on la représente si souvent, mais bien plutôt était véritablement unie à Notre-Seigneur dans sa Passion et dans sa mort. Seul un catholique pouvait la représenter de cette façon. Notre-Dame ne se réduit pas à une femme brisée par l’émotion qui ne peut pas supporter de voir son Fils souffrir et qui a besoin d’être soutenue après l’avoir rencontré. Au lieu de cela, elle est avec lui dès le début, regardant tout ce qui se passe, ressentant en elle chaque coup de fouet, recevant chaque coup. C’est sa compassion, sa passion avec celle de NotreSeigneur. Saint Bernard a expliqué que son amour pour Notre-Seigneur était si fort qu’elle ne laissa aucune souffrance L’atteindre qu’elle ne l’ait d’abord ressentie dans son propre cœur. Le film décrit cette réalité à la perfection. Alors que Notre-Dame souffre certainement du début jusqu’à la fin, elle reste calme et regarde tout jusqu’au dernier mo- ment. Théologiquement et historiquement parlant, ceci est parfaitement correct. Le travail de l’acteur qui joue le rôle de saint Jean est aussi admirable et convaincant. Cependant, ici encore, tout le mérite en revient au metteur en scène. Loin d’être le garçon irrésolu et efféminé que l’on montre dans presque tous les films sur le Christ, saint Jean est un jeune homme plein de force, de dignité et d’innocence qui suit Notre-Seigneur intensément dans tout ce qui lui arrive, semblant comprendre parfaitement la mission sacrée qu’est la Passion. Le jeu de l’actrice qui interprète sainte Marie-Madeleine est correct, mais elle n’est pas aussi convaincante que les autres à mon avis. L’acteur qui incarne Ponce Pilate est aussi remarquable dans son rôle, il réussit à communiquer beaucoup de choses par les expressions de son visage. La plupart du temps, il n’a pas besoin de parler, on sait ce qu’il pense. Il rend à la perfection les tortures de sa conscience au sujet de la condamnation du Christ. Les membres du Sanhédrin, en particulier Caïphe, sont très bien rendus. C E QUI EST EXACT . Le film est – dans l’ensemble – très exact et très fidèle à l’Evangile, même dans de minuscules détails. L’arrestation au jardin des Oliviers est pleine de réalisme, en particulier dans la scène où St Pierre coupe l’oreille de Malchus et où Notre-Seigneur la remet à sa place. Le jugement de Jésus par le Sanhédrin correspond exactement au récit de l’Evangile. Le reniement de St Pierre est rendu à la perfection. La flagellation à la colonne est si réaliste et correspond si exactement à tous les détails fournis tant par les évangiles que par les commentaires, que l’on ressent soi-même chaque coup de fouet qui frappe le dos et la poitrine du Sauveur. Les railleries et les outrages des soldats romains sont conformes à l’histoire et typiques de leur mentalité : à leurs yeux, tout condamné était un objet méprisable dont il convenait de s’amuser. Pour les soldats, tout condamné – même s’ils ne le connaissaient pas – était un être dépourvu de toute dignité, un vaurien. Les soldats romains traitaient leurs victimes exactement comme le chat qui s’amuse avec la souris avant de la dévorer. 12 “Dernière Cène” dans le film de Gibson: Saint Jean verse le vin à Jésus Le “Repas d’Emmaüs” du Caravage: Gibson semble s’en être inspiré pour la dernière cène Notre-Seigneur répond en latin à Pilate qui s’adresse à lui en araméen. Ce détail subtil montre bien la divinité de Notre-Seigneur, car il connaissait cette langue non pas par connaissance humaine acquise mais par Sa science infuse communiquée à Son intelligence humaine par Sa nature divine. Le désir de Notre-Seigneur de subir Sa passion et de porter la croix apparaît tout au long du film, dans de nombreux détails. Par exemple : Il marche d’un pas vif lorsqu’on l’emmène chez Caïphe puis chez Pilate. Après le premier coup de fouet, il se relève pour en recevoir encore plus. Il embrasse la Croix. Il soulève sa croix avec un courage héroïque, lorsqu’il rencontre sa mère. Il rampe vers la Croix pour y être cloué. Cet empressement, cette humilité et cette obéissance sont tout à fait conformes à la Théologie catholique. Luther, lui, voit ainsi la passion et la mort du Christ : Dieu le Père, dans un accès de colère à la vue des péchés des hommes, infligea un châtiment horrible au Christ, Son fils, afin d’assouvir cette colère et son désir de justice. La vision catholique de la Passion est différente : par obéissance à son Père, le Christ accepta volontairement de souffrir la Passion à notre place comme prix à payer pour nos péchés. Dans la théologie catholique, c’est l’acte d’obéissance de Jésus à son égard qui fut si agréable à son Père qu’il produisit un sacrifice de réparation d’une valeur infinie pour tout péché déjà commis où qui le serait plus tard. « Car, comme à cause de la désobéissance d’un seul homme beaucoup devinrent pécheurs, de même, par l’obéissance d’un seul beaucoup furent justifiés » (Rom. V, 19). Dans la théologie luthérienne, c’est la sauvagerie qui s’est abattue sur Jésus pour satisfaire le Père – qui l’aurait autrement fait retomber sur tous les hommes – qui a accompli la rédemption. Mais dans la théologie catholique, le Christ était une victime consentante qui, par amour pour Son Père, a voulu souffrir le plus possible dans la passion, afin que le Sacrifice soit complet. C’est pour cette raison qu’Il dit : « Tout est consommé ». Dans la théologie luthérienne le Christ est une victime, au même titre que l’animal qu’on égorge. Cette théologie se reporte dans la vie morale. Dans la spiritualité catholique nous devons porter chaque jour la Croix et accomplir le même acte d’obéissance à Dieu que le Christ et nous devons crucifier en nous le vieil homme, l’homme de péché (Rom. VI, 6). Dans la théologie luthérienne l’acceptation du châtiment par le Christ nous dispense de l’accepter nous-mêmes et nous dispense d’obéir aux commandements. Il nous suffit de croire que le Christ nous a sauvés. Cette théologie va aussi s’appliquer au Culte. Le Culte catholique est le renouvellement de la passion et de la mort du Christ. Il est omniprésent dans l’Eglise. Le culte luthérien est une simple commémoration du châtiment infligé au Christ il y a 2000 ans, auquel nous devons croire pour pouvoir être sauvé. La théologie de M. Gibson sort tout droit des manuels catholiques d’avant Vatican II. La rencontre avec Notre-Dame est l’un des moments clés du film. Elle est très, très poignante. Pendant cette rencontre Il lui explique le pourquoi de Sa passion. « En vérité, voici que je renouvelle toutes choses ». Bien que ceci ne soit pas mentionné dans l’Evangile, il est tout à fait vraisemblable que Jésus ait pu dire cela – ou quelque chose d’approchant – à sa Mère. 13 Les nombreuses chutes de Notre-Seigneur sont criantes de vérité et les scènes où Simon de Cyrène aide Jésus à porter Sa Croix et celle où Ste Véronique essuie Sa Sainte Face sont très convaincantes. M. Mel Gibson fait clairement allusion à l’élévation du Saint Sacrement pendant le Saint Sacrifice de la Messe lorsqu’il montre – en flash-back – Notre-Seigneur élevant l’Hostie, au moment précis où le Christ est élevé en Croix. Cet aspect très catholique ne peut se comprendre qu’en référence à la Messe Traditionnelle en latin. Les scènes où l’on voit Jésus cloué à la Croix qui est ensuite plantée au sommet du Calvaire, sont empreintes d’un réalisme puissant qui serre le cœur. Les sept dernières paroles du Sauveur sont bien rendues en particulier lorsque Jésus confie Notre-Dame à St Jean et lorsqu’il s’écrit : « Eloï, Eloï, lamma sabacthani ? » (Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’avezvous abandonné ?). Les ténèbres et le tremblement de terre sont représentés avec force et vérité. CE QUI N’EST PAS EXACT. Le film comporte quelques inexactitudes qu’il est bon de préciser au spectateur : On voit le diable tenter le Christ pendant l’Agonie au Jardin des Oliviers. Ceci n’est pas dit dans l’Evangile, cependant ce n’est pas impossible. Les inexactitudes les plus criantes se trouvent pendant le flash-back sur la vie de Notre Seigneur à Nazareth. On le voit, jeune homme : Ne répondant pas à sa mère qui l’appelle Fabriquant une table de façon défectueuse. Jetant, par jeu, de l’eau au visage de Notre-Dame pendant qu’il se lave les mains. Tout cela ne peut pas être vrai. Pourquoi? Parce que ce sont des péchés ou des imperfections. Notre-Seigneur, qui était à la fois Dieu et homme était incapable du moindre péché, de la moindre imperfection. De plus, Il était si humble et obéissant, qu’Il serait accouru au premier appel de NotreDame. Quant au jeu, Notre Seigneur n’était certainement pas austère, mais aimable au contraire, au contraire Il ne faisait rien de stupide ou qui aurait pu déplaire à quiconque le moins du monde. En outre, Notre-Seigneur, dans Sa Sacrée Intelligence humaine jouissait de la vi- sion béatifique. Cette vision continuelle de Dieu devait donner à Son caractère une gravité suprême et même une certaine solennité à ses gestes quotidiens. Cette gravité, cette solennité apparaissent clairement à d’autres moments du film en particulier lorsqu’Il répond à la question de Caïphe : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu Vivant ? ». Les scènes de Nazareth jurent avec le reste du film et devraient être entièrement supprimées. Ste Marie Madeleine est représentée comme la femme adultère que Notre-Seigneur a sauvé de la lapidation. C’est faux. Elle est celle qui a lavé les pieds de NotreSeigneur dans la maison du pharisien ; elle était la sœur de Lazare que Notre-Seigneur a ressuscité des morts. Tous les commentaires traditionnels le confirment. Certains sous-titres sont des traductions fausses ou mauvaises. Le Saint-Esprit, le Paraclet, est appelé « Le Secoureur » / « L’Aide » / « Le Soutien » (?), ce qui est une bien piètre traduction. Notre-Seigneur dit que le Saint-Esprit « vient du Père ». C’est gravement inexact. Pour être exact, il aurait fallu dire : « Il procède du Père ». C’est une distinction très importante. D’autre part, à la question de Pilate : « Estu roi ? » le Christ ne répond pas « tu l’as dit ». Il répond en hébreu par une expression qui veut dire un « oui » très emphatique. Il y a d’autres cas où la traduction est – à notre avis – défectueuse. Un bon point cependant : lors de la consécration du vin, les sous-titres ne disent pas « pour tous », ce qui est moderniste (Novus Ordo) mais « pour beaucoup », ce qui est la traduction traditionnelle. Enfin, lors de la Cène, le texte aurait dû être : « Ceci est le Calice de Mon Sang qui sera versé », et non pas « Le Sang est donné » ce qui n’est pas exact. OMISSIONS. Il y a malheureusement, et c’est étonnant, quelques omissions : La chute des soldats au Jardin des Oliviers lorsque Notre-Seigneur se fait reconnaître. Ce fait, rapporté dans les Evangiles est une claire indication de la divinité de Notre-Seigneur. L’ange qui réconforte Notre-Seigneur à Gethsémani. L’incident du INRI, lorsque Pilate tient tête aux Pharisiens : « ce que j’ai écrit, je l’ai écrit ». 14 La phrase des juifs : « Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants » (Elle est bien présente dans l’araméen, mais pas dans le sous-titrage). Les paroles des femmes de Jérusalem qui pleurent sur Jésus : « Ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ; car voici qu’il viendra des jours où l’on dira : Heureuses les stériles et les entrailles qui n’ont pas d’enfants, et les mamelles qui n’ont point allaité, alors ils se mettront à dire aux montagnes : tombez sur nous ; et aux collines : couvrez-nous. Car s’ils traitent ainsi le bois vert, que fera-t-on au bois sec » (Luc XXIII, 27-31). Ceci évoque clairement la destruction de Jérusalem en l’an 70 par les Romains, châtiment de la génération qui a rejeté le vrai Messie. Le voile du Temple solennellement déchiré. Dans le film la scène est fugitive, elle est la conséquence du Tremblement de terre. Mais en réalité, ce ne fut pas un accident minime, dû au hasard. Ce fut un événement miraculeux. Les commentateurs disent que c’était un drap d’or de 15 cm d’épaisseur: ce dut être spectaculaire. La déclaration de Longin: “Oui, vraiment, cet homme est le fils de Dieu”. C’est important puisque c’est la conversion du premier Gentil. Le Diable. Le diable apparaît souvent dans le film sous les traits d’une femme qui parle avec une voix d’homme: l’effet est saisissant. Sans aucun doute le Diable était présent lors de la Passion et s’en réjouissait. D’après le film, le diable n’est pas sûr de la divinité du Christ. C’est sans doute vrai puisque l’Incarnation est un mystère surnaturel qui – vraisemblablement – n’a jamais été communiqué au diable. Les Apôtres eux-mêmes ne comprirent pas entièrement le mystère de l’Incarnation avant la Pentecôte. La femme-diable du film est l’antithèse de la Vierge Marie. Au début, pendant l’agonie au Jardin des Oliviers, Notre-Seigneur écrase la tête du serpent, référence très claire à la Genèse (III, 15). Saint Jérôme applique le verset à Notre-Dame, mais d’autres commentateurs traditionnels pensent à bon droit qu’il s’applique à Notre-Seigneur. La traduction de ce verset a fait l’objet de plusieurs controverses au cours des siècles, mais on peut admettre les deux versions sans craindre de pécher contre la Foi. Quoiqu’il en soit, tout au long du film, Notre-Dame est confrontée à cette horrible femme-démon. Cela se voit en particulier lors de la flagellation où la Vierge est en pleurs à la vue de son fils fouetté presqu’à mort, tandis que son contraire démoniaque apparaît, portant son enfant, qui se retourne pour se repaître de la scène insoutenable de la flagellation. L’“enfant” représente probablement l’Antéchrist. Il faut souligner le symbolisme des mouches qui attaquent Judas. Belzébuth – mot juif qui désigne le diable – veut dire “Seigneur des mouches”. A noter également le dessèchement des lèvres de Judas, symbole de la trahison du Christ par un baiser. A la fin, lorsque Notre-Seigneur meurt, accomplissant ainsi la Rédemption des hommes, le diable est précipité dans le royaume de la mort: la femme-démon, entourée de corps en décomposition, hurle de désespoir devant sa défaite. ANTISÉMITISME? Tout d’abord, précisons le sens de ce terme. Les Sémites sont les descendants de Sem, l’un des fils de Noé. Ce mot désigne non seulement les Juifs mais aussi les Arabes et de nombreux autres peuples de la région. Par conséquent être antisémite signifie que l’on est contre les descendants de la race de Sem en se basant uniquement sur la race. C’est une absurdité. Le Pape Pie XI a dit que, spirituellement, nous sommes tous sémites, puisque, par la foi, nous descendons du père de la foi, c’est-à-dire d’Abraham. Faut-il aussi rappeler que le Dieu que nous adorons est sémite, au même titre que la Sainte Vierge, saint Joseph et les Apôtres? La seule vraie question qui se pose, par conséquent, est la suivante: le film est-il anti-juif? Si par anti-juif on entend que le film accuse à tort les Juifs d’une chose qu’ils n’ont “Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants” (Matth. XXVII, 25) 15 pas faite en réalité, alors de toute évidence, la réponse est non, le film n’est pas anti-juif. Si par anti-juif on veut dire que le film dénonce une action mauvaise ou un crime commis par les Juifs à l’époque du Christ, alors, oui, le film est anti-juif. Mais alors, de la même manière, nous devons dire que “Guadacanal Diary” – avec John Wayne – ou “Tora, Tora, Tora” est anti-japonais. “Le jour le plus long” est anti-allemand. “Zoulou”, dans lequel les Noirs se montrent cruels envers les blancs, est antiNoir-américain. “Khartoum” est anti-soudanais. “A man for all seasons” est anti-protestant. On peut accuser tous les westerns tournés à Hollywood d’être anti-indiens. On peut allonger la liste. Dans “La Passion” les soldats romains se moquent de Notre-Seigneur et le traitent avec cruauté. Allons-nous dire pour autant que le film est anti-romain? Cette susceptibilité des Juifs et la dramatisation exagérée du tort que pourrait leur faire “La Passion” reflète bien l’attitude arrogante qu’ils ont depuis la IIème Guerre mondiale. Il suffit de coller une contravention à un Juif pour qu’il vous accuse d’être complice de l’élimination des Juifs par les Nazis. Quant à l’anti-judaïsme, il me semble que les Juifs n’ont pas tant à craindre celui qui pourrait venir de “La Passion” que celui qu’ils provoquent eux-mêmes par les ennuis qu’ils n’ont pas cessé de faire à ce film dès qu’il a commencé à prendre forme. Le film est un portrait fidèle de l’histoire ni plus ni moins. En fait, de tous les événements relatés dans le film, la représentation du Sanhédrin et le dialogue de Caïphe et des Princes des prêtres sont ceux qui sont le plus fidèles à l’Evangile. Rien n’est enjolivé. Les Princes des prêtres et les Pharisiens ont comploté la mort de Jésus après qu’Il ait ressuscité Lazare (Jean XI, 53), c’est historique. La scène du jugement est exactement conforme à ce qui est raconté dans les Evangiles. Donc si le film est anti-juif, les Evangiles le sont aussi. Nous voici bien au cœur du problème. Beaucoup de Juifs sont assez francs pour dire ouvertement que les Evangiles sont des documents antisémites, et qu’il faut les corriger. C’est cette attitude blasphématoire de la part de nombreux Juifs qui se cache derrière l’accusation d’antisémitisme faite au film. Ils veulent nous voir édulcorer nos Evangiles. Ils veulent que nous disions qu’ils ne sont pas historiques. Voilà bien l’outrage, le sacrilège. Ce sont eux, les Juifs, qui persécutent l’Eglise catholique. Les Juifs qui accusent le film de montrer leurs ancêtres sous un jour défavorable connaissent mal leurs propres écritures. L’Ancien Testament est l’histoire de l’infidélité du peuple juif; il raconte comment les Juifs ont tué les prophètes que Dieu leur a envoyés. Lisez-le, vous verrez: ce n’est pas l’histoire d’un peuple fidèle à la Loi de Moïse. Si – comme ils le disent – le Nouveau Testament est antisémite, l’Ancien l’est encore plus, car c’est, page après page, l’infidélité du peuple juif. Cette tendance générale à l’infidélité à la Loi de Moïse atteint son paroxisme à l’époque du Christ, car alors ce n’est pas seulement un Prophète qu’ils mettent à mort, c’est le Fils de Dieu en personne, le vrai Messie. Mais imaginez ce qui se passerait si les Chrétiens demandaient aux Juifs de caviarder leurs propres écritures ou d’admettre que leur élection en tant que peuple élu n’est que du pipeau. Qui plus est, le Talmud – commentaire juif post-chrétien de la Loi – dit exactement la même chose que le film et le Nouveau Testament sur la participation des Juifs à la mort du Christ et sur leur responsabilité dans ce forfait. David Klinghoffer, journaliste au ‘Jewish Forward’, écrit dans le ‘Los Angeles Times’ du 1er janvier 2004: “Mais, tout comme les Evangiles chrétiens qui forment la base du scénario de Gibson, la tradition juive elle-même reconnaît que, dans la Palestine du Ier siècle, nos chefs jouèrent un rôle dans l’exécution de Jésus. Si Gibson est antisémite, le Talmud l’est aussi, Maïmonide, le plus grand philosophe juif du dernier millénaire, l’est également.” Il [Klinghoffer] cite le commentaire sur l’attitude du Sanhédrin envers Jésus: “A la veille de la Pâque, ils suspendirent Jésus de Nazareth. Et pendant 40 jours le héraut passa [criant : “Jésus] va être condamné à la lapidation, car il a pratiqué la magie, il a entraîné et fourvoyé Israël’”. Le Talmud – explique-t-il [Klinghoffer toujours] – date d’environ 500 ans après J. -C. Il cite aussi la Mishnah “travail rabbinique sur lequel est basé le Talmud et compilé vers l’an 200”. Klinghoffer nous donne la clé de ce passage. “Rabbi Eliezer explique que quiconque était lapidé jusqu’à ce que mort s’ensuive devait être ensuite 16 suspendu par les mains à deux pièces de bois en forme de T – autrement dit, une croix (Sanhédrin 6; 4). Il cite en outre Moïse Maïmonide qui écrit dans l’Egypte du XIIème siècle: “Jésus de Nazareth qui se prenait pour le Messie, mais fut mis à mort par la cour”. Il est vrai que la race humaine tout entière est responsable de la mort du Christ, à cause du péché, mais la race juive a une responsabilité particulière parce qu’elle avait reçu une vocation spéciale de Dieu. Leur seule raison d’être, en tant que peuple, c’était d’accepter le Christ et de L’annoncer au reste du monde. En Le rejetant et en Le crucifiant ils ont perverti et anéanti leur raison d’exister en tant que religion et, à partir de là, en tant que race séparée. Car par la race, ils sont sémites et – quant à la race – ils ne diffèrent des autres sémites que par le seul fait qu’Abraham a été séparé des autres pour des raisons de religion. Quant au Christ, soit Il était le vrai Messie, soit il ne l’était pas. S’Il l’était, les Juifs de son époque sont bien évidemment coupables de Christicide et de déicide. Bien plus, s’Il était le vrai Messie, le Judaïsme a cessé d’être la vraie religion. Mais s’Il ne l’était pas les Juifs étaient alors obligés de Le mettre à mort de par la Loi de Moïse (Deutéronome) en tant que blasphémateur. Dans ce cas, les Juifs d’aujourd’hui ne peuvent pas réfuter la peine de mort à laquelle Caïphe L’a condamné, puisqu’elle était conforme à la Loi. Donc, s’ils sont toujours juifs, ils sont implicitement d’accord avec Sa mort, au moins par consentement. Professer le Judaïsme, c’est dire que le Christ n’est pas le vrai Messie. Dire que le Christ n’est pas le vrai Messie, c’est réclamer Sa mort en tant que blasphémateur, comme le veut la Loi de Moïse. Donc, le Juif d’aujourd’hui, en continuant d’être juif et en attendant par conséquent la venue d’un futur Messie, consent à la mort du Christ en tant que blasphémateur et faux messie. Ils ne peuvent pas nier leur culpabilité par consentement sans renier le Deutéronome. Et s’ils renient le Deutéronome, ils renient leur Judaïsme. Mais les Juifs d’aujourd’hui veulent jouer sur les deux tableaux. Ils veulent être le peuple choisi et appelé par Dieu par une vocation particulière et en même temps être lavés d’une condamnation à mort qu’ils n’ont pas prononcée eux-mêmes, mais que leur propre Loi les oblige à accepter. Bien plus, quoique les Juifs soient prompts à se laver eux-mêmes des fautes de leurs pères, ils chargent d’un lourd fardeau de culpabilité et de réparation financière les Allemands d’aujourd’hui qui n’ont rien eu à voir avec l’extermination nazie et qui ne l’acceptent pas. J’espère sincèrement que ce film contribuera en fin de compte à la conversion des Juifs à la Foi véritable – conversion que saint Paul a expressément annoncée (Romains XI) – et je prie à cette intention. Lorsque ce grand événement se produira, la combinaison de leur intelligence et de leur courage au pouvoir et à l’influence immenses qu’ils exercent aujourd’hui, remettra en ordre un monde qui se meurt aujourd’hui dans un océan d’infidélité et d’immoralité. Puissent-ils, en voyant ce film, en revivant leur propre rejet du Messie – leur Messie – en touchant du doigt, d’une certaine façon la divinité de Celui que leur ancêtre ont crucifié, puissent-ils méditer sur ce qui fut leur sort depuis 2000 ans et, par la grâce de Dieu, répondre à la vocation sacrée d’Abraham. Comme pour saint Paul, le feu de la fidélité des Juifs surpassera par le bien qu’ils feront le mal qu’ils ont fait lorsqu’ils étaient infidèles. La conversion de son propre peuple serait la plus grande des consolations pour Jésus crucifié. CONCLUSION. Malgré les quelques inexactitudes et omissions, le film retrace d’une façon magnifique la Passion du Christ. Il en fait un récit authentique, de premier ordre, profondément émouvant. Je le recommande à tous. Voyez-le non pas une fois, mais de nombreuses fois. Bien que je pense que M. Gibson doive publiquement renier de nombreux mauvais film faits auparavant, il nous a rendu un grand service en portant à l’écran la passion et la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il mérite d’être remercié pour cette noble et courageuse entreprise et surtout pour l’avoir menée à bonne fin malgré les protestations du Sanhédrin moderne. 17 “La Passion” conforme aux Saintes Ecritures. Le film controversé de Gibson concorde étroitement avec les anciens écrits juifs. “La Passion est une arme mortelle contre les juifs” proclame la pancarte de ce militant Par David Klinghoffer « 1er janvier 2004; Los Angeles Times L e prochain film de Mel Gibson sur la mort de Jésus, “La Passion”, a suscité un moment de colère de la part des critiques juifs qui accusent l’auteur d’antisémitisme. C’est une controverse qui n’a pas fini d’affecter les relations entre Chrétiens et Juifs à moins que ne soit trouvé quelque moyen d’apaisement. Il en est un possible : il consiste en un regard honnête sur la façon dont les anciennes sources juives dépeignent la Crucifixion. D’après ceux qui l’ont vu en avant-première, le film de Gibson montre le Christ recevant la mort de la main des Romains mais ce à l’instigation des chefs juifs, les prêtres du Temple de Jérusalem. La Ligue AntiDiffamation accuse ce passage d’exciter imprudemment la haine antijuive et demande que le film soit réalisé de façon à éliminer toute suggestion de déicide juif. Mais, tout comme les Evangiles chrétiens qui forment la base du scénario de Gibson, la tradition juive elle-même reconnaît que, dans la Palestine du Ier siècle, nos chefs jouèrent un rôle dans l’exécution de Jésus. Si Gibson est antisémite, le Talmud l’est aussi, Maïmonide, le plus grand philosophe juif du dernier millénaire, l’est également. Nous n’aurons jamais toutes les certitudes sur ce qui se passa dans la Palestine romaine vers les années 30, mais nous savons ce que dirent de l’exécution de Jésus les Juifs qui vécurent immédiatement après. Abraham Foxman, président de l’A.D.L. remettant le prix “Statesman award” à Berlusconi Le Talmud fut compilé aux environs de l’an 500, à partir du matériel rabbinique transmis oralement au cours des siècles. Au XVIème siècle, le texte fut censuré ; des passages concernant Jésus et son exécution furent effacés pour échapper à la colère des chrétiens. Mais le texte intégral fut conservé dans des manuscrits plus anciens, et aujourd’hui on peut trouver les parties censurées en petits caractères, en appendice à la fin de certaines éditions du Talmud. Un exemple frappant nous est donné dans le Talmud, par la partie concernant les procédures de la Haute Cour juive connue sous le nom de Sanhédrin: “A la veille de la Pâque, ils suspendirent Jésus de Nazareth. Et pendant 40 jours le héraut passa [criant : “Jésus] va être condamné à la lapidation, car il a pratiqué la magie, il a leurré et fourvoyé Israël. Quiconque a quelque chose à dire en sa faveur, qu’on le laisse venir et parler’. Et personne ne trouva rien en sa faveur”. Le passage indique que le sort de Jésus était entièrement entre les mains de la Cour des Juifs. Les deux derniers des trois points figurant sur la liste d’accusations contre Jésus, c’est-à-dire qu’ “il a leurré et fourvoyé” ses frères juifs, sont des termes de la loi biblique juive pour un individu qui a incité les autres à servir de faux dieux, crime puni de lapidation suivie de la mise en croix. Dans la Mishnah, travail rabbinique sur lequel est basé le Talmud et compilé vers l’an 200, Rabbi Eliezer explique que quiconque était lapidé jusqu’à ce que mort s’ensuive devait être ensuite suspendu par les mains sur deux pièces de bois en forme de T – autrement dit, une croix (Sanhédrin 6; 4). Ces textes transmettent des croyances religieuses, pas nécessairement des faits historiques. Ailleurs le Talmud est en accord avec l’Evangile de Jean sur le fait qu’à l’époque de la Crucifixion, les Juifs n’avaient pas le pouvoir de mettre à exécution la peine de mort. Il y a aussi des passages du Talmud qui situent 100 ans avant 18 ou après l’époque réelle la vie de Jésus. Certains apologistes juifs affirment qu’en conséquence ces passages doivent concerner un Jésus de Nazareth différent. Mais ce n’est pas ainsi que les interprètes rabbiniques les plus autorisés, philosophes du Moyen-Age tels que Nachmanides, Rashi, et les Tosaphistes, voient la question. Maïmonide, qui écrit dans l’Egypte du XIIème siècle, dit clairement que le Jésus du Talmud est celui qui fonda la Chrétienté. Dans cette vaste somme des croyances et des lois juives, la Mishnah Torah, il parle de ce “Jésus de Nazareth qui s’imaginait être le Messie, mais fut mis à mort par la cour”. Dans son “Epître à Yemen”, Maïmonide affirme que “Jésus de Nazareth… interprétait la Torah et ses préceptes d’une façon revenant à les annuler totalement. Les philosophes, de glorieuse mémoire, s’étant rendus compte de ses plans avant que sa réputation ne se soit répandue dans notre peuple, lui infligèrent un châtiment approprié.” Il n’est pas loyal de la part des critiques juives de diffamer Gibson parce qu’il dit ce que le Talmud et Maïmonide disent, et que disent aussi de nombreux historiens. Etrangement, l’un des érudits à avoir le plus vigoureusement dénoncé Gibson – Paula Fredriksen, professeur des études religieuses à l’Université de Boston – est l’auteur d’un livre de recherche méticuleux : “Jésus de Nazareth”, qui semble indiquer que ce furent les Princes des prêtres qui dénoncèrent Jésus aux autorités romaines. Eut-il mieux valu que Gibson n’entreprenne jamais de réaliser ce film exactement de cette façon? Peut-être, mais essayer par intimidation de le pousser à un refonte fondamentale n’a jamais été un objectif réaliste et louable. La meilleure chose à faire désormais est de reconnaître que, outre les Evangiles, d’autre sources confirment l’implication des chefs juifs dans la mort de Jésus, et de détendre l’atmosphère de colère. Etant donné que le portrait de Gibson est étroitement conforme à la croyance juive traditionnelle, il semble que la chose la plus décente et la meilleure à faire pour les Juifs est de le laisser en paix. David Klinghoffer est chroniqueur pour le Jewish Forward et auteur de “La Découverte de Dieu ; Abraham et la Naissance du Monothéisme” (Doubleday, 2003) et, prochainement, de “Pourquoi les Juifs ont rejeté le Christ : A la recherche du point décisif dans l’Histoire de l’Occident”. Tract Le film de Mel Gibson et la divinité de Jésus ous avez vu ou vous allez voir le film de Mel Gibson, “La Passion du Christ”, qui a fait revivre - avec une grande fidélité au texte de l’Evangile - le Sacrifice de la Croix renouvelé chaque jour sur les autels. Depuis des années nous sont servis des films obscènes et blasphématoires sur le Christ et la Religion Catholique, sans susciter aucune réaction. Un film chrétien sur le Christ, par contre, a déchaîné des attaques virulentes qui ont menacé la carrière même de Gibson, la production et la distribution du film, deux ans dèjà avant sa projection sur les écrans, que l’on espérait empêcher. Pourquoi un film qui raconte l’amour de Dieu pour nous a-t-il suscité tant d’aversion? V “Les Evangiles ne sont pas des documents historiques” (Leon Wieseltier) Le film de Gibson a été taxé d’antijudaïsme par l’Anti-Defamation League du B’naï B’rith (qui accuse Gibson de renier “l’encyclique - sic - Nostra ætate et la doctrine papale des dernières décennies), par le rabbin Hier du Simon Wiesenthal Center (qui accuse Gibson de “répudier le Concile Vatican II”), par Leon Wieseltier, - “philosophe du judaïsme contemporain et membre du comité pour la libération de l’Irak” - par les colonnes du “New Republic” (“On objectera que dans le film… je ne vois qu’une pieuse pornographie parce que je ne suis pas chrétien. C’est sûrement cela. … D’un point de vue historiographique il n’existe aucune ‘vérité’ des Evangiles”). Et il est certes paradoxal que des non chrétiens se définissent paladins d’un Concile et de la “doctrine papale des dernières décennies” et oublient par contre leur propre doctrine religieuse - du Talmud à Moïse Maïmonide - selon laquelle le Christ méritait la mort; c’est ce que rappelle aux critiques de “La Passion” leur coreligionnaire David Klinghoffer dans les colonnes du Los Angeles Times (1/1/04). Pourquoi Jésus-Christ est-il mort? Jésus est mort pour pardonner nos péchés. Mais ceux qui ont voulu le tuer l’ont fait parce qu’il s’était dit Dieu: “Les Juifs lui répondirent: Nous avons une loi et, d’après la loi, il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu” (Evangile selon Jean XIX, 7) Aujourd’hui encore: si Jésus est le Fils de Dieu, il doit être adoré et aimé par nous tous: il est notre Sauveur. Si Jésus n’était pas le Fils de 19 Dieu, alors, conformément à la loi de Moïse il devrait mourir, car, ainsi qu’ils l’accusèrent, “n’étant qu’un homme, tu te fais Dieu” (Jean X, 33): “il a blasphémé” et il “mérite la mort” (Evangile selon Matthieu XXVI, 65-66). “Je ne crois pas que Jésus soit mon Sauveur, pas plus qu’aucun autre” (L. Wieseltier). La divinité du Christ: voilà le cœur de l’affrontement ravivé par Mel Gibson! “Et vous, qui dites-vous que je suis?” (Matth. XVI, 15-16) Avec Saint Pierre, répondons: “Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant”! Et pour vous, qui est Jésus? Controverses En marge de la conférence de Mgr Fellay à Rome (2/2/2004) Par M. l’abbé Francesco Ricossa “M gr Bernard Fellay, successeur de Mgr Lefebvre à la tête de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, débarque à Rome lundi prochain 2 février (à 11 heures 30) pour tenir une conférence sur le thème: ‘De l’œcuménisme à l’apostasie silencieuse. Un appel au Pape et aux cardinaux’. “En particulier – écrivent les traditionalistes considérés comme schismatiques par le Saint Siège – Jean-Paul II reconnaît que les temps que nous vivons sont des temps d’“apostasie silencieuse’. L’une des causes de cette situation est, sans aucun doute l’œcuménisme,”. Chose curieuse, la conférence aura lieu rue de la Conciliation, à l’Hôtel Colombus des Chevaliers du Saint Sépulcre, ordre équestre officiellement reconnu par le Vatican et mis sous la protection du Saint-Siège.” Extrait de Il Foglio (du 27 janvier 2004, p. 3), quotidien dirigé par Giuliano Ferrara. Etant donné que je n’ai pas pu assister à la conférence de presse de Mgr Fellay, je me suis procuré les documents produits en cette occasion auprès de la DICI. Il s’agit d’une lettre à tous les cardinaux datée du 6 janvier 2004 et souscrite par Mgr Fellay, par son premier assitant général, Franz Schmidberger, et par les trois autres évêques de la Fraternité (de Galarreta, Tissier de Mallerais et Williamson), ainsi que d’une étude intitulée De l’œcuménisme à l’apostasie silencieuse. Vingt-cinq ans de Pontificat. La lettre aux cardinaux est écrite pour présenter l’étude en question. Je dois dire que les quinze pages de De l’œcuménisme à l’apostasie silencieuse sont une analyse bien faite, rigoureuse et sérieuse de l’œcuménisme tel qu’il est défendu par Vatican II, Jean-Paul II et le cardinal Kasper. Pour ce qui concerne l’analyse (et la condamnation) de l’œcuménisme, je ne peux que féliciter la Fraternité Saint-Pie X pour le travail réalisé, et inviter nos lecteurs à en prendre connaissance. Et je considère aussi favorablement le fait que cette étude ait été envoyée aux cardinaux: il est de notre devoir en effet de témoigner de la Foi et de condamner l’hérésie justement devant ceux qui, de fait, occupent les postes de responsabilité de l’Eglise. Cependant, dans son étude, la Fraternité rappelle aussi, citant entre autres la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, que “tous les dogmes puisqu’ils sont révélés, doivent également être crus de foi divine” (n. 34). Mais là, nous sommes désolés de le dire, tant dans la lettre aux cardinaux, que dans le document De l’œcuménisme à l’apostasie silencieuse, il se trouve une erreur contre la foi divine qui ruine totalement le travail fait par la Fraternité, car ou bien la foi est intègre ou bien elle n’est pas. Il est triste de constater que – dans un écrit où l’on accuse les autres d’hérésie – on tombe hélas soi-même dans l’hérésie… L’hérésie de Mgr Fellay et son origine L’hérésie de Mgr Fellay (et des autres responsables de la Fraternité qui ont souscrit les deux documents) est une conséquence nécessaire du fait de reconnaître la légitimité de Jean-Paul II et, avant lui, de Paul VI. En effet, dans cette hypothèse, les enseignements de Vatican II (promulgués par Paul VI) et de Jean-Paul II seraient par le fait même attribués à l’Eglise catholique. Et puisque la Fraternité Saint-Pie X taxe – à raison – d’hérésie ces enseignements, il s’ensuit que pour ladite Fraternité c’est l’Eglise catholique (et pas seulement Jean-Baptiste Montini ou Karol Wojtyla) qui est dans l’erreur et même dans l’hérésie. Voici ce qu’écrivent les cinq responsables de la Fraternité aux cardinaux: 20 “…nous vous supplions de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour que le Magistère actuel retrouve bien vite le langage multiséculaire de l’Eglise selon lequel ‘l’union des chrétiens ne peut être procurée autrement qu’en favorisant le retour des dissidents à la seule véritable Eglise du Christ, qu’ils ont eu jadis le malheur de quitter’ [Pie XI]. C’est alors que l’Eglise catholique redeviendra tout à la fois phare de vérité et port de salut au sein d’un monde qui court à sa ruine parce que le sel s’y est affadi…” De ce texte on déduit que le Magistère aurait perdu le langage multiséculaire de l’Eglise: mais le Magistère n’est-il pas précisément le “langage de l’Eglise”? Et l’on déduit aussi que l’Eglise n’est plus phare de vérité et port de salut pour le monde. Or ceci est une hérésie contre l’indéfectibilité de l’Eglise. Le document présenté par la lettre ne se présente pas différemment. Au n. 42 nous trouvons écrit: “La pratique œcuménique des repentances dissuade les infidèles de se tourner vers l’Eglise catholique, vu la fausse image qu’elle y donne d’elle-même”. Paradoxalement, ce texte commet l’erreur même qu’elle condamne dans les “déclarations de repentance”: c’est-à-dire qu’elle fait endosser à l’Eglise la faute de donner “une fausse image d’elle-même”. Pour Jean-Paul II cette faute a été commise par l’Eglise dans le passé, pour Mgr Fellay l’Eglise la commet dans le présent, mais dans les deux cas c’est à l’Eglise qu’est attribuée une faute incompatible avec sa sainteté. Il est bien vrai que les “déclarations de repentance” donnent une fausse image de l’Eglise qui éloigne d’elle les infidèles, mais cette fausse image ce n’est pas l’Eglise qui se la donne elle-même, mais c’est Jean-Paul II qui ne représente l’Eglise qu’apparemment. Au n. 47 nous lisons une affirmation plus grave encore, s’il était possible: “Mais l’œcuménisme libéral, tel qu’il est pratiqué par l’Eglise actuelle et surtout depuis le concile Vatican II, comporte nécessairement de véritables hérésies” Ici l’Eglise – à laquelle les évêques de la Fraternité disent appartenir (“conscients d’appartenir de plein droit à cette même Eglise…”) – est explicitement accusée d’hérésie. L’auteur de cette accusation – comme on le lit en note – est Mgr Lefebvre lui-même dans une confé- rence du 14 avril 1978, par là nous constatons la fidélité des disciples au maître, mais aussi que la racine de l’erreur est bien profonde. Entendons-nous: Mgr Lefebvre a absolument raison lorsqu’il accuse d’hérésie l’œcuménisme montinien. Mais il ne se rendait pas compte (?) que, pour défendre Paul VI (il serait encore Pape), il préférait accuser l’Eglise. Conclusion Sodalitium a déjà traité plusieurs fois de ce sujet: nous nous répétons. Nous nous répétons parce qu’hélas se répètent nos confrères de la Fraternité Saint-Pie X. Comme il est dommage de voir une dénonciation de l’hérésie œcuméniste si bien argumentée perdre autorité et valeur ecclésiale à cause de cet unique erreur concernant l’autorité de Jean-Paul II, erreur qui conduit – par d’autre voies que la voie œcuménique – à l’hérésie (nous voulons espérer seulement matérielle). C’est l’unique raison pour laquelle Sodalitium et l’Institut Mater Boni Consilii ne peuvent appuyer l’action de la Fraternité Saint-Pie X et le document, par ailleurs excellent, contre l’œcuménisme. Le nouveau code de droit canon, l’administration des sacrements et l’œcuménisme Par M. l’abbé Francesco Ricossa L e 25 mars dernier, la “Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements” a publié l’Instruction Redemptoris sacramentum “sur certaines choses à observer et à éviter concernant la Très Sainte Eucharistie”. Le document applique et détermine ce qui a été déjà exprimé par JeanPaul II dans l’Encyclique Ecclesia de Eucharistia. Selon de nombreux observateurs, les deux documents cités ci-dessus seraient un véritable antidote aux abus qui ont suivi le Concile Vatican II, abus imputables à Paul VI lui-même (1), et constitueraient un pas de plus dans le retour à la normalité, après la bourrasque conciliaire: la presse, par exemple, a souligné que l’interdiction d’administrer les sacrements aux s t c d c 21 La législation canonique antérieure à Vatican II excluait absolument toute communication entre catholiques et non catholiques pour ce qui regarde l’administration et la réception des sacrements non-catholiques, rappelée par l’Encyclique et par l’Instruction, signe un coup d’arrêt à l’œcuménisme. En est-il vraiment ainsi? Je me limiterai à examiner le cas précis. Le n° 85 de l’Instruction. Est interdite la “communicatio in sacris” (2)… sauf quand elle est autorisée! Voici ce que prescrit, à ce sujet, le n° 85 de l’Instruction: Les ministres catholiques administrent licitement les sacrements aux seuls fidèles catholiques, qui, de même, les reçoivent licitement des seuls ministres catholiques, restant sauves les dispositions des can. 844 §§ 2, 3 et 4, et du can. 861 § 2 [cf. Code de Droit Canonique, can. 844 § 1; Jean-Paul II, lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia, nn. 45-46: AAS 95 (2003) pp. 463-464; cf., aussi Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, Directoire pour l’application des principes et des normes sur l’œcuménisme, La recherche de l’unité, nn. 130-131: AAS 85 (1993), pp. 1039-1119, ici p. 1089]. De plus, les conditions établies par le can. 844 § 4, auxquelles on ne peut déroger en aucun cas [cf. Jean-Paul II, Lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia, n. 46], ne peuvent pas être séparées les unes des autres: il est donc nécessaire que ces dernières soient toujours toutes requises d’une manière simultanée. En réalité, le n° 85 de la récente Instruction “restauratrice” ne dit rien de nouveau, par rapport non seulement à l’Encyclique Ecclesia de Eucharistia (ce qui est normal puisque l’Instruction applique l’Encyclique), mais aussi au nouveau code de droit canon de 1983. (3) Dans l’Instruction et dans le nouveau code (can. 844 § 1), est d’abord affirmée la règle, parfaitement conforme à la foi catholique, selon laquelle “Les ministres catholiques administrent licitement les sacrements aux seuls fidèles catholiques, qui, de même, les reçoivent licitement des seuls ministres catholiques”; mais immédiatement après (dans la suite du n° 85 et dans les §§ 2, 3 et 4 du can. 844) est autorisée l’exception à la règle, exception qui rend vaine cette même règle, et qui n’est pas conforme à la foi catholique mais à l’hérésie de l’œcuménisme, autrefois condamnée dans l’Encyclique Mortalium animos de S.S. le Pape Pie XI. Le lecteur qui n’a pas sous la main le texte du nouveau Code de Droit canon ignore ce qui est stipulé aux §§ 2, 3 et 4 du canon 844, et pense donc que – finalement – l’Instruction du 25 mars 2004 condamne comme il se doit la pratique sacrilège et hétérodoxe de la communicatio in sacris, autrement dit le fait – dans notre cas – que les catholiques donnent les sacrements aux hérétiques et que ceux-ci les reçoivent des catholiques. En réalité il n’en est pas ainsi, malheureusement, comme il est facile de le comprendre à la lecture de ces fameux paragraphes. Le canon 844 du nouveau code de droit canon Ce n’est pas la première fois que Sodalitium accuse le canon 844 du nouveau code de droit canon, “promulgué” par Jean-Paul II, de non conformité à la foi et à la discipline traditionnelle de l’Eglise. Un lecteur de notre revue a récemment envoyé par poste électronique à un “site” catholique intégriste le texte du canon en question accompagné d’un bref commentaire par lequel il veut démontrer que les prescriptions modernes n’innovent pas en substance ce qui était déjà prévu par l’Eglise en la matière avant le Concile. Je transcris donc le texte officiel du canon 844, laissant entre parenthèses les observations de notre ami lecteur et contradicteur : Can. 844 - § 1. Les ministres catholiques administrent licitement les sacrements aux seuls fidèles catholiques, qui, de même, les reçoivent licitement des seuls ministres catholiques, restant sauves les dispositions des can. 844 §§ 2, 3 et 4 du présent canon et du can. 861 § 2 (le second alinéa du can. 861, dit seulement que dans un cas grave, quiconque administre le baptême le fait validement s’il a l’intention de faire ce que fait l’Eglise). § 2. Chaque fois que la nécessité l’exige ou qu’une vraie utilité spirituelle s’en fait sen- 22 tir et à condition d’éviter tout danger d’erreur ou d’indifférentisme, il est permis aux fidèles qui se trouvent dans l’impossibilité physique ou morale d’avoir recours à un ministre catholique, de recevoir les sacrements de pénitence, d’Eucharistie et d’onction des malades de ministres non-catholiques, dans l’Eglise desquels ces sacrements sont valides. (ceci existait déjà). § 3. Les ministres catholiques administrent licitement les sacrements de pénitence, d’Eucharistie et d’onction des malades aux membres des Eglises orientales qui n’ont pas la pleine communion avec l’Eglise catholique, s’ils le demandent de leur plein gré et s’ils sont dûment disposés; ceci vaut aussi bien pour les membres d’autres Eglises, qui, au jugement du Siège Apostolique, se trouvent pour ce qui concerne les sacrements dans la même condition que les Eglises orientales susdites. (En ce qui concerne les églises orientales, ceci existait également dans l’ancien code; ce pour les “autres églises” qui a été ajouté signifie qu’elles doivent avoir des sacrements valides. Des protestants, il n’est pas fait mention, vu qu’ils n’ont pas de sacrements). § 4. En cas de danger de mort ou si, au jugement de l’Evêque diocésain ou de la Conférence des Evêques, une autre grave nécessité se fait pressante, les ministres catholiques peuvent administrer licitement ces mêmes sacrements aussi aux autres chrétiens qui n’ont pas la pleine communion avec l’Eglise catholique, lorsqu’ils ne peuvent pas avoir recours à un ministre de leur communauté et qu’ils le demandent de leur plein gré, pourvu qu’ils manifestent la foi catholique sur ces sacrements et qu’ils soient dûment disposés. (la ratio est de sauver l’âme de l’hérétique sur le point de mourir ; être bien disposé signifie de toute façon être en état de grâce…). Les canons correspondant dans le Code de droit canon de 1917, en vigueur avant la législation du Concile Vatican II, sont contredits par la nouvelle législation A en croire ce qu’écrit notre lecteur et contradicteur, le can. 844 n’apporterait au- cune innovation importante à ce qui était déjà prescrit par l’Eglise avant le Concile. Il me semble donc opportun de rappeler les dispositions canoniques à ce sujet, telles qu’elles se trouvent dans le code pio-bénédictin. Remarquons que le canon 844 (nouveau code) examine deux cas : a) celui des catholiques qui demandent les sacrements aux non- catholiques (§ 2) b) celui des non-catholiques demandant les sacrements aux catholiques (§§ 3 et 4 ) [on remarquera que pour le § 5 du canon 844 du nouveau code, dans les deux cas, il est imposé de consulter les chefs des sectes hérétiques ou schismatiques en question : dans les cas dont il s’agit aux §§ 2, 3 et 4, l’Evêque diocésain ou la Conférence des évêques ne porteront pas de règles générales sans avoir consulté l’autorité compétente, au moins locale, de l’Eglise ou de la communauté non catholique concernée. [Œcuménisme oblige]. Pour ce qui est du premier cas, le canon correspondant est le 1258 § 1 du code “préconciliaire” qui prescrit : “Il n’est jamais licite aux fidèles d’assister activement ou de prendre part, DE QUELQUE FAÇON QUE CE SOIT, aux rites sacrés des acatholiques”. Le canon 2316 précise ensuite : “qui aide librement et consciemment, en quelque façon, la propagation de l’hérésie ou qui communie dans les choses sacrées avec les hérétiques contre ce qui est prescrit au canon 1258, est suspect d’hérésie.” Or, recevoir les sacrements est le moyen le plus actif qui soit de participer à une cérémonie sacrée. Par conséquent le canon 1258 § 1 interdit absolument ce que le canon 844 § 2 déclare licite à certaines conditions (de toute façon, tellement vagues, que toujours ou presque toujours réalisées). Pour ce qui concerne le deuxième cas, on doit se référer au can. 731 § 2, le premier sur les sacrements : “Il est interdit d’administrer les sacrements de l’Eglise aux hérétiques et aux schismatiques, même s’ils errent de bonne foi et les demandent, s’ils ne se sont pas d’abord réconciliés avec l’Eglise après avoir rejeté leurs erreurs”. Ce canon dit exactement le contraire de ce qu’affirme le nouveau can. 844 aux § 3 et 4 : ce qui était interdit, ici aussi, devient licite. 23 Les moralistes préconciliaires n’admettaient des exceptions qu’en cas d’extrême nécessité, et seulement pour les sacrements “des morts”, jamais pour la Très Sainte Eucharistie La législation canonique antérieure à Vatican II excluait par conséquent absolument toute communication entre catholiques et non catholiques pour ce qui regarde l’administration et la réception des sacrements. Pour être plus complet, j’examinerai cependant aussi les rares exceptions que les moralistes catholiques faisaient à ces principes canoniques. a) Dans le premier cas (recevoir les sacrements d’un non- catholique): Il est licite de recevoir le Baptême (si un laïc catholique ne peut l’administrer) ou le sacrement de Pénitence (et s’il n’y a pas possibilité de se confesser, l’Extrême Onction) UNIQUEMENT au cas où l’on se trouverait à l’article de la mort, à condition que : le sacrement soit valide; le sacrement soit administré avec le RITE CATHOLIQUE; la demande du sacrement ne soit pas considérée comme une reconnaissance de la secte non-catholique; le catholique qui le demande se trouve en danger de mort, comme on vient de le dire, et n’ait pas d’autre moyen pour sauver son âme (cas d’absolue nécessité). S’il est, par exemple, en état de grâce, il ne peut pas demander la confession. Le sacrement de l’Eucharistie ne peut jamais être demandé. (Cf. ad ex. Merkelbach o.p., Summa theologiæ moralis, I, 755). Confrontons cette doctrine avec celle du canon 844 § 2: - il était interdit de recevoir l’eucharistie, maintenant c’est licite; - il n’était licite de recevoir que les sacrements nécessaires au salut (pas l’Extrême Onction si l’on pouvait se confesser); maintenant il est licite de recevoir aussi la Communion et l’Extrême Onction); - l’unique cas admis était celui de l’extrême nécessité (article de la mort, état de péché mortel, impossibilité de se sauver autrement) ; maintenant par contre il suffit d’“une vraie utilité spirituelle”, et l’impossibilité d’accéder à un ministre catholique peut être seulement “morale”. Le canon 844 § 2, donc, INNOVE la doctrine/morale/praxis de l’Eglise en ce qui concerne un péché – au moins indirect – contre la foi. b) quant à donner les sacrements aux non catholiques, le can. 731 § 2 n’admet, explicitement, aucune exception. Certains auteurs admettent cependant la possibilité d’epikeia (c’est-à-dire une interprétation contre la lettre de la loi, mais selon l’intention supposée du législateur) dans le seul cas d’extrême nécessité (danger de mort en état de péché mortel) pour le seul sacrement de Pénitence (ou, si le malade était privé de sens, de l’extrême Onction) aux conditions suivantes : qu’il n’y ait pas de scandale; que l’acatholique (baptisé) soit présumé de bonne foi; que le sacrement soit donné SOUS CONDITION (il y a doute en effet sur sa validité). Confrontons cette doctrine si bénigne des auteurs (qui va contre la loi canonique, bien plus rigoureuse, comme nous l’avons dit) avec les paragraphes 3 et 4 du nouveau code. Là aussi il y a innovation, quoiqu’en dise notre lecteur et contradicteur. En effet, seul le § 4 parle de danger de mort “Ou – ajoute-t-il – AUTRE GRAVE NÉCESSITÉ” (première discordance). Dans ce cas est déclarée licite l’administration non seulement de la Pénitence et de l’Extrême Onction, mais aussi de l’Eucharistie (autre discordance) et puis il est requis que les dits acatholiques n’aient pas la possibilité d’accéder à leurs propres ministres (condition œcuméniste, comme celles du § 5 dont ne parle pas notre contradicteur). Le § 3, par contre, quoiqu’en dise notre lecteur et contradicteur, est une innovation totale. Il permet les trois sacrements aux hérético-schismatiques orientaux et aux “membres d’autres églises” (la norme n’exclue pas nécessairement certains protestants, comme dit au contraire l’objection : chaque protestant fait sa propre église), s’ils demandent simplement les sacrements et sont “bien disposés”. Cette doctrine est l’exact contraire du canon 731 § 2. Le “concordisme” soutenu par notre lecteur ne résiste pas à la preuve des faits : penser qu’avec Vatican II “rien n’est changé” est une pieuse illusion, ou une tromperie délibérée. 24 Il ne s’agit pas d’une question seulement disciplinaire. Les canons en question sont l’écho de l’immuable loi naturelle et divine. Le nouveau code présuppose une ecclésiologie (et une foi) différente de la foi catholique Une fois démontrée la contradiction entre la législation canonique précédant Vatican II et les dispositions prises par la suite par Vatican II à propos de la communication dans les choses sacrées avec les non- catholiques, on peut cependant objecter que l’Eglise peut changer sa discipline, en l’adaptant aux temps et aux circonstances, chose que personne ne met en doute. Elle ne peut toutefois pas (et je l’écris dans les deux significations du verbe pouvoir: “être licite” et “être possible”) changer la loi divine, naturelle ou positive. Or, l’objet de notre discussion (la communication dans les choses sacrées entre catholiques et non-catholiques, particulièrement pour ce qui regarde le sacrement de l’Eucharistie) n’appartient pas seulement ou tant à la discipline ecclésiastique, mais aussi et surtout au dogme immuable. Paradoxalement, c’est le même Vatican II qui le rappelle: “La communicatio in sacris qui porte atteinte à l’unité de l’Eglise, ou bien comporte une adhésion formelle à l’erreur, un danger d’égarement dans la foi, de scandale ou d’indifférentisme, est interdite par la loi divine” (décret sur les Eglises orientales). Et pourtant, c’est justement dans ce document que Vatican II autorise la communication dans les choses sacrées avec les acatholiques (orientaux) pour des motifs “pastoraux” et œcuméniques, présupposant que, dans ces cas, “ni l’unité de l’Eglise n’est lésée, ni n’existent des dangers à éviter”. Il ne s’agit donc pas seulement de discipline, mais d’établir si vraiment, dans cette pratique autorisée par Vatican II, on lèse l’unité de l’Eglise ou si l’on cause un grave danger de scandale, d’erreur dans la foi et d’indifférentisme. Je commencerai par rappeler qu’en règle générale, les Apôtres interdisent les relations entre catholiques et hérétiques : “Evite un homme hérétique, après une première et une seconde admonition ; sachant qu’un tel homme est perverti, et qu’il pèche” (Tite III, 10-11); “Détournez-vous d’eux” (Rom. XVI, 17); “Si quelqu’un vient à vous et n’apporte point cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, ne lui dites pas salut. Car celui qui lui dit salut communique à ses œuvres mauvaises” (II Jean, 10-11). Il est évident que cette doctrine apostolique oblige encore plus en matière sacrée. En effet, la participation des catholiques aux rites sacrés des non catholiques, lorsqu’elle est active (ce qui advient toujours dans le cas où ils reçoivent d’eux les sacrements) “est illicite, car il s’agit d’une approbation implicite de l’exercice de ce culte et une reconnaissance implicite de cette secte”. Même si elle est simplement passive, “si elle se fait avec des hérétiques (ou des schismatiques), de par droit naturel et ecclésiastique, elle est en soi et régulièrement gravement illicite pour les fidèles, ‘tant à cause du risque de pervertir leur foi catholique, tant à cause du danger de participer à un rite hérétique, tant à cause de l’occasion de scandale ou de séduction’ (Sacrée Congrégation pour la Propagande de la Foi, 1729), ou à cause de l’apparence d’adhérer à une fausse secte, adhésion qui est manifestée en elle-même [par un tel acte] (Rom XVI, 17; Tite III, 10). (…) Spécialement en ce qui concerne les sacrements, le principe général est qu’il est illicite de les demander à un ministre hérétique (ou schismatique, ou assermenté) parce que cette demande est une reconnaissance implicite de l’autorité de ce ministre et de la secte elle-même” (Merkelbach, op. cit., vol. I, nn° 754-755). De même, l’Enciclopedia cattolica, reprenant le canoniste Naz, écrit : “une semblable participation équivaut à la profession d’une fausse religion et par conséquent au reniement de la religion catholique. Et même au cas où toute idée de reniement puisse être exclue, il demeure toujours trois très graves dommages : 1) le danger de perversion pour le catholique qui y participe; 2) le scandale, tant des fidèles qui en prennent motif pour mal juger de la personne qui traite avec les adverssaires de la foi et peut-être même pour douter de la vérité de cette foi, tant des a-catholiques eux-mêmes qui sont confirmés ainsi dans leur erreur; 3) l’indifférentisme en matière de religion, c’est-à-dire l’approbation extérieure de croyances erronées et l’idée que l’expression externe de sa propre foi est chose négligeable” (vol. IV, col. 117). Pour ce qui est de donner les sacrements aux non-catholiques, citons encore le Père Merkelbach: “les infidèles et les hérétiques 25 peuvent assister passivement non seulement à la prédication de la parole de Dieu mais aussi aux autres offices, ils ne peuvent pas cependant y participer activement, parce que cela serait considéré, à raison, comme un signe d’unité religieuse (ibidem, n° 753). Naz, à son tour, motive de la façon suivante ce qui est prescrit par le canon 731 § 2: “Les sacrements sont en effet le bien propre de l’Eglise catholique, la seule qui ait été instituée par Jésus-Christ, l’auteur des sacrements. Il est dans l’ordre qu’elle n’admette pas à participer à ses biens ceux qui n’admettent pas la divinité de son origine et de sa mission” (Naz, vol. VII. Col. 819). Le canoniste Claeys Bouuaert (Manualis juris canonicis, t. II de sacramentis) unit les deux motifs et explique: “les hétérodoxes formels et en mauvaise foi doivent être exclus des sacrements en tant qu’indignes; les hétérodoxes matériels, ce qui veut dire ceux qui errent en bonne foi, sont à exclure puisque c’est pour ses fidèles que le Christ a confié l’administration des sacrements à Son Eglise, comme bénéfice et signe de communion” (n° 11). On ne peut pas objecter à ce principe que ceux qui errent en toute bonne foi ne sont pas indignes de recevoir les sacrements, en tant que possiblement en grâce de Dieu, et ce pour au moins deux motifs. Le premier est que les Sacrements, et particulièrement l’Eucharistie, sont par leur nature même des “sacrements de la foi” : ils expriment et réalisent la communion ecclésiale dans le Corps Mystique du Christ (4): Saint Thomas enseigne explicitement que “l’effet présent” de l’Eucharistie est “l’unité ecclésiale à laquelle les hommes s’agrègent par ce sacrement” (III, q. 73, a. 4); “l’effet de ce sacrement est l’unité du Corps Mystique, sans laquelle il ne peut y avoir de salut : car personne ne peut accéder au salut hors de l’Eglise, de même que dans le déluge il n’y avait pas de salut hors de l’arche de Noé, qui figure l’Eglise, comme dit Saint Pierre ” (III, q. 73, a. 3); “l’Eucharistie est le sacrement de l’unité ecclésiale” (III, q. 73, a. 2, sed contra), etc. Or, si l’Eucharistie opère l’unité ecclésiale, comment est-il possible de l’administrer à ceux qui sont exclus de la communion ecclésiastique et de l’unité de l’Eglise et du Corps Mystique? Et là-dessus la doctrine ecclésiastique est explicite: “outre les infidèles, sont en dehors de l’Eglise les hérétiques, qui nient certaines vérités de foi; les schismatiques, qui Le Pape Pie XII sont séparés de la communion de l’Eglise; les excommuniés vitandi, éloignés de la Hiérarchie, selon les dispositions des canons sacrés” (5). Il s’ensuit qu’il est contradictoire à la nature même du sacrement de l’administrer à qui n’est pas membre du Corps Mystique, à moins qu’il ne soit in voto (avec le désir implicite). Le second motif est qu’il est impossible de savoir si ceux qui se trouvent, par l’hérésie ou le schisme, en dehors des frontières visibles de l’Eglise, le sont en “bonne foi” ou bien non; la présomption est même plutôt contraire à la bonne foi. Ce n’est pas un hasard si Pie XII a inclu dans les erreurs modernes celles qui “réduisent à une vaine formule la nécessité d’appartenir à l’Eglise pour arriver au salut éternel” (enc. Humani generis, 1950). Présupposer la “bonne foi” comme règle et non comme exception mine la doctrine sur la visibilité de l’Eglise et réduit à rien celle sur la crédibilité de l’Eglise, selon laquelle l’Eglise a en faveur de son origine divine des arguments et des raisons à la portée de tous les hommes de toutes les époques: il s’ensuit que, normalement, qui n’accepte pas l’Eglise, est coupable de ce refus (6). Un exemple aidera le lecteur à comprendre qu’il est impossible de donner la communion à un non-catholique même en espérant – sans aucune preuve certaine – qu’il se trouve en bonne foi. L’Eglise interdit au fidèle qui a commis un péché mortel de recevoir la Sainte Communion sans s’être confessé, même s’il a fait un acte de contrition parfaite, acte qui, en soi, a le pouvoir de lui faire retrouver la grâce de Dieu: le motif en est que ce fidèle ne peut être certain d’avoir vraiment obtenu la contrition parfaite et, donc, le pardon de son péché. C’est ainsi aussi que l’Eglise demande à l’hétérodoxe “en bonne foi”, d’abjurer publiquement son péché d’hérésie avant de recevoir 26 le Sacrement, parce que – entre autres – il n’existe aucune certitude sur sa “bonne foi” qui l’excuserait du péché d’hérésie objectivement commis! L’unique exception, nous l’avons vu, est celle de l’extrême nécessité à l’article de la mort, exception due au fait que le salut des âmes est la loi suprême, et dans cette circonstance on suppose que recevoir les sacrements “des morts” (c’est-à-dire ceux qui remettent les péchés: baptême, pénitence ou, per accidens, extrême onction) est l’ultime et unique possibilité de se sauver. La nouvelle discipline déjà instaurée par Vatican II pour les hérético-schismatiques orientaux (Orientalim ecclesiarum, n° 27) puis étendue à d’autres “communautés ecclésiales” en 1972, puis aussi par le nouveau code de droit canon, présuppose et applique une doctrine incompatible avec la précédente, puisque selon elle les hérétiques et les schismatiques ne sont plus absolument au dehors de la communion ecclésiastique, comme l’enseigne Pie XII, mais se trouvent en l’état d’“une véritable union dans l’Esprit Saint” (Lumen gentium, n° 15), “dans une certaine communion, bien qu’imparfaite, avec l’Eglise catholique”, “incorporés au Christ” (Unitatis redintegratio, n° 3), ce pour quoi les sectes acatholiques seraient “des moyens de salut” dont se servirait l’Esprit Saint (ibidem); il s’ensuit que “l’on peut se dire remplis d’une espérance particulière de salut pour ceux qui n’appartiennent pas à l’organisme visible de l’Eglise” (Jean-Paul II, audience générale du 21 mai 1980). De même que l’ecclésiologie catholique était le fondement de la discipline du code de droit canon promulgué par Benoît XV, la nouvelle ecclésiologie est à la base de la nouvelle discipline. Conclusion Avec Mgr de Castro Mayer, à l’époque Evêque de Campos, et les 26 autres théologiens qui, en 1983, souscrivirent à la Lettre à quelques évêques des PP. de Blignières et Lucien, nous pouvons concure que la doctrine selon laquelle “on peut conférer aux Orientaux qui en toute bonne foi sont séparés de l’Eglise catholique [et depuis le nouveau code, également aux autres dissidents] les sacrements de pénitence, de l’eucharistie et de l’onction des malades, s’ils les demandent d’eux-mêmes et sont bien disposés” (Orientalium ecclesiarum, n° 27; cf. can. 844), cette doctrine “en tant qu’elle admet aux sacrements de l’Eglise catholique, signes visibles et cause de son unité, des personnes visiblement séparées de cette Eglise” est “ruineuse pour l’unité catholique, contraire à la nature des sacrements, favorable de fait à l’erreur des dissidents quant à la nécessité de s’agréger à l’Eglise catholique”. De semblables erreurs qui portent atteinte à la foi, à la charité et à la sainteté des Sacrements, ne peuvent provenir de l’Eglise Catholique et d’un vrai Vicaire du Christ. Appendice Je publie en appendice l’extrait d’un document de 1972 qui exprime sans ambiguïté la nouvelle doctrine hétérodoxe à la base des concessions concernant la communion eucharistique entre catholique et non-catholiques. Il ne s’agit pas d’un document normatif, il est vrai, mais il a été rédigé – de la part des catholiques – par deux personnages de pointe de l’œcuménisme: le cardinal Willebrands et le cardinal Kasper, respectivement élus à cette éminente dignité par Paul VI (Willebrands) et par Jean-Paul II (Kasper), pour leurs “mérites”, je suppose … “Nonobstant la subsistance dans l’Eglise catholique de notables divergences d’opinion à ce sujet, du côté des catholiques on met l’accent sur le fait qu’il ne subsiste aucune identité exclusive entre la seule et unique Eglise du Christ et l’Eglise catholique romaine (Vatican II, décret sur l’œcuménisme, 3). Cette unique Eglise du Christ se réalise de façon analogique également dans d’autres Eglises. Ce qui signifie d’une part que l’unité de l’Eglise catholique romaine n’est pas complète, et de l’autre qu’elle aspire à la complète unité de l’Eglise. En ce sens la célébration de l’eucharistie dans l’Eglise catholique romaine n’est pas parfaite non plus. Une telle célébration eucharistique n’est pleinement symbole de l’unité de l’Eglise que si tous ceux qui, en vertu du baptême, sont invités personnellement à la communion du Seigneur, peuvent effectivement y prendre part”. Commission d’étude évangélique luthérienne-catholique romaine, Rapport L’Evangile et l’Eglise, Malte, 1972, n° 71, Enrichidion Ecumenicum (EDB) 1198. Sous la responsabilité du cardinal Willebrands, alors président du secrétariat pour l’union des chrétiens; co-président de la commission: le Professeur W. Kasper, actuellement cardinal et successeur de Willebrands. 27 Notes 1) Déjà le 21 septembre 1966, à Assise lors d’une Messe de mariage, une presbytérienne, Barbarina Olson, reçut la Sainte Communion sur autorisation de Paul VI (cf. pour cet abus et d’autres encore: Abbé Georges de Nantes, Liber accusationis in Paulum VI, St Parres-lès-Vaudes, 3ème éd., 1973, pp. 66-67). 2) Par “communicatio in sacris” ou communication dans les choses sacrées, on entend “la participation d’un catholique aux cérémonies d’un culte non catholique. Au sens large, le terme ‘sacra’ comprend toutes les fonctions sacrées; au sens étroit il s’entend seulement des fonctions du culte public. La communication est positive quand un catholique prend part à un culte infidèle, hérétique ou schismatique. Elle est négative dans l’hypothèse inverse, lorsque c’est un non catholique qui participe à un culte catholique. La communication est à la fois active et formelle lorsqu’un catholique participe à un culte hétérodoxe avec l’intention d’honorer Dieu par ce moyen, à la manière des non-catholiques. La communication est passive et seulement matérielle lorsqu’un catholique assiste à une cérémonie d’un culte hétérodoxe, pour des raisons sérieuses fondées sur les convenances sociales, mais sans avoir l’intention de participer réellement à ce culte en y associant sa pensée” Naz, Dictionnaire de droit canonique, III, col. 1091). Naz considère comme quasiment synonymes les termes “active et formelle”, “passive et matérielle”, qui sont par contre distincts. Les termes matériel-formel concernent l’intention de qui accomplit la communication dans les choses sacrées avec les acatholiques: approuver vraiment les rites hétérodoxes (communication formelle) ou seulement extérieurement (communication matérielle) pour des motifs sociaux. Les termes active-passive ont par contre une autre signification: active, lorsqu’en prenant part au culte on accomplit quelque acte ayant une relation avec ce culte; passive, quand on y prend part sans poser aucun acte indiquant une relation avec la cérémonie religieuse” (Roberti e Palazzina. Dizionario di teologia morale, Studium, 1968, rubrique “communication avec les acatholiques (in sacris)”. 3) Le nouveau code, à son tour, avait accueilli non seulement les dispositions de Vatican II à propos des schismatiques orientaux, mais également l’extention de la possibilité de l’‘intercommunion’ à d’autres “chrétiens” prévue par le Secrétariat pour l’union des chrétiens dans son Directoire œcuménique I, 55 dans l’Instruction sur les cas dans lesquels d’autres chrétiens peuvent être admis à la communion eucharistique dans l’Eglise catholique, de 1972 (Enchiridion Vaticanum 4/1636). 4) Voir par exemple Ernest Mura, Le corps mystique du Christ, sa nature et sa vie divine, Blot éditeur, Paris 1936, chap. X: L’union sacramentelle. 5) Mgr Antonio Piolanti, La comunione dei Santi e la vita eterna, Libreria editrice fiorentina, 1957, pp. 238 et 250. Cf. Pie XII, Encyclique Mystici Corporis, D.S. 3802; Catéchisme du Concile de Trente, Ière partie, a. 9. n. 105. 6) Lettre à quelques évêques, janvier 1983, pp. 33-40. L'OSSERVATORE ROMANO Nouveaux catéchismes… Nous publions une page du livre de catéchisme “Un nuovo amico” (Un nouvel ami) édité par la Elledici (maison d’édition salésienne) pour les classes de CP et CE1 signé du cardinal Camillo Ruini et muni de l’Imprimatur de la curie de Turin de Mgr Piergiorgio Micchiardi, à l’époque Evêque auxiliaire de Turin et aujourd’hui Evêque d’Acqui. Nous rapportons aussi quelques PLUSIEURS RELIGIONS, UN SEUL DIEU Réunis correctement les jours de fête et les religions auxquelles appartiennent. Vendredi Samedi Dimanche chrétiens musulmans Juifs Dieu est unique. Mais dans le monde, les personnes prient et louent Dieu de manière et dans des endroits très différents. Dieu, par exemple, est appelé : Père  par les chrétiens Allah  par les musulmans Yahvé  par les Juifs Les chrétiens se rendent à l’église le dimanche pour louer Dieu le Père qui a ressuscité son fils Jésus. Les musulmans se rendent à la mosquée le vendredi pour louer Allah. Les Juifs se rendent à la synagogue le samedi pour louer Yahvé. 28 passages du catéchisme de Saint Pie X concernant l’Eglise catholique et la communion des Saints… Après confrontation des deux textes tout commentaire est superflu… Grand Catéchisme de Saint Pie X CHAP. X; LE NEUVIEME ARTICLE § 6. - Qu’est-ce que les infidèles? Les infidèles sont ceux qui ne sont pas baptisés et qui ne croient pas en Jésus-Christ; soit…, comme les idolâtres; … soit… tels sont les mahométans et autres semblables. - Qu’est-ce que les Juifs? Les Juifs sont ceux qui professent la loi de Moïse: ils n’ont pas reçu N ous publions, toujours pour la rubrique “L’Osservatore Romano”, le discours significatif de Jean-Paul II pour le centenaire de la Synagogue de Rome (L’Osservatore Romano 24-25 mai 2004, p.5). Ce discours nous semble exprimer parfaitement toute la nouvelle doctrine conciliaire sur les rapports entre le Christianisme et le judaïsme actuel. Tout commentaire nous semble inutile... Message de Jean-Paul II à L’éminent M. Riccardo Di Segni Grand Rabbin de Rome « Shalom! “Voyez! Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble!” “Hinneh ma tov u-ma na’im shevet akhim gam yakhad!” (Ps 133 [132], 1). 1. C’est avec une joie profonde que je m’unis à la communauté juive de Rome qui célèbre les cent ans du Grand Temple, symbole et souvenir de la présence millénaire du peuple de l’Alliance du Sinaï dans cette ville. Depuis plus de deux mille ans, votre communauté fait partie intégrante de la vie de l’Urbs; elle peut se vanter d’être la communauté juive la plus ancienne d’Europe occidentale et d’avoir joué un rôle important dans la diffusion du judaïsme sur ce continent. C’est pourquoi la commémoration d’aujourd’hui revêt une signification particulière pour la vie religieuse, culturelle et sociale de la capitale et ne peut manquer d’avoir un écho tout à fait particulier également dans le cœur de l’Evêque de Rome! Ne pouvant participer personnellement à cette célébra- le Baptême et ne croient pas en Jésus-Christ. - Est-il grave de se trouver hors de l’Eglise? Être hors de l’Eglise est grave, parce que hors d’Elle, il n’y a ni moyens établis ni guide sûr pour parvenir au salut éternel, qui est pour l’homme l’unique chose vraiment nécessaire. “Allez donc, enseignez toutes les nations les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du SaintEsprit; leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé: et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du siècle” (Matth. XXVIII, 19-20). tion, j’ai demandé à mon Vicaire général pour le diocèse de Rome, le Cardinal Camillo Ruini, accompagné par le Président de la Commission du Saint-Siège pour les Rapports religieux avec le Judaïsme, le Cardinal Walter Kasper, de me représenter. Ce sont eux qui vous exprimeront de façon concrète mon désir d’être avec vous en ce jour. En vous adressant, M. Riccardo Di Segni, mon salut respectueux, j’étends ma pensée cordiale à tous les membres de la Communauté, à son Président, M. Leone Elio Paserman, et à tous ceux qui sont réunis ici pour témoigner une fois de plus de l’importance et de la vigueur de l’héritage religieux que l’on célèbre chaque samedi dans le Grand Temple. Je voudrais adresser un salut particulier au Grand Rabbin émérite, M. Elio Toaff, qui, avec un esprit ouvert et généreux, m’a reçu dans la Synagogue à l’occasion de ma visite, le 13 avril 1986. Cet événement demeure gravé dans ma mémoire et dans mon cœur comme le symbole de la nouveauté qui a caractérisé, au cours des dernières décennies, les relations entre le peuple juif et l’Eglise catholique, après des périodes parfois difficiles et tourmentées. 2. La fête d’aujourd’hui, à la joie de laquelle nous nous unissons de tout cœur, rappelle le premier siècle de ce grand Temple majestueux, qui, dans l’harmonie de ses lignes architecturales, s’élève sur les rives du Tibre pour témoigner de la foi et de la louange au Tout-Puissant. La communauté chrétienne de Rome, par l’intermédiaire du Successeur de Pierre, participe avec vous à l’action de grâce au Seigneur pour cet heureux anniversaire. Comme j’ai eu l’occasion 29 Jean-Paul II lors d’un entretien avec le grand rabbin de Rome Riccardo di Segni, le 14 février 2003 de le dire au cours de la visite que j’ai évoquée, nous vous saluons comme nos “frères bien-aimés” dans la foi d’Abraham, notre Patriarche, d’Isaac et de Jacob, de Sarah, de Rebecca, de Rachel et de Léa. Saint Paul, en écrivant aux Romains (cf. Rm 11 16-18), parlait déjà de la racine sainte d’Israël, sur laquelle les païens sont greffés dans le Christ; “car les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance” (Rm 11, 29) et vous continuez à être le peuple premier-né de l’Alliance (Liturgie du Vendredi Saint, Prière universelle, Pour les Juifs). Vous êtes citoyens de cette Ville de Rome qui, depuis plus de deux mille ans, bien avant que Pierre le pécheur et Paul enchaîné ne vous rejoignent, soutenus intérieurement par le souffle de l’Esprit. Ce ne sont pas seulement les Ecritures Saintes que nous partageons dans une large mesure, pas seulement la liturgie, mais également les très anciennes expressions artistiques qui témoignent du lien profond de l’Eglise avec la Synagogue, de cet héritage spirituel qui, sans être divisé, ni répudié, a été donné aux croyants dans le Christ, et constitue un lien indissoluble entre vous et nous, peuple de la Torah de Moïse, olivier saint sur lequel a été greffée une nouvelle branche (cf. Rm 11, 17). Au Moyen-Age, certains de vos grands penseurs, comme Juda ha-Levi et Moïse Maïmonide, ont tenté d’étudier de quelle façon il était possible d’adorer ensemble le Seigneur et de servir l’humanité souffrante, préparant ainsi les voies de la paix. Le grand philosophe et théologien, bien connu de saint Thomas d’Aquin, Maïmonide de Cordoue (1138-1204), dont nous commémorons cette année le VIIIème centenaire de la dis- parition, exprima le souhait qu’une meilleure relation entre juifs et chrétiens puisse conduire “le monde entier à l’adoration unanime de Dieu, comme il est dit: “Oui, je ferai alors aux peuples des lèvres pures, afin qu’ils puissent servir [Yahvé] sous un même joug” (Sophonie, 3, 9)” (Mishneh Torah, Hilkhòt Melakhim XI, 4, éd. Jérusalem, Mossad Harav Kook). 3. Nous avons parcouru un long chemin ensemble depuis ce 13 avril 1986 lorsque, pour la première fois - après l’Apôtre Pierre - l’Evêque de Rome vous rendit visite: ce fut l’accolade de frères qui se retrouvaient, après une longue période au cours de laquelle n’ont pas manqué les incompréhensions, les refus et les souffrances. L’Eglise catholique, à travers le Concile Vatican II, ouvert par le bienheureux Pape Jean XXIII, en particulier après la Déclaration Nostra ætate (28 octobre 1965), a tendu ses bras vers vous, se souvenant que “Jésus est juif, et il l’est pour toujours” (Commission pour les Rapports religieux avec le judaïsme, Notes et suggestions, [1985]: III, 12). Au cours du Concile Vatican II, l’Eglise a répété de façon claire et définitive le refus de l’antisémitisme sous toutes ses formes. Toutefois, la désapprobation et la condamnation, bien que nécessaires, des attitudes hostiles à l’égard du peuple juif, qui ont souvent caractérisé l’histoire, ne suffisent pas; il faut également approfondir l’amitié, l’estime et les rapports fraternels avec eux. Ces relations amicales, renforcées et accrues après le Concile du siècle dernier, nous voient unis dans le souvenir de toutes les victimes de la Shoah, en particulier de tous ceux qui, en octobre 1943, furent arrachés à leurs familles et à votre chère communauté juive romaine pour être envoyés à Auschwitz. Que leur souvenir soit béni et nous incite à œuvrer en frères. Il est nécessaire, en outre, de rappeler tous les chrétiens qui, sous l’impulsion d’une bonté naturelle et d’une rectitude de conscience, soutenus par la foi et par l’enseignement évangélique, ont réagi avec courage, notamment dans cette ville de Rome, pour apporter une aide concrète aux Juifs persécutés, en offrant leur solidarité et leur aide parfois au risque de leur vie. Leur mémoire bénie reste vivante, ainsi que la certitude que pour eux, comme pour tous les “justes des nations”, les tzaddiqim, une Le tremblement de terre dans le temple après la mort de Jésus (du film “La Passion”: © Icon Distribution 2004) place est préparée dans le monde à venir, lors de la résurrection des morts. On ne peut pas non plus oublier, à côté des déclarations officielles, l’action souvent cachée du Siège apostolique, qui est venu en aide en de nombreuses façons aux Juifs en danger, comme cela a été reconnu également par leurs représentants faisant autorité (cf. “Nous nous souvenons: une réflexion sur la Shoah”, 16 mars 1998). 4. En parcourant, avec l’aide du Ciel, cette route de fraternité, l’Eglise n’a pas hésité à “déplorer les fautes de ses fils et filles en tout temps” et, dans un acte de repentance (teshuvà), elle a demandé pardon pour leurs responsabilités liées de quelque façon aux plaies de l’antijudaïsme et de l’antisémitisme (ibid.). Au cours du grand Jubilé, nous avons invoqué la miséricorde de Dieu, dans la sainte Basilique dédiée à la mémoire de Pierre à Rome et, à Jérusalem, dans la ville bien-aimée de tous les juifs, cœur de la Terre qui est sainte pour nous tous. Le Successeur de Pierre est monté en pèlerin sur les Monts de Judée, il a rendu hommage aux victimes de la Shoah à Yad Vashem, il a prié à vos côtés sur le Mont Sion, au pied de ce lieu saint. Malheureusement, la pensée tournée vers la Terre Sainte suscite dans nos cœurs préoccupation et douleur en raison de la violence qui continue de frapper cette région, du sang de trop d’innocents qui continue d’être versé par les Israéliens et les Palestiniens, qui obscurcit l’apparition d’une aube de paix dans la justice. C’est pourquoi nous voulons adresser aujourd’hui une prière fervente à l’Eternel, dans la foi et l’espérance au Dieu de Shalom, afin que l’inimitié n’entraîne plus dans la haine ceux qui se réclament du père Abraham, - juifs, chrétiens et musulmans - et qu’elle cède la place à la conscience claire des liens qui les unissent et de la responsabilité qui pèse sur les épaules des uns et des autres. Nous devons encore parcourir un long chemin: le Dieu de la justice et de la paix, de la miséricorde et de la réconciliation nous appelle à collaborer sans hésitation dans notre monde contemporain déchiré par les conflits et les inimitiés. Si nous savons unir nos cœurs et nos mains pour répondre à l’appel divin, la lumière de l’Eternel se rapprochera pour illuminer tous les peuples, en nous montrant les voies de la paix, du Shalom. Nous voudrions les parcourir d’un seul cœur. 5. Non seulement à Jérusalem et sur la Terre d’Israël, mais également ici, à Rome, nous pouvons faire beaucoup ensemble: pour ceux qui souffrent à nos côtés du fait de l’exclusion, pour les immigrés et les étrangers, pour les faibles et les indigents. En partageant les valeurs de la défense de la vie et de la dignité de chaque personne humaine, nous pourrons accroître notre coopération fraternelle de façon concrète. La rencontre d’aujourd’hui est presque une préparation à votre solennité imminente de Shavu’òt et à notre solennité de Pentecôte, qui célèbrent la plénitude des fêtes respectives de Pâques. Que ces fêtes puissent nous voir unis dans la prière de l’Hallel pascal de David: «Hallelu et Adonay kol goim shabbehuHu kol ha-ummim ki gavar ‘alenu khasdo we-emet Adonay le-Œolam» “Laudate Dominum, omnes gentes, collaudate Eum, omnes populi. Quoniam confirmata est super nos misericordia eius,et veritas Domini manet in æternum” Hallelu-Yah (Ps. 117 [116]) Du Vatican, le 22 mai 2004. 31 ÉDUQUER Par M. l’abbé Giuseppe Murro ANNA OLIVERIO FERRARIS: Les adultes qui savent et veulent assumer le rôle d’éducateurs font défaut L es faits divers qui depuis quelques années attirent l’attention de l’opinion publique sur les crimes opérés par des mineurs, issus de n’importe quelle origine sociale, font poser des questions sur l’éducation que reçoivent aujourd’hui tous les jeunes. Les psychologues interpellés sur ces cas doivent amèrement constater l’immaturité des jeunes, due à des manquements dans l’éducation, comme dans l’interview publiée à la suite. En effet, Anna Oliverio Ferraris fait remarquer que même si la plupart des jeunes n’arrive presque jamais au crime, tous ressentent d’une façon ou d’une autre un mal diffus: ils ne voient pas avec clarté la limite entre permis et pas permis, ils confondent le monde virtuel avec le monde réel; immergés dans un milieu qui fomente les passions, ils croient pouvoir faire ce qu’ils veulent, souffrent la solitude surtout quand ils subissent des échecs cuisants pour leur âge. Les causes sont multiples: manque de respect pour l’innocence, absence des adultes en général, des parents en particulier, qui ne savent pas ou ne veulent pas voir ces signes - que seul un adulte attentif peut percevoir - au moyen desquels ils pourront comprendre les jeunes et leur apporter l’aide nécessaire. Ce mal diffus pose la question de l’éducation, art sublime, qui comme tous les arts doit s’accomplir avec l’intelligence et avec les règles données par l’expérience. Si la charge de l’éducation incombe surtout à la famille, la société et le milieu dans lequel on vit jouent un rôle non négligeable: c’est pourquoi les parents doivent faire très attention aux personnes - parents, amis, domestiques, enseignants, école - que leurs enfants fréquentent ou à qui ils les confient, parce que tous contribuent, consciemment ou non, à la formation de l’individu. Au cours du présent article, premier d’une série dédiée à ce problème, nous donnons une explication sur ce que l’on entend par éducation, en rapportant presque intégralement une étude du P. Celestino Testore s.j. publiée sur l’Enciclopedia Cattolica (1), qui en expose de manière synthétique les principes de base. Cette étude préliminaire nous semble nécessaire pour pouvoir avoir les idées claires avant d’affronter d’autres thèmes. «Matures sexuellement, immatures mentalement» La psychologue: les adolescents sont la cible d’aiguillons qu’ils ne savent pas gérer IMER avec la furie des 16 ans et se rebeller contre le «non» avec le manque de raison de l’enfant. Tuer par amour, en portant le crime passionnel entre les boutons de l´adolescence et le trouble des adultes. Professeur Oliverio Ferraris, face à des drames comme celui-ci, seul le silence est-il de mise ou au contraire faut-il un examen de conscience collectif? «Il est vrai qu’en général l´homicide passionnel est caractéristique d’un âge plus avancé que 16 ans, mais l´adolescence a eu une accélération et est toujours plus précoce. Pour beaucoup, la fin de l´enfance arrive très vite, l´âge de la puberté s’est abaissé puisqu’il y a une interaction entre la maturité biologique et la pression du milieu. Les enfants sont très sollicités et répondent avec une précocité physique et sexuelle qui n’est cependant pas accompagnée d’une semblable précocité mentale. Ils entrent encore petits dans l´adolescence et à cet âge charnière, apparemment sans responsabilité, ils ont l´impression de pouvoir faire ce qu’ils veulent». (…) Dans ces cas, on dit toujours que le monde extérieur donne un très mauvais exemple… «En effet, autrefois l´adolescence était plus protégée, les messages - surtout les messages sexuels - étaient filtrés, il y avait un certain respect de l´innocence. Aujourd’hui, au contraire, ils sont immergés dans un bain continuel de violence et de sexe, de monde virtuel et de monde réel qui se superposent et se confondent. Surtout les garçons qui, séduits par les jeux-vidéo et les filles désinvoltes, n’ont plus clairement la limite entre ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Sexuellement matures, ils sont souvent immatures mentalement, et mettent en route des situations qu’ensuite ils ne savent pas contrôler. Surtout dans le domaine des sentiments». Et quand on oppose un refus à leurs désirs, ils n’ont pas les instruments pour l’accepter. «Heureusement la frustration ne devient presque jamais furie homicide. Mais, c’est A 32 vrai, il y a une très grande fragilité qui n’est pas reconnue». Ni même par les adultes? «Souvent on peut se demander où sont les adultes. Ils semblent aveugles face à leurs enfants. Les signes qu’un parent attentif peut repérer sont nombreux, mais ceux qui savent - et veulent - remplir le rôle d’éducateurs sont toujours plus rares, par exemple, en aidant les adolescents à décoder ce qui leur arrive, à refroidir certaines passions, à redimensionner les tragédies et leur faire comprendre que si une chose est ainsi maintenant, d’ici à six mois, elle apparaîtra au contraire dans une lumière toute différente. A l’inverse, souvent les jeunes sont livrés à eux-mêmes». C’est malheureusement justement ce qu’ils veulent: être laissés en paix, faire leurs expériences sans avoir les parents sur le dos. «C’est vrai, mais l´adulte ne doit pas abdiquer son rôle, pour difficile et ingrat qu’il soit. Les garçons ne devraient pas vivre dans la solitude leurs échecs, qui peuvent être aussi très cuisants, comme nous le savons bien. L´adolescence est une époque de très grande fragilité: on a perdu l´identité infantile et l’identité adulte est toute à acquérir. Il faut pouvoir s’appuyer sur quelqu’un. Les garçons se sentent tout-puissants, même si en réalité ils sont très vulnérables, refusent les présences qui accueillent et soutiennent, ne se confient pas. C’est pourquoi les accueillir et les soutenir est très difficile, mais c’est la seule chose qui puisse les sauver». (La Stampa, 5/10/2002 Sezione: Cronache italiane p. 3; interview de Marina Verna). Ce qu’est l’éducation L’origine du mot éduquer est latine: certains la font dériver de educare, qui signifie soigner, élever, alimenter et, par extension, former, instruire; d’autres la font dériver de educere, qui signifie extraire, faire sortir, mettre en lumière ce qui est dedans, ce qui est caché: cette dernière étymologie rend mieux le concept de l’action éducative. En conséquence, l’éducation comporte deux éléments: un actif, qui forme, l’éducateur; l’autre passif, qui est formé, l’éduqué. A proprement parler, il y a vraie éducation seulement entre homme et homme, entre homme parfait et homme perfectible. Si ce terme est également employé pour parler de plantes et d’animaux (éduquer les roses, le chien, le cheval), dans ces derniers il a un sens limité. Dans le règne végétal, éducation veut dire simplement “culture”, travail qui consiste à poser des conditions favorables pour que le germe se développe en fleurs et en fruits dans les meilleures conditions possibles. Dans le règne animal, l’éducation équivaut à “élevage”, si le travail vise à conserver et augmenter les énergies physiques; à “apprivoisement”, s’il vise à freiner et éliminer des actes psychiques déterminés; à “dressage” si l’on vise à favoriser et à accentuer le développement de qualités particulières (dresser un chien de chasse, un cheval de course). Dans tous ces cas on peut parler d’éducation parce que les attentions et les soins apportés proviennent d’un être rationnel, qui connaît le but auquel il tend et la relation des moyens envers la fin, c’est-àdire l’éleveur, l’apprivoiseur, le dresseur. Quand au contraire il s’agit d’un être raisonnable non seulement celui qui prodigue les soins et les attentions, mais aussi celui qui les reçoit, alors on peut parler de véritable éducation, parce que seulement dans ce cas l’éduqué participe activement à l’œuvre de l’éducateur avec sa conscience, sa volonté et sa liberté. L’éducation en effet ne tend ni ne doit tendre à former un être qui agisse ou réagisse mécaniquement ou instinctivement aux différentes impressions provenant de l’extérieur ou de l’intérieur, mais au contraire doit former une personne, qui connaîtra le monde extérieur et intérieur, qui sera consciente de ce qu’elle sait et de ce qu’elle fait, qui pourra juger des actions, les reconnaître conformes ou non conformes aux voix de la conscience (2). Si l’éducation comporte un perfectionnement, on ne peut pas dire que tout perfectionnement soit éducation. L’éducation en effet requiert l’influence d’un agent, qui l’exerce à dessein, avec méthode et continuité, rationnellement. Il faut donc un ordre systématique d’actions pour obtenir un effet déterminé, qui est le développement harmonieux, intellectuel, moral et physique de l’homme (3). A partir de là, on peut définir l’éducation comme l’art avec lequel un être humain adulte (maître, éducateur) exerce son action sur un adolescent ou mineur (écolier, éduqué) pour en mettre en acte toutes les facultés, en développant des habitus intellectuels déter- 33 Un grand éducateur: saint Jean Bosco minés (science) et pratiques (moralité) visant à la fin vraie et complète de la vie humaine. Il y a donc dans l’éducation une action multiple, dans laquelle entrent en jeu des facteurs physiques, spirituels, moraux qui influent par une série d’actes coordonnés sur l’éduqué, lequel à son tour réagit, pour ainsi dire, en se développant et en s’éduquant graduellement. L’éducateur n’agit pas comme si c’était à lui seul de transmettre à l’éduqué science et vertu; à son action ne correspond pas une simple réception passive de la part de celui qui est éduqué; il y a en somme deux activités, dont l’une aide l’autre, la contrôle, la dirige, contribue à son développement. Pour cette raison l’éducateur ne doit pas répéter tout au long de la journée: tu dois être bon, généreux, docile, studieux, serviable, travailleur… Il ne doit pas non plus prétendre à des résultats parfaits immédiatement, oubliant que pour tous il y a des étapes à franchir. Exemple: Jacques a été habitué à manger ce qu’il veut. Vouloir obtenir du jour au lendemain qu’il arrive à tout manger sans histoire, est une prétention exagérée; de plus, si l’enfant fait des efforts pour se corriger, ils ne seront pas reconnus par l’éducateur à leur juste valeur, avec risque de découragement de l’enfant. Rapport entre personne à éduquer et éducateur Auto-éducation ou hétéro-éducation? Dans l’éducation il y a d’un côté le facteur subjectif ou personnel, l’éduqué, qui est la personne à éduquer ou sujet qui agit, avec tous ses instincts, facultés, tendances naturelles et héréditaires, caractère, tempérament: il est l’objet autour duquel se développe l’action éducative; et il est aussi sujet, parce que par la loi de la spontanéité il s’éduque lui-même, organisant toutes ses expériences et formant ainsi sa personnalité. Dans l’éducation il y a d’autre part le facteur externe (ou extrasubjectif): c’est l’action, consciente et voulue, de l’éducateur, qui ne remplace ni ne doit remplacer l’action de l’éduqué, mais doit coopérer avec elle. Un autre facteur externe à ne pas mésestimer est donné par le milieu physique, dans lequel on naît, avec toutes les conquêtes atteintes, ses traditions, sa culture. L’éducateur ne doit pas se limiter à exposer les principes, comme un mode d’emploi que l’éduqué pourrait appliquer tout seul. L’éducation comporte un effort conjoint, où l’éducateur montre par sa parole, ses actes, son exemple, le comportement dans les différentes circonstances de la vie. A ce point nous devons nous poser la question: faut-il qu’il y ait auto-éducation ou hétéro-éducation? Certaines théories pédagogiques, fondées sur des idées philosophiques matérialistes et positivistes, insinuent ou soutiennent que dans l’éducation l’œuvre de l’éducateur est secondaire: tout le processus éducatif consisterait dans le libre développement des activités de l’éduqué, ou dans leur adaptation à la réalité extérieure (la nature) qui l’entoure et l’influence. D’autres théories, comme celles des idéalistes, vont encore plus loin et suppriment la personne de l’éducateur, affirmant que toute éducation est simplement autoéducation. Ces théories ne correspondent pas à la réalité, ainsi que l’expérience nous le montre. On pense parfois que les enfants, en les laissant ensemble et livrés à eux-mêmes, peuvent se former: mais sans les conseils et l’exemple de l’éducateur, ils sont comme des bateaux sans gouvernail. Dans le rapport éducatif il faut distinguer, comme il est dit, deux facteurs - l’éducateur et l’éduqué - qui se complètent réci- 34 proquement et, intégrés l’un l’autre, concourent à produire un unique résultat, la formation de l’homme complet. L’homme complet est le résultat final du sujet bien éduqué, il lui est immanent (grâce à un perfectionnement physique, moral, intellectuel), mais il provient aussi de l’extérieur puisqu’il ne peut pas se réaliser sans l’intervention de l’éducateur. C’est pourquoi auto-éducation et hétéro-éducation vont ensemble. L’autoéducation doit être entendue comme une série d’actes au moyen desquels l’éduqué se réalise lui-même, réalise son perfectionnement, sous l’influence nécessaire de l’hétéro-éducation; cette dernière doit être entendue comme une série d’actes qui n’étouffent ni ne se substituent à l’activité qui s’auto-développe dans l’éduqué, mais qui l’éveillent, la dirigent, la mettent en valeur par l’usage de tous les moyens éducatifs. Les facultés à développer Le jeune doit développer l’intelligence, la volonté, la mémoire, la fantaisie, les sens externes, jusqu’à la formation de l’homme parfait. Tout ceci sera bien fait si l’éducateur s’inspire d’une psychologie rationnelle et expérimentale, qui lui suggérera aussi une certaine méthode à suivre. Là aussi, nous devons remarquer que si l’éducateur se sert d’une psychologie matérialiste ou positiviste, le résultat sera désastreux. L’effet sera également désastreux si l’éducateur agit sans étude, sans méthode, avec à-peu-près, dans une tâche aussi grave. Sans entrer dans le détail, et en continuant à suivre l’article de l’Enciclopedia Cattolica, nous nous contentons de dire qu’il faut tenir un juste milieu entre le conservatisme exagéré et l’excessif, l’amour aveugle de la nouveauté pour la nouveauté. En cela, ce qu’il y a d’ancien et traditionnel n’est pas tout mauvais ou dépassé, ni tout bon et réalisable; parmi les nouveautés, toutes ne sont pas bonnes, ni toutes mauvaises ou à mépriser. C’est pourquoi vaut l’avis en or de saint Paul: “Eprouvez tout et retenez ce qui est bon” (I Thess. V, 1). Ce qui est bon dans le nouveau doit s’amalgamer et accroître le bon ancien, et non le détruire pour tout recommencer depuis le début. Il faut avoir un réel sens historique, parce que l’histoire est maîtresse de vie: puiser la lumière qui émane d’elle est signe de sagesse. Action coordonnée et méthodique L’action de l’éducation peut se dérouler de deux manières: de manière subjective-introspective et de manière objective. Avec l’introspection l’éduqué est amené à diriger son attention vers des choses ou des faits sur lesquels en général il ne s’arrête pas tout seul. Elle peut être spontanée ou provoquée. L’introspection est dite spontanée quand une personne rentre en elle-même et rappelle les expériences passées qui concernent le domaine éducatif, en étudie, à la lumière du présent, les éléments et les fruits. Telles sont par exemple Les Confessions de saint Augustin; les journaux ou les souvenirs autobiographiques. Nombre de pédagogues fondent leurs constructions systématiques sur cette introspection: ils prennent comme règle ce qu’ils ont appris de leurs éducateurs, examinent plus ou moins les impressions qu’ils en subirent, et reproduisent les éléments qui leur apparaissent bons, puisqu’ils ont donné de bons résultats. Ces constructions, du fait de la large part qu’elles peuvent avoir de subjectif, peuvent induire en erreur et appréciations erronées. En effet, parfois l’éducateur pense: lorsque j’avais son âge, tel livre (ou tel discours, tel argument…) m’avait fait comprendre comment je devais agir; donc en prenant le même moyen, cet enfant comprendra. La première éducation se fait dans les bras de la maman 35 L’éducateur doit comprendre qu’il n’est pas toujours vrai que tel moyen qui était bon pour lui il y a vingt ans, est bon aujourd’hui pour tel enfant. L’introspection provoquée dans l’éduqué par des procédés variés et adéquats, qui l’obligent à exprimer ce qu’il sent, en l’aidant à bien s’observer, en lui donnant des idées directrices, en lui fournissant un fil conducteur, en corrigeant les déviations du droit chemin, est donc plus utile. Il est parfois nécessaire d’aider l’enfant à réfléchir: soit sur les questions qui l’aident à mûrir, soit sur certaines attitudes à corriger: s’il a été menteur, lui faire considérer le bien de la loyauté, s’il a été égoïste, le bien de la générosité, s’il a été paresseux, le bien de l’activité… Le mode objectif consiste en l’étude des faits éducatifs, examinés en dehors de nous, de manière externe. C’est une observation continue sur l’éduqué, sur ce qu’il dit et fait, sur son comportement dans les différentes circonstances de la journée, sur l’attitude du corps, sur les variations de la physionomie, sur les mots qui échappent entre camarades, sur le degré varié d’intensité et d’attention qu’il explique suivant les sujets traités. De cette manière on peut rassembler un vaste bagage de connaissances, qui servent à adapter les normes générales de l’éducation aux divers individus. “L’éducateur - disait saint Jean Bosco - est une personne consacrée au bien de ses élèves, aussi doit-il être prêt à affronter n’importe quel dérangement, n’importe quelle fatigue pour atteindre son but qui est l’éducation civile, morale, scientifique de ses élèves” (4). La fin de l’éducation Ces deux modes d’éducation, tout comme d’autres méthodes qui peuvent être utilisées, sont bons et efficaces dans la mesure où ils sont proportionnés à la fin à atteindre. Mais quelle est cette fin? Peut-on dire que l’éducation soit purement une question technique, ou qu’elle dépende uniquement d’une conception philosophique? Non, l’éducation entre dans la cohérence logique de la réalité de la vie humaine, elle dépend de la fin de l’homme. Si la fin de l’homme consistait seulement en un quelconque bien-être purement humain et terrestre, l’éducation devrait se diriger dans cette direction naturelle ou naturaliste; si au contraire la fin de l’homme consiste en la perfection absolue, dans l’obtention de la vie future au moyen de la perfection en cette vie présente, l’éducation devra tendre vers cette double finalité. La droite raison prouve que la vie humaine n’est pas enfermée dans les limites des choses matérielles et terrestres, mais qu’il existe des valeurs plus élevées, les valeurs de l’esprit; que l’homme est doté d’une âme spirituelle et immortelle, de volonté libre, de conscience morale et est destiné à une félicité éternelle. La raison prouve aussi qu’il existe un Etre nécessaire et absolu, Dieu, dont dépendent toutes les choses qui existent, et vers qui elles convergent toutes. C’est pourquoi la véritable éducation ne pourra pas ignorer ces vérités, ni en mésestimer la valeur, mais devra se conformer à elles. Ces considérations prennent plus de relief et d’efficacité si en plus on pense que Dieu Lui-même s’est révélé et qu’il a instruit directement sur de nombreuses vérités concernant la fin de l’homme. C’est ainsi que nous savons que l’homme a été élevé à l’ordre surnaturel de fils adoptif de Dieu, doté de facultés et de moyens surnaturels pour atteindre la fin que Dieu lui a donnée, qui est surnaturelle, et qui consiste en la possession de Dieu par la vision béatifique. Donc une éducation qui veut être vraie et complète devra tenir compte de cet ensemble de vérités supérieures pour conduire l’homme à cette perfection que cet état de surélévation requiert. En conséquence, sera imparfaite toute éducation qui visera à des fins purement naturalistes; qui négligera ou reniera ou combattra les plus hautes valeurs surnaturelles de l’homme et de la vie, quel que soit l’aspect ou la fin qu’elle proposera dans sa méthode et dans son système. Elle pourra en effet se tourner unilatéralement ou surtout vers la culture physique (homme animal), vers l’intelligence (homme-savoir), vers la volonté (homme-volitif, volonté de puissance), vers l’aspect civique (homme-citoyen), ou national et racial (homme-racial), ou économique (homme-économique) ou professionnel (homme-travailleur), précisément parce qu’elle part de considérations partielles, qui n’embrassent pas tout l’homme, ni la fin réelle de sa vie et encore moins toute la fin de l’éducation. Les résultats désastreux d’une telle éducation sont quelquefois visibles à l’œil nu, 36 car l’enfant devenu adulte souffrira de ce développement partial, parfois trop développé sur certains points et déficitaire en tant d’autres. L’éducation doit être complète Ainsi qu’on l’a vu dans le paragraphe précédent, la double finalité de l’homme - de la vie présente et future - caractérise une des conditions fondamentales de l’éducation. L’œuvre éducative devra s’étendre à tout l’enfant et non à une partie seulement ou à l’une ou à quelques-unes de ses facultés. Or l’enfant a un corps et une âme, âme qui pense, raisonne, veut et est libre: l’éducation devra donc être physique, morale et intellectuelle. De plus, l’enfant est un être destiné non à une vie égoïste et solitaire, mais à la vie sociale, d’abord dans la famille, ensuite dans l’Etat: c’est un être essentiellement religieux, qui doit pratiquer la religion comme individu et comme membre d’une société dans laquelle il vit, qui est l’Eglise. L’éducation devra donc être familiale, civile et religieuse. L’éducation doit avoir aussi cette complétude dans la durée. Il ne suffit pas d’être adultes pour ne plus avoir besoin de l’éducation: “[l’éducation] est un devoir dont seule la mort nous soustrait. Et comme tout autre devoir, celui-là aussi comporte continuellement le danger de péricliter et celui de nous trouver toujours exposés au risque de ne pas l’accomplir; en effet le devoir est une valeur, qui se propose chaque fois comme quelque chose qui doit exister et que notre liberté peut empêcher de se réaliser” (5). Puisque l’esprit de l’enfant à éduquer est un, même avec les formes et les aspects multiples dont nous avons parlé plus haut, l’éducation doit être unitaire, c’est-à-dire posséder une unité qui concilie tout harmonieusement, en évitant tout excès de part et d’autre. Autrement il ne pourra avoir une vraie formation de l’esprit humain. Un poème ne se crée pas en rapprochant et en accumulant des mots, des rimes et des vers, les uns à côté des autres, mais en imprégnant le tout du souffle inspirateur, qui synthétise la multiplicité en un complexe organique. De la même manière l’harmonie de la vie ne se réalise que lorsque les idées, les affections, les notions, les volitions, même en étant multiples, jaillissent d’une même source et possèdent un esprit vivifiant. Saint Dominique Savio formé à l’école d’un saint éducateur: Don Bosco L’éducation religieuse L’éducation religieuse mérite une considération toute particulière, spécialement de nos jours, face à des théories, des systèmes, des mentalités qui voudraient la reléguer au grenier au rang des choses indifférentes ou inutiles ou même mauvaises. Ainsi l’on pense et l’on dit que pour réaliser une telle éducation il faut supprimer ou diminuer les facultés naturelles, ou bien renoncer aux travaux de la vie terrestre; ou encore qu’elle serait opposée à la vie sociale, à la prospérité temporelle, contraire au progrès dans les lettres, dans les sciences, dans les arts et en toute autre œuvre de civilisation. Pour se rendre compte de l’erreur de ces préjugés, il suffirait de penser que l’Eglise a fondé les Universités, les bibliothèques, a encouragé la recherche scientifique. Si nous regardons de près l’éducation chrétienne, elle a comme fin propre et immédiate de coopérer avec la grâce surnaturelle pour former le vrai et parfait chrétien, qui vit de la vie du Christ 37 (Col. III, 4) dans toutes ses actions (II Cor. IV, 11). C’est pourquoi elle comprend tout le cadre de la vie humaine, sensible, spirituelle, intellectuelle et morale, individuelle, domestique et sociale, non pour la diminuer, mais pour l’élever et la perfectionner. Par conséquent le vrai chrétien ne renonce pas à la vie terrestre, ne diminue pas ses facultés naturelles, mais les réalise et les perfectionne en les coordonnant à la vie surnaturelle, de manière à anoblir la vie naturelle et lui procurer un plus grand avantage non seulement surnaturel et éternel, mais aussi matériel et temporel. “Nous ne sommes pas des étrangers à la vie, nous ne désavouons aucun fruit des œuvres de Dieu; nous nous modérons seulement pour ne pas en user immodérément ou mal” (6). L’éducation religieuse, si elle nous fait remarquer que l’homme est déchu par l’œuvre du péché originel, et par conséquent est resté affaibli dans sa volonté et secoué par des tendances désordonnées, connaît aussi l’antidote nécessaire. Aux moyens humains, qui ont leur utilité incontestable, elle sait ajouter les moyens surnaturels, qui sont d’une efficacité beaucoup plus intime et profonde: la vie et la doctrine de Jésus-Christ, la prière, le culte, les Sacrements - parmi lesquels la Pénitence et l’Eucharistie sont de très grande valeur pédagogique - ses rites, ses fêtes et son art. Du reste, l’histoire de l’Eglise en constitue un admirable témoignage, qui s’identifie avec l’histoire de la véritable civilisation et du véritable progrès jusqu’à aujourd’hui. Et les saints restent bien les modèles les plus parfaits dans n’importe quelle classe et profession, dans n’importe quel état et condition de vie, du paysan, simple et rustique, au scientifique et au lettré, de l’humble artisan au capitaine des armées, du simple père de famille au monarque gouvernant les peuples, des humbles filles et femmes vivant dans l’enclos domestique jusqu’aux reines et aux impératrices. En résumé, on doit dire que dans la formation du chrétien on ne doit pas voir la religion comme une pratique ou une habitude jointe à la vie, qui se modèle selon l’esprit mondain; mais comme un principe cohésif et unitaire, qui marque la vie tout entière et toutes ses actions et professions. Un garçon qui ne connaît pas le catéchisme ou les prières, mais qui se comporte bien a sans aucun doute des principes plus chrétiens qu’un autre qui, bien que connaissant la doctrine ou bien que disant ses prières matin et soir, manquerait de respect, en famille ou en société: dans son cas en effet l’éducation religieuse est superficielle, n’a pas pénétré dans son cœur. Le père de Dominique Savio amena son fils chez saint Jean Bosco, qui se trouvait à la campagne, pour lui demander de le recevoir dans son Oratoire de Turin pour suivre les études. Le Saint, après un bref colloque avec le jeune garçon, reconnaît en Dominique une âme tout à fait selon l’esprit de Dieu; il est émerveillé du travail que la grâce divine a déjà opéré dans un enfant aussi jeune. Dominique lui demanda: - Eh bien, que vous en semble? Allezvous m’accepter à Turin pour continuer mes études? - Eh bien, il me semble qu’il y a là bonne étoffe! - Et à quoi peut servir cette étoffe? - A confectionner un beau présent pour le Seigneur. - Alors, dit Dominique, c’est moi l’étoffe. Vous serez le tailleur. Prenez-moi chez vous et faites de moi un beau présent pour le Seigneur. Conclusion On a vu que l’éducation est le fruit de la double action de l’éducateur et de la personne éduquée, dans une action coordonnée et méthodique, avec pour fin de développer les facultés naturelles et, surtout, les qualités surnaturelles. L’éducateur devra veiller à saisir chez le jeune les moments cruciaux, les tournants de sa vie, pour répondre à ses interrogations, pour l’aider dans ses difficultés, en se fondant surtout sur les principes surnaturels. En effet, ceux-ci considèrent toute la vie humaine, et ont toujours la réponse juste pour chaque circonstance. Y renoncer, veut dire faire perdre l’esprit de foi chez le jeune, veut dire perdre la complétude de l’éducation, en perdre sa finalité; de là naîtront des problèmes plus graves dont les conséquences se feront sentir pendant longtemps sinon pour toute la vie (et ce n’est pas toujours que l’éducateur se rendra compte des erreurs commises, ou quand il le fera il sera trop tard…). De plus, l’adulte devra s’appliquer à ces bons principes naturels que le simple bon sens saura lui suggérer. En 38 somme, dans l’éducation que nous voulons donner aux enfants il faudra tenir compte avant tout de leur âme: il faudra l’aider à acquérir les vertus, tant naturelles que chrétiennes, qui permettront aux jeunes non seulement de surmonter indemnes les échecs de la vie, mais d’avoir une formation solide et de se préparer à la vie éternelle. Vie Spirituelle CONNAIS-TOI TOI-MÊME ET DEVIENS CE QUE TU ES Notes 1) ENCICLOPEDIA CATTOLICA, article Education. 2) Celui qui oublie que l’éduqué a une volonté et une liberté propre finira par en écraser la personne, en voulant qu’il pense et qu’il agisse comme lui en toute chose. 3) L’éducation n’est donc pas une action qui s’improvise chaque jour, selon les nécessités quotidiennes. L’éducateur doit avoir à l’esprit la fin à atteindre, et saisir dans les circonstances l’occasion pour développer chez l’éduqué les qualités nécessaires à l’obtention de la fin. 4) SAINT JEAN BOSCO, Le Système Préventif dans l’éducation de la jeunesse. 5) F. BONGIOVANNI, Lezioni di pedagogia, I, Torino 1947, p. 10. Cité dans l’article de l’Enciclopedia Cattolica. Nous devons parfois noter que nombre de personnes, même de bonne famille, devenues adultes, croyant que leur éducation est finie, complète, pensent ne plus rien avoir à apprendre ou à corriger en elles. Le résultat désastreux de cette présomption n’est pas constitué seulement par les “gaffes” qu’elles commettent (tout le monde peut en faire), mais par des manières de faire insupportables. Quand ces personnes fondent des familles sans s’être corrigées, les désastres deviennent plus graves. En ne voyant pas leurs erreurs, elles croient que ce sont les autres qui se trompent, en prenant des attitudes ou manières de faire singulières et désagréables: de là peuvent naître des incompréhension, divisions, litiges. Leurs enfants en seront influencés, répétant les mêmes erreurs. 6) TERTULLIEN, Apologia, 62; in Enciclopedia Cattolica. Par M. l’abbé Curzio Nitoglia Qu’est-ce que l’homme? L’ homme est un composé d’esprit et de corps; le corps est l’instrument dont se sert l’esprit pour connaître et aimer, en effet “rien ne se trouve dans l’intelligence et dans l’appétit rationnel, s’il n’est pas d’abord passé à travers les sens” (Aristote). Le corps possède les sens extérieurs (vue, toucher, goût, ouïe et odorat), les sens intérieurs (surtout la mémoire et l’imagination); tandis que l’esprit a deux facultés nobles: l’intelligence pour connaître le vrai et refuser le faux, la volonté pour aimer ce qui est bien et repousser le mal. La raison prouve avec certitude que Dieu existe et qu’il est la cause de l’homme. En partant des effets contingents et finis, on remonte à un Etre nécessaire et infini que nous appelons Dieu. De même, elle démontre que l’homme a une âme spirituelle, c’est-à-dire simple (non étendue et composée) et pour cela incorruptible et immortelle. Cela est prouvé par les actions de l’esprit: connaître et vouloir des objets immatériels, universels et spirituels, par exemple l’honneur, la justice, le bonheur. Donc notre raison nous démontre - avec certitude - que nous sommes créés par Dieu, que nous sommes semblables à Lui en tant que personnes intelligentes et libres et nous enseigne aussi que notre fin ne peut consister en quelque chose d’inférieur à la capacité de connaître et aimer le souverain Vrai et le souverain Bien, c’est-à-dire Dieu; en effet, les richesses un jour devront nous quitter, la beauté aussi, le plaisir aussi, la gloire et la puissance de la même façon. Seul un Etre infini et éternel peut satisfaire les exigences de l’âme humaine assoiffée de paix, de sérénité et de vraie joie spirituelle. Cela c’est l’homme dans l’abstrait, mais quand on descend au concret, par exemple 39 Antoine, Marc, Jean, les choses se compliquent, puisque “l’individu est ineffable” (Aristote), il n’est pas parfaitement définissable; mais on ne peut le décrire que grâce aux caractéristiques qui apparaissent à l’extérieur. Son être profond, sa nature individuelle reste un mystère que Dieu seul connaît. “Le cœur de l’homme est mauvais et insondable et Dieu seul pénètre dans ses profondeurs” (Ezéchiel). De là peuvent surgir des “problèmes”, parce que si nous ne nous connaissons pas vraiment et profondément, notre relative sérénité sur terre, notre vie spirituelle et la parfaite béatitude au Ciel peuvent en être compromises. Il faut donner un sens à sa vie Souviens-toi que tu es enfant de Dieu, “créé à son image et à sa ressemblance” (Genèse), que tu as une fin et un but bien précis, que tu ne dois donc pas être esclave de fausses idoles, qui peuvent te détruire. Par exemple, le respect humain (ou “crainte des mondains”) qui voudrait t’empêcher de faire, parler, exister, devenir en acte ce que tu es en puissance, un bienheureux pour toute l’éternité. L’homme, intelligent et libre, s’il est conscient de sa nature et de son rôle, ne doit jamais se diminuer ni avoir honte; seul celui qui ne se connaît pas lui-même et est esclave de préjugés peut éprouver la honte d’un “fantasme” qui n’existe que dans son imagination mais non dans la réalité. C’est l’imagination qui “crée” les fantasmes qui peuvent conditionner ton comportement en bien ou en mal selon que tes imaginations ou idées sont positives ou négatives; c’est à toi d’en faire bon usage. Cherche à vivre spirituellement, c’est-à-dire en faisant descendre toutes tes images ou idées, décisions, comportements et choix, de ta spiritualité d’homme créé par Dieu pour la félicité éternelle et infinie du Paradis. Les créatures sont les seuls moyens utiles à l’obtention de la fin ultime, d’où il découle que tu ne dois t’en servir “tant qu’elles t’aident à y arriver, ni plus ni moins” (saint Ignace); c’est pourquoi tu dois être “indifférent dans la volonté” face à elles. Cela ne signifie pas être fatalistes ou paresseux, mais choisir ou accepter - si la vie nous les impose - les créatures qui sont les plus utiles, et souvent ce sont justement celles que tu aimes le moins, que tu crains même, qui te portent, une fois la souffrance affrontée, à la félicité. La seule psychologie (comme on voudrait aujourd’hui) ne suffit pas à résoudre tes problèmes, puisque tu n’es pas seulement un être rationnel doté de pensée (ou “psyché”), mais que tu es appelé à participer à la vie divine, au moyen de la grâce sanctifiante; tu es esprit et seule la spiritualité peut t’aider pleinement, d’autant plus que tu es blessé par le péché originel. En outre, si ta pensée peut être malade (pensées négatives), ce n’est pas le cas de ton esprit, à condition que la tienne corresponde à une véritable spiritualité et non à un succédané ou à une superstition, parce qu’alors tu tomberais dans le faux mysticisme, qui est une des aberrations les plus dangereuses. Pour bien vivre, il est nécessaire de savoir qui nous sommes, d’avoir un but de vie, de chercher à l’atteindre, même si c’est dur, sans nous décourager face à nos déficiences qui sont coessentielles à l’être humain limité, fini et défectible par nature. Ce ne sont pas les problèmes et les difficultés ou les échecs et les faillites qui rendent notre vie pénible, mais le sens que nous leur donnons. Si nous les voyons comme quelque chose d’insurmontable, d’irrémédiable et définitif, nous nous condamnons à vivre seuls, à vivre en désespérés, comme Caïn ou Judas; au contraire, si nous les voyons comme des éléments coessentiels à la fragilité de notre nature, alors nous pouvons les affronter avec confiance et les surmonter sereinement, avec l’aide de Dieu qui nous conduit, pas à pas, par la main, vers la fin pour laquelle il nous a créés. Les prêtres ou les religieux en général, ne doivent jamais douter de leur fin, de leur vocation, de l’efficacité de leurs paroles, de leurs prières, de leurs actions. Si dans leur vie entrent l’insatisfaction, le manque de motivation, l’ennui, leur vocation est en danger grave, précisément du fait de la nonconscience de la grandeur de leur appel, de leur rôle et de leur mission. De la même façon, l’hyperactivisme, l’hérésie de l’action, le manque de vie contemplative, l’indépendance des règles, la peur du silence et de la solitude - non remplis de saines activités spirituelles, intellectuelles et charitables peuvent les conduire à la ruine (dom Chautard). 40 Il faut être sereins, joyeux mais jamais dissipés; la parole est d’argent, mais le silence est d’or, “le silence c’est Jésus-Christ” disait saint Augustin; en outre, tu auras observé que nous avons deux oreilles pour écouter et une seule bouche pour parler... “Souviens-toi que tu dois mourir” L’animal ne le sait pas, beaucoup d’hommes d’aujourd’hui font semblant de ne pas le savoir, veulent l’oublier, il en est pourtant ainsi pour tous et il faut accepter ce fait pour vivre sereinement, pour être équilibrés et matures psychologiquement, pour réduire les fantasmes et la peur qui pourraient ébranler notre paix intérieure et notre équilibre. Il en résulte que tu ne dois pas fuir les difficultés, mais les vivre et les surmonter en acceptant la souffrance qui les accompagne inévitablement (la solitude, les maladies, la mort). Etre serein ne dépend pas de ne pas rencontrer d’inconvénients ou de difficultés (comme prétend la philosophie orientale), ceci est impossible, mais dépend de ta façon de voir les choses, de ton attitude mentale. Si tu vois tout à la lumière de l’éternité et de ta fin, les difficultés restent, mais deviennent supportables et surmontables (elles font partie de notre vie). C’est pourquoi nous ne devons pas accuser les autres (“maudit l’homme qui se confie en l’homme” dit le psaume) de notre souffrance; il n’y a que nous-mêmes qui pouvons la rendre insupportable si nous l’imaginons trop grande, sans une raison, et éloignée de notre fin. Nous ne devons pas nous fonder et nous appuyer sur les autres, c’est nous qui devons vivre notre vie et ne pas la faire vivre par un autre, autrement nous nous faisons esclaves de quelqu’un et nous renonçons à notre liberté. Ainsi, nous ne devons pas attendre la félicité d’un autre homme, mais elle ne nous sera donnée que si nous affrontons et vivons sereinement - sans nous impatienter de nos limites - les difficultés de la vie. Aucun homme ne peut te rendre heureux sans toi, tout comme aucune créature ne peut te donner la félicité sans ta capacité de donner un sens à ta vie, avec ses lumières et ses ombres, ses joies et ses douleurs. La vraie personnalité Tout homme, fini et blessé par le péché originel, a une personnalité non parfaite, dé- ficiente. La personnalité humaine parfaite n’existe pas, nous pouvons cependant l’acquérir, en renonçant à nos aspects négatifs (qu’avec l’examen de conscience nous devons mettre à nu, tout comme les souvenirs déposés dans la mémoire [aujourd’hui nous l’appelons - de manière erronée - “subconscient ou inconscient”] dont nous n’avons plus conscience explicite) et demander à Dieu de faire mourir notre vieille nature infirme pour que puisse vivre en nous la personnalité du Verbe Incarné, Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme, avec toute sa perfection. Ceci a été le secret de la vie héroïque des saints qui se sont vaincus euxmêmes et ont reproduit dans leur vie celle de Jésus. Il n’existe pas d’hommes psychologiquement parfaits et absolument normaux, (seuls les saints, dans la mesure où ils ont reproduit les apparences du Verbe Incarné en mourant à eux-mêmes, le sont). Il y a des hommes plus ou moins normaux suivant le sens et le but qu’ils donnent à leur vie et du travail qu’ils font pour s’améliorer euxmêmes, en ôtant d’eux tout désordre, avec l’aide de Dieu. Ils s’efforcent: d’avoir un but en chacune de leurs actions, qui les élève et les motive, de telle sorte que rien ne leur est impossible; de bien utiliser leur liberté qui est la faculté de choisir les moyens les plus adaptés à atteindre la fin; d’agir sans délai et avec courage après avoir pris une résolution bien soupesée; d’être constants, disciplinés, avec une volonté ferme et virile; “nihil violentum durat”, on ne peut avoir tout et tout de suite, mais peu à peu, on peut acquérir quelque chose d’important et non superficiel. Les déficiences de caractère, plus qu’héréditaires, sont l’effet d’une fausse lecture que nous-mêmes avons faite des épisodes de notre enfance surtout, et aussi de notre vie adulte (la mort d’un proche, par exemple). Le code génétique a certes son importance, mais notre “forma mentis”, notre manière d’interpréter les événements, les circonstances de notre passé, le milieu dans lequel nous avons vécu, sont encore plus importants que lui, pour le développement d’une personnalité tordue, d’une mentalité erronée, qui rendent difficile le progrès spirituel. “La grâce présuppose la nature, elle ne la 41 détruit pas mais la perfectionne”; elle est “germe et commencement de vie éternelle” (saint Thomas). Or si notre mentalité est incomplète, non mature, non équilibrée, toute notre vie spirituelle s’en ressentira. L’amiral Nelson disait: “donnez-moi un gentleman et j’en ferai un officier”. C’est-àdire, si le sujet est sain et équilibré, complet et mature, il pourra devenir un “officier”, un héros ou un saint. Autrement, sa vie spirituelle risque d’être compromise par une mentalité et une personnalité immatures, incomplètes. Ainsi il ne pourra pas devenir un “officier” ou un saint, parce qu’il n’est pas un gentleman, c’est-à-dire un homme complet, sain et droit. Donc, pour avancer spirituellement, il est nécessaire de nous connaître nous-mêmes, avec tous nos défauts et nos qualités, pour accepter et surmonter les premiers et enrichir les secondes, mais si nous fermons les yeux face à nos déformations psychologiques, nous ne serons pas mûrs pour vivre spirituellement, nous pourrons même être victimes de déviations spirituelles (faux mysticisme) qui sont la chose la plus dangereuse qui puisse nous arriver. Les parents Il est très commode d’imputer aux parents la responsabilité de ce qui nous arrive dans la vie, pourtant le parent idéal, absolument parfait (à l’exception de Saint Joseph et de la très Sainte Vierge) n’existe pas. Chaque parent est une créature plus ou moins limitée. Chaque enfant aura subi inconsciemment des “torts”, tout comme il aura reçu beaucoup d’amour (et vice-versa). Certes il y a des cas spéciaux dans lesquels le parent, soit par mort prématurée, soit par maladie, soit par immaturité, n’a pas été un vrai éducateur de l’enfant, mais si l’enfant naît et grandit mal c’est surtout parce qu’il a mal interprété la carence du parent, comme s’il s’agissait d’un «mal absolu dont on ne sort jamais» (une sorte de Shoah), “un passé qui ne passe pas” et qui continue à faire souffrir; au contraire, c’est un mal relatif, exagéré par notre imagination ou sensibilité exacerbée, et duquel on peut et on doit sortir, en y pensant que pour l’éviter, le surmonter et ne plus en être victimes; en essayant de réduire tous ou la plupart des obstacles à notre maturité mentale et croissance spirituelle. Saint Ignace de Loyola, maître de la vie spirituelle La première étape de la vie spirituelle est appelée “purgative” précisément parce qu’en elle on se purge des défauts de caractère et des désordres moraux. Or idéaliser le parent, ou le chef, signifie prétendre qu’ils sont parfaits, alors que Dieu seul l’est; ainsi nous construisons dans l’imagination des idoles, qui, si elles ne sont pas des hommes, ne sont pas non plus Dieu, ne sont pas au ciel mais ne sont pas non plus sur terre, sont suspendues en l’air et tôt ou tard tomberont sur nous, nous faisant le mal que nous avons permis qu’elles nous fassent. Il faut voir et ne pas nier les limites ou les erreurs de nos parents, non pour les critiquer, mais pour nous améliorer, en essayant de ne pas les répéter. Le passé ne doit pas paralyser notre vie: par définition c’est... “passé”, ça n’existe plus; le futur n’est pas encore, il faut donc vivre au moment présent, sans vivre dans le passé ou rêver les yeux ouverts à un futur qui ne sera jamais comme nous l’avons imaginé. Il faut nous réconcilier avec notre passé, s’il a été négatif, ne pas l’effacer de notre mémoire – ce serait impossible et nocif mais en tirer enseignement. “L’histoire passée est maîtresse de vie présente”, pour vivre mieux, pour vivre le présent sans répéter les erreurs passées. Si tu veux avancer tu dois comprendre et accepter, ou mieux, te faire une raison des erreurs passées, sans les revivre comme “un passé qui ne passe pas”. 42 N’aie pas peur, ouvre-toi au Christ La peur de ne pas savoir affronter un événement peut nous préoccuper, comme quand nous étions écoliers et devions résoudre un problème de mathématiques, mais elle ne doit pas devenir paralysante, autrement elle serait pathologique. Il faut passer à l’action (“surgite eamus” dit Jésus à Gethsémani), descendre dans la réalité qui est toujours moins brute que ce que nous la représentons, surtout si elle est vue à la lumière d’un passé difficile que nous ne voulons pas abandonner, comme si nous avions été “les uniques” à avoir eu une enfance difficile, à avoir subi une “catastrophe”, assez de jérémiades qui n’en finissent plus. La peur est l’espace qui va de notre pensée à l’action; si l’action vient tout de suite après la pensée nous enlevons l’espace à la peur. Certes il faut protéger le futur, choisir, décider mais ensuite passer à l’action avec ferme décision, courage ou espérance de réussite. Le courage est confiance dans le futur, c’est l’exact contraire de la peur qui est désespoir face à la vie. La peur est le fruit de notre découragement pessimiste, qui nous fait tout voir à la lumière d’un passé désagréable et le fait revivre continuellement, de façon à perpétuer l’échec; la peur est la matrice des événements, et si elle frappe à la porte, il faut envoyer le courage ouvrir de manière à ce qu’elle n’apparaisse pas mais qu’elle disparaisse. Une saine auto-estime, qui n’est pas présomption, mais vérité, dans la mesure où elle nous fait voir comme créatures et enfants de Dieu, “en qui tout est possible” (saint Paul), nous aide à vivre avec certitude et confiance, à bannir la peur et le découragement, à ne pas refuser l’action. Le renvoi en effet cache une grosse insécurité intérieure, comme la paresse qui ne nous fait pas affronter les problèmes (cela équivaut à ce que fait l’autruche qui cache sa tête dans le sable, laissant à découvert le reste de son corps), c’est une fuite de la réalité. Pour le chrétien, comme pour la philosophie du sens commun, l’homme n’est pas seulement esprit (Descartes) ou seulement corps (Marx), mais union d’esprit et de corps. Ce dernier n’est pas intrinsèquement mauvais, mais est au contraire un utile instrument subordonné à l’esprit, dont nous devons nous servir, et non le servir comme des esclaves. Nous devons en prendre raisonnablement soin afin qu’il soit efficace et en bonnes conditions (“mens sana in corpore sano”), il est donc opportun de ne pas fumer et boire de l’alcool immodérément, de ne pas manger de manière désordonnée (“on creuse sa tombe avec ses dents” ; “bacchus, tabac et vénus réduisent l’homme en cendres” dit le proverbe italien), sans devenir hypocondriaques ou nous inscrire à l’“armée du salut” (tout excès, est un défaut). L’individu est égal à lui-même et différent de tous les autres Non seulement il faut avoir une saine auto-estime, c’est-à-dire avoir confiance en soi en se fondant sur l’aide constante de Dieu, mais il faut la fonder sur le fait que toute personne est unique, différente de toutes les autres; elle a en outre la dignité de subsister dans une nature raisonnable et libre, c’est pourquoi chacun doit être convaincu qu’il est sur cette terre pour accomplir une tâche qui n’a été assignée qu’à lui, pour devenir ce qu’il est en puissance (en tout dernier lieu un bienheureux du Paradis avec son degré de gloire déterminé). Voilà le secret que tout homme doit découvrir et vivre: son unicité, son “but prochain” sur cette terre et sa “fin ultime” au Ciel. Alors chacun se sent valorisé, accepté par Dieu (c’est ce qui suffit) et ne craint plus l’opinion des autres, les critiques, les calomnies. Ce ne sont que des paroles, “souffles qui se dissipent en l’air et ne nous touchent pas même un cheveu” (Imitation de JésusChrist), si nous nous fondons sur notre vraie nature en face de Dieu et de nous-mêmes; autrement, elles nous ébranlent et nous brisent, parce que nous vivons sous le regard des autres et en sommes dépendants. Leur sentence devient une sorte de “jugement universel” qui nous condamne pour toujours; mais ce n’est pas ainsi. “Tous les troubles du cœur - écrit L’Imitation - viennent du désir démesuré de plaire aux hommes et de la crainte de leur déplaire”. Il faut devenir indépendants du jugement des autres et pour ce faire tu dois entrer dans la profondeur, dans la “cellule” de ton âme (sainte Catherine de Sienne) et réfléchir sur ce que tu es, sur ta fin, pour transcender les contingences humaines en un rapport de connaissance et d’amour réciproque avec Dieu. Tu ne dois pas voir dans le prochain quelqu’un qui est un ennemi 43 pour toi, un adversaire dont il est bien de se méfier, vers lequel tu dois te tenir en continuelle autodéfense, avec la crainte d’être jugé ou pas apprécié et de te tromper; ta vie deviendrait un “enfer”, te porterait à l’isolement (qui n’est pas la “beata solitudo, sola beatitudo” dont parle saint Bernard) mais la négation de la nature d’animal social qui t’est propre; rappelle-toi que l’homme est un animal raisonnable, libre et social, et c’est pourquoi tu dois te réaliser et devenir ce que tu es en puissance, en connaissant le Vrai, en aimant le Bien, en union avec d’autres hommes, c’est-à-dire en société, sans donner à d’autres pouvoir sur toi (ce qui te rendrait esclave), sans faire dépendre ton état d’âme des autres; vis avec les autres ta vie, mais non en dépendance des autres, de manière servile, mais en face de Dieu, en passant au-dessus de toi-même et des autres. Attention à l’envie L’envieux est un pauvre “malheureux”, souffrant, immature psychologiquement, qui pour s’affirmer et se sentir supérieur essaye de rendre inférieurs les autres, les humilie, les blesse, les ridiculise, les regarde avec suffisance de haut en bas (victime d’un “complexe de supériorité”), les condamne, règle les défauts de l’autre, sans le considérer dans sa totalité (union d’esprit et de corps), comme personne humaine créée par Dieu, avec des défauts et des qualités, mais toujours avec la capacité de répondre à l’appel de Dieu (ce qui du reste est l’essentiel). L’envieux ne joue pas le rôle de Dieu qui appelle à la rédemption, mais celui du diable qui pousse au désespoir et à la damnation. En effet, l’envieux veut te mettre en condition d’infériorité, en focalisant ton défaut et en te réduisant seulement à lui, veut miner ton intégrité d’animal raisonnable et de fils de Dieu. Au Moyen Age, le diable était représenté avec la couleur jaune ou verte (pas rouge), parce qu’il est envieux et jaloux que l’homme puisse se sauver alors qu’il est damné pour toujours. L’envieux devient jaune et ensuite vert quand il est affligé par sa folle passion, comme le colérique devient noir, le timide rougit, le peureux pâlit. Fuis l’envieux: s’il t’attaque, défends-toi sans prêter trop attention à ton défaut, pensant plutôt à l’ensemble de ta personne. D’ailleurs, “Dieu permet que ses élus, pour ne pas s’enorgueillir, aient quelques infirmités, quelque défaut qui les humilie vraiment” (saint Thomas). Le seul qui puisse te juger est Dieu qui ne connaît ni envie ni jalousie mais qui est l’Amour même. Passe au-dessus de toi-même en entrant en rapport avec Lui, ne permets pas à l’envieux de te conditionner, de te rendre esclave, il te détruirait, te porterait au désespoir et à la perdition. Fais le contraire de ce qu’il voudrait te porter à faire. Sereinement, tranquillement, ignore-le comme un moucheron “embêtant” qui ne vaut pas la peine d’être écrasé mais seulement chassé. Optimisme ou pessimisme? Le pessimisme affirme la victoire du mal sur le bien, il s’oppose à l’optimisme non parce qu’il nie l’existence du bien mais seulement parce qu’il affirme la prépondérance du mal sur le bien (au contraire de l’optimisme). Si l’être coïncide avec le bien, on peut émettre la théorie d’un optimisme radical, alors que le mal étant privation (du bien), il ne peut être rendu absolu, car ainsi, on le nierait totalement. Tu sais que la nature, l’être est quelque chose de positif, que ton âme est même “image et ressemblance” du Seigneur (si tu vis en grâce de Dieu). Cependant le péché originel nous met dans un état de lutte continuelle, contre le démon, les mondains et la triple concupiscence (orgueil, avarice et luxure) qui demeure en nous. Tu es soumis à la souffrance et à la mort, mais l’intelligence et la volonté ont conservé la capacité de connaître le vrai et de refuser l’erreur, d’aimer le bien et de haïr le mal. En outre, Dieu s’est incarné pour nous, pour notre salut et donne à chacun la grâce suffisante pour se sauver. C’est pourquoi, dans l’optique chrétienne, l’optimisme prévaut sur le pessimisme, même si l’homme blessé par le péché d’Adam est plus enclin à faire le mal que le bien, puisqu’il est plus porté à suivre les sens (sa partie animale) que la droite raison et la foi (sa partie rationnelle et spirituelle). Mais tu sais que l’existence terrestre, même si elle est hérissée d’obstacles et difficile, doit préparer l’existence éternelle. Enfin, la victoire absolue et définitive de l’optimisme se fonde sur la liberté individuelle, sur l’immortalité de 44 l’âme individuelle et sur la Providence de Dieu qui nous guide par la main, pas à pas, durant notre vie remplie d’épreuves, au royaume des Cieux. Cependant si l’homme est libre, il peut aussi pécher, si l’âme est immortelle, il peut aller en enfer pour toujours, si Dieu est Providence l’homme peut la refuser; mais il faut que tu saches que l’espérance de bien utiliser ta liberté, de te sauver et d’aller au Ciel remercier la divine Providence, est une “certitude de tendance”. Je donne un exemple, quand je prends la voiture, le train ou l’avion pour aller à Palerme, j’ai l’espérance ou certitude d’arriver au but, alors que je considère seulement de manière lointaine la possibilité de ne pas y arriver, à cause d’incident, malaise, grève. Or l’homme normal pour agir ne prend pas en considération les possibilités éloignées et exceptionnelles, autrement il ne bougerait plus (il est possible qu’en me levant, je glisse et tombe par terre, me cassant le col du fémur, mais je ne le prends pas en considération, autrement je deviendrais fou). Je suis certain d’arriver au but et d’arriver à m’habiller et à me présenter au travail. Il en est de même pour la vie, j’espère et suis certain de désirer et d’arriver au but, une bonne et sainte mort dans la grâce de Dieu et le Paradis. C’est la raison pour laquelle, en définitive, c’est l’optimisme qui prévaut sur le pessimisme, l’espérance sur le désespoir, l’être sur le possible, le certain sur l’incertain. Mais il est vrai que dans l’ordre surnaturel il y en a peu qui réussissent à atteindre la fin à cause de leur “acédie” et non pas à cause de la “méchanceté” de Dieu (saint Thomas). Cependant, si tu veux sincèrement te sauver et t’unir à Dieu, aie confiance en sa toute-puissance secourable et tu te sauveras certainement. Il n’y a pas de certitude absolue mais certitude d’y parvenir ou espérance, et l’espérance est une ancre forte, stable et stabilisante. “Mon Dieu, je suis si persuadé que Vous veillez sur ceux qui espèrent en Vous, et qu’on ne peut manquer de rien quand on attend de Vous toutes choses, que j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci, et de me décharger sur Vous de toutes mes inquiétudes... Cette confiance ne trompa jamais personne. Je suis donc assuré que je serai éternellement heureux, parce que j’espère fermement de l’être, et c’est de Vous, ô mon Dieu, que je l’espère” (Bienheureux Claude de la Colombière). C’est pourquoi il faut que tu affaiblisses tes pensées négatives ou “noires”, pour renforcer, avec équilibre, les pensées positives; essaye de voir le bon côté des choses, même les plus atroces (pense à la mort en croix de Jésus: humainement parlant c’est décourageant, déprimant, en revanche, vu avec les yeux de la foi, c’est le salut du genre humain). Essaye d’entraîner ton cœur au sourire, à la sérénité en toute circonstance, surtout les plus dramatiques, cela t’aidera aussi si les événements extérieurs sont tristes, ton intérieur doit toujours rester serein, confiant en l’aide de Dieu, porté à lui donner raison; même si dans l’immédiat nous ne comprenons pas pourquoi il nous envoie ces épreuves (pense à Jésus qui naît dans une étable, dans le froid et le gel, sans que la Sainte Vierge et Saint Joseph se plaignent, se préoccupent, restant sereins et confiants en l’aide de Dieu) conservons la confiance en Lui. Un peu d’auto-ironie ne gâte rien, ne te prends pas trop au sérieux, ne pas faire le “vœu de sérieux”, comme les calvinistes et les mormons. Le diable est toujours triste Saint Thomas d’Aquin (Filippino Lippi). 45 parce qu’il est damné pour toute l’éternité, mais toi qui es encore vivant tu as la possibilité réelle de te sauver, Dieu t’a créé pour cela; c’est pourquoi, «un saint triste est un triste... “saint”» (saint Philippe Neri). Ris de bon cœur et tu résoudras beaucoup de problèmes. Je te donne un exemple. Une de mes tantes eut une vie remplie d’épreuves, mais avait un caractère très fort. Parmi ses nombreux malheurs, il y eut la faillite de son riche mari. L’huissier qui était venu faire l’inventaire du mobilier (quelques jours après la mort de sa fille unique de vingt ans), lui fit une proposition indécente; ma tante éclata de rire, l’huissier... disparut et ma tante en riait encore dans sa vieillesse, malgré les adversités qui l’accompagnèrent dans le reste de sa vie et même post mortem. Sois plus mûr pour pouvoir croître spirituellement La vie spirituelle, comme toute vie, implique croissance, développement, maturation, et elle se passe en une rencontre continuelle entre grâce divine (spirituelle) et réponse humaine (c’est-à-dire offerte et produite par l’intelligence et la volonté). La croissance spirituelle se réalise en utilisant les processus mentaux de la personne. Il ne faut donc pas séparer l’anthropologie ou psychologie de la spiritualité, puisque la grâce informée par Dieu à partir de la puissance de l’âme humaine, perfectionne ensuite la rationalité et la liberté de l’homme (saint Thomas). Les troubles et l’immaturité de la pensée humaine peuvent empêcher la saine croissance spirituelle puisqu’ils peuvent comporter une dissociation de la réalité et une fuite dans un monde imaginaire. En un certain sens, la sainteté consiste à récupérer l’état de “justice originelle”, dans lequel on atteint l’intégrité ou rapport plein et mature entre le corps et l’esprit, et la pleine soumission du corps à l’esprit. Toutefois il ne faut pas trop idéaliser et exagérer (ce serait l’erreur par excès, une sorte de naturalisme pélagien); en soutenant que seules les personnes psychologiquement et physiquement parfaites peuvent se développer spirituellement, on courrait le risque de démoraliser, dans le cheminement spirituel, les sujets psychologiquement limités, alors que nous avons des exemples de grands personnages spirituels affectés d’anomalies psychologiques (sainte Thérèse de Lisieux, Pie IX, Liebermann, saint Paul Apôtre), surmontées avec l’aide de Dieu et le travail ascétique. “Le monde est beau parce qu’il est varié” et “l’Esprit souffle où il veut” (Evangile), “tout esprit loue le Seigneur”. Il ne me semble pas non plus pouvoir dire que le progrès de la vie spirituelle nécessite absolument un abaissement de la nature humaine, faisant que seuls les “faibles” sont privilégiés de Dieu, ce qui signifierait confondre l’exception avec la règle (c’est l’erreur par défaut, une sorte de religion des faibles par essence, qui conduit à un surnaturalisme exagéré et faux). La vérité se trouve in medio et culmen entre ces deux conceptions qui ne s’excluent pas l’une l’autre, mais doivent s’intégrer, puisqu’une seule théorie explique seulement partiellement le problème et donc ne le résout pas. Le développement humain comporte une croissance physique et un progrès conscient et libre. Ainsi la croissance spirituelle présuppose: le développement cognitif: qui permet au sujet de connaître toujours mieux le surnaturel pour l’aimer toujours plus (“nihil volitum nisi præcognitum”, Aristote); b) le développement moral: la foi sans les œuvres est morte; c) le développement émotivo-affectif: qui est influencé par l’enfance et par le rapport avec les parents du sujet. Les parents psychologiquement matures et forts peuvent favoriser dans le sujet l’optimisme, le réalisme, le bon sens, la confiance, l’altruisme, le courage d’agir, qui bien que n’étant pas en soi des qualités spirituelles, favorisent de toute façon une saine vie spirituelle; alors que les immatures transfèrent normalement leurs problématiques et insécurités affectivo-émotionnelles sur leurs enfants, lesquels peuvent se corriger avec l’effort ascétique et la grâce divine. Ils ne sont pas déterminés ou obligés, mais enclins à un comportement non complet dont ils peuvent sortir s’ils veulent. d) le développement social: n’est pas adaptation passive au milieu, à la mode, au conformisme, mais ouverture intelligente, sage et prudente; reconnaissance de la valeur d’autrui, ouverture à la com- 46 préhension des défauts et qualités de toute créature et à la possibilité de rédemption innée en quiconque ne s’obstine pas à vivre dans le passé et à résister à la grâce. “La première voie purgative du développement spirituel ou vie ascétique, correspond - grosso modo - à la puberté, de 12 à 14 ans, dans lesquels l’être humain commence à se développer physiologiquement et psychologiquement, et commence à devenir un homme apte à engendrer, cessant d’être un enfant; la seconde voie illuminative ou mystique initiale, correspond à l’adolescence, dans laquelle on continue à se développer depuis la puberté et on tend à la maturité, de 15 à 20 ans; la troisième voie unitive ou mystique parfaite, correspond à la maturité de l’adulte, qui a achevé son développement et se trouve dans la maturité physiologique et psychologique; il a grandi avec les années, possède un certain degré de discernement, de prudence, de jugement et d’équilibre, c’est-à-dire est arrivé au plein développement des puissances intellectuelles et morales, à l’achèvement et à la perfection. Elle est imparfaite de 21 à 35 ans et parfaite après les 35 ans” (Garrigou-Lagrange). La spiritualité comporte tous ces éléments (connaissance et amour de Dieu, de soi et du prochain, c’est-à-dire saine vie morale, individuelle et sociale). Il est erroné de méconnaître le sain développement de la sphère affective dans le chemin spirituel, qui est acquis dans les premières expériences familiales qui nous permettent de contrôler plus facilement nos réactions, de modifier et corriger les sentiments négatifs (méfiance, mésestime, indignité, honte, remords, peur). Ceux-ci ont des origines lointaines, sont ensevelis dans notre mémoire, même si nous n’en avons pas pleine conscience actuelle et explicite, et peuvent influer sur notre vie individuelle et sociale. Les défauts dus à une sphère affective insuffisante peuvent être corrigés par la direction spirituelle, l’examen de conscience, la méditation, la connaissance de soi et surtout la confiance en Dieu. Recensions EN PRISON AU NOM DE JÉSUS-CHRIST Vie de don Davide Albertario, champion du journalisme catholique “P ierre dormait entre deux soldats, lié de deux chaînes, et des gardes devant la porte gardaient la prison” (Actes XII, 6). En lisant ces mots des Actes des Apôtres, dans lesquels est raconté le glorieux emprisonnement du Prince des Apôtres, la pensée court immédiatement à don Davide Albertario qui comme beaucoup d’autres héros de la sainte Eglise a éprouvé le poids et l’humiliation des chaînes pour le nom du Christ. Saint Paul aussi se glorifiait de ses chaînes en disant: “Voilà pourquoi j’ai demandé à vous voir et à vous parler. Car c’est à cause de l’espérance d’Israël que j’ai été lié de cette chaîne” (Actes XXVIII, 20). Don Albertario fit probablement siennes les paroles de l’apôtre; c’est ainsi que dans les pages peutêtre les plus émouvantes de ce livre [en italien], est raconté le moment où lui firent mises les menottes (il avait été arrêté suite aux émeutes de Milan en 1898 et à la répression de Bava Beccaris): “il n’est pas possible de relater quels furent mes sentiments à ce moment… quand le gendarme me présenta cet engin fait pour les malfaiteurs et me fit comprendre que je devais me résigner à introduire mes mains dans les anneaux qui avaient contenu les poignets d’assassins, de voleurs, de gens ignobles, je me sentis si gravement offensé dans ma dignité, dans mon innocence, dans tous mes droits d’homme, de citoyen, de prêtre, dans ma liberté, que seule une pensée élevée invoquée depuis plusieurs jours me sauva de la réaction vaine et de la prostration. Les menottes, plus encore que la prison, sont l’ignominie”. En cette fin du dix-neuvième siècle, “L’Osservatore Cattolico”, journal auquel Albertario avait consacré son existence, avait été suspendu avec de nombreux journaux et associations catholiques dépendant de l’Opera dei Congressi, parce que jugés “associations subversives envers l’Etat”. C’étaient les années de l’anticléricalisme d’état, de la lutte 47 âpre entre le nouvel état unitaire maçonnique et jacobin et l’Eglise Catholique de Pie IX, Léon XIII et saint Pie X, persécutée dans toutes ses institutions. Don Albertario fidèle à sa devise “avec le Pape, pour le Pape” défendit toujours l’Eglise avec une grande ardeur, se jeta dans la mêlée là où le combat faisait le plus rage et paya souvent de sa personne son “intransigeance”, en étant à plusieurs reprises jugé, exilé et enfin incarcéré. Ces expériences douloureuses et glorieuses à la fois en accrurent la popularité et firent d’Albertario le drapeau de ce catholicisme militant de la fin du dix-neuvième siècle, et du début du vingtième. Cent ans ont passé depuis la mort de don Albertario, et malheureusement nombre de catholiques ne savent même plus qui il est et ce qu’il a fait pour l’Eglise. Le “Centro Studi Davide Albertario” veut combler cette lacune, et pense être agréable aux lecteurs en rééditant cette belle biographie (de surcroît, de lecture aisée), écrite par son neveu Mgr Pecora, afin que l’esprit militant de don Davide renaisse en nous, catholiques d’aujourd’hui, obligés de vivre en un moment de très profonde crise de l’Eglise, et qu’il nous anime dans le témoignage de la Foi, nous souvenant que si la presse catholique aujourd’hui peut encore écrire librement, elle le doit certainement en partie à don Albertario. Don Davide, à travers les lignes de ce livre, semble nous encourager avec saint Paul: “Priez en esprit en tout temps, par toute sorte de prières et de supplications, et dans le même esprit veillant en toute instance et supplication pour tous les saints; et pour moi, afin que, lorsque j’ouvrirai la bouche, des paroles me soient données pour annoncer avec assurance le mystère de l’Evangile, dont je suis l’ambassadeur enchaîné, et qu’ainsi j’ose en parler comme je dois” (Ephes. VI, 18-20). Abbé Ugolino Giugni GIUSEPPE PECORA In prigione in nome di Gesù Cristo. Vita di don Davide Albertario, campione del giornalismo cattolico Centro Studi Davide Albertario & Centro librario Sodalitium, Verrua Savoia 2002, 380 p., € 16,50. En langue italienne La couverture du livre sur don Albertario INQUISITION ET LIBERTÉ RELIGIEUSE “H uit ans durant, l’Eglise a attendu patiemment que Bruno revienne sur ses erreurs doctrinales. Après quoi le bûcher auquel il fut condamné reste une infamie, pour laquelle le Pape a demandé pardon” (extrait de l’interview de Stefano Lorenzetto réalisée par Gianpaolo Barra, dans Il Giornale du 22 février 2003). Gianpaolo Barra est le fondateur et directeur de la revue d’Apologétique en vogue, Il Timone, qui compte des collaborateurs comme Franco Cardini, Vittorio Messori et son épouse Rosanna Brichetti, Rino Cammilleri, Eugenio Corti, feu Alfredo Cattabiani, Massimo Introvigne et … Joseph Ratzinger! Barra n’est pas un ‘bouffeur de curé’; bien au contraire, il a consacré toute sa vie à défendre, avec tout son zèle et ses capacités, l’Eglise catholique. Et pourtant, comme on peut le déduire de la citation ci-dessus, défendre l’Eglise catholique aujourd’hui semble impliquer la condamnation de ce qu’a fait l’Eglise catholique du passé comme dans le cas du bûcher de Giordano Bruno. Pour mieux approfondir ce thème, je propose au lecteur deux ouvrages – parmi tant d’autres – que j’ai trouvés passionnants: il s’agit de la biographie de l’un des “infâmes” qui condamna Giordano Bruno et d’une étude sur les ancêtres de cette tolérance et de cette liberté religieuses que défend Barra (qu’il est obligé de défendre, quand bien même ce serait à contrecœur, pour défendre Jean-Paul II). Saverio Ricci est un spécialiste sérieux de Giordano Bruno et de son procès; c’est précisément à l’occasion d’études sur le cab- 48 baliste Nolano qu’il est tombé sur le personnage de l’un des juges de Bruno (au nombre desquels figure, “infâme” entre les “infâmes”, saint Robert Bellarmin), le cardinal Giulio Antonio Santori, qui était un peu compatriote de Bruno (Santori naquit en effet à Caserta en 1532 et sa famille connaissait celle de Bruno). De cette rencontre est résulté un excellent livre – Il Sommo Inquisitore. Giulio Antonio Santori tra autobiografia e storia (Le Grand Inquisiteur. Giulio Antonio Santori entre autobiographie et histoire (1532-1602) – qui s’inscrit dans l’école d’un Prosperi ou d’un Tedeschi, érudits qui ont donné tout compte fait de l’Inquisition Romaine un portrait scrupuleux et objectif. Pour Santori, j’ai toujours éprouvé de l’admiration, sachant qu’il fut en son temps admirateur du Pape Paul IV et disciple du Pape saint Pie V; je ne pensais pas cependant pouvoir en lire la biographie, quoique notre cardinal, historien passionné, ait laissé de nombreuses traces de lui (telles que son autobiographie, éditée plus tard en 1889). Tout comme l’importante famille des Carafa (famille napolitaine de Paul IV), les Santori ne supportaient pas la domination espagnole, ils étaient partisans de la France; par la suite notre Cardinal fut à deux reprises le candidat malchanceux de Philipe II à la tiare pontificale: entre-temps, tant de choses avaient changé! Jeune clerc, Santori écrivit deux traités sur l’hérésie (le Pro confutatione… en 1552 et le De persecutionis hæreticae pravitatis historia). Diplômé en droit, ordonné prêtre en 1557, il débute sa carrière inquisitoriale en 1559, année de la mort du Pape Paul IV, son modèle, qui avait voulu et obtenu de Paul III l’Inquisition Romaine. La vie de l’inquisiteur, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’était pas facile, ni exempte de dangers, et ce, pas seulement parce qu’il eut à affronter la révolte anti-inquisitoriale de Naples de 1564 … Les hérétiques étaient souvent de grands et puissants seigneurs, protégés en haut lieu, qui n’hésitèrent pas à employer des sicaires ou bien la calomnie pour éliminer physiquement Santori. Il échappa à de nombreux attentats, mais au Pape Pie IV, ennemi de Paul IV et de la Famille Carafa, il ne pouvait échapper. Aussi des hérétiques emprisonnés par Santori n’hésitèrent-ils pas à l’accuser d’avoir attenté à la vie du Pape; le risque de mal finir n’était pas pour Santori seulement théorique, vu la fin tragique qu’avait fait faire Pie IV aux neveux de Paul IV! Quoiqu’il en soit, la calomnie fut découverte et Santori put retourner à Naples auprès de l’Evêque Cardinal Carafa, de la famille de Paul IV, toujours menacé par le nouveau Pontife. Le tournant dans la vie de Santori eut lieu lorsque fut élu le frère Michel Ghisleri, le futur saint Pie V, considéré par tous comme un nouveau Paul IV. Le nouveau Pontife, Grand Inquisiteur sous Paul IV, nomma immédiatement Santori archevêque de Santa Severina et consulteur de la Congrégation de l’Inquisition. En cette qualité Santori collabora avec le Pape à la reprise des grands procès commencés sous Paul IV contre les disciples du marrane espagnol, Valdès, qui de Naples avait contaminé l’Italie et de nombreux Cardinaux parmi lesquels Morone; cette fois, Carnesecchi (1567) n’échappa pas à une juste condamnation, qui tomba le jour même où saint Pie V réhabilitait les neveux de Paul IV que Pie IV avait fait mettre à mort. Dans le procès et la condamnation de Carnesecchi, auxquels participa Santori, se trouvaient impliqués moralement et politiquement les Cardinaux compromis avec lui, comme le défunt Pole et, justement, Morone. Santori – comme saint Pie V – fut favorable par contre à l’absolution de l’archevêque de Tolède, Carranza, jugé par l’Inquisition espagnole puis par celle de Rome qui s’en réserva la cause; la sentence fut prononcée sous Grégoire XIII. En 1570 saint Pie V créait Santori Cardinal, et c’est à partir de là que Santori commença à tenir les précieux journaux consistoriaux publiés plus tard, en 1903, par le Père Tacchi Venturi; Ricci (p. 259) signale par exemple la prise de position de saint Pie V et de Santori au Consistoire contre toute alliance même politique et diplomatique avec les hérétiques, et ce à l’encontre de l’avis du Cardinal “impérial” Madruzzo (1571). La mort de saint Pie V (1er mai 1572) “marqua profondément Santori” (pp. 261-263). Sous le successeur de saint Pie V, Grégoire XIII, Santori fut député aussi à la Congrégation pour les Grecs d’Italie, et pour ce rôle dans les affaires des Eglises orientales, il est souvent cité – exclusivement – (cf. par exemple l’Encyclopédie catholique) par beaucoup de gens. La mort de saint Pie V avait laissé deux problèmes non encore résolus: la poursuite de la lutte contre les Turcs après la bataille de Lépante, et les guerres de religion en France. Il en est peu qui savent que celui qui 49 rendit vaine la victoire de Lépante en obtenant la paix séparée entre les Turcs et Venise, était le Juif d’Udine, Salomon Ashkenazi (p. 281), et ce à la grande douleur du nouveau Pape. Sous son pontificat, la question française s’ouvrit subitement avec le massacre de la Saint Barthélémy (Grégoire XIII qualifia la nouvelle de “meilleure qu’il puisse recevoir de toute sa vie”, et Ricci nous donne une analyse intéressante des faits aux pp. 284-285), massacre inutile du fait de la trahison des Valois. Mais “la question française” (Ricci y dédie un chapitre entier, de la p. 284 à la p. 337) fut l’un des points de dissension entre le cardinal Santori et le successeur de Grégoire, Sixte V, pourtant pontife de l’école inquisitoriale et disciple, lui aussi, de Ghisleri (St Pie V). En effet, malgré l’excommunication prononcée contre Henri de Navarre (futur Henri IV), le Pape Sixte travaillait pour sa réconciliation avec l’Eglise et son accession au trône, au détriment de la Ligue catholique; Santori soutenait par contre la Ligue et la position intransigeante dans les affaires de France. Paradoxalement, l’intransigeante Ligue catholique s’opposait à la Monarchie absolue qui était soutenue par les Valois et le légiste marrane Jean Bodin (p. 290). L’autre point de dissension fut la politique de Sixte non hostile aux Juifs (Ricci, pp. 338-365), due à la nécessité pour lui de réassainir les finances pontificales. Les financiers juifs (tels que le marrane, “provisoirement chrétien”, G. Lopez, auquel fut confiée la politique fiscale) en profitèrent, appuyés par des cardinaux infestés par la littérature hébraïque (comme Girolamo della Rovere et Marcantonio Colonna); à tous ceux-là, notre Santori s’opposa avec indignation. Entre 1590 et 1592 on peut compter quatre conclaves durant lesquels Santori fut “papabile” et “à un pas du Siège” (p. 371), mais il ne fut pas élu parce que l’élire aurait été comme élire “un nouveau Pie V” (p. 366); “son acharnement contre le Talmud lui aurait coûté cher” (pp. 367 et 378). Après l’échec de son élection de 1592, Santori vécut encore dix ans. Ricci en énumère “les derniers affrontements” (pp. 380-4209: la ferme volonté de Santori contre les Juifs et l’usure, le procès et la condamnation de Francesco Pucci, un pionnier de l’œcuménisme et de la liberté religieuse, et enfin le très célèbre procès de Giordano Bruno ainsi que celui de Campanella. Sur la “question de France” par contre, la ligne du cardinal Santori et de saint Pie V fut vaincue par la ligne conciliante du cardinal Francisco di Toledo, premier jésuite à devenir cardinal, et de famille notoirement juive (p. 325), lequel voulut à tout prix et obtint de Clément VIII l’absolution de Henri de Navarre (1595) et sa reconnaissance comme Roi de France; et c’est avec l’Edit de Nantes (1598) que, de son côté, l’ex-Huguenot renvoya la balle à l’Eglise. C’est en cette occasion des guerres de religion, que naquirent les premiers théoriciens de la liberté religieuse. Origines de la “Tolérance” Dans l’Encyclopédie italienne (Treccani) (rubrique Tolleranza, colonne 980-981) on trouve un bon résumé fait par le professeur Félix Battaglia (Université de Sienne) des origines de la “liberté religieuse”. Avant la Réforme protestante, l’actuel concept de “liberté religieuse” est quasiment inconnu. On peut citer vers la fin du Moyen Age, le gibelin démocrate Marsile de Padoue, qui dans Defensor pacis nie à l’Eglise l’autorité coercitive (1324) ou la parabole des trois anneaux reprise ensuite par le maçon illuministe Lessing dans son Nathan der weise. A la Renaissance, dans les milieux restreints de l’ésotérisms et du néo-platonisme, fait son chemin l’idée d’une vérité cachée, d’une religion occulte, abdita originelle, à la base de toutes les religiosités: les différentes religions seraient des moyens également adéquats et inadéquats pour atteindre le divin. On trouve dans ces milieux le courant syncrétiste (Nicolas de Cusa, Marsile Ficin) et le courant syncrétiste/sceptique (Valla, Pomponazzi, Bruno, Campanella). Avec la Réforme, Luther combat en paroles la théorie du bras séculier; la Bulle Exurge Domine de Léon X condamne (prop. 33, DS 1483) la proposition du moine augustin selon laquelle “il est contre la volonté de l’Esprit que les hérétiques soient brûlés”. Mais dans les faits le luthéranisme se constitue comme une église d’état et n’admet pas la liberté religieuse. Le débat naît au sein de la Réforme lorsque Calvin met sur le bûcher le médecin anti-trinitaire Michel Servet (1553); et c’est alors qu’en Italie, un certain Martinus Bellius (pseudonyme de S. Castellion et/ou Celio Secondo Curione) publie le De hæreticis, an sint comburendi (1554). L’inspirateur du livre était Lelio Sozzini, ou Socin, auteur de l’hérésie socinienne, ou unitarienne, négatrice elle aussi de la Trinité et de la divinité 50 du Christ. C’est dans ces milieux, dans ceux du marrane Valdès et ceux du protestantisme italien (B. Ochino, M. Gribaldi Mofa, C. Renato, Aconcio, Pucci) que naquit la doctrine moderne de la “tolérance”, combattue par les catholiques mais aussi par les calvinistes (l’héritier de Calvin, Bèze, écrivit l’Antibellius). C’est donc “à gauche de Luther”, comme l’écrit Roberto de Mattei, entre les anabaptistes et les sociniens, que se développe la doctrine libérale. Les sociniens se déplaceront en Pologne, puis en Hollande et en Angleterre, influençant la pensée libérale de ces pays, tandis que dans la France divisée par les guerres de religion, deux marranes, Montaigne et Bodin, diffuseront une doctrine similaire. Les pasteurs protestants qui fonderont en 1717 la Franc-Maçonnerie “moderne” en Angleterre étaient amis de Newton, lui aussi de tendance unitarienne et socinienne, c’est-à-dire négatrice de la Trinité et de la divinité du Christ [le premier biographe de Newton, le pasteur protestant Stukeley, fut le premier successeur de Toland à la tête de la maçonnerie druidique, à l’origine du néo-paganisme]. Cavour lui-même trouve dans le socinianisme, par l’intermédiaire du protestantisme, l’origine de certaines de ses idées. Les deux grandes révolutions, l’américaine (1776) et la française (1789) feront passer la liberté religieuse des ténèbres des Loges maçonniques aux codes des lois civiles; aujourd’hui, il n’existe pas un pays chrétien qui ne comporte dans ses lois ce principe que le Concile Vatican II a fait sien en 1965. Voilà donc un courant peu connu que celui qui trouve son origine dans l’hérésie de Socin, mais dont l’importance a été grande dans la pensée moderne. A voir Jean-Paul II traverser les pays du monde entier pour prêcher le premier des droits humains, la liberté religieuse, qui penserait que ces longs voyages débutèrent avec les pérégrinations qui menèrent Lelio puis son neveu Fausto Socin à Cracovie? Abbé Francesco Ricossa SAVERIO RICCI Il sommo inquisitore Salerno Editrice, Roma, 2002, € 23,00 ROBERTO DE MATTEI A sinistra di Lutero Città Nuova Roma 1999 En langue italienne Vie de l’Institut C hers lecteurs, le dernier numéro de Sodalitium nous avait menés jusqu’à fin août 2003. Depuis, notre Institut a vécu des moments importants et des événements quotidiens que nous voulons vous faire partager, pour le moment jusqu’au 30 juin 2004. Séminaire Saint Pierre Martyr. Après l’été, la rentrée des séminaristes a été marquée par les exercices spirituels prêchés par l’abbé Murro, suivis de la reprise des cours le 23 septembre, cours qui se sont poursuivis jusqu’au mois de juin compris. Au cours de cette année scolaire, deux séminaristes nous ont quittés (dont l’un reste cependant membre de l’Institut). Cependant les consolations ne manquent pas. Le 3 mai, Mgr Stuyver accompagné de l’abbé Christ van Overbeke, est venu à Verrua parmi ses séminaristes. Le lendemain, il participait au chapitre général pour le renouvellement des charges de l’Institut tandis que l’abbé Murro prêchait une brève retraite spirituelle à Vincent Mercier, en religion frère Joseph-Marie (il suit la règle bénédictine au Monastère de Faverney) qui devait recevoir le 5 mai, fête de saint Pie V, l’ordre majeur du sous-diaconat. L’évêque a rappelé que diacre signifie serviteur; le sous-diacre est au service du diacre à l’autel, il est donc comme le serviteur des serviteurs, et tel doit être l’esprit dans lequel on accède à ce grade décisif du sacrement de l’ordre, à l’exemple du Christ qui est venu pour servir, et non pour se faire servir. L’après-midi, Monseigneur a administré en privé la Confirmation à deux demoiselles (l’une de Turin, l’autre de Milan), pour repartir le lendemain en direction de la Maison Saint-Joseph, à Serre-Nerpol, chez les Sœurs du Christ-Roi, où, le 7 mai, il devait administrer les Confirmations. Fondation des Sœurs du Christ-Roi à Moncestino (Alessandria). Les religieuses du Christ-Roi désirant faire leur première fondation près de notre Institut, l’abbé Nitoglia s’est transformé, l’été dernier, en agent immobilier, dans le but de leur trouver une maison. Au cours de l’été et de l’automne, les Sœurs ont dû faire plusieurs fois la traversée des Alpes et enfin le 10 novembre le déménagement avait lieu: deux religieuses de la maison-mère, la Maison Saint-Joseph, dans le Dauphiné, sœur Marie-Thérèse et sœur Marie-Agnès, sont parties pour Moncestino, petit pays des collines du Montferrat, à un quart d’heure de Verrua, accompagnées de deux novices et de quatre postulantes, dont l’une pour l’Institut Mater Boni Consilii. La nouvelle maison religieuse dédiée elle aussi à Saint Joseph, a été solennellement inaugurée par une belle journée de soleil (rapidement suivie d’abondantes chutes de neige), le 31 janvier, fête de saint Jean Bosco. L’abbé Murro a béni les locaux et donné la bénédiction du Saint-Sacrement; l’abbé Ricossa, suivi de la supérieure de la congrégation, Mère MarieMonique, et d’une représentante de la famille Quarello, ex-propriétaire de la maison, a adressé la parole aux participants accourus nombreux pour assister à la cérémonie et participer… aux rafraîchissements. Nombreuses sont les personnes du pays, à commencer par le maire, qui ont accueilli avec sympathie et affection les religieuses. Depuis lors, tous les jours un prêtre de Verrua célèbre la Messe dans la petite chapelle des sœurs, qui, par contre, se rendent à Verrua ou à Turin pour la Messe dominicale. Le 18 avril, dans l’église de la Maison Saint-Joseph, en France, les trois postulantes ont reçu l’habit religieux des mains de l’abbé Murro, en présence de nombreux fidèles (150 couverts, rien qu’au déjeuner) et poursuivent maintenant leur formation à Moncestino sous le voile blanc des novices. Les Sœurs de l’Institut Mater Boni Consilii. Parmi les postulantes arrivées à Moncestino au mois de novembre, nous avons mentionné une sœur de l’Institut. Il s’agit d’Elisabeth Langlet qui, après six mois de postulat, a reçu l’habit religieux à Verrua Savoia le 26 avril, en la fête de Notre-Dame du Bon Conseil; elle commence son noviciat sous le nom de sœur Elisabeth de Jésus. L’Institut Mater Boni Consilii est, rappelons-le une Association qui admet parmi ses membres des prêtres, des clercs et de simples fidèles. Il prévoyait cependant aussi la possibilité d’une branche féminine où, outre les statuts communs à tous les membres de l’Institut, soit observée une règle religieuse (même si dans la situation actuelle de l’Eglise, les vœux ne peuvent être que privés). Grâce à l’aide des Sœurs du Christ-Roi qui ont accepté avec tant de charité d’accueillir notre postulante dans Prise d'habit de la première sœur de l'Institut leur noviciat, nous avons pu entreprendre la formation de notre première candidate à la vie religieuse, formation donnée en partie aussi ici à Verrua par M. l’abbé Murro. L’habit et la règle religieuse choisis sont ceux des Filles de Marie Auxiliatrice (qu’en son temps don Bosco emprunta aux Ursulines de sainte Angèle Merici) adaptés à la situation présente et aux finalités de l’Institut. C’est en effet particulièrement à travers l’aide à l’apostolat de nos prêtres que les Sœurs de l’Institut sont au service de Dieu. Nous sommes à la recherche d’une maison qui puisse accueillir notre novice et les autres éventuelles candidates. Que les jeunes filles qui désirent se donner entièrement à Dieu, ou même seulement étudier sérieusement leur vocation n’hésitent donc pas à prendre contact avec nous. La maison de Verrua… a toujours besoin de votre aide. Les travaux de la bibliothèque et autres travaux indispensables sont renvoyés à des temps indéterminés faute de fonds. La salle prévue pour la bibliothèque Ordination au sous-diaconat, en la fête de saint Pie V 52 26 avril: prise d'habit; photo de groupe après la cérémonie fait cependant des heureux: les séminaristes; ils y ont installé une table… de ping-pong! Belgique. Les travaux continuent dans la nouvelle maison de Dendermonde, grâce aussi à l’aide généreuse de Sven Lehouck que nous remercions de tout cœur. Mais la nouvelle la plus importante consiste dans le fait que depuis septembre 2003, Mgr Stuyver a entrepris une œuvre certes pas facile. En effet, à Dendermonde, sont données des leçons quotidiennes aux garçons et aux filles qui poursuivent leur scolarité à la maison. Un groupe d’enseignants s’est mis à disposition dans ce but et le résultat de la première année d’études a été encourageant. Aussi les cours se poursuivront-ils l’année prochaine. En attendant, durant l’été, la maison sera à la disposition de qui voudra suivre les exercices de saint Ignace en flamand: du 9 au 11 août pour les dames, et du 16 au 19 août pour les messieurs. France. Nous rappelons que, dans le Nord, l’Institut est présent à Lille, avec Mgr Stuyver. Dans le Sud, par contre, notre présence se concentre à Lyon-Annecy (abbé Murro) et à Cannes (abbés Cazalas et Giugni) où nous poursuivons l’œuvre de l’abbé Delmasure. Un catéchisme pour adultes est assuré à Annecy d’une part, par l’abbé Murro (catéchisme qui se déroule parfois en Suisse), à Cannes d’autre part, où pour le catéchisme aux plus petits nous sommes aidés par des fidèles. Le travail le plus prenant consiste en l’aide que nous apportons aux Sœurs du Christ-Roi à Serre-Nerpol, près de Grenoble; pour s’en rendre compte, il suffit de lire Simple Lettre, qui poursuit l’œuvre du Père Vinson. Outre assurer la Messe et les sacrements au couvent et à l’école, nos prêtres s’occupent des exercices, du catéchisme pour adultes, du Cercle saint Barnard et de l’assistance aux malades dans la zone de l’Isère et de la Drôme. La maison de Raveau – dans le Centre – nous attend maintenant pour la colonie estivale et les exercices, mais tant que n’auront pas eu lieu les nouvelles ordinations il nous est difficile d’entreprendre de nouvelles, quoique nécessaires, activités. Italie. L’apostolat progresse, et voici ce que l’on nous signale de diverses régions. En Lombardie, de nombreuses conférences du Centro Studi Albertario ont contribué à l’augmentation du nombre des fidèles qui fréquentent la sainte Messe. A l’Oratoire Saint-Ambroise de Milan, l’abbé Giugni a prêché une retraite de préparation à la fête de Noël le 7 décembre, et une de Carême, le 13 mars. Le 8 décembre, la fête de l’Immaculée Conception a été solennisée de façon particulière à l’Oratoire Saint-Ambroise: les séminaristes de Verrua y ont chanté la sainte Messe et la chapelle a paru bien petite pour accueillir le grand nombre des fidèles. En cette occasion, la cérémonie a été filmée par un opérateur de “Télépadania”, pour être ensuite retransmise durant la période de Noël. Exceptionnellement, les jours de Noël et de Pâques, la Messe a été chantée. Ces derniers mois, c’est dans la Vénétie que s’est développé l’apostolat de l’Institut. Depuis le mois de novembre et grâce à l’aimable disponibilité d’une famille de Villafranca Padovana (PD) qui a mis sa propre maison à disposition, l’abbé Giugni s’y rend chaque premier dimanche du mois pour y célébrer la sainte Messe à 18 heures. Par ailleurs, en mai et en juin, la sainte Messe a été célébrée dans l’église d’une belle villa XVIIIème de la commune de Teolo (PD). A tous ceux qui se sont mis en quatre pour que soit célébrée l’“oblatio munda”, l’Institut exprime sa plus profonde reconnaissance. Nous avons poussé également une pointe dans la région de Belluno avec une conférence, puis dans la région de Vérone, à Castel d’Azzano exactement (VR) où, le dimanche 9 mai, l’abbé Giugni, invité par l’“Association pour la sauvegarde de la liturgie tridentine” a célébré la Messe devant un groupe important de fidèles. La présence de l’Institut à Rovigo gravite autour de Ferrare. 53 Dans le Trentin où les abbés Giugni et Carandino se rendent pour célébrer la Messe les 3ème et 5ème dimanches du mois, l’apostolat progresse en ce sens qu’outre les sacrements, a pu être organisé un cours de catéchisme tant pour les enfants que pour les adultes. Ici, nous devons pourtant enregistrer une campagne de presse contre la célébration de la Messe tridentine célébrée à Rovereto dans une église autrefois paroisse. Le quotidien local “Il Trentino” a publié, sous la plume de Luca Marsilli, trois articles venimeux contre la célébration des “Messes clandestines” par des prêtres de notre Institut: (“La messe des vieux catholiques à Rovereto” et “à Saint-Hilaire la Messe des clandestins” le 1/02/2004; “Nous changerons la serrure” le 18/02/2004 et “Les messes à SaintHilaire refusent l’Eglise” le 24/02/2004. Heureusement, la “tempête” une fois passée, le calme est revenu et les célébrations se poursuivent comme auparavant. La Romagne est favorisée par la présence de la Maison Saint-Pie X, où réside l’abbé Carandino. Outre les activités du Centro Studi Federici voici un petit calendrier des activités de la Maison en question… Le 28 septembre 2003, à la Rocca delle Caminate (FC), en présence de quelque 200 personnes, l’abbé Carandino, invité par l’Institut historique de la Rsi de la Cicogna (AR), a célébré une Messe en plein air pour les soldats de la Rsi morts sur le champ de bataille. Le 6/12/2003 et le 28/02/2004 à la Maison Saint-Pie X, se sont déroulées deux retraites spirituelles pour préparer l’une l’Avent et Noël, l’autre le Carême avec au programme conférence spirituelle, méditation, chapelet, confessions et Messe. Du 16/12 au 24/12/2003 a eu lieu la Le IIème congrès albertarien sur Saint Pie X à Milan Neuvaine de Noël à l’Oratoire Saint-Grégoire le Grand de Rimini. A Noël, les Messes de minuit et celles du jour ont été chantées: l’Oratoire était bondé, particulièrement à la Messe de Minuit. Nos Messes de Noël ont attiré l’attention de La Voce della Romagna qui a publié un bel article le 24 décembre 2003 sous le titre “Messe en latin et chants grégoriens. A l’Oratoire Saint-Grégoire survit l’antique tradition”; elles ont été signalées également le 24 décembre par Il Resto del Carlino, par le Corriere di Rimini et par la Padania. En outre, ce dernier quotidien a publié la liste de toutes les Messes de saint Pie V célébrées dans les diverses localités, spécifiant les trois positions: celle de notre Institut, celle de l’Indult et celle de la Fraternité. Dimanche 1er février 2003, lendemain de la fête de saint Jean Bosco, la Messe à l’Oratoire de Rimini a été suivie de la vénération d’une relique du saint. Pour l’occasion, les époux Giuseppina et Antonio Orso ont offert à l’Oratoire un beau cadre représentant Don Bosco. Toujours à l’Oratoire de Rimini, se sont déroulées toutes les cérémonies du triduum sacré, pour l’édification des fidèles de Romagne. Le 20 juin, à proximité de la fête du couronnement de Pie IX, a eu lieu à Borghi (FC) la traditionnelle, désormais, “cena papalina” précédée de la Messe célébrée à Rimini. De Rimini l’abbé Carandino se rend dans les Abruzzes, où l’apostolat a connu un développement particulièrement important grâce au zèle des fidèles qui ont trouvé à leur prêtre, à Chieti Scalo, maison et logement avec chapelle annexe et salle pour le catéchisme. L’oratoire dédié au Précieux Sang a été inauguré le 14/12/2003 en présence des fidèles de Chieti, Pescara et Teramo. Grâce à cette maison, il est possible à l’abbé Carandino d’assurer non seulement les deux messes dominicales mensuelles, mais également une présence prolongée, avec messes en semaine, catéchismes pour enfants et adultes, visites aux malades, etc., sans parler des messes occasionnelles dans les Marches, à Grottamare (AP), pour un groupe de fidèles locaux. C’est ainsi que dans les Abruzzes, est en train de se consolider un apostolat de type “paroissial”, comme le prouve le pique-nique avec les fidèles de 12 avril, lundi de Pâques, à Loreto Aprutino (PE), où 40 personnes furent les hôtes d’une famille d’amis, et le 16 avril, la rencontre 54 dans la salle des catéchismes de l’Oratoire pour commenter le film La Passion. La maison des Abruzzes facilite aussi le ministère de l’abbé Carandino dans certains diocèses du midi où l’abbé a fait quatre voyages, dans la Basilicate et dans les Pouilles, en octobre, janvier, mars et mai, avec célébration de la Messe, administration des sacrements, conférences et cours de formation doctrinale à une association de jeunes de Lucques. C’est l’abbé Ricossa qui s’occupe de l’Emilie (participaient au pèlerinage de Lorette des personnes venues de Parme, Reggio, Bologne et Ferrare) et de la Toscane. Dans cette région, outre la Messe dans la province d’Arezzo, nous nous sommes manifestés à Florence, avec une conférence publique, et à Prato/Pistoie. En effet, cette année encore la Messe chantée a été célébrée dans une petite église de Prato: un grand merci à l’organisateur et à la chorale dirigée par un prêtre local. Enfin il reste à signaler la vie quotidienne à notre maison de Verrua, vie scandée par l’étude et la liturgie. Chaque année, bon nombre de fidèles sont attirés par la Neuvaine de Noël prêchée à Turin, la procession des Rameaux dans les rues de la ville, le Triduum de la Semaine Sainte à Verrua selon l’ancien rituel, les Rogations et la procession du Corpus Domini… Turin est particulièrement favorisée (deux messes dominicales, plus celle de Verrua, premier vendredi et premier samedi du mois, catéchismes, etc.) Mais il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers. Aussi les séminaristes, aidés de quelques parents, s’occupent-ils des jeunes gens avec sorties, excursions, ce que fait de son côté l’abbé Murro, avec les sœurs de Moncestino, pour les filles. Ajoutons qu’a été fondée la section turinoise du Centro Studi Albertario, dédiée à don Margotti, ce qui lui assure une activité plus intense. Une note de couleur: l’après-midi du dimanche 14 mars 2004, la cour de la maison-mère de Verrua a été envahie d’une cohorte ronflante et pittoresque de motocyclistes de l’Associazione Motociclisti Padani venus demander à l’abbé Giugni la bénédiction de leurs motos en inauguration de la nouvelle saison officielle (cf. article dans la Padania du 2/03/2004). Conférences. Très nombreuses encore ont été les conférences tenues par nos prêtres, ou organisées par eux. Une fois de plus, rappelons ce que nous avons déjà écrit: notre Institut est catholique, rien que catho- Semaine Sainte à Verrua Savoia: la bénédiction du feu nouveau le Samedi Saint lique, et embrasse intégralement la doctrine de l’Eglise, y compris la doctrine sociale de l’Eglise. Ceux qui fréquentent nos offices, ceux qui collaborent avec nous pour des conférences ou autres activités, peuvent avoir – même légitimement – des opinions variées sur les questions contingentes et discutables en matière politique, sociale, etc. Mais ces opinions restent hors du seuil de l’Eglise, au-delà duquel nous sommes tous unis par la même foi. La collaboration de l’Institut avec différentes associations n’implique donc pas une confusion entre nos positions et celles des autres groupes qui coopèrent occasionnellement avec nous. Conférences organisées par le Centro Studi Giuseppe Federici. Ce Centre et sa section bolonaise Zanarini ont organisé huit conférences dans la période qui nous intéresse. La première le 11/10/2003 dans la magnifique salle des Ecoles Panzini de Rimini sur le thème: “Le martyre de Marcantonio Bragadin à Famagosta (1571). Quand les Musulmans massacrèrent les troupes vénitiennes à l’Ile de Chypre”. C’est le professeur Zanpolo dalla Corte dei Santi, historien vénitien, qui parlait. La seconde a eu lieu le 15/11/2003 dans la salle du Quartier des “Celle” de Rimini. Le “Federici” avait invité le prof. Massimo Zannoni, président du Cercle culturel “Filippo Corridoni” de Parme, pour parler sur le thème: “La persécution religieuse dans l’Espagne républicaine. Maçons, communistes et anarchistes contre l’Eglise” (19311939)”. Troisième conférence le 22/11/2003 au siège de l’Association Nationale Arditi d’Italia de Bologne. L’abbé Ricossa, invité par l’ANAI et en collaboration avec la section bolonaise du “Federici”, a présenté un rapport sur la situation de l’Eglise après le Concile Vatican II et sur l’apostolat de l’Ins- 55 titut Mater Boni Consilii. Le 13/12/2003 le Centro Studi Federici avait donné rendezvous au “Café Dovesi” place des Trois Martyrs à Rimini à ses amis et sympathisants, pour la présentation du livre “Adelgonde de Bavière, dernière duchesse de Modène”, d’Elena Bianchini Braglia. Le 21/02/2004, à la salle du Quartier 4 de Rimini, était au programme la cinquième conférence sur le thème: “Le martyre du Liban, Le drame de l’unique nation chrétienne du MoyenOrient”; le Federici avait invité comme intervenant un ex-combattant libanais. La conférence a été boycottée par le secrétariat provincial de “Rifondazione comunista” qui a demandé au Maire de révoquer l’usage de la salle “pour motifs d’ordre public”. A 24 heures de la conférence, le Président du Quartier a communiqué au Centro Studi Federici la révocation de l’usage de la salle “pour initiative incompatible avec les activité propres du quartier”. Vu l’impossibilité matérielle de trouver une autre salle, la conférence s’est tenue dans un bar voisin. Le 7/04/2004, à la salle des Archi de Rimini, le Federici a organisé une conférence de l’abbé Ricossa: “40 ans après le Concile Vatican II: quel bilan?”. En collaboration avec la Mairie de Bologne – Quartier Santo Stefano – le 1er avril 2004 dans la salle du Conseil du quartier Santo Stefano de Bologne a été présenté le livre: “1945-1947: Guerre civile. La Révolution rouge” de Marco Pirina, avec introduction de Vittorio de Lorenzi, responsable de la culture du quartier. Enfin, le 29/05/2004 à la Grande Salle des Ecoles Panzini de Rimini, s’est déroulée la dernière conférence sur le thème: “Le génocide des Arméniens en 1915”, suivie de la projection du vidéo-film: “Destination: le néant – Le Témoin” d’Armin Théophile Wegner. Intervenant: Dr Pietro Kuciukyan, historien et écrivain. L’activité du Federici ne passe pas inaperçue. La Stampa (22/09/2003) et la Padania (23/09/2003) ont parlé des stands du Federici à la fête de la Lega à Venise. Outre Rifondazione Comunista, un groupe philosioniste a tenté lui aussi de boycotter une initiative du Federici. En effet, suite à un communiqué du CSGF invitant à aider les palestiniens chrétiens en achetant leurs produits artisanaux pour Noël, une mailing list philo-israélienne a expédié aux “chrétiens du groupe” (donc dans cette ML figurent aussi des goyim) ce peu charitable avertissement : “N’achetez pas ces crèches!”, rapportant en outre le texte complet du Federici. Comme on voit, ces messieurs sont d’attentifs observateurs de nos activités. Et nous le sommes des leurs. Enfin, l’Express (n° 5 du 5/02/2004) a signalé le communiqué du CSGF sur le jeu de cartes où sont reproduit l’effigie des “52 personnages les plus dangereux de l’administration Bush” (faisant cependant une confusion entre le Centro Studi et les “lefebvristes”). La Voce della Romagna (5/02/2004) a, elle aussi, dédié un article à la question. D’autres communiqués du Federici ont été publiés par le mensuel Popolo d’Italia et par l’agence de presse Dejpress d’Avellino. Mais c’est surtout dans les réseaux informatiques que continue de croître le nombre de sites internet et de mailing lists qui publient les communiqués diffusés par le Federici (pour les recevoir écrire à: centrostudi.federici@tiscali.it). Conférences organisées par le Centro Studi Davide Albertario. L’Albertario de Milan et sa section turinoise Don Margotti ont organisé six conférences à Milan et à Turin, et huit cours de formation universitaire à l’Université Catholique de Milan. Le 22/10/2003, à Milan, s’est déroulé un congrès sur le thème: “1571, La Bataille de Lépante. La victoire de la Croix sur le Croissant”. Les intervenants étaient l’abbé Ugolino Giugni et le professeur Zanpolo della Corte dei Santi, historien vénitien. Cette conférence a été l’occasion de se retrouver et d’annoncer les prochaines activités après la saison estivale. La conférence avait été annoncée par la Padania du 18 octobre, par la Newsletter Eleuteros, et par deux interviews radiophoniques, l’une de l’abbé Giugni et l’autre de Piergiorgio Seveso, le 16 octobre à RPL. Pèlerins en marche vers Lorette Pèlerins en marche vers Lorette Le 29/11/2003, dans la Salle des fresques du Palazzo Isimbardi à Milan, sous le patronage du groupe conseil de la Lega Nord à la Province et la collaboration de la Fondation Cajetanus (et l’adhésion du Centro Librario Sodalitium et du Centro Studi Federici) a eu lieu à Milan le “second congrès des études albertariennes” intitulé “Saint Pie X, le Pape qui condamna le Modernisme. 1903-2003 cent ans après l’élection au Pontificat”. [Rappelons que les congrès albertariens traitent de sujets historiques et doctrinaux inhérents à la pensée de don Albertario; le premier avait eu lieu en 2002, précisément pour commémorer le centenaire de la mort de Davide Albertario]. Le congrès avait été annoncé par diverses interviews radiophoniques à RPL, interview du président et du secrétaire du C.S.D.A., en particulier durant l’émission animée par l’abbé Ugo Carandino “Aux racines de la foi” qui a lieu tous les jeudis à 14 h 20. La Presse nationale elle-même avait donné une certaine importance à la manifestation. Le quotidien “Libero” (28/11/2003), et “Il giorno” (28/11/2003) ont dédié un article au congrès. Le quotidien “la Padania” l’avait annoncé le 27/11/2003 dans un long article intitulé “Actualité de Saint Pie X, pape anti-œcuménique”. Le newsletter “Programma Asefi” n. 40/2003) et “Eleuteros” (nn. 60 et 70) avaient, eux aussi, annoncé ce IIème congrès albertarien. En mars 2004, dans les villes de Turin et de Milan, le Centro Studi a organisé la présentation au public du dernier livre de Marco Pirina “1945-1947 Guerre civile. La Révolution rouge”. Le livre a été présenté d’abord à Milan, le 4/04/2004, puis le lendemain soir 5 mars à Turin. Cette dernière conférence a marqué la première activité publique de la section turinoise “Giacomo Margotti” du Centro Studi Davide Albertario à Turin [Margotti est ce prêtre et journaliste intransigeant qui fonda “L’Armonia”]. Les journaux ont donné une certaine importance à ces deux conférences. Deux articles ont été publiés dans la chronique de l’édition milanaise de “Il Giornale” (4/03/2004) et dans “Libero” (4/03/2004). Un article de trois colonnes est paru dans “la Padania” du 4/03/2004; l’annonce de la conférence de Turin dans le supplément “Torino sette” de “La Stampa” (4/03/2004). Les interviews, désormais habituelles, du secrétaire du C.S.D.A. à RPL ont permis d’annoncer l’activité à la radio. (Le CD audio de la conférence est disponible: code 005). Samedi 8 mai à Turin, pour commémorer le cinq centième anniversaire de la naissance de saint Pie V, le Centro Studi D. Albertario, section Giacomo Margotti a organisé le congrès intitulé “Saint Pie V, le Pape de Lépante: un Piémontais sur le siège de Pierre. A cinq cents ans de sa naissance”. Les intervenants étaient le professeur Zanpolo dalla Corte dei Santi, historien vénitien qui a fait une “Chronique de la Bataillle de Lépante” en s’aidant de l’audiovisuel; Gustavo Mola di Nomaglio, spécialiste de l’histoire piémontaise, qui a parlé de “L’empreinte des Ghislieri dans l’histoire: les Piémontais dans la lutte séculaire contre les Turcs”; et l’abbé Ugolino Giugni, président du C.S.D.A., qui a tracé la biographie du Pape piémontais “Michel Ghislieri – St Pie V, de Bosco Marengo à Rome”. Pour cette seconde activité organisée dans la capitale piémontaise par notre Centro Studi, le public était nombreux et intéressé. La conférence avait été annoncée dans le quotidien “La Stampa” du 8 mai, ainsi que dans le supplément, “Torino sette”, du 6/05/2004; sans parler d’un article de “la Padania” du 8/05/2004, agrémenté d’une belle photo et intitulé “Un Pape contre l’Islam”. Une belle carte postale de saint Pie V a été imprimée pour l’occasion par le Centro Librario Sodalitium en collaboration avec l’association “Immagini per il Piemonte” [Images pour le Piémont]; vous pouvez vous en procurer à la rédaction. Le CLS a également procédé à la seconde édition de la biographie de “Saint Pie V, le Pape de la sainte Messe et de Lépante” écrite par l’abbé Giugni. (Le double CD du congrès est dispo- 57 nible: code 006). Le 13 mai à Milan, le professeur Giuseppe Sermonti, biologiste de réputation internationale, a présenté son livre “Le forme della vita” [Les formes de la vie] (CLS 2003) à l’occasion d’une conférence intitulée “Homme et singe. Sont-ils vraiment parents…? Peut-on critiquer Darwin et l’évolutionnisme?” Grande a été la satisfaction et du public, à écouter, et du CSDA, d’avoir amené à Milan un scientifique aussi compétent et courageux pour défendre la vérité scientifique. La conférence avait été annoncée à R.P.L. lors d’une interview de Sermonti et d’un débat animé durant l’émission de Silvia Sanzini, le 8 mai précédent. (Le CD audio de la conférence est disponible: code 008). Le C.S.D.A. a procédé à l’enregistrement sur CD audio des principales conférences organisées cette année. Sont déjà disponibles (seulement en italien): les conférences sur don Albertario, sur saint Pie X, sur saint Pie V, les conférences sur le Risorgimento, sur les Insurrections antijacobines, sur la “Révolution rouge”, sur le film “La Passion”, sur l’anti-évolutionnisme. Qui est intéressé peut en faire la demande à la rédaction pour le prix de 5 euros par CD simple et de 8 euros par CD double, plus les frais d’expédition. Signalons aussi que le bulletin “l’Albertario” a sorti 7 numéros à ce jour, et que le centre d’études a deux nouvelles adresses électroniques: émail: info@davidealbertario.it site: http://www.davidealbertario.it Enfin, voici la liste des cours de Formation universitaire. Après la pause estivale le Centro Studi Davide Albertario a en effet repris son activité culturelle en collaboration avec le M.U.P. de la Cattolica, organisant un nouveau cycle de conférences de formation universitaire à l’Université catholique de Milan. Ci-dessous la liste des sujets traités et des intervenants respectifs: - 2 octobre 2003: “La famille traditionnelle et ses ennemis”. Intervenant: M. Mario Spataro qui a présenté son essai intitulé “Quando il Padre non c’è”, sur le rôle central de la figure paternelle dans l’institution familiale. – 5 novembre 2003: “Le vice qui a engendré le nationalisme italien”, avec pour orateur Martino Mora, jeune écrivain et journaliste qui a présenté son essai intitulé “Il nazionalismo” (Milan, Nuovi Autori, 2003) et Alessandro Ortenzi, président de l’Association culturelle “Terra boica” de Bologne. – 4 décembre: “ De la Vendée à l’Insubria”, avec pour orateurs M. l’abbé Cazalas et Paolo Grimoldi, responsable fédéral du Mouvement Giovani Padani. – 22 janvier 2004: “U.S.A.: Afghanistan, Irak, Europe: troisième guerre mondiale?”; orateurs: Max Ferrari, directeur de Telepadania (plusieurs fois envoyé spécial dans ces pays), et Sergio Terzaghi de l’Université de l’Insubria. – 20 février 2004: “Europe de l’euro ou Europe de la Croix”: orateurs: M. Federico Bricolo (L.N.), Max Bastoni, des Volontaires verts et M. l’abbé Ugo Carandino. – Le 5 avril 2004 avait lieu une conférence sur le thème: “De la Banque romaine à la Banque d’Italie: histoire d’un échec” avec pour orateurs MM. Stefano Aldovisi et Paolo Alazraki, spécialistes en analyse financière. – Le 12 mai 2004: “La Passion: réflexions sur un film extraordinaire”; orateurs: le Professeur Andrea Rognoni et M. l’abbé Ugolino Giugni (double CD disponible sous le code 007). – 9 juin 2004: “Contre la Révolution française, contre Napoléon: l’Insurrection des sanfedista”; orateur: M. l’abbé Giuseppe Murro. Conférences organisées par l’Institut Mater Boni Consilii. Cette année encore, à Lyon, le 31 janvier 2004, l’Institut a organisé une conférence sur le thème: “Le ChristRoi: comment rétablir son Royaume?”; l’abbé Murro en était l’orateur. En Italie, le 28 septembre près de Ferrare, s’est déroulée la Journée de la Fidélité catholique en souvenir de la Bataille de Lépante. De nombreux jeunes, venus non seulement de l’Emilie et de la Romagne, mais aussi de la Vénétie, du Latium et de la Toscane, se sont réunis pour la récitation du Rosaire suivie des confessions et de la Messe qui fut célébrée dans l’église de Saint Louis à La Pacchenia (Al- 58 barea). La Messe a été suivie d’un repas convivial au restaurant, après quoi, dans la salle de conférences Scacciapensieri, M. l’abbé Ricossa a parlé sur le thème: Catholicisme, Islamisme et Mondialisme. La journée était organisée par l’Institut avec la collaboration du Centre Culturel San Giorgio de Ferrare, mais nous devons un remerciement particulier à un ami de Rovigo qui en a été l’inspirateur. Le 15 mai 2004 à l’auditorium de la Circonscription 5 de Pescara, a eu lieu la présentation du livre “1945-47: Guerre civile. La Révolution rouge” de Marco Pirina avec la participation de l’auteur et de M. l’abbé Carandino; cette présentation était organisée par un groupe d’amis de l’Oratoire du Précieux Sang de Chieti Scalo, oratoire de l’Institut dans les Abruzzes. Conférences auxquelles ont participé les prêtres de l’Institut. Nous signalerons dans cette rubrique les conférences tenues par MM. les abbés Ricossa, Giugni et Carandino. Pour M. l’abbé Ricossa, deux conférences en collaboration avec le Coordinamento Cattolico: la première à Rovigo, le 12 décembre 2003, et la seconde à Florence, le 27 mars 2004; les deux fois, est intervenu aussi le président du Coordinamento Cattolico, PierGiorgio Seveso. Les deux conférences avaient pour but de présenter au public notre Institut (L’adhésion à la foi catholique et l’opposition à Vatican II: rôle de l’Institut Mater Boni Consilii) et notre position. C’est au zèle du Centre Culturel B.V. du Secours de Rovigo que nous devons la première conférence qui s’est tenue à l’Hôtel Regina Margherita; de nombreux quotidiens locaux l’avaient annoncée et le 20 décembre L’Adige de Rovigo a consacré une page entière à l’événement (pp. 1 et 20) dans un article de Nicola Chiarini. A Florence, c’est le Cercle Saint Jean-Baptiste qui a organisé la conférence dans la belle salle du Grand Hôtel Cavour, en plein centre. On peut se procurer le CD de la conférence auprès du Centro Albertario (double CD, code 009). Le 21 décembre, à la Rocca médiévale de Montefiorino (Modène) dans la Salle du Conseil communal, M. l’abbé Ricossa a participé en tant qu’intervenant a un congrès historique organisé par l’Association Terra Friniate; La sainte Inquisition dans le Frignano en était le thème. Y participaient également Gianni Braglia et Aldo Magnoni. Mais c’est la conférence du 19 mai 2004 organisée par le CIDAS (Centro Italiano Documentazione Azione Studi) au Centre des Congrès de l’Union Industrielle de Turin, qui a eu sans conteste, le plus de succès; M. l’abbé Ricossa, présenté par l’ingénieur Natale Molari, du CIDAS, parlait sur le thème suivant: La politique de l’Eglise, l’Islam et l’Occident. C’était la dernière conférence d’une série à laquelle ont participé, entre autres, Besançon, Nolte et Romagno. Annoncée par La Stampa et Torino Sette (14 et 19 mai), ainsi que par une interview de M. l’abbé Ricossa par Gianluca Savoini publiée dans Il Federalismo (pp. 1 et 10) la conférence a eu un écho dans Il Foglio (21 mai, p. 4) et à nouveau dans Il Federalismo avec un article de Giorgio Bianco (24 mai, p. 3). Le texte de la conférence sera publié par le CIDAS. Et voici les conférences de M. l’abbé Giugni. Le 17 octobre 2003 à Nova Milanese (MI) colloque sur le thème “Lépante 7 octobre 1571: l’impérialisme turc contre les peuples de la Padania et les peuples européens” organisée par la section locale du M.G.P.; y ont participé M. l’abbé Ugolino Giugni, et MM. Abbondio Dal Bon et Matteo Castagna d’Avanguardia Scaligera (VR); Lorenzo Busi en était l’animateur. Le 27 novembre 2003, à Cinisello Balsamo (MI) au cours d’une soirée dédiée au thème “Islam. Intégration possible?” organisée par le journaliste de la Padania, Simone Boiocchi, de la section locale de la Lega Nord, l’abbé Giugni a parlé sur le thème “Islam-Eglise catholique, quel avenir? Quel rapport?”; autres orateurs: le député Andrea Gibelli, Gianluca Savoini, Matteo Salvini, directeur de R.P.L. Le lendemain, 28 novembre, l’abbé Giugni parlait à Brescia de “Islam et christianisme” au cours d’une conférence organisée par la section locale du M.G.P. Le 16 janvier 2004 à Teolo (PD) l’abbé Giugni participait également à un congrès organisé par le M.G.P. Liga-Veneta Lega-Nord sur le thème “Islam et christianisme, religions confrontées”. Les autres orateurs étaient les députés Federico Bricolo et Luciano Gasperini (L.N.) ainsi qu’Abbondio Dal Bon de l’association Avanguardia Scaligera de Vérone. Il reste à signaler les conférences de l’abbé Carandino. Le 10 novembre à la Bibliothèque provinciale “De Meis” de Chieti, l’association “Amicizia Cristiana” avait organisé une conférence sur le thème “Le crucifix, symbole religieux de civilisation. Pourquoi il faut 59 conserver l’exposition des crucifix”. Y parlaient l’abbé Carandino, Marco Solfanelli (président d’“Amicizia Cristiana”), Pietro Ferrari (président d’ “Azione Giovani” de Teramo) et Alessandro Rapinese (coordinateur du mouvement “Giovani Abruzzesi”); de même que pour les précédentes, la conférence avait été annoncée par les quotidiens locaux. Le 4 novembre 2003, à la salle du K3 à Fontane di Villorba (TV) le “Mouvement Giovani Padani” organisait une conférence intitulée “Europe et Islam: quel avenir?”; c’est Lorenzo Fontana, du MGP, qui présentait les divers orateurs: l’abbé Carandino (“Christianisme et la formation de la civilisation chrétienne”), le député Federico Bricolo (“Danger du fondamentalisme islamique”), et le député Luciano Dessin (“Le parcours de la Loi sur les libertés religieuses”), tous deux députés de la Lega Nord, et Abbondio Dal Bon d’“Avanguardia Scaligera” (“Différences culturelles et religieuses entre Europe et Islam”). Le 22 décembre 2003, à la section “Teodorico” de la Lega Nord à Ravenne, M. l’abbé Carandino était invité à une conférence-débat sur le thème: “La Lega Nord et la Tradition catholique”; le modérateur de la soirée était Federico Patuellei, secrétaire provincial de la LN. Par ailleurs, l’abbé Carandino a été invité par Amicizia Cristiana à donner deux autres conférences à Chieti, toujours à la salle de la Bibliothèque provinciale. La première, le 13 février 2004, avait pour thème “Défense de la liturgie catholique. Protestants et Modernistes contre le Sacrifice de la Messe”. La seconde, le 19 mars 2004, sur le thème “L’Œcuménisme, obstacle à l’évangélisation catholique. Des missions aux journées œcuméniques d’Assise”, toutes deux présentées par Marco Solfanelli. Le 7 mai 2004 à la Bibliothèque “G.Tres” de Lentiai (BL): “Europe et immigration: quel futur pour notre identité?”. Orateur: l’abbé Ugo Carandino (“Chrétienté ou civilisation multireligieuse?”); M. Federico Bricolo, député Lega Nord (“Danger du fondamentalisme islamique”); le député Massimo Polledri, député Lega Nord (“Les dangers d’une immigration incontrôlée”). A Modugno (BA), au siège du Centre Tradition et Communauté, l’abbé Carandino a tenu deux conférences, l’une le 16 mars sur le thème “Pie IX et l’assaut maçonnique contre l’Eglise”, et l’autre le 12 mai sur le thème “Catholicisme et Œcuménisme: rencontre ou choc?”; en ces deux occasions, l’abbé Caran- dino était présenté par Daniele Cursoli. Enfin, le 9 juin, les jeunes de BIOS-Movimento pour la vie, de Bologne, ont invité l’abbé Carandino à faire une conférence sur le thème: “Etapes historiques de la corruption morale”, au siège de l’association “Amici per la vita”. L’Institut et la presse. Encore des attaques contre l’Institut et la Thèse de Mgr M.-L. Guérard des Lauriers de la part de la revue allemande “sédévacantiste” Einsicht (n. 11, déc. 2003, pp. XXXIII-383- 392). M. l’abbé Carandino nous signale la publication dans la presse de certains de ses articles: l’un sur les ennemis de l’Eglise, dans le bullettin Triskel (n° 6, septembre 2003); un autre,“La foule impie qui refuse les crucifix» dans la Padania du 1er novembre 2003; et une interview où il parle de la question des mosquées dans la Padania du 17 février 2004. Libertà, quotidien de Piacenza, a publié, le 21 novembre 2003, une lettre de l’abbé Carandino (“Charité chrétienne n’est pas bonasserie”), invité à s’exprimer dans un chaud débat allumé à propos de la question de l’immigration. Sodalitium et la presse. Dans les rubriques “Italie” et “conférences” nous avons déjà signalé de nombreux articles de la presse nous concernant; nous ne nous répéterons pas. Nous en signalerons d’autres qui n’ont pas trouvé place encore. Le revue des dominicains d’Avrillé, Le sel de la terre, a publié l’article d’un prêtre de la Fraternité Saint-Pie X en défense dudit “Secret de La Salette”, dans lequel est amplement cité Sodalitium qui, comme chacun sait, ne partage pas cette opinion. Tant dans le Sel de la terre, que dans une autre revue “lefebvriste” (dirigée par des laïcs) on soutient que les Papes – Léon XIII en particulier – étaient favorables au “secret”. La meilleure des réponses se trouve dans l’opuscule “Le SaintSiège et le secret de la Salette”, édité par notre Centro Librario, dans lequel sont publiés les textes mêmes du Saint-Siège, et non des paroles attribuées aux Papes sans aucune preuve documentaire. Dans le quotidien Présent du 14 janvier, Jean Madiran a dédié une page entière à notre numéro spécial sur le sédévacantisme (Inter-laïcs: la confession d’Hubert le papiste). Certes, ce n’est pas que le fondateur d’Itinéraires ait changé de position depuis 1980, quand il attaquait dans sa revue la Thèse de Cassiciacum du Père Guérard des Lauriers, thèse 60 que nous adoptons; mais il semble cependant déplorer avec son Hubert qui donne son nom à l’article que l’“on ne parle jamais” de Sodalitium alors qu’il s’agit d’une revue “très sérieuse et bien faite”. La Politique (BP 5061; 83091 TOULON cedex), bulletin dirigé par le fils de Jacques Ploncard d’Assac, Philippe, a publié un bel éloge de Sodalitium (n° 32, février 2004, p. 6) à l’occasion des vingt ans de notre revue. Nous rappelons que Jacques Ploncard d’Assac fut l’un des premiers écrivains à dénoncer les erreurs conciliaires et à rappeler avec fidélité l’œuvre du Sodalitium Pianum de Mgr Benigni. Le CLS et la presse. Dans le précédent numéro (p. 72) nous avions parlé de la “recension” faite par Neri Capponi pour démolir le livre de l’abbé Nitoglia, L’esoterismo, édité par notre Centro Librario. Comme nous l’avions annoncé, Controrivoluzione (qui avait publié Capponi) a publié la réponse lapidaire de l’abbé Nitoglia (nn° 8691, juin 2002-mai 2003, pp. 44-45) à chacune des onze accusations privées de fondement que ce dernier avait relevées dans l’écrit de Capponi. Le directeur de Controrivoluzione ne sait que répondre, si ce n’est par un humour de bas étage. Capponi, lui, se tait. L’Institut et la radio. Comme nous l’avions déjà signalé, Radio Padania Libera a accordé à l’abbé Carandino un espace régulier dont nous pouvons disposer pour la plus grande gloire de Dieu. Depuis le 18 septembre, en effet, chaque jeudi, de 14h20 à 14h40, l’abbé Carandino dirige le programme “Aux racines de la Foi” (y ont figuré des interviews des abbés Giugni et Ricossa). Par ailleurs, l’abbé Carandino est souvent interviewé à la radio en question, pour parler de la situation de crise traversée actuellement par l’Eglise (le 4 septembre 2003 dans le programme de Lorenzo Busi; le 15 septembre 2003 et le 24 novembre dans la rubrique des jeunes “Cœurs impavides”; le 16 septembre dans le programme des “Volontaires Verts”; le 27 septembre et le 15 novembre dans l’émission de Silvia Sanzini; le 8 avril l’abbé Carandino était interviewé par Paolo Bassi sur La Passion; le 4 mai il était interviewé dans la rubrique Monitor de Marco Rondini sur le Modernisme; le 15 mai par Silvia Sanzini sur les mariages catholiques-musulmans). TelePadania a elle aussi accueilli l’abbé Carandino: outre la retransmission de la Messe de Milan, le 27 octobre don Ugo était interviewé en direct par téléphone, au Téléjournal de TelePadania, par le directeur Max Ferrari sur la question des crucifix, et le 10 décembre, dans les studios de TelePadania, sur le thème de la défense de la Foi, interview transmise sur Téléjournal Nord. Certains ont déploré une présence exclusive à la radio et à la télévision d’un mouvement politique déterminé, au risque de nous faire instrumentaliser. Il est cependant évident que nos prêtres ne font pas de politique et n’identifient pas la foi avec des mouvements politiques; en ces occasions nous ne parlons que de foi, grâce à ceux qui nous invitent, et nous serions très heureux d’être invités également – une fois les garanties dûment posées – à d’autres émissions publiques et privées: du moment qu’il s’agit d’évangéliser et de prêcher le Christ! Apostolat de la Prière, Croisade Eucharistique. Un excellent moyen de persévérance, est l’Apostolat de la Prière, dirigé par l’abbé Cazalas. La Croisade Eucharistique (dirigée par l’abbé Giugni) est l’apostolat de la prière pour les enfants. Sœur Elisabeth de Jésus, qui s’occupait déjà de cette croisade à titre privé en même temps que du bulletin Bataillon St Dominique Savio, le fait maintenant en tant qu’œuvre de l’Institut (écrire à Verrua). Exercices spirituels. “Quant à l’ascétique du livre des Exercices, nous pourrions penser que c’est spécialement pour notre époque que saint Ignace l’a écrite” (Pie XII). Bien que l’été soit la période la plus propice pour faire les Exercices spirituels, nous ne restons pas les mains dans les poches le reste de l’année. Dès le mois de septembre l’abbé Ricossa a commencé en prêchant les Exercices à toutes les religieuses du Christ-Roi du 8 au 16 septembre, tandis que les séminaristes les faisaient à Verrua avec l’abbé Murro. Du 12 au 17 avril, l’abbé Murro, toujours, a prêché la retraite aux quatre postulantes qui se préparaient à leur prise d’habit. Pour les fidèles, se sont déroulés quatre sessions d’exercices, toutes à la Maison Saint-Joseph de SerreNerpol: en novembre (8 personnes) avec l’abbé Cazalas; du 26 au 31 décembre (9 personnes) et du 16 au 21 février (7 personnes) avec les abbés Cazalas et Murro; du 19 au 24 avril (9 personnes) avec l’abbé Ricossa. Outre les exercices, rappelons l’œuvre des exercices avec son bulletin français As- 61 Pèlerinage à Lorette: devant la basilique cende superius. Deux jours de récollection ont été organisés pour les ex-retraitants: le 11 novembre 2003 à Raveau, avec 25 participants, et le lundi de Pentecôte (31 mai) à Serre-Nerpol, avec 23 participants. Ils étaient prêchés, le premier par l’abbé Murro et le second par les abbés Giugni et Murro. Pèlerinages. Organisés en Italie et en France par l’Institut, pour accroître la dévotion et unir les fidèles. En Italie, nous avons refait le pèlerinage marial, habituel désormais, à Notre-Dame de San Luca de Bologne, le 18 octobre. La récitation des trois chapelets du Rosaire était dédiée “aux vocations sacerdotales et religieuses”. Les fidèles d’Emilie, de Romagne et de Lombardie se sont ensuite retrouvés pour dîner avec les abbés Carandino et Ricossa à l’Hermitage de Tizzano sur les collines bolonaises. Puis ce fut l’inoubliable pèlerinage national et international (y participaient des pèlerins français et une irlandaise!) de l’Institut à la Santa Casa [Maison de la Sainte Vierge] de Lorette. Après la Sainte Vierge, nous devons remercier M. l’abbé Carandino qui a préparé de longue date, dans les plus infimes détails ce premier pèlerinage d’Osimo à Lorette. Le 22 mai, les pèlerins se retrouvaient à Osimo sur la Place Saint Charles. Benizzi Ferrini avait pensé à nous munir de tee-shirts et de casquettes, souvenirs du pèlerinage et, surtout, il avait mis à notre disposition deux indipensables fourgons. Nous nous sommes retrouvés d’un peu partout. Les bannières flottaient: bannières pontificales, de Pie IX, carliste, vendéenne, étendards de l’Institut, de la Maison St Pie X, de l’Albertario, de Roma fidelis… Soixante dix pèlerins ont quitté la Place Saint Charles en direction de la Basilique de Saint Joseph de Copertino. Dans l’église, M. l’abbé Giugni a parlé aux pèlerins de la protection des saints. En deux groupes, les pèlerins se sont mis en marche sous la direction d’un impeccable service d’ordre et des gendarmes d’Osimo, tandis que s’élevaient vers le Ciel des chants mariaux intercalant les trois chapelets du Rosaire. La première étape était le sanctuaire marial de Campocavallo, où M. l’abbé Giugni parla de l’intercession de la Sainte Vierge. Puis ce fut l’arrivée triomphale à Castelfidardo au chant de “Nous voulons Dieu”. Etape à l’hôtel, puis, non loin de là, dîner fraternel qui suscita, je dois dire, l’enthousiasme des fidèles. Le lendemain matin, après avoir assisté nombreux à la Messe dite par M. l’abbé Ricossa, le pèlerinage repartait: mêmes prières, mêmes chants que la veille. Nous avons été bien accueillis par les gens, beaucoup priaient avec nous, tous observaient, étonnés et édifiés, le cortège qui se déroulait par les rues des villes et villages traversés. Le pèlerinage une fois parvenu à la pinède de Castelfidardo où se déroula la Bataille du 18 septembre 1860, devant le monument aux morts (dont sont exclus les Pontifes rappelés cependant par une main anonyme qui a inscrit “Vive le Pape Roi”), M. l’abbé Ricossa invita les pèlerins à l’amour de l’Eglise et de la Papauté. De loin on découvrait Lorette: un dernier effort et nous parvenions au merveilleux sanctuaire qui domine la vallée et la mer. Pique-nique dans la salle des pèlerins (menace de pluie), et ce fut l’entrée triomphale dans l’église, après la photo souvenir devant la statue de Sixte V. Et nous voici enfin arrivés dans la maisonnette où le Verbe s’est fait chair dans le sein de la Sainte Vierge Marie! C’est avec émotion que M. l’abbé Carandino récita pour nous tous la prière à Notre- Dame de Lorette. Ce ne fut pas un adieu, mais un au revoir de la part des soixante-dix pèlerins qui veulent, s’il plaît à Dieu, revenir encore plus nombreux. Deux pèlerinages également en France: à Notre-Dame de l’Osier et à St-Joseph de Cotignac. Le 8 mai, après la messe célébrée à la Maison Saint-Joseph par Mgr Stuyver, près de 140 pèlerins, dont MM. les abbés Murro et Cazalas et les sœurs du Christ-Roi, se mettaient en marche pour le traditionnel pèlerinage vers le sanctuaire de NotreDame de l’Osier (France) où la Sainte Vier- 62 ge apparut à un huguenot pour le pousser à la conversion. La veille au soir, M. l’abbé Murro avait tenu une conférence sur le dogme “hors de l’Eglise, point de salut”. Un grand merci aux responsables de l’organisation qui a été vraiment soignée, et ce, tout spécialement à M. Lauzier, Mlle Collion, Mme Jorland et son fils. De son côté, M. l’abbé Cazalas organisait le pèlerinage traditionnel des fidèles de Cannes à Saint Joseph de Cotignac, pour le lundi de Pentecôte (31 mai). Après la Messe célébrée en plein air à Notre-Dame des Grâces, les 35 participants se sont mis en route pour le sanctuaire dédié à Saint Joseph. Ce fut notre dernier pèlerinage organisé pour les fidèles avant la saison estivale. Anniversaires. Le 3 décembre 2003, M. l’abbé Carandino a fêté le 15ème anniversaire de son ordination sacerdotale par Mgr Tissier de Mallerais, en 1988, dans la chapelle du séminaire d’Ecône. De leur côté, le 29 juin 2004, MM. les abbés Murro et Nitoglia fêtaient leurs vingt ans d’ordination sacerdotale reçue des mains de Mgr Lefebvre. Auparavant, le 18 décembre 2003, comme d’habitude, nous avions fêté à Verrua la fondation de l’Institut Mater Boni Consilii (18 ans). Nous avons également rappelé à notre mémoire nos défunts: Virginia Bonelli, le 31 janvier, et Mgr Guérard des Lauriers, le 27 février 2004. Baptêmes. Mgr Stuyver a baptisé Maria Daelemans née le 25 mars 2003. Le 6 septembre, à Monteforte Irpino M. l’abbé Murro a baptisé Romilda Severino; le 22 décembre à Raveau, André Langlet et le 25 mars 2004 à Annecy, Marion Larfaillou. Le 7 février, à Milan, M. l’abbé Giugni baptisait Chiara Splendore. Dimanche 30 novembre 2003, à Trente, M. l’abbé Carandino baptisait Rachele Giuliana. Le 14 juin 2004, à l’église de la Maison Saint-Joseph, M. l’abbé Cazalas baptisait Jean-François Luis. Premières Communions. “Laissez venir à moi les petits enfants”. Ont reçu Jésus pour la première fois Darinka Stankovski (le 1er février), Thomas Van Gorp et Jacinta Daelemans (le 20 mai) à Dendermonde (Mgr Stuyver); Caio Giulio De Fanti, de Rovereto, (le 6 juin) à Rimini (abbé Carandino); Sergio Ricossa (le 12 juin) à Verrua (abbé Ricossa); Cyrille Darius et Olivier Gastin (le 13 juin) à Cannes (abbé Cazalas); Silvia Bosco (20 juin) à Chieti (abbé Carandino). A Dendermonde, le 20 mai, fête de l’Ascension, Jeanne Brabant a renouvelé les promesses de son baptême et fait sa communion solennelle, après une brève retraite spirituelle prêchée par Mgr Stuyver. Nous remercions tous les catéchistes qui ont préparé ces enfants au plus beau jour de leur vie. Confirmations. Mgr Stuyver a administré trois fois ce sacrement: le 5 mai à Verrua Savoia (2 personnes), le 7 mai à la Maison Saint-Joseph de Serre-Nerpol (16 personnes) et le 30 mai à Dendermonde (3 confirmés). Défunts. Le 6 septembre 2003, à Feletto M. l’abbé Ricossa a célébré les funérailles de Carlo Barovero et de sa femme Emma Cucchi. Un grand deuil nous a privés d’un grand ami: le soir du 9 octobre 2003 décédait dans un accident de la route, dû probablement à un malaise soudain, Jader del Vecchio, 39 ans, de Cesena. Jader partageait notre position sur la vacance du Siège, fréquentait lorsque cela lui était possible l’oratoire de Rimini, y recevant toujours les sacrements, et chaque année il invitait l’abbé Carandino à venir bénir sa maison à Cesena. Nous sommes de tout cœur avec sa femme Claudia, sa petite Giulia et toute sa famille. Un double deuil a frappé en quelques jours les familles Tassoni-Capocasa, dans la province d’Ascoli Piceno: le 24 novembre s’éteignait M. Umberto Tassoni, 73 ans et le 9 décembre sa femme Luciana Neroni, 71 ans. En octobre, tous deux avaient reçu de M. l’abbé Carandino l’extrême-onction et les autres sacrements, assistant dévotement à la sainte Messe. Nous renouvelons nes condoléances aux enfants et parents des défunts. Le 26 novembre, dans la région lyonnaise, décès à l'âge de 99 ans, de M. l'abbé Henri Chirat; c'était un grand érudit et plusieurs prêtres de l'Institut ont eu l'occasion de le rencontrer ou de correspondre avec lui, profitant ainsi de ses vastes connaissances. N'étant pas en communion avec Paul VI et ensuite Jean-Paul II, il a desservi pendant plusieurs années la chapelle du Quai Saint Vincent (Lyon). Que le Seigneur accueille son fidèle serviteur! Raphaël Giraud, de Lyon, autre fidèle assidu, recevait chez lui, les derniers temps, les sacrements administrés par M. l’abbé Murro. C’est le 4 mai que notre petite chapelle de Lyon l’accueillait pour la dernière fois, lorsque M. l’abbé Cazalas y célébra ses funérailles. Le 11 mai, à l’Oratoire du Sacré- Cœur de Turin, M. l’abbé Ricossa a célébré la Messe du trentième jour pour Lorenzo Sobrero; c’était un gentil’homme d’une autre époque; habitant trop loin, il n’assistait 63 qu’épisodiquement à la Messe à Turin, mais il était demeuré depuis l’ordination de M. l’abbé Ricossa en 1982 à laquelle il assista, toujours un fidèle sympathisant. Nous sommes de tout cœur avec nos amis et fidèles ayant perdu des personnes chères: Luciano Marchese pour la perte de sa mère, Ersilia Cipolloni, veuve Marchese; Giuseppe Carli qui a perdu sa grand-mère; J.-L. Lhioreau qui a perdu son épouse; la famille Splendore pour la perte de leur ami Franco. L’architecte Nicolò Negro, de Pinerolo, et le professeur Oscar Nuccio de Rome, tous deux lecteurs et sympathisants, décédés subitement. Nous sommes de tout cœur avec sœur Marie de Jésus Crucifié dont le père est décédé au Mexique et Inez Dryden qui a perdu son mari Fred. UNE NOUVELLE BIBLIOTHEQUE POUR LE SÉMINAIRE ET DE NOUVELLES CHAMBRES POUR LES SÉMINARISTES. Nous les aménageons pour que les séminaristes puissent étudier plus aisément. Nous avons dû arrêter les travaux par manque de fonds. AIDEZ-NOUS ! Comment envoyer vos offrandes : * Association Mater Boni Consilii – Mouchy – Raveau 58400 – La Charité-sur-Loire. CCP n° 2670 37 W DIJON. * Association Mater Boni Consilii – Mouchy – Raveau 58400 – La Charité-sur-Loire. Compte CREDIT LYONNAIS : banque : 30002 ; agence : 07531 ; n° du compte : 79074 U ; clé : 78. Spécifiez: pour le séminaire Livres du Centro Librario Sodalitium Auteur ARTHUR PREUSS Titre prix exemp. Etude sur la Franc-Maçonnerie américaine 18,30 € ABBÉ ANTHONY CEKADA On ne prie plus comme autrefois... 7,65 € Petite méthode pour suivre la Sainte Messe 2,60 € ABBÉ NITOGLIA De la Synagogue à L’Eglise 4,60 € ABBÉ RICOSSA L’abbé Paladino et la Thèse de… 4,60 € ISIDORO DA ALATRI Qui a tué Jésus-Christ ? 10,55 € GIUSEPPE RICCIOTTI Vie de Jésus Christ 22,90 € L’éducation de Jean-Marie 4,50 € DONALD J. SANBORN La papauté matérielle 8,40 € CH. DE MAILLARDOZ Les sept péchés capitaux de l’Enfance 8,40 € HENRI DEEN Le célibat des prêtres 6,10 € Frais de Port: + 1,50 € pour commande inférieure ou égale à 8,40 € + 3,85 € pour commande inférieure à 32 € + 5,05 € pour commande à partir de 32 € - GRATUIT à partir de 41 € A retourner à l’une des deux adresses suivantes: Centro Librario Sodalitium Loc. Carbignano 36 10020 VERRUA SAVOIA (TO) - ITALIE “Sodalitium” Mouchy 58400 RAVEAU - FRANCE + port Total Veuillez expédier à l’adresse suivante: Nom Prénom Adresse Ville Code Vous pouvez aussi téléphoner à: Tél. (de France): +39. 0161. 83.93.35 Fax (de France): +39.0161. 83.93.34 email: centrolibrario@sodalitium.it Tél.: CENTRES DE MESSES RÉSIDENCES DES PRETRES DE L’INSTITUT ITALIE: Verrua Savoia (TO). Maison-Mère. Istituto Mater Boni Consilii - Località Carbignano, 36. Tél. de l'Italie: 0161.83.93.35 Ste Messe: en semaine à 7h30. Salut du SaintSacrement: tous les vendredis à 21h. Heure Sainte: le premier vendredi du mois à 21h. San Martino dei Mulini (RN). Casa San Pio X. Abbé Ugo Carandino - Via Sarzana 86. Pour toute information, téléphoner au 0541.75.89.61. Fax: 0541.757.231. FRANCE: Mouchy Raveau 58400 - La Charitésur-Loire. Pour toute information, téléphoner au 03.86.70.11.14. BELGIQUE: Dendermonde. Mgr Geert Stuyver: Kapel O.L.V. van Goede Raad, (chapelle N.-D. du Bon Conseil) Koning Albertstraat 146 - 9200 Sint-Gillis Dendermonde: Ste Messe le dimanche à 9h30. Tél. (et Fax): (+32) (0) 52.38.07.78. AUTRES CENTRES DE MESSES FRANCE Annecy: 11 avenue de la Mavéria. Tél.: 04.50.57.88.25. Ste Messe le 2ème et 4ème dimanche du mois à 10 h. Confessions à 9 h. Cannes: Chapelle N.-D. des Victoires. 4 rue Fellegara. Tél.: 04.93.46.78.54. Ste Messe le 2ème et 4ème dimanche du mois à 18h. Lille: Ste Messe le 1er et 3ème dimanche du mois à 17h. Confessions à 16h30. Pour toute information: Mgr Geert Stuyver en Belgique. Lyon: 17 cours Suchet. Tél.: 04.77.33.11.24. Ste Messe le 2ème et 4ème dimanche du mois à 17h. Confessions à partir de 16h30. ITALIE Bologne: le 4ème dimanche du mois, Messe à 17h30. Chieti Scalo: Oratoire du Précieux Sang, via Colonnetta 148. Le 2ème dimanche du mois à 18h30 et le 3ème à 10h30. Ferrare: Chiesa S. Luigi, Via Pacchenia 47 Albarea. Ste Messe tous les dimanches à 17h30. Le 1er dimanche du mois à 11h30. Loro Ciuffenna (Arezzo): Fattoria del Colombaio, str. dei 7 ponti. Ste Messe le 1er dimanche du mois à 17h30. Maranello (Modène): Villa Senni. Strada per Fogliano. Ste Messe tous les dimanches à 11h, sauf le 1er dimanche du mois à 9h. Milan: Oratoire St Ambroise. Via Vivarini 3. Ste Messe tous les dimanches et fêtes à 11h. Rimini: Oratoire St Grégoire le Grand, via Molini 8: dimanches et fêtes, Messe à 11h. Rome: Oratoire St Grégoire VII. Via Pietro della Valle, 13/b. Ste Messe le 1er, 3ème et 5ème dimanche du mois à 11h. Rovereto (Trente): Messe le 3ème dimanche du mois. Teolo (Padoue): le 1er dimanche du mois à 18h. Turin: Oratoire du Sacré-Cœur, via Thesauro 3/D. Dimanches: Messe chantée à 9h. Messe basse à 11h15. Tous les premiers vendredis du mois: Messe à 18h15. Valmadrera (Lecco): via Concordia, 21. Tél. 0341.58.04.86. Ste Messe le 2ème et 4ème dimanche du mois. Confessions une demi-heure avant les messes. Pour toute information, téléphoner à Verrua Savoia ou à San martino dei Mulini (RN) COMMENT NOUS AIDER - Il n’y a pas d'abonnement à “Sodalitium”. Ce périodique est envoyé gratuitement à tous ceux qui désirent le recevoir. Nous demandons aux personnes qui, pour un motif quelconque, ne désirent pas le recevoir, de nous le faire savoir. - L’Institut Mater Boni Consilii et son périodique “Sodalitium” n’ont pas d’autres ressources que vos offrandes sans lesquelles ils ne peuvent vivre. Pour vos dons, libeller: • ASSOCIATION MATER BONI CONSILII - Mouchy - Raveau 58400 - LA CHARITE SUR LOIRE. CCP n° 2670 37 W DIJON • ASSOCIATION MATER BONI CONSILII - Mouchy - Raveau 58400 - LA CHARITE SUR LOIRE. Compte CREDIT LYONNAIS: Banque: 30002; Agence: 07531; N° du compte: 79074 U; Clé: 78. EN CAS DE NON-LIVRAISON, VEUILLEZ RENVOYER A L’EXPEDITEUR QUI S’ENGAGE A PAYER LE RETOUR A L’ENVOYEUR: ASTI C.P.O SODALITIUM PERIODICO Loc. 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