Tassa Riscossa - Taxe Perçue. ASTI CPO N° 5 8 Quarante ans après le Concile Vatican II. Joseph Ratzinger… Le Rhin se jette dans le Tibre Anno XXII n. 2 - febbraio 2006 - Sped. a. p. - art. 2 - comma 20/c, Legge 662/96 - Filiale di Asti - Organo ufficiale del Centro Librario Sodalitium Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA (TO) Tel. +39.0161.839.335 - Fax +39.0161.839.334 - IN CASO DI MANCATO RECAPITO, RINVIARE ALL’UFFICIO C.R.P. ASTI PER RESTITUZIONE AL MITTENTE CHE SI IMPEGNA A CORRISPONDERE LA RELATIVA TARIFFA 2 “Sodalitium” Periodico n° 58, Anno XXII n. 2 2006 Editore Centro Librario Sodalitium Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA TO Tel.: 0161.839335 Fax: 0161.839334 - CCP 36390334 INTERNET: www.sodalitium.it - email: info@sodalitium.it Direttore Responsabile don Francesco Ricossa Autorizz. Tribunale di Ivrea n. 116 del 24-2-84 Stampa: - Ages Torino. Le présent numéro a été achevé de rédiger le 10/02/2006 Ai sensi della Legge 675/96 sulla tutela dei dati personali, i dati forniti dai sottoscrittori degli abbonamenti verranno trattati in forma cartacea ed automatizzata e saranno utilizzati esclusivamento per invio del giornale oggetto di abbonamento o di altre nostre testate come copie saggio e non verranno comunicate a soggetti terzi. Il conferimento dei dati è facoltativo ed è possibile esercitare i diritti di cui all’articolo 13 facendone richiesta al responsabile trattamento dati: Centro Librario Sodalitium. En couverture : en fond, une séance du Concile Vatican II. Sur les petites photos, certains artisans du Concile : Paul VI et Lercaro, Rahner et Ratzinger présents comme théologiens (en costume-cravate…). ✍ Sommaire Éditorial Christianisme et judaïsme. “L’Ancienne Alliance jamais révoquée” Charles de Foucauld et l’Islam Sermon de Monseigneur Geert Stuyver La mort, début de la vie éternelle RECENSIONS : Modernisme et antimodernisme. Histoire ou actualité ? En famille Cristina Campo ou l’ambiguïté de la tradition Autorité et épiscopat dans l’Église Histoire du Jacobinisme “Jusqu’à ce jour tout le monde a parlé de Mortara. Laissez maintenant la parole ... Vie de l’Institut Éditorial C’ est à cheval sur les derniers jours de Karol Wojtyla (édition italienne) et les premiers de Joseph Ratzinger (édition française) que sortait le dernier numéro de Sodalitium. Le 2 avril, en effet, Jean-Paul II se présentait au jugement de Dieu, et le 5 avril notre Institut publiait un communiqué invitant tous les fidèles à la prière et à la pénitence avec l’espérance surnaturelle que le Conclave donnerait à l’Église un Pontife légitime. Le lendemain de l’élection de Joseph Ratzinger au Siège pontifical qui eut lieu le 19 avril, s’adressant aux électeurs, Benoît XVI manifestait clairement son intention, sa “ferme volonté”, de continuer à mettre en œuvre le Concile Vatican II. Inévitablement, le jour même, notre petit Institut déclarait publiquement ne pas pouvoir reconnaître en Benoît XVI l’Autorité divinement assistée pour diriger et gouverner l’Église du Christ. Depuis ce printemps plusieurs mois ont passé désormais, qui n’ont fait que confir- p. 2 p. 5 p. 25 p. 38 p. 40 p. 42 p. 44 p. 45 p. 45 p. 46 p. 47 p. 49 mer pleinement le discours du 20 avril. Seuls ceux qui ne veulent pas voir, ceux qui veulent se leurrer (et dans les rangs des fidèles à la tradition de l’Église, ils sont nombreux à avoir voulu s’illusionner durant ces derniers mois, comme d’autres le firent après l’élection de Jean-Paul II), seuls ceux qui peut-être veulent tromper et abuser, peuvent ne pas avoir vu qu’en peu de jours Joseph Ratzinger a fait ce que Jean-Paul II a mis de nombreuses années à faire. Les innovations révolutionnaires du prédécesseur (ou des prédécesseurs immédiats) sont désormais une nouvelle “tradition”. La visite à la Synagogue, les messages cordiaux au rabbin Di Segni, la doctrine sur la “saine laïcité de l’État”, la révocation de la décision de Jean-Paul II (!) de béatifier le Père Dehon, accusé par les juifs d’antisémitisme, la pratique constante de l’œcuménisme et de la collégialité, la communion sacrilège donnée Place Saint-Pierre au pasteur protestant de Taizé, Roger Schutz (aujourd’hui décédé), sont des faits qui n’étonnent plus personne. De même que n’a surpris non plus personne la rencontre scandaleuse parce qu’amicale avec le vieux camarade Hans Küng, héré- 3 Concile Vatican II : sortie des Pères conciliaires de la Basilique vaticane tique formel avoué! C’est avec Hans Küng en effet, que, durant l’époque conciliaire, le jeune Ratzinger a travaillé pour abattre les bastions de l’Église catholique, qui, sous les coups de pioche de ces théologiens iconoclastes modernes, sont finalement tombés, comme le souhaitait un maître de Ratzinger, l’ex-jésuite Hans Hurs von Balthasar. En ces jours désormais lointains, un certain Ralph M. Wiltgen, prêtre missionnaire, suivait le Concile, non comme théologien, mais comme journaliste. En 1967, il publia aux États-Unis, un compte rendu personnel des assises conciliaires dûment muni de l’imprimatur et dont la première édition française parut en 1973 au Cèdre. Le Père Wiltgen intitula son livre Le Rhin se jette dans le Tibre. Dans la préface de la première édition écrite en 1966, le Père Wiltgen explique son choix: “Cent ans avant la naissance du Christ, Juvénal, dans l’une de ses Satires, écrivait que l’Oronte, fleuve principal de la Syrie, s’était jeté dans le Tibre. Il entendait par là que la culture syrienne, qu’il méprisait, avait réussi à pénétrer la culture de sa Rome bien-aimée. “Ce qui s’est passé sur le plan culturel au temps de Juvénal s’est passé de nos jours sur le plan théologique. Mais, cette fois, l’influence est venue des pays riverains du Rhin - Allemagne, Autriche, Suisse, France et Pays-Bas - et de la voisine Belgique. C’est parce que les cardinaux, évêques et théologiens de ces six pays ont réussi à exercer sur le deuxième Concile du Vatican une influence prédominante que j’ai intitulé mon livre ‘Le Rhin se jette dans le Tibre’ (Préface, p. 9, éd. du Cèdre, Paris 1975). Les six pays de l’Alliance européenne avaient en commun les traces profondes qu’y avait laissé le protestantisme. L’influence du protestantisme, puis du jansénisme, du protestantisme libéral, du modernisme, enfin du néo-modernisme de la nouvelle théologie condamnée par Pie XII, était profonde. Les cardinaux Liénart (France), Suenens (Belgique), König (Autriche) et surtout Frings (Allemagne), furent les principaux artisans de la révolution conciliaire. Et parmi les théologiens, deux noms émergent: Joseph Ratzinger, expert de l’archevêque de Cologne, Frings, et Karl Rahner, expert de l’archevêque de Vienne, König. En revoyant les images de Benoît XVI, à Cologne, navigant sur le Rhin avant de pénétrer dans la Synagogue locale, comment s’empêcher de penser qu’avec son élection, c’est vraiment et totalement que le Rhin s’est jeté dans le Tibre! De Cologne à Rome. Mais Rome est-elle encore Rome, se demande-t-on en voyant ce qu’était, il fut un temps, le couronnement du Souverain Pontife? Place Saint-Pierre personne n’a ceint de la tiare le front de Joseph Ratzinger qui a voulu innover par rapport même à ses prédécesseurs immédiats: la tiare a disparu aussi des armes pontificales, remplacée par le pallium archi-épiscopal. Il ne s’agit pas d’un détail héraldique. Le “préfet de la congrégation pour la doctrine de la Foi” avait déjà exprimé sa pensée selon laquelle la papauté devait “revenir” au premier millénaire. Renier la tiare signifie renier la papauté dans toute sa majesté, telle qu’elle se manifesta au monde avec Saint Grégoire VII, Innocent III, Boniface VIII… jusqu’à Pie XII. La papauté que déjà JeanPaul II voulait réformer (Ut unum sint) n’est plus ce qu’elle était. Le Pape ne sera plus monarque de l’Église, “Le Pape n’est pas un souverain absolu”, a dit Benoît XVI en preBenoît XVI à la synagogue de Cologne au cours de son voyage en Allemagne. À droite avec le schofar 4 Joseph Ratzinger donnant la communion Place St-Pierre au pasteur protestant de Taizé Roger Schutz (décédé depuis) nant possession de la basilique du Latran (absolu, non, monarque, oui). “Ce Pape qui ne parle jamais de ‘pontificat’ mais toujours de ‘ministère pétrinien’, qui a supprimé la tiare sur les armes pontificales, qui ne manque jamais de souligner qu’il est d’abord et avant tout l’‘évêque de Rome’, a expliqué qu’il n’est pas un monarque absolu, mais un serviteur… (…) Le monde orthodoxe et oriental [hérétique et schismatique, n.d.r.] attendait un retour à l’image de la papauté comme ministère de l’évêque de Rome, qui en tant que tel confirme ses frère, conserve et transmet, de concert avec tout le collège des successeurs des apôtres, la foi dans le Christ unique sauveur et rédempteur du monde” (A. Tornielli, Il Giornale, 8 mai 2005, p. 13). La Collégialité épiscopale sera sans doute l’un des points fondamentaux de l’action de Benoît XVI, et c’est aussi pour cette raison que Sodalitium dédie un long article au concept de l’épiscopat dans Vatican II, ainsi qu’aux rapports entre collégialité et Primat (voir note à côté). Nous ne savons pas si Benoît XVI accordera une plus grande liberté à la célébration de la Messe, comme l’ont laissé à penser ses écrits précédant l’élection et son entrevue avec Mgr Fellay à la fin août. Mais nous savons de façon certaine qu’il célèbre chaque jour le rite réformé et qu’il donne aussi bien la communion dans la main, et même à des non-catholiques. Ordinations sacerdotales : Accipe Spiritum Sanctum… Sodalitium a fêté les vingt ans de l’Institut Mater Boni Consilii. L’anniversaire a été solennisé à Verrua le samedi 5 novembre avec l’ordination solennelle de deux nouveaux prêtres: Deo gratias! Toutefois ce n’est pas en notre Institut que nous mettons notre espérance. Notre espérance est, et reste, en l’Église et les promesses faites à l’Église par son fondateur, JésusChrist. C’est à Lui que revient la tâche de sauver Son Église. Nous sommes sûrs qu’Il ne l’abandonnera pas. Malgré les notes tristes de cet éditorial, notre Foi nous soutient et nous soutiendra encore. Nous n’avons aucune espérance humaine en Ratzinger et en tous ceux qui sont en communion avec lui. Mais nous savons que Celui qui a fait du persécuteur Saul le grand Apôtre saint Paul, pourra, quand et comme il le voudra, faire triompher la Foi là où elle est maintenant humiliée. Ce ne sera pas alors un triomphe du persécuteur, mais une victoire miraculeuse de la Grâce de Dieu. Portæ inferi non prævalebunt! Note Dans l’éditorial de ce numéro, nous parlons d’un article sur la collégialité épiscopale qui a été publié dans l’édition italienne de Sodalitium. Or, puisqu’il n’y avait plus de place dans la présente édition française, il sera publié, si Dieu veut, dans le prochain numéro. Le lecteur français pourra cependant le lire dans sa traduction française sur notre site internet (www.sodalitium.it/france) dès que possible. Au terme de cet article est également examiné le discours que Benoît XVI a fait aux cardinaux en décembre 2005 sur l’interprétation du Concile Vatican II; étant donné l’actualité du sujet, nous conseillons une lecture attentive de cette partie sur notre site internet. Sur le même sujet (le discours de Ratzinger) signalons aussi l’article (en anglais) de Mgr Sanborn intitulé “Saving the baby”, publié sur le numéro de janvier du bulletin du séminaire de la T. S. Trinité, et que vous pouvez trouver, toujours sur internet, à l’adresse suivante: http://www.traditionalmass.org/articles/ article.php?id=71&catname=15. Le Père Romero l’a traduit en espagnol dans la revue argentine “Integrismo”, qui peut être demandée à l’adresse électronique suivante: integrismo@uolsinectis.com.ar 5 La question juive Christianisme et judaïsme. “L’Ancienne Alliance jamais révoquée” Par M. l’abbé Curzio Nitoglia L’ENSEIGNEMENT DE JEAN-PAUL II 1ère OBJECTION D epuis sa première rencontre avec une délégation juive, le 12 mars 1979, J.-P. II cite la Déclaration Nostra Ætate, «dont l’enseignement exprime la foi de l’Église» (comme il le précisera plus tard à Caracas, au Vénézuela, le 27 janvier 1985). Selon Nostra Ætate [désormais N.A.] un lien relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament avec la lignée d’Abraham, qui sont non seulement les juifs de l’Ancienne Alliance mais aussi ceux d’aujourd’hui. En effet, citant Rm. XI, 28-29 «le Concile déclare - écrit le P. Jean Stern de l’Université Pontificale Urbanienne - à propos des juifs [post-bibliques] qu’ils forment un “peuple très aimé du point de vue de l’élection, à cause de leurs pères, car Dieu ne regrette rien de ses dons”. Par conséquent, si la communauté religieuse juive, marquée par l’enseignement des rabbins, appartient à la lignée [spirituelle] d’Abraham... le judaïsme [d’après l’exil] constitue une religion, les juifs d’aujourd’hui, eux, forment essentiellement un peuple» (1). 1ère RÉPONSE EN TROIS POINTS Je réponds: A) “N.A.” représente la foi de l’Église: La Déclaration “N.A.”, du 28 octobre 1965, sur «l’Église et les religions non chrétiennes», au n° 2 parle de l’Hindouisme et du Bouddhisme, au n° 3 des Musulmans, au n° 4, du “lien de l’Église avec la lignée d’Abraham”. Or lignée = race ou descendance charnelle d’Abraham; alors que l’Église est ultranationale et supraraciale; elle est universelle, catholique, concerne la foi, les âmes de tous les hommes, de toutes Le judaïsme post-biblique n’est pas seulement une pure religion mais une idéologie ou “religion” raciale les époques, de tout le monde. L’Église n’a de lien spirituel avec aucune lignée particulière. On ne peut donc pas mettre en relation la lignée charnelle ou le sang, avec la foi, l’âme ou l’esprit. Ceci est la première grande anomalie ou contradiction dans les termes de “N.A.”. Le judaïsme post-biblique n’est pas seulement une pure religion mais une idéologie ou “religion” raciale; Elio Toaff, ancien grand rabbin de Rome, a écrit: «Est juif le peuple qui a une religion. Les deux concepts sont indissociables. L’identité juive est constituée surtout par l’appartenance au peuple juif. Même celui qui n’est pas religieux est juif puisqu’il appartient au peuple juif. La religion juive est seulement pour le peuple juif» (2). Il faut ensuite préciser que lignée d’Abraham ce ne sont pas seulement les juifs, mais ce sont aussi les arabes: en effet, Ismaël (leur souche) était fils d’Abraham et Agar (alors qu’Isaac, l’ancêtre des juifs, était fils d’Abraham et Sara). Par conséquent, quand “N.A.” parle des “points de contact avec les Musulmans” au n° 3 et au n° 4, où il est question de la “lignée d’Abraham”, en traitant seulement “des juifs”, elle commet une discrimination raciale à l’égard des arabes (qui sont présentés seulement comme “musulmans qui cherchent à se soumettre... à Dieu comme... Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers”), sans dire que si du côté de la mère ils sont fils de l’esclave Agar, du côté du père ils sont fils charnels ou descendants d’Abraham comme les juifs. Ils ne sont pas “Nescio Nomen”, ont mère et père, même si leur mère était une esclave, et la mère d’Isaac et des juifs était la maîtresse de maison. La théologie catholique a distingué d’une manière adéquate (avant et mieux que le Concile Vatican II) la descendance d’Abraham: a) selon la chair: juifs et arabes. b) selon la foi: c’est-à-dire ceux qui ont la foi d’Abraham, qui, croyant dans le Christ à venir, était chrétien in voto. Jésus dans 6 l’Évangile de Jean (VIII, 56) dit “Abraham, votre père (selon la chair), désira voir mon jour (l’Incarnation du Verbe), il l’a vu (en esprit) et s’en est réjoui (il m’accueillit dans son âme, dans sa foi, tandis que vous non)”. Donc, seul celui qui a la foi d’Abraham dans le Christ à venir (A.T.) et venu (N.T.), est lié à l’Église du Christ, indépendamment du peuple auquel il appartient; “dans le Christ il n’y a plus ni juif, ni grec”, on est chrétiens, fils dans la foi d’Abraham, que l’on soit juif ou non selon le sang. Les apôtres, la Sainte Vierge, le Christ comme homme, étaient juifs de sang et chrétiens de foi, vrais fils d’Abraham selon l’un et surtout l’autre. Eugenio Zolli (3) était juif de race, mais devint chrétien de foi, et c’est alors seulement qu’il fut vrai fils d’Abraham. Or la descendance charnelle, lignée, race ou peuple d’Abraham qui n’a pas accepté le Christ comme Dieu et Messie, n’a pas de lien spirituel avec l’Église chrétienne, elle n’en partage pas la foi dans la divinité du Christ. Ce n’est donc pas la lignée qui compte (ce serait du racisme, et l’Église le rejette), mais la foi dans la divinité de Jésus. En effet, il est révélé que “en JésusChrist la bénédiction donnée à Abraham est passée aux Gentils” (Gal. III, 14); Jésus dans l’Évangile dit aux pharisiens: “ne dites pas: Nous avons Abraham pour père” (Matth. III, 9 ; Lc III, 8), “la postérité… procède de la foi d’Abraham” (Rm. IV, 16), “ceux qui ont la foi sont bénis avec Abraham le croyant” (Gal. III, 9). L’ambiguïté de “N.A.” est de faire passer tous ceux qui descendent d’Abraham (sauf les arabes) comme ayant des liens spirituels ou de foi avec l’Église chrétienne. Mais les choses ne se passent pas ainsi, la plupart des fils d’Abraham selon la chair ne croient pas à la divinité du Christ, seul “un petit reste” (Rm. IX, 27 - XI, 15) l’a accepté comme Dieu et Messie. Jésus le révèle “vous n’avez pas pour père [selon l’esprit ou la foi] Abraham, mais le diable” (Jn VIII, 44). La descendance ou race d’Abraham est composée: a) des arabes, qui spirituellement sont en très grande partie - musulmans, et qui n’ont donc pas la foi d’Abraham en la divinité du Christ, même s’ils Le reconnaissent comme prophète. b) des juifs, qui depuis le VendrediSaint se trouvent scindés en deux: a) La “petite partie” fidèle au Christ: “le petit reste”, c’est-à-dire les Apôtres et les disciples, qui ayant accepté le Christ, a donné origine à l’Église (lignée+foi d’Abraham). b) la plus grande partie infidèle ou incrédule envers la divinité du Christ: a renié la foi d’Abraham, le mosaïsme vetero-testamentaire, et a donné lieu au judaïsme post-biblique, post-chrétien, talmudico-cabalistique et rabbinico-pharisaïque, qui plus qu’une religion est une lignée ou une “religion raciale” et raciste. Les exégètes distinguent nettement le judaïsme Antique, du Temple, c’est-à-dire biblique, du Nouveau, rabbinico-“posttemplier” (après la destruction du Temple en 70 après J.-C.), talmudique et cabalistique, c’est-à-dire antibiblique (4). De Wojtyla à Ratzinger : la continuité dans la tradition... Les occupants du siège apostolique changent mais le Rabbin est toujours le même... Jean-Paul II et Benoît XVI avec le grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni le 14/02/2003 et le 16/01/2006 7 L’Église est “la société des baptisés, qui ont la même foi (au Christ), la même morale, participent aux mêmes sacrements et sont soumis aux légitimes pasteurs, les évêques ou successeurs des Apôtres et spécialement au Pontife romain, successeur de Pierre” (st Robert Bellarmin). Comme on le voit, il n’est pas question de descendance ou de peuple dans cette définition classique, et communément acceptée, de l’Église. Il n’y a donc aucun “si grand patrimoine spirituel commun aux chrétiens et aux juifs” (“N.A.”, n° 4f). Au n° 4e, “N.A.” enseigne: “selon l’Apôtre, les juifs restent encore, à cause de leurs pères, très chers à Dieu, dont les dons et l’appel sont sans repentance”. J’ai déjà réfuté le sophisme: st Paul dit seulement que l’appel de Dieu ne change pas (“Ego sum Dominus et non mutor”). Au contraire, la réponse humaine à l’appel de Dieu peut changer, comme cela a été pour la plus grande partie du peuple d’Israël, qui durant la vie de Jésus, a mal correspondu à l’appel et au don de Dieu, en tuant les Prophètes et le Christ; c’est pourquoi est cher à Dieu, c’est-à-dire demeure en grâce de Dieu, seul “le petit reste” de ceux qui ont accepté le Messie Christ venu (N.T.), comme leurs pères dans l’A.T. acceptèrent jadis le Christ à venir. Au n° 4g, la Déclaration conciliaire écrit: “Le Christ s’est soumis à la mort à cause des péchés de tous les hommes. Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ, ce qui a été commis durant sa passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les juifs vivant alors, ni aux juifs de notre temps”. Il faut distinguer: Le Christ est mort pour racheter les péchés de tous les hommes, autrement dit, la finalité de la mort du Christ est la rédemption du genre humain. Mais la cause efficiente qui a produit la mort du Christ, ce ne furent pas les péchés des hommes, mais le judaïsme post-biblique, qui en niant la divinité du Christ, le condamna à mort et fit exécuter la sentence par les Romains. Pour tous les Pères de l’Église, unanimement (5), la cause efficiente et responsable de la mort de Jésus est le judaïsme pharisaïque, talmudique et antichrétien par le truchement de ses “fidèles”. Dans la mort du Christ, c’est la communau- té religeuse d’Israël post-biblique qui est impliquée et non toute la lignée (un “petit reste” qui fut fidèle au Christ: les Apôtres, les Disciples), même si la majeure partie du peuple prit une part active à la condamnation de Jésus. L’accord unanime des Pères est signe de tradition divine: ils sont l’organe qui transmet la tradition divino-apostolique, leur commun accord est règle de foi, c’est-à-dire qu’il est révélé par Dieu et confié aux Apôtres, ce que les Pères ecclésiastiques enseignent avec consensus moralement unanime en matière de foi et de morale (le consensus absolu ou mathématique n’est pas nécessaire). Ils ont en effet été placés par Dieu dans l’Église pour conserver la tradition divine reçue par les Apôtres. Dans notre cas les Pères (de st Ignace d’Antioche † 107 à st Augustin † 430, en passant par st Justin † 163, st Irénée † 200, Tertullien † 240, st Hyppolite de Rome † 237, st Cyprien 258, Lactance † 300, st Athanase † 373, st Hilaire de Poitiers † 387, st Grégoire de Nazianze † 389, st Ambroise de Milan † 397, st Cyrille d’Alexandrie † 444) sont non seulement moralement, mais aussi mathématiquement d’accord pour enseigner que la grande partie (infidèle au Christ) du peuple juif, c’est-à-dire le judaïsme talmudique est responsable, comme cause efficiente, de la mort du Christ et a donné lieu à une nouvelle religion schismatique et hérétique, le talmudisme, qui se détache du mosaïsme et qui aujourd’hui encore refuse la divinité du Christ et le condamne comme idôlatre, puisque d’homme il prétend se faire Dieu (6). a) les chefs: ils savaient clairement, comme enseigne st Thomas d’Aquin, (S.T. III, q. 47, aa. 5, 6/ II-II, q. 2, aa. 7, 8) que Jésus était le Messie et ils voulaient ignorer ou ne pas admettre qu’il était Dieu (ignorance affectée, aggrave la culpabilité). b) le peuple: qui pour la majorité a suivi les chefs, alors qu’un “petit reste” a suivi le Christ, a eu une ignorance non affectée ou voulue, mais vincible, donc une faute moins grave que les chefs, mais objectivement ou grave en soi (subjectivement, c’est-à-dire dans le cœur de chaque homme où seul Dieu entre). Le peuple, qui avait vu les miracles du Christ, a la circonstance atténuante d’avoir suivi le grand prêtre, le sanhédrin, les chefs; son pé- 8 ché est grave en soi, même s’il est en partie diminué, pas totalement effacé, par ignorance vincible mais non affectée (S.T. supra). Le judaïsme d’aujourd’hui, dans la mesure où il est la libre continuation du judaïsme rabbinique du temps de Jésus et s’obstine à ne pas l’accepter, participe objectivement à la responsabilité du déicide. “N.A.” n° 4h écrit: «les juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture». Tout d’abord, il faut spécifier que nous parlons de l’hébraïsme, religion post-biblique, et de ses fidèles, les juifs qui suivent la Cabale et le Talmud (“N.A.” est équivoque, quand elle emploie le simple mot “juifs”, alors qu’elle parle des “rapports entre lignée d’Abraham qui a des liens spirituels très étroits avec l’Église du Christ”). Il faut préciser ensuite les termes théologiques et bibliques de réprovation et malédiction. a) Réprouver: signifie rejeter, considérer inutile, désapprouver, rompre une amitié. Or la synagogue talmudique (que l’Apocalypse de st Jean appelle à deux reprises Synagogue de Satan), après le meurtre du Christ, a été désapprouvée, rejetée par Dieu qui a constaté son infidélité au pacte conclu par Lui avec Abraham et l’a répudiée pour conclure une Nouvelle Alliance avec le “petit reste” d’Israël fidèle au Christ et à Moïse, et avec tous les Gentils prêts à accueillir l’Évangile (lesquels, en très grande partie, ont correspondu au don de Dieu, alors que seule une “relique” L’a refusé, pour s’adorer narcissiquement elle-même au moyen d’idoles qu’elle s’était construites en guise de miroir). Dieu a désavoué ceux qui ont renié son Fils unique et consubstantiel “vrai Dieu de vrai Dieu”. Par conséquent, la saine théologie a interprété l’Écriture et a enseigné que le judaïsme post-biblique est réprouvé ou désapprouvé par Dieu, autrement dit tant qu’il demeure dans le refus obstiné du Christ, il n’est pas uni spirituellement à Dieu, il ne Lui est pas cher, il n’est pas en grâce de Dieu. b) Maudire: signifie condamner, ce n’est pas une “malédiction formelle” lancée par Dieu comme une imprécation pour nuire, mais “objective”, c’est-à-dire une situation qui est condamnée par Dieu, dont Il dit du mal ou “maudit”: en effet, Dieu ne peut approuver, dire du bien ou “bénir” le refus du Christ. Le Père, ayant constaté la stérilité du judaïsme pharisaïque et rabbinique, qui a tué les Prophètes et son Fils, la condamne, désapprouve, en “dit du mal” ou “maudit”. Comme Jésus qui constatant la stérilité d’un figuier le maudit, c’est-à-dire ne l’apprécia pas, mais le condamna car infructueux (7). Je rapporte ce qu’a écrit une juive convertie: «Il faut distinguer le judaïsme de l’A.T. du judaïsme post-christique. Le premier (A.T.), est une préparation du christianisme; le second au contraire (le judaïsme post-christique), a nié la messianité de Jésus et continue de refuser le Messie, JésusChrist. En ce sens, il y a une opposition entre le christianisme et le judaïsme actuel. L’Ancienne Alliance est basée aussi sur la coopération des hommes. Moïse reçut la déclaration de Dieu, contenant les conditions du pacte. L’Alliance n’est pas inconditionnelle (Dt. XI, 1-28), mais est soumise à l’obéissance du peuple d’Israël: “Je mets devant vous une bénédiction et une malédiction: la bénédiction, si vous obéissez aux commandements de Dieu... la malédiction, si vous n’obéissez pas” (Dt. XI, 28)... L’alliance dépend aussi du comportement d’Israël et Dieu menace plusieurs fois de la rompre à cause des infidélités du peuple juif qu’il voudrait détruire (Dt. XXVIII; Lev. XXVI, 14 ss.; Jer. XXVI, 4-6; Os. VII, 8 et IX, 6). Après la mort du Christ le pardon de Dieu n’est pas accordé à tout Israël, mais seulement à “un petit reste” fidèle au Christ et à Moïse. À la suite de l’infidélité de l’ensemble du peuple d’Israël envers le Christ et l’A.T. qui L’annonçait, le pardon de Dieu se restreint à “un petit reste”. Ce n’est pas une rupture du plan de Dieu, mais une modification de l’Alliance primitive prévue dès l’origine, dans l’Alliance nouvelle et définitive, qui donnera au “petit reste” des juifs fidèles au Messie un “cœur nouveau” et s’ouvrira à l’humanité entière... Jésus n’a pas instauré une nouvelle religion, il a enseigné que Dieu voulait le salut de toute l’humanité et que la venue du Christ était la condition de ce salut... La communauté chrétienne est restée fidèle à la tradition vetero-testamentaire, en reconnaissant en Jésus le Christ annoncé par les Prophètes. Pour les chrétiens, c’est le judaïsme post-biblique qui est infidèle à 9 l’A.T., mais il y a un “petit reste” fidèle, qui en entrant dans l’Église chrétienne garantit la continuité de l’Alliance (ancienne-nouvelle), en vue du Christ à venir et venu. Il est la pierre d’angle qui “a fait des deux (peuples: juifs et gentils) un seul” (les chrétiens)» (8). Je réponds: B) Il y a un lien qui unit spirituellement le N.T. au judaïsme post-biblique: Le N.T. croit à la divinité du Christ, le judaïsme actuel ou post-biblique la nie: entre eux il y a opposition de contradiction (le Christ est Dieu; le Christ n’est pas Dieu), c’est-à-dire qu’il s’agit de la plus grande opposition qui ne permet pas la vérité des deux propositions, donc ou le Christ est Dieu (et alors c’est le N.T. qui est en vigueur), ou le Christ n’est pas Dieu (et c’est donc le judaïsme post-biblique qui est vrai), tertium non datur. La position iréniste du Concile Vatican II et de Nostra Ætate particulièrement, constitue la troisième voie qui est impossible puisque contradictoire. En outre, le lien qui unit spirituellement christianisme et judaïsme actuel, est contraire à l’enseignement de l’Évangile et de la Tradition patristique; en effet, Jésus dit aux pharisiens qui niaient sa divinité (c’est-à-dire au judaïsme rabbinique et postbiblique ou antichrétien) que leur père selon la génération charnelle est Abraham, mais selon l’esprit est le diable (Jn VIII, 31-47; ST JEAN CHRYSOSTOME, Commentaire sur l’Évangile selon St Jean, Homélie LIV, 1; ST AUGUSTIN, Commentaire sur Jean, Discours XLII, 1; ST THOMAS D’AQUIN, Commentaire sur St Jean, VIII, Lectio IV, 1201). Je réponds: C) le peuple juif [ou religion talmudique] est aujourd’hui encore aimé par Dieu: Deus non deserit nisi prius deseratur, l’Alliance conclue avec Abraham est un pacte bipolaire et conditionnel: de la part de Dieu (ex parte electionis), le Seigneur s’engage à protéger son peuple, s’il Lui est fidèle; autrement il y a rupture. De la part du peuple, il peut compter sur l’amour en acte de la part de Dieu, s’il Lui est fidèle, autrement il sera répudié comme idolâtre, comme une prostituée qui a abandonné son époux pour se vendre à des inconnus. Tout l’A.T. se fonde sur ce rapport bipolaire et conditionnel. Or le peuple juif a été infidèle à Dieu (il a tué les Prophètes et le Messie); Dieu a donc rompu l’alliance avec lui et a conclu une alliance nouvelle et définitive avec le “petit reste” fidèle et avec les Gentils. Certes les dons de Dieu sont irrévocables ou sans repentance, ex parte electionis. Dieu appelle, choisit un peuple, une personne à une vocation particulière (Israël à accueillir le Messie Jésus; Judas à être Apostolus Jesu Christi; mais les deux ont trahi leur vocation ex parte cooperationis); Dieu ne change pas d’avis, la vocation demeure, mais nous voyons qu’il n’y a pas de correspondance de la part de l’appelé, qui, en ne correspondant pas, n’est pas aimé par Dieu. D’où, si Dieu aime les pères de l’hébraïsme actuel, selon la génération charnelle (Abraham, Isaac, Jacob...), il n’aime pas le talmudisme en soi puisqu’il a refusé le Christ, unique Sauveur et Rédempteur de l’humanité. 2ème OBJECTION «La nouvelle Commission Pontificale pour les relations religieuses avec le Judaïsme - observe le Père Michel Dubois o.p. - était rattachée au Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens, alors que la Commission pour l’Islam devait dépendre du Secrétariat pour les non-chrétiens. Une telle décision était lourde d’une signification théologique... [certains redoutaient] qu’une telle décision estompât exagérément la différence fondamentale entre judaïsme et christianisme» (9). 2ème RÉPONSE: Le judaïsme qui nie la divinité du Christ (essence de la religion chrétienne) et Le considère comme une idole méritant la mort, a été incorporé à la Commission pour les rapports avec les chrétiens (comme si le christianisme était un rameau du judaïsme actuel ou post-biblique, ou si le judaïsme talmudique rendait vrai le christianisme, quod repugnat); alors que l’Islam qui nie la divinité du Christ mais Le respecte comme prophète est considéré, avec raison, a-chrétien, en conséquence, sa distance avec le christianisme est moindre que celle du judaïsme. 3ème OBJECTION En 1980, Jean-Paul II, à Mayence en Allemagne, a appelé les juifs «le peuple de l’Ancienne Alliance jamais révoquée»; cette 10 expression - explique le P. Paul Beauchamp s.j. - était déjà présupposée «dans la liturgie nouvelle (version française officielle) du Vendredi-Saint, avec l’oraison implorant Dieu que les juifs “progressent dans l’amour de son Nom et la fidélité à son alliance”. Qui est exclu d’une alliance ne peut y progresser [le judaïsme actuel maintiendrait donc l’Alliance avec Dieu]» (10). Le père jésuite Norbert Lohfink (11) a approfondi le sens de la phrase prononcée à Mayence par J.-P. II, et a expliqué que derrière le concept de Nouvelle et Éternelle Alliance se cache un certain antijudaïsme chrétien, il s’agirait d’un concept d’antagonisme envers le judaïsme, hérité de l’Église primitive; l’auteur soutient qu’il faut parler d’une unique Alliance et d’une double voie de salut, évitant de dire que ce n’est que dans le Christ qu’est le salut pour tout homme [contredisant explicitement le donné révélé, n.d.a.]; les juifs peuvent se sauver en parcourant la voie du judaïsme talmudique, les chrétiens celle de l’Évangile, il y a une seule Alliance à laquelle participent juifs et non-juifs, chacun suivant sa propre route. Selon l’auteur, J.-P. II se réfère sans doute au peuple juif d’aujourd’hui; il parle en effet de «la rencontre entre le peuple de Dieu de l’Ancienne Alliance jamais révoquée (Rm. I, 19) et celui de la Nouvelle Alliance, c’est... un dialogue... entre la première et la seconde partie de sa Bible». 3ème RÉPONSE: La péricope est équivoque, en effet, le peuple de l’Ancienne alliance et celui de la Nouvelle et éternelle est spirituellement le même; il est composé de ceux qui croyaient au Christ Messie à venir (Mosaïsme) et de ceux qui croient au Christ Messie venu La visite historique de Jean-Paul II à la synagogue de Rome (13 avril 1986) (Christianisme); pour la théologie catholique il y a un perfectionnement de l’Ancienne Alliance au moyen de la Nouvelle; alors que J.-P. II parle de deux peuples, le peuple chrétien et le peuple du judaïsme actuel, avec lequel - pour la saine théologie catholique - Dieu a rompu l’Alliance puisqu’il a été trahi par lui qui a refusé les Prophètes et le Christ. Le rabbinisme pharisaïco-talmudique, au contraire, est présenté par J.-P. II comme le peuple avec qui Dieu est encore en alliance. Le peuple de l’Alliance établie avec Moïse est spirituellement le christianisme; en effet, matériellement Moïse, il y a environ trois mille ans, était le chef du peuple d’Israël selon la chair; mais ce peuple, dans sa majeure partie, quand vint le Messie, pour lequel Dieu avait conclu une alliance avec Israël, Le refusa et à partir de ce moment il ne peut plus être considéré comme fils spirituel d’Abraham, de Moïse et de Dieu, mais seulement comme descendant matériellement d’Abraham, de Moïse, répudié par Dieu spirituellement et par conséquent fils spirituel du diable (Jn VIII, 44). Lohfink écrit que J.-P. II «enfreint avec audace la tradition, en rapportant Rm. XI, 29 à cette “ancienne alliance”, tandis que Luc XXII, 20 parle de «la Nouvelle Alliance en mon [du Christ] sang, versé pour vous». Lohfink estime au contraire que «en se référant à l’interprétation du rapport hébraïsme-christianisme, existent les soi-disant “théories de l’unique alliance [qui a deux étapes, la vieille et la nouvelle, n.d.a.], et qu’existent aussi par contre les “théories des deux alliances”» (12). Pour le jésuite, «l’hébraïsme actuel peut rapporter à lui-même le mot “alliance”, même d’un point de vue parfaitement chrétien puisque son “ancienne alliance” n’a jamais été révoquée par Dieu» (13). Il est au contraire évident que si Dieu a conclu une Nouvelle et Éternelle Alliance dans le Sang répandu par Jésus, l’Ancienne qui a été perfectionnée et remplacée par la Nouvelle ne subsiste plus (14). D’après le jésuite, «le concept populaire chrétien de “nouvelle alliance” favorise l’antisémitisme. Le chrétien normal face au discours de l’“ancienne et nouvelle alliance” imagine qu’il y a deux alliances, une “ancienne” et une “nouvelle” qui se succè- 11 dent l’une l’autre...; un “testament” ancien s’éteint quand quelqu’un va chez le notaire et fait rédiger un testament “nouveau”. Quand nous autres chrétiens parlons de la “nouvelle alliance”, nous considérons les juifs d’aujourd’hui comme les descendants des juifs d’alors qui n’avaient pas trouvé accès à la “nouvelle alliance”, et puisque maintenant l’“ancienne alliance” n’existe plus, ils n’ont plus aucune “alliance” [ce me semble pur bon sens, n.d.a.]. Ceci est le point dans lequel s’insère la formulation de J.-P. II à Mayence» (15). Or St Paul, divinement inspiré, a écrit: «En parlant d’une Alliance Nouvelle, Il rend vieille la première; or ce qui est vieilli et vétuste touche à sa fin» (16). Le remède à cette distorsion du “chrétien normal, du peuple chrétien”, serait d’après le jésuite un “christianisme a-normal et élitaire”, c’est-à-dire ésotérique, gnostique et cabalistique, cripto-judaïque qui estime - contredisant st Paul – qu’il faut parler de «deux alliances: d’une antique qui continue, bien qu’elle soit vétuste et touche à sa fin (il y a déjà environ 2000 ans), et dans laquelle se trouve aussi l’actuel hébraïsme et de la nouvelle, donnée aux chrétiens; avec la prudence d’ajouter immédiatement qu’il n’existe aucun motif pour les juifs de renoncer à la leur... Le jésuite se demande si J.-P. II, dans son discours de Mayence, n’a pas été dans ce sens» (17). Le jésuite poursuit en disant que le terme Nouvelle alliance est «une arme conceptuelle de l’église primitive, pour marginaliser les juifs, en outre cette affirmation [Nouvelle Alliance] n’est pas historiquement certaine...» (18), pour prouver ceci l’auteur doit nier, de manière compliquée et confuse, la divine inspiration des Évangiles qui seraient le produit des premières communautés chrétiennes, du Christ de la foi et non du Christ de l’histoire (19). Il est intéressant de remarquer comment l’affirmation de J.-P. II de 1980 qui fit du bruit, était déjà contenue dans le N.O.M. de 1968 (Vendredi-Saint) où l’on demande à Dieu de faire progresser dans l’alliance avec Lui le peuple et la religion judaïque post-biblique. En effet, J.-P. II n’a rien fait d’autre que d’expliciter ce qui était déjà contenu dans le Concile Vatican II, nous livrant ainsi son exacte interprétation, qui n’est pas celle de la Tradition divino-apostolique, qui nous est transmise à travers les Pères, les Papes, les Docteurs et les Saints; mais qui la contredit formellement, comme le oui contredit le non. Il me semble que cette affirmation de J.P. II, est contraire au donné révélé (“Celui qui croira [à l’Évangile, n.d.a.] et sera baptisé se sauvera. Celui qui ne croira pas sera condamné”, Mc XVI, 16), rend vaine la rédemption de l’unique médiateur JésusChrist, “en créant” artificieusement une subsistance de l’Ancienne Alliance qui n’a plus raison d’être, à cause de l’Incarnation, de la Passion et de la Mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ. En effet, dans quel but instituer une nouvelle alliance si la première est encore valide? Ce serait incorrect, inutile et malhonnête de la part de Dieu à l’égard de l’ancien et du nouvel allié (absit), ce serait comme si un mari se remariait sa première femme étant toujours vivante, causant ainsi du tort tant à la première qu’à la seconde; ou comme si un père abrogeait son premier testament, rédigé par le notaire en faveur de son fils aîné, et le remplaçait par un deuxième et définitif en faveur de tous ses enfants, et que l’autorité judiciaire considérerait comme encore valide le premier testament (remplacé, par volonté explicite du père, par un second et dernier), et - de manière contradictoire - le second, de telle sorte qu’il y aurait deux testaments valides, dont l’un rend héritier seulement l’aîné et l’autre tous les autres, ce qui est impossible, eu égard au principe de non contradiction. En résumé, J.-P. II “judaïse”, c’est-à-dire remonte avant le Concile de Jérusalem où fut définie, par les Apôtres “avec Pierre et sous Pierre”, l’unicité de la rédemption et le salut du genre humain opéré par le Christ, au moyen de la foi surnaturelle au Christ-Dieu et des bonnes œuvres. Le Concile de Florence (1438-1445) a défini (Décret pour les Jacobites) que les observances légales de l’Ancien Testament ont cessé avec la venue du Christ et qu’ont alors commencé les sept Sacrements du Nouveau Testament (D. 712) (20); il essaye de réintroduire le culte et les pratiques de l’Ancienne Alliance, qui sont “mortuæ et mortiferæ”, puisqu’elles signifiaient la réalité du Christ à venir. Or si on les respecte encore aujourd’hui, cela signifie implicitement que seul le Christ est Sauveur de l’hu- 12 manité (“Il n’y a de salut en aucun autre; car nul autre nom n’a été donné sous le ciel aux hommes par lequel nous devions être sauvés”, Actes IV, 12), qu’Il ne serait pas encore venu et que par conséquent l’Ancienne Alliance doit rester encore en vigueur, le Messie, médiateur universel entre Dieu et l’homme, n’étant pas présent. Ces erreurs conduisent à l’apostasie, au changement d’une religion (le Christianisme qui fonde ses racines dans l’Ancien Testament) par une autre (le judaïsme postbiblique, antimosaïque et talmudique, lequel nie le concept de Sauveur universel que la foi catholique applique seulement et exclusivement au Christ). 4ème OBJECTION Le 13 avril 1986, au cours de sa visite à la synagogue de Rome, J.-P. II «ayant cité le passage de Nostra Ætate sur les haines et les manifestations d’antisémitisme dont les juifs ont été victimes, “quelle qu’en soit l’époque et quels qu’en soient les auteurs”, ajouta “je le répète, quels qu’en soient les auteurs”. Il pensait sans doute à l’un ou l’autre de ses prédécesseurs, à Paul IV par exemple» (21). Le Frère Jean-Miguel Garrigues conclut en écrivant qu’«il a fallu plus de dix-neuf siècles pour que l’Église comme telle se penche ex professo sur “le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament avec la lignée d’Abraham” (N.A., n. 4). En se prononçant pour la première fois avec autorité, l’Église a exposé au Concile Vatican II les fondements révélés de sa foi en la vocation surnaturelle du peuple juif. Le Concile Vatican II a ainsi donné... un regard de foi sur le peuple d’Israël..., qui engage l’Église proprement dite par son Magistère doctrinal, à la différence de diverses dispositions disciplinaires de tant de conciles et de papes aux époques de chrétienté, si dépendantes de conditionnements historiques contingents, qui ne relèvent, elles, que d’une assistance divine de type prudentiel et faillible dans l’ordre du gouvernement [de l’Église]. On ne peut pas manquer de remarquer que la partie de la Déclaration “N.A.” qui concerne le peuple juif est le seul texte du Concile Vatican II où les références sont exclusivement scripturaires, aucun texte postérieur n’étant allégué. Cela signifie que «le Concile n’a pas trouvé d’expression adéquate, pour enseigner la doctrine de la foi, dans les nombreux passages des Pères, des Docteurs et des Saints qui traitaient des juifs, en effet ces textes sont grevés par des conditionnements très humains venant de la polémique entre juifs et chrétiens. [...] Il serait souhaitable que cette relecture, en esprit de repentir, de siècles chrétiens de polémique, de mépris et de violence antijuive..., se fasse par une mise en lumière plus explicite de l’authentique doctrine de la foi catholique sur le peuple juif, telle que le Magistère suprême de l’Église a commencé à l’enseigner ex professo depuis le Concile Vatican II. [...] le Magistère achève de redresser, par l’autorité de la doctrine de la foi, les opinions théologiques qui sont à la base de cet enseignement [patristique] du “mépris”, ces opinions théologiques, pour “communes” qu’elles aient pu être dans la mentalité des siècles de chrétienté, ne sont que des opinions humaines qui n’expriment pas adéquatement la foi catholique et n’engagent donc pas l’Église comme telle [...]. Les juifs qui ne croient pas en Jésus sont toujours dans le plan du salut “une partie d’Israël”. Celui-ci, même en ceux de ses enfants qui refusent d’entrer dans la Nouvelle Alliance messianique, reste l’Unique Peuple de Dieu. [...] La formule “nos frères aînés”, utilisée par J.-P. II en 1986 dans la synagogue de Rome provient de la formule liturgique du Vendredi-Saint “le peuple que Dieu s’est acquis en premier”» (22). 4ème RÉPONSE EN SEPT POINTS: 1°) Il est grave d’affirmer que les papes antérieurs à J.-P. II ont favorisé la haine antisémite, et que ce n’est qu’avec le Concile Vatican II (1962-1965) que l’Église a apporté une réponse adéquate au rapport christianisme-judaïsme post-chrétien. Les rapports entre Ancien et Nouveau Testament sont à la base de la foi de l’Église: or si les papes antérieurs à J.-P. II n’ont pas enseigné correctement la doctrine de la foi de l’Église sur ce problème, les portes de l’enfer auraient prévalu contre Elle et la promesse du Christ aurait été fausse (portæ inferi non prævalebunt). 2°) Autrement grave est l’affirmation selon laquelle se sont écoulés dix-neuf 13 siècles, pour que l’Église enseignante étudiât scientifiquement le rapport entre christianisme et judaïsme post-biblique, c’est-àdire le lien spirituel entre les descendants d’Abraham selon la chair et le sang, et les chrétiens. St Jean dans son Évangile a résolu admirablement le problème, les Pères l’ont commenté de manière unanime; or, quand il y a le consentement moralement, et non mathématiquement, unanime, en matière de foi et de morale, des Pères sur la signification de la Ste Écriture, il est infallible, puisqu’il nous fait connaître la tradition divino-apostolique dans sa véritable signification (V. Z UBIZARRETA , Theologia dogmatico-scholastica, éd. El Carmen, Victoria 1948, vol. I, n° 699, thèse IV). 3°) L’Église se serait prononcée pour la première fois avec autorité, en exposant sa foi, sur les rapports christianisme judaïsme rabbinique, avec le Concile Vatican II, qui a engagé l’Église enseignante et hiérarchique, par l’intermédiaire du magistère doctrinal et non disciplinaire (au contraire de ceux qui affirment que le Concile Vatican II est pastoral, non doctrinal, et n’a donc jamais engagé l’infaillibilité). Avant, spécialement au cours de la chrétienté, il existait beaucoup de dispositions disciplinaires des papes qui étaient faillibles puisqu’elles dépendaient des contingences historiques de l’époque médiévale. Ce n’est pas exact et ce ne peut l’être; déjà à partir du Concile de Jérusalem l’Église avec st Pierre, premier pape, s’est exprimée doctrinalement (et en a tiré des conséquences pratiques), et clairement jusqu’à Pie XII, sur les judaïsants, qui se sont manifestés à nouveau durant le Concile Vatican II (cf. C. NITOGLIA, L’antica e la Nuova Legge, il Talmùd e il Concilio Vaticano II, in «Per padre il diavolo. Un’introduzione al problema ebraico secondo la Tradizione cattolica», SEB, Milan 2002, pp. 117-124). Toutes les décisions disciplinaires des Papes de la Chrétienté sur les juifs provenaient d’un jugement doctrinal sur les erreurs du Talmud; ces jugements doctrinaux engageaient l’autorité de l’Église qui, donc, était assistée infailliblement. 4°) Demander une interprétation plus explicite de la foi catholique sur le judaïsme post-biblique est ambigu; il en est de même quant à Vatican II qui n’aurait pas été aussi explicite qu’on voulait. En effet, l’auteur ajoute que le Magistère suprême a commencé à donner l’interprétation avec le Concile Vatican II et donc laisse entendre qu’elle doit encore être accomplie. Mais étant donné la mentalité (les Papes et les Pères étaient conditionnés par les polémiques humaines de leur temps) de l’auteur qui en historicisant relativise tout (ils n’ont donc pas résolu le problème avec autorité doctrinale, mais seulement avec des opinions personnelles et faillibles), il pourrait arriver que Vatican II aussi ait ressenti les influences de son temps et se soit laissé influencer par lui, c’est pourquoi son interprétation n’est pas adéquate et doit être revue et corrigée, et ainsi à l’infini. 5°) Les Pères ont exprimé seulement des opinions (non des certitudes) théologiques, qui bien qu’étant communément enseignées, doivent être corrigées par le Magistère infaillible, dans la mesure où elles étaient humaines et seulement probables. Nous avons déjà vu que «en matière de foi et de morale, le consensus unanime moralement des Pères est un témoignage irréfutable de Tradition divine» (V. ZUBIZARRETA, op. cit. n° 699). 6°) La vérité est que l’Écriture a révélé et le Magistère a défini que Jésus est l’unique Sauveur de tous les hommes (y compris les juifs), lequel a fondé une seule Église, hors de laquelle nul ne peut se sauver (y compris les juifs). Soutenir que les juifs qui ne croient pas en Jésus sont inclus également dans le plan du salut, signifie renier le christianisme et judaïser: en effet, il est révélé que Jésus est “l’unique médiateur entre Dieu et les hommes” (I Tim. II, 5), qu’ “il n’y a de salut en aucun autre” (Actes IV, 12), que “nous sommes justifiés au Nom du Seigneur JésusChrist” (I Cor. I, 30), que “le Christ est mort pour tous” (II Cor. V, 14-15), que “par son Nom, nous avons la rémission des péchés” (Act. X, 43), que “nous sommes réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils” (Rm. V, 9-10). En outre, Il affirme: “si c’est par Moi que quelqu’un entre, il sera sauvé” (Jn X, 9), “celui qui croira [à l’Évangile] sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné” (Mc XVI, 15), “Qui n’est pas avec Moi est contre Moi, et qui n’amasse pas avec Moi dissipe” (Lc XI, 23), “celui qui ne croit pas (en Moi) est déjà condamné” (Jn III, 18), que “Dieu a amené pour Israël un Sauveur, Jésus” (Act. 14 XIII, 23), que “le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde” (I Jn IV, 14), que “Dieu veut se réconcilier par Lui avec toutes choses” (Col. I, 19-20), “Médiateur de la Nouvelle Alliance” (Héb. XII, 24). L’Église a défini infailliblement et immuablement que “le Christ est législateur et juge de tous les hommes” (De fide, DS. 1571, Concile de Trente), que “par sa Mort sur la Croix, le Christ nous a rachetés et réconciliés avec Dieu” (De fide, DS. 1740 et 1531, Concile de Trente), que “le Christ est mort pour tous les hommes, sans exception” (Sententia fidei proxima, DS. 1522, Concile de Trente), et que “par sa passion il nous a mérité notre justification” (De fide, DS. 1529, Concile de Trente), que “personne fut libéré du pouvoir du démon, sinon au moyen du mérite du médiateur JésusChrist” (Sententia certa, DS. 1347, Décret pour les Jacobites), que “l’Église du Christ est nécesaire pour le salut de tous, extra quam (Ecclesiam) nulla salus, nec remissio peccatorum, d’où ils doivent être membres de l’Église, au moins in voto, tous ceux qui veulent se sauver” (DB, 388, 626, 1646, Concile du Latran IV; Concile de Florence): ceci est un dogme de foi, fondé sur la Volonté positive de Dieu; par conséquent, ne peut se sauver celui qui, connaissant l’institution divine de l’Église, refuse d’y entrer. Le cardinal Pietro Parente récapitule: «C’est une vérité de foi que le Christ est Médiateur parfait entre Dieu et les hommes. Saint Paul I Tim. II, 5: “Car il n’y a qu’un seul Dieu, qu’un seul médiateur aussi entre Dieu et les hommes: un homme, le Christ Jésus”. De la même façon les Pères et le Magistère de l’Église (Conc. Trid., sess. 5, DB. 790)» (23). 7°) L’expression utilisée par J.-P. II à la synagogue de Rome (1986), par laquelle il appelle les juifs “frères aînés dans la foi”, se trouve déjà dans la nouvelle liturgie (1968) du Vendredi-Saint, où l’on dit «le peuple juif que Dieu s’est acquis en premier». Mais l’auteur ne distingue pas le peuple de l’A.T., fidèle au mosaïsme (lequel fut choisi en premier chronologiquement, par pure et gratuite bonté de Dieu, et non ontologiquement par un mérite intrinsèque au peuple juif), et le peuple juif post-biblique qui a abandonné Moïse pour le Talmud et la Cabale rabbinico-pharisaïque. On peut tranquillement conclure que le magistère de “N.A.” et des enseignements qui l’ont suivie, sur les rapports spirituels de l’Église avec le judaïsme post-chrétien, est très différent de celui de l’Écriture, des Pères ecclésiastiques et des Docteurs de l’Église. L’ambiguïté de “N.A.” et l’erreur manifeste des enseignements à la lumière de “N.A.”, fait supposer que le judaïsme religion post-biblique est pur de toute erreur. Il faudrait alors penser que la Tradition divino-apostolique et le Magistère de l’Église préconciliaire est faux. Mais ceci est impossible, étant donné l’indéfectibilité de l’Église et l’assistance divine à Elle promise. En outre, quand on lit les textes du Concile Vatican II et le magistère qui s’en est suivi, on déduit l’affirmation, de la part de celui qui les élabore et interprète, d’un magistère authentique (sur les rapports avec le judaïsme) qui commence avec “l’Église du Concile” (cardinal Walter Kasper), qui est en contradiction avec celui de la patristique et de l’Église préconciliaire. Il me semble que les choses soient ainsi, l’église conciliaire est la “synagogue de Satan” dont nous parle l’Apocalypse, c’est le marranisme, “la fumée de Satan qui a pénétré jusqu’au sommet de l’Église” (Paul VI) laquelle “s’autodémolirait” (Paul VI), si fieri potest; sed portæ inferi non prævalebunt. C’est une sorte d’apostasie plus que d’hérésie, en effet l’hérétique choisit d’accepter certains dogmes et d’en refuser au moins un (par ex. on nie l’Immaculée Conception de Marie), tandis que l’apostasie est le passage d’une religion (par ex. chrétienne) à une autre (par ex. judéo-talmudique), en reniant totalement la première. Pour la théologie catholique, plus exactement, c’est l’abandon de la foi de la part d’un baptisé. C’est un péché mortel et il n’admet pas de légèreté de matière, étant une offense dirigée contre Dieu; le Droit canon la range dans les crimes contre la foi. L’élément matériel de l’apostasie est l’abandon total de la foi catholique, manifestée extérieurement par des paroles ou des actes non équivoques; il ne faut pas que l’apostat adhère à une confession spécifique (ce serait une circonstance aggravante), il suffit de devenir panthéiste, matérialiste, libre penseur. Il faut la parfaite conscience et pleine liberté d’abandonner la foi chrétienne. L’apostat encourt ipso facto l’excommunication latæ sententiæ. 15 Quiconque a donné son nom ou a adhéré publiquement à une secte a-catholique devient ipso facto infâme (24). Le cardinal Walter Kasper A) Dans une conférence tenue à la Villa Piccolòmini, à Rome le 28 octobre 2002 (publiée par la Commission pour les Relations avec les Juifs. Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité Chrétienne, Cité du Vatican, qui la présente comme “importante et autorisée opinion privée du cardinal Kasper, et non comme une déclaration officielle du Magistère”, 6 fév. 2003), le prélat allemand, président de la “Commission Pontificale pour les relations religieuses avec les juifs” a dit que «il y a quelques générations des montagnes de préjugés et des siècles d’injustice créaient une séparation fatale entre chrétiens et juifs. Le tournant de cette tension... a été le Concile Vatican II [...] pas à pas l’église de Vatican II [sic!] arriva au “blâme” conciliaire de l’antisémitisme et à la reconnaissance solennelle de la validité perpétuelle de la promesse de Dieu [...] après Nostra Ætate, le 28 octobre 1965, il n’y a pas de place, sous aucun point de vue, pour l’antisémitisme dans l’Église catholique. Au contraire, l’Église catholique... est capable d’attendre ceux qui par culture ou habitude sont gênés face à la réforme liturgique ou à d’autres réformes de Vatican II. Mais l’Église catholique ne peut accepter en aucune manière et pour aucune raison de s’attarder dans le préjugé et dans le mépris envers les juifs et envers le judaïsme [...] Il faut penser à ce que l’accusation de “déicide”... a créé et en quel lieu elle continue à créer les condition d’une inimitié qui blasphème tant le judaïsme que l’évangile de l’humanité. En rompant avec la perversion “religieuse” du déicide nous avons donné comme chrétiens une contribution aux croyants et non croyants...». Je réponds: Affirmer qu’avant Vatican II, “des montagnes de préjugés créaient une séparation entre juifs et chrétiens”, est erroné; en effet, l’Église ne peut avoir enseigné pendant dixneuf siècles au moyen de “préjugés”, mais seulement au moyen de jugements théologiquement sûrs, sur une matière de foi, quel est le rapport entre hébraïsme et christianis- Le cardinal Walter Kasper me, en se basant sur les Évangiles interprétés unanimement, et donc infailliblement, par les Pères ecclésiastiques. En outre, il me semble que le fait de ne pas pouvoir attendre ceux qui s’attardent dans le préjugé - en admettant, ce qui reste à prouver, qu’il en soit ainsi - vers le judaïsme post-biblique, ne respecte pas la volonté de Dieu, lequel “ne veut pas la mort du pécheur et qu’il périsse dans ses péchés”. Si le cardinal Kasper a moins de patience que Dieu, c’est son problème et celui de ceux qu’il a appris à fréquenter, (“dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es” dit le proverbe), lesquels “épiaient chaque mouvement de Jésus pour le mettre à mort”, alors que celui qui s’attarde dans le jugement pluriséculaire de l’Église, reste fidèle à l’épouse du Christ et à son Chef que la “synagogue de Satan” a mis à mort, après un procès bâclé et plein de réels préjugés. B) Lors d’une conférence à Boston le 6 novembre 2002, (publiée et diffusée par la “Commission pour les Relations Religieuses avec les Juifs”, Cité du Vatican) le prélat allemand a dit que Jean XXIII a été l’architecte du “commencement d’un nouveau commencement”, c’est-à-dire a projeté la transition de l’“Église en construction constante”, qui depuis son pontificat, vit en une continuelle mutation et devenir (p. 2). Le changement le plus important de l’“église en construction” a été la nouvelle conception 16 des rapports entre Église et judaïsme, après tant de siècles d’incompréhension, de “théologie du mépris” (comme l’appelait Jules Isaac). Jean XXIII convoque le Concile (p. 3) par surprise, et confie au cardinal Agostino Bea la rédaction de la Déclaration sur les juifs, qui connut de nombreuses réactions (de la Curie romaine et des Pays arabes) et dut être intégrée, comme chapitre d’une Déclaration plus générique sur les relations entre Église et religions non chrétiennes, Hindouisme, Bouddhisme, Islam et Judaïsme (“N.A.”). Mais le christianisme a une relation spéciale et préférentielle avec le judaïsme que J.-P. II a défini intrisèque à l’Évangile, c’est-à-dire que le christianisme est enraciné dans le judaïsme et non dans les autres religions, avec lesquelles il veut cependant toujours dialoguer même si cela est de façon subordonnée au judaïsme (p. 4). Le défi actuel se fonde - pour Kasper - sur le problème des Missions; après le Concile (et Dignitatis Humanæ), l’Église refuse les conversions forcées et toute coercition en matière de foi, toutefois le seul mot “mission” évoque parmi les juifs les phantasmes et les blessures du passé qui ne sont pas encore cicatrisées. Mais, en même temps, la mission évangélisatrice est le cœur du christianisme. Dialogue ne signifie pas demander aux chrétiens de ne plus être chrétiens (p. 10). Ce qui peut se faire, pour éviter l’impasse, est de remplacer le terme mission (mot théologiquement incriminé ou incorrect) par “témoignage ou évangélisation” (p. 11) ; en effet, mission peut s’appliquer au paganisme appelé de l’idolâtrie au Monothéisme, mais non au judaïsme; c’est pourquoi il n’y a plus de missionnaires pour les juifs. Ils peuvent se sauver, s’ils suivent leur foi, en dehors du Christ (p. 12). N.T. et A.T. sont la mémoire du passage de l’Égypte en Terre sainte et de la mort à la résurrection de Jésus. Le judaïsme actuel est la mémoire de la Shoah, d’Auschwitz; même le christianisme doit en conserver la mémoire (“Nous nous souvenons”, document Vatican de 1998, concerne la mémoire de la Shoah). En outre, nous avons en commun la conscience messianique, ou promesse du futur (p. 13). Je réponds: Kasper confirme la notion d’une nouvelle église, qui a été fondée après la mort de Pie XII. Elle est une église en perpétuel devenir (évolution hétérogène du dogme) et la grande nouveauté de cette église in fieri est le rapport qu’elle a avec le judaïsme actuel ou post-biblique, qui est coessentiel à l’église du Concile, laquelle a ses racines précisément dans le judaïsme actuel et non mosaïque, comme on le croyait avant le Concile Vatican II. En effet, on ne doit plus parler de Missio envers Israël qui est resté toujours dans l’alliance avec Dieu et est encore aujourd’hui aimé par Lui, et n’a pas donc pas besoin de se convertir à l’Évangile du Christ, à la différence des païens qui sont appelés à se convertir du polythéisme au monothéisme. Au contraire, Jésus a envoyé ses Apôtres prêcher l’Évangile et la conversion à la foi en sa divinité en premier lieu aux juifs et seulement après aux païens; en effet, le judaïsme actuel nie la divinité du Christ, unique Sauveur et Médiateur entre Dieu et les hommes et la Trinité des Personnes divines dans l’unité de la nature de Dieu. L’Église catholique n’a jamais approuvé les conversions forcées, puisque la foi est un acte libre et méritoire; je ne vois donc pas comment Kasper peut affirmer et prouver le contraire. Les juifs nient le Christ, pour nous chrétiens, il est Dieu: comment peut-on éviter de s’arrêter sur cet article de foi qui nous sépare, pour considérer seulement ce que nous aurions en commun avec les juifs post-bibliques (la foi d’Abraham? Non, il croyait au Christ à venir; la Loi et les Prophètes? Non, le judaïsme rabbinique se fonde sur la Cabale et le Talmud et non sur le mosaïsme; la commune alliance avec Dieu? Non, maintenant nous vivons dans la Nouvelle Alliance, dans le sang du Christ, qui a perfectionné et englobé l’Ancienne, qui était seulement préparatoire de la nouvelle et définitive). Il s’ensuit que la relation entre christianisme et judaïsme actuel est de contradiction et non d’amitié, de communauté. “Qui n’est pas avec Moi est contre Moi” a dit Jésus: comment le judaïsme actuel antichrétien peut-il être en communion avec le christianisme quand il refuse Jésus fondateur de l’Église? Et si le neochristianisme du concile est en communion avec le judaïsme rabbinique, il ne l’est pas avec le Christ, pour le principe évident en lui-même d’identité et de non contradic- 17 La visite de Benoît XVI à la Synagogue de Cologne, au cours de son voyage en Allemagne tion, qui ne peut être nié de bonne foi. Donc les judaïsants de l’“église du Concile”, ne veulent pas voir la vérité; leur ignorance est affectée, volontaire et inexcusable, comme celle de celui qui n’a pas voulu remonter de l’effet à la Cause et s’est dégradé dans l’idolâtrie polythéiste, ou comme celle des chefs des juifs qui ne voulurent pas admettre la divinité du Christ que pourtant ils connaissaient. Il me semble exagéré de dire que christianisme = judaïsme puisqu’ils sont tous deux des religions d’une mémoire historique, qui pour les chrétiens est la mort et la résurrection du Christ Dieu, et pour les juifs actuels est la mémoire d’Auschwitz. Je ne veux offenser personne, mais on ne peut mettre sur le même plan Jésus et Auschwitz, le Créateur et la créature, fondant la nouvelle religion holocaustique sur un passé qui ne passe pas. Pour ce qui regarde la conscience messianique future, il me semble que le Christ messie est venu il y a environ 2000 ans, seul le judaïsme talmudique s’évertue à attendre un autre messie futur qui pour la tradition catholique est l’Antéchrist. Or Kasper et le magistère qui a fait suite à “N.A.”, parlent souvent de l’attente commune aux chrétiens et aux juifs du Messie, sans spécifier que les chrétiens attendent seulement la parousie, ou le second retour de Jésus à la fin du monde pour le Jugement universel, alors que les juifs, en ayant refusé Jésus, attendent encore la première manifestation du messie. Donc vouloir réunir christianisme et judaïsme dans l’attente du messie est ambigu, mal sonnant et non conforme à la foi catholique, fondamentalement antichristique. Il me semble pouvoir conclure que l’“église du Concile”, comme l’appelle Kasper, est presque la “Synagogue de Satan” dont parle saint Jean, dans l’Apocalypse, qui dans un premier temps suivra l’Antéchrist et seulement après ses persécutions se convertira à “Celui qu’ils ont transpercé”. Elle a fait sienne la “tentation” du grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni (17 janvier 2002, au Grand Séminaire Romain): «Ce qui ennuye les juifs, c’est de dire que le but du dialogue est de convertir l’interlocuteur à sa propre foi. [...] La Bible nous présente deux personnages: Noé de qui descend toute l’humanité, raison pour laquelle les Gentils sont appelés Noachides... Mais dans la famille humaine il existe un groupe particulier, celui des fils d’Abraham, Jacob-Israël... “un royaume de prêtres, un peuple distinct [différent des autres; on appartient aux deux groupes par naissance, non par foi, n.d.a.]. Universalisme juif signifie deux voies parallèles vers le salut [celle d’Israël et celle des non-israélites, n.d.a.]. On discute si la divinité de Jésus peut être compatible pour un non juif avec l’idée monothéiste [c’est-àdire si les Noachides peuvent croire à la divinité de Jésus; la réponse du judaïsme orthodoxe est non; cette croyance est idolâtrie et est passible de mort] (25). La conséquence - poursuit Di Segni - est que le chrétien pourrait, selon l’opinion rigoureuse, ne pas être dans la voie du salut [...]. Les chrétiens devraient arriver à admettre que les juifs... possèdent une vie autonome pleine et spéciale vers le salut et qu’ils n’ont pas besoin de Jésus» (26). Donc: les juifs sont prêts à fermer un œil sur l’idolâtre religion chrétienne, pas strictement Noachide, si les chrétiens admettent que Jésus n’est pas nécessaire au salut comme unique Médiateur entre Dieu et l’homme. Il y a donc deux voies de salut: celle principale des juifs, et une “voie secondaire” [cf. J.-P. II, Redemptor hominis n° 1314, 4 mars 1979 “la voie et la route”, n.d.a.] des non juifs ou Noachides. Il me semble évident que “N.A” et le magistère qui s’en est suivi sur les rapports judéo-chrétiens a, je ne dis pas accepté, mais carrément devancé, la proposition ou “tentation” de Riccardo Di Segni, qui en conséquence porte à renier le christianisme. En effet, il n’est pas possible de demeurer 18 chrétiens si l’on nie que le Christ est l’unique Sauveur de l’humanité, juifs compris; c’est pourquoi, quand les pan-œcuménistes disent: nous sommes disposés au dialogue avec le judaïsme (selon la ligne Di Segni), mais vous ne pouvez pas nous demander [explicitement] de renoncer à être chrétiens, en réalité ils ont déjà renoncé [implicitement, pour ne pas jeter le masque] à l’être, en concédant que Jésus n’est pas nécessaire au salut de tous (Absit). L’Épiscopat américain Le 13 août 2002 à Washington le “Comité Épiscopal Américain des affaires œcuméniques et interreligieuses” et le “Conseil National américain des Synagogues” soutenaient que la conversion des juifs au catholicisme était un but inacceptable; ils citaient J.-P. II «qui a enseigné explicitement que les juifs “sont le peuple de Dieu de l’Ancienne Alliance, jamais révoquée par Dieu”..., en outre rappelons les notes du Vatican de 1985 [qui] firent l’éloge du judaïsme postbiblique... sa fécondité spirituelle est toujours pratiquée... le judaïsme rabbinique, qui s’est développé après la destruction du Temple, doit être considéré divin... Du point de vue catholique, le judaïsme est une religion qui est issue de la révélation divine. Comme l’a noté le cardinal Kasper “la grâce de Dieu..., est accessible à tous. Ainsi l’Église croit que le judaïsme, c’est-à-dire la réponse fidèle du peuple juif à l’Alliance irrévocable de Dieu, est salvifique pour eux, puisque Dieu est fidèle à ses promesses”. [...] La mission évangélisatrice de l’Église n’inclut plus la volonté d’absorber la foi juive dans le christianisme, mettant ainsi fin au témoignage spécifique que les juifs rendent à Dieu dans l’histoire humaine. [...] Les juifs restent dans l’Alliance salvifique de Dieu... en outre ils sont appelés par Dieu à préparer le monde au Royaume des Cieux [...]. Le judaïsme - à son tour - considère que tous les peuples sont obligés d’observer une loi universelle, c’est-à-dire les sept Commandements noachides... avec l’interdiction de l’idolâtrie». Je réponds: Il me semble opportun de préciser que le judaïsme postbiblique, ayant refusé le Messie a rompu le pacte avec Dieu, qui non deserit nisi prius deseratur; Dieu ne rompt pas en premier un pacte, mais s’il constate l’infidélité de l’autre partie, il se considère libéré de toute alliance qui devient ainsi vieille et est remplacée par une nouvelle. En outre, le Christ a envoyé ses Apôtres prêcher l’Évangile à tous les hommes, juifs en premier, en disant à tous que celui qui ne croira pas à l’Évangile ne sera pas sauvé, même les juifs. L’Église du Christ ne peut renoncer à la mission que le Christ lui a donnée. Enfin, la loi noachide pour les goïm, en condamnant l’idolâtrie, entend réprouver la foi en la divinité du Christ, impiété qui est passible de mort, comme cela fut déjà pour le Messie qui se proclama Dieu; Il n’est, pour le judaïsme post-biblique, à l’époque comme aujourd’hui, qu’un homme. Le chrétien, s’il veut le rester, ne peut accepter cette loi qui nie et condamne la divinité du Christ et condamne la foi en elle comme idolâtrique. Un livre récent du cardinal Lustiger Récemment est paru un livre du cardinal Jean-Marie Lustiger (La promesse, éd. Parole et Silence, Paris 2002), qui rassemble une série de conférences qu’il a tenues pendant près de vingt ans, dans lequel il revient, à plusieurs reprises, sur les rapports entre judaïsme et christianisme. Le prélat français écrit que “le massacre et la persécution d’Israël [furent accomplis] par les pagano-chrétiens” (p. 74), Hérode serait la figure ou le type des pagano-chrétiens (ivi), la société chrétienne plus qu’une figure du Royaume des Cieux en est “la caricature souvent infernale” (p. 112), le péché des chrétiens est celui de déicide “à propos du sort qu’ils ont réservé au peuple juif... La victime absolue - dont Jésus n’est qu’un symbole - est Israël” (pp. 51 et 75); la théologie de la substitution chrétienne “est une appopriation abusive ou blasphématoire de l’Élection [d'Israël]” (p. 162). De telles phrases prononcées et répétées depuis vingt ans au moins, jettent une lumière inquiétante sur la judaïsation des membres de l’Église, et surtout des plus haut placés. Lire aussi: - FIDELITER, n° 151, janvier-février 2003, pp. 10-11. 19 - L’EXPRESS, 5 décembre 2002, pp. 88100, Débat: Juifs-Chrétiens. Pourquoi Lustiger dérange, par CHRISTIAN MAKARIAN. La genèse de Nostra Ætate Ainsi que nous l’avons vu, tant les juifs que les chrétiens considèrent que “N.A.” est la “Déclaration” la plus importante du Concile, ayant donné lieu à une ère nouvelle, celle de l’“église conciliaire” (comme l’ont appelée les cardinaux Benelli et Kasper), fondée sur les rapports entre judaïsme et christianisme. Jésus n’y est plus nécessaire au salut des juifs, lesquels sont toujours chers à Dieu, ils sont toujours son peuple choisi et restent dans son Alliance qui n’a jamais été révoquée. Mais comment en est-on arrivé là? Marx Jules Isaac, a été l’un des principaux protagonistes de la rédaction de “N.A.”; c’était un juif, non croyant, de tendance communiste et inscrit au B’naï B’rith (la maçonnerie juive), comme l’a révélé le président du “B.B.” français, Marc Aron, le 16 novembre 1991, dans un discours à l’occasion de la remise du Prix international du “B.B.” au cardinal Decourtray (27). La rencontre entre Roncalli et Isaac (13 juin 1960) fut organisée par le “B.B.” et par des hommes politiques socialo-communistes (28). L’autre artisan de “N.A.” fut le cardinal Agostino Bea (29). Le prélat allemand, voulut rencontrer - aussitôt après avoir reçu de Roncalli la charge d’arriver à un document “révisionniste” sur les rapports judéo-chrétiens - Nahum Goldman, président du Congrès Juif Mondial, à Rome le 26 octobre 1960. Bea demanda à Goldman, de la part de Roncalli, une épreuve du futur document du Concile sur les rapports avec les juifs et sur la liberté religieuse (“N.A.” et Dignitatis Humanæ). Le 27 février 1962 le memorandum fut présenté à Bea par Goldman et Label Katz (membre du “B.B.”), au nom de la Conférence Mondiale des Organisations Juives. Eh bien, c’est cette ébauche inspirée par la maçonnerie juive (“B.B.”) et par le Congrès Juif Mondial, qui a produit Nostra Ætate (30). Le même Bea, depuis 1961, rencontrait fréquemment, à Rome, le rabbin Abraham Heschel, professeur au séminaire théologique juif, qui «comme collègue scienti- fique de Bea... exerça une influence notable sur l’élaboration de “N.A.”» (31). En 1986, Jean Madiran a révélé l’accord secret de Bea-Roncalli avec les dirigeants juifs (Isaac-Goldman), en citant deux articles de Lazare Landau, sur “Tribune Juive” (n° 903, janvier 1986 et n° 1001, décembre 1987). Landau écrit: «Par une soirée glaciale de l’hiver 1962-1963, les dirigeants juifs recevaient en secret, au sous-sol [de la synagogue de Strasbourg], un envoyé du pape... le père dominicain Yves Congar chargé par le cardinal Bea, au nom de Jean XXIII, de nous demander, au seuil du Concile, ce que nous attendions de l’Église catholique... Les Juifs… demandaient leur complète réhabilitation... En un lieu caché de la synagogue… la doctrine de l’Église avait bien connu une totale mutation» (32). STANISLAS FUMET, JACQUES MARITAIN DANS LA GENÈSE DE NOSTRA ÆTATE Une revue française (33) a traité, récemment, du problème de certains «juifs [mal]convertis au christianisme, “chrétiens judaïsant” et “juifs christianisant”» (34), qui donnèrent lieu à la formation du document conciliaire Nostra Ætate. Les Maritain Selon l’auteur (très bien informé), Raïssa Maritain, née juive et «pénétrée de hassidisme [la mystique ou cabale juive de Luria, n.d.a.]» (35), eut une influence notable sur son époux Jacques. Autour des Maritain se forma un cénacle d’intellectuels, esthètes, Jacques et Raïssa Maritain 20 mysticoïdes qui eurent un rôle fondamental dans la révision de la théologie du remplacement de la Synagogue par l’Église. L’un d’eux fut Léon Bloy «dont l’influence sera importante sur le couple Maritain» (36), un autre est «Charles Péguy, qui après Léon Bloy, a été un des grands inspirateurs du philosémitisme chrétien» (37), et enfin le futur cardinal Charles Journet. Raïssa naquit en Russie d’où elle émigra dix ans après sa naissance (1883), et rencontra Jacques en 1901; dans les toutes premières années du vingtième siècle ils connurent Léon Bloy. «Sans doute doit-on se replacer dans le climat d’inquiétude et d’exaltation où les a plongés [la connaissance de Bloy, n.d.a.], pour mieux comprendre les raisons qui ont incité en 1906 les Maritain à exhumer à leurs propres frais un livre de Bloy aussi étrange et complexe que Le Salut par les Juifs» (38). Bloy révèle à Raïssa qu’entre christianisme et judaïsme post-biblique «il n’y a qu’unité, continuité, harmonie parfaite» (39). Suivant le conseil de Bloy, «Jacques et Raïssa ont beaucoup prié N.-D. de La Salette... [ils] croyaient fermement à son redoutable Secret... tenue en grande suspicion par l’Église, l’Apparition constitue pour Bloy un événement d’une signification et d’une beauté exceptionnelles» (40). Le 21 décembre 1915, «un décret du SaintOffice... interdit de traiter du Secret de La Salette [non de l’apparition, n.d.a.] sous quelque prétexte ou sous quelque forme que ce soit» (41), étant donné son contenu millénariste et joachimite, qui pouvait faire Stanislas Fumet entrevoir la fin du Nouveau Testament et l’aurore de la troisième alliance ou ère du Saint-Esprit, sans Église hiérarchique ni sacerdoce. En 1926, Jacques lut La vie admirable et les révélations de Marie des Vallées, d’Émile Dermenghem, celui qui a découvert le premier les écrits inédits de J. de Maistre. Il a fait connaître au public la pensée ésotérique et cachée du Savoyard, liant la vision millénariste du comte aux révélations de Marie des Vallées (qui en soi ne contiennent rien d’hétérodoxe, mais peuvent être mal interprétées, comme cela est effectivement arrivé au vingtième siècle, par une secte brésilienne: la TFP). Autour des époux Maritain, mais sous la direction de fer de Raïssa, se forme un cénacle d’artistes, puisque Raïssa pensait que la culture et l’art associés à la mystique hassidique lurienne, pourraient rénover le thomisme, le christianisme et la chrétienté (en les démolissant). Une grande partie de ces personnages esthètes et bizarres étaient des dévoyés (Jean Desbordes, François Mauriac, Julien Green et Jean Cocteau étaient homosexuels déclarés, certains étaient toxicomanes et écrivaient des romans incitant à la perversion morale). Ils ont créé un état d’âme et une attitude mentale décadente, dandy, remplie de décadence intellectuelle et morale, puisque l’on pense comme l’on vit. C’est malheureusement de ce cénacle qu’est sorti Humanisme intégral (1936), et le néo catholicisme-libéral ou démocratiechrétienne silloniste, avec le “christianisme”-judaïsant ou judaïsme-talmudique (défini par Jacques Maritain, dès 1906, “la Race aînée”) (42) qui, petit à petit, dans les années vingt s’est développé jusqu’à croître et à prévaloir en 1965 avec Nostra Ætate, et surtout avec le long règne de Karol Wojtyla; il représente la vraie peste et la grande apostasie de notre temps. Les Fumet Il me semble, cependant, que la figure qui se détache, même si elle est peu connue, est celle de Stanislas Fumet ( 43) (1896-1983), qui vécut jusqu’au pontificat de J.-P. II, «ami ardent d’Israël, il voulait concilier avant-garde artistique, vie mystique [“hassidique ou cabalistique et le Zohar”] (44) et renouveau thomiste [sous un angle “humanistico-intégral”, n.d.a.]; 21 converti vers le début du vingtième siècle, venu de l’anarchisme et de l’occultisme juif, «transfuge de l’anarchie et du spiritisme vers un catholicisme quelque peu ésotérique... se sent proche du Sillon» (45). Il introduisit dans le milieu catholique à partir de 1920, une note de non-conformisme et un style fortement bohémien à la Oscar Wilde; son itinéraire est lui aussi passé à travers Péguy et Léon Bloy. «Un autre livre que l’on doit à l’influence de Fumet: celui d’un jeune juif d’origine égyptienne, Jean de Menasce, Quand Israël aime Dieu (1931)» (46). En 1976 le futur cardinal JeanMarie Lustiger, juif “converti” mais judaïsant, écrivit à Fumet pour avoir plus d’informations sur le père dominicain Jean de Menasce, «dont le livre l’avait fasciné» (47). «Comme son ami Maritain, Stanislas a épousé (1919) une juive convertie d’origine russe, du nom de Aniouta Rosenblum, qui avec Raïssa ont transmis à leurs époux respectifs le souci de l’Orient russe et de l’Orient juif..., par un philosémitisme ardent qui se prolonge vite en philo-sionisme» (48). Les origines de ce philo-sionisme doivent être recherchées dans Bloy, pour qui le salut venant encore après le Calvaire du judaïsme post-biblique - il faut «accorder au “Foyer national juif” toute la sympathie et... [qui] rêve d’une Église juive catholique, comme il y a une Église grecque catholique» (49). Les époux Fumet sont à l’origine de l’union des Amis d’Israël (née en 1925 et condamnée par le Saint-Office en 1928), associés à la véritable fondatrice, Franceska Van Leer, juive hollandaise malconvertie, laquelle après la condamnation retourna au marxisme révolutionnaire de Rosa Luxembourg, d’où elle venait (50). Stanislas Fumet, en 1925, parle de “frères aînés” à propos des juifs, expression déjà employée par Adam Mickiewicz (1798-1885) en 1842, ami de Andrea Towianski (1799-1878) “disciple” de Joseph de Maistre (51). Cette expression sera reprise par J.-P. II en 1986, lorsqu’il avait exalté comme son maître, en 1978, précisément Adam Mickiewicz. Un autre grand admirateur de Maritain a été Jerzy Turowicz (1912-1999), ami personnel de Karol Wojtyla, qui en 1968 fut poussé précisément par Turowicz à exprimer le premier d’une longue série de mea culpa à l’égard du ju- daïsme, de la part de l’Église romaine, dans une synagogue de Cracovie, où Wojtyla était archevêque. Les Turowicz étaient des juifs frankistes (comme Mickiewicz) qui se convertirent extérieurement au christianisme, tout en restant intérieurement juifs, en 1760, sur ordre du marrane Jacob Frank (52). Selon Stanislas Fumet, il faut «faire connaître aux catholiques la philosophie mystique des Hassidim [la cabale impure, n.d.a.], il faut que les chrétiens sachent qu’il existe chez leurs frères aînés une élévation spirituelle et mystique» (53). Fumet soutenait que «lorsqu’un chrétien communie, il devient de la race d’Israël, puisqu’il reçoit le sang [minuscule, n.d.a.] très pur d’Israël dans ses veines» (54). Les chrétiens doivent donc communier fréquemment pour devenir de la même “race” (mot utilisé par Fumet) que les juifs, au moyen d’une sorte de “transfusion de sang” (on note la ressemblance avec la thèse de l’homicide rituel). C’est pourquoi les deux Testaments et les deux peuples sont un seul, l’Israël post-biblique. «Le Saint-Office ne pouvait pas laisser passer [cette théorie] et met fin à l’Association en 1928» (55). Fumet a été un des premiers gaullistes de la France occupée, «avant 1939, De Gaulle était “un Ami de Temps Présents”, hebdomadaire dirigé par Fumet» ( 56); il était aussi l’ami de Jacques Chirac. Après le Concile Vatican II, en 1968, son esthétisme le fait «s’engager personnellement [comme tant d’autres personnes qui aimaient le chant grégorien et le latin, mais pas la Messe romaine, n.d.a.] au sein du mouvement Una voce» ( 57), tout comme son ami Maritain. Jules Isaac Après la fin de la seconde guerre mondiale, Jules Isaac, disciple de Péguy, lance l’offensive destinée à judaïser le christianisme, en partant de la shoah. Il réussira à préparer (avec l’aide du Bené Bérith) le document conciliaire Nostra Ætate, voulu par Jean XXIII et “ébauché” par le cardinal jésuite Agostino Bea, par le père dominicain Jean de Menasce (juif “converti”) et par le père Paul Démann (idem) de la congrégation des Pères de Sion (58). Leur but était surtout d’éviter de «rabaisser le judaïsme 22 biblique ou postbiblique, dans le but d’exalter le christianisme» (59), d’ensevelir la théologie de la substitution et de mélanger judaïsme veterotestamentaire et talmudique ou antichrétien. Malheureusement le document fut accueilli par les pères conciliaires en 1965, et est devenu le cheval de bataille de l’enseignement wojtylien, selon lequel le Christ est le médiateur entre Dieu et les chrétiens, alors que les juifs n’ont pas besoin de Jésus puisqu’ils attendent leur messie (60). Pour comprendre pleinement la genèse de Nostra Ætate, il était indispensable de sonder ce monde obscur et secret des marranes, mysticoïdes, modernistes et dévoyés qui nous a apporté “le cheval de Troie dans l’Église de Dieu”, contre laquelle, cependant, ils ne l’emporteront pas, selon les promesses du Divin Rédempteur. Les étapes de Nostra Ætate 1°) Avant le Concile (1962). Appendice au schéma De Verbo Dei: [texte retiré ou non examiné par la Commission Centrale Préparatoire]. «L’Église... reconnaît que l’origine de sa foi et de son élection..., se trouve chez les patriarches et les prophètes d’Israël... bien qu’une grande partie du peuple élu reste loin du Christ, ce serait injuste de l’appeler “peuple maudit”, vu qu’il reste cher à Dieu à cause des pères...». 2°) La session du Concile (1963). Chapitre IV du schéma De Œcumenismo: [texte distribué aux évêques le 8 novembre 1963, discuté mais retiré]. «L’Église... reconnaît que l’origine de sa foi et de son élection..., se trouve chez les patriarches et les prophètes d’Israël... bien qu’une grande partie du peuple élu reste loin du Christ, ce serait injuste de l’appeler “peuple maudit”, vu qu’il demeure cher à Dieu à cause des pères... ou bien “peuple déicide”, parce que le Seigneur a effacé par sa passion et sa mort les péchés de tous les hommes, qui furent la cause de la mort de Jésus. Cependant la mort du Christ n’a pas été provoquée par tout le peuple vivant alors, et moins encore par le peuple d’aujourd’hui...». 3° a) III session (1964). Déclaration sur les rapports de l’Église avec les religions non chrétiennes: [texte distribué le 25 septembre 1964 et Charles Péguy discuté du 28 au 30 septembre (89ème94ème Congrégation); réduit au paragraphe concernant les juifs, augmenté par l’ajout de deux paragraphes: un sur la paternité universelle de Dieu, avec un allusion aux musulmans, l’autre avec la condamnation de toute forme de discrimination; premier texte amoindri]. «L’Église... reconnaît que l’origine de sa foi et de son élection..., se trouve chez les patriarches et les prophètes... Du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux juifs, le Concile veut recommander entre eux la connaissance et l’estime mutuelles... [pour ce motif] que jamais le peuple juif ne soit présenté comme un peuple réprouvé par Dieu… Ce qui fut perpétré dans la passion du Christ ne peut aucunement être imputé à tout le peuple vivant alors, moins encore au peuple d’aujourd’hui». 3° b) III sess. (1964). Déclaration sur les rapports... [texte corrigé et augmenté, distribué le 18 novembre 1964, discuté et voté le 20 novembre, par 1651 placet, 99 non placet, 242 placet iuxta modum, 4 votes nuls (125ème Congrégation), qui devait être mis en appendice à De Ecclesia; retour aux idées d’origine]. «L’Église... reconnaît que l’origine de sa foi et de son élection..., se trouve chez les patriarches, Moïse et les prophètes... du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux juifs, le Concile veut recommander entre eux la connaissance et l’estime mutuelle... L’Église, déplore la haine, les persécutions exercées contre les juifs... Les juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits. Cependant ce qui a été commis durant sa 23 Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les juifs vivant alors, ni aux juifs de notre temps... ». 4°) IV session (1965) Déclaration Nostra Ætate, De Ecclesiæ habitudine ad religiones non christianas, paragraphe 4ème De Judæis. [texte revu par le Secrétariat en mai 1965, distribué aux Pères conciliaires le 11 octobre 1965, discuté et amendé le 14-15 octobre et après 8 scrutins obtint 1763 placet, 250 non placet, 10 votes nuls, adopté dans le scrutin définitif le 28 octobre (7ème session publique), par 2041 placet, 88 non placet, 3 votes nuls; texte final amoindri]. Cf. texte définitif Nostra Ætate in Tutti i Documenti del Concilio, Massimo, Milan 1971, ou in Enchiridion Vaticanum, testo latino-italiano. Documenti. Il Concilio Vaticano II, EDB, Bologne, 9ème éd., 1971 (61). Notes 1) J. STERN, Jean-Paul II face à l’antijudaïsme, in Radici dell’antigiudaismo in ambiente cristiano. Colloquio intraecclesiale. Atti del Simposio teologico-storico, Cité du Vatican, 30 ottobre-1 novembre 1997, LEV, Cité du Vatican 2000, pp. 64-65. Cf. aussi: PONTIFICIA COMMISSIONE BIBLICA, Il popolo ebraico e le sue Sacre Scritture nella Bibbia cristiana, LEV, Cité du Vatican, 2001. F. GALEONE, Da “perfidi giudei” a “fratelli maggiori”. Ci separa da Israele il suo “no” a Gesù; ci unisce la fede nel Dio di Abramo. Le nostre radici ebraiche fanno parte del nostro essere cristiani, ELLE DI CI, Leumann (TO) 1994. COMMISSION PONTIFICALE «JUSTICE ET PAIX», La Chiesa di fronte al razzismo. Per una società più fraterna, EDB, Bologne 1989. P AGINE D OCUMENTI /3, In dialogo con i «fratelli maggiori», AVE, Rome 1988. CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX, Camminare Insieme. La Chiesa cattolica in dialogo con le altre tradizioni religiose del mondo, LEV, Cité du Vatican 1999. M. TH. HOCH - B. DUPUY (textes rassemblés, traduits et annotés par), Les Églises devant le Judaïsme. Documents officiels (1948-1978), Cerf, Paris 1980. 2) E. TOAFF, Essere ebreo, Bompiani, Milan 1994, p. 13. 3) C. NITOGLIA, De la Synagogue à l’Église. Les conversions d’Edgardo Mortara, Giuseppe Stanislao Coen et Eugenio Zolli, CLS, Verrua Savoia (TO) 1997. 4) Cf. DAVID M. NEUHAUS s.j. (de l’Institut Pontifical Biblique de Jérusalem), L’idéologie judéo-chrétienne et le dialogue juifs-chrétiens, RSR 85/2 (1997), pp. 249-276, in Etnia e cultura in Israele par E. BIANCHI, Guerini e Associati, Milan 1997. Cf. A. RAVENNA, L’ebraismo postbiblico, Morcelliana, Brescia 1958. 5) V. ZUBIZARRETA, Theologia dogmatico-scholastica, ed. El Carmen, Vitoria 1948, n° 699, tesi IV. 6) D. JUDANT, Judaïsme et Christianisme, éd. du Cèdre, Paris 1969, pp. 88-91. ID., Jalons pour une théologie chrétienne d’Israël, éd. du Cèdre, Paris 1975, pp. 7-15. 7) Cf. Mgr L. M. CARLI, La questione giudaica davanti al Concilio Vaticano II, in Palestra del Clero, n° 4, 15 febbraio 1965, pp. 192-203. 8) D. JUDANT, Jalons pour une théologie chrétienne d’Israël, éd. du Cèdre, Paris 1975, pp. 33-83, passim. 9) M. DUBOIS, Status quæstionis della problematica dell’antigiudaismo, in Radici dell’antigiudaismo in ambiente cristiano. Colloquio intraecclesiale. Atti del Simposio teologico-storico, Cité du Vatican, 30 ottobre-1 novembre 1997, LEV, Cité du Vatican 2000, pp. 41-42. 10) P. BEAUCHAMP, Remarques additives sur l’antijudaïsme, in Radici dell’antigiudaismo, cit. p. 118. 11) N. LOHFINK, l’Alleanza mai revocata. Riflessioni esegetiche per il dialogo tra cristiani ed ebrei, Queriniana, Brescia 1991. 12) Ibidem, p. 13. 13) Ibidem, p. 13. 14) Cf. C. NITOGLIA, Per padre il diavolo, SEB, Milan 2002, chap. VI et VII, pp. 95-132. 15) N. LOHFINK, op. cit., p. 17. 16) Hébr. VIII, 13. 17) Ibidem, p. 18. 18) Ibidem, pp. 21-22. 19) Ibidem, p. 22. 20) Cf. C. NITOGLIA, Per padre il diavolo, SEB, Milan 2002, pp. 104-108. 21) J. STERN, Jean-Paul II face à l’antijudaïsme, in Radici dell’antigiudaismo in ambiente cristiano, cit. p. 59. 22) J-M. GARRIGUES, Antijudaïsme et théologie d’Israël, in Radici dell’antigiudaismo..., cit. pp. 321-327. 23) F. SPADAFORA, Fuori della Chiesa non c’è salvezza, Krinon, Caltanissetta 1988. E. HUGON, Hors de l’Église point de salut, Paris 1907. G. SIRI, Fuori della Chiesa non c’è salvezza, in Renovatio, n° 20, gennaio-marzo 1985, pp. 5-7. R. GARRIGOU-LAGRANGE, De Revelatione per Ecclesiam Catholicam proposita, vol. II, 5ª ed., Desclée, Rome-Paris 1950, Chap. XV. T. ZAPPELENA, De Ecclesia Christi, II vol., 2ª ed., Rome 1954, pp. 341-398. 24) Cf. F. ROBERTI, Nuovo Digesto Italiano, Marietti, Turin 1937, pp. 524-525. 25) Cf. A. UNTERMANN, Dizionario di usi e leggende ebraiche, Laterza, Bari 1994, p. 211. 26) R. DI SEGNI, I Noachidi, in Shalom, n° 2, 2002, p. 1. 27) Cf. E. RATIER, Mystères et secrets du B’naï Brith, Facta, Paris 1993, pp. 114-115 et 371-381. 28) J. MADIRAN, L’accord secret de Rome avec les dirigeants juifs, in Itinéraires n° III, septembre 1990, p. 3, note 2. 29) Cf. L. ISRAEL. NEWMAN, Jewisch Influence on Christian Reform Movements, Columbia University Press, New York 1925. P. GINIEWISKI, La Croix des Juifs, MJR, Genève 1994. A. SCHMIDT, Agostino Bea. Il cardinale dell’unità. Città Nuova, Rome 1987. F. RICOSSA, Sodalitium n° 40, janvier 1996, pp. 20-36. 30) N. GOLDMAN, Staatmann ohne Staat. Autobiographie, Cologne-Berlin 1970, pp. 378 ss. 31) C. SCHMIDT, Il cardinal Agostino Bea..., cit. p. 612, note 179. 32) J. MADIRAN, in Itinéraires, automne 1990, n° 24 III, pp. 1-20. Cf. F. RICOSSA, in Sodalitium n° 41, avril-mai 1996, pp. 12-28. 33) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n° 16, pp. 48-71, par MICHEL FOURCADE (de l’Université de Montpellier III). 34) Ibidem, p. 48. 35) Ibid., p. 50. Cf. J.-L. BARRÉ, Jacques et Raïssa Maritain. Les mendiants du Ciel, Stock, Paris 1995. R. MARITAIN, Les Grandes Amitiés, Desclée de Brouwer, Paris 1949. Le Hassidisme a un «caractère ésotérique... il a traduit dans des formes populaires la cabale qui se transforma en mouvement populaire» (J. M AIER - P. SCHAEFFER, Piccola enciclopedia dell’ebraismo, Marietti, Casale Monferrato 1985, p. 128). Il a un fondement “magique”, croit dans l’immanence de Dieu et «son influence s’est fait sentir jusqu’à l’époque moderne [Levinas et Buber, n.d.a.]» (A. UNTERMANN, Dizionario di usi e leggende ebraiche, Laterza, Bari 1994, p. 63). L’ancêtre du Hassidisme est Isaac Lurìa (XVIème s.) qui enseignait l’émanation du monde de Dieu, l’avènement du Messie et la «supériorité de l’âme des juifs sur celle des gentils» (A. UNTERMANN, op. cit., p. 171). Les Loubavitch sont un «groupe interne au Hassidisme... en des temps récents les Loubavitch sont arrivés à croire que leur rabbin Menachem Mendel Scheerson († 1994) est le Messie» (A. UNTERMANN, op. cit., p. 169). 36) Ibid., p. 50. 37) Ibid., p. 52. 38) J.-L. BARRÉ, Jacques et Raïssa Maritain. Les mendiants du Ciel, Stock, Paris 1995, p. 99. 39) Ibidem, p. 99. 40) Ibid., p. 110. 41) Ibid., p. 186. 42) Ibid., p. 449. 43) S. FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, Cerf, Paris 2002. M. O. GERMAIN, Stanislas Fumet ou la Présence au temps, Cerf, Paris 1999. 44) M. O. GERMAIN, Stanislas Fumet ou la Présence au temps, op. cit. p. 25. Selon Savinien de Savigny, le Hassidisme «se sert de la cabale pratique ou théurgique et donna naissance à des générations de “faiseurs de prodiges”, bons pour impressionner le petit peuple» (SAVINIEN DE SAVIGNY, Frankisme, in Lectures Françaises, n° 561, janvier 2004, p. II). Cf. aussi: G. SCHOLEM, Les grands courants de la mystique juive, Paris 1960. ID., Du Frankisme au Jacobinisme, Paris 1979. Les épouses de Jacques et de Stanislas étaient toutes deux juives d’origine russe et la cabale hassidique russe est plus spéculative que la cabale praticoémotionnelle polonaise, cf. A. UNTERMANN, cit. p. 169. 45) S. FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, cit. p. VI (introduction). 46) M. O. GERMAIN, op. cit. pp. 41-42. 47) Ibidem, p. 43. 48) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n° 16, p. 58. 49) Ibid., p. 59. 50) S. FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, cit. p. 300. 51) C. NITOGLIA, L’Esoterismo, CLS, Verrua Savoia (TO) 2002, chap. IV Joseph de Maistre, pp. 118-163. 52) Cf. F. RICOSSA, Karol, Adam, Jacob, in Sodalitium n° 48, avril 1999, pp. 61-73. R. BUTTIGLIONE, Il pensiero di Karol Wojtila, Jaca Book, Milan 1984. A. MANDEL, Il Messia militante, Arché, Milan 1984. L. Q UERCIOLI -M INCER , La contesa sulle origini ebraiche di Mickiewicz, in La Rassegna Mensile d’Israele, 1999, n° 1, pp. 29-49. M. BLONDET, Cronache dell’anticristo, Effedieffe, Milan 2001, pp. 104, 121-129. C. NITOGLIA, L’Esoterismo, CLS, Verrua Savoia (TO) 2002, pp. 111-116. H. DE LUBAC, La posterità spirituale di Gioacchino da Fiore. Da Saint Simon ai nostri giorni, vol. II, Jaca Book, Milan 1984, chap. XV: Adam Mickiewicz, pp. 261-315. Cf. aussi Appendice D, pp. 507-520. A. MICKIEWICZ, Scritti politici, publié par M. Bersano Begey, Utet, Turin, 2ème éd. 1965, introduction pp. 11-26, IV leçon pp. 153-169 et V leçon, pp. 169-179 (Gli Slavi), dans lequel on fait référence explicitement à l’enseignement ésotérique de Joseph de Maistre. S AVINIEN DE S AVIGNY , Frankisme, in Lectures Françaises, n° 561, janvier 2004, pp. I-VII. 53) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n° 16, p. 59. 54) Ibid., p. 60. «Lorsqu’un chrétien communie, il devient de la race d’Israël, puisqu’il reçoit le sang très pur d’Israël dans ses veines... Toutes les nations doivent être bénies dans cette race... Chrétiens et Juifs sont de la même race» S. FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, cit. pp. 297-298. On remarque comment Fumet met sur le même plan et remplace Jésus par Israël, selon la cabale de Luria et parle explicitement de sang et de race. 55) Ibidem. 56) Ibidem. 57) M. O. GERMAIN, Stanislas Fumet ou la Présence au temps, cit. p. 98. 58) Cf. C. NITOGLIA, Nostra Ætate, in www.cattolicesimo.com - mailing-list don Curzio Nitoglia. 59) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n° 16, p. 69. 60) C. NITOGLIA, Nostra Ætate, in www.cattolicesimo.com - mailing-list don Curzio Nitoglia. Cf. D. PAGLIARANI, La Chiesa conciliare rinuncia alla conversione della Sinagoga, in Tradizione cattolica, n° 53, 2003, pp. 56-61. P. STEFANI, Alleanza perenne e Chiesa della circoncisione, in Il Regno, n° 919, 15 febbraio 2003, pp. 89-92. 61) Cf. T. FEDERICI, Israele nella storia della salvezza, in Humanitas, 22/1-2 (1967), pp. 75-109. A. BEA, La Chiesa e il popolo ebraico, Brescia 1966. B. HUSSAR, La religione giudaica, in Le religioni non cristiane nel Vaticano II - La Dichiarazione “Le relazioni della Chiesa con le religioni non cristiane”, genesi storica, esposizione e commento, Coll. Magistero conciliare, n° 15, Leumann (TO) 1966, pp. 199-203. G.-M. COTTIER, La religion juive, in Les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes, Déclaration “Nostra Ætate”, Coll. Unam Sanctam, n° 16, Paris 1966, pp. 237-273. T. FEDERICI, Il Concilio e i non cristiani - Declaratio, testo e commento, Coll. Ave-Minima, n° 24, Rome 1966, pp. 235-400. R. LAURENTIN, L’Église et les juifs à Vatican II, Coll. Église vivante, Paris 1967. 25 K. KRUBY, Juifs et Chrétiens, in Catholicisme, n° 6, 1966, pp. 1196-1209. A. G ILBERT , The Vatican Council and the jews, New York 1968. C. A. RIJK, Catholics and jews after 1967 - A new situation, in New Blackfriars, 1968, pp. 15-26. T. FEDERICI, Monologo e dialogo - Incontri e non incontri con Israele, Coll. Ave-Minima, n° 17, Rome 1965. A. BEA, Il popolo ebraico nel piano divino della   Islam et Christianisme Charles de Foucauld et l’Islam Par M. l’abbé Ugolino Giugni D salvezza, in Civiltà Cattolica, 6 nov. 1965, 209-229. L. CERFAUX, La teologia della Chiesa secondo san Paolo, Coll. Teologia oggi, n° 3, Rome 1968. T. FEDERICI, Israël vivant, Coll. Progressions, n° 3, Paris 1965, pp. 175-196. S. GAROFALO, Dizionario del Concilio Vaticano II, Unedi, Rome 1969. epuis quelques mois, Charles de Foucauld défraie la chronique et fait la une des journaux. En effet, le 13 novembre 2005 Benoît XVI l’a “béatifié” (1) (Cf. Osservatore Romano 14-15/11/2005). Comme cela arrive toujours depuis le Concile Vatican II (dont on a célébré la clôture en 2005), tout “saint” ou “bienheureux” qui se respecte doit être œcuménique et œcuméniste et précurseur dudit “Concile”. Suivant cette règle non écrite, on a essayé de présenter également dans cette optique Charles de Foucauld comme un adepte de l’œcuménisme (effectivement, il fut un prêtre catholique qui partit vivre en terre d’Islam) et du “dialogue” avec les musulmans (qui le tuèrent…). Sur L’Eco di Bergamo on lit : “Charles de Foucauld est un témoin radical de l’Évangile, il est un exemple de dialogue respectueux entre les religions et les civilisations, il est un modèle pour les chrétiens du XXIème siècle (…). Une stratégie que le Concile Vatican II a faite sienne et qui ensuite a fait école dans l’Église” (2). Un autre auteur, son récent biographe affirme: “Il n’est pas difficile d’imaginer combien frère Charles se serait réjoui si l’Église officielle de son temps avait proclamé l’égalité de tous les hommes et le devoir de la justice sociale, comme il l’aurait fait avec le Concile Vatican II. Il aurait souscrit avec enthousiasme à cette page de Gaudium et Spes (n° 29)” (3). Mais les choses sont-elles vraiment ainsi ? Le but de cet article sera de découvrir quelle était la pensée de cet ermite du désert concernant les rapports entre catholicisme et Islam. Cette étude sera particulièrement in- Charles de Foucauld fut-il vraiment un précurseur de Vatican II et un exemple de dialogue entre les religions ? Quels sont les rapports entre Christianisme et Islam ? téressante pour nous qui vivons aujourd’hui dans une Europe toujours plus multiethnique et qui semble devenue terre de conquête de l’Islam à cause de la politique d’immigration incontrôlée et inconsidérée opérée par nos gouvernements. La pensée de Charles de Foucauld semble parfois prophétique et éclairante sur les rapports entre christianisme et Islam dans le monde d’aujourd’hui, et sur le rôle que les nations Catholiques auraient dû exercer à l’égard de ces peuples islamiques de l’Afrique du Nord. Chronologie de la vie de Charles de Foucauld Charles de Foucauld naît le 15 septembre 1858 à Strasbourg, en Alsace, d’une famille aristocratique, dont la devise est “Jamais arrière”. Il est baptisé dès sa naissance. Charles a une sœur, Marie, de trois ans sa cadette. • Ses parents meurent l’un après l’autre en 1864. Charles en demeure profondément blessé. • Les deux orphelins sont confiés à leur grand-père maternel, le colonel de Morlet, homme bon mais faible. • Après la guerre franco-prussienne de 1870, la France perd l’Alsace et la Lorraine. La famille quitte Strasbourg pour Nancy et opte pour la nationalité française. 26 Charles de Foucauld jeune souslieutenant au 4ème Hussards • Études secondaires à Nancy puis à Paris, chez les Jésuites, où il obtient le baccalauréat. Il commence sa préparation à l’École Militaire de Saint-Cyr. Jugé paresseux et indiscipliné, il est renvoyé en cours d’année. Charles situe sa perte de la foi à la fin de ses études secondaires, vers 16 ans. CARRIÈRE MILITAIRE : • 1876 : entrée à Saint-Cyr. • 1878 : son grand-père meurt en février ; il hérite d’une grosse fortune qu’il dilapidera rapidement. En octobre, il entre à l’école de Cavalerie de Saumur, d’où il sortira en 1879, 87ème sur 87. • À l’école, il mène une vie de fêtard et multiplie les actes d’indiscipline et d’excentricité (il se déguise en mendiant). Il dessine et approfondit sa culture en lisant beaucoup. • 1879 : en garnison à Pont-à-Mousson il mène grande vie et s’affiche avec une jeune femme de réputation douteuse : Mimi. • 1880 : son régiment est envoyé en Algérie. Il emmène Mimi en la faisant passer pour sa femme. Quand la supercherie est découverte, l’Armée le somme de la renvoyer. Charles refuse et préfère être suspendu temporairement de l’Armée. Il revient vivre en France, à Evian. • 1881 : il apprend que son régiment est engagé dans une action dangereuse en Tunisie. Il abandonne Mimi, demande sa réintégration et rejoint ses compagnons d’armes. • Pendant 8 mois, il se montre un excellent officier, apprécié tant des chefs que des soldats. VOYAGES D’EXPLORATION : • 1882 : séduit par l’Afrique du Nord, il quitte l’Armée et s’installe à Alger pour préparer scientifiquement un voyage de reconnaissance au Maroc. Il apprend l’arabe et l’hébreu. • Juin 1883 - mai 1884 : il parcourt clandestinement le Maroc déguisé en rabbin et conduit par le rabbin Mardochée. Il risque sa vie à plusieurs reprises. • 1885 : il reçoit la médaille d’or de la Société Française de Géographie pour sa reconnaissance au Maroc. • 1885-1886 : voyage dans les oasis du Sud Algérien et Tunisien. • 1886 : il rentre en France où il retrouve sa famille, en particulier sa cousine Marie de Bondy. • Il rédige “Reconnaissance au Maroc”. Il s’interroge sur la vie intérieure et sur la spiritualité. Il entre dans les églises - sans foi - et continue de répéter la prière : “Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse”. LA CONVERSION : • Fin octobre 1886 : il entre dans l’église Saint-Augustin à Paris pour demander à l’abbé Huvelin (que lui a fait connaître Marie de Bondy) des leçons sur la religion. • L’abbé Huvelin lui demande de se confesser et de communier immédiatement et il le fait. • 1887-1888 : il séjourne en famille, en province, chez sa sœur Marie et commence à penser à la vie religieuse. • Décembre 1888 - janvier 1889 : Charles se rend en Terre Sainte. Nazareth le marque fortement. • Rentré en France il donne tous ses biens à sa sœur. Il fait diverses retraites pour chercher un ordre religieux où il pourrait entrer. • Il se sent appelé à vivre “la vie cachée de l’humble et pauvre ouvrier de Nazareth”. La Trappe lui semble l’endroit le plus adapté. LA VIE RELIGIEUSE : • 15 janvier 1890 : il part à la Trappe “Notre-Dame-des-Neiges” en France. • 6 mois après, il part pour une Trappe beaucoup plus pauvre à Akbès, en Syrie. • Il rédige un premier projet de congrégation religieuse “à sa manière”. Il écrit : “Je soupire après Nazareth...”. • Il demande à être dispensé des vœux. En octobre 1896, on l’envoie à Rome pour étudier. • Janvier 1897 : L’Abbé général des Trappistes le laisse libre de suivre sa vocation. NAZARETH : • Dès le mois de mars 1897 il est à Nazareth où il s’engage comme domestique 27 des Clarisses et vit dans une cabane dans leur jardin. • “J’obtins la permission de me rendre seul à Nazareth et d’y vivre inconnu, en ouvrier, de mon travail quotidien. Solitude, prière, adoration, méditation de l’Évangile, humble travail”. • Il y reste un peu plus de 3 ans. Peu à peu, les Clarisses et son confesseur, l’abbé Huvelin, le convainquent d’embrasser le sacerdoce. • Il rentre en France, à Notre-Damedes-Neiges, pour s’y préparer. • 9 juin 1901 : il est ordonné prêtre à Viviers (Ardèche, France). BENI-ABBÈS ET LES VISITES CHEZ LES TOUAREGS : • Septembre 1901 : Frère Charles se trouve à Alger. Il va s’établir à Beni-Abbès où il construit un ermitage pour fonder une fraternité de moines. • 1902 : il sensibilise ses amis et les autorités au drame de l’esclavage. • Il rachète plusieurs esclaves. • 1905 : Il fait plusieurs tournées chez les Touaregs. • Il apprend leur langue. • Aucun prêtre n’a pénétré chez eux avant lui. • Pour eux, il fait un catéchisme en langue locale et commence à traduire l’Évangile. • 1906 : un compagnon, frère Michel, se joint à lui, mais très vite il tombe malade et repart. TAMANRASSET - 3 VOYAGES EN FRANCE : • Juillet 1907 : Charles entreprend un énorme travail scientifique sur la langue des Touaregs, leurs chants, leurs poésies. Il se fait aider par un homme du pays. • Il est le seul chrétien. Il ne peut pas célébrer l’Eucharistie, mais il choisit de rester... pour les hommes. Cela durera six mois, puis il recevra enfin l’autorisation de célébrer seul la Sainte Messe, mais pas de garder le Saint-Sacrement. • Janvier 1908 : Épuisé, il tombe malade et frôle la mort. Les Touaregs le sauvent en partageant le peu de lait de chèvre qui leur reste en ce temps de sécheresse. Charles se sent impuissant, dépendant de ses voisins... • 1909-1911-1913 : Il fait trois voyages en France pour présenter son projet d’une “Union des frères et sœurs du Sacré-Cœur”, association de laïcs pour l’évangélisation des peuples. “De fervents chrétiens de toutes conditions capables de faire connaître par leur exemple ce qu’est la religion chrétienne, et de faire ‘voir’ l’Évangile dans leur vie”. (Règlement - Conseils) -1909-1913. • 1914 : La guerre éclate en France. Charles reste à Tamanrasset sur les conseils d’un ami, le général Laperrine. LA DERNIÈRE ANNÉE : la mort • 1915 : Dans le désert la situation n’est pas tranquille : rezzous marocains et menaces des Senoussites de Lybie. • Pour protéger les populations, Charles construit un fortin à Tamanrasset. Il s’y installe seul en attendant d’accueillir les gens d’alentour en cas de danger. • Il continue à travailler poésies et proverbes touaregs. • 1er décembre 1916 : Un groupe de Touaregs, sous influence senoussite, le capturent et le ligotent. • Pendant le pillage, arrivent deux méharistes (soldats aux ordres des Français) de façon inattendue. C’est l’affolement, une balle part et frère Charles est tué. Sa dépouille est enterrée dans le fossé qui entoure le fortin (4). PENSÉE DE FOUCAULD • Désir de la Conversion des Arabes au catholicisme « Les Berbères ne sont point fanatiques, ni méprisants. Et il est à croire que ce sera, dans l’avenir, “l’établissement des Berbères dans la foi qui y disposera et y fera entrer les Arabes” » ( 5 ). Frère Charles, dans ses lettres, ne cesse de s’accuser du lent progrès de son apostolat : s’il était moins indigne, tous les musulmans, les juifs et les mauvais chrétiens seraient déjà devenus ou redevenus fidèles. Il déclare que sa propre conversion est l’évidente condition de la conversion des autres. Dans son zèle, il n’oublie aucune âme ; il se laisse emporter loin des palmiers de Beni-Abbès, il souhaite la conversion de toute l’Afrique, du monde entier. Sa congrégation de missionnaires ne prêcherait donc pas l’Évangile directement, mais le ferait connaître, admirer et aimer par la vie de prière, de charité et de pauvreté que mèneraient les moines parmi les musulmans. Les Petits Frères du Sacré-Cœur seraient avant 28 tout des adorateurs portant leur Maître au milieu des âmes infidèles. La question coloniale. Peut-on convertir les Arabes au catholicisme ? En 1903 Charles de Foucauld est à BeniAbbès en plein désert algérien, où il s’est établi ; il reçoit la visite du Père Guérin, préfet apostolique du Sahara et d’un autre prêtre qui l’accompagne. Les deux prêtres s’entretiennent sur une question de grande importance : la question coloniale. Je cite ce qu’écrit René Bazin, biographe de Foucauld. « ( 6 ) Dans les salons, les réunions d’hommes, si l’on s’entretient d’une meilleure administration de nos possessions d’Afrique, on est certain d’entendre exprimer cette opinion : “Les musulmans sont inconvertissables” ou, comme on disait au début du dix-neuvième siècle : “Ils sont inassociables, inmiscibles”. Elle est devenue une maxime. (…) Le monde immense qu’elle condamne et dont elle désespère est loin de nos yeux. Nous ne voyons pas assez nettement l’injustice dont nous sommes ainsi complices en nous taisant. Ceux dont les intérêts purement terrestres orientent presque toujours l’effort ne mesurent pas le danger que le développement même de notre puissance coloniale nous fait courir, si nous ne savons pas nous concilier les esprits et les cœurs. Ou bien, malgré tant d’avertissements, ils s’imaginent que la civilisation mécanique et économique a le pouvoir de changer le fond des âmes, et de transformer en amis fidèles des peuples que leur religion excite à nous mépriser et à nous maudire, et qui apprennent, sous la tente ou dans la maison de terre, à répéter le proverbe : “Baise la main que tu ne peux couper”. Voyez cependant ce qu’il y a d’inhumain, de contraire à la charité, dans cette opinion si répandue ! Plusieurs centaines de millions d’hommes seraient donc dans l’impossibilité de connaître la vérité et de s’élever jusqu’à la civilisation véritable ? Le musulman serait à perpétuité un être inférieur ? Il y aurait, ici-bas, deux sortes d’âmes : des païennes, des bouddhistes, des juives qui peuvent apercevoir la beauté transcendante de la religion chrétienne, se convertir et fraterniser avec les peuples du Christ ; puis les âmes musulmanes, incapables de comprendre, ou incapables de cette part de volonté qui entre dans toute conversion ? Est-ce acceptable ? Une si grande injure peut-elle être faite aux hommes ? N’est-elle pas faite d’abord à Dieu ? N’est-ce pas nier son pouvoir, sa grâce, sa parole formelle, puisqu’il a commandé de prêcher l’Évangile “à toute créature” ? La raison, et la révélation qui la dépasse et la contente, défendent de prononcer contre aucune race humaine, contre les sectateurs d’une fausse religion quelconque, un arrêt si cruel. Voilà pour l’objection de principe. Je reviendrai tout à l’heure sur celle qu’on prétend tirer de l’expérience. Ce qui est hors de doute, c’est que les gouvernements successifs de la France, au siècle dernier et au nôtre, ont agi comme s’il était certain, a priori, que les musulmans ne peuvent devenir chrétiens. Charles de Foucauld en 1902, ermite à Beni-Abbès 29 (…) Bien des efforts ont été faits pour assimiler les indigènes. Notre empire africain a été doté de routes, de chemins de fer, de tramways, de bureaux de poste et de télégraphe ; on a répandu de nouvelles cultures ou de nouvelles méthodes agricoles, établi des hôpitaux et des dispensaires, bâti des écoles où tout est enseigné, excepté la religion chrétienne. Les indigènes sont-ils plus près de nous, par l’esprit, qu’au début de la conquête ? Usant, très volontiers, de plusieurs des biens que notre civilisation leur apporte, ont-ils accepté celle-ci, et peut-on dire qu’ils se considèrent comme les fidèles sujets de la France et à jamais ? (…) Il suffit de connaître un peu l’histoire des trente ou quarante dernières années (…) il suffit de se promener pendant une heure au milieu des foules musulmanes, et de savoir lire dans les yeux. Sans doute, pendant la Grande Guerre, des milliers d’Arabes ou de Berbères, sujets de la France, sont venus combattre à côté de nos troupes métropolitaines… (…) Mais il serait faux, et donc dangereux, de croire que, depuis 1914, les populations musulmanes de l’Afrique du Nord se sont assimilées à nous, ou simplement rapprochées de nous, et qu’il y a, entre elles et nous, intelligence, estime, amitié, seuls liens durables. La faute en est aux hommes, bien différents, par l’origine et le talent, mais semblables par l’illusion ou le préjugé, qui ont conduit les affaires africaines pendant le dernier siècle et au début de celui-ci. Ils n’ont pas compris que notre civilisation est chrétienne essentiellement. Certains ont pu rejeter pour eux-mêmes toute religion : ils ne peuvent faire que toute notre histoire ne soit celle d’une nation façonnée par le catholicisme ; que notre sensibilité, nos habitudes, nos mœurs, notre charité, ne proclament pas la foi qui les a formées. S’ils ne reconnaissent pas, dans l’état présent, cette vérité, elle apparaît comme évidente aux musulmans, habitants de nos colonies, qui appellent indistinctement les Français du nom de chrétiens. Ce sont les musulmans qui ont ici raison contre des politiques à bien courte vue. Ils jugent qu’au fond, cette puissance antique, à laquelle la leur s’est heurtée, plus d’une fois dans le passé, est demeurée la même. Nous sommes pour eux et nous serons les Roumis (7). La neutralité proclamée de l’État, les actes de persécution, les discours, même les faveurs imprudentes accordées à l’islamisme, ne les empêchent pas de voir que la vocation de la France n’a pas changé. Et d’ailleurs, si jamais, - ce dont il n’y a nulle apparence, - les Français devaient abjurer la foi catholique (8), nous n’aurions rien gagné auprès des musulmans de l’Afrique, et nous serions devenus plus sûrement encore et irrémédiablement un objet de mépris pour ces peuples religieux. (…) L’autre erreur consiste à favoriser et à répandre l’islamisme. Que nous la commettions, et de propos délibéré, il est inutile d’en donner des exemples ; ils abondent, et le mufti hanéfite (9) d’Alger pouvait raisonnablement dire à un de ses amis : “Notre culte est le seul qui soit reconnu par l’État français”. Or, l’histoire de quatorze siècles, l’expérience quotidienne de tous ceux qui habitent parmi des populations musulmanes, nous apprennent que l’animosité contre le chrétien est, en fait, développée par l’enseignement de la loi coranique (10). (…) Nous pouvons conclure de là que tout acte de la puissance publique qui tend à développer l’enseignement du Coran est fait contre nous-mêmes. C’est assez de ne point entreprendre sur la liberté religieuse des musulmans, de leur laisser leur culte et leurs coutumes, d’être parfaitement justes envers eux, et parfaitement bons : en allant au delà, nous sommes faibles, et même un peu plus que faibles. Lorsque ces vérités de sens commun auront été reconnues par ceux qui dirigent la politique musulmane de la France, que faudra-t-il faire ? Ni notre cœur, ni notre intérêt, ne nous conseillent de restreindre notre ambition à quelque alliance économique, inférieure et précaire, avec les peuples musulmans qui vivent dans le domaine de la France. Comme le dit bellement le Hollandais cité tout à l’heure, “il faut que l’annexion matérielle soit suivie de l’annexion spirituelle”. Or, c’est là un vœu qu’on peut former sans être catholique. Du jour où le musulman comprendra la beauté du catholicisme, il aura compris la France ; et dans la mesure où il admirera la charité chrétienne, il nous aimera » (11). La conversion des musulmans est-elle possible ? « Est-ce à dire qu’il faille chercher à convertir les musulmans, et à faire d’eux 30 Charles de Foucauld à Beni-Abbès en 1903, en compagnie du Père Guérin, préfet apostolique du Sahara des chrétiens ? La formule serait ambiguë ; elle ne préciserait point de quelle manière lente, douce et fraternelle, une telle conversion, si Dieu le permet, doit s’accomplir. Mieux vaut dire ceci : il faut que la France, chargée d’une nombreuse famille coloniale, prenne enfin conscience de toute sa mission maternelle, et que les musulmans, comme les païens, sujets d’une grande nation catholique par son histoire, par son génie, par toute son âme et par ses épreuves mêmes, puissent connaître le catholicisme, et y venir, s’ils le veulent. Du moins, ils le connaîtront, et d’abord par sa charité. C’est elle qui sera l’ambassadrice. Qu’on la laisse donc aller vers eux ; qu’elle ne soit pas entravée, soupçonnée, mais amicalement soutenue. Nous sommes dans notre propre domaine, en présence d’un peuple immense, tout pétri d’erreurs, de colères entretenues depuis des siècles, de rancunes également dont plusieurs sont fondées. La première œuvre à faire est d’“apprivoiser les musulmans”, selon l’expression chère au Père de Foucauld, et à son ami le général Laperrine, qui conduisit si souvent, dans le désert, des “tournées d’apprivoisement”. Les fonctionnaires, les officiers peuvent avoir là un rôle magnifique. Que par eux la justice de la France, c’est-à-dire la justice chrétienne ; la bonté de la France, apparaissent à ces hommes qui n’ont pas soif seulement de l’eau des puits. Mais que la charité ingénieuse et forte, celle qui connaît, depuis deux mille ans, toute douleur humaine, soit libre aussi de consoler, de soigner, de guérir, et de durer, comme dure le mal et comme dure la souffrance, en se renouvelant. Qu’elle puisse fonder ses salles d’asiles et ses écoles, ses dispensaires et ses hôpitaux, ses orphelinats de jeunes gens et de jeunes filles, ses maisons de retraite pour les vieux qui sont rejetés de tous ! Elle recevra la misère sans certificat de bonne vie et mœurs, sans exiger l’extrait du casier judiciaire, ni se préoccuper de la croyance de ses clients. Elle prêchera son Dieu silencieusement, si elle est assez magnifique pour qu’on ne puisse pas ne pas apercevoir en elle un rayonnement divin. Cela durera des années, peutêtre beaucoup d’années. Elle a tout l’avenir devant elle ; la France aussi : on peut attendre. Sûrement, joignant ses efforts à ceux que j’ai dits déjà, elle nous obtiendra ce beau triomphe : que les peuples musulmans, sans accepter encore la doctrine chrétienne, en auront du moins l’intelligence, l’estime et çà et là le désir secret. Et si, plus tard, des âmes musulmanes, persuadées ainsi qu’il n’y a rien dans l’Islam qui vaille la France charitable et religieuse, en venaient à dire : “Si le disciple est ainsi, que doit être le maître ? Apprenez-nous la loi qui vous fait le cœur si grand ?”, quel bien pour l’État, quelle francisation de l’Afrique du Nord ! Ce serait un monde régénéré, une France prolongée, notre pouvoir reconnu, l’avenir assuré, et la plus haute gloire qu’une nation civilisée puisse vouloir et obtenir : la création à son image ! Ici, nous nous heurtons à l’objection banale : les musulmans, en fait, ne se convertissent pas ; il n’y en a, pour ainsi dire, point d’exemple. C’est une erreur moins grave que de prétendre qu’ils ne peuvent pas se convertir : c’en est une cependant. Toute la vie d’apostolat du Père de Foucauld a été fondée sur la conviction qu’il est possible, au contraire, par la prière, l’exemple, une prédication qui tient compte de l’ancienneté de leur erreur et de la faiblesse d’une pauvre volonté humaine en lutte contre des siècles et contre un peuple entier, d’amener peu à peu les musulmans à la pleine grâce du Christ. • La persévérance du musulman converti La difficulté n’est pas tant de persuader un musulman de la vérité de la religion chrétienne, que d’assurer la persévérance du converti. Les Arabes devenus chrétiens ne peuvent plus vivre où ils vivaient. Ils sont hors-la-loi. Tout est mis en œuvre pour leur faire abandonner la foi ; leur vie même est menacée, et la crainte de les voir 31 apostasier, c’est-à-dire se charger d’un crime énorme, est la raison qui empêche souvent d’accueillir la demande des catéchumènes, et de les baptiser. Le temps de la préparation collective à recevoir la foi ne peut être court. Il faut changer l’esprit public avant d’achever les conversions individuelles. L’habitation dans les centres de population musulmane, le dévouement, la charité, l’école, la conversation sur les sommets accessibles à la raison, doivent préparer la prédication de la doctrine révélée. Les hommes qui ont le mieux aimé l’Afrique n’ont cessé de recommander cette méthode. Ils n’ont pas prétendu que le musulman fût inconvertissable » (12). • Le Coran… Le Père de Foucauld travaillait intensément à la traduction de l’Évangile en langue touareg pour leur rendre accessible. « Cette traduction devra surtout leur être lue … Il n’y a pas lieu de chercher à apprendre aux Touaregs l’arabe, qui les rapproche du Coran ; il faut au contraire les en détourner. Il faut leur apprendre le tamahaq, langue excellente, très facile, y introduire peu à peu les mots indispensables pour exprimer des idées religieuses, des vertus chrétiennes, et en améliorer le système d’écriture, sans le Un Touareg au Sahara changer… Il va sans dire, que, dès que les conversions commenceront à se faire, il faudra un catéchisme en tamahaq » (13). • Exemples de musulmans portés au catholicisme « N’avons-nous pas, tout près de nous, le spectacle des chrétiens kabyles groupés autour des postes de Pères Blancs ? Débuts sans doute, minces chrétientés disséminées en onze points, souvent éloignés, de ce pays de montagnes, composées chacune de trente, quarante, cinquante familles, mais preuve vivante qu’il est possible d’amener des musulmans au catholicisme. J’ai visité, en haute Kabylie, un de ces postes de missionnaires, celui des Beni-Mengallet. J’ai assisté à la grand-messe, au milieu d’une assemblée de quatre-vingts fidèles. Les hommes et les petits garçons, - une soixantaine, - occupant la partie haute, les femmes et les petites filles la partie basse de la chapelle. Je regardais ces jeunes cultivateurs berbères, blancs de visage, portant la moustache, solides, graves, attentifs, et je les trouvais assez pareils, sauf par le costume, à nos paysans de France. Après la messe, j’ai causé avec eux, car ils savent le français. Dans les yeux de la plupart, j’ai lu cette bienvenue, cette confiance préparée de loin, à quoi on ne se trompe pas. L’œuvre date d’une trentaine d’années. Là ou ailleurs, elle n’a guère été favorisée par les autorités qui représentent la France en Algérie ; elle a été contrariée souvent par la politique générale de notre pays ; pour des causes diverses, les gouverneurs généraux n’ont pas compris, ou n’ont pas paru comprendre que la paix africaine sera la suite certaine et la récompense de la conversion de l’Afrique, et que tous les autres moyens, la force et la faiblesse, la répression, la flatterie, l’abondance des richesses et des inventions, ne rapprocheront pas de nous un peuple qui ne voit en nous que des païens, et nous nomme de ce nom. Il faut qu’il aperçoive la plus grande supériorité, l’essentielle : la religieuse. C’est à des cœurs gagnés par la sainteté, qu’il sera possible un jour d’expliquer la doctrine » (14). Pas de prière commune avec l’Islam Une anecdote remontant environ à 1908, fut ensuite racontée en France en en déformant les faits : on pensait que Charles de Foucauld avait prié à la manière des musul- 32 mans. La réalité était autre et Bazin avant d’écrire son livre en 1921 voulut s’en assurer en écrivant aux témoins oculaires. Voici ce qu’il écrit : « Dans des revues ou des journaux, on a pu lire que, “la mère de Moussa ag Amastane” étant tombée très gravement malade, le Père de Foucauld fut appelé près d’elle, et, pour l’encourager dans le passage de la mort, n’aurait trouvé rien de mieux que de réciter quelques sourates du Coran : “Il vint, il fit son office de consolateur, et il endormit la vieille dame en Allah, avec les strophes du Coran appropriées”. Lorsque mes yeux passèrent sur ces lignes, - il y a des mois et des mois, - j’eus aussitôt le sentiment que la vérité devait être différente. Je me dis qu’un prêtre catholique aurait pu, en effet, suggérer à la mourante de réciter quelque sourate énonçant une vérité certaine, opportune, exhortant, par exemple, au repentir des péchés, à la confiance en Dieu. C’eût été la simple traduction, dans le langage que cette femme comprenait le mieux, d’un acte de contrition ou de charité chrétienne. Mais que le Père de Foucauld l’eût fait, je ne le pouvais croire, sachant qu’il redoutait l’extension de l’islamisme, et qu’il devait donc, le plus possible, éviter de prononcer une formule coranique, fût-elle acceptable. Je voulus savoir si j’avais raison, et j’écrivis à l’amenokal du Hoggar. Je lui demandai de se souvenir des paroles mêmes de son ami le Père de Foucauld. Il comprit admirablement le sens de la question que je lui avais posée. Ce non-civilisé avait de l’esprit. Il me répondit, quelques mois plus tard, une lettre, dont voici la traduction : “Louange à Dieu l’Unique ! Nul ne subsiste que lui. Tamanrasset, 5 chabân 1338 (25 avril 1920). Au très honoré, savant entre les savants français, René Bazin, de l’Académie. À toi, mille et mille saluts, mille faveurs divines ! De la part du serviteur de la France, l’émir Moussa, fils d’Amastane, amenokal en Hoggar. Ta lettre m’est parvenue, où tu me demandes de te donner des détails sur le grand ami des Touaregs-Hoggar. Soit ! sache que le marabout Charles m’avait en très grande estime, Dieu le rende bienheureux, et le fasse habiter en Paradis, si c’est Sa volonté ! L'émir Moussa, amenokal du Hoggar Maintenant, voici les détails que tu m’as demandés : sur sa vie, d’abord. Les gens d’entre les Touaregs-Hoggar l’aimaient très profondément durant sa vie, et maintenant encore ils aiment sa tombe comme s’il était vivant. Ainsi, les femmes, les enfants, les pauvres, quiconque passe près de sa tombe, la salue, disant : “Que Dieu élève le rang du marabout en Paradis, car il nous a fait du bien durant sa vie !” Aussi tous les gens du Hoggar honorent sa tombe comme s’il était vivant, vraiment oui, tout autant. Ensuite, tu me demandes ce qui s’est passé, quand il a assisté à la maladie de ma mère, c’est-à-dire de ma tante (Tîhit), sœur de mon père, lors de la maladie dont elle mourut. Voici : il lui rendit visite en compagnie du médecin qui lui dit, en français, s’apercevoir qu’elle allait mourir. Alors le marabout Charles lui dit en tamacheq “oksâd massinîn” (crains Dieu !) puis il la quitta. Elle mourut le lendemain. Nous portâmes le corps jusqu’à la tombe, et il était avec nous ; tandis que nous priions pour elle, il était debout, la couleur [du visage] altérée, à cause de sa mort. Il ne fit pas la prière pour elle avec nous. Quand nous la plaçâmes dans sa tombe, il se tint debout sur le bord, l’enterra avec nous, et nous dit : “Dieu augmente votre consolation au sujet de Tîhit ! Qu’il lui donne le Paradis, en sa tombe !”. Un jour d’entre les jours, un an avant sa mort, elle était venue le voir en sa cellule, et l’avait trouvé priant ; elle se tint immobile derrière lui, attendant qu’il eût fini sa prière, puis elle lui dit : “Moi aussi, je prie Dieu, à l’heure où tu fais ta prière”. Quant à la renommée du marabout, elle est toujours vivante au Hoggar, et les gens 33 à qui, comme à nous, il fit du bien, c’est-àdire tous les gens du Hoggar, honorent sa tombe comme s’il était vivant. Telles sont les informations que tu m’as demandées, données sans faute. Je remets pour toi cette lettre au capitaine Depommier, le commandant en chef de chez nous. “Que Dieu te bénisse en ta vie ! Puisses-tu vivre en bonne santé ! Salut !” (Cachet de) MOUSSA AG AMASTANE La réponse est claire : j’avais eu raison d’écrire. L’incident aura même servi, plus que je ne l’espérais, la mémoire du Père de Foucauld. Elle amena, en effet, le thaleb de Moussa, Ba-Hammou, celui-là même qui a travaillé dix ans avec le Père de Foucauld, à faire de bien intéressantes déclarations qu’un témoin m’a transmises en même temps que la lettre. Les voici : “Nous savons parfaitement que le marabout ne pouvait nous dire de prononcer la chahada (la formule de la prière musulmane), il n’y a aucun doute pour nous à ce sujet. Cela était incompatible avec ses fonctions de prêtre catholique, nous le savons tous. Un fait, que personne n’ignore ici, le prouve. Le Père de Foucauld recevait continuellement les pauvres, les vieillards, les malades, les femmes, les enfants et de nombreux Touaregs qui venaient le visiter, et lui demander aide ou conseil. Au début de son installation, il arrivait que certains de ses visiteurs, sortant de chez lui aux heures de la prière musulmane, s’arrêtaient près de l’ermitage pour prier. Le Père de Foucauld les invitait aimablement à s’éloigner de l’ermitage, en leur disant qu’ils devaient comprendre qu’il désirait ne pas les voir prier près de chez lui, comme eux-mêmes ne pouvaient désirer le voir prier près d’une mosquée… Il disait ces choses en termes tellement aimables et bons, que, très peu de temps après, aucun de nous ne les ignorait, et ne se serait permis d’enfreindre ses désirs”. Le témoin, particulièrement bien informé, qui me rapportait ces souvenirs du thaleb, ajoutait cette réflexion personnelle : “Si l’on veut bien dépouiller de toute question de forme les relations qu’avait le Père de Foucauld avec les Touaregs, il est absurde et mensonger de dire qu’il ait jamais rien fait ou rien dit qui ne visât à l’évangélisation, qu’en fin de compte, il poursuivait” » (15). Le danger musulman pour l’Europe d’après le Père de Foucauld Cette lettre de Charles de Foucauld est célèbre ; il l’écrivit à René Bazin, membre de l’Académie française et président de la “Corporation des publicistes chrétiens”, devenu ensuite son premier biographe (amplement cité dans cet article). Elle fut publiée dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5, octobre 1917. René Bazin la cite en partie dans son livre (16). « Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l’Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie ; une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française sans avoir l’esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l’étiquette pour pouvoir, par elle, influencer les masses ; d’autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu’elle a avec les Français (représentants de l’autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d’elle. Le sentiment national ou barbaresque s’exaltera donc dans l’élite instruite ; quand elle en trouvera l’occasion, par exemple lors de difficultés de la France audedans ou au-dehors, elle se servira de l’Islam comme d’un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant. L’empire nord-ouest africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique occidentale française, etc., a trente millions d’habitants ; il en aura, grâce à la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d’habitants rompus au maniement de nos armes, dont l’élite aura reçu l’instruction de nos écoles. Si nous n’avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu’ils deviennent Français est qu’ils deviennent chrétiens. Il ne s’agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne 34 éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, œuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime. Des musulmans peuvent-ils être vraiment Français ? Exceptionnellement, oui. D’une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s’y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l’un, celui du medhi, [leur messie, n.d.r.] il n’y en a pas : tout musulman, (je ne parle pas des libres-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu’à l’approche du jugement dernier le medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l’Islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l’Islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s’il est soumis à une nation non musulmane, c’est une épreuve passagère ; sa foi l’assure qu’il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l’engage à subir avec calme son épreuCarte du Sahara avec les endroits où vécut le Père de Foucauld ve ; “l’oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s’il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération”, disent-ils ; ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu’aux Allemands, parce qu’ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger ; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d’honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIème et XVIIème siècles mais, d’une façon générale, sauf exception, tant qu’ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du medhi, en lequel ils soumettront la France. De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d’un peuple étranger qu’on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ? Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d’apostasie, un renoncement à la foi du medhi... ». Synthèse de la pensée et du comportement du Père de Foucauld Foucauld fut ermite au Sahara et missionnaire en terre d’Islam, parmi les Touaregs, et connut donc très bien la religion musulmane et la mentalité de ces peuples ; il pouvait donc donner des conseils, en connaissance de cause, sur le comportement que le catholique doit avoir vis-à-vis de l’Islam. À partir de ce que nous avons lu de la pensée de Charles de Foucauld, il me semble que l’on peut retenir les points suivants : 1- Foucauld désirait profondément la conversion des Arabes au Catholicisme, et il avait été chez eux pour préparer le terrain aux futurs missionnaires. Son apostolat était le plus souvent celui de la présence qui rendait témoignage à la grandeur du christianisme, puisqu’il était le premier prêtre catholique avec qui les Touaregs entraient en contact. 2- Il estimait que la conversion des musulmans était possible. Il y avait des exemples dans l’histoire et dans les commu- 35 qu’un jour, tôt ou tard, ils nous domineront de toute façon. 7- Foucauld ne priait pas “avec” et à la manière des musulmans ; il maintenait les distances requises et n’encourageait pas le moins du monde le syncrétisme religieux, mais il travaillait toujours pour l’évangélisation des musulmans qui le comprenaient, et, en conséquence, l’aimaient et le respectaient. Conclusion et exhortation La tombe de Charles de Foucauld dans le désert du Sahara nautés kabyles évangélisées par les Spiritains. Le gros problème était d’assurer la persévérance des convertis s’ils vivaient en terre d’Islam. 3- La responsabilité des gouvernants des nations européennes qui n’ont pas encouragé et travaillé pour la conversion des musulmans dans les colonies françaises était grave et l’est encore. Le progrès matériel, culturel et technologique que la France apportait à ces peuples n’aurait pas suffi à en faire des “Français”, il faut au contraire que le musulman perçoive la supériorité religieuse, qui est l’essentielle, des nations catholiques : ce n’est que de cette manière qu’il pourra vraiment être “apprivoisé et assimilé”. Il faut que l’annexion matérielle soit suivie de l’annexion spirituelle. 4- Il ne faut pas encourager l’étude de la langue arabe [les Touaregs parlent une autre langue] parce que cela rapproche ces peuples du Coran, alors qu’ils doivent au contraire en être éloignés, puisque les raisons de la non assimilation et de la non conversion des musulmans se trouvent précisément dans le Coran. 5- L’athéisme d’État et l’indifférence à l’égard de toutes les religions (pratiqué aujourd’hui par presque tous les états européens qui se proclament “laïcs”) ne favorise pas la conversion des musulmans mais y fait obstacle puisque ceux-ci méprisent (à juste titre) l’homme non religeux et se croient supérieurs à lui. En revanche, la religiosité et sa pratique catholique animée par la charité, méritent le respect et l’admiration de ces peuples. 6- La foi musulmane en leur “messie” (medhi) est un grave obstacle à la conversion et à l’insertion dans le tissu social de nos nations de ceux-ci, puisqu’ils croient Le problème des rapports entre christianisme et Islam est toujours plus actuel, et ne concerne pas seulement les nations de l’Afrique du Nord comme au temps de Charles de Foucauld, mais a traversé la Méditerranée et se présente impérieusement chez nous en Italie, en France, en Allemagne et dans toute l’Europe (17). Les mots prophétiques de Foucauld dans sa lettre à René Bazin: “Si nous n’avons pas su faire de ces peuples des Français, ils nous chasseront” semblent malheureusement se vérifier toujours plus sous nos yeux. Il est vrai en outre que le problème de la cohabitation avec l’Islam naît avec la naissance même de l’Islam puisque quand Mahomet était encore en vie déjà ses bandes de “fidèles” avaient commencé la guerre sainte pour conquérir des peuples et des territoires à la nouvelle religion. En peu de temps, les mahométans s’emparèrent des côtes de l’Afrique du Nord, conquérant des chrétientés florissantes (précisément les territoires où le Père de Foucauld était allé vivre en ermite), et des côtes du Moyen Orient, puis ils pénétrèrent en Espagne imposant à l’Europe une guerre défensive qui dura presque mille ans. Poitiers en 732, Lépante en 1571, le siège de Vienne en 1683, sont des dates de l’histoire qui nous rappellent cette attaque de la “forteresse” européenne (18). Nous devons être conscients que l’attaque de l’Europe par des disciples de Mahomet continue aujourd’hui encore, même si cela s’accomplit avec des armes différentes, non moins dangereuses, comme se poursuivent de la part de l’Islam les persécutions contre les chrétiens dans plusieurs régions du monde ; et tout ceci se produit avec l’encouragement occulte des puissances et des “pouvoirs forts” qui pour protéger leurs intérêts économiques et de domination mondiale ali- 36 mentent le soi-disant “choc des civilisations”. En confirmation de ce dessein de conquête de la part de l’Islam, on peut citer les mots du président algérien Houari Boumédiène à New York à l’ONU en 1974 : “Un jour, des millions d’hommes abandonneront le Sud du monde pour faire irruption dans les espaces relativement accessibles de l’hémisphère Nord à la recherche de leur survie. Et ces millions d’êtres humains ne viendront pas en amis. Il n’y aura pas besoin de combattre, ce seront les ventres de nos femmes qui nous donneront la victoire” ; paroles à compléter par celles du cheik Omar Bakri, qui vit en Angleterre : “grâce à vos lois démocratiques nous vous envahirons, grâce à nos lois religieuses nous vous dominerons” (19). Pour le moins inquiétante est la complète cécité politique de ceux qui détiennent les postes de gouvernement en Europe, qui favorisent sans discrimination cette immigration scélérate sans rien faire pour l’endiguer ; mais on sait qu’ils obéissent probablement à des ordres et des plans maçonniques venant d’en haut. Ces desseins maçonniques mondialistes tendent à la réalisation de la société multiethnique et multi-religieuse faisant des peuples européens des déracinés et des apostats, et pour ce faire se servent des peuples islamiques comme d’un bélier. Ainsi se réalisera le péril mahométan dont Charles de Foucauld parlait déjà il y a près de cent ans ; il suffit de changer les mots “ils nous chasseront” par “ils nous envahiront” ; ce qui pourrait être aussi, dans les desseins de Dieu, un grave châtiment réservé à l’Europe pour avoir manqué à sa mission d’évangélisation des peuples islamiques du nord de l’Afrique. La possibilité de “l’entrée dans l’Europe” de la Turquie dans les années à venir constitue une nouvelle inquiétante qui mériterait un discours à part, mais cela nous conduirait hors des limites et du sujet de cet article. Face au danger de l’invasion mahométane, en l’absence de solutions politiques concrètes, la solution ne se trouve que dans la croix de Jésus-Christ et dans la prière pour leur conversion au catholicisme. Pour ne pas devenir musulmane l’Europe doit redevenir sincèrement chrétienne, redécouvrir ses valeurs, se souvenir de son histoire, croire en Jésus-Christ. Il faut absolument éviter la “culture du néant”, le laïcisme et l’indifférentisme d’État qui s’opposent par tous les moyens à l’Église et, ce faisant, minent les fondements de la civilisation occidentale en préparant sa ruine. Un catholicisme vraiment vécu, la conscience de la vérité possédée sont la défense la plus efficace que les peuples européens ont face à cette agression de l’Islam. Nous devons recourir à l’Immaculée, la très sainte Vierge Marie, qui a vaincu toutes les hérésies, pour qu’elle nous aide et nous protège. Nous pouvons le faire avec ces deux prières : « Ô Dieu éternel et toutpuissant, aux mains de qui sont le pouvoir et les droits de toutes les nations du monde, nous vous supplions ; venez à notre aide et par l’intercession de la Vierge Marie libérez notre patrie et l’Europe de cette nouvelle et sournoise invasion de païens, qui menace la Chrétienté. Nous vous le demandons par Jésus-Christ votre Fils, Notre-Seigneur. Ainsi soit-il » (20). Prière à Notre-Dame d’Afrique: « Ô Cœur Saint et Immaculé de Marie, si plein de miséricorde, soyez touché de l’aveuglement et de la profonde misère des Musulmans. Vous, la Mère de Dieu fait homme, obtenez-leur la connaissance de notre Sainte Religion, la grâce de l’embrasser et de la pratiquer fidèlement, afin que, par votre puissante intercession, nous soyons tous ré- L'ermitage fortifié de Tamanrasset (à droite) construit et habité par Charles de Foucauld jusqu'à sa mort en 1916 37 unis dans la même foi, la même espérance et le même amour de votre divin Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a été crucifié et qui est mort pour le salut de tous les hommes, et qui, ressuscité plein de gloire, règne en l’unité du Père et du Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Ô Notre-Dame d’Afrique, priez pour nous et pour les Musulmans » (21). 2005 : l'Islam dans l'Église... RENÉ BAZIN, Charles de Foucauld Explorateur du Maroc, ermite au Sahara, Nouvelle Cité, Montrouge 2005. ALESSANDRO PRONZATO, Il seme nel deserto Charles de Foucauld, Gribaudi, Milan 2005. DENISE ET ROBERT BARRAT, Charles de Foucauld et la fraternité, éditions du Seuil, Bourges 1961. Notes 1) L’Institut Mater Boni Consilii et sa revue Sodalitium suivent la position théologique de Mgr Guérard des Lauriers, dite “Thèse de Cassiciacum” qui considère que le siège apostolique est formellement vacant au moins depuis le 7/12/1965, et par conséquent que les canonisations et les béatifications intervenues depuis lors sont nulles puisque promulguées par un sujet qui n’a pas l’Autorité dans l’Église. 2) Article de Pier Giuseppe Accornero sur l’Eco di Bergamo du 13 novembre 2005. 3) ALESSANDRO PRONZATO, Il seme nel deserto Charles de Foucauld, Gribaudi Milan 2005, Vol. II p. 105. 4) Cette chronologie est tirée du site: http://www.charlesdefoucauld.org 5) RENÉ BAZIN, Charles de Foucauld explorateur du Maroc, ermite au Sahara, Nouvelle Cité, Montrouge 2005, p. 243. Benoît XVI saluant une délégation de Touaregs à Saint-Pierre après la cérémonie de béatification de Charles de Foucauld (La Stampa 14 /11/2005). « Pour dire adieu à Matteo Croce, président piémontais de la communauté religieuse islamique italienne, et à sa fille Layla, 7 ans, morts dans un accident de la route, hier matin l'église de l'hôpital St-André de Vercelli s'est ouverte à un double rite, chrétien et musulman. Mgr Giuseppe Cavallone a célébré l'office : “l'église doit être proche des hommes et être près d'eux à chaque événement de leur vie”, a-t-il dit, citant St Paul et le Concile Vatican II. Ensuite, le président milanais de la communauté religieuse islamique, Abd Al Waid Pallavicini a pris la parole. S'en est suivie la “prière des défunts”, à laquelle la délégation islamique a invité tout le monde à participer ». (La Stampa 20 /10/2005). Ces cérémonies interreligieuses ne peuvent exister que depuis le Concile Vatican II, avant elles étaient formellement interdites et condamnées. Rappelons en outre que le dénommé Pallavicini est un guénonien notoire, apostat du catholicisme, et qu'il fut officiellement invité à participer à la première réunion œcuménique d'Assise en 1986. Christianisme et Islam aujourd'hui Bibliographie 38 6) Cette longue citation, tirée du livre de René Bazin, même si elle n’est pas un texte écrit par Charles de Foucauld rapporte fidèlement sa pensée et celle des catholiques qui comme lui avaient travaillé en terre d’Afrique à la conversion et à la civilisation de l’Algérie et du Maroc. La seule remarque que l’on puisse faire est celle d’une vision un peu trop idéalisée de la France comme phare de la civilisation et puissance catholique quand, hélas, déjà à cette époque, surtout depuis la Révolution, elle avait perdu beaucoup de son rôle et était gouvernée par des hommes qui faisaient tout pour estomper et entraver sa mission, comme précisément l’auteur cité le fait remarquer lui aussi. 7) Roumis est le nom par lequel les Arabes appellent généralement les chrétiens. 8) Ce que l’auteur, qui écrivait en 1925, considérait “absolument improbable” est devenu malheureusement la triste réalité de nos jours après le Concile Vatican II et la crise dans l’Église et dans la société qui s’en est suivie, et ce, non seulement pour la France mais pour toutes les nations européennes autrefois catholiques. On comprend que cette apostasie s’est produite non à un niveau individuel mais pour les nations et leurs institutions. La dispute au sein de l’Europe qui a conduit au refus des “racines chrétiennes” par la nouvelle constitution européenne est révélatrice de cet état d’esprit ; notons que l’un des opposants les plus chevronnés de ce projet a été le président français Jacques Chirac. 9) Le mufti est le théoricien et l’interprète du droit canonique musulman, remplissant des fonctions à la fois religieuses, judiciaires et civiles. L’école hanéfite représente la position la plus avancée dans le domaine juridique musulman, puisqu’elle prône le recours au raisonnement analogique. 10) Je mets ici en note un intéressant passage, toujours rapporté par Bazin, d’un chercheur hollandais qui compare les musulmans modérés à nos modernistes pour démontrer comment le jihad, ou guerre sainte, est inhérente à l’islamisme : “Un des hommes qui font autorité en ces questions, le Hollandais Snouck Hurgronje, disait en 1911, dans une de ses célèbres conférences à l’Académie des administrateurs pour les Indes néerlandaises : « D’après la lettre et l’esprit de la loi sacrée [des musulmans], c’est dans les mesures violentes qu’il faut chercher le moyen par excellence de propager la foi. Cette foi considère tous les non-croyants comme des ennemis d’Allah. Un petit groupe de mahométans se montre actuellement, il est vrai, partisan de l’adaptation de l’Islam aux conceptions modernes, mais ils représentent aussi peu la religion dont ils sont les adeptes par naissance, que les modernistes celle de l’Église catholique. On ne trouve pas de divergences, à ce sujet, entre les savants légistes des différentes écoles, aux époques successives ». 11) RENÉ BAZIN, op. cit. pp. 279-286. 12) RENÉ BAZIN, op. cit. pp. 286-288. 13) RENÉ BAZIN, op. cit. p. 322. 14) RENÉ BAZIN, op. cit. pp. 289-290. 15) RENÉ BAZIN, op. cit. pp. 436-439. 16) RENÉ BAZIN, op. cit. pp. 477-478. 17) Sur les origines de l’Islam et sur ses rapports avec le christianisme, on peut lire le très bon article de l’abbé Nitoglia “Islam et judaïsme” in Sodalitium n° 40 p. 4. 18) Ici le mot Europe est à prendre dans son sens de “Chrétienté”, c’est-à-dire communauté de peuples différents par leurs origines et leur culture mais qui professent la même foi en Jésus-Christ et sont soumis aux mêmes pasteurs. 19) Cité par la Padania du 1er décembre 2004, p. 9. 20) Cette prière a été composée récemment par un curé piémontais. 21) Prière composée par Mgr Pavy, second évêque d’Alger, en 1858. Vie Spirituelle Sermon de Monseigneur Geert Stuyver à l’occasion des ordinations sacerdotales du 5 novembre 2005 à Verrua Savoia “Magnificat anima mea Dominum” : Mon âme exalte le Seigneur. P ar ces paroles, mes chers amis, je m’adresse à vous pour exprimer ma grande joie à l’occasion de cette ordination à la prêtrise de deux diacres. Cet événement heureux et encourageant n’aurait pas eu lieu si on n’avait pas pu fêter cette année le 20ème anniversaire de l’Institut Mater Boni Consilii. En effet, dès sa fondation, l’Institut Mater Boni Consilii a comme finalité primaire l’offrande quotidienne sur les autels de “l’oblatio munda”, c’est-à-dire du Saint Sacrifice, de la Sainte Messe qui est vierge de toute allégeance à Benoît XVI (hier JeanPaul II) afin qu’il ne soit pas profané ni souillé. Il me semble que l’ouverture du séminaire Saint Pierre Martyr pour les candidats au sacerdoce était une conséquence logique de cette finalité primaire. Soyons reconnaissants aux fondateurs de l’Institut (et n’oublions pas Mgr Guérard des Lauriers) d’avoir eu la foi, le courage et la persévérance de continuer ce séminaire. Aujourd’hui, Dieu soit loué, nous voyons le fruit de cette œuvre : l’ordination de deux prêtres. Bien sûr, c’est le petit nombre par rapport au nombre des candidats les jours d’ordination dans les diocèses d’autrefois. Mais Dieu ne compte pas les nombres, Il regarde l’intensité de notre Foi, de notre Espérance et de notre Charité. “Sacerdos alter Christus” Par l’imposition des mains et la préface consécrative, les paroles de l’ange adres- 39 sées à la Vierge Marie se réalisent à nouveau : “l’Esprit-Saint viendra sur vous et la puissance du Très-Haut vous couvrira de son ombre” (1). Tout à l’heure, le Saint-Esprit enveloppera les deux élus et opèrera entre le Christ et eux une éternelle ressemblance. Après cette cérémonie, ils seront des hommes transformés : “Tu es prêtre à jamais, selon l’ordre de Melchisédech” (2). Cette ressemblance au Christ est produite dans l’âme du prêtre par le caractère sacerdotal. Ce caractère marque l’âme de l’empreinte ineffaçable de Jésus, Pontife suprême : il demeurera en lui pour l’éternité. Ce caractère consacre le prêtre au Christ en qualité de ministre. Il lui donne un pouvoir surnaturel. Le Christ le revêt de son pouvoir. Jésus opère efficacement par le ministère du prêtre. Vous avez certainement remarqué que pendant la Sainte Messe le prêtre ne dit pas : “Ceci est le Corps... est le Sang du Christ”, mais qu’il dit : “Ceci est mon Corps... ceci est mon Sang...”. Pourquoi ose-t-il dire cela ? En raison de son identification avec le Christ, le Pontife éternel. Au confessionnal il dit : “Ego te absolvo : Je vous absous”. Il ne fait pas appel à Dieu, il commande : “Ego, Je vous absous”. L’Église, en mettant sur les lèvres du prêtre cette formule sacrée, sait qu’il est un avec “le Christ qui opère avec lui et par lui”. Le prêtre est l’intermédiaire sacré entre la terre et le ciel. “Car tout pontife pris d’entre les hommes est établi pour les hommes en ce qui regarde Dieu” (3). Il est chargé des dons sacrés. Au Père, il offre Jésus immolé sacramentellement ; aux hommes, il fait part des fruits de la Rédemption, c’est-à-dire qu’il leur apporte les grâces et le pardon divins. Bien sûr, Jésus Lui-même sanctifie les âmes des élus, mais Il le fait par l’intermédiaire de ses prêtres. Du berceau au lit de mort, on trouve le prêtre qui tient la place du Christ. Il est là comme dispensateur autorisé des trésors et des miséricordes de Dieu. “Sacerdos alter Christus”, “le prêtre est un autre Christ”, dit l’adage. Il est le reflet parmi les hommes du sacerdoce du Fils. Icibas : rien au-dessus de l’excellence du sacerdoce. Faisons-nous donc une très haute idée de la dignité sacerdotale. Un jour d’ordination, saint François de Sales s’apercevait qu’à la porte de l’église un nouvel ordonné s’arrêtait comme s’il disputait avec quelqu’un d’in- visible à qui passerait le premier. Le jeune prêtre avouait qu’il avait le bonheur de voir son ange gardien. “Maintenant, disait-il, il ne veut plus passer avant moi”. “Innova in visceribus eorum spiritum sanctitatis” Chers ordinands, de cette dignité résulte pour vous une grave obligation de tendre vers la perfection. Vous devez vous convaincre de la réelle sainteté à laquelle vous êtes appelés. Le saint Pape Pie X, dans son exhortation au clergé catholique, dit qu’entre le prêtre et un honnête homme quelconque, il doit y avoir autant de différence qu’entre le ciel et la terre ; et pour cette raison, le prêtre doit prendre garde que sa vertu soit exempte de tout reproche, non seulement en matière grave, mais encore en matière légère. Votre devoir de tendre à la sainteté est une exigence de votre pouvoir sur le Corps et le Sang du Fils de Dieu. Vous serez les intimes de Jésus, les ministres de son sacrifice. Pensez-y souvent. Vous aurez la fonction de dispensateurs de la grâce. À ce titre, ne devezvous pas vous-même, les premiers, être sanctifiés par elle ? Et enfin, les fidèles attendent de vous une leçon d’exemple. Si le prêtre prêche aux autres la loi du Christ, peut-il par sa conduite démentir la vérité qu’il enseigne ? N’oubliez jamais que vous ne cessez pas d’être prêtres en descendant de l’autel. Vous le serez partout et toujours. Comme Jésus, vivez l’esprit tourné vers les intérêts de Dieu. Ne perdez pas courage. Le poids de tant de gloire, de tant de grâces et de tant de responsabilité ne vous accablera pas, car le caractère sacerdotal est aussi un foyer d’où jaillit une grâce surabondante, force et lumière. “Dieu est assez puissant pour augmenter sa grâce en toi”. Et Saint Paul dit : “J’ai confiance que Celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la perfectionnera” (4). Mes chers ordinands, Jésus est prêtre en raison de l’union hypostatique. Sa conception dans le sein virginal de Marie était son ordination. Sur le Cœur Immaculé de la Vierge Marie est fondé le sacerdoce catholique. Alors, il est tout à fait naturel que le prêtre se consacre au Cœur Immaculé de Marie. La Vierge Marie est la “domus aurea”, est la “maison d’or” du prêtre, elle est la mère du prêtre. “Dans les périls, les angoisses, les doutes, pense à Marie, invoque Marie” (St Bernard). Je termine avec un souhait tiré du pontifical : “que la bonne odeur de vos vertus réjouisse l’Église de Jésus-Christ; que votre prédication et votre exemple édifient la maison de Dieu, c’est-à-dire ses enfants, si bien que pour avoir conféré ou reçu la charge d’un tel ministère, Dieu ne nous punisse pas mais nous récompense plutôt”. Que la Mère du Bon Conseil vous conseille et vous protège. Notes Mgr Stuyver prêchant lors des ordinations du 5 novembre LA MORT, DÉBUT DE LA VIE ÉTERNELLE par M. l’abbé Curzio Nitoglia N ovembre, mois des Morts. Tout être vivant doit mourir et se transformer en un autre être vivant. Il faut mourir pour renaître à une vie meilleure. Notre existence terrestre est un voyage vers l’éternité et pour trouver la vie éternelle il nous faut passer par la mort. Notre vie est donc une procession vers le cimetière, mais ce, en vue de la véritable vie. Cimetière signifie, en effet, ‘lieu où l’on dort’ et non lieu où l’on meurt. Le monde actuel ne veut pas entendre parler de mort, de souffrance : et pourtant on ne peut pas les ôter de cette vie terrestre. Mais s’il n’est pas possible de les éviter, il est possible de les connaître, de les méditer et de les vivre en vue de les surmonter, en Dieu. Nos épreuves et nos souffrances (y compris l’ultime et dernière : la mort), sont comparables aux blessures qu’un valeureux guerrier a reçu dans la bataille ; cicatrisées dans l’Esprit Saint, elles deviennent source de sagesse et de vie. L’important est de pénétrer au plus profond de notre âme (par la méditation et l’examen de conscience) pour comprendre la valeur de la souffrance et trouver en elle force et lumière pour accomplir notre voya- 1) Luc I, 35. 2) Psaume 109, 4. 3) Hébreux V, 1. 4) Philippiens I, 6. Il faut mourir pour renaître à une vie meilleure ge (sur cette terre) vers la Patrie (le Ciel). Durant ce voyage nos ennemis (le diable, le monde et les concupiscences) tentent de nous opposer des obstacles, de nous arrêter, nous ôtant l’espoir d’arriver au terme (la mort et la résurrection à la vie éternelle). Pour nous empêcher d’avancer, de changer de vie, ils utilisent la tactique de l’accusation, du chantage. Le diable (l’ennemi, l’accusateur, le calomniateur) et ses suppôts (les mondains) se servent des trois concupiscences pour nous river à eux, afin que nous ne puissions plus avancer vers Dieu. Le diable qui a péché et surtout a voulu continuer à pécher, avec obstination, sans vouloir réparer, changer, retourner à Dieu, voudrait nous faire croire que nous sommes, comme lui, définitivement fixés dans le mal (sine ulla spe...) et - comme les pharisiens et les scribes - il s’érige en juge suprême alors que c’est lui qui est jugé. Jésus, lui, est exactement l’opposé du diable. Il est l’avocat, le défenseur, il encourage à changer de vie et s’il y a douleur, repentir et volonté de se convertir - et d’en prendre … les moyens - il est celui qui pardonne : le Sauveur. Nous ne devons donc pas suivre les conseils du diable qui nous accable de reproches et nous fait chanter pour arrêter notre voyage vers Dieu ; il faut écouter Jésus qui nous in- 41 vite à la pénitence, au changement de vie et à la résurrection. Ce n’est pas d’où nous venons qui importe (nous sommes tous nés avec le péché originel), c’est l’intensité de notre désir de changement. Dieu nous aidera à nous convertir - jour après jour - à abandonner le mal et à faire le bien, pour arriver le jour de notre mort, purs et prêts devant Lui, Dieu que nous avons cherché tout au cours du voyage de la vie. Si nous demeurons unis à Dieu, dans sa grâce, ayant quitté le mal, rien ne pourra nous nuire et empêcher qu’après la mort, nous Le voyons face à face, Lui notre Créateur et notre Rédempteur. Et qui plus est, dans ces conditions, même l’ennemi et les ‘ennemis’, ses suppôts ou mondains, non seulement ne peuvent nous nuire en rien, mais ils nous aident à obtenir la protection et la bénédiction divine, laquelle sait de tout mal tirer un bien supérieur. Le diable (et ses suppôts) ne peut plus s’unir à Dieu parce qu’il a été (et il continue à être) victime d’un délire de toute puissance (‘Non serviam’, ‘Eritis sicut dii’), délire qui ne lui permet pas de voir son mal et sa volonté perverse. L’ennemi investit tout dans lui-même, il voudrait nous posséder et nous rendre esclaves comme lui. Malheureusement, l’homme peut mal réagir face au serpent accusateur, il peut réagir en se rendant esclave, en se laissant écraser, entraîner vers le péché. Comme celui qui recherche dans la vie la tranquillité. Il se tait de peur de souffrir, il ne lutte pas, il ne prend pas position (avec le Christ et contre satan), il suit une idole (une créature à la place du Créateur) qui peut être un homme mauvais sous l’apparence d’un ‘ange de lumière’, il veut en dépendre, il en devient esclave, il investit tout sur l’autre (et non sur Dieu) avec l’illusion de trouver ainsi une sécurité qui n’est en fait qu’apparente, et cache au contraire une inquiétude et une crainte réelle. La juste réponse à satan (et aux hommes mauvais qui agissent selon satan) est de s’abandonner avec confiance entre les mains de Jésus, après s’être repenti du mal fait et pris la ferme décision (les moyens concrets) de ne plus le commettre, sûrs de l’amour miséricordieux et infini de Dieu pour tout pécheur qui se repentit. Se repentir est la ‘conditio sine qua non’ pour entrer en communion avec Dieu, sur terre avec la grâce sanctifiante, puis parfaitement et au Ciel seulement, avec la vision béatifique. Celui qui ne veut pas se repentir, changer, réparer est semblable au pharisien auquel Jésus a dit que ‘les publicains et les femmes de mauvaise vie le précèderont dans le Royaume de Dieu’ car le pharisien sait tout mais ne veut pas changer lui-même. Aussi Dieu ne pourra-t-il jamais lui pardonner, vu son impénitence obstinée : ‘Mes enfants, ne péchez pas ; mais si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père: c’est JésusChrist’ (St Jean) ; de même que nous avons un ‘accusateur’ : c’est le diable (et les ‘mauvais’), celui qui n’a pas voulu réparer et se corriger. Il voudrait maintenant nous empêcher nous aussi de nous convertir, par l’accusation et le chantage. ‘Cui resistite fortes in fide’ (St Pierre). Aussi, loin de nier la souffrance, la mort, la misère humaine (qui nous est co-naturelle), il faut l’examiner, la traverser, l’abandonner et en sortir vainqueur, transformé par la Miséricorde toute puissante et auxiliaire de Dieu. La vie est un voyage ‘héroïque’, une aventure (comme celle de Dante ou de Tolkien), où l’on se transforme, où chacun est susceptible de rédemption sauf celui qui ne veut pas être racheté, ne veut pas se corriger, mais voudrait incriminer les autres, ceux qui s’efforcent de sortir de la ‘forêt sauvage, rude et difficile’, des misères et des souffrances humaines, au moyen d’une bonne volonté soutenue par la grâce divine. Le ‘Malin’ et les ‘malins’ voudraient nous convaincre que nous sommes maudits, sans espoir, marqués intrinsèquement et définitivement ‘mauvais’. Mais il n’en est pas ainsi. Lui est définitivement mauvais, justement parce qu’il ne veut pas changer, rendre à Dieu et au prochain ce qui leur appartient respectivement. Nous devons donc examiner les profondeurs de notre conscience. Ne pas cacher les côtés obscurs qui s’abritent en chacun de nous: le ‘vieil homme’ à convertir et non à voiler, nier, cacher ou feindre de détruire. En tout homme il y a l’orgueil, l’attachement aux biens terrestres et la sensualité. Nous ne devons pas les accepter, les laisser passer à l’acte. Ni les nier, réprimer, vouloir détruire. Mais après en avoir pris conscience, il faut se convertir: laisser les créatures ou en user seulement comme moyens, nous unir au Créateur, notre fin ultime. Confessons nos infirmités, 42 mais qu’elles ne nous bloquent pas, passons outre, marchons vers Dieu. Le diable ‘envieux et homicide’ voudrait nous anéantir, nous rendre esclaves des passions - pour toujours - comme lui. Il utilise la calomnie, la médisance, les commérages, les reproches, le chantage. Il est ‘envieux’ et ne supporte pas que nous puissions nous libérer du mal, aussi en arrive-til à nous haïr et à nous vouloir damnés, fixés pour toujours dans le mal; ou bien il cherche à nous convaincre - par la tentation - que nous le sommes. En réalité il n’en est pas ainsi. Nous devons lui répondre: ‘vade retro satana. Sunt mala quæ libas, ipse venena bibas’! Quant à nous, efforçons-nous, avec l’aide de Dieu, de transformer en bien le mal potentiel qui se trouve en nous. Efforçons-nous de nous convertir du mal au bien et ne craignons pas le démon et les calomnies qu’il continuera à vomir de sa bouche infernale. Prière, méditation, travail sont les moyens de transformation. ‘Quand je suis faible et reconnais mon infirmité, c’est alors que je suis fort, car Dieu vient à mon aide’ (St Paul). Ce que Dieu attend de nous, c’est la reconnaissance de notre misère, afin d’user envers nous de Miséricorde. En effet, ‘sans misère il ne pourrait y avoir de Miséricorde’ (GarrigouLagrange), à condition - cependant - que nous reconnaissions nos infirmités et voulions en être libérés par Dieu, avec notre coopération. ‘Dieu, ayant vu le néant de sa servante (la T. Sainte Vierge Marie), a fait en elle de grandes choses’ (Magnificat). ‘Il faut mourir à soi-même pour renaître à une nouvelle vie’ (Évangile). ‘Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons nous-mêmes. Si au contraire, nous le reconnaissons et le confessons, Dieu nous purifiera de toutes nos fautes (St Jean). La fin, le but de la mort est donc une véritable vie. Qui nie cette vraie vie ne vit pas dans la réalité. La mort n’est pas la fin de la vie, mais le commencement. La mort du juste Recensions Modernisme et antimodernisme. Histoire ou actualité ? U ne revue comme la nôtre se réclamant du principal mouvement antimoderniste du siècle dernier, le Sodalitium pianum, et née pour combattre le néomodernisme triomphant de Vatican II, ne peut ignorer aucune contribution à l’histoire de ces temps qui pèsent encore sur notre époque. C’est ainsi que nous avons lu pour vous une œuvre collective - Don Orione negli anni del modernismo [Don Orione dans les années du modernisme] - qui traite d’un sujet apparemment, mais apparemment seulement, en marge de l’histoire de ce qui a été défini comme “la somme de toutes les hérésies”, autrement dit du modernisme. Évidemment Lanza et Peloso, prêtres et historiens de la congrégation de don Orione, sont intéressés par l’histoire de leur saint fondateur, mais le but du livre - édité par Jaca Book (Communion et Libération) - est de jeter un pont entre modernisme et antimodernisme, entre hérésie et orthodoxie. Don Orione, ami sincère de saint Pie X et du Cardinal Merry del Val, et dans le même temps en relation avec les chefs du modernisme italien, semble bénir depuis le Ciel l’entreprise impossible du sénateur Andreotti (directeur de 30 Jours): promouvoir la réhabilitation de Buonaiuti et d’un certain modernisme, entreprise explicitement réévoquée par l’un des auteurs, Padre Peloso, et considérée comme possible après la “purification de la mémoire” entreprise par Jean-Paul II (pp. 264-265). Si Buonaiuti avait su attendre comme l’a dit le “bienheureux” Jean XXIII ses “meilleures” aspirations auraient été réalisées par son vieux condisciple (ce même Jean XXIII) sans la rupture traumatique avec la communion ecclésiastique. Si tel est le but du livre - comme je le pense - a-t-il été atteint? À mon avis, non. Et ce, pas tellement à cause de la figure de don Orione dont la doctrine intransigeante et la charité ouverte aux plus éloignés sont l’objet d’un portrait fidèle… Don Orione était en effet l’ami de modernistes (Père Semeria, Gallarati Scotti, don Brizio Casciola, 43 Buonaiuti lui-même…) tout comme de prêtres tombés dans le désordre moral et dont il s’occupait pourtant aussi: c’est l’amitié du Bon Pasteur pour la brebis égarée, du Père pour le fils prodigue, de Jésus pour le pécheur. Il fut aussi, comme son maître don Bosco, un habile ouvrier au service de l’Église dont ils étaient tous deux émissaires autorisés. Mais ce n’est pas tant le fait que le personnage de don Orione ne peut être le moins du monde accusé de sympathie pour le modernisme (les auteurs eux-mêmes ne le cachent pas) qui fait manquer au livre son but conciliateur, c’est plutôt l’image des modernistes, spécialement Buonaiuti, qui ressort des documents publiés. Dans les diverses tentatives faites pour sa réconciliation, quelle était la véritable intention du prêtre excommunié? Lorsqu’en 1928, deux saints prêtres comme don Orione et le Père Cappello tentèrent la réconciliation de Buonaiuti avec l’Église, Buonaiuti estima que le pardon que lui offrait l’Église par miséricorde, sanctionnait au contraire, comme il l’écrivait le 10 octobre 1928, “mon triomphe le plus marquant” (p. 237). Ce n’est pas lui qui, touché de tant de bonté, reviendrait à la vérité, c’est l’Église qui viendrait à ses idées: “L’autorité ecclésiastique est venue à rescipicence ce qui m’a rempli de stupeur” (p. 237, 18/10/28). La levée de l’excommunication ne signifierait pas le triomphe de la grâce, mais celui du modernisme: “Il me semble pouvoir constater toujours mieux qu’un certain repentir du traitement inique qui m’a été infligé est à la source de cette nouvelle attitude envers moi. Je mets maintenant tous mes efforts à tirer de cette situation paradoxale le maximum d’avantages pour la cause que je défends depuis vingt ans” (p. 241, 22/10/28). Buonaiuti ne veut pas se rétracter, il veut que l’Église se rétracte. Et tandis que don Orione et le Père Cappello pensent à son âme, lui pense à la chaire universitaire qui lui a été ôtée par le gouvernement après le Concordat: “J’espère en une heureuse solution de mon différend ecclésiastique pour réoccuper la chaire. Situation épineuse, s’il en est, qui m’impose un sang-froid exceptionnel et peu conforme à mon caractère, pour que l’avidité de l’enseignement ne me fasse pas faire des concessions plus grandes que celles qui me sont consenties par la plus rigide cohérence intellectuelle” (p. 247). Dans ces conditions, l’absolution de l’hérésiarque n’aurait pas gagné son âme à Dieu: elle aurait seulement introduit le loup dans la bergerie, quarante ans avant le Concile. C’est comme argument en leur faveur que le désir de Buonaiuti et des modernistes en général de rester ou de retourner dans l’Église a été adopté (y compris dans le livre dont nous faisons la recension). Pour nous, ce désir n’est pas une excuse mais une circonstance aggravante: c’est justement leur capacité d’infiltrer et de dissimuler qui a permis aux modernistes de triompher (provisoirement!) après la mort de Pie XII. C’est à raison que De Mattei écrit, citant Buonaiuti: “Le modernisme se proposait… de transformer le catholicisme de l’intérieur, laissant intacte dans la mesure du possible, l’enveloppe extérieure de l’Église: ‘le culte extérieur continue Buonaiuti - durera toujours comme la Hiérarchie, mais l’Église, en tant que maîtresse des sacrements et de ses ordres, modifiera la hiérarchie et le culte selon les temps: elle rendra celle-là plus simple, plus libérale, et celui-ci plus spirituel; et par cette voie elle deviendra protestante; mais un protestantisme orthodoxe, graduel; non violent, agressif, révolutionnaire, insubordonné; un protestantisme qui ne détruira pas la continuité apostolique du ministère ecclésiastique ni l’essence même du culte” (p. 50; la citation de Buonaiuti est tirée de Il modernismo cattolico, [Le modernisme catholique] Guanda, Modena 1943, p. 130). La contribution de De Mattei n’est pas en harmonie avec le but que nous avions cru identifier dans le livre, et mérite d’être lue attentivement et avec un préjugé favorable. Étant cependant dans la situation de devoir lui [De Mattei] chercher des “poux”, nous signalons l’omission de la contribution de don Tafi à la vie de Mgr Volpi (p. 58, n° 29), la fausse attribution à saint Pie V de l’institution du Saint-Office (p. 61) et, erreur de fond, la tendance (tendance partagée par la plupart des intégristes français, certainement pas par les italiens) à attribuer à Léon XIII une certaine complaisance envers le modernisme et à attribuer à Fides et Ratio de Jean-Paul II une inspiration antimoderniste qui n’existe que dans l’imagination (ou dans la plume) de De Mattei (pp. 33 et 35). Quoiqu’il en soit, le lecteur ne perdra pas son temps, comme il le ferait avec toutes les études sur le modernisme (y compris celles du factieux Bedeschi). Et 44 pour conclure, souhaitons que soient réalisées d’autres études sur don Brizio Casciola (celui qui inspira la figure du “Saint” de Fogazzaro), personnage moins connu mais plus dangereux peut-être que Buonaiuti. abbé Francesco Ricossa M. BUSI, R. DE MATTEI, A. LANZA, F. PELOSO Don Orione negli anni del modernismo Jaca Book, Milan 2002, 373 pp., 23 € En famille N otre revue s’appelle Sodalitium en l’honneur du Sodalitium pianum fondé par Mgr Benigni, sous le pontificat de Saint Pie X, pour combattre le modernisme. Les compagnons de Mgr Benigni n’avaient pas honte de s’appeler “catholiques intégraux”, c’est-à-dire intégralement catholiques ; pour leurs ennemis, au contraire, “intégriste” était et est encore un terme insultant et un épouvantail, spécialement en France. Mais qui étaient, en réalité, les “intégristes” ? Cette école de pensée a eu ses historiens : rappelons par exemple Intégrisme et catholicisme intégral (1969) et Catholicisme, démocratie et socialisme. Le mouvement catholique et Mgr Benigni de la naissance du socialisme à la victoire du fascisme (1977) d’Émile Poulat, mais aussi la Disquisitio rédigée par le futur cardinal Antonelli pour la canonisation de Pie X et que le Courrier de Rome a eu le mérite de traduire et de publier (Conduite de Saint Pie X dans la lutte contre le modernisme, 1996). Tous les catholiques intégraux ne firent cependant pas partie du Sodalitium… Par exemple, Mgr Henri Delassus (1836-1921), directeur de la Semaine Religieuse de Cambrai, et l’abbé Emmanuel Barbier (18511925), fondateur et directeur de la revue La critique du libéralisme n’y appartinrent pas. Si les éditions du Sel ont publié la biographie de Mgr Delassus de Louis Medler, il manquait encore une biographie de l’infortuné abbé Barbier ; infortuné, parce que très nombreuses furent les polémiques contre lui, soit à cause de sa sécularisation (il quitta la Compagnie de Jésus, devenant prêtre diocésain), soit à cause de la mise à l’index, en mai 1908, de deux de ses écrits sur le ralliement. Saint Pie X ne manqua pourtant pas de louer et de soutenir l’abbé Barbier, non seulement avant, mais aussi après la décision douloureuse et inévitable de 1908 ; il lui écrivit par exemple le 3 mai 1912 : “à notre très cher fils Emmanuel Barbier, Prêtre, en le félicitant de tout cœur, d’avoir très bien mérité de la cause catholique et priant Dieu de lui accorder en récompense toute prospérité et toutes faveurs, Nous accordons très affectueusement en témoignage de notre bienveillance la bénédiction apostolique”. L’abbé Barbier, en effet, fut parmi les premiers et les plus courageux défenseurs de l’orthodoxie catholique contre le modernisme et le sillonisme, et leurs complices et défenseurs. Les éditions Clovis ont remédié au silence qui pesait sur l’abbé Barbier, en publiant sa première biographie. À vrai dire, on peut espérer mieux, mais ce premier essai, étant précisément le premier et pour le moment le seul, mérite tout notre intérêt. Le livre, présenté par Yves Chiron, est composé des souvenirs d’un ami de l’abbé Barbier, Maurice Brillaud (c’est la partie que je croyais plus intéressante et qui au contraire s’est révélée la plus décevante), d’une biographie de Yves Chiron, toujours scrupuleuse dans les recherches d’archives mais un peu trop pauvre, en l’occurence, dans la manière de faire revivre la pensée de Barbier, dans la publication de deux souvenirs de Barbier publiés à l’occasion de sa mort (de Félix Lacointa et de l’abbé Paul Boulin, qui était, lui, du Sodalitium pianum) et enfin d’une très précieuse bibliographie, toujours présentée par Chiron. Puisque nous avons déploré une relative “pauvreté” dans l’exposé de la pensée de Barbier, nous renvoyons le lecteur à la lecture de ses œuvres : plusieurs ont été récemment éditées en réimpression anastatique par les éditions SaintRémy de Cadillac, comme il est soigneusement indiqué dans la bibliographie. Le lecteur pourra ainsi mieux connaître ce prêtre (dont le noble visage est reproduit dans le volume proposé par Chiron), qui avait en grande partie prévu et dénoncé les maux qui affligent aujourd’hui l’Église. abbé Francesco Ricossa MAURICE BRILLAUD - YVES CHIRON L’abbé Emmanuel Barbier (1851-1925) Clovis, 2005 45 Cristina Campo ou l’ambiguïté de la tradition C ristina Campo (1923-1977), écrivain et poète, a connu après sa mort un grand succès de la part du public et de la critique. Les seuls à l’avoir apparemment oubliée sont les catholiques “traditionalistes”, dont elle fut pourtant une personnalité de premier plan. Vittoria Guerini (véritable nom de Cristina Campo) a, parmi les fondateurs d’Una Voce-Italia, apporté une contribution décisive à la rédaction du Bref examen critique du nouveau missel présenté à Paul VI par les cardinaux Ottaviani et Bacci. Ces années-là, nous trouvons autour de Cristina Campo Mgr Lefebvre et le Père Guérard des Lauriers, Mgr d’Amato et Mgr Pozzi et, en France, Jean Madiran et l’abbé de Nantes… et le lecteur découvrira peut-être pour la première fois une bonne partie de l’histoire de l’opposition à la réforme liturgique - lorsque tout était encore possible - de 1965 à 1970. En suivant les traces de Cristina Campo, on peut, dans le même temps se perdre dans les méandres d’une autre “tradition” bien différente de la tradition catholique ! De Simone Weil à la psychanalyse jungienne, du manichéisme à l’hésychasme byzantin, du Vedanta au cabalisme d’Abraham J. Heschel, Cristina Campo parcourt les voies ténébreuses de l’ésotérisme “chrétien”, guidée en cela par le maître indiscuté qu’est Elémire Zolla avec lequel elle partagea sa vie. Quel est donc le vrai visage de Cristina Campo, une femme qui, au sens propre, vécut “sous un faux nom” ? Quelle est celle qui repose dans sa Bologne natale, aux Cristina Campo sur une photo de jeunesse pieds de la Vierge de San Luca à laquelle l’avait consacrée sa mère: l’intrépide admiratrice de la Messe romaine ou une inquiétante initiée ? L’auteur tente de résoudre ce dilemme auquel, en dernier ressort, Dieu seul pourra donner la réponse. L’historien - pour sa part - ne peut que se fier aux documents. Outre des sources inédites, l’abbé Ricossa a pu se prévaloir des archives de l’un des protagonistes de notre histoire - le Père M.-L. Guérard des Lauriers - et des témoignages de son dernier confesseur, le Cardinal Augustin Mayer… Dans la seconde partie de ce livre est republié un texte désormais introuvable (édité par Borla en 1970 et l’année suivante par le Père Barbara) mais fondamental : la Réponse à la “Lettre à un religieux” écrite par le Père Guérard des Lauriers, texte qui eut une grande importance dans le cheminement spirituel de Cristina Campo. Abbé FRANCESCO RICOSSA Mgr M.-L. GUÉRARD DES LAURIERS O.P. Cristina Campo ou l’ambiguïté de la tradition. Réponse à la “Lettre à un religieux” de Simone Weil Centro Librario Sodalitium, Verrua Savoia 2006, pp. 164, 9,50 Autorité et épiscopat dans l’Église L’ année 2005 a été marquée par la célébration des vingt ans de l’Institut Mater Boni Consilii fondé en décembre 1985 à Nichelino, dans la province de Turin. À partir de cette date, la revue Sodalitium en a toujours été l’organe officiel (auparavant, c’était la revue officielle du district italien de la FSSPX). Pour fêter cet heureux anniversaire, le Centro Librario Sodalitium, émanation de la même revue, a pensé proposer dans ce 46 Mgr Guérard des Lauriers a été un vrai “Maître à penser” dans les questions théologiques liées à la défense de la foi après le Concile Vatican II, et c’est toujours un plaisir de lire et de relire ses écrits. Il supporta dans sa vie la conséquence de ses choix rigoureux avec une Foi profonde, au prix d’un isolement quasi total vers la fin de sa vie, mais il a enseigné à tous, par son exemple, les exigences de la “VÉRITÉ”. Cet opuscule se veut donc être un hommage de la très vive reconnaissance de Sodalitium à Mgr Guérard des Lauriers. “Veritas liberavit vos” (Jn VIII, 32). abbé Ugolino Giugni livre des articles publiés dans le passé et désormais introuvables du fait de l’épuisement des anciens numéros de Sodalitium (nn° 13 et 16). Ces textes constituent la “pierre angulaire” de l’histoire de l’Institut et de sa position théologique (la Thèse de Cassiciacum) face à l’actuelle crise dans l’Église, et c’est à eux qu’il faut toujours se référer pour comprendre l’évolution et le développement de la pensée qui s’en est suivie. Les deux textes fondamentaux de Mgr Guérard des Lauriers sont : “l’interview” (publiée dans le “fameux” n° 13 de Sodalitium de mai 1987), par laquelle Sodalitium embrassait officiellement la Thèse du Père Guérard ; et “Consacrer des Évêques” (publié sur Sodalitium n° 16 de mars-avril 1988), par lequel l’Institut considérait opportun de perpétuer la “Missio” selon la pensée du Père Guérard en choisissant “l’option épiscopale”. Ces deux textes de l’illustre théologien dominicain sont accompagnés de deux articles introductifs de l’abbé Ricossa (actuel directeur de Sodalitium) expliquant la situation qui s’est créée dans l’église après le Concile Vatican II et les moyens pour conserver la foi, vivifiée par les Sacrements. Il sera très intéressant de remarquer comment, dans ses écrits, Mgr Guérard avait déjà répondu et donné une solution à toutes les questions qui aujourd’hui encore, à vingt ans de distance, inquiètent les catholiques fidèles et divisent les “traditionalistes” (notons, en passant, comment dans l’interview il affirmait déjà l’invalidité du nouveau rite de consécration épiscopale, dont certains traditionalistes d’aujourd’hui croient être les découvreurs...). MGR GUÉRARD DES LAURIERS Le problème de l’autorité et de l’épiscopat dans l’Église Collection Cassiciacum, Tome II Centro Librario Sodalitium, Verrua Savoia 2006, pp. 104, 8,40 € Histoire du Jacobinisme L es éditions DPF ont réédité Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme de l’abbé Augustin Barruel, ouvrage désormais introuvable, fondamental pour approfondir l’étude de la Révolution. Après la première publication de 1798-99, l’ouvrage fut réédité sept fois en version intégrale, neuf fois en version abrégée. DPF a voulu publier une édition intégrale, moderne et pourvue d’instruments de recherche efficaces. Précédée d’une biobibliographie de quarante-quatre pages, elle est dotée de notes infrapaginales ajoutées au texte de Barruel (avec la référence NDLE), pour corriger certains lapsus de l’auteur ou pour identifier des personnages dont Barruel ne donnait que les initiales. Pour les personnes intéressées, un dossier de présentation sur Barruel et son œuvre est disponible chez DPF (joindre deux timbres). abbé Giuseppe Murro AUGUSTIN BARRUEL Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme. Éditions de Chiré 2005, 2 vol. (502 + 638 pages), 49 €. 47 “Jusqu’à ce jour tout le monde a parlé de Mortara. Laissez maintenant la parole à Mortara lui-même” V ittorio Messori vient de faire paraître l’autobiographie de Pio Edgardo Mortara, retrouvée dans les archives des Chanoines réguliers du Très Saint Sauveur du Latran à Rome. Dans cette biographie, Mortara reconstruit lui-même ce qui se passa réellement. Vittorio Messori, dans sa longue et perspicace introduction, écrit qu’il y eut un vrai Edgardo Mortara, “ celui de l’histoire”, et un faux Mortara, celui “du mythe”. Messori cite en effet un bon nombre d’historiens auteurs d’une reconstruction complètement irréelle de “l’affaire Mortara”. Or le Père Pio Edgardo Mortara écrivit en espagnol, en 1888, une “autobiographie” qui vient d’être présentée en 2005 pour la première fois en italien, chez Mondadori, par Vittorio Messori. Dans ce “procès Mortara” rien ne vaut la parole du protagoniste lui-même: laissons-la lui. Je pense qu’après cette publication, l’“affaire Mortara” peut être considéré comme réglé; en effet l’autorité de l’auteur, son expérience directe, sa science théologico-historique et juridique, lui permettent d’exposer les faits tels qu’ils se passèrent réellement, de réfuter les objections soulevées par des “historiens” contre Pie IX et l’Église romaine avec une précision absolue et une clarté sans réplique, ne laissant subsister aucun doute. Le mémorial De ce “mémorial” émergent, à mon avis, quelques éléments “nouveaux” que même les grands défenseurs de Mortara (L. Veuillot entre autres) n’avaient pas encore mis en pleine lumière. Ces éléments peuvent, à mon avis, se résumer comme suit: 1) Lorsqu’éclate l’“affaire Mortara”, le monde se réveille, reconnaissant qu’il avait oublié la doctrine catholique sur le Baptême (p. 89). Pages 149-151, Messori explique au point de vue théologico-juridique pourquoi Pie IX ne put rendre au judaïsme une âme baptisée. 2) Entre “le Talmud et l’Évangile (…) il y avait un abîme, une antipathie traditionnelle, un antagonisme implacable. C’était une sorte de muraille de Chine, une barrière insurmontable qui séparait les uns [les juifs] des autres [les chrétiens], mettant obstacle à tout compromis, toute transition, tout mélange et toute confusion. [Contre la théologie œcuménique de l’“Ancienne Alliance jamais révoquée”, n.d.a.]” (p. 97). En effet, comme l’écrit Messori, “la religion mosaïque’ [ou plutôt talmudique, n.d.a.] est absolument l’antithèse de la religion catholique” (p. 100) et cela “empêchait [et empêche!] tout mélange hybride” (p. 98). Le petit Mortara priait, et a continué à prier jusqu’à la fin (1940) pour la conversion des Juifs au Christianisme, demandant à Dieu qu’“Il les délivre des ‘ténèbres et des ombres de la mort’, en leur enlevant le voile qui cachait la vérité dans leur cœur” (p. 104; cf. le mystère de l’“aveuglement de la Synagogue”). Mortara, une fois catholique, se sentait “détenteur de la vérité” (p. 105), il n’était pas un “frère cadet en recherche”, puisqu’il possédait déjà “l’unique vrai Dieu et son Envoyé, Jésus-Christ” (p. 105) ainsi que la “religion authentique” (p. 106), autrement dit la religion catholique, apostolique et romaine, et non la religion talmudique. 3) Mortara forge un terme très actuel encore de nos jours, celui de “clérophobie” (p. 130); la clérophobie tenaillait les libéraux du XIXème comme aujourd’hui les libres penseurs qui appellent à une croisade “laïciste et libertaire” contre Pie XII, à l’image de leurs ancêtres qui la menèrent contre Pie IX au temps de Mortara. 4) Mortara était convaincu que, revenant au judaïsme post-biblique, il serait allé au-devant de l’“apostasie et de la ruine éternelle” (p. 131). En effet la «religion israélite [est] contradictoire, dépassée par l’histoire» (p. 151). 5) L’abbé Pio Edgardo nous rappelle qu’il faut haïr “les ennemis spirituels, ceux qui sont pour nous un obstacle sur la route du bien et de la vérité. Nous devons les fuir, ne pas prêter attention à ce qu’ils nous disent” (p. 156). Il rappelle «aux catholiques timides et couards qui … n’osent pas témoigner extérieurement de leur foi (…) que la couardise est une chose vile dans tous les domaines (…), mais qu’en matière religieuse elle est proche de la désertion et de l’apostasie” (pp. 161-2). Mortara s’adresse spécialement «aux catholiques à demi [les catholiques libéraux, 48 Edgardo Mortara n.d.a.], pusillanimes et faibles, amants des compromis et des conciliations. Ils cherchent des accommodements et des capitulations, là où elles ne sont absolument pas admissibles. Ils rêvent (…) d’idéaux de rapprochement de l’Église (…) avec “l’esprit moderne”… “Amateurs des jeux d’équilibre (…) catholiques à demi” (p. 162). Comment concilier en effet la Foi en la Très Sainte Trinité, en la Divinité du Christ, avec le judaïsme talmudique qui la considère comme idolâtre et, aujourd’hui encore, digne de mort? Comment concilier le catholicisme avec “la maçonnerie… ennemi éternel et irrémissible de Jésus-Christ”, avec “le maçon qui doit haïr l’Église et Jésus-Christ s’il veut être un bon frère”? (pp. 164-5). Ces pages écrites par un Juif converti, fin connaisseur du judaïsme talmudique et de la théologie catholique, doivent nous faire réfléchir sur les bien tristes accommodements judaïsants d’une certaine “théologie à demi” qui sévit depuis presque quarante ans dans les milieux catholiques. Mortara nous met devant l’aut aut: ou catholiques croyants en la Trinité et l’Incarnation du Verbe, ou talmudistes apostats qui ont renié le Christ, la Trinité et l’Église. Tertium non datur! «Avec les troupes qu’il maintenait à Rome, Napoléon III protégeait en apparence le pape. En réalité, de façon sournoise et cachée il aidait le roi subalpin à conclure l’unité de l’Italie, fondée sur les ruines des autres trônes… Napoléon III a été le Pilate du XIXème siècle qui a remis le Christ de Dieu au bourreau, en s’en lavant les mains… Homme aux dix consciences, selon l’expression du grand abbé Jacques Margotti (…), l’Empereur voulait apporter la solution définitive à la question de l’enfant Mortara». «Vous tous qui avez condamné ou condamnez Pie IX, regardez ce qu’ont fait et font aujourd’hui, au nom du progrès et de la liberté, les gouvernements rationalistes et leurs coryphées … On centralise et on monopolise l’enseignement, un enseignement antireligieux et éminemment maçonnique, dans des chaires pestilentielles d’hommes sans foi, sans principes et sans morale. On oblige les parents à confier les âmes bien-aimées de leurs enfants à ces démons incarnés. Autrement, ces enfants demeureront sans carrière, sans droits civils, parfois sans toit ni lit». L’“Introduction” de Vittorio Messori Vittorio Messori s’était déjà intéressé à l’“affaire”, et son introduction est très intelligente et courageuse; les points nouveaux et saillants peuvent être présentés ainsi: a) C’est l’«affaire Mortara» qui détermina la fondation de l’Alliance Israélite Universelle, qui eut tant de poids dans la naissance du sionisme et de l’État d’Israël (p. 21). b) La tentative d’enlèvement dont fut victime le jeune Mortara à Rome, après le 20 septembre 1870, s’apparente aux «“meurtres ciblés” de l’armée israélienne actuelle pour éliminer ceux qui déplaisent; ou à la capture d’Adolphe Eichman en Argentine en 1961, à l’insu des autorités de ce pays» (p. 21). c) Pour “être libre l’Église … doit être Maîtresse chez elle, elle ne doit pas être l’hôte d’un Grand de la terre … Pie IX a vu juste en refusant des pièges comme la Loi des Garanties (…) apparemment généreuse, mais dans laquelle en réalité le seul patron était l’État qui, bénévolement et souverainement, tant qu’il y allait de son intérêt, accordait l’hospitalité» (p. 42). Combien est actuelle (pour l’Église comme pour les prêtres) une telle constatation! d) Comme l’observe avec perspicacité Vittorio Messori (pp. 53-55), la conscription et l’école obligatoire constituent un véritable rapt d’âmes chrétiennes soumises en ces matières à l’État Léviathan; alors que Pie IX se trouva dans l’obligation de donner une éducation catholique à une âme faite chrétienne par le Baptême jusqu’à ce que devenue majeure - elle puisse choisir ellemême dans quelle religion vivre. e) Pressés par les Juifs et la maçonnerie, les USA, «où l’hypocrisie (…) est une empreinte dont ce grand pays est entaché depuis son origine et dont il ne semble pas réussir à se libérer» (p. 57), protestèrent contre l’“enlèvement” de Mortara; cette protestation de la part de la “Patrie de la Liberté” où le statut de l’esclavage était encore en vigueur à l’époque, touchait à l’impudence. Cette remarque est importante, actuelle et “théologiquement incorrecte”, à l’heure où les soi-disants “chrétiens” de droite ou théo-conservateurs (Pera, Adornato, Ferrara…) voient dans l’Amérique, dans l’occident chrétien-libéral et dans l’État d’Israël le bastion et l’idéal de vie. En effet Messori a été ponctuellement attaqué par Antonio Edgardo Mortara 49 «Aux Catholiques orgueilleux qui osent mettre en discussion les actes de l’autorité spirituelle, prêts à les désapprouver et à les condamner, je dirai que de catholique ils n’ont que le nom et les apparences… Aux Catholiques timides et couards qui respectent les droits de l’Église mais n’osent pas témoigner extérieurement leur foi, je dirai que la couardise est une bien vilaine chose dans tous les domaines de la réalité, mais qu’en matière religieuse elle est proche de la désertion et de l’apostasie…». Socci dans Il Giornale du 14-6-2005 pour avoir dépoussiéré l’“affaire Mortara (…) ce dont personne ne sentait le besoin si ce n’est les semeurs de discorde qui cherchent l’accrochage entre catholiques et juifs”. Je pense que la “nouvelle chrétienté” de Maritain, revue et corrigée par M. Novack, autrement dit (USA, EU, Israël) laïcisée, sera le cheval de bataille du nouvel ordre mondial et de la nouvelle théologie sécularisée, lesquels, au nom du “conservatisme-libéral persécuteront surtout ceux qui (comme Pie IX et Mortara) voudront rester intégralement catholiques et non catholiques “à demi”. Que Benoît XVI sache et puisse s’opposer à ce mouvement et n’en devienne pas l’avant-garde doctrinale et religieuse: telle est ma prière et mon espérance. abbé Curzio Nitoglia Vittorio Messori «Io bambino ebreo rapito da Pio IX» Il Memoriale inedito del protagonista del “caso Mortara” [“Moi, l’enfant juif enlevé par Pie IX» Le Mémorial inédit du protagoniste de l’“affaire Mortara”]. Mondadori Milan 2005, 166 pages. En langue italienne CONSEILS DE LECTURE LISBETH BURGER Mon Journal de sage-femme. “Ma vie pour 2283 enfants” Éditions de Chiré 2004, 278 pp., 19 € À commander : SA DPF, BP 1 - 86190 Chiré-en-Montreuil. JEAN MADIRAN La laïcité dans l’Église Consep, 2005 - 13 rue de Saint-Honoré, 78000 Versailles, 152 pp., 18 € Vie de l’Institut C hers lecteurs, le dernier numéro de Sodalitium vous avait accompagné dans la vie de l’Institut jusqu’en mars 2005 ; cette chronique vous emmènera jusqu’à la fin de l’année qui vient de se terminer : depuis, notre petite famille qui compte désormais 24 membres, a fêté les vingt ans de sa fondation avec deux ordinations sacerdotales. Les vingt ans de l’Institut, et les ordinations sacerdotales. Le 18 décembre 1985, à Turin, naissait l’Institut Mater Boni Consilii, fondé par quatre prêtres du district italien de la Fraternité Saint-Pie X, qui venaient précisément de quitter la congrégation de Mgr Lefebvre. La meilleure manière de célébrer ces vingt ans de ministère sacerdotal pour la gloire de Dieu, la fidélité à l’Église et le salut des âmes, a été celui d’assurer à Dieu, à l’Église et aux âmes deux nouveaux prêtres, l’abbé Jocelyn Le Gal, de l’Institut Mater Boni Consilii, et le Père Joseph Marie Mercier, moine bénédictin à Faverney, en Franche-Comté. Le 3 novembre, jour anniversaire de son ordination sacerdotale, Mgr Stuyver arrivait à l’aéroport de Milan accompagné de l’abbé Christ van Overbecke et accueilli par l’abbé Giugni. Le soir arrivaient à Verrua, avec plusieurs confrères, des fidèles et amis de partout. Le samedi 5 novembre avaient lieu les ordinations sacerdotales à Verrua, dans une église archi-comble (vous pourrez lire le sermon de l’évêque p. 38). Plus de deux cents personnes sont restées au repas, après Ordinations sacerdotales du 5 novembre 2005 50 Ordinations sacerdotales du 5 novembre 2005 la cérémonie, pour fêter le vingtième anniversaire et les deux nouveaux prêtres. Parmi les prêtres présents à la cérémonie, on notait la présence de tous les prêtres de l’Institut, tant ceux de Verrua (l’abbé Cazalas, l’abbé Giugni, l’abbé Murro et l’abbé Ricossa) que ceux des autres maisons (l’abbé Nitoglia de Rome et l’abbé Carandino de Rimini), de l’abbé Casas Silva (prêtre assistant du Père Mercier), de l’abbé Philippe Guépin (prêtre assistant de l’abbé Le Gal), et de deux prêtres italiens, un religieux et un diocésain ; rappelons aussi la présence des religieuses de l’Institut et du Christ-Roi (Serre-Nerpol). Le lendemain, l’abbé Le Gal célébrait sa première messe solennelle à l’oratoire du Sacré-Cœur, à Turin, tandis que le Père Mercier a célébré sa première messe solennelle à Faverney, en présence de son supérieur, le Père Verrier, le 20 novembre ; dans les deux cas, c’est l’abbé Ricossa qui a prêché. Les premières messes solennelles ont été elles aussi, évidemment, émouvantes et très belles, journées inoubliables pour les nombreux fidèles qui ont tenu à y assister, venant parfois même de très loin. L’abbé Le Gal a ensuite célébré également dans plusieurs endroits (Rimini, Chieti, Milan, Serre-Nerpol, Nantes) des “premières” Messes qui ont encouragé les fidèles locaux. Le nouveau prêtre de l’Institut est né à Nantes en 1975, après des études à l’école St-Michel de Châteauroux (de la Fraternité Saint-Pie X), il a obtenu son diplôme d’ingénieur à Paris, en 1998. L’année suivante, il est entré au séminaire à Verrua. Le Père Mercier (Vincent de son nom de baptême) est né en 1979 à Dôle (Jura). Il a étudié à l’école de la Fraternité Saint-Pie X à Bitche de 1994 à 1997, année où il a suivi sa vocation bénédictine à Faverney, au sein de la fondation du Père Verrier. Après avoir commencé ses études ecclésiastiques au Séminaire SaintPie X d’Ecône, il a rejoint notre séminaire en 2002. Le Père Mercier est l’un des sept prêtres qui, bien que n’appartenant pas à l’Institut, ont accompli au moins une partie de leurs études à Verrua. Séminaire Saint Pierre Martyr. Le 24 juin, avec la dernière journée des examens de fin d’année, s’est terminée l’année d’études 2004-2005. Après les vacances (et l’apostolat estival), ce fut la rentrée à Verrua en la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs suivie du début des cours le 20 septembre. Du 26 au 30 septembre, Mgr Stuyver a donné les Exercices Spirituels (de Saint Ignace) aux prêtres et aux séminaristes de l’Institut, ainsi qu’à deux prêtres extérieurs (l’abbé Casas Silva, argentin, et l’abbé James Baird, américain résidant en Allemagne) et à d’autres membres de l’Institut. Après les ordinations, les cours ont repris, y compris pour les nouveaux prêtres. Un candidat a déjà été accepté pour la prochaine année d’études, et nous espérons naturellement que d’autres le suivront. Sœurs du Christ-Roi à Moncestino (Alessandria). Après Pâques, la petite communauté a fait un bref retour à la MaisonMère de Serre-Nerpol, où, devant l’abbé Murro, le dimanche 3 avril, la Supérieure de Moncestino, Mère Marie-Thérèse, et Sœur Marie-Gabrielle, ont prononcé leurs vœux perpétuels, alors qu’une postulante a reçu l’habit religieux commençant ainsi son noviciat. Mais pendant la période… sede vacante, la maison de Moncestino n’est pas restée sans surveillance : notre Sœur Elisabeth de Jésus veillait ; elle nous a aussi aidés à Verrua durant toutes les vacances de Pâques. Le 30 octobre ont eu lieu les 25 ans de la fondation de la Maison St-Joseph avec les premiers vœux d’une sœur. Les Sœurs de l’Institut Mater Boni Consilii. Si à Pâques, Sœur Elisabeth de Jésus a commencé à s’exercer à la cuisine, à partir du 27 juin, elle a quitté la Casa San Giuseppe de Moncestino pour continuer son noviciat à Verrua, où une aile de la maison a été séparée et destinée à la clôture, incluant la chapelle de Saint-PierreMartyr. Du fait des obligations familiales de Mme Gillio, qui depuis de nombreuses 51 années assure auprès de nous le secrétariat et la cuisine, la relève par Sœur Elisabeth est devenue nécessaire. En attendant, les jeunes filles intéressées par la nouvelle fondation ne manquent pas, c’est pourquoi nous espérons un jour devoir acheter une nouvelle maison pour les religieuses… La Maison de Verrua… est désormais la “maison-mère” pour tous ceux qui sont partis pour une nouvelle fondation de l’Institut : rappelons Mgr Stuyver, en Belgique, l’abbé Carandino à Rimini et, depuis octobre 2004, l’abbé Nitoglia à Rome. À la place de l’abbé Nitoglia, comme vous le savez, est venu l’abbé Casas Silva, qui a donné une impulsion notable aux centres de Turin et de Verrua, où a été organisé aussi un repas sud-américain avec la communauté argentine et latino-américaine des alentours. Il est rentré en Argentine le 6 novembre, après les ordinations, sachant que nous avions quelqu’un pour le remplacer, mais a promis qu’à partir du mois de mars il passera de nouveau quelques mois parmi nous. Depuis juin, les travaux pour la bibliothèque sont enfin terminés. La bibliothèque terminée, le plus dur travail attend le bibliothécaire, compliqué par le fait que, à la fin de l’année, nous avons reçu en donation de l’historien Gianni Vannoni, de Florence, l’imposant fonds d’archives sur la franc-maçonnerie du défunt père jésuite Florido Giantulli, éminente figure de prêtre resté toujours fidèle à la tradition de l’Église, et auteur, en 1973, de l’ouvrage L’essenza della massoneria italiana : il naturalismo (Pucci Cipriani editore, Florence). L’Institut “virtuel”. Le site de l’Institut en espagnol et en anglais était une promesse, il est maintenant une réalité ; un grand merci à tous ceux qui se sont occupés du site et des traductions. Nous rappelons que les seuls sites internet de l’Institut sont les suivants : www.sodalitium.it et www.casasanpiox.it . Certes, ne manquent pas de nombreux autres sites tenus par des laïcs qui sont des amis de notre Institut, mais il est clair que seuls les sites officiels ci-dessus représentent les positions et la pensée de notre Institut. Activités estivales. Le Camp SaintLouis-de-Gonzague, à Raveau du 11 au 25 juillet, a fêté cette année ses 15 ans d’existence en réunissant 23 garçons, sous la direction de l’abbé Le Gal et de l’abbé Giu- gni. Les enfants ont visité le château médiéval d’Ainay-le-Vieil (où pour leur plus grande joie ils ont pu endosser armures et épées - en plastique - pour rendre la visite plus réaliste…) et le parc animalier de Boutissaint (toujours très apprécié pour ses cerfs, sangliers et bisons…). Au cours de la colonie a eu lieu la communion solennelle des deux frères Bernard et Joseph Langlet qui participaient au camp. Pour information, nous devons signaler qu’après le camp de Raveau 2004, nous avons eu un premier refus d’une caisse d’allocations familiales pour le versement des bons de vacances. Après le camp 2005, nous avons eu deux autres refus. Le motif est toujours le même : notre camp “ne respecte pas l’obligation de neutralité philosophique, politique, syndicale ou confessionnelle”… Cette année, le camp des filles organisé par les Sœurs du Christ-Roi, avec l’assistance spirituelle de l’abbé Murro, s’est déroulé à Chantelouve, destination connue de ceux qui ont déjà fait le camp. La beauté de l’endroit, le vaste choix de promenades, la commodité du lieu du campement ne déçoivent jamais fillettes et surveillants. Avec les lacs, les marmottes, les jeux, les promenades, tout le monde était content, personne ne voulait plus repartir ; même le chien du berger, passant par notre campement, voulait rester avec nous et ne pas retourner surveiller le troupeau. Mais les joies de cette terre ne sont pas éternelles, et c’est ainsi que nous avons dû repartir. Pour qui souhaite retrouver ces beaux moments, rendez-vous est pris pour l’été prochaine. Belgique. Mgr Stuyver a administré 4 baptêmes (dont nous parlons dans la ruM. l'abbé Guépin imposant les mains aux nouveaux prêtres 52 Ordinations sacerdotales du 5 novembre 2005 : la prostration brique appropriée) et a prêché une retraite de trois jours pendant le mois d’août. Il a également conféré le sacrement de confirmation en privé. Pour le reste, se poursuivent sur place les cours d’aide scolaire à plusieurs garçons, ce qui occupe beaucoup Mgr Stuyver et ses collaborateurs. En plus de la Hollande et du nord de la France, nous devons signaler cette fois la visite de Mgr Stuyver en Allemagne, à Karlsruhe, du 15 au 17 juin, à l’invitation de l’abbé James Baird, qui accomplit son ministère à la St Andreas Kapelle de cette ville. Le 16 juin, il a administré les confirmations. L’abbé Baird a été ordonné par Mgr Stork et, comme vous avez pu le lire, il s’est rendu à Verrua pour les Exercices. Mgr Stuyver remercie tout le monde: l’abbé Baird, sa gouvernante, les fidèles de Karlsruhe pour l’accueil qui lui a été réservé, et la gentillesse de tous à son égard. Pour notre part, nous nous réjouissons de ces nouveaux contacts avec le catholicisme allemand, favorisés par le fait que Mgr Stuyver parle cette langue et que l’abbé Baird est véritablement (nous l’avons constaté à Verrua) un prêtre… polyglotte ! France. Au cours de l’année dernière, on a recommencé à parler et à discuter (grâce à un forum) de la question de la vacance du Siège Apostolique ; le fait que le débat se soit ouvert même hors des milieux “sédévacantistes” s’avère particulièrement intéressant. Ainsi, la conférence-débat que le 17 mai le Centre Saint Paul de Paris a dédiée à la question a attiré un grand nombre de participants, parmi lesquels plusieurs prêtres et personnalités du monde “traditionaliste”. L’abbé Ricossa, qui était parmi les auditeurs, a voulu conclure en soulignant deux points qui apparaissaient communs aux différents camps : le fait que l’Église ne peut disparaître, et le fait que les réformes conciliaires ne peuvent venir de l’Église. Ces vérités partagées (on l’espère) peuvent être un point de départ pour tous les catholiques sincères, pour donner un jugement sur la situation actuelle de l’autorité dans l’Église. À notre avis, l’analyse la plus correcte se trouve toujours dans la thèse de Cassiciacum. Un lecteur argentin nous a signalé une curiosité de théologie positive à ce sujet : avant même le cardinal Cajetan, la distinction materialiter/formaliter dans la papauté se trouve dans les écrits d’Augustin Trionfo, théologien augustinien mort en 1328 ; sa Summa de potestate ecclesiastica “constitue un véritable monument d’ecclésiologie” (Encyclopédie catholique). Sodalitium se promet de revenir sur la question. Le 15 août : à SerreNerpol, l’abbé Cazalas a accompli la procession habituelle pour fêter l’Assomption de la Sainte Vierge, patronne de la France. Le 30 octobre, fête du Christ-Roi, a été célébré à Serre-Nerpol l’anniversaire des 25 ans de la fondation de la Maison St-Joseph. Amis et bienfaiteurs ainsi que plusieurs anciennes élèves se sont retrouvés en ce jour de joie où ils se sont remémorés les moments saillants de l’achat, des travaux et des constructions des bâtiments et de l’église actuellement utilisés par le couvent et l’école. La journée a également été marquée par la profession religieuse d’une novice au cours de la Messe chantée par l’abbé Murro. Les catéchismes se poursuivent à Vinay, Annecy et Cannes avec des incursions en Suisse, ainsi que les conférences au Cercle Saint Barnard par des prêtres de l’Institut ou des orateurs invités exprès (comme le docteur Cazalas). Les prêtres de l’Institut n’hésitent pas à suivre leurs fidèles même éloignés. Ils visitent et apportent les Sacrements aux personnes ma- 53 lades et âgées, qui n’auraient pas autrement la possibilité de les recevoir. L’ordination de l’abbé Le Gal permettra d’intensifier notre présence en France ; en particulier, nous sommes en train de nous organiser pour la célébration de la Messe à Paris. En revanche, de notables sacrifices financiers sont demandés ailleurs : à Lyon, tout particulièrement, et à Annecy, où nous devrons quitter la chapelle que nous occupons depuis de nombreuses années, ce qui nous oblige à trouver un nouveau lieu de culte. Italie. Signalons deux voyages de l’abbé Nitoglia qui s’est rendu en Irlande et en Espagne pour visiter des familles amies. À Rome, caput mundi (et Ecclesiæ !), l’abbé Nitoglia se réjouit de voir de nouveaux fidèles à l’oratoire Saint-Grégoire VII, et des jeunes intéressés aussi aux alentours, comme à Tivoli. Pour tous ceux qui le désirent, l’abbé Nitoglia a organisé, avec l’association culturelle Roma Fidelis, des cours de vie spirituelle chaque troisième samedi du mois. Le 17 juillet, il a été entendu par la Commissione parlamentare affari sociali à propos du projet de loi (auquel nous sommes opposés) en matière de don du corps post mortem (mort cérébrale). En Lombardie. Le 26 juin, l’abbé Giugni a célébré la Ste Messe à la Cassina Anna dans le cadre de la Milàn fest. Le dimanche 30 octobre et le 8 décembre, il est aussi allé célébrer la Ste Messe dans la province de Varèse non loin de la ville. Étant donné la ferveur des fidèles de Varèse, l’intention de continuer l’apostolat dans cette région est à l’étude ; nous invitons tous ceux qui sont intéressés à prendre contact avec l’Institut. Le dimanche 27 novembre, l’abbé Le Gal a célébré une “première messe basse” à Milan à l’oratoire. À Milan, le 7 décembre, fête de St Ambroise, la Ste Messe a été célébrée en rite ambrosien à l’oratoire du même nom. Le 17 décembre a été prêchée une courte récollection de préparation à Noël. Comme il est de tradition durant l’Avent ambrosien, les maison des fidèles ont été bénies. En Vénétie. À Rubano, près de Padoue, la relève entre “les deux don Ugo” a eu lieu le 23 octobre ; l'abbé Carandino s'occupe désormais du groupe des fidèles vénètes (le quatrième dimanche du mois), plus proches géographiquement de Rimini (les personnes souhaitant avoir des informations ou recevoir la visite du prêtre peuvent prendre contact avec la Mai- Première Messe de l'abbé Le Gal à Turin le 6 novembre 2005 son St Pie X de Rimini) permettant ainsi à l’abbé Giugni d’augmenter le nombre de Messes dans le Trentin qui passent ainsi à deux célébrations mensuelles (le 1er, le 3ème et le 5 ème dimanche du mois). Le groupe de Trente continue à suivre les cours de doctrine le lundi après le 3ème dimanche. Le 21 novembre, au cimetière de Trente, organisé par l’association catholique Sacra Famiglia, un rosaire de réparation pour l’augmentation des avortements dans cette province a été organisé ; l’abbé Giugni y participait également. Le journal télévisé régional de TCA du 21/11, les quotidiens l’Adige du 22/11/05 (article : Un rosario contro gli aborti) et Trentino du 21/11/05 et du 22/11/05 (Il rosario antiaborista di don Ugolino) ont parlé de l’événement. À l’article du Trentino qui lui attribuait une phrase jamais dite dans l’interview, l’abbé Giugni a répliqué par une lettre au quotidien, qui a permis de préciser la doctrine de l’Église sur les Limbes des enfants, publiée le 25/11/05. Tout le monde connaît la paroisse de Spinga, dans le diocèse de Bressanone, célèbre parce que ses curés, avant l’abbé Pedevilla et ensuite l’abbé Zieglauer, étaient restés inébranlablement fidèles à la Messe de leur ordination (célébrant, entre autre, “non una cum”). Malheureusement l’abbé Zieglauer a dû quitter l’église paroissiale, où immédiatement l’autel a été remplacé par la table luthérienne. En Émilie, la Messe est dite à Maranello (Modène) et à Ferrare. Cette année aussi, le 8 décembre, la fête de l’Immaculée a été solennisée par des chants polyphoniques exécutés par la Chorale de Porotto, 54 Exercices Spirituels à Verrua en 2005 qui a exécuté la Messe de Perosi. Vous pouvez suivre en détail nos activités en Romagne sur le site : www.casasanpio.it et sur Opportune, importune, lettre d’informations de la Maison Saint Pie X. Signalons ici quelques cérémonies particulières. Dimanche 22 mai, l’abbé Carandino a célébré la Messe pour les morts de la Rsi dans le sanctuaire de Paterno (Mercato Saraceno, Forlì), propriété de l’Associazione Nazionale Famiglie Caduti e Dispersi della Rsi (article sur L’ultima Crociata, Anno LIV, n° 7, septembre 2005). Dimanche 31 juillet, a eu lieu la Ste Messe dans une église paroissiale de la commune d’Apecchio (PU) chantée par la chorale de la paroisse, participation du Prieur et des confrères de la Confrérie du SS. Sacrement et du Rosaire. Le 8 décembre, première Messe de l’abbé Le Gal à l’oratoire de Rimini (article sur La Voce di Romagna du 7 décembre 2005). Abruzzes. À l’oratoire de Chieti Scalo, le samedi 15 octobre a eu lieu une retraite de persévérance pour les fidèles abruzzains ayant participé aux Exercices Spirituels au cours de ces dernières années. Tous les mois, en outre, les fidèles se réunissent autour de l’abbé Carandino pour le catéchisme des adultes. Le 8 décembre a eu lieu une “première messe basse” avec bénédiction du nouveau prêtre, l’abbé Le Gal ; nombreux étaient les fidèles présents des Abruzzes et de Potenza. Dans les Pouilles et Basilicate, les visites de l’abbé Carandino sont toujours plus fréquentes tant à Modugno qu’à Potenza. En septembre, l’abbé Murro, qui se trouvait dans sa famille, a pu célébrer deux Messes dominicales à Potenza. Piémont. Turin est la ville où l’activité de notre Institut est la plus intense. À Turin, à l’oratoire du Sacré-Cœur, différentes activités sont organisées en plus de la Ste Messe : cours de catéchisme, un cours de philosophie pour adultes, le salut du St-Sacrement le premier samedi du mois, les cérémonies propres à certaines périodes de l’année (comme la Neuvaine de Noël, l’Heure Sainte prêchée et le Te Deum de fin d’année), des sorties pour les jeunes filles de l’oratoire, etc. Comme chaque année, le 29 avril à Turin, au cimetière monumental, l’abbé Casas Silva et l’abbé Giugni ont béni les tombes des morts de la Rsi. Conférences. Comme toujours, les conférences tenues ou organisées par nos prêtres sont nombreuses. Conférences et activités organisées par le Centro Studi Giuseppe Federici (Rimini). Sur le nouveau site internet du Centro Studi Federici (www.centrostudifederici.org) il est possible de lire tous les communiqués diffusés ces dernières années. Envoyez votre email pour recevoir les communiqués (en italien) à : info@centrostudifederici.org. Le 22 avril, s’est déroulé à Rimini le congrès avec la présentation du livre Autodafè dell’Occidente (Ed. Segno) de Pietro Ferrari, avec des interventions de l’auteur et de l’abbé Carandino (La Chrétienté agonisante, l’Occident apostat et l’expansionnisme islamique). Le 25 juin, a eu lieu le repas papalin, en l’honneur de Pie IX, pour les membres et amis de l’association qui se sont réunis dans un agritourisme sur les collines de Rimini. Le 18 septembre, à Venise, le Centro Federici a tenu un stand de bonne presse à la 18ème Festa dei Popoli Padani. Pour le 20 septembre, a été diffusé un communiqué de presse publié par La Voce di Rimini le 18 et le 20 septembre, et une Messe pour les morts papalins a été célébrée par l’abbé Carandino ; un dépôt de gerbe a également eu lieu dans l’église du cimetière de Rimini avec une délégation de Rimini de la nouvelle Dc. Le 22 octobre, à Rimini s’est déroulé le congrès pour la défense de la vie : Le résultat référendaire de juin 2005 : ligne d’arrivée ou point de départ ?, avec l’avocat Massimo Micaletti et le Dr Alessandro Pertosa. Le 26 novembre, en collaboration avec la Municipalité de Rimini, Quartiere n° 1, a eu lieu la conférence ayant pour sujet Le 90ème anniversaire du Génocide arménien (1915 - 2005) : le souvenir des oubliés, avec projection d’un documentaire sur le génocide. Intervenant : le Dr Pietro Kuciukyan. Le 55 16 décembre, parmi les initiatives de Equamente, au Palazzo del Podestà, conférence intitulée Les Chrétiens en Terre Sainte : un drame oublié, c’est l’abbé Carandino qui intervenait. Toujours dans le cadre de Equamente (3 - 31 décembre), a eu lieu un banquet du CSGF avec des produits de l’artisanat catholique de Terre Sainte. Section Zanarini de Bologne. Le 2 décembre 2005 à Bologne au Palazzo dell’Assemblea Legislativa de la Région Émilie-Romagne, l’abbé Ricossa a présenté son livre sur Cristina Campo, introduit par le conseiller Mauro Manfredini. Conférences et activités organisées par le Centro Studi Davide Albertario. Le C.S. Giacomo Margotti de Turin (qui est devenu centre d’études autonome en 2005) et le C.S. Davide Albertario de Milan ont organisé deux conférences de l’abbé Ricossa ayant pour sujet Rome 1969 : la Nouvelle Messe de Paul VI et le rôle de Cristina Campo entre réforme liturgique et ésotérisme ; la première s’est tenue à Turin le 6 mai, la seconde à Milan, le 13 mai. Pendant les conférences a été présenté le livre de l’abbé Ricossa édité par le C.L.S. Cristina Campo o l’ambiguità della Tradizione avec la Risposta alla Lettera a un religioso di Simone Weil du Père Guérard des Lauriers. Le 19 juin, le CSDA a installé un banc de bonne presse à Pontida à l’occasion de la fête de la Lega Nord. Le 13 octobre à Milan s’est tenu un colloque intitulé L’Espagne d’hier et d’aujourd’hui : de la Guerre Civile au gouvernement Zapatero. Maçons, communistes et anarchistes contre l’Église (1936, 2005). Les intervenants étaient le Pr Massimo Zannoni du cercle culturel Filippo Corridoni de Parme et notre confrère l’abbé Casas Silva prêtre et journaliste, président Pèlerinage à Lorette : les pèlerins en marche de la Fondazione San Cayetano de Rosario en Argentine. Le 26 novembre a eu lieu le Congrès d’études albertariennes, arrivé cette année à sa quatrième édition. Il s’est tenu à la Bibliothèque Sormani, dans la prestigieuse salle du Grechetto, avec le patronage de la Regione Lombardia Culture, Identità e Autonomie della Lombardia et de la Municipalité de Milan. Le sujet traité a été À quarante ans de la clôture du Concile Vatican II. Rupture ou continuité ? Les intervenants ont été trois prêtres de l’Institut Mater Boni Consilii : l’abbé Giugni qui a introduit le sujet de la journée ; l’abbé Murro, qui a traité le sujet : La définition de l’Église selon la doctrine traditionnelle et celle contenue dans Lumen Gentium ; enfin, l’abbé Ricossa, directeur de la revue Sodalitium dont l’intervention concernait La religion révélée et l’œcuménisme : le problème de Nostra Ætate. Conférences auxquelles ont participé des prêtres de l’Institut. Suivons les différents conférenciers… D’abord l’abbé Nitoglia, qui dans le contexte du cycle de conférences Éclipse du Sacré, déclin de l’Occident ? organisé par l’Association de culture et tradition catholique Roma fidelis (section du Coordinamento Cattolico) a parlé sur De la révolution culturelle et politique à la révolution religieuse : de l’École de Francfort au Concile Vatican II. La conférence, suivie d’un débat, a eu lieu à Rome le 2 avril. L’abbé Ricossa a été invité par l’association culturelle Plus ultra à tenir à Varèse, à la Villa Recalcati, une conférence sur le sujet Union européenne : racines chrétiennes ou antichrétiennes ? La conférence, qui s’est déroulée le 21 mai, a été précédée et suivie par des articles de journal (La Prealpina du 18 et 22 mai) et d’une interview à des télévisions privées. Lundi 23 mai, l’abbé Giugni a tenu une conférence sur le Concile Vatican II à Busto Arsizio pour la Comunità Giovanile. Signalons maintenant les conférences faites par l’abbé Carandino. À Chieti le 14 mai, dans la Salle du Conseil de la Province, la Maison d’éditions Tabula Fati a organisé le colloque Fécondation artificielle et référendum. Présentation de l’éditeur Marco Solfanelli, intervenants : le Dr Alessandro Pertosa, l’avocat Massimo Micaletti et l’abbé Carandino. À Faenza (RA) le 10 juin, il a parlé au congrès organisé par l’Association Evita 56 Peron intitulé L’embryon : être humain ou chose ? À Sirmione (BS) le 11 juin, s’est tenue l’École politique Fédérale des Jeunes Padaniens, avec une intervention de l’abbé Carandino sur l’origine de la religion musulmane (commentaire du livre du père Théry). À Modugno, plusieurs conférences de l’abbé Carandino se sont tenues au siège du Centro Tradizione e Comunità : le 10 mai, L’exode des Chrétiens de la Terre Sainte : un drame oublié ; le 15 novembre : Instaurare omnia in Christo : redécouvrir l’Avent et Noël pour retrouver Notre-Seigneur. La même conférence a eu lieu à Potenza pour l’association Il Sentiero le 16 novembre ; les autres mois, se déroulent habituellement les cours de formation doctrinale. Le 1er décembre à Modène, l’Association Terra e Identità a présenté le livre O Regina, o santa. L’unica italiana sul trono d’Inghilterra : Maria Beatrice d’Este spodestata per la fede. Intervenants : l’auteur Elena Bianchini Braglia, le Pr Gino Badini, directeur des Archives d’État de Reggio Emilia, l’abbé Carandino ; modératrice : Simonetta Aggazzotti. Le 15 novembre à Florence, invités par l’association Eumeswill, et avec le patronage de la Municipalité de Florence, l’abbé Ricossa et l’abbé Giugni ont parlé respectivement sur Voyage dans les Exercices Spirituels de St Ignace et Voyage dans les symboles de la liturgie romaine. L’Institut et la presse. De nombreux articles sur nos activités ont déjà été signalés précédemment. À l’occasion de la mort de Jean-Paul II et de l’élection de Benoît XVI, les articles sur la position des “traditionalistes” n’ont pas manqué, et par conséquent aussi sur l’Institut. Avant le Conclave, le quotidien Il Foglio dans la rubrique Pro eligendo Papa, et Marco Ferrazzoli sur Libero 4ème congrès des études albertariennes sur le Concile Vatican II, à la bibliothèque Sormani, à Milan (14 avril) en ont parlé ; après le Conclave, Andrea Colombo sur Libero (21 avril, p. 14), Silvano Cardellini sur Il Resto del Carlino (30 avril, p. XXXII), et Sandro Mangiaterra sur il Venerdì di Repubblica, (n° 893, 29 avril, pp. 42-45) et Ignazio Ingrao sur Panorama (29/9/05, p. 81). Diario (année X, n° 25, 24/6/2005, p. 14) nous confond avec la Fraternité Saint-Pie X dans un article sur la Lega qui évoque les célèbres enquêtes sur les “complots noirs”, particulièrement en vogue dans la gauche des années 70. Mêmes scénarios et même style, voire même pire, sur Informazione antifascista (n° 5, nov. 2005). Le Combat catholique, un bulletin sédévacantiste de Rennes (n° 51, mars-avril 2005) reprend les articles et les déclarations de l’Institut en évitant cependant de le nommer. Le 30 avril 2005, il Resto del Carlino a repris un reportage publié la veille par Il Venerdì di Repubblica intitulé À la droite de Benoît XVI, avec une interview de l’abbé Moncalero de la FSSPX et de l’abbé Carandino de l’IMBC. Signalons aussi un article de Pierangelo Buttafuoco sur Rimini dans Panorama, dans lequel il parle aussi de l’oratoire St-Grégoire-le-Grand, et un autre en réponse, de la revue de Rimini Chiamamicittà, (15-28 juin 2005, Vade retro, Rimini !) dans lequel on ironise sur les soutanes et les Messes de St Pie V. Un article de l’abbé Giugni (Les ‘racines chrétiennes’ et le spectre de Machiavel) a été publié sur L’Insorgente (n° 2, mai-juin 2005, p. 2). Sur l’hebdomadaire il Federalismo (19 décembre 2005) est parue une interview de l’abbé Carandino par Gianluca Savoini sur Noël (Qui va commencer la guerre contre la fête de Noël ?). Sur le site www.forzanuova cesena.interfree.it la section de Cesena a publiée une interview de l’abbé Carandino sur la situation actuelle de l’Église. Sodalitium et la presse. Plusieurs revues, en particulier en France, parlent de Sodalitium ou de l’Institut. Parmi les revues amies, Simple lettre, Integrismo (P. Romero) et la lettre aux amis et bienfaiteurs de Faverney. Signalons aussi Aletheia, Le sel de la terre, La voie, la Tour de David, Lectures Françaises, etc. Le Centro Librario. Trois titres de notre catalogue ont été signalés. D’abord, la réédition du livre du Pr Sermonti, Le forme della vita (Emmeciquadro, n° 3/avril 2005, p. 120) indiqué sur Il federalismo de Andrea Ro- 57 Pèlerinage à Lorette : le groupe devant la Basilique gnoni. Le livre de l’abbé Ricossa sur Cristina Campo a été recensé favorablement sur le site de Una Voce Venetia et sur Il federalismo sous la signature de Andrea Rognoni : Comment défendre la liturgie des Pères (29 août 2005) ; Antonio Socci en parle sur Il Giornale du 18 septembre, tandis que Camillo Langone en fait une critique négative sur Il Foglio du 12 juillet. “Très bonne initiative que celle du Centro Librario Sodalitium, consistant en la reproduction de ‘I tesori spirituali - Sacramenti e Sacramentali’” ; c’est ce qu’écrit la revue turinoise Inter multiplices Una Vox (n° 1, mai 2005, pp. 46-47) dans une belle recension. L’Institut et la radio. Le 19 avril, l’abbé Giugni a donné une interview sur TelePadania avec Max Ferrari, sur le conclave en cours et les attentes de l’Église. L’abbé Ricossa a été interviewé par Andrea Rognoni sur Cristina Campo, et a présenté son dernier livre sur Radio Padania Libera une première fois dans le cadre du programme Aux racines de la Foi le 9 mai et ensuite le 9 juillet. Le 7 novembre, l’abbé Giugni a parlé des aumôniers militaires durant la retraite de Russie, sur RPL au cours d’une émission des chasseurs alpins padaniens. Le matin du 26 novembre, avant le congrès, l’abbé Giugni a été interviewé par Andrea Rognoni sur RPL sur le quarantenaire du Concile Vatican II. Le 12 décembre, le programme de l’abbé Carandino Aux racines de la Foi sur RPL a atteint la 100ème émission. L’abbé Carandino a été en outre interviewé sur RPL le 21 novembre et le 25 novembre 2005 dans les programmes des Giovani Padani sur le Concile et le 17 décembre dans le programme de Silvia Sanzini sur les Chrétiens en Terre Sainte. Le nombre et l’intérêt des inscrits à l’Apostolat de la Prière dont s’occupe l’abbé Cazalas est en constante augmentation. Exercices Spirituels. Cinq sessions d’Exercices ont été données à la Maison StJoseph pour les fidèles : du 4 au 9 avril (abbé Murro et abbé Cazalas, 7 participants) ; du 27 juin au 2 juillet, avec l’abbé Murro et l’abbé Ricossa (17 participants) ; du 16 au 24 août, les Exercices de 8 jours pour les hommes, donnés par l’abbé Giugni et l’abbé Cazalas (12 participants) ; en octobre, l’abbé Cazalas a aidé à donner les Exercices aux élèves de l’école de Serre-Nerpol ; en décembre, du 26 au 31 par l’abbé Murro et l’abbé Cazalas (12 exercitants). Deux sessions données à Raveau : du 1er au 6 août, (9 dames, donnés par l’abbé Giugni et l’abbé Murro) ; du 8 au 13 août (10 messieurs, donnés par l’abbé Murro et l’abbé Cazalas). Du 22 au 24 avril, à Verrua Savoia, l’abbé Ricossa et l’abbé Giugni ont prêché une courte retraite à quelques membres du Rockers-Klan. Toujours à Verrua, les deux traditionnelles sessions d’été, données par l’abbé Ricossa et l’abbé Carandino : du 22 au 27 août (14 dames) et du 29 août au 3 septembre (20 messieurs). À ces sessions, il faut ajouter les Exercices qui sont donnés chaque année aux religieuses (du 7 au 15 septembre par l’abbé Ricossa à la Maison St-Joseph) et au clergé (comme il a déjà été dit, du 26 au 30 septembre). D’avril à décembre nous avons donc donné 11 sessions d’Exercices à 142 exercitants : le programme ? Faire encore mieux ! Pèlerinage Osimo-Lorette 28-29 mai 2005. Les 20 ans de notre Institut, consacré à la très Sainte Vierge, ont été préparés de la meilleure manière qui soit par le pèlerinage qui s’est achevé à la Santa Casa de Lorette, lieu marial par excellence. Samedi 28 mai : le rendez-vous est à Osimo, dans la province d’Ancône, où arrivent fidèles et amis venant de plusieurs régions (Piémont, Lombardie, Vénétie, Trentin, Émilie et Romagne, Marches, Abruzzes, Toscane, Latium, Pouilles…). Les sacs sont rangés dans les camionnettes prévues, les casquettes offertes par l’Entreprise Ferlandia protègent du soleil cuisant, les bannières sont déroulées, les livrets de chants et de prières sont distribués : tout est prêt, on part ! Parmi les bannières, se détache la bannière traditionnelle de l’Irlande (verte avec une harpe couleur 58 Après l’ordination, les deux nouveaux prêtres se sont mutuellement donné la bénédiction or), portée par une famille de fidèles italiens arrivée exprès de l’Île. On note aussi un petit groupe de dames françaises, qui ont affronté courageusement le long voyage. On a aussi remarqué l’absence de l’abbé Ricossa, immobilisé par la grippe. Les pèlerins sont quatre-vingt, une quinzaine de plus que l’année précédente, beaucoup de jeunes. Première étape, dans la basilique de St Joseph de Copertino, où l’abbé Giugni encourage les participants à la ferveur. Après avoir vénéré le corps du Saint, commence la marche de 21 kilomètres, à travers les chemins de la campagne des Marches et les rues de certaines localités. Seconde halte au sanctuaire de Campocavallo : là, c’est l’abbé Carandino qui encourage les présents à la générosité. Tard dans l’après-midi, les pèlerins arrivent à Castelfidardo, où ils s’installent pour passer la nuit. Le dîner suscite le même enthousiasme que l’année dernière. Pour les fidèles, c’est le moment de parler au calme, de renforcer de vieilles amitiés ou de mieux connaître les familles des autres régions ; pendant ce temps, des jeunes volontaires distribuent les tee-shirts (toujours de l’Entreprise Ferlandia : merci Benizzi !) avec les armoiries pontificales et l’amusante inscription : Papa-Re Boys. Le matin du dimanche 29 mai, l’abbé Carandino célèbre la Messe pour les fidèles et l’abbé Giugni entend les confessions. Le recueillement des fidèles suscite l’admiration des gérants de l’hôtel. Après la copieuse collation, on reprend la marche. La récitation du Rosaire et le chant des cantiques marials, ainsi que les étendards, attirent l’attention respectueuse de plusieurs personnes qui se signent au passa- ge des pèlerins. La première halte se fait au sanctuaire de Crocette (ossuaire), qui rappelle la bataille de Castelfidardo de 1860. L’abbé Giugni fait le parallèle entre l’héroïsme des soldats de Pie IX et les catholiques d’aujourd’hui qui doivent combattre contre les erreurs modernes ; après le sermon l’Hymne Pontifical est entonné. Désormais les collines de Lorette, avec l’imposante basilique, montrent aux pèlerins toute leur beauté, mais la route est encore longue : la canicule rend le dernier tronçon de marche, avant la halte pour le repas, particulièrement méritoire… Aux portes de Lorette est consommé un repas tiré du sac, puis les pèlerins se disposent pour la procession finale qui, après avoir longé les murs extérieurs, leur permet d’entrer sur l’esplanade principale et d’admirer ainsi la façade monumentale de la basilique qui depuis des siècles accueille les dévots de la Sainte Vierge. L’émotion est générale et sur le visage de certains fidèles coulent des larmes de joie. Les pèlerins se rendent en groupe dans la Santa Casa où l’abbé Giugni récite la dernière prière. Puis les participants prient en particulier dans plusieurs coins de la basilique, pour ensuite prendre leurs bagages, et se rendre en bus au parking d’Osimo afin d’y reprendre les véhicules laissés la veille. C’est là que sont échangés les dernières salutations et une recommandation générale : se retrouver tous pour la 3ème édition du pèlerinage prévue, si les élections le permettent, le 13/14 mai 2006. Un remerciement particulier va aux organisateurs romagnols et aux zélés jeunes gens du service d’ordre, qui ont veillé sur les pèlerins durant toute la marche. Autres pèlerinages. Le 16 août, l’abbé Carandino s’est rendu avec les fidèles abruzzains à l’Ermitage di Santo Spirito, sur la Maiella (province de Pescara). Les fidèles trentins se sont rendus au Sanctuaire de Pietralalba, le 28 mars (lundi de Pâques) avec l’abbé Giugni ; et le 13 août à la paroisse de Spinga (BZ) avec l’abbé Carandino. Le 19 août, l’abbé Carandino est allé avec des fidèles émiliens et romagnols au sanctuaire marial de Boccadirio (BO). Le 24 septembre a eu lieu le pèlerinage abruzzain de 10 km à pied de l’abbaye de Santa Maria Arabona au sanctuaire de la SainteFace à Manoppello (Pescara). Les pèlerinages marials pour les mois de mai et octobre continuent au Sanctuaire de San 59 Luca, à Bologne, auquel participent désormais depuis des années les amis émiliens et romagnols : sous les portiques accédant au sanctuaire qui domine la ville, se trouvent les quinze chapelles des mystères du Rosaire que les pèlerins récitent entièrement lors de la montée. Le 7 mai s’est tenu le pèlerinage annuel à Notre-Dame-de-l’Osier (Isère). Cette année, l’intention de prière choisie a été le rapport mutuel entre Église et État à l’occasion de l’anniversaire des lois de séparation d’il y a cent ans en France. La veille, le professeur Jean de Viguerie a tenu une conférence à la Maison St-Joseph dans laquelle il illustrait le processus qui a amené à ces lois à partir de la Révolution française (il en a parlé également dans la revue Lectures Françaises n° 577, mai 2005, pp. 3637). Nombreux ont été les fidèles qui ont participé avec ferveur au pèlerinage pour déposer leurs prières aux pieds de NotreDame. Le 15 mai (dimanche de Pentecôte), les fidèles de Cannes ont fait leur pèlerinage annuel, avec l’abbé Cazalas, du Sanctuaire de Ste-Marie-des-Grâces à celui de St-Joseph de Cotignac (Var). L’abbé Cazalas a chanté la Ste Messe, et après le repas, les pèlerins (qui apprécient toujours plus cette occasion pour se retrouver) se sont rendus à pied en chantant et priant d’un sanctuaire à l’autre, arrivant au lieu même où en 1660 St Joseph apparut à un paysan. Samedi 8 octobre, les fidèles lombards se sont retrouvés au pied du Sacro Monte de Varèse pour le pèlerinage régional. Conduits par l’abbé Giugni et l’abbé Casas Silva, une trentaine de fidèles provenant des provinces de Milan, Varèse, Bergame, Lecco et Côme ont parcouru, en récitant les trois chapelets, le chemin des Chapelles qui illustrent les 15 Camp des filles : photo de groupe au sanctuaire de N.-D. de La Salette mystères du St Rosaire pour arriver à la cime du Sacro Monte où se trouve le très beau sanctuaire dédié à la Madone, qui domine la ville et toute la plaine du Pô. Ce fut une journée comblée de grâces ; le soir, les participants se sont ensuite retrouvés au restaurant pour un dîner convivial. Anniversaires. Le 17 avril à Turin, l’abbé Murro a célébré la Messe pour les 50 ans de mariage d’Antonio et Francesca Portaluri. Les fêtes de Notre-Dame du Bon Conseil (26 avril) et de St Pierre Martyr sont toujours solennisées, avec le baisement de la relique et le chapitre général de l’Institut. Baptêmes. Dans le dernier numéro, nous avons omis, par oubli, le baptême des jumelles Adriana et Fernanda Cardellini, filles du Pr Claudio Cardellini, que l’abbé Ricossa a baptisées à Levone (Turin) le 15 janvier 2005 dans la maison familiale. Samedi 11 juin, dans une église du Trentin, l’abbé Carandino a baptisé le petit Gregorio, fils de Paolo Motta et Silvia Ferretto. Le 13 juin, l’abbé Murro a baptisé à Annecy Louise Pouvert, fille des époux Grégory Pouvert et Alexandra Lapierre. Le 27 août, il a aussi baptisé à Annecy, Enzo Saugneaut, fils de Gérald et Gaëlle. Le 4 septembre, un baptême aussi à Verrua, celui de Thomas Bonino, administré par l’abbé Casas Silva. Le même jour, la petite Laura Rosa, fille de Gianpaolo et Elona De Luca, était baptisée dans la chapelle du Colombaio (Loro Ciuffenna). Le 8 octobre, à Grottaferrata, l’abbé Nitoglia a administré le Saint Baptême à Marco Prieto et Giulio Gioacchini. Le 10 décembre, à Serre-Nerpol, Benoît Joseph Luis, fils de Michel et Françoise Luis a été baptisé par l’abbé Murro. En Belgique, dans son église à Dendermonde, Mgr Stuyver a baptisé le 30 juin, Christoff Van Overbeke, fils de Jan et Eliane Van Overbeke ; le 5 juillet, Marie Lehouck, fille de Sven et Séverine Lehouck ; le 21 août, Jonas De Wilde, fils de Didier et Els De Wild, et le 16 octobre, Jozef Daelemans, fils de Alfons et Lena Daelemans. Premières Communions. “Laissez venir à moi les petits enfants”. À Cannes le 29 mai a eu lieu une grande fête : l’abbé Cazalas a donné la première communion à Florian Darius, Joseph Récular, Nicolas Grandfils, Thomas Van Gorp et Amélie Toulet ; Guillaume Charmoille et Pauline 60 Les pèlerins en marche vers N.-D. de l’Osier Toulet ont fait leur communion solennelle. Le 19 juin, à Turin, l’abbé Murro a donné la première communion à Ludovica Portaluri. Le dimanche 11 décembre, Hugues Chiocanini, à Serre-Nerpol a reçu Jésus pour la première fois des mains de l’abbé Cazalas. Le 29 mai (Fête-Dieu) à SerreNerpol ont eu lieu les communions solennelles et la procession du Saint-Sacrement. Confirmations. Comme nous l’avons dit, Mgr Stuyver a administré les confirmations en Belgique et en Allemagne. À l’occasion des ordinations de novembre, les confirmations ont aussi été administrées à Verrua. Mariages. Le 30 avril, à la Maison SaintJoseph, l’abbé Murro a béni le mariage de David Perotto et Isabelle Faure. Deux mariages ont eu lieu en septembre, nous signalons celui de Eric Cirelli et Maria Chiara Moschetta, le 18, à Sabbioncello San Pietro (Ferrare). Un autre mariage a été célébré à Verrua le 19 novembre. Défunts. L’écrivain français Jacques Ploncard d’Assac est mort le 20 février Cannes : les enfants de la première communion et de la communion solennelle avec l’abbé Cazalas 2005 à La Garde (Toulon), âgé de presque 95 ans, comme nous l’apprenons par la revue Lectures Françaises (n° 575, mars 2005, pp. 17-19). Nous nous souvenons qu’il a été l’un des premiers auteurs à avoir parlé avec admiration du Sodalitium pianum fondé par Mgr Benigni, dans son livre L’Église occupée (Chiré 1975/1983). Ploncard, en effet, de la même façon que Mgr Benigni, collabora à la célèbre Revue Internationale des Sociétés Secrètes de Mgr Jouin, et mérite donc une place d’honneur dans l’histoire de la lutte contre la Franc-Maçonnerie. Au mois de juin, une lettre de Mme Catta nous annonçait la mort de son mari, R. S. Catta, connu, comme poète et écrivain, sous le nom de Isal ; il est décédé le 11 mars 2005 au Canada, où il vivait ; il aurait eu 91 ans en avril. Français d’origine corse, il était apparenté au chanoine Catta, qui eut un rôle important aux origines de la “Tradition”. Chaque fois qu’il recevait Sodalitium, il nous envoyait une offrande et un commentaire pour chaque article. “C’est toujours rassurant de recevoir Sodalitium - nous écrivait-il dans sa dernière lettre du 10 décembre - comme le rayon d’un phare connu, et proche dans la tempête”, et ensuite il nous entretenait d’une grave maladie qui l’avait porté au seuil de la mort, entre juin et août 2004. Nous avons honoré sa mémoire par une Messe de suffrage. Nous rappelons aussi la figure du Père Julien Gaillard, né en 1914 et décédé le 8 avril 2005. Missionnaire en Afrique, il rentra en France tandis que se déchaînait la révolution conciliaire : tous les prêtres devaient suivre une formation de recyclage aux frais du diocèse. Le Père Gaillard demanda de faire la formation chez… le Père Barbara, qui naturellement, le recycla, mais dans le sens opposé à celui désiré par les modernistes. Bien vite, il devint une bannière de la tradition en Bretagne, où sa chapelle à Rennes, avec des centaines de fidèles, était - après Paris - la plus fréquentée de France. Nous nous avons, nous aussi, eu la chance de le connaître, et d’être en communion de foi avec lui. Un beau souvenir du Père Gaillard, sous la signature de Jean Yves Busnel, a été publié sur Le Combat catholique de Rennes (n° 51, mars-avril 2005, pp. 2-4). Un autre prêtre resté fidèle nous a quittés ces temps-ci : il s’agit de l’abbé Pozzera, notre abonné, qui ne se cachait pas de 61 Livres du Centro Librario Sodalitium NOUVEAUTÉS «Cassiciaco, ubi ab æustu sæculi requievimus in te, amœnitatem sempiterne virentis paradisi tui» (St Augustin, Confessions IX, 3) Tome I (De Papatu Materiali) Texte latin-français N ou ve au té s Collection Cassiciacum Abbé Donald J. Sanborn LA PAPAUTÉ MATÉRIELLE ARTHUR PREUSS Étude sur la Franc-Maçonnerie américaine 18,30 € ABBÉ ANTHONY CEKADA On ne prie plus comme autrefois... 7,65 € Petite méthode pour suivre la Sainte Messe 2,60 € ABBÉ NITOGLIA De la Synagogue à L’Église 4,60 € ABBÉ RICOSSA L’abbé Paladino et la Thèse de… 4,60 € ISIDORO DA ALATRI Qui a tué Jésus-Christ ? 10,55 € GIUSEPPE RICCIOTTI Vie de Jésus Christ 22,90 € L’éducation de Jean-Marie 4,50 € DONALD J. SANBORN La papauté matérielle 8,40 € CH. DE MAILLARDOZ Les sept péchés capitaux de l’Enfance 8,40 € HENRI DEEN Le célibat des prêtres 6,10 € Le Saint-Siège et le “Secret de la Salette” 5,00 € GUÉRARD D. L. Le problème de l’autorité et de l’épiscopat 8,40 € ABBÉ RICOSSA Cristina Campo ou l’ambiguïté de la tradition 9,50 € Frais de Port: + 1,50 € pour commande inférieure ou égale à 8,40 € + 3,85 € pour commande inférieure à 32 € + 5,05 € pour commande à partir de 32 € - GRATUIT à partir de 41 € À retourner à l’adresse suivante: Centro Librario Sodalitium Loc. Carbignano 36 10020 VERRUA SAVOIA (TO) ITALIE + port Total Nom Prénom Adresse Ville Code Vous pouvez aussi téléphoner à: Tél. (de France): +39. 0161. 83.93.35 Fax (de France): +39.0161. 83.93.34 email: centrolibrario@sodalitium.it Tél.: 62 partager la Thèse de Cassiciacum de Mgr Guérard des Lauriers. Une autre figure qui a laissé une trace profonde dans l’histoire de la résistance à Vatican II est celle de Mme le Docteur Elisabeth Gerstner, née Kleinpass. Née à Wesel, en Allemagne, en 1924, diplômée en philosophie, elle travailla au Vatican au Comité permanent des Congrès internationaux pour l’Apostolat des Laïcs. Ceci lui permit de connaître de nombreux prélats et cardinaux romains, ce qui lui fut d’une grande utilité quand il s’agit de s’opposer à la réforme liturgique. Elle participa au premier plan à toutes les plus importantes initiatives de cette époque : la fondation de Una Voce, l’entreprise du Breve Esame Critico del Novus Ordo Missæ, les Pellegrinaggi Romani (1970, 1971, 1973) du PERC (Pro Ecclesia Romana Catholica). En Allemagne, elle fonda la revue Kyrie Eleison, et défendit longtemps la position du “siège vacant”. Elisabeth Gerstner, qui nous rendit visite avec son mari à Verrua, lisait et estimait notre revue, même si nos positions étaient devenues inconciliables. Elle est morte le 3 novembre 2005 en Angleterre, où elle s’était établie. Le 15 avril est décédée subitement à Annecy Mme Monique Larfaillou. De Paris, elle était venue habiter dans la région d’Annecy pour être fidèle à la Messe “non una cum”, l’oblatio munda. Ceux qui ont fait il y a plusieurs années le camp d’été ou les Exercices Spirituels à Raveau avaient pu apprécier non seulement sa cuisine mais aussi sa bonne humeur. En effet, ce fut grâce aussi à son aide que ces deux activités purent avoir lieu les premières années à Raveau. Elle était également connue des fidèles de Turin depuis les temps de Nichelino, où elle venait, tant pour assister aux cérémonies que pour donner un coup de main. Infatigable, elle ne refusait jamais d’aider aux différents travaux pour l’Institut, de la sacristie au secrétariat, de la cuisine à la couture. Elle fut généreuse non seulement en faisant mais aussi en donnant, selon la possibilité de ses moyens. Depuis quelques années, elle souffrait d’une maladie qui l’avait obligée à cesser toute activité. Ses funérailles se sont déroulées dans notre chapelle d’Annecy le 17 avril et elle a été inhumée au cimetière de Cran Gevrier. Le 20 avril, à Montevarchi, est décédée Mme Piera Guidi veuve Rennella, à qui l’abbé Ricossa avait donné les derniers sacrements ; l’abbé la connaissait bien, puisqu’elle était la mère de son oncle. De manière inattendue, est arrivée le 2 juin la nouvelle de la mort, dans un accident, de l’avocat Carlo Ludovico Coppi. Depuis un certain temps il ne nous fréquentait plus, mais nous n’oublions pas qu’il fut l’un des premiers exercitants de l’Institut, et qu’il passa avec nous un courte période pour examiner sa vocation. Nous sommes très proches, en cette terrible circonstance, des familles Coppi, Nicoletti et Senni. À la fin du mois de juin est décédé également M. Jean Godin, de Cannes, que nos fidèles ont vu tant de fois à la chapelle N.-D. des Victoires. Un autre fidèle des temps anciens, que nous ne voyions plus ces derniers temps, était le Pr Antonio Zocco, de Milan ; il nous a quittés lui aussi cette année. En juillet, inattendue, la fin terrestre de Mario Spataro, journaliste, écrivain, conférencier apprécié, qui a plusieurs fois donné des conférences pour ou avec les prêtres de l’Institut. Le 20 août 2005, s’est éteint à San Benedetto (AP) M. Leo Capacchietti, de la classe 1921 ; il fréquentait notre groupe de prière de Grottammare et avait reçu de l’abbé Carandino l’Extrême-Onction au début de la maladie qui l’a conduit à la mort. La Messe du trentième jour a été célébrée par l’abbé Carandino à Grottammare, en présence de sa veuve, qui a assisté avec tendresse son époux durant toute sa maladie. Le 2 septembre 2005, après 11 mois de coma, s’est éteinte à l’hôpital de Teramo Mme Fernanda d’Ottavio veuve Graziani, âgée de 83 ans ; elle a toujours participé avec conviction et dévotion aux Messes que l’abbé Carandino a célébrées ces dernières années à Teramo. Nous adressons à ses fils Adolfo et Domenico et à leurs familles respectives nos plus sincères condoléances. Le 9 novembre, est décédée à l’hôpital de Parme, Mme le professeur Giovanna Del Grosso di Altavilla Irpina, mère de M. Severino ; deux jours avant, l’abbé Murro avait pu la confesser et lui administrer l’Extrême-Onction. L’abbé Nitoglia a célébré à Avellino la messe du trentième jour. Marcel Van Gorp aurait dû être avec nous le 5 novembre, pour les ordinations, mais ses conditions de santé ne lui avaient pas permis de venir à Verrua, où il avait déjà été notre hôte, comme nous l’avions été nous- 63 mêmes à l’occasion des ordinations au diaconat ; il est en effet décédé le 24 novembre en Belgique, suite à une opération chirurgicale, à laquelle il s’était préparé en recevant les Saints Sacrements. M. Van Gorp était depuis des années ami et bienfaiteur du Père Vinson ; une de ses filles est religieuse chez le Sœurs du Christ-Roi (Serre-Nerpol). Plus récemment, il devint aussi un grand ami de l’Institut, au point de vouloir habiter à Dendermonde, pour pouvoir assister chaque jour à la Sainte Messe dans la chapelle de Notre-Dame du Bon Conseil de Mgr Stuyver. C’est dans cette même chapelle que se sont déroulées le 30 novembre ses funérailles, en présence de l’abbé Medina, de l’abbé Schoonbroodt, qui a célébré, et de Mgr Stuyver qui a prononcé l’homélie. À son épouse et à ses enfants, les condoléances de tout l’Institut. Le 12 décembre, l’abbé Murro a célébré à Grenoble les funérailles de Mme Simonne Reffienna, décédée à l’âge de 91 ans, à qui l’abbé Cazalas avait administré les Sacrements. Prions aussi pour Julien Vinson, frère du Père Georges Vinson, récemment disparu. Messe à Paris Institut Mater Boni Consilii, à la demande des fidèles ne trouvant pas à Paris une Messe qui ne soit pas célébrée en communion avec Benoît XVI (non una cum), célèbre la Sainte Messe à Paris depuis le mois de janvier. Pour l’instant, elle a lieu une fois par mois, à 10h30 (confessions à partir de 9h30). Pour tout renseignement, téléphoner au 01 69 05 33 51 ou bien au 06 81 68 78 14. Nous cherchons un lieu stable à Paris intra muros : nous sommes ouverts à toute proposition. L’ ACTIVITÉS ÉTÉ 2006 • Camp St Louis de Gonzague : pour garçons de 8 ans accomplis à 13 ans, du lundi 10 au lundi 24 juillet à Raveau (Nièvre). • Camp pour les filles : (de 8 à 16 ans) dans les Alpes, du lundi 10 au samedi 29 juillet. S’adresser à la Maison Saint-Joseph. 38470 Serre-Nerpol. Tél.: 04.76.64.24.11. Exercices Spirituels de Saint Ignace à Raveau (Nièvre) • Pour hommes et jeunes gens : du lundi 7 août à 12 h, au samedi 12 août à 12 h • Pour dames et jeunes filles : du lundi 31 juillet à 12 h, au samedi 5 août à 12 h Belgique : Pour toute information relative aux activités, s'adresser à Mgr Geert Stuyver Pour tout renseignement s'adresser à : Institut Mater Boni Consilii • Loc. Carbignano, 36 - 10020 Verrua Savoia (To) Italie Tél.: + 39.0161.839.335 - Fax: + 39.0161.839.334 • 350 route de Mouchy Raveau 58400 France - Tél. et Fax 03.86.70.11.14. www.sodalitium.it/france - e-mail: info@sodalitium.it - raveau@sodalitium.it CENTRES DE MESSES RÉSIDENCES DES PRETRES DE L’INSTITUT ITALIE: Verrua Savoia (TO). Maison-Mère. Istituto Mater Boni Consilii - Località Carbignano, 36. Tél. de l'Italie: 0161.83.93.35 - Ste Messe: en semaine à 7h30. Salut du Saint-Sacrement: tous les vendredis à 21h. Heure Sainte: le premier vendredi du mois à 21h. San Martino dei Mulini (RN). Casa San Pio X. Abbé Ugo Carandino - Via Sarzana 86. Pour toute information, téléphoner au 0541.75.89.61. Fax: 0541.757.231. Rome: Abbé Curzio Nitoglia, via Montevideo 20, int. 3, 00198. Tél. 06.841.75.89 FRANCE: 350 route de Mouchy Raveau 58400. Pour toute information, téléphoner au 03.86.70.11.14. BELGIQUE: Dendermonde. Mgr Geert Stuyver: Kapel O.L.V. van Goede Raad, (chapelle N.-D. du Bon Conseil) Koning Albertstraat 146 - 9200 Sint-Gillis Dendermonde: Ste Messe le dimanche à 9h30. Tél. (et Fax): (+32) (0) 52.38.07.78. AUTRES CENTRES DE MESSES FRANCE Annecy: 11 avenue de la Mavéria. Tél.: 04.50.09.04.67. Ste Messe le 2ème et 4ème dimanche du mois à 10 h. Confessions à 9 h. Cannes: Chapelle N.-D. des Victoires. 4 rue Fellegara. Tél.: 04.93.46.78.54. Ste Messe le 2ème et 4ème dimanche du mois à 18h. Lille: Ste Messe le 1er et 3ème dimanche du mois à 17h. Confessions à 16h30. Pour toute information: Mgr Geert Stuyver en Belgique. Lyon: 17 cours Suchet. Tél.: 04.77.33.11.24. Ste Messe le 2ème et 4ème dimanche du mois à 17h. Confessions à partir de 16h30. Paris: pour toute information, téléphoner au 01.69.05.33.51 ou bien au 06.81.68.78.14. ITALIE Chieti Scalo: Oratoire du Précieux Sang, via Colonnetta 148. Le 2ème dimanche du mois à 18h30 et le 3ème à 10h30. Ferrare: Chiesa S. Luigi, Via Pacchenia 47 Albarea. Ste Messe tous les dimanches à 17h30. Le 2ème dimanche du mois à 11h30. Loro Ciuffenna (Arezzo): Fattoria del Colombaio, str. dei 7 ponti. Ste Messe le 1er dimanche du mois à 17h30. Maranello (Modène): Villa Senni. Strada per Fogliano. Ste Messe tous les dimanches à 11h, sauf le 2ème dimanche du mois à 9h. Milan: Oratoire St Ambroise. Via Vivarini 3. Ste Messe tous les dimanches et fêtes à 11h. Padoue: le 1er dimanche du mois à 18h. Rimini: Oratoire St Grégoire le Grand, via Molini 8: dimanches et fêtes, Messe à 11h. Rome: Oratoire St Grégoire VII. Via Pietro della Valle, 13/b: dimanche et fêtes, Messe à 11h. Rovereto (Trente): Messe 1er le 3ème et 5ème dimanche du mois. Turin: Oratoire du Sacré-Cœur, via Thesauro 3/D. Dimanches: Messe chantée à 9h. Messe basse à 11h15. Tous les premiers vendredis du mois: Messe à 18h15. Valmadrera (Lecco): via Concordia, 21. Ste Messe le 2ème et 4ème dimanche du mois. Varèse: se renseigner à Verrua. Confessions une demi-heure avant les messes. Pour toute information, téléphoner à Verrua Savoia ou à San Martino dei Mulini (RN) COMMENT NOUS AIDER - Il n’y a pas d'abonnement à “Sodalitium”. Ce périodique est envoyé gratuitement à tous ceux qui désirent le recevoir. Nous demandons aux personnes qui, pour un motif quelconque, ne désirent pas le recevoir, de nous le faire savoir. - L’Institut Mater Boni Consilii et son périodique “Sodalitium” n’ont pas d’autres ressources que vos offrandes sans lesquelles ils ne peuvent vivre. Pour vos dons, libeller: • ASSOCIATION MATER BONI CONSILII - Mouchy - Raveau 58400 - LA CHARITE SUR LOIRE. CCP n° 2670 37 W DIJON • ASSOCIATION MATER BONI CONSILII - Mouchy - Raveau 58400 - LA CHARITE SUR LOIRE. Compte CREDIT LYONNAIS: Banque: 30002; Agence: 07531; N° du compte: 79074 U; Clé: 78. EN CAS DE NON-LIVRAISON, VEUILLEZ RENVOYER A L’EXPEDITEUR QUI S’ENGAGE A PAYER LE RETOUR A L’ENVOYEUR: ASTI C.P.O SODALITIUM PERIODICO Loc. 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