Fatima en pratique : l’Armée Bleue par le frère Gabriel-Marie C.SS.R. Comment vivre Fatima au jour le jour ? L E MESSAGE DE FATIMA est constitué de multiples demandes. Les différentes apparitions ont tour à tour exhorté à réparer, faire pénitence, réciter le chapelet, faire des sacrifices pour les pécheurs, dire les prières enseignées par l’Ange, se confier au Cœur Immaculé de Marie et promouvoir son culte, embrasser la dévotion des cinq premiers samedis, faire consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie par le pape, uni à tous les évêques du monde. Tous ces éléments peuvent paraître un peu disparates au premier abord. Estil possible de trouver une formule claire qui les contienne tous et fasse connaître à tous les catholiques ce qui leur est demandé de faire concrètement chaque jour ? Une telle formule existe. La messagère de la Vierge de Fatima, sœur Lucie, remplissant ainsi le rôle qui lui a été confié de faire connaître et aimer le Cœur Immaculé de Marie, l’a composée en 1946, lors d’un entretien avec deux écrivains américains invités par l’évêque de Fatima. L’un d’entre eux, John Haffert (1915-2001), avec ce sens du concret qui caractérise souvent nos voisins d’outre-Atlantique, passa même tout son temps (quatre heures entières) sur cette seule question : « Qu’est-ce que Notre-Dame demande de nous ? Que doit faire chaque catholique pour que le communisme soit vaincu et l’annihilation des nations évitée ? » Sœur Lucie parla de la consécration au Cœur Immaculée de Marie et de diverses pratiques mariales – le chapelet en particulier – en vue de la sanctification du devoir quotidien. Et les premiers samedis ? Elle dit qu’ils étaient importants principalement comme un moyen de se purifier chaque mois, de renouveler ses résolutions. L’exigence principale était cependant l’offrande des sacrifices demandés par notre état de vie, en employant à cette fin notre dévotion à Marie par la consécration au Cœur Immaculé de Marie et le chapelet quotidien. FATIMA E N P RATIQUE : L’ARMÉ E BLE UE 255 Au bout de ces quatre heures d’entrevue, un texte de promesse fut formulé, avec l’aide de Lucie. On y trouve le résumé des demandes de Notre-Dame, toute la dévotion au Cœur Immaculé de Marie : Ma souveraine et tendre Mère, qui avez promis à Fatima la conversion de la Russie et la conversion du monde, je promets solennellement à votre Cœur Immaculé, en réparation de mes péchés et de ceux du monde entier : 1) d’offrir chaque jour les sacrifices qu’exige mon devoir quotidien ; 2) de prier quotidiennement une partie du rosaire 1 en méditant les mystères ; 3) de porter le scapulaire du Mont-Carmel comme signe de mon engagement et comme un acte de consécration à vous. Je m’engage à renouveler souvent cette promesse, spécialement dans les moments de tentation. Cette formule, qui constitue l’engagement dans ce qu’on appela ensuite l’Armée Bleue, résume les obligations de ses membres. Elle fut présentée à l’évêque de Fatima, qui l’approuva immédiatement et la promulgua. John Haffert était rédacteur en chef d’une revue américaine qui avait 160 000 abonnés. Dès son retour, il lança une campagne pour faire signer cette formule. Un an après, plus d’un million un quart de catholiques américains s’étaient ainsi engagés. L’abbé Colgan (1894-1972) et l’insigne bleu Parmi les signataires, l’abbé Harold Victor Colgan, curé de St Mary's Church à Plainfield aux États-Unis (New Jersey), avait une grande dévotion à NotreDame de Fatima. Guéri d’une maladie de cœur par son intercession, il avait fait le vœu de travailler tout le reste de sa vie à la faire connaître et aimer. C’est lui qui fonda l’« Armée Bleue » en 1947. Pourquoi la nomma-t-il ainsi ? D’abord pour faire front à l’Armée Rouge. Quant à la couleur bleue, c’est celle de la Vierge Marie. Mais une armée doit se reconnaître extérieurement. Pour savoir combien de ses paroissiens avaient fait l’engagement, il demanda un jour, dans un sermon, à ceux qui l’avait fait, de porter un insigne bleu. Dès lors, d’abord aux États-Unis puis dans le monde entier, on désigna sous le nom d’Armée Bleue l’ensemble de ceux qui ont signé l’engagement et portent l’insigne bleu. John Haffert et l’abbé Colgan unirent leurs efforts pour répandre le message de Fatima à travers cette formule composée avec sœur Lucie en 1946, et qui fut désormais appelée « l’engagement dans l’Armée Bleue » (the Blue Army Pledge). John Haffert fut donc le co-fondateur de l’Armée Bleue 2. — Il s'agit de réciter au moins cinq dizaines chaque jour. — Le 21 octobre 1961, Mgr Colgan demanda au Padre Pio : « Acceptez-vous de prendre les membres de l’Armée Bleue pour vos enfants spirituels ? » Et le Padre de répondre officiellement : « S’ils se comportent bien. » Il dit également à John Haffert que 1 2 LE SEL DE LA TERRE Nº 53, ÉTÉ 2005 256 V I E S P I R I T U E L L E L’évêque de Fatima encouragea la construction d’un centre à Fatima pour promouvoir l’accomplissement de cet engagement : la Domus Pacis. L’Armée Bleue se répandit ainsi dans 110 pays, sous la direction d’un secrétariat international à Fatima (chaque nation a aussi son propre centre national). Mgr Colgan, le fondateur de l’Armée Bleue, mourut le 16 avril 1972. Son corps a été transféré au Centre National de l’Armée Bleue des États-Unis le 7 octobre suivant, lors du jubilé d’argent de l’Armée Bleue. L’Armée Bleue officielle a cependant suivi le courant conciliaire, adoptant dès 1982 la nouvelle interprétation du message de Fatima. En d’autres termes, elle travaille pour l’œcuménisme (approuvant même le projet de temple œcuménique à Fatima) ; elle considère que la consécration de la Russie a été faite, que la Russie est donc convertie, et que nous vivons actuellement le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. L’insistance sur les demandes de NotreDame n’a donc plus lieu d’être puisque tout a été fait. L’Armée Bleue a même changé de nom et s’appelle maintenant : « L’Apostolat Mondial de Fatima ». Convaincu, au contraire, que la Russie n’a toujours pas été consacrée comme la sainte Vierge l’a demandé, et donc que les promesses attachées à cette consécration sont bien loin d’être réalisées, un centre international de l’Armée Bleue pour la Tradition s’est constitué en Écosse, à l’adresse suivante : Rédemptoristes Transalpins Golgotha Monastery Island PAPA STRONSAY, Orkney Isles GB-KW 17 2 AR La « formule de sainteté » de Fatima L’engagement dans l’Armée Bleue peut être appelé la « formule de sainteté de Fatima ». Chacun des éléments est étroitement lié aux autres. On ne peut les séparer que pour les commenter. Comme les pieds d’une table, tous sont nécessaires, constituant ensemble un fondement solide pour le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. Nous allons donc passer en revue ces éléments, qui constituent la dévotion au Cœur Immaculé de Marie : le scapulaire, le chapelet et l’offrande de notre devoir d’état, tout étant fait en esprit de réparation pour les péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie. Bien sûr, ces éléments sont inséparables de la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois, qui est la grande dévotion demandée à Fatima. Mais nous ne nous attarderons pas sur ce point, traité dans un autre article. « la Russie se convertira quand il y aura un membre de l’Armée Bleue pour chaque communiste ». FATIMA E N P RATIQUE : L’ARMÉ E BLE UE 257 Le scapulaire Il peut sembler étrange que le scapulaire occupe une place tellement importante dans la réalisation des demandes de Fatima alors que Notre-Dame n’en a pas dit un mot. Mais, sans en parler, la sainte Vierge l’a montré aux trois enfants dans une des trois visions qui ont accompagné le grand miracle du 13 octobre. De plus, sœur Lucie, chargée par le Ciel de faire connaître au monde les demandes de Notre-Dame, en a fait l’un des quatre éléments de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, insistant souvent sur son importance. Ainsi, le 15 octobre 1950, le père Howard Rafferty interrogea Lucie au nom du Père général des Carmes. Citons quatre de ses réponses : — Notre-Dame tenait le scapulaire en ses mains parce qu’elle veut que nous le portions. — Le scapulaire est le signe de notre consécration au Cœur Immaculé de Marie. — Le port du scapulaire est indispensable pour accomplir les requêtes de Notre-Dame de Fatima. — Le scapulaire et le rosaire sont inséparables 1. Le scapulaire brun de Notre-Dame du Mont-Carmel est surtout connu à cause des deux magnifiques promesses qui lui sont attachées : — protection de l’enfer pour ceux qui le portent au moment de la mort, — délivrance du purgatoire le samedi après sa mort, à certaines conditions. Mais le scapulaire en général (commun à beaucoup d’ordres religieux, avec une couleur variable) a une signification beaucoup plus riche encore. Tâchons de l’examiner. Le scapulaire, signe d’un contrat passé avec Notre-Dame Le scapulaire est avant tout le signe d’un contrat fait avec la Reine des cieux. Voici comment John Haffert explique la signification du scapulaire et le contrat qu’il représente : En faisant de nous ses clients et en nous promettant de nous conduire au Ciel 2, [la sainte Vierge] a fait du scapulaire le signe de son intercession. En nous donnant le scapulaire, Notre-Dame ne nous force pas à venir sous son manteau ; elle ne fait que nous inviter à nous réfugier sous ses plis où, comme membre de 1 — Cité par le frère F RANÇOIS DE M ARIE-DES-A NGES , Fatima, joie intime, événement mondial, Saint-Parres-lès-Vaudes, CRC, 1991, p. 165. 2 — Il s'agit de la promesse de la sainte Vierge à saint Simon Stock disant que celui qui mourra vêtu du scapulaire ne tombera pas en enfer. LE SEL DE LA TERRE Nº 53, ÉTÉ 2005 258 V I E S P I R I T U E L L E sa famille et comme des enfants privilégiés, chacun d’entre nous sera sauvé. Il y a donc une alliance des deux côtés : Marie, pour sa part, s’offre à être notre Mère ; quant à nous, nous nous offrons à être ses enfants. Une union morale résulte de cette double alliance. Quiconque pense à Marie avec amour, confiance et vénération, est moralement uni à elle ; et par le scapulaire, cette union est continuelle. La plus grande excellence du scapulaire vient peut-être du fait que cette union est incessante entre nous et la médiatrice universelle de toutes grâces. C’est le signe d’un contrat bilatéral ; et, de son côté, Marie nous assure de son intercession 1. Celui qui porte le scapulaire doit cultiver les sentiments qui constituent la dévotion à Marie et qui sont la vénération, la confiance et l’amour filial. La confiance s’exprime surtout par la prière de demande. Quant à l’amour filial, il doit être uni à la pureté de la vie, ou au moins à la volonté ou même simplement au désir sincère de se convertir. La dévotion au scapulaire nous porte facilement à avoir ces sentiments : le fait de savoir que la sainte Vierge nous prend pour ses enfants privilégiés – en étendant sur nous son manteau, en promettant de nous protéger d’une manière toute spéciale en nous assurant de son intercession – tout cela est propre à faire naître en nous les sentiments de confiance et d’amour filial envers elle et à nous mettre dans une grande intimité avec elle. Une protection mariale proportionnée à notre dévotion A celui qui porte son scapulaire, Notre-Dame promet de le protéger, de l’aider dans tous ses besoins, temporels et spirituels, elle l’assure de son intercession. Cependant l’efficacité de sa protection dépend de la perfection de nos sentiments de vénération, confiance et amour, et de notre compréhension de ce que signifie le scapulaire. Poursuivons la lecture de John Haffert : Le port du scapulaire est toujours un puissant moyen de grâce. Les catholiques allemands l’expriment par le mot qu’ils emploient pour désigner le scapulaire : Gnadenkleid : Gnaden = grâce - kleid = vêtement. Il est toujours un puissant moyen de grâce parce qu’il nous assure des prières de Marie. Cependant son degré d’efficacité dépend de nous. Bien que quiconque porte le scapulaire dévotement pratique une vraie dévotion à Marie – une dévotion d’hommage, de confiance et d’amour – cette vraie dévotion peut être très superficielle. L’hommage peut être présent, ainsi que la confiance ; mais l’amour ? Cette personne qui porte le scapulaire est-elle vraiment attentive à ne pas offenser le Fils de Marie ? S’il n’en est pas ainsi, la vraie dévotion décline. Le minimum d’amour pour Marie – un peu plus qu’un désir de sa protection par envie d’échapper à l’enfer – disparaîtra si le pécheur 1 — John HAFFERT, Sign of Her Heart, Washington, Ave Maria Institute, 1971, ch. 4. FATIMA E N P RATIQUE : L’ARMÉ E BLE UE 259 négligent ne cherche pas à réformer sa vie ; si bien que, finalement, il oubliera de porter son signe d’affiliation 1. Porter le scapulaire jusqu’à la mort et obtenir par là le salut, est en effet une grâce. Mais cette grâce n’est donnée qu’à celui qui pratique un minimum de dévotion à Marie, avec au moins le désir sincère de se convertir s’il est pécheur. Sans cela, cette grâce pourra lui être retirée, et pour une raison ou pour une autre, il ne pensera plus ou ne voudra plus porter le scapulaire. Au contraire, quelqu’un qui est dévot récoltera la conséquence infaillible de la persévérance dans le port du scapulaire : la vie divine augmentera en lui, s’il est en état de grâce, ou bien il retrouvera cette vie divine s’il vit dans le péché. Marie, par sa prière toute-puissante, lui obtient ces grâces actuelles qui le poussent à utiliser les sacrements. Mais pour celui qui entre dans la dévotion du scapulaire, pour celui qui non seulement porte le scapulaire, mais se rappelle fréquemment l’alliance qu’il a faite avec Marie, le pouvoir du « sacrement de Marie » [= le scapulaire] devient formidable 2 ! Elle est une mère qui ne se laissera pas dépasser en fait de générosité, et le scapulaire est en lui-même le plus grand signe de cette générosité. Comme il serait regrettable de porter sur soi ce trésor inépuisable sans chercher dans son coffre pour prendre possession de l’or de l’hommage, de la confiance et de l’amour qui y brillent ! Comme il serait dommage si nous ne rappelions jamais à la dispensatrice de toute grâce qu’elle a contracté une alliance avec nous, ou si nous ne nous laissions jamais pénétrer de ces sentiments de reconnaissance et d’amour, que son scapulaire nous pousse à avoir 3. John Haffert explique encore : Ainsi le scapulaire n’est pas seulement une assurance de salut après la mort ; c’est aussi un puissant moyen de grâce. En instituant une dévotion si simple, et pourtant si complète, Marie s’oblige continuellement, pour ainsi dire, à intercéder pour nous.. […] La sainte Vierge nous a donné un signe portant en lui une promesse et qui nous distingue comme ses dévots, ses enfants bien-aimés à qui elle choisit de dispenser les grâces ; sa promesse contient celle de faire atteindre la sainteté à ceux qui portent son scapulaire [à condition qu’il soit utilisé de la manière décrite ci-dessus] 4. 1 2 — John HAFFERT, Sign of Her Heart, ibid., ch. 4. — Le mot sacrement n’est pas à prendre ici au sens strict. John Haffert veut simplement dire que le scapulaire ressemble à un sacrement dans la mesure où il peut nous obtenir des grâces. Mais il ne les obtient pas par sa propre efficacité comme les sept sacrements institués par Notre-Seigneur. Il ne nous les obtient que selon notre dévotion. On dit qu’il est un sacramental, comme une médaille par exemple. 3 — John HAFFERT, ibid., ch. 5. 4 — John Haffert, ibid., ch. 5. LE SEL DE LA TERRE Nº 53, ÉTÉ 2005 260 V I E S P I R I T U E L L E Le scapulaire, aide puissante pour vivre la consécration à Marie On peut ajouter que le scapulaire est une grande aide dans la pratique de la parfaite dévotion à Marie telle qu’elle a été enseignée par saint Louis-Marie Grignion de Montfort. En effet cette dévotion consiste essentiellement dans le don total de soi-même à la sainte Vierge : nous lui donnons notre corps, notre âme, nos biens intérieurs et extérieurs, la valeur de nos bonnes actions. Nous devenons alors les esclaves d’amour de Notre-Dame. Étant le signe de leur alliance avec Marie, le scapulaire est, pour ceux qui lui sont consacrés, le rappel constant de leur appartenance totale. Citons encore John Haffert : La dévotion au scapulaire rend l’union avec Marie naturelle et facile. Et par « union », nous n’entendons pas simplement l’union morale fondamentale qui constitue la dévotion au scapulaire, mais cette union plus profonde avec Marie qui fait apparaître dans nos âmes la ressemblance du Christ et apporte avec elle une nouvelle intimité avec lui. Nous avons vu plus haut que le port du scapulaire manifeste la pratique d’une vraie dévotion à Marie : une dévotion d’hommage, de confiance et d’amour. Dans cette vraie dévotion on donne à Marie notre esprit (hommage), notre volonté (confiance) et notre cœur (amour). Une union morale en résulte, mais cette union n’est pas assez profonde pour faire que Jésus vive en nous par elle. Cette union plus profonde résulte seulement de la pratique de la parfaite dévotion, une dévotion non seulement de l’esprit, du cœur et de la volonté, mais de tout notre être […]. Et c’est là que le scapulaire devient une grande aide […]. Par le scapulaire, Marie a déclaré que nous serons saints au Ciel. C’est pourquoi elle désire nous rendre saints sur terre. Elle désire se présenter à nous afin que nous nous unissions étroitement à elle, l’Immaculée, et ainsi être tout à fait agréables à Jésus. Le scapulaire nous aide à consoler le cœur de Marie La dévotion au Cœur Immaculé de Marie est avant tout une dévotion réparatrice : il s’agit de consoler notre Mère, dont le cœur est blessé par les outrages de ses enfants ingrats. Voyant que la plupart d’entre eux l’offensent et la méprisent, elle en cherche quelques-uns qui voudraient bien s’efforcer de l’aimer pour la consoler. Elle leur propose de porter le scapulaire qui sera le signe qu’ils se sont consacrés à son cœur entouré d’épines, afin de lui offrir réparation. FATIMA E N P RATIQUE : L’ARMÉ E BLE UE 261 Celui qui porte le scapulaire s’engage à consoler le cœur de Marie, à offrir chaque jour avec cette intention réparatrice la récitation du chapelet et les sacrifices demandés pour bien remplir son devoir d’état. La sainte Vierge, quant à elle, lui obtient les grâces nécessaires pour progresser dans la vie chrétienne. Pour terminer, on peut dire que le scapulaire est le « signe de son cœur 1 » : il nous unit au cœur douloureux de Marie, à ce cœur souffrant qui nous entoure incessamment de son amour maternel dont il est le symbole. Il est le signe de notre consécration au Cœur douloureux et immaculé de Marie. Le chapelet Le chapelet est essentiellement une méditation Dans chacune de ses apparitions à Fatima, Notre-Dame a demandé aux trois enfants de réciter le chapelet 2. Mais le chapelet n’est pas une simple récitation de prières vocales. Il est avant tout une méditation des mystères de la vie de Notre-Seigneur et de Notre-Dame 3. Les livres sur l’histoire et l’importance du rosaire sont sans doute de moindre importance que les livres qui nous montrent comment appliquer les mystères du rosaire à nos vies. Il faut avoir une intention pour chaque dizaine, penser à quelque chose dont nous avons vraiment besoin dans notre vie spirituelle, en rapport avec le mystère que nous contemplons ; et ensuite prier chaque Ave Maria à cette intention. Dans l’esprit de Notre-Dame de Fatima, le chapelet doit être dit en réparation pour les péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie ; cette prière est extrêmement agréable à la Mère de Dieu comme elle l’a elle-même révélé à une associée de la Confrérie du rosaire (« Sache que je reçois une telle joie de la salutation angélique, qu’aucun homme ne pourra l’expliquer 4 »). Le rosaire est donc très efficace pour la consoler et obtenir le pardon à ceux qui l’ont offensée. — Sign of Her Heart : c'est le titre du livre cité plus haut. — On a fait remarquer que la première apparition de Notre-Dame à Fatima (13 mai) est séparée de la dernière (13 octobre) par exactement 153 jours. C’est le nombre des Ave dans un rosaire. (Du moins dans le rosaire traditionnel, avant le « nouveau rosaire » de JeanPaul II. – Sur ce dernier, voir Le Sel de la terre 45, p. 123-166.) (NDLR.) 3 — Voir « Le rosaire, victoires et pratique » dans Le Sel de la terre 41, p. 47-77. La Vierge Marie a bien montré cette importance des mystères par les trois apparitions dont elle a gratifié les petits voyants le 13 octobre 1917 tandis que la foule contemplait le miracle du soleil : d’abord la vision de la sainte Famille, puis Notre-Seigneur avec Notre-Dame des Douleurs, enfin Notre-Dame du Mont-Carmel. Ainsi étaient symbolisés les mystères joyeux, douloureux et glorieux du rosaire. (NDLR). 4 — Saint LOUIS-MARIE G RIGNION DE MONTFORT, Le Secret du Rosaire. 1 2 LE SEL DE LA TERRE Nº 53, ÉTÉ 2005 262 V I E S P I R I T U E L L E Rapports entre le chapelet et le scapulaire Sœur Lucie disait : « Le scapulaire et le rosaire sont inséparables 1. » Ils le sont pour trois motifs : — D’abord parce que le scapulaire nous aide à mieux réciter le chapelet. Voici ce qu’en dit John Haffert dans son livre déjà cité, Sign of Her Heart : Comme le scapulaire nous aide à prier, du fait qu’il nous porte à parler à la sainte Vierge plus intimement, il nous est d’un grand secours en particulier dans la récitation fervente du rosaire […] la forme de prière à Notre-Dame très désirée par elle de nos jours à cause de sa simplicité et de son pouvoir pour nous conduire à mener une vie chrétienne intense 2. Le scapulaire manifeste un contrat bilatéral entre celui qui le porte et le Cœur Immaculé de Marie : il est le signe que, de notre côté, nous nous engageons à réciter le chapelet pour consoler notre Mère et à offrir les efforts nécessaires pour bien le dire, avec attention aux mystères. De son côté, la sainte Vierge nous aide à bien le dire, et nous éclaire sur les mystères que nous contemplons. C’est ainsi que le scapulaire est un secours considérable pour réciter le chapelet. — Mais le rosaire nous aide également à mieux entrer dans la dévotion au scapulaire. En nous faisant méditer la vie de Notre-Dame, il nous la fait mieux connaître, et en conséquence fait croître en nous les sentiments de vénération, de confiance et d’amour pour elle. Or nous avons vu plus haut que le scapulaire était le signe que celui qui le porte a ces trois sentiments. Plus ils seront vifs et profonds, plus on entrera dans la dévotion au scapulaire. — En outre, dans le cadre de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, le scapulaire est le signe d’un engagement à offrir en esprit de réparation les sacrifices exigés par notre devoir quotidien. Or le rosaire nous met sous les yeux l’esprit de sacrifice de Jésus et de Marie, qu’il fait passer peu à peu dans notre vie. Le chapelet nous aide ainsi à mieux offrir les sacrifices de chaque jour, et donc à mieux entrer dans la dévotion au scapulaire. Citons le Manuel de l’Armée Bleue : Si vraiment nous disons le chapelet correctement, utilisant le scapulaire comme un rappel constant de la présence de Notre-Dame quand nous lui parlons, nous allons rapidement de jour en jour approfondir notre intimité et union avec le Cœur Immaculé de Marie. La conséquence en sera l’éloignement du péché. Nous aurons aussi la puissante protection de Notre-Dame contre le démon et les tentations. Et si nous persévérons dans ces dévotions, nous pouvons espérer obtenir la grande promesse qu’elle a fait connaître comme le « privilège de la bulle sabbatine » qui a été promulguée par le pape Jean XXII, et par neuf papes après lui. Saint Jean de la Croix résuma ce privilège le jour de sa mort : 1 2 — Entretien avec le père Howard Rafferty (supra). — John HAFFERT, Sign of Her Heart, ibid., ch. 15. FATIMA E N P RATIQUE : L’ARMÉ E BLE UE 263 « La Mère de Dieu se hâte au purgatoire le samedi, et en délivre les âmes qui ont porté son scapulaire. » La dévotion au rosaire était nouvelle dans l’Église au moment où le principe de la bulle sabbatine fut annoncé, et le Petit Office de la sainte Vierge était l’une des trois conditions pour obtenir le privilège. Les deux autres conditions sont contenues dans l’engagement dans l’Armée Bleue : porter le scapulaire et observer la chasteté selon son état de vie (cette dernière condition est contenue dans l’engagement à offrir les sacrifices du devoir quotidien). Maintenant, on peut obtenir le privilège de la bulle sabbatine en signant l’engagement dans l’Armée Bleue, en cochant la case indiquant qu’on demande que la récitation du Petit Office soit remplacée par la récitation du chapelet. Dès que la demande de substitution a été faite, celle-ci est officiellement accordée 1. L’offrande du matin Dans un certain sens, nous avons laissé l’élément le plus important pour la fin. La première demande de Notre-Dame aux trois enfants de Fatima était celleci : Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ? (13 mai 1917.) L’engagement dans l’Armée Bleue comprend donc une double obligation concernant la sanctification du devoir quotidien : — faire l’offrande du matin au lever ; — renouveler cette offrande (au moins par une simple pensée) pendant la journée, en particulier dans les moments de tentation. Dans son livre The Brother and I, John Haffert conseille de : — dire l’offrande du matin, — se rappeler fréquemment durant la journée (à chaque heure ou à chaque fois qu’on change d’occupation) que, par le scapulaire, on est allié à Marie ; à ce moment, se redonner soi-même à elle avec ses actions, et se disposer aux sacrifices qu’elle demande. Voici la formule de la prière du matin utilisée dans l’Armée Bleue, composée par un frère carme à la demande de son ami John Haffert : O mon Dieu, en union avec le Cœur Immaculé de Marie, (ici on baise le scapulaire en signe de sa consécration – indulgence partielle –), je vous offre le Sang précieux de Jésus répandu sur les autels du monde entier, et je vous offre avec lui, toutes les pensées, les paroles, et les actions de cette journée. 1 — Manuel de l'« Armée Bleue ». LE SEL DE LA TERRE Nº 53, ÉTÉ 2005 264 V I E S P I R I T U E L L E O mon Jésus, je désire aujourd’hui gagner toutes les indulgences et tous les mérites que je pourrai ; je les offre et je m’offre moi-même avec eux à la Vierge Immaculée, afin que par son intercession toute-puissante, ils servent au règne de votre Cœur infiniment sacré. Sang précieux de Jésus, sauvez-nous ! Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous ! Cœur sacré de Jésus, ayez pitié de nous ! Sauveur du monde, sauvez la Russie ! De même que certains pourraient objecter que Notre-Dame n’a pas « parlé » du scapulaire dans la vision de Fatima, ainsi ils pourraient objecter qu’elle n’a jamais dit mot d’une « offrande du matin » et ils peuvent donc se demander pourquoi l’apostolat officiel de Fatima exige cette pratique. Dans la deuxième apparition, quand les trois enfants demandèrent à NotreDame de les emmener au Ciel avec elle, Notre-Dame promit de prendre François et Jacinthe, mais elle dit ensuite à Lucie : Mais toi tu resteras ici pendant un certain temps. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. John Haffert commente : De cette manière, la sainte Vierge manifesta que la manière d’exécuter son message devait se faire connaître petit à petit […]. En 1946, et dans les années suivantes, on a demandé à Lucie en détail comment le message de Notre-Dame de Fatima devait être réalisé. Lucie répondit que l’élément le plus important était l’offrande du matin, et la référence de chaque acte de la journée à cette offrande. Cependant, l’importance de cette offrande des sacrifices par rapport aux autres éléments de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie est comme l’importance d’un fruit sur un arbre en référence à l’arbre lui-même. Pour une personne affamée, le fruit est plus important parce que l’arbre ne peut pas être mangé. Ainsi, sans le chapelet et le scapulaire (qui correspondent à l’arbre), il serait virtuellement impossible de vivre l’offrande du matin (ce qui correspond au fruit). Par le scapulaire, nous sommes consacrés au Cœur Immaculé de Marie, professant cette consécration à chaque moment de la journée au moins par l’intuition virtuelle. Étant ainsi constamment dans la présence morale de Notre-Dame, nous trouvons – en disant le chapelet correctement – lumière et inspiration pour voir et comprendre notre devoir d’état, ainsi que joie et force pour le remplir fidèlement 1. Citons encore John Haffert : Les trois demandes de Notre-Dame de Fatima sont étroitement liées, l’une supportant l’autre. « Le plus important » me dit Lucie, « est le sacrifice, l’accomplissement du devoir quotidien et l’offrande de ces sacrifices nécessaires 1 — Manuel de l’Armée Bleue. FATIMA E N P RATIQUE : L’ARMÉ E BLE UE 265 à l’accomplissement de notre devoir pour les pauvres pécheurs » (en offrant ces sacrifices en réparation au Cœur Immaculé de Marie, on obtient le pardon et la conversion des pécheurs). Les demandes secondaires sont le chapelet et le scapulaire, et peut-être plus spécialement ce que ces deux dévotions exigent respectivement : méditation attentive des mystères du rosaire, et consécration au Cœur Immaculé de Marie 1. Ce que la sainte Vierge nous demande avant tout, c’est notre conversion : les sacrifices nécessaires à la pratique d’une vraie vie chrétienne. Celle-ci, en effet, exige bien des sacrifices pour éviter le péché mortel, le péché véniel, surmonter toutes les tentations qui nous assaillent chaque jour, et pour bien accomplir la volonté de Dieu en toute chose, dans notre état de vie. Ce sont ces sacrifices quotidiens qui nous sont demandés. Pour nous aider à les offrir, la sainte Vierge nous donne deux moyens : le chapelet et le scapulaire qui sont de puissants moyens pour nous obtenir la grâce de nous vaincre. Cette offrande des sacrifices est l’un des deux engagements que nous prenons vis-à-vis du Cœur Immaculé de Marie et qui est manifesté par le scapulaire : on s’engage à consoler notre Mère : pour la consoler, nous lui offrons notre amour, et cet amour se concrétise par les sacrifices quotidiens. Conclusion Avant la fondation de l’Armée Bleue, on ne savait pas vraiment comment répondre aux demandes de Notre-Dame de Fatima. La plupart des gens pensaient que l’essence du message consistait dans la récitation du chapelet, et il n’y avait pas ou peu de compréhension de la manière de pratiquer la dévotion de consécration au Cœur Immaculé de Marie. Puisque nous sommes déjà obligés de remplir nos devoirs quotidiens, on ne voyait pas comment on pourrait insister de manière particulière sur ce point ; cependant Notre-Dame nous a dit à Fatima que rien d’autre ne pouvait sauver le monde. On ne saisissait pas pourquoi Dieu avait fait une « explosion de surnaturel 2 » pour un message si évident qui nous demande de bien accomplir tous nos devoirs. Cependant, quand nous apparut la « formule de sainteté de Fatima », nous avons vu les moyens merveilleusement puissants et simples que Notre-Dame est venue nous indiquer comme manière de nous sanctifier et d’amener la sanctification du monde qu’elle a décrit comme le « triomphe de mon Cœur Immaculé » 3. L’expérience a montré que la dévotion au Cœur Immaculé de Marie est un moyen très puissant de conversion et de sanctification. Par les seuls moyens du 1 2 3 — John HAFFERT : The Brother and I, ch. 27. — Cette expression est de Paul Claudel quand il parle de Fatima. — Manuel de l’Armée Bleue. LE SEL DE LA TERRE Nº 53, ÉTÉ 2005 266 V I E S P I R I T U E L L E chapelet et du scapulaire, beaucoup de pécheurs se sont convertis. D’autre part, l’histoire de l’Armée Bleue compte de très nombreuses personnes qui sont parvenues à la sainteté par ces moyens, s’offrant en victime, accueillant la souffrance avec joie pour la conversion des pécheurs. Pour terminer, citons les paroles de sœur Lucie à John Haffert lors d’une entrevue relatée dans The Brother and I : — Je pense que la prochaine étape sera la consécration spéciale de la Russie au Cœur Immaculé de Marie par le Saint-Père et tous les évêques. — Et alors, ma sœur, demandais-je, la Russie se convertira-t-elle et y aura-t-il la paix ? — Oui, répondit-elle, c’est ce que Notre-Dame a promis. — Et quand cela aura-t-il lieu ? — Quand un nombre suffisant de catholiques offriront leurs sacrifices et accompliront les demandes de Notre-Dame 1. Ces paroles doivent nous encourager et nous inciter à bien nous efforcer de pratiquer cette dévotion au Cœur Immaculé de Marie : nous avons tous notre contribution à donner pour obtenir le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. Aux trois moyens dont nous venons de parler 2, on peut ajouter, sans que ce soit absolument nécessaire, la récitation des prières de Fatima : — Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. — Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément et je vous offre les très précieux corps, sang, âme et divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences dont il est lui-même offensé ; et, par les mérites infinis de son très saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. — [En offrant un sacrifice :] Ô Jésus, c’est pour votre amour, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie. C’est véritablement un combat que nous menons sous la direction de la Vierge Marie contre les puissances des ténèbres. Les armes des membres de cette armée de Marie qu’est l’Armée Bleue sont la prière (récitation du chapelet) et la pénitence (offrande des sacrifices quotidiens). C’est seulement par ces moyens que Dieu accorde sa grâce, il ne l’a jamais accordée d’une autre manière dans toute l’histoire. Plusieurs fois on a vu de merveilleuses victoires obtenues par la récitation du rosaire. Pensons à la victoire de Lépante contre les musulmans au XVIe siècle, à 1 2 — John HAFFERT, The Brother and I, ch. 27. — Scapulaire, chapelet et offrande du matin. FATIMA E N P RATIQUE : L’ARMÉ E BLE UE 267 celle des armées de Jean Sobieski à Vienne le siècle suivant, toutes deux obtenues par une grande croisade du rosaire. De nos jours également les ennemis de la chrétienté, non plus les seuls musulmans cette fois-ci, mais aussi la franc-maçonnerie, le libéralisme, le laïcisme, le modernisme, etc. doivent être vaincus par une grande croisade du rosaire, en plus de l’offrande des sacrifices quotidiens. C’est Notre-Dame elle-même qui nous a demandé cette croisade à Fatima. Il est certain que Dieu veut que le monde soit relevé de l’état catastrophique actuel par sa Mère, afin de la glorifier. Le règne social de Notre-Seigneur JésusChrist viendra par le règne de Marie, quand Marie régnera dans nos cœurs. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort disait que le règne de Marie et celui du Christ viendront quand il y aura un certain nombre d’âmes qui auront atteint la pratique parfaite de la dévotion à la sainte Vierge qu’il a décrite dans plusieurs de ses ouvrages. Ceux qui accomplissent parfaitement les demandes de NotreDame de Fatima atteignent cette pratique parfaite de la dévotion à Marie : par le scapulaire et l’offrande des sacrifices quotidiens, ils sont tout donnés à elle ; par le chapelet médité, leur connaissance de la sainte Vierge augmente, ils se pénètrent de ses vertus, puis de celles de Jésus, jusqu’à une identification complète à Marie et à Jésus, qui constitue le terme de la parfaite dévotion à Marie. Concluons avec les mots qui terminent le Manuel de l’Armée Bleue : Avant de nous coucher, assurons-nous que nous avons récité tout notre chapelet. Baisons notre scapulaire et demandons-nous : « Ai-je été fidèle à mon engagement aujourd’hui ? » Puis, comme Jacinthe, il serait bon de terminer avec trois Ave Maria pour le Saint-Père et toutes ses intentions. Que Notre-Dame de Fatima nous donne la grâce de toujours mieux mettre en pratique la dévotion à son Cœur Immaculé, afin d’obtenir notre conversion et le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Annexe : John Mathias Haffert (23 août 1915 - 31 octobre 2001) Né en 1915, il se dévoua à l’apostolat laïc après avoir fait un essai de vie religieuse chez les carmes. Il s’efforça de répandre la dévotion au scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel aux États-Unis dans les années 1940. Son journal The Scapular atteignit en dix ans un tirage de 100 000 exemplaires. Il écrivit son premier livre en 1940, Mary in ther Scapular Promise, appelé plus tard Sign of Her Heart. Beaucoup le considèrent comme le meilleur ouvrage en langue anglaise sur le scapulaire. LE SEL DE LA TERRE Nº 53, ÉTÉ 2005 268 V I E S P I R I T U E L L E Cet apostolat du scapulaire attira l’attention de l’évêque de Fatima Mgr Correia da Silva. Il invita John Haffert à avoir une entrevue avec sœur Lucie en 1946. Celui-ci passa quatre heures à lui demander ce que chacun devrait faire pour répondre aux demandes de Notre-Dame de Fatima. Nous venons d’en parler. Délégué laïc international pour l’Armée Bleue de 1950 à 1985, John Haffert réalisa un magnifique apostolat qui conduisit des millions de personnes à connaître et pratiquer le message de Fatima. Malheureusement, il changea d’orientation à la fin de sa vie. Il contribua ainsi à « réorienter » l’Armée Bleue pour l’adapter aux changements survenus dans l’Église depuis Vatican II, et à l’Ostpolitik. En 1987, il abandonna sa position dans l’Armée Bleue, dans des circonstances controversées. Il se livra de plus en plus à la diffusion de messages venant d’« apparitions » contemporaines, à l’authenticité douteuse. Il mourut muni des derniers sacrements, revêtu du scapulaire et priant le rosaire, le 31 octobre 2001. (D’après le mémento paru dans le journal Catholic des pères rédemptoristes, avril 2002, p. 13.) Mgr Harold Colgan et John Haffert lors de la fondation de l’Armée Bleue